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WHITNEY LIBRARY,
HARVARD UNIVERSITY
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THE GIFT OF
J. D. WIIITXKV,
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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
PARIS. — IHPRIHEniE DE GAUTIlILn-MLLARS, QUAI DES AUGUSTINS, 55.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PDBLIKS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
oit Oixtù Du <3 (JuiMc-t <835,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME QUATRE - VINGTIÈME.
JANVIER — JUIN 1873.
PARIS,
GAUTHIER- VILLARS , IMPRIMEUR -LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER,
(Jiuii dos Augustin», 55.
^ I87îi
ÉTAT DE L'ACADÉIIIE DES SCIENCES
Al 1^" JANVIER 1875.
SCIENCES MATHEMATIQUES.
Section F". — Géométrie.
Messieurs :
Chasles (Michel) (c. ^).
Hermite (Charles) (O. ^).
Serhet (Joseph-Alfred) (o. ^).
Bonnet (Pierre-Ossian) (o. ^).
PuiSEUX (Victor-Alexandre) ^.
N
Section II. — Mécanique.
MORIN (Le général Arthur-Jules) (g. o.^).
Saint-Venant (Adhémar-Jean-Claude Barré de) (o. ^).
Phillips (Edouard) s.
Rolland (Eugène) (c. ^).
Tresca (Henri-Edouard) (o, ^).
Resal (Henry-Anié)^.
Section III. — astronomie.
Mathieu (Claude-Louis) (c.^).
Liouville (Joseph) (o. ^).
Le Verrier (Urbain-Jean-Joseph) (g. o. ^).
Paye (Hervé-Auguste-Élienne-Albans) (o. ^).
Janssen (Pierre-Jules-César) ^.
LOEWY (Maurice) ^.
Section IV. — Géographie et Navigation.
Tessan (Louis-Urbain Dortet de) (o. ^).
Paris (Le Vice-Amiral François- Edmond) (g. o. f;).
JuRiEN DE LA Gravière (Le Vice-AiniralJcan-Pierre-Edmond) (g.o.^5).
DuPUY DE LOME (Stanislas-Charles-Henri-Laïu-cnl) (g. O. ^).
Arradie (Antoine-Thompson d') ^.
YvON ViLLARCEAU (Antoine-Joseph-François) ^.
ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES.
Sectiox V. — Plijsique cjénérale.
Messieurs :
Becquerel (Antoine-César) (c.^).
FizEAU (Armand-Hippolyte-Louis) ®.
Becquerel (Alexandre-Edmond) (o. ©).
Jamin (Jules-Célestin) (o. ^).
Bertiielot (Marcelin-Pierre-Eugène) (o. ^).
Uesains (Quentin-Paul) (o. ^).
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie.
Chevreul (Michel-Eugène) (ce.®).
Regnault (Henri-Victor) (c®).
Balard (Antoine- Jérôme) (c. ^).
Fremy (Edmond) (o. ^).
Wurtz (Charles-Adolphe) (c. ^).
Cahours (Augiiste-André-Tliomas) (o. ^).
Section VII. — Minéralogie.
Delafosse (Gabriel) (o. @).
Sainte-Claire Deville (Charles-Joseph) (o. ®).
Daurrée (Gabriel-Auguste) (c. ®).
Sainte-Claire Deville (Étienne-Henri) (c. ^).
Pasteur (Louis) (c. ^).
Des Cloizeaux (Alfred-Louis-Olivier Legrand)
Section VIII. — Botanique.
Brongniart (Adolpiie-Théodorc) (c. ®).
TULASNE (Louis-René) ^i.
DuCHARTRE (Pierre-Étieune-Simon) (o. ^),.
Nauuin (Charles-Victor) ^.
Trécul (Auguste-Adolphe-Lucien).
Chatin (Gaspard-Adolphe) ^.
ÉTAT DE L ACADIiMIE DES SCIENCES.
Sfxtion IX. — Economie rurale.
Uessiclirs :
BoussiNGAULT ( Jean-Baptiste-Josepli-Dieudoiiiié) (c.C-).
Decaisne (Joseph) (o. ;§).
Pelirot (Eugène-Melchior) (o. ^).
Tiienard (Lo Baron Ariiould-Paul-Edmoud) ©.
BouLEY (Henri-Marie) (o. *).
Mangon (Charles-François-Hervé) (o. #).
Section X. — Ànalomie cl Zoologie.
Edwahds (Ileiiri-Milne) (G. ^).
QUATREFAGES DE Bréau ( Jcan-Loiiis-Arniand de) (O. ^).
Blanchard (Charles-Emile) ^.
RORiN (Charles-Philippe) ^.
Lacaze-Duthiers (Félix-Joseph-Henri de) ^.
Gervais (François-Louis-Panl) (o. ^^).
Section XI. — Médecine et Chirurgie.
Andral (Gabriel) (c. ©).
Bernard (Claude) (c. ^).
Cloquet (Le Baron Jules-Germain) (c.^).
Bouillaud (Jean) (c. ^).
SÉDiLLOT (Charles-Emmanuel) (c. ^).
GosSELiN (Alhanase-Léon) (c. @).
SECRETAIRES PERPETUELS.
Bertrand (Joseph-Louis-François) (o. ®), pour les Sciences
Mathématiques.
Dumas (Jean-Baptiste) (g.c.®), pour les Sciences Physiques.
ÉTAT Dli L ACADÉMIE DES SCIENCES.
ACADÉMICIENS LIBRES.
Messieurs :
SÉGUlER (Le Baron Armand-Pierre) (o.®).
BUSSY (Antoine-Alexandrc-Brutiis) (o. ^).
BlENAYMÉ (Irénée-Julcs) (o. @).
Larrey (Le Baron Félix-Hippolyle) (g. o. ®).
Belgrand (Marie-François-Eugène) (c. ^).
COSSON (Ernest-Saint-Charles) fa.
La Gournerie (Jnles-Antoine-René Maillard de) (o. ^).
Lesseps (Ferdinand-Marie de) (g. c. ^).
BréGuet (Lonis-François-Clctuent) ^.
Du MoNCEL (Tliéodose-Achille-Lonis) (o. ^).
ASSOCIÉS ÉTRANGERS.
OWEN (Richard) (o. ^), à Londres, Jnglelerie.
Ehrenberg (Christian-Gotifried), à Berlin, Prusse.
WÔHLER (Frédéric) (o. ^), à Gottingiie, Prusse.
KuMMER (Ernest-Edouard), à BerHn, Prusse.
AiRY (Georges-Biddell) ^, à Greenwich, Àmjlelerre.
Wheatstone (Sir Charles) ©, à Londres, Jnylelerre.
TcHÉBiCHEF (Pafnulij), à Saint-Pétersbourg, Russie.
Candolle (Alphonse de) ^, à Genève, Suisse.
CORRESPONDANTS.
Muta. Le rè|;lcmeiit du G juin 1808 donne à chaque Section le nonibic de Corrcspondaiils auivanl.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Section T". — Géométrie (6).
Le Besgue (Victor-Amédée) ©, à Bordeaux, Gironde.
Neumann (Franz-Ernest), à Kœnigsberg, Prusse.
Sylvester (James-Joseph), à Woolwich, Amjlelerre.
WeierstraSS (Charles), à Berhn, Prusse.
Kroneckeu (Léopold), à Berlin, Prmse.
N
ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. 9
Section II. — Mécanique (6).
Messieurs :
Seguin aîné (Marc) (o. ^), à Monlbard, Càle-d'Or.
CLAUSirs (Jiilius-Emmamiel-Rudolf}, à Wiiitzbourg, Bavière.
Caligny (Anatole-François IIiJE, Marquis de), à Versailles, Seine-
et-Oise.
DiDiON (Isidore) (c. ^), à Nancy, MewlIie-el-Mosclle.
N
N
Section m. — /astronomie {16).
Santini (Giovanni), à Padouc, Italie.
Argelander (Friedrich-Wilhehn-Angnsl). à Bonn, Prusse.
IIlND (Jolin-Russell), à Londres, Amjleterre.
Peters (C.-A.-F.), à Altona, Prusse.
Adams (J.-C), à Cambridge, Angleterre.
Secchi (LePère Angelo) (o.^), à Rome, Italie.
Cayley (Arthur), à Londres, Angleterre.
Mac-Lear (Thomas), au Cap de Ronne-Espérance, Colonie du Cap.
Struve (Otto-Wilhelm), à Puikova, Russie.
Plant AMOUR (Emile), à Genève, Suisse.
LOCKYER (Joseph-Norman), à Londres, Angleterre.
Roche (Edouard-Albert)^, à Montpellier, Hérault.
HuGGiNS (William), à Londres.
Nëvvcomr (Simon), à Washington, Étals-Unis.
Tisserand (François-Félix), à Toulouse, Haute-Garonne.
N
Section IV. — Géographie et Navigation (8).
liÛTKE (l'Amiral Frédéric), à Saint-Pétersbourg, Russie.
TcmiiATCHEF (Pierre-Alexandre de) (g. ^>) , à Saint-Pétersbourg,
Russie.
Richards (le Capitaine Georges-Henry), à Londres, Angleterre.
David (l'abbé Armand), missionnaire en Chine.
Lediku (Alfred-Constant-Ilcclor) '^», à Brest, Unistèn-, et à Paris,
rue de i^hulauic, 53.
N
N
c. H., 1873, i" Sfmrslrr. (T. I.XXX, N" 1.) 2
lO ÉTAT DE t'ACADKMIE DES SCIENCES.
Section V. — Physique générale [2).
Messieurs :
Plateau (Josepli-Antoine-Ferdinancl), à Gand, Belgique.
Webep. (Wilhelm-Eduard), à Gottinguc, Prusse.
"*" HiRN (Guslave-Adolphe), au Logelbach, Ilaul-Rliin.
HELiMHOLTz(Hermann-Loais-Ferdinand), à Berlin, Prusse.
Mayer (Jules-Robert de), à Heilbronn, Bavière.
KlRCHHOFE (Gustave-Robert), à Heidelberg, Grand-Duché de Bade.
Joule (James-Prescott), à Manchester, Angleterre.
Billet (F.), à Dijon, Coie-d'Or.
N
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie (9),
Bunsen (Robert-Wilhehii-Eberhard) (o, ig), à Heidelberg, Grand-
Duché de Bade.
Malaguti (Faustinus-Jovita-Marianus) (o. C^),à Rennes, Ille-el-Filaitie.
HOFMANN (Auguste-Wilhelm), à Londres, Anglelerre.
Favre (Pierre-Antoine) ^, à Marseille, Bouches-du-Rhône.
Marignac (Jean-Charles Galissard de), à Genève, Suisse.
Frankland (Edward), à Londres, Angleterre.
Dessaignes (Victor), à Vendôme, Loir-et-Cher.
WlLLiAMSON (Alexander-Williani), à Londres, Angleterre.
ZiNiN (Nicolas), à Saint-Pétersbourg, Russie.
Section VII. — Minéralogie (8).
Omalius d'Halloy (Jean-Baptiste-Julien d'), à Halloy, près de Ciney,
Belgique.
Lyell (Sir Charles), à Londres, Anglelerre.
Damour (Augustin-Alexis) (o.©), à Villemoisson, Seine-et-Oise.
Miller (William Hallowes), à Cambridge, Angleterre.
Leymerie (Alexandre-Félix-Gustave-Achillc) CS à Toulouse.
KOKSCUAROW (Nicolas de) à Saint-Pétersbourg, Russie.
Studer (Bernard), à Berne, Suisse.
N
ÉTAT IJK I. ACADKMIK DES S(;ilù\CES. 'Il
Section VIII. — Uolankfue (lo).
Mcstiieiirs :
Lkstiboudois (Gaspard -Théniistock') ^S, à Lille, ]Sord.
SCHlMPEH (Guillauine-Pliilippe) @ , à Strasbourg.
Thuret (Gustave-Adolphe), à Antibes, AV(/-.
BIUUN (Alexandre), à Berlin, Prusse.
Hor'MElSTER (Friedricli-Wilhelm),àIIeidelberg, G)«/u/-/?/(c7jc' de Bade.
HoOKEU (Jos. Dalton), à Rew, Amjleleire.
PlUNGSUEiM (Nathanael), à lîerlin, Prusse.
Planchon (Jules-Emile), à Montpellier, Hérault.
VVeddell (Hiigues-Algernon) ©, à Poitiers, Vienne.
N
Section IX. — Economie rurale [lo).
GiRARDiN (Jean-Pierre-Louis) (o. ^'), à Rouen, Seine-Inférieure.
RUHLMANN (Charles-Frédéric) (c.®), à Lille, Nord.
Pierre (Isidore)®, à Caen, Calvados.
Chevandier de Valdrôme (Eugène-Jean-Pierre-Napoléon) (o. ®),
à Cirey-les-Foi'ges, Meurlhe-cl-Mosellc.
PkEISET (Jules) (o. ©), à Écorcliebœuf, Seine-Inférieure.
IMaRTIISS (Charles-Frédéric) (o. C^) , à Montpellier, Hérault.
Vibraye (le Marcpiis Guillaunie-Marie-Paul-Louis IIurault de),
à Cheverny, Loir-et-Clicr.
Vergînette-Lamotte (le Vicomlc Gérard -Elisabeth-Alfred de), à
Ijeaune, Cùtc-d'Or.
Mares (Ilenri-Pierre-Louis) ^<, à Montpellier, Hérault.
COKKALIA (Émile-Balthazar-Marie), à Milan, Italie.
Section X. — Jnatouiie et Zoologie (lo).
De Baer, à Saint-Pétersbourg, Russie.
Van BeînEDEN (Pierre-Joseph), à I^ouvain, Belgique.
De Siebold (Charles-Théodore-Ernest), à Munich, Bavière.
Brakdt, à Saint-Pétersbourg, Russie.
LovÉN, à Stockholm, Suède.
MuLSAlNT (l'Jieniie), à Lyon, Rltùnc.
SteeNSTRUP (Ja|)etus), à Copenhague, DuncnnuL
Dana ( James-Dwighl), à New-IIaven, Etals-Unis.
Caupenter (Guillaume-Benjamin), à Londres, Angleterre.
N
12 ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES.
Section XI. — Médecine et Chirurgie (8).
Messieurs :
VlRCHOW (Rodolphe de), à Berlin, Prusse.
BOU/SSON (Etienne-Frédéric) ^, à Montpellier, Hérault.
EiiRMANN (Charles-Henri ) (o. ^), à Strasbourg, Bas-Rhin.
GlNTRAC (Élie) (o. ®), à Bordeanx, Gironde.
ROKITA^SKl, à Vienne, Autriche.
Lebeht (Ilermann) (o.:^), à Breslaii, SHésie.
Ollier (Lonis-Xavier-Édouard-Léopohl) (o. S^), à Lyon, Rhône.
Tholozan (Joseph-Désiré) (o, ^), à Téhéran, Perse.
Commission pour administrer les propriétés et jonds particuliers
de l'Académie.
Chasles,
Decaisne,
Et les Membres composant le Bureau.
Conservateur des Collections de i Académie des Sciences.
Becquerel.
Changements suivenus dans le cours de l'année ï%'j/\.
[foira, la page 17 de ce volume.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 4- JANVIER 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
RENOUVELLEMENT ANNUEL
DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Vice-Président, qui doit être pris, cette année, dans l'une des Sections de
Sciences mathématiques.
Au premier toiu- de scrutin, le nombre des votants étant 48,
M. Fizeau obtient 23 suffrages.
M. l'amiral Paris 21 »
M. Le Verrier 2 »
M. O. Bonnet i »
M. Chasles i »
Aucun Membre n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, il eït
procédé à un nouveau tour de scrutin.
Le nombre des votants étant ^^9,
M. Fizeau obtient 23 suffrages.
M. l'amiral Paris 23 »
M. Edm. Becquerel i «
M. Chasles i »
Il y a un billet blanc.
Aucun Membre n'ayant encore obtenu la majorité absolue des sullrages.
{ <4 )
il est procédé à un scrnliii de ballolhige entre ceux des Membres qui ont
obtenu le plus grand nombre de voix.
Le nombre des votants étant 5 1 ,
M. l'amiral Paris obtient 2G suffrages.
M. Fizeaii 24 »
Il y a lui billet blanc.
M. l'amiral Paris, ayant obtenu la majorité des suffrages, est |)ioclamé
Vice-Président pour l'année 1875.
L'Académie procède ensuite, par la voie du scrutin, à la nomination
de deux Membres qui seront appelés à faire partie de la Commission centrale
administrative.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 48,
M. Cliasles obtient '33 suffrages
M. Decaisne 32 »
MM. Chasles et Decaisne, ayant réuni la majorité absolue des suffrages,
sont élus Membres de la Commission.
Conformément au Règlement, le Président sortant de fonctions doit,
avant de quitter le Bureau, faire connaître à l'Académie l'état où se trouve
l'impression des Recueils qu'elle publie et les changements airivés parmi
les Membres et les Correspondants de l'Académie dans le cours de l'année.
M. Fremy prenant la parole à la place de M. Bertrand, élu Secrétaire
perpétuel, doiuie à cet égard les renseignements suivants :
Etat de tlDiprcssion des Recueils de l' académie au i"' jani>ier 1875,
Folumcs fjitbUis.
(I Comptes rendus de l'Académie. — Le tome LXXVI(i" semestre 1873),
et le tome LXXVII (2" semestre 1873) ont |)aru avec leur Table,
» Les numéros ont été mis en distribution chaque semaine avec leur
Table.
( '5 )
Volumes en cniirs de piiblicatinn.
Mémoires de l'Académie. — Le tome XXXIX, divisé en deux parties, est
réservé aux travaux de M. Cljevreul.
La première partie renferme des recherches chimiques sur la Teinture et
un premier Mémoire intitulé : « La Science devant la grammaire ». Vingt
feuilles sont tirées.
La deuxième partie contient un Mémoire portant pour titre : « D'une
erreur de raisonnement très-fréquente, etc. ». Douze feuilles sont tirées.
Le tome XL a trente-sept feuilles tirées. Il renferme les Mémoires de
M. Dupuy de Lôme, sur l'aérostat à hélice; de M. Edni. Becquerel, sur
l'analyse de la lumière émise par les composés d'uranium phosphorescents;
(le M. Becquerel père, sur le mode d'intervention de l'eau et sur les forces
électromolrices dans les actions chimiques ; de MM. Becquerel père et fils,
sur la température de deux sols semblables, l'un dénudé, l'autre couvert
de gazon ; de M. Becquerel père, sur la dynamique chimique ; de M. Bec-
querel père, sur la formation de diverses substances cristallisées dans les
espaces capillaires.
L'imprimerie a épuisé sa copie.
Le tome XLI, réservé aux travaux de la Commission du Passage de
Vénus, est divisé en deux parties. La seconde partie est publiée et a été
distribuée : elle renferme les Communications faites l'an dernier, soit par
les Membres de la Commission, soit par les observateurs ou les savants, qui
ont contribué à la préparation des cinq missions.
La première partie est en cours d'impression, elle contiendra le résumé
des procès-verbaux des séances tenues par la Commission.
Le tome XLII,dout l'impression ne pourra être commencée qu'au retour
des expéditions, aura également deux parties, qui contiendront : la pre-
mière, les Rapports des observateurs ; la seconde, la discussion des ob-
servations.
Mémoires des Savants élraïujers. — Le tome XXI va être mis en distribu-
tion dans quelques jours; il contient :
i" Le Mémoire de M. Van Tieghem, sur la structure du pistil et du fruit ;
2" Le Mémoire de M. Puiseiix, sur l'accélération séculaire du mouvement
de la Lune ;
{ '6)
3" Les Mémoires de M. Graeff, sur la théorie du mouvement des eaux et
sur l'influence que la digiie du Pinay exerce sur les crues de la Loire ;
l\° Le travail de M. Bouquet, sur les intégrales ultra-elliptiques.
Le tome XXII est presque achevé. Il renferme des Mémoires portant un
numéro spécial et une pagination distincte, ce sont les suivants :
N° I, M. Gruner, sur le dédoublement de l'oxyde de carbone;
N° 2, I\L Massieu, sur les fondions caractéristiques des divers fluides et
sur la théorie des vapeurs ;
N° 3, MM. F. Lucas et A. Cazin, sur la durée de l'étincelle électrique.
N" 4, M. F. Lucas, sur réquilil)re et le mouvement des sysîèmes maté-
riels ;
N° 5, !\L Duclaux, sur le Phylloxéra vastntrix;
N° 6, M. Maxime Cornu, sur le Plijlloxcra vaslatrix ;
N° 7, M. lîertin, sur la ventilation d'un transport-écurie;
N° 8, M. Berlin, sur la résistance des carènes ;
N"* 9, 10, M. Renault, sur les végétaux silicifiés d'Autun ;
N° 1 1, M. Fouqué, sur de nouveaux procédés d'analyse médiate des
roches ;
N° 12, M. Mannheiai,sur les surfaces trajectoires des points d'une figure
de forme invariable dont le déplacement est assujetti à quatre condi-
tions;
IS" i3, M. L. Faucon, sur la maladie de la vigne et sur son traitement,
par le procédé de la submersion ;
N° i4, ^T- Balbiani, sur la reproduction du Phylloxéra du chêne ;
Le volume se terminera par le Mémoire de M. Kretz, sur l'élasticité dans
les machines en mouvement, et par un deuxième Mémoire de M. Max.
Cornu, sur le Phylloxéra.
Le tome XXIII doit contenir le Mémoire de M. Boussinesq, intittilé :
« Essai siu- la théorie des eaux courantes ». Ce travail, dont le manuscrit
entier est à l'Imprimerie nationale, formera environ quatre-vingts feuilles.
L'auteur a jusqu'ici envoyé la correction de cent dix-huit placards.
Douze feuilles sont en bons à tirer.
Le tome XXIV est réservé au Mémoire de M. C. Grand'Eury, portant jinur
litre : « Flore carbonifère du département de la Loire ». De ce Mémoire,
qui formera environ soixante-cinq feuilles, qualre-vingt-scize placards
sont corrigés. Quatorze feuilles sont en bons à tirer. Les pl.inches (pii
l'accompagnent sont achevées.
( -7 )
A la suite de ce travail viendra le Mémoire de M.Tresca, sur le raboltage
des métaux. L'imprimerie pousse activement la gravure des planches de ce
Mémoire, qui prendra environ vingl-laiil feuilles.
Le tome XXV est en grande partie consacré au Mémoire de M. Favre,
sur la transformation et l'équivalence des forces chimiques. Ce travail im-
portant doit former près de quarante feuilles. Cinquante-huit j^lacards ont
été vus par l'auteur, et rimprimcrio a déjà mis en pages les deux premières
feuilles.
Changements arrivés parmi les Membres depuis le \" janvier 1874.
Membres décèdes.
a Secrétaire perpétuel : M. Eue de Beaumont, le 21 septembre.
» Académicien libre : M. Roclin, le 5 juin.
Membres élus.
» Section de Botanique : M. Chatix, le 29 juin, en remplacement de
M. Gay, décédé.
M Section d'Jnatomie et Zoologie : M. Gervais, le 26 janvier, en rempla-
cement de j\L CosTE, décédé.
» Section de Médecine cl Chirurgie : M. Gosselix, le 16 mars, en rempla-
cement de M. Nélato.v, décédé.
» Secrétaire perpétuel : M. Bertrand, le iZ novembre, en remplacement
de M. lÏLiE de Beaitmoxt, décédé.
» Académiciens libres : M. Brégcet, le 3o mars, en remplacement de
M. Passv, décédé; M. ou Mo.xcel, le 21 décembre, en remplacement de
M. KocLiN, décédé.
» Associés étrangers : jM.Tciiébichef, le 18 mai, en remplacement de M. de
LA Rive, décédé; P.L de Candolle, le i5 juin, en rcm|dacement de
M. Aga.ssiz, décédé.
Membres à remplacer.
» Section de Géométrie : M. Bertraxd, élu Secrétaire perpétuel, le 23 no-
vembre.
G. R., 1S75, 1" Semestre. (T. I.XXX, K" I.) 3
( '8 )
Changements arrivés parmi les Correspondants
depuis le. x" janvier iS'j^.
Correspondants décédés.
1) Section de Mécanique : M. Fairbairn, à Manchester, le 18 août.
M Section d'astronomie : jM. Hansen, à Gotha, le 28 mars.
)i Section de Physique : M. Ai^gstrom, à Upsal, le 21 juin.
Correspondant nommé Membre titulaire.
» Section d' Ànalomie et Zoologie : M. P. Gervais, le 26 janvier.
Correspondant nommé Jssocié étranger.
« Section de Géométrie : M. Tchêbichef, le 18 mai.
Correspondants élus.
M Section d'Astronomie : M. Hcggins, à Londres, le iq janvier, en rem-
placement de M. Petit, décédé; M. Newcomb, à Washington, le 19 jan-
vier, en remplacement de M. Valz, décédé ; M. Tisserand, à Toulouse,
le 2 février, en remplacement de M. Airt, décédé.
« Section de Minéralogie: M. de Kokscuarow, à Saint-Pétershourg, le
aS mai, en remplacement de M. Sedgwick, décédé; M. Stcder, à Berne,
le 8 juin, en remplacement de M. Rose, décédé.
» Section de Médecine et Chirurgie : M. Oi.lier, à Lyon, le 18 mai, en
remplacement de M. Gtvox, décédé ; M. Tholozax, à Téhéran, le 8 juin,
en remplacement de M. Sédillot, élu Membre titulaire.
Correspondants à remplacer.
» Section de Géométrie : M. T«:hébi(;hef, à Saint-Pétersbourg, élu Associé
étranger, le 18 mai 1874-
» Section de Mécanique: M. Burdin, à Clermont-Ferrand, décédé le
12 novembre 187'^ ; M. Fairbairx, à Manchester, décédé le 18 août 1874.
)i Section d'Astronomie: M. ilwHF.s, ai Gotha, décédé le 9.8 mars 1874.
» Section de Géographie et Navigation : M. de Wrangel, à Saint-Pé-
( '9)
tersbomg, décédé le.... 1B70; M. Cha/aixon, à Desaignes, décédé le ai
novembre, 1872; M. Livingstone, à .... , décédé le 1*' mai 1873.
» Section de Physique : M. Angstrom, à Upsal, décédé le 21 juin 1874.
» Section de Minéralogie : M. Nacmann, à Lepzig, décédé le 4 dé-
cembre 1873.
» Section d' Jnatomie et Zoologie : M. Gervais, élu IMenibre titulaire, le
26 janvier 1874.
MÉMOIRES ET COMRIUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
M. le Ministre de l'Ixstrdctiox publique, des Cultes et des Beaux- Arts
adresse l'ampliation du décret par lequel le Président de la République
approuve l'élection de M. du Moncel à la place d'Acadéuiicien libre, en
remplacement de feu M. Boulin.
Il est donné lecture de ce décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. du 3Ioncel prend place parmi ses
confrères.
PHYSIQUE. — Note sur le magnétisme, à propos d'une Communication récente
de M. Lallemand; par jM. Th. du Moxcel.
« La Note présentée à l'Académie, le 19 octobre dernier, par M. Lalle-
mand m'a prouvé que, malgré le volume que j'ai publié en i858sur le
magnétisme, malgré de nombreux Mémoires insérés dans divers Recueils,
en 1859, sur le même sujet, elles deux Notes imprimées récemment aux
Comptes rendus, en février et juillet 1873, mes travaux sur les effets de la
condensation magnétique n'étaient pas encore bien connus : je crois en con-
séquence devoir de nouveau insister sur les expériences que j'ai faites à cet
égard.
» Je commencerai d'abord par dire que le mot condensation magnétique,
que j'avais emplové dès l'origine de mes recbercbes, et que d'autres physi-
ciens ont employé depuis, est peut-être un peu impropre; car il suppose dans
le phénomène un accroissement d'énergie magnétique qui devrait se main-
tenir indépendamment de la cause aimantante, mais qui, par le fait, dis-
paraît avec elle, ne donnant lieu, après celte disparition, qu'à une ac-
3..
( 20)
tion magnétique secondaire, variable suivant l'énergie de l'aimanlalion
développée, et qui a celle fois tous les caractères d'une action conden-
sante (i). Or c'est précisément à cause de cette action magnétique secon-
daire, qui se trouve évidemment reliée à la première, et du renfor-
cement de l'action magnétique elle-même, que j'ai donné au phénomène
le nom de condensation magnctiquc. On peut, en effet, retrouver dans cette
action tous les effets produits dans un condensateur électrique. Ainsi les
polarités excitées à la surface de contact de deux pièces magnétiques ayant
action l'une sur l'autre se maintiennent développées par suite de leur
réaction mutuelle, alors que la cause aimantante a disparu, et pour an-
nuler cette action, il faut, ou séparer mécaniquement les deux pièces en
contact, ou détruire par une action magnétique extérieure contraire l'une
des deux polarités.
» Dans mes deux Notes de iSyS, j'ai résumé la théorie que j'avais don-
née de ces effets, et j'ai montré qu'on pouvait les expliquer avec les théo-
ries admises sans avoir recours à l'hypothèse d'un déplacement des fluides
magnétiques : je ne reviendrai donc pas sur cette question, je dirai seu-
lement que les courants induits résultant de celte condensation magné-
tique, courants que M. Lallemand dit avoir obtenus sans changement
d'intensité au bout de vingt jours, peuvent se produire au bout d'un temps
infiniment plus long. Je les ai telrouvés, non-seulement au bout de plusieurs
(i) Lorsqu'on aimanle un noyau de fer enlourc de deux bobines, l'une en gros fil jiour
fournir l'aimantation, l'autre en fil fin pour développer des courants induits à la suite de
celte aimantation, on reconnaît que ces courants induits peuvent varier en intensité du
simple au double et même au triple, suivant qu'on expérimente avec le noyau seul, avec le
noyau muni d'une armature à l'une de ses extrémités et avec le noyau muni de deux ar-
matures à ses deux extrémités. Avec un système magnétique de ce genre, de petites dimen-
sions, et un galvaiiomcire trés-j)eu sensible, j'ai pu obtenir les déviations suivantes :
0
Dans le premier cas 26, aS
Dans le deuxième cas 4? j^^
Dans le troisième cas ^J^jT
Les courants dus à l'action secondaire n'atteignaient à peine que le quart ou le tiers des
intensités précédentes.
M. J.imin, de son coté, ayant pu obtenir de la part d'un aimant persistant une force at-
tractive de 3oo kilogrammes quand l'aimantation avait été produite sans l'intervention d'une
armature, a trouvé une force de ^80 kilogrammes en armant cet aimant (pendant l'aimanta-
tion) de plusieurs armatures; mais cet accroissement de force disparaissait aussitôt que les
armatures avaient été une première fois enlevées.
( 21 )
mois, mais même d'une année entière, ainsi que je l'ai publié en iSSq, dans
mon Mémoire Sur les coûtants induits, et la Notice que j'ai distribuée aux
membres de la Société philomalhique, cette même année, pour répondre
à des objections qui m'avaient été faites à cet égard. Si une charge élec-
trique pouvait, comme une polarité magnétique, se maintenir sur un con-
ducteur sans déperdition, il est probable que la charge d'un condensateur
pourrait élre conservée indéfiniment de lu même manière.
» Comme M. Lallemand, je démontrais, dés i858, queles effets de la
condensation magnétique devaient se distinguer de ceux dus à l'aimanta-
tion rémanente du fer; que ceux-ci, qui se manifestent après une pre-
mière séparation des deux pièces magnétiques en contact, ne donnent lieu
qu'à des courants induits peu appréciables, tandis que les autres en pro-
voquent d'une grande énergie. J'ai même imaginé une disposition électro-
magnétique pour combattre ces effets de condensation, et, grâce à elle, j'ai
pu obtenir un télégraphe à peu près sans réglage.
» Toutefois, les expériences dont je viens de parler me semblent encore
moins concluantes que celles que j'indique dans mon Mémoire de i85g
sur les courants induits (p. 26), et qui montrent que quand on surexcite la
première fois l'aimantation dans un système magnétique composé d'un
électro-aimant uni à son armature, les courants induits de fermeture résul-
tant de cette aimantation sont infiniment plus énergiques que quand on les excite
ime deuxième ou imc troisième fois; or ce qui prouve que cet affaiblissement
est bien du à une action condensante, c'est qu'on peut rendre à ces cou-
rants leur première énergie en séparant momentanément l'électro-aimant
de son armature et en réaimantant le système après avoir rétabli le contact
des deux pièces. On peut se rendre compte facilement de l'influence exercée
dans ces conditions, en étudiant la différence de tension des courants in-
duits produits parun système magnétique pourvu ou non de son armature.
Quand l'armature est au contact de l'électro-aimant, la déviation galvano-
métrique déterminée par le courant induit qui résulte de la désaimanta-
tion du système, est beaucoup j)lus considérable que quand ce contact
n'existe pas, et pourtant les coinniolions que ces courants déterminent sont
incomparablcnient plus fortes dans le dernier cas que dans le premier, et cela
parce que, avec 1 armature, les désaimantations s'effectuent d'une manière
beaucoup moins brusque, par suite des entraves apportées par les effets de
condensation. »
( 22 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIRURGIE. — Mémoire sur la résistance des protozoaires aux divers
agents de pansement généralement employés en Clùrurcjie ; par
M. Demarquay.
(Commissaires : MM. Pasteur, Cl. Bernard, Gosselin.)
« J'ai eu l'honneur, il y a quelques mois, d'adresser à l'Académie des
Sciences un travail dans lequel je démontrais expérimentalement qu'aucun
mode de pansement généralement employé n'empêche le développement
des protozoaires, et que néanmoins les plaies guérissent. On pouvait sup-
poser que la persistance de ces protozoaires tient à deux causes : i" à la
petite quantité de la substance employée, 2° à la genèse continue du pus
qui n'a subi aucune modification de la part des agents antiseptiques mis
en usage. Pour déterminer l'action des substances dites antiseptiques sur la
genèse des protozoaires, j'ai eu recours à l'expérimentation. Je prenais un
certain nombre de liquides albumineux, recueillis sur l'homme malade, et,
après avoir mis dans des verres une quantité déterminée de ces liquides, je
les examinais après quarante-huit heures; je constatais alors qu'il y avait
des myriades de protozoaires dans chacun de mes verres à expérience. J'a-
joutais à ce liquide la moitié, le tiers, le quart du liquide antiseptique
que je voulais étudier : jamais je n'ai pu constater la moindre action des
liquides antiseptiques mis en usage sur les mouvements des proto-orga-
nismes que je voulais détruire : ils continuaient à vivre absolument comme
si aucun mélange n'était venu modifier la composition du liquide où ils
s'étaient développés. Je dirai plus loin la série des liquides employés.
M Après avoir constaté qu'aucun des liquides dits antiseptiques n'a
d'influence sur les mouvements des protozoaires , j'ai voulu savoir si
ces mêmes liquides mêlés aux substances albumineuses précédemment
mises en usage n'arrêteraient point la genèse des protozoaires. Les expé-
riences faites avecles mêmes liquides, mélangés dans la même proportion,
m'ont prouvé que ces proto-organismes se développaient avec la même
puissance et la même rapidité que dans les expériences précédentes.
)) La glycérine seule a le privilège d'enchaîner leurs mouvements. Les
acides concentrés et les solutions alcalines caustiques ont seuls le pouvoir
de détruire les protozoaires; mais ils détruisent aussi les milieux albumi-
neux dans lesquels ils se sont développés.
( ^3 )
» y ni fait diverses séries d'expériences. Dans la première, j'ai succes-
sivement étudié, en variant les liquides albumineiix, l'action de l'acide
phéniqne dilué, de l'alcool, de la teinture d'Eitcatyptus : aucun de ces
liquides n'a d'influence sur la genèse et les mouvements des protozoaires.
» Dans ma deuxième série d'expériences, suivant le bienveillant conseil
de M. Dumas, j'ai étudié l'action des résines, des baumes, si souvent mis
en usage par les anciens dans le pansement des plaies. J'ai expérimenté le
baume du Pérou, celui du Commandeur, la teinture de myrrhe, la tein-
ture de benjoin, la teinture d'aloés, l'esprit de camphre, l'essence de téré-
benthine. Aucune de ces substances n'a empêché la genèse des protozoaires,
ni modifié l'énergie de leurs mouvements.
» Dans une troisième série d'expériences, j'ai agi sur les liquides albu-
mineux avec le tannin et ses succédanés : les résultats ont été les mêmes.
» Toutes ces expériences prouvent avec quelle puissance ces proto-or-
ganismes se développent dans les liquides albumineux nés dans l'organisme
et combien sont vains nos efforts pour s'opposer à leur développement à
la surface des plaies, puisque les agents dont nous nous servons dans le
pansement des plaies, employés avec énergie dans des vases contenant
des liquides albumineux, n'ont aucun effet sur la genèse ni sur le mou-
vement des protozoaires.
» Ce n'est donc point dans les divers modes de pansement que l'on trou-
vera le moyen le plus efficace pour s'opposer à l'action de ces éléments
de destruction, mais dans les forces vitales du blessé, dans le milieu salubre
où il se trouve placé, circonstances bien importantes, et sur lesquelles na-
guère INI. Sédiilot appelait l'attention de l'Académie, dans un reuiarquable
Mémoire ayant pour titre : Des plaies du trépan cl de leur pansement (i6 oc-
tobre 1874)-
» Toutes ces recherches ont été faites l'été dernier avec le concours de
M. Chouppe. Je publierai dans un Journal de Médecine les détails des nom-
breuses expériences auxquelles je me suis livré. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur la déconiposilion et la conservation des bois.
Note de M. Max. Pailet. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Decaisue, Peligot, Tresca.)
« Mon intention est de signaler, dans cette Note, les actions destruc-
tives qui s'exercent sur les bois injectés de sulfate de cuivre et enterrés
dans le ballast des chemins de fer. On admet généralement que l'action
( 24 )
conservatrice du sol métallique est due à sa combinaison avec le tissu li-
gneux et surtout avec la matière azotée, devenue par'là insoluble, et toxique
pour les êtres organisés. Cette explication est insuffisante.
» J'ai commencé par étudier l'action qu'exercent les sels métalliques, et
spécialement le sel cuprique, sur la matière azotée du bois. Les expé-
riences que j'ai faites depuis longtemps m'ont démontré : i° que le préci-
pité albumino-cuprique n'est pas absolument insoluble dans l'eau; 2° qu'il
est sintout soluble dans une eau chargée d'acide carbonique.
» La matière azotée contenue dans le bois ordinaire est, en partie, so-
luble ; en partie, insoluble. La partie albumineuse soluble est fixée par le
sel métallique, qui s'unit aussi à la matière azotée insoluble. L'eau, sur-
tout lorsqu'elle est chargée d'acide carbonique, dissout et emporte l'agent
métallique.
» Tels sont les résultats et la conclusion de mes premières expériences;
mais des observations récentes m'ont démontré que les réactions ne sont
pas toujours aussi simples. Voici ce qu'on remarque le plus souvent : une
traverse de bois de hêtre, par exemple, pénétrée de sulfate de cuivre, après
avoir été enterrée dans le ballast d'un chemin de fer pendant huit ou dix
ans, est retirée de ce milieu et mise au rebut, parce qu'elle est pourrie siu'
plusieurs points. Les parties altérées sont très-brunes dans le voisinage du
rail; le bois n'est pas vermoulu, mais il est altéré chimiquement. S'il ne
contient plus sensiblement de cuivre, il contient des quantités, souvent
énormes, de fer fourni par le rail lui-même ou par les chevilleltes d'at-
tache : ce fer abondant n'a donc pas empêché l'altération du bois. Il a
pourtant pénétré en elle, lorsqu'il était en dissolution, puisqu'il a cheminé
loin du point de contact. Ce résultat heiu'tait les idées reçues. Dans ces re-
cherches, il faut avoir soin, tout d'abord, d'éliminer le bois qui est en con-
tact immédiat avec le rail ou qui se serait mis en communication avec lui
par les fentes ou filons ouverts par la sécheresse, parce qu'alors les écailles
d'oxyde de fer viendraient troubler les résultats de l'expérience. Ces pré-
cautions prises, on constate que, dans les couches de bois voisines du rail,
la fibre ligneuse est très-brune, qu'elle n'offre pas de résistance, qu'elle se
brise et se pulvérise facilement. La densité de ce bois est singulièrement
diminuée : en choisissant, dans la même traverse de hêtre, un fragment de
bois non altéré, on trouve que sa densité apparente ou sa compacité est
demeurée égale à o^',755, tandis que la densité de la partie altérée n'est
plus que de o'''', 38().
» Ce bois altéré présente les caractères chimiques ci-après : il contient
(a5 )
de la matière azotée ; il se dissout tout entier dans la potasse caustique,
comme pourrait le faire l'acide ulmique même. Traité par l'eau aiguisée
d'acide azotique, il cède à la liqueur la chaux qu'il contient, ainsi qu'une
grande quantité de fer. Ce fer, qui n'a pu pénétrer qu'à l'état de dissolu-
tion, est maintenant sous forme insoluble ; aussi la liqueiu' de cyanoferrure
de potassium, appliquée sur un copeau de ce bois, si ferrugineux pour-
tant, n'y produit pas de coloration bleue.
» En même temps que l'acide azotique emporte le fer contenu dansée
bois altéré, on aperçoit un dégagement prolongé d'acide carbonique : on
croirait agir sur un carbonate impur. Celte quantité d'acide carbonique
excède de beaucoup celle que j'avais constatée déjà dans le bois altéré à
l'air. Dans ce bois de hêtre altéré au sein du ballast, il n'y a aucune pro-
portion entre l'acide carbonique qu'il contient et celle qui résulterait de
la transformation de ses cendres en carbonates, par l'effet de la combus-
tion lente du tissu ligneux. Ai-je besoin d'ajouter que le bois neuf ne con-
tient pas de carbonates, et, partant, pas d'acide carbonique? Un poids de
o^', 25o du bois altéré (cubant o'^'^,6()) m'a produit jusqu'à lo'^'', 5 d'acide
carbonique, soit plus de 12 mètres cubes d'acide carbonique par mètre
cube de bois. Ce bois minéralisé contient une forte dose de cendres;
lorsqu'on maintient ces cendres à la température rouge pendant longtemps,
on en trouve un poids égal à 3 pour 100; le hêtre normal en renferme
moitié moins. Durant l'ébullition dans l'eau acidulée, une portion du bois
entre en dissolution; aussi, lorsque cette solution est concentrée dans
une capsule de platine, on voit, avant la calcination, le résidu noircir et
se charbonner. Si l'on enlève à ce bois les sels dont il est imprégné, on di-
minue encore sa densité, qui descend à o^', 3o2.
1) Ces remarques s'appliquent aux parties altérées, voisines du rail ou
des cbevillettes. Les portions de traverses éloignées du rail n'offrent pas
cette constitution très-ferrugineuse, pourvu que le ballast lui-même ne soit
pas surchargé de l'oxyde métallique; mais le carbonate de chaux est tou-
jours très-abondant dans les parties altérées. J^e cuivre abandonne gra-
duellement sa combinaison et finit ])ar la quitter entièrement, cédant la
place au carbonate calcaire.
» Que s'est-il produit? Le carbonate de chaux, contenu dans le ballast
et devenu soluble dans un excès d'acide carbonique, pénètre graduellement
dans le bois et se substitue au cuivre. Il suffit, pour mesurer l'intensité de
l'altération subie par le bois, de déterminer la quantité d'acide carbonique
ou de carbonates qu'il contient. La ténacité des fibres du bois est en raison
C. R., 1875, i«f Semestre. (T. LXXX, N" I.) 4
( 26 )
inverse de la proportion d'acide carbonique qu'elles renferment. Le cuivre
recule, si je puis dire, à mesure que le carbonate de chaux avance. Aussi
longtemps que le sel métallique persiste dans sa combinaison première,
aussi longtemps persiste l'action conservatrice. Le carbonate de chaux n'est
pas l'agent septique, mais il ('liminede ses combinaisons l'agent conserva-
teur; il s'interpose entre la matière conservatrice et la matière à conserver;
cette dernière se trouve ainsi rétablie, sinon dans son intégrité, du moins
dans un état qui facilite l'accès et l'action des agents destructeurs. Cela
confirme simplement et explique ce fait, constaté déjà par l'observation,
que les traverses sont rapidement détruites dans les terrains calcaires.
» Parfois le métal persiste dans le bois décomposé, ainsi que je viens de
le signaler dans les fibres altérées et très-ferrugineuses, voisines du rail;
mais l'oxyde reste alors simplement interposé, non combiné. Peut-être y
a-t-il une action réductrice, exercée par la substance organique sur les
oxydes; mais, le plus souvent, lorsque le séjour du bois a été suffisamment
prolongé dans le sol, la combinaison cuprique a disparu : le cuivre, obligé
d'abandonner d'abord l'albumine, quitte enfin le tissu même du bois, en-
traîné par l'acide carbonique. Un autre dissolvant beaucoup moins abon-
dant toutefois, intervient aussi : c'est le carbonate d'ammoniaque, apporté
par les eaux pluviales ou fourni par la transformation des substances orga-
niques contenues dans le ballast. »
CHIMIE AGRICOLE. — Sur la gennination de l'orge Chevallier;
par M. A. Leclerc. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Boussingaull, Peligol.)
« ... La difficulté capitale, dans les recherches de ce genre, consiste
dans l'impossibilité presque absolue où l'on est de mettre les graines dans
les conditions normales et d'en éviter la décomposition. Les résultats ob-
tenus sont souvent entachés d'erreurs, et les conséquences qu'on en déduit
en opposition avec les faits. L'objet de ce Mémoire a pour but d'établir
que, lorsqu'on fait germer des graines dans un espace limité, il n'y a pas,
comme l'avaient annoncé MM. Déhérain et Landrin, dans une Noie adres-
sée à l'Académie (i), d'occlusion du gaz azote au début de la germination,
et que l'augmentation finale du gaz azote dans les expériences de longue
durée est due à une décomposition partielle des graines. Je considère l'azote
(l) Comptes rendus, t. ]>XXVI1I, ji. l488.
( 27 )
seul, parce que, d'après les expériences de M. Flenrv ''i) et celles de
M. A.Mûnfz(2), une partie de l'oxygène, qui n'est point transformée en acide
carbonique, est employée à brviler l'hydrogène qui se trouve en excès dans
les corps gras. Ou peut appliquer à l'étude de cette question deux méthodes
différentes d'expérimentation, destinées à se contrôler :
» 1° Le principe de la première méthode que j'ai suivie consiste à faire
germer dans un volume d'air, ou de tout autre gaz, un poids déterminé de
graines, à analyser les graines et les gaz après germination, et à comparer
les résultats à ceux qu'on aura obtenus dans l'analyse avant germination.
L'appareil employé à cet effet, et dont la description ne saurait trouver
place ici, permet d'éviter le contact des graines avec l'eau, de les placer
autant que possible dans les conditions normales de la germination et
d'extraire, en un temps très-court, sans toucher aux graines, le gaz mis en
expérience.
» Des résultats identiques, qui ont été obtenus dans les essais variés faits
avec cette méthode, on tire les conclusions suivantes :
» 1° Il n'y a pas de diminution dans le volume du gaz au début de la
germination, même si l'expérience se prolonge pendant huit jours; par con-
séquent, pas d'occlusion.
« 2° Le volume de l'azote après l'expérience est égal au volume d'azote
mis en expérience. Dans les cas où il y a un excès final d'azote, cet excès
d'azote est toujours égal à celui qui est perdu, pendant l'expérience, par
les graines qui ne germent pas et se décomposent partiellement. Ce dernier
jjhénoméue arrive surtout dans les expériences de longue durée. Dans les
analyses de gaz, où l'acide carbonique était absorbé par la potasse et
l'oxygène par l'acide pyrogallique, je n'ai jamais trouvé ni hydrogène, ni
oxyde de carbone, ni autres gaz combustibles. Dans une série d'essais, les
gaz étaient extraits toutes les douze heures, et analysés. Les dosages de
l'azote des graines ont été faits par la chaux sodée.
» 3° Dans la seconde méthode, je ne m'occupe plus des variations
dans la composition des gaz au sein desquels les graines germent; je déter-
mine seulement la teneur on azote de l'orge aux divers instants de la germi-
nation. La méthode qui consiste à doser l'azote combiné parla chaux sodée,
l'azote combiné et libre par l'oxyde de cuivre, et à conclure par différence
l'azote libre, est absolument inexacte, puisque l'on sait que ces deux mé-
(i) Flf.uby, Thèse, Recherches sur la germination.
(2) Boussi>"OAUL'r, agronomie, t. V, p. 5^.
( 28 )
thodes analytiques, appliquées à une mémo matière, ne donnent pas dos
résultats identiques. Je n'ai employé qu'une seule méthode, celle de
M. Schlœsing, qui permet le dosage de l'azote en volume, parce que, s'il
se produit une erreur dans la détermination absolue de l'azote, cette erreur
se reproduit dans chaque analyse et dans le même sens, de sorte que les
résultats restent parfaitement comparables : en employant deux méthodes
différentes, l'erreiu- peut cire doublée. Dans une première série d'essais,
j'analyse d'abord l'orge normale. Elle dose 2,o45 pour loo d'azote,
moyenne de deux dosages concordants : i°2,02 p. loo; 2° 2,07 p. 100;
puis je mets germer dans l'appareil de Nobbe un même nombre de graines
ayant le même poids que celles qui m'ont servi à faire les dosages précé-
dents. Après un temps variable, j'en fais l'analyse, et je trouve les chiffres
suivants, qui expi-inient la teneur en azote, rapportée à 100 parties d'orge
normale.
Poill- 100.
Après 48 heures de germination i ,79 Grains gonflés, pas de radicules.
» ^?. » ï 'i79 l'^s radicules paraissent.
» r)6 I) «• 1,83 f)3 graines sur 100 présentent des ra-
dicules plus ou moins développées.
» Ces dosages sont assez concordants pour qu'il soit permis de conclure
qu'il n'y a pas d'occlusion de l'azote.
» Dans une deuxième série d'essais exécutés de la même manière et faits
sur des graines dont le poids moyen était de 5o milligrammes, tandis que
dans la série précédente chaque grain ne pesait en moyenne que 48"^'', 86,
j'obtins les résidtats suivants :
Azote p. 100.
( 1" dosage 2,90 ) „
Orge normale, j ^ i CK \ Moyenne. ?.,']o pour loo
S 24 heures de germination. 2,90 \
3o ■> >• 2,72 I
' 48 » » 2.8v>, '
Après 3.4 heures, les graines sont gonflées, mais aucun germe n'apparaît.
Après 3o lieurrs, les graines sont gonflées; pas de germe apparent.
Après 48 heures, quelques germes se montrent seulement.
» La teneur en azote des graines normales diffère tellement peu de celle
des graines mises en germination qu'il est permis d'affirmer, d'après ces
essais, que le phénomène de la condensation de l'azote n'existe pas. Tl me
semble démontré, par les expériences que je viens de résumer, que l'azote.
( ^9 )
trouvé en excès par MM. Dehérain et Landrin, dans leurs analyses de gaz,
ne provient pas d'un dégagement d'azote occlus, mais bien de la décom-
position d'une partie des graines. Puisqu'ils admettent que l'hydrogène
trouvé dans leurs analyses provient de la décomposition partielle des
graines, pourquoi, pour l'azote en excès, ne pas admettre la même
origine ?
» Je ferai remarquer, en terminant, que dans ce genre de recherches
il est très-important d'opérer sur un même nombre de graines ayant le
même poids. I>a balle qui, dans le cas de l'orge, se trouve plus ou moins
développée, fait varier la teneur en azote entre des chiffres éloignés : c'est
ainsi que, dans un même lot d'orge Chevallier, la méthode par la chaux
sodée m'a donné en azote :
/ 2,49 P- "oo-
Quand un grain pèse en moyenne 49"'*', 88 < 2,35 >■•
(2,20 »
^1 • - /o.„.,. /T ( i>8q p. 100.
Quand un grain pesé en moyenne 43'°^'^, 43 l è
(1,7b .
et la méthode de dosage de l'azote en volume
2,90 p. 100.
2,84 "
Quand un grain pùsc en moyenne 5o milligrammes, / 2,82 »
2,72
2,65 »
» Divers analystes ont trouvé des nombres tout aussi variables : ainsi,
M. Boussingault a trouvé 2,02 pour 100; Poison, 2,11 ; Fehling, 2,5i.
M. Magne cite des nombres compris entre ijG'j et 2, 12 pour 100.
» Ces recherches ont été faites au laboratoire de la Station agronomique
de l'Est. »
VITICULTURE, — Lettre de M. L. Roesler à M. Dumas.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Kiosterneuburg, le 12 décembre 1874.
» Nous sommes peut-être à la veille de nouveaux désastres causés par
le Phylloxéra ; c'est là du moins ce qui est à craindre, d'après les renseigne-
ments qui me sont parvenus et dont je crois devoir vous faire part.
M On m'écrit qu'à Annaberg, près Bonn, dans la province rhénane de
la Prusse, on a trouvé cet insecte dans un vignoble, sur des vignes amé-
ricaines.
( 3o)
MM. G. Beacjie, Bertolixi, P. Ȕoi.ly, L. Petit, F. Arratlt, F. Erb,
È. Aaxsot, adressent diverses Communications relatives au Phylloxéra.
M. Lalimax transmet à l'Académie des graines des trois meilleures qua-
lités de vignes américaines.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. H. DE Kerikuff adresse quelques remarques concernant les causes
d'erreur qui peuvent subsister dans les expériences relatives à la vitesse de
la lumière et à leur influence sur le calcul de la parallaxe du Soleil, dé-
duite des nombres trouvés par Struve ou par Bradley pour la constante
de l'aberration.
(Renvoi à la Section d'Astronomie.)
M. J.-A. Normand adresse une Note « sur une double occultation
d'étoiles par Jupiter, pendant l'opposition de 1875 ».
( Renvoi à la Section d'Astronomie.)
M. E. DE BorvN adresse un Mémoire intitidé : « Description de voitures
roulant sur rails mobiles tournant, et d'une nouvelle machine de guerre ».
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. Ch. Tellier adresse une Note relative à l'emploi qui pourrait être
fait de l'acide sulfureux pour éteindre les incendies se déclarant dans la
cale des navires.
(Renvoi à l'examen de M. Cahours.)
M. A. Gaffard adresse une Note relative à une encre indélébile.
(Renvoi à l'examen de M. Balard.)
M. C. Beitchot adresse une nouvelle Note concernant l'application de
la vapeur à la navigation sur les canaux.
(Renvoi à l'examen de M. Dupuy de Lôme.)
M. J. QiTissAc adresse une nouvelle rédaction de son Mémoire sur le
choléra asiatique, sa nature et son traitement.
(Renvoi à la Commission du legsBréant.)
( 3i )
M. A. MiCARD adresse une Note sur les images accidentelles et les cou-
leurs complémentaires.
(Renvoi à l'examen de M. Chevreul.)
CORRESPONDANCE.
M. le Directeur général des Douanes adresse, pour la Bibliothèque de
rinstilut, le Tableau général du Commerce de la France avec ses colonies
et les puissances étrangères pendant l'année 1873.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, le premier volume du « Traité de Métallurgie générale »
de M. L. Grimer. Ce volume est accompagné d'un Atlas de 19 planches.
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur, M. Marchand,
un ouvrage intitulé « Étude sur la force chimique contenue dans la lu-
mière du Soleil )).
M. E. Mathieu prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les
candidats à la place devenue vacante, dans la Section de Géométrie, par
la nomination de M. Berlrand aux fonctions de Secrétaire perpétuel.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
M. J. SiLBERMANN pHc l'Académic de vouloir bien le comprendre parmi
les candidats à la chaire d'Histoire naturelle des corps inorganiques, laissée
vacante au Collège de France par la mort de M. Elle de Beaumonl.
(Renvoi à la future Commission.)
MM. Marey, Sirodot, Mourcou, Coggia, p. Hartixg, F. Lucas, A.
Saxson, Lecoq de Boisbaudran, Mascart, J. Leforï, C. Friedel, Félizet
adressent leurs remerciments à l'Académie, pour les distinctions dont leurs
travaux ont été l'objet dans la dernière séance publique annuelle.
M. le Secrétaire perpétuel donne lecture de la Lettre suivante, adres-
sée à M. le Présulent par M. le Ministre de la Marine et des Colonies, au
sujet du prix de Statistique qui a été accordé à la Revue maritime cl colo-
niale.
« Monsieur le Président,
( 3^ )
Paris, le 28 décembre 187,'!.
• Vous avez bien voulu m'informer que l'Acadômie des Sciences accorde le prix de sta-
tistique 1872 (fondation Montyon) à la fieime maritime et coloniale. En même temps, vous
m'avez fait l'honneur de m'inviter à assister à la séance dans laquelle le prix sera décerné.
» Je suis profondément reconnaissant et de la faveur que l'Académie accorde à un Re-
cueil où les officiers de tous les corps de la Marine accumulent les travaux les plus intéres-
sants, et des termes obligeants que vous voulez bien employer pour m'annoncer la décision
de votre illustre Compagnie.
■> Je sens tout le prix, Monsieur le Président, de la distinction que vous décernez au
Département de la Marine, et j'aurais été heureux, en assistant à votre séance du 28, de
pouvoir vous exprimer moi-même tous mes remercîmenis. Malheureusement une impé-
rieuse obligation de service me prive de le faire. Je viens donc vous prier d'être auprès de
l'Académie l'interprète de tous mes regrets et de ma reconnaissance.
» Permettez-moi d'y joindre pour vous personnellement. Monsieur le Président, l'assu-
rance de ma haute considération. >>
ASTRONOMIE.— PASSAGE DE VÉNUS. — M. le MlNISTKE DE FllANCE EN ClIINE
transmet à l'Académie la dépèche télégraphique suivante, adressée par
M. Fleuriais :
«. Shanghaï, le 26 décembre 1874, à 7 heures soir.
» Faites savoir Lisbonne et Institut... bonne réussite : quatre contacts
observés, accord avec étranger, soixante bonnes épreuves, nombres pro-
visoires, suivant temps moyen :
Premier 21.32.42
Deuxième 22 . o . o
Troisième i . 5o . 1 5
Quatrième 2.17.13
» Signe : Fleuriais. »
ASTRONOMIE. — PASSAGE DE VÉNUS. — LctlVC de MM. Cil. André et A. Angot
à M. Dumas, Président de la Commission.
« Nouméa, le 8 octobre i874.
M J'ai l'honiieur de vous informer que nous sommes arrivés ici tous en
bonne santé, le vendredi (S octobre à y*" 3o'" du soir.
» M. Derbès, capitaine du Génie, à qui j'avais écrit dans le courant du
mois de mai, nous attendait et nous a gracieusement offert l'hospitalité, en
attendant que le Gouvernement ait pu y pourvoir. En effet, le logement est
(33)
ici une question difficile et dont nous n'avons pas encore abordé la solution,
réservant tout notre temps à l'installation de notre station astronomique.
« Le terrain était d'ailieiu's préparé. Par un arrêté, en date du 6 août
1874, M- le Gouverneur général avait chargé ]M. Dcrbés «. des études pré-
» limiuaires nécessaires à l'établissement d'une station astronomique pour
)) observer le passage de Vénus sur le Soleil, le 9 décembre prochain. »
» De cette façon, l'étendue de nos recherches s'est trouvée fort circon-
scrite, et dès le surlendemain de notre arrivée, le dimanche 4 du courant,
nous pouvions désigner à M. le Gouverneur l'emplacement sur lequel
nous comptions nous établir.
» Les journées des lundi et mardi furent consacréesà l'étude détaillée du
terrain et à la détermination des positions relatives de nos diverses ca-
banes. Le mercredi, les circulaires destinées aux divers chefs des services de
la colonie furent envoyées, et le lendemain jeudi notre brigade d'ouvriers
commença cette partie des travaux où l'on peut se passer d'un alignement
exact de la méridienne. Depuis notre arrivée, en effet, le ciel est constam-
ment couvert et nous n'avons pas encore pu voir le Soleil une seule fois.
» D'un autre côté, M. le Gouverneur général nous annonçait, le di-
manche 4 du courant, que sur la dépèche ministérielle en date du 3o mai 1874,
ainsi que sur la lettre de ]\L le Président de la Commission du passage deVénus,
en date du la juin 1874, il nous était alloué sur les fonds du service local,
et conformément au vote du Conseil d'administration, en date du 10 sep-
tembre 1874, une somme de 5ooo francs, destinée à subvenir aux frais
principaux de l'installation de notre observatoire. Cette bbéralité du Gou-
vernement colonial nous tirait d'ailleurs d'un grand embarras. Ignorant
au départ le prix de la main-d'œuvre et des matériaux en Nouvelle-Calé-
donie, j'avais demandé à la Commission du passage de Vénus une somme
de beaucoup inférieure à celle qui était réellement nécessaire.
» Nous rencontrons donc, de la part de l'autorité supérieure, toute
bienveillance; quant aux difficultés pratiques résultant du trouble et du
dérangement que l'installation de notre station cause nécessairement aux
divers services de la colonie, elles sont actuellement presque entièrement
aplanies, et, si le ciel veut bien se découvrir un peu, avant quelques jours,
je crois pouvoir vous affirmer que du 20 au 25 du courant nos observa-
tions méridiennes et photographiques auront commencé.
» Il reste certainement beaucoup à faire pour être complètement in-
stallé : j'aurai l'honneur de vous rendre compte, par le prochain courrier,
C. R,, 1875, 1" Semcilre. (T. LXXX, N» 1.) 5
( 34 )
de l'état d'avancement progressif de nos travaux; mais je vous demande,
dès aiijoiinriiui, de vouloir bien adresser à M. le Gouverneur de la Nou-
velle-Calédonie et à M. le capitaine du génie Derbès les remerciments de
la Commission.
« Le déballage de nos caisses d'instruments ne pourra se faire que lundi,
après la construction d'un abri. Sauf une caisse, tout est arrivé intact.
TÉLÉGRAMME.
« Deuxième contact, bon; troisième, invisible; autres, douteux. — Cent
bonnes photographies. — André reste pour longitude. »
• Gouverneur (le la Nouvelle-Calédonie,
» Allégrot. »
ASTRONOMIE. — PASSAGE DE VÉNUS. — Lettre de M. J. Janssen
à M. Dumas, Président de ta Commissioiï.
« Naijasaki, 3 novembre i874'
(( Bien que je sois en ce moment absorbé tout entier par les soins de notre
installation, je ne veux pas laisser partir la malle sans vous donner de nos
nouvelles.
» Après avoir supporté, en rade de Hong-Kong, le grand typhon dont le
retentissement est maintenant parvenu en Europe, nous nous sommes ren-
dus à Yoko-Hama. Le Ministre de France, M. Berthemy, nous présenta au
Gouvernement japonais, qui nous accueillit avec beaucoup de distinction,
et prit toutes les mesures pour faciliter l'accomplissement de notre mis-
sion.
» Yoko-Hama n'offrait pas, à beaucoup près, autant de chances favo-
rables que les points du littoral de l'ouest. Robe et Nagasaki. Nous réso-
lûmes de nous établir dans cette direction. Le d'Estrées, navire de notre
escadre des mers de Chine, vint nous prendre et nous conduisit d'abord à
Kobé, prèsOsaka, dans la mer intérieure. Là l'ensemble des informations
recueillies me porta à préférer Nagasaki. A Nagasaki, nous trouvâmes la
Commissiou américaine, dirigée par M. Davidson, du Coast-Survey.
» Notre station est très-belle; elle domine toute la rade et notre instal-
lation marche très-rapidement, grâce au nombre considérable d'ouvriers de
tous genres que nous avons engagés et que nous poussons incessamment.
» Aussitôt que je serai un peu plus dégagé des soins à donner à tous ces
travaux, j'aurai l'honneur d'envoyer une Lettre détaillée à l'Académie. »
( 35 )
ASTRONOMIE. — PASSAGE DE VÉNUS. — Lettre de M. Héravd à M. Dumas,
Président de la Commission.
« Saïyon, 23 novembre i8'j4-
» La Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, au nom de la
Commission du passage de Vénus, m'est parvenue au Tonquin, à la fin du
mois de septembre. J'ai appris avec une profonde reconnaissance que la
Commission avait bien voulu accueillir ma demande et me fournir les
moyens de prendre part au grand travail qu'elle dirige; je me suis empressé
de profiter de l'autorisation que m'avait envoyée le Gouverneur de la Co-
chinchine pour rentrer à Saigon, où je suis arrivé au commencement d'oc-
tobre; après quelques jours employés à rendre compte de ma mission au
Tonquin, j'ai pu me consacrer aux préparatifs de l'observation de Vénus.
» La lunette de Secrétan, que vous avez bien voulu mettre à ma disposi-
tion, avait été déposée, avant mon arrivée, par M. Fleuriais; je l'ai trouvée
en très-bon état. J'ai éprouvé d'abord quelque embarras, en ne la voyant pas
accompagnée d'un appareil de support; mais, grâce aux ressources de l'ar-
senal de Saigon, j'ai pu en faire installer un avec les pièces d'un télescope
que possède la colonie, et qui s'était trouvé en trop mauvais état pour pou-
voir être employé. Aujourd'hui la lunette est portée par une monture équa-
toriale qui permet de suivre le Soleil. Le petit observatoire de Saigon a été
réorganisé; la lunette méridienne et la pendule sont réglées; je fais des
observations régulières, autant que me le permet le temps assez incertain
qui règne encore. La saison des pluies s'est prolongée plus qu'à l'ordi-
naire; mais elle tire à sa fin, et l'on peut espérer qu'il fera beau, le jour du
passage.
)) Je comptais sur le concours de mon collaborateur du Tonquin; il de-
vait me rejoindre après avoir terminé quelques travaux commencés, et mal-
heureusement il n'est venu aucun navire du Tonquin depuis mon départ.
Je suis donc seul, et je dois me borner au programme le plus simple. La
position de l'observatoire de Saigon est bien connue; je ne néglige pas les
occasions de la vérifier, mais je me préoccupe surtout de l'observation des
contacts.
» Serai-je assez heureux pour obtenir la précision sur laquelle la Com-
mission a le droit de compter? Je n'ose pas trop l'espérer, mais je fais ce
que je peux pour y atteindre. »
5.
(36)
ASTRONOMIE. — PASSAGE DE VÉNUS. — Lettre de M. p. Tacchixi
à ?.l. Dumas, Président de (a Commission.
o Muddapiir (Bengale), lo décembre 1874.
» L'observation du passage n'a pas réussi complètement, mais j'espère
que nos observations seront cependant utiles pour la science. Les quatre
contacts ont été observés par trois observateurs, le professeur Dorna, le
P. Lafont et M. Morso ; le troisième, le quatrième, seulement par moi et
par le professeur Abetti, avec des speclroscopes. L'observation avec les
spectroscopes s'accomplit d'une manière très-satisfaisante; la différence
entre l'instant du troisième contact (qui a été observé le plus exactement
avec le spectroscope), déterminé à la manière ordinaire, et l'instant observé
auspectroscope, dépasse deux minutes, ce qui me semble démontrer que le
diamètre du Soleil, dans le spectroscope, est plus petit, car les instants des
contacts observés avec cet instrument sont antérieurs à ceux qu'a fournis
l'autre méthode. Dans le spectre du Soleil j'ai observé, immédiatement
après la bande de Vénus, de légers obscurcissements en des points qui cor-
respondent à des positions des raies atmosphériques ; peut-être est-ce un
phénomène dû à l'atmosphère de Vénus, qui serait semblable à la nôtre. »
GÉODÉSIE. — Sur le calcul des coordonnées cjéodésiques. Note de
M. Ch. Tbepii'D, présentée par M. Yvon Villarceau.
« Dans \es 31émoires de l'Jnstitut iwur 180G, Legendre a, pour la pre-
mière fois, donné une analyse complète des triangles tracés à la surface du
sphéroïde. L'illustre géomètre a négligé, comme il convenait, dans ses
calculs, toutes les puissances de l'aplatissement supérieures à la deuxième,
et les formules qu'il a données se divisent en deux catégories :
» 1° Formules rigoureuses, aux termes i)rès de l'ordre du cube de
l'aplatissement, ou, plus exactement, formules dont le degré de conver-
gence est indépendant de la longueur de l'arc mesuré de la ligne géodé-
sique;
n 2° Fornudcs développées jusqu'aux termes du troisième ordre inclu-
sivement en ou ', s désignant la longueur de l'arc de ligne géodésique,
N la grande normale et p le rayon de courbure de l'ellipse méridienne à
l'origine de l'arc.
» Soient e l'excentricité de l'ellipse méridienne, quantité dont le carré
est de l'ordre de l'aplatissement, L et L' les hitiludes, cp et 9' les longi-
(')
( 37)
tudes, Z et Z' les azimuts aux deux extrémités d'une mèine ligne géodé-
sique de longueurs; les développements obtenus par Legendre pour les
diiférences de latitude, de longitude et d'azimut sont, à la différence près
des notations,
' , s 1 .t' 3 a' . ,
L — L^ cosZ sin'ZlangL— 7— t'sinaLcos'Z
p 2p' ° /flN^
I s'
-I-- — (i + tang=L)sin'ZcosZ,
, J sin Z s- sinZ cosZ
j' sinZcos=Z , , ^, .î' sin'Z ,
+ ^, ï — ( + tang=L — — — ^ lang'L,
K' cosL ^' ^ ' N'cosL • * '
TJ — Z—r.~ -(an"LsinZH sinZcosZ(i+ tang-L -f-irU-os'I.)
— ^^tangLsinZ[cos'Z(i-r-Atang=L)-(i+:^,ang'l,)],
formules où les arcs sont exprimés en parties du rayon.
» Dans la pratique ordinaire de la Géodésie, les côtés de triangles ne
dépassent guère 40 kilomètres, ce qui donne, pour - : 0,0062616, ou, en
secondes, 1 291 ",56 à la latitude de 45 degrés; on peut alors s'en tenir aux
termes du deuxième ordre dans les formules (i). Ainsi, en supposant
^ = 4o'^'"5 L=45'' et Z=:45°, l'ensemble des termes du troisième ordre
n'atteint pas o",oi pour la latitude, o",o3 pour la longitude, et o",02 pour
l'jizimut. Mais clans un triangle où l'on aurait s^ 160''"', et il se trouve des
triangles de cette étendue dans la Géodésie française (*), la valeur des
termes négligés dépasserait o",44 pour la latitude, i",62 pour la lon-
gitude, et i",42 pour l'azimut. Ou se rappelle que l'application des termes
du troisième ordre a été faite par MM. Hossard et Levret au parallèle de
Paris d'une part, et de l'autre à la partie nord de la méridienne de
France.
» Mais il était permis de se demander si, dans des triangles d'une plus
grande étendue, comme ceux par lesquels M. le commandant Perrier a
proposé de relier géodésiquement la France à l'Algérie, la correction du
(*) Le triangle qui a pour sommets Ivizà, Mongà et Desierto, et qui fait partie liu pro-
longement de la iiRi'iilienne de Franco sur le territoire espagnol, a iiu côté de i io233"', 5.
Le triangle qui relie la triangulation l'ranr.aise au l\I()Mte-Ciuto de Corse a un côté de
235387"',5. (Voir G<?Ww/e de Puissant, t. I, p. 264 et 265.)
(38 )
troisième ordre était suffisante. La simple comparaison des résultats donnés
par les formules rigoureuses et par les développements de Legendre faisait
voir qu'il n'en était rien. Il devenait, dès lors, intéressant de calculer les
termes du quatrième ordre. C'est ce que j'ai entrepris, d'après les conseils
de M. Yvon Villarceau, et c'est le résultat de ce travail que j'ai l'bonncur
de présenter à l'Académie. Ce travail n'est, du reste, que la préface d'une
autre étude, dans laquelle je me propose d'examiner l'influence des termes
du quatrième ordre sur une correction azimutale d'une réelle importance
au point de vue théorique, et qui a été pour la première fois signalée et
calculée par M. Yvon Villarceau (*).
» Les termes que j'ai obtenus sont de la forme
les coefficients A, B, G désignant des fonctions assez compliquées de la la-
titude et de l'azimut de la station de départ, et dont voici les expressions :
» I " Pour les différences de latitude :
A = — {-cos-Zsin 2L (5 — cosaL),
B= i-cosZ(i - 4sin=L) -4- J-cos'Z(i + 2siii=L),
C = ^ tangL(i — locos^Z-f- gcos^Z) -i-itang'L(i - Gcos^'Z -+-5cos^Z).
» 2° Pour les différences de longitude :
A'=. îill|^[tangL(f cos*L - sin^L) - (f - lang^Lsin^L)],
B'= jsinZ cos^'ZcosL,
C'= ^sinZcosZÎ^[sin^Z(i + 2tang-L) - | -f- tang^'L)].
COS 1-1
» 3° Pour tes différences d'azimut :
A" = — 3sinZcosZsin^L(| -;- tang-L)^
B"=:-^sinZsin2L(| — cos'Z),
C"^- ?i!^^£2iZ^ [| 4- sin='L(^ - 21 sin^'Z)
4- 12 tang^Lsin'L COS2Z — 3sin°Z].
» Je me bornerai, dans cette Note, à présenter une application des for-
(*) Il s'agil ici de l'erreur que l'on commet en substituant la direction observée d'un
sifjnal à celle de rélcmciit de la ligne géodésique passant par le lieu de l'observation.
(39 )
mules nouvelles, en donnant à s une série de valeurs depuis [\o kilomètres
jusqu'à looo kilomètres, et en supposant L = 4^ degrés, Z = 45 degrés.
I. — Latitudes.
I.OlldUCUl'
Par
Alix termes
Aux termes
Termes
(le la lijjiie
les l'ormules
près
|)rè.'i
du
Terme*
gcodésiquc.
rigoureuses.
du .^" ordre.
du .'»•-* ordre.
4' ordre.
suivants.
km
4o
- 9i8",32
— 918,32
— 9 18", 32
4-0,00
— 0,00
lOO
23o3,32
23o3,32
23o3,32
0,00
0,00
200
463 1,17
463i,i3
463i,i7
o,o4
0,00
4oo
9356, 3 I
9355,72
9356, 3 I
0,59
0,00
6oo
14167,70
i4i64,85
14167,70
2,85
0,00
8oo
19057,90
19049,52
19058,38
8,86
0,48
lOOO
24020,60
24000,78
II. — Longh
24022,16
tudes.
21,38
1,56
km
4o
1285 "86
+ 1285' 86
+ 1285°. 86
M
0,00
0 , 00
lOO
3193,50
3193,50
3193,50
0,00
0,00
200
6317,96
63i8,o2
63 18, 02
0,00
0,06
4oo
12368,67
12369,09
12369,05
0,04
o,38
6oo
18170,90
18172,22
18171 ,98
0,24
1,08
8oo
23742,50
23746,39
23745,59
0,80
3,09
lOOO
29092,98
29110,61
29108,57
2,o4
15,59
III. — Azimuts.
km
0 1 m
0 , „
0 , „
H
u
4o
179.44.52,77
179.44.52,77
179.44.52,77
+0,00
H-o,oo
lOO
179.22.34, jO
179.22.34,40
179.22.34,40
0,00
0,00
20O
178.46.22,50
178.46.22,50
178.46.22,50
0,00
0,00
4oo
177.37.31 ,06
1 77 .37 .3o,63
177.37.30,87
0,24
0,19
6oo
176.33. 8,91
176.33. 6,68
176.33. 7,01
1,33
1,90
Boo
175.33. 0,65
175.32.52,40
175.32.56,73
4.33
3,92
lOOO
174.36.49,27
174.36.30. 25
174.36.40,95
10,70
8,32
» On voit, par ces tableaux (*) :
» 1° Que, dans les conditions où nous nous sommes placés, l'emploi des
termes du quatrième ordre permettrait d'obtenir les différences de latitude
à moins de o",oi jusqu'à 600 kilomètres, mais que pour un arc de 1000 kilo-
mètres l'erreur dépasserait i seconde;
» 2" Que les erreurs sont beaucoup plus considérables dans les diffé-
(*) A l'égard de la longitude et de l'azimut, ce qui intéresse les géodésiens, ce sont les
produits ((}<' — y) cosL et {Z' — Z)cosL, plutôt que los différences ç'- — ly et Z' — Z. Les
nombres des Tableaux II et IH devront donc être divisés par v'2, pour représenter ces pro-
duits.
( 4o )
rences de longitude et d'azimut; car, dans un triangle de looo kilomètres,
elles dépasseraient i5 secondes pour la longitude et 8 secondes pour
l'azimut. H faudrait alors calculer les termes du cinquième ordre; mais,
en pareil cas, l'emploi des formules rigoureuses serait sans doute préférable
à toute autre méthode de calcul.
» Remarquons d'ailleurs qu'il n'est pas surprenant que les termes du
cinquième ordre puissent, dans un arc de looo kilomètres, s'élever à
i5 secondes.
» En elfet, parmi les termes du cinquième ordre, il y en aurait un de la
forme -rr-- Or, en faisant s = looo kilomètres, on a -; — -. — ;; = iQ",3q; il
suffirait donc que le coefficient fût un peu inférieur à l'unité.
» Je crois devoir ajouter, en terminant, que tous les développements
analytiques dont les résultats sont présentés dans cette Note ont été effec-
tués par deux voies différentes ou recommencés avec le plus grand soin
toutes les fois que les circonstances ne se prêtaient pas à l'emploi d'une
autre méthode de calcul. C'est une observation qui a son importance
lorsqu'il s'agit de calculs aussi étendus. »
PElYSiQUE. — Sur l'expression du travail relatif à une transformation élémentaire.
Note de M. J. Moutier, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« M. Clausius a donné récemment une démonstration du théorème de
Carnot, fondée sur l'expression du travail relatif à luie transformation élé-
mentaire dans l'hypothèse généralement admise aujourd'hui, où la cha-
leur est considérée comme un mode de mouvement. M. Ledieu est arrivé
au même résultat par une voie différente. Ces solutions laissent indéter-
minée la nature même du mouvement, et présentent par cela même la plus
grande généralité. Je me suis proposé de traiter la même question en ad-
mettant que la chaleur consiste en un mouvement vibratoire; l'analogie
qui existe entre la chaleur et la lumière permet de supposer qu'il en soit
ainsi, et, comme la théorie vibratoire suffit à l'explication de tous les phé-
nomènes de l'Optique, il y a lieu de rechercher si elle peut rendre compte
également des phénomènes de la chaleur. Celte hypothèse particulière
n'est pas nouvelle dans la science; elle restreint, il est vrai, la généralité de
la solution, mais, d'un autre côté, elle permet de préciser la nature de
certains phénomènes.
» Le mouvement vibratoire dont chaque point est animé peut se décom-
poser suivant trois directions rcct;nigul;iires; chaque mouvement com-
( 4. )
posant est un mouvement oscillatoire rectiligne de même période, produit
par une force proportionnelle à la distance du point matériel à un centre
fixe.
» Si l'on représente par jii la masse du point matériel, par '^ l'accéléra-
tion à l'unité de distance, par a l'auiplitudc de l'oscillation, la valeur
moyenne de la force esty= v'wip«-
» La durée i d'une oscillation est i=z ■^•
V?
» La vitesse maximum du point matériel est U = — ^•
» La demi-force vive maximum est ^m\]'-=fa.
» La demi-force vive moyenne | mu^ est la moitié de la demi-force vive
maximum; "l mir := ^^ fa . On considère cette demi-force vive moyenne
comme étant proportionnelle à la température absolue T.
» Le travail élémentaire, qui correspond à une élévation de tempéra-
ture dT, se compose de deux parties : l'une est égale au demi-accroisse-
ment de la force vive moyenne; l'autre provient de modifications appor-
tées dans le mouvement vibratoire, en supposant que la force vive
moyenne conserve la même valeur, ou bien que la température reste con-
stante.
M La température restant constante, l'amplitude de l'oscillation peut
changer, pourvu que la durée d'oscillation varie dans le même rapport. Si
l'amplitude de l'oscillation augmente de la quantité cin, il en résulte un
travail qui a pour expression le produit de la valeur moyenne de la force
par l'accroissement de l'amplitude ou Jda.
» Or, le rapport - devant demeurer constant,
da=^ r di
i
et, par suite,
Jda =Ja — = tnir — •
» La portion du travail relatif à une transformation élémentaire est
donc, pour le mouvement considéré,
d{\mu-) -f- mu- —•
» Le même raisonnement s'applique à cliacune des trois directions rec-
tangulaires sur lesquelles on a projeté le mouvement du point matériel. Le
travail dL, relatif à une transformation élémentaire, est la somme des
C.R., i8-5, 1" Semestre. (T. LXXX, N» I.) "
( 42 )
quantités analogues à la précédente; de sorte que, en appelant rnv^ la force
vive moyenne d'un point matériel, on aura, pour le système entier,
» On retrouve ainsi l'expression donnée par M. Clausius. Si l'on repré-
sente par M le poids du corps, par R sa chaleur spécifique absolue, par E
l'équivalent mécanique de la chaleur, dans l'hypothèse adoptée sur la
chaleur,
l{^nw-) = MRTE.
» La valeur du travail élémentaire dL peut alors se mettre sous la forme
dL = MKE(dT-i- 2Ty
» Si l'on admet, comme précédemment, que la chaleur consiste en un
mouvement vibratoire, on peut analyser, à ce point de vue, divers phéno-
mènes :
» 1° A l'état solide, la chaleur spécifique vulgaire est sensiblement égale
au triple de la chaleur spécifique absolue. Voyons quelle indication la
théorie précédente peut fournir à cet égard.
» La quantité de chaleur nécessaire pour élever la température du corps
de r/T est alors 3MRr/T; une partie de cette chaleur MKdT représente
l'accroissement de la chaleur réellement existante à l'intérieur du corps, de
sorte que la chaleur consommée en travail est 2MK.f/T. On a donc
dT=2T^.
» Cette relation revient à la suivante :
- = const.
» En retriplaçant i et T par les valeurs déduites des relations précédentes,
on trouve la condition
/= const.
» Ainsi, dans les corps à l'état solide, lorsque la chaleur spécifique vul-
gaire est égale au triple de la chaleur spécifique absolue, les forces molé-
culaires ont une valeur sensiblement constante, indépendante do la tempé-
rature. On retrouve ainsi une propriété énoncée dans un précédent
travail ( ).
(*) Comptes rendus, t. LXXI, |). <)3.'î ; Jnnalcs de Chimie et <lc Physique, !\'' hcriQ,
I. XXIV, p. 3oG.
( 43 )
» 2° Cherchons de même la condition pour qu'il n'y ait pas de chaleur
consommée en travail intérieur lorsque le corps est chauffé sous volume
constant, ce qui a lieu sensiblement pour les gaz permanents.
» La quantité de chaleur nécessaire pour élever la température do dT
est alors Kd'ï; dans ce cas, dL = o,
dT + 2T ^'' = o.
» Cette relation revient à la suivante :
T/^ = coust.
» En remplaçant /' et T par les valeurs déduites des relations précédentes,
on trouve pour condition
n = const.
» Ainsi, pour qu'il n'y ait pas de chaleur consommée en travail intérieur
lorsqu'un corps s'échauffe sous volume constant, l'amplitude des oscilla-
tions doit rester la même; il y a, au contraire, de la chaleur consommée en
travail intérieur lorsque l'amplitude des oscillations augmente.
» 3° Lorsque le corps éprouve une transformation à température con-
stante, comme cela a lieu dans les changements d'état, la quantité de cha-
leur nécessaire pour effectuer la transformation est
Q = 2MKT Cj = 2MRT log (y
en désignant par/oCt i les durées d'oscillation avant et après la transfor-
mation, par log le logarithme népérien.
» La température étant la même, en appelant «„ et a les durées d'oscil-
lation correspondantes.
a
» Mais d'ailleurs, en appelaiity^ étales valeurs moyennes des forces
moléculaires avant et après la transformation, la température restant la
même,
Ja =--/„ a„ ,
et par suite
Q^ alVIRTlog^-^V
» Cette relation montre la liaison qui existe entre la chaleur nécessaire
pour déterminer un changement d'état, tel que la fusion ou la vaporisation,
et la variation qu'éprouvent les actions moléculaires par suite du change -
G..
{ 44 )
ment d'état. Lorsque les actions moléculaires diminuent, ce qui est le cas
ordinaire, la transformation exige une dépense de chaleur, chaleur de
fusion ou de vaporisation; le corps dégage au contraire de la chaleur lorsque
le changement d'état est accompagné d'un accroissement des forces molé-
culaires. »
CHIMIE. — Analogies que préxentent te dégagement des gaz de leurs solu-
tions sursaturées et la décomposition de certains corps explosifs. Note de
M. D. Gerxez, présentée par M. Pasteur.
« J'ai étahli depuis longtemps (i) que, dans les solutions gazeuses sur-
saturées, l'excès de la quantité du gaz dissous sur la quantité normale,
c'est-à-dire sur celle que le liquide dissoudrait dans les mêmes conditions
de température et de pression, ne se dégage, dans le cas où l'on ne fait
pas intervenir d'action mécanique, qu'autant qu'on introduit au sein du
liquide une atmosphère gazeuse quelconque, retenue, par exemple, à la
surface d'un corps solide ou dans les cavités capillaires d'un corps poreux.
C'est dans celte atmosphère, qui joue le rôle du vide par rapport au gaz
différent dissous, que ce dernier gaz se dégage par la surface libre du
liquide. Or les parois des vases retiennent souvent, même lorsqu'elles
paraissent mouillées, une couche gazeuse localisée surtout dans les anfrac-
tuosités qui se trouvent presque toujours à la surface des corps solides; il
en résulte que, dans des vases qui n'ont pas subi de préparation spéciale,
les solutions gazeuses sursaturées proHuisent, sur les parois, des bulles de
gaz plus ou moins abondantes; mais si l'on a soin de dissoudre, par des
lavages successifs à la potasse, à l'eau distillée bouillante et à l'alcool, la
couche superficielle des vases de verre en certains points de laquelle se
trouverait retenue une petite quantité d'air, on constate qu'il ne se forme
plus une seule bulle gazeuse sur la paroi baignée par le liquide, pas plus
qu'à l'intérieur de la solution sursaturée entre des limites de température
et de pression très-étendues.
» L'émission du gaz ne se fait plus alors que par la surface libre du
liquide ; des échanges ont lieu, de couche en couche, avec une lenteur telle
que, par exemple, l'eau saturée d'acide carbonique sous une pression
d'environ 2 | atmos|)hères et exposée dans un tube librement ouvert à
des températures voisines de 8 degrés, est encore sursaturée dans la couche
située à 10 centimètres de la surface, même après cinquante jours.
(i) Comptes rendus, t. LXIII, p. 883, 19 novembre 1866.
( 45)
» Lorsqu'on diminue la pression, l'émission du gaz n'a lieu aussi que
par la surface, si le vase a été convenablement préparé. Ainsi de l'eau sa-
turée d'acide carbonique sous Tine pression supérieure à 2 {r almospbères
a été maintenue assez facilement dans le vide fait avec la pompe à mercure
sans qu'il se dégageât une seule bulle de gaz à l'intérieiir de la solution, et
pourtant le manomètre du récipient de la machine indiquait une pression
égale seulement à la tension maxima de la vapeur d'eau à la température
de l'expérience. Le gaz ne se dégageait que par la surface sans bulle appa-
rente et avec une vitesse relativement faible.
» Vient-on à introduire une atmosphère gazeuse dans cette solution à la
surface de laquelle on maintient le vide, il s'y produit une vive efferves-
cence qui ressemble à une ébullition violente. J'ai réalisé l'expérience en
enfonçant dans l'eau dcSeltz un fragment d'épongé de platine ou debioxyde
de manganèse, retenu à l'extrémité d'un fil de platine : tout le liquide qui
se trouvait au-dessus du corps poreux fut violemment projeté, tandis qu'au-
dessous il ne se dégageait pas une bulle de gaz.
» Lorsque les gaz sont très-solubles dans les liquides, on peut, eu opé-
rant dans des tubes préparés comme je l'ai indiqué, porter les solutions à
une pression assez faible ou à une température assez élevée pour que l'excès
de la quantité de gaz retenue par le liquide sur la quantité normale soit
très-considérable. Alors, si l'on introduit une atmosphère gazeuse au sein
du liquide, on détermine une sorte d'ébullition. L'expérience peut être
réalisée très-facilement avec la solution d'ammoniaque; on met dans un
tube préparé la solution ordinaire d'ammoniaque, on l'entoure d'un mé-
lange réfrigérant, et on la s;iture par un courant longtemps prolongé de gaz
ammoniac. On retire ensuite la solution, et on la laisse revenir à la tempé-
rature ambiante de 20 degrés par exemple; il ne se dégage pas de gaz à
l'intérieur du liquide; mais si l'on y amène une petite cloche à air que l'on
a ménagée à l'extrémité d'un t^d)e de verre étranglé à la lampe, il se dé-
gage dans celte atmosphère du gaz ammoniac, qui semble sortir de la petite
cloche, en bulles d'autant plus fréquentes que la sursaturatiou est plus
prononcée. L'expérience ressemble, dans ce cas, à l'ébullition d'un liquide
provoquée par le même procédé ; du reste, lorsqu'au bout de quelque temps
elle se ralentit, on active le dégagement en élevant un peu la température.
» J'avais déjà rapproché, dans la Note que j'ai rappelée plus haut, le
phénomène du dégagement des gaz de leurs solutions sursaturées sous l'in-
fluence de corps qui y amènent une atmosphère gazeuse de la décompo-
sition que subissent, sous la même influence, certaines substances, telles
(46 )
que l'ean oxygénée. La préparation de l'eau oxygénée très-concentrée étant
d'une exécution délicate, je vais indiquer comment on peut se servir faci-
lement, pour la même démonstration, d'une réaction connue qui a été étu-
diée autrefois par Schœnbein (i).
» Dans un tube de verre de 6 à 20 millimètres de diamètre, fermé à l'une
de ses extrémités et récemment préparé, comme je l'ai dit plus haut, on
introduit une couche de 5 à 10 centimètres d'eau distillée, que l'on a filtrée
pour la débarrasser des particules solides retenues en suspension. On refroi-
dit le tube à zéro, puis on y fait tomber de l'acide hypoazotique liquide,
préalablement refroidi. Ce liquide, glissant le long des parois du vase, tra-
verse l'eau sans dégager de gaz et se rassemble au fond du tube sous forme
d'un liquide bleu, que l'on regarde comme contenant de l'acide azoteux;
en même temps, de l'acide azotique reste en dissolution dans l'eau. On peut
retirer alors le tube du mélange réfrigérant et le laisser revenir à la tempé-
rature ambiante de i5 degrés par exemple, sans qu'il se dégage de l'inté-
rieur du liquide une seule bulle de gaz. J'ai conservé des tubes ainsi pré-
parés, pendant quinze jours, dans im milieu dont la température a varié de
7 à 16 degrés : le liquide bleu s'était peu à peu diffusé, sans dégagement ga-
zeux, dans la couche d'eau superposée, laquelle est restée incolore sur une
certaine partie de son épaisseur. Vient-on à introduire à la surface de la
couche liquide inférieure un corps sans action chimique sur l'acide azotique
et désaéré, tel qu'un fil de platine qui a servi pendant qtielques minutes à
entretenir l'ébullition de l'eau, il n'y produit aucun effet; au contraire,
l'autre bout du fil qui n'a pas été débarrassé de la couche d'air adliérente,
à peine amené au contact de l'acide azoteux, y provoque un abondant dé-
gagement de bioxyde d'azote, qui cesse brusquement si l'on retire immé-
diatement le fil sans laisser de bulle gazeuse, et qui recommence dès qu'on
immerge de nouveau le fil. En même temps, l'eau se charge d'une nouvelle
quantité d'acide azotique. Cette décomposition peut être déterminée avec
plus d'activité par l'introduction d'une petite cloche à air dont la surface
a été récemment désaérée dans la flamme d'un bec de gaz. Les bulles de
bioxydo d'azote semblent alors sortir de la cloche, comme dans le cas de
la solution d'ammoniaque. Cet effet d'une atmosphère gazeuse qui décom-
pose l'acide azoteux peut être observé, même à la température de zéro;
dans ce cas, le dégagement de bioxyde d'azote est moins rapide.
)i II y a donc la plus grande analogie entre l'émission d'un gaz dissous.
(i) Pogg. Ànn., t. XL, p. 38?..
{ 47 )
effectuée par la surface de la solution dans un milieu gazeux où le gaz se
rend comme dans une atmosphère raréfiée, et cette décomposition de corps
explosibles qu'il n'y a pas lieu d'attribuer, comme je l'ai déjà indiqué pour
le cas de l'eau oxygénée, à une force particulière catalytique. Du reste, le
dégagement de chaleur qui accompagne la décomposition de ces corps,
bien que faible lorsqu'il s'agit de l'acide azoteux, explique la rapidité avec
laquelle le phénomène continue dès qu'on l'a déterminé en un des points
du corps, à moins qu'on n'arrête la réaction au début, comme je l'ai indi-
qué plus haut. »
THERMOCHIMIE. — Sur la structure otomicjue des molécules de la benzine et du
térébène. Note de M. G. Hinrichs, présentée par M. Berthelot.
« I. D'après les expériences de M. Regnault, la chaleur spécifique
de la vapeur de benzine est i,oii ou 29,26 pour le gramme-molé-
cule €'H' de 78 grammes. [Voir Comptes rendus, t. LXVI, p. iSSg, équa-
tion (6).] De cette valeur numérique il suit, d'après les principes de ma
Mécanique moléculaire (*), que la structure atomique de la benzine est
annulaire et rhomboédrale : c'est ce que je démontrerai dans cette Note.
Ainsi les déductions de la Mécanique élémentaire nous permettent de con-
firmer, par les expériences de M. Regnault sur la chaleur spécifique des
vapeurs, l'hypothèse de M. Kekulé, fondée sur les propriétés purement chi-
miques de la benzine et adoptée par la plupart des chimistes.
» La chaleur spécifique d'une molécule à pression constante est re-
présentée par
(1) S— 5 -h n-\- p' -h •/. A,
où n est le nombre d'atomes élémentaires de la molécule, I le moment
d'inertie maximum de la même, p = 3,5oo et x = o,i25 — !:, valeurs des
constantes établies pour tout un groupe de composés organiques et, par
suite, applicables à d'autres composés semblables. Comme la molécule
de benzine, C^H* contient « — 12 atomes, l'équation (i) devient
29,26 = 5 + 12 -I- 3,5oo -i- o, 125 I,
d'où l'on tire I = 70,08 pour le moment d'inertie maximum d'une molé-
cule de benzine. Donc I = 70,08 est l'expression thermodynamique du
résultat expérimental de M. Regnault.
(*) T/ie Principles 0/ Cficmislry and molccular Méchantes ; Davenpoit, lowa (U.-S.), i874'
(48 )
» Mais cette valeur est absolument incompatible avec toute structure
linéaire de la molécule de benzine; car le moment d'inertie de G atomes de
carbone rangés en ligne droite, combinés chacun avec un atome d'hy-
drogène, serait (G + H) l'y.S = 227,5 au lieu de 70,08 (*); c'est-à-dire la
chaleur spécifique de la benzine à molécule linéaire serait, d'après l'équa-
tion (r), égale à 4^,5 au lieu de 29,26 trouvé par l'expérience. Cette
structure linéaire ferait la benzine octatoraique, au lieu de saturée. Voici
c calcul :
' 2 ;0 .!
— • • 1 — »-
b t ; rf
» Soient abc défier masses m = €H = i3, rangées en ligne droite et à
distances égales à l'unité; le moment d'inertie pour l'axe vertical en a est
r = /7i.o'' + 77M -4-»2.2- + H2.3^-t-/».4^ + '«.5- = w(l- + 2--r...H-5-) = 55./».
Le centre de gravité O sera distant de a de A, déterminé par
MA = ni.o 4- m. i -h ni.i + 7/i.3 -f- «2.4 + '"-5 = iS.m,
d'où A = 2.5; donc M. A" = 37.5m, et enfin le moment d'inertie maximum
pour l'axe de révolution passant par le centre de gravité
I = r — M. A- = 5Sni — 3'j,!jm — 17, 5?» = 227,5.
M La structure annidaire de la molécule de benzine s'accorde au con-
traire parfaitement avec la valeur I = 70,08 tirée des déterminations de
M. Regnault; car, l'unité de distance atomique étant la distance des atomes
de carbone dans l'atome d'alcool [Comptes tendus, t. LXXV, p. 1 5g4), il suit
que les G atomes de carbone, joints en anneau, formeraient un hexagone
régulier, dont le côté est égal à l'unité : donc le rayon sera l'unité aussi.
T> Mais le centre de gravité des six systèmes GH = 1 3 est, à très-peu près,
le même que le centre de gravité des atomes de carbone, parce que la masse
de l'atome G est douze fois la masse de l'atome H. Donc, pour la molécule
annulaire hexagonale, le moment d'inertie maximum sera 6 :< i3 . 1^ = 78.
» Cette valeur étant encore un peu plus grande que la valeur déduite
des expériences de M. Regnault, il suit que l'hexagone régulier n'est
qu'une première approximation, car le rayon de gyration p n'est pas l'unité,
mais f> = 0,95, d'après l'équation I = 6 x i3.^- = 78./>" = 70,06.
(*) Yo\r ma Note sur le calcul dcx moments d'inertie des molccules. [Coiii/>rcs rendus,
l. LXXVI, p. iSf)?..)
(49)
» La synthèse pyrogénée de la benzine, découverte par M. Berthelot,
nous donne la raison de cette petite diminution du rayon de gyration, car
la distance des deux atomes de carbone dans l'acétylène étant un peu
moindre que l'unité, à cause de l;i saturation de deux affinités de chaque
atome de carbono par l'autre, il suit que l'hexagone n'est pas régulier tout
à fait, mais rhomboédrique, composé de trois côtés de l'unité de longueur
(où les trois atomes d'acétylène se sont unis), alternant avec les trois côtés
un peu plus courts (où les deux atomes de carbone dans les atomes d'acé-
tylène se sont combinés avec deux affinités ou atomicités chacun). Donc le
rayon moyen sera un peu au-dessous de l'unité.
Formule graphique de la benzine.
» • symbole de l'hydrogène monovalent ; -i- du carbone tétravalent,
indiquant les lignes d'attraction; A, B, C les trois atomes constituants
d'acétylène, représentant la synthèse de Berthelot.
ab = cf/= ef la distance mineure,
be 1= de ^^fa la distance majeure et l'unité générale.
)) Donc ab <C i. Donc la forme générale est un rhomboèdre.
» II. La chaleur spécifique de l'essence de térébenthine €'"11" en va-
peur a été calculée par M, Naumann ('), égale à 3i,o pour le gramme-
molécule ; mais la valeur trouvée par M. Regnault est de 68,8. Il y a donc là
une erreur de 121 pour 100 delà valeur théorique.
» Comme les points d'ébullition du térébeuthène et du térébène sont
identiques, d'après M. Riban("), il suit ('"*) que les moments d'inertie
maxima le sont aussi pour ces deux composés. La production de l'hydrure
(') Grandriss des Ihermochemie. Braunschweig, p. 49; 1849. ^O'"" Comptes rendus,
t. LXXVII, p. 1357.
{") Comptes rendus, t. LXXVIII, p. ?.()i.
{***) Voir mes Principtes of Chemistry and molccular Mechanics, 1874) P- '24. Comptes
rendus, t. LXXVI, p. 1409 autorise la même conclusion.
C. R., i8-;i, i«' ScmciCrc. (T. LXXX, N» I.) 7
( 5o )
d'amylène par l'hydrogénation dn lérébène (*)etla synthèse inverse du
térébène par l'amyléne nous en donnent la formule graphique, c'est-à-
dire la projection (*') sur le plan du moment d'inertie maximum. Le
résultat du calcul assez simple est I = 280 en moyenne, les déviations
possibles maxima étant ± Sa, et la moyenne probablement trop petite.
» La formule (i) nous donnera la chaleur spécifique de la molécule de
G'^H'", renfermant 26 = 7/ atomes, la valeur S = 5 + 26 4-3,5-f-{I — 69,5
en moyenne, avec les déviations possibles maxima de ± 4,o. La valeur
moyenne, et par conséquent la première approximation, sont presque
identiques avec la valeur 68,8 observée par M. Regnault. Voici le calcul :
Formule graphique du térèbène.
\
X X
X / X
» r • / * il
o""X"
X X
i • * l, •
» Mécaniquement les deux moitiés A et B sont identiques. Soit / le mo-
ment d'inertie de A ou de B pour l'axe passant par leur centre de gravité
(e ou h) et soit eO == /^0 = A la distance au centre de gravité. Alors le mo-
ment d'inertie maximum de la molécule de térèbène sera
1= 2(/+ 7H.A-),
m égalant la masse de A ou B, c'est-à-dire m = 5C + 8H = 68.
» Mais évidemment i := a.i- -h h.i- -\- ci'- -{- d.i- -h e.o'- — 56, parce
que ae = be =^ ce := de =^ \ .
» De plus A = ebcosl\S° -V- — ~ cos45"-i- — =: -4 + --:
mais */< I ; donc A < 0,71 -(-i =1,9.1 ] ^ k" ^ ic
et bf^ofi; . A>o, 76 + 0,3 = 1,0 (l<^<ï,40;
par conséquent A- =: 1,^3 rir o,23, d'où m A" r- 84 rt 16. Enfin
I = 2[56^- 84 -A: iG] = 2 [140 =b 16] r- 280 ±32;
(*) Berthf.lot, liuUrtin rie la SoriM chimique, t. XI, p. i8, aS, 189; 1869.
(**) Sciioni.EMMF.n. Lchrhuch cler Kohlenslnffvrrbinduiigen . Braunsrlnvcii.', 1S71 ; p. 3G4.
(*'*) PL /, fig. 1 1 de mon Ouvrage précité.
( 5i )
mais 1 — a8o + 32 donne
S = 5 + «-+-3,5 + 1, 1 = 5 + 26+3,5 + ^, 1 = 34,5+35 +4 =6g,5i:/|,o,
S observé = 68,8,
0,7 = erreur tle la moyenne,
3 3=)
,' J erreur des extrêmes /^o«;6/m.
■■ La limite inférieure de bf a été prise trop petite; donc la moyenne est
probablement trop* petite, et le terme ± A: (il suffira ^4) •'op grand;
mais pour première approximation c'est assez précis.
» Je crois donc avoir établi la constitution atomique de la molécule de
térébène en partant de la valeur de sa chaleur spécifique déterminée par
M. Regnault, et avoir démontré que la grande erreur de lai pour 100 de
la valeur calculée par les auteurs disparaît quand on adopte le résultat de
ma Mécanique moléculaire : la rotation des molécules. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les éthers titaniques. Note de M. E. Demabçav,
présentée par M. Cahours.
« De tous les éthers titaniques, le seul qui soit connu jusqu'ici est la
trichlorhydrine
TiCl%0C2H\
qui a été découverte par M. Friedel. Ce composé prend naissance quand
on distille molécules égales d'alcool ou d'éther et de chlorure de titane. Si,
cherchant à obtenir la dichlorhydrine ou l'éther titanique,on procède d'une
manière analogue, la masse blanchit, laisse dégager des gaz, ainsi que des
produits empyreumatiques; il reste un résidu d'acide titanique, et l'on
n'obtient pas trace de composés éthérés du titane. Si pourtant on expose
dans le vide, à côté de vases renfermant l'un de la potasse, l'autre de l'acide
sulfurique, une dissolution alcoolique de chlorure de titane, on obtient
par évaporation des croijtes cristallines baignées d'un liquide visqueux
dont il est presque impossible de les débarrasser. Par évaporation com-
plète de l'alcool on obtient une masse amorphe qui présente la compo-
sition
TiU'Cir'^ClS
et ([u'on peut considérer comme le chlorhydrate de monochlorhydrine
Ti(OC-TI')'C.l,IICl.
» Ce corps s'obtient rapidement et en beaux cristaux en opérant comme
7--
( 52 )
il suit : I molécule de chlorure de titane est mélangée peu à peu à 4 molé-
cules d'alcool absolu. Il se dégage beaucoup d'acide chlorhydrique; on
chauffe alors le mélange dans le vide au bain-marie de 80 à 100 degrés.
L'excès d'acide chlorhydrique et d'alcool se dégage par la distillation, et
l'on obtient une masse cristalline blanche si l'opération a été conduite avec
précaution, jaunâtre si le mélange s'est trop échauffé. Ce produit dissous
dans une petite quantité d'alcool bouillant laisse déposer par refroidisse-
ment une masse de cristaux brillants, bien déterminés, qui peuvent dans
certains cas acquérir un assez grand volume; ces cristaux constituent le
chlorhydrate de monochlorhydrine. Ils fondent à la pression ordinaire
entre io5 et 1 10, en formant un liquide visqueux qui dans le vide dégage
de l'acide chlorhydrique, en même temps qu'il se sublime un corps bien
cristallisé qui n'a pas été encore étudié. Ce dernier corps est peut-èlre la
monochlorhydrine. L'humidité altère rapidement le chlorhydrate de mo-
nochlorhydrine; l'eau la dissout en la décomposant. L'alcool dans le vide
ne lui enlève plus de chlore; à la pression ordinaire, il réagit en donnant
une masse blanche qui contient beaucoup d'acide titanique, et qui paraît
constituer un éther polytitanique ; sans doute à la température nécessitée
par la réaction, l'acide chlorhydrique produit éthérifie l'alcool, et l'eau qui
prend alors naissance agit surl'éther titanique formé.
» L'éthylate de sodium dissous dans beaucoup d'alcool produit avec la
solution alcoolique de chlorhydrate de trichlorhydrine un précipité de
chlorure de sodium ; l'alcool surnageant le précipité laisse déposer des
cristaux s'il n'est pas en excès ; dans le cas contraire on le décante, on en
distille une partie, et on l'abandonne à l'abri de l'humidité. Comme dans
le premier cas, il se dépose au bout de quelque temps des cristaux qui
augmentent pendant plusieurs jours; ces cristaux constituent l'éther
titanique
Ti(OC=IP)'.
I) Ils forment dans certains cas des aiguilles renflées en forme de fu-
seaux, qui peuvent atteindre i ^ centimètre de long. Ce corps est
extrêmement altérable, surtout s'il est humecté de la moindre trace d'al-
cool. Il absorbe de suite l'humidité de l'air. Aussi ces cristaux donnent-ils
à l'analyse des nombres qui indiquent la présence d'une quantité variable
d'acide titanique, mais toujours en proportion très-faible. Ses solutions
dans l'éther se troublent instantanément au contact de l'air, par suite de la
formation d'un peu d'acide titanique. L'eau précipite de ces dissolutions de
l'acide titanique hydraté gélatineux. Les cristaux jetés dans l'eau paraissent
(53)
d'abord ne pas s'altérer, mais ils s'opacifient graduellement, et au bout de
peu de temps ils ne contiennent plus que de l'aciile titanicpie. Cliauffés à
la pression ordinaire, ces cristaux foudent, puis se décomposent eu donnant
les mêmes produits que l'on observe dans la distillation du mélange d'alcool
en excès et de chlorure de titane.
» L'étude des deux corps précédents n'est pas encore terminée. Il sera
curieux de voir si le zinc-éthyle permet d'obtenir le titanéthyle encore in-
connu, comme on a obtenu le borétliyle au moyen de l'étlier borique.
» Ce travail a été exécuté dans le laboratoire de M. Cahours, à l'Ecole
Polytechnique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur Ics wé.ides pyruviques. Uiéides condensées.
Note de ÎM. E. Gkimaux, présentée par M. Cahours.
« Dans de précédentes Communications à l'Académie, j'ai fait connaître
\epyvurdc, qui se forme par l'action d'un excès d'urée sur l'acide pyru-
vique. J'ai décrit les dérivés qu'il fournit par l'action de l'acide chlorhv-
drique et de l'acide azotique, ainsi que sa transformatioii finale en acide
parabanique.
» La présente Note a pour objet l'étude des uréides condensées, qui pren-
nent naissance avec des proportions différentes d'urée et d'acide pyru-
vique.
)) Triurèide dlpyruviqiie. Si l'on emploie parties égales d'urée et d'acide
pyruvique, et qu'on laisse le mélange pendant une heure ou deux, à une
température de loo degrés, on obtient une masse dure que l'on purifie en
la reprenant par aSo fois environ son poids d'eau bouillante, [-a solution
se prend par le refroidissement, en une gelée formée de fines aiguilles
blanches et légères, et tellement volumineuses que 4 grammes remplissent
une capsule de laoo grammes. Les aiguilles constituent la Iriuréide dipj-
ruvique
CH" Az«0',
formée suivant l'équation
2 a ÏV O' + 3 CO Az^" H* = C» H'* Az« O' + 4 H- O.
» Cette formule, déduite des analyses, est de plus confirmée par les dé-
doublements des corps.
» Cette triurèide prend aussi naissance dans l'action de l'acide clilor-
hydrique étendu sur le pyvurile; il se forme en même temps de l'iirée
aCMi»A/;'U» = COAznP + C°II'- Az" O'.
( 54)
)' La triuréide pyruvique forme de longues aiguilles entrelacées en
masses légères, d'aspect cotonneux, ne fondant pas par la chaleur, mais se
détruisant avec production de charbon et de vapeurs cyaniques. Presque
enlièrement insoluble dans l'eau froide, elle exige plus de 25o fois son
poids d'eau bouillante pour se dissoudre.
» La potasse, la soude, l'ammoniaque, l'eau de baryte, l'eau de chaux
la dissolvent lacilement, mais sans contracter de combinaisons avec elle.
Une solution ammoniacale évaporée dans le vide abandonne la triuréide
dipyruvique avec ses caractères primitifs. Les acides, même l'acide carbo-
nique, la précipitent de ses solutions alcalines sous forme d'une masse gé-
latineuse composée de fines aiguilles. Une ébullition de quelques minutes
avec les alcalis suffit pour la détruire. En employant l'eau de baryte, sépa-
rant l'excès de cette base par l'acide carbonique et concentrant la solution,
on voit se déposer des lozanges de pyruvile. La liqueur retient de l'urée
et du pyruvate de baryum, facile à reconnaître aux caractères suivants : il
se colore en rouge par l'addition d'un cristal de sulfate ferreux; évaporé
au bain-marie, il donne une masse amorphe jaune citron, qui n'est plus so-
luble dans l'eau. Le dédoublement de la triuréide dipyruvique est repré-
senté par l'équation
C»H'2 Az»0= -i- 2R-O = COAz^H* -I- C'H"Az*0^ -+- C^H'O^
» La triuréide dipyruvique ne précipite aucun sel métallique, si ce n'est
l'azotate de mercure. Sa solution potassique donne un précipité blanc
abondant, par l'addition d'azotate d'argent.
» Chauffée avec l'acide azotique, elle se comporte comme le pyvnrile et
donne de l'urée et de la mono-uréide pyruvique nitrée C'H' (AzO") Az-O",
C-Il^Az«0= -I- 2-AzO'H == 2C'H'(AzO-) Az^O= + COAz-H' 4- alI-'O.
» Enfin, mélangée avec un excès d'acide pyruvique et chauffée à 100 de-
grés, elle donne un corps amorphe, complètement insoluble dans l'eau, et
constituant une uréide plus condensée.
» Triuréide Iclrap^ruvique, C ' H' '' Az° ()'. — On l'obtient en faisant réagir,
à 100 degrés, a parties d'acide pyruvique sur i partie d'urée. C'est une
masse amorphe, que l'on purifie par des lavages à l'eau bouillante, dans
laquelle elle est complètement insoluble. Elle constitue alors une poudre
blanche, qui se dissout lentement dans les alcalis en se gonflant d'abord et
donnant des masses gélatineuses. Les solutions alcalines suffisamment con-
centrées se prennent en gelées transparentes, solubles dans l'eau.
( 55 )
» La solution ammoniacale, évaporée an bain-marie, fournit des pail-
lettes légères, brillantes, non cristallines, d'un sel ammoniacal auquel l'a-
nalyse assigne la formule
C"ir = Az"0"(AzH')-.
» Ce sel ammoniacal se redissout très-lentement dans l'eau. Sa solution
précipite par tous les acides, y compris l'acide carbonique, et i)ar les bicar-
bonates : le précipité gélatineux se redissout à une douce chaleur da,ns les
carbonates alcalins. Elle est également précipitée par l'eau de chaux, l'eau
de baryte, les sels alcalino-terreux et les sels métalliques. Tous ces préci-
pités constituent des gelées volumineuses.
» Cette triuréide fétrapvruvique est un corps d'une stabilité remarquable;
ni l'acide azotique, ni l'eau régale ne l'attaquent, même à la température
de l'ébullition; elle n'est détruite que par l'acide sulfurique concentré et
bouillant.
» Elle paraît formée suivant l'équation
4C.»H*0^-f- 3COAzni'==C"H**Az''0^ + yH^O;
un corps de mêmes propriétés prend naissance quand on maintient le py-
ruvile à une température de 170 degrés pendant dix jours.
» Télra-urride dipynivique. — Dans la préparation du corps C'H'- Az'O',
on obtient toujours un résidu amorphe, blanc, insoluble dans l'eau, pré-
sentant en partie les caractères du corps C"H"Az''0% mais s'en distin-
guant en ce qu'il se dissout rapidement dans les alcalis sans se gonfler et
sans donner de solutions gélatineuses. D'après un dosage de carbone et
d'hydrogène, ce corps parait être la tétra-uréide dipyruvique
CH'^Az^O',
formée suivant l'équation
3C'H^0' + /,COAz^ H' = C"H'«Az'0' (- 7H'0.
» Je n'ai pas poursuivi l'étude de ces corps amorphes, de la pureté des-
quels il est impossible de s'assurer.
» En résumé, l'action de l'acide pyruvique sur l'urée fournit, suivant
les proportions des deux corps, les composés suivants :
C'H'Az'O', diuroide pyruvique pyvurile),
C"H"Az'0*, triurc'idc (li|)yruvi(iiii',
C"H"Hz'0', tctra-uréide dipyruvique,
C"H'*Az«0', triuri'idc télrapyruvique.
» Les deux premiers seulement sont cristallisés. Les dérivés qu'ils four-
(56)
Dissent sont
C*H'Az'0% niono-uréide pyruvique,
C* lP(AzO')Az'0', raono-uréide pyruvique nilrée,
qui se dédoublent par le brome, en bromopicrine et acide parabaniquc. »
ASTRONOMIE. — Sur les étoiles filantes du 1 3 novembre et du lo décembre 1 8^4'
Note de ]M. Gruey.
« Les passages des étoiles filantes de novembre et de décembre i8'74 ont
été surveillés, à l'Observatoire de Toulouse, chacun pendant trois nuits
consécutives; mais le mauvais état du ciel n'a pas permis d'obtenir toutes
les données nécessaires à une conclusion. Je crois cependant devoir résumer
les observations qui ont pu être faites simultanément par MM. Perrotin,
J, Edouard et par moi; combinées avec d'autres, elles pourront peut-être
avoir leur utilité.
Essaim de novembre (Léonides).
» Nails des 12 et i^ novembre. — Ciel couvert; quelques rares et faibles éclaircies, pen-
dant lesquelles nous avons compte une dizaine d'étoiles au plus, pour la plupart étrangères
aux Léonides.
» Nuit du i4 novembre. — Ciel couvert jusqu'à 3 heures du matin; magniQque de
3 heures à 4'' 3o"', mais sans aucune étoile filante; couvert à 4'' 3o'".
Essaim de déceubre.
» Nous attachions une importance particulière à l'observation de l'essaim
du 10 décembre, sur lequel M. Tisserand a rappelé l'attention, en détermi-
nant son point radiant en iSyS (i).
)) Les nuages ont encore gêné les observations; nous n'avons eu que
quelques éclaircies, pendant lesquelles le quart seulement du ciel était à
peu près beau vers l'est, les trois autres quarts restant couverts. Dans ces
mauvaises conditions, l'essaim nous a paru riche et brillant; on en jugera
par les tableaux suivants :
Nuit du 10 nu II décembre.
Nombre
Nombre
l'iemii'ire
Deuxiùimi
Troisième
de
trajectoires
d'éloiles.
grandeur.
grandeur.
grandeur.
relevées.
18
2
f)
10
8
iG
8
I
7
3
De 1 1 *■ 3o"' iN I a'' 20'" .
De i3'' lo'" à i3''4o"'.
En 80 minutes, 34 étoiles filantes, soit 25 par heure (pour le [ du ciel et 3 observateurs).
(i) Comptes rendus, iSyS; séance du i5 décembre.
( 57)
yuil i/ii i i au t2 (Itccmbrc.
Nombre
Nonibic Premiùre Douxiùme Troisième de trajectoires
dVtoiles grandeur. {grandeur. grandeur. relevées.
De lo"" 20'" ."l I0''3o°'. . . 2
De la"" 10'" à i2''3o"'. . . i3
De lai-SS'" à \V'o'" 2
En 35 minutes, 17 étoiles filantes, soit 3o j)ar lieiirc (pour le '_ du eici et 3 observateurs).
Nuit du 12 iiu 1 3.
De e"" 25'" à & 35'" 4 ' ' 2 2
Pendant deu.x éclaircies, chacune de 10 minutes au ()lus, on ne vit aucune étoile filante.
Trajectoires du 10 «« 11.
Origine. Fin,
2
0
0
2
4
1
8
4
I
0
I
I
NOS
B.
D
R
D
I . . .
99°
-.7»
97°
— 25»
2. . .
1 12
+ 32
120
+ 32
3. . .
80
+26
63
+20
4...
123
+44
i38
+ 35
5.. .
i45
+52,5
i55
+ 52
6. . .
i4o
+ 48
i5o
+47.5
7. . .
170
+60
190
+ 6?. ,5
8. . .
157,5
+ 3:-., 5
170
+4o
9. .
■ 48
+ 3o
i5o
+ 25
0. . .
i3i»
+46
i3o
+46
I . .
190
+57
Du II nu 12.
200
-f-55
I . .
75°
+ 20"
72°>5
+ 13°
2. . .
80
+ i5
79
+ 7
3. . .
97
+ 17
9'
- 6
4...
62,5
+ 10
60
- 3
5. . .
■3'
+27,5
72
H 10
6. . .
78
+ 7
74
-4
7.. .
83
+45,5
Du 12 au i3.
82
+ 36
I . . .
180°
+76"
210"
+74"
2 . . .
3io
4 75
3oo
+65
» J'ai construit les trajectoires préciklentos sur nue grande carte, sem-
blable à celle que j'ai présetitée à l'Académie pour l'essaim d'août (1). Le
(i) Comptes uiidus, 1874; séance du 24 aoiit.
C.R.,1875, i"5<./Hm;i-.(T. I.X.XX, N" I.) "
( 58 )
point radiant existe incontestablement, mais il ne se dessine pas avec toute
la notleté désirable; on voit seulement qu'il doit être voisin de l'étoile u° lo
de la première nuit. Cette étoile est de première grandeur. Sa trajectoire
se réduit à un point, et sa durée atteint une seconde et demie à deux se-
condes. Il en résulterait, pour le point radiant, une position différente de
celle qui a été trouvée l'année dernière par M. Tisserand ; mais le nombre
des observations est très-restreint et ne permet pas de conclure à un dé-
placement. 11 est seulement possible que le point radiant de décembre
soit multiple, et, à ce titre probable, il mérite toute l'attention des obser-
vateurs. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Corpuscules aériens et rtialières salines
contenus clans lu neicje. Note de M. G. Tissandier.
« Le volume considérable des flocons de neige, l'enchevêtrement des
cristaux dont ils sont formés, la manière dont ils voltigent dans l'atmo-
sphère pendant leur chute toujours lente, les rend particulièrement propres
à saisir au passage toutes les poussières et les corpuscules aériens.
Fiu. 1.
» J'ai pu reconnaître dans la neige tombée en France, du iG décembre
1874 3U -JL^ du même mois, la présence de substances étrangères très-abon-
dantes, et mettre en évidence l'existence de matières salines étrangères.
J'ai recueilli, au sommet des tours de Notre-Dame, les premières neiges du
ï6 décembre 1874» en ayant soin de ne prélever que les couches superfi-
( 59 )
cielles n'offrant aucun contact avec les objets terrestres. Une goutte de l'eau
obtenue par la fusion de cette neige, examinée au microscope avec un
grossissement de 5oo diamètres, renfermait un nombre considérable de
corpuscules, dont la/î^. i représente exactement l'aspect. 11 en fut à peu
près de même pour une goutte d'oau de neige provenant de la campagne.
Ces observations me déterminèrent à doser la quantité de ces substances
étrangères, et voici les résultats que j'ai obtenus :
Ri'sidu sec obtenu par rêvnporntion à loo ilpgn's d'un litre d'eau de neige,
A Palis,
dans
en haut des tours
A
une cour.
de Notre-Dame.
la campagne.
6r
Br
Bf ,
0,2I2
o,ii8
0,104
o, io8
o,o56
0.048
Premières neiges tlu i() décembre i874- ■ •
Neiges du 1 1 décembre o, 108
» Les dernières neiges du 25 décembre donnaient encore un résidu
très-appréciable, tant à Paris qu'à la campagne (oS',oi6à oS',024). Les cor-
puscules vus au microscope n'avaient plus qu'une dimension de j~ à j^'—
de millimètre.
» Le résidu obtenu par l'évaporafion de la neige est une poudre impal-
pable, grisâtre, dont la matière organique, riche en carbone, brûle avec
éclat. Les cendres s'élèvent à la proportion de 57 pour 100 à Paris, et à
celle de 61 pour 100 à la campagne. L'analyse de ces cendres a confirmé
mes premiers résultats sur la constitution des poussières aériennes : elles
renferment de la silice, ilu carbonate de chaux, de l'alumine, des chlo-
rures, des sulfates, du nitrate d'ammoniaque et des quantités de fer très-
appréciables. Des résidus de neige, de provenance diverse, dissous dans
l'acide chlorhydrique pur, m'ont toujours donné, en effet, une coloration
rose avec le sulfocyanure de potassium.
» M. Boussingault, dans ses analyses de l'eau de neige, y a reconnu et
dosé le nitrate d'ammoniaque ; j'ai mis en évidence la présence de ce sel
dans la neige par un procédé qui me paraît digne d'être signalé. Si l'on
verse une goutte d'eau de neige sur une lamelle de verre et qu'on la laisse
s'évaporer spontanément dans un air desséché, on aperçoit au microscope,
dans le résidu obtenu, des cristaflisations très-remarquables : tantôt ce sont
de longues aiguilles, extrêmement minces, entremêlées de prismes droits à
base hexagonale qui prennent naissance; tantôt on aperçoit des étoiles à
six branches et des cristallisations aux contours indécis, où les prismes se
détachent d'une tige centrale pour servir de base à d'autres dentelures. Les
8..
(6o)
fig. 2 el 3 donnent l'aspect de ces cristallisations, que j'ai dessinées à la
chambre claire, sons un grossissement de 5oo diamètres.
Fig. 2.
» J'ajouterai que les cristaux formés par l'évaporation d'une goutte
Fier. 3.
d'eau de neige sont toujours réunis vers les bords extérieurs de la goutte et
que les corpuscules se rassemblent au centre.
» Ces cristaux, que j'ai pu accumuler par l'évaporation d'un litre d'eau
(6i )
de neige, sont formés de iiitrale d'ammoniaque. Ils se dissolvent, en effet,
dans l'alcool, se décomposent par la chaleur sans laisser de résidu, et ren-
ferment de l'acide nitrique et de l'amnioniaque ; mais, parmi les nom-
breuses cristallisations de résidus d'eau de neige que j ai étudiés au mi-
croscope, j'en ai trouvé quelques-unes qui n'appartenaient pas au système
rhomboïdal, et qui, par conséquent, n'étaient pas formées de nitrate d'am-
moniaque. Dans le nombre, j'ai vu quelquefois des cubes nettement défi-
nis, qui appartenaient probablement au chlorure de sodium. J'ai aperçu,
d autres fois, des prismes à quatre pans, dont je ne saurais dire la na-
ture. Je ferai remarquer, toutefois, qu'en jetant des flocons de neige dans
des dissolutions sursaturées de sulfate de soude, la cristallisation a eu lieu
instantanément, et que ce dernier sel cristallise bien en prismes à quatre
pans (i).
» On voit, par ces expériences, que la neige renferme une proportion
considérable de sédiment atmosphérique, des sels divers, des matières or-
ganiques abondantes, qui doivent jouer un rôle important dans l'action
qu'elle exerce sur la végétation terrestre. Dans une précédente Note (2),
j'ai a|)pelé l'attention sur la présence du fer dans les poussières aérieinies
de différentes provenances, que j'avais analysées; l'existence de ce métal
dans les quelques résidus d'eau de neige que j'ai examinés confirme ces
résultats. Eu se rappelant la découverte faite par Ehrenberg d'aérolithes
microscopiques formés de globules fondus, tombés sous forme de pluie tle
poussière sur un navire traversant la mer des Indes ; eu présence des ob-
servations récentes de M. Nordenskiold, de poussière ferrugineuse renfer-
mant du nickel, du cobalt et du plios[)liore, éléments caractéristiques des
météorites; en songeant au nombre considérable des aérolithes qui pénè-
trent constamment dans notre atmosphère et qui s'y fragmentent, il nie
semble permis d'émettre cette hypothèse que, parmi les corpuscules de
l'air, dont la plupart ont assurément luie origine terrestre et forment le li-
mon des fleuves aériens, il peut en exister d'autres qui aient une origine
cosmique. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Recherches sur le suc gastrique.
Note de M. Uauuteav, présentée par M. Ch. Robin.
« Ces recherches ont pour but de déterminer la nature de l'acide qui
communique au suc gastrique son acidité. Elles se composent de deux sé-
(1) CeUe expérience m'a été suggérée par M. !.. Llu'iic.
(2) Comptes rrniliis, 1874.
(62)
ries d'expériences dont les unes démontrent que l'acide chlorhydrique
existe dans le suc gastrique normal, les autres que l'acide lactique n'y
existe pas.
» Je prends deux chiens à jeun depuis vingt-quatre heures, je leur fais
avaler quelques tendons, puis je les sacrifie, au bout de trois quarts d'heure,
par la section du bulbe. J'enlève aussitôt l'estomac chez ces animaux, après
avoir appliqué préal.iblement une ligature au cardia et au pylore, et j'en
retire le suc gastrique.
» Ce liquide est filtré immédiatement et additionné de quinine pure,
récemment précipitée du bisulfate de quinine, bien lavée et desséchée. Ce
qui étonne d'abord, c'est de voir la quinine se dissoudre avec facilité et
en quantité relativement considérable, dans les i5 à 3o grammes de suc
gastrique qu'on obtient de la manière indiquée. 11 s'est donc formé un sel
de quinine qu il s'agit d'isoler et de caractériser.
» Pour cela, je filtre le suc gastrique saturé de quinine, et j'évapore à
siccité au bain-marie, puis dans le vide de la machine pneumatique ou d'une
trompe à eau. Le résidu, parfaitement sec, est traité de manière à enlever
le sel de quinine qui s'est formé, non les chlorures de sodium, do calcium,
de niagné.sium, qui existent normalement dans le suc gastrique. L'un des
procédés que je suis ordinairement consiste à traiter le résidu par l'alcool
amylique, puis à évaporer la liqueur alcoolique et à traiter ensuite le nou-
veau résidu soit par le chloroforme piu', soit par la benzine, ces deux li-
quides ayant la propriété de dissoudre le chlorhydrate, le lactalc et un
grand nombre d'autres sels de quinine, mais non les chlorures que l'alcool
amylique a i)u enlever partiellement (chlorure de magnésium par exem-
ple). Au lieu de traiter par l'alcool amylique, on peut employer l'alcool
éthylique absolu. J'obtiens finalement un sel formé uniquement de chlor-
hydrate de quinine, facile à reconnaître à sa forme cristalline vue au mi-
croscope et à ses réactions chimiques.
» En dosant lechlore, au moyen d'une liqueur d'argent titrée, j'ai trouvé,
comme moyenne de trois expériences, qu'il correspondait à 2, fi d'acide
clilorliy Irique pour 1000 parties de suc gastrique. Ce nombre 2,5 se rap-
proche assez du nombre 3 pour 1000, cité par Schmidf, comme résultant
de neuf expériences qu'il avait faites par une autre méthode.
» On pouvait objecter que l'acide chlorhydrique obtenu provient d'une
réaction exercée sur le chlorure de sodium par une certaine quantité d'acide
lactique, dont on a admis l'existence dans le suc gastrique normal non
altéré. S'd eu était ainsi, j'aurais pu retirer du lactale de soude, qui est
également très-soluble dans l'alcool absolu et dans l'alcool amylique. Or
(63 )
jamais je n'ai Irouvé dans les résidus ni lactate de soude, ni lactale de qui-
nine mélangé avec le chlorhydrate de quinine.
» Pour mieux répondre à l'objoction, j'ai cru devoir faire des expé-
riences directes permettant d'isoler avec certitude, selon moi, des traces d'a-
cide lactique d'un liquide organique.
» J'ai saturé avec la soude du suc gastrique ohtenu comme précédem-
ment, puis j'ai filtré et évaporé ce liquide à siccité. Le résidu a été traité
par l'alcool absolu, puis la liqueur alcoolique a été évaporée elle-même,
et le résidu, très-faible, a été dissous dans un peu d'eau cl additionné
d'acide sulfurique étendu. J'ai agité ensuite, à trois ou quatre reprises tlif-
férentes, avec l'élher. Les liqueurs éthérées, séparées du liquide sous-ja-
cent, n'ont laissé, après évaporation, aucune trace d'un liquide sirupeux
tel que l'acide lactique, qui aurait été enlevé par l'éther dans lequel il est
très-soltible. Néanmoins, j'ai mis au fond des capsules un peu de lait de
chaux, j'ai filtré au bout de vingt-quatre heures, fait passer un courant
d'acide carbonique dans la liqueur pour enlever l'excès de chaux, filtré
de nouveau, et évaporé à siccité. Or je n'ai jamais trouvé, en m'aidant du
microscope, aucun indice d'une cristallisation de lactate de chaux. Il en a
été de mèine lorsque j'avais employé l'acide phosphorique au lieu de l'a-
cide sidlnrique. Cependant la méthode ([ue j'avais suivie était bonne, puis-
qu'en ajoutant seulement 5 centigrammes d'acide lactique à /\o grammes
de suc gastrique, j'ai pu obtenir une cristallisation très-nette de lactate de
chaux.
» La conclusion de ces expériences c'est que, conformément aux re-
cherches de Braconnot, de Prout, de Lassaigne, de Schmidt, le suc gas-
trique normal doit son acidité à l'acide chlorliydrique, non à l'acide lac-
tique (i).
» Mes recherches ont été faites dans le laboratoire de M. Ch. Robin, à
l'École pratique de la Faculté de Médecine. »
MÉDECINE. — Sur la nature des affections syphilitiijues , et sur le traitement
mercuriel. Note de M. J. Herman.v.
« Ma doctrine sur la nature et l'essence de la syphilis, sur le système
naturel des formes de cette maladie, ainsi que sur le traitement de la
(i) Dans une Note pi(''sentéc en i8^3 {Coin/Uts iciulus, i. I. XXVII, p. ijj), ivlaiive-
inenl à des recherches cffecuiées avec Feriiand l'apillon, au laboraloiio de Conoanieaii, nous
avons signalé que l'acide chlorhydriquc libre existe dans le suc gastrique des poissons, tels
que les raies et les squales.
(64 )
svpinlis, est le résultat de recherches poursuivies depuis bientôt vingt ans
dans riiôpitHl Wieden, à Vienne [Kniiilteiiliause IFieden), et des expériences
qui se rapportent à plus de 20000 cas de guérison de la syphilis.
» Les principes suivants ont servi de base à mes recherches :
» I. L'observation du cours naturel de la maladie.
» II. L'observation sur l'action de la force curative inhérente à l'orga-
nisme [Nniurlmlliiaft).
» III. L'exclusion absolue de l'emploi du mercure dans la cure des af-
fections sy|)hilitiques.
» IV. La démonstration scientifique positive, au moyen de l'éleclrolyse,
de la présence du mercure dans les sécrétions, dans les formes de l'hydrar-
gyrie chronique.
« Les bases de ma doctrine peuvent s'esquisser brièvement :
» i" La syphilis est une maladie locale; rien ne prouve qu'elle soit une
affection générale : elle se présente sous une forme primitive, mais elle
a des formes consécutives qui ont cependant, dans l'organisme, des rapports
intimes avec la forme primitive; elle est parfaitement distincte des syphi-
lides cutanées {Ilaiilsypliilis).
» 2" Les formes auxquelles on a donné jusqu'à présent le nom de sy-
philis comlilulionnelle, ou plus exactement de syphilis lerliaire, par exemple
les périostones avec douleurs ostéocopiques, les ulcères cutanés scr|)igi-
neux, les névroses et autres, ne sont jamais les produits de la véritable
syphilis. Ces formes ne se présentent qu'après lui traitement mercuriel,
ou à 1.1 suite d'une autre maladie, et ne sont réellement que la conséquence
des effets dus à la médication niercurielle ou à une autre dyscrasie.
» 3° Toutes les formes de la syphilis, même les plus graves, se guérissent
sans mercure et sans iode. De même que le mercure n'est pas un médica-
ment général, de même l'iode n'est pas un antisvphilitique. L'iode est un
antimercuriel et en même temps un médicament certain dans l'hydrar-
gyrie.
» 4° La guérison de la .syphilis sans mercure s'obtient dans un temps
essentiellement plus court que lorsqu'on fait usage de la médication nier-
curielle; en effet, tandis qu'au Kranlicnhaiis fFialeii on obtient ce résultat
en trente ou quarante joiu's, la durée moyenne à rhùpit;d général de
Vienne [ÀlhjemcineKrankenhmis] est de soixante jours, par suite de l'emploi
de la médication mercurielle.
» 5" La médication antimercurielle compte un nombre de récidives qui
ne s'élève qu'à 2 ou 3 pour 100, tandis qu'à la suite du traitement mercu-
riel les réciilives s'élèvent à ro, 20, jusqu'à jo |)our 100,
( ^>5 )
» 6° La mortalité comparée entre les deux modes de traitement est réel-
lement effrayante. D'après mon Rapport, il y a un décès sur 89 syphili-
tiques traités par le mercure, à Y JUgemeine Krankenliaus k Vienne, tandis
que, à l'hôpital TVieden, où le merciu'e est absolument exclu, il n'y a qu'un
décès sur 969 sypliilitiques : ainsi donc phis de i pour 100 dans le premier
cas, et environ i pour 1000 dans le second.
» 7" En général, la méthode antimercurielle dans les hôpitaux concourt
incontestablement à la décroissance de la syphilis dans la population.
» 8" La méthode antimercurielle ne se recommande pas seulement au
point de vue de la recherche scientifique, mais aussi au point de vue hu-
manitaire.
» 9" La méthode antimercurielle actuelle, la méthode exacte de re-
cherche, comme je l'ai dit plus haut, se distingue de la méthode antimercu-
rielle du passé ; tandis que la méthode ancienne ne pouvait se baser que
sur l'empirisme, la méthode nouvelle, au contraire, offre une base positive
aux recherches : celte base, c'est l'électrolyse.'
» 10° L'intérêt de la science et de l'humanité exige que l'École rende
obligatoire l'étude des poisons minéraux, et que l'État institue un ensei-
gnement clinique sur cette matière.
M II" La garantie de la solution finale de la question de la prostitu-
tion se trouve dans une étude scientifique de la méthode antimercurielle.
» 12° LÉlat devrait défendre l'emploi du mercure dans l'intérêt de l'hu-
manité, comme cela a déjà été mis en pratique en i863 en Amérique par
l'inspection générale du service de santé de l'armée [Oberzle feldarlzUche
Amt) et la pharmacologie devrait le bannir de ses remèdes.
» L'étude du cours naturel de la syphilis et de sou traitement sans mer-
cure bannira de la science médicale les erreurs les plus navrantes et les
plus nuisibles, et la nouvelle doctrine deviendra un bienfait pour toute l'hu-
manité. L'électrolyse, l'idée ingénieuse de INL Melsens, aura une large part
dans la victoire de cette vérité scientifique. »
M. le Général Mori.n, en présentant à l'Académie la S"" livraison du
tome V de la « Revue d'Artillerie », publiée par ordre du Ministre de la
Guerre, s'exprime comme il suit :
« Ce numéro de la Revue contient une Note de M. le commandant
Duchène, professeur d'Artillerie à l'École d'état-raajor. Dans ce travail re-
marquable, l'auteur, par un emploi heiu'eux et simultané des méthodes
C, R., 1873, l'f Scmeitre, (,T. LXXX, N" 1.) 9
( 66)
analytique et graphique, est parvenu à donner la solution des principaux
problèmes de la Balistique extérieure.
» Partant de l'équation générale du mouvement des projectiles dans
l'air, qui contient une fonction inconnue de la portée, de la vitesse et de
l'angle de tir, fonction qu'il s'agit de déterminer pour chaque espèce de
projectile et pour chaque cas, il établit d'abord comme un fait remar-
quable, résultant de toutes les expériences sur les divers projectiles en
usage ou en essai, que cette fonction inconnue peut être représentée gra-
phiquement par une ligne droite dont elle serait l'ordonnée, et dont l'ab-
scisse serait le rapport de la portée au cosinus de l'angle de projection.
» Sans indiquer avec plus de détails la marche suivie par M. le com-
mandant Duchéne, nous nous contenterons de dire qu'à l'aide des résul-
tats des expériences déjà exécutées il parvient à déterminer, pour chacun
des projectiles employés et pour les vitesses correspondantes, les valeurs
des coefficients constants de l'équation de cette droite, et qu'il en déduit
ensuite, par des méthodes siftiples, les angles de tir, les hausses, les dériva-
tions, les dérives, les angles de chute et les durées du trajet, avec une
approximation qui paraît devoir être suffisante pour la pratique.
» Le même numéro contient une étude sur les poudres de guerre à
fusil, due à M. Roux, directeur du Dépôt central des poudres et salpêtres.
Dans ce travail, l'auteur a poiu- but de comparer les résultats fournis par
des poudres fabriquées par le procédé des meules pesantes établies par
l'artillerie, depuis i843, pour la fabrication des poudres de chasse, et dont
les conditions nouvelles du service ont conduit à étendre l'emploi à celle
des poudres de guerre.
» Une conséquence importante que l'auteur met en évidence, c'est qu'a-
près avoir reconnu, à l'aide du calorimètre, que le dosage de 82 de sal-
pêtre, 4 de soufre et 1 4 de charbon est celui qui donne le maximum de
chaleur, il a constaté que, de trois échantillons fabriqués à Esquerdes, l'un
à ce dosage, le deuxième à celui qui est aujourd'hui en usage en France
(76, 10 et i4), le troisième au dosage anglais (74, 10, 5 et i5,5), celui qui
fournit le maximum de chaleur donne des vitesses sensiblement inférieures
à celles que produisent les autres.
» Ou trouve, dans le même numéro, une description des machines à
essayer les métaux employés à la fonderie de Turin. Elle est extraite d'iui
travail fort important publié par M. le colonel Rosset, de l'artillerie ita-
lienne, sous le litre d'Esperienze meccanictie suUa raislenza dei principii uic-
talli du bocclie da luuco.
( 67)
« Il est à désirer que cette description, faite avec beaucoup de soiu, soit
ultérieurement complétée par une analyse convenablement étendue des
importants résultats obtenus, par M. le colonel Rosset, sur l'acier, sur la
fonte et sur le bronze, au sujet desquels nous nous réservons d'ailleurs
d'aj)peler, s'il le fallait, l'attention de l'Académie.
î) Un savant Mémoire de M. le commandant Asiier, relatif à l'influence
de la rotation terrestre sur les écarts du tir, termine la partie scientifique de
ce numéro de la Revue.
» On sait que cette question a été traitée par d'Alembert, Laplace, Gauss
et Poisson, et que les applications faites de leurs recherches ont montré
qu'en raison des faibles portées des armes à feu, aux époques où ils écri-
vaient, les déviations indiquées par le calcul étaient insignifiantes, par rap-
port aux écarts probables, en portée et en direction.
» M. le commandant Astier, en partant des recherches exécutées par
i\I. le comte de Saint-Robert, de l'artillerie italienne, est arrivé à conclure :
» 1° Que, pour nos latitudes, la limite supérieure de l'écart maximum
dû à la différence d'orientation du tir est proportionnelle au cube de la
durée du trajet, mais qu'au point de vue de la portée il n'y a pas lieu de
se préoccuper de ces écarts;
» 2" Qu'il en est de même pour les écarts en direction, sauf pour les gros
projectiles et pour les durées de trajet supérieures à dix secondes;
)) 3° Que, si l'on change beaucoup de latitude, l'influence de la rotation
de la terre sur la déviation peut devenir très-appréciable. •>
A 5 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
r>a séance est levée à 6 heures un quart. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séancf. nu 4 Janvif.r 1875.
Direction fji'ncrale des Douanes. Tableau qénérni du commerce de la France
avec ses colonies et les puissances étrangères pendant l année 1873. Paris, Im-
primerie nationale, 1874; iii-4°-
académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Mémoires de la Section de
Médecine; t. IV, 4"» 5*" <'t <>*" fascicule. Mémoires de la Section des Sciences;
q..
(68 )
t. VI, 2" et 3« fascicule; t. VIT, i", 2% 3« et /,« fascicule; t. VIII, 1" et
2" fascicule. Montpellier, Boehm et fils, 1868 à i8'y3 ; 1 1 liv. in-4°.
Essii sur la vie el les ouvrages de L.-A.-J. Quetelet; par Ed. Mailly.
Bruxelles, F. llaypz, iS^S; i vol. in- 18.
Sur une récréation arilhmélique (2* Note) ; par M. J. PLATEAU. Bruxelles,
F. Haycz, 1874; br. in-8^
Recueil des Actes du Comité médical des Bouclies-du- Rhône, publié sous la
surveillance du Président, M. le D"" Barthélémy; t. XIII. Marseille, typ.
Cayer et C'% 1874; in-8°. (2 exemplaires.)
Journal d' Agriculture de la Càte-d'Or; année 1874, 3* trimestre. Dijon,
imp. Darantière, 1874; in-8°.
Bulletin de la Société d'Histoire naturelle de Colmar, 1873 et 1874. Colmar,
imp. C. Decker, 1874; in-8°.
Mémoires de l' Académie de Stanislas; 1873, 4" série, t. VI. Nancy, imp.
Berger-Levrault, 1874; in-8°.
Mémoires de l' Académie des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens;
3® série, t. I". Amiens, imp. Yvert, 1874; in-8°.
Traité de Métallurgie; par M. L. Gruner; 1™ partie : Métallurgie géné-
rale; t. P^ Paris, Dunod, 1875; in-8°, avec atlas in-folio.
Les Comètes; par Am. Guillemin. Paris, Hachette et C'", 1875; i vol.
grand in-8°, illustré.
Tableau général et description des mines métalliques et des combustibles mi-
néraux de la Fr-ance; par M. A. Caillaux. Paris, J. Baudry, 1876;
I vol. in-8°. (Présenté par M. Daubrée.)
Joumaldu Ciel. Notions populair-es d'Astronomie pratique; par M. J. Vingt;
1874. Paris, 1874; I vol. in-8°.
Statistique médicale de Rochefort; par M. C. Maiii:r. Paris, J.-B. Baillière,
1874; in-8°. (Présenté par M. le Baron Larrey, pour le Concours de
Statistique, 1875.)
Traitement rationnel de la plithisie pulmonair-e ; par le D"" P. DE PlETRA-
Santa. Paris, O. Doin, 1876; i vol. in-8''. (Présenté par M. le Baron Lar-
rey, pour le Concours Montyoïi, Médecine et Chirurgie, 1875.)
La Commission de Constanlinople et le nouveau tonnage officiel pour le canal
de Suez; par J.-W. Mercuant. Paris, Guillaumin, 1874; br. in-8".
(Extrait du Journal des Economistes.)
(69)
Société des Sciences médicales de l'arrondissement de Gannat [/ïllier).
Compte rendu des travaux de l'année 1873-187/1; par le D"^ MiGNOT. Mou-
lins, imp. Desrosiers, 1874 ; J"'- in-B".
Revue d'Artillerie; 3^ année, l. V, 3* liv., décembre 187/j. Paris et
Nancy, Berger-Levrault, 1874; in-8°. (Présenté par INI. le général Mo-
rin.)
Annuaire météorologique et agricole de l'Observatoire de Monlsouris pour
l'an 1875. Paris, Gaulhier-Villars, 1875; i vol. in-i8. (Présenté par
M. Balard.)
Bulletin météorologique mensuel de l'Observatoire de l'Université d'Upsal;
vol. V, année 1873, rédigé par le D' Hildebuand-IIildebrandsson. Upsal,
Ed. Berling, 1873; in-A".
Reliquiœ Aquitanicœ ; being contributions to ttie Aichœology and PalœontO'
logj of Perigord and ihe adjoining of provinces of soulhern France ; bj E. Lar-
TETand H. Christy ; part XIV-XV. London, Williams and Norgate, 1873-
1874; a liv. in-4°. (Présenté par M. Milne Edwards.)
Remarks to accompany thc monthly cttnrts of meteorological data for square 3,
extending froni the equator to 10" N. lat., and from 20° to 3o° //'. long.
London, 1875; i vol. in-4'*, avec atlas in-folio.
Quarterly iveatlier Report of the meteorological Office; part III, july-
september 1873; part IV, october-december 1871. London, 1874; 2 liv.
in-4°.
Observations of magnetic declination made at Trevandrum and Aguslia
malley in tlie observatories of Itis highness the maharajah of Travancorc ,
G. es. J in theyears i852 to 1869 being Trevandrum magneliccd observations ;
vol. I. Discnssed and edited by John-Allan Broun. London, Henry-S. King
etC°, 1874; in-4°, relié.
United-States Commission of fish and fisheries ; part II : Report of the Com-
missioner for 1872 and 1873. Washington, Government printing Office,
1874; in-8".
On the diurnal inequalilies of the barometer and ihermomether; byW. RuN-
DELL. London, 1874; br. in-8".
( A suivre. )
(
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1,3
très-variable.
3,0
SE à WSW
10,8
De NW à N
par S el E.
5,8
variable.
7,0
E
2,2
S
■,4
ENE
2,4
NW NE
.,3
E
0,4
5 S
( ai)
WSW
NE
NE
N
SW
SW
WNW
SW
SW à NW
N
SW
W i m\
NW
N
NàWSW
U
NE
NW
KW
NÎVE
NW
REMARQUES.
Pluie le matin, brouillard le soir.
Pluvieux le soir.
Gelée blanche le soir.
Gelée blanche le matin.
Pluvieux le soir.
Temps de bourrasques et pluvieux.
Faibles ondées.
Contin' pluvieux. Fortes bourrasq. le soir el la nuit suiv
Fortes rafales jusque vers midi. Pluie par intervalles.
Gelée blanche matin et soir.
Averses de neige le malin suivies de pluies.
Continuellement pluvieux,
Id. Id.
Id. Id.
Gelée blanche le soir.
Neige continuelle, très-abondante le matin.
Bonne brise soutenue du nord-esl.
Le vent faiblit le soir en virant à l'ouest.
Pluvieux tout le jour, un peu de neige le soir.
Tn peu de neige dans l'après-midi et la soirée.
Neige jusque vers 3 heures; abondante le malin.
Flocons de neige suivie de brouillard.
Brouillards.
Neige, pluie, verglas.
Neige, pluie, grésil, surtout le soir.
Neige mêlée do pluie le matin.
Givre épais chaque nuit.
La neige couvre le sol depuis le 16.
Gelées croissantes.
I
7) Les degrés actinométriques sont ramenés à la constante solaire 100.
(|5) Les jours de gelée, l'évaporation est mesurée par la pesée d'un plateau de terre humide.
(18) * Perturbations magnétiques.
(22^ (24) Le signe W indique l'ouest, conformément à la décision de la conlércncc internationale de Vienne.
{ 7^ )
Moyennes horaires et moïennes mensuelles (Décembre 1874).
è^M. U^M. Midi. 3^ S. G'^S. 9t S.
Déclinaison magnétique 17°-
Inclinaisoii » 6 j° -
Force magnétique totale j ^ ^ /l ,-
Composante horizontale
»
31 ,6
38,0
6398
9270
23,0
38,3
6388
9266
2j,8
38,0
0373
9258
23,8
28,2
638 1
9260
22,5
28,4
6'|00
9265
mm
20,9
28,4
6^00
9264
20,8
28,2
6397
9264
Baromètre réduit à 0' 749i9'' 730,46 750,26 750,08 750,39 750, 58 75o,66
Pression do l'air sec '45, 61 746,17 745,71 745,49 745)84 746) '3 746,4'
Tension de la vapeur en millimètres 4>3i
État hygrométrique 9' )8
o
Thermomètre du jardin -0,18
Thermomètre du pavillon -0,1 5
Thermomètre cleclrique à 29"* »
Thermomètre noirci, dans le vide ... -0,66
Degré actinomélrique (i) 0,00
Thermomètre du sol. Surface '
> à c"',02 de profondeur!.. 2,16
» à o"',io » ... 2,79
» à o'",20 " .. . 3,66
> il o^jSo » ... 3,62
» à i'",oo " ... 6,59
4,2g
89,7
0
0,04
o, 10
4,55
86,6
,32
3. '9 8,99
8,98 36,63
Udomètre à 1", 80.
Pluie moyenne par heure
i3,6
2,27
'j92
2,69
3,70
3,59
6,58
mm
17,0
5,67
2,l3
3,67
3,65
3,54
6,57
mm
5,3
1,73
4i59
86,6
o
1,64
'.72
»
4,33
10,17
2.29
2,73
3,62
3,5i
6,56
mm
12,3
4,10
4,55
89,5
0
0,88
o,o3
0,00
2.77
3,64
3,5o
6,55
mm
11,6
3,87
4,45
90.7
O
0,32
0,4'
2,75
3,65
3,49
6,53
mm
13,6
4,20
4,25
89,8
o
-o,'9
-0,i4
3,01
2,71
3,63
3,49
6,53
mm
9,5
3,17
Évaporation moyenne par heure {c) observations interrompues par les gelées.
Vitesse moyenne du vent en kilom 8''">,o 8'>"',5 g""", 3 9'"",o 8''n',4 81"", 2 Si"",!
Pression du vent en kilogrammes i> » » 0 » » r,
MojGnne
diurne.
o ,
17.23,4
63.38,1
4,6393
1,9364
mm
75o,3i
745,90
4,4'
89,1
o
o,5i
0,53
»
2,90
9. '6
2, i3
2,74
3,65
3,54
6,56
mm
t. Si, 8
»
t. 32,0?
8'"", 4
Moyennes horaires.
Heures.
Déclinais. Pression. Tempérât.
0 , mui o
l^matin 1731,6 760, 5r —0,17
2 » 22,5 5o,35 —0,07
3 » 23,0 5o,ii o,o3
4 » 22,9 49>92 0,06
22,4 49,85 — o,b3
21,6 49,92 —0,18
21.2 5o,io —0,29
21.3 5o,3i — 0,34
22,0 5o,46 0,04
23,2 5o,49 o,5i
34,2 5o,4i i,o5
2.'(,8 50,26 1,53
5
6
7
8
y
10
11
Midi.
Déclinais.
Heures.
, o ,
l"soir '724,8
2 24,4
23,8
23,3
3 »
4 ..
5 ..
G ..
7 »
8 ..
9 ..
m ..
Il ..
Minuit.
22,5
22, 1
21 ,6
20,9
30,4
20,3
20,8
Pression,
mm
75o,i2
5o,o6
5o,o8
50,17
50,29
30,39
5o,47
5o,52
5o,58
5o,64
5o,68
5o,66
Tempérât
o
',79
1,81
1,64
1,37
1 , 10
0,88
0,70
0,60
0,32
0,10
—0,09
-0,19
Thermomètres de l'abri (Moyennes du mois.)
Des minima — 1°,7 des maxima ^",0 Moyenne -t-0,7
Thermomètres de lu surface du Soi.
Des minima —3",! des maxima 4"', 2 Moyenne +0,6
Températures mojeiuies diurnes par pentades.
1874. Nov. 27 à déc. 1 5,0
• Déc. 2 il déc. 6 3, g
Déc. 7 à 1 1 4)5
» 13 il 16 3,4
Déc. 17 il 21 — 0,6
» 22 à 20 — 1 ,')
» ■: à 3i —6,8
(«) Du 9 au 3i. — {*) Hamené à la constante solaire 100. — (t) En centièmes do millimètre.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 11 JANVIER 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMJIUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ANTHROPOLOGIE. — Races liumaines fossiles, mésaticéphales et brachjcéphates ;
par M. DE QCATREFAGES.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, au nom de M. Hamy et au
mien, ainsi qu'au nom des éditeurs MM. Baillière, la troisième livraison de
notre Ou^ rage sur les crânes des races humaines [Crania Ethnica).
» Cette livraison comprend quelques pages relatives à l'histoire de la
race de Cro-Maguon. Cette partie de notre travail ayant déjà été présentée
à l'Académie, je n'en parlerais pas aujourd'hui si je n'avais à faire observer
que, depuis l'impression de notre seconde livraison, de nouveaux faits sont
venus confirmer d'une manière remarquable quelques-unes de nos con-'
clusions. Je me bornerai à signaler la belle découverte faite par MM. Louis
Lartet et Chaplain-Duparc, à Sorde, près de Peyrehorade, sur l'extrême
frontière du département des Laudes et de celui des Basses-Pyrénées. Dans
cette sépulture se sont trouvés superposés des objets fabriqués par l'homme,
répondnnt, les plus inférieurs, aux temps paléolithicjues, les supérieurs, aux
âges néolithiques : la race des ouvriers n'a pas changé poin* cela. .Seize
crânes comparés sexe à sexe avec les types déjà coniuis ont |)résenté non-
seulement des caractères généraux évidemment semblables, mais encore des
dimensions moyeiwies absolues et relatives allant presque jusqu'à l'identité.
C.K. ,187a, i"5emei(re.(T. LXXX, ««2.) 'O
( 74)
» A elle seule l'élude de la grotte de Sorde suffirait pour démontrer que
les races humaines ont survécu aux derniers grands phénomènes géolo-
giques. Si certaines observations recueillies en Belgique et dans le midi
même de la France ont conduit quelques hommes éminents à admettre un
grand hiatus, qui aurait séparé les populations paléolithiques et néolithiques,
il ne nous paraît guère possible de les considérer autrement que comme
des faits purement locaux qui n'infirment en rien le fait général.
» La grotte de Sorde montre, en outre, la race ancienne de Cro-]Magnon
dans le voisinage presque immédiat des Pyrénées. Par là elle fait mieux
con)prendre comment l'un de nous (M. Hamy) a pu retrouver ses descen-
dants au milieu des populations modernes de cette chaîne de montagnes.
» Avec l'histoire de la race de Cro-Magnon se termine celle des races
humaines fossiles dolichocéphales. La livraison actuelle est essentiellement
consacrée à l'étude des races chez lesquelles le diamètre antéro-postérieur
du crâne se raccourcit sensiblement, relativement au diamètre transversal.
Cette réduction n'a d'ailleurs rien de brusque, et l'on passe successivement
de la mésaticéphalie à la sous-brachycéphalie et à la brachycéphalie
vraie.
» Notre tâche devenait ici plus difficile que par le passé. Les types bra-
chycéphales fossiles sont à la fois plus nombreux et plus rapprochés que les
types dolichocéphales. Nous devions craindre soit de multiplier outre me-
sure les divisions, soit de réunir des objets ethniquement distincts. Nous
croyons avoir évité ce double écueil par une analyse des caractères très-
détaillée. Nous avons été conduits ainsi à admettre quatre types humains,
au crâne plus au moins arrondi, qui, pendant la période quaternaire, sont
venus se superposer ou se juxtaposer en Europe aux deux types à crâne
allongé étudiés précédemment. Ce sont : i" le type mésaticéphale de Fur-
fooz; 2° le sous-bracliycé|)hale de la même localité; 3" le brachycéphale de
Grenelle; 4° le brachycéphale de la ïruchère, près de Lyon.
» Nous prenons pour type de notre première race le crâne n" 1 décou-
vert par M. Dupont dans le trou du Frontal, une de ces grottes de la Lesse
que le naturaliste belge a explorées avec tant de zèle et de succès. Ce crâne
présente dans son ensemble une ossature sèche et fine. Vu de profil, il
montre, au-dessus des arcs surcilliers, petits mais bien dessinés, un front
très-fuyant, dont la courbe très-régulière se continue en haut et en arrière
avec celle des régions temporale et occipitale sans présenter d'autre inflexion
qu'une légère dépression aux sutures. Le même caractère se retrouve dans
le crâne vu de face; le frontal est réduit en tous sens, et les bosses en sont
( 75)
presque entièrement effacées. Les pariétaux présentent des caractères analo-
gues. Il en est autrement (le l'occipital. Celui-ci, relativement bien développé,
s'enchâsse pour ainsi dire dans les pariétaux à la façon d'une lentille et se
projette en arrière; mais il ne présente que des traces de la protubérance
externe, et les empreintes musculaires y sont très-faiblement marquées. L'in-
dice céphalique est de 79, 3i.
r> La face placée sous ce crâne est large, et l'indice en est presque le
même que celui de la race de Cro-Magnon; mais, comme l'indice cépha-
lique est ici plus élevé, les deux grandes régions de la tête osseuse sont
dans un juste rapport, et la tête est harmonique au lieu d'être disharmonique,
comme chez les Troglodytes du Périgord. JjCs os nasaux, vus de profil, sont
légèrement concaves et assez saillants; les orbites sont carrés; la fosse ca-
nine est très-peu marquée; la mâchoire supérieure est presque orthognathe.
La mâchoire inférieure, niince sans être délicate, rappelle, à quelques
égards, celles de Cro-Magnon, mais se projette moins en avant.
)) Notre seconde race a pour type le sous-brachycéphale trouvé par
M. Dupont dans la même localité que le précédent. Ici le front, vu de
profil, se relève et monte assez droit jusqu'au niveau des bosses frontales
latérales, qui sont bien marquées; puis la courbe s'affaisse brusquement
jusque vers le premier tiers des pariétaux, où elle s'infléchit davantage et
redevient régulière jusqu'au trou occipital, ne présentant dans ce trajet que
des ondulations marquées surtout sur l'occipital. Vu de face, ce même
crâne présente une forme presque penfagonale, par suite de la brusque
inflexion de la courbe sur les bosses pariétales. Dans ce crâne n" 2, le
frontal est plus développé d'arrière en avant que dans le précédent; les
pariétaux ont à peu près les mêmes dimensions, mais l'occipital est très-
aplati. C'est donc à la forme de cet os qu'est due l'élévation de l'indice
céphalique, qui atteint ici 81, 3g.
» La face de notre sous-brachycéphale diffère, plus encore que le crâne,
de ce que nous avons trouvé dans la tête de Furfooz n" 1. L'indice facial
reste, il est vrai, presque le même ; mais les orbites et le nez s'allongent, les
fosses canines se creusent profondément, la mâchoire supérieure s'allonge
aussi et devient très-prognathe, les dents s'inclinent également en avant. Un
fragment de mâchoire inférieure, rapporté avec quelque doute à ce même
crâne, permet déjuger que cet os est ici plus haut, plus épais, plus robuste
qtie celui dont nous avons parlé plus haut.
» M. Dupont a retiré du trou du Frontal, indépendamment des deux
têtes dont nous venons de parler et d'une autre dont il a été déjà question,
10..
(76)
divers fragments de crânes ayant appartenu à onze individus. La plupart
pourraient être rapportés avec plus ou moins de certitude aux types ])ré-
cédemment décrits.
» L'éminent naturaliste belge a rencontré dans ses diverses fouilles un
nombre considérable de mâchoires inférieures, dont plusieurs ont la plus
grande analogie avec celle de son homme de Furfooz n° 1. C'est à celles-ci
que se rattache de la manière la plus étroite la célèbre mâchoire de INIoulin-
Quignon, dont l'un do nous (xM.de Qualrefages) a autrefois entretenu l'Aca-
démie. On sait que des doutes se sont reproduits à diverses reprises relati-
vement à l'authenticité de cette pièce; mais ils ont dû être levés par la
découverte, dans la même localité, d'une seconde mâchoire présentant les
mêmes caractères et dont personne n'a contesté l'origine quaternaire.
)) L'un de nous (M. de Qualrefages) a montré depuis longtemps, et pré-
cisément à propos de la découverte faite par M. Boucher de Perthes, que
la mâchoire inférieure varie souvent beaucoup dans la race la mieux ca-
ractérisée d'ailleurs. On ne peut donc attribuer aux particularités mor-
phologiques de cet os une valeur égale à celle que présentent la plupart des
autres parties de la tète osseuse. Toutefois, lorsque plusieurs caractères,
partout ailleurs rares et isolés, se rencontrent réunis sur un certain
nombre de mâchoires appartenant à des populations assez peu distantes et
ayant vécu à la même époque géologique, il est difficile de ne pas voir
dans ce fait un signe de proximité ethnique. Nous regardons en consé-
quence comme très-probable que l'homme de Moulin-Quignon doit être
rattaché au niésaticéphale de Furfooz.
» Nous en dirons à peu près autant au sujet delà mâchoire trouvée par
M. J. Julien dans la grotte Rouge d'Aldène (Aude).
» A la suite des pièces dont il vient d'être question, nous avons placé la
description des crânes n"' 1 et 2 de Solulré. Ces deux têtes ont été rappro-
chées de celles de Furfooz. Nous constatons en effet, entre ces deux
groupes, certaines ressemblances assez prononcées; mais les différences
uous paraissent être plus marquées encore, et nous rattacherions plutôt
ces crânes solutréens à notre troisième race, race brachycéphale de Gre-
nelle, dont nous allons résumer les caractères.
» Le gisement de Grenelle a cela de curieux qu'il présente en superpo-
sition géologique, et dans l'ordre que nous avons adopté, les trois types de
Canstadt, de Cro-Magnon et celui dont il s'agit ici. L'un de nous (M. Ilamy)
vient de montrer tout récenunent que les ossements des (jraviers de Jond
appartiennent au premier; ceux des alluvions, à 3 ou l\ mètres de profon-
( w )
(leur, se rattachent au second [carrière Coiilou)', enfin nos brachycéphales de
\n cari lève //eV/^ ont (''té trouvrs à une profondeur de a"',5o à i'",4"- Tout
autant que les autres, ces derniers sont acce|Ués comme étant contempo-
rains des animaux éteints ou émigrés par jM. Belgrand, et chacun sait com-
bien est grande la compétence de notre éminent confrère en matière d'al-
luvious quaternaires. M. Belgrand a fait figurer dans son grand Ouvrage
sur le bassin parisien aux cujcs prcliislori(jues une des têtes osseuses (If)nt
nous donnons, à notre tour, un dessin en projection géométrique. C'est
donc bien encore une race humaine fossile dont il s'agit ici.
» Cette race est représentée par les crânes plus ou moins complets de
deux hommes et de quatre femmes, plus un certain nombre de fragments
assez bien caractérisés pour qu'on ne puisse guère hésiter sur leurs rap-
ports ethniques. Les différences individuelles sont en somme assez peu pro-
noncées dans le même sexe; mais, comme à l'ordinaire, les caractères s'atté-
nuent d'une manière assez marquée de l'homme à la femme.
» Chez le premier, la glabelle est très-prononcée; les arcs surcilliers
rappellent parfois ceux de la race de Canstadt, mais sont rejetés plus en
dehors. Le front s'élève d'abord un peu obliquement. Il se renfle à la
hauteur de la bosse frontale moyenne et, à partir de ce point, la courbe
du crâne^vu de profil se développe régulièrement sans ressaut ni méplat.
Chez la femme, l'écaillé occipitale présente une légère saillie. L'indice cé-
phalique moyen est de 83,53 chez les hommes, de 83,68 chez les femmes,
» Le frontal, large relativement à celui des races précédemment étu-
diées, n'a pour ainsi dire pas de bosses latérales. Les pariétaux sont bom-
bés et courts; leurs bosses sont mal circonscrites. L'écaillé occipitale est
courte et large. La protubérance externe est rugueuse, mais peu sail-
lante.
» La face est bien en harmonie avec le crâne quant aux proportions
générales. Les pommettes sont rugueuses et bien accusées; la fosse canine
est haute, mais peu profonde. Les orbites se rapprochent de la forme car-
rée; les os du nez sont concaves et assez saillants. La mâchoire supérieure
est prognathe, et ses dents également projetées en avant. La mâchoire in-
férieure est volumineuse, très-haute à la symphyse, extroversée à l'angle pos-
térieur, et rappelle un type signalé par M. Dupont connue se rencontrant
exceptionnellement à Furiboz.
» La troisième race de notre second groupe est donc bien distincte des
précédentes, et suffisamment représentée dans les alluvions de Grenelle ;
mais nous ne voyons à lui rattacher en dehors de cette localité, et encore
( 78)
sous toutes réserves, que deux frngments de mandibule recueillis à Orly
et à Charonne par MM. Blondin et Eugène Robert, et le crâne de Nagy-
Sap en Hongrie, dont M. Luschan a bien voulu nous envoyer une photogra-
phie que nous reproduisons.
» La quatrième race de notre second groupe n'est représentée jusqu'ici
que par une seule tête, trouvée par M. Legrand de Mercey dans les marnes
grises à Mammouth de la Truchère. Ce fait, et quelques anomalies d'ossih-
cation inutiles à décrire ici, nous ont fait hésiter sur la valeur de cette
pièce unique; on pouvait n'y voir qu'un cas d'anomalie individuelle. Tou-
tefois les caractères en sont si spéciaux et si bien accusés, que nous avons
cru devoir la regarder comme le type d'une race dont on retrouvera plus
tard d'autres représentants.
» Ce qui frappe tout d'abord dans cette tête, c'est le désaccord de la
face et du crâne. Celui-ci est très-grand, très-large; l'indice est de 84,32.
Il surmonte une face proportionnellement petite, et relativement étroite.
Cette tète est donc disharmonique, et la disharmonie est précisément in-
verse de celle qui caractérise les crânes de Cro-Magnon.
» La courbe antéro-postérieure du crâne, vu de profil, est fort irrégu-
lière; elle s'élève d'abord presque verticalement au-dessus des arcs surcil-
liers peu marqués, présente une voussure prononcée sur la bosse frontale
médiane, puis gagne, en s'affaissant un peu, lui bregma très-saillant. Au
delà elle s'affaisse de nouveau, puis s'infléchit brusquement et presque à
pic à l'écaillé occipitale, et se recourbe de nouveau en gagnant la région
cérébelleuse.
» Vu de face , ce même crâne présente un aspect pentagonal très-
marqué.
» Le frontal, étroit en bas, s'élargit considérablement à la hauteiu* des
bosses latérales. Les pariétaux sont très-développés dans le sens transversal.
L'occipital est large et la portion cérébrale en est relativement beaucoup
plus développée que la portion cérébelleuse.
» Le trait le plus frappant de la face est un nez très-saillant, long et
étroit, placé entre deux orbites carrés et relativement petits. Les pommettes
sont massives, mais un peu effacées; les fosses canines sont presque effa-
cées; la mâchoire supérieure et les dents sont légèrement prognathes.
D Après avoir décrit la tête des hommes plus ou moins brachycéphales
de la période quaternaire, nous avons dû, comme pour les dolichocéphales,
rechercher quelle trace lesquatre types précédents avaient pu laisser dans les
populations de la période actuelle; mais ici la tâche devenait de plus en plus
( 79)
difficile. La proximité de ces types, les mélanges opérés pendant une longue
suite de siècles, l'intervention d'autres races pendant les temps néolilLiques
et plus tard ont nécessairement produit une confusion qui rend néces-
saires de nouvelles et longues études. Toutefois, même parmi les jjopula-
tions modernes, on retrouve au moins certains traits dont l'origine remonte
évideuuncnt aux races dont nous avons tracé la caractéristique. Au Congrès
de Bruxelles, plusieurs de nos collègues et nous-mêmes avons constaté,
dans la vallée même de la Lesse, des traces évidentes du sang des races de
Furfooz. L'un de nous (M. de Quatrefages) les a trouvées plus marquées
encore dans les habitants des environs d'Anvers.
» Le même a rattaché depuis longtemps à l'influence des races fossiles
le prognathisme si accusé chez certains Européens, chez des Parisiens en
particulier, alors que rien ne permettait de supposer un mélange de sang
noir.
» En remontant plus haut et jusque dans les temps préhistoriques, on
a des termes de comparaison plus précis. Nous nous bornons à indiquer
ici les principaux.
» Nous rattachons à notre mésaticéphale de Furfooz la tète découverte
par M. Gervais dans la grotte sépulcrale de Baillargues (Hérault), tète que
ce naturaliste a décrite et figurée. Nous rapprochons du même type une
tête inédite trouvée dans une caverne néolithique deLonibrives. Cette même
région, Hyères (Var), Gibraltar (Espagne) ont fourni des mâchoires infé-
rieures dont quelques-unes au moins paraissent devoir être rapprochées
de la mâchoire de Moulin-Quignon, et par conséquent de celles de Fur-
fooz n" 1.
» Les crânes qui viennent se grouper autour de notre second type sont
sensiblement plus nombreux. M. Liénard a retiré d'un seul puits funéraire
néolithique, près de Verdun (Meuse), sept crânes humains dont la plupart
ont les plus grands rapports avec le crâne de Furfooz n" 2. Nous en dirons
autant d'un certain nombre de têtes extraites des allées couvertes de
Meudon, Vauréal, Presle (Seine-et-Oise). Trois crânes de la sépulture d'Or-
rouy, si bien étudiée par M. Broca, rentrent dans la même catt'gorio. Nous
en dirons autant d'une tête trouvée à la station néolithique des Hautes-
Bornes par M. Roujou. En outre, M. Bouchard-Chantereaux a retiré des
argiles bleues du bassin de Boulogne une tête datant de l'âge de bronze.
De son côté, I\L Bourguignat a trouvé dans un ancien tombeau, au Cap
Long de Saint-Césaire, un crâne qui doit prendre place à coté des précé-
dents. Enfin, en Portugal, au Cabeço d'Arrada, M. l'ereira da Costa a rcn-
( 8o )
contré un crâne dont le type métis paraît emprunté au moins en partie à la
race de Furfooz n° 2.
» Noire race bracliycéphale de Grenelle paraît être celle dont la trace
est la plus profonde. Chez nous, on l'a trouvée dans l'allée couverte de
Marly-le-Roi, à la Pierre-qui-Tourne de la forêt de Compiègne... En An-
gleterre on la trouve de même dans les sépultures néolithiques et surtout
dans les Round-Barrow. En Allemagne, M. Schaaffhausen en a décrit un
très-bon exemple provenant des environs de Plan. En Danemark, cette
même race n'est autre chose que le type bracliycéphale d'Eschricht. En
Suède, l'illustre et vénérable M. Niisson en a trouvé, dans les tourbières de
Scanie, des spécimen que l'un de nous (M. Hamy) a pu étudier récemment
dans les collections de l'Université deLund. Enfin les crânes de cette même
race entrent pour un douzième dans le nombre total des têtes retirées des
dolmen suédois et étudiées par Relziuset ses successeurs.
» En revanche, notre type de la Truchère continue à n'être représenté
que par la tête sommairement décrite plus haut.
» La description des quatre types dont il vient d'être question termine
ce que nous avions à dire dans notre livre des races humaines fossiles.
L'Académie voudra bien nous permettre d'ajouter une remarque.
1) Dans une branche aussi récente de la science, il existe nécessairement
encore bien des obscurités, et les dissentiments sont impossibles à éviter. Nous
avons eu, en effet, le regret de nous trouver en désaccord avec quelques-uns
de nos plus éminents confrères. Cela même nous imposait le devoir de
mettre sous leurs yeux, autant qu'il dépendait de nous, les éléments de
nos convictions. De nombreux tableaux de mesures, toujours prises avec
le plus grand soin par l'un de nous (M. Hamy), fourniront toutes les don-
nées numériques désirables. Notre Atlas, lithographie par M. Formant,
employé au Muséum et familier avec les objets qu'il reproduit, représenle
nos crânes typiques avec une fidélité et un talent d'exéculion qui font le plus
grand honneur à l'artiste. Toutes ces figures, de grandeur naturelle ou de
demi-grandeur, ont été soigneusement diagraphiées. Il en est de même des
figures intercalées dans le texte. Elles ont été aussi dessinées sur bois par
M. Formant. Grâce à la libéralité des éditeurs, nous avons pu les muItipHer
et y joindre un certain nombre de superpositions au trait qui permettent
d'ap|)rccier d'un coup d'œil les ressemblances et les différences existant
entre deux ou trois tèles données. Nous avons ainsi mis entre les mains
de nos lecteurs, autant que la chose est possible, les matériaux de nos
propres recherches. Ils en profiteront, espérons-nous, ])our compléter
notre travail et le corriger au besoin. »
( Hr )
i\OML\ATIO^S.
I/Acndômio proorde, p;ir la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant , pour la Soction de Mécanique, en remplacement de feu
M. Burdin.
Au pieinier lour de scrutin, le nombre des volants étant 47,
M. Broch obtient 2^ suffrages.
M. Stokcs 21 »
]\î. CoUadon 1 »
Il y a un bulletin blanc.
M. Bkocii, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu.
RAPPORTS.
CHIRURGIE. — Rapport sur un travail de M. Alph. Guérin, intitule : « Du
rùle palhogèniiiite des ferments dans les maladies clnrurgieales ; nouvelle
méthode de traitement des amputés ».
(Commissaires : MM. Cl. Bernard, Pasteur, Sédillot, Larrey,
Gossclin rapporteur.)
« Nous devons prévenir tout d'abord l'Académie que le travail de
M. Alph. Guérin n'a pas uneaussi grande extension que son titre pourrait le
faire supposer. Il traite, non pas du rôle des ferments dans toutes les ma-
ladies chirurgicales, mais de leur rôle possible et présumé dans quelques-
luies de ces maladies, et notamment dans les plaies qui résultent des plus
grandes opérations de la chirurgie, savoir les amputations.
» Pour ce genre de blessures, en effet, M. Alph. Guérin a imaginé ijn
mode de pansement qui lui a été inspiré par les recherches de M. Pasteur.
Ce mode de pansement consiste dans l'application sur la plaie et sur le
membre, à une certaine distance au-dessus de celte dernière, d'une couche
très-épaisse de ouate maintenue par une bande fortement serrée. Le but
principal de l'auteur est d'arrêter dans l'épaisseur du colon les germi^s ou
ferments atmosphériques, et, en empêchant leur arrivée sur la |)laie, de pré-
venir la décomposition putride des liquides qui s'y trouvent.
» Poiu- apprécier le travail de l'auteur, il c(»nvi<>nt donc de chercher
C.R..1S7J i" S.-meure. {T. l.XW, tio'l.) ''
( «2 )
d'abord si le pansement ouaté est bon, et ensuite s'il doit son efficacité ex-
clusivement à la cause indiquée ])ar M. Alph. Guérin.
» I. Que le pansement ouaté soit bon, aucun des cliirurgiens qui l'ont
mis en usage ne le conteste. Votre rapporteur, dans la plupart des cas où
il s'en est servi lui-même, dans quelques autres qu'il a observés sur des
malades opérés par ses collègues, a constaté les bons effets suivants, tels
que les a signalés M. Alpb. Guérin :
» 1° L'absence ou l'existence, à un faible degré, de la fièvre des pre-
miers jours (fièvre traumatique);
» 1° La continuation du sonnneil et de l'appétit;
» 3" L'absence ou l'intensité très-modérée de la douleur;
» 4° La présence, au moment où l'on enlève l'appareil (et ce n'est pas
avant le vingtième ou vingt-deuxième jour), d'une plaie vermeille, sans
détritus gangreneux, recouverte d'un pus très-épais, qui est dépourvu de
mauvaise odeur, et qui est peu abondant, si l'on tient compte du nombre
de jours pendant lesquels l'occlusion a été maintenue;
» 5° Enfin, et comme conséquence, sinon constante, au moins très-fré-
quente, des avantages qui précèdent, la soustraction de l'opéré au danger
de mort par infection purulente et la guérison. Sur ce dernier point cepen-
dant, votre Commission doit exprimer le regret de n'avoir pas trouvé dans
le travail une statistique indiquant la proportion des morts et des guérisons
dont l'auteur a pu être témoin. Nous savons, par la notoriété publique, que
M. Alph. Guérin a eu d'assez nombreux succès, et que plusieurs chirurgiens
des hôpitaux de Paris, M^L Tillaux et Labbé en particulier, en ont eu éga-
lement. Votre rapporteur, sur huit amputés (de jambe et de cuisse) qu'il
a pansés de cette façon, a observé six guérisons. Néanmoins nous aurions
voulu que les avantages et, s'il est permis de l'admettre, la supériorité de
la méthode fussent démontrés par des faits plus positifs et plus nombreux.
» Il est vrai que cette lacune se trouve expliquée par l'intention qu'ex-
prime l'auteur en plusieurs passages de son Mémoire, celle de soumettre à
votre appréciation bien plutôt la théorie de son appareil que ses résultats
pratiques.
» IL Arrivons donc à l'examen de cette théorie.
» Nous avons fait entendre tout à l'heure comment M. Alph. Guérin
comprend et explique l'efficacité, incontestable d'ailleurs, de sa méthode.
Le coton ayant, d'après tpiehpies-unes des belles expériences de M. Pas-
teur, la propriété de retenir dans son épaisseui' les ferments que contient
( 83 )
ratinosphère, doit, selon l'auteur, empêcher toute fermentation à la
surface de la plaie et s'opposer ainsi à la production des agents putride^
dont l'absorption occasionnerait l'infection purulente, et il donne comme
preuves à l'appui de sa manière de voir d'abord les faits mêmes tirés des
expériences de M. Pasteur, ensuite des observations prises sur les malades.
Il a examiné au microscope ou fait examiner par d'autres personnes le pus
trouvé au fond des appareils ouatés après vingt ou vingt-cpiatre jours d'ap-
plication, et il n'y a trouvé ni les vibrions, ni les bactéries qui se forment
si souvent dans ce liquide à l'air libre, et qui résultent de sa décomposition
et du développement des germes aux dépens des produits de cette décom-
position.
» Ici nous ferons observer d'abord qu'il ne faut pas faire une assimila-
tion complète entre les expériences qui se font avec des tubes à parois ri-
gides et incompressibles et les pansements qui se font sur des parties sus-
ceptibles de subir une diminution ou un retrait, par suite de la compression,
et au niveau desquelles, par conséquent, peut s'établir, à partir des confins
du pansement, un espace suffisant pour laisser passer, entre le coton et la
peau, l'air chargé de ses minuscules ferments.
» Mais votre Commission et votre rapporteur se sont occupés surtout
de rechercher si en effet les |)rotozoaires manquaient toujours dans le pus
des appareils ouatés. L'un des Membres de la Commission, M. Pasteur, a
eu l'occasion de faire un examen de ce genre, en avril 1874, avec M. Alph.
Guérin, sur un des amputés de ce chirurgien, et il n'a trouvé ni vibrions,
ni bactéries. Moi-même je n'en ai pas trouvé dans l'appareU d'une ampu-
tation de cuisse qui avait été faite sur un enfant de huit ans et demi à l'hô-
pital Sainte-Eugénie, par mou collègue M. Marc Sée.
» Mais, dans trois autres cas, j'ai trouvé des corps mouvants en grand
nombre. C'était sur des adultes qui avaient été amputés l'un du bras, un
autre de la jambe, et un de la cuisse. Chez tous trois l'examen a été
fait du vingt-deuxième au vingt-quatrième jour après l'opération, et après
ra|)plication du bandage ouaté, et fait par moi-même, mais en présence et
avec le contrôle de M. le ly Tillaux, dans deux cas, de mes aides de labo-
ratoire, MM. Alb. lîcrgeron et lîrun, dans tous les trois. Une autre fois, le
i3 novembre 1874, j'ai, de concert avec deux Membres de la Commission,
MM. Pasteur et Larrcy, et avec M. Alph. Guérin, examiné le pus d'un
malade qui avait été pansé à la ouate à l'IIùtel-Dieu, dix-neuf jours aupa-
ravant, pour une plaie contuse des doigis médius et annulaire, et nous
avons tous constaté la présence des vibrions et des bactéries.
I !..
( «4 )
» J'ajoute que, sur ces quatre malades, les plaies, au moment où l'on :i
enlevé le bandage, présentaient l'aspect favorable dont j'ai parlé plus baut;
qu'aucun d'eux, malgré la présence des vibrions et des bactéries, n'a eu
ni la putridité du pus, ni l'infection purulente, et que leurs plaies se sont
cicatrisées très-régulièrement.
» Il y a donc ici une divergence entre M. Alph. Guérin et nous. L'au-
teur n'a jamais trouvé de vibrions vt de bactéries; nous, nous en avons
trouvé quatre fois sur six. Nous sommes disposés à expliquer, au moins
pour un certain nombre de cas, cette divergence par la différence des in-
struments dont nous nous sommes servis. Pour trouver les vibrions et les
bactéries qui ont do j~^ à -^-—j de millimètre de diamètre, il faut un
grossissement de 5oo à 600. J'ai même employé souvent la lentille à im-
mersion qui va jusqu'à i3oo ou i4oo. Or, l'auteur ne nous disant pas à quel
grossissement on a eu recours dans les explorations dont il parle, il nous
est peiinis de présumer qu'on n'en a pas toujours pris un suffisamment
fort.
» Quoi qu'il en soit, nous sommes autorisés à conclure de nos faits que
le bandage ouaté n'empécbe pas toujours et nécessairement la formation des
bactéries et des vibrions. Est-ce parce que, comme je le donnais à entendre
tout à l'heure, l'air au bout de quelque temps se fait jour entre la peau et
ra|)pareil? ou bien est-ce parce que, avant l'application de la ouate, on avait
laissé quelques spores sur la plaie ? Je ne saurais le dire. Je constate seule-
ment que sous le bandage ouaté il y a une fermentation, mais que cette fer-
mentation n'est pas, quand le malade continue d'aller bien, de celles qui
donnent naissance aux produits toxiques capables d'engendrer l'infection
purulente.
» Quel est donc pour ces cas, où il y a sous le bandage ferments et fer-
mentation, et néanmoins conservation de la bonne santé de l'opéré, quel
est, dis-je, le mode d'action du pansement ouaté?
» Or il nous semble que, par la compression régulière qu'il exerce, il
doit favoriser d'abord la résorption prompte du sang qui reste toujours à
la surface des plaies; il empêche qu'une nouvelle quantité de ce liquide
soit versée ultérieurement; il favorise aussi la résoiption des premiers ma-
tériaux exsudés, lesquels, conunc le sang, deviennent facilement |)utriiles
lorsqu'ils séjouriu ni plusieurs jouis sur les |)l;iies. En outre, par celle
mémo compression cjui diminue l'afflux {\\i sang vers les vaisseaux de la
plaie, par la chaleur uniforme qu'il entretient, par l'inuiiobilité qu'il pro-
cure à la région malade, il doit modérer ruillammalion et l.i maintenir
( 85 )
dans cet état où, n'étant ni destructive, ni gangreneuse, elle est, quoique
siippurative, assez simple pour donner naissance d'emblée et sans entraves
à la membrane pyogénique et foiuiiir des produits, du pus visqueux en
particulier, qui ne sont [)as apics à la décomposition putride délétère,
quand bien même les ferments viendraient se mettre en contact ;ivec eux.
» Mais votre Commission est d'avis aussi que la mélhode de M. Alpii.
Guérin réussit, parce qu'elle maintient sans interrruption, pendimt un temps
assez long, ces conditions favorables au développement d'une inflammation
suppiirafive bénigne, et qu'elle constitue en définitive un paineiitcnt rare.
Ce n'est pas chose indifférente, en effet, que de soustraire pendant plus
de vingt jours de suite ime plaie aussi complexe que l'est celle d'un amputé
au contact de l'air, aux souffrances, aux déplacements, aux changements
de rajiports, aux variations de pression et de température que néces-
sitent les pansements souvent renouvelés, A diverses époques les chirur-
giens ont compris qu'd pouvait y avoir des inconvénients à changer tons
les jours, et mé[ne deux fois par jour, les pièces d'appareil qui recouvrent
les plaies, et un auteur itahen du xvii" siècle, Magatus, s'est élevé
contre cette coutume, dans un gros ouvrage in-folio, intitulé : De rard
Mulncritm curatione. Depuis Magatus, on a encore parlé de tenqjs à autre
des pansements rares, et les noms de Belloste, Pihrac, Lecat, Josse d'Amiens,
celui surtout de l'illustre Larrey père, sont attachés à des tentatives favo-
rables au renouvellement peu fréquent; mais ces tentatives n'avaient jus-
qu'à présent modifié ni les convictions ni la pratique générale, parce que,
d'iuie part, elles n'aboutissaient pas à la formule précise du temps peiulant
lequel les pansements doivent rester en place, et parce que, d'autre jiart,
on ne faisait |ias connaître, pour les appuyer, un grand nombre de succès.
M. Alph. Guérin, en adoptant le coton en grandes masses, dont ne s'étaient
pas servis ses prédécesseurs, en appliquant ainsi aux plaies des amputés le
procédé de compression employé par M. lîurgraeve de Gand pour le traite-
ment des maladies articulaires, en fixant à une période de vingt à vingt-cinq
jours le temps durant lequel les plaies doivent rester couvertes, eu se
trouvant à même de faire connaître des succès incontestables, aura eu le
mérite de donner une certaine précision à cette méthode, jusque-là indécise,
des pansements rares.
» Mais que |ipnser enfin du rôle des ferments, qui a et''- la préoccupation
principale de l'auteur? Nous sonunes loin de nier leur inteivention |)ossihle
dans la pathogénie de l'infection purulente, et nous acceptons qu'd est bon
d'en préserver les plaies si la chose est réalisable. Seuknuent il résulte de
(8G)
ce qui précède que les ferments n'agissent pas d'une façon nuisible sur
loiitos les matières organiques. Parmi les conditions qui rendent leur action
dangereuse se trouve l'altération que donne aux tissus et aux liquidis ex-
posés à l'air une inflammation traumatique intense.
» A ce point de vu^ le pansement ouaté de M. Alpli. Guérin est utile de
l'une des deux façons suivantes : tantôt il empêche en effet l'arrivée ou le
contact des ferments atmosphériques sur la plaie, en même temps qu'il
modère le travail inllammatoire [irécurseiu' de la suppuration ; tantôt il ne
s'oppose pas à l'entrée, soit immédiate, soit tardive de ces mêmes ferments;
mais, par cela même qu'il modère le travail inflammatoire, il fait naître des
produits dont la fermentation n'est pas dangereuse pour l'économie.
» En résumé, tout en rejetant pour un certain nombre de cas la théorie
donnée d'une façon trop exclusive par M. Alph. Guérin, tout en ajoutant
une explication à celle qu'il a donnée, votre Commission pense que le ban-
dage ouaté a réalisé un progrès utile dans la thérapeutique des plaies, et
elle conclut en vous disant que ce progrès mérite d'être signalé à toute l'at-
tention des chirurgiens. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
M. Ollieu présente quelques remarques, à propos du Ra|)porl de
M. Gosselin, sur divers faits observés par lui, dans sa pratique chirurgicale.
M. Larrey prend ensuite la parole, et présente des observations sur le
même sujet (i).
M. liouiixAUD présente, au sujet du Rapport de M. Cwosselin, les observa-
tions suivantes :
« Si le travail de M. Alj)!!. Guérin, à l'époque où il lut lu devant celte
Académie, y produisit une assez vive sensation, ce n'est pas en tant que
simple mode nouveau de pansement des plaies : il ne présente, en effet,
sous ce rapport, aucun caractère de grande importance. Mais, en attri-
buant les succès de ce mode de pansement à ce qu'il ne permettait pas aux
fermoiils qui, selon la doctrine de M. Pasteur, détoniiinonl dans les plaies
(i) L.i Note qui (tcvaii c-tre remise par M. Ollicr n'ctaiii pas encore parvenue à l'inipri-
nierie, l'insertion de cette Note et des observations de M. Larrey qui s'y rapportent sera
remise au ])ii)cliain ('i)m///t: icnclii.
( 87 )
l'état connu sons le nom de putriilité, de trouver accès au sein dos parties
blessées, sou auteur avait su lui iuipriuicr un caractère de great allraclion,
comme le disent nos célèbres voisins d'outre-Manche. Je regrette que le
llMpport n'ait pas été plus explicite sur cet article fondamental du Mémoire
de M. A. Guérin.
» Contrairement à l'opinion de cet auteur, notre savant confrère M. Gos-
selin pense que le mode de pansement proposé doit ses avantages à ce qu'il
est propre à moilérer le processus inflammatoire. Certes, il y a loin de ce
genre d'action prophylactique à celui que M. le docteur A. Guérin avait pour
but et pour intention de faire admettre. On sait assez d'ailleurs qu'il existe
une différence essentielle entre le processus inflammatoire et le proces-
sus putride ou septique : ce sont en quelque sorte deux états opposés l'un à
l'autre.
» Je regrotte aussi que le Rapport ait passé complètement sous sileiK^e
la questiou de savoir si, comme on l'a soutenu dansées derniers tom[)s, le
ferment pjoémique, le ferment auquel ou a donné le nom de traumalique,
constituent des ferments spéciaux, ou s'ils ne sont, au contraire, que des
variétés du feraient pw^nV/e, lequel en effet se présente sous des formes dif-
férentes, selon les diverses substances solides ou liquides de l'économie
vivante, susceptibles d'un travail de fermentation dite putride ou septique.
Il importe beaucoup assurément de ne pas méconnaître quelque nouvel
être de cette espèce, mais il n'importe pas moins de ne pas les inuUiptier sans
nécessité.
M Au reste, quelle que soit la gravité de la question des fermentations
de l'ordre dont il s';igit, sous le point de vue médico-cliirurgical, je crain-
drais d'abuser des moments de l'Académie, si je gardais plus longtemj)s la
parole. »
Observations verbales présentées par M. Pasteu k, à l'occasion
du Rapport de M, Gosselin.
« Je demande à l'Académie la permission de lui soumettre quelques
observations à l'occasion du Rapport qu'elle vient d'entendre, observations
qui n'auront rien de critique; j'approuve, aussi complètement que ma
compétence me le permet, les opinions et les conclusions si autorisées du
savant rapportetu- de la Commission. Je désire seulement saisir cette occa-
sion pour coniuuuiiquer à l'Académie quelques faits au sujet des ferments,
principaloinoiU pour montrer quelles peuvent être, dans certains cas, leur
diffusion, les dangers auxquels ils exposent, en même temps que la facilité
( 88)
avec laquelle on peiU souvent s'en débarrasser, lorsqu'on est averti de leur
présence.
11 II y a précisément une année, M. Musculiis présentait à l'Académie,
par l'organe de M. Boussingault, une Note relative au ferment ammonia-
cal de l'urine. M. Muscuius recueille sur un filtre le dépôt d'une urine fer-
mentée, contenant, par conséquent, le ferment dont il s'agit, qui reste sur
le filtre avec d'autres substances, notamment diverses sortes des cristaux
de l'urine. Le filtre est lavé avec soin ; on le dessèche à une température de
3oou 4o degrés, et l'on s'en sert ensuite comme d'un réactif de l'urée, il suffit,
en effet, de porter dans l'urine ou dans une solution d'urée un fragment
du filtre avec la poussière qui le recouvre et qui y adhère, pour que la
fermentation ammoniacale de l'urée prenne naissance. Conjointement avec
M. Boussingault, je fus chargé de l'examen de la Note de M. Muscuius. A
ce titre, elle me fut envoyée par le Secrétariat de l'Académie dans le cou-
rant de novembre, dix mois, par conséquent, après sa présentation; sous
le pli qui la contenait se trouvait un fragment d'un filtre que l'auteur de la
Note avait pris soin d'y joindre. J'eus la curiosité de rechercher si le réac-
tif n'avait pas perdu de sa sensibilité, en d'autres ternies, si le petit fer-
ment avait encore la faculté de provoquer la fermentation ammoniacale.
Je constatai facilement qu'il l'avait conservée.
» Voilà donc un ferment ca|)able de rendre l'urine ammoniacale et qui
conserve après dix mois ses propriétés, quoiqu'il ait été réduit en pous-
sière sèche, et nid doute qu'il les gardera pendant longtemps encore. Dès
lors, je le demande, où ce ferment n'cxiste-t-il pas à l'état de particules,
pour ainsi dire, tout à fait invisibles, car il s'agit ici d'un petit organisme
formé de grains réunis en chapelets, mais que la dessiccation disjoint, et
dont chaque grain n'a pas plus de un millième à un millième et demi de
millimètre de diamètre? Quelle est la rue d'une ville ou d'un village, sur-
tout pendant l'été, quelle est la salie d'hôpital, quelle est la chambre à
coucher, quels sont les vêtements, quel est le tapis, quels sont les sièges où
ce petit ferment n'existe pas et toujours prêt à se multiplier et à j)rovoquer,
s'il pénètre dans la vessie, l'affection dangereuse qui se caractérise par des
urines annuouiacales? Car je dois faire observer ici incidenunent qu'une
question qui s'était présentée à mon esprit devant l'Académie des Sciences
au moment de la présentation d'une Note de M. Gosseliu sur les urines
ammoniacales, dans la séance dn 5 janvier iSj^, s'est trouvée résolue
depuis par l'affiniiative. J'avais demandé que l'on recherchât si le petit
ferment ammoniacal de l'urine n'était pas toujotu-s pré.sent dans de telles
( «9 )
urines. Or tous les faits, encore inédits, qui ont été recueillis postérieure-
ment, surtout par M. Gosselin et quelques-uns par moi-même, aidé de
M. Gayou, ont étahli jusqu'à présent la pieuve constante de ce ferment
dans les urines ammoniacales, de sorte que celle affection doit être con-
sidérée comme ayant pour cause une fermentation déterminée dont le fer-
ment est connu. Déjà en i8G/(, M. le professeur Traube, de Berlin, était
arrivé à une conclusion semblable. Il cite [Gazelle hebdomadaire de Méde-
cine et de Chirurgie j t8G4) un fait remarquable, et conclut en ces termes :
« Le fait précédent offre une confirmation remarquable de la doctrine de
)i M. Pasteur ».
» Supposez une altération quelconque des voies lu'inaires, une incon-
tinence d'urine qui, par les efforts du malade, provoque un mouvement
d'aller et de retour, même très-faible, de l'urine dans le canal de l'urètre,
avec quelle facilité le petit ferment placé à l'extérieur ne pourra-l-il pas,
de proclie eu proche, surtout avec sa faculté de mulli|)lication, pénétrer à
l'inlérieur de la vessie! 3Iais, dira-t-on, pourquoi la maladie qui s'ac-
compagne des urines ammoniacales n'est-elle pas plus fréquente? Ah! si
tous les organismes microscopiques, si tous les ferments organisés qui
rencontrent dans les liquides de l'économie un milieu nutritif favorable
à leur développement pouvaient pénétrer facilement et à chaque instant
dans l'intérieur du corps, si le corps dans l'état de santé leur était ouvert,
la vie deviendrait impossible. C'est déjà bien assez qu'ils trouvent des
moyens de pénétration dans certaines circonstances déterminées ou dans
des cas de maladies déclarées provenant d'autres causes. D'ailleurs, il ne
faut pas l'oidjlier, dans l'étal de santé, noire corps oppose naturellement
une résistance au développement et à la vie des infiniment petits,
» Dans les conditions physiologiques normales principalement et dans
une foule de circonstances, la vie arrête la vie qui lui est étrangère. C'est
un principe qui doit être sans cesse présent à l'esprit du médecin et du
chirurgien, parce qu'il peut devenir souvent un des fondements de l'art de
guérir, comme il peut constituer d'autres fois un des plus grands dangers
dans le développement des maladies. Il ne m'appartient pas de prendre
des exemples dans la Médecine ou la Chirurgie, mais je puis en citer d'au-
tres dont on pourra faire l'application à ces deux ordres de connaissances.
M J'ai lu quelque part, dans Matiiicu de Dombasle, je crois, qu'un moyen
d'éprouver la qualité d'une semence consiste à mettre les graines entre
deux morceaux de flanelle humide ; au bout de quelques jours, le nombre
des mauvaises graines s'accuse parce qu'elles se recouvrent de moisissures,
C. R., 1875, i"Semei«rf. (T. LXXX, N» 2.) '2
(90)
tandis que les graines saines se gonflent et se préparent à entrer en germi-
nation. Pourquoi celte différence entre les graines non fécondes et les
autres? N'cst-il pas évident qu'à la surface des unes et des autres il existe
également des spores de moisissures? Seulement, sur les graines incapables
d'entrer en germination, rien ne gêne la vie des spores qui les recouvrent,
tandis que sur les graines que l'humidité et l'air peuvent pénétrer il y a
lutte pour la vie entre la semence et la spore qui la recouvre. Nul doute
que l'oxygène de l'air, nécessaire à la vie de la spore, ne lui soit enlevé par
la graine. L'oxygène qui se dissout incessamment dans la couche superfi-
cielle d'humidité est incessamment absorbé par la graine et doit en priver
la spore qui, par suite, ne peut végéter qu'avec une grande lenteur et d'une
ujanière maladive.
)) Autre exemple. Je suppose que, sur un liquide nutritif très-favorable
à deux moisissures déterminées, je dépose les spores ou graines de l'une
d'elles, elles germeront et la plante se multipliera. Que sur une autre
portion du même liquide je dépose les spores de la seconde moisissure,
j'aurai un résultat semblable. Que sur une troisième portion de ce même
liquide nutritif je dépose simultanément les deux sortes de graines, elles
germeront parallèlement, et pendant plusieurs jours les deux plantes vivront
côte à côte ou mêleront leurs mycéliums sans trop se gêner l'une l'autre;
mais qu'au contraire je ne dépose sur le liquide les spores d'une des moi-
sissures qu'après le développement et la multiplication de sa voisine, ses
spores ne germeront pas, ou du moins leur développement sera languis-
sant et maladif; tout simplement parce que la première plante prend pour
elle les aliments assimilables au préjudice de la seconde, notamment l'oxy-
gène de l'air. C'est ainsi, j'imagine, que les cellules cancéreuses s'emparent
des aliments nutritifs qui devraient être utilisés par les cellules normales
sous-jacentes. Et, pour montrer mieux comment je comprends les analo-
gies auxquelles je faisais allusion tout à l'heure entre les faits dont je parle
et les faits médicaux proprement dits, j'ajouterai que si j'avais à me préoc-
cupei' de la recherche d'un moyen de guérir le cancer, c'est sur ce point
que je porterais toute mon attention. Ce que j'imaginerais, ce que je
rechercherais dans la pratique consisterait à favoriser la vie dans les cel-
lules normales et à détruire la vitalité des cellules parasites ou à la rendre
inoffensive. Pour cela, j'aurais recours à deux moyens, en apparence con-
tradictoires et opposés : d'une part, j'essayerais de faire putréfier au
fur et à mesure de leur croissance les cellules parasites; d'autre part , j'es-
sayerais de les noiu-rir, mais par des aliments extérieurs, si je puis ainsi
dire, de façon à les déshabituer en quelque sorte de leur mode de vie à
( 9' )
l'aide des sucs nutritifs de l'organe sur lequel elles s'implantent. Par
exemple, je voudrais essayer ce que produirait sur le cancer l'application
très-fréquemment renouvelée de lambeaux de viande fraîche. Lîn jour,
j'émettais ces idées en présence de M. Alph. Guérin qui ajouta : « Mais
» c'est singulier, dans les campagnes il y a pour le cancer un remède de
» bonne femme qui consiste à appliquer sur le mal les organes encore
» chauds d'une poule qu'on vient d'ouvrir. »
» 3e me hâte d'abandonner ces idées préconçues. On ne fait rien, il est
vrai, sans idées préconçues ; il faut avoir seulement la sagesse de ne croire
à leurs déductions qu'autant que l'expérience les confirme. Les idées pré-
conçues, soumises au contrôle sévère de l'expérimentation, sont la flamme
vivifiante des sciences d'observation; les idées fixes en sont le danger ; car,
ainsi que l'a dit un grand écrivain : le plus grand dérèglement de l'esprit
est de croire les choses parce qu'on veut qu'elles soient.
» Tout le monde connaît une expérience célèbre et classique sur la
nécessité de la présence de l'oxygène pour commencer la fermentation
alcoolique du jus de raisin. Gay-Lussac introduit sous une cloche à mer-
cure un fragment de grappe de raisin qu'il prive de tout l'air pouvant ad-
hérer aux grains et au bois de la grappe, en introduisant sous la cloche
du gaz hydrogène à j)lusieurs reprises, puis il écrase les grains de raisin;
la fermentation ne se déclare pas, même après un très-long temps. Elle se
manifeste, au contraire, dans les jours qui suivent l'introduction d'une pe-
tite quantité d'air dans la cloche. De là cette conclusion légitime de Gay-
Lussac, que l'oxygène est nécessaire pour commencer la fermentation du
jus de raisin.
» Voici une autre expérience de l'illustre physicien : on conserve du
moût de raisin par la méthode d'Appert. Si l'on vient à transvaser l'une
des bouteilles de moût, même longtemps après la préparation de la con-
serve, le moût, resté intact jusque-là, ne tarde pas à fermenter dans la nou-
velle bouteille. C'est que, d'après Gay-Lussac, le moût a touché à l'oxy-
gène de l'air atmosphérique au moment du transvasement.
» Nous savons aujourd'hui que l'interprétation donnée par Gay-Lussac
aux expériences que je rappelle est vraie, mais incomplète. J'ai montré, par
exem|)le, qu'on pouvait conserver du moût de raisin, pris dans le grain
lui-même, à l'état naturel, au contact de l'air pur, sans qu'il entre jamais
en fermentation. C'est qu'il y a deux conditions essentielles, et non une
seule, pour le commencement de la fermentation du moût de raisin : la
présence de l'oxygène et le germe du ferment qui va se développer dans le
liquide fermentescible. Dans l'expérience de la cloche, il existe, comme je
12..
(9^1
l'ai prouvé, des germes de levure de raisin à la surface des grains et de la
grapi^e. I.'oxygène est seulement nécessaire à la première manifestation de
la vie dans ces germes, à leur germination. Dans l'expérience du transvase-
ment de la bouteille de moût dans une autre, il faut donc, de toute néces-
sité, qu'au moment de ce transvasement le moût rencontre un ou plu-
sieurs germes de la levure de raisin, sans quoi la fermentation ne pourrait
pas avoir lieu. Eh bien, d'après l'ensemble des résultats déjà publiés de mes
recherches, il est impossible d'admettre qu'en chaque point de l'espace,
partout et en tout lieu, le moût de raisin sortant d'une bouteille, conservé
par la méthode d'Appert, rencontre un germe de levure. Dans mon Mé-
moire sur les générations dites spontanées, j'ai prouvé, contrairement à l'opi-
nion généralement admise autrefois, qu'il n'y avait pas continuité, dans l'air
atmosphérique, de la cause des altérations et des fermentations des liquides
organiques. Pourquoi donc Gay-Lussac assure-t-il que l'expérience du
transvasement de la bouteille de moût réussit toujours? C'est que, le plus
souvent, le moût, pendant le transvasement, rencontre le germe du ferment
dans les poussières, à la suiface extérieure du goulot de la bouteille et
dans les poussières à la surface du verre de la bouteille dans laquelle on
le transvase. Lorsqu'on fait une conserve de moût de raisin par la méthode
d'Ap^jert, on se trouve naturellement dans un pays vignoble, à l'époque des
vendanges. Dans un tel lieu et à un tel moment, tous les objets, tous les
vêlements sont plus ou moins couverts de germes de la levure du vin ; les
mains de ceux qui manient les bouteilles, les poussières qui bientôt tombent
sur celles-ci renferment une fouie de cellules de cette levure. Quoi de plus
naturel, en conséquence, que Gay-Lussac, qui ignorait jusqu'à l'existence
de la nature du ferment, et qui ne prenait aucune précaution pour élimi-
ner les poussières dont je parle, ait toujours réussi! Maintenant que nous
souunes plus éclairés sur la véritable interprétation de son expérience, il
nous sera facile de faire qu'elle réussisse ou qu'elle ne réussisse pas, à la
volonté de l'opérateur. Pour qu'elle ne réussisse pas, essayons d'éloigner
le germe de la levure; à cet effet, avant de transvaser le moût, lavons la
bouteille extérieurement, coupons le bouchon à ras de la cordeline, puis
passons la surface du bouchon et de la cordeline dans la flamme de la lampe
à alcool, retirons le bouchon avec un tire-bouchon préalablement passé
dans la flamme, enfin transvasons le moût dans une bouteille qu'on vient
de refroidir, sortant de l'eau bouillante, et tout ceci en plein air, au milieu
d'un jardin et non dans un laboratoire où, comme dans le mien, et pro-
bablement aussi dans celui de Gay-Lussac, au moment où il faisait ce genre
d'expériences, on se livre à des études suivies sur la fermentation, et où,
(9^ )
par conséquent, les poussières à la surface des objets, ou qui flottent dans
l'air, peuvent contenir beaucoup de germes de levure alcoolique. L'expé-
rience démontre que le transvasement du moût, fait dans ces conditions,
avec ces simples précautions de propreté et d'éloignement des foyers des
germes que l'on a intérêt à élimiîier, ne donne pas lieu à la fermentation
du moût dans la nouvelle bouteille.
» On voit bien, par des faits de cette nature, tout ce que l'hygiène peut
avoir à gagner, dans les hôpitaux et ailleurs, aux mille précautions de
propreté et d'éloignement des germes d'infection, et combien il est facile
souvent d'atteindre ce but lorsque l'on marche avec la préoccupation con-
stante de l'existence et des dangers possibles des nombreuses causes d'allé-
ration des liquides organiques.
M Je reviens maintenant au Rapport de M. Gosselin et au pansement
ouaté soumis au jugement de l'Académie. Le Rapport constate que ce mode
de pansement est lui progrès chirurgical d'une grande valeur. Sur ce point,
les chirurgiens de la Commission ont été unanimes. Le Rapport, et avec
raison, fait seulement des réserves sur la théorie de M. Alph. Guérin. Ce
n'est pas que tous les membres de la Commission ne soient bien convaincus
de l'utilité très-grande qu'il peut y avoir à ce qu'une plaie ne soit pas en
contact avec des matières en putréfaction, remplies d'organismes micro-
scopiques de diverse nature; mais autre chose est une induction, autre chose
des preuves positives. La Commission n'a pas jugé que les expériences de
M. Alph. Guérin étaient assez nombreuses et démonstratives pour établir
la part d'influence respective qu'il faut attribuer à la présence ou à l'ab-
sence des êtres organisés développés à la surface des plaies, et aux autres
avantages considérables du nouveau mode de pansement énumérés avec
tant d'autorité dans le lucide Rapport de M. Gosselin. Toutefois il semble
facile de répondre à tous les desiderata de la théorie de M. Guérin.
» En premier lieu, je voudrais que le pansement fût fait avec toute la
rigueur qu'exigent les idées mêmes de M. Alph. Guérin. Le Rapport de
M. Gosselin constate que, assez fréquemment, on ne trouve pas d'orga-
nismes microscopiques dans le pus des plaies soumises au pansement dont
il s'agit. Ce résultat, si désirable de l'aveu de tous, ne deviendrait-il pas la
règle, si l'on prenait toutes les précautions nécessaires pour éloigner les
germes qui peuvent exister, à l'origine, à la surface de la plaie ou à la sur-
filée de la ouate, surtout des premières couches d'ouate, lesquelles, suivant
moi, devraient être portées à une température préalable de 200 degré.s?
» En second lieu, pour rendre compte de la mauvaise influence des
proto-organismes et des ferments dans les liquidesde su|»puration des plaies.
(94)
j'essayerais l'expérience suivante : sur deux membres symétriques d'un
animal chloroformé, je ferais deux blessures identiques; sur l'une des
plaies, j'appliquerais le pansement ouaté avec luie grande rigueur; sur
l'autre plaie, au contraire, je cultiverais, si l'on peut ainsi dire, les orga-
nismes microscopiques, transportés d'une plaie étrangère et offrant des
caractères plus ou moins septiques.
» Enfin, en troisième lieu, je voudrais pratiquer sur un animal chloro-
formé, et sur un point du corps convenablement choisi, car l'expérience
serait très-délicate, une blessure qui serait faite dans l'air parfaitement pur,
et j'entretiendrais ultérieurement et constamment de l'air pur au contact
de la plaie, sans recourir d'ailleurs à aucun mode de pansement quelcon-
que. Dans ces conditions où une plaie serait constamment, et dès l'origine,
entourée d'air pur, c'est-à-dire d'air absolument privé de germes étran-
gers, qu'arriverait-il? Pour moi, je suis porté à croire que la guérison serait
nécessaire, parce que rien ne gênerait le travail de réparation et d'organi-
sation qui doit se faire à la surface d'une plaie pour qu'elle guérisse.
On ne saurait mieux comparer, selon moi, la blessure d'un membre et la
réparation qui esfle signe et le complément de la guérison, qu'à ce qui se
passe lorsqu'on blesse un cristal, et qu'on replace ensuite ce cristal dans
une eau mère, c'est-à-dire dans son liquide nutritif. Prenez un cristal quel-
conque, par exemple un cristal octaédrique d'alun; faites une blessure à ce
cristal : détachez, je suppose, à l'aide d'un couteau ou d'un marteau, un
des angles, puis déposez le cristal ainsi blessé dans son milieu nutritif : la
vie, si je puis ainsi parler, c'est-à-dire la nutrition à la surface de la plaie,
prend une activité extraordinaire. Le cristal se reconstitue dans son inté-
grité première avec une rapidité surprenante; il grandit sans doute en tous
ses points en même temps qu'il se reconstitue dans la partie blessée; mais
le travail de dépôt de particules ou de nutrition sur la blessure est incom-
parablement plus marqué que sur tous les autres points de la surface dont
la forme extérieure n'a pas été altérée. Des faits tout semblables n'ont-ils
pas lieu à la surface d'un membre blessé : le travail de la vie, la nutrition
en ce point, ne sont-ils pas beaucoup plus actifs que partout ailleurs? La
seule différence entre la réparation des membres d'un cristal blessé et la
réparation à la surface du corps de l'animal consiste en ce que, pour ce
dernier, la nutrition vient de l'intérieur à l'extérieur, tandis que pour le
cristal elle vient de l'extérieur. On ne replacerait pas le cristal dans un
milieu nutritif approprié qu'il resterait blessé et .«ans guérison possible.
La condition de la guérison de l'animal blessé est donc que la nutrition à
la surface de la blessure puisse avoir lieu dans les meilleures conditions
(95)
possibles; et, sans nul doute aussi, le meilleur mode de pansement sera
toujours celui qui favorisera le plus la formation de la membrane granii-
leuse et qui, pour cela faire, éloignera plus ou moins com|)létement les
organismes microscopiques dans les liquides de la siuface de la plaie, car,
en dehors même de toute infection purulente ou seplicémique possible, la
pullulation de ces organismes microscopiques doit arrêter ou suspendre
plus ou moins la vie de nutrition et de réparation dont je viens de parler,
ne fût-ce que par le besoin d'oxygène qui leur est nécessaire, et qu'ils
doivent plus ou moins enlever au sang qui afflue dans les cellules sous-
jacenfes de la plaie.
» L'Académie voudra bien m'excuser d'avoir retenu si longtemps son
attention; mais le sujet en vaut la peine, car il est aujourd'hui une des
préoccupations delà Médecine et de la Chirurgie. Certes, ce n'est pointa
tort. Comment se désintéresser de la question du rôle des organismes micro-
scopiques dans le développement de certaines maladies, depuis les travaux
remarquables de M. Davaine sur le charbon et le sang de rate, travaux qui
ont mis en mouvement toutes ces études, depuis les travaux non moins re-
marquables et courageux de MM. Coze et Feltz, depuis les belles études de
M.Chauveau, de Lyon, et surtout cette admirable expérience sur le bistour-
nnge, dans laquelle l'auteur, avec une précision pour ainsi dire mathéma-
tique, porte à volonté la maladie et la mort dans un organe déterminé du
corps, avec putréfaction et production voulue d'organismes microscopiques,
tandis que dans l'organe correspondant il provoque seulement la mortifica-
tion des tissus sans aucun danger pour le reste du corps, parce que la pro-
duction d'organismes est alors impossible? Pour moi, je considère qtie c'est
un grand honneur pour mes recherches, que M. Davaine et ses successeurs,
que M. Alplî. Guérin, que le célèbre chirurgien d'Edimbourg, le D' Lister,
que M. leD'^Déclat reconnaissent avoir puisé leurs premières inspirations
dans les résultats que j'ai publiés depuis quinze à vingt ans sur les fermen-
tations proprement dites. »
Observations verbales de M. A. TuÉcrr, concernant la production
des bactéries, des vibrions et des amytnbiuters.
« Je demande à l'Académie la permission d'ajouter quelques mots à
l'intéressante discussion dont elle vient d'être témoin. Si j'insiste pour avoir
la parole, c'est qu'il me semble qu'une des faces de la question est complè-
tement négligée.
» On sait, en effet, parfaitement bien qu'il est des êtres mobiles ou
immobiles, qu'il est des plantes, grandes ot petites, qui se multiplient par
des germes. Il n'a été parlé que de ces germes. C'est d'eux que nous entre-
tient en toute occasion notre confrère, JM. Pasteur, qui suppose a priori
que tout ce dont on ne connaît pas l'origine en provient. Aujourd'hui
M. Pasteur n'hésite pas à affirmer que, dans les importantes expériences
dont l'honorable M. Gosselin vient de rendre compte au nom de votre
Commission, expériences dont notre Correspondant, M. Ollier, confirme les
résultats, M. Pasteur, dis-je, n'hésite pas à affirmer que si, sous les panse-
ments de ces habiles chirurgiens, des bactéries et des vibrions se dévelop-
pent en abondance, c'est que des germes, venus de l'atmosphère, se sont
introduits d'une manière quelconque, malgré les précautions prises poiu'
en éviter la présence ou les détruire.
» Cette conclusion de M. Pasteur ne me paraît pas rigoureuse. Il con-
viendrait de se demander si les bactéries et les vibrions développés no
proviennent pas de la modification de matières albuminoïdes ou orga-
nisées, sous l'influence de l'air tamisé par le coton; car il est évident au-
jourd'hui pour les chirurgiens que les plaies guérissent en présence des
petits êtres dont il est question.
» Comme, dans ces circonstances, on peut invoquer l'intervention de
germes venus de l'air, malgré les précautions prises pour les éloigner ou
les tuer, je n'insisterai pas sur ce point; mais je tiens à rappeler que depuis
longtemps déjà j'ai annoncé que des amylobaclers peuvent se développer
dans l'intimité des tissus végétaux, à l'intérieur de cellules bien fermées,
de fibres du liber pouvant avoir des parois fort épaisses, et dans lesquelles
les matières organiques sont à l'abri des germes atmosphériques tout aussi
bien que dans les appareils de M. Pasteur, et mieux que sous les pansements
de MiM. les chirurgiens.
» Des résultats analogues ont été obtenus par divers observateurs à
l'intérieur de cellules animales et au milieu de masses de tissus assez con-
sidérables. Tels sont ceux qui, à diverses reprises, ont été communiqués
à l'Académie par MM. Estor et Béchauîp. Ces résultats ont été confirmés
depuis.
» Il n'est donc pas douteux que des bactéries, des vibrions et des amylo-
baclers puissent provenir de la modification de matières organisées liquides
ou granuleuses.
» Je n'ajouterai rien de plus, pour ne pas prolonger outre mesure cette
discussion, »
( 97 ;
GÉOMÉTRIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Halphou concernant les points
singuliers des courbes algébriques planes.
(Commissaires : I\IM. Bertrand, Bonnet, de la Gournerie rapporteur.)
« 1 . La théorie des points singuliers des courbes planes ne date que de
Pliicker, sauf toutefois dans les cas actuellement considérés comme élé-
mentaires. Elle présente encore des lacunes importantes, bien que les tra-
vaux de iM. Cayley et de plusieiu-s autres géomètres l'aient considérablement
étendue. Avant de parler du Mémoire de M. Halphen, nous rappellerons
quelques-uns des résultats qui ont été obtenus.
» M. Cayley appelle branche une partie de courbe qui, dans le voisinage
d'un point multiple pris pour origine, peut être représentée, avec telle
approximation que l'on veut, par luie équation dans laquelle une des coor-
données n'entre qu'à la première puissance. La branche est dite linéaire
ou superlinéaire suivant que les exposants de la seconde coordonnée sont
tous entiers, ou que quelques-uns d'entre eux sont des nombres fraction-
naires. Dans ce dernier cas, l'origine a une multiplicité égale au plus petit
commun dénominateur des exposants, et, pour la solution de diverses
questions, on peut considérer la branche comme composée de branches
partielles qui se rencontrent au point luultiple.
)) Une branche superlinéaire peut toujours être obtenue par la projection
d'une courbe gauche n'ayant que des points simples.
» 2. La proposition fondamentale établie par M.Halphen consiste en ce
que, siparunpoint^a, b) infiniment voisin d'une courbe algébriqueF[x, y) = o
on mène une sécante de direction quelconque, la somme des ordres des segments
infiniment petits compris entre le point {a, b) et la courbe est égale à l'ordre de
F{a,b).
« Ce lemme résulte immédiatement du théorème relatif aux segments
interceptés sur une courbe algébrique par deux droites parallèles, lors
toutefois que la sécante considérée n'est parallèle à aucune asym|)tole.
M. Halphen montre que celte restriction n'est pas nécessaire, parce que,
en introduisant dans l'équation des termes d'un ordre suffisamment élevé,
on peut modifier la direction des branches infinies, en n'apportant à la
partie de la courbe voisine de l'origine que des modifications qui doivent
être négligées dans la question.
» L'auteur déduit immédiatement de ce lemme des conséquences impor-
tantes sur le nombre des points communs soit à une courbe el à une de ses
C. R., i8:â, i"Sem(j(re. (T. LXXX, N» 2.) '3
( 98 )
tangentes en un point multiple, soit à deux courbes dont deux points mul-
tiples coïncident.
» 3. Après avoir établi ces résultats, M. Halphen considère les branches
superlinéaires, et, supposant l'origine placée au point singulier, il montre
que, si l'on attribue à l'une des coordonnées une valeur infiniment petite,
les diverses grandeurs infiniment petites, dont l'autre coordonnée est sus-
ceptible, forment un groupe du genre de ceux que notre confrère M. Pui-
seux a nommés circulaires.
» Par suite de cette circonstance, l'auteur appelle groupes circulaires les
branches superlinéaires, en conservant d'ailleurs l'expression de branches
partielles. Nous emploierons naturellement ce langage, mais celui de
M. Cayley nous paraît préférable, eu égard à la nature foute géométrique
de la question.
» 4. Les deux premiers articles du Mémoire de M. Halphen sont con-
sacrés aux théories que nous venons d'indiquer rapidement. L'article HI
contient une élude très-intéressante des branches partielles qui composent
un groupe circulaire.
» Un tel groupe est un élément géométrique indécomposable, et si on
le divise idéalement en branches partielles, on peut se trouver conduit à
des conclusions en apparence paradoxales. Ainsi la tangente d'un groupe
circulaire possède nécessairement sur la courbe un nombre entier de points
réunis au point singulier; mais, en général, ce nombre n'est pas divisible
par celui des branches partielles, et, par suite, on doit attribuer à chacune
d'elles iHî nombre fractionnaire de points sur la tangente.
» Ce résultat est analogue à celui que l'on obtient dans quelques re-
cherches statistiques, où les moyennes présentent des fractions de certaines
unités qui, de leur natm-e, sont indécomposables.
» Dans un rebroussement ordinaire de première espèce, la tangente ren-
contre la courbe en trois points qui se confondent. M. Cayley, considérant
les deux branches partielles séparément, regarde chacune d'elles comme
possédant un point et demi sur la tangente. D'après M. Halphen, on de-
vrait compter deux points à l'une des branches et un seul à l'autre.
La différence purement idéale résulterait du mode de déplacement par
lequel on conçoit que la droite, d'abord supposée sécante, est devenue
tangente; mais, dans l'étude des relations des branches d'un rebroussement
avec leur tangente, il n'y a aucun motif pour considérer le contact comme
ayant été obtenu par un mode particulier de déplacement d'une droite.
» Du reste, il n'y a dans tout cela qu'une question de langage, car
(99 )
M. Halplieii s'attache à justifier les procédés do calcul que M. Cayley a
employés.
)) 5. L'article IV présente une véritable importance. M. Cayley avait déjà
établi qu'un groupe circulaire a pour corrélatif uti autre groupe circulaire.
M. Halphen obtient de nouveau ce résultat, et de l'équation du deuxième
groupe il déduit des conséquences très-utiles sur la somme des ordres de
contact de la tangente qui, dans la courbe corrélative, correspond à un
point multiple, sur le nombre des inflexions absorbées par un point sin-
gidier, etc. Nous citerons le théorème suivant, qui, pour être établi d'une
manière générale et en toute rigueur, exigeait le développement complet
de la formule du groupe corrélatif d'un groupe circulaire donné :
» Lu somme des ordres des coiitacts de deux courbes en un point est égale à
la même somme pour les courbes corrélatives aux points correspondants.
)) Les notions que M. Halphen emploie le plus sont l'abaissement de classe
dû au groupe circulaire, et le nombre des inflexions effectives qui y sont
contenues. La première de ces quantités correspond au binôme (at? -.- 'i^c)
de Plûcker; la seconde est indiquée par le nombre de points que la déve-
loppée possède sur la droite de l'infini, au point correspondant.
M L'auteur emploie dans l'article IV la méthode du déplacement infini-
ment petit de la courbe dans son plan. A l'article suivant, il retrouve les
mêmes propositions à l'aide des équations de la polaire et de la hessienne,
en ne conservant que les termes qui caractérisent la nature de la partie
infiniment rapprochée de l'origine.
» 6. L'article VI est consacré à l'élude des développées. L'auteur se pose
les questions suivantes : Quels sont les abaissements de degré et de classe
qu'un point singulier produit dans la développée d'une courbe ? Quelle est
la nature des points d'une développée qui correspondent à un point sin-
gulier ?
» M. Halphen établit la condition nécessaire pour que le centre de cour-
bure de la courbe, en un point, soit sur une droite donnée, et obtient ainsi
l'équation d'une nouvelle courbe dont les intersections avec la proposée
correspondent au point où la développée de cette dernière rencontre la
droite.
» La discussion des intersections des deux courbes, pour des positions
déterminées de la droite, permet de résoudre les questions relatives au
degré de la dévelopjjée. Une solution analogue est ensuite_donnéc pour les
questions qui concernent la classe.
» M. Halphen obtient d'abord ce théorème important, que tout point sin-
i3..
( lOO )
f/ulier à dislance finie produit dans la classe de la développée le même abaisse-
ment que dans celle de la courbe.
n Ensuite il établit qu'un point singulier affecte le degré de la développée
d'après des lois différentes, selon qu'aucune des tangentes ne passe par les
points circulaires à l'infini, ou que cette condition n'est pas remplie. Les
deux théorèmes les plus importants sont les suivants :
» Un point singulier à distance finie produit dans le degré de la développée un
abaissement égal cm nombre des points d'injlexion cjuil absorbe, diminué du
nombre des inflexions effectives contenues en ce point dans les branches de la
courbe dont les tangentes ne sont pas isotropes.
n Quand à un point singulier toutes les tangentes sont isotropes, le point est de
la même nature sur la courbe et sur sa développée , c'est-a-dire que dans les
deux courbes les branches partielles sont en nombre égal, et que leurs
contacts avec les tangentes sont des mêmes ordres.
» L'influence que les points singuliers à l'infini ont sur l'ordre et la
classe de la dévelop|)ée est ensuite étudiée dans les différents cas qui
peuvent se présenter, et notamment lorsqu'ils se confondent avec les
points circulaires de Poncelet.
» 7. Dans l'article VII, après une courte étude des développantes,
M. Halphen s'occupe des développées successives d'une même courbe.
Cette partie de son travail en est peut-être la plus originale.
n Les singularités d'une développée correspondent les unes à des points
simples, les autres à des points singuliers de la courbe primitive. L'auteur
montre que les premières disparaissent nécessairement dans la série des
développées, et que les dernières conduisent à un régime régulièrement
progressif de points à l'infini. Il parvient en dernier lieu à ce théorème :
» ^ partir d'un certain rang , les degr'és et les classes des développées suc-
cessives d'une courbe algébrique quelconque forment deux progressions arithmé-
tiques de même raison.
» Cette proposition ne souffre aucune exception; mais il y a des cas,
tels que celui des épicycloïdes algébriques, dans lesquels la raison des
progressions est nulle.
» 8. La méthode employée par M. Halphen dans son Mémoire con-
siste à développer l'équation de la courbe ou ses dérivées (polaire, hes-
sienne, etc.) en conservant seulement les termes qui peuvent avoir de l'in-
fluence sur la question étudiée. Le théorème sur la somme des ordres des
segments (n" 2) donne alors, dans bien des cas, une solution immé-
diate.
( lOI )
» Soiis le rapport analytique, les principales difficultés que l'auteur a
dû résoudre consistent à reconnaître les ordres de grandeur des différents
termes d'un développement dans les diverses hypothèses qui peuvent être
faites, à classer méthodiquement les résultats et à les exprimer par des
formtdes spéciales.
» M. Halphen a montré dans ce travail beaucoup de sagacité, et il a obtenu
des résultats nouveaux dont nous n'avons indiqué que les plus importants.
Il a eu le soin d'appuyer sa marche par de nombreuses vérifications, tantôt
en obtenant les mêmes propositions [)ar des procédés différents, tantôt en
déduisant de ses formules générales divers théorèmes connus.
» En résumé, nous croyons que M. Halphen a notablement éclairci une
question importante et difficile, et nous vous proposons d'ordonner l'in-
sertion de sou iMéinoire au Recueil des Savants étrangers. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ANALYSE. — Mémoire sur l'existence de l'intégrale dans les équations aux déri-
vées partielles contenant un nombre quelconque de fonctions et de variables
indépendantes i par ]M. G. Dauboux.
(Renvoi à la Section de Géométrie. )
« On sait que Cauchy a, le premier, montré dans un Mémoire, publié
en i835, et qui a été réimprimé plus tard dans les Exercices d'Analyse et de
Physique mathématique, que tout système d'équations aux dérivées ordi-
naires admet des intégrales satisfaisant à des conditions initiales détermi-
nées. Plus tard, MM. Briot et Bouquet ont proposé une nouvelle démon-
stration de cet important théorème, et ils ont, dans plusieurs beaux
Mémoires, étendu beaucoup les conséquences et les applications des prin-
cipes qu'ils avaient proposés. Je me propose de montrer ici qu'avec des
modifications convenables leur méthode est encore applicable aux équa-
tions les plus générales aux dérivées partielles, et qu'elle peut ainsi donner
la première démonstration rigoureuse de l'existence de l'intégrale dans de
telles équations. Une démonstration de ce genre me paraissait très-dési-
rable; car, eu dehors du théorème fondamental qu'elle permet d'établir,
l'étude des cas d'exception qu'elle présente ne peut manquer de conduire
à des conséquences importantes. C'est ainsi que, comme je le montrerai
( I02 )
dans un autre travail, on peut obtenir une définition précise des courbes
que Mongc a appelées les caractéristiques.
» Dans le cas où Ion a une seule équation aux dérivées partielles du
premier ordre, on peut donner plusieurs démonstrations différentes de
l'existence de l'intégrale; j'expose ici seulement celle qui peut s'étendre au
cas le plus général. J'admettrai de plus que l'équation aux dérivées par-
tielles ait été débarrassée de la fonction inconnue par la substitution, ici
légitime, de Jacobi ou au moyen de l'artifice qu'a indiqué M. Bertrand.
« Étant donnée l'équation aux dérivées partielles
nous allons démontrer qu'elle admet, sous certaines conditions, une inté-
grale développable en série convergente et qui se réduit, pour t = o,a une
fonction connue / (çn- •• i 7n) tles variables <jf,, q^,..., q,„ qui est finie et
continue dans le voisinage des valeurs q\, q\,.. . , qf^. Si nous remplaçons
qi par qf -\- ç,, la fonction ^ sera supposée finie et continue quand les mo-
dules des nouvelles variables ^, ne dépasseront pas une certaine limite, et
par conséquent elle sera développable en une série ordonnée suivant les
puissances de ces variables.
)) Soient pf la dérivée de/ par rapport à la variable 7,-,/o 1^ valeur de y
pour des valeurs nulles attribuées aux variables qi. Substituons à V, dans
l'équation différentielle, la fonction V définie par la formule
qui donne
nous aurons pour V l'équation différentielle
(2) Yt = ^[p^^P2y-,p,nq^,q'.-,--'q,n f),
où l'on a effacé les accents après la substitution, et la nouvelle fonction V,
pour t — o, devra se réduire à une fonction
? = -y» + /^î 7. ■ • ■ -t- p° 7« +y.
dont la valeiu- et les dérivées premières sont nulles pour des valeurs zéro
des variables y,.
» Cela posé, supposons que la fonction <I> soit finie et continue pour
toutes les valeurs des variables qui y entrent, dont le module ne déjKisse
( io3 )
pas certaines limites [alors la fonction F de l'équation (i) sera finie et con-
tinue dans le voisinage des valeurs pf de />,, qf de ç, et o de t]. La fonc-
tion '!> sera, comme on sait, développable en série convergente, par exemple
tant que les modules des quantités /?,, </,, t ne dépasseront pas les limites
respectives p, /•, t.
» Nous prendrons la limite r du module des variables f/, assez petite
pour que la fonction ç soit développable en série convergente tant que les
modules des variables <jf, sont inférieurs ou égaux à r. Appelons ni la valeur
maximum que prend le module de 9 quand les variables <jf, prennent toutes
les valeurs possibles de module r. Je dis qu'on pourra prendre r assez
petit pour que le rapport - soit inférieur à tout nombre déterminé, à
- par exemple.
P
M En effet , la fonction 9 s'annulant, ainsi que ses dérivées premières,
pour des valeurs nulles des variables 7, , elle est évidemment infiniment
petite du second ordre quand les variables ^, sont infiniment petites du
premier ordre. Le rapport du module maximmn à r tendra donc vers zéro,
et, par conséquent, on peut choisir r assez petit pour que ce rapport de-
vienne plus petit que toute quantité donnée. Nous admettrons donc que r
ait été choisi de telle manière que l'on ait
r
» Effectuons enfin dans l'équation différentielle la substitution
rV
V=— , qi,=z !•(],, t=-.t.
» On obtiendra une équation toute semblable à l'équation (2)
(3) —^ 'i:'{p,,p2,---,p,r,<],',ii^.,--,q,ni),
dans laquelle la fonction M' sera maintenant développable tant que les va-
riables auront des modules inférieurs à l'unité et où V devra se réduire,
pour ^ = o, à une fonction ç égale à l'ancienne multipliée par-, et dont,
par conséquent, le module maximum m sera inférieur à l'unité.
» S'il existe une fonction V satisfaisant à ces conditions, et développable
en série convergente, les coefficients delà série se calculeront sans aucune
difficulté. Il suffira de différentier successivement l'équation (3) en com-
mençant, par exemple, par différentier par rapport aux variables (7,, puis
( io4 )
iiiie fois par rapport k t ot un nombre qnelconqne de fois par rapport aux
variables </,, et ainsi de suite. Il est clair que chacun des coefficients de la
série se présentera comme une fonction des dérivées partielles de M' et de^,
si l'on a soin de substituer dans son expression les coefficients déjà cal-
culés. Toute la difficulté de la question se réduit à prouver que la série
formée avec ces coefficients est convergente.
» Or il est clair qu'on aura lUie limite maximum de tous ces coefficients
si l'on substitue aux fonctions W et o des fonctions dont les dérivées soient
toutes positives et supérieures aux dérivées correspondantes des fonctions V
et (p. Or de telles fonctions peuvent être trouvées. A W on peut substituer
M
M étant le module maximum de *I' on un nombre plus grand, et a, /3, y
étant des nombres supérieurs ou égaux à l'unité. De même à © on peut
substituer
m
(l — <7,)(l — ry,)...(i — 7„)
(rappelons que m est plus petit que l'unité).
» Prenons ici a =^ /3 = y = i. Il est facile de démontrer qu'il existe une
fonction W satisfaisant à l'équation différentielle
:)W M
(4)
it l 3W\ / 3W\
se réduisant pour < — o à , , — y >» et développable en série con-
^ (i— «70--- (« — -7") "^
vergente tant que les variables </,, t na dépassent pas certaines limites.
» La série qui doit développer V ayant des coefficients plus petits que
les termes correspondants de la série qui sert de développement à W, elle
sera convergente. La fonction V a, entre certaines limites, une existence
bien déterminée, et le théorème que nous nous proposions d'établir se
trouve démontré.
» Je remets à un prochain travail l'élude, très-facile d'ailleurs, de la
fonction W.
» Le Mémoire que je soumets à l'Acndéniie contient, en outre, l'étude
des systèmes les |)lus généraux d'équations aux dérivées partielles d'un
ordre quelconque. »
( 'o5 )
ÉLECTROCrilMlE. — Action de l'oxygène électrolylique sur l'alcool viiiique.
Note de M. A. Renaud.
(Commissaires: MM. Cahoiirs, Berthelot.)
« Lorsqu'on soumet l'alcool vinique, additionné d'environ 5 pour loo
d'eau acidulée d'un (juart d'acide sulfurique, à l'action d'un courant élec-
trique produit par quatre ou cinq éléments do Runsen, on observe un
abondant dégagement de gaz hydrogène au pôle négatif, tandis qu'au pôle
positif aucun gMZ ne se dégage, tout l'oxygène étant absorbé j)our oxyder
l'alcool.
» Après quarante-huit heures, en opérant sur environ loo centimètres
cubes du mélange d'alcool et d'eau acidulée, on arrête l'expérience. Le
liquide a pris une légère teinte ambrée; on le distille, il commence à bouillir
à 42 ou 43 degrés, puis son point d'ébullition s'élève jusqu'à 80 degrés.
» Le produit distillé, traité par du chlorure de calcium, laisse surnager
un liquide doué d'une forte odeiu-, dont on augmente la proportion en
ajoutant de l'eau au mélange salin. Ce liquide sursaturé de chlorure de
calcium et soumis à des distillations fractionnées fournit du formiate d'é-
thyle, mélangé d'aldéhyde, et une grande quantité d'acétate d'éthyle; mais,
outre ces différents produits, il se forme encore de l'acétal et un corps nou-
veau du monoéthylale d'éihylidène. Ces deux composés, malgré leur point
d'ébullition élevé, 88 à 90 degrés et io4 degrés, se trouvent cependant
dans les premiers produits de la distillation, à cause de leur faible propor-
tion dans le mélange.
» Pour les isoler, on fait bouillir avec une solution concentrée de potasse
caustique, dans lui ballon muni d'un réfrigérant ascendant, les portions
bouillant de 43 à 60 degrés, afin de décomposer les éthers; le liquide brunit
fortement, par suite de la formation de la résine il'aldéhyde; on le distille,
on sursature le produit distillé de chlorure de calcium, et on le rectifie de
nouveau. Le produit obtenu, additionné d'une petite quantité d'eau et de
chlorure de calcium, laisse alors surnager une huile légère que l'on n'a plus
qu'à dessécher sur du carbonate de potasse. Par la distillation, elle fournit
deux produits, l'un bouillant entre 88 et 90 degrés, puis, vers la fin et en
petite quantité, de l'acétal bouillant à io4 degrés.
n Le produit bouillant à 88-90 degrés, soumis à l'analyse, a donné :
La formulée H" O'exice
C 53,4 52,5 52,7 53,3
H 11,2 10)9 11,0 11,"
G. K , 18-.), i" StHitilre. (T. LXXX, N" 2.) '4
( io6 )
» Il est lin peu soluble dans l'eau ; le carbonate de potasse et le chlorure
de calcium le séparent de sa solution.
» Les alcalis aqueux sont sans action sur lui. Il bout à 88 ou 90 degrés.
i> Soumis à l'action des corps oxydants, acide chromique ou oxygène
éleclrolytique, il se transforme en acide acétique. Une molécule de ce
corps donne, par l'oxydation, sensiblement 1 molécules d'acide acétique.
» Ces différentes réactions peuvent faire considérer ce nouveau produit
comme de l'acétal ou diéthylate d'éthylidéne C-H\ dans lequel C-II''
est remplacé par H, ce qui donne alors pour la formule du nouveau com-
C'II'O)
posé C-H% c'est-à-dire du mono-éthylate d'éthylidéne.
» Le résidu de la distillation de l'alcool vinique oxydé renferme de
l'acide éthyisulfurique. Pour ra'assurer si la production de cet acide éthyl-
sulturique était due à l'oxydation, j'ai fait un mélange en parties égales d'al-
cool à 80 degrés et d'eau acidulée au dixième d'acide sulfurique. La moitié
seulement de ce mélange a été soumise à l'électrolyse, en ayant soin d'opé-
rer dans de la glace, afin d'éviter toute élévation de température.
» La portion non oxydée, saturée par du carbonate de chaux, puis fil-
trée et évaporée, n'a pas donné de résidu, comme on devait du reste s'y
attendre, tandis qu'au contraire la portion oxydée a fourni un abondant
dépôt d'éthylsulfate de calcium, renfermant i3,9 pour 100 de calcium; la
théorie exige 13,79 PO"f 'oo.
» J ai pu, en outre, constater que plus de la moitié, 60 pour 100 envi-
ron, de l'acide sulfurique employé avait été dans ces conditions transfor-
mée en acide éthyisulfurique par l'oxydation.
» Pour expliquer cette formation de l'acide éthyisulfurique, on peut ad-
mettre que l'oxygène naissant, se portant sur l'hydrogène typique de
l'alcool, le décompose, en mettant le radical C'H' et l'oxygène de l'alcool
en liberté. Le radical C'H^ agissant ensuite sur l'acide sulfurique produit
alors l'acide éthyisulfurique. Il en résulte ainsi que cette formation d'acide
éthyisulfurique, quoique ayant lieu sous une influence oxydante, s'effectue
sans absorption d'oxygène.
2 (^'"' j O^ + O = 2 C= H= -4- 11=0 -4- 0\
.c.m.o=^.(so.p = .(so.|-;-)+..o + o..,
( >«7 )
PHYSIQUE DU GLORE. — Sur les seiclics du lac Léman, Note de M. F. -A. Forel.
(Commissaires : MM. Boiissingaiilt , Cli, Sainte-Claire-Deville,
H. Maiigon.)
« Les seiches du lac Léman, étudiées au commeucemciit de notre siècle
par J. Vauclier, de Genève, ont été jusqu'à présent considérées comme
étant « un phénomène accidentel, consistant en un mouvement alternatif
et répété d'élévation et d'abaissement du niveau du lac ». Des recherches
nouvelles m'ont prouvé que le phénomène n'est point accidentel et rare,
mais tellement fréquent qu'il peut être considéré comme constant; qu'il
n'est point spécial à notre lac, mais qu'il est conunun à tous les bassins
d'eau, à ceux du moins qui sont fermés ; enfin qu'il est soumis à des lois
déterminées.
M I. — J'appelle seiche la vague d'oscïllation 6xe (vague de balancement)
déterminée suivant l'im des diamèties d'un lac par une cause extérieure.
Cette cause peut être : ou bien la secousse d'un tremblement de terre, ou
bien un changement local de pression barométrique, ou bien l'action du
vent (sur les très-petits lacs).
» J'appelle seiche lomjiludinale la seiche oscillant suivant le grand dia-
mètre du lac ; seiche transversale la seiche oscillant suivant le petit diamètre.
Les seiches obliques n'existent pas.
Il J'appelle seiche ascendante et seiche descendante la demi-vague pendant
laquelle le niveau de l'eau monte ou descend.
» IL— J'étudie le rhjthme des seiches à l'aide d'un appareil très-sensible,
que i'appcWe ptémyramètre [de TTÀri/ujfa., m;irce). Il consiste en un siphon
de caoutchouc et de verre, qui met en communication l'eau du lac avec
l'eau d'un bassin enfoncé dans la grève. Un flotteur indique la direction
des courants d'entrée vers le bassin, lorsque l'eau du lac s'élève ; de sortie
du bassin, lorsque l'eau du lac s'abaisse.
» La longueur du tube du siphon doit être assez grande (3 mètres
dans mon appareil) pour que l'action rapide des vagues du vent soit an-
nulée par les frottements, mais que l'action plus lente du changement de
niveau des seiches se traduise par un déplacement suffisant du flotteur.
La sensibilité de l'instrument peut être augmentée à volonté, en agrandis-
sant la surface du bassin (925 centimètres carres dans mon plémyramètre),
ou en diminuant la section du siphon (7 millimètres de diamètre).
» III. — Toutes les fois que j'ai mis en observation cet appareil, j'ai
constaté l'existence d'un mouvement rhvthmique d'élévation et d'abaisse-
14..
{ 'o« )
ment du niveau du lac. Je donnerai une idée de ce rhythme en indiquant
la durée des sciclies (transversales) du lac Léman, mesurées à IMorges. Sur
i/|i demi-seiciies (seiclies ascendantes et seiches descendantes), j'en ai
constalé :
4 dont la durée était inférieure à. loo secondes.
in » entre loo el 200 »
46 " entre 200 et 3oo ■■
3g " entre 3oo et 4oo »
20 i> entre 4°° ^' 5oo «
■j " entre 5oo et 600 «
6 » supérieure à j 600 >■
Durée moyenne de la demi -seiche, 3i5 secondes.
Durée moyenne de la seiche transversale du Léman, à Morges, G3o secondes.
» IV. — L'amplitude de la seiche, autrement dit la dénivellation de
l'eau entre le maximimi de hauteur à la fin de la seiche ascendante et le
minimum à la fin de la seiche descendante est fort variable. Dans des sei-
ches exceptionnelles, cette amplitude peut être fort grande; ainsi, la seiche
du 3 octobre 1841 montra, à Genève, une dénivellation supérieure à 2™, 1 5.
D'ordinaire, et dans les localités moins favorablement situées que Genève
(à l'extrémité d'un long entonnoir), l'amplitude est très-faible, quelques
centimètres, quelques millimètres, souvent même quelques fractions de
millimètre. Mais, quelle que soit l'amplitude, le mouvement est toujours
rhythuiique, et le rhythme est déterminé par la situation de la localité où
se fait l'observation.
» V. — La durée de la seiche longitudinale du lac Léman, mesurée à
l'extrémité orientale du lac, 1982 secondes, est différente et plus grande
que celle de la seiche, 63o secondes.
» VL — La durée de la seiche longitudinale de lacs différents est fonction
de la longueur de ces lacs. Je le prouverai par les moyennes suivantes,
tirées d'observations directes laites dans quelques lacs suisses :
Nombre Durée moyenne
Longueur Profi)nJeur de donii-seichcs de la seiche cnlièro,
Lues. en kilomùtres. en métros. observées. en secomles.
DeBret ,,, ,6 14 180
De Joux c),o 25 24 G()2
De Morat 9,2 48 17 672
De Brienz i3,^ 261 16 Sgo
De AValknsiadi. . . . i5,5 i8o 10 871
De Thun 17,5 217 i5 1116
DeNeuchatcl 38,2 i35 19 2824
De Constance (vj.S aSô 5 35>)4
( '09 )
» Je ne fais pas entrer dans cette série la seiche longiliulinalo du lac
Léman. I-a forme de ce bassin est trop irrégnlière pour que des vagues de
balancement puissent s'établir normalement suivant toute la longueur de
son grand axe et osciller avec assez de régularité.
„ Yii, _ La plus grande largeur du lac Léniau étant de i3'"",8, la duiée
de ses seiches transversales, de 63o secondes, doit entrer dans la série des
seiches entre les lacs de Brienz et de Wallenstadt.
» VIII. — Lei seiches longitudinales et les seiches transversales existant
les unes et les autres constamment dans un même lac, les deux oscillations
de balancement se croisent. Il m'est arrivé parfois de constater, à l'aide
du plémyramètre, l'existence simultanée dans la même station de ces deux
seiches, le mouvement rh) thmique de l'une brodant sur celui de l'autre.
» IX. — Deux plémyramètres observés en même temps aux deux extré-
mités du lac do Ncuchalel m'ont montré qu'il y a seiche ascendante à l'un
des bouts du lac, tandis qu'à l'autre bout la seiche est descendante (seiche
longitudinale).
» X. — Des observations analogues faites à la fois à Evian et à Morges
m'ont montré que, dans la seiche transversale du lac Léman, il y a aussi
alternance et simultanéité dans les mouvements aux doux extrémités du petit
diamètre du lac.
)) XI. — Ces deux expériences justifient ma définition de la seiche :
« une vague d'oscillation fixe dans la forme de l'oscillation de balance-
» ment ». Elles m'autorisent à appliquer à l'étude des seiches les lois de
l'oscillation de balancement, déterminées pnv l'étude dans un petit l)assin
à expériences, à savoir :
» Première loi. — La durée de la vague augmente avec la longuem- du
bassin.
» Deuxième loi. — Au-dessous d'une certaine profondeur relative, et
jusqu'à cette limite, la durée de la vague diminue à mesure que la profon-
deur augmente.
» Troisième loi. — Cette limite, à laquelle la durée de la vague cesse
d'être influencée par la profondeur de l'eau, est d'autant plus vite atteinte
que le bassin est moins long. »
M. MARTii.v-BECKEn adrcssc une Note complémentaire sur l'other et l'ori-
gine de la matière.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Fizeau, de Saint- Venant,
Berlhelot.)
( iio)
M. II. DE Kerikcff adresse une Note rectificative A sa précédente Com-
munication sur la vitesse de la lumière et la parallaxe du Soleil.
(Renvoi à la Section d'Astronomie.)
M. PocPELïx adresse une Note relative à un système d'avertisseurs élec-
triques, destinés à prévenir les rencontres de deux trains cheminant sur une
voie ferrée.
(Renvoi à l'examen de M. Tresca.)
M. E. Laporte adresse une Note relative à quelques méthodes pro-
baliles de Fermât : il joint à cet envoi des spécimens de solides destinés à
représenter des puissances supérieures à la troisième.
(Commissaires : MM. O. Bonnet, Puiseux.)
M. W. de Maximovitch soumet au jugement de l'Académie un Mémoire
portant pour titre : « Réductions des équations aux dérivées partielles à des
équations différentielles ordinaires ».
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de l'Instruction publiqite, des Cultes et des Reaux-
Arts invite l'Académie à lui présenter une liste de candidats pour la
chaire d'Histoire naturelle des corps inorganiques, laissée vacante au Col-
lège de France par la mort de M. Elle de Beaumont.
(Renvoi à la Section de Minéralogie et Géologie.)
M. I'Inspecteur général de la Navigation adresse les états des crues et
diminutions de la Seine, observées chaque jour au pont Royal et au pont
de la Tournelle pendant l'année 187/1.
MM. Gerbe, A. Gaudin, E. Jungfleisch, Graeff, Ricq, R. Renault,
G. Ralbiani, a. Netter, Péan, Mayençon et Rergeret, J, Chatin, Mann-
iieim, a. Girard adressent des rcmercîmcnts à l'Académie |)our les distinc-
tions dont leurs travaux ont été l'objet dans la dernière séance publique.
MM. S. Cuantran, a. Rraciiet adressent des Notes relatives aux titres
( •■< )
qu'ils pensent pouvoir faire valoir pour les récompenses décernées annuel-
lement par l'Académie.
M. E. Flaqi'ei; adresse, do Barcelone, une Lettre relative à des cahieis
contenant les observations et les calculs effectués par la Commission fran-
çaise pour la mesure de l'arc du méridien compris entre Barcelone et les
îles Baléares.
(Commissaires : MM. Liouville, Paye, Lœwy.)
M. Lemonnier communique les théorèmes suivants :
(1 Théorème I. — Les deux équations enlièrcs en x
Fx = Aa'"-i-... = o, fx ~ nx" + ...=^o
ont p racines communes, sans en avoir davantage, lorsque les équations
Yx = o, fx = o,
xY X = o, .rfx = o,
x"-P¥x = o, .i"'-Pfx = o
étant ordonnées, les déterminants formés des coefficients de x^, x'"'^' ,
x'"^"~P, en y joignant tour à tour ceux de chacune des autres puissances
de X, ceux de a ''',..., x, j:", sont nuls séparément, et que de plus, après
avoir écarté l'une des équations, on a pour les coefficients de x'',..., x'"^"^p
un déterminant qui n'est pas nul.
» D'après quoi, ce déterminant d'ordre m + n — ap 4- f , qui n'est pas
lud, et les déterminants qu'on en déduit en y remplaçant tour à tour les
coefficients de x^ par ceux de x''~\ x^'-^...^ x, x°, sont les coefficients
du plus grand commun diviseur de Fx et dejx, ce qui en fait une expres-
sion générale, quand le degré p en est connu.
» Théorème II. — Au cas de m = ?i, si l'on prend les m — p -+- 1 équa-
tions
(0
A A,.r"-'-|-...H- A„
f7 «, X"-' -t- . . . -1- «„
Ax + A, A,x"-=-|-. ..H- A„,
UX -+- II, flj.tf -''-+- ...*+- t7,„
. . . ,
' + .
. .4-A,
ii.i"-i'-h ... 4- ii„_i, ii„,~p-t.< xP-
. . -t- «.
( M2 )
et qu'on les ordonne, les équations F.r = o, Jx = o ont p racines com-
munes, sans en avoir davantage, lorsque les (h'terminauls formés des coef-
ficients dcx'', a'""',..., .r'"', dans ces équations (i), en y joignant tour à
tour ceux de x''~', x^'-^ . , jr, x", sont nuls, et que, de plus, le détermi-
nant formé des coefficients de x'',..., x'" ' dans m — p des équations (i)
n'est pas nul.
» L'élimination de x''*\.. , x'""' entre ces dernières équations donne
l'équation aux racines communes ; de sorte que, si l'on remplace tour à tour
dans le déterminant considéré, qui n'est pas nul, la coloiuie des coefficients
do x'' par celles des coefficients de x''~\ x'''-,. ., .r, x", on a, avec ce dé-
terminant, les coefficients de x'',..., a" dans le plus grand commun divi-
seur de Fx et àefx.
» Au cas de ni > h, les m — /) -H i équations sont à la place du sys-
tème (i)
yx = o, xjx = o...., x"'~"'^'fx = o,
A X"-" -h ... -1- A™_„ A„_„+, ar"- -H . . . -H A„
A.3:"'-P+ ...-+- A„^„ A„,^„+, .rP-' -h . .
ANALYSE. — Sur la rcclification des ovales de Descnrles.
Note de M. A. Genocchi, présentée par M. Chasles.
(( M. Chasles, dans son Rapport sur les progrès de la Géométrie (*),
en rendant compte d'un beau Mémoire de M. Mannheim, a fait men-
tion de celte proposition sur les ovales de Descartes, que !« deux arcs,
I) compris chacun entre deux rayons issus d'iui foyer, ont leur différence
» égale à un arc d'ellipse », théorème démontré antérieurement ])ar
M. W. Iloberts. Ces deux éminents géomètres insistaient sur la circonslance,
que les arcs des ovales de Descartes dépendent en général de transcen-
dantes compliquées, intégrales d'un ordre élevé; et, en effet, cette circon
slance paraissait établir une analogie marquée entre leurs théorèmes et le
théorème de Fagnano, sur les arcs d'ellipse dont la différence est recli-
fiable. Je crois ilonc qu'il y a un certain intérêt à montrer qu'iuie telle ana-
logie n'existe pas, puisque tout arc d'une ovale de Descartes se réduit à lu
somme de trois arcs d'ellipse. Je vais résumer les transformations qui auu-
; * ) Page 298.
( "-^ )
nent ce lésiillal (lue j'eiivisiigc siint)lem<'nt coiiiiuc un j<iil de (al<iil, en lais-
sant à d'autres la recherche plus clillicilc d une explication géoinétri{|ue on
philosophiiiue. Dans celte propriété des ovales, les trois foyers, qniont été
indicjués poiu' la première fois par M. Chastes, jonent ini rôle, car les am-
plitudes de trois arcs d'ellipse se délerniinent au moyen des angles formés
avec l'axe de la couibe par les rayons issus de ces foyers.'
» Soit, en coordonnées polaires (/■, ce), l'équation d'un cercle fixe
;•'- + 2ar cos a + «- = h'- ;
l'envelupije d'un cercle mobile ayant son centre sur la circonférence du
cercle fixe et son rayon proporlionnel à la dislance du centre au |)ôle sera
une ovale de Descartes, représentée en coordonnées polaires {p, w) par une
équation de la forme
p- + 'ip (a cos w -^ l)) ■= c,
où
b = /ih, c = (i — //-) (/^^ — a-),
n étant un lappurt constant.
» Cette équittion donnera
p + rtcos fx, -i- h =z y/c + (rt cos w -f- /;)'%
tlù'' j „ a- -h b' -{-c -h 7. a b cos a , ,
p' c + [a cos u -\- oj'
et pnr suite, en nommant s l'arc indéfini de l'ovale et faisant
dV ^ ,-. j
—- = \ rr + l>- ->,- c -{- 2 au cos w ■>
rtw
on aura
<IV , .V / /a'-hb' +c-{-2.abcoS',A
-y- = (aCOSM -h b)\/ — —y- 1
ds =: du - dY.
pz' 2 (n'a-\-b\- ,■ + («+/»)
M Soit posé
cos <j) = — — = — -1 ir = I — J ] = — -^ ;-- 5
l4-yjz' ' \n-a—bj r -h ( « — bf
la constante p pourra être censée positive et plus grande que l'unité, puis-
qu'on peut rendre a et h de même signe en remplaçant, s'il le faut, o) par
n — oj. Posant aussi
1 c ~ n^ ->r b^
' i> c H- [Il — 6 / '
C.B., iS'iO, i" 5t"iti«r<:. (T. LNXX. M- 2.) *5
on liDiiveni
^/V = 2
i ii4
n -\- b — [n — b)fiz'-
V^(i +pz
-3111 Ji p-h^' \,
et après, en fais;ii:t
on pourra mettre le résultat sous la forme suivaiile :
2r/V=-
{fi -h b] /> — {ri — b) ('J + i)/> +(n — A)] r/l
znijr — I )
/' — '
\lt+ 1
"'\
v/ïT'
L \ ' - 2 \'
V'T'T'
» Maintenant il est facile d'exprimer V aussi bien que U par des arcs
d'ellipse, ce qui donnera s\ car en faisant
V< - ■>.
-î-^r-rol'y, k'- — -r\'- ,
il vient
[_.
-¥b)p — \a~b)
a Ip^ — I ) ^ ,
ih\J \ — k'- sin' ?''■''?'■
et en faisant
il vieni
V7' ' l'X/' — '
L 2v/Tr ' Vri'Jv' + a
= 3/; \/i — A"- sur'; ^~ ~ - ^ ^ -,
V^i — /"')sin>"
après quoi il siifdt d'appliquer le llièorcnic de Landen. On fera
SU) (ai/'— ç.') ;= A'^illo', siii(jtCl"-- '/') = /i"sin9",
( ■■5 )
el l'on trouver;!
V = - /, bk' sii) 9' + \J-^^ ( V^ A^' ~ ^"^'"' ^'''^'
» Quant à la fonction O, en faisant
/; 1 + /( ^ '
on aura
U = /,/. v/irzi fv'' - >^' -^i"' 5 ^/9 ;
et enfin
i = U- V.
» Dans cette expression fignront les arcs de trois ellipses, dont les dcmi-
■?. h
axes beront nb[i ± k'), 2b[\ ± k"), '—[i±k), savoir
; / ^ '\ ! -4- A\ ■i{n''a± b)
qu'on pourra vérifier être égaux aux six segments déterminés sur l'axe de
l'ovale par les branches de celte courbe. On tirera, en outre, des relations
précédentes les tlcux suivantes :
sin «(A-* + C0S2Ô') = sin2Ô' ( - A'- + coswj ,
sinco(A"+ C0S2Ô") = sin af/" ( - A"- + cosœ j ,
qui montreront que les amplitudes 0, 0\ 0" de ces trois arcs d'ellipse sont
la moitié d'angles formés avec l'axe de l'ovale par les rayons radiants issus
de ses trois foyers.
» A l'aide du théorème de Fagnano, et eu désignant par E(6), E'(5'),
E"((/") les trois intégrales comprises dans l'expression de s, on pourra rem-
placer les amplitudes 0, 5', 0" par d'autIe^ ]/, 6', ^", de manière que la va-
leur de s prendra la forme plus simple
s= 2i/^(n- A)E(^)+ 2ft(. + A')E'(f)+ 2/;(i + A")E"(f').
et sera par conséquent la somme (algrliriquc) de trois arcs d'ellipse. »
i5..
( mG )
ci':OMl';Tnii:. — rmpni!l('-s rclaliues à In cniirhiirc de la dducloppée
d\inc smjacc (fuch oiupie ; par M. Ualpiien.
« Sur une surface quelconque, les points peuvent être associés par cou-
ple?, m, a, de telle sorte que la droite miJ. lui soit tangente en ces deux
points. A l'égard de pareils couples, la développée d'une surface quelconque
(lieu des centres de courbure principaux) jouit d'une propriété caractéris-
tique, qui consiste, on le sait, dans la perpendicularité de ses plans tan-
gents eu m et p.. Cette propriété se traduit analytiquenient par luie relation
outre deux points associés, et cette relation contient les dérivées partielles
du premier ordre. On eu peut aisément conclure l'existence de deux rela-
tions contenant les dérivées du second ordre, de trois relations conte-
nant les dérivées du troisième ordre, et ainsi de suite. Ainsi, relativement
à la courbure d'une développée, il existe deux relations entre les points
associés. Ces relations ont été trouvées par M. JManuheim (*), qui les a
déduites de considérations géométriques. J'en donne ici une démonstration
analytique, dont le point de départ est dans les considérations précé-
dentes.
» Soient m, p. deux points associés stu" une développée, dont je dési-
gnerai par (m) et [p.] les nappes. Soient mz et p.'Ç les normales en m et p.
Je plate l'origine des coordonnées en un point O de iiip.. Je désigne cette
droite par OB, et je la prends pour axe de coordonnées, ainsi que des pa-
ralléjes OA, OC à mz et p.^. Par hypothèse, ces coordonnées sont rectan-
gulaires. Les points m et p. sont déterminés par leurs distances b, p au
point O. Soient x, j, z les coordonnées d'un point m' par rapport à des
axes parallèles menés par m, les coordonnées j, z étant prises suivant w/j.
et inz. Les coordonnées de m', par rapport aux axes d'origine O, sont?,
j- -+- b, x, suivant OA, OB, OC.
» Soient, de même, B,, vj, Ç les coordonnées d'un point p.' par rapport
à des axes parallèles menés par p.; vj et 'Ç étant prises suivant put et p.i^.
Les coordonnées du même point, par rap|)ort aux axes d'origine O, sont
?. ^ + |3, Ç, suivant OA, OB, OC.
» Je désigne, suivant l'usage, pai- /), </. '', S ^ 't^s dérivées partielles
■^i-- relatives à la nap])e [m), et par 1rs lettres grecques correspondantes
(') Conijilc.s niiilits, I. I.XXIX, p. i3?.!S.
( >>7)
lu
les dérivées pnriielles --■>••• rehilives à la nappe {a). Je représente, en
oiilre, ponr abréger, par l la distance [h — ft) des points m et a.
» J'écris d'abord que les points m', p.' sont associés, c'vs\--a-i\\vo. que la
droite m' ij.' est tangente à la surface en ces deux points. J'ai aiiisi :
(•)
§ - z = /J (Ç - x) + q (■/; - J- l),
a: - Ç = 71 (z - ^ ) 4- X (;• - ■/; -t- /).
J'écris ensuite que les plans tangents en ui' et /x' sont rectangulaires :
(-) p + n- r//^ = G.
» C'est en difïérentiant ces équations qu'on obtiendra les relations cher-
chées. Pour y jjarvenir rapidenieiif, il suffit d'observer qu'aux points m, [x
les coordonnées et les dérivées du premier ordre sont nidios. Par suite,
pour notre objet, les équations (i) et (a) peuvent être réduites à
? = - 7^ ^' = X'^ p + n = o,
qui, difiérentiées, donnent
i (i^ -f- l{sdx + t(lj) = o,
(3) dx-l{Qdl_ -hzdT.) = 0,
( rdx + sdy -+- pd^ + a df] — o.
» Ayant deux variables indépendantes, je peux, pour obtenir une rela-
tion, annuler inie différentielle, par exeujpie d^. Faisant donc de = o, je
déduis aisément des équations (3)
(4) h[it - S-) -h ta= o.
» Sendjlablement, faisant dx = o, j'obtiens
(5) /«(|0T - C7-) — X5 = 0.
» Les équations (4) et (5) sont les étpiations cherchées. Si l'on veut y
introduire, au lieu des dérivées partielles, les rayons de courbure princi-
paux en m et [x, on y parviendra comme il suit.
« Soient r,, r, ces rayons de courbure en m, et a l'angle que fait avec
inij. le pian de la .section dont le rayon est /■, . On a
cos'rt sin'fi siii y.a f i i \ ., i
t = h » S = 1 ], rt ~ s- =^
r, r, 2 \i; r, / /■, /,
» Soient de même o,, p., et a les quantités analogues et relatives au
point (JL. On aura des équations analogues. Les relations (/j) et (5) se chan-
{ m8 )
geront en
/, sin'rt -+- 'j cos'« sin?«, , '•' /
p, sin'a -)- p, cos'a it ^ ^ '' sinaz^'' ^-'''
d'où l'on peut déduire
4/* + siii2<7 sin2«(/', — Ta) (p, — P2) = o-
» Ce sont précisément les équations de M, Mannlieim.
» Connue conséquence de ce calcul, je signalerai le cas où l'on a
Il ~ s'^=z o.
La formule (4) montre que a s'évanouit. Donc le plan BOC détermine une
section principale en /x dans la nappe (p.). Or ce plan est aussi celui d'une
section principale pour une surface dont la proposée est la développée.
D'ailleurs, l'équation rt — i^ = o caractérise un point parabolitjue. On
peut donc dire :
» Soil m un point parabolique de la déveloj)])ce d'une surface S. Le plan de la
section principale de S, dont le centre de courbure est au point associé fx, est aussi
celui d'une section principale de la développée en p..
» La réciproque est exacte. Ce cas est celui dans lequel le plan osculaleur
d'une des lignes de courbure de S est normal à cette surface. »
PHYSIQUE. ~ Sur la lumière stratifiée. Note de M. Neybeneuf,
présentée par M. du Moncel.
« J'ai démontré [Comptes rendus, t. LXXVIII, p. 95o) qu'une colonne
cylindrique de gaz, soumise, à ses deux extrémités, aux actions inverses
des fluides positif et négatif, est animée d'un mouvement vibratoire. Los
cho.ses doivent se passer de la même façon pour un tube de Geisslcr, et la
succession rapide d'interversions de signe, dans les cas où l'on se sert
d'une machine d'induction, doit favoriser l'établissement d'un régime ré-
gidier. De là, sans doule, la régularité et la fixité des apparences. Je re-
viendrai bientôt, avec détails, sur tous ces points dans un Mémoire que
j'aurai l'honneur de soumettre à l'Académie. Je veux, dans cette Note,
montrer qu'un régime régulier d'oscillations n'est nullement incompatible
avec la propagation d'un flux rapide de chaleur et de lumière, susceptible
d'actions mécaniques énergiques.
» La combustion d'un mélangedétonant, placé dans un lube cylindrique,
s'effectue dans les conditions que nous venons il'inditpiei', et si les couches
successives peuvent recevoir un mouvement vibratoire régulier de la com-
binaison des premières portions du mélange, il est clair que la flamme, ani-
( "9 )
ince d'un mouvement de va-et-vieni, chauffera plus longtemps cert.iines par-
ties du lul)e ([lie d'aiilres. Si l'on a oj)éré avec un mélange d'oxygène et
d'hydrogène, la vapeur d'eau formée se condensera de préférence sur ces
dernières et permettra ainsi de constater que, malgré la violence du choc,
la flamme vibre, en se propngeant, suivant la longueur du tube. La réus-
site de l'expérience a été complèle.
» Je n'ai point l'intention d'entrer ici dans le détail des recherches aux-
quelles j'ai dii me livrer; j'indiquerai seulement les circonstances dans les-
quelles on obtient les résultats les plus nets et les plus beaux.
s 1° Répétons l'expérience classique du transvasement de l'hydrogène
d'une éprouvette dans une autre, en ayant soin' que cette dernière soit bien
sèche; laissons les deux éprouvettes en présence pendant cinq minutes, et
approchons horizontalement l'éprouvette supérieure de la flamme d'une
bougie. La détonation ordinaire se produira, et, eu considérant immédiate-
ment les parois de l'éprouvette, on les trouvera tapissées de stries très-nettes.
L'aspect est fort beau avec une épouvette de 3 centimètres de diamètre et
de 2o centimètres de hauteur; il rappelle celui d'une plaque vibrante, avec
plus de régularité dans la production des lignes nodales secondaires, légè-
rement inclinées sur l'axe du tube.
)) 2° Avec des tubes de petit diamètre, le transvasement ne réussit pas
bien; mais, si l'on graisse la surface interne de ces tubes avec une légère
couche de paraffine, on pourra les remplir sur la cuve à eau avec des mé-
langes faits à l'avance et obtenir des apparences très-complètes. Les lignes
nodales sont perpendiculaires à l'axe du tube quand son diamètre ne dé-
passe pas I', 5.
M Les apparences observées dans le premier cas persistent plusieurs
heures, et peuvent réapparaître, même le lendemain, en insufflant l'haleine;
celles que l'on produit dans le second c.is persistent plus longtemps. J'ai
pu, au moyen d'un vernis approprié, dessiner sur la surface extérieure les
parties principales et arriver à certains résultats qu'il serait peut-èti'e pré-
maturé d'indiquer ici, tant sur l'influence des dimensions de l'éprouvette
que sur celles de la composition du gaz détonant.
» Je puis cependant indiquer dès maintenant que, lorsque le mélange
d'oxygène et d'hydrogène est fait dans les proportions qui constituent
l'eau, on obtient des effets incertains et tardifs : ici la propagation de la
combustion est trop rapide, le choc est trop violent; ou sait ipie les strati-
fications de la lumière électrique ne se produisent avec l'électricité ordi-
naire (pie lorsqu'on emploie de faibles décharges, »
( lao )
ciilMin: ORGANIQUE. — Sur le pouvoir rolaloire spécifique de la mniuiite.
Note do M. G. Boih:iiahdat, présentée par M. Berthelot.
« On sait que les divers éthers de la mannile possèdent tous la propriété
de dévier le plan de polarisation. M. Loir a le premier observé ce phéno-
mène avec la mannite hexanilriquc. J'ai, depuis, constaté que tous les dérivés
de la mannite que j'ai pu examiner possédaient des pouvoirs rotatoires
spécifiques de grandeur très-variables, tantôt dextrogyres, tantôt lévo-
gyres. Cependant M. Loir n'avait pu tiouver de pouvoir rotaloire aux
solutions de la mannite qui fournit toutes ces substances actives, et j'étais
arrivé moi-même à un résultat semblable, en examinant dans les condi-
tions habituelles de l'expérience des mannites de provenances Irés-diverses.
Il semblait que l'on pût admettre que la mannile est une substance inac-
tive par elle-même, mais qui acquiert le pouvoir rotaloire par le t'ait de la
combinaison avec les acides ou par la déshydratation.
» Cependant, dans ces derniers temps, dans la séance du 17 novembre
1873, M. Pasteur annonça à l'.Académie des Sciences que M. Yignon avait
observé l'apparition du pouvoir rotaloire dans les solutions de mannite,
quand on les mélangeait avec des dissolutions d'acide borique ou de bibo-
rale de soude.
» En comparant ce phénomène à la variation considérable de rotation
que l'acide borique manifeste dans les solutions d'acide tarlrique, M. Vi-
gnon avait conclu que la mannite devait posséder le pouvoir rotaloire, et
en applitjuant aux données de ses expériences la formule empirique donnée
par Biot, pour déterminer le pouvoir rolatoire de l'acide tartrique dans
des solutions renfermant à la fois de l'acide borique et de l'acide tarlrique,
il en avait déduit, pour le cas limite p = o, lui pouvoir rolatoire de la
mannile pure, positif et égal à -f- o°,8255, pour des solutions renfermant
o,i3 de mannite dans l'unité de poids de la solution.
» Dans la même séance de l'Académie, M. Pasteur annonça, sans donner
aucun détail, que M. lïichat était arrivé à un résultat analogue, en consta-
tant que la mannile en solution, examinée sous une épaisseur de 4 mètres,
imprime au plan de polarisation une déviation sensible dont il n'indique
pas le sens. Aucun aulr« renseignement n'a été donné depuis sur celte
expérience.
( -s. )
» J'ai pensé qu'il était intéressant de reprendre ces expériences. Pour
cela, j'ai commencé par m'assurer que l'étude des mélanges de solutions
(l(- biboratede soude et de mannite était impropre à décider la question,
à savoir si la mannite a réellemont ie pouvoir rotatoire.il se forme, en effet,
de véritables combinaisons dans lesquelles les propriétés du borax et celles
de la mannite sont complètement dissimulées. C'est ainsi qu'un mélange à
équivalents égaux des deux cor|)s reste soluble en toutes proportions dans
l'eau. Cette dissolution ne précipite pas par l'addition d'un sel soluble de
. chaux ou de baryte, ce que font les dissolutions de borax. La niasse éva-
porée lenlement se présente sous forme d'une masse vitreuse transparcnle,
non cristalline, d'où l'on ne i)eut extraire ni mannite ni borax.
» Le phénomène est encore plus manifeste quand on emploie du bibo-
rate de chaux, corps insoluble dans l'e.iu; les solutions de mannite dis-
solvent avec la plus grande facilité un équivalent de borate par équivalent
de matière sucrée. Le composé formé est soluble en toutes proportions dans
l'eau, il est d'aspect vitreux et amorphe. On ne peut en extraire de man-
nite qu'en le détruisant par un acide énergique, et traitant le résidu par
lalcool absolu qui enlève de l'acide borique. Il dévie fortement à droite le
plan de polarisation. Le pouvoir rotatoire spécifique de la mannite dans
cette combinaison est égal à +28,6. Enfin, et ceci est capital, si l'on observe
des solutions de mannite renfermant des proportions variables de borate
de chaux dissous, les déviations observées sont très-sensiblement propor-
tionnelles au poids de borate de chaux dissous.
B Les borates solubles ou insolubles ne sont pas les seules substances
salines capables de manifester le pouvoir rotatoire de la mannite. L'addi-
tion de soude caustique fait apparaître dans les solutions de mannite une
déviation non plus à droite, mais à gauche. Le pouvoir rotatoire de la man-
nite, combinée à une suffisante proportion de soude, est égal à — 5°, 17.
On a affaire à des combinaisons solubles en toutes proportions dans l'eau
de mannite, alcool polyaloinique, et de soude, combinaisons comparables
à celle de l'alcool ordinaire avec le même alcali.
» On ne saurait, à mou avis, s'appuyer sur l'étude de ces composés ou
de corps semblables pour déterminer le pouvoir rotatoire de la mannite à
l'aide de la foruude empirique de Biot, qui donnerait dans un cas un pou-
voir rotatoire dextrogyre, dans un autre cas un pouvoir rotatoire lévogyre
d'ailleurs faible : l'incertitude persiste.
» Il ne reste donc que la détermination directe du pouvoir rotatoire de
la mannite en solution dans l'eau.
C. R., l8;5, 1" Simesirr. (T. I.XXX, N» 2.)
i6
( 1^2 )
» J'ai fait les observations sous de grandes épaisseurs, comme dans l'ex-
périence de M. Bicliat. Je me suis servi d'un appareil ayant comme pola-
riseur un prisme biréfringent taillé suivant les indications de MM. Jellct et
Cornu (appareil à pénombres).
» Les autres appareils usités dans les laboratoires : saccharimètre de
Soleil, polarimèire de Biot, simple ou modifié, etc., ne peuvent servir pour
cette détermination avec les sources lumineuses habituellement employées;
le double Nicol de M. Cornu absorbe également une trop forte proportion
de lumière pour donner une approximation suffisante. Enfin j'ai lemplacé
la lumière produite par la flamme d'un bec Bunsen, chargée de vapeurs de
sel marin, lumière dont l'intensité est très-insuffisante, par celle que pro-
duit un jet enflammé de gaz hydrogène que l'on fait passer sur un globule
de sodium métallique maintenu, fondu à une température suffisante à l'aide
d'une lampe à alcool.
» J'ai employé des dissolutions de mannite purifiée, par plusieurs cris-
tallisations, des dernières traces de matières actives, dextrogyres pour la
plupart, qui se trouvent dans la manne.
M L'approximation que l'on peut atteindre aisément est de i division du
vernier correspondant à o°4' pour chaque mesure.
)) J'ai pu constater ainsi que la mannite possédait le pouvoir rotatoire.
En opérant sous une épaisseur de 3 mètres avec une solution renfermant
iS'', 5 de mannite dans lo centimètres cubes, la déviation observée a été de
— i°8' avec une approximation voisine de o°8'.
» On en déduit comme pouvoir rotatoire de la mannite
[a]^. = -o"i5'. ■
» La déviation est déjà sensible sous une épaisseur de i mètre. Avec une
solution renfermant 1^% 4 dans lo centimètres cubes, elle a été trouvée égale
à — o^iô'.
» Ainsi la mannite est une substance active ayant un pouvoir rotatoire
très-faible, lévogyre, c'est-à-dire de sens opposé à celui que l'on avait déduit
précédemment d'expériences faites au mojen dn borax et sur des dissolutions
renfermant une proportion demaïuiite sensiblement la même que dans mes
observations.
» Si l'on compare la valeur de ce pouvoir rotatoire spécifique, qui est en
grandeur absolue voisine de ~ de degré, à ceux des diverses combinaisons
de la mannite que j'ai précédemment déterminées, on n'observe aucune re-
lation simple entre ces divers nombres. Ix pouvoir rotatoire de la man-
( 123 )
nite combinée est ordinairement bien plus considérable en valeur absolue
que celui delà mannite simplement dissoute dans l'eau.
» Ce travail a été fait dans le laboratoire de M. Berthelot, au Collège de
France. »
PHYSIOLOGIE. — Résultats des recherches et observations sur tes micro-organismes
dans les suppurations, leur influence sur la marche des plaies et les divers
moyens à opposer à leur développement. Note de M. P. Bocloimié,
présentée par M. Pasteur.
« I, — 1° Le pus provenant d'une collection quelconque, non en commu-
nication directe ou indirecte avec une plaie, ne renferme jamais d'éléments
organisés, mobiles ou immobiles, pouvant être considérés comme des mi-
crozoaires ou des microphytes, autres que des points mobiles très-réfrin-
gents, souvent accolés deux à deux.
« a** Le pus d'une plaie, quelle que soit sa nature, et quelle que soit le
mode de pansement employé, m'a toujours présenté des micro-organismes
doués, en général, de mouvements d'autant plus appréciables, que le pus
était plus dilué, soit naturellement, soit par adjonction d'eau.
» 3° Dans le pus provenant d'abcès développés dans les parties voisines
d'une plaie, quelles que fussent son étendue et sa profondeur, j'ai toujours
constaté, au moment même où il était extrait, toutes les formes et variétés
de micro-organismes trouvées dans le pus de la plaie, ou quelques-unes
seulement, suivant que l'abcès s'était développé dans des parties en conti-
nuité ou en contiguïté de tissus avec la plaie. Dans le cas de simple conti-
guïté de tissus entre la plaie et l'abcès, on ne trouve généralement que les
formes les plus simples, les micro-organismes les plus petits : quelquefois
cependant j y ai trouvé des vibrions composés de sept anneaux et qui
ont promptement accusé leurs mouvements.
1) 4" Les mouvements de ces micro-organismes sont généralement peu
appréciables au moment de l'ouverture de l'abcès; ils ne deviennent très-
manifestes que lorsque le pus est resté pendant quelques minutes exposé à
l'air, et surtout lorsqu'il a été étendu d'eau.
« 5" Les éléments figurés que l'on observe dans le pus, en dehors des
globules de pus, des globules blancs et des globules rouges plus ou moins
déformés, sont à peu près constamment les mêmes.
» Ce sont :
» a. Des granulations isolées ou accolées deux à deux, très-réfringentes,
i6..
( «24 )
mobiles, qui ne me paraissent pas devoir èlre rangt^es parmi les vibrio-
niens, parce que je les ai retrouvées partout et toujours en l'absence ou en
la présence des autres vibrioniens indifféremment;
» b. Des chapelets immobiles, formés de petites granulations spliériques
et analogues par l'aspect et le voltnne à la Torulacée de l'urine ammonia-
cale découverte et décrite par M. Pasteur ;
» c. Des granulations immobiles, arrondies, isolées ou groupées, de
même aspect et de même diamètre que les anneaux constituant les chape-
lets précédemment décrits; ces granulations sont isolées ou groupées, af-
fectant dans ce cas la disposition de branches reliées à un tronc commun,
ou d'amas sans forme déterminée. Je les considère, avec M. Danet, comme
des bactéridies;
» d. Des chapelets reclilignes, formés de deux anneaux un peu allongés,
doués de mouvements oscillatoires, devenant, par intervalles, suffisants
pour entraîner la progression (bactéries);
» e. Des chapelets tantôt rectilignes, tantôt incurvés, constitués par deux,
trois, quatre, cinq anneaux, quelquefois même six et sept, et doués de
mouvements variés, mais spécialement de mouvements ondulatoires de
translation (vibrions);
» /. Des bâtonnets mobiles, droits ou coudés, et, dans ce cas, formés de
deux segments très-allongés dont on ne distingue que les limites et le point
de jonction. Leurs mouvements sont sensiblement analogues à ceux du
fléau à battre le blé (ils ne présentent pas de granulations ou d'anneaux
perceptibles à un grossissement de 1200 diamètres).
» 6" Tous ces éléments figurés sont entourés de granulations amorphes
formant à la préparation un fond pointillé réfringent. C'est là la substance
granulo-graisseuse échappée des globules de pus en voie de destruction.
» II, — 1° Aucun pansement ne met d'une manière absolue les plaies à
l'abri absolu des micro-organismes.
» 2° Le mode de pansement influe surtout sur le nombre et la vitalité
des micro-organismes trouvés dans les suppurations.
» 3° Les micro-organismes trouvés dans le pus des plaies sont les
mêmes, quels que soient les pansements employés. Il n'y a de différence
appréciable que dans le nombre absolu ou relatif de chacun d'eux.
» 4" L'alcool et la glycérine sont les substances au contact desquelles
les micro-organismes m'ont paru se développer le moins et sont le plus
privés de mouvements.
» 5° Le pansement de Lister, tel qu'il a été fait à la maison de santé
( 1^5 )
pendant que je me livrais aux recherclies uiicrogra|)hiques qui oui été
rapporléos en partie par M. Deniarquay, n'a |)as préservé les plaies de
l'apparition des micro-organismes dans les su|)puralions.
» 6° Les pansements ouatés praticpiés avec soin, après avoir abstergé
fortement la plaie avec de l'alcool étendu et avoir appliqué immédiatement
une tente enduite de glycérine, n'ont permis le développement que d'un
très-petit nombre de micro -organismes qu'on peut supposer avoir été
enfermés dans le pansement au moment de son application.
» III. — Les micro-organismes décrits plus haut n'exercent pas une
action morbigène égale dans toutes les circonstances sur la plaie et sur
l'individu.
» 1° Des micro-organismes peuvent exister dans les suppurations sans
empêcher la cicatrisation et altérer la santé du blessé.
» 2° Les micro-organismes envahissent les parties voisines de la plaie et
donnent lieu à des abcès de voisinage.
') 3° Les micro-organismes envahissent, par le système lymphatique ou
le système veineux, un organisme sain, sans provoquer autre chose qu'une
réaction et des déjections éliminatrices.
» /[" Les micro-organismes envahissent un organisme déjà profondément
affecté et y développent la septicémie par leur action toxique d'abord,
puis par l'action virulente des éléments désorganisés par eux.
1) IV. — Parmi les agents destinés aux pansements, il faut choisir ceux
qui ont une action favorable sur la cicatrisation et qui, en même temps,
sont opposés à la vie et à la prolifération des micro-organismes. A ce point
de vue, l'alcool et la glycérine doivent avoir la préférence. Ils enrayent la
vie des vibrionieus très-avides d'eau en les privant de leur eau de consti-
tution.
» V. — C'est par un bon pansement qu'on peut empêcher souvent la
première étape de l'infection, et c'est par luie hygiène bien entendue qu'on
peut diminuer les chances de généralisation des ferments morbigènes, s'ils
ont franchi les limites de la plaie. »
PHYSIOLOGIE. — Des globules blancs dans te sang des vaisseaux de la rate.
Note de MM.Tauchanoff et A. Swaen, de Liège, présentée par ]\I. Claude
Bernard.
« Manuel opératoire. — Pour comparer la richesse en globules blancs du
sang des veines et des artères spléuiques, nous expérimentons sur des
( '26)
chiens immobilisés par le chloroforme ou par la morphine et le chloro-
forme combinés.
» Nous recueillons aux intervalles los plus courts possibles le sang de
petits rameaux des artères spléniques et le sang de petites veines immédia-
tement à leur sortie de la pulpe splénique. Nous faisons la numération des
globules blancs du sang par la méthode du D' Maiassez, puis nous section-
nons les nerfs spléniques. Au bout de quelques heures, quand la rate est
bien tuméfiée, nous recommençons l'examen de ces deux espèces de sang,
et en outre du sang recueilli dans un point quelconque du système arté-
riel.
» Observations. — i° Avant de passer à l'étude comparative du sang des
artères et des veines de la rate, nous avons voulu savoir si dans le sang du
corps nous pouvions trouver un rapport existant entre le nombre des
globides blancs du sang veineux et du sang artériel en général. Nous
avons bientôt acquis la conviction qu'aucune règle générale ne pouvait
être donnée à ce sujet, et que suivant les organes, suivant leur état d'acti-
vité ou d'inactivité, suivant la situation des vaisseaux, on trouvait les rap-
ports les plus différents. Ainsi tantôt le sang veineux et le sang artériel
possédaient le même nombre de globules blancs, tantôt, au contraire, il
y en avait moins dans les artères, et tantôt dans les veines.
» Entre le sang du ventricule gauche et celui du ventricule droit nous
pouvons cependant affirmer qu'il existe une différence constante. Tou-
jours nous avons trouvé beaucoup plus de globules blancs dans le sang
artériel, ce qui pourrait peut-être s'expliquer par la concentration beaucoup
plus grande de ce dernier sang qui vient traverser les poumons, et par la
dilution du sang veineux auquel vient se mêler toute la lymphe par les
troncs lymphatiques droits et gauches.
» a° Contrairement aux données généralement admises de Vierhort,
Funke et Hirt, le sang veineux de la rate de chien ne contient pas des glo-
bules blancs en nombre beaucoup plus considérable que le sang des artères
spléniques. Nous avons même trouvé, un grand nombre de fois, un peu
moins de globules blancs dans le sang veineux que dans le sang artériel,
une seule fois un peu plus de globules blancs dans les veines, et enfin il
paraîtrait que plus la rate se trouve dans un état normal, moins il y a de
différence entre le sang artériel et le sang veineux. Nous ne pouvons donner
aucun résultat positif sur les proportions existant entre ces deux sortes de
sang, alors que la rate se trouve dans son état complètement normal.
Tantôt, en la sortant de la cavité abdominale, on la voit se contracter for-
( 1^7 )
tcment sous l'influence du froid extérieur; tantôt, au contraire, le tiraille-
ment ou la torsion des troncs veineux amène sa dilatation immédiate; et,
pour la ramener à un volume moins exceptionnel, il faut la faire con-
tracter par l'irritation électrique des nerfs spléniques. Enfin, dans tons ces
cas, la rate se trouve dans une condition anomale soustraite à la pression
des viscères et des parois abdominales, exposée à l'air atmosphérique.
Nous ajouterons que, pour peu que la rate soit tuméfiée, il y a toujours
une diminution marquée du nombre des globules blancs dans les veines.
') 3° A la suite de la section des nerfs spléniques, il se produit, comme
on le sait, une énorme tuméfaction de la rate. Avec ce gonflement coïncide
invariablement une diminution considérable des globules blancs dans le
sang des veines spléniques.
» 4° l)és le début de ce phénomène, la différence entre le sang des
veines et celui des artères de la rate, sous le rapport du nombre de glo-
bules blancs, est très-marquée ; puis, à mesure que l'on s'éloigne du moment
de la section des nerfs, cette différence diminue progressivement et tend à
disparaître au bout de trois ou cinq heures.
» En comparant, à des intervalles de plus en plus éloignés du moment
de la section des nerfs, le sang de différentes artères du corps de l'animal,
on constate un appauvrissement progressif du sang en globules blancs,
appauvrissement qui aurait pour limite l'équilibre s'établissant entre le
sang des veines et des artères spléniques.
» 5° Cette diminution des globules blancs dans le système sanguin en
général ne pourrait se comprendre que par une destruction de ces glo-
bules dans la rate, ou par leur transformation dans cet organe eu globules
rouges, qui deviennent en effet plus abondants dans le sang veineux splé-
nique, ou enfin par une accumulation mécanique des globules blancs
dans le tissu de la rate. Ce sont là trois hypothèses que les faits ne nous
ont pas encore permis de vérifier.
» 6" L'appauvrissement du sang eu globules blancs ne peut être attribué
aux plaies que l'on est forcé de faire dans ces expériences, aux petites hé-
morrhagies que l'on peut occasionner et à l'émigration des globules blancs
dans les tissus déchirés et irrités. Des expériences de contrôle nous ont en-
levé tout doute à cet égard, et nous ont montré que c'est un phénomène
inverse qui aurait lieu.
» Ce travail a été fait au laboratoire de Physiologie générale du Muséum
d'Histoire naturelle. »
( '28 )
ZOOLOGIE. — Sur les habitudes d'un remarquable serpent de la Coi/iin-
chine : /'llcrpclon tenlaculatiim. Noie de M. A. Mouice, présentée par
M. Blanchard.
« L'Herpeton tentacule, appelé Cou rûn ràu par les Annamites, c'est-à-
dire Serpent à barbe, car les appendices qui terminent le maxillaire supé-
rieur ont attiré l'attention des habitants de l'Indo-Chine aussi bien que des
savants de l'Europe, l'FIerpeton tentacule est un des Ophidiens à aire géo-
graphique restreinte : Java, Siam, la Basse-Cochinchine et le Cambodge
sont jusqu'à présent les seuls points du globe où on l'ait rencontré.
M M. Bocourt a rapporté de Siam de beaux échantillons de cette espèce,
et j'ai eu la bonne fortune d'en faire parvenir au Jardin des Plantes un in-
dividu bien vivant. Il avait été recueilli à ïayninh, sur la frontière nord-
est de la Cochinchine française. Me proposant de faire dans un travail spé-
cial sur les nombreux Re|)tiles que j'ai recueillis et déposés au musée de
Lyon la monographie de l'Herpeton, je désire aujourd'hui signaler seu-
lement deux particularités que je crois inconnues.
» L'Herpeton est vivipare, j'ai deux fois observé le fait : une fois en
Cochinchine et une seconde à Toulon, où une femelle pleine mit bas à
mon arrivée. Les petits sont au nombre de six par portée et ont une lon-
gueur moyenne de o'",28; leur coloration est plus claire d'une manière gé-
nérale que celle de l'adulte. Ce fait rapproche l'Herpeton des Hypsirhines
et des Cerberus qui habitent les mêmes points de l'Asie et qui sont égale-
ment des serpents aquatiques.
» Une seconde lacune qui restait à remplir dans l'histoire de cet Ophi-
dien était de savoir de quels aliments il se nourrit. Gùnther dit expressé-
ment que « leur nature n'est pas connue et que, d'ini autre côté, la longueur
» du tube digestif avait attiré déjà l'attention de plusieurs erpélologistes. »
» Or, grâce à mes observations |)ersonnelles, jointes à celles des Anna-
mites eux-mêmes, je crois être en mesure d'éclaircir ce point. L'Herpeton
fait usage d'une alimentation mixte, il mange fort bien les poissons de
petite taille, comme j'ai pu le constater, mais il mange également luie
plante aquatique, le liàu Giità des Annamites, le Cubospcrnnun palusUe de
J>oureiro, qui est la Jussiœa repens des botanistes modernes. Cette plante
est fort commune dans les eaux saumâtres de la Basse-Cochinchine.
M Le fait est hors de doute, quelque singulier qu'il puisse paraître; il est
coiuiu de tous les indigènes, et moi-même je m'en suis assuré à plusieurs
reprises, en dépo.sant des Herpelons et des Jusiiœa lepens dans un vase à
( '5-9 )
moifit' plein d'eau; j'en retirai an bout de quelques jours la plante réduite
à quelques filaments appendus à la tige.
» Enfin le microscope et la Chimie m'ont donné des résultats analogues.
Les matières trouvées dans l'estomac et dans l'intestin présentent des tubes
scalariformes, des trachées déroulées, des grains d'amidon. Ce fait par lui
seul ne serait certainement pas suffisant, et je sais l'objection très-simple
qu'on pourrait lui faire; mais, rapproché de l'observation sur le vivant, il
me semble qu'il prend une valeur suffisamment affirmative.
» L'estomac est albumineux, charnu; les sillons loiigiludinaux de la
muqueuse sont très-marqués, le pylore est épais.
» Un exemple donnera une idée des dimensions du tube digestif. Chez
un individu dont le tronc était long de o™,633 (la longueur totale étant de
o™,8o7), nous avons
m
Pour l'œsophage o,225
Pour l'estomac o,o53
Pour l'intestin o,5io
Ce qui donne pour la longueur totale Ju tube digestif. Oj788
» Quant aux dents elles ne présentent rien de particulier.
» Il m'a paru intéressant de consigner cette observation; car je ne con-
nais aucun autre Ophidien qui fasse usage d'aliments végétaux, et, d'autre
part, ceci peut jeter quelque lumière sur l'usage des tentacules de l'Herpeton
qui, n'ayant qu'une vue très-resireinle, peut se servir avantageusement de
ces appendices pour trouver dans l'eau ou dans la vase une proie qui ne
fuit pas. n
La séance est levée à 5 heures et demie. J. R
C. R., 1875, I" Sfmef.re. (T. LXXX, N" 2.)
( '30 )
BULLETIN BIBLIOGRAPBIQITE.
Outrages beçus dans la séance ne 4 janvier i8'^5.
( SDITE. )
The spectiostope m ils application to mint assaying; by Al.-E. OUTER-
BRIDGE. Sans lieu ni date; br. in-8".
Veberdie Wirkung des Quecksilbers auj den mensclilichen Organismus ; von
D' J. Hermann. Teschen, K. Prochasna, 1873 ; in-4''.
Die Behandtung syphilitischer in den offenlliclien Krankenhdusern PFien's
mit hesonderer Riicksicht au f die ôjjentlichen Fonde; von D"^ J. Hermann.
Wien, 1872; in-8°.
Ouvrages nncns dans la séance dd i i janvier iS^S.
Discours prononcé à la séance publique annuelle de la Société centrale
d' Agriculture de France, tenue le dimanche i3 décembre 18']^; par M. Che-
VREUL, président de la Société. Paris, imp. de M™'' veuve Bouchard-Huzard,
1874; in-4°.
Crania Ellinica. Les crânes des races humaines; pai MM. A. DE Quatrefages
et E.-T. IIamy; 3« liv., feuilles 12 à 17, PI. XXI à XXX. Pans, J.-B. Bail-
lière et fils, 1873; in-4°.
Étude sur l'emploi du gaz su If hydrique pour la destruction du Phylloxéra
vastatrix ou puceron souterrain qui attaque les racines de la vigne, et sur
l'efficacité de ce gaz contre l'oïdium; par M. Marchand. Verdun, imp.
Renvé-Lallemand, 1874; br. in-8". (Renvoi à la Commission |du Phyl-
loxéra.)
Première étude sur les seiches du lac Léman ; par F .-A. FOREL. Lausanne,
Rouge et Dubois, 1873; br. in-8°.
Une variété nouvelle ou peu connue de Gloire étudiée sur le lac Léman ; par
le D"^ F. -A. FoREL. Lausanne, Rouge et Dubois, 1874; br. in-S".
Notes sur une maladie épizootique qui a sévi chez les Perches du lac Léman
en 1867; par le D"' F. -A. FoREL. Sans lieu ni date; br. in-S".
Faux albinisme de trois jeunes cygnes de Marges, en 18G8; par le
D' F. -A. FOREL. Sans lieu ni date; br. in-8".
( i3i )
Comparaison du débit moyen annuel du liliùne à Genève, avec la hmiteui
moyenne annuelle de ieau météoiique ; jjar le D' F.-A. FOREL. Lausanne,
imp. Blanchard, 1870; br. in-8°.
Jnlroduclion à l'élude de la Faune profonde du lac Léman ; par le D' F.-A.
FOREL. Lausanne, imp. Blanchard, 1869; l>r. in-8°.
Faune profonde du lac Léman; par le D*^ F.-A. FOREL. Sans lieu ni date ;
br. in-S".
Matériaux pour servir à l'étude de la Faune prof onde du lac Léman; par ]v
D" F.-A. FOREL; i" série. Lausanne, Rouge et Dubois, 1874; in-S".
Les taches d'huile connues sous le nom de fontaines et chemins du lac Lé-
man; par F.-A. FoREL. Lausanne, Ronge et Dubois, 1878; br. in-8°.
Essai de Clironolo(jie archéologique ; par le D"' F.-A. FOREL. Lausanne,
Blanchard, 1870; br. in-S".
Etude sur le typhus des Perches. Epizooties de 1 867 et 1 868 ; par F.-A . Forei.
et G. DU Plessis. Lausanne, imp. Borgeaud, 1868; in-8°.
Chaudières à vapeur. Vaporisation décroissante en procji ession géométricpie ;
parV. Havrez. Paris, E. Lacroix, 1874; br. in-S".
Petit essai sur quelcptes méthodes probables de Fermât; par M. E. Laporte.
Bordeaux, imp. Duverdier et C'", 1874; in-8°.
Mémoires de l' Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Tou-
louse; 7*^ série, t. VL Toulouse, imp. Douladoure, 1874; in-8".
Essai sur les albunnnes palholocjicpies ; par J. BiROT. Montpellier, itnp.
centrale du Midi, 1874; in-8°.
Les Merveilles de l'Académie des Sciences; par L. FiGUlEK; 17" série.
Paris, Furne, Jouvet et G'*, 1847; g^'^nd in-8°.
The pharmaceutical Journal and Transactions; october, november 1874.
London, Churchill, 1874; in-8°.
Le parlementarisme et la stratégie nouvelle; par C. GciMARD. Nantes,
1874-, br. in-8".
( l32 )
ERRATA.
(Séance du 28 décembre 1874.)
Tome LXXIX, page r566, au lieu de fi\é au i" juin 1876, lisez fixé au r' juin 1875.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 18 JANVIER 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COAÎMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE AGRICOLE. — Sur les malières salines que la bellerave à sucre emprunte
au sol et aux engrais; par M. Eue. Peligot. (Extrait.)
« En poursuivant mes études sur la répartition des matières minérales
dans les végétaux, je me suis occupé, pendant ces dernières années, de
l'analyse de la betterave cultivée dans des conditions analogues à celles
que j'ai réalisées pour les plantes qui ont été l'objet de mes précédentes
Communications. Dans le but de rechercher l'influence des matières salines
sur la production végétale, la plante se développe dans un sol conliné,
d'une composition connue ; elle y reçoit des quantités mesurées d'eau tenant
en dissolution une ou plusieurs des substances salines qu'on rencontre ha-
bituellement dans les engrais ; ces substances sont données à faible dose,
mais à dose souvent répétée, de manière à ne pas nuire à la plante. Quand
celle-ci est arrivée à maturité, elle est soumise à l'incinération. Le poids et
la composition des cendres font connaître le rôle plus ou moins utile que
ces matières salines ont exercé sur son développement.
» En ce qui concerne la betterave, bien des expériences ont été faites
déjà dans le but de déterminer l'influence du sol et des engrais sur le déve-
loppement de cette plante; ces expériences ont eu surtout pour objec-
tif son amélioration au point de vue de la fabiication du sucre qu'on en
C. R., 1S75, 1" Semeur*. (T.LXXX, N» ô.) '8
( 'M )
extrait. L'industrie siicrière fait journellement son profit des études que
poursuivent dans cette direction, avec persévérance et succès, plusieurs chi-
mistes distingués de nos départements du Nord. Mais c'est en analysant la
betterave venue dans les conditions ordinaires ou cultivée sur des parcelles
de terre que ces divers résultats ont été obtenus. En procédant ainsi, le
but technique peut être atteint; néanmoins, en présence des éléments mul-
tiples qui concourent au développement de la plante, il n'est guère possible
de connaître la part qu'il convient d'attribuer à chacun d'eux; l'analyse
de la racine au point de vue de sa richesse saccharine et de sa teneur
en matières minérales ne permet pas de connaître l'influence exercée soit
par la nature de la graine, soit par le sol, par les engrais ou par les eaux
pluviales ou souterraines.
» La marche que j'ai suivie n'est pas la même. Plusieurs betteraves de
même origine sont cultivées séparément dans le même sol et reçoivent, dans
des conditions identiques, des matières salines en poids bien plus considé-
rable que celui qui se trouve normalement dans le sol ou dans les engrais.
On cherche quelle a été l'influence de cet élément prédominant sur la pro-
duction du sucre et sur la nature des sels absorbés. En ce qui concerne
les matières minérales, on détermine les relations qui existent entre les
cendres de la racine et les cendres des feuilles appartenant à la même bet-
terave.
» Pour aborder utilement une étude de ce genre, j'estime qu'il est avant
tout nécessaire de remplir une condition, généralement méconnue, sans la-
quelle toute recherche faite dans cette direction devient infructueuse :
c'est l'identité d'origine de la graine. Aucun soin ne doit être épargné
pour arriver à ce résultat. Dans mon opinion, les divergences et les ano-
malies si souvent constatées doivent être attribuées beaucoup moins au
mode de culture qu'aux variétés que présente la plante au point de vue de
l'espèce.
» On ne satisfait pas à cette condition, cela est évident, en se servant de
graines de la même provenance, récoltées dans le même terrain; il faut
s'engager dans une voie beaucoup plus longue à parcourir. La semence doit
être prise sur le même porte-graine, celui-ci végétant seul et isolé, de ma-
nière à le garantir de la fécondation à distance qui résulterait de la proxi-
mité d'autres porte-graines.
» Je n'ai pas rempli ces conditions rigoureuses pour toutes les expé-
riences qui sont l'objet de ce travail; néanmoins, le choix des graines
a été poussé assez loin pour me |)crmeltrc de constater les différences les
plus essentielles qui sont la conséquence du régime auquel la plante a été
( '35 )
soumise. En effet, depuis l'année 1861, j'ai cultivé un très-pptit nombre de
betteraves provenant toutes d'une vingtaine de graines qui m'avaient été
données par L. Vilmorin, et qui provenaient des essais que cet éminent
agronome avait exécutés dans le but d'obtenir, par d'ingéjiieux procédés
de sélection, des racines aussi ricbes en sucre que possible. Cultivées par
moi dans des conditions très-diverses et à l'exclusion de toute autre variété,
ces betteraves, souvent analysées, ont conservé leur ricbesse en sucre; elles
en renferment de i4 à 17 pour 100.
» Néanmoins elles appartiennent à pbisieurs variétés qui possèdent pro-
bablement, à des degrés différents, la facidté d'engendrer le sucre et d'ab-
.sorber les matières minérales qu'elles empruntent au sol; elles n'ont pas
toutes le même aspect ; les tuies ont la peau rouge avec zones concentriques
à l'intérieur, également rouges; d'autres sont de couleur blanche ou jaune;
quelques-unes ont une forme pivotante irréprochable; mais la plupart
sont irrégulières et racineuses. On sait que cette forme les déprécie beau-
coup aux yeux du fabricant de sucre; néanmoins, d'uprès mes analyses et
aussi d'après les essais publiés récemment par un producteur de graines
expérimenté, M. P. Olivier, il semble qu'on doive se résoudre à accepter
ce vice de conformation comme étant la conséquence de la plus grande ri-
chesse saccharine. Il est possible, en effet, que la muhiplicité des radicelles,
dans ces betteraves, amène d'une façon plus rapide la formation de la ma-
tière sucrée dans leurs tissus.
» Qu'on me permette d'ouvrir une parenthèse. Il est bien regrettable, à
mon avis, que les tentatives faites pour améliorer la qualité de la betterave
n'aient pas été suivies avec la persévérance et la sûreté de déduction que
L. Vilmorin mettait dans ses travaux. Tous les fabricants de sucre se plai-
gnent aujourd'hui de la mauvaise qualité de la betterave. Si ces essais
avaient été continués, les défectuosités déforme auraient peut-être disparu,
et l'industrie sucrière serait en possession d'une plante rendant 3o à
4o pour 100 de sucre en plus de la quantité qu'elle fournit actuellement.
Le budget de l'État y trouverait son compte aussi bien que celui du fabri-
cant. .\lors même qu'il serait établi que cette forme racineuse appartient
aux betteraves les plus sucrées, l'industrie se mettrait facilement en mesure,
cela n'est pas douteux, d'apporter dans son outillage les modifications
qu'entraînerait le ràpage un peu plus difficile de ces racines. Ou ne saurait
trop applaudir, assurément, aux progrès que la Mécanique et la Cliimie
apportent journellement à la grande industrie du sucre indigène : mais le
perfectionnement de la betterave elle-même par le clioix judicieux de la
semence présente une importance encore plus considérable.
iS..
( <36)
» Je reviei» à mes expériences. Les betteraves, semées en pleine terre,
sont repiquées dans des pots, en prenant soin de choisir des racines de
même forme et de mèrne aspect. N'ayant conservé chaque année que deux
ou trois porte-graines, j'ai quelque chance d'opérer sur la même variété.
Néanmoins j'ai récolté, il y a deux ans, la semence d'une betterave unique,
et c'est avec cette graine que mes derniers essais ont été faits.
» Mes premières expériences ont eu pour objet de rechercher l'in-
fluence de diverses matières minérales sur des betteraves cultivées isolé-
ment dans un sol de même nature. Des pots, d'une capacité d'environ
3o lities, ont été remplis avec delà terre de jardin de qualité ordinaire. J'ai
donné dans un précédent travail la composition de cette terre, qui contient
une assez grande quantité de calcaire. Du i*' juillet au i5 octobre 1871,
six betteraves, en bon état de végétation, repiquées depuis plusieurs se-
maines, ont reçu, les deuxpremières (n"* 1 et 2) , des arrosages convenable-
ment espacés avec de l'eau de Seine contenant i gramme de sel marin par
litre; les deux autres (n°' 3 et 4), avec la même quantité d'eau, renfermant
I gramme de chlorure de potassium; les deux dernières (n°' 5 et 6), avec
le même volume d'eau sans addition. Chacun des deux premiers lots avait
reçu 3o grammes de sels.
» Après quelques semaines, chaque couple présente un aspect particu-
lier qui le distingue nettement du couple voisin. La nuance, la dimension,
la rigidité des feuilles sont les mêmes pour les betteraves soumises au
même traitement, différentes pour celles dont le régime est différent : la
même remarque a été faite les années suivantes, de sorte que la présence
d'une matière saline employée en quantité prédominante suffit pour donner
à la plante une physionomie qui lui est propre. Les betteraves ont donné :
Poids
de la racine.
N" 1 (Sel marin) 56o,2
W 3 ( éhloiure de potassiiini ) . . . 5^ i ,5
N" 5 (l'^aii) 7?i)8
» Dans cette expérience, les chlorures ont peu nui au développement de
la plante, le sol étant convenablement pourvu de matières fertilisantes. Ces
racines étaient riches en sucre; elles en contenaient environ i5 pour 100.
Ce résultat, qui est d'accord avec d'autres qui m'ont été fournis par dos
betteraves venues dans les polders de la lîretngnc, est en contradiction
avec" l'opinion généralement admise, que les betteraves riches en chlorures
alcalins sont pauvres en sucre. Ces deux faits ne sont pas connexes, car
Cendres p.
100
Chlorure de polassiiim
de bitlerave fi
[■aîclic.
dans
100 de cendres.
0.77
18, G
o>97
i5,3
o,G4
8,0
( '37)
il est vraisemblable que la sécrétion du sucre dépend de la variété de la
|)lante, tandis que l'absorption des matières salines, des chlorures surtout,
se trouve liée à la nature du sol et des engrais.
» Ces chlorures, que la racine contient en assez grande qu.inlilé, se re-
trouvent en bien plus forte proportion dans les feuilles; il en est de même
de plusieurs autres stibstances minérales qui traversent la racine avec une
vitesse qui varie probablement avec leur nature, pour s'accumuler dans les
feuilles. En effet, tandis que la racine à l'état sec ne contient pas au delà de
3 à 6 pour loo de matières minérales, Jes feuilles desséchées, ayant perdu
les go pour loo d'eau qu'elles contiennent, en laissent 25 à 32 pour loo;
le salin de ces cendres contient de 23, 7 à 73,5 pour 100 de chlorures.
» Dans mes analyses, le chlore est calculé comme étant à l'état de chlo-
rure de potassium; même dans les betteraves qui ont été arrosées avec des
dissolutions de sel marin, la potasse est beaucoup plus abondante que la
soude.
1) Ces expériences ont été reprises en 1872 dans des conditions à peu
près pareilles : les plantes ont été arrosées du 21 juillet au 9 octobre avec
de l'eau de Seine contenant i gramme de chlorure par litre pour les
n°' 3, 4, 5, C et 2^% 5 pour les n"' 7, 8 et 9.
» Voici la composition de ces racines
Poids
des
betteraves.
Densité
du jus
à IJ de{;rés.
Cciulrcs
d;ins
IO11 de jus.
Chlorure
de potassium
dans
100 de salin.
Surre
dans
100 de jus
N" 1 (Eau)
GSo
1080
o,83
:•'
i5,3
N" 3 (aS gr. sel marin). . .
G35
1081
1,07
tG,3
1 5,c
N" 5 (aS grammes declilo-
riire de potassium).
GSo
io83
0,89
13,2
14.0
N" 7 {-j5 gr. sel marin) . . .
682
1087
1 ,07
37,3
.6,4
N" 9 (75 grammes de chlo-
rure de potassium).
(;45
IOÇ)0
1 ,20
26,8
i5,8
» On voit que l'absorption des chlorures augmente avec la (Quantité
qu'on met à la disposition de la plante; elle a néanmoins ses limites, et elle
n'est pas proportionnelle à cette quantité, puisque les deux dernières
betteraves contiennent à peu près le double de chlorure que les deux pré-
cédentes, tandis qu'elles ont reçu une quantité triple de sel marin ou de
chlorure de potassium.
)) Les autres racines ont servi à rechercher comment se fait la répar-
tition des matières minérales à la base et au sommet de la même betterave
coupée en trois parts sensiblement égales, la ])ait du milieu étant laissée
de côté. Les cendres ont été lessivées de manière à séparer les seissolubles
A
B
A
B
4«.7
i5,3
i5,6
6,0
49,'
23,,
non dosé.
( i38)
(salins) d'avec les composés insolubles (sels calcaires et magnésiens).
» Les premiers sont plus abondants dans la partie inférieure de la ra-
cine; comme les chlorures et les sulfates sont des sels solubles, il semble
qu'on doit les rencontrer en plus grande quantité dans la partie de la
racine qui fournit le plus de salin : c'est le contraire qui se présente, et les
différences sont très-accentuées, ainsi qu'on peut en juger par les nombres
qui suivent :
Betterave. N» 2. Pi" 4. N" 6. N» 8.
A B A B
Partie supérieure (collet). . ijiO '''>9 4'ir> '5,2
Partie inférieure 4>7 ^>9 '6,3 8,0
A représente le chlorure de potassium et B le sulfate dépotasse contenus dans 100 de salin.
» Ainsi les chlortnes et les sulfates qu'on trouve aussi en grande quan-
tité dans les feuilles se concentrent dans la partie supérieiue de la
plante. On sait que leur présence dans le jus est la cause principale de la
formation de la mélasse. Comme conséquence de ces observations, on voit
que les fabricants de sucre doivent s'attacher à ne traiter que des racines
largement dépouillées de leurs collets, toutes les fois que ceux-ci peuvent
être utilisés pour la nourriture du bétail.
M J'ai aussi comparé, au point de vue de la répartition des matières
salines, la partie centrale de la betterave avec sa périphérie, eu la dé-
pouillant toutefois de son tissu épidermique.
» Les tissus qui se trouvent au centre de la racine sont notablement plus
riches en eau et en sels sohdjies. Ainsi une betterave dont la partie centrale
contient 11, 4 pour 100 de matières solides, en renferme i4,o dans sa pé-
riphérie; celle-ci laisse 7,4 de cendres pour 100 de matière desséchée;
l'autre 9,7. Les cendres provenant de la partie centrale contiennent envi-
ron 1U1 tiens de matières solubles de plus que les autres, lesquelles sont, par
conséquent, plus chargées de sels calcaires et magnésiens.
» Eij poursuivant ces études, j'ai été conduit l'année suivante (1873) à
cultiver les betteraves dans un sol très-pauvre, dans le but d'établir avec
plus de netteté l'influence exercée par les matières fertilisantes que j'y in-
troduisais. La terre de jardin a été remplacée par de la terre franche, ve-
ijant de Garches. Cette terre, dont je donne la composition dans mou Mé-
moire, est maigre, très-siliceuse, peu perméable à l'eau, se fendillant
beaucoup par la sécheresse.
» Les betteraves, récoltées le 20 octobre, ont reçu du 3 juillet au 7 sep-
tembre :
{ '^9)
pjos i çt 2. 3.4 grainmcs de sel marin, à
raison de 2 grammes par litre d'eau de Seine.
IS'"* 3 et 4. Le même ])oids de chloruie de
potassium.
N° 5. 36 grammes d'azotate de potasse
(4 grammes par litre d'eau).
N° C. Le même poids d'azotate de soude.
N" 7. 25 grammes de sulfate d'ammo-
niaque.
IN" 8. 35 grammes de sel ammoniac.
N" 9. Eau de Seine sans addition de ma-
tières salines.
N" 10. 4'-' grammes de phosphate acide de
chaux (6 grammes par litre d'eau).
K" 11. 24 grammes du mélange des sels
indiques par M. Jeannel comme essentielle-
ment propres au développement des végé-
taux (phosphate de chaux, sulfates d'ammo-
niaque et de magnésie, nitre et chlorure de
potassium).
» Au mois d'août, l'aspect des plantes présente des différences considéra-
Lies; les feuilles de betteraves n*"*! et 2 sont peu développées et commencent
à jaunir; il en est de même pour les n°' 3 et 4; les feuilles sont très-petites,
jaunes et plissées. Bien que les chlorures alcalins soient absorbés par les
végétaux, il ne semble pas, lorsqu'ils ne sont pas accompagnés de matières
fertilisantes, qu'ils exercent un effet utile sur la végétation. Le chlorure de
potassium n'agit pas mieux que le sel marin. Il en est tout autrement de l'ac-
tion des azotates alcalins, des sels ammoniacaux et du phosphate de chaux;
les feuilles des plantes arrosées avec les dissolutions de ces sels sont d'un
vert foncé, larges, très-abondantes. La betterave qui n'a reçu que de l'eau
de Seine est fort peu développée; les feuilles sont jaunes et petites.
» Le i4 octobre, l'aspect général est le même, la végétation la plus belle
est celle que présente le pot n" 10 (phosphate de chaux); viennent ensuite
les plantes qui ont reçu les sels ammoniacaux et les sels Jeannel, puis les
azotates.
» On a pesé, le 28 octobre, une partie des racines et des feuilles. La bet-
terave n'* 10 est de beaucoup la plus belle; la racine pèse gSa grammes;
en représentant ce poids par 100, on a les rapports suivants pour le poids
des autres racines : n°' 5, 6, 7, 8, de 34,3 à 36,7; n°' 1, 3, 9, de 6,3
à i3,4-
» Les cendres fournies par ces betteraves ne présentent pas des diffé
rences de composition bien considérables, en dehors de celles qui ont été
déjà signalées pour les plantes arrosées avec les dissolutions de chlorures
le résidu salin laissé par la betterave qui a reçu le sulfate d'ammoniaque
contient g pour 100 de sulfate ^calin, soit environ le double de la quantité
normale.
» La betterave n" 10, arrosée avec la dissolution de phosphate de chaux,
a donné des cendres dont la composition est la suivante :
hacine.
IVuillcs.
0,5
'>7
5,3
27»"
1,6
■ ,5
8,0
8,5
?9.8
5,9
5,4
6,4
4,8
6,5
44,6
4. ,8
100,0
100, 0
{ >4o )
Silice
Carbonate de eliaux
Pliosi)liale (le fer
Phospliate de magnésie bibasiqiie
Phosphate de potasse Iribasiquc
Sulfate de potasse
Chlorure de potassium
Carbonates de potasse et de soude
» En rapprochant cette composition de celle des cendres fournies par
les autres betteraves, on reconnaît que l'emploi du phosphate de chaux
soluble, loin d'augtiienter la proportion de sels calcaires absorbés par la
plante, diminue au contraire cette proportion d'une manière notable. En
effet, les cendres des autres racines contiennent de 12 à 20 pour 100 de
carbonate de chaux. Quant à l'acide phosphorique, la proportion est sen-
siblement la même pour toutes les betteraves; elle n'est pas plus considé-
rable pour la betterave arrosée avec la dissolution de phosphate de chaux,
» Ce résultat conduirait à envisager sous un aspect nouveau le rôle des
phosphates terreux dans la production végétale. En admettant qu'il puisse
être généralisé, ainsi que d'autres faits consignés dans ce travail, et en le
rapprochant des observations relatives à l'action d'autres substances miné-
rales, on reconnaît que cette action est variable avec la nature propre des
sels qui, à des degrés différents, favorisent le développement des plantes.
» Plusieurs, en effet, sont absorbés sans subir aucune modification ;
tels sont les azotates alcalins, qu'on retrouve en nature dans les racines et
dans les feuilles. Dans le travail que j'ai publié en i838, sur l'analyse de
la betterave, j'ai dosé, à l'état cristallisé, le nitre qui se trouvait dans
des racines trop fortement fumées. L'emploi de l'azotate de soude comme
engrais est, pour les fabricants de sucre du Nord, l'objet de i)laintes sé-
rieuses, ce sel se retrouvant dans les jus et étant la cause des fermentations
nitreuses qui se développent parfois dans le travail des racines venues sous
son influence,
» Les chlorures, qu'on introduit souvent aussi dans les engrais artificiels,
bien que leur efficacité soit beaucoup piiis^cotitestablc, se retrouvent aussi
dans les plantes : j'estiine néanmoins que, dans la plupart des végétaux cul-
tivés, le chlore que l'on introduit dans le sol sous forme de sel marin existe
dans les cendres à l'étal de chlorure de potassium, ainsi que je l'ai montré
pour les haricots. Les sulfates alcalins, cpii, comme les précédcnis, sont des
sels solubles, ne pouvant engendrer dans le sol que des composés sokibles,
i4i )
se rencontrent égalenient dans les végétaux, bien qu'en proportion beau-
coup plus limitée.
» Le phosphate de chaux, qui est, sans contredit, la matière forlilisante la
plus précieuse, présente celte particularité qu'à i)oi<ls àjdl une plante, sou-
mise à sou action et mise en présence d'un grand excès de ce sel, ne con-
tient pas plus d'acide phosphorique, renferme moins de chaux et plus
de sels alcalins qu'une plante voisine venue dans les conditions ordinaires;
celle-ci, à la vérité, est restée chétive, tandis que l'autre présente une végéta-
tion luxuriante; de sorte que, en définitive, cette quantité excédante de phos-
phate terreux dans le sol a eu pour résultat l'abondance même de la récolte.
» Ces faits peuvent être interprétés de la manière suivante : le phosphate
de chaux se décompose par son contact avec les sels alcalins et les sels de
magnésie que toute terre fertile contient toujours en quantité suffisante
pour les besoins de la végétation ; il se produit du phosphate de potasse
et du phosphate ammoniaco-magnésicn. Ces deux composés sont, à mon
sens, l'expression la plus directe de la vie matérielle, chez les plantes
comme chez les animaux. Pour les plantes, ils sont nécessaires, comme on
sait, à la production de la graine, et ils concourent ainsi à la conservation
de l'espèce. Les cendres des graines ne contiennent guère, en effet, que
du phosphate de potasse et du phosphate de magnésie.
» Il est impossible de ne pas rapprocher cette action du phosphate de
chaux de celle qui appartient à un autre sel calcaire agissant aussi comme
matière fertilisante sur des plantes d'une autre nature : je veux parler de
l'action du plâtre sur les prairies artificielles. Les expériences de M. Bous-
singault ont établi qu'en examinant comparativement les cendres du trèfle
plâtré et celles du trèfle non plâtré, l'acide sulfiu-ique et la chaux se ren-
contrent à peu près en mêmes proportions dans les unes et dans les autres ;
mais les sels de potasse sont notablement plus abondants dans les plantes
qui ont reçu du sulfate de chaux. On sait qu'on n'est |)as arrivé jusqu'à
ce jour à explicpier, d'une façon satisfaisante pour tous, les effets utiles du
plâtre; aussi je me borne à les rapprocher de ceux qui sont produits sur
d'autres végétaux par le phosphate de chaux. »
l'ilYSIQUE TERRESTRE. — /?es températures au-dessoits d'un solgazonnéou dénudé,
pendant les derniers froids ; par MM. Becquerel et Edm. Becquekel.
« Avant de présenter incessamment à l'Académie un Mémoire dans le-
quel se trouvent les observations de température qui ont été faites au Jar-
C.R., 1875, i" Semestre. {T. L\X\, H" 5.) '9
( '42 )
din (les Plantes avec les thermomètres électriques, pendant l'année météo-
rologique (le décembre 1873 a décembre 187/J, depuis 20 mètres au-dessus
du sol jusqu'à 36 mètres au-dessous, nous croyons devoir lui fiure con-
naître les observations qui ont été relevées dernièrement sous un sol ga-
zonné et un autre semblable qui ne l'est pas, l'un et l'autre couverts de
neige, depuis o"',o5 jusqu'à o", 6, du 23décembre i874au i^janvier 1875.
» Ces observations intéressent la Physique terrestre et les phénomènes
de culture; ce sont ces considérations qui nous ont engagés à les faire con-
naître aujourd'hui à l'Académie ; leur discussion a conduit aux conséquences
suivantes : pour des températures de zéro à — 12 degrés dans l'air, sous le
sol gazonné à o", 5 de profondeur la température n'est jamais descendue
à zéro, tandis que sous le sol dénudé à la même profondeur elle est des-
cendue jusqu'à près de — 5 degrés.
6 licurcs du matin.
Sol gazonné. Sol dénudé et sablé.
Profond' rrof. Pior. Prof. Prof. Prof. Prof. Prof. Prof. Prof.
Dates. O-n.OS 0,10 0,20 0,30 0,G0 0,05 0,10 0,20 0,30 0,00 État di. ri,>I.
Décembre 1874 :
O o o o o o n o o o
•'■' 2,0.1 7,Aj 3,00 .S,4o '|,Go -o,o.5 0,20 o.e.'i i,4o 3,i!j )
-^ '•"■> 2,!|0 ajSû .i,.io 4,5:) -o,'(0 o,io o,6.) i,i5 3,oo ) "
25 -O" 2)20 2,8o 3,3o 4,45 0,10 o,i5 o,fio i,io 2,95 ) Neige fondante
26 i,Go 1,95 2,60 3,0.5 4,25 -o,oj 0,10 Oj.'io 1,10 2,80) sur le sol.
27 1 ,().i 1,90 2,'|5 2,85 4>'o 0)20 o,3o o,5,) i,(i5 2,-0 ~,
~8 1,35 1,75 5,35 2,70 3, go 0,00 o,25 0,70 i,i5 2,G3 j
'-9 0)95 1,35 2,o5 2,5o 3,75 -0,80 o,o5 0,45 1,00 2,«o , NeJRe sur le sol.
30 0,70 1,10 i,So 3,25 3,55 -2,9'i -1,10 o,o5 0,80 2,55 l
31 o,5o o,S5 i,fio 2,00 3,45 -3,65 -3,3o -o,3o 0,40 2,3o '
Janvier 1875 :
' 0,25 0,70 1,4') 1,90 3,35 -4,85 -3,5o -i,3o 0,10 2,20
3 liciires lia snir.
Sol (razonné. Soi dénudé et sablé.
Priifondr Prof. Prof. l'iiif. Prof. Prof. Prof. Prof Priif. Prof.
Dates. 0"',05 0,10 0,20 0,.30 O,G0 0,05 0,10 0,20 0,30 0,C0 État du ciel.
Dëcemdre 1874 :
000 0 o 0 o 0 o o
''•' 2,0' 2,3o 2,90 3,3o /i.fio -0,10 0,10 o,G5 i,3o 3,o5 Neige sur le sol.
24 2,o5 2,3o 2,85 3,3o 4,45 -0,20 o,o.-) o,('.5 i,.3o 3, 00 Id. très-épais^p.
25 ')90 2,i5 2,70 3,25 4,'i5 0,00 0,10 o,fio 1,25 2,90 1 Neigo fondanli-
26 1,70 1,90 2,55 2,95 4,20 0,00 0,20 o,Co T,ao 2,80 j surlesol.
2T 1,70 1,95 2,45 2,90 4,00 0,25 0,35 0,80 T,25 2,75-1
28 i,i5 i,5o 2,i5 2, fie 3,75 -0,20 0,10 0,55 1,10 2,65]
2" 0,90 i,=5 1,90 2,45 3,70 -1,20 -0,20 0,40 1,00 2, 60 ,^ Neige sur le sol.
30 o,(>o 0,95 1,70 2,i5 3,.5o -2,70 -1,40 -o,o5 0,70 2,4o i
31 0,45 o,85 1,55 2,o5 3, 40 -3,40 -2,35 -o,Go o,35 2,3o '
Janvier 1875 :
1 0|'5 o,G5 1,45 1,90 3,25 -3,85 -3,3o -1,70 0,00 2,i5
( i43 )
» On trouve, dans les deux tableaux précédents, les températures au-
dessous des deux sols, ào™, o5, o™, io,o™, 20, o™,3o, o"',6; elles montrent
que, si l'on veut cultiver dans un sol sableux des végétaux, dont les racines
peuvent être altérées parla gelée, il faut le gazonner; il faut en agir de
même si l'on veut conserver sous terre des tubercules ou autres produits
craignant la gelée. »
GÉOGRAPHIE. — Sur un projet de commuuicntiou entre ta France et l'Jtigle-
terre, au moyen dan tunnel sous-marin. Note de M. de Lesseps.
« Il m'a paru intéressant de communiquer à l'Académie des informations
sur un projet de communication entre la France et l'Angleterre, au moyen
d'un chemin de fer sous-marin.
» M. Michel Chevalier, notre collègue de l'Institut, a bien voulu ni'a-
dresser à ce sujet une Lettre à laquelle se trouvent joints les documents qui
vont être présentés à l'Assemblée nationale, à l'appui d'un projet de loi.
D'un autre côté, M. Lavalley (Alexandre), que je regarde comme un des
premiers ingénieurs-mécaniciens de l'Europe et le plus pratique, m'a donné
des renseignements exacts sur le projet en question. Voici ces documents :
» Le pas de Calais a une largeur de 3o kilomètres dans la partie la plus
étroite entre la France et l'Angleterre, de Calais à Douvres.
» Le tunnel commencerait à 10 kilomètres de chaque rivage ; la longueur
souterraine et sous-marine serait donc de 5o kilomètres.
» La profondeur maxima de la mer sur la ligne qui sera suivie est de
53 mètres, au-dessous de laquelle commence une couche de craie grise ou
de marne bleue. Cette nature de terrain est imperméable à l'eau et est
assez tendre pour être facilement percée.
» Il s'agit de faire le percement à plus de 5o mètres au-dessous du fond
de la mer.
» La Société d'essai, qui vient d'être formée au capital de 4 millions,
dont la moitié a été souscrite en France et l'autre moitié eu Angleterre, a
pour objet de commencer à creuser, à plus de 100 mètres de profondeur
sur le bord de la mer, deux puits de 8 mètres de diamètre, un sur la côte
de France, l'autre sur la côte d'Angleterre.
» Lorsqu'on sera arrivé à la profondeur voulue, on pratiquera des son-
dages horizontaux, qui permettront de reconnaître la nature du terrain à
creuser à une distance de plusieurs kilomètres.
» Un Français, M.Thomé de Camond, a le premier eu l'idée d'un tunnel
sous-marin entre la France et l'Angleterre, et, pendant trente-cinq ans, il a
19..
( ^^^ )
employé son temps et sa fortune à la réalisation de cette idée, qui a été
reprise et amenée à un résultat pratique par deux ingénieurs anglais,
MM. Hawkshaw et Brassey, et un ingénieur français qui a résolu tous les
problèmes mécaniques concernant l'exécution du canal de Suez, M. A. La-
vaiiey.
» Deux comités, l'un anglais, l'autre français, sous la présidence de
M. Michel Chevalier, feront chacun la moitié du travail d'essai, qui em-
ploiera deux années. Il faudra ensuite six années pour l'exécution totale, si
les essais justifient les espérances qui ont été conçues.
» L'extrait suivant de l'exposé du projet présenté au Gouvernement
français m'a semblé contenir des données scientifiques dignes de l'atten-
tion de l'Académie :
« Sir John Hawkshaw a fait sonder minutieusement les deux rivages et le détroit sur
toute sa largeur. Il a indiqué une ligne dont le point de départ, du côlé de la France, serait
plus rapproché de Calais que ne le proposait M. Thomé de Gamond, et suivant laquelle on
pourrait creuser le tunnel d'un bout à l'autre dans un banc de craie très- épais, compacte,
homogène. Il a mis à l'écart les puits intermédiaires destinés à faire communiquer le tunnel
avec l'air extérieur en traversant pcr|)endiculairement la masse même de l'eau, ainsi que le
port artificiel qu'il avait été question d'établir sur un banc de sable reconnu au milieu du
détroit. Les ouvrages de ce genre conseillés par l'ingénieur français, et qui avaient bien leur
justification à ré|)uque du projet [irimitif, auraient présenté de grandes difficultés d'exé-
cution et ouvert la porte à des dangers formidables. Le banc de craie, à travers lequel sir
John Hawkshaw recommande qu'on chemine, a sur la cote d'Angleterre plus de \^o mètres,
et sur celle de France environ 23o mètres d'épaisseur.
» L'inclinaison des couches permet de penser que les bancs ainsi observés sur les deux
rives ne peuvent qu'être le prolongement l'un de l'autre, et que la même masse compacte et
homogène de craie s'étend au fond de la mer sur toute la largeur du détroit.
« Un point de fait, sur lequel il imiiortait d'être fixé et qui devait exercer une grande
influence sur les dispositions à prendre ])our creuser le tunnel sous-marin et sur la dépense
qu'en entraînerait l'exécution, était celui du maxinuim de profondeur du détroit. A cet
égard, on est édifié aujourd'hui. Suivant la direction rectiligne qu'aurait le tunnel, la mer,
si profonde dans la plupart des jiarages, ne va nulh; part au delà de 54 nn'lrcs.
1. Si l'on se figure l'église Notre-Dame de Paris plongée dans le détroit au point où il a
le plus de profondeur, les tours émergeraient de i?, mètres environ.
» Par conséquent, si le tunnel est creusé de sorte (jue la clef de voûte soit à loo mètres
de profondeur, il aura, pour résister à la pression de la mer, un massif calcaire de 46 mètres,
c'est-à-dire de plus du double de la taille des plus grandes maisons de Paris, et, s'il est
convenablement revêtu, il offrira autant de sécurité que le plus solide souterrain de chemin
de fer.
» La possibilité de fiénétrer sous la mer, sans être exposé à l'invasion des flots, est dé-
montrée par les galeries sous-marines des mines de plomb et de cuivre de Cornouaillcs, et
{ '45 )
par celles de White-Havcn et autres points de la cote du Ciiinberland, où l'on exploite de
puissantes couches de charbon en ayant de même la mer au-dessus de sa tète.
» A Botallach, les mineurs vont chercher le métal sous la mer à G:îo mètres de la cote. A
la mine du Levant, ils vont encore plus loin.
» A AMiitc-Ilavcn, diverses galeries s'étendent à près de 5 kilomètres en ligne droite de
la plage; en y ajoiilaiU les nombreuses traverses qui les relient entre elles, c'est un dcve-
lopiiement de plusieurs centaines de kilomètres de voies creusées sous l'Océan, à des pro-
fondeurs variant de 70 à ?.20 mètres. Jamais l'eau de mer n'y a pénétré, et la confiance
qu'ont les mineurs dans i'im|)erniéabilité du terrain est telle qu'ils prévoient une époque,
naturellement fort reculée, où, à force d'aller en avant dans l'extraction du charbon, ils fi-
niront par atteindre la côte d'Irlande, qui est à 100 kilomètres et plus.
u Dans un Traité sur les mines et leur exploitation, publié il y a près d'un siècle, en
1778, M. Prvce, ingénieur anglais, va jusqu'à signaler les mines creusées sous la mer comme
étant moins exposées que les autres à l'invasion des eaux souterraines; il en cite l'exemple
que voici :
« La mine de Huel-Cock, dans la paroisse de Saint-Just, s'étend sous la mer :\ près de
» i5o mètres de distance, et dans quelques endroits il n'y a pas plus de 5 mètres d'épais-
» seur de roche entre le fond de l'eau et les galeries où travaillent les mineurs, de telle sorte
» ([ue ceux-ci entendent distinctement le bruit des vagues venant, du large de l'océan Atlan-
» tique, se briser sur le rivage. Ils entendent aussi le roulement, pareil au tonnerre, des
» galets au fond de la mer, ce qui frappe d'étonnement et presque de terreur les curieux
» qui ont cette sensation pour la première fois.
>j Des filons plus riches que les autres ont été exploités, très-imprudemment sans doute,
» à i"',20 seulemeiU au-dessous du fond de la mer, et il est arrive que, par des temps d'o-
» rage, le bruit occasionné par les flots et les galets fut tellement épouvantable, que les ou-
" vriers abandonnèrent leurs travaux, encore plus effrayés du fracas de la tempête que de la
u chance de voir la mer tomber sur eux et les engloutir — Sous une aussi faible épaisseur de
li rocher entre eux et la mer en fureur, ils eurent quelquefois à arrêter des infiltrations d'eau
" salée passant à travers les fentes de la pierre, et ils y parvinrent en les calfatant avec des
Il étoupes et du ciment, comme les flancs d'un naviie. Dans la mine de plomb de Perran
>• Zabuloc, qui s'exploitait sous la mer, on employait le inème procédé pour parer au même
» inconvénient. »
» M. l'ryce, pour expll(iuer le peu d'humidité des galeries de mines sous la mer, sup-
pose que le fond est couvert d'une substance gélatineuse imperméable. Le fait est que toute
pierre, tout rocher, immobile au fond de la mer, se couvre d'une couche de végétation et de
coquillages, qui forme un véritable enduit de nature à eni]K'clier les infiltrations en remplis-
sant les petites fissures.
" On admet généralement que l'Angleterre et la France ont été réunies autrefois par un
isthme. La vraisemblance est (juc les grands courants de l'Océan vers la mer du Nord auront
ravine le sol et produit la coupure qui forme aujourd'hui le cai'.al de la .Manche. Celte cou-
pure serait ainsi le résultat de l'affouillemenl du terrain par les eaux, et ne jiroviendrait pas
de la dislocation de la croûte terrestre par des soulèvements volcanicjues, comme ceux qui
ont souvent |)roduit la configuration accidentée du sol dans les régions montagneuses.
» Chaque fois qu'on a fait des sondages ou creusé des puits dans les bancs qui constituent
( '46 )
le sol sur lequel sont posées les villes de Calais et de Douvres, les quantités d'eau rencontrées
ont été réellement insignifiantes.
.1 Heureusement la solution du problème, c'est ;i-dire l'exécution du tunnel sous la Man-
che, est beaucoup simplifiée par l'invention d'une niacliiue due à un ingénieur anglais,
M. Briinton, qui, de|Hiis jiiusifurs années, l'a soumise à des épreuves variées et l'a appli-
quée avec succès, surtout dans la craie grise de la nature des bancs qui sont au fond de la
Manche, là où le tunnel serait ouvert.
I) Cette machine marche comme une tarière qui creuserait un trou cylindrique dans du
bois. Mise en rotation au moyen de la vapeur ou par l'air comprimé, elle entaille et dceoupe
un massif de craie sur une section circulaire de 2'",io de diamètre. La craie, réduite en frag-
ments, tombe sur une toile sans fin soutenue par des rouleaux et tournant par l'effet du
menu- moteur que la machine; elle est déversée ainsi dans des wagons qui l'emportent sur
des rails, hors de la galerie.
" Les ingénieurs anglais qui consacrent leurs soins au tunnil sous-marin ont naturelle-
ment porté leur attention sur la machine Brunton, afin de vérifier si elle pourrait être utilisée
pour le percement de la galerie de reconnaissance. Ils l'ont essayée sur des falaises aux en-
virons de Rochester. Sa rapidité d'avancement s'est montrée fort remarquable : elle atteint
1 mètre et l"',io par heure. Sur cette base, il ne faudrait cpie deux ans pour franchir, en
partant des deux extrémités, l'espace total ù creuser souterraineraent entre Douvres et
Calais. »
M. DcpuY DE LOME, après avoir entendu la Communication de M. de
Lesseps, demande la parole et s'exprime comme il suit :
« Nous avons tous entendu avec un vif intérêt la Communication que
vient de faire à l'Académie notre illustre confrère, M. de Lesseps, concer-
nant le projet de tunnel destiné à relier l'Angleterre et la France par des-
sous le détroit du pas de Calais.
M Je tiens à remercier personnellement M. de Lesseps de la façon dont
il a parlé de l'autre projet tendant à créer un service régulier de navires
porte-trains entre Calais et Douvres, projet que j'ai eu l'honneur d'exposer
à l'Académie, au point de vue scientifique, dans sa séance du 28 juil-
let 1873-, mais, en même temps, je ne puis m'abstenir de faire une réserve
relativement à la conviction que M. de Lesseps a exprimée, en disant que je
serais sans doute amené moi-même aujourd'hui à préférer le tunnel sous-
marin aux navires porte-trains.
)> J'ai, au contraire, des raisons qui nie paraissent très-sérieuses, non-seu-
lement au point de vue économique, mais encore au point de vue de l'exé-
cution, indépendamment de la dépense, pour demeurer convaincu que la
solution la plus prompte et la plus sûre tlu problème de l'améHoralion des
moyens de transit entre l'Angleterre et la France git dans l'établissement
( '^.7 )
(le navires porte-lrains, avec la construction d'une gare maritime bien ap-
propriée à cet effet. J'ai la confiance que l'autorisation qui va être accordée
(d'après ce que vient de nous apprendre M. de Losseps) à la Compagnie
qui étudie le projet de tunnel, fera disparaître les misons que le Gouverne-
ment a pu avoir pour ajourner la présentation à l'Assemblée nationale du
projet de loi rédigé, depuis plus d'un an, par le Ministère dos Travaux pu-
blics, à la suite des enquêtes les plus complètes, pour autoriser la construc-
tion à Calais de la gare maritime nécessaire au service des navires porte-
trains. »
HYDROLOGIE. — Coup (l'œil d'ensemble sur te régime des principales rivières
du nord, du centre et du midi de la France. Note de M. Bklgra.vd.
« Dans la séance du i" juin 1874» nous annoncions à l'Académie,
M. G. Lemoine et moi, une grande sécheresse, ou pour mieux dire un
abaissement extraordinaire du débit des cours d'eau et des sources du
bassin de la Seine. Nous ajoutions que les principes sur lesquels nous nous
appuyions ne nous permettaient en aucune façon de prévoir le temps qu'il
ferait pendant la saison chaude de 1874; mais que, dès le i"^''juin, les ca-
ractères hydrologiques de l'année étaient fixés dans leur ensemble, et que
les cours d'eau et les sources du bassin de la Seine atteindraient, avant le
milieu d'octobre, à peu près les plus bas débits qui aient encore été
observés.
» Celte prévision s'est réalisée de point en point : les cours d'eau et les
sources se sont abaissés aux débits de l'année 1870, dont nous avions éga-
lement annoncé l'extrême sécheresse (i). Les années 1870, 1874 et peut-
être i858 sont les plus sèches qui aient été observées dans les xviii* et
XIX* siècles. J'ai fait connaître les faits relatifs k la sécheresse de 1870 dans
mon ouvrage intitulé : la Seine, éludes hjdrolngicpies. Nous sommes occupé
en ce moment à réunir des documents analogues pour l'année 1 874» et nous
les ferons connaître à l'Académie dans une nouvelle Note.
» La sécheresse a cessé le 16 novembre dernier. J'ai démontré en i854 (2)
que tous les bassins hydrographiques situés au nord du plateau central de
la France étaient soumis au même régime j)luvioinétiique, et qu'en général
la Seine, la Loire, la Saône, la JMeuse, etc., entraient en crue en même
(l) Annales drs Ponts et (haussées, 4 juin 18-0.
(2] Annuaire tic lu Société météorologique de France, séance du 1 1 jiiilli I i854.
( '48)
temps. Ce fait s'est réalisé le 1 8 novembre. La crue qui a mis fin à la séche-
resse du bassin de la Seine correspond à une crue de la Loire, delà Saôno
et même du Rhône. J'emprunte au Bulletin mclcoiologi(iue spécial de l'Asso-
ciation scientifique de France, dont le président, ]\L Le Verrier, a bien voidu
me confier la direction, les documents suivants, qui démontrent que tous
ces cours d'eau sont entrés en crue en même temps, du i6 au 17 novembre ;
Novembre 1874.
15 IG n IN l'J ÏD 'U 2^2 23 24
111 m m m m m m m m m
delà Seine ' 1 d'Austeilitz. ... o,oo o,oo o,io o,io o,t20 o,3o o,io o,Go 0,70 0,80
de la Loire je de Digoin 0,00 0,^8 o,53 0,78 i,32 i,53 i,55 i/|3 1,28 ijîS
I de l'Allier J î.1 deP'dii-Cliàleau 0,61 0,61 o,G5 1,09 1,08 l,o.'| 0,99 o.gS 0,91 0,86
du lac Léman f .§ j d'Évian 0,38 0,38 o,/|5 o,'(5 o,'|5 0,45 0,44 o,43 0,44 o,45
g , du lac d'Annecy y _2 / de la Halle 0,55 o.sD 0,25 0,28 0,^0 0,59 0,71 0,7» 0,73 0,73
jdel'Arve If I de lionneville. . -0,08 o,o3 o,o5 o,i3 o,4j 1,00 o,5o o/fi 0,35 o,3o
du UliOne \ï I de Sejssel 0,60 0,60 0,80 i,'|0 i ,Go 3,!0 1,80 i,3o 1,00 0,90
de l'Ain |~ de Cliazcy 0,20 o,3o o,'|0 3,00 3, 10 5, 10 3,90 2,80 3,10 i,So
de la Saôno ./ \ de la Fouillée. . 0,19 0,16 o,i(i i,i5 i,ô8 3,Co 4>6o !\,35 l{,iô 4i^8
Le Doubs, tlu 16 aua i novembre, est monté à
111 II)
Pontarlier, de 0,00 à i , i5
Pont- (le-Rniile, de o,3o à 2,ao
La Loue, affluent du Doubs, de o,o3 à a,4o
1) Il ne faudrait pas conclure de là qu'en annonçant une sécheresse dans
le bassin de la Seine nous ayons fait une prévision analogue pour la
Saône, le Rhône, la Loire et l'Allier. Je dois rappeler ici sommairement les
principes sur lesquels nous nous sommes basés. Les pluies du bassin de la
Seine ne sont jamais assez fortes pour profiter aux cours d'eau et aux
sources, si le sol n'est pas préalablement dans un état convenable d'imbi-
bition et de saturation. Pendant la saison chaude, cet état n'est obtenu
que par de longues pluies préparatoires. Pendant la saison froide au con-
traire le sol est toujours dans un état de saturation convenable et les
moindres pluies profitent aux cours d'eau et aux sources. La saison froide,
pour le bassin de la Seine et les bassins situés entre la Seine et la fron»
tière belge, est comprise entre le i'"' novembre et le i*'' m;n; dans certaines
années, ces limites peuvent varier de quelques semaines. Lorsque, à la
suite d'une saison froide peu pluvieuse, le mois de mai est lui-même sans
pluie, la décroissance du débit des cours d'eau de cette partie de la France
se prolonge jusqu'à la fin de la saison chaude, c'est-à-dire jusque vers le
i5 octobre, quelle que soit d'ailleurs l'abondance des pluies, y compris
celles de l'équinoxe d'automne (i).
(1) Voir La Seine, études hydivlugiqucs.
( '49)
» Au contraire, les pluies de l'équiiioxe dautouiiie exercent une action
considérable sur les rivières dont je vais parler, et dont quelques-unes su-
bissent en outre les perturbations produites par la fonte des glaciers.
» Saône. — Le régime de cette rivière a la plus grande analogie avec celui de la Seine;
clic est soumise aux niùmcs influences météorologiques, ft de plus les terrains i)erméables
oolithiqucs occupent dans les deux bassins une étendue considérable, alimentent des sources
énormes qui se gonflent en temps de grande pluie et prolongent considérablement la durée
des crues; mais la chaîne du Jura est beaucoup plus élevée que celle de la Côte-d'Or, Dans
le bassin de la Seine, l'altitude de la chaîne de la Côto-d'Or ne dépasse pas Gio mètres, et
ce n'est que sur un mamelon isolé qu'on trouve dans le Morvan l'altitude 90^ mètres,
tandis que les bas plateaux du Jura s'élèvent de 4oo à 600 mètres, les plateaux moyens à
r)0o mètres et les hauts plateaux jusqu'à l'jao mètres d'altitude. Il résulte de cette augmen-
tation d'altitude que la saison froide commence dans le bassin de la Saône un mois plus
tôt (pic dans celui de la Seine : les grandes pluies de la fin du printemps et de l'équinoxe
d'auioiune profilent à la Saône, à sesafQuents et même aux sources.
" Voici, par exemple, l'époque des grandes crues d'une petite rivière du Jura, la Clauge,
à partir de i83i.
Septembre i83i. 26 octobre 1841.
Mai i836. Juin i852.
3o octobre 1840. Mai i856.
3 octobre 1841.
» La plupart ont lieu, comme on le voit, au commencement et à la fin de la saison
chaude du bassin de la Seine [Etudes hydrologiqncs du Jura, par M. I,amairesse).
« La Saône peut donc éprouver et éprouve, en effet, de grandes crues à la fin de l'été
et au commencement de l'automne. La plus grande crue connue, celle du 4 novembre 1840,
a duré près d'un mois et, par conséquent, a été soutenue par une crue des sources. On
garde encore le souvenir des crues d'automne de 58o, 1196, i4o8 et du 2^; sep-
tembre 1602 (i).
1) En i8'j4t la Saône a éprouvé, comme la Seine, un grand abaissement de débit, jjarce
que lus pluies ont été trcs-faiblcs du i"' mai au i5 novembre, fait qu'il n'était pas possible
de prévoir. Jlalgié la faiblesse de ces pluies, on reconnaît facilement que la rivière était
rentrée dans son régime d'hiver dès les premiers jours d'octobre. En effet, le i" septembre
son niveau s'élevait à i"',o3 au pont de la Feuillée, à Lyon, et s'abaissait régulièrement
jusqu'i la cote o"', 4^ (•" octobre), puis remontait brusquement à i"',3G (2) (G oc-
tobre).
» l'our obtenir une telle variation de niveau en six jours dans la Seine, à Paris, à cette
époque de l'année, il faut des pluies beaucoup plus grandes que celles qui sont tombées
(i) Voir un Mémoire de M. Laval, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Annales des
Ponts et Chaussées, i84i, p. 240; les Inondations de France, de M. Maurice Champion, et
enfin le Lulletin de la Commission hydrométrique de Lyon.
(2) Ces cotes sont augmentées de 2 mètres, le zéro de l'échelle étant trop bas.
C.K.,1875, i" Semestre. {1, LX.XX, N» 3.) 20
( i5o )
en 1874. La Saône était ilonc rentrée dans la saison froide, tandis que la Seine était encore
en pleine saison chaude. S'il ctiil tombé de grandes pluies un peu avant ou un peu après
l'ctjuinose, la Saône aurait pu entrer en grande crue, tandis que le fleuve parisien n'aurait
é|)rouvé que des oscillations de niveau insignillantes (i).
.. Rhône. — Ce fleuve subit en été des perturbations de régime dues à la fusion des gla-
ciers. Les documents suivants, extraits de notre JiiiUctin, donneront, pour la saison chaude
de 1874, une idée très-nette de l'effet de ces perturbations sur le régime des lacs Léman et
d'Annecy et, par conséquent, sur le Rhône.
» Les observations ont lieu tous les jours aux échelles d'Évian et de la lïalle.
» Les variations du lac Léman ont été très-régulières : le niveau s'est élevé d'une ma-
nière continue de la cote 0'", 32 ( i" mai) à T", 75 (maximum, 16 août), puis s'est abaissé
non moins régulièrement jus(|u'à o'", 38 16 novembre).
« Le lac d'Annecy, plus petit que le Léman, est moins régulier. Le 19 mai il était à la
cote o", 19; il s'est élevé le 18 août à o",83, puis s'est abaissé, mais après de nombrrusos
oscillations, le 17 novembre à o'",25. Ces indications des deux lacs, en 187 j, ont été excel-
lentes. La saison chaude ayant été, pour ainsi dire, sans pluie, leurs variations de niveau,
comme les crues de l'Arve, ont été produites uniquement par la fusion des glaciers.
« Le Rhône, en amont de Lyon, est soumis au même régime pluviomélriiiue que les
rivières situées au mird du plateau central de la France; mais, en aval, le régime des pluies
est absolument différent.
» La chaîne des Cévennes n'est pas moins remarquable par l'abondance des pluies qui
la désolent que par la violence des cours d'eau qui y prennent naissance. Ces grandes pluies
tombent presque toujours un peu avant ou un peu après l'équinoxe d'automne, et aussi,
mais moins abondamment, vers l'équinoxe du printemps; le reste de l'année est relative-
ment sec [1].
.) Le faîte de cette chaîne, entre les sources de la Loire et de l'Hérault, est à 1200 et
i5oo mètres d'altitude. Le granité en couvre toute la surface, qui, par conséquent, est
imperméable et, de plus, très-accidentée. Les eaux pluviales y ruissellent donc sans péné-
trer dans le sol et avec une rapidité inouïe.
.. Les principales rivières qui y prennent naissance sont ; à l'est, le Doux, l'Erieux,
l'Ardèche et le Gardon, affluents du Rhône; à l'ouest, le Lot et le Tarn, aflluents de la
Garonne; au nord, la Loire et son affluent l'Allier; au sud, l'Hérault.
> Ardèche. — Celte rivière est le jiius violent des affluents du Rhône. Ses plus grandes
crues connues portent les dates suivantes :
Mi-septembre 1 53.2, 18 septembre 1779, ...1794, 28 septembre 1 8.16,
3 septembre iG44. lôsepiembre 1782, 10 octobre 1827, loseplembre 1857,
9 septembre 1772, 3 septembre 1789, 20 septembre i84t>, 1 5 octobre 1869.
Elles s'écoulent donc toujours un peu avant ou un peu après l'équinoxe d'automne.
» Le bassin est petit (2429 kilomètres carrés); la hauteur et la portée des crues est
(i) Depuis 1732, la Seine n'est entrée en grande crue ordinaire qu'une seule fois par
l'effet des pluies d'équiiioxe (lin septembre i866).
(2) Voir, Mémoire de W. Raulin, Atlas météorologique de l'Observatoire, 1J869-1 870-1 87 1 .
( j5. )
énorme : elles s'élèvent au pont de Salavas à 17 mètres, et au pont d'Arc à 19™, aS au-dessus
(les basses eaux. Elles débitent jusqu'à 7000 mètres cubes d'eau par seconde, presque autant
que la Loire à Tours.
» La crue du 10 octobre 1827 a suffi à elle seule pour élever le niveau du Rhône de
5'",5o à réchelie dAvignon. Elle a été produite par une pluie de 792 millimètres, chiffre
constaté en vingt et une heures par M. de Montravel, à Joyeuse. C'est la plus grande pluie
qui ait été observée en France et peut-être ailleurs. On sait qu'à Paris la hauteur moyenne
annuelle de pluie dans la cour de l'Observatoire est de 576 millimètres.
» Le Doux, l'Ervieux et le Gardon éprouvent aussi des crues d'une violence extrême,
mais qui sont moins redoutables que celles de l'Ardoche, parce que leurs bassins sont
moins étendus. Suivant M. de Montravel, les pluies qui produisent ces grands déborde-
ments des rivières du Vivarais sont d'autant plus grandes que l'année est plus sèche (i).
» Si l'on considère que les affluents de la rive gauche, l'Isère, la Drôme et la Diirance,
ne sont guère moins violents, on reconnaîtra (]u'il est impossible de prévoir dès le mois de
juin une sécheresse d'automne dans le bassin du Rhône, en aval de Lyon.
r Nous n'avons pas encore enregistré dans notre Bulletin de ces grandes pluies dont il
vient d'être question; mais on en a constaté assez communément qui dépassent i5o et
même 25o millimètres en vingt-quatre heures, et suffisent pour déterminer une grande crue
sans aucune préparation du sol : c'est ce qu'on va voir ci-dessous.
» Tarn. — Affluent de la Garonne. Cette rivière, dont les sources sont peu éloignées
de celles du Chassezac, très-violent affluent de l'Ardèche, est soumise au même régime plu-
viométriquc. Une grande pluie de :>5o millimètres y produit une grande crue sans aucune
préparation du sol : voici des chiffres extraits do notre Bulletin :
Octobre 1873.
)G n 18 19 20 21 22 23
Pluie, bassin de l'Ardèche,
N.-D.-des-Neigcs
(ait. 1 120 mètres). 3""" 96""" 270""" 147'"'" gS""" o'"'" 5'"'" 33""»
• bassin du Tarn, pont
de Montvert (ait.
ii?o mètres) ... 3 ?4 ^So 180 66 i 6 26
Cruccorrcspondantedu Tarn ,„ „, „ „, „, „, „, „,
aux vignes o,5o o,5o 4)4" 5, 00 3,70 2,80 2,10 a, 00
> La concordance des pluies est frappante. Elles ont été précédées d'une sécheresse. La
crue du Tarn a donc été subite et a déterminé une grande crue dans la Garonne. A Tou-
louse, en amont du confluent du Tarn, le fleuve n'a éprouvé que des variations de niveau
insignifiantes; à Agen, en aval de ce confluent, la Garonne s'est élevée de r",6o (16 octobre)
à 7 mètres (21 octobre).
>' Tout le monde sait d'ailleurs que ce fleuve subit l'influence de la fonte des glaciers,
surtout pour les pluies de la saison chaude. En voici un exemple tiré de notre Bulletin :
(1) Voir le Miiuoire <\r M. de Mardigny Sur les inondations des rivières de l'Ardèche
( Annales des Puntsit iliiiuss< es, i8(jii, p. 24')).
20..
( '52 )
Juillet \8-?.
Août 187".
30 31
1
2 3
4
5
mm mm
7 i6
mm
95
D)m mm
0 I
mm
0
mm
0
m m
,5o I , 3o
4
ni
,6o
4
m m
,80 2,3o
m
2,00
m
i,5o
mm
Pluies d'étc', station de Mon-
trcjeau
Crue de la Garonne à Tou-
louse
» Lfi Loire et l' Allier. — Quoique ces deux rivières prennent naissance dans la même
région que l'Ardèche, le Tarn et le Lot, elles ne reçoivent cependant, suivant l'énergique
expression d'un ingénieur du département de l'Ardèche, que les éclaboussures des grandes
pluies des Cévenncs. Mais ces éclaboussures suffisent pour produire d'énormes crues dans
les deux rivières. Reportons-nous aux mêmes dates que ci-dessus, et nous trouverons :
Octobre 1S72.
IG
Pluie du bassin de l'Allier, station de
Chaylard (altitude i i5o mètres). ... 3
Crue correspondante de l'Allier à Lan- n, m m m m m mm
gogne o , 3o G , 80 3,20 2,70 2,20 1 , 5o i , 3o i , 3o
» La crue n'est pas très-considérable, mais subite. De temps à autre, il se forme en amont
des plaines du Forez et de la Limagne, sur une surface de terrain qui ne représente ])as la
dixième partie du bassin de la Loire, des crues qui, à l'aval du Bec-d'AIlier, débitent 9000 mè-
tres cubes d'eau par seconde, autant que les plus grandes crues connues du ileuveàTours. Tels
ont été les désastreux débordements de la fin d'octobre 1846 et de la fin de septembre 1866.
» En résume, cette petite chaîne des Cévenncs reçoit des pluies assez abondantes pour dé-
terminer d'énormes crues dans le lit de nos trois plus grands fleuves de France, le Rhône,
la Loire et la Garonne; ces crues ont toujours lieu vers l'équinoxe d'automne.
» La partie méridionale de cette chaîne, la montagne Noire et les Corbières, ont une ac-
tion bien plus nelte encore sur les petits fleuves méditerranéens, tels que l'Hérault, l'Orb,
l'Aude, le Tech et la Tet. Des pUiii-s violentes tombées vers les équinoxes, surtout versTequi-
noxe d'automne, y déterminent des crues énormes. Dans les intervalles, les pluies sont très-
faibles et les cours d'eau sont très-mal alimentés.
» Hcrault. — Prend naissance dans les parties granitiques des Cévenncs. Pluies très-vio-
lentes aux équinoxes, qui déterininent des crues énormes surtout à l'équinoxe d'automne,
le reste de l'année relativement peu pluvieux et sans crues. Les grandes crues se forment en
amont du pont de Gignac, et proviennent de l'Hérault et de son principal affluent l'Krgue.
En aval du ponl de Gignac commence la plaine de Montpellier, qui est sans action sur le
régime du fleuve. Le bassin de l'Hérault et de l'Ergue, en amont du pont de Gignar, est d'en-
viron 1900 kilomètres carrés. Les plus grandes crues connues débitent de 35oo à 38oo mè-
tres cubes par seconde, une fois et demie plus que celles de la Seine, à Paris, dont le bassin
est vingt-cinq fois plus grand.
1- .T'ai vu la plus grande crue connue de cette rivière, le 18 octobre 1868. La Société
géologique de France, dont j'étais alors président, était en réunion extraordinaire à Mont-
pellier. Le 17, nous traversâmes à pied sec un grand nombre d'affluents du fleuve, et le
soir nous couchâmes à Clerniont-ruérault. au bord de la vallée de l'Erque. Une de ces
( '53 )
pluies dont nous n'avons aucune idée dans le nord de la France tomba dans la nuit, et le
lendemain en nous éveillant, nous vîmes la large vallée qui se développait sous nos yeux
submergée à perte de vue. La crue de l'Hérault s'éleva au pont de Gignac, en amont du
confluent de l'Ergue, à i3 mètres au-dessus de l'ctiage et à i'",5o au-dessus de la plus
grande crue connue antérieurement. Jlalbeureusement aucune station d'observations pluvio-
mélriques n'existait alors dans la région montagneuse où se forment ces crues. On ne con-
naît donc pas la hauteur de la pluie à laquelle est due cet effroyable débordement de ce
petit fleuve { i). ' '
>' Aujourd'hui nous enregistrons dans notre Bulletin les hauteurs de pluies d'un nombre
suffisant de stations.
» Voici le diagramme de la plus grande crue constatée depuis l'origine de notre publica-
tion, celle d'octobre 1H74 '■
Octobre 187
14 15 16 17 18 19 20 21 22
mm tum mm mm mm mm mm mm
Pluie au Caylar (altitude 7(7 mètres). 36 83 74 53 1 39 33 5 o
m m m m m m m m m
Crue de l'Hérault, au pont de Gignac. 0,70 2,5o 4j5o 3,25 2,io i,8o 2,5o 2,25 i,5o
u II y a loin de cette crue à celle du 8 octobre i8r)8, qui, au pont de Gignac, s'est élevée
à 8"',5o |)lus haut. Néanmoins elle e^t caractéristique; elle a eu lieu subitement, sans aucune
préparation du sol, et a été déterminée par une grande pluie d'équinoxe.
» L'Orb et l'Aude. — Rivières dont le régime se rapproche beaucoup de celui de l'Hé-
rault. Crues violentes et de très-courte durée vers les cquinoxes, surtout vers l'équinoxc
d'automne. Dans le reste«le l'année, très-basses eaux, surtout dans la saison chaude. C'est
également en octobre 1874, aux mêmes dates que celles de l'Hérault, que je trouve les plus
grandes crues enregistrées par notre Bulletin
Bassin de l'Orb :
Pluie, station de S'-Gervais
(altitude 334 raètres) . . .
Crue de l'Orb, pont Rouge, m m m m m m m m m
près Béziers i ,25 3, 00 5,75 6,25 4>4" 2>9'' 47^5 5, 20 2,90
Crue de l'Aude, au pont de
Gailhousty 2,06 2,06 2,60 8,20 3, 60 3,So 6,10 7,80 4>3o
La concordance du régime des deux rivières, pendant cette crue, est évidente.
M II résulte de la discussion qui pi-écède :
» Qu'il est impossible d'annoncer dès les piemiers jours de juin, avec
le même degré de probabilité, que dans le bassin de la Seine les grandes
diminutions de débit du Rhône, de la Saône, de la Loire et de la Garonne,
pendant la saison chaude;
» Que les petits fleuves méditerranéens, compris entre le Rhône et les
Octobre
.87',.
14 15 IC 17 IS
lu 20
21 2
mm mm mm mm
:o8 225 200 25o 0
Dim moi
80 60
0 (
(i) Voir une Note de M. Ch. Jlartins Sur le régime de r Hérault et sur lu crue du 18 oc-
tobre 18G8 [Bulletin de la Société géologique de France, 1867-1868, p. 985).
( -'^''l )
Pyrénées, ont un régime spécial qui rend les prévisions à peu près inutiles,
puisqu'ils éprouvent leurs crues presque périodiquement, un peu avant ou
un peu après les équinoxes, et qu'il ne tombe, pour ainsi dire, plus de pluies
sur leurs bassins dans le reste de l'année;
» Qu'il est très-difficile d'annoncer leurs crues désastreuses aux inté-
ressés, puisqu'elles sont toujours subites et déterminées par une seule
chute de pluie.
» Après notre Communication à l'Académie, MM. de Tastes et Raulin
ont annoncé un abaissement probable des sources des bassins de la Loire et
de la Garonne. Je crois en effet, au moins pour ce qui concerne la Loire,
qu'il est possible d'annoncer à l'avance l'abaissement du débit t/e5 sources;
mais, ainsi que je viens de le démontrer, il ne me paraît pas possible, dans
l'état actuel de nos connaissances, de prévoir dès le milieu du printemps,
l'abaissement de la portée des rivières qui coulent dans ces bassins.
» On remarquera que, dans cette Note, je n'ai parlé ni des cours d'eau
qui descendent des Alpes françaises : l'Isère, la Drùme, la Durance et le
Var; ni de celles cpii descendent du revers ouest du plateau central : la
Dordogne et la Corrèze. Nos stations d'observations sont à peine orga-
nisées dans ces bassins. »
«
CHIRURGIE. — Pansements à la ouale cl occlusion inamovible. Note
de M. Ollier à propos du Rapport de M. Gosseliîi (i).
« Je désire soumettre à l'Académie, à l'occasion du Rapport de M. Gos-
selir), quelques faits expérimentaux et cliniques qui, outre leur intérêt au
point de vue de la physiologie des plaies, me paraissent apporter de nou-
veaux arguments en faveur des conclusions de la Commission.
» Je me suis depuis longtemps préoccupé de rap|)lication à la Chirurgie
des ex|)ériences de M. Pasteur sur les fermentations, et, m 1870, j'avais
étudié le mode de cicatrisation des plaies dans un milieu artificiel, inacces-
sible à l'air, en les plongeant dans un bain permanent d'huile phéniqiiée.
L'huile avait, dans le cas présent, des avantages spéciaux sur les autres
liquides. Plus légère que le sang, que le pus et tous les exsudais, ne pou-
vant se mêler à eux, elle les laissait tomber au fond du récipient et main-
tenait constamment la surface de la plaie en contact avec une couche de
(i) CeUe Conmiutiicalidn est celle qui avait été faite dans la séance piécédeule par
M. OlIicr, à la ■^iiilc df la Iccliiir du Rniipoit de M. Gossrliii.
( i55 )
liquide qui, non-seulement empêchait l'accès de l'air, mais pouvait, au
besoin, désinfecter les produits septiques formés sur la plaie elle-même.
M Ce bain huileux me paraissait, et me paraît encore, un des meilleurs
moyens pour réaUser les conditions que M. Pasteur considère comme indis-
pensables pour empêcher toute fermentation. J'obtins des résultats très-
encourageants : trois succès sur quatre amputations. Mais ce moyen,
très-séduisant en théorie, est d'une application incommode, souvent très-
difticile, et, dans beaucoup de cas, impossible à cause de la configuration
des organes qu'il faut maintenir dans un bain permanent. Aussi, quand
M. Alph.Guérineut fait connaître les beaux résultats qu'il avait obtenus par
le pansement ouaté, me suis-je empressé de l'imiter. J'ai hâte de dire que
les résultats que j'ai obtenus dans ces quatre dernières années à l'Hôtel-
Dieu de Lyon (et que je ferai bientôt connaître en détail) ont été incon-
testablement plus satisfaisants que ceux que m'avaient fournis les diverses
méthodes de pansement auxquelles j'avais eu recours, depuis dix ans, dans
le même milieu. Mais, en adoptant le pansement au coton, je ne pus suivre
M. Guérin dans ses idées théoriques et surtout dans son idée fondamentale
de la fîltration de l'air. Je cherchai seulement dans le coton un moyen
simple et facile d'occlusion, et je m'attachai, au moment du pansement, à
détruire les germes qui pouvaient exister sur la plaie et sur les objets qui
devaient être mis en contact avec elle; mais il suffit de se représenter les
conditions dans lesquelles on opère dans un hôpital, même dans une salie
spéciale, pour comprendre qu'on ne peut pas exactement réaliser les con-
ditions indiquées comme indispensables par M. Pasteur, pour le succès de
ces expériences. A peine trouverait-on ces conditions sur le sommet d'une
haute montagne inhabitée, et encore le chirurgien et ses aides apporteraient-
ils avec eux des chances d'infection.
» Ayant fait l'analyse histologique et physiologique des pus retirés de
dessous les bandages ouatés, je rencontrai des vibrions et divers niicro-
zoaires sur des plaies qui avaient un excellent aspect, et, d'autre |jart, je
produisais des phlegmons gangreneux très -graves sur des chiens, en leur
injectant du pus qui se trouvait sans inconvénient en contact avec des sur-
faces suppurantes chez l'honune. La tolérance des plaies pour ce pus
infect, si dangereux pour les animaux dans le tissu cellulaire desquels on
l'injecte, est une preuve frappante de l'inutilité des pansements fréquents,
et elle vient à l'appui des conclusions de la Commission, qui voit un des
principaux avantages du bandage de M. Guérin dans la rareté du panse-
ment.
( i56 )
u A ce propos, je signalerai un fait qni n'a pas, que je sache, été encore
observé; c'est l'élévation de la température des blessés après un pansement
destiné à débarrasser la plaie des liquides félidés qui répandent une mau-
vaise odeui- dans la salle et incommodent les voisins et les personnes de
service. On croirait, a priori, que tout |)ansement méthodiquement, fait avec
lavage de la plaie au moyen de liquides antiseptiques, doit amener une
diminution immédiate de la résorption des matières septiques, et, par con-
séquent, un abaissement de la température générale. Il n'en est rien, et,
lorsque l'on panse une plaie étendue, comme celle qui résulte d'une
amputation ou d'une résection, on occasionne une élévation momen-
tanée de température de 2, 4, 6 dixièmes de degré et plus, si l'on a dé-
chiré les bourgeons charnus en retirant les pièces de pansement encore
adhérentes.
M Le résidtat inverse se produit cependant dans d'autres cas; il résulte
du pansement un abaissement de la température générale : c'est lorsque, le
bandage étant déjà ancien, il s'est accumulé du pus autour de la plaie, que
ce pus irrite et excorie la peau sur une large surface; il s'opère alors, par
cette peau excoriée, la résorption d'une certaine quantité de matière sep-
tique. Aussi suffit-il de renouveler le pansement, de faire écouler le pus,
de remettre du coton neuf pour obtenir un résultat inverse de celui que
j'ai signalé dans le cas précédent, lorsqu'on se hâtait de renouveler le
pansement.
» Tant que le malade ne souffre pas dans un pansement ouaté, tant
que la température ne s'élève pas, il faut laisser l'appareil en place et mas-
quer la mauvaise odeur par les désinfectants ou des substances aromatiques
agréables au malade. Je parle ici, bien entendu, du pansement des plaies
dans un milieu infecté; dans un milieu salubre, la conduite du chirurgien
doit être tout autre.
» Je ne puis entrer ici dans de plus longs développements sur ces varia-
tions de température; mais il ressort du fait que je viens d'exposer que,
contrairement à l'idée généralement répandue, les pansements fréquents
de certaines plaies, loin d'être un moyen de diminuer l'absorption des
matières septiques, sont, au contraire, des occasions favorables et presque
fatales |)our l'augmentation de cette absorption.
)) Mais ce n'est pas seulement parce que le pansement ouvre de nou-
velles portes à l'absorption des matières répandues sur la plaie, qu'il faut
le renouveler le plus rarement possible dans les milieux infectés; c'est aussi
parce que, en découvrant la plaie, on l'expose à l'action des germes infec-
( .57 )
lieux qui sont répandus dans ratniosphère, et qui en avaient été tenus
éloignés par la couche protectrice de coton.
» J'ai déjà signalé la rareté relative de l'érysipèle sous le bandage ouaté.
Dans un semestre où cette complication régnait dans mon service, je n'eus
à constater qu'un seul cas développé sous le bandage, tandis que, dans le
même espace de temps, vingt-deux cas se déclaraient autoiu- des plaies de
la tète ou du tronc, qui étaient pansées par les moyens ordinaires.
<> Quelque temps après, j'eus à combattre une épidémie de pourriture
d'iiôpital. Or je constatai que jamais cette complication n'piivahit primiti-
vement les plaies placées sous le bandage; elle ne se déclara sur leur sur-
face qu'après que celle-ci eut été mise à découvert pour le renouvellement
du pansement.
" J'ai observé peu de pyohémies sous le bandage; mais celles que j'ai
constatées se sont présentées avec des modifications symptomatiqnes très-
intéressantes à noter. Les frissons étaient, dans certains cas, supprimés; ils
étaient toujours moins intenses et moins fréquents; la marche de la maladie
moins rapide. Les blessés paraissaient succomber à une septicémie lente,
plutôt qu'à une véritable pyohémie. L'infection purulente prenait, pour
ainsi dire, un caractère chronique ; la vie était prolongée, et, dans cet inter-
valle, grâce au ralentissement des processus morbides, on pouvait combattre
efficacement l'affection, par l'évacuation des malades dans un milieu sa-
lubre et par des moyens thérapeiUiques qui fussent restés sans effet dans
l'atmosphère nosocomiale.
» Ces observations prouvent bien que, si l'occlusion par le colon n'em-
pêche pas certaines fermentations de se produire dans la plaie, elle fait
obstacle à l'arrivée de certains gernifs infectieux qui empoisonnent l'air
des hôpitaux. Ce dernier effet me paraît incontestable, et, si la première
condition est difficile à réaliser, il faut s'en aj)procher de plus en plus, en
désinfectant l'air ambiant, la plaie et les objets de pansement. Les lotions
répétées de la plaie avec les solutions phéniquées, et surtout l'application
mimédiate d'une couche d'ouate bien imbibée d'huile phéniquée, me pa-
raissent un complément rationnel de l'occlusion ouatée. Les faits de I^ister
viennent à l'appui de cette combinaison, et je crois qiie, si l'on veut pour-
suivre l'idée de l'arrêt et de la destruction des germes, on ne peut s'eulourcr
de trop de précautions pour obtenir ce double résidtat.
» Si une plaie gr.inuleusc, c'est-à-dire fermée par une couche continue
de bourgeons chanuis, peut rester sans danger, pendant un certain temps,
en contact avec un pus assez septique pour compromettre la vie d'un chien
1^. R., 1H7J, .T Scmcure. (T. LXXX, Ji" ô-) 2t
( i58 )
dans le tissu cellulaire duquel on l'injecte, ce résultat ne peut se produire
qu'à la condition de l'intégrité de cette membrane granuleuse. Or les ti-
raillements, les pressions, les mouvements des parties voisines occasionnent
dans certaines plaies la rupture des boin-geons vasculaires et ouvrent, par
conséquent, des portes à l'absorption.
» C'est à ce point de vue que je dois insister sur un autre avantage que la
Commission a reconnu au pansement ouaté, je veux parler de l'immobili-
sation de la plaie. Je considère cet élément comme tellement important
dans l'appréciation du mode d'action des pansements rares, que je cherche
à le réaliser par des moyens plus efficaces que celui qu'emploie M. Alph.
Guérin, et à rendre l'immobilisation aussi complète que possible, en en-
tourant les membres d'un appareil silicate.
M Celte imnjobilisation permanente, non-seulement des lèvres de la
plaie, mais de toutes les parties qui peuvent influer sur elle, est une des
conditions les plus favorables pour diminuer la suppuration, favoriser la
réunion et hâter la cicatrisation d'une plaie. Dans les traumatismes des
membres (fractures compliquées, résections articulaires, etc.), une enve-
loppe rigide me paraît indispensable pour obtenir une immobilisation
complète des muscles et des os. L'appareil silicate nous prive, il est vrai,
de la compression progressive qu'il peut être utile d'exercer sur la partie
blessée; mais cette compression, rationnelle dans certains cas, est inutile et
pourrait être dangereuse dans d'autres. Dans les cas où l'on veut se réser-
ver de pouvoir l'exercer sans nuire à l'immobilisation, on doit soutenir le
membre par des attelles en û\ de fer flexibles, qu'on resserre plus ou
moins, selon l'indication. L'appareil silicate a, de |)lus, un autre avantage
sur l'appareil à bandes souples : on peut le fenestrer et transformer, selon
les besoins de la plaie, un appareil occlusif en appareil ouvert, et rempla-
cer alors les pansements rares par des pansements plus fréquents, sans
perdre le bénéfice de l'immobilisation.
11 On doit donc recourir simultanément à l'occlusion et à l'immobilité
pour le traitement des plaies dans les milieux infectés. C'est la combinai-
son méthodique de ces deux éléments qui constitue l'occlusion inamovible,
méthoile de pansement dont les principes remontent à l'origine de la Chi-
rurgie et se retrouvent toujours plus ou moins associés, selon les idées
théoriques dominantes. L'occlusion inamovible me parait devoir rendre
les plus grands services dans l;i chirurgie d'armée, à cause de la facilité
avec laquelle elle permet de Ir.uisporter les blessés sans les faire soulfrir et
sans ébranler leur plaie, une fois la solidification du bandage effectuée.
( ^^9 )
» Les moyens de réaliser la double indication de l'ocelnsion inamovible
sont multiples, en réalité, et les substances dont on |)eut se servir sont nom-
breuses; mais la ouate, comme substance isolante et protectrice, et le
bandage silicate, comme appareil de contention, méritent jusqu'ici la
préférence. On pourrait même penser qu'en perfectionnant leur mode d'ap-
plication on arrivera à les rendre de plus en plus efficaces contre les fer-
mentations se|)tiques. Malheureusement, un blessé ne s'infecte pas seule-
ment par sa plaie, il s'infecte aussi par l'air qu'il respire; et c'est parce
qu'il n'est pas encore possible de déterminer ce qui revient à chacune de
ces deux sources d'infection, que nous devons, dans l'état actuel de la
science, nous montrer très-réservés dans l'adoption de telle ou telle théo-
rie, et surtout nous défier des pratiques systématiques et exclusives. «
M. le baron L.4krey prend la parole pour faire une simple remarque :
« Les observations de M. Ollier, dit-il, formulant les résultats heureux
de sa pratique chirurgicale, s'ajouteront utilement au Rapport de la Com-
mission, mais notre savant rapporteurs bien apprécié, à leur juste valeur,
tous les points de la question soulevée par les intéressantes recherches de
M. Alph. Guérin sur le pansement ouaté.
» Je demanderais la permission d'insister, à mon tour, sur l'origine déjà
ancienne du principe et de l'application des pansements rares, comme
j'ai eu occasion autrefois d'en faire l'étude et l'expérimentation, si je ne
craignais aujourd'hui d'abuser des moments précieux de l'Académie. Il y
aurait notamment à démontrer, dans ce but, l'emploi des moyens les plus
variés ou les plus connus, sans en excepter même le coton en couches
épaisses ou superposées, dans le traitement des brûlures, par exemple,
comme mode de pansement rare ou inamovible. Mais ce n'est pas ici le
lieu ni le moment de discuter une question qui comporterait, d'ailleurs,
de trop longs développements, plus en rapport avec les travaux de l'Aca-
démie de Médecine qu'avec les usages de l'Académie des Sciences. »
M. le Secrktaire perpétcel annonce à l'Académie la perte douloureuse
qu'elle vient de faire dans la personne de M. d'Omalius d'Halloy, Corres-
pondant de la Section de Minéralogie, Membre de l'Académie royale de
Belgique, décédé à Bruxelles le i5 janvier iSyS.
n M. Cil. S.iinïe-Claire Deville s'associe aux regrets exprimés par M. le
21 ..
( >6o )
Secrétaire perpétuel. Non-seulement M. d Oinalius d'Halloy était le plus
ancien de nos Correspondants étrangers, mais il était le doyen des géolo-
gues européens. Occupant dans sa patrie une position élevée (il était vice-
président du Sénat belge), il avait, pins qu'aucun savant, avant Dnmont,
contribué à en faire connaître la nature géologique. La France, à laquelle
le rattachaient des liens de famille et de nombreuses amitiés, avait été,
dés longtemps, l'objet de ses études. Son Essai d'une carte cjéocjnostique de la
Fiance, publié en 18-22, a été justement apprécié par les illustres savants
qui devaient doter noire pays de la carte géologique que tout le monde
connaît. Enfin, il me sera permis de rappeler l'aménité et la sûreté de rela-
tions que nous avons tous constamment trouvées en M. d'Omalius, et ce
<ju il a|)portait à la fois de bienveillance et de finesse dans les discussions
scientifiques, auxquelles il aimait à prendre part, et que sa longue expé-
rience et son grand savoir parvenaient toujours à rendre originales et in-
slnictives. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ANAI.YSE MATHÉMATIQUE. — Sur la première mélliode de Jncohi jiour
l'inlégratinn des équations aux dérivées partielles du premier ordre. Note
de M. G. Dakboux.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
« Dans une Communication du 21 décembre \^']f\, j'ai indiqué quelle
était la nature des remarques faites sur cette première méthode par
M. Mayer, et comment j'avais été conduit à examiner ses objections par
les remarques que M. Bertrand a présentées à ce sujet dans son Cours
de 1872 au Collège de France. Je me propose d'examiner, dans celte Note,
quelles sont les modifications que doit subir la méthode de Jacobi si l'on
veut la rendre applicable dans tous les cas.
» Soient les équations
rtV; _ m <^ _ _ m
^^' dt ~ cV,' dt .>7,'
où II désigne une fonction quelconque de /',,/>.,..., />„, (7,, 17,,. . ., (7,, et /.
Nous désignerons |iar //', ry," les valeurs des variables /;,, r/, pour t = o.
» Supposons qu'on ait intégré le système des équations (i), c'est-à-dire
qu'on ait trouvé 2M relations entre les variables t, p„ (ji, /»,", (j" . Jacobi
admet inq^licitement qu'on ne peut éliminer toutes les variables /),, pf d'au-
( «i' )
cune de ces relations. Nous supposerons, au contraire, que A de ces rela-
tions puissent s'exprimer, imlépendaninient des quantités/»,, /),". Soient
/ F,(r/,, 73,..., <7„, '/';,7'2,.., 7;,',o = o,
/^x F,(7,, 72,..., 7„, 7';,7«,...,7„",0 = o,
[ F,(7,,7,,...,7„, c]%q'i.--,q!:,f) = o
ces équations. On peut en tirer A" des quantités 7,", 7", 70,.. , 7" par
exemple, et les mettre sous la forme
F. =y. (Yi • 721 • • • ' 7"' 7"+.' 7a+,' • • • , 7n ' 0 — 7? = "1
F2 =7^(7" 7-2? • ■ • ' 7"- 7"+.' 7"+:.' ■ • • ' 7"^ 0 - 72 = o>
(3)
F* ^/a (71 . 7:^' • • ' 7'n 7a'+.' 7ÂV.» ■ • • . 7"' 0 - 71' = o-
Alors les 20 quantités 7,, 7" ne pourront plus être considérées comme
indépendantes. Mais il y a une première remarque à faire : c'est que, même
dans ce cas, V peut s'exprimer en fonction des variahics 7,, 7,". Cela résulte,
comme l'a fait remarquer M. Bertrand, de l'expression même de la dilTé-
rentielle totale de cette fonction.
» Admettons qu'on ait calculé V et qu'on l'ait exprimé d'une manière
quelconque en fonction des variables 7,, 7° (cela pourra se faire, en général,
d'une infinité de manières, puisqu'il y a A- relations entre les 7,, 7°). Rem-
plaçant c?V par son expression au moyen des dérivées partielles de V, on
déduit de la formule (5) de ma première Communication la suivante :
» On n'a plus le droit seulement d'égaler à zéro le coefficient de chaque
(lifférenlielle, puisque les variables 7,, 7," ne sont plus indépendantes. On
a entre les différentielles de ces variables les k relations suivantes :
r— C?7, -4- . . . + r-^ 07„ + r-4 07" -t- • ■ • + r-4 oV,' = O,
l:*"+- +!;<''/" +i*« ■'-•■• +,^»v;=".
•H; <?,, + ,.. -H p ,î,,„ + «i J,; H- . . . + >1; s,,o = „.
)i [l suit de là que, en désignant par X,, X,, . . , ) .^ des nndtiplicateurs
( '62 )
convenablement clioisis, on poinra toujours poser
,.. i>V , .>F, c^F, c>F*
,/.v 3V „ . 3F, . OF, . ;)F*
Telles sont les formules qu'il faut substituer aux équations de Jacobi.
» Les équations (5), (6), jointes aux formules (3), permettent d'ex-
primer toutes les arbitraires de la question en fonction de
Elles donnent donc l'intégrale générale du système des équations (i); de
plus, les an arbitraires en fonction desquelles s'expriment toutes les va-
riables sont indépendantes les unes des autres, et, par suite, toute relation
où elles figureront seules devra être identiquement vérifiée.
» Cherchons maintenant, en suivant pas à pas la marche de Jacobi, la
dérivée partielle de V par rapport à t. On a
-t^M^-di'^----^^^lû-P^ dt ^"-^Pn-aJ-^
et, par suite, en remplaçant r— par son expression tirée de la première des
équations (5),
a^ I
/ > Î)F
Le coefficient de ly, est évidemment égal à — -;-°. On a donc, en rempla-
çant Pi dans H par sa valeur tirée des formules (5),
» Si, comme nous pouvons le supposer maintenant, les équations (■y)
ont été écrites sous la forme (3); si, en outre, au moyen de ces équa-
tions (3), on a chassé de V f/',', ^l!,. -i 7"? l'équation précédente a lieu entre
les 2/i arbitraires
7a"+.vi ^,',' ; 7<'' •' 7"' '•" ^■■!i---i ^*-
Elle est i\onciflentiquc)ncnt vérifiée, d'après une remarque déjà faite. Or, si
l'on y considère ).,, )j,. ., )a coiuiue des constantes, et si l'on remarque
que les dérivées de F^ sont les mêmes que celles de /a» t;lle cx[)rime que
( i63 )
la fonction
satisfait à l'équation aux dérivées partielles proposée. Ainsi, sans changer
de méthode, on obtient encore une inti'grale générale de l'équaiioii aux
dérivées partielles qu'il s'agit d'intégrer.
» Le résultat de cette recherche peut être résumé dans le théorème sui-
vant :
1) Etant données les équations différentielles
d<u cMI di>i Ml
-,'-:= r—) -- = — -— 5 / = 1,2,. .,«,
dt }spi dt içi ? 1 • 1
supposons qu'on les ait intégrées, et que des intégrales on puisse déduite I, rcUi-
lions distinctes et k seulement entre les variables q,, q^,,...^ q„ et leurs valeurs
initiales, on mettra ces relations sous la forme
F, =y, ( (/, , 7,, . . . , q,„ i/['_„ vlV,, ••,</")- '/'.' = O'
Fo =Mqi ,q,,-.-- q,n 7"+,, q'L,, ■•■,'/")- 72 = ">
F/. =./a [q^q-i,---, q,:, qL.„ q'L.. • ■ , 7" ) — qï = o,
et l'on calculera l intégrale
Cette intégrale pourra toujours s'exprimer en fonction des variiddes q,, (j^,---,
q„, 7"+,, 7". Cette expression de Y étant obtenue, les intégrales générales du
système des équations différentielles pourront se mettre sous la forme
Pi — N —^^i< 1- ^'2 . h ... 4- X^ r— 5
' ^'/i O7, t^f/, ^/,
et en outre la fonction
oii a,, ti-,,..., a^ sont des constantes arbitraires, sera une intégrale générale de
l'équation
^ + H = o,
ou l'on a remiilacé <lans 11 [>; par ■^■
( j64 )
» Je n'insiste pas sur la grande simplification qu'offrira l'intégration des
équations différentielles du système canonique dans le cas spécial sur lequel
M. Ma ver a appelé rattention. »
M. Casey transmet à l'Académie, par l'entremise de M. Puiseux, un
Mémoire manuscrit, écrit en anglais, sur un système de coordonnées tan-
gentielles.
(Commissaires : MM. Chasles, Bonnet, Puiseux.)
M. E. Robert adresse une nouvelle Note relative au gisement des silex
taillés de Précy -sur-Oise, et à la présence de grands pachydermes dans le
diluvium de la même localité.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Gervais.)
M. D. LoxTiN adresse une Note concernant les perfectionnements ap-
portés par lui aux machines dynamo-électriques.
(Renvoi à l'examen de M. Bréguet.)
M. BoNNEiL adresse une Note relative à un projet d'appareil pour la na-
vigation aérienne.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. E. DiTciiEMiN adresse une Note relative à une « nouvelle boussole,
pouvant être utilisée sur la surface des liquides et donner l'heure par le
Soleil ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. C. Beitiiot adresse une nouvelle Note concernant l'application de
la vapeur à la navigation sur les canaux et rivières.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. F. Garrigou adresse une « Étude sur les causes d'usure et d'explo-
sion tles chaudières des machines à vapeur ».
L'auteur considère que l'une des ])riiKipales causes d'usure des chau-
dières est l'oxydation des parois, sous l'action des couiaiils dcvc^Ioppès par
l'emploi simullané du fer et du cuivre dans leur conslruclioii. il propose de
( '65)
construire les chaudières entièrement en cuivre, et de placer, à l'intérieur,
des morceaux de fer, sur lesquels se porterait l'action électrocliiniique.
(Commissaires : MM. Paris, Trosca.)
MM. Bi.AXDix, Bari'7.7,1, Mosca, Gi;iLLAUMONT adrcsscut diverses Com-
munications relatives au Pli)lloxora.
CORRESPONDiVNCE.
M. le MiNi.STUE DE LA GiERRE informe l'Académie que MM. Chastes et
Fa/e sont désignés pour faire partie du Conseil de perfectionnement de
l'École Polytechnique, pondant l'année 1875, au titre de Memhres de
l'Académie des Sciences.
MM. BocLAXD, Gaugain, Paul Henry et Prosper Hexry adressent des
remercîments à l'Académie pour les récompenses dont leurs travaux ont
été l'objet dans la dernière séance solennelle.
M. le Mixistre des Affaires étraxgères transmet à l'Académie quelques
documents qui lui sont adressés par M. le Consul de France à l'ile Maurice,
sur les résultats obtenus par lord Lindsay dans l'observation du passage de
Vénus.
M. le Consul de France a IIoxolulu adresse à M. le Président quelques
détails concernant les résultats obtenus dans l'observation du passage de
Vénus, par les expéditions anglaises, à Ilonohihi, à l'ile d'Havvaï et à l'île
de Rauai.
M. le Mixistre de l'Agriculture et du Commerce adresse à M. le Secré-
taire perpétuel la Lettre suivante :
a Les i3 et i4 février 1874, le Journal officiel reproduisait dans ses
colonnes (p. i23o et i258) deux articles extraits, l'un du Gardcner's Ma-
qazine et l'autre du Times, relatifs à un insecte inconnu en Ein-ope, la
Vorruliora (mouche des pommes de terre), qui attaquerait, depuis (juelcpies
années, les plantations de pommes de terre aux Etats-Unis. Depuis son
apparition, qui remonterait à 1823, cet insecte, qni aurait fait \\n mal
C. R., i8;5, 1" Semestre. (T. LXXX, N» 3.) 22
( i66)
considérable, se serait répandu avec une grande rapidité dans le nord,
ainsi que vers l'est.
» Le 28 avril 1874, M. de Tschudi, envoyé suisse à Vienne, signala à
son Gouvernement ce nouvel ennemi des récoltes, et appela son attention
sur les mesures à prendre pour prévenir l'invasion de la Dorypiiora, qui
pouvait, d'un moment à l'autre, être importée par l'iui des vaisseaux qui
transitent entre l'Europe et les États-Unis, depuis surtout que cette mouche
s'est installée dans les provinces du littoral océanique, New- York, Pensvl-
vanie, Carolines, etc.
» Les 19 novembre et 24 décembre derniers, M. le Ministre des Affaires
étrangères m'a signalé les dangers que l'Agriculture européenne pouvait
courir, si les craintes de M. de Tschudi, dont M. Kern, le représentant
suisse à Paris, l'avait entretenu, venaient à se réaliser. 11 m'a fait connaître
les dispositions que les Gouvernements de Suisse, de Belgique et des Pays-
Bas se proposaient d'adopter, en vue de prévenir l'invasion de la Dory-
j)liom,et m'a prié d'examiner s'il n'y avait pas lieu pour la France d'entrer
dans la même voie.
» Enfin M. le Maréchal Président de la République, qui a eu connais-
sance de ce qui se passait chez nos voisins, m'a invité à faire étudier cette
question, qui lui paraît avoir une sérieuse importance.
» Cette étude se résume dans l'examen des deux propositions suivantes :
» 1° Le danger signalé par M. de Tschudi et les journaux anglais cités
plus haut est-il assez grave pour qu'il y ait lieu d'adopter des mesures en
vue de prévenir l'invasion de la Dorypiiora?
I» 2° Dans le cas de l'affirmative, quelles seraient les mesures à prendre?
» Il ne faut pas perdre de vue que la France exporte beaucoup plus de
pommes de terre qu'elle n'en importe. En effet, pour les onze premiers
mois de 1874, dont les chiffres sont encore les seuls connus, l'exportation
de ces solanées s'est élevée à 1 55 735 565 quintaux, tandis que l'importation
n'atteint que gsSSooo quintaux.
» Toutefois il faut dire que cette importation vient, pour la plus forle
partie, de l'Angleterre, qui tire elle-même beaucoup de pommes de terre
des États-Unis, et qu'une autre portion provient des ventes faites parles
navires rendus au port de destination et qui préfèrent renouveler leurs
approvisionnements.
» Les craintes de M. de Tschudi ne seraient donc pas absolument exagé-
rées, et il y a lieu, je crois, pour le Gouvernement, de se piéoccu|)er de cette
situation et de s'éclairer, à cet effet, de l'opinion des hommes compétents.
{ '^7 )
» Je vous serai obligé de vouloir bien placer sous les yeux des Membres
de votre honorable et illustre Coni|iagnie la présente dépêche, ainsi que
les pièces qui y sont jointes, et de la prier d'examiner d'une manière très-
approfondie la question en répondant aux deux propositions que j'ai trans-
crites plus haut. »
(Cette Lettre sera renvoyée aux Sections d'Economie rurale et de Zoo-
logie.)
GÉOMÉTniE. — Su7' la notion des s/stènies (jénéraux de surfaces, alf/ébriques ou
transcendantes, déduite de la notion des implexes. Note de M. G. Fodret,
présentée par M. Chasies.
« Dans une des Notes (*) que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Acadé-
mie l'année dernière, j'ai établi l'existence de certains groupes ou implexes
de surfaces, algébriques ou transcendantes, remplissant l'espace une infi-
nité de fois, et définis par doux caractéristiques 0 et y, qui sont: l'une, la
classe du cône enveloppe des plans tangents, en un point quelconque, à
toutes les surfaces de l'implexe qui y passent; l'autre, le degré du lieu des
points de contact des surfaces de l'implexe avec un plan quelconque.
» J'ai, en outre, donné la forme la plus générale de l'équation aux déri-
vées partielles, à laquelle satisfont les surfaces d'un implexe (5, cp).
» Cette question, une fois résolue, en soulevait une autre : celle de re-
connaître, une surface transcendante étant donnée, si cette surface peut
faire partie d'un ou plusieurs implexes, et, en cas d'affirmative, de déter-
miner les caractéristiques de ou des implexes renfermant cette surface (**).
Or, on démontre aisément que toute surface transcendante ne peut pas
faire partie d'un implexe, et que, pour qu'il en soit ainsi, il faut et il
suffit que les points de contact des plans tangents menés à la surface consi-
dérée (S), par l'une quelconque des droites D d'un même plan, d'ailleurs
choisi arbitrairement, soient situés sur une surface algébrique, variable
avec D. Lorsque cette condition est remplie pour toutes les droites
d'un certain plan, elle l'est également pour toutes les droites de l'espace;
et la surface (S) fait partie d'un implexe dont la caractéristique 6 est égale
(*; Sur certains groupes de surfaces, etc. [Comptes rendus, t. LXXIX, p. 4^7).
(**) La même qucslion, pour les courbes planes transcendantes, u été traitée dans une Note
communiquée à lu Société Mathéiualique [Sur tes courbes planes transcendantes, susceptibles
défaire partie d'un système ((*, v). — Bulletin, t. II, p. 9G).
22..
( >68 )
au degré de multiplicité de la droite D sur {1)^ et la seconde caractéris-
tique çj à l'excès du degré de (3) sur le degré de multiplicité de D. On dé-
montre, en outre, qu'une surface transcendante ne peut pas, en général,
appartenir à plus d'un implexe. Pour qu'elle appartienne à la fois à deux
implexes (S, 9), {0', ç'), définis par deux équations telles que
(0
il faut qu'une certaine relation entre F,, Fo et leurs dérivées partielles du
premier ordre
(2) (F„F,)=o
soit identiquement satisfaite. Lorsqu'il en est ainsi, la surface considérée
appartient à une infinité d'implexes qui ont pour équation générale
(3) F, -hXF. = 0,
X désignant un paramètre arbitraire.
» Lorsque la relation (2) est vérifiée identiquement, l'ensemble des
équations (i) définit une infinité de surfaces communes aux deux implexes.
Ces surfaces forment ce que nous appellerons un sjstème, en donnant à ce
mot un sens plus large que celui qui est adopté pour désigner un ensemble
de surfaces algébriques du même degré, satisfaisant à autant de conditions,
moins une, qu'il en faut pour déterminer une pareille surface (**).
» Nous définirons, comme dans ce dernier cas, les systèmes généraux
de surfaces, algébriques ou transcendantes, au moyen de trois nombres ou
caractéristiques p., v, fi, qui sont respectivement : le nombre des surfaces
du système passant par un point quelconque, le nombre de celles qui
louchent une droite quelconque et le nombre de celles qui touchent un
plan quelconque.
» Les caractéristiques d'un système se déduisent, en général, d'une ma-
nière fort simple des caractéristiques 0, 0, et (5', ç', de deux des implexes
qui possèdent en commun les surfaces de ce système. 11 en sera ainsi lors-
que ce dernier comprendra la totalité des surfaces communes aux deux
(*) Comptes rendus, lue. cit.
("') De JoNiiuiKRKS, l'rnpru'li's des systèmes (le surfnccs d'ordre qitcleonque [Comptes rc/i-
dus, t. LVUI, p. 5()7, et I. LXI, ]). 4io). CiivsLKS, Tlicurie gciicrale des systèmes de su/faces
du second ordre [Comptes rendus, l. LXII, p. 4"^)-
( <Cy )
implexes. On aura, dans ce cas,
(4) l'-^yy, V =r_- 5'/ + î'o, p = ?'/.
» Mais il pourra se faire qu'un système (p., v, jo) ne comprenne qu'une
partie des surfaces communes à deux implexes (5, ç), (5', (p'), les autres
surfaces appartenant à un ou plusieurs systèmes complémentaires. Dans ce
cas, les caractéristiques /j., v, jî seront inférieures aux nombres donnés par
les formules (4). Nous citerons deux exemples simples à raj)pui de ce que
nous venons de dire.
» Premier exemple : Les surfaces de vis (rua pus donné II, auloiir d'un
certain axe \,jormenl un iinplexe (ô = i, ç =t i) (*).
» Les surfaces de vis à filet carré, de pas dijférents, décrites autour du même
axe I, forment un second implexe (C = r, ç/' = i).
» L'intersection complète de ces deux implexes donne le sjstcnie Joriné par
l'ensemble des surfaces de vis à filet carré, de même pas H, décrites autour de
iaxe I. Les caractéristicjues de ce système sont
» Deuxième exemple : L'ensemble des sptières ayant leur rentre sur une
même droite D forme un implexe [0 = i , f^ = i) [").
» Deux pareils implexes construits avec deux droites!) et D', (pti se coupent
en un point O, ont en commun les sphères qui ont leur centrée en O. Ces sphères
forment un système [p. = i, v ■■= i., p = i), cpii est une partie de l'intersec-
tion des deux implexes. Le complément de cette intersection est composé d'une
infinité de plans doubles, coïncidant avec le plan de l'infini.
» Il y 3, comme on le voit par ce qui précède, une analogie franpantc
entre le lien qui rattache les systèmes aux implexes, et celui qui unit les
courbes et les surfaces algébriques. Les courbes algébriques peuvent
d'ailleurs être considérées comme un cas particulier des systèmes de sur-
faces, de même que les surfaces algébriques peuvent être considérées
comme un cas particulier des implexes (***). Si l'on suppose, en effet, que
p, qc^v disparaissent des équations (i) (5 = o, 5' = o), ces deux équations
qui, eu général, définissent deux implexes, définissent alors deux surfaces
de degrés y et ip', et l'interseclion de ces dernières donne une ou plusieurs
courbes, qui sont les limites du ou des systèmes de surfaces communes
(*) Comptes rendus , t. LXXIX, p. 4G9.
(*") Comptes rendus, t. LXXIX, p. /jG.).
(*♦*) Comptes rendus, t. LXXIX, ]). 468.
( 'y'» )
aux deux implexes. On reconnaît d'ailleurs facilement que la relation (2)
est toujours satisfaite dans ce cas limite. Ainsi, une courbe gauche de de-
gré n peut être assimilée à un système dont les caractéristiques sont p. ;=<),
V = o, (5 = «, et dans lequel les points jouent le rôle d'éléments qui appa-
tient aux surfaces dans le cas d'un système général ; de la même manière,
une développable algébrique de n'^"" classe, ou plutôt l'ensemble de ses
plans tangents, peut être considérée comme un cas particulier des systèmes
de surfaces : c'est un système de plans dont les caractéristiques sont p. = «,
V = o, p = o.
» Les systèmes généraux de surfaces jouissent d'un certain nombre de
propriétés, qui sont déjà connues dans le cas des systèmes de surfaces algé-
briques. Elles possèdent en commun avec ces dernières toutes les pro-
priétés dans lesquelles n'intervient ni le degré, ni la classe, ni aucun des
caractères des surfaces algébriques. L'énoncé et la démonstration de ces
propriétés ne changeant pas, lorsqu'on les étend aux systèmes généraux de
surfaces, nous nous bornerons à les signaler ici, en renvoyant aux deux
Communications faites, il y a quelques années, sur ce sujet à l'Académie
par M. de Jonquières (*), Parmi les théorèmes qui font l'objet de la pre-
mière Note, ceux qui s'appliquent aux systèmes généraux de surfaces,
portent les numéros III à VII, IX à XIII, XVI et XVII inclusivement. Dans
une deuxième Note qui complète la première, M. de Jonquières énonce
deux autres propriétés, dont l'une est la généralisation du théorème XIII
précité. L'importance de ces deux théorèmes, déjà si grande dans le cas
des systèmes de surfaces algébriques, se trouvant encore accrue par leur
extension aux systèmes généraux de surfaces, nous croyons devoir les
énoncer ici.
» I. Le nombre des surfaces d'un système ijcnénd {p., v, p), cjui louchent
une courbe yauclie de degré p, formant rareté de rcbroussement d'une dévelofi-
pable de degré r, est (f/,r + vp).
» IL Le nombre des surfaces d'un système général {ij., v, p), qui touchent
une surface algébrùjuc de degré ni, de classe r, et dont les sections planes sont de
classe n, est {fJ-i' -h v« -h pni). »
(*) Loc. cit.
{ '7' )
ASTRONOMIE. — Système stellaire de In 6i' du Cygne et étoiles physiquement
associées dont le mouvement relatif n'est pas orbital, mais rectiligne. Note
de M. Flammario\, présentée par M. Faye.
« Dans son Traité d'Astronomie {t. III, p. 198), Delamhre expose comme
il suit le résultat des recherches de Bessel sur les étoiles doubles :
<. Un grand travail qu'il a cntropris lui a prouvé que les étoiles doubles forment par elles-
mêmes un système particulier. Plusieurs étoiles de ce genre, par leur mouvement eonimun,
montrent une dépendance mutuelle; mais Iti plus digne de remorque est la Gi" du Cygne.
Cette étoile double s'avance avec une grande vitesse; (/ est évident que les deu.r étoiles tiennent
l 'une à l'autre par les liens de l 'attraction, et depuis soixante ans, elles ont décrit une partie
considérable de leur orbite autour du centre commun de gravité, etc.
» Il estime le temps de la révolution à 4oo ans, le demi-grand axe à ?.5 secondes et la
parallaxe annuelle à o",46. »
» Depuis le temps de Bessel et Delarnbre, un grand nombre d'astronomes
se sont occupés de cetteétoile dotible;elle a longtemps été considérée comme
la plus intéressante de toutes; elle est la première étoile dont on ait pu dé-
terminer la distance à la Terre, et l'on avait cru pouvoir même évaluer sa
masse à 2,93, celle du Soleil étant i. La série de ces observations a prouvé
que la conclusion de Bessel était prématurée, et quoique l'orbite ait été
modifiée et la période allongée d'abord à 45o ans, puis à 5ao et à Goo,
cependant les observations successives ont constannnent montré qu'elles
ne s'accordaient avec l'hypothèse d'aucune orbite. Mes études sur les
étoiles doubles m'ont conduit à comparer toutes les observations que j'ai
pu me procurer sur ce curieux système. Elles sont nombreuses, car la pltis
ancienne date de plus de cent vingt ans. Le résultat de toutes ces observa-
tions réunies est que la marche de la petite étoile par rapport à la grande
s'opère absolument en ligne droite.
» Ce couple étant présenté dans tous les ouvrages d'Astronomie comme
un exemple des orbites calculées et de la détermination des masses des
étoiles, solliciterait par cela même notre attention, si sa condition ne le pla-
çait aujourd'hui dans une situation nouvelle et sans contredit fort étrange.
» En effet, les deux étoiles qui le composent ne sont pas, comme dans
les couples optiques, deux étoiles prises au hasard dans le ciel, et fortui-
tement placées en perspective sur le même rayon visuel ; mais elles se con-
naissent et forment en réalité un même couple physique, car elles sont
animées d'un mouvement propre commun. Si ce mouvement était faible
ou de l'ordre des mouvements moyens, on pourrait peut-être encore invo-
quer le hasard; mais il est d'un caractère exceptionnel, et c'est l'iin «les
plus rapides qui existent dans le ciel. Il dépasse 5 secondes. Voici comment
il se décompose pour chacime des deux étoiles ;
( '7^ )
6l , : y-R = + 5" 09, (0 =: H- 3" 21,
61,: .■n = + 5" 18, .0 = 4-3"oo.
» Ce inouvemeiit, qui n'est qu'une projection, représente pour notre
esprit une vitesse de plusieurs millions de lieues par jour, vitesse colossale
et qui ne permet pas un seul instant de supposer que les deux étoiles qui en
sont animées ne soient pas rattachées entre elles par un lien physique. Il
n'y a qu'iuie seule étoile dans notre ciel boréal qui présente un mouvement
angulaire plus rapide : c'est la i83o^ de Groombridge.
» Une autre raison milite en faveur de l'association de ces deux étoiles :
c'est leur ressemblance singulière dans le champ du télescope. L'une est
de 5* |, l'autre de 6* grandeur; elles sont toutes deux jaunes. Il est diffi-
cile de se défendre de l'idée que ces deux lumières voisines et analogues
aient entre elles un invisible lien de parenté.
» L'examen de ce système nous conduit donc aujourd'hui à une con-
clusion opposée à celle de l'illustre Bessel : c'est que les deux étoiles, quoi-
que certainement associées entre elles, ne tournent pas ('une autour de l'autre.
n Une telle conclusion est-elle contraire à l'universalité de la gravitation?
11 faut avouer qu'au lieu de prouver celte universalité, comme il paraissait
le faire en fournissant, il y a trente ans, à Arago des arguments très-élo-
quents, ce système fournirait plutôt aujourd'hui des arguments contraires.
Mais comme théoriquement il nous est impossible de douter de cette uni-
versalité, nous sommes amenés à conclure que les deux composantes de la
61* du Cygne sont, ou d'une masse trés-faible, ou écartées considérable-
ment l'une de l'autre dans le sens du rayon visuel. (La distance angulaire
qui les sépare actuellement est de 20 secondes.)
» La seconde de ces hypothèses me paraît de beaucoup la meilleure,
non-seulement à cause des masses déjà calculées pour d'autres étoiles, mais
surtout parce que ce cas n'est pas unique dans le ciel, et que, dans l'élat
actuel de nos connaissances sur les mouvements propres, nous pouvons
déjà trouver des exemples d'étoiles éloignées les unes des autres et animées
d'un même mouvement de translation dans l'espace. Je citerai notamment
l'étoile double Piazzy, XIV, 212, dont le mouvement propre annuel est de
2", 02, et dont les deux composantes se déplacent aussi en ligne droite;
0- Eridan, qui est dans le même cas, avec 82 secondes de distance angu-
laire; p.' et ij} du Bouvier (i'48"); 3o Scorpion et 36 Ophiuchus, écartées
de I 2 miinites et animées d'une marche commune. On pourrait même aller
plus loin et signaler des étoiles bien plus éloignées encore les unes des autres,
et animées d'un mouvement évidenuneni commun. Les étoiles doubles
qui sont restées relativement fixes depuis leur découverte en marchant
( 173)
V
».
4 V
Fig. I. — Positions obscrvéos du compagnon de la Gi" du C.yçnc.
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Fie. 0. - Marcho de la 61' du CvRne ^1^. 3. - Mouvement propre de la Gi" dii Cycno pendant dix mille ans.
et de son compagnon, de 1733 h 187,^.
eu., 18.5, 1" Semctlre. (T. LXXX, «-■ 5.) ^3
( -74)
d'un commun accord dans l'espace, sont, quoique d'un ordre différent
de celui auquel appartient la Gi'' du Cygne, un véritable argument en
fnveiu' dp notre conclusion que des étoiles peuvent être associées ensemble
physiquement sans toiniior l'une autour de l'autre.
I) Depuis cent vingt ans le mouvement relatif a été de 80 degrés et de
25 secondes, avec une vitesse sensiblement uniforme de o", ao8 par an.
Pour admettre une orbite, il faudrait supposer que son plan passe presque
par le rayon visuel et que le grand axe apparent, quatre fois au moins plus
grand que la tangente mesurée depuis 1753, dépasse i | minute, étendue
dont aucun système d'étoile double n'offre d'exemple.
•' Pour me rendre compte des mouvements absolus et relatifs dont ces deux soleils loin-
tains sont animés, j'ai construit les trois figures ci-dessus, sur lesquelles on peut facilement
analyser ces niouvenunts divers : dans la première, les principales mesures micrométriques
de la 61'' du Cygne, considérée comme étoile double, sont |)ointées avec leurs dates, depuis
1753 jusqu'à notre époque; en rapportant les positions de la seconde étoile à la première
supposée fixe, on voit qu'une ligne droite passant par l'ensemble de ces positions en rend
parfaitement compte. J'ai tracé sur cette même figure la direction du mouvement. Tandis
que la petite étoile se déplace relativement à la grande dans le sens de la ligne droite i n° i )
dont nous venons de parler, il faut considérer que les deu.x marchent ensemble dans la direc-
tion de la ligne n° 2. Le premier mouvement, le relatif, n'est que de ?.o",8 par siècle; le
second, l'absolu, est ?4 fois plus rapide, et de 5i5 secondes par siècle. J'ai également tracé
sur cette figure la direction opposée au mouvement du Soleil dans l'espace, afin de savoir
quelle jiarl on peut attribuer à la perspective dans le déplacement séculaire de res étoiles.
On voit que notre propre déplacement ne pourrait l'expliquer, et que le changement de
perspective dû à notre propre translation fait un angle de 34 degrés avec lui.
11 Pour saisir dans leur ensemble le mouvement absolu et le mouvement relatif des deux
composantes, chacun proportionné à sa valeur respective, j'ai construit la fig. 2, qui
montre la marche de l'étoile A depuis i^SS, avec la position de B aux différentes époques.
On voit ([ue A marche un peu plus vile, et que B, qui était en i'j53 à l'j degrés vers le
nord, s'est trouvée sur le chemin, en 1 780, et s'est écartée depuis jusqu'à 63 degrés au sud,
décrivant ainsi un arc de 80 degrés sur lequel il semblerait au premier abord, en effet, que
l'on puisse conclure au mouvement orbital, si l'on ne pénétrait pas jusqu'au fond de la
question.
» Si le mouvement que nous venons de reconnaître à chacune des deux composantes de
ce couple se continue, les deux étoiles vont bientôt se séparer tout à fait et suivre dans la
constellation du Cygne le chemin tracé sur notre fig. 3, qui représente la route de chaque
étoile d'ici à dix mille ans. Dans dix-huit siècles, elles formeront une étoile triple avec ct du
Cygne, puis éclipseront diverses étoiles télescopiqnes qui se trouvent sur leur chemin.
L'étoile s possède un mouvement propre, dirigé dans le même sens, mais beaucoup moins
ra|)ide. Sur cette petite carte, les flèches isolées indiquent le déplacement en perspective du
à la translation de notre système solaire dans l'espace.
» En résumé, on voit que la 61* du Cygne n'est pas une étoile double
en mouvement orbital, mais forme néanmoins un système de deux étoiles
pliysiqueinent associées, et emportées par un même mouvement propre
sous l'influence prépondérante d'ini foyer d'allraclion incoiuui. »
( '75 )
ASTRONOMIE. — Découverte de la planète 0 jaite à i Observatoire de Paris
par M. Paul Henry. Présentée par M. Le Verrier.
Temps moy. !."(!• '"<='■ l-"t!- I"*'-
do l'uiis. B. parallaxe. '1 parallaxe.
Il Ul s h 111 s . _ . » t n
i3 janvier iS'jS... i3.3i.i8 10.34. 33, 7$ — ('>«85) 82.30. 33, a —(0,773)
i4 janvier 1875... 12. 32. 35 10.34. 5,64 — (ijSGg) 82.3i.i5,8 —(0,779)
Etoile de cnmptirahun.
606 Wcisse H.iOjg" iiosit. iiioy. 1875,0 .R = 10'' 35°' b'.ôg, T = 82" 18' 32", 4.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur l'aininoniacjue de l'atinosplière. Noie
de M. A. ScHLŒsiNG, présentée par M. Boiissingault.
« Après la leçon mémorable de M. Dumas, concertée avec M. Roiissin-
gault, sur la statique chimique des êtres orgariisés, après les écrits clas-
siques de Liebig, l'ammoniaque diffusée à la surface du globe prit une
place importante dans les travaux de Cbimie agricole. Elle fut mesurée
dans l'air, dans les sols, dans les eaux; cependant, malgré de nombreuses
recherches, nous sommes encore dans l'incertitude sur son origine, sa cir-
culation, ses variations dans l'atmosphère, sa distribution entre les mers,
les continents et l'air, son apport comme aliment aux diverses cultures, et
notre ignorance sur ces questions nous empêche d'en résoudre d'autres
auxquelles elles sont mêlées. Me proposant de les étudier, j'ai voulu
d'abord posséder l'instrument nécessaire des recherches fructueuses, c'est-
à-dire un procédé rapide pour déterminer l'aiiimoniaque répandue dans
un très-grand volume d'air Ce problème résolu, un autre se présentait
aussitôt : entre l'atmosphère d'une part, et la mer et les continents de
l'autre, se font des échanges continuels d'ammoniaque dont dépendent
évidemment les apports de l'air aux terres et aux cultures : il importait
donc d'étudier les lois de ces échanges. J'aurai l'honneur, très-prochaine-
ment, de soumettre à l'Académie les résultats acquis dans cette première
partie de mes recherches. Aujourd'hui, je voudrais résumer les idées géné-
rales qui m'ont encouragé à entreprendre un travail aussi considérable.
» On sait que les êtres organisés n'assimilent pas l'azote gazeux ; leurs
principes azotés sont des produits de transformation procédant de l'ain-
moniaque et de l'acide nitrique, et reproduisant ces corps i)endant leur
décomposition. Dans le cours des transformations, une certaine quantité
d'azote sort de l'état de combinaison et devient libre, eu sorte que la
23..
{ '76 )
somme des composés azotés existant dans le monde éprouverait une di-
minution continue aboutissant à ranéantissement, s'il n'y avait pas une
ou plusieurs causes naturelles, réparatrices, faisant entrer l'azote gazeux
en combinaison. Ces causes ont été placées tour à tour dans l'atmosphère,
dans les végétaux, dans les sols.
)) Dans ialmosphcrc • Depuis longtemps, M. Boussingault a insisté sur
riniportancc de la |)roduction d'acide iiiliicpie par l'électricité. Les belles
recherches de M. Ilouzeaii et de MM. Theiiard sur l'ozone et l'etfluve élec-
trique ont grandi le rôle de l'électricité agissant autrement que par dé-
charges brusques dans les phénomènes naturels.
Dans les i>taiiles : L'assimilation directe de l'azote gazeux n'est plus ail-
mise.
» Dans les sols: Plusieurs modes de réparation ont été proposés. Lavoi-
sier, de Saussure, et d'autres savants après eux, ont montré que la com-
bustion vive des n)atières carbonées ou hydrogénées provoque l'union
d'une petite quantité d'azote atmosphérique avec l'oxygène ou l'hydro-
gène. Si la combustion lente de la matière organisée avait un elTet sem-
blable, la réparation se ferait, dans une certaine mesure, en même tem|)s
que le déficit; mais ce résultat n'est nullement démontré. Un auti-e mode
de réparation est proposé par M. Dehérain : l'azote gazeux entrerait en
combinaison avec les matières carbonées du sol. Je ne puis plus admettre
cette assertion, depuis (pi'il m'a été impossible de constater la moindre
absorption d'azote, dans des expériences très-soignées sur du terreau et de
la terre végétale laissés longtemps au contact de ce gaz, avec ou sans alcalis.
Enfin il n'est pas démontré que la nitrification par les corps poreux, en
l'absence des composés azotés, ne se produise en aucun cas. Mais, quoi
qu'il en soit, il paraît bien que la résultante des actions qui créent ou dé-
truisent des composés azotés dans le sol est une perte réelle; en effet, dans
ses expériences sur la terre végétale, en présence d'un excès d'air, M. Bous-
singault a constaté une perte d'azote combiné, et mes propres expériences,
faites en l'absence d'oxygène, ont présenté un semblable résultat.
» L'électricité atmosphérique semble donc être, jusqu'à présent, la seule
cause réparatrice dont les effets soient bien réellement constatés.
" Cependant, quand on calcule la quantité d'azote combiné apporté au
sol par les météores aqueux, on trouve que cette quantité est inférieure à
celle qui est exportée par les récoltes et les eaux souterraines, et l'on est
tenté de nier que l'électricité atmosphérique soit une cause sulfisante de
réparation.
( '77 )
» Avant d'admettre cette conclusion, en apparence fondée, il faut re-
chercher si l'apport par les météores aqneux représente bien tout ce que
la production nitreuse dans l'atmosphère peut nous donner : c'est ce que
je vais taire.
11 J'observe d'abord que la surface des continents est un milieu essen-
tiellement oxydant. La nitrification s'y développe abondamment, comme
le témoignent les eaux de drainage, de sources, de rivières, relativement
riches en nitrates et pauvres en ammoniaque. Une partie des nitrates for-
més rentre dans le cycle de la vie ; l'autre est emportée à la mer.
« Les nitrates ainsi charriés ne s'accuuiuknl pas dans la mer ; ils y servent
sans doute à la végétation, car l'analyse n'en retrouve que des traces. Au
mois de septembre dernier, j'ai déterminé plusieurs fois l'acide nitrique et
l'ammoniaque dans l'eau de mer puisée à marée haute près de Saint-Valery-
en-Caux. J'ai trouvé deo'^^ja à o"'8, 3 d'acide nitrique par litre, et de o™s,4
à o'"°, j d'ammoniaque. M. Marchand et M. lioussinyault avaient dosé anté-
rieurement o'"s, 57 et o"'6, 2 de cet alcali. Ainsi l'azote des nitrates, qui Uem-
porle sur celui de l'ammoniaque dans les eaux terrestres, lui est, au con-
traire, bien inférieur dans les eaux marines. Ces résultats conduisent à
penser que la décoiii[)()sition des êtres organisés, source active de nitre sur
les continents, devient une source d'ammoniaque dans un milieu aussi peu
oxygéné que la mer.
» On doit donc se représenter toute une circulation d'acide nitrique et
d'ammoniaque à la surface du globe. L'acide nitrique produit dans l'atmo-
sphère arrive tôt ou tard à la mer : là, après avoir passé dans les êtres orga-
nisés, il est converti en ammoniaque; dès lors, le composé azoté a pris
l'état le plus propre à sa diffusion; il passe dans l'atmosphère, et, voya-
geant avec elle, va, comme l'acide carbonique, à la rencontre des êtres
privés de locomotion, à la nutrition desquels il doit contribuer. Dans sa
route, il est fixé là où il trouve les feuillages des végétaux, ou bien des
terres arables préparées à l'absorption par les labours et par la présence du
terreau. Ainsi, production nitreuse dans l'air, apports nitreux de l'air aux
continents et à la mer, retour des nitrates des continents dans la mer, trans-
formation de ces sels en ammoniaqtie dans le milieu marin, passage de
l'alcali dans l'atmosphère et transport aux continents, telle doit être la
circulation des com|)osés minéraux tie l'azote.
« La production nitreuse dans l'atmosphère peut donc faire défaut dans
certaines contrées et se localiser dans d'autres, comme dans la zone équa-
toriale ; l'ammoniaque qui en provient n'en est pas moins distribuée par-
( 178 )
tout. Par conséquent, lorsqu'on discute sur les apports de l'atmosphère aux
cultures, il ne faut pas compter seulement l'acide nitrique et l'ammoniaque
des eaux pluviales, connue on l'a fait : il faut mesurer encore les apports
par absorption directe de l'ammoniaque aérienne, au contact des plantes et
des sols. Jusqu'à ce que ces apports soient déterminés, on ne pourra ni
affirmer ni refuser de croire que la production nitreuse dans l'air soit suffi-
sante pour réparer les déficits de combinaisons azotées.
« En admettant que le volume de la mer soit égal à une couche de
looo mètres d'épaisseur, étendue sur le globe entier, et en lui supposant
un titre uniforme de o^^,^ d'ammoniaque, ou trouve qu'à chaque hectare
de la surface correspondrait une provision de 4ooo kilogrammes d'ammo-
niaque. La mer est donc, selon l'observation de M. Boussingault, un im-
mense réservoir d'azote combiné ; j'ajoute qu'elle est aussi le régulateur
de sa distribution annuelle sur les continents par les courants aériens. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Recherches sur les fonctions des champicjnons.
Note de M. Muntz, présentée par M. Boussingault.
« Les auteurs qui ont étudié la respiration des champignons ne sont pas
d'accord sur la nature des gaz qui se produisent pendant ce phénomène.
» S'il est admis par tous que les champignons, placés dans une atmo-
sphère contenant de l'oxygène, absorbent ce gaz en exhalant un pareil vo-
lume d'acide carbonique, et s'il est même démontré par les expériences de
Marcet que, l'oxygène étant consommé, les champignons dégHgenl de
l'acide carbonique aux dépens de leur propre substance, il n'en est pas de
même de la production d'hydrogène, signalée par Humboldt, Grischow,
Marcet, et qui n'est |)as unanimenierit acce[)lée par les pliysiologistes.
» Pour résoudre cette question, on a fait passer un courant continu d'air
sur des champignons \^Agaric. camp., champignon ne contenant pas d'autre
matière sucrée que la mannite (i)]. Les gaz, après avoir traversé une série
de tubes destinés à retenir l'eau et l'acide carbonique, passaient sur de
l'oxyde de cuivre chauffé au rouge et se lavaient ensuite dans des appa-
reils à absorption. Une série d'essais a montré que, dans ce cas, c'est-à-
dire en présence de l'air atmosphérique constamment renouvelé, il ne se
(i) Dans deux précédentes Noies ( Cww/y^-f rendus, I. LXXVI, p. 649, et t- LXXIX,
p. 1183.J j'ai lail voir que les rlianipiynons su|)éricuis, ainsi ipie ceux (jui foiiclioniient
comme moisissures, conliennonl taniot de la mannite, tantôt du tréhalose, lanlol ces deux
sucres réunis, et quelquefois aussi un sucre du genre glucose.
( '79 )
produisait aucun gaz combustible, tel qu'hydrogène, oxyde de carbone ou
hydrogène carboné. En effet, les absorbants placés à la suite du tube à
oxyde de cuivre n'ont retenu ni eau ni acide carbonique.
» Une seconde série d'essais a été faite par le menu- procédé en suppri-
mant l'oxygène. De l'azote pur remplaçait l'air atmosphérique. Dans tontes
les expériences on a obtenu de l'eau provenant évidemment d'une petite
quantité d'hvdrogène dégagé par les champignons. Aucun gnz combustible
contenant du carbone ne s'était produit. Dans cette seconde série d'essais,
faite à l'abri de l'oxygène, les gaz ayant séjourné sur les champignons con-
tenaient, comme dans les ex|)ériences faites avec l'air sans cesse renouvelé,
des quantités considérables d'acide carbonique.
» Les quantités d'eau recueillie étaient cependant très-faibles et, pour se
prononcer avec certitude en faveur de la production d'hydrogène, on a cru
devoir employer les procédés volimiétriques qui ne permettaient pas de
laisser un doute sur la nature des gaz produits. Dans ce but, on a fait sé-
journer les champignons {^ijcr. camp.) dans un gaz non comburant, l'acide
carbonique. L'expérience terminée, cet acide carbonique était absorbé par
de la potasse, et le gaz résidu était examiné. L'analyse eudiométrique a
montré que ce résidu était toujours formé par une grande quantité d'hy-
drogène et de l'azote. Cet azote prov<>nait certainement des gaz contenus
dans les champignons, gaz que j'ai toujours trouvés formés uniquement par
de l'azote et de l'acide carbonique. Ici encore aucun gaz combustible autre
que l'hydrogène ne s'était produit. Ainsi, dans une atmosphère contenant
de l'oxygène, l'Jgar. camp, n'a produit que de l'acide carbonique, tandis
que dans une atmosphère non comburante il a produit de l'acide carbo-
nique et de l'hydrogène.
» Dans le premier cas, les champignons ont donc joué leur rôle ordi-
naire qui consiste à brûler les matières dont ils disposent, en employant
l'oxvgène extérieur comme comburant. Dans le second cas, cette fonction
ne pouvant plus se produire est remplacée par luie combustion intérieure,
accompagnée d'un dégagement d'hydrogène.
» Quelle est la source de cet hydrogène? Une décomposition des éléments
de l'eau est difficile k admettre, et c'est dans l'existence de la maïuiite dans
le champignon qu'il Hiut chercher l'origine de ce gaz. Si la mannite dégage
de l'hydrogène, elle doit se transformer en un glucose, ou subir la fermen-
tation alcoolique. C'est ce dernier |)hénomène, en effet, qui se produit: les
champignons, après leiu" séjour dans un gaz non comburant, contenaient
. constamment dans leurs tissus des quantités notables d'alcool, et cela sans
( i8o )
qu'aticun ferment ait pu être observé. En effet, on a constaté par l'obser-
vation microscopique que la fermentation alcoolique avec dégagement
d'hydrogène est déjà arrivée à son maximum d'intensité avant toute altéra-
tion des champignons, et si, au bout de quelques jours, les tissus se rem-
plissent de vibrions, le phénomène que je décris a déjà presque atteint son
terme.
» Les champignons ayant vécu à l'air ne contiennent pas des quantités
appréciablesd'alcool. Les champignons, privés de l'action de l'oxygène, ont
donc la propriété de transformer la mannite en acide carbonique, alcool et
hydrogène. D'après mes observations, la levure de bière accomplit la même
transformation. Est-ce-en raison de son action vitale ou simplement comme
matière albuminoïde (i)? C'est une question à examiner.
» Ce qui confirme l'opinion qui attribue à la mannite la formation de
l'hydrogène, c'est le fait que les champignons à Iréhalose, sans mannite,
placés dans une atmosphère d'acide carbonique, produisent dans leurs
tissus la fermentation alcoolique sans dégagement d'hydrogène. Cette fer-
mentation alcoolique, j)roduite à l'intérieur des tissus et sans l'intervention
d'un ferment organisé proprement dit, se rapproche de celle que MM.Le-
chartier et Bellamy ont signalée dans les fruits (2).
» Il n'y a rien d'étonnant, d'ailleurs, à ce que les tissus des champi-
gnons supérieurs puissent jouer un rôle semblable à celui des champi-
gnons inférieurs, et en comparant les fonctions dans les différents degrés
de la classe des champignons on peut exprimer cette règle générale que
tous les champignons soustraits à l'action de V oxygène transforment en alcool
et acide carbonicjue les sucres mis à leur (lisjiositinn. Quand le sucre est de la
mannite, il se produit en même temps un dégagement d'hydrogène. Le
type de cette action est la levure de bière, ferment proprement dit ; on l'a
constatée pour les moisissures [pénicillium, mucor), et mes expériences le
démontrent pour les champignons supérieurs.
» Ce phénomène n'est pas dû à une fonction normale; il constitue un
état morbide produit sous l'influence de circonstances qui ne se ren-
contrent qu'exceptionnellement dans la nature; ce n'est pas non plus le
(i) M. Berihelot a constaté ( Annales de Chimie et de. Physique, Z" série; t. L, p. 32?) que
certaines matières albuminoidos font snlnr î« la mannite la fcrmenlalion alcoolitjno avec
dégagement d'iiydrogène par nue action cliinii(|ue et non |iliysiologi(juc, l'est-à-dirc sans
l'intervention d'un ferment organisé.
(•2) Comptes rendus, t. LX'XV, p. l?<>3, et t. LXXIX, p. 106.
( 'S- )
résultat d'une altération, puisque, si l'on n'a pas prolongé trop longtemps
le séjour dans une atmosphère exempte d'oxygène, le champignon peut
reprendre son élat vital ordinaire, caractérisé par la combustion complète.
» Cette combustion complète, en présence de l'oxygène en excès, est
une règle observée par la généralité des champignons. Mes essais n'ont ce-
pendant pas réussi à faire rentrer la levure de bière dans le vaste groupe
ainsi caractérisé. En effet, la levure, ajoutée à une dissolution de glucose
qui était traversée par un courant rapide d'air ou d'oxygène, n'a jamais
l)ro(hiit plus (l'acide carbonicpie que celui venant d'une fermentation alcoo-
lique normale. Cette levure, ainsi mise en contact avec beaucoup d'oxy-
gène, offrait au bout de quelques jours les caractères de la sporulation et
montrait dans l'intérieur des cellules les ascospores décrits par M. Rees (i).
Celte levure, préparée à un certain degré de pureté et exempte sin-tout de
spores de penicilliinn, n'a jamais, quoique placée dans les conditions les
plus favorables à une transformation, donné naissance à un organisme
végétal différent, confirmant en cela les idées de M. Pasteur, et s'd s'est
formé presque toujours dans ces expériences des quantités notables de my-
coderma vini, j'attribue cette production à la préexistence de quelques cel-
lules de ce végét.d, que l'examen microscopique m'a toujours montré,
même dans une levure préparée avec un grand soin. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — De la ilécoiiiposilion de la liqueur de Fetdimj;
dosage du glucose en présence du sucre. Note de MM. P. CiiA.MPio.\ et
H. Pellet, présentée par m. Balard.
« La liqueur de Fehiing, appliquée au dosage du glucose en présence
du sucre, donne lieu à de fréquentes erreurs, qui varient avec la compo-
sition de la liqueur, sa concentration et la manière dont on l'emploie.
» D'après les intéressantes recherches de M. Feitz à ce sujet (2), le sucre
pur, en présence de la liqueiu- cupropotassique, maintenue quelque temps
à l'ebuililion, agit connue le glucosej mais, en outre de l'action signalée
par ce chimiste, le réactif de Fehiing peut se décomposer dans quelques
autres cas que nous allons examiner. Nous prenons comme point de départ
de nos expériences la liqueur proposée par la formule indiquée par INI. Ch.
Viollette et qui est généralement adoptée. Quant au dosage du cuivre, ra-
mené à l'état de bioxyde, nous avons employé la méthode de M. VVeil,
(1) Atkolwlgahrungspilzc.
(2) Comptes rendus, 2i .loùl 1872, 5 mai 1873.
C R., 1873, I»' Semciiif. (T. LXXX, N" 3) ^1
( '8a )
dont la sensibilité permet d'apprécier des quantités très-faibles de métal.
» Nous reviendrons d'ailleurs plus loin sur cette méthode, appliquée au
dosage du glucose en présence du sucre,
» La liqueur de Fehling, additionnée d'eau, se décompose à i'ébuili-
lion (i), et cette action est d'autant plus rapide que la liqueur est plus
étendue. Après un certain temps de celte ébullition, la liqueur subit une
modification facile à constater, quoiqu'elle ne soit pas manifestée par un
dépôt cuivreux; et ce qui prouve bien que la précipitation de l'oxyde de
cuivre ne peut servir à caractériser la décomposition partielle de la liqueur,
c'est que, si dans les essais on ajoute de la soude, il ne se forme plus de
précipité, quoiqu'il y ait encore réduction partielle. Un excès de soude en
présence du sucre hâte la transformation du cuivre en proloxyde, tandis
que, d'un autre côté, la soude, à un certain degré de concentration, ne
transforme pas le sucre en un corps réducteur, glucose ou autre, lorsque
le sucre et la soude sont seuls mis en présence.
» Les essais qui établissent ces faits ont été réalisés en prenant lo cen-
timètres cubes d'une solution de sucre au ytô» additionnés de i à
5 grammes de soude, et la recherche du glucose a été faite, soit par la
liqueur de M. l'ossoz, où la soude est à l'état de carbonate, soit par le sac-
charimètre, en saturant à l'aide de l'acide acétique.
« La soude concentrée modifie le sucre, mais sans formation de glucose,
lo grammes de sucre ont été dissous dans 5o centimètres cubes d'eau, aux-
quels on a ajouté 5o centimètres cubes d'une lessive de soude à 36 degrés B.
Le liquide, maintenu à l'ébuilition pendant quinze minutes, avait acquis
une coloration brune; saturé par l'acide acétique, il ne renfermait que
S*-'', '7 de sucre.
» La même liqueur, additionnée d'un excès de bicarbonate de soude
(pour carbonater la soude) et chauffée au bain-marie avec la liqueur de
M. Possoz, n'a pas donné de réduction indiquant la présence du glucose;
ce qu'on pouvait prévoir, attendu que la soude concentrée décompose ce
corps après un certain temps d'ébuUition.
)) En résumé, la liqueur de l'ehiing étendue se décompose : i° graduelle-
ment avec le temps d'ébuUition; a" suivant la quantité d'eau ajoutée et les
proportions de sucre et de potasse; 3"^ la soude en solution, chauffée en
(i) MM. Boivin et Loiseaii, dans une récente Communication ( 3q novembre i874)t ont
constaté que la iitjueui' ilc l'eliliri^' tics- étendue d'eau distillée fournit à rébullition un
dépôt d'oxyde de cuivio eu uiéuii' Iimi|)S (|UC \.\ louli'ur bleue du liquide disparaît |)lus ou
moins L'ouipit leiiieul.
( «8:^ )
présence du sucre, modifie ce dernier, mais sans fnrmntion de glucose;
l\° le sucre pur, ajouté à la liqueur de Feliiing, portée à i'ébullilinn, donne
naissance à lui corps réducteur (glucose ou autre).
» Les diverses formules de la liqueur de Fehling, qui renferment de la
soude ou de la potasse libre, donnent toutes des résultats analogues à ceux
que nous venons d'indiquer.
I) D'a'près MiM. Boivin et Loiseau, « une eau distillée pure, à laquelle on
» ajoute 20 centimètres cubes de liqueur de F( hling par litre, occasionne la
» décoloration de cette liqueur après quelques nnnufes d'ébullilion ; mais,
)i dans les mêmes circonstances, l'eau pure ne produit aucune décolora-
1) tion si on lui ajoute préalablement certains corps solubles. » . . . < La cause
I) qui produit la tiécoloration de la liqueiucle Fehling peut donc être para-
I) lysée par une quantité très-faible de sel calcaire. » Et plus loin : « De ce
» qui précède il résulte, en outre, un moyeu exjK'-ditif de voit- si une eau
» distillée est pure, i)uisquc 3o centimètres cubes d'une eau pure rendent
» instable à l'ébuUition i centimètre cube de la liqueur de Fehling. »
» Nous allons analyser les diverses conclusions auxquelles sont arrivés
les auteurs de cette Note, en y ajoutant nos rechercbes personnelles. Ainsi
(uie l'ont reconnu MM. Boivin et Loiseau, la liqueur de Fehling, dans les
conditions où ils se placent, est décomposée par l'ébidlition avec l'eau
distillée, et nous avons constaté que le cuivre précipité est à l'état de
bioxyde. Si, comme ils l'indiquent, on substitue à l'eau distillée luie eau
chargée de sels calcaii'es, la liqueur reste bleue; mais elle doit en partie
sa couleur à la présence d'un précipité en suspension, et le rapport entre
la quantité de cuivre préci[)ité et de sucre ne change pas. Si l'on augmente
la proportion de .sel calcaire et qu'après ébullilion on filtre la solution, celte
dernière passe incolore et ne renferme plus de cuivre. On peut siqiposer
que cette action est due à la formation d'ini tartrate doubla de chaux et
de cuivre, ou que ce nu'tal est précipité par la soude, eu conservant sa
couleur bleue en présence du tartrate de chaux. Enfin, lorsqu'on emploi*'
le chlorure de sodium ou de |)Otassium en proportion convenable, la li-
queur de Fehling prend une teinte verte, (p\i résulte de la formation de
chlorure de cuivre, fait que l'on constate d'ailletirs en portant à l'ébuUition
une solution de sulfate de cuivre additionnée des mêmes chlorures (i). La
formation de chlorure de cuivre est au.ssi manifeste si l'on emploie le chlor-
hydrate d'ammoniaque avec la liqueur de Fehling; par une ébullilion suf-
(l) Dans ces essais, il est nécessaire d'employer une ccrlaine (iiiaiililé <!'■ (hioriirc. En
effet, si l'on proparo tlirectciniiit une li(|iiriir de I''i'liliii^' en rempl.icant le sulfate par le
2/,.. •
( i84)
fisante, l'ammoniaque est chassée, le liquide devient vert et est sans action
sur le glucose.
» L'addilion de la sonde augmente la stabilité du tartrate et s'oppose à
la décoloration de la, liqueur. Si réciproquement ou sature en partie par
les acides (sulfurique, azotique, etc.) la soude contenue dans la liqueur
de Fehling étendue, elle ne se décompose plus à l'ébullition et acquiert une
couleur jaune verdâtre.
» Si l'on substitue aux chlorm-es des sels tels que le chlorate et l'azotate
de potasse, le sulfate, le phosphate, l'acétate et lesidfovinate de soude, etc.,
employés à la dose de i gramme, qui, dans ces conditions, n'agissent pas
sur le sulfate de cuivre, la décomposition de la liqueur a lieu comme avec
l'eau distillée pure.
» Quant à la remarque faite par MM. Boivin et Loiseau, que si l'on con-
centre convenablement la liqueur décomposée par l'eau distillée, la colo-
ration reparaît, ce fait provient de la redissolution du bioxydede cuivre dans
le tartrate de potasse avec excès de soude, ainsi que cela a lieu dans la
préparation de la liqueur de M. Lagrnnge.
» Dosacje du cjtiicose en présence du sucre. — La liqueur de Fehling a été
heureusement modifiée par M. Possoz, et préparée suivant ses indications;
elle est exemple des inconvénients signalés ci-dessus.
» Néanmoins elle ne permettait pas de doser le glucose en présence d'une
grande quantité de sucre, attendu que ce dernier se colore sous l'influence
de l'acide chlorhydrique concentré et de la chaleur, et s'oppose au dosage
du cuivre par le procédé de M. Weil , qui consiste, conune on sait, à dé-
colorer le bichlorure de cuivre par une solution titrée de protochlorure
d'étain. Nous employons la méthode suivante, qui est due à l'un de nous.
» Soit une liqueur contenant du sucre et une proportion quelconque de
glucose. On l'additionne d'un excès de liqueur de M. Possoz et on la main-
tient à la température de 76 degrés au baiu-marie, environ pendant trois
quarts d'heure. On recueille sur un filtre l'oxydnleformé et on lave; puison
introduit le filtre encore hiunide dans une capsule et l'on ajoute de l'acide
chlorhydrique étendu qui transforme le cuivre en sous-chlornre de cuivre.
On recueille la liqueur qu'on porte à l'ébullition en ajoutant peu à peu
quelques cristaux de chlorate de potasse; la liqueur se colore et le cuivre
chlorure de cuivre, dans les conditions où se sont placés MM. Boivin et Loiseau, la liqueur
se décompose encore à l'ébuililion ; mais, en ajoiilaiit o", i de NaCI, il n'en est j)liis de
même; à la liqueur de Violette (1 eenlimèti'c cube pour 5o cenlimètrcs cubes d'eau), on
.ijoute o*', 1 de NaCI, au lieu de o^', ?.5 : elle se décompose également.
( -85 )
passe à l'état de bicliloruro do enivre, vert jaunâtre, qu'on titre par le
chlorure d'étain (i).
» Ce procédé permet de doser exactement quelques milligrammes de
glucose renfermés dans loo grammes de sucre. »
PHYSIOLOGIK. — Note sur lapukalion du cœur; par M. Marey.
« A l'époque où les physiologistes étaient réduits à l'observation directe
des phénomènes de la vie, la nature et la succession des mouvements du
cœur étaient fort difficiles à déterminer. En effet, les actes multiples qui
se passent à chaque révolution du cœur occupent à peine la durée d'une
seconde; c'est dire que nos sens ne peuvent en donner qu'une idée fort con-
fuse. Mais aujourd'hui qu'on mesure avec une précision merveilleuse les
actes les plus couris, il n'y a pas de difficulté réelle à déterminer la succes-
sion, la force et la durée des différents mouvements du cœur.
» Les appareils inscripteurs se prélent ^très-bien à ce genre d'études.
Lorsqu'on inscrit les mouvements du cœur avec l'intention d'en déter-
miner le type normal, on s'aperçoit que, même dans les conditions de par-
faite santé, la fonction de cet organe présente des variations nombreuses;
que le cœur s'emplit ou se vide plus ou moins complètement et plus ou
mpins vile; enfin que le tracé de ses mouvements traduit ces variétés de la
fonction par des différences dans la forme des courbes enregistrées. Un
champ plus large s'ouvre donc à la Physiologie; mais pour saisir, d'après la
forme d'un tracé, les conditions mécaniques de la fonction du cœur, il faut
connaître parfaitement la valeur île chaque élément de la courbe. J'ai
entrepris, pour arriver à celte connaissance parfaite, des recherches nom-
breuses dont je vais exposer sommairement les résidtats.
■I Dans le Mémoire présenté à l'Acailémie en 18G2, avec la collabo-
ration du professeur Chauveau, sur la détermination graphitpie des mou-
vements du cœur, nous signalions déjà des particularités nouvelles sur
la nature de l'acte qu'on ai)|)elle en général le choc du cœur. Les tracés
nous avaient niontié que ce phénomène est toute autre chose qu'un choc
instantané, qu'il consiste eu luie pression des ventricules contre les parois de
la poitrine, pression dont le début très-brusque coïncide avec celui de la
systole des ventricules, mais dont la durée se prolonge jusqu'à leur relâ-
(1) On in.Tintient IV'l)iilliiion jusqu'à ce (|iic Ions les produiis elilorés aient été éliminés,
ce dont on s'assure en iiis|ios;int ;"i I.» partie siipi'rirnre di' la fiole dans Iaf|nelle on a placé
la solution un tube deux fois reconrlié (pi'ou fait jiloiiyer dans de l'eau dislillce colorée en
bleu par une goutte de sulfate d'indigo.
( i86 )
chenient. Les expériences, répétées devant la Commission, lui ont semblé
entièrement démonstratives pour tout ce qui est relatif à la succession des
mouvements du cœur. Dans son Rapport, M. Milne Edwards a formulé l'ap-
préciation suivante : Les auteurs du Mémoire « ont rendu visibles et faciles
» à constater des phénomènes dont l'observation était très-difficile, el
I) leurs expériences nous semblent devoir faire cesser toute discussion sur
» ce point de l'histoire de la circulation du sang chez l'homme et les ani-
» maux qui se rapprochent le plus de lui par leur organisation. Il peul
» rester encore diverses questions à résoudre relativement à la manière dont
» la systole venlriculaire détermine la pulsation cardiaque; mais, dans notre
.) opinion, il est aujourd'hui bien démontré qu'elle est la cause de ce phé-
» nomènc. »
» Ces réserves posées par l'éminent rapporteur de la Commission témoi-
gnent de l'obscurité qui a toujours enveloppé le mécanisme do la pulsation
du cœur, considérée comme effet de la systole venlriculaire. On comprend
difficilement, au premier abord, qu'une poche contractile qui se resserre
sur son contenu liquide et qui l'expidse puisse, au moment même où elle
diminue de volume, repousser les organes environnants.
Pour expliquer la production de cette pulsation, j'entrai bientôt dans
plus de détails (i), en montrant que l'impulsion du cœur contre la poitrine
tient au durcissement soudain des ventricules. Ceux-ci, moins dépressiblês,
déformables pendant qu'ils sont relâchés, deviennent durs au moment où
ils se resserrent, refoulant avec énergie tout ce qui les empêche de prendre
la forme sphéroïdale. En i865, je réussis à inscrire, au moyen d'appareils
assez simples, les pulsations lïu cœur de l'homme.
Un premier fait ressort de l'inspection de ces courbes : c'est que là où le
praticien le plus exercé ne perçoit à la main qu'un choc, l'appareil révèle
lui mouvement fort complexe. Le retour régulier de cette forme ne permet
pas de douter qu'elle ne réponde à des mouvements parfaitement coordon-
nés. Rien n'est fortuit dans les inflexions de cette courbe, et, si on les voit
se modifier sous certaines influences, on doit conclure à des changements
survenus dans l'acte ([u'elles traduisent. I>'inlerprétation de cette courbe
était singulièrement facilitée par les expériences de cardiographie instituées
sur les grands animaux; aussi ai-je pu doiuier la signilicalion de chacun
des éléments de la courbe recueillie sur l'honnne, attribuant telle ondida-
tion à la systole de l'oreillette, telle autre à celle du ventricide, etc. (2).
(i) Physiologie médicale tic lu lin ulrition du sang, i863, p. 6-.'..
(?) Voir pour les dctails de eclte analyse, Comptes rendus, i865, t. LXI, p. 778.
( '«7 )
» Celle inlei'prélaliou, je le répète, se dégage nalurellement des expé-
riences faites sur les grands maminiftres, mais elle exige, pour élre bien
comprise, certaines notions techniques. Or mon bul ne sera atteint que si
la démonstration est assez simple pour s'adressera tout le nionde. Qu'il
me soit permis d'exprimer toute ma pensée. Si j'ai recoiu's à l'emploi delà
méthode graphique, c'est que j'ai considéré les sens comme absolument
insutBsants pour apprécier exactement la nature des mouvements du cœur;
cette conviction m'autorise à récuser tons les arguments qu'on pourrait
m'opposer d'après les renseignements que donne la vue ou le toucher dans
l'étude de la pulsation cardiaque.
» Avant d'aborder les formes complexes des mouvements du cœur chez
les mammifères, je choisirai, pour simplifier ces études, les mouvements
plus lents et moins compliqués, que l'on rencontre chez les animaux infé-
rieurs. La tortue terrestre se prête très-bien aux expériences. Le cœur de
cet animal, détaché du corps, continue longtemps à battre, surtout si l'on
adapte à ses veines et à ses artères des tubes à travers lesquels se fait une
circulation incessante de sang défibriné. J'ai présenté à l'Académie, en vue
d'expériences d'un autre ordre, un cœur de tortue ainsi préparé (i). Sur
ce cœur, dont les battements ont une régularité |)arfaite, si l'on applique
le doigt, on sent une pulsation qui rappelle exactement celle <pie la main
éprouve en palpant le cœiu' d'un honnne. Avec l'appareil explorateur de la
pulsation, on obtient la courbe n" 1. Cette courbe est beaucoup plus simple
{|ue celle (pie donne le cœur d'un mammifère; elle est en effet dégagée des
influences respiratoires et de ces vibrations que la clôture des valvules et
le mouvement du sang produisent quand il se fait avec une certaine brus-
querie.
» Dans la courbe n° 1, pour savoir à quoi correspondent les différentes
inflexions de la courbe, il faut déterminer à quel moment le ventricule se
vide, à quel moment il se remplit. Or, c'est de a en h que se fait la systole
ou resserrement de cet organe, c'est de h en n' qu'ont lieu son relâche-
ment et sa réplétion. Ce qu'il y a de paradoxal dans l'expression graphique
de ces phénomènes tient à ce que deux influences se combinent pour
produire le tracé. L'une de ces influences est le changement de volume du
(i) Voir Comptes rendus, t. LXXVII, p. 336.
( '88 )
cœur, l'autre est son changement de consistance; toutes deux, avec des
forces inégales, élèvent et abaissent la courbe tracée. Pour faire la part de
chacutie, il faut les isoler et les étudier séparément.
» A. Des changements de voliane du cœur. — Pour apprécier les change-
ments que le cœur éprouve dans sou volume, je l'eufernie dans un flacon
à trois tubulures, dont l'une lui apporte le sang veineux, l'autre laisse
échapper le sang artériel; la troisième tubulure met l'air du flacon en
communication avec l'appareil enregistreur. De cette façon la courbe tracée
s'abaisse quand le cœur diminue de volume et raréfie l'air du flacon; elle
s'élève quand le cœur se remplit et comprime l'air dans la cavité qu'd
occupe. La courbe obtenue est reproduite parle n"2: ab (période de systole
du ventricule) accuse une diminution de voliune du cœur dont le sang est
expulsé dans les artères; Aa' (diastole ou relâchement) montre que le cœur
se remplit; a' b' nouvelle systole, et nouvelle diminution de volume du
cœur, etc.
1) B. Changements et consistance du cœur. — Pour inscrire les changements
de tliu'elé du cœlir, on s'adresse à la pression du sang dans le ventricule,
ce qui donne la courbe n" 3. liC durcissement du cœur se traduit par un
soulèvement de la courbe: il occupe toute la phase systolique. Le ramol-
lissement du cœur correspond à la partie où la courbe est le plus abais-
sée : c'est la période de diastole.
» En comparant les flg. 2 et 3, ou voit que les deux actes qu'elles ex-
priment varient inversement 1 un |)ar ra[)port à l'autre; que si le cœur
diminue de volume pendant sa systole ab et tend à fuir devant l'ex-
plorateur qui la compiime, il durcit d'autre part, et tend à repousser la
pression qui agit contre lui. Pendant son relâchement ba', le cœur ramolli
( i«9)
se laisse déprimer; mais, d'autre part, il se remplit, et sous cette influence
repousse peu à peu l'appareil explorateur. Puisque ces deux influences se
combinent pour produire le tracé de la pulsation, ajoutons l'une à l'autre les
doux courbes qu'elles fournissent, et nous obtiendrons la courbe n° li dont
l'identité avec le tracé de la pulsation est complète. Cette courbe présente de
grandes ressemblances avec celle que trace la pulsalionducœurde riiomme;
cependant, comme certains détails viennent compliquer la forme du tracé
que l'on obtient sur l'homme, il est nécessaire de montrer la signification
de chacun de ces détails. Ce sera l'objet d'une Note prochaine. «
MÉCANIQUE. — Etudes sur icntiainement de. Pair par un jet d'air
ou de vapeur; par M. F. de Rojully.
« Les expériences dont j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie le résumé,
sont relatives à l'étude des phénomènes de l'entraînement de l'air par un
jet d'air ou de vapeur. Ce jet partant d'un ajutage lanceur entraîne avec
lui une certaine quantité d'air ambiant; il peut être reçu dans des ajutacjcs
récepteurs. Il est aisé de voir que les résultats généraux qui peuvent être
fournis par des ajutages de formes variées rentrent tous, quant au sens
des phénomènes, dans ceux que donnent les quatre types suivants :
» 1° Coniques à petite section tournée vers le lanceur; 2° coniques à grande
section tournée vers le lanceur; 3° cylindriques ; 4° percés en mince paroi.
» Les expériences ont été faites ainsi : le lanceur est en communication
avec une chaudière à vapeur servant de réservoir d'air comprimé. Le jet
est reçu par les récepteurs désignés plus haut, formant tour à tour l'entrée
d'un gazomètre* bien équilibré. L'air, passant librement, soulève et emplit
la cloche en un temps observé au compteur à secondes. On mesure ainsi la
quantité entraînée et la vitesse à l'orifice, et, par suite, la pression corres-
pondante. Quand la cloche est chargée et immobilisée, le gazomètre forme
récipient clos. Un manomètre annexé donne alors les pressions.
» On commence l'expérience par introduire et luter le lanceur dans le
récepteur. Ou note le temps d'emplissage, puis on sépare le lanceur du
récepteur, et l'on examine les effets de l'éloignement et de l'excentration
à toute distance. On a ainsi tous les effets, tant en récipient clos qu'en
récipient ouvert, selon que le gazomètre est chargé ou qu'il est libre.
» Voici le résultat des expériences avec les divers récepteurs.
» I. — L'ajutage qui tlonnc le inaximuin d'effet est le coNiQnEile 5 « 7 dcgri-s (petite section
regardant le lanceur). Le lanceur doit ctie placé à l'extérieur et éloigné d'une distance qui
croît en raison de la section du récepteur, et très-peu avec la pression au lanceur {fis- i)-
C. K., i8;5, i"Semfj(re. (T. LXXX, N» 3.) ^^
( '9" )
» Dans ce cas, la fjiianlité d'air reçue (g) est dans la proportion des diamètres du récep-
teur et du lanceur y = — : D diamètre du récepteur, d diamètre du lanceur. La vitesse est
en raison inverse V= — • Il faut supposer à l'orifice du lanceur toute la vitesse de la détente.
» Il en résulte donc la conservation intégrale de la quantité de mouvement. Cet effet est
e même, quelle que soit la grandeur du récepteur, /)o«rc« guc l'on se serve du présent aju-
tage dans tes conditions de maximum indiquées. Voici quehjues expériences :
Lanceur à mince paroi (diani. = o,ooi, réduit à 0,0008 par contraction de la veine;
pression 1 atmosphère),
Avec récepteur, diamètre lanc"' luté
Remplit \e gazomètre de 48 litres en.. . 1 78"
Quantité par seconde o''', 282
Vitesse 564'"
Quantité de mouvement iSg
0,016
8", 5
5'" M
28'", 20
.59
» I.a pression sur l'oriûce de ce récepteur est en raison inverse de sa section P :=
0,004
0,008
34"
.7"
.'^4•
2''',82
1 1 2'", 09
56"", 4o
i58
iSg
0,o32
4", 3
i4"',^.5
162
D^'
La constante K varie selon que l'ajutage récepteur forme l'entrée d'un récipient clos ou
d'un récipient laissant échapper l'air librement. Dans le premier cas, la pression est donnée
jiar un manomètre; dans le second cas, la pression est calculée d'après la vitesse au passage.
• D'après les expériences faites avec une atmosphère au lanceur, la première pression est
à la seconde comme 1,4 est à i. Exemple : lanceur = o'",ooo8; récepteur = o'",oo8.
L'expérience donne, d'après la vitesse : en récipient ouvert^ o'", iqS, hauteur d'eau; en
récipient clos, o™,28o.
» Il faut avoir égard à cet effet lorsque l'on place un tube manoraétrique dans l'intérieur
d'un tuyau pour évaluer le passage d'un gaz.
■> Dans le cas de l'ajutage conique décrit, le maximum à toute distance est au centre, ce
qui se manifeste en excentrant le lanceur parallèlement à l'axe du cône récepteur.
Expériences avec récepteur conique de 5 à 7 degrés, petite section vers le lanceur.
(Diamètre de petite section =r o'",oi6; longueur =: o"", 1 14-)
I2.H ll.K 11.2 lU.e !)S U.4 nS.UHS !l n.S 10 1(1.5
tiÇ. 1, <lomi-crandeur.-L, lanreiu- t..l,n fin : long., o">,09a; .liam., o-'.ooi.j. T, temps .rempliss,-.(;c. _
Les chiirrcs places sur Taxe indiquent dos centimèlres i> partir dii ras de l'orilice; les rhillYcs supérieurs
indiquent le temps d'emplissa(;e. — Maximum maximorcm : réclnienc o,m;t, S",G; récipient clos, on'.ou
[naiitciir d'eau). '
• Pour les autres ajutages, il n'eu est pas de même; ils n'atteignent pas le maximum th
l'ajulage précité. On verra qu'en substituant l'ajutage conique de 5 à 7 degrés au cylindn
habituellement employé, on réalise une augmentation de puis de 33 pour 100 d'effet utile
( '9- )
« II. — Dans le conique à grantli- section tournée vers le lanceur, le maximum maximo-
rum est à l'iotoiieur du cône. Les inaxima à tonte autre distance sont excentrés, et leur suite
forme une surface courbe de révolution située en partie dans l'intérieur, en partie à l'exté-
rieur du cône.
Expériences, récepteur conique de 7 degrés.
(Diam. petite section ^= o'",oi6; long. =; o"',i 14.)
Secondes.
c o 0^0 ooco
10.610.6 10.6 10.8 11 114 12 I2.C 13.4 14 !&■« >5-6
-14.6 12.6 11 10.6 lO.fl 11 11 11.4 12.4 i.l 13.8 14.6 1B.2 1B.8 15.8 15.8
! ! ! I ! ! I ! i I i
I
rij. 2, demi-irrandeur. — L, lanceur tube lin: long., o™,092 ; diam., o'",ooi5. L' lanceur tube fin : long.
o'",i7; diam., o'",ooi5. — Courbe des maxinia avec récipient ouvert (chiffres verlicauï su-
périeurs indiquant l'excentralion ). — T, temps d'emplissage sur la courbe; T', temps dV^mplissa^je sur
l'axe. Courbe des niaxima avec le récipient clos ( chifTres verticaux inférieurs indiquant l'excen-
tration). P, pression sur l'axe; P', pression sur la courbe. — Les chiffres sur l'axe indiquent en centi-
mètres la distance à l'orifice. Les points vérifiés de centimètre en centimètre ont été joints par des
droites. Pour la courbe en récipient ouvert, entre o"',02 et o"',o.3 intérieur, le maximum ma.vimorum
est peu net; il parait aussi bien au centre qu'à o"',oo3 d'cxccntralion. — Maximum maximorum : réci-
pient ouvert = io",(); récifnerit clos = o'",o38 (hauteur <l'eau\
i> III. — Pour les ajutages cylindriques avec récipient ouvert, le maximum iiiaiimoium
est sur la ligne axiale à une petite distance de l'orifice extérieur. Avec récipient clos à l'in-
térieur, et encore à quelque distance à l'extérieur, les maxima sont sur l'axe, puis ils
forment une courbe fermée, et le maximum maximorum est une ligne circulaire formant la
partie la plus excentrée de la courbe ( fig. 3).
» Les trois dernières expériences donnent, avec le même lanceur, les résultats suivants :
limplissage. Quantité de mouv.
Conique (petite section vers lanceur 8", 6 i55
" (grande section vers lanceur) io",6 lo-y.
Cylindrique ii",o io3
soit 33 p. Kio d'effet en plus avec conique de 5 à 7 degrés, petite section vers le lanceur.
2.5..
( >92 )
» Si l'on porte l'angle du cône à i5 degrés, remplissage se fait en 9", 6, ce qui fait une
perte de 20 pour 100 sur celui de 5 à 7 degrés.
Expèriinres , récepteur cytindritjuc.
(Diam. = o'",oi6; long. =: o"', 1 14.)
àrr^
=4='
;fi
15.2 13.6 12.C ll.G II.G H 11 IJ II. 4 li.G 12 12.fi
; Alaxiiiium \ ! s:| 2! I
j nrripJcnt ouTcrL
) I
I
Y
M
T
-41 41 41 i\
Millititclres hauteur d'eau.
41 41 41 41.5 42 44 45 4B 47
44.5 47 4!) 51
c = o p
o h h 'g
a = c iF.
M li C I
. .^ gj
Fig. 3, demi-grandeur. — L, lanceur tube fin : long., o"', 092 ; diara., o™,ooi5. — I, lanceur tube
fin : lonj., o"',!^; iliam., o'",ooi!i. — T, temps d'emplissage. Waxima sur l'axe. Courbe des
maxima avec récipient clos. — E, excentralion.— P, pression sur l'axe; P', pression sur la courbe.—
Les chiflVes sur l'axe indiquent en centimètres la distance à l'orifice. Pression dans le lanceur
I atmosphère. — Max. m.vximori'si : récipient ouvert = 11"; récipient clos := o^jOJi.
» IV. — Pour Y orifice récepteur à mince pakoi si l'on éloigne le lanceur du récepteur et
que, de millimètre en millimètre, on examine les effets de l'e.xcenlration, on trouve d'abord
des courbes singulières renfermant plusieurs maxima et niinima. Le maximum mnximoruin
est au centre et à une distance où se sont effacées graduellement les particularités des courbes
successives. La quantité de mouvement est réduite à moins de moitié de ce qu'elle est avec
le conique. C'est l'ajutage le moins favorable.
» Observations générales. — i° Lorsque le récipient clos est percé, outre
l'ajutage récepteur, d'un autre orifice égal et semblable, la pression est
réduite à moitié. 2° A quelque endroit que se trouve l'orifice du lanceur,
soit sur l'axe, soit hors de l'axe, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'ajutage,
l'effet est toujours supérieur quand la direction du jet se confond avec
l'axe ou lui est parallèle; toute direction angulaire à l'axe produit une di-
minution d'effet très-rapide.
» 11 faut tenir compte de la section contractée avec le lanceur ;\ mince
paroi, pour le rapport des vitesses ou des pressions entre le lanceur et le
récepteur.
» Pour établir les faits énoncés, on a varié les formes et les grandeurs
relatives du lanceur et du récepteur. Les mêmes expériences ont été faites
avec la vapeur : mêmes résultats. Cependant, ayant opéré comme pour l'air
avec une atmosphère de pression, les gouttelettes dues à la condensation
rendaient les expériences plus difficiles et moins nettes.
» En résumé : i" «onservalion intégrale do la quantité de mouvement avec récepleur
( '93 )
conique de 5 à 7 degrés, petite section vers le lanceur. Celui-ci, placé aune distance exté-
rieure, qui croît en raison du diamètre du récepteur et très-peu avec la pression; o." quan-
tité entraînée en raison directe des diamètres du lanceur et du récepteur — » vitesse en
raison inverse - ; 3° les autres ajutages, inférieurs comme effet; 4" maximum au centre, à
toute distance pour le conique, petite section vers le lanceur ; 5° pour les autres, courbes
particulières à chacun pour la suite des maxima; G° courbes différentes pour le même
ajutage si le jet est reçu en récipient clos ou en récipient ouvert; 7" lieu du ninximum
maximoruin particulier à chaque courbe. »
PHYSIOLOGIE. — Des phénomènes de localisation miiïérale et organique chez
tes anirnaux et de leur importance biologique. Note de ]M. E. IIeckel,
présentée par M. Milne Edwards.
« Dans deux Notes précédenles (i), nous avons donné le résultat de
quelques recherches physiologiques entreprises chez les Mollusques et les
Articulés, en nous servant des faits de localisation, nous croyons donc avoir
montré que ces phénomènes offrent un intérêt véritable, soit qu'on les
étudie en eux-mêmes, soit qu'on exploite leurs conséquences. Depuis cette
époque, des faits nouveaux sont venus confirmer d'anciennes recherches,
et nous avons cru devoir les rapprocher tous dans un ensemble complet
pour attirer l'attention des biologistes (2). Déjà nous avions pu, par des ex-
périences concernant la localisation de l'arsenic dans le tissu hépatique des
Articulés, arriver à donner une présomption de plus à la théorie du cumul
physiologique des tubes de Malpighi, chez les Insectes; de nouvelles re-
cherches entreprises simultanément dans le même sens sur des larves nues
de Léjùdoplères sont venues confirmer nos premières conclusions. Disons
d'abord que des expériences très-probantes, entreprises sur les Mollusques
gastéropodes, ont foiu'ni à nos recherches une base sérieuse : dans aucun
cas, en effet, nous n'avons vu chez les Zoniles et les /^e/i.i l'arsenic se localiser
dans la glande précordiale, qui est considérée par tous les auteurs comme un
rein. De plus, nous avons établi dans une Communication antérieure que
les Crustacés localisent l'arsenic dans leur foie [Gecarcinus ruricola). Ces
faits étant acquis pour des organes non douteux, nous avons cherché à con-
naître, pour arriver à une meilleure appréciation des fonctions malpi-
ghiennes, ce que devient l'arsenic localisé quand, par une suspension
(i) Comptes rendus, séances des 24 août et 7 septembre i874'
[■}.) Cet ensemble forme un Mémoire dans lequel nous étudions les phénomènes de locali-
sation sous différentes faces.
( 194 )
momentanée de ces fonctions, les urates d'une part, et les matières colo-
rantes de la sécrétion biliaire vont s'accumuler dans un point de l'organisme
pour en être ensuite expulsés par la voie naturelle. C'est ce qui se produit
chez certaines larves d'insectes aux approches de la nymphose et pendant
la durée des mues. Nos recherches ont porté particulièrement sur le Bombyx
mori (L.) qui a été l'objet d'une étude particulière de M. Fabre (d'Avi-
gnon) (i), au point de vue du phénomène d'accumulation des matériaux
biliaires et urineux. Ge savant étendit ensuite ses recherches à toutes les
larves des Insectes et montra que ces animaux (les larves carnassières excep-
tées), pendant la nymphose, présentent, dans le tissu adipeux, les urates et
l'acide urique qui devaient être excrétés par les tubes malpighiens. Quoi-
que M.Sirodot(2) ait considérablement diminué l'étendue et les proportions
de ce phénomène, en prouvant qu'il se produit seulement dans les larves des
Lépidoptères, et non pas dans le tissu cellulaire général, mais dans un tissu
cellulaire sous-cutané spécial, il n'en reste pas moins ce fait acquis que
des matériaux formés aux dépens de l'organisme et appelés à être expul-
sés par la voie rénale peuvent constituer un gisement physiologique dans
un point de cet organisme.
» Partant de ce fait, qui relève des phénomènes d'accumulation, nous
avons soumis, en même temps que les larves de Bom'ojx mori, différentes
chenilles nues de Lépidoptères à l'alimentation arsenicale, avec l'intention
de rechercher ce que devient ce métalloïde pendant les mues aux approches
de la nymphose. Cette nouvelle voie nous a permis de rendre plus clair le
rôle physiologique des tubes de Malpighi.
» Au moment où certains plissements de la peau annonçaient les appro-
ches de la nymphose, nous avons détaché au ciseau courbe, chez les ani-
maux soumis à l'expérimentation, des lambeaux superficiels renfermant la
peau et le tissu cellulaire sous-cutané, et nous y avons trouvé la présence
certaine d'une quantité appréciable d'arsenic en même temps que l'acide
urique et les urates. Ici nous voyons les phénomènes de localisation et
d'accumulation, en général très-distincts, se produire dans les mêmes tissus.
Mais, s'il est remarquable que l'arsenic se soit fait le satellite des matières
sécrétées par les tubes malpighiens dans leur migration, il est plus étonnant
(i ) Étude sur rinstinct et les métamorphoses des Sphé^ides (^Jnnatcs des Sciences natu-
relles, 5° série, t. VI, i856).
(2) Rechfrches sur les sécrétions des insectes (Annales des Sciences naturelles, t. X, i858
5' série, p. i8Gà 3oi).
( «95 )
de le voir surtout localisé clans les globules graisseux qui semblent avoir
une affinité élective pour ce métalloïde. Immédiatement après la mue, les
tubes de Malpiglii reprennent leurs fonctions naturelles, et l'arsenic s'y lo-
calise de nouveau en provoquant la formation des globules graisseux.
Pendant la mue, ces tubes sont remplis d'ini liquide rare et décoloré: après
la mue, ce liquide reprend sa coloration jaune verdàtre.
» Pour épuiser cette question intéressante, il restait à connaître si, dans
le cas où le ventricule chylifique est devenu l'accessoire de l'appareil uri-
naire et a servi de centre d'accumulation à l'acide urique et aux uratcs,
comme cela se produit chez le Cerambix héros (i), les mêmes faits relatifs à
la localisation de l'arsenic se présentent. On pouvait supposer que dans ce
cas spécial, comme dans celui des larves de Lépidoptères, l'arsenic suivrait
les matériaux urinaires dans leur déplacement. Les résultats de nos recher-
ches sur ce point sont très-précis : nous avons trouvé, comme M. Fabre
et par des procédés identiques, une grande quantité d'acide urique et
d'urates, mais jamais darseriic. Nous sommes conduits dès lors à recon-
naître que cette fonction provisoire dont est chargé l'estomac de quelques
Insectes est complémentaire de la sécrétion rénale, qui, pour une cause in-
connue, se trouve seule suspendue à certains moments de la vie de l'In-
secte. Cette conclusion paraît du reste corroborée par ce fait que nous
n'avons jamais pu retrouver dans l'estomac du Cerambix les particules de
matières colorantes qui existent manifestement dans le tissu cellulaire
sous-cutané des larves de Lépidoptères. Rappelons encore que la sécrétion
des tubes malpighiens du Cerambix se décolore par localisation arsenicale.
» De tous ces faits nous nous croyons autorisé à conclure que les tubes
de Mali)i(ffii sont réellemenl des organes mixtes chargés ù la fois de l'excrétion de
l'urine el de la sécrétion biliaire.
» Les faits d'argyrie, fréquents chez l'homme, nous ont offert des corré-
latifs chez les Mollusques gastéropodes. En recherchant la limite de résis-
tance du Zonitcs algiriis et de Vllclix aspersa à l'influence nocive des sels
métalliques, nous avons pu faire absorber à ces animaux des quantités
considérables de chlorure d'argent sans déterminer aucun accident apparent.
Déjà nous avions été mis sur la trace de l'innocuité de ce sel, en expéri-
mentant sur le Dulirnus porphjroslonius {Vkifer), très-répandu en Nouvelle-
Calédonie, théâtre de nos observations. En enlevant chez ces divers ani-
maux, après un mois d'expériences, avec des ciseaux courbes, des lambeaux
(i) Fabre (d'Avignon), loc. cit., p. 112 et suivantes.
( '96)
superficiels renfermant les corpuscules pigmentaires, nous avons pu con-
stater la présence irrécusable de l'argent métallique. Un autre gisement
plus normal s'était formé clans le foie. Il est remarquable que, un mois en-
viron après suspension de tout régime métallique, l'argent avait entièrement
disparu de ces points de localisation.
» Ces faits, et quelques autres encore indiqués dans notre Mémoire, atti-
reront, nous en avons l'espérance, l'attention des physiologistes sur ces
phénomènes de localisation minérale et organique, dont l'étude métho-
dique permettra la solution de questions qui intéressent à la fois le natura-
liste, le toxicologue et le médecin. »
ZOOLOGIE. — Sur le développement des Pléropodes. Note de M. H. Fol,
présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« Le vitellus des Ptéropodes avant la fécondation est histologiquement
une cellule simple avec dépôt de matière nutritive dans son intérieur. Ce
vitellus fécondé est dépourvu de membrane et de nucléus. Il se compose
d'une partie formative ou protoplasmique, et d'une partie nutritive com-
posée d'un réseau de protoplasma, dans les mailles duquel se trouvent les
globules nutritifs. Au centre de la partie formative se trouve une étoile
formée par les granules du protoplasma rangées en ligne droite, diver-
gentes. Les rayons de celte étoile vont jusqu'à la limite de la partie for-
mative, et les globules nutritifs s'arrangent eux-mêmes en lignes.
» Après la sortie du corpuscule dit de direction, un nucléus apparaît au
centre de l'étoile, qui s'efface à mesure que ce nucléus grossit. Les granules
et les globules du vitellus cessent d'être en lignes. Avant chaque segmen-
tation le nucléus disparaît pour être remplacé par deux étoiles molécu-
laires qui prennent naissance dans son intérieur. Le centre de chacune de
ces étoiles peut être considéré comme un centre d'attraction : toute la
substance vitelline obéit à cette attraction. Après la segmentation, un nu-
cléus reparait au milieu de chaque étoile et la substance vitelline reste en
repos.
» Le résultat de la segmentation, qui ne diffère que peu des types con-
nus pour les Gastéropodes, est le développement d'une moitié nutritive
composée de trois grosses sphères et d'une moitié formative de sphèrulcs
transparentes. Ces cellules nutritives se divisent ensuite, produisant une
couche superficielle de petites cellules qui achèvent d'envelopper les trois
grosses sphères nutritives et constituent l'ectoderme. La quatrième des
( '97 )
"rosses splitTOs contrairs, uiii(|iicment composer do protoplasma, se divise
complètement et donne naissance à un épaississement de la couche ecfo-
dermique. Cette région correspond à l'extrémité inférieure de la larve. La
ligne de rencontre des trois sphérules nutritives coïncide avec l'axe oral-
aboral de la larve. L'ectoderme se referme en dernier lieu au [loiiit de
rencontre des trois sphérules, point qui doit coïncider soit avec le pôle
aboral, soit avec le pôle oral de la larve. C'est pour cette dernière alterna-
tive que je me prononce.
» Le développement embryonnaire des Gymnosomes établit la transition
entre celui des Thécosomes, que je viens de résumer, et celui dos Hétéro-
podes, entre la formation des feuillets embryonnaires par enveloppement
et la formation par invagination.
» La cavité digestive se forme par une simple différenciation de la masse
des cellules nutritives ou centrales. Il en résulte une cavité fermée de
toutes parts et trilobée. Le lobe médian donne naissance au tube digestif,
les lobes latéraux aux sacs nutritifs. Les cellules composant les parois de
celte cavité descendent directement des cellules nutritives ou centrales de
l'embryon; elles sont petites et nombreuses autour de la cavité médiane,
cunéiformes et composées en majeure partie de substance nutritive ;uitour
des cavités latérales. La partie médiane s'allonge pour former l'estomac et
l'intestin. Une invagination de l'ectoderme, partie du point où ce feuillet
s'est refermé, s'enfonce à la rencontre de l'estomac avec lequel elle se soude.
Cette invagination répond à la bouche et à l'œsophage, le point de soudure
au cardia. Elle présente en avant un diverticule qui donne naissance à la
radula. Ce développement du tube digestif correspond point par point à
ce que l'on sait du développem'-nt des Roliféres.
» Les premiers cils qui apparaissent sont moteurs; ils sont par petites
houppes sur une zone circulaire, au niveau de la bouche; puis une bande
de petits cils naît au-dessous des gros et sert à amener les particules nutri-
tives à la bouche.
T^e pied a son origine dans un épaississement de l'ectoderme, qui occupe
la plus grande partie de la face ventrale de l'embryon. Il prend ensuite la
forme d'une bosse, puis celle d'iuic languette horizontale, qui porte parfois
un opercule à sa face inférieure. Il se divise en un lobe médian et deux
lobes latéraux qui deviennent les nageoires.
» La cavité palléale se forme par enfoncement de l'ectoderme, entre le
bord de la coquille et le cou de la larve, toujoiu's à droite de l'anus, quelle
que soit la position de ce dernier.
C. R., 1875, i" Semejdv. (T. I.XXX, N» 5.) 2(*
( '9« )
» Les larves de Pléropodes ont deux simis contractiles, situés l'un au
pied et l'autre dans la n'-gion dorsale, qui se renvoient le liquide contenu
dans la cavité du corps. Ni l'un ni l'autre de ces sinus ne peut se comparer
à ceux de l'embryon des Limaces. Le sinus céphalique de la Limace répond
à toute la partie médiane du voile et à toute la région dorsale des embryons
de Ptéropodes. Le sinus contractile du pied des Limaces se trouve à 1 ex-
trémité et non à la base du pied, comme chez les Ptéropodes.
» Le rein se forme aux dépens de l'ectoderme, et le cœur, par la différen-
ciation d'un amas de cellules du mésoderme. L'ouverture interne du canal
rénal débouche en dehors du cœur et s'ouvre dans le péricarde lorsque
celui-ci vient à se former plus tard. Le rein bat avec presque autant de
vivacité que le cœur. L'aorte et les artères se forment par la différenciation
de cordons de cellules mésodermiques.
» Les parois de l'estomac se différencient en deux couches : une couche
externe de fibres musculaires et une couche muqueuse interne; cette der-
nière produit cinq dents cornées, précédées parfois de l'apparition d'une
plaque larvaire unique. Les sacs vitcllins, au nombre de deux dans l'origine,
se soudent en un seul chez les Orlhoconques. Ce sac, qui s'ouvre dans la
partie dorsale de l'estomac, se résorbe et diminue lapidement chez les
Hyaléacées; il se développe, au contraire, chez les Styliolacées et les Cré-
séidées, où il paraît jouer provisoirement le rôle de foie. Il diminue dans
tous les cas à mesure que le foie se développe. Le foie se compose de petits
diverticules de la paroi de l'estomac. Les sacs nutritifs sont entièrement
étrangers à la formation de cet organe.
)) Les otocystes se forment de bonne heure, au milieu d'une couche,
qui résulte d'un dédoublement de l'ectoderme, encore composé de grosses
cellules embryonnaires. L'otolithe prend naissance dans l'épaisseur de la
paroi de la vésicule pour tomber |)his tard dans sa cavité. Chez les Limaces
et les Céphalopodes, l'otocysle se forme par une invagination de l'ecto-
derme, déjà composé de très-petites cellules cylindriques. La grosseur des
cellules embryonnaires de la couche génératrice paraît être, dans ce cas,
comme dans beaucoup d'autres, la cause qui détermine le mode de for-
mation d'un organe par invagination ou par simple dédoublement.
» Le système nerveux se compose d'une masse nerveuse céphalique et
d'une masse sous-œso|)hagieime. La première se forme par une double
invagination de l'ectoderme do la région céphalique dans le champ cir-
conscrit par le voile; le mode de formation de la seconde n'a pas été ob-
servé chez les Ptéropodes.
( '99 )
» L'apparition de la coquille est précédée par la formation d'une inva-.
ginalion de l'ectoderme, un peu en avant du pôle aboral. Celle invagi-
nation coqnillière ou préconchylienne se retourne, et le premier rudiment
de la coquille apparaît sur la saillie ainsi formée. Dans des cas excep-
tionnels ou anomaux, cette invagination ne se retourne pas ou bien se
reforme après avoir disj)aru; son existence et celle d'une coquille externe
s'excluent. Elle est le point de départ du bourrelet qui sécrète la coquille
anneau par anneau, et qui devient le bord du manteau. La première partie
de la coquille, celle qu'habile la larve, diffère souvent de la partie qui vient
s'v ajouter plus lard; elle peut persister, tomber ou se casser, et elle m'a
fourni des caractères qui m'ont permis de subdiviser le sous-ordre des
Ptéropodes thécosomes. L'existence de l'invagination préconcbjlieruie ne
s'explique pas d'une manière satisfaisante par des causes purement physio-
logiques; elle paraît donc avoir des causes héréditaires et peut morpho-
logiquement se comparer à l'invagination coquillière des Mollusqnes à
coquille interne, invagination que j'ai étudiée chez la Sépiole et la Limace.
L'existence et la signification de cette invagination chez les Céphalophores,
les Céphalopodes et les Lamellibranches ont été graduellement débrouillées
par LerebouUet, Semper, Salensky, Ray-Lankester et moi-même.
» Les produits sexuels naissent aux dépens de l'entoderme. La sexualité
ne peut être attribuée qu'à un feuillet embryonnaire. »
CUIRURGIE. — La neutralisation de l'acidité de l'hydrate du chloral par le
carbonate de soude retarde Ja coagulation, en conservant les propriétés phy-
siologiques. Trois nouveaux faits d'anesthésie chez l'homme. Note de
M. Oré, présentée par M. Bouillaud.
« J'ai démontré, dans la dernière Note que j'ai adressée à l'Académie (i),
que l'on peut facilement faire disparaître l'acidité du chloral par l'addition
de quelques gouttes d'une solution au dixième de carbonate de soude :
2 gouttes de cette solution suffisent, non-seulement pour neutraliser
I gramme de chloral dissous dans 4 grammes d'eau, mais pour rendre la
liqueur alcaline. Voici, du reste, la réaction qui s'opère :
., E.Tpérience. — Si l'on fait dissoudre i gramme de chloial dans 4 grammes d'eau, et
qiir l'on y ajoute quelques gniUtes d'une solution de nitrate d'argent, la liqueur ne i)résente
pas le luoindie ( liaiigcniciit dans sa coloration. Au contraire, si l'on ajoute au ihloral, ainsi
(i) Comptes rendus, décembre 16^4' '• LXXIX, p. i4i(i'
26.
( 200 )
dissous, 2 OU 3 goiitlos de la solution de carbonate de soude, il se fait un petit dégage-
inciU d'acide carbonique, et la liqueur, dont la couleur n'offre aucune modification, ))rcci-
plte avec le nitrate d'argent cristallisé, absolument comme de l'eau chargée de sel marin.
Dans l'un et l'autre cas, ce préci[)ilé blanc se redissout dans un excès d'ammoniaque.
» Il se mariifesle donc, par suite du contact de la substance alcaline avec
riiydrate de chloral, lui double pliénomèiie : i" dégagement d'acide caibo-
nique; 2° pioduction de sel marin, sel qui existe normalement dans le
sang.
» Ce chloral, ainsi alcalinisé, exerce sur les phénomènes de la coagula-
tion une influence qui ressortira des expériences suivantes :
" Première expérience, — 1° J'ai recueilli, dans un verre vide, du sang provenant de la
j ugulaire d'un chien (20 grammes).
» 2" Dans quatre verres, contenant chacun 1 gramme de chloral provenant de quatre
sources différentes, dissous dans 4 grammes d'eau, j'ai recueilli la même quantité de sang.
« 3° De même, dans quatre verres contenant la même solution chloralique, neutralisée
par V addition du. carbonate de soude.
» 4° Enfin, dans un demi-verre contenant de l'eau additionnée de la même quantité de
carbonate de soude, j'ai recueilli également 20 grammes de sanf;.
» J'ai observe la marche de la coagulation, qui s'est produite comme il suit : 1° après une
minute et demie, le coagulum était formé dans le premier verre; 2° après trois ou quatre
minutes, dans l'eau alcalinisée; 3" l'expérience ayant été commencée à i''36'", le sang con-
tenu dans le chloral pur était encore liquide, quoique épaissi, à 2'' 5°"; mais il présentait,
dans les quatre verres, des grumeaux noirâtres, sortes de petits caillots.
• Dans les quatre verres contenant du chloral carbonate, la solution était liquide, sans
grumeaux. Le lendemain, je l'ai trouvée à l'état sirupeux dans deux verres; dans les deux
autres, la coagulation était complète.
» Il découle de ces expériences que, d'une manière générale, on peut
dire, non-seulement que l'hydrate de chloral retarde la coagulation du
sang, au lieu de la précipiter, ainsi que cela a été dit, mais que le chloral
alcalinisé avec la solution carbonafée L'empêche.
'• Deuxième rxpérienre. — Sur un rliien du poids de <) kilogrammes, insensibilisé par une
injection de 2^'', 5o de chloral dans la veine fémorale droite, on a mis ;\ découvert la jugulaire
gauche, qui a été isolée dans une étendue de 7 centimètres : une première ligature a été
posée et serrée au point où elle s'abouche avec le tronc bracchio céphalique ; une autre, à la
partie supérieure. Avant de serrer cette dernière, on a soin de (aire refluer en partie le
sang vers l'extrémité céphalique, puis on étrangle alors le vaisseau : il existe donc une cer-
taine quantité de liquide sanguin dans la portion de la jugulaire comprise entre les deux
ligatures. Piquant avec une canide très-fine la i)aroi de cette veine, dans ce dernier point,
on injecte une solution de chloral carbonate qui distend le vaisseau. La jugulaire ainsi dis-
tendue par le mélange du sang et de la solution chloraliiiue ist recouverte par les parties
molles. L'expérience a été commencée à i''3o"'.
( 20I )
» A i''52"', c'est-à-dire aprùs vingt-deux minutes, on examine le conicnii du vaisseau,
qui est resté à l'abri du contact de l'air : il n'existe pas ta moindre trace de coagulation, et
les parois sont paies et lisses, comme à l'clat normal.
« L'objection faite à l'injection inti-a-veineuse de chloral, de pouvoir pro-
dtiii'e des caillots, se trouve ainsi réduite à néant. Mais il importerait peu
que le chloial additionné de carbonate de sonde eût la propriété d'euipé-
clier la formation des caillots, s'il perdait, par le fait même de celte addi-
tion, ses propriétés anesthésiques. Les expériences sur les animaux et les
faits observés chez l'homme démontrent qu'il n'en est pas ainsi :
• Première expérience. — Chien pesant 23 kilogrammes. Injection chloralique carbo-
natée à i''5o"'; à i''52"', même anesthésie complète, ([ui dure jusqu'à 3 heures. A ce mo-
ment, le chien se réveille.
• Deuxième expérience. — Chien pesant i8 kilogrammes. Anesthésie par une injection
de 4 grammes de chloral carbonate dans 1 2 grammes d'eau. L'insensibilité a duré une heure.
» Il en a été de même chez quatre autres chiens. Chez tous, la circulation
et la respiration n'ont offert rien d'anomal.
» Les résultats observés chez les animaux ont été les mêmes, à la suite
des injections faites sur l'homme pour produire l'anesthésie, avec le chloral
additionné de carbonate de soude.
» M. le professeur Deneffe, de Gand, m'a fait connaître les trois faits
suivants, que je me borne à indiquer, parce qu'ils doivent être communi-
qués en détail à l'Académie royale de Belgique :
» Vingt-huitième observation. — Tumeur du sein opérée par incision de la j)eau et ap])li-
cation de l'écraseur linéaire. Deux écraseurs fonctionnent à la fois. Extirpation de cinq gan-
glions axillaircs. Injection intra-veineusc de chloral carbonate, commencée à ii''5'j'"; à
12'' 5'", anesthésie absolue, qui a duré dix-huit minutes, obtenue à laide de (j grammes de
chloral. Sommeil consécutif, qui a duré vingt-quatre heures.
» fingt- neuvième observation. — Restauration de la paupière supérieure gauche, pour
une difformité considérable, survenue à la suite de l'explosion d'une chaudière : opération
pratiquée chez un jeune homme très-débile, trcs-anémié, âgé de 17 ans. Anesthésie com-
plète, produite en huit minutes, avec une injection intra-veineuse de4''', ^5 de chloral car-
bonate. L'anesthésie absolue a été de seize minutes.
» Trentième observation. — Amputation de la cuisse, pratiquée à un homme de 35 ans,
à la suite d'une gangrène de la jambe. En huit minutes, 6^'', 25 de chloral carbonate ont
produit une anesthésie absolue, qui a duré ([uinzc minutes. Le malade est resté endormi jus-
(ju'au lendemain; toutefois il s'est réveille à pliisieuis reprises.
« Chez ces trois malades, il n'y a eu ni phlébite, ni caillot, ni hématurie.
» L'expérimentation, faite soit sur les animaux, soit sur l'homme, dé-
( 202 )
montre donc que le chloral carbonate conserve toutes ses propriétés physio-
logiques.
1) La méthode de l'injection intra-veineuse du chloral, dans le but exclusif
do produire l'aneslhésie chirurgicale, a donc été employée trente fois; elle
a donné trente succès. Sa place me paraît désormais faite parmi les moyens
de produire l'insensibilité. Aucun des chirurgiens qui s'en sont servis n'a
eu à déplorer le moindre accident, et tous proclament sa supériorité sur
les autres agents anesthésiques. Est-ce à dire que cette méthode ne pourra
pas avoir ses revers comme les autres? Telle ne peut pas être notre pensée.
Nous n'ignorons pas que, soit l'inobservance des préceptes établis par le
Manuel opératoire, soit ces idiosyncrasies étranges que rien n'explique, que
rien ne peut faire prévoir, pourront occasionner des niécom|)tes; mais,
quoi qu'il arrive, la méthode n'en restera pas moins établie sur les bases
solides d'une expérimentation longue et consciencieuse, dont la Chirurgie
a confirmé largement tous les résultats. »
BOTANIQUE FOSSILE. — Recherches sur les végétaux silicifics d^Âutun et de Saint-
Etienne. Etude du centre Bolryoptcris . Note de M. B- Rexaii.t, présentée
par M. Brongniart. (Extrait par l'auteur.)
« Les débris de plantes qui ont servi à constituer ce genre se compo-
sent de fructifications, de plusieurs pétioles et d'un fragment de tige pro-
venant des gisements de Saint -Etienne, et envoyés au Muséum par
M. Grand'Eury.
» Ces différents organes, épars dans plusieurs magma siliceux, ont été
rapprochés à la suite de l'étude détaillée de leurs tissus respectifs et for-
ment un genre distinct de tous ceux connus jusqu'à ce jour.
)) Je fais suivre la description de ce genre par celle d'autres fructifica-
tions offrant quelque analogie avec les premières et trouvées dans les gise-
ments silicifiés d'Autun.
FRuoTiFir.iTioNs DE Saint-Etienne {Botryoptcris forcnsis).
» Ces fructifications forment ime masse assez volumineuse, due à l'ag-
glomération de capstiles très-nombreuses; le fragment soumis à l'étude
mesurait 4 à 5 centimètres de hauteur, 2 à 3 centimètres d'épaisseur et
3 à 4 centimètres de largeur; les capsules ou sporanges constituant par
leur accolement cette niasse ont i,5 à 2 millimètres de longueur et 0,7 à
I millimètre de largeur dans leiu* j)lus grand diamètre.
» L'ensemble de ces fructifications est parcouru par des rachis de diffé-
( 203 )
rents ordres; sur les pins petits sont fixées par groupe de cinq ou six, et quel-
quefois pins, les capsules sporiféres. Comme les points d'insertion sur les
subdivisions du rachis sont fréquents, et que les ramifications sont nom-
breuses, il en résulte pour l'ensemble une forme stipitée caractéristique.
» Les sporanges sont pvrifonnes, parfois légèrement recourbés et aplatis
par leur pression mutuelle, résultat de leur mode d'insertion. L'enveloppe
se prolonge en forme de pédicelle plus ou moins développé, et leur aspect
général est celui des capsules de Loxsoma Cunninghamii, mais avec des
dimensions linéaires triples.
» La paroi est formée d'un seul rang de cellules analogues à celles qui
forment l'enveloppe des sporanges des Fougères.
» Les nombreuses coupes, faites dans différentes directions, montrent
que dans certaines régions de la surface du sporange les cellules s'allon-
gent, deviennent plus épaisses et produisent alors une large bande pins
sombre que le reste de l'enveloppe, allant obliquement du sommet à la
base; ce n'est pas un anneau élastique proprement dit, mais bien plutôt
une plaqne analogue à celle des Todea ou Osmunda, toutefois plus déve-
loppée et autrement disposée. La déhiscence des capsules était longitu-
dinale. Les spores qui emplissent les sporanges sont plus petites et plus
nombreuses que celles des capsules ordinaires de Fougères, spbériques et
lisses à leur surface.
» Les subdivisions du rachis, rencontrées dans l'intérieur de la masse
fructifère, offrent suivant leur grosseur un ou plusieurs faisceaux vascu-
laires, ayant sur une coupe transversale la figure d'un «, et séparés par une
couche cellulaire de la partie fibreuse corticale très-développée.
» La forme particulière de la coupe transversale du faisceau vasculaire
a permis de rapporter ces fructifications aux pétioles et à la tige que je vais
décrire.
» Tiges et pétioles. — La tige est formée au centre par un axe vasculaire
cylindrique plein, sans apparence de moelle, comme cela existe dans les
Aiiiichoroptcris et Zyijoplcris. Les cellules allongées qui composent l'axe
sont nettement réticulées au centre; à la périphérie, elles sont plus petites,
rayées et ponctuées; c'est dans cette zone extérieure qu'aboutissent les
faisceaux vasculaires des pétioles et des racines.
» En dehors de l'axe une couche de cellules peu épaisse, presque tou-
jours détruite, le sépare du tissu cortical fibreux frès-développé, recouvert
par un épidémie rarement conservé, et sur lequel on a pu constater la
présence de nombreux poils cloisonnés.
( 204 )
» De l'axe de la tige observée partent, dans une direction opposée, deux
pétioles dont le Hiisceau vasculaire présente en section la figure d'un w, la
partie supérieine do la lettre étant tournée vers l'axe.
» Les pétioles sont cylindriques, sans gouttière supérieure, si fréquente
dans les pétioles de Fougère; les cellules allongées du faisceau vasculaire
sont rayées et réticulées.
M Ces pétioles ont été rencontrés à Autun et à Saint-Étienne; ces der-
niers avaient été désignés par M. Grand'Eury sous le nom de Rachioptcris
forensis.
Fructifications d'Autun. [Botryoptcris duhius.)
)) Les fructifications trouvées dans les gisements d'Autun se présentent
en masse serrée et compacte, comme celles de Saint-Étienne; mais les cap-
sules qui forment ces agglomérations ne sont pas disposées par groupe sur
les subdivisions du rachis : elles sont terminales; les ramules semblent se
renfler à leur extrémité pour former les sporanges, qui sont deux ou trois
fois plus volumineux que ceux de Saint-Etienne; les parois sont épaisses,
formées de plusieurs rangs de cellules , surtout vers la base, qui semble
être une dilatation du ramule; la couche la plus interne est composée de
cellules allongées.
ji Les parois, en général mal conservées, laissent soupçonner la pré-
sence d'un anneau dirigé suivant la longueur du sporange.
» Les spores, trois à quatre fois plus grosses que celles des fructifications
de Saint-Étienne, ont une enveloppe striée extérieurement.
» Dans l'intérieur de la masse des sporanges, il ne m'a pas été pos-
sible de trouver une coupe transversale de rachis assez nette pour que
j'aie pu rapporter ces curieuses fructifications à quelque tige ou pétiole
connu.
» Par leurs fructifications, les genres précédents peuvent être regardés
comme faisant partie de la grande classe des Fougères (en y comprenant
les Ophioglossées); mais les analogies de famille cessent bien vite quaiul
on veut poursuivre la comparaison.
.) Parmi les genres fossiles, le genre. Scliizopleiis {Scli. tacliica), fréquem-
ment accompagné à Saint-Etienne d'empreintes que l'on a regardées conune
les fructifications de ces plantes, présente quelque analogie de forme et de
dimension avec les fructifications d'Autun ; mais la cliificulté de bien éta-
blir le mode d'insertion de ces prétendues capsules laisse trop d'incertitude
pour que l'on puisse risquer une alfirmation.
» Quant au genre JJolijuptcris décrit ici en premier lieu, il olfre, avec
( ao5 )
plusieurs familles de Fougères, certaines analogies, mais qui ne se pour-
suivent pas dans une longue série d'organes.
» Ainsi l'axe cylindrique vasculaire, sans moelle incluse, de la plante
fossile, se retrouve dans les Hymenophyllum et les Trichomanes {Tricliomanes
Prieurii, T. floribunditm) ; dans ces Fougères, la prédominance du tissu
fibreux cortical sur le tissu parenchyniateux est également frappante; mais
le tissu central est formé de cellules rayées dans les plantes vivantes, tandis
que ce sont des cellules réticulées dans le genre fossile; les fructifications,
sauf par la forme des sporanges [Loxsoma), n'ont pas d'analogie.
» Le mode de groupement des sporanges, quoique différent, rappelle
cependant celui des Osmondées, et leur bande élastique, la plaque de
même nature des Todea africana, rivulnris, Oamunda rcfjalis, etc. Le pétiole à
faisceau vasculaire lunule ne diffère pas beaucoup de celui de ces mêmes
Fougères vivantes ; mais la forme et la grandeiu- des sporanges, la nature
des tissus dans les tiges sont tout autres.
» Une famille de laquelle on pourrait encore essayer de rapprocher le
genre fossile est celle des Ophioglossées.
» Les sporanges, dans les deux cas, ont environ le même volume, les
spores sont également petites et nombreuses, les parois des capsules n'ont
pas d'anneau élastique proprement dit; dans les Helmitithoslachys, les spo-
ranges sont fixés en nombre variable sur de petits axes communs.
» Mais dans les Hetminthoslachys zeiLinica, Boliychium subcanwruin, les
pétioles ont leur intérieur parcouru par plusieurs faisceaux 5 à 25 lunulésj
disposés en cercle, la concavité tournée vers l'axe du pétiole; quelques-uns
occupent la partie centrale.
» Les faisceaux vasculaircs sont formés de cellules allongées, rayées et
poreuses; les pores sont elliptiques et le grand axe est oblique par rapport
à la longueur des cellules. Autour de chaque faisceau se trouve une gaîne
cellulaire qui le sépare du tissu plus lâche du reste du pétiole et rappelle
celle qui environne les faisceaux vasculaires des pétioles de Maraltiées.
Comme dans ces Fougères, on rencontre chez les Helminlostachjs des ca-
naux remplis d'une matière gommeuse brune.
» Au centre de la tige des Botrychium et des Helminlostachjs se trouve
un cylindre vasculaire entourant une moelle qui n'existe pas dans le genre
fossile; les cellules du cylindre vasculaire sont rayées et poreuses, réticu-
lées. Autour de ce cylindre règne une couche de cellules allongées, qui le
sépare du parenchyme extérieur rempli de matière amylacée, et limité lui-
même par un épiderme peu accentué.
O.K., 1875, i" S<.m«ir(r.(T. I.XXX, Pi' 3.'y 2"
( 5..06 )
H On voit que, malgré quelques ressemblances entre les fructifications,
la forme des faisceaux vasculaires des rachis et leur structure, des diffé-
rences nombreuses subsistent, suffisantes pour qu'il soit impossible d'assi-
miler complètement les Botijopteris aux Ophioglossées.
» La conclusion naturelle est que ce genre perdu formait un groupe
à part, intermédiaire entre les Fougères proprement dites et les Ophio-
glossées. »
MÉTÉOROLOGIE. — Influence des forèls sur le débit des cours d'eau et sur
l'état hpjromélrique de l'air. Note de M. L. Fautrat, présentée par
M. Robin. (Extrait.)
(. Pour contribuer à éclaircir la question si controversée de l'influence
des forêts sur le régime des eaux, j'ai entrepris, dans la forêt domaniale
d'Halatte, des observations dont j'ai l'honneur de faire connaître les prin-
cipaux résultats à l'Académie.
» Le débit d'un cours d'eau dépend, comme on le sait : i° de la quan-
tité d'eau pluviale tombée et reçue à la surface du sol drainé par le cours
d'eau; 2° de la quantité d'eau perdue par l'évaporation. J'ai recherché
quelle influence peut avoir, sur ces deux causes, l'état boisé ou déboisé
du sol. Dans ce but, j'ai mesuré la quantité de pluie tombée au-dessus du
massif et en dehors, la quantité de pluie reçue sur le sol boisé et sur le
sol découvert, et j'ai essayé de rendre compte de l'évaporation sous bois
et hors bois.
» 1° Quantité de pluie tombée.— Au mois d'août j'ai présenté h l'Académie les résultats de
mes six premiers mois d'observations, tendant à prouver qu'il tombait plus d'eau au-dessus
du massif qu'à la même altitude, à Soo mètres de la foret. Les observations des mois sui-
vants sont venues confirmer ces premiers résultats.
.. Du i''' février au ?.5 décembre 1874, il est tombé :
Au -dessus du massif 4^5
A 3oo mètres du massif, à la même altitude 4^'
Différence en faveur de la forêt Sj
,. 1° Quantité de pluie reçue.— Sept pluviomètres, placés sous un gaulis complet de chêne
et de charme, et sous la projection de la cime d'un chêne dominant le peuiilement, à
quelques mètres de l'appareil disposé pour recevoir la pluie au-dessus du massif, m'ont
donné la (juanlilé de pluie reçiio sur le sol forestier pendant les onze mois d'observations.
» J'ai trouvé que le sol couvert avait reçu 281 millimètres, soit les 0,6 de la quantité
tf)nibéc. La cime des arlircs a donc intercepté les o,4 de l'eau précipitée; ce chiffre est un
maximum, car les pluviomètres ont été placés sous un double couvert, dans les conditions
les plus défavorables.
Qini
( 207 )
i> Pour que le sol de la forêt conserve plus d'eau que le sol découvert,
il faut que la différence entre la quantité d'eau pluviale reçue par le sol
agricole et le sol forestier soit compensée par les résultats de l'évaporation.
» Des évaporomètres Piche, mis sous bois et hors bois, des atraidomèlies mobiles, ren-
fermant des poids déterminés de terre et d'eau, nous ont donné le rapport de l'évaporation
sous bois et hors bois. Ce rapport a été trouvé, par ces deux procédés, de un tiers environ.
» Suivant M. Ebermayer, la couverture des feuilles exerce la même action que le cou-
vert des arbres. Si l'on tient compte de cette action, qui double le coefficient d'évaporation,
on peut dire que sous bois l'évaporation est dix fois plus faible que hors bois, tandis que
les quantités de pluie reçue sur le sol forestier et sur le sol découvert sont dans le rapport
de 6 à lo. Ces relations permettent d'établir, par le calcul, (jue le sol forestier conserve
plus d'eau que le sol agricole, si l'évaporation fait perdre à ce dernier plus des 0,37 de l'eau
qu'il reçoit. Cette perte est au moins de 70 pour 100, ainsi que l'a montré .AI. Risler en Suisse,
après trois années d'observations.
» On peut alors conclure que les bois, par leiu* abri et leur pouvoir
condensateur, donnent à la région qu'ils couvrent l'eau qui la féconde et
les sources qu'ils alimentent.
» Etat h/grornétriqiic de l'air. — Les observations hygrométriques faites
dans la forêt d'Halatte fendent à établir qu'il y a toujours au-dessus des
bois une pltis grande quantité de vapeur d'eau qu'en terrain découvert.
» Ces résultats, indiqués au mois d'août, se trouvent confirmés par les observations des
mois suivant :
u Du I'"' mars au i"^' décembre 1874, on a trouvé que le degré moyen de saturation de
l'air avait été :
c
Au-dessus du massif, de 66,0 environ.
En terrain découvert, de 64 1 7
Différence en faveur de la forêt i ,3
>. Et comme la capacité de l'air poHr la vapeur est plus grande au-dessus du massif qu'en
dehors, parce que la température y est généralement plus élevée, il y a une double raison
pour conclure qu'au-dessus de la foret il y a en valeur absolue plus de vapeur d'eau que
dans les champs.
» C'est pendant la durée de la végétation et pendant le mois de mai que cet état hygro-
métrique a été le plus nettement accusé.
" L'étude, jour par jour, des résultats fournis par des psychromètres, pendant le mois de
mai 1874. fait ressortir clairement le pouvoir qu'ont les bois de concentrer les vapeurs.
» Ces couches de vapeur enveloppant la forêt sont pour les terres ara-
bles une source de bienfaits. Elles se répandent sur les terres voisines des
massifs, et, lorsipie les corps au-dessus desquels elles planent se sont refroi-
dis par suite du rayonnement nocturne, elles se précipitent en une rosée
qui féconde le sol. »
( loS )
M. A. Baiithélemy adresse une nouvelle Note sur la rupture des vases
par la congélation de l'eau.
Deux nouvelles expériences, rapprochées de celles qui ont été déjà pu-
bliées par l'auteur [Comptes rendus, 1870 et 1871, et Jnn. de Cliim. el de
Phys., 1871), le conduisent aux conclusions suivantes :
« 1° L'eau refroidie au-dessous de zéro continue à se dilater.
» 2° L'eau comprimée se congèle à des températures de plus en plus
basses.
» 3° L'eau renfermée dans un vase ne saurait se congeler en entier, la
pression augmentant et, par conséquent, le point de congélation étant re-
tardé, à mesure que la température s'abaisse. Il y a là une remarquable
analogie avec l'ébuUition, qui ne peut se produire dans un vase fermé.
» 4° La rupture des vases est déterminée par la pi-ession du noyau liquide,
poussé dans les parties les moins froides de l'appareil. »
La séance est levée à 5 heures un quart. J. B.
BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE.
Odvrages reçus dans la séance nu i8 janvier i8'j5.
Meiveiltes de l'Industrie; par LouiS FiGUllîR. 17*^ série; Paris, Furne et
Jouvet, 1874; grand in-8°, avec gravures.
Conseil d'Iiycjicne cl de salubrité du département de la Seine. Rapport à
M. le Préfet de police sur l'altération des eaux de la Seine par les égouts col-
lecteurs d'Àsnicres et du nord, et sur son assairiissement ; par JNL F. BoUDET.
Paris, Boucquin, 1874; in-4°.
lieclierches sur les observations magnétiques faites à l'Observatoire de Paris,
de 16G7 à 187a; par M. G. Rayet. Paris, 1874; in-4°.
/innuaire de l' Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Ârls
de Belgique; 1875. Bruxelles, imp. F. Hayez, 1875; in-8°.
j^nnales télégraphiques; 3* série, t. I", novembre-décembre 1874. Paris,
Dunod, 1874; in-8".
( A suivre, )
I ■.■^0< I m-^
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 25 JANVIER 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉ MIK.
HYDRAULIQUE. — Nnlc relalive aux perles du haut Doubs cl au inojcii
de les réduire; jiar M. II. Resal.
« IjC Doubs prend sa source à quelques centaines de mètres à l'est de
Moutlie, au pied occidental ^^nltitude, gSo mètres) du Noirmont, qui sépare
la France du canton de Vaud, et reçoit presque imniédialement le ruisseau
du Bief, qui pari de Clialel-Blanc. Il parcourt ensuite, en se dirigeant vers
le nord-est, des pâturages jusqu'aux Longevilies, d'où, après avoir reçu
le Rouge-Bief, dont le débit est à peu près égal au sien, il se rend vers
l'ouest dans une gorge portiandienne. Dans celte gorge il forme une suc-
cession de chutes dont l'une a été utilisée pour faire mouvoir une scierie
forestière.
» Apres avoir reçu les eaux du petit lac de Remoray, il vient verser les
siennes dans le lac de Saint-Point ( 7 kilomètres de longueur sur 700 mètres
de largeur moyenne).
» Le Doubs, en sortant du lac de Saint-Point, se dirige vers le nord-
ouest jusqu'au pied méridional du fort de Joux, où il reçoit le ruisseau
de la Morte, dont la majeure partie du débit est fournie par la source in-
termittente (vallée néoconiienne de Jougne) appelée Fonlaine ronde. C'est
à partir de ce point, situé à 4 kilomètres au sud tie Ponfarlier, que son
C.R., 1875, 1" Scm<ji/f.(T. LXXX, N«4.) ^8
( 2 10 )
débit moyen devient assez important pour être utilisé sérieusement comme
force motrice. Arrivé à Pontarlier, il reçoit le torrent de Lavaux, puis, à
5 kilomètres delà, la rivière du Drujon, dont le débit, pendant l'été, est
presque aussi important que le sien au point de jonction. Ue là, après un
parcours de 3o kilomètres environ, en recevant plusieurs affluents, notam-
ment celui de la Grand' Combe, il va former les magnifiques bassins
(à i5oo mètres au nord de Villers-le-Lac) constituant ce qu'on appelle le
Lac de Chaillcxon; il en sort en donnant lieu à la cascade du Saut du Doubs
(27 mètres de hauteur).
0 La portion de la rivière située en amont du Saut du Doubs est ce que
l'on appelle le haut Doubs, dont j'ai uniquement à m'occuper dans cette
Note, en prenant pour point de départ le fort de Joux.
i- De ce point au lac de Chaillexon il descend d'une hauteur de 100 mè-
tres environ, ce qui, avec un débit moyen de [\ mètres, d'après l'estimation
des ingénieurs des Ponts et Chaussées, donnerait une force brute supé-
rieure à 5ooo chevaux, force dont on n'utilise qu'une très-faible partie,
et en voici les motifs :
» Entre le fort de Joux et Pontarlier, l'embouchin-e du Drujon et Mai-
sons-du-Bois, le lit du Doubs est semé de crevasses qui forment puils jail-
lissants dans les crues, qui jouent un rôle à peu près nul pendant les eaux
moyennes, et qui, lors des sécheresses, absorbent une portion considé-
rable du déUit, et même la totalité, dans la région deMaisons-du-Bois, pen-
dant plusieurs semaines. A la scierie d'amont de Pontarlier, une turbine
est placée sur l'une de ces fissures; il en est de même de la scierie d'aval,
au point de jonction du Doubs et du ruisseau de Lavaux. Au-dessous du
barrage de Pontarlier, il existe deux grandes fissures très-apparentes.
» Le Drujon, sur 2 kilomètres en remontant à partir de son embou-
chure, présente inie cinquantaine de crevasses.
» Les fissures dont il s'agit |)araissent s'agrandir tous les jours, sans
qu'on puisse constater une amélioration sensible dans le régime des sources
et des cours d'eau du département autres que le Dotibs. Ainsi, d'après le
dire des personnes de soixante-dix à quatre-vingts ans, le débit du Doubs
en basses eaux aurait considérablement diminué, en aval de Pontarlier,
depuis une cinquantaine d'années.
» On comprend quelles perles, par suite des chômages, crée cette situa-
tion aux usines établies sur le haut Doubs, et le |)cu de tendance des in-
dustriels à en construire de nouvelles, malgré la sitii.ition avantageuse
du pays.
( ^" )
» Les effets des pertes du haut Doubs se font ressentir jusqu'à Sainl-
Ilippolyle et Pont-de-Roide.
» Pénétrés de l'importance qu'il y avait à faire cesser cet état de choses,
M. L. Girod, ingénieur civd à Pontarlier, et moi, avons étudié la question
en 1868, et nous sommes arrivés à la solution suivante :
» Entourer les crevasses de maçonneries protégées par des blocages,
constituant de véritables margelles arasées un peu au-dessus du niveau
des eaux moyennes.
» Par cette disposition, les crevasses pourraient, à leur gré, faire puits
jaillissants, mais n'auraient plus la faculté de devenir puits absorbants.
» Nous avons converti à nos idées plusieurs industriels qui se sont
décidés à tenter quelques essais; nous leur avons promis notre concours
désintéressé, M. Girod et moi. Par suite de circonstances indépendantes de
ma volonté, mon collaborateur a eu seul à supporter toute la charge.
» Avec une dépense de 2000 francs, quinze fissures ont été l'objet de
travaux préservatifs, un peu en amont de Maisons-du-Bois (10 kilomètres
au delà de Pontarlier), dont les usines ont fonctionné, en 1870, trois se-
maines de plus qu'auparavant.
» Le 9 août 1873, ces usines étaient encore en activité. De mémoire
d'homme, on n'avait vu à Pontarlier une sécheresse pareille à celle de
1874. Parmi les puits de cette ville, ceux des Augustins, réputés intaris-
sables, ont été littéralement à sec pendant les grandes chaleurs, et cepen-
dant, aux environs de Maisons-du-Bois, les eaux du Doubs, contrairement
à ce qui avait lieu précédemment, n'ont cessé de couler dans leur lit.
» Il me semble que, par ces faits, le système est jugé. Une dépense de
6000 à 8000 francs serait suffisante pour compléter le travail, c'est-à-dire
pour supprimer les dix-neuf vingtièmes des pertes du haut Doubs, dépense
bien inférieure au total des sommes perdues annuellement par les indus-
triels, lorsque la rivière devient insuffisante pour alimenter les récepteurs
hydrauliques.
» Je ne doute pas quu l'administration départementale ne s'impose ce
faible sacrifice pour faire cesser un étal de choses si préjudiciable à de si
nombreux intérêts. »
28.
( 212 )
PHYSIQUE. — Sui l'ejjfl jiroiltiil par iapplicalion des annntiircs i) des aimants
toulfuntics. Noie de M. J. Jamis.
« J'ai indiqué dans l'un de mes Mémoires {Comptes rendus, t. LXXVIII,
p. i33i) le procédé qui nie permet d'évaluer la totalité du magnétisme d'iui
aimant. 11 consiste à diviser la surface de cet aimant en petits carrés élé-
mentaires et à mesurer la force d'arrachement F d'un contact d'épreuve
placé au milieu de chacun d'eux. Les racines carrées de F expriment le
magnétisme de chaque élément, et leur somme est le magnétisme total. Je
n'entrerai ici dans aucun détail sur les moyens d'abréger ce travail consi-
dérable et minutieux.
» J'emploie des aimants dont l'épaisseur et la largeur sont égales à lo
et à 5o millimètres; leur longueur varie. Les armatures ont la même largeur
et la même épaisseur; elles sont ajustées aussi exactement que possible et
ap|)uyées par pression sur l'extrémité des aimants qu'elles prolongent.
» Je remarque d'abord que, si l'ou place une seide armature à l'extré-
mité boréale d'un aimant, elle ne modifie en rien l'état magnétique de la
portion australe restée nue. On en jugera par le tableau suivant, qui ex-
prime les valeurs de sj^, mesurées de centimètre en centimètre, à partir
de la section moyenne, sur trois lignes menées parallèlement à l'axe à des
distances de cet axe o, i5 et aS millimètres :
N° 1. — ylcier fondu trempé n" 1. Purtic australe nue, observée sur des parallèles à l'axe,
à des diitances de cet axe égales à
DisLince ^mm^ ^^""^ ^S"".
.'' I.a partie l)oréalc étarU
section — ^ ^ — __
nioyeiiric. nue. année. nue. armée. nue. armco.
O o o o o o o
' 0.6 o,7 1,0 .. I ,o 0,9
^ '.2 1,4 1,4 1,5 2,1 2,0
^- • • 2,' 2,1 2,1 2,2 2,2 2,8
'" 3,0 3,2 3,8 4,2 4,7 4,6
'4 6,1 G,o 6,4 6,5 7,8 7,9
•(J 7,6 »,o 8,0 7,8 9,2 9,3
'7 " » " « » »
17,5.. 9,3 9,4 9,8 9,5 ,0,3 ,0,3
» Si maintenant on considère l'effet que |)roduit sur le cùlé austral une
armature (pu- l'on y applique, ou recouiuiîl, comme il était facile de le
prévoir, (pi'elle piend du magnétisme, que l'acier en iierd, mais que cette
( 2.:^ )
nouvelle distributioii n'est en rien niocliiiéc si l'on uiet nne armature ou
qu'on l'enlève au côté opj)Ohé ; de façon (ju'il y a une indépendance
absolue, eu égard à ces armatures, entre les deux moitié» de l'ainuint.
N" 2. — Marne acier et son ariiiaCiire. E.rtn'ijiiU- aintralc ariiicc, uiicivic sur dis /ig/ics
menées à des distances de l'iixe
omm ij""» ^jitini
il la Ouniul la partii^ burùalo est
section ■ ""^ ^ — ^ ^
moyenne. nue. arnicc. nue. aimée. nue. armce.
o o () O O O ()
S • ■ • . " " " " " "
6 » " 0,8 0,9 1,1 1,1
8 1,1 o,() 1,3 1,3 1,9 5,0
lO 2,0 2,?. 2,2 2,3 2,6 2,8
12 " » " * " "
i4 2,6 2,6 3,o 3,o 3,7 3,4
i6 2,6 2,6 2,7 2,8 3,5 3,6
17 •> " 2,7 3 » 7 "
17,5... 2,6 2,6 2,6 2,5 3,4 3,4
17,5... 2,6 2,6 2,5 2,4 3,0 3,2
18 2,4 2,2 2,2 1,8 2,6 2,4
20 2,3 2,5 2,6 3,3 3,4 3,5
24 2,0 1,8 3,0 2,8 3,6 3,8
28 2,8 3,0 2,8 2,8 3,6 3,8
32 2,8 3,0 2,8 2,9 3,7 3,9
34 3,2 3,0 3,6 3,'i 3,9 3,9
35 3,8 3,7 3,9 3,7 5,0 5,1
» Cette indépendance des deux extrémités prouve un fait capital qui
sera la base de tout ce qui va suivre : que l'application d'une armature à
l'un des bouts d'un aimant y provoque une nouvelle distribution, mais ne
diminue ni n'augmente la somme de magnétisme qui s'y trouvait d'abord.
» Je vais maintenant montrer, par un exem|)le, comment se lait la nou-
velle distribution dans chaque section de l'acier perpendiculaire à son
axe, à des distances de la ligne moyenne qui croissent de centimètre en
centimètre; elles sont exprimées [lar la moyenne j" = \'V des forces d'ar-
rachement mesurées dans ces sections. On construit ensuite les courbes
dont les ordonnées sont j-; leur aire est la somme du magnétisme, soit dans
l'acier, soit dans les armatures. Dans les deux premières colonnes du tableau
suivant, on trouve les valeurs ob.'>ervées ^- : r'dans l'aiiiinnl nti, de Ion-
( 2l4 )
giieur égale à 17% 5; ■>^ dans ce même aimant prolongé par nne armature
de 17'', 5 à 27'', 5.
N" 3. — Ordonnées moyennes [y =z y/F\
„. , . , .. InlonsitoB obscrvtcb. Intensités nVlIps
Distance a la scclioii ,„ ■nuiiaiich rtciics.
moyenne. Aciciiui. Aimant armé. Acier nu. Aimant armé.
o 0,6 o o o
4 ',4 1,?- 3,08 2,64
G 'iô 1,9 5,72 4,18
« 3,6 2,8 7,3?. 6,16
'0 4.2 3,4 9,24 7,08
'2 5,1 3,6 \ 1 ,22 7,92
'4 6,7 4,1 ,4,^4 cj^o2
•(> 7>9 4.7 "7,48 10,34
>7 'o,4 7»5 23,08 (5,5o
"7>5 "'3 5,8 2.4,86 12,76
'7>5 » 5,1 .. 5,1
18,5 . 5,3 .. 5,3
20,5 » 5,7 « S^rj
24,5 5,9 » 5,9
26,5 » 6,0 » 6,0
^7 '5 -' 6,9 « 6,9
Magnétisme tntiil.
Intensités observées. Intensités réelles.
Acier nu 74,3 i63,46
Acier arme 47 ? 3 io4 ,06
Perte 27 ,0 59,40
Gain de l'armature. . . 60, i Go, 10
Piapi)ort ")449
» Ceci montre que l'acier a perdu et l'armature gagné, et, puisque la
sonnne a dû rester constante, il faut que la perle soit ég.de au gain. Or le.s
deux premières colonnes du tableau précédent prouvent qu'il n'en est point
ainsi : la perte totale est égale à 27,1, le gain à G(),i. Celle-là est beaucoup
plus faible que celui-ci; leur rapport est o,449- C'est un fait général qui
se retrouve avec tous les aciers, avec toutes les armatures.
» Il aurait pu être prévu. En effet le contact d'épreuve placé sur un fer
doux aimanté attire à lui non-seulement le magnétisme de la portion qu'il
couvre, mais aussi celui des parties voisines, dans un rayon assez grand, à
cause de la conductibilité du fer; il attire la qtuuitité de maguétistne qui
existe dans un élément d'étendue movennc a et dont l'intensité est / : la
( 2l5 )
valeur ti-ouvéo de v'F mesure donc gï. T.a même chose ;i lieu quand il
s'agit de l'acier; mais, dans ce cas, la condiiclihilité est moindre, l'étendue
de l'élément influencé est plus petite, soit 7', et v^F mesure a'i. Les deux
mesures ne sont donc pas comparables. Pour qu'elles le deviennent, il faut
les ramener à des éléments égaux, c'est-à-dire multiplier celles du ter par
le rapport a = -, qui est plus petit que l'unité. Dans l'exemple précédent,
on trouvera la valeur de a, en se rappelant que la perte 27,0 de l'acier doit
être égale au gain « x 60,1 du fer, et en posant
27,0 ,r
a = -^-^ = 0,45.
Oo,i '^
Inversement, si l'on multiplie par - toutes les intensités observées sur
l'acier, on les ramène au cas où elles mesureraient le magnétisme sur l'éten-
due d'un élément égal à celui du fer. Elles se trouvent alors multipliées
par 2,2 et inscrites dans les deux dernières colonnes du tableau. On
voit par là que l'acier a, en réalité, très-peu perdu et l'armature très-peu
gagné.
)) Si ces idées sont exactes, il faut que ce coefficient a soit invariable
pour un même acier : c'est en effet ce que j'ai vérifié par un nombre con-
sidérable de mesures. J'en citerai quelques-unes.
)) J'ai d'abord étudié un acier trempé n° 1, recuit au deuxième bleu, qui
était aimanté et avait été oublié depuis six mois et que j'ai réaimanté ensuite
dans une bobine de fils traversés par le courant de 5, ro et 20 éléments
de Bunsen
N" ii..
Aimantation. Aimant nu. Alinanl aimo. l'erlo. Armatun-. Kappoit x.
Ancienne (J2,8 3^,4 ?-5,4 58,0 Oj4-'
5 éléments.... (19,6 35,2 34,4 79>9 ">43
H) éléments.... 73,3 37,8 35,5 84, <> o,5^
20 éléments ... . 77,1 4">' 37,0 ;)»,o o,4i
» J'ai replacé ce même acier qui était saturé dans la bobine magnéti-
sante et je l'ai successivement désaimanté par i, 2, 3, 5, 7, 10 éléments
Riinsen, agissant dans un sens contraire à la première aimantation. Avec
3 éléments, l'acier était à l'état neutre; /} éléments et au delà lui ont ensuite
commtuiicjué un magnétisme opposé. Dans tous les cas a a conservé sa
valeur.
( 2iG )
N" o.
Aimantation honalo. Aimantation ansiralc.
AciiT
I t'U'mrnt
2 cléments
/) éléments
5 rlémeiit
7 élfiiicitts
10 cléments
saliiro.
inverse.
inverses.
inverses.
inverses.
inverses.
inverses.
Acier nu . .
77,'
61,6
'9,2
.-^6,9
53,7
69,7
75,7
» armé
4o,i
32,.
6,5
25,8
36,4
47>'
49,"
Perte
37,0
29,5
•2,7
II, I
16,3
22,6
26,7
Armature. .
90,0
70,7
?9,5
24,0
40,3
55,4
65,2
Rapport a.
o,4'
0,42
0,43
o,4G
0,41
0,40
0,4'
Il J'ai cliaDgr onsuite la grandeur de.s armatures. J'en ai employé quatre
dont les longueurs étaient égales à 10, 17,5, ..., 35 centimètres; elles ont
encore donné les mêmes valeurs de a.
N" G.
Acier lut.
Acier armé.
Perle.
Armature.
Rapport K
Armaluredc 10 centimètres.
74,3
47,3
27,0
60, 1
0,449
» de 1 7 centimètres.
74, >
44,7
29,4
7', 9
0,409
s »
7^,7
49,0
26,7
65,7
o,4o6
„
74,3
42,7
3i,6
69,3
o,4ii
Deux armatures de 17 ,5. .
74>>
38,9
35,2
84,2
o,4i8
Une armature de 35
74,3
35,3
39,0
93,6
0,417
» Enfin j'ai changé le mode d'opération. Ayant adapté une armature
à un acier au wolfram qui avait 26 centimètres de longueur, mais d'un côté
seulement, j'ai aimanté le tout par une puissante bobine. Dans ce cas, le
magnétisme développé a été bien plus considérable et sa distribution toute
différente; la ligne moyenne n'était plus au milieu de l'acier, elle s'était
rapprochée de l'armature, et les deux magnétismes contraires se trouvaient :
le boréal totit entier sur la partie nue de l'acier, l'austral étant distribué du
côté armé, en partie sur l'acier, en partie sin- l'armature. Comme ils doi-
vent être égaux, la différence des deux magnétismes, pris sur l'acier des
deux côtés, divisée par celui de l'armature, doit donner la même valeur
de a que par la première méthode, ce qui se trouva, en effet (1).
N" 7.
i"^' iiiciIkkIc. 1" mctlindc.
Acier nu 72,2 Côté nu 94 » '
Acier armé 33,4 Côté armé 18,2
Perte 38,8 Différence 75,9
Gain du fer 86,6 Gain du fci- 162,5
Rapport 0,434 Rapport o,4'.'7
(i) Il ne (.uidiait pas croire (]iic le iiioureiit niagnèll<|ue reste irivarialile a|)rès l'applica-
( ^'7 '
» Puisque la (lidérenco que nous venons clo iroiivor enlic le gain cln
fer et la perle de l'acier provient tle la différence de conductibilité des denx
métaux, le coefficient a dépendra de la nature de l'acier et de son degré de
trempe. Il se rapprochera de l'unité pour des aciers peu riches et bien re-
cuits; il deviendra de plus en plus petit à mesure que l'acier sera plus (hu*
et mieux trempé. C'est, en effet, ce que prouve V\ tableau qui suit :
K" 8.
Acier Acier
Acier
Irès-diir
Dali fol.
Acier nii 54,5
Acier armé 26,0
Perle . 28,5
Gain ilii fer 162,2
Rapport a . . . <> , ' 7
- 5,9
a
Acier nuX - ■ • • 320,o
X
Perte X - 162,2
a
» Puisque le coefficient a ae dépend que de la conductibilité de l'acier,
il peut servir à l'exprimer; ainsi elle se représentera par « = 0,17 pour le
premier des aciers précédents qui était très-dur, elle deviendra 0,80, pres-
que égale à celle du fer, pour le dernier qui avait été recuit au rouge blanc.
n Par contre, - sera une mesure de la force coercitive : égale à 5,9 pour le
premier acier, à i,25 pour le dernier, celle du fer étant prise pour unité.
» La valeur de a étant déterminée pour chaque acier, il faudra nudli-
plier les mesures prises sur cet acier par - pour les rendre comparables à
celles qu'on a obtenues sur l'armature. On obtient ainsi les inlensités réelles
mesurées sur des éléments superficiels égaux.
» On trouve alors, tableau n" 3, que les arinalures ne preiuient eu réa-
Acier
au wolfram
au wolfrar
Acier riiinhi
au wolfram
Acier lunilu
recuit
recuit
trempe.
icvcmi jaune.
recuit.
au ronpe.
au Marie.
77»'
72,2
64,8
182,2
67,7
40,1
33,4
39,5
79,6
46,5
37,0
38,8
25,3
52,6
37,'
90,0
89,4
52,1
93,0
46,5
0,4,
0,43
0,46
o,56
0,80
2,4 1
2,3l
2,17
',79
I ,25
i8S,o
iG6,3
i4o,5
2.35,7
85, 0
90,0
89,4
52 , 2
93.6
46,5
tion (l'une armature : il augmente. On |ieiit ealciilcr par Us expérii nées priréilentes la
somme des moments de chaque élément de la coiirhe des intensilés, par rap[)ort à la seclion
moyenne, et l'on trouve pour le coté nu 979,9, pour le coté muni d'une aimature de 17,5,
1264, 4- Si, au lieu d'une seule armalnre, cm en place deux à la suite, ce moment s'eléve
à i56o. Dans les deux cas, il dépasse de beaucoup celui de l'aluianl nu.
C. R,, 1875, 1" Srnintre. (T. I.XXX, N" •'(.) ^9
( 2I« )
lité que peu de magnétisme ;iiix airnnnts, lors même qu'elles seraient très-
étendues.
)> Certains aciers très-durs, et qui semblent ne point s'aimanter comme
je l'ai autrefois observé, prennent cependant un magnétisme notable, mais
qui apparaît très-peu au contact d'épreuve, parce que cet acier, n'étant
presque pas conducteur, ne cède à ce contact que le magnétisme de l'élé-
ment toucbé or, élément qui est très-petit pour cet acier; tandis que pour
le fer il est très-grand g', et que, pour comparer ces deux métaux à surfaces
égales, il faut multiplier les nombres observés sur l'acier par - = — , qui
est un nombre très-grand. Ainsi, pour les deux premiers aciers du tableau
n° 8, le contact indiquait les quantités de magnétisme 54,5 et 77. Le pre-
mier paraissait moins aimanté que le second; mais, en multipliant ces
nombres par les valeurs correspondantes de -1 ou trouve 32o et 188. En
réalité, c'est le premier aimant qui est le plus fort.
» L'action sur la limaille de fer est la même que sur le contact d'é-
preuve, la force portative est aussi dans le même cas. Tout contact enlève
aux deux branches de l'aimant portant une partie de letu- magnétisme :
beaucoup, si cet aimant est bon conducteur, très-peu, s'il est très-dur. Par
suite, ce ne sont pas les aimants le plus chargés qui portent le mieux, ce
sont ceux qui ont la meilleure conductibilité.
)) L'action à distance est tout autre, la conductibilité n'y est pour rien :
c'est la charge vraie qui produit l'effet. Un fer doux et un acier très-dur
qui indiqueraient le même magnétisme au contact d'épreuve seraient très-
inégaux à distance; l'acier l'emporterait, et si à distance un acier est équi-
valent à im fer doux aimanté, il se montrera beaucoup plus faible en force
portative, en intensité au contact, ou par son effet sur la limaille.
» Je possède un aimant qui m'a été remis par M. Dalifol, et qui ne prend
dans une bobine qu'un magnétisme insignifiant, égal à 0,8, tandis qu'un
aimant de même dimension donne 74,3; le rapport est 94-
» Si on les place tous deux devant une aiguille suspendue très-petite, ou
trouve par la méthode des oscillations que le rapport de leurs effets à la
même distance est réduit à 24. C'est le rapport des magnétismes vrais
74,3 . <>,8 , a'
-^-^- et -^, ou ()4 X -;
« a ' a
el comme a' est beaucoup plus petit que a, le rapport doit avoir diminué,
comme cela est en effet.
» Celte discussion monlrera cond)ien ces questions sont délicates et
( 219 )
combien de fautes ont été commises. Elle prouve que les diverses mélliodes
d'investigation, suivant qu'elles agissent à petite ou à grande distance, ne
sont point comparables. Celle que j'emploie a au moins l'avantage d'être
définie, puisqu'elle opère au contact et non à des distances qui sont va-
riables. Elle permet aussi, ayant mesuré un certain effet, de déterminer a
et de conclure le magnétisme vrai des aciers comparé à celui du fer doux. »
CHIMIE AGRICOLE. — Rcinaiciucs sur /e.s substances minérales conte-
nues dans le jus des betteraves et sur la fjotasse (juon en extrait ;
par M. Eue. Peligot.
« Les chimistes qui se sont occupés de l'analyse de la betterave ont établi
que cette plante renferme, en dehors du sucre, lui très-grand nombre de
matières soliibles dans l'eau. J'ai fait sur le jus de cette racine quelques
observations que je crois nouvelles, au point de vue des sels minéraux
qu'il contient en assez grande quantité, dans la proportion de 6 à 12 mil-
lièmes de son poids. Ces observations sont le complément du travail que
j'ai présenté à l'Académie dans sa dernière séance.
» La composition des cendres de la betterave entière diffère notable-
ment de la composition des cendres fournies par le jus. En effet, bien
que la matière qui forme la partie celluleuse de la plante soit peu abon-
dante, la pulpe retient sous forme de composés insolubles la presque tota-
lité des sels calcaires qu'on trouve dans les cendres de la racine en assez
forte proportion.
» Le jus trouble, qu'on obtient en soumettant à la presse la pulpe d'une
betterave qu'on vient de râper, contient une très-petite quantité de ces
sels; il se colore rapidement au contact de l'air, et il ne peut être filtré
qu'autant qu'on l'a fait bouillir pendant quelques instants. La chaleur a
pour effet, non-seulement de coaguler les matières albuminoïdes et d'arrê-
ter les fermentations qui se développent rapidement, mais aussi de rendre
insolubles le phosphate et le carbonate de chaux dissous à la faveur de
l'acide carbonique que tous les sucs végétaux contieiuient en abondance.
Aussi le jus de la betterave, après qu'on l'a fait bouillir, est exempt de sels
calcaires.
)) Néanmoins, dans cet état, il renferme beaucoiqi de phosphates. Il
suffit, en effet, d'y ajouter une certaine quantité de nitro-molybdate d'am-
moniaque, préparé d'après les prescriptions iudicpiées par IM. Paul de Gas-
parin dans sou important travail sur l'analyse des terres arables, pour obte-
29.
( 220 )
nir à l'ébuUition un abondant clépùt jaune de phospho-molybdalc d'ammo-
niaque.
» On peut également séparer des cendres fournies par ce jus, après le
dosage du chlore, l'acide phospliorique sous forme de phosphate d'argent
tribasique, en saturant exactement par l'ammoniaque la liqueur acide
dont le cldorure d'aigent a été séparé,
» C'est à l'état de phosphate de potasse tribasique que se trouve la ma-
jeure partie de l'acide pliosphoiique dans le jus de la betterave; les cendres
qui en proviennent en contiennent au delà du tiers de leur poids; mais une
notable quantité de cet acide s'y rencontre aussi sous forme de phosphate
ammoniaco-magnésien. Rien n'est plus facile que de constater l'existence
de ce sel : il suffit d'ajouter an jus filtré de l'ammoniaque poin- y faire
naître immédiatement un dépôt cristallin de phospliate ammoniaco-magné-
sien : une goutte de jus de betterave et une goutte d'alcali volatil donnent,
sous le microscope, cette réaction d'une façon très-nette.
» Les cendres fournies par le jus contiennent de lo à i5 pour loo de leur
poids de phosphate de magnésie bibasique, quelle que soit la provenance
de la betterave. J'ai examiné récemment une grosse racine, du poids de
3 kilogrannnes environ, provenant des polders de Bouin (Vendée) mis en
valeur par M. Le Cler : le jus filtré a laissé par litre iS^^jaS de cendres;
celles-ci renferment i5,3 pour loo de phosphate de magnésie.
» Ces faits trouvent leur explication dans le faible degré d'acidité que
présente le jus de la betterave; il est probable que cette acidité est suffisante
j)our amener la dissolution partielle du phosphate anuiioniaco-maguésien,
insuffisante pour dissoudre le phosphate de chaux qu'on rencontre en assez
forte proportion dans la partie coagulée et dans le tissu cellulaire dont or) a
séparé les matières solubles.
» On sait d'ailleurs que la défécation du jus de betterave se pratique
dans toutes les usines en ajoutant au liquide chauffé une certaine qnanlilé
de chaux éteinte; cette opération est toujours accompagnée d'un dégagement
d'ammoniaque qui est surtout dû à la décomposition du phosphate ammo-
niaco-magnésien. Le sel de magnésie, devenu insoluble, s'ajoute aux écumes
qui sont en grande partie formées par le phosphate calcaire })rovenant de
la décomposition du phosphate de |)otasse. Aussi ces écnmes de défécation
constituent un engrais énergique dont les observations qui précédent
feront mieux apprécier la valetw.
» La potasse à l'état de carbonate, qu'on retire des résidnsde la fabrica-
tion du sucre indigène, renferme une certaine quantité de phospliate qu'on
( 221 )
loirouve dans la potasse raifiiiée et qui lécemmeiil m'a permis de remonter
à la cause d'accidents qui se produisaient dans une industrie bien éloi-
gnée des industries agricoles : cette industrie est la fabrication du cristal.
» On sait que les matières premières emplo} ées [)our cette sorte de verre
sont le sable, le minium et la potasse. Ces matières doivent être aussi pures
que possible. Ayant été consulté par des fabricants de cristaux qui, au lieu
du verre transparent et incolore qu'ils ont coutume de produire, obtenaient
un verre laiteux et 0[)alin, et après avoir inutilement cherché la cause de
cette altération du cristal dans la qualité du minium et du sable', j'ai
examiné la potasse dont ils se servaient et qui provenait d'une des meil-
leures r.iffineries du Nord : j'y ai trouvé une notable quantité de phosphate
alcalin. Dans trois échanlillons de potasse indigène raffinée, de provenance
différente, j'ai constaté qu'en dehors des quelques centièmes de chlorure,
de sulfate alcalin et de sels de soude (pie cette matière renferme habituel-
lement, on y rencontre des quantités notables de phosphate de potasse,
soit 3,7; 2,0 et 2,6 pour 100.
w Ce sel, dont la présence n'avait pas été encore signalée dans les potasses
indigènes, exerce probablement sur le verre un effet analogue à celui du
|)hosphate de chaux qu'on emploie depuis longtcmjis pour fabriquer le
verre opale à reflets rougeàtres. Il suffira sans doute de signaler le trouble
qu'il apporte dans la fabrication du cristal pour que les rafûneurs do po-
tasse, auxquels la clientèle des représentants de cette industrie n'est pas
indifférente, apportent dans leur travail les changements nécessaires pour
éliminer complètement une substance que les potasses exotiques, qui pro-
viennent du lessivage des cendres de bois, ne contiennent pas en quantité
appréciable. »
lîOTANiQun:. — De la lliéuvie cariieUaire il'après des Viola, princljynlcinciil
(Vaprcs le Viola tricolor hortcnsis; par ^I. A. Tkécii..
« Ne pouvant décrire, faute d'espace, l'insertion réelle des faisceaux du
pédoncule, je me bornerai à dire que cet organe en a quatre dès sa base
apparente dans les Viola Ir. hoiiensis et nllaica, et seulement deux dans
quelques autres espèces. Ces deux faisceaux se bifurquent à environ 2 milli-
mètres au-dessus de la base dans le V. juionanllia , vers le tiers inférieur
dans le /'. mirabilis, vers les trois quarts de la hauteur du ])édoncule dans
le F. bi/lora. Au sommet de celui-ci les quatre faisceaux produits s'unissent
diversement : en cercle (F. slriala), en ellipse {F. piioiumllta), en rectangle
ou en carré ( F. tr. hortensis, allaica, etc.).
( 2U2 )
•> Quel que soit le mode d'union des quatre faisceaux au sommet du
pédoncule, il se fait là à travers la moelle tui réseau vasculaire aux bords
duquel s'ajoutent deux nouveaux faisceaux : l'un au-dessus de la face supé-
rieiu'e du pédoncide, l'autre au-dessus de la face inférieure. Les six fais-
ceaux existants entrent dans la coupe réceptaculaire, tandis que les bords
du plexus vasculaire transverse se relèvent et se prolongent en trois larges
faisceaux réniformes qui vont aux placentas.
» Ces trois faisceaux ])lacentaires sont opjjosés à trois des six faisceaux
périphériques, de façon que le sonunet du triangle qu'ils forment est opposé
au faisceau qui surmonte le milieu de la face supérieure du pédoncule, et
qui va constituer la nervure médiane du sépale supérieur. Les trois autres
faisceaux périphériques alternent donc avec les faisceaux placentaires. Ce
sont les deux qui se prolongent dans les deux sépales latéraux supérieurs
et celui qui entre dans le pétale inférieur éperonné. C'est de ces trois der-
niers faisceaux périphériques qu'émane le système vasculaire des parois de
l'ovaire. Pour cela chacun d'eux émet, un peu au-dessus de sa hase, une
courte branche qui se partage en trois ou en deux faisceaux. Quand il y
en a trois, le médian monte tout droit et forme la nervure médiane du
carpelle correspondant; tandis que les deux latéraux, inclinés presque ho-
rizontalement chacun de son côté, se redressent à quelque distance. Il y a,
[)ar conséquent, vis-à-vis chaque intervalle des jjlacentas, ou trois fais-
ceaux dont un médian, ou seulement deux latéraux, ayant une même base.
Ces trois ou ces deux faisceaux ascendants existent d'abord seuls dans la
jeunesse du pistil, et souvent ils sont incomplets dans la fleur épanouie; un
peu plus tard les faisceaux latéraux se ramifient sur leurs deux côtés. Dans
le Fiola Ir. ItorleiisiSj sur le côté tourné vers le faisceau médian, il naît des
rameaux qui montent verticalement et se relient au faisceau qui les a pro-
duits, ou se répandent dans le parenchyme qui les sépare du faisceau mé-
dian, mais sans s'unir à lui vers la base de l'ovaire ou du fruit; dans la
partie supérieure seulement les faisceaux latéraux et le médian sont reliés
|)ar un faible réseau, indépendamment de l'anastomose qu'ils contractent
au sonunet des carpelles, connue je le dirai plus loin. D'autre part, les
deux faisceaux latéraux de deux carpelles voisins sont rattachés l'un à
l'autre par des ramifications anastomosées en réseau à travers le paren-
chyme interposé et placé en arrière de chaque placenta. Le F. jinonaiulta
m'a doiHié aussi de beaux exemples de cette union réticulée des faisceaux
marginaux des carpelles voisins. Une telle liaison est visible aussi dans le
fruit des F. (ilUiicci, Mnnbyami, etc.
( 23'^ )
» Dnns la fleur de quelques espèces chaque faisceau placentaire est
simple; il ne se divise que pour donner des rameaux aux ovules (f^. Iiede-
racea); dans le Fiola Ir. Iiaticnsis, etc., il se partage en cinq, six ou sept
fascicules disposés en réseau, sur toutes les parties duquel sont insérés les
ovules. Vers le sommet le noml)ie des faisceaux diminue dans chaque
placenta, de sorte que tout en haut il n'en reste plus que deux qui sont
reliés avec les faisceaux latéraux des deux carpelles adjacents, qui eux-
mêmes sont rattachés aux médians existants.
» De tous ces faisceaux, un seul se prolonge dans le style : c'est la ner-
vure médiane du carpelle opposé au pétale inférieur éperonné. Ce faisceau
parcourt longitndinalement le style, en suivant un des trois angles de la
partie inférieure du canal central; arrivé dans la base du stigmate lu'céolé
ouvert et incliné sur le côté inférieur, il se bifurque, et ses branches s'épa-
nouissent en deux lames spatulées qui embrassent en partie la cavité stigma-
tique (t).
» Telle est la disposition du système vasculaire. Voyons maintenant
l'arrangement des éléments fibreux. Tout à la base du fruit, le tissu fibreux
embrasse chaque faisceau placentaire à peu près comnae le fait, à la face
externe de beaucoup de faisceaux, le groupe libérien ployé en gouttière;
mais ici, en montant, chaque couche fibreuse s'étend latéralement avec le
faisceau placentaire, et s'unit avec la strate fibreuse aussi, qui tapisse la
face interne des parois carpellaires. De là au sommet du fruit, la couche
fibreuse est parfaitement continue, et elle isole les faisceaux placentaires
du reste du système vasculaire, de façon que les faisceaux placentaires ne
peuvent être considérés comme formés par les bords soudés deux à deux
de trois prétendues feuilles, et cela d'autant moins que les bords des car-
pelles sont, en arriére, vasculairement unis entre eux, comme il a été dit
plus haut.
» Mais la couche fibreuse n'est pas homogène dans toute son t;tcndue
(y. tr. Iiorteiisis, allnirn, prinnaniha, curallala, Miinhynna). Très-épaisse der-
rière b-s placentas, elle s'amincit graduellement vers la ligne médiane des
carpelles, où a lieu la déhiscencc. Des coupes transversales faites dans la
région moyenne du fruit, et même à diverses hauteurs, montrent la com-
position suivante : en arrière des placentas, où la couche fibreuse a le plus
(i) Les t'inla ctinadensis, raninn, alltiicn, rnthnmageiisis, nitcanitd, ont aussi le faisceau
sous-stignialli]iie divisé en deux lames spatulces; au eoiilraiie, les /'. patmaUi, miraliilh,
slriata, Muhlcnbcrgii ont le même faiscenu termine en simple pinceau.
( 11k )
d'épaisseur, elle est lormcc de crlliiles fibreuses ponctuées, élendues lioii-
zontalement et radialemoiit. Vers l'extérieur, cette partie la plus épaisse est
limitée j)Mr une, deux ou |)]iis souveul trois rangées de cellules fibreuses,
horizontales aussi, mais étendues parallèlement à la surface du fruit. Ces
dernières celhdes fibreuses sem])lenf plus particulièrement être la continua-
tion de la strate fibreuse qui tapisse le reste de la paroi interne des car-
pelles, et qui est de même, dans le voisinage des placentas, composée de
fibres horizontales allongées parallèlement aux faces du péricarpe. En s'éloi-
gnant des placentas, la strate fibreuse diminue d'épaisseur, et ses cellules
deviennent verticales auprès des lignes de déhiscence.
» Les cellules de l'épiderme interne, qui sont fibreuses également, et
horizontales loin des lignes de déhiscence, deviennent aussi verticales au-
près de ces lignes pour faciliter la scission.
» La strate fibreuse est revêtue extéiieurement par quelques rangées de
cellules parenchymateuses munies de chlorophylle, qui enveloppent les
faisceaux vasculaires propres au péricarpe, et ce parenchyme est couvert
lui-même par une rangée de cellules épidermiques auxquelles sont inter-
posés d'assez nombreux stomates.
» Retournons au réceptacle. Voyons comment les six faisceaux qui
couronnent le pédoncule donnent le système vasculaire des sépales, des
pétales et des étamines.
» Le faisceau né au-dessus du milieu de la face supérieure du pédoncule
va au sépale supérieur qui est externe; ceux des angles de la face inféricMire
du pédoncule vont aux deux sépales latéraux inférieurs, dont l'un est
externe et l'autre recouvert par lui d'un côté dans le bouton ; les deux fais-
ceaux des angles de la face supérieure du pédoncule vont aux deux séj)ales
internes, qui sont les deux latéraux supérieurs; enfin le sixième faisceau,
né au-dessus du milieu de la face inférieure du pédoncide, se prolonge
dans le pétale éperonné, dans lequel il entre par la face interne de l'éperon,
descend jusqu'au fond de celui-ci, se recourbe pour monter le long de la
face externe, et de là se prolonger dans la nervure médiane de la lame
pétaline.
)i Ce pétale inférieur reçoit encore des faisceaux primaires voisins, de
clia(|ue côté, d'après le V. Ii\ liortcnsis, trois faisceaux qui naissent de ceux-
ci directement ou indirectement ; ils montent dans ce pétale et s'y rami-
fient ainsi qtie sa nervure; médiane.
H Avant d'entrer dans les sépales, les cinq faisceaux, qui sont destinés à
leurs nervures médianes, ont à traverse!' le tube caliciiial. Chemin faisant,
( 225 )
chacun d'eux émet un faisceau staminal, puis à droite et à gauche une
branche principale oblique qui s'approche de son homologue donnée par
le faisceau voisin, s'unit à elle par une courte anastomose transverse
un peu au-dessous du sinus rentrant^ formé par la base de deux sépales
contigus, puis se prolonge dans le côté du sépale au-dessous duquel elle
est placée; elle peut s'y ramifier plus haut et contribuer avec la nervure
médiane à constituer la nervation secondaire de ce sépale. C'est sur l'ana-
stomose transverse qui unit ces deux branches au-dessous des sinus rentrants
du calice, que s'insère, en apparence dans le prolongement de l'une des
branches qui ont concouru à former cette anastomose, la nervure médiane
de chacun des quatre pétales supérieurs. Ces quatre pétales reçoivent en-
core, de chaque côté, un faisceau, plus rarement deux, qui sont des rami-
fications latérales directes ou indirectes du faisceau qui va constituer la
nervure médiane du sépale correspondant [V. ir. Iiortensis).
» Ce n'est pas là tout; il existe au-dessous de chaque sépale une sorte
d'éperon lamellaire, dont la nervation mérite d'être notée, et dont la pré-
sence semble indiquer que là réellement commence le sépale. (Chacun
d'eux reçoit de chaque côté de la nervure médiane (F. li\ hortensis) une
branche qui décrit une courbe dont la cavité est tournée par en haut. Ces
deux branches s'anastomosent avec quelques autres nervures secondaires
du sépale proprement dit, et c'est sur la convexité de ces deux branches
courbes que s'insèrent les nombreux rameaux qui se répandent en tous
sens dans l'éperon du sépale, où ils forment un réseau compliqué.
» J'ai encore à mentionner les appendices que les deux étaminos infé-
rieures envoient de leur filet dans le cornet du pétale éperonné. Ces ap-
pendices très-rarement creux, le plus souvent pleins, sont ordinairement
dépourvus de faisceaux; cependant il existe de ces derniers dans les appen-
dices des étamines des Fiola Ruppii et cucultata.
» Dans les Violettes comme dans les fleurs à insertion dite périgyne des
Amygdalées, de VEscliscliollzia, etc., le pistil occupe le fond de la coupe,
les étamines sont insérées plus haut, les pétales plus haut que les étamines,
les sépales au-dessus des pétales. Tout cet ensemble, désigné par l'appella-
tion de tube du calice ou de coupe réceplaculaire, est-il réellement formé,
comme le croient certains botanistes, par autant de feuilles coalescentes
ou soudées entre elles qu'il y a d'organes insérés dessus. Telle est la ques-
tion qu'il me reste à examiner. Commençons par les carpelles.
» Nous avons vu que chacun d'eux est inséré par un faisceau qui se
divise d'abord en trois nervures : une médiane et deux latérales, ou seu-
C. R., 1875, I" Semestre. (T. LXXX, N" 4.) ^O
( 226 )
lementen deux latérales, qui plus tard se ramifient. Cette nervation du jeune
âge rappelle celle des carpelles des Anémones, des Clématites, etc., qui n'ont
qu'une nervure médiane et deux latérales. En l'absence de toute définition
rigoureuse des feuilles et des axes, des carpelles aussi simples permettent aux
tliéoriciei)S d'en faire à volonté des feuilles modifiées ou des rameaux consti-
tuant des organes spéciaux destinés à remplir une fonction particulière ; mais
il y a aussi dans les Renonculacées les carpelles des Nigelles et de la Gari-
delle, que leur couche fibreuse libérienne continue ne permet pas de rap-
porter aux feuilles des mêmes plantes. Il y a encore les carpelles des Pœonia,
dont le réseau vasculaire donne dans l'écorce une multitude de faisceaux
horizontaux, ramifiés en corne de cerf et pourvus de cellules fibreuses à
parois très-épaisses et ponctuées. En faire des feuilles, ce serait de la pure
fantaisie. Les carpelles des Hellcborus, Calla, Jquilegia, Delpliinitun, etc., ne
pourraient être expliqués que par le concours de trois feuilles, ou tout au
moins par celui d'une feuille trilobée; ce qui serait déjà une modification
d'autant plus considérable apportée à la théorie, que ces carpelles des Re-
nonculacées ont toujours été cités comme des modèles de feuilles simples,
ployées suivant leur nervure médiane; mais l'existence d'une feuille tri-
lobée ne saluait être invoquée chez les Aqraphis, les Scilla italica, amœita,
Plialniicjiiim Liluigo, etc., qui ont une nervation analogue. Les feuilles des
Msculus, du Sfjcirmannia africana, de VEnlelea arborescens ne peuvent donner
la nervation des carpelles de ces plantes, qui sont chargés de piquants par-
courus par des vaisseaux. Les carpelles du Rnnunculiis at^vensis ont aussi
des piquants vasculaires, mais avec une autre constitution. Les carpelles
des Pauia, qui ont la structure de ceux des jEscidus, moins les piquants,
rappellent ceux des Pœonia par leurs faisceaux horizontaux, pourvus de
cellules fibreuses à parois épaisses et répartis en travers l'écorce. Chez les
THia le système vasculaire s'associe d'une façon analogue à de petits groupes
de cellules scléreuses trausverses, mais courtes et limitées à l'écorce interne.
Enfin, dans Vy/nadenia Manglcsii et le Greuillca (jlabella, il existe aussi, dans
l'écorce des carpelles, des groupes de cellules scléreuses allongées horizon-
talement, dans lesquels toutefois je n'ai pas encore vu de vaisseaux. Je ci-
terai encore le jeune fruit du Tlieojjlirasta macropliyUn, dont cinq feuilles
ne peuvent donner la structure, puisque les faisceaux associés en réseau
sontépars sans ordre et suivant au moins trois |)lans différents. Une couche
épaisse et contitnie de cellules scléreuses existe en outre dans la région cor-
ticale du péricarpe, et elle enveloppe de ses cellules internes les plus petits
des faisceaux, qui sont les plus externes. A tous ces exemples, j'en pourrais
( 2^7 )
ajouter beaucoup d'autres, celui des Vuccn, etc. Cette série suffit pour
prouver que de la structure des carpelles les plus simples, comme sont ceux
des Anémone, des Àllium et ceux un peu plus compliqués des Viola, on
ne saurait déduire que le pistil soit formé d'autant de feuilles qu'il y a de
carpelles. On sait d'ailleurs aujourd'hui que l'orientation des faisceaux et
leur disposition symétrique d'après un plan ou une ligne droite ne suffit
pas pour caractériser les feuilles et les axes. Je renverrais ceux qui ne sont
pas convaincus de cette opinion au Mémoire de l'auteur de l'avis com-
battu ici, sur YAnalomie comparée de la fleur femelle et du fruit des Cycadées,
des Conijères et des Gnélacées, comme l'a fait déjà M. de Lanessan, en ap-
puyant mes assertions.
» Quand même on persisterait à vouloir regarder le pistil des Fiola
comme formé par trois feuilles, comme cela a été admis dans un Mémoire
récent qui a eu beaucoup de retentissement, la raison ne serait pas satis-
faite; il faudrait avoir recours à une théorie plus complexe, dont on doit
l'idée à M. Brongniart, à l'existence de feuilles fertiles et de feuilles stériles
dans un pistil donné; mais notre confrère s'est bien gardé de s'arrêter à
cette idée, et il a bien fait. Ce ne sont pas les Fiola qui lui ont suggéré cette
théorie, et pourtant elle leur serait applicable tout aussi bien qu'aux Cruci-
fères et aux Papavéracées; car les parois carpellaires et les placentas y
forment également et même mieux deux verticilles différents. Je dis
mieux parce que les deux verticilles sont séparés par la couche fibreuse, et
parce qu'ils ont une insertion très-dissemblable. En effet, chaqr.e tiers de
la paroi carpellaire est inséré sur un des six faisceaux basilaires de la
coupe réceptaculaire, tandis que les faisceaux placentaires sont insérés sur
le réseau transverse qui constitue le fond du récept.icle. D'ailleurs, la struc-
ture des placentas n'est nullement celle d'une feuille. Dans les placentas les
plus complexes [F. tr. hortensis, etc.) le faisceau placentaire se divise, en mon-
tant, en un réseau sur toute la surface duquel sont insérés les ovules. Il fau-
drait donc ici modifier luie fois de plus la théorie (ce qu'avait déjà prévu
l'illustre R. Rrown pour les Nymphœa et les Bulomus), puisque les ovules ne
sont pas insérés seulement sur les bords des prétendues feuilles. En outre,
il ne faut pas oublier que les feuilles fertiles différeraient encore des feuilles
stériles, en ce que ces dernières seraient couvertes d'une couche fibreuse
sur leur fiice interne; ce qui, soit dit en passant, ne contribue guère à les
rapprocher desfuilles normales des Fiola. Est-il besoin d'ajouter f[ue, pour
faire celte assimilation, il faut négliger tous les caractères (pii font du pis-
til un organe femelle.'' Tout concourt donc à faire des carpelles une forme
3o..
( 228 )
de la ramification destinée à remplir une fonction spéciale. Cherchons
maintenant si la coupe réceptaculaire est composée d'autant de feuilles
qu'elle supporte d'organes.
» Si chaque pétale avait, comme chaque étamine, un simple taisceau in-
séré sur l'un des faisceaux basilaires du réceptacle, ce serait déjà se ha-
sarder que de supposer une coalescence, une fusion des faisceaux et des
autres tissus de ces divers organes; mais tous les faisceaux de chacun des
quatre pétales supérieurs sont insérés, non pas sur un seul de ces faisceaux
basilaires, mais sur deux de ces six faisceaux primaires à la fois ; et chacun
de ces quatre pétales n'en reçoit même pas directement sa nervure médiane.
Celle-ci est insérée sur lui faisceau latéral qui se prolonge dans le sépale
placé au-dessus. Il faudrait donc admettre d'abord que celte nervure mé-
diane descend le long de ce rameau latéral, puis le long du faisceau pri-
maire correspondant avant d'arriver à l'axe; ensuite il faut admettre le
partage des faisceaux latéraux du même pétale, ceux d'une moitié descen-
dant d'un côté le long de l'un des faisceaux primaires, ceux de l'autre
moitié descendant d'un autre côté le long d'un autre faisceau semblable.
Aux faisceaux composés qui en résulteraient s'ajouteraient encore ceux des
étamineset ceux des parois carpellaires.
» C'est déjà beaucoup de complication. Le pétale é'peronné en offrirait
un degré de plus; car ses faisceaux descendraient suivant trois directions.
Les iMis sont insérés sur la nervure médiane, qui vient directement de la
base du réceptacle; les latéraux iraient chacun dans une direction diffé-
rente, descendant, ceux de droite le long du faisceau primaire de droite,
ceux de gauche le long du faisceau primaire de ce côté. N'est-ce pas là une
grande exagération, un abus de l'unification des organes dits oppendicu-
laircs. Pourquoi les botanistes qui admettent cette théorie ne reviennent-ils
pas tout de suite à celle qui veut que tout soit feuille dans le végétai, de
sorte que les faisceaux des rameaux, du tronc et des racines ne seraient
que des prolongements inférieurs des feuilles?
» Si l'on persiste à vouloir rapporter aux feuilles la coupe réceptacu-
laire et tous les organes appendiculaires, au lieu de ne voir dans les feuilles
pro|)rement dites, dans les sépales, les pétales, les étamines et les carpelles
(juc (les formes de la ramification ayant chacune sa fonction spéciale, ou
n'aura pas accompli sa tâche quand on aura accumulé tant d'hypothèses pour
expliquer la coupe réceplacidaire des Viola ou celle des Amygdalées, etc.;
il faudra rattacher aux lois de la |)hyllotaxie linsertion de toutes les pré-
tendues feuilles que l'on conduit ainsi au sommet du pédoncule.
( 229 ^
» (Jno fleur de Fiold serait composée de 2t feinlles, dont 5 sépalaires,
5 pétaliiies alternes avec les sépales, 5 staminales alternes avec les j)étales,
3 pour les parois carpellaires et 3 pour les placentas. De ces 21 feuilles,
9 seulement recevraient directement des faisceaux du sommet du pédon-
cule, et il est fort remarquable que les orcjanes qui tes représciitcnt foi ment
TROIS VERTICILLES ALTERNANT RÉGULIÈREMENT ENTRE EUX. Le verliciUe infé-
rieur est donné par le sépale supérieur et les deux sépales latéraux infé-
rieurs; le deuxième verliciUe est composé des deux sépales latéraux supé-
rieurs et du pétale inférieur éperonné ; le troisième verliciUe est constitué
par les placentas. Les 12 autres organes (savoir, les 4 pétales supérieurs,
les 5 étamines et les 3 parois carpellaires) ne reçoivent que des faisceaux
secondaires ou tertiaires, insérés sur les six faisceaux basilaires de la coupe
réccptaculaire. De ces six faisceaux basilaires, un seul ne porte pas d'éta-
mine ; c'est celui qui se prolonge dans le pétale éperonné. Tout cela est
porté par un pédoncule qui n'a que quatre faisceaux à sa partie supérieure
et deux, au moins souvent, à son insertion, et ce pédoncule naît d'une
branche^ sur laquelle les feuilles normales sont disposées suivant la
fraction f .
» Plutôt que de chercher vainement à ramener les 21 feuilles florales
au sommet du pédoncule, et à les y ranger d'une manière satisfaisante sur
les quatre faisceaux qu'il contient, n'est-il pas plus naturel d'admettre que
l'insertion réelle de ces organes a lieu à la place où on l'observe sur la
coupe réceplaculaire, reconnue pour une modification de l'axe, et où la symé-
trie florale indiquée plus haut marque leur insertion vraie. »
PHYSIOLOGIE. — Phosphorescence des Invertébrés marins.
Note de M. de Quatuefages.
« En présentant un travail de M. Panceri, intitulé Intorno alla luce che
émana dai nervi délie elitre délie Polynoe^ M. de Quatrelages présente les ob-
servations suivantes :
» Le savant napolitain fait connaîlre dans le iNIémoire actuel des faits
analogues à ceux qu'il avait signalés dans la Pltyllirhoc bucephale; il montre
certaines cellules nerveuses terminales comme étant le siège de l'émission
de la lumière.
» En acceptant comme exacte la détermination histologique proposée
par l'auteur, les faits découverts par IM. Pauccri soulèvent une question
assez intéressante. Dans mes études sur la phosphorescence observée chez
( 23o )
certaines Annélides dépourvues d'élytres, chez les Ophiures, chez lesNoc-
tiluques, j'ai montré que la production de lumière se montrait daus les
muscles et coïncidait toujours avec la contraction de ces derniers. Or les
élytres des Polynoés ne renferiuent aucune trace d'éléments musculaires,
et, par conséquent, il résulte des observations de M. Panceri que les nerfs
isolés de tout élément de cette nature sont capables de produire de la
lumière.
)) Dès lors on peut se demander si les manifestations lumineuses, même
au milieu do masses musculaires, ne sont pas dues aux nerfs qui se distri-
buent à celles-ci. M. Panceri répondra sans doute à cette question, qu'il est
permis d'aborder à une époque où l'histologie possède des réactifs que l'on
ne connaissait pas lorsque j'étudiais ces phénomènes.
» L'étude desNoctiluques, à ce point de vue, sera surtout intéressante.
Les expansions sarcodiques, qui forment la trame intérieure de ces êtres
singuliers, ne présentent rien qui ressemble à des fibres musculaires ou ner-
veuses; mais peut-être les réactifs auxquels je faisais allusion tout à l'heure
permettront-ils de reconnaître des éléments nerveux, plus ou moins isolés,
en rapport avec la membrane qui forme ces petites vessies vivantes.
» Quoi qu'il en soit, on voit que les études de M. Panceri justifient une
fois (le plus la conclusion générale à laquelle m'avaient conduit mes pro-
pres recherches, savoir: que, sous la dénomination commune de phospho-
rescence, on a confondu longtemps des phénomènes essentiellement distincts
et qui n'ont de commun qu'une production de lumière. »
M. Daubkék communique à l'Académie le passage suivant d'une Lettre
qu'il a reeue de S. M. don Pedro, empereur du Brésil :
« Un tremblement de terre a été observé le '^o octobre, vers q'^So" du
matin, dans une partie fort limitée de la province de Saint-Paul. J'attribue,
faute de renseignements d'un caractère scientifique, la trépidation du sol,
qui a duré deux à trois minutes, et le bruit sourd que l'on a entendu en
même temps, à quelque grand éboulcment souterrain. Le sol, dans les
environs de la ville, d'où semble être parti le tremblement de terre, est tout
crevassé. Son nom même indigène, Sorocaha, signifie endroit à crevasses. Je
ferai prendre des observations pour vous les communiquer. »
« M. Daihuke ajoute qu'à l'inverse de ce qui a lieu dans d'autres ré-
gions étendues de l'Amérique méridionale, des tremblements de terre ont
été signalés très-rarement au Brésil. La même Lettre en signale cependant
( 23l )
un qui a ébranlé, en 1811, la ville de Récif, capitale de la province de
Fernambouc.
» M. Daubrée rappelle aussi que c'est par des effondrements ou des
tassements souterrains que M. Roussingault a cru le mieux rendre compte
des tremblements de terre dont il a été si fréquemment témoin dans les
Andes de Colombie et de l'Equateur. »
M. Daubrée fait hommage à l'Académie, de la part de M. James-D. Dana,
d'un Mémoire écrit en anglais sur les pseudomorphes de serpenline el autres
de ta mine de TUly-Fosler, conilé de Putnam, dam l'Elal de New-ïork.
« Dans ce Mémoire, notre savant Correspondant décrit, avec des détails
très-précis, et en mettant à profit des études faites sur les mêmes localités,
par d'autres minéralogistes américains, MM. les professeurs O.-D. Allen,
ElI. Brush, et M. lîreidenbaugh, une localité des plus remarquables par les
minéraux pseudomorphes qui s'y sont produits, et par les actions chimiques
auxquelles ces minéraux épigéniques servent de témoins irrécusables.
M Le gîte de minerai de fer dont il s'agit est subordonné aux roches
cristallines, gneiss syénitique et syénite, parallèlement aux feuillets de ces
roches. 11 consiste en un amas puissant de fer oxydulé magnétique : le sili-
cate fluoré de magnésie, connu sous le nom de chondrodile, lui est associé
et forme plus de la moitié de la masse totale.
» Des minéraux variés que le gîte de Foster contenait ont été convertis
en serpentine, sans perdre toutefois les formes cristallines caractéristiques
qui en démontrent et caractérisent l'existence première : tels sont la chlo-
rire, l'enstatite, la chondrodite, la hornblende, le lépidolite, la biotite, la
dolomie, l'apatite et la calcite.
» La diversité de minéraux ainsi transformés amène à reconnaître l'an-
cienne existence d'actions énergiques qui, après avoir décomposé et dis-
sous les divers minéraux précités, ont déposé sur les mêmes points des si-
licates magnésiens hydratés appartenant à l'espèce serpentine. Ces actions
ont été vraisemblablement produites par des eaux chaudes ou des vapeurs,
comme le remarque M. Dana.
M M. Daubrée ajoute que l'on connaît depuis longtemps la tendance que
certains silicates magnésiens hydratés, comme la stéatile et la serpentine, ont
eu à se substituer ii des sub.itances cristallines diverses, même à des espèces
aussi réh'actaires aux dissolvants que le quartz. Les localités de Goeplers-
gruu, près Wunsiedel, en Bavière; de Monzoni, eu Tyrol ; de Snarum, en
Norwége, sont bien connues des minéralogistes par les échantillons très-
( 232 )
intéressants qu'elles leur fournissent; mais aucun des gisements de pseudo-
morphes ne paraît plus insiruclif que celui que l'éminent minéralogiste des
États-Unis vient de décrire.
» De telles substitutions sont inexpliquables par les réactions que l'on
produit dans les laboratoires; mais elles rappellent celles que l'on est déjà
parvenu à produire dans l'eau fortement surchauffée, où l'on voit des
silicates anhydres et insolubles se décomposer avec la plus grande facilité,
et d'autres, comme le pyroxène, prendre naissance et cristalliser dans les
mêmes conditions. «
MÉMOIRES LUS.
CllIMin: ORGANIQUE. — Recherches sur les matières albuminoïdes ;
par M. P. ScHi'TZENBERGER.
(Commissaires : MM. Chevreul, Balard, Wurtz.)
« Ayant eu l'occasion d'observer une réaction dans laquelle l'albumine
et ses congénères se dédoublent par simple hydratation en produits presque
tous cristallisables et partant plus faciles à déterminer, j'ai pensé que l'exa-
men approfondi de cette réaction serait de nature à jeter un nouveau jour
sur l'histoire des matières protéiques.
» Ce sont les premiers résultats obtenus dans cetje voie que j'ai l'hon-
neur de soumettre à l'Académie des Sciences.
» Mes expériences ont particulièrement porté sur l'albumine de l'œuf
coagulée par la chaleur et bien lavée, ainsi que sur l'albumine purifiée par
le procédé de M. Wuriz, et coagulée ensuite.
» L'albumine coagulée, chauffée avec deux fois son poids d'hydrate de
baryte cristallisé et une quantité suffisante d'eau (i litre pour loo grammes
d'albumine sèche), commence par se dissoudre. Lorsque la température a
atteint le point d'ébullition, il se dégage de l'ammoniaque, en même temps
il se précipite du carbonate de baryte. Au bout de quelques heures, la
production d'ammoniaque et d'acide carbonique, abondante au début, se
ralentit et finit par s'arrêter à peu près complètement.
» En opérant à la pression ordinaire, à lOo degrés, la quantité d'ammo-
niaque, ainsi mise en liberté, après cent vingt heures d'ébullition, a été
trouvée égale à i^',7 pour loo d'albumine sèche (moyenne de plusieurs
analyses concordantes); la détermination du poids de carbonate de baryte
iormé conduit à ce résullat intéressant, que l'ammoniaque et l'acide car-
bonique dégagés sont exactement dans les rapports exigés par l'urée.
( 233 )
M Si, au lieu d'opérer à loo degrés, on chauffe dans un autoclave, entre
i/jo et i5o degrés, l'aclion est plus complète; on a trouvé, dans ce cas,
après un ou huit jours de chauffage, /|,i d'ammoniaque pour loo d'albu-
mine et 24,0 de carbonate de baryte; le calcul exigerait 23,7.
» Le précipité barytique formé pendant l'ébuUition contient, outre le
carbonate, ini peu d'oxalate et de sulfite de baryte.
M De ces observations résulte que la molécule de l'albumine contient le
groupement de l'urée et représente un uréide complexe. L'albumine doit
également renfermer un groupement analogue à l'oxamide, et lorsque, dans
sou beau Mémoire sur ce corps, M. Dumas établissait un rapprochement
fécond entre les matières animales et le nouveau composé qu'il venait de
découvrir, il se trouvait être plus près de la vérité qu'il ne le pensait peut-
être alors.
» Enfin une partie du soufre de l'albumine, celle que les alcalis n'en-
lèvent pas immédiatement sous forme de sulfure, est contenue à l'état de
dérivé sulfureux, et l'on est naturellement conduit à songer à la taurine de
la bile, que les alcalis bouillants dédoublent en sulfate et acétate. Ce rap-
prochement est d'autant plus permis que j'ai pu retrouver dans la liqueur
des quantités très-sensibles d'acide acétique.
» Revenons au liquide barytique, séparé par filtration du précipité de
carbonate et débarrassé par une ébullition assez prolongée de l'ammo-
niaque libre : il est jaunâtre, couleur de bière. La baryte en excès est
enlevée par un courant prolongé d'acide carbonique, et l'on constate qu'il
reste une quantité assez sensible de baryte retenue par un ou plusieurs
acides organiques. Cette baryte est exactement enlevée par de l'acide sid-
furique, et la solution filtrée est concentrée convenablement. Par le refroi-
dissement, elle se prend en masse cristalline. Les eaux mères fournissent
de nouveaux cristaux par concentration. 11 reste à la fin une dernière eau
mère sirupeuse, de saveur sucrée, relativement peu abondante, qui ne
cristallise plus que très-lentement, mais qui, évaporée à sec, peut encore
céder à l'alcool une notable quantité de produits cristallisables.
» Ces diverses cristallisations et le résidu ont été soumis à une analyse
immédiate attentive, contrôlée à chaque pas par l'analyse élémentaire. Si
dans mes investigations je n'étais arrivé qu'à des corps déjà connus, dont
la constitution est établie, le problème général de la constitution de l'al-
bumine serait résolu; mais ceci n'est encore vrai qu'en partie; à coté de
principes classés, j'ai rencontré d'autres corps pour lesquels il reste à faire
C. R., 1S7:, 1" Semestre. (T. LXXX, N» 4.) ^^
(234)
un travail spécial, plus simple il est vrai, qui fera l'objet de publications
ultérieures.
» Voici, en résumé, les résultats trouvés.
» Les cristallisations aqueuses successives renferment :
» 1° De la tyrosine, environ 5 pour lou; 2° de l'acide amido-œnan-
thylique, très-peu; 3° de l'acide amidocaproïque ou leucine, proportion
notable; 4° de l'acide amidovalérique, butalanine; 5" de l'acide amido-
butyrique.
» Avant d'aller plus loin, je ferai observer que l'albumine ne peut en
aucun cas être le résultat unique de l'union de la leucine et de ses ho-
mologues, comme on l'a avancé. En effet, la formule de l'albumine qui
représente le mieux les résultats des analyses est C'- PI"' Az**0"S. Si
nous enlevons l'urée trouvée et si nous remplaçons le soufre par une quan-
tité équivalente d'oxygène, nous aurons C'H"'* Az'' O"; enfin, en com-
plétant par addition d'eau l'oxygène qui manque pour le rapport Az"0-"
existant dans la leucine et ses homologues, on a C'°H**"'Az**0^% formule
dans laquelle il manque 38 atomes d'hydrogène pour qu'elle puisse repré-
senter un corps de la série C"H-"+' AzO= (leucine et homologues).
» L'expérience confirme ces considérations; en effet, à côté de la leucine
et de ses homologues j'ai pu isoler des corps cristallisés et définis qui en
différent par de l'hydrogène en moins.
» Le plus important par la niasse se trouve dans les eaux mères des pre-
mières cristallisations et s'obtient en évaporant celles-ci à sec et en épui-
sant par l'alcool absolu. La solution alcoolique concentrée laisse déposer
rapidement, par refroidissement, une masse cristalline formée de grumeaux
caséeux blancs. Ces cristaux, purifiés par plusieurs dissolutions dans l'al-
cool, ont donné :
Carbone 5o,o
Azote 13,6-4
Hydrogène 8,1-8,2
nombres qui conduisent à la formule C"Mi-'Az'0% que je ne donne ici
que pour traduire les analyses.
» Ce corps est sucré, très-soluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool ;
il |irécipite par le nitrate acide de mercure; la chaleur le volatilise partiel-
leinent. J'ai également rencontré deux autres corps sucrés cristallisant en
feuillets et en mamelons, jjrécipitables par le nitrate de mercure et donnan
les nombres de la leucine, moins 2 et 3 atomes d'hydrogène.
( 235 )
» Je ne me prononce pas encore définitivement sur la constitution de
ces produits : ou ce sont des termes d'une série parallèle à celle des acides
amidés de la série grasse, contenant moins d'hydrogène, telle que
C'II-"-' AzO-, ou ils représentent dos coinl)inaisons complexes delaleiicine
et de ses lioinologiics avec un acide plus riche en oxygène. J'ai, en effet,
rencontré au moins deux acides de cet ordre, et c'est à leur présence que la
baryte doit de ne pas être entièrement précipitée par l'acide carbonique. Ils
sont incristallisables ou difficilement cristallisables, déliquescents, et ne
précipitent que par le nitrate mercurique. Ces caractères rendent leur étude
et leur séparation très-délicates. L'un d'eux offre la composition d'un iso-
mère de l'acide aspartique déjà trouvé par Ressier dans les produits de
décomposition de l'albumine par l'acide sulfurique, mais il en diffère par
sa grande solubilité d.ins l'eau. Un autre, peu abondant, m'a fourni des
nombres correspondant à la formule d'un acide diamidocitrique.
» Quoi qu'il en soit, ces acides, qui, sans aucun doute, se rapprochent
des acides aspartique, glutamique, malamique, devront faire l'objet de
nouvelles recherches.
» Je dois encore signaler la production, dans cette réaction, d'une petite
quantité de dextrine. Je passe sous silence, en ce moment, un grand nombre
de produits intermédiaires, formés par un dédoublement incomplet, que
j'ai eu l'occasion d'étudier. Ces produits offrent cependant quelque intérêt,
parce qu'ils permettent de suivre le dédoublement progressif de l'albu-
mine eu corps de moins en moins complexes. J'ajouterai seulement que,
par une ébuUition de ime heure et demie à deux heures, avec de l'acide
sulfurique étendu, l'albumine se scinde en deux parties à peu près égales:
l'une soliibie, contenant C = 49» H = 6,8, Az=i4,5; l'autre insoluble,
contenant C = 53,3, H = 7,2, Az = x4,2.
» La première n'offre plus les réactions colorées caractéristiques des
matières albuminoïdes; la seconde les présente d'une manière nette. Trai-
tées par l'hydrate de baryte, elles donnent toutes deux les mêmes dérivés,
ammoniaque, acide carbonique, leucine, etc.; seulement la partie soluble
ne donne pas de tyrosine, tandis que la partie insoluble en fournit. C'est
donc au groupement tyrosique qu'ils renferment que les albuminoïdes
doivent leurs réactions colorées par l'acide azotique, le nitrate mercurique,
l'acide sulfurique et le sucre.
)) En résumé, l'albumine se dédouble par la baryte, entre 100 et i4o de-
grés, en fixant de l'eau, en acides carbonique, oxalique, sulfureux, acétique
et ammoniaque, éléments de l'urée, de l'oxamide et de la taurine; eu
3i..
( 236 )
tyrosine, en acides amidés de la série grasse, et en acides aniidés plus
oxygénés et moins hydrogénés. En dehors de ces termes, on ne trouve plus
rien de saillant.
» Les autres matières albuminoïdes se comportent comme l'albumine
et donnent des produits analogues; c'est surtout dans les proportions rela-
tives de ces produits qu'il faudra chercher la raison des nombreuses variétés
de ces corps si complexes et à équivalents si élevés. Je suis heureux, en
terminant, de pouvoir remercier publiquement mon préparateur, M. A.
Bourgeois, du zèle infatigable avec lequel il m'a secondé dans ces longues
recherches. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS
CHIMIE ORGANIQUE. — Jction de roxjgène éleclrotjtiqiie sur l'alcool
mélhylique ; par M. A. Renaud.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« L'alcool méthylique pur, soumis à l'action de l'oxygène électrolytique,
d'une façon identique à celle qui est indiquée pour l'alcool vinique (i), a
fourni des résultats à peu près semblables. Pendant l'action du courant, il se
produit toujours de l'hydrogène au pôle négatif, mais on constate en outre
qu'il se dégage sur la lame de platine, servant d'électrode négative, une
petite quantité d'un gaz, que l'on peut recueillir en disposant au-dessus
de celte électrode une éprouvetle remplie du mélange d'alcool et d'eau
acidulée.
)) La proportion de gaz qui se dégage ainsi est toujours très-faible, en-
viron 25 à 'So centimètres cubes, en opérant avec cinq éléments Bunsen.
Ce gaz ne contient pas d'oxygène, mais d est formé en grande partie d'oxyde
de carbone, d'un peu d'acide carbonique et d'une petite quantité d'un
gaz soluble dans l'eau, qui paraît être de l'oxyde de méthyle.
M En distillant l'alcool après son oxydation, et en traitant par du chlorure
de calcium le produit distillé, on obtient un liquide formé de formiatcî de
méthyle, de niétliylal et d'acétate de méthyle; il ne se produit pas d'al-
déhvdc méthylique.
» Ce mélange, traité par une solution concentrée de potasse caustique
à l'ébullition, dans un ballon muni d'un réfrigérant ascendant, afin de
(i) Comptes rendus, t. I^XXX, p. lo5.
( ^'^7 )
tli'composcr les éthors, donne par distillation du méthylal pur, houillanl à
42 degrés, que Ton n'a plus qu'à débarrasser de l'alcool mélhylique qu'il
peut contenir, par un traitement au chlorure de calcium.
» Le méthylal est, dans ces conditions, l'un des produits principaux de
l'oxydation de l'alcool nictliylique, et ce procédé permet d'en obtenir des
quantités assez considérables.
» Si l'on fait usage d'alcool niéthylique du commerce, il faut, après
l'action de la potasse, ajouter au produit distillé une solution concentrée
de bisulfite de soude, afin de le débarrasser de l'acétone qui l'accompagne.
» En opérant avec de l'alcool méthylique pur, il ne se produit jamais
d'acétone.
M La potasse provenant de la décomposition des éthers, saturée par de
l'acide sulfurique et distillée, donne un mélange d'acide formique et d'a-
cide acétique, dont on peut aisément constater la présence en saturant exac-
tement ce mélange acide par de la potasse, le précipitant par le nitrate
d'argent et faisant bouillir. Il se produit une abondante réduction d'argent
avec dégagement d'acide carbonique, par suite de la décomposition du
formiate d'argent, et la liqueur bouillante filtrée donne, par le refroidisse-
ment, des cristaux d'acétate d'argent.
» On peut, du reste, constater directement la formation de l'acide acé-
tique dans l'oxydation de l'alcool méthylique, en soumettant le liquide pri-
mitif à des distillations fractionnées; les dernières portions, bouillant vers
5G degrés, ne renferment plus que de l'acétate de méthyle.
)) Cette transformation de l'alcool méthylique en acide acétique se com-
prend, du reste, aisément en considérant, comme l'a fait Gerhardt, l'acétyle
comme du méthyl-formyle CH^CO.
» On peut admettre en effet que, sous l'influence de l'oxygène naissant,
l'alcool mélhylique se transforme d'abord en eau et oxyde de carbone,
dont une petite portion se dégage à l'état de liberté, mais dont la m;ijeure
partie, se trouvant à l'état naissant, réagit sur une autre molécule d'alcool
pour former de l'acide acétique.
'^J['!o+ 20= 2TPO + CO,
C0 4-^">=^";^^!0.
"1 ri '
M Quant au résidu de la distillation de l'alcool mélhylique oxydé, il
renferme de l'acide mélhylsulfurique, et j'ai pu constater, comme je l'ai fait
pour l'alcool vinique, en opérant à froid et avec de l'acide sulfurique très-
( 238 )
étendu, que la production de cet acide méthylsulfnrique était due à l'oxy-
dation de l'alcool et non à l'action directe de l'acide sulfurique.
» Dans une prochaine Communication, j'aurai l'honneur de soumettre à
l'Académie le résultat de mes expériences sur l'oxydation de la glycérine. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — De lajlamme du soufre et des diverses lumières utilisables
en photographie. Note de IMM. Alf. Riche et Ch. Bardy, présentée par
M. Peligot.
(Commissaires: MM. Peligot, Fizeau, Edm. Becquerel.)
« MM. Delachanal et Mermet ont publié dans les Comptes rendus (i)
une Note très-intéressante, dans laquelle ils donnent la description d'iuie
lampe à sulfure de carbone et à bioxyde d'azote, qui produit d'une ma-
nière continue une lumière très-photogénique, qu'on n'avait obtenue
jusqu'à ce jour que d'une façon intermittente et pendant quelques instants.
Elle consiste essentiellement en un flacon de verre renfermant du sulfure
de carbone, dans lequel on dirige un courant de bioxyde d'azote, et en un
tube métallique, rempli de paille de fer pour éviter les explosions, tube à
l'extrémité duquel on enflamme le mélange.
M Cette question présente un grand intérêt, parce que l'agrandissement
des épreuves photographiques s'opère fréquemment au moyen des lumières
artificielles, que c'est seulement à leur aide qu'on peut reproduire des
scènes de nuit, des localités obscures, et qu'il est des pays, encore moins
favorisés du soleil que le nôtre, où, pejidant une grande partie de l'année,
la lumière naturelle est insuffisante; aussi comprend-on que celte publi-
cation ait été traduite immédiatement dans plusieurs recueils anglais. Elle
a été suivie de critiques dans lesquelles on prémunit les opérateurs contre
les dangers d'explosion que présente cet appareil.
» Ces considérations, dont nous avions été frappés nous-mêmes, nous
ont donné la pensée d'examiner ce sujet à nouveau, de chercher les moyens
de parer à ces dangers, soit en modifiant la manière d'opérer, soit en sup-
primant l'emploi du sulfure de carbone, et de comparer entre elles les di-
verses flanunes qui, par leur éclat ou par leur nature, impressionnent les
sels d'argent.
» I. Nous sommes partis de celte idée tonte naturelle que la flamme au sulfure de carbone
et au bio.xyde ne doit pas sa puissance ])Iiotogénique au charbon qui brûle avec une flamme
(i) TomcLXXIX, page 1078.
( 239 )
blanc jaunâtre, mais au soufre, dont la lumière de combustion est d'un bleu tris-pur.
Pour réaliser cette idce, nous avons fondu du soufre dans un tèt en terre de 5 centimètres
de diamètre et, quand il a été embrasé, nous avons dirigé sur le bain un jet, aussi ver-
tical (jue possible, d'oxygène contenu dans un gazomètre, au moyen d'un tube à gaz légè-
rement effdé: nous avons produit ainsi une flamme bleue continue qui a vivement impres-
sionné le bromure d'argent, comme on le verra dans le tableau qui contient nos résultats
comparés.
» Si l'on chauffe dans un têt du nitrate de potasse à la température à laquelle il com-
mence à se décomposer, et qu'on y projette des fragments de soufre, la lumière est très-
éclatante, mais blanche et douée d'une activité photogénique moindre que la précédente.
u II. Nous avons substitué, dans une seconde expérience, le sulfure du carbone au soufre
en dardant le jet d'oxygène sur le sulfure allumé dans le tét. Ce liquide entre en caléfaction
et brûle sans explosion avec une lumière bleue, analogue à la précédente.
» III. Nous avons remplacé, dans un troisième essai, l'oxygène par le bioxyde d'azote.
L'opération était disposée comme les deux premières ; le gaz était dans le gazomètre où
nous avions auparavant l'oxygène ; le tube abducteur et le tèt étaient les mêmes. La lumière
obtenue a la même apparence que les précédentes, mais nous verrons plus loin que sa
puissance photogénique est moindre.
" Il est clair qu'il n'y a pas d'explosion à ledouter quand on opère de cette manière avec
le sulfure de carbone, parce que les corps réagissants ne sont pas enfermés dans un appa-
reil, et que le jet d'oxygène ou de bioxyde d'azote rencontre le sulfure à la surface d'un bain
largement étalé à l'air.
« On comprend toute l'importance de la substitution de l'oxygène au bioxyde d'azote,
soit parce que ce gaz est plus facile à préparer et plus économique, soit parce qu'il ne donne
pas de vapeurs dangereuses à respirer.
» IV. Nous nous sommes proposé ensuite de comparer, autant que possible, les lumières
précédentes, obtenues sans risque d'explosion, avec la lumière donnée par un courant
d'oxygène ou de bioxyde d'azote sur du sulfure de carbone enfermé dans un vase.
» Le gaz, après avoir traversé un flacon rempli de pierre ponce imprégnée de sulfure de
carbone, passait à travers un long tube en verre contenant de la paille de fer, puis il était
allumé à l'extrémité d'un tube métallique d'un calibre plus fort que le tube des expériences
précédentes par lequel on dardait l'oxygène ou le bioxyde.
• Nous avions pris, avec l'oxygène, la précaution d'entourer le flacon et le tube avec des
tapis, précaution qui ne fut pas inutile, car dès qu'on approcha le feu la flamme rétrograda
dans l'appareil, qui vola en éclats, et le sulfure de carbone prit feu.
» L'expérience réussit parfaitement avec le bioxyde d'azote et le sulfure de carbone, et
le bromure d'argent fut vivement impressionné, mais avec une intensité moindre que dans
l'expérience de combustion du soufre par l'oxygène (expérience I). Toutefois nous ferons
remarquer que cette expérience n'est pas comparable aux précédentes comme celles-ci le
sont entre elles, parce que la forme des flammes est différente et que le débit du mélange
gazeux a pu être entravé par la paille de fer et pai- la pierre ponce, effet «pie nous avions
voulu contre-balanccr en augmentant le calibre du lube de dégagcuieul.
« Nous avons enfin comparé les flammes au soufre et au sulfure de carbone avec la
lumière c)xyhydrique obtenue en carburant le gaz de l'éclairage avec du pétrole léger, avec
( 24o)
la lumière Drummond, celle du magnésium, et la lumière que donne le zinc fortement
chauffé dans un jet d'oxyyène.
» Pour apprécier l'aclivilé chimique de ces lumières, nous avons exposé à leur action,
dans des conditions identiques, les excellentes glaces sèches au bromure d'argent fabriquées
par M. Stebbing, qui a bien voulu préparer pour nous une grande glace qu'il a découpée
en lamelles de 2 centimètres de largeur sur 10 centimètres de longueur.
» Les expériences définitives, dont le tableau suivant lésume les résul-
tats, ont été faites toutes le même soir. Les plaques sensibles étaient à
5o centimètres de la source de lumière, et l'exposition durait soixante se-
condes que l'on mesurait avec un chronomèlre.
)) Les plaques sensibles étaient enfermées dans un châssis, sous un écran
formé de dix feuilles de papier ciré superposées, de 2 centimètres de large
et de longueur variable. L'une avait 10 cenlimètres, el, par conséquent,
elle recouvrait exactement la plaque sensible; la deuxième en avait 9, la
troisième 8, et ainsi de suite, de telle sorte que la dixième feuille n'avait
que I centimètre de longueur. Ces feuilles étaient serrées entre une lame
de verre d'un côté, et une lame de corne de l'autre; celle-ci portait en noir
les chiffres de i à 10, disposés à égale distance, de façon que le chiffre i
fût sous la partie correspondant à uiîe seule feuille, et le chiffre 10 sous la
partie correspondant aux dix feuilles superposées.
» On obtient ainsi un écran dont l'opacité est proportionnelle au nombre
de feuilles superposées et se trouve indiquée par les chiffres. Si, par
exemple, on n'aperçoit, après une expérience, que les chiffres i et 2, et
que dans une autre on voie les chiffres i, 2, 3, 4> 5, on en conclut que la
puissance photogénique de la seconde lumière est à celle de la première
comme 5 est à 2.
» Toutes les plaques ont été développées ensemble; chaque essai a été
exécuté en double. Le tableau suivant résume les principaux résultats :
CliilTros visibles.
Natuic do [-,1 lumiéi'O. " ■■■ ^ —
Essai n" 1. Essai n" 2.
Lumière oxyhydriquc i i
Lumière Drummond 3 3
Zinc brûlant dans l'oxygène >■ 4
Lampe à magnésium 5 5
Courant de bioxyde d'azote dans un flacon contenant du sulfure
de carbone 6 6
Jet de bioxyde d'azote sur un têt contenant du sulfure de carbone. 6 7
Jet d'oxygène sur un tét contetiant du sulfure de carbone 7 7
Jet d'oxygène sur un tét contenant du soufre ^ ^
( 24l )
» En conséquence, c'est la lumière obtenue par l'action de l'oxygène
sur le soufre qui nous a paru doute de la plus grande activité sur le bro-
mure d'argent, et nous n'hésitons pas à en recommander l'essai dans la
pratique. Elle n'offre aucun danger d'explosion. Elle est peu dispendieuse,
cur elle n'exige qu'un tét en terre où l'on allume du soufre, et un sac
rempli d'oxygène, gaz que chacun peut fabriquer aisément chez soi et qui
se trouve aujourd'hui dans le commerce.
» On augmentera à volonté la surface de combustion en remplaçant le
petit têt dont nous avons fait usage par un vase allongé dans lequel on
lancera de l'oxygène par plusieurs becs pris sur un même tube de métal.
» Ce procédé présente un inconvénient commun à toutes les méthodes
au sulfure de carbone : c'est l'odeur suffocante du gaz sulfureux. Cet incon-
vénient s'évite facilement dans un laboratoire où l'on se place sous la hotte
d'une cheminée; il n'est pas à craindre dans les localités spacieuses, mais
il faut compter avec lui dans un appartement ordinaire. On y remédiera
en disposant au-dessus du vase un large entonnoir communiquant avec une
cheminée par lui tuyau dans lequel on détermine un appel par une lampe
ou un bec de gaz placé dessous un tube latéral, ou mieux en opérant la
combustion dans une cage vitrée mise en communication avec une che-
minée. »
M. Haton de L.i GoupiLLiÈRE soumct au jugement de l'Académie, par
l'entremise de M. Puiseux, un Mémoire intitulé « Développoïdes directes et
inverses, d'ordres successifs »,
(Commissaires : MM. Chasles, Bonnet, Puiseux.)
M. H. DE Kérikcff adresse une Note intitulée « Sur la constance de la
réfraction apparente, quels que soient les mouvements de la source lumi-
neuse et du corps réfringent ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. W. DE Maximovitch adresse une Note portant pour titre « Exemples
pour servir d'application à la réduction des équations aux différences par-
tielles à des équations différentielles ordinaires » .
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
C. R.,iS75, 1" Semestre. (, y. LXXX, N" 4.) ^^
( 2'|2 )
M. DÉCLAT adresse, pour le Concours du prix de ]\Iédecine et Chirurgie,
une nouvelle Note relative au traitement du charbon.
(Renvoi à la Commission.)
M. D. LoxTix adresse une nouvelle Noie relative aux modifications
apportées par lui aux machines dynamo-électriques, et à la machine de
M. Gramme, en particulier.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Fizeau, Jamin, Bréguet. )
M. Lecakeux adresse une Note relative à un traitement de choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. E. Anninos adresse un Mémoire relatif à la direction des aérostats.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
MM. HcMMERicii, BocRQUELOT, Ghaperox, Hevduck, Robi.\son adrcsseut
diverses Communications relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agricultdhe et du Commerce annonce à l'Académie
qu'il met à sa disposition une nouvelle somme pour les expériences rela-
tives au Phylloxéra.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
correspondance :
i°Le premier volume de la collection des « Ports maritimes de France »,
publiée par le Ministère des Travaux publics (t. I, de Dunkerque à Élretat);
2" Une Notice biographique sur les travaux de feu J.-B.-J. d'Omalius
d'Halloy;
'i° La collection des Rapports officiels du D'" J. Guyol, sur la viticulture
des différentes régions de la France, en onze fascicules. Cet ouvrage, de-
venu rare dans la librairie, est offert par M. Larrey, couune pouvant être
utile aux recherches actuelles sur la question du Phylloxéra.
( 243 )
MM. E. Bertin, a. Ollivier, Byassox, Woili.ez, J, Vesqite adressent
des remcrcunents à l'AcadcMiiic, pour les distinctions dont leurs travaux ont
été l'objet dans la dernière séance solennelle.
L'Académie reçoit une nouvelle Lettre de MM. Aîîdré et Axcot, du
4 novembre 1874. annonçant leur installation définitive à Nouméa, pour
l'observation du passage de Vénus.
M. le Ministre des Aff.ures ÉTR.\xr.i:REs transmet à l'Académie des
documents qui lui sont adressés par M. le Consul de France à Manille, sur
l'observation du passage de Vénus, faite à l'Observatoire de l'Athénée mu-
nicipal, par les R. P. jésuites. M. le Consul, en adressant les résultats
numériques des observations, tels qu'ils sont fournis par un journal de la
localité, annonce l'envoi prochain de dix épreuves photographiques, ob-
tenues pendant le passage.
ASTRONOMIE. — Rapport sur T observation du passage de Vénus. Extrait d'une
Lettre de M. Uéraud (i) à M. Dumas, Président de la Commission.
0 Saigon, 18 décembre 1874.
» J'ai l'honneur de vous rendre compte de l'observation du passage de
Vénus, fi<ite à l'Observatoire de Saigon.
» L'opération a été favorisée par un beau temps que je n'osais plus trop
espérer, car les pluies avaient repris d'une façon inattendue dans les pre-
miers jours de décembre, et de plus, depuis le jour de l'observation, le
temps est resté constamment couvert ; mais la journée du g et la nuit pré-
cédente ont été belles, la nuit suivante assez belle, et l'état des chrono-
mètres a été déterminé sans indécision.
» Je me bornerai aujourd'hui à vous rendre compte derobservatiou du
passage proprement dite ; je fais recopier pour les adresser les observations
faites à la lunette méridienne, et je joindrai à ce second envoi les rensei-
gnements et les dessins qui me paraîtraient de nature à intéresser la Com-
mission du passage de Vénus.
( i) Conformément au désir exprimé par plusieurs Membres de l'Académie, en insérant en
entier le très-intéressant rapport de M. Héraud, nous avons supprimé l'indication des
instants précis de l'entrée et de la sortie. Ces documents imiiortanls seront réunis aux
résultats obtenus dans les autres stations et la Conunibsion du jjussage de Vénus détermi-
nera répo<|ue et le mode de publication.
32..
{ 244 )
» Quelques jours avant l'observation, j'avais pu m'adjoindre comme
collaborateur M. Bonifay, enseigne de vaisseau, qui m'a prêté le concours
le plus utile dans les déterminations préliminaires, et a fait l'observation
des contacts avec une petite lunette appartenant au Dépôt de la Marine.
') L'observatoire de Saigon a été bâti en 1862, pour les besoins de l'by-
drographie ; sa situation alors excellente laisse aujourd'hui à désirer, par
suite du développement de la ville, mais tel qu'il est, il offre un avantage peu
commun en Cochinchine, c'est une stabilité éprouvée. Il comprend deux
pièces juxtaposées : à l'ouest, une petite salle méridieinie très-bien aérée;
à l'est, une salle de chronomètres, recouverte par une voûte formant ter-
rasse, à 6 mètres au-dessus du sol et à 16 mètres au-dessus du niveau moyen
de la mer. C'est sur cette terrasse que j'ai fait monter la lunette de G pouces
que la Commission a bien voulu m'envoyer.
» La longitude et la latitude de l'Observatoire ont été l'objet de plu-
sieurs déterminations concordantes ; le Bureau des Longitudes a adopté la
position géographique suivante, qui résulte des observations faites en 1869,
par mon collègue, M. Hatt :
Latitude io''46' 4»" Nord.
■ ■ io4°2i' 00' j ^ , „ .
Loncitude. . . . l ,., _ , > Est de Pans.
>• Avec les ressources qu'offre l'arsenal de Saïgon, et surtout grâce au
concours de M. Dupré, ingénieur des Constructions navales, j'ai pu réaliser
assez simplement une monture équatoriale poiu' la limette. L'axe horaire
a été emprunté à un télescope d'Eichens, que la colonie possède, et qui
s'est trouvé malheureusement en trop mauvais état pour pouvoir être em-
ployé; l'axe de déclinaison en bronze a été fondu et tourné dans l'arsenal^
il fait corps avec un collier saisissant, non pas directement la lunette, ce
qui ne l'eût soutenue que par un point et eût provoqué des flexions, mais
une caisse rectangulaire formant ime double enveloppe et embrassant la
lunette en deux points voisins des extrémités. Des contre-poids assurent
l'équilibre du système dans une position quelconque; l'axe de déclinaison
peut être rendu immobile par un écrou et une rondelle, placés à l'opposé
de la lunette. Les coussinets de l'axe horaire sont supportés par deux
fortes pièces de bois verticales fixées sur la plate-forme de la terrasse, et
dont la direction relative et les hauteurs sont telles, que l'axe horaire est
autant que possible parallèle à l'axe du monde. La pièce empruntée au
télescope se trouve beaucoup plus forte qu'il n'eût été nécessaire, ce qui a
< 2/, 5 )
conduit à rendre la monture très-massive : elle n'eu est que plus stable ;
elle est entièrement exempte de vibrations, et par la disposition des contre-
poids elle est Irès-maniable.
Il Des montants disposés autour de la terrasse supportent des rideaux
de toile flotlanle qui isolent l'observateur sans entraver entièrement la
circulation de l'air. Ces rideaux, ne s'élèvent, d'ailleurs, qu'à 2 mètres au-
dessus de la plate-forme et, comme le centre de la lunette est à 2"',5o, celle-
ci se trouve presque entièrement à l'air libre. Une toile mobile formant
tente permet d'abriter, quand on n'observe pas, la lunette dont les extré-
mités sont en outre protégées par de fortes capotes en toile.
M Vers le i5 novembre cette installation était terminée, et je pouvais
m' exercer au maniement de la lunette; je constatais qu'elle était d'un usage
fort commode. Et en effet, si, après l'avoir dirigée sur'le Soleil, on fixe
l'axe de déclinaison, il suffit de la soulever ou de l'abaisser avec la main,
ce qui se fait sans effort, pour qu'elle suive l'astre et nièm(> la partie de son
limbe qui a été visée.
» Je faisais en même temps des essais pour argenter l'objectif. Avant de
quitter Paris, en novembre 1873, j'avais dû à l'obligeance de MM. Wolf,
Martin et Eicbens, de voir argenter, à l'Observatoire de Çaris, un miroir
de télescope; ici, j'ai trouvé chez M. Égasse, pharmacien en chef de l'hô-
pital, un concours dévoué et bien nécessaire pour des manipulations avec
lesquelles je suis peu familier. Nous étions arrivés, non pas à des résidtats
parfaits, mais à des résultats peut-être suffisants, quand, en essayant l'ob-
jectif demi-argenté, je nie suis trouvé en présence d'une difficulté imprévue.
Les deux verres colorés qui accompagnent la lunette sont tres-foncés, sur-
tout avec de forts grossissements; et il m'est arrivé dans ces essais, quand
il y avait de légers nuages, circonstance très-fréquente ici, de ne pouvoir
regarder le Soleil ni à travers Ja demi-argenture toute seule, parce que
l'éclat était trop vif, ni en em])loyant le plus clair des verres bleus, parce
que l'image était éteinte, et cela avec une couche d'argent très-faible.
Comme d'ailleurs cette argenture ne me satisfaisait pas pleinement, que je
redoutais de fatiguer l'objectif en le soumettant à des épreuves réitérées, je
me suis décidé, non sans regret, à supprimer la couche d'argent. Je gagnais
à cela l'avantage de pouvoir mettre la hnielte au point sur les étoiles, ce
qui est bien plus précis que d'em|)loyer les taches du Soleil ; je remarquais
que le point une fois pris sur les étoiles donnait des images nettes de taches,
et cependant si, en déplaçant l'oculaire, je cherthais sur les taches mêmes
la position donnant la plus grande netteté, je lond)ais tantôt en deçà, tantôt
( 246 )
au delà du premier point. Il ne m'était pas possible d'employer le procédé
plus exact de la mise au point au moyen d'un réticule maintenu dans le plan
focal. Les oculaires tle la lunette sont négatifs, et, par suite, elle ne peut
recevoir un réticule indépendant de l'oculaire. Je me suis borné en consé-
quence à rechercher la position du tube de l'oculaire,* donnant pour une
étoile l'image la plus réduite possible; j'ai renouvelé l'opération bien sou-
vent, avec des étoiles placées à diverses hauteurs, et j'ai obtenu un point
presque invariable, que j'ai vérifié le matin même de l'observation.
» I/image, bien ueltemeut frangée, que j'ai obteiuie pour Vénus, me fait
penser que cette position de l'oculaire, qui était déterminée sur le minimum
d'aberration, ne différait pas notablement de la position correspondant
au vrai plan focal.
» Pour le grossissement, je m'étais arrêté dès le début à l'oculaire don-
nant le chiffre i55, avec des grossissements supérieurs; les images étaient
très-ondulantes et peu nettes.
» Les différentes circonstances du phénomène, calculées pour Saigon
avec les données de la Connaissance des Temps, forment le tableau suivant :
Heures T. moyen
de Saigon.
t] m s
( i"bbrcl. 8 déc. 20.57,2
Entrée. { , , ,
[ a" bord. » 21.24,0
i'"boi(l. g doc. 1.08,9
2'- bord. » 1.36,5
Sortie .
Hauteur
Azimut
Angle pûle.
Angle zénith.
(lu Soleil.
du Soleil.
5o" 4 NE
io6°42 E
35"35
S 5l".26 E
44.10 KE
95.17 E
40.35
S 46.55 E
i5.38 NO
46. 3i 0
5i.36
s 28.53 E
21. 9 NO
61.21 0
42.19
s 37.16 E
» Ces chiffres m'avaient été très-utiles pour faire disposer la lunette de
manière que sa position fi^it la plus commode possible au moment de l'en-
trée et de la sortie.
I. M. Bonifay s'était établi dans le jardin à 20 mètres à l'ouest de l'Ob-
servatoire, sa petite lunette, montée en allazimut, reposant sur une table
massive, et pendant les jours qui ont précédé l'observation définitive nous
cherchions à l'heure même des contacts, quand le Soleil était visible, à bien
placer les lunettes, et en même temps nous exercions les aides qui devaient
enregistrer les tojis à suivre l'heure sur les chronomètres et à l'inscrire.
Toutes les précautions avaient été prises pour que nous ne fussions point
troublés.
)) La nuit du S décembre avait été très-belle. Entre 5 et 6 heures du
matin je pouvais rectifier le point de la lunette sur la dernière étoile bril-
lant dans le ciel, c'était l'Epi de la Vierge; Jupiter en était très-jiroche et
( 2/,7 )
j'obtenais des images très-nettes de la planète et de ses satellites. A 7 heures
la lunette pointée sur le Soleil donnait des images très-calmes.
» Le ciel était un peu teinté de blanc et parsemé de légers nuages; au-
cun de ceux-ci n'est venu voiler le Soleil, dont l'éclat est resté invariable
pendant les observations. La pluie dos jours précédents avait rab;ittu la
poussière que je redoutais beaucoup; une rosée abondante s'était déposée
pendant la nuit, le temps était presque calme et seulement rafraîchi par
une légère brise du nord-est. La température extérieure à l'ombre s'est
maintenue entre 23 et 26 degrés; dans l'enceinte en toile de la terrasse,
elle a atteint jusqu'à 36 et 37 degrés. Le baromètre a donne de 739 à
761 millimètres.
» Une demi-heure avant l'entrée nous comparions les chronomètres des-
tinés à l'observation à la pendule sidérale et à trois bons chronomètres
suivis depuis plusieurs jours. La même opération a été répétée après l'en-
trée ainsi qu'avant et après la sortie. Les états déduits de ces compa-
raisons pour les chronomètres sur lesquels ont été donné les tops sont
très-concordants, et Ion peut attendre que l'erreur sur l'heure absolue
n'atteint pas \ de seconde.
1) Pendant l'observation, chacun de nous donnait des tops et dictait des
indications sommaires qui ont été complétées tout de suite après. C'est
d'après ces notes que nous avons rédigé les procès-verbaux des ob-
servations, en nous efforçant de décrire le mieux possible ce que nous
avions vu.
» Je transcris ces deux procès-verbaux; les heures sont doimées en
temps moyen de Saigon.
Observation de M, HÉRAnn.
(Objectif de 160 millimètres; grossissement, i55.)
a Entrée. — Quelques minutes avant l'heure calculi'-e du premier contact, la lunette est
dirijjée sur le Soleil ; les images de taches sont assez calmes, mais le bord un |)cu ondulant.
En tenant compte de l'étendue du champ et de ia direction est et ouest donnée par le mou-
vement de la lunette autour de l'axe horaire, je place au milieu du chami) la |)arlie du limbe
où doit se faire l'entrée.
» Un léger trouble se manifeste sur le limbe et une minute après l'heure calculée, à 50'' 58'",
l'échancrure est très-visible; je ia plate et la maintiens au milieu du champ. L'image est
très-nette, noire, d'une teinte uniforme, depuis le centre jusque très-près des bords où une
ligne de franges très-régulières donne à l'échancrure comme une apparence de creux; la
séparation des franges et de l'image noire me paraît peut-être plus nette que celle des franges
et de l'image lumineuse du Soleil.
» A 21'' i"]'", la planète étant déjà entrée de plus de deux tiers, je remarque que la partie
( S14B)
extérieure de son limbe est nettement indiquée par un filet lumineux pâle qui, réuni aux
franges de l'image intérieure, dessini- un rond pai l'ail. IS'e m'altondanl pas à ce phéiiomùne,
je ne puis noter l'instant précis de son apparition-, l'heure ci-dessus est donnée à i minute
près.
» L'écliancrnic s'arrondit de plus en plus, je suis le rappiocheinent régulier des pointes
brillantes du croissant solaire; à un uionient donné, ces pointes me paraissent immobiles. Je
nevois])lus la petite auréole extérieure, la ])artie noire de l'échancrure me paraît absolu-
ment ronde et tangente à la ligne fictive qui fermerait le bord du Soleil. Je donne un top et,
perdant de vue les franges, je crois un m.onient que le contact s'est produit et qu'il est per-
turbé par la goutte noire. Je regarde avec attention, et 20 secondes plus tard je note l'ap-
parition entre l'image noire et le fond du ciel d'une lueur très-pàle teintée de noir en son
milieu; cette lueur, qui arrive comme une transition entre l'obscurité et la lumière, s'a-
grandit et s'anime, et, en même temps, la petite tache noire devient plus petite. Je la signale
comme formant une sorte de pont obscur entre le boid des astres qu'elle laisse cependant
distincts; elle disparaît presque aussitôt, et le filet lumineux est dépouillé de tout trouble, les
franges reprennent leur netteté autour de la planète. Les phénomènes de l'entrée sont ac-
complis . .
» Sortie, — Les images sont moins calmes que dans la matinée, mais encore nettes;
l'image de la planète est toujours bien frangée.
» La planète se rapprochant de plus en plus, je suis attentivement le filet lumineux. Je
signale successivement l'apparition d'un filet lumineux très-faible, puis celle d'un filet lumi-
neux presque nul. Le filet très-pàle est teinté de noir comme dans la matinée, et ressemble
à ce qu'il était lors de son apparition à l'entrée; mais je n'ai pas revu le ligament plus net
signalé dans la première observation. Toute apparence lumineuse disparaît : c'est Vinstant
du contact; la partie noire de l'image de Vénus est à une dislance appréciable du bord du
Soleil; peu d'instants après, cette distance me paraît nulle, et l'échancrure noire semble
tangente au bord du Soleil; les cornes du croissant s'éloignent, mais sans prendre tout de
suite l'acuité qui conesiioiid à une intersection géométrique; je les signale comme étant un
peu émoussées, et ce n'est que trente-trois secondes plus lard que l'échancrure me paraît
bien nette.
» Je ne vois ])lus à la sortie le limbe lumineux extérieur ; la séparation des astres s'opère
sans présenter de phénomène particulier; l'échancrure diminue graduellement et, autant
que les ondulations du bord du Soleil me permettent de l'apprécier, je constate sa dispa-
rition totale
Observation de M. Bonifay.
« La lunette dont je me suis servi est de la maison Secrétan ; elle a un objectif de 55 milli-
mètres d'ouverture et un grossissement de 63.
" La mise au point sur les étoiles et sur les taches du Soleil s'opérait sans difficulté et
<lonnait des images tiès-netics. C'est cette mise au point (pii a été adoptée pour l'obser-
vation.
( 249 )
>i J'ai pu, après l'observation, déterminer, avec la lunette méridienne prise coimuc colli-
mateur, la mise au point sur le plan focal. Klle exigeait que le tuljc de l'ofuluirc fut légè-
rement moins enfoncé que la mise au point sur le cercle maximum d'aberration.
•> L'observation a été fuite, dans le jardin de l'Observaloiro, avec cette lunellt', uiuniéc
en altazimut, sur une table massive, à 20 mètres à l'est de l'Observatoire.
» Entrée. — Quand la planète se projette sur le Soleil, je constate que l'image est noire,
de teinte ])arfaitcraent uniforme et à contours très-nets; elle conserve ce même aspect pen-
dant toute l'observation.
■> A 2i''i8'", temps moyen de Saigon, le coulour de Vénus extérieur au disque solaire
s'illumine légèrement, à commencer par le bas de l'image, qui rcsle constamment plus
visible que le haut. La circonférence planétaire paraît ainsi complétée d'une manière très-
visible sur le ciel par cet arc lumineux qui semble la continuer exactement.
» Cet effet subsiste quand la planète avance; peu à peu le discpie solaire, entre les bords
voisins des deux astres, devient de plus en plus obscur à côté du futur point de contact.
Quand le moment du contact approche, on ne distingue plus le bord du Soleil, (pii jus-
qu'alors se prolongeait nettement jusqu'au disque planétaire; les deux cmues tle l'écl-.an-
criiie sont sé|)arées de Vénus par un intervalle oLsciir; mais je continue à voir le bord de
la planète, qui reste légèrement lumineuse. Cette circonférence lumineuse me paraît tan-
gente au bord du Soleil, prolongé par la pensée dans l'ombre; c'est le moment qui me
semble être celui du contact. La planète s'éloigne du bord du Soleil, laissant obs< ur l'inter-
valle qui les sépare; un filet lumineux vient compléter la circonférence du Soleil en n.iinis-
sant les deux cornes de l'échancrure; l'ombre qui persiste entre Vénus et le Soleil r.'est
complètement dissipée que vingt-trois secondes plus tard
» Sortie. — Les images sont ondulantes; néanmoins, comme le matin, les contours de
la planète sont bien tranchés; sa teinte est uniformément noire. Quand Vénus s'a])procbe
du Soleil, une ombre s'étend entre les deux astres; le bord du Soleil se rompt en deux
cornes au point où doit s'effectuer la sortie, et les contours des deux astres en ce point
deviennent invisibles. Je ne puis juger du uinmenl du contact qu'en l'appréciant de mon
mieux, en continuant par la pensée les parties invisibles des circonférences; de même, dans
une observation au sextant d'une hauteur de Soleil, si le bout de l'astre est en partie masqué
par un petit nuage, il arrive qu'on cherche à obtenir le contact au juger.
>' Quand la planète commence à émerger, j'examine si sa circonférence devient lumi-
neuse, comme le matin : le phénomène ne parait pas se re|)roduire. L'échancrure diminue
de plus en plus; peu à peu les ondulations du Soleil rendent son observation difficile, elle
devient enfin invisible
» Je n'ajouterai que quelques remarques à ces descriptions, que nous
nous soitimcs efforcés de faire exactes et minutieuses.
» Ce qui nous a le plus frappés, c'est l'apjiarition inattendue poin- nous
(l'une auréole Itiiniiieuse dessinant extérieurement le limbe de Vénus avant
l'entrée complète. On peut dire que celte apparition s'est faite en même
0. R., 1875, 1" Semestre. (T. LXXX, N" 4.) ^^
( a5o )
temps pour les deux observateurs. M. Bonifay a remarqué que cette au-
réole était un peu plus large daus sa partie inférieure; je n'ai pas noté
ce détail, mais j'ai bien le souvenir que, en effet, cet arc lumineux n'a-
vait pas une épaisseur partout égale et qu'il ressemblait à un croissant
extrêmement mince. Pour M. Bonifay, l'arc lumineux a persisté jus-
qu'au moment du contact et peut-être jusqu'après ce moment, tandis que
pour moi il avait disparu; je dois dire que, préoccupé de l'observation du
contact, j'avais un peu perdu de vue la petite auréole, et je n'ai pas noté
l'instant de sa disparition; ce que je peux dire, c'est que je ne la voyais
plus au moment où, les cornes du croissant ne bougeant plus, j'ai donné
mon premier top. A la sortie, le phénomène ne s'est plus reproduit ni pour
l'un ni pour l'autre.
» Pendant le reste de l'observation, nous n'avons eu à noter que des
phénomènes prévus.
» Le bord bien nettement frangé, obtenu jjour Vénus après la mise au
point sur les étoiles, me fait penser que la grande lunette était à peu près
exempte d'aberration, et je ne crois pas cependant avoir complètement
échappé aux perturbations qui masquent le contact, surtout à l'entrée;
l'apparition du filet lumineux a été pour ainsi dire graduelle; de plus,
comme je l'ai dit dans le procès-verbal, la séparation de l'image noire et
des franges était plus nette, aussi nette au moins que la séparation des
franges et de l'image lumineuse du Soleil, et j'ai eu quelque peine à me
défendre de considérer comme le bord de Vénus la limite de l'image noire,
d'autant plus que ces franges n'ont reparu que très-lentement au point où
le contact s'était fait ; et c'est ainsi que j'avais noté d'abord à l'entrée le
moment où la partie noire de l'échancrure me paraissait ronde et tangente
au Soleil.
» A la sortie, la disparition du filet lumineux a été plus nette que ne
l'avait été son apparition à l'entrée; au moment où elle s'est produite, la
distance de la partie noire de l'image au bord du Soleil représentait bien
l'épaisseur des franges, et j'ai encore noté, du reste, l'instant où cette distance
m'a paru nulle.
). M. lioiiifay me semble s'être trouvé en présence de tous les phéno-
mènes perturbateurs à l'entrée et à la sortie; on ne pouvait que s'y at-
tendre, d'après les dimensions de sa lunette, dont l'objectif n'a que
55 millimètres. Cette petite lunette est très-claire : elle a donné pour Vénus
une image noire, tranchée, exempte de franges et même plus satisfaisante
à l'œil quel'iuiage de la grande lunette. Après l'observation, en vérifiant
( 2.'îr )
son point sur un rollinialenr, nous avons ol)tPnii une position légèrcmenl
dilférentc de celle qu'avaient donnée les étoiles.
» Quant aux chiffres obtenus, chacun de nous a noté deux phases prin-
cipales, et cela devait être. Opérant avec des instruments ne remplissant
pas toutes les conditions reconnues nécessaires, nous devions nous croire
exposés à ne voir apparaître ou disparaître le fdet lumineux qu'à un inter-
valle de temps appréciable du contact réel; nous étions préoccupés natu-
rellement de rechercher dans la forme de l'échancrure, dans sa position
par rapport au Soleil, des manifestations du contact autres que l'apparition
ou la disparition du fdet lumineux exposées aux perturbations.
)) C'est ainsi que M. lîouifay a donné pour l'heure du premier contact
intérieur celle où le fdet lumineux extérieur de Vénus, qu'il voyait
encore, lui a paru continuer le bord du Soleil, et que, de mon côté, je no-
tais l'instant où, les cornes cessant de se rapprocher, la partie noire de
Vénus (j'avais un peu perdu les franges de vue) me paraissait toucher le
bord du Soleil, et dans cette appréciation il fallait compléter par la pensée
les bords des deux astres au voisinage du point du contact, ce qui ne com-
porte pas une certitude absolue. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Lettre de M. N. LocKYER à M. Dumas, concer-
nant les préparatifs de i expédition envojée par in Société royale de Londres,
pour l'observation de ta prochaine éclipse totale du Soleil.
« Londres, 2?. janvier.
» Nous préparons l'expédition relative à l'observation de l'éclipsé totale
du Soleil, pour laquelle des fonds ont été mis à la disposition de la Société
royale. Son Comité aurait envoyé de suite une invitation à M. Janssen, si
l'on n'avait pas dit ici qu'il devait observer à Hué. Dans cet état de choses,
j'ai reçu mission du Comité pour vous prier de lui demander de se joindre
à notre expédition, s'il se propose d'aller observer à Siam. Nous nous
sommes assuré, sur le rapport du consul, que les agitations survenues à
Siam ont le caractère d'une simple querelle de famille. En tous cas, l'un
des navires de la reine protégera la mission, qui arrivera à Singapoor vers
le 20 mars. T.a mission prendra terre probablement sur la côte est de la
péninsule jMalacca, à i3"3' N. latitude. Si cela est nécessaire, elle rest'^ra
sous la protection des canons du navire.
» Vous serez peut-être bien aise de communiquer à l'Académie ce que
nous nous proposons de faire. Toutes les observations consisteront en jiho-
tographies du spectre de la chromosphère et de l'atinosphèro coron.de,
33..
( 252 )
j)rincipalement en vue de déterminer la constitution chimiqne de celte der-
nière. La niélhode qni m'a permis de prendre plusieurs spectres sur la même
plaque donnera le moyen de photographier le spectre solaire après la tota-
lité, comme échelle, et nous obtenons déjà, dans mon laboratoire, des pho-
tographies du spectre solaire, conhontées avec les spectres du chlore, de
l'azote, du carbone, etc.; elles seront emportées par la mission, pour aider
aux déterminations. Il y a des raisons de penser que la lumière de l'atmo-
sphère coronale est riche en rayons ultra-violets ; en conséquence, nous
notis servons de lentilles et de prismes de quartz; nous espérons, par cette
précaution, obtenir de bonnes épreuves permanentes.
» Mes idées, que vous avez bien voulu communiquer à l'Académie, il v
a quoique temps, se fortifient et mènent à beaucoup d'intéressantes re-
cherches, qui se rapportent au développement chimique du système solaire,
et indiquent que les planètes tendent à devenir plus métalliques à mesure
qu'elles sont plus rapprochées du Soleil. »
ANALYSE. — Su7- i élimination . Calcul des fonctions de Stimn
par des déterminants . Note de M. H. Lemonnier.
« I. — Dans la Communication que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Aca-
démie le 1 1 janvier courant, j'ai formulé, avec les conditions requises pour
que deux équations entières Fx = o, fx = o aient p racines communes,
luie règle pour la formation de l'équation qui donne ces racines, ou celle
du plus grand commun diviseur D des deux polynômes F.v,Jcc.
» Si, dans les ni — p + \ équations du théorème II, toutes du degré m — i
au plus, m étant > ou = n, on écarte la dernière, les autres donnent D
sous une forme qui n'est autre, à un facteur près indépendant de .r, que
celui auquel mène le procédé classique, de sorte qu'on a le théorème sui-
vant :
1) Les équations indiquées (théorème II) étant ordonnées par rapport aux
puissances décroissantes de jc, on forme le reste de la première division dans la
recherche ordinaire de D, en donnant pour coefficient à x" ' le déterniinanl des
coefficients de x'"~' , x'"~-,.. . , x"~' dans les ni — n -\- 1 premières de ces équa-
tions, j>iiis en prenant pour coefficients de x"~^f..., x" tes déterminants qui se
déduisent de celui-là par le cJuiiKjemcnt, tour à tour, des coefficients de x" ' en
ceux de x"~- , x"~*,
» La même règle, en prenant une équation déplus, donne le polynôme
(lu degré n — 2, cl ainsi do suite.
puis
( 253 )
» Au cas (lo m ^ «, les ('quatioiis à considérer étant ainsi
/jf = o, ajx r= o, . . . , a:'"~"''Jjc = o,
AX^ -î- . . . -f- Am—n Am—n-i-l'^ ~T~ • • • ~T~ Am
« a.j;" ' 4-. . . + «„_,
qu'on développe, sans supprimer aucun focleur en ar, en
h,x"''- + . . . + b„, = o,
ha'"-'
ex""-' -+■ c, .r'""- + . . . + c,„ = o,
les polyuôines dont il s'agit seront
R,=
o.
o .
a rt,
b b,
o a
a a,
fl,
rto
«m-
-n
bm-
-n
■+-
o. . ,
o. .
a
cl. . . Ct,„^„_i <7 ,„_„_,. I
X"
-t-
» Si l'on poursuit le calcul de ces polynômes jusqu'à en trouver un qui
soit nul ou constant, dans le premier cas, le précédent sera le plus grand
commun diviseur; dans le second, les deux polynômes seront premiers
entre eux.
» Lorsque, en formant les équations de départ, on a le soin de porter
les termes au premier membre sans changement de signe dans l'ensemble, en
ne supprimant, s'il y a lieu, que des facteurs numériques positifs, si deux
polynômes consécutifs B,,, R^, ont des degrés qui différent d'une imité,
le polynôme suivant est, à un facteur prés positif, le reste que donnerait la
division du premier par le second, mais changé de signe.
» Par exemple, si l'on a Fx = Ax'" -I- . . ., ei/x = ax'"~' + . . ., le reste
de la division contient le terme -t- Aj, tandis que le terme correspondant
est, pour R,, — Aort^, dans le coetlicient de x"'~^.
» D'ailleurs, si la règle qui donne R, s'applique aJx et R, , puis a R,
et Rj,.. . , les résultats qu'on obtient ne différent de R,, R3,. . ., que par des
facteurs positifs. On trouve ainsi
R'„ = n=R,,
1^; =
Art, A,a, -t- Art^ — Aort
R,
{ ^54 )
» Par où l'on voit que, moyennant la précaution indiquée dans l'établis-
sement des formules fondamentales, les polynômes qui se suivent par de-
grés consécutifs sont comme les fonctions de Sturm dans le cas général.
Les conséquences s'aperçoivent; donc, si l'on a
F^ = Ax'" + . . .,Jjc = ax'"-' -f- . . .,
ct.queR,, Ro, . .,Ba soient les polynômes déduits de là de proche en
proche suivant la règle posée, lorsque R/, sera inie constante ou une fonc-
tion ne changeant pas de signe dans l'intervalle de « à /3, il suffira que Y x
et fx soient dans le cours de cet intervalle do signes contraires d'un même
côté de chaque racine de Yx, et du même signe de l'autre, pour que la
différence des deux nombres de variations soit le nombre des racines de
Yx comprises entre a et ^.
» C'est le théorème de Sturm, quand fx est la dérivée de F.r.
» III. — I-es fonctions de Sturm, ou plutôt des fonctions équivalentes,
peuvent donc se calculer comme il suit :
» Si l'on pose
V = Kx'" + A, x'"-' + . . . + A^„
et qu'on désigne la dérivée V, de V par
V, = ax'"-' -\- ayx"-
on développera les équations
-=+•.. -4- «,„_,,
k.T -4- A,
Aî-r"
Am
en
bx'"-'
ex
..4- /',„_, =0,
avec la |)récaution de porter les termes au premier membre.
» Les lonctions de Sturm reviendront alors à
V,=
V„ =
a
h
a,
X"-
^• +
n
h
h.,
x'"-
-'+.
• ■ )
(i
",
a.
a
<h
n.
h
/',
h..
x'"-
'• +
h
l>,
h.
X'"-'
+ ...,
c
f,
C'o
c
c,
<-':i
( 255 )
» On peut reconnaître que les premiers coefficients sont là
Oq 0( Oo O3
s,
s..
s,,
s,
s„
s.
s,
S:,
s.
s,
1
s.
s.
s.
s.
S3
s.
s.
S3
s.
S5
s„
et ainsi, pour A ^:= i, les nombres /j,;, de M. Borciiardt.
» Lorsque, dans la suite des fonctions de Sturm, se calculant par divi-
sions successives, l'abaissement du degré est de plus d'une unité, la corres-
pondance dont nous parlons ne subsiste plus; mais l'application n'en est
pas moins exacte.
» Il est à observer que le calcul peut se reprendre comme pour V et V,,
à partir de deux fonctions consécutives dont les degrés se suivent.
» IV. — Si les polynômes Fx, jx ont des coefficients qui soient des
fonctions entières de y.
» 1" Lorsque, par l'application de la règle précédente, on aboutit à un
résultat indépendant de x, on a, en l'égalant à zéro, l'équation finale en j\
concernant l'élimination de x entre Yx = o, jx -— o. Pour une valeur
(le j- satisfaisant à cette équation, on obtient toute racine commune en x
correspondante par le premier des polynômes précédents, en remontant,
dont les coefficients ne s'annulent pas pour cette valeur de /.
» 2° Lorsqu'on aboutit à un résultat nul, le polynôme P qui précède est un
plus grand commun diviseur de Y x cxjx^ compliqué d'un facteur. Il est
alors le produit d'un diviseur Y commun à tous les coefficients des différentes
puissances de x et d'un polynôme D. Quant à l'équation Y^=o, c'est l'é-
quation l'ésultante due à l'élimination de x entre les équations F,x = o,
y, X = o, provenant de la suppression du plus grand conunuu diviseur D. Si
l'on substitue une racine de Y = o dans les polynômes qui précèdent P, le
premier d'entre eux, dont les coefficients ne s'annulent pas à la fois, donne,
après avoir été divisé par D, toute racine commune correspondante. ;>
THÉORIE DES NOMBRES. — Sui la parlUion des nombres.
Note de M. J.-W.-L. Glaisiieu. (Extrait.)
M Si l'on forme les dérivations d'une puissance d'une lettre, par exemple
de a\ selon la règle d'Arbogast, savoir:
a*
a^c, a-b-
a^d,(r l)c, (t/y^
a'e, à'bd, <rc-, nb'C, b*
( 256 )
(en oinetlant les coefficienls dont on n'a pas besoin), on sait, d'après un
théorème connu (voir Cayley, Pliil. Tiaiis., i858, p. 489, etc.), que
chaque terme correspond à une partition. Ainsi, en prenant a— o, i = i,
c = 2, ..., on obtient
o'-
0^2, 0*1*
o'3, 0^12, 01'
0'4> 0^l3, 0°2-, Ol'2,
la seconde Hgne (la première dérivation) correspond à o + o + o + i, ce
qui est la seule partition de 1 en quatre parties; la seconde dérivation
correspond ào + o + o-na et o + o+i-f-i, qui sont les partitions
de 2 en quatre parties; et, généralement, la a."'"'^ dérivation donne toutes
les partitions du nombre x en quatre parties, zéro n'étant pas exclu comme
une partie. De même, si nous prenons a = i, Zi = 2, ..., il est évident
que la x'""" dérivation de «' donne les partitions de jc en quatre parties,
exclusion faite de zéro. Alors, en représentant le nombre de termes que
contient la x"""^ dérivation de a'' par 4"", et le nombre de partitions de x
en quatre par lies (les nombres employés étant rt,^,c,...) par Q'(rt, b,c^...)jc,
nous voyons que
4- = Q^ (0,1,2,3,. .).T = Q■^{^,9.A^,, ..)(^ + 4)-
» En outre, d'après un théorème connu, Q"(o, 1,2,3?- ■)-^" = l'(' >2,3, ..n)a-,
où P (1,2,3,... ?i) indique le nombre de partitions de x en les n éléments
1,2,3,. .,«, de sorte que, généralement, si l'on considère les dérivations
de a",
«^■= Q"(o,i, 2,3,. ..),r = Q«;i, 2,3,4, ...)(.x- + /;) = P(. ,2,3,..., »).
» De celte manière, au moyen des équations aux différences finies, j'ai
calculé les valeurs de 71-' poiu- les valeurs i, 2, 3, 4, 5, 6 de n; ces résul-
tats ne sont pas nouveaux : ils avaient été obtenus autrement, par le dé-
veloppement de lu fonction génératrice
par M. Cayley {Phil. Tmiis., i856, p. i32, et i858, p. 52). Cepen-
dant les mêmes principes peuvent être appliqués au calcul du nombre
de partitions qui sont d'une forme donnée (par exemple, de la forme
( 257 )
«H- a 4-^4- y), moins une espèce de partitions qui n'a pas encore été, que
je sache, examinée d une manière particulière.
» Considérons a-, et soit 2^(a/3) le nombre des tenues de la forme a/3
dans la x'""" dérivation. Alors, eu écrivant n^ et ses deux premières déri-
vations
n-
nh
ne, b-,
il est évident que 2^ («,'5) = 14-2" («^), d'où il suit que
ou, en posant «^ ^ '«i place do 1 + A,
(E^-i)«, = i,
dont la solution est
où « et p sont les racines carrées de l'unité. Cependant la fonction com-
plémentaire peut être écrite sous la forme beaucoup plus convenable
A-l- B (i, — i)/JC/'2i, en adoptant la notation de M.Cayley, d'après laquelle
(Ao, A,, Aj,.. , Aa-,)pcra:,
signifie Ao«a + A,, flj,..,... + A^-, flu_«+o ''^j: étant une quantité qui égale i,
si a: égale un multiple de a, mais qui égale zéro dans tous les autres cas;
de sorte que, si x est un nndtiple de a, {A„, A,,..., Art_,) /jcra^ repré-
sente Ao; si jc divisé para donne un reste i, elle représente A,; si le reste
est 2, elle représente Aj, et ainsi de suite. Il y a aussi quelques liaisons
entre les coefficients, dont je n'ai point à faire mention ici.
» Après avoir déterminé les constantes au moyen des conditions 3" = o,
2' = i, nous trouvons
2^(a|3) = l [2x + 1 + (— I , f)pcr 2.,],
et de la même manière, si 2'^(a-) représente le nombre de termes do la
forme a^,
En employant une notation semblable pour les dérivations de a*, nous
avons y («/3v) = 3" {ufi-/) + a' (aP), d'où 3- ' («fîy) - y {a^y) = 2'*' (a/3),
C. R., I8j5, I" Semestre. (T. LX.XX, N" 4.) 3/|
{ a58 )
et l'équafioii aux différences est
(E'- i)i/^.= {[2x + 3 + (-1, \)pcr2^^,],
(1 ou
eu déterminant les conslanles par les conditions 3" = o, 3' = o, 3" = o, il
vient
3-'' («l'î'/) = T2 [^^' - 7 + 9 (- ' ' 0 Z'^'' 2^+ 8 (2, - I , - i) pcr3,],
formule qui donne le nombre de partirons en trois parties, toutes diffé-
rentes, d'un nombre x + 3, les nombres employés étant 1,2, 3,..., que nous
pouvons représenter par Q'' (a/By) (1 , 2,3,...) [x -j- 3). »
GÉOMÉTRIE. — Sur un point de la théorie des surfaces. Note de M. IIalphen.
« Dans une Communication précédente, j'ai établi les relations qui lient
les éléments de la courbure de la développée d'une surface en deux points
associés^ c'est-à-dire centres de courbure principaux pour un même point
de la surface primitive. Je donne aujourd'hui les relations qui existent
entre les éléments de cette courbure et les dérivées partielles du troisième
ordre.
» Soit M un point de la surface (M). Les axes de coordonnées seront la
normale MZ et les tangentes MX, MY aux lignes de courbure. Je désignerai
par des majuscules les coordonnées et les dérivées partielles relatives à un
point M' de (M). Soient m le centre de courbure de la section YMZ et lujc,
mz des parallèles à MX, MY. En y adjoignant la droite MZ, qui passe en w,
j'ai trois axes rectangulaires mx, jnj-, niz^ auxquels je rapporte les points
m' de la nappe [m) de la développée. Les coordonnées et les dérivées par-
tielles correspondantes seront représentées par des minuscules. Soient, de
même, p. le centre de courbure de la section XMZ, et fj.£, /li.Ç des parallèles
à MY, MX. En y adjoignant MZ, j'ai trois axes p.^, p.v7, aÇ, auxquels je
rapporte les points p.' de la nappe (p.) de la développée. Les coordonnées
et les dérivées partielles correspondantes seront représentées par des lettres
grecques. Les droites iiiz et p.Ç sont les normales à la développée en m et
p.; ce sont les droites de courbure de M. Mannlieim.
» D'après ces définitions, si A et L sont les distances Mp. et Mm, les
coordonnées, par rapport aux axes MX, MY, MZ, seront pour m' : .r, z,
j ■+• L; et poiM' p.' : Ç, 2, /j H- A. Si je suppose que m' et p.' soient les cen-
( 2^9 )
très de courbure principaux pour M', ces trois points sont en ligne droite,
et j'ai
« Pour la position initiale de la figure, c'est-à-dire M' coïncidant avec M,
je tire de là
( I ) {\-L)dX= Adr, (L - A) dY = hdi.
» Je considère maintenant le point M' comme l'origine de nouveaux
axes, que, pour abréger, j'appelle axes M', et qui sont les tangentes aux
lignes de courbure et la normale à (M) en M'. J'exprime les dérivées par-
tielles du second ordre, relatives au point M' et aux axes M, en fonction
des mêmes dérivées, relatives au même point et aux axes M'. Je distingue
ces dernières par des accents, et je représente par «, |3, y; a', •■ les co-
sinus directeurs des axes M' par rapport aux axes M. J'obtiens facilement
j 7"'R = [af- ■/«")- R' + («'7"- 7'«")-T',
(2) 7'"S =(av"-7«")(|37"-7r^")R' + ('>''7"-7'«")(PY-7'ri")T',
( 7'"T = (/37" - 7/5")^ R' + (,^'7" - ■/ [^"YT .
1) Je différentie ces équations, et j'attribue ensuite aux variables les va-
leurs initiales. Le résultat de cette opération se réduit à
(3) d^ = dW, dS = dv: (T' - R'), c/T = dV.
» J'emploie la première et la troisième de ces équations seulement.
Comme R' et T' sont les inverses des rayons de courbure principaux en M',
j'ai
•y" -"
R' = — 4 ^, T'=-
A — Z >! t- L — Z
d'où, pour la position initiale,
» Soient A, B, C, D les dérivées partielles du troisième ordre; je déduis
des équations (3)
A- W
OU, à cause des équations (1),
(4) k\.^dx-V,hA.-di+[K-h)dr,=o, \)W d^c,-CK\rdx+{\.-A.)dj=o.
» Dans ma précédente Communication, j'ai employé les relations sui-
3/,..
( 26o )
vantes, qui expriment simplement que la droite w^x se déplace en restant
tangente aux nappes (m), (a) de la développée
djc-h {A — h) ((jWë -h T^y;) =o, d£-h{L —A) [sdx -h tdj) — o.
» Il suffit de les comparer aux équations [l\) pour conclure
M Ce sont les équations que je nie proposais d'établir. Elles donnent les
éléments du troisième ordre de la surface, sans ambiguïté, en fonction des
éléments du second ordre des deux nappes de la développée. Récipro-
quement, ceux-ci sont déterminés, sans ambiguïté, en fonction des pre-
miers, comme on lo voit, en joignant aux équations (5) les deux relations
de M. Mannheim, établies dans ma Communication précédente. Ces deux
relations peuvent être démontrées de nouveau, au moyen de la deuxième
équation (3), dont je n'ai pas fait usage.
» Remarques. — i° Les expressions de A et D prouvent que le plan. d'une
section principale coupe la développée suivant une courbe osculatrice à la
développée de celte section (*).
>) 2° Les expressions de B et C peuvent être mises sous la forme
oùp, et p;, r, et r^ sont les rayons de courbure principaux de la déve-
loppée en fj. et m.
» 3" La méthode employée dans cette Note est celle du déplacement
d'un solide, dont M. Mannheim a tant de fois montré la fécondité, no-
tamment dans cet ordre de recherches.
» 4° I-es courbures des deux branches de la section faite dans une sur-
face par un plan tangent dépendent des dérivées du troisième ordre. Dans
le cas particulier où ces deux courbures sont nulles à la fois, on trouve
les deux équations
p,p,= _3(L-A)^^, /•,r, = -3(A-L)='^.
» Ces équations ont constamment lieu si la surface proposée est du
(*) Voir, à ce sujet, les Recherches géométriques sur le contact du troisième orarr, par
M. Mannheim.
■ ( 2^3' )
second degré. Dans les autres cas, elles se rapportent aux points en
lesquels il existe des surfaces de ce degré ayant avec la proposée un contact
du troisième ordre. »
ANALYSE. — Sur une formule de transformation des fondions elliptiques.
Note de M. J. Brioschi, présentée par M. Hermite.
« Dans ma première Communication sur le même sujet, publiée au
n° 19 (9 novembre 1874) des Comptes tendus, \q me suis réservé d'exposer
quelques |iropriétés des équations modulaires relatives à la transformation
des fonctions elliptiques de la forme
dx ,
- = an.
» .le vais considérer premièrement l'équation du sixième degré qu'on
obtient pour la transformation du cinquième ordre, équation qui, en po-
sant a^ — — -ix dans celle de ma Noie du 9 novembre, prend la forme
5
» Le premier membre de cette équation a une propriété remarquable,
parce qu'il ne diffère que d'une quantité constante du covariant sextique
d'une certaine forme du quatrième degré. En effet, en considérant la forme
biquadratique
/= (O, I , O, - igj, - gs) (Xo, X.)',
on a vu que ses invariants sont les invariants go, gsj et ses covariants /?, ô
biquadratique et sextique ont la forme
/i = - \{X\ + \%iX\f + 2g 3 X, X\\
(i = x\- fgj x\ x\ - 5g, x\ x\ - -^g^ x\ x\
Tê^2 &3 '^l "^'2 Ï^S '"-' 1 + |Î0 2 ^^2 ?
par conséquent, l'équation (i) peut prendre la forme
(5(2, i)=:^ô en faisant ^ = %\-'^']g\-
.) Cela posé, si l'on se rappelle qu'entre une forme biquadratique, ses
covariants et ses invariants, a lieu la relation 4 /*' — g2 hf--\- gjj ' r= — 4 5%
on aura
4A»-g.V'-^&3/'=-|i^
( 202 )
OU, en indiquant par e,, e^, r, les racines de l'équation ^e^ — g^c ~ g^ = o,
on pourra donner à l'équation modulaire (i) la forme
A^A + cj) {h + r,f) [h + e,f) + 5' ^. o.
Mais si, dans les formes y, h, on pose a , = 2, Xn = 1 , on a, après quel-
ques réductions,
-(/^ + ^,/)=[(z-e,)=-£,]^ où c, ==3eî-|g„
et semblablement en changeant e, en e^, <'j. On a donc enfin comme trans-
formée de l'équation (i), la suivante :
[(. -c,y-s,] [{z - e,Y - e,] [{z - e,r - ^.) = ^ 5,
ou, en posant <p^ = 4[7 — e^)" — >>], l'équation
(2) ^,02?3 = 5.
•• Les fonctions quadratiques f sont douées des propriétés bien connues
dans la théorie des formes binaires (voir Théorie der binàreii algebraischen
formen, von A. Clebsch, p. 45). Je ne rappellerai que celles qui peuvent
avoir des rapports avec le problème qu'on considère ici.
» Si l'on pose a, = 60 — C3, «j = ^3 — e,, 7.3 = e, — e.,, on a les deux
relations suivantes :
„ 1 «,?,-*- «2 O2 + î^3 «Ps =2 V^ = 8«, «,«3,
et en faisant |oX, =«,9,, pX2 = ao(]?n, pXj^^aj'p^j, on en déduit que
l'équation (2) peut prendre la forme d'une cubique ternaire
(X, + X3+X3)'-32X,X.,X3=:: O,
la seconde des relations (3) devenant
-X? + -X? + ' X^ = o.
Ensuite, en observant que les équations (3) donnent
<Pa = 0, 4- He, -t- 4'>:3 Vy + A^M ?;) = ?! + 8:, - /(«^ y'y + /je, ,
on aura, pour une quelconque des fonctions 9,
9 [(9 + Se)- + iGe (ip -h 4s) + i2e(9 -h 81) y? -+- 4^] — 0,
(a63)
par laquelle on parvient aux transforinres nouvelles de l'équation nio-
dulaire
{z-eY+6e{z-eY+5B{z-ey-5r{z-eY-6eB'{z-e)-s.'= ~o,
en posant successivement pour e, £ les (|uantités c,, e, ; e^, i,; e^, £3.
» Mais, comme on le démontre facilement, on a
7-ô-=-c'-f-?e»^^
I
par conséquent, en divisant les termes de cette dernière équation par
(z — ey et en posant rj = ■—^, on obtient, après quelques réductions, la
suivante :
7* -+- 169^ + 809' — ^20v.-q- — 256aVy — 256a' = o,
ou
r/' + loq^ — 32«- + 2 (f/- — Sol') yVy + 5 = o,
en posant a = -p-
» Enfin, si l'on fait \'q + 5 = 7—2, ou j^' = 2 4- i/ "_ -, on arrive à
l'équation cherchée
{J-OMj-5)-4cj = o,
dans laquelle c = f\ [cr — 4) = 7 -^ et qui a la forme de l'équation du
multiplicateur dans la tra'nsformation du cinquième ordre.
» 2" On peut, du reste, parvenir à celte dernière transformation de
ré(juation modulaire du sixième degré ;ui moyeu d'une formule géuéiale
qui douue les relations entre les coefficients a^, a.j, a^ du j)olynôme T de
ma première Communication, et les quantités B, B,, B.>, introduites par
Jacobi dans la théorie de la transformation des fonctions elliptiques.
» Dans ma Note, présentée à l'Académie le 9 novembre 187/j, on avait
T = x" -+- a^ x"'-' -+- n.x'-'^ + ... + «,;
d'autre part, on trouve facilement que
ï = ^ r B, [x - ey - B,_, v'7(x - ey-' -i- . . ^
+ (-.)■' ' i^v-, i~[x-c)+{-i y^J ],
{ a64 )
par conséquent on aura
«. = -vc— ^ V£»
v(v — ») , , , Bv_, r Bv_5
,(v_i)(v_2)^, fv-l)(v-2)^, B,._, - , _^^ B,.^
2.3
«., = - -^. ' e' - ■ e ^ ^ V ^ - ( V - 2 ) e :^ = - -^ £S
ainsi de suite.
» La première de ces relations, en posant a^= ~ vz, donne
de laquelle en posant q = z'ZT.'' 'z = "7=' on déduit
, B.
^ = ^'^^B:r,-
I B f\
Pour « = 3, on a v = 1, et - 7 = — ' =: ^ V/l' ^ ^'^^^ 1® multiplicateur, A, X
les modules. On aura ainsi, comme il est connu, l'équation
ou
6i , I -t- X- V^ o
, -, — 4 — 1 >> = o.
(z — cf [z—e)' A z — e
Celle dernière, si l'on suppose — j— = a, donne, après quelques réductions,
la suivante déjà calculée dans ma première Note :
^4 - iè'2 z' - g:. Z - -hi^l = O.
Pour n = 5 on a
v = 2 et r/ = 4(z-;
mais, en posant 7' = ît = Ç\/t' o'' trouve
'^°'b'^-^''~ ^^' ~ ''
par conséquent
7 + 5 = (9 -2)»,
comme on a démontré ci-dessus. Dos résultats analogues existent pour les
équations correspondant à des transformations d'ordre supérieur. »
( 265 )
CHIMIE AGRICOLE. — Dosarje de l'nmmoniacjne almosphéiique.
Note de M. Tii. Sciihesixo.
« La nirthode qu'on a toujours employée pour doser l'animoniaque at-
mosphérique consiste à iaire passer un volume mesuré d'air à travers des
appareils d'absorption chargés de fixer l'alcali. Je n'en connais pas de plus
simple, et je n'en ai pas cherché d'autre. Je me suis proposé seulement de
modifier les moyens d'exécution, de manière à pouvoir opérer en peu de
temps sur de grandes masses d'air. Avec les appareils en usage dans les
laboratoires, le débit de l'air ne dépasse pas quelques litres à l'heure : on se
trouve donc dans la fâcheuse alternative d'opérer sur des quantités d'air
très-limitées, ou de prolonger l'expérience pendant phisieurs jours, ou
même plusieurs mois, à l'exemple de M. Is. Pierre.
» Dans le premier cas, la dose d'ammoniaque fixée est tellement faible,
qu'on ne peut plus compter sur l'exactitude de sa détermination; dans le
second cas, il faut renoncer à étudier les variations de l'alcali aérien dans
des périodes de temps rapprochées; le résultat de l'analyse n'est qu'une
moyenne applicable à un certain nombre de jours consécutifs.
» L'appareil que j'ai construit permet, au contraire, de doser en quel-
ques heures l'ammoniaque contenue dans 3oooo litres d'air. Il est, en
même temps, d'une extrême simplicité.
» Une cloche à douille A, en verre, d'une capacité de 3 litres, fermée
par un disque de platine exactement emboité sur ses bords et percé de
3oo trous de .V millimètre, repose sur trois calles en verre à vitre, dans un
C.R., 187^, l'-r Semestre. (T. LXXX, N» 4.)
35
( a66 )
vase B, à fond plat, un peu plus large : ce vase porte une large tubulure
reliée à un gros tube C chargé de puiser l'air au dehors. L'espace compris
entre la cloche et le vase est fermé, au-dessus de la tubulure, par un tube
annulaire en caoutchouc, auquel est soucié un petit tube muni d'un robi-
net, et communiquant avec un réservoir d'eau : sous une charge de 3 à
4 mètres, le caoutchouc se gonfle instantanément et forme un joint parfait.
» Versons maintenant dans la cloche 3oo centimètres cubes d'eau pure
aiguisée d'acide sulfurique, et faisons-la communiquer par sa douille avec
un appareil d'aspiration d'une puissance convenable. L'air, arrivant par le
tube C, se répand alors entre la cloche et le vase, passe entre les deux fonds
en chassant l'eau devant lui, et pénètre dans la cloche par les 3oo trous
du disque de platine. Le barbotage ainsi produit est tellement énergique,
que le liquide n'a plus le temps de se réunir en couche au fond de la cloche ;
il est employé tout entier à former les parois de bulles entassées en forme
de mousse sur une hauteur de 20 à aS centimètres.
» Lorsque le temps consacré au barbotage est écoulé, on extrait le li-
quide, et on le distille sur la magnésie pour y doser l'ammoniaque.
» Quand on veut étudier la diffusion de l'ammoniaque dans l'air, il ne
suftJt pas de chercher, dans un seul lieu, les relations entre la quantité de
l'alcali et les météores aqueux, les vents, la température, les saisons : il
faut encore prévoir des déplacements, parce que les variations de l'ammo-
niaque doivent être liées aussi avec la latitude et la hauteur des stations, avec
leur proximité des villes, de la mer.... Il fallait donc, en vue de faciliter
les transports et la rapidité des installations, simplitier autant que possible
les appareils d'aspiration qui doivent accompagner le barboteur. J'ai eu
recours à l'entraînement de l'air produit par un jet de vapeur lancé dans
un tube. Tout l'appareil se réduit ainsi à une très-petite chaudière en
cuivre, d'une capacité totale de 12 litres, munie d'un niveau d'eau, d'un
indicateur de pression à mercure, d'une pompe alimentaire, et établie sur
l'un de ces fourneaux en fonte en usage dans les petits ménages. Elle vapo-
rise de 2 à 2^^, 5 par heure. La vapeur est lancée par un mince tube, légè-
rement conique, dont l'orifice a 2 millimètres, dans un ajutage en verre
qui est relié avec la douille du barboteur par lui long boyau de caout-
chouc.
» Il était indispensable de tarer le débit de l'air par mon ajutage pour
une pression donnée de la vapeur et une quantité d'eau convenue versée
dans le barboteur. Après quelques essais préliminaires, j'ai adopté la pres-
sion de 3o centimètres de mercure et luie quantité d'eau de 3oo centimètres
( 267 )
cubes : il restait à mesurer le débit correspondant. Je ne pouvais le faire en
interposant un compteur sur le trajet de l'air; cet a|)pareil aurait modiBé
les conditions de vitesse de l'air dans les conduites. Je n'avais pas à- ma
dis|)osition quelque grand gazomètre que j'aurais placé à l'origine du cou-
rant d'air. J'ai eu recours à la méthode île jaugeage des fluides que j'ai
publiée dans les Comptes rendus en i8()3, et qui reçoit, dans le cas présent,
une application très-simple. Au moyen d'un tube très-fin, je puise, pendant
plusieurs heures, une petite portion du mélange d'air et de vapeur lancé
par l'ajutage ; je condense la vapeur, et je mesure l'eau obtenue ; je mesure
aussi l'air recueilli dans un grand vase en verre : ayant ainsi le rapport
entre l'eau vaporisée et l'air entraîné, il ne me reste pUis qu'à mesurer l'eau
d'alimentation employée pendant un certain nombre d'heures.
» J'ai à peine besoin défaire observer que ces déterminations sont faites
au laboratoire, et qu'ensuite, dans les divers lieux d'observation, on se
borne à reproduire les conditions de marche qui les ont fournies, ce qui ne
présente aucune difBculté.
» J'arrive maintenant à la question capitale, celle de savoir jusqu'à quel
point le barboteur absorbe les traces d'ammoniaque diluées dans de l'air
qui traverse l'appareil à raison de ZjSoo litres à l'heure, et qui ne séjourne
au contact du liquide que pendant deux secondes au plus.
» Pour résoudre cette question, je devais dépouiller l'air de toute trace
d'ammoniaque, y introduire une quantité connue et très-petite de cet alcali,
puis le faire barboter dans l'appareil, et voir ce que je retrouverais d'am-
moniaque dans mon liquide.
» Le courant d'air a donc été dépouillé d'ammoniaque dans une colonne
de 5 mètres de haut sur f\o centimètres de large, composée de tuyaux de
grès Doulton, et remplie de menus fragments debraise de boulanger imbibée
d'acide sulfurique étendu. A l'issue de cette colonne, il recevait une dose
d'alcali distribuée par le procédé suivant : un flacon de Mariotte rempli
d'ammoniaque liquide tros-diluée la laissait tomber lentement et réguliè-
rement dans un serpentin de verre placé dans un bain deau à température
constante : de là, le liquide passait dans une carafe bouchée. En même
temps, de l'air pur, débité par une petite trompe à eau, circulait de bas en
haut dans le serpentin, prenait dans ce trajet une faible quantité de gaz
ammoniac, et débouchait dans un mélangeur, où il rencontrait le grand
courant d'air : le mélange passait ensuite dans le barboteur. 11 est bien
clair que le dosage d'ammoniaque dans le liquide, avant et après son pas-
sage dans le serpentin, indiquait, par différence, la quantité d'alcali fournie
35..
( a68 )
à l'ciir. Toutes ces circulations de gaz et de liquide étaient continues et
constantes.
» J'ai pu introduire de la sorte, dans des volumes d'air considérables,
des quantités d'ammoniaque extrêmement faibles et pourtant exactement
mesurées.
» Deux expériences préliminaires à blanc, c'est-à-dire sans introduction
d'ammoniaque, dans lesquelles toutes les opérations prévues ont été exécu-
tées, ont donné, au dosage, l'équivalent de o'^^^iG d'ammoniaque, repré-
sentant l'ammoniaque contenue dans les 3oo centimètres cubes du barbo-
teur et dans l'air, après sou passage à travers la colonne, la soude et la
chaux cédées par le condenseur en verre pendant la distillation.... Cette
quantité de o™^', ifo d'ammoniaque a été retranchée, à titre de correction,
de tous les résultats obtenus dans les expériences de vérification.
» Voici maintenant ces résultats :
Durco
Quanlitc
Ammoniaque
Amnioni.iqiie
Ammoniaque
Ammoniaque
dcr
cspériencc.
d'air.
i^ruduilc.
dans i"":.
dosée.
Co
rreetioii.
corrigcc.
1.
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33oooi"
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.,o3
31,67
0, 16
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3i,5i
2.
7
id.
13,93
0,42
'^■>97
id.
12,81
3
1
id.
5,49
0,17
5,20
id.
5,04
4.
1
id.
2,5l
0 , 07G
2,46
id.
2,3o
5.
1
34000
1,12
o,o33
1,07
id.
0,()I
» Ainsi, dans les limites de mes expériences, c'est-à-dire quand l'air
contient de o™s'',o3 à i milligramme d'ammoniaque par mètre cube, je puis
fixer dans mon barboleurune proportion de l'alcali comprise entre les \ et
les YZ de la quantité totale.
» Il faut que les molécules de gaz ammoniac, libre ou carbonate, se
détendent bien rapidement, malgré la résistance du milieu où elles sont
disséminées, pour que l'absorption atteigne une telle proportion. Cette
extrême mobilité de l'ammoniaque au sein de l'air permet de concevoir
comment les végétaux et les sois peuvent en puiser des quantités notables,
malgré son état d'extrême dilution. »
CIIJMIE PliYSlOLOGlQuic. — Sur la présence du cuivre daiis l'organisme.
Note de MM. liriiGEnoN et L. L'Hôte, présentée par M. Peligot.
« Depuis les travaux d'Orfila, on sait que les poisons minéraux ont la
propriété de se localiser dans les grands appareils do séciétion, le foie et
le.s reins. Nous avons constaté récemment, dans lui double empoisonne-
( 269 )
ment aigu par les sels de cuivre, que la totalité du cuivre absorbé se re-
trouvait dans ces organes sécréteurs, et nous nous sommes demandé si le
corps bumain renferme ce métal localisé dans ces mêmes organes. Les
documents publiés dans les ouvrages de toxicologie sur cette question étant
fort contradictoires, nous avons exécuté une série d'expériences dont nous
présentons les résultats à l'Académie.
» Nos rechercbes ont porté sur quatorze cadavres dont nous connais-
sions parfaitement l'origine. Chaque analyse a été effectuée sur une masse
organique pesant de 800 à 1000 grammes et comprenant la moitié du foie
et un rein. Nous avons évité avec le plus grand soin l'introduction des plus
petites traces de cuivre. A cet effet, le cadavre reposant sur une table de
bois, les organes extraits étaient reçus dans un bocal et portés au labora-
toire, dans une chambre spéciale où il n'y avait pas de cuivre. Les ba-
lances, fourneaux à gaz, robinets et bain-marie étaient en fer; les réactifs,
le papier à fdtre et l'eau distillée ont été essayés à blanc dans celte même
chambre.
» Voici la marche adoptée pour la constatation du cuivre : les organes
étaient préalablement chauffés dans une grande capsule de porcelaine, jus-
qu'à dessiccation et carbonisation ; l'incinération du charbon se faisait au
moufle à une basse température. Les cendres, traitées par l'acide azotique,
évaporées à sec et reprises par l'eau, ont donné une dissolution qui a été
neutralisée par un excès d'ammoniaque. La liqueur, séparée du précipité
par filtration, puis concentrée et légèrement acidifiée par l'acide azotique,
était saturée par un courant de gaz acide sulfhydrique. Dans les quatorze
analyses, on a obtenu un faible précipité brunâtre, dont le poids ne pou-
vait être déterminé à la balance, et qui présentait les caractères chimiques
du sulfure de cuivre. Ce précipité, traité par l'acide azotique, a fourni une
dissolution donnant les réactions des sels de cuivre avec une aiguille d'a-
cier, l'ammoniaque et le prussiate de potasse.
» Pour apprécier la proportion de cuivre contenue dans ce précipité,
nous avons employé une méthode coloriniétrique basée sur la teinte bleue
que donne l'ammoniaque avec les sels de cuivre. En partant d'une lifjueur
titrée de cuivre au ,o'oo préparée avec du cuivre galvanique, on peut con-
struire une gamme de colorations très-nettes, accusant depuis 2 milli-
grammes jusqu'à ^ milligramme.
» En opérant sur des vohunes identiques de liquide dans des tubes de
même verre et do même diamètre, on arrive à doser assez exactement de
très-petites quantités de cuivre. Si la quantité de cuivre est inférieure à
( 270 )
^milligramme, la méthode calorimétrique n'indique plus rien; mais,
avec le prussiate jaune de potasse, on obtient encore la coloration rouge
caractéristique.
» Les résultats obtenus ont été les suivants :
» Chez deux individus âgés de 17 ans, cuivre non dosé, mais constaté
avec le prussiate jaune de potasse;
» Chez onze individus âgés de 26 à 58 ans, cuivre dosé, quantité maxiraa
I milligramme et quantité minima o"sr, y ;
» Chez un individu de 78 ans, cuivre dosé ^"^^5,
» Pour compléter ces études, nous avons recherché le cuivre dans les
foies provenant de six fœtus, et dans tous nous avons constaté la présence
de ce métal.
» Le cuivre préexistant dans l'organisme est apporté sans aucun doute
par l'alimentation. L'emploi de la vaisselle de cuivre, les aliments, le con-
tact journalier d'objets de cuivre et de monnaies de billon , etc., introduisent
dans nos organes des traces de cuivre dont la plus grande partie est éli-
minée; mais il reste fixé à un état de combinaison non encore défini une
petite quantité de cuivre dans le foie et dans le rein, et cela quels que
soient l'âge, le sexe, les conditions d'existence. Dans nos expériences, nous
avons constaté deux points importants : présence constante du cuivre qu'on
ne retrouve que dans le foie et le rein en quantité appréciable, et en second
lieu, détermination de celte quantité de cuivre qui, pour la masse totale du
foie et des reins, ne s'élève pas au-dessus de 2 | milligrammes à 3 milli-
grammes, et^ dans le plus grand nombre de cas, n'atteint pas 2 milli-
grammes. »
EMBRYOGÉNIE. — Des phénomènes généraux de C embryogénie des Némerliens.
Note de M. J. Barrois, présentée par M. de Quatrefages.
« Parmi les nombreux obstacles qu'on rencontre à chaque pas dans les
recherches d'embryogénie, il n'en est pas de plus sérieux que celui que
présente la multiplicité de formes larvaires dans un même groupe d'ani-
maux. Ces divergences, souvent très-étendues dans les premiers stades du
développement, empêchent de prendre ceux-ci pour point de départ dans
l'appréciation des phénomènes subséquents; par suite, toute déduction
tirée du mode de développement devient impossible, et l'embryogénie, cet
auxiliaire si puissant de l'Anatomie, semble faire entièrement dt'faul.
» Aussi est-il de la plus haute importance d'arriver à la connaissance
( 271 )
des rapports mutuels qui relient ces différentes formes larvaires. C'est ainsi
que Fritz Mûller a montré, par l'embryogénie du Penetis, les liens qui
unissent entre eux le Nniij)lius et la Zœd.
» Entre tous les groupes qui présentent ce mode de complication, les
Némertes nous offrent certainement un des cas les plus remarqualjjes. A
côté de la forme Pdidium, constituant l'un des exemples les plus typiques
de généagénèse, se trouvent de nombreuses larves qui, sans aucun phéno-
mène analogue, passent directement à l'état adulte; d'un côté, on a un
animal transparent, garni d'élégants prolongements et de bandes ciliaires,
et que les anciens observateurs avaient tout naturellement comparé aux
larves si connues des Echinodermes. De cette première ébauche naît par
bourgeonnement interne le futur Némerte, qui, sitôt formé, quitte sa nour-
rice pour vivre d'une vie indépendante. De l'autre côté, au contraire, on
voit sortir de l'œuf une petite larve cdiée très-peu compliquée, simple masse
ovale, opaque, peu différente en apparence île l'œuf même qui lui a donné
naissance (larve de Desor), et qui, sans aucun autre phénomène appréciable
qu'une simple différenciation des tissus, se transforme graduellement en un
Némerte complet.
» Pendant un séjour de plusieurs mois que j'ai fait l'été passé au labo-
ratoire de Zoologie de Wmiereux, dirigé par M. le professeur Giard, j'ai été
à même de m'occuper de cette question d'une manière suivie; ce sont les
résultats de mes recherches à ce sujet que j'ai l'honneur de communiquer
à l'Académie.
» A côté d'un grand nombre de formes larvaires peu importantes de
larves de Desor, qui atteignent peu à peu leur développement complet sans
présenter aucun phénomène anormal, j'ai eu le bonheur de rencontrer
quelques formes d'un grand intérêt qui, outre un grand nombre de faits
des plus instructifs, m'ont fourni le terme de passage entre les deux modes
de développement, en apparence si divergents : le Pdidium et la larve de
Desor.
» Parmi toutes les espèces que j'ai observées, l'une des plus remar-
quables est sans contredit une espèce très-commune à Wimereux, et que
j'ai pu suivre d'une manière très-détaillée dans tous les stades de son évo-
lution, le Nemeiie coiumunis (Van B^Mied.). Bien que reproduisant dans son
développement toutes les particularités essentielles qui caractérisent le Pili-
</jti//i, cette esjjèce présente un rap;)rochement très-marqué vers les états
plus simples, et offre des analogies incontestables avec la larve de Desor.
)« Je réserve pour un Mémoire plus étendu les détails relatifs aux pro-
( 272 )
cessns très-curieux qui donnent naissance aux divers systèmes d'organes
des Némertiens; je désire seulement aujourd'hui appeler l'attention sur un
point capital, lo passage du Pilidium à la larve de Desor.
» On sait, d'après les recherches récentes de Rowalesky et de Melschni-
koff, que chez les Némertes à Pilidium les sphères de segmentation de
l'œuf se disposent de très-bonne heure radiairement autour d'une cavité
centrale d'abord très-petite; celle dernière augmente rapidement et refoule
toutes les cellules vers la périphérie, de façon à constituer une membrane
superficielle. Il se produit ainsi une vésicule close, à paroi formée d'un seul
rang de cellules [Blaslospliœra). Cette vésicule s'invagine et donne naissance
à un sac à double paroi [Gasltula); c'est à ce stade qu'a lieu l'éclosion : la
Gastnild perce la membrane vitelline el se met à nager librement au milieu
du liquide. Alors commence une interruption dans le développement, pen-
dant laquelle la larve, s'adaptant à la vie pélagique, acquiert toutes les
différentes particularités caractéristiques du Pilidium. Ce n'est qu'après
cette interruption correspondant à la durée de la vie indépendante jque
commence le déveloiipement qui doit aboutir à la formation du Némerlo.
Il y a ici, comme on voit, exagération d'un état larvaire suivi d'un retour
au type.
» Pour former le Némerte, il se fait, aux dépens de l'exoderme, quatre
petites invaginations, qui se détachent et produisent quatre vésicules qui
tombent dans la cavité du corps du Pilidium; là, elles s'aplatissent, se trans-
forment en disques creux, formés d'un feuillet externe, mince, tourné du
côté de l'exoderme, et en un feuillet interne, épais, tourné du côté de l'en-
doderme. Bientôt ces quatre disques confluent entre eux, en entourant
l'intestin, se rejoignent, se soudent les uns aux autres, et ainsi se trouve
constituée autour de l'instestin une double membrane : l'interne, formée
par la soudure des feuillets internes des disques, deviendra la peau du Né-
merte; l'externe, formée par la soudure des feuillets externes, constituera
une membrane provisoire, l'amnios, qui se détruira, en même temps que
la peau du Pilidium, pour mettre le Némerte en liberlé-
» Sans aller jusqu'à l'identité, la ressemblance du développement de
notre Némerte avec celui que nous venons d'indiquer est assez grande pour
exclure toute espèce de confusion entre les deux formes décrites. Comme
précédemment, les premiers stades du développement sont caractérisés par
la présence d'un blasiosphère qui s'invagine pour donner naissance à une
Gastruln. De même, la formation du Némerte s'accomplit dans ses grands
traits au moyen de renvelo[)pcmcnt de l'intestin par de grandes plaques
(.73 )
discoïdes, qui confluent enlrc elles et se soudent par leurs bords [)our con-
stituer la peau du Nérnerte. Enfin, l'exodermc primitif se détruit, et l'animal
définitif formé dans son intérieur est mis en liberté. Mais là s'arrête l'ana-
logie. Noire Nérnerte présente, en effet, d'importantes particularités qui,
d'un autre coté, l'éloignent du Pilidium pour le rapprocher de la larve de
Dcsor. Nous pouvons tout d'abord constater l'absence de vie pélagique et de
l'interruption du développement qui en résulte. Ici, tout le développement
s'effectue, d'un bout à l'autre, dans l'intérieur de l'œuf, et l'animal qui en
sort a déjà acquis la forme caractéristique du Némerte. Outre ce fait fonda-
mental, nous voyons également qu'il s est effectué une évidente simplifi-
cation de l'embryogénie et une marche graduelle vers l'extrême conden-
sation qui s'observe chez la larve de Desor. Le stade qui répond au Pilidiinn
a déjà perdu tous les différents appendices caractéristiques qui résultent de
la vie à l'état libre, et se trouve réduit à une simple Gastnila couverte de
fins cils vibratiles. Enfin, nous pouvons dès à présent constater la disparition
de l'une des deux membranes embryonnaires, l'amnios. Les disques qui
vont entourer le tube digestif ne se composent plus ici de sacs creux, mais
de lames pleines; de sorte qu'une seule membrane, la peau du Némerte,
résulte de leur réunion. En un mot, nous voyons se manifester sous nos
yeux une remarquable tendance à L1 suppression de l'exagération de l'état
larvaire qui constitue le Pilidium, et au retour à un mode de développement
direct.
» Nous avons donc ici, à côté d'un développement très-voisin de celui
des Pilidium, simplification déjà très-grande et condensation évidente de
l'embryogénie. Un pas de plus, et nous en arriverons à la condensation
extrême que l'on observe chez les larves do Dcsor. Nous nous trouvons,
par conséquent, en présence d'un stade intermédiaire entre le PUidiiim et
la larve de Desor, et ce résultat nous paraît avoir une importance incontes-
table. Il permet de relier d'une manière heureuse les deux formes si diffé-
rentes des embryons des Némertiens, et nous montre que les rapports mu-
tuels qui existent entre l'un et l'autre sont analogues à ceux que Fritz Millier
nous a fait connaître entre le Naiiplius et la Zcea; comme le Nauplius, le
Pilidium est la forme primitive, et la larve de Desor représente une forme
condensée, dérivée de la première par abréviation de l'embryogénie. »
M. DE QuATREFAGEs déclare qu'il s'est fait un plaisir de présenter à l'Aca-
démie ce travail, qui justifie une fois de plus le vieil aphorisme relatif à
C. R., 1875, i" Semairc. (T. LXXX, N" 4.) 36
( 274 )
l'absence Je sauts dans la nature. Riais il doit faire des réserves formelles
au sujet de la manière dont sont interprétés quelques-uns des phénomènes
embryogéniques, aussi bien qu'au sujet des vues théoriques qui semblent
ressortir de ces interprétations.
HISTOLOGIE. — Recherches sur tes organes tactiles de l'homme.
Note de M. Jobekt, présentée par M. Ch. Robin.
« Les recherches dont j'ai l'honneur de communiquer aujourd'hui les
résultats à l'Académie sont la continuation de celles que j'ai longtemps
poursuivies chez divers animaux vertébrés et invertébrés.
» J'ai étudié les diverses régions de la face humaine, afin d'y retrouver
les poils tactiles si développés et si nombreux chez tous les Mammifères, et
qui, même chez certains d'entre eux, constituent un appareil d'une sensi-
biUté exquise (aile des Chiroptères).
» Aux paupières, les nerfs très-nomb/eux, très-abonilants, présentent
avec les follicules des cils des connexions très-remarquables^ connexions
absolument inconnues jusqu'alors, les divers histologistes ayant surtout
étudié les nerfs de la conjonctive (KuUiker, Lùdden, Rrause, etc.).
» Au bord libre des paupières, pea de nerfs se terminent à la surface du
tégument, la majorité est destinée aux follicules des cils.
» Si, après avoir fait gonfler une paupière supérieure ou inférieure dans
l'acide acétique affaibli et l'avoir soumise ensuite à l'action de l'acide os-
mique (solution i pour loo), on fait des coupes minces perpendiculaire-
ment au bord libre, on voit, dans la partie profonde du tégument, ramper
de nombreux faisceaux de tubes nerveux à myéline qui, par leurs nom-
breuses anastomoses, constituent un véritable plexus.
» De ce plexus se détachent des faisceaux plus petits, composés de trois
à six tubes qui se dirigent vers le bord libre en cheminant entre les folli-
cules des cils, avec lesquels ils ne tardent pas à entrer en connexion dans
une région constante située immédiatement au-dessous des glandes sébacées.
» Cette région est facile à reconnaître de prime-abord : la membrane
fibreuse est épaisse, plus translucide, semée de longs noyaux fusiformes ;
la gaîne épithéliale externe du poil paraît étroitement entourée par un
anneau fibreux. Les nerfs provenant d'un ou même de plusieurs faisceaux
venus dans des directions différentes pénètrent donc profondément dans
la mend)rane fibreuse externe du follicule, rampent horizontalement tout
d'abord dans son épaisseur, formant ainsi une sorte de collier sensitif ;
(275)
durant ce trajet, les faisceaux se dissocient, et bientôt les tubes devenus
indépendants changent de direction et montent verticalement, parallèle-
ment à la tige du poil. A ce moment, plusieurs de ces tubes nerveux se
bifurquent, sans pour cela perdre leur myéline. Après un trajet qui varie
beaucoup, les tubes nerveux se recourhont de nouveau, deviennent si-
nueux, s'enfoncent plus profondément dans la membrane externe du folli-
cule, ne tardent pas à perdre leur myéline; ils sont alors très-profondément
situés et en contact avec la membrane vitrée. Privés de leur myéline, ils se
présentent sous l'aspect de fibres pâles remplies de distance en distance.
Les fines pointes de quelques-unes d'entre elles pénètrent dans la mem-
brane vitrée presque jusqu'aux cellules de la gaine épithéliale externe où
je n'ai pu les voir pénétrer.
» D'autres de ces fibres pâles se renflent légèrement à leur extrémité et
paraissent se terminer dans la couche profonde de la membrane externe du
follicule, au contact de la membrane vitrée. J'ai vu très-distinctement plu-
sieurs fibres pâles se diviser durant leur trajet, le plus souvent en un point
très-voisin de celui où la myéline disparaît du tube nerveux. Sur des
coupes perpendiculaires au bord libre j'ai pu compter jusqu'à 22 tubes
nerveux; mais, sur des coupes parallèles qui me permettaient de voir l'en-
semble de l'anneau, j'ai compté jusqu'à 45 fibres nerveuses, nombre qui
ne paraît pas devoir élre dépassé. Le plus souvent j'ai compté de 3o à
4o tubes nerveux. La disposition que je viens de décrire ne diffère en rien de
celle que j'ai rencontrée dans les poils du tact sans sinus sanguin de la face
des Mammifères et de la queue des Rongeurs. Les cils sont donc de véri-
tables poils du tact ; leur sensibilité du reste qui, dans certains cas patho-
logiques, est exagérée, est facile à apprécier à l'état normal. Cette sensibi-
lité paraît leur être spécialement dévolue aux paupières, car les autres
petits poils que l'on trouve à la surface externe ne présentent pas les mêmes
connexions avec les nerfs.
» La peau des pommettes, celle des ailes du nez, celle des lèvres supé-
rieure, inférieure, la région du menton, possèdent également des poils à
appareil nerveux, mais moins riche que celui des paupières. C'est toujours
au-dessous des glandes sébacées que pénètrent les nerfs accompagnés sou-
vent de vaisseaux. Tous les poils, en cette région, ne sont pas tactiles; il
en est de même chez les Mammifères.
» Les nombreuses connexions des nerfs avec les follicules pileux doivent
donc nous obligera accorder à ces petits organes une certaine importance
dans l'appréciation des sensations produites par l'action de certains agents
36..
( ^76)
extérieurs, et, en première ligne, le mouvement des ondes aériennes. Tonte
vibration du poil devant être immédiatement suivie d'une sensation, grâce
au collier nerveux si délicat qui entoure la tige rigide ébranlée, au point de
vue de la Physiologie coniparéo, nous possédons en nos cils, véritables
poils tactiles, un critérium pour l'appréciation de la délicatesse desvibrisscs
des Mammifères. Enfin nous pouvons, grâce à la connaissance de cet appa-
reil nerveux que nous venons de décrire, considérer les cils, en tant qu'or-
gane de protection de notre appareil visuel, à un point de vue tout nou-
veau. »
STATISTIQUE AGRICOLE. — Sur t'invasion des sniitcrcllcs en AUjéric {avril-
août 1874). Note de M. H, Brocard, présentée par M, Cli. Sainte-Claire
Deville. (Extrait.)
o I/Algérie et, en général, la région nord de l'Afrique ou du Sahara se
trouvent constamment sous la menace d'un fléau dévastateur de ses récoltes.
Des millions de sauterelles, venues du désert, où elles ne peuvent trouver
assez de nourriture, font tout à coup irruption dans le pays, et aucune
plante, à très-peu d'exceptions j)rès, ne trouve grâce devant leur voracité.
En quelques heures, les cultures deviennent leur proie, et les moyens les
plus énergiques pour conjurer le fléau restent impuissants devant une telle
multitude.
» En 1866, l'invasion avait été si générale, qu'il fut impossible de la
combattre avec succès ; elle fut, en grande partie, la cause de la famine
de iSG'j et, par suite, des épidémies qui s'ajoutèrent à ce fléau. Eu iSOy,
les sauterelles se montrèrent en moins grand nombre, et, grâce à d'éner-
giques mesures de destruction, le Tell put échapper aux atteintes. De 1867
à 1870, l'invasion des sauterelles parut éprouver un temps d'arrêt. En 1870,
ou fit une destruction active des œufs et des criquets ; on peut évaluer à
85oooo litres la quantité d'oeufs lecueillis dans la subdivision deMédéah.
Le vont refoula, eu outre, les sauterelles vers le sud, et, de la sorte, le Tell
fut préservé; mais l'oasis de Laghouat éprouva une destruction complète.
» Le fléau semble avoir subi, en 1871 et en 1872, un nouveau temps
d'arrêt. A la fin de mai 1872, on était, pour ainsi dire, maître de l'invasion.
En «873, on prit aussi d'énergiques mesures, et l'on parvint à tenir les
criquets en respect. La situation agricole fui des plus satisfaisantes.
» Enfin, en 187/i, l'invasion des sauterelles et des criqu(>ts fut très-
générale sur tout le sud et le centre de l'Algérie; mais elle ne causa pas,
( 277 )
à beaucoup près, des ravages comparables à ceux dont les indigènes ont
gardé le souvenir.
» Les premières informations de l'arrivée des sauterelles volantes ont
été données par les indigènes des Cercles de I.agbouat et de Géry ville. Au
commencement du mois d'avril, on les signalait comme ayant pris naissance
dans le Sahara, et se dirigeant vers le nord-est et vers le nord-ouest. A cette
époque, une nuée de sauterelles s'était abattue déjà sur El-Riclia, entre le
Djebel-Amonr et Aïn-Madhi. Bientôt elles se montrèrent on immense quan-
tité à Aflou, et du 5 au lo avril celte localité fut ravagée. En moins de
quarante-huit heures, et, malgré tous les efforts des indigènes, les récoltes
de sept tribus de l'annexe furent si complètement détruites, qu'il n'y avait
plus sur le sol trace de végétation.
» Heureusement, une tourmente d'une violence incroyable est survenue
le r I avril ; des torrents d'eau, une quantité de neige et de giboulées sont
tombés; les ravages des sauterelles ont été arrêtés court, et les locustes dis-
persées en tous sens.
» Cependant toute crainte d'invasion dans le Tell n'était pas dissipée.
Les bandes, dispersées par la tourmente, ont dû pondre un peu partout,
de sorte que l'on pouvait prévoir pour la première quinzaine de mai une
énorme éclosion de criquets.
» Vers le 6 avril, on signalait l'arrivée de sauterelles dans le sud de la
subdivision de Mascara, à Frendah, vers le Djebel-Nador, au sud de Ti-
haret. Sur les rives de l'Oued-Sebgague, dans l'annexe d'Aflou, elles cau-
sèrent des dégâts sérieux. La direction de ces bandes était sensiblement
du sud-est au nord-ouest.
o Les premières sauterelles inquiétantes se montrèrent en même temps
à Géryville et dans la région des Ksours. De grosses bandes arrivées chez
les Makéma et chezlesOulcd-Sidi-Tifour (annexe d'Aflou) furent vivement
combattues par les indigènes sous la conduite de leurs Caïds.
» A la suite de cette piemière incursion, un service do surveillance fut
organisé. Des postes-vigies, placés dans tous les cols du Kef-el-Guebli,
eurent pour mission de signaler la venue dos bandes de criquets. Dès que
ces postes auraient donné l'alarme, les tribus devaient se porter dans les
cols, où la destruction est plus facile qu'en plaine, et s'efforcer d'empêcher
les bandes de déboucher pour se répandre dans la conlréc.
» Vers la première quinzaine du mois d'avril, les saulerolles volantes
arrivèrent, de tous \es points du Sahara, sur toute la lisière sud de l'Algérie.
Ainsi, on les observa dans l'Oued-Souf, où les dégâts furent insignifianls;
(^78)
à Biskra, où les premières nuées ne firent que passer, le 3 avril, de midi à
6 heures du soir; le l\, il en pnssa encore d'autres, en moins grand nombre.
Elles s'arrêtèrent, pour faire leurs pontes, dans les terrains sablonneux en-
trecoupés de ravins, abrités des vents du nord et d'une aridité particulière,
qui s'étendent au nord de Biskra, sur la route de Batna; et, à l'ouest,
sur le chemin d'Ouniache, où le terrain offre les mêmes caractères. Des
fouilles fiu'ent immédiatement commenci'es pour arriver à la destruction
des œufs déposés. Toutefois, on le comprend, ces mesures ne suffirent pas
à la destruction complète, et, deptiis le i6 mai, les criquets se montrèrent
en assez grand nombre dans les environs de Biskra, occupant les régions
nord, nord-est et est. Le 23, ils arrivèrent à Biskra, et le 24 ils commen-
cèrent à pénétrer dans les plantations; on leur fit une chasse active, qui ne
fut pas sans résultat.
» Nous avons dit que toute la partie sud de l'Algérie avait été envahie
dès le début. Vers le milieu du mois d'avril, les sauterelles apparurent dans
leHodna, et chez les Ouled-Soltan, en particulier à Dra-el-Méhad, à Shida,
à Telzan et à Ain-Sefian (cercle de Barika).
i> On en signala des vols innombrables dans le sud du cercle de Rhen-
chela, à Foum-bou-Doukham, et à Foum-Gharghar. Les sauterelles cau-
sèrent aussi beaucoup de dégâts dans la subdivision de Médéah, princi-
palement chez les OuledCheikh, aux environs de Taguin, où une bande
de sauterelles venue du Djebel-Amour s'abattit sur la tribu.
» Les indigènes furent invités à faire la moisson en toute hâte, et un peu
plus tôt que de coutume. Ils réussirent ainsi à soustraire une partie de
leurs récoltes à la voracité des locustes. Ils employèrent aussi leur temps,
principalement en mai, à opérer la recherche et la destruction des œufs (i).
» Pendant tout le mois de mai, de nombreuses éclosions de criquets se
produisirent; mais la saison était déjà bien avancée pour eux; une grande
partie de la moisson était achevée, et les céréales, non encore fauchées,
étaient devenues trop dures et se trouvaient à l'abri de leur atteinte, en
raison de leur degré de maturité. Il n'en fut pas de même des cultures
potagères : aussi, dans certaines localités, les dégâts furent-ils encore no-
tables. Ainsi, au commencement de juin, les environs de Géryville se trou-
vaient infestés de criquots. Les cultures du cercle, qui promettaient une
(l) Pour (loiinrr une idrc <le cette destruction, il siilfira de dire qu'nu po juin, dans 1rs
trois subdivisions de Constantine, Sétifet Baina, on uvnit recueilli 4'5?o hectolitres d'œufs,
et 9.4 745 hectolitres de sauterelles et criquets.
( 279 )
récolte abondante, grâce aux pluies tombées pendant les deux derniers
mois, furent détruites en entier par des vols de sauterelles considérables
et par des quantités innombrables de criquets; sauf quelques cliamps
d'orge, qui avaient pu être moissonnés dès l'apparition du fléau, tout fut
perdu.
» A Laghouat, ainsi que nous venons de le dire, la destruction des
jardins a été à peu près complète. Deux cents jardins et la pépinière du
Génie sont devenus la proie des acridiens. Les autres sont plus ou moins
atteints ; un grand nombre d'arbres fruitiers et les peupliers furent entière-
ment dépouillés de leurs feuilles. Enfin, le tout est parti subitement par
une belle après-midi, après avoir dévasté toutes les portions de terrains
où les grains n'étaient pas mûrs, où les plantes n'étaient pas desséchées.
» Ainsi à Sfisifa, sur la route de Géryville à Saïda, les criquets ont envahi
et dévasté le jardin du caravansérail, le 9 et le lo juin. On en a détruit un
grand nombre, en les attirant dans des fosses creusées à la hâte par les sol-
dats de la légion en garnison dans ce poste. Les criquets, qui marchaient
en colonnes serrées du sud vers le nord, ont rencontré les bas-fonds salés
des chotts de l'est, dans lesquels ils ont dû périr faute de nourriture.
» D'autres criquets, en grand nombre, ont dévasté vers la même époque
les jardins d'El-IIammam (route de Mascara au Sig). Rien n'a été épargné;
les aloès eux-mêmes ont-été attaqués.
» Vers le milieu du mois de juin, les criquets furent si nombreux sur la
ligne ferrée d'Orléansville à Blidah, qu'il fallut leur faire la chasse pour
assurer le passage des trains. Les locomotives patinaient sur les rails en-
duits de cette pâte gluante.
» En résumé, la région sud de l'Algérie (Géryville, Laghouat, le Djebel-
Amour) paraît avoir été plus éprouvée que le reste de la contrée (i). Les
ravages ont été en grande partie localisés, mais l'invasion des sauterelles
s'est abattue sur toute l'Algérie avec plus ou moins d'intensité, et, si les
dégâts n'ont pas atteint d'énormes proportions, on le doit surtout à l'éclo-
sion tardive des œufs et par suite à l'apparition tardive des criquets. »
(i) Nos observateurs du réseau météorologique algérien nous ont fourni des renseigne-
ments détaillés, dont l'analyse accompagne la présente Note.
( 28o )
M. E. DiîCRETET adresse une Note relative à la résistance électro-chi-
mique, offerte par l'aluminium employé comme électrode positive dans un
voltamètre.
Un voltamètre à eau acidulée reçoit une lame de platine et une lame
d'aluminium, mises en communication avec les pôles d'une pile : si l'alu-
minium est l'électrode négative, l'hydrogène se dégage sur celte lame, et
le courant a son intensité ordinaire; lorsqu'on renverse le sens du courant,
il n'y a plus décomposition de l'eau, et l'intensité du courant devient très-
faible. Le phénomène se produit instantanément, quelle ([ue soit la rapi-
dité des changements de sens. La surface de l'ahuninium ne paraît pas
s'altérer : elle est préservée par une légère couche d'alumine, sous la-
quelle on retrouve le poli de la plaque.
L'auteur applique ces résultats à la construction d'un rliéolome liquide^
ne permettant le passage des courants que dans une direction déterminée.
Il indique les applications qui pourraient être faites de ce rhéolome, aux
lignes télégraphiques, aux sonneries électriques, à l'inflammation des
mines, etc.
M. Chapelas adresse le résumé des observations barométriques faites
par lui avant et pendant la tempête ressentie à Paris dans la nuit du
21 janvier.
La baisse barométrique a commencé à Paris, dès la soirée du i4; le 19,
il signale l'apparition d'un halo lunaire et la rapidité du mouvement de
deux couches de nuages, dans des directions différentes, qui ont pu faire
prévoir l'approche de coups de vent violents. Cette tempête, qui se trou-
vait à la hauteur de Terre-Neuve vers le 1 4 et le 1 5, a mis six jours pour
nous arriver; elle a produit sur la colonne barométrique un abaissement
de 20 millimètres.
M. Chapclas cite des observations météoriques, qui ont été faites dans
la nuit du i3, et qui pouvaient faire présager ce grand mouvement atmo-
sphérique : à 10'' 45", une étoile filante, venant du sud-ouest, et finissant
ouest-sud-ouest, fournissant une trajectoire de 3o degrés; à ii''3o™, une
étoile de G'^ grandeur, partie de a du Lion, et parcourant 4o degrés, avec
une rapidité extraordinaire.
M. Mangot adresse une Noie relative aux causes de rupture des essieux
et en général des pièces de fer soumises à des vibrations répétées.
( 28. )
M. CuASLEs, en présentant à l'Académie les livraisons de juin, juillet
et août 1874 du UulUllino di Bibliocjrafia e di Storin délie Scienze malema-
tiche e fisiche, s'exprime comme il suit :
« Je citerai, du numéro de juin, une courte dissertation de M. Th. -H.
Martin, notre confrère de l'Académie des Inscriptions, sur le prétendu
XV' livre des jË/emen/^d'Euclide, qu'il regarde, conformément au jugement
déjà porté à ce sujet par M. Friedlin, comme l'œuvre d'un auteur très-pos-
térieur. ]M. lî. ^Martin pense que cet auteur, dont l'opuscule a eu l'honneur
dépasser pour leXV^ livre des £'/emen/i d'Euclide, serait Damassius, disciple
du philosophe néo-platonicien Isidore d'Alexandrie. Puis setrouveun court
fragment, texte arabe et traduction par M. A. Marre, d'un auteur arabe,
Abut fFaJa Jl Djouéini, non mentionné par Casiri. Ce sont quelques
questions d'arithmétique qui se résolvent par deux équations du premier
degré.
M Les numéros de juillet et d'août renferment deux Mémoires relatifs à
deux géomètres du xiv* siècle, et des développements fort étendus de
l'auteur même du Bullettino. Le premier, de M. Cornelio di Simoni, est
une Notice sur la vie et les travaux d'Andalô di Negro, mathématicien,
astronome et voyageur génois du xiv' siècle, et sur plusieurs autres cosmo-
graphes et mathématiciens de Gènes. On y voit que d'Andalô di Negro a eu
pour disciples, à Naples, Jean Boccace et un évêque dont plusieurs travaux
astronomiques se conservent dans un manuscrit de la Bibliothèque natio-
nale de Florence. A la suite, se trouve un long travail de M. Boncom-
pagni, faisant connaître quinze écrits d'Andalô di Negro, dont trois ont été
imprimés à Ferrare en ^'jS, édition extrêmement rare, et les douze autres
n'existent qu'en manuscrits, dont M. Boncompagni extrait de nombreux
passages. Enfin le Bullellino d'août renferme un écrit de M. Jacoli, intitulé :
Inlorno a due scritti di Rnffaelc Giialttrotli, relatif à l'apparition de la nou-
velle étoile en iGo4: Un autre écrit de l'auteur, intitulé : Schcrzi deijli spiriti
animali... (Firenze MDV), dit que la courbe décrite par les projectiles est
une parabole. Jusqu'ici on avait cru communément que c'était Cavalieri
qui, le premier, avait fait connaître ce fait important de la Balistique, dans
son ouvrage intitulé : Lo sjtc.cchio ustorio..., postérieur de vingt-sept ans à
l'opuscule de Gualterotti. M. Jacoli rappelle aussi un passage important
d'un écrit de iMœstlin : Dispulatio de eclipsibus Salis cl Lunœ, imprimé
en 1696, contenant la vraie explication de la lumière cendrée de la Lune,
opuscule extrêmement rare, qui n'est cité ni par Lalande, ni par aucun
C. R., i8;5, i"irratji,e. (T. LXXX, ^° 1.) 'il
( 282 )
bibliographe. Cependant Kepler en avait fait mention. les livraisons de juin
et août renferment en outre deux tables fort étendues (p. 272-312, et
4i6-45o) de toutes les publications scientifiques les jjIus récentes. »
(i M. Cii. Saixte-Claire Deville présente, au nom de M. le capitaine
de vaisseau Pujazon, directeur de l'Observatoire de la marine de San-Fer-
nando, la partie météorologique des Annales de cet établissement pour
l'année 1873. Il insiste sur le grand nombre (16) des observations diurnes,
leur régularité, le luxe et la netteté de l'impression. Celte publication con-
stitue un réel service rendu à la science. »
« M. Pacl Gervais présente la Carte géologique de l'arrondissement
d'Uzès (Gard), par feu M. Ëmilien Dumas, de Sommières. Ce travail, quoi-
que terminé depuis plusieurs années, n'avait point encore paru ; il a été pu-
blié par les soins de M. Lombard-Dumas, gendre du savant géologue, qui
en fait hommage à l'Académie. »
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance nu i8 janvier 1875.
( SCITE. )
Annales des Ponls et Chaussées. Mémoires et documents; octobre 1874.
Paris, Dunod, 1874; in-8°.
Mémoires et documents de la Société de Médecine et de Chirurgie de Bordeaux;
i" et 2" fascicule. Bordeaux, Féret et fils, 1874; in-8°.
Catalogue des mousses du Calvados ; par T. HUSNOT. Caban, T. Husnot;
Paris, F. Savy, 1874; in-8°.
Cours de Chimie générale élémentaire; par M. F. HlîTET; 2<- fascicule,
pages 369 à 688. Paris, E. Lacroix, 1875; in- 12,
Chnmhre de Commerce de Bordeaux. Réponse au questionnaire de la Com-
mission j)our le développement du commerce extérieur. Bordeaux, typ. de
veuve Cadoret, 1874; in-4°-
( 283 )
A'ole sur les géolnipides qui se rencontrent en Belgique; jiar A. PREUDIIOMME
DE BORRE. Bruxelles, 1874; br. in-8°. (Extrait des Annales de la Société en-
tomologique de Belgique.)
Reclieiches expérimentales des lois de la fiUration; par Paul ITavrez. Liège,
Desoer, sans date ; in-8°.
Memoiin Itistorica da Faculdade de Phibsopliia; par J.-A. SiMOES DE Car-
VALHO. Coimbra, imprensa da Uuiversiclade, 1872; in-8".
Memoria historien da Faculdade de Malhematica nos cem annos decorridos,
desde a reforma da Universidnde em 1772 aie o presenti; pelo couselheiro
Fr. DE Castro-Freire. Coimbra, imprensa da Universidade, 1872; in-8°.
(3 exemplaires.)
Memoria Itistorica e commemoraliva da Faculdade de Medicina nos cem cm-
nos decorridos desde a reforma da Universidade em 1772 ((te o présente; for
B.-A. Serra de Mirabeau. Coimbra, imprensa da Universidade, 1873;
in-8°. (3 exemplaires.)
Esboco liistorico-lilterario da Faculdade de TUeologia da Universidade de
Coimbra en commemoraçào da centenario rejorma e restauraçào da mesma
Universidade ejfectuada pelos sabios estuludos de i'j'J^, elabonido pelo
D.-M.-E. DA MOTTA Veiga. Coimbra, imprensa da Universidade, 1872;
in-8°.
Additamento a Memoria historica da Faculdade de Philosophia. Coimbra,
sans date; in-8''.
Discurso pronunciado pelo Reitor da Universidade de Coimbra, Julio-ÎNIaximo
DE Oliveira-PimenïEL-Visconde de Villa Maior em 16 de outubro de 1872.
por occasiao da Jesla commemoraliva da reforma da mesma Universidade em
1772. Coimbra, imprensa da Universidade.
Anlropologia. L'uomo e la Scimmia. Memoria de C.-G.-C. Zanghi. Ca-
tania, ti(). Caiatola, 1871; in-4°-
Sul cane. Nota zoologica de monsignor G.-C. Zanguy, letta ivi neila
tornata del i5 marzo 1874 dal Segretario générale cav. A. Catara-Let-
TIEUI. Catania, tip. Roma, 1874; in-4°.
Un qui pro quo in fatto di geneiazione spontanea. Nota letta ail' Accade-
mia Gioenia nella seduta ordinaria di febbraio 1872, dal soc. attivo Mons.
G. D' C. Zanghi. Sans lieu ni date; br. in-4°-
Atti délia reale Accademia dei Lincei; t. XXVI, sessione III, IV, 1873.
Roma, tip. délie Bellc-Arti, 1874; in-4".
( 284 )
Jtti deW Accademia ponlificia de Niiovi Lincei ; anno XXVII, ses-
sioneA'IP (lel 5 luglio 1874. Roinn, tip. délie Scienze matematihe e fisiche,
1874; in-4°.
Recherche des équations des couples de qitndriques inscrites dans une qua-
drique donnée et tangentes à quatre quadriques inscrites aussi dans ta même
quadrique; par M. J. Caset. A. Kitigtown, sans lieu ni date ; br. in-8°.
On the équations oj circles, etc.; by John Casey. Sans lieu ni date ;
br. in-8°.
On bicircuiar quarlics; /)/ John Casey. Dublin, H. Gill, 1869; in-4°.
On cyclides and sphero-quartics ; by John Casey. Sans lieu ni date;
br. in-4°.
Untersuchungen ziir nnturlehre des menschen und der tbicre , herausge-
geben von J. MoleSCHOTt ; XI Band, viertes Heft. Giessen, E. Rolh, 1874-,
in-8°.
ERRATA.
(Séance du 4 janvier 1875.)
Page 38, ligne 20, auticude (f - tang^Lsin'L), //.re: sinL(' — tang'Lsin'L — JJ-sin^L).
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 1"' FÉVRIER 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MEMOIRES ET COMftlUNlCATlONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADitMIK.
M. Becquerel, en présentant à l'Académie l'ouvrage qu'il vient de pu-
blier, et qui a pour titre : " Des forces physico-chinnques et de leur inter-
vention dans la production des phénomènes naturels », s'exprime comme
il suit :
o Dans cet ouvrage, j'ai donné d'abord un exposé historique de mes
recherches depuis 1823 (i) sur le dégagement de l'électricité dans les ac-
tions chimiques (2). Ces recherches eurent jiour premier résultat do faire
substituer à la théorie du contact celle dite clcclrochitniquc, à laquelle ont
contribué de la Rive depuis 1828 (3) et Faraday depuis i832 (4).
(i) Rkcquerel et En. Becquerel, Histuirc di: l'électricitc, p. 162; Aitittilis de Chiiinc cl
de Physique, 2" série, t. XXIII, p. i35.
(?.) Dans lu cours de la même année, puis en 1824 et dans les années suivantes, je pré-
sentai les lois de ce déj^'agement { Anmdcs de Chimie et de Ph)sique, 2" série, l. XXIV,
XXV, XXVI, XXVII et XXVIII).
(3) Annales de Chimie et de Physique, t. XXXIX, p. 29'j.
(4) Philosophical Trans., V° partie, p. 61, 1840. — Faraday s'exprime cnninie il suit, en
parlant de la théorie élcctrocliitni(iue de la pile :
« Celte théorie fut pour la picuiiére fois mise en avaut par b'abruiii, puis par \Volla>lnn
C. R., iH^S, 1" .Srmcid.-. ri . l.XXX, N" !î.) 3S
( 286 )
» En i829(i)et r835(2), je fis connaître les piles à deux liquides séparés
par un diaphragme, dites à courant cot^stant, notamment celle à sulfate de
cuivre, et le couple qu'on a appelé à gaz ox/gcne. Tels ont été les points de
départ de mes recherches électrochimiques.
» J'ai exposé ensuite, avec de grands développements, tout ce qui con-
cerne la production des courants électriques le long des parois des dia-
phragmes perméables qui séparent deux liquides différents réagissant l'un
et Perrot; plus tard, elle a été plus ou moins développée par OErsted, Becquerel, de la Rive,
Ritchic, Pouillet, Scliœnbein et beaucoup d'autres savants, parmi lesquels on doit distinguer
Becquerel, qui, dès le commencement, a fourni un contingent toujours croissant de preuves
expérimentales les plus frappantes de ce fait, que les actions chimiques dégagent toujours de
l'électricité. On peut citer aussi de la Rive pour la grande clarté et la constance de ses vues
et pour le zèle avec lequel il n'a cessé, depuis 1827, d'appuyer d'arguments et de faits expé-
rimentaux la théorie chimique de la pile. »
Rerzelius {Théorie des proportions chimiques, 1" édit., p. ^.\, traduction française), après
avoir parlé des expériences de Davy, ajoute :
« Des expériences plus récentes, faites par Becquerel à l'aide du multiplicateur électro-
magnétique, doivent également cire considérées comme des preuves positives de l'action
électrique dans les actions chimiques. Ce savant a prouvé que la plus faible action chimique
produisait sur l'aiguille aimantée l'effet d'une décharge électrique. Parmi les expériences de
Becquerel, je citerai la suivante : il adapta à l'extrémité d'un des lils du multiplicateur une
pince en platine munie d'une petite cuiller en or, enveloppée de papier; à l'autre fil il fixa
un petit morceau de platine; lorsqu'il plongea les doux extrémités ainsi garnies dans un
verre rempli d'acide nitrique, il n'y eut point d'effet électrique, et l'aiguille resta tran-
quille; mais dès qu'on versa dans le liquide une goutte d'acide hydrochlorique très-étendu,
l'aiguille dévia, et, par suite de la combinaison produite, la liqueur fut colorée en jaune par
le chlorure aurique; en employant, à la place de l'or, du cuivre enveloppé de papier, la
combinaison chimique s'opéra sans aride hydrochlorique, et l'aiguille aimantée dévia. »
I\I. de la Rive ( Traite trclertrieitr, t. I, p. 5c)o), en parlant du dégagement d'électricité
dans les actions chimiques, s'exprime ainsi :
■< Pour bien analyser les effets électriques qui résultent de l'action chimique des liquides
sur les corps solides, il faui commencer par opérer avec l'électroscope condensateur. C'est
Becquerel qui, le premier, a fait des expériences de celte manière Becquerel trouva jibis
tard qu'on détermine également un courant en plongeant dans une solution acide ou alcaline
les deux bouts d'un fil de cuivre d'un galvanomètre; mais il faut, pour que le courant ait
lieu, que le liquide CNCrce une action chimique sur la partie immergée des fils. Le même
physicien observa, en outre, que le sens du courant paraissait dépendre de celui des deux
bouts du fil qui était attaqué le plus vivement. »
(1) .IniKilcs (le Cliiniir et de Physique, ■}." série, I. XLI, p. 5.
[•},) Comptes rendus, t. I, p. 455.
{ 287 )
sur l'aiitie, et que j'ai appelés foiirrtd/s ilcclrocnpillaiies. Je me suis attaché
il montrer les propriétés de ces courants dans les trois règnes de la nature,
nolauiment dans les fonctions vitales.
» Les courants électrocapillaires produisent peut-être dans certaines cir-
constances des effets que Berzelius attribuait à cette force mystérieuse qu'il
appelait calalyliqm, et dont il avait le pressentiment quand il s'exprimait
comme il suit (r) :
« La force catalytique n'est ni la posanlcur, ni la cohésion, ni l'affinité; en admettant,
ce qui est probable, que c'est une manifestation de la force électrique, nous devons croire
qu'elle est d'une nature toute particulière et si différente de l'électricité ordinaire, qu'elle
mérite donc une dénomination spéciale. »
j> J'ai montré eiisiiile quelles étaient les actions produites par les cou-
rants électrocapillaires dans les corps des trois règnes de la nature; puis
comment il était possible, à l'aide de leur concours, d'étudier le mécanisme
en vertu duquel les molécules arrivent à un état d'équilibre stable dans les
doubles décompositions, question que notre confrère, M. Berthelot, a trai-
tée avec le concours des affinités et des effets de chaleur produits.
» J'ai abordé ensuite une question de la plus haute itiiportance, avec
une certaine réserve toutefois, celle qui conceriae le mode d'intervention
des forces physico-chimiques dans la production des phénomènes orga-
niques.
» Tous les corps organisés sont formés d'organes composés de lisstis ca-
pillaires et de liquides différents, à l'aide desquels la vie est entretenue
dans toutes leurs parties. Les courants électrocapillaires peuvent intervenir
puissamment, car ils n'exigent pour remplir leurs fonctions que des tissus
perméables et desliquides de différentes natures; mais il est nécessaire pour
cela que les tissus des divers organes et les liquides conservent leur état
primilii. Les tissus viennent-ils à se distendre par une cause quelconque,
les liquides se mélangent peu à peu, les actions électrocapillaires cessent et
la mort ne tarde pas à arriver. La force vitale est donc celle qui maintient
intactes l'organisation des tissus et la composition des liquides.
» Les deux exemjjles suivants serviront à montrer l'importance que l'on
doit attacher à l'éttide des actions électrocapillaires. Supposons que l'on
introduise de l'eau ou un autre liquide dans l'estomac : ces liquides exer-
ceront une action sur le sang par l'intermédiaire des tissus qui les sépa-
rent; il en résidle des effets électrochimiques que l'on peut constater, et
(i; Truite tlv Chiiiiify ■?'' édition française, I. V, p. f\5.
38..
( ^88 )
qui indiquent alors si le sang a éprouvé une oxydation ou une réduction.
» Autre exemple : trouve t-ou dans un filon ou dans les fissures d'une
roche un minéral cristallisé, d'origine aqueuse, et dont on ne connaît pas
le mode de formation, on sait seulement que le filon est traversé par des
eaux contenant les substances qui entrent dans la composition du minéral.
Il est possible souvent de reproduire ce dernier, dans un appareil électro-
capillaire, comme on en cite de nombreux exemples dans l'ouvrage.
» L'étude des actions physico-chimiques sur notre globe nous a amené
naturellement à rechercher s'il ne s'en produirait pas de semblables dans
le Soleil, dont l'origine est la même que celle de la Terre.
» L'analyse spectrale de la lumière solaire et de la lumière stellaire
nous apprend que les éléments matériels qui composent la Terre se trou-
vent également dans les astres; on est conduit ainsi à admettre que les
forces propres à la matière agissent également dans tout l'univers. D'un
autre côté, le Soleil et la Terre ayant eu une origine commune, il est na-
turel de comparer les phénomènes physiques et chimiques produits dans
les premiers âges de noire globe à ceux qui ont lieu maintenant dans le
Soleil, dont le volume, étant iSaG 480 fois plus considérable que celui
de la Terre, a dû éprouver un refroidissement excessivement lent dans la
même période de temps. Or on peut se rendre compte jusqu'à un certain
point des changements successifs qui se sont opérés dans la Terre lorsque
son refroidissement a commencé.
» On distingue trois époques calorifiques pendant la formation de notre
planète. La première est celle où tous les éléments étaient à l'état gazeux,
par suite d'une température excessivement élevée; tous les éléments étaient
alors dissociés.
» La deuxième est celle où, la température étant suffisamment abaissée,
les affinités commencèrent à exercer leur action. Les composés formés
passèrent successivement à l'état gazeux, liquide et solide; il se produisit
alors de puissantes actions chimiques, accompagnées d'effets électriques,
qui rendirent étincelante l'atmosphère déjà formée ; la foudre devait
éclater de toutes paris.
» La troisième époque est celle où, la température élanl suffisamment
abaissée et un peu au-dessous de 100 degrés, l'eau commença à prendre
l'état liquide et à réagir sur les cor|)s déjà formés, en produisant un déga-
gement de chaleur et d'électricité énorme, qui contribuait à rendre lumi-
neuse l'atmosphère.
» La deuxième époque est celle à laquelle i\ faudrait rapporter la cou-
( 289 )
stitution actuelle du Soleil, autant qu'il est possible de le supposer, en
s'appiiyant sur les données que nous fournissent l'AsIronouiie, la Géo-
logie et les éruptions volcaniques anciennes et modernes.
» J'ai cru devoir exposer ensuite les principaux phénomènes de l'atmo-
sphère, phénomènes lumineux, électriques, aqueux et d'orages à grêle, ce
qui m'a conduit à parler des climats, de leur constance, de leur varia-
bilité et do rinflueuce qu'exercent sur eux les forêts; puis j'ai rapporté les
recherches qui ont été faites pour remonter autant ([u'il était possible,
en s'appuyant sur des données historiques, à l'aticienneté de certains chan-
gements opérés à la surface du globe..
» J'ai donné enfin un aperçu général des actions lentes qui ont lieu
dans les différents terrains, afin de montrer coiiiment interviennent les
forces physico-chimiques dans les elïcts que l'on observe, 'et que j'ai essayé
de reproduire en employant ces mêmes forces dans des conditions sem-
blables.
» On voit, par ce court exposé, que j'ai cherché à aborder expérimenta-
lement, dans cet ouvrage, les principales questions qui se rattachent à la
production des grands phénomènes de la nature. »
ASTRONOMIE. — M. YvoN ViLLARCEAU donne lecture d'une Note relative
à la discussion des observations du passage de Vénus.
ASTRONOMIE. — Présentation d'une nouvelle livraison de i « Atlas écliplique
de l'Observatoire de Paris « ; par M. Le VEnniEU.
« V Allas écliplique est la description exacte d'une zone de 5 degrés de
largeur, s'étendant à 2 degrés et demi de part et d'autre de l'écliptique
sur tout le pourtour du ciel. Les cartes qui le composent comprennent
chacune 20 minutes de temps en ascension droite. Soixante-douze cartes
suffiraient pour décrire la zone complète; il y en aura toutefois quelques-
unes de plus pour les régions voisines de l'équateur, où l'arc d'écliptique
est le plus incliné sur les parallèles. Elles contiennent toutes les étoiles
visibles dans une lunette de 24 centimètres d'ouverture, jusqu'à la treizième
grandeur inclusivement.
» Quatre des cartes de la présente livraison , contenant ensemble
7655 étoiles, sont de MM. Paul et Prosper Henry. T.;i méthode que suivent
ces deux observateurs pour la construction des caries a été décrite par eux
dans les Comptes rendus, t. L.WIV, p. 2/\('). Us font usage des deux équato-
riaux du jardin, munis, l'un d'une lunette de 24 centimètres, l'autre d'une
{ 290 )
limetle de 21 cenlimètres. La découverte de plusieurs petites plnnètes et
comètes a été déjà la récompense de leur activité.
» Au grand équatorial Secrétan-Eichens, M. Wolf a fait adapter un mi-
crouiètre de construction spéciale, qui, mettant à profit la précision d'en-
traînement de la lunette sous l'action d'un régulateur deL. Foucault, doiuie
immédiatement les coordonnées de toutes les étoiles comprises dans le
champ de la lunette, telles qu'elles doivent être rapportées sur la carte, en te-
nant compte, par conséquent, du rapprochement des cercles de déclinaison
quand la région observée s'éloigne de l'équateur. Après avoir servi à la
construction d'une carte écliptique, ce micromètre est appliqué mainte-
nant à la description exacte des amas d'étoiles.
» Les nouvelles cartes présentées à l'Académie ne sont donc pas seule-
ment des dessins suffisamment exacts du ciel, mais représentent, pour la
majeure partie des étoiles, un catalogue exact au 10*^ de minute d'arc et à
la seconde de temps. Le remplissage à vue du canevas ainsi formé ne com-
prend, pour la plus grande partie du ciel, qu'un petit nombre d'étoiles.
Cependant, comme il reste à faire des portions où la zone écliptique coupe
la voie lactée, et qu'un très-beau temps est nécessaire pour pointer toutes
les étoiles visibles dans cette riche région, les observateurs sont, dans ce
cas, obligés de donner au remplissage du canevas une plus grande impor-
tance. Une des nouvelles cartes (MM. Wolf, André et Baillaud) contient à
elle seule 4558 étoiles, sur lesquelles 2000 environ ont été déterminées
rigoureusement.
» L'Observatoire de Marseille, d'abord succursale de celui de Paris, au-
jourd'hui indépendant, reste toujours lié à nous par les relations les plus
cordiales. M. Stéphan a voulu prendre sa part du grand travail que nous
nous efforçons d'achever, et le Conseil général astronomique, dans sa ses-
sion de 1874, a consacré ce principe du travail en commun. La carte n" 3i
a été construite à Marseille par MM. Stéphan, Borrelly et Coggia. »
M. Le Vehbier dépose, à celte occasion, ini exemplaire du Naulical
Almaiiac poiu' l'année 1878, publié par M. Hind, et fait remarquer que
l'éphéméride de Jupiter est construite sur les nouvelles Tables de "SI. Le
Yerrier.
» Dans la dernière séance, M. Le Verrier a exprimé l'avis qu'il serait
utile d'examiner avec soin la valeur des observations individuelles qui
seront communiquées touchant le passage de Yénus, et d'éliminer a jiiivii,
autant que possible, les observations défectueuses. Sans sortir du sujet, la
discussion des observations des passages de Vénus eux-mêmes en 1761
( 29> )
pt 17C9 montre combien la méthode des moindres carrés, appliquée à
l'ensemble des observations sans qu'on ait fait cuire elles un choix sévère,
peut faire d'illusion.
» D.ins son travail sur la détermination de la parallaxe du Soleil, le
directeur de l'Observatoire de Berlin, Encke, applique à la discussion des
observations du passage de 1761 la méthode des moindres carrés et trouve,
pour la parallaxe équatoriale et horizontale du Soleil,
8", 5309,
avec une erreur à craindre de o",o6 environ.
» Par la discussion des observations du passage de 1769, traitées en la
même façon, Encke trouve la parallaxe
8", 6o3o,
avec une erreur à craindre de a", 0^60.
» Enfin, par la combinaison de l'ensemble de toutes les observations des
deux passages, Encke conclut la valeur définitive de la parallaxe
8", 5776,
avec une erreur à craindre de o",o37.
» Or, quelque illusion que puisse faire le nombre exagéré des déci-
males, et surtout l'exactitude conclue, on sait, dès à présent, que l'erreur
réelle du résultat est dix fois plus forte que la méthode ne l'indiquait, et
c'est cette erreur qui a été la source de tant de difficultés ».
NOmiVATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats, qui devra être présentée à M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique, pour la chaire d'Histoire naturelle des corps inorganiques,
laissée vacante au Collège de France par le décès de M. Élie de Reaumont.
Au premier toiu* de scrutin, destiné au choix d'un premier candidat,
M. Ch. Sainte-Claire Deville obtient. ... 43 suffrages.
Il y a deux billets blancs.
Au second tour de scrutin, destiné au choix d'un second candidat,
M. Fouqué obtient 4' suffrages.
M. C. Darcste i »
En conséquence, la liste présentée par l'Académie à M. le ^linistre com-
prendra : <7( première liijni-, M. Cii. Saixtk- Claire Df.vim.k; (7j acajinlc
lujne, M. Fouqué.
( 292 )
MÉMOIRES LUS.
GÉODÉSIE. — LwicUe onaltntique , appliquée à tine boussole nivelante
el à un lachéomèlre ; par M. C.-M. Goixier. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Faye, Villarceau, Desains.)
o M. Porro, officier supérieur du Géuie piémoiitais, qui avait imagiué
la lunette anallatique, l'avait réalisée en armant la lunette de trois oculaires
distincts, places les uns au-dessus des autres, et avec chacun desquels on
observait séparément le fil réticulaire et les fils stadimétriques.
» Depuis lors, pour éviter les inconvénients de ces trois oculaires dis-
tincts, les constructeurs ont réalisé la lunette anallatique avec des oculaires
de Ramsden, mais en quadruplant au moins les erreurs dans la mesure des
distances. Aussi leurs lunettes énormes, qui exigent pour les porter des
instruments fortement charpentés, donnent-elles moins de précision dans
les mestires que les petites lunettes que nous avons l'honneur de présenter
à l'Académie (*).
» Voici les conditions auxquelles a dû satisfaire et satisfait en effet la
lunette anallatique présentée :
» a étant la distance du centre d'anallatisme à l'objectif; p, //, //', p"
étant respectivement les distances focales principales de l'objectif, du verre
anallatiseur et des deux lentilles de l'oculaire; d\ d" et d'" étant les dis-
tances successives de ces diverses lentilles, quand la lunette est ajustée
pour viser un objet situé à l'infini, et pour un œil emmétrope :
» 1° Le verre anallatiseur est, comme dans les lunettes de M. Porro,
une lentille .simple, piano-convexe, dont le foyer est calculé par \;i formule
(*) Ces lunettes ont été réalisées, dès iSSg, dans les ateliers de M. Bellieni, habile con-
structeur de Metz (arlucllemcnt à Nanry), qui, depuis lors, en a exécuté un grand nombre;
mais elles sont peu connues, parce qu'elles n'ont jamais été décrites. Nous les présentons
associées avec une boussole nivelante en métal et avec un lacliéométre. La boussole nive-
lante, exécutée, d'après nos dessins, dans les ateliers de l'École de IMetz, ne pèse que a''', 3.
C'est un instrument Irès-commode, très-stable et d'une précision suffisante pour le service
ordinaire. Le tachéomètre, exécuté, sous notre direction, par M. Tavernier-Gravet, pour
l'enseignement de l'École d'Application de l'Arlillerie et du Génie, est un instrument de
petites dimensions, qui est débarrassé de toutes les vis de rappel dont on jieut se passer, et
(lui, dans l'emploi, est beaucoup plus commode et au moins aussi précis que les énormes
instruments ipie l'on a exécutés jusqu'ici sous le même nom.
( 293)
d'annllatisine
p ~ cl — ■ — ,—
' n -\- p
il est lié invariablement à rol)jectif;
» 2" L'ensemble des leiililles //, //', //" a été considéié coiimie un ocu-
laire triple, et a été assujetti à la condition iVachroDintisint latéral, que nous
avons exprimée par la formule
P" + P"' -:, , "-^'i').
n 3° L'anneau oculaire est placé à 5 millimètres au moins en arrière de
la lentille d'œil, afin que celui-ci puisse percevoir facilement tonte l'étendue
du champ;
» 4° Aucun rayon lumineux ne rencontre les surfaces des lentilles sous
des angles moindres que 6o degrés : l'inobservation de cette condition
causerait une trop grande déperdition de lumière par réflexion et des
aberrations sphériques trop considérables;
» 5° Les cercles qui sont les intersections des pinceaux lumineux par
les surfaces des lentilles ont des diamètres plus grands que o'"",3, sans
quoi le moindre grain de poussière, en interceptant un ou plusi( uis pin-
ceaux voisins, produirait des taches sur l'image perçue;
» G" Il reste, entre le foyer réel et la lentille qui est en avant de lui, un
intervalle de 8 à 9 millimètres, ce qui est nécessaire pour y loger le méca-
nisme (lu porte-fil ;
)) 7° Le grossissement est tel que le diamètre de l'anneau oculaire
égale i™",75. Un grossissement trop fort est nuisible par les temps sombres,
ou quand les lentilles ne sont pas entretenues dans un grand état de pio-
preté ;
» 8° Le sinus du demi-champ amplifié est au moins de o,aoo.
» L'étude analytique de la question a montré qu'on ne pouvait satisfaire
à ces diverses conditions que par un oculaire négatif, composé de deux len-
tilles convergentes. Elle a |)rouvé, de plus, que l'on ne pouvait pas s'écarter
beaucoup de certaines ju-oportions, que l'on a calculées.
I) INIais un oculaire établi avec ces proportions, et composé de lentilles
piano-convexes, n'était pas aplanétique; et la partie du champ que l'on
(*) On sait que, pour un ociilairo compose de (Itux l(nlill(S/>" ft //", ilibtaiites de <■/' ,
p" -1- p'"
fonuulc d'achroHiatisme latéral est -^ — = 1.
a
C.R., 1875, 1" Scmejii c. (T. LXXX, N» !î.1 ^9
mm
206,5
1 1 ,5
21 ,0
( 294 )
pouvait percevoir avec netteté était trop restreinte. On s'est alors livré à des
essais méthodiques, avec des lentilles de foyers identiques, mais de formes
diverses, et l'on est parvenu à constituer un oculaire doué d'un champ
assez grand, et d'une netleté parfaite dans toute l'étendue de ce champ, et
cela malgré les variations qu'éprouvent d" et d'" pour l'ajustement de la
lunette aux diverses distances et aux diverses vues. Cette lunette est même
plus nette que les lunettes ordinaires d'instruments; ce qui tient sans doute
à ce que les oculaires de Ramsden, que l'on emploie dans ces dernières,
ne peuvent pas satisfaire à la condition d'achromatisme latéral.
» Voici les proportions que nous avons adoptées. Les distances sont
comptées entre les centres optiques des lentilles, et elles tiennent compte
approximativement des épaisseurs de celles-ci :
Distances focales Diamètres Distances
principales. réels. entre les lentilles,
mm mm
Objectif O /" = 23o,o ... 24,5
Verre anall.itiscur 0' />' = i25,o ... i3,o
Verre de cliamp 0*' /•'"= 3i ,7 ... 11,0
Oculaire O"' /'= ' ' >y • • • ^j"
Diamètre efficace de l'otijeclif 21 ,0
Grossissement 12 fois.
111111
Distance de l'objectif au centre d'anallatisme «=122,0
Distance de 0" au diapliragme jjorte-fils 9,5
Diamètre de l'ouverture de ce diaplirai^nie 5, i
Écartement des fils pour angle stadimétriciuc ^'^ 3,o5
Distance du point oculaire à C" 5, i
Course de roculaire pour viser à 3 mètres • ' ?()
» Les lentilles simples ont les formes stiivantes :
» Le verre anallatiseur O' est piano-convexe; le verre de champ 0" est
concavo-convexe; le rayon de la courhure concave, 3 fois plus grand que
celui de la courbure convexe (t). La lentille oculaire O " est biconvexe,
l'une des courbures étant 4i fois plus forte que l'autre (i). Les trois len-
tilles ont leur face la plus bombée tournée vers l'objectif.
» Pour que la lunette soit bonne, il itnporle beaucoup que les foyers de O*
et G'écartent peu de ceux qui sont indiqués ci-dessus. Il est donc indis-
pensable que, pour mesurer ces foyers, l'opticien fasse usage L\\n\focoinèlre.
Toutefois, à cause des incertitudes inévitables de la fabrication, le con-
(1) Hayons de courbure : pour O', concave i5 lignes, convexe 5 lignes; |)()ur O"',
l5 lignes cl ,'> [ ligues convexes. (Les outil:) des opticiens sont encore gradues eu lignes.)
( =95)
structeiir doit ajuster l'oculaire de la façon suivante : il met d'abord l'ocu-
laire O ' à la distance des fils qui convient à une vue moyenne, puis il en
.ipproche ou il en éloigne le verre de champ O", jusqu'à ce que la lunette
lui paraisse nette dans toute l'étendue du champ, quand il l'a mise au point
pour viser les objets, soit éloignés, soit rapprochés. Si, après ce réglage de
l'écartement des deux verres de l'oculaire, le grossissement était insuffisant,
il f'iuidrait raccourcir le foyer de la lentille d'oeil O'". »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE APPLiQUiiE. — Sur ta théorie générale des percussions el sur la
ninnicre de l'appliquer nu calcul des effets du tir sur les différentes parties
de raffut. Note de M. U. Putz.
(Commissaires : MM. Morin, Phillips, Resal.)
(( Soit un corps rigide, de masse M, et dont les moments d'inertie autour
des axes principaux qui se croisent en son centre de gravité O sont Ma-,
M [ri-, INI Y". Supposons que ce corps reçoive en un de ses points A(x, j,z)
une percussion P agissant dans une direction déterminée parles angles «,
b, c, qu'elle fait avec les axes principaux, pris pour axes des coordonnées.
A la percussion P appliquée en A, substituons une percussion égale appli-
quée en O et un couple G = P^, dont le bras de levier d est la perpendi-
culaire abaissée de O sur P. En vertu de P, tous les points du corps pren-
dront une vitesse de translation V = - parallèle à P. En vertu de G, le
corps tournera, avec une vitesse de rotation 0, autour du diamètre de l'el-
lipsoïde central, conjugué au plan du couple. K étant le rayon de gyration
autour de ce diamètre et / étant l'angle que fait l'axe de rotation avec l'axe
du couple, on aura
MK"-!/ = G cosi = Vdcosi.
» La vitesse d'un point quelconque de la droite suivant laquelle se
produit la percussion aiua donc pour valeur
--t-r/^cos, = -(^. + -j^j.
» Cette vitesse est celle que la percussion P imprimerait dans le sens de
sa direction à luic masse m, fraction de la luasse M, déterminée par la
3q..
( ^96 )
iornuile
d' cos'i
que des transformations faciles permettent d'écrire aussi sotis la forme
suivante :
m = M
(/cosc — zcûiby (zcos« — .rcoscj' [xcosb — jcosa)^
\V f
» La masse m est donc constante, quel que soit le point que l'on con-
sidère sur la direction de la percussion P; elle ne déjiend que de la posi-
tion (le la droite suivant laquelle cette percussion agit, et elle est indépen-
dante de sa grandeur.
» La force vive que la percussion P communiquera au corps a pour
expression
MV=4- MR=Ô= =. MV= (r + ^) .. ^1 -. m(^-}j ,
elle est donc égale à celle qu'acquerrait la masse m par l'effet de la per-
P
cussion P, capable de lui imprimer \\ vitesse—»
' ' /?t
» Nous avons supposé jusqu'ici que le corps frappé est au repos quand
il reçoit la percussion P; mais il est facile de vérifier que, dans le cas gé-
néral où il serait animé d'un mouvement quelconque, la considération de
la masse m, définie par la formule établie ci-dessus, a toujours une trés-
p2
grande inqiortance, parce que l'expression — représente la force vive qui
se perd dans le choc.
» Cette théorie permet aussi de ramener le problème le plus générai du
choc de deux corps rigides, animés de mouvements quelconques, à celui
du choc de deux points massifs, se mouvant avec des vitesses cornuu>s, sui-
vant une même droite. On pourra, en effet, toujours calculer comme
ci-dessus les masses m et m,, fractions des masses totales ]M et M, des deux
corps, ainsi que les vitesses y et i', , avec lesquelles elles devront être sup-
posées se mouvoir suivant la normale communo au point où le choc se
produit. Ces éléments suffiront pour déterminer la grandeur de la pirms-
siou, los mouvements des corps à la fin du choc et les forces vives perdues
par chaciu» d'eux.
» Dans son Mémoire ayant pour titre : Foniuilcs irlalivcs aux ijich du tir
suf les différcnlcs juirliis di' i'djjiil, Poisson drmoulre conuneut on ohlicul.
( 297 )
eu appliquant le principe de d'Aleiubcrt, les valeurs des quantités de mou-
vement par lesquelles se mesurent les percussions produites par le lir; mais
il n'apprend pas à connaître les forces vives perdues dans ces chocs. Celles-ci
cependant peuvent seules donner une idée exacte de la fatigue supportée
par les différentes pièces dont le système est composé. Pour avoir une
solution complète du problème, il est donc nécessaire de calculer ces
forces vives perdues; notre théorie permet de le faire avec la plus grande
facilité.
» Supposons, en effet, que T soit la percussion exercée par un tourillon
sur son encastrement; on saura qu'on doit la regarder comme produite
par une masse m, fraction connue de la masse M de la bouche à feu, frap-
T
pant avec la vitesse -■, et que celte percussion est reçue par une masse m,,
fraction connue de la masse M, de l'affût. On saura aussi que sera
la mesure de la fatigue éprouvée par la pièce dans ce choc du tourillon, et
que sera celle de la fiitigue éprouvée par l'affût au point de l'encas-
trement où il reçoit le choc.
» Si V représente la percussion supportée par la vis de pointage, on
saura de même qu'elle est produite par une masse m', fraction connue de
V
la masse M de la pièce, frappant avec lUie vitesse—; et qu'elle s'exerce sur
une masse m,, fiaction connue de la masse M, de l'affût. -, sera la
I V"
mesure de la fatigue éprouvée par la culasse, et - — r celle de la fatigue
transmise à l'affût par l'écrou de la vis de pointage, etc.
» Il ne nous semble pas qu'on puisse ajijjorter plus de clarté dans celte
question de la recherche des eflels. du tir sur les affûts. »
PiiYSK^UE. — Note sur le mdcjnctismc ; par M. J.-.M. G.vrr.Aiv ( i ).
(Conunissaires : MM. Fi/,fau, Jamiii, Desains.)
« 85. Influence de la leiupcraUire sur l'airnanUUion. — M. Elias mentionne,
dans le iMémoiie que j'ai précédemment cité [Po(jg. ./iindlen, t. I.XII,
p. 249)» une méthode d aimantation qui consiste à faire rougir le barreau
(1) Voir les Coi/i/Jlrs rciutus <!cs i3 jaiiviir, 3i) juin, S el ?.() scpti luhii', 10 noviiiibrc et
9. il(''(enil)re ilÎ73; ?.?. iii.irs, i'' el 1 fi juin, 'j sepleinlire, 5 octol)io et 7 (lr<'<'iiil)re 1874-
( ^9« )
qiio l'on vont aimanter, à le suspendre ati pôle d'iiii éloctio-aimant et à le
laisser refroidir dans cette position; puis il ajoute : « Cette méthode est,
a comme chacun le sait, sans résultat. » Je ne sais pas où se trouvent ex-
posés les résultats négatifs auxquels ÎNl. Elias fait allusion; mais, avant d'a-
voir hi sou Mémoire, j'avais essayé d'augmenter l'aimantation par l'emploi
de la chaleur, et je crois y avoir réussi dans certains cas. J'ai d'aljord opéré
dans les conditions que M. Elias indique; j'ai aimanté des petits barreaux
d'acier, de 4 à 8 millimètres de diamètre, en mettant pendant quelques
instants l'une de leurs extrémités en contact avec l'un des pôles d'un ai-
mant permanent ; j'ai constaté leur état magnétique en déterminant quel-
ques points de leur courbe de désaimantation : puis je les ai do nouveau
mis en contact avec l'aimant eu les chauffant cette fois avec une lampe à
alcool; cette lampe éteinte, j'ai attendu que les barreaux fussent refroidis
avant de les détacher de l'aimant, et j'ai de nouveau constaté leur état ma-
gnétique après le refroidissement complet : j'ai trouvé ainsi que, dans
cas où les barreaux étaient chauffés, l'aimantation était beaucoup plus
forte que lorsqu'ils ne l'étaient pas. Dans certaines expériences, l'emploi
de la chaleur a doublé la valeur des courants de désaimantation. Il faut
remarquer que l'accroissement de magnétisme dont il s'agit ici ne se produit
qu'autant que le barreau, après avoir été chauffé, reste en contact avec
l'aimant pendant qu'il se refroidit. Si, après avoir chauffé le barreau, on le
sépare de l'aimant pendant qu'il est chaud, l'aimantation, loin d'être aug-
mentée, se trouve diminuée par le chauffage.
» Dans l'expérience précédente, je ne me suis occupé que du magne
tismé permanent conservé par le barreau après l'éloignemcnt de l'aimant;
il était intéressant de rechercher encore comment la chaleur modifie le
magnétisme lolal développé pendant le contact de l'aimant et du barreau.
Pour cette recherche, j'ai un peu modifié la disposition de l'expérience :
au lieu de mettre la face polaire de l'aimant eu contact avec l'une des ex-
trémités du barreau, j'ai disposé l'aimant perpendiculairement au barreau,
et j'ai mis l'une de ses faces polaires eu contact avec le milieu du barreau.
Le toron induit ayant été placé en un certain point M du barreau, j'ai
constaté d'abord, dans une de mes séries d'expériences, que le courant
induit de désaimantation correspondant au point M avait pour valeur 25,6;
cela fait, j'ai chauffé le point M avec une lampe à alcool; puis, après avoir
éteint cette lampe, j'ai do nouveau déterminé la valeur du courant induit
de désaimantation. J'ai trouvé que celle valeur ne variait ]ias très-notable-
ment pendant le refroidissement du barreau : elle a été /p au moment où
( 299 )
la lampe venait d'être cteiule et 43,8 après le rerroidissomciU CDiiiplet du
barreau. L'aiinaiilatioii totale a élé, ccnumc on le voit, considérablement
augmentée par le cbanft'agc; mais il a suffi, pour faire disparaître une par-
tie de l'accroissement ainsi obtenu, d'éloigner pendant quelques intants
raiinaiit du barreau; lorsque le contacta élé rétabli, quel([ucs instants plus
tard, entre les mêmes poinls, le courant de désaimantation, qui représentait
le magnétisme total du point M, est tombé de 4^)8 i* 34-
» Ces résultats me paraissent intéressants en ce qu'ils justifient l'idée
qu'on se fait généralement de la force coercitive. Cette force, étant consi-
dérée comme une force passive analogue au frottement, doit faire obstacle
au mouvement des molécules dans quelque sens que ce mouvement soit
dirigé, et si l'on admet que son intensité diminue quand la température
s'élève, bypotiièse extrêmement vraisemblable, il en résulte que la chaleur
doit favoriser l'aimantation quand la force aimantante l'emporte sur la
foi'ce qui tend à ramener les molécules à leur position d'équilibre, et qu'au
contraire la chaleur doit favoriser la désaimantation quand c'est la force
moléculaire qui l'emporte sur la force aimantante. Il ne paraît guère dou-
teux que les trois forces dont je viens de parler (la force aimantante, la
force moléculaire et la force coercitive) ne varient les unes et les autres
avec la température, mais dans les conditions de mes expériences ce sont
les variations de la force coercitive qui ont le plus d'importance, et elles
suffisent pour expliquer les résultats obtenus, sans qu'il soit nécessaire de
prendre en considération les variations des deux autres forces.
» Je crois utile de faire remarquer que les recherches dont je viens de
rendre compte n'ont pas le même objet que celles qui ont été exécutées en
i856 et 1857 par MM. Dufour et Wiedemann. Dans les expériences que ces
savants ont fait connaître, l'aimantation peut être considérée comme inva-
riable, ce qui veut dire, quand on adopte les vues d'Ampère, que l'orien-
tation des molécules ne varie pas; ce qui varie, c'est l'intensité magnétique,
c'est-à-dire l'action exercée au dehors par l'ensemble de ces molécules.
Dans mes expériences, au contraire, c'est surtout l'aimantation, ou,
si l'on veut, l'orientation des molécules qui change ; l'intensité magnétique
varie aussi sans doute, mais ses variations n'ont qu'une importance se-
condaire.
M Lors même qu'on se sert pour l'aimantation du procédé Elias, on
peut encore augmenter le magnétisme développé en élevant convenable-
ment la températiuc des barreaux que l'on aimante, mais cela dans le
cas seulement où le courant dont on se sert n'est pas assez énergique [)our
( 3oo )
donner la saturation à froid. II résulte de là que l'emploi de la chaleur
n'offre pas d'avantage sérieux au |ioint de vue pratique, puisque l'ainian-
lation développée par un courant donné avec le secours de la chaleur peut
toujours être obtenu à la température ordinaire au moyen d'un courant
plus fort. C'est au point de vue théorique seulement que les faits que j'ai
menlionnés nie paraissent offrir de l'intérêt.
» 86. Pour déterminer les courants de désaimantation qui corres-
pondent aux divers points d'un barreau aimanté, j'ai coutume d'employer
des anneaux induits qui s'adaptent au bnrreau avec ce qu'il faut de jeu
seulement pour qu'on puisse les faire glisser d'un bout du barreau à
l'autre ; mais j'ai reconnu qu'il n'est pas indis|)ensable que celle condition
soit remplie : j'ai constaté, avec quelque surprise, que l'action inductrice
développée dans un tour de sjiire leste sensiblement la même, alors que le
diamètre de la spire et par suite sa distance au barreau varient entre des
limites assez étendues. Pour comparer entre elles les actions inductrices
développées par deux aimeaux induits de diamètres différents, je laisse
toujours les deux anneaux dans le courant induit, de manière que la ré-
sistance de ce circuit soit invariable, et je place successivement chacun des
anneaux sur le barreau aimanté, de façon qu'il soit seul à recevoir l'action
inductrice.
» Dans une série d'expériences où j'opérais sur un barreau d'acier de
8 millimètres de diamètre, j'ai comparé deux anneaux formés chacun de
vingt tours de spire et dont les diamètres moyens étaient 12 et 33 milli-
mètres. J'ai trouvé que les courants de désaimantation étaient 3a°, 1 pour
l'anneau de 12 millimèlres, et 3i",G pour celui de 33 millimètres; la diffé-
rence entre ces deux courants est de ~ seulement, ou environ, bien que
les distances moyennes des anneaux au barreau aimanté soient très-dilfé-
rentes, l'une étant 2 millimètres et l'autre 12"™, 5.
)• Dans une autre série où j'ai comparé deux anneaux, l'un de i 2, l'autre
de 102 millimèlres, j'ai trouvé que les courants induits avaient pour va-
leurs 2 1,5 et 23,5; la différence entre les deux courants n'est encore que
de -~, alors que les distances moyennes des anneaux au barreau sont entre
elles dans le rapport de 1 à 23,5.
y> Lorsque le diamètre de l'anneau induit augmente, il est hors de doute
(pie chacune des actions inductrices développées entre un élément d'an-
neau et un élément de barreau diminue; mais le nombre de ces actions
élémentaires augmente, et l'on coiniireiul qu'il puisse s'établir une com-
pensalion; mais il me paraît remaripiable que cette compensation s'éla-
( 3oi )
blisse presque exactement, quand les variations de diamètre restent com-
prises entre certaines limites assez étendues : très-sîirement le calcul ren-
drait compte de ce fait. »
CHIMIE MINÉRALE. —^noma/i'e magnétique du sesquioxyde de Jer, préparé
à l'aide de fer météorique. Mémoire de M. L. Smith. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Balard, II. Sainte-Claire Deville, Edm. Becquerel.)
« Le sesquioxyde de fer, tel qu'on l'obtient dans l'analyse des fers mé-
téoriques, est toujours attirable à l'aimant, quoique la température à la-
quelle il ait été chauffé, avant le pesage final, ne soit qu'une tempé-
rature rouge modérée, juste suffisante pour fournir lui poids constant.
» Ce phénomène a été d'abord attribué à des particules de matières
organiques provenant du filtre, qui auraient réduit une petite quantité
de sesquioxyde.
» Plus tard, je fus conduit à soupçonner la présence de quelque nouveau
métal magnétique, ou d'un métal intimement uni au fer, mais autre que le
cobalt et le nickel (attendu que les oxydes de ces métaux ne sont pas sen-
sibles à l'aimant, qu'ils proviennent de fer météorique, ou de toute autre
source).
» Des expériences furent tentées pour découvrir l'existence de ce métal,
si tant est qu'il existât, mais sans succès; j'en restai là pendant plusieurs
années, jusqu'au moment où je commençai l'étude du fer d'Ovifak, dont je
m'occupe on ce moment, et qui m'amena à la découverte de faits pro|)res
à me convaincre que ce fer est d'origine terrestre et non céleste. J'espère
soumettre à l'Académie sous peu le résultai de mes recherches.
» L'observation relative au sesquioxyde de fer provenant de fers météori-
ques lut appliquée au fer d'Ovifak, et je trouvai qu'il était également
attirable à l'aimant. Cette anomalie se manifestant dans deux fers que je
supposais d'origines différentes, je résolus de soumettre à un examen mi-
nutieux le sesquioxyde de fer provenant de sources terrestres et célestes.
M Les fers sur lesquels l'expérience a été faite ont été dissous dans un
mélange de parties égales d'acide clilorhydrique et d'acide nitrique. Los
filtres élaient on toile de coton, parfailoment exempte de charpie, et tendue
sur un entonnoir; la quantité de fer employée ne dépassait pas i gramme;
le filtrage a été rapide et le lavage facile et complet. D'autres filtrages ont
été effectués avec des entonnoirs dont le col avait été fermé par un tampon
d'amiante.
i:.R.,i875, i"Scme«;r<-.(T. LXXX.N" U.) 4o
( 302 )
» Les matières ont été chauffées dans de minces creusets de porcelaine
vernissée, d'environ /^o centimètres cubes, à l'aide d'une petite lampe
Bunsen, fournissaiU 5 pieds cubes par heure; le sommet de la flamme
s'étalait sur la surface du fond du creuset, et la moitié des parois chauffait
très-rapidement au rouge les 2 ou 3 décigrammes généralement employés.
» Quant à l'aimant employé, le sesquioxyde de fer étant, à proprement
parier, classé dans la catégorie des corps magnétiques (ce qui cependant
n'est exact que lorsqu'il est soumis à des aimants puissants), l'aimant dont
on s'est servi, dans toutes les expériences, était faible. C'était un petit aimant
en fer à cheval, capable de porter environ 200 grammes lorsque les deux
pôles étaient mis en rapport. Un des angles de l'un des pôles était placé
au voisinage des particules d'oxyde.
» Une première série d'expériences fut faite avec du sesquioxyde de fer.
Le premier sesquioxyde employé fut préparé avec le fer le plus pur du
commerce, dissous dans parties égales d'acide chlorhydrique et d'acide
nitrique, filtré et précipité par un excès d'ammoniaque, puis filtré de nou-
veau et lavé. Les particules d'oxyde, faiblement attirables à l'aimant après
qu'elles avaient été séchées à 1 10 degrés C. et écrasées, mais non pulvéri-
sées, perdaient complètement cette propriété au rouge, que la chaleur
fût continuée pendant cinq ou dix minutes, ou bien pendant plusieurs
heures. Toutes les expériences avec l'aimant furent répétées quand l'oxyde
chauffé se fut refroidi, et de même pour toutes les autres expériences.
» Un second sesquioxyde de fer, préparé avec du protosulfale pur,
oxydé par de l'acide nitrique et précipité par l'ammoniaque, donna des
résultats semblables.
» Un troisième sesquioxyde de fer fut préparé avec du fer chimiquement
pur. Le résultat fut encore exactement semblable.
» Une série semblable d'expériences fut faite alors en prenant divers
fers météoriques pour préparer le sesquioxyde : j'expérimentai les fers de
Toluca, Cranbourne, Russel Gulch, Sevier et C", Robertson et C'*, et aussi
le fer provenant de la météorite pierreuse qui est tombée à Parnallec. Ces
fers furent dissous comme il a été dit.
» Ces oxydes, séchés à 1 10 degrés C, étaient sensiblement magnétiques,
lorsque l'aimant était mis presque en contact avec les petites particules ;
lorsqu'on les chaullail à 19 degrés C, le magnétisme observé était à peu
près le même ; à 3oo degrés C, il était augmenté; mais, à 45o degrés C, la
propriété magnétique devenait évidente, les particules de 2 ou 3 millimètres
de diamètre étant attirées à une petite distance. Il n'y avait pas de diffé-
( 3o3 )
rence essentielle, que la chaleur rouge fût continuée pendant quelques
minutes ou pondant plusieurs heures.
» L'effet produit par la chaleur fut donc, dans cette seconde série d'ex-
])ériences, inverse de ce qu'il avait été dans la première.
» Le sesquioxyde de fer préparé habituellement par moi, dans mes ana-
lyses de fers météoriques, différait quelque peu du précédent, le fer en dis-
solution étant d'abord précipité par l'ébullilion avec de l'acétate de soude
et le sous-acétate formé étant subséquemment converti en oxvde ; mais
l'oxyde ainsi préparé manifeste également des propriétés magnétiques
analogues à celui que j'ai obtenu en employant l'excédant d'ammo-
niaque.
» 11 restait à examiner les oxydes de fer de fers météoriques, et à voir
quelles impuretés ils contenaient; puisa s'assurer que ces inipurctés ne
jouaient pas un rôle dans le phénomène.
» Puisque la présence des oxydes de nickel et de cobalt ne peut con-
duire à une explication quelconque du phénomène en question (car ni
l'un ni l'autre de ces oxydes n'est attiré par l'aimant), je me déterminai à
voir ce que pouvait être l'oxyde de fer préparé avec le fer météorique,
après qu'il aurait été redissous quatre fois, et quatre fois précipité par
l'acétate de soude, en convertissant le sous-acétate de fer en sesquioxyde
par la dissolution dans l'acide nitro-muriatique et en le précipitant par
l'ammoniaque. Le sesquioxyde de fer ainsi préparé ne présentait plus les
propriétés signalées dans la deuxième série d'expériences, mais les pro-
priétés de l'oxyde ordinaire de la première série, c'est-à-dire qu il n'était
plus attiré par l'aimant après avoir été chaujjé à rouge.
» Comme il était évident que la petite quantité d'oxydes de nickel et de
cobalt restant dans le sesquioxyde préparé avec le fer météorique avait
quelque rapport avec le phénomène qui m'occupait, je fus conduit à com-
mencer une troisième série d'expériences, en employant du sesquioxvde de
fer préparé avec du fer pur et mêlé avec des oxydes de nickel, de cobalt et
d'autres métaux. La solution de sesquioxyde fut mélangée avec une solution
des autres métaux dans le même acide, antérieurement à la précipitation
par l'ammoniaque.
M Lorsque la solution additionnelle fut une solution de nickel ou de
cobalt, les résultats furent absolument les mêmes qu'avec le fer météo-
rique.
» L'addition du cuivre donna encore des résultats rappelant ceux qu'avait
donnés l'oxyde de fer météorique, mais à un degré moindre. Les analyses
40..
( 3o4 )
ultérieures de l'oxyde précipité donnaient près de 3 pour loo d'oxyde de
cuivre.
» Les oxydes de manganèse, d'or, de platine, de zinc et de cadmium
laissèrent à l'oxyde prècijiilc les propriétés de l'oxyde de fer pur, c'est-
à-dire qu'on n'observa aucune attraction |)ar l'aimant, après que l'on eut
chauffé au rouge.
)i L'ensemble de ces résultats peut se résumer comme il suit :
» 1° Le sesquioxyde de fer artiticiel hydraté, séché à une haute tem-
pérature, est attiré faiblement par l'aimant, mais perd cette propriété à
la chaleur rouge et au-dessous.
« 2° Le sesquioxyde de fer préparé à l'aide de la méthode ordinaire, par
la dissolution de fers météoriques, et séché à luie basse température, se
com|)orte comme l'oxyde ordinaire, avec cette différence qu'il devient déci-
dément magnétique quand il est chauffé de 4oo degrés à la chaleur rouge.
» 3° Le sesquioxyde de fer ordinaire, mêlé au nickel ou au cobalt, ou
à tous deux, manifeste des propriétés magnétiques identiques à celles du
fer météorique.
» 4° T-'fi sesquioxyde de fer provenant d'un fer météorique, entièrement
exempt de traces de nickel et de cobalt, correspond au sesquioxyde ordi-
naire quand on l'examine à l'aimant.
» 'o° Le sesquioxyde produit avec une solution de fer mêlée avec du
cuivre se comporte connue l'oxyde obtenu avec le fer météorique.
» 6° Le sesquioxyde de fer, mêlé à du manganèse, de l'or, du platine,
du zinc ou du cadmium, ne diffère aucunement du sesquioxyde pur, quant
à sa réaction magnétique.
» Quelle est la cause de la modification des propriétés du sesquioxyde
de fer quand il est mêlé à des oxydes de nickel, de cobalt ou de cuivre?
Des analyses soignées, effectuées sur les mélanges d'oxydes, n'ont jeté que
peu de lumière sur ce sujet «
CHIMIE MlNii:nALE. — Rej)roduction arlificielle de la monazile et de laxénotime.
Note de ]\L F. Kadomixski, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
(Commissaires : MM. IL Sainte-Claire Deville, Des Cloizeaux.)
« Parmi les différentes recherches que je poursuis actuellement sur les
métaux de la cérile et de la gadolinite, j'ai cherché à reproduire artificiel-
lement deux minéraux très-rares, la monazile et la xénotime.
( 3o5 )
» Je crois inutile «le décrire ici ces produits naturels : je me bornerai
à dire que la nionazite ou cérium phosphaté est, à proprement parler, un
pliospliate tribasique de cérium, h\nlhane et didyme.
» Quant à hi xénotime, c'est un phosphate très-complexe, renfermant
presque toujours, outre l'yttriael l'erbine, les bases de la monazite. D'ail-
leurs tous ces oxydes se trouvent en proportion très-variable.
» Pour cette raison, j'ai pensé que, dans la production de la xénotime, il
serait préférable d'employer une yttria aussi pure que possible. Le métal
dont je me suis servi avait pour équivalent un nombre voisin de Sa, l'é-
quivalent réel étant, d'après les dernières déterminations de M. Clève,
29,H5 (i).
» La reproduction de ces deux minéraux est basée sur une propriété
remarquable que possèdent les phosphates de se dissoudre dans les chlo-
rures correspondants fondus et de cristalliser par refroidissement. La dé-
couverte de cette propriété est due à MM. H. Sainte-Claire Deville et
Caron .
EEPBOOUCTION DE LA MO^AZITE.
» Monazite mixte à base de cérium, lanthane et didyme. — On obtient faci-
lement ce composé en mélangeant dans un creuset de platine :
Phosphate de cérium (Ce, La, Di) (2) 20 grammes.
Chlorure de cérium (Ce, La, Di) fondu i5o «
1) Le creuset muni de son couvercle est garanti de l'action du combus-
tible par un creuset de terre de bonne qualité. On chauffe progressivement
jusqu'au rouge vif, et l'on maintient à cette température pendant quatre
heures environ. Après refroidissement, on traite la matière par l'eau bouil-
lante pour enlever le chlorure, puis par l'acide nitrique très-faible pour
dissoudre un peu d'oxychlorure formé pendant l'opération; on termine
les lavages à l'eau pure et l'on sèche les cristaux à une douce chaleur.
M Le produit obtenu est formé de longues aiguilles prismatiques, très-
friables, d'un jaune de miel; elles possèdent un grand éclat. Les cristaux
atteignent souvent une longuenr de 2 centimètres; malheureusement ils
sont recouverts de stries nombreuses, ce qui empêche de mesurer les angles
exactement.
(1) Bulletin de la Société chimique de Paris, t. XVIII, p. 198.
(2) Pour ohtenirce phosphate, on précipite un sel mixte de cérium, lanthane et didymi',
par un excès de pliospliate d'amnioniaiiue, et l'on calcine le précipité insoluble.
( 3o6 )
» Les mesures qui ont été faites sont, je crois, trop incertaines pour
que je puisse en rendre compte dans ce Mémoire.
» La monazite artificielle ressemble beaucoup à la variété naturelle dé-
signée sous le nom de titrnérite.
» La densité des cristaux obtenus est de 5, 086, celle des cristaux na-
turels varie de 4,9 à 5,26.
» Pour les analyser, on dissout la matière dans l'acide sulfurique con-
centré, on étend d'eau et l'on sature presque exactement par l'ammo-
niaque. Dans la liqueur, on précipite les métaux par l'acide oxalique, on
calcine le précipité et l'on pèse. Les eaux de lavage sont rendues ammo-
niacales et l'on précipite l'acide phosphoriquc par le nitrate de magnésie.
)) J'ai trouvé ainsi :
Calculé. Trouvé.
Acide phospliorique 3o,o8 29,11
Oxyde de cériura, lanthane et didyme. . . . 69,92 7o>43
100, 00 99>54
» Ce résultat conduit à la formule
PhO',3(CeO, LaO,DiO).
» Monazite du cérkim. — On obtient ce composé comme le précédent,
en fondant ensemble
Phosphate de cérium pur i5 grammes.
Chlorure de cérium pur fondu loo »
» Les cristaux obtenus sont tout à fait semblables à la monazite mixte,
mais ils sont incolores. Us ont fourni à l'analyse :
Calculé. Trouvé.
Acide phosphorique 69,95 6g, 61
Protoxyde de coiium 3o,o5 3o,32
100,00 99,93
» Ces nombres conduisent à la formule
PhOS3CeO.
» Je n'ai pas encore préparé les composés correspondants du lanthane
et du didyme; on y arriverait très-probablement en suivant le même pro-
cédé.
REPRODUCTION DE LA. XÉNOTIME.
» On prépare ce composé en fondant dans un creuset de platine :
Phosphate d'ytiiia 2 grammes.
Ciilorure d'yttria fondu 20 »
( 3o7 )
et reprenant par l'eau. La xénolime artificielle se présente en petites aiguilles
très-fines douées d'un grand éclat. Pour les analyses, on fond i partie de
nialière avec 3 parties de carbonate de soude et l'on reprend par l'eau; le
résidu insoluble subit la même opération.
» Dans les liqueurs filtrées, on dose l'acide phosphorique par les procé-
dés ordinaires. La partie insoluble est dissoute par l'acide nitricpie étendu ;
on neutralise par l'ammoniaque et précipite l'ytlria par l'oxalate d'ammo-
uiaipie. Le précipité calciné fournit l'yltria pure que l'on pèse.
)) Voici les nombres que j'ai obtenus :
Calcule. Trouve.
Acide phosphorique 37,18 36, og
Yttria 62,82 63, 5()
100,00 99)*-'8
ce qui correspond à la formule
PhO%3YtO. »
ÉCONOMIE RURALE. -■ Sur la pulvéfisalion des enrjrais et sur les meilleurs
moyens d'accroilre lajerlililë des terres. JMémoire de M. Memer. (Extrait
par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Boussingaull, P. Thenard, H. INIangon.)
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences
est la première partie d'une étude d'ensemble, sur les matières fertilisantes
nécessaires à l'agriculture et sur le meilleur emploi qu'on en puisse faire.
J'ai été amené à entreprendre ce travail par des observations que j'avais
faites, coaune fabricant de produits chimiques et pharmaceutiques, siu'
l'importance de la pulvérisation dans toutes les combinaisons que je devais
faire exécuter. Plus tard, lorsque j'ai pu, dans une exploitation jointe à
l'une do mes usines, voir de près l'action des engrais, je n'ai pas été long-
temps sans reconnaître que, d'une part, les labours étaient d'autant plus effi-
caces qu'ils émiettaient, pulvérisaient davantage une plus grande épaisseur
de terre arable, et que, d'autre part, les engrais, pour agir vite et donner
toute leur puissance en peu de temps, devaient être préalablement réduits
en solution ou bien très-finement pulvérisés. J'ai dès lor.s pensé que l'agri-
culture ferait une grande économie d'avance de capital en répandant ses
engrais et ses amendements en poudres impalpables, si cela se pouvait. J'.ii
estimé, en outre, qu'il y aurait avantage à utiliser dans ce but beaucoup île
forces naturelles |)eidiies, ijarlieulieicmeiil l'eau et le vent, d'autres lois
( 3o8 )
même les animaux domestiques attelés à des manèges, lorsque les circon-
stances ne permettent pas de les employer à des transports ou à des travaux
de culture dans les champs.
» Pour vérifier mes idées, j'ai entrepris quelques expériences, dont je
donne les détails dans mon Mémoire, sur le pouvoir dissolvant de l'eau très-
légèrement acidulée par l'acide carbonique sur des poids identiques du
même marbre réduit en fragments cubiques dont les côtés avaient des di-
mensions décroissantes. J'ai ainsi constaté que, dans le même temps, pour
le même poids de matière, la solubilité est proportionnelle à la surface,
c'est-à-dire que la dissolution s'effectue en quantité d'autant plus grande,
dans un tem[)s déterminé, que les surfaces d'attaque sont plus considéra-
bles, ou, ce qui revient au même, que les fragments sont plus petits. Une
contre-épreuve a consisté à mesurer le temps nécessaire pour dissoudre,
dans un dissolvant approprié, le même poids de fragments de diverses gros-
seurs; il faut d'autant moins de temps que les fragments sont plus petits.
Ces conséquences avaient été aperçues par le comte de Gasparin, qui, dans
son Cours dagricullure, conseille d'employer de préférence, dans le mar-
nage, les marnes se délitant plus facilement et plus vite, parce qu'alors
elles produisent plus d'effet dans un temps plus rapide. Si la durée d'action
de la marne est alors moins longue, il n'en résulte pas moins un avantage
agricole, en ce sens que le cultivateur n'a pas avancé un capital restant im-
productif, souvent pendant plusieurs années. Co qui n'était qu'une vue
empirique, pour le comte de Gasparin, devient un fait expérimental d'après
mes recherches.
» J'ai vérifié les mêmes effets en ce qui concerne l'action d'iuie eau
acidulée par l'acide carbonique, ou par un acide très-dilué, sur des frag-
ments cubiques de phosphate de chaux de dimensions décroissantes bien
mesurées. J^a quantité dissoute dans un temps donné est d'autant plus
grande que les fragments de phosphorite qui forment le même poids
sont plus nombreux; ou bien encore il faut moins de temps pour mettre en
dissolution une quantité déterminée de phosphate, lorsque ce phosphate
est plus finement pulvérisé, ou offre une surface plus considérable à l'ac-
tion du dissolvant.
» C'est pour cette raison que l'agriculture préfère aujourd'hui les phos-
phates réduits en farine impalpable à ceux qu'on lui livrait en gr.uns
grossiers.
» Les mêmes conclusions sont applicables aux fehlspaths employés au
point de vue de leur richesse en potasse, ainsi qu'au plâtre, à la chaux.
( 3o9 )
aux cendres diverses et mémo aux engrais organiques, tels qno les loiir-
leaiix, les guanos, les débris de laine, etc., etc. L'agriculteur inlelligeiit
a recours empiriquement aux engrais pulvérulents, plutôt qu'à ceux qui
se présentent en masses plus ou moins considérables, même lorsque le
dosage en principes utiles paraît être en faveur de ces derniers. C'est que,
en agriculture comme en industrie, le temps est do l'argent.
» J'ai constaté qu'on pouvait, par la pulvérisation préalable, réduire à la
moitié, et parfois au (juart, les doses des matières fertilisantes, sans di-
minuer en rien les effets produits. Pour montrer l'importance agricole
d'un tel résultat, j'ai dû chercher quelles sont les dépenses que fait l'a-
griculture pour se procurer des engrais. J'y suis arrivé par un dépouille-
ment complet :
» 1° De l'enquête s|)éciale faite en 1 864-1 865 sur le commerce des en-
grais, sous la présidence de M. Dumas; 2° de la grande enquête agricole
de 1866-1867, qui n'av;iit jamais été résumée à ce point de vue; 3" de toutes
les statistiques publiées soit en France, soit à l'étranger. Je donne ce dé-
pouillement en détail dans le Mémoire que je présente aujourd'hui à l'Aca-
démie, en ce qui concerne les engrais comptémenlaires, par rapport à la terre
arable, au fumier de ferme dont on dispose et à la nature de la récolte
qu'on se propose d'obtenir. Selon la juste définition de M. Chevreul, j'ai
pu classer ainsi les départements français d'après l'ordre de l'emploi plus
ou moins grand qu'ils font d'engrais commerciaux, de chaux, de marne et
de plâtre, par hectare cultivé. Une carte coloriée présente à l'œil, sous une
forme très-frappante, l'miage des parties de la France dont l'agriculture
est, sous ce rapport, la plus avancée. Un tableau spécial indique aussi le
rang que notre pays occupe, à cet égard, parmi les diverses nations euro-
péennes; il vient après l'Angleterre et la Belgique, mais avant la Hollande,
la Suisse, le Danemark, la Suède et la Norwége, l'Autriche-Hongrie, l'Italie.
Quant à l'Allemagne, elle ne se place qu'après cette dernière contrée, et
seulement avant l'Espagne, le Portugal et la Russie. L'explication de la
richesse de la France et de la pauvreté relative d'autres pays est ainsi facile
à saisir.
» Une autre question à résoudre, dans les recherches que j'ai entreprises,
est celle de savoir quelles sont les surfaces qui ont besoin d'engrais. J'ai
consacré à cette étude un chapitre de mon -Mémoire. Pour peindre aux
yeux les résultats obtenus, j'ai représenté les divers départements français
par des cercles, dont les rayons sont proportionnels aux racines carrées de
leurs surfaces respectives. J'ai ensuite partagé chaque cercle en secli tus
C. R.,i8'j5. i" Semas lie. (T. I.XXX, MoiJ.i 41
(3io )
proportionnels aux surfaces des terres labourables, des vignes et cultures
arbustives, des prairies naturelles, des pâtures et friches, des bois et forêts,
des terres improductives. D'un seul coup d'œil on voit, par cette méthode
graphique très-simple, qui n'avait pas encore été appliquée à ce genre
d'études, les départements les plus riches en cultures diverses, en vignes et
en prairies, etc., etc. C'est ce que je propose d'appeler les cercles de la
richesse agricole. J'ai appliqué la même méthode graphique à la compa-
raison des principaux Etats européens, envisagés au point de vue de leur
étendue et de la répartition de leurs surfaces en terres productives et
improductives. Ces représentations graphiques seront certainement em-
ployées avec utilité dans l'enseignement, pour fixer les idées surîles rapports
de la fortune agricole des peuples.
» Dans le second Mémoire, que je demanderai à l'Académie de lui
présenter très-prochainement, j'applique les mêmes méthodes à la déter-
mination de la richesse en bétail, afin de pouvoir calculer la production du
fumier d'étables et les quantités d'engrais complémentaires qui manquent
encore à l'agriculture, soit en France, soit dans les autres pays. Les résultats
portent sur des sommes tellement considérables, que l'on saisira facilement
l'importance de toute économie apportée par une meilleure préparation des
matières fertilisantes. »
PHYSIQUE. — Sur le magnétisme. Note de M. A. Tkève, présentée
par M. Faye. (Extrait.)
(Commissaires: MM. Faye, Fizeau, Ed. Becquerel.)
• « Si l'on place entre les deux pôles du grand électro-aimant de Ruhm-
korff les deux extrémités du gros fil dans lequel passe le courant de la pile,
en d'autres termes, si l'on ferme le courant entre les deux pôles, on n'a ni
étincelle ni bruit; mais, quand on l'ouvre, il se produit une détonation
violente, presque aussi forte que celle d'un coup de pistolet, dit l'auteur de
cette découverte, A. de la Rive. Le savant physicien genevois ajoutait :
o qli'il semble que l'intensité de l'exlra-courant soit jjuissamment accrue,
» dans ce cas, par l'influence des deux pôles de l'aimant. » Tel est le phé-
nomène que j'ai essayé d'approfondir.
» Est-il nécessaire de rompre le courant entre les deux pôles pour ob-
tenir cet effet ? Non. Si l'on éloigne, en effet, l'un de l'autre les deux pôles
de l'électro-aimant, pour n'étudier que leur action isolée, on ne tarde pas
à constater :
( 3ii )
» 1° Que le phénomène annoncé par de la Rive se reproduit également
dans la sphère d'altraction de l'un ou l'autre de ces pôles;
» 2° Que ce phtMiomènc n'est pas inhérent au seid courant inducteur,
mais bien tpie le courant tle toute pile indépendante^ coupé dans cette
sphère d'attraction, donne lieu aux mêmes effets;
)) 3° Que l'extra-courant augmente bien réellement et même considé-
rablement de tension.
» ... L'oxygène étant magnétique, ainsi que l'a constaté M. Edm. Bec-
querel, il y avait lieu de se demander s'il ne s'opérait pas quelque action
de condensation ou de séparation des éléments constitutifs de l'air, dans le
champ magnétique du pôle. On a recueilli, à cet effet, au moyen d'aspi-
rateurs ordinaires, de l'air en plusieurs points de ce champ magnétique,
et l'analyse (jui en a été faite n'a révélé aucune de ces actions particu-
lières.
» Pour donner encore plus de précision à cette recherche, M. Duboscq
et moi avons étudié le phénomène des interférences, en soumettant l'un des
deux rayons lumineux, ou les deux à la fois, à l'action d'un puissant
électro-aimant. L'appareil employé était le réflecteur interférentiel de
M. Jamin. Nous avons successivement fait passer les deux rayons ou l'un
de ces rayons dans l'air, l'oxygène, l'azote, l'hydrogène, l'acide carbonique,
et, dans chacun de ces cas si divers, nous n'avons jamais constaté le plus
léger déplacement des franges.
)) ... L'hypothèse d'une atmosphère d'élher vibrant autour des pôles
d'aimants, à laquelle j'ai cru pouvoir aboutir, permettrait de comprendre
un peu mieux, peut-être, qu'on ne l'a fait jusqu'ici, le phénomène de l'in-
duction par les aimants, découvert par Faraday.
» ... Je saisis cette occasion pour dire que j'ai renouvelé l'expérience
de l'induction dans le vide et à toutes pressions, sans constater la moindre
altération en plus ni en moins dans l'intensité du courant produit. »
A cette communication l'auteur joint une Note relative à « l'atmo-
sphère magnétique des aimants ». De quelques expériences, qui doivent
être réalisées d'une manière j^lus précise à l'aide d'un appareil actuellement
en construction, il croit pouvoir conclure le mode d'action d'un électro-
aimant sur un cylindre de fer doux placé suivant son axe.
M. II. Tarry adresse une Note relative à la possibilité de prédire, plu-
sieurs jours d'avance, l'arrivée eu Kurope des cyclones qui traversent
4i..
(3.2)
l'Atlantique. L'auteur joint à sa Note la reproduction d'un article du Petit
Moniteur universel du i3 janvier iSyS (imprimé dans la nuit du 1 1 au 12),
dans lequel, d'après des télégrammes reçus i):ir lui de Boston et de Saint-
Pierre Mifjiielon, il annonçait « qu'un cyclone ou grande tempête se diri-
geait vers l'Europe. Le 10, il se trouvait sur le banc de Terre-Neuve »; il
ajoutait : « Ce cyclone suit le courant du Giilf-Slreaiii; dans quatre ou
cinq jours, il abordera l'Europe par l'Irlande, et bouleversera notre conti-
nent ». Le i5 janvier, un formidable cyclone arrivait en Europe par l'Ir-
lande. IjC 17, son centre se trouvait sur le Danemark, et le cyclone conti-
nuait sa niarcbe vers l'Asie.
(Commissaires : MM. Faye, Ch. Sainte-Claire Deville, Lœwy.)
M. J.-B. SciixETZLER annonce que le Phylloxéra a été trouvé dans des
vignobles du nord de la Suisse. La maladie paraît être, en ces points, à
l'état s])oradique, faisant très-peu de mal, au moins jusqu'ici, dans les vi-
gnes bien soignées. La cause de cette apparition de l'insecte, dans des vi-
gnobles ne contenant pas de plants étrangers, est encore inconnue.
M. F. RoHAKT adresse le procès-verbal des opérations pratiquées par
lui, à l'automne dernier, dans les Cliarentes, contre le Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission.)
M. Le Breto.x adresse une Note contenant l'uidication d'un pi'océdé de
destruction du Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission.)
M. C-O. Cech adresse une Note, écrite en allemand, sur l'acide viri-
dique.
(Renvoi à l'examen de ?.I. Wuriz.)
M. J.-A. Marques adresse, de Lisboiuic, l'observation d'un cas de gué-
rison d'un nnévrisme de la carotide externe droite, par la compression di-
gitale.
(Commissaires : MM. Boiiillaud, Larrey, Gosselin.)
M. DucocnsAf adresse une Note concernant « l'analyse et la classifica-
tion dos ciments, dans leur emploi ».
(Commissaires : MM. Peligot, Fremy, Daubrée.)
( :i'3 )
M. Bonnet adresse une Note relative à un système <le locomotion aé-
liciine.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. Maillakd adresse un Mémoire relatif à un traitement du choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPOND AIVCE .
M. le MiNisTUE DE l'Instriction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
adresse l'ampliation d'un Décret qui autorise l'Académie à recevoir la do-
nation qui lui a été faite par M"' J^alz.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. Brocii, nommé Correspondant poiu' la Section de Mécanique, adresse
ses remerciments à l'Académie.
M. J. LissAjous adiesse ses remerciments à l'Académie, pour la distinc-
tion dont ses travaux ont été l'objet dans la dernière séance solennelle.
ASTKONOMIK. — Eléments provisoires de la Comète FI, iS'j^, Borrelly.
Note de M. Gruey, présentée par M. Puiscux.
« Les seules observations publiées jusqu'à ce jour sont les suivantes (i) :
Distance
polaire. Observateurs.
53.21.10,2 MM. Stéphan.
52.26.29,9 Stéphan.
5i . 0.17,2 Borrelly.
So. 36. 34,1 Slcj)lian.
» A défaut d'observations plus éloignées, j'ai calculé les élénu'nls para-
boliques, au moyen des positions des 7, 8, 10 décendjre, sans faire toute-
fois les corrections relatives à la précession, nutation, aberration, paral-
laxe, corrections inutiles dans le cas actuel. A'oici les valeurs que j'ai
(ij Comptes rendus, séaiiCL' du i4 ilécembre 1874-
Temps moyen
.\scension
de Marseille.
droite.
1874.
Dec. 7 . . .
Il m s
6.40.52
Il ui s
16.0.24,52
8...
6.82.34
16. I .25,o3
9...
■6.48. 9
i6.3.i4,i6
10.. .
5.59.33
iG. 3. 33,91
( 3i/, )
obtenues :
T ■= octobre 19,985, temps moyen de Paris.
ir = 293 . 5o . I 2 \
Q =283. 3?.. 87 > équinoxe apparent, 8 décembre 1874.
/ = 98.23.22 )
Jog7= 1,64404
» Les résidus, pour l'observation du 8, sont
Observation — calcul.
^Xeosp = — II"
5P = - 9"
» A cause de la petitesse des intervalles de temps qui séparent les trois
positions employées, ces éléments sont essentiellement provisoires. On voit
que l'inclinaison est très-forte, le mouvement rétrograde, et que la comète
avait franchi son périhélie depuis six semaines environ, à l'époque de sa
découverte. En jetant les yeux sur les observations de Marseille, on re-
marque que la position du 9 n'obéit pas très-bien au mouvement accusé
par les trois autres; aussi donne-t-elle, relativement à l'orbite ci-dessus, les
résidus suivants :
Observation — calcul.
JXcos|3 = + 19"
lîp = — 7'22'
» Si le mauvais temps, presque général, a empêché de suivre la comète,
à partir du 10, il restera donc ime très-grande incertitude sur les éléments
de cet astre. »
ASTRONOMIE. — Nouvelles observations de la comète d'Encke cl de la comète
de JFimiecke. Lettre de M. Stépiian, Directeur de l'Observatoire de M.ir
seille, à M. Le Verrier.
« J'ai revu, cette semaine, la comète d'Encke, et j'en ai pu faire deux ob-
servations. Elles sont forcément assez médiocres, surtout la première, qui
ne comprend que deux comparaisons avec l'étoile. La comète offre l'appa-
rence d'une petite tache laiteuse, à peine perceptible, produisant sm- la
rétine plutôt des pulsations intermittentes qu'une sensation continue.
CoMKTE n'KNCRE.
Temps moyen Ascension Distance Étoile
1875. de M.irseille. droite. pohiire. drconip. Oliseiv.
Il m f) h m s <> / ti
Janv. 27 7.i4.ifi 23.27.36,1 85.17.10 a Stoplian
29 6.58.33 23.30.27,4 85. o.55 b Stéphan.
(3i5 )
Position moyenne de rétoilc de comparaison pour 1875,0.
^(qîIq Ascoiision DisUince
de couip. Autorités. druite. polaire.
Il m !i O r HT
a 547 Weisse(A. C.) H-XXIII. 23.28. 1,66 85.i3.i2,3
b i Poissons 23. 33. 3 1, 25 85.3.4)2
» La comparaison avec l'éphéméride de M. d'Asten donne :
Calcul — observation.
Ascension droite. Dislanco polaire.
— 0,2 — l3
-0,5 - 3
» La comète offre l'apparence d'nne petite tache laiteuse, à contours
complètement indécis et sans point de condensation. L'observation en est
extrêmement difficile.
» M. Borrelly a revu, au moyen du chercheur, la comète périodique
de Winnecke. En voici l'observation :
Comète périodique de Winnecke.
Temps moyen Ascension Dislance
1875. de Marseille. droite. polaire.
Fév. 1 if^^'"Zç)* i7i'42'"45%33 io5°29'i4",2
Position moyenne de rétoilc de comparaison pour 1875,0.
Autorité. Grandeur. Ascension droite. Distance polaire.
5949 B.A.C. 55 Serpent. . 5= i'j''3o"'25%9o loS-ig'i^S
» La comète est faible, assez étendue, diffuse.
» La comparaison avec l'éphéméride publiée par M. Oppolzer [Jilr.
Nadir., n" 2016) donne
Observation — ctdrul.
Ascension droite -M2S38 Distance polaire +6'44">2
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Observations relatives à une Communication pré-
cèdenlede M. Darboiix sur C existence de l'intégrale dans les équations aux
dérivées partielles contenant un nomhie (luelcomjue de fonctions et de variables
indépendantes. Lettre de M. A. Gk.noccih à M. Bertrand.
t Turin, 28 janvier 187').
» Dans la séance du 1 1 janvier, M. Darboux a présenté à l'Académie une
démonstration de l'existence de l'intégrale dans les équations aux dérivées
partielles. Ce jeune géomètre, dont j'ailmirc le talent, croit que sa dé-
monstration sera la première démonstration rigoureuse de ce théorème
( 3>6 )
Ibinlamenlal. Penneltez-nioi, de faire à ce sujet quelques observations.
1) Il y a longtemps que Cauchy s'est occupé de la même question. Dans
la séance du 27 juin 1842, il énonçait le problème général : « Un système
» quelconque d'équations différentielles ou aux dérivées partielles adniet-
» il toujours un système correspondant d'intégrales générales? » Et il dé-
montrait un théorème appelé foudauiontal qui détermine les conditions de
la convergence des séries obtenues et une limite de l'erreur que l'on com-
met en arrêtant chaque développement après un certain nombre de termes.
{Comptes rendus, t. XIV, p. ioao-i023.)
» Dans la séance du 1 1 juillet 1842, Cauchy proposait encore la question :
(i Peut-on intégrer généralement une équation aux dérivées partielles d'un
» ordre quelconque, ou même un système quelconque de semblables équa-
» tions? » Ensuite, il traitait le cas particulier d'une équation linéaire du
premier ordre à une seule inconnue [Comptes rendus, t. XV, p. 44-58).
Dans la séance du 18 juillet 1842, il considérait un système d'équations
linéaires ou non linéaires aux dérivées partielles du premier ordre {Comptes
rendus, p. 85- loi). Enfin, dans la séance du 25 juillet 1842, il expliquait
la manière de réduire les systèmes d'équations aux dérivées partielles d'or-
dres quelconques à des systèmes d'équations linéaires du premier ordre
( Comptes rendus, p. i 3 1 - 1 38 ).
» On peut ajouter qu'on doit aussi à Cauchy la méthode à suivre lorsque
les conditions particulières auxquelles l'inconnue se trouve assujettie se
rapportent, non plus à une certaine valeur t de la variable t, mais à certains
systèmes de valeurs des variables x, j, z,. .., par exemple, à ceux qui
vérifient une certaine équation de forme déterminée (séance du 1 3 mars 1 843;
Comptes rendus, t. XVI, p. 572).
» Je conclus que, pour les équations aux dérivées partielles comme pour
les équations différentielles, la première démonstration de l'existence de
l'intégrale est due à Cauchy. Sans doute, le très-grand nombre des écrits
du célèbre analyste doit excuser ceux qui n'ont pas connaissance de tous
les résultats obtenus par lui.
» C'est ainsi que, dans un Rapport du 10 mars 1873, M. Puiseux a pu
signaler certaines distinctions importantes pour le développement des fonc-
tions implicites, comme n'ayant pas encore été faites avec assez de pré-
cision {Comptes rendus, t. LXXVI, p. 622), quoiqu'elles aient été indiquées
dans des articles signés par Cauchy et développées dans des Mémoires de
Félix (Z\no {Comptes rendus, t. XXXIV, p. 3o4, en note; t. XIX, p. 157).
» Je vais encore, Monsieur, rappeler à votre attention deux théories,
pour lesquelles il serait juste de citer le nom de Cauchy. L'une est la théorie
( '3'7 )
(les espaces à plusieurs dimensions, dont on fait tant de bruit à présent. Caucliy
a introduit ces espaces sous la dénomination de lieux analyliipics [Comptes
rendus, t. XXIV, p. 88G-887). L'autre se rapporte à la convergence des
séries et concerne un point assez délicat, que les géomètres allemands dé-
signent par l'expression de convergence en éfjnl degré. Cauchy a défini celte
espèce de convergence et a établi quelques tbéorèmes qui la concernent,
dans le Canine rendu de la séance du i4 mars i85j [Comptes rendus,
t. xxxvr, p. 456-458).
» En finissant, je vous signale une faute d'impression dans ma Note sur
les ovales de Descartes (Co/»p/es rendus, 11 janvier iS^S). A la page ii5,
ligne ig, on a imprimé « rayons radiants », au lieu de « rayons vecteurs m.
Après la leclure do cette Lettre, M. le Secrétaiue perpétuel fait remar-
quer qu'elle apporte un motif nouveau de désirer la prompte publication des
OEuvres de Cauchy. Il croit pouvoir annoncer à l'Académie que, dans une
très-prochaine séance, la Section de Géométrie sera en mesure de lui pré-
senter son Rapport sur cette importante proposition.
Les méthodes signalées par le savant et judicieux géomètre de Turin
sont distinctes de celles de M. Darboux, et les géomètres n'accueilleront
pas avec un moindre intérêt l'addition présentée dans cette séance même
par notre ingénieux compatriote.
ANALYSE. — Sur l'existence de l'inte'grale dans les équations aux dérivées
partielles d'ordre quelconque; par M. G. Dabboux.
« Dans une Note du 11 janvier 1875, j'ai indiqué comment on peut
établir l'existence de l'intégrale générale dans les équations aux dérivées
partielles du premier ordre. Soit
une telle équation. S'il existe une intégrale quelconque de cette équation,
elle se réduira pour une valeiu' déterminée /^ de t à une certaine fonction
F(ry,, ^2,..., q„) des autres variables indépendantes. La théorie dévelop-
pée montre que celte fonction F n'est assujettie à aucune condition autre
que celle de la continuité, et elle établit de plus que, celle fonction F étant
supposée donnée, l'intégrale est complètement déterminée, Ainsi se trouvent
définies à la fois la notion et rcxistcncc de ce qu'on doit appeler intégrale gé-
nérale.
C. R., iS;5, i" Semetire. (T. LXXX, N» lî) 4^
( 3.8 )
» La méthode que j'ai fait connaître s'étend, sans aucune modification,
aux sA'Stèmes d'équations aux dérivées partielles d'ordres quelconques. On
reconnaît d'abord que de tels systèmes peuvent toujours être ramenés à
d'autres ne contenant que les dérivées partielles du premier ordre des
fonctions à déterminer; il suÛit pour cela d'augmenter le nombre de ces
fonctions, en considérant comme de nouvelles inconnues les dérivées des
fonctions primitives jusqu'à nu ordre convenablement choisi, et l'on est
ainsi conduit à un système d'équations du premier ordre , duquel on
fait disparaître les fonctions au moyen de l'artifice de Jacobi. Le pro-
blème qu'on est conduit à résoudre peut alors être énoncé de la ma-
nière suivante :
)) Etant données les équations
oii les Jonctions J} dépendent des dérivées des fonctions \ par rapport aux
m variables fj,, q^^----, (Jm^ '-l^ ces variables et de t, rechercher la nature des so-
lutions qui peuvent convenir à de telles équations.
» A cet effet, on remarquera que si les équations (i) admettent des
intégrales, elles se réduiront, pour une valeur déterminée de t, à des
fonctions des autres variables </,. Or on peut établir que ces valeurs ini-
tiales des fonctions V ne sont assujetties à auciuie autre condition que
celle de la continuité, et que si on les suppose données, les fonctions V se-
ront complètement déterminées par la condition de satisfaire au système (i).
Si l'on emploie la nu;thode indiquée dans ma première Communication,
toute la ilifticulté de la question se réduira à reconnaître qu'il existe des
fonctions W satisfaisant aux équations
■''7*/
I, * ' A'
n •-sri(-^^*')^('-'V'
où a, /3, 7 sont des nombres égaux ou supérieurs à l'unité, se réduisant
pour i — o k une mèaïc fonction
(2 bis) -, -7 '—. — -, ;»
( i^9 )
où /j. < I et développables en séries convergentes tant que les modules des
variables indépendantes sont suffisamment petits,
» Toutes les fonctions W,, satisfaisant aux équations (2), ayant même
dérivée par rapport à i et mêmes valeurs initiales, devront être constam-
ment égales, et l'on sera ainsi amené à la considération de l'équation
unique
(3)
" n(--'ï)"n (--)'<'-')■
où w doit se réduire, ])Our i -^ o, k la fonction (2 his).
>) L'étude de cette cette fonction auxiliaire n'est pas de nature à empê-
cher le succès de la méthode, et l'équation (3) s'intégre sans aucune dif-
ficulté. »
CHIMIE. — Sur Le fer hydrocjéné (i). Note de M. L. Cailletet.
« Dans une Communication déjà ancienne (2), j'ai eu l'honneur de faire
connaître à l'Académie mes expériences sur le passage, à la température
ordinaire, de l'hydrogène à travers le fer. J'avais constaté, en effet, qu'en
attaquant une lame de fer par de l'acide sulfurique étendu, l'hydrogène
est en partie absorbé par le métal, et que, en employant un système formé
de deux plaques de fer, soudées bord à bord, la tension du gaz qui s'ac-
cumule dans l'appareil peut faire équilibre à une colonne de mercure de
o™, 35 de hauteur.
» ^ oici le résumé de mes nouvelles recherches sur l'association du i'er
et de l'hydrogène :
» En décomposant par la pile une solution de chlorure de fer neutre, ad-
ditionnée de sel ammoniac, on recueille au pôle négatif du fer métallique,
sous forme de mamelons brillants, fragiles, et assez durs pour rayer le
verre. Ce fer, après avoir été lavé, dégage, soit sous l'eau, soit sous tout
autre liquide, de nombreuses bulles d'un gaz qui est de l'hydrogène pur (3).
» A l'air libre, le fer galvanique ne perd qu'une partie de l'hydrogène
(i) Plusieurs travaux très-importants ont été entrepris sur cette question, par Boëttger,
en 1847, Fcuquiéres, eu 1862, et Klein, à Sainl-Pétersbourg, travaux que je ne peux ré-
suiner dans ce court extrait.
(2) Comptes rendus, t. LXVI, p. 847.
(3) Le gaz, analysé par l'élégante méthode duc à M. Peligot, no contient pas d'azote
/,2..
( 3ao )
qu'il renferme. Un échantillon posant o^', go, conservé pendant quinze jours
dans un tube ouvert, a donné, lorsqu'on l'a chauffé, i8 centimètres cubes
de gaz, soit plus de la moitié de la quantité qu'il renfermait au moment de
sa préparation. Lorsqu'on fait passer un fragment de fer hvdrogéné sous
une éprouvette remplie d'eau chaulfée à Go ou 70 degrés, le dégagement du
gaz devient tumultueux et il produit un crépitement souvent intense.
» J'ai recherché sur un grand nombre d'échantillons de fer, obtenus
dans des solutions plus ou moins étendues, et réduits par des courants
d'intensités différentes, quelle était la quantité totale de gaz qu'ils conte-
naient. A cet effet, je chauffais le métal dans le vide de la pompe à mercure,
et le gaz recueilli était mesiu'é.
B La concordance des nombres que j'ai obtenus est très-grande ;
I. II. III. i\.
Soit, pour un volurnedefcr. . . . 248 235, 80 236, go 244 >85 volumes d'hydrogène.
M Lorsqu'on approche un morceau de fer hydrogéné d'un corps en
ignition, l'hydrogène dégagé brûle, et le métal est entouré d'iuie flamme
légère, semblable à celle que donne une mèche trempée dans l'alcool.
)) Lorsque le fer a perdu par la chaleur l'hydrogène qu'il contient, on
ne peut le lui restituer. En employant comme électrode négatif d'un volta-
mètre une lame de fer galvanique préalablement chauffée, l'hydrogène de
l'eau décomposée se dégage en abondance sur le métal; mais on constate,
même après que la pile a fonctionné pendant plusieurs heures, que le fer
n'a pas repris d'hydrogène (1).
» Le fer galvanique peut être facilement pulvérisé; mais, après qu'on l'a
chauffé, il reprend une certaine ductilité.
» L'hydrogène, en s'associant au fer, lui communique une force coer-
citive considérable. Un ùl de platine recouvert de fer galvanique a été
placé dans l'axe d'une aiguille aimantée, oscillant sur un pivot, et à une
distance fixe d'une de ses extrémités. L'aiguille, écartée de sa position
d'équilibre, oscille 26 fois en une minute. Le fer ayant été aimanté et
ien)placé à la même distance de l'aiguille, cette dernière donne 42 oscilla-
tions dans le même temps. Chauffé au rouge sombre, le fer a perdu ses
pôles; lorsqu'on l'aimante de nouveau à saturation, il ne fait plus osciller
l'aiguille que 33 fois en une minute. En admettant que les forces magné-
(i) Le fer n'est donc pas comparable au iialladiuni, qui occlut, ainsi que Graham l'a
(liiiionlré, une cpiaiiiilé d'Iiydroyène qui peut lui être enlevée cl rendue un grand nonilno
(le lois.
( 3:^. )
tiques du fer sous ces trois états soient entre elles conime les carrés des
nombres d'oscillations, et en prenant pour unité la force magnétique du
ter hydrogéné non aininnlé, nous aurons :
Fer liyili'ogi'né non aiiiianto i,ooo
Fer liydroj.>t'nc' aimanti'; 2,609
Fer dépouillé d'hydrogène et aimanté 1,610
» La présence de l'hydrogène dans le fer modifie donc fortement les
propriétés magnétiques de ce métal. Je n'ai pu, en raison des nombreuses
bulles gazeuses que dégage le fer hydrogéné, obtenir sa densité; après
l'expulsion de l'hydrogène, la densité du fer est 7,3o2, moyenne de trois
essais.
» Les divers échantillons de fer que j'ai examinés renferment sensible-
ment, pour I gramme de fer, 82,80 centimètres cubes d'hydrogène, soit,
pour I équivalent de fer, o^^gSo, ce qui correspond à la formule Fe"II,
dans le cas où l'on voudrait considérer l'association de ces deux corps comme
un composé défini ; mais il semble plus vrai d'admettre que l'hydrogène, en
s'unissant au fer, joue un rôle analogue à celui du carbone dans l'acier, et
lui communrque, ainsi que je l'ai fait voir, une grande dureté et une force
coercitive considérable.
» En résumé, les propriétés du fer hydrogéné compléteront, en s'v
rattachant, les faits si intéressants de l'occlusion de l'hydrogène par le
palladium constatés par Graham , les remarquables recherches de
]\1M. H. Sainte-Claire Deville et Troost sur le passage de l'hydrogène à
travers les corps solides homogènes, et en dernier lieu les belles expériences
de MM. Troost et Hautcfeuille sur les combinaisons de l'hydrogène avec
les métaux alcalins. »
CHIMIE, — Sur l'équilibre moléculaire des solutions d'alun de chrome. Réponse
à une Noie de M. Gernez (i); par M. Lucoq de Boisbacdhan.
« M. Gernez, revenant sur la question des changements de couleur de
l'alun de chrome, dit :
n De plus, elle (la solulion verte) ne prend pas, contrairement aux assertions réitérées
de M. Lecoq de Boisbaudran, la teinte des solutions /ailes a froid, même après un temps
très-long [trois mois et six mois dans les expériences de M. Gernez (2)]. »
(1) Comptes rendus, 7 décembre l8-.)i P- i332.
(?) Ibid.
(3a2)
» Je n'ai jamais prétendu qu'au bout de six mois les teintes des solu-
tions d'alun vert égalassent déjà celles des liqueurs préparées à froid ; j'ai
dit que les deux couleurs marchent lune vers l'autre (i), pour se ren-
contrer après un temps fort long, lequel varie d'ailleurs avec la concen-
tration (2). La période de six mois que M. Gernez considère comme très-
étendue paraîtra au contraire bien courte aux chimistes familiarisés avec
les allures de l'alun de chrome vert, dont les transformations exigent ordi-
nairement un temps beaucoup plus considérable pour devenir complètes.
» L'observation, faite par M. Gernez, qu'une solution excessivement
concentrée d'alun de chrome (aliui 5 parties, eau i partie), chauffée à
100 degrés, commence à déposer des cristaux aussitôt après son refroidis-
sement, peut avoir de l'intérêt pour la détermination de l'équilibre exis-
tant à cette température particulière entre les deux modifications du sel,
mais elle n'infirme en rien ce que j'avais avancé. Il ne faut pas oublier que
M. Gernez n'a chauffé qu'à 100 degrés, température tout à fait arbi-
traire (3), et qui n'est point celle de la transformation maxima en substance
verte. On se rapproche davantage de cette dernière condition en faisant
bouillir les liqueurs, comme cela se pratique d'ordinaire. Dags ce cas, on
n'obtient point un dépôt de cristaux violets immédiatement après le refroi-
dissement. Bien au contraire, les petits fragments d'alun violet ajoutés à la
liqueur, après son entier refroidissement, se dissolvent très-notablement et per-
dent la netteté de leurs contours. Ce fait s'observe, soit qu'on emploie la
solution de 1 partie d'eau pour 5 parties d'alun violet; soit même que
( I ) On peut très-facilement s'assurer de la réalité des changements de couleur, en opérant
comme il suit. On prépare une série de tubes" assez longs, fermés par un bout; dans chaque
tube, on introduit : l'un bout de baguette de verre; 2° 10 grammes d'eau distillée; 3" une mince
ampoule contenant i gramme d'alun de chrome violet, en petits cristaux. On scelle l'ampoule
à la lampe, e/t évitant de chauffer aucune partie de l'alun violet, lequel verdirait. Les cris-
taux doivent avoir été plusieurs fois lavés avant leur dessiccation, afin d'éliminer l'eau-
mùre vcrti- qui les souille ordinairement. On élire ensuite les tubes et on les scelle sans
échauffer l'eau. l'our faire rexpéricnce, on brise en luéme temps, par une secousse, les
ampoules de deux tubes, dont l'un est ensuite maint.'iiu i)cndant une heure dans de l'eau
bouillante; ces ttdies sont fonservés quelques jours, (]ucl(incs semaines, ou quelques mois;
on brise alors les amjxjules de deux nouveaux tubes, dont l'un est aussitôt soumis, une heure
durant, à l'action bouillante, puis est refroidi. On compare enfin entre elles les teintes des
deux tubes bouillis, et de même entre elles les couleurs des deux tubes non chauffes.
(2) La température du laboratoire où l'on conserve les liqueurs influe également sur la
rapidité des transformations.
(3) On pourrait tout aussi bien choisir les lem pératures de gS, 90 ou 80 degrés.
( 3^3 )
l'alun violet ait été simplement fondu dans son eau de cristallisation et en-
suite bouilli dans un appareil à reflux.
« Avec la solution d'alun 5, eau i (bouillie de une à deux heures avec
reflux des vapeurs), la dissolution des germes (et l'arrondissement de leurs
contours) continue, à très-peu près, pendant vingt minutes (la température
du laboratoire étant -f- 1 2 degrés) ; au bout de trente-cinq minutes environ,
il se manifeste quelques très-b'gers indices d'alignement des parties courbes
dis fragmenls cristallins; niais U faut de une heure un quart à une heure
et demie environ pour que l'accroissement des cristaux soit devenu un peu
notable.
» Avec l'alun bouilli (dans un appareil à reflux), sans aucime addition
d'eau, la dissolution des germes se continue pendant quinze à vingt minutes
environ (la température du laboratoire étant -1- 12 degrés); au bout d'à
peu près vingt-cinq à trente minutes commencent à se montrer quelques
très-légers indices d'alignement des parties courbes.
» La contraction rapide des solutions d'alun vert (i) s'accorde avec les
observations ci-dessus décrites pour démontrer que la transformation mo-
léculaire est très-active dans les premiers instants qui suivent le refroidis-
sement. Il est donc permis de penser que, après ébullition suffisante, les
solutions d'alun de chrome contiennent beaucoup moins d'alun violet que
l'expérience de M. Gernez ne tendrait à le faire admettre.
» Je suis d'ailleurs fort loin de nier théoriquement l'existence, dans l'alun
de chrome bouilli, d'une certaine quantité de sel violet, pouvant s'y main-
tenir à la haute température del'ébuUition et même bien au delà. J'ai tou-
jours soutenu l'hypothèse de la coexistence, dans une solution, des diverses
modifications (2) delà substance dissoute, et c'est précisément pwir en
donner une démonstration, que j'ai appelé l'attention sur les variations de
couleur qui rendent visible cet état d'équilibre dans les solutions d'alun
de chrome. U n'y aurait, du reste, aucune contradiction entre l'expérience
de M. Gernez et ce que j'ai écrit le 9 novembre 1874, si ma phrase, citée
incomplètement, n'avait ainsi notablement changé de sens et n'avait acquis
une signification trop absolue, qu'elle ne possède pas en réalité. En eflet,
M. Gernez me fait dire simplement :
« L'alun vioU't n'existe pas ilans la solution verte récemment chaulléc. «
(1) Comptes re/uhis, 21 décembre 1874» P- '49'-
(2) Modifications dont les maxiina de stabilité sont placés ù des températures différentes.
( 324 )
» Voici ma phrase complète :
• Je liens à la disiiosition tle l'Acadéniie des tiilies scellés qui avaient été aulrefois for-
tement cliaiiffés; le changement de teinte y est notable ; en les ouvrant, on verra se déposer
beaucoup d'alun violet, lequel, comme chacun sait, n'cjcisic pas dans la solution verte in-
cristollisable rcccinmcnt chauffée, mais s'y forme peu ù peu. » [Comptes rendus, 9 no-
vembre 1874» P- Ï077-)
» Si ihéoriqucment, mes tubes doivent avoir contenu ilès l'origine tle
faibles quantités d'alun violet (i), il est certain que celui qu'ils pouvaient
déposer au bout de quelque temps, par contact d'un isomorphe, s'y était
formé graduellement eX tout à fait en dehors de l'action des germes; c'est ce
que démontre l'expérience suivante que je choisis, dans mon cahier d'ob-
servations, parmi plusieurs autres analogues :
1) Le i3 mars 1867, je ])ortai, pendant quelques minutes, à l'ébullition une solution con-
tenant poids égaux d'alun, de cliiome violet et d'eau. Celte liqueur fut introduite dans dix
tubes renfermant chacun un bout de baguelle de verre et une petite ampoule scellée, char-
gée de quelques traces d'alun blanc ordinaire. Après avoir fermé les tubes à la lampe, je les
plaçai pendant trois heures dans un bain à 70 degrés.
» Le i4 mars (treize heures environ après le refroidissement), brise, par une secousse,
l'ampoule du tube n" i : pas de cristallisation immédiate.
B Le i5 mars, pas de cristallisation dans le n" i.
1) Le 18 mars, le n° i renferme plusieurs petits cristaux violets bien visibles.
» Le 22 mars, brisé l'ampoule du tube n" 3 : pas de cristallisation apparente (2) immé-
diate.
» Le 23 mars, vingt-deux heures après le brisement de l'ampoule du n" 3, celui-ci con-
tient beaucoup de cristaux violets.
» Le 24 mars, brisé l'ampoule du tube n" 4 • P'is de cristallisation immédiate, mais clic
est déjà très-abondante au bout de dix heures.
» Le 25 mars, brisé l'ampoule du tube n" 5 : n])parilion de nombreux petits cristaux
violets après quarante minutes.
" Le 28 mars, brisé l'ampoule du tube n" 6 : au bout de douze minutes j'aperçois déjà
une foule de [)elits cristaux.
» Le !"■ avril 1867, brisé l'ampoule du tube n" 7 : en moins d'une minute il se forme une
foule de petits cristaux.
» Le 2a avril, brisé l'ampoule du tube n° 8 : il se dépose immédiatement de très-nombreux
cristau.x.
( I ) Comme on n'emploie pas ordinairement des solutions aussi extraordinairemeiit con-
centrées que celles de M. Gei niz, mais surtout comme on porte les lir/ucurs à l'ébullition,
celles-ci sont incristallisables immédiatement après leur refroidissement; ma phrase était
donc et est encore l'expression rigoureusement exacte des faits.
(2) Les observations étaient faites h l'œil nu.
( 325 )
» Le 23 septembre 1871, brisé l'ampoule du tube n" g : crislallisation immédiate et très-
abondante. La couknir de la solution tire sur le bleuâtre.
» A mesure que le temps s'avançait, la cristallisation était non-seulement
plus rapide, mais la quantité de sel déposé augmentait. H a fallu plusieurs
jours pour que la solution verte devînt capable de cristalliser au contact
de germes isomorphes. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le perbromure d'acélyièiie brome.
Note de M. E. Bouruoi.v, présentée par M. Berlhelot.
« Lorsque l'on fait réagir l'acétylène sur le brome en vapeur, il se ma-
nifeste une réaction très-énergique. Il se forme de l'acide bromliydrique,
et le |)erbroiunre d'acétylène qui prend naissance contient une certaine
quantité d'un produit de substitution, le perbromure d'acétylène brome :
C'Il-Br' -f- Br- = IIBr -l- C*HBr=.
» Pour obtenir ce composé, je fais réagir le brome en vase clos sur le
perbromure d'acétylène, dans les proportions suivantes :
Perbromure d'acétylène 3o grammtis
Brome 4") 7
» L'attaque est difficile. A la température de laS degrés, la réaction est
à peu près nulle, luéme après plusieurs jours. A i5o degrés, après trente-
six heures de chauffe, il se dégage de l'acide bromhydrique à l'ouverture
des tidjcs; mais le produit, qui renferme encore beaucoup do brome libre,
reste liquide à basse tempéralure. Il est nécessaire de chauffer le mélatige à
iG5 degrés, pendant deux jours, pour obtenir une cristallisation abondante
dans un mélange de glace et de sel marin. Bien que la réaction ne soit pas
complète, il convient de mettre fin à l'expérience, afin d'éviter la fortualion
d'une quantité notable d'un produit de substitution plus avancé, le sesqui-
broiniu-e de carbone. C'est pour la luème raison qu'il ne faut pas chauffi'r
justpi'à 180 degrés, température à laquelle la réaction n'exige plus alors
qiie quelques heures pour s'accoinpiir.
» On égoutle les cristaux, on les débarrasse des dernières traces liquides
qui les imprègnent, en les comprimant dans du papier à filtre blanc,
jusqu'à ce que ce dernier ne soit \A\.\s taché. En les dissolvant à froid dans
«le l'alcool à 90 degrés, en obtient, à l'évaporation spontanée, de belles
aiguilles prismatiques, douées d'un grand éclat, et qui peuvent atteindre
jusqu'à 2 ou 3 centimètres de longueur.
C. R., 187 j, 1" Semestre. (T. LXXX, N" S.) 4^
( 326 )
» Ce corps est du perbromure d'acétylène brome, parfaitement pur,
comme l'indique l'analyse suivante :
1° o,4oi5 ont donne 0,888 de bromure d'argent;
2" 0,659, '"'ùlés par le chromate de plomb, ont fourni o, i 37 d'acide carbonique
et 0,002 d'eau.
I. 11. C'HBr*.
C... 4,66 » 5,65
H 0,37 » 0,24
Br » 94)'' 94'"
» Le perbrosnure d'acétylène brome est insoluble dnns Kcau, soliible
dans l'alcool, très-soluble dans l'élher, dans le chloroforme et dans le sul-
fure de carbone.
« Il fond à 56-57 degrés, en un liquide incolore et transparent. Ce point
de fusion a été déterminé avec beaucoup de soin; en opérant sur plusieurs
échantillons provenant d'opérations différentes, j'ai toujours obtenu une
valeur comprise entre 56 et Sy degrés.
» Lorsque l'on augm(Mife graduellement la température, il n'éprouve
aucune altération jusqu'à 160 degrés; au-dessus de cette température, il se
colore peu à peji, puis distille vers 200 degré.s, sans altération notable. En
effet, le produit distillé, après cristallisation dans l'alcool, reproduit le
corps primitif avec toutes ses propriétés.
» Chauffé avec du bromure à 180 degrés, la perbromure d'acétylène
brome se transforme en sesquibromure de carbone.
» Le perbromure d'acétylène brome possède la même formule que le
bibromure d'élhylène tribromé
C"HBr'Br=,
corps qui, d'après M. Roboul, fond de l^8 à 5o degrés, et que la chaleur
décompose.
» Css deux composés sont-ils isomériques ou identiques? On voit qu'il
existe entre eux une différence notable dans les j)oints de fusion. Cette
différence n'est pas due à la présence, dans mon produit, d'une petite quan-
tité de sesquibromure de carbone; car, outre que ce dernier n'est pas
sensiblement soluble dans l'alcool froid, il ne peut se volatiliser sans dé-
composition.
i> M. Friedel, (jtii avait autrefois examiné au point de vue cristallogra-
phique le bibromure d'élhylène tribromé, et qui avait trouvé pour l'angle
du prisme io4°3o', a bien voulu faire la même détermination sur mes cris-
taux. Il a trouvé io4°i6'.
( ^27 y
» Les deux corps sont donc identiques, les différences observées étant
sans doute dues à ce que le composé obtenu à l'aide de l'acrtylène biouié
est moins pur que celui que l'on prépare en faisant réagir le brome sur le
perbromure d'acétylène. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur l'amélioration de la qnaUlé de la betterave.
Note de M. Cii. Viollette.
'< M. Peligot, dans son Mémoire sur les matières salines de la bette-
rave, présenté à l'Académie, dans sa séance du i8 janvier dernier, ex-
prime incidemment le regret que les tentatives, failes pour améliorer la
qualité do la betterave, n'aient pas été suivies avec la persévérance et la
sûreté de déduction que L. Vilmorin mettait dans ses travaux. Tous les
fabricants de sucre, dit-il, se plaignent aujourd'hui de la mauvaise qualité
de la betterave. Il y a là, à mon avis, une exagération qui pourrait être
de nature à compromettre une de nos industries nationales les plus inté-
ressantes, vis-à-vis surtout des pays étrangers, chez lesquels elle exporte
une partie de ses produits. Sans aucun doute, on n'est pas arrivé encore
à obtenir toutes les améliorations désiral)les; mais des efforts sérieux ont
été tentés dans ce but, et je demanderai à l'Académie la permission de les
lui signaler.
» La culture de la graine de betterave a été introduite vers i8/jG, dans
les plaines fertiles des cantons de Cisoing et Pont-à-]Marcq (Nord), situés
entre Lille, Douai et Valenciennes; elle s'y est développée, en prenant pour
base les principes établis par Vilmorin, et elle a atteint une situation très-
prospère, comme l'attestent les nombreuses récompenses obtenues aux
grandes expositions françaises et étrangères, l'importance de sa production
annuelle, qui dépasse plusieurs millions de francs, et celle de ses exporta-
tions, qui représentent plus de i million.
» En l'absence de documents suffisants pour établir une statis-
tique précise de cette branche si intéressante de notre agriculture, je me
bornerai à citer ce que j'ai été à même de constater dans un des établisse-
ments les plus importants de France, et même d'Europe, la maison
Uespretz, de Cappelle (Nord), dans laquelle je poursuis depuis dix ans
des études sur la végétation de la betterave, dont j'espère pouvoir rendre
compte prochainement à l'Académie. Cet établissement occupe actuelle-
ment s('|)t fermes, comprenant une superficie de GGo hectares, unicjiiement
consacrés à la culture de la grauie de betteraves; 35o ouvriers y sont oc-
43..
( 328 )
ciipés journellement toute l'année. Les engrais ordinaires des fermes ne
suffisant pas, malgré la nourriture de 25o bêtes à cornes et de looo mou-
tons, consommant, outre les i)aillcs et fourrages habituels, 3 5oo ooo kilo-
grammes de pulpe, et /jooooo kilogrammes de tourteaux de lin, la maison
achète annuellcuient pour plus de loo ooo francs d'engrais de diverses
natures,
» Je cite ces chiffres pour montrer à l'Académie combien cet établisse-
ment est intéressé à ne rien négliger pour améliorer son industrie. Après
avoir cherché à perfectionner les espèces importées d'Allemagne et d'au-
tres contrées, la maison Despretz s'est attachée à des espèces nouvelles,
créées par un travail continu et minutieux de sélection, fait d'année en
année sur les meilleures variétés. Lorsque, en i854, j'pus démontré à
MM. Despretz que l'emploi de l'eau salée ne suffisait pas |)our choisir les
meilieiu'es espèces, et qu'on devait avoir recours à l'analyse chimique pour
faire un choix entre des reproducteurs de densités voisuies, des tentatives
dans ce sens furent faites d'année en année depuis cette époque, et leurs
résultats ont été tels, qu'ils ont conduit ces messieurs à fonder un labora-
toire de Chimie au centre de l'établissement, à Wattines, après y avoir
installé le gaz conmie mode de chauffage. Actuellement, un chimiste, avec
plusieurs aides, s'occupe journellement de l'analyse de la betterave, au
point de vue de l'amélioration des porte-graines.
)) Des efforts très-sérieux, on le voit, ont été tentés dans le Nord pour
améliorer la graine de betterave, et je crois pouvoir ajouter que ces efforts
ont été couronnés de succès.
M D'autres établissements marchent dans la même voie, eî je ne doute
pas qu'on n'arrive, par des efforts communs, à étendre et à améliorer cette
industrie de la graine de betterave, si importante pour notre grande in-
dustrie sucrière. »
CHIMIE ORGANIQUE. — 5»/' une Jcrmenlalion bulyri<iHe spéciale. Note
de M. 1*. ScuiJTZENBKKGEu, présentée par M. Balard.
t( Les intéressantes recherches de MAL Lechartier et Bellamy sur la fer-
mentation alcooli(iuc des fruits me déterminent à conununiquer à l'Aca-
démie des Sciences un (ait que j'ai eu l'occasion d'observer il y a deux ans,
flVec M. le D' Quinquaud, lors de nos expériences sur la respiration des
végétaux immergés {CoihjjIcs remliis, t. LXXVII, p. 272; 1873).
» Lorsqu'on abandonne à lui-même, à une température de 20 à 3o de-
( :^29 )
grés C, el à l'abri de la lumière direcle du Soleil, un flacon contenant des
tiges (.VElodea caïuutensis, immergées dans de l'eau sucrée ( solution de sucre
de canne à 5 pour loo environ), on constate, qu'au bout de queUjues
lieiues le sucre de canne est en |)artie interverti ; il ne tarde |)as à se former
ds nombreuses bulles de gaz que l'on voit perler à la surface des feuilles et
qui se détachent à mesure qu'elles grossissent. Le dégagement gazeux s'ac-
célère rapidement, au point qu'au bout de huit à dix heures on peut re-
cueillir près de loo centimètres cubes de gaz en trente minutes, si la
quantité de plante employée est suffisante.
» Ce gaz est un mélange d'hydrogène et d'acide carbonique, dans le-
quel l'acide carbonique ne l'emporte pas de beaucoup en volume sur l'hy-
drogène.
» En même temps que ce phénomène se produit, le liquide prend une
réaction acide qui augmente progressiveuicnt et exhale l'odeiu" d'acide
butyrique mêlée à celle du butyrate d'éthyle.
» En interrompant l'expérience au bout de quarante-huit heures, lorsque
le dégagement gazeux commence à se ralentir, la plante s'altérant peu a
peu dans ce milieu acide, on peut recueillir, après distillation et satura-
tion par le carbonate de soude du liquide distdlé, des quantités notables
de butyrate de soude.
» Sans aucun doute, on se trouve en présence d'une fermentation buty-
rique franche.
» Le liquide qui baigne VElodea devient légèrement opalescent pendant
la fermentation et offre les apparences d'une émulsion persistante très-
diluée. L'examen microscopique de ce liquide décanté de dessus la plante,
après une forte agitation, ainsi que celui du dépôt formé par le repos, ne
révèle que la présence de quelques globules de levure alcoolique et de dé-
bris de cellules végétales. Nous n'avons rien pu y trouver qui répondît au
signalement du ferment butyrique ordinaire. Cependant, je l'avoue, je ne
me sens pas suffisamment exercé aux observations microscopiques de ce
genre pour oser tirer de là une conclusion certaine, et j'ai cherché une
autre voie pour résoudre la question qui se pose ainsi : la fermentation
butyrique observée est-elle due au ferment butyrique ordinaire, ou à une
manifestation spéciale des fonctions physiologitiuos des cellules végétales?
» Si la fermentation est provoquée par des bactéries qui auraient écha[)pé
à notre investigation, U est clair qu'elle devra continuer dans le liquide
décanté; or il n'en est rien. La solution du sucre séparée de la plante,
( 33o )
même après une vive agitation, opérée en vue de détacher les bactéries qui
auraient pu restera la surface des feuilles, ne dégage plus qu'une quantité
très-faible de gaz, tandis que la réaction reprend aussitôt, dès qu'on met
le liquide en contact avec VElodea. Bien plus, dans certaines expériences,
on voit, dans le liquide décanté, une fermentation alcoolique franche et
très-énergique succéder à la fermentation butyrique; celle-ci est accom-
pagnée d'un développement abondant de levure de nouvelle fermentation.
L'Elodea canadeiisis n'est pas seule à dpnner des phénomènes de cet ordre.
On l'observe avec plus ou moins d'intensité, en employant les diverses
plantes aquatiques fluviales et même des algues marines.
» D'après les résultats variés que nous avons constatés, nous pensons
que les tissus végétaux vivants, immergés dans l'eau sucrée, peuvent agir
sur le sucre de canne, d'abord en l'intervertissant, puis en le dédoublant en
acide butyrique, hydrogène et acide carbonique. La fermentation alcoo-
lique n'est donc pas le seul phénomène de cette nature où la levure spé-
ciale, qui le provoque de préférence, peut être suppléée par des cellules
vivantes appartenant aux grands végétaux, lorsque celles-ci sont placées
dans des conditions physiologiques anormales. »
PHYSIOLOGIE. — De l'action vaso-dilatalrice exercée par le nerf glosso-pha-
ryngien, sur tes vaisseaux de la membrane muqueuse de In hase de la langue.
Note de M. A. Vui.pian, présentée par M. Cl. Bernard.
« J'ai communiqué à l'Académie des Sciences, il y a deux ans (séance
du 20 janvier 1873), une Note sur l'influence vaso-dilatatrice que les fibres
de la corde du tympan, unies au nerf lingual par anastomose, exercent sur
les vaisseaux de la membrane muqueuse des parties antérieures de la
langue. Des rechercbes récentes m'ont appris que le nerf glosso-pharyu-
gien exerce une influence toute semblable sur les vaisseaux de la membrane
muqueuse de la base de la langue.
» Lorsqu'on examine la face dorsale de la langue sur un chien, soit en-
tièrement sain, soit entièrement curarisé et soumis à la respiration artifi-
cielle, on voit que la membrane muqueuse de la partie postérieure de cet
organe, à partir de l'épiglotte jusqu'au V des papilles caliciformes, présente
une teinte un peu sombre, différente de celle des parties antérieures de cette
membrane. Celte teinte spéciale dépasse même, en avant, de quelques
millimètres ces papilles. C'est sur cette région de la membrane muqueuse
( 33, )
linguale que se produit l'action vaso-dilatatrice du rierf glosso-pharyn-
gien.
» C'est sur des chiens curarisés et soumis à la respiration artificielle que
la plupart de mes expériences ont été faites. Après avoir mis à découvert
le nerf glosso-pliaryngien au-dessous de la base du crâne, on l'a lié, puis
on l'a coupé au-dessus de la ligature, de façon à pouvoir électriser facile-
ment le bout périphérique de ce nerf. On a constaté que la ligature et la
section de ce nerf ne déterminent aucune modification notable de la mem-
brane muqueuse de la base de la langue : on observe tout au jilus une
congestion très-faible et Irès-passagère de cette membrane.
» Si l'on fait passer par le segment périphérique du nerf glosso-pharyn-
gien un courant induit intermittent, pendant une ou deux minutes, la
membrane muqueuse linguale devient très-rouge du côté correspondant au
nerf excité, dans toute la région que nous avons indiquée, c'est-à-dire
depuis la base de l'épiglotte jusqu'aux papilles caliciformes et même un
peu au delà. Le reste de la face dorsale de la langue conserve sa coloration
primitive. La congestion est très-intense sur le bord de la langue, du même
côté, surtout dans les points les plus rapprochés du pilier antérieur du
voile du palais. La membrane muqueuse de la face inférieure de la langue
rougit aussi, dans les parties postérieures de ce côté de l'organe; mais la
rougeur y est moins accusée, elle ne présente pas une limite nette en avant,
et elle s'étend en diminuant peu à peu jusqu'au delà du milieu de la lon-
gueur de cette face inférieure.
» Ce n'est pas tout : on constate, le plus souvent, que le pilier antérieur
du voile du palais et l'amygdale sont plus rouges du côté du nerf électrisé
que du côté opposé. L'épiglotte conserve, en général, sa teinte normale, et
les parties du pharynx qu'on peut apercevoir paraissent aussi n'avoir subi
aucune modification sous le rapport de la coloration de leur membrane
muqueuse.
» Eu examinant de plus près la membrane muqueuse de la base de la
langue, au moment où cette membrane est le plus congestionnée, on re-
connaît que les vaisseaux, visibles entre les papilles, se sont notablement
élargis. Il y a aussi une légère augmentation de la température de cette
région de la langue. On ne constate d'ailleurs aucun changement soit dans
la forme ou la direction des papilles coniques, soit dans l'état d hiuiùdité
de la membrane muqueuse.
» La congestion, provoquée dans la membrane muqueuse de la base de
( 33a )
la langue par la farailisation du bout périphérique du nerf glosso-pharyn-
gicn, dure pendant ]ilusiein's minutes après que toute excitation a cessé,
puis elle disparaît peu à peu. Lorsqu'elle a disparu, on peut la faire re-
naître par une nouvelle faradisation de ce nerf.
» Cette expérience donne encore les mêmes résultats, après qu'on a coupé
sur le même animal, et du même côté, le nerf lingual à sa partie supérieure,
le nerf hypoglosse et le nerf pneumogastrique auprès du crâne, et après
qu'on a, en outre, excisé le ganglion cervical supérieur. Ou observe aussi
les mêmes effets sur un animal soumis à l'action toxique du sulfate d'atro-
pine.
» Le mécanisme de l'action vaso-dilatatrice du nerf glosso-pharyngien
est, sans doute, le même que celui de l'action du même genre exercée sur
les vaisseaux des parties antérieures delà membrane muqueuse de la lan-
gue par les fibres de la corde du tympaTi, qui accompagnent le nerf lingual
jusque vers ses extrémités périphériques. Les vaisseaux se dilatent proba-
blement parce que, comme le pense M. Claude Bernard, pour les actions
nerveuses vaso-dilatatrices, considérées en général, l'excitation de ces nerfs
susjiend le fonctionnement des ganglions vaso-moteurs, dont l'activité pro-
voque et maintient le lotius des canaux vasculaires de la membrane muqueuse
de la langue. On trouve, du reste, sur le trajet du nerf glosso-pharyngien,
de petits amas de cellules nerveuses, comme on en rencontre sur le trajet
du nerf lingual : cette disposition anatomique est peut-être en rapport
avec l'action vaso-dilatatrice de ces nerfs.
)) J'ai voulu savoir si les fdires vaso-dilatatrices, que contient le nerf
glosso-pharyngien, ne proviendraient pas du nerf facial. Pour faire cette
recherche, j'ai mis à découvert le nerf facial jusqu'au trou stylo-mastoïdien
sur des chiens chloralisés; puis, à l'aide d'un fil de fer rougi au feu et intro-
duit par cet orifice, j'ai cautérisé ce nerf dans l'aqueduc de Fallope, dans
toute la longueiu' du trajet que ce fil a pu parcourir. Je me suis assuré que,
par ce procédé, on détruit le nerf facial dans tout ce trajet, ainsi que la
corde du tympan : j'ai trouvé, en effet, ce rameau nerveux et toutes les
autres branches du nerf facial dans un état de complète altération, lorsque
j'en ai fait l'examen microscopique, huit à dix jours après l'opération. Or,
si l'on coupe le nerf glosso-pharyngien sur lui chien ainsi opéré depuis une
dizaine de jours et si l'on faradise le bout périphérique de ce nerf, on déter-
mine, dans la membrane muqueuse de la base de la langue, une conges-
tion tout aussi vive que chez un animal dont le nerf facial est intact.
( 333 )
B Les fibres vaso-dilatatrices, contenues dans le nerf'glosso-pharyngien,
ne proviennent donc pas du nerf facial. D'autre part, comme la fara-
disation des divers autres nerfs qui donnent des anastomoses au glosso-
[)liaryiigien ne produit pas le moindre effet vaso-dilatateur sur les vais-
seaux de la langue, on peut conclure que les fibres vaso-dilatatrices qu'il
contient lui appartiennent vraisemblablement eu propre, ou, du moins,
qu'elles ne sont probablement fournies par aucune anastomose extru-cra-
nienne.
» Les vaisseaux de la membrane muqueuse de la langue, dans toute l'é-
tendue de cet organe, sont donc soumis à l'influence de fibres nerveuses
vaso-dilatatrices. Dans les parties antérieures de la langue, innervées par
le lingual, c'est ce nerf qui, par l'intermédiaire des fibres anastomoliques
qu'il reçoit de la corde du tympan, exerce cette influence : dans les parties
postérieures de la face dorsale de cet organe, innervées par le nerf glosso-
pharyngien, c'est à ce nerf que cette influence est dévolue. »
HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur itîi nouveau document historique, relatif
à Salomon de Caus. Lettre de M. G. Depping à M. le Président.
(Extrait.)
(( On sait combien sont rares les renseignements contemporains et
authentiques sur Salomon de Caus, l'ingénieur qui découvrit, au
commencement du xvii^ siècle, les propriétés de la vapeur comme force
motrice. Comme il avait servi en Angleterre et en Allemagne, on a été
même autrefois jusqu'à contester sa nationalité. Plusieurs de ses ouvrages
étaient, en effet, datés de Heidelberg; Francfort était le lieu d'impression,
au moins du plus important de tous. Mais, comme le faisait déjà remar-
quer Arago (1837), il était peu probable qu'un Allemand de cette époque
eût écrit en français, raison qui aurait suffi, à défaut d'autres plus déci-
sives (par exemple, la Dédicace au roi de France et l'énoncé du privilège
royal, de son princi[)al ouvrage Les liaisons des forces mouvantes, celui-là
même où il démontre la force expansive de la vapeur).
» C'est à tous ces titres que l'Académie accueillit, il y a quelques an-
nées, une Communication qui lui était adressée par M. Charles Read (i),
relative à la date, retrouvée par lui, de la mort de Salomon de Caus (iCiaG).
Cette trouvaille mettait définitivement à néant la fable ridicule qui a coin u
(i) Comptes rendus, séance du 21 juillet 18G2.
C. R.,i87i, I" Semestre. (,r. LX.XX, N» tî.) 44
{ 334)
pendant si longtemps, sur le soi-disant emprisonnement à Bicêtre de Salo-
mon de Caus, sa folie, et enBn sa mort en i64i •
» J'ai eu la bonne fortune de trouver un document nouveau, dans les
manuscrits de la Bibliothèque nationale à Paris. Voici celte pièce, que
j'ai copiée parmi les lettres originales adressées à M. de Sainle-Cntherine,
résident pour le roi de France à Heidelbcrg, par un de ses collègues, le
résident de Londres. [Maiiuscrils de la Bibliolltèque nalionatc, Fonds de LA
Mare ) :
<c De Londres, le xxvm' jour de juillet iGi3.
a Monsieur, je n'ay pas voulu perdre loccasion de celuy qui vous rendra la présente,
nommé le sieur de Caux, Françoys, fort honneste homme, qui a quelque temps servy Mons'.
le prince de Galles, défunct, en la charge d'ingénieur et intendant de ses bastimentz, et à
présent, va faire quelque service près Monsieur l'Eslecteur et Madame sa femme, qui ont
désyré de l'avoir, sans le charger de ce mot de lettre, pour luy donner vostre tognoissance,
estant homme duquel j'estime qu'aurés la conversation agréable. — Nous n'avons pas à
présent grandes nouvelles de vostre cour, etc., etc
a Signé: Bisseaux (résident pour le roy à Londres). »
» Cette lettre, malgré son laconisme, établit plusieurs points intéres-
sants pour la biographie de Salomon de Caus ou Caux : d'abord sa natio-
nalité. Reste à savoir si l'inventeur était normand, ou plutôt de quelle lo-
calité de la Normandie il était originaire. Dieppe le revendique, non sans
quelque raison, ainsi que l'a démontré l'auteur de la précédente Commu-
nication à l'Académie, M. Cli. Read, qui a, de plus, fixé d'une manière
péremptoire la date de sa naissance, 1576(1).
» Nous apprenons encore, par cette pièce, quel était le titre de Salomon
de Caus et quelles fonctions il remplissait auprès du prince Henry, frère
de l'infortuné Charles P'' d'Angleterre, et à quelle époque il quitta le
prince, mort très-jeune, pour passer au service de sa soeur Elisabeth, sur-
nommée la leine (les cœurs, et de son époux, Frédéric V, électeur palatin,
dont la résidence était à Ileidelberg. Les jardins du château électoral ont
été disposés par Salomon de Caus, qui eu a publié les dessins dans son
Hoilus patalinus. »
(i) Bulletin (le lu Société rie l'Histoire du Protestantisme français, 1862, XP année,
p. 4ot) et suiv.
( 335 )
PHYSIQUE. ~ Deuxième Note sur In combustion des mélanges détonants;
par M. Neyreneuf. (Extrait.)
)) Les effets signalés dans ma Note du 1 1 janvier peuvent être observés
avec un degré de |)ersistance remarquable, en opérant avec une éprouvette
bien sèche, que l'on placera ensuite sur une soucoupe contenant de l'eau.
En insufflant l'haleine quinze jours après l'expérience, on voit se repro-
duire le phénomène; dans les tubes paraffinés, l'insufflation de l'haleine
donne des résultats encore plus nets. Voici ce que j'ai constaté :
» Avec des mélanges correspondant aux proportions de l'eau, les éprou-
vettes sèches donnent quelques lignes nodales très-espacées, qui ne se
marquent que quelque temps après la détonation. Il est probable que ces
lignes correspondent à la figure acoustique de l'éprouvette elle-même; les
tubes paraffinés, avec le même mélange, donnent simplement projection
de la paraffine qui est fondue.
» Les résultats sont à très-peu près identiques en prenant un mélange
formé de i d'oxygène pour i d'hydrogène. Il faut, pour obtenir quelques
effets, prendre la proportion de 3 d'oxygène pour i d'hydrogène; on ob-
tient alors, sur une éprouvette paraffinée de 20 centimètres de hauteur et de
4 centimètres de diamètre, à 5 centimètres au-dessus de l'ouverture, quatre
feuilles de fougère enroulées en spirale et également espacées, d'aspect
semblable au givre. Le choc a été assez violent pour que la paraffine ne
conserve qu'une adhérence très-faible.
>» ... Lorsqu'on veut produire immédiatement de beaux effets, il suffit de
mettre dans un tube de petit diamètre .', volume d'air, achever de remplir
avec de l'hydrogène et approcher immédiatement l'ouverture du tube de
la flamme d'une bougie. Le mélange se fait d'une manière satisfaisante,
et la projection de quelques gouttelettes d'eau qui restent adhérentes aux
parois des tubes n'amène que des perturbations insignifiantes. »
M. J. KoRDON adresse une Note, écrite en allemand, sur un procédé
destiné à la composition en caractères d'imprimerie, et à la iU:dribulion des
caractères.
La séance est levée à 5 heures un quart. J. H.
44.
:«(î )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus daxs i.a séance nu aS janvieu i8'j5.
Ministère des Travaux publics. Ports maritimes de la France; t.l : De Dun-
kerque à Etrelat. Paris, Imprimerie nationale; i vol. in-4'', avec atlas.
Sur la viticulture dans le département de la Charente-Inférieure. Rapport à
S. Exe. M. Rouher;prtr leD'' J. Guyot. Paris, Imprimerie impériale, 1861;
in-8°.
Sur la viticulture du sud-ouest de la France. Rapport à S. Exe. M. Rouher ;
parle D' J. GuyOT. Paris, Imprimerie impériale, 1862 ; in-8°.
Sur la viticulture de l'est de la France. Rappoit à S. E.xe. M. Rouher; par
le D"^ J. GuYOT. Paris, Imprimerie impériale, i863; in-8°.
Sur la viticulture et la vinification du département du Puy-de-Dôme. Rapport
à S. Exe. M. Rouher; par le D' J. GuYOT. Paris, Imprimerie impériale,
i863;in-8°.
Sur la viticidlure du sud-est de la France. Rapport à S. Exe. M. Armand
Béhic; par le D"^ J. Guyot. Paris, Imprimerie impériale, i864; in-8°.
Sur la viticulture du nord-est de la France. Rapport à S. Exe. M. Armand
Béhic ; par le D'' J. Guyot. Paris, Imprimerie impériale, 1864 ; in-8°.
Sur la viticulture du centre sud de la France, Rapport à S. Exe. M. Armand
Béhic; par le D"^ J. GUYOT. Paris, Imprimerie impériale, i865; in-S". .
Sur la viticulture du centre nord de la France, Rapport ù S. Exe. M. Ar-
mand Béhic; par le D'' J. GUYOT. Paris, Imprimerie impériale, 18G6;
in-8°.
Sur la vilicutlure de l'ouest de la France. Rapport à S. Exe. M. Armand
Béhic; par M. le D' J. GuYOT. Paris, Imprimerie impériale, 186G; in-8°.
Sur la viticulture du nord-ouest de la France. Rapport à S. Exe. M. de
Forcade la Roquette; parle D'' J. Guyot. Paris, Imprimerie impériale,
1867; in-8°.
Sur la viticulture et la vinification du canton d'Fvian [Haute-Savoie). Rap-
port à S. Exe. M. de Forcade la Roquette; par le D"^ J. Guyot. Paris, Im-
primerie nationale, 1868; in-S".
(Cette collection des Rapports de M. le D"^ Guyot est offerte à l'Acadé-
mie par M. le Baron Larrey.)
( 337 )
Cimedère de Mérj-siir-Oise. Observations et contre-projet présentés au Con-
seil municipal de Paris, en réponse au Rapport de M. H<''rol(l ; ^ir/rMM. Le-
CLERC et Riant, conseillers niiinicipanx. Paris, imp. A. Pougin, 1874;
in-8°.
Exposition de la méthode des équipollences ; par Giusto BELLAVITIS, traduit
de l'italien par C.-A. I.aisant. Paris, Ganthier-Villars, r874; J vol. in-8°.
(2 exemplaires.)
Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l^ Académie royale de
Médecine de Belcjique ; collection in-8° , t. III, i'^'' fascicule. Bruxelles,
II. Manceaux, 187/»; in-8°.
Annales de la Société centrale d' Agriculture cl du Comice de Nancy; 2* sé-
rie du Bon Cultivateur; t. II, i" fascicule. Paris et Nancy, Pierger-Levraidt,
1874; in-8°.
De remploi de la vapeur pour éteindre les incendies. Historique de la
question; par le D' DuJARDiN (de Lille), l^ille, imp. Lcleux, iSSa; opus-
cule in-8°.
De la dégénérescence palustre; par le D"' E. BuRDEL. Paris, G. Masson,
1875; in-8'', avec photographie.
Pipette à capacité variable pour l'essai des matières d'argent par ta voie hu-
mide,- par M. G. Sire. Besançon, imp. Dodivers, 1872; br. iu-8°.
La Chine; par M. G. MORACilE. Sans lieu ni date; br. in-8". (Extrait du
Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales.)
( A suivre. )
ERRATA.
(Séance du 4 janvier 1875.)
Page 70, ligne Sa, au lieu de 371,0, lisez 731,0.
Page 70, ligne aS, colonne i5, au lieu de 3,2, //vcs o,3.
(Séance du aS janvier 1875.)
Page 260, ligne 12, en remontant,
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Janvier 1875.
( 338 )
Observations HéTÉOROLociQcii
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(1) Miiiima Ijaromcliiqucs : le 2, h 5'' 30"" du matin, 753,3; lo 21, h mimiil 1111 quart, 735,5, après iino cliule très-rapide et des
oscillations depuis G heures du soir entre ^38 et 73G; le 24, il ■ i''35"' du soir, 742,3.
(2) (1) a minima, l>, niaxima, non atteints ; la fempératHre variant d'une manière Contïntip.
(5) Moyennes des observations trilioraircs.
(G) La température normale est déduite de la courbe rcctiliée des températures moyennes de soixante années d'observation.
( 339)
,'AiTES A l'Observatoire de MoxTSornis.
Janvier 1875.
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Halo partiel et gouttes de pluie le s. Le vont s'élève ; rafales la nuit.
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Bourrasques; fortes pluies l'après-midi et le soir.
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Grésil et neige le m. suivis de pluie très-fine. Les bourrasq. reprennent.
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La pluie ,1 cessé avant le jour ; le vent a viré au nord ; rosée le soir.
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Gelée blanche le matin.
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Pluvieux le matin. Ciel dégagé le soir.
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Givre matin et soir. Beau temps.
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claire loo.
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sée d'un pla
tenu de terre humide.
(i8 ù 11) *
Perturbât
ons. Va!
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jortées au pavillon i
laenéliquc.
(M)(î/,) L
B signe W
indiqua
l'ouest,
conformément h la c
écision de 1
a conférence internationalo do Vienne.
1
( 34o )
Movr.NNES HORAiRKS ET MOYKKNES MENSUELLES (Janvier 1875).
«■■M. 'Jl-M. Midi. Sl-S. G'' s. yhS.
Déclinaison magnétique 17"-*-
Incliiiaisoii » 6 j° n-
Force magnétique totale /l,-e-
Composante horizontale i ,-f-
Karoraètre réduit h 0°
ii,6
3i , I
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Pression de l'air sec VS'i^i 75i,56 75 1,1 8 750,79 750,87 751,2a 751, 25
Tension de la vapeur en millimètres 5,71
État hygrométrique 91,1
Thermomètre du jardin 2,97
Thermomètre du pavillon 4 1°'
1 hermomètre électrique à 29"' »
Thermomètre noirci, dans le vide 3,'J2
Deyré actinométriquo (a) 0,00
Thermomèti-e du sol. Surface «
» à c"", 02 de profondeur. .
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3,5o
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5, 10
min
Udomètreji i^jSo i3,6
Pluie moyenne par heure 3,27
Évaporation moyenne par heure (i)(i) o,o5
Vitesse moyenne du vent en kilom. par heure. 7''™, 7
Pression moy. du vent en kilog. par heure »
5,90
90,5
4" 58
4,64
7,6.
12, iG
3,45
3,59
4,21
3,S4
5, 10
mm
0.7
0,23
o,o5
6,28
84,1
6','g8
6,67
tt
14,87
28,24
4,..
3,64
•'1,17
3,81
5, 12
mm
2,4
o,So
0,07
6,41
81,7
7 ','38
7)39
12,33
18,11
»
4,75
3,97
4,21
3,81
5,i3
mm
3,0
I ,00
0,09
7'-"n,2 8'-'", 7 S*"», 9
6,26
85,9
o
6,21
6,18
5,53
0,00
4,53
4, .5
4,35
3,86
5,16
mm
17,8
5,93
0,07
-"m 2
6, 10
88,5
5, "44
5.44
4,3i
4,18
4,39
3,93
5,i5
mm
i5,6
5,20
o,o5
7"™. 9
5,93
89,3
0
4,87
4,86
4,oG
4,08
4,5i
3,99
5,12
mm
10, I
3,37
o,o5
81-™, 7
17.23,8
65 . 3 1 , 1
4,624»
1,9163
mm
757,'?
751 , i3
6,04
87,6
0
5,43
5,43
8,71
I 1 ,70
4,o5
3,88
4,32
3,88
5,12
mm
t. G3,2
»
t. 34,0
Moyeiiîivs huraires.
Heures.
il" malin.. .
2 » ...
3 »
4 .. . .
5 » ...
6 " ...
7
8 n ...
a » . .
10 » ...
11 . ...
Midi
Déclinais.
0 ,
.723,7
2i,8
25,3
25, I
23,8
22,7
22,0
22,3
23,4
34,9
26,0
a6,5
Pression.
mm
757,00
56,84
56,70
56,67
56,73
56,92
57, i3
57,32
57,46
57,52
57,52
57,46
Tempérât.
4°67
4,58
4,33
4,18
4,06
3,97
3,98
4,17
4,58
5,2 1
5,96
6,68
Heures.
l''soir 1726,1
0
3 ..
4 ..
5 ..
G ..
7 ..
S ..
'.)
10 »
11 ..
Minuit.
linais.
Pression.
" /
utm
26,1
757,38
25,3
37.29
24,4
57,20
23,9
57,14
23,7
57,11
23,6
57,13
23,4
07,18
22,8
57,25
22,1
S7,3î
21,6
57,35
21,6
57, 3o
22,4
57,18
Tempérât.
o
7,32
7,46
7,38
7,07
6,64
6,2t
5,86
5,62
5,43
5,27
5,08
4,87
Thermomètres de l'abri (Moyennes du mois.)
Des minima 2<>,5 des maxima 8<>,3 Moyenne 5,4
Thermomètres de la surface du sol.
... 0°, 7 des maxima 10°, i Moyenne 5,4
Températures moyennes diurnes par pentades.
«, 0 o
3,8 Janv. iiiiiS G,o Janv. ic ii 20 6,8
2,5 i> I G il 2(1 9,
Des minima . .
\i
Janvier 1
» 6
- I
'-»! a 20. .
2G il 3o. .
(a) Ramené il la constante solairo 100. — (b) En centièmes de millimètre,
(i) Moyennes de 21 jours et total du mois.
riaBOflOg
COMPTES KENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
rm »oa « »-
SÉANCE DU LUNDI 8 FÉVRIER 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Remarque sur un passage de la Lettre de M. Ge-
nocchi, insérée dans le Compte rendu de la dernière séance (i); par
M. Pdisecx.
« M. Genocchi semble dire, clans sa Lettre, que j'aurais désignéCauchy
comme n'ayant pas indiqué avec exactitude les conditions sous lesquelles
subsiste le développement d'une fonction implicite. Si l'on veut bien relire
le Rapport cité par M. Genocchi [Comptes rendus, t. LXXVI), on verra que
je signale, à la page 3i6, une certaine distinction comme na^'ant pas
toujours été formulée assez nettement; mais, dans ma pensée, cette critique
ne s'adressait nullement à rilîustre analyste qui a porté la lumière dans la
théorie du développement des fonctions en séries. »
(i) Page 3i5 de ce volume.
C. R., 1875, 1" Scinturc. (T. LX.XX, N- G.) 4^
( 342 )
ASTiiOKOMlE. — LcUie de M. Janssex à M. Dumas, Président de la Commission
du Passage de Vénus.
« Observatoire de Kompira-Yaiiia, le lo décembre 1874-
» Vous avez appris, par mes deux télégrammes du 9 et du 10 dé-
cembre (i), que nous avons observé le passage.
« Je vous dirai maintenant, monsieur le Secrétaire perpétuel, que, bien
que le temps n'ait pas été complètement favorable, et que nous n'ayons
pas obtenu autant de photographies qu'il eût été désirable, nous devons
nous estimer très-heureux d'avoir pu observer les deux contacts intérieurs,
et obtenu en somme le plus important. Cette année a été exceptionnelle-
ment pluvieuse au Japon, et peu après notre arrivée j'ai été extrêmement
anxieux sur l'issue de l'expédition. Aussi ai-je rassemblé sur les diverses
villes pouvant nous offrir les chances les moins défavorables tous les docu-
ments météorologiques recueillis, soit par le gouvernement, soit par les
Observatoires, les Européens résidants, et même par les natifs. L'examen de
ces documents ne tarda pas à me montrer que Yokohama nous offrait bien
peu de chances favorables. Kobé, dans la mer Intérieure, et Nagasaki au
sud-ouest, nous étaient indiqués comme jouissant en hiver d'un meilleur
climat, et, à cet égard, tous les avis compétents étaient unanimes. Je de-
mandai donc à M. Lespès, commandant de la station du Japon, en exécu-
tion des ordres qui lui avaient été donnés, de vouloir bien nous conduire
à Kobé. Nous finies le voyage sur l'aviso à vapeur le d'Eslrées, commandé
par M. le capitaine de frégate Joncla. A Kobé, je poursuivis activement
mes informations; elles nous confirmèrent dans la résolution que nous
avions prise de quitter Yokohama. Entre Kobé et Nagasaki, la différence
(1) g décembre 1874» " O"" 20'" du iuir. — Secrctary Sciences Academy and Instruction
Minister; Paris,
" Transit observcd and contacts obtained and dctcrniincd by revolver photographie. Fine
images in our tclescops, no ligament. Venus seen over sun's torona. Glass photographies
anil siivcr plaques. Clouds at intervais. Tvfo niembers our mission observcd with sutcessiul
at Kohe, — Jakssen. «
10 décembre 1874» '* 'O heures du matin. Secrctary Âcadcmy, Bureau Longitudes
and public Instruction Minister^ Paris.
o Tclegr. .sent ycsterday. — Transit observed at Nagasaki and Kobe, interior contacts.
No ligament, photo;^rapliies, revolver, several clonds during transit. Venus seen over corona
before contact, give démonstration almosphci- coronale existence. — Jansskn. »
( 343 )
était faible, cependant Nagasaki paraissait préférable, et c'est ainsi qu'en
avaient jugé les Américains qui s'y étaient établis. D'un antre côté, les
circonstances astronomiques du passage y étaient plus avantageuses (Soleil
plus élevé qu'à Kobé et surtout qu'à Yokohama). Je me décidai donc pour
Nagasaki; mais le beau temps n'étant nullement assuré, même dans cette
dernière ville, je résolus d'avoir aussi un poste d'observation à Kobé. Ce
partage, qui était possible en raison de notre personnel et de nos nombreux
instruments, nous assurait toutes les chances possibles de succès.
» Le a/i octobre 187/1, le d'Eslrées nous débarquait à Nagasaki. Après
nous être mis en rapport avec les autorités et avec la Commission améri-
caine, nous nous occupâmes de l'emplacement de notre observatoire.
Nous l'établîmes à Rompira-Yama (i), sur une haute colline qui domine
la rade. Cette situation était convenable sous tous les rapports. Site élevé
au-dessus des vapeurs de la ville, route existante, proximité des habitations
et ressources de tous genres. La grande difficulté était de transporter à
cette hauteur les deux cent cinquante caisses ou colis formant notre bagage.
Cinq cents porteurs environ effectuèrent ce travail. En même temps une
centaine de charpentiers et de terrassiers préparaient le terrain, y élevaient
des cabanes, et notre installation marcha très-rapidement. Le temps, beau
d'abord, se gâta ensuite tout à fait. Des orages violents, des rafales ve-
naient contrarier nos travaux et compromettre même notre établissement.
Pendant une violente bourrasque, l'équatorial de M. Tisserand fut ren-
versé, sa lunette et son micromètre brisés. Heureusement j'avais avec moi
ma lunette de 6 pouces, qui me servait dans l'Inde en 18G8, lunette que
je destinais à des observations spectrales pendant le passage. En sacrifiant
ces observations, je fus heureux de pouvoir mettre M. Tisserand en état
de réparer ce malheur, qui l'eût mis hors d'état d'observer. Du reste, nous
avions avec nous un outillage très-complet, forge, tour, etc., qui nous fut
de la plus haute utilité pour mettre en état nos instruments. Après cette
période fâcheuse, le temps se remit, et nous pûmes commencer l'étude
des instruments, faire les observations préparatoires, et exercer chacun
au rôle qui lui était assigné. En se servant du cercle méridien que le Bu-
reau des Longitudes nous avait prêté, M. Tisserand détermina la latitude
de Nagasaki, et obtient en ce moment luie longitude qui sera très-proba-
blement plus exacte que celle qui nous a été donnée par M. Ward. M. Pi-
card était chargé de l'appareil photographique de la Commission; M. d'.\l-
(1) Montagne de lCoiii|nr.i, dicii des typlimis.
45..
( 344 )
nioida dirigeait l'appareil à revolver pour la photographie des contacts;
M. Arens dirigeait tonte la partie photographique, et s|iécialenicnt colle de
l'équatorial photognipliique. Les deux limoniers INIichaut el iNIercier nous
assistaient avec zèle et intelligence.
» Cependant, dés le milieu de novembre, je préparais l'expédition de
Kobé. Les instruments qui devaient y être envoyés étaient essayés, réglés,
et les observateurs exercés. M. Delacroix, enseigne de vaisseau, emportait
une lunette de 6 pouces de Bardou pour faire l'observation astronomique;
M. Chimizou avait une excellente lunette photographique (i) qui avait été
rigoureusement réglée; deux chronomètres complétaient leur bagage. Le
gouvernement japonais nous donna la franchise télégraphique, et ht con-
struire, à ses frais, des bouts de ligne nécessaires pour mettre directement
en rapport l'Observatoire de Nagasaki et celui de Kobé. Cette facilité nous
permit de régler les chronomètres de Kobé sur ceux de Nagasaki où se
trouvent nos instruments méridiens.
M J'arrive maintenant au jour du passage.
» Je dois dire que, quelques jours avant le phénomène, nos craintes
avaient augmeiité. Cependant, dans la matinée du 9, le temps fut assez
beau, quoique le ciel fût un peu voilé. Le premier contact fut obtenu par
M. Tisserand et par moi. Dans l'équatorial de 8 pouces, dont la lunette est
très-bonne, l'image de Vénus se montra très-ronde, bien terminée, et la
marche relative du disque de la planète, par rapport au disque solaire,
s'exécuta géométriquement sans aucune apparence de ligament ni dégoutte.
Mais il s'écoula un temps assez long entre le moment où le disque de Vénus
paraissait tangent intérieurement au disque du Soleil, el celui de l'appa-
rition du fdet lumineux. Il y a là une anomalie apparente qui, pour moi,
tient à la présence de l'atmosphère de la planète. J'ai fait prondie une
photographie au moment où le contact paraissait géométrique, et sur cette
épreuve le contact n'a pas encore lieu. M. d'Almeida a obtenu une plaque
de quarante-sept |)hotographies du bord solaire, qui conduit aux mémos
conclusions.
» Je compte discuter ces résultats qui me paraissent conduire à d'im-
portantes conséquences.
» Après le premier contact intérieur, M. Picard et M. Arens prirent
chacun à leur instrument autant de photographies qu'il leur fut possible,
mais les nuages y mirent un grand obstacle. Enfin, vers l'instant du second
(1) Celle de Steinheil.
( 345 )
contact intérieur, une éclaircie presque providentielle se produisit sur le
Soleil, et nous pûmes, M. Tissernnd et moi, prendre l'instant de ce contact
qui fut obtenu avec précision. Le ciel était tout à fait couvert au moment
du dernier contact extérieur, qui, du reste, a peu d'importance.
» Pendant le passage même, nous recevions des nouvelles de Kobé, nous
savions que les deux premiers contacts y avaient été observés, qu'une quin-
zaine de photographies y avaient été prises, et enfin, peu après notre obser-
vation, M. Delacroix m'annonçait qu'il avait obtenu les derniers contacts,
le dernier seul incertain.
» Telle a été, d'une manière générale, le résidtat de nos observations.
Nous aurions en incontestablement des résultats plus complets avec un ciel
plus pur et plus constant; mais mon expérience des voyages m'a enseigné
qu'il ne faut pas trop demander, et qu'on doit s'estimer heureux lorsque
tant de fatigues, de peines, de sollicitudes, ne restent pas sans résultats. Du
reste, dès le lendemain, la pluie qui reprenait violente et continue semblait
témoigner que la Providence avait fait, au milieu de cette fâcheuse période,
une courte trêve en notre faveur.
» Je ne dois pas terminer sans vous parler, M. le Secrétaire perpétuel,
d'une observation qui se rattache à la couronne et à l'atmosphère co-
ronale du Soleil.
» Avec des verres d'une coloration bleu violet, particulière et très-pure,
j'ai pu voir Vénus avant qu'elle eût touché le disque solaire. Elle se déta-
chait comme une petite tache ronde très-pâle. Quand elle commença à
mordre sur le disque solaire, cette tache complétait le segment noir qui se
trouvait sur l'astre radieux. C'était une éclipse partielle de l'atmosphère
coronale. Celte observation prouve d'une manière toute naturelle et bien
concluante l'existence de cette atmosphère lumineuse et l'exactitude de
mes observations de 1871. J'ai vu Vénus depuis environ 2 à 3 minutes de
distance du bord solaire.
» Nous travaillons à nos Rapports à l'Académie.
» Je ne dois pas terminer sans remercier ici le Gouvernement japonais de
''accueil si distingué que nous avons reçu de lui. »
( 346 )
GÉOMÉTRIE. — Théorèmes généraux sur le déplacement (^ une figure plane
sur son plan; par M, Cuasles.
« Les questions dont il s'agit embrassent cinq cas généraux relatifs anx
deux conditions qui produisent le déplacement d'une figure sur son plan :
» 1° Deux points de la figure glissent sur deux courbes d'ordre quel-
conque; 2° une droite glisse sur une courbe, et un point de cette droite
glisse sur une autre courbe; 3° un côté d'un angle glisse sur ime courbe,
et un point de son autre côté glisse sur une autre courbe; 4° les deux côtés
d'un angle glissent sur deux courbes de classe quelconque; 5° enfin
un point a d'une droite glisse sur une courbe, et la droite tourne autour de
ce point de manière à être toujours oblique à la courbe, sous un angle con-
stant, en ce point a.
» Dans chaque question il y a à déterminer l'ordre de la courbe décrite
par un point quelconque de la figure, et la classe de la courbe enveloppe
d'une droite quelconque.
» Quelques-unes de ces questions ont été traitées et reproduites souvent,
mais seulement dans quelques cas très-particuliers relatifs à dcuxdroitcsou
à une conique, et l'on ne connaît, je crois, qu'im seul théorème général
relatif à deux courbes d'ordre m et w, dû à Steiner : c'est le premier théo-
rème que je vais démontrer.
§ I. — Deox points a, n' glissent sun deux courbes U„,, U,„,.
» I. Lorsque deux points a, a' d'une droite glissent sur deux courbes
Um, Um , cette droite enveloppe une courbe de la classe 4mm,, qui a une tan-
gente multiple d'ordre 2 mm, à l'infini.
IX, m2m. I\J , _
, 47/27«,. Donc, etc.
lU, m,7.m IX
» La courbe a une tangente multiple d'ordre 2 mm, coïncidant avec la
droite A do l'infini, parce que le cercle décrit d'un point a de U,„ situé
sin- A est rensemblo do deux droites coïncidant avec A, lesquelles cou-
pent U„, en m, points doubles, ce qui donne lieu à 9.m, tangentes aa' de
la courbe enveloppe coïncidant avec A; donc amw, à raison des m points
deU„, (•).
(*) C'est ce ihéorème, qui a été donné par Steiner, comme je viens de le dire, dans
une Communication à l'Académie de Berlin, en juillet i858. Voir Nom'cllcs .Innnlcs de A//i-
thématifjues, t. XVII, i858; p. 44^-
( 347 )
» On roconn.iît niscment que la coihIjo a 2mni, tangentes paral-
lèles outre elles, dans une direction quelconque. Il suffit de faire glisser
la courbe U,„ dans cette direction, d'une quantité rectiligne égale à aa\ à
droite et à gauche. Les mnif points d'intersection de cette courbe, dans
chacune de ses deux nouvelles positions, et de U,„^ restée fixe, appartien-
nent aux iiiun, tangentes de la courbe enveloppe.
» On peut conclure de là que la courbe a fiinin, tangentes passant par
un point de l'infini : ce qui est une confirmation de la démonstration gé-
nérale.
» II. Un point a" de la droite aa' décrit une courbe de l'ordre iiiiiu,.
X, otni 2 mm, 2 u
u, 2 m, 2 m, 111.2 X
8 mm, .
C'est-à-dire : D'un point x crime droite L on décrit un cercle de rayon =: fi"it, qui
coupe Um en 2«j points a; les 2ra droites .ra coupent U„,^ en 2 /uni, points «', d'où l'on dé-
crit des cercles de rayon = a' a", qui coupent L en 2mm, 2 points u. De luènie, d'un
point u on décrit un cercle de rayon ^a'a", qui coupe Um, en 2/«, points a'; les
2///| droites a' u coupent Um en 2 m, m points a, d'où l'on décrit des cercles de rayon = aa",
qui coupent L en 2m, m2 points x. Il y a donc Sw/w, coïncidences de x et «.
» Il y a 6mm, solutions étranj^ères, dont 2 mm, sont dues au point x de L situé à l'inlini,
et 4'«'"i aux points .v situés sur les ^mm, cordes aa' qui passent par les deux points circu-
laires de l'infini. Il reste 2mni, solutions. Donc la courbe cherchée est d'ordre 2mm, (*),
» III. Une droite a 5 passant pur le point a de la droite aa', et entraînée dans
le mouvement, enveloppe une courbe de la classe 4min() fpti « ""<-' tamjente
multiple d'ordre 2nira, à l'infini.
IX, m1m^ lU
lU, 2m, m IX
[\mm^.
(*) Ce théorème a été démontré maintes fois pour le cas de deu.x droites, où la courbe
décrite est une conique; mais je ne sais si l'on a reniar<]ué que de ce cas particulier se peut
conclure le théorème général. En efftt, puisque, dans le cas où les deux points a, a' glissent
sur deux droites A, A', un troisième point d" décrit une conique, ce point a ->.«( positions
sur une courbe Um quelconque, et l'on conclut de là que, réciproquement, lorsque deux
points a, a" glissent l'un sur une droite A et l'autre sur une courbe U,„, un point a' de la
droite <7fl" a ?. m positions sur une droite quelconque A', et conséqueminent décrit une
courbe d'ordre 2m, et a donc 2mm, positions sur une courbe d'ordre U„,. Donc, récipro-
quement : quand les points a" et a' glissent sur deux courbes U„, et U„j, un troisième
jioint a de la droite a' a" a 2mm, positions sur une droite quelconque A, et consé<]ueiuuieul
décrit une courbe d'ordre 2mm,. c. q. v. u.
( 348 )
» C'est-à-dire : une droite IX coupe Um en m points n, d'où l'on iin'ne//j 2 m, droites an',
(]iii donnent lieu à ■?.mm, droites «0, faisant avec les droites na' l'angle prescrit; on mène
2/«w, droites lU paralii'ies à ces droites aO. Une droite lU menée arbitrairement détermine
la direction des droites a S, et par suite celle des droites aa', qui sont en nombre 2mm, ;
par les points a passent 2»i/n, droites IX. Il y a donc 4'""»i coïncidences de lU et IX. Donc
la courbe cherchée est de la classe ^mm,.
» La courbe a une langenfe multiple d'ordre 2mm, à l'infini, parce que
la courbe enveloppe de la droite an' a elle-même 2min, tangentes coïnci-
dant avec la droite de l'infini, dont chacune donne lieu à une droite a9,
également à l'infini.
» IV. Une droite a"0 passant par un point qiiclconcpte de la droite aa', et
entraînée dans le mouvement, enveloppe une courbe de la classe 4niui,, ayant
une tangente multiple d'ordre 2mm, à l'infini.
» La courbe décrite par le point a" est d'ordre 2/?i/H,-, conséquemment
une droite IX passe par 2inm^ pointsa", et donne lieu à 2inm, droites a"9,
et à :iinm, droites lU parallèles à ces droites a"0.
» Une droite lU donne lieu à ^immf droites IX; on pose donc
IX, 2mm, lu
lU, 2mm ^ IX
^mm,. Donc, etc.
» V. Un point a" quelconque entraîné dans le mouvement de la droite aa'
décrit une courbe de i ordre 2mm,.
» Concevons que le point ci' appartienne à deux droites «"«, a"ci' qtii
forment le triangle «"rtrt' ; on pose immédiatement, d'après le théorème
précédent,
X, l\mm, u
u, ^mm, X
s mm,
» Mais il y a 6mm, solutions étrangères : 2mm, sont dues au point x
de L situé à l'infini, et f\mm, aux points x situés sur les droites an' qui
passent par chacun des deux points circulaires de l'infini. Il reste 2mm,
solutions. Donc la courbe décrite par le point a" est d'ordre 2mm,.
§ II. — Une nuoiTE a 0 glisse sur une courbe U"', et lk point a de cette droite
GLISSE SUR UNE COURRE U,,,.
» VI. Un point a' de la droite a 9 décrit une courbe de l'ordre 4 mn'.
X, n'm in, , „
4 ""i- Donc, etc.
u, 2mn X
( 349 )
» On reconnaît que la courbe a m points multiples d'ordre 2 n' à l'infini,
ainsi que deux points multiples d'ordre mn' aux deux points circulaires.
» VII. Une droite a5' entraînée par la droite a (5 enveloppe une couibe de la
classe 2miV, qui a une lamjente multiple d'ordre mn' à l'infini.
TX, mn' lU I , „
■?.mn. Donc, etc.
lU, n'ni IX I
» VIII. Un point a' de la droite aO' {conséquemmenlun point a' quelconque)
décrit une courbe de l'ordre 4 van'.
.r, 2 nin 2 u
it, 1 mn' .r
(') mTi'.
6mn'.
» Il y a 2 mn' solutions étrangères dues au point x de L situé à l'infini.
Il reste 4 '«"'• Donc, etc.
» IX. Une droite a'Ô' passant par un point a' de la droite aO enveloppe une
courbe de la classe 4 mn', qui a une tangente multiple d'ordre 1 mn' à l'infini.
» Le lieu du point a' est une courbe d'ordre 4 mn' (VI) ; conséquemment
on pose
IX, 4 mn' lU
lU, 2 mn' IX
» Il y a 2 m?i' solutions étrangères dues aux m points a de U,„ situés à
l'infini. Il reste 4 '"'î • Donc, etc.
§ III. — Un côté d'un angle a clissb sur une courbe U"', et on point a'
DE l'autre côté clisse SUR UNE COURBE Um.
M X. Le sommet a de V(m(jle décrit une courbe de l'ordre 4 nui', qui a, à
l'infini, m points multiples d'ordre 2 n' et deux points multiples d'ordre mn' aux
deux points circulaires.
■y II' T! ii> 11 I
4 W«'.
X, n 1 1)1 u
n. i mn' x
C'esl-à-diie : d'un point r de L on mène «' tangentes de U"'; chacune d'elles détermine
la direction du coté au' , et il se trouve ■?. m côtés dont le segment a' u compris entre la
courbe U,„ et la droite L soit égal à la longueur aa' du côté de l'angle mobile; te cpii fait
2/» points u, et 0. mn' à raison des n' tangentes de U"'. Un point a de L donne lieu à
2 m côtés lia' , et cliacun à n' côtés tangents à U"' ; donc 2 mn' points x, 11 y a ainsi 4 '""'
coïncidences de .v et u. Donc, etc.
M XI. Le côté aa' de l'amjle a enveloppe une courbe de ta classe 4 uni'.
IX , m 2 n' 1 IJ
lu, n'2m IX
.\inn
0. R., 1875, 1" Scmcitic. (T. LXXX, M» C.) 4^
6mn'.
( 35o )
» XII. Une droite passant par te point & enveloppe une courbe de la classe
f\ mn'.
IX, kmn' m
lU, n'am IX
M H y a imv! solutions étrangères dues aux droites IX passant par les
deux points circulaires de l'infini. Il reste l\mir! . Donc, etc.
M XIII. Vnc droite -a'O' passant par le point a' enveloppe une courbe tic la
classe 4nin'.
IX, m2n' lu j , ,
lu, n 2ni IX I
» XIV. Une droite quelconque entraînée dans le mouvement enveloppe une
courbe de la classe 4mn'.
» Un point a" du premier côté de l'angle (côté tangent à U"), par
lequel passe la droite entraînée, décrit une courbe d'ordre !\n)n' : ime
droite IX passe donc par Zj/nn' positions de ce point a". D'après cela, lU
étant parallèle à la droite, on a
IX, 4/72rt' TU
lU, Ji'2m IX
Gmn'
» U y a 2nin' solutions étrangères ducs aux droites IX passant par les
deux points circulaires de l'infini. Il reste l^mn'. Donc, etc.
» XV. Un point a" du premier coté de l'antjle a décrit une courbe de
l'ordre 4mn'.
jc, n'a m u
2 mn a;
4 mn'
C'est-à-dire : D'un point .>■ de L on mène // tangentes de U"', dont chacune détermine la
direction du côté aa' , et aussi de la droite a" a' ; il existe dès lors a»i droites a" u' dont le
point n' est sur U„, et a" sur L; et 2niri', à raison des «' tangentes; a" est remplacé ici
par u. C'est ainsi qu'on a ?.»i// points u correspondant à x. Un point u étant pris sur L, il
y a 2/n points a' de U„ tels, qu'on ait un' =z le côté c/n' de l'angle; les ini droites aa' sont
aussi déterminées de direction, ainsi que les «' tangentes de U"' relatives à cliaque droiie,
ce qui fait ?./««' langentes qui coupent I, en i.nm' points x. Il y a donc 4'""' coïncidences
de X et u. Donc, etc.
M XVI. Un point du côté asi' décrit une courbe de l'ordre ^iiiiu'. Ce théo-
rème se conclut du théorème IV précédent.
M XVII. Un point quelconque w entraîné dans le mouvement de l'angle a
décrit une courbe d'ordre /ivan'.
» Que l'on considère le point w comme appartenant à une droite ma
( 35i )
fixée au côté «'5, le théorème sera, comme le précédent, une conséquence
fia théorème IV.
' TT»"
§ ]V. — Deux côtés d'un angle glissent sur deux codbbes U" , U"
» XVIII. Le sommet de l'angle décrit une courbe d'ordre 2n'n", qui a deux
points multiples d'ordre n'ii" aux deux points circulaires de l'infini.
.X , n II II
u, 71 Tl X
in 11". Donc, etc.
I) XIX. Une droite passant par le sommet a de l'angle enveloppe une courbe
de la classe n'n".
IX, in'7i" lU I „ , „
lU, n'n" IX! ^""•
» Il y a 2 n'n" solutions étrangères, dues aux sommets a de l'angle, qui
se trouvent aux deux points circulaires de l'infini. Il reste Ji'n". Donc, etc.
» XX. Un point d'un côté de l'angle décrit une courbe de /'or^/re 4 n'n", qui n
deux points multiples d'ordre 2 n'n" aux deux points circulaires de l'infini.
X, n'n" 2 u
u, 2 n'n" .X
l\rin".
» XXI. Un point fixé à l'angle par une droite passant par son sommet décrit
une courbe de l'ordre 4 n'n".
x, n n 2 n
A n'n"
» XXII. Une droite fixée à l'angle en un point r' de son premier côté {con-
séquemment une droite quelconque) enveloppe une courbe de la classe l\ n'n".
IX, 4"'"" lu
lU, 7i'«"2 IX
6 m' h".
» Il y a 2n! if solutions, dues aux droites IX, qui passent par les deux
points circulaires de l'infini. Il reste l\n'n". Donc, etc.
g V. — Un point a d'une droite «S clisse sur une courbe U',^, et la droite tourne
AUToua dk ce point, de manière a iaire toujours le mkmk angle avec la tangente
DE la courbe en ce point.
» XXIII. La droite nO enveloppe une rourlie de la classe (m -i- u) (*).
(*) Comptes rendus, l. LXXII, 1871, p. 897.
46
( 352 ^
» XXIV. Vi) point a' r/e la droite ai drcril une courbe de la classe
2 (m + n).
.r,
X
» Il y a 9.m solutions étrangères, dues au point x de L, situé sur la
droite de l'iiifiiii. Il reste 2{m -h «)•
» XXV. In point de la tancjente de U,„ fixée à la droite a(5 dccrit une
courbe de l'oribc 2(m -t- n).
X, Jl 2 U
II, 0.111 X
i[in •{- n).
I) XXVI. Une droite qiielcompie, passant par un pointa! de la droite a6,
enveloppe une courbe de la classe 2 (m + n).
IX, 2(lll~7i lU
lu, 2tl IX
» Il y a 271 solutions étrangères, dues aux droites IX, menées aux deux
points circulaires de l'infini. Il reste 2 (m ■+- n). Donc, etc. »
ASTRONOMIE. — Note accompaqnant la présentation d'une Notice autograplnée
sur la méthode des moindres carrés; par M. Fave.
« La discussion qui s'est élevée dernièrement siu' la méthode des moin-
dres carrés et l'abus qu'on en peut faire me fournit l'occasion de présen-
ter à l'Académie des feuilles autographiées que j'ai rédigées, il y a un an,
pour l'École Polytechnique, et auxquelles je viens de mettre la dernière
main. J'espère avoir réussi, dans l'exemplaire actuel, à donner à cette No-
tice le degré de clarté et de simplicité nécessaire lorsqu'il s'agit de faire
pénétrer quelque idée dans la pratique et dans l'enseignement; c'est ce
qui m'encourage à soumettre ce petit travail à ceux qui pensent qu'il y a
là, chez nous, c'est-à-dire dans le pays même où ces méthodes ont pris
naissance, une lacune regrettable.
» J'expose d'abord la méthode de Legendre, sans rien emprunter à la
théorie des probabilités, en m'appuyant seulement sur les cas très-nom-
breux où le degré de précision delà valeur dos inconiuies ressort du calcul
avec une complète évidence. La méthode de Legendre et les règles de
Gauss sont étendues ensuite par voie d'analogie aux cas plus com|)liqués.
Ces considérations purement algébriques me semblent être à l'abri des
critiques que notre savant confrère, M. Bicnaymé, a élevées sur le degré de
( 353 )
probabilité exagérée qu'on est conduit quelquefois, par d'autres considé-
rations, à assigner à tel ou tel système de valeurs.
1) Je reprends ensuite la même question avec l'aide des premiers prin-
cipes du calcul des chances, ainsi que l'a faitGauss, mais avec une modifi-
calion sur laquelle je dois insister.
» Gauss a déduit la loi de probabilité des erreurs accidentelles (et par
suite la méthode de Legendre, qu'il avait trouvée de son côté) d'une opi-
nion acceptée, de sentiment, par tout le monde, à savoir que le meilleur
parti à tirer d'un certain nombre de mesures directes est d'en prendre la
moyenne arithmétique. Laplace lui ayant objecté que rien ne prouve que
cette règle donne le résultat le plus avantageux, d'autres géomètres ont
cru devoir prendre poiu" point de départ une hypothèse sur la nature
des erreurs accidentelles. D'après eux, ces erreurs seraient dues à un très-
grand nombre de petites causes agissant à la fois et dont la combinaison
serait assimilable au tirage de boules extraites d'une urne sous certaines
conditions. On en déduit la loi connue de probabilité de ce genre d'er-
reurs, fout aussi bien que Gauss l'a fait en parlant de la règle de la
moyenne.
)) J'ai pensé, au contraire, que la loi de probabilité des erreurs acci-
dentelles ne devait pas être établie ainsi a priori sur une hypothèse, ni
même sur une opinion très-généralement acceptée, malgré l'extrême élé-
gance de la démonstration de Gauss, mais bien, a posteriori, de l'étude
directe des faits. Nous n'avons pas une idée distincte de la cause ou des
causes de ces erreurs où l'imperfection de nos sens, de nos instruments
et de notre attention joue lui rôle si considérable; mais on peut se faire
une idée fort nette de leurs résultats en examinant les écarts de séries de
mesures d'espèces très-variées, pourvu qu'on ait soin de se borner à celles
dont la simplicité nous garantit contre toute intrusion d'erreurs systé-
matiques. Je discute ainsi des mesures de toute sorte, des observations
astronomiques (de Bradley), des expériences sur le tir des armes à feu (du
général Didion) et des données encore plus simples de statistique militaire
[Sanitarj- Memoirs of ihe ivar of llie rébellion U.S.). Or, malgré la variété de
ces cas si dissemblables, il se trouve que la probabilité des écarts est repré-
sentée par les valeurs numériques d'une même intégrale définie bien con-
nue, non pas sans doute d'une manière absolument mathématique, mais
avec une approximation si frappante qu'il n'y a aucun inconvénient pratique
à admettre l'identité rigoureuse. Prenant donc cette loi pour point de dé-
part fourni par l'expérience, indépendamment des hypothèses et des opi-
( 354 )
nions préconçues, j'en déduis à la manière ordinaire les prescriptions
connues du calcul des équations de condition.
» Une autre difficulté se présentait, non plus sur l'origine ou l'es-
sence de nos conceptions premières, mais sur la légitimité de leur emploi.
Laplacea démontré, et c'est là un des points qui ont le plus frappé, je crois,
les géomètres, que, si le nombre des équations primitivement fournies par
les mesures est ijrand, la méthode de Legendre est celle qui donne les ré-
sultats les plus probables, quelle que soit la loi de probabilité des erreurs;
mais que, si le nombre des observations est restreint, le choix de la mé-
thode dépend alors de la loi de probabilité spéciale au cas considéré. On
en a généralement conclu que la méthode des uioindres carrés ne doit s'ap-
pliquer qu'à un grand nombre d'équations, sans dire comment on devrait
traiter les autres cas, et surtout sans définir ce qu'on entend par ce mot
grand nombre. Il en résulterait même, pour certains esprits rigoureux, cette
conséquence que, le nombre des observations dont on dispose en réalité
étant généralement médiocre, la méthode des moindres carrés n'est pres-
que jamais applicable et peut être considérée comme un simple objet de
curiosité.
)) Mais il résulte aussi de l'analyse même de Laplace, et c'est ce qui
d'ailleurs est bien aisé à établir, que la même méthode répond tout aussi
bien au cas d'un nombre restreint d'observations lorsque la loi de proba-
bilité de leurs erreurs ne diffère pas sensiblement de celle dont je me suis
attaché à prouver expérimentalement l'existence. J'ai donc cru pouvoir
substituer, à ces notions vagues de nombres restreints ou de grands nombres
sur lesquelles on ne saurait s'accorder, la notion de nombre suffisant ainsi
défini : Un nombre de mesures ou d'équations est suffisant et comporte
luie légitime application de la méthode, lorsque les écarts y manifestent la
loi des erreurs accidentelles avec la même netteté que dans les nombreux
exemples qui ont suffi à établir cette loi. Dans le cas contraire, et c'est celui
auquel M. Regnault faisait allusion dans une des dernières séances, la mé-
thode des moindres carrés n'est pas à conseiller; mais il en serait ainsi
de toutes les autres : il n'y aurait même pas lieu de prendre une simple
moyenne sans d'expresses réserves. J'en rapporte un exemple tiré d'une
de nos plus belles séries d'analyses chimiques.
» Il ne suffit donc pas, à mon avis, d'appliquer la méthode des moindres
carrés et d'invoquer la faiblesse des erreurs probables pour les valeurs des
inconnues; il ne suffit mémo pas de montrer que les écarts positifs sont
aussi fréquents que les négatifs et que leur moyenne arithmétique est nulle ;
( 355 )
il faut encore faire, dans chiique cas, l'épreuve que Bessel a fait subir une
fois à une série d'observations de Bradiey, pour montrer que les résidus
suivent bien la loi admise.
» Cette épreuve, que je regarde comme nécessaire, réussira d'ordinaire
lorsqu'il s'agira d'observations astronomiques, géodésiques, lopograpbi-
ques, et généralement de questions où la théorie mathématique peut élre
considérée comme complète. 11 est cependant, même eu Astronomie, des
exceptions, parmi lesquelles je citerai les délicates mesures des parallaxes
stellaires, où il est arrivé plus d'une fois, et en particulier à moi-même,
que l'erreur probable assignée à la valeur trouvée pour l'inconnue res-
tait bien au-dessous de l'erreur réellement constatée plus tard à l'aide de
moyens d'observation plus puissants. J'ni traité en particulier, dans la
Notice ci -jointe, d'une de ces exceptions qui a une grande importance
d'actualité. Il s'agit de la parallaxe solaire 8", 5712 déduite par Encke des
passages de Vénus de 1761 et de 1769 avec une erreur probable ±0,0370,
c'est-à-dire 7 ^ fois plus petite que l'erreur réelle, autant du moins que nous
en pouvons juger aujourd'hui.
» Ce travail d'Encke, si remarquable au point de vue mathématique et
bien supérieur à tout ce qui avait été fait jusqu'alors, présentait cependant
un point essentiellement faible assez difficile à éviter à cette époque. On
ne se rendait pas bien compte, il y a soixante ans, des difficultés physiques
et physiologiques de l'observation des contacts, la seule qui ait été pra-
tiquée au dernier siècle. Ces difficultés sont telles, que véritablement on
peut dire que la plupart des observateurs n'ont pas vu le phénomène
qu'il s'agissait d'observer, mais bien quelque phase plus ou moins voisine.
Non-seulement la méthode des moindres carrés ne s'applique pas à des
cas pareils, mais encore je ne puis concevoir de procédé mathématique
qui, en l'absence de toute noiion physique et physiologique sur la nature
de l'erreur, permettrait de tirer la vérité de mesines ainsi viciées pour la
plupart.
« La méthode des moindres carrés n'est donc pas responsable de cet
échec ; ce n'est même pas son emploi qiu a donné aux astronomes cette
confiance si absolue dans une détermination malheureusement erronée :
c'est bien plutôt la singulière convergence de tous les travaux de cette
époque vers ce même nombre 8", 67 que nous rejetons aujourd'hui. S'il
est pour nous une raison tout à fait décisive de croire, non à la probabi-
lité, mais à la certitude d'un résultat de nos mesures, c'est assurément de
voir ce résultat confirmé par les méthodes les plus diverses. On peut tou-
( 356 )
jours craindre quelque illusion quand on ne l'a obtenu que d'une seule
manière; mais quand on le retrouve le même par des voies différentes et
tout à fait indépendantes l'une de l'autre, alors on se sent convaincu. C'est
ce qui est arrivé ici par une fatalité bien étrange. Au commencement de ce
siècle, Delambre adoptait dans ses Tables du Soleil 8", 8, comme nous
aujourd'hui. Laplace, dans sa Mécanique céleste, avait adopté 8", 82 (i).
Celait le nombre officiel alors, et nous voyons bien que c'était le nombre
vrai. IMais plus tard, Ferrer ayant trouvé 8", 56, comme Lalande autre-
fois, par les passages de 1769, et Burg 8", 57 par le calcul de l'inégalité
parallactique de la Lune, à l'aide des formules de Laplace et d'un grand
nombre d'observations lunaires de Greenwich (2), lorsque Encke vint
offrir précisément le même nombre 8", 67 comme résultat final de ses
recherches sur les passages de Yénus, cet accord de deux méthodes si dif-
férentes fit cesser toute hésitation, et telle est, je pense, la véritable
cause de la confiance générale, bien plutôt que l'application de la méthode
des moindres carrés à des observations sur lesquelles l'auteur lui-même, si
j'ai bonne mémoire, n'a pas manqué de formuler des réserves fort sages,
Bien loin qu'on puisse faire peser sur la méthode de Legendre, recomman-
dée et journellement pratiquée par de si illustres géomètres et astronomes,
la responsabilité d'un échec pareil, c'est à elle, au fond, que revient le mé-
rite d'avoir familiarisé la plupart des calculateurs avec la nécessité d'étu-
dier profondément à l'avance toutes les causes d'erreurs systématiques, et
d'en dépouiller les observations avant de les soumettre au calcul. C'est ce
qui a été fait à l'avance pour le passage de décembre dernier : non-seu-
lement les instruments les plus puissants ont été employés, mais les ob-
servateurs, bien mieux préparés qu'au dernier siècle, ont appliqué les
méthodes les plus diverses de mesure, surtout celle qui exclut le système
nerveux de l'observateur, ail lieu de se borner à un seul genre d'obser-
vation. Tout nous fait esjjérer que le réstdiat de cet immense effort ré-
pondra pleinement à l'habileté et au dévouement de nos courageux obser-
vateurs, à l'importance du sujet et à l'attente de l'Académie. »
(i) 3/cca/iiijuc céleste, t. III, p. ^3. I.aplace fri ilcihiil iiDiir Li mnssf i\c la Terre tvï'îTï»
ol c'est ce iionibie, au(]iul ou a substiUic plus laiil bien à torl 5s,'ooi, «lui a clé employé
dans les calculs i!c ce graml ouvrage.
(2) Mécanitjiie céleste, l. III, p. 3'->.G.
( ^'i? )
PHYSIQUE. — Siii I iiiincint'ilioit des aciers rfaniis iriirinnluics;
par M. J. Ja.mi.v.
« J'ai montré dans l'avant-dernière séance : i" qu'une armaltue ajoutée
à un ai.uaut tout formé lui enlève une portion de son magnétisme ; 2° que
le gain réel de l'armature est égal à la [icrte faite par l'aiinaiit ; 3'' que,
pour rendre les mesures comparables, il faut mu!li|)!ipr les lésiilt.ils trouvés
sur l'aimant par un coefficient - que l'expérience détermine; y. représente
la conductibilité de l'acier. Je vais revenir aujourd'hui sur tuie question
que j'ai précédemment ébauchée et sur laquelle j'ai de nouvelles observa-
tions à présenter : je vais étudier ce qui arrive si l'on vient à réaim.uiter
l'ensemble de l'aimant et de ses armatures, au lieu d'aimanter l'acier seul et
de l'armer ensuite.
)) J'ai admis précédemment qu'un aimant peut toujours être décomposé
en filets élémentaires couchés les uns à côté des autres, et dont les extré-
mités affleurent aux surfaces polaires des deux côtés de la ligne movenne.
Après une aimantation déterminée, ces filets ont pénétré à une certaine
profondeur. Leur nombre est proportionnel à cette profondeur et au péri-
mètre de la section moyenne de l'aimant. Si le périmètre augmente ou
diminue, ce nombre croît ou décroît proportionnellement; par conséquent
la quantité de magnétisme de l'aimant est exclusivement réglée par la sec-
tion moyenne, et ne dépend aucunement de la forme et de l'étendue en
longueur des aciers.
» A une condition pourtant : c'est que ces filets trouvent vers les extré-
mités des surfaces polaires suffisantes pour s'y épanouir. Si l'acier est très-
long, les pôles élémentaires sont confinés aux extrémités, et les deux courbes
d'intensité magnétique sont très-éloignées l'une de l'autre. Si la longueur
décroît, ces courbes se rapprochent sans s'altérer et sans que la quantité de
magnétisme change. L'acier diminuant toujours, elles finissent par se ren-
contrer. A partir de ce moment, elles se pénètrent, se transforment en deux
droites opposées, et leur aire qui exprime la quantité de magnétisme di-
minue. J'explique ces faits en disant que, dans le premier cns, les filets ma-
gnétiques ont plus de place qu'il ne leur en faut pour s'épanouir. Quand
les courI)(>s se louchent, ils ont justement la place qui leur est nécessaire,
et réciproquement le nombre des pôles élémentaires des filets que peuvent
recevoir les surfaces polaires est justem(;nt égaf à celui qui peut être con-
tenu dans la ceinture moyenne. Dans ce cas, l'aimant est parfait : il est
(;.R., i8-;.'i, 1" Semestre. (T. LXXK, N» 0.) -17
( 358 )
plein. Dans le précédent, la surface était imparfaitement remplie. Vient-on
mainlenaiit à diminuer encore la longueur, les filets les plus courts dispa-
raissent, parce que leurs deux pôles se réunissent, et la quantité de magné-
tisme décroît par insuffisance de place pour la distribution des pôles élé-
mentaires. Dans le premier cas, il y avait trop de surface, dans le dernier
trop peu. Dans le premier, la ceinture moyenne était trop petite, dans le
dernier elle est trop grande, et le cas intermédiaire offre précisément la
surface polaire qui convient à la section moyenne, et la section moyenne
qui convient à la surface d'épanouissement.
» Généralement le barreau n'est aimanté que superficiellement; s'il était
aimanté égah ment dans toute sa masse jusqu'à son axe, le nombre des
filets magnétiques serait proportionnel à la surface de la section moyenne.
On en approche en divisant l'acier en lames minces qu'on aimante
séparément et qu'on superpose; le nombre des filets augmente alors pro-
portionnellement au nombre des lames ; et comme les surfaces ne changent
que par l'augmentation d'épaisseur, elles se trouvent bientôt remplies de
magnétisme; les courbes d'intensité se rejoignent au milieu, et l'aimant
est plein dans toutes ses dimensions, puisque, d'une part, la section
moyenne est aimantée à cœur, et que, de l'autre, les courbes d'intensité
remplissent les surfaces extérieures. On voit ainsi pourquoi les faisceaux
magnétiques sont supérieurs aux aimants formés avec une seule pièce qui
aurait une épaisseur égale à la somme des épaisseurs des lames.
» Ces idées conduisent simplement à la théorie des armatures. Quand
un aimant est tout fait et qu'on met à la suite un morceau de fer, un cer-
tain nombre de filets magnétiques se prolongent à travers sa masse, et, au
lieu de finir à la surface de l'acier, viennent se distribuer sur celle du fer.
Il est clair que la perte de l'acier doit être égale au gain du fer, et qu'il
n'y a eu qu'un simple déplacement.
» Réaimantons maintenant l'appareil en le passant dans une bobine tra-
versée par un courant, nous produirons alors une distribution nouvelle.
En général, la ligne moyenne ne sera plus au milieu de l'acier, mais plus
rapprochée du fer; l'armature aura enlevé plus de magnétisme, et l'acier
qu'elle touche en aura perdu davantage. C'est ce qu'on voit dans le tableau
n° 1, qui montre la distribution : i° quand on a placé l'armature sur l'ai-
mant tout formé; 2° quand on a réaimanté avec le même nombre d'élé-
ments l'ensemble de l'acier et de l'armature. Or on voit que la perte et le
gain ont toujours augmenté par la réaimantation.
» Poiu' savoir maintenant si le magnétisme total a augmenté ou non, il
( 359 )
faut distinguer deux cas. Considérons d'abord un aimant dont les surfaces
polaires sont suffisantes pour l'épanouissement des |)ùles élémentaires, ou
plus que suffisantes, c'est-à-dire ini aimant plein ou incomplètement rem-
pli. Il est évident que l'aimantation de l'acier seul lui avait donné tout
le magnétisme qu'il pouvait recevoir dans sa section moyenne, que ce
magnétisme était distribué tout entier sur les faces polaires, et qu'une réai-
mantation avec les armatures placées ne peut rien changer à ces condi-
tions. Tout se bornera à un changement de dislrdjution, et la somme
magnétique restera constante; c'est ce cjne montre le tableau suivant :
N" 1. — Qunntiu's de magnétisme réelles, avant et après la réaimantation
ion I — r= 2 , 2 1 ■
Armature de lo'l.
Armât, di
i^ i7"l,5.
2 armat.de i7'^'I,5.
Armature de 35"I.
Av,int. Après.
Avant.
Après.
Avant. Après.
Avant.
Après.
Aimant ariné. . . .
104,0'" 94,0
93,9
c^:,!
8ij , 0 70,4
76,6
59,4
Aniiiitiiro
60, I 70, I
69,3
j63,2
88,5
88,4 >'H,7
175,1 iWy,!
93,3
'7''9
129,6
Somme. . . .
i64,i 167,5
i56,3
189,0
Aimant nu observe
. i63,4
i55
.9
'76,9
169
,0
» On peut varier l'expérience comme il suit: aimanter d'abord le sys-
tème mixte de l'acier et de son armature avec un nombre donné d'élé-
ments, puis enlever l'armature et observer l'aimant nu, et enfin replacer
l'armature sur cet aimant. C'est la même méthode en intervertissant l'ordre
des opérations. Les expériences ont été Ailles en augtnentant progressive-
ment le nombre des éléments qui produisaient la réaimantatioii, et en con-
servant une même armature de 17"'^, 5. Ici encore le magnétisme total reste
le même avant et après la réaimantalion.
N° 2. — Quantités de magnétisme réelles avant et après la réuimantation
(aiinaturc de 17''', 5; a = 2,3).
Première
aimantation.
Deuxième,
h éléments.
Troisième,
10 éléments.
Avant. Après.
86,9 62,8
8 1,6 II 3, 3
Quatrième,
20 éléments.
Aimant armé . . .
AimaUire
Avant. Après.
86,0 55,8
58, 0 99 il
i44,o 154,9
■ >444
Avant.
80,9
79'9
160,8
i6o
Après.
58,6
.01,4
160,0
,0
Avant. Après.
98,2 71,7
90,0 118,4
Somme
Aimant nu observé.
171,5 176,1
168,6
i88,-.'. 190,1
'77'3
» Mais si l'aimant étudié était plus court, si ses surfaces polaires étaient
insuffisantes pour recevoir tout le magnétisme qui peut traverser la
47..
( 36o )
cciiiliirc iiioyeniic, dans ce cas r;idclitioii des armatures de fer ajoutera ce
qui manquait de surface à l'acier : le magnétisme sera donc augmenté et,
si ces armatures sont suffisantes, l'ensemble prendra la même somme
de magné'. isme qu'un aimant d'acier simple qui aurait une longueur
suffisante. Dans le tableau suivant on voit des aciers courts qui pre-
naient, étant aimantés seuls, des quantités de magnétisme 168,7, '72)9»
i5'S,8, recevoir, étant armés et réaimanlés, les quantités beaucoiq) plus
grandes 23o,5, 241,1, 217,4. On |)eut donc, en aimantant l'acier armé,
quand il est court, lui comn)uniqner ime plus grande sonune de magné-
tisme que s'il n'est |)oint armé, et cela parce qu'on lui donne une surface
extérieure suffisante pour laisser épanouir le magnétisme dont il est ca-
pable par l'étendue de sa section moyenne.
N» 3. — Jiniaiits stiisnturf's, quantités de magnétisme réelles avant et après la léaimantation
(loncucur : L =; i7"',5; - = 2,2).
' a
Première Deuxième, Acier au \\olri'ani,
aimantation. 20 éléments. L = 25.
Avant. Après. Avant. Après. Avant. Après.
Aiiiiaiit aimé 92,6 119,2 95,2 126,9 7^)5 100, 5
Armature 76,7 m, 3 78,1 il4,2 89,4 '16,9
Somme 169,3 23o,5 «73,3 2.41,1 162,9 2'7>4
Aimant nu ()l)scrvc. . . 168,7 '72,9 i58,8
» Ces fiils expliquent très-bien des phénomènes qu'on avait assimilés à
tort à la condensation électrique. Je suppose qu'on aimante séparément les
diverses lames d'iui faisceau, puis qu'on les place l'une après l'autre contre
leiw armature commune, on trouvera une somme déterminée de magné-
tisme. Or plusieiu's physiciens ont annoncé (pie la présence de l'armature
augmente le magiiétisiue des lames, que ce magnétisme diminue quand on
l'enlève et qu'il y a une condensation; d'autres ont soutenu que cette con-
densation n'existait pas. Les uns et les autres ont à la fois tort et raison. Il
V a augmentation quand la surface extérieure des lames était primitivement
instiflisanle, et il n'y en a i)as quand celte surface sullisait par elle-même
à l'épanouissement de tous les filets magnétiques.
» On trouve encore ici la véritable explication d'un autre lait, que j'ai
attribué moi-même inexactement à une condensation. J'avais superposé un
"rand nombre de lames en fer à cheval contre un contact commun ; puis
je les avais aimantées, ce qui leur avait donné un magnétisme énorme.
( 36i )
qui se mesurait parla force portative au premier arracliemeut. Après quoi,
sans réaiuiaiitation nouvelle, je replaçai le contact, et je trouvai une force
d'arraclieinent considérabienient moindre, mais qui se maintenait à peu
près fixe pour les arrachements suivants. L'aimant en question avait des
surfaces insuffisantes; le contact, agissant comme des armatures, les aug-
mentait et maintenait la somme du magnétisme que ces lames pouvaient
prendre individuellement. Après un premier arrachement, elles ne con-
tenaient plus que le magnétisme qu'elles sont capables de garder, et le
second arrachement se trouvait Irès-affaibli ; mais, si l'on répète l'expé-
rience avec un moins grand nombre de lames, assez petit pour que l'ai-
mant total soit imparfaitement rempli, il n'y a plus de différence entre le
premier arrachement et les suivants.
» La différence que l'on trouve entre le premier et le second arrache-
ment est même un signe auquel on reconnaîtra si l'aimant que l'on construit
est dépassé ou non. Tant qu'elle n'existera pas ou qu'elle sera très-faible,
on pourra ajouter de nouvelles lames et gagner de la puissance. Aussitôt
qu'elle se montrera avec intensité, on aura atteint et dépassé l'aimant plein :
toute addition nouvelle se ferait en piu'e perte.
» On est conduit par là à une importante modification dans la con-
struction des aimants. Je suppose que l'on ait lui grand nombre de lames,
et qu'après les avoir aimantées séparément à saturation on les superpose;
on verra croître le magnétisme du faisceau jusqu'à une limite qui ne pourra
être dépassée, et qui sera atteinte quand les surfaces polaires seront rem-
plies. Supposons qu'il faille dix lames. Recommençons la même expérience,
en appliquant les mêmes lames contre deux armatures en fer de grande sur-
face; les intensités croîtront beaucoup plus lentement, parce que la somme
des magnétismes se répandra sur des étendues plus considérables, et la
limite ne sera obtenue que lorsque ces étendues seront pleines. Il faudra
pour cela superposer vingt, trente, quarante lames, et en général un nombre
d'autant plus élevé que les armatures seront pins grandes. La force totale
de l'aimant s'augmentera donc avec ses armatures. L'Académie a sons les
yeux un faisceau construit de cette manière. Sans armature, on atteint la
linnte avec trois lames, et la force portative est de q kilograunnes environ,
avec des armatures de 35o centimètres carrés. On arrive à i4o kilogrammes;
mais l'intensité sur chaque élément superficiel n'est pas augmentée. »
( 362 )
ciimn: agricole. - Noie de M. Chevreil à propos de In Commmvcalioit
de 31. Meiiicr, insérée dans te Compte rendu de la dernière séance (i).
« M. Menier a cointniiniqué dans la dernière séance de l'Académie un
Mémoire Sur la pulvérisation des emjrais et sur les meilleurs moyens d'accroître
la fertilité des terrains. Une Commission est nommée pour l'examiner; je ne
me permettrai donc aucune observation sur plusieurs opinions qui y sont
énoncées, telles que celle-ci : En agriculture, comme en industrie, le temps est
de r argent. La pulvérisation des engrais, conforme à cette opinion, est
énoncée cotnme devant exercer une influence considérable sur la production
agricole. Enfin, l'auteur parle d'iuie carie coloriée qui fera saisir aux yeux
les divers degrés de prospérité de culture où sont parvenues les différentes
contrées de la France, et, en outre, d'un tableau spécial qui montrera les
divers degrés de l'état agricole des États de l'Europe.
» J'attendrai le Rapport de la Commission avant d'émettre aucune opi-
nion sur le Mémoire de M. Menier.
» Malgré mon extrême envie de ne pas grossir les Comptes rendus, je
crois utile de rappeler quelques faits du passé.
M II y a eu cette année, i"de février, un siècle moins six mois que parut
dans le Journal de Physique de juillet 1776 lui Mémoire sons ce titre:
Recherches sur une loi générale de la nature, ou Mémoire sur la fusibilité et
la dissolubililé des corps relativement à leur masse., où l'on trouve l'art de
tirer facilement et sans frais une matière alimentaire de plusieurs corps
dans lesquels on ne connaissait pas cette qualité, etc.
» Ce titre occupe plus d'iuie demi-page in-4'' du Journal de Physique, et
en cela on peut dire qu'il était en avance sur son siècle.
» L'auteur, M. Changeux, était frappé comme M. Menier de ce que la
division physique pouvait avoir d'avantages pour la Société.
. » Quand M. Menier parle de l'influence des surfaces relativement aux
dissolvants (p. 3o8 du dernier Compte rendu), il compare entre eux des IVag-
menls cubiques de marbre dont les côtés auraient des dimensions décrois-
santes. ^I. Cliiuigeux dit : « Certains minéraux divisés en pieds cubes neparaissenl
» pas subir la fonte beaucoup plus scnsdilement que lorsqu'ils ne le sont
» qu'en parties beaucoup plus grosses, mais la fusibilité est sensiblement aug-
» menlée s'ils sont réduits en pouces cubiques. »
(i) Paye jo'j tic ce volium;
( 363 )
» Si M. Changeux pnrlo do la fusibilité, nous verrons plus loin qu'il
rassiniile à la sohdniilc d'un solide dans un liquide.
» M. Changeux a commis des erreurs dont la plupart tiennent à ce qu'il
a confondu la division mécanique ou physique avec la division opérée
par une action chimique.
» Une preuve de l'importance qu'il attache à la division mécanique est
que les fibres liijneiises du lincjc et du papier, et que le bois des arbres divisé
à i extrême, deviendront des aliments pour l'homme. Aussi ajoiite-t-il ;
« Les expériences que l'on fora sur re sujet mettront un jour les hommes en état de ne
jamais craindre les horreurs de la famine ; car il est peu d'arbres qui ne puissent devenir
capables de fournir de la nourriture dans les temps de diseuc.
» Ce que je dis peut faire concevoir pourquoi ks aliments sont salutaires pour certains
animaux, et'mortels pour d'autres; les aliments ne sont ni bons ni mauvais par eux-mêmes.
La structure des viscères qui servent à la digestion snf(it-elle pour diviser un corps, ce
corps sera .ilimentaire pour l'animal qui possède ces viscères; un autre animal est-il né
avec des viscères d'une structure différente et plus faible, ce même corps sera un poison
pour lui... »
)) Cette citation suffit pour mettre en évidence quelle foi avait M. Chan-
geux dans la division mécanique de la matière.
» Peut-être me demandera-t-on pourquoi, m 'étant abstenu de parler de
M. Menier, j'ai parlé de M. Changeux.
.) J'ai deux motifs : le premier est l'histoire de la science; \e second est
l'examen de travaux anciens oij se trouvent à la fois des faits vrais avec
des erreurs ou des choses ridicules^ absurdes même.
» Premier motif. Histoire de la science. — C'est à Changeux que l'on doit
la connaissance de deux faits remarquables.
» Le premier concerne l'action de l'eau sur le verre:
« Le verre en masse, dit Changeux, est indissoluble dans l'eau; c'est pourquoi on en fait
des vases, etc. ; cependant il devient presque aussi dissoluble que le sel, lorsqu'on le réduit
en poudre très-ténue; en effet, que l'on fasse bouillir cette poudre dans l'eau, et l'on sera
étonné de l'énorme quantité qui sera fondue par cette simple opération — »
» Or, c'est précisément ce fait que Pelouze communiquait comme non-
veau à l'Académie quelques mois avant sa mort.
» Le second fait concerne le bouillon d'os.
» Hérissant, on 1708, en traitant les os par l'acide azotique faible, en
sépara le tissu orcjaidsé que Papin avait obtenu, à l'état de gélatine, au moyen
de son digesteur.
» En 1775, Changeux, conformément aux idées qui l'occupaient, se
( 36/i )
demiinda si les os, divis/sau moyen d'tin pilon on d'nn moulin, ne seraient
pas dans le cas de céder leur matière gélatineuse à l'eau houillante.
» L'expérience fut faite, et elle réussit comme Cliane;eux l'avait |)révu.
» La découverte des deux faits appartient bien à Changeux, et j'ai cru
devoir les rappeler, parce qu'ils tiennent une large place dans le Compte
rendu delà séance du 19 de décembre 1870. Ils sont exposés dans \e.Réswné
liislorique que j'ai fait des travaux dont la (jélaline a été l^objet, et je termi-
nerai par cette citation, qu'en 1791 Proust, dans sou Mémoire sur l'amé-
lioration de la subsistance du soldat, rendit pleine justice à Changeux.
» Deuxième motif. — Quoique j'aie toujours attaché un grand intérêt à
l'histoire des connaissances chimiques, je n'ai jamais été aussi frappé que
dans ces derniers temps de l'avantage que la science peut retirer de l'exa-
men de travaux et d'écrits où se trouvent quelques faits bien observés
mêlés d'erreurs, d'exagération et de choses ridicules ou absurdes.
» J'étends cette manière de voir à des écrits erronés, exagérés, ridicules
et absurdes, mais à l'origine desquels on peut rattacher un ftit vrai. J'en
cite quelques exemples dans le troisième Mémoire de mes Éludes des pro-
cédés de l'esprit humain dans la recherche de l'inconnu, à l'aide de l'observation
et de l'expérience, etc., Mémoire que je communiquerai bientôt il l'Aca-
démie. »
MINÉRALOGIE. — Mémoire sur les propriétés optiques biréfringentes caracté-
ristiques des quatre principaux feldspaths tricliniques, et sur un procédé pour les
distinguer iuimédiateinent les uns des autres ; par M. Dks Cloizeaux.
« Tous les minéralogistes connaissent les difficultés qu'on rencontre lors-
qu'on a besoin de déterminer si des masses liminaires ou des cristaux im-
parfaits d'un feldspath triclinique appartiennent àl'albite ou à l'oligoclase,
au labradorite ou à l'anorthite. Par suite du mélange de petites quantités de
matières étrangères, qu'il n'est pas toujours possible d'éviter, et surtout à
cause des nombreuses inclusions que l'élude microscopique fait reconnaître
dans presque tous les échantillons des divers feldspaths, les analyses exé-
cutées avec le plus de soin conduisent souvent à des rapports d'oxygène
où le terme relatif à la silice oscille entre deux des nombres adoptés depuis
longtemps pour les quatre principales espèces précitées.
» J'ai donc pensé qu'il serait utile de m'assurer si un examen appro-
fondi de certaines pro|)riétés optiques biréfringentes de l'albile, de l'oli-
goclase, du labradorite et de l'anorlhite ne conduirait pas à distinguer ces
( 365 1
espèces les unes des antres, et si cet examen ne fournirait pas, à tous ceux
qui s'occupent de l'élude des roches cristallines R'Idsjialliiquos, quelques
caractères constants, bien tranchés et faciles à mettre en évidence.
» Le succès a dépassé mon attente et, tout en ne cherchant d'abord
qu'un procédé de distinction, j'ai rencontré des faits qui me paraissent
fonrnir des arguments très-puissants contre la théorie des mélanges, intro-
duite depuis qnelques années dans la science par M. Tschermak.
» On sait que tous les feUIspalhs tricliniques possèdent deux clivages
principaux, faisant entre eux un angle voisin de g'5 ou 94 degrés, et dont
l'un, plus facile, a lieu suivant la base du parallélipipède obliquangle pri-
mitif, tandis que l'autre, un peu moins facile, s'obtient suivant le plan g*
qui forme, sur l'arête latérale aiguë de ce paiallélipipède, une troncature
symétrique, parallèle aux stries caractéristiques dont la base est généra-
lement sillonnée.
» Or, des lames clivées parallèlement à g^', suffisamment minces pour
être transparentes et débarrassées du plus grand nombre possible des la-
melles hémitropes qui les traversent, étant soumises dans l'air au micro-
scope polarisant, permettent déjà de distinguer une albite d'un oligoclase.
La première espèce montre en eflet que le plan de ses axes optiques, dont
j'ai indiqué autrefois l'orientation, coupe la face g' suivant une droite qui
fait avec l'arête ;3g' un angle d'environ 20 degrés, tandis qne les axes op-
tiques de la seconde espèce sont compris dans un plan parallèle à cette
arête. En outre, si l'on examine dans l'huile, dont l'emploi est indispen-
sable à cause du grand écartement apparent des axes, des plaques amenées
par un travail très-simple à être suffisamment perpendicidaires au plan de
ces axes, on constate facilement divers genres de dispersion qui constituent
un second caractère propre à chacune des deux espèces. Le même travail
doit être fait quand il s'agit de reconnaître un labradorite ou une anor-
thite, parce que ces deux feldspaths ne montrent dans l'air, à travers leurs
faces g', qu'un seul système d'anneaux très-excentré.
» Voici, en résumé, les principaux phénomènes optiques biréfringents
que manifestent, dans l'air ou dans l'huile, l'albite, l'oligoclase, le labra-
dorite et l'anorthite.
1° Albite.
» La bissectrice de l'angle aigu des axes optiques, toujours positive, se
relève vers l'arête aiguë pg* = 86° 26', en faisant des angles d'cnvirun :
i5 degrés avec une normale à g' } 78° 35' avec une normale à p.
C. R., 1875, I" Semestre. {-W LXXX, N» 0.) ^°
( 366 )
» Le plan qui contient les axes optiques coupe le clivage g' suivant une
ligne qui fait approximativement des angles de :
20 degrés avec l'arêle />§■'; 96" 28' avec l'arête g'm antérieure.
» Pour obtenir des plaques normales au plan des axes et à la bissectrice
aiguë, il faut, après avoir dédoublé les cristaux maclés parallèlement à g',
abattre l'arête aiguë pg* par une face inclinée d'environ :
ior'26' sur p; i64°59' sur g'; i25°2o' sur ni,
» Dans l'huile, à 45 degi es du plan de polarisation, on observe des bor-
dures à couleurs vives autour de l'hyperbole qui traverse un des systèmes
d'aiHieaux, tandis que ces couleurs sont à peine appréciables autour de
l'hyperbole de l'autre système; on peut pourtant conclure de leur dispo-
sition que la dispersion ordimiire des axes est p <C v, comme le confirment
les mesures suivantes, prises sur un cristal du Roc tourné:
/ 80° 39' rayons rouges;
2Ha= I 8i''35' rayons verts;
( 8i°5q' rayons bleus.
» L'écartement apparent des axes, assez constant dans les diverses plages
d'un même échantillon, varie un peu avec les échantillons de diverses pro-
venances. J'ai trouvé aH^ = 81° à 86° (rayons rouges) sur des cristaux du
Roc tourné, près Modaiie, de l'Oisans, du Tyrol, de Moriah (comté d'Es-
sex), d'Aiendal, etc.
» Parallèlement ou perpendiculairement au plan de polarisation, la
barre transversale d'un des systèmes d'anneaux offre des bordures à teintes
assez vives, l'une bleue, et son opposée jaune rougeâtre; la barre de l'autre
système ne montre au contraire qu'une teinte bleuâtre des doux côtés. Il
existe donc une dispersion inclinée Irès-uotable; mais il n'est guère possible
( 367 )
de décider si c'est à une faible dispersion lioriznninic ou ;i une légère disper-
sion lournnnle qu'elle est combinée (i).
1-' Olicoclask.
» La bissectrice positive, qui est le plus généralement celle de l'angle
obtus des axes optiques, et (juehjuefois seulement celle de leur angle aigu,
dans certaines plages d'un petit nombre d'échantillons, se relève vers
l'arête obtuse pg' — 93°5o', et elle fait des angles d'environ :
i8°io' avec une normale à g'; 68" avec une normale à />.
» Le plan où s'ouvrent les axes optiques coupe g' suivant une ligne pa-
rallèle à l'arête pg*.
a Les plaques normales au plan des axes et à la bissectrice positive s'ob-
tiennent en abattant l'arête obtuse pg* par une face qui s'incline de :
II?" sur/); iGi^So' sur g'; ia6°55' sur t.
» Dans l'huile, à 45 degrés du plan de polarisation, des couleurs bien
tranchées occupent l'intérieur et l'extérieur de la branche d'hyperbole qui
traverse chacun des deux systèmes d'anneaux; leur intensité est à très-peu
près la même dans ces deux systèmes, et leur disposition, qui y suit le
même ordre, annonce, pour la dispersion ordinaire, p <Cv.
n Parallèlement ou perpendiculairement au plan de polarisation, on ob-
serve une dispersion tournante des plus marquées, combinée à une disper-
sion inclinée très-faible.
» Autour de la bissectrice négative, parallèle à l'arête ^g', la dispersion
ordinaire est p > i', et il est facile d'y reconnaître une forte dispersion
liorizontçile, avec des traces de dispersion inclinée.
(T Deux variâtes, ddiit il sera question pins loin, semblent Iranetier la question in faveur
de la dispersion horizontale.
4H..
( 368 )
i> L'écartement apparent des axes est, comme clans l'orlhose, très-variable
avec les échantillons de diverses localités, et surtout avec les plages d'un
même échantillon. Ce qui le distingue particulièrement de 1 ecarlement des
autres feldspaths tricliniques, c'est la très-petite différence qu'il présente,
en général, autour des deux bissectrices. J'ai constaté jusqu'ici ce fait sur
liiiil variétés à bissectrice aiguë toujours négative, et sur quatre à bissectrice
aiguë tantôt négative, tantôt positive. En voici quelques exemples :
( 8g°35' ray. rouges
— 2H0 := 92°48'; + 2H„ = 95° 34' rayons rouges; bulles masses laminaires transparentes
lie I\linernl Hill, Delaware Co., Pennsylvanie.
— 2H„ r= Sq'Ss' à io5°38'i H- 2H„ = 88"8' à Ç)S''^2' rayons rouges; beaux cristaux
verts associés à l'orthose et à la pyrrhotine, de Bodenmais, en Bavière.
3° Labradoeite.
» La bissectrice de l'angle aigu, toujours positive, se relève vers l'arête
obtuse pg^ = 93°2o', en faisant des angles d'environ :
3o°4o' avec une nornialo à g'; 56" avec une normale h p.
P
( i02''43' ray. rouges ) pierre de Soleil
I 2 rj — \ '' >
( io3°46' ray. bleus j de Tvedestrand.
M Le plan des axes optiques coupe g' suivant une droite qui fait des
angles de :
27° à 28" avec l'arcte /j^' ; 37"?.5' à 36" 2{)' avec l'arèle g^m postérieure.
On obtient des plaques sensiblement perpendiculaires au plan des axes et
à la bissectrice aicju'é en abattant l'arête obtuse^g' , par une face inclinée de :
124° sur p\ i49°2o' sur g-'; i?.9"5' sur t.
» Dans l'huile, à 45 degrés du plati de polarisation, la dispersion ordi-
naire, qui se manifeste par des coideurs offrant la même disposition et à
peu |irès la même intensité autour des hyperboles de chaque système d'an-
neaux, indique p > f , conlrairemenl à ce que montretil les plaques d'albite
( 36() )
et d'oligoclase normales à leur bissectrice positive. On a donc là un carac-
tère fixe et de I;i plus haute importance, pour distinguer le labradorite de
l'oligoclase.
» Parallèlement ou perpendiculairement au plan de polarisation, on
constate une forte dispersion tournante., associée à une très-faible dispersion
inclinée.
» L'écartement apparent des axes, assez constant dans les diverses plages
d'un même écliaiitillon, jiaraît peu varier avec les échantillons eux-mèuies.
( oo** 1 5 Tciv roiicGs 1
J ai trouvé : 2H„ = „ „,„, ■ ' , , [■> belle variété chatoyante en jaune
( o7"4° '■'■'y' b'e"s )
I» j T i j ir ( 80"! o' ray. rouges) ,., • , .
d or du Labrador: 2Ha= „ „, , ,, 5 petites masses launatres tres-
' ( o7°49 ray. bleus ) '^ '
fragiles, extraites d'un trapp noir deDiupavog, côte est d'Islande.
4° Anorthite.
« Le plan des axes optiques, et leiu- bissectrice aiguë toujours négative,
n'offrent plus une orientation en rapport simple avec celle des faces ou
des arêtes des formes connues dans les cristaux de cette espèce.
» Tout ce que l'on peut constater, c'est que des plaques sensiblement
perpendiculaires au plan des axes et à la bissectrice aiyuë sont limitées
par deux surfaces parallèles à un plan incliné d'environ i24°53'sur »,
la^^iS' sur g', 9G°5o' sur m, et qui détermine sur g* une trace faisant des
angles de :
39°8' avec l'arête y>g-' ; 'jô'^S' avec l'arête g' m antérieure.
» Ce plan abat l'arête aiguë pg* = 85° 5o', en se dirigeant très-oblique-
ment vers l'angle solide aigu postérieiu" de la forme primitive.
» Dans l'huile, les axes optiques manifestent des dispersions identi(]ues
à celles qu'on observe autour de la bissectrice aiguë positive de l'albite.
On constate donc p <.v potu- la dispersion ordinaire, à 45 degrés du plan
de polarisation, et une forte dispersion inclinée, parallèlement ou perpen-
diculairement à ce plan.
» L'écartement apparent est assez constant dans toutes les plages d'un
même échantillon. Une bonne plaque, extraite d'un cristal de la Somma,
m'a fourni, à i5 degrés C,
i84"58' rayons rouges;
85° 24' rayons verts;
85°59' rayons bleus.
» L'emploi des caractères que je viens d'énumérer m'a déjà permis de
rapporter à l'albite :
( 370)
)) 1° Un feldspath en petites niasses lamellenses, à reflet opalescent d'un
blanc bleuâtre sur g', cité par Vi. Dana comme oligoclase pierre de lune
(^mooiisloite), de Minorai Ilili (Dciaware Co.), en Pennsylvanie. Le plan de
ses axes optiques coupe g' suivant inie ligne presque perpendiculaire à
l'arête g' m; une plaque taillée sur l'arête aiguë pg\ normale à ce plan et
à la bissectrice aiguë positive, offre dans l'huile les mêmes modes de dis-
persion que l'albile, et donne : aH^^ 87° 3' rayons rouges; 87° Sa' rayons
bleus.
)) 2° Le feldspath laminaire associé à la Kjerulfine de Bamble, en Nor-
vège, dont M. de Kobell, trompé sans doute par une analyse opérée sur
un échantillon impur, avait proposé de faire une espèce nouvelle sous le
nom de Tscliermnkile (1). Les axes optiques de ce feldspath sont situés
dans un plan orienté comme celui qui contient les axes de l'albile, et ils
offrent les divers genres de dispersion propres à ces derniers. Seulement
on est à peu près sûr ici que, perpendiculairement ou parallèlement au
plan de polarisation, c'est à une légère dispersion horizontale que se com-
bine la forle dispersion inclinée.
» Ma détermination a été confirmée par une nouvelle analyse de
M. Pisani qui conduit aux rapports d'oxygène R : AI : Si :: 1 : 3 : 1 1 très-
voisins de ceux de l'albile. Cette analyse a donné en effet :
Si66,37 Al 22,70 Na9,70 Ca i,4o MgOjjjS Ho,7o =: ioi,8a. Dans. =: 2,60.
» Il semble aussi résulter de mes observations que Vandésine pourrait
bien n'être qu'un oligoclase altéré, comme l'ont supposé quelques géo-
logues, et notamment notre confrère M. Charles Sainte-Claire Deville.
Mes expériences ne sont pas encore assez multipliées pour décider cette
question, mais j'ai reconnu les caractères optiques de l'oligoclase dans
une andésine laminaire rougeâtre de Chàteau-Richer (Canada), et dans
les gros cristaux en macles simples ou doubles, à surface plus ou moins
décomposée, à masse intérieure vitreuse, qu'on extrait de certaines parties
du porphyre de l'Estcrel.
» Enfin, le Knl/ioligoklas ou liafncfjordilc d'Islantle m'a offert los princi-
pales propriétés optiques du labradorite auquel on doit le l'apporter,
comme l'avait déjà fait pressentir M. Dana. Une plaque suffisamment nor-
male à la bissectrice aiguë positive d'un de ses cristaux m'a fourni
all„= 8i°3/|' ray. rouges, 80" 53' ray. bleus. L'excès de silice trouvé par
Forchamraer (61,22 pour 100) provient très-probablement du pyroxène
(1) 5//zH//^jtcr/c/4/e de rAcadcmie des Sciences de Munii'h, 3"" livraison; iSjS.
( 37. )
noir et de la jayalile microscopique qui font partie de la dolérite de Haf-
nefjord.
» La conclusion la moins discutable à laquelle conduisent les nouveaux
faits rapportés dans mon Mémoire, c'est que le labrndorile, où le plan des
axes optiques et la bissectrice aiguë positive présentent toujours la même
orientation, avec la dispersion p > t", ne peut pas être regardé comme un
mélange d'albite à bissectrice aiguë positive et d'anortbite à bissectrice
aiguë négative, possédant toutes deux la dispersion p <^ i>. Si l'on se reporte
en effet aux expériences de H. de Senarmont sur les cristaux mixtes de sel
de Seignetfe potassique et ammoniacal, on voit que les mélanges cristal-
lisés de corps hiaxes, géométriquement isoinorpbes, mais à propriétés op-
tiques contraires (i), montrent, dans leur masse entière et non en quelques
plages seulement , un écartement et une orientation variables de leurs axes
optiques, cette variation tendant à les rapprocher du composé qui pré-
domine dans ces mélanges.
» Quant à Volicjoclase, malgré la grande irrégularité qu'on observe dans
l'écartement de ses axes, et malgré le signe tantôt négatif, tantôt positif de
sa bissectrice aiguë, il n'est guère plus facile d'admettre qu'il soit con-
stitué par les mélanges d'albite et d'anortbite au moyen desquels
M. Tschermak a essayé d'expliquer les différences de composition chi-
mique de ses divers échantillons. En effet, quoique il n'y ait, dans les rris-
faux tiic Uniques, aucune relation forcée par la symétrie entre la position
des axes cristallographiques et celle des bissectrices, le plan qui contient
ces bissectrices et les axes optiques conserve la même orientation dans tous
les oligoclases examinés jusqu'ici; de plus, c'est principalement dans les
diverses parties d'une même masse cristalline que se produit qiielquefois
l'interversion des deux bissectrices, et cela surtout lorsque ces masses
renferment des lames irrégulièrement enchevêtrées. Or on trouve souvent
dans l'orthose, et notamment dans les plages contiguës d'un même cristal
du loxoclase de Ilammond, dont la composition paraît pourtant constante,
d'après les trois analyses qu'on en connaît, des variations tout à fait ana-
logues à celles dont il vient d'être question. Il est donc probable que les
modifications qu'on reiuarque dans certains caractères optiques des feld-
spaths sont liées à des altérations plutôt physiques que chimiques, parmi
lesquelles on doit mettre au premier rang la présence fréquente et plus ou
moins dissimulée de lamelles sans orientation fixe. »
(i) Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. XXXIII, p. 4'-9-
( 372 )
MÉMOIRES LUS.
GÉODÉSIE. — Moyen facile d'ohlenir sat)s inslnimenls et avec une assez
(jvanrlc approxuuaùon la latitude d'un lieu. Mémoire de M. d'Avout.
(Extrait par l'auleur.)
(Commissaires : MM. Paye, Villarceau, Puisenx.)
K Concevons un plan horizontal. Au-dessus de ce plan, sur une même
verticale et à des distances connues, soient deux points dont on pourra
suivre les ombres sur le plan horizontal. Par la projection commune de
ces points comme centre, on trace deux arcs de circonférence, de rayons
tels qu'ils puissent rencontrer les traces des ombres des points indiqués,
avant et après le passage du Soleil an méridien. On joint par des droites
les intersections des traces d'ombre avec les arcs de circonférence au centre
de ces arcs, et l'on mesure les cordes des arcs ainsi obtenus. Connaissant
les longueurs de ces cordes, les rayons des arcs de circonférence et les
hauteurs des points dont on observe les ombres, au-dessus du plan hori-
zontal, on peut, par une formule très-simple, calculer la latitude du lieu.
» Soient
/ et /' les hauteurs des points donnés au-dessus du plan horizontal ;
r et /•' les rayons des arcs de circonférence; ;• appartenant à la circori-
férence coupée par la trace de l'ombre du point répondant à /; r' ap-
partenant à la circonférence coupée par la trace de l'ombre du point
répondant à /;
c la corde de l'arc de rayon r; c' celle de l'arc de rayon r'.
c c'
T l'angle dont le sinus est — ; t' celui dont le sinus est- — -•
° ir 7.r'
» Faisons
» Soit 4* la latitude du lieu, nous aurons
, p'rcosT — dz-'cûst'
tang| = ^ p^,_;,.
» Les deux points qui projettent leurs ombres peuvent être, ou de très-
petites sphères, fixées sur un même ù\ vertical qui les traverse à leurs cen-
tres, ou de petites ouvertures circulaires, |)ercées dans une mince plaque
métallique, et telles que leurs centres se trouvent sur une même verticale.
( 373 )
» On obtiendra ainsi, soit de petites ellipses d'ombre, soit de petites
ellipses éclairées, dont il sera facile d'indiquer les centres avec nn crayon,
en deçà et au delà des arcs de circonférence tracés, et assez près de ces
arcs pour que l'on puisse regarder comme coïncidentes les petites droites
joignant les centres des (races d'ombre passant d'un point à un autre.
» On pourrait craindre que la variation de la déclinaison du Soleil, (\n\
a lieu entre les diverses observations faites, les unes avant, les autres après
le passage du Soleil au méridien, n'occasionne une erreur du mémo ordre
que cette variation, erreur qui serait déjà très-pelite; mais nous faisons voir
que l'effet de cette variation s'annule et disparaît dans la formule finale.
» Les erreurs que l'on peut commettre dans les diverses niesures à faire
n'occasionneront que de très-petites erreurs dans le calcul de la latitude;
mais il n'en sera pas de même pour le défaut d'horizontalité du plan sur
lequel on observe; pour luic inclinaison de 1*^,54' centésimales, on j)eMt;
avoir une erreur de tj' ; mais la formule qui nous donne l'erreur due à cette
inclinaison indique aussi que, si l'intersection du plan d'observation avec
le plan méridien est horizontale, l'erreur qui a pour facteur le sinus de
l'angle que formeraient entre elles les traces sur ce plan d'observation du
plan horizontal mené par le centre des arcs de cercle de rayons r et r'j et
du plan méridien mené par la verticale passant par le centre, est nulle avec
ce sinus. On devra donc s'appliquer surtout à rendre cette direction hori-
zontale.
» Nous avons pensé que ce moyen de connaître très-approximativcment
la latitude d'un lieu, sans instrument angulaire, pourrait, dans plus d'une
occasion, être utile aux voyageurs. A la rigueur, un bâton planté sur un
terrain horizontal, muni d'un fil à plomb, traversé par deux balles de plomb
suffirait. Les arcs de cercle seraient tracés au moyen d'un style attaché au
bout d'une ficelle, dont l'autre extrémité serait fixée au pied du fil à
plomb. M
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
BOTANIQUE. — Sur la fécondation des Basidiomjcèles.
Note de M. Pu. Vax Tucghem.
(Renvoi à la Section de Botanique.)
« J'ai entrepris en novembre 1873, et je poursuis depuis cette époque
une série de recherches sur le développement du mycélium, la reprodiic-
C.R., iS'jS, t" Semestre. (T. LXXX, N» G.) ^9
( 374 )
tion sexuée et la formation du fruit des Basidiomycètes. Pour sujet d'études,
j'ai choisi les petits Coprins qui se développent sur le crotlin de cheval et
notamment les Coprinus eplicineroides et radialus. Pour mode d'observa-
tion, j'ai adopté la méthode des cultures cellulaires pures et monospermes,
que nous avons instituée et appliquée, M. Le Monnier et moi, dans notre
Mémoire sur les Mucorinées, avec la décoction de crottin pour liquide nu-
tritif. Dès le mois de juin 1874, ces recherches avaient abouti à des résid-
tats décisifs : j'avais trouvé les organes mâles et les organes femelles, puis,
ayant fait agir les premiers sur les seconds, j'avais, par voie expérimentale,
réalisé la fécondation et observé les premiers développements du fruit.
Ces résultats différaient essentiellement de ceux qu'avaient obtenus, pour
les Agarics, MM. Karsten (1860-1867) et OErstedi (i865), les deux seuls
auteurs qui eussent, à ma connaissance, recherché à sa vraie place le phé-
nomène fécondateur des Basidiomycètes. Aussi, bien que ma méthode
d'observation ne comportât guère de causes d'erreur, ai-je cru nécessaire,
avant de les publier, de les soumettre à des vérifications répétées, qui les
ont d'ailleurs pleinement confirmés. Je désirais aussi pouvoir suivre jus-
qu'au bout le développement du fruit et étudier le mode de formation des
sclérotes dans le Coprinus slercorarius.
» D'autres travaux étant venus dans ces derniers mois retarder un
peu mes recherches sur ces deux derniers points, je m'étais décidé à
publier très-prochainement mes premiers résultats, lorsque, hier (ven-
dredi, 5 février), je reçus, grâce à l'obligeant envoi de l'auteur, com-
munication d'un travail sur ce sujet, présenté en décembre 1874 à la
Société physico-médicale d'Erlangen par M. MaxReess(i). M. Reess a pris
aussi pour sujet d'études un Coprin, mais d'une autre espèce (6\ sler-
corarixts), et sa méthode d'observation est quelque peu différente de la
mienne. Il sème une spore dans une goutte de décoction de crottin, placée
sur un porte-objet découvert et renouvelée de temps en temps, de manière
à obtenir des fruits mûrs; pour quelques points seulement, il introduit le
jeiuie mycéliiun dans une chambre humide de Geissler, afin de l'étudier de
plus près. Je cultive, au contraire, constamment en cellule, et depuis la
spore primitive j'observe sur place, et aux forts grossissements, tout le
développement de la plante, y compris les débuts de la formation du fruit.
Aussi, si nos recherches aboutissent au même résultat général, est-ce
(1) Ueber den BefiiiclUiingsvorgang bci dcn Basidiomyceten {Sitzungsberichtc d,r pliysik
mcdic. Societàt in Erlangen, Ucll VII), 20 pages et 4 figures, Eilangen 1875.
(375)
néanmoins avec des différences assez importantes au point de vue de la
structunî de l'organe femelle et surtout de la démonstration de l'acte fécon-
dateur, et peut-être trouvera-l-on mes preuves plus concluantes que celles
de M. Reess. Je demande donc à l'Académie la permission de lui présenter
un très-court résumé de mes observations, afin de constater simplement
l'indépendance de mes recherches et de me réserver le droit de les pour-
suivre dans la voie qui m'est propre.
» Placée en cellule dans une goutte de décoction de crottin, une spore
fraîche de Coprinus epliemeroides germe bientôt et produit un mycélium
rameux, cloisonné, anastomosé non-seulement de branche à branche, mais
encore de cellule à cellule le long de chaque branche, et dont les tubes
ont environ o™°,oo3 de diamètre.
» Dans certaines cultures cellulaires (et c'est le plus grand nombre), les
tubes mycéliens produisent, quatre ou cinq jours après le semis, des bou-
quets d'étroites baguettes insérées, au nombre d'une vingtaine quelquefois,
au sommet d'un court rameau latéral dressé. Chaque baguette se divise or-
dinairement en deux articles ou bâtonnets. Le bâtonnet supérieur se dé-
tache et tombe ; l'autre s'accroît par sa base et reforme une baguette qui se
divise de nouveau. Quand cette bipartition s'est reproduite deux où trois
fois, l'article basilaire se détache à son tour, et, du bouquet primitif, il ne
reste qu'un pédicelle nu à côté duquel gisent un grand nombre de bâtonnets
blancs longs de o'"'",oo4à o™'",oo:j, larges de o^^jOoiS, et marques souvent
d'un granule brillant à chaque extrémité. Dans mes cultures cellulaires, le
mycélium qui a formé ces bâtoiuiets n'a pas produit autre chose. Semés à
leur tour en cellule, dans une goutte de décoction de crottin, ces bâton-
nets n'ont pas germé.
» Mais d'autres cultures cellulaires monospermes de la même espèce,
toujours moins nombreuses que les premières, préparées en même temps
que les précédentes et quelquefois avec des spores provenant du même fruit,
m'ont donné un résultat différent. Ici pas de bâtonnets, mais du septième
au huitième jour, c'est-à-dire lorsque les bouquets de baguettes sont déjà
désarticulés dans les cultures contemporaines, on voit certains rameaux
latéraux se renfler au sommet en une grosse ampoule qui se sépare par une
cloison du pédicelle qui la porte. En général claviforme ou tubuleuse,
quelquefois arquée ou pourvue d'un ou deux étranglements, pleine d'un
protoplasnia très-dense creusé le plus souvent de trois vacuoles superpo-
sées, quatre à cinq fois plus large que son pédicelle et trois à quatre fois
49"
(376)
plus longue que large, cette ampoule unicellulaire se termine par un bouton
ou courte papille homogène, très-réfringente, comme mucilagineuse, au
milieu de laquelle on aperçoit quelquefois luie petite vacuole. Ces am-
poules sont le plus souvent groupées en rosettes lâches, dont chaque my-
célium ne porte tout au plus que deux ou trois. Une fois formées, elles
restent quelques jours dans le même état, puis elles dépérissent et se vident,
en même temps que le mycélium qui les a produites.
» Ayant donc remarqué que ces deux espèces d'organes, les bâtonnets et
les ampoules, produits séparément dans mes cultures, sont toujours stériles
quand ils demeurent isolés, j'eus l'idée de voir ce qui arrive quand on fait
cesser cet isolement, en amenant les bâtonnets au voisinage des ampoules.
Pour cela, ayant obtenu deux cultures contemporaines de nature différente,
le huitième jour, c'est-à-dire alors que les rosettes d'ampoules sont déjà
bien conformées dans l'une et que les bouquets de baguettes se sont déjà
désarticulés dans l'autre, j'ai recueilli des bâtonnets dans celle-ci et les ai
portés dans celle-là au point occupé par une rosette d'ampoules; puis, re-
fermant la cellule, j'ai suivi les développements ultérieurs. Environ deux
heures après, quelques bâtonnets se trouvaient déjà implantés au sommet
de certaines ampoules. Quand il n'y a qu'un bâtonnet par ampoule, ce qui
paraît le cas le plus fréquent, il est inséré exactement par une de ses extré-
mités sur le bouton mucilagineux, auquel il est intimement soudé; il est
d'abord plein de protoplasma; mais un peu plus lard on le retrouve à la
même place, complètement vidé et réduit à sa mince membrane. Son con-
tenu s'est évidenmient déversé dans le proto|)lasma de l'ampoule. Quand il
y a deux ou trois bâtonnets implantés au sommet de l'ampoule, l'un d'eux
est inséré exactenient sur la papille et se vide ordinairement seul ; l'autre (ou
les deux autres) est fixé tout à côté et demeure plein : le contraste en est
particulièrement instructif.
» Une fois le bâtonnet vidé, l'ampoule change d'aspect. Elle perd ses
vacuoles et se remplit d'un protoplasn)a granuleux; il s'y fait en même
temps deux cloisons transversales correspondant aux lames protoplasmi-
ques qui séparaient les trois vacuoles primitives, et elle se trouve trans-
formée ainsi en un gros tube com|)osé de trois cellules superposées en forme
de tonneaux. La cellule basilaire, qui est aussi la plus étroite et la plus
longue, suivie bientôt de la cellule médiane, pousse ensuite latéralement de
gros rameaux arqués, eux-mêmes cloisonnés et rameux, qui se pressent l'un
confie l'aiitrc, d»- manière à former un petit tubercule blanc, commence-
( 377 )
ment du fruit. Ce dernier paraît donc provenir tout entier de l'ampoule
fécondée par le bâtonnet. Toutes les ampoules où ue se sont pas fixés de
bâtonnets se vident sans éprouver de changements.
1) Plusieurs fois répétée, tant sur le Copiinus eplieineroides que sur le
C. radialus, cette expérience a toujours eu le même résultat, et j'ai pu même
une fois réaliser une fécondation croisée en saupoudrant les ampoules du
C. epliemcroiiles avec les bâtoiuiets du C. i-adiatus.
» Ainsi donc, les bâtonnets sont des cellules mâles, des pollinides, au
sens que M. Sirodot a donné à ce mot chez les Floridées ; le bouquet de
baguettes, avec le pédicelle qui les produit et les porte, est une anthéridie.
I^es ampoules sont des cellules femelles, descarpogones, et la courte papille
qui les termine est un'trichogynerudimentaire. La fécondation s'opère par
la conjugaison du pollinide avec la papille du carpogone, à travers laquelle
le poliiuide déverse son protoplasma dans celui du carpogone. Le fruit pro-
vient et paraît provenir tout entier du développement immédiat du carpo-
gone fécondé par le pollinide. Enfin dans mes cultures cellulaires, le
mycélium des Coprinus eplieineroides et radialus s'est montré dioïque, et cette
circonstance a beaucoup contribué à la rigueur de la démonstration.
M (^'est à des conclusions analogues, mais moins complètes et surtout
beaucoup moins certaines, que M. Reess est arrivé de son côté. Dans ses
cultures, le mycélium du C. slercorarius a produit à la fois des bâtonnets et
des fruits à divers degrés de développement : la fécondation s'y opéiait
donc s[)onlanément. I^'auteura décrit avec soin les organes mâles, mais d(S
quelques lignes qu'd consacre à l'organe femelle et à la técondatiou elle-
même, il résidte qu'il n'a ni aperçu le vrai carpogone monocellulaire,
muni d'une papille terminale et non encore fécondé, ni vu les bâtonnets
se fixer à la papille encore pleins de protoplasma et s'y vider. Redescendant
du finit développé à ses états de plus eu plus jeunes, tandis que je remonte,
au contraire, du mycélium au fruit, M. Reess a rencontré finalement un
gros tube tricellulaire portant sur son sommet arrondi un ou deux bâton-
nets vides d'origine inconnue. Il n'est pas allé plus loin. 11 regarde donc ce
gros tid)e tricellulaire comme le carpogone, et, idenlifiaut hypothétique-
ment le bâtonnet vide d'origine inconruie avec un bâtonnet de Coprin, il
admet comme une explication vraisemblable le mode de fécondation que je
crois nvow plcinenienl démontié, »
( 37S )
PHYSIQUE. — Sur la nouvelle balance de M. Mendeleef. Note de M. Sam.eron,
présentée par M. H. iMangon.
(Commissaires : MM. Regnaiilt, Berlhelot, H. Mangon, Tresca.)
« Toutes les fois que l'on a voulu peser avec une grande précision des
poids un peu considérables, i kilogramme par exemple, on a construit
des balances à fléaux très-longs, quo Ton s'est efforcé d'alléger en les évi-
danl. Cette construction n'est que l'application logique des principes théo-
riques; mais elle a pour inconvénients l'augmentation de l'inertie et la
lenteur des oscillations, en sorte que les pesées exigent beaucoup de temps.
» M. Mendeleef, professeur à l'Université de Sainf-Pétersboiu-g, a pensé
que l'on pourrait obtenir des résultats aussi précis, tout en opérant plus
rapidement avic des balances à fléaux très-courts : l'appareil représenté
fig. I a été construit d'après ses idées.
Fie- 2-
» Le fléau F n'a quo 12 centimètres de longueur tolale; toutes les par-
ties sont en aluminium ou en bronze d'aluminium, afin de dimiiuier le
poids, el l'on a conservé les dispositions ordinaires de la suspension des
( 379 )
plateaux, attachés sous des plans de crislal de roche reposant sur des
couteaux d'acier. Le réglage du centre de gravité s'obtient aussi à l'aide
d'écrous E, se déplaçant au-dessus de l'axe de suspension du fléau. Ce
dernier étant très-court, ses oscillations ont une faible amplitude; c'est
pourquoi, au lieu de les suivre au moyen d'une aiguille qui se meut devant
un arc de cercle divisé, on a placé à chaque extrémité du fléau un an-
neau A portant un réticule, et derrière celui-ci un micromètre M divisé en
dixièmes de millimètre. La croisée des fils se déplace devant cette division,
et, à l'aide d'une lunette-viseur, on peut suivre aisément les mouvements
du fléau.
» A l'aide de cette disposition, on reconnaît que, la balance étant équi-
librée avec 1 kilogramme dans chaque plateau, une surcharge de i milli-
gramme donne au fléau une inclinaison de i5 divisions, d'où il suit que
l'on peut apprécier nettement — de milligramme, c'est-à-dire peser i kilo-
gramme avec une erreur relative moindre que TgTruWoô- ^^ "^ crois pas
que cette approximation ait été atteinte jusqu'à présent d'une manière aussi
pratique, et celte facilité résulte de la petite longueur du fléau, qui réduit
à quelques secondes la durée des oscillations; pour cette raison, les pesées
n'exigent qu'un temps fort court.
» La balance est montée stu* une platine rodée P, et, comme son volume
total est très-réduit, on peut la couvrir au moyen d'une cloche de machine
pneumatique ordinaire, ce qui permet de faire les pesées dans le vide, sans
le secours d'un appareil spécial.
» J'appelle encore l'attention sur une disposition nouvelle, qui a été
adoptée dans cette balance, pour mettre le fléau en liberté ou arrêter ses
oscillations. La disposition ordinairement employée consiste essentielle-
ment, comme on sait, en une traverse horizontale qui soulève les étriers
et arrête les oscillations du fléau : cette traverse se déplace parallèlement
à elle-même, tandis que le fléau décrit xui arc de cercle. Les surfaces
frottantes de ces organes changent donc pour chaque inclinaison du fléau ;
il en résulte un déplacement latéral des chapes d'agate sur les i.outoaux
d'acier. Ce glissement occasionne des vibrations qui, non-seulement nui-
sent à la stabilité de l'appareil, mais encore usent rapidement les tran-
chants des couteaux et détruisent la sensibilité de la balance.
» Dans le nouvel appareil, on a remédié à ce défaut en substituant au
bras horizontal deux leviers articulés autour d'un axe placé sur le prolon-
gement de l'arête du couteau; à l'extrémité de chacun de ces leviers sont
taraudées des vis coniques V, dont les pointes s'engagent dans des cônes
( 38o )
fraisés sons les chapes. De cette manière, les pointes des vis et les sommets
dt's cônes décrivant une mênie circonférence, il y a contact des mêmes
points dans tontes les positions, sans ancnn glissement.
» Rédnite aux dimensions indiqnées, la balance ne pourrait être utilisée
pour peser des corps voluminenx, et son emploi serait limité à quelques
cas particuliers, comme la comparaison et la vérification des poids; mais
on peut hii demander les mêmes services qu'aux balances ordinaires, en
l'installant au-dessus d'une cage vitrée, comme le représente la fig. 2.
» A l'un des bras du fléau se trouve suspendu un grand étrier, renfermé
dans la cage et portant deux plateaux superposés. Sur l'un de ceux-ci se
trouve une série de poids de i kilogramme, comprenant toute la subdivision
jusqu'aux fractions de milligramme. Cette série, ainsi que l'étrier et les
plateaux, est équilibrée sur le second bras par un poids unique. Lorsqu'on
veut faire une pesée, on place le corps sur le plateau libre et l'on retire
des poids jusqu'à ce que l'équilibre soit rétabli; les poids enlevés repré-
sentent le poids du corps, quelles que soient les longueurs relatives des
deux bras du fléau.
•) Cette méthode de pesée par substitution, qui d'ailleurs n'est pas nou-
velle, équivaut à une double pesée, sans qu'il soit besoin de faire la tare
pour chaque expérience. De plus, la charge de la balance demeurant con-
stante, il en est de même de sa sensibilité. »
NAVIGATION. — Sur des courbes de roulis ohlenucs par la photographie.
Note de M. Hcet.
(Commissaires : MM. Paris, Jamin, Diipuy deLôme.)
« Les diverses théories qu'on a données jusqu'à ce jour concernant le
mouvement du navire sur une mer agitée ne sont qu'approcbées. C'est
donc à l'expérience qu'il appartient de montrer sur quel degré d'exactitude
on peut compter, en appliquant au navire les résultats de la théorie. Pour
exécuter cette vérification, il faut enregistrer les inclinaisons successives
qu'une houle donnée imprime au navire.
n La photographie permet d'obtenir la loi de ces inclinaisons. En effet,
supposons qu'un appareil photographique, ayant son axe perpendiculaire
au plan diamétral, soit mis au point sur la ligne d'horizon : on obtiendra
sur la pla(]ue les images de la mer et du ciel, séparées par une ligne hori-
zontale (pii sera l'image de l'horizon. r»e[)érons sur rapi)areil la position
de cette image, quand le bâtiment est droit ^ s'il vient à s'incliner d'un angle/,
( 38i )
autour d'un axe horizontal pnrallèlc an plan diamétral, l'image de la ligne
d'horizon restera parallèle à la ligne primitive, mais en se déplaçant d'nne
quantité égale à/ tang/, / étant la distance focale de rohjeclif.
» Supposons maintenant qu'on place devant la glace sensihle un volet
fixe, percé d'une fente verticale; l'image sera interceptée, sauf dans la partie
de la glace située derrière la fente : on aura ainsi, sur la plaque, une bande
étroite de deux teintes différentes, correspondant au ciel et à la mer, di-
visées par un segment de la ligne d'horizon. Par suite, si l'on prend Tine
photographie instantanée, au moment où le navire est incliné d'un angle /,
on aura un segment do la ligne d'horizon, et la distance de ce segment à
la ligne horizontale primitive fera connaître l'angle i. Pour réaliser ces
conditions, il suffit de faire glisser horizontalement la plaque sensible d'un
mouvement luiiforme.
» Si, pendant ce mouvement, le navire reste droit, le segment de l'image
de la ligne d'horizon restera à une hauteur constante sur la plaque; par
suite, il tracera sur cette plaque une droite horizontale.
» Supposons maintenant que le navire roule. A un instant donné, il
aura une certaine inclinaison /, et, à ce moment, une certaine zone de la
plaque se trouvera derrière la fente. L'image de l'horizon traversera la
fente en lui point de cette zone, et se fera sur la plaque à une distance
de la ligne de repère égale à y tang/, ainsi qu'on l'a vu plus haut.
)) Comme l'angle / et, par suite, la distance de l'image instantanée à la
ligne de repère varient d'une manière continue, pendant que la plaque glis-
sera, les images successives décriront sur la plaque une certaine courbe.
Cette coiube fera connaître l'inclinaison du bâtiment à un instant quel-
conque.
» Il est vrai que le roulis est généralement accompagné de tangage, et
alors l'axe d'inclinaison fait un angle quelconque avec le plan diamétral.
Aussi, pour obtenir les inclinaisons exactes du navire, il faudrait dis|)Oser
un deuxième appareil, dont l'axe serait parallèle au plan diamétral. Alors
on ainait, à cliaque instant, la trace du plan de l'horizon sur deux plans
perpendiculaires liés au navire; il serait facile, si on le jugeait nécessaire,
d'en déduire par la Géométrie descriptive la direction de l'axe autour du-
quel le navire est incliné et la grandeur de l'inclinaison.
» J'ai été autorisé à essayer ce procédé sur un des appareils de la photo-
graphie du port de Brest. Un volet percé d'une fente verticale était placé
devant la glace; le mouvement était donné par un fil enroulé sur une
poulie (pi'on manœuvrait à la main. Cet appareil fut placé à bord d'iui
G. R., i8:5, i"S<rm«rr<-. (T.LXXX, N» 0.) 5o
(38a )
petit navire à vapeur de l'État. Les épreuves que j'ai l'honneur d'adresser
à l'Académie montrent les résultats obtenus.
M Le collodion employé dans Ions ces essais est celui qui a été indiqué
par M. l'enseigne de vaisseau des Essards, dans ses conférences sur la Pho-
tographie, faites à bord de la Renommée, vaisseau-école d'application des
aspirants.
» L'appareil panoramique légèrement modifié permettra de poursuivre'
ces essais. Il suffit, en effet, de fixer la chambre noire de cet appareil, de
rétrécir la fente jusqu'à la largeur convenable, et de communiquer, au moyen
d'un appareil d'horlogerie, un mouvement uniforme au châssis qui porte
la glace. »
PHYSIQUE. — Sur xm nouvel électro-aimant, formé de tubes de fer concentriques,
séparés par des couches de fil conducteur. Mémoire de 1\L ,1. Camacho.
(Extrait.)
(Commissaires : MM. Edm. Becquerel, Jamin, Bréguet.)
« Le nouvel électro-aimant, dont j'ai l'honneur d'adresser le dessin à
l'Académie, a été construit en vue d'obtenir, avec des courants relative-
ment faibles, des effets dynamiques très-considérables.
» Chacun des noyaux est formé d'une série de tubes concentriques,
laissant entre eux un intervalle à peu près égal à leur épaisseur; sur chacun
des tubes est enroulé, toujours dans le même sens, un fil de cuivre isolé,
l'épaisseur de la couche de fils étant plus grande sur le tube extérieur.
» Les extrémités du fil correspondant à chaque tube traversent la cu-
lasse métallique et sont réunies de manière à ne former qu'un seul et
unique conducteur, disposé de la façon suivante : le fil, après s'être enroulé
sur l'un des deux tubes extérieurs, passe sur le tube intérieur le plus
voisin de ce dernier, puis sur le tube concentrique au précédent, et ainsi
de suite, jusqu'au tube central de ce noyau; puis le fil, après avoir longé
la culasse, s'enroule alors autour du tube central du second noyau, à l'in-
térieur duquel il suit une marche inverse de la marche indiquée pour le
premier noyau, c'est-à-dire que, après s'être enroulé successivement et dans
le même sens sur chacun des tubes concentriques, en passant du plus
petit au plus grand, il sort enfin après avoir enveloppé le tube extérieur
de ce second noyau (i).
(i) Le diaini-lK" du tube exiérieiir est do i7. ; centimètres, et l'épaisseur des tubes con
( 383 )
» Voici le résultat de ([iielques expériences laites avec cet électro-
aimant :
» En employant le courant de lo éléments Bunsen de grandeur ordi-
naire, au bichromate de potasse, la force attractive de l'électro-aiinant, à
une distance de 12 \ millimètres, est de 713 kilogrammes, et le temps né-
cessaire au développement de l'aimantatiou pour soulever ce poids est
dei%33.
» Si l'on coupe les fils qui passent d'un noyau à l'autre de l'électro-
aimant, qu'on lie ensuite les quatre extrémités libres en croix, c'est-à-dire
que l'extrémité inférieure du fil du noyau de droite soit liée à l'extrémité
supérieure du fi! du noyau de gauche, et le fil supérieur du noyau de
droite au fil inférieur de gauche; si l'on fait alors passer le courant de
ces mêmes 10 éléments, mais associés en deux séries parallèles de 5 élé-
ments chacune, on voit que la puissance de l'électro-aimant n'a pas
changé, mais que le temps nécessaire à l'aimantation se réduit au quart,
soit 0,33 de seconde.
» Enfin, si l'on recouvre chacune des deux bobines de l'électro-aimant
d'une rondelle en fer doux, qui relie ainsi la partie supérieure des quatre
noyaux concentriques qui les constituent, l'électro-aimant perd de sa puis-
sance et se retrouve dans les conditions d'un électro-aimant ordinaire à
noyau plein. »
Après avoir indiqué les considérations théoriques qui l'ont conduit à la
disposition adoptée, l'auteur ajoute :
« L'expérience a montré que, si l'on recouvre les extrémités polaires des
tubes qui constituent chaque noyau de l'électro-aimant au moyen dune
rondelle en fer, l'électro-aimant perd sa grande puissance et se retrouve
dans les mêmes conditions qu'un électro-aimant ordinaire. En effet, le ma-
gnétisme que prendront les rondelles aiu'a été développé par l'influence
des extrémités polaires de tous les tubes qui les toucheront; mais ces ex-
trémités polaires ne peuvent pas développer un magnétisme plus grand que
celui qu'elles possèdent, et cela seulement sur les atouies des rondelles
qu'elles touchent, de sorte que le magnétisme des atomes situés de l'autre
ccntriques, (]iii sont ;iu nombre do quatre, est d'environ 6 millimètres; le fil de cuivre
isolé prcsenle un diamètre de [-^ de millimètre, et le nombre des spires de fil enroulé
est de sept ù l'extérieur et de deux seulement entre chacune des séries de tubes concentri-
([ues formant noyau; dans ces conditions, la hauteur des noyaux étant de 20 centimètres,
la lonj;ueur totale du (il est d'environ Goo mètres ; son poids correspondant îi cette longueur
est de ii''',^'^") <■'' 'c nombre total de tours est de 2000.
60..
( 384 )
côté des rondelles, c'est-à-dire à l'exlérieufjSera très-faible, par suile même
de l'épaisseur de ces dernières.
» De plus, comme les extrémités libres des tubes dont chaque noyau
est formé ont toutes les mêmes pôles magnétiques, en les réunissant entre
eux par une rondelle de fer, il se développe entre ces pôles des réactions
qui diminuent la force magnétique du système, ainsi que cela se passe dans
les faisceaux formés d'aimants permanents. »
BOTANIQUE. — Sur la place à donner aux Gymnospermes dans ta classification
nalurelle. Noie de M. L. Lerolle, présentée par M. Chatiii,
(Commissaires : MM. Duchartre, Chatin.)
« Il est incontestable que l'absence ou la présence d'organes quel-
conques doit avoir dans la classification nalurelle une valeur plus grande
que le simple arrangement de ces organes, quand ils existent. C'est en
k vertu de ce principe que les Cryptogames furent divisées en deux grands
groupes secondaires : les Cryptogames cellulaires et les Cryptogames
cellulo-vasculaires. Or, parmi les Phanérogames, le groupe particulier
des Gymnospermes ne présente jamais dans son bois que des fibres sans
vaisseaux, tandis que les Monocotylédones et les Dicotylédones ont tou-
jours des vaisseaux accompagnant les fibres; c'est là, évidemment, un carac-
tère d'infériorité des Gymnospermes par rapport aux Angiospermes.
)) Le feuillage, dans aucune espèce de Conifères, n'atteint la complica-
tion de structure de celui des Dicotylédones, ni de la plupart des Monoco-
tylédones, et l'on peut dire que chez les Conifères il n'est réellement
qu'une ébauche des organes appeiidiculaires qui constituent d'abord les
feuilles des autres Phanérogames, Monocotylédones ou Dicotvlédones, et
qui devront ensuite se métamorphoser en sépales, pétales, étamines ou
carpelles.
» Une fleur complète se compose d'un calice, d'une corolle, d'un an-
drocée et d'iui pistil. La très-grande majorité des Phanérogames a des
fleurs complètes. Cependant dans les séries inférieures, les Dicotylédones
apétales déclives et quelques Monocotylédones spadiciflores , les Heurs
sont nues, sans calice ni corolle, souvent réduites à une seule étamine ou
à MU carpelle unique, dépourvues dans l'un et l'autre cas d'un véritable
périaiilhe. Et bien, ce qui chez les Angiospermes, même dans l'ordre
inl>'riciu' des Monocotylédones, n'a lieu qu'exceptionnellement et est una-
nimemenl considéré comme une marque il'infériorité, ilevient général chez
( 385 )
les Gymnospermes el indique nécessairement rinfériorilé cin groupe entier.
» Si nous analysons maintenant les fleurs femelles des Gymnos|)ermes,
nous voyons tout d'abord qu'elles n'ont jamais d'enveloppes florales, non
plus que les fleurs mâles; que les feuilles carpellaires manquent égaleiuent,
de sorte que les graines sont toujours nues, contrairement à ce qui a lieu
chez les Phanérogames angiospermes.
» Poursuivons-nous encore plus loin nos investigations, dans les fleurs
femelles ou dans les ovules nus qui les représentent, nous trouvons dans
les parties composantes essentielles un manque de fixité, une sorte d'hési-
tation pourrait-on dire, que l'on ne voit jamais, ou que très-exceptionnelle-
ment dans les végétaux supérieurs. Ainsi, chaque ovule de Gynuiosperme
contient originairement plusieurs embryons, quoiqu'un seul d'entre eux
arrive ordinairement à se développer, et chacun de ces embryons sup-
porte lui-même un nombre variable de cotylédons, nombre qui n'est jamais
au-dessous de 2, mais qui dans les graines de certaines espèces peut s'élever
bien plus haut, savoir : dans les Callithrix, 3, /|, 5 ou 6; dans le Taxo-
diitm, 5, 9; dans les Zrtn'.r, 5; dans les Cedrus, 9; dans les Pinu:,, de 5 à 18.
» Où est donc, dans ces végétaux, celte inflexible fixité du nombre des
cotylédons, si remarquable dans les deux ordres des Monocotylédones et
des véritables Dicotylédones, et sur laquelle tous les botanistes se basent
pour délimiter sommairement ces deux grandes divisions naturelles? Evi-
demment elle n'existe pas chez les Gymnospermes.
» En résumé, nous trouvons dans le groupe des Gymnospermes, com-
paré au groupe des Angiospermes, les marques suivantes d'infériorité :
1° manque de vaisseaux dans les couches d'accroissement de la tige;
3" feuilles remplacées par des productions appendiculaires généralement
contractées ou écailleuses; 3" manque de délimitation précise entre les
fleurs et l'inflorescence; 4° manque constant et dans les deux sexes d'en-
veloppes florales; 5° manque constant dans les fleurs femelles d'un péri-
Carpe protégeant les graines; 6° multiplicité des embryons dans les
graines; 7° enfin manque de fixité dans le nombre des cotylédons, même
chez les individus d'un même genre naturel.
» Ces raisons ne sont-elles pas suffisantes pour placer les Gynuiospermes
au-dessous des Dicotylédones? MM. Le Maoùt et Decaisne, dans leur Bota-
nique générale, disent « qu'on pourrait les considérer comme intermé-
» diaires entre les Phanérogames et les Cryptogames si l'on se contentait
» de quelques ressemblances extérieures, comme celles qui existent entre
» les Eplirdra et les Equisctwu, entre les Cycadéos et les Fougères. »
( 386 )
» J'ajouterai que si l'on réserve les noms de spores aux semences dé-
pourvues d'embryon cotylédoné, et de fntits aux ovaires mûris, le règne
végétal se trouvera divisé en végétaux dépourvus de graines, ou Crypto-
games, et en végétaux pourvus de graines, ou Phanérogames, ces derniers
se subdivisant à leur tour en végétaux dépourvus de fruits, ou Apéricar-
piens, et en végétaux pourvus de fruits ou Péricarpiens. Cette classification
est d'accord avec l'ordre d'apparition des végétaux à la surface de la terre. »
ZOOLOGIE. — Reclijication à une Noie précédente concernant l'espèce de Phyl-
loxéra observée à Vienne par Kollar. Note de M. J. Lichtenstein.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Dans le tableau synoptique des espèces du genre Phylloxéra, que j'eus
l'honneur d'adresser à l'Institut au mois d'octobre dernier, il s'est glissé
une erreur involontaire. Méfiant aux ouvrages antérieurs, j'ai cité, d'après
M. Signoret, VJcanthocheimes de Kollar comme synonyme du Phylloxéra
querciis; je ne pouvais pas, à Montpellier, consulter les travaux de l'ento-
mologiste viennois, que nous n'avons pas dans notre bibliothèque.
» La collection des Comptes rendus de l'Académie de Vienne ayant
été gracieusement mise à ma disposition par M. le Secrétaire perpétuel,
j'ai pu m'assurer que Y Acanthochermes quercùs de Kollar est un insecte
tout différent de notre Phylloxéra quercûs. Une courte description de la
forme aptère, seule connue jusqu'à présent, le prouvera :
a L'insecte est vert, plat et complètement arrondi sous sa première forme; ses bords
sont franges de verrues charnues, étoilées, à six branches; il est enchâssé sous les feuilles,
dans un enfoncement (|ui ressort en relief, en galle lisse, lenticulaire sur la face supérieure.
Après avoir mué, il sort de l'enveloppe qu'il laisse dans sa niche et prend une forme allon-
gée ; les franges des bords latéraux deviennent de simples pointes, non étoilées. Sous cet état,
il pond cinquante œufs environ en un tas, se raccornit et meurt, comme les femelles des
Coccidées.
• De ces œufs sortent alors des jeunes très-semblables, cette fois, au Phylloxéra ordi-
naire, sans aucune verrue; seulement, le rostre est très-court et arrive à peine aux
secondes pattes. »
» il est évident qu'il y a eu erreur dans la synonymie, et l'espèce de
Kollar doit être séparée des autres. Elle méritera peut-être, quand tousses
états seront connus, de former un genre à part, et, en attendant, je propo-
serai pour elle le nom de Phylloxéra acanthochermes, Kollar. Elle vit à
Schonbrun, près "Vienne, en mai, sur le (jucrcus scssili/lota. Je ne serais pas
étonné que le Phylloxéra scutijera de M. Signoret lût le même insecte, et
( 387 )
que cet entomologisle eût pris pour un bouclier la dépouille frangée de
la première mue. Cela porterait à cinq les espèces frnnçaises ou euro-
péennes :
" 1. P. vastatrix, syn. vitifoliœ, vitisana (Asa Fitch cl Westwood).
'■ 2. P. qnercûs, B. de Fonscolombe ; coccinea (Heyden).
» 3. P. Rileyi, Licht. ; corticalis, Kollar; Lichtensteinii (Balbiani).
» 4. P. Bolbinni, Liclit.
» 3. P. acanthochermes, Kollar (syn. scutifera, Signoret).
» Mes divisions sont du reste encore très-imparfaites, je suis le premier
à le reconnaître; ce n'est que quand le cycle complet des métamorphoses
de ces Protées sera connu, qu'on pourra oser entreprendre une monogra-
phie de la famille des Phylloxêriens. I^e nouveau venu, ou plutôt le res-
suscité, puisque le travail de Kollar date de i848, rattacherait ces insectes
plutôt aux Coccidiens qu'aux Aphidiens. »
M. BocTiN, délégué de l'Académie, adresse un Mémoire comprenant
l'ensemble de ses analyses comparatives, effectuées sur la vigne saine et
sur la vigne phylloxérée.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Hemmerich, M"*" Bkémoxt adressent diverses Communications rela-
tives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Cil. GuÉRi.v adresse une Note relative à une pile analogue à celle de
Bunsen, dans laquelle le zinc serait remplacé par le fer. L'auteur remplace,
en outre, l'acide sulfurique par Tacide chlorhydrique; l'acide azotique,
par une solution de pru.ssiate rouge de potasse.
(Commissaires : MM. Edm. Becquerel, Fremy, Bréguet.)
M. G. Peyras adresse luie Note relative à l'emploi de fumigations poin*
combattre les épizooties.
(Renvoi à l'examen de M. Bouley.)
M. Fu.4 adresse une nouvelle Lettre concernant ses précédents Mémoires
sur les moyens de prévenir les explosions dans les houillères.
Cette Lettre, ainsi que les Mémoires dont il est question, sera soumise à
( 388 )
l'examen d'une Commission composée de MM. Chevreul, Morin, Edm.
Becquerel, Daubrée.
M. UouzÉ DE l'Aulxoit adresse une nouvelle Note sur l'immobilisation
articulaire, appliquée au pansement des amputés, et joint à cet envoi un
exemplaire de son « Étude sur les amputations sous-périostées ».
(Renvoi au Concours des prix de Médecine et Chirurgie.)
CORRESPONDANCE ,
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° « L'année scientifique et industrielle de M. L. Figuier, 1874 »;
2° Divers documents, adressés par M. Guerrier de Dumas, président du
Comité d'organisation du Congrès international des Américanistes, dont
la première session se tiendra à Nancy, en juillet 1 875.
M. Max. Cornu adresse ses remercîments à l'Académie pour la récom-
pense qui lui a été accordée dans la dernière séance solennelle.
ASTRONOMIE. — Observations de la planète (^, faites à l'Observatoire de Paris,
par MM. Henry cl par M. Baillacd. (Présenté par M. Le Verrier.)
Temps moyen Ascension Pistanco Étoiles
1875. de Paris. droite. 1. f. p. polaire. l.f. p. decomp. Observ.
It m s 11 m s <) I f/
Janv. 9,6. lo. 3.42 10.26.34,50 — i,535 82.80.59,3 — °}'',0^ " P-ftP''IIeni'y.
7.7. II. 7. 9 10.25.35,88 —1,430 82.30.12,2 —0,784 n Baillaml.
27. 12.12.47 10.25.33,44 — ')'-44 82.30.11,9 —0,7-4 n P.etP''Hcnry.
3o. 12. 5.54 10.2.3. 7,53 — i,2i5 82.27.22,5 — 0(774 ^ P.ptP'"Henry.
Fév. I. 10.59. ^* 10.21.27,84 — i,4o2 82.25. 8,9 —0,781 h Baillaud.
1. 10.52.59 10.21.25,74 —1,228 82.25. 5,7 —0,773 /) P.ctP' Henry.
1. 12.26.28 10.21.24,53 — '.077 82.25. 2,8 —0,770 b Baillaud.
4. 10.59.26 10.18.48,81 —1,357 82.20.55,6 —0,778 c Baill.uKi.
4. II 55.35 10.18.45,54 — i,i57 82.21. 1,9 —0,771 (t P. ([["Henry.
4. ii.58.i4 10.18.46,42 — i,i38 82.20.51,7 —0,771 *" Kaillaïul.
5. 11.45.24 10.17.51,17 — i,iSi 82.19.32,2. — 0,772 (t P.pi P'Henry.
( 389)
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1875,0,
Èloilcs
Asconsion Distancft
de conip. Autoiilés. Ginndcur. droiti-. polaiio.
h m s o , „
a 4'-6 WeisseH-X... . 6" 10.28.16,94 83..a|.i5,8
b 4o3WeisseH-X 8" 10. a3. 55, 47 82.18.4,6
c 2295 Arg. 8.2000 + 7". (f,5 10.17.51,40 82.26.0,0
d 33f) Weissc H-X 8" 10. 20.53, 35 82. 8.52,3
» Les positions des étoiles de comparaison sont déduites des Catalogues,
et devront recevoir de légères corrections lorsqu'elles auront été observées
aux instruments méridiens. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l' existence des intégrales d'un système quel-
conque d'équations différentielles, comprenant comme cas très-7-estreint les
équations dites aux dérivées partielles. Note de IM. Cii. Mf.kay.
« 1. Je demande à l'Académie la permission de lui soumellre une courte
analyse d'un Mémoire dans lequel je démontre rigoureusement l'existence
des intégrales d'équations aux dérivées partielles, à plusieurs fonctions in-
connues.
» Ce travail, dont la rédaction détaillée sera adressée sous peu de jours
à l'Académie, était déjà terminé lorsque j'ai eu connaissance de celui de
M. Darboux sur le même sujet. IMes procédés sont tout différents de ceux
de ce géomètre, et mes résultats me paraissent notablement plus complets
que les siens.
» 2. Je considère seulement des équations du premier ordre, cas auquel
tous les autres peuvent être ramenés facilement, et je m'attache principale-
ment à l'étude de certains systèmes d'une importance prédominante aux-
quels je donne le nom de systèmes immédiats. Ils sont définis par les deux
conditions suivantes :
» T. Les équations différentielles d'un semblable s/stème expriment immé-
diatement quelques dérivées (premières) des fonctions inconnues en fonctions
composées des variables indépendantes, de ces mêmes fondions inconnues et de
leurs autres dérivées (premières).
» Dans un système de cette espèce, j'appelle, pour chaque fonction incon-
nue : 1° principales, les variables indépendantes de la question, par rapport
auxquelles sont prises les dérivées dont les équations différentielles four-
nissent les expressions en fonctions composées des autres quantités ; 2" ])a-
ramétriques, toutes les autres variables indépendantes. Et il va sans dire
C.R.,1875. i"S<:m<Jlr<!.CT. LXXX, N»C.) ^'
( 390 )
qu'une même variable peut être principale pour telle fonction, et paramé-
trique pour telle autre.
» Je divise encore les dérivées de tous ordres d'une même fonction en
dérivées paramétriques et principales : les premières sont celles qu'engendrent
des différentiations opérées exclusivement par rapport aux variables para-
métriques de cette fonction ; les dernières sont celles qui proviennent de
différentiations intéressant essentiellement quelque variable principale.
Ainsi, moyennant cette distinction : Les équations différentielles d'un sjslème
immédiat expriment toutes les dérivées principales premières, des Jonctions in-
connues en fonctions composées des variables, des fonctions inconnues et de leurs
dérivées paramétriques premières.
M II. Les expressions fournies par les équations différentielles d'un système
immédiat, pour les dérivées premières (principales) d'une même fonction in-
connue u, ne renferment aucune dérivée (paramétrique première) de toute
autre fonction inconnue ç, dont quelque variable principale serait paramétrique
pour la fonction u.
» 3. Je distingue les intégrales d'im système immédiat en deux classes :
» I. Les intégrales ordinaires, dont les valeurs et celles de leurs dérivées
paramétriques premières, associées aux valeurs actuelles des variables in-
dépendantes, tombent dans les limites d'olotropie (voir mon Nouveau
Précis d' analyse iii/inilcsimate) de tous les seconds membres des équations
différentielles proposées, envisagés un instant comme fonctions simples de
ces trois sortes de quantités considérées elle-mémes comme autant de va-
riables indépendantes.
)) II. Les intégrales singulières qui, dans les mêmes circonstances, font
cesser l'oiotropie de quelque second membre.
» 4. Laissant de côté les intégrales singulières, j'étudie les rapports des
intégrales ordinaires avec les équations du système immédiat proposé, et,
en nommant genre d'une dérivée principale d'ordre quelconque n le
nombre v (■< ou = n) des différentiations principales que comporte sa for-
mation, j'établis, sans difficulté d'ailleurs, les deux propositions suivantes :
» I. Quand il existe des intégrales ordinaires, leurs dérivées principales,
d'ordre n et de genre v, s'expriment indéfiniment, au moyen des équations dif-
férentielles proposées et des formules qui s'en tirent par des différentiations
successives, en fonctions composées des variables, des intégrales considérées
elles-mêmes, de leurs dérivées (quelconques) d ordres inférieurs à n et de
leurs dérivées d'ordre n, soit paramétriques, soit principales et de genres infé-
rieurs à V.
(39' )
» II. A t'aide des mêmes moyens combinés avec des éliminations successives
convenables, les dérivées principales d'ordre n des mêmes intégrales s'expriment,
sans distinction de genres, en fonctions composées des variables indépendantes,
des intégiales elles-mêmes et de leurs dérivées purement paramétriques d'ordres
égaux ou inférieurs à n.
)) En nommant JTo, )„, z„,. . des valeurs initiales particulières des va-
riables indépendantes x, f, z,... tombant dans les limites d'olotropie
d'un groupe d'nitégrales ordinaires, et en posant x r=r x„ , /-"jToi
z = 2„,... dans les formules dont il vient d'être question, on obtient immé-
diatement cette autre proposition :
)) III. Les valeurs initiales des dérivées principales d'un groupe d'intégrales
ordinaires (ce sont les valeurs que prennent ces dérivées pour x = x^^,
Y = ^„, z =: Zo,...) peuvent être calculées au moyen de l'un ou de l'autre de
ces deux tableaux de formules, et par conséquent on peut construire les dévelop-
pements de ces intégrales par la formule de Tajrlor, dès que l'on connaît seule-
ment les valeurs initiales de ces intégrales et de toutes leurs dérivées purement
paramétriques, ou, ce qui est équivalent, les déterminations initiales des mêmes
intégrales, c est-à-dire pour chacune, la fonction de ses seules variables paramé-
triques à laquelle celte intégrale se réduit, qucmd ses variables principales sont
fixées à leurs valeurs initiales.
» 5. Pour la valeur initiale d'une même dérivée principale, les formules
ci-dessus mentionnées peuvent donner plusieurs expressions différentes,
quand celte dérivée est complexe, c'est-à-dire quand sa formation implique
des différentiations intéressant plusieurs variables principales distinctes de
l'intégrale correspondante; car alors cette dérivée peut être tirée par dif-
férentiation de plusieurs équations distinctes du système immédiat proposé.
Cette particularité peut même se présenter pour une dérivée simple, c'est-
à-dire dont les différentiations génératrices n'intéressent pas plus d'une
variable principale; car l'expression primitive d'une dérivée simple peut
contenir des dérivées complexes qui sont, conïme je viens de le dire, sus-
ceptibles de plusieurs formes, même avant toute élimination.
» Il résulte de cette observation que l'application de l'algorithme qui
fournit les valeurs initiales des dérivées principales à des fonctions arbi-
traires des variables paramétriques des fonctions inconnues, que l'on ne
saurait pas d'avance être les déterminations initiales de certaines intégrales
ordinaires, peut fournir pour une même dérivée des valeurs numérique-
ment distinctes, et, par suite, n'engendrer aucun groupe d'intégrales, abstrac-
tion faite de tonte considération de convergence.
5i..
( 392 )
» Je suis ainsi conduit à partager les systèmes d'équations différentielles
immédiats en deux classes fort distinctes :
n I. Les systèmes /j(755//s pour lesquels l'algorithme en question fournit
indéfiniment, et cela quelles que soient les fonctions arbitraires sur les-
quelles on peut l'exécuter, des expressions aLjébtùquement concordantes
pour une même dérivée principale quelconque.
» II. Les systèmes capricieux, où cette identité des expressions d'origines
différentes d'une même dérivée principale n'a pas toujours lieu, au moins
algébriquement.
» La nature d'un système immédiat envisagé à ce point de vue se dé-
termine au moyen de la proposition suivante :
» Pour qn un syslème immédiat doiuié soil passif, il est nécessaire et suffisant
que les deux expressions calculées en vertu du théorème II du n° 4, pour toute
dérivée complexe secoiule d' une fonction inconnue quelconque, soient dans tous
tes cas des fonctions identiquement égales des variables x, y, z,..., des fonc-
tions inconnues et de leurs dérivées paramétriques des deux premiers ordres, ces
quatre sortes de quantités étant, bien entendu, considérées pour un moment
comme autant de variables indépendantes distinctes.
» Ce théorème fournit, pour la passivité d'un syslème immédiat, autant
d'équations de condition qu'il y a d'unités dans la somme des nombres qui,
pour chaque fonction inconnue, expriment combien ses variables princi-
pales offrent de combinaisons deux à deux.
» 6. J'énonce en ces termes la proposition qui assure l'existence des
intégrales ordinaires d'un système inunédial passif quelconque :
» Considérons un instant tes variables indépendantes, les fonctions inconnues
et leurs dérivées paramétriques premières comme autant de variables indépen-
dantes distinctes, représentées graphiquement, selon l'usage, par des points en
même nombre rapportes, chacun dans un plan spécial, à un couple d'axes coor-
donnés rectangulaires.
» Si, pour toutes les valeurs de ces quantités tombant à l'intérieur d'aires
limitatives (S) données dans les plans coordonnés, les seconds membres des équa-
tions différentielles du système immédiat proposé en sont fonctions olotropes, et
si les conditions de j)assivité sont satisfaites, ces é<ptations odnjettcnt en Xg, /„,
«(,,..., valeurs initiales des variables prises ù volonté dans celles des aires (S) qui
leur correspondent, un groupe (unique) d'intégrales ordinaires (olotropes), n/n«(
pour déterminations initiales des fonctions olotropes de leurs variables paramé-
triques, choisies arbitrairement sous la simple condition que leurs valeurs ini-
tiales et celles de Ictus dérivées premières tombent dims celles des aires (S) qui
( 393 )
sont relatives aux fondions inconnues correspondantes cl à leurs dérivées pa-
raméiriq nés prem iùres .
» 7. Je traite finalement les systèmes immédiats passifs quelconques, en
prouvant que tout système de cette espèce, s'il n'est linéaire, se ramène à mi
système de même nature, mais linéaire, dont les inléijrales ordinaires com-
prennent toutes les siennes; lliéoréme fort important à d'autres points do vue,
dont la combinaison avec la proposition précédente complète la démon-
stration de mon théorème fondamental.
» Je termine par quelques mots sur les intégrales exceptionnelles d'un
système immédiat capricieux, et sur les intégrales singulières d'un système
immédiat quelconque. »
CHIMIE. — Nouvelle Note sur l'éiiiiiUhre moléculaire des solutions d'alun
de chrome; Réponse à une Note de M. Gernez (i); par M. Lecoq de
BOISBACDRAN.
tt Comme preuve de la non-existence de l'alun de chrome violet, tout
formé, dans les solutions d'alun vert longteinps conservées en vases clos,
M. Gernez annonce que, par l'application d'un froid de — 20 degrés, la
solution de sel violet, saturée à 4^ degrés, donne des cristaux, tandis que
la solution verte anciennement préparée n'en produit pas. S'il en était
ainsi, la solution de sel violet, saturée à 42 degrés, devrait toujours cris-
talliser après refroidissement à — 20 degrés. Or, en évitant avec soin la
présence des germes (2), j'ai vu plusieurs fois cette solution conserver sa
limpidité, même après avoir subi des froids allant jusqu'à ~ 38 degrés. Il
me suffira de citer l'expérience suivante :
» Le i5 janvier 1875, une soliilion d'alun de chrome violet, saturée à ^1 degrés, est
(i) Comptes rendus, 7 décembre 1874, p. i332. La première Partie a été adressée à
l'Académie pour la séance du i^"' février 1875.
(2) M. Gernez lui-même avait autrefois insisté, dans les termes siiivanis, sur les difficultés
qu'on éprouve à se débarrasser des i^ermes d'alun lorsqu'on ne peut pas chauffer suffisam-
ment les liqueurs: " Un autre phénomène qui peut oirasiountr de fréqucntts méprises est
l'adhérence de certains cristaux aux corps solides sur lesquels ils se sont déposés. L'alun,
par exenq)le, qui a cristallisé sur des tiges de cuivre, de fer ou de verre, résiste à plusieurs
lavages à l'eau froide, et il faut les soumettre à l'action de l'eau bouillante ou les laisser
séjourner quelques heures dans l'eau froide pour les débarrasser de cette couche invisible. »
(Comptes rendus, 10 juillet l865, p. 72.)
(394 )
introduite dans des tubes scellés, lesquels sont ensuite maintenus, pendant une heure, dans
un bain à 5o degrés et fréquemment agités i^i ).
• Je forme deux lots de deux tubes chacun.
)) Premier essai. — Le premier lot est soumis, pendant un quart d'heure environ, à un
froid diminuant graduellement de — 21 degrés à — 19 degrés. Les liqueurs, d'abord prises
en masse, redeviennent limpides à la température ordinaire (12 degrés environ).
» Second essai. — Le même lot est refroidi sans interruption pendant dix-huit minutes,
savoir : dix minutes depuis — 2g degrés jusqu'à — 28 degrés, et huit minutes de — 28 de-
grés à — ^ ig degrés. Pas de cristallisation, après retour à la température ordinaire.
» Le second lot est maintenu, pendant trente minutes, à — 27 degrés. Pas de cristalli-
sation après dégel.
» Le 26 janvier, le premier lot subit, pendant vingt minutes, un froid décroissant de
— 38 degrés à — 3^ degrés. Pas de cristallisation après dégel.
» Le second lot est soumis, pendant vingt minutes, à un froid décroissant de — 3^ degrés
à — 36 degrés. Pas de cristallisation après dégel.
» J'ouvre ensuite un des tubes du second lot; il s'y forme aussitôt beaucoup de cristaux
violets.
» L'action du froid ne prouve donc millement que les solutions an-
ciennes d'alun vert ne contiennent pas d'ahin violet tout formé.
)) M. Gernez déduit de la lecture de la page 178 de mon Mémoire,
inséré en 1 866 aux Annales de Chimie et de Ph^'sique (4* série, l. IX), que j'y
ai affirmé que des parcelles d'alun de potasse ou d'alun de chrome agissent
différemment sur une solution sursaturée de ce dernier sel. Dans la page
citée, j'essayais de montrer, au contraire, que les solutions sursaturées
cristallisent, non-seulement au contact de traces du sel dissous, mais aussi
au contact de ses isomorphes (2). Aussi disais-je, page 177 :
■< D'après la manière dont je conçois le phénomène de la sursaturation, j'ai pensé que les
(i) La formation d'alun vert, pendant le chauffage à 5o degrés, est insignifiante relative-
ment à la masse de sel violet existant dans la liqueur; c'est ce que confirment : i" la couleur
de la solution; 2° l'abondante cristallisation qui se produit lorsqu'on ouvre, après refroidis-
sement à !■?. degrés, l'un des tubes ainsi traités.
(2) Les cristaux aiguillés dont je parlais (p. 177 et 178) étaient composés de sel violet,
ainsi que je l'ai fait remarquer pages 178 et 17g. Dans certaines conditions de concentration
des liqueurs et de sécheresse de l'air, on obtient ce mode particulier de groupement cris-
tallin, tant avec l'alun de chrome qu'avec l'alun ordinaire, en couches minces. Vues au
microscope, les aiguilles se montrent formées de très-pelits cristaux accoles. Dans mon
Mémoire de 1866, les expériences sont copiées sans commentaires siu- mon caliiti' d'obser-
vations; c'est un genre d'exposition pou avantageux jiour un travail; mais, d'un aulie côté,
on y trouve les faits décrits tels qu'ils ont été observes.
( 395 )
corps isomorphes doivent posséder le pouvoir réciproque de faire cristalliser leurs solutions
sursaturées. >-
Et page 178 :
« J'attribue cette cristallisation de l'alun de chrome, hors de la présence du même sel
cristallin, à la chute de petites parcelles d'alun ordinaire, contenues dans les poussières de
l'air. Voici une autre expérience que j'ai faite pour vérifier cette supposition. .
» C'est peut-être le passage suivant qui aura déterminé l'opinion de
M. Gernez :
« La sursaturation d'un sel cesse par le contact d'un de ses isomorphes à l'état cristallisé,
pourvu cependant que la solution soit dans un certain état de concentration dont la gran-
deur peut varier d'un isomorphe à l'autre (i). »
» Dans cette phrase, qui aurait, je l'avoue, gagné à être plus explica-
tive, j'entendais par isomorphes dijjérents les isomorphes des diverses mo-
difications qu'on peut obtenir avec la substance dissoute; cela résidte
clairement de la lecture de mon Mémoire de 18G6, et est expliqué en détail
dans les Comptes rendus (17 juin 1867, p. 1249) et dans les Amtales de
Chimie et de Ph/sique {^' série, 1869, t. XVIII, p. 247).
» En réalité, les expériences résumées dans ma Communication du
16 juillet 1866 étaient faites dans des conditions telles, que les divers
isomorphes d'une même modification y possédaient des actions égales (2,
ce qui est d'accord avec les observations publiées depuis. Cette identité
d'action n'existe cependant pas, rigoureusement parlant. J'espère établir
celte proposition dans une Communication prochaine. Si donc on voulait
attacher au passage cité plus haut la signification que lui donneraient les
critiques de M. Gernez, on arriverait à faire remonter jusqu'en \S6G la
découverte d'un principe dont je n'ai possédé la preuve expérimentale
complète qu'en 1870, ainsi qu'on le verra également dans une prochaine
Communication. Je ne veux point me prévaloir d'une semblable interpré-
tation, puisqu'elle n'est pas exacte.
» Je regrette que M. Gernez revienne sur des questions qui me parais-
saient avoir été suffisamment traitées. Voici ce que je répondrai :
(i) Comptes rendus, 16 juillet 1866, p. o5; Annnlcs de Chimie et de Physique, 4' série,
t. IX, 1866, p. 2i3.
(2) On trouverait un indice d'une différence d'.nclion entre deux isomorphes d'une même
modifKalion (p. 182 de mon Mémoire de 1866) à l'occasion d'un essai où, avec une solu-
tion très-peu sursaturée de sulfate de nickel, je n'avais pas obtenu de cristallisation au con-
tact des germes de sulfate de zinc.
( 396)
)) 1° J'ai prouvé (i) que M. Gernez n'avait pas découvert le fait de la
préparation, à même température et dans le même milieu, des modifica'
tions dimorphiques; il a étudié certains cas particuliers, postérieurement à
l'établissement du principe.
» a° J'ai déjà expliqué (2) pourquoi mes recherches relatives à la sur-
saturalion des sels anhydres me paraissent avoir eu de l'intérêt lorsque je
les ai publiées. J'ai de la peine à comprendre comment, dans sa discussion
avec M. Jeannel, M. Gernez s'est abstenu, à dessein, de se servir du seul
argument décisif i^sursaturation des sels anhydres), si cet argument lui était
connu. M. Gernez laisse ainsi à entendre qu'il n'ignorait pas le fut de la
sursaturation des sels anhydres; ce n'est cependant point ce qui ressort de
la lecture de ses publications, et notamment des passages suivants, où il
résumait ses connaissances d'alors sur la sursaturation :
0 Depiiis Gay-Luisac, on connaissait trois sels jouissant de cette propriété (de se sursa-
turer) : le sulfate, le séléniate et l'acétate de soude, auxquels Lœwel a ajouté le carbonaie
de soude, le sulfate de magnésie et l'alun de potasse 3),... Ces substances (les vinyt-six
substances dont M. Gernez connaissait la siirsaturation) sont des hydrates auxquels la cha-
leur peut enlever l'eau de cristallisation; il en résulte qu'ils perdent la propriété de déter-
miner la solidification de leur propre solution quand ils ont été portés à une température
suffisante pour les déshydrater (4). »
» En i8G5, on était généralement si pénétré de l'idée que la sursatura-
tion dépendait de phénomènes d'hydratation et de déshydratation (5), que
M. Gernez a compris, parmi les vingt-six substances dont il dit que « ce
» sont des hydrates », des sels véritablement anhydres; car les éléments
de l'eau qui entrent dans la constitution de l'azotate d'ammoniaque, par
exemple, ne seraient que tout à fait à tort considérés comme y étant à l'état
d'eau de cristallisation.
» 3° Au nombre des articles cités par M. Gernez (6) comme pidjliés
par lui antérieurement à ma Communication du iG juillet 186G, figure son
Mémoire, inséré dans le volume de 18GG des Annales scientifiques de l'Ecole
Normale supérieure. M. Gernez a sans doute perdu de vue que le fascicule
(i) Comptes rendus, 5 octobre 18^4' P- 8o3, et f) novembre iS^^? P' loyS.
(2) Comptes rendus, ç) novembre 1874» P- 1076 et 1077.
(3) Comptes rendus, i5 mai i865, p. 1027.
(4) Comptes rendus, i5 mai i865, p. io3o.
(5) C'est cette idée qui donnait .\ l'objection proposée par I\[. Jeannel une certaine force
apparente.
(6) Comptes rendus, ig octobre 1871) !'■ 9""
( 397 )
qui renferme son travail n'a paru qu'en décembre 186G; aussi les résultats
communs à ce Mémoire et à ma Comuuuiication du 16 juillet 186G n'ap-
|)artiendraieiit-ils à ]M. Gcrnez qu'autant c[ue ce savant les aurait publiés
autérieurenuMit autre part. Je pense donc avoir été le premier à traiter de
la préparation des solutions sursaturées par simple évaporation à froid des
solutions étendues et de l'action des germes iaomorphes de la modification
cristalline qu'on veut obtenir. MM. Viollette et Gernez s'étaient occupés de
l'action des germes identiques avec la substance même qui doit se déposer. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. -- JSole relative à l'action de ihydrale de baryte sur
certains composés minéi'aitx et organiques contenus dans les produits de la
betterave; par M. P. Lagraxge. (Extrait.)
« D'après M. Peligot, les moyens qu'emploie l'industrie pour éliminer
l'acide phosphoriqtie des potasses provenant de la calcination des vinasses
ne sont pas suffisants, puisqu'il rencontre dans ces [)roduits de 3,7 à 2,6
pour 100 de phosphate de potasse. Les troubles que ce corps apporte dans
la fabrication du cristal, qu'il rend laiteux et opalin, sont évidents.
» L'hydrate de baryte est un remède certain pour éviter de tels accidents.
Si l'on traite, par cette base, des jus et sirops de betterave renfermant de
l'acide phosphorique, cet acide est aussitôt précipité sous forme de phos-
phate tribasique de baryte, insoluble dans un milieu alcalin.
» Les mélasses qui proviennent de ce travail bary tique étant soumises à
l'incinération, je n'ai jamais pu constater dans le salin la moindre trace
d'acide phosphorique. Le nitromolybdate d'ammoniaque, dont la réaction
est si sensible, n'a pu me donner le précipité jaune caractéristique de
phospho-molybdate d'ammoniaque.
» Quant aux mélasses issues du travail ordinaire et pouvant contenir du
pliosphalc de polasse, voici quel traitement nous leur faisons subir pour en
éliminer complètement l'acide phosphorique.
» Avant d'en extraire la potasse, ces mélasses vont à la distillerie, qui
transforme les 5o pour 100 de sucre qu'elles contiennent, en alcool à
98 degrés. Les vinasses, résidus de la distillerie, sont envoyées dans des
appareils d'évaporation, tels c[ue les fours Porion, pour y être concentrées
connue à l'ordinaire, jusqu'à 35 degrés B. environ.
u Dans cet état, les vinasses sont acides et contiennent de l'acide sulfu-'
rique libre, qu'on avait ajouté pour la fermentation alcoolique, des sulfates
et des phosphates. Je neutralise l'acide libre par du carbonate barylique,
C.K.,iS75, i"Scm«i(rf.(T. LXXX, Nefl.) 5a
( 398 )
et je porte à l'ébullition; l'acide sulfiiriqiie se précipite à l'état de sulfate
de baryte, et si l'on prolongeait l'ébullition, les sulfates et les phosphates
se décomposeraient peu à peu. Mais l'opération est bien plus rapide et
plus sûre en ajoutant, après la neutralisation par le carbonate de baryte,
une petite quantité d'hydrate de baryte. On obtient ainsi une élimination
complète et d'acide sulfurique et d'acide phosphorique, ce qui ne peut
qu'augmenter le titre alcalimétrique des potasses.
» Les vinasses ainsi traitées sont envoyées aux fours à réverbère, où
elles se transforment en salins, qu'il suffit de lessiver pour avoir du carbo-
nate de potasse exempt d'acide sulfurique et d'acide phosphorique.
» On peut donc ainsi remédier aux graves inconvénients des fours
Porion, qui sont, comme on le sait, de si puissants appareils d'évapora-
tion, mais qui introduisent dans les salins tant d'acide sulfurique sous forme
d'acide sulfureux, ainsi qu'aux inconvénients résultant de la présence du
phosphate de potasse, dans l'industrie du cristal .
» Les composés minéraux dont nous venons de parler ne sont pas les
seuls corps sur lesquels l'hydrate de baryte exerce son action ; elle produit
sur certains composés organiques une réaction des plus intéressantes.
L'étude que nous avons faite du précipité obtenu par cette base nous en
donne une preuve évidente.
» Lorsqu'on traite par l'hydrate de baryte seulement les jus et sirops
de betterave, et que, après avoir lavé à fond le précipité jusqu'à ce qu'il
ne contienne plus trace de sucre, on l'envoie aux filtres-presses, les tour-
teaux présentent à l'analyse la composition suivante :
Composition en ceiitiùmes des tourteaux produits pur l'addition de l'hydrate de baryte
dans les sirops ds raffinerie, et sèches à loo degrés C.
Sulfate de baryte G5 , oo
Oxyde de fer et alumine 2,10
IMagnésic 3,5o
I^liosphatc de baryte 3, i5
Carbonate de baryte 5 ,00
Chaux carbonatée 18, 25
IMaticrcs ()i'(,'aiii(jufs insolubles dans H Cl 3, 00
Total 100,00
» L'hydrate de baryte possède donc une action très-complexe sur les
corps minéraux organiques des produits de la betterave, et son pouvoir
épurant explique les bons rendements que nous constatons en sucrerie et
en raffinerie. »
( 399 )
CHIMIE AGRICOLE. — Sur les betteraves dites racineuses.
Note de M. Ch. Viollette.
« Reaucoiip d'agriculteurs et de fabricants de sucre attribuent la produc-
tion des betteraves racineuses à la mauvaise qualité de la graine. Cette opi-
nion a trouvé un nouvel appui dans la Communication que M. Peligot a
faite à l'Académie, dans sa séance du i8 janvier dernier. Le savant acadé-
micien pense même, « flaprès ses analyses et les essais pidjliés récemment
» par un producteur de graines expérimenté, M. P. Olivier, qu'on doive se
M résoudre à accepter ce vice de conformation comme étant la conséquence
» de la plus grande richesse saccharine » .
» L'expérience suivante est en contradition avec cotte manière de voir,
et rend compte, suivant moi, de ces déformations observées dans certaines
variétés de betteraves.
» Ayant semé en 1867, dans deux terrains de nature différente, à Cap-
pelle et à laValatte (Nord), deux portions de graines de betterave, récoltées
sur iHi même individu planté en 18G6, je fus fort surpris, à l'arrachage, de
voir que presque toutes les betteraves de la Yalatte étaient racineuses,
tandis qu'au contraire celles de Cappelle étaient presque toutes régulières.
Le terrain de la Valatte qui m'avait servi de champ d'expérience était formé
par tui sol argileux, compacte, irrégulier, tandis que celui de Cappelle
était parfaitement entretenu, bien défoncé, homogène en un mot.
» J'ai eu, à plusieurs reprises, l'occasion de contrôler cette expérience,
et l'on pourra à volonté, avec une même graine de betterave, produire ou
non des betteraves racineuses.
» Toutefois, il est bon de remarquer que les espèces de choix, c'est-
à-dire les betteraves riches, pivotantes, ne sortant pas de terre, les meil-
leures variétés, en un mot, sont plus exposées que les autres à devenir ra-
cineuses, par la raison que, étant plus délicates, elles subissent plus
facilement les influences extérieures. C'est là, à mon avis, ce qui explique
l'opinion de M. Peligot sur la richesse des betteraves racineuses, qui n'est
null(Mnent plus grande que celle des betteraves régulières, prises à volume
égal.
» Si l'on sème de bonne heure une graine de choix dans un sol de bonne
qualité, défoncé profondément avant ou pendant l'hiver, fortement hersé
au printemps, bien entretenu d'engrais appropriés, homogène, en \n^ mot;
si l'on espace les betteraves de façon qu'il y en ait au moins dix par mètre
carré; enfin, si la betterave ne souffre pas pendant les premiers temps de
52..
( 4oo )
la végétation, on obtiendra toutes betteraves régulières pivotantes. Si, au
contraire, le sol est compacte, mal défoncé, irrégulièrement fumé, hétéro-
gène, en un mot, on obtiendra presque toutes betteraves raciiieuses, mais
d'une richesse à peu près égale à celle des précédentes.
» Il ne me semble donc pas, d'après ces faits, que les formes racineuses
des betteraves puissent être attribuées à la nature de la graine.
» Une ancienne observation de M. Coiinwinder vient confirmer cette
manière de voir. Ce chimiste ayant placé un gros fragment de tourteau à
côté d'une betterave, a vu se produire de ce côté une forte racine dont le
chevelu entourait la masse d'engrais. Le défaut d'homogénéité du sol, ré-
sultant d'une dose d'engrais exagérée d'un côté, avait amené le développe-
ment exagéré d'une des racines latérales. »
ZOOLOGIE. — Sur le sjslème nerveux périphérique des A^éniatoides marins-
Note de M. A. Villot, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« Les Némaloïdes marins possèdent dos organes des sens bien caracté-
risés, qui consistent : i°en organes du tact, représentés par de nondjreuses
soies ou papilles répandues sur toute la surface du corps, mais particuliè-
rement abondantes autour de la tète cl de l'orifice génital; 2° en un appa-
reil de la vision, composé de deux yeux, d'une structure assez complexe,
situés sur la face dorsale, vers l'extrémité antérieure. La nature de ces
divers organes ne saurait être douteuse; mais le fait est que leurs rapports
avec le système nerveux sont restés jusqu'ici fort obscurs. D'ai^rès M. Ma-
rion (i), des filets nerveux pénétreraient obliquement « au milieu des
» muscles longitudinaux pour arriver bientôt à une celkile fusiforme nu-
» cléolée, située elle-même à la base d'un poil cuticulaire et reliée à ce
» poil par im autre filet nerveux, qui se termine à la base du poil ».
M. Jiutschli (•;>,), dont le travail est tout récent, a figuré une disposition
analogue; mais il déclare n'avoir point retrouvé la cellule fusiforme décrite
par l'auteur français. Il s'exprime ainsi :
Marion besclircibt von seineni Thoracoshmia seiigcitim, dusskurz vor dcm Eintritt in das
Biirtschen in jtdis dicscr Flidclirn fine spiiulelfoniiiyc Zrlle ciiigcscli.illct sein ; icli l)al)e
ausser knoulitiiartiycn Ansolnvelliiniicn, die mir jcdocli l;c'in rcgeliniissigcs Voikoinnicn zii
(1) Additions aux reclicrclies sur les Ncniatoïdcs libres du golf e de Marseille [.-inii. des
Se. nat. zool., S" série, l. XIX, p. i3; PI. XX,/^'. i°).
(1) Ziir kenntniss derfrei Icbriiden Nemal'/dc/i inshesondere der des Kieler Ihifiris, p. 8,
liif. IV,/„". ,,,'; ,«74.
(4oi )
haben scheincn, nidils walirgcnommen, vins sirli zii Giinslcn dieser Beobachtung deulen
liesse.
» Eli présence de ces assertions contradictoires, il devenait nécessaire
d'entreprendre de nouvelles recherches et de soumettre celles qui avaient
été faites au contrôle de la méthode expérimentale : aussi mon attention se
porta-t-clle tout particulièrement sur ce point lorsque je commençai, au
mois de mai dernier, dans le laboratoire de M. le professeur de Lacaze-
Dulhiers, l'étude des Helminthes de notre littoral. Or il résulte de mes
nombreuses observations, faites à Roscoff, sur des animaux vivants, répé-
tées à Paris sur mes préparations, que les deux naturalistes que je viens de
citer ont été trompés par de fausses apparences, probablement dues à la
compression, et qu'ils n'ont pas vu la véritable disposition du système ner-
veux périphérique de ces petits êtres. Comme cette disposition est en réa-
lité très-remarquable, j'en donnerai dès aujourd'hui une courte descrip-
tion.
» On trouve sous la cuticule, lisse ou striée, mais toujours anhisle, une
couche granuleuse très-mince et très-réfringente. Cette couche n'a été ni
figurée ni décrite par M. Marion; mais M. Charlton Bastian (i),en 186G,
l'avait fort bien indiquée, et avait même reconnu qu'elle renferme des cel-
lules. Pour bien l'étudier, il est nécessaire de faire macérer des Vers entiers
dans ini mélange d'acide acétique, d'alcool, de glycérine et d'eau, qui m'a
déjà rendu de grands services eu bien des circonstances, et dont j'ai donné
la formule dans ma Monoijmpliie des Drarjonneaux . Les Nématoïdcs marins,
plongés dans cette liqueur, y acquièrent promplement une parfaite trans-
parence. On voit alors très-distinctement que la couche granuleuse, située
entre la peau et les muscles, se compose en grande partie de granulations
graisseuses très-fines et qu'elle contient, de distance en distance, de petites
cellules étoilces, pourvues d'un noyau très-réfringent. Les relations de ces
petits corps cellulaires avec les soies ou papilles sont assez faciles à consta-
ter. On dislingue très-nettement, sur une coupe longitudinale, qu'il part
du sommet de chaque cellule, perpendiculairement à l'axe de l'animal, un
filet très-délié qui, après avoir traversé toute l'épaisseur de la cuticule,
arrive jusqu'à la base de la papille et s'y engage; mais chaque cellule four-
nit, en outre, latéralement, un certain nombre de prolongements qui la
(1) On the aiiiUomy and pltysiolw^y of tlic Ncmatoids parasitic ami frcc. [Pliilosophical
Trans. of thc Roy. soc. of London fur the ycnr iMUCCCI^XYI, vol, 1 06, pai 1 II, pi. XXVIII,
( 402 )
mettent en rapport avec les cellules voisines; ce dont il est également facile
(le s'assurer si, au lieu de faire une coupe de l'animal, on cherche à suivre
la couche granuleuse sur une certaine portion de sa surface, en relevant
progressivement l'objectif du microscope. La couche sous-cutanée des
Nématoides marins contient donc un véritable réseau de cellules ganglion-
naires, qui fournissent des filets nerveux, soit aux organes du tact, soit aux
organes de la vision. Ce réseau périphérique est en relation avec le système
nerveux central au moyen d'un plexus qui traverse la couche musculaire
et rattache le nerf ventral à la couche sous-cutanée.
» Ce sont là sans doute des faits de détail et d'une observation délicate;
mais ils n'en ont pas moins leur importance, car ils ne sont point isolés. Il
nie suffira de rappeler que divers observateurs ont signalé chez les Actinies
un réseau ganglionnaire très-analogue, et que j'en ai moi-même décrit un
tout à fait semblable chez les Gordius. Cette disposition en réseau des cel-
lules ganglionnaires est certainement, chez les Invertébrés, moins rare
qu'on ne l'a cru jusqu'ici, et il est probable qu'elle représente à elle seule
tout le système nerveux des types les plus inférieurs, »
PHYSIOLOGIE. — Expériences montrant que les mamelons extirpés sur de jeunes
Cochons d'Inde ne se régénèrent point. Note de M. Philipeacx, présentée
par M. Cl. Bernard.
« J'ai publié plusieurs Notes sur la reproduction, soit des membres
chez la Salamandre et l'Axolotl, soit des nageoires sur les Poissons, soit de
la rate sur les Surmulots et les Rats, etc., et de mes expériences sur ce
sujet j'ai tiré la conclusion suivante :
» Les organes enlevés sur un animal ne peuvent le régénérer que dans
le cas où ces organes n'ont pas été enlevés d'une façon complète.
» J'ai extirpé, le lo juin 1874, sur onze Cochons d'Inde, âgés de quatre
jours (cinq mâles et six femelles), les mamelons; j'ai laissé vivre les ani-
maux, en les faisant bien soigner. Les femelles sont devenues mères et
toutes ont mis bas, les 2, 10, 12, 20, 2B et 28 décembre de la même année,
des petits bien vivants.
» On sait que les mamelles chez les Mammifères se développent plus
parliculièrement pendant la gestation, afin de pouvoir sécréter le lait né-
cessaire à nourrir les jeunes petits. Or les petits nés de ces femelles sont
morts du jjrcmier au cinquième jour, n'ayant pu être allaités.
» J'ai examiné l'état des organes de la lactation : aucun mamelon ne
( 4o3 )
s'était régénéré. Les glandes mammaires s'étaient développées, ainsi que les
canaux galactophores; mais on conçoit que Tallaitement n'était pas pos-
sible, puisqu'il n'y avait ni mamelons, ni orifices quelconques, faisant
conwnuniquer le canal galactophore avec l'extérieur.
» D'après ces nouveaux faits, je crois pouvoir conclure que, toutes les
fois qu'on extirpe complètement le mamelon chez une femelle de Cochon
d'Inde, même extrêmement jeune, cet organe ne se régénère point.
» Ces expériences ont été faites dans le laboratoire de Physiologie
générale de M. Claude Bernard, au Muséum d'Histoire naturelle. »
M. le Général Mori.v, en présentant la 4" livraison du tome V de la
« Revue d'Artillerie », publiée par ordre du Ministre de la Guerre, s'ex-
prime comme il suit :
« La livraison de la Revue d'Jridlerie que je présente à l'Académie con-
tient la traduction d'une Etude fort intéressante de M. le général Ucha-
tius, de l'artillerie austro-hongroise, sur les procédés qu'il a mis en essai
et qu'il poursuit encore pour augmenter la résistance des canons en
bronze.
» Parmi ces essais, l'un des plus remarquables est celui qui consiste à
refouler sur lui-même à froid, au moyen d'un piston poussé par une puis-
sante presse hydraulique, le métal de l'âme d'un canon. On parvient ainsi,
non-seulement à augmenter considérablement la dureté des parois inté-
rieures, mais encore à mettre toutes les couches concentriques de la bouche
à ieu dans un état de tension élastique très-favorable à la résistance.
» M. le général Uchatius se propose de corroborer par des épreuves de
tir les résultats très-importants auxquels l'ont conduit ses expériences.
» Une analyse des expériences exécutées en Italie, sur le tir des Shra-
pnels, est aussi contenue dans ce Mémoire.
« Des recherches et des renseignements pratiques très-utiles sur les pro-
cédés à employer pour la conservation du bois, et en |)articulier sur les
bois des plates-formes des batteries exposées à toutes les intempéries de
l'air, est due à M. le capitaine Meyssonnier, qui y discute la valeur rela-
tive des divers agents employés à cet effet. Celte étude, faite avec méthode,
sera complétée dans les numéros suivants.
» MM. Roux et Sarrau ont reproduit, dans ce même numéro, la Note
remarquable qu'ils ont présentée en 1870 à l'Académie sur les substances
explosives.
{ 4o4
» M. le capitaine Siacci, de l'arlillerie italienne, a rédigé pour la Revue
nue Note sur les principes du tir, dans laquelle, partant d'un théorème
simple donné par son illustre compatriote, le général de Saint-Robert, il
parvient, à l'aide do constructions graphiques basées sur les Tables de tir,
à représenter et à déterminer les princi[)ales circonstances du tir et à les
mettre à la portée des sous-officiers d'artillerie.
» L'article dû à M. le capitaine Siacci est suivi par la première partie
d'une Étude théorique sur les lois du mouvement des projectiles sphé-
riqties ou oblongs dans les milieux résistants.
» Un article extrait du Journal de iJvliUcrie russe de 1874, et traduit par
M. le capitaine Dombre, fait connaître le degré remarquable de mobilité
du matériel de campagne de cette artillerie, qui a pu surmonter d'énormes
difficultés dans l'expédition de Rhiva. »
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. D.
BULLETIN' BIBLIOGRAPIUQI'E:.
Ouvrages reçus uans la séance nu 2$ j,v>'vier 1875.
fsClIE.)
Biillettino di Bihliocjrafin e di Sioria délie Scienze malemaliche e ftsiche;
pubblicato da B. BoiNGOMPAGiNi ; t. VH, giugno, higlio, agosto 1874. Roma,
tipog. délie Scienze matematiche e fisiche, 1874; 3 liv. in-4°. (Présenté
par M. Chasles.)
Nozioni preliminari per un Irallalo sulla costruzione dei puiti net Méditer-
raneo di k. CiALDi. Roma, tip. Cotta, 1874; in-8".
Inlorno alla lace cite émana dai nervi délie clilre délie Polynoe. Nota del
S. O. Paolo Panceiu. Sans lieu ni date; opuscule in-4''. (Eslratto del Ren-
diconlo délia R. Accndemia délie Scienze fis ie lie e ntatemaliclie. )
Inlorno alla resistenza clie l' Icneumone ed alcuni altri carnivori oppongono
al veleno dei serpenti colV aggiunta di esperimenti dimoslranli l'azione funesla
del veleno délia mygale oUvacea. Nota del S. O. Paoli Panceri e del
( 4o5 )
D'F. Gasco. Sans lion ni date; opuscule in-/|°. fEsIratto de) Rendiconto
délia R. Jccademia délie Srienzc fisiclie e malemaliclie.)
L'odierno concetlo chimico dei cor/n. Discorso det prof. G. Campam per
la inaugurazioiie deir anno scolaslico 1874-1875 tietla R. Università di Siena.
Siena, )87'i, lip. A. Mucci; br. in-8''.
Monllily Report of tlie department oj agriculture jor november and de-
ceinber 1874. Washington, governinent printing Office, 187/1 ; br. in-8°.
On serpentine pseudomorphs, and other kinds, froin llie tilly foster iron mine,
Putman C°, Nevj-York ; bj J.-D. Dana. Sans lieu ni date; br. in-8".
Anales del Observalorio de Marina de San-Fernando, publicados de ordtn
de la Superioridad, por e/Director don Cecilio Pujazon ; seccion 2" : Obser-
vaciones meteorolocjicas, ano 1873. San-Fernando, tip. de Gay, 1874; in-4°.
(Présenté par M. Ch. Sainte-Claire Deville.)
Pddlications pékiooiqces beçdes pkndakt le mois de Janvier i8^5.
Annales de Chimie et de Physique; décembre 1874; in-8".
Annales de Gynécologie ; ']A\\v'\er 1875; in-8°.
Annales de la Société d' Hydrologie médicale de Paris; t. XX, n" i, 1875;
in-8°.
Annales de la Société des Sciences induslt telles de Z-)on,- janvier 1875;
in-8".
Annales industrielles; n"^ i à 5, 1875; in-4°.
Annales médico-psychologiques; ianvier 1875; in-8'*.
Association française contre l'abus du tabac; n" 4» '875; in-S".
Bibliothèque universelle et Revue suisse; ']3Li\\'\er 1875; in-8".
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; n" 12, 1874;
in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; n" 11, 1874; in-S".
Bulletin de la Réunion des Officiers; n"' i à 5, 1875; in-4°.
Bulletin de la Société Botanique de France; Revue bibliographique D. 1875;
in-8''.
C. R,, i8-;5, 1" Semetire. (T. LXXX, N» 7.) 53
( 4o6 )
Bulletin de la Société de Géographie; novembre et décembre i 8t4 ;
in.8°.
Bulletin de la Société Géologique de France; n° i, iS^S; in-S".
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; octobre et novemhie
1874; in-8°.
Bulletin des séances de la Société entomologique de France; n"^ ^2 et 43,
1875; in-8°.
Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, n" 4> ^875-, in-8°.
Bulletin des séances de la Société centrale d'Jgticuhure de France ; n° 11,
1874; in-8''.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale; janvier
1875; iii-4°.
Bulletin delà Société de l'Industrie minérale; t. III, liv. 3, 1874; iii-8°.
Bulletin de Statistique municipale; avril et mai 1874; in-4°-
Bulletin du Comice agricole de Narbonne; n° i, 1875; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique ; n° du 3o décembre 1874; n°' des i5
et 3i janvier 1875; in-8°.
Bulletin mensuel de la Société des Agriculteurs de France; n"^ i et 2,
1875; in-8°.
Bullettino meteorologico dell' Osservatorio del R. Collegio Carlo Alberto,
n°3, 1875; i»-4°.
Gazette des Hôpitaux; n°' i à 12, 1875-, in-4°.
Gazette médicale de Bordeaux; n"' i et 2, 1875; in-8°.
Gazette médicale de Paris; n"* i à 5, 1875; in-4°.
lion; n°' io3 à 107, 1875; in-4°.
Journald' Agriculture pratique; n° 53, 1874*, n"^ i à 4> 1875; in-S".
Journal de l'Agriculture; n°' 299 à 3o3, 187$; iii-8°.
Journal de la Société centrale d'Horticulture; novembre et décembre
1875; in-8".
Journal de l'Eclairage au Gaz; n°' 1 et 2, 1875; in-4''.
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; novembre 1874; in-4".
Journal de Médecine vétérinaire militaire; janvier 1875 ; in-8".
Journal de Pharmacie et de Chimie; janvier 1875; in-8°.
( 4o7 )
Journal de Phjsufue théorique et appliquée ; janvier 1 875 ; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 11° 24, 1874»
n*" 1 et 2, 1876; in-8°.
Journal des Fabricants de Sucre; n"* 38 à 42, 1875 ; in-folio.
L'Abeille médicale; n"' i à 5, 1875; in-4°.
L'jirl dentaire; janvier 1875; in-8°.
V Art médical ; ']An\\GT 1875; in-8°.
La France Médicale; n"* 3 à 9, iSyS; in-4°.
La Médecine contemporaine; n"' i et 2, 1876 ; in-4''.
La Nature; n"^ 83 à 87, 1875; iu-8°.
La Tempérance ; n** 3, 1870; in-8°.
La Tribune médicale; n°^ 333 à 337, 1875; in-8°.
L'École de Médecine; n°* 36 à 48, 1876 ; in-8°.
Le Gaz; n° 7, 1875; in-4". •
Le Messager agricole; décembre 1873; in-8*'.
Le Moniteur de la Pholograpliie ; n"'* v et 2, 1876; in-4°.
Le Mouvement médical; n"' i, 2, 4? 187$; in-4°.
Le Moniteur vinicole ; n" io4, 1874; '1°' i à 6, 1870; in-folio.
Le Progrès médical ; 3'^ année, n" i à 4» 1875; in-4°.
£e Rucher du Sud-Ouest ; n° 12, 1875; in-8''.
Les Mondes; n° 81, 1874; n"^ i à 4, 1875; in-B".
Magasin pittoresque; janvier 1875; in-S".
Marseille médical; n° 12, 1874; in-8°.
Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme; t. V,
liv. 5 à 10, 1875; in-8°.
Memorie delta Società degli Spettroscopisti ilaliani; novembre 1874; in-4°.
Monatsbericht dcr Kôniglich preussischen Akademie der fVissenschaften zu
Berlin; septembre et octobre 1874; in-8°.
Moniteur industriel belge; n°^ 28 à 32, i8i3; in-4°.
INIontbly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres;
décembre 1874; in-8°.
Montpellier médical.... Journal mensuel de Médecine; t. XXXIV, n" 1,
1875; in-8".
( 4o8 )
Wachrichten.... Nouvelles de r Université de Gôttingiie,- n°' i8 à 26, 1874,
in-i2.
Nouvelles Annales de Matliématiques ; janvier 1875; in-S".
Nouvelles wéléoiologiques , publiées par la Société Météorologique;
janvier 1875; in-8".
Proceedings oftlie London matliematical Society; n°* 73 et 74, « 875 ; in-8°.
Recueil de Médecine vétérinaire; n" 12, 1874; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; n"'' i et 2, 1875-, in-8°.
Revue agricole et horticole du Gers; novembre et décembre 1874; in-8°.
Revue bibliographique universelle; liv. i, 1876; in-8".
Revue bryo logique ; n" i, 1875; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n*" 1 et 2, 1875-, in-8°.
Revue des Sciences naturelles; i5 décembre 1874; in-8".
Revue hebdomadaire de Chimie scientifique et industrielle; n"^ 45 à 48,
1874; in-8°.
Revue maritime et coloniale; janvier 1875; in-S".
Revue médicale de Toulouse; n° 12, 1874; iu-8"'.
Société d' Encouragement. Comptes rendus des séances; séance du 24 dé-
cembre 1874; séance du 8 janvier 1875; iti-8°.
Société des Ingénieurs civils; n" 21, 1875; in-4"'.
Société entomologique de Belgique; n°* 7 et 8, 1875; in-8°.
Société linnéenne du nord de la France, n° 3i, 1875; in-8".
The Journal of the Franklin Institute; décembre 1874; in-8".
COMPTES KliNDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 15 FÉVRIER 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FllEMV.
MÉMOIRES ET COMMlJi\ICATU>I\S
DES MEMBRKS ET DES CORRESPONDANTS hV. L'ACADÉMIE.
M. Faye, on présentant à l'Académie la Connaissance, des Temps pour
187G, et V Annuaire du Buieau des Lonyitudes pour fB^S, s'exprime comme
il suit :
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le volume de la Connaissance
des Temps j)our 1876. Celui de l'année 1877 paraîtra dans trois mois. Mal-
gré les difficultés des temps que nous avons traversés et l'exiguïté de nos
ressources, le Bureau des Longitudes doit à la collaboration de notre cou-
frère AL Lœwy d'avoir pu rapidement porter cette publication, qui a tou-
jours été un service public de la plus haute importance, au degré de perfec-
tion désirable.
En fait, le volume actuel a une étendue double de celle des anciens. Tout
ce qui pouvait abréger le travail des observateurs, marins, astronomes, voya-
geui's, géodésieus, a été f lit. Lesépliémériilcs de la Lui'.e en particulier, indis-
pensables à la (lélermiualion des longitudes, ont reçu une extension remar-
quable. Désormais on y peut prendre, presque à vue, les nombres dont on
a besoin pour le calcid des lieux de cet astre, sans plus de travail que |)our
trouver le logarithme d'un nombre. Les étoiles de culmiualiou huiaire ont
été déterminées par les meilleures observations modernes; leurs positions
i;. K., 1875, i" Semcilrt. { l. l.XXX, N» 7.) ^/|
( 4>o )
apparentes calculées pour chaque jour où l'observation de notre satellite
est possible. Les éphémérides des planètes ont également reçu un grand
développement. Enfin notre Recueil contient les positions apparentes de
trois cents étoiles fondamentales, calculées de dix en dix jours, et de dix
étoiles polaires, calculées jour par jour, pour faciliter les recherches de
haute précision en Astronomie et en Géodésie.
» C'est ainsi que cette publication, née en France il y a deux siècles,
poursuivie chez nous sans interruption, grâce au zèle des astronomes qui
ont été chargés d'en diriger les calculs, et imitée successivement par tous
les pays civilisés en recevant de plusieurs d'entre eux une extension plus
grande, a reçu dans ces derniers temps tous les développements désirables,
et n'a plus besoin, d'ici à quelques années, que d'être maintenue au niveau
actuel par le concours des hommes de.science et la protection de l'État.
» Les additions à la Connaissance des Temps de 1876 contiennent une
Note de M. de la Roche-Poncié sur les perfectionnements apportés à noire
grand Dictionnaire de positions géographiques, un Mémoire tout d'actualité
(ie M. Puiseiix, qui servira de guide pour les calculs de l'immense quantité
d'observations capitales que nous allons voir arriver sur le récent passage
de Vénus; d'intéressantes recherches de M. Leveau sur la planète Hera,
et un Mémoire de M. Villarceau, d'une importance toute pratique, sur
la détermination des longitudes géographiques au moyen des culminations
lunaires.
» J'ai retardé celte présentation, qui aurait dû être faite il y a deux
mois, dans l'espoir que notre vénéré confrère M. Mathieu la ferait lui-
même, comme d'habitude. C'est pour nous, en effet, une vive satisfaction
que de voir le doyen de la science européenne prendre, à l'âge de quatre-
vingt-onze ans, une part active à nos travaux : aussi tenons-nous à ce qu'il
continue de représenter le Bureau des Longitudes devant vous. Mais sa
santé, sans être compromise, a subi quelque atteinte dans ces derniers
temps. C'est même là ce qui explique le retard de notre seconde publica-
tion, c'est-à-dire de VÀnnuaiie, que j'ai également l'honneur de présenter
à l'Académie. Tous les calculs, toutes les Tables ont été revus et corrigés
par M. Malliieu, à l'exception d'une feuille.
» Ce petit volume contient, en outre, une Notice dont le titre est : Défense
de la loi des tempêtes, que je prendrai la liberté de recommander à l'atten-
tion bienveillante de l'Académie. Il ne s'agit plus, il est vrai, d'Astrono-
mie, mais d'un intérêt pratique, d'une question qui touche de près les na-
vigateurs; à ce titre même, elle toiiche l'Acndéniie font autant que le
( ''.'I )
Bureau des Longitudes, et c'est ce qui m'encourage à vous en dire quelques
mots.
" J'ai fâché de montrer que, si la Physique a rendu, dans ces dernières
années, de grands services à l'Astronomie, notre science à son tour pouvait
rendre quelques services à la Physique. D'ailleurs la question traitée inté-
resse toutes les nations maritimes. La France, qui, malgré ses désastres,
possède encore une puissance navale de premier ordre, ne saijrait rester
indifférente à cette question, l'une des plus belles et des plus importantes
(pie la science puisse aborder aujourd'hui. Je sollicite davance toute
l'indulgence de nos confrères pour cette tentative de soumettre à la théorie
les grands mouvements de notre atmosphère. «
ivLECTRO-CHiMiE. — Nouvelles recherches sur le mode cC inlervenlion des Jorces
électrocajntlaires dans les phénomènes de nutrition; par M. Bkcquf.rei,.
(Extrait.)
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie se compose
de trois chapitres dont voici les titres :
» Le premier chapitre traite de l'endosmo.se dans ses rapports avec les
actions électrocapillaircs.
» Le deuxième, de nouvelles recherches sur les actions électrocapil-
laires dans les fonctions organiques de l'homme et des animaux.
» Le troisième, des mêmes actions dans les végétaux, et notamment
dnns les tubercules.
» Les effets d'endosmose, qui ont été le sujet de recherches importantes,
par Dutrochet, Graham, Liebig et autres, varient suivant la nature des
cloisons, la composition des liquides, leur action réciproque, leur densité,
la température, la fiUialion, la diffusion, les courants électrocapillaires et
cntiu selon les dépôts formés sur les parois des espaces capdiaires et sur
lesquels les liquides peuvent réagir. On voit donc combien sont complexes
les phénomènes d'endosmose; quelques exemples le prouveront : Dutrochet
a reconnu qu'en opérant avec une cloison d'origine animale, l'acide ni-
trique et l'eau distillée, les effets varient suivant la densité de l'aciile jus-
qu'à |jro(luire des effets inverses, pour des différences assez faibles dans la
densité. Il a observé des effets semblables avec les autres acides. Il a re-
connu qu'en opérant avec une dissolution acide et une dissolution alca-
line, l'endosmose allait de l'acide vers l'alcali; ce fait est exact quand il ne
se produit pas de réductions métalliques nu d'autres actions chinn'ques.
5./-,..
( 4I2)
» Grahrtm, qui a substitiié aux dénominations d'endosmose et d^exos-
viosc celle d'osmose positive et d'osmose iiétjntive, a pris pour point de
«ii'pjirt de ses recherches la diffusion produite quand une dissolution
saline ou autre, étant en contact avec l'eau, tend à s'y répandre, même
lorsque les deux liijuides sont sépaiés par une cloison perméable, jusqu'à
ce que le mélange soit achevé. Il compare cet effet à celui qui porte les
gaz à occuper un volume plus grand, quand l'espace augmente.
» 11 a éludié les pouvoirs osmotiques dans les cloisons de terre et dans
celles d'origine organique, en variant les conditions expérimentales. J'ai
cnerché à expliquer xnie partie des effets observés en faisant intervenir
les actions électrocapillaires et d'autres causes que l'on n'avait pas encore
prises ou considération.
» Suivant Graham, l'osmose est due à des actions exercées par les
liquides sur la matière albumineuse de la membrane; les acides se portent
vers la surface externe, les bases sur la surface interne. Sans expliquer com-
ment s'effectue le transport dans les espaces capillaires, il se borne à dire
que les combinaisons binaires capables de déterminer une osmose consi-
dérable se décomposunt souvent avec in)e grande facilité, en un élément
acide et un élément alcalin capables d'agir, chacun, sur l'une des faces de
la membrane.
» J'ai considéré dans ce travail l'endosmose dans ses rapports avec les
actions électrocapillaires : j'examine d'abord quelle est la force qui produit
la polarité dont parle Graham; cette force n'est autre que les courants
électrocapill.àres agissant comme force chimique, pour produire des ré-
ductions métalliques ou autres actions chimiques, et comme force méca-
nique, poui- tiansporter les liquides et les substances dissoutes du liquide
qui est positif au liquide qui est négatif dans la réaction chimique.
» Toutes les fois que l'action électrochimique est puissante, il n'y a pas
d't'udosmose, soit avec les cloisons organiques perméables, soit avec les
tubes fêlés, attendu que les substances dissoutes, étant décomposées dans
les espaces capillaires, ne se diffusent plus; ou voit ])ar là que les effets doi-
vent vaiier suivant l'affinité des deux liquides l'un pour l'autre. L'action
chimique et l'action mécanique sont complémentaires l'une de l'autre;
lorsque l'action chimique est très-faible la diifusion l'emporte.
» Je rapporte Irente-quaire expériences osmouu'lricpies faites par Gra-
ham avec l'eau el diverses dissolutions, et une cloison organique, davis les-
quelles il a déterminé le sens et la hauteur de l'osmose; sur ces trente-
(jualre dissolutions vingt-sept ont donné l'endosmose dans le sens du cou-
(4i3)
rant élecirocapillaire allant de la dissolution qui a d(^gagé de réiectricité
positive à celle qui a pris l'électricité négative. Les sept cas (jui fout excep-
tion proviennent d'une des causes précitées; on voit combien les eir<;ts
produits sont complexes.
» J'ai trouvé, dans une autre série d'expériences, avec des cloisons de
pa|)ier parchemin et deux dissolutions salines n'ayant qu'une force élec-
tromotrice faible, au lieu d'une dissolution et de l'eau, coiinne Grah!un
l'avait fait, que la direction de l'endosmose est bien celle du courant
électrocapillaire agissant comme force mécanique; les produits formés qui
sont souvent cristallisés proviennent d'une double décomposition. Ces ré-
sultats mettent bien en évidence le principe indiqué, que lorsqu'il n'y a ni
réductions métalliques, ni autres actions chimiques, il y a transport de li-
quide du liquide positif au liquide négatif par les courants électrocapil
laires, et, par conséquent, endosmose.
» Graham a admis que les espaces capillaires absorbaient des parties
constituantes des liquides transportés par endosmose, et qu'on éprouve
beaucoup de difficultés à les enlever par le lavage; ces esjjaces se com-
portent alors comme le charbon, la laine et la soie à l'égard des matières
colorantes; poiu- savoir à quoi m'en tenir à cet égard, j'ai fait les expé-
riences suivantes avec l'appareil à cloison de papier parcheminé, diverses
dissolutions salines et l'eau distillée colorée par le tournesol, le curcuma,
l'orseille, etc. L'endosmose a eu lieu de l'eau vers la dissolution, mais
celle-ci ne s'est pas colorée : la matière colorante a donc été absorbée par
les pores du papier. Ces expériences tendent à prouver que, dans les phéno-
mènes électrocapillaires, pareils effets peuvent être produits.
» 3'ai indiqué, à la fin du premier chapitre, les conditions nécessaires
pour qu'd y ait action électrocapillaire et endosmose, ou bien l'une ou
l'autre :
M 1° Il faut qu'il y ait en présence deux liquides différents, réagissant
chimiquement l'ini sur l'autre et séparés par une cloison perméable de
nature organique ou inorganique.
)) 2" La perméabilité ne doit pas être telle, pour la production des cou-
rants éleclrocapillaires, qu'il y ait diffusion ou filtration; car il se produit
alors des doubles (léconq)ositions donnant lieu à des composés cristallisés ou
non cristallisés, selon <pie les actions sont plus ou moins lentes à se former.
» 3" La perméabilité doit provenir d'une action capillaire suffisante pour
faire arriver au contact les deux liquides réagissant chimicpuinent l'un sur
l'autre, de manière à produire un dégagement d'électricité suifisant pour
( 4'4 )
qu'il en résulte, le long des parois des pores de la cloison, un courant dit
élertrocnijillnire, ayant une intensité suffisante pour opérer une décomposi-
tion élcctrociiiniique. D'autres liquides arrivent ensuite, qui sont égale-
ment décomposés, ainsi de suite; dans ce cas, il n'y a pas de diffusion et
|.ar suite d'endosmose, puisque la cause de celle-ci n'existe plus; mais si
les dimensions des pores sont telles, que l'action électrocapillaire ne soit
pa*. suffisante pour décomposer les substances tenues en dissolution, il y
a alors diffusion de la partie excédante qui n'a pas été décomposée. Une
iiartie de l'endosmose est due aussi à l'action du courant électrochimique
agissant comme force physique.
) Citons un exemple : Quand on opère avec une dissolution de mono-
sulfure de sodium et une autre de nitrate de cuivre, avec une cloison de
papier parchemin dont le tissu est un peu relâché, il y a alors de légères fil-
Irations, puis formation de sulfure noir de cuivre des deux côtés, et dépôts
de cuivre çà et là sur la face négative. Dans les tubes fêlés, pareils effets
ont lieu lorsque les fêlures ne sont pas partout semblables.
» 4° On peut donc poser en principe qu'il n'y a de diffusion que lors-
que les dissolutions, du moins les substances qui s'y trouvent, ne sont pas
décomposées en totalité par les courants électrocapillaires.
I) 5° Dans l'organisme, les conditions nécessaires pour la production
des actions électrocapillaires paraissent être remplies, car on n'aperçoit pas
d'effets de diffusion produisant des doubles décompositions.
» 6" Quand on craint que les liquides n'altèrent les cloisons organiques,
il faut avoir recours aux tubes fêlés ou coupés longitudinalement, et dont
les parties séparées sont remises en contact avec le plus grand soin.
» 7° La puissance des courants électrocapillaires dépend de plusieurs
causes : en premier lieu, de l'intensité de la force électromotrice et, par
conséquent, de l'affinité des liquides, puis de l'étendue des pores; le dia-
mètre de ces dernières doit être tel, que toute l'électricité dégagée dans
l'action des doux liquides soit transformée en courant électrocapillaire.
Tous les liquides doivent être conducteurs de l'électricité, comme ils le
sont dans l'organisme.
» Dans le second chapitre, je rends compte des résultats obtenus dans
de nouvelles expériences sur l'existence des courants électrocapillaircs dans
les animaux vivants (i), et qui font suite à ceux qui ont déjà été publiés (aj.
(i) Ces cxpcricnces onl clé failes avec le concours de M. Daslie et l'ai<le de M. GiitTont,
(2) Compicx rendus du j décembre 1874.
( 4i5 )
M Ces courants doivent jouer un grand rôle dans les fonctions organi-
ques, attendu que les appareils qui les produisent sont formés de deux
liquides diiTtieuls, séparés par une membrane perméable, conditions qui
se trouvent réunies dans les corps organisés. Mes expériences indiquent
seulement si, dans les parties explorées, il y a des effets de réduction ou
d'oxydation; elles ont porté d'abord sur les forces électromotrices pro-
duites au contact du sang artériel et du sang veineux, et de chacun d^ces
deux sangs avec plusieurs des liquides de l'organisme. Elles mollirent que
l'un el l'autre sont négatifs à l'égard de ces liquides et que la direction des
courants est telle, par conséquent, que les parois intérieures des capil-
laires proprement dits sont les pôles positifs, et les parois extérieures en
contact avec les muscles les pôles négatifs. Il résulte de cet état de choses
que l'oxydation a lieu dans le sang et que, s'il y a endosmose, celle-ci a
lieu vers les muscles.
» Il est principalement question, dans ce Mémoire, de la force électro-
motrice des diverses parties d'un muscle, qui est composé de fibrilles mus-
culaires entourées du sarcolemme, de fibres secondaires formées chacune
de fibrilles et entourées également d'une enveloppe perméable, le tout
entouré de l'aponévrose, qui est aussi membrane perméable.
)) Dans l'impossibilité d'expérimenter sur deux fibrilles conliguës, ou
bien sur deux fibres secondaires en contact, on a pris plusieurs muscles
réunis de la jambe d'un lapin, dans lesquels on a fait une section trans-
versale, afin de soumettre à l'expérience deux parties correspondantes de
chacun d'eux.
» Les forces électromotrices observées sont dues à la différence de com-
position des liquides qui se trouvent entre les fibrilles; mais, comme il
existe des courants intermédiaires, dirigés dans un sens ou dans un autre,
il en résulte qu'en opérant simultanément sur la partie centrale d'un
muscle et sur la partie extérieure, on obtient une force électromotrice
égale à la somme de forces électromolrices intérieures, prises chacune
avec leur signe. On a trouvé, à plusieurs reprises, que la partie centrale
du muscle touchant à l'os est négative à l'égard des parties périphé-
riques, ce qui prouve que la première s'oxyde plus que la seconde. Dans
le INIémoire inécédemment cité, on avait déjà reconnu que l'intérirur
d'un muscle était négatif par rapport à la périphérie. Ou ne peut aller
au delà, vu l'impossibilité où l'on est d'opérer sur deux fibrilles con-
tiguës.
» L'albumine étant un des principes constituants les plus importants de
l'organisme, j'ai dû chercher le rôle qu'elle joue dans son contact avec le
( 4.r. )
sang et plusieurs autres liquides; on trouvera ci-après les résultats obtenus
dans plusieurs séries d'expériences :
Forces électromotrices
moyennes
représentant les intensités
des com-anls.
Âibumine (blanc d'oeuf) avec 4 vol. d'eau.. — )
,. ... . J DI,25
Eau distillée -h )
Albumine Ibidem) — )
Eau salée + j
Albumine [idem) — )
Eau saturée à i8 degrés Baume -4- j ''
Albumine (idem)
Vin
Albumine (idem)
Acide acétique. . .
2
7
I 10
» On voit par ces résultats que lorsqu'une dissolution albuniineuse est
séparée par une cloison perméable de l'eau distillée, de l'eau salée, du vin
et de l'acide acétique, elle est constamment négative; il en résulte alors
des courants élecfrocapillaires qui tendent sans cesse à l'oxyder, puisqu'elle
se trouve sur la face de la cloison se comportant comme électrode positive;
de semblables effets doivent élre produits sur l'albiunine des tissus quand
on introduit ces liquides dans l'estomac ou d'autres parties du corps.
» Dans le troisième chapitre de ce Mémoire, j'ai exposé la suite des re-
cherches commencées, il y a plusietns années, sur l'existence des courants
électrocapillaires dans le.s végétaux et leur mode d'intervention dans les
phénomènes de nutrition.
» J'ai rapporté d'abord les nouveaux résultats obtenus dans des expé-
riences ayant pour but de déterminer la distribution des courants électro-
capillaires dans ilivers tubercules, et notamment dans les pommes de terre.
Notre confrère M. Trécul a eu l'obligeance de me faire tni dessin par-
faitement exécuté d'une coupe transversale de ce tubercule, et sur lequel
son organisation est indiquée jusque dans les plus petits détails. Il m'a été
possible alors d'indiquer les points sur lesquels on a expérimenté pour con-
naître la direction des courants électrocapiilaircs. Ne pouvant entrer dans
aucun détail à cet égard, sans avoir sous les yeux la (igure, je me bor-
nerai à dire que dans la section transversale on distingue tpiatre couches
concentriques princi|)al(s A, lî, C, E, la première A étant celle dti centre et la
dernière E l'épiderme. Si l'on introduit successivement deux aiguilles de
platine dépolarisèes l'une tians E et l'autre dans C, puis dans 1*^ et B, E et
A, C cl 15, C et A, on obtient l(!s forces èlectromolrices représentées par les
intensités des courants correspondant à ces points. En comparant ensemble
( ^i'7 )
les résultats, on voit qn<' la partie centrale fin tiiherrnlo est nôgjtlive par
rapport à l'épiderme, et par conséqiiont est plus oxydée que colle-ci, comme
cela a lien dans nn muscle et dans nn assemblai^e de pinsienrs muscles.
» Dans la pomme de terre, en mettant en communication la partie in-
térieure avec l'épiderme, on la résultante des forces électromotrices in-
termédiaires provenant du contact des divers liquides contenus dans les
tissus, on a effectivement, d'après les nombres cités dans le Mémoire,
AE = EC -+- CB H- AB.
» En prenant les valeurs chacune avec leur signe, on a
ro,8 + i6,5 — io,25 = 17,5.
» Or AE a donné directement par l'expérience 21, différence 3,5, cpii
ne doit pas étonner, vu les grandes difficultés que présentent les détermi-
nations expérimentales.
» D'un autre côté, on a
BC -f- CE = BE, d'où i6,25 -+- 10,8 = 29.
» L'évaluation directe de la force éleclroniotrice a donné également,
pour BE, le nombre 29.
» D'autres expériences semblables ont confirmé la loi.
» On voit que chacune des quatre zones principales qui constituent une
pomme de terre jouit de propriétés physico-chimiques différentes, comme
les différentes parties d'un muscle.
» Désirant connaître les actions j)hysico-cliimiqucs exercées par l'eau et
l'eau salée sur les tubercules et les fruits, j'ai fait plusieurs séries d'expé-
riences qui ont conduit aux conséquences suivantes :
» L'eau est constamment positive et le fruit ou le tubercule négatif, ce
qui indique que les courants électrocapillaires ont pour effet d'oxyder Us
parties sous la peau ou l'épiderme; avec l'eau salée, c'est l'inverse. On voit
par la les effets qui peuvent être produits dans les corps vivants, par l'in-
troduction de divers liquides, effets qui doivent être |)i is en considération
dans les applications des sciences physico-chimiques à la médecine.
PHYSIQUE. — Siif 1(1 vrnfondeiir et la snpeiiiositinii des couches aimnnices
dans i acier. Note de M. J. Jamix.
« Dans la séance du 3o décembre 1872, j'ai annoncé à l'Académie
qu'une lame d'acier aimantée dans un sens direct pai- im courant irés-
1;. K., 1875, I" Srmeitrf. (T. LXXX, N" 7.) -'-•
( 4>8 )
fort est neutralisée par un courant inverse moins intense. Elle n'est
cependant pas à l'état naturel, car elle reprend son aimantation primitive
par un courant direct même faible, tandis qu'elle n'en reçoit aucune ou
n'en prend qu'une très-faible par l'effet d'un courant inverse plus petit ou
plus grand que celui qni l'a neutralisée.
» J'ai expliqué ces faits en admettant que l'aimantation ne pénètre qu'à
une profondeur limitée, mais qui e.st d'autant plus grande que le courant
est plus fort, et que l'action successive de deux courants, le premier éner-
gique et direct, le deuxième faible et inverse, superposent deux aimanta-
tions contraires, celle-là profonde, celle-ci superficielle. On ne constate
que la différence. Celle explication ayant été contestée au sein de l'Aca-
démie, je viens la défendre par des épreuves que je crois décisives.
» Je prends d'abord un tube d'acier fermé par deux bouchons à vis de
même métal (c'est un canon de fusil chassepot). J'y introduis un cylindre
d'acier et j'aimante le tout dans une bobine avec un courai:t dont j'aug-
mente progressivement l'intensité. Tant qu'il est faible, il n'agit que sur
le tube, laissant l'âme à l'état naturel. A partir d'inie force déterminée, il
donne à l'âme une aimantation qui croît avec cette force et qui finit par
être égale à celle qu'on obtiendrait si le tube n'existait point. Il est doue
proTivé que l'aimantation pénètre à des profondeurs limitées qui croissent
avec l'intensité.
1) On confirme cette conclusion en aimantant préalablement l'âme à nu
et à saturation par un courant direct; en l'introduisant ensuite dans le tube
et en soumettant le tout dans une bobine à un courant intense qu'on aug-
mente peu à peu. Tant qu'il est faible, l'âme garde toute son aimantation;
puis elle la perd progressivement et en prend ensuite une autre qni est
inverse.
» Il y a toujours un moment où l'ensemble du tidje et du cylindre inté-
rieur ne possède aucun magnétisme apparent, ne peut être aimanté par
tm courant inverse, tandis qu'il l'est énergiquement par le courant de sens
direct qui a produit l'aimantation de l'âme; mais, si l'ensemble est neutre,
il n'est pas à l'état naturel, car, en séparant les deux parties du système,
ou leur trouve dos aimantations différentes, l'une directe sur l'àme, l'autre
inverse sur le tube; elles se neutralisaient par leur superposition. C'est
l'image de ce qui se fait dans un seul morceati d'acier quand il a subi deux
aimantations contraires, qui se superposent et se neutralisent, sans pour
cela se détruire.
» Je vais arriver mainlenani à des épreuves plus directes, qui consistent
( 4«9 )
à dissoudre la partie extérieure des aimants dans l'acide sidrnriquc dilué;
mais ici o» rencontre tout d'abord de grandes dilficidtcs. I.es barres
d'acier, si bien corroyées qu'elles soient, ne sont point homogènes et ne
sont point également attaquées eu leurs diverses parties. On voit des fibres
se dessiner, des sillons se creuser et la surface éprouver toute espèce d'al-
téralions. On peut être sûr que ces irrégularités de l'aclion chimique révè-
lent des irrégularités de la cohésion, de la force coercifive et de la constitu-
tion de l'aimant. Généralement la dureté du mêlai augmente vers le centre
et la coniluctibililé magnétique décroît : c'est un point à étudier. Avant
tout, il fallait trouver des barreaux honiogènes, et je les dois à la complai-
sance d'un fabricant distingué, M. du Goujon, qui a bien voulu me pré-
parer des lames laminées à froid plusieurs fois de suite, après des recuits
successifs. Trempées ensuite et à peine recuites, elles se dissolvent très-
facilement et très-régulièrement dans l'acide sulfurique dilué chauffé à
loo degrés, et peuvent être amenées jusqu'à une épaisseur de o""'",! sans
se rompre, sans cesser d'être très-planes.
» Or, si l'on aimante une de ces lames, qu'on la plonge dans l'acide et
qu'on la retire après chaque demi-heure d'action, pour mesurer son épais-
seur et la quantité de magnétisme qu'elle a gardée, on trouve que celle-ci
diminue, ce qui devait être. Évidemment, en dissolvant le métal, l'acide
dissout aussi le magnétisme (jn'il possédait. Si l'aimanlation était unifor-
mément répandue dans toute la masse, le rapport de la quantité de magné-
tisme à l'épaisseur serait constant; or il ne l'est pas, et l'on trouve qu'il
diminue jusqu'à zéro. Les deux couches magnétiques qui se trouvent au-
dessous des deux faces de la lame offrent donc des intensités variables,
décroissant de la surface où elle est maxima jusqu'à une certaine profon-
deur où elle est nulle.
» Ayant ainsi usé de chaque côté environ o*^"',4i '' 't'sta un noyau sans
aimantation : les deux couches aimantées étaient donc limitées à une pro-
fondeur de o""",4.
« Cela est indépendant de l'épaisseur primitive de la lame. Le noyau peut
maintenant être réaimanté, et il reprend exaclement la même sonune de
magnétisme que la lame primitive. Celte nouvelle aimantation peut, à son
tour, être dissoute comme la première, et ainsi de suite, jusqu'au moment
où le noyau est réduit à o""",/». A partir de ce moment, l'aimantation le
pénètre dans toute sa masse; elle y est uniforme en tous les points, et si
on l'use de nouveau, il garde une somme d'aimantation toujours propor-
lionuelle à soii épnisseur.
55..
( 420 )
» Pour montrer que l'épaisseur des couches aimantées croît avec l'in-
tensité du courant, j'ai aminci à l'avance, mais inégalement, une série de
lames, et, les ayant rangées par ordre d'épaisseur, je les ai aimantées toutes
par des courants d'intensité croissante.
» Tant qu'ils étaient faibles, ils donnaient à toutes les lames le même
magnétisme, parce que les couches aimantées pénétraient dans chacune
d'elles à une profondenr moindre que son épaisseur totale. A un moment
donné, la plus mince des lames se trouva saturée, c'est-à-dire pénétrée en
totalité par l'aimantation. Son épaisseur était alors égale à la profondeur
des couches. Pour un courant plus fort, on vit la deuxième lame se saturer
à son tour, et ainsi des autres, ce qui prouve que la profondeur des couches
atteint successivement l'épaisseur entière de chaque lame, et qu'elle aug-
mente, conséquemment, avec l'intensité.
» Mais, aussitôt que l'épaisseur des lames dépasse une certaine limite a,
toutes deviennent identiques et prennent une sonuue de magnétisme égale.
Cela prouve que les couches magnétiques elles-mêmes se limitent à cette
épaisseur p. qu'elles ne peuvent jamais dépasser.
M Celte limite est très-variable pour les divers aciers; elle est très-
grande pour Cl ux qui sont mous ou recuits, elle diminue quand la ri-
chesse en carbone augmente et que la trempe est plus forte. J'ai dit qu'elle
était égale à o"',4 pour les lames que j'ai étudiées; mais je possède des
échantillons où elle est inférieure à ~ de millimètre. On peut dire que
c(!ux-ci ne prennent qu'un vernis magnétique à leur surface, et il est im-
possible d'en augmenter l'épaisseur par une plus grande intensité de cou-
rant.
» Mais si la profondeur de l'aimantation diminue quand la conduc-
tibilité magnétique décroît, l'intensilé du magnétisme va en augmentant.
Il en résulte que la quantité d'aimantation est soumise à deux causes de
variations inverses, la profondeur qui augmente, l'uitensité qui diminue
quand la conductibilité croît. On comprend que pour chaque acier le
maximum dépend de la trempe et aussi de l'épaisseiu- du barreau.
)) Je reviens maintenant à l'expérience que j'ai rappelée en connuençant;
on comprend qu'une aimanlalion directe à saturation ail pénétré à la j)ro-
fondeur limite p. (;t (pi'on puisse, par un courant inverse moins intense,
«iétruire ct Ite aimantation jusqu'à une profondeur |j.' moindre que ij., y
substituer une aimantation contraire, cl laisser dans la différence fj. — /a'
ce (jui se trouvait de l'aiinanliitiou |)rimitive. I^e meilleur moyen de s'en
assurer, c'est de dissoudre l'éjjaisseur p.'. On retrouve alors et l'on met en
( 421 )
évidence l'aimantation première. L'expérience réussit snr toutes les lames,
même quand elles n'ont que i millimètre d'épaisseur.
.) Elle peut même être faite d'une façon j)lus concluante; on peut ne
plonger dans l'acide que l'une des moitiés de la lame pour dissoudre le
magnétisme extérieur qui s'y trouvait; et quand on a mis à découvert l'ai-
mantation contraire qui est au-dessous, la lame entière offre deux pôles de
même nom à ses deux extrémités et un point conséquent à l'endioit où
a commencé l'action de l'acide. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de
l'Académie le résultat de cette expérience concluante. »
M. Faye fait, au sujet de la Communication deJM. Jamin, les remarques
suivantes :
« Ces propriétés si remarquables du magnétisme, dont M. Jamin vient
d'entretenir l'Académie, de se concentrer à la superficie des aciers Irès-
coercitifs sans pénétrer à l'intérieur, me donnent l'explication d'un phé-
nomène que j'ai eu déjà l'occasion de signaler. Il y a quelques années,
dans une visite que je fis au Dépôt de la Guerre pour examiner le procédé
d'aciération des planches de cuivre employé à préserver la gravure et faire
un tirage bien plus considérable qu'autrefois, sans avoir besoin de retou-
cher les planches, le colonel d'Etat-Major, qui avait su tirer si bon parti du
nouveau procédé pour la publication de la Carte de France, voulut bien
me donner quelques morceaux de feuilles de cuivre ainsi aciérées, sur les-
quelles le dépôt de fer avait été poussé jusqu'à -j^ de millimètre et plus
d'épaisseur. Je voulais les soumettre à diverses expériences d'aimantation.
M. Ruhnikorff, dont tous les hommes de science apprécient l'extrême habi-
leté et l'inépuisable complaisance, voulut bien les exécuter avec moi. Nous
trouvâmes que ces couches si minces d'acier s'aimantaient parfaitement et
prenaient une action magnétique assez étonnante; mais comme je faisais
alors des expériences sur la soudure directe du fer sous pression, en met-
tant .simplement en contact des surfaces bien nettes et presque polies, dans
une atmosphère non oxydante, j'en profitai pour essayer l'action d'une forte
chaleur sur ces nouveaux aimants de cuivre revêtus d'une pellicule d'acier.
M Un d'eux fut enfermé dans un canon de fusil avec une atmosphère
d'hydrogène, et soumis en cet état à un feu de forge porté au blanc soudant.
La température s'est élevée à l'intérieur jusqu'à la fusion du cuivre rouge,
car, en retirant nos bandes de cuivre aciérées, nous y trouvâmes sur les
bords des gouttelettes arrondies de cuivre, là où auparavant il n'y avait
que la coupure d'une cisaille.
( 422 )
» Noire aimant refroidi dans le canon de fusil, et présenté ensuite à une
aiguille aimantée, manifesta une ]iolarité très-sensible, qui prouvait que
son magnétisme avait résisté à la chaleur blanche. Dautres expériences
m'ont détourné de ce sujet ; mais je restai très-frappé de ce pouvoir énorme
de coercition pour le magnétisme d'une couche très-mince d'acier soutenue
par une lame de cuivre. Les recherches si importantes de M. Jamin nous
expliquent ce ])hénomène en montrant que, dans des pièces épaisses d'acier
trèscocrcitif, le magnétisme n'affecte, en réalité, que la surface, et dispa-
raît à luie profondeur comparable à celle sur laquelle j ai opéré. Il serait
possible peut-être de faire ainsi des aimants formés de couches minces
d'acier aimanté, alternant avec des couches minces de cuivre et possédant
une énergie et une constance impossibles à obtenir par des masses conti-
nues, où il serait impossible de faire pénétrer le magnétisme jusqu'au cœur
au degré de saturation. »
NAVIGATION. — Communication relative à la question de l'unificulion
du loniiayc des navires; par M. de Lesseps.
« On s'occupe beaucoup dans ce moment en Angleterre de l'unilication
du tonnage des navires, soit dans des Commissions d'enquête du Parle-
ment, soit dans des réunions de commerçants et d'armateurs, soit dans
des Sociétés scientifiques, par exemple à la Société des Arts de Londres,
présidée par le prince de Galles.
» Si j'entret.ens l'Académie de ce sujet, c'est sous un point de vue scien-
tifique, afin de rechercher la vérité.
» Colbert avait fait régler le mesurage des navires d'une manière aussi
exacte que possible; plus tard la Convention, sur le Rap|)ort de Legendre,
avait adopté le même principe, en se rapportant au système métrique.
» En i822 la France fit, avec les Etats-Unis d'Amérique, un traité com-
mercial eu vertu duquel les pavillons des deux pays étaient traités, dans
leurs rapports réciproques, sur le pied d'égalité d'après leurs papiers offi-
ciels de bord.
» Peu de temps après cette convention, les Américains changèrent leur
mode de tonnage de façon à présenter sur leurs papiers olficicls un tonnage
qui leur donnait un avantage de près de 5o jiour loo sur les papiers de'
bord français. L'Angleterre et les autres puissances maritimes imitèrent
bientôt le système américain. La France résista pendant on/.o ans; mais
enfin, siu* les réclamations incessantes de nos conunerçants et de nos arma-
( 4^3)
teurs, M. Martin (du Nord), ministre du commerce, fit un Rapport an Roi
dans lequel il regrettait de sortir des caicids do Legendre, qui ne s'éloi-
gnaient pas de la vérité du tonnage, mais il proposait, dans l'intérêt du
conmierce, d'adopter pour les papiers officiels un nouveau tonnage tout
inexact qu'il était.
» C'est justement pour obvier aux inconvénients résultant de cette dis-
jîosition que l'on cherche, en Angleterre et ailleurs, à rentrer dans un
mode de mesur^ige plus rationnel des navires.
» Outre la solution scientifique, il y a dans cette question un objet
humanitaire; car on attribue la perte d'un grand nombre de navires à luie
surcharge exagérée qui met en danger la vie des équipages et des passagers.
En effet, du moment que le papier officiel indique comme capacité des
navires un tonnage qui, par exemple, donne le chiffre de looo tonnes,
tandis que le navire peut en charger i5oo, il n'y a aucune raison pour que
cette limite ne soit pas dépassée. Ainsi l'on voit tous les jours des navires,
jaugés ofticiellement looo tonnes, qui en chargent réellement 2000.
» Mon but, en entretenant l'Académie de cette question, n'est point de
lui demander une opinion immédiate, mais uniquement d'appeler l'atten-
tion et les études de ceux de nos confrères dont la compétence et l'in-
fluence pourront contribuer à l'éclairer, lorsque le moment viendra de
solliciter l'opinion de l'Académie. »
M. DupuY DE Lomé, après avoir entendu la Communication de M. de
Lesseps, demande la parole et s'exprime comme il suit :
« En entendant notre confrère M. de Lesseps inviter les Membres de
l'Académie des Sciences à s'occuper de la question de la mesure du tonnage
des navires de commerce, je n'aurais eu qu'à me joindre à son invitation et
à exprimer le désir que les législateurs des diverses puissances maritimes
puissent arriver le plus tôt possible à une mesure uniforme du tonnage, si,
dans son exposé, notre confrère n'avait parlé d'un tonnage exact adopté
par la législation française sous Colbert, tonnage modifié à la suite du tra-
vail du géomètre Legendre, mais en conservant le même principe d'cxacti-
Itide, puis de la nouvelle mesure française d'un tonnage inexact adopté à la
suite d'un Rapport au Roi du Ministre M. Martin (du Nord), pour rap-
procher le tonnage français du tonnage des étrangers.
» Ces locutions d'un toiuiage exact ou d'un tonnage inexact, stiivant
telle ou telle législation, m'amènent à présenter à l'Académie quelques
considérations à ce sujet.
( 4 2/, )
» On a rlit que la mesure actuelle du tonnage était iiiexnrle^ parce qu'il
est notoire que beaucoup de navires ont souvent porté un nombre de
tonnes de poids ou d'encombrement très-supérieur au cliiffre du tonnage
inscrit sur leurs papiers de bord.
» Ces faits particuliers, auxquels on poiUTait opposer les cas où les na-
vires sont bors d'état de prendre un nombre de tonnes de marchandises
égal au chiffre de leur tonnage légal, ne sauraient être présentés comme des
preuvfs contre la convenance ou Véqitité du mode adopté poiu" mesurer le
tonnage légal, qui doit servir de base à la perception des droits divers im-
posés sur le corps du navire.
» C'est avec intention que j'emploie la locution de mesure équitable l]h
tonnage au lieu de celle de mesure vraie; le mot de tonnage vrai étant vide
de sens si l'on veut le comparer avec la faculté si variable qu'a le même
navire de porter tel ou tel nombre de tonnes de marchandises soit en poids,
soit en encombrement, suivant la nature de ce chargement et celle du
voyage à entreprendre. Autant il est facile d'avoir, par un procédé géo-
métrique quelconque, la mesure exacte, ou aussi approchée qu'on le vou-
dra, de toutes les capacités intérieures d'un navire, autant il est impossible
d'en conclure autre chose que la faculté moyeinie qu'il a de contenir et
de porter tel ou tel nombre de tonnes d'encombrement et de poids de mar-
chandises. Or cette faculté moyenne de contenir et de porter, en consé-
quence des capacités intérieures, est cora|)rise entre des limites extrêmes
trés-éloignées, suivant la nature des marchandises plus ou moins encom-
brantes, suivant les difficultés de la navigation dans les mers que le navire
fréquente, suivant la longueur des traversées, suivant encore le poids plus
ou moins lourd de la coque de ce navire.
» Pour parler d'abord du bâtiment à voiles, il est évident que, s'il a à
faire de petites traversées dans la belle saison, i\ peut, sans imprudence,
être chargé jusqu'à ce que son pont soit très-prés de la surface de flottaison,
et que, si ce même navire doit faire une longue navigation qui l'expose aux
éventualités d'un grand voyage, il sera nécessaire de ne lui donner (|u'imi
chargement bien plus modéré, en même fcmj)s qu'il faudra faire des pré-
lèvements plus importants pour les vivres et les approvisioiuicmenls divers
sur les espaces destinés aux marchandises à fret, ainsi que sur le poids total
du chargement. Si l'on considère le bâtiment à vapeur dans lequel l'in»-
portance variable du combustible nécessaire à telle ou telle traversée, in-
dépendannnent des autres approvisionnements, |)iend une part si giande
dans la place et le |)oids réservés au chargement total, on verra que la
( 435 )
quantité maxinuiin de maicliandises que peut |u-en(lre le même navire à
vapeur varie dans des proportions énormes. Par exemple, Ici paquebot
à vapeur doit prendre, pour des traversées du Havre à New-York, plus
de I2O0 tonneaux de charbon et à peine 600 tonnes de marchandises à
fret, et si ce même navire faisait la traversée de Marseille à Alger, il lui
suffirait de se munir de 200 tonnes de chaibon au lieu de 1200, et il
pourrait porter iGoo tonnes de marchandises au lieu de 600. Quel rap-
port exact et constant peut-on rechercher entre le tonnage légal de ce na-
vire et sa faculté de porter tel nombre de tonnes de marchandises?
» Il ne faut pas perdre de vue que le tonnage légal est une mesure de
capacité intérieure servant de base à la perception des droits siu- le corps
du navire, mesure applicable seulement à telles ou telles parties consa-
crées aux marchandises et aux passagers, en laissant en dehors les espaces
nécessaires à l'équipage, aux machines et aux approvisionnements de toutes
sortes. Quant à l'imité de la mesure de capacité, qui correspond à une
tonne de tonnage, elle ne peut éîre fixée que par le législateur, qui,
pour être équitahle, doit avoir en vue une moyenne des cliargements pos-
sibles et si variables, suivant la nature des marchandises et des voyages.
» On ne saurait rattacher à la mesure du tonnage légal les clauses
d'une loi de police maritime en vue d'empêcher les capitaines et les arma-
teurs d'abuser de leurs navires en les chargeant à outrance, quelquefois
d'une façon pérdleuse pour les équipages. C'est là une question déli-
cate, mais, en tout cas, bien différente de celle de l'adoption d'une formule
équitable et uniforme pour \q tonnage légal à inscrire sur les papiers du
bord, en vue de la perception des droits. Dans une loi de police de ce
genre, on serait conduit à limiter la fraction de la profondeur totale du
navire qui pourrait être immergée pour telles ou telles sortes de navi-
gations.
» Je ne veux pas en ce moment m'étendre davantage sur ces (juestions,
qui comportent de longs développements. Je me borne, à propos de la Com-
munication de notre Confrère, aux observations qui précèdent relatives
aux locutions de tonnage légal exact ou inexact. »
M. DE Lesseps ajoute :
Il Je me borne à répondre à M. Dupuy de Lônie que j'admets parfaite-
ment la difficulté d'arriver à une exactitude maihémalique; mais le fait que
j'ai tenu à constater, c'est que l'on a dérogé aux calculs de Lcgeudre, qui
s'approchaient le plus de la vérité, et qu'il serait utile d'y rentrer. »
C. R.,1875, i" Semestre. {-ï. LXXX, N" 7.) 56
( 426 )
MÉMOIRES LUS.
PHysiOLOGlIî VÉGÉTALE. — Expériences sur l'absorption par tes racines
du suc du Phytolacca decandra; par M. H. Bâillon.
(Renvoi à la Section de Botanique.)
<■ Parmi les expériences relatives à l'absorption par les plantes des
liquides colorés, celles qui ont le plus excité la curiosité des botanistes
et dont on a tiré le plus de conséquences pour la Physiologie sont sans
doute celles dans lesquelles on a employé le suc rouge des fruits du Phy-
tolacca decandra. L'état actuel de cette question se trouve nettement ré-
sumé, dans l'ouvrage de M. Duchartre., en ces termes :
Il Dans les rares expériences où l'on a offert une infusion colorée à tics racines vrai-
ment intactes ou développées dans l'eau, le principe colorant, malgré son extrême division,
n'a pas été absorbé par ces organes... Mais l'un des faits les plus remarquables à cet égard
est celui qui, après avoir été signalé en termes trop jieu précis par Biot, a été vérifié plus
léccmment par M. Ungcr; ce fait est celui de Jacintius à fleurs blanches qui, ayant été
arrosées abondamment avec de l'eau rougie au moyen du suc des fruits du Pin tolacca
decandra, ont absorbé le principe colorant. La teinte rouge due à cette absor])tion a pu
èlre suivie le long des faisceaux fîbro-vascuiaires; elle a formé des lignes nettement tracées
dans les divers organes de ces plantes et particulièrement sur les folioles blanches de leurs
llcurs. Il est difficile de s'expliquer la contradiction qui existe entre ces diverses exi)c'-
riences, bien que, dans ce dernier cas, un oignon enraciné ne puisse être comparé, pour
l'absence de solutions de continuité, à une jeune plante venue de graines. »
M ]^es liquides colorés avec lesquels ou expérimente peuvent être des
solutions teintées, ou bien devoir leur couleur à des particules solides,
aussi ténues que possible, mais tenues en suspension. Si l'absorption se
produisait dans ce dernier cas, ou pourrait en conchu'e, connue semblent
le faire |)lusieiirs physiologistes, que des corpuscidos colorés, mais trés-
divisés, ont pu être absorbés par des organes végétaux intacts; mais il et'it
fallu sans doute conuiiencer par déterminer la constitution physique du
suc de Phylolacca. Or sa coloration est due à une substance dissoute et
non à lUie matière suspendue. Son absorption par des racines normales, si
elle se produisait, ne prouverait donc autre chose que ce qu'on admet
depuis longtemps, savoir que les racines absorbent avec l'eau les sub-
stances qu'elle tient en dissolution.
» Biot n'a pas indiqué exactement de quelle façon il procédait et n'a pu
tirer de son expérience aucune conséquence pbvsiologique. Il y a lieu toute-
( 427 )
fois i\p. penser qu'à l'exeniplo i\c Ac la Raïsso, donl il rappelait les obser-
vations, il opérait presque toujours snr des fleurs coupées. Dans de pareilles
conditions, l'absorption du suc de Phylolacca se produit très-souvent, et
quelquefois même avec une étonnante rapidité. Des Jacinthes blanches
coupées, dans une enceinte à 20 degrés, ont pu, en une demi-heure et
moins, se colorer suivant toutes les côtes des sépales. Dans une atmo-
sphère à zéro, l'absorption de la couleur rouge a été de trois à cinq fois
moins rapide, suivant les plantes employées. Une tem])éralure basse, tout
en retardant le |)hénoniène, ne l'a pas empêché de se produire dans les
plantes coupées qui l'auraient présenté dans une pièce chauffée. Mais il y
a des portions de plantes dont la section n'a pu, dans quelque condition
que ce fût, admettre la substance colorante et la faire monter au delà du
point en contact avec le liquide teinté.
» Peut-être que Biot, de même que de la i'aïsse, a coloré des Jacinthes
blanches en rose, eu substituant de la teinture de Phjtolacca à l'eau dans
laquelle on fait pousser ces plantes dans des carafes. En agissant de la sorte,
on réussit assez souvent à colorer les fleurs en faisant poser sur la surface
du liquide la base du bulbe, celui-ci se trouvant en contact avec la tein-
ture, soit avant tout développement de racines, de feuilles et de fleurs, soit
d'im jour à l'autre, à une époque où les fleurs sont épanouies et où l'on
remplace tout d'un coup l'eau ordinaire par le suc de Phylolacca.
» Mais, dans toutes les expériences où l'on prend soin de ne jamais lais-
ser la surface du plateau en contact avec le liquide coloré, et où les racines
seules plongent dans ce liquide, la coloration ne se manifeste pas. Il nous
est même arrivé de |)longer,dans le suc de Phylolacca, des bulbes ayant des
racines de quelques centiniètres de longueur, et, à l'aide de précautions
convenables pour que le liquide ne s'altérâtpas trop, d'y naaintenir les bulbes
pendant tout le temps qu'ils ont mis à développer leurs feuilles et leurs
fleurs, et ces dernières se sont épanouies parfaitement blanches, sans qu'une
parcelle de la matière colorante ait été absorbée.
» Ce n'est donc pas la racine intacte de la Jacinthe qui peut absorber le
suc rouge du Phylolacca; c'est la surface cicatricielle du bulbe, c'est-à-dire
une véritable solution de continuité. Et toutefois, point bien digne d'être
noté, ce n'est pas la cicatrice elle-même qui, à son état normal, semble
absorber la matière colorante. Sans doute, son tissu est constitué de telle
façon que, si le contact prolongé d'iui liquide ne le désorganise pas plus ou
moins, l'absorption ne peut se faire; car dans un certain nombre de nos
expériences, avec cette surface en contact continuel avec le liquide rouge,
56..
( 42« )
dans des biilljes dont l'entier développement tics feuilles et des fleurs s'est
fait dans une carafe, il n'y a pas même eu absorption de la matière colo-
rante.
)) Unger a répété les expériences de de la Baisse et de Biot dans des con-
ditions toutes particulières, où elles réussissent toujours rapidement. Alors
que les Jacinthes sont fleuries, dans la terre d'un |)ot à fleurs ordinaire, on
place celui-ci sur un plat creux, dans lequel on verse graduellement la tein-
ture de Pliylolacca. Mais cette expérience ne prouve rien pour la physio-
logie des racines intactes, attendu que le liquide coloré monte par imbibi-
tion au travers de la terre jusqu'à la cicatrice du plateau, par laquelle il est
absorbé, et surtout parce que les racines Irés-développées qui se rassemblent
dans la portion inférieure du vase s'altèrent rapidement au contact du li-
quide, et que celui-ci pénètre alors par les solutions de continuité de leur
surface en partie putréfiée.
» Nous ne savons comment étaient installées les expériences à résultats
positifs, telles que celles qu'a citées de Candolle [PhysioL, 85), et qui l'ont
conduit à penser que Bischoff « se tiompe quand il croit que l'eau colorée
» ne pénètre que par dos solutions tie continuité », parce qu'il l'a « vue
» en particulier pénétrer par les spongioles de radicelles nées dans l'eau co-
» lorée et certainement intactes » . Nous ne connaissons pas de liquide coloré
duquel, soit qu'on fasse plonger dans sa niasse des racines de plantes en
germination, soit qu'on en imbibe des éponges sur lesquelles germent des
graines, on puisse dire qu'il n'altère pas plus ou moins le tissu de ces
jeunes racines.
» Il faudra, d'ailleurs, revenir sur cette assertion que les racines intactes
absorbent forcément avec l'eau les substances qu'elle tient en dissolution.
Le suc du P/ij/o/acca représentant une solution, nous avons vu des bulbes
qui développent normalement leurs racines, leurs feuilles et leurs fleurs
sur un flacon de ce liquide conven iblement renouvelé pour éviter qu'en
s' altérant trop lui-même il n'attaque les tissus de la j)lante avec lesquels
il se trouve en contact. Ces bulbes prenaient à cette masse de liquide une
grande quantité d'eau, qui fournissait à leur évolution ; et cependant, dans
les cas où les fleurs demeuraient parfaitement blanches et où aucune par-
celle de matière colorante ne pénétrait dans les plantes, il faut bien ad-
mettre que l'eau était séparée, par dialyse, de la substance rouge qu'elle
tenait en solution, et que plus la racine absorbait et plus la teinte du
liquide devenait loncée. Les racines ne sont donc pas seulement des or-
ganes d'absorption : ce sont encore des instruments dialyseius, et l'on j)eut
{ 429 )
déjà prévoir le rôle que joueront les faits qui précèdent dans l'explication
des phénomènes physiologiques dont ces organes sont le siège, et peut-êlro
aussi dans les applications indusiriellcs. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ACOUSTIQUE. — Sur tes notes défectueuses des instruments à archet. Mémoire
de M. A. DiEîï, présenté par M. Jainin. (Extrait par i'autetu-.)
(Ce Mémoire sera soumis à l'examen de MM. Le Verrier, Jamin, Desains,
auxquels l'Académie des Beaux-Arts sera priée d'adjoindre un de ses
Membres.)
a Ce travail a pour but d"rip|)eler l'attention sur une pai ticubrité très-
étrange, concernant les instruments à archet en général, mais plus spéciale-
ment le violon et le violoncelle; nous voulons parler des notes défectueuses
de ces instruments, notes bien connues des praticiens et des luthiers sous
les différents noms de mauvaises notes, notes dures ou liâtes roulantes.
Depuis longtemps, de nombreuses recherches ont été faites pour corriger la
mauvaise qualité de ces noies, mais les résultats n'ont jamais été satisfai-
sants. Étant parvenu à résoudre cette question, qui se rattache essentielle-
ment à la science de l'acoustique, je demande à l'Académie l'honneur de
soumettre à son appréciation le système que je propose à cet effet.
» J'ai obtenu, d'une façon absolue, la rectification des notes défec-
tueuses, en m'appuyant sur un principe acoustique bien connu et con-
cernant l'affinité qui existe entre les vibrations des sons, lorsqu'ils sont
accordés en unissons ou en octaves. Le problème consistait donc à trouver,
dans l'économie de l'instrument qu'on veut rectifier, une partie vibrante
susceptible de pouvoir être accordée à l'unisson ou à l'octave de la note
défectueuse. A cet effet, j'ai recours aux cordes mêmes de l'itistrument.
On sait que chaque corde est, pour ainsi dire, divisée par le chevalet en
deux parties très-inégales : l'une, qui est la plus longue, occupe l'espace
qui se trouve entre le sommet du chevalet et le sillet près des chevilles,
c'est la partie sonore ou principale, mise en vibration par le frottement de
l'archet : l'autre, beaucoup plus courte, qui va du chevalet au cordier où
est son point d'attache, et que nous nommerons partie accessoire ou pro-
longement de la corde, n'a jamais été considérée, jusqu'ici, comme pou-
vant influer sur les vibrations de l'instrument. Or ce sont précisément ces
parties accessoires des cordes qui conlieinienl les éléments suffisants de
( 43o )
sonorité pour atteindre le but que je me propose, car elles sont susceptibles
d'être accordées à l'unisson ou à l'octave des notes défectueuses.
» Ce résultat s'obtient par deux procédés différents, selon la corde sur
laquelle on veut opérer : en ce qui concerne la partie accessoire ou pro-
longement de la quatrième corde du violon, ainsi que de la deuxième et de
la première, l'accord s'effectue au moyen de mouvements très-petits, im-
primés au sommet du chevalet, soit en avant, soit en arrière, suivant que
la note accessoire demande à être haussée ou baissée. Quant à la partie
accessoire de la troisième corde, elle se trouve trop longue pour produire
le son exigé; on la raccourcit artificiellement, au moyen d'une très-petite
pince, ou tout autre petit appareil analogue, que l'on fixe à cette partie de
la corde, par une vis de pression, à l'endroit convenable, pour obtenir
l'unisson ou l'octave de la note défectueuse.
» Tous les procédés se rattachant à l'application du système proposé,
tant pour le violon que pour le violoncelle, se trouvent expliqués et de-
taillés d'une façon précise dans le Mémoire. Les résultats que j'ai obtenus
ainsi sont confirmés par de nombreuses expériences. »
PHYSIOLOGIR PATHOI^OGIQUE. — Sur la présence et la formation des vibrions
dans le pus des abcès. Note de M. Albekt Bf.rgeron, présentée par M. Gos-
selin.
(Commissaires : MM. Cloquet, Gosselin, Sédillot.)
« Le Rapport que M. Gosselin a lu, dans la séance du 1 1 janvier 187.'),
au sujet de la Communication de M. Guérin, intitulée : Du rùk pattiocjéiufpic
des ferments dans les maladies chirurgicales; nouvelle méthode de traitement des
amputés, et la discussion à laquelle prirent part MM. Pasteur et Trécul,
m'ont engagé à présenter à l'Académie le résultat de mes recherches sur
la présence des vibrions dans le pus des abcès soustraits au contact de l'air,
et aussi sur l'importance qu'on peut en faire découler au point de vue cli-
nique. C'est à l'hôpital de la Charité, dans le service de M. Gosselin, sur
des malades qui portaient des abcès chauds ou froids, mais n'ayant jamais
été en communication avec l'air extérieur, que j'ai effectué ces recherches.
» Je me suis placé, autant que possible, à l'abri des causes d'erreur, et
voici quelles ont été les précautions dont je me suis entouré :
» Dans mes premières recherches, j'avais choisi comme désinfectant l'a-
cide phénique; mais, reconnaissant bientôt que cet acide endormait les mi-
crozoaires plutôt qu'il ne les tuait, j'ai employé un corps plus énergique,
( 43' )
l'hyposulfite de soude, eu solution et à la dose de lo ])our loo. Je l'ai essayé
au microscope, et j'ai constaté que, si, à une préparation renfermant des
vibrions par myriades, on ajoutait une goutte de la solution, on faisait
disparaître, on détruisait en grande partie les animalcules, tandis que ceux
qui restaient devenaient immobiles.
» Je me suis servi de cette solution pour laver tous mes instruments, et
aussi la peau des malades, au niveau des abcès que l'on allait ouvrir. Pour
recueillir le pus, j'ai fait usage de petits tubes en verre, préalablement
plongés dans la solution d'hyposulfite de soude, chauffés ensuite à la
lampe à alcool, immédiatement avant que l'incision fût pratiquée et
tout à côté du lit du malade. Quelques secondes s'écoulaient donc à peine,
entre le moment où je débarrassais le tube des germes ou ferments qu'il
pouvait renfermer encore, et celui oîi je l'approchais de l'abcès que l'on
devait inciser; le bistouri, chauffé à la lampe à alcool, avait été également
trempé dans la solution d'hyposulfite de soude. Une fois le tube rempli, je
le bouchais et je pratiquais inmiédiatement l'examen microscopique du
pus qu'il renfermait. J'ai fait usage du microscope de Nachet, oculaire n° 2
et objectif n" 5. Dans tous les cas, j'ai contrôlé mes premiers examens à
l'aide de la lentille à immersion, qui va jusqu'à i4oo diamètres, en ayant
soin, avant chaque expérience, de vérifier Teau distillée dont j'allais me
servir.
)i Les observations que j'ai recueillies jusqu'à ce jour sont au nombre
de dix-huit. Je les ai divisées en trois séries, au point de vue des âges et
selon que les abcès étaient chauds ou froids.
» Première série : abcès chauds, chez l'aduUe. — Chez l'adulte (de vingt-
deux à soixante ans), j'ai trouvé des éléments organisés, mobiles ou immo-
biles, dans le pus de sept abcès chauds, qui s'étaient développés spontané-
ment ou sans plaie appréciable (dans un seul cas, il y avait au doigt
indicateur une petite écorclun-e, et l'abcès siégeait à la partie supérieure
(lu bras, tout près de la région axillaire). Ces éléments devaient être consi-
dérés comme des microzoaires ou des microphytes, car j'ai constaté la
|)r('s(.'ncc de clia[)clels reclilignes ou incurvés, animés de mouvements os-
cillatoires, de bâtonnets transparents, à parois régulières et parallèles,
doués de mouvements ondulatoires de translation, souvent très-rapides
(vibrions), et de granulations réfringentes mobiles, isolées, et qui m'ont
semblé être ce que M. Pasteur appelle des kystes.
» Deuxihne série : abcès chauds chez l'enfant et chez t'adolescenl. — Chez
l'enfant et chez l'adolescent (jusqu'à dix-huit ans), j'ai examiné le pus de
(juatre abcès chauds, sans avoir pu y découvrir aucune trace des micro-
( 432 )
zoaires dont je viens de signaler l'existence, ni quoi que ce fût qui pût
être rapporté à des éléments organisés.
>. Twisicme série : abcès froids à lous les âges. —Dans les trois âges (enfance,
adolescence, âge adulte), le pus de sept abcès froids (coxalgie, arthrites
fongueuses suppurées, adénites chroniques suppurées, abcès ossifluents à
la suite de carie costale, etc., etc.) ne renfermait pas trace de micro-orga-
nismes, au moment de leur ouverture.
» Voici les conclusions qui, je le crois, découlent de ces trois séries d'ob-
servations :
» I. Les vibrions se rencontrent dans le pus des abcès, sans que l'orga-
nisme en soit toujours profondément affecté, et sans qu'on puisse invoquer
le contact avec l'air extérieur.
» II. On ne saurait admettie non plus que, dans ces cas, les vibrions
puissent pénétrer dans le foyer de l'abcès par le système lymphatique ou le
système circulatoire sanguin, tous deux absolument intacts.
» 111. Le pus des abcès chauds, chez l'adulte, renferme souvent des
vibrions; s'il en renferme chez l'enfant, cela doit être plus rare; je n'en ai
pas d'exemple.
» IV. Le pus des abcès froids, chez l'adulte comme chez l'enfant, n'en
contient jamais.
)) V. Les vibrions peuvent être considérés comme indiquant un état
inflammatoire sérieux, et une certaine tendance à la décomposition des
humeurs qui les renferment, sans exercer cependant le plus souvent une
action toxique sur l'organisme.
)i VI. Nous sommes loin de rejeter l'intervention possible des vibrions
sur la pathogénie de l'infection purulente, et nous nous fondons précisé-
ment sur leur absence dans le pus des abcès chauds chez les enfants pour
expliquer connnent, dans la plupart des cas, ceux-ci se trouvent si hcu-
reuseniL-nt à l'abri de la septicémie.
» VII. Le liquide qui, jusqu'à présent, me semble être le plus approprié
à la destruction des vibrions est la solution d'hyposuUîte de soude. »
ZOOLOGIE. — Sur un appareil de disséminalion des Gregaiina et Stylorhyn-
chus; pliiisc remnnpiublc de la sporulation dans ce dernier genre. Note de
M. A. SciiNKiDKR, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
(Commissaires : MM. de Quatrefages, Robin, de I^aca/e-Duthiors.)
« Au cours (le la révision du groupe des Grégarines, que j'ai entreprise
sur les conseils et sous les auspices de M. de Lacaze-Duthiers, j'ai ren-
f /,33 )
contré, k côté de nombreux faits de détail rectifiant ou complétant les no-
tions déjà acquises, des particularités tout à fait nouvelles que je résumerai
brièvement.
» Ces observations sont détachées de la première partie d'un travail sur
le groupe des Grégarincs, dans lequel je donne la description et Ihistoirc
des espèces qui habitent les Invertébrés des environs de Paris et les Inver-
tébrés marins de la plage de Roscoff.
» Tout le monde sait que les Grégarines parvenues au terme de leur ac-
croissement individuel s'enkystent, et qu'aux dépens de leur contenu se
forment un nombre considérable de corps reproducteurs désignés sous les
noms de Pseudonavicclles et de Psorospcrmées, et que je propose d'appeler
tout simplement des spores, par une application de la nomenclature géné-
rale, voulant exprimer par ce terme que les corps en question n'ont pas
besoin du concours d'un élément mâle pour entrer en évolution.
» D'après les données existant dans la science, le kyste à matiuité
s'ouvre par rupture du tégument et met en liberté les spores. Une excep-
tion très-remarquable à la loi générale est offerte par les deux genres
Gregarina et Stylorhynclms. Mais le mode de formation de cet appareil
m'avait échappé, et' sa constatation importait pourtant au plus haut point,
tant à la légitimation de la découverte qu'à la saine interprétation de la
disposition organique constatée. J'ai pu suivre depuis la formation de
cet appareil de la dissémination avec soin ; voici comment elle s'accom-
plit : le kyste montre de bonne heure, dans sa zone marginale éclaircie,
l'apparition de tubes en nombre variable, dirigés chacun suivant le sens
d'un rayon du kyste. D'abord sans connexion avec la paroi, ils s'y ratta-
chent ensuite en vertu du développement centrifuge et s'y soudent enfin par
leur extrémité périphérique, tandis que, par l'extrémité ojiposée, ils con-
vergent vers le centre du kyste. Ils sont constitués par une membrane an-
hyste et prennent naissance au sein et sans doute aussi aux dépens d'une
accumulation de granulations qui les entourent quelque temps encore
après leur complète formation, figurant autour de chacun d'eux une sorte
de manchon. Chacun de ces tubes, que j'ai nommés sporoducles, offre, à l'état
de complète individualisation, un article basilaire court et large par lequel
il s'insère à la face interne de la paroi du kyste, et un article terminal grêle
et plus ou moins long, dont l'extrémité correspond au centre du kyste.
.) A la maturité on voit les sporoductes se dégager avec une extrême
rapidité et se dresser au dehors de toute leur longueur. Dans les cas où
quelque obstacle ralentit le phénomène de leur érection, on en peut suivre
C. R., 1875, I" Semestre. (T. I.XXX, N" 1.) ^7
( ^'^^ )
avec facilité le mécanisme. On voit alors le sporocUicte se dégager succes-
sivement en vertu il'inie véritable évagination, l'article basilaire paraissant
en |)remier lieu et l'extrémité du tnbc en dernier, après avoir traversé
loute la portion déjà sortie. Ce mécanisme ne peut être que la conséquence
d'une augmentation de pression du contenu du kyste, sans doute corréla-
tive d'un changement de sa densité .moyenne sous l'influence des remar-
quables modifications que ce contenu subit au cours de la sporulation, et
la même cause présiderait aussi à l'expulsion des spores à travers lesspo-
roductes.
» Le G.Slylorhynclius\c?,^. SlyL oblongntits (naram.) de VOpatntin sahu-
hsitin] offre peut-être des phénomènes plus intéressants encore. Le kyste,
dérivant d'enkystement solitaire, présente un contenu d'abord entier, puis
divisé en deux masses égales par un plan équatorial. En même temps que
les traces de celte première division s'effacent et que la portion granuleuse
du contenu se condense sur elle-même, on voit paraître un grand nombre
de sillons secondaires très-peu profonds, qui subdivisent en lobes et lo-
bules la couche la plus externe du contenu granuleux. De la surface de
chacun de ces lobes et lobules on voit perler maintenant les spores nais-
santes; d'abord complètement homogènes et transparentes, elles reçoivent
ensuite quelques granulations avant leur complète individualisation et
séparation des lobules.
» Une fois libres de toute adhérence avec ceux-ci, les masses sporigènes
se trouvent situées à la surface d'un volumineux amas central, constitué
aux dépens de la portion non utilisée du contenu primitif. Quittant alors
la forme régulièrement sphérique, chaque masse sporigène s'allonge suivant
le sens d un rayon du kyste, et toutes ensemble, sous forme de petits
bâtonnets fusiformes, effilés aux extrémités et relativement très-renflés au
milieu, se mettent à exécuter pendant quinze à dix-huit heures luic série
ininterrompue de mouvements rapides et énergiques, par lesquels leur
extrémité périphérique s'infléchit tour à tour dans un sens et dans l'autre,
à peu près comme le bras dans le mouvement de la mesiue à deux temps,
en même temps que le corpuscule se raccourcit et s'allonge et que les
granulations qu'il renferme sont brassées en tous sens à son intérieur. Le
mouvement de chaque corpuscule est indépendant de celui de son voisin,
et ceux qui sont complètement isolés dans le liquide interposé entre le
contenu solide du kyste et sa |)aroi se meuvent comme les autres.
» Après le laps de temps indiqué, ce grouillemcnl de toutes les masses
sporigènes cesse subitement : chaque corpuscule revient à la forme splié-
( 435 )
riqiie ou à peu près, et se convertit en une spore définitive par la production
d'une épaisse paroi à sa surface. De son côtô, le volumineux amas central
de granulations sur lequel reposent les spores s'entoure aussi d'une paroi
propre et se convertit en une vésicule incluse dans le kyste et de toutes
j)arls libre d'adhérence. Ce yseiidoliysle, comme je le nomme, est à mes yeux
un agent d'un nouvel ordre de la dissémination des spores. Par son accrois-
sement ultérieur, il presse en effet sur les spores comprimées entre les
surfaces en regard des deux sphères, détermine la rupture du tégument
extérieur et partant la libération des corps roproducteurs.
» Sur une trentaine de genres que j'ai examinés, l'existence d'un appareil
lie dissémination ne s'est rencontrée que dans les deux genres précités. Des
genres très-étroitement alliés aux Gregarina on aux Sljrtorhjnclnis u'oH'veut
plus aucune trace des dispositions qui caractérisent ces derniers; comme
d'autre part les sporoductes et le pseudokysle ne se laissent pas ramener à
une commune expression organique, il est assez difficile de décider, dès
maintenant, quelle valeur il faudra attribuer dans la caractéristique du type
Grégarine à cenouvel élément. Mais ce qui dès aujourd'hui me paraît certain,
c'est que ce nouvel élément ne crée aucune homologie entre les Grégarines
et les végétaux inférieurs : les caractères chimiques des parois des sporo-
ductes et du pseudokyste, aussi bien que leur mode de formation, ne
confirment guère la similitude extérieure que les sporoductes des Greyarinn
notamment sembleraient offrir au premier abord avec les tubes émisseurs
des spores de quelques Chytridiées. »
PHYSIQUtl. — Mémoire sur quelques propriétés mécaniques de la vapeur d'eau
saturée; par M. Cii. Axtoixe. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Rcgnault, Resal, ïresca.)
« Entre la température, la tension et le volume de la vapeur d'eau, on
peut établir quelques relations d'une grande sinqîlicité, qui peuvent avoir
une utilité pratique, ne fût-ce que connue première approximation.
» Eu désignant par t la température de la vapeur, en degrés centi-
grades; par /> la force élastique maxima delà vapeur, en atmosj)hères;
par F celte même force élastique, en centimètres de mercure; par V le
volume en litres d'un kilogranuue de vapeur, on a les relations suivantes :
(i) /jV'-'==:3538,
(2) /jV= 135^6- H- 55.
y _ ( __:_ j ou ^' ' ^
( 436 )
» Si l'on compte les températures à partir de 55 degrés au-dessous du
zéro correspondant à la glace fondante, on a, en désignant par T ces nou-
velles températures,
(3) PV=i35T''-*«.
» L'élimination de V entre les équations (i) et (3) donne
(^) ^=(735)'"' *^' F= 76 XP = (0,014175 XT)'-^':
l'élimination de P entre les équations (1) et (3) donne
_, -Il 000 \ '
V= 0,1317 (^^^j
le poids ST d'un mèlre cube de vapeur est donc
s = 1 00 X r, = o,o6584 ( / ■
V ' \ioo/
u En étudiant les tensions do vapeurs, autres que la vapeur d'eau, qui
ont été observées expérimentalement par M. Regnaull (voir tome XXVI
des Mémoires de i Académie des Sciences), on reconnaît qu'elles peuvent être
pratiquement représentées par des formules très-simples :
Pour l'acide carbonique, par la formule F' = ( 0,020 184 T')'--
Pourréther F" = (0,013867!" )'•-
Pour l'alcool vinique F'" = (o,oi55oT"')'''
Pour le chloroforme F"'^ (o,oi2883T"')'''
à la condition de compter,
Pour l'acide carbonique, les températures T' à partir de 208° au-dessous du zéro ordinaire.
Pour l'other . . . T" .. i23"
Pour l'alcool vinique T'" •• 64" »
Pour le chloroforme T" r 10" »
M. A. PicAKD soumet au jugement de rAcadémie un Mémoire portant
pour titre « Nouvelle méthode pour établir les équations de l'élasticité
d'un corps solide ».
(Commissaires: MM. Bonnet, de Saint-Venant, Puiseux.)
M. M. GiRAiti>, délégué (le l'Académie, adresse une Note concernant l'in-
fluence du froid sur le Phylloxéra hibernant.
Des insectes, pris dans la période d'hibernation, ont été placés dans des
tubes de métal, sur les racines où ils étaient fixés; ils ont supporté des tem-
(437 )
•pératiires comprises entre 6 et lo degrés au-dessous de zéro, sans présenter
d'antres phénomènes que les insectes qui étaient placés dans l'air extérieur.
L'auteur ne croit donc pas qu'on doive compter sur l'action du froid do
l'hiver, comme cause de destruction du Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. A. Desiocet adresse une Note relative à divers perfectionnements
apportés à la machine de Holtz, pour en assurer le fonclionnemcnl, même
par les temps les plus humides.
(Renvoi à l'examen de M. Bréguet.)
M. TrémAux adresse une Note relative aux faits signalés dans une Com-
munication récente de M. Menier, et aux observations présentées par
M. Chevreul à propos de cette Communication.
(Renvoi à la Commission nommée pour la Note de M. Menier.)
M. E. RouDAir.E prie l'Académie de vouloir bien pourvoir au remplace-
ment de feu M. Élie de Beaumont, dans la Commission qui a été nommée
pour examiner son Mémoire sur les opérations de la méridienne de Biskra.
M. Yvon Villarceau est désigné pour faire partie de cette Commission.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instrcctio.\ publique adresse l'ampliation d'un dé-
cret autorisant l'Académie à accepter le legs de aSoo francs de rente, qui
lui a été fait par M. CL Gay, pour la fondation d'un prix annuel do Géo-
gnqihie physique.
M. le Mi.mstre de l'Instruction publique autorise l'Académie à prélever
diverses sommes sur les reliquats disponibles de la fondation Montyon,
conformément à la demande qu'elle lui en a faite.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. E. BoRXET adresse ses remercîmenls pour la distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet dans la dernière séance solennelle.
M. le Seckétaire perpétuel communique à l'Académie le télégramme
suivant, reçu par M. le Président de la Connnission du Passage de Vénus.
Il fait connaître I insuccès do l'expétlition de (-ampbell : vue avant son
( 4:38)
entrée sur le Soleil, la planète n'a pu être observée au moment des contacts.-
En prévision de ce résultat malheureux, l'habile chef de l'expédition
avait pris les dispositions nécessaires pour effectuer dans cette île, si peu
connue, des observations de Physique du globe, de Météorologie et d'His-
toire naturelle, dont la science tirera grand profit.
Dans les premières semaines de son séjour à Campbell, l'état sanitaire de
l'expédition ayant été un peu troublé, l'assurance qui termine la dépêche
sera bien reçue des familles et des amis des membres de l'expédition.
San Francisco. — Dumas, Sécrétai j tlie InslitiUe Paris.
« Venus seen before ingress only, no contacts, ail well.
» Bouquet de la Grye. »
PALliONTOLOGlE. — Sur le dépôt quaternaire, supérieur à la brèche osseuse
de Nice proprement dite, ou brèche supérieure de Cuvier. Note de
M. E. Rivière, présentée par M. Milne Edwards. (Extrait.)
« La colline du Mont-du-Château, de Nice, présente an bord de la Mé-
diterranée la même situation que les Roches rouges ou Baoussé-Roussé de
Menton, la même situation aussi que le Baus-Rous ou cap Roux de Beau-
lieu, et, comme ceux-ci, elle forme une avancée dans la mer. Avant les
travaux qui la détruisirent en partie, elle était également sillonnée de
fentes plus ou moins larges, de cavernes naturelles de 3 à 4 mètres d'ou-
verture. Les dépôts d'ossements que l'on y avait autrefois rencontrés avaient
été considéi'és par Cuvier comme appartenant à deux brèches osseuses dis-
tinctes : l'une inférieure, ou brèche osseuse proprement dile; l'autre supé-
rieure plus récente, de laquelle nous nous occupons plus spécialement ici,
comme nous paraissant être le résultat du séjour de l'homme, à l'époque
quaternaire, dans 1rs grottes du Mont-du-Cliâ(eau.
» Le dépôt inférieur ou brèche osseuse véritable était rouge compacte,
(rès-dur, très-probablement analogue à la brèche osseuse que les travaux
du chemin de fer de Menton à Cents ont mise à nu, dans la partie du
plateau qui s'étend au-devant de la troisième caverne des Baoussé-Roussé.
Dans ce dépôt, étaient cimentés les ossements de certiiins animaux, ainsi
que dis coquilles exclusivement terrestres.
» Le dépôt supérieur, moins dur, plus friable, d'un brun gris ou noirâtre,
contenait des ossements ])arfois « aussi noirs que s'ils eussent été brûlés »,
et des coquilles méditerranéeimes dont nous parlerons plus loin. J^es os
sont libres ou seulement agglutinés, soit de matières terreuses brunes, soi)
( 439)
de cendres et de charI)on, et recouveris « d'une couche stalaginitique lé-
» gère ». La pliip.ut sont brisés, d'autres sont fendus longiludiualement.
» C'est dans ce dépôt supérieur noirâtre que fut trouvée la portion de
luâclioire humaine dont i)arlc Cuvier, et qu'il décrit ainsi : « Un fragment
>) de la mâchoire supérieure où l'on voit une partie du bord alvéolaire,
» avec les restes de trois màchelières et l'alvéole d'une quatrième, qui esl la
M dernière; en arrière, il reste quelque chose des ailes ptérygoïdes. Les
» dents étaient fort usées et en partie cassées ou cariées, avant d'être in-
M crustées du même vernis stalactitique que les autres ossements d'ani-
» maux ». Malheureusement il ne m'a pas été possible, malgré toutes les
recherches auxquelles je me suis livré, de retrouver cette pièce importante
pour l'anthropologie, qui appartenait autrefois aux collections de M. Mes-
nard-Lagroye.
» Les ossements d'animaux, qui proviennent du même gisement que
cette mâchoire humaine, sont do deux sortes :
» i" Ceux qui ont été étudiés par Cuvier, appartenant à deux espèces de
Cerf, qui ne sont pas, dit-il, des espèces d'Europe, et à un Bœuf de grande
taille, probablement le Bos primigcnius;
» 2° Les ossements faisant partie des collections du Musée d'Histoire na-
turelle de Nice, qui appartiennent aux genres suivants : llimmpolame, re-
présenté par un fragment de défense; lîlùnoceros ticlwrrliinus, par quatre
dents molaires; Eleplins; Sus, un maxillaire inférieur brisé et de nombreuses
dents molaires; Clieval, de nombreuses dents aussi; puis des dents et des
ossements brisés de Bœuf et de Cerf; une molaire d'Antilope; quelques
ossements de petits Roiujeurs; enfin un assez grand nombre d'autres os, qui
n'ont pas été déterminés jusqu'à présent. Toutes ces pièces happent forte-
ment à la langue; elles sont ejnpâtées dans une brèche de cendres et de
charbon, cimentée par du carbonate de chaux, par suite plus ou moins
dure (i), cendres et charbon qui viennent à l'appui de celte thèse que
certaines grottes de Nice auraient autrefois servi d'habitation aux peuplades
quaternaires.
» Quant aux coquilles marines, toutes méditerranéennes, recueillies dans
le même gisement de Nice, elles appartiennent aux genres Triton, Trochus,
(i) Dans les grottes de Menton, le sol est meuble, surtout dans Ir. partie centrale, tandis
qu'il forme une véritable brèche, mais de même couleur, le long des parois et dans la partie
la i>lus reculée, là où un suintement continu d'eaux chargées de principes calcaires cimente,
plus ou moins, ossements, co(iuillcs, cendres et silex <|u'ellcs rencontrent.
( 44o )
Haliotis, l'atella, Pcctcn et 3J)-/j7ws^ dont quelques-unes ont très-bien pu servir
à la nourriture de l'homme. M. Mesnard-I.agroye possédait également des
patelles provenant du même dépôt supérieur, et M. Faujas cite aussi un
fragment de ]Monle présentant le même aspect extérieur que la mâchoire
humaine. Enfin M. Ph. Génv a trouvé, dans cette même brèche de cendres
et de charbon, plusieurs silex taillés, et entre autres, dit-il, « un fragment
» de silex ouvre, comparable aux silex taillés des grottes de Menton ».
» D'après l'ensemble de ces faits, on doit, selon moi, considérer le dépôt
inférieur rouge des grottes du Mont-du-Chàteau, de Nice, comme la brèche
osseuse proprement dite, et le dépôt supériotu" comme formé par des accu-
mulations de détritus, dues à des peuplales quaternaires, analogues à celles
que j'ai trouvées à Menton et à Beaulieu de 1870 à 1874-
)) Les animaux dont les ossements sont originaires du même gisement
doivent être regardés comme contemporains de l'homme dont la mâchoire
a été décrite par Cuvier. »
BOTANIQUE. — Sur un fait de dimorpliisme dans la famille des Gi-aminées.
Note de M. Eue. Fournier, présentée par M. Cosson.
« Les genres Panicum et Paspalum de Linné diffèrent iniiquement en ce
que la gl unie inférieure des Panicum avorte chez les Pn^/ja/tn», et que l'épillet
possède par conséquent une pièce de moins. Ce caractère est très-net et semble
ne permettre aucune hésitation. Il existe pourtant certaines espèces bal-
lottées de l'un à l'autre de ces genres, selon les auteurs qui les ont étu-
diées; certaines de ces Graminées étaient même d'abord attribuées par
moi, dans des observations différentes, tantôt aux Paspalum, tantôt aux Pa-
nicum. Cela tient à un fait de dimorphisme non encore observé. Les épillels
de ces plantes sont très-fréquemment géminés, et alors leurs pédoncules
sont inégaux. Chez certaines des espèces qui font le sujet de cette Note,
l'épillet inférieur conserve seul les caractères des Panicum, et l'épillet supé-
rieur, subissant l'avortement complet de la glume inférieure, offre ceux
des Paspalum. Dans d'autres cas, l'épillet supérieur offre une glume infé-
rieure très-rudimentaire, tandis que cet organe est très-développé sur
l'épillet inférieur. Ce dimorphisme se relie probablement à des phéno-
mèues de fécondation croisée; n'ayant eu à ma disposition, pour l'étudier,
que des échantillons d'herbier, je n'ai pu faire de recherches physiologiques
à cet égard.
» Il est certain que ces faits raj)prochent étroitement l'un de l'autre les
( /|4. )
gpnrrs Pniiirurn et PctapaUnn, qiip ProsI allnil jusqu'à |i!acor dans dos trihiis
Hiffi'ioDti'set respectiveineiit éloignées dans la famille des Graminées, et l'on
pourrait penser qu'ils fendent à imposer an classificateiir la réunion de ces
deux genres, déjà très-nombreux chacun en types spécifiques. I.e genre
Panicum, qui en comprend 85o dans le Sjnopsis glumacearum de Sfeudel
(i855), a été trouvé trop compréhensif, et se trouve partagé, dans presque
tous les travaux publiés sur les Graminées depuis (et même avant) cette
époque, en plusieurs genres dont aucun n'a la valeur taxonomique que
consacre ce phénomène de dimorphisme. Il me paraît donc plus en con-
formité avec l'état de la science de considérer le groupe qui le jjrésente
comme un groupe générique nouveau pour lequel je propose le nom de
Dhnoi-phostnch^'s.
» Le nouveau genre Dimarphoslachys comprend jusqu'à présent onze
espèces, toutes de l'Amérique tropicale. Dans ce groupe rentrent des espèces
déjà connues, mais non toujours suffisamment analysées, le Panicum mono-
stachyum TIBK.jdont un éminent agrostographe, Trinius, avait déjà dit :
Gliiina iiiferior niiiic brevissimn, miiic floscnlis siduhiplo brcvior; le Paspnliim
piloiwii^h'MJi.., \e Paspalum Oajacensc, Sieud. et le P. /Jef/M/icu/a/t/m^ Poir.
Les autres espèces sont nouvelles pour la science.
» Il est à remarquer que le genre Dimorplioslachys, qui forme un trait
d'union entre les Panicum et les Paspalum, établit aussi un lien naturel entre
la tribu des Panicées et celle des Andropogonées, dans laquelle l'épillet
longuement pédicellé est ordinairement frappé d'avorlement complet et
congénital. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur la découveiic de Batraciens proprement dits dans le
terrain piimaire. Note de M. A. Gaitdrv, présentée par ^I. P. Gervais.
« Jusqu'à présent les Batraciens des types actuels semblaient d'une date
géologique assez récente; la plupart des paléontologues pensaient que ces
animaux n'avaient pas encore été trouvés dans des terrains plus anciens que
le terrain tertiaire. Il y avait lieu de s'étonner que des Vertébrés d'une or-
ganisation aussi peu élevée fussent arrivés si tard sur la terre; ce fait était
en opposition avec la plupart de ceux (jue la Paléontologie a enregistrés.
» J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie des échantillons
de Batraciens qui viennent d'être découverts dans le terrain primaire. L'un
d'eux m'a été communiqué, il y a plusieurs mois, par M. Loustau, ingé-
nieur au chemin de fer du Nord ; il avait été recueilli par M. Roche dans
G. R., 1875, 1" Semestre. (T. LXXX, N» 7.) 58
( 442 )
les schistes bitumineux de l'étage permien, à Igornay (Saône-et-Lôire). Il
y a quelques jours, ÏM. François Deliile m'a apporté une plaque sur laquelle
on voit sept petits Batraciens qui ressemblent beaucoup à celui d'Igornay;
il l'a obtenue à Millery (Saône-et-Loire); comme la pièce d'Igornay, cette
plaque a été extraite des schistes bitumineux de l'étage permien.
» Je propose d'inscrire les Batraciens d'Igornay et de Millery sous le nom
dut Salamandrelln pelrolei, pour indiquer qu'ils ont des affinités avec les Sala-
mandres et rappeler qu'ils ont été enfouis dans des couches d'où l'on tire
du pétrole. Ils sont fort petits; l'individu que m'a communiqué M. Loustau
a 3o millimètres de longueur, depuis le bord extérieur du uuiseau jus-
qu'à l'extrémité de la queue, et le plus grand des individus trouvés
par M. Deliile n'a que 35 millimètres. Malgré leur ténuité, il est pro-
bable qu'ils étaient adultes; caries têtes, les queues, les membres des di-
vers sujets ont sensiblement les mêmes proportions. Les têtes sont plus
larges que longues; elles sont triangulaires et très-aplaties; comme aucune
d'elles n'est posée sur le côté, je pense que cet aplatissement était naturel
et ne résulte pas seulement de la compression des couches. Les orbites sont
très-grandes et allongées; on ne voit pas de place pour les post-orbitaires
et les sur-squameux, si développés chez les Ganocéj^hales. La vertèbre occi-
pitale paraît avoir été bien formée : il en résulte que le milieu du crâne est
bombé eu arrière, au lieu d'être concave comme chez les Ganocéphales. Les
vertèbres ont leur ceutrum ossifié; j'en compte 29 : 3 cervicales, 10 dorsales,
8 lombaires et 8 caudales ; ces dernières sont très-réduites. Les vertèbres cer-
vicales et dorsales ont des côtes arquées, bien plus courtes que chez les Ga-
nocéphales. Je n'ai pas aperçu d'indices de l'entosternum et des épisternum,
si remarquableschez les Ganocéphales et les Labyrinthodontes. Les membres
de devant et de derrière ont à peu près la même taille; les uns et les autres
portent quatre doigts. Je ne vois pas de traces d'écaillés qui doivent être
attribuées à la Salamandrella, et même je ne distingue autour des squelettes
aucun dépôt, aucune coloration indiquant une peau endurcie qui aurait
persisté plus longtemps que les autres organes mous.
» On ne |)eut manquer d'être frappé de la ressemblance des petits Ba-
traciens d'Igornay et de Millery avec les Salamandres terrestres. Cependant
leur tête est un peu plus large; les os de leurs membres paraissent avoir eu
leurs extrémités moins bien définies; les membres de derrière sont dirigés
on arrière, comme chez les animaux nageurs. Les vertèbres dorsales et lom-
baires sont plus courtes et plus nombreuses; les vertèbres lombaires ne
portent point de côtes; la queue ne représente que le cinquième de la Ion-
{ /i43 )
gueur totale du corps, aii lieu que dans les Salamandres elle en égale
presque la njoilié.
» La Salamandretla est bien distincte des Reptiles du terraiii houillcr cpii
ont été décrits sous les noms de LabyriiilhodonU-s , Gcmoccplidlts, Microsnu-
riens, tels que Dtndrer peton, Hylcrpelon, JJylonoinits, Parabalvaclats, An-
thracherpelon, UrocordyUis, Ceralerpeton, Sauropleura, Molgopliis, etc., etc.;
mais elle est moins éloignée du Rnniceps [Pelion) Lyelli de l'Oliio.
» Maintenant que l'existence de Batraciens proprement dits dans le terrain
primaire semble prouvée, ou ne fera pas sans doute de dlKiculté pour ranger
li; Haniceps parmi ces animaux, comme IM. Wyman l'avait proposé en i858.
Il est probable que le Raniceps a eu la peau nue et qu'il n'a en ni ento-
sternum, ni épisternum, ni post-orbitaire, ni sur-squameux. Néanmoins il
ne peut appartenir au même genre que les fossiles de MM. Loustau et
Dclille ; ses vertèbres sont bien plus allongées; ses frontaux sont moins
élargis, le sur-occipital est reporté moins en arrière et ses mandibules se
prolongent davantage; les pièces scapulaires semblent avoir été plus déve-
loppées; enfin l'animal de l'Ohio est trois fois plus grand.
» En i844î Hermann de Meyer a décrit, sous le nom à' Apateon pedestris,
une empreinte de Reptile, trouvée dans le terrain bouiller de Mùnster-Appel.
Malgré l'opinion de cet babile paléontologue, je pense qu'elle a appartenu
à un animal du groupe des Salamandres; et, s'il était permis de porter un
jugement sur luie empreinte aussi vague que celle de l'Apateon, je serais
disposé à croire ce fossile identique avec la Salamandretla pelrolei. Ainsi l'on
connaîtrait de vrais Batraciens dans le terrain primaire de la France, des
Etats-Unis et de l'Allemagne.
» L'étage des scbistes bitumineux qui renferme la Salamandrella petrolei
contient aussi des restes de plantes, de nombreux Coprolithes et des Poissons
[Palœoniscus]; M, Loustau m'a communiqué un petit Cruslacé qui en pro-
vient, une série de vertèbres bien ossifiées d'un Reptile encore inconnu et
un morceau d'bumérus ou de fémiu" dont la taille s'accorde avec celle de
Y Aclinodon Froasurdi; en 186G, j'ai présenté à l'Académie ce curieux Rep-
tile ganocépliale, qui avait été recueilli également dans le scbisle bitumineux,
à Muse, localité peu éloignée d'Igoruay et de Millery.
!i Pour co'.upléter !a liste des Reptiles primaires trouvés en France, je
dois rappeler que RL Paul Gervais a décrit, sous le nom <ï Aphelosauius, un
Reptile dos schistes permiens de Lodève; ce savant anatomibte a montré
cpi'il est bien distinct des Batraciens. «
58..
( 444 )
« M. P. Gekvais fait connaître à l'Académie qu'il a reçu de M. Thomas^
vétérinaire de l'armée, des détails au sujet d'une espèce de grand Bœuf,
paraissant être le Biibalus anliquus de Diiveruoy, dont on vient de décou-
vrir des ossements fossiles à Djella (Algérie), et il montre des figures de ce
grand bœuf, accompagnées de photographies exécutées par les soins de
M. le capilaiiic de Saint-Germain. Le Bubalus anliquus n'était connu que par
une portion de crâne découverte auprès de Sélif, localité également située
en Algérie. »
» M. P. Gervais met ensuite sous les yeux de l'Académie des figures,
qui lui ont été adressées par M. le D*^ Bleiclier, de pierres taillées dans la
forme des haches préhistoriques dites d'Abbevillc et de Saint- Aciieul. Ces
objets proviennent des grottes d'Ousidiui, près Tlemccn (Algérie). »
« M. ftlÉKAY adresse à l'Académie une rectification à la Note qu'il lui a
communiquée dans la séance du 8 février dernier. 11 a reconnu que sa dé-
monstration du théorème fondamental énoncé au ï\° 6 de cette Note
n'épuise pas, comme il l'avait supposé d'abord, tous les cas imaginables
Il croit donc devoir attendre qu'il ait complété ses recherches, avant
d'adresser à l'Académie le Mémoire détaillé dont il a annoncé l'envoi. »
M. CiiAPELAs adresse une Note relative à un prétendu bolide qui aurait
été aperçu dans la soirée du lo février.
L'auteur a constaté en effet, à G heures du soir, luie sorte de trait de feu,
perpendiculaire au plan de l'horizon, et mesurant environ lo degrés en
longueur: il est resté visible j)endant vingt minutes environ. Mais, quelques
minutes plus tard, le vent ayant dissipé les vapeurs accumulées de ce côté
du ciel, on put s'assiu'er que le phénomène lumineux était produit j)ar le
bord d'un nuage, qui était brillamment éclairé par les rayons du Soleil des-
cendu au-dessous de l'horizon.
M. E. Delaiiaye adresse une Note relative à l'électricité atmosphérique
et à la présence de l'hydrogène dans l'atmosphère.
La séance est levée à 5 heures. J. B,
( 445)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVRACFS REÇUS DANS LA SKANCK OU l"'^ FjWrIKR i8'j5.
Des forces pliysico-chimiques et de leur intcivention da)is la proiluciion des
phénomènes naturels; par M. IjEGQUEHEL, de l'Académie des Sciences. Paris,
typ. Firmin Didot, iByS; i vol. in-8°, avec atlas.
Du traitement des fistules vésico-vac/inales ; par M. le D'' Herrgott. Paris,
G. Massoi), 1874; in-4''- [(Extrait des Mémoires delà Société de Chirurgie.)
Présenté par M. Sédillol, pour le Concours Moiityon, Médecine et Chi-
rurgie, 1875.]
Jownal des Actuaires français; t. III, Paris, Gauthier-Villars, 1874;
I vol. in-H", relié.
Note sur un cas d'oblitération de la veine cave injérieurc; par A. Robin.
Paris, G. Masson, 1875; br. in-S**. (Présenté par M. Gosselin.)
Note sur un cas de métopagie compliqué de proencéphalie observé chez le
canard domestique; par M. H. Gervais. (Présenté par M. P. Gervais.)
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents; novembre 1874.
Paris, Dunod, 1874? '"-8°.
Séance publique annuelle de la Société centrale d'Agriculture tenue le di-
manche i3 décembre 1874. Paris, veuve Bouchard-Huzard, 1H74; in-8°.
Mémoires et compte rendu des liavaux de la Société des Ingénieurs civils;
juillet, août et septembre 1874. Paris, E. Lacroix, 1874; in-8".
Notice sur Eugène Flacliat; par Léon Malo. Paris, Société des Ingénieurs
civils, sans date; br. in-8°.
Les climats du midi de la France; par le D'' DK Pietha-Santa. Paris, Ha-
chette et C", 1874; in-12. (Présenté par M. de Lesseps.)
Nivellement de précision de la Suisse, exécuté par la Commission géode-
sique fédérale sous la direction de A. HiRSCii et E. Plantamour; 5' liv. Ge-
nève, Bâle et Lyon, A. Georg, 1874; in-4°.
Recherches statistiques sur ta mortalité à Plancher- les- Mines à un siècle d'in-
tervalle; par le D^ V. PoULET. Paris, A. Dclahaye, 1874; br. in-B". (Renvoi
au Concours de Slali.stiipio, 1875.)
( 446 )
Nuovi studii suite conenti délie macchine elettriclie delprof, Fr. ROSSETTI,
Venezia, tip. Grimakio, 1874; !>•• i"-8°.
Inlorno alpoligoni inscrilti e circoscritti aile coniche. Nota del prof. D. CllE-
LIM. Bologiia, tip. Gamberini e Parmeggiani, 1870; in-Zj".
Congresso nicteorolnyico de Fienna de Austria cm iSj'i. lielatorio do con-
sl/Acùo J.-H. Fradesso da Silveira. Lisboa, Imprenta uacional, 1874;
in-18.
Ueber den Befruchtungsvorgang bel den Basidiomycelen . Programm zuin
Eintrill in die pliilosopliische Faculidt und den Sénat der K, Friedrich- Alexan-
dcrs Universilât zu Erlangen; von D' Max. Reess. Erlangen, Th. Jacob,
i875;br. in-8°.
Séparât- A bdruck ans den Annalen der Physik und Cheinie , herausge-
geben zu Berlin; von J.-C. POGGENDORFF. Inhalt, Leipzig, J.-A. Bartli,
1874; br. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 8 févrihr i8^5.
Astronomie grecque et romaine; /><:(? Th. -H. Martin, Membre de l'Institut.
Corbeil, typ. Crété fils, sans date; br. in-4°. (Extrait du Dictionnaire des
antiquités grecques et romaines.)
Sur la méthode des moindres carrés. Note par M.Faye, Membre de l'Insti-
tut. Paris, sans date; Sa pages autographiées.
Les croiseurs, la guerre de course; par M. DiSLEBE. Paris, Gauthier-
Villars, 1875; in-8°. (Présenté par M. Dupuy de Lôine.)
L'OEuvre agricole de M. de Béhague, compte rendu d'une visite Jaite par
une délégation de la Société centrale d'Agriculture de France, sur le domaine de
Dampierre, appartenant à M. de Béhague, membre de la Société; par J.-A.
Barral, précédé d'un discours et d'un tableau par M. Chevreul. Paris,
G. Masson, 1875; in-i8. (Présenté par M. Chevreul.)
Baréges et les blessures de guerre; par le D' ÀRMllcux. Toulouse, imp. jDou-
ladoure, 1B74; br. in-S". (Présenté par M. le Baron Larrey.)
Revue d'Artillerie; .Y année, t. V, 4* livraison, janvier 1876. Paris
et Nancy, Berger-Levrault, 1875; in-8°. (Présenté par M. le général
Morin.)
Histoire et documents inédits sur les eaux de Saint- Pai doux. Moulins, iinp.
Desrosiers, i874;in-i8.
( 447 )
Pnléontolocjie française ou Desaiption desjossiles de la France, contitiure par
une rétiinonde paléonloloijhtes ; 3" série : FécjéUntx, terrain jurassique; liv. i8 :
Cycadées; par M. le Comte de Saporta. Texte, Ceuilles 19-20, t. II; pi. 5o
à 5/|, t. II. Paris, G. Masson, 1875; in-8°.
La pupille considérée comme esthésiomètre; par \e prof. M. SCHIFF, traduc-
tion de l'italien parle D''Guichahd deChoisity. Paris, J.-B. lîaillière, 1875-,
br. in -8°.
De i adénopathie Iracliéo-bronrliique en général el en prniiculier dans la scro-
fule et la plithisicpulinonnire, précédée de l'élude topoijraphiqnc des ganglions
tracliéo-hronchiques; par A. BknÈTY.Varh, A. Delahaye, 1H74; i vol. in-8°.
(Adressé par l'auteur au Concours Montyon , Médecine et Chirurgie,
1875.)
Le Congrès séricicole international de Montpellier el les doctrines de ses prin-
cipaux membres; par E. DE Masquard. Paris, librairie agricole; Lyon, Mo-
niteur des soies, 1875 ; br. in-8°.
Découverte du principal el véritable mobile de la matière, basé sur ta force
centrifuge des corps en général contradictoirement au système d'attraction; par
A. Deryaux. Paris, Renouard, 1874; in-8°.
Mémoire sur l'affection typhique du cheval ou le typhus d'écurie [fièvre
typhoïde des auteurs); par J.-P. MÉGNIN. Paris, Renou et Maulde, 1874;
br. in-8°.
Mémoire anntomique et zoologique sur un nouvel Acarien de la famille des
Sarcoptides, le Tyroglyphus rostro-serratus el sur son Ilypopus; par M. MÉ-
GNIN, Paris, imp. Martinet, 1873; in-8°. (Extrait du Journal de l'Analomie
et de la Physiologie de M. Ch. Robin.)
Mémoiresur les Hypopes; parM. MÉGNIN. Paris, Gernier-Raillière, 1874;
br. in-8°. (Extrait du Journal de i Anatomie et de la Physiologie de M. Ch.
Robin.)
Les Merveilles de l'Industrie; par L. Figuier. iS*" série. Paris, Furne,
JouvetetC'% 1875; gr. m-S°, illustré.
L'armée scientifique et industrielle; par M. L. FIGUIER ; 18" annéo, 1874.
Paris, Hachette et C'*, 1875; in-12.
L'wnverso. Lezioni popolari date nelle principali città d'Jlalia da quirico fdo-
panli. Bologna, G. Monti, 1872-1874; 3 vol. in-12.
Brève Catechismo di morale e di religione nalurale e divinn <id nso délie scuole
etementari, di G. GaLEO. Torino, lip. del giornale il Conte di Cavour, 1875;
iiM8.
( 448 )
Veber den Einjliis des Freilienn Jusliis von Licbig auf die Entwickhmg der
reinen CItemie. Eiiie Denksclirift von D' E. ERLENMEYF.n. Miiiiclien, Veilag
der K. K. Akademie, 1874; iii-4".
Àbliandluncjcn der malhemaliscJi-phjsikalisclien , Classe der Konicjlisrh-
Ba/erischen Akademie der Wissenschajten ; eilften Bandes. Munchen; 1874;
in-4°.
Ouvrages hkçus dans la séance nu |5 fevrif.u i8^5.
Connaissance des lemps ou des mouvements célestes, à l'usage des astronomes
et des navigateurs pour l'an 1876, publié par le Bureau des Longitudes. Paris,
Gauthier-Villars, décembre 1874; i vol. in-8", relié.
Annuaire pour l'an 1875, publié par le Bureau des Longitudes. Paris,
Gaulhier-Villars, 1876; 1 vol. in-i8.
Traité pratique de la détermination des drogues simples d'origine végétale; par
G. Planchon; t. II, fascicule 2. Paris, F. Savy, 1875-, iii-8°. (Présenté par
M. Decaisne.)
Guérit-on la phthisie? Par quels moyens? par le D' R. Le Roy. Paris,
G. Masson, 1875; i vol. in-8°. (Présenté par M. le Baron Larrey au Con-
conrs Montyon, Médecine et Chirurgie, 1875.)
De l'influence des milieux sur la constitution des rares humaines et particu-
lièrement sur les mœurs; par M. J.-A.-N. Perier. Paris, typ. A. Hennuyer,
1874; iii-8'.
Musci Galliœ. Herbier des mousses de France ; fa.&c'\cu\e 11 (n°^ 5oi-55o);
par M. T. HuSNOT. Cahan, par Atliis (Orne), chez l'auteur, 1875; in-4".
Nouveaux Mémoires de la Société impériale des Naturalistes de Moscou;
t. XIII, formant le XIV'' de la collection, liv. 4- Moscou, imp. de l'Uni-
versité impériale, 1874; in-4*'.
Bulletin de la Société impériale des Naluralisles de Moscou; année 1873,
n" 4; année 1874, n"' 1, 2. Moscou, Al. Lang, 1874; 3 vol. in-8''.
Àcta Universitatis Lundensis. Luruls Universitatis Ars-Skrifl. Philosophi,
sprakvetenskap oclt Ilislnria 1869, 1871, 1879,; Mathcnmti/i ocli naturve-
tensktq) 18G9 à 1872; Thcologi 1870-1H71. I.unds, i8(j() à 1873; 9 liv.
in-4".
( A suivre. )
COMPTES IIENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 22 FÉVRIER IS7».
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADKMII .
ASTRONOMIE. — Observations méridiennes des petites planètes, faites à iOb-
seivatoire de Greenwieh {transmises par L\htronome royal, M. G.-B. Airy)
et à l'Observatoire de Paris, pendant le quatrième trimestre de l'année 1874,
comiminiqiiées par M. Le Veuiuer.
Coiioi'tioii CoricclioM I.iou
Dates. Temps moyen Ascension clo Distance ilo de
1874. lie Paris. droite. l'épliomériilo. polaire. l'éplicmcride. l'obser\ation.
(S) Hespkria.
hmshms s " i i, 0
Octobre, i 10.47.3-) 9.3.37.21,41 +0,18 90.41.45,5 + ■>.,i Pans.
G 10. 33.31 23.35.28,08 —0,07 .)i . .>.i3,>. — 1 ,3 Paris.
7 10.29.19 23.34.j(,C9 -+- o,iiS 91. 8.j8,<) -t- 1,3 Paris.
(tg) Fueia.
Octobre. 3 lu. 4.25 22.54.7,99 y5. 0.38,9 Paris-
(9?) Ègine.
Oetobro. 3 10.ri.J7 23.3.41,26 97.4.53,7 Paris.
(:.R.,i8-i, i"^ Semestre. (1. L\X\, Kofi.) -*9
{ 45o )
Correction
Correction
Lieu
Dates.
Temps moyen
Asoensioii
do
Distnneo
de
de
187-i.
(le l'unis.
droile.
l'épliémiTide.
1 LAciiÉsrs (").
]>(ilairo. 1
l'épliéméridc.
l'oliscrvalion ,
Il 111 s
Il m 8
.s
Il , ,^
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Octobre .
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lo.ag.iS
23.19.31,63
+20 , 1 2
91 .5o. i3,6
— 169,3
Taris.
-7
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ii>. 1 1 .'il
23. 17. I ,02
92. 0.37,9
P.iris.
8
m. -. o
23.16.25,62
92. 3. 7,2
Paris.
(U) PAnTHÉNOPE.
Octobre .
(■>
12.35. a'}
i-37-i9,77
+ 4,60
88.10.25,0
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Greenwich.
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2.58. o,3o
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- M, 3
Greenwich,
'9
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2.54. 2,5l
+ 8,10
95.28.33,5
- i5,i
Greenwich,
(■"y Comparaison avec le n" 2002 «les Àstmnomische Nachrichten.
( 45. )
Correction Currcction Ueii
Dûtes. Temps iiioyoïi Ascension de Distancr de du
1874. de l'aiis. droite. répliéméride. polaiiu. 1 e|>liciuéride. robbervatiuii,
(?) P.VLL^S.
Il lu !» Il m it 5 0 / „ ,f
Nov II ii.3ij.i4 2. J3. 37,41 — 1,4; iiC.JJ.2i,.s — 3, G Grcenwicli.
(T) Vesta
Nov 20 12.41.33 4.31.35,55 +0,40 75.24.48,4 — 2,3 Greenwicli.
Dec 9 II. 0.38 4.11.19,93 +0,34 75.29.17,1 — 1,9 Greenwicli.
17 10.27.38 4- 3.45,34 +0,33 75.23.43,8 — 1,8 Greeiiwich.
19 10.18. i 4- '■>■• 3,55 + o,3i 75.21.28,8 — 3,1 Giecnwich.
0 ASTIIÉE C).
Dec 14 11.17.17 4.41.42,73 —10,64 76.16.49,0 4- a4,5 Grecnwich.
19 10.52.57 4-37. i,5i —10,62 76.14.35,8 — 10,7 GrueiiwicL.
@ Elpis.
Dec i4 12.22.17 5.46.53,70 +0,92 80.27.10,2 — 1,3 Greeiiwich.
29 11. 0.17 j.33. 9,60 4- 0,78 80.14.53,1 4- 1,6 Paris.
(mj Teupsicuore (').
Duc 3 u.i3.5o 4. 4.i3,99 +3,91 56.21.45,2 +91,9 Paris.
9 10.53.44 3.58.23,62 + 2,56 56.32.58,8 — 7,3 Greenwicli.
(^ POLVM.ME.
Dec 29 12.43.52 7.17. 1,68 — 3,86 64.52.42,7 — 7,1 Paris.
(4C; Hestia (').
Dec 29 12.18. 9 6.5i.i3,7o +0,90 70.44- 8,5 + i,\ Paris.
30 12.1 3. 10 6. 5o. 10,78 +1,70 70.43.29,6 + 19,5 Paris.
(49) Palès.
Dec 29 11.37.34 6.10.32,38 42,53 65.10.46,2 4 11,0 Paris.
3o 11.32.42 6. 9.36,38 + 2,9! 65. 11. 53, 7 + 12,0 Paris.
» TolUcs les comparaisons, à l'exception de celles concernant Lachésis,
se rapportent aux t'phéniéridcs du Bcrlincr Jahrlntcli.
» Les observations ont été laites, à Paris, par M. Périgaud et par M. Fo-
lain. »
(°) Une correction de ±34", 53 (valeiir il'iui tour ilu luicroniètrc) doit cUe appliquée
à l'une ou l'autre observation de dislance polaire.
(') On n'a pu décider si l'une ou l'aulrc de ces deux observations se rapporte à la planète.
59,.
( 45a )
cillMil': niYSlOLOGlQUlc, — Nouvelles ohsen'atioiis sur la nature
de la Jermentnlion alcooU<iue; piir M. L. Pasteur.
(( J'ai |)ro[)os(', il y a une quinzaine d'années environ, une explicalinn
physiologique nouvelle de la fermentation, fort différente des théories par les-
quelles ou avait essayé antérieurement de rendre compte de ce mystérieux
phénomène. Toutes mes études subséquentes n'ont fait que me confirmer
dans ma manière do voir. L'expression la plus prochaine des faits que j'ai
observés peut s'énoncer en ces quelques mots : la fermentation est la
conséquence de la vie sans air, de la vie sans gaz oxygène libre. Plus gé-
néralement tout être, tout organe, toute cellule qui a la faculté d'accom-
plir lui travail chimique, sans mettre en œuvre du gaz oxygène libre, pro-
voque aussitôt des phénomènes de fermentation. En d'autres termes, la
fermentation ne serait autre chose que la conséquence d'un mode de vie,
d'un mode de nutrition ou d'assimilation qui différerait du mode de vie et
de nutrition de tous les êtres ordinaires, par cette circonstance que les
combustions produites par le gaz oxygène libre, et d'où dérivent les ma-
nifestations de la vie, sont remplacées par la chaleur de décomposition de
substances où l'oxygène est engagé à l'état de combinaison. Ces sub-
stances sont les substances âites Jermentescibles.
» Cette théorie de la fermentation me fut suggérée par les résultats de
mes recherches sur la fermentation butyrique, et principalement par la
circonstance que le ferment butyrique est un vibrion qui a la faculté de se
multiplier indéfiniment à l'abri de l'air.
)) Un jour, en répondant à des critiques de M. Licbig, j'offris de pré-
parer, en sa présence, un poids de vibrions aussi considérable qu'on pour-
rait le désirer, sans autre matière azotée que celle qiù serait tirée d'un sel
d'ammoniaque et de produits minéraux cristallisés, sans autre matière
carbonée que celle de la matière fermenicscible; enfin j'affirmais que
tout ce travail de vie, de prolifération de vibrions, ou de vie poursuivie de
vibrions déjà formés, s'acconij)lirait sans le concours de la moindre quan-
tité de gaz oxygène libre. M. Liebig refusa d'assister à cette saisissante ex-
périence et à d'autres du même ordre, devant une Commission choisie
dans le sein de l'Académie, quoicpie noire Président, qui était alors
M. Faye, eût déclaré que l'Académie était |)rête à faire fous les frais de
l'expérience dont je parle. Je suis convaincu que, si cette expérience avait
été faite, la discussion à laquelle je vais me livrer n'aurait pas été soulevée.
» I^a théorie nouvelle de la fermentation, dont je viens de rappeler
( 453)
l'expression sommaire, fut accueillie à l'étranger avec une grande faveur;
mais elle a subi, dans ces derniers teinjis, des objections expérimentales sé-
rieuses de la part d'un natiu-alisle foit liabile, le D' Oscar liroleid, qui dirige
à Wùrzboiug un grand laboratoire de Physiologie végétale. Les expériences
du D' Brefeld sont délicatement conduites et assez probantes, en appa-
rence, pour qu'elles aient modifié l'état de l'opinion de l'autre côté du
Rhin, au sujet de la théorie que j'avais proposée comme explication des
phénomènes de fermentations proprement dites. Voici comment s'exprime
le D' Sacchs, dans la quatrième édition de son Traité de l'hysiolocjie végé-
tale^ ouvrage traduit en français et annoté avec un talent remarquable par
M. Van Tieghem :
« Dans l'opinion île RI. Pasteur, opinion très-rrpandiic depuis ses reclierches, mais que
je n'avais jamais partagée, la levùie peut vivre dans des liquides qui ne renferment pas
d'oxygène libre en dissolution : elle se procure alors l'oxygène nécessaire à sa respiration en
détruisant des combinaisons chimiques, et c'est précisément ainsi qu'elle provoipie la décom-
i)osition du sucre en acide carbonique, alcool et plusieurs autres produits. Mais des recher-
ches récentes, entreprises à l'Institut botanique de Wiirzbourg, par M. Brefeld, prouvent
que cette manière de voir est entièrement dépourvue de fondement. Pour s'accroître, les
cellules de levure, comme toutes les cellules végétales, ont besoin d'oxygène libre, gazeux
ou dissous dans le liquide, »
» L'accroissement de la leviire, en l'absence du gaz oxygène libre, est
impossible. Telle est, en effet, la contradiction principale soulevée par
M. Brefeld : « Non, conclut cet observateur, il n'existe pas, sur les derniers
» degrés de l'échelle organique, une classe d'êtres qui, comme le pense
» M. Pasteur, soient capables de vivre d'oxygène à l'état de combinaison, de
» se nourrir, de se midtiplier dans des conditions d'existence absolinnent
» contraires à celles qui sont communes à tout le reste des êtres vivants. »
» Le travail de M. Brefeld a paru, au mois de juillet 1873, dans les Jn-
ualcs de la Société physique et médicale de ïfiirzbowg. En 1874, IM. Moritz
Traiibc, professeur à Breslau, entreprit des recherches analogues à celles
de M. Brefeld, et également dans le n)éme but, comme il le dit d'une ma-
nière expresse, celui de réfuter la théorie que j'ai proposée; mais, chemin
faisant, après avoir répété mes propres expériences sur le développement
de la levi'ire satis gaz oxygène libre, il les trouve exactes et réfute celles de
M. Brefeld. Toutefois, il tombe d'accord avec ce dernier poin- rejeter mon
opinion sur la cause de la fermentation, parce que, d'après ses expériences,
si la levure peut vivre, comme je l'ai affirmé, sans gaz oxygène libre, elle
ne donne lieu, dans celte circonstance, qu'à un commencement de fermen-
tation, et si faible même qu'au dire du D"^ Traube ce sont les corps albu-
( 454 ■)
milieux mélangés, et non le sucre, que la levure, à l'abri de l'air, emploie
à son développement : « On ne peut donc pas admettre, poursnit-il, que
» la décomposition du sucre, à l'abri de l'air, soit une conséquence de la
» vie sans gaz oxvirène libre. »
» En résumé, M. lîrefeki nie i'ormellement que la levure puisse vivre sans
air, et déclare mes expériences erronées. M. Traube assure, au contraire,
qu'elles sont exactes et me défend sur ce point; mais tous deux repous-
sent l'idée que la vie de la levure puisse avoir lieu au moyen du sucre, en
l'absence du gaz oxygène libre.
» M. Bref'eld a répondu à M. Traube, devant la Société chimique de
Berlin, en maintenant énergiquement l'exactitude de ses expériences et de
ses conclusions. De son côté, M, Traube, dans une nouvelle Communica-
tion, a de nouveau défendu ses recherches sans aucune réserve.
» Le moment est venu pour moi de ni'expliquer sur mes expériences et
sur celles des deux naturalistes allemands.
« Comme il s'agit d'une discussion très-sérieuse et sérieusement con-
duite, j'ai dû ne pas me borner à reproduire sans changements mes ob-
servations de 1861 et des années suivantes. Je me suis efforcé de les sim-
plifier pour les rendre plus décisives par leur clarté et leur précision. Aussi
vais-je pouvoir montrer, dans une seule et même expérience, que M. Brefeld
est dans l'erreur, et que l'expérience particulière sur laquelle M. Traube s'ap-
puie pour contredire mon opinion est également tout à fait inexacte. Enfin
le même dispositif expérimental me servira à donner le pourquoi des inter-
prétations erronées de mes contradicteurs.
» Je prends un ballon de verre de plusieurs litres de capacité, muni de
deux tubulures, l'une étirée à la lampe et recourbée, devant servir de tube
abducteur pour les gaz dégagés pendant la fermentation ; l'autre droite, à
laquelle est soudé un robinet de verre surmonté d'un petit entonnoir cy-
lindrique. Le ballon est rempli d'eau de levure sucrée qu'on fait bouillir
de façon à chasser tout l'air dissous, pendant que le tube abducteur plonge
dans la même solution bouillante et dont l'ébullition peut continuer pen-
dant le refroidissement du ballon et du liquide qu'il renferme. Le refroi-
dissement du ballon étant obtenu, on engage l'extrémité du tube abduc-
teur dans une petite cuve pleine de mercure, et l'ensemble est transporté
dans une éluve à la température de 20 ou aS degrés. Des expériences di-
rectes, faites avec le carmin d'indigo décoloré par le précieux réactif de
M. Scliiitzeiiberger, l'hydrosulfite de soude, ont établi que, dans ces cir-
constances, il ne reste pas trace de gaz oxygène dans le liquide sucré. Il
( /|55 )
s'agit alors de mettre en levain le liquide fermentescible sans exposer ce
dernier an contact de l'air. A cet ciïet, on provoque dans le petit enton-
noir la fermentation d'un pen de moût de bière ou d'eau de levure sucrée,
avec tous les soins nécessaires pour que cette fermentation soit pure, c'est-
à-dire pour que la levijre ne renferme pas du tout de germes de ferments
étrangers. Lorsque la fermentation des 3 ou 4 centimètres cubes du liquide
sucré est bien en train, on tourne la clef du robinet et on laisse écouler
quelques gouttes du moût en fermentation dans le liquide du ballon, puis
on referme aussitôt le robinet, qui reste surmonté d'une bonne partie du
liquide fermentant. Dans ces condition?, la levure qui n'a été ajoutée au
liquide fermentescible, absolument privé d'air, qu'en quantité infiniment
petite et impondérable, se développe, en conformité de mes expériences
antérieures et en contradiction de celles de M. Brefeld. Le poids qu'on en
obtient, la quantité de sucre décomposé ne dépendent que du volume du
liquide fermentescible. J'ai pu réaliser des expériences de cette nature, par
d'autres dispositions expérimentales, sin- plusieurs hectolitres de moût de
bière. Comme je l'ai annoncé déjà dans le Bulletin de la Société chimicjue,
séance du 24 mai i8Gr, la fermentation a plus de din-ée que les fermenta-
tions qui ont lieu au contact de l'air, mais elle s'achève complètement,
contrairement à l'assertion de M. Traube, qui prétend que la fermentation
à l'abri de l'air ne fait que commencer pour s'arrêter bientôt.
» Toutes les expériences qui me sont opposées par MM. Brefeld et
Traube sont donc entièrement inexactes.
» Mais comment se fait-il que ces deux physiologistes, qui ont montré
dans leurs recherches longues et pénibles un vrai talent expérimental, et
qui, je puis le dire, se sont acharnés à voir juste, se soient trompés à ce
point ? La même expérience que je viens de décrire va nous en fournir des
raisons plausibles. J'avais eu soin de faire remarquer, dans mes expériences
de 1861, que, pour mettre en levain les liquides fermentescibles privés
d'air, il fallait faire usage de levure jeune : en effet, que, dans notre petit
entonnoir qui surmonte le robinet du ballon, on laisse la fermentation
s'achever avant de mettre en levain la masse du liquide fermentescible du
ballon, et l'on verra que la levure semée aura une peine extrême à se mul-
tiplier dans le liquide privé d'air : voilà la circonstance qui a induit M. Bre-
feld en erreur-, il doit avoir toujours opéré sur une levure trop vieille pour
ce genre d'études.
» Et M. Traube, pourquoi n'a-t-il observé, à l'abri de l'air, que des
commencements de fermentation, et non des fermentations complètes?
( 456 )
C'est que, vraiscniblal)lement, il n'avait pas à sa disposition de la levure
pure, levure qui n'est connue que depuis mes recherches de ces dernières
années. Or on constate que, quand la levure, semée dans des milieux sucrés
privés d'air, n'est pas absoinment pure, au bout de très-peu de temps elle
se trouve associée à des ferments étrangers qui compliquent les phéno-
mènes, font vieillir la levure alcoolique et suspendent son développement.
» Je ne veux pas insister davantage, je ne veux pas m'arréter à montrer,
en conformité parfaite avec la théorie que j'ai proposée, que la plus grande
puissance du ferment (je ne dis pas sa plus grande rapidité d'action, ce qui
est tout autre chose) a lieu quand le ferment agit à l'abri de l'air; qu'au
contraire le minimum de sa puissance se manifeste quand il utilise, pour
sa vie, le plus possible de gaz oxygène libre. Ce point capital n'a pas été
abordé par mes contradicteurs; il n'est donc pas en cause, et je me borne
à répéter, en terminant, ce que je disais déjà en i86o :
« L'acte chimique de la fermentation est essentiellement un phénomène corréhitif d'un
acte vital, commençant et s'aiiétant avec ce dernier; il n'y a jamais fermentation alcoolique
proprement dite sans qu'il y ait simultanément organisation, développement, nuiitiplication
de globules, ou vie poursuivie, continuée de globules déjà formés. »
» J'ajoute aujourd'hui, comme en 1861 : la fermentation est la consé-
quence de la vie sans gaz oxygène libre. Otii, il existe deux sortes d'êtres :
les uns, que j'appelle aérobies, qui ont besoin d'air pour vivre; les autres,
que j'appelle anaérohies, qui peuvent s'en passer. Ceux-ci sont les ferments.
Quoique pouvant vivre sans air quand on leur en refuse absolument, ils
peuvent mettre en œuvre, pour les besoins de leur luitrition, des quantités
variables d'oxygène libre quand ils en ont à leur disposition, et ils sont
ferments plus ou moins puissants dans la proportion inverse des volumes
de gaz oxygène libre qu'ils peuvent assimiler. Quand leur vie s'accomplit
uniquement à l'ai'de du gaz oxygène libre, ils tombent dans la classe des
êtres aérobies, c'est-à-dire qti'ils ne sont plus ferments; inversement, et je
l'ai déjà annoncé en termes formels à l'Académie (séance du 7 octobre 1872),
quand les êtres aérobies, notannnent toutes les moisissures, sont placés dans
des conditions de vie où il y a insuffisance de gaz oxygène libre, ils de-
viennent ferments, et précisément dans la mesure du travail chimique qti'ils
accomplissent sans gaz oxygène libre.
» La théorie de la fermentation est fondée, j'en ai la pleine confiance.
Elle sera établie mathématiquement le jour oîi la science sera assez avancée
pour mettre en rapport la quantité de chaleur que la vie de la levi'ne, en
l'absence de l'air, enlève pendant la décomposition du sucre, avec la quan-
(457 )
tité de chaleur foiiniie par les combustions dues au gaz oxygène libre
lorsque la vie de la levure s'effectue dans des conditions où ce gaz est fourni
en plus ou moins grande abondance. »
CHIMIE. — Du riUliénium et de ses composés oxycjénés; par MM. H. Saixte-
Claire DiiviLLE et II. Debu.iy.
« Le ruthénium a été découvert, en i843, par M. Clans, professeur à
l'Université de Dorpat. Depuis cette époque, M. Clans, dont nous nous
honorons d'avoir été les amis, a consacré tout son temps et son talent d'ana-
lyste à produire les éléments d'une histoire con)plète du ruthénium. Cette
monographie, qui est un modèle d'exactitude et de précision, a laissé peu
de chose à faire aux savants qui se sont occupés de ce métal.
» Cependant JM.Fremy a découvert, parle grillage des osmiures d'iridium,
une des plus belles substances que nous connaissions : c'est l'oxyde de ru-
thénium, RnO", cristallisé connue l'oxyde d'élain en prismes quadratiques,
possédant toutes les qualités d'une véritable gemme. Ce qu'U y a de remar-
quable dans cette matière, c'est qu'elle a été obtenue par la volatilisation
d'un oxyde d'un métal fixe et très-réfraclaire. A ce point de vue, le ruthé-
nium peut être comparé très-exactement à l'antimoine.
» Depuis, notre illustre associé, M. Wohier, trouva la laurite, sulfure de
ruthénium en cristaux brillants, qui se rencontre dans tous les osmiures
d'iridium et dans les résidus de la fabrication du platine. Ce fait ex|)lique la
diversité très-grande de leur teneur en ruthéniun), le ruthénium se trou-
vant en grande partie, non pas combiné avec les autres métaux île la mine
de platine, mais très-irrégulièrement disséminé à l'état de sulfuri; dans la
niasse de ces résidus.
» Enfin M. Claus, qui ne possédait pas dans son laboratoire les moyens de
produire les hautes températures que le chalumeau à gaz oxygène et hy-
drogène permet d'utiliser pom- l'élude des matières réfractaires, nous a
laissé le soin de constater quelques propriétés chimiques et physiques du
ruthénium. On les trouvera décrites dans les Annales de Chimie et de Phy-
sique (3"= série, t. LVI etLXI; 1859-1861 ).
» Dans ces dernières années, ayant à notre disposition une certaine
quantité de ruthénium et de ses composés, nous en avons fait une élude
spéciale, dont nous demandons à l'Académie de lui soumettre les princi-
paux résultats.
C K, 167J, i--' 5(.mcii;<. (T. L\XX, N» 8.) • t'O
( 458 )
» Le rulhéiiiuin pur fond aussi difficilement que l'iridium, el, dans une
atmosphère oxydante, brûle avec des étincelles très-brillantes, une flamme
fuligineuse et une odeur d'ozone très-prononcée (i).
» Nous avons soumis l'oxyde de ruthénium à l'action de l'oxvgène dans
un lul)e de porcelaine, chauffé à une température un peu supérieure à la
tenij)érature de fusion du cuivre. Nous avons ainsi reproduit les cristaux de
M. Fremy en échantillons d'une grande beauté; mais ce qui nous a frap-
pés, c'est que la masse entière de l'oxyde s'est transformée en cristaux et
qu'une faible partie seulement de la matière a été transportée par sublima-
tion hors de la nacelle qu'elle remplissait.
» Cette expérience fait rentrer les phénomènes dans la catégorie des vola-
tilisations apparentes dont MM. Troost et Hautefenille, M. Ditte et nous-
mêmes nous avons donné déjà de nombreux exemples. Nous avons expli-
qué ces faits par la production éphémère d'une combinaison instable qui
se dissocie presque en même temps qu'elle se forme.
» L'acide hyperrulhénique (lluO'), l'analogue de l'acide osmique et qui
a été découvert par M. Claus, est une substance à peine connue et qui pré-
sente de très-singulières propriétés.
» L'acide hyperriithéniqne est jaune, très-régulièrement. cristallisé et
d'une instabilité telle qu'il nous a été impossible d'en déterminer la forme.
Il fond vers 4o degrés et possède à loo degrés une tension de va|)eur qui
paraît considérable. Nous l'avons préparé par l'action du chlore sur les
ruthéniates de potasse, de soude et de baryte (a), et nous en avons obtenu
plus de aoo grammes. On le purifie en le fondant sous l'eau et le filtrant
à chaud au travers de fragments de chlorure de calcium.
» Nous avons introduit 1 5o grammes environ d'acide hyperruthénique
dans un petit appareil dislillaloire construit entièrement en verre soufflé et
soudé : nous le chauffions lentement dans une petite chaudière en zinc
remplie d'une dissolution de chlorure de calcium. Jusqu'à io5 ou io6 de-
grés, peu de matière avait passé dans le récipient, ce qui indique que le
point d'ébullition n'est pas encore atteint; mais à io8 degrés un dégage-
(i) Eu f]iicl(iiies ininiites, iG grammes de ruthénium ont fondu en perdant 5 grammes^
transformes en fiimùc d'oxyde.
{2) Dans cette préparation, on voit souvent se former de iietits eristaux noirs, jiaraissant
rliomboedri(iues, qui, sous l'action du chlore, se transforment en une goutte d'acide hyper-
ruthénique fondu, en dégageant de l'oxygène; c'est sans doute le sel d'un acide plus oxy-
géné encore que l'acide liy|)erruthéni(iue Uii-nième, correspondant à un aride osmique
suroxygéné dont M, Fremy admet l'existence dans son travail sur les acides de l'osmium.
( 4% )
ment de gaz un peu rapide nous mit en défiance : il était trop lard. Au
moment où l'un de nous tournait, pour le fermer, le robinet du gaz qui
chauffait l'appareil, une explosion épouvantable se produisit. Aucun acci-
dent ne s'ensuivit, à cause de l'intensité même du pliénomène. Le verre fut
brisé en fragments tellement petits qu'ils devinrent inoffensifs (i). Le labo-
ratoire fut immédiatement rempli d'une fumée noire, comme si l'on y avait
brûlé une grande quantité d'essence de térébenthine. En même temps une
odeur d'ozone suffocante se répandit partout et fut constatée par les per-
sonnes que le bruit de l'explosion avait attirées de fort loin. Il n'en résulta
d'incommodité pour aucune d'elles; d'où il faut conclure que, grâce sans
doute à son instabilité, l'acide hyperruthénique n'est pas dangereux comme
l'acide osmique. Une autre sensation qui fut éprouvée, c'est la sensation
de chaleur analogue à celle que M. Boussingault a constatée lorsqu'on
plonge la main dans de l'acide carbonique. Il n'a pu y avoir de doute pour
nous à cet égard : car l'accident a eu lieu pendant un jour d'été. Celle
production d'ozone a été déjà constatée dans les précipitations de ruthé-
nium par M. Wohler, qui a consigné cette observation importante dans
une lettre que l'un de nous a reçue depuis longtemps.
)> M. Houzeau a reconnu l'odeur spéciale de l'ozone dans l'acide hyper-
ruthénique que nous lui avons montré.
» Il est donc établi que l'acide hyperruthénique se décompose en pro-
diùsant de l'oxygène fortement ozonisé.
» D'un autre côté, si l'on prend du ruthénium, qu'on le chauffe au
chalumeau à gaz oxygène et hydrogène, il s'oxyde rapidement comme
l'antimoine au feu d'oxydation du chalumeau ordinaire, et l'odeur de la
vapeur noire qui se produit est exactement l'odeur de l'ozone. Les mêmes
phénomènes se manifestent lorsque, pour en chasser le ruthénium , on
chauffe l'iridium impur au chalumeau à gaz oxydants.
» Tout ceci bien établi, que l'on veuille bien se rappeler que M. Debray
et moi, dans les mêmes conditions de température et les mêmes circon-
stances chimiques, nous avons prodiùt de grandes quantités d'oxyde d'ar-
gent, lequel cependant a la propriété de se décomposer vers 200 degrés;
que Proust avait aussi oxydé de l'argent au simple chalumeau à bouche
et enfin qu'on a trouvé récemment de l'oxyde d'argent dans les fumées de
(i) Il est probable ciue la vapeur seule fit explosion : car nous avons pu reirouver dans
les eaux projetées du bain-niaric une notable partie du nilliéniuni introduit dans le Uibe
distillatoirc à l'état d'acide hyperrutliéni(|uc.
Go..
( 46o )
condensation des fours à manche, où l'on traite le plomb argentifère (i).
Que l'on se souvienne encore des expériences de MM.Troost et Ilautefeuille
sur la volatilisation apparente du silicium, des résultats si ciu'ieux obtenus
par M. Ditte, qui a fait voir les hydrogènes sélénié et tellure existant à
haute température, et donnant à une température moins élevée du sélé-
nium et du tellnre cristallisés, et enfin de bien d'autres phénomènes de ce
genre que nous avons publiés nous-mêmes, et l'on trouvera moins étrange
la seule explication que nous puissions donner des phénomènes semblables
et relatifs à l'acide hyporruthéuique.
H L'acide hypernuhénique, qui se détruit avec explosion à io8 degrés,
pourrait se former aussi aux températures les plus élevées, même pendant
la fusion du métal. Une fois formé, cet acide se détruirait à une tempéra-
ture plus basse, et cette décomposition serait accompagnée de la production
de l'ozone. Cette circonstance prouverait même que la décomposition finale
s'achève à une température supérieure à io8 degrés, mais pas de beaucoup,
pour être compatible avec l'existence de l'ozone.
» Ici les choses se passeraient de la même manière que dans les cas de
dissociation les plus connus, mais en sens inverse. Ce serait une décom-
position par l'cfroidissement.
» Il n'en est pas de même de l'acide osmique. Celui-ci, quand il provient
de l'action directe qu'exerce l'oxygène sur l'osmium métallique, se main-
tient à î'état de vapeur, sans décomposition ; qu'il se produise à basse tem-
pérature ou qu'il résulte d'un grillage effectué à des températures supé-
rieures à 2000 degrés, on lui trouve toujours son odeur caractéristique et
surtout son action pernicieuse sur la santé. Cependant, comme l'acide
hyperrutbénique, l'acide osmique se détruit facilement, sous l'influence
des matières organiques : sou action sur l'économie est due sans doute à
l'absorption d'un corps moins oxygéné, peut-être l'acide osmieux de
M. Fremy.
n Le ruthénium est une matière facilement oxydable. Lorsqu'il a été
obtenu par réduction de son oxyde par l'hydrogène, il se transforme en
oxyde dans le moufle, et il ne faudrait pas l'y porter à une température
trop élevée, sans quoi on en perdrait par volatilisation. Il ne se réduit pas
(i) Le colonel Caron et l'un de nous, en versant de l'amalgame de sodium dans du
chlorure de calciiini fortement chaufic, ont vu, à la suite d'une petite explosion, le mer-
cure se (!(''gaj;eant de la masse fondue, produire ou simuler une voriiaMe condjustion et
rf|oiiili<'i- (ont .iiilour (lu crfusit sous foruie d'oxyde rouge ou précipité /;cr ic.
( /j6i )
par 1.1 chaleur comme l'oxyde d'iridium. Ses propriétés chimiques sont
telles, qti'il se trouve avec l'iridium, le fer et même le platine dans la plu-
part des précipités, on des liqueurs qui contiennent en même temps les
deux premiers métaux. Dans un échantillon de platine du commerce,
nous en avons trouvé de petites quantités, il est vrai, mais apprécial)les :
oS'', 12 pour I kilogramme de matière.
» L'iridium surtout retient le ruthénium avec une ténacité désespérante.
M.Matthey, le savant et habile fahricant de Londres qui, dans ces derniers
temps, a extrait de grandes quantités d'iridium de ses résidus de platine,
nous écrivait que quatre on cinq traitements par la méthode de Clans (i)
ne suffisaient pas toujours pour eu enlever les dernières traces de ruthé-
nium.
» Aussi nous cherchons en ce moment un nouveau mode de séparation
qui nous permette d'isoler sans perte le ruthénium à l'état de matière
volatile. M. A. Damour a bien voulu se joindre à nous pour épuiser cette
question au point de vue des méthodes analytiques.
» Déjà nous avons vu avec lui que l'oxyde puce de plomb, ou acide
plombique, transformait en acide hyperruthénique le ruthénium mis en
dissolution dans l'acide nitrique, et nous espérons, dans peu de temps, pré-
senter à l'Académie, en collaboration avec notre savant collègue, un sys-
tème satisfaisant d'analyse pour les matières ruthénifères.»
GÉOLOGIE —5ur la formation contemporaine, dans la source thermale de Bour-
bonne- les- Bains [Haute-Marne], de diverses espèces minérales cristallisées,
notamment du cuivre gris antimonial [te'traédrile), de la pyrite de cuivre
[cludliopyrile) , du cuivre panaché [philippsite] et du cuivi'e sulfuré
[chalkosine); par M. Daubrée.
« Le travail d'aménagement dont les sources thermales do Rourbonne-
les-Bains (Haute-Marne) sont en ce moment l'objet vient do conduire à la
découverte de faits qui offrent de l'intérêt à plusieurs titres.
» Dans le but de pratiquer un sondage dans un puisard antique, dit
(i) Nous nous servons, dans nos attaques ])ar le nitre et la potasse, de creusets d'or
pur. Cei)endant il se dissout un peu de ce métal; mais comme on pèse le creuset avant et
après chaque opération, on se rend compte de la quantité d'or très-minime qu'on ren-
contre dans la matière. D'ailleurs l'or se sépare bien plus facilement des métaux du pla-
tine que l'argent, em|)loyé habituellement. L'aigent, au contraire, vaut mieux pour les
attaques à la baryte, qui altère l'or très-sensiblement.
( 462 )
puisard romain, on a mis à sec son fond. On y est parvenu, grâce au jeu de
pompes puissantes, ce que le fort jaillissement de la source avait empêché
de faire lors des travaux exécutés antérieurement, en 1783 et en 1857.
» Le fond du puisard était recouvert d'une boue argileuse noirâtre, ren-
fermant, à sa partie supérieure, des végétaux, morceaux de bois, noyaux
de fruits et noisettes. Plus bas, cette même boue contenait des milliers
de médailles romaines, de bronze, d'argent et d'or (i), ainsi que divers
objets, tels que statuettes, bagues, épingles.
» A côté de cette découverte archéologique, il en est une qui, sans frap-
per tout d'abord autant l'attention, n'est certes pas moins remarquable.
Au-dessous du niveau où abondaient les médailles se trouvait une couche
formée de fragments de pierres, principalement de grès. Au lieu d'être
restés isolés les uns des autres, ces fragments étaient plus ou moins cimen-
tés par des substances à éclat métallique et très-nettement cristallisées.
» Frappé de l'intérêt qu'offrait celte circonstance pour la Minéralogie
et la Géologie, RI. l'ingénieur en chef des Mines Trautmann jugea opportun
de transmettre une suite de ces échantillons à M. le Ministre des Travaux
publics, qui me les a communiqués en m'invitant à en faire l'examen. Je
me fais un plaisir de remercier ici M. Trautmann des indications complé-
mentaires qu'il a eu l'obligeance de me fournir à ce sujet, ainsi que M, Ri-
chard, attaché aux collections de l'École des Mines, du concours qu'il m'a
prêté pour l'essai de plusieurs de ces substances.
)) Il importe tout d'abord de remarquer que les minéraux métalliques
dont il s'agit, malgré leur ressemblance avec des minéraux appartenant aux
anciennes périodes géologiques, se sont incontestablement produits après
l'enfouissement des médailles romaines auxquelles ils sont associés : car ils
ont incrusté et enveloppé un certain nombre de ces médailles.
» Les divers échantillons m'ont fait reconnaître les espèces suivantes,
qui sont quelquefois toutes rétmies sur un seul d'entre eux :
» 1° Chalkosine (cuivre sulfuré). — Elle est en cristaux très-nets, qui
(i) Après avoir tamisé cette vase avec soin, on y a trouvé 4600 médailles, dont 4 en or,
256 en argent et le reste en bronze et en ciuvi't'. Les effigies de Néron, Adrien, Faustine et
Ilonorius ont été reconnues sur plusieurs d'entre elles.
Il s'y trouvait aussi des blocs de pierre, dont un ex-voto avec la dédicace ordinaire de la
localité : Dco Borvoni et Damonœ.
Ces objets, pour la plupart, paraissent avoir été jetés dans le puisard comme offrandes
faites par les malades qui voulaient se rendre la divinité propice, ou la remercier des succès
obtenus pendant leur traiteuicnt thermal.
( 463 )
ont la forme de tables hexagonales, bordées dans lonl leur pourtour de
bisenux. Ces cristaux sont parfois ninciés deux à deux, en croix, suivant
la disposition Iréquente dans les cristaux naturels. Ils sont comparables
à ceux de Redruth en Cornouaiilcs, connus dans toutes les collections, pour
la netteté de leurs formes et par leur éclat.
» Un enduit bleuâtre, dans lequel on distingue au microscope des la-
melles hexagonales, offre les caractères d'un sulfure naturel de cuivre, plus
riche en soufre, la covelline.
» 2° Chalkopp'ile (cuivre pyriteux). — Cette espèce n'est pas seulement
reconnaissable à sa couleur jaune caractéristique, mais aussi à la forme
cristalline en octaèdres ; elle s'est aussi déposée sous la forme mamelonnée.
» 3° Philippsile [cuivre panaché). — D'autres parties, fortement irisées,
affectent la forme d'octaèdres réguliers et de cubes à faces un peu courbes;
appartiennent certainement à la philippsite ou cuivre panaché, dont ils
offrent toutes les particularités.
» 4° TélraëdrUe [cuivre gris antimoniai). — Les cristaux qui se sont
formés avec le plus d'abondance ont la forme de tétraèdres réguliers,
bordés d'un biseau a, .ai-, non-seulement ils ont la forme du cuivre gris,
mais ils en ont l'éclat et les autres caractères.
» L'analyse d'un échantillon cristallisé, séparé autant que possible du
cuivre pyriteux qui y adhérait assez fortement, a été faite au bureau d'es-
sais de l'École des Mines; la faible quantité de matière dont on pouvait
disposer n'a permis que d'y doser les corps suivants :
Soufre 23,44
Antimoine 26,40
Arsenic traces faibles
Cuivre 4-^ ) '^'^
Fer 4 > 00
Nickel traces notables
Étain traces notables
Total 97 )24
» La densité de la substance u été trouvée de 5, 137.
» C'est donc un cuivre gris antimoniai ou tétraédrite (panabase); il re-
présente lui type à peu près exempt darseuic.
» La tétraédrite est, soit en cristaux isolés, soit en croi'ites cristallines;
l'inie de ces croûtes atteint de 2 à 3 millimètres d'épaisseur.
» Déjà le cuivre sulfuré avait été obtenu par M. Becquerel dans des
réactions lentes. Des cristaux très-nets do cette substance avaient d ail-
( 464 )
leurs été rencontrés à Plombières dans des conditions analogues à celles
des thermes de Bonrbonne, c'est-à-dire implantés sur un robinet romain
en bronze, qui était plongé dans l'eau minérale (i).
» D'un autre côté, quelquis médailles romaines, extraites du bassin
des sources de Bagnères-de-Bigorre, étaient transformées en une substance
offrant les caractères de la chaikopyrite, mais sans cristallisation détermi-
nable (a).
» Quant à la ijhilippsite, elle n'avait pas encore été rencontrée en cris-
taux bien caractérisés, comme celle de Bourbonne. Cette dernière riva-
lise avec la pliilippsite des anciens gisements, qui n'a pas ordinairement
des formes plus nettes.
1) Ce que la découverte de Bourbonne-les-Bains offre de plus nouveau,
c'est la formation du sulfure double de cuivre et d'antimoine constituant
l'espèce tétraédrite.
» De menus morceaux de bois sont disséminés au milieu de ces cristalli-
sations. Ce bois a pris une teinte d'un brim clair, qui se rapproche de celle
de certains lignites où la structure ligneuse s'est conservée. Les coques
des noisettes qui y sont associées sont également brunies (3).
I) Ces divers débris végétaux présentent des enduits des différentes sub-
stances métalliques dont il vient d'être question.
» 11 convient encore de signaler la présence de très-nombreux grains de
quartz arrondis, à surface hérissée de cristaux, qui sont agglutinés parles
sulfures; beaucoup d'autres consistent en cristaux très-nets, bipyramidaux,
couqilets et isolés, à la manière des Ityacinlhes de Coinpostetlc. Les uns et
les autres sont parfois appliqués dans quelques géodes. Il est de ces grains
qui ressemblent à ceux que l'on rencontre fréquennnent dans le grès bi-
garré, inférieur au grès des Vosges (4), et qui sans doute préexistaient ; mais
d'autres grains paraissent plutôt dus à une cristallisation contemporaine,
aussi bien que le cuivre gris : c'est ce que j'espère prochainement éclaircir.
» Dès qu'on jette un coup d'œil sur les différents minéraux contempo-
(i) Ubicivatioiii sur te iiulani(irjijlii.siiie et recherches crpcniiuiitales sur quelques ngc/its
r/ui ont pu le produire. [Anmtles des Mines, S*' scrie, t. XII, p. 21)4; i85-]. — Coinples renilus,
!'• XI-V, p. n<J2).
(2) Formation contemporaine de la pyrite cuivreuse sous l'action d 'eaux thermales à Ba-
gnères-de-Bi'^orre. [Bulletin de la Sociale géolngiquc, 2» série, t. XIX, p. Szg; 1863 )
(3) La graine de la noiseUe a moins résisté à la déconiposilion.
(4) Recherches expérimentales sur la fonnation des galets, dessables et du limon. [.Jnntdcs
des Mines, 5' série, t XII, p. 55i ; iSS;. — Comptes rendus, l. XLIV, p. 997.)
( 465 )
rains dont il s'agit, on est frappé de la ressemblance que, dans leur dis-
position géni'rale, ils prêsontent avec ceux des anciennes t'poqiics. Ainsi,
par la maniùredont ils se sont précipités au milieu des fragments pierreux,
ils rappellent bien les brèches à ciment métallique, si fréquentes dans les
filons; ils ressemblent également aux poudingues à galène du grès bi-
carré, du Bleyberg, près Commern en Prusse, et, mieux encore, en raison
de leurs nombreux débris végétaux, aux poudingues et grès cuprifères
exploités dans le pays de Perm, en Russie.
» Comment se sont formées ces imitations contemporaines de gîtes mé-
tallifères?
» On sait que les sources thermales de Bourbonne-les-Bains jaillissent
du grès bigarré, à proximité de failles en rapport avec les fractures qui ont
ouvert la vallée elle-même et laissé d'autres traces dans cette région de la
France. La température de l'eau, à son émergence dans le puisard romain,
est voisine de 60 degrés. Les substances en dissolution qui y prédominent
sont des chlorures et des sulfates à base d'alcalis, de chaux et de magnésie,
ainsi que des bromures et des carbonates de fer et de chaux, du silicate
alcalin et des traces d'arsenic et de manganèse. Le |5oids total du résidu de
l'évaporation est de 7 à 8 grammes par litre; l'analyse n'y a pas signalé la
présence de sulfures (i).
» Le puisard a été établi sur une source que les Romains ont captée avec
le discernement et l'habileté dont de nombreux travaux du même genre,
exécutés par eux de toutes parts, dans la Gaule et ailleurs, apportent la
preuve. Sans parler du soin avec lequel, au moyen du béton et de ma-
çonneries, ils ont isolé la source dans le puits où elle devait s'élever, je
dirai que le fond de ce puits est formé par le terrain naturel, c'est-à-dire
par les argiles bariolées recouvrant le grès bigarré proprement dit et sup-
portant le calcaire du muschelkalk. La soin-ce s'élève à travers ces argiles
qu'elle a en partie délayées et entraînées avec elle.
» La couche boueuse, siège des réactions chimiques, et recouverte im-
médiatement par la couche à médailles, n'a que 5 à G centimètres d'épais-
seur. Le sondage que l'on exécute à travers le fond du puisard atteint au-
jourd'hui I '1 mètres de profondeur, mais ne rencontre plus de sulfures
cristallisés.
» Pour expliquer la formation des minéraux métalliques, au milieu de
(i) Cepemlanl il s'cxlialc de temps en temps des bassins des traces d'Iijdrogènc sulfure
qui se traliit par son odeur.
C.K., \i'/j, t"Semest,e. (T. LXXX, N» 8.) Gl
( 466 )
la boue, sous l'influence de l'eau minérale qui la traverse sans cesse, on
est amené à admettre que les sulfates en dissolution, sous l'influence des
matières végétales qui étaient on présence, se sont en partie réduits à
létat de sulfures. Cette sorte de léduction, dont on connaît bien d'autres
exemples, paraît être aidée, conformément à la loi de Berthollet, par la
nature insoluble des sulfures métalliques qui en sont le produit.
» Il est remarquable que, au milieu de ces ciixonstances fortuites, le
sidfosel complexe, désigné sous le nom de Uhraédrile, se soit formé avec une
netteté si parfaite, appelant l'antimoine et les autres éléments, comme par
une sélection et en vertu de lois d'équilibre. Ce minéral, ainsi que la chal-
kopyrite, la philippsite et la chalkosine, produits les uns à côté des autres,
dans des circonstances de composition et de température probablement
assez analogues, apportent des exemples de la grande tendance de certaines
combinaisons natiu'elles à se foruicr.
» La présence de l'antimoine, élément essentiel de la télraédrite, est de
nature à surprendre; car ce métal, dont on a reconnu des traces dans les
sources minérales de diverses localités, n'a pas été signalé, au moins jusqu'à
présent, dans celles de Bourbonne-les-Bains.
» C'est donc très-vraisemblablement aux objets enfouis dans le puisard
que ce métal a été emprunté. Les Romains, sans connaître l'antimoine mé-
tallique, employaient plusieurs de ses combinaisons, par exemple le sul-
fure, pour peindre le contour des yeux. Aucune substance visiblement an-
timoniale n'a été mentionnée, parmi les objets découverts dans les boues
du puisard ; mais cet antimoine peut avoir été fourni par certaines mé-
dailles. On peut le supposer, d'après les nombreuses analyses de bronze
antique dont on est redevable à M. de Fellenbergj quelques-unes y men-
tionnent l'antimoine (dans la proportion de o,ooi à 0,006). La présence
de l'antimoine dans quelques minerais de cuivre, et notauunent dans le
cuivre gris, rend compte de ce mélange, aussi bifU que de l'existence du
cobalt et du nickel et d'autres métaux accidentels dans les mêmes bronzes
antiques.
» Parmi les modifications qu'ont subies les médailles de bronze cor-
rodées par les réactions auxquelles sont dus les nouveaux composés, il
est une épigénie qui ne doit pas être jjassée sous silence. Tout en ayant
perdu la netteté de son relief, la médaille a conservé sa forme générale.
Tandis que sa partie interne montre encore l'éclat et la couleur du bronze,
sa partie externe se compose d'une couche blanche, d'apparence terreuse,
que l'examen chimique a fait reconnaître comme consistant en oxyde d'é-
(467 )
tain, faiblement coloré en vert par des traces de sels cuivrenx. Il s'est donc
produit dans ces pièces un vi ritable départ, en raison de la différence des
affinités chimiques des métaux qui les composaient : le cuivre est entré dans
les combinaisons sulfurées, tandis que i'élain s'y est refusé et a passé à
l'état d'oxyde.
» Ce contraste rend bien compte de plusieurs traits caractéristiques du
gisement de l'étain, qui, on le sait, s'est toujours déposé à l'état d'oxyde (i),
lors même qu'à côté de lui, dans les mêmes filons, il s'est formé des com-
binaisons sulfurées, comme le mispickel. Quanta l'antimoine, malgré ses
analogies avec I'élain, il en diffère dans ces produits modernes, parce que,
de même que dans les gîtes métallifères, il s'est associé de préférence au
soufre.
» Des médailles d'argent, disséminées aussi dans la brèche à sulfures
métalliques, n'ont pas été attaquées, comme celles de bronze; leur relief
et leur légende sont encore très-reconnaissables. Cela explique comment
l'argent, dont on connaît l'affinité pour le soufre, n'a pas été rencontré à
l'état de sulfure parmi les combinaisons métalliques qui nous occupent.
On ne l'y a pas non plus trouvé à l'état de chlorure, comme aurait pu le
faire supposer d'abord l'abondance des chlorures solubles contenus dans
les eaux ambiantes.
» Enfin l'absence de la pyrite de fer dans les échantillons que j'ai reçus
doit aussi être mentionnée, quoique le fer ne fasse pas défaut, ainsi que
l'atteste sa présence dans le cuivre gris antimonial.
» La pyrite cuivreuse, bien que recouverte souvent par le cuivre gris,
s'est parfois aussi superposée à sa surface, eu enduits minces, comme il est
arrivé parfois dans les filons. L'ordre de succession des diverses espèces
ne paraît donc pas avoir été constant dans la source de Bourbonne.
)) On remarquera enfin que toutes les causes d'actions électrochi-
miques étaient réunies dans ces nombreuses pièces de métaux différents,
(jui étaient enfouies dans de l'argile et, en même temps, soumises à des eaux
chargées de dissolutions salines (2).
» L'ensemble de ces actions s'est produit depuis environ seize siècles;
mais ce temps est peut-être beaucoup plus court pour chacun des dépôts
(1) La combinaison sulfurée, dhe prritr (Vètnin, est d'une rareté telle, qu'elle doit èire
considérée comme tout ;'i fait accidenlclle.
(2) Les tubes en cuivre rouge par lesquels jaillissent actuclltineut les sources theriviales
«le Bourbonne s'amincissent graduellement, par suite d'une dissolution extrêmement lente.
6r..
{ 468 )
considérés isolément, parce que les actions ont pu se déplacer, c'est-à-dire
s'arrêter sur certains points et se porter sur d'autres.
» Lorsqu'on cherche à introduire la méthode expérimentale dans la re-
production et l'élude des phénomènes géologiques, ou rencontre, entre
auires difficultés, celle de la brièvelé do l'existence de l'homme, si courlo
en comparaison des longs laps de temps qui ont été mis à contribution dans
la formation de l'écorce terrestre. Heureusement des faits, tels que ceux dont
il s'agit, viennent suppléer à cette impuissance ; car ils représentent de véri-
tables expériences de démonstration, instituées pendant vingt fois la durée
de la vie humaine.
» Grâce à cette durée, nous surprenons, en quelque sorte en flagrant
délit, une eau minérale ne contenant que des sels neutres, et des plus ré-
pandus, qui a produit par une voie indirecte des sulfures simples et mul-
tiples, offrant tant en eux-mêmes que dans leur mode d'association une
identité frappante avec les combinaisons de cuivre les plus répandues. Ces
résultats apportent une nouvelle preuve de l'intervention des sources mi-
nérales lors du remplissage des filons métallifères appartenant à la plus
nombreuse catégorie.
» Dans l'exemple que nous avons sous les yeux, il semble que la nature,
revendiquant ses droits sur ce que l'industrie humaine avait enlevé à son
domaine, se soit plu, par l'intermédiaire de l'eau minérale, à reprendre
son bien et à reconstituer exactement tous les minerais que l'exploitation
du mineur lui avait ravis, et qu'ensuite le fourneau du métallurgiste avait
décomposés.
» A mesure qu'on étudie plus comjilétement les sources minérales et
les opérations varices qu'elles produisent, la part très-considérable qui leur
appartient dans beaucoup de formations des anciennes époques devient
plus manifeste et plus précise. L'action de ces eaux est loin d'être uni-
forme; elle varie non-seulement suivant leur nature propre, mais aussi
suivant celle des matériaux qu'elles rencontrent dans leur trajet et qu'elles
peuvent mettre en œuvre, conjointement avec les substances qu'elles
tiennent en dissolution. C'est ainsi que, dans l'intérieur des bétons romains
de Plombières, elles ont agi tout autrement que sur les substances métal-
liques de Boiirbounc; dans le tissu même de ces antiques maçonneries,
elles ont engendré des silicates cristallins, a|)parlenant à des espèces par-
faitement déhnies de la famille des zéolilhes [i).
(r) Mémoire précité et Expcricnccs synthctiqucs sur le mctamorp/tisnic cl sur la formalion
( 469 )
)) Dans l'une et l'aulrc localité, c'est très-près de la surface, à moins de
huit mètres, quese sont produites des élaborations aussi instructives, et aussi
différentes de ce que nous sommes habitués à voir dans nos laboratoires.
Il leur a suffi d'une température bien peu élevée, comparativement à celle
qui règne plus profondément. D'ailleurs les fortes pressions, dont les expé-
riences spéciales ont fait reconnaître la puissance, notamment dans la
déconiposition et la reconstitution des silicates, sont à peine intervenues
dans ces deux exemples. De quelles actions ne serions-nous pas témoins
s'il nous était possible de descendre plus avant dans les fêlures des roches
qui servent de canaux d'ascension aux sources thermales ! Quoique des
obstacles s'opposent à la réalisation de ce vœu, nous constatons chaque
jour plus clairement coml)ien doit être important le rôle de l'eau, qui im-
bibe ou traverse les roches, dans toutes les parties de la croûte du globe,
et surtout dans les régions où la chaleur terrestre, eu atteignant un degré
élevé, lui fait acquérir des propriétés de minéralisation particulièrement
énergiques. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — De l'action du borax dans la Jermentalioii
cl la j)ittréfaclion. Note de M. J.-B. Scuxetzler.
(Commissaires : MM. Dumas, Pasteur, ïrécul.)
ti Dans la discussion scientifique qui eut lieu devant l'Académie entre
IMM. Pasteur et Frcmy, sur la théorie de la fermentation, M. Dumas inter-
vint, eu établissant qu'il y a deux sortes de ferments : ceux dont le type est
la levure de bière, qui vivent et se multiplient pendant la fermentation ;
ceux dont le type est la diastase, qui se détruisent, au contraire, pendant
leur action (i).
» Eu réservant le nom de forme nia t ion à l'action chimique produite par
les ferments du premier type, M. Dumas arrive à cette conclusion, que la
fermentation est un phénomène chimique s'accomplissant sous l'influence
nécessaire de la vie de la levure. Après avoir étudié l'action d'un grand
nombre de substances sur la levure, l'illustre chimiste étudie les propriétés
t/rs ivc/ies crhlallines. — Mrinoircs des Savuiits ctraiigcrs de l'Jcadcinic des Sciences,
t. XVtl; 18G0. — Annales des Mines, 5° si'ilc, t. XVI, p. l55 et 3<j3; ibOo.
(i) Revue des Cours scientifiques, 1872.
( 470 )
du borax. Ce corps coagule la levure, dissout les membranes qui restent
en suspension dans une solution non filtrée de l.'lanc d'œuf, empêche
l'interversion du sucre par 1 eau de levure, arrête l'action de la diastase et
paralyse lasynaptase. M. Dumas espère que l'étude du borax conduira à des
conséquences de la plus haute importance.
» Les observations et expériences suivantes ont eu comme point de dé-
part celte Communication de M. Dumas.
M I. yÉclion du borax sur le protoplasma des cellules végétales. — i" Des
feuilles d'Elodea canadensis, dans les cellules desquelles le protoplasma pré-
sente un mouvement de rotation facile à observer, furent plongées dans luie
solution concentrée de borax. Le courant plasmatique continue pendant
quelques minutes; puis il se ralentit et s'arrête complètement. Le proto-
plasma se contracte, se retire de la paroi cellulaire et se condense en une
ou deux masses arrondies renfermant des graines de chlorophylle. La
matière vivante de la cellule a été tuée par le borax.
)) 2" En observant la sortie des spores de Vnucheria clavata dans l'eau,
j'ai pu constater, dans la longue cellule tubuleuse de quelques individus
qui n'avaient pas de spores, des mouvements de contraction du proto-
plasma qui se différenciaient en boules vertes se mouvant dans différents
sens dans l'inlérieur de la cellule. Lorsque, par une légère pression, le pro-
toplasma sort de la cellule, soit en boules, soit en masses informes, on y
aperçoit encore, pendant quelque temps, un vif mouvement moléculaire.
En plongeant des Faucheria fraîches et intactes dans une solution con-
centrée de borax, le protoplasma se coagule et se retire de la paroi cellu-
laire, qui devient parfaitement hyaline.
» L'action du borax produit sur les globules de chlorophylle une action
frappante : ils se contractent, se recourbent et prennent la forme de crois-
sant.
» Les spores de Faucheria, sorties de la cellule mère, exécutent dans
l'eau de r.ipides mouvements de translation, grâce à leurs petits cils vibra-
tiles. Dans une solution de borax, ces mouvements s'arrêtent presque im-
médiatement; le protoplasma de la spore se contracte et se transforme en
une masse finement granuleuse dans l'intérieur de la cellule.
» 3° J'ai examiné l'influence d'ime solution de borax stu' VOidium
Tuckeri qui avait envahi des raisins. Dans l'eau pure ou observe dans l'in-
térieur des hyphes et des spores un mouvement moléculaire indépendant
des courants plasmatiques. La matière renfermée dans les cellules du
champignon présente, lorsqu'elle se répand dans l'eau sous l'influence
( 47' )
d'une légère pression, ce même mouvement moléculaire. Sous l'influence
d'une solution do borax, les spores et liyplics de l'oiditun se contractent;
ces dernières se tordent et leur contenu se coa|^uie en une masse granu-
leuse; le champignon est tué. Le mouvement moléculaire de la matière
sortie des cellules continue dans la solution de borax.
» C'est de la même manière que le borax produit la coagulation du
protoplasma des cellules do la levure, des moisissures, etc.
» II. Atlioii du borax sur l'onjaiiisme animal. — i° Des Infusoires, des
Rotiféres, des Entomostracés, placés dans la même goutte d'eau à laquelle
on ajoute une solution concentrée de borax, arrêtent bientôt leurs mou-
vements et meurent. On aperçoit distinctement la contraction et la coa-
gulation du sarcode des Infusoires.
» 2" Des larves de grenouilles, rendues très-transparentes par un séjour
prolongé dans l'obscurité, placées dans la solution de borax, présentent
des contractions convulsives dans les fibres nuisculaires dt; la queue. La
circulation du sang, si facile à observer chez ces animaux, se ralentit peu
à peu, le plasma du sang se coagule, et en moins d'une heure l'animal est
mort .
» Les observations précédentes montrent que le borax fait cesser les
propriétés par lesquelles se manifeste la vie du protoplasma végétal et
anima). Si la fermentation est un phénomène chimique qui s'accomplit
sous l'influence de la vie de la levure, le borax doit nécessairement agir
contre la fermentation.
« \\\. Action du buKix sur les inalièresfermenlescibles. — i" Au mois d'oc-
tobre 1872, je plaçai dans une solution concentrée de borax des baies de
raisin très-mûres, de même qu'une grappe de raisin entière; le tout fut
placé dans un flacon bouché. Le liquide, d'abord incolore, brunit légère-
ment ; mais, soit les baies isolées, soit la grappe entière, présentent encore
aujourd'hui (février 1875) le même aspect qu'il y a plus de deux ans. Il
n'y a pas eu trace de fermeulalion.
» Cependant, si le raisin s'est fort bien conservé, il n'est pas mangeable.
Il y a eu diffusion : une grande partie du sucre a passé à travers l'envi-loppe
membraneuse des baies, tandis que le borax a pénétré dans l'intérieur,
où il a fait coaguler les matières albumineuses des cellules.
» J'ai fait la même expérience avec le même résultat avec des groseilles.
Lorsque les flacons sont bien bouchés, on n'aperçoit aucune trace de moi-
sissure; mais, lorsque l'air a libre accès ou mémo un accès limité, il se
forme des moisissures (//(«co/), sans ternientation accompagnée de dégage-
ment gazeux.
( 472 )
» Lorsque, comme contre-épreuve, on place des baies de raisin dans un
flacon bien bouché, rempli d'enu ordinaire, il y a, au bout de quelque
temps, suivant la température, fermentation avec dégagement d'acide car-
bonique.
» 2° 3o centimètres cubes de lait frais furent placés dans une éprou-
vette avec i gramme de borax. La crème formait bientôt une couche assez
épaisse à la partie supérieure. Malgré le bouchon qui fermait l'éprouvetle,
il se formait des moisissures sur la crème; mais le reste du liquide ne su-
bissait aucune fermentation acide et gardait pendant plusieurs mois l'as-
pect d'un lait écrémé, très-clair. Plus tard, sous l'influence de la chaleur
de l'été, le liquide devint parfaitement limpide, tandis qu'au fond de l'é-
prouvette il se déposait une matière blanche molle, la caséine; mais ni le
liquide ni le dépôt solide ne présentait de saveur acide; ils répandaient
encore au bout de trois mois l'odeur du lait frais.
» Du lait frais, mis sans addition de borax dans une éprouvette très-
bien bouchée, subit la fermentation acide au bout de deux à trois jours :
il devient tout à fait épais par la coagulation de la caséine.
)) 3° Un fragment de cervelet de mouton fut saupoudré de borax. Huit
joTU's après, la substance dégageait une odeur spermatique; plus tard, il y
eut dégagement d'hydrogène sulfuré sans qu'on pût observer de putréfac-
tion proprement dite, La matière, après avoir présenté pendant plusieurs
mois une consistance molle, devient dure et presque cornée, sans odeur
désagréable.
» 4° Une livre de viande de bœuf fut placée dans une solution concen-
trée de borax, dans une boîte de fer-blanc, sans fermeture hermétique. La
matière colorante rouge du sang diffuse dans le liquide ambiant, de même
qu'une partie des substances azotées solubles de la viand^. Le liquide
prend au bout de quelques semaines une coloration brune et dégage une
odeur assez désagréable, sans qu'il y ait putréfaction de la viande. Lorsque,
après avoir enlevé le liquide, on lave la viande à l'eau froide, elle présente
bien une odeur siii genevis, mais qui n'a aucun rapport avec celle de la
viande en putréfaction.
1) Aujourd'hui, après plus d'une année et demie, malgré les chaleurs de
l'été de 1873 et 187/1, cette viande, dont le liquide ambiant a été renou-
velé trois fois, ne présente pas la moindre odeur de putréfaction. Sa couleur
est jaunâtre; mais elle est molle et tendre comme de la viande fraîche.
Sortie de la liqueur préservatrice, elle se maintient dans le même état à
l'air.
( 473 )
0 5° De la viande de bœuf, de veau et des fragments de cervelle de mou-
ton furent placôs dans une solution de borax dans un bocal licrtnétique-
nient fermé et rempli du liquide. Ce dernier se teignait bientôt en rouge
clair, et cette couleur se maintenait i)endant |)lusieurs mois sans altéra-
tion. La viande ne présentait pas la moindre odeur désagréable, aussi
longtemps que l'accès de l'air fut empêché. De la viande placée dans l'eau,
même dans .un flacon hermétiquement bouché , pourrit en quelques
jours.
» L'odeur sui generis que présente au contact de l'air la viande conser-
vée pendant quelque temps dans une solution de borax me semble prove-
nir de la décomposition des matières qui résultent de la métamorphose des
substances qui composent soit la fibre musculaire, soit le plasma intermus-
culaire.
» Sans vouloir tirer de ce qui précède une application à la conservation
des viandes pour l'usage culinaire, il en découle une autre application,
celle de la conservation des préparations anatomiques par des solutions
concentrées de borax dans des bocaux bien fermés. Il eu résulterait évidem-
ment une grande économie sur l'usage de l'alcool employé eu pareil cas.
» Comme nous avons démontré que le protoplasma, c'est-à-dire le sub-
stratum vivant des organismes inférieurs, est tué par le borax, on pourrait
probablement utiliser cette substance dans le traitement des plaies, etc. »
CHIMIE. — Sur iébidliiion de l'acide suif inique. Note
de M. Ad. Bobierre. (Extrait.)
(Renvoi à l'examen de M. Cahours.)
« L'ébullition de l'acide sulfurique, considérée en général comme une
opération difficile, est une opération des plus simples, s'accomplissant plus
régulièrement que celle de l'eau,, lorsqu'on introduit dans la cornue qui le
renferme une suffisante quantité de platine. Je crois utile d'indiquer la
disposition que j'emploie d'ordinaire.
» Je place sur un fourneau à gaz, dont le brûleur est à petits trous (i),
une cornue dont la panse a une capacité de 550 centimètres cubes en-
viron. J'y introduis 12 grammes au moins de platine en lames minces, puis
320 centimètres cubes d'acide sulfurique; eu chaulfant graduellement,
j'obtiens une ébullition aussi régulière, aussi tranquille qu'il est possible
(i) Les fourneaux à brûleui-s Bunsen offriraient des inconvénients.
G. R., 1875. 1" Semeurr. (T. LX.XX, N» 0.) ^^
(474 )
de la désirer, et, si le vase comporte l'introduction d'un thermomètre, il
est facile de reconnaître que la stabilité de la colonne mercurielle est re-
marquable, ce qui n'arrive pas lorsque la tension croissante de la vapeur
est suivie d'un soubresaut. »
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. — Végélalion hivernale des Algues à Mosselbay
[Spilzberg), d'après les observations faites pendant C expédition polaire sué-
doise en i8'72-i8y3. Note de M. Fr. Kjellman, présentée par M. Du-
charlre.
(Commissaires : MM. Decaisne, Duchartre, Cosson.)
« L'expédition polaire deM. Nordenskiiild, en 1872-1873, était chargée,
entre autres choses, d'étudier les animaux et végétaux vivant dans la mer
pendant la période de l'année où les régions polaires sont plongées dans
une obscurité continue et où la température de la mer est inférieure à zéro.
Pour ces études, il devait être procédé à des dragages. Commencés vers la
fin d'octobre, ils ont été poursuivis jusqu'au milieu d'avril. Us ont été
faits, en majeure partie, dans une mer couverte de glace, et, pendant tout
l'hiver, ils ont fourni, non-seulement des animaux de types variés, mais
encore un nombre assez grand d'Algues marines. Voici, en peu de mots, les
conditions dans lesquelles se trouvaient les êtres qu'ils ont permis d'exa-
miner.
» Mosselbay se trouve par 79° 53' de latitude nord et iG°4' de longi-
tude est, méridien de Greenwich. Le Soleil, y compris la réfraction, y
descend au-dessous de l'horizon le 20 octobre pour ne reparaître que le
21 février. Toutefois la période obscure proprement dite ne me paraît pas
dépasser trois mois, parce que, quelques journées après la disparition du
Soleil comme avant sa réapparition, on jouit, pendant au moins six heures,
d'une lumière diurne suffisante pour permettre de distinguer sans peine
les objets environnants. Pendant cette période d'obscurité, les ainores
boréales n'ont eu presque toujours qu'une faible intensité, et si parfois
elles étaient brillantes, elles n'avaient qu'une très-courte durée.
» Dès le milieu de septembre, la température de la mer descendit au-
dessous de zéro. Elle resta aux environs de — i degré C. pendant la fin
de ce mois et tout celui d'octobre. Elle s'éleva légèrement eu novembre,
quand la mer s'ouvrit au nord du Spilzberg, et elle varia, pendant ce
mois, entre — 0°, 5 et — i degré G. Ensuite, de la fin de novembre au milieu
d'avril, elle se maintint entre — 1°, 5 et — i°,8. La température de l'air
( 475 )
n't'tait pas relativement basse pour une latitude si septentrionale. Les
températures moyennes furent les suivantes : novembre — 8°, 2 C; dé-
cembre, — i4",5; janvier, —9°, 9; février, —20°,']. L'épaisseur de la
glace varia beaucoup sur la mer; pendant la dernière partie de l'hiver,
elle fut de i'°,20 à i^jSo, beaucoup plus forte encore pour les glaçons
flottants qui se prenaient dans la masse.
» La nature du fond, à Mosselbay, n'est pas favorable aux Algues, si ce
n'est autour de quelques petits récifs , dans le golfe même. Le fond de
l'ouverture de ce golfe était occupé, sur 5 à 6 milles anglais carrés, par un
lit de Litliotliamnion calcareum; il y croissait aussi diverses Floridées. Les
dragages elfecttiés aussitôt après notre arrivée fournirent environ trente
espèces d'Algues marines supérieures qu'on retrouva pendant tout l'hiver
avec quelques autres. Mes recherches m'ont montré que la végétnlion hiver-
nale des Algues se composait, à Mosselbn^, des mêmes es/'ièces que celles d'été ou
d'automne, fait d'autant plus intéressant que, sur les côtes delà Scandinavie,
les espèces qu'on trouve ne sont pas les mêmes au printemps, en été et en
automne. Voici, parmi les Algues supérieures, celles qui sont les plus com-
munes. CoRALLlNACE^ : Litliotliamnioti calcareum, Eli. et Sol. — Flori-
DEjE : Rhodomela temiissimn, Rupr.; Polysiphonia arctica, J. Ag. ; Delesseria
sinuosa (Good. et Woodw,), Lam. ; Eutltnra ci-istala{L.), J. Ag. ; Rhodymenia
palmala (L.), Grev. ; Halosaccion ramentaceum (L.), Kiitz.; Phjlhphora in-
terrupta, Grev.; Plilota serrata, Kùlz; Antitliamnion Plumula (Eli.), Thur.
— FuCACE.E : Fucus evanescens, J. Ag. — PriiEOZoosPORACE.E : Laminaria
dinitata[L.); L. caperata, Delap.; L. solidungula, J. Ag. ; Alnria csculenta
(L.), Grev.; Cltonlarin flagelliformis [FI. dan.), Ag. ; Pialfsia, sp. ; Elacliista
luhrica, Rupr.; Chœtopteris pluinosa [J^yngh.], Kiitz.; Sphacelaria arctica;
Pilayella littoralis (L.), Kjellni.; Dictyosiphon., sp.; Dcsrnarestia aculeata (L.),
Lam.; D. viridis {FI. dan.), Lam. — ChlorozoosporaCE^ : Ulva lalissima
(L.); Conferva melagonium, Web. et Mohr; Cladopliora arcta(D\\\.), Kiitz.
» Ces Algues se présentent en hiver sous des formes qui ne sont pas, au
point de vue morphologique, sensiblement différentes de celles de l'été et
de l'automne. Chez une seule, V Halosaccion ramentaceum, il existe une dif-
férence entre les individus pris en été ou en automne et ceux qu'on trouve
en hiver; la plupart des premiers sont riches en prolifications qui manquent
aux derniers. Ces proliHcations ont poiu' mission essentielle de développer
des tétraspores, après quoi elles tombent et sont remplacées par de nou-
velles. Or c'est particulièrement en août, septembre et octobre que se pro-
duisent ces corps reproducteurs.
62..
( 47^ )
)) Dans les Algues trouvées pendant l'hiver à Mosselbay, l'activité vitale
ne s'est montrée, ni arrêtée, ni même diminuée. Je rencontrai alors des
plantes germantes, tant de Floridées que de Fiicacées, à des phases diverses
de développement. En outre, les Algues à tronc prolificateur [Rliod/nieiiia
pnlniaUi, Delesseria sinuosa, PhyUojihora iiiternipta) portaient, pendant tont
ce temps, des prolifications, soit jeunes, soit bien développées; enfin tous
les individus de diverses espèces que j'ai examinés m'ont montré les cellules
des points végétatifs de leur tronc en voie de se diviser. La continuation du
développement des organes reproducteurs était encore plus évidente. Sur
les vingt-se|)t espèces énumérées plus haut, vingt-deux furent trouvées, en
hiver, munies d'organes reproducteurs de diverses formes. Quelques espèces,
comme V ELtcliisla lubrica, portèrent des organes reproducteurs [)endant
tout l'hiver; d'autres les eurent pendant la majeure partie, ou au moins
pendant une partie plus restreinte de cette saison. L'abondance de ces or-
ganes était grande, surtout chez quelques espèces; tel est le Rlwdomela tc-
nuissima, dont le tronc se montra, à une certaine époque, littéralement
rempli de sporocarpes, d'anthéridies et de stichidies. Cette abondance n'é-
tait pas moindre chez diverses Phœozoosporacées, comme le Chœtopteris
plumosa et les Laminaires. Les Chlorozoosporacées étaient fort peu nom-
breuses à Mosselbay. Chez l'une des trois que j'ai vues, des celhdes du
tronc se montraient remplies de zoospores, dont toutefois je ne pus observer
la sortie. C'est néanmoins un fait incontestable, que des zoospores, non-
seulement atteignaient pendant l'hiver leur parfait développement, mais
encore sortaient de la cellu'e mère. Ainsi, tous les individus de certaines
Phœozoosporacées, qui furent recueillis par la drague au commencement
de l'hiver, étaient stériles, tandis que ceux qui fin-ent obtenus au milieu ou
vers la fin de cette saison offraient des cellules à zoospores, quelques-unes
avec des zoospores parfaitement développées, d'autres vides, montrant
l'ouverture par laquelle s'était effectuée la sortie. Ainsi, entre autres, le
Cliœloplcris plumosa, qui est commun à Mosselbay, manquait d'organes re-
producteurs en octobre et au commencement de novembre, tandis que,
peiulant la dernière partie de ce mois, la totalité de décembre et de janvier
et la première moitié de février, il se montra muni de zoosporanges à une
ou plusieurs cellules, quelriues-uns remplis de zoospores, d'autres vides et
en voie de désorganisation. Vers la fin de février, les capsules à zoospores
devinrent rares chez cette espèce, tandis que les capsules vides redevinrent
communes, et, dès le commencement d'avril, on rencontra de nouveau des
exemplaires absolument stériles. »
( 477 )
CHIMIK ORGANIQUE. — Étude comparalive des gommes et des mucilages.
Note tle M. Giiuid, présentée par M, Fromy.
(Commissaires : MM. Fremy, P. Thenard, Cahours.)
« Dans ce travail, dont j'ai Ihonneur de présenter un extrait à l'Aca-
démie, je me suis proposé de faire une étude comparative de quelques sub-
stances gommeuses qui se gonflent dans l'eau, et en particulier de la gomme
adi'agante; j'ai voulu surtout faire ressortir les différences qui peuvent
exister entre ces corps et les gommes proprement dites. Ces recherches ont
été exécutées au Muséum, dans le laboratoire de chimie de M. Fremy, qui
a bien voulu m'encourager par ses conseils.
1) On sait que les substances gommeuses sont en général peu connues;
à l'exception de la gomme arabique, dont M. Fremy, dans un travail clas-
sique, a révélé la curieuse composition, l'étude chimique de toutes les
autres gommes est restée incomplète. Si les gommes et les matières orga-
niques, qui se gonflent dans l'eau, offrent entre elles des ressemblances
physiques, je puis avancer qu'il existe entre chacune d'elles des différences
chimiques considérables, et que, parmi les dernières, on peut établir des
distinctions très-nettes.
') Il résulte de mes recherches que les substances mucilagineuses se gon-
flant dans l'eau peuvent être partagées en trois groupes distincts :
1) Dans le premier se place la gomme adragante, caractérisée par la pré-
sence d'iui corps pouvant donner naissance aux composés pcctiques.
') Au deuxième appnrtiennent les mucilages, ne contenant pas de prin-
cipes pectiques, qui sont caractérisés par ce fait : que les acities les plus
faibles les rendent insolubles dans l'eau; je citerai le mucilage de coing.
Celui-ci contient en outre une quantité notable de cellulose (20 pour 100
du poids du mucilage sec), que l'on isole par l'action prolongée à chaud
des acides ou même des alcalis concentrés.
)) Le troisième comprend les corps mucilagineux privés de composés
pectiques comme les précédents, et qui s'en distinguent par le caractère
suivant : les acides étendus ne les précipitent |)as, mais les transforment
très-rapidement, par la chaleur, en matière comparable à la dextrine et en
une substance sucrée.
» Ces différents corps, qui font l'objet de mes recherches, présentent
deux propriétés communes que je dois signaler :
» i" Sous l'influence plus ou moins prolongée des acides étemius, ils se
( 47» )
transforment, parla chaleur, en un siicie différent du glucose ordinaire;
ce sucre, en effet, cristallise facilement, ne fermente pas et jouit d'un pou-
voir réducteur plus énergique que le glucose. Ce corps doit appartenir à
cette classe de sucres que M. Berlhelot a si bien étudiés, et qu'il a appelés
galactoses.
» 2° Les principes gommeux, qui sont compris dans les deux derniers
groupes principalement, diffèrent donc par tous leurs caractères de la
gomme arabique.
1) Cette classification une fois établie, j'ai entrepris l'étude successive de
ces matières; le Mémoire que je présente aujourd'hui est principalement
consacré à l'examen chimique d'une des plus importantes, qui est la gomme
adragante : les propriétés de cette substance peuvent être résumées dans
les propositions suivantes :
)) 1° Cette gomme est très-peu soluble dans l'eau froide; elle est loin de
donner, comme on l'avait dit, de 3o à 5o pour loo de gomme soluble; le
produit filtré est un mélange de différents corps et n'est pas un principe
défini, semblable à l'arabine.
» 2° Lorsqu'on met la gomme adragante en digestion au bain-marie
avec cinquante fois son poids d'eau, au bout de vingt-quatre heures environ
toute la substance gommeuse est transformée en gomme soluble, ayant
perdu la propriété de se gonfler après dessiccation ; cette matière nouvelle
est différente de l'arabine, quoi qu'on eu ait dit : c'est de la pectine.
» ^:^° Soumise à l'action de l'eau acidulée (acide i pour loo), cette
gomme se modifie au bain-marie ou bout de deux à trois heures ; elle âo-
vienfentièrement soluble, le nouveau corps qui se produit est principale-
ment de la pectine, [)récipitable par l'alcool, mais non de l'arabine, comme
on l'avait avancé. La quantité de glucose formé pendant cette action cor-
respond à peine au dixième de la matière employée.
» J'ai pu constater que sous ces influences la gomme adragante se
transformait en pectine, soluble dans l'eau, précipitable par l'alcool et
que les alcalis changeaient en peclates et métapectates.
» Ces expériences démontrent donc que la gomme adragante contient
plus de la moitié de son poids d'un principe pectique insoluble dans l'eau,
qui me paraît identique avec celui que M. Fremy a désigné sous le nom de
natosc, et qui préexiste, comme on le sait, dans le tissu utriculaire des
fruits et ties racines.
» Ces premiers faits étant une fois établis, j'ai pu facilement préparer,
au moyen de la gomme adragante, des quantités considérables d'acide
pectique.
( 479)
D Dans ce but, je fais digérer au bain marie, jusqu'à dissolution, un
[loids de gomme adragante avec cinquante fois son poids d'eau additionné
de I pour loo d'acide chlorhydriquo; je filtre, j'ajoute dans la liqueur
un excès d'eau de baryte : le précipité qui se forme peu à peu est du pec-
fale de baryte. Lorsqu'il a pris la consistance convenable, je le lave, je le
mets en suspension dans l'eau et je le traite i)ar un excès d'acide chlor-
liydriqiie ou acétique qui laisse l'acide pectique à l'état de précipité pur.
Il résulte de déterminations nombreuses que, par celte métbode, on peut
retirer de la gomme adragante environ Go pour loo d'acide pectique.
u Résultats analjtiques obtenus avec l'acide pectique de la cjomme adra-
gante. — I^s expériences suivantes ont été faites avec de l'acide ne laissant
que o8',oo35 de résidu, et les matières ont été sécliées constamment à
I20 degrés :
Composition centésimale de l'acide pectique.
I. n. ni.
c 4°'^- 4°»?*' 4o>82
H.. 5,3o 5,409 5,33
0 54,18 53,891 53,85
100,00 100,000 100,00
Capacité de saturation de l'acide pectique.
I. II. III.
, Sel 0,344 o>443 0,4^4
Pectate ' Oxyde 0,118 o,i35 o,i32
de plomb, j Acide 0,226 o,3o8 0,292
' D'où oxyde. .. . 3t,4p. 100 3o,4 p- 100 3i,i4p. 100
, Sel o,5o5 0,532 o,525
Pectate 1 Oxyde 0,1189 0,124 0,124
de baryte. J Acide o,386i o,4o8 o,4oi
' D'oii baryte. . . s3,54 p. «oo 23,3 p. 100 23,6 p. 100
Analyse élémentaire du pectate de plomb.
I. n.
c 4i)8o 4i>9
H 5,5o 5,65
o 52,70 52,45
» Les résultais analytiques que je viens de donner concordent sensible-
ment avec les nombres obtenus par M. Fremy dans ses études sur l'acide
pectique retiré des fruits.
0 Après avoir ainsi reconnu la nature du composé principal contenu
dans la gomme adragante, il m'a été facile d'apprécier les propriétés des
( 48o )
principes immédiats qui constituent cette substance, et même d'en déter-
miner les proportions. Mes analyses m'ont conduit aux résultats suivants :
Composition en centièmes de la gomme adragante.
Eau 20 pour loo.
Composé pecti(]iie 60
Gomme soluble 8àio
Cellulose 3
Amidon 2 à 3
Matières niiiiérales 3
Corps azotés ■ traces.
» Ce premier travail me semble donc établir assez nettement la consti-
tution chimique de la gomme adragante et les différences qui séparent
cette substance des autres gommes. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Élude chimique sur te petit-lait de Ludion ;
par M. F. Garrigou. (Extrait.)
(Renvoi à l'examen de M. Bussy.)
« 100 litris ont été évaporés dans des capsules de porcelaine jusqu'à
consistance de pâte. Le produit ainsi obtenu a été calciné. Les cendres
produites ont été soumises à de nombreux lavages, jusqu'à cpuisenieni
complet.
» L'analyse a été faite sur les eaux de lavages ramenées à 2 litres et sur
le résidu insoluble. Cette manière d'opérer n'a pas permis de donner le
mode de combinaison des substances entre elles, dans le petit-lait lui-
même, mais elle a permis d'arriver à connaître la quantité des substances
solubles ou insolubles.
» Voici la composition de ces cendres :
Phosphate île cliaux et de magnésie. . . 2, 189
Phosphate de soude o,355
Carbonate de soude i ,040
Chlorure de potassium 2,410
Fluorure de potassium o ,008
Sulfate de potasse o,i65
Silicate de potasse o,oo4
Carbonate de potasse 0,664
Silice 0,001
Scsipiioxyde de fer . . 0,0009
Cuivre traces
Plomb traces?
Pertes réelles et par le calcul réunies. . 0,017
Total 6,858g
( 48r )
» Je n'ai pns cherché la quantité de sucre contenue dans ce petit-lait,
parce que !e Hquide avait fermenté quand il a été transporté au iahoratoire,
et que je n'avais pas en vue de la déterminer. »
MIÎDFXINE. — Sur un cas d'épiliiisie Iniilc par le sulfate de cuivre ri sur la pré-
sence d'une quantité considérable de cuivre dans le foie. Note de MiM. BofK-
NEviLLE et YvoN, présentée par M. Cl. Bernard. (Extrait.)
(Commissaires: MM. Cl. Bernard, Bussy.)
« Au mois de mars 1874, nous avons mis phisieurs malades épiloptiqucs
du service de M. Charcot, à la Salpétrière, au traitement par le sulfate de
cuivre ammoniacal. L'une de ces malades ingéra, en quatre mois, 43 gram-
mes de ce sel. Les résultats acquis, nu bout de ce temps, étant nuls, le sul-
fate de cuivre fut supprimé. Trois mois plus tard, cette malade mourut do
tuberculose. A cette époque, l'attention venait d'être appelée sur les intoxi-
cations par les sels de cuivre : dans le foie de deux femmes, victimes d'un
empoisonnement de ce genre, les experts avaient constaté la présence du
cuivre. Aussi, avons-nous profité de l'occasion qui nous était offerte pour
faire pratiquer, par M. Yvon, l'analyse chimique du foie de noire malade.
» ... "Voici les principales conclusions qui résultent de notre observation
et de l'analyse chimique :
» L Le sulfate de cuivre ammoniacal, loin de diminuer le nombre des
accès, l'a au contraire augmenté. La dose quotidienne a été élevée progres-
sivement de 10 à 5o centigrammes. Les seuls accidents que nous ayons à
signaler sont : i" des vomissements, tantôt alimentaiics, tantôt composés
(l'un liquideglaireux ayant la couleur du vert-de-gris, caractère qui éveillait
singulièrement l'attention des autres malades; 2° des coliques et de la
diarrhée passagères.
H n. L'autopsie n'a fait découvrir, dans l'oslomac et dans l'intestin,
aucune altération susceptible d'être attribuée au sulfate de cuivre (i).
» III. L'analyse chimique du foie montre que cet organe contenait
295 milligrammes de cuivre métallique, répondant à i^"', i()6 de sulfate de
cuivre. C'est là une quantité que l'on doit regartier comme d'autant plus
considérable que, depuis trois mois, l'administration du médicament était
(1) Nous avons également constaté celle abs'.-iice de lésions à l'aulopsie d'une autre ma-
lade (lui a succomhé îi un étui de mal êpileptiquc, tandis qu'elle était encore en trailemrnt
(voir le Progn's lurdicnl, \^-]\, p. 557 <"' ^l^)-
C.R.,1875, i"Sem?i(r<:.(T. I.XXX, H» H.) 63
( 48^ )
supprimrOjCtqiiP, durant ce temps, une certaine proportion du cuivre a di'i
être éliminée. Cette quantité dépasse de j)lus du double celle qui a été ren-
contrée dans les cas d'empoisonnement auxquels nous avons fait allu-
sion (i) ». /
M. C.-V. Rii,Ev, en remerciant l'Académie de l'envoi qui lui a été fait,
des travaux récemment effectués sur le Phylloxéra, y joint l'expression de
son admiration pour la part que prend l'Académie elle-même dans la di-
rection de ces travaux (2).
MM. J. BRr.VFAUT, A. Créténier, D.-J. Hogan, Vignacx, G. Peyras
adressent diverses Communications relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
MM. Bourgogne, J. Quissac, Maillard adressent diverses Communica-
tions concernant le choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. J. Chamecix adresse une Note concernant les résultats d'élevage de
vers à soie, en titilisant les grainages américains.
(Renvoi à la Commission de Sériciculture.)
MM. Bacdrv et Roussel adressent une Note relative à un tlienno-révéla-
leur, ou avertisseur en cas d'incendie.
(Renvoi à l'examen de M. Bréguet.)
(i ) Affaire Moreau [Gnzettc des Trihunnii.r, 1 1 septembre 1874)- Dans un foie, les ex-
perts «luraient trouvé i?.o milligrammes de enivre; dans un autre, 80 milligrammes seu-
lement.
(?) M. Uilcy adresse en même temps quelques rectifications à divers passages de la tra-
duction qui avait été faite, pour les Comptes rendus, d'une Lettre adressée par lui à M. Li-
chtcnstein (t, LXXIX, p. i384) :
Page i384, ligne 28, au lieu de faite, lisez fait;
ï ligne 25, au lieu de tout à fait, lisez un peu.
Page 1387, ligne 5, au lieu de ses, Usez ces;
s » au lieu de caryse gnnimosa, caryse reniformis et caryae fallax, Usez
caryae-gummosa, caryse-reniformis et caryœ- fallax.
{ 483 )
CORRESPONDANCE .
La Société Lixxée.nxe de Normandie infonne l'Acadcinie qu'elle vient
d'ouvrir une souscription destinée à élever une statue à feu Elie de Bcau-
monl, l'un de ses fondateurs. Elie exprime l'espoir que les Membres de
l'Académie des Sciences voudront bien participer à l'houunage rendu à la
mémoire de l'illustre savant et de l'homme de bien qu'ils avaient choisi
pour l'un de leurs Secrétaires perpétuels.
Une liste de souscriptions sera ouverte au Secrétariat.
ASTKOiSOMlt:. — Observation du passage de Vénus sur te Soleil.
M. le Secrétaihe perpétuel communique avec une grande satisfaction
la dépèche suivante à l'Académie :
« Aden, i6 février i8'j5, 5 heures soir.
» Messieurs les Ministres de la Marine, de i Instruction publique;
Dumas j à l'Institut, — Paris.
» Trois mois mauvais temps; passage assez beau; contacts intérieurs
excellents , contacts extérieurs nuageux ; nombreuses photographies.
D/ues (i) partie pour Cherbourg. » Mouchez. »
A une dépèche de félicitations transmise immédiatement à M. le com-
mandant Mouchez, il répond de Suez, le 24 au soir, pour remercier l'Aca-
démie, et il ajoute : « La santé de tous est excellente ».
M. Fleukiais adresse deux plis cachetés, contenant les observations
du passage de Vénus effectuées par la mission de Pékin, et les documents
recueillis au moment du passage.
Ces deux plis, qui sont parvenus à l'Académie par deux voies différentes,
seront conservés au Secrétariat.
M. W. Thomson adresse ses remercîments à l'Académie, pour le juix
Poncelet qui lui a été décerné dans le Concours de 1873.
OPTIQUE. — Sur les phénomènes de diffraction produits par les réseau.x
circulaires. Note de M. J.-L. Soret.
« Je donne le nom de reseaux circulaires à des écrans opaques, percés
d'une série d'ouvertures présentant la forme d'anneaux concentriques.
(i) ^um (lu bàtiiiit'iil (lui a trausportc lu matériel ut les inutclols atlacliés à l'expédition.
G3..
( 484 )
» Interposés sur le passage d'un faisceau de rayons lumineux, ces ré-
seaux produisent des phénomènes de diffraction, variables suivant les re-
lations qui existent entre les diamètres des anneaux et leurs largeurs. Je
me bornerai, dans celle Note, à l'examen d'un cas spécial, donnant lieu à
des résultats très-remarquables, qui, à ma connaissance, n'ont pas encore
été décrits.
» Supposons que, sur une lame de verre, on trace un grand nombre de
circonférences concentriques, dont les rayons soient proportionnels aux
racines carrées de la série des nombres naturels. La première circonférence
ayant un rayon arbitraire a, la deuxième aura pour rayon a^2; la troisième,
a^6; la «'""% «y/«. Par un procédé quelconque, on recouvrira d'une sub-
stance opaque les surfaces comprises entre la première circonférence et la
deuxième, entre la troisième et la quatrième, entre la cinquième et la
sixième, etc. Le petit cercle central sera donc transparent, et entouré
d'une série d'anneaux également transparents : c'est ce que j'appellerai,
pour abréger, un réseau circulaire jjositif. Si, au contraire, on rend opa-
ques le petit cercle central de rayon a et les anneaux compris entre la
deuxième et la troisième circonférence , entre la quatrième et la cin-
quième, etc., on aura un réseau circulaire négatif. Les propriétés de ces
deux sortes de réseaux sont, du reste, à peu près les mêmes.
» Faisons tomber normalement, sur un de ces réseaux positifs, un fais-
ceau de rayons parallèles et homogènes, provenant d'un point lumineux
infiniment éloigné. Appelons axe principal la droite normale au plan du ré-
seau, et passant par le point lumineux et le centre des anneaux concen-
triques.
» Il est évident, en premier lieu, que les vitesses de vibration, envoyées
par tous les points des parties transparentes du réseau, arriveront en coïn-
cidence de phase sur un écran placé à une dislance infinie dans le prolon-
gement de l'axe, derrière le réseau; par conséquent, si l'on regarde à l'œil
nu, ou avec une lunette dirigée suivant l'axe princijjal, on verra le point
lumineux, comme si le réseau n'existait pas, sauf en ce qui concerne l'in-
tensité de la lumière.
» Considérons maintenant un point situé siu- l'axe principal, toujours
derrière le réseau, et à une distance/, du centre du réseau, donnée par la
formule/, = -r' X étant la longueur d'ondulation. Il est facile de voir qu'eu
ce point, les vitesses de vibration envoyées par le petit cercle central arri-
veront en couicidence de phase avec celles qui sont envoyées par tous les
anneaux transparents, ces dernières étant en relard d'un nombre entier de
( 485 )
longueurs d'ondulation. Donc ce point consliluoia un véritable fuyer réel
du [)oint hunineux (premier foyer réel). C'est là une conséquence immé-
diate de la théorie élémentaire dos ondidations.
» Pour un autre point situé également sur l'axe principal, plus près du
réseau, à une distance/o = ^i on aura de même, théoriquement, un
deuxième foyer réel; enfin, on aura un troisième, un quatrième foyer
réels, etc., à des distances^j = ^' /. = 7T' Seulement, si les largeurs
relatives des anneaux opaques et transparents sont bien celles que nous
avons indiquées, le deuxième foyer et les autres foyers d'ordre jjair seront
annidés; car chaque anneau est formé, dans ce cas, d'un nombre égal de
zones élémentaires agissant en sens contraire. Pour des largeurs relatives
des anneaux différentes, ces foyers d'ordre pair pourront exister et d'antres
dis|)araître.
» Ces divers foyers réels pourront être considérés comme les centres
d'ondes paragéniques sphériqnes convergentes. Entre eux, il n'y a pas de
concentration de lumière sur l'axe, si les anneaux sont suffisamment nom-
breux.
» De l'autre côté du réseau, c'est-à-dire du côté où arrive l'onde plane
incidente, ou aura des foyers virtuels, situés sur l'axe à des distancesy,,y2i
y3, Ces pohits seront les centres d'ondes paragéniques sphériques diver-
gentes, les vitesses de vibration envoyées par les plus grands anneaux étant
en avance d'un nombre entier de longueurs d'ondulation sur les vitesses
provenant des anneaux plus petits et du centre du réseau.
» Ainsi, si l'on ne tient compte que du premier foyer réel et du premier
foyer virtuel, les autres ayant moins d'inqîortance, on peut dire qu'un de
ces réseaux joue à la fois le rôle d'une lame à faces parallèles, d'une lentille
convergente et d'une lentille divergente, pour la lumière émanant d'un
point situé à une distance infinie sur l'axe principal.
>) Il en sera encore de même pour un point lumineux situé à une petite
dislance angulaire de l'axe princi[)al, sui- un axe secondaire passant par le
centre du réseau. Si donc, au lieu d'un seul point lumineux, on a un objet
lumineux, on devra obtenir des images de cet objet, dont l'une sera située
à l'infini, une autre sera réelle et placée à la distancey, derrière le réseau,
une autre sera viituelle et placée à la distancey,, en avant du réseau; en
outre, on pourra avoir des images réelles ou virtuelles d'un ordre plus élevé.
» Des raisonnements analogues conduiraient aux mêmes résultats pour
les rébcaux circulaires négatifs.
( 486 )
» J'ai cherché à vérifier par l'expéricTice ces conséquences delà théorie,
et j'y suis parvenu d'une manière démonstrative, bien que les réseaux que
j'ai eni|)loyés soient loin de réaliser une perfection qui, on le comprendra,
est difficile à atteindre.
» Ces réseaux ont été obtenus de la manière suivante : on a fait un des-
sin à l'encre de Chine, formé de 196 cercles concentriques dont les rayons
sont proportionnels aux racines carrées des nombres naturels. I.c premier
cercle a aS millimètres de rayon ; le plus t^'rand a, par suite, 35o millimètres
de rayon. On a noirci les anneaux compris entre la première et la deuxième
circonférence, entre la troisième et la quatrième, etc. On a fait ainsi, en
noir sur blanc, la figure d'un grand réseau circulaire positif, ayant 98 an-
neaux concentriques. Le dessin a été reproduit, par photographie sur verre,
à des réductions variant du vingt-cinquième au centième, les clichés étant
positifs ou négatifs.
» Suivant la réussite de la reproduction, ces clichés m'ont donné des
résultats plus ou moins bons, constatés par les expériences suivantes :
» I. Un faisceau de lumière solaire pénètre dans une chambre obscure,
par une ouverture de forme quelconque, carrée par exemple; on [)lace un
verre rouge sur cette ouverture. Puis on dispose, aune distance convenable,
une lentille coUimatrice qui rend les rayons parallèles et donne à une
grande distance, au fond de la salle, une image agrandie de l'ouverture.
Derrière la lentille coUimatrice on place un réseau circulaire : l'image au
fond de la salle subsiste; elle est seulement un peu moins nette et entourée
d'une auréole, ce que l'on peut attribuer à l'imperfection du réseau.
)) On place un écran blanc à la distance^, correspondant au premier
foyer (i) : on obtient une nouvelle image de l'ouverture, plus petite, assez
vive et nette; mais, en dehors de cette image, l'écran est encore éclairé, ce
qui doit être. En rapprochant l'écran du réseau à la dislanceyo, on observe
encore une image plus petite, très-peu visible avec les réseaux au vingt-
cinquième, dans lesquels la proportion des clairs et des obscurs est assez
bien gardée, mais bien accentuée avec les petits réseaux où les anneaux
opaques empiètent sur les anneaux transparents.
)) A des distances intermédiaires, on n'a pas d'image, mais une simple
tache lumineuse.
» IL On répète l'expérience en enlevant le verre rouge, c'est-à-dire
(i) Les disLinccs focales principales sonl l'iiviron tic r",b pour le lescaii au vinyt-ciii-
«piièiiie, ileoli',4 l»"»'' le rcscaii au eiu(|uarilicuic.
( 487 )
avec la Iiimièro blanche. Le réseau produit l'effet d'une lentille non achro-
matique et très-dispersive. A la distance focale convenable pour les rayons
rouges, l'image est rouge, assez nette, entourée d'une auréole bleue; en
éloignant l'écran, l'image passe au jaune, au vert, et enfin au bleu avec une
auréole rouge.
» III. On prend ime lunette astronomique ordinaire; on en enlève l'ob-
jectif et on le remplace par un réseau positif ou négatif; on vise avec la
lunette un objet lumineux, tel qu'une bougie ou un bec de gaz. On obtient
une image renversée de la flamme, dans un champ moins éclairé; elle est
sans doute bien moins nette qu'avec l'objectif ordinaire, mais elle est par-
faitement reconnaissable, et passe du rouge au bleu quand on fait varier la
mise au point. En raccourcissant la lunette, on obtient la deuxième et la
troisième image.
» Inversement, on forme la lunette avec l'objectif de verre, mais en
remplaçant l'oculaire par un petit réseau circulaire au centième : l'image est
très-nette.
» On peut même former la lunette en remplaçant à la fois l'objectif et
l'oculaire par des réseaux; mais l'observation est difficile et l'image sans
netteté.
)) IV. On peut encore former des lunettes de Galilée avec un objectif
ordinaire et un réseau circulaire pour oculaire, ce qui montre que ce der-
nier joue aussi le rôle de lentille divergente.
» V. Un petit réseau seul fonctionne comme une loupe pour un objet
fortement éclairé : par exemple, lorsqu'on regarde, par transparence, une
photographie sur verre à une distance plus petite que celle de la vision
distincte.
» Dans ces différents cas, l'image plus ou moins nette se détache sur
un champ lumineux. J'ajoute que les images réelles ou virtuelles peu-
vent, sans grande difficulté, se voir simplement à l'onil, quand on regarde
une flamme au travers d'un réseau circulaire placé à une distance conve-
nable. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Injluence de la pression sur ta combustion.
Note de M. L. Cau.letet.
« Dans une CommtuiicatioM faite à l'Académie en i868(i), M. II. Sainte-
Claire Deville développait lui plan complet de recherches commencées
(i) Voir Comptes rendus, t. LXVII, p. 1089,
( /|88 )
clans son laborotoiro de l'Ecole Normale, et basées sur la combustion sous
pression.
M Les expériences qui font l'objet de cette Note ont été entreprises
d'après les principes formulés par M. Deville, et réalisées non plus dans un
laboratoire à parois de fer pouvant contenir l'opérateur et ses instruments,
mais à l'aide d'appareils qui, s'ils ne permettent d'arriver à des mesures
calorimétriques précises, ont l'avantage de montrer comment se modifient
les phénomènes de la combustion sous des pressions qui peuvent être por-
tées à 3o ou 35 atmosphères.
» Il était indispensable pour étudier les modifications que la pression
fait subir aux rayons lumineux, calorifiques et chimiques, émis par un
corps en ignition, de pouvoir entretenir la combustion des corps à étudier
pendant un temps assez long, et de disposer, par conséquent, de volumes
d'air comprimé, s'élevantà plusieurs centaines de litres.
» Les appareils que j'ai employés se composent:
» De pompes et de réservoirs, destinés à contenir les gaz comprimés.
Les pompes sont à cylindres mobiles et à pistons fixes. Une couche d'eau
ou de glycérine recouvre les cuirs emboutis et refroidit les gaz comprimés
eu même temps qu'elle s'oppose à leur retour. Des tubes en toile recou-
verte de caoutchouc permettent de diriger les gaz sans difficulté, soit dans
l'appareil de combustion, soit dans des réservoirs cylindriques en tôle, qui
ont été essayés à 60 atmosphères.
» L'appareil-laboratoire est en fer frelté; il a la forme d'un cylindre
creux et peut résister à plus de 3oo atmosphères. Quatre ouvertiues pra-
tiquées vers la moitié de la hauteur du cylindre reçoivent : i" le tube ab-
ducteur des gaz; 2° le robinet de pmge; 3° le tube du manomètre; 4° enfin
une lunette formée de glaces épaisses, qui permet d'observer ce qui se
passe dans l'appareil.
» Dans l'espace cylindrique vide qui a o™, 10 de diamètre et un voliune
d'en-viron 4 litres, il est facile de disposer soit des lampes, soit les substances
dont on veut étudier la combustion.
» L'occlusion se fait au moyen d'une feuille de caoulchouc, sur laquelle
s'adapte un obturateur métallique à vis, dont la manœuvre est facilitée par
un système de ciuitre-poids.
» Lorsqu'on place une bougie dans l'appareil que j'ai décrit, on con-
state que l'éclat de sa flamme augmente avec la pression de l'air introduit.
La base de la flamme, qui à l'air libre est transparente et à peine colorée
eu bleu, devient blanche et très-lumineuse; mais bientôt le |)ii(ii()mène se
( 489 )
modifie, des nuages épais de fumée circulent dans l'appareil et s'échappent
par le robinet de purge (i).
» La flamme vue à travers cette fumée est rougeâtre, et lorsqu'on met
fin à l'oxpérionce, on trouve que la mèche a fortement charbonnc, et
que la combustion est devenue incomplète, puisqu'il s'est déposé des
quantités considérables de noir de fumée, provenant sans doute de la dis-
sociation des gaz carbures, par suite de l'élévation de la température de la
flamme.
» Dans cette expérience la chaleur augmente, mais pas assez cependant
pour permettre à un fil de fer rougi de brûler. L'éclat de la flamme du
phosphore ne semble pas augmenter sensiblement sous pression.
» Le soufre dans ces conditions donne une flamme plus foncée, plus
vive et colorée sur ses bords en jaune rosé; je n'ai jamais trouvé qu'il se
produisît des quantités notables d'acide sulfurique.
» Le potassium brûle avec une flamme fort brillante et colorée en vio-
let; j'ai placé dans l'appareil-laboratoire un petit fourneau rempli de
charbon de bois allumé, et, en portant la pression de l'air introduit à 25 at-
mosphères, la combustion n'a pas semblé plus vive qu'à l'air libre. Une
lampe à alcool, dont la mèche est formée seulement d'un fil de coton et qui
ne donne à l'air libre qu'une flamme à peine visible, augmente rapidement
d'éclat, à mesure que la pression devient plus grande. Vers i8 ou 20 at-
mosphères, la lumière qu'elle émet est devenue blanche, brillante et aussi
éclairante que celle d'une bougie. Son spectre est continu et plus étendu
qu'à la pression ordinaire; la raie D, seule visible, semble sensiblement
élargie.
» Le sulfure de carbone donne également une flamme plus brillante
et plus lumineuse qu'à l'air libre; il ne produit pas, en brûlant, des quan-
tités sensibles d'acide sulfurique.
» En plaçant dans l'appareil-laboratoire du zinc et de l'acide chlorhy-
drique étendu, de manière à obtenir un jet d'hydrogène, je n'ai pu en-
flammer ce gaz pour étudier sa combustion. J'ai cherché une disposition
d'appareil, telle que l'hydrogène produit ne fût pas refoulé dans le
flacon au moment de l'admission de l'air comprimé ; malgré ces disposi-
(1) La inoJuclion de celle fumée ne peut être attribuée au manque iroxygéne, car l'air
qui s'échappe par le robinet de piirye entretient nornialenicnt la combustion d'une autre
bougie disposée sous une cloclie à la suite de l'appareil.
C.R.,i875, i"5<rme«r(r.(T.LXXX, ISofl.) 64
( 490 )
lions, l'expérience n'a pas réussi, sans doute à cause du ralentissement de
l'attaque du zinc par l'acide sous pression (i).
». En résumé, la dissociation des gaz carbures de la bougie et l'aspect
des spectres que j'ai examinés démontrent que la température de la com-
bustion a augmenté avec la pression, sans cependant que cet accroisse-
ment soit nécessairement très-grand.
» L'éclat que prend la flamme de l'alcool, ainsi que la coloration de la
flamme du soufre et du sulfure de carbone, montre quelle intensité peu-
vent acquérir les rayons lumineux lorsque la pression augmente. J'ai
établi également que les rayons chimiques prennent une activité plus
grande avec la pression.
» A cet effet, j'ai réimi au fond d'une boîte noircie, que je pouvais
placer à coulisses devant la fenêtre de mon appareil-laboratoire, un cer-
tain nombre de tubes aplatis contenant des substances phosphorescentes.
Ces corps avaient été choisis de façon à donner les couleurs du spectre
lorsqu'on les exposait pendant un instant aux rayons du soleil. J'ai con-
staté que plusieurs de ces pyrophores, qui n'étaient pas influencés par
une flamme donnée, devenaient lumineux lorsque la pression augmentait,
et que ceux qui étaient influencés par une flamme à la pression ordinaire,
prenaient un éclat beaucoup plus grand lorsque cette substance brûlait
sous des pressions élevées. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Dosacje de l'acide borique. Note de M. A. Ditte.
« Pour effectuer directement la détermination quantitative de l'acide
borique, deux procédés ont été indiqués jusqu'ici : l'un, fondé sur l'emploi
des carbonates alcalins anhydres, entraîne un dosage d'acide carbonique,
opération toujours délicate, et, de plus, H. Rose le regarde comme « un
)) peu compliqué, exigeant beaucoup de temps et beaucoup de dextérité
» Le fort boiusoufleaient de la masse par la calciuation rend ces expé-
w riences très-difficiles, et l'analyse tout à fait impossible si l'on n'a recours
» à des artifices particuliers.... Cette méthode ne peut être positivement
» employée que dans des cas très-rares, et seulement lorsque la dissolu-
» tien ne contient avec l'acide borique aucune autre matière que peut-être
« de l'anunouiacjue. « (II. Rosii, /Jiial/se (jitanlitiUiuc, p. (j4^> 94^, 94^-)
» Le second procédé consiste à doser l'acide borique au moyen de l'hy-
(i) Comptes raiilus, t. LXVIII, p. SgS.
( 49' )
(Irofliioborate de potasse. Or, dit encore H. Rose (p. 947)) « "n grand
>i nombre d'expériences ont démontré que, lorsqu'on suit la méthode telle
» que Berzelins l'a proposée, il est impossible de déterminer de cette ma-
» nièro la quantité d'acide borique ». I.a modification imaginée par Stro-
meyer ne s'applique qu'aux borates alcalins : elle est d'ailleurs longue,
compliquée, exigeant l'emploi de plusieurs réactifs (potasse, acide fluor-
hydrique exempt de fluorure de silicium, acétate de potasse, alcool); de
plus, l'hydrofluoborate de potasse ne devant pas être chauffé au-dessus de
100 degrés, la pesée exige l'emploi, toujours quelque peu incertain, d'un
filtre taré.
» La méthode que je vais exposer est intimement liée à celle qui m'a
permis de préparer des borates cristallisés par voie sèche {Comptes rendus,
t. LXXVII, p. 783 et 892). Je suis parvenu à doser rigoureusement l'acide
borique au moyen d'un sel bien défini et cristallisé. La méthode ne pré-
sente ni complications ni difficultés sérieuses, elle paraît s'appliquer dans
la plupart des cas et ne demande en général que peu de temps.
» Supposons d'abord qu'il s'agisse de déterminer l'acide borique con-
tenu dans une dissolution qui le contient seul ou combiné aux oxydes
alcalins. On ajoute à la liqueur un peu d'ammoniaque pour neutraliser
l'acide libre, s'il y en a, puis un excès dune dissolution saturée de chlo-
rure de calcium pur. Tout l'acide borique se trouve alors dans le borate
de chaux, produit sous la forme de précépité gélatineux, soluble surtout à
chaud dans le chlorure de calcium en excès. La matière introduite dans
un creuset de platine peut être alors évaporée à siccité, sans que dans ces
circonstances il se perde, par volatilisation, la moindre trace d'acide bo-
rique. Si le volume de la liqueur est supérieur à celui du creuset, on l'y
introduit par portions que l'on évapore successivement. La matière étant
sèche, on remplit le creuset avec un mélange à équivalents égaux de chlo-
rures de sodium et de potassium purs et cristallisés, on le ferme avec son
couvercle, puis on chauffe, modérément d'abord, afin de chasser l'eau que
le chlorure de calcium retient encore, plus fortement ensuite, de manière
à fondre le mélange salin. Le borate de chaux, bien moins fusible, se ras-
semble au fond du creuset en une matière spongieuse plus ou moins agglo-
mérée, se dissout partiellement dans la masse saline fondue, au sein de
laquelle il se trouve; et, si l'on maintient le fond du creuset à luie tempé-
rature plus élevée que la partie supérieure, le borate de chaux dissous vient
cristalliser à la surface du liquide; les cristaux empâtés dans du chlorure
64..
( 49^ )
solidifié forment un anneau qui s'élève le long des parois du creuset, juste
au-dessus de cette surface; bientôt tout le borate est transporté dans cet
anneau, il n'en reste plus au fond du creuset.
» Le précipité primitif n'a pas une composition constante; il peut se dis-
soudre entièrement, même à froid, dans un excès de chlorure de calcium
qui sert à le former; l'eau pure elle-même le décompose. Après la cristalli-
sation, on obtient do belles aiguilles transparentes dont la composition
correspond exactement à la formule BoO%CaO. Ces cristaux sont inso-
lubles dans l'eau chaude comme dans l'eau froide ; une solution concen-
trée (au dixième) du mélange des chlorures alcalins ne les altère pas à
froid ; à chaud, elle en dissout une quantité extrêmement faible.
» On peut donc, en toute sécurité, traiter par l'eau froide la matière
refroidie qui se sépare du creuset d'un seul bloc ; l'anneau contient presque
tout le borate cristallisé, dont une faible partie reste cependant disséminée
dans la masse saline qui l'avait dissoute pendant la fusion, et d'où elle
s'est séparée par refroidissement. Les chlorures se dissolvent, les cristaux
restent; on les lave sur un filtre, puis on les sèche; avec un pinceau léger
on les détache du filtre, et il ne reste plus qu'à les peser.
» L'opération ne présente aucune difficulté; toutefois, dans l'applica-
lion, il ne sera pas inutile d'avoir égard aux remarques suivantes et de
prendre quelques précautions indispensables : on doit, avant tout, éviter
avec le plus grand soin de fondre le borate de chaux amorphe qui occupe
le fond du creuset. Dans ce cas, il se formerait bien encore une couronne
de cristaux à la surface du liquide; mais une partie de la matière fondue se
rassemblerait, sous la forme d'une perle transparente, au contact de la-
quelle le mélange salin dégage constamment des bulles de gaz. Il est alors
impossible de tout transformer en cristaux, si longtemps que l'on continue
à chauffer. Il reste toujours au fond du creuset une perle vitreuse, formée
principalement d'acide borique, avec des traces de chaux et des quantités
notables de potasse et de soude. La proportion de l'acide borique y étant
toujours considérable par rapport à celle des bases, alors même que la vo-
latilisation de l'acide borique ne se produirait pas dans ces circonstances,
ce qui est au moins douteux, l'analyse de cette perle serait délicate et con-
duirait bien difficilement à un dosage exact de l'acide borique.
» Il est donc absolument nécessaire de ne pas fondre la matière amorphe,
et c'est pourquoi l'on emploie le mélange à équivalents égaux de chlorures
alcalins, qui fond à bien plus basse température que chacun de ces chlo-
( 493 )
riires pris isolément. D'autre part, plus la température du fond du creuset
est élevée, plus rapide est le transport des cristaux à la surface. Ainsi, la
température an fond du creuset doit être aussi élevée que possible, tout en
restant ihCerioure à celle qui correspond à la fusion du borate de chaux.
A la surface, la température doit cire la plus basse qui pernielle au mé-
lange de rester liquide; car, si les parois du creuset sont trop chaudes au
point où l'anneau se produit, celui-ci se détache, descend au fond du creu-
set, et l'opération est à recommencer.
» Le chauffage du creuset ne peut pas se faire avec un brûleur de Bun-
sen ordinaire ni avec la lampe de lîerzelius; le mélange de chlorures fond
bien, mais la température du fond du creuset est trop basse, et la cristalli-
sation s'effectue avec une lenteur qui rend l'opération impraticable. Il est
commode de se servir d'tine lampe à gaz, alimentée d'air par un soufflet ou
une trompe : on obtient ainsi facilement la température nécessaire au fond
du creuset, tout en n'en chauffant que modérément les parois. Il est à
noter que, lorsqu'on atteint la température de fusion du borate de chaux,
la volatilisation des chlorures s'effectue d'une manière très-sensible, et co
seni fait de l'apparition des vapeurs avertit que l'on chauffe trop.
» La formation de l'anneau est toujours très-lente quand on emploie
seulement un mélange de chlorures alcalins ; elle est notablement accélérée
par l'addition d'une proportion convenable de chlorure de calcium ; mais
s'il n'y en a que peu, la cristallisation reste lente, et, si l'on en met trop, les
cristaux formés sont extrêmement petits, en houppes très-légères et diffi-
ciles à laver. On réussit très-bien quand le mélange salin contient i partie de
chloriu'e de calcium desséché pur, pour 3 parties du mélange à équivalents
égaux de chlorures alcalins. En réglant convenablement le feu, ce dont on
acquiert bien vite l'habitude, on peut^ en une heure, faire cristalliser la
quantité de borate de chaux qui correspond à 2jo milligrammes d'acide
borique anhydre.
» Les nombres qui suivent montrent bien que, en opérant comme il vient
d'être dit, on retrouve tout l'acide borique employé dans la somme de
borate de chaux cristallisé BoO% CaO, et que, par suite, la méthode con-
duit à des résultais d'une exactitude rigoureuse. Les nombres de la pre-
mière colonne représentent les quantités d'acide borique anhydre qui cor-
respondent aux poids d'acide borique cristallisé ou de borates alcalins
employés :
(494 )
Borate dp chaux
Acide borique -™i~ — ,»
employé. trouvé. calcule.
507 railligrammos 3^4 ^'ji
84 jS » i5a i5?.
io3/) » 188 187
I24»7 ° 23.4 225
1 12 ,6 » 202 203
28,15 • 5o 5o , 7
84,5 » iS?. i52
» Dans une procliaine Communication, j'indiquerai comment on doit
s'y prendre pour appliquer cette méthode quand la matière à analyser n'est
p.as soluble dans l'eau. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur tes microzjmas et les bacléries, à propos d'une
remarque de M. Balard. Note de M. A. Béchamp. (Extrait.)
« Après avoir présenté à l'Académie une Note de M. Serve), « sur la nais-
» sance et l'évolution des bactéries, dans les tissus organiques mis à l'abri
» de l'air », Note dans laquelle sont confirmées certaines des expériences
que nous avons publiées, M. Estor et moi, M. Balard s'est exprimé en ces
termes (i) :
" Je ne peux pas ni'empècher de rappeler que j'ai vu, récemment encore, dans le labo-
ratoire de M. Pasteur, des ballons contenant, depuis onze ans, du sang retiré directement
des organes d'un animal vivant. Ce sang, depuis cette époque, se conserve dans des vases
effilés ouverts, et dans lesquels, dès lors, l'air peut se renouveler, sans qu'il se manifeste de
fermentation putride ou qu'on y observe des bactéries. La matière des œufs, extraite par
M. Gayon avec les soins nécessaires, et conservée dans des vases du même ordre, est au-
jourd'hui parfaitement comestible, même après un intervalle de dix-huit mois. «
» Je prie l'Académie de me permettre de m'expliquer sur la portée des
preuves que M. Balard semble invoquer contre l'existence des microzymas
et leur propriété d'évoluer en bactéries,
» Ainsi que M. Fremy le faisait naguère observer avec raison, pour
M. Pasteur, tons les ferments, et les bactéries en particulier, ont pour ori-
gine les germes de l'air. Si donc, dans les expériences rappelées par M. Ba-
lard, il ne se manifeste pas d'altération, si les bactéries sont absentes, c'est
que les germes en question ne sont pas intervenus. La conséquence logique
de la remarque de M. Balard, c'est que, dans le sang, dans la matière des
(i) Complet rendus, t. I.XXIX, p. 1272, 3o novembre 1874.
( 495 )
œufs, dans le foie, dans le rein, dans les muscles, dans les glandes en gé-
néral, dans la matière nerveuse d'un animal qui vient de mourir, il n'y a
plus rien de vivant, rien de capable d'évoluer en bactéries. Telle est, dans
sa généralité, la conclusion (jui découle des faits rappelés par M. Ralard.
» Après avoir, même avant M. Pasteur, attribué aux germes de l'air ce
qui légitimement leur appartient, j'ai essayé de démontrer que les ferments
peuvent naître d'une autre source. En i865, j'ai décrit un nouvel orga-
nisme, passé inaperçu, quant à sa fonction, des chimistes et des physio-
logistes. En effet, les uns et les autres signalaient bien les granulations
moléculaires dans les cellules, les organes, les tissus ou les fermentations,
mais sans rien leur accorder de l'ordre vital dans les phénomènes de l'or-
ganisation et de la fermentation. D'après eux, après la mort, la matière
était livrée à l'empire des seules forces chimiques. Pour moi, depuis i865
et auparavant (dans un Mémoire de 1807, le foit est déjà constaté), cer-
taines granulations moléculaires, que j'ai nommées microzymas, sont orga-
nisées, vivantes et douées de toute l'activité des ferments figurés. Or, depuis
[868, nous nous efforçons, M. Eslor et moi, de démontrer que le seul élé-
ment de l'organisation dont la vie persiste après la mort est le microzyma,
de même que, pendant la vie, c'est lui qui apparaît le premier, lorsqu'une
cellule ou un tissu doit naître. Pour démontrer la vitalité indépendante
des microzymas de certains tissus, de certaines glandes ou de certains mi-
lieux de l'organisation, nous avons f;dt voir qu'ils agissent comme des
fragments figurés et qu'ils peuvent évoluer en bactéries, en passant par
certains états intermédiaires que nous avons décrits, et que certains au-
teurs considèrent à tort comme des espèces. Dès le début de nos recherches,
nous avons montré que l'air n'était pour rien dans l'apparition des bacté-
ries au sein des tissus vivants ou morts, soit que nous nous missions à l'abri
de ses germes, soit que nous les empêchassions d'évoluer. Or l'expérience
ingénieuse de M. Servel avait précisément pour but de mettre les objets
de sou expérimentation, non-seulement à l'abri de ces germes, mais dans
un milieu capable de les tuer.
» Qu'il y ait des fermentations où il n'y a d'autre ferment figuré que le
microzyma (granulation moléculaire des auteurs), cela n'est pas douteux.
Que certaines granidations des animaux et des végétaux soient des micro-
zymas, cela n'est pas douteux non plus, puisque ces granulations molécu-
laires agissent comme les microzymas des fermentations. Que certaines
granulations moléculaires des animaux, des végétaux et des fermentations
soient aptes à devenir bactéries, nous ne sommes plus seuls à le soutenir.
( 49« )
après l'avoir démonlré. Mais non-seulement les microzymas peuvent engen-
drer des bactéries et édifier des cellules : la transformation inverse peut se
produire. Je rappellerai, à ce propos, le Mémoire que j'ai eu l'honneur de
lire à l'Académie eu 1871, sur la régression delà levure de bière en micro-
zymas et en bactéries. La levure de bière, cette cellule si résistante, étant
placée dans l'empois de fécule, disparaît et se résout en microzymas, les-
quels se transforment; des vibrions, des amylobacters, des bactéries appa-
raissent, et au bout de quelque temps tout cela se résout de nouveau eu
microzymas (1). De même toute cellule animale peut se résoudre en micro-
zymas, et ceux-ci, les milieux étant convenables, évoluer en bactéries, pour
revenir au microzyma. On parle de mort de vibrions, de bactéries : dans la
réalité, il y a simplement régression. Pour M. Balard, d'après M. Pasteur,
les bactéries ne naissent dans un milieu que parce que l'air en a apporté
les germes. Pour M. Estor et pour moi, ils peuvent avoir une autre origine.
» Mais les faits que M. Balard a rappelés, et que je ne conteste pas, con-
tredisent-ils ces autres faits? C'est ce qu'il faut examiner.
» J'ai déjà répondu à l'objection tirée des expériences de M. Gayon
(voir Comptes rendus, t. LXXVII, p. Gi3); j'y reviendrai. En attendant, je
demande en quoi le fait, que les œufs conservés par M. Gayon sont restés
comestibles, prouve qu'd n'y a pas eu de changement dans la nature
de leur matière? Dans tous les cas, cela ne prouve rien contre ce qui se
passe dans le foie et dans d'autres glandes. D'ailleurs, je n'ai jamais dit qu'd
n'y eût qu'une seule espèce de microzymas, et nous avons montré, M. Estor
et moi, que le même microzyma agissait autrement selon les milieux ou
il est placé. M. J. Béchamp publiera même, prochainement, des expé-
riences desquelles il résulte que l'activité des microzymas varie avec l'âge
des tissus qui les contiennent et avec la nature de ces tissus. Les micro-
zymas du jaune d'oeuf, dont je ferai bientôt connaître les propriétés et la
composition, n'évoluent pas en bactéries tant qu'ils restent dans leur mi-
lieu naturel, et difficilement dans des milieux artificiels. Dans mes expé-
riences sur la fermentation spontanée des œufs d'autruche ou de poule, j'ai
fortement insisté sur le fait qu'il n'y avait pas de bactéries, que les micro-
zymas y conservaient leur forme et leurs autres propriétés générales, et
M. Donné, dont la compétence est si grande, n'y a jamais vu apparaître de
bactéries non plus. ]Maissi,dans leur milieu naturel, ils ne sont pas capables
de se transformer en bactéries, lorsqu'ils ont changé de nature et de fonc-
i) AniKilcs (te Chimie et de Vltysiquc, 4" série, t. XXIII, |). '[\'à; 1^71-
(497 )
tion pencliiiil le clé\elo|)|)ement du poulet, si celui-ci vienl ;'i mourir daus sa
coquille, on peut voir, daus les organes centraux, qui sont protégés par
plusieurs barrières contre les germes de l'air, on peut voir, dis-je, les mi-
crozymas évoluer en bactéries.
)) Pour ce qui est du sang, j'ai déjà fait remarquer que c'est une des
matières où apparaissent le plus difticilement des bactéries. Le poumon,
qui est le plus directement en contact avec l'air, est le viscère qui se putréfie
le dernier : tous les médecins légistes savent cela. 11 y a d'autres tissus que
le sang qui se putréfient difficilement et dans lesquels ne naissent pas de
bactéries. Mais eu quoi l'abscucé de l)actéi ies et d'odeur, dans le sang con-
servé daus l'expérience que 1\1. Balard m'oppose, prouve-t-elle qu'il n'y a
pas eu de cliangemeut ? En quoi cela infirnie-l-il d'autres expériences, aussi
positives, sur d'autres tissus où des bactéries se développent? En réalité, le
sang peut être altéré, bien qu'on n'aperçoive ni bactéries, ni fermentation
putride. Il y a changement nécessaire, préciséuîent parce que le sang con-
tient des éléments vivants : microzymas (admis par tous les histologistes
aujourd'hui), globules blancs, globules rouges. Mais il y a longtemps que
le ï-avant le plus compétent pour parler du sang a écrit ceci :
« Les glol)iik's clii sang se comportent comme s'ils constituaient des êtres véritablement
vivants, capables de résister à l'action dissolvante du sulfate de soude, tant que leur vie
persiste, mais cédant à cette action dès qu'ils ont succombé à l'asphyxie, qui résulte pour
eux de la privation de l'air, et qui se manifeste avec une singulière rapidité, soit par leur
cliaugciiient de couleur, soit par leur prompte dissolution (i). »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sw la fermentation butyrique provoquée par lee
vécjélaux aquatKjuea imniercjés dans l'eau suciéc. Note de M. SciiOtzex-
ui:r(;er, présentée par M. Balard.
« A la suite de ma récente Counnunicalion sur la fermentation butyrique
provoquée par Yclodca canadensis immtîrgée dans l'eau sucrée, M. Pasteur
a bien voulu me faire observer que, d'après ses expériences, l'absence
presque complète de fermentation, dans le liquide séparé de la plante, tient
à ce que les vibrions-ferments, ne trouvant, dans les conditions où je tn'étais
|)lacé, leur aliment azoté et minéral qu'à la surlace de la plante et non
dans le liquide, y séjournent de préférence. La viscosité du liquide sucré
(i) Dumas, Rccitcnlics iur le sang. [Annales de Chimie et île l'/ijiiijac, J" série, t. XVII,
p. 452; iB46.)
C. U,, 1873, 1" Semeitrc. (T. LXXX, ti« ii.) tJ5
(498 )
expliquerait la difficulté que l'on éprouve à les détacher de la surface des
feuilles. Dans ma premièreNote, j'ai dit que, ne me jugeant passuffîsamment
pré|)aréaux investigations microscopiques dos ferments, j'avais été conduit à
supposer que la cause de la fermentation résidait dans la plante elle-même,
par le fait que la décomposition du sucre est arrêtée dès qu'on décante la
solution sucrée de dessus les plantes.
D'après ce que j'ai pu voir au laboratoire de I\I. Pasteur, avec l'habile
concours de M. Gayon, je crois devoir adopter l'interprétation donnée par
M. Pasteiu' du fait que j'avais observé. »
ZOOLOGIE. — Sur les espèces méditerranéennes du genre Eusyllis. Note
de M. A. -F. Makion, présentée par M. E. Blanchard.
« J'ai signalé récemment sous le nom d' Eusyllis lainelligera, un Anné-
lide du golfe de Marseille se rapportant au genre remarquable créé par
Malmgien pour quelques Syllidiens du Spitzberg. J'ai pu étudier depuis
plusieurs individus de cette espèce, et j'ai reconnu constamment l'existence
d'un premier cirre ventral lamelleux, prenant un grand développement et
contrastant avec les organes homologues des anneaux qui le suivent. Les
serpes des soies composées sont toutes très-longues et d'une forme parti-
culière. J'apprécie d'autant mieux aujourd'hui ces caractères différentiels,
que j'ai sous les yeux d'autres Eusj ilis bien distincts des premiers, et qu'on
ne pourrait séparer de V Eusyllis monilicornis de Malmgren; ils proviennent
des régions coralligènes profondes.
» Ces Vers atteignent une longueur de lo millimètres et possèdent cin-
quante segments sétigères. Le lobe céphalique est profondément enchâssé
dans l'anneau buccal qui s'avance au-dessus de lui en formant une petite
gibbosité dorsale. On voit deux paires de taches oculaires principales et une
paire supplémentaire de petits yeux disposés à la base des antennes ex-
ternes. Tons les ajjpendices sont irrégulièrement articulés, le premier cirre
dorsal atteint une longueur considérable : il est souvent enroulé à la ma-
nière des organes des AutolyUis. Les deux palpes sont très-développés et
soudés par leur base. Les mamelons pédieux sont tous très-saillants, et ils
portent des cirres ventraux ])inniformes. I^e cirre ventral du premier seg-
ment est, du reste, constamment plus peut que ceux des anneaux suivants,
tandis que nous trouvons une disposition inverse chez V Eusyllis lamelli-
ijcra. La trompe occupe les cinq premiers zoonites; les denticules qui gar-
nissent son uuvirture semblent beaucoup [)lus grands que ceux de Y Eusyt-
( 499 )
Ih Inmellicjera. An proventriciile succède nne rrgion incoloro munie (\o
gliindes en T, et l'intestin ne présente pus d'étranglements l)ien profonds.
.1 Tous ces caractères concordent avec les figures et avec la description de
Malmgren. Chaque pied est soutenu par un fort acicnle crochu. Les soies
composées portent des serpes bidentées assez courtes, identiques à celles
de VEiisyllis monilicornis du Spitzberg; mais je trouve au milieu d'elles une
mince tige recourbée, terminée par deux petites pointes. Cet organe existe
dans tous les pieds : il est bien indépendant des soies filiformes dorsales
qui apparaissent au moment de la maturité sexuelle.
» Il résulte de ces observations que le genre Eiisyllis est représenté sur
les côtes de Marseille par deux formes bien distinctes. L'une est peut-être
spéciale à la Méditerranée; elle n'a été signalée encore dans aucune autre
mer. L'autre appartient, au contraire, à un type répandu jusque dans les
régions arctiques. On voit qu'il suffit de recherches attentives pour ac-
croître le nombre des espèces communes à l'Océan et à la Méditerranée.
J'ai pu m'assnrer que les Hermelles des rivages de la Provence ne diffèrent
pas de celles de la Manche et des côtes de la Scandinavie. Le Psamallie cir-
rliata de Saint-Vaast existe dans les graviers coralligènes de IMontredon.
» Ces faits viennent s'ajouter à ceux que j'ai eu l'honneur de présenter
récemment à l'Académie.
» On ne peut donc méconnaître les liens qui unissent les faunes médi-
terranéennes et océaniques, bien que l'autonomie de ces faunes soit, du
reste, indiscutable. »
ZOOLOGlK. - Révision des Némaloides du (jolfc de Marseille. Note
de M. A. -F. Mario.v, présentée par M. Milne Edwards.
« La Note récente de M. Vil lot, sur le système nerveux périphérique des
Néniatoides, me détermine à ne pas différer plus longtemps quelques rec-
tifications que je destinais à un travail général sur le mode île distribution
des animaux marins du golfe de .Marseille. M. Villot signale, dans la couche
hypodermique des Nématoïdes de l'Océan un remarquable réseau nerveux
identique à celui qu'il décrit chez les Gordius. Cette intéressante pid)lica-
tioii modifie beaucoup les notions que nous possédions sur l'appareil sen-
sitif de ces petits Helminthes. Il suffit de parcourir les importants Mémoires
de Bastian [PInlosopli. Transact., p. 565, i866. — Tamsacl. of llie L. Soe.,
i805, |)art II, p. 83), pour reconnaître combien cette question demeurait
indécise. Je compte reprendre moi-même celle étude aualomique sur les
(35..
( 5oo )
espèces de l'étang de Berre, et mettre à prçfit les iiulicaiions de M. Villot.
11 convient, on effet, de déterniinv-^r exactement la nainre de cet anneau
œsophagien qne F.aslian rapporte au système glandulaire. Les rectifications
que je veux présenter ici concernent uniquement la systématique des es-
pèces des côtes de Marseille.
» Les groupes que j'ai proposés autrefois correspondent exactement à
ceux établis par Rastian. Mes genres : Àntphislenm, Stenolaimus, Heleroce-
vhaliis, Tlioracostoma, Enoplostoma sont synonymes des genres Symploco-
slomn, Anlicoma, Phnnoderma, Leptosomnliim, Enoplus. Il est difficile de
comparer les espèces à cuticule striée transversalement. Je reconnais dans
les figures de Rastian divers ornements tégumentaires qne j'ai observés sur
les Néniiloïdes de Marseille; mais les armatures buccales et péniales sem-
blent diffi'-rer complètement, bien que leurs détails ne soient pas toujours
très-nettement représentés. Les genres Lasiomilus, Eur/stoma, Necticonema.
Rhnbdolodermn, Acaulhophatjnx peuvent donc être conservés, J'ajoute que
le S/mplocosloma longicoUis (Rast.) est bien le même Ver que j'ai appelé
Jmphisleum aqUia et qui ne se distingue pas de \ Enoplus tcinticnllis d'E-
borth. De même YUeleroccphnlits lalicoUis (Mar.) est identique avec le
Plianoderma Cocksi (Bast.), dont la plaque péniale supplémentaire n'est pas
représentée dans les planches de la monographie des Jnguillules.
B Je n'hésilepas à rapporter à la même espèce l'^/io/^/iK tuhcrcidatus (VE-
berth. Rastian attribue de nouveaux caractères au genre Enoplus de Du-
jardin, dont il exclut les Vers des eaux douces. Ce groupe ainsi délimité
correspond à mon genre Enoplostoma. V Enoplostoma /a/^Hm de Marseille
n'est que VEnoplus communis (Bast.) des côtes d'Angleterre. Il est impos-
sible de séparer de cette espèce les Enoplus mncroplillialmus (Ebertb), Du-
jardinii (Rast.), pigmentosus (Rast.). Le Thomcuslomn rrliinodon (Mar.) est
enfin synonyme du Lcplosomatum figuralum (Bast.).
D II est évident pour moi que plusieurs Nématoïdes habitent à la fois
l'Océan et la Méditerranée. Les quatre espèces que je viens de citer (i),
et que Rastian a observées sur les rivages des Iles Rritanniques, sont
très-communes dans le golfe de Marseille. Elles vivent au milieu des
nlfues de la côte et elles résistent même aux eaux impures du port d'A-
renc. Cette grande extension géographique est encore plus surprenante à
propos des Nématoïdes des eaux douces. J'ai pu roceuillir dans les mares
(l) Sfiii/i/ornMniiui hngirnllis, Vhnnndcimo Cocksi, KnopUis cnnimiiiiis, I.cptosumnlum
fiç^aratum .
( 5o, )
de l.i Toi se, aux onvirons d'Aix, en Provence, le Donlaimiis slagnalis (Duj.)
et le Trilolnis iwlluridiis (Bast.) des étangs de l'Angleterre. Peut-être M. Vil-
lot retrouvera-t-il en Bretagne la plupart dos espèces signalées dans la
IMéditerranc'e. L'imperfection ilc quolqiios-nnes dos figures do Bastian ne
me permet pas de proposer pour plusieurs Vers une identification qu'il est
possible do prévoir. »
PHYSIOLOGIB. — Etudes comparatives sur ihoiniue cl sur les animaux, nu point
de vue des signes ophlliatmoscopiques de In mort. Note de M. J. Gayat,
présentée par M. Wuriz.
« On avait' signalé comme constituant \\n signe certain de la mort ré-
cente : i°la tache scléroticale ; i" le dépoli et les plissements de la cornée;
3° les dimensions de la pupille; [f les phénomènes vasculaires de la rétine.
J'ai discuté l'importance de plusieurs de ces signes qui sont reconnus insuf-
fisants ou inconstants, et qui peuvent même se montrer pendant la vio dans
certains états de maladie. Voici les conclusions auxquelles je suis arrivé :
11 i" Sur les cadavres du dépôt des morts, déjà examinés quelques jours
on quelques henres avant le décès, il s'est montré un signe très-fréquent,
mais non constant : ce signe consiste dans la disparition plus ou moins
complète des vaisseaux artériels et veineux, au-devant du disque papillaire,
disparition qui se limite très-exactement et brusquement à ce qu'on est
convenu d'appeler la limite scléroticale de la papille. Mais la disparition
par places ou l'étranglement apparent de la colonne sanguine, ainsi que
roflacoment à peu près complet d'un ordre de vaisseaux (artères; dans le
reste du cham|) rétinien, a apparu plus rarement, et à des époques plus
variables à partir du iiiomont do la mort. Il on est de mémo de l'infiltration
rétinienne, qui semble respecter l'emplacemont de la macula. Dans bien
des cas, d'ailleurs, le système vasculaire s'est montré normal, six et sept
heures après le décès.
« 2" Sur les décapités el sur les animaux sacrifiés de la même façon, exa-
imnés à des époques plus ou moins rapprochées de la mort, il se |)roduit
constamment, an-devant de la papille, la disparition presque toujours com-
plète des deux ordres de vaisseaux; les exceptions partielles semblent de-
voir être rattachées à des dispositions anatomiques spéciales. En outre,
dans le reste du ch.nnp rétinien, ou note la tlisparitiou, do la périphérie
vers le centre, de la coloniu^ artérielle, dont le calibre dnninue très-vite et
dont ou n'coiuiail l'oniiilaremout à des cordons blanc rosé.
( 5o2 )
M 3° Rarement sur le trajet des artères, plus fréquemment sur le trajot
des veines, il se montre des interruptions brusques, des étranglements
de la colonne sanguine, qui rappellent parfois les plaques graisseuses ou
exsudatives recouvrant les mêmes vaisseaux chez le vivant.
» 4° A. mesure que se développent ces phénomènes, la rétine est envahie
par une infiltration parlant du centre, d'où lésuite inie teinte opaline,
presque générale, qui empêche d'étudier les modifications du système vas-
culaire de la choroïde, situé plus profondément. Cette infiltration s'est
développée plus rapidement chez les décapités.
» 5° Je crois avoir, le premier, observé l'apparition graduelle d'une pe-
tite tache rouge à l'emplacement même de la macula. On connaît ce fait et
sa signification chez le vivant : dans les cas d'embolie de l'artère centrale,
en effet, les vaisseaux artériels rétiniens diparaissent en totalité ; les di-
verses couches de la rétine s'infiltrent, et comme, dans la région de la ma-
cula, ces couches sont moins nombreuses et moins susceptibles d'infiltra-
tion, la coloration rouge-rose de la choroïde continue à se montrer dans le
point où la rétine infiltrée ne la masque pas. Dans l'embolie également, il
se produit parfois des étranglements des vaisseaux, ou plutôt de l'infiltra-
tion, par places, de leurs parois.
» En somme, les phénomènes oculaires invoqués jusqu'ici comme signes
de la mort récente me paraissent tous être soumis à l'action des causes
extérieures, telles que la température de la salie de dépôt, la saison de
l'année et le genre de mort. Aucun ne paraît assez constant, soit sous le
rapport de la fréquence, soit relativement à l'époque de son apparition
à partir du décès, pour pouvoir être regardé, d'une façon utile, comme
un signe absolument certain de la cessation récente de la vie. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — De Vutjlucnce de i alilaùon sur la débâcle des glaces
des mers polaires. Note de M. Cu. Grad, présentée par M. Le Verrier.
(Extrait.)
« La fusion des glaces pendant l'été, dit l'auteur en se résumant, déter-
mine chaque année dans les mers polaires une immense débâcle. Des passes
navigables et dos surfaces d'eau libre se forment à l'intérieur des glaces
flottaiiles, sous l'influence de l'ablation, dans luie mesure variable d'une
année à l'autre, variable aussi d'une partie à l'autre de la zone polaire,
suivant que l'action directe de l'insolation est mieux secondée par les
courants océaniques et des tempêtes, mais en augmenlant d'étendue au
( 5o3 )
voisinage des pôles. L'exislence d'une mer libre auloiir du pùlt;, vers la fin
de l'été, est encore indi(juée par la propagation des marées qui se dirigent
du nord au sud du canal de Robeson au Sinytli-Souud, sur la cù'e occi-
dentale du Groenland. La présence, sur cette même cùle, de bois flottés
appartenant à plusieurs espèces de noisetiers originaires du Japon ou des
bords du fleuve Amour, dans l'est de la Sibérie, démontre aussi l'existence
de courants réguliers, allant des côtes du Japon au canal de Smyth, sur la
côte occidentale du Groenland, à travers une mer polaire ouverte. Les mi-
grations régulières de nombreuses espèces d'oiseaux vers le pôle parlent
également en faveur d'eaux libres, de même que le développement plus
considérable de la végétation, sur les deux rives du canal de Robeson,
prouve un climat moins rigoureux vers le nord. Bref, si les obstacles ren-
contrés par certaines exjjéditions envoyées à la découverte du pôle ont fait
croire à l'impossibilité de son accès, j)ar suite d'une barrière de glaces im-
pénétrable, la connaissance plus approfondie des lois de la physique du
globe et un examen plus attentif des faits nous permettent de regarder
au delà de cette limite, et d'affirmer l'existence d'une mer polaire libre,
quoique d'un accès plus ou moins difficile suivant les années. »
M. J. Vingt adresse à M. le Président la Lettre suivante, concernant le
bolide dont l'existence a été contestée par M. Chapelas :
« Le dernier numéro des Comptes rendus de l'Académie contient un ex-
trait d'une Note de j\L Chapelas, affirmant que le piélcndu bolide du lo fé-
vrier courant n'était qu'un nuage éclairé par le Soleil couchant.
» J'ai reçu, de deux abonnés de mon journal le Ciel, des notes sur ce
phénomène. L'un, à Saint-Amand (Cher) donne la direction ouest pour
celle du météore, de grandeur plus qu'ordinaire; l'autre, près d'Aiguillon
(Lot-et-Garonne) donne la direction nord, pour un bolide que les gens du
pays comparaient à une comète. Ces observations ont été faites à l'heure
indiquée par M. Chapelas, 6 heures et quelques minutes. N'est-il pas im-
possible ([u'uu nuage ait été vu à Paris, à 276 et à 676 kilomètres au sud-
sud-ouest de Paris, en même temps? »
M. le général Morin, en présentant la sixième livraison du tome V de la
« Revue d'Artillerie », publiée par ordre du Ministre de la guerre, s'exprime
comme il suit :
« Parmi les questions traitées dans ce numéro de la Revue d'artillerie,
( 5o4 )
on se bornera à citer celles qui présentent un intérêt scientifii-iue ou in-
dustriel.
» Un extrait d'un Mémoire sur la fabrication des canons en acier doux,
dans les usines du lîocluiui, en Westpli;die, contient sur cette industrie
des renseignements qui peuvent être consultés utilement par le service des
fonderies de canons. Ce Mémoire est dû à M. R. Wille, capitaine dans l'ar-
tillerie allemande. Le traducteur a gardé l'anonyme.
» On trouve aussi dans ce numéro la suite de l'examen comparatil, fait
par M. le capitaine Meyssonnier, des divers procédés employés pour la con-
servation des bois. L'auteur y met en évidence les avantages et l'économie
que l'Etat trouverait à injecter avec des substances préservatrices la plu-
part des bois débités que l'artillerie emploie, et particulièrement les bois
de plate-forme.
M M. le capitaine Siacci, de l'artillerie italienne, a donné, dans ce nu-
méro de la Revue, la suite de son importante Noie sur les principes
du tir.
» Enfin une Note sur les canons en bronze durci, que M. le général
Uchatius, de l'artillerie autrichienne, appelle bronze-acier, signale des ré-
sultats trés-remarquables, obtenus avec les bouches à feu, traitées par le
j)iocédé de cet officier général. L'auteur en conclut que le bronze, ainsi
modifié mécaniquement dans ses propriétés de résistance, est préférable à
l'acier ; mais la question est encore l'objet d'études et de controverses, sur
lesquelles les expériences ne tarderont sans doute pas à permettre xm juge-
ment définitif. »
A 5 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. I).
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 1" MARS 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUN ICATIOINS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉOMÉTRIE. — Généralisation de la théorie des normales des courbes
qéométriqiies, oli l'on sulisdtue à chaque normale un faisceau de droites;
par M. Ciiasi.es.
« Eli terminant mes Communications sur la théorie des axes harmo-
niques des courbes, dans le cours de l'année [871 (1 , j'ai tait observer que
toutes les questions où se trouve quelque condition de perpendicularilé de
deux droites, comme dans le cas des normales d'une courbe, les théorèmes
s'appliquent au cas de deux droites obliques bous un angle donné (compté
dans un sens déterniiné), et en outre que ces théorèmes s'étendent aussi à
la condition, beaucoup plus générale, où les droites, au lieu de faire un
an^le donné, doivent passer par deux points correspondants d'une courbe
unicursale. De la sorte, on substitue à une simple droite, normale ou
oblique d'une courbe, un faisceau de droites partant de chaque point de
la courbe. Ces faisceaux correspondent, de même que les normales, aux
tanqentcs de la courbe. Voici comment : que l'on ait une courbe V, dite
uniciirs(dc, dont la propriété est que ses points se déterminent individuel-
(l) Comptes rendus, t. LXXIV, p. ?.3.
C. R., iS'jS, i" Sf meurt. (T LXXX, Pi» 0.) O"
( 5o6 )
lement, par une simple construction géométrique, et peuvent ainsi s'asso-
cier un à un dans deux séries homogniphiqiics. Que cette courbe soit
d'ordre p. Clhaque tangente d'nne courbe quelconque U,„ rencontre cette
courbe V en p points a, auxquels correspondent p points a' : les droites
menées du point de contact de la tangente de U,„ à ces p points a' forme-
ront le faisceau qui remplacera la normale.
» J'appellerai compagnes des tangentes ces droites qui partent ainsi de
chaque point a d'une courbe : on pourra dire aussi compac/iies du point a;
et ce point sera le pied des compagnes, de même qu'il est le pied de la nor-
male. Ces droites, considérées dans leur ensemble, seront dites aussi les
compagnes de la courbe.
» Je me propose, dans ce moment, de faire connaître les propriétés
principales de ces compagnes d'une courbe. Le mode de démonstration est
uniforme, et repose sur le principe de correspondance.
» Les théorèmes s'expriment presque toujours par une fonction de
l'ordre et de la classe de la courbe générale que l'on considère. On conçoit
dès lors qu'ils résisteraient aux méthodes analytiques.
§ I. — QOELQUES PROPRIÉTÉS PRÉLIMINAIRES RELATIVES A LA COURBE SEULE
DONT ON CONSIDÈRE LES COMPAGNES.
» L Les compagnes d'une courbe U",, enveloppent une courbe de la classe
p(m -f- n) :
IX, mp lU
lU, pn IX
p[m
» C'est-à-dire : Une droite IX rencontre U,„ en ;« points; la tangente
en chacun de ces points passe par p points a de V; on mène des
droites lU par les points a', ce qui fait m droites lU. Une droite lU
coupe V en /; points a'; par les p points u on mène pn tangentes
de U;;,, et par les points de contact pn droites IX. Il existe p[ni h- n) coïn-
cidences de lU et IX. Donc, etc.
» Si le point I est situé sur la courbe U,„, en un point multiple d'ordre v,
on reconnaît, par le même mode de démonstration, que :
» Le nombre des compagnes qui passent par un point d'ordre v de U,„ [autres
que celles de ce point) est p(m + n — v).
» En effet, plaçant le point I au point multiple, on a
IX, (w-v)/> lU
IL, pu IX
p{iii -h n — v).
2/7.
( 5o7 )
» II. Lemme. — Les cordes aoi' qui joignent les points correspondauls d'une
courbe unicursaleY d'ordre p enveloppent une courbe de lit classe 2(p — i).
IX, p lU
lU, p IX
" Il y a deux solutions étrangères dues aux droites IX menées par les
doux points doubles des deux divisions homographiques, où a' coïncide
avec «. Donc 2[p — i).
» III. Il y a sur U,„ anp points a dont une des compagnes coïncide avec la
tangente.
» En effet, les cordes aa' de V enveloppent une courbe de la classe
2{p —■ i); il y a donc in{p — i) cordes tangentes à U,„. Chacune de ces
tangentes a une compagne coïncidant avec elle. En outre, par chacun des
deux points de V où a' coïncide avec «, on mène ii tangentes de U,„ dont
chacune a une compagne coïncidant avec elle; ce qui fait 2« nouvelles
solutions; donc 2Tip.
» IV. Sur U,„ /// a p(m + n) points a' dont la tangente et une de ses com-
pagnes divisent un segment ef dans un rapport anharmonique donné.
» Je désigne par u et u' deux points correspondants relativement au seg-
ment ej, c'est-à-dire faisant avec e etj le rapport anharmonique donné.
D'après cela, on écrit
p[m~\- 2n). Donc, etc.
» Corollaires. — a. Si le segment e/" est à l'infini, et que les deux
points e,/^ soient les deux points circulaires, le théorème prend cet énoncé:
» // existe sur U,„ p(m + 2n) points, où l'une des compagnes Jait avec la
tangente un angle de grandeur donnée [compté dans un sens de rotation déter-
miné).
n b. Si les deux points e, y, situés à l'infini, appartiennent à deux droites
rectangidaires, on dira qn'dj a, sur U„,, p(m H- 2n) points, dont une des com-
pagnes fait avec la tangente un angle dont la bissectrice est parallèle à une droite
donnée.
» V. Il ) a, sur U,„, pn(m -t- n — 4) points a, qui ont une compagne tan-
gente à U„, en un autre point a'.
» Appelant a" les poinis où une tangente de U,,,, menée d'un point a de
66..
X,
rip,
u, np
li
«',
u,
p[m ■+- n)
X
( 5o8 )
la courbe, renconire la courbe unicursale V, on écrit
a", ti[in — a)a, n[in — 2)/? a'
«', «, n[n — 2)p a"
pn[ni -^- n — 4)- Donc, etc.
» VI. Le nombre des points a de U,„, dont une des compagnes est oblique à ta
courbe, en un autre point, sous un awjle donné, est p[(ni + n)(in + n — i) — 11].
«', ri(ni -^- H — i n a' 1 ., ,, n n -.^
„ , ,/ , p\[m + n){in -\- n — i) — n\. Donc, pAc.
u, {m-i-n){in — i)p a' | ' ^^ ^^ ^ -'
n VII. Le nombre des cordes aa' de U,„, qui sont des compagnes relatives à
leurs deux jioiuls i\, a', est -[11(201 4- n — 4) — d']; d' étant le nombre des
points de rebroussement de U„.
» 11 s'agit de trouver sur V un point a d'où partent deux tangentes «a,
a.a' de U,„ telles, que la corde de contact aa' passe par le point a'. Qu'on
prenne un point a', et que de son correspond;uit a on mène les tangentes
donnant lien à des cordes de contact qui coupent V en des points a': il faut
que l'un de ces points coïncide avec a'. Ainsi l'on pose
/•"
2 ^
n{-i.m— 3)—^'
a
a"
a!
2 /''
7ip{2m 4- n — 2).
~ [[^m + n — l\)n -- d'].
» VIII. En chaque point a de\],„ on mène la tangente et ses compagnes, et
aux points où ces compagnes rencontrent ta courbe on mène tes tangentes: celles-ci
rencontrent ta tangente du point a sur une courbe de l'ordre p[n (2 m-l- n — 4)— d'J .
X, ?ip{m — i) u
u, 7ip[m -t- « — i) X
» Il y a 2fip-\- pd' solutions étrangères : 2«psont dues aux 2np tan-
gentes de U,„, dont chacune coïncide avec une de ses compagnes, et pd
aux points de rebroussement de U„,. Il renie p[n{im -i- « — 4) — ^'J-
» On peut donner au théorème cet énoncé :
» Le lieu d'un point d'oii l'on mène à une courbe U,„ deux tangentes, dont la
corde de contact soit une compagne de l'un des points de contact, est une courbe
de l'ordre p[n (2m + n — 4) — d'].
§ II. — Ue chaque point d'une COURBB \Jm' ON MÈNE LES TANGENTES DE U„, ; THÉORÈMES
RELATIFS AUX COMPAGNES DE CES TANGENTES.
» IX. De cliague point de U,,,- on mène les tangentes de U,„; les compagnes
{ ^o9 )
des points de contact s'entrecoupent sur une courbe de l'ordre
-^^ [2p{m-i-n) {n — i) - m- l'],
r étant le nombre des tangentes d'inflexion de U,„.
jc, p(ni 'h n)in'(n — \)p u\ .,
,. C^ 2p-m'{m-\- n {n~ i).
n, p[m + n)m'[n — \)p .r j '
» Il y a des solutions étrangères de deux sortes : i° pnun' sont dues aux
mm' points d'intersection de de-ix courbes; cl 2" pni'l' sont ilues aux
t' |ioints d'inflexion de U„,. Il reste
pni' ï 1 p [m -h n) [n — 1) ~ m — f'J,
coïncidences de « et x. Mais la construction étant la même à l'égard «le x
et de «, nue même coïncidence entre deux fois dans ce résultat ; le nombre
des solutions cherchées est donc sous-double. Donc, etc.
» X. De cIkkjuc point de U,,,' on mène les tangentes de U,„ ; les compagnes
de charpie point de contact rencontrent les compagnes abaissées des autres points
de contact en des points dont le lieu est une courbe de l'ordre
m' p[n — i){im + Il — 2) [p[m+ n) — 1] — m' p\^i[m — i) — n~ d'].
x^ p[ni + Ti]m\n ~\)p\m + n — \) n
II, p[m + n) [m — i ) m' {n — 1) /) x
» Il y a m' p[n{2in -\- n — 4) ~~ ^'J soliilions étrangères dues à pareil
nombre de points deU,,,- d'où l'on mène deux tangentes de U„j telles, qu'une
des compagnes de l'une passe par le point de contact de l'autre (VIII).
Il reste
m'p{ji — i)(2/H + n — 2) [p {m -h- n — i) — i] — m'p [2 (m — i) — ii — d'.
» XI. De chacpte point de U,„' on mène les langenles de U,„, el des points de
contact on abaisse les compagnes; ces compagnes s'entrecoupent en des points
dont le lieu est une courbe de l'ordre
- 2m'p[m — i)\ii— i){in + n— ^)[p[m-^-n)— 1] -1- »i'y;['2 (m - i) — « — r/' •
.r, p[m-\-n){m — i]m'[n — \)p[ni -\- n ~ i) u
//, p [m ■+- ?i) (/n — a) m' [n — i) p ('« -i- n — i) x
X 2p- m' [m — 1) (« — i) [m + n) [m -\- n — 1).
» U y a des solutions étrangères de trois sortes :
» i" in'pm[ni -+- « — i) sont dues aux m' ni [)oiiits d'intersection de \J„,
el U,„' ;
m
'P^(ti — i){ni + n)[2m+n — 2).
( 5io )
» 2° m'p [m -\- n — \) t' sont dues aux tangentes d'inflexion de U„, ;
•- 3° m'p\:i{n — i){m— ■i){in-\- ji — i) + {jn + n — 2)[2[m— \)— n — d'} \
aux points de U„/, d'où j)artent deux tangentes de U,„ dont les points de
contact sont sur une compagne de U„, en un autre point. Le nombre total des
solutions étrangères est
m'p\ [m -\- n — i) n — i) {im — 2) — [2(171 — i) — n — d'] \,
après que l'on a remplacé 3m + t' par 3« + d'; et le nombre des coïnci-
dences divisé par 2, à raison de l'identité de construction relative à x et u,
devient l'ordre de la courbe.
» XII. De chaque point de U„,' on mène les tangentes de U,„ : les cordes qui
joignent chaque point de contact aux points où. les compagnes des autres points
de cofilact rencontrent U,„ enveloppent une courbe de la classe
m'p [m (ri — 1 ) ( 2 //z + /? — 2 ) — 7z ( 2 /« + h — 4 ) + ^') .
IX, mm' (n — i)p{ni — 1) lU
lU, mp {m + 71 ~ \) 771' [n — 1 ) IX
» Il y a 7n' p[7i{im -\- 71 — [\) — r/'] solutions élrangércs dues aux points
de U„„ d'où partent deux tangentes de U,„, dont le point de contact est la
compagne d'un des deux points de contact (VII). Il reste, etc.
» XIII. De chaque point d'une cou/^be U,„' on mène tes tangentes de U,„, et
des points deco7ilacton abaisse les compagnes : les cordes qui joignent les pieds
des compagnes abaissées de chaque point aux pieds des compagnes abaissées des
aut/'es poi7its enveloppent U7ie courbe de la classe
m'pm{ji — i)(2/?i 4- « — 2).
m p
2
-J2(« — i)(/n — !)'■('" + « — 1) + [n— 2(;« — i) -+- r/']{
■?.p-m'm{m — \)[n— i)[m ■+- n
IX, mj) [m ~ \)m' (n — i)p{ m -\- n — i
lU, mp[m — i)m' [n — ^)p{m •+ n — i
» Il y a des solutions étrangères de trois sortes : 1° 77i'p/7i[/n -h n — 1),
sont dues aux compagnes abaissées des 771/n' points d'intersection de U,„
et U„/.
» XIV. De chaque poitit de U,„' on mène les tangentes de U,„ : les compa-
gnes de chacune de ces tangentes renconl/'cnt les aulics tangentes sur une cou/lie
lie l'o/dic pm'(n — i)(m -f- an).
JC, ni7l'[7l — l)p II
n, p'^ni + n)/7i'{/i -~ i) a-
/7i'p[Ti — i)(;?2 + -^71). Donc, etc.
m' pu {il — i) (am + n — 2).
( 5ii )
» XV. De citaijuc point de U,,/ on mène les tangentes de U„,, et du point de
contact de rliaque tangente on abaisse les compagnes : ces compagnes rencon-
trent les attires tangentes en des points dont te lien est une cotirbe de l'ordre
in'p(n — i) [(m — i) (m -H n) -H 11(111 4- n — i)].]
.«•, nm'(n~ i)(in-\'n — i) u n ,,
ni'p{ni — i)Y{m — \)[m+n)-\-n[m-\-n — i)]. Donc, etc.
n, p{m-\-ii){m — i)m'{n — i) .r
» XVI. De chaque point de U,,,' on mène les tangentes de U,„, et du point de
contact de chaque tangente on abaisse les compagnes : les tangentes aux pieds
de ces compagnes rencontrent les autres tangentes en des points dont te lieu est
d'ordre m'|)[ 11(11 — i) (2111 + 11 — 2) — 11(2 m -1- n — 4) + tl'], *^' <^((i»l' le
nombre des points de rebroussement de U„j.
X, }im'{ji— i)p[in -h Ti — }) Il
«, iipini — i)m'{n — 1) x
» Il y a iii'p[n{'2m + n — 4) — ^'1 solutions étrangères dues à pareil
nombre de points de U,„', d'où 1 on mène à U„, deux tangentes, dont la
corde de contact soit une compagne de l'un des points de contact (I). Il
reste m'pn [{n — i)(2f« + « — 2) — (2TO -1- ?z — 4) + d'].
» XVII. De chaque point de U,„' oti mène les tangentes de U„„ et au point
de contact de chaque tangente on mène les compagnes : les tangentes aux points
oîi ces compagnes coupent U,„ rencontrent tes autres tangentes issues du point
de U„,' sur une courbe de l'ordre
m'p[n{n — i) (a/w + « — 2) — 7^(2 w + 7^ — 4) -'1- <Y'].
>) Ce théorème se conclut comme réciproque du précédent.
§ III. — De chaque point d'une courbe U,,,» on mène les compagnes de U,„.
» XVIII. De chaque point d\itie courbe\J,„f on mène tes compagnes de {],„ :
/(( tangente ati piid de chaque compagne rencontre tes attires compagnes sur
une courbe de l'ordre m'p(m + 2n) [p(m ■+- n) — i].
.1.-, np m'[p{in -h n) — i| ,
//?/; /?(mH-«)-i](OT -!- 2«). Donc, etc.
u, p[m -i- n]m lp[m -h /i) — i |
» XIX. De chaque point de [],„' on at)aisse tes compagnes de U,„ : tes tan-
gentes en leurs pieds se cotipent deux à detix sur une courbe de l'ordre
— ^ [2w(/rt-t- ri}{n — \) — m — l'].
1) Cela est une conséquence du théorème VIII.
( 5l2 )
» XX. De chaque point de IJ,„/ on abaisse les compagnes de U,„, cl aux points
nii chacune d'elles coupe U,„ on mène les compagnes de ces points : celles-ci
rencontrent les autres compagnes, en des points dont le lieu est une courbe de
l'ordre ni'p(in — i) (2111 -h n) [|)(in -t- n) — i].
IX, m p[m -(- ii){m — \)[p{m -^ n — i) — 1]
lU, mp[m ~ i)\p{m-^ n — \) — \'\m'
m'p[m — 1) {2 w -+-«)[/;(»( -+-« — i)— i].
') XXI. De chaque point de U„,' on mène les compagnes de U,„ : la tangente
au pied de chacune d'elles rencontre tes tangentes des points oii les autres coupent
la courbe, sur une courbe de l'ordre
m'p\{n -i){im-^n— 2)[p{ni -h ?i) - i] — [2(w — 1) — n — d']\,
conséquence du théorème IX. »
THERMOCHIMIE. — Sur quelques problèmes de mécanique moléculaire ;
par M. Bkrtiielot.
« 1. Je demande la permission de citer certains faits nouveaux, rela-
tifs à la formation directe des corps dont la décomposition peut donner
lieu à un dégagement de chaleur: ces faits me paraissent devoir être rap-
prochés des observations remarquables de MM. II. Sainte-Claire Deville et
Debray, sur l'acide hyperruthénique et sur l'oxyde d'argent. J'en dé-
duirai quelques conséquences générales de mécanique moléculaire.
» 2. But) rate de soude. —Ce sel est le point de départ de mes essais.
Use présente sous la forme de cristaux fins, soyeux, entrelacés, d'iui aspect
gras et argentin ; c'est un hydrate (i) : G" H' Na 0% 6H0. Ce sel perd toute
son eau, soit dans l'étuve, à 1 10 degrés, soit même dans le vide sec; préci-
sément comme l'acétate de soude, avec lequel il présente une grande ana-
logie deforaude et de propriétés. Cette perte d'eau paraît s'opi'rer en deux
phases, surtout dans le vide froid. En elfet, elle se ralentit beaucoup lors-
qu'on arrive au dernier équivalent d'eau; de telle sorte que j'ai pu isoler
un hydrate: C^H'NaO'.HO (2), composé dont l'existence distincte va
être établie par des épreuves thermiques.
(i) Analyses sur luo ])<iiiies :
Perte dans le vide sec 82,9. Le même sel a roiuni SO'Na =: 43,8.
D'après la lormiile on doit avoir : Eau, 32,(); SO'Na: 43,2.
Le sel séché dans le vide froid donne SO'JN'a : 64,0. Le sel séché à 1 10 degrés : 64,4.
D'après la formule, on doit avoir : SO'Na = 64,4'
(?,) 100 parties fournissent SO'Na :^ Go, o; théorie : 59,7.
( 5i3:)
)) 3. Chaleurs de dissolution. — Le plan de mes recherches me conduisait
à mesurer la clialeur de dissolution de ces divers composés, afin d'en dé-
duire la chaleur de formation du bulyrate anhydre et de ses hydrates.
.) A +6", le sel (supposé anhydre) dissous dans 120 parties d'eau :
Cal
C ir Na 0' séché à 1 1 o" dégage -t- 4 j^?
» séché à froid dans le vide » ->r !^,i\
C*H"NaO',HO » -<- 3,66
C'H'NaO',6HO " +3,44(i).
» 4. États successifs du sel dissous.— La dissolution du bulyrate de soude
dans l'eau s'opère assez vite, bien que le sel se mouille mal; mais les quan-
tités de chaleur dégagées ne présentent pas le même degré de concordance
que dans les expériences ordinaires de dissolution. Il semble que le sel dis-
sous ne prenne pas tout d'abord son état moléculaire définitif. Toutefois
les divergences dues à cette circonstance ne sauraient surpasser ±o,25:
en effet, j'ai pris soin de ramener toutes les liqueurs, au fur et à mesure de
chaque dissolution, à un état final identique. Il suffit d'y ajouter i équi-
valonl tl'acide clilorhydrique étendu (et même un peu plus) : le bulyrate de
soude est ainsi changé entièrement, ou à peu près, en chlorure de sodium
et acide butyrique dissous. Or la chaleur dégagée pendant ce changement
final a varié seulement de + o,5i (solution préparée depuis plus d'un
mois) à +0,76 (sel séché à 1 10 degrés). J'ajouterai d'ailleurs que la
limite d'erreur propre à ces expériences est égale à dzo,iG; ce qui est
bien voisin des variations thermiques observées pendant l'action de l'acide
chlorhydrique. Je n'insisterai donc pas autrement sur ces variations.
» Observons encore que, d'après les nombres précédents, le bulyrate
de soude anhydre est identique, quel que soit le procédé de dessiccation;
résultat tout pareil à celui auquel m'a conduit l'élude de l'acétate de
soude [Annales de Chimie et de Physique, 5* série, t. IV, p. 184). Us four-
nissent aussi l'exemple intéressant d un sel trés-hydraté (6 HO) qui se
dissout dans l'eau avec un dégagement de chaleur considérable.
0 5. Forninlion des hydrates cristallise'.^'. — Enfin ces nombres permet-
tent de calculer la chaleur dégagée dans la combinaison successive de l'eau
avec le sel anhydre, pour former des hydrates cristallisés :
CMl'NaO'-l- HO liquide = C'H'NaO'. HO dégage :-<- o, 58 }
C'H'NaO', HO + 5U01iquide=C»H'NaO%GUO: + o,22 \
(1) Ce chiffre varie avec la concentration, même pour des liqueurs déjà étendues, aUendu
C. R., 1875, 1" Semestre. (T. LX\X, N» 0.) (^7
(5i4)
On voit que la chaleur dégagée est beaucoup plus grande pour le premier
équivalent d'eau que pour les cinq autres réunis, résultat confoi'me à ceux
que fournit l'étude des hydrates successifs des bases alcalines {^Annales de
Chimie et de Physique, 5* série, t. IV, p. 126.) Il prouve, d'ailleurs, que le
premier hydrate n'est pas un simple mélange du butyrate anhydre avec le
butyrate le plus hydraté,
» Mais le rapprochement de ces deux chiffres conduit à des conséquences
beaucoup plus importantes. Rapportons, en effet, la combinaison de l'eau
et du sel à un même état des corps réagissants, tel que l'état solide, afin
de rendre cette combinaison comparable avec la formation des autres com-
posés chimiques : il suffira sensiblement de retrancher des nombres précé-
dents la chaleur de fusion de l'eau, soit + 0,715 par chaque équivalent HO,
combiné. Nous trouverons que le premier équivalent d'eau solide, en s'u-
nissant au butyrate de soude anhydre, absorberait — 0,1 35, quantité fort
petite et qui ne sort pas des limites d'erreur des expériences; mais les
5 autres équivalents réunis absorberont ensuite -4- 0,22 — 3,57 = — 3,35;
ou bien encore les 6 équivalents d'eau réunis 4- 0,80 — 4>29 = — 3,49>
» L'u/Hon de l'eau solide avec le but) raie de soude solide, pour former un
hydrate cristallisé, absorbe donc une quantité de chalein- considérable.
C'est là un fait très-intéressant, parce qu'il est exceptionnel dans l'étude
des hydrates salins : je ne l'avais rencontré qu'une seule fois jusqu'ici,
dans l'étude de l'acétate de strontiane, beau sel cristallisé dans le système
du prisme oblique à base oblique, CMl'SrO' + |H0 (voir Annales de
Chimie et de Physique, 5* série, t. IV, p. 127); mais la chaleur absorbée
était très-petite, et les conditions de système cristallin toutes spéciales.
Le nouveau résultat est bien plus décisif. Il montre, et c'est là un résultat
sur lequel j'appelle l'attention, que la formation réelle du butyrate de
soude hydraté, envisagée à inie température à laquelle l'eau est liquide,
c'csl-à-dire au-dessus de zéro, dégage de la chaleur; tandis qu'elle en absor-
berait à une température à laquelle l'eau est solide, c'est-à-dire à zéro et
au-dessous. Réciproquement, la décomposition de ce corps en eau et sel
anhydre devra absorber de la chaleur au-dessus de zéro; mais elle en dé-
gagera au-dessous; c'est-à-dire que le changement d'étot produit par un
simple abaissement de température change le signe thermique de la com-
binaison, laquelle a lieu, d'ailleurs, directement.
que la dilution du butyrate de soude dégage de la chaleur. Depuis les liqueurs à 6 pour 100
jusqu'aux liqueurs à 0,8 pour 100, la variation est de i septiùinc.
( 5i5 )
» 6. Je ne puis m 'empêcher de rapprocher ces changements de signes,
dans la chaleur dégagée pendant la combinaison à diverses températures, des
changements de signes relatifs aux transformations isomériques d'un même
élément, phénomènes d'ordre chimique, mais qui sont également assimi-
lables aux changemenls d'état. En effet, d'après les résultats de mes expé-
riences, le soufre octaédrique, en se changeant en soufre insoluble solide
{Annales de Chimie, 5* série, t. IV, p. l\o, et 4' série, t. XXVI, p. 468) :
» 1° Dégage de la chaleur au-dessous de + i8°;
» 2° Produit un phénomène thermique nul vers -{- i8°;
» 3" Absorbe de la chaleur au-dessus de i8 degrés, jusque vers le point
de fusion du soufre (ii3 degrés), et même, suivant toute vraisemblance,
dans l'état liquide, jusque vers i6o degrés.
» 4° A. 4- i6o°, au contraire, température vers laquelle le soufre ordi-
naire liquide se change en soufre insoluble liquide, d'après mes expériences
{Annales de Chimie, 3*^ série, t. XLIX, p. ^jG), ce changement a lieu avec
un dégagement de chaleur : on peut le conclure des expériences de M. Ch.
Sainte-Claire Deville sur la vitesse de refroidissement du soufre fondu.
M Voilà donc l'exemple d'un changement d'état isomérique, assimilable
à une réaction chimique proprement dite, et qui donne lieu successivement
à un dégagement, à une absorption, puis à un dégagement de chaleur sui-
vant la température, ces changements étant liés à la varî^ation inégale que
la chaleur spécifique des deux soufres éprouve avec la température,
» Or la stabilité du soufre insoluble aux diverses températures est pré-
cisément corrélative avec ces changements de signes dans la chaleur que
dégage sa transformation. Il se forme vers i6o degrés et au-dessus, avec
dégagement de chaleur; il se conserve indéfiniment (plus de cinquante ans
d'après mes études) vers i8 degrés et au-dessous, c'est-à-dire aux tempéra-
tures auxquelles sa formation aurait lieu avec dégagement de chaleur. Au
contraire, le soufre insoluble se détruit spontanément entre i6o et 1 8 degrés,
c'est-à-dire dans les limites de température auxquelles sa destruction donne
lieu à un dégagement de chaleur; enfin sa destruction est d'autant plus
rapide que la température est plus élevée, au moins jusqu'à ii3 degrés.
J'ajouterai qu'elle est accélérée par le contact de divers corps, tels que
l'hydrogène sulfuré, l'alcool ou les alcalis, conformément à ce qui arrive
pour les réactions exothermiques en général.
» La stabilité du soufre insoluble demeure doue corrélative au signe
de la chaleur dégagée pendant la réaction.
» 7. Quelque mutation d'état analogue dans la constitution chimique de
67..
( '!•('' )
l'élément carbone me semble intervenir lors «le la plupart des combinaisons
que cet élément contracte directement avec absorption de chaleur, par
exemple avec le soufre ou avec l'hydrogène. Je rappellerai seulement cer-
tains faits relatifs au sulfiu-e de carbone. J'ai observé [Antmles de Cliimie et
de Plijsiqiie, 4" série, t. XVTII, p. 169) que la décomposition du sulftne de
carbone en ses éléments commence ])récisément aux températures aux-
quelles ce corps lui-même commence à se former par la combinaison du
soufre et du carbone. Ce fait étrange est facile à vérifier, en opérant <!nns
un système de deux tubes de porcelaine concentriques ; le sulfure de car-
bone se forme dans le tube extériem-, tandis que la vapeur (]i\ même corps
se détruit au même moment dans le tube inti'rieiu'. T>e carbone qui rêsidle
de cette destruction n'est pas d'ailleurs identique avec celui qui se comhine
au soufre, car il renferme en grande c|uantité un graphite particulier (même
Recueil, t. XIX, p. 423). Il paraît donc probahie que le carbone passe à un
état isomérique nouveau en se combinant avec le soufre, et cet état est tel
sans doute que la combinaison consécutive dégage de la chaleur
» 8. Un même élément, changeant d'état physique ou chimique à une
certaine température, comme il arrive au soufre, au phosphore, au sélé-
nium, etc., dégage en plus (ou en moins), en s'unissant avec ini autre élé-
ment, toute la chaleur absorbée (ou dégagée) dans le changement d'état.
Par suite, lui composé instable ou explosif à une certaine température
peut devenir stable à une température plus élevée.
» Le changement d'état, au lieu d'être traduit par une brfisque absorp-
tion ou dégagement de chaleur, peut aussi représenter, soit, comme ilans
le cas i\\\ soufre insoluble, un changement graduel dans la chaleur .sjn'ci-
fique des éléments, soit une simple inégalité entre la chaleiu" spécifique du
composé résultant et la somme de celles des cor|)s composants. De telle
sorte que les travaux calorifiques, accumulés pendant un certain intervalle
de températinv, finissent par renverser le signe thermique de la comhi-
naison; la chaleur dégagée à une température donnée étant une intégrale
définie, dont la différence des chaleurs spécifiques est la différentielle. J'ai
exécuté des expériences de cette nature pour la dissohuion et la précipi-
tation [Ànnnies de Chimie et de l'Iiysiqne, 5" série, t. IV, p. 29-37); les
mêmes principes s'applicpienl évidemment à la combinaison chimique
proprement dite.
» Soit, par exemple, la formation de l'acide sélénhydrique, depuis les
éléments II -l-Se = HSe; dans leur état actuel, cette réaction absorbe
— 2,7 on — 2, I, suivant (pie l'on part du sélénium rouge ou métallique,
(l'nprrs ÏM. IlatililViiilIe. Mais cette même formalinii vprs moo degrrs tlnit
dégager de la cliaioiir, rr;t|M'os un calcid fondé sur les chaleurs spécifiques
(en admettant celle de ilSe = HS sons le même volume, celle dernière étant
donnée par M. Regnanlt); on le voit mieux encore en tenant compte de la
chaleur (le va])orisatioii du sélénium. La fonnatiou du gaz si lénhydr irpie
absorbe donc de la chaleur à zéro et en dég;ige à -!- looo, et ce renverse-
ment du signe thermique de la combinaison doit répondre à un accrois-
sement de stabilité avec la températiu-e; ce qui rendrait compte des cu-
rieuses expériences de M. Ditte.
» Dans toutes les combinaisons eÙ'ecluécs po7^ s/nthèse directe, sans l'in-
tervention d'une réaction simuitauée ou d'une énergie étrangère, ces prin-
cipes conlieinient, à mon avis, la théorie de ces singulières décompositions
par refroidissement.
» 9. Mais les choses peuvent être expliquées d'une autre façon, dans les
cas où l<i combinaison décomposable par refroidissement, c'est-à-dire à une
température inférieure à celle de sa lonnation, se produit au milieu d'iuie
autre réaction simultanée, et plus généralement avec le concours d'une
énergie étrangère. De telles combinaisons ne sont pas rares en Chimie, et
c'est à juste lilre que MM. H. Sainte-Claire Deville et Debray rappellent
leurs im|)ortantes expériences sur la formation de l'oxyde d'argent dans la
(lamme oxyliydrique, aussi bien que la formation éphémère d(î ces com-
posés instables qui se produisent pour disparaître aussitôt, en donnant
lieu à la volatilisation apparente des éléments ou des composés plus sim-
ples. Je puis citer encore à l'appui le fait suivant : le bore adamantin ou
carburé, lorsqu'on le chauffe fortement dans ini courant de chlore, donne
lieu à des cristaux de graphite, en apparence sublimés, et qui se déposent
à une certaine distance de la nacelle : ils sont dus sans doute à la forma-
tion temporaire d'un chlorure de bore et de carbone, cpii te décompose
anssilôt. Rappelons aussi, comme exemple de mécanismes analogues, la
j)rodnction si notable de l'acide azotique hydraté dans la flamme oxvhy-
drique, malgré la haute température de cette flamme, opposée à la basse
température à laquelle l'acide azotique se détruit. Telle est aussi la pro-
duction des carbures d'hydrogène condensés qui prennent naissance sous
la brusque influence de la température du rouge vif, même du rouge
blanc, et de la températuie de la porcelaine fondante, tenipératures Irès-
siqM'rii ures pourtant à celles dont l'action prolongée suffit à les détruire
(voir, entre autres, Annales de Chimie, 4' série, t. XII, p. 45).
» Dans toutes ces réactions, aussi bien que dans le cas du soufre iiiso-
( 5i8)
lubie, l'utilité d'un relroidissement brusque pour manifester les produits
instables ne me paraît pas due à quelque action moléculaire spéciale, ou
provoquée par le refroidissement lui-même, mais plutôt au rôle du temps
dans les actions chimiques. La plupart des réactions ne s'accomplissent pas
instantanément, même lorsque les corps sont intimement mêlés et main-
tenus à une température fixe, à laquelle ils finiront à la longue par se
transformer intégralement. J'ai donné ailleurs de nombreux exemples, et
des plus décisifs, de cette vitesse diverse des réactions chimiques, dans les
cas où elles dégagent de la chaleur, comme dans les cas où elles en absor-
bent. Telle est la métamorphose de soufre insoluble en soufre octaédrique,
presque instantanée au-dessus de 1 13 degrés ; rapide vers loo degrés, mais
de plus en plus lente, à mesure que l'on se rapproche de la température
ordinaire. Telle est aussi la décomposition exothermique de l'acide for-
mique gazeux, lequel se résout complètement en produits gazeux vers
260 degrés ; mais la réaction exige vingt-cinq heures pour s'accomplir en-
tièrement. Elle est beaucoup plus rapide à 3oo degrés, quoique non instan-
tanée. Cependant cet acide peut être soumis à une température effective
de 3oo degrés, et même très-supérieure, pendant quelques secondes, sans
éprouver de décomposition appréciable. Le forniiate de baryte se détruit
complètement à 260 degrés en cent-vingt heures; tandis qu'il résiste en
partie pendantquelques minutesàune température réelle de 5oo degrés, etc.
On conçoit, dès lors, que dans une réaction donnée on puisse voir appa-
raître des produits secondaires, tels que les carbures pyrogénès, l'oxyde
d'argent, l'acide azotique, formés dans des conditions incompatibles avec
leur existence prolongée. Mais c'est à une double condition : il faut faire
intervenir une énergie étrangère, telle que celle d'une action simultanée ca-
pable d'effectuer une combinaison qui n'aurait pas lieu isolément (1), et il
faut soustraire aussitôt cette combinaison par un refroidissement brusque
à l'action lentement décomposante de la haute température à laquelle la
combinaison a été formée. »
(1) Souvent mènie les conditions où cette action simultanée se produit ont aussi pour
effet d'accroître la stabilité du nouveau corps : c'est ainsi que l'acide azotique bouillant, en
même temps qu'il oxyde le soufre fondu, en transforme une partie en soufre insoluble et
assure, par son contact, la stabilité de ce dernier à 1 15 degrés, c'est-à-dire à une tempéra-
ture (jui détruirait presque instantanément le soufre insoluble, s'il était isolé.
(5i9)
BOTANIQUE. — De la tiléorie carpettaire d'après des Tiliacées;
par M. A. Trécul.
« Le système fibrovasculaire du pédoncule est ordinairement pentagonal
au bas de la fleur [Grewia occidentalis, Tilia divers, etc.), ou quadrangulaire
{Sparmannia af ricana) ; les angles, devenant de plus en plus saillants en ap-
prochant du réceptacle, émettent chacun un faisceau qui, après s'être écarté,
se ferme sur sa face interne et forme un petit cylindre qui peut devenir
très-ligneux [Entelea arborescens, Grewia occidentalis, etc.), et dans lequel
les groupes vasculaires sont orientés d'après une ligne droite, comme dans
un petit axe.
» Dans les Tilia, chacun des cinq faisceaux basiiaires ainsi produits
fournit les faisceaux d'un sépale, un ou deux faisceaux pétalinset ceux d'un
nombre variable d'étamines. Pour cela un segment externe de chaque fais-
ceau basilaire s'écarte d'abord et va au sépale qui lui est opposé. Avant d'y
arriver il se divise en trois branches : l'une médiane se prolonge dans le
milieu du sépale, de \ latérales, dont chacune va obliquement à la ren-
contre d'une homo' jue qui vient du faisceau basdaire voisin, s'unit avec
elle directement < m par l'intermédiaire d'un fascicule oblique ; ces deux
branches réunies n'entrent point dans un pétale, comme cela a été dit; mais
chacune d'elles monte dans le côté du sépale placé au-dessus, où elle
constitue les nervures latérales, avec le concours d'un ou deux rameaux
qu'elle a émis avant d'arriver à ce sépale.
» Chaque pétale des Tilia a pour base un ou deux faisceaux qui lui sont
propres. Quand il en a deux, ils sont comme à cheval sur l'intervalle qui
sépare deux des cinq faisceaux basiiaires décrits, et ils s'insèrent latéra-
lement au-dessus du point d'attache des faisceaux qui vont au calice. Les
deux faisceaux destinés à un pétale s'unissent au-dessous de cehii-ci en un
seul, qui se ramifie après y être entré. Mais, le plus souvent, chaque pétale
est inséré par un seul faisceau, l'un des deux que je viens de signaler
n'existant pas. Alors les faisceaux d'insertion des cinq pétales sont ordinai-
rement dirigés dans le même sens, soit de droite à gauche, soit de gauche à
droite. Très-rarement, dans la même fleur, les uns viennent de droite et les
autres de gauche; très-rarement aussi certains pétales d'une même fleur
n'ont qu'un faisceau d'insertion, tandis que les autres en ont deux.
» L'insertion des étamines est non moins remarquable. Dans quelques
espèces, il y a des étamines de deux origines [Tilia plal/pli/lla, niicro-
phylla) : les unes, plus nombreuses, sont insérées au-dessus du point
( 520 )
d'attache des faisceaux pétalins sur les faisceaux sortis des angles du pen-
tagone, tandis que les autres émanent des faces de celui-ci; il ne sort ordi-
nairement de cliaqiie face du |)enlagone qu'un seul faisceau stainiiial, mais
ce faisceau se bifurque quelquefois dans le T. plalypliytla et donne alors
deux étamines. Dans les T. aiiiericana, pubescens, lieterophylla, ces étaniines
à insertion vascutaire oppositipétale n'existant pas, tous les faisceaux sta-
niinaux convergent vers les cinq faisceaux basilaires, sur lesquels ils sont
fixés; tous, par conséquent, ont une insertion oppositisépale. A la place
de l'étamine ou des étamines opposées à chaque pétale, il y a un stami-
node pétaloïde. Le T. covaUinn est très-instructif sous ce rapport, en ce
qu'il présente à la fois des fleurs pourvues de staminodes et des fleurs
dans lesquelles chaque staminode est remplacé par une étamine plus
grosse que les autres. On trouve même souvent cette étamine transfor-
mée à des degrés divers en staminode pétaloïde. Le filet devenu lamellaire
|)orte alors sur ses bords des traces de l'anthère, dont les loges sont
plus ou moins conservées. Chaque staminode comme chaque étamine ne
reçoit qu'un seul faisceau, qui est inséré, comme je l'ai dit, sur le milieu
de la face correspondante du pentagone réceptaculaire.
» Le nombre des étamines varie beaucoup dans chaque fleiu-, suivant les
espèces. Il n'y en a que de i4 à 26 dans les fleurs tXuJ'iUa miciophyila ;
environ l\o dans les fleurs du T. pubescens, c'est-à-dire 8 dans chaque
groupe à insertion oppositisépale; il y en a 10 à 12 dans chacun des cinq
groupes du /. americana, et 12 à i5 dans chaque groupe du T. helero-
pliylla.
» Il convient d'ajouter que, dans la symétrie de la fleur, les staminodes
ou les étamines qu'ils représentent forment un verticillc particulier. Il
existe en effet dans chaque fleur 5 sépales, 5 pétales alternes avec ceux-ci,
5 groupes d'élamines avec insertion oppositisépale de leurs faisceaux,
5 staminodes alternes avec ces 5 groupes d'étamines, enfin ordinairement
5 carpelles alternes avec les staminodes et opposés aux sépales.
» Quand chaque fleur possède nu nombre de carpelles égal à celui des
sépales et des pétales, chaque carpelle est oppositisépale, et pour le consti-
tuer il sort des angles du pentagone réceptaculaire un fascicule ou deux
qui, sur des cou|)es longitudinales, se montrent parfois insérés sur les
faisceaux angulaires qui ont donné ceux des sépales, des i)étales et des éta-
mines opposilisépales. Ce fascicule ou ces fascicules semblent alors n'être
que les derniers rameaux émis par ces faisceaux basilaires. D'autres fois ces
fascicules sont insérés plus bas, comme dans l'aisselle des faisceaux basi-
( 521 )
laires. S'il n'y en a f|iriin ilans ch.ique aisselle, il se partage plus haut en
deux [T. fteU'rof)lt/ll(i, etc.). Ces deux fascicules montent parallèlement à
petite distance l'un de l'autre dans la paroi de l'ovaire, en opposition
avec les loges. Ils se réunissent au sommet de l'ovaire avant d'en-
trer dans le style, et représentent la nervure médiane des carpelles.
On remarque quelquefois encore, dès l'époque ovarienne ou seule-
ment un peu plus tard dans la jeunesse du fruit, quelques autres
fascicides qui se détachent du réceptacle, ou même de la hase du faisceau
des stanunodes, et qui moulent dans les parois de l'ovaire. Dans les Tilia
americana, heterophylla et ( urallina, on en aperçoit deux ou trois qui sont
opposés à chaque cloison, et un peu plus externes que les couples opposés
aux loges.
» Ce qui reste de chaque face du pentagone réceptaculaire se prolonge
dans l.i région centrale, et y donne lieu d'ahord à un faisceau muni de deux
groupes vasculaires, qui un peu plus haut s'unissent en un seul. Ainsi sont
constitués lescinq faisceaux placentaires, qui montent en opposition avec les
cloisons et pénètrent dans le style, où, avec les faisceaux venus de la pé-
riphérie, ils forment uu pentagone qui présente un faisceau dans chaque
angle et uu ou deux sur chaque face. Ces divers faisceaux vont se terminer
dans les cinq lobes stigmatiques en s'unissant plusieurs ensemble. Mais,
dans leur course à travers l'ovaire, les cinq faisceaux placentaires qui, au
moins dans les T. heteropli/lln et pubesceiis, ont leurs vaisseaux tournés
vers le centre dans toute leur longueur, décrivent une courbe dont la con-
vexité est dirigée vers l'extérieur, et ils émettent, chemin faisant, des ra-
meaux internes et des rameaux externes. Les internes sont très-grêles et
leur étude demande beaucoup d'attention. Les ims fournissent les fais-
ceaux des ovules; les autres insérés un peu au-dessous des loges, à l'origine
de la courbure, vont se terminer où elle finit et simulent la corde des arcs
décrits par les placentaires. Ces fascicules internes sont reliés les uns aux
autres (T'. lieleroph)lla, pubesceiis). Les rameaux externes des placentaires
sont insérés à la hauteur des ovules et plus haut ; ils montent obliquement à
travers les cloisons et le parenchyme qui couvre les loges, en se bifurquant
deux ou trois fois dans le plan vertical et aussi dans le plan contraire (/'.
americana). Leurs rameaux, disposés en sens inverse de la direction qu'ils
auraient si l'on avait affaire à des feuilles devenues carpelles, concourent,
avec les faisceaux qui montent du réceptacle, à former la strate fibrovas-
culaire et réticulée, qui donne au péricarpe sa consistance ligneuse.
C. K.,i875, i" Semestre. Cl. I.XXX, N" i).) 68
( 5aa )
a Les deux faisceaux longitudinaux opposés aux loges, représentant la
nervure médiane des carpelles, ne font point, à proprement parler, partie
constituante de la strate fibrovasculaire; ils sont plus internes qu'elle, pla-
cés à quelque dislance et envelopiiés par le parenchyme interne; ils en-
voient seulement à celle strate des rameaux latéraux.
» Cette strate, qui débute dans la jeunesse de l'ovaire par une couche
génératrice semblable à celle de la tige des arbres dicotylédones, dans
laquelle les cellules se nuiltiplient de même en séries radiales, se partage
en deux zones bien distinctes : la plus interne est formée par un plexus de
faisceaux tibrovasculaires anastomosés entre eux ; la plus externe est com-
posée d'une midtitude de petits groupes de cellules scléreuses étendues
radialement, qui reçoivent les extrémités de fascicules vasculaires émanés
du plexus placé en dedans. Une épaisse couche de parenchyme vert enve-
loppe le tout, et est elle-même revêtue par un épidémie chargé de poils à
rameaux rayonnants.
>j Du système fibrovasculaire quadrangulaire du sommet du pédoncule
du SiKinnatmin a/ricana s'écartent des angles quatre faisceaux, qui montent
au-dessous du milieu des sépales; un peu plus haut, quatre autres faisceaux
alternes avec les premiers sortent de l'iue, montent au-dessous des inter-
valles des sépales et s'y bifurquent, tandis que les quatre premiers se divisent
en trois, dont un médian qui se prolonge dans le milieu du sépale placé
au-dessus, et deux latéraux qui vont au-devant des branches de la fourche
des quatre autres faisceaux. De l'union de ces branches résultent huit ar-
cades, dont chacime fournit des faisceaux latéraux aux moitiés correspon-
dantes de deux sépales.
» Avant de se bifurquer, les quatre faisceaux opposés aux intervalles
des sépales émettent, à des hauteurs variables, un faisceauqui se prolonge
dans le pétale superposé et produit sa nervation. Il arrive cependant assez
souvent que le faisceau destiné à un pétale s'insère directement sur l'axe :
il est alors comme axillaire du faisceau calicinal correspondant.
» De même que les f;iisceaux basilaires des pétales sont souvent insérés
sur des faisceaux destinés au calice, de même les faisceaux basilaires simples
des groupes d'élamiues s'insèrent fréquemment sur ceux des pétales. Il naît
ainsi lui premier verlicille de faisceaux staminaux oppositipétales; mais, un
peu plus haut, il sort directement de l'axe d'autres faisceaux staminaux qui
sont oppositisépales. Les uns et les autres se divisent en rameaux assez
nombreux; ceux qui sont oppositipétales se partagent chaciui en deux
groupes, <pii, chacun de son côté, vont se joindre au groupe oppositisépale
(-ÏJBT)
voisin. Tous ces fascicules, s'anastoraosaiit entre eux, forment un plexus
duquel sort chaque groupe d'étaujinesavec ou sans anthères, visible à Tex-
térieur et opposilisé|)ale.
» Jusque-là la fleur est symétrique; elle a quatre srpales, quatre pétales
alternes avec eux et quatre groupes d'élamines alternes avec les pétales. I^c
nombre des carpelles étant souvent de cinq ou six, la symétrie est troublée;
mais le phénomène qui s'est montré pour l'insertion des faisceaux des
pétales et des étamines se rejjroduit pour celle des nervures médianes des
car|)elles. Celles-ci, en e(f( t, quoique émanant quelquefois directement de
l'axe, s'insèrent bien plus souvent sur des faisceaux staniinaux, non pas
seulement sur le faisceau basilaire simple d'un groupe d'étamines, mais
aussi sur un des rameaux de ces basilaires.
» Après l'émission des f;iisceaux staminaux supérieurs, ce qui reste de
l'axe se dispose en un cylindre qui se prolonge dans le centre du pistil, où
ses faisceaux s'anastomosent près de la ba;e des loges. A partir de ces ana-
stomoses, plusieurs faisceaux se réj^artissent dans l'extrémité en coin de
chacune des cloisons, d'oii les uns montent dans les ovules, tandis que
d'autres branches des faisceaux placentaires montent dans les cloisons
mêmes. Au-dessus de l'insertion des ovules, le faisceau placentaire restant
seul a ses vaisseaux tournés vers le dehors et envoie, à travers les cloisons,
de nouveaux rameaux qui rejoignent les nervures médianes. Les faisceaux
qui parcourent les cloisons se prolongent les uns dans la paroi externe
d'un seul carpelle, les autres, se bifurquant, envoient une branche dans la
paroi dorsale de chacun des deux carpelles adjacents; mais, dans la fleur, les
faisceaux transverses débordent à peine des cloisons dans la parni externe.
Ce n'est que plus tard qu'ils sont en relation avec les nervures médianes. A
l'époque de la floraison, chacune de celles-ci est seulement bifurquée dans
sa partie supérieure, et chaque branche va s'unir avec le sommet d'un fais-
ceau placentaire différent, qui lui-même est en rapport avec les branches
correspondantes des nervures médianes des deux carpelles voisins. Ni les
faisceaux placentaires ni les nervures médianes n'entrent dans le style, qui
ne reçoit aucun faisceau.
» Pendant l'accroissement du jeune fruit, les faisceaux transverses venus
des placentas se ramifient dans la paroi externe, donnent lien à lui réseau
à petites mailles (pii les réunit avec la nervure médiane. C'est des faisceaux
composant ce réseau que partent les éléments vasculaires et fibreux que
j'ai signalés antérieurement dans les piquants qui garnissent la surface du
fruit. Ces piquants se terminent par une longue cellule aiguë à parois for-
68..
( 524 )
tement épaissies ; mais leur base renflée est complexe. Outre les vaisseaux
et les fibres ligueuses qui les accompagnent, une couche de parenchyme
vert est placée sous l'épitlerme, qui est lui-même hérissé comme celui de
l'ovaire ou du fruit.
» L'ovaire, en effet, porte deux sortes de poils : les uns sont unicellu-
laires, à parois épaisses, et pointus; les autres, renflés au sonniiet, sont com-
posés de cellules superposées et en partie divisées par des cloisons verti-
cales.
» Je m'abstiens, dans ce travail , de parler des nombreuses cellules
gommeuses répandues dans la fleur et dans le péricarpe des Tiliacées ; mais
je mentionnerai ici la répartition de cristaux en groupes étoiles dans les
cellules internes de la paroi extérieure des loges de l'ovaire du Sparmannia;
il n'en existe pas dans les cloisons à cet âge.
» Le fruit de VEiUcIca arborescens, sur lequel je reviendrai plus tard, a la
plus grande ressemblance avec celui du Spaimnnma.
» Il est à peu près superflu de faire remarquer que la constitution de ces
fruits et de ceux des Tilia ne concorde pas du tout avec la structure des
feuilles; mais je ne terminerai pas sans exposer quelques réflexions que
suggère l'insertion des diverses parties de la fleur, et en particulier l'étou-
nanle insertion de la nervure médi^ine des car[)elies, surtout dans \e Spar-
maimui, V Enlelea et le Grewia occidentalis.
» Celte insertion f(niru!t une objection puissante contre la théorie des
feuilles modifiées. D'après cette théorie, le carpelle élant une feuille, les
faisceaux placentaires n'en seraient que des nervures latérales. Cette opi-
nion ne saurait s'appliquer aux plantes que je viens de nommer, car en elles
les faisceaux placentaires sont dans la prolongation de l'axe, tandis que les
nervures médianes ne sont que rarement insérées sur cet axe.
» Dans le Spannmmin^ qui vient d'être décrit, les nervures médianes des
carpelles sont le plus souvent insérées surdcsjciisceaux slaniinatix ùusiLiires,
qui devront être regardés, par les adversaires de l'avis que je soutiens,
comme appartenant à des Jeuitles slaminales. On est conduit à se demander
si ces faisceaux slaminaux basilaires simples sont formés par la base d'au-
tant de feuilles qu'ils sont surmontés détamiues. Si chaque étamine repré-
sente une feuille, que de difOcultés n'éprouvera-t-on pas pour les répartir
sur l'axe d'a|)rès les lois delà phyllotaxie? Si au contraire on veut pré-
tendre, conformément à la .symétrie de la fleur, que chaque gronj)e ilêla-
niines , qui en contient de trente-huit à cinquante-sept, ne représente
qu'une seide feuille, quelle singulière lèuille n'aura-t-ou pas? Les buta-
( 5a5 )
nistes ne s'étant guère accordés pour expliquer la formation d'une étamine
par une feuille, comment s'enleiidronl-ils pour expliquer la transformation
d'une feuille en cinquante éfainiuos? Il ne faut pas oublier que celte pré-
tendue feuille s complexe serait souvent combinée avec le prolongement
inférieur de la nervure médiane d'une feuille carpellaire. De plus, cette
feuille staminale aurait trois faisceaux d'insertion , et ces trois faisceaux
ne s'inséreraient même pas tous sur l'axe : le médian, qui est le supérieur,
s'appuierait seul sur cet axe; mais les deux latéraux s'inséreraient chacun
sur le faisceau basilaire d'un pétale, qui lui-même s'insère tantôt sur un
faisceau hasilaire latéral du calice, tantôt dans l'aisselle de ce faisceau.
Que de difficultés accumulées pour soutenir une théorie inutile!
» Les Tilici eu présenteraient d'analogues, puisque chaque groupe d'éta-
mines oppositisépale s'insère sur le même faisceau basilaire que le sépale
voisin, auquel s'ajoutent encore un ou deux faisceaux pétalins. En outre,
chez ces arbres, chaque groupe de faisceaux staminaux à insertion opposi-
tiséprde ne représente aussi qu'une pièce du verticilie, et de chaque groupe
émanent souvent dix ou quinze étamines. Il répugne de croire que ces
quinze étamines soient formées par une feuille, quand, auprès d'elles, cha-
cune des cinq étamines du verticilie oppositipétale, qui ont la même struc-
ture [T. corallina), exigerait une feuille entière pour se constituer. Puisque
quinze ou cinquante-sept étamines, loiil aussi bien qu'une seule de même
slruchiie, peuvent tenir la place d'une pièce d'un verticilie, il est clair
qu'une étamine n'est pas formée par une feuille. 11 y a là un mode de la
ramification, et c'est tout.
» Je ferai remarquer encore que rien ne prouve mieux la vanité de la
distinction des axes et des apj)endices que les faisceaux basilaires supports
des sépales, des pétales et des étamines, qui ont hi coiistilulion de pelils axes
liyneux avec rayons médullaires, et dont tous les éléments sont symétrique-
ment rangés autour d'une ligne droite. Je ne puis mieux terminer qu'en
décrivant leur disposition et leur lamification dans le réceptacle que ter-
mine le fruit du Grewia occidenlalis.
y> Un peu au-dessous de l'iiiserlion des sépales, qui sont tombés, il s'é-
carte de l'axe ligneux du pédoncule cinq faisceaux qui se ferment sur leur
face interne, et qui forment comme autant de petits axes très-ligneux, mon-
tant à quelque distance autour de l'axe fibrovasculaire central, |ilus vo-
lumineux. Chacun de ces cinq faisceaux émet une branche qui se divise en
trois : la médiane S(! prolonge directement dans un sépale; les deux laté-
rales vont, chacune de son côté, à la rencontre de la branche semblable
( 526 )
venue du faisceau subcalicinal voisin, et elles envoient des rameaux dans
le côté des sépales placés au-dessus. Ces branches, qui marchent l'une vers
l'autre, s'unissent et donnent, de leur point de jonction, extérieurement un
faisceau pétalin, intérieurement un laisceau ligneux à organisation axile.Cinq
nouveaux faisceaux de cette structure sont donc produits ; ils s'interposent
aux cinq premiers, et montent jusqu'au-dessus du disque qui partage en deux
parties le réceptacle du Greivia, Là ces cinq faisceaux se divisent et leurs
branches aboutissent à des cicatrices staminales. Los cinq autres faisceaux,
semblables aussi à de petits axes ligneux, un peu plus gros que les derniers,
montent jusque auprès du fruit et, chemin faisant, ils envoient également
des rameaux à des cicatrices staminales. Au bas du fruit ces cinq faisceaux
se divisent; leurs branches, distribuées suivant deux arcs, vont constituer,
avec le concours des rameaux transverses fournis par les faisceaux placen-
taires, le réseau des parois périphériques des deux carpelles, qui n'ont rien
de la structure de la feuille.
» En outre, le cylindre ligneux central qui monte indivis depuis la base
du réceptacle se partage sous le fruit en quatre faisceaux placentaires, for-
mant aussi comme autant de petits axes ligneux d'abord c} lindriques. Un
peu plus haut ces faisceaux, en s'unissant deux à deux, produisent deux
faisceaux en gouttières, qui peuvent s'allier par les bords, et du dos des-
quels partent des rameaux qui traversent les cloisons. Chose singulière,
chaque faisceau en gouttière est lui-même formé par une zone contournée
de cette façon, dont les vaisseaux sont orientés, comme si chaque gouttière
formait un axe particulier.
» Je m'arrête ici. N'est-il pas évident que la distinction des axes et des
appendices est illusoire? N'est-il pas prouvé par ce qui précède que les
parties de la fleur et les feuilles ne sont que des formes de la ramification
destinées à remplir des fonctions diverses? »
MINÉUALOGIE EXPÉRIMENTALE. — Expériences sur tiinilalion artificielle
du platine nalij magnélipolaire; par M. Daubkée.
« On sait que certains échantillons de platine natif, non-seulement
agi.ssent sur l'aiguille aimantée, mais encore sont magnétipolaires à la
manière de véritables aimants. Rerzélius, dans un Mémoire sur la com-
posilion des minerais de platine (i), a signalé celte propriété pour quel-
(i) Poggenilorff 's Aniialcn t. XIII, p. 564; '828.
( 527)
ques-unes des p«^pitos de Nischné-Tagilsk (Oural) qu'il a soumises à l'ana-
lyse (i).
» Les sables aurifères de l'Oural laissent, à la fin des lavages qu'on leur
fait subir, un n'-sidu dans lequel l'or est associe"- à des substances ferrugi-
neuses, l'our eu séparer ces dernières, au moins en partie, ou se sert d'un
fort aimant d'oxyde de fer magnétique naturel provenant de la mine de
Blagodat. Or, après que cet aimant n'agit plus aucunement, un aimant de
platine natif peut encore soutirer des giains ferrugineux en quantité très-
notable. Telle est l'observation intéressante qu'a faite notre éminent cor-
respondant, M. de Rokscharow, en 18G6, lors d'un voyage dans l'Oural,
eu concluant que le magnétisme polaire des aimants de platine surpasse
beaucoup en intensité celui des aimants ordinaires de fer oxyduié, que la
nature présente (i).
» Diverses analyses ont appris que les grains de platine doués du ma-
gnétisme |sont toujours alliés à une quantité de kr très-notable (12 à 19).
Brcilliaupt, ayant remarqué que la densité de ces grains ferreux est très-
sensiblement inférieure à celle du platine ordinaire, a proposé, dès 1826,
d'en faire une espèce distincte, sous le nom de Eisenplalin ; cependant,
après avoir mentionné le magnétisme polaire des pépites de Nischné-Tagilsk,
M. Gustave Rose ajoutait que leur teneur en fer ne paraît pas suffire pour
rendre compte de cette propriété, et il supposait que l'iridium qu'il ren-
ferme pourrait y contribuer (3).
» M. Jaunez Sponville, ingénieur des mines et usines du prince Demi-
doff, a eu l'obligeance de me rapporter récemment quelques échantillons
magnétipolaires de platine, recueillis aux exploitations qu'il dirige dans
l'Oural, près de Nischné-Tagilsk (4)- I^^ pépite principale, du poids de
12 grammes, présente trois axes et six pôles dont on peut reconnaître la
situation, soit au moyen de l'action qu'ils exercent sur l'aiguille aimantée,
soit en examinant les figures qu'ils font naître dans de la limaille de fer
(i) Une pépite raagnétipolaire du poids de 3"", 833 est en la possession de S. A. I. le
duc Nicolas de Leuchlenherg.
(2) riuUftin de l'Académie impériale de Saint-Pétersbourg, t. VIII; 1866. — Matcrialen
dcr Minéralogie Ilussliinds, t. V, p. 180.
(3) Gustave Rose, Reise nacli Ural, t. II, p. 38g. Swanberg parait avoir eu la même
0|>inion [Rumiiielsbrrg lUintUvoerterbucli der Minéralogie, 1° éilitioii, p. 11).
(4) Les plus petits grains ne pèsent que o*'', 35 ù o"', ogj deux autres, qui pèsent environ
2 grammes, sont hérissés de cristaux mal formés, dont la configuration rappelle celle du
cube, et ressemblent à ceux que l'on trouve (piclquefois engagés au milieu du fer chromé.
( 5^8 )
répandue sur une feuille de papier, selon la portion de la pépite qu'on en
approche.
» On pouvait se demander si de l'oxyde magnétique disséminé dans le
platine natif ne pouvait pas être la cause de cette polarité. La pépite prin-
cipale ayant été polie de manière à présenter une face trés-miroilante, on
traita cette dernière par l'acide chlorhydrique concentré, qui fut sans
action à froid et même à chaud. Le même échantillon étant soumis ensuite
à une chaleur rouge, on voit apparaîtie sur la face polie des irisations très-
vives : des zones, de couleurs fort différentes et séparées par des contours
tout à fait nets, sont disposées concentriqucment autour des cavités et aspé-
rités (le l'échantillon. Ces bandes, en annonçant que la substance est loin
d'être homogène, montrent en outre de quelle manière les divers alliages
s'y sont répartis. Mais on n'y remarque n'en qui manifeste une structure
cristalline, comparable à celle que révèlent si nettement les figures de Vild-
manstaedl sur les fers d'origine météorique. Enfin l'eau régale, en atta-
quant cette surface polie, y fait apparaître, en saillie, de petits grains d'un
gris d'acier, qui restent inattaqués, comme le ferait de l'osmiure d'iridium.
» Les pépites de platine étant des alliages très-complexes des métaux
qui appartiennent au gioupe du platine et de plusieurs autres, il convenait,
pour se rendre compte de la cause de leur polarité magnétique, de procé-
der par la synthèse. C'est ce que j'ai fait, en profilant de l'installation si
bien organisée au Conservatoire des arts et métiers pour la fusion du pla-
tine, grâce à l'extrême obligeance de notre savant confrère, M. ïresca, et
à celle de M. Gustave Tresca, auquel je suis redevable d'un concours
aussi habile qu'empressé.
» Avant de former directement des alliages, j'ai désiré voir si, après la
fusion, un aimant de platine conserve sa propriété magnélipolaire. Une
pépite de cette nature étant fondue dans un creuset de chaux, on voit,
pendant qu'elle est en pleine liquéfaction, en jadlir des étincelles dues,
sans doute, à la condjustion d'une partie de son fer. En même temps, à la
surface du bain incandescent, apparaît une pellicule opaque qui s'y ment
rapidement, rappelant exactement ce qui arrive dans la coupellation de
l'argent; mais, au lieu de l'oxyde de plomb, c'est de l'oxyde de fer cpii se
produit ici, et qui après le refroidissementt orme une croûte cristalline sur
une partie du boulon métalli(|ue. Le culot ol)lenu, après une fusion pro-
longée pendant une minute environ, était encore magnétique, mais plus
faiblement que l'échantillon primitif, et il ne présentait plus de polarité; il
a toutefois repris cette dernière propriété sous l'action d'un électro-aimant.
(5^9)
Le changement observé à la suite de la fusion ne résnile sans doute que
de l'élimination d'inie partie notable du ter allié au platine, par suite de
l'oxydation.
M Les fusions dont il va être question, de même que cette première, ont
eu lieu dans un creuset de chaux, sous l'action du chalumeau alimenté
par le gaz d'éclairage et l'oxygène.
» En vue du but qu'il s'agissait d'atteindre, on a fondu du platine avec
un quart de son poids de fer (24 grammes de platine et 6 grammes de fer).
Le platine étant en pleine fusion on y a ajouté du fil de fer très-doux (i),
qui avait préalablement été réuni et tordu comme une sorte de corde, afin
d'éviter des pertes considérables, à cette haute tcMiipérature, par l'action de
l'oxvgène. Aussitôt que ce fil pénètre dans le platine fondu, il est instanta-
nément dissous, en donnant lieu, comme dans le cas précédent, d'une part
à des étincelles, de l'autre à une scorification, lors même que la substance
ne reste en fusion qu'une fraction de minute. Sans aucune autre prépa-
ration que celle qui vient d'être indiquée, on obtient, après refroidissement
et au sortir même du creuset, un bouton manifestant lui magnétisme po-
laire très-prononcé.
» Dans le désir de l'étirer sous forme de barreau, j'ai essayé de le faire
forger; mais l'opération n'a pu réussir ni à froid ni à chaud : l'alliage s'est
brisé sous le marteau en fragments grenus, à peu près comme le font les
pépites naturelles de composition analogue.
» Le magnétisme polaire s'est également manifesté dans chaciui des frag-
ments. Par conséquent, la seule présence du fer, en proportion convenable,
suffit pour rendre compte de la polarité du platine natif.
» Afin d'obtenir l'alliage magnétipolaire sous inie forme allongée, on
a entaillé dans de la chaux une rainure avec un couteau bien tranchant,
de manière à présenter la forme d'ini prisme à base de trapèze, disposé
horizontalement. Après moins d'une minute de fusion dans cette raiinu-e,
pendant laquelle se sont reproduits les faits d'oxydation précédemment
indiqués, on a obtenu un barreau qui agissait non-seulement sur l'aiguille
aimantée, mais aussi présentait des pôles énergiques de nom contraire,
lesquels ont persisté après qu'il a été dégagé de l'enduit scoriacé et ni.i^ué-
tiquedont il était recouvert. Ces pôles étaient au nombre de quatre, deux
à chacune des extrémités du barreau.
(i) Fil lie bobine cieclrn-m.ignclique.
C. R., 187a, I" Semestre. (T. LXXX, N» 0.) Oc)
( 53o )
» Cet alliage se comporte sous le marteau de même que le premier.
L'état moléculaire de l'un et de l'autre se rapproche de celui des pépites
niagnétipolaires. Leur dureté est voisine de colle de l'apatite, mais un peu
inférieure.
» Dans la fusion dont il vient d'être question, non-seulement du fer s'é-
tait partiellement oxydé, mais un peu de platine avait probablement dis-
paru en petites grenailles. Aussi, au lieu de calculer le fer allié par l'aug-
mentation de poids, était-il plus sûr de recourir à un dosage direct.
L'analyse qui a été faite au bureau d'essais de l'École des Mines, sur le
produit de la première opération, a donné :
Fer ï6,87
Platine 83, o5
Total 99>92
» La densité est de i5,66 pour le premier alliage et de i5,7o pour le se-
cond; la composition de ce dernier doit donc être très-voisine de celle qui
vient d'être doiuiée. Par leur proportion de fer et par leur densité, ces al-
liages se rapprochent beaucoup des pépites magnétipolaires natiuelies,
malgré la présence des métaux étrangers que celles-ci renferment (i).
» Après avoir ainsi reproduit le platine magnétipolaire semblable à
celui que présente la nature, il convenait de voir comment se comportent
des alliages d'iuie teneur plus considérable en fer.
» Des alliages de platine, riches en fer, ont déjà été préparés, il y a
longtemps, par Faraday et Stodart, mais ces savants ont passé sous silence
la manière dont les alliages qu'ils ont obtenus agissent sur le barreau
aimanté.
» Un alliage où j'avais introduit, sur loo parties, 99 de fer et i de pla-
tine, après une fusion complète, tout en étant fortement magnétique, n'a
pas doinié de traces de polarité, même après avoir été étiré en barreau.
Deux autres alliages de platine contenant, l'iui 75 de fer, l'autre 5o pour
100 du même métal, se sont comportés à peu près do même (2).
» J'ajouterai qu'un des alliages formés par Berthier contient i équiva-
(1) De Kokschahow, ouvrage précité, tome V, p. 179-188. Dans <lcs grains niagnétiqrics
<le Nisclinc-Tagilsk, M. <le Miichin a trouvé 17,13 pour loo clans les grains de teinte noi-
râtre, et i5,88 pour ceux de teinte plus blanche.
(2) Pour ces trois fusions au creuset, j'ai eu recours à l'obligeance île M. le L'-Colonel
Caron.
( 53i )
lent do chacun des deux métaux, c'est-à-dire 78,4 de platine et 21, G de
f er; or j'ai constaté que cet alliage, conservé au laboratoire de l'École des
Mines, bien qu'imparfaitement fondu, est également maçnétipolaire.
» Ainsi, quelque prononcé que soit le pouvoir magnétique du fer, les
alliage» où ce métal prédomine n'ont pas acquis la polarité, dans les
mêmes conditions que l'alliage obtenu d'abord. D'un autre côté, il résulte
des nombreuses analyses que l'on possède que le platine natif, renfermant
seulement une faible proportion de fer, n'est pas magnétipolaire.
» La propriété remarquable dont il s'agit paraît correspondre à cer-
taines proportions de fer qui ne sont pas considérables.
» On sait que les minéraux dits magnétiques, c'est-à-dire qui attirent
les deux pôles de l'aiguille aimantée, peuvent, à la suite de diverses opé-
rations, devenir niagnétipolaires. M. Delesse a fait, il y a longtemps, des
expériences de ce genre, pour des minéraux variés (i). En ce qui concerne
le platine, UNI. Edmond Becquerel a montré qu'il suffit de traces de fer pour
que ce métal, sous l'influence de pôles énergiques, acquière aussi la pro-
priété magnétique (2).
» Mais, d'après les expériences que je signale aujourd'hui, la polarité
magnétique apparaît immédiatement, d'une manière très-prononcée, dans
l'alliage, au moment où il sort du creuset suffisamment refroidi, et cela,
sans passer par aucune opération spéciale, par aucune touche. Si l'on com-
pare ce fait à ce que l'on sait de l'acier fondu dans les mêmes circonstances,
on est conduit à admettre que le platine allié de fer, dans des proportions
convenables, devient exceptionnellement susceptible d'acquérir, en quel-
ques instants, l'état magnétipolaire. Or cet état ne peut s'acquérir que sous
une forte induction magnétique, qu'il était très-naturel d'attribuer à l'in-
fluence du globe.
» Pour contrôler cette explication et voir quelle est la part de l'action
inductrice du globe sur la situation des pôles qui prennent ainsi naissance,
j'ai repris la dernière expérience, mais, cette fois, en disposant le petit bar-
reau, pendant sa fusion, exactement dans le plan du méridien magnétique.
Dès qu'il a été solidifié, il a, de plus, été placé, encore très-chaud, pa-
rallèlement à l'aiguille d'inclinaison, jusqu'à son refroidissement complet,
qui, en raison de sa petite dimension (i3 grammes), a eu lieu en moins
de dix minutes. J'ai alors reconnu que le barreau présente, vers ses deux
(1) Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. XXXII, |>. 110; i85i.
(2) Annales de Chimie et de Physique, 3' série, t. XXV.
09.
( 532 )
extréinilés, deux pôles qui agissent Irès-énergiquement et sont disposés
exacleinent connue cenx de l'aignille aimantée, c'est-à-dire que l'extrémité
tournée vers le nord magnétique repousse fortement le pôle nord de l'ai-
guille aimantée, et inversement atlire le pôle sud de cette même aiguille.
» Il convenait de s'assurer que cette disposition des pôles n'est pas for-
tuite; à cet effet, j'ai chauffé au rouge ce même barreau, mais en lui don-
nant une situation diamétralement inverse de celle sous laquelle il avait
acquis ses pôles. Le barreau possède alors des pôles magnétiques aussi
énergiques qu'avant l'opération, mais exactement renversés.
» Ces faits sont analogues à celui qu'a signalé M. Sidot, dans d'ingé-
nieuses expériences (i), où il a produit l'oxyde et le sulfure de fer n)a-
gnétiques. Ils confirment l'importance que l'action générale du globe doit
avoir eue sur la disposition des pôles dans les divers minéraux et roches
magnétiques, au moment où ces minéraux et ces roches se sont formés,
importance qu'il possède encore à tout instant.
» Le fait q\ii forme l'objet principal de celte Note paraît mériter d'être
étudié au moyen d'un plus grand nombre d'expériences, notamment en ce
qui concerne les circonstances dans lesquelles naissent les pôles et le
magnétisme spécifique de divers alliages de platine et de fer, comparati-
vement à des aimants naturels ou artificiels. Les résultats pourraient offrir
de l'intérêt au point de vue de la théorie et peut-être aussi à celui de l'ap-
plication, dans les cas où l'on désirerait une grande inaltérabilité dans les
aiguilles ou barreaux aimantés. »
PHYSIQUE. — Noie sur le magnétisme ; par M. Th. dc Moxcel.
« Les intéressantes expériences dont mon savant confrère, M. Jamin, a
exposé les résultats à l'Académie dans sa séance du i5 février dernier, me
rappellent une série de recherches que j'ai faites en 1862 sur les électro-
aimants tubulaires et qui confirment pleinement ses idées sur la pénétration
limitée de l'aclion magnélisantc.
» A l'époque où j'ai fait ces expériences, les savants étaient très-divisés
sur l'énergie de ces sortes d'électro-aimants, comjjarée à celle d'électro-
aimants à noyaux massifs de même diamètre. Les uns croyaient qu'elle était
hi même dans les deux cas; d'autres la regardaient comme très-différente,
(1) Recherches sur la polarité magnétique de la pyrite de fer et de t'o.rjdc correspundunt
préparés artificiellement {Comptes rendus, l. LXVII, j). i^S; ib68).
( 533 )
et moi-même j'avais, quelques années auparavant (en i853), trouvédes ré-
sultats très-contradictoires. Je résolus d'élucider cette question, et je fis
construire en 18G2, avec beaucoup de soin, par M. C.aifie, deux noyaux
d'électro-aimants exactement de même diamètre et do même longueur et
susceptibles de s'adapter dans la bobine magnétisante de ma balance ma-
gnétique. L'un de ces noyaux était massif, l'autre était tubulaire, mais un
cylindre de fer qu'on pouvait introduire à l'intérieur de ce dernier permet-
tait d'en faire un noyau massif. Ces deux noyaux étaient détachés d'un
même morceau de fer, et leurs dimensions étaient : 7 centimètres en lon-
gueur, i4 millimètres en diamètre, et l'épaisseur du tube était de 2 milli-
mètres. La bobine magnétisante était enroulée avec du fd n° iG de ^ de
millimètre de diamètre, et celui-ci, qui fournissait 2800 spires, avait une
longueur de 228 mètres. La pile employée était une pile de Daniell de
20 éléments. Or voici les résultats que j'ai obtenus à une distance attrac-
tive de I millimètre.
1° Avec le noyau creux 0:5 gramincs
2" Avec le noyau massif 38 »
3° Avec le noyau creux muni du cylindre intérieur 37 »
» Le noyau tubulaire avait donc, pour l'intensité électrique que j'em-
ployais, une force moindre que le noyau massif, et cette supériorité de force
se maintenait quand j'adaptais une niasse de fer au pôle opposé à celui qui
produisait l'attraction. Les deux forces attractives devenaient en effet dans
ce dernier cas 66 grammes et gS grammes.
» Ayant déjà observé que l'étendue des surfaces polaires jouait un grand
rôle dans les attractions magnétiques, j'eus l'idée de couper l'extrémité du
cylindre complémentaire de mon noyau tubulaire, de manière à en déta-
cher une sorte de petit bouchon de 5 millimètres seulement d'épaisseur,
que je fixaisà l'une des extrémités du noyau tubulaire, à l'aide d'une broche
de cuivre qui les traversait de part en part. Lorsque ce petit bouchon exis-
tait seul à l'extrémité polaire appelée à fournir les attractions, la force
attractive à i millimètre était, comme avec le noyau massif, Sy grammes,
et l'introduction de la seconde partie du cylindre de fer, qui avait 65 milli-
mètres de longueur, ne changeait en aucune façon cette force attractive.
Bien plus même, en retirant le bouchon de fer, et laissant par conséquent
cette seconde partie du cylindre éloignée de 5 millimètres de l'armature, la
force attractive du système est tombée à 25 grammes, c'est-à-dire à la force
qu'avait déterminée le noyau tubulaire sans l'adjonction du cylindre inté-
rieur de 65 millimètres.
( 53.4 )
» Il n'y avait donc plus de doute à avoir, et je pouvais conclure de ces
expériences que, pour la force magnétique que je développais, la masse
intérieure du noyau magnétique était complètement inutile, sauf dans le
voisinage de l'extrémité polaire provoquant l'attraction, où clic agissait,
non comme masse magnétique, mais comme surface polaire plus déve-
loppée.
» Toutefois, cette question de surface m'ayant très-préoccupé, je voulus
voir si une bague de fer, enveloppant l'extrémité polaire de mon noyau
tubulaire, produirait les mêmes résultats avantageux; mais, à mon grand
étonnement, je constatai que la force, au lieu d'être plus grande que celle
du noyau tubulaire, était plutôt un peu moindre, et, dans ces conditions,
la présence du bouchon de fer ne pouvait plus la ramener à celle dévelop-
pée par le noyau massif. Il m'était donc démontré que, pour obtenir le
maximum de la force attractive, il fallait que les surfaces polaires des
noyaux magnétiques fussent les mêmes que celle de la section de ces
noyaux. J'ai donné, dans mon Mémoire présenté à l'Académie en 1862,
et surtout dans mes Recherches sur les meilleures conditions de construction
des électro-aimants, p. iio, l'explication de ces effets, ainsi que celle de la
projection du bouchon de fer en dehors du tube au moment de l'aimanta-
tion de ce dernier, quand le bouchon était libre de se mouvoir à son inté-
rieur; je n'y reviendrai donc pas en ce moment. J'ajouterai seulement
qu'ayant reconnu que l'action efficace des électro-aimants tabulaires dépend
de [énergie du courant aimantant/fâ\ais établi que l'épaisseur à donner aux
électro-aimants tubulaires pouvait être déduite de la relation
c =^ c
1 x'
c' représentant le diamètre du noyau tubulaire, c celui du noyau massif
susceptible de s'aimanter à saturation sous l'influence électrique employée,
X le diviseur de c' pour représenter l'épaisseur du tube, qui se trouve ainsi
rendue fonction du diamètre. Or l'expérience m'a montré que cette valeur
de X pouvait être, sans grand inconvénient, portée jusqu'à 7. M. Hughes
l'avait fixée à 4 pour les électro-aimants télégraphiques de i centimètre de
diamètre.
» Depuis mes expériences, les électro-aimants tubulaires à bouchon de
fer ou, ce qui revient au même, à semelle de fer, ont été fréquemment em-
ployés dans les applications électriques. Ils ont le grand avantage de
rendre les désaimantations plus promptes à s'effectuer; ce qui tient préci-
( 1^35 )
sèment à ce que la masse inaclive d'un élecfro-aimant, qiii n'est pas entiè-
rement pénétré par l'action magnétisante, réagit comme une armature en
détcriiiinaiit un effet de condensation intérieur qui augmente, ainsi (ju'on
l'a vu dans ma dernière Note, l'inertie magnéticpie. A ce sujet, je dois
entrer dans quelques détails dont je n'ai pas encore parlé dans les diffé-
rentes Notes sur le magnétisme que j'ai envoyées à l'Académie, et pour être
plus intelligible je n'envisagerai pour le moment qu'un électro-aimant
simple à deux branches.
» Dès l'année i856, j'avais signalé que la force d'un électro-aimant qui
n'a pas encore servi est plus considérable, pour une force électrique don-
née, que celle du même électro-aimant qui a subi préventivement une forte
aimantation, et que, pour obtenir de ce même électro-aimant une force à
peu près égale à celle qu'il produisait primitivement, il fallait renverser
le sens du courant; encore cette plus grande puissance n'existait-elle que
pour la première fermeture du courant. J'avais attribué cet effet au magné-
tisme rémanent, mais sans en préciser le mode d'action. Depuis j'ai étudié
la question plus sérieusement et je me suis assuré qu'en réalité le magné-
tisme rémanent même, en le considérant indépendamment de l'action
condensante, c'est-à-dire après un premier détachement de l'armature, est
beaucoup moins grand qu'on ne le croit généralement; je pourrais même
dire qu'il est presque nul et réduit à celui que l'on constate dans un simple
électro-aimant droit après un premier détachement de l'armature.
» Pour qu'on puisse se faire une idée bien nette du phénomène, il faut
considérer que, dans un système magnétique composé d'un électro-aimant
à deux bobines uni à son armature, les actions magnétiques donnant lieu
à la condensation dont j'ai si souvent parlé se produisent d'une manière
double; car l'armature se trouve, par rapport aux deux noyaux recouverts
parles bobines magnétisantes, exactement dans les mêmes conditions que la
traverse qui réunit ces noyaux, et qu'on désigne vulgairement sous le nom
de culasse. Par conséquent, s'il y a une condensation magnétique déterminée
aux surfaces de jonction de l'armature et des pôles de l'électro-aimant, il
doit également s'en produire une aux surfaces de jonction de la culasse et
des deux noyaux magnétiques. 11 est vrai que, quand on enlève l'arma-
ture, le magnétisme condensé aux extrémités polaires de l'électro-aimant,
se trouvant libre, doit diminuer considérablement l'action des polarités
développées dans le dernier cas, mais cette action ne peut être complète-
ment annulée, et c'est à la condensation qui subsiste aux surfaces de jonc-
tion des branches de l'électro-aimant avec la culasse qu'il faut, selon moi,
( 536 )
attribuer en grande partie l'action magnétique rémanente que l'on constate
après un premier arracliemenl de l'armature, et qui est si minime avec les
électro-aimants droits n'ayant qu'un pôle actif. Cette condensation s'effectue
toutefois dans des conditions assez particulières qu'il est intéressant dexa»
miner.
0 Pour qu'on puisse bien se pénétrer des effets produits, plaçons dans
le voisinage d'un électro-aimant, dépourvu de son armature, une aiguille
aimantée suspendue sur un pivot. Naturellement, cette aiguille dirigera
vers le pôle de l'électro-aimant le plus rapproché d'elle son pôle de nom
contraire. Ce sera, je suppose, le pôle nord. Plaçons maintenant l'aiguille
dans le voisinage de la culasse de l'éleclro-aimanl vers la partie qui est
en contact avec la branche qui a provoqué la première déviation : le pôle
de nom contraire de l'aiguille va se trouver immédiatement attiré vers l'ex-
trémité de l'hélice la plus rapprochée de la culasse, montrant ainsi qu'une
polarité nord est déterminée en ce point; mais, si l'on vient à interrompre
le courant à travers l'électro-aimant, on voit immédiatement l'aiguille
tourner sur elle-même et présenter (presque avec la même énergie), à cette
partie de l'électro-aimant, le pôle de nom contraire à celui qui avait été
attiré au moment de la fermeture du courant. Il est vrai que l'énergie de
cette dernière action n'est que momentanée; 'elle semble même s'évanouir
pour laisser réapparaître ensuite moins forte la polarité alors déterminée,
et c'est cette action que M. d'Arlincourt a utilisée d'une manière si ingé-
nieuse dans ses relais translateurs; mais elle montre toujours que la con-
densation effectuée aux points de contact de la culasse avec les noyaux
magnétiques est très-sensible et aussi accentuée dans l'origine que celle
qui est produite aux pôles de l'électro-aimant. Voici comment on peut se
rendre compte des effets précédents.
» Au moment de l'aimantation, les extrémités de chaciui des noyaux de
l'électro-aimant se polarisent dans un sens différent. Un pôle sud se déve-
loppant, je sii|)pose, à l'extrémité libre de la branche de droite, un pôle
nord se produira vers la culasse, et il en sera de même, mais en sens
inverse, pour l'autre branche. Les fluides magnétiques de la culasse qui
sont attiiés vers les pôles des noyaux en contact avec elle se trouveront
alors dissinudés aux points de jonction, et les fluides magnétiques repoussés
manifesteront seuls leur présence extérieurement, comme si les deux moi-
tiés de la culasse étaient des épanouissements des pôles avec lesquels elles
sont en contact et dont l'action est alors prépondérante. Mais, au moment
de la désaimantation de l'électro-aimant, cette dissiuudation des fluides
( •'■':^7 )
attirés n'avant plus lien, |)iiisqiio les polarités des cxtréiiiiles liUres des
noyaux ne sont phis inaintennes, ces fluides manifestent leur présence en
deliors et donnent lieu à ce renversement de polarités cpie nous avons con-
staté. Toutefois ce renversement de polarités doit être immédiatement après
sa naissance considérablement atténué, sinon détruit ; car le courant induit
direct qui naît alors dans les bobines magnétisantes, et qui résulte de la
désaimantation des noyaux, se trouve être de même sens que celui qui
avait provoqué l'aimantation et tend à rétablir le premier effet, c'est-à-dire
à inverser de nouveau les polarités; mais, comme il est de bien moindre
énergie que le courant voltaïque, il ne produit |)ar le lait que l'ainjulation
momentanée de ces polarités, lesquelles reparaissent après, s;ins doute
très-affaiblies, mais persistantes, et ce sont elles qu'i représentent |)récisé-
ment ce magnétisme rémanent qui survit aux premiers arrachements de
l'armature dans un système magnétique fermé. Pour le faire disparaître, il
faut, comme pour l'armatin-e, détacher la culasse de l'électro-aiinaiU et la
replacer ensuite.
» A première vue, on pourrait se demander pourquoi, au moment île la
désaimantation, l'action du magnétisme dissimulé de la culasse exerce par
rapport à celui des noyaux directement magnétisés par l'hélice une action
prépondérante, mais on le comprend aisément quand on considère que la
culasse, étant en contact permanent avec les deux noyaux, les polarités
qu'elle présente à ses deux extrémités se trouvent maintenues par leiu'
réaction sur ces noyaux eux-mêmes, qui jouent alors, par ra[)port à elle, le
rôle d'armatures, tandis qu'il n'en est pas de même pour ceux-ci, dont
l'une des polarités est rendue libre au moment des désaimantations.
» n'a|)rès ces effets, il est facile de comprendre pourquoi un électro-
aimant qui n'a pas encore servi est plus énergique au moment où on le
surexcite pour la première fois que les fois subséquentes. C'est précisément
parce qu'il se développe, après la première action magnétique, une con-
densation qui se maintient indéfiniment, condensation très-affaiblie, il est
vrai, par rapport à celle qui se produit dans un système magnétique fermé,
mais qui suftit pour fournir luie polarité appréciable et qui ne peut être
considérée comme étant entièrement le résultat d'une aimantation iieiina-
nente de certaines particules aciérées du fer. l'.u- la même raison on peut
compremlre pourcpioi les électro-aimants lubulaires qui ne sont pas pour-
vus intérieurement d'une masse magnétique inutile et qui, par conséquent,
ne domient pas lieu à Un ellet de condensation du genre de celui dont d
vient d'être question, (ournissent des alternatives d'aimiiiilalion et (!e dés-
C. R., 1S7-., i" Simnlre. (1. I.XXX, iS" 0.) 7"
( 538 )
aimantation beaucoup plus rapides que les électro-aimants massifs. Mais
on comprend aisément que ces avantages ne peuvent exister que quand
l'épaisseur du tube est en rapport avec l'énergie du courant qui doit l'ai-
manter.
» Cette propriété du magnétisme de ne pouvoir pénétrer facilement
toute une masse magnétique explique facilement la loi de la proportion-
nalité des forces attractives des électro-aimants aux diamètres de leurs
noyaux. Cette loi est plutôt en rapport avec leur surface qu'avec leur masse,
et elle explique la force considérable que j'ai pu développer dans un électro-
aimant tubulaire (sans bouchon), de lo centimètres de diamètre de noyau
sur ùo centimètres de longueur de branches et i centimètre d'épaisseur de
tube. Cet électro-aimant avec un simple élément de Binisen de petit modèle et
seulement 4B2 spires de fil de l^ millimètres de diamètre, foiu-nissait une force
attractive de 160 kilogrammes. Cette force augmentait un peu, il est vrai,
avec 5 éléments Bunsen convenablement disposés, mais elle n'augmentait
pour ainsi dire plus avec 20 éléments, parce que la masse magnétique
n'était plus en rapport avec l'énergie électrique, m
PHYSIQUE DU GLOBE. — Service météorologique des ports.
M. Le Vkrkier expose à l'Académie la nouvelle organisation du ser-
vice météorologique des ports, telle qu'elle fonctionne à partir de ce jour,
i"' mars.
Le service est désormais fait deux fois par jour, le matin et le soir. On
estime que l'avis du soir sera particulièrement utile aux bateaux pécheurs.
M. le Sfxrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. Seguin aîné. Correspondant de la Section
de Mécanique, décédé à Annonay, le 24 février iSyS, dans sa quatre-vingt-
neuvième année.
M. Seguin laissera parmi nous d'unanimes regrets. Ses travaux de pra-
tique le placent au rang des mécaniciens les plus éminenfs et les plus
utiles. La profondeur de ses conceptions théoriques doit rendre son nom à
jamais illustre. Sans esquisser ici l'histoire d'une carrière si glorieusement
parcourue, comment ne pas rappeler que son ingénieuse disposition
de la chaudière des locomotives a seule rendu la production de la vapeur
assez abondante pour permettre la marche à grande vitesse sur les chemins
de fer? Disciple de l'illustre MontgoUier et digne de toutes ses confidences
scientifiques, il a révélé d'après lui, en 1839, c'est-à-dire quatre ans avant
(539)
la première publication de Robert Mayer, le piincipe, netlcment altiruié,cle
l'équivalence delà chaleur et du travail; l'Académie nous perinettia de
reproduire ici une page mémorable de son livre sur l'influence des chemins
de fer (i); elle suffirait pour placer l'éminent auteur au premier rang parmi
les fondateurs de cette grande théorie :
« La prcniiùre idée qui frappe, li)iscjiie l'on considère la liaison des plii-noniùiies de la
gcnôralion du luouvemcnt avec la produclion de la chaleur, c'est ipie la quantilé de [>uis-
sancc iiucanique que ])eut développer une niasse donnée de vai)oiii- est relative à sa diffé-
rence de densité et de température, en la considérant dans les deux étals consécutifsoù elle
se trouve avant et après la produclion du mouvement; je crois aussi avoir remarqué qu'il
existe une sorte de rapport entre la quantité de chaleur nécessaire pour la faire passer de
l'un à l'autre de ces deux états et la quantité de force produite. Ceci reviendrait à dire que
la vai)eur n'est que l'intermédiaire du calorique pour produire la force, et qu'il doit exister
entre le mouvement et le caloiiqiie un rapport direct, indépendant de l'intermédiaire de
la vapeur ou de tout autre agent que l'on pourrait y substituer.
»... . Examinons ce qui se passe dans la machine à condensalion ordinaire. La va-
peur soulève le piston, produit la quantité de force déterminée par sa tension et sa tempé-
rature, et cède immédiatement après, à l'eau de condensation, tout le calorique dont elle
était pourvue. Supjjosons que sa masse soit de i mètre cube, sa tension de o"',-6 éyale à
celle de l'air; son poids sera de
1^ = 0^588.
1^00
» si l'on injecte dans le cylindre 8''', 8a d'eau à zéro, ou une (juantilé quinze fois ])lus con-
sidérable que celle qui a servi à produire la vapeur, la température de celte eau s'élèvera
à 4o degrés, et contiendra alors précisément la même quantilé de calorique qui aurait été
nécessaire pour réduire o'''',588 d'eau en vapeur à loo degrés; elle pourra, |)ar conséquent,
suffire à produire un effet égal à celui qui avait déjà été obtenu, pourvu toutefois que l'on par-
vienne à concentrer le calorique disséminé dans l'eau de condensation, de manière à éle-
ver et réduire en vapeur à loo degrés un cpiinzième de sa niasse, ce qui est tout à fail con-
forme à la théorie.
» On pourrait alors, au moyen d'une niasse fini" de calorique, obtenir une (piantilé in-
définie de mouvement, ce qui ne peut élic admis ni |)ar le bon sitis, ni par une saine logique.
• Comme la théorie actuellement adoptée conduirait cependant à ce résultat, il me pa-
raît plus naturel de supposer qu'une certaine quantité de caloricpie dis])araJt dans l'acte
même de la production de la force ou puissance mécanique, et réciproquement; et que les
deux phénomènes sont liés entre eux par des conditions qui leur assignent des relations
invariables,
» Il résulterait, comme conséquence de celte manière d'envisager les faits, que si l'on
fail passer direclcnienl de la vapeur d'eau, de la cliaudièie (pii la ]iroduit à travers une
(l) De V lujlucnce des clicniins de fer et de l'art de /es Iraeer cC de les coiistruire; [lar
Seguiu aîné. Paris, Cariliau-Ga'ury et Victor Dalmoul; i83y.
"o..
( 5/,o )
masse il'i'au ilans laquellL- elle se couili'iise, colle vapeur élèvera jikis la tenipcralure de
l'eau que si on la faisait servir préalablement à mettre en jeu une machine à vapeur, dans
laquelle elle perdrait une jjarlie de son ressort, et que les machines à vapeur, en général,
ne doivent pas produire tout l'effet qui est indiqué par le calcul basé sur la théorie actuelle.
» Ce dernier point est mis hors de doute par tous les liommes qui construisent des ma-
chines on qui en font usage. Quant au premier, j'ai fait, pour le constater, de nombreuses
expériences, sans jamais aïoir \)u obtenir de résultats assez décisifs ])our être cités autre-
ment (jue coinnie la [)résoinj)tion d'un fait qui demande un plus ample examen. »
» Ciloiis enfin la |)iii\isc sui\;mle :
« La nature du calorique nous étant cnliorement inconnue, il est aussi difficile d'ad-
mettre qu'il est ime quantité de calorique inhérente à la nature même des corps en fonction
de l'espace qu'ils occupent, que de supposer, comme je l'ai fait, que la force mécanitjue
qui apparaît pendant l'abaissement de tempéiature d'un gaz, comme de tout autre corps qui
se dilate, est la mesure et la représentation de cette diminution de chaleur. >-
» Une qtiestion aussi nettement posée ne pouvait manquer d'èti'c pio-
cliaiticment résolue, et les assertions prudentes, mais formelles, de Seguin
mettaient les physiciens en demeure de procéder aux vérifications qui les
ont transformées en vérités classiques et fondamentales dans la science.
» M. le Secrétaire perpétuel annonce également à l'Académie la perte
qu'elle a faite de l'un di' ses savants Correspondants potir la Section d'As-
tronomie, IM.Fi'iedrich-WilLem-Augtist Aiijekinder, Directeur de l'Observa-
toire de lîonn, décédé à Bonn le 17 février iS^S. Ses beaux et incessants
travaux sur l'Astroiiomie slcllaire, depuis longtemps devenus classiques,
sont ailmirés et incessamment considtés dans tous les Observatoires de l'Eu-
rope. »
1\0M1\ATI0I\S.
L'Académie procède, par lu voie du scrnliii, à la nomination d'tin Cor-
respondant, pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement
di,' Ci'ti l'amiral ije Whangeli,.
An premier tour de scrutin, le nombre des volants étant Sy,
S. IM. don Pedro, empereur du Brésil, obtient. . /|3 suffrages.
I\I. le général Sabine 7 »
M. Cialdi 2 »
Il y a cinq billets blancs.
S. M. UON Picuito, a\anl r'mn l,i niijurilé absolue des suHrages, est pro-
clamé Corie-pond inl de rALadénnc.
( 5/,. )
Sa MajosU', informée du résultat de ce scrutin, a fait parvenir à l'Acadé-
mie la dépèche suivante :
.. Rio, le 3 mars 1875, y'' 55'° du soir.
» P;iris, expédiée moine d:ilc-, i i"" 10'" du soir.
» M. Dumas, Secrétaire perpétuel de V Académie des Sciences, Paris.
» Un télégramme, reçu à l'iuslant du Ministre du Brésil, me fait vous
prier de transmettre, dès à présent, tous mes remercîments à l'Académie des
Sciences, pour m'avoir élu son IMembre correspondant. Je ne puis voir dans
ce choix de l'Académie qu'un témoignage d'estime pour mon pays, et je
lui en suis encore plus reconnaissant.
» D. Pedro secundo.
» Petropolis, 3 mars iSyS. »
MÉMOIRES LUS.
M. Cabieu donne lecture d'un Mémoire relatif à un nouvel engrais, dont
les éléments seraient fourins par des cendres de Méduses, recueillies sur les
côtes, et par des matières fécales.
(Commissaires : MM. Peligot, P. Thenard.)
M. (>iiAPELAs donne lecture d'une Note relative à sa Commiuiication du
i5 février dernier, concernant une prétendue observation d'un bolide, le
10 février, à 10 heures du soir, au sud-ouest de Paris.
L'auteur maintient ses observations précédentes, sur le |)liénomène (|ui
a été observé par lui pendant vingt minutes, sans nier d'ailleurs qu'un
bolide ait pu être observé dans la même soirée.
MÉMOIRES PRÉSEIN TES.
GÉOMÉTRIE. — Solutions cjéométiicjues de (quelques problèmes, relatifs à la
théorie des sutfaces, et qui dépendent des infiniment petits du troisième ordre;
par M. A. Manmieim.
(Renvoi à la Seclioii de Géométrie.)
« Les (juestions qui dépendent des infiniment petits du deuxième ordif,
dont on s'est surtout occupé dans la théorie des surfaces, sont celles qui
( 542 )
concernent la courbure de ces surfaces. Euler a donné une relation qui
permet de calculer le rayon de courbure d'une section faite dans une sur-
face par un plan normal. Meusnier a donné le moyen de construire le
rayon de courbure d'une section oblique. Enfin Dupin a montré comment
on détermine la tangente à la courbe de contact dune surface et d'un
cône qui lui est circonscrit.
» Lorsqu'on veut faire un pas de plus, on rencontre des questions plus
difficiles et qui dépendent d'infiniment petits du troisième ordre, comme :
construire le rayon de courbure de la développée d'une section faite dans
une surface; construire le plan osculateur de la courbe de contact d'une
surface et d'un cylindre qui lui est circonscrit, etc.
» Pour résoudre ces questions, on pouvait chercher à suivre la voie
d'Euler et de Dupin : Euler est arrivé à sa relation par la voie analytique
et Dupin, au moyen de cette relation, a construit son indicatrice. On eût
alors été conduit, à la suite de ces deux géomètres, à établir analyfique-
ment une relation qui aurait donné lieu à une indicatrice du troisième
ordre (i).
» Je ne me suis pas engagé dans cette voie et, pour arriver aux solu-
tions géométriques que je vais exposer, j'ai d'abord traité à nouveau les
questions qui concernent la courbure des surfaces (2). C'est ainsi qu'en
faisant usage de normalies j'ai montré comment on pouvait construire :
i" le rayon de courbure d'une section plane d'une surface (3); 2° le
rayon de courbure de la courbe de contour apparent d'une surface (4).
J'ai défini pour cela la coiubure d'une siuface, autour d'un point, en
me donnant deux certaines droites, que j'ai appelées depuis droites Je
courbure.
)) Je vais poursuivre une marche tout à fait analogue. J'emploie tou-
jours des normalies, et je définis ce qui est relatif aux éléments du troisième
ordre autour d'un point d'une surface, en me donnant les droites de cour-
bure des nappes de la développée de cette surface, ces droites satisfaisant
du reste à certaines conditions connues. On verra avec quelle facilité elles
(1) Qiiatil au ihcarùinc de MeusnlLT, il en rùsullo une propriété qui se généralise ainsi :
Les centres de courbure des diveloppces de toutes les sections faites dans une surface par
des plans passant par une même tangente à cette surface, et qui correspondent au point de
contact de cette tangente, sont sur une ellipse. (^Comptes rendus, 5 février 187-.'..)
(2) Conijites rendus, 16 février 1872.
(3) Comptes rendus, 6 a\r\] iS^^-
(4) Comptes rendus, 27 avril lS-]i\,
( ^k-i )
se prêtent aux constructions que nécessitent les problèmes dont je vais
m'occupcr.
» Je conserve des noiations déjà plusieurs fois employées : (S) est la sur-
face donnée, a un point de cette surface et A la normale en ce point. Dans
le plan d'une des sections principales en a, et du centre de courbure b de
cette section, élevons à A la perpendiculaire B; dans le plan de l'autre sec-
tion principale, élevons du point c la perpendiculaire C : B et C sont les
droites de courbure de (S) qui correspondent au point a.
» Désignons par(B) et (C) les nappes de la développée de (S). La
droite B, normale à (B) au pointa, est rencontrée, je suppose, aux points
r/et e par les droites de courbure D et E relatives à la nappe (B). Nous
avons de même pour la nappe (C) les droites de courbure G et H.
» Construire les Inngenles aux courbes île contact d'une normalie à (S) avec
les nappes de In développée de cette surface.
)) Par le point a de (S) menons un plan quelconque (F), ce plan coupe
cette surface suivant une courbe F. Prenons F pour directrice d'une nor-
malie à (S). Cette surf;\ce peut être considérée comme le lieu d'une droite
qui rencontre F et qui touche les nappes (B) et (C). Pour résoudre le pro-
blème que nous nous proposons, nous n'avons alors qu'à employer les
constructions que j'ai données dans mon Étude sur le déplacement (chap. II,
§1) pour déterminer la tangente à la courbe de contact d'une surface ré-
glée avec l'une de ces surfaces directrices. Voici ces constructions : cher-
chons, par exemple , la tangente issue du point b à la courbe de con-
tact de la normalie avec (B). On prend le point ^'où le plan (B, E) coupe C,
on mène la droite dcl'; on construit de même la droite ee'. On prend les
traces de ces droites sur le plan normal en rt à F, et l'on joint ces traces
par une droite. Cette droite rencontre le plan (T), tangent en a à (S), en un
point. De ce point, on mène la droite A qui rencontre B' et C : la tangente
cherchée est perpendiculaire à A, et comme elle est dans le plan tangent
(A, C) à la nappe (B), elle est déterminée.
» La tangente conjuguée de la tangente que nous venons de construire
est une même droite, soit qu'on la cherche par rapport à la normalie ou
par rapport à (B). Nous pourrions donc obtenir cette droite au moyen
d'une construction connue (i), en faisant usage des droites de courbure D
et E; mais on peut l'obtenir aussi de la manière suivante :
» Les droites ce', dd' étant déterminées conune nous venons de le dire,
(i) Comptes rendus, 26 février 1872.
( 54/i )
on preml leurs tracos sur le plan (T) tangent en n à (Sj. La droite qui joint
ces traces rencontre la normale à F, qui est dans le plan (T), en un point /.
De ce point on mène une droite L qui rencontre B et C. La projection de li
snr le plan (A, C) est la tangeiite conjuguée cherchée. En projetant L sur
le plan (A, B) on a aussi la tangente conjuguée en c de la tangente à la
courbe de contact de la normalie avec (C).
» Construire aux points h et c les osymploles des indicatrices de la nor-
malie à (S).
» Conservons toujours la même normalie. D'après ce qui précède, nous
connaissons en b ini système de diamètres conjugués de l'indicatrice de
celte normalie en ce point ; mais A est l'une des asymptotes de cette indi-
catrice : il nous suffit alors de prendre l'harmonique conjuguée de A par
rapport à ce système de diamètres conjugués pour avoir l'autre asymptote
de l'indicatrice en b.
» On opérera de même pour le point c (i).
« Construire t'asrmplotc de l'indicatrice d'une normalie en un point de la
courbe directrice de celte surface.
» Cherchons, par exemple, toujours pour la même normalie à (S), l'a-
symptote de l'indicatrice de cette surface pour le point a. Le plan tangent
en rt à la normalie est le plan déterminé par A et par la tangente (it à F ;
ce plan est perpendiculaire au plan'(T) tangent à (S) au même point a. Le
plan tangent à la normalie et ce plan tangent à (S) forment un dièdre qui
reste toujours droit lorsqu'on fait varier la posilion du point a sur F. Le
déplacement de ce dièdre sera bien défini si nous ajoutons cjue son arête doit
rester tangente à F. Pour ce déplacement, les faces de ce dièdre auront
chacune une caractéristique : la face tangente à (S) a pour caractéristique
la tangente at conjuguée de at; la face tangente à la normalie a pour ca-
ractéristique une droite que l'on construit ainsi (2) : par fit on mène un
plan perpendiculaire à (F); par rtr, un plan perpendicidaire au plan (T) :
ces deux plans se coupent suivant une droite dont la projection sur la face
tangente à la normalie est la caractéristique cherchée, c'est-à-dire la conju-
guée de «<. Nous avons donc au point a |)our la normalie un système de
(i) Il résulte de lA que la construclion tics asymptotes des indicatrices en // et c ne dépend
«jiie de la tangente (it, et nous retrouvons alors ce tliéorènie connu : Lorsque les courbes
directrices île normalies sonl tnngenlcs entre elles en a, ces surfaces sont osculalrices entre elles
aux jjoinls b et c,
(2) Voir Etude sur le (Irplacement, lliéorèine LUI.
( 545 )
diamètres conjugués do l'indicatrice en ce point, et comme A est une asym-
ptote de cette indicatrice, il suffit de prendre l'Iiarnionique conjuguée de
celle droite, par r.ipport à ce système de diamètres conjugués pour avoir
lasymplole cherchée (i).
)) Construire le plan osciilaleur en un poinl de la courbe de contact d'une
surface et d'un cylindre qui lui est circonscrit.
» (S) est la surface donnée, les génératrices du cylindre circonscrit à cette
surface sont parallèles à la tangenlo nz. Le plan oscnlateur (F) de la courbe
de contact T passe par la tingcnle conjuguée rt/ à ar. La normalie à (S)
qui a r pour directrice est une surface qui admet un paraboloide oscula-
leur le long de A, puisque ses génératrices sont perpendiculaires à az.
Connaissant at, nous savons construire les asymptotes des indicatrices de
la normalie aux poinls b et c; notre paraboloide osculateiir aura pour
directrices ces deux droites et pour plan directeur le plan perpendicu-
laire à a:. Le plan {Aat), qui coupe ce paraboloide suivant A, le coupe
en outre suivant une autre droite, asymptote de l'indicatrice de la nor-
malie en a. Nous aurons cette droite en coupant le plan [Aat) par un
plan mené du point n parallèlement aux deux directrices du paraboloide.
L'harmonique conjuguée de at par rapport aux deux asymptotes de
l'indicatrice de la normalie en a n'est autre que la tangente conjuguée
de at. Prenons maintenant le dièdre droit dont les faces sont le plan iXat)
langent à la normalie au point a et le plan (T). Déplaçons ce dièdre
de façon que ses faces restent tangentes l'une à la normalie, l'autre à (S),
son arête devant rester tangente à F. Les faces de ce dièdre auront alors
pour caractéristiques des droites que nous connaissons: d'une parla-, et
d'autre part la tangente conjuguée de at, que nous venons de construire.
En menant des plans perpendiculaires à ces faces respectivement suivant
leurs caractéristiques, ou a, par l'intersection de ces plans, une droite qui,
avec a/, détermine un plan perpendiculaire au plan osculaleur (F) cher-
ché. Ce plan est donc déterminé. »
(i) On déduit facilement de cette construction que le produit de la tangente de l'angle
compris entre les deux asymptotes de l'indicatrice de la normalie en <i pai- la tangente de
l'angle compris entre tit et at est égal au double de la tangente de l 'angle que (r) fait avec (T).
Faisons remarquer aussi qu'il n'inlervicnt dans celte construction <iue(r)et les éléments
de courbure de (S).
C.R,,i8-;i, i" Jtmc;<r<-. (T. LXXX, N'O.) 7'
( 5/iG )
MÉCANIQUE. — Sur tes modes ci équilibre limite les plus simples que peul pré-
senter un massif sans cohésion j or tement comprimé. Note de M. J. Boussi-
\ESQ, présentée par M. de Saint- Venant.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
« Dans une Note insirée aux Comptes renrfi/s (séance du a3 mars 1874»
t. LXXVIII, p. 786), j'ai montré que les équations de l'équilibre limite d'un
corps souuiis à des déformations planes deviennent iutégrables, soit quand
la différence des deux forces principales F, F' exercées en un point quel-
conque est constante, soit quand le poids du corps peut être négligé eu
comparaison des pressions qu'on lui applique. Considérons en particulier
une masse pulvérulente fortement comprimée, dont 9 désignera l'angle
constant de frottement intérieur, et, après avoir choisi une origine fixe O
de coordonnées rectangles x, j, prises dans le plan des déformations, ap-
pelons : p lu pression moyenne en un point quelconque M(x,jr) ; a l'angle
que la force principale la plus grande F (pression minimum) y fait avec
l'axe des x ; ]3 une variable indépendante liée à p par la relation
(1) ^^^^^2p,ang=f^
Pa désignant une constante positive quelconque; enfin j:,, j-, les coordon-
nées du même point M par rapport à deux axes rectangulaires des x^ et
des J^ menés à partir de l'origine O, de manière que le premier soit paral-
lèle à la direction de la force principale la plus grande exercée eu M, le
second à celle de l'élément plan qui la supporte. Les formules (8) et (9) de
la Note citée deviendront
)^^..„,:.|)J, J.
= e
.iiangi - + ï (fa
Ci)
« Pour un mode ilonné d'équilibre, x,, j ,, /3 et par suite, d'après (2),
les deux dérivées de za en p et « conservent les mêmes valeurs aux divers
points du massif quand on change la direction de l'axe des x; d'ailleurs a
ne varie, dans une telle transformation, que d'iuie quantité-constante pour
tout le massif. Par conséquent, la fonction tû reste la même aux divers
points lorsqu'on fait tourner arbitrairement les axes des x et des j" autour
de l'origine. Observons de plus qu'aux points homologues de massifs
semblables, soumis à des modes d'équilibre analogues, rs est simplement
|)roporlioniiel au rapport «i de simililude : en effet, les équations (a) et (3j
restent satisfaites en y remplaçant tr, a,, j , par mrr, nix,, /«) ,. Si l'on
( 547 )
prend en particulier m—dzi, les deux massifs correspondants ne dif-
férent que par l'orientation; car une rotation de i8o degrés ;nilour de l'ori-
gine, effectuée par l'un d'eux sans changpr son mode d'équilibre, le rend
identique à l'autre. De lotis les modes d'équilibre obtenus en multipliant zs
par divers facteurs constants m, il n'y a donc de réellement distincts que
ceux qui correspondent, jiar exemple, aux valeurs positives de m.
» On peut, au lieu des-coordonnées rectangles x, j>-, adopter les coor-
données polaires r, 0 données para: = rcosô, j' = rsin5, ce qui permettra
de substituer aux formules (2) celles-ci :
(4) - = "'•'"■"•*■> [^ + -«'(i-|)|;]-
(5) ,a„g(a_5)==_tang(^4-j)|.
» J'aurai à considérer, en \\n point quelconque (r, 0), l'élément plan
mené, normalement aux jcj, suivant le rayon même r: sa face tournée vers
la direction qui fait l'angle 0 -h 90" avec les jc positifs, supportera une
pression dont la composante normale — X et la composante tangentielle F,
évaluée positivement suivant le prolongement du rayon /•, vaudront
-. ( — Dï, — p + (7COS2 (a — 5) =p [i -f- sinip COS2 (« — 5)],
' ( C = ^ sino sin2 (a — 9).
Cette pression sera donc inclinée sur la normale à l'élément plan d'un
angle ayant pour tangente
, G sinosinaf a — 9)
( 7 ) =^ '- ^ — •
^'' — j)b 1 -i-sin^ C0S2(x — 0)
» Bornons-nous à étudier les modes d'équilibre pour lesquels l'orien-
tation de la pression Uiiuima est la même aux divers points d'un même
rayon r émané du pôle O, c'est-à-dire pour lesquels Q ne dépend que
de a. Si f\ F désignent deux fonctions arbitraires, la relation (5) montre
que l'on doit avoir alors
(8) ^-^/'(«)'5 "" --n/3-^./(«)]-
» Cette valeur de —, iransportéo dans (?>), donne
fia.) -I ~
, . F"[?4-/{«)1 -^ ^ ^^c-osy . i-+-r
(O) rzTF;. 7r~ri = ; — : — ^^- P<'>r suite une const. ,
7 ' •■
( 548 )
(l'on il résulte que F' cl par conséquent F ou ts sont, à |)art un facteur
'■'';[?+A«)i
constant, de la formée""' = e™"- t]/(a). Une telle expression de sr
change d'ailleurs (3) en ij/"(a) cos-ip =(c-— i)|(a), équation qui s'intègre
immédiatement. Il y a lieu de distinguer deux cas.
» i" Cas oh la valeur absolue de c est moindre que i , — Prenohs c = sins,
E désignant un arc compris entre ±: 90°, et appelons /(, tnie constante posi-
tive : en dirigeant convenablement l'axe des x, nous pourrons poser
(10) w = /'o — -K/ ^e "■•"■' COS
^ ' " cos£ y i-+-sine \ cosy
elles formules (5), (7), si nous appelons a' la différence a — 0, ou que
(il) 0 = K — a\
deviendront
tang ( 7 -I- - ) „ . . ,
(ra) tang = f£ f tan^a', ■ — ^= r'^ ,•
» Observons que l'angle a', nul pour a = o, grandit sans cesse, avec
continuité, de —ce à co , quand a croit lui-même de ~ ce à + oo . On
peut donc prendre «', à la place de a, comme variable indépendante, et
la différentiation des formules (12), (11) donne
iilu' I — sinj , i-4-sinE . , (sins — sinœ) (cos2a'-)-sina.^
-— :- : — • cos'a'H . — sin2a'= l — ^^ —,
d'j. I — siny i-f-siritp cos'ç
^ \m doL (sins — sin(])) (cos2a'+sin<p) d / (^ \ 2sin!p(cos2K'-l- sin<)))
• dx' (//.' cos'y dci'\—-)h) (n-siiiçcos2a')"
)) Quant à la relation (4), elle prend la forme simple
(i4) — 1 — -T - .—COS- 1- • ^^siii-
^ '■' \ /^/ /•- \i — sin
— sino qacoss i+sin» . „arosE\ r- dj.
-COS- 1- • ^^ Slll-^ = -^ — ;■
£ cosy i-t-sin£ cuby / /•- ttj.
» 2° Cas OU la valeur absolue de c esl supérieure à l'unilc. — Alors cette
valeur est le cosinus hyperbolique d'un certain arc positif s', et -!- \Jc- — 1
est le sinus hyperbolique du même arc. Si, pour abiéger, on désigne par
Cos, Sin, Tang, Col des cosinus, sinus, tangentes, colangcnlcs hyperluo-
liqiies, (pie ion appelle - ' . une constante réelle, et que l'on dirige coai-
( 549)
venablemcnt l'axe des x, vs sera de ruiie des deux formes
» En posant encore a — 0 — c/.' ou 0 ~ a — a', la relation (5) devient
(l6) oa ] =-. ;===
tanga
tani
^(i-O
Siiu'
tanga'
tani
ri)
Le signe de r„ peut d'ailleurs être choisi de manière que, pour « — o, on
ait a'= o dans le premier cas et a.'— 90° dans le second cas : alors, pour
a' croissant de — arc tang v/— — '^^g ( ^ -)- - ) ;H- le même arc tangente,
la valeur de a donnée par la première forme ce (16) décroît de -+- co à
— 00 quand c est positif, croît de — oo à -+- oo quand c est négatif; puis,
c' continuant à croître de -:- arctang V /-— — ta»g ( "^ "^' ~ ) à ;: — le même
arc tangente, la valeur de a donnée par la seconde forme de (16) croît sans
cesse de — co à -r 00 si c est > o, décroît sans cesse de -i- oo à — xi si
c est < o. Par conséquent, toutes les circonstances que présentent les
deux modes d'équilibre considérés s'obtiendront, que c soit > o ou
< o, en faisant varier en tout a' dans un intervalle égal à n, savoir : de
— l'arc tangente considéré ci-dessiis à n — lo même arc tangente.
» L'équation (16) différentiée donne effectivement, quel que soit celui
des deux modes d'équilibre que l'on considère,
(■7) S-=
-cos-«'-
sin-a'= I —
(f — sin(p') (cos2a' -I- sirKf)
(t'A i — s:u^ i-f-siny cos-f
et le second membre de celle-ci s'annule bien, en changeant de signe, pour
les valeurs de «' qui rendent sa tangente égale à ± i/'- tangf" -!- rj-
On déduit immédiatement de (17)
, Qv (10 dy. / d'j.'\ flx (c — sinç)(cos2x'-i- siniji)
^^^ lu' "' My ~ Tu) ~ a? ^s^
Enfin les expressions (i5) de ro changent la formule (4) en celle-ci :
dans le dernier membre de laquelle la parenthèse prend — ou -\- suivant
que la forme de rz est la [)remiére ou la secoiule (1 5) : /„ ayant le signe de c,
le second membre de (191 est positif, conuni- il le faut |)our que/j lo soit. »
( 55o )
MI^CANIQUE APPLIQUÉE. — Construction géométrique des moments fléchissants
sur les appuis d'une poutre à plusieurs travées solidaires. Note de M. G. Fourkt,
présentée f>ai- INI. Resal.
(Commissaires : MM. Phillips, Resal, Rolland.)
« La théorie des poutres à plusieurs travées solidaires a été, comme on
sait, l'objet d'une série de travaux fort importants, qui ont eu pour résid-
fat d'établir des méthodes élégantes et assez simples pour le calcul de ce
genre de poutres. Navier, à qui l'on doit la première solution du problème,
prenant pour inconnues les réactions des appuis, avait été conduit à un
système d'équations assez pénible à résoudre, pour peu que le nombre des
travées dépassât trois on quatre. Plus tard, Clapeyron eut l'heureuse idée
de prendre pour inconnues les moments fléchissants et les inclinaisons de
la fibre neutre sur les appuis, ce qui simplifia notablement le problème.
M. Bertot, reprenant la question où l'avait laissée Clapeyron, obtint, par
l'élimination des inconnues auxiliaires, un système d'équations du premier
degré contenant chacune les moments fléchissants sur trois appuis consé-
cutifs. Cette relation remarquable, mise en relief quelque temps après par
Clapeyron lui-même, et généralisée ensuite par M. Bresse, conduisit à inie
solution analytique complète de la question des poutres à plusieurs travées.
Cette solution a été développée et perfectionnée dans ses moindres détails
par de nombreux travaux, dont les plus importants sont dus à MM. Bresse,
Collignon et Piarron de Mondesir.
» La détermination analytique des moments fléchissants, déduite de la
théorie de Clapeyron, paraît donc peu susceptible de nouveaux progrès;
mais il nous a semblé intéressant et utile d'avoir une solution purement
géoméiriquo du même problème. C'est cette solution que nous allons ex-
poser brièvement ici.
» Ayant eu l'occasion dernièrement d'appliquer noire méthode à un
projet de pont métallique à quatre travées, nous avons pu constater qu'elle
présente sur la méthode analytique l'avantage d'être plus rapide et moins
sujette à erreur. Quant à l'approximation qu'elle fournit, bien qu'inférieure
à celle que donne le calcul, elle est très-suffisaute pour les besoins de la
pratique.
» Nous indiquerons d'abord une méthode de fausse position fondée sur
le lemme suivant :
» Lemme. — Lorsque deux points M et N se meuvent respectivement sur deux
droites (A) et (R), de. maniihe que leuis distances x et y à îles origines fixes situées
( 55. )
sur (A) e< (B) soient comlamment liées par une relation linéaire
ax -+- /3r = 7,
tes positions simultanées des deux points mobiles déterminent sur (A) el (B) des
divisions proportionne lies; et si ces dernières droites sont parallèles, les droites
joignant les positions correspondantes des deux points mobiles concourent en un
même point situé à des distances de (A) et (B) qui sont dans un rapport égal à
» Méthode de fausse position. — Considérons une poutre symétrique par
rapport à un plan vertical, divisée en ?^ travées solidaires de portées
/,, L,..., /„, et reposant librement sur « + i appuis de niveau Ao, A,,
A»,..., A„. Soient p,, Pî,--, p,n les charges par mètre courant uniformé-
ment réparties sur les différentes travées, et fx^' f-'n P-i>---7 l^-m ^^^ moments
fléchissants sur les appuis. Ces moments sont liés, comme on sait, par les
Il — I équations
/,|^„ + 2:/, -4- /,)a., + /3/J.. =\pJ\ +\P-Jl,
(<)
/,-^.,_, 4- 2[li -+- li^, )'J.i + /,+ , /J.,+ , =-- {pilf + iPi+i /-'h
/3
a En observant que p.o et |u.„ sont nuls, le système de ces n — 1 équa-
tions déterminerait p.,, p.2, .., p-„-,- Si, laissant a^ nul, on fait varier a,,
les valeurs de fjt,,, p.3,..., p„, déduites des équations (i) et portées dans un
même sens sur les verticales des appuis correspondants, seront telles que
les droites M, M,, M0M3,..., M„_,M„, joignant de proche eu proche les
extrémités des ordonnées obtenues, pivoteront chacune autour d'un point
6xe. Les ordonnées de ces points fixes divisent les travées correspondantes
Aa A,, A3 Aj,..., A„_, A„ suivant les rapports ^,, &o,..., o,,-.,, déterminés par
les relations
/,
(2)
Pi-.
p»-i
- 2(/, 4- /j) -t- Lp^ — o, d'où p, = 1 ~ -h 2,
- 2(4 + h) + /3P, = 0, fïo = ^a - ^ j ^ -)- 2,
• ■ • • »
-- 2(/,-|-/,+ ,) -T- li+,f>,^0, Pu — (2 ^V,— +2,
- 2(/„_, 4- /„) 4- /„|5„_, = O; |S„_, = ( 2 !-)^ 4- 2
\ p"->/ '"
( 552 )
» Ces formules donnent immédiatement chacun des rapports p,, pi-,....,
p„-\i ^n fonction de celui qui le précède, et permettent par suite do con-
struire les ordonnées (Do), (D^) ''D„) des pivots.
» Cela fait, prenons à volonté |u,, = A,B,. La première des équations (i)
fournira p.o = AoRa- Eu substituant fj., et p., dans la deuxième équation,
on en tirera fXj = A3R0, On arrivera ainsi finalement à une valeur
|u,,j = A„R„, en général différente de zéro, et qui serait nulle si u., avait été
pris égal au moment fléchissant sur le premier appui. Mais comme, lorsque
fj.i varie, les droites R, Ro, RoRs,..-, R„_,R„ pivotent autour des points
O2, Oj,..., 0„, où elles rencontrent respectivement les verticales (Dj),
(D3),..., (D„), il suffit, pour obtenir les valeurs exactes des moments, de
joindre A„0„ qui coupe A„_|R„.| en M„_,, M„_,0„_, qui coupe k„-^i^ii-î
en M„_2, et ainsi de suite. Les ordonnées A,M,, AoMo,..., A„_|M„ , sont
égales aux moments cherchés.
» Méthode directe. — On parvient à une construction plus directe et
plus simple, en se servant d'une interprétation géométrique, donnée p;u-
M. Collignon (i) de la relation existant entre les moments fléchissants sur
trois appuis consécutifs.
» Prolongeons A,M,- d'une longueur égale à elle-même jusqu'en M' .
» Sur les milieux deA,_i A, et A, A,^,, élevons les ordonnéesB,P, = */),/,'-,
B,.,., P,^,., = ipi+, ^,+, , et soit H, le point de rencontre de P,P,+, avec la ver-
ticale passant par le milieu de A/_, A,^.,. La relation géométrique équiva-
lente à la i'""" équation (1) consiste en ce que le point H, est en ligne droite
avec les points G,+i, en lesquels M,_, M'^ et M' M,+| rencontrent respec-
tivement B,P, et B,^., P,vi .
» M. Collignon applique cette propriété à la détermination géométrique
de tous les moments fléchissants d'une poutre, après avoir calculé tout
d'abord le moment fléchissant sur le deuxième appui. On évitera ce calcul
préalable, souvent assez laborieux, en conibinant la construction de
M. Collignon avec la méthode de fausse position indiquée ci-dessus. Mais
on peut procéder plus simplement en se servant des propriétés suivantes.
» En vertu du lemme énoncé plus haut, lorsque M, varie, les droites
telles que M,_, M-, M'i_, M,- pivotent respectivement autour de points fixes
1/ et J,, dont les ordonnées (E,) et (F,) divisent la travée A,_, A,, la pre-
mière suivant le rapport > la seconde suivant le rapport ^-^- Le
(1) Résistance des malériaiix, i'" P;>rlic, p. 254- — Théorie clémentaiie des iwittres droites,
i"^ l'jitic, p. 33.
( 553 )
triangle M^ G,G,+, varie, de manière que ses sommets décrivent trois ver-
ticales, par conséquent trois droites concourantes à l'infini, et que ses
trois côtés pivotent chacun autour d'nn point fixe, à savoir M, G, autour
de I,, IM, G,_^.^ autour do J,^.,, G,G,+, autour de H,-. Par suite, en vertu
d'nn tJiéoréaie bien contui, les trois points I,, J,_n et II, sont en ligne
droite. D'autre part, pour construire I,, connaissant J,, ou prolonge F,J,
d'une longueur égale à elle-même jusqu'en J] . Aj_,Ji rencontre la verti-
cale (E,) au point I,. De ces diverses propriétés, combinées ensemble, ré-
sulte la construction suivante :
» Les verticales (E) et (F) étant tracées, et les points II déterminés, on
joint AplI,, qui rencontre en Jj la verticale (Fo). On prolonge FjJj d'une
longueur égale à elle-même jusqu'en Jj. A, Jj rencontre (Ej) en un point I2.
On joint L H., qui coupe en J, la verticale (F3). On prolonge F3J3 d'une
longueur égale à clle-ménie juscpTen Jj. A3 Jj coupe (£3)011 un point I3,
En continuant ainsi, on obtient finalement un point J„ au-dessus de
la «'""* travée. On joint A„ J„, qui rencontre la verticale (A„+,) en un point
^'n-n 'el que A,,,, M„_, = 2/jl„_, . M„_, T„_| rencontre la verticale (A„_j) en
un point M„_o, tel que A„„, M„_o = fx„_2. M„_oJ„_2 rencontre la verticale
(A„_3) en un point M,',, 3, tel que A„_3 M'„_3 = 2(jt.„_3,.... On obtient ainsi,
sur les verticales des appuis, les moments fléchissants, alternativement
simples et doublés Comme vérification, on peut construire la ligne poly-
gonale M„_| M„_;M„_3 M„_j, . .., qui fournit, comme la précédente, les
moments alternativement simples et doublés, mais dans lui ordre inverse.
» lie mai que. — Les deux méthodes exposées dans cette Note s'appli-
quent, presque sans modification, au cas d'une poutre reposant sur des
appuis à des niveaux différents , et supportant des charges distribuées
d'une manière quelconque. Cette* généralisation résulte de ce que, dans
ces hypothèses, ainsi que l'a établi AI. Bresse (i), la relation entre les mo-
ments fléchissants sur trois appuis consécutifs subsislc, au terme indépen-
dant près. »
i\\TnOLOGUiK\VÈn\MK7iTXLE. — lic(lienltcS('Xi)éri>ncntales surir j)niicl)>eln.\i(iiie
(lu SiiThj putréfié. Note de M. V. Felïz, présentée par M. Ch. Robin.
(Commissaires : MM. Cl. Bernard, Robin.)
« J'ai essayé à plusieurs reprises de produire la septicémie chez les chiens,
en leur injectant dans les veines du sang putréfié à la dose de 1 à 3 cen-
(i) Mécanique appliquée, III' Partie, p. ().
C. R , i8;5, i«- Scraoxrc-. (T. LXXX, K» i).} 7^
( 554 )
tinièires cubes, siiivaiil leur poids et leur taille. Ces expériences prélimi-
naires m'ont démontré que les animaux inoculés devenaient malades, et
que la plupart mouraient du troisième au huitième jour. Pendant la vie,
j'observai les signes suivants : augmentation de température de i à 4 <'^"
grés, soif intense, perte d'appélit, diminution très-rapide du poids, diarrhée
et vomissements bilieux, hémorrhagies intestinales, hématuries et liéma-
témèses; ces derniers signes se présentaient surtout chez les chiens qui
mouraient, et étaient accompagnés d'accidents convulsifs épileptiformes.
A l'autopsie, je trouvai toujours des taches hémorrhagiques intestinales,
quelquefois des infarctus pulmonaires, rarement du sang dans la vessie. Le
foieétait toujours fortement hypérémié, rempli de bile, parfois le siège d'une
véritable dégénérescence graisseuse. I.e sang était modifié : des granulations
se dissolvant dans l'éther étaient en suspension dans le sérum, les globules
rouges diffluents en voie de déformation, l'hémoglobine transsudait et
cristallisait sous le microscope; jamais de gaz dans le sang.
» Fixé sur l'action du sang putréfié, j'entrepris plusieurs séries d'expé-
riences méthodiques, dans l'espoir de trouver le principe toxique du sang
et de déterminer le rôle des infiniment petits que je ne suis pas parvenu
à isoler jusqu'ici des liquides putrides, malgré de nombreuses tentatives de
filtrage à travers toute espèce de filtres, même ceux réputés infaillibles eu
Allemagne (charbon, pierre-ponce pilée, sable fin, couches multiples de
coton).
» Je commençai par saigner un chien normal; je laissai le sang se pu-
tréfier dans mon laboratoire, et je ne m'en servis que lorsqu'il présenta les
signes microscopiques suivants : ratalinement, déformation et moléculari-
s.Uion des hématies, nombre infini de points mobiles ou cocobactéries, de
bactéries en chaînettes ou d'une jjièce, de membranes zoogléiques, de vi-
brions ou de spirilles. Arrivé à cet état, je le divisai en six parts ; la pre-
mière resta exposée à l'air; la deuxième fut traitée par un courant d'air
continu, moyennant un vase d'appel dont on renouvelait l'eau jour et
nuit; la troisième fut soumise à une pression d'air comprimé à 5, 6, ^"et
8 atmosphères; la quatrième fut mise au contact d'oxygène pur dans des
flacons bien bouchés et renversés dans l'eau ; la cinquième fut traitée par un
courant d'oxygène dans un appareil installé par M. Ritter, et la sixième fut
placée dans le tube de la pom[)e à gaz de Gréhant, ])our qu'on en pût tirer
les gaz matin et soir et maintenir le sang dans le vide.
» A , Le sang initial fut injecté à quehjues jours d'intervalle, à la dose
indiquée, à quatre chiens, qui succombèrent tous, dans l'espace de i. à
4 jours, avec les signes susindiqués.
{ 555 )
» /}. Le sang éventé, dégageant constamment des produits ammoniacaux,
comme l'auliquait le réactif de Nesler sur lequel passait r;iir, fut injecté à
quatre chiens après 2/1, 48, 72 et 96 heures d'éventement. Ils succombèrent,
du premier au quatrième jour, avec les mêmes signes. Le sang inoculé dans
la veine, examiné chaque fois au microscope, n'a jamais présenté de modi-
fications dans les infiniment petits, et il ne pouvait èlre différencié du
sang uiitial
» C. Le sang traité par l'air comprimé fut injecté, après 24, 4^, 96 et
i44 heures de compression, à quatre chiens, qui périrent comme les précé-
dents, présentant les mèmes^ésions pendant la vie et après la mort. L'exa-
men microscopique du sang ne montre pas de différence sensible avec le
sang initial, car les diverses personnes qui ne connaissaient pas les prépa-
rations se trouvèrent dans l'impossibilité de les séparer. Pour moi, je crois
que les spirilles et les vibrions perdent de leur activité. Une précaution à
prendre, c'est d'éviter l'injection immédiate du sang comprimé, autrement
on a des dégagements de gaz dans la veine et des accidents d'embolies
gazeuses (notés une fois dans nos expériences).
» D. Le sang mis en contact avec l'oxygène fut injecté à sept chiens
après I minute, 6, 48, 72, 96, 120 et 216 heures. Les trois premiers pé-
rirent comme d'habitude; les quatre autres furent malades 5 à 6 jours et se
rétablirent complètement. Le sang, examiné comparativement au sang
initial, indique qu'après un long contact avec l'oxygène les vibrions et les
spirilles se modifient, perdent en épaisseur et en longueur, et deviennent
très-paresseux; nondjre d'entre eux s'immobilisent complètement. Les
points mobiles, les chauiettes et les membranes zoogléiques ne paraissent
pas se modifier.
o E. Le sang traité par le courant continu d'oxygène fut injecté après
36, 48, 72 et 96 heures. Les trois premiers succombèrent avec le cortège
symptomatique habituel, le quatrième a survécu; il était absolument guéri
au bout de huit jours. Mêmes observations pour l'examen microscopique
du sang.
» F. Le sang traité par le vide fut inoculé à quatre chiens après 5 mi-
nutes, 25, 72 et 120 heures. Le premier et le quatrième chien succom-
bèrent au bout de deux et trois jours, le deuxième et le troisième se remirent
après quelques jours de diarrhée. Le sang, examiné avec soin, se modifie
très-apparenunent dans ces conditions : les bactéries, les points mobiles et
les membranes zoogléiques s'imniobilisent, les vibrions et les spirilles
perdent beaucoup de leur vigueur, rt>muent beaucoup moins, si bien que,
72..
( 556 )
de prime Hl)or(l, on dirait une cessation de vie; il n'en est cependant rion,
car on ne larde pas à voir ces vibrions et ces spirilles reprendre du mou-
vement, siu'tout après quelques instants de contact avec l'air.
» Conclusions. — Ces expérieiices démontrent qui; la septicémie peut
être développée chez le chien par des injections intra- veineuses de sang
putréfié.
» Les courants d'air longtemps continués à travers le sang et l'air com-
primé ne j)araissent avoir d'action ni sur les qualités toxiques du sang pu-
tréfié, ni sur les infiniment petits qui y séjournent.
» Le sang longtemps oxygéné par contact ou par passage de ce gaz à
l'état de pureté semble devenir moins toxique et se différencier du sang
initial par une diminution des mouvements des vibrioniens (vibrions et
spirilles).
» Le sang privé de gaz et laissé dans le vide un certain temps parait
perdre également de son pouvoir toxique. Les cocobactéries, les bactéries,
les membranes zoogléiques s'immobilisent, les vibrions, les spirilles perdent
de leur agilité, mais il n'y a pas mort réelle des infiniment petits. Le prin-
cipe toxique ne me paraît pas être un gaz. »
ÉLECTROTHÉRAPIE. — De l'emploi de l'électricité dans l'iléus, daiis i liydrocèle
et dans ta paralysie de ta vessie. Mémoire de M. Mac.4Rio, présenté par
M. du Moncel.
(Commissaires : MM. Cloquet, Gosselin, du Moncel.)
« Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter- à l'Académie, je
traite de l'application de l'électricité dans trois maladies différentes de
siège et de nature.
» Le premier cas est un iléus, observé sur un habitant de Nice, âgé de
soixante et onze ans, atteint de dyspepsie et de constipation. Une seule
application de l'appareil d'iiuluclion de Gaiffe, pendant dix minutes au
plus, a procuré la guérison rapide et complète.
» Voici maintenant des résultats obtenus en a|ipliquant l'électricité au
traitement de l'hydrocelc?, d'après la méthode de M. le D' Pètrequiii, ex-
cliiriirgien en chef de l'Ilùlel-Dieu de Lyon. J'ai tait voir quels sont les
dangers possibles des autres méthodes de traitement. L'électrisation n'a
aucun de ces inconvénients.
« I,c |)i<rnicr cas a trait à une hyilrocèlc i\n côté ilioil, ilie/. un iiialndc do soixanlc ans,
allcint lie c-\>lili' clironirino rt do n'tonlion d'uilnc, avoc onjjorgcnunl de la pi-oslato ot
( ^'■'l )
anémie. SIk séances d'élcctrisation, tic ilix minutes tliaciine, roduisirent l'Iiydincélc au tiers
(le son volume, et la résorption du liquide fut complète.
» Le deuxième sujet était atteint d'une hydrocéle très-volumineuse à droite, datant de
plusieurs mois. Six séances électriques de dix minutes de durée, avec l'appareil électronié-
dical de Legendre et Morin, suffirent pour amener la résorption complète du liquide. La
guérison ne s'est pas démentie.
• Dans la troisième observation, il s'ayit d'une hydrocéle en bissac, extrêmement volu-
mineuse, datant de plus d'un an, cluz un sujet âgé de quarante-six ans. La tumeur fut réduite
de 2 centimètres, après deux séances, avec l'appareil Legendre et Morin. J'eus ensuite recours
;\ l'électropuncture, et deux séances de deux à trois minutes de durée suffirent pour amener
une complète guérison. Longtemps après, on m'apprit que ce malade était mort et que l'Iiy-
drocèle avait reparu; mais je n'eus point de détails.
» Enfin, dans la quatrième observation, il s'agit d'une hydrocéle à droite, datant de plu-
sieurs années, et guérie par une séance d'électropuncture dans l'espace de quarante-huit
heures. »
» L'électricité peut également être appliquée avec avantage au ti-aite-
ment des paralysies de la vessie. On sait que les médications ordinaires
ont souvent peu d'efficacité contre cette grave maladie, surtout quand elle
s'accompagne de complications et se rencontre chez des sujets débilités
ou âgés. Je puis citer trois cas de succès, qui m'ont été communiqués par
M. Pétrcquin, de Lyon.
» Enfin, l'électricité petit triotnpher de certaines sortes de dyspepsies, se
produisant dans des cas tout à fait particuliers :
« Une jeune fille, âgée de vingt-quatre ans, depuis longtemps vomissait régulièrement,
une demi-heure après chaque repas, une jiartie des aliments qu'elle avait consommés. Douze
à quinze séances d'élcctrisation, de dix à quinze minutes de durée, avec l'appareil électro-
médical de MM. Legendre et Morin, la gueiirent complètement; la guérison ne ^'est pas
démentie depuis douze ans. •
MM. II. W^OKSSEN et B. Corenwi.vder soumettent au jugement de
l'Académie, un Mémoire concernant les engrais chimiques de la bette-
rave.
De nombrctises expériences, ('(fectuées en 1873 et 1874, les auteurs
concluent que reiii|)loi dti stiperphosphate de chaux est totijoiirs avan-
tageux, non-seulement au point de vue dti rendement en betteraves, mais
surtout en raisoti de lein- qualité. La substittitioii de 4oo kilogrammes
de superphosphate à 200 kilogrammes de nilrale de soude a donné, sans
atigmeiitation de dépetise, un accroissement de reiidetiieni, et surtout îles
betteraves plus riches en sucres, et |)Ossédant un coeKicient salin notable-
ment plus élevé.
( 558 )
Le sulfate d'ammoniaque paraît également plus favorable que le nitrate
de soude à la production du sucre dans les betteraves.
Les auteurs p(Misent que les fabricants de sucre ont tout intérêt à exiger
des cultivateurs que la plus grande partie du nitrate de soude employé
comme engrais soit remplacé par du superpbosphate de chaux. L'usage
immodéré du nitrate de soude leur paraît constituer aujourd'hui un véri-
table danger pour ce genre de cidture.
(Commissaires : MM. Peligot, P. Thenard, H. Mangon.)
INL W. DE Maximowitcii soumet au jugement l'Académie une théorie
de l'intégration des équations aux dérivées partielles du second ordre.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. P. -P. Mestre adresse une Note relative à un procédé de destruction
du Phylloxéra, par l'ensablement.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre des Affaires étrangères transmet à l'Académie la
copie d'une Lettre adressée par M. Janssen à M. le Ministre de France au
Japon, pour lui faire part du résultat de ses observations sur le passage de
Vénus.
Les détails donnés par celte lettre sont ceux qui sont déjà parvenus à
l'Académie.
ASTRONOMIE. — Eléments et épliémérides de la planète (^.
Noie de M. H. Renan, présentée par M. Le Verrier.
« Ces éléments ont été calculés an moyen de trois observations équato-
riales faites à l'Observatoire de Paris, les 1 3 et 27 janvier, et le 10 février
1875.
(Époque : 1875, iï'viici- ?,f),o; temps moyen ile Greenwich.)
M.= 97.43-'4o",'î \
Q=3i8.58.44,« U ■ , « r
-. , . Eniniioxe niovcn de 1075,0.
El = 22.33.40,7 ' " '
i = 11.3?. .44)5
^ = 12.54.13,6
^ = 795". 575
log a = 0,4 32884
( 559 )
Jiphcméride pour niuli moyrn ilr Cirr/iifich.
Ascension droite
1875. apparente. Déclinaison apparente. Ion A.
Mars I g.55.24>o +8.27.20 0,^075
2 9.54.30,3 8.29.24 o,3o86
3 9.53.37,0 8.31.3.7 0,3096
4 9.52.44,5 8.33.2B o,3iii
5 9.51. 5a, 8 8.35.28 o,3i2i
G 9'""- ')0 8.37.25 o,3i34
- 9.50.12,2 8 . 39 . 20 o , 3 1 46
8 9.49.23,3 8.41. 12 o,3i63
9 9.48.35,4 8.43.2 0,3175
10 9.47.48,6 8.44.49 0,3190
II 9-47- ^>9 8.46.32 o,32o5
12 9.46.18,3 8.48.12 0,3222
i3 9.45.34,8 8.49.50 0,3237
,4 9.44.52,5 8.51.24 0,3255
i5 c)./{.\.ii ,'î 8.52.54 0,3271
i6 g. 43.31, 7 8.54.21 0,3290
17 9.42.53,1 8.55.43 0,3307
i8 9.42.15,9 8.57. I 0,3326
iq 9.41-39,9 8.58. i5 0,3344
20 9-4i- ^'3 8. 5g. 25 0,3364
21 9.40.32,1 9. o.3o 0,3383
22 9-4o- 0'2 9- '■^' 0,3404
23 9.39.29,8 9. 2.29 0,3423
24 9-39. 0,7 g. 3.22 0,3445
25 g. 38 33,0 9- 4-IO 0,3465
26 9.38. 6,4 g. 4-54 0,3486
27 9.37.41,3 9.5.32 o,35o8
28 g. 37. 17,5 g. 6. 6 o,353o
29 9.36.55,2 g. 6.35 o,355i
3o 9.36.34,3 9. 7. o 0,3574
3i 9.36.14, g -t-9- 7-20 0,3596
)i D'après une observation faite à Paris, le aS février, la correction de
l'éphéméride était, ce jour là :
Ascension droite. .. . —6' Distance polaire.. . . — o', 1.»
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur iinc ntiilière coloranle powprc dérivée dit cjanogène.
Noie de M. G. 1îo.\g, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Une solution aciili' il'ini sel de cuivre traitée par du cyaiiuie de
potassium se colore en rose; cette coloration est fugace, elle a été observée
( 56o )
par Raïuinelsherg, Rodgeis, Ginelin et Mcillet. Si, dans la solution de
cuivre, il y a un sel de fer, la liqueur prend une belle nuance rouge : la
matière colorante obtenue en présence d'un sel de fer est inaltérable après
purification. Elle renferme du fer dissimulé comme dans les prussiates;
elle diffère donc de celle qui a été étudiée par Meillet et considérée par ce
chimiste comme de la murexide, et elle jouit de quelqties-imes des pro-
priétés de la matière observée par Vauquelin en faisant agir l'acide prus-
sique sur l'oxyde de fer.
» Pour jiréparer cette matière colorante à l'état de pureté, j'ajoute à une
solution acide d'un sel de cuivre du cyanure de potassium jusqu'à dis-
parition complète de la coloration rose décrite par les auteurs. Cotte li-
queur incolore, abandonnée à elle-même, fournit des matières azulmiques;
mais si on la traite de suite par un sel de fer acide on obtient un abondant
précipité do bleu de Prusse et la liqueur se colore de nouveau; en conti-
nuant à ajouter du sel de fer, on parvient à entraîner la majeure partie de
la matière colorante rouge. Le carbonate d'ammoniaque enlève au préci-
pité du cyanure de cuivre et le principe colorant. Ce dernier est entraîné
avec le cyanure, lorsqu'on ajoute un acide ; ce nouveau précipité traité par
l'acide sulfliydrique cède à l'eau la matière colorante; enfin on se débar-
rasse de l'acide sulfliydrique en excès par une digestion avec du carbonate
de plomb. On obtient ainsi une solution fortement colorée en pourpre
et exemple de sels étrangers.
» Les sels de zinc, de cuivre, de mercure, d'argent précipitent complè-
tement la matière colorante de sa solution aqueuse; les sels de fer et de
plomb ne la précipitent pas.
» Elle jouit de la propriété de se combiner aux |)russiates.
)) La solution colorée a une réaction acide; cette matieie colorante
chasse l'acide carbonique des carbonates.
» Le précipité rouge obtenu par l'acétate de cuivre, lavé et séché à
loo degrés, m'a donné à l'analyse la composition centésimale suivante :
Carbone 24 , 3 1
A/.oie -28 , o4
Hydrogène 1 , 88
Fer i3,66
Cuivre 'Tt^?
Ox)'«''nc i4,44
» Ces nombres conduisent à la lormule CyMl* O'EeCu, que je ne donne
ici que pour traduire les résultats de l'analyse.
( 56i )
)> La dissolution colorée après saturation par l'ammoniaqno, soumise à
l'évaporation dans le vide, donne une niasse rouge formée de cristaux non
détermiuablos.
» Les alcalis donnent de la stabilité à cette matière colorante ; elle résiste
même aux alcalis bouillants et concentrés. L'acide sulfureux et l'acide
suKhydrique sont sans action sin- elle. L'acide sulfurique à 66 degrés fait
passer sa teinte au jaune; mais l'eau rétablit la coloration rouge primi-
tive. L'acide azotique, le chlore, l'oxyde do mercure la détruisent rapide-
ment.
» Celte matière colorante, qui est d'un beau pourpre, ne teint pas di-
rectement les matières textiles, mais elle s'applique facilement en solu-
tions légèrement acides, sur des fibres mordancées avec des oxydes métal-
liques. /)
CHIMIE ANALYTIQUE. — Dosdcje de l'acide borique; sa sc'paralion d'avec la
silice et le fluor [j). Note de M. A. Ditte, présentée par M. H. Sainte-
Claire Deville.
« Si le borate que l'on veut analyser n'est pas soluble dans l'eau et ren-
ferme d'autres bases que les alcalis, on le dissout à froid ou à une douce
chaleur dans l'acido chlorhydrique étendu; ou se débarrasse des bases
en les précipitant par les méthodes ordinaires , tout en évitant d'in-
troduire des matières capables de donner un sel insoluble avec le chlorure
de calcium. Les carbonates en particulier, chauffés dans le mélange salin,
donneraient du carbonate de chaux que l'on ne pourrait pas séparer des
cristaux de borate. Si l'on a dû recourir aux carbonates alcalins pour pré-
cipiter les bases, il faut d'abord les décomposer par l'acide chlorhydrique,
chauffer légèrement pour chasser l'acide carbonique sans entrauier d'acide
borique, ajouter de l'ammoniaque, puis la solution de chlorure de calcium
et continuer l'opération comme il a été dit plus haut.
» La méthode est applicable à la détermination de l'acide borique que
l'on rencontre dans plusieurs silicates. Si la matière est facilement décom-
posablo par les acides, comme c'est le cas pour la datolithe et la botryolithe,
on la réduit en poudre fine et on la décompose par l'acide chlorhydrique
en la maintenant quelques heures en contact avec lui excès de cet acide à
la température de 5o à 60 degrés; on ajoute alors la dissolution saturée de
(1) Voir Comptes rciulus, séance Jii 23 février 187'j.
eu., iS^â, i^ScmtJlre. (T. LXXX, N'' ».) 7^
( 562 )
chlorure de calcium et de l'ammoniaque pour saturer les acides libres;
lacide borique et la silice passent à l'état de sels de chaux, et l'on peut éva-
porer à sec sans avoir à craindre la moindre perte d'acide borique. On in-
troduit alors dans le creuset le mélange des chlorures et l'on chauffe gra-
duellement jusqu'à fusion. La majeure partie du borate de chaux cristallise
et se réunit en anneau à la surface, tandis que le silicate de chaux reste au
fond du creuset. Après refroidissement de la masse, on détache l'anneau
de borate de chaux, que l'on met de côté ; on fond de nouveau ce qui reste
dans le creuset, de manière à faire cristalliser le peu de borate de chaux qui
peut rester encore mélangé au silicate, puis, au bout de quelques minutes,
on chauffe le fond du creuset aussi fortement que possible, de manière à
fritter et à agglomérer le silicate de chaux. Cela fait, on traite par l'eau froide
l'anneau et la masse refroidie. Tout l'acide borique est à l'état de borate de
chaux cristallisé, mélangé au silicate de chaux qui se présente sous la forme
de petits grains à demi fondus, quelquefois de très-petits cristaux. Le tout
est très-facile à laver, on le pèse après dessiccation.
» On ne peut songer à séparer le borate de chaux du silicate à l'aide des
sels ammoniacaux. Ceux-ci, et en particulier le nitrate d'ammoniaque eu
dissolution concentrée dissolvent à froid, mais surtout à chaud, et avec fa-
cilité, le borate de chaux cristallisé : il se dégage de l'ammoniaque, et il se
forme du nitrate de chaux; mais le silicate de chaux est soluble dans ces
réactifs, bien moins que le borate, mais assez pour rendre impossible par
ce procédé la séparation des deux matières.
» Le mieux, quand on a pesé le mélange de borate et de silicate de
chaux, est de le traiter à chaud par l'acide nitrique et d'évaporer à sec. En
reprenant par du nitrate d'ammoniaque on enlève complètement la chaux
que l'on peut doser dans la liqueur. On pèse la silice après lavage et calci-
nation. Connaissant le poids du mélange de borate et de silicate, le poids
de la chaux et celui de la silice, on en déduira par différence le poids de
l'acide borique que renfermait la combinaison primitive.
» Si la matière à analyser n'est pas facilement décomposable par les
acides, on la calcine avec du carbonate de potasse ou de soude en excès,
on traite la masse calcinée par l'eau chaude chargée d'im peu de chlor-
hydrate d'ammoniaque, puis on évapore à sec. On reprend par l'eau qui
laisse un précipité dans lequel on retrouve avec les bases insolubles une
portion de la silice; la lic[neur filtrée contient encore de la silice et tout
l'acide borique de la matièrt.'. On lui ajoute de l'acide clilorliydrique pour
détruire l'excès des carbonates alcalins, on chauffe légèrement pour chasser
{ 563 )
l'acide carbonique; enfin l'on ajoute de l'ammoniaque et du chlorure de
calcium, on évapore à sec et l'on continue l'analyse comme au cas précé-
dent.
» Quand, dans une combinaison, existe un fluorure avec de l'acide bo-
rique ou un borate, on peut, de la manière suivante, séparer l'acide bo-
rique du fluor. Après avoir dissous la substance dans l'acide chlorhydrique
et précipité les bases, on ajoute un excès de chlorure de calcium et d'am-
moniaque, puis on évapore à sec. On chauffe alors, dans le mélange de
chlorures alcalins, le borate de chaux cristallisé; le fluorure de calcium,
qui tl'abord s'est précipité sous la forme d'une masse gélatineuse et, comme
on lésait, extrêmement difficile à laver, devient, après la calcination, com-
pacte et dense, de telle sorte qu'après refroidissement le contenu du
creuset traité par l'eau froide abandonne très-aisément le mélange de bo-
rate de chaux et de fluorure de calcium ; on le pèse après l'avoir lavé et
séché.
» Cela fait, on traite ces deux sels par du nitrate d'ammoniaque concen-
tré et chaud qui dissout entièrement le borate de chaux et laisse le fluo-
rure de calciiun inaltéré; on pèse ce dernier après lavage, et son poids re-
tranché de celui du mélange donne la quantité de borate de chaux qu'il
renfermait. On déduit de ces nombres le poids de l'acide borique et celui
du fluor, avec une grande exactitude.
» En résumé, qu'il s'agisse simplement de borates ou de combinaisons
contenant, outre de l'acide borique, de la silice ou du fluor, on arrive tou-
jours à la détermination de l'acide borique en le dosant sous la forme de
borate de chaux cristallisé. La même méthode pourra être appliquée dans
la plupart des cas où l'on a à doser l'acide borique; il me paraît d'ailleurs
inutile d'insister sur les diverses circonstances particulières que chaque
analyse peut présenter. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le déptacemenl réciproque des acides gras volatils.
Note de M. II. Lescœcr, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Liebig a fait voir (i) que les acides gras volatils, dans leurs déplace-
ments réciproques, n'obéissent qu'en partie aux lois de lîerthollet, et ces
observations ont été rappelées dans ces derniers temps par INI. Berthelot {■>.),
qui a montré que les lois de la Thermochimie suffisaient à expliquer celte
( I ) yliiri. <lcr Cliem. u. Plionii., t. LXXI, p. 35').
(2) Coin pif s rendus, t. LXXIX, p. i337.
( 564 )
apparence d'irrégularité. L'acide propioniqne serait déplacé par l'acide bu-
tyrique, celui-ci par l'acide valérique ; puis viendraient l'acide acétique et
en dernier lieu l'acido formique qui chasserait de leurs combinaisons tous
les autres. Les formiates, en effet, dégagent en se formant plus de chaleur
que les autres sels de la série grasse et en particulier les acétates : c'est ce
qui déterminerait le sens de la réaction.
» Néanmoins M. Duclaux a remarqué qu'il y a toujours quelque trace de
partage de la base entre les acides employés. J'ai observé de mon côté que
les formiates sont décomposés en proportion notable par l'acide acétique,
et que ce déplacement partiel est le fait d'un véritable équilibre qui s'établit
entre le formiate et l'acide acétique d'une part, l'acétate produit et l'acide
formique mis en liberté de l'autre, équilibre qui rappelle celui des réactions
éthérées dont MM. Berthelot et Péan de Saint-Gilles ont donné les lois.
» Si l'on introduit dans un appareil distillatoire du formiate neutre de
soude bien sec et de l'acide acétique monohydraté, il passe à la distillation
un mélange d'acide acétique et d'acide formique, et le résidu est du formiate
de soude mêlé d'acétate. Dans une expérience où l'on distillait du formiate
de soude avec dix fois son poids d'acide acétique, le liquide recueilli ren-
fermait près des trois quarts de l'acide formique total.
» L'élévation de température nécessaire à la distillation ne paraît pas être
la cause de la décomposition. Ainsi une dissolution faite à froid de formiate
de potasse dans un excès d'acide, abandonnée à l'évaporation spontanée, a
donné de l'acétate de soude cohtcnant fort peu de formiate.
» Les formiates de potasse, de soude, de baryte, de plomb cl en général
les formiates solubles dans l'acide acétique sont décomposés de la même
manière. Le formiate de zinc, qui se dissout à peine dans l'acide acétique,
ne donne que des traces d'acide formique.
)) La proportion de formiate décomposé varie avec la quantité d'acide
acétique employé; c'est ce qui résulte d'une série d'évaporations, dans
lesquelles, le poids de formiate de soude demeurant constant, on a fait varier
la quantité du dissolvant (acide acétique cristallisable). Le résidu contenait
d'autant moins de formiate que la proportion du dissolvant était plus con-
sidérable. La décomposition n'est pourtant point proportionnelle à la quan-
tité d'acide acétique employé. Par exemple, dans l'évaporation d'un mélange
de lo parties de formiate de soude et de i6 parties d'acide acétique, il
y aurait à peu près le quart de l'acide formique chassé; pour lo parties
de formiate et 5o parties d'acide acétique, la porportion du sel décomj)osé
serait d'un peu plus de la moitié ; elle serait de ])rès des trois quarts pour
( 565 )
loparliosdeforiniato de soude dissous dans lo parties d'acide cristallisable.
» Ces résultats suffiraient à élahlir que la décomposition qui nous occiqie
n'est point \m accident du au mélange de l'acide employé avec de l'eau.
D'ailleurs, des expériences directes nn'ont démontre que la présence de
l'eau à côté de l'acide acétique n'augmente pas la décomposition des for-
miates; elle la diminuerait plutôt d'une petite quantité.
» En résumé, je crois avoir établi les points suivants :
» 1° L'acide acétique peut déplacer l'acide formique de ses combinaisons
en quantité quelquefois considérable.
» 2" Le déplacement a lieu à froid.
» 3° La proportion d'acide formique mis en liberté varie avec l'excès d'a-
cide acétique ajouté.
M 4° La présence de l'eau n'influe pas notablement sur le phénomène. »
THERMO-CHIMIK. — Calcul (les moments (rinerlie mnxi)iium des molécules
des dérivés clilorés du toluène. Note de M. G. Kixniciis, présentée par
M. Berthelot.
L'importance des moments d'inertie des molécules en chimie molécu-
laire (*) me fait espérer que l'Académie daignera recevoir le détail du
calcul de ces moments pour les dérivés chlorés du toluène. La même mé-
thode de calcul est évidemment applicable dans une foule de substitutions
successives dans des composés à deux radicaux. De plus, les résultats de ce
calcul seront, dans une Note prochaine, utilisés pour la détermination théo-
rique des points d'ébullition des dérivés chlorés du toluène.
» Si, dans le toluène, G" IP GW — 92, on remplace m atomes d'hydro-
gène du radical phényle, G^ H^= 77 = a, et n atomes d hydrogène du ra-
dical méthyle, GIP = ij = b, par autant d'atomes de chlore, il résultera le
dérivé chloré nui dont la masse moléculaire sera
(i) M,„„ = a-\- b + {m + n) c
où
c = CI - H == 34, 5.
» Prenons le centre de l'anneau de phényle pour l'origine O des trois axes
rectangulaires; soient p le rayon des carbones, et /• celui des chlores de ce
radical. Menons l'axe des Z perpendiculaire au plan de cet anneau, et l'axe
(i) Comptes rendus, t. LXXIX, p. i3">7, l4'>8, ^'^']^>■, 1873.
( 566 ,
des X par l'atome de carbone dninéthyle, dont la distance de l'origine soit
R. Soit enfin
(2) R,:r.R{, + £\
la distance de l'atome de chlore qui entre le premier dans le méthyle, vis-
à-vis du phényle.
» Donc, pour l'axe des Z, le moment d'inertie !'„„ du dérivé mn sera
(3) I'm«= ^f' + ^R' -^-t-r-. m 4- cR^ {n+ -a -\- £-)
et l'abscisse ^ du centre de gravité de la molécule sera déterminée par
(4) M,„„| ^c^U-hn-\-i+'~m\-
où X est l'abscisse du centre de gravité des m atomes de chlore du phé-
nyle(*).
» Si, comme première approximation, on néglige x, le moment d'inertie
maximum pour l'axe naturel (parallèle à Z et à la distance^) sera
1 = 1'- M.l-,
dont la valeur est, d'après les équations précédentes,
( 5 ) !,„„ = af- -4- h R- + cr- m H- cR- . N,„„,
ou
(6)
( N,„„ = n + a £ -h £^ -- _/;„„ ( - -^ £ '- " j ■
1 J mil ■
1V1„„ y m 4- «
(*)
r,„„ —nf -V h R- -!- cr' /« + c R ; -t- ( n — I ) c R»,
ce fini est ( 3 ) ;
M„,„Ç :-- AR -; rR,-t- (« — I ) f R ' ex. m
est (4)- Toutes les niitrrs ronmilcs sont des traiisfoinialions de celles-ci <r;i|)r('s l<- principe i.\e
iiit'canicpie i-lénicnlaire
i--r— M. ç^
( 567)
» Le moment d'inertie maximum du toluène se trouve
(7) ï«"="«P'-^*^^'('''i^,)' M-=92-
» Donc l'accroissement AI,„„ du moment maximum d'inertie de la mo-
lécule de toluène, résultant de la substitution de l'hydrogène par le chlore,
sera - I,„„ - loo, ou
(8) AU - c,^- >n + cR^ (* ^^ ^'r N,„„) •
» Pour les dérivés chlorés du toluène, on trouve, d'après (6 ),
m+nétant. 0123^3 07 8
/■„„sera 0,37 0,27 0,9.1 0,17 o,i5 o,i3 0,11 0,10 0,09
» De plus, j'ai trouvé que la distance des atomes d'hydrogène du car-
bone est à très-peu près o,4 ; l'unité de distance atomique iutra-moléculaire
étant toujours (*) celle des deux carbones dans l'alcool èthylique. Donc p
étant I {voir la note précitée), /•=: i,4; R sera 2,0; R, = R -h 0,4 = 2,4,
d'où £ = 0,2, et par conséquent, d'après (6),
(6 bis) N,„„ -n-h 0,44 -f,„„[n -i- o,635)^
dont les valeurs numériques sont les suivantes :
/«= 0 1 2 3 4
il 0,73 0,88 0,98 1,04 i,o() i,i4
2 0,98 1,28 I ,40 1,54 1,67 1,74
3 1,19 1,46 1,72 '-99 2,12 2,25
» Comme cr — 69, cR- = i38, ^R^ = Go, np- = j-j qi —- ~ o,i63,
on peut calculer les valeurs numériques des moments d'inertie des corps
dérivés d'après (5) ou (8).
» Si l'abscisse x ne peut être négligée, il huit augmenter ces valeurs de I
et de AI par
(9) n„ = — 6p.,„cR/HX,
où
b
« -)- 6 -!
. c m , X
( ' °) '^'" = n+^n^, -^ 6 •/'«'' R '
» C'est par cette valeur que se distinguent les isomères du même m.
» La substitution successive des atomes de chlore produira de petites
(*) Voir la note Comptes rendus, 1878, t. LXXVI, j). iSgS.
( 568 )
oscillations de l'inclinaison de l'axe naturel sur l'axe des Z; mais dans les
applications que je donnerai de ces moments d'inertie, l'influence de ces
perturbations est négligeable.
» Enfin on comprendra que celte méthode de calcul n'est pas restreinte
au cas spécial énoncé en tête de cette Note. »
THERMOCriIMlE. — Elude (les quantités de chaleur dégagées dans la formation
des sels de potasse de cjuehjttes acides de la série grasse. Note de INI. W. Lou-
GuiNiXE, présentée par M. Bertheiot.
« Cette recherche fait suite aux travaux entrepris par M. Bertheiot et
par moi sur la chaleur dégagée dans les doubles décompositions des chlo-
rures, bromures, iodures et anhydrides des acides acétiques et butyriques;
elles ont été exécutées par les mêmes méthodes générales.
» Malgré toutes les précautions prises, je n'ose affirmer que la précision
absolue des nombres que je vais donner surpasse o'^''',4o à o*^'",5o, eu raison
des causes d'erreurs multipliées qui existent dans des expériences si déli-
cates : les unes sont d'ordre purement physique, telles que la mesure des
températures, des chaleurs spécifiques, etc.; les autres sont d'ordre chi-
mique, telles que la pureté rigoureuse des corps employés, qui doit être
plus grande ici que dans les expériences ordinaires de la Chimie, et le do-
sage exact des corps mis en expérience. Mais la précision relative est nota-
blement plus grande. Voici mes résultats :
A. — Chaledb dégagée dans l\ formation du butykate de potasse ordinaire.
Acide préalablement dissous i mol. := 88 gr, dans 7''', 104 d'eau.
Potasse préalablement dissoute 1 mol. =56 gr. dans 9'", 7^7 d'eau.
Cal <'
1. 162,589x88 = 14,308 f=i6,5i8
2. 163,586x88 = 14,396 ; = 16,845
Moyenne 1 4*^°' ? 352 .
» Soit +14*^°', 3, quantité de chaleur dégagée par i molécule = 88 gr.
d'acide butyrique étendu, les sels étant dissous dans 17 litres d'eau.
)) Chaleur dégagée par la dissolution dans l'eau de l'acide butyrique. —
88 grammes d'acide dissous dans 'J*'\l6l^ d'eau = o'''',444 pour 88 grammes.
Nous avons trouvé jadis, avec M, Bertheiot, comme moyenne de deux
expériences, -h o'",5i5, nombre très-voisin.
n. — CUALEUR DÉGAGÉE DANS LA l'ORMATlON DE l'iSOUUTÏRATK DE POTASSE.
» Dans toutes les expériences, même potasse, 56 granmies dissous dans
4'",5o8 d'eau, 88 grammes d'acide dissous, |)remière expérience dans
( '^C>9 )
3'", 088, deuxième et troisième expérience dans 3''',58o, quatrième et cin-
quième expérience dans 3'", 078 d'eau.
Cal »
1. 163,706x881-14,411 i6,524 — / de r.xpcrienrc.
2.162,271x88:^14,280 l6,5S|r=/
3.162,438x88=14,295 16,320:^/
4. i63,3i5x88 = i4,37>. lô.iSgrrz^
5. 162,642X88 = 14,313. 16,443^^
Moyenne i4'-'",337 •
•1 Soit + i4'^°'>3, par 88 grammes d'acide dissous.
» Même acide non dissous préalablement :
Cal o
1. 171,195x88 = 15,065 15,920 = ? de l'expérience.
2. 171 ,915 X 88LTr i5, 129 i6,556=«
Moyenne i5'^",097
» Soit i5 calories. La chaleur dégagée lors delà dissolution dans l'eau de
l'acide isobutyrique, déterminée directement, a été trouvée de -{-o*^",582
pour 88 grammes d'acide (dissous dans 3''S58o d'eau). En retranchant ce
nombre de i5*^'",097, on obtient pour l'isobutyrate de potasse, avec l'acide
dissous, -4- i/|*^°',5i5, nombre très-voisin de i4'"',337 trouvé directement.
C. ^ Chaleur dégaoéf. n.\>s la formation de différents valérates df. potasse.
)> a. Acide valérique provenant de la racine de valeriana officinalis. — Non
dissous préalablement, potasse 56 grammes dans à peu près 5'", G d'eau :
Col o
1. 1 52, 4o5 X 102 = 15,545 16,600 = < do l'expérience.
2. i5i ,002 X 102 = i5,4o2 1:^,626=^1 »
3. i5i,2o5 X 102 = 15,423 i3,i92=^f »
ï. l5l, 746X102 : 15,47s 1 3,252-=/ u
5. i52, 102x102 -i5,5i4 r3,46o = ; ■■
C. i5o,322XJ02 i5,333 13,700 = / "
Moyenne i5*^"',4f9
)i Soit i.V"','}, par 102 grammes d'acide non dissous.
« Cluileur déijacjée lors de la dissolution dans l'eau de cet acide :
Col lit
1. --0,889 102 jjraniincs d'acide dans 8,686 d'eau.
2. - 1,084 '"*• " 10,595 •
Moyenne -!- o''"',987 pour 10;». grammes d'acide.
Ce qui donne pour la quantité de chaleur dégagée par l'acide préalable-
ment dissous: i5''",4/Î9 - 0,987 =14'''", 462. Soit l- 1 V"/|- Une expérience
c. R., 1875, 1" Scmesli,. (T. I.XXX, N» 9.) 7^1
( 570)
faite avec le même acide préalablement dissous f 103 grammes dans 3"*, 128
d'eau, 5(') grammes de potasse dans 5'", G à peu près) m'a donné
i4i^°',6i8 X 102 = 14'^°', 445 pour 102 grammes d'acide,
nombre ne différant pas d'une manière appréciable du précédent.
» b. Acide oblentt par r oxydation de l'alcool amyUcjue :
Premier échantillon.
" Acide non dissons préalalilement ('")fi grammes de potasse dans 5'"', 6 à peu près, lors de
la première expéiience, dans i''',44 <^'ins les deux dernières).
r.nl o
1. i5o,?.52 X 109. = 15,326 1 5, 3o2 =:? de l'expérience.
2. i5o, 780 X109. = 15,375 14,764 = « »
3. i5i ,069 X 10?. -^ i5,4<i9 i4,38o:=f >
Moyenne i '"/''', 370
■> Soit -t- i5*^°',3 pour 102 de cet acide non dissous préalablement.
» La chaleur dégagée par la dissolution dans l'eau de cet acide a été
trouvée égale à 4- o'^'^S^a (pour 102 grammes d'acide dissous dans 4''S89
d'eau. En soustrayant ce nombre de iS'^'^S^o, l'action de l'acide valéria-
nique dissous donne 1 5*^"', 870 — 0,672 = 14*^°', 698. Soit + i4'^°',7 pour
102 grammes d'acide dissous
Dcn.rième èchantillnn, autre provenance.
» Acide non dissous, Sf) grammes de potasse dans 5''',r)3 d'eau.
Cal 1)
1. i49,5o4 X 10?. := I 5, 349 17 ,034 = ' de l'expérience.
2. 149,918 X 102 = 15,29?. 16,608"/
Moyenne 1 5''"', 27 1
" Soit -i- i5'^"',2 pour 102 grammes d'acide, ce qui concorde.
» Même acide préalablement dissous. (Pour les deux premières expé-
riences, 102 grammes d'acide dans 5'", 4'*» pour la troisième expérience
dans 4''S^0 d'eau, 5G grammes de potasse dans 5'",93 d'eau).
Cnl (.
1. i44>'58x 102 — 14,714 16,626 — ï de l'expérience.
2. i43,563xio:., =- i4,(i{3 i6,58{^--./'
3. §42, 24'- ^- 'o^ ~" '4 5^09 16,821:— f i>
Moyenne i4''"',6'2
» Soit 4-i4'"'iG pour ioc>. grammes d'acide dissous, nombre très-voisin
de celui trouvé par voie indirecte poin- le même échantillon d'acide,
15,270 — 0,670 — i4'"',6oo. La moyenne définitive entre les deux échan-
tillons est 14,679 ou H- 14' "',6 pour 102 grammes.
( 57- )
D. — Chaleur DtCACÉE uans la formation ud sel dk potasse de l'acioe
TRIMETHYLACÉTIQUE.
.) Je dois à l'obligeance de M. Boutlerow cet acide trimétliylacétique.
Acide non dissous préalablement. (56 grammes de potasse dans i'",24 d'eau.)
• C«l 0
1. i35,35oX i02:^i3,8o6 16,824 = < de l'expérience
2. i35,46oX 102 = 18,817 i6,o8o = ;
Moyenne. . . iS*^"', 812 pour 102 grammes d'acide solide réagissant.
» Ce nombre est à peu piès identique avec la valeur i3,9 obtenue par
M. Berthelot pour l'acide pivalique de M. Friedel.
Acide préalablement dissous. (102 grammes d'acide dans 4'", 83 d'eau; 56 grammes
de potasse dans 5'", y3 d'rau.)
1. i36,329X 102 : : i3,yoG i5, |4' = ' '^^ l'expérience
2. 136,537X102 = 12,927 i5,568 = / »
Moyenne... 13"^"', 916, soit i3*^'",<)pour 102 grammes d'acide dissous.
» Le rapprochement de ces deux nombres indiqtie que la dissolution de
l'acide triméthylacétique solide dans l'eau ne produit qu'un phénomène
thermique extrêmement faible. Le nombre iB/jiG est voisin d'ailleurs du
nombre r3,6 trouvé par M. Berlhelot pour l'acide de M. Friedel; la dif-
férence pourrait être attribuée en partie à la pureté des acides, en partie
aux différences de température et aux erreurs d'observations.
M Les conclusions que je crois pouvoir tirer de ces recherches sont :
» 1° Que les quantités de chaleur dégagées lors de la formation des
sels de potasse des acides de la série grasse semblent croître quand on
s'élève dans la série homologue. En effet,
Col
Pour I molécule d'acide formique, M. Berthelot a trouvé. ... -i- i3,3
u acétique, " ... -<- i3,-(
J'ai trouvé, pour i molécule d'acide butyrique ---14)3
isobutyri(|ue -4- i4,3
valérique de la valériane. . -(- i4,4
j valérique d'o.\ydation ... . -i- i4,5
» Des expériences inédites de M. Berthelot conlirment ce résultat géné-
ral, sauf de petites différences dans les valeurs numériques.
« 2° Les deux acides butyriques isomères dégagent à peu près la même
quantité de chaleur, soit par leur dissolution dans l'eau : +0,48 et
-H G, 58 (isomère); soit par leur réaction sur la potasse : + i4)3-
» 3° Les deux acides valérianiques, de la valériane et d'oxydation, dé-
7.'...
( 572 )
gagent aussi des quantités de chaleur peu différentes en présence do l'eau :
+ 0,99 (valériane) et ; 0,67 (oxydation). Une fois dissous, leur action
sur la potasse dégage -i-i4j4t't -hi4)<J> à peu près le même nombre; mais
l'acide trimétbylacélique dégage, en se combinant à la potasse, une quan-
tité de chaleur -\- i3,9, sensiblement moindre que ses isomères. » •
PHYSIQUE. - Psjihiomèlre évitanl tout calcul, dit hygrodeik, de M. Lowe,
présenté par M. Tresca.
M. Tresca, en présentant à l'Académie l'appareil de M. Lowe, s'exprime
comme il suit :
« On connaît l'échelle psychroniétrique de M. Prazmovski, qui permet
d'obtenir simplement,- par une opération analogue à celle de la règle à cal-
cul, les différentes données psychroinétriqnes qui correspondent à une
double observation du thermomètre sec et du thermomètre mouillé. Cet
iustrument fort commode exige cependant une certaine habitude, et ne ré-
pond peut-être pas complètement à la détermination rapide et en quelque
sorte continue de l'état hygrométrique.
» M. Lowe s'est proposé, an moyen de l'appareil que j'ai l'honneur de
présenter à l'Académie, de satisfaire plus couramment à cette détermina-
tion dans les usines, et elles sont nombreuses, dans lesquelles les conditions
hygrométriques demandent à être contrôlées fréquemment.
» Il a réuni, avec les deux thermomètres, sur une même monture, un
tableau graphique qui permet à l'observateur de trouver rapidement l'éva-
luation dont il a besoin.
) Poiu- obtenir la proportion de saturation, il suffit de prendre à la
main le petit boulon qui se trouve sur le devant de l'instrument, de l'abais-
ser ou de l'élever, suivant le cas, de manière que le curseur coïncide, sur
l'échelle graduée, avec l'indication de ce thermomètre sec, de tourner en-
suite le bouton à droite ou à gauche, de manière que le second curseur
coïncide avec l'indication du thermomètre humide. L'instnnnent est alors
dans les conditions voulues pour faire connaître, par la position de l'ai-
guille sur le cadran, la proportion de saturation, le point de rosée et le
poids absolu de la vapeur.
» En suivant, jusqu'au haut du cadran, la ligne verticale la jilus voi-
sine de la pointe, on lit directement la proportion de saturation. En sui-
vant, jus(pi'à la droite du cadran, l'oblique qui correspond à la pointe de
l'aiguille, on lit le point de rosée. On trouve enfin sur ces lignes inclinées
( 573 )
la valeur eu grains et dixièmes de grain du poids de l'tau on vapeur qui
existe dans un pied cube d'air et la force élastique de cette vapeur.
» La disposition de cet appareil satisfait ainsi à la condition de fournir
facilement des indications précises qu'il suffit de savoir lire sur un lableau.
Le médecin v trouverait certainement des indications fort intéressantes;
les industriels, nos fabricants de pianos, entre autres, obtiendraient, par
son emploi, de grandes facilités pour l'exécution, dans les meilleures con-
ditions bygrométriques, de leurs opérations les plus délicates. »
ANALYSK CHIMIQUE. — Sur une nouvelle burette pour (es essais volurnétriques.
Note de INI. A. Pixtuo.v, présentée par M. Tbenard.
« La burette est rinsirunient le plus indispensable de l'application des
niétbodes d'analyse vohunétrique qui tendent à se répandre de plus en plus
dans les laboratoires de Chimie industrielle. Bien que cet instrument ait
déjà pris, entre les mains des chimistes qui s'en sont occupés, des formes
bien variées, aucune des dispositions adoj)lées jusqu'ici ne m'a paru réunir
toutes les conditions de solidité, de commodité et de précision que l'on est
en droit de demander à un inslniiuciit d'un usage aussi journalier.
» La burette de iMohr, simple tube gradué, facile à remplir cl à net-
( 574 )
toyer, solidemeiit fixé sur son support vertical et muni d'un tube en caout-
chouc pressé par une pince en cuivre, est certainement un instrument
fort commode ; mais elle ne peut recevoir les liquides qui attaquent le
caoutchouc, t't notamment le caméléon, dont on fait un si fréquent usage
dans les analyses volumétriques. Pour obvier à cet inconvénient, on a
remplacé le tube de caoutchouc et l;i pince par un robinet en verre, mais
l'instrument est alors devenu fragile et plus difficile à manier. Je suis
arrivé au même but à l'aide de la disposition représentée par la gravure
ci-jointe.
» La burette est inclinée sur un support à deux branches inégales, sur
lesquelles elle est solidement fixée. Elle communique par son extrémité
supérieure avec une poire en caoutchouc, pouvant fonctionnera volonté
comme aspirateur et comme compresseur.
» Le mécanisme, des plus simples, se compose d'une vis traversée, dans
toute sa longueur, par la tige creuse d'im champignon métallique qui
vient appliquer sa têle sur le fond de la poire en caoutchouc. Une tige
de laiton, munie d'un anneau dans lequel s'engage le pouce de l'opérateur,
permet de comprimer la poire par simple pression. L'air qu'elle contient
se trouve ainsi expulsé. En plongeant alors le bec de la burette dans le
* liquide dont on veut le remplir, et en laissant la poire revenir sur elle-
même, le liquide monte par aspiration dans la burette. Lorsqu'il est arrivé
au zéro et le dépasse même un peu, on laisse rentrer de l'air bulle à bulle
jusqu'à ce que la poire ait repris son volume primitif. Il est alors très-facile
d'affleurer le liquide au zéro en com|jrimant légèrement la poire au
moyen de la vis.
» Ainsi remplie et effleurée, la burette peut être abandonnée sans qu'il
s'en écoule une goutte de liquide, à moins que la fermeture de caoutchouc
soit incomplète. Lorsqu'on veut procéder à un essai, il suffit de presser
sur l'anneau pour faire écouler le liquide. En cessant de presser, on laisse
rentrer de l'air dans la burette, et, en procédant ainsi par coups de piston
successifs, on arrive rapidement à vider une quantité de liquide suffisante
pour approcher du ferme de l'opération. On se sert alors de la vis pour
faire écouler le liquide goutte à goutte jusqu'à ce que la réaction carac-
téristique soit obtenue. La lecture se fait alors très-facilement sur l'échelle
divisée placée à la partie supérieure de la bin-ette. Il est bien entendu que
le tube a été gradué sur le support même, de telle sorte que chaque espace
représente exactement ^^7 de centimètre cube de liqueur. »
{ 5:5 )
M. Dpmas ajoute à cette Communication la remarque suivante :
« Lorsqu'on veut étudier l'action de la chaleur sur la vapeur d'iui liquide
volatil, ou l)ien encore lorsqu'on veut faire agir cette vapeur sur un corpi
solide chauffé, on emploie ordinairement un appareil distiilatoire mis en
communication avec un tube de porcelaine. Mais, l'ébuUition du liquide
se faisant par secousses porte dans le tube des bouffées tantôt trop abon-
dantes, tantôt trop rares de vapeur. La température du tube do porcelaine
change à chaque instant, et s'élève ou s'abaisse brusquement. La va-
peur se trouvant tantôt en excès et tantôt en défaut, les réactions ne sont
pas constantes, et l'on obtient des produits qui ne.se rapportent pas à des
phénomènes nets.
» Dans des recherches de celte nature, M. Dumas s'est servi d'un appa-
reil contenant de l'air comprimé, mis en communication avec un réservoir
contenant le liquide à étudier, que la pression de l'air amenait, goutte à
goutte, dans le tube de porcelaine. Les gouttes tombaient dans une gout-
tière de platine, se convertissaient en vapeur, et, en réglant leur arrivée,
on obtenait une action continue, régulière, et des produits constants.
)) L'appareil très-simple de M. l'inchon sera de la plus grande utilité en
de telles occasions. »
L'Académie reçoit diverses Communications relatives au bolide du lo fé-
vrier dernier :
De M. F. Carré, une Lettre écrite de la Nozaie, près de Nemours (Seine-et-
Marne), signalant la chute d'un bolide à 5''3o™ du soir, dans la direction
ouest-sud-ouest, à aS degrés au-dessus de l'horizon : le sillon lumineux
laissé après lui est resté rectiligne pendant une minute et demie, puis il s'est
transformé en une hélice assez régulière : le phénomène a conservé cet
aspect pendant i5 minutes, jusqu'à 6''i5'" environ.
De ]NL A, Lemoi.ne, une Lettre écrite de Saulx-Marchan, près de Tliiéry
(Seine-et-Oise ) : les détails qu'il donne sur l'aspect de la traînée lumineuse,
d'abord rectiligne, puis se contournant en tire-bouchon, sont presque iden-
tiques aux précédents.
De M, DK Kerikiff, une Lettre annonçant que, d'après le Journal de
Morlaix, une aérolithe serait tombé à Tîelle-Isle en mer, vers G heures (heure
de Paris).
De M. ViNOT, une Lettre annonçant que, d'après ses correspondants, un
( 576)
I)oIide serait tombé, à celte même heure, dans une prairie voisine du port
de Doiihet (île d'Oléron) : l'auteur fait rem^irquér que cette position cor-
respondrait bien aux directions qui avaient été signalées.
M. Lecoq de BoisBAUBRAx écrit de Cognac que, « le 1 1 février au matin,
il fut prévenu par ses ouvriers qu'ils avaient vu la veille, à 5''45'" du soir
environ, une boule de feu très-brillante, grosse comme la tête d'un homme,
descendant rapidement et perpendiculairement sur l'horizon, et laissant
un sillon de feu si lumineux et si persistant, qu'il éclaira la campagne pen-
dant vingt à vingt-cinq minutes.
» La traînée lumineuse se refoula ensuite lentement sur elle-même et se
condensa en un nuage qui fut encore visible pendant au moins une demi-
heure.
>i Les directions indiquées sont comprises entre l'ouest-nord-ouest et le
nord-ouest. »
La séance est levée à 5 heures un quart. ,1. R.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OOVRAOES REÇUS DANS L\ SÉANCE DU l5 FKVRIER l8'j5.
fsUITE.)
Jslronomische Nachikldcn, begrûndet von IL-C. ScdUM.vCHKa; n°' 1777-
1800, 1801-1824, 1825-1848, 1849-1872, 1873-1896, 1897-1920. Alloua,
Gustave Esch, 1870 à uSyS; G liv. in-4".
Abliandlutigcn, hcrausgegeben von der senckenhergischen nattii forschenden
Gesdhchajt; neufer lîandes, crstes und zweites Hcft. Frankfurt, A.-M. Chris-
tian Winter, 1873 ; in-4°.
Àbhandlungen dei knniglirlicii GcseUschnfl der fFisscnsclinflen zn Gdllingcn ;
achtzehnter Band vom Jiilire 1873. Qiitlingen, 1873; 111-4°
Schriflen der Universildl zii Kiel ans den Jàlire 1873; lîand XX. Kiel,
B.-F. Mohr, 1674; in-4°.
/Innalen der K. K. SlermvurU: in ll'ien; drilter Folge zwciundewanzigster
IJand, Jahrgang i872.Wieii, 1874; in-8".
( 577 )
Hfcdizinische Jarbiiclier, herniisgerjehen von der K. K. Gesellsclinft der Ar-lr,
redigirt von S. Stiîicker; Jalirg.mg 187'i, II Hcft, 111 und IV Hcf't. Wieii,
W. Braiimuller, 1874; 2 liv, in-8°.
Jfirbiicher der K. K. centra l-anstall fïtr Meteoroloç/ie und Erdmngnetismus ;
vnii Cari Jelinek und F. Osnaghi; neiie Folge, IX Band, Jahrgaiig i8r2.
Wien, W. Bramnuller, 1874; in-4'''
Die Defecte der Sciteidewdnde des Herzem. Pntologisch- Anatomische Àblinnd-
hiufjen; von D"" C. Feiheriîn de Rokitanskv. Wien, C. Braumûller, 1875-,
in-4°.
Denkscliriflen der Aaiserliclien Akademie der fVissenscliaJten. Malhemntiscli-
naturwissenscliafllichc Cl isse; dreitinddreissigster Band. Wien , 1874; in-4°.
Ouvrages reços dans la séanck on 22 février 1875.
Jiulleliii de l'Académie de .Médecine; n° 7, séance du 16 février 1870.
Paris, G. Masson, 1875; in-8''. (Ce nntnéro renferme une Communication
de M. Pasteur, sur la génération spontanée.)
La vigne et le Phjtloxern; par J. Brunfaut. Paris, A. Lefèvre, 1875;
in- 18. (Renvoi à la Commission.)
Congres viticole de Montpellier, 1874. Fins américains, i" Ivijiporl de la
Commission de dégustation; par M. J. LeenfiaRDT-Pomier. 2" Rapport sur
ta composition des vins américains ; par MM. Saintpierre et FOEX, présen-
tés à la Société centrale d'Agriculture de l'Hérault. Montpellier, imp.
Ricateau, 1876; br. in-8°. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
Les vins d'imitation de Cette el de Mèze. Communication faite au Congres
international viticole de Montpellier (séance du 3o octobre 1874); }>ar G.
Saintimeiire. Montpellier, imp. Ricateau, 1875; br. in-8''. (Renvoi à la
Commission du Phylloxéra.)
Essai de statistique médicale suivi d'observations médico-chirurgicales sur les
ambulances créées à Angouléme par les soins de l'administration des hospices el
hôpitaux de cette ville pendant la durée de la guerre de 1870-1 871; par le
D"' A. Tré.meau de Rociiebrune. Paris, F. Savy, 1871; in-4''. (Adressé
au. Concours de Statistique, 1875.)
( A suivre. )
c.R.,iS:r.. 1" s-m*iirj.(T. Lxxx, n-o.) 7-^
FÉVRIER 1875.
( 5-8 )
Observations métkorologiqdiiJ | ii
2
3
4
5
6
7
8
9
10
i3
'4
i5
iC
'7
]8
'9
23
3|
2 S
(0
766,6
G2,8
54,2
r)5,2
63,0
6'|,2
57,2
59,8
:')7,3
57,6
6., 4
57,7
58, o
Co,5
Go, 5
G6,3
■i7i4
■<1 , '
J4,9
54,3
J4,9
54,8
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(1) Miniina barométriques : le 4, 0 4'' 30™ du matin, 753,0 (peu de variations depuis la veille à 3 heures soir); le 17, à S*" i5™'
du matin, 756,2; le 24, vers 4 heures du soir, 738,2; le 26, vers 4'' '5"' du soir, 740,8.
(■)) (3) a minima, A, maxima, non atteints : la température variant d'une nianièrc continue.
(5) (lO) (il) (12) (|3) Moyennes des oliservations trihoraircs. — (6) La température normale est déduite de la coiirlie rectifiée des
températures moyennes de soixante années d'observation. — (7) Les degrés actinoniétriiiucs sont ramenés ;i la constante solaire 100. i
( 579)
FAITES A l'Observatoire de Montsolris.
FÉVRIER 1875.
I1ACNÉT18HB TBRRESTIlE.
VËSTS.
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oration est mesurée p;
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Perturbations. Val
ours rapportées au pa
Villon II
lagnèticpic.
(■>
0(3.',) L
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l'ouest, conformémeu
t à la d
écisior» de I
a conférence internationale de Vienne.
(»
!) Vitesse
s maxîma : le 12,
37 kilomètres entre i
1 heure
s malin et r
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«
le g
(i, 30 kilo
mètres vers ab So^
" du soir.
( 58o )
Moyennes Aoraires et moyennes mensuelles (Février i8^5).
6*' M. 9'' M. Midi. 3'> S. G*" S. 'J^S.
Déclinaison magnétique '7°-f-
Inclinaisoii » 6j° -t-
Force magnétique totale 4 >-+-
Composante horizontale i ,-+■
Minait.
9
32,1 11,"] 27,3 25,5 23,9 21, s 2],
32,0 3 1,2 3o,3 29,4 3o,4 3 1,3 3 1,8
6470 6 ',37 G351 6320 G3;3 6427 G'ijg
9246 9242 9219 9216 9226 9)37 9240
mm mm mm mm mm mm mm
liaromètre réduit h o" 755, 40 755,81 755,66 755, 03 755,24 755,38 755,35
Pression de l'air sec 75i ,16 75i,5i 761, 19 75o,53 750,74 75o,93 750,92
Tension de la vapeur en millimètres 4i24
État hj(;roiiiétrique . . 90,3
o
Thermomètre du jardin ., -0,01
» » (moy. du 10 au 28). . . . 0,26
Thcrmom. électrique à ao™.(moy. du 10 au 28). 0,28
Thermomètre noirci, dans le vide. -0,53
Degré actinométrique («) 0,00
Thermomètre du sol. Surface -o,5o
n à c"", 02 de profondeur. . . 1,10
M à o"*,i(> i> ... 1 ,64
» à o'",20 M ... 3,56
» k o"',3o » ... 3,34
» à i'",oo " ... 4 167
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Cdomètroà i'",8o 3,8
Pluie moyenne par heure 0,63
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Êvaporation moyonue par heure
Vitesse moy. du vent en kilom. par heure {6).
Pression moy. du vent en kilog. par heure. . .
observations interrompues pendant les gelées.
io''"',2 io'"n,9 i3'-'",4 13""",.') i2'''",G 10''
o''"',S
17.33,8
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Moyennes horaires.
Tempérât.
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1,43
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3,80
Heures,
l*" soir
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11 ..
Minuit.
Déclinais.
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Thermomètres de l'abri (Moyennes du mois.)
Des mininia -1", 1 des maxima 4"'>^ Moyenne
Tliermomètres <ic ta surface du soi.
Dos ininima -3°, i dos maxima 7°, 9 Moyenne
Températures moyennes diurnes par prntades.
o o
1875. Janv. 3i à févr. !^ 2,2 Févr. 10 à li o,3 Févr
» Févr. 5 à févr. 9 0,4 »
Tempérât,
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10 a 14.
i5 il 19.
0,3
3,8
20 a 34
35 h mars i . .
a. 4
-0,4
3,6
(fl) Ramené à la constante solaire 100.
(i) Résultais fournis par l'anémomètre enregistreur placé à 20 mètres de hauteur.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 8 MARS 187o.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
M. le Président, après la lecture du procès-verbal, prend la parole en
ces termes :
a Un grand malheur frappe l'Académie; la perte douloureuse qu'elle
vient de faire nous est annoncée par la Lettre que je vais lui lire :
« Monsieur le Président, nous avons la douleur de vous faire part de la
» mort de notre bien-aimé père, M. Mathieu, le doyen de votre Académie;
» veuillez annoncer à vos confrères cette perte cruelle et leur dire que
» jusqu'à son dernier jour notre vénéré père a songé à tous ses confrères
» et s'est intéressé à tous leurs travaux. Agréez, monsieur le Président,
» l'hominage de notre profond respect.
» Charles Mathieu. Paul Laugier. »
» Plusieurs discours ont été prononcés, ce matin, sur la tombe de
M. Mathieu; les regrets de l'Académie ne pouvaient pas trouver d'inter-
prètes plus autorisés ni de voix plus sympathiques que celles que vous
avez entendues pour rappeler les mérites de notre illustre confrère.
» Quant à nous, messieurs, nous n'oublierons jamais cette vie si belle et
si bien remplie du vénérable doyen de celle Académie; nous nous rappel-
lerons que dans sa quatre-vingt-douzième année, comme M. Faye nous le
disait récemment avec une émotion qu'il nous faisait partager, M. Mathieu
C.R.,i87D, i" Semestre. {T. LWX.fio 10.) 7^
( 583 )
adressait à l'Académie ÏÀnnuaire du Bureau des Longitudes pour l'année
1875, dont tous les calculs, cette fois encore, avaient été revus par lui.
» En tête de cet Anmiabe, qu'il aurait présenté lui-même si les forces
ne l'avaient pas trahi, se trouve un avertissement signé de son nom. Ce
devait être, hélas! son dernier travail; c'est ainsi qu'il vous adressait ses
adieux.
» La mort de M. Mathieu laissera à l'Académie une impression longue
et profonde; nous conserverons toujours le souvenir de celte belle exis-
tence, entièrement dévouée à la science, et de ce noble caractère qui a su
toujours allier l'indépendance et la fermeté de l'honnête homme à la bien-
veillance, à la simplicité et à la modestie du savant.
» Pour rendre hommage à une si belle vie, et en signe de deuil, j'ai
l'honneur de proposer à l'Académie de lever immédiatement la séance. »
Après celte allocution de M. le Président, M. D.-O.-J. Brocii, corres-
pondant de l'Académie des Sciences, prononce les paroles suivantes :
« Monsieur le Président,
» L'Académie des Sciences m'a fait dernièrement l'honneur de me
nommer son Membre correspondant. Permet tez-moi de vous répéter ici
verbalement tous mes remercîments pour cette nomination, considérée par-
tout comme l'honneur le plus grand que le monde scientifique puisse offrir.
» Permettez-moi encore, Monsieur le Président, de faire le premier em-
ploi du droit que cette nomination me donne de demander la parole dans
cette Assemblée pour exprimer devant elle, au nom de mes confrères de
la Commission internationale du mètre, leurs sentiments au sujet de la
perte qu'eux aussi ont faite par la mort de M. Mathieu, leur président.
» M. Mathieu était le lien vivant entre la première introduction du sys-
tème métrique et les efforts qu'on a faits depuis et qu'on fait encore pour le
faire accepter comme le système universel des poids et mesures. Il avait
participé à tous les travaux qui se sont produits à cet égard dans le monde
savant, dans les Assemblées législatives et dans les Commissions qui s'en
sont occupées. Quoique son âge ne lui permit plus de prendre part aux
travaux de détail, il prenait encore part aux délibérations générales, et il ex-
primait devant nous, avec toute la verve de la jeunesse, son désir de pouvoir
encore donner ses soins à une question dont il n'avait jamais cessé de s'oc-
cuper, à laquelle il était entièrement dévoué, et de voir encore avant sa
mort l'acceptation universelle du système métrique.
( 58'^ )
» Cela ne lui a pas été donné; mais je suis sûr que quand, comme nous
l'espérons bien, les efforts de la Commission actuelle internationale du
mètre aboutiront au but de sa convocation, on se rappellera toujours que
M. Mathieu a été son premier président.
)) Nous, les membres de cette Commission, nous nous associons tous aux
paroles si éloquentes prononcées devant sa tombe, et nous prenons part de
tout notre cœur à la douleur que l'Académie des Sciences ressent par sa
perte. »
ASTRONOMIE. — Observations du passage de Vénus sur le Soleil.
M. Fleuiuais adresse de Pékin, à la date du 5 janvier, le détail complet
des observations effectuées à cette station.
Retenu par l'état du fleuve qui ne permet pas, avant le dégel, l'embar-
quement du matériel, il occupe les loisirs forcés qute lui fait cette situation
à quelques opérations dont la Science pourra tirer parti. La triangulation
de Pékin lui a paru utile à effectuer; elle est terminée. Des observations
chronométriques propres à rattacher quelques points des environs à l'ob-
servatoire de Pékin sont en ce moment l'objet de ses études, conjointement
avec M. Lapied, qui lui a prêté le plus utile concours dans toute la suite
de ses travaux.
M. Mouchez envoie, à la date du i3 décembre, le résumé de ses obser-
vations; un paquet spécial en contient le détail complet. L'arrivée pro-
chaine de M. Mouchez lui permettra de rendre compte bientôt lui-même à
l'Académie des difficultés qu'il a rencontrées et vaincues pour l'installation
de son observatoire et des chances qui l'ont favorisé le jour du passage.
MM. Bouquet de la Grye et André ont donné également des nouvelles
de leurs expéditions respectives. Le premier de ces missionnaires de l'Aca-
démie est en route pour rentrer à Paris. Le second, n'ayant pu observer
qu'un seul contact interne, a jugé nécessaire de prolonger son séjour à
Nouméa, pour 6xer par l'observation de nouvelles culminations lunaires la
longitude de son observatoire d'une manière précise.
76.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI lo MARS 187a.
PUÉSIDENCE DE M. FUEMY.
MÉMOIRES ET C0M3IUi\ICAT10NS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIR.
M, le Président de l'ïxstitct invite l'Académie à désigner l'un de ses
Membres pour la représenter, comme lecteur, dans la prochaine séance
trimestrielle qui aura lieu le mercredi 7 avril iS'^S.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie que le tome XXI du
« Recueil de Mémoires des Savants étrangers » est en distribution au Secré-
tariat.
ÉLECTROCHIMIE. — Qunliiènie Mémoire sur les actions électrocapillaires
et l'intensité des forces qui les produisent; par M. Iîecquerel. (Extrait.)
« L'expérience suivante met en évidence la puissance des courants élec-
trocapillairc's. On applique sur chacune des faces de la cloison perméable
d'un appareil éicctrocapillaire, fonctionnant avec une dissolution métal-
lique, et une autre de monosulfure alcalin, une lame mince de platine
percée d'iu) grand nombre de petites ouvertures. Ces lames constituent les
électrodes des couples, attendu <prelles sont en contact avec les parois
humides des cloisons servant de conducteurs; on fixe sur la face extérieure
de chacune des lames un fil de même métal, que l'on met en communica-
( 586 )
tion avec un galvanomèlre très-sensible; l'aiguille aimantée n'est pas
déviée, ce qui prouve que toute l'électricité dégagée dans la réaction des
deux liquides est transformée en courant électrocapillaire sans qu'il y ait
de courant dérivé, effet que l'on n'observe pas avec les courants vollaïques
qui traversent des liquides. La conséquence à en tirer est que le courant
électrocapillaire, résultant de la réaction des deux dissolutions l'une sur
l'autre, produit une action chimique équivalente à cette réaction.
» Si l'on ne peut former une pile avec de semblables couples, il est pos-
sible néanmoins de doubler l'action chimique d'un seul couple en opérant
comme il suit : on introduit dans le tube cloisonné avec une bande de
papier parchemin et contenant une dissolution métallique de nitrate de
cuivre, par exemple, une lame de platine qu'on applique sur la face de
la cloison, puis un autre tube également cloisonné et contenant une dis-
solution de monosulfure de sodium, et dont la cloison s'applique également
sur la lame de platine; si l'on plonge les deux tubes ainsi accouplés dans
une éprouvetle remplie de monosulfure, il se dépose évidemment sur la
lame de platine intermédiaire une quantité double de cuivre, les deux
couples agissant simultanément.
» Voici une autre manière d'opérer, qui permet de renforcer l'action
du couple de celle d'un courant voltaique : on prend l'appareil dont les
deux faces de la cloison sont recouvertes chacune d'une lame de platine
perforée, et l'on met en communication la face négative avec le pôle négatif
d'une pile à sulfate de cuivre, composée de plusieurs éléments, et l'autre
avec le pôle positif; l'action chimique du courant électrocapillaire s'ajoute
évidemment à celle provenant de la pile.
» J'ai montré quels étaient les rapports existant entre les deux courants
sous le rapport des actions chimiques produites. Il suffit pour cela de faire
passer un courant dans un appareil éloctrocapillaire, chargé avec une
dissolution de nitrate de cuivre seulement, à l'aide de deux lames : l'une
de cuivre, l'autre de platine, la première en communication avec le pôle
positif d'une pile, l'autre avec le pôle négatif; au moyen de cette disposi-
tion, la face de la cloison, en présence de l'électrode positive, ne donne
aucune trace de dépôt de cuivre; mais, povn- peu qu'il y ait des traces
de ce métal sur la cloison, par suite d'une action électrocapillaire, il en
résulte aussitôt un dépôt de cuivre abondant, effet semblable à celui qui
est produit quand on place un conducteur métallique entre les deux élec-
trodes d'une i)ile servant aune décomposition élcclrochimique. 3'explique
les effets négatifs produits dans le premier cas, en disant qu'il n'existe pas
( 587)
de courant électrocapillaire, le courant de la pile traversant la cloison per-
méable coiinne si elle remplaçait le liquide.
M 11 est possible de faire intervenir l'action des courants voltaiques avec
deux dissolutions différentes, en opérant avec une dissolution do chlorure
de chrome, une dissolution de monosulfure de sodium, par exemple, une
pile de huit éléments à sulfate de cuivre, une cloison en papier parchemin
et deux lames de platine, l'une étant l'électrode positive et plongeant dans
la dissolution métallique, l'autre, l'électrode négative, étant en contact
avec la dissolution alcaline; il se forme sur la face négative de la cloison du
couple un dé|>ôt noir à l'état cristallin présentant çà et là des lames carrées :
l'analyse prouve que ce produit est un sesquioxyde hydraté de chrome.
» Le perchlorure de fer donne également sur la face négative un dépôt
noir cristallin de sulfure de fer hydraté.
» L'acétate de plomb et le nitrate de cuivre donnent des dépôts de
cuivre métallique brillants; les sels d'argent, des sulfures de ce métal, etc.
» Ces effets ont été expliqués en montrant que deux courants intervien-
nent dans les actions produites, lesquels dépendent de ce que le soufre pro-
venant de la décomposition du monosulfure par la pile, lorsqu'il traverse la
membrane pour se rendre au pôle positif, sulfure le métal qui est déposé
sur la face négative, quand il a pour ce dernier une grande affinité.
» J'ai examiné ensuite quels étaient les effets produits en substituant une
dissolution de potasse à celle de monosulfure de sodium. Voici quelques-
uns des résultats obtenus : on a pris une éprouvette contenant une disso-
lution de potasse caustique, dans laquelle on a introduit une lame de
plomb en communication avec le pôle négatif de la pile, puis un tube
cloisonné contenant une dissolution de nitrate de plomb en communica-
tion avec le pôle positif; il s'est formé peu à peu de belles arborisations de
plomb métallique sur la surface négative de la cloison, en même temps
qu'une certaine quantité d'oxyde, Ou n'a que de l'oxyde de plomb sans
employer la pile.
» Eu opérant de même avec le nitrate de cuivre, sans se servir de la pile,
on obtient sur la face de la membrane, du côté du nitrate, un dépôt
d'oxyde bleu de cuivre cristallisé, tloué de la double réfraction.
» On obtient le même résultat en appli([uant sur la membrane, du côté
du nitrate, une rondelle de |)laline, et de l'autre une rondelle de zinc
percée de petites ouvertures; on a eu également l'oxyde bleu cristallisé :
dans ce cas, le couple voltaïque fonctionne concurremment avec le couple
éleclroca[)illaire.
{ 588 )
» En soumettant à l'expérience d'autres sels métalliques et les carbonates
alcalins, on a obtenu différents résultats. J'en rapporterai un seul : avec le
nitrate de cuivre et le carbonate de potasse, il s'est déposé sur la face de la
cloison en contact avec la dissolution alcaline du carbonate bleu bvdraté,
en cristaux doués de la double réfraction : le bicarbonate a donné le même
résultat.
» Le couple à gaz oxygène est formé de deux liquides : l'acide nitrique
et une dissolution concentrée de potasse caustique, séparés par une cloison
de papier parchemin enroulé en spirale, traversé par un 61 de platine; le
courant résultant de la réaction des deux liquides l'un sur l'autre agit de
telle sorte, comme force chimique, qu'il se dégage de l'oxygène sur le bout
du fil en contact avec la potasse, et de l'acide hypoazotique sur l'autre.
J'ai cherché quels devaient être les effets produits en sidjslituant à l'acide
nitrique une dissolution méta!li{|ue ou autre. J'ai obtenu les résultats
suivants : i° avec des dissolutions de perchlorure de fer et de potasse,
quelques heures après, on a observé un dégagement continu de gaz sur
la partie de la tige plongeant dans la dissolution de potasse;
» 2° Avec le chlorure de cuivre, il en a été de même;
• » 3° Avec le chlorure de chrome, dégagement de gaz oxygène à peine
sensible; avec les acides sulfurique et chlorhydrique, pareils effets ont été
produits.
» On a montré par des expériences nombreuses que les actions électro-
capillaires sont d'autant plus marquées que la force électromotrice est plus
considérable: ainsi, en opérant, par exemple, avec une dissolution de nitrate
de cuivre additionnée de 49 fois son volume d'eau et une dissolution de mo-
nosulfure saturée, on n'a plus qu'une simple dilfusion et une production de
sulfure de cuivre, tandis qu'avec la dissolution concentrée on a une grande
quantité de cuivre réduit.
» J'ai cherché ensuite quels étaient les effets produits en substituant, dans
le couple à gaz oxygène, à la cloison de papier une éponge de platine plus
ou moins comprimée : les effets produits sont complexes, j'en rapporterai
quelques-uns. Avec la dissolution de potasse et l'acide nitrique, séparés par
la cloison capillaire ou par la fêlure d'iui tid)e, il n'y a pas de dégagement de
gaz; cela tient au mode de fonctionnement des cloisons ca|)illaires, qui dif-
fère de celui des couples voltaïques; avec les cloisons les éléments sont sé-
parés ; s'ils ont une forte affinité pour les composés dissous, ils se recom-
binent immédiatement avec ces derniers ; il ne peut en résulter, comme
je l'ai montré, aucune action chimique apparente.
( 589)
I) Les dpongcs de platine agissent comme conducteur métallique con-
tinu, attendu, d'une part, que les grains de métal sont toujours en contact
en quelques points ; de l'autre, parce qu'il existe des pores physiques entre
ces grains, qui donnent lieu à des actions électrocapillaires.
» Voici quelques-uns des effets obtenus :
» 1° La formation de fluorures de calcium en tubercules cristallins
sur la face d'une cloison en contact avec une dissolution de chlorure de
calcium, qui est séparée d'une dissolution de fluorure d'ammonium par
ladite cloison.
» 2° Eu opérant avec le monosulfure de sodium au lieu de potasse et
l'acide nitrique, l'oxygène, qui a une grande affinité pour les éléments du
monosulfure, se combine, d'une part, avec le soufre, de l'autre, avec le so-
dium, tandis que l'acide hypoazotique devient libre.
M J'ai mulliplié les expériences sur les actions chimiques produites par
les actions éleclrocapillaires, dans des conditions très-différentes, attendu
que ces actions étant très-complexes, surtout dans la nature organique, on
ne saurait avoir trop de points de comparaison pour étudier une des ques-
tions les plus délicates des sciences physico-chimiques dans leurs applica-
tions.
CHIMIE. — Sur les alliages de platine et de fer. Note
de M. H. Saixte-Claihe Deville.
« La très-intéressante Communication de M. Daubrée, sur l'alliage ma-
gnétique et polaire de platine et de fer, m'a rappelé quelques faits, qui
viennent confirmer les principales conclusions de notre savant confrère et
que je crois utile de publier en mon nom et au nom de M. Dehray.
» En analysant le platine iridié par une méthode que nous publierons
bientôt, on arrive à réunir l'iridium et le fer à l'état d'oxydes intimement
mélangés.
» En traitant cette matière par un courant d'hydrogène, l'oxyde d'iri-
dium se réduit à la température ordinaire, et à partir de 200 à 3oo degrés
jusqu'à 400 ou 600 degrés, le fer devient métallique; mais alors les métaux
se trouvent alliés; car si on les met en digestion avec de l'acide chlorhy-
driqiie, c'est à peine si l'on obtient quelques bulles d'hydrogène et la disso-
lution d'un peu de fer, lors même que ce mêlai existe dans l'alliage en pro-
portion de Y^j.
» Ainsi le fer et l'iridium s'allient à une très-basse température, et, sans
C. R.,1875, t" Semeitre. (T.LXXX, No 10.) 77
( 590)
eu avoir une preuve aussi manifeste, nous pouvons affirmer qu'il en est de
même pour le fer et pour le platine.
» Dans ces conditions, il me paraît évident que l'alliage ne peut être ho-
mogène, et si, dans la nature, le platine ferrifère, qui constitue le minerai,
s'est ainsi formé, M. Daubrée a eu parfaitement raison d'en suspecter l'ho-
mogénéité. Seulement il faut bien se rappeler que les agents qui n'attaquent
pas le platine et qui attaquent seulement le fer ne permettent pas de sé-
parer celui-ci dès qu'il s'est allié au platine. La même observation s'ap-
plique aux alliages triples de platine, d'iridium et de fer, que l'on rencontre
dans la nature ou dans les produits de l'industrie.
» Dans son Mémoire, M. Daubrée cite l'opinion de Breithaupt, qui admet
l'existence de minerai de platine pouvant contenir i4 à 19 pour 100 de fer.
Je ferai à ce sujet quelques observations.
» Quand on lit avec attention tout ce que Berzelius a écrit sur le platine
et les métaux qui l'accompagnent, on est frappé de l'admirable précision
de tous les résultats qu'il a obtenus et de la connaissance parfaite qu'il
avait acquise de toutes les propriétés de ces métaux. Ainsi, il parle des
propriétés magnétiques et même magnéticopolaires du minerai de platine,
(lu fer natif qui s'y trouve et qui est presque entièrement soluble dans
l'acide nitrique. Toutes ses analyses de cette matière portent l'empreinte
d'une exactitude remarquable, exactitude qui ne sera suffisamment appré-
ciée que par les personnes qui ont répété ses expériences. Et bien, Berzelius
trouve une seule fois 12,98 poiu* 100 de fer dans un minerai magnétique
de l'Oural, et beaucoup moins dans les cinq auti-es matières qu'il a étu-
diées! M. Debray et moi avons analysé des échantillons de minerais pro-
venant de toutes les localités où l'on a découvert le platine, et jamais nous
n'avons trouvé plus de 12 pour 100 de fer (i).
» M. le général de Rachette nous avait donné en iSSg deux belles pépites
de platine natif : l'une a été déposée par nous à l'École des Mines, et l'autre,
pesant 1 10 grammes, a été fondue et affinée. Elle a produit 88 grammes d'un
platine très-ductile, ce qui indiquait à peine 5 à 6 pour 100 de fer dans la
pépite elle-même. J'émets donc formellement le doute qu'un minerai de
de j)laline puisse contenir à l'état d'alliage 19 pour 100 de fer; aussi
M. Daubrée a-t-il bien fait d'essayer sur dos pépites polies l'action des
réactifs qui démontrent si bien l'hétérogénéité des aéroiithes. Il a eu bien
(1) Nous avons fait près de vingt analyses de ces minerais; on en trouve douze réunies
dans un tableau dts .innales de Chimie et de Physique, 4' série, t. LXI, ]). 449-
( 59' )
raison de soupçonner la présence du fer oxydulé magnétique dans les
pépites. Seulement l'acide chlorhydrique employé par lui, comme réactif,
ne pouvait être d'aucune utilité, attendu que son action est nulle tout aussi
bien sur le platine allié que sur le fer oxydulé, surtout quand celui-ci est
titanifère, comme c'est ici le cas. S'il reprend ces expériences, il fera bien
d'ajouter à l'acide chlorhydrique un peu d'iodure de potassium ou d'acide
iodhydrique (méthode de M. Damour), qui réduisent l'oxyde de fer et le
rendent soluble dans les acides. On obtiendrait le même résultat en plon-
geant la surface de la pépite dans du bisulfate de potasse, qui n'attaquerait
que le fer oxydulé ou le fer pur, s'il y en a (i). Le fer allié au platine résistera
au moins pendant longtemps.
» Bien des raisons auraient pu faire penser que le minerai de platine
accompagné quelquefois de fer natif à peu près pur pouvait être une ma-
tière météorique; mais M. Boussingault a trouvé en Amérique le platine en
place (2), et l'on a tout lieu de croire qu'en Sibérie il vient d'une serpentine;
néanmoins les méthodes d'analyse immédiate des météorites, appliquées à
luie substance magnéticopolaire, donneraient, ce me semble, des résultats
d'une grande importance.
» Une dernière observation : M Daubrée a fondu des alliages de fer et de
platine au Conservatoire. Je suppose que c'est dans les appareils et par la
méthode que M. Debray et moi avons publiée depuis longtemps. Dans
ce cas, la comparaison de cette opération avec une coupellation est parfai-
tement exacte. Nous l'avons faite, M. Debray et moi, en maintes circon-
stances; mais il faut, pour la rendre complète, y ajouter quelque chose. Le
platine que l'on fond est analogue à l'argent contenant du plpmb et de
l'antimoine. Le fer s'oxyde comme le plomb, et l'oxyde magnétique ainsi
produit se fond, mais en s'unissant presque tout de suite à la chaux du four
pour produire une sorte de spinelle ou ferrite de chaux qu'absorbent les
parois du four. Celles-ci ne sont donc pas inactives comme dans la coupel-
lation de l'argent. Enfin l'osmium et le ruthénium, comme l'antimoine,
produisent des oxydes volatils, qui s'échappent sous forme de fumée d'acide
osmique ou d'oxyde de ruthénium.
( I ) Il faut aussi tenir compte de la présence du fer chromé.
(2) Le platine se trouve avec l'or dans les mines de Sariln Rosa de Osos\, à 10 lieues
nord-est de Medelin. Le platine et l'or se trouvent dans des liions qui traversent une syénito
altérée. Ces fdons sont formés d'oxyde de fer hydraté [pacos), de quartz et d'argile jaune
(azufra). Boussingault, Annales de Chimie et de Physique, 2' série, t. XXXII, p. 209.
( 592 )
» On peut même aller plus loin et coupeller dans le chlore le platine qu'il
est très- difficile de dépouiller de fer. Nous réalisons cette opération ,
M. Debra}^ et moi, et nous en donnerons les résultats dans une prochaine
Communication.
» Le platine chauffé vers 1200 à i5oo degrés dans le chlore se transporte
sous la forme de cristaux brillants dans toutes les parties chaudes de
l'appareil ( i ). C'est encore là un phénomène de volatilisation apparente qui
explique la méthode si élégante donnée par M. Cloëz pour obtenir du platine
cristallisé, et l'observation intéressante de M. Baudrimont qui fait aussi
cristalliser le platine dans la vapeur de perchlorure de phosphore. »
THERMOCHIMIE. — Recherches sur (es acides gras et leurs sels alcalins;
par M. Berthelot.
<> Les recherches que je vais exposer ont porté sur les cinq premiers
acides de la série grasse : lormique, C^H^O*; acétique, C^H^O*; propio-
nique, C^H^O*; butyrique, C^H'O*; valérianiqiie, C'°H*»0*. Je me suis
attaché à opérer sur des acides et sur des sels parfaitement purs et définis :
condition facile à réaliser pour les acides formique et acétique, mais qui
présente beaucoup plus de difficultés pour les trois autresacides. Le degré de
pureté des corps dont j'avais besoin, dans ces expériences délicates, est en
effet bien plus grand que dans les expériences ordinaires de la Chimie orga-
nique, où la présence des corps homologues et de composition voisine
introduit souvent dans les corps réputés purs 10 pour 100 et davantage
de matières étrangères, sans que l'analyse centésimale eu accuse le mé-
lange, et parfois même sans que l'expérimentateur soit conduit à le soup-
çonner.
« Je vais examiner d'abord la formation des sels des acides gras dans l'état
de dissolution et dans l'état solide; puis je chercherai à définir, par des
expériences, le degré de stabilité des sels de ces acides en présence de l'eau;
enfii) je terminerai par l'étude de leurs déplacements réciproques.
!• — Formation des sels ckas dans l'état dissous.
» 1. Je comparerai les sels de soude, de baryte et d'ammoniaque.
J'ai trouvé, entre 8 et i o degrés :
( I ) Une partie du fer, de l'iridiuiii, du iliodiuiii et en yeuéi-al des impuretés dti platliu ,
sescpaïc à l'cl.'t de chlorures volatils.
(593
Acide formique (i) C=H'0' (i<'i= 2'•')-^
» cnpo'(i*'i=r 2'")^
Acide acétique C'H'0'(i'^i= 2.'")-
» C'II'0'(i^'J=2'")-
C'H'0'(i'^i=2'")-
Acide propionique (•.' > . . C'H'O* ( 1*^1=: 4'") ^
Acide butyrique (3) C'H'O' (i*"! = 4"') H
Acide valérique (4) CH'^O' (i'i = 5"')
>. C"H"'0'(i"i=5"')
Acide de la valériane CH'^O* (i^= 4"')
)
■ISaO(i"i=2'").,
' BaO étendue.. . ,
• AzH'(ri=2'").
-NaO ^^'''^=:2'")
-BaO étendue. . . .
I-
-BaO étendue
-NaO(i'*i=4"')..
-|-NaO(i'^i=5'-').
-t-AzH^(i'*i=2''').
-t-AzH'(i'i=2"').
dégage
en
i3,38
.3,43
11,90
i3,3j
.3,40
11,90
i3,4o
i3,66
13,98
12,7
12,6
(i) Voici les expériences.
Formiate de soude ri 10 degrés :
( C'HNaO'(i'^i=4'")-l-HCl(i'*'ï=2'") dégage +0,66 !___
I NaCI (i"i=4'") -+-C=H=0'{rî=2i") . +0,02) ~"'— *'' 4-
Or N, pour HCl = i4,02 à 10° d'où N=i3,38.
j C'HNaO*(i'"i==4'i')+C'H<0'{i''i=2'")... dégage -H 0,08 ) _
I C'H'NaO\i'î=4'")-t-C=H»0«(i«i=::2"')... » -l-o,i2| "~ ' — "+"•^'°^■
Or N, pour C*H'0« = i3,33 d'où N = i3,37.
Les nombres i3,38 et i3,37 pour le formiate de soude concordent parfaitement. Ils sont
un peu plus forts (|ue le nombre donné aux Annales, 5" série, t. IV, p. yo ; ce dernier étant
moins exact, par suite d'une faute de calcul commise dans la réduction des donnucs des ex-
périences à la même température, spécialement en ce qui concerne l'union de l'acide clilor-
liydrique avec la soude. Cette même faute de calcul a diminué de o,3 à 0,4 environ tous
les nombres donnes pour les forniiates alcalins.
Formiate de baryte à i o degrés :
I C'HBa0'(i«i = 4i") + HCl(i'i=2'") +0,90 | ^ _ ^^ ^^^ _ o 84
1 BaCl (i'i = 4'i») -I- C'H'0*(i'^i=2'") -t-o,o6| '
Or N, pour HCl = 14,20 à 10" d'où N=-(-i3,4<3.
D'autre part, j'ai encore trouvé, à lo degrés :
C'HBaO«(i'^=:4'") -f-S0'U(i"^^i=:2''') -f- 5,4o
SO'H (i*i=:4''')-<-BaO ii''i = 5'",5] 4-18, 83
D'où C^H'O' ( i"i= 2"') -♦- BaO étendue h-i3,43,
ce qui concorde avec la valeur +i3,46.
Toutes les liqueurs précédentes ont été préparées au moyen dos sels cristallisés, dcliuis et
préalablement analysés, remarque qui s'applique aussi aux cliiffres qui vont suivre.
(2) (3) (4) Voir ces notes à la page suivante.
( 594)
t 2. Il résulte de ces nombres que la formation des sels neutres que les
acides gras, depuis l'acide formique jusqu'à l'acide valérique, forment avec
(2) Propionate de baryte. — J'ai trouvé, à 10 degrés ;
|c«H'0'(i"! = 4'") + C'H'BaO'(i"i = 4"') +0,12) ,— + 0,04.
Or N, = 1 3, 4o pour l'acide acétique; d'où N = i3,44'
On a négligé, dans ce calcul, de très-petites chaleurs de dilution (ou plus exactement la
différence entre les chaleurs de dilution de l'acétate et du propionate de baryte, ramenés
de 8 litres à 4 litres par équivalent, celte différence étant prise avec le signe contraire).
D'autre part,
C«H'BaO'(i^i= II'") +S0<H(i'i = 2i"),. .. +5,46
D'où C«H'0' (i'i= 5'",5) + BaO(5"',5) -+-13,37.
J'ai pris la moyenne de i3,44 et 13,87, *°'' i3,40'
(3) Butyrate de soude. — J'ai trouvé, à 8°, 5 :
j C'H'NaO*(i''i = 8'")-t-C*H'0'(r'i = 4'")... +o,ool _ .
j C*H'NaO'(i'^i = 8'")-|-C'H'0«(i^i = 4'")... -+- o,4o j '"~"^°''*°'
Or N, = 1 3, 33 (acide acétique); d'où ]\ = i3,73. On a aussi
jC<'H'JNaO'(i'i = 4"')-+-C'H=0'(i"i = 4'")... +0,00) _ ,
|C'HKaO'(i'^'i = 4''') + C»H'0'(i'^i = 4i")... +0,24! J^. — +0,24.
Or N, = i3,38 (acide formique); d'où N = i3,G2.
On néglige ici de très-petites chaleurs de dilution. On a encore
(C'H'NaO<(i'i = 8'")-)-HCl (i-^i = 2I").. . . +o,54) ^^^_ ,
(NaCl (i*i=:8'")-(-C«H'0*(i''i = 2'i').... +o,i5) ^'~ "' ^'
Or N, ^ i4, 08 (acide chlorhydrique); d'où N= 18,69.
J'ai pris la moyenne des nombres 13,78; 18,69 ®' i3,63 ; soit i3,68.
(4) Valérianate de soude (acide d'oxydation). — J'ai trouvé, à 8",5 :
lC'°U»NaO'(i'-i=4''')-hC* II' 0'(i"i = 5'").. . +o>oo|^_Ty_ 0
je H'NaO'(i"-'i=4'")-+-C'»H'°0'(i''i:^5"')... + 0,81 j J^c — + o,»i.
Or N, = i3,33; d'où N= 14,14.
Eli tenant compte des petites chaleurs de dilution négligées, ce_ nombre est ramené à -f-i4)03,
I C"'H'NaO*(i'^i=io''')-l-C'' U« 0'(i"i=:5>"). . +0,2^ ) _
|C«U'Na0'(i'"i = io'i') + C"'II'»0'(r^'i = 5'").. -+-o,53) J>. — + o,2b.
Or N, = 1 3, 66 (acide butyrique); d'où N= 18,92.
La moyenne des valeurs i4,o3 et 18,92 est ■+■ 18,98.
J'ai aussi mesuré celte valeur directement, au moyen de la soude et de l'acide libre, el
j'ai trouvé i4>2; nombre que je regarde comme moins exact, à cause des imerliiiides que
( 595 )
une même base, dans l'état de dissolutions étendues, dégage des quantités
de chaleur très-voisines. Elles sont à peu près identiques pour les trois
acides forniique, acétique et propionique ; l'acide butyrique dégage un
peu plus de chaleur (-+- o, 3 environ) et l'acide valérique encore davan-
tage (-1-0,6). Cette remarque est conforme aux résultats généraux obtenus
par M. Louguinine, et que j'ai communiqués de sa part à l'Académie dans
la dernière séance (i).
» 3. Cependant les écarts thermiques que j'ai observés entre le butvrate
ou le valérate et les sels de l'acide acétique ou forniique varient beaucoup
avec la concentration, la chaleur de dilution des premiers sels étant plus
grande que celle des autres. Par exemple, la formation du butyrate de
soude, rapportée à a litres de liqueur pour un équivalent C'H'NaO*,
dégage +i3,4o; tandis que cette même formation rapportée à 12 litres
dégage + i^,']5 d'après mes expériences.
» 4. Quoi qu'il en soit, ces différences entre les chaleurs de formation
des deux sels, rapportées à une concentration équivalente, permettent,
comme je le montrerai bientôt, d'étudier les déplacements réciproques
des acides gras dans leurs sels dissous.
» 5. J'ajouterai encore que les deux acides valérianiques isomères,
obtenus, l'un par l'oxydation de l'alcool amylique, l'autre avec la valériane,
dégagent sensiblement la même quantité de chaleur en s'unissant à l'am-
moniaque : résultat également conforme à ceux de M. Louguinine sur les
acides valériques et butyriques isomères, ainsi qu'à ceux que j'ai observés
il y a quelque temps sur l'acide trimélhylacétique.
)) Au point de vue de la fonction acide, les divers acides isomères ne se
distinguent donc guère, c'est-à-dire qu'ils effectuent à peu près le même
travail en se combinant avec une même base dans l'état de dissolution,
remarque qui s'applique également à toute la série des acides homologues,
depuis l'acide forniique jusqu'à l'acide valérianique.
laisse le dosage absolu de l'acide valérianique dissous. Il se rapporte d'ailleurs à une liqueur
un peu plus concentrée, ce qui explique une partie de la différence.
yalérianate d'ammoniaque. — Les mesures ont été jiriscs directement, au moyen de
l'ammoniaque et de l'acide étendus. Un excès d'ammoniaque porte la chaleur dégagée ù
-\- i3,o.
(i) Les écarts entre les nombres absolus de ce savant et les miens sont faibles d'ailleurs
et de l'ordre des erreurs de sos propres expériences, lesquelles n'ont ])as été faites «lansdes
conditions aussi rigoureusement comparables que les miennes.
( 596 )
IT. — Formation des SRts cras n\xs l'ktat sotinp..
» 1. Mais la combinaison chimique, à mon avis, doit être étudiée dans
l'état solide, de préférence à l'état dissous : les différences entre la stabilité
des composés se traduisent alors par des écarts thermiques, que l'état
dissous fait disparaître en ramenant toutes les formations salines à luie
uniformité trompeuse. En outre, les quantités de chaleur dégagées dans l'état
solide ne varient guère avec la température, ou plutôt elles varient beau-
coup plus lenteuient que dans l'état liquide. J'ai développé ailleurs cette
théorie [annales de Chimie et de Physique, 5*^ série, t. IV, p. 1 8 et 74) : je
vais en faire l'application aux sels des acides gras.
» A cette fin, j'ai mesuré les chaleurs de dissolution des sels étudiés plus
haut, dans l'état anhydre et dans l'état d'hydrates définis (i). J'ai aussi me-
suré la chaleur de fusion des acides formique et acétique ; malheureuse-
ment les trois acides supérieurs ne sont pas connus dans l'état solide, l'.n
raison de celte circonstance, j'ai dû comparer la formation de leurs sels
par les acides liquides, ce qui est moins satisfaisant.
» 2. Voici le tableau des quantités de chaleur dégagées par les divers sels
que j'ai étudiés, ces corps étant formés d'après l'équation
C^''H=" + RO,HO = C'"H=«-' RO' + H^0=' ;
j'y ai joint quelques benzoates pour étendre le champ des comparaisons.
( I ) Les formiates, acétates, triniéthylacélale, benzoates avant été donnés ailleurs { An-
nales de Chimie cl de Physique, 5" série, t. IV, p. 79), je nie bornerai aux autres sels :
Propionate de baryte, séché il l'ctuve : loo'' donnent SO'Ba = 82,70182,9; théorie, 82,5.
Dissohuion : C'II'BaO' (iPsel -+- 80P eau) à 1 1 degrés dégage -t- 3*^"', 435.
Btilyrate de soude [voir ce volume, p. 5i2).
Valérate de snude, C"lI°NaO*, 3H0 : 100 parties donnentSO'Na = 47'3; tliéorie, 47 »o.
Le même sel, séché à l'étuve : SO'Na = 58,0; théorie, 57,3.
Dissolution : C'H'NaO' (ir sel -+■ looi" eau) à 9 degrés «légage -^ 7,35
CH'NaO", 3H0 (iP sel -+- 80P eau) à 9 degrés -t-4,?.o
T^alcraie d'ammoniaque cristallisé, O'WO', KzW : 100 parties donnent AzH':=i3,3;
théorie, i4,?i
Dissolution : (iP sel -f i loP eau) dégage -I- 3, 7 i à 1 1 degrés,
Trivali'rate d'ammoniaque, C"H"'0\ AzH" -f- ?C"H «0'.
C'est un sel bien cristallisé, qui se vend dans le commerce pour l'usage de la pharniiicie,
L'analyse a donné
Acide en excès G3,?. ; Ar-IT : 5,2
La théorie indique 63, i et 5,3
O sel. mis en présence d'une petite quantité d'eau, se sépare en sel neutre qui se dissoul
( 'ÏQ? )
TABLtAU DE LA FORMATION THEEMIQUE DES SELb SOLlUKb.
Tous les corps Acid«t lii|iiide
solides. et eau liquide.
Sels de soucie.
Foriniate, CIlNaO' +22,6 H- 23,5
Acétate, C H' NaO' + i8,3 -t- 19,0
Butyrate, C'd'NaO' » H- 18, 3
Valérianate, C'Il'NaO' . » -I- i5,9
(Benzoate, C'H'NaO' + 17,4.)
Sels de potasse.
Formiate, C'HKO' +25,8
Acétate, C'IPRO' +2,1,9
Triraéthylacétate, C'"H'KO'. . . -f- 20,5
(Benzoate, C'H'KO" +22,5.)
Sels tic bar) le.
Foriniate, C'HBaO' + '9)0 -*" '9>9
Acétate, C'H^BaO' -t- i5,2 ^- «5,9
Propionate, C'H^BaO' » -t-i7>3
Sels d'ammoniaque.
Acide liquide + AzH'gaz= sel solide.
Formiate, C'H'O'.AzH^ +23,3
Acétate, C'H'O', AzH' +20,6
Valérate, Cm^O', AzH' + 17,5
Sels acides.
» Ajoutons encore la formation des deux sels suivants, comme exemple
de sels acides, composés dont la formation avec dégagement de chaleur,
règle, à mon avis, les déplacements réciproques des acides gras, en l'ab-
sence de l'eau, et même à l'état de dissolutions aqueuses.
et en acide libre qui surnage ; en présence d'une quantité d'eau suffisante, il se dissout en-
tièrement. Celte dissolution (iP sel + iooP eau) à 7 degrés absorbe — 0,08; quantité qui
peut être regardée comme nulle, étant comprise dans l'ordre des erreurs d'expériences.
Comme vérification, j'ai ajouté à la liqueur un e.xcés très-notable d'ammoniaque, ce qui a dé-
gagé : +26,1. Or 2C"'H"'0' dissous, en présence d'un excès de AzU^ dégagent i3,oX 2.
J'ai donné ailleurs [Annales, loco cicato) les chaleurs de fusion et de dissolution Jcs acides
formique, acétique, butyrique. Pour l'acide vaiérique j'adopte lu chaleur de dissolution
+ 0,7 donnée j)ar M. Louguinine. Quaut à l'acide piopionique, j'ai cru pouvoir adupler
+ 0,5, valeur intermédiaire à celles des acides acétique et butyrique, qui comprennent
entre eux l'acide propiouique. Toutes ces valeurs changent un peu avec la température.
(:.R.,i80 I" Semeiir/-. (T. LXXX, N» 10.) 7^
(598)
Triacêtate de soude cristallisé : C'H'NaOS aC^H^O'.
3C'n*0' liq. + Na 0, HO solide = triacêtate -f-H^O' liq., dégage. . +28,7
aC'H'O* liq. 4- C'H'NaO' solide = triacêtate solide, dégage "*- 9)7
Trivalératc d'ammoniaque cristallisé : C'E^O'. AzH', aC^H^O' :
3C"'H'»0' liq. + AzH'gazrr trivalérale, dégage -1-23,7
2C'»H'°0' liq, +G'»H'»0',AzH»solide = trivalératesolide, dégage. -I- 6,3
» 3. La chaleur de formation dans l'état solide des sels neutres formés
par une même base avec la série des acides gras est, comme on le voit,
du même ordre de grandeur. En outre, elle est beaucoup plus faible que
la chaleur de formation des sels des acides forts, tels que les azotates
(AzO^Na : H- 35,8 par exemple), les sulfates (SO'Na : 4- 35,7 depuis
l'acide liquide, ou +3/|,7 tous corps solides), et même les oxalates
(+ 26,5 tous corps solides). L'acide formique cependant, le plus riche en
oxygène de tous les acides gras, donne lieu à un dégagement de chaleur
plus considérable que tous les autres dans la formation de ses sels. Les
acides acétique, propionique, butyrique, valérique, triméihylacétique sont
bien plus rapprochés sous ce rapport.
» 4. Cependant on peut remarquer que la chaleur de formation des sels
solides diminue en général, à mesure que l'équivalent de l'acide organique
s'élève. Celte diminution dans la chaleur de formation est corrélative avec
une diminution de stabilité. On sait, en effet, que les sels des acides gras, à
mesure que l'équivalent de l'acide s'élève, éprouvent plus facilement un
conmîencement de décomposition sous l'influence de l'eau qui les dissout,
surtout si l'on y ajoute le concours d'un acide faible, tel que l'acide carbo-
nique : l'odeur que les butyrates et surtout les valérianates exhalent au
contact de l'air est due à cette cause. L'élévation de température l'exalte,
et la distillation en manifeste les effets en donnant lieu à ces légères sépa-
rations d'acide acétique volatilisé que M. Dibbits a étudiées dans les der-
niers temps. C'est à la même cause, se prononçant de plus en plus avec
l'accroissement de l'équivalent, que j'attribue la décomposition facile
qu'éprouvent sous l'influence de l'eau les savons, c'est-à-dire les sels de
potasse et de soude formés par les acides gras. Il suffit de rappeler à cet
égard les travaux, classiques depuis tant d'années, de M. Chevrcul sur la
formation des bistéarates et des bimargarates alcalins. Je reviendrai, du
reste, sur ce sujet dans une prochaine Conununication, qui sera relative
aux déplacements réciproques des acides gras dans leurs dissolutions sa-
lines. »
( 599)
THERMOCHIMIE. — Sur l'acide acétique anhydre; par AI. Berthelot.
« J'ai fait de nouvelles expériences pour mesurer la chaleur dégagée
pendant la transformation de l'acide acétique anhydre en acide hydraté.
J'ai opéré avec un échantillon d'anhydride rectifié à point fixe, parfaite-
ment pur, et dont j'ai vérifié la pureté par l'essai alcalimélrique d'un
poids connu de cet acide anhydre dissous dans la soude. En faisant celle
expérience, j'ai observé que la métamorphose n'est pas instantanée, même
après que l'acide a été complètement dissous. L'anhydride dissous existe
donc quelque temps en présence de l'eau et même en présence delà soude.
» Toutefois, l'hydratation est beaucoup plus rapide en présence d'un
alcali qu'en présence de l'eau ; car elle s'effectue en deux ou trois minutes
dans le premier cas, tandis qu'elle exige plus d'une heure dans le second.
Ces faits prouvent que la fixation des éléments de l'eau sur un anhydride,
même dissous, n'est pas toujours immédiate. Ils rappellent ceux que j'ai
observés avec le bisulfate de potasse anhydre, S-O'K. [Annales de Chimie
et de Physique, 4® série, t. XXX, p. 444-)
» Mes anciennes expériences thermiques (1869) sur l'acide acétique
anhydre ayant eu lieu par la simple action de l'eau, elles avaient exigé
une correction très-notable pour la perte de chaleur par refroidissement,
circonstance qui m'a engagé à les répéter en présence de la soude. J'ai
obtenu :
C*H'0' -f- NaO(i'-i:= 4'"):+ 2o'^"',27 et + 2o,3i;en moyenne -4- 20'^°', 29.
L'action de l'acide sur la soude, à ce degré de concentration et à la même
température, dégageant + i3,33, il en résulte que l'hydratation de l'acide
acétique anhydre en présence de beaucoup d'eau dégage
20,29 — i3,33 = + 6,95.
» Les anciennes expériences faites avec l'eau pure avaient donné +6,4.
Le nouveau chiffre me paraît ])lus exact, parce qu'il ne comporte aucune
correction.
» D'après ce chiffre, la réaction
'C*H'0^ liq. + HO = C*H*0* liq. dégage -t- 6*^»', 55. «
78..
( 6oo )
ZOOLOGIE. — Note sur l'origine des vaisseaux de ta tunique chez les Ascidies
simples. Note de M. de Lacaze-Dcthieks.
« On a fort différemment interprété la nature de la tunique des Ascidies;
je parle de cette couche épaisse, semblable à du cartilage qui, chose re-
marquable, renferme un principe chimique offrant les caractères de la
cellulose. Si je définis la chose dont il A'a être question, c'est que, tantôt
elle reçoit le nom de tunique, tantôt celui de manteau. Autrefois on s'en-
tendait sur la signification de ces mots; aujourd'hui il peut y avoir con-
fusion, quoique ces deux parties soient fort différentes.
» Tout ce qui touche à l'histoire de^ Ascidies est aujourd'hui fort impor-
tant, puisque, d'après des théories qui me semblent loin d'être démontrées,
on veut éloigner ces animaux des mollusques pour en faire le Phylum an-
cestral des Vertébrés.
» Dans les comparaisons morphologiques que l'on tente de faire entre
une Ascidie et un Acéphale, une chose arrête, ou du moins embarrasse,
c'est la prodigieuse vascularité que présente l'enveloppe cellulosique ex-
terne de la tunique de quelques espèces. Comment, en effet, comparer les
coquilles, corps durs à l'apparence quelquefois cristalline, à une masse sou-
vent remarquablement cellulaire et riche en capillaires, à ce point que les
tissus sont colorés par les globules du sang.
» Partisan de la parenté des Ascidies, non avec les Vertébrés, mais avec
les Mollusques, j'ai souvent été embarrassé par cette richesse extraordi-
naire des réseaux capillaires de la couche cellulosique de la vraie tunique
ou enveloppe externe.
» Il me semble aujourd'hui que cet embarras n'existe plus et qu'il est
possible de s'expliquer le fait.
» C'est dans l'étude des êtres aberrants de forme et de disposition orga-
nique, que l'on trouve ordinairement, avec beaucoup plus de diffîculié il
est vrai, mais aussi bien jjIus sûrement, les relations morphologiques les plus
sérieuses, les plus valables, quand une fois on a pu parvenir à découvrir le
lien, souvent caché et difficile à reconnaître, qui les unit aux êtres norma-
lement et régulièrement développés : c'est ce qui s'est présenté dans l'un
des types qui tait l'objet de longues études poursuivies à Roscoff depuis
longtemps, et que je continue dans le laboratoire dont j'ai eu l'honneur
d'entretenir l'Acadéniic.
» L'embryon d'une Molgulide, que j'avais étudiée comme type, a pré-
L.
( 6o. )
sente cette double exception à la règle générale, qu'il est privé de queue
natatoire et qu'il est aveugle. Ce fait bizarre et inattendu m'avait beau-
coup intrigué, et naturellement j'ai multiplié mes recherches sur cet être
aberrant.
» L'animal a-t-il perdu quelque chose à n'avoir point de queue locomo-
trice et point d'œil? Cela est possible; mais en tout cas il a acquis en re-
tour une prodigieuse facilité d'adhérence à tout ce qui le touche.
» Dès qu'il naît, il se fixe et s'attache à tout ce qui est à sa portée, à
la coque même d'où il vient de sortir, ce qui a conduit à de singu-
lières méprises, car on a cru que la coque d'où il sort était destinée à h;
nourrir.
» Cette condition permet d'étudier, sans qu'il soit masqué par les méta-
morphoses ordinaires dans le cas où les larves sont urodèles, l'accroissement
de la tunique et du manteau.
» Lorsque la larve va sortir de la coque de l'œuf, elle offre deux couches
bien nettement distinctes : l'une externe, franchement cellulaire, à cellules
placées côte à côte, comme les éléments d'un épithélium pavimenteux;
c'est la couche périphérique que l'on nomme Vectoderme et qui, à cette
époque déjà, représente très-exactement le manteau, et une masse blasté-
mique interne destinée par l'évolution ultérieure à produire les viscères.
» Quand l'éclosion a lieu, l'embryon s'échappe en passant comme à la
filière par une fissure de la coque, et tout de suite l'on voit grandir autour
de lui une couche transparente, hyaline, présentant quelques noyaux, la-
quelle produit sur l'œil, la sensation d'une pellicule soulevée par un liquide
incolore. Cette couche est la tunique dont l'origine semble élre une sorte
d'excrétion à la surface des cellules du manteau, qu'on voit toujours, qui
ne changent pas de place pendant l'évolution, et cela absolument comme
à la face interne de certains conduits excréteurs on voit se déposer une
couche chitineuse, sans qu'où puisse rapporter la formation à une autre
cause qu'à une sécrétion, à une exsudation.
» MM. Hertwig et C. Semper, après beaucoup d'autres, ont longuement
discuté sur la nature histologique de cette matière; ils ne sont pas d'accord
sur le fait de savoir si cette partie extérieure du corps est de nature con-
jonctive ou de nature interceUulaire. Cela importe peu ici. Quelle que puisse
être l'opinion au point de vue des théories de l'histogenèse, sans le
moindre doute, on peut voir et reconnaître que les vaisseaux ont luie ori-
gine très-spécialement distincte de la tunique elle-même.
» J'aurai, du reste, moi-même l'occasion de revenir sur cette question
( 6o2 )
de la nature histologique de la tunique dont l'intérêt est prouvé par les
discussions mêmes auxquelles elle a donné lieu.
» Lorsque la jeune Molgulide vient de sortir de sa coque, on voit son
corps, ovoïde il n'y a qu'un instant, prendre maintenant une forme angu-
leuse et offrir dans certaines positions l'apparence d'un tricorne analogue
à celle de quelques grains de pollen bien connus des botanistes. Chacun
des angles obtus s'allonge et semble être formé par la couche cellulaire
externe du globe embryonnaire par l'ectoderme qui le coiffe, et refoule
devant lui la couche hyaline de matière cellulosique. On croirait alors
que l'ectoderme, qui est le véritable manteau futur, pousse des prolonge-
ments dont les extrémités sont unies par une ligne de contour des plus dé-
licates, ligne qui n'est que la limite de la couche cellulosique de la vraie
tunique dont la substance, encore peu épaisse, est pénétrée par le prolon-
gement palléal arrivant jusqu'à sa limite.
» En montrant ces embryons à des personnes qui n'étaient point pré-
venues, elles me disaient : voilà l'embryon encore enfermé dans sa coque
nue; c'était le jeune animal dont la tunique extrêmement délicate, à
noyaux à peine visibles, n'était appréciable que par son contour ou limite.
» En suivant le développement de cet embryon, on voit bientôt que ces
appendices sont précisément les origines des innombrables villosités qui
couvriront l'adulte, et, chose fort remarquable, qui prouve bien la réalité
de l'opinion soutenue ici, sur beaucoup d'individus on remarque que les vil-
losités, après avoir pris un certain degré de développement et être devenues
très-saillantes en dehors de la ligne de contour, se vident, c'est-à-dire que
la partie centrale, celle qui dépend du manteau, celle qui les a produites,
rentre et abandonne le l'evêtement qu'elle s'était fait avec la tunique qui
reste saillante et qui n'est plus alors une villosité complète. Maintes fois j'ai
vu le tissu du manteau, l'ectoderme, prolongé au centre d'une saillie de la
tunique, revenir en dedans et laisser vide la villosité qu'il avait produite
d'abord, la poussant en dehors par son allongement.
» Bien que la tunique soit produite par l'ectoderme ou manteau, il n'en
est pas moins certain que l'indépendance de l'un et de l'autre est facile à
constater.
» Dans l'adulte, la couche externe du manteau, celle qui est en rapport
avec la face interne de la tunique, est couverte d'un épithélium pavimen-
teux parfaitement évident; après l'action des liquides conservateurs ou
durcissants, elle s'isole avec la plus grande facilité de la face interne de la
tunique, sous l'influence de la moindre traction.
( 6o3 )
» Il en est de même des vaisseaux qui pénètrent la tunique ou couche
externe cartilagineuse. Toutes les fois qu'on prépare de grosses Ascidies et
que pour en faire l'anatomie on enlève le corps avec soin, on est assuré de
voir suivre les gros troncs des vaisseaux qui sortent des canaux de la tu-
nique. Quand on fait des coupes minces dans celles-ci, on voit de même si
les animaux ont été immergés dans l'acide chromique ou autres liquides
durcissants, que les parois des vaisseaux capillaires se sont rapprochées du
centre de la cavité où ils sont logés, et se sont séparées de la tunique tout
comme le manteau.
» Or c'est dans la partie centrale de ces prolongements de la couche
cellulaire du manteau formant les viilosités, comme il vient d'être dit, que
se développent les capillaires, par un travail histogénésique, auquel est due
en même temps la production des globules du sang.
» 11 est surtout intéressant de comparer ce qui se passe chez l'adulte
avec ce qu'on observe dans les viilosités de l'embryon ; pour cela on n'a
qu'à enlever dans le premier des viilosités, qu'on a soigneusement débarassées
du sable qu'elles portent, et l'on rencontre presque certainement, vers leur
base, soit sur la tunique, soit sur leur côté, si elles ne sont pas trop longues,
c'est-à-dire trop anciennes, des bourgeons claviformes qui sont des rameaux
vasculaires naissants.
» Chacun de ces appendices claviformes est recouvert par une couche de
la tunique, qui présente des noyaux plus nets et plus accusés que chez l'em-
brvon. Au milieu se trouve un amas cellulaire, dont les éléments, d'abord
peu distincts, se partagent ensuite en couches dont la position est parfaite-
ment limitée extérieurement. Ils forment un épithélium pavimenteux, à
éléments gros et bien distincts; à l'intérieur ils s'unissent et produisent une
lame mince destinée à partager en deux le canal central; mais cette lame ne
va point jusqu'au sommet, elle s'arrête assez loin de l'extrémité de la mas-
sue, pour qu'une communication persiste toujours entre les capillaires
dépendant du système afférent ou du système efférent.
» De même dans l'embryon de la très-jeune Molgulide, le prolonge-
ment cellulaire du manteau ou de l'ectodei'me renferme, en dedans de lui,
une masse blastématique qui se partage et produit la cloison, ainsi que des
globules du sang.
» Ainsi, que ce soit chez l'adulte, que ce soit chez l'embryon, toujours
la couche palléale est distincte de la couche de la tunique, histologiquement
et génésiquement parlant. Il me paraît donc tout naturel déconsidérer la tu-
nique comme tout à fait distincte des vaisseaux qui la parcourent, de même
( 6o4 )
qu'il faut considérer les vaisseaux comme des prolongements du manteau
ayant pénétré dans la couche cellulosique primitive externe.
» La présence d'un réseau sanguin dans la tunique n'offre plus de dif-
ficulté morphologique, et le rapprochement de l'Acéphale et du Tunicier
ne me paraît plus irréalisable, au point de vue des conditions organi-
ques dépendant de la circulation. On s'explique tout naturellement le
fait en admettant la pénétration dans la couche externe d'un prolongement
de la couche sous-jacente. »
GÉOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Formation contemporaine dans la source ther-
male de Bourbonne-les-Bains [Haute- Marne) de diverses espèces minérales,
galène, ancjlésite, pyrite et silicates de la famille des zéolitlies, notamment la
chabasie. Seconde Note de M. Daubréë.
« Dans une Communication toute récente (x), j'ai signalé la formation,
par la source thermale de Bourhonne-Ies-Bains, de diverses espèces miné-
rales cristallisées : cuivre gris antimonial (tétraédrite), pyrite de cuivre
(chalkopyrite), cuivre panaché (philippsite) et cuivre sulfuré (chalkosine).
» La continuation des travaux de captage vient de conduire à d'autres
faits. Dans de nouveaux échantillons que M. ïrautmanu, ingénieur en chef,
et M. Bigaud, ingénieur ordinaire des Mines, m'ont adressés avec un em-
pressement dont je tiens à les remercier, j'ai reconnu des espèces que les
premiers ne contenaient pas et que je demande à l'Académie de lui faire
connaître.
» Galène et ancjlésite (plomb sulfaté). — Un fragment de plomb (2) rencon-
tré au fond du puisard était intimement associé à deux substances bien dis-
tinctes.
» L'une, d'un blanc un peu jaunâtre, très-lourde et parsemée de par-
celles de plomb métallique, consiste en sulfate de plomb. Çà et là on y dis-
tingue des cristaux incolores doués de l'éclat adamantin et de forme octaé-
drique, qui sont de l'anglésite (plomb sulfaté). Ce sulfate est sans doute dû
à l'action de l'eau minérale sur le plomb métallique.
» L'autre, à éclat métallique, de teinte bleuâtre, a une structure cris-
talline et présente çà et là des géodes tapissées de petits cristaux cubiques :
(i) Comptes rendus, t. LXXX, p. 461 (22 février 1876).
(2) Ce morcp.iLi, qui n'est qu'un fragment, a 8 centimètres de longueur sur 2 centimètres
d'épaisspur.
( 6o5 )
c'esl de la galène, tant grenue que cristallisée. Elle forme des enduits sui
le sulfate, par la réduction duquel elle paraît avoir pris naissance.
» Quant au plomb lui-même, il est aigre et cassant; un essai y a fait con-
stater la présence de l'antimoine. Ce plomb impur peut donc avoir, aussi
bien que certains bronzes, fourni de l'antimoine aux cristaux de cuivre
gris qui se sont produits dans le voisinage (i).
» Limonile. — Des morceaux de fer et de chaînes qui garnissaient des
pieux ont été entièrement changés en limonite, parfois mamelonnée; mais
cette sorte de transformation est si fréquente qu'elle n'est mentionnée ici
que pour mémoire.
» Calcite (chaux carbonatée). — Du carbonate de chaux en rhomboè-
dres très-aigus tapisse des géodes avoisinant une pièce de bois (a).
» Pyrite (bisulfure de fer). La pyrite de fer, dont j'ai signalé l'absence
à côté des diverses combinaisons sulfurées du cuivre, s'est rencontrée,
mais à un niveau inférieur, au fond du bassin, dans les argiles que le
sondage traverse.
» Ce sondage, exécuté dans le but d'atteindre plus profondément l'émer-
gence de la source, pénètre dans les argiles supérieures du grès bigarré.
Parmi les débris pierreux que la sonde en a rapportés, il est des galets et
des fragments consistant, pour la plupart, en quartz de plusieurs variétés
de structure et de couleur : quartz hyalin grenu et cristallin, blanc, gris
ou rouge, avec géodes, et traversé par quelques veines de jaspe (3); d'au-
tres sont des fragments anguleux de grès bigarré. Quelques-uns de ces
fragments divers sont recouverts d'une couche très-mince d'un vit éclat
métallique de couleur jaune, qui est de la pyrite. Cet enduit n'atteint pas
1 millimètre sur les échantillons que j'ai entre les mains.
» Cette pyrite, par la manière dont elle s'est appliquée, rappelle tout
à fait celle qui a été rencontrée dans le bassin de plusieurs sources ther-
males que l'on a eu occasion de faire fouiller, notamment à Aix-la-Chapelle
et à Bourbon-Lancy. Ce sont visiblement, de même que les sulfures cui-
vreux associés aux médailles, des dépôts formés par l'eau minérale sur son
trajet. Ici c'est l'oxyde de fer naturellement mélangé aux argiles, qui paraît
(i) Notice précitée, p. 466.
(2) Une de ces pièces de bois tout à fait brunie porte un enduit mince, d'un jaune d'oi',
qui a les caractères d'un dépôt galvanoplastique : c'est du cuivre pyritcnx.
(3) Du quartz à divers états, tels que les fragments dont il s'agit, se rencontre parfois
dans les étages du trias, et particulièrement .1 la base du grès bigarré.
C. R., 187^, I" Semestre. (T. LXXX, N" 10.) 79
( GoG )
avoir passé à l'état de suUiae, par suite de la réduction des sulfates tenus
en dissolution.
» Tantôt cet enduit pyriteux est uni comme un miroir; tantôt il est hé-
rissé de petits cristaux enchevêtrés, montrant de toutes parts des faces en
forme de triangle équilatéral.
» Cliabasie. — Le béton qui formait le radier des galeries romaines,
dans lesquelles coulait l'eau thermale, est formé par des fragments de bri-
ques disséminés dans la chaux.
» Les boursouflures causées dans les briques par la cuisson ne sont pas
toujours restées vides; quelquefois elles sont tapissées de cristaux inco-
lores, ayant la forme d'un rhomboèdre voisin du cube et les autres carac-
tères de la chabasie; souvent les cavités ont été enduites d'un dépôt blanc
et mamelonné ou même tout à fait remplies de cette substance qui est
un silicate hydraté.
» Dans la chaux même du béton se rencontrent de petits cristaux, tout
à fait limpides et incolores, ayant la forme de prismes droits rectangulaires.
En attendant que l'on puisse, malgré leur petitesse, en déterminer la na-
ture avec certitude, on ne fait que les mentionner et les rapprocher des
cristaux d'aspect analogue trouvés, à Plombières, aussi dans la chaux du
béton, et qui consistent en harmotome à base de chaux ou christianite (i).
» Les zéolithes de Bourbonne se rencontrent dans des bétons tout à fait
semblables à ceux où elles se sont formées à Plombières (a) et à Luxeuil (3),
et placées, comme ces derniers, de manière à être imbibées et traversées
pendant des siècles par l'eau thermale. 11 est certain que ces silicates n'exis-
taient pas d'abord dans le béton et qu'ils s'y sont produits ultérieurement
par une réaction opérée sur la brique ou sur la chaux, dans les conditions
qui ont été antérieurement exposées.
» Il n'est pas inutile de rémarquer que l'eau de Bourbonne diffère nota-
blement de celle de Plombières par sa composition, et qu'elle tient par
(i) Quant au béton qui forme le fond du puisard, les échantillons que j'en ai reçus ne
renfermaient pas de zéolithes. Il convient toutefois d'ajouter que te béton, au lieu de bri-
ques, contient des fragments de calcaire compacte et de grès, substances moins favorables
à cette formation.
(?) Formation contemporaine des zéolithes h Plombières (^Comptes rendus, t. XLVÎ,
p. 1806; iS58) ; — Annales des Mines, 5' série, t. XII, p. 227 ; Bulletin de la Société géo-
logique, 1^ série, t. XVI, p. 562.
(3) Zéolithes formées j/ar les eauj: thermales de Lit.reuil. [Bulletin de la Société géolo-
gique, 2' série, t. XVIII, \u 108; 1860.)
( 6o7 )
litre 7 à 8 grammes de sel au lien de o^'',3. Cette différence n'a pas empêché
les zéolithes de prendre naissance dans l'un et l'autre milieu.
» Il a été jusqu'à présent impossible de reproduire par des expériences
directes, au moins à une température aussi peu élevée, la plupart des
espèces minérales qui, dans la source de Bourbonne-les-Bains, manifestent
une disposition si prononcée à se former. En nous permettant d'assister à
une répétition contemporaine de diverses élaborations des anciennes pé-
riodes, la nature semble, par les exemples instructifs qu'elle nous propose,
nous inviter, une fois de plus, à introduire la voie expérimentale dans
l'étude de beaucoup de faits de la Minéralogie et de la Géologie. »
BOTANIQUE. — Sur un mode particulier d'excrétion de ta gomme arabique
produite par /'Acacia Verek du Sénégal. Note de M. Ch. Martins.
« Adanson, Lamarck, Guillemin, Perottet et Ach. Richard ont successi-
vement décrit et figuré l'arbuste, appelé Verek par les indigènes, qui four-
nit la gomme arabique du Sénégal. Tous les voyageurs sont d'accord pour
attribuer l'exsudation de la gomme à l'action des vents secs du désert qui,
soufflant en automne et en hiver, déterminent le fendillement des écorces
ramollies par les pluies d'août et de septembre j mais il est une autre cir-
constance qui favorise l'excrétion delà gomme : c'est le développement sur
V Acacia Verek d'une plante parasite du genre Lorantlms, analogue à notre
Gui. M. Béranger-Féraud, médecin en chef de la Marine, avait déjà signalé
ce fait dans le Moniteur du Sénégal du i5 juillet 1873. Sur ma demande, il
eut la bonté de m'envoyer un certain nombre de branches à' Acacia re-
cueillies par M. Boéhas, médecin de la Marine, chargé, en 1872, du ser-
vice de santé au poste de Dagana, situé à 102 kilomètres de l'embouchure
du Sénégal. Lfes échantillons proviennent tous d'inie forêt de Gommiers,
qui s'étend sur la rive droite du Sénégal, entre le fleuve et le lac Cayar.
M. Boéhas n'a pu les couper lui-même, mais ils lui ont été rapportés
parles Maures Trarza, qui récoltent la gomme : elle appartient à la variété
blanche fendillée, que Guibourt a décrite sous le nom de gomme du Sénégal
du bas du fleuve.
» Sur seize branches que j'ai reçues, il y en a huit où l'exsudation s'est
faite, tantôt sur des parties non ramifiées, dans d'autres cas au niveau d'iuie
bifurcation. La gomme exsudée le long d'une branche a l'aspect vermicu-
laire; celle qtii est au-dessou? au niveau ou au-dessus d'inic bifurcation
se présente sous forme de boules ovalaires à surface mamelonnée. Sur huit
79"
( 6o8 )
autres branches, on est frappé de voir que la gomme a exsudé près d'un
empâtement qui est la base d'une plante parasite greffée sur Vy4cacia f^erek.
Cette plante se distingue de celui-ci, en ce que ses ramifications sont li-
gneuses, mais sans épines, de couleur brune rougeâtre à l'extérieur et à
l'intérieur, et présentent des cicatrices de feuilles opposées, tandis que les
branches de V^cacia sont épineuses, jaunâtres extérieurement et intérieu-
rement, avec des cicatrices de feuilles alternes. Quelques feuilles, quelques
fleurs et quelques fruits détachés m'ont permis de reconnaître, dans ce
parasite, un Loranlhus que je crois nouveau et que je désignerai sous le
nom de Lorantlius senegalensis. Il se rapproche d'une autre espèce sénéga-
lienne, le Loranlhus pentagonia, D. C, mais il diffère beaucoup du Lorantlius
Acaciœ, Zucc, rapporté par Schubert de Palestine. Cette dernière espèce
appartient au groupe Symphyanthus, D. C, tandis que le nôtre rentre dans
la section Scurrula, D. C.
» C'est à la base de l'empâtement entre lui et le bois de V Acacia que
l'exsudation gommeuse a lieu, et, dans mes échantillons, elle est plus abon-
dante que celle qu'on remarque sur les branches exemptes de parasite.
» Ln présence de ces faits, on se demande si le parasite favorise seule-
ment ou s'il détermine la sécrétion de la gomme. Son action est peut-être
purement mécanique; en effet, entre l'empâtement, souvent fort épais, qui
forme la base du Lorantlius et la branche d'Acacia, on remarque un inter-
valle, en forme de sillon, à travers lequel la gomme s'est fait jour au
dehors : c'est donc une voie préparée par la nature jouant le rôle d'une
incision artificielle, qui produirait probablement le même effet. D'un autre
côté, je constate que le parasite, formant un sous-arbrisseau ligneux très-
ramifié avec des rameaux ayant quelquefois o™,4o de longueur, semble
affaiblir la vitalité de Ig branche sur laquelle il est implanté; celle-ci est
souvent d'un diamètre moindre au-dessus qu'au-dessous de l'empâtement.
Sur une branche, on constate même que la végétation au-dessus de l'em-
pâtement se réduit à deux minces brindilles, et c'est le parasite lui-même
qui continue et termine la branche du sujet. Dans ces cas, l'exsudation de
la gomme aurait pour cause un état de souffrance analogue à celui de nos
Cerisiers, de nos Pruniers et de nos Abricotiers, qui ne sécrètent notre
gomme indigène [Guinmi iiostras) que lorsqu'ils sont vieux ou souffreteux.
Des observations directes, faites par un botaniste dans les bois de Gom-
miers, pourraient seules résoudre la question. Le gouverneur du Sénégal
rendrait un vérit.ible service à la Science et au Commerce s'il accordait une
escorle suffisante à im de nos médecins de la Marine pour qu'il ])uisse
( 6o9 )
explorer les taillis qui sont sur la rive droite du Sénégal, en face des postes
de Dc-^ana, Podor, Salde, Matam, Bakel et Médine. Un Maure intelligent
pourrait servir de guide, car ces indigènes connaissent le parasite et dési-
gnent sous le nom de tabb le fruit qui, déposé sur les branches d'Jcacia,
donne naissance au Loranlhus senecjalensis. »
RAPPORTS.
ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur les mesures proposées pour prévenir, eu
France^ l'invasion des Doryphores , insectes américains (jiii altaijuent la
pomme de terre.
(Commissaires, MM. les Membres des Sections d'Économie rurale
et de Zoologie, M. Milne Edwards rapporteur.)
« Par une Lettre en date du 1 8 janvier dernier, M. le Ministre de l'Agri-
culture et du Commerce a appelé l'attention de l'Académie sur les ravages
produits en Amérique par le Dorypiiora decemlineata, et sur le danger de
l'introduction de cet insecte en France. M. le Ministre a exprimé aussi le
désir de connaître l'avis de l'Académie sur les mesures législatives pro[)0-
sées pour prévenir cette importation désastreuse, et l'examen de ces ques-
tions a été renvoyé aux Sections d'Économie rurale et de Zoologie.
» Pour bien juger du danger que le Doryphore peut faire courir à l'agri-
culture française, il est nécessaire de prendre en considération, d'une part,
les ravages causés par cet insecte dans son pays natal, d'antre part, sa ma-
nière de vivre et de se propager. Mais votre rapporteur croit inutile d'en-
trer dans des détails à ce sujet, car très-récemment l'un et l'autre de ces
points ont été traités avec non moins de clarté que de précision par notre
savant confrère M. Blanchard dans un Rapport adressé à la Société cen-
trale d'Agriculture de France et rendu public par la voie de la presse. En
effet, nous n'aurions rien d'important à ajouter au travail de M. Blan-
chard, et votre Commission a été unanime à partager l'opinion de ce zoo-
logiste. Laissant donc de côté celte partie de l'Histoire naturelle et écono-
mique du Dorypiiora, nous nous bornerons à examiner les deux questions
posées par M. le Ministre : savoir jusqu'à quel point l'invasion du Dory-
piiora esta redouter pour nous; et, en prévision de ce malheur, con-
vient-il de prohiber l'importation des pommes de terre ptovc^iant de pays
infestés ?
( 6io )
» Le Dorjpliora decemlineala n'est pas une Mouche comme le supposent
quelques publicistes, mais un Coléoptère de la famille des Chrysoméliens. 11
appartient à un genre qui est propre au nouveau monde, et son existence
aux Etats-Unis est connue des entomologistes depuis fort longtemps; mais
c'est depuis peu d'années qu'il s'est multiplié au point d'attirer l'attention
des cultivateurs. Il n'est pas démontré que son apjiarition en grand nombre,
dans les contrées où il cause aujourd'hui des dégâts considérables, soit la
conséquence d'émigrations progressives des régions occidentales de l'Amé-
rique vers l'Atlantique, et ne dépende pas du développement des circon-
stances biologiques favorables à sa multiplication sur place. Mais, quoi qu'il
en soit à cet égard, il nous paraît peu probable que ce Coléoptère arrive
en Europe et s'y acclimate. Si le Dorjpliora était, comme le Phylloxéra,
un insecte à peine visible à l'oeil nu et vivant fixé sur les tubercules des So-
lanées comme ce dernier vit sur les racines de la vigne, son importation
avec les pommes de terre apportées d'Amérique par les bâtiments du com-
merce serait fort à ciaindre; mais c'est un gros Coléoptère, ayant environ
I centimètre de long, et il ne se fixe jamais sur ces tubercules : c'est sur les
feuilles de la pomme de terre et de quelques autres plantes qu'il vit
lorsqu'il est à l'état de larve ; c'est là aussi qu'il subit ses métamorphoses,
et c'est aux dépens de ces parties du végétal qu'il se nourrit lorsqu'il est
à l'état parfait. Quand le froid arrive et que les fanes se flétrissent, il
descend en terre et y reste engourdi jusqu'au retour de la belle saison ;
mais pendant l'hiver il n'attaque pas les tubercules, et, au printemps ainsi
qu'en été, c'est seulement en dévorant les parties vertes de la plante qu'il
en détermine la mort. Ce ne serait donc qu'empâtés dans des mottes de
terre adhérentes accidentellement à des pommes de terre et transportées
avec celles-ci à bord des navires à destination de nos ports, que des Dory-
phores pourront arriver en France, et il faudrait aussi un singulier concours
de circonstances pour que les individus débarqués ainsi sur nos quais pus-
sent trouver à proximité les conditions d'existence nécessaires à leur multi-
plication. Les craintes manifestées à ce sujet en Suisse, en Belgique, en
Allemagne et dans quelcjues autres parties de l'Europe nous paraissent
exagérées; mais, ainsi que notre confrère M. Blanchard l'a déjà dit dans son
judicieux Rapport, aucun naturaliste n'oserait affirmer que les Doryphores
ne puissent être transportés en Europe avec les pommes de terre expédiées
des États-Unis, et ne pourraient ainsi s'acclimater chez nous où leur pré-
sence serait probablement non moins désastreuse cpi'elle l'est en Américpie;
par conséquent votre Connnission ne voudrait pas, à l'exemple du bureau
( 6ii )
du coimiierce en Ai)gleterre, se prononcer contre l'adoption des mesures
prohibitives destinées à préserver de ce fléau l'agriculture française, déjà
cruellement éprouvée par l'importation du Phylloxéra.
» Si l'interdiction de l'entrée des pommes de terre, de provenance sus-
pecte, devait causer de grandes pertes à notre commerce maritime, ou dimi-
nuer notablement nos ressources alimentaires, votre Commission aurait
hésité à se prononcer en faveur de la mesure proposée ; mais la quantité
de ces produits importés en France est peu considérable. Nous en expor-
tons beaucoup et nous n'en tirons que peu de l'étranger. Les inconvénients
résultant de cette prohibition ne semblent pas devoir être graves, et la pru-
dence veut que la perspective d'une gène légère ne nous fasse pas reculer
devant l'application de mesures propres à nous préserver d'un mal, incer-
tain il est vrai, mais dont les effets pourraient être ruineux pour le pays
tout entier.
» Nous pensons donc qu'il convient de ne rien négliger pour sauvegar-
der de ce côté les intérêts de notre agriculture. Il nous paraît probable que
dans peu d'années le fléau, dont l'Amérique souffre tant en ce moment, se
sera apaisé, et d'ailleurs l'expérience du laisser-passer, qui va se pratiquer
sur une grande échelle en Angleterre, ne tardera pas à nous éclairer sur le
degré d'utilité des mesures prohibitives. D'ailleurs, si des mesures de ce
genre étaient adoptées en France comme elles l'ont été en Belgique, en Hol-
lande et dans quelques autres parties de l'Europe, elles pourraient être
temporaires seulement.
» En résumé, votre Commission adopte donc les conclusions formulées
précédemment par notre confrère M. Blanchard, et elle a l'honneur de
vous proposer d'émettre un avis favorable aux mesures prohibitives indi-
quées par M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce, savoir, l'inter-
diction temporaire de l'importation des pommes de terre provenant, soit
des États-Unis d'Amérique, soit des pays où pareille interdiction n'aura pas
été prononcée. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES LUS.
M. Fremv, Président de l'Académie, adresse au commandant Mouchez
les paroles suivantes :
« Au retour du voyage si long et si périlleux que vous avez entrepris
par dévouement à la science, l'Académie est heureuse de vous soidiailer
la bienvenue.
(6.2)
» Je ne vous parlerai pas des dangers que vous avez courus dans l'ac-
coniplissenient de votre mission, p.irce que vous appartenez à un corps
dans lequel le courage n'est qu'une habitude, et le patriotisme une tradi-
tion qui ne se dément jamais.
» L'Académie pressent déjà l'intérêt qui s'attache aux résultats scienti-
fiques que vous apportez; elle attend vos Communications avec l'impa-
tience la plus vive et la plus sympathique.
» Nous savons que le temps n'a pas favorisé également nos courageux
voyageurs : la science fera la part de ce qui revient à chacun et tiendra
compte des obstacles qui se sont produits au moment des observations.
» Quant à nous, qui sommes en présence des mêmes courages et des
mêmes dévouements, nous adressons les mêmes félicitations à tous ceux
qui ont si bien soutenu le drapeau de la France dans ce grand concours
scientifique des nations civilisées : si nous pouvions avoir des préférences,
elles seraient acquises à ceux dont les efforts n'ont pas été complètement
couronnés de succès.
» Je suis certainement l'interprète de l'Académie entière en déclarant
ici que tous ceux qui ont pris part à cette mémorable expédition, comman-
daiils, savants et marins, ont bien mérité du pays. »
M. Mouchez répond :
« Je remercie vivement M. le Président pour les paroles bienveillantes
qu'il vient de m'adresser; la haute approbation de l'Académie sera, pour
mes collaborateurs et pour moi, la plus grande et la plus honorable des
récompenses. »
ASTRONOMIE. — Observation du passage de Vénus effectuée à l'île Saint-Paul.
Phénomènes optiques observés aux environs des contacts. Communication
de M. Mouchez,
« Les renseignements détaillés sur l'observation du passage de "Vénus
me paraissant être ceux qui offrent aujourd'hui le plus pressant intérêt,
j'ai cru devoir renvoyer à une Communication ultérieure tout ce qui con-
cerne notre installation matérielle sur l'île, ainsi que les très-importants
travaux des divers membres de la mission; et, en attendant que la Commis-
sion du passage de Vénus juge convenable de publier le Rapport que j'ai
eu l'honneur de lui adresser le jour même du passage, j'espère que l'Aca-
démie recevra avec intérêt quelques renseignements sur les circonstances
atmosphériques, aussi heureuses qu'inespérées, au milieu desquelles nous
( 6i3 )
avons fait notre observation, et sur les phénomènes optiques qui se sont
manifestés aux environs des contacts.
» Je donnerai d'abord quelques indications générales sur le climat des
îles Saint-Paul et Amsterdam.
» La grande hauteur et l'isolement d'un îlot au milieu de l'Océan ont
pour effet constant de favoriser la formation des nuages, d'attirer et de re-
tenir ceux qui passent dans son voisinage, et de troubler l'équilibre des
conditions atmosphériques dans une étendue beaucoup plus grande qu'on
ne serait porté à le croire. Ces faits sont bien connus des marins qui re-
connaissent toujours l'approche d'une île aux massifs de nuages qui se
montrent à l'horizon bien longtemps avant que l'île elle-même n'appa-
raisse.
» Outre ces conditions éminemment défavorables, l'île Saint-Paul nous
présentait encore une circonstance toute particulière qui rendait nos chances
tellement mauvaises, que je ne serais certainement pas resté sur cette
îlot si j'avais eu la possibilité de m'établir sur Amsterdam.
» On sait, en effet, que Saint-Paul est un cratère de volcan dans lequel
la mer a pénétré par une petite brèche du côté de l'est. Les parois à pic du
cratère forment un bassin circulaire de 260 mètres de hauteur sur 1000 ou
1200 mètres de diamètre. Ces parois sont encore chaudes en beaucoup
d'endroits, et à mer basse on rencontre de nombreuses sources d'eau
thermales qui élèvent sensiblement la température de la mer jusqu'à une
assez grande distance des bords; enfin, quand bien rarement paraît le So-
leil, il a encore pour effet d'échauffer très-rapidement le fond de ce bassin
abrité des vents du large. Toutes ces causes réunies produisent une évapo-
ration constante et fort active au fond de ce cratère, qu'on ne saurait mieux
comparer qu'à une vaste chaudière. Quand les vapeurs arrivent au niveau
des crêtes, elles sont condensées par les vents froids du large et entre-
tiennent ainsi des bancs de brume permanents au-dessus de l'île; par temps
calme ou vent modéré, ce dôme de nuages était souvent tellement cir-
conscrit aux bords du cratère, qu'on apercevait le ciel bleu et le Soleil
briller tout autour de nous à quelques centaines de mètres de notre île,
pendant que notre zénith était absolument couvert jusqu'à une hauteur
de 25 ou 3o degrés.
» L'atmosphère restait d'ailleurs si peu transparente entre les nuages
qu'il m'était impossible de voir de jour, avec un excellent équatorial de
8 ponces, des étoiles au-dessous de la deuxième grandeur, et la nuit avec
C.K.,1875, i«f Jemcsfre. (T, L\XX, N" 10.) 8o
( 6.4)
une lunette méridienne de 7 à 8 centimètres, des étoiles au-dessous de la
cinquième grandeur.
» Pendant les coups de vent, Irès-fréquents jusque vers le i 5 novembre,
tout l'horizon était couvert, le ciel brumeux et pluvieux, avec les vents de
sud-est et nord-est.
» Les coups de vent de nord-ouest donnaient des grains de pluie avec
de fréquentes éclaircies de ciel bleu transparent.
» Enfin les coups de veut du sud-ouest donnaient des grains de grêle
continuels, mais avec des éclaircies très-courtes et d'une grande pureté.
» Pendant les trois mois que nous sommes restés à Saint-Paul, nous
n'avons pas eu un seul joiu' de temps entièrement découvert; les plus
longues séries de ciel bleu sans nuages n'ont jamais duré plus de trois à
quatre heures, et elles ont été fort rares. Elles avaient lieu généralement
dans l'après-midi, depuis 2 heures jusqu'au moment où le Soleil cessait
d'éclairer le fond du cratère.
» Telles étaient les déplorables conditions atmosphériques qui nous
étaient faites et qui rendaient extrêmement minimes nos chances de succès.
Un seul espoir nous soutenait, c'était l'opinion de nos pauvres pêcheurs
malgaches, qui nous affirmaient qu'il y avait toujours une embellie le jour
de la nouvelle Lune; j'avais déjà vu ce fait signalé dans les rapports cjue
les capitaines de pêche m'avaient expédiés sur le climat de Saint-Paul,
avant mon départ de France. Les deux nouvelles Lunes précédentes d'oc-
tobre et de novembre avaient vérifié cette règle d'une manière très-remar-
quable. Cette singulière confirmation d'une expérience en laquelle j'avais,
du reste, une certaine confiance me donnait quelque espoir poiu' le 9 dé-
cembre, jour de nouvelle Lune.
» Mais, dès le 6, le temps prit mauvaise apparence; le baromètre, qui
était à 670, commençait à descendre; le ciel était sombre dans toute l'é-
tendue de l'horizon.
» Le 7, la baisse du baromètre continuait, il tombait à 757; le temps
empirait, le vent soufflait très-frais du nord-ouest, puis sautait au sud-est,
amenant, comme d'babitude, pluie et brume épaisse.
» Le 8, la veille du passage, la baisse du baromètre continue (à 760);
la pluie est torrentielle et incessante, la mer fort grosse; une goélette de
pêche, nouvellement arrivée sur rade, casse ses ancres et est emportée par
le mauvais temps; une brume épaisse enveloppe toute l'île, nous cachant
les parois opposées du cratère. Je ne puis trouver un seul moment favo-
rable, pendant toute cette journée, pour faire la dernière répétition gêné-
( 6i5 )
raie de l'observation avec tout le personnel à son poste; la pluie est trop
forte et trop continuelle. Cependant, bien que tout me paraisse absolument
et irrévocablement perdu, nous n'en continuons pas moins tous nos pré-
paratifs, et nous terminons à minuit la préparation de nos deux cents à
deux cent cinquante plaques daguerriennes, que nous ne pouvions polir et
sensibiliser qu'au dernier moment.
» Quand nous nous couchons à minuit, la pluie est toujours aussi forte,
le ciel aussi sombre, et nos cabanes résistent avec peine à la violence de la
tempête. Bar., y^Q-
» La règle des Malgaches me paraissait cette fois bien malheureusement
compromise, lorsque, vers 3 heures du matin, le vent sauta du nord-est
au nord-ouesl, produisant subitement une grande amélioration de temps;
la pluie cesse, le voile sombre qui couvrait le ciel se déchire, de grosses
masses de brume et de nuages très-bas, chassés par une forte brise, passent
continuellement sur notre zénith, laissant fréquemment voir le ciel. I,e
baromètre remontait à 751; î»u lever du Soleil, nous courons aux instru-
ments; les derniers préparatifs sont vivement terminés, et à 6'' 3o'", une
demi-heure avant le premier contact, chacun est à son poste, entièrement
prêt à remplir sa tâche, bien définie et étudiée d'avance.
» J'étais à l'équatorial de 8 pouces. M. Turquet, lieutenant de vaisseau,
qui a une grande habitude des observations, était à l'équatorial de (3 pouces;
enfin j'avais confié à M. C. Velain, très-exercé au maniement des micro-
scopes, une petite hmette astronomique de 3 pouces avec laquelle il avait
été s'établir sur le sommet de l'ile; il s'était plusieurs jours à l'avance bien
exercé au maniement de cette lunette; MM. Cazin et Rochefort étaient à
la photographie.
» Le premier contact hit à peu près complètement manqué; quand dans
une éclaircie j'aperçus une première très-petite échancrure sur le point du
disque solaire indiqué par le fil du micromètre, elle était déjà lui peu trop
grande pour me permettre d'estimer avec assez d'exactitude l'heure du
contact.
» J'ai commencé immédiatement la mesure des distances des cornes,
opération qui me paraît susceptible d'une très-grande précision, mais qui a
été contrariée par de fortes rafales agitant la lunette, un peu trop faible-
ment'montée potu' sa grande dimension. Les difficultés des transborde-
ments qu'elle devait subir n'avaient pas permis au constructeur de lui don-
ner une suffisante stabilité pour des mesures si déhcates.
» A mesure que Vénus entrait sur le Soleil, les nuages devenaient de
80..
(6.6)
plus en plus rares, le ciel plus transparent, les images d'une trés-granfle
netteté. Un quart d'heure environ ;iprès le premier contact, quand la
moitié de la planète était encore hors du Soleil, j'aperçus subitement fout
le disque entier de Vénus, dessiné par une pâle auréole, plus brillante dans
le voisinage du Soleil qu'au sommet de la planète.
» Pour bien constater que je n'étais pas le jouet d'une illusion sur ce
phénomène inattendu, je renversai immédiatement de i8o degrés le cercle
de position du micromètre, et je mesiu'ai le diamètre de Vénus, encore en
partie hors du Soleil, et je le trouvai identiquement égal au diamètre per-
pendiculaire à la ligne de centres; c'était donc bien réellement le disque
entier très-net de la planète que je voyais.
» Mais, à mesure qu'approchait le deuxième contact, les deux parties
extrêmes, plus visibles de l'auréole avoisinant le Soleil, tendaient à se réunir
en enveloppant d'une plus vive lumière le segment encore extérieur de la
planète, et cette réunion anticipée des cornes par un arc de cercle lumi-
neux était rendue plus complète encore par un petit rebord très-brillant de
lumière terminant l'auréole sur le disque de Vénus. Prévoyant dès lors qu'il
y aurait une très-grande difficulté, sinon une impossibilité absolue, d'ob-
server le contact géométrique, je changeai vivement le verre de couleur
bleu pâle pour en prendre un plus foncé à l'aide dutpiel j'espérais éteindre
cette auréole et ces lueiu-s accidentelles, mais ce fut inutilement; l'auréole
restant toujours visible, je fus obligé de reprendre le verre primitif.
» Dans de semblables conditions, je dus prendre connue heure du con-
tact non pas la réunion des deux cornes ou contact géométrique, mais bien
le moment où le disque du Soleil ne me parut plus déformé par la lumière
brillante qui enveloppait la planète au point de contact. J'ai noté une
différence de temps très-sensible entre l'instant où j'ai cru que ce coiUact
pouvait avoir lieu et celui où j'ai acquis la certitude qu'il avait eu lieu.
» Cette observation me paraît donc comporter beaucoup moins d'exac-
titude que celle des contacts intérieurs du Soleil et de la Lune dans les
éclipses totales ou annulaires que j'ai eu l'occasion d'observer.
» Dans ces éclipses, en effet, il m'a toujours semblé possible de déter-
miner, avec la précision d'une fraction de seconde, le moment de la rup-
ture ou de la formation de l'anneau, lundis que dans les contacts de Vénus,
on se trouve en présence de phénomènes lumineux apparents ou réels assez
compliqués, puisqu'ils peuvent donner lieu soit à des ligaments noirs qui
prolongent ou retardent le deuxième contact, soit à une auréole brillante
qui réunit les cornes avant le contact.
( 6.7 )
» La comparaison de deux observations affectées chacune d'une de ces
causes d'erreurs produirait donc une erreur double sur le résidtat.
» Je dois m'empresser d'ajouter que mon collaborateur M. Turcpiet,avec
un excellent équalorial de 6 pouces, n'a pas vu l'auréole, et qu'il croit
avoir obtenu des contacts d'une grande précision.
» Mais sil'observationdescontacfs meparaitn'avoir pas toujonrsla préci-
sion qu'on pouvait espérer, l'extrême netteté des images et la marche assez
rapide des diverses phases pendant que la planète traverse l'un ou l'autre
bord du Soleil, me donnent la confiance la plus absolue dans les mesures
micrométriques faites dans de bonnes conditions et surtout dans les photo-
graphies; je ne doute pas que ce dernier procédé ne donne la solution
complète du problème avec toute l'exactitude désirable.
» Pendant presque toute la durée du passage, le disque de la planète
m'a paru d'un noir très-foncé, ayant cependant une très-légère teinte vio-
lette, tandis qu'une auréole d'un jaune également très-pâle l'entourait sur
le disqiu; du Soleil.
» La photographie a fonctionné pendant toute la durée du passage; nous
avons obtenu un peu plus d'épreuves que ne l'avait demandé la Commis-
sion, parce que, craignant l'incertitude du temps^ j'avais recommandé à
M. Cazin d'en faire le plus grand nombre possible en opérant continuelle-
ment sans autre temps d'arrêt que ceux occasionnés par les nuages.
» Comme il n'y avait nulle fatigue à craindre pour les opérateurs, que
toutes les plaques étaient prêtes et facilement manœuvrées sans aucune
crainte d'erreur possible, je ne voyais aucune nécessité de perdre ime si
rare occasion d'obtenir des documents toujours utilisables. Il fallait, d'ail-
leurs, tenir compte de la perte d'un certain nombre d'épreuves, soit par
le peu de visibilité accidentelle du Soleil, soit par défaut de préparation de
la plaque.
» Il a été obtenu 44^ épreuves daguerriennes et ili2 sur collodion, dont
il faut défalquer 67 épreuves dagueriiennes et 29 au collodion mal venues;
il reste donc un total de 489 épreuves utilisables qui pourront subir l'opé-
ration des mesures micrométriques auxquelles on va très-prochainement
procéder sous la direction spéciale de M. Fizeau.
» Laissant à des personnes plus compétentes le soin d'expliquer le phé-
nomène de l'auréole, je me bornerai à exposer l'impression qu'elle m'a
produite : elle m'a paru absolument indépendante de la planète, elle se com-
portait comme le ferait une atmosphère solaire très-pâle sur laquelle se
projetterait l'écran noir de la planète et qui deviendrait visible i)ar con-
( 6.8 )
traste; l'épaisseur de cette atmosphère pouvant devenir visible aurait à
peu près aS à 3o secondes de hauteur, puisqu'à la sortie comme à l'entrée
elle n'a été visible que sur la moitié du disque de Vénus, tandis que j'at-
tribuerai volontiers à l'atmosphère de Vénus la très-mince bande très-bril-
lante bordant la planète et se fondant dans l'auréole près du deuxième con-
tact. Elle complétait le disque du Soleil en le déformant par-dessus le petit
segment encore extérieur de la planète.
» Le troisième contact a été observé également dans d'excellentes con-
dilio"ns de ciel très-pur, entre les nuages, avec les mêmes phénomènes qu'au
deuxième, mais en sens inverse. Alors le ciel a commencé de nouveau à se
couvrir. A ii''3o'", le quatrième contact a été observé, fort douteux; les
éclaircies devenaient plus rares.
» Enfin à midi il m'a été encore possible d'observer le passage du Soleil
au méridien à travers les nuages pour régler nos chronomètres.
» Mais, quelques minutes après, la pluie, la brume, le vent recommen-
çaient comme la nuit précédente, le baromètre restant toujours très-bas; la
tempête n'était pas terminée, elle avait été seulement suspendue pendant les
cinq heures de la durée du passage, elle dura encore trente six heures; ce
ne fut que le 1 1 que, le baromètre étant remonté à 765, le temps s'embellit
définitivement et nous permit de faire quelques observations méridiennes
pour régler nos pendules et nos chronomètres.
» Nos pêcheurs malgaches s'étaient montrés bons météorologistes en nous
soutenant par l'espoir d'une embellie le jour de la nouvelle Lune.
» La Dives, qui était revenue de l'île de la Réunion pour prendre le per-
sonnel et le matériel de la mission, était mouillée à 4oo mètres de notre
observatoire; le capitaine Bourguignon-Duperré, son état-rnajor et son équi-
page, seuls témoins de nos péripéties, avaient suivi avec anxiété les diverses
phases de notre observation. Aussitôt qu'elle fut terminée, la Dives hissait
en tête de ses mâts le pavillon national et saluait de cinq coups de canon
le succès si inespéré de la mission française de l'île Saint-Paul. »
( 6i9 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
GÉOMÉTRIE. — Solutions géométriques de nouveaux problèmes relatifs à la théo-
rie des surfaces et qui dépendent des infiniment petits du troisième ordre,-
par M. A. MANNuem.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
« Conservons les notations employées dans ma dernière Communication :
r est la section faite dans S) par un plan cpielconqne (r) issu d'un point
a de cette surface; A est la normale en ce point à (S); b et c sont les centres
de courbure principaux de (S) situés sur cette normale.
» J'ai montré comment on pouvait construire aux points a, b, c les
asymptotes des indicatrices de la normalie à (S) qui a pour directrice V. En
prenant ces droites comme directrices d'iui hyperboloïde, nous avons tout
de suite l'hyperboloïde osculateur de cette normalie le long de A. Nous
savons donc : construire V hyperboloïde osculateur d'une normalie le long d'une
génératrice de cette surface.
» Pour un point quelconque m de A, nous pouvons construire la direc-
trice (*) de^cet hyperboloïde, et comme celte droite est l'asymptote de l'in-
dicatrice de la normalie, en ce point nous savons aussi : construire i asym-
ptote de l' indicatrice d'une normalie en un point quelconque de cette surface.
» Appliquons cela au problème suivant :
» Construire le plcui osculateur, en un point m, de la trajectoire orthogonale [m)
des génératrices d'une normalie.
)) Nous conservons toujours la normalie dont T est la directrice. Pour
le point m, nous connaissons les deux asymptotes de l'indicatrice de cette
surface. Nous pouvons alors déterminer, par rapport à la normalie, la tan-
gente conjuguée de la tangente en m à ('«).
» En employant alors une construction identique à celle dont j'ai déjà
fait usage pour déterminer le plan osculateur de la courbe de contact d'une
surface et d'un cylindre qui lui est circonscrit, on obtient le plan oscula-
teur de (m).
(') Je désigne ainsi iiiie tlroite de l'Iiyperboloiilc du même système (lue les U'ois direc
triées issues de a, b, c.
( 620 )
» Proposons-nous maintenant de :
» Construire le rajon de courbure de la développée de la section T, faite dans
une svrface par un plan quelconque (F).
>) Projetons orthogonalement sur le plan (F) l'hyperboloïde oscillateur
le long de A de la norinalie à (S), dont F est la directrice. La courbe de
contour apparent de cet hypeiboloide est, au centre de courbure « de F,
osculatrice de la développée de celte courbe. Nous sommes ainsi amenés à
construire le rayon de courbure en a de la conique, contour apparent de
cet hyperboloïde. Cette conique est déterminée : elle passe au point a, sa
tangente en ce point est la normale acf. à F; enfin elle est tangente aux pro-
jections sur (F) des directrices de l'byperboloïde issues des points a, b, c.
M Cherchons d'abord à construire le rayon de courbure en un pointa d une
conique, connaissant la tangente en ce point à la courbe el trois autres points b,
c,d{').
» La droite cb rencontre en e la tangente en a, qui est donnée; la droite cd
rencontre la même tangente au point /. En désignant par p le rayon de
courbure de la conique pour le point a, on a
^ ae a/ ■2p \tang/«f/ tang 6ae /
)) On trouve facilement cette relation en faisant usage du théorème de
Carnot.
» Au moyen de cette formule, on peut construire p de différentes ma-
nières.
» Voici maintenant la solution de ce problème :
» Construire le rayon de courbure d'une conique en un point de cette
courbe, connaissant la tangente en ce point et trois autres tangentes.
» Désignons par A, r>, C, D (**) les quatre tangentes données, para le
point de contact de A avec la conique, par p le rayon de courbure de cette
courbe en a, par /3 et o les angles sous lesquels on voit du point a les
côtés B et D du quadrilatère formé par les quatre tangentes données, par
b e\. d les points de rencontre de A avec B et D.
(*) Ces notations sont particulières ;i ce problème, et n'ont aucun rapport avec celles qui
viennent d'être employées précédemment.
(**) Le quadrilatère ACCtt est, je suppose, convexe; les notations sont spéciales à ce
problème parliculier et nu se rapportent pas aux notations précédentes.
{621)
» On a
^ ' aO ad p \t*'>"SP tang(îy
» On arrive facilement à cette relation en transformant la relation (i)
par polaires réciproques, le cercle osculateur de la conique étant pris
pour cercle directeur.
» On peut construire |3 au moyen de la relation (2); on a alors, d'après
ce qui précède, le rayon de courbure de la développée de T.
» Avant d'aller plus loin, voici une autre application de la relation (2) :
» Construire le plan osculateur de la courbe de contact de (S) et d'un cône
qui lui est circonscrit.
» Reprenons les notations rappelées au commencement de cette Note :
désignons par s le sonmiet du cône circonscrit à (S). La courbe de con-
tact a, je suppose, pour tangente en son point a la droite at. J'appelle (T)
le plan osculateur de cette courbe de contact T. L'hyperboloïde oscu-
lateur de la nornialie à (S), dont T est la directrice, contient trois nor-
males de (S) infiniment voisines. Il résulte de là que le cône supplémen-
taire du cône directeur de cet hyperboloïde et dont le sommet est en s est
osculateur le long de as du cône circonscrit à (S). Si l'on mène alors au
point rt im plan perpendiculaire à as, la trace de ce cône supplémentaire
sur ce plan est une conique dont on connaît en a la tangente et le centre
de courbure. On connaît aussi deux tangentes de cette conique : ce sont
les traces, sur le plan de cette courbe des plans menés de s perpendicu-
lairement aux directrices de l'hyperboloïde, issues des points b et c.
» Cette conique est donc déterminée et par suite, d'après ce que j'ai dit,
le cône directeur de l'hyperboloïde. Nous pouvons alors déterminer la di-
rectrice de cet hyperboloïde qui passe en a et ensuite le plan (r) demandé.
» Revenons à notre problème :
» Construire le rajon de courbure de la développée de T (deuxième solu-
tion).
» Appelons p le centre de courbure de la section laite dans (S) par le
plan {Aat). La projection de [i sur(r) est le centre de courbure a de F.
Par la droite a/3 menons un plan parallèle à at. Ce plan est normal au
point /3 à l'hyperboloïde osculateur de la normalie dont T est la direc-
trice.
» Désignons par p le rayon de courbure de la section faite par ce plan
dans cet hyperboloïde, par r le rayon de courbure de la dévelop|)ée de T.
c. R., 1S75, I" Semestre, {T. LXXX, N" 10.) "'
• ( 622 )
On sait que le produit des rayons de courbure p et r est égal au produit des
rayons de courbure principaux de l'hyperboloïde au point (i. D'après
cela, pour déterminer /-, nous devons chercher le produit de ces rayons de
courbure principaux, ainsi que le rayon p.
» Il est facile de voir que ce produit des rayons de courbure princi-
paux est égal au carré du produit qu'on obtient en multipliant fl/3 par la
colangente de l'angle zat.
)) Le rayon p étant le rayon de courbure de la section normale faite dans
l'hyperboloïde parle plan qui contient aj3 est facile à construire; car ou
connaît la tangente en /3 à cette section, ainsi que les trois points de cette
courbe, qui sont les traces sur son plan des trois directrices connues de
l'hyperboloïde. En employant la relation (i), on peut calculer ou construire
p et par suite on a r.
» Construire le rayon de courbure de la développée de la section normale
faite dans ( S ) par le plan [kat).
» Ce cas particulier est intéressant, parce que la connaissance du centre
de courbure de cette courbe entraîne la connaissance du centre de cour-
bure de la développée d'une section quelconque faite dans (S) par un plan
mené par at : puisque tous ces centres de courbure sont dans un même
plan, qui coniient «T.
» Désignons par S la section faite dans (S) par le plan [kat). L'asym-
ptote de l'indicatrice en a de la normalie à (S), dont S est la directrice, est
maintenant la droite a^ elle-même. En opérant comme précédemment, on
doit prendre la section faite dans l'hyperboloïde osculateur de cette nor-
malie par un plan issu de ]3 et perpendiculaire à A'. La conique résultant
de cette section, devant passer par la trace de at sur son plan, a un point
à l'infini sur sa normale en |3; en tenant compte de cette remarque, l'ex-
pression de p d'après (i) est très-simplifiée. La solution s'achève comme
précédemment.
» Construire les rayons de courbure principaux en un point quelconque m
dune normalie.
)) Nous connaissons, d'après ce qui précède, les asymptotes de l'indica-
trice en m. En prenant les bissectrices des angles formés par ces droites, on
a la direction des lignes de courbure de la normalie en m. Il suffit alors, par
ces bissectrices, de mener des plans normaux à la normalie et de détermi-
ner au moyen de la relation (i) les rayons de courbure de ces sections nor-
males pour avoir les rayons de courbure principaux demandés. »
l 6:.3)
MÉCANIQUE. — 5«r les modes d'équilibre limite les plus simples que peut présenter
un massif sans cohésion fortement comprimé, application au cas d'une masse
sablonneuse qui remplit l'angle dièdre compris entre deux jdcms rigides, mobiles
autour de leur intersection. Note de M. J. Boussinesq, présentée par
M. de Saint-Venant.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
« Une Note insérée au Compte rendu du i" mars traite des modes les
plus simples d'équilibre limite que comporte une masse pulvérulente for-
tement comprimée, lorsqu'on ne s'occupe que des équations indéfinies d'un
pareil équilibre. Je me propose de montrer aujourd'hui que les formules
que j'ai obtenues résolvent le problème de l'équilibre limite d'une masse
sablonneuse serrée entre deux plans rigides se coupant sous un angle
quelconque.
» Considérons actuellement la formule (i8) et les deux dernières (i3),
en tenant compte de ce que le rapport ^ conserve constamment le même
signe dans chaque mode d'équilibre : leur comparaison montre que les
deux dérivées -^j 7"/(~x) changent de signe aux mêmes moments ou
pour les mêmes valeurs de a', savoir, pour celles qui sont de la forme
(.o) a'=.in±[l-^l),
i désignant un nombre entier quelconque. A ces moments, s'il s'agit des
modes d'équilibre représentés par (12) et (i4), l'angle — ^ devient
a COSô . , / îf
21) =«7:± 7 +
^ ' cosy \4
et l'on a par suite
(a2) 5 «" « - « = '^ (^^^, - ' ) ± -^ Lsin(9o" + 0^in(9o"+y)J-
S'il s'agit, au contraire, des modes d'équilibre représentés par (16) et (19),
a', ne variant en tout que dans un intervalle égal à n, ne devient que deux
fois delà forme (20) . Lorsque c est > i , ou que arc tang 1 y ^"^rî "^^"S (i "^ 2) J
est < ^ 4- ^, ces deux valeurs particulières de a' sont
(23) a'=sou| + |, soit7T-(j + |):
81..
( 624 )
elles sont toutes les deux relatives au second des modes d'équilibre que
représente la formule (i6), et alors, d'après cette même formule (16),
où l'on aura c = Cose', les valeurs de — ? simultanées à celles faS) de «',
' cosy \ I •>
seront
, ,. aSins' . s' . e'
(2a) = soit 1 soU -\ :
^ ' cosy 1. 2 -
les valeurs correspondantes de S égalent en conséquence
^ ' 1 ■}. |_sin(90° — (f Sm£ J
la première de celles-ci est supérieure et la seconde inférieure à — 90°.
Lorsque c est < — 1 , les deux valeurs de a' qui annulent la dérivée de Q sont
(^6) .-=p(^-|-^):
elles sont relatives au premier mode d'équilibre représenté par (16); de
plus, c égalant alors — Cose, les valeurs correspondantes de ^ ne dif-
fèrent pas des deux (24), et celles de ô égalent, par suite,
, -, Q__j- 2 r (90° + y) s^l
^ ' '' t:oS^ L.sin(i)o" — ly) Sllis'J'
la première est encore plus grande que la seconde.
» Les valeurs (20), (23) ou (26) de a', rendant le rapport — — =• alterna-
tivement maximum et minimum, lui donnent une valeur absolue, tangç,
l>récisément égale au coefficient de frottement de terre sur terre. Si donc
ou mène, à partir de l'origine O et normalement aux xy, des plans incli-
nés sur l'axe polaire d'angles ayant précisément les valeurs correspondantes
(22), (a5) ou (2^) de 0, la condition bien connue, qui est spéciale aux
parois solides rugueuses, se trouvera satisfaite d'elle-même sur toute l'éten-
due de cbacun de ces plans. Concevons, par suite, deux parois pareilles,
mobiles tout au plus autour de leur intersection, et qui, coïncidant avec
deux consécutifs de ces plans, comprendraient entre elles le massif sablon-
neux : l'expression considérée (10) ou (i5) de w représentera évidemment
un de ses modes d'équilibre limite, et même, si l'on donne successivement
à c diverses valeurs, tous les modes d'équilibre limite possibles, dans les-
quels l'inclinaison a' de la pression minima en cbaquo point siu* le rayon /■,
( 625 )
mené de l'origine au même point, est invariable tout le long rie chaque
rayon ou ne dépend que de l'angle polaire Q.
» L'expression f lo) de ts ne fait ainsi connaître, pour ime valeur donnée
de £, que l'équilibre de deux massifs distincts, savoir de ceux qu'on ob-
tient en faisant varier a', dans un intervalle total égal à tt, d'abord entre
::p |î 4- 1 j , ensuite entre- q: [^ — |j • En effet, quand a! croît de in,
Q croît de la quantité constante in (7^ — ')' ^t T', donné par (i4), ne
change pas; d'où il suit qu'en faisant varier a! de /;: — (7 + ^) ^
^/ _j_ I jt: _ I ^ 4- 1 1, les deux massifs en équilibre qu'on serait amené à
considérer ne différeraient des deux précédents que par une orientation
différente autour du pôle O. Les formules (a6) et (aS) montrent aussi que la
double expression (i5) de w ne représente, pour une valeur donnée de s',
que deux équilibres distincts, obtenus également en faisant varier «', pour
l'un entre zpf^ -1- ^j, pour l'autre entre ^ =F (7 — f ) '
» Dans tous ces modes d'équilibre, la dérivée— 71 constamment positive,
M
reçoit des valeurs égales, ainsi que -p et p, quand on donne à la variable a'
deux valeurs équidistantes de sa moyenne zéro ou 90 degrés : le massif est
donc statiquement symétrique par rapport à son plan bissecteur, ou, si l'on
considère seulement une coupe suivant le plan des xj-, par rapport à son
axe, bissectrice de l'angle A que forment ses deux faces. Mais les modes ob-
tenus en faisant varier a' de part et d'autre de zéro diffèrent de ceux qui le
sont en faisant varier a' de part et d'autre de 90 degrés, en ce que, aux divers
points de Vaxe du massif, l'inclinaison a', sur cet axe, de la pression minima
est nulle dans les premiers, égale à 90 degrés dans les seconds : aux divers
points de l'axe, les pressions sont donc minima, et il y a dilatation, le long
de cet axe dans les premiers modes; elles sont au contraire maxima, et il y
a contraction, le long du même axe dans les seconds.
» Si l'on compare les valeurs (i3) et (18) de — et de -77 ( 3^)' on re-
dx' d'j! \ — 3Ly
connaît que ces deux dérivées ont ou n'ont pas le même signe, suivant
que c est > ou <^ sin ^. Dans le premier cas, la pression exercée par le
massif sur les plans solides qiii le limitent latéralement est dirigée vers leur
intersection, et la masse pulvérulente tend à se porter vers celle-ci ou est
sur le point, en se détendant latéralement, d'écarter les deux plans de ma-
( 626 )
nière à accroître leur angle A. Dans le second cas, au contraire, la masse
pulvérulente est sur le point de s'éloigner de l'intersection des plans so-
lides, qui tendent à se rapprocher en réduisant leur angle A. On distinguera
très-simplement un équilibre limite par détente latérale d'un équilibre limite
par resserrement latéral, en affectant du signe moins, dans ce dernier cas,
l'angle des deux plans, ou en supposant A négatif. Grâce à cette conven-
tion, on trouvera, au moyen de (22), (aS) et (27), que, pour toute valeur
de £ et e', les massifs en équilibre limite, avec dilatation le long de l'axe, que
représentent les formules (10) et (i5) lorsque «' y varie entre qr ( ^ + - j»
ont pour angles A
(28) A =:soitCOSffl . , „ 4 -, 7. ^ ' SOltCOSffi H^ ^L^ ,
'^ ' f Lsin(9o''-t- e) sin(9o''-l-<f)J 'LSins sln^9o°^-(j))J
tandis que les massifs, en équilibre limite avec contraction le long deiaxe,
que représentent les mêmes formules quand a' y varie entre - zp (^ — î J ,
ont pour angles A
, , , . r (qo°— ç) (90°— e) "1 . r (90"— (p) e' 1
2Q) A = SOltCOSffl -^, --^— . ■; „ -. b soit COSO -^, ^— ^ — ?r— •
\ ^' ' \jm{ç)0° — i/) sin(90°— £)J ' |_sin(90'' — y) SinsJ
» Quand t' décroît de oo à zéro, et que t grandit de — 90° à 90°, les
deux valeurs (28) de A croissent sans cesse, avec continuité, la se-
conde de — (90°4- y) à — [(90° -\- (f) — sin (90° + 9)], la première de
— [(90" -\- 9) — sin (90° + (j))] à 00 ; en même temps, la première des va-
leurs (29) de A croît de même de — oo à (90° — 9) — sin (90° — 9), tan-
dis que la seconde décroît de (90° — 9) à (90° — 9) — sin (90° — 9).
Ainsi, un massif admet un mode d'équilibre unique, avec dilatation le long de
l'axe, ou n'admet pas du tout d'équilibre pareil, suivant que son angle A est ou
n'est pas supérieur à — (90° — 9) 5 *' admet im mode d'équilibre unique, avec
contraction le long de l'axe, ou n'en admet pas, suivant que son angle A est ou
n'est pas inférieur à 90° —9. Si l'angle A du massif est connu, les valeurs
qu'il faudra attribuer au paramètre caractéristique s ou e' pour que les
expressions (10) ou (i5) de ts représentent ses modes d'équilibre s'obtien-
dront en résolvant par rapport à s ou à s' les équations transcendantes (28)
ou (29), dont une, ou deux au plus, admettront chaque fois une racine
réelle, d'ailleurs unique.
» Les relations (i/j) et (19) montrent que la pression moyenne p aug-
mente ou diminue, lorsque la dislance r au sommet grandit, suivant que c
est > ou < sin9, c'est-à-dire suivant que l'équilibre limite est produit /;nr
( 627 )
délente latérale ou par resserrement latéral. En étudiant les variations de la
dérivée de a. en a', on reconnaît aussi que, à égale distance /• du sommet,
p croît en allant de l'axe aux deux bords quand il y a dilatation le long de
l'axe, et décroît au contraire quand il y a contraction le loncj de l'axe. »
MÉCANIQUE. — Mémoire sur des formules de perturbation; par M. Emile
Mathieu. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoyé a la Section de Géométrie.)
« Poisson, après avoir donné ses formules générales de perturbation
dans le XV Cahier du Journal de C Ecole Polytechnique., les applique au
mouvement d'un corps solide qui tourne autour d'un point fixe et sur le-
quel n'agissent que des forces perturbatrices; il trouve ainsi, page 336,
des formules toutes semblables à celles qui sont relatives à la perturbation
du mouvement d'une planète, ou plus généralement du mouvement d'un
point attiré par un centre fixe. Dans ces formules, les constantes relatives
au plan de l'orbite sont remplacées par celles qui déterminent la position
du plan dit invariable, qui est fixe quand le corps n'est sollicité par au-
cune force, mais qui se déplace par suite de la perturbation.
» La parfaite analogie de deux systèmes de formules provenant de ques-
tions si différentes a attiré l'attention de Jacobi ^(tome III de ses Œuvres,
page 27g). Après avoir embrassé, par une même analyse, les deux pro-
blèmes précédents, pour montrer qu'ils sont réductibles aux quadratures,
il motitre que les six constantes arbitraires devenues variables satisfont à
six équations canoniques. Il développe ensuiteseulementles calculs indiqués
parle point attiré par un centre fixe, et retrouve la signification des deux
constantes conjuguées à l'axe du plan invariable et à sa projection sur l'axe
des z; mais, si l'on applique ces mêmes calculs au mouvement d'un corps
solide autour d'un point fixe, on est conduit à des opérations beaucoup
plus compliquées que ne le nécessite la question en elle-même, et il paraît
difficile de déterminer, par ce moyen, la signification de ces deux con-
stantes. D'ailleurs même, la démonstration obtenue ainsi, cessant d'être la
même que pour le premier problème, ne saurait être préférée à celle de
Poisson, qui est moins compliquée que ne le serait la première.
)) D'après cela, il m'a semblé utile, pour la philosophie de la science, de
chercher à démontrer entièrement, par la même analyse, les deux systèmes
de formules de perturbation, et, en cherchant à reconnaître quels sont les
( 628 )
liens communs aux deux questions, je suis arrivé à un théorème général
qui renferme la démonstration de ces deux systèmes de formules.
» Imaginons un système quelconque de points matériels pour lequel la
fonction de forces ne change pas par un déplacement des trois axes rectan-
gulaires de coordonnées autour de l'origine; supposons aussi que ces
points puissent être assujettis à des liaisons, pourvu que les équations de
condition qui en résultent ne changent pas par la même transformation de
coordonnées; de sorte que le principe des forces vives et les trois intégrales
des aires ont lieu. Quoique la position relative des points du système
change, on peut se représenter, à chaque instant, ce système et les trois axes
principaux d'inertie qui y sont relatifs; désignons sous le nom d'équaleur
le plan qui passera par deux de ces axes principaux, et considérons la
trace A de l'équateur sur le plan invariable. Désignons par a l'angle de
cette trace A avec une droite fixe menée par l'origine dans le plan inva-
riable; l'origine des angles a étant arbitraire, on peut regardera comme
s' ajoutant à une constante arbitraire —g dans les intégrations; mais
nous compterons a à partir de la ligne des nœuds (nous appelons ainsi la
trace du plan invariable sur le plan des Jc, y), et alors g désignera la dis-
tance angulaire d'un point du plan invariable à cette ligne des nœuds.
» Désignons par a la longitude du nœud, comptée à partir d'une droite
fixe située dans le plan desx, y; par h la constante des forces vives; par k
l'axe du plan invariable; par |3 sa projection sur l'axe des s, et par x la con-
stante qui s'ajoute au temps t.
» Enfin supposons que les équations différentielles du problème soient
intégrées et qu'on ajoute des forces perturbatrices; exprimons la fonction
perturbatrice ii au moyen de t et des constantes arbitraires introduites par
l'intégration, parmi lesquelles se trouvent /z, p, k, t, a, g ; alors on aura les
six équations canoniques
(«)
» Ces équations canoniques ne permettent pas de déterminer en général
les six quantités h, t,..., parce que il dépend d'autres éléments; mais ces
quantités sont entièrement déterminées dans les deux problèmes dont nous
avons d'abord parlé. Dans le cas d'un corps attiré par un centre fixe, le
,lh _ du
dt ~ T''
dt _
di ~'
da
-dh'
da. da
dt ~ ^'
dt
dn
rfX da
Tt ~ dg'
d,' _
dt
da
~ Tk'
(629 )
plan invariable devient celui de l'orbite, et l'on peut prendre pour g la dis-
tance du périhélie à la ligne des nœuds; on a des formules connues de per-
turbation. Dans le cas d'un corps solide qui tourne autour d'un point fixe,
sollicité seulement par des forces perturbatrices, on a des formules qui re-
viennent à celles de Poisson citées ci-dessus. Enfin, dans le cas le plus gé-
néral, si les six éléments h, t,... varient très-peu, on pourra les calculer
avec une grande approximation pendant un temps considérable, à l'aide de
quadratures déduites de ces formules. Supposons, par exemple, qu'un
corps, en s'approchant de notre système planétaire, vienne à le troubler, les
formules (a) permettront de calculer le déplacement du plan invariable.
» Les considérations qui m'ont permis d'établir les formules [a) m'ont
conduit aussi à des conséquences relatives à l'abaissement des équations
de la Dynamique.
» Supposons in corps réduits à des points qui s'attirent mutuellement;
on peut d'abord, d'après la transformation de Jacobi, les remplacer par
m — I corps, et je montre que le système des équations de leur mouvement
peut être ramené à 2{3m — 5) équations canoniques. Le principe des forces
vives en sera encore une intégrale, et, en éliminant dt, on pourra dire que
le système des équations est de l'ordre Gm — i 2. Supposons, en particulier,
que l'on ait trois corps seulement, et l'on peut reconnaître sans faire de
choix de variables, sanscalcids, et seulement par la considération de prin-
cipes généraux, que le Problème des trois Corps peut être ramené à un sys-
tème d'équations différentielles du sixième ordre. C'est une question sur
laquelle je poiurai revenir dans un autre article. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Elude micwgmphique de la fabrication du papier;
par M. Aimé Girard. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Decaisne, Fremy, Chatin.)
« L'étude des fibres végétales a déjà préoccupé plus d'un observateur,
et les travaux accomplis dans cette direction par M. Alcan et par M. Vétil-
lart sont aujourd'hui classiques; mais, jusqu'ici, les recherches de cette
nature ont eu pour objectif principal les applications de ces fibres aux arts
textiles; leur emploi en papeterie n'a été, à ma connaissance, l'objet d'au-
cun travail d'ensemble. C'est cependant à des états tout différents qu'elles
se présentent aux appareils de la filature ou de la papeterie, et, d'autre
part, le nombre des fibres végétales utilisées pour la fabrication du papier
est beaucoup plus grand que celui des fibres employées à la fabrication
des tissus. Ces considérations m'ont conduit à f;ùre des matières végétales
G. U., iR;-), 1" Semestre. (T. I.XXX, N» 10.) '^^
( 63o )
que le fabricant de papier fait entrer dans la composition de ses pâtes, une
étude détaillée : c'est le résumé succinct de cette étude que j'ai l'honneur
de présenter à l'Académie.
» J'ai déterminé, sous le microscope, la forme, les dimensions, les carac-
tères particuliers de chacune de ces fibres ; puis, pour fixer les résultats ob-
tenus, je les ai, sous le microscope même, reproduits par la photographie.
» Enfin j'ai pu préciser les conditions que doit remplir une fibre pape-
tière de bonne qualité.
» 1° On se préoccupe beaucoup, en général, de la longueur des fibres
destinées à la fabrication du papier ; cette préoccupation n'a pas de raison
d'être. La pâte finie, en effet, raffinée, est formée de tronçons mesurant tan-
tôt de -(% à -pij de millimètre : c'est le raffiné court ; tantôt de t millimètre à
i"'™,5 : c'est le raffiné long. Rarement cette longueur est dépassée. Or il
n'est aucune fibre végétale dont lu longueur ne soit au moins égale à celle
que je viens d'indiquer ; toutes les fibres végétales sont donc assez longues
pour fournir du papier.
» 2° Mais une considération extrêmement importante, c'est que la fibre
soit mince, allongée; que le rapport de sa longueur à son diamètre, en un
mot, soit considérable. Ce rapport, dans la fibre recoupée et roulée à la
raffineuse, doit être de 5o au minimum.
» 3° La fibre doit, en outre, être élastique, et enfin elle doit pouvoir se
contourner sur elle-même avec facilité; c'est à ce prix seulement que le
feutrage donne à la feuille de la solidité.
» 4° P«i'' contre, la ténacité de la fibre dont on se préoccupe souvent n'a
qu'une importance secondaire. Lorsqu'une feuille de papier se déchire, en
effet, les fibres ne se rompent presque jamais; elles échappent entières en
glissant entre leurs voisines.
» Ces principes posés, j'ai rangé provisoirement, et en attendant des
études nouvelles, les principales matières employées à la fabrication du
papier en cinq classes différentes, dont j'indique, en détail, dans le Mémoire
joint à cette Communication, les caractères distinctifs; ces cinq classes
peuvent être ainsi définies :
» 1° FlBRILS RONDES FRANCHEMENT NERVDRlîES. — Dans cette claSSe OU
ne peut guère ranger que deux sortes de fibres : celles du chanvre et du lin.
» 2° Fibres rondes lisses ou faiblement nervurées. — Je range dans
cette classe le sparte, les jutes, le phormium, le palmier nain, enfin le hou-
blon et la canne à sucre.
» 3° Matières fibro-celluleuses. — On ne compte, dans cette classe,
qu'une seule matière : c'est la pâte obtenue en soumettant la paille de
(63i )
seigle ou de blé à l'action de lessives caustiques marquant 4 degrés ou
5 degrés B., et portées sous pression à la température de i3o à i45 de-
grés pendant six heures. Elle est nettement caractérisée par la coexistence
dans le produit lessivé de fibres et de cellules.
» 4° Fibres plates. — On trouve dans cette classe les fibres de coton,
celles extraites du bois par procédé chimique, c'est-à-dire par l'action de
lessives caustiques marquant lo degrésB., et chauffées à i85 degrés C. sous
pression, celles de l'agave, du mûrier à papier et enfin du bambou.
» 5° Matières imparfaites. — Pour terminer la liste des matières vé-
gétales employées à la fabrication du papier, il convient de citer la pâte
obtenue par la mouture mécanique du bois. Ce ne sont pas des matières fi-
breuses à proprement parler, mais bien des faisceaux de fibres encore adhé-
rentes entre elles, quelquefois en petit nombre ; d'autres fois, au con-
traire, en nombre considérable et constituant alors de véritables bûchettes
courtes et larges. Dans l'un comme dans l'autre cas, d'ailleurs, l'élément
séparé mécaniquement du bois est non pas une fibre élastique, mais un
fragment rigide, incapable de se contourner, de donner, par conséquent,
un feutrage solide et dont l'introduction dans les papiers d'usage ne peut
jM'oduire que des résultats imparfaits. »
CHIMIE AGRICOLE. — Action du sulfate d'ammoniaque dans la culture
de la betterave. Note de M. P. L.4grange. (Extrait.)
(Commissaires: MM. Peligot et Thenard.)
« Résumé : i° Le sulfate d'ammoniaque paraît être un engrais très-favo-
rable à la culture de la betterave; il en augmente la richesse en sucre et
donne à la pulpe une plus grande valeur.
M 2° Ce sel semble être facilement décomposé par la betterave, qui s'assi-
mile l'amuioniaque de préférence, tandis que les alcalis et les carbonates
alcalins et alcalino-terreux de la terre végétale neutralisent l'acide sulfu-
rique au fur et à mesure de sa mise en liberté par le travail de la nutrition
de la plante, qui agit alors comme un véritable et admirable réactif. »
LITHOLOGIE MICROGRAPHIQUE. — Nodules à ivollastonite, pyroxène fassnïtc,
grenat mélanitedes laves de Santorin. Note de M. F. Fouqdé, présentée par
M. Ch. Sainte-Claire Deville.
(Commissaires: MM. Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée, DesCloizeaux.)
M Ces nodules sont de deux espèces, les uns creux, les autres pleins.
» Les premiers sont rugueux et au plus de la grosseur du poing. Leur
8a .
( 632 )
partie périphérique forme une croûte complètement close ou, au con-
traire, percée d'ouvertures. L'intérieur est rempli d'un lacis de très-petits
cristaux. Parmi ces cristaux on distingue :
» 1° Des prismes de wollastonite, dont la longueur atteint jusqu'à 4 mi'-
limètres, tandis que la largeur dépasse rarement o™'",3, et l'épaisseur o""",02.
Ces prismes, vus au microscope, sont incolores et transparents. La face la
plus développée est presque toujours la base p; l'allongement a lieu paral-
lèlement à l'arête pk, et l'angle des arêtes pg, et pk, est souvent modifié
par l'arête inclinée pe, (i). Les inclinaisons de matière étrangère y font fré-
quemment défaut; cependant il n'est pas rare d'y voir de petites cavités
à gaz et des inclusions solides. Ces cavités et ces inclusions sont arrondies
ou polygonales; leur diamètre est au plus de o^^jOi ào™™,02.
» 2° Des cristaux de pyroxène, verts, affectant la forme de la fassaïte et
implantés surtout le long des arêtes allongées des prismes de wollastonite.
» 3° Des globules jaune verdâtre, un peu troubles, offrant rarement
des contours polygonaux bien accusés. Ces corps n'exercent aucune action
sur la lumière polarisée. Ils se dissolvent facilement dans les acides. Ils
sont surtout implantés sur le milieu des faces p de la wollastonite.
» 4° Un minéral jaune clair, transparent, très-bien cristallisé sous
forme de lamelles carrées, tronquées parfois par des arêtes inclinées de
i35 degrés par rapport aux arêtes du carré. Ces cristaux sont isolés ou dis-
posés en groupements de nombreux individus. Ils sont criblés d'inclusions
irrégulières, constituées par une matière solide translucide, de couleur sou-
vent foncée. Ils sont solubles dans les acides et sans action sur la lumière
polarisée. Relativement, ils sont peu abondants. On les trouve surtout au
point d'implantation des prismes de wollastonite. Leur diamètre est au plus
de o'"™,6. La matière qui les constitue est un silicate calcaire et sodique,
contenant du chlore.
» 4" Des grenats mélanites en dodécaèdres rhomboïdaux très-régulière-
ment développés. On les trouve seulement dans certains échantillons. Ils
sont ordinairement portés sur un faisceau saillant de prismes de wollasto-
nite ou logés dans leurs interstices. Leur diamètre est d'environ ^ milli-
mètre. Ils sont fusibles en un verre noir non buUeux, lentement attaquables
par l'acide chlorhydrique. Us résistent très-bien à l'action momentanée de
l'acide fluorhydrique. Au microscope, on voit qu'ils sont transparents,
bruns, verdâtres, très-homogènes.
(i) Le minéralogiste Hesseiiibcrg, ayant eu à sa disposition des cristaux ])lus volumineux,
0 pti déterminer plusieurs autres faces de modification.
( 633 )
» Les nodules de la seconde espèce sont soudés à la lave, qui les en-
veloppe et les pénètre. Ils sont d'un jaune vert clair, parsemés de quelques
taches blanches et de veines grises. Ils ressemblent à des morceaux cal-
caires, mais ils ne dégagent pas d'acide carbonique au contact des acides.
La matière principale de ces nodules est constituée par un mélange des
éléments signalés dans les nodules creux, à l'exception du grenat qui fait
défaut. Les cristaux de wollastonite et les globules troubles jaune verdàtre
dominent dans ce mélange. Ils y sont associés sans ordre déterminé et en
proportions variables.
» Certaines taches blanches sont dues à de petites agglomérations de
cristaux de wollastonite; d'autres sont produites par des grains de quartz
irrégulièrement conformés, dont les plus gros ont au plus i millimètre de
diamètre. Ces grains sont d'un blanc un peu laiteux. Les réactions qu'ils
présentent au chalumeau, la manière dont ils se comportent avec l'acide
fluorhydrique, leurs apparences à l'examen microscopique ne laissent au-
cun doute sur leur nature. Ils agissent vivement sur la lumière polarisée et
renferment un grand nombre d'inclusions gazeuses ou solides, mais au-
cune inclusion liquide.
» Les veines grisâtres qui traversent les nodules sont formées par la
lave de la roche ambiante ; cette lave est profondément modifiée, ainsi que
celle qui entoure directement les nodules. Les cristaux de feldspath, de
pyroxène et de fer oxydulé y sout bien moins nombreux que dans la lave
ordinaire de cette éruption; ils sont clair-semes au milieu d'une matière
amorphe, transparente, sans action sur la lumière polarisée. Leurs faces
sont connne rongées, principalement près des bords. La matière amorphe
est remplie de petites inclusions gazeuses ou solides, ces dernières diverse-
ment colorées, quelques-unes avec bulles de gaz de mobilité douteuse. Ces
inclusions sont pour la plupart sans action sur la lumière polarisée.
Wollastonile
fendillée Wollaslonile Wollastonite Moyenne
Wollastonite et avec associée associée des
très- quelques à la au grenat cinq analyses Oxygène
limpide. inclusions. fassaite. mélanite. de wollastonite. correspondant.
Silice 40,2 45,-'> 43,9 43,7 43)6 45,o 24."
Chaux 4i,8 43,0 4i,3 42,3 43,3 42,1 11,8 j 1^ ,,
Magnésie 1,0 0,8 2,0 1,9 2,0 1,6 o,G j
Alumine 7,1 7,2 9,5 8,6 8,1 8,1 3,7» ,^^.
Fc'C 2,9 2,8 2,5 2,5 3,3 2,8 0,8)
99,5 99,3 99,2 iuo,9 99,3 99,6
Poids spécifique. 2,910 2,906 2,915 2,913 2,920 2,913
K;ipport moyen des quantités d'oxyc^'nc. . . Si : R : U = 3,;) : 2 : 0,7.
( 634 )
M La perte par calcination est en moyenne 0,8 pour 100; elle est due en
majeure partie à un dégagement de chlorure de sodium qui paraît im-
prégner la surface des cristaux. Matière jaune verdâtre
(mélange
de globules troubles Matière amorphe
et de cristaux de la lame
Grenat miilanilc. Pyroxène fassaïte. de wollaslonite). en veines grises
. — ^ - ^ — ■ ^ — ■ Moyenne de trois analyses dans
Oxygène. Oxygène. avec écarts faibles. les nodules.
Silice 35,6 19,0 46,8 24,9 35,6 60,8
Alumine 12, •! 5,-j ) ro,i /|,6 i5,8 16, 5
Fe=0' 16,8 3,3)9)0 10,4 FeO 2,1 \ 4,4 2,9
CaO 33,3 9,3 1 2/1,9 7,1? 11,9 41,1 3,9
MgO 1,2 0,5 P'** 6,8 2,7) 1,8 0,9
NaO 0,0 0,0 0,3 7,4
KO 0,0 0,0 0,0 1,5
99,1 99.0 99.0 99.9
Poids spécifique. 3,33o 3,a53 2,85o 2,55o
Rapports La matière l'oud
Rapports des proportions d'oxygène. des proportions d'oxygène, gu un verre noir.
Si : R : R = 2,1 : I : 1,1 Si : R = 2 ; 0,96 en perdant 2,6 pour
Calculé. . . 2 ; 1 : I Calculé 2:1 100.
» Les conclusions suivantes ressortent de ces analyses :
0 1° La wollastonite et le pyroxène fassaïte, qui lui est associé, sont l'un
et l'autre très-riches en alumine, et cependant ce sont des minéraux bien
cristallisés, très-purs. L'alumine n'y peut provenir de la présence d'un mi-
néral étranger, accidentellement renfermé dans ceux-ci. Elle y est réelle-
ment à l'état d'élément chimique intégrant. Du reste, il est à remarquer que
sa formule chimique est analogue à celle du pyroxène et de la wollaslo-
nite (m Si), si on la considère comme composée par l'union de deux oxydes
d'aluminium Àl et Al. L'absence d'isomorphisme de ces minéraux isolés
ne constitue pas un obstacle absolu à leur union.
» 2" Les globules jaune verdàtre et les cristaux jaune clair isotropes,
qui accompagnent la wollastonite et forment avec elle la matière des no-
dules pleins, sont plus basiques encore que la wollastonite.
» 3° Les grenats ne sont pas manganésifères. Ils ne contiennent pas
d'alumine en excès par rapport à ce qu'exige leur formule ordinaire. A ce
point de vue, ils forment un contraste frappant avec la wollastonite et la
fassaïte qui leur sont associées.
» 4° La matière amorphe de la lave en contact intime avec les nodules
de wollastonite diffère très-peu, par sa composition, de la lave commune de
l'éruption, malgré les profondes modifications physiques qu'elle a subies.
Elle est seulement plus riche en chaux, dont elle contient 3,9 pour 100, au
( 635 )
lieu de i,3 que possède cette dernière. Le fer y est aussi à un degré plus
avancé d'oxydation.
» 5° L'abondance de la chaux dans tous ces silicates et la présence du
quartz dans les nodules semblent démontrer qu'ils doivent leur origine à des
blocs de calcaire siliceux, qui se sont trouvés emprisonnés dans la lave en
fusion et charriés par elle, »
CHIRURGIE. — Du traitement de l'obslraction intestinale au début, par l'aspiration
des gaz. Note de M. Démarquât, présentée par M. Larrey.
(Commissaires : MM. Cloquet, Larrey, Gosselin.)
« L'obstruction intestinale est une maladie assez commune, contre la-
quelle le chirurgien et le médecin sont souvent impuissants. M. Nélaton avait
eu recours avec succès, dans un certain nombre de cas, à la gastro-entéroto-
mie; mais celte opération est fort grave par elle-même, et elle n'est point à la
portée de tous les chirurgiens : ajoutons que souvent elle fut suivie de re-
vers. Le but de notre éminent collègue, en la pratiquant de bonne heure,
était de faire cesser la fympanite et de rétablir le cours des matières in-
testinales. Le mouvement péristal tique de l'intestin une fois rétabli, on
a vu quelquefois l'obstruction intestinale cesser et le malade guérir.
)) Je me suis demandé si l'on ne pourrait point arriver au même résultat
en ayant recours à un procédé opératoire plus facile et à la portée de tous
les médecins. Qu'arrive-t-il, quand un obstacle vient à s'opposer brusque-
ment au cours des matières intestinales ? Les gaz s'accumulent dans la
partie supérietn-e de l'intestin, une tympanite se manifeste; en même temps
que surviennent des nausées et des vomissements, les anses intestinales se
paralysent par excès de distension. Si donc, au début du mal, quand aucune
péritonite locale ou générale n'est encore survenue, on vient faire cesser la
tympanite, en enlevant artificiellement les gaz, on voit quelquefois se rétablir
les mouvements de l'intestin et avec eux disparaître l'obstacle. Trois fois,
depuis quelques années, j'ai eu recours à ce procédé, et j'ai vu guérir les
malades.
» En résumant le dernier fait qui s'est passé sous nos yeux, dans mon
service d'hôpital, je vais indiquer le mode opératoire suivi.
« Un jeune homme de vingt ans entre dans mon service le jeudi aS février avec tous les
signes d'une obstruction intestinale dont le début remontait au mardi 23 : nausées, vomis-
sements niuqueux, tympanite considérable, insomnie, suffocation par refoulement du di.i-
( 636 )
phragme. Le 26, à la visite du matin, l'état du malade s'était encore aggravé. Sans hésiter, je
fais, avec le trocart capillaire de l'appareil du D'' Potain, quatre ponctions intestinales, deux à
droite et deux à gauche, et, faisant l'aspiration des gaz intestinaux à l'aide du vide fait dans un
grand bocal, nous enlevons ainsi une grande quantité de gaz : le ventre s'affaisse aussitôt,
le malade se trouve soulagé; immédiatement après cette opération, on entend les mou-
vements des gaz dans l'intestin, grâce au rétablissement péristaltique de ce dernier. I.e ma-
lade est mieux dans la journée : il ne peut supporter l'application de la glace sur l'abdomen,
mais il prend sans vomir un peu de bouillon et du calomel à dose fractionnée. La nuit du
26 au 27 a été moins mauvaise que les deux précédentes. Le 27, au matin, la tympanite
persiste, on voit les anses intestinales se dessiner sous les parois de l'abdomen ; de nouveau,
je fais, avec un trocart capillaire, quatre nouvelles ponctions; j'enlève, comme la veille,
une grande quantité de gaz et de matières intestinales liquides : vers 2 heures de l'après-
midi, fout accident avait cessé. «
» Il n'est point de médecitî qui, au début du mal, ne puisse recourir à
un pareil mode opératoire et arrêter dans sa marche une maladie souvent
mortelle. »
M. MicHAL soumet au jugement de l'Académie un Mémoire portant pour
titre « Détermination du résultat de plusieurs observations; mesure de la
précision du résultat ».
L'auteur se propose d'appliquer quelques règles du calcul des probabi-
lités aux résultats obtenus dans diverses séries de recherches expérimen-
tales : il a résumé ces règles et en a fait une première application aux ex-
périences faites par M. Dumas pour déterminer l'équivalent chitnique de
l'hydrogène. Il compte les appliquer également à la détermination de la
vitesse de la lumière par les expériences de M. Cornu, dès qu'il aura les
données de ces expériences à sa disposition.
(Commissaires : MM. Le A'^errier, Faye, Fizeau.)
M. Larpent adresse une Note concernant ses recherches relatives à la
marche à contre-vapeur, et prie l'Académie de comprendre ces recherches
parmi les pièces destinées au Concours du prix de Mécanique.
(Renvoi à la Commission.)
M. E. Regmeu soumet au jugement de l'Académie un Mémoire portant
pour titre : « Nouveaux procédés hydrostatiques de déplacements com|ien-
satetu's ».
(Commissaires: MM. Morin, Phillips, Tre.sca.)
( 637 )
M. P. Trémaux adresse une Note intitulée « Expressions réelles de la
force vive et conditions spéciales de la force de pesanteur et de la force ca-
lorifique M.
(Commissaires : MM. Fizeau, Resal. )
M. L. Berthout adresse une Note relative à la découverte d'un gisement
de fossiles, dans la plaine d'Écouché, arrondissement d'Argentan (Orne).
(Renvoi à l'examen de M. Ch. Sainte-Claire Deville.)
M. A. Nettee adresse une Note relative à l'injection de l'eau dans la
cavité péritonéale, comme traitement de la péritonite.
(Renvoi à l'examen de M. Gosselin.)
M. J.-B. ScHNETZLER adressc une Note concernant l'importation pro-
bable du Phylloxéra, depuis plusieurs années, dans le nord de la Suisse
par les cépages américains.
M. DE Saint-Trivier adresse une Note relative à des expériences effectuées
pour la destruction du Phylloxéra, par le déchaussement des ceps jus-
qu'aux racines principales, au commencement du mois de janvier. Les
pluies abondantes et les gelées semblent avoir tué l'insecte; on a trouvé la
base des ceps couverte d'individus morts. L'auteur attend l'arrivée de la
belle saison pour savoir si le Phylloxéra a réellement disparu des vignes
ainsi traitées.
MM. H. Jacquinot, M. Sitler, Hemmerich, Séjournât, Prcnneadd,
C. Zenker, J. Andero, D. Guadagxixi, du Closel, Rohart, Guédon adres-
sent diverses Communications relatives au Phylloxéra.
Toutes ces pièces sont renvoyées à l'examen de la Commission.
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de l'Instrcction publique adresse un projet de médaille
commémorative du passage de Vénus sur le Soleil, composé par M. Oudiné.
Cette pièce est mise sous scellé et renvoyée à la Commission adminis-
trative.
C.R., iS'jS, 1" Semestre. (T. LXXX, N" 10.) ^^
( 638 )
M. le Ministre des Tbavacx publics adresse un exemplaire du Rapport
de la Commission chargée de proposer les mesures à prendre pour remédier
à l'infection de la Seine aux environs de Paris.
M. le Directeur général des Douanes adresse, pour la Bibliothèque de
l'Institut, le Tableau général des mouvements du cabotage en 1873.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un ouvrage de MM. Dupont et Bouquet de ta Gr/e, intitulé : « Bois
indigènes et étrangers » ;
2° Un Traité élémentaire de Minéralogie, par M. F. Pisani;
3° Une nouvel le édition du «Traité élémentaire de Chimie» àeW.L.Troost;
l\° Des « Expériences toxicologiques et agronomiques, relatives à l'épiam-
pélie phylloxérique », par M. j4. Baudrimont ;
S" Des « Recherches sur les altérations spontanées des œufs », par M. U.
Gayon.
GÉOMÉTRIE. ~5ur certaines perspectives gauches des courbes planes algébriques.
Note de M. Halphen, présentée par M. de la Gournerie.
« On doit à M. Nother la proposition suivante, qui est d'une grande im-
portance dans les théories se rattachant aux fonctions abéliennes : J toute
courbe plane atgébiique on peut Jaire correspondre point par point d'autres
courbes qui ne possèdent que des singularités ordinaires. [Gùlt. Nadir., 1871.)
» Voici une proposition nouvelle qui comprend la précédente :
» Théorèmk. — Toute courbe plane algébrique est la perspective d'une courbe
gauche n'ayant qu'un point singidier, et telle qu'en ce point toutes les branches
aient des tangentes distinctes.
» Je démontre ce théorème en formant les équations de la courbe gauche,
comme je vais l'expliquer.
» Soient a, b les coordonnées d'un point singulier de la courbe repré-
sentée par l'équation T (jt, ;-) = o. Pour une valeur de x infiniment voi-
sine de a, cette équation admet plusieurs racines y infiniment voisines
de b. Ces racines forment, en général, plusieurs systèmes circulaires.
Soit « le nombre des racines comprises dans l'un d'eux. Si je pose a:—n = ^",
(639)
ces n racines constituent une seule et même fonction uniforme deÇ, qui se
représente par une série ^"(^), procédant suivant les puissances entières et
positives de Ç. Je prends, dans i, l'ensemble de ses premiers termes, en
nombre, pour le moment indéterminé, et je désigne le polynôme ainsi
formé par/(^). Je désigne par F(?) le reste de la série; en sorte que le
système circulaire considéré est représenté par
(i) ^ = « + ?", j=.;ff?)=/(5) + F(?).
» Soient maintenant w une racine primitive A^'^'"* de l'unité, et 9(|) un
polynôme entier. Je définis une fonction u par l'équation
(2) "-2- r ïï
» Cette fonction «est, comme on le voit, rationnelle en x et j.
» Soit maintenant un second système circulaire relatif, soit au même
point singulier que le précédent, soit à un autre. Je le représente par des
équations analogues à (i), savoir :
(3) ^ = fl, + r, j = .f. (?)=/,(?) + F, (?).
Au moyen d'un nouveau polynôme entier f,, je définis, par une équation
analogue à (2), une nouvelle fonction rationnelle «,, relative au système
circulaire (3). Je fais la même opération pour chaque système circulaire.
J'ai ainsi introduit, pour chacun d'eux, un polynôme entier ç,, et défini
une fonction rationnelle «,. Je considère maintenant la somme
U = w + », + //2 4- . . . .
La fonction rationnelle U jouit de la propriété suivante, que j'énonce seu-
lement, et dont la démonstration est facile :
)) Lemme. — En substituant, dans \J,àxetj- successivement les systèmes
de valeurs (i), (3),..., on obtient des fonctions uniformes de B, : tes développe-
ments de ces fonctions suivant les puissances croissantes de § coïncideront res-
vectivemenl avec ceux de^-^t trH\ ' • • • ' iusqu'à un terme de rang aussi élevé
au on voudra, sous la condition que l'on ait pris, dans chaque série et,, pour
composer citaque polynôme Ji, un nombre de termes assez grand, incds toujours
fini.
» Pour l'objet actuel, il suffira de faire coïncider respectivement les
83..
( 64o )
lieux premiers termes de chaque couple de développements correspon-
dants.
» Soit maintenant V une autre fonction rationnelle, exactement définie
comme U, mais au moyen de polynômes (}<,, différents des polynômes cpi.
De plus, le degré de chaque polynôme i]', devra surpasser de «,• unités celui
du polynôme correspondant y,-. Cela étant, je dis que : si la courbe
H [a-, )■) := o n'offre aucune particularité à l'infini, la courbe gauche
T {jc,j-) = o, z = 77 «'« qu'un point singulier, que ce point est à l'infini sur
l'axe des z, et que chacune des branches qui passent en ce point a une asjmplote
distincte,
1) En effet : i° aux valeurs infinies de x, y répondent des branches infi-
nies de la courbe gauche; en raison des degrés respectifs de <]/{ et o,, ces
branches répondent à des points simples et ont des asymptotes à distance
finie; 2" les valeurs finies de j:, j qui rendent V infini rendent en même
temps infinie la fonction U, et l'on voit aisément qu'elles laissent à z des
valeurs finies; 3° à chaque système de valeurs finies de j: et de ^ qui an-
nulent U répond une branche infinie de la courbe gauche, avec une asym-
ptote distincte parallèle à l'axe des z : ces branches se croisent au point sin-
gulier unique de la courbe gauche; 4° ^i tous les autres points simples de
la courbe plane répondent des points simples de la courbe gauche; 5° aux
points singuliers de la courbe plane répondent des points simples de la
courbe gauche. Cette dernière propriété peut se démontrer comme il
suit.
M Dans l'expression de z, je substitue à j:* et jr les valeurs (i). D'après le
lemme, les deux premiers termes des développements de U et V sont res-
peclivement les mêmes que dans les développements de p— : et de |rrY--
Donc les deux premiers termes du développement de z sont les mêmes
que dans le développement de ^4^' En raison de l'indétermination des po-
lynômes 9 et ij», le développement de z commence par c -H a^, c et a étant
deux constantes entièrement arbitraires. Il me suffit que « ne soit pas nul
pour conclure que ^ est une fonction luiiforme de a, et que, par suite, les
valeurs de x et j", infiniment voisines de a et b, qui satisfont aux équa-
tions (i), sont des fonctions uniformes de z. Donc au système circulaire (i)
répond, sur la courbe gauche, un point simple dont la coordonnée z est
égale à la constante arbitraire c. Je répète le même raisonnement pour les
autres systèmes circulaires, et je vois qu'il me suffit de prendre toutes les
( t34i )
constantes, telles que c, différentes entre elles, pour que la courbe gauche
satisfasse à toutes les conditions énoncées.
» Pour arriver maintenant au théorème énoncé au début de cette Note,
je suppose que j'aie pris des coordonnées homogènes, et que Jc\ j^ z ne dé-
signent plus des coordonnées, mais les rapports de trois des coordonnées
homogènes à la quatrième. La coiube plane n'est plus soumise à aucune
restriction. Quant à la courbe gauche, dont la courbe plane, au lieu d'être
la projection, est maintenant la perspective, son point singulier luiique est
placé au point de vue. Elle satisfait aux conditions énoncées dans le théo-
rème ci-dessus, qui se trouve ainsi démontré.
» Voici maintenant une conséquence. Soit p. l'ordre de multiplicité du
point singulier sur la courbe gauche, M son degré, m celui de la courbe
plane. Ou a manifestement M = m + ,a. Nous pouvons facilement aussi
trouver la classe de la courbe gauche. Remarquons que, si n est le nombre
des branches de la courbe plane comprises dans un des systèmes circulaires,
la courbe gauche, au point correspondant, a avec sa tangente un contact
d'ordre [?i — i). Il en résulte aisément que, la classe de la courbe plane
étant cet celle de la courbe gauche C, on a
C = c + 2/j. + I(7i — i) = c + ap. H- N — T,
N désignant la somme des ordres de multiplicité de tous les points singu-
liers de la courbe plane, et T le nombre total des systèmes circulaires for-
més par les branches de la courbe en ces points. L'élimination de [j. conduit
à la relation
C - 2 ?,ï = c — 2 /7Z + N — T.
» La perspective de la courbe gauche, faite d'un point de vue quel-
conque, est une courbe plane, de degré M et de classe C, n'ayant que des
singularités ordinaires. Donc, si p est son genre, on a C ~ 2M = 2(/> — i).
Or cette courbe et la primitive se correspondent point par point. Donc/^ est
le genre de la courbe primitive, et l'on a
"^ip — i) —c — im -\- "^ — T.
Je retrouve ainsi la formule qui donne immédiatement le genre de toute
courbe plane algébrique, et que j'ai déjà démontrée par une méthode très-
différente, dansuueprécédenteCommunication(Com/;<e5renc/u5, t.LXXVIil,
p. i833). ..
( 642 )
GÉOMÉTRIE. — Propriétés de courbes tracées sur les surfaces.
Note de M. Ribaccodr.
« J'ai l'intention de faire connaître dans cette Note quelques propriétés
concernant certaines séries de courbes tracées sur une surface. L'un des
théorèmes est une généralisation d'une proposition très-simple de M. Bel-
trami; un autre résulte de l'emploi des droites osculatrices à une normalie
déterminée. M. Mannheini vient de montrer que ces droites jouent un rôle
important quand on considère les éléments du troisième ordre : le théo-
rème en question en donne une preuve nouvelle.
» Dans ce qui suit, je suppose la surface de référence (A) rapportée à
ses lignes de courbure (u), (f ), et les équations analytiques rapportées au
trièdre instantané AX, AY, AZ, tel que AX et AY soient les tangentes
des [i>) et (m), AZ la normale à (A).
» En désignant par 9 l'angle que fait en chacun de ses points une
courbe S avec AX, l'équation du plan normal est
(i) X cosç + Ysin(j5 = o;
posant
T = V- — cos'j T— + sui ç) "
ds ' fg(h ' Jgdu
où T est la courbure géodésique de S; R,, Ro désignant les rayons de cour-
bure principaux.
» La caractéristique du plan (1) est déterminée par
(2) i + Z — — + — ^ -t- (Xsmç) — Ycos9)T = o.
i + Z(
'COS-'p SUl-'çj
\ B, ' H,
Posons enfin
^' = ^°^'y.7i(il:) + ^'"'?,^(s;)
+ 3cos^fflsino-^( — 1 + 3sin^G coso -A, , „
^ • gdi>\B.,/ ' • Jdu\R,
mes formules générales donnent pour la caractéristique du plan (2)
(z[$-3Tsinycos.(l--i-)] + (Xsin.-Ycosç.)^
( 643 )
» Éliminant X et Y entre (i), (2), (3), on a pour le Z du centre de la
sphère osculatrice à S
(4)
Zr$ - 3Tsinycosp(^ - ^)1
» Le coefficient de Z égalé à zéro donne l'équation différentielle d'une
section plane quelconque; il en est qui méritent une étude particulière :
ce sont celles que suroscule leur cercle osculateur. Le Z est alors indé-
terminé, de sorte que
rfT sinocnsra / i i \ /ros'o
sin'mN
Tds T \R, R,
(5) STsinç) cos'j (^ — j|-j = <t>.
» Les centres de courbure géodésique des sections swoscul^es forment dans le
plan tangent une courbe du troisième degré tangente à l'origine à AX et AY,
qui présente cette particularité que ses trois points d'inflexion sont sur la droite
qui joint les centres de courbure géodésique des lignes de courbure : cette courbe
passe par les centres de courbure de la section de (A) par son plan tangent.
» En égalant $ à zéro, on obtient les courbes tangentes aux sections
normales surosculées par des cercles (considérées par M. de la Gournerie);
leur équation peut s'écrire
et sous cette forme on voit qu'e/Zes se correspondent sur les surfaces pa-
rallèles.
» On remarque que, dans l'équation (4). les éléments du troisième ordre
disparaissent si
I cos'tp sin-œ
z + V + -Rr = ^'
» On retombe alors sur (5), d'où résultent ces deux propositions :
M La recherche des courbes tracées sur (A), dont les sphères osculatrices sont
tangentes à (A), ne dépend que d'une équation du second ordre (propriété déjà
établie par M. Darboux, qui le premier a signalé ces lignes).
» Si l'on trace sur (A) une courbe dont toutes les sphères osculatrices lui soient
tangentes, chacun des plans osculateur s de cette courbe coupe (A) suivant une
section surosculée par un cercle.
» Je montrerai ailleurs comment, à l'aide des éléments du premier ordre
( 644 )
de la développée, ou à l'aide d'une conique auxiliaire ayant un caractère
géométrique propre, onpeut construire "le lieu des centres de courbure
géodésique des sections siirosculées.
» L'équation (5) permet de trouver une généralisation d'un élégant
théorème de M. Beltrami. Considérons en effet une courbe 1, telle que la
courbure des sections normales tangentes soit constante (les asymplotiques
correspondent au cas où la courbure est nulle); si l'on différentie l'expres-
sion de cette courbure, on trouve pour la courbure géodésique de 2
2T, sinycosç f-^ — ^j =$;
comparant avec (5),
3T = 2T,.
» Le rayon de courbure géodésique d'une courbe 1 à courbure normale con-
stante est les -| du rayon de courbure géodésique de la section plane surosculée
par un cercle ayant même tangente.
» Si la courbe 1 est asymptotique, la section surosculée devient la sec-
tion de la surface par son plan tangent, dont le cercle osculateur, tout en
ne surosculant point la section, a quatre points communs avec elle; dans
ce cas notre théorème coïncide avec celui de M. Beltrami.
» Ceci donne quelque intérêt à l'étude des courbes 2, et il n'est pas inu-
tile d'indiquer qu'elles s'intègrent complètement sur la surface cyclide. Je
terminerai cette Note par une construction géométrique directe du centre
de courbure géodésique des courbes à courbure normale constante.
» Déterminons d'abord les droites osculatrices à la normalie le long d'une
courbe S; portons sur AZ une longueur Ç variable ; ds désignant l'élément
de S, la droite qui joint les extrémités des segments infiniment voisins a une
direction variable avec — • Cherchons les équations de la conjviguée :
» L'équation du plan tangent à la hauteur Ç est, pour la normalie,
Xsin 9 (i -h --A = Y coscpfi + ^ y
» Je déduis de mes formules, pour la caractéristique,
( 645 )
On trouvera le — correspondant à la droite osculatrice en exprimant que
la conjuguée coïncide avec la tangente au lieu de l'extrémité du seg-
ment Ç,
Le terme en T disparaît si Ç correspond à l'un des centres de courbure
principaux; donc :
» Toutes les nonnalies tangentes entre elles ont mêmes droites osculatrices
aux centres de courbure principaux de (A). Ces deux droites percent le plan
tangent à (A) en deux points. L'équation de la droite qui les joint se dé-
duit sans peine de (7) et (8); elle est
asinepcosep
fe-ïï;)=^°'
» On trouvera son intersection avec la normale à S, en posant
sin <p ,, cos nf
où T, désigne l'inverse du segment compté sur cette normale depuis A.
Substituant, on retrouve l'équation (6), d'où résulte cette proposition :
» Soit une tangente AT à (A) : que l'on mène aux centres de courbure prin-
cipaux les droites osculatrices aux iwrmalies tangentes à AT, que l'on joigne
leurs traces sur le plati tangent en k, la droite ainsi obtenue contient le centre
de courbure géodésique de la courbe à courbure normale constante tangente
à AT.
» Cette droite, lorsque 9 varie, enveloppe une conique. »
PHYSIQUE. — Sur la diffraction, propriétés focales des réseaux.
Deuxième Note de M. A. Cornu.
« A l'occasion de la Communication très-intéressante de M. Soret, je de-
manderai à l'Académie la permission de résumer quelques recherches con-
C. R , 187 j, i" Semestre. (T. LXXX, N" 10.) ^4
( 646 )
duisant à des résultats analogues, mais plus généraux, et confirmant en ce
qu'ils ont de commun ceux du savant professeur de Genève.
» Le point de départ de mes études est la recherche de la cause d'un
phénomène particulier que présentent souvent les réseauxutilisés en optique
pour la mesure des longueurs d'onde lumineuses. On sait qu'un faisceau
de rayons parallèles tombant normalement sur un réseau donne, outre le
faisceau prolongé, une série de faisceaux déviés suivant les angles dont les
sinus varient comme les multiples de la longueur d'onde lumineuse. Ces
faisceaux observés au foyer d'une lunette donnent les spectres de divers
ordres, et même les raies si le réseau est suffisamment parfait.
» La théorie indique que les faisceaux ainsi diffractés doivent être com-
posés de rayons parallèles. Or il arrive que des réseaux en apparence très-
réguliers, définissant les raies avec une netteté parfaite, présentent, ainsi
que l'a observé et décrit M. Mascart, la singularité suivante : les spectres
de divers ordres, déviés d'un côté du faisceau central, sont formés par des
faisceaux convergents et ceux qui sont déviés du côté opposé par des
faisceaux divergents. Ayant entrepris un long travail sur le spectre ultra-
violet, je me préoccupai de cette cause d'erreur, craignant qu'elle ne con-
stituât luî motif sérieux pour rejeter les réseaux dans la mesure des
longueurs d'onde : heureusement, comme on va le voir, il n'en est rien.
» Après avoir cherché inutilement la cause de ce phénomène dans diverses
imperfections des traits des réseaux, je fus amené par une observation for-
tuite à la véritable explication : une épreuve photographique d'anneaux
colorés, obtenue dans mes expériences sur l'étude optique de l'élasticité,
avait été laissée par hasard près du porle-lumière d'une chambre obscure;
la réflexion de la lumière du dehors me fit apercevoir sur les anneaux
hyperboliques des irisations particulières, dont le maximum de netteté pa-
raissait en dehors du plan de la surface striée. J'en conclus immédiatement
la formation d'un foyer réel par diffraction avec dispersion des couleurs.
» Je fus conduit à me jioser et à résoudre le problème que voici :
» Suivant quelle loi doit-on T'épartir les traits d'un réseau pour que les ondes
cylindriques émanées d'une ligne lumineuse parallèle aux traits et diffractées par
chacun d'eux soient concordantes suivant une même droite également parallèle
aux traits du réseau?
» Considérons une section par un plan perpendiculaire aux traits du
réseau et des lignes lumineuses, pour ramener la question à la Géométrie
plane, et supposons, pour simplifier la démonstration, que la source F' et
( 647 )
le foyer F soient sur une même perpendiculaire FOF' au plan du réseau.
Appelons x^jc,,..., x„ jr„+, la distance de chacun des traits Tq, T, , . . . , T„_^,
au pied O de la perpendiculaire FOF'. Soient c?„ l'angle OFT„ et <?„ l'angle
OF'T„;-la condition de concordance au point F consiste en ce que les che-
mins F'T„F et F'T„+,F diffèrent d'un nomhre entier k positif ou négatif de
longueurs d'onde. Cette différence comprend deux ternies de même forme :
( j:„h-i — x„) sin o„ = s, ( .r„_^, — .r„) sin §„ = i' , avec s + e' = AX,
si les points F et F' sont de part et d'autre du réseau.
» D'autre part, la tangente trigononiétrique de 5„ est égale au quotient
de - (x„+i -h Xn) par OF ou D; de même, pour fX, ,
(jr„+, -\- x„) = aDtangc?,,, J"„+, -h x„ — ^D'tangiî;,.
Si les déviations §„, o„ sont assez petites pour qu'on puisse négliger la dif-
férence de leurs cosinus avec l'iuiité, on aura, en éliminant les 5,
(j^;,+x - K ' (5 + 57) = 2 A'X.
» La condition cherchée est donc que la différence des carrés des dis-
tances des traits à la droite FF' soit constante.
M Cette loi de répartition des traits consécutifs est précisément celle des
diamètres ou des rayons consécutifs x„+,, x„ des anneaux colorés formés
par une surface de rayon R sur un plan (ou par deux surfaces convena-
blement choisies), à l'aide d'une liuuière monochromatique de longueur
d'onde quelconque ),',
» Cette coïncidence dans la loi de distribution des traits et des anneaux
explique le phénomène que j'ai observé sur une épreuve photographique.
» L'identification des deux équations conduit à la formule
1,1 9. , > ., . ,1 I I
f: 4- 7^ = - A -, identique a — I — 7 = -r^
u u a. X '■ p p j
formule classique des lentilles.
» Cette démonstration s'applique évidemment au cas d'une onde sphé-
rique et de traits circulaires, et au cas où la ligue joignant la source lumi-
neuse et le foyer serait très-légèrement oblique sur le plan du réseau. On
en conclut l'énoncé suivant :
» Un reseau plan dont les traits recliliijnes ou circulaires seraient distribués
84-
(G48 )
suivant la loi (la diamètres des anneaux colorés formés sous l'incidence normale,
entre une surface plane et une surface cylindrique ou sphérique de rajon R,
jouit des propriétés d'une lentille cylindrique ou sphérique qui aui'ait une série
dejoyers principaux réels ou virtuels en ligne droite avec le centre des anneaux;
leurs distances au réseau sont des sous-mulliples des nombres entiers positifs ou
négatifs, correspondant aux ordres des spectres de diffraction. La dislance focale
principale de premier ordre, la plus grande de toutes, est pour la lumière simple
de longueur d'onde 1' qui a produit les anneaux colorés, et égale à la moitié du
rayon R; pour une lumière de longueur d'onde différente X, elle est multipliée
par le rappoil de X' à X.
» Ce résultat comprend, comme cas particuliers, tous les cas étudiés par
M. Soret; je n'insisterai donc pas sur les propriétés de ces systèmes op-
tiques et les applications qu'on en peut tirer. Je me contenterai d'indiquer
ici les conséquences relatives à l'emploi des réseaux proprement dits, tels
qu'on les emploie pour la mesure des longueurs d'onde.
» On remarquera, comme corollaire de ce théorème, que ces propriétés
subsistent, même pour luie portion incomplète du système de traits définis
plus haut. C'est précisément le cas des réseaux usités en optique. Malgré
tout le soin qu'on apporte à les construire, il arrive presque toujours que
les traits, au lieu d'être équidislants, présentent, sur une portion plus ou
moins considérable du réseau, des erreurs systématiques régulières. Je ne
veux pas parler ici des variations périodiques qui constituent les défauts
les plus ordinaires des réseaux imparfaits : elles proviennent généralement
d'un défaut de la vis qui a servi à leur division, et causent un trouble qui
empêche d'apercevoir les raies avec netteté. J'ai en vue les erreurs systé-
matiques qui produisent un changement de foyer sans altérer la netteté des
images; toute variation progressive et continue dans la loi de la distance
des traits peut s'écrire sous l'une des deux formes
j„ ■= a + bn -v- cfï- -h..., n — a -^ /3r„ + yj; + ...,
lesquelles sont équivalentes si les coefficients c et 7 sont très-petits, c'est-
à-dire si les traits sont presque équidistants. Il est évident que la seconde
peut être identifiée avec la condition analytique exprimée plus haut. Les
mêmes conclusions s'appliquent donc entièrement à ce cas, et l'on trouve :
M 1" Que les spectres de divers ordres ont des distances focales sous-mulliples
des nombres entiers i, 2, 3,..., k;
» 2° Que ces foyers sont en ligne droite avec le centre idéal du réseau;
» 3" Que ces foyers sont réels pour les valeurs positives de k, c'est-à-dire pour
( 649 )
les speclrcs difjractés d'un côte du faisceau central, et virtuels pour les valeurs
négatives, c'est-à-dire pour les spectres déviés du côté opposé.
» Malgré la simplicité de celte démonstration, j'ai tenu à faire des véri-
fications numériques. A cet effet, j'ai commencé par obtenir une épreuve
photographique d'anneaux colorés formés entre une surface plane et la
surface légèrement bombée d'une lame de quartz, par flexion sous un poids
convenable; les anneaux, d'abord elliptiques, deviennent rectilignes avant
de passer à la forme hyperbolique. On obtient ainsi des franges rectilignes
disposées suivant la loi des anneaux. Deux petites épreuves obtenues sur
glace ont donné le phénomène dans toute sa netteté. Le produit RX'— o"""i,49
a été calculé par la mesure micrométrique des dix franges centrales, et la
distance focale principale calculée par la formule 2/AX= RX' a donné pour
la lumière de la soude (X'= o""',ooo588)/=: ZiiG millimètres; l'observa-
tion directe a donné 4oo millimètres.
» J'ai construit successivement trois réseaux, en calculant la position
de chaque trait, qu'on traçait ensuite sur noir de fumée ou sur vernis, à
l'aide d'une machine à diviser. A cet effet, j'ai réduit en tables la formule
r« = looyn ,
ri
lOuO
qui donne pour a/ X la valeur lo, d'où l'on conclut, en prenant pour X la
longueur d'onde de la lumière de la soude, / = 8™, 5o3.
» Voici le résumé des mesures des distances focales des spectres des divers
ordres obtenus avec ces trois réseaux, dont les distances des traits sont des
multiples ou sous-multiples des nombres de la table. Ces distances focales
ont été déduites des variatioiis du tirage d'une bonne lunette employée à
observer ces spectres. Ces observations remontent au mois de mai 1871.
Spectres de gauche. Spectres de droite.
i^'' ordre. i^ ordre. i'"'' ordre. a'' ordre,
m m
Is'° 1. (Observé » 8,27 7i7^ "
(100 traits). (Calculé » 8,5o 8,5o >-
«"2. ( Observé » 3,88
(200 traits). ( Calculé » 4)^^ " "
N" 3. (Observé 7,7') 16,62 15,78 7,96
(i 00 traits). I Calculé 8,5o 17,00 17,00 8,'')o
M J'aurais désiré attendre pour obtenir des vérifications plus précises et
indiquer diverses autres applications de ce phénomène; j'ai préféré donner
ces résultais, malgré leur imperfection, pour me réserver le droit de conti-
nuer ces recherches. »
( 65o )
PHYSIQUE. — Sur la fonction mctgnélisanle de l'acier trempe.
Note de M. Bouty, présentée par M. Jamin.
« Le moment magnétique d'une aiguille aimantée peut toujours être
considéré comme le produit de deux facteurs, dont l'un exprime la quantité
de magnétisme contenue dans l'aiguille, ou, si l'on veut, la puissance de
chaque pôle, tandis que l'autre facteur est égal à la distance des deux
pôles. D'après le conseil de M. Jamin, je me suis préoccupé de déterminer
séparément ces deux éléments distincts, et d'étudier à part la variation de
chacun d'eux quand on change les conditions de l'aimantation. Voici le
principe de la méthode que j'emploie :
)) On vérifie aisément que les moments magnétiques j" d'une série d'ai-
guilles de longueur x différente, aimantées dans les mêmes conditions,
peuvent être représentés par une formule telle que
(i) j ^ m{a.- - d),
pourvu que leur longueur soit supérieure à une certaine limite /. Dans
toutes ces aiguilles la quantité de magnétisme est constante et égale à m, et
la distance des pôles aux extrémités est constante aussi et égale à -• Si l'on
vient à briser ces aiguilles et qu'on retire de leurs milieux divers fragments
de longueur supérieure à une autre limite /'•</, leurs moments ^' sont
représentés par la formule
(2) f=m{x'-^);
la quantité de magnétisme est la même que dans l'aigaille mère, mais les
pôles sont plus voisins des extrémités, ô étant toujours plus petit que d.
Ces faits, presque évidents a priori^ ont été soigneusement vérifiés par l'ex-
périence.
» Supposons maintenant que l'on veuille déterminer m et d pour une
aiguille donnée. On détermine d'abord son moment magnétique j-, puis
on la réduit par l'ablation des deux bouts sur une longueur suffisante, et
l'on détermine de nouveau le moment magnétique j-'. On sait (*) que, dans
les aiguilles de rupture de même diamètre, la quantité ô est constante,
quelle que soit l'intensité de l'aimantation; sa valeur, connue d'avance,
est par exemple 6°"", 5 dans les aiguilles de o°"",553 de diamètre. De plus
(*) Voir Études sur le magnétisme, ch. III [Annales de l'École Normale, iS^S).
(65i )
on peut, par des ruptures successives, raccourcir le fragment primitif, et
fixer ainsi autant de points que l'on voudra de la droite représentée par
l'équation (2) : on obtiendra la quantité de magnétisme avec beaucoup
d'exactitude.
» La détermination de d est à beaucoup près moins précise, puisqu'on
n'a pour fixer sa valeur qu'une seule observation, celle qui se rapporte à
l'aiguille mère, et que d'ailleurs d est toujours une quantité assez petite.
Cependant, en multipliant les observations et prenant des moyennes, on
parvient à des résultats satisfaisants.
» J'ai étudié par ce procédé la manière dont varient la quantité de ma-
gnétisme et la distance des pôles, quand on aimante par un passage à tra-
vers une même spirale des aiguilles de o™™, 553 de diamètre, trempées très-
dur, et qu'on fait varier l'intensité du courant.
» Quantités de magnétisme. — Les résultats obtenus sont représentés en
moyenne par le tableau suivant, dans lequel les nombres des deux colonnes
sont exprimés en unités arbitraires :
Intensité du courant. Quantité de magnétisme.
3 A peine sensible
5 0,12
7 "îSi
9 '.°9
13, 2,11
i3,8 2,89
1 .'j 3 , 35
18 5,65
23 I ' 1^6
28 '7 190
36 ?3,oo
40 • 24,00
5o 25 ,90
co 28,90
» Plusieurs physiciens, entre autres Stoletow (*) et Rowland (**), se sont
préoccupés récemment de déterminer ce qu'ils appellent \a fonction magné-
TT
Usante de diverses sortes de fer ou d'acier. C'est le rapport —de la quantité
de magnétisme H développée d'une manière soit temporaire, soit perma-
(*) Stoletow, P/iilosop/iical Magazine, ^an\\er iS^S.
(**) RowLAXD, Ibid., août 1873.
( 652 )
nente dans l'unité de volume de la substance prise sous la forme d'un cy-
lindre de dimensions transversales infiniment petites par rapport à sa lon-
gueur, à la force F qui développe ce magnétisme en agissant dans le sens
de l'axe du cylindre. La manière la plus nette de représenter cette fonction
consiste à construire une courbe dont les ordonnées sont les quantités H,
et les abscisses les forces F. D'abord concave vers les ordonnées positives,
cette courbe présente ensuite un point d'inflexion et s'approche asympto-
tiquement d'une parallèle à l'axe des abscisses.
» Les nombres contenus dans le tableau précédent sont proportionnels
à F et à A. La courbe qu'Us fournissent présente les mêmes caractères géné-
raux que celles de Stoletow et de Rowland, mais avec des allures plus roides :
concavité vers les H positifs pour de faibles valeurs de F fortement pronon-
cée, inflexion si longue que sur une portion notable de son étendue la
courbe se confond physiquement avec une ligne droite ; en un mot, aspect
d'une ligne brisée dont on aurait arrondi largement les angles obtus, tels
sont les résultats que m'a donnés la construction de la nouvelle courbe. Ils
confirment les faits découverts par des méthodes absolument différentes
pour le fer, en même temps qu'ils caractérisent la manière d'être particu-
lière de l'acier trempé très-roide, et qu'ds apportent une vérification inat-
tendue aux idées théoriques que j'ai présentées ailleurs à ce sujet (*).
)) Dans l'impossibilité où je me trouve d'effectuer des mesures absolues,
j'ai dû me borner à comparer les résultats de Rowland aux miens, de la
manière indiquée par le tableau suivant. C est l'abscisse à l'origine de la
tangente au point d'inflexion, C l'abscisse du point où cette tangente ren-
contre l'asymptote à la courbe; L le maximum de raimantation. Toutes
les ordonnées sont exprimées en fonction de C, toutes les abscisses en fonc-
tion de L.
Fer d'après Rowland (**). Acier trempé.
Abscisses. Ordonnées. Abscisses. Ordonnées.
Abscisse C et ordonnée correspoii- i „^ ^o^^ /• o ^ rr
, , , ï t,q7oC, o.boiL, a.faooCi o.'tqdL,
dante de la courbe ) -" ' -^
Ordonnée correspondant à l'abscisse C. » o,iooL, » o,iooLi
Coordonnées du point d'infle.xion. . . ija'jiC, Oja^SL, ijGG^Cj o,4i4Li
Longueur de la partie rectiligne de la \
courbe (différence des abscisses ex- 0, 190 C, » o,5oc)Ci u
trêmes) '
(*) Études sur li: mngnêtisnic, chap. IV.
(**) Nombre déduits de mesures prises sur une copie de la courbe de Rowland.
( 653 )
» L'intervalle de C à C pourrait être nommé intervalle de l'aimantalion
rapide; dans ces limites, écartées de 0,9730, pour le fer, de 1,60862
pour l'acier trempé, la quantité de magnétisme croît à partir du yj de
sa valeur maximum jusqu'à une fraction de cette valeur voisine de| pour
le fer et de | pour l'acier. La détermination en valeur absolue de C, de C
et des ordonnées correspondantes fournirait une bonne comparaison des
pouvoirs magnétiques des divers aciers, fers, etc., en même temps qu'elle
fixerait les limites qu'il serait absurde de ne pas atteindre ou peu écono-
mique de dépasser dans l'intensité des courants employés à aimanter.
» Dans une prochaine Communication, j'indiquerai les résultats relatifs
à la distance des pôles, ainsi que les changements éprouvés par la quantité
de magnétisme ou par la dislance polaire, quand on répète le passage de
l'aiguille que l'on aimante à travers la spirale magnétisante. »
PHYSIQUE. — Sur la délennination de la quantité de magnétisme d'un aimant.
Note de M, R. Bloxdlot, présentée par M, Jamin.
« Il y a longtemps qu'on a eu l'idée d'instituer une méthode d'explo-
ration magnétique fondée sur la production de courants induits. Dès 1849,
M. Van Rees publiait dans les Annales de Pocjgendorjf {*) le résultat de re-
cherches sur la distribution du magnétisme, exécutées par un procédé
dont voici le principe : on a une bobine très-aplatie dans le sens trans-
versal, et dont le fil est relié à un galvanomètre; le barreau à explorer est
introduit dans l'intérieur de celte bobine jusqu'à un point déterminé de
celui-ci; cela fait, on le retire vivement jusqu'à une grande distance : un
courant d'induction prend naissance, lequel fait dévier d'un certain angle
l'aiguille du galvanomètre.
» M. Van Rees pose une simple proportionnalité entre l'intensité du
courant et le magnétisme inducteur, d'où il suit que le courant observé
est une mesure pour la somme des magnélismes libres sur lesquels glisse
la bobine, et il conclut d'ime relation connue que la somme des magné-
tismes libres sur lesquels glisse la bobine esl égale au magnétisme vrai à la
place à partir de laquelle celle-ci est tirée.
» Plus tard, en 1861, dans un Mémoire dont un extrait se trouve éga-
lement dans les Jnnales de Pogcjendoijj (**), ]\L Rotblauf traite le même
(*) Vam Rees, Pngg. Ann., Ed. LXXIV, p. 217,
(**) K. RoTULAUF, Bcstini. d. niagnet. Vcithcil. miltelst Magnet-Induclion , ibid.,
Bd. XVI, p. 592.
C.R., 1875, i"£emejjre, (T.LXXX, N° 10.) ^^
( 654 )
sujet; son Mémoire commence par un examen critique du travail de M. Van
Rees : la théorie de celui-ci est fautive en deux points; le principal grief
contre elle est qu'elle suppose que l'on expérimente avec une bobine formée
d'une seule circonvolution et que l'on suppose que les points situés au-des-
sous de cette bobine sont les seuls qui agissent par induction. Nous ren-
voyons pour les détails de cette critique au Mémoire de M. Rothlauf (*).
Enfin, dans ces derniers temps, M. Gaugain a repris à son tour la méthode
de Van Rees et en a fait le fondement des recherches qu'il poursuit avec
succès sur le magnétisme.
» Il nous a paru intéressant d'examiner, au point de vue théorique, la
méthode de M. Van Rees, de rechercher la signification exacte des nombres
qu'elle donne, et de traiter en particulier un cas où, quoiqu'elle soit
généralement inexacte, son application n'en traîne aucune erreur appréciable.
» La première impulsion mesurée représente, par rapport au courant
induit, l'intégrale / idt, i désignant l'intensité variable du courant, et t
le temps, dont les limites sont t^ et /, .
» Reportons-nous à la théorie des courants d'induction donnée par
Neumann.
» Si l'on a un pôle fixe P et un circuit fermé B se déplaçant par rapport
à ce pôle, il se proiluit dans le circuit un courant d'induction dont le sens
est tel qu'il est inverse au sens du courant qui donnerait au circuit le
mouvement qu'il a en réalité (loi de Lenz).
» Soit ds un élément du circuit : cet élément est le siège d'une force
électromotrice eds. Si le circuit B était parcouru par un courant d'inten-
sité m en mesures absolues, ds serait soumis de la part du pôle P à une
certaine force. Soit y la composante de cette force suivant la direction du
mouvement; la loi élémentaire doiuiée par Neumann est la suivante :
eds = — iv/,
V désignant la vitesse de l'élément ds, et t étant une constante.
» Considérons ce qui se passe dans le temps dt pour le circuit tout
entier. Soit R la résistance de ce circuit; le courant élémentaire produit
sera, d'après la loi de Ohm,
idt = — -Ivydt,
le signe ^ s'élendant à tout le circuit B.
Voir aussi G. Wiedemaxn, Die Lelirc vnn Gahanismus, t, II, p. 32 1, en note.
(V.
( 655 )
» Mais on a f = —-,dw représentant l'élément de la trajectoire tle ds;
donc
ce qui donne l'énoncé suivant :
» Le courant différentiel est éqal, à im facteur près, à la somme des travaux
élémentaires des forces que le pôle subit de la part des éléments d'un courant r
supposé parcourant le circuit B.
» Si nous intégrons entre les limites correspondantes, il vient
(A) f'idi=-L r'27rf,
» Il en résulte que, pour un circuit donné, l'impulsion première du
galvanomètre est proportionnelle au travail qu'il faudrait effectuer pour
produire le mouvement relatif du pôle et du circuit supposé parcouru par
le courant i .
» Si nous voulons passer au cas de l'aimant vrai, il suffit de considérer
un nombre quelconque de pôles, et l'on voit, par luie suite de somma-
tions, que le théorème s'applique dans le cas d'une distribution quelconque
comme dans le cas d'un pôle unique.
» Nous avons maintenant à évaluer le travail en fonction des données
de l'expérience.
)) Soient V le potentiel par rapport au circuit d'un pôle quelconque P, et
[j. le magnétisme de ce pôle; le travail pour passer d'un état à l'autre du
système, en n'ayant égard qu'à ce pôle, est égal à la variation correspon-
dante de la quantité fxV, soit p. (V, — Vo). Nous aurons donc, en substituant
dans l'équation (A) :
le signe\ s'étendant ici à tous les pôles de la distribution (*).
» Cette relation, en général très-compliquée, se simplifie dans un cas
spécial, comme nous allons le faire voir.
» Considérons le potentiel V d'un pôle P; on sait que ce potentiel a pour
valeur eu mesures absolues l'ouverture du cône sous lequel le pôle P voit
(*) Cette équation concorde avec le calcul donné par G. Wiedemann. Ouvrage cité, t. III,
p. 80.
85..
( 656 )
le courant. Si donc le circuit B part de l'infini négatif pour atteindre le
pôle et s'en éloigner ensuite jusqu'à l'infini positif, le potentiel varie de la
quantité ^n.
') Il en résulte que, dans les conditions de déplacement ci-dessus indi-
quées, V, — V„ est une quantité constante et égale à 4^^ pour tous les
pôles; en conséquence, on peut la mettre en facteur, ce qui donne
J'idt^- ^l^n^lJ. = - j47îM,
en désignant par M le magnétisme total de la distribution.
)) Dans un aimant long, le magnétisme peut être considéré comme réuni
dans le voisinage des extrémités; par conséquent, si l'on place la bobine sur
la partie moyenne d'un tel aimant, pour retirer ensuite celle-ci jusqu'à une
grande distance, on se trouve sensiblement dans les conditions de la théorie
précédente. Il en résulte que la quantité du courant peut servir à mesurer
le magnétisme total de la moitié d'un barreau, pourvu que celui-ci ne soit
pas trop court, c'est-à-dire que sa distance polaire ne soit pas plus petite
que 8 à lo centimètres.
» On voit aussi que le courant est indépendant du diamètre de la bo-
bine, pourvu que ce diamètre soit une petite fraction de la longueur du
barreau. Cette dernière proposition a été, du reste, vérifiée expérimentale-
ment par Faraday et Lenz, et plus récemment par M. Gaugain. »
MÉTÉOROLOGIE. — Théorie des tempêtes; réponse à M. Faye. Note de
M. H. Peslin, présentée par M. Cli. Sainte-Claire Deville.
« V Annuaire pour l'an 1875, publié parle Bureau des Longitudes, ren-
ferme une Notice scientifique intitulée : Défense de la loi des tempêtes. L'au-
teur, M. Faye, se propose de défendre les lois énoncées par Piddington, Reid
et Redfieid contre les critiques dont elles sont aujourd'hui l'objet; et, comme
ces critiques lui paraissent dériver d'une idée théorique fausse, d'un pré-
jugé, que les siècles ont légué aux marins et aux météorologistes, il a entre-
pris de détruiicle préjugé, de démontrer l'inanité de la théorie ancienne
et de la remplacer par une théorie nouvelle, que l'étude des phénomènes
solaires lui a inspirée.
» Nous avons, dans un Mémoire couronné en 1868 par l'Association
scientifique de France, appliqué au développement de la théorie ancienne
les principes de la dynamique des fluides et de la théorie mécanique de la
(657)
chaleur; nous devons donc nous croire intéressé dans le débat soulevé par
M. Faye, quoique notre nom n'y ait pas été prononcé.
» La Notice de jM. Faye a pour objet de défendre les lois des lenipêles :
voyons donc si la théorie nouvelle les défend mieux que l'ancienne. Ces
lois se réduisent à doux ; i° le mouvement de l'air autour du centre de la
tempête est circulaire; 2" le sens de la gy ration est constant dans chaque
hémisphère.
» I. C'est à la loi du mouvement circulaire que s'adressent les cri-
tiques récentes. M. Meldrum et divers météorologistes, se basant sur l'étude
des cartes des tempêtes, publiées en si grand nombre depuis dix ans, pré-
tendent que la loi n'est qu'approximative, et qu'au mouvement circulaire,
qui est toujours prédominant, se joint un mouvement centripète faible,
mais constant, et facile à reconnaître au milieu des irrégularités que pré-
sente la direction des vents. La théorie ancienne, dite de Vaspiration, rend
aisément compte du mouvement centripète; elle attribue le mouvement
circulaire autour du centre d' aspiration à l'influence de la rotation ter-
restre. La théorie nouvelle assimile les tempêtes et cyclones aux tourbil-
lons qui se développent dans les cours d'eau, lorsque les filets voisins pré-
sentent des vitesses inégales. <
n Les cyclones ou tempêtes, dit JI. Faj'c (page 5o2), sont des mouvements gyratoires cir-
culaires à vitesse croissant vers le centre, nés dans les courants supérieurs aux dépens de
leurs inégalités de vitesse, se propageant vers le bas dans les couches inférieures, malgré
leur état de calme parfait ou indépendannnent des vcnls qui y régnent. »
» L'air entraîné dans le tourbillon a un mouvement descendant; M. Faye
prend soin de rappeler les observations qui ont mis depuis longtemps hors
de doute le mouvement descendant pour les tourbillons des cours d'eau.
Ainsi l'air du tourbillon se renouvelle ; entrant par les régions supérieures,
il est rejeté dans l'atuiosphère tranquille par les régions inférieures; mais,
dès lors, je ne conçois pas comment le mouvement de l'air observé à la sur-
face de la terre peut être rigoureusement circulaire ; il doit être divergent :
le mouvement rigoureusement circulaire, s'il existe, ne peut exister qu'à
une certaine altitude dans l'atmosphère, et nous n'avons pas d'observa-
tions faites à celte altitude. Ainsi, dans la théorie nouvelle comme dans
l'ancienne, les diagrammes circulaires représentant la direction des vents
à la surface de la terre ne peuvent être l'expression complète de la réalité.
» IL Passons à la deuxième loi des tempêtes :
« Lorsqu'on s'est avisé de comparer entre eux les résultais partiels obtenus sur tout l'Iié-
( 658 )
misphère nord, depuis le golfe du Bengale jusqu'à la mer des Antilles, en passant par la
Chine et le Japon, on s'est aperçu que la gyration s'y était accomplie dans le même sens,
toujours et partout de droite à gauche, en sens inverse des aiguilles d'une montre » fpage 4 1 3).
» Cette constance du sens de la gyration sur tout un hémisphère est
facile à expHqucr dans la théorie ancienne ; le mouvement circulaire autour
du centre d'aspiration étant dû à la rotation terrestre, c'est le sens de cette
rotation qui, sur chaque hémisphère, détermine le sens de la gyration de
la tempête. Dans la théorie nouvelle, voici comment la deuxième loi des
tempêtes est expliquée :
« Quant au sens de rotation des cyclones, il résulterait de ce que, dans ces courants for-
tement recouibés, la vitesse va en diminuant transversalement de la rive concave à la rive
convexe » (page 5o8).
)) Il s'agit ici des grands courants, plus ou moins isolés, en lesquels se di-
vise la nappe des contre-alizés supérieurs, et sur les hords desquels naissent
les tourbillons cjui, cyclones près de l'équateur, deviennent tempêtes à nos
latitudes. L'explication qui précède, et qui est la seule que nous ayons
trouvée dans la Notice, demanderait à être développée. Un courant a né-
cessairement deux rives, oîj la vitesse s'annule, et un axe, où la vitesse
atteint son maximvim ; la vitesse décroît de l'axe à la rive concave, aussi bien
que de l'axe à la rive convexe.
» D'autre part, dans nos cours d'eau, au moins, le tourbillon naît et se
développe sur une rive ou sur l'autre, mais il n'embrasse pas toute la lar-
geur du cours d'eau, d'une rive à l'autre; sur les deux rives, les sens degyra-
tion des tourbillons sont nécessairement opposés, comme les sens de la
variation des vitesses des filets fluides. Pourquoi les grands courants atmo-
sphériques n'obéissent-ils pas aux mêmes lois ? Quelle est cette influence de
la concavité ou de la convexité des rives, qui n'a pas été, que je sache, si-
gnalée pour les courants de nos fleuves?
)) J'ajouterai quelques mots sur un autre point où la théorie nouvelle me
paraît très-faible : c'est la question de l'origine de la pluie. La pluie est le
phénomène physique le plus remarqtiable qui accompagne les mouveiuents
tournants de l'atmosphère; comment la théorie de M. Faye en rend-elle
compte? Je n'ai trouvé dans la Notice aucun éclaircissement à cet égard
pour ce qui concerne la tempête et le cyclone ; poiu' la trombe, voici ce que
j'y trouve:
o Dans l'air, la chaleur décroît notablement vers les couclies élevées. De plus, l'iiumidilé
de l'air est susceptihie de condensation pour un abaissement de température souvent très-
( (^59 )
faible. Dès lors, l'air froid des hautes régions, entraîné peu à peu, par un mouvement tour-
billonnaire, dans les couclies basses et humides, détermine tout autour de la trombe la for-
mation d'un léger brouillard. Celui-ci lui sert d'enveloppe extérieure ou de gaîne, en dessine
plus ou moins nettement les contours et la rend visible par son opacité. Sans doute l'air
descendant subit une pression croissante et se réchauffe peu à peu; mais il reste en retard
sur la température ambiante, et il suffit que ce retard atteigne le point de rosée du milieu
général, pour que la gaîne nébuleuse se produise aussitôt » (page 496)-
» Si M. Faye avait fait le calcul du degi'é de réchauffement dû à la pres-
sion croissante, ce qui est facile par les principes de la théorie mécanique
de la chaleur, il aurait reconnu que l'air descendant n'est pas en retard
sur la température ambiante, mais bien en avance, et qu'il lui est, jiar suite,
impossible de condenser la vapeur de l'almosphère ambiante. Dans l'air
descendant, la température croît à raison de i degré par 10 1 mètres de
hauteur verticale parcourue, et la loi de décroissance des températures
dans l'atmosphère terrestre est toujours moins rapide, d'après les nom-
breuses observations recueillies dans tons les pays. Du reste, cette loi
de décroissance moins rapide des températures est une condition néces-
saire de la stabilité de l'équilibre atmosphérique, ainsi que je l'ai fait voir
dans le Mémoire déjà cité.
» En résumé, je ne vois guère comment la théorie de M. Faye peut expli-
quer la production de la pluie qui accompagne d'une manière conslante
les tempêtes et les cyclones; d'autre part, elle ne me paraît pas mieux s'ac-
corder que l'ancienne théorie avec l'énoncé primitivement donné à la pre-
mière loi des tempêtes, et elle me paraît fort mal justifier la seconde loi. Je
ne crois pas qu'elle soit destinée à supplanter l'ancienne théorie et à rassu-
rer les marins contre les entreprises des météorologistes qui, continuant à
étudier les diagrammes fournis par l'observation, espèrent donner aux lois
des tempêtes mie précision chaque jour croissante.
» Il me resterait à répondre aux critiques adressées à l'ancienne théorie,
à celle dite de V aspiration ; je le ferai dans une autre Communication, si
M. Faye veut bien préciser les points sur lesquels il entend porter le
débat. »
MÉTÉOROLOGIE. — Observations de M. Fa\e sur les critiques de M. Peslin.
« On aurait bien tort de conclure, des premiers mots de l'auteur, que
j'aurais critiqué son Mémoire sans le citer. Cela n'est pas dans mes habi-
tudes. La vérité est que je me suis adressé à une opinion déjà ancienne et
très-répandue qui remonte àFrancklin. M. Peslin paraît l'avoir adoptée;
( 66o )
ses idées sont analogues, sinon identiques, à celles de M. Espy, modifiées
ou plutôt corrigées par M. Reye. Par exemple, l'objection que M. Peslin
m'adresse sur la prétendue impossibilité qu'une masse d'air se meuve de
haut en bas tout en conservant dans son mouvement une température
inférieure à celle des couches traversées se trouve textuellement dans le
Mémoire de M. Espy et dans le Rapport qui a été fait en 1841 sur cette
théorie, par une Commission composée de MM, Arago, Pouillet et Ba-
binet (i). J'ai déjà discuté ces idées devant l'Académie, y compris l'objec-
tion reproduite par M. Peslin, avant d'écrire la Notice Sur la loi des tempêtes
qui vient de paraître dans V Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1875.
Ces discussions pour et contre ont paru tout au long dans les Comptes
rendus. Je pourrais donc me croire dispensé de revenir sur les mêmes argu-
ments; mais, comme la question intéresse la sécurité de nos marins, je me
suis promis de ne décliner aucune discussion pour peu qu'elle offrît de
chances de manifester plus clairement la vérité. Or c'est ce qui ne peut
manquer d'arriver avec un adversaire compétent comme M. Peslin, s'il veut
bien prendre pour base les faits eux-mêmes et reléguer au second plan les
objections théoriques comme celle qu'il vient d'emprunter à M. Espy.
» Puisque M. Peslin m'invite à préciser les points sur lesquels il serait
utile de porter le débat, je vais le faire avec toute la netteté dont je suis
capable :
» 1° Les cyclones, hurricanes, typhons, tornados et trombes sont, de
l'aveu. de tous, des phénomènes d'un seul et même ordre mécanique aux-
quels s'applique le même genre d'explication.
» 2° Mais l'œil pouvant embrasser les deux derniers phénomènes dans
leur ensemble, tandis que les premiers sont beaucoup trop vastes pour que
l'observateur puisse les saisir directement, c'est sur les deux derniers que
la discussion doit porter tout d'abord, du moins si l'on consent, comme je
n'ai cessé de le réclamer, à prendre les faits pour base.
» 3° La plupart des météorologistes attribuent ces phénomènes à une
aspiration verticale dont ils commencent par supposer fort gratuitement
l'existence. Grâce à un certain état statique de l'atmosphère, cette aspira-
tion, suivant eux, s'entretiendrait pour ainsi dire d'elle-même et finirait
par développer des effets mécaniques d'une puissance étonnante. Suivant
eux la gyratiou si caractéristique n'y serait qu'accessoire : elle proviendrait
simplement de la réaction du sol, animé de sa lente rotation diurne, sur
(i) Com/Jtes rendus, t. XII, p. zjSi.
(66i )
les couranls horizontaux. Cette réaction, qui change d'une quarantaine de
degrés la direction des alizés inférieurs sur leur long parcours, ferait dé-
crire plusieurs circonférences, dans l'espace de quelques mètres et dans
l'intervalle de quelques secondes, à l'air de ces prétendus courants hori-
zontaux dont aucun observateur n'a senti la présence. Ceux-ci converge-
raient violemment de tout côté vers l'orifice inférieur de la trombe ou du
tornado pour jaillir ensuite verticalement, par cet étroit orifice, jusqu'à
la région des nuages, sous forme d'une colonne entourée de vapeurs con-
densées par le refroidissement et évasée par le haut.
» 4° Je soutiens au contraire que l'origine commune de tous ces phéno-
mènes se trouve dans les courants supérieurs, dont la marche des nuages
accuse nettement, à nos yeux, la puissance et la direction, et nullement
dans les couches basses où règne presque toujours un calme complet, non
pas sans doute à l'endroit précis que la trombe atteint à un instant donné
et où elle travaille, mais tout autour. Sur ce point capital si facile à con-
stater, si fréquemment dénoncé par les observateurs, et qui prête si peu à
l'illusion, totis les témoignages concordent. Cela n'empêche nidlement les
théoriciens de l'aspiration de placer des courants violents dans ces couches
immobiles au sein de ce calme parfait que la trombe ou le tornado ne
fait que troubler un instant dans sa course rapide. Jamais on n'a vu dans la
science un pareil oubli des faits : indifférence étrange qui ne s'explique que
par l'influence d'un préjugé très-ancien et très-répandu dont j'ai été con-
duit à retracer l'histoire dans V Annuaire du Bureau des Longitudes pour
1875, et qui a amené les météorologistes à remplacer les faits par des
théories sur la stabilité ou l'instabilité de l'équilibre atmosphérique.
» 5° Si M. Peslin veut bien accepter le témoignage des faits, et s'il parvient
à prouver que les faits donnent raison à ce que je nomme hardiment un
préjugé anti-scientifique, je m'empresserai de reconnaître publiquement
mon erreur, car il s'agit ici d'une cause sacrée qu'il n'est pas j)crmis de
compromettre par un amour-propre mal placé. La vie de nos marins et
la sécurité de notre commerce sont sérieusement intéressées à ce que la
science ne se méprenne pas plus longtemps sur la nature de ces formi-
dables phénomènes.
)> 6° Quant à la théorie que j'ai proposée moi-même, elle disparaîtrait p?r
cela seul que M. Peslin aurait prouvé, par les faits, la vérité dudit préjugé.
Dans le cas contraire, je veux dire si M. Peslin ne peut en prouver la
vérité par les faits, qui sont le juge en dernier ressort et qui devraient l'être
déjà en première instance, ma théorie se substituera naturellement à l'opi-
G. R., 1875, I" Semestre. (T. LXXX, N" 10.) 86
( 662 )
nion ancienne, dans l'esprit même de mon savant contradicteur, et alors
je serai heureux de mettre à profit ses critiques pour la corriger ou la j
perfectionner. C'est à ce moment que nous pourrons utilement examiner
les points faibles qu'il m'y signale sur la naissance des mouvements gyra-
toires dans les courants supérieurs, ou sur la production des pluies abon-
dantes qui accompagnent les cyclones dans leur partie antérieure.
» Tel est le cadre où je tiendrais, pour ma part, à concentrer tout d'abord
la discussion. »
ASTRONOMIE, — Etoiles doubles dont le mouvement relatif s'effectue en ligne
droite, et est dû à une différence de mouvements propres. Note de M. Flam-
marion, pi ésentée par M. Faye.
« Dans la révision générale que je viens de faire des étoiles doubles, j'ai
été conduit à partager ces systèmes en classes, qui n'ont aucun rapport
avec celles de W. Herschel et de W. Struve (celles-ci n'étant qu'une dis-
tinction relative aux dislances angulaires des composantes), mais qui sont
fondées sur la nature même de ces différents systèmes. J'ai eu l'honneur,
récemment, de signaler à l'attention de l'Académie le type représenté par
la 61*^ du Cygne, dont les composantes, tout en étant associées physique-
ment et animées d'un mouvement propre commun et considérable, ne
gravitent pas l'une autour de l'autre, mais se déplacent relativement en
ligne droite. Il me paraît convenable de réserver spécialement aux étoiles
de ce type, dont j'ai trouvé plusieurs exemples remarquables, le nom de
systèmes stellaires. Aujourd'hui je présenterai à l'Académie des étoiles
doubles dont le mouvement relatif s'opère également en ligne droite, mais
qui sont formées d'astres non associés, réunis fortuitement sur le même
rayon visuel, et qui passent l'un devant l'autre en vertu d'une différence de
mouvements propres. Ce sont des couples optiques bien déterminés, que
nous pouvons désigner définitivement sons le nom de groupes de perspective.
Ils sont beaucoup plus nombreux que les « systèmes stellaires », mais moins
nombreux que les couples dont les composantes sont restées relativement
fixes depuis leur découverte. Le mouvement constaté en ligne droite pro-
vient ordinairement du mouvement propre de l'étoile la plus brillante,
déterminé d'ailleurs, derrière laquelle la petite restant fixe paraît marcher
en sens contraire (les mesures micrométriques étant rapportées à la plus
brillante supposée fixe); mais ce mouvement provient aussi parfois de celui
de la plus petite. Eu valeur absolue, il représente d'ailleurs la différence
des deux. Ajoutons enfin que la translation du système solaire dans l'espace
&
sa
W X 27CO C->-Oie
( s»™ - 1 ■■ )
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Di min: en. l
Etoiles doubles qui marchent en ligne droite.
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■U
(664 )
se réfléchit dans ces variations de perspectives. Ces couples sont particu-
lièrement intéressants au point de vue de la direction et de la valeur des
nouveaux mouvements propres que leur analyse met ainsi en évidence.
» Voici, comme exemples, sept de ces couples, que je choisis au milieu
d'un grand nombre, comme types bien caractérisés, et pour chacun des-
quels j'ai construit une figure spéciale, qui montre mieux que toute espèce
de calcul le mouvement recliligne et ses conséquences.
» 1° Vêga. — L'une des deux positions observées par Herschcl est certainement erronée.
Au premier abord, il semblerait que, si c'est la mesure de 1782 qui est bonne et]celle de 1792
qui est fausse, le mouvement pourrait être orbital. Il n'y a aucune indication sur le caialoi;ue
d'Herscliel qui puisse nous guider dans notre choix. D'autre part, si l'on omet cette mesure
pour conserver celle de 1 792, et si l'on mène une ligne par la moyenne des positions ob-
servées, on trouve une ligne droite, de part et d'autre de laquelle les positions oscillent dans
des écarts )iarfaitement compatibles avec les erreurs d'observation de ce couple si difficile.
On se décide en faveur de cette dernière hypothèse, si l'on comiiare à cette ligne la direction
du mouvement propre de Véga, déterminé directement. On a pour ce mouvement séc. :
Aacos5 = -t- 20", 3; ûiî = -1- 2g", q. Celte direction est précisément de sens contraire à
celle du compagnon, avec une vitesse sensiblement égale. Nous devons donc considérer le
compagnon comme relativement immobile derrière Véga, qui passe devant.
» La vitesse annuelle conclue est de o",35o.
» 2° 5 du Petit Clwi'al. — Depuis la première mesure de cette étoile double, en 1781, le
compagnon s'est déplacé de 53 degrés et de i3 secondes. Le mouvement est recliligne et
dû au mouvement propre de S, du moins en grande partie; car on peut voir sur la figure
que les deux lignes sont presque parallèles, sans l'être tout à fait. La différence est de 4 de-
grés. Il semble donc qu'en même temps que S marche vers i65 degrés du nord l'étoile
lointaine s'éloigne lentement vers l'est. La vitesse du mouvement propre annuel conclu est
de o",->88. S du Petit Cheval est elle-même un système binaire rapide et serré, dont le plan
passe par le Soleil et gît dans la direction 10" — 190°, indiqué sur la figure. Mais, comme
on le voit, ce n'est pas un système ternaire.
» 3" 1263 s Lyiij:. — Lorsque W. Struve découvrit la duplicité de cette étoile, en 1826,
la distance était inférieure à 4 secondes, et rapidement, sous les yeux mêmes de l'observa-
teur, elle s'accrut avec une telle vitesse qu'en i835 elle atteignait déjà dix secondes. Il calcida
la première formule de son mouvement : 2",749 + (' — i832,o5). o",69i, et recom-
manda de suivre cette étoile pour s'a.ssurer si le système est oi)ii(]ue ou physique. Il parais-
sait toutefois préférer le système physique ; « Ut ex splendore et vicinitate prob.ibilius videtur
» systema corporum allractione inter se nexorum ». On voit par la figure qu'en projetant
toutes les observations continuées jusqu'à ce jour le mouvement rectiligne est absolument
affirmé. Ce sont donc deux étoiles qui ne se connaissent pas. Quoique de grandeurs presque
égales, la plus brillante est beaucoup plus près de nous que l'autre. On a, pour son mou-
vement propre séc. : Aacos-î^; — 34", 6; Aiî =: — 56", 6. Il faut que les deux étoiles
soient assez éloignées l'une de l'autre pour ne pas s'être influencées en passant ainsi sur le
même rayon visuel. La distance angulaire minimum a eu lieu en 1822,08, à l'jSg. Le mou-
vement projjrc conclu = o ", 706.
» Ce(te étoile est la même que 17 161 Lalande, observée en 1796, et non consignée comme
( 665 )
double, quoique la distance ait été alors de 1 8 secondes. (Dans ce catalogue, la grandeur 9,5
est singulièrement trop fiiible.)
w 4" iSiGs Drngon. — Nous avons ici le cas contraire à celui de la précédente. Le
compagnon s'est rapproché de plus en plus depuis 1790, époque de la plus ancienne ob"
servation (due à Lalande et seulement approximative), est descendu de 29 secondes ;i 2", 60
en i855, puis a continué sa marche et se trouve déjà aujourd'hui à 8 secondes. Ce mouve-
ment n'appartient pas à l'étoile secondaire, mais :i la primaire, dont le mouv. pr. séc. cal-
culé directement se traduit par Aa cosrJ = — ^i" ,&; Ao = -f- 1 1",4' Ce couple est classé à
tort par Chanibers [Monthly Notices) dans les vraies binaires. C'est incontestablement un
groupe de perspective, dont les composantes, très-éloignées l'une derrière l'autre, ne se con-
naissent pas. Le mouvement propre conclu est assez fort : o",4o4 (Fig. : 2""", 5 = i").
» 5" 2708 2 Cygne. — Nous avons un très-grand nombre d'observations de cette belle
étoile double colorée. A = ■j'^ jaune d'or ; B =- 8,5 bleue; couleurs complémentaires, mais
réelles. La ligne passant par la moyenne de toutes les observations est une ligne droite.
Lord Wrotlesley conclut dans son catalogue de i855 que le mouvement n'est pas rectiligne;
cependant il l'est certainement. Les deux composantes qui ont été mesurées à 9", 56 en
1823 sont actuellement à 21". La vitesse annuelle conclue de ces comparaisons est de o", 255.
Le mouv. de A : Aacos'î = + 19", 3 tl'^S = — i']",'], correspond au déplacement observé
Nous avons donc ici encore un groupe de perspective, d'autant plus intéressant qu'il nous
montre que les couleurs des étoiles doubles, considérées jusqu'ici comme le caractère optique
spécial des systèmes binaires, ne leur est pas exclusivement réservé, et qu'il y a des étoiles
simples colorées en bleu. J'ai réuni un grand nombre d'exemples analogues, qui montrent
que les idées acceptées sur cette coloration caractéristique (John Herschel, Ilumboldt,
Arago, etc.) doivent être modifiées.
» La distance minimum a eu lieu en lygS. Ce couple est passé sous les yeux d'Herschel
en 1792, et il l'a consigné comme étant de sa deuxième classe, c'est-à dire entre 4" et 8",
ce qui correspond bien avec la (igure que j'ai conclue de l'ensemble des observations.
» 6" 2760 S Cygne. — Tandis que l'angle varie à peine, la distance a diminué depuis 1825
de i4" à 9". Le mouvement s'effectue en ligne droite. Est-ce un système binaire dont le
plan passe par le Soleil ? Rien n'autorise encore à le supposer. La vitesse est sensiblement uni-
forme, de o" 1 16 par an, et la ligne parcourue est parfaitement droite. La distance minimum
arrivera en 1950, à i", 14.
)) 7° 2120 2 Hercule. — Cette étoile peut servir d'intermédiaire entre les groupes de per-
spective et les systèmes binaires. L'hypothèse d'un mouvement rectiligne satisfait aux obser-
vations; mais on pourrait aussi faire passer par elles l'arc d'ellipse AB (voir la figure), et
supposer (jue le plan de l'orbite passe par le Soleil. Ce cciuple est le plus serré de tous ceux
de cette liste, et il y a probabilité en faveur de la binarité; toutefois je l'ai associé aux
précédentes, à cause de l'apparence du mouvement rectiligne et sensiblement uniforme. Le
plus grand ra|iprochement a eu lieu en i85o, à 2", 34. Les deux composantes sont orangé
et bleu olive, peut être par contraste.
» A ces étoiles doubles, dont les cinq premières peuvent être considérées
comtne Ijpei absolus des groupes de perspective, je pourrais en ajouter ici
quarante autres qui sont dans le même cas, mais ont été moins assidinnent
observés, tels que : Mira Ccti, dont le compagnon éloigné a été observé
( 666 )
dès i683, est passé à sa distance minimum en 1744» ^t s'éloigne en ligne
droite avec un mouvement annuel de o", SaS dû à Mira Ceti ; 2Î i25, dont
l'étoile B suit un mouvement rectiligne de o", 464» exactement parallèle et
contraire au mouvement propre de A ; 2i; 142, couple dans lequel le mou-
vement propre appartient à B (o", 229); l\i Bélier, quadruple optique :
l'étoile A passe devant trois autres étoiles plus éloignées et relativement
fixes; 22877, A jaune, B bleue, belles couleurs; rectilignes néanmoins :
jx = o", ii3; £ du Bélier : les deux étoiles ont dû se rencontrer vers l'an-
née 1800 et s'éclipser, caria distance des centres est descendue à o",i (pour-
rait être dans le même cas que 2 2120), etc., etc.; mais les exemples discu-
tés et représentés graphiquement plus haut suffisent pour caractériser les
étoiles doubles de cette classe, les groupes de perspective. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Identité des dérivés bromes de l'hjdrure d'éthjlène tétra-
broiné avec ceux du perbromure d'acétylène. Note de ÏM. E. Bourgoin,
présentée par M. Berthelot.
« J'ai démontré, dans un Mémoire précédent, que lorsque l'on fait réa-
gir le brome sur l'acide bibromosuccinique on obtient finalement un car-
bure brome cristallisé, l'hydrure d'éthylène tétrabromé, isomérique avec
le perbromure d'acétylène (i). J'ai fait voir ensuite que ce dernier composé,
traité par le brome, donne du perbromure d'acétylène brome, identique
avec le bibromure d'éthylène tribromé de M. Reboul. Cette identité se con-
çoit aisément, puisque les deux produits tirent leur origine d'un seul et
même corps, l'acétylène.
» Il était intéressant, d'autre part, d'examiner si le dérivé brome de
l'hydrure d'éthylène tétrabromé, répondant à la formule C*HBr^, est iso-
mérique ou identique avec le perbromure d'acétylène brome.
» L'expérience a été faite en chauffant en vase clos le mélange suivant :
Hydrure d'éthylène tétrabromé. . 16 grammes.
Brome .... 1'', 5
» Bien que très-soluble dans le brome, l'hydrure d'éthylène tétrabromé
est aussi difficilement attaqué que le perbronnire d'acétylène. En effet,
après cinquante-deux heures de chauffe à 160 degrés, il s'est dégagé d'a-
bondantes vapeurs d'acide bromhydrique à l'ouverture des tubes, et ce-
pendant la réaction n'était pas complète; ce résultat n'a été obtenu qu'en
(i) Comptes rendus, t. LXXIV, p. 874, et t. LXXIX, p. gSS.
(667 )
chauffant de nouveau les tubes à la même température pendant trente-six
heures.
» Le produit ainsi préparé s'est dissous presque en totalité dans l'alcool
troid. A l'évaporation spontanée, il s'est déposé des cristaux prismatiques,
que l'on a obtenus à l'état de pureté en les faisant cristalliser de nouveau
dans l'alcool froid.
» Ces cristaux entrent en fusion à 56", 5, à 2 degrés seulement au-dessus
du corps dont ils dérivent. Ils possèdent les propriétés et la composition du
perbromure d'acétylène brome: o,436 ont fourni 0,089 d'acide carbonique
et 0,017 d'eau.
» Ces nombres donnent, en centièmes :
Expérience. Théoiie.
Carbone 5,5^ C* 5,64
Hydrogène. ... o,43 H o,a5
Brome « Br'... 94>"
» Dans une autre série d'essais, l'hydrure d'éthyléne tétrabromé a été
chauffé, pendant trois jours environ, avec du brome en excès et de l'eau, à
la température de 175 degrés.
» Le produit de la réaction ne s'est plus dissous que partiellement dans
l'alcool froid. La partie indissoute était peu soluble dans l'éthcr, Irès-so-
luble dans le sulfure de carbone ; ce dernier véhicule a fourni des cristaux
tabulaires, infusibles, se dédoublant, vers 200 degrés, en brome et en éthy-
lène perbromé. Lorsque l'on opère dans une petite ampoule close et que
l'on refroidit brusquement la masse, celle-ci reste liquide; sous l'influence
des rayons solaires, le brome entre de nouveau en combinaison, ce qui re-
produit le corps primitif. Ce corps est du sesquibromure de carbone, qui
prend naissance d'après l'équation suivante :
C" H^ Br^ + 4 Br = 2 HBr -!- C Br«.
» Il résulte des expériences qui précèdent que l'hydrure d'éthyléne té-
trabromé et le perbromure d'acétylène donnent, en présence du brome,
les mêmes produits de substitution. »
THERMOCHIMIE. — Sur les quanlilés de clinleitr dégacjées dans la décomposition
des chlorures de quelques acides de la série grasse. Note de M. W. Lougui-
NiNE, présentée par M. Berthelot.
« Ces recherches forment la suite de travaux entrepris, il y a quelques
années déjà, par M. Berthelot et moi. Elles ont été faites par les méthodes
( 668 )
connues; seulement, comme j'ai employé des solutions de potasse plus
concentrées que j~, j'ai déterminé les chaleurs spécifiques des liquides
résultant de l'expérience. Tous les chlorures que j'ai étudiés ont été pré-
parés par moi-même, à l'aide de deux méthodes différentes : i° par l'action
de 3 molécules de PCI' sur i molécule d'acide; 2° d'après la méthode de
M. Bouttlerow, qui consiste à faire réagir d'abord du perchlorure de phos-
phore sur une portion de l'acide, ce qui donne du chlorure acide et du
POCI', et à mélanger dans la même cornue le produit de cette première
réaction avec du sel de soude sec du même acide. Cette méthode permet,
par conséquent, d'éviter la préparation spéciale de POCl'. Tous ces chlo-
rures ont été soigneusement purifiés et analysés, et je me suis assuré qu'ils
ne contenaient pas de phosphore. J'ai étudié plusieurs échantillons de
chaque substance pour connaître la cause d'erreur provenant des différents
degrés de pureté. Les corrections pour le refroidissement, dans des réac-
tions qui duraient quelquefois dix minutes, ont été calculées d'après la
formule donnée par M. Pfaundier; ces corrections n'ont jamais dépassé—;
de l'élévation de température observée.
I. — Chaleur dégagée dans la décomposition du chlorure butyrique
(acide de fermentation).
Premier échantillon. — Potasse à 3,4 ['our loo 49 j^^ 49 >55 5o ,20 ^(j ,3c)
Moyenne 49*^^', 74 iiourC'H'OCl = loôs^S.
• Température des expériences. i8'',38 17", 27 i6°,43 i5°,83
Deuxième échantillon. — Potasse 34,2 pour 100 49 i^'^ 49 j^^
Moyenne 49C»', 36 pour C*H-OCI= \o&^,5.
» Température des expériences. 18", 3o i7°!92
Troisième échantillon. — Même potasse 49 >02 49 >49
Moyenne 49<^^', 26 pour C< H' O Cl = i oG^"-, 5.
u Température des expériences. 18°, 76 18",!
Moyenne définitive pour les trois éclianiillons. . . -\- 49''"',52.
» Le chlorure de butyrile ne se décompose que très-lentement par l'eau,
et les expériences que j'ai faites à ce sujet ne m'ont pas donné de résidtats
satisfaisants; je les cite néanmoins. J'ai obtenu H- ai*^'', 70, + 22*^°', 08,
moyenne — 21*^°', 89 pour io6s%5 de C'II'OCI décomposés par l'eau. Pour
comparer à ce nombre le résultat des expériences faites avec la potasse, il
faut soustraire de ce dernier : 1° la chaleur de combinaison de HCl à la
potasse — + 13,700; 2° de l'acide butyrique à la potasse, 1 4,355. Chaleur
( 669)
dégagée par l'action de l'eau sur le chlorure butyrique :
Cal
Voie directe 21 ,8g
» indirecte 21,46
Moyenne. . . ai^-'^GS.
» De ce nombre nous déduisons : 1° chaleur de dissolution dans l'eau
de H Cl gazeux =— 17^^°', 42; 2" dissolution dans l'eau de l'acide buty-
rique — o*^''',444- Nous ajoutons : 3" chaleur de vaporisation de l'eau à
zéro = io'^'\c) et nous obtenons le nombre -+ i4'^°'. 75, quantité de chaleur
dégagée dans la réaction
C'H^OCl (hquide) + H^O (gazeux) = C*H«0^ (liquide) + HCl (gazeux).
II. — Chaleur dégagée dans la décomposition i>ar la potasse du chlorube isobCttrique.
Premier échantillon :
Potasse à 5,3 pour 100 +48,52 ^8 ,5() 4^ j77 4^565 4^)68
Températuredes expériences.. iS^.Sg i5°,32 i5°,o7 i5°,88 i4°);4
Moyenne 48C'",64 pour C*H'0C1 = loô^SS.
Deuxième échantillon :
Potasse à 5 pour 100 +47,81 4? »9'^ 4? >62 4^ 'Oi
Température des expériences.. 16°, 6 i5°,62 16°, 53 17", 26
Moyenne 47^^"', 84 pourC'H'OCl= loG^^S.
La moyenne des deux séries donne, pour la chaleur dégagée dans la décomposition par la
potasse de 106^'', 5 de chlorure isobutyrique.. . -+■ /^H'^'^^^S
Décomposition de ce chlorure parl'eau 48,23 — i3,7 — i4 ,34 (*) = 20*^^', 19
)) Une expérience directe n'a pu être faite, à cause de la lenteur avec
laquelle le chlorure d'isobutyrile est décomposé par l'eau.
+ 20,19— '7>43 (chaleur de dissolution dans l'eau de HCl gazeux)
— 0,582 (chaleur de dissolution dans l'eau de l'acide isobntyrique liquide)
+ 10,90 (chaleur de vaporisation de l'eau à zéro). = 13*-°', 08,
chaleur dégagée dans la réaction suivant l'équation
C'H'OCl (liquide) + H^O (gazeux) = C'H'O^ (liquide) + HCl (gazeux).
III. — Chaleur dégagée dans la décomposition de différents chlorures valériques.
» 1° Chlorure de r acide de la valériane :
Potasse à 3,89 pour 100 48,4^ 48,i4 4^ i^' 48,^4
Moyenne 48*^'",3i pour C"U'0C1 = i20«',5.
(*) Chaleur de formation de l'isobutyrate de potasse.
C.R., 1875, 1" Semestre. (T. LXXX, N» 10.) 87
( 670 )
Température des expériences ' i5°,o8 i5",45 iÇfA^ '9°)37
48,32 — 13,70 (chaleur de formation deKCl)
— 14,45 (chaleur de formation de C'H»KO') =2oC=',i7,
chaleur dégagée dans la décomposition de ce chlorure par un excès d'eau.
» Une expérience directe a été impossible, le chlorure de valéryle ne
se décomposant par l'eau qu'avec une grande lenteur.
20,17 "" '7>43 (chaleur de dissolution dans l'eau de HCl gazeux)
— o,g8 (chaleur de dissolution dans l'eau de l'acide valérique liquide)
-I- 10, g (chaleur de vaporisation de l'eau à zéro) =: I2''''',66,
quantité de chaleur dégagée dans la réaction
C^H'OCl (liquide)-t- H^O (gazeux) = C'H'»0^ (liquide) + HCl (gazeux).
» 2° Chlorine de valéiy le. — Acide provenant de l'oxydation de l'alcool.
Potasse à 6 pour 100 à peu près.. 48 )97 48 ;94 ^9 ,o5 49 ,06
Température des expériences. .. . 12°, 27 12°, 84 12°, q3 i4°,20
Moyenne = 49' 01,
chaleur dégagée dans la décomposition de ce chlorure ( 1206'', 5) par la potasse.
49,01 — 13,70 — i4, 68 (chaleur de formation de C'H'KO^ avec cet acide) =20*^'"', 63,
dégagées dans la décomposition de ce chlorure valérique par l'eau.
20,63 — 17,43 (chaleur de dissolution dans l'eau de HCl gazeux)
— 0,672 (dissolution dans l'eau de cet acide valérique)
4- 10, g (chaleur de vaporisation de l'eau à zéro) =. i3^''',43,
chaleur dégagée dans la décomposition de ce chlorure selon l'équation
C^H'OCl (liquide) + H-0 (gazeux) = C^H'°0^ (liquide) + HCl (gazeux).
» 3° Chlorure de l'acide trimétlij^lacétique. — Je ne possédais que 5 grammes
de ce chlorure que je devais à l'obligeance de M. Bouttlerow; j'ai pu l'uti-
liser pour trois expériences.
Potasse à 4 pour 100 ^n ,60 4' ,49 4' ,98
TempéraUire des expériences.. . 16", 5i 17°, 38 16°, 72
Moyenne =: 42*'°', 02,
chaleur dégagée dans la décomposition par la potasse de I2oE'', 5 de ce chlorure.
42,02 — 13,70 (chaleur de formation de HCl)
— i3,g2 (chaleur de formation du triméthylacétate de potasse). ... =^ 14*'°', 4°,
dégagées dans la décomposition de ce chlorure par l'eau. L'expérience directe n'a pas été
possible, le chlorure ne se décomposant par l'eau que lentement.
( 671 )
14,40 — '7' 4^0 (chaleur de dissolution dans l'eau de H CI gazeux)
+ 0,1 04 (chaleur absorbée lors de la dissolution dans l'eau de l'acide solide)
-4-10,9 (chaleur de vaporisation de l'eau à zéro) :=8'-''', o4,
dégagées lors de la décomposition du chlorure triméthylacétique suivant l'équation
C'H'OCl (liquide) -f- Il Cl (gazeux) = C='0"'02 (solide) -+- H Cl (gazeux).
» Il résulte de ces recherches :
)) 1° Que les quantités de chaleur dégagée dans la décomposition des
chloriu'es acides d'après l'équatiou
C''H'"-'0C1 (liquide) + H'O (gazeux) = C"H"'0' (liquide) 4- HCl (gazeux)
décroissent quand on s'élève dans la série des homologues, à partir de l'acide
acétique, jusqu'aux acides valériqiies, du moins à ceux qui ont été étudiés
par moi. En effet, pour le chlorure acétique, cette quantité de chaleur est
-j- 17*^'', 5o; chlorure butyrique de fermentation +14^°', 73; chlorure
isobutyrique -h i3,o8; chlorure valérique de la valériane + 12,66; chlo-
rure valérique d'oxydation -f-i3,43; chlorure triméthylacétique -1- 8*^''',o4.
» 2° Les chlorures isomères dégagent en se décomposant, d'après l'équa-
tion indiquée plus haut, des quantités de chaleur différentes.
» 3° Nous ne pouvons comparer le chlorure triméthvlacélique à ses iso-
mères, car nous ne connaissons pas la chaleur latente de fusion de l'acide
solide qui se dégage dans la réaction suivant l'équation citée plus haut. »
CHIMIE ORGANIQUE. — De l' amylogène ou amidon soluble.
Note de M. L. Boxdonxeac.
« On considère comme amidon soluble, tantôt le produit colorable en
bleu pur par l'iode, ou amylogène, tantôt im produit colorable en rouge ou
violet, se formant sous l'influence des acides étendus. Les travaux de
M. Musculus semblent confirmer cette dernière manière de voir.
» En étudiant le mode de préparation de cette substance colorable en
ronge, nous avons remarqué qu'en desséchant dans les mêmes conditions, à
la température ambiante, le sirop avant et après la formation du dépôt, en
reprenant ensuite par l'eau froide, le premier se dissont entièrement, tandis
que le dépôt du second reste insoluble. Cette insolubilité indique que cette
substauce ne se forme que dans les liqueurs concentrées et qu'elle n'existe
pas dans la matière première, puisqu'il y en aurait une quantité assez
considérable pour devenir insoluble par la dessiccation ; ce qui n'a pas lieu.
D'autre part, les dextrines de torréfaction devraient en être coustituées
presque entièrement, tandis que ces produits en fournissent à peine.
87..
( 672 )
» Toujours est-il que celte substance ne se forme jamais dans un sirop
se colorant en rouge pur, mais toujours lorsqu'il se teint en violet, ce qui
indique la présence de l'amylogène.
» L'amylogène préparé par divers procédés possède toujours les mêmes
propriétés chimiques indiquant de l'amidon soluble, mais en tenant compte
de son état physique.
» Obtenu par les acides étendus, les alcalis, l'eau sous pression, etc., il
devient, par dessiccation, translucide et à cassure conclioïde, complètement
insoluble dans l'eau froide et bouillante; mais, divisé mécaniquement avec
une lime fine, il se dissout en très-grande quantité à froid et à chaud; il est
toujours dissous, mais plus ou moins rapidement, suivant sa cohésion, par
la soude et le chlorure de zinc.
» Lorsqu'on le prépare au moyen de la soude caustique, avec neutra-
lisation par un acide, on remarque nettement l'action de la cohésion.
L'amylogène ainsi formé précipité par l'alcool, en évitant toute pression
pendant l'agitation, se dissout dans une petite quantité d'eau froide; mais,
si l'on comprime simplement ce précipité entre les doigts, la solubilité, qui
était très-grande avant, devient très-faible à chaud et presque nulle à froid.
« Par l'action de la soude et des sels neutres, il se forme bien de l'amy-
logène et non de l'empois, car ces solutions soumises à la réfrigération
( — i5°) ne laissent aucun dépôt par la fonte de la glace.
)) L'expérience de Payen tendant à démontrer que l'amylogène est tenu
en suspension et non en solution dans l'eau de l'empois fdiré, en éliminant
celte dernière par les radicelles d'un bulbe de jacinthe, peut être inter-
prétée d'une tout autre manière; les radicelles agissent, non pas comme
filtre très-fin, mais bien comme dialyseur, et l'on comprend que, si l'amylo-
gène ne se dialyse pas, la concentration de la liqueur finit par devenir telle,
qu'elle est obligée d'en abandonner une partie, laquelle est alors inso-
luble, comme il arrive toutes les fois que l'amylogène se précipite d'une
de ces solutions concentrées. L'amylogène ne passe pas à la dialyse ;
après dix jours, les eaux d'exosmose n'en renfermaient pas la moindre
trace : on peut le considérer comme le type des colloïdes.
» L'action de la soude et des sels neutres peut être facilement inter-
prétée. Le grain d'amidon est formé de couches concentriques, séparées les
unes des autres par une membrane cellulosique. Or ces réactifs agissent
pour nous sur celte membrane, en la contractant, puis la déchirant, et
l'amidon mis en contact direct avec l'eau s'y dissout.
» Une expérience ancienne vient confirmer cette manière de voir. La
(673)
fécule dont les grains sont les plus gros, triturée dans un mortier avec de
l'eau, s'y dissout en partie, ce qui provient de la déchirure de l'enveloppe
cellulaire et de la mise en contact direct de l'amidon avec l'eau. Aussi, pour
nous, la matière amylacée des grains organisés est solubledans l'eau froide
et son insolubilité apparente n'est due qu'à son enveloppe de cellulose. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Nole sur une nouvelle jnétliode de dosage
par les liqueurs titrées; par M. F. Jean. (Extrait.)
« Mettant à profit les réactions signalées par M. F. Weil, je suis arrivé
à combiner une méthode de titrage, analogue à celle d'Auguste Streng,
qui est applicable au dosage des nitrates, chlorates, iodales, chlorites,
hypochlorites, etc.; du fer, du plomb, du manganèse, de l'étain, du co-
balt, du nickel, du cyanoferride de potassium, et à l'essai des oxydes de
manganèse, du minium, du sel d'étain, de la soudure des plombiers et des
bronzes.
» Cette méthode du titrage repose sur les réactions suivantes : lorsque,
dans une solution acide de prolochlorure de cuivre, on ajoute un corps
susceptible de dégager du chlore ou de passer à un degré inférieur d'oxyda-
tion, il se forme une quantité de deutochlorure de cuivre équivalente au
corps chlorurant ou réduit, quantité qu'il est facile de déterminer à l'aide
d'une solution titrée de protochlorure d'étain.
» Connaissant la quantité de deutochlorure formée, il est très-simple
d'en déduire la quantité de nitrate, de chlorate ou de peroxyde qui y cor-
respond; les diverses réactions peuvent, en effet, être représentées par les
équations suivantes :
Pour les nitrates AzO'-+- 3HC1 + 3Cu'Cl = AzO- +3HO + 6CiiCl;
>, les chlorates. . CIO' + 5IIC1 + 6Cu-Cl = 5H0 -I- laCnCl ;
. leschlorites CIO' -)- 3H Cl -f- 4Cii'Cl =: 3H0 + 8CiiCi;
» les hypochlorites . . CIO + H CI -)- aCu'Ci = II0 + 4CuCl;
» lesperoxydes M^Cl'+Cu'CI =2MCI+2CuCI;
.. lesbioxydes MO-' +2CIH+ Cii^CI =: 2HO 4- aCuCl.
» Pour éviter l'inconvénient d'avoir plusieurs liqueurs titrées et simpli-
fier les calculs, je préfère déterminer empiriquement la quantité de deuto-
chlorure formée aux dépens du protochlorure de cuivre, par un poids
connu de nitrate, chlorate, etc. »
( ^l^ )
CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches chimiques sw l'absorption de V ammoniaque de
i air par la terre volcanique de la solfatare de Pouzzoles. Note de M. S. de
Lu€A, présentée par M. Berthelot. (Extrait.)
« Quoique plusieurs expériences soient encore en voie d'exécu-
tion, il me semble que dès à présent les résultats obtenus autorisent à for-
muler les conclusions suivantes :
» 1° La terre de la solfatare de Pouzzoles, qui se trouve au voisinage
des fumerolles secondaires, par l'action de l'air et de l'humidité, absorbe
l'ammoniaque de l'atmosphère.
» 2° L'absorption de l'ammoniaque est due à la transformation préa-
lable du soufre et de l'arsenic, sous l'influence de l'air et de l'humidité,
en matières acides, lesquelles changent l'ammoniaque en sels ammonia-
caux, et ceux-ci, dans les conditions ordinaires, sont fixes et solubles.
» 3° En dehors de l'humidité et à l'état sec, les acides du soufre et de
l'arsenic ne se forment pas, et par conséquent l'ammoniaque n'est pas
absorbée par la terre de la solfatare.
» 4° Ces expériences paraissent avoir quelque importance pour l'agri-
culture, car une matière poreuse, telle que la terre volcanique de la solfa-
tare de Pouzzoles, réduite en pondre, est capable, par les éléments qu'elle
contient, de fixer, sous l'influence de l'humidité, l'ammoniaque de l'atmo-
sphère, et de donner naissance à des matières azotées assimilables parles
plantes, d'une manière lente et progressive, comme il convient à la marche
naturelle de la végétation (i). »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Réponse à deux Communications de M. Bêcha m p
relatives aux altérations spontanées des œufs; par j\L U. Gayon.
« Dans deux Notes insérées aux Comptes rendus (séances du 27 janvier et
du 21 juillet iS'^S), j'ai eu l'honneur de faire connaître à l'Académie les
principaux résultats auxquels m'ont conduit de nombreuses observations
sur les altérations spontanées des œufs.
(i) La terre tie la solfatare prise au voisinage des fumerolles secondaires, où la tempé-
rature s'élève à 97 degrés environ, contient les corps suivants : soufre, sulfure de fer, sul-
fure d'arsenic, acide sulfiu-iipie, acide pliospliorique, acide nitrique, silice, alumine, oxyde
de fer, ammoniaque, chaux, magnésie, potasse et soude venant des tracliytes, trace de man-
ganèse.
( «75 )
» Depuis leur publication, M. Béchamp, rappelant d'anciennes observa-
tions, s'est exprimé ainsi :
Il Quant au mélange du blanc et du jaune de l'œuf, M. Donné et moi avons fiiit remar-
quer qu'il n'est pas facile d'en obtenir la fermentation; ce qu'il y a de certain, c'est que
jamais, ni M. Donné, ni moi, n'y avons vu ni bactéries, ni vibrions, ni moisissures, ni autre
chose d'organisé. J'affirme de nouveau qu'il n'y a, normalement, dans le mélange, avant
et après la fermentation, que des microzymas... » [Comptes rendus, séance du 8 sep-
tembre 1873. )
» Dans mes expériences sur la fermentation spontanée des œufs d'autruche ou de poule,
j'ai fortement insisté, dit encore M. Béchamp, sur le fait qu'il n'y avait pas de bactéries, que
les microzymas y conservaient leur forme et leurs autres propriétés générales, et IM. Donné,
dont la compétence est si grande, n'y a jamais vu apparaître de bactéries non plus. »
[Comptes rendus, séance du 22 février 18^5.)
» Je ne puis laisser passer sans réponse l'assertion deux fois reproduite
de mon savant contradicteur; en conséquence, j'affirme aussi que dans
tous les œufs pourris que j'ai examinés, c'est-à-dire dans plusieurs cen-
taines, j'ai toujours trouvé des bactéries ou des vibrions, et que je n'ai pas
rencontré à ce fait une seule exception,
)» J'ai indiqué ailleurs (1) divers procédés qui permettent d'observer à
coup svir ces petits organismes dans les oeufs pourris. »
MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — Recherches sur les effets de la ligature du canal
cholédoque et sur l'état du sang dans les ictères malins. Note de MM. V. Feltz
et E. RiTTER, présentée par M. Ch. Robin.
« Les auteurs démontrent, par une série de neuf expériences de ligature
du canal cholédoque, que le sang s'altère plus ou moins, par suite de la ré-
sorption des sels biliaires et de leur rétention plus ou moins longue dans le
sang. Les globules du sang deviennent diffluents, l'hémoglobine transsude,
cristallise même-, des granulations graisseuses, en quantité notable, et des
cristaux de cholestérine s'accumulent dans le sérum. L'altération du sang
varie av"fec les quantités d'acides biliaires que l'analyse chimique y dé-
montre. Le symptôme jaunisse ne dépend pas des sels biliaires ni de leur
transformation, mais de la rétention des matières colorantes.
» La résorption des sels biliaires a une limite, car la sécrétion biliaire
elle-même diminue une fois que la dilatation des canaux et canalicules de
(l) Thèse présentée à la Sorbonne, ayant pour titre : Recherches sur les altérations spon-
tanées des œufs ; 18^5.
( 676 )
sécrétion est considérable et que l'épithélium de ces canaux tombe en dé-
générescence granulo-graisseuse, sous l'influence de la grande augmenta-
tion de pression intra-canaliculaire. Cette modification delà sécrétion ex-
plique la rareté des accidents nerveux et hémorrhagiques dans les ictères
par rétention. Sous ce rapport, il y a inie grande différence entre les ic-
tères par acholie et les ictères par polycholie ou supersécrélion biliaire.
Les auteurs ont pu produire une seule fois, par la rétention artificielle de
la bile, les accidents graves de l'ictère malin, et, dans ce cas, ils ont trouvé
dans le sang une quantité de sels biliaires variant entre —^-f, et j^r^.
» En se plaçant sur le terrain clinique et en comparant les ictères patho-
logiques à ceux qu'ils ont pu produire artificiellement, soit par des injec-
tions biliaires, soit par la ligature du canal cholédoque, les auteurs arrivent
à admettre qu'il y a dans tout ictère un moment où la présence des sels bi-
liaires dans le sang ne peut être mise en doute, et que les accidents nerveux
ou hémorrhagiques des ictères malins dépendent, en grande partie, des
proportions des sels biliaires accumulés dans le sang.
» Comme conclusion générale de toutes leurs données expérimentales et
cliniques, ils établissent d'une manière certaine que la résorption des sels
biliaires joue le principal rôle dans tous les cas d'ictère grave. L'intoxica-
tion du sang est la caractéristique de tous les états dits bilieux, quelles que
soient, du reste, les lésions multiples des organes splanchniques qui leur
donnent naissance ou qui en dépendent.
» Ce sont les modifications morphologiques et chimiques du sang que
l'on doit rechercher à l'avenir dans tous les ictères graves et même dans la
fièvre jaune ; les auteurs ont l'intime conviction que l'on arrivera ainsi à
démontrer rigoureusement que tout état bilieux malin, de quelque nature
qu'il soit, a sa raison d'être dans l'accumulation d'une quantité trop con-
sidérable de sels biliaires dans le sang, qui agissent comme destructeurs des
hématies. »
ZOOLOGIE. — Observations sur les mœurs de l'Heloderma horridum (i),
Wiecjmann, par M. F. Sumichrast. Note de M. Bocourt, présentée par
M. Em. Blanchard.
« Dans une intéressante Notice sur quelques Reptiles du Mexique, pu-
bliée dans la Bibliothèque universelle et Pievue suisse [Àrch. Se. phys. et
(i) ff'iegmann Isis, 1829; id. Herp. rna.r., i834, PI. Cette espèce est devenue le type de
la famille des Hclodcrmidœ. Gray ( Cat, spcct. Liz. Coll. Brit. mus. i8^5, p. 3 et l^).
(677 )
mil , 18G4, t. XTX), M. Siimichrast dit, en parlant de l'Héloderme
» Ce singulier Satiricn alteint chez quelques individus i'",'^o de longueur,
sivement la zone chaude qui s'étend du revers occidental de la C.ordillièie jusqu'aux ri-
vai;es de l'océan Pacifique; il n'a jamais été rencontré, à ma connaissance, sur la cote du
golfe mexicain. Ses conditions d'existence le confinent dans les loi alités sèches et chaudes,
telles que les cantons de Jamitepec, Juchitan, Tehuaiitepec, etc. »
» Il est d'autant plus difficile d'observer les mœurs de l'Héloderme que
cet animal, grâce à la vie sédentaire que lui imposent ses habitudes semi-
nocturnes, échappe à une investigation suivie. Ajoutons que la frayeur ex-
trême qu'il inspire aux indigènes n'a pas peu contribué à laisser son his-
toire dans l'obscurité. La démarche de ce Reptile est excessivement lente
et embarrassée, ce qu'expliquent du reste le peu de longueur et l'épaisseur
relative des membres, aussi bien que le manque de flexibilité des articu-
lations. Chez les individus très-vieux ou chez les femelles avant la ponte,
le ventre acquiert un grand développement et traîne sur le sol, diffor-
mité qui ne laisse pas d'ajouter encore à l'aspect repoussant de cet être
bizarre.
» L'Héloderme est un animal terrestre dans toute l'acception de ce mot,
et son organisation est en rapport intime avec son genre de vie. Sa queue,
arrondie et pesante, ne pourrait en aucune manière lui servir d'instrument
de natation, et ses doigts couris et épais ne sauraient lui permettre de
grimper aux arbres. Aussi n'est-ce point dans le voisinage immédiat des
rivières ou dans l'épaisseur des forêts qu'il faut chercher ce Reptile, mais
plutôt dans les endroits secs, à la lisière des bois ou dans les anciens défri-
chements, dont le sol est couvert de débris végétaux, de troncs pourris et
de graminées. Pendant la saison sèche, de novembre en mai, on rencontre
très-rarement ce Reptile, qui ne se laisse voir avec quelque fréquence que
dans les temps de pluies.
» Le corps de l'Héloderme exhale ordinairement une odeur forte et nau-
séabonde, dont l'intensité augmente à l'époque où les deux sexes se recher-
chent pour l'accouplement. Quand l'animal est irrité, il s'échappe de sa
gueule une bave gluante et blanchâtre, sécrétée par des glandes salivaires
très-développées. Si on le frappe dans ce moment de colère, il finit par se
renverser sur le dos, ce qui fait dire aux Indiens, comme un précepte à
suivre en pareille circonstance, qu'il faut toujours attaquer le Escorpioii (i) 01
(1) On applique généralement ce nom au Mexitpic it au Guatemala à tons les Sauriens
dont la morsure est considérée conmie venimeuse.
C.r..,i87r., i«r Semestre. (T. l.XXX, N» U).) °°
(678 )
face, parce quil pique en arrière. Cette manœuvre singulière, que l'Hélo-
tlorme répète presque chaque fois qu'il est menacé, est accompagnée de
sifflements profonds, aspirés avec force du gosier, et d'une sécrétion abon-
dante de la salive gluante dont nous avons parlé.
)) Les indigènes considèrent la morsure de l'Héloderme comme excessi-
vement dangereuse et la redoutent à l'égal de celle des Serpents les plus
venimeux. On m'a cité, à l'appui de cette prétendue propriété malfaisante,
un grand nombre d'accidents survenus à la suite de morsures. J'aurais
désiré pouvoir faire à cet égard quelques expériences concluantes; malheu-
reusement tous les exemplaires que j'ai pu me procurer pendant mon séjour
dans les contrées qu'il habite étaient tellement maltraités que la chose de-
venait impossible. Sans donner, du reste, le moindre crédit aux récits que
j'ai recueillis des indigènes, je ne suis pas absolument éloigné de croire que
la bave visqueuse qui s'écoule de la gueule de l'animal dans les moments
d'excitation ne soit douée d'une àcreté telle qu'elle ait pu, introduite dans
l'économie, y occasionner des désordres dont la gravité aura été sans doute
fort exagérée.
» A la fin de l'année dernière, j'ai reçu de M. F. Sumichrast de nou-
velles Notes, datées du i*"'' février 1874» relatives à un envoi de Reptiles
provenant de Tehuantepec; j'en détache une otà se trouvent consignés les ré-
sultats d'expériences sur les effets produits par la morsure d'un jeune Hélo-
derme.
« Je suis porté à croire que la croyance populaire qui attribue à l'Héloderme des pro-
priétés venimeuses n'est point sans fondement. Je fis mordre une poule sous l'aile par un
individu encore jeune et qui, depuis longtemps, n'avait pris aucune nourriture. Au bout
de quelques minutes, les parties voisines de la blessure avaient pris une teinte violette; les
plumes de l'oiseau étaient hérissées, tout son corps éprouvait un tremblement convulsif; il
ne tarda pas à s'affaisser sur lui-même; au bout d'une demi-heure environ, il était élendu
comme mort, et de son bec entr'ouvert s'échappait une bave sanguinolente. Aucun mou-
vement ne semblait indiquer l'existence, si ce n'est une légère secousse qui agitait de temps
à autre l'arrière de son corps. Au bout de deux heures la vie sembla renaître peu à peu,
l'oiseau se releva sur le ventre, sans toutefois se tenir debout et ayant toujours les yeux
fermés. Il demeura ainsi près de douze heures, au bout desquelles il linit par s'affaisser de
nouveau sur lui-même et expira.
" Un gros chat que je fis mordre à l'une des pattes de derrière ne mourut point ; mais,
immédiatement après avoir été mordue, la patte enfla considérablement, et pendant plu-
sieurs heures le chat ne cessa de pousser des miaulements qui indiquaient une vive dou-
leur; il ne pouvait se tenir debout et resta pendant toute une journée étendu à la ni(''me
l)lace sans pouvoir se relever et complètement hébété. Depuis ce jour, il est d'une maigreur
extrême et ne montre aucune activité.
( 679)
>■ Quoique ces expériences soient insuffisantes pour prouver que la morsure de l'IK-lo-
derrae est véritablement venimeuse, elles nie paraissent assez concluantes pour faire ad-
mettre qu'elle ne laisse pas de causer de très-rapides et profonds désordres dans récoiioniic
des animaux qui en sont l'objet. La cannelure que l'on observe aux dents de ce Reptile
n'offre-t-elle pas une analogie réelle avec le système dentaire des Ophidiens venimeux, dont
J'HiModerme se rapproche encore par la mollesse de mouvement tpii caractérise ces Serpents,
organises pour saisir leur proie à l'allut et non à la course?
» Je ne doute pas que des expériences, faites avec des individus adultes et nouvellenienl
pris, ne produisent des effets beaucoup plus terribles que ceux qu'ont pu occasionner la
morsure d'un individu jeune et aIRùbli par une captivité de près de trois semaines. •
ZOOLOGIE. — Sur la faune lielmintholocjique des cèles de la Bretagne (Roscoff),
Note de M. A. Villot, présentée par M. deQuatrefages.
i< Les conditions d'iiabitat d'un ver parasite ne se bornent pas à son
hôte, ni niêtne à la série d'Iiôtes qui peuvent normalement ou accidentelle-
ment l'héberger: elles comprennent en réalité celles de l'hôte lui-mètne ou
des hôtes successifs. Les conditions d'habitat du parasite se confondent
souvent, il est vrai, avec celles de l'hôte qui le nourrit, de sorte que l'on
peut conclure de la présence de l'un à l'existence de l'autre dans un pays
donné; mais c'est une question de savoir si, dans toutes les régions du
globe, le même parasite a toujours le même hôte ou la même série d'hôtes.
Or je ne crains pas d'affirmer que, dans la plupart des cas, il ne saurait en
être ainsi. Parmi les causes qui tendent constamment à modifier l'habitai
des vers parasites se placent en première ligne les migrations que penvent
effectuer leius hôtes. Les oiseaux, par exemple, en accomplissant leurs
longs voyages, si singulièrement périodiques, doivent être, pour les nom-
breux Helminthes qu'ils nourrissent, de merveilleux agents de dissémination;
mais celle-ci n'a pas seulement pour effet d'agrandir singulièrement l'aire
de chaque espèce et d'augmenter le nombre des êtres qui peuvent devenir
ses hôtes, elle doit avoir aussi pour résultat de changer ceux-ci et de donner
lieu à des mutations, à des substitutions d'espèces, de genres, ou même de fa-
milles, qui méritent au plus haut degré de fixer l'attention des observateurs.
L'oiseau voyageur dépose un peu partout, mêlés à ses excréments, les oeufs
innombrables d'Échinorhynqnes et de Cesto'ides que recèle son intestin-
d'où il résulte que la ponte d'un seul de ces parasites pourra être répartie
sur une surface très-grande, sous des latitudes diverses, et par conséquenî
dans des conditions de milieu très-différentes. Les embi^yous qui sortironl
de ces œufs feront donc partie de faunes diverses et auront nécessairement
à choisir des hôtes parmi des êtres bien différents. Un même Helmintde
88..
( 68o )
pourra donc, dans des pays différents, vivic et se déveluj)j)cr dans des
hôtes différents; et si l'on songe qne certains vers parasites doivent passer
successivement dans trois ou quatre hôtes avant d'arriver à l'état adulte,
on se convaincra de l'étendue et du nombre des modifications que com-
porte leur habitat, eu égard à celte cause de variations. Il ne faut point se
le dissiuuiJer, les questions relatives à l'habitat des Helminthes sont fort
complexes. Pour connaître l'histoire complèle d'un seul de ces êtres, il ne
suffit pas d'avoir suivi la série de ses migrations et de ses métamorphoses,
il faut encore l'avoir suivi dans les diverses régions du globe, et savoir
comment il se comporte dans chacune d'elles. On comprend dès lors l'in-
térêt qui s'attache à toute étude sérieuse de la faune helminthologique
d'une contrée, et combien il est à désirer que des travaux de ce genre
soient entrepris dès aujourd'hui. Il y a là sans doute tout un ordre d'ob-
servations nouvelles à faire, de faits curieux à découvrir, et la solution
de bien des problèmes que les helminthologistes ont jusqu'ici vainement
cherché à résoudre. Tel est du moins le but cjue je me suis proposé en com-
mençant une série de recherches sur les Helminthes libres ou parasites des
côtes de la Bretagne. J'espère contribuer ainsi à la Faune des côtes, de Fiance
dont M. le professeur de Lacaze-Duthiers a si heureusement conçu le plan,
et pour l'exécution de laquelle il fait généreusement appel aux jeunes natu-
r,i listes de notre pays.
» Mes observations, en 1874, ont porté principalement sur les Néma-
tuïdes marins et les vers parasites des oiseaux de rivage. Je ne parlerai au-
jourd'hui que des premiers, réservant les seconds pour une prochaine
Communication.
» Les Nématoïdes marins sont si abondants à Roscoff qu'il m'a été facile,
en une seide campagne, d'en recueillir vingt et une espèces. Dix étaient
déjà connues. Ce sont : Leplosomalum /iguralum , lîast. ; Leplosomatutn
Zolœ, Mar.; Leplosotnalum gracile, Bast.; Enoplus coininunis, Bast.; Eary-
sloina tenue, Mar.; Plianoderma Cocksi, Bast.; Oncltolaimus vulgaris, Bast.;
Oncltolaiinusfuscus, Bast.; Oncliolaiinus glaber, Bast.; Jnlicoma limalis, Bast.
Onze sont nouvelles (i). Parmi celles-ci, quatre appartiennent au genre
Leplosomalum, deux au genre Enoplus, une au genre Jnticoma, une au
genre Plianoderma, une au genre Spira, une au genre Chromodora, une
enfin à un genre nouveau, caractérisé par une armature céphalique coni-
( 1 ) Le Méiiioirf, acrompaj^nc de (igures noiiibicuscs, uii tes espèces se trouvent décrites,
va pur.ulie dans les Archives de Zoologie ex/-<;rinuiilatc de !\1. de Liicazc-Dulhiei'S.
( ^8' )
posée (le deux disques laléraux, de ibrine ovale, et aii([ucl j'ai donné le
iioiii (le Discophora.
» Cette liste, si incoiiijilète qu'elle soit encore, nous permet d(^j;i de
comparer la faune liehninlhologique de la Manche à celle de la Méditer-
ranée, étudiée par Eberth et M. Marion, et à celle de la Baltique, que
M. Bûtschli vient de nous faire connaître. Sur les vingt et une espèces que
j'ai observées à Roscoff, cinq [Leptosomatwn figuratum, LcptosomaUim Zoh,
Eiioplus coiniminis, Eiiiystoma tome, Phanoderma Cocksi) se trouvent aussi
dans la Méditerranée; deux [Leplosotnnlum fkjurahim, Enopkts communis)
vivent à la fois dans la Méditerranée, dans la Manche et dans la Baltique.
Ces nombres ne doivent certainement pas être considérés comme l'expres-
sion exacte de la réalité; mais ils suffisent pour nous montrer que chaque
mer est caractérisée par une forte proportion d'espèces cpii lui sont pro-
pres, et que les espèces dont l'habitat est le plus étendu sont en même
temps les plus communes, conformément à la règle générale.
)■ Je n'ajouterai rien, pour le moment, aux faits nouveaux que contient
ma précédente Note relativement à l'organisation des Nématoïdes marins;
je publierai prochainement sur ce sujet un Mémoire circonstancié, où les
observations de tous mes devanciers seront soigneusement discutées; mais
je puis dire dès aujourd'hui que, par leurs caractères essentiels, les Néma-
toides marins ressemblent aux Nématoïdes parasites, et qtie rien ne parait
justifier jusqu'à présent le sous-ordre et les deux familles que M. Marion
voulait établir pour eux. »
t'ALi';0!NrOLOGlE. — Observations criliques sur ta classification des Poljpien
palézoujues ; par M. G. Dollfus.
K L'examen comparatif des animaux inférieurs des terrains anciens, avec
les espèces analogues actuellement vivantes, chaque jour mieux connues,
conduit à une révision de la classification des Polypiers, Zoanlhaires, Ru-
gueux, Tabulés et Tubulés, telle que l'ont établie MM. Mdne Edwards et
J. Haime.
« Il résulte de l'étude microscopique de ces animaux et de l'hypothèse
de leur filiation naturelle que, si la classification des Polypiers Rugueux
|)eiit demeurer jiresque sans changement, celle des Tabulés et des Tubulés
nécessite ini remaniement coaqilet.
» De la division des Rugueux (Actinozoaires) on peut faire deux classes :
» i" Celle ([ui comprend les espèces à système cloisonnaire irrégulier.
( 682 )
loujoius libres, spéciales aux terrains paléozoïques, avec ou sans plan-
chers (Zaphrentitiens et Cyathaxonieiis) ;
» 2° Celle qui renferme les types à système cloisonnaire régulier (Cya-
thophylliens), à mode de groupement variable (Monoasirées, Disastrées,
Polyastrées), types qui ne se distinguent des Zoanthaires apores que par la
|)résence de planchers, puisqu'on doit abandonner le caractère télraméral
du groupement des cloisons, qui n'est justifié ni par son développement
originel ni par sa spécialité ; types répandus surtout dans les terrains an-
ciens, mais non pas spéciaux.
o Parmi les Tabulés, le groupe des Héliolitieiis (Héliolites, Lyellia, Pro-
pora) à cœnenchyme cellulaire et poreux, à planchers et à cloisons rudi-
mentaires, est sans nul doute le représentant ancien des Milléporiens
actuels [Héliopora, Millepora, Serialopora) dont il a lous les caractères, eu
passant par l'intermédiaire des Pocilloporiens {Pocillopora, Axopora, Polj-
tremacis); et l'on sait qu'il faut considérer aujourd'hui les Milléporiens
comme des Hydrozoaires. Le groupe des Tubuleiix dressés, nommés Syrin-
goporiens [S/ringopora, Fletcheria, Hatjsites), auquel il faut joindre les
Thécostégitiens encroûtants [Thecostecjiles-Conastecjiies) et les Auloporiens
rampants, qui constituent les Zoanthaires tubulés, peut correspondre ou
aux Bryozoaires du groupe des Hippothoa et des Idmoiiea, ou aux Alcyo-
naires tubuliporides (Actinozoaires), ou bien à l'un et à l'autre de ces
ordres, suivant la présence ou l'absence de planchers ; mais la forme
essentiellement tubuleuse exclut toute autre comparaison.
)> Le groupe des Chœtétiniens [Steltipora, Monticulipora, Chœtetesj
Cavales, Dania, Beaumontia, Labecina, Dekaya) à murailles perforées, à
planchers horizontaux, sans cloisons, offre une parenté étroite avec les
Bryozoaires jurassiques du groupe des Hcteropora et des Bryozoaires crétacés
nommés Radiopora; ce rapprochement, admis d'une façon inconsciente par
les anciens auteurs, a été soupçonné par J. Haime, lorsqu'il découvrit, en
i855, l'existence méconnue jusqu'alors de vrais planchers chez certains
Bryozoaires tubulinés jurassiques. On sait maintenant qu'ils existent aussi
chez les Radipora.
n Le groupe des Favositiens {alvéolites, Favosiles, Roemeria, Emmonsia,
Michelinia) possède, quant aux planchers et à la disposition générale, les
mêmes rapports que le groupe précédent avec les Bryozoaires tubulinés
[Cycloslomaln), et ses murailles perforées ne sont point sans équivalent chez
les Bryozoaires; les pores qu'on y observe sont les mêmes que les pores
intercellulaires de certains Eschares ei Lépraliens, et de quelques Tubuleux
( 683 )
{Fungella-Heteroporella). La présence de quelques rares stries angulaires
murales ne saurait embarrasser : elle peut être la conséquence du groupe-
ment polygonal très-serré des individus, et on la remarque chez quelques
Bryozoaires.
» Le groupe des Dendroporiens [Dendropora, Trachipora), encore insuf-
fisamment connu, viendrait peut-être se placer dans le voisinage des Bryo-
zoaires du type Ilornera, avec lequel il possède des analogies frappantes de
formes.
» Les Fenestrelliens, seuls Bryozoaires anciens reconnus jusqu'ici, ne
seraient donc plus isolés, quoique leurs affinités réelles avec les Enlalopom
et les Bererdcia soient loin d'être aussi étroites que l'a cru A. d'Orbi-
gny. Si l'on mentionne maintenant que l'opinion générale est aujourd'hui
unanime à considérer les Graptolites comme des Sertulariens (Hydrozoaires)
et les Réceptaculites comme des Spongiaires, voisins des Venlriculites, on
verra que les divers ordres des animaux inférieurs ont eu leurs représen-
tants normaux avant les périodes crétacée et jurassique.
» La faune paléozoïque n'apparaît plus, surtout pour les Polypiers, dans
un isolement complet; elle se relie naturellement à celle des époques sui-
vantes; les Polypiers tabulés, en particulier, ne forment plus une masse
hétérogène de types spéciaux et variés, dans laquelle toutes les espèces mal
connues et incomprises venaient s'accumuler. >>
MÉTÉOROLOGIE.— Observation du bolide du lo février, à Segonznc (^Charente).
Extrait d'une Lettre de M. Dcmay.
« Segonzac (Ciiarente ), le ii mars 1875.
1) Vers 5''45'", par un temps froid et nuageux, plusieurs personnes ont
vu en même temps que moi, à Segonzac, un glohe de feu qui est tombé
presque perpendiculairement dans le nord-ouest, faisant avec l'horizon un
angle de 85 degrés environ, se dirigeant de droite à gauche.
1) Ce météore a laissé derrière lui une traînée lumineuse, d'une écla-
tante blancheur, qui a persisté dans les nuages pendant plus de dix mi-
nutes, avec la même intensité; puis sa teinte est devenue plus sombre
et a présenté une coloration grisâtre; les nuages en mouvement, malgré
le calme qui semblait régner dans l'atmosphère, ont brisé la ligne droite
du sillon lumineux, en lui faisant prendre une ligne ondulée. C'est pro-
bablement cette dernière phase du phénomène qu'a })u observer M. Cha-
pelas.
( 684 )
» Ce méléore a été observé à ia Rochelle, dans la direclion du sud-ouest,
ce qui fait tomber le bolide, ou dans l'île d'Oléron, ou entre cette île et le
continent, ou en pleine mer. »
MÉTÉOROLOGIE. — ExpUailion de la Irajecloiie du bolide observé te lo février
1875. Noie de AI. Martin de Brettes, présentée par M. Daubrée.
« La singularité de la trajectoire apparente du bolide observé le 10 fé-
vrier 18^5 a donné lieu à des discussions qui ont fait mettre en doute son
apparition. La trajectoire était une courbe sinueuse, dont l'amplitude des
sinuosités croissait à mesure qu'elle se rapprochait de l'horizon.
» Cette trajectoire singulière peut s'expliquer, par la mécanique ration-
nelle, dans le cas particulier, mais possible, où le bolide aurait reçu un
mouvement de rotation très-rapide autour d'un axe très-voisin d'un prin-
cipal qui coïnciderait avec le plus grand de l'ellipsoïde central d'inertie et
un mouvement de translation incliné sur cet axe.
» Dans ce cas, le bolide se comportera connue un projectile oblong qui
serait lancé d'un point de l'espace contre la ttrre et pénétrerait dans son
atmosphère.
» La résistance de l'air dans le plan passant par l'axe du bolide et la di-
rection du mouvement de translation du centre de gravité donnera nais-
sance : i" à une force déviatrice qui sera située dans ce plan et tendra à
dévier le centre de gravité du côté de l'extrémité antérieure du bolide; 2° à
un couple situé dans ce plan, qui, par sa combinaison avec le couple de la
rotation initiale, déterminera un mouvement conique de l'axe du bolide
autour de sa trajectoire si elle est rectiligne, ou de la corde de cette trajec-
toire si sa courbure est peu prononcée.
» Ce mouvement conique sera de même sens que la rotation initiale, ou
de sens contraire, selon que le centre des pressions de l'air sera en avant ou
en arrière du centre de gravité ; de sorte que l'azimut de l'axe du bolide et,
par conséquent, celui de la force déviatrice varieront continuellement.
n La projection du mouvement du centre de gravité du bolide, sur un
plan perpendiculaire à la direction de la translation, en vertu de cette force
déviatrice variable en direction et aussi en intensité, sera, comme il est fa-
cile de s'en assurer, une courbe spiraloïde dont les rayons vecteurs croîtront
avec le temps, tant que la vitesse de rotation sera suffisante pour empêcher
le renversement du bolide.
» Le mouvement absolu du bolide dans l'espace résidtera de ce mouve-
( 685 )
ment relatif spiraloïde et du mouvement de translation. La trajectoire sera
donc une hélice conique, dont les spires iront en croissant et auront le
même sens que la rotation initiale ou lui sens contraire, selon les positions
relatives des centres de pression et de gravité.
» La perspective de cette hélice conique, ou la trajectoire apparente
du bolide, sera une courbe sinueuse dont les sinuosités croîtront avec le
temps.
» Nous avons, pour plus de simplicité, supposé que la translation du
centre de gravité était recliligne ou peu courbe. Si la courbure était très-
prononcée, on partagerait la trajectoire de translation en plusieurs arcs
très-peu courbes, dont chacun donnerait lieu à une trajectoire partielle,
qui serait une hélice conique.
» La trajectoire totale serait une hélice conique dont l'axe serait courbe,
et sa perspective, ou la trajectoire apparente, une courbe sinueuse dont
l'axe serait généralement courbe. »
M. Neyrenecf adresse, par l'entremise de M. du Moncel, une nouvelle
Note sur la combustion des mélanges détonants.
Dans le cas où le son produit est unique, les stries qui se forment sur la
paraffine sont régulières et perpendiculaires à l'axe du tube. Dans le cas où
l'on n'a qu'un mélange de sons discordants, les stries sont inclinées et for-
ment plusieurs systèmes. Avec de longs tubes, on peut n'obtenir qu'un
bruit confus, et les parois du tube sont tapissées de stries très-épaisses,
visibles surtout du côté de l'extrémité fermée.
M. d'Abbadie, en présentant à l'Académie, de la part de l'auteur, les
« Observations microséismiques » faites à Florence, en 1873, par le
P. DerleHi^ religieux barnabite, s'exprime comme il suit :
« Les séismes, ou tremblements de terre, sont des phénomènes plus fré-
quents qu'on no le croit, et la science n'est pas encore parvenue à les pré-
voir; comme plusieurs secousses passent inaperçues à cause de leur peu
d'intensité, divers savants d'Italie ont eu l'idée d'étudier celles qui sont
microscopiques. Le V. Bertelli est l'un des premiers qui ait abordé celte
voie nouvelle de recherches. Il donne les résultats de ses 55oo observa-
tions faites dans une année sur des pendules suspendus librement et observés
dans plusieurs azinuits au moyen de microscopes fixes. Il s'attache d'abord
à réfuter ceux qui ont voulu, mais toujours vaguement, expliquer les phé-
C.R., iS'j'j, ;"■ Semestre. fT. LXXX, N" 10.) ^Q
( 686 )
noniènes par des courants d'aîr, des mouvements thermiques, etc., on par
des chocs accidentels dans le voisinage de l'observatoire. Plusieurs de ces
objections ne peuvent s'appliquer aux observations que j'ai faites dans le
même but au moyen d'une sorte de pendule optique, c'est-à-dire la réflexion
d'un point fixe dans un bassin de mercure situé à lo inètres en contre-bas.
Renvoyée de là un peu en dehors de la verticale, l'image de ce point était
observée en distance et en azimut au moyen d'un microscope muni d'un
micromètre.
» Mes résultats, communiqués en 1872 à l'Association française pour
l'avancement des Sciences, dans son congrès de Bordeaux, ont pleinement
établi la réalité des petits mouvements signalés parleP. Bertelli. En publiant
par décades la courbe de l'intensité microséismique pour totite l'année, ce
savant trouve qu'elle ne concorde ni avec la courbe tliermométrique, ni
avec les phénomènes des marées, ni avec les distances ou les positions, soit
du Soleil, soit de la Lune. 11 en est autrement de la courbe barométrique.
Dans la plupart des cas, l'intensité des mouvements microséismiques
augmente avec l'abaissement de la colonne barométrique, comme si, dit le
P. Bertelli, les masses gazeuses emprisonnées dans les couches superfi-
cielles du globe terrestre s'écliapp lient plus aisément quand le poids de
l'atmosphère diminue. Celte explication s'appuie aussi sur l'observation
d'un puits à Bologne, où l'eau s'élève quand le baromètre baisse. Du reste,
la concordance entre les courbes barométrique et microséismique ne se
manifestant pas dans tous les cas, l'auteur attribue à plus d'une cause les
mouvements du pendule qu'il a étudiés. Dans les vrais séismes, ce mouve-
ment est ce qu'il appelle étoile, c'est-à-dire qu'il a lieu dans plusieurs
azimuts successifs.
I) Les oscillations de la verticale, observées parle P. Bertelli à Florence,
sont confirmées |)ar des observations du même genre faites par M. le comte
Malvasia, à Bologne, et par j\L de Rossi, qui observe assidûment plusieurs
pendules suspendus dans les grottes de Rocca di Papa, près Rome, avec des
conditions exceptionnelles de tranquillité et de stabilité. Le i4 janvier der-
nier, on y notait des oscillations du pendule tellement fortes qu'elles étaient
visibles à l'œil nu, et à la même heiue on en constatait de pareilles à Flo-
rence et à Bologne. Ces phénomènes peuvent donc se ])résenter simultané-
ment dans une vaste région, et il est à désirer qu'à l'exemple des savants
italiens on les observe eu divers lieux de la Fiance. Il est perm.is d'espérer
qu'on acquerrait ainsi des notions au moins plus précises sur les causes
encore si mvstérieuses des tremblements de terre. »
(687 )
» M. Ch. Sainte-Claire Deville rappelle, à ce sujet, que depuis très-
longteaips M. le baron Prost, ancien officier supérieur du Génie, à Nice, a
constaté des faits semblables, dans plusieurs Notes qui ont été communi-
quées à l'Académie par M. Élie deBeaumont, et en partie imprimées dans
les Comptes rendus.
M. Daubrée, en présentant une série de Mémoires sur l'étude micro-
scopique des roches, les uns de M. IVIohI, les autres de M. Boricky, ajoute
l'observation suivante :
« Les travaux de M. Mohl , de même que ceux de M. Boricky, sont
essentiellement descriptifs. Ce sont pour la plupart des monographies dé-
taillées et minutieuses de roches volcaniques anciennes, et principalement
de basaltes et de phonolithes. La Hesse, la vallée inférieure du Mein , la
Rauhe Alp, la Saxe ont été successivement étudiées à ce point de vue par
M. Mohl. Les études de M. Boricky ont été limitées à la Bohème. Chacun
de ces deux auteurs a eu recours à des analyses chimiques, mais généra-
lement à des analyses d'ensemble, d'où ils auraient tiré des résultats certai-
nement peu concluants, s'ils n'avaient en même temps pratiqué les méthodes
d'étude nouvelles, fondées sur l'observation des caractères microscopiques
des roches.
» C'est par milliers que l'on compte les préparations microscopiques qui
figurent dans leurs collections. Les publications qu'Us ont données se
recommandent par la précision des détails contenus dans le texte et par
l'exécution des planches qui en facilitent la lecture.
)) Le résultat principal de ces travaux est la connaissance exacte des
diversités que présentent, dans leur composition minéralogique, une foule
de roches confondues précédemment sous une même dénomination. Des
minéraux, tels que la néphéline, la noséane, considérés jusqu'en ces derniers
temps comme purement accidentels dans les roches volcaniques, ont été
reconnus comme éléments essentiels d'un très -grand nombre d'entre
elles. Ainsi la néphéline a été trouvée par M. Boricky dans les basaltes de
soixante-quatorze localités distinctes de la Bohême, et par M. Mijhl dans
ceux de cent quatorze localités de la Saxe.
» Ce genre d'études apportera prochainement des changements consi-
dérables aux classifications des roches adoptées jusqu'à ce jour. »
« M. CiiASLEs présente, de la part de M. iS, Robeiis, une Note extraite du
89-
( 688 )
Bulletin de la Société mathématique de Lomlres, du i3 novembre 1873 : « On
the expression of tlie length of the aie of a Carlesian by Elliptic Functions ».
C'est au sujet de la Communication de M. Genocchi, du i5 janvier der-
nier, 5»;- la rectification des ovales de Descartes, que M. S. Roberts adresse
cette Note, tout en reconnaissant pleinement la parfaite indépendance et
la forme intéressante du travail de M. Genocchi. »
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures un quart. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages heçus dans la séance on 22 févrieh 1876.
fsUlTE.)
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires cl documents; décembre 1874-
Paris, Dunod, 1875; in-8''.
Du psoriasis de la langue et delà muqueuse buccale; par Ch. Mauiuac.
Paris, A. Delahaye, 1870; in-S". (Présenté par M. Ch. Robin, pour le Con-
cours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1875.)
Le choléra asiatique et son traitement; par le D'' BOURGOGNE fils. Bruxelles,
H. Manceaux, 1874; br. in-8°.
Examen critique du Rapport de M. le D'' Ilérard et des discussions soulevées
à r Académie de Médecine de Paris., ù propos de l'identité du choléra asiatique
avec CCI taincs fièvres paludéennes pernicieuses, et de l'action thérapeutique du
tannale de ipnnine. Concours du prix Barbier en 1871; par le D'' BOURGOGNE
fils. Bruxelles, H. Manceaux, 1875; in-S". (Ces deux ouvrages sont adres-
sés par l'auteur au Concours Bréant, 1875.)
Monographie des Dragonneaux [genre Gordius, Diijardin) ; par A. ViLLOr;
1*'' et 2* fascicule. Sans lieu ni date; 2 br. iu-8". (Extrait des Archives de
Zoologie expérimentale.)
Bulletin de la Société d' Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe; 2" et 3" tri-
mestre de 1874. Le Mans, imp. Monnayer, 1874; in-8°.
(689)
Histoire des progrès de la Géographie, de 1857 à iS'jli; par E. CORTAMBERT.
Paris, iinp. P. Dupont, 1876 ; in-8". (Extrait du Complément de In Géogra-
phie de Malte-Brun.)
Observations sur In digitaline cristallisée; par II. BONNEWYN. Bruxelles,
H. Manceaux, 1874; br. in-8°. (Présenté par M. Wurlz.)
Revue d'Artillerie; 3* année, t. V, 5^ livraison, février 1875. Paris
et Nancy, Berger-Levrault, 1875; in-8°. (Présenté par M. le général
Morin.)
Quatrième Mémoire sur les Foraminifères du système oolithique , etc. ;
par M. O. Terquem. Paris, F. Savy, 1874; in-8°. (Présenté par M. Blan-
chard. )
Forza e materia, osservazioni critiche dell doit. G. AlNTiNORl. Piacenza,
lip. G. Tedeschi, 1872; br. in-8°.
Sulle variazioni periodiche e non periodiche délia temperatura nel clima di
Milano. Memoria di G. Celoria. Milano, Napoli, Pisa, Ulrico Hoepli,
1874; in-4°.
Annuario délia Societa dei Naturalisti in Modena, redazione dcl Segretario
Paolo RiccARDi ; série IP, anno VHP, fascicoli terzo e quarto. Modena,
P. Toschi, 1874; in-8^
Studi teorico-pratici sulla coxalgia; per Giovanni Eboli. Napoli, 1874;
br. in-8°.
Studi fisici sulle comète del 1874. Nota del P. A. Secchi. Roma, tip. délie
Scienze matemaliche e fisiche, 1874;, in-4''.
Studi fisici fatli ail' Osservalorio del Collegio Romano sulle comète di Tem-
pel 11'^ e Coggia III" nel 1874- Seconda Comunicazione del P. A. Secchi.
Roma, tip. délie Scienze matematiche e fisiche, 1875; in-4°. (Ces deux ou-
vrages sont extraits des Àtti dell' Accademia pontificia de' Nuovi Lincei.)
HiStoria de dos hombres nifios, etc.; por D.-J. MoreNO-Fernandez. Se-
villa, R. Tarasco, 1875; br. in-8°.
Publications périodiques reçoes pendant le mois de février i8'j5.
Annales de Chimie et de Physique; février 1875; iii-8°.
Annales de Gynécologie ; février 1876; in-S".
Annales de la Société d' Hydrologie médicale de Paris; liv. 2 et 3, 187J;
in- 8°,
(f^90 )
Annales de l'Obseivaloire inéléorologique de Bruxelles; r\° i, iSyà; iu-4".
Annales industrielles ; liv. 6 à 9, iS^S; in-4°.
Association Scientifique de France; liv. des 7, i4, 21, 28 février 1875;
in-8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse ; février 1875; in-8".
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; n° i3, iB^S;
in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique ; n'> 12, 1874; n° i", 1870; in-8°.
Bulletin de la Réunion des Officitr^s ; n"^ 6 k Ç), 1875; in-4°.
Bulletin de la Société Botanique de France ; Compte rendu, 11° 3, 1875;
in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale; février
«875; in-4°.
Bulletin de la Société mathématique de France; t. II, février 1875.
Bulletin de la Société de Géographie ; janvier, février 1875; in-8*'.
Bulletin de la Société française de Photographie; janyier, iéwiev i8j5;
in-8°.
Bulletin de la Société Géologique de France; t. II, 1 874 ; n** 6, 1 875 ; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; octobre à décembre 1875*,
in-8°.
Bulletin des séances de la Société entomologique de France; n°* 44; 4^,
1875; in-8''.
Bulletin général de Thérapeutique; n"' des i 5 et 28 février 1875-, in-8°.
Bullettino meteorologico dell' Osservatorio del R. Collegio Carlo Alberto,
n"* 4, 5, 1875; in-4°.
Gazette des Hôpitaux; n"* i3 à 26, 1875; in-4°.
Gazette médicale de Bordeaux; n°^ 3, 4^ i^']^; in-B".
Gazette médicale de Paris; n"^ ^ à g, 1875; in-4'*.
Iron;!}"^ 108 à iir, 1875-, in-4''.
Journal d'Agriculture pratique; n°^ 5 à g, 1875; in-B".
Journal de l'Agriculluie; n°* 3o4 à 307, 1875; in-8°.
Journal de la Société centrale d'Horticulture; janvier iH'j 5; in-8°.
Journal de l'Eclairage au Gaz; n"'* 3, 4> 1875; in-4".
( 691 )
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; décembre 1874? in-4°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire; février 187.5; in-S".
Journal de Pharmacie et de Chimie: février iSyS; in-8°.
Journal de Phjsique théorique et appliquée ; février 1876; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°* 3, 4> 1875;
in-8°.
Journal des Fabricants de Sucre; n°^ 4^ à 47» 1875 ; in-folio.
Journal de Zoologie; par M. P. Gervais, n° 6, iS'jS; in-8°.
L'Abeille médicale; n'"' 6 à 9, 1875; in-4".
L'Art médical; février 1875; in-8°.
La France Médicale; n°Mo à 18, iSyS; 111-4".
La Médecine contemporaine; n"^ 3, 4? 5, 1875-, 111-4".
La Nature; n"' 88 à 92, 1875; in-S".
La Tempérance; n° /^, 1875; in-8".
La Tribune médicale ; n°^ 338 à 34 1, 1875; iii-8°.
Le Canalde Suez; n°* 112 et i f5, 1875; in-4°.
L'École de Médecine; u" 5'], 187$; in-8°.
Le Gaz; n° 8, 1875; in-4°.
L Imprimerie ; 'yAiwïer 1876; 111-4°.
Le Messager agricole; jnn\ie.r, février 1875; in-H".
Le /Moniteur de la Photographie ; 11°" 3 à 5, 1876; 111-4"-
Le Moniteur vinicole ; n"Mo à 17, 1873; In-folio.
Le Mouvement médical; n"^ 5 et 8, 1875; in-4".
Le Progrès médical; 3" année, n" 6 à q, 1875; ln-4°.
Le Rucher; 3" année, n"' i, 2, 1873 ; in-8".
Les Mondes; n"' 5 à 9, 1876; in-8".
Magasin pittoresque; février i8-'5; in-8°.
Marseille médical ; 12" année, n°" i, 2, 1875-, in-8°.
Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme; t. VI,
I" et 2*= liv., 1875; in-8".
Memorie délia Societa degli Spettroscopisli zVn/i'a/i!; décembre 1874; in-4".
Moniteur industriel belge; n"^ 33 à 35, 1875; in-4°.
Monthly ... Notices mensuelles de la Société royale d' Astronomie de Londres;
janvier 1870; ln-8".
( 692 )
Montpellier médical.... Journal mensuel de Médecine; n" 2, 1875; in-8".
Nouvelles Annales de Mathématiques; février 187 5; in-S".
Nouvelles météorologiques^ publiées par la Société météorologique;
février 1875; in-8°.
Recueil de Médecine vétérinaire ; t. II, 11° i, 1875; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; n°^ 3, 4j '875; in-S".
Revue bibliographique universelle; 2*liv., 1875; in-S".
Revue des Eaux et Forêts; février 1875; in-H".
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n"* 3 à 5, 1875; in-8°.
Revue hebdomadaire de Chimie scientifique et industrielle ; ii°* i à 5, 1875;
in-8°.
Revue maritime et coloniale; février 1875; in-S".
Revue médicale de Toulouse; 9® année, n°' i et 2, 1875; in-8°.
Revue médicale et pharmaceutique du Midi; n° 2, 1876; in-8''.
Société d' Encouragement. Comptes rendus des séances; n°* 2 et 3, jan-
vier 1875; in-8''.
Société des Ingénieurs civils; n°* ( à 4, 1870; in-4°.
Société linnéenne du nord de la France; n"* 32, 33, 1875; in-8°.
The american Journal of Sciences and Arts; février 1875; in-8°.
The practical Magazine; février iS-jS; grand in-8°.
ERRATA.
(Séance du i" mars 1875.)
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COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
— I liit^^^-i^
SÉANCE DU LUNDI 22 MARS 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOmES ET COMMUNICATÏOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHILOSOPHIE DES SCIENCES. — Éludes (les procédés de l'esprit humain dans la
recherche de l'inconnu, ci l'aide de i observation et de V expérience, etc.; par
M. Chevreul.
DEUXIÈME MÉMOIRE : l'eNSEIGNEMENT DEVANT l'ÉTUDE DE LA VISION ET" DE LA LOI
DU CONTRASTE SIMULTANÉ DES COULEURS. (Extrait.)
Introduction.
« Quel est le but de ces études? C'est l'examen de la manière dont l'en-
tendement humain procède pour découvrir la vérité dans l'inconnu; c'est
de montrer la difficulté d'observer et, de là, la conséquence de soumettre
l'induction suscitée par l'observation d'un phénomène, soit que ce phéno-
mène se passe dans la nature libre, soit qu'il se passe dans une circon-
stance particulière imaginée sous le nom d' expérience par l'observateur
lui-même, à un contrôle indiqué par la méthode scientifique.
» Or, à mon sens, cette induction, déduite, soit de l'observation d'un
phénomène Ubre ou de l'observation d'un phénomène produit par une ex-
périence, doit, autant que possible, être soumise à une expérience nouvelle
qui est suscitée par la niélhode a POSTERIORI expérimentale.
» La conclusion de ce préambule est donc de diminuer les difficultés
C, R., [875, i^rSem^lre. (T. LXXX, NO 1!.) ' 9°
( 694 )
que présente la recherche de l'inconnu, en signalant les obstacles dont il
faut triompher avant d'arriver à la vérité, et d'indiquer le contrôle à pra-
tiquer pour savoir si l'an n trouvé l'erreur ou la vérité.
» Où cette manière de voir m'a-t-elle conduit?
» A donner, dans le premier Mémoire de ces études, la grammaire devant
la science [Compte rendu de la séance du i4 de septembre i8'74j t. LXXIX);
;i Quelques définitions générales de mots relatifs :
» i" A la base de nos connaissances, au mot fait : fait simple et fait com-
plexe;
» 2° A des opérations générales de l'esprit : Vanaljse et la synthèse, et à
la distinction des deux mots appliquée par la Chimie à des corps tombant
sous nos sens, différant par là même de l'analyse et de la synthèse mentales
appliquées à des mots exprimant des abstractions et non plus des ctioses
concrètes comme les espèces chimiques;
» 3° Enfin à la définition delà méthode A posteriori expérimentale.
» La manière de voir sous l'influence de laquelle ces études sont dirigées
m'a conduit naturellement à donner une attention toute particulière au
sens de la vue, si intimement lié au langage le plus précis de la pensée,
ainsi que le témoignent les mots voir, prévoir, apercevoir, etc., etc.
» Le deuxième Mémoire a pour objet de développer les connaissances qui
se rattachent à deux circonstances de la vision.
)) Le /?o!S(ème, bien plus long que les deux premiers, reproduira l'étude
de la vision dans ce qu'elle a surtout d'important relativement à l'expli-
cation de plusieurs phénomènes concernant l'affaiblissement de l'entende-
ment causé par l'âge.
DEUXIÈME MÉMOIRE : L 'ENSEIGNEMENT DEVANT l' ÉTUDE DE LA VISION ET DE LA LOI
DU CONTRASTE SIMULTANÉ DES COULEURS. (E.Xlrait.)
» Deux faits de vision auxquels ce Mémoire est consacré ressortissent de
deux circonstances fort différentes.
§ I. — Premier fait.
» Le premier fait concerne la vision d'une image qui n'est point compli-
quée ; elle présente un contour très-distinct et deux couleurs unies seu-
lement.
» On croit généralement qu'en la regardant avec attention quelques in-
stants on la voit distinctement dans toutes ses parties. Là est l'erreur; vous ne
voyez dans cette circonstance distinctement que quelques parties seule-
(695)
ment. Pense-t-on que cette proposition soit l'expression dogmatique de la mé-
thode A PRIORI?
» On se tromperait. Voici comment j'ai été conduit à la reconnaître
a posteriori, en fait.
M Bien peu de personnes savent comment mon livre De la loi du contraste
simultané des couleurs a été composé ; combien d'expériences ont été faites
sur les exemples de vision qui y sont décrits. On ignore généralement que ces
exemples n'étaient pas observés par moi seulement, mais par trois, quatre
et souvent cinq artistes tapissiers des Gobelins, exercés dès l'enfance à voir
des couleurs, et que la rédaction des jugements n'était définitive que quand
nous étions d'accord.
)) Tl se présenta une seule fois un cas de dissidence considérable à mon
sens : je me trouvai seul de mon avis, pendant trois jours consécutifs, dans
le jugement porté sur la vision d'une bordure de papier peint, représentant
des faisceaux de feuilles de rosier, interrompus de distance à distance par
des couronnes de roses; bordure que l'on plaçait successivement sur des
fonds de couleurs unies différentes, y compris le blanc et le noir.
)) Le quatrième jour, le désaccord du jugement fut expliqué; c'est que,
loin de voir trois choses distinctes, je n'en voyais qu'une, comparée à une
autre seulement. Il en était de même de mes collaborateurs, mais avec cette
différence, que nous comparions une même couleur à une couleur diffé-
rente.
» Ce désaccord ainsi expliqué me parut trop important dans le jugement
que nous portions d'une même chose comparée à une autre, que je cherchai
pendant plusieurs années une seule image peu complexe, propre à mettre
la proposition que j'ai exposée en évidence. Je l'ai décrite dans une Lettre
à M. Villemain, en l'appliquant à V ombrelle-enseigne des marchands de pa-
rapluies, composée de huit secteurs égaux, alternativement rouges et
blancs. Je la mets sous les yeux de l'Académie, convaincu que dans l'assem-
blée quelques-uns des spectateurs apercevront successivement trois images
différentes.
i> Première image. — Je promène une baguette sur le contour de l'om-
brelle, en disant : Vous voyez une ombrelle-enseigne formée de quatre sec-
leurs alternativement rouges et blancs.
» Deuxième image. — Je promène la baguette sur les limites des sec-
teurs rouges, en disant : Vous voyez luie croix de Malte rouge sur un fond
blanc.
)) Troisième image. — Je promène la baguette sur une même image que
90..
( 696)
la précédente, placée dans une position différente de la première, en di-
sant : Vous voyez une croix de Malte blanche sur un fond ronge.
» En définitive, dans la première image vous ne voyez d'une manière dis-
tincte que le contour.
» Dans la deuxième, vous ne voyez que les secteurs rouges distincts,
» Enfin dans la troisième, les secteurs blancs seulement.
)) Loin de moi la prétention de croire que tous les spectateurs verront ce
que je dis ; il me suffira que quelques-uns le voient, ou que leur désir de
savoir comment ils voient ce qu'on ne leur a jamais enseigné les conduise
à répéter les observations que je viens de présenter.
» Une fois ces observations de vision bien comprises, les conséquences
qui en découlent n'ont-elies pas une importance incontestable pour qui
veut se rendre compte de la diversité des jugements que nous portons sur
les mêmes objets, lors même que la passion n'intervient pas, qu'il y a in-
différence parfaite de la part des spectateurs à voir en eux quelques parties
plutôt que d'autres. C'est en cela que je cite une pensée de Pascal, toute
différente de la mienne, en ce que l'auteur fait intervenir la volonté des
personnes à ne voir que certaines parties d'une image complexe qui leur
plaisent, tandis qu'elles ne veulent pas voir d'autres parties qui ne leur
plaisent pas.
)) La proposition que je soumets en ce moment aux personnes qui,
comme moi, étudient les choses du monde extérieur au point de vue de
nos sens et de la faculté intellectuelle logique de nous rendre compte de ce
que nous observons, a donc pour objet que notre faculté d'observer est
bien plus limitée qu'on ne le pense généralement, précisément par le fait
de voir une croix blanche sur un fond rouge, ou une croix rouge sur un
fond blanc, au lieu de voir d'une manière tout à fait distincte toutes les
parties d'une ombrelle plane.
» Ainsi n'arrive-til pas fréquemment des dissidences d'opinions, quant
aux ressemblances des personnes, par la raison que les unes comparent
entre elles les parties supérieures de plusieurs visages, par exemple, tandis
que les autres comparent les parties inférieures de ces mêmes visages, sans
se préoccuper si les comparaisons concernent bien les mêmes objets.
» Cette proposition ne justifie-t-elle pas le précepte de Buffon en Histoire
naturelle : Iljaut voir beaucoup et revoir souvenl? et j'ajoute : après quelque
intervalle de temps, afin d'éviter de prendre l'habitude de ne voir toujours
que les mêmes choses, sans se rendre compte si l'on en voit l'ensemble
ou quelques parties seulement. Que de discussions seraient évitées ou
(^97 )
seraient moins fréquentes si, avant de les commencer, on s'accordait sur
les points que chacun se propose de discuter! Et c'est surtout ici que
Vanaljse et la sj nthcse mentales doivent intervenir avant le débat.
§ II. — Deuxième fait,
» Ce fait se rapporte à un passage des Mémoires du duc de Saint-Simon,
lorsque, en 1721, il était à Madrid à la cour de Philippe V avec la mission
de demander la main de l'infante pour le jeune roi Louis XV, et de pro-
poser le mariage d'une fille du régent avec le prince des Asluries.
» Je reproduis textuellement le passage, objet de mes observations :
ce La première fois que je le vis (le duc d'Alliiiqiierque, 12° de nom), ce fut dans une
porle de l'appartement de la reine, à mon audience de cérémonie. J'aj>erçus devant moi,
tout contre, un petit lionime trapu, mal Làti, avec un liabit grossier sang de bœuf, les
boutons de même drap, des chc^'ciix verts et gras qui lui battaient les éj)aules, de gios pieds
plats et des bas gris de ]wrteur de chaise. Je ne le voyais que par derrière et je ne doutai
pas un moment que ce ne fût le porteur de bois de cet appartement; il vint à lourner la
tète et me montra un gros visage rouge, bourgeonné, à grosses làvres et à nez épaté : mais
ses cheveux se dérangèrent par ce mouvement et me laissèrent apercevoir un collier de la
Toison. Cette vue me surprit à tel point que je m'écriai tout haut : n Ah ! mon Dieu, qu'est-
» ce que cela? « Le duc de Liria, qui était derrière moi, jeta les mains à l'instant sur mes
épaules, et me dit : « Taisez-vous, c'est mon oncle.... »
» J'ai reproduit ce passage pour mettre en évidence la perspicacité de
l'esprit d'observation du duc de Saint-Simon, de l'historien qui s'éleva si
haut dans l'étude des courtisans de la cour de Louis XIV et des honimes
de son gouvernement. Il témoigne que le grand écrivain ne pensait j)as
que sa tâche devait s'arrêter aux qualités morales, mais s'étendre encore
au physique, au teint, à la couleiir des cheveux ou même au costume
soigné ou négligé, distingué ou commun, et aux manières de l'homme du
monde ou de l'honuiie vulgaire. Evidemment ce n'était qu'en remplissant
ces conditions qu'il pensait faire revivre ses personnages et les faire con-
naître à ses lecteurs futurs.
» Le duc d'Albuquerque, 12" de nom, avait-il les cheveux veiU ?
» Je ne le pense pas, d'après ce que dit l'illustre historien qui les vit siu'
un habit rouge sang de bœuf.
)) Il y a plus, je ne doute pas que si le duc de Saint-Simon et'it appliqué
son esprit si profondément perspicace et observateur a l'étude des phéno-
mènes du ressort de la philosophie naturelle, indubitablement, à mou
sens, il eitt fait ce raisonnement : les cheveux verts sont rares ; la couleur
(698 )
de l'habil n'aiirait-elle pas quelque influence sur la vision ? Or, pour s'en
assurer, il aurait placé soit des cheveux gris, soit des cheveux blanchâtres,
soit même des fils gris sur des fonds de couleurs diverses, et alors il se se-
rait convaincu qu'une couleur vue entourée d'une autre ne paraît plus à
l'observateur de la couleur qu'elle avait lorsqu'on la voyait isolée sur un
fond blanc et comparativement sur des fonds de couleurs diverses.
» En disposant, par exemple, des cheveux identiques, parallèlement,
de manière à se présenter à la vue comme un petit ruban sur un fond
rouge, et qu'à côté des cheveux identiques aux premiers eussent été
placés sur un fond blanc, il eût jugé les premiers verts relativement aux
seconds.
Sur un fond orangé ils eussent paru bleuâtres;
Sur un fond jaune » violâtres;
Sur un fond vert » rougeâtres ;
Sur un fond bleu » orangés;
Sur un fond violet » d'un jaune verdâtre,
et enfin sur un fond noir, ils eussent perdu de leur couleur en pi^nant
du blanc.
» Voilà ce que le duc de Saint-Simon aurait pu faire sans aucune con-
naissance scientifique; mais, avec le sens si éminemment juste et obser-
vateur dont il a fait preuve dans ses écrits, il aurait tiré cette conséquence :
» Une couleur unie, vue sur une grande étendue, est appréciée sous
l'aspect absolu.
j) Vue juxtaposée à une autre et, mieux encore, vue au centre d'une
surface beaucoup plus étendue, d'une couleur différente de la sienne, elle
est vue sous Vospect relatif, et la sensation qu'on en reçoit alors diffère de
l'effet qu'elle produirait regardée sous Vas'pect absolu.
» Maintenant, expliquer la raison de ces faits d'après une loi etit été
impossible, car ce n'est que depuis la découverte de la loi du contraste
simultané des couleurs que l'explication a pu être donnée.
» La découverte de cette loi date de 1828; elle se compose de deux
articles : l'un est relatif aux couleiu's juxtaposées, et le second à la hauteur
de ton, c'est-à-dire de leur intensité à partir du blanc, le zéro ton, jusqu'au
noir qui en est le maximinu. L'expression de contraste simultané eiil jusliûée
par le fait que les couleurs se présentent aussi différentes que possible;
toutes les deux perdent ce qu'elles ont d'analogue, et la plus claire pa-
raissant plus claire, et la plus foncée plus foncée qu'elles ne le sont réelle-
ment; elles s'éloignent donc au lieu de se ra|)procher.
( 699 )
)) Or l'article de hi loi portant sur la couleur proprement dite exprime
que la couleur complémentaire de l'une s'ajoute à la couleur de l'autre.
» Or, la couleur complémentaire d'une couleur étant celle qui neutra-
lise celle-ci, l'expression est la même que si l'on disait de deux couleurs
juxtaposées A et B : A perd ce qu'elle a de B, et B perd ce qu'elle a de A.
» Conséquemment E retranché de A équivaut à l'addition de sa com-
plémentaire G à A.
» Et A retranché de B équivaut à l'addition de sa complémentaire C
àB.
Dé m on s t ration .
» Supposons deux cartes n*^ i de couleur A, et n° 2 de couleur B, dixième
ton de leurs gammes respectives. En même temps qu'elles réfléchissent de
la lumière colorée, elles réfléchissent de la lumière blanche; en les regar-
dant séparément, vous voyez chacune d'elles sous V aspect absolu, c'est-
à-dire de leurs couleurs réelles. Admettons qu'une petite quantité de la
lumière hlanche de la carte n** i , A, est égale à la couleur B + C sa com-
plémentaire, et qu'une petite quantité de la lumière blanche de la carie
n° 2, B, est égale à la couleur A + C sa complémentaire. Il est évident
qu'en juxtaposant les cartes n°' i et 2, si A perd B, la complémentaire C
modifiera la couleur A, et si B perd A, la complémentaire C modifiera la
couleur B, conformément à la loi du contraste.
» Si l'on opère sur des rayons colorés du Soleil, le mélange des rayons
de lumière mutuellement complémentaires donne de la lumière blanche.
» Si l'on opère sur des poussières de couleurs complémentaires, le mé-
lange donne du gris, du brun ou du noir.
» Il est évident maintenant que deux couleurs complémentaires ne peu-
vent être définies que l'une par l'autre.
» Quant au contraste de ton, d'une carte blanche et d'une carte noire,
la juxtaposition fait paraître la première plus blanche et la seconde plus
noire.
» Il ne me parait pas superflu de rappeler que la couleur considérée
comme propriété susceptible d'être envisagée sous Vaspecl absolu, le lelatij
et le corrélatif, ne pût se prêter à ces trois distinctions qu'une dizaine d'an-
nées après que j'eusse envisagé des propriétés physiques, des propriétés chi-
micpies et des propricle's onjanolcplicjucs sous ces trois aspects en 1818, à
l'article corps du 10" volume du Dictionnaire des Sciences nalui elles, p. 5i i et
suivantes.
( 700 )
Propriétés physiques :
Le magnétisme présente deux états corrélatifs, le boréal et l'austral.
L'électricité présente deux états corrélatifs, le positif et le négatif.
Propbiétés chimiques :
Vaffinitc mutuelle des acides et des alcalis, l'acidité et l'alcalinité, sont deux pro-
priétés corrélatives.
L'affinité mutuelle des corps simples, la propriété comburante et la propriété com-
bustible, sont deux propriétés corrélatives.
Propriétés orcanoleptiques :
Les sensations du cliauil tt du froid sont corrélatives.
Enfin la couleur envisagée relativement à deux couleurs dites complémentaires sont
corrélatives l'une de l'autre.
» Il faut distinguer parmi les propriétés corrélatives celles qui se neu-
tralisent nuituelienient, connue les magnélismes, les électricités, l'acidité et
l'alcalinité, les couleurs complémentaires, des propriétés corrélatives qui
ne se neutralisent pas, comme le froid et le chaud.
» Enfin je ne doute pas que l'élude approfondie des corps sur l'éco-
nomie animale ne conduise à la distinction de corps antagonistes sus-
ceptibles de se netitraliser, dont l'étude approfondie ne soit aussi profi-
table à la science des corps vivants qu'à la pratique médicale. »
THERMOCHIMIE. — Slabililé des sels des acides gras en présence de l'eau,
et déplacement réciproque de ces acides; par M. Berthelot.
I. — Stabilité des sels alcalins des acides gras.
« Les sels alcalins des acides gras, mis en présence de l'eau, se com-
portent comme des composés intermédiaires entre les sels des acides forts,
tels que les chlorures et les azotates alcalins, que l'eau ne décompose pas
d'une manière appréciable ; et les sels des acides faibles, tels que les car-
bonates, les sulfures, les borates, que l'eau décompose partiellement, en
raison de sa masse et avec tendance à la formation simidtanée d'un sel
acide (bicarbonate, sulfhydrate, etc.) et de base libre. Ce rapprochement
entre les acides gras et les acides faibles s'accentue davantage à mesure
que leur équivalent s'élève, depuis l'acide formique, presque aussi énergique
que les acides minéraux puissants, jusqu'à l'acide valérianique, dont les sels
neutres se changent aisément eu sels acides par l'évaporation, et jusqu'aux
acides sléarique et margarique, dont les sels alcalins (savons) sont si facile-
ment décomposés par l'eau froide en base libre et bisels. •
{ 70' )
» Voici mes expériences, faites entre 7 et 10 degrés, et dans lesquelles j'ai
étudié l'influence exercée sur les sels gras dissous par un excès des diver
composants de la liqueur, savoir : l'eau, la base et enfin l'acide libres.
Chaleur
Sels. mise
enjeu =â
C'HNaO"(i'''i =: 2'")
-h 2''' eau -t-o,o3
Dilution plus grande, insensib.
1° Influence de l'eau (dilulion).
Acide.
C'H^NaO'(ri z= oii')
4- 2'" eau +o,o3
Dilution plus grande, insensib.
C»H'NaO'(i'^i=i''S6)
-t- i''',6eau +o>'9
C'H'NaO'(ri — 2''')
-H 2''' eau +0, 16
-4-0, I I
G«H'NaO'(r'i =4ii'
-1- 2''' eau
C'H'NaO'(i"''> = 6'*')
+ 6"' eau -+-0,08
Au delà, non mesurable
C"H'NaO'(i''''=4'")
C'"H»NaO'(i''' — tJ'")
H- 6'"' eau
Au delà, non mesurable
-G, 18
-0,04
Chaleur
mise
enjeu =: 5 .
C'H^0'liq.4-eau
= i''' 4-0, 08
C'H'O' (!''''= i'*')
-j- 1'" eau .... -1-0,02
C'H'0'(i'^'<i=2''')
+ 2''' eau .... H-o,oi
Dil ut. plus grande insensib.
C'H'0'liq.-f eau
= i'" -+-0,38
C<H'0'(i"i=i'i')
-h i'''eau .... 4-o,o3
C'H'0'(i'^'J=2'")
H- 2''' eau. . . . -i-o,oi
Dilut. plusgrande insensib.
C'H«OMiq.-+ eau
=:l''' 4-0,58
C»H»0'(i"i=iii<)
-I- 1'" -l-o, 19
-t- 2''' eau. ... -f-o, 10
C»H»0'(i'=i=4''')
-I- 4''' eau. ... -1-0,08
C'H»0^(i'^-'i=i8'")
-t- 4'" eau. . . . -1-0, o5
Au delà, non mes.
Base.
NaO (l''"! -
Chaleur
mise
en jeu :=(?'.
,1U)
... — o,i4
NaO (i-'i = 2''')
-t- 2'" eau —0,04
NaO ( l'^i = 4'")
-f-4'''eau —0,02
Dilution plusgrande insensib.
Sels de baryte.
C'HBaO'(i>'i=2'")
+ 4'" eau -1-0,07
C'H'BaO<(i«i = 3''')
-1- 2''' eau -1-0, 1 5
C'»H"'OMici.-f-eaii
:zz4 (Lougulnlne)
C"'H'»0'(i''''=4'")
eau.
-0,67
-o,i3
» D'après ces nombres, la dilulion de tous les sels alcalins des acides
gras dégage de la chaleur; il en est surtout ainsi pour le butyrate et le valérate
de soude, même déjà fort étendus. La chaleur de combinaison N, de l'acide
et de la base, dissous à volumes et à équivalents égaux, peut être calculée
i;.U., 1875. \-<^ Scmcitre. (T. LXXX. N° li.) 9'
( 702 )
d'après la formule rigoureuse
N -N, = A- ($+ 5').
Elle ne varie pas sensiblement pour le formiate et l'acétate, au moins de-
puis I équivalent de sel dissous dans 4 litres; mais elle varie notablement
pour le valérate et le butyrate. Quand on passe de i équivalent de butyrate
de soude dissous dans 2 litres à i équivalent dissous dans 4 litres, N di-
minue de — o, i5;pour8 litres, nouvelle diminution de —0,12; pour
12 litres, — 0,08 : soit en tout — o, 35 depuis 2 litres. Ce sont là des va-
riations bien plus fortes que pour les sels formés par les acides forts.
2° Influence d'un excès de base.
Action de la base
sur le sel dissous. Chaleur dégagée. Action de l'eau pure.
C'HNaO'[i"i==4'")^ii\aO(i-'-i==2"t)..., +o,o55 +0,00
C*H'NaO<(i''i = 2ii')-4-±NaO(i^i=2'").... +0,07 -t-o,oo
C'H»NaO<(ri = -îii.) +i NaO (1^1= 2'-').. . . +0,10 + o,o3 - 0,04 = - 0,01
C'H^NaO'(r<i=4'i«)4-iNaO(i^i=4>i').. . -^ 0,27 + o,o4 - 0,01 = + o,o3
+ 0
o55
+ 0
07
4-0,
10
-t- 0
27
+ 0
28
+ 0
,20
4- 0
,24
C'H']\aO'(i^i=4"')+ 'NaO(ri=4i").... +0,28 -f- o, 16 - o,o4 = + o, 12
(C'»H''NaO'(i'^-!=4'")-)-iNaO(i*i=4'").... +0,20 + 0,02 - 0,01 n= + 0,01
i C'»H»NaO«(i'"i=z 4'") -^ iNaO (1^1=^4'"). .. 4-0,24 + o, 10 - 0,04 = + 0,06
» On voit que tous les sels neutres de soude, mis en présence d'un excès
de base, dégagent une nouvelle quantité de chaleur. Cette quantité est
peu considérable, comme on devait s'y attendre, la décomposition du sel
neutre par l'eau étant évidemment très-faible; mais elle surpasse notable-
ment les erreurs d'expérience ; elle surpasse aussi l'action de l'eau pure,
c'est-à-dire la somme des deux quantités de chaleur qui se dégageraient, si
l'on étendait d'une part la solution du sel avec i volume d'eau pure égal
à celui de la solution alcaline; et, d'autre part, la solution alcaline avec
I volume d'e.ui pure égal à celui de la solution saline; ce que montre la
dernière colonne du tableau (action de l'eau seule).
» Ce qui vient surtout appuyer mon interprétation, c'est que la chaleur
dégagée se développe tout d'abord par l'addition d'une petite quantité
de base : condition dans laquelle la petite quantité de sel neutre que l'eau
avait pu séparer en acide et base tend à se reconstituer presque intégra-
lement. Une plus grande quantité de base ne produit pas d'effet ultérieur
très-appréciable : elle offre d'ailleurs l'inconvénient de modifier bien da-
vantage la nature du dissolvant.
» J'ajouterai enfin que la chaleur dégagée jiar un excès de base est no-
tablement plus grande pour le butyrate et le valérate, que pour l'acétate et
( 7o3)
le formiate; ce qui montre que la décomposition du sel neutre augmente
avec l'équivalent de l'acide gras qui le constitue.
3" Action d'un excès d'acide.
C=HNaO*(ri = 4'")
+ '- C'H=0'(i'-i= •->.''<}. .
C'HNaO' (i"i = 2i")
\ + I C=H'0'(i''i = 2'''). .
/ C'H'NaO'(i''i = 4''')
\ 4-iC'H'0« (i''i= 2'"). .
j C'H'NaO«(i'i=r2'")
1 + I C'H*0' (1^1= 2'"). .
/ C'H'NaO<(i*<i=4"')
l +|C'H«0'{i*i = 4'"). ,
] C'H'NaO' (i'^i = 4"')
I 4-fC'H»0' (i'^i=4'").,
/ C«H'NaO'(i'i = 4''')
\ +1 jC'H'O' (i"i = 3i''. ,
C'°H»NaO*(i"i = 6'^')
+ { C'»H'°0'(r'i = 51'')
C"'H'NaO*(i''i = io"')
+ 1 C'°H"'0'(i'i = 5'''!
C"'H'NaO'(i'*i = 4'")
-+- C'E^O* (i''i = 5''').
+ o,i3
+ 0,12
-+■ O, 125
-f- 0,04
+ 0,08
+ 0,19
+ o,3i
+ o,36
-+-0,57
H- 0,59
+ 0,29
soit pour C'H'O'. +0,78
» + o , a4
» 4- o, 125
soit poiirC'H*0'. 4- 0,24
» +0,08
soit pour C" H» 0'. +0,76
» +0,41
soit pour CH'^O*. + 2,32
-+-0,29
Artion de l'eau seule.
+ 0,00
+ 0,02
+ 0,04
-f- 0,00
+ o,o3 + 0,01 T=i + 0,04
+ o,o5 -f- o,o3^ 4- 0,08
+ 0,l2-|-0,o6=+0,l8
+ 0,19 + 0, 06 =4-0, 25
+ 0,01 +o,o3= + o,o4
+ 0,11 +0,IC = + 0,2I
» A l'inspection de ces nombres on voit aussitôt que l'addition d'un
excès d'acide à un sel gras alcalin a poiu' effet d'accroître la chaleiu- déga-
gée, précisément comme pour les acides faibles en général. Cet accroisse-
ment surpasse dans tons les cas et les erreurs d'expérience et l'action de l'eau
seule sur les deux dissolutions employées. La cbaleur dégagée est surtout
sensible et décisive lorsqu'on ajoute un petit excès d'acide, une plus grande
quantité de la liqueur acide modifiant davantage le dissolvant.
» La chaleur va en augmentant du formiate et de l'acétate au butyrate et
au valérianate, précisément comme avec un excès de base.
)) Enfin, et cette remarque est très-importante, la chaleur dégagée par
l'addition d'un faible et même excès d'acide ou de base, tel que \ d'équi-
valent, n'est pas la même, l'acide dégageant en général plus de cha-
leur que la base. Cet excès est surtout marqué pour le valérate, dont l'équi-
91..
( 7o4 )
valent est le plus élevé. Il y a là, ce me semble, l'indice de quelque
chose de plus que la simple décomposition d'un sel neutre en base et acide
libres par l'action de l'eau; car un même excès d'acide ou de base devrait
produire à peu près le même effet pour compléter la régénération du sel
neutre.
M Je pense que ce nouveau phénomène traduit la formation d'une certaine
dose de sel acide, de l'ordre des formiates, acétates ou valérates acides qui
peuvent être, en effet, isolés par l'évaporalion, soit en présence d'un excès
d'acide (préparation industrielle de l'acide acétique cristallisable), soit
même avec les sels neutres (valérates acides d'ammoniaque et autres). J'ai
déjà eu l'occasion d'invoquer la formation de ces sels acides pour expliquer
le déplacement d'une petite quantité d'acide chlorhydrique dans la réac-
tion de l'acide acétique sur le chlorure de sodium [Annales de Chimie,
4* série, t. XXX, p. 482). Elle joue également un rôle dans les difficultés
que l'on rencontre, si l'on veut décomposer entièrement un équivalent
d'acétate de soude par un équivalent d'acide sulfurique, à moins d'élever
la température jusqu'au degré de dissociation de l'acétate acide.
» Cependant, en présence de beaucoup d'eau, le sel acide ne se forme pas
en dose considérable, comme le prouvent les résultats négatifs obtenus par la
méthode des deux dissolvants et aussi le peu d'influence thermique exer-
cée par un grand excès d'acide. Ici encore une petite quantité d'acide, agis-
saut sur un grand excès relatif de sel neutre, donne tout d'abord naissance
à la dose presque entière du sel acide qui peut subsister en présence de la
masse d'eau qui le dissout; de même que, dans le cas des équilibres éthé-
rés, l'action chimique tend à devenir proportionnelle à la plus petite des
masses mises en présence, lorsque cette masse est très-petite par rapport
à toutes les autres (voir Annales de Chimie, 3* série, t. LXVIII, p. SSg et
354).
II. — DÉPLACEMENTS RÉCIPROQUES UES ACIDES GRAS.
Acides.
Formiqueet ( C'HNaO'(i''i= 4'") ^„| l C*H=NaO*(i'^i= 4'") ' ^^^
acétique...! -+- C<H'0'(i"î= a''') +0,08 ( + C^H^O'(i^'î= a"').. . . +0,1?.
C'H'NaO*(i''i=4''')
+ C'H'0'(i''i=4''') -4-0,00
C"H'NaO«(t'i=2'")
Formiqncet 1 CMiNaOMi^''=4'") 1 -+- ^ CarOUi''^ 2'") • ■ +0,06
butyrique.. ( -h C''H'0*(i'''i= 4'") + 0,24 '| On ajoute àcederniermélange
-^ iC'H'0'(i*i= 2'") . . —0,06
Puis encore
+ iC'II'0'(l'1=2''') . . 4- 0,00
( 7o5)
Formiqueet ( C'HNaO*(i'^^i- 2''') ) + |C'H'0'( i"i= a'^'). . . +o,of
valérique... ( + vC"'H'»0'(i*i= 5'"). . . -+-0,21 j Onajouteàcederniermélange
+ iC'H-0*(i'i=?.'i')... —0,24)
iC»H'NaO*(i'i=8i'')
-l-C'H'0<(ri=4'") . . . +0,00
C»H'NaO'(i'^'i=4"')
+ |C'a'0^{i'5i=4''') . . +0,08
!C"'H'NaO'(i*i=4''')
-+-C'H'0'(i'^''=5'") +0,00
C"H»NaO'(i''i=2'")
-f- |C<H'0^(t"i== 2"^). . . +0,01 \
On ajouteàcedpinier mélange (
+ iOH'0'(i"i=2'i')... —0,09)
Butyrique et ( C»H'NaO"(i'^i= 10'") 1 C"'H'NaO'(r''i=io''')
valérique... | -+- C'»H'°0'(i'^i= 5''') -4-0,53 | -t- C'H»0*(i'i= 5'") . . . -t-0,27
» La conclusion générale qui se dégage des chiffres de ce tableau, c'est
le déplacement réciproque des acides gras dans leurs sels dissous. Ce dé-
placement est surtout net lorsqu'on fait agir sur le sel neutre d'un acide
une petite quantité, un i d'équivalent par exemple, de l'acide ant;igonisle;
dans ces conditions, il y a toujours dégagement de chaleur, précisément
comme si l'on ajoutait à un sel neutre une petite quantité de l'acide qu'il
renferme déjà. Ce dégagement de chaleur est dû à deux actions, tantôt de
même signe, tantôt de signe contraire, savoir : 1° le déplacement de l'un des
acides par l'autre, proportionnellement à la plus petite des masses mises en
présence; et 2° la formation simultanée d'un sel acide par l'acide déplacé
qui réagit sur l'excès de son sel neutre. Ces deux actions sont de même signe
lorsqu'on fait agir une faible dose d'acide valérique ou butyrique sur le for-
miate ou sur l'acétate, ciiconstance dans laquelle on observe, en effet, le
maximum de chaleur dégagée. Elles sont de signe contraire dans les dépla-
cements inverses, circonstance dans laquelle la formation d'une petite dose
de sel acide dégage plus de chaleur que le déplacement d'une petite frac-
tion d'un acide par l'autre. Enfin, dans le cas des formiateso[)posés à l'acide
acétique ou des acétates opposés à l'acide formique, le déplacement réci-
proque ne produit pas d'effet thermique sensible, et tout se réduit à la
chaleur dégagée parla formation du sel acide, laquelle siu'passe d'ailleurs
de beaucoup les effets que produirait l'addition d'un même volume d'eau
pure.
» Voilà ce qui arrive lorsqu'on ajoute une petite quantité d'un acide
(7o6 )
gras à la dissolution du sel neutre d'un autre acide gras. Si l'on accroît la
dose de l'acide additionnel, le déplacement continue encore à se faire,
quoiqu'en proportion décroissante; mais la formation ultérieure du sel
acide (ou des sels acides) cesse d'être appréciable, comme il résulte des faits
exposés plus haut ; par suite l'effet thermique se réduit à peu près entièreuient
au déplacement réciproque. Il donne nécessairement lieu à un dégagement
de chalein-, quelle que soit la proportion de l'acide additionnel, dans le cas
où l'on traite un formiate ou un acétate par l'acide butyrique ou valérique.
Mais, dans le cas où l'on oppose un butyrate ou un valérate à des doses
croissantes d'acide formique ou acétique, plusieurs effets se succèdent, de
signe contraire, savoir : i° le déplacement partiel avec formation propor-
tionnelle de sel acide, effets dont la somme est un dégagement de chaleur;
2° un nouveau déplacement, dans lequel la formation du sel acide n'est
presque plus sensible, et dont l'effet thermique principal est une absorption
de chaleur (voir, dans le tableau, valérate de soude •" + j -+- i acide formi-
que; butyrate de soude : -H |- -I- | acide formique, etc.); 3° le partage de la
base entre les deux acides ne se modifie plus ensuite que lentement, quand
la proportion relative des deux acides approche de l'égalité. Par suite le
dernier effet thermique résulte de la compensation des deux effets con-
traires, le déplacement qui absorbe de la chaleur et l'action de l'eau (qui
dissolvait l'acide additionnel) sur le sel gras contenu dans la liqueur, action
qui dégage de la chaleur. En raison de cette conpensation, le dernier effet
thermique est sensiblement nul, et il en est de même de l'effet total qui
résulte de la somme de ces trois phénomènes successifs.
» Cette analyse délicate des effets produits par l'action réciproque des
deux acides gras, opposés à dose graduellement croissante, était indispen-
sable pour rendre compte des variations singulières observées dans le signe
de la chaleur dégagée; elle montre qu'il y, a dans tous les cas partage et
quel en est le mécanisme.
)i Quant à la proportion relative de ce partage, les nombres observés sont
trop faibles pour permettre un calcul bien précis; mais elle ne parait pas
éloignée d'un partage égal, sauf quelque prépondérance à l'avantage des
acides butyrique et valérique, sans doute parce que leurs sels acides sont
les plus stables en présence de l'eau.
» En résumé, toutes ces expériences fournissent des indications con-
cordantes et qu'il me paraît légitime d'interpréter par le partage de la
base entre les deux acides gras mis en présence joint avec la formation
des sels acides. C'est cette même formation des sels acides (simples et
( 707 )
même doubles), laquelle est bien plus nette eu l'absence de l'eau, qui
me paraît déterminer les déplacements d'acide formique par l'acide
acétique dans les formiates anhydres, conformémeut aux expériences de
M. Lescœur.
» Eu présence de l'eau, comme eu son absence, la formation des sels
acides règle le phénomène, parce qu'elle donne lieu à un dégagement de
chaleur qui l'emporte sur toutes les autres réactions; c'est ce que montre
aisément le calcul de la formation des sels acides et des sels neutres rappor-
tée à l'état solide, d'après les nombres de ma dernière Note. I/explication
des faits observés est donc précisément la même que pour les déplace-
ments d'acide sulfuriqiie dans les sulfates alcalins par les acides chlorhy-
drique et azotique; ce déplacement ayant lieu en l'absence de l'eau, comme
en sa présence, et pour les mêmes motifs thermiques (voir Annales de Chi-
mie et Physique, 4^ série, t. XXX, p. 5i8).
» Mais dans le cas des sels gras acides, comme dans celui des bisulfates,
il convient de tenir compte de leur état de décomposition partielle. Si les sels
acides formés par les acides gras étaient absolument stables, soit en |)ré-
sence de l'eau, soit sous l'influence de la distillation, leur formation s'ac-
complirait intégralement dans tous les cas, et le partage de la base aurait
lieu précisément dans des rapports équivalents très-simples. Mais les sels
gras acides, aussi bien que les bisulfates, et même à un degré plus avancé,
subissent, de la part de l'eau qui les dissout, ou de la chaleur qui les dis-
socie à l'état anhydre, une décomposition partielle. Or les sels acides ne
sauraient intervenii' dans les réactions qu'eu raison de la proportion réelle
de ces sels qui est susceptible de subsister dans les conditions de l'expé-
rience : de là résultent des équilibres multiples dont je viens de signaler
le principe. Ce sont ces mêmes équilibres, modifiés par la température et
par la formation de certains hydrates définis, précisément, comme dans les
déplacements réciproques des hytiracides [Comptes rendus, t. LXXVII,
p. !3i3-3i5), qui règlent les déplaceuieuts réciproques des acides gras par
distillation. »
GÉOLOGIE. — Association, dans l'Oural, du platine nalij à des roches à base
de péridot ; relation d'origine qui unit ce métal avec le Jer chromé; par
M. Daibuée.
Il Le platine abondamment répandu, à l'état de pépites ou de grains
isolés, dans les terrains de transport de certaines régions de l'Oural n'a
( 7o8)
pas encore été rencontré en place, c'est-à-dire dans les roches qui le con-
tenaient originairement. Il a été détaché de cette matrice par les tritura-
tions et les charriages auxquels sont dus les dépôts de gravier et de sable
où on l'exploite aujourd'hui.
» Toutefois les recherches qui ont été faites sur ce sujet par plusieurs
géologues, particulièrement par Gustave Rose et M. Le Play (i), ont rendu
très-probable que c'est dans la serpentine que ce métal élail d'abord dis-
séminé, au moins dans la contrée de Nischné-Tagilsk. Le grand nombre
de galets de serpentine accompagnant le platine ont conduit à cette con-
clusion, que confirme aussi l'abondance du fer chromé, minéral du do-
maine de la serpentine. D'ailleurs le platine est lui-même souvent engagé
dans le fer chromé, et enfin il n'est pas sans exemple que des grains de
ce métal aient été trouvés dans la serpentine.
» M. Jaunez-Sponville, qui a bien voulu, à ma prière, faire soigneuse-
ment rechercher dans les exploitations qu'il dirige aux environs de Nischné-
Tagilsk, des échantillons contenant le platine encore fixé dans sa gangue,
m'en a remis récemment quelques-uns qui sont instructifs pour cette ques-
tion. D'ailleurs j'en avais antérieurement reçu de M. l'Académicien d'Eich-
wald d'autres représentant des roches dans lesquelles le platine n'est pas
disséminé, mais qui sont particulièrement caractéristiques des brèches
et conglomérats où l'on exploite ce métal, dans la même contrée de
Nischné-Tagilsk. Le ciment de la brèche est du carbonate de chaux ma-
gnésien ; parmi de nombreux cristaux octaédriques et grains de fer
chromé, on distingue des grains de platine logés entre les fragments pier-
reux.
» Roche de (Hallage, avec peridol, serpentine el fer chromé, intimenent as-
sociée au platine. — Un gros galet, d'un vert foncé et du poids de près de
2 kilogrammes, porte en quelques points de sa surface des indices de pla-
tine, qui est reconnaissable à sa couleur, son éclat, ainsi qu'à son inalté-
rabilité par l'acide nitrique. Mais un examen plus attentif a fait constater
que ce platine, au lieu d'appartenir à des veines traversant l'échan-
tillon, représente seulement un enduit superficiel du métal : c'est une
simple trace qui peut-être a été produite par le frottement énergique de
pépites, comme colle que laisse lui crayon sur une feuille de papier. En
(l) Gustave Rose, Jicise niich Urnl, t. II, p. 42G et 5\i; 1842- — Le Play, Comptes
rendus, t. XIX, p. 853; i844- Qi'antnu platine des environs de Kuschwitiblt (district de Goro-
Blajiodat), G. Rose suppose (ju'il provient du porphyre diorilique. (T. I, p. 339.)
( 709 )
effet, cet enduit métallique disparaît complètement sous l'aclion de l'eau
régale.
» D'aillsiu's, la présence du platine a été recherchée, dans ce caillou,
au Bureau d'essais de l'École des Mines, d'abord par voie sèche, puis par
voie humide, et les deux résultats ont été négatifs.
» Toutefois, comme la roche présentait de l'intérêt à cause de son asso-
ciation au platine, on en a fait l'analyse quantitative, qui a donné les ré-
sultats suivants :
Silice 4? >^o
Chaux 1 1 , 3o
Magnésie 26 ,00
Profoxyde de fer (dosé à l'état de peroxyde) 7)6o
Alimiine 3, 00
Perte par calcination 4i3o
99) 80
» Coupée en tranches minces et examinée au microscope, la roche dont
il s'agit se montre composée en grande partie d'une masse très-clivable,
chatoyante, dont les caractères optiques annoncent la diallage. Un autre
minéral en grains transparents, moins clivable, à surface rugueuse, con-
siste en péridot; des veines de serpentine traversent le tout. Enfin quel-
ques petits grains noirs de fer chromé y sont disséminés. Ces caractères
|)hysiques correspondent bien à la composition élémentaire qui vient
d'être signalée.
» La brèche platinifère renferme aussi des fragments d'un vert d'herbe,
d'une roche analogue à ce galet, mais encore mieux caractérisée. On y dis-
tingue très-nettement la diallage, reconnaissable à ses propriétés optiques
(rouge extérieur, bleu intérieur, pour la bissectrice négative), avec de
nombreuses inclusions rectilignes, très-allongées et orientées parallèle-
ment à trois directions, qtii correspondent aux clivages de la substance.
Des grains de péridot sont disséminés au milieu de cette diallage, et le
tout est traversé par des veinules de serpentine.
» Roche de péridol et de serpentine avec fer chromé, dans laquelle le platine
est encore fixé. — Dans un autre galet où le platine se montre évidem-
ment fixé, ce métal est en petits cristaux mal formés et associé à des grains
de fer chromé parfois cristallisés. La gangue pierreuse qui renferme les
uns et les autres, aies caractères d'une serpentine; mais si l'on en examine
au microscope des tranches minces, on reconnaît, au milieu de la ser-
pentine proprement dite, de nondjreux grains transparents, biréfringents,
C.R., 1875, l'f Semcs/;f. (T. LXXX, fi» 11.) 9^
( 7IO )
agissant fortement sur la lumière polarisée et offrant les caractères op-
tiques du péridot (dispersion très-faible {p <C v pour la bissectrice po-
sitive). Il s'y rencontre çà et là des lamelles de diailage.
» Une roche semblable à cette gangue du platine se retrouve en abon-
dance parmi des fragments de la brèche platinifère, avec la différence que
le péridot y est souvent plus abondant, au point de former environ la
moitié du volume. La serpentine forme de petites veines qui traversent, en
tous sens, les fragments anguleux de péridot; celte disposition, qui est
comparable à celles de certains marbres-brèches, se reconnaît avec le
faible grossissement d'une loupe. Çà et là le péridot a même conservé sa
forme cristalline.
» L'analyse de l'un de ces échantillons a donné :
Eau chassée : à 1 20 degrés 4 > o
» au rouge vif 1 o j 7
/ Magnésie 26 , 2
. I Protoxyde de fer (dose à l'état de peroxyde) et alumine
i^arties solui)les 1 , 1 • * i » • - \ *
{ cette dernière en très- petite quantité) iQj2
dans 1 acide nitrique. 1 , ' ' ' . ^
' Cliaux 0,3
Soude 0,1
„ . . , , , [ Résidu blanc léger, presque entièrement composé de
Parties insolubles \ .,. o ' 1 1 r
, ,, . , . . { silice 3b ,6
dans 1 acide nitrique. 1 , , „
[ Fer chrome o , b
99' 7
» Si les caractères optiques n'étaient pas concluants par eux-mêmes, on
reconnaîtrait, par la nature attaquable de la substance et par la prédomi-
nance de la magnésie, que le minéral transparent ne peut être que du
péridot.
)) Ainsi on est en droit de conclure que, dans la contrée de Nischné-
Tagilsk, la roche-mère du platine consistait en péridot, lequel est plus
ou moins transformé en serpentine et accompagné de diailage, minéral
qui prédomine dans d'autres parties de la roche.
» Relation d'origine du platine natif avec le fer chromé qui t'enveloppe. —
Un des compagnons du platine dans sa gangue, le fer chromé, mérite l'at-
tention.
» On sait que, dans la contrée de Nischné-Tagilsk, ce minéral est très-
fréquemment et très-abondamment associé au platine; non-seulement il se
présente en cristaux et en grains dans les alluvions platinifères, mais aussi
il incruste souvent les pépites. Dans certains cas, le platine lui-même est
disséminé au milieu de morceaux plus ou moins volumineux de fer chromé.
( 7" )
Alors, comme l'a remarqué Gustave Rose, le platine est ordinairement
anguleux et même cristallisé (i) ; c'est ce que témoigne l'un des échantil-
lons que je viens de déposer dans la collection de l'École des Mines,
comme les précédents dont j'ai parlé.
)) Quelle que soit la différence de leur constitution chimique, une asso-
ciation aussi constante de ces deux minéraux n'est sans doute pas fortuite;
elle paraît être significative, comme je vais essayer de le montrer, et servir
de témoin à des réactions par lesquelles a passé originairement la gangue
du platine.
» Quand on fond au contact de Tair du platine allié à du fer, on voit
aune très-haute température le fer s'oxyder avec rapidité et se transformer
en partie en étincelles, en partie en une scorie magnétique. Ainsi que j'ai
eu l'occasion de l'observer, soit sur des alliages artificiels, soit sur des
pépites naturelles de platine très-ferrifère, dans les expériences où j'ai
produit artificiellement le platine magnétipolaire, après une sorte d'affi-
nage, le platine reste comme un noyau dans la scorie, formée aux dépens
du fer qui lui était primitivement allié, à peu près comme il se présente
dans le fer chromé de la nature.
M Ces produits d'expériences offrent une autre analogie avec les échan-
tillons naturels; car le platine qui est ainsi associé au fer chromé paraît se
distinguer du platine des autres gisements, par la forte proportion de fer
métallique auquel il est allié. C'est ainsi que le platine, très-riche en fer
et doué du magnétisme polaire, ne paraît avoir été rencontré, au moins
jusqu'à présent, qu'en compagnie du fer chromé (i).
» Le chrome étant, comme le fer, très-oxydable, on peut donc se rendre
compte de cette relation entre le platine et le fer chromé, en supposant
que les trois corps, platine, fer et chrome, étaient d'abord à l'état métal-
lique, puis que, en présence d'une certaine quantité d'oxygène et à une
température élevée, il s'est produit un départ des métaux les plus oxydables.
(1) Reise nach Ural, t. II, p. 386. — De Kokscharow, Materialen zur Minéralogie Russ-
lands, t. V, p. 1 7g.
(2) Dans les nombreuses analyses de minerais de plaline que MM. H. Sainte-Claire Deville
et Debray ont publiées à l'occasion de leurs belles recherches sur ce métal [Annales de
Chimie et de Physique, 3' série, t. LVI), ces savants n'ont pas trouvé un contenu en fer
dépassant 12 pour 100. D'après ces analyses, comme dans celles que l'on doit à Berzélius, à
Osann, à INI. de Blucliin, les minerais de Nichné-Ta{^ilsk se distinguent par leur forte teneur
en fer. M. de Muchin annonce y avoir trouvé jusqu'à 17,1 3 et même 18,93 dans des grains
noirs préalablement traités par de l'acide. (De Kokscharow, Ouvrage précité, t. V, p. 186.)
92..
( 7>2 )
Toutefois, malgré la rapidité avec laquelle le fer s'oxyde dans ces circon-
stauces, une partie très-notable de ce fer est restée à l'état métallique : la
scorification a été incomplète. Cela peut faire supposer, soit que l'oxygène
était en quantité insuffisante, soit que cet oxygène n'a agi que pendant un
temps très-court.
» Dans le but de contrôler expérimentalement cette supposition, j'ai de
nouveau eu recours au puissant procédé de coupellalion dans la chaux,
dont on est redevable à M.\I. Henri Sainte-Claire Deville et Debray, et à
du platine en fusion j'ai ajouté un alliage de fer et de chrome. Le fer et le
chrome sont passés à l'état d'oxydes, mais sans que ces oxydes aient formé
une combinaison comme dans le fer chromé, puisqu'ils sont restés solubles
dans les acides. On n'a pas mieux réussi en opérant sur un alliage des
trois métaux (platine, lo; fer, 3; chrome, 2) que l'on a soumis au cha-
lumeau oxyhydrique en n'oxydant que très-lentement et en maintenant la
substance à l'état pâteux. Çà et là se montrent des cristaux transparents
et verdâtres qui sont peut-être du chromate de chaux; quelques-uns des
grains de platine sont magnétiques.
» Les formes sous lesquelles le platine s'est isolé au milieu de la scorie
oxydée dans la première expérience méritent d'èlre signalées. Parmi des
grains dont la forme tuberculeuse rappelle celle des pépites naturelles, il
en est d'autres offrant à leur surface une réticnlation dendritique, suivant
deux directions perpendiculaires; d'autres enfin sont hérissés de petits cris-
taux cubiques. Ce dernier fait est à rapprocher de cette circonstance, que
le platine engagé dans le fer chromé est ordinairement cristallisé.
» On pouvait encore comprendre l'association des métaux aux combi-
naisons oxydées par une hypothèse inverse de la scorification et supposer
que du platine, s'étant trouvé en présence du fer chromé et d'un réductif,
aurait pris à cette dernière combinaison du fer pour lequel il a une forte
affinité. Mais on a fondu, à plusieurs reprises, dans un creuset brasqué et
avec un mélange de charbon, du fer chromé et du platine, sans que ce
dernier ait annoncé, par un état magnétique, la présence du fer. Ce résul-
tat a été également négatif, quand du péridot a été ajouté comme fondant
et comme pouvant lui-même fournir du fer dans ces conditions. Cette
seconde supposition paraît donc avoir moins de fondement que la pre-
mière.
» Ainsi l'association du platine et du fer chromé se présente comme
si dans les masses profondes dont provient le platine il s'était produit une
scorification partielle.
( 7'3)
» Traits multiples de ressemblance entre les roches de platine et certainesroches
mcléoritiques. — Cette scorification serait tout à fait analogue à celle par la-
quelle j'ai cherché à expliquer, en m'appuyant aussi sur des expériences, la
formation des roches météoritiqucs, dans lesquelles le fer est également, en
partie à l'état métallique, en partie à l'état oxydé (i). En chauffant et en
oxydant incomplètement les corps dominants des météorites, du fer, du
magnésium et du silicium préalahleinent combinés, j'ai, en effet, obtenu du
fer, tant à l'état métallique qu'à l'état de silicate de protoxyde qui, avec
l'oxyde de magnésium, a constitué du péridot en partie cristallisé.
)) Comme autre Irait d'analogie, il importe d'observer qu'ordinairement
les roches météoritiques à base de péridot contiennent aussi du fer chromé ;
elles ressemblent donc minéralogiquement à la gangue du platine de l'Ou-
ral. La ressemblance que j'avais déjà signalée autrefois (2) trouve une
confirmation remarquable et se complète par la présence du péridot que
nous venons d'y reconnaître. Le rapprochement est particulièrement frap-
pant pour la météorite tombée à Chassigny (Haute-Marne), qui, d'après
l'analyse très-exacte de M. Damour, se compose presque entièrement de
péridot, auquel se joint du fer chromé dans la proportion de 4 pour 100 (3).
La ressemblance entre cette roche cosmique et la roche terrestre qui nous
occupe s'étend jusqu'à l'aspect et la texture.
)i Toutefois il existe entre ces deux roches celte différence, que la gangue
du platine de Nischné-Tagilsk s'est transformée et qu'elle a subi une hy-
dratation dans laquelle la serj)entine s'est produite aux dépens du péridot,
tandis que dans la météorite de Chassigny ce minéral est resté inaltéré.
» Tels sont les traits multiples et inattendus de similitude, tant dans la
constitution minéralogique que dans le mode possible de formation, qui
rapprochent certaines météorites de la gangue du platine à péridot et fer
chromé: de même que dans les roches cosmiques qui nous représentent
les parties intérieures de corps célestes brisés, nous trouvons dans les masses
profondes et platinifères du globe les caractères d'une scorification, mais
qui est restée très-incomplète.
» En dehors de toute hypothèse, un autre fait sur lequel j'ai appelé l'at-
tention, il y a près de dix ans, ressort chaque jour davantage : c'est l'im-
(i) Comptes rendus, I. LXII, p. G^o et suivantes; 1866. — Jnnalcs des Mi/ies, (>' série,
t. XUI, p. 4' et suivantes; 18G8.
(2) Comptes rendus, t. LXII, p. 67a. — Annales des Mines, G'' série, t. XIII, p. 5o.
(3) Comptes rendus, t. LV, p. Sy 1 .
{ 7i4 )
porlance que doit avoir le péridot dans les régions profondes de notre
globe, de inènie que dans les roches cosmiques dont les météorites nous
apportent des éclats. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les variations ou inégalités périodiques de la température
(dixième Note) : Période du vingtième jour dodécuple; par M. Ch. Sainte-
Claike Deville.
« Tous les phénomènes de la nature inorganique sont soumis à des lois
déterminées, et la recherche de ces lois constitue l'un des plus grands pro-
blèmes de la science. Mais la formule d'une loi générale a toujours été pré-
cédée par des énoncés purement empiriques n'exprimant qu'une vérité
approximative. Il semble, au premier abord, qu'un accueil particulièrement
bienveillant soit dû à ceux qui, dans un ordre de connaissances encore
privé de ces premières lueurs, précurseurs de la lumière, se livrent, presque
sans guide, aux travaux de statistique, d'où sortiront un jour les formules
empiriques; à ces pionniers qui défrichent avec une ardeur persévérante et
passionnée le champ dont les meilleurs fruits sont probablement réservés
à leurs successeurs. Il n'en est rien cependant; ils trouvent autour d'eux
peu de faveur et peu d'encouragement ; heureux quand ils ne recueillent
pas le sarcasme en même temps que l'incrédulité.
» La Météorologie est une de ces sciences qui cherchent encore leur pre-
mier point d'appui; mais elle a déjà ses deux leviers, la méthode statique
et la métriode dynamique. J'ai déhni ces deux modes de procéder dans
une Communication qui remonte à plusieurs années (i). La dernière de ces
deux méthodes, inaugurée dans ce siècle par des travaux de premier ordre
sur les conditions de gyration et de transport des grands tourbillons at-
mosphériques, émeut et passionne aujourd'hui un grand nombre de per-
sonnes, parmi les savants comme parmi les hommes du monde; elle a
quelque chose de séduisant, parce que, sans études spéciales approfondies,
et par la simple comparaison des courbes se succédant d'un jour à l'autre,
elle peut conduire à la prévision des mouvements principaux de l'atmo-
sphère. Mais si, dans chaque cas particulier, elle permet d'annoncer avec
une certaine probabilité l'arrivée d'une bourrasque ou d'une dépression
barométrique et, dans chaque tourbillon mobile, le sens du déplacement
de la colonne d'air, c'est à la méthode statique seule qu'il est réservé de
(i) Comptes rendus, t. LXXI, séance du i4 novembre 1870.
donner un jour la loi du retour de ces tourbillons et par conséquent le
moyen de les prévoir longtemps à l'avance, d'en construire en quelque
sorte les tables. Cette prévision, d'un ordre plus général, se rattache aux
lois empiriques qui règlent les variations périodiques des éléments météoro-
logiques : température, pression barométrique, état hygrométrique, etc. (i).
On ne doit donc point s'étonner de ce que certains esprits, sans nier l'in-
contestable utilité des résultats immédiats dus à la méthode dynamique,
ne se laissent pas détourner des études de longue haleine qu'ils ont entre-
l^rises, en suivant patiemment l'autre mode de discussion. Cette considéra-
lion me fait espérer que l'Académie nie permettra d'appeler de nouveau
son attention sur les phases périodiques de la température, en présentant
les résultats sous une foi-me un peu différente de celle que j'avais adoptée
dans mes précédents Mémoires.
» Je voudrais d'abord, en peu de mots, préciser le point où je suis par-
venu de mes études, indiquer le chemin qu'il me reste encore à parcourir,
et définir l'objet particulier de la nouvelle série de Notes que je commence
aujourd'hui.
» Comme je viens de le dire, le but de mes recherches est de découvrir
si, par la discussion des observations météorologiques, dont nous com-
mençoiis à posséder vui assez grand nombre, et qui, depuis ces dernières
années prennent un caractère de précision et de coniparabilité qu'elles ne
présentaient pas autrefois, il est possible d'établir empiriquement les retours
périodiques d'influences semblables ou analogues dans les phénomènes de
l'atmosphère.
» L'une des plus grandes difficultés du problème gît dans le nombre et
la diversité même de ces phénomènes. Comment, en effet, trouver une loi
unique qui régisse les variations de la température, de la pression baromé-
trique, de l'humidité atmosphérique, de la sérénité du ciel, des quantités
de pluie, de la direction des vents et de leur intensité, etc. ? La question,
abordée dans toute sa complexité, serait manifestement insoluble.
M "Voici comment j'ai tourné la difficulté.
(i) M. de Tastes, qui a attaqué, par son côté général, les problèmes des grands mouve-
ments de l'atmosplièrc et a obtenu des prévisions à longue échéance, encore vagues à la
vérité, n'est parvenu à ce remarquable résultat qu'en combinant les deux méthodes.
M. Renou, dans son beati travail sur la périodicité des grands hivers, a einployé pure-
ment la méthode statique.
Il ne peut être non plus question des travaux théoriques, tels que les intéressants Mémoires
de M. Peslin sur les cvclones.
(7>6)
» J'ai cherché parmi les éléments climalériqnes celui qu'il était le plus
important d'étudier en lui-même. Je n'ai point hésité un instant. La tempé-
rature de l'air était, de tous ces éléments, celui qui, à mes yeux, devait
avoir une influence prépondérante en même temps qu'il se prêtait, par
l'ancienneté relative des observations therniométriques, à une discussion
plus longue et plus complète. J'ai donc, depuis i853, abordé la question
par ce côté. J'ai entretenu, pour la première fois, de ces études la Société
météorologique en i854, et l'Académie des Sciences en i865; mais, en
même temps, dans des travaux partiels je recherchais si les premiers indices
de périodicité, que me dévoilaient les phénomènes ihermoniétriques, ne se
trouveraient pas dans des rapports déterminables avec les variations éprou-
vées simultanément par les autres éléments météorologiques. Je crois avoir
établi suffisamment l'existence de ces rapports dans plusieurs Notes ou
Mémoires publiés, soit dans les Comj'tes rendus de l'Académie, soit dans
V Annuaire de la Société météorologique.
» Une seule de ces comparaisons a été poussée assez loin : c'est celle qui
rapproche les variations périodiques de la température et celles de la
pression atmosphérique. Dans une Note insérée aux Comptes rendus (i), j'ai
montré : i" que les courbes barométriques et thermométriques d'un même
lieu présentent sensiblement les mêmes inflexions, se succédant dans le
même ordre ; 2° que les inflexions semblables ne sont pas synchroniques,
et que l'on peut considérer les indications de l'un des insirumenis comme
étant toujours ou en avance, ou en retard sur celles de l'autre ; 3° que la
quantité de cette avance ou de ce retard n'est pas constante ; de sorte que,
pour amener les deux courbes à présenter des ondidations parallèles, il faut
déplacer l'une par rapport à l'autre d'une quantité variable, dont la moyenne
diffère peu de deux ou trois jours (2).
« Plus tard, soit dans les Nouvelles météorologiques, soit dans le Bulletin
quotidien de l'Observatoire météorologique de Montsouris (juin 1869 à
juin 1872), j'ai complélé graphiquement celte démonstration, en suivant
pas à pas les deux courbes pendant deux années entières, sans négliger un
seul jour (3).
(i) T. LXVII, séance du i4 septembre i8C\8.
(2) Un jeune et savant ingénieur, M. Sartiaux, ignoiant nos travaux sur ce sujet, est arrivé
aux mêines conclusions, en discutant une année d'observations faites à Senlis [Rapport de
la Commission météorologique du département de l'Oise, i873-l8'j4)' J'^i 'léjà signalé à
l'Académie tout l'intérêt cjue présente cette publication, faite sous les ausjiices du Conseil
général de l'Oise.
(3) Dans le Bulletin de Montsouiis, j'étais même parvenu à suivre les phéno«iènes de
( 7'7 )
» Je veux encore citer deux Notes (i), datis lesquelles j'établissais, par
des témoignages irrécusables, que les grands mouvements de l'atmosphère
à la surface de l'Europe sont, à des époques déterminées de l'année, liés
aux variations périodiques de la température signalées aux mêmes époques;
enfin un petit travail, très-postérieur (2), où je montre le retour pério-
dique des phénomènes électriques de l'atmosphère (orages et aurores
boréales).
» Du moment qu'il m'était démontré par ces recherches préliminaires
qu'il existe, entre les variations de la température de l'air et celles des
autres phénomènes atmosphériques, des relations certaines qu'il serait
toujours possible de déterminer ultérieurement, je pus admettre, sans
hésitation, que la connaissance des lois de variation pour la température
amènerait nécessairement à la connaissance des autres lois de variation, et
je fus plus que jamais encouragé à m'occuper presque exclusivement des
premières.
)) Avant de reprendre ce sujet dans la présente Note, résumons briève-
ment les faits acquis.
» Au point de vue astronomique, on trouve deux grandes divisions na-
turelles du temps : le^'our et Vannée, comprenant 365 jours et une fraction
de jour un peu supérieure à \. Le retour périodique des solstices et des
équinoxes permet encore de diviser l'année en quatre portions, un peu iné-
gales, dont la durée moyenne est de 91 {jours.
» A ces divisions naturelles de l'année les besoins civils ont ajouté des
subdivisions arbitraires ; on a partagé l'année en douze mois et le jour en
vingt-quatre heures. Cette dernière subdivision a l'avantage de partir d'un
zéro bien déterminé, le point de midi ou de la culmination du Soleil. On
aurait obtenu quelque chose d'analogue pour les mois, si l'on avait pris
plus près encore, ayant remarqué que, dans les huit heures (i, 4> 7> 'o — i, i, 7, 10) d'ob-
servations qui y étaient faites, il y a une combinaison de quatre heures consécutives, qui,
aussi bien pour la température ([ue pour la pression, donne une moyenne diurne égale à
celle des quatre autres heures; de sorte que je pouvais comparer, dans mes courbes, la
variation de ces deux phénomènes de douze en douze heures. Le parallélisme, en pareil cas,
devient encore plus frappant. Il est évident que, en tenant compte des variations diurnes
de la température et de la pression, on pourrait ainsi suivre, d'heure en heure, les indica-
tions comparatives des deux instruments.
(i) Comptes rendus, t. LXII, séances des i4 mai et 18 juin 1866.
(2) Comptes rendus, t. LXXIV, séance du 26 février 1872.
C. R,, itt75, 1" Semettre. (T. LXXX, IS» H.) 9^
( 7«8 )
pour premiers jours des quatre saisons, à trois mois inégaux, les deux
jours de solstice et les deux jours d'équinoxe.
» Au point de vue météorologique et, en particulier, au point de vue
des températures de l'air, on retrouve immédiatement l'influence prépon-
dérante des condilions astronomiques, c'est-à-dire des positions relatives
de la Terre et du Soleil et de l'obliquité variable des rayons solaires. Et cela
doit être, car il est manifeste que l'influence du foyer solaire l'emporte
incomparablement sur toutes les autres sources directes de chaleur qui
peuvent concourir, avec le rayonnement de l'espace, à déterminer la tem-
pérature de la Terre et celle de son atmosphère.
» Mais, pour connaître dans ses détails les deux variations, diurne et
annuelle, de la température dans un lieu donné, il faut encore, à ces consi-
dérations purement théoriques ou astronomiques, ajouter l'influence des
conditions terrestres ou physiques, telles que l'altitude, la forme, le relief
et la composition du sol, son état de boisement ou de nudité, la position
insulaire ou continentale, la distance à la mer, le voisinage d'un courant
marin chaud ou froid, etc.
» Ces diverses conditions modifient profondément les courbes théoriques
qui représenteraient la température moyenne d'un lieu, si l'on ne tenait
compte que des conditions astronomiques. On peut dire que le plus grand
titre de M. de Humboldt à la reconnaissance des météorologistes est d'avoir
réalisé, par la considération des lignes isothermes, le premier essai de coor-
dination de ces pertubations ou de ces inégalités dues aux conditions ter-
restres. Assurément, et bien que, depuis ses mémorables travaux, l'étude de
ces corrections ait fait de grands progrès, il y a encore immensément à
faire avant de connaître, avec une véritable précision, la moyenne tempé-
rature et les variations diurne et annuelle de cette température pour un
nombre suffisamment étendu de stations terrestres. Néanmoins la voie est
tracée, et je pense que dès maintenant, pour un certain nombre de loca-
lités, le calcul pourrait aborder avec succès les lois de ces deux ordres de
variations, utilisant, dans chaque cas, les constantes numériques déter-
minées par l'observation.
» C'est ici que vient se placer la série entière des considérations que j'ai
cherché à introduire dans la science.
» Je suppose, en effet, que l'on se soit proposé de déterminer la loi des
variations de la température moyenne de chacun desjoursde l'année pour
une station où les observations se font de longue date. La première pensée
sera de se procurer le plus grand nombre possible d'années d'observations,
( 719 )
de calculer, pour chaque jour, la moyenne qui en résulte et tle construire
la courbe. On peut ensuite chercher à représenter celte courbe par une
formule empirique, analogue à celles que Bessel, Forbes, Quetelet, Plan-
tamour, Karlinsky, etc., ont proposées pour diverses stations, et construire
la courbe théorique ou moyenne, qui est une sinussoïde; mais ce serait
une erreur de s'imaginer que, si l'on possédait un nombre très-considérable
d'années, on finirait par faire coïncider sensiblement chaque ordonnée
moyenne vraie avec l'ordonnée correspondante de la courbe théorique.
On se convaincra aisément que si, à mesure qu'on discute un plus grand
nombre d'années, l'écart moyen positif ou négatif devient de plus en plus
faible, il se fixe de plus en plus sûrement sur des dates déterminées; enfin
que ces écarts ou anomalies apparentes tendent à se reproduire pério-
diquement et à affecter des ordonnées équidistantes sur la courbe. Cela
prouve que ces écarts ne résultent nullement, comme on pouvait le penser,
de circonstances accidentelles, dont l'influence s'annule avec le nombre
des observations, mais proviennent de causes naturelles qu'on n'a pas le
droit d'éliminer. Cette conclusion devient plus frappante encore lorsque,
discutant chaque année isolément, on constate la régularité avec laquelle
se coordonnent, autour de chacun de ces maxima ou de ces minima,
les nombres avoisinants. Il en résulte que la courbe des températures
moyennes d'un lieu donné n'est pas plus une sinusoïde que l'orbite d'une
planète n'est une ellipse, et qu'elle subit, comme cette dernière, des iné-
galités ou des perturbations, dont quelques-unes au moins sont périodiques.
» Telle est la considération nouvelle que j'ai cherché à introduire dans
la science par les nombreux Mémoires que j'ai présentés depuis dix ans,
et qui résument vingt-deux ans de travail.
» Voici maintenant quelle a été ma manière d'opérer.
» Pour simplifier le problème, j'ai réduit (ce qui n'a, dans cette première
approximation, aucun inconvénient) l'année astronomique de trois cent
soixante-cinq jours à une année angulaire de trois cent soixante jours,
dont chacun était sensiblement séparé de ses deux voisins par un degré de
longitude héliocenlrique; puis j'ai été amené, par les recherches exposées
dans mes précédents Mémoires, à diviser successivement cette année,
d'abord en quatre périodes de quatre-vingt-dix jours, puis en douze pé-
riodes de trente jours, puis en trente-six périodes de dix jours ([). Je crois
(i) Je ne levienilrai pas sur les détails de ces divisions successives, que j'aisuffisamment
résumés, je pense [Comptes rendus, t. LXXI, p. 696).
y3..
( 720 )
avoir démontré par la statistique l'existence de ces période, en considé-
rant dans mes divers Mémoires, soit lui grand nombre d'années d'une
même localité, soit la même année observée dans un grand nombre de
stations, soit enfin, séparément, chaque année étudiée dans chaque loca-
lité.
» Parti d'une de ces périodes (la plus simple, la période quadruple), qui
m'était signalée par les anomalies de température des Saints de glace de fé-
vrier et de mai, de la Vierge d'août el de Vêlé, de la Saint-Martin, placées
sensiblement à quatre intervalles égaux dans l'année, je me suis vu suc-
cessivement obligé, par la nature même du phénomène, à considérer la
symétrie des retours périodiques comme de plus en plus concentrée. Je
donnais ainsi, en quelque sorte, une formule générale, dans laquelle il
n'y avait qu'à substituer dans chaque cas particulier; mais je ne puis me
dissimuler que ce travail de concentration, auquel j'étais entraîné malgré
moi, appliqué à l'exposition de mes idées, y a forcément introduit une
certaine obscurité. Mon but, dans ces nouvelles Notes, est de dissiper, si
je puis, cette obscurité, eu suivant une marche inverse de celle qui a do-
miné dans mes précédents travaux. Je vais prendre à part une de mes pé-
riodes dodécuples, c'est-à-dire douze retours périodiques corrélatifs d'une
même année; mais, au lieu de concentrer en un seul nombre la moyenne
température des douze dates qui se correspondent dans les douze mois
angulaires, je vais, au contraire, examiner successivement, pour chaque
mois, l'oscillation qu'il présente dans celte partie de son cours. Parmi les
trois oscillations mensuelles, je choisirai naturellement celle qui donne le
n)inimum moyen le plus bas dans mes trente jours dodécuples, le vingtième;
ou, si l'on veut, l'oscillation qui, dans les mois civils, s'étend, en moyenne,
du septième au dix-septième jour.
B Dans une prochaine séance, je commencerai l'étude détaillée de cette
perturbation dodécuple par celle du mois de novembre, et j'aborderai ainsi
successivement au même point de vue chacun des onze autres mois.
» En terminant, je ferai remarquer que j'ai omis volontairement de traiter
aujourd'hui deux points importants : la cause probable des variations pério-
diques que je signale, et le parti pratique qu'on peut, dès maintenant, tirer
de mes recherches. Je me réserve de revenir ultérieurement avec détails sur
ces deux sujets. Je me bornerai ici à constater ce qui suit :
» En ce qui tient au point de vue pratique, on voit tout de suite que la
loi du retour périodique des anomalies thermiques donne d'abord, à deux
ou troisjours près, la date de cette anomalie; et, en second lieu, que l'examen
72 1 )
comparatif des courbes tin baromètre et du therraoïiièlre fixera cette date
avec une précision presque absolue.
» Quant aux causes probables de ces inégalités, il me suffira de rappeler
que, agrandissant le point de vue théorique, indiqué successivement par
Ad. Erman et Petit pour les anomalies de la température observées en fé-
vrier, mai, août et novembre, j'ai admis que les oscillations périodiques
annuelles de la température étaient principalement dues aux variations
dans les propriétés du milieu que doivent traverser les rayons solaires pour
atteindre la Terre; ou, si l'on veut, que lespreniiers termes de la série, au
moyen de laquelle on représentera un jour ces inégalités périodiques, se-
ront des fonctions de ces variations, liées à l'apparition périodique de sub-
stances cométaires. Je n'ai, d'ailleurs, cessé de faii'e remarquer que, quelle
que soit la valeur de cette hypothèse, elle ne peut en rien influer sur
l'exactitude des résultats numériques ou graphiques que je déduis de mes
recherches statistiques. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant, pour la Section de Mécanique, en remplacement de feu
M. Fairbairn.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant Sa,
M. Boileau obtient 43 suffrages.
M. Bazin 8 »
Il y a un billet blanc.
M. Boileau, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est proclamé
Correspondant de l'Académie.
MÉMOIRES LUS.
M. Feemy, Président de l'Académie, adresse à M. Bouquet de la Grye les
paroles suivantes :
« L'Académie savait que pour commander dignement une expédition
scientifique comme celle qui vous a été confiée il fallait avoir un courage
à toute épreuve et une décision assez rapide pour profiter des avantages qui
se présentent ou pour éviter les obstacles imprévus.
( 722 )
)) Vous venez de prouver, Monsieur, que vous possédiez au plus haut
degré ces qualités si rares et si précieuses.
» Au moment du passage de Vénus, voyant que la planète, aperçue
avant son entrée sur le Soleil, ne pouvait pas être observée dans ses con-
tacts, vous n'avez pas hésité à changer immédiatement votre plan de
campagne; et, grâce aux sages dispositions que vous aviez prises en prévision
de cet événement, vous avez fait porter vos observations sur les points qui
intéressent la Physique du globe, la Météorologie et les sciences natu-
relles. C'est ainsi que l'expédition de l'île Campbell, loin d'être perdue
pour la science, lui sera éminemment utile : le général qui sauve son armée
parune mesure habile et prudente n'agit pas autrement, et vous savez quede
pareilles actions ont toujours illustré ceux qui les accomplissent.
» L'Académie rend donc pleinement hommage à vos généreux efforts et
au dévouement patriotique qui vous a fait accepter un poste dont vous
connaissiez mieux que personne toutes les difficultés en votre qualité
d'ingénieur hydrographe de la marine.
» Veuillez dire, en notre nom, à vos courageux et savants collaborateurs,
que nous recevrons avec reconnaissance les travaux qu'ils nous apportent ;
leur intérêt sera rehaussé encore par les conditions dans lesquelles ils ont
été exécutés.
» Adressez aussi toutes nos félicitations aux braves marins qui vous
accompagnaient : nous les connaissons depuis longtemps ces hommes éner-
giques et nous les avons vus à l'œuvre ; ce sont eux qui, au moment de nos
cruelles éprevives, nous donnaient l'exemple de l'abnégation, de la discipline
et du courage.
» Soyons fiers de cette noble association de la Marine et de la Science :
c'est elle qui sera l'honneur et la cause du succès de la belle expédition
scientifique qui a été si heureusement patronnée par le Gouvernement
français, par le Bureau des Longitudes et par l'Académie des Sciences. »
M. BouQCET DE LA Grte répond :
a Je remercie M. le Président des éloges qu'il veut bien accorder à la
mission de l'île Campbell, éloges dont il n'est que juste de reporter une
bonne partie sur mes collaborateurs, MM. Hatt et CourrejoUes, ainsi que
sur leD' Filhol, notre naturaliste, qui poursuit encore en Nouvelle-Zélande
ses fructueuses explorations. »
( 7=3 )
ASTRONOMIE. — Sur les documents scientifiques recueillis à l'île Campbell^ par
la mission envoyée 'pour observer le passage de Vénus. Communication de
M. Bouquet de la Gkye.
« Lorsque, l'an dernier, je promettais ici même de me donner de tout
cœur au passage de Vénus, tout fier que j'étais d'être votre missionnaire à
l'île Campbell, je savais que les chances de voir le passage étaient très-
faibles.
» Si je partais néanmoins avec confiance, c'est que j'avais déjà l'espoir
d'adoucir les déboiresd'vm insuccès, en recueillant de nombreuses observa-
tions de physique générale. Aujourd'hui, où je dois avouer que nous n'ap-
portons aucun chiffre nouveau pour la détermination de la parallaxe, je
puis annoncer aussi que notre mission n'a point été absolument stérile, el
que les documents récoltés peuvent composer le bagage scientifique d'une
mission spéciale.
» Nous devons pourtant considérer comme un vrai malheur de n'avoir
point eu de circonstances atmosphériques favorables le 9 décembre, car
il était difficile d'être mieux préparés que nous l'étions.
» Tous les instruments étaient réglés et montés depuis longtemps, et,
dans toutes les cases du village que nous avions fondé, l'électricitécirculait,
se prêtant à tous les enregistrements.
» En dehors des grands instruments, trois nouvelles lunettes ayant été
montées équatorialement à l'île Campbell, cinq observateurs pouvaient
noter les instants des contacts. Les équations personnelles de tous avaient
été déterminées au moyen d'un instrument de passage artificiel, fait égale-
ment à l'île Campbell. Tous ces instruments, les grands comme les moin-
dres, donnaient d'ailleurs des images d'unô pureté admirable.
» Le malin du passage, le temps était loin d'être favorable : à 4 heures
une brise du nord-est amenait avec elle des bancs de brume, qui parfois
descendaient jusqu'à terre; la brise tombait ensuite, et la brume se chan-
geait en pluie fine. Jusqu'à 10 heures, nous passâmes par ces alterna-
tives, puis il sembla que, sous l'influence de la chaleur solaire, le temps
allait se lever. A midi, on eut le passage du Soleil à quelques fils de chacune
des deux lunettes méridiennes. Entre midi et i heure, des trouées dans les
nuages permirent de voir le disque du Soleil : il se présentait avec une net-
teté remarquable, netteté qui persistait en employant les plus forts grossis-
sements ; nous étions donc sûrs d'avoir des contacts splendides, et, comme
le vent commençait à souffler et qu'une variation de deux quarts dans sa
( 724 )
direction devait suffire pour balayer les nuages, nous avions encore un
grand espoir.
» A I heure le Soleil paraissait encore; c'était cinq minutes avant l'en-
trée.Deux minutes plus tard, je poussai un cri en apercevant, en dehors du
point du disque où elle devait s'effectuer, une masse noire à bords coton-
neux, entourée d'une faible auréole. C'était Vénus, se peignant sur l'atmo-
sphère coronale; puis, au moment où le vrai contact allait se produire,
un nuage plus épais survint : il dura plus d'un quart d'heure.
» Une éclaircie se produisit ensuite, lorsque Vénus était à moitié enga-
gée dans le disque du Soleil. La planète et le bord du Soleil me parurent
alors encore d'une admirable netteté de contours, pas de réfraction anor-
male aux uitersections ; la moitié de la planète se projetait d'autre part sur
le disque, sans auréole; malheureusement cette éclaircie ne dura que vingt
secondes, le temps de prendre une double distance au bord interne.
» Puis ce fut fini ; les bancs de brume s'épaissirent, et, malgré l'enlevage
de la couche d'argent du grand objectif, il me fut impossible, jusqu'à la
fin du passage, d'apercevoir le disque du Soleil.
» L'Académie sait que ces mauvaises chances ont été communes à quel-
ques-uns des observateurs qui étaient près de nous. A Christchurch (Nou-
velle-Zélande), le major Palmer, qui avait monté une magnifique station,
a été encore plus malheureux, s'il est possible; aux îlesChatham, les Améri-
cains n'ont pas eu non plus de bonheur; seul le professeur Peters, à Queen-
stown, dans l'intérieur de l'île, a pu joindre à deux contacts une longue
série d'épreuves photographiques.
» Il me reste à indiquer ce que nous rapportons comme palliatif de
notre insuccès.
» Les observateurs des deux lynettes méridiennes ont profité de toutes les
éclaircies qui se sont produites pendant quatre-vingt-douze nuits (et l'un des
tleux les a toutes passées au pied de sa lunette) pour prendre des passages ou
des hauteurs d'astres. La longitude et la latitude de la station en ressortiront
avec une approximation suffisante. Celte longitude sera donnée, d'un autre
côté, par quatre transports de temps effectués par la Fire.La triangulation de
l'île a été faite; le plan topographique de la baie, dont nous occupions une
petite anse, levé à grande échelle. Le magnétisme a été étudié, dans ses prin-
cipales manifestations ; la variation diurne, notamment, a été observée
d'heure en heure pendant trois mois. Il en a été de même de la pression
atmosphérique de la température, etc.
» Nous rapportons les courbes de cent soixante marées; elles présentent,
( 7'*-' )
;t titre normal, les ondulations secondaires qui n'existent cheznotis qu'en
coups de vent : le ras de marée est le type constant de l'état de la nier à
Campbell, comme le coup de vent est le type de son état météorologique.
L'inlensilé de la pesanteur a été aussi l'objet d'études suivies.
» Ces dernières observations, ainsi du reste que l'étude des niveaux de
nos lunettes méridiennes, nous ont mis sur la voie d'un fait curieux.
Non-seulement l'ile Campbell est sujette à des tremblements de terre,
mais elle accuse des mouvements lorsque la grande houle vient se briser
sur la côte.
)> Je pensai qu'il était intéressant d'étudier ce nouveau phénomène.
L'instrument, qui fut vile construit, se composait d'un fil d'acier suppor-
tant un poids auquel était soudée une aiguille; chaque mouvement du
poids était, au moyen d'un levier, amplifié a4o fois; en faisant passer un
courant électrique dans ce pendule multiplicateur, qui se terminait à la
partie inférieure par une cupule en étain amalgamé, on pouvait enregistrer
des oscillations régulières de -—^ de millimètre. Je me propose de répéter
ici ces observations avec un pendule possédant un pouvoir amplifiant
beaucoup plus grand, pour essayer d'inscrire les variations du fil à
plomb.
)) Je noterai enfin, comme un des principaux résultats de la mission, les
collections recueillies par notre naturaliste M. Filhol.
» Comme il est encore éloigné de la France, je puis dire, sans blesser
sa modestie, qu'il était difficile de trouver quelqu'un qui put, comme il l'a
fait, réiuiir en si peu de temps un pareil monde d'objets d'Histoire natu-
relle. Vingt-deux caisses énormes ont été mises par ses soins à bord de In
Vire: elles serviront à donner les éléments d'une monographie complète de
l'île. »
MÉMOIRES i>UESEi\TES.
GÉOMÉTRli^. — Noie à l'occasion de la Communication faite par M. Ribati-
cour dans la séance précédente ; par M. Maxnheim.
(Renvoi à la section de Géométrie.)
« J'ai déjà résolu géométriquement un certain nombre de problèmes
qui dépendent des infiniment petits du troisième ordre (*).
(*) Comptes rctulus, y"' et i5 mars iS^S.
n.R., 1X75, I" Scmritre. (T. I.XXX, N» M.) Q4
( 7^6 )
)) La Note que M. Ribaucour vient de présenter à l'Académie me donne
l'occasion d'en résoudre de nouveaux du même genre. Le travail actuel for-
mera donc en quelque sorte un complément à mes dernières Communica-
tions.
» Je conserverai toujours les mêmes notations. (S) est une surface don-
née, a un point de cette surface ; A la normale en ce point ; è et c les cen-
tres de courbure principaux qui sont sur A; at est une tangente en a à (S).
» M. Ribaucour appelle courbe à courbure normale constante une courbe
2 tracée sur (S), telle que les sections normales à cette surface et tangentes
à celte courbe ont, aux points où elles touchent 2, des rayons de courbure
égaux.
» Proposons-nous le problème suivant :
» Construire le plan osculalcur de la courbe à courbure normale constante
qui est tangente à nt.
>> Appelons I cette courbe, (2) son plan osculaleur en a, a le centre de
courbure de 2 correspondant au point a. La perpendiculaire au plan (2)
élevée du point a. est l'axe de courbure de 2. Cette droite rencontre A au
point |3 et le plan (T), tangent en a à (S), au point y : p est le centre de
courbure de la section faite dans (S) par le plan ( Arti) et 7 est le centre de
courbure géodésiquc de 2.
1) D'après la définition de 2, les rayons de courbure des sections nor-
males à (S) et tangentes à 2 sont égaux à a^. Les points tels que /3 sont
alors sur une courbe (|3) trajectoire orthogonale des génératrices de la nor-
malie à (S) dont 2 est la directrice.
» Le plan normal en a à 2 est tangent à cette normalie au ooint p; le
plan normal à 2, infiniment voisin de celui-ci, touche la normalie en un
point de (j3), infiniment voisin de |3. La droite d'intersection de ces deux
plans normaux, c'est-à-dire l'axe de courbure |3a est donc la tangente con-
juguée par rapport à la normalie de la tangente en /3 à (p). L'asymptote de
l'indicatrice de la normalie au point /3 et la droite A forment avec ces tan-
gentes conjuguées un faisceau harmonique. Et comme ay est parallèle à
l'une des droites de ce faisceau, elle est partagée en parties égales par les
trois autres.
)) D'ajtrès cela, on obtiendra sur le plan (T) la trace/ de l'asymptote de
l'indicntrice au point 1*3 en jirolongeant a-j d'iuie longueur y/ égale à «y.
)) Considérons le long de A un hyperboloïde osculateur de la normalie
à (S), dont 2 est la directrice. Nous savons construire les directrices de
cet hyperboloïde issues de h et de c; appelons b' et c' les traces de ces di-
( 7'^7 )
rectrices sur le plan (T). La trace de rhyperboloïde sur ce plan (T) est une
conique tangente en a à at, qui passe par les points b\ c', /, el qui a pour
centre de courbure le point 7(*).
» Les droites ab' et ac' sont perpendiculaires l'une à l'antre, et si l'on
appelle / le point de rencontre de b' c' et de a y, on sait que l'on doit
avoir {**)
I I I
ni nj 9. « 7 '
mais aj = aay; on a donc al ^^ (Vj.
» Ainsi la droite b' c' contient le centre de courbure y.
» Nous obtenons ainsi ce théorème de M. Ribaucour :
» Les asymploles des indicatrices aux points b et c des normalies, dont les
directrices sont tangentes à at, ont pour traces sur le plan (T) des points b' , c\
tels, que la droite b' c' qui les joint contient le centre de courbure r/éodésiquc de
la courbe à courbure nornude constante tangente à at.
)) Il résulte, de ce que nous venons dédire, une construction de y; la
droite |3y est alors déterminée, et, par suite, le plan osculateur [1) qui lui
est perpendiculaire.
» Mener ])ar at un plan tel, que la section qu'il détermine dans (S) soit sur-
osculée par un cercle au point a ('*")•
» Désignons par &j le centre de courbure de la section demandée. L'axe
de courbure de celte section rencontre A au point [3 et le plan (T) au
point ô, qui n'est autre que le centre de courbure géodésique de la section
que nous cherchons.
" Considérons cette section comme la directrice d'une normalie à (S).
Puisque co est le centre d'un cercle snrosculateur, il y a trois normales in-
finiment voisines qui passent en ce point oj. Il y a donc alors trois généra-
trices infiniment voisines appartenant à la normalie, qui rencontrent l'axe
de couibure oj[i. Il résulte de là que cet axe de courbine est l'asynqjtote
de l'indicatrice de la normalie au point p. Considérons l'hyperboloïde os-
culateur de cette normalie le long de A. Sa trace sur (T) est une conique
tangente en a à at, qui passe par les points b' et o' dont j'ai parlé précé-
lar
(*) Le plan (T) est normal à cet liypciboloule, et la section obli(|iie faite pa
a pour centre de coiirbiue a, pied de la perpendiculaire 7a. En vertu du tliéoréine de
Meusnier, 7 est donc bien le centre de courbure de la trace de Ibyperboloide sur (T) .
(**) Cela réstdte aussi de la relalion (i; de ma dernière Communicaliun (i5 mars 1875).
(**') Voir Tniité de Gcoiiu'-lric dcscii/ilivc de M. de la Gourneiie, [Y l'arlie, p. ()6.
n'j..
( 72« )
demment, el qui pnsse par le point §; en outre, â doit être le centre de
courbure de cette courbe pour le point a, en vertu du théorème de
Meusnier.
» En appelant toujours y le point où b'c' coupe a 5, on a la relation
d'où
I I _ I
a-j = ^ai
En tenant compte du théorème précédent, nous avons cette généralisation
du théorème de Beltrami, que l'on doit à M. Ribaucour :
M Le rayon de courbure géodésique d'une courbe 1 à courbure normale con-
stante est les I du rayon de courbure gcodésique de la section plane surosculée
par un cercle ajanl même tangente.
» 11 résulte aussi de ce que nous venons de dire que le point y étant dé-
terminé au moyen de la droite b'c', on a tout de suite le point 5 et, par
suite, l'axe de courbure |3t? de la section cherchée :
n Comtnnre le centre de courbure de l'une des brancbes de la section faite
dans (S) par son plan tangent (T).
)) Considérons celte courbe cotnme la directrice d'une normalie. E'hy-
perboloïde osculateiu' de cette normalie le long de A contient la per|)en-
diculaire au plan (T) issue du centre de courbure s cherché. La trace de cet
hyperboloide sur le plan (T) est une conique, tangente en rt à la section
faite dans (S) par le plan (T), qui passe par b" et c" (analogues aux points b'
et c' considérés précédemment) et par le point î. Eu outre î est le ceuire
de courbure de cette courbe correspondant au point a. En appelant k le
point où b"c" rencontre cn, on a
d'où
I 1 1
ti/, az "iai
ak = ^ rt£.
Nous connaissons k (*) ; par suite, £ est déterminé.
). Revenons à la section menée par at, et qui est surosculée par un
cercle, On peut dire que cette section a une développée dont le rayon de
(*) On peut remarquer (|iic / est le ccnUc de courbure de la lijjnc asymploliciue tanyeiilc
eu a à la couibe dont le cenlie do courbure est i.
( 729 )
courbure est nul. La normale ao) est alors l'axe de déviation (*) de cette
section.
» Le plan déterminé par noy et par az, tangente conjuguée de at par
rapport à (S), est \e jAnn de dcviation correspondant à la diix'Ction al ('*).
» Nous savons alors construire ce plan au moyen de u, et, par suite,
nous pouvons déterminer le plan qui contient les centres de courbure des
développées des sections faites dans (S) par des plans menés par at. Nous
avons ainsi une troisième solution de ce problème :
» Construire le rajon de courbure de la développée d'une section faite dans (S)
par un plan mené par at.
» Mes Commiuiications des i'' et i5 mars 1875, qui traitent de questions
intéressantes qui n'avaient pas encore été aboi dées, et ma Conununication
d'aujourd'hui me paraissent montrer que de nombreux problèmes, déj)en-
daiit des infiniment petits du troisième ordre, peuvent se résoudre mainte-
nant par la voie géométrique avec une grande facilité. »
ANALYSli. — Note sur les éifuations différentielles linéaires du second ordre;
par M. Moutard.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
<' L Parmi les équations différentielles ordinaires, que l'on rencontre le
plus habituellement dans la Physique mathématique, un grand nombre
peuvent se ramener, par un changement des variables, aux trois formes
équivalentes
l(j.-)-hIr
J>
(3) ^-H<. = X+/,',
où X désigne la variable indépendante, // un paramètre arbitraire, X une
fonction donnée de .r, indépendante de //, et enfin j, ; et / des fonc-
(*) Voir le beau Mémoire de M. Transon : Rcclierrhcs sur la courbure des lignes et des
rfaccs.
(**) V.
troisième
^ f I.J.. t^ U...II* i.... ...v^.. »- v.»^ i.. . .....li^uii . x.i, i.fi(,f I /€(..! jiti lit Luiifi/ttfe fit.» Utilités (t ilt»
irfaccs. [Journal de M. Liouville, i''' série, t. VI.)
(**) Voir le Mé iiv (le M. Transon ilcjà chi: L't Mee/u relies gèoiiielrnjues sur le eontue/ du
oisiènie ordie de deux surfaces. [Comptes rendus, i8 n)ars i8t2.)
( 73o )
tions inconnues de x et de h, liées par les relations
j = e''-"- z, t =- -- = ~—-h/i.
•^ y clx z il.r
» Les cas fort restreints où l'on est parvenu à intégrer les équations qui
peuvent se ramener à ces trois types, sous forme finie, toulen laissant la va-
leur de h nrbilraire, me paraissent tous réductibles à celui où X = — — ?, — ,
Il étant un nombre entier (*).
>) J'ai réussi à étendre ces cas, d'une manière assez notable, en trouvant
le moyen de calculer, par voie de récurrence, la valeur la plus générale de ).
pour laquelle l'équation (2) admet comme intégrale particulière un poly-
nôme entier et rationnel de degré n, par rapport au paramètre h.
» Ce résultat se déduit naturellement d'une proposition relative aux
équations aux dérivées partielles de la forme — ^ r=X^.T,^)r, démontrée
dans un travail encore inédit, dont l'Académie a ordonné en 1870, sur le
Rapport de M. Bertrand, l'insertion aux Mémoires des Savants étrangers;
mais à cause de son caractère élémentaire, il me paraît utile de l'établir
par une analyse directe. Je me bornerai dans cette Note à exposer cette
analyse, me réservant d'en étudier plus tard quelques applications.
» II. Pour établir l'équation de condition à laquelle doit satisfaire )., je
considérerai l'équation (2) sous une forme un peu généralisée, savoir
, , (t'z i J d\(i!ia\ dz .
où ^ désigne comme X une fonction de la seule variable x.
" La substitution directe de z = AjA" 4- A, //""' +... + A„, oùA„etA„
(*) Dans lin Mémoire, inséré aux Transactions phUosophiqucs pour l'année i8'8, (|iii
a valu il son auteur la médaille de la Société royale de Londres, M. Harjjreave étudie avec
détail et signale, comme renfermant Us |diis remarquables des équations différentielles du
second ordre, susceptibles d'être entièrement intégrées, l'équation
d'-u r, // + ! ij^'lrilr/re V 9.i('« + i) / //+ iX J/'i'a:) ^l/"(•r^
dx' |_ ./• ^j\X^\d.r. .,■ \ -^ /+(-^) 'K-'OJ
laquelle est réductible à
I d'y u[n ■
y f/.r' X
|iar la transformation
+ ld.
y = ^[x)x"^'à'n.
( 7'-5> )
sont supposés différents de zéro, montre immédiatement que si cette valeur
dK I
de z vérifie l'équation (rt), A„ est une conslaiite '"t -^ = - A„),.
" Si donc on pose
r, est un polynôme au plus dn degré ?/ — r , par rapport à h ; mais, d'autre
part, on tire successivement des équations [a] et (è),
<lz, /, (/loyciA
ic] Z = — ^ + 2U' +
(ix \ dx
et, en écrivant
d- logo>
dx-
[d) >.,=).
, , rf'z, /, d\o':^rs\\ dz, ^
(^') d?.-^^y'-^-d7-)d~x-^'^'--=''^
l'équation (c) montre que z est par rapport à h d'un degré snpérienr au
pins d'nne unité à z,, et, par conséquent, ponr que l'équation (n) admette
pour solution un polynôme du degré n, par rapport à //, '\\faiit et il suffi l
que l'équation {(t,) admette pour solution un polynôme de degré h — i.
)) Si donc on pose, en général,
(dp) >.;,+, = A/, -— ,
on aura aussi
et
, . d'zp^, f , d\og^X,.,...\A <h,^ _
(«z-^. ) -^n^ + \2h-\ — j ^^ - k,,^, .,,+, - o.
Il résulte de li'i que la condition nécessaire et suffisante cherchée consiste
en ce qne A„ soit nul identiquement et soit la première des quantités X,
),i, . . ., Xp qui s'annule. Lorsqu'elle est remplie, on peut prendre z„=-- \ , et
les équations (c^) donnent alors snccessivement z„_,, z„_o, et finalement z.
» En choisissant arbitrairement la fonction X„_|, les équations (r/p) per-
mettent de calculer successivement X„_2, >„_3,. ., X et -— > et l'on obtient
ainsi avec une fonction arbitraire le type le plus général des équations de
( 7'^^ )
Ja forme {a) qui ndmellpiit comme intégrale particulière un polynôme en-
tier et rationnel de degré n par rapport à //.
)) III. Le problème qni fait l'objet de celte Note se trouve, par ce qui
précède, ramené à Tintégration de l'équalion d'ordre 2/î, 1„=o, dans
l'hypothèse où -ry = o. Cette intégration peut être effectuée par voie de
récurrence. Concevons, en effet, que l'on ait trouvé une valeur de X pour
laquelle X„ s'annule identiquement.
» L'équation h 2h -^ — Xs = o admettra inie intégrale de la forme
• di:' dx "
z -= Y{x, h) = h" + A, //"-' + A, h"-- + . . . + A„,
et, par suite, son intégrale générale sera
z = aY{x, li) + be---'''=Y[x, - h),
rt et i étant les constantes arbitraires, et A,, A,,..., A„ des fonctions de x,
que l'on calcule aisément au moyen des dérivées logarithmiques de X,
)) Cela posé, soit fait Ç =: -^ -i- (7^ — t)z, t désignant ime fonction de x,
indépendante de /?, que nous laissons provisoirement indéterminée. Il est
clair que si l'on peut choisir t de manière que Ç vérifie une équation de la
forme (2), — 4- 2// -j-, — f-Z = o; celle-ci admettra pour solution un po-
lynôme, en général de degré u + i par rapport à /;, et, par suite, p. sera
une solution de l'équation X„+| = o.
" Or de 'Ç= ~-k- [h — t)z on tire facilement
d'I , de /. dx \ ., fiCk d-x d-
-T-. + 2h- [k— 2— ]€, = [-. — — 2T —
dx^ dx \ dx I \d.)- d.i- ax
» En conséquence, ])ourvu que l'on ait
d'r dr d\
-,-- H- 2T-- r= —,
dx- d.i: dx
OU, ce qui revient au même, en désignant par k une constante, pourvu que
T vérifie l'équation --^ -+- t- = X -4- A'\ que nous savons intégrer, la fonction
p. = X — 2 ^ sera une solution de l'équation X,,.^, = o. Celte valeur de ^,
( 733
renfermant évidemment deux constantes arbitraires qui n'entrent pas dans
X, fournit l'intégrale générale de l'équation 1,,+, — o, quand X désigne l'in-
tégrale générale de X ^ o. »
PHYSIOLOGIE. — De la quantité cC oxygène que peut absorber le sang aux diverses
pressions barométriques. Note de M. P. Bert, présentée par M. Ci.
Bernard.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« J'ai indiqué, dans des Notes antérieures, la quantité d'oxygène que
contient le sang artériel chez des animaux soumis à des pressions infé-
rieures (voir Comptes rendus, 8 juillet 1872) ou supérieures [Ibid.,
26 août 1872) à celle de l'action de l'atmosphère. Il m'a paru intéressant de
rechercher, non plus seulement ce que contient réellement le sang, mais ce
qu'il peut absorber, dans des expériences in vitro, avec une agitation prolon-
gée jusqu'à saturation. Ce sont les résultats des expériences entreprises dans
ce but que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie.
» Elles ont été faites avec du sang de chien défdjriné, introduit dans un
grand flacon de verre ou dans un récipient de métal, suivant qu'il s'agis-
sait de décompression ou de compression, et agité énergiquement, par le
jeu d'une machine à eau, pendant une demi-heure dans l'air condensé ou
raréfié. Les échantillons prélevés avant et après l'agitation étaient soumis,
dans la pompe à mercure, à la double influence du vide et de la chaleur de
100 degrés, pour l'extraction rapide et complète des gaz.
» 1° Diminution de pression. — Les analyses consignées dans ma Note
du 8 juillet 1 87a avaient montré que, lorsqu'un animal est soumis à l'action
de l'air progressivement raréfié, son sang s'appauvrit graduellement eu
oxygène, suivant une proportion assez rapidement décroissante. Le tracé C
du graphique ci-contre, dans lequel les pressions sont mesurées sur l'axe
des abscisses et les quantités d'oxygène sur celui des ordonnées, exprime
la moyenne de mes nombreuses expériences, moyenne pour laquelle j'ai
pris comme point de départ, à la pression normale, la proportion de 20 vo-
lumes d'oxygène pour 100 volumes de sang.
» Or les expériences classiques de M. Fernet ont introduit dans la science
cette donnée, que la plus grande partie de l'oxygène du sang est indépen-
dante de la pression barométrique, et se trouve par conséquent retenue par
ui>e véritable affinité chimique. Il semblait qu'il y eût contradiction entre
ces résultats et ceux que j'avais obtenus. Je résolus d'éclaircir ce point.
c. R., 187J, ," Srmesire. (T. I.XXX, N" H.) 9^
( 734)
» Mais, tout d'abord, les expériences de M. Fernet avaient été mainte-
nues dans des limites de dépression fort étroites, puisque la plus basse pres-
sion était encore de 647 millimètres. Je commençai donc par reprendre
cette étude, mais en poussant la dépression jusqu'au voisinage du vide.
Les résultats moyens des analyses sont reproduits au graphique par le
tracé A.
» La conclusion de M. Fernet se trouvait donc vérifiée, même pour des
dépressions bien plus fortes que celles qu'il avait employées, et jusqu'à une
pression (8 cenliraètres) incompatible avec la vie; au delà seulement, la
proportion de l'oxygène diminue rapidement; mais ceci n'a pour le phy-
siologiste qu'un intérêt secondaire.
» Ainsi la contradiction signalée plus haut, et qu'exprime si nettement
l'écart énorme des graphiques C et A, subsistait en prenant un caractère
de généralité plus grand que ne l'indiquaient les expériences mêmes de
M. Fernet.
» Je considérai alors que ces expériences et celles dont je viens de parler
avaient été faites à la température de 16 degrés environ, et il me parut né-
cessaire de me rapprocher davantage des conditions réalisées chez l'animal
( 735 )
vivant. Je recommençai donc mes analyses, en agitant, cette fois, le flacon
au sein d'un liquide où la température s'élevait à 4o degrés. J'obtins ainsi
le tracé B, intermédiaire aux deux autres, mais encore fort distant du
tracé C.
» L'écart des deux tracés B et C s'explique aisément, par celte considéra-
lion que dans le conflit de l'air avec le sang, à l'intérieur des poumons, il est
impossible qu'il s'opère une agitation assez parfaite pour arriver à saturer
le sang de tout l'oxygène qu'il pourrait absorber.
» Il résulte de ces faits que l'appauvrissement en oxygène du sang d'un
individu placé sous une faible pression dépend à la fois de l'insuffisance
du brassement aéro-sanguin intra-pulmonaire et de la moindre capacité
du sang pour l'oxygène. Si donc on supposait que, par une gymnastique
respiratoire impossible à réaliser, du reste, cet individu parvînt à saturer
son sang d'oxygène sous la pression à laquelle il se trouve, il serait encore
beaucoup an-dessous de ce qu'il aurait possédé à la pression normale. En
un mol, Vanoxyhémie, qui amène le mal des tnonlagnes, a toul à la fois une
raison purement physico-chimique et des raisons physiologiques.
)) 2° Jugmenlalion dépression. — Voici, à titre d'exemple, les résultats
d'une expérience complète :
s 100 centimètres cubes de sang, agites avec l'air à la pression normale, contenaient
i4,o d'oxygène; agités à 6 atmosphères, ils en contenaient 19,2; à 12 atmosphères, 26; à
18 atmosphères, 3i , i.
» La discussion des nombres ainsi obtenus amène à conclure que, ait-
dessus de la saturation par une atmosphère d'air, l'oxygène en surcroît
que la pression peut introduire dans le sang s y trouve exclusivement à
l'état de dissolution dans le plasma, et suit la loi de Dalton. Le tracé qui
exprime ces résultats est donc une ligne droite.
M Cette droite s'élève l^eaucoup plus rapidement que celle qui repré-
sente la quantité d'oxygène existant dans le sang des animaux vivants sou-
mis à la compression. L'instiffisance de l'agitation intra-pulmonaire produit
encore ici l'effet que nous avons signalé plus haut.
» De cet ensemble de faits se tire la conséquence générale suivante :
)) Il existe luie combinaison de l'oxygène avec l'hémoglobine qu'on ob-
tient par l'agitation du sang et de l'air à la pression normale, et à laquelle
un excès de pression ne peut rien ajouter. Cette combinaison reste stable
à la teuipérature de 16 degrés, sous des dépressions croissantes jusqu'à un
95..
( 736 )
huitième d'atmosphère environ ; mais, à la température du corps des mam-
mifères, elle se dissocie progressivement au fur et à mesure que la pression
diminue. »
ZOOLOGIE. — Sur i embvjOLjénie du Lamellaria perspicua. Note
de M. A. GiARD, présentée par M. de Quatrefages.
(Commissaires : MM. de Quatrefages, de Lacaze-Duthiers, Gervais.)
« Les recherches récentes relatives à l'embryogénie des Gastéropodes
pectinibranches ont porté sur un très-petit nombre de types : Paludina vi-
vipara (Leydig), Caljplrœa sinensis (Stepanoff et Salensky), Purpura lapitlus
(Seienka). Il n'était donc pas inutile d'entreprendre l'étude du développe-
ment d'un groupe assez anormal, celui des Sigarelidœ.
» Le Lamellaria perspicua pond à Vimereux pendant les mois de février
et de mars. Ce Mollusque creuse sou nid dans les colonies d'Ascidies com-
posées dont il fait sa noumiure {Leploclinum maculosum et Pohclinum suc-
cineum). Le nid a été vu et décrit par Hennedy et Peach. J'ajouterai
seulement que l'opercule transparent qui le ferme montre des stries circu-
laires, conceniriques, indiquant que la femelle tourne sur elle-même pen-
dant ia ponte, comme le font aussi un grand nombre de Mollusques nudi-
branches. Chaque capsule renferme, outre les œufs normaux, un certain
nombre d'œufs rudimenlaires, qui servent plus tard à la nourriture des
embryons. L'oeuf ovarien présente une membrane vitelline; l'oeuf pondu
en est complètement dépourvu. Son contenu est formé surfout de globules
graisseux, qui ne laissent plus apercevoir la vésicule germinative. Au mo-
ment où le fractionnement va commencer, une tache d'un blanc mat appa-
raît sur la surface de l'œuf, pour disparaître bientôt après. Il n'a pas été
possible d'observer la sortie de corpuscules polaires.
» L'œuf se fractionne en deux parties, dont l'une plus grosse se divise
à son tour en deux, puis en trois. Ou a alors quatre sphères, dont une
grosse, celle des deux sphères primitives qui ne s'est pas encore divisée, et
trois plus petites. Ces quatre sphères sont disposées, non en croix, mais en
tétraèdre, comme quatre boulets formant une pile. Dans la p;irtie située
entre les points de contact des quatre sphères, chacune d'elles donne nais-
sance à une cellule beaucoup plus petite, à protoplasma finement granuleux.
Ainsi s'opère la séparation du vitellus plastique et du vitellus nutritif. Les
sphérules plastiques ont un noyau et un nucléole, et elles ne tardent pas à
se multiplier rapidement, tandis que le nombre des grosses sphères nutri-
( 7^7 )
tives augmente au contraire avec une extrême lenteur. Les sphérules plas-
tiques ne forment pas seulement un amas en un point de l'œuf, comme
cela a été décrit et figuré autrefois chez le Vermet ; elles envahissent et re-
couvrent tout le vitellus nutritif, pour constituer l'exoderme. Les sphères
nutritives, dont le fractionnement s'est continué moins rapidement, don-
nent naissance à l'endoderme. Tout ce processus rappelle de très-près ce
qui a été observé chez certains vers, notamment chez VEuaxes, par
Kov^^alevsky .
» Après la segmentation, la première modification qui se produit est un
épaississement de l'exoderme, en un point voisin de celui où ce feuillet s'est
refermé en dernier lieu [Prostoma). Cet épaississement se couvre de cils vi-
bratiles et se creuse d'une cavité (vésicule céphalique). En même temps, la
bouche définitive se constitue par une invagination de l'exoderme située au
tiers antérieur de l'embryon, au-dessous delà vésicule céphalique. Le renfle-
ment céphalique ne tarde pas à se diviser en trois lobes, un lobe médian et
deux lobes latéraux, formant une sorte de trèfle ouvert par le bas, au point
où se trouve l'ouverture buccale. Le lobe médian est couvert de cils vi-
bratiles très-fins, les lobes latéraux sont bordés d'une rangée de grandes
cellules cylindriques, pourvues de cils beaucoup plus longs. L'embryon
tourne rapidement sur lui-même dans le mucus qui remplit le nid. Il ab-
sorbe les œufs rudimentaires et même, sur le porte-objet, les matières pro-
venant de la diffluence des embryons voisins. Des cellules se détachent du
feuillet exodermique dans le lobe médian et envoient des prolongements
qui les relient, d'une part à ce feuillet, d'autre part à l'invagination œsopha-
gienne : c'est le premier rudiment du feuillet moyen qui produira le système
vasculaire.
» Les lobes latéraux prennent bientôt un développement considérable
et se rejoignent pour former un collier cilié, irrégulièrement quadrangu-
laire, dont les parties latérales se bifurquent et se contournent plus tard en
voiles élégamment pigmentés. On ne voit pas trace de tentacules.
B Le pied dérive d'un épaississement de l'exoderme situé sons la bou-
che. Cet épaississement est cilié à son extrémité libre; le système nerveux
apparaît sous forme d'un renflement de l'exoderme situé de chaque côté
au point de jonction des lobes latéraux avec la vésicule céphalique; les deux
renflements se rapprochent plus tard de la ligne médiane et sont réunis
par une commissure de plus en plus courte; les yeux naissent à l'angle infé-
rieur de ces renflements, aux dépens de l'exoderme, leur développement
marche parallèlement à celui des centres nerveux sus-œsophagiens; au mo-
{ 738)
nienl deréclosion, ils renferment deux vésicules réfringentes. Les otocystes
apparaissent à la base du pied, au moment de la formation de celui-ci et
avant l'existence de tout organe nerveux; leur paroi est composée de cel-
lules très-petites, dérivant de l'exoderme.
» Dès que l'estomac se différencie aux dépens de l'endoderme, sa cavité
et la lumière de l'œsophage sont tapissées de cils vibraliles très-délicats.
Au même stade on voit, du côté droit de l'embryon, un amas arrondi de
grosses cellules, qui formera le rein. Le reste des sphères endodermiques
non différenciées est refoulé à l'extrémité inférieure de l'embryon, et donne
naissance, non pas au foie, qui vient de l'estomac, mais probablement aux
organes génitaux. Je n'ai pu suivre ni la formation de ces derniers organes,
' ni celle de la glande anale, très-développée chez le Lamellarin adulte.
» La cavité du manteau se forme par un développement fort rapide du
bourrelet sécréteur de la coquille. Le contour palléal est pigmenté en brun
et en jaune. La partie dorsale du manteau est finement ciliée. Au-dessus
du tube digestif et le long de la partie inférieure du pied, on trouve des
sinus contractiles, première indication du système circulatoire.
.. L'invagination préconcliylienne, dont l'importance générale chez les
Mollusques a été signalée pour la première fois par Ray-Lankester, n'est
pas aussi accentuée chez le LamcUaria que chez certains Nudibranches
[Dendronolus arborescens, Goniodoris iwdosa), où j'ai eu l'occasion de l'ob-
server. On voit, à la partie inférieure de l'embryon, au stade où la vésicule
céphalique commence à se différencier, l'exoderme se creuser très-légère-
ment et laisser libre une mince cuticule, qui est le rudiment de la première
coquille. Le bourrelet qui borde cette invagination remonte peu à peu le
long de l'embryon, à la façon d'une onde liquide qui se propage, en même
temps que le fond de l'invagination reprend sa forme et sa position primi-
tive. L'épaisseur du bourrelet tient l'embryon écarté de la coquille et, les
cellules exodcrmiques continuant leur sécrétion, il se forme une seconde
coquille intérieure à la première, mais intimement appliquée contre le
corps de l'endjryon. La première coquille a une forme nautiloïde, et pré-
sente deux carènes dorsales et deux latérales; elle ressemble à une coquille
d'Jllmtta. La seconde coquille est plus simple et se rapproche, par son
aspect, de celle de la Carinaire ou des embryons de Nudibranches. Ces
deux coquilles sont réunies par leurs ouvertures à l'aide d'une très-mince
mendjrane. Elles ont, l'une vis-à-vis de l'autre, les mêmes rapports et la
même signification que la cuticule nauplieinie des embryons de Cirrhi-
pèdes et la cuapace ^W'hclnzœa renfermée sous cette cuticule. Je ne pense
(739)
pas que la seconde coquille soit l'origine de la coquille calcaire du Lamel-
laria adulte. Je n'ai pu m'assurer de ce fait par l'observation directe, car
les embryons nautiloïdes, après avoir nagé quelques jours dans les aqiui-
riums, meurent sans subir d'autre transformation.
» L'embryogénie du Lamellaria s'accomplit dans \\n temps assez long
(deux ou trois semaines). Les larves difflueut avec une grande rapidité,
quand on les tire du mucus qui les baigne. L'acide azotique m'a rendu de
très-grands services dans ces recherches assez délicates. »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — De l' influence du système nerveux sur la respiration
chez un insecte, le Dytiscus marginalis. Noie de M. E. Faivue, présentée
par M. Cl. Bernard. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Milne Edwards, de Quatretages, de Lacaze-Duthiers.)
« Dans la séance du i"'' octobre 1860, nous avons présenté à l'Académie
un travail dans lequel nous établissions que, chez le Dytisque à l'état par-
fait, le ganglion mélathoracique préside à l'excitation et à l'entretien des
mouvements respiratoires, que les ganglions abdominaux sont incapables
])ar eux-mêmes d'entretenir.
» En 1864, M. Baudelot a fait connaître à l'Académie le résultat d'ex-
périences analogues, exécutées sur des larves de Libellules, et il a constaté,
dans ces conditions, que la séparation du métathoracique d'avec les gan-
glions abdominaux n'al)olit point les mouvements respiratoires. Il croit
être, d'après ces faits, autorisé à révoquer en doute les conséquences de
nos observations.
» Aussi désireux de savoir si nous n'avions pas commis quelque erieiu-
que de rechercher la raison des résultats contradictoires obtenus, nous
avons repris, depuis plusieiu's années, nos premières investigations.
» Nous avons donné luie attention particulière au |)rocédé opératoire;
celui auquel nous nous arrêtons désormais consiste à mettre à découvert
les ganglions mésothoracicpies et métathoraciques, en écartant le prothorax
du u'iésothorax, en incisant la membrane intermédiaire, en enlevant la
pièce triangulaire située en avant et entre les pattes mésolhoraciques.
Exécutée avec soin et lenteur, cette opération permet, après l'ablation du
tissu cellulaire et de quelques volumineuses trachées^ de bien distinguer
les deux centres nerveux; on peut alors, soit les séparer, soit enlever, ou
seulement détruire par section, dans sa plus grande partie, le centre niéla-
( 7'!0 )
thoraciqiie, le séparer ainsi, comme l'apprend l'autopsie, du premier abdo-
minal qui lui est joint.
» Cette section, en même temps qu'elle sépare les centres abdominaux
des centres thoraciques, entraîne la paralysie des ailes inférieures et des
pattes natatoires; on reconnaît qu'elle a été convenablement exécutée
lorsque l'excitation directe de ces parties paralysées cesse de provoquer
des mouvements respiratoires ; dans les conditions normales, ces mouve-
ments sont, au contraire, très-aisément déterminés par des excitations sem-
blables; l'autopsie ne laisse d'ailleurs pas de doutes sur la destruclion du
centre métathoracique.
» Lorsqu'on opère de cette manière, les mouvements respiratoires
cessent de s'exéciUer, ils sont abolis; les ganglions abdominaux, bien que
séparés et intacts, se montrent impuissants à les provoquer, à les entre-
tenir. Ce n'est pas cependant que ces centres aient perdu leur action
propre; on en a la preuve, et par les mouvements partiels et intermittents
que les lames exécutent parfois, quelque temps encore, et surtout par
l'effet des excitations portées sur les lames on les anneaux de l'abdomen :
on peut ainsi provoquer, par le jeu d'actions réflexes, quelques mouve-
ments respiratoires partiels et de peu de durée.
» Tandis que la respiration cesse par suite de la destruction du méta-
thoracique, elle n'est pas abolie lorsqu'on s'est borné à séparer le méso-
thoracique du métathoracique.
» Tels sont les faits expérimentaux qui ne permettent pas de mécon-
naître le rôle du ganglion métathoracique, dans la production et le main-
tien des mouvements respiratoires; ce même résultat semble d'ailleurs
indiqué, d'un côté, par l'intime association de l'acte respiratoire avec le
vol et la natation, d'autre part, par l'origine commune, sur le métathora-
cique, des nerfs des ailes inférieures et des pattes natatoires.
» Que la respiration soit liée au vol, dépendante de l'exécution d'un
certain ensemble de mouvements natatoires, c'est ce que démontre l'in-
fluence si facilement exercée sur ces mouvements par l'excitation des ailes
ou des pattes natatoires; c'est ce que prouvent l'observation directe du vol
et celle du mécanisme par lequel l'insecte remonte incessamment à la sur-
face de l'eau, et, prenant une direction particulière, reçoit l'air en nature
sous ses élylres.
» L'élude de ces- relations fonctionnelles fait bien comprendre que le
même centre nerveux qui préside aux mouvements des ailes de la seconde
paire et des pattes natatoires soit également, si l'on peut s'exprimer
( 7^1' )
ainsi, Ip nipttpiir en retivre de la respiration si intinienipiit iii'p à ces moiive-
iiients.
» Telles sont nos observations et expériences mnltipliées, sur le Dytisque
à i'élat adulte : d'une part, M. Baudclot ne les a point ré|)élées sur le même
insecte adulte; d'autre part, en opérant |)articulièrcment siii- des larves de
Libellide, ce savant observateur s'est |)lacé dans ties conditions bien tlif-
férentes des nôtres; il n'est ]ias étonnant, dès lors, qu'il ait pu aitiver à
d'antres résultats.
» Les larves de Libellules ne sont point organisées pour le vol; elles ne
sont pas conformées pour vivre à la fois, comme le Dytisque, à l'air et
dans l'eau; elles n'ont point, comme lui, pour l'exécution des mouvements
respiratoires, des stigmates abdominaux et des lames mobiles sur chaque
arceau de l'abdomen des élytres, sons lesquelles elles emmagasinent l'air
en nature, air qu'elles ne vont point chercher hors du liquide, en exé-
cutant des mouvements natatoires spéciaux; essentiellement aquatiques,
ces larves respirent en faisant parvenir l'eau dans leur cavité intestinale, à
l'intérieur de laquelle sont disposées des branchies; c'est par l'air en dis-
solution dans cette eau que leiu' resjiiiation s'etléclue. Celte étrange respi-
ration intestinale et l'appareil par lequel elle s'effectue ont depuis long-
temps fixé l'attention des observateurs ; récenunent encore, M. Oustalet en
a fait l'objet d'un intéressant travail. Rien de semblable chez les Dytisques.
» Ces résultats obtenus chez les larves de libellule ne sauraient con-
duire logiquement à infirmer ceux que l'on obtient expérimentalement
chez les Dytisques; ils prouvent seulement, et c'est là le fait qu'il nous a
semblé utile de mettre en lumière, en revenant sur ce sujet, que chez des
insectes placés, en ce qui concerne l'appareil et le mécanisme respiratoire,
dans de toutes autres conditions physiologiques, l'action des centres ner-
veux sur cette importante fonction peut s'exercer d'une manière diffé-
rente. »
PHYSI()UE. ~ Sur un nouveau (jalvanosvope électronu'dicdl.
Note de M. J. î^îorin. (Extrait.)
(Renvoi à l'examen de M. Bréguet.)
« Lorsqu'on applique les courants continus à la lhéra[)eutique, l'emploi
du galvanomètre ordinaire a l'inconvénient d'exiger un réglage préalable,
ce qui exige, de la part de l'opérateur, du soin et de l'habitude. J'ai con-
struit un (jnlvanoscope cleclro-médkal :^n\ n'a point cet incouvéiiient.
r.. R.,i87ri, 1" S,;m-stre.{-\\ I.XXX, ^'' 1 1.) 9<)
( 74:^ )
» Il se compose d'un électro-aimant ordinaire à deux branches, placé
verticalement, la semelle en l'air; une aiguille aimantée est suspendue, par
un de ses pôles, au-dessus de la semelle de fer; elle traverse celle-ci par une
large ouverture pratiquée à cet efiet ; le pôle inférieur libre descend jus-
qu'au niveau de la partie inférieure des hélices de l'électroaimant, entre
lesquelles il a la faculté d'osciller. Cette aiguille est assez longue pour tr.i-
verser la semelle de l'électroaimant à la hauteur de son point neutre, ce
qui rend nulle eu cet endroit toute action réciproque. Si l'on vient à faire
circuler un courant dans l'électro-aimant, les deux pôles agissent dans la
même direction sur le pôle libre de l'aiguille aimantée, et celui-ci se déplace
vers une des hélices selon la direction du courant.
» Cet instrument, comme on le voit, n'a pas besoin d'orientation, il
suffit de le placer à peu près verticalement; sa sensibilité peut être extrême :
elle dépend d'une relation entre le diamètre du fer, la résistance, la lon-
gueur et l'épaisseur des hélices, de la dislance entre celles-ci, et enfin du
poids et de la longueur de l'aiguille aimantée. Dans l'emploi que je fais de
ce galvanoscope, je me sers, comme corps aimanté, d'une aiguille à coudre
de 5 centimètres de longueur : c'est la grande dimension de l'instrument.
» Les effets que j'ai obtenus par l'emploi de courants très-faibles m'au-
torisent à penser qu'on pourrait employer cette disposition pour la con-
struction de relais, soit poiu' la télégraphie, soit pour tout autre appareil
susceptible d'utiliser un courant local. »
M. L. Hugo adresse une Note relative à la « base scientifique du sys-
tème décimal et métrique. »
(Commissaires : MM. Chasles, Hermite, Bonnet).
M. li.-X. Raimbert adresse, par l'entremise de M. Larrey, pour le Con-
coi;rs des prix de Médecine et de Chirurgie, un Mémoire intitulé : « Du trai-
tement du charbon chez l'homme, par les injections sous-cutanées de
liquides antivirulents. »
(Renvoi à la Commission).
M. B.vitoT adresse, pour le concours du j)rix Barbier, un Mémoire sur
un appareil à extension coutiiuie et graduée pour le traitement des fractures
de la jandje.
(Renvoi à la Coiiunission).
( 743 )
M.Churchill adresse divers dociinieiits relatifs au traitement du cho-
léra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant).
MM. Crpssard, Molins adressent des Couniiunications relatives au
Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission).
COURESPONDAIVCE.
M. José da Silva 31endes-Leal, Ministre de Portugal, adresse à l'Aca-
démie la Lettre suivante :
(i Le Gouvernement de Sa Majesté Très-Fidèle m'a fait parvenii' quelques
copies photolithographiques de la Lettre originale de Manoel Godinho de
Heredia, dans laquelle ce cosmogrophe portugais indique clairement que
mes compatriotes ont été les premiers à faire la découverte de l'Australie
(Terre de l'Or).
» Autorisé à faire la distribution de ces exemplaii-es jiarmi les Sociétés
scientifiques et les Établissements littéraires qu\ pourraient avoir intérêt à
connaître la teneur d'un document aussi imporlatil, je suis heureux de
mettre à votre dis|)osilion six exemplaires de la Lettre précitée. »
M. BoussiNGAiiLT. — « L'Acadénilc m'a remis une des copies de la Lettre
de Manoel Godinho de Heredi;i. Avant de donner lecture de la traduction
que j'en ai faite, avec le concoins de mon ami M. Calderon, je dois |)ré-
venir que j'ai rendu les noms géogra[)hiques.So/;- et Sahbo, qu'on ne trouve
pas sur les cartes françaises, par ceux de Solor et de Saboul.
» Voici la traduction de ce document :
-. 111""= Sr,
a A l'ariivée des navires, on m'a assuré que V. S. 111. é|)roHvait quelque douleur; c'est
pourquoi, en fidèle serviteur, je nie suis présenté à vos palais pour vous faire mes condo-
léances au sujet de la mort de don Vasco de Gama, que Dieu reçoive dans sa gloire éternelle,
mais chaque fois je n'ai pu y entrer, V. S. étant complètement renfermée et recueillie, ainsi
(pi'il était vrai.
» Malgré cela, je souhaite à votre S. d'être aussi heureuse et prospère qu'elle l'est on
désire de l'être, et j'ai vu, ce ijue j'espérais, l'iieureux retour des navires et des gens de
Portugal ([ui sont venus encore à temps pour l'eutrcpiise d'or.
» Et, comme cette entreprise concerne V. S. lit. i)lus que moi, je n'ai pas l)esoin de dé-
montrer comme quoi le i3 stplcmbre est repncpie la ])lus favorable aux navires pour entre-
,)6..
( 744 )
pr( lulic le voyage de Malacra, de même qu'il y a lieu <le favoriser cette affaire de décou-
verte. Cerlainement V. S. III. l'entend bien de la sorte, elle qui est très-bien au fait de tout
cela; par conséquent tlle voudra bien faire tout ce qui sera nécessaire, si elle croit qu'il
convient de faire cette découverte d'or, et je me tiendrai ])rét, ou ne le serai ])oint suivant
son désir paternel.
• Je ne |)uis cependant niVnipèclici' d'exposer à V. S. III. que le but ou le succès de la
découverte d'or dépend aussi de la connaissance du temps qu'il lait dans la mer d'or;
car, en dehors de celle connaissance, on s'ex])ose à subir les jjIus mauvais temps du monde.
» Pour plus de clarté, il faut savoir que dans ladite mer d'or il régne des tempêlcs hi-
vernales de niars à juillet.
» Les choses étant ainsi, et appareillant à la mousson de septembre, je puis être à Ma-
lacca tout novembre et décembre, faire un voyage jus(|u'à Sohr? d'où je puis aller en cha-
loupe? à Timor et de là à Saboul; hiverner dans quelqu'une de ces îles où je prendrai mes
informations sur l'or, et au mois d'août et septembre suivant, avec l'aide de Dieu lout-
puissant, entreprendre l'heureuse découverte de l'île d'or.
" lN"a|)pareillant qu'à la mousson d'avril, il faudrait aloi's séjourner à Rlalacca les mois
de juin, juillet, août, septembre, octobre et novembre, et ne paitir qu'en décembre pour
Snliir ?
» Veuillez donc ordonner ce qui conviendra le mieux à S. BI. le roi de Portugal et à
V. S. m., car je ne suis que votre huudjle serviteur et un instrument pour eflectuer cette dé-
couverte d'or à laquelle me pousse ma conscience qui ne me laisse de répit, parce (|iie Dieu
doit me favoriser, et à cette fin je supplie V. S. 111. de vouloir bien lixer son choix sur ma
personne jiour une pareille faveur, vous qui pouvez tant dans celte affaire, priant Dieu de
vous donner sauté et longue vie pour le bonheur de l'Inde orientale et de vos serviteurs
u J. M. GoDlNHO DK EliEDIA. "
» Il résulte de ce cloctiraent que Godinho de Heredia proposait au l\Ii-
iiislre dti Koi de Portugal de diriger une expédition qui, partant deMalacca,
relâcherait à l'île de Solor, d'où, en temps opportun, elle pourrait gagner
Timor et de là Saboul, où elle hivernerait dans quelqu'tinc des îles de celte
baie, peut-être Savn (?) et que, après avoir pris des inlorinations, elle entre-
prendrait la découverte de l'Ile de l'Or.
)) La dislance qui sépare la baie de Saboid de la terre de Van Dieineu
n'est que de 3 degrés en latitude, mais il est assez surprenant de voir les
marins portugais désigner l'exlrémilé sud de l'Australie sotis le nom de la
Terre de l'Or, quand on sait que la découverte des riches gisements aurifères
de cette contrée ne remonte pas ati delà de l'année 1848. «
Î\I. DK Lesseps. — « A l'occasion de la très-intércssnnie Commiuiication
faite à l'Académie, je tlemande la permission de prendre la parole.
» Celte Commtinicalion est d'accord avec des recherches faites en drr-
nier lieu sur les populations de l'Australie, que l'on croit avou' eu la même
( 745 )
origine que les h;ibi(ants du sud de l'Inde. Les rapporls de l'Inde avec
l'Australie n'avaient donc pas dû échapper aux observations des premiers
conquérants européens de la péninsule indienne.
» Je crois que, tout en remerciant le Ministre de S. M. le roi de Por-
tugal de sa bienveillanle Communication, il serait utile pour la science
géographique de lui demander de faire connaître les documents impor-
tants qui doivent se trouver dans les Archives de Lisbonne sur les anciennes
descriptions de l'Afrique.
» Plus d'un siècle avant la découverte du cap de Bonne-Espérance, des
pèlerins portugais de retour de la Palestine avaient raconté qu'il se trou-
vait à Jérusalem nu couvent de moines éthiopiens sujets d'un prince chré-
tien résidant au cœur de l'Afrique et dont l'empire s'étendait des bords
de la mer Rouge et de l'océan Indien jusqu'au rivage Atlantique. On avait
ajouté que plusieurs de ces moines venaient fréquemment à Alexandrie,
dont le patriarche avait seul le privilège d'envoyer un évéque dans leur
pa3s. On appela en Europe ce jirnice chrétien \e prêtre Jean.
" Le prince Henri, fils de Jean P'", roi de Portugal, savant géographe,
étudiait les moyens de doubler le fameux promontoire qu'on appelait alors
le cap desTem[)étes et qui, dans la légende populaire, était défendu par le
géant Adamasior.
» Le prince Henri avait à combattre les préjugés de toute la nation; mais
l'histoire lui avait appris que le projet auquel il songeait avait été déjà exé-
cuté, d'abord par les Phéniciens pendant que Nécos régnait en Egypte, en-
suite par Endoxe sous Ptolémée Lallyrus.
» En même temps qu'il expédiait des navires chargés de tenter le [lériple
de l'Afrique, !e roi de Portugal envoya par l'Egypte deux ambassadeurs au
prèU'e Jean.
» L'un de ces ambassadeurs, Pedro Covillan, après beaucoup d'aven-
tures, arriva enfin dans les États du roi d'Abyssinie, nommé Alexandre, qui
le garda à sa cour. Covillan eut dès lors une correspondance très-suivie
pendant de longues années avec le roi de Portugal; il l'engageait à pour-
suivre avec vigueur la découverte d'un passage par le sud.
» Ce fut d'après les renseignements de Covillan que l'expédition de Bar-
thélémy Diaz approcha du cap sans toutefois pouvoir le dé[)asser, à cause
de la révolte de ses équipages, qui l'obligea à lelourner en Portugal.
)) l\lais enfin, et toujours sur les dociuncnts et les cartes envoyés par
Covillan, Vasco de Cauia, après avoir apaisé la rébellion de ses in.ilelols,
reconnut et tloidjla le i^ juillet i497 le cap des Tempêtes.
( 746 )
» Plus tard, lors de l'envahissement des côtes de l'Abyssinie parles Mu-
sulmans, un prêtre portugais, nommé Juan Bermndes, fut envoyé par le
roi d'Abyssinie pour réclamer le secours du roi de Portugal, et vers i54i
il obtint un ordre royal invitant le vice-roi desTndes à expédier 4oo sol-
dMts portugais à Massouah, pour défendre l'Abyssinie contre l'invasion
turque.
» Cette mission fut confiée au dernier frère de Vasco, don Etienne de
Gama.
» Don Etienne périt dans un combat, mais ses compagnons continuèrent
à résider en Abyssinie. Ils y fondèrent des églises, et certainement les ar-
chives de Lisbonne doivent posséder des documents qui peuvent four-
nir des renseignements précieux siu' l'Afrique, que peut-être les Portugais
connurent mieux, il y a quelques siècles, que nos géographes modernes. »
ASTRONOMIE. — Sur la température relative des diverses régions du Soleil.
Première partie : les noyaux noirs des taches. Note de M. Langley,
Directeur de l'Observatoire d'Allegheny, U.-S., présentée par M. Faye.
« Eu 1845, le professeur Henry découvrit que l'ombre d'une tache du
Soleil renvoie moins de chaleur que la surface générale. Dans l'année iSSa,
et postérieurement, le R. P. Secchi ajouta que la chaleur des bords du
disque était enviion la moitié de celle du centre; qu'il dérive plus de
chaleur des régions équatoriales du Soleil que de celles qui sont plus rap-
prochées des pôles, et que, pour un point donné, le degré de diminution
de la chaleur, du centre au bord, comme il l'a déterminé, est parfaitement
d'accord avec celui de la lumière, déterminé par Bouguer.
» Ces assertions sont d'une importance majeure, et elles paraissent
avoir été généralement acceptées sans qu'aucun observateur les ait véri-
fiées. Il semblait donc qu'avant de commencer une recherche projetée sur
les températures relatives du Soleil, un nouvel examen de ce qui a déjà été
fait ne serait pas superflu. Ce nouvel examen s'est trouvé très-intéressant,
mais aussi a-t-il nécessité un long travail; car, avec les investigations colla-
latérales, il a occupé une partie considérable de mon attention durant les
quatre dernières années. J'ai d'abord tenté de n'employer aucune image
qui eût été formée par des lentilles de verre. Au prix de beaucoup de tra-
vail j'ai construit et moulé lui télescope d'ai)rès le système de Foucault,
mais avec des lentilles grossissantes de sel gemme. Après essai, j'ai trouvé
à cela des désavantages pratiques qui me l'ont fait nsettre de côlé pour le
( l'M )
réfracteur. Quoique je ne considère pas cet instrument comme le meilleur
en théorie, j'ai été conduit à l'adopter, par suite des facilités que donne un
grand instrument équatorial, elles résultats que je présente ici ne doivent
pas être considérés comme aussi absolus que s'ils eussent été obtenus sur
un spectre thermal complet, comme celui sur lequel j'espère bientôt ré-
péter ces recherches. Cependant l'emploi du réfracteur a un important
avantage accessoire : il met à même de comparer immédiatement ces ré-
sultats avec ceux déjà cités, qui ont été obtenus par le même moyen.
» J'ai employé une grande partie de mon temps à des expériences in-
dispensables pour trouver une méthode perfectionnée. Dans l'espoir qu'il
pourra être de quelque utilité à d'autres, je vais décrire brièvement l'ap-
pareil maintenant employé. Les instruments adoptés pour les mesures
définitives sont des thermopiles à éléments extrêmement petits, dont la
construction, bien que recommandée depuis longtemps par Melloni, n'a
été accomplie que récemmment, en raison des difficultés mécaniques
dues à la fragilité du bismuth et de l'antimoine. Dans celles qui m'ont
servi dernièrement, la face expose, dans vui cercle de moins de o™,oo4
de diamètre, des parties de seize paires d'éléments. La pile est reliée à lui
galvanomètre à réflexion, du modèle de sir William Thompson. Celui-ci
est placé sur un support solide dans une chambre obscure, et les indica-
tions sont lues tout haut par un assistant placé à portée de la voix de
l'observateur. Une telle combinaison possède une extrême sensibilité, et
le galvanomètre se trouvera, en dépit dos précautions ordinaires, enre-
gistrer des radiations étrangères, ce qui rend indistincts quelques-uns des
phénomènes plus délicats que nous recherchons. J'ai trouvé que l'on peut à
peu près vaincre ces difficultés en enfermant la pile dans un cylindre creux
à parois noircies, elle-même étant entourée d'eau à une température con-
stante, de sorte qu'elle ne reçoive d'autres radiations que celle de son
cylindre et celle du Soleil, pendant une période déterminée. Cependant
cette disposition masque la pile à la vue et s'accorde à peine avec une autre
condition d'exactitude, qui exige que la position de la face de cette pile
dans l'iuiage solaire puisse en tout temps être vérifiée avec précision. Ces
conditions sont |)resque incompatibles; je les ai néanmoins remplies par
un moyen qui donne à de telles mesures presque toute l'exactitude à la-
quelle on peut atteindre dans un laboratoire.
» La pile était constamment placée dans l'axe optique de la lunette d'un
équatorial ayant o™, 33 d'ouverture. L'image du Soleil, par des moyens opti-
ques convenables, pouvait être amplifiée considérablement jusqu'à l'échelle
(. 748 )
de 4 mètres pour le diamètre solaire, bien que j'en employasse plus géné-
ralement une d'environ o™, 60 de diamètre. La pile, quoique complète-
ment renfermée dans un double cylindre, pouvait être placée dans toutes
les parties de l'image (rendue stationnaire parle régulateur de l'équatorial),
avec une erreur probable de position moindre que i seconde. Cette image
était projetée siu' une surface plane, bornée par un très-grand cercle de
position, auquel était attachée une échelle radiale à parties égales. De cette
manière, la position de la pile par rapport aux pôles et à l'équateur du
Soleil pouvait èlre déterminée par des moyens analogues à l'emploi du mi-
cromètre de j)osition ordinaire et d'une précision peu inférieure. A cet
appareil j'en avais ajouté un autre qui, pour des objets spéciaux, a donné
de meilleurs résultats. C'étaient deux petites thermopiles, aussi égales que
possibles, jointes l'une à l'autre et aussi au galvanomètre, de manière à
pouvoir être placées dans toutes les positions, dans l'image solaire fixe, tout
en faisant partie du même circuit, leurs faces se trouvant à des distances
variables, mais toujours équidistantes de l'axe optique; de sorte que, si l'une
des faces était dans une position plus chaude que l'autre, l'aiguille indi-
quait le sens et la quantité de la différence. Il était clair, dès les pre-
mières expériences avec la double pile, que la radiation de la tache était en
général moindre que celle d'une aire égale de la photosphère, ce qui véri-
fiait aisément et pleinement l'observation fondamentale de Henry; mais,
dans cet examen, je découvris un corollaire que je vais exposer, et qui m'a
conduit à un intéressant résultat.
M Du fait connu de la diminution de la lumière vers les bords, celui
de la diminution proportionnelle de la chaleur semble une conséquence si
naturelle, que ce fut avec surprise que j'observai, dès mes premières expé-
riences, que lorsque l'une des thermopiles était placée dans le noyau noir
d'une tache, et l'autre dans la photosphère, près des bords du Soleil, où la
lumière est encore brillante, la déclinaison galvanométrique était très-faible,
ce qui indiquait que ce dernier point n'était guère plus chaud que l'ombre
relativement noire de la tache. Avec de plus grandes images et un appareil
perfectionné, je trouvai que, dans un anneau complet de la surface solaire,
la photosphère encore brillante donnait près du bord absolument moins
de chaleur que le noyau noir des taches. Il me fallut beaucoup de temps
poiu- établir ce fait d'une manière incontestable, car cet intéressant phé-
nomène ne peut être bien observé qu'à moins de | minute d'arc du
limbe, et des précautions particulières devaient être prises pour empê-
cher qu'aucune vacillation de l'image n'affectât les mesures. L'observa-
( 749 )
tion fut aussi répétée avec des thermopiles spéciales, faites exprès avec
des fils de métaux autres que les éléments ordinaires de bisniulli et d'anti-
moine, et offrant si peu de surface qu'ils n'occupaient qu'une faible por-
tion (le l'ombre, ce qui permettait de vérifier plus facilement qu'aucun
déplacement accidentel ni aucune vacillation de l'image ne les exposait à la
chaleur de la pénombre. Enfin ces résultats furent comparés avec ceux d'un
procédé indépendant, que je ne donne pas ici, et les observations i)Our-
suivies sur toutes les parties de la circonférence : j'en enregistrai et analysai
cent, sans rencontrer une seule exception à la règle.
» Il m'a semblé que cela rendait évidente une ihermochrose dans l'atmo-
sphère solaire, d'un degré remarquable, mais inaperçue jusqu'ici. Four
montrer que ceci est une loi générale, indépendante de toute hypothèse
sur les taches, et qu'on peut faire reposer sur des observations qui ne se
reportent pas à ces taches, je donnerai incessamment les résultats d'une
recherche d'un autre genre qui comprend l'objet en question, mais qui en
implique aussi d'autres très-importants. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Nole sur la théorie des poutres droites continues;
par M. Maurice Levy.
« § 1. — M. Fouret a donné récemment (*) un procédé graphique poiu-
construire les moments fléchissants sur les appuis d'une poutre droite con-
tinue. Je me sers depuis plusieurs années, pour déterminer la résistance
de ce eenre de pièces, d'un procédé qui se prête également bien au calcul
et aux méthodes graphiques, et qui offre peut-être quelque intérêt en ce
qu'il convient non-seulement au cas habituel des poutres librement placées
sur leurs appuis, mais aussi à celui où l'un des appuis extrêmes ou les
deux seraient encastrés, et en ce qu'il repose sur un théorème qui permet
do résumer en peu de mots cette importante théorie, à laquelle les derniers
travaux de M. Bresse ont donné un si grand caractère de simplicité théo-
rique et pratique.
M Lemme. — Quel que soit le nombre des appuis d'une poutre, cl les appuis
extrêmes étant ou non encastrés, si l'on commît le moment Jléchissnnt en un seul
point U de Inptiècc, il existe, dans chacune des deux travées coiiti(]uës à celte cjui
contient le point U, un point V dont le moment Jléchissant peut être déterminé
comme si la poutre était à deux travées seulement.
(*) Comptes rendus, \i. 55o de ce volume.
O.K., 187J, i"i<rmtji;£. (T. I.XXX. N" II."; 97
( 75o )
» Pour démontrer cette proposition, au lieu de partir, coniuie on le fait
généralement, de la relation établie par Clapeyron, entre les moments
fléchissants sur trois appuis consécutifs, j'observe qu'il doit nécessaire-
ment exister une relation analogue entre le moment fléchissant sur un
appui et les moments fléchissants en deux points quelconques, pris chacun
dans l'une des deux travées contiguës à cet appui.
M Soient donc K un appui; Mj, le moment fléchissant sur cet appui; U et V
deux points pris à volonté, chacun dans l'une des deux travées contiguës
à l'appui K; soient M„ et M,, les moments fléchissants aux points U et V;
u et V leurs distances à l'appui K.
)i Entre les trois moments fléchissants M^, M„, M,,, ou établit, sans dif-
ficulté, la relation suivante, où a etb sont les longueurs des deux travées
limitrophes de l'appui R, p et </ les charges par mètre courant qu'elles
supportent :
M„ - + M, - + (5u 4- 3i - - - -W„ = Ç' (2U -a)+'-^(2i'- l>).
» Si l'on sup[)ose, eu particulier, que les points U et V coïncident avec
les deux appuis voisins de l'appui K, c'est-à-dire si l'on fait u=^ a^v ^^ b, on
retrouve, comme cela doit être, l'équation de Clapeyron.
» Admettons maintenant qu'on connaisse le moment fléchissant M^ au
point U; l'équation ci-dessus ne peut pas fournir le moment fléchissant au
point V si ce point est pris au hasard, parce qu'elle contient les deux indé-
terminées JM(, et M^; mais, si le point V est choisi de façon que son ab-
scisse V soit définie par la relation purement géométrique et indépendante des
charges
(a) 3a 4- .v; = o,
alors M^ disparaît de l'équation, qui se réduit à
et fournit le moment fléchissant au point particulier V, défini par l'équa-
tion (rt), ce qui démontre la proposition énoncée.
)) Ainsi, connaissant le moment fléchissant au point U, la recherche du
moment fléchissant au point V ne dépend que de la résolution de deux
équations du premier degré à deux inconnues, et cela quel que soit le
nombre des travées, et quand bien même les travées extrêmes seraient en-
castrées.
( 75' )
» Les points U et V, dont les abscisses sont liées par la relation géomé-
trique {a), sont ce que j'appellerai défi points correspondants.
« Observons que, quand bien même le point Y, correspondant à un
point donné U, tomberait en dehors de la travée dont il est censé faire
partie, c'est-à-dire quand bien même l'équation {n) fournirait une valeur
v>Z>, la valeur trouvée pour M^ n'en ferait pas moins connaître un point
de la courbe des moments fléchissants que l'on cherche; seulement ce
point n'appartiendrait pas à la portion de l'arc de cette courbe dont on a
besoin en thèse finale.
» S 2. — De la connaissance du moment fléchissant au point V on peut
de même, par la résolution d'un système de deux équations seulement du
premier degré, passer à la connaissance du moment fléchissant en un point
déterminé de la travée voisine de celle qui contient le point V, et ainsi de
suite, de sorte qu'on peut énoncer le théorème suivant :
n Théorème. — Quel que soit le nombre n des appuis d'une poutre, et les
appuis extrêmes étant ou non à encastrement, si l'on connaît le moment flé-
chissant en un seul point U de la pièce, on peut trouver le montent fléchissant
en un point de chacune de', n — i travées autres querelle qui contient le point U,
par la réi,oliilion de n systèmes composés chacun de deux équations seulement du
premier degré à deux inconnues.
« De là la méthode suivante pour déterminer les moments fléchissants
dans une poutre continue encastrée ou non à ses extrémités, tontes les fois
qu'on connaît les moments fléchissants en deux de ses points non corres-
pondants U I et U2 :
.1 1° Connaissant le moment fléchissant au point U,, le théorème précé-
dent fournit le moment fléchissant en un point de chacune des n travées
de la poutre ;
» 1° Connaissant le moment fléchissant en un point Uj, on obtient de
même le moment fléchissant en un second point de chaque travée;
» 3" Connaissant le moment fléchissant en deux points de chaque tra-
vée, on le connaît, comme on sait, en tout autre point.
I) § 3. application aux poutres librement appuyées à leurs extrémités. —
On coimaît le moment fléchissant aux deux extrémités de la poutre; ces
moments sont nuls. La méthode du paragraphe précédent s'applique donc
immédiatement. Les deux |)oints de chaque travée, liétinis i)ar l'équa-
tion (a), coïncident, dansée cas particulier, avec les sommets des faisceaux
97 •
( 75^ )
de droites considérés pour la première fois par M. Bresse et dont les
points pivotants de M. Foiiret sont nn corollaire.
M Cns ou la poulie est encastrée à l'une de ses extrémités et librement ap-
puyée sur l'autre. — On connaît le moment fléchissant à l'extrémité libre-
ment appuyée : ce moment est nul; il suffit donc, pour appliquer la mé-
thode, de trouver le moment fléchissant en un autre point de la pièce. Je
dis qn'on peut le trouver a priori en un point de la travée de rive encastrée.
En effet, si M est le moment fléchissant en nn point de celte travée dont
l'abscisse est .r, et si j désigne l'ordonnée de la fibre déformée en ce
point, on a la relation connue
où £ est une constante; or, si p' est la charge par mètre courant sur cette
travée, M est exprimé par une fonction du second degré de la forme
— p' — -h Ax -l-B;
donc, en vertu de (c), ij sera une fonction du quatrième degré en x,
dont le premier terme est — y—; mais, si / est la longueur de la travée et
si l'on prend le point d'encastrement pour origine des coordonnées, l'or-
donnée j' devra s'annuler pour x = o, a: = Z, et en outre, puisqu'il y a
encastrement, on doit avoir ^ = o pour x = o; ces trois conditions
montrent que l'expression de ej contient le facteur du troisième degré
x^ (/ — x); donc on aura
,j=x-{l-x)(^^-^ay
a étant une indéterminée. En différentianf deux fois de snite, on dédin't de
1.1, pour £ — -^ ou M,
M = ^(/- 2X) + 2«(/- 3x).
» Cette formule ne fournit pas le moment flécliissant en un point quel-
conque de la travée, puisqu'elle contient l'indélerininée a; mais, pour le
point parlicidicr .r = ^i cette indéterminée disparaît, et l'on a
[d) M = '-^
36'
( 75-^ )
résultat remarquable en co qu'il est indépendant de la solidarité entre la
première travée et les antres.
» On connaît donc ici le moment fléchissant : i° à rexiiémilé librement
appuyée ; 2" au tiers de la longueur de la travée encastrée, compté à |iar-
tir du point d'encastrement, et, par suite, on peut appliquer la méthode
indiquée au § 2.
)) 3° Poutre encaslréc à ses deux extrémités. — La formule (c/) fait con-
naître le moment fléchissant au tiers de la longueur de chacune des deux
travées extrêmes, compté à partir du point d'encastrement; la même mé-
thode est donc applicable.
» On voit que, par cette méthode, tout le problème est ramené à la résolu-
tion d'un nombre plus ou moins grand de fois de deux équations seulement du
premier degré à deux inconnues, à savoir, les équations (a) et (/;). Donc, pour
résoudre le problème graphiquement, il suffit de savoir construire ces deux
équations, ce qui ne peut évidemment offrir aucune difficulté; l'équa-
tion [a), où il s'agit de déterminer t', ti étant donné, exige simplement la
construction de deux troisièmes pioportionnelles, l'une pour trouver la
1. n' . Il . b- ,
ligne —5 connaissant a et u, 1 antre pour trouver i', connaissant — et o.
» Ayant t', il reste à construire l'équation du premier degré (h) à une
seule inconnue M,,, c'est-à-dire à effectuer une des opérations graphiques
les plus simples. »
ALGÈBFiE. — Sur l'équation du cinquième deyré. Note de M. Briosciii.
« M. Hermite, dans son important travail Sur l'équation du cinquième
degré (Paris, Gauthier-Villars, 1866), a considéré cerlaines expressions des
racines oc,,, jc,, oc^, X3, x^ d'une équation du cinquième degré qu'il dé-
signe par Fv, G,;, Hv Ces quantités, qui ont une grande importance dans
les recherches de M. Hermite, sont les suivantes :
F = (oi)(o4)(32)+(o2)(o3)(i4),
G=.(oi)(o2)(43)-+-(o3)(o4)(ia),
H=(oi)(o3)(42) + (oa)(o4)(3i),
en posant [rs) ^n x^ — x^. On représente par F.,, G,,, 11,^ ce que deviennent
respectivement ces quantités, en ajoutant aux indic s des racines, pris sui-
vant le module 5, le nombre v.
» M. Hermite a étudié dans son Mémoire les fonctions qui résultent de
( 754 )
la multiplication des quantités F ou des quantités H; relativement à l'ex-
pression
W = «f,GG, G, G, G,,
il a énoncé (page 71) une propriété très-remarquabh^ ; mais il a déclaré en
même temps ajourner l'étude de cette nouvelle espèce de fonctions.
1) Si l'on désigne par u l'expression
/. = «=(o.j(i2)(23)(34)(4o) = r7,^(oia34),
la propriété remarquée par M. Hermite peut s'énoncer de la manière sni
vante. Si, en prenant comme point de départ l'expression
puW -h qii,
on forme l'équation du sixième degré qui a le mémegroupe que l'équation
du multiplicateur dans la transformation des fonctions elliptiques, équa -
tion à laquelle, comme il est connu, on peut donner la forme
(1) {z — n'f — 4a{z — ay -h loh {z — ny — l\c{z — a) -\- 5b- — ^irtc — o;
le coefficient a qui est du second degré relativement aux indéterminées p,
q ne contient pas le terme en pq.
)) On peut démontrer que cette propriété est susceptible d'une grande
extension, parce qu'à chaque fonction y'z des racines jr„î ■^n -^ij-^^si-^'i q"i
a la propriété d'être racine d'une équation de la forme (i), correspondent
deux, et seulement deux, fonctions des racines Xo, x,,.. , a:,, qui ont la
propriété signalée par M. Hermite. En effet, en indiquant par f{z) le pre-
mier membre de l'équation (i), on a, pour une racine quelconque z,
r,/ ■ dz <lf ,fi \ dz <lf
fi'-^7r, + i = ^^ /(^)* + f = «5
I 1 A d/ df , 1 1 ' o
par conséquent les polynômes -~i —étant des degrés o, i en r-, on aura
(^) SS = "' Sï^°'
la notation 2£ s'étendant aux racines de l'équation y (z) = 0. Or on sait
que, si la fonction \/z a la propriété indiquée plus haut, la même propriété a
lieu relativement à ses dérivées prises par rapport aux coefficients <t, h. c;
on sait de plus qu'entre \z et ces dérivées existe une relation linéaire et que
toute fonction entière de \z qui jouit de cette propriété peut s'exprimer
en fonction linéaire des dérivées de \/z par rapport aux coefficients «, ft, c.
( 7^5 )
En consi-quciice, si 1 on considère l'expression
on aura une équation en Z de la forme (i), qni sera la plus générale de
celte espèce ; mais, en désignant par A, B, C les coefficients de cette équa-
tion, on aura évidennnent
ioA=.o..;;^+V=S(ï)'+'-^S('-^)'
yd yz d Jz V /~ '^ \i^ V '"
et, à cause des relations (2), les coefficients de pq, pr sont égaux à zéro,
c'est-à-dire que l'expression de A ne contient pas les termes en pq et
en pr. Les quantités ^—-^, —^ sont par conséquent de la même espèce
que la fonction uW considérée par M. Hermite et sont les seules qui pour
chaque fonction \jz puissent exister.
M Cela posé, je vais déterminer quelle est la relation entre la quantité z/W
considérée par M. Hermite et les deux dérivées d'une certaine fonction y'z
qui ont la même propriété.
» Soit
(3) (rt„, a, a,, a,, a-,, a,){.T, 1)^ = 0
l'équation du cinquième degré dont les racines sont x^, .r,, ..,a",,. En
posant
a, = ^0^5 — 3rt,rt., -t- artort;, ,
«2 = 2(a, ^5 — ^a.,a,, + Srt,),
— 2^0 = ao«2 — 2rt,ai + rtofZo. — 2/3, = rtiao — 2a. a, -+- a^u^,
— 1^-2 = rtotto — art;, a, + a.;a,„ — 2j3., = r/ja.j — 2rto«i + rt^a^,
enfin
on a, pour les invariants des degrés quatrième, huitième, douzième de la
forme (3), les valeurs suivantes:
h ._- 5'{u,oc., - c/.'i). i = Ô5^(a„7, - 2a, 7, + ^,7*), / ^ 5'-(7„7. - 7;),
et, en indiquant par 0 le produit des dillèrences des racines nndtiplié par
( l^G )
al, on a
5'^== /?»- (28/.
Or j'ai démontré dans ma Noie du 25 novembre i858, snr la méthode de
M. Kronecker, qu'en désignant par u la fonction des racines o^o, jr,,a-j,...
qui se déduit de u par la substitution ( ^ j(mod. 5), l'expression
où fx) = o(v 5 ~ 0» doiuie pour z six valeurs qui sont racines d'une équa-
tion de la forme (i). I>es valeurs des coefficients a, b, c sont dans ce cas
ainsi les coefficients rt, 6, c sont des fonctions des invariants //, 5, y,
et ce dernier n'entre que dans les valeurs de h et de c. Par conséquent
l'expression -p sera une fonction linéaire de -rr-' -7- et aura la propriété
de la fonction correspondante qu'on déduit de la quantité m W de M. Her-
mile. J'ajoute que les deux fonctions ne diffèrent que d'une constante, ce
que je vais démontrer.
» Dans ce but, je dois par avance exposer ici certains résultats qui ap-
partiennent à la théorie des formes binaires, sur lesquelles je reviendrai
dans une autre occasion. Pour le moment je me borne à énoncer qu'en
désignant par
H = ■//„, //,,-••, I>,){J'-, ij°
lecovariant hessien de la forme binaire (3), et en indiquant par M, N les
symboles d'opération
M = /?„—+ //, — -I-... -4- //j -p ,
ita„ (tel, (ta.,
on a les résultats suivants :
M(/i) = 8.5^'/^„ M(5) = o, M(y) = ^(7//o- SS/io),
N(/0 = 8.5V,, N(&) = o, N(/j = |(7//. -5^/^),
( 757 )
dans lesquels les expressions
/(, = «o/îo — 2«,/3| -+-«(,(5.,, /, = «2/3, — aa, /3_, -\- (/.^,[i,,
"h = Po/^ - 2,?,/„/, + fi, Il m, = ^jJ-\ - i^.,lj, A~ PJI
sont les coefficients des deux covariants du cinquième et du treizième de-
gré de la forme binaire (3).
» Cela posé, en indiquant par y(x) le premier membre de l'équation (3)
on démontre bien facilement que, pour une racine quelconque Xo, j^, ,...,
on a
(A,, h,,..., /<J(.r, i)^= ^,^'{x)[xrf(x)-So'{x)],
et en conséquence, pour une racine de l'équation (p{x), on a
M(.r) = Yij[n^x^ -+- 3a, .r- + 3r/o.r + «3),
JS(jr) =- Y^(rti, x* + 5rt, x' + gaaX- -h 'ja^x -+■ 2aj,). »
ANALYSE. — Classification des intégrales cubatrices des volumes terminés par des
surfaces algébriques. Définition géométrique des surfaces capables de cubature
algébrique. Mémoire de M. BIax. Marie. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Hermite, Bonnet, Puiseux.)
« Ne pouvant aborder dans cet extrait toutes les questions traitées dans
mon Mémoire, je me bornerai au point le plus saillant.
» Pour qu'une surlace algébrique puisse être cubée algébriquement, il
faut évidemment que toutes ses sections planes soient quarrables algébri-
quement. Or, pour qu'une courbe algébrique de degré m soit quarrable
1 ' U • . ■\ r 1 > ( /" — I ) ( '" — 2 )
algébriquement, il faut que cette courbe présente ^ '— pouits
doubles, ce qui résulte des travaux de M. Clebsch, et que toutes ses asym-
ptotes la coupent chacune en trois points situés à l'infini, ce que j'ai éta-
bli clans mon Mémoire intitulé : Classification des intégrales quadralrices de^
courbes algébriques.
T. 1 ■ 1 1 > r ■ ("> — ' ) ( '" — - )
» Pour que toutes les sections planes a une surrace aient
points doubles, il faut que cette surface présente une ligne double de degré
C. R., iS-,r>, i'-' Sc-me'ire. {H.\\\, \^" li.) 9^
{ 758 )
(ot — l)(ffj — 2) _, ... , . , ,
• Cette condition s exprimera par des équations en quanti-
tés finies que l'on sait former.
>) Quant aux autres conditions, elles s'expriment par des équations aux
différences partielles du second ordre dont il s'agissait d'obtenir les inté-
grales générales, ce à quoi je suis parvenu, ce qui me permet de formuler
le type le plus général des équations des surfaces algébriques capables de
cubalure algébrique.
» Soient
(A) (p [x, y, s) 4- (]> (:r, ;-, z) + i[x, y, z) + . . . =o
l'équation la plus générale de degré 02, décomposée en groupes de termes
homogènes; [a, /3, i] une solution de l'équation <p (.r, j-, z) = o, et
° = — — — - les équations d'une asymptote de la surface, on obtien-
dra la condition qui doit lier j^o et j"o, en faisant dans (A) x = x^ + up,
y = } 0 + /3/3, 2 = p, et exprimant que l'équation en p a une seconde ra-
cine infinie. La substitution donne
de sorte que la condition cherchée entre j"o et 1 ^ est
(«) ^\%^ J» ?'? + '^ {'^-^ l'3. 0 = o,
qui représente une ligue droite.
M La condition pour que l'asymptote rencontrât la surface en un troi-
sième point situé à l'infini serait
[a] xl 9I, +-jl 9".+ 2X„j„ '^+ 2.r„ '];', 4- ly,']/. + iy^ (a, /3, i) --= o,
d'où l'on voit que, parmi les asymptotes parallèles à ini rayon infini, il y
en aura généralement deux qui rencontreront la surface en trois points si-
tués à l'infini.
» On exprimera que toutes les asymptotes remplissent cette nouvelle
condition en éliminant a\, entre (a) et (/;) et annulant les trois termes de
l'équation du second degré en ^^i, qu'on aura obtenus. On trouve ainsi
( B) ©', 9'; -f- o\,il — 2 f% '/„ 9; = o,
(C) [9:.. 9; - 9:,9l ] ij^ (a, (3, 1) - f, yl 9; + 1; (p'^ = o,
( 759 )
Ce sont ces trois équations qu'il s'agit d'intégrer. Or la première, qui se
rapporte exclusivement à la fonction (f, exprime que le cône lieu des
rayons infinis menés de l'origine est un système de ni phns. En effet,
l'équation de ce cône est (j)[-t,j-, z) r= o, de sorte que ^(x, ;■, i) =^ o est
l'équation de la section de ce cône par le planz= i. Or, pour exprimer
que cette section est composée de droites, il faudrait exprimer que -^ est
nul en un quelconque de ses points : c'est ce qu'exprime l'équation (B).
En effet, l'équation f {x, j, \) = o donne d'abord
, dr
et ensuite
qui se réduit à l'équation (B) quand on remplace -j- par sa valeur.
» Par conséquent, la fonction 155 doit être le produit de m facteurs li-
néaires et homogènes en Jc,j-, z.
)) En second lieu, l'équation (C) exprime que toutes les asymptotes sont
effectivement contenues dans m plans. En effet, toutes les asymptotes infi-
niment peu inclinées les unes sur les autres sont déjà parallèles à un uiéme
plan, car une asymptote variable de direction d'une manière continuenet
saurait en tout cas changer de plan directeur qu'en prenant momentané-
ment la direction de l'intersection de son ancien plan directeur avec l'un
des [m — 1) autres, de sorte que, si la trace sur le plan desjc/du plan lieu
des asymptotes parallèles à la direction [a, |3, i] ne change pas quand on
fait varier infiniment peu a et |3, toutes les asymptotes parallèles à un
même plan directeur seront elles-mêmes dans un même plan. Or c'est pré-
cisément l'invariabilité de cette trace
{a) JCf[ -hjf\ +4;(a, p, 1) = 0
qu'exprime l'équation (C). En effet, si l'on fait croître a de da et p de d^
dans l'équation de cette droite, elle devient
■ar (?'. + 9I. 'Ix -+- flf r/p ) 4- j ( ^; -f- f^, c/p 4- (pl^ (lu)
-^ (];(«, /3, i) + f„ (la -+- (}; d^ = o,
et si l'on veut exprimer que les deux droites coïncident, il faudra exprimer
que les accroissements des coefficients sont proportionnels aux anciennes
98..
( 76o)
valeurs de ces coefficients. On trouve ainsi
OU, en remplaçant-^ par r >
du.
i' I ' I ' Ta
c'est-à-dire précisément les équations (B) et (C).
M Quant à l'équation (D), il est inutile d'en chercher la traduction, puis-
qu'elle exprime que chacune des asymptotes coupe la surface en un troi-
sième point silué à l'infini : elle doit exprimer que chacun des m plans
asymptotes coupe la surface suivant une courbe de degré [m — 3) seule-
ment.
» L'équation d'une surface capable de cubature algébrique doit donc
rentrer dans le type
X [h,nX + B,„j + C,„i -4- !),„) -f- <!)„,_, (x, j, z) = o,
•l'm-s désignant un polynôme complet de degré (m — 3).
» Mais ces conditions, jointes à celles qui découleraient de ce que la sur-
face doit présenter une ligne double de degré ~ 1 ne suffiraient
pas encore, parce que les sections par des plans parallèles aux m olans
asymptotes n'étant plus que du degré (m — i), leurs asymptotes ne les
couperaient qu'en deux points à l'infini. La condition complémentaire à
introduire montre que les m plans asymptotes ne sauraient être quel-
conques les uns par rapport aux autres.
)) En appliquant la méthode aux surfaces du troisième ordre, on trouve
que, en dehors des surfaces qui auraient partie de leurs plans asymptotes à
l'infini, les seules qui soient capables de cubature algébrique sont les cy-
lindres à base de foluun et à base de trèfle,
conjugués l'un de l'autre. »
3 m
( 7«' )
PHYSIQUE. — Note sur la théorie des procédés d'aimantation;
par M. J.-HI. Gaugain.
« Les procédés d'aimantation, connus sous le nom de métltodes de la
simple et de la double touche, se trouvent décrits dans tous les Traités de
Physique, mais généralement on les présente comme des procédés pure-
ment empiriques et je ne crois pas qu'on ait cherché à se rendre compte
des circonstances qui concourent k leur efficacité ; j'ai pensé que je pour-
rais venir à bout d'analyser ces circonstances, en me servant de la méthode
des courants de désaimantation que j'ai employée dans toutes mes re-
cherches antérieures, et je vais indiquer les résultats auxquels je suis
arrivé.
» Le procédé de la simple touche, dont je m'occuperai d'abord, con-
siste à frotter un certain nombre de fois le barreau que l'on veut aimanter
avec le même pôle d'un aimant que l'on fait mouvoir toujours dans le
même sens. Pour me rendre compte de l'effet que doit produire une telle
friction, il m'a paru nécessaire de recliercher avant tout quelle est la dis-
tribution du magnétisme dans un barreau qui a été mis simplement en con-
tact par un de ses points avec le pôle d'un aimant : cette distribution varie,
d'abord avec la position du point de contact et ensuite avec l'angle que for-
ment entre eux l'aimant et le barreau.
)) Supposons, en premier lieu, que l'aimant et le barreau AB soient pla-
cés sur la même ligne dans le prolongement l'un de l'autre, et que le con-
tact ait lieu entre l'extrémité A du barreau et l'une des faces polaires. Dans
ce cas le courant de désaimantation va en diminuant lorsqu'on s'avance
de Avers B; sa valeur maxima correspond, sinon au point de contact
même du barreau et de l'aimant, du moins à un point très-voisin de ce
contact. Lorsque l'aimant est mis de côté, le barreau conserve une portion
de son magnétisme, mais la distribution de ce magnétisme n'est plus tout à
fait celle que je viens d'indiquer; à partir de l'extrémité A, le courant de dés-
aimantation va en augmentant d'abord jusqu'à une certaine limite, puis il
décroît. La distance de l'extrémité A au point M, qui correspond à la va-
leur maxima du courant de désaimantation, varie dans le même sens que
cette valeur, et celle-ci dépend de la longueur et de la trempe du bar-
reau.
» Dans une série d'expériences j'ai comparé quatre barreaux d'acier
fondu deSheffield, de lo millimètres de diamètre, dont les longueurs res-
pectives étaient Zji, 91, 191 et 347 millimètres; ces barreaux ayant reçu la
( 76^ )
même trempe (une trempe aussi dure que possible) ont été aimantés de la
même manière, c'est-à-dire en mettant l'une de leurs extrémités en contact
avec le même pôle d'un même aimant; puis j'ai tracé leurs courbes de dés-
aimantation, et j'ai trouvé que les valeurs maxima du courant de désai-
mantation étaient :
Pour le barreau de 4i""° 3,6
9' 7.5
» 191 9,0
347 7,0
u J'ai répété les mêmes expériences après avoir recuit les barreaux au
rouge naissant, et j'ai trouvé que les valeurs maxima du courant de désai-
mantation étaient alors :
Pour le barreau de 4'""' 3,5
» 91 11,5
• 191 21,0
» 347 20,0
» On voit que l'aimantation maxima croît avec la longueur du barreau,
jusqu'à une certaine limite, et que cette limite est plus élevée pour les
barreaux recuits que pour les barreaux trempés; on peut remarquer aussi
que l'influence du recuit est beaucoup plus considérable dans le cas des
barreaux longs que dans celui des barreaux courts. Tandis que l'aimanta-
tion maxima du barreau de /\i millimètres n'a point été sensiblement mo-
difiée par le recuit, celle du barreau de gt millimètres a été augmentée
de 5o pour 100, celle du barreau de 191 millimètres a été doublée et au
delà, et enfin celle du barreau de 347 millimètres a été presque triplée.
)) Tous ces résultats me paraissent se rattacher a un principe que j'ai
indiqué dans ma Note du 7 septembre 1874» '1° 75, et qui consiste en ce
que les tranches successives d'un barreau réagissent les unes sur les autres
de la même manière qu'une armature réagit sur le barreau contre les pôles
duquel elle est appliquée. Bien qu'on ne connaisse pas la loi de cette réac-
tion, on conçoit bien qu'elle doit augmenter entre certaines limites avec le
nombre des tranches entre lesquelles elle s'exerce et qu'elle doit augmenter
aussi quand la force coercitive de l'acier diminue.
» Maintenant supposons que l'aimant soit placé perpendiculairement
au barreau, et admettons d'abord qu'il le touche en son point milieu.
Dans ce cas la courbe qui représente la distribution du magnétisme per-
manent dans le barreau d'acier après l'éloiguement de l'aimant est tout à
( 7C3 )
fait de même forme que celle qui représente la distribution du magnétisme
temporaire dans un barreau d'acier ou de fer doux soumis à l'influence
actuelle d'un aimant. Pour donner une idée de la forme de cette courbe,
j'indique dans le tableau suivant quelques-uns des nombres obtenus dans
une série d'expériences; les ordonnées ^ sont les courants de désaiman-
tation correspondant aux divers points du barreau, les abscisses x sont les
dislances de ces points au point milieu ; elles sont considérées comme po-
sitives à droite du point milieu et comme négatives à gauche.
X y
X
y
o
0
-r- 20
+ 3,5
-\' 40
-1- 5,0
H- ()0
~v 5,5
-1- 80
-1- 4,0
-1- 100
H- 3,5
— 20
— 3,2
- 40
- 4-'-
- 60
~ 4,8
— 20
- 4,-^
— 100
- 4,0
» La courbe, comme ou le voit, coupe l'axe des x à l'origine des coor-
données et se compose de deux branches à peu près symétriques, l'une
positive, l'autre négative.
1) Lorsque l'aimant, restant toujours perpendiculaire au barreau AB, le
partage en deux parties inégales, de manière, par exeuiple, que la partie
droite MB soit la plus courte, le point d'intersection de la courbe et de
l'axe des x, c'est-à-dire le point d'aimantation nulle ne coïncide plus avec
le point de contact M; il se trouve rejeté à droite de ce point; l'aimanta-
tion négative envahit graduellement la partie la plus courte du barreau MB
à mesure que celle-ci dimiiuie de longueur, de telle sorte que, quand cette
longueur se trouve réduite à 5 ou 6 centimètres, l'aimantation est néga-
tive dans toute l'étendue du barreau.
» Il y a dans ce résultat quelque chose d'assez remarquable ; car, si au
lieu de considérer le magnétisme permanent on considère le magnélisme
temporaire, on trouve que la courbe qui représente ce dernier magnétisme
ne se modifie pas, quand on déplace le point de contact, de la même
manière que la courbe qui appartient au magnétisme permanent. Lorsque
le point de contact de l'aimant et du barreau se trouve à 5 ou 6 centimètres
de l'extrémité droite, le point où la courbe du magnélisme temporaire
coupe l'axe des x se trouve bien un peu rejeté à droite, mais de quelques
millimètres seulement, et la courbe reste formée de deux branches, l'une
positive, l'autre négative. Or nous venons de voir que, dans les conditions
indiquées, la courbe du magnétisme permanent ne se compose plus que
( 764 )
il'une seule branche et qu'elle est toute négative ; il résulte de là que pour
certains points du barreau l'aimantation permanente est négative quand
l'aimantation temporaire est positive, ce qui veut dire que l'aimant déve-
loppe, lorsqu'il est présent, une aimantation positive en certains points du
barreau d'acier et que, quand on l'éloigné, il laisseces mêmes points aimantés
négativement d'une manière permanente.
» Ce fait, qui paraît étrange au premier abord, trouve son explication
dans le principe que j'ai rappelé tout à l'heure. Lorsque le point de contact
M est au milieu du barreau, la réaction mutuelle des deux parties MB et
MA a pour effet de diminuer plus ou moins l'aimantation de chacune de ces
parties dans le voisinage du point M; mais la courbe du magnétisme reste
symétrique ; quand au contraire le point de contact M partage le barreau
en deux parties inégales, la plus longue est la plus fortement aimantée, et sa
réaction devient prédominante: le point d'aimantation nulle se trouve
déplacé et rejeté du côté de la branche la plus courte. Les choses se passent
absolument comme dans le cas où l'on réunit deux barreaux aimantés dis-
tincts par leurs pôles de même nom. Si les deux barreaux sont inégalement
aimantés, le point où l'aimantation du système est nulle se trouve rejeté à
une dislance plus ou moins grande du point de contact du côté du barreau
le plus faible. «
CHIMIE. — Sur l'équilibre moléculaire des solutions d'alun de chrome;
par M. Lecoq de Boisbaudran.
« J'aieurhonneurdecommimiquerà l'Académie, le 21 décembre i8'74(0>
les résultats d'expériences sur les changements spontanés de volume
qui se manifestent quand on conserve les solutions verte ou bleu d'ahui
chromo-potassique. J'avais étudié la contraction de l'alun vert à volume
constant, la température seule variant.
» Les courbes que je soumets aujourd'hui à l'Académie représentent la
dilatation de la solution préparée à froid et la contraction de la solulion
récemment bouillie, lorsqu'on maintient les liqueurs à des températures
fixes. Les dilatations et contraclions sont exprimées en cent-millièmes des
volume.
» Expérience n° 40G. — Dans un a))parLii assez semblable à un thermomètre, j'introduis
une solution récemment préj)arée à froid et eonlenant : alun de chrome cristallisé, i partie;
(l) Com/Jlcs rendus, t. LXXIX, p. \u^ç^\.
( 765 )
eau, 8 parties; puis je place le tout dans un bain maintenu à lo degiés.
Temps écoules
depuis l'instant approché
de la dissolution.
h m
o,35,3o. . . .
1 .06
1 .25,3o ...
■•47
2. Sa
3.38,.
Dilatations
en cent-millièmes
du volume.
0,3
0,5
0,6
0,7
1,0
1,3
Temps écoulés
depuis l'instant approché
de la dissolution,
h III
4.21
5.14.
7.53....
9.27 ,3o.
10.58....
11.58....
Dilatations
en cent-millièmes
du volume.
.,8
2,2
2,5
2,7
2,9
a Dans un second dilatomètre, j'introduis une solution contenant également ; alun de
chrome, i partie; eau, 8 jiarlies; mais récemment bouillie pendant
vapeurs entraînées. L'appareil est maintenu à 11 degrés.
Temps écoulés
depuis l'instant approché
du refroidissement (1).
h m
0.35
0.45
1.48
2.45
Contractions
en cent-millièmes
du volume.
5,1
6,3
12,2
"5,7
Temps écoulés
depuis l'instant approché
du refroidissement,
h m
4.05
5.16
8.16
I I . 16
avec reflux des
Contractions
en cent-millièmes
du volume.
20,5
3o, 1
35,4
i
■J r ■-
'
\
^-
^ Aluii.
. dilah
Bleu
xio
\
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3
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"-"^^^
____^
Alun'Verl
1 -i 7> 'î 5 G 7 3 y 10 11 12 13 - 14 1
(i) Afin d'obtenir une dissolution rapide, le sel avait été pulvérisé et tamisé. Le moment
précis de la dissolution de la masse moyenne du sel est assez difficile à saisir; mais, les trans-
formations étant relativement lentes au sein des liqueurs étendues, une erreur qui attein-
C.R., 1875, i" Semestre. (T. LXXX, N» H.) 99
( 7^6)
)) On voit que la contraction de la solution récemment bouillie est douze
à treize fois plus grande que la dilatation de la liqueur préparée à froid.
Cela montre que l'équilibre moléculaire propre à la température de l'ex-
périence est beaucoup plus éloigné de celui qui existe pendant l'ébullition
que de l'état de choses (irréalisable en fait) pour lequel il y aurait unique-
ment du sel violet dans la liqueur. L'observation des changements de cou-
leur avait déjà conduit à la même conclusion.
» Par suite de la disjiosilion spéciale des appareils, la solution faite à
froid a dû être maintenue à i o degrés au lieu de 1 1 . Ce léger écart de tem-
pérature n'a pu modifier qu'insensiblement les dilatations assez faibles
qui ont été observées, et l'on peut, sans erreur appréciable, comparer la
courbe relative à l'ahin bleu avec celle qui se rapporte à l'alun vert, comme
si les deux tracés avaient été obtenus à la même température.
» La forme de la courbe donnée par la solution bleue se dessine plus
nettement si l'on en multiplie les ordonnées par dix. Malgré les irrégularités
provenant de la petitesse des quantités observées, il est visible que la di-
latation de l'alun bleu suit une marche analogue à celle de la contraction
de l'alun vert.
» Je ne considère point les nombres donnés ci-dessus comme étant
d'une exactitude tellement rigoureuse, qu'on les doive définitivement adop-
ter ; je pense néanmoins qu'ils s'éloignent peu de la vérité, et surtout qu'ils
sont très-sensiblement proportionnels entre eux. »
THERMOCHIMIE. — Sur la délerminalion despoints d'ébullition des dérivés chlorés
du toluène. Note de M. G. Uinrichs, présentée par M. Berthelot.
« Les dérivés chlorés du toluène, assez nombreux et assez bien connus,
forment une pierre de touche de toutes les lois des points d'ébullition U).
Les faits observés ne peuvent certainement pas s'exprimer par les lois de
Kopp. La table ci-dessous donne les valeurs des points d'ébullition, c'est-
drait une on deux minutes ne modifierait pas sensiblement le tracé de la courbe. Il y a
également une petite incertitude sur l'instant exact du refroidissement de la solution verte.
Les portions des courbes qui correspondent aux premières trente-cinq minutes ont été cal-
culées au moyen de la variation des ordonnées le long du reste des courbes, et contrôlées
par comparaison avec le tracé obtenu dans une autre expciience, où peu de minutes seule-
ment s'étaient écoulées entre l'origine des temps et la première observation. Il ne peut donc
avoir de ce cbef que des erreurs insignifiantes.
( 7^7 )
à-dire des valeurs de t observées (*), m étant le nombre d'atomes de chlore
substitués dans le phényle G^H% et n le nombre d'atomes de chlore sub-
stitués dans le méthyle €H% d'après la formule théorique du toluène
n
= 0
1
2
3
0
1 1 1
176
205
2l4
1
.57*
2l4
234*
245^
2
196
24.
257
273
3
235
273
281
3o8
k
271
296
3o6
3i6
5
ÛOl
326
334
?
.Af,
= ',nn-
3
^'. = ',„.
1
2
65
94
io3
0
57
77
88
56
45
61
77
85
38
46
73
124
25
35
45
160
25
33
?
190
» L'étoile indique les para-dérivés des isomères de même composition mn.
D'après un principe de ma Mécanique moléculaire (**), le point d'ébuUi-
tion t est fonction F du moment d'inertie maximum 1 de la molécule
(i) /-F(i);
donc
(2) A^ = «AI-/3(AI/ + ...,
où a et p sont les valeurs numériques des fonctions dérivées de (i) pour
des valeurs données de I.
M Pour une première ajjproximation, négligeons |3 ; alors la benzine,
/ = 81°, et le toluène, f = 11 1°; d'où résulte Ai = So". Ces chiffres suf-
firont pour déterminer a; car la formule (7) de la Note précédente donne
AI =: 5o; ce qui fait pour (2)
(3) A/ = o,6oAI.
» La valeur de AI se résout d'après la formule (8) de la Note précé-
dente en AI, dépendant de R, et en AIj dépendant de r, ou bien
(4) Ai := Al, H- AI,,
ou
(5) AI = !,„„ - \,„o = cR- ( - rr- 4- N,„„) = 9,8 4- i38N,„„,
et
(6) AL = !,„„ — Joo = ci'- m = 69/rt.
(*) C. ScHORLEMMER, Lekrbucl) der Knhlenstoff-Fcrbindungen, p. f\nr>.; 1871.
(**) Principles of ('hciiiistry and molcciitnr Afecanics, p. 124; ■'^74- (Voir Comptes
rendus, t. LXXVI, p. 1409; 1873.)
99-
( 768)
» D'après (3) on aura
où K,„ sera fonction de m à cause du deuxième terme de (2); la valeur
initiale de K pour m — o devrait être 0,6 x i38 = 82°, 8. Mais les con-
slantes théoriques n'étant que des approximations, il vaut mieux en fixer
les valeurs plus précises d'après les observations, ce qui donne
il')
[ K,„ rrz 8 I — a^-^ni -+- 2^111^.
» Les erreurs, ou bien les corrections qu'il faut appliquer aux valeurs
calculées d'après (7') pour reproduire les valeurs observées données ci-des-
sus sont très-petites, excepté au cas du dérivé 02 :
Valeur (le m, 0 1 2 3 /| 5 Corrections.
[1 o,o +1,8 — o,2 fi(*) — o,6_ -t-o,8\
n = l 1 +6,5 — 0,6 — i,o o,o — 1,1 — o,8> (leA^,
( 3 — O)' +o,2 + a,o 6(*) +0,8 ? )
/„ 8i 56 4o 26 18 16
o — 2 o } o +3 (le ^^
" La signification géométrique de la loi (7) ou (7') est que les valeurs
de A/| , prises comme ordonnées, forment sur les valeurs N,„„, prises comme
abscisses, un système de lignes droites, passant toutes par le même point
6 degrés de l'axe des températures A^, et dont les tangentes d'inclinaison
sont fonction de m. Comme les valeurs N,„„ sont une fonction assez com-
pliquée des poids atomiques exprimant les moments d'inertie, les points
d'ébullition sont fonction simple des moments d'inertie et non du poids
moléculaire.
B La formule (6) devient, d'après (3), A/^ — 4i°,/j/«, dont il faut re-
trancher une valeur Km'- d'après (2), soit
(8) /,„„ - /„„ = A^r=Zi,«,4m -- Km^
Les observations sont rendues très-exactement par
(8') A/., == /^8°/« - 2°m-
(*) Voir ci-dcssiis.
( 1^9 )
pour m — o, 1,4 et 5; pour m = a il faut corriger la valeur calculée de
— 3*^ et pour m = 3 de — 2°, quantités assez petites pour des points
d'ébullition de 200 à a/io degrés.
200°
^c". t".
\ * .
V ■',
+ + +•
-f-p-t-C
* X '
'■- * -/
rtL : H'
iî P.
--f-.'-^—^-i-a>
» La valeiu" de la constante R peut même être calculée, si à la benzine
et au toluène on a joint le mésitylène CH'fGH'j^ qui bout à iG3 degrés,
et dont le moment d'inertie excède celui de la benzine de
AI=z3(GH')R- = 3.iJ.2- = i8o,
On trouve alors, par (2),
(3') At = §Al
d'où (6) donnera
(8") A/, = /,„„ - /„„ = 46"/» - 4,76 m-,
formule qui, dans le calcul de la valeur des constantes, s'approcbe autant
1000
( 77» )
que possible de (8') ovi des faits, vu la grande difficulté de déterminer la
valeur précise du petit coefficient j3 de (2).
» Les valeurs différentes des points d'ébullition des isomères du même
symbole mn dépendent de x, d'après la formule (9) de la Note précé-
dente; quand jt est négatif, le point d'ébullition de l'isomère sera aug-
menté. Les déviations rt = + 5° et è = -1- iS", dans la Table ci-dessus,
montrent que les composés 3 1 et 33 ne sont pas comparables aux composés
para de i n, ce que les expériences chimiques ultérieures devront confirmer.
Cette remarque, probablement, est applicable aux corrections de K„ et
de A*2-
» En conclusion, nous avons pour tous les composés mn, dont la valeurs
est à peu près la même,
{9) ^,„„ = /,„+ A/, + AC,,
où too — I ii°A<, est calculé d'après (7'), et A^, d'après (8'), formules dont
la forme et même la valeur des constantes ont été déduites des équations générales
de la Mécanique moléculaire, et dont la variable caractéristique est le moment
d'inertie maximum des molécules. »
M. Des Cloizeacx, en présentant à l'Académie un instrument construit
par M. Laurent, sur les indications de M. Jannetlaz, s'exprime ainsi :
« M. Jannettaz a publié, en 1874, dans le tome LXXVIII des Comptes ren-
dus,unel!io\e sur l'Emploi d'un prisme biréfringent pour la détermination des axes
des ellipses. Cette détermination est surtout utile lorsqu'on veut connaître la
direction que les axes des ellipses de conductibilité thermique affectent,
dans les corps cristallisés, par rapport à une arête ou un axe cristallogra-
phique situé dans leur plan. Une des solutions les plus simples du pro-
blème relatif à la direction et à la longueur relative des axes des ellipses est
fournie par la lunette que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Aca-
démie, et qui a été construite par M. Laurent, sur les indications de M. Jan-
nettaz.
1) Le principe de cette lunette, qui ne grossit pas plus de deux fois, re-
pose sur le dédoublement de l'ellipse au moyen d'un prisme biréfringent
de spath d'Islande déjà employé dans certains microscopes, et permettant
de mesurer des angles plans. Pour une position quelconque de la section
principale du prisme, la droite qui joint les points d'intersection des deux
images de la courbe et celle qui joint leurs centres sont, en général, obli-
( 77' )
ques l'une à l'antre ; elles deviennent rectangulaires quand cette section
principale est parallèle à un des axes de l'ellipse.
» Un fil placé au foyer de l'oculaire fournit aussi deux images qui peu-
vent se déplacer, à l'aide d'une vis micrométrique, perpendiculairement à
la section principale du spath; l'une d'elles, choisie arbitrairement, seit, par
sa coïncidence avec les deux points de croisement des deux images de la
courbe, à assilrer le parallélisme de la section principale avec un des axes
de l'ellipse. En notant, sur un cercle divisé, la position qu'un index y oc-
cupe lorsque cette section principale est successivement amenée à être pa-
rallèle à un axe de l'ellipse et à la ligne cristallographique servant de re-
père, on obtient la distance angulaire des deux droites.
» Quant à la longueur des axes de l'ellipse, elle se détermine, pour cha-
cun d'eux, en amenant d'abord la section principale du prisme biréfringent
à être parallèle au fil , de sorte que ses deux images se confondent en une
seule. Le déplacement de cette image, parallèlement à la section principale
et aux tangentes communes aux deux courbes, donne la longueur de l'axe
normal à ces tangentes au moyen de la rotation de la vis micrométrique qui
sert à le produire. »
A 5 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQITE.
Ouvrages reçus dans la séance du i"'' mars i8^5.
Statistique des services de médecine des hôpitaux de Ljon ; par le D'' Mayet,
avec le concours, pour les tableaux et les tracés graphiques, de M. Du-
CHAMP; l'^année, 1872, i^"^ fascicule. Lyon, H. Georg; Paris, J.-B. Dailliére,
1874; in-8°. (Présenté par M. Ch. Robin pour le Concours de Statistique,
.875.)
Du point apophysaire dans les névralgies et de l'irrilalion spinale; par le
D' Armaingaud. Paris, A. Delahaye, 1872; br. in-8°. (Présenté par M. Ch.
Robin pour le Concours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1875.)
Note sur îles fouilles faites dans quelques dolmens de l'arrondissement de
( 772 )
Saint-Jffriqtie [Avejron); par M. E. LalaNNE. Exoslose du tibia produite par
une flèche en silex; par M. E. Baudrimont. Bordeaux, imp. veuve Cadoret,
1875; br. in-8°.
Notice explicative de rappaieil thermo-régulateur de A. Soyez. Paris, typ.
Lahure, 1874; br. in-8'.
Notice sur le Pliylloxera vastalrix ; par P. TOCHON. Chambéry, imp, Mé-
nard, iSyS; br. iii-8°. (Renvoi à la Commission.)
archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, publiées par la 5o-
ciété hollandaise des Sciences à Harlem, et rédigées par E.-V. von Baumhauer ;
t. IX, liv. 4, 5. La Haye, Martinus Nijiioff, 1874; 2 liv. in-B".
Révision des espèces insulindiennes de la famille des Synancéoides ; par
P. Bleeker. Harlem, les béritiers Loosjes, 1874; in-4°.
On the osteology and peculiarities ofthe Tasmanians, a race of man recentlj
become extincti b/J. Barnakd-Davis. Haarlem , de erven Loosjes, 1874;
in-4°.
Montldy Report of the department oj Agriculture for january 1875. Was-
hington, government printing Office, 1874; br. in-8°.
The philoiophy of voice : shoiving the rigld and xvrong action of voice in
speech and song; by Ch. LuNN. London, Paris, Madrid, Baillière, 1874;
in-i8, carlonné,
Technologia rural ou arles chimicas, agricolas e florestaes ; porJ.-J. Fer-
REIRA-Lapa. Lisboa, typ. da Academia, 1871; 2 vol. in-8°.
Memoria da Jcademia real das Sciencias de Lisboa, Classe de Sciencias ma-
thematicas, physicas e naturaes; nova série, t. IV, p. H. Lis!)oa, typ. da Aca-
demia, 1870; in-4°.
Curso de Meteoroloqia ; por A. -A. DE PiNA-YiDAL. Lisboa, typ. da Acade-
mia, 1869; in-S".
Jornal de Sciencias malhematicaSf physicas e naluracs, publicado sob os
auspicios da Àcadcmia real das Sciencias de Lisboa; t.* III, IV. Lisboa, typ.
da Academia, 1 871-1873; 2 vol. in-S".
Précis de Thcrmométiie clinique générale; par le D"^ P,-F. Da Co.STA
Alvarenga, tr.idiiit du portugais par le D"" L. Papillaijd (Henri-Almès).
Lisbonne, imp. de l'Académie royale des Sciences, 1871; in-8°.
( A suivre. )
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 29 MARS 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
PHYSIQUE DU GLOBE. — Mémoire sur les observations de température faites au
Jardin des Plantes, pendant l'année météorologique 18741 «f^ec les ther-
momètres électriques, sous un sol gazonné et dénudé; par MM. Becqcerel
et Ed.m. Becquerel. (Extrait.)
« On a commencé à établir au Jardin des Plantes, depuis i863, des ap-
pareils thermo-électriques avec lesquels on observe avec une grande exac-
titude, plusieurs fois par jour, la température au-dessus du sol, d'une part,
jusqu'à 20 mètres, et au-dessous jusqu'à 36 mètres, de 5 mètres en 5 mètres;
et, d'autre part, à o'^.oS, o'",io, o™,2o, o'",3o et o^jôo, sous un sol dé-
nudé et un autre semblable couvert de gazon. On observe en même temps
les températures maxima et minima au nord, dans l'air, et dont on déduit
les moyennes diurnes, auxquelles on rapporte les autres températures.
» Dans le Mémoire dont nous ne donnons ici qu'un extrait se trouvent
toutes les observations faites à 6 et à 9 heures du matin et à 3 heures du
soir, pendant l'année météorologique 1874, c'est-à-dire du i*'' décem-
bre 1873 au i*^'' décembre 1874
» Le tableau I ci-après contient les températures moyennes des maxima
et des minima de l'air au nord;
» Le tableau II, les moyennes de t mètre à 36 mètres au-dessous du sol
au bas desquelles se trouvent les moyennes de 1873;
G. R., 1873, i" Semestre. (T. LXXX, N» 12.) tOO
( 774 )
» Le tableau III, les températures au-dessus des deux sols, l'un ga-
zonné et l'autre dénudé, à la même profondeur;
» Le tableau IV, les différences entre ces mêmes températures.
Tableau I. — Température de
Thermométrographe.
Moyennes
Mois. des
maxima.
Décembre 1873. . . 6,32
Janvier 1874- ••■ 7>7*5
Février 7 )97
Mars 1 1 ,3i
Avril '7 >o4
Mai.. . 17, 1 5
Juin 23, g5
Juillet 27 ,94
Août 23,43
Septembre 21 ,65
Octobre 16,18
Novembre 9>44
Moyenne. . i5,85
Moyennes
des
mininia.
0,82
1,57
0,69
3,o5
6.97
6,85
12,69
16,09
i3,23
12, i5
7,3o
2,87
Moyennes
des maxima
et des niinima.
3,57
4,66
4,33
7, .8
12,00
12,10
18,32
22,01
18,33
16,90
ï'>;4
6,i5
l'air.
Thermomètres h max.
Moyennes Moyennes
des des
7,02
,43
6,25 0,85
7,81 I , 60
8,01 0,75
10,63 3,02
17,38 6,85
17,60 6,70
24,22 12,34
28,04 i5,6g
23,85 12,93
•^'^yS "1,79
16,67 7 1 22
9,56 2,82
16,00 6,88 11,44
Moyennes
des max.
et des min.
3,55
4.70
4,38
6,82
12,11
12, i5
18,28
21,86
18,39
16,88
ii>94
6, 19
Tableau II.
Mois.
Dé«. 1873. . 12,55
Janv. 1874. 12,57
Fév 12,60
Mars 12,60
Avril 12,60
Mai 12,60
Juin 12,60
Juin 12,60
Aoi'it 12,60
Sept 12,60
Oct 12,60
Nov 12,60
Moyennes \
annuelles > 12,59
de 1874. )
Moyennes ]
annuelles / i2,5i
de 1873. )
Moyennes mensuelles.
Profondeurs.
Si™
I 2 ,5o
12,53
12,55
I2,5o
12,47
12,45
12,5o
I2,5o
12, 5o
12,48
12,45
12,45
26™
12,38
12,38
12,47
12,52
12,67
12,75
12, 75
12,77
12,80
12,70
12,5o
12 ,42
12,45
12,43
12,40
12,40
1 2, 33
12,3o
iG"»
2 l™
12,47 '2,42
12,43 12,38
12, 4o 12,42
12,4o I2,4o
1 I ,42 12,42
12,45 12,38
12,32
12, 3o
12 ,3o
12, 3o
12,20
12, l5
12,49 '2 '^9 '2,4f' 12,33
12,45
12,45
12,45
ij>. , 3o
12,12
12,07
1 1 ,93
I I ,90
,.,93
11,95
12,02
12, o5
i3,25
12,88
12,55
11,80
11 ,37
1 1 ,20
1 1 ,40
1 1 ,65
12,22
1 2,82
i3,i5
i3,38
10, 3o
9,65
7,3o
6,97
8,46
10,92
13,19
i5,55
16,69
16,53
15,57
Temp.
moyenne
de l'air.
3,57
4,66
4,33
7,18
12,00
12,10
18,32
22,01
18,33
16,90
i.,74
6,i5
i3 i2,3o I I ,98 1 I ,44
12,46 12,54 '2, 4" 12,41 l2,3o 12,39 '',82
1 773 j
» On voit que de 26 à 36 mètî'es la température est à peu près con-
stante; les différences ne portent que sur les centièmes de degré, diffé-
rences qui peuvent être négligées dans les observations de ce genre.
» En discutant les observations, on a vu qu'à i mètre les maxima et les
minima annuels ont lieu aux mêmes époques que dans l'air, ainsi qu'à
26' mètres, comme on l'avait constaté précédemment. On avait vu qu'il en
était de même à 16 mètres; mais, pendant l'année 1874, cet état de choses
n'est pas aussi marqué que les années précédentes. Voici comment on se
rend compte de cette différence d'effet : En consultant la carte hydrologique
de M. Delesse, on voit qu'à 16 mètres on commence à pénétrer dans la
nappe d'eau souterraine qui alimente les puits du Jardin des Plantes. Cette
nappe s'écoule sans cesse vers la Seine; elle reçoit directement les eaux
atmosphériques, et la température doit participer, par conséquent, de
celle de l'air. A 26 mètres se trouve la deuxième nappe souterraine qui
repose sur l'argile plastique, nappe puissante, attendu qu'elle repose sur
des couches imperméables; elle est alimentée par les eaux pluviales ainsi
que par les eaux coulant à la surface du sol, dans les endroits où affleure
l'argile plastique.
M Le tableau III contient les moyennes des observations faites sous le
sol dénudé et sous le sol couvert de gazon.
Mois.
Tableau III.
Sol couvert d'herbes.
Profondeur.
o'",o5 o'",io o'".2o o^jSo o^.Go
Sol dénudé et sablé.
Profondeur.
Moy.
du
Dec.
( 6 h matin.
4 . 10
,'i,.>4
5, ,0
5,46
6,39
3,33
5,63
3,27
3,86
5,39
1873.
( 3 h. soir.
',,25
4,5,
4,98
5,45
6,. 36
3,23
3,12
3,57
3,76
5,55
Moyenne.. .
4,17
4,50
5,04
5,45
6,37
2,78
2,87
3,57
3,8,
5,35
3,57
Janv.
( 6 h. matin.
3,63
3,86
4,'q
4.3i
4,76
2,82
3,05
3,42
4.7>
4,49
1874.
( 3 h. soir.
3,93
3,9'l
4."
4,36
k,H
4 ,20
3,82
3,58
3,68
4,5,
Moyenne.. .
3,7s
3,90
4, ,5
4,33
4,80
3,5i
3,42
3,5o
4,19
4,5o
4,fir,
Fév.
( G h. malin.
3,0.')
3,29
3,68
3,85
4,43
2,21
2,58
3,08
3,39
4,22
( 3 h. soir.
3,.So
3,44
3,61
3,9>
4,46
4-59
3,88
3,37
3,36
4.24
Moyenne.. .
3,27
3,36
3,04
3,88
4.44
3,40
3,23
3,2J
3,. 37
4,53
4,33
Mars .
\ 6 h. matin.
5,48
5,70
5,84
5,72
5,69
4.67
5,25
5,99
6,3,
6,32
( 3 h. soir.
6,3,
6,00
5,78
5,74
5.73
9,3i
7.98
6,54
6,16
6,34
Moyenne.. .
5,81)
5,S5
5,81
5,73
5,7t
C,99
6,Gi
6,20
6, .3
6,33
7.>S
j fi h. matin.
10,45
10,-3
10,75
10,37
9,66
9,20
9 •98
1 , , 00
11,27
10, .50
( 3 h. soir.
Moyenne.. .
12,35
11,48
1 1 , , 0
10,76
10,75
10,34
,0,35
9.77
9.7'
,6,40
15,80
,4,63
,5,26
,1,21
10,64
i,,3S
12, 3i
n ,63
11,34
10,60
,3,00
100..
( 776)
Mois.
Mai.
1874.
Juin.
Juin.
Août.
Sept.
Oct.
Sol couvert d'herbes.
Profondoiir.
o™,o5 o"'.io o"i,20 on',30 o™,6o
9 h. soir, i2,53 i3,ii i3,33 i3,u i3,^5
3 11 1 5 . 1 5 I .^ , 1 6 1 3 , 2f) 1 3 , o6 1 2 , 5o
Moyenne... i3,85 i3,G3 i3,3i i3,o8 12,^7
6 h. matin. iS,33 18,76 18,91 iS,58 17,33
3 h. soir. î'j^g 19,99 18,88 18, ^5 17,38
Moyenne... 19,80 19,37 18,89 18, 5i 17, 35
6 h. matin. 21, i3 21,61 2i,S'( 21,55 20,42
3 h. soir. 2Î,27 22,92 21,83 21, .'|2 20,47
Moyenne... 25,70 22,26 21,83 21,48 20,44
6 h. matin. 18,39 'S>94 '9. -'19 '9iJ9 i9i'i3
3 h. soir. 20,43 19,77 '9.4' '9i4o 19, ji
Moyenne... 19,41 19,35 19, '|5 19,49 19,42
6 h. malin. 16, o3 iG,45 16,92 17,08 17,35
3 h. soir. 17,32 17,04 16,94 17,10 17,40
Moyenne... 16,67 'G, 74 16, gS 17,09 17,87
6 h. matin. ii,63 12,21 12,90 i3,26 14, i5
3 h. soir. 12, 55 12,48 12,75 i3,i5 i4,io
Sol dénudé et sablé.
Profondeur.
o°',o5 o™,io o»>,2o o™,3o oni.Go
10,28 11,12 12,42 12,89 12,45
17,60 i5,8i i3,68 12, 8r 12,47
i3,94 i3,46 i3,o5 12,85 12,46
16,67 17,71 19,03 19,36 18, 38
24,76 22, G8 20,29 iQi^g '8,37
20,71 20,19 "9)66 19,32 18,37
19,85 20,96 22,36 22,72 21,48
28,95 26,46 23,67 32,37 21, SJ
Moy.
du
iS,3a
24,^0 23,71 2j,0l 22,54 21, 5l 22,01
16,10 17,12 18,54 i9>24 19.10
23,54 21,68 19,63 19,05 19.09
19,82 19,40 19,08 19,14 19,09
14,35 i5,o5 16,18 iG,3i 16,96
19,81 18,23 16, 86 16,75 16,95
18,33
iG,83 16,64 16,52 16, 63 16,95 16,90
9,5o 10,23 11,24 11,87 ''2197
12,60 12,02 11,57 '1.76 12,9'|
Moyenne.. .
12,09
.2,34
12,82
l3,20
14, 12
1 1 ,0J
11,12
I 1 , |0
II, Si
12,95
' < <
-4
6 II. matin.
Aov.
6,7.
7. '9
7i9Î
8,41
9,62
4.9>
5,26
5,98
6,73
8,25
3 11. soir.
7 ,00
7. '9
7.74
8,29
9,50
6,20
6, 10
6,14
6,61
8,09
Moyenne. . .
6,85
7. '9
7,83
8,35
9,56
5 ,55
5,68
6,oG
6,67
8,17
6,
,i5
Moyennes de l'année.
II ,65
1 1,63
11,70
«I)?'!
11,81
11,81
11,55
11,39
11,48
11,70
II :
,43
Tableau IV.
Différences entre les températures des deux sols,
l'un couvert, l'autre dénudé
Mois.
Décembre 187 3.
Janvier 18^4 • • •
Février
IMars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Aoiit
Septembre
Octobre
Novembre
Moyenne. . . .
h om,o5 de
lirol'ondeur.
à o'",io de
profonc
leur.
à 6 h., matin.
il 3 h., soir.
à 6 h., ïiiatin.
h 3 h., soir.
0
0
0
0
-^ '.77
+
1,02
-+- '.9'
-+-
'.^9
-H O580
-
0,27
H- 0,84
-t-
0,12
H- 0,84
—
'.09
+ 0,71
—
0,44
+ 0,81
—
3,00
+ 0,45
—
1,98
-1- I ,22
—
4,o5
H- 0,75
—
3,i5
^- 2,27
—
2,45
+ '.99
—
1,65
+ 4,66
—
3,49
+ I ,o5
—
2,69
+ 1,28
—
4,68
-i- 0 , 65
--
1,54
+ 2,29
—
3,11
-1- 1 ,83
—
1,68
-+- 1,68
—
■'99
-t- 2, 10
—
'."9
+ 2,1 3
—
i,o5
+ 1.98
-h
0,46
-h 0,18
-+-
0,80
-4- 1,93
-4-
1,09
I ,00
.93
+ i,5o — 0,94
( 777 )
» Ces résultats montrent qu'à une profondeur de o™,o5, dans l'un et
l'autre sol, la température a été plus élevée à 6 heures du matin, en
moyenne, de i°, 5o sous le sol gazonné que sous le sol dénudé; à 3 heures,
c'est l'inverse; la température a été, en moyenne, de — i°,95 en faveur du
sol dénudé. A o™,io, il en est encore de même; la température est égale-
ment plus élevée à 6 heures, sous le sol couvert, que sous l'autre; la
moyenne est de même de i°,5o. A 3 heures du soir, c'est aussi l'inverse;
on voit donc que, sous un sol couvert de gazon, la température s'abaisse
moins que sous un sol dénudé, tandis que le contraire a lieu sous l'in-
fluence solaire. On en aura une nouvelle preuve dans les observations sui-
vantes :
» Dans le mois de décembre 1871, comme nous l'avons déjà rapporté
(^Mémoires de l'Académie, t. XXXVIII, p. aSi), quand la température de l'air
s'est abaissée jusqu'à i4 degrés au-dessous de zéro, on a observé les tem-
pératures suivantes à o'°,o5, o™,io au-dessous du sol gazonné couvert de
neige et du même sol dénudé couvert également de neige :
A o'",o5, sol gazonné A o'^iio sol dénudé
couvert de neige. coufcr! de neige.
G heures 3 heures G heures 3 heures Température
Décembre 1871. ilu matin. du soir. du matin. du soir. de l'air.
o û a o o
8 +0,70 I — 0,65 — 0,45 — 8,0
9 4-0,60 I — 1)70 — 1,00 — 14,5
10 +0,60 I — 1 , 70 — 1 ,3o —11,7
11 -I- o,65 I — I ,go — 0,70 — 3,1
» On voit que sous un sol gazonné, à o™,o5 et o'°, lo de profondeur,
quand la température de l'air est au-dessous de zéro dans l'air, même à
— i4 degrés, elle est au-dessus de zéro, tandis qu'elle est au-dessous de zéro
lorsque le sol est dénudé; que le sol gazonné a toujours eu, à 6 heures du
matin, une température au-dessus de zéro, et qu'elle a été en augmentant
successivement jusqu'à o"", Go, tandis que sous le sol dénudé elle a été
quelquefois au-dessous de zéro, comme on le voit sur la colonne des
températures diurnes.
» Ces exemples montrent l'influence qu'exerce un sol gazonné sur la
température jusqu'à o'^jGo de profondeur. On voit par là que les observa-
tions recueillies en 1874 conduisent aux mêmes conséquences que celles
des années précédentes.
» Sous le sol gazonné, la température, jusqu'à plusieurs décimètres
au-dessous de la surf;ice, est plus élevée à 6 heures du matin qu'à 3 heures
( 778 )
du soir que sous le sol dénudé; à 3 heures, le contraire a lieu, tandis que
la température moyenne annuelle est à peu près la même sous les deux
sols.
» Cet état de choses peut être de quelque utilité pour la physiologie vé-
gétale et les cultures; car on voit qu'il n'est pas indifférent de placer les
racines craignant la gelée dans un sol gazonné ou dénudé : aussi un ça-
zonnage léger peut empêcher des graines et des racines de plantes ou d'ar-
brisseaux de geler.
» Les appareils destinés à donner la température de la terre jusqu'à
36 mètres au-dessous du sol sont établis de telle sorte qu'ils n'éprouveront
aucune altération pendant un très-grand nombre d'années ; on pourra donc
s'assurer si dans l'avenir la température des diverses couches de terre jus-
qu'à cette profondeur a éprouvé ou non des changements.
)> Dans l'intérêt de la physique terrestre, il serait à désirer que l'on put
établir, à une profondeur plus grande, un appareil semblable, a6n de sa-
voir jusqu'à quel point la température de la croûte terrestre éprouve ou
non des changements dans sa constitution, à la suite des temps, soit par
l'effet d'un refroidissement lent, soit par la seule difficulté et la grande
dépense qu'exigerait un puits foré. »
CHIMIE AGRICOLE. — Recherches sur les betteraves à sucre;
par MM. E. Fremy et P.-P. Dehéraix.
« L'extension que prend en France la culture de la betterave à sucre
appelle naturellement l'attention des chimistes et des agronomes sur les
variations que présente la composition de cette racine,
» Cette composition est-elle influencée soit par la nature de la graine
d'où proviennent les racines, soit parle mode de culture, soit par la nature
du sol dans lequel les betteraves se développent? Si ces différentes causes
agissent simultanément, quelle part faut-il faire à chacune d'elles? Telles
sont les questions que nous avons voulu aborder dans ce travail.
» Nous savons que, dans cette recherche, nous arrivons après beau-
coup d'autres observateurs ; mais le sujet est assez vaste et assez difficile pour
laisser place encore, pendant longtemps, à tous ceux qui veulent l'étudier.
» Dans la suite de ses intéressantes publications sur les betteraves,
M. Peligot a montré déjà toute l'importance qu'il faut attacher au choix
judicieux de la graine; ou sait en outre que M. Viollette a fait connaître
récemment les soins qu'on apporte dans notre région septentrionale à la
( 779 )
culture de la betterave pour graines et les avantages qu'on en retire.
Néanmoins les plaintes incessantes des fabricants, sur la pauvreté en sucre
des betteraves que leur fournissent les cultivateurs, semblent démontrer
que le mode de culture qui est suivi exerce peut-être sur la richesse sac-
charine des racines une influence considérable, et que, s'il n'est pas possible
d'obtenir de bonnes betteraves en cultivant de mauvaises graines, il peut
se faire aussi que de bonnes graines mal cultivées donnent des betteraves
peu sucrées.
» Laissant donc de côté la question de la sélection des graines, qui est
étudiée en ce moment avec tant de soin et de succès par plusieurs observa-
teurs habiles, nous nous sommes proposé particulièrement, dans le travail
dont nous présentons aujourd'hui l'extrait à l'Académie, d'examiner l'in-
fluence qu'exercent, sur le développement de la betterave, le sol qui la porte
et les engrais qui la nourrissent. Ici encore nous rencontrons les recherches
récentes de MM. Corenwinder, Pagnoul etThurot, dont nous nous empres-
sons de reconnaître l'importance.
» Nous n'avons pas la prétention d'avoir, dans une première année
d'études, parcouru à beaucoup près le programme que nous avions arrêté.
Cependant nos premiers résultats, tout incomplets qu'ils sont encore,
nous ont paru de nature à 6xer, pendant quelques instants, l'attention de
l'Académie.
» Pour éviter toutes les incertitudes que présente la culture en pleine
terre et pour faire la part, dans nos recherches, de l'influence du sol et de
celle des engrais que nous voulions employer, nous avons composé nos
sols d'une manière sfnlliétique^ en faisant usage d'éléments dont la com-
position nous était connue, procédé de recherches que les travaux de
M. Boussingault ont rendu classique.
» Ncus avons installé dans le jardin d'expériences du Muséum un grand
nombre de tonneaux destinés à contenir nos sols artificiels, que nous avons
formés de sable pur, de calcaire et d'argile exempte de potasse. Ces dif-
férents corps ont été analysés avec soin : ce sont eux qui servent à la Manu-
facture des glaces de Saint-Gobain, soit à la fabrication du verre, soit à la
confection des creusets.
» Ces matières ont été employées seules ou à l'état de mélange; en outre,
nous avons toujours eu le soin de placer au fond de nos tonneaux une
couche assez épaisse de graviers siliceux permettant l'écoulement des eaux.
Ces graviers étaient même disséminés souvent dans nos sols artificiels pour
leur donner plus de perméabilité.
» D'autres tonneaux ont été remplis d'une terre arable, d'excellente qua-
( 78o )
lilé, que nous avons fait venir du département de l'Aisne; enfin des expé-
riences comparatives s'exécutaient en pleine terre, soit dans les carrés du
Muséum, soit dans les terres de Grignon.
» Dans les cultures limitées faites en tonneaux, nous avons toujours eu
le soin de soumettre les sols à un arrosage abondant et régulier, et, pour
éviter que l'eau ne séjournât au fond des tonneaux, nous avons percé
ceux-ci latéralement d'un grand nombre de trous.
» Les engrais que nous avons essayés tantôt seuls, tantôt à l'état de
mélange, sont le sulfate d'ammoniaque, l'azotate de potasse, l'azotate de
soude, le chlorure de potassium, le chlorure de sodium, le superphosphate
de chaux, le guano, la corne râpée et le fumier. Dans quelques expérien-
ces, les engrais ont été ajoutés immédiatement au sol; mais, dans d'autres,
on les a introduits peu à peu en suivant les progrès de la végétation.
» On voit, par cet exposé, que les observations que nous présentons
cette année sont presque indépendantes des questions qui se rapportent à
la sélection des graines.
» Les graines que nous avons employées pour nos cultures du Muséum
nous ont été données par un agriculteur distingué du département de
l'Aisne^ qui est en même temps fabricant de sucre de betterave : ces mêmes
graines cultivées en Picardie ont produit des betteraves contenant de ii à
i3 pour loo de sucre.
» Dans les tonneaux qui contenaient des sols artificiels et des engrais chi-
miques solubles, la levée fut très-irrégulière; des expériences exécutées
dans des pots plus petits nous firent voir qu'en effet des dissolutions de
sulfate d'ammoniaque ou de sel de potasse, contenant 2 grammes de sel par
litre, empêchaient la levée de graines de betterave semées dans des sols
artificiels dépourvus d'humus. Il n'en fut pas de même dans une bonne
terre arable.
» Partout oii des manques se produisirent, des betteraves provenant de
pépinières en pleine terre furent repiquées dans des sols artificiels, puis
éclaircies peu à peu, de telle sorte qu'il n'est resté que trois betteraves dans
chaque tonneau.
» Presque toutes les betteraves furent arrosées avec de l'eau de la Ville;
quelques-unes cependant reçurent de l'eau distillée pendant toute la durée
de la végétation, lorsque nous voulions nous mettre à l'abri de l'influence
des sels qui existent dans l'eau ordinaire; dans quelques essais enfin, nous
avons cultivé des betteraves dans de l'eau contenant des engrais chimiques
entièrement solubles.
» Le premier fait intéressant qui ressort de nos expériences, c'est qu'il
( 7«' )
est possible trnhtruir des beltoraves pesniit de 700 à 800 grammes dons des
sols artificiels qui ne contenaient pas dMmmiis. Ces sols, formés tantôt de
s.ible pur, tantôt de calcaire pur, tantôt d'un mélange de sable, de calcaire
et d'argile, n'ont reçu que des engrais chimiques.
» Il résulte de cette observation que V humus 17 est pas indispensable nu dé-
veloppement de la betlernve, et que, dans les conditions de nos expériences,
le sol paraît agir comme un simple support.
» Ces faits s'accordent avec ceux qui ont été constatés souvent par M. G.
Ville; nous ajouterons même qu'en employant à poids égaux, dans nos sols
artificiels et dans une bonne terre de Picardie, les engrais chimiques conve-
nablement choisis, il nous est arrivé quelquefois d'obtenir de phis grosses
betteraves dans les sols artificiels que dans une terre riche en humus. Il est
bien entendu que nous ne parlons ici que des expériences faites dans nos
tonneaux et sur des betteraves soumises à un arrosage abondant et régulier;
nous sommes bien loiii de vouloir étendre ces résultats nu delà de nos essais,
et de chercher à diminuer le rôle capital cpie jouent dans la terre arable
les malières idmiques, les composés azotoearbonés si bien étudiés par
M. Thenard, et dont les propriétés hygrométriques sont si précieuses pour
maintenir les sols non irrigués dans un élat d'humidité convenable.
» L'influence des engrais chimiques sur le développement et le poids des
betteraves ressort nettement des observations suivantes.
» Un de nos toruieaux, contenant un sol stérile, n'avait reçu aucun engrais
et était arrosé à l'eau distillée. Les betteraves s'y sont développées d'une
manière bien incomplète : an moment de la récolte, elles ne pesaient que
25 grammes; celles qui sont veiuies dans les mêmes conditions, mais qui
ont été arrosées avec de l'eau ordinaire, |iesaient 35 grammes; le même sol,
contenant du superphosphate de chaux et du sel marin, a produit des bette-
raves dont le poids s'est élevé à ffC) granunes; la subslilution du chlorure
de potassium au sel marin a porté le poids des belteraves à 78 grammes.
Ici l'influence de la potasse sur le développement de la betterave paraît sen-
sible : nous avons confirmé ce fait intéressant en cultivant des betteraves
dans un sol stérile ne contenant comme engrais que du siqierphosphate tie
chaux et arrosé avec de l'eau distillée. Le poids des betteraves, dans ce cas,
n'a pas dépassé 53 grammes.
» Ces faits démontrent d'une manière évidente que l'azote est indispen-
sable au développement de la betterave, et qu'en l'absence d'un engrais
azoté dans le sol les belteraves restent à l'état rudimenlaiie; mais toutes
nos expériences établissent aussi que les résultats sont bien différenis Inrs-
C.R., 1875, l"'' Sen,r.<lr,!. f T. I.X X X , ?« " I 2 .^ ""
( 7^0
qu'aux ongrais minoraux contenant de l'acide phosphoriquc, de la potasse
et de la chaux, on ajoute des substances azotées.
» En cultivant des betteraves dans un sol artificiel contenant du sul-
fate d'ammoniaque ou de l'azotate de soude, nous avons obtenu des bette-
raves dont le poids s'est élevé à 34^ grammes; l'addition du superphos-
phate de chaux et du chlorure de potassium a porté le poids des racines
à yoo et 800 granunes.
» Notre but n'était pas seulement d'étudier l'influence qu'exercent les
engrais sur le poids des betteraves, mais aussi d'apprécier les causes qui
peuvent faire varier dans les racines la proportion du sucre. Cette ques-
tion est d'une grande importance, non-seulement au point de vue des
intérêts agricoles du pays, mais aussi sous le rapport de la physiologie vé-
gétale; il s'agit, en effet, de rechercher s'il est possible, en modifiant la
nature de l'alimentation d'une plante, de faire varier la proportion d'un
principe immédiat qu'elle sécrète.
» Nous avons donc déterminé avec le plus grand soin, dans de nom-
breuses analyses, les proportions de sucre contenues dans nos betteraves
nourries dans un sol artificiel, de composition connue et dont la fécondité
n'était déterminée que par des engrais chimiques.
» Nous pensions que le problème ainsi posé pouvait être facilement *
résolu; mais nous avons rencontré, dans cette partie de notre travail, une
difficulté très-sérieuse : en analysant les betteraves venues dans le même
tonneau et sous les mêmes influences, nous avons reconnu qu'elles présen-
taient souvent, dans leur richesse saccharine, des différences très-notables;
il nous est arrivé, par exemple, dans un tonneau contenant du sable pur
et arrosé avec une dissolution au millième d'azotate de potasse et de super-
phosphate de chaux, d'obtenir trois betteraves contenant 5,o — 8,9 — 9,4
pour 100 de sucre. Dans un autre tonneau, qui avait reçu au commence-
ment de la campagne ini mélange d'azotate de soude, de superphosphate de
chaux et de chlorure de potassium, les trois betteraves récoltées contenaient
12,6 — i5,9 et 18,2 pour 100 de sucre.
» Des faits de même nature se constatent du reste dans la grande cul-
ture : en analysant les betteraves que nous avions obtenues dans les carrés
du Muséum, nous avons trouvé des racines renfermant de3à9pourioo de
sucre; celles de l'Ecole de Grignon nous ont donné des nombres variant
de 9,4 à 18,8 pour 100 de sucre.
» Ces différences dans la richesse saccharine des betteraves sont elles
dues aux variations de la graine ou bien à l'action inégale des engrais qui
( 7«:^ )
ont été absorbés d'une manière irrégulièrePNous devons avouer que sur ce
point notre opinion n'est pas encore faite, et que dans nos expériences de
celte année nous ne trouvons pas d'indication précise sur la nature de l'en-
grais qui, dans la betterave, peut augmenter la production du sucre.
» Mais si sur ce point nous devons être d'une grande circonspection, il
est un fait capital que nous pouvons faire ressortir ici et qui résulte de nos
recherches, c'est que dans des sols sans humus, c'est-à-dire sans matière
organique azotée et par la seule action des engrais chimiques, nous sonunes
arrivés non-seulement à produire des betteraves d'un poids normal mais
aussi d'une richesse saccharine allant jusqu'à i8 pour loo.
» Jj'irnporlance de ce résultat, au point de vue de la culture, n'échappera
à personne, et nous chercherons cette année à régulariser ce qui s'est pro-
duit l'année dernière, dans nos expériences, d'une manière accidentelle.
» INous arrivons maintenant au point le plus saillant de notre travail : il
se rapporte à l'élude des circonstances qui peuvent amoindrir, dans une
betterave, la production du sucre.
)) Nous avons dit que nos betteraves ont été cidtivées non-seulement
dans des sols artificiels, mais aussi dans les carrés du Muséum. En analysant
les betteraves venues dans ce terrain, qui nous paraissait très-fertile et qui
recevait depuis longtemps des quantités considérables de fumier, nous
avons constaté que nos racines étaient très-pauvres en sucre. Des bet-
teraves qui nous ont été envoyées du déparlement du Nord et qui s'étaient
développées dans un terrain comparable à celui du Muséum nous ont donné
le même résultat.
1) L'idée nous vint alors de rechercher s'il n'existerait pas une relation
entre la quantité d'azote contenue dans le sol ou dans la betterave et la
proportion de sucre que présente cette racine; et si une betterave qui se
développe dans un sol fortement fumé et ayant à sa disposition une quan-
tité exagérée d'engrais azoté, n'aurait pas une tendance à former des sub-
stances albumineuses plulôl que du sucre.
» Ainsi, dans un tonneau qui a donné trois betteraves différentes conte-
nant 5, 8, 9 et 9,5 pour roo de sucre, nous avons constaté que la racine qui
ne renfermait que 5 poiu' loode sucre était beaucoup plus azotée que les
autres : elle contenait environ deux fois plus d'azote que celle qui avait
donné 9,5 pour 100 de sucre.
» Cette observation a été confirmée par l'analyse d'un grand nombre de
betteraves obtenues au Muséum ou recueillies soit à l'École de Grignon,
soit dans le département de l'Aisne et dans celui du Nord.
loi..
( iH )
» Sans vouloir donner eiicoie à ce principe nue piécision absolue, nous
|)ouvons (lire cependant qu'il résidle de nos observations que les betteraves
qui contiennent moins de lo |30ur loo de sucre donnent souvent à l'analyse
deux fois plus d'azote que celles qui arrivent à une richesse saccharine de
i5 à i6 pour loo. Nous avons constaté, en outre, que les betteraves les
moins sucrées étaient celles qui se développaient dans un sol très-azoté;
la terre du Muséinn qui a fourni ties betteraves Ires-pauvres en sucre ren-
fermait à peu près huit fois plus d'azote combiné que celle de Grignon qui
a donné des belter.ives d'une richesse exceptionnelle.
" Si ces premières observations se trouvent confirmées par celles que
nous allons suivre cette année, ou arrivera à une conclusion très-inatten-
due : c'est que, contrairement à l'opinion généralement admise, si les bet-
teraves qui se développent dans certains teirains sont |)eu sucrées, ce n'est
pas parce que ces terrains ont été appauvris par des cultures répétées, c'est,
an contiaire, parce que, sous l'influence d'abondanles fumures, ils sont de-
venus trop nches en azote.
M La pratique agricole semble du reste confirmer le principe que nous
venons d'établir; car aujourd'hui les fabricants de sucre ne se contentent
pas de fournir de bonnes graines aux cultivateurs, ils leur interdisent aussi
l'eiiiiiloi de certains engrais riches en azote. Si les substances azotées em-
ployées dans une mesure convenable sont indispensables au dévelop|)ement
de la betterave, on peut dire aussi qu'un excès semble nuire à la produc-
tion du sucre.
J'ai confirmé, les laits (jue nous avons observés pendant cette première
campagne nous permettent de poser les conclusions suivantes :
» i" hes betteraves peuvent arrivera un développement normal dans
un sol absolument privé d'humus, à la condition d'être arrosées régulière-
nienl et de recevoir des engrais reniermanl de l'azote, de l'acide phosplio-
rique, de la chaux et de la potasse.
M 2" Si nous ne considérons que le développement de la betterave, la
forme sons laquelle l'azote est employé parait presque indifférente; l'azotate
desonde, l'azotate de potasse, le sidfate d'ammoniaque, la matière organi-
que azotée exercent tous une action manifeste.
» 3° Les betteraves cultivées dans un sol artificiel agissant comme un
suj)porl et alimentées par des engrais chimiques convenablement choisis
peuvent contenir juscju'à 18 pour loo de sucre.
» 4" La nature chimiciue du sol ne parait |)as exercei d'influence sensi-
ble sur le devilo|)pemi'nt des betterave»; nous avons obtenu les mêmes
( 785 )
résultats dans des sols formés de silice pure, de calcaire ou d'un mélange de
silice, de calcaire et d'argile.
» 5° Les faits que nous avons observés cette année établissent que les
betteraves riches en sucre sont pauvres en matières albumineuses, tandis
que les betteraves qui contiennent une forte proportion de substance azo-
tée renferment peu de sucre. Si donc il est important, dans la culture de
la betterave, de choisir avant tout une graine de bonne nature, il faut sa-
voir aussi qu'on peut obtenir de mauvaises betteraves lorsque les bonnes
graines sont semées dans un sol qui contient une proportion exagérée d'en-
grais azotés.
» En terminant, nous sommes heureux de dire ici que, dans le cours
de nos expériences, M. Decaisne a bien voulu nous aider constamment de
ses bons conseils, qui ont pris le caractère d'une véritable collaboration. »
MlNÉKALOGlli. — Note sur l'éléinenl pyroxénique de la roche associée
an platine de l'Oural; par M. Des Cloizuaux.
« Depuis que notre confrère JM. Daubrée a publié son intéressante
Communication Sur l'association du platine nalij à des roches de péridot, je suis
parvenu à isoler de l'un des galets, mis sous les yeux de l'Académie dans sa
dernière séance, des grains laminaires du minéral qui en foraie la partie
dominante et qui a été désigné sous le nom de dinllage.
» J'ai donc pu étudier les caractères cristallograpliiqiies et optiques de ce
minéral, beaucoup mieux que cela ne m'avait été possible sur des lamelles
enchâssées dans les plaques très-minces, coupées au hasard pour montrer la
structure de la roche. Quelques-unes de ces lamelles s'étaient trouvées
polies parallèlement à la forme h* du pyroxène, et elles avaient montré au
microscope polarisant un système d'anneaux excentré, qui, rapporté à la
bissectrice néyatiue, était traversé à /jS degrés du plan de polarisation par
luie hyperbole bordée de bleu à l'intérieur et de rouge à l'extérieur. Ces
caractères, joints à la composition résultant de l'analyse faite au bureau
d'essais de l'Ecole des Mines et à la structure lamellaire de la substance,
paraissaient donc justifier son rapprochement de la diallage, si souvent
associée dans la nature à la serpentine. Mais les grains cristallins, une fois
isolés du galet dont il a été question plus haut, m'ont offert mi clivage ou
des plans de séparation très-faciles suivant la base et deux autres clivages
assez nets, quoique moins faciles, suivant les faces verticales du |jrisme
primitif du pyroxène.
(786 )
» Les lamelles minces qu'on en extrait, parallèlement à la base, sont
transparentes, d'un vert pâle et très-peu dichroites ; le système d'anneaux
qu'elles montrent dans l'air, au microscope polarisant, correspond à un axe
plus rapproché de la bissectrice aiguë posiVwe que de la bissectrice négative,
et, autour de l'hyperbole qui le traverse, on a du bleu à l'extérieur, du
jaune à l'intérieur. Dans l'huile, on parvient quelquefois à apercevoir les
anneaux correspondant au second axe, et l'écartement apparent des deux
axes y est approximativement de 7 1 à 72 degrés pour les rayons rouges. Or,
ces phénomènes optiques et la très-grande facilité à se séparer en lames
minces suivant la base constituent précisément les caractères propres aux
variétés laminaires du pyroxène connues sous les noms de saliUte, ataiite,
miissite, liédenhergite. La fusion au chalumeau ne produisant d'ailleurs
qu'un grain faiblement magnétique, il semble résulter des observations
précédentes que l'élément pyroxénique qui prédomine dans la roche de
péridot, serpentine et fer chromé, associée au platine de Nischné-Tagilsk,
est en réalité une saldile ferrilëre. »
M. Bous.siXGAULT donuelecture d'un Mémoire portant pour titre : « Ana-
lyses comparées du biscuit de gluten et de quelques aliments féculents ».
MM. P.Thenar», BouiLL.AiJD, Chevreul prennent la parole à l'occasion
de cette Communication.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant, pour la Section d'Anatomie et Zoologie, en remplacement
de M. P. Gervais, élu Membre de l'Académie.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 4'»
M. Joly obtient 28 suffrages.
M. Marion 8 »
M. Favre 4 »
11 y a un bulletin blanc.
M. JoLV, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est |)roclamé
e
âlu.
( 787 )
L'Acaflémie procède, par la voie du scrulin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de juger le concours pour le grand prix des
Sciences mathématiques à décerner en iS'^^S. (Etudier l'élasticité des corps
cristallisés au double point de vue expérimental et théorique.)
MM. Puiseux, Bertrnnd, Bonnet, Hermite, Fizeau réunissent la majorité
des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont
MM. Chasles et Jamin.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de décerner le prix Poncelet pour l'année 1875.
MM. Chasles, Puiseux, Rolland, Hermite, Phillips réunissent la majorité
des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont
MM. de Saint- Venant et Bertrand.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée déjuger le concours pour le prix de Mécanique
de la fondation Montyon (année 1875).
MM. Phillips, général Morin , Rolland, Tresca et Resal réunissent la
majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de
voix sont MM. de Saint-Venant et Yvon Villarceau.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de juger le concours du prix Plumey poiu' l'année
1875.
MM. Dupuy de Lôme, amiral Paris, amiral Jurien de la Gravière, Rol-
land et Tresca réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après
eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. le général Morin et Resal.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de juger le concours du prix Lalande (Astronomie)
pour l'ainiée 187$.
MM. Taye, Le Verrier, Lœwy, Liouville etJanssen réunissent la majorité
des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix
sont MM. Puiseux et Yvon Villarceau.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de juger le concours du prix Fourneyrou pour
l'aïuiée 1875.
MM. Rolland, Resal, Phillips, Morin et Tresca réunissent la majorité
des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus do voix
.sont MM. de Saint-VenaiU et Diqniy de Lôme.
( 788 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE. — Sur In dissolution de l' hydrogène dans tes métaux , et la
décomposition de l'eau par le fer. Note de MM. L. Troost et P. IIau-
TEFEl'lLLE.
(Commissaires : MM. Chevreul, Regnault, H. Sainte-Claire Deville.)
« Dans des recherches antérieures sur les alUages métalliques formés
par l'hydrogène (i), nous avons indiqué les caractères qui permettent de
distinguer ces combinaisons définies des dissolutions d'hydrogène dans les
métaux. Nous avons vu qu'à côté du potassium, du sodium et du palla-
dium qui peuvent se combiner à l'hydrogène, il est d'autres métaux qui
dissolvent simplement ce gaz. Le nombre de ceux qui jouissent de cette
dernière propriété paraît être considérable.
M Nous allons voir le fer, le nickel, le cobalt et le manganèse, que l'en-
semble de leurs propriétés chimiques réunit en un groupe naturel, pré-
senter de grandes analogies dans la manière dont ils se comportent en
présence de l'hydrogène aux diverses températures. La facilité avec laquelle
ils absorbent ou abandonnent le gaz hydrogène dépendant beaucoup de
leur état physique, il est nécessaire, pour se rendre compte des différences
observées, d'étudier ces métaux successivement eu lingots, en lames de
peu d'épaisseur et à l'état pulvérulent.
» I. Nickel. — Un lingot de nickel pur, fondu dans la chaux, a été
soimiis, pendant vingt-quatre heures, à la fem[)érature du rouge, à l'action
d'un courant de gaz hydrogène, et refroidi ensuite lentement dans ce gaz.
Le volume de l'hydrogène qu'on a pu en extraire dans le vide, au rouge, a
été 4- du volume du métal.
» Des lames de nickel, obtenues en décomposant par la pile le sulfate
double de nickel et d'ammoniaque, ont été chauffées dans le vide à 200 de-
grés; elles abandonnaient 4o fois leur volume d'hydrogène (2).
» Ces lames chauffées ensuite dans un couran* d'hydrogène jusque vers
(i) Comptes rendus, t. LXXVItl, p. 686 et Scj.
(2) Le gaz analysé ne nous a |>as fourni de qnantités sensililos d'a/.ole. Drs lanips piépa-
rées de la même manière, puis lavées et dissoutes dans l'acide thlorhydrique, ont fourni des
traces d'ammoniaque.
( 7«9 ) -
200 degrés et refroidies lentement dans ce gaz ont absorbé 16 fois leur
volume d'hydrogène, qu'elles ont abandonné dans le vide à 200 degrés.
» Clés mêmes lames placées pemlanl vuigt-qualre heures au pôle né-
gatif d'iui voltamètre ont absorbé environ 10 fois leur vt)liuue d'hy-
drogène (i).
» Le nickel pulvérulent a été obtenu en réduisant par l'hydrogène à
3oo degrés de l'oxyde de nickel ou un mélange d'oxyde de nickel et
d'alumine. Le nickel ainsi préparé est pyrophorique, connue l'a montré
Magnus (2). Dans le vide, il abandonne déjà à la température ordinaire
une certaine quantité d'hydrogène; mais, pourchasser complètement ce
gaz, il faut chauffer jusqu'au rouge sombre : le volume total du gaz aban-
donné est environ 100 fois le volume du métal.
« Soumis à l'action d'un courant de gaz hydrogène au rouge sombre, il
réabsorbe un volume d'hydrogène sensiblement égal a celui qu'U avait
abandonné.
» Le métal est encore pyrophorique après l'expulsion de l'hydrogèue.
» IL Cobalt. — Un lingot de cobalt pur, fondu dans la chaux, a été
soumis pendant vingt-quatre heures à la température du rouge, dans un
courant de gaz hyd»ogene, et refruidi ensuite lentement dans ce gaz. I^e
volume de l'hydrogène qu ou a pu en extraire dans le ville, au rouge, a été
seulement -^ de celui du métal.
» Des lames de cobalt obtenues en décomposant par la pde le sulfate
double de cobalt et d'ammoniaque ont été chauffées dans le vide à -200 de-
grés; elles abaudouuaient 35 fois leur volume d'iiytlrogène (3).
» Ces lames chauffées ensuite dans un courant d'hydrogène jusque vers
200 degrés, et refroidies lentement dans ce gaz, ont absorbé 24 fois leur
volume d'hydrogène, qu'elles ont abandonné dans le vide à 200 degrés.
» Ces mêmes lames placées pendant vingt-quatre heures au pôle négatif
d'un voltamètre ont absorbe 7 fois leur volume d'hydrogène.
(1) M. Raoult a constaté (Comptes rendus, t. I^XIX, p. 826) que le nickel poreux impur,
que l'on trouve en pains cubiques dans le commerce, placé à rélectrodc néfjutive d'un vol-
tamètre, absorbe i65 volumes d'hydroyène, (ju'il abandonne peu à peu la température
ordinaire. Ces mêmes cubes recouverts galvaniqucment d'une couche de nickel pur ne lui
ont pas paru dégager une quantité de gaz appréciable.
(2) Magnus, Annales tle Chimie et de P/iysit/uc, 2° série, t. XXX, p. n)3.
(3) Le gaz analysé n'a pas fourni de (piaiililé sensible d'arme. Des laiiicb préparées de la
même manière, puis lavées et dissolues dans l'aciile cidoiliyili upie, mit fnuiiii des liaces
d'auunoniaque comme le nickel.
C. R., iS-i. 1»' ^emtsiK. (T. LXXX, N^l'i.' '02
( 790 )
» Le cobalt pyropliorique perd son hydrogène dans le vide encore plus
facilement qnc le nickel. Au lieu de faire le vide, on peut chasser le gaz
condensé en mettant le métal dans un petit ballon mimi d'un tnbe à déga-
gement et rempli d'eau privée d'air. On chauffe à loo degrés: tout le gaz
se dégage en quelques heures. Le volume du gaz ainsi recueilli est environ
loo fois le volume du métal. Le cobalt est d'ailleurs encore pyrophoriquc
après l'expulsion complète de l'hydrogène.
» Soumis à l'action d'un courant d'hydrogène, au rouge sombre, il
réabsorbe un volume d'hydrogène égal à celui qu'il avait abandonné.
» in. Fer. — Nous avons précédemment établi (i) que i kilogramme
de fer doux en lingot peut dissoudre vers 800 degrés et abandonner ensuite
dans le vide, à la même température, 20 centimètres cubes d'hydrogène,
soit \ de son volume. Dans les mêmes conditions, i kilogramme de
foilte grise au bois dissout 88 centimètres cubes de gaz hydrogène, soit
plus de la moitié de son volume (2).
" On sait que le fer obtenu en décomposant par la pile le chlorure de
fer en présence du sel am.mouiac dégage, lorsqu'on le plonge dans l'eau
chaude, de l'hydrogène en même temps qu'une petite quantité d'ammo-
niaque, ainsi que l'ont constaté MM. Meidinger (3) et ^rœmer (4). Dans ces
derniers temps, M. Cailletet (5) a pu obtenir de cette façon un volume
d'hydrogène égal à 260 fois celui du métal.
" Le fer pyropliorique obtenu en réduisant àbasse température soit le
sesquioxyde de fer sevd, soit un mélange d'oxyde de fer et d'alumine (pré-
cipités de leurs chlorures par l'ammoniaque), abandonne comme le nickel et
le cobalt pyrophoriques, tout son hydrogène dans le vide, et, comme ces
métaux, il conserve la propriété de s'enflammer à froid dans l'air.
» Quant au vohune d'hydrogène que peut fixer le fer pyrophorique, sa
détermination présente des difficultés spéciales. Le mêlai perd à froid dans
le vide une partie du gaz qu'il avait absorbé. L'emploi de l'eau bouillie,
qui nous avait réussi pour obtenir l'hydrogène dissous dans le nickel
ou le cobalt pyrophorique, a donné avec le fer des résultats complé-
(i) Comptes rendus, t. LXXVI, p. 662.
(2) Nous avons constaté depuis qu'un fil cl'archal, durcissant légèrement par la trempe,
dissout au rouge à peu près \ de son volume d'hydrogène; le même fil après cémentation a
pu dissoudre i de son volume de ce gaz. La solubilité dugaz hydrogène dans l'acier augmente
donc avec la leneurde ce dernier en carbone.
(3) Dingl. Polytcch. Journ., t. CLXIII, p. 283.
(4) Arcli. Pharm., 2*^ série, t. CV, p. 284.
(5) Comptes rendus, t. LXXX, p. 319.
( 79' )
teiuent cliffôrents. En effet, le fer pyrophorique provenant delà réduction
d'un mélange d'oxyde de fer et d'alumine mis avec de l'eau privée d'air dans
un petit ballon muni d'un tube à dégagement nous a donné, lorsqu'on a
chauffé, un dégagement continu d'hydrogène : i gramme de fer pyropho-
rique dégageait ainsi lo centimètres cubes degaz par heure, et le dégagement
a continué jusqu'à ce que le fer ait été à peu prés complètement oxydé.
L'eau était donc décomposée vers 99 degrés par le fer très-divisé.
» Le fer pyrophorique provenant de la réduction à basse température
de l'hydrate de sesquioxyde de fer seul décompose l'eau avec une rapidité
presque égale à celle du métal mélangé à l'alumine.
» Quant au fer pulvérulent moins divisé que l'on obtient en réduisant
par l'hydrogène le sesquioxyde de fer qui résulte de la calcination de l'azo-
tate de fer, il décompose aussi l'eau vers 99 degrés; mais la décomposition
se fait beaucoup plus lentement. Le fer réduit du commerce et le fer spon-
gieux obtenu par la pile se conduisent comme ce dernier (i).
» Ne pouvant déterminer par immersion dans l'eau bouillante le volume
du gaz condensé dans le fer pyrophorique, nous avons essayé de le déter-
miner en maintenant le fer dans l'eau froide; mais ici encore nous avons
eu à constater la décomposition, quoique plus lente, de l'eau, (i gramme
de fer pyrophorique, maintenu dans l'eau privée d'air et à i5 degrés, a dé-
gagé régulièrement de l'hydrogène pendant deux mois.)
» En résumé, le fer, le nickel et le cobalt absorbent directement le gaz
hydrogène, sans qu'on puisse affirmer qu'il y ait combinaison : c'est ce
que nous avions déjà constaté pour le lithium et le thallium.
» Le fer, le nickel et le cobalt pyrophoriques condensent une plus grande
quantité de gaz que les métaux compactes; mais ce gaz se dégage complète-
ment avant le rouge, et les métaux dépouillés d'hydrogène continuent à être
pyrophoriques: cette propriété ne tient donc pas à la présence de l'hydro-
gène condensé.
» Enfin le fer tres-di visé présente une propriété qui ne se retrouve ni dans le
nickel, ni dans le cobalt; il décompose l'eau lentement à la température
ordinaire, et rapidement aux environs de 100 degrés. Ce métal se rapproche
ainsi du manganèse dont nous ferons connaître prochainement quelques
propriétés nouvelles. »
(i) La vapeur d'eau sous des tensions comprises entre 5 et aS millimètres est, de même,
décomposée yiav le fer à la température de 100 deyrés, ainsi que cela résulte d'expéiiences
de M. 11. Sainte-Claire Deville.
102.-
( 792 )
CHIMIE. — Êqnilihre chimique enlre les qaz : iode et hydrogène.
Noie de M. G. Lemoine. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Dumas, H. Sainte-Claire Deville, Fremy, Berthelot.)
« L'étude de la dissociation, si approfondie depuis les travaux de
M. H. Sainte-Claire Deville, offre encore une véritable lacune. Presque
toutes les déterminations ont été faites sur les systèmes non homogènes :
dans les expériences classiques de M. Debray, le carbonate de chaux solide
se décompose en chnnx et en acide carbonique gazeux. On ne connaît point
encore les lois de la dissociation des systèmes homogènes où un composé
gazeux se dédouble en deux éléments gazeux sous l'influence seule de la
chaleur (i). L'équilibre tend alors à s'établir entre les deux actions inverses
de la chaleur cl de l'affinité, dont l'une détruit et l'autre reforme le com-
posé. Comment la température et la pression influent-elles toutes deux
soit sur la limite, soit sur la vitesse de la réaction ?
» J'ai choisi un sujet aussi simple que la théorie pût le concevoir, la dé-
composition de l'acide iodhydrique. M. Hautefeuille a montré, par des in-
dications numériques importantes, qu'il y a là une véritable dissociation
{Comptes rendus, iSmars 1867). J'ai repris cette question, et j'en ai fait une
étude méthodique, analogue à celle que j'ai publiée sur le phosphore.
» Expériences. — Pour préciser l'influence de la température et de ii
pression, de nombreuses séries de déterminations étaient nécessaires. Les
températures ont été celles de 44^, 35o et 265 degrés, obtenues par le
soufre ou le mercure bouillant et par de grands bains d'huile convena-
blement réglés. Pour chaque température, on parlait soit de l'acide iodhy-
drique, soit de l'iode ou de l'hydrogène à équivalents égaux. Les pressions,
dans ce dernier cas, variaient méthodiquement entre 5""",! et o''"°,2. La
(i) M. Rimsen cti\T. Berlhelot ont trouvé que l'équilibre chimique entre certains gaz varie
par sauls brusques quanti on change la température et la pression (hydrogène et oxygène:
acétylène); mais les expériences ont été faites avec l'étincelle électrique, dont l'action toute
Incale n'est point comparable à celle de la chaleur. Des variations continues ont été obte-
nues par M. rSertlielot dans ses recherches sur l'élhérificalion ; mais, dans ce cas, l'équilibre
s'établit entre la tendance de l'alcool et de l'acide à s'unir et la décomposition de l'éther par
l'eau éliminée : il y a presque double décomposition. Enfin cinq expériences citées par
M. Hautefeuille sen)bleraient indiquer <pie la dissociation de l'acide iodhydrique est plus com-
plète quand la pression nugrnenlf ; mais l'action de la chaleur n'a certainement pas duré
assez longtemps.
( 79^ )
durée Hes expériences a été d'ime heure à iiii înois, en chauffant jour et
nuit sans interruption. Nons calculerons partout le rapport Je l'hydrogène
libre à l'hydrogène total introduit: si, en partant de l'acide iodhydrique,
ce rapport est 0,200, c'est que les 20 pour 100 de ce gaz ont été décom-
posés.
)) Chaque expérience comprend trois opérations : 1" fermeture d'un bal-
lon de verre, scellé à la lampe dans des conditions déterminées de tempé-
rature et de pression; 2° chauffage à température constante et refroidisse-
ment brusque pour saisir l'état chimique actuel du gaz; 3° ouverture du
ballon sur une dissolution saline (sel marin) : l'acide iodhydrique se dis-
sout; on mesure le gaz restant, on dose l'hydrogène libre avec l'eudio-
mètre de M. Regnault.
Proportion de gaz non combinés à ht tempi^ralitre dr 35o degrés.
Pression ^ /j'^"",'*
Hydrogène et indo
Pression = ^'''"\;i.
i" Hydrogène ot iode
(coorhe descendanle } ;
a" Acide iodhydrupie
( courbe moiit.mle )
Pression =^ r'"",ii
Hydrogène et iodo
Les loiignotirs horizontales représentent le temps en jours. Les longueurs verticale?, le
rapport de rhydrogène libre à Vhydrogène introduit (ïiydrogène libre persistant, si ron
part de l'iode et de l'hydrogène; mis en liberté, si l'on part de l'acide iodhydrique).
» Résultats. — On voit, par la chaleur, s'effectuer progressivement et la
combinaison de l'hydrogène avec la vapeur d'iode et la décomposition de
l'acide iodhydrique. Les deux systèmes inverses tendent vers luie seide et
même limite : l'équilibre se produit donc lentement entre les deux actions
contraires de la chaleur et de l'affinité; mais, ainsi que cela a lieu dans les
phénomènes d'éthérification, la vitesse de la réaction et la grandeur fie la
limite varient à la fois avec la température et avec la pression.
» 1° La vitesse de la réaction dépend par-dessus tout de la température
( 794 )
Pour atteindre l'équilibre, il faut compter par heures à /|/|o degrés, par
jours à 35o degrés, par mois à iGH degrés. Ainsi à aGS degrés, en chauffant
jour et nuit pendant un mois, on décompose l'acide iodhydrique, mais
seulement les 2 pour 100 de la masse et sans que la limite soit atteinte;
en chimie minérale, on n'a guère mesuré de réactions aussi lentes.
» La vitesse de la réaction varie aussi beaucoup avec la pression propre
au mélange de vapeur d'iode et d'hydrogène, c'est-à-dire avec le rappro-
chement des molécules de ces deux corps. Dans les gaz très-condensés, la
combinaison a lieu plus vite : c'est ce que montrent nettement les courbes
relatives à la température de 35o degrés.
» 2° La grandeur de la limite varie également avec la température et avec
la pression, mais d'une manière très-restreinte. La décomposition augmente
un peu avec la température : les 0,19 de l'acide iodhydrique se dissocient
à 35o degrés; les 0,21 à /^/^o degrés (pression de 2""", 5).
» L'influence de la pression sur la grandeur de la limite n'a été étudiée
d'une manière bien suivie qu'à 44o degrés, car à cette température seule-
ment l'équilibre est suffisamment rapide. Les différences constatées
semblent, toute discussion faite, un peu supérieures aux erreurs d'expé-
riences. Ainsi, quand la pression devient dix fois plus grande, passant de
o''"", 5 à 5""", I , la limite de décomposition varie de o,23 à 0,20. Le rappro-
chement des molécules rend donc la décomposition un peu moins com-
plète; mais la différence est à peine sensible, du moins dans les variations
de pression accessibles à l'expérience.
» Ces divers résultats me paraissent importants pour l'interprétation lo-
gique de plusieurs phénomènes chimiques, et spécialement pour l'expli-
cation physique du rôle des corps poreux dans les réactions. Je reviendrai
sur cette question, ainsi que sur d'autres expériences qui se rattachent à
celles qui sont rapportées ici.
H J'ai exécuté, moi-même, toutes ces déterminations à l'Ecole Polytech-
nique, dans le laboratoire de M. Fremy. »
CHIMIE iNDOSTlUlîLLE. — De C essai des élaiiUKjes coiUenanl du plomb ;
procédé d'essai rapide. Note de M. Foudos.
(Commissaires : MM. Balard, Peligot.)
K En continuant mes études sur les poteries d'étain, j'ai trouvé un
procédé d'essai des étamages plombifères qui permet d'expérimenter di-
rectement sur les vases élamés sans les mettre hors de service, si l'on a
( 795 )
soin d'opérer avec précauliou. Ce procédé a une certaine analogie avec
le mode d'essai des matières d'or par la pierre de touche; il est aussi ra-
pide et ne présente guère plus de difficultés dans son application. Voici en
quoi il consiste.
0 On dépose, avec un tube trempé dans l'acide nitrique pur, une couche
légère d'acide sur une partie quelconque de l'étamage, en choisissant de
préférence une place où l'étain se trouve en couche un peu plus épaisse :
l'action de l'acide se produit à froid ; les deux métaux, étain et plomb, sont
attaqués, et il se forme de l'oxyde stannique et du nitrate de plomb. Au
bout de quelques minutes, on chauffe légèrement, pour terminer la réaction
et faire disparaître les dernières traces d'acide (on peut du reste chauffer
immédiatement après avoir dé[)Osé l'acide), on laisse refroidir; alors, on
touche la tache pulvérulente produite par l'acide avec un tube trempé dans
une solution à 5 pour loo d'iodure de potassium : l'iodure est sans action
sur l'oxyde d'étain, et il donne, en réagissant sur le nitrate plombique, de
l'iodure de plomb jaune, qui sert à caractériser les sels de ce métal. Ce pro-
cédé d'essai est très-sensible et accuse la présence d'une quantité minime
de plomb. Aussi ne faut-il pas considérer comme étamage plombifère, ou
du moins comme étauiage additionné de plomb, celui qui fournit, dans cet
essai, une teinte légèrement jaunâtre ou d'un gris jaunâtre, car ce carac-
tère peut être obtenu avec des étamages à l'étain fin, attendu que ce der-
nier renferme souvent des traces de plomb.
» J'ai obtenu une coloration jaune en opérant sur une lame d'étain qui
ne contenait que i pour loo de plomb; la coloration jaune est plus intense
lorsque l'étain renferme une plus grande quantité de plomb.
» Dans ce procédé d'essai, il est utile de prendre quelques précautions :
on nettoie le vase, quand il a déjà servi, pour eidever une légère couche
graisseuse qui se trouve à la surface et qui pourrait nuire dans l'essai; on
ne touche que légèrement avec l'acide nitrique, en ayant soin d'expérimen-
ter là où la couche d'étain offre une certaine épaissein-, afin que I acide
n'attaque que la surface de l'étamage et ne pénètre pas jusqu'au métal
étamé, ce qui présenterait deux inconvénients, celui de mettre peut-être
le vase hors de service, et celui d'introduire, dans les prodtiits de la réac-
tion, un sel de fer ou de cuivre, qui modifierait plus ou moins la réaction
de l'iodure de potassium en mettant de l'iode en liberté.
» Lorsque le vase est étamé extérieurement, c'est sur cette partie que
l'on doit faire l'essai.
» J'ai déjà appliqué ce procédé d'essai à un certain nombre de vases éta-
( 796 )
mes, et j'ai pu constater que les étamages contiennent souvent une quantité
notable de plomb, contrairement à l'ordonnance de police du 1 5 juin 1862,
qui exige que les étamages soient faits à l'étaiii fin,
» Je me propose de poursuivre cette étude, qui me paraît avoir une
grande importance au point de vue de la sanlé publique, et j'espère pou-
voir adresser prochainement à l'Académie le résultat de mes oi)servalions. »
HVGIIÎINE PUBLIQUE. — J\ole relative à Hnfluence des racines des végélaux
vivants sur la pnlréfaction; par M. Jeaxnel. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Boussingault, Peligot et ïhenard.)
« Le projet d'assainir et d'utiliser les eaux des égouts de Paiis, en les
répandant sur 2000 hectares de cultines maraîchères, aux portes de Paris,
a causé des appréhensions à quelques hygiénistes. On s'est demandé si la
presqu'île de Gennevilliers, recevant chaque jour l'énorme apport de
240000 mètres cubes d'eaux putrides, ne deviendrait pas un dangereux
foyer d'infection et ne menacerait pas la sanlé des populations, à Genne-
villiers même, à Argenteuil, à Colombes, à Clichy, à Courbevoie, etc., et
même jusqu'à Paris, dont les quartiers nord-ouest sont à 2 kilomètres
seulement des terrains irrigués.
» Cette grave question paraît résolue par la pratique. Les habitants des
villages. les plus rapprochés, les cidtivateurs qui vivent sur le sol fertilisé
par les eaux d'égouts ne sont sujets à aucune des maladies qu'on serait
porté à redouter (fièvres paludéennes, affections typhiques).
M Cette immunité résidte de ce que les végétaux sont de puissants
agents d'assainissement. Sans doute; mais comment agissent-ils? Le fait de
l'assainissement des terrains marécageux, des cimetières, etc., par les vé-
gétaux est incontestable, mais il est purement empirique : la démonstration
scientifique n'en a pas été fournie jusqu'à présent.
» M'étant proposé de reconnaître l'influence des racines des végétaux
vivants siu" les liquides putréfiés et infects, j'ai institué des expériences
qui m'ont conduit aux conclusions suivantes :
» 1° Les racines des plantes en végétation ont pour effet d'arrêter
la putréfaction des matières organiques tenues en suspension ou en disso-
lution dans l'eau.
» 2" Les racines des végétaux vivants fonctionnent comme sources
d'oxygène, puisque, sous leur influence, les bactéries et les monades, fer-
( 797 )
ments anaérobies de la putréfaction, disparaissent et sont remplacés par les
infusoires aérobies qui vivent dans les eaux relativement salubres.
M 3° L'expérience directe confirme donc l'opinion vulgaire, qui attribue
aux végétaux la propriété d'assainir le sol imprégné de matières animales
en putréfaction. »
GÉOLOGIE, — Sur les iniils nntiirels du calcaire grossier;
par M. Stan. Meunier,
(Commissaires : MM. Ch. Sainte-Claire Ueville, Daubrée, Des Cloizeaux.)
« Les géologues étudient depuis de longues années les accidents dési-
gnés sous le nom de j)uits naturels^ et un grand nombre d'hypothèses ont
été imaginées pour en expliquer l'origine. Nous citerons spécialement un
Mémoire de INL Le Blanc, publié en 1842 dans le Bulletin de la Sociélé géo-
logique, parce qu'il traite des puits du calcaire grossier des portes mêmes
de Paris, puits sur lesquels notre attention s'est particulièrement portée.
Nous les avons étudiés surtout dans les carrières ouvertes sur le petit co-
teau qui porte le fort d'Ivry, et nous en avons observé d'autres ailleurs,
par exemple entre Valmondois et l'Isle-Adam. Ce sont toujours des cavités
cylindriques très-profondes, dont il arrive souvent de ne pas trouver le
fond, et dont l'intérieur est rempli de graviers mélangés de sable et d'ar-
gile rouge. On remarque toujours que la paroi calcaire est profondément
corrodée et comme pourrie; d'un autre côté, les puits sont comme dou-
blés d'tuie enveloppe d'argile fine, de couleur rouge très-foncée, qui consti-
tue une espèce de satbaude. Comme conclusion des études dont les puits
naturels ont été l'objet, dans le Mémoire cité plus haut, l'auteur émet l'avis
que ce sont des canaux d'éjection qui ont émis successivement les éléments
des terrains parisiens, et qui plus tard sont devenus absorbants comme ils
le sont aujourd'hui. Cette opinion est également celle de M, Melleville et
de plusieurs autres géologues. Cependant, telle n'est pas la manière de
voir de tous les savants qui ont étudié les acciilents qui nous occupent.
D'Archiac, de Senarmont et beaucoup d'observateurs anglais admettent
au contraire que les puits ont été creusés par les eaux ruisselant à la
surface.
» Nous avons pensé que l'observation pure et simple n'est pas suffisante
pour résoudre un problème de cette nature, et que la forme même des ca-
vités, tout irrégulière qu'elle soit, doit dépendre en partie du sens suivant
C,R.,l875, i"Semej(re.(T.LXXX, N» 12.) K^-^
( 798)
lequel a eu lieu l'attaque de la roche calcaire. Dans des expériences va-
riées, des blocs de calcaire furent soumis à l'action de l'eau acidulée à
divers degrés et arrivant sous des pressions inégales, tantôt par-dessus et
tantôt par-dessous. Des puits furent toujours creusés ainsi, mais de formes
essentiellement différentes, selon les cas, et se rapportant à deux types
principaux, tellement nets, qu'on reconnaît à la première vue s'ils ont été
forés par un jet ascendant ou par un jet descendant. Dans le premier cas,
on obtient une cavité conoïde, dout la pointe est dirigée en haut, et qui
conserve cette forme lors même que la perforation des blocs a été com-
plète. Avec un jet descendant, au contraire, la cavité est grossièrement cy-
lindrique et présente, dans ses irrégularités, les analogies les plus intimes
avec les cavités naturelles.
» En présence de ce résultat, il ne paraît pas possible d'hésiter plus long-
temps, et de penser encore que les puits aient été creusés par des eaux gey-
sériennes.
» Pour ce qui est du remplissage, il y a néanmoins lieu de distinguer
entre les différents éléments qui y contribuent. Les graviers, le sable et
l'argile rouge paraissent avoir trois origines tout à fait différentes.
» 1° Les graviers proviennent du diluvium, ainsi qu'on l'a dit déjà, et la
disposition de leurs lits montre, dans quelques cas, comment le forage des
puits a été progressif et lent.
» 2° En ce qui concerne le sable, on reconnaît qu'il représente nettement,
dans une foule de points, le résidu même de la dissolution du calcaire.
Dans les expériences citées plus haut, nos puits forés en dessus étaient
toujours remplis, à la partie inférieure, d'un sable quartzeux très-pur, iden-
tique (à la matière colorante près, simplement mélangée) au sable des puits
naturels d'Ivry : c'est ce que l'examen microscopique a confirmé. A cet
égard, on peut remarquer, eu passant, qu'ime bonne partie au moins des
sables moyens doit résulter de la dénudation du calcaiie giossier, à laquelle
certains fossiles eux-mêmes ont pu résister, comme on l'observe souvent
dans les couches inférieures des sables dits de Beauchamp, par exemple à
Anvers (Seine-et-Oise). Si nous insistons sur ce point accessoire de nos
éludes, c'est qu'il nous paraît de nature à rendre compte de certains faits
inexpliqués jusqu'ici, et, pour n'en citer qu'un exemple, de l'origine des
sables quartzeux de Rilly-la-Montagne. M. Hébert, cherchant à l'expliquer,
disait en i853 :
« Si l'on me domand.iit, à défaut d'une opinion positive, une hypothèse de nature à ex-
pliquer ce dépôt si singulier, je dirais que la silice de la craie de Meudon et du calcaire piso-
( 799 )
litliique me paraît tout aussi difficile à bien comprendre. Ce qui est certain, c'est qu'il arrivait
de la silice dans la mer crayeuse, qu'il en arrivait dans celle de la craie supérieure dont
notre calcaire pisolithique est un produit. Pourquoi, lors de l'émersion de ce dernier et des
dépressions que celte éniersion a laissées à la surface du sol, les eaux qui sont restées dans
ces dépressions, ou qui s'y sont réunies d'une façon quelconque, ne se seraient-elles point
chargées de silice, résidu peut-être de celte silice crayeuse dont le dépôt aurait affecté la
forme que nous voyons dans les sables de Rilly? Ce sable n'est pas cristallisé, soit; mais
nous ignorons dans quelles conditions il s'est déposé : ces conditions pouvaient s'opposer à
. l'état cristallin. i>
» Nous sommes arrivés, au conlraire, à voir dans ces sables un simple
produit de dénudalion. Voici comment M. Hébert admet que le dépôt des
sables de Rilly, dont l'épaisseur n'est guère supérieure à 7 mètres, a
été accompagné d'une dénudation de 100 mètres des roches plus anciennes,
c'est-à-dire surtout de celles qui font partie du terrain de calcaire pisoli-
thique. Or, ayant examiné de très-près la constitution minéraiogique des
marnes à poissons du mont Aimé, nous y avons reconnu, en abondance,
l'existence de petits grains quartzeux, rigoureusement identiques à ceux qui
constituent le sable de Rilly. En dissolvant ces grains dans un acide, ou
simplement en les soumettant à la lévigation, on isole un sable qu'il est
impossible de distinguer du produit naturel.
» 3*^ Enfin, pour l'argile rouge, la question d'origine paraît plus difficile.
Remarquons cependant que cette argile est identique à elle-même dans tous
les puits observés autour de Paris; qu'elle est de plus en plus pure, à mesure
qu'on l'étudié daqs des régions plus profondes, de façon que certaines ra-
mifications étroites des puits la contiennent à un état qui rappelle les
lithomarges des filons ; enfin qu'elle paraît fournir à l'analyse les mêmes
résultats que l'argile rouge nettement geysérienne qui accompagne la
phosphorite, par exemple : Penduré (Lot-et-Garonne), et réservons la ques-
tion de son origine pour une étude spéciale. »
PHYSIQUE. — Noie sur les rapports existant entre la nature des aciers
et leur force coercitive; par MM. Tkève et Dukassier.
(Commissaires : MM. Boussingault, H. Sainte-Claire Deville, Fremy, Jamin.)
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un nouveau travail sur le
magnétisme, que j'ai pu mener à bonne fin, grâce à la collaboration des
usines du Creusot. M. H. Schneider, directeur de ces usines, ayant bien
voulu s'associer à l'œuvre que j'avais en vue, je me mis en rapport avec
io3..
( 8oo )
M. L. Durassier, ingénieur-chef des travaux chimiques. Au bout de quel-
ques mois, M. Durassier m'a fait parvenir cinq catégories d'aciers, à teneur
en caibone rigoureusement dosée par la méthode si élégante de M. Bous-
suigault.
» Déterminer d'une manière précise la quantité de magnétisme que peut
emmagasiner tel ou tel de ces aciers, plus ou moins riche en carbone; dé-
terminer, en même temps, l'influence de trempes diverses sur ces mêmes
aciers : tel est le double but que je m'étais proposé d'atteindre.
» Pour cela, M. Durassier voulut bien me préparer quinze barreaux
d'acier, répartis en cinq séries diversement carburées de trois barreaux,
dont chacun devait recevoir une trempe particulière.
» Nous convînmes de tremper : à l'eau froide, à lo degrés; à l'eau bouil-
lante, à loo degrés; à l'huile, à lo degrés, après avoir porté les barreaux
à une température sensiblement uniforme, variant de 767 à 800 degrés,
mesurée au moyen du pyromètre électrique de M. C.-W. Siemens.
)) Voici le Tableau de répartition de ces quinze aciers.
0
c
s s
£ •?
■S' 1
DÉSIGNATIONS.
ACIERS
poi'los à 767 degrés
et
trempés à l'eau
h 10 degrés.
ACIERS
portés a Soo degrés
et trempés
à l'eau bouillante
à 100 degrés.
ACIERS
portés ;i 776 degrés
et
trempés à l'huile
il ] 0 degrés.
158
Aciers à o,()5o p. 100
(le caibone.
A,
47
A.
44
A,
92
Aciers à o,55o p. 100.
45
I',
3o
37
83
Aciers à o,5oo p. 100.
42,5
3o
37
75
Aciers à o,:i5o p. 100.
33,5
23
29
42
Aciers à o,25o p. 100.
i3
10
12
)) Dès que je fus en possession de ces barreaux, je les aimantai à satu-'
ration, et, avec le concours de notre constructeiu- de boussoles, M. Du-
moulin-Froment, je déterminai leur force magnétique par la méthode des
( Soi )
déviations en usage dans ses ateliers. Les chiffres placés en dessous des
lettres majuscules du tableau indiquent le maximum de déviation obtenu
ainsi.
» Le barreau A,, dosé à 0,950 pour 100 de carbone et trempé à l'eau
froide, a donné un maximum de déviation représenté par 47. Le barreau
Ao, contenant la même teneur en carbone, mais trempé à l'eau bouillante,
a donné l\f\. Le barreau A3, contenant encore 0,950 de carbone, comme
les deux premiers, mais trempé à l'huile à 10 degrés, a donné [\i. Voilà un
cas de l'influence de la trempe.
» Passons maintenant à l'influence de la teneur en carbone, et prenons
deux barreaux A, et E,, trempés tous deux à l'eau froide à 10 degrés. Le
barreau A,, dosé à 0,950 pour 100, donne47. Le barreau E,, doséà o,25o
pour 100 seulement, ne donne que i3.
» On peut parcourir ainsi l'échelle des teneurs en carbone; et, pour
marquer d'une façon plus nette les résultats obtenus, j'ai dressé, sur le
conseil de M. Dumas, trois courbes coirespondant aux trois trempes em-
ployées. J'ai l'honneur de les soumettre à l'Académie. L'influence de la
trempe y est manifeste.
» Au haut de l'échelle en carbone, le genre de trempe ne paraît pas
avoir une action tiès-marquée. Les équivalents magnétiques 47, 44» 43
diffèrent, en effet, bien peu l'un de l'autre. Si l'on descend l'échelle, celte
action se manifeste plus vivement.
)) Quant à l'influence de la teneur en carbone, elle ressort d'une façon
assez nette, c'est-à-dire qu'au maximum de carbone correspond le maximum
magnétique. Mais on remarque aussi un point de rebroussement commun
aux trois courbes, et commençant à l'équivalent en carbone 83, lequel
répond à o,5oo pour 100, ce qui indique que la force coercitive gagne fort
peu dans des aciers portés au-dessus de o,5oo à o,55o pour 100 do car-
bone.
» Ainsi pour o,55o pour 100 de carbone, on a 45, 3o, 37. La trempe à
l'eau froide reprend ses avantages et les conserve jusqu'au bas de l'échelle,
c'est-à-dire o,25o pour 100, point auquel ils s'évanouissent.
» Si donc les aiguilles de boussoles (aux proportions forcément si res-
treintes) ^doivent être fabriquées de façon à renfermer la plus grande dose
possible de carbone, évaluée à i,i5o pour 100, proportion des aciers à
outils, il n'en est pas de même pour les aimants destinés aux machines
magnéto-électriques, auxquels une teneiu' de carbone de o,5oo pour 100
semble suffire.
( 802 )
» La similitude que l'on constate entre les courbes magnétiques et les
courbes d'élasticité de tous ces aciers diversement carbures prouve que,
si le carbone donne de l'élasticité aux aciers, il leur donne aussi la capacité
magnétique. »
M. Decharme adresse une Note relative à un nouveau moyen de pro-
duire des vibrations sonores et des interférences sur le mercure.
I.e procédé indiqué par l'auteur consiste dans l'emploi d'un courant
d'air, dans un tube étroit dont l'extrémité vient affleurer à la surface du
mercure. Les conditions de l'expérience étant convenablement réglées, on
obtient des sons musicaux, et, à la surface du liquide, des ondes au moyen
desquelles on peut produire des interférences, des concamérations fixes et
symétriques, etc.
(Commissaires : MM. Fizeau, Desains.)
M. F. Garrigou adresse les résultats de nouvelles recherches sur les
eaux minérales des Pyrénées.
(Commissaires: MM. Peligot, Bussy, P. Thenard.)
M. Peaccellier adresse, pour le Concours du prix Poncelet, un Mémoire
sur l'application des systèmes articulés dits « à liaison complète » aux arts
et aux sciences d'observation.
(Renvoi à la Commission.)
M. J.-J. Cazenave adresse une « Histoire abrégée des sondes et des bou-
gies urétro-vésicales employées jusqu'à ce jour ».
(Commissaires : MM. Larrey, Gosselin.)
M. de Molon, à propos d'une Communication récente de M. Menier, rap-
pelle les observations qu'il avait publiées lui-même, sur la nécessité de la
division des nodules de phosphate de chaux, pour rendre leur emploi
efficace en Agriculture.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. J. Tardres adresse une Note relative à la réflexion de la lumière.
(Renvoi à l'examen de M. Desains.)
( 8o3 )
M. Maillard adresse une nouvelle Note relative au traitement du
choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant. )
MM. B. Dcr.As , A. Mornard , Barthélémy , A. Bouteille , Dupocx
adressent diverses Communications relatives au Phylloxéra.
( Renvoi à la Commission du Phylloxéra. )
CORRESPONDAIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Une Brochure de M. F.-X. Diri\ intitulée « Guide pratique pour con-
stater les falsifications du lait » ;
2° Une brochure de MM. P. Truchot et G.-E. Fredet sur « la lithine
dans les eaux minérales de Royat ».
M. le MiNisTRB des Affaires étrangères transmet à l'Académie une
Lettre du consul de France au Cap de Bonne-Espérance, l'informant de
l'arrivée à Table-Bay des Membres de la Commission chargée par le gou-
vernement des États-Unis d'observer, aux îles Rerguelen, le passage de
Vénus sur le Soleil. Ces observations ont généralement réussi, ainsi que
celles de la mission anglaise qui se trouvait également aux îles Rerguelen.
M. le Ministre des Travaux purlics adresse, pour la bibliothèque de
l'Institut, un exemplaire du Rapport de M. Belgrnnd, contenant le résumé
des observations faites pour le service hydrométrique du bassin de la Seine
en
1873
M, Boileau, élu Correspondant pour la Section de Mécanique, adresse ses
remercîments à l'Académie.
MM. Sivel, Crocé-Spinelli, G. et A. Tissandier, Jobert annoncent à
l'Académie le succès de l'ascension aérostatique entreprise par eux les aS
et 24 mars, sous les auspices de la Société française de navigation aérienne,
et avec le concours de l'Académie. Les aéronautes ont séjourné vingt-deux
heures quarante minutes dans l'atmosphère. Ils comptent communiquer
prochainement à l'Académie les résultats de leurs expériences et de leurs
observations.
( 8o4)
HiSTOinE DE LA SCIENCE. — Poiir compléter les informations relatives à
Srilomon de Caus, M. Dumas place sous les yeux de l'Académie la copie
d'un document qui existait dans les Archives de la Ville de Paris, où il avait
été découvert p;ir M. Read.
Extrait du i-egistrn des délibérations du Bureau île la T'ille de Paris, pour l'an 1621.
0 Le Prévost des IMarclians et Eschevins de la Ville de Paris qui ont veu les meinoires et pro-
positions présentées au Roy et a Nos Seigneurs de son conseil par Salomon de Caulx, Ingénieur
de Sa Majesté affin de luy estrefaict bail pour quarante ans du nettoyement des boues de ceste
ville moyennant la somme de soixante mil livres tournoys par an qui est le pris que l'on en
donne a présent et vingt mil livres aussy par an de resconipense, en quoy faisant il s'oblige
de faire a ses fraiz et despens une eslevalion de quarante poulces d'caue a jirendre dans la
rivière et la faire conduire en plusieurs endroicis de la ville. Scavoir dans trois moys au
cimetière Saint Jehan, trois moys après dans la rue Saint Martin, trois autres moys après
dans la rue Saint Denys, et dans autres moys après dans la rue Saint Honoré, les dictz mé-
moires a nous renvoyez par nos dictz Seigneurs du conseil pour en donner advis à Sa Ma-
jesté.
)i Remonstrent à Sa SLijesté et à nos dictz Seigneurs du conseil quil est très nécessaire de
donner ordre au nettoyement des boues et immondices de ceste dite ville et faulxbourgs et
rechercher toutes sortes d'inventions pour la tenir plus nette que par le passé; et a ceste fin
sont d'advis soniz le bon plaisir de Sa Majesté et de nos dictz Seigneurs du conseil d'entendre
aux propositions du dit de Cnulr, a la charge expresse de faire a ses frais et despens des
fontaines par voyer en certains lieux de ceste dite ville par ou il fera passer les dictz qua-
rante poulces d'eaue assavoir a la rue Saint Anthoine proche la croix Sainte Catherine dans
le cimetière Saint Jehan a la croix Saint Jacques de la Boucherie, a la rue aux Hours a la
rue de l'Homme armé au hault de la rue nenfve Saint Medericq, une près les Rillettes, une
près Saint Jacques de l'Hospital a la place aux Chats a la rue de Bethisy au pont Alex au
coing de la rue du Coq et de Saint Thomas et trois dans la cousture du Temple et terres
voisines commancées a bastir et une preslc Temple en Saint Martin, le tout pour la commodité
du publicq. Lesquelles fontaines le dit de Caulx sera tenu de nettoyer bien et deuement touttes
les boues et immondices qui ne pourront estre escoulées tant dans ceste ville faulxbourgs
que esgouts et a ceste fin avoir par luy une grande quantité de chevaulx et tomberaulx pour
enlever et transporter touttes les dites boues et immondices qui ne pourront esire escoullées
par les dites caues que doresnavant il ne puisse rccepvoir les deniers destinez an payement
du dit nettoyement (ju'il ne rapporte des diclz Prévost des Marchands et Eschevins comme
la Ville sera nette et en bon estât. En quoy faisant ils bailleront place au dit de Caulx proche
la rivière vers l'arcenal ou ailleurs qui sera jugé le plus proche pour faire le pavillon qu'il
entend faire pour l'eslevation des diclz quarente poulces d'eaue.
» Fait au Bureau de la Ville le mardy trentiesme jour de mars mil six cens vingt ung.
» Signé : d'Amours du Buisson. J. Goujon. »
Salomon de Caus est mort à Paris en 1626.
( 8o5 )
GÉOMÉTRIE. — Sur quelques conséquences d'un théorème général relatif à un
implexe et à un sjstèmc de surfaces. Note de M. G. Fouret, présentée par
M. Chasles.
« L'étude des implexes el des systèmes généraux de surfaces conduit à
des résultats également utiles, qu'on l'envisage au point de vue delà Géo-
métrie pure, ou au point de vue de ses applications à l'Analyse. Considérés
comme mode de représentation de certaines équations aux dérivées par-
tielles, les implexes et les systèmes de surfaces pourront, dans certains cas,
fournir l'expression analytique de l'intégrale générale de ces équations.
Nous sommes arrivé à intégrer de la sorte une classe assez étendue d'équa-
tions aux dérivées partielles du premier ordre dont, à notre connaissance,
on n'avait pas encore obtenu l'intégrale. Nous espérons être en mesure
assez prochainement de publier ce travail.
)) Considérés comme êtres purement géométriques, les implexes et les
systèmes de surfaces constituent en quelque sorte des types très-généraux,
dont on peut faire dériver un nombre presque indéfini de types secon-
daires, n'ayant souvent aucun lien apparent, comme les surfaces algé-
briques, les réseaux de surfaces, les congruences de droites, etc. La notion
des implexes établit ce lien et rattache les unes aux autres des propriétés
à première vue très-différentes, en en faisant de simples corollaires d'un
même théorème beaucoup plus général. Ainsi ressort une fois de plus le
caractère propre des méthodes de la Géométrie moderne, qui, suivant les
termes de M. Chasles (*), est de « pénétrer jusqu'à l'origine des ventés et de
» mettre à nu la chaîne mystérieuse qui les relie entre elles, »
» La présente Communication a pour objet un théorème d'une grande
généralité sur les implexes et les systèmes de surfaces, que nous démon-
trerons et dont nous tirerons ensuite un certain nombre de conséquences
presque immédiates.
M Théorème L — Le lieu des points de contact des sui faces d'un implexe
(9, y) avec les surfaces d'un système (a, v, p) est utie surface de l'ordre
(a -h v) ^ + IJ.0.
» L'enveloppe des plans tangents communs correspondants est une surface de
la classe (v + p) 9 -+- p5.
» Il suffit évidemment de démontrer l'une des deux parties du théorème,
la seconde par exemple; car l'autre s'en déduira aussitôt en verlu du
(') Rapport sur les progrès (le la Géométrie^ p. 80.
C.R.,i8-j5, i«r Semestre, (.T. LXXX, N" 12.) ' o/j
( 8o6 )
principe de dualité. Cherchons, à cet effet, le nombre des plans tangents à
l'enveloppe qui passent par une droite quelconque D.
» Le lieu des points de contact des plans tangents menés par D aux sur-
fiaces de l'iraplexe(ô, (p) est une surface (S) de l'ordre ô +• y, dont 5 nappes
se croisent suivant D (*). D'autre part, le lieu des points de contact des
mêmes plans avec les surfaces du système (;j., v, p) est une courbe C
d'ordre v -+- p qui coupe D en v points (**). Le nombre total des points
d'intersection de (S)etde C est par conséquent égal à (ô + 9) (v -h p) (***).
Or ces points sont évidemment les points de contact de deux surfaces ap-
partenant l'une à l'implexe, l'autre au système, à l'ejcception de ceux qui
sont situés sur D. Ces derniers, au nombre de v, sont multiples d'ordre d et
comptent ensemble pour vô. Par suite l'enveloppe cherchée est une surface
de classe (9 + y) (v + p) — vO = (vp) y + pQ.
» CONSiîQUENCES. — Dans le cas où l'implexe se réduit à une surface du
in"^'"^ ordre, et le système à une courbe plane ou gauche du p"'""' ordre, on
a 6 ^ o, ip = tu, |x = o, V = o, p = p, et l'on retrouve ce théorème bien
connu sur lequel nous venons de nous appuyer dans la démonstration |)ré-
cédente, à savoir qu'wne surface du m^^'"^ ordre et une courbe plane ou gauche
du p"""" ordre se coupent en mp points {"")■
» On retrouverait pareillement la propriété corrélative.
» Le système (p., y, p) restant quelconque, si l'implexe se réduit à une
surface du m"""" ordre, la seconde partie du théorème I donne l'énoncé
suivant :
» Thi<:orÈme IL — L'enveloppe des plans tangents aux surfaces d'un système
([J.,v, p), aux points oii celles-ci coupent une même surface du »;""'"<■ ordre, est
une surface de la classe m[v + p).
)) On obtient de même la propriété corrélative qui suit :
» Théorème IIL — Le lieu des points de contact des surfaces d'un système
[p., V, p) avec les plans tangents d'une surf ne de n"''"^ classe est une surjace de
degré n(^\}. H- v).
(*) Comptes rendus, t. LXXIX, p. 689.
(**) Comptes rendus, t. LXXX, p. 170. Généralisation d'un théorème donné par M. de
Jonquières, t. LVIII, p. 567.
(**') Voir une démonstration géométrique de ce théorème [Bulletin de lu Société mathé-
inati<iue, t, I, p. 128).
(****) Voir une démonstration géométrique de ce théorème ( £«//t'?/« de ta Société mathé-
matique, t. I, p. 258).
(8o7 )
» Dans le cas où l'iniplexe se résout en une congruence de droites [9, tp),
le théorème I devient :
» Théorème IV. — Le lieu des points de contact des surfaces d'un système
{jj., V, p) avec les droites d'une congruence [Q, 9) {*) est une surface de iordre
{[Ji+ v)d -h p.a>.
» L'enveloppe des plans tangents correspondants est une surface de la classe
(v -H p)cp -+- pd.
n En particulier :
» Théorème V. — Le lieu des points de contact des surfaces d'un système
(/x, V, p) avec les droites s' appuyant sur deux courbes, planes ou gauches, de
degrés p et q, Cp et C^, est une surface de l'ordre (ap. + v)/3f/.
» On voit de plus immédiatement que le lieu a p. nappes se croisant sui-
vant chacune des courbes Cp et C^.
» Si l'iniplexe est formé de sphères ayant leur centre sur une courbe C^
de degré p, on a. 6 = <p = p, et le théorème I donne l'énoncé suivant :
M Théorème VI. — Le lieu des pieds des normales menées par les divers points
d'une courbe de degré p, Cp, aux surfaces d'un système [p., v, p), est une surface
de iordre [2p. + v)p, dont p. nappes se croisent suivant Cp.
» L'enveloppe des plans tangents correspondants est une surface de la classe
(v + 2p)p.
» Le système {ix, v, p) peut consister en un faisceau de surfaces du
jj^ième ordre . alors a =1, v = 2 (m — i), ^ = 3(7W — i)% et l'on obtient le
théorème suivant :
» Théorème VIT. — Le lieu des points de contact des surfaces d'un implexe
[Q, (f) avec les surfaces d'un faisceau du m'"'"^ ordre, sans singularités, est une
surface de l'ordre [im — i)Q -\- y, dont Q nappes se croisent suivant la courbe
fondamentale du faisceau.
» Dans le cas où l'implexe est formé de sphères ayant leur centre sur
une courbe plane ou gauche de degré p, Cp, le dernier théorème donne
le suivant :
» Théorème VIII. — Le lieu des pieds des normales abaissées des divers points
d'une courbe plane ou gauche de degré p, Cp, sur les surfaces d'un faisceau algé-
brique du 771'"'"^ ordre, sans singularités, est une surface de degré imp, qui
(*] Le théorème XXI, sur les congruences, île ma Communication du 21 septembre der-
nier {Comptes rendus, t. LXXIX, p. 698) avait déjà été donné auparavant par M. Halphen
[Bulletin de la Société mathématique, t. I, p. 255 ).
104..
( 8o8 )
contient comme ligne simple la courbe Cp, et dont p nappes se croisent suivant
la courbe fondamentale du faisceau.
» En particulier :
» Théorème IX.— Le lieu des pieds des nornmtes abaissées des divers points
d'une droite D sur les surjaces d'un faisceau algébrique du m"''"'^ ordre, sans
singularités, est une surface de degré 2m, qui contient la droite D et la courbe
fondamentale du faisceau.
» Ce théorème se démontre aisément d'une manière directe, à l'aide
d'une rotation infiniment petite du faisceau autour de la droite D.
» L'intersection complète de la surface du lieu (VIII) avec chacune des
surfaces du faisceau est de degré 2m- p. Eu en déduisant la courhe fonda-
mentale du faisceau, qui est de degré m^ et qui compte p fois dans l'inter-
section, il reste une courbe de degré nrp; par suite :
» Théorème X. — Le lieu des pieds des normales abaissées des divers points
d'une courbe d'ordre p, Cp, sur une surface algébrique du m'^'"'' ordre, est une
courbe d'ordre m- p, qui rencontre Cp aux nip points d'intersection de cette
courbe avec la surface.
» En remplaçant la courbe Cp par une droite, on retrouve un théorème
que M. Mannheim a donné dans ces dernières années, et dont il a déduit
diverses conséquences relatives aux normales et aux normalies d'une sur-
face (*).
» Du théorème VIII on déduit encore facilement le suivant :
» Théorème XI. — Le lieu des pieds des droites twrmales aux swf aces d'un
faisceau du m'""^ ordre., sans singularités, et s appuyant sur deux courbes Cp et
Cy, d'ordres respectivement égaux à p et à g, est une courbe d ordre 3 m- pq,
qui rencontre chacune des courbes Cp et Cq en zmpq points.
» En particulier :
1) Théorème XII. — Le lieu des pieds des droites normales aux surjaces
d'un faisceau du m"'""^ ordre, sans singularités, et s'appuyant sur deux droites
fixes, est une courbe d'ordre 3/k*, qui rencontre chacune des droites fixes en
2ni points.
» Nous pourrions pousser plus loin ces déductions ; mais les exemples qui
précèdent nous paraissent suffire pour montrer la fécondité des théorèmes
du genre de celui que nous avons énoncé en commençant, et que nous
avons démontré avec une si grande simplicité. »
(*) Comptes rendus, t. LXX, j). loaS.
( «09)
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur unc méthode de calcul des pcrtuvhalions absolues
des comètes. Note de M. Hcgo Gylden, présentée par M. llermitc.
« Dans tous les cas où la solution du Problème des trois Corps peut être
effectuée au moyen des développements suivant les puissances et produits
des forces perturbatrices, la difficulté principale est ramenée à l'évaluation
des deux quadratures consécutives, dont la première peut être mise sous la
forme
« ^•=/(^r'
Dans cette formule, on a désigné par s l'anomalie excentrique du corps
troublé (la comète); par <I> une somme des fonctions trigonométriques de
£, ainsi que de l'anomalie excentrique s' de la planète troublante, ces fonc-
tions multipliées par certains coefficients numériques, et enfin par (A)
la distance mutuelle des deux corps. Eu l'exprimant comme une fonction
de £ et de e', on peut donner à (A) la forme suivante :
(A)^ = a, -+- ht C0S2 + c, sin£ h- r/, cosie
— («2 -1- h^ cos£ H- Cn sins) cose'
— («3 H- Z'j cos£ -i- C3 sine) sins' -H a^ cos2£',
rt|, b,,. .. étant des coefficients invariables dépendant des éléments ellipti-
ques. Pour effectuer l'intégration de l'équation (i), on est porté à développer
!a puissance (A)"" en série; mais, le résultat obtenu decette manière, les ano-
malies £ et e' étant considérées comme argument, ne jouit pas d'une con-
vergence suffisante, le minimum de (A) n'étant pas au-dessus d'une cer-
taine limite. Au contraire, l'orbite du corps troublé étant fortement
excentrique et le minimum de la distance mutuelle d'une certaine petitesse,
les séries en question seraient presque tout à fait impraticables pour le
calcul numérique. Pour éviter cet inconvénient, M. Hansen a inventé la
méthode des partitions, communiquée dans un Mémoire couronné par
l'Académie des Sciences de Paris. Nous rappellerons en peu de mots son
principe. Dans les diverses portions de l'orbite de la comète, on introduit
de nouvelles variables au lieu de £, de sorte que la partie de (A)- dépen-
dant d'une telle variable soit bien moindre que l'autre partie. Désignons
ces deux parties par E et D, de sorte qu'on ait
(A)- = D-t-E;
on peut, en effet, par des substitutions convenables, rendre le rapport -^
( 8io)
aussi petit qu'on le désire. Cependant, par suite des opérations indiquées,
savoir : substitutions des nouvelles variables, dites anomalies partielles^
dans l'expression de dY, on est conduit à y introduire aussi l'angle
c'= c'g — |j.Co + iJ.2tnn comme variable; l'expression dans laquelle on a
désigné par Cp et Cq les anomalies moyennes correspondant à l'origine du
temps, par p. le rapport des moyens mouvements, et enfin par m un entier
signifiant le nombre de révolutions du corps troublé écoulées dans le même
temps. Au moyen d'une anomalie partielle et de la variable discontinue c',
on est en état d'éliminer l'anomalie s.'.
» On est facilement convaincu que le développement de (A)""", suivant
les multiples de l'anomalie partielle, sera très-convergent à mesure qu'on
fera le rapport ~ petit; cependant la couvergence suivant l'argument c'
peut être d'une extrême lenteur, comme, en effet, on a eu occasion de
le voir dans l'exemple calculé par M. Hansen dans le Mémoire mentionné
ci-dessus. 11 paraît donc d'une importance extrême de trouver des mé-
thodes par lesquelles on puisse développer la puissance (A)~" de ma-
nière que la couvergence suivant les deux variables soit très-rapide. Voici
un moyen qui s'appuie sur l'introduction d'une intégrale elliptique comme
argument au lieu de c'.
» En désignant par nig, m,,..., «,,... des fonctions de l'anomalie par-
tielle, on obtient pour (A)- l'expression suivante .
[A]- = lUg + m, cosc'h- m^ cosac'+ . , .
+ 71, sinc'-t- rio sin 2c'+ . . . .
» On peut remarquer que les fonctions /«„, 111,,... sont soumises à des
variations d'autant plus petites qu'on a fait le module du rapport - peu
sensible; en outre, les coefficients m^ et «o sont du premier ordre par rap-
port à l'excentricité de la planète troublante, ^3 et n^ du deuxième ordre,
et ainsi de suite. L'expression précédente de (A)-' peut être transformée de
la manière suivante. Soient x et j deux fonctions de l'anomalie partielle,
déterminées de manière que les termes dépendant de l'argument 2 c' dispa-
raissent dans le produit (1 -(- x cosc' -\- j sine') (A)-; on obtient, en intro-
duisant les notations (i -f- x cosc' + j sine') (A)- = T, -F Tj,
T, = m\ H- 1n^ cosc' -7- «', sine',
T2 = /M'3 cps3c' • l- m^ cos 4c' -h . . . + ri^ sin 3 c' + lî^ sin 4 c' -i- . . ,
(8ii )
un résultat de la forme
(A)"""=^ (i -I- arcosf'-f-j;' sine')' —
I II 1,
_t; t;
n
2.4
T?
■■]
» Les fonctions :retjr étant du premier ordre et To du deuxième, tous
les développements par rapport à l'argument c' convergeront rapidement
n n
à l'exception de ceux de T, % T," ,. . . . Nous nous réservons d'exposer,
dans une prochaine Note, le moyen par lequel on obtient des séries
nouvelles jouissant d'une convergence rapide, même dans les cas les plus
difficiles. »
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur les résidus de septième puissance.
Note du P. Pépin, présentée par M. Hermite.
« On sait que Jacobi a fondé la théorie des résidus cubiques sur la dé-
composition du quadruple des nombres premiers, dont la division par 3
donne i pour reste, en la somme d'un carré et du triple d'un autre carré
divisible par g; de sorte que, ce quadruple étant mis sous la forme
la valeur à laquelle se réduit le rapport —i suivant un module donné q,
permet d'assigner la classe à laquelle appartient le module q parmi les
résidus ou les non résidus cubiques pour le nombre premier p. Comme tous
les nombres premiers dont la division par 7 donne i pour reste peuvent
se mettre sous la forme ^ = L" + 7M% il est naturel de se demander si
la connaissance de la valeur à laquelle se réduit le rapport j-^) suivant un
module q, pourrait servir à déterminer la classe à laquelle ap[jartient ce
module parmi les résidus ou les nou-résidus de septième puissance rela-
tivement au nombre premier p, ou encore, dans le cas où cela n'aurait pas
lieu, s'il existe quelque facteur complexe du nombre p pour lequel on
puisse établir des lois de réciprocité analogues à celles qui sont fondées,
dans la théorie des résidus cubiques, sur la considération du facteur com-
plexe LdzSy/— iM. Telle est la question que je me suis proposée; je
donne ici les principaux résultats de mes recherches.
» Quoique la première partie de cette question ait été résolue négative-
ment, j'énoncerai néanmoins une règle simple poiir calculer, au moyen
(8,2 )
des Tables d'indices de Jacobi [Canon arillimeticus), les deux nombres L, M
qui vérifient l'équation
p =:r 'JV; -h I r= Ij- + 7 M".
)) Au-dessous des nombres 2, 3, 4,--) P ~ 'i inscrivez leurs indices
réduits à leurs résidus minima positifs suivant le module 7; ajoutez à
chaque indice le double de celui qui le précède immédialement, et con-
servez le premier, celui de 2, tel qu'il est ; enfin réduisez toutes ces sommes
suivant le module 7, et comptez combien de ces résidus sont égaux à zéro,
à 1 ou à 3; si l'on désigne par a le nombre de ceux qui sont égaux à zéro,
par b ou par c le nombre de ceux qui sont égaux à i ou à 3, on aura
21^=2(7 — b — C, 2M = b — c,
» La seconde partie de la question posée a été résolue affirmativement.
La fonction E, , de Cauchy donne, dans la théorie des résidus de septième
puissance, des théorèmes tout semblables à ceux que nous avons énoncés,
dans une Note précédente, pour les résidus de cinquième puissance.
» Soit p une racine primitive de l'équation a' — i = o. Désignons par «,■
le nombre des termes de la suite
2, 6, 12,.,., /(/-m),..., (/j — 2);/) — i)
dont les indices, relativement au nombre premier /j et à la base i, sont de
la forme "joc -h i; on aura
1^1,1 =^ ?ip) = f!„ -^ a,p + a.,p- -h...^ a,,p\
et cette fonction o{p) vérifiera l'équation ç)(p)(p(p~' — /j.
» Posons
T(p'r?(p')
L— 3v— 3 M
Ce rapport ij>(p) joue ici le même rôle que le rapport ^ dans la
L 4- 3 V— 3M
théorie des résidus cubiques.
» Considérons d'abord un autre nombre premier de même forme
ç = 7^'+ I ; désignons par g une racine primitive de </ prise comme base
d'un système d'indices, et posons g^'^Es^ (mod. q). Le nombre /3 sera une
racine primitive de la congruence a' — i hï; o (mod. q).
» Enfin nous disons qu'un nombre appartient à la classe (/) pour le mo-
dule p et la base t lorsque son indice est de la forme 'jx + /, en remar-
quant que la mention de la base est inutile pour la classe (o), c'est-à-dire
(8i3 )
pour les résidus de septième puissance. Cela posé, notre loi de récipro-
cité pour les deux nombres premiers p — "jv; -^ i et q = 'jq' -h i est expri-
mée par le théorème suivant :
» Théorème I. — Si le nombre q appartient à In classe (/) relativement au
module p et à la base t, dont on a fait usa<je pour le calcul de la fonction ;R,_,,
ta valeur de l'expression <f (jS) (mod.(/) appartient aussi à la classe [i) relative-
ment au module q et à la base g.
n En faisant i = o, on a le théorème suivant :
» Théorème II. — Le nombre q est résidu ou non-résidu de septième puis-
sance relativement au module p, suivant que la valeur de l'expression >f((3)
(mod. q) est elle-même un résidu ou un non-résidu de septième puissance pour
te module q.
» Il existe aussi une réciprocité de septième ordre entre un nombre pre-
mier p de la forme 7^7 -f- i et un autre nombre premier q = 'jq' — i ; mais
elle repose, comme dans la théorie des résidus cubiques, sur la considé-
ration des racines imaginaires de la congruence .x**' — i eh^o (niod. q). Il
existe pour cette congruence des racines primitives dont les diverses puis-
sances donnent pour résidu, suivant le module q, toutes les autres racines.
Prenant l'une d'elles pour base, on peut distribuer toutes les racines en
sept classes, en rangeant dans une même classe [i) celles dont les indices
divisés par 7 donnent le même reste /. Toutes ces racines sont comprises
dans la formule/-}- g y/— 7 et vérifient la condition/^ + 7g^L-i^i (mod. q).
Soit X =y -t- g V — 7 la racine primitive choisie comme base d'un système
d'indices et posons X^'s^p (mod. q). La fonction 4'(/5) étant toujours le
rapport défini précédemment, Hi^~*) ^^* une racine delà congruence
x'"'' — I iEs o (mod. q}. Désignons par / son indice et par (/) le reste de la
division de cet indice par 7; (y) sera la classe du rapport i}(/3) relative-
ment au nombre 9 et à la base X. La réciprocité de septième ordre qui existe
entre les deux nombres premiers p el q est exprimée par l'égalité (y) = (/),
c'est-à-dire :
)) Théorème III. — Si l'on désigne par "k la racine primitive choisie comme
base d'un système d'indices pour la congruence x""^' — i sh o ( mod. ^), et qu'on
pose x''' ^^ /3 (mod. q)^ ']^[^j~^) est une racine de la congruence x""'' — i ;s o
(mod.q) cl appartient à une classe dont l'indice est le même que celui de la
classe à laquelle appartient le nombre q relativement au module p et à la base t.
y, Si l'on fait (/) — (o), on obtient le ihéorème suivant :
)) Théorème IV. —Le nombre q est résidu de septième jiuissance ou non
C.R., 1875, t" Semescrc. (T. LXXX, W' 12.) 'O^
( 814 )
résidu, relativement au module p, suivant que l'expression (j^dS) (mod.ç) est
elle-même résidu ou non résidu de septième puissance pour le module q.
» Le caractère de septième ordre du nombre 2 est exprimé par le théo-
rème suivant
» Théorème V. — Les coefficients du polynôme R, j = ip (js) sont tous pairs
à l'exception d'un seul. Soit a^ le coefficient impair; la classe (ï) à laquelle ap-
partient le nombre 2 relativement au nombre p sera déterminée par la con-
gruence r^3e (mod. 7).
» On conclut de là que le nombre 2 est résidu ou non résidu de septième
puissance, relativement au nombre premier p, suivant que dans le facteur
complexe (j) (^), défini plus haut, le coefficient (7o est impair ou pair. On
trouvera aussi les nombres premiers 'jzs -h \ , dont 2 est résidu de septième
puissance, en posant
et en cherchant ceux des produits 'p{p)<p[f>''') qui se réduisent à des
nombres premiers.
» Du reste, ce théorème n'est qu'un cas particulier d'un théorème plus
général, où 7 est remplacé par un nombre premier impair quelconque 7i, et
où p désigne un nombre premier dont la division par n donne i pour reste.
Les nombres entiers non multiples de p peuvent se distribuer en n classes,
par rapport à une racine primitive t de p ; on rapporte à une même classe (/)
tous ceux dont les indices divisés par ti laissent le même reste /. Si l'on
désigne par p une racine primitive de l'équation jo"— 1 — o, et qu'on
pose
H— I
5 = 1
les coefficients «„,«,, fio,..., «„_, seront tous pairs à l'exception d'un seul.
Soit «e le coefficient impair. La classe (/) à laquelle appartient le nombre 2,
relativement au nombre /j et à la base i, est déterminée par la congruence
/hes e(mod.7i).
» Le caractère de septième ordre du nombre 3 est vraiment remarquable
par sa simplicité; il se déduit de la seule considération des coefficients de
notie fonction R,, ,.
» Théorème VI. - Soil [i) la classe à laquelle appai lient le nombre 3 parmi
(8i5 )
les résidus ou les non résidus de septième puissance relativement ou module p
et à la base t. Cette classe (/) sera déterminée de l'une des deux manières sui-
vantes, selon les deux cas que peut offrir la division par 3 des coefficients
ag, a,, a^,... a^ de ç [p). Il peut arriver, en effet, que l'un de ces coefficients
soit seul à donner l'un des trois restes 0,1,2; ou bien quilj ait quatre coeffi-
cients donnant un même reste, tandis que les trois autres donneront l'un des
deux autres restes.
» Dans le premier cas, soit a^ le coefficient seul compris dans l'une des
trois formules 3Z, 3Z-Hi,3Z+2; la classe [i) du nombre 3 sera détermi-
née par la congruence
i == 2e (mod. 7).
» Dans le second cas, désignons par s la somme des indices des quatre
coefficients dont la division par 3 donne un même reste o, i ou 2 ; la
classe (/) du nombre 3 sera déterminée parla congruence
i^^ [\s (moJ. 7). »
ALGÈBRE. — Sur l'équation du cinquième deqré (*). Note de M. Brioschi.
« Appliquant les résultats établis dans le Compte rendu de la séance pré-
cédente, fonctions u, u, on trouve
(6)
si l'on pose, pour abréger,
*y» 'yi ry* ry^ /yi --w> f)f ly ___ 'V' 'Y* \
0 - — '■ CIq [ OC Q OC j OL 2 \ Oi ^ OC 2 OC ^ ~~r~ OC ^ OC 3 < * ^ i^" CL ^ (^ ^ «^ 0 " •-*' 4 -^ ^ »-* (
» Ces fonctions r, p et les autres r„, /,,... ; po? pi v» qu'on déduit d'elles
par la substitution ( ,-3 ^ ) (mod. 5), ont la propriété l'emarquable sui-
vante :
[*) Voir Comptes rendus, séance du 22 mars.
(7)
( 8i6)
par laquelle on obtient les deux relations
plrii'"— ry.pii"'== ^[ii"ô{iU — «.) + «T(wo - "2) -+- ""îi'U - "3)
+ «"(«^a - "4) + i'"î{ii, - «0)],
» Enfin, si l'on se rappelle que
lu- =h — 3c?, 2y= = h h- 3c?,
on aura, en opérant avec M, N,
2m= = 5V4V0, 2n;^=~5^4Vo,
^^^ ( 2/51^-^-5' 4'/, 2p= = 5*4'/.,
et, par conséquent, en posant m = 2 dans les relations (7), on aura
8.5*(/oC? + Z, 7') — nl{n, — 7<,) -l-^i^(7/o — "2) +■ . . ■ -h ui{ii, — ?/„).
» Or l;i quantité W considérée par M. Hermite est identique à l'expres-
sion du second membre de cette dernière relation (*); on aura ainsi
W=8.5V/„/5 + /,r),
ou, à cause des équations (6),
mW = 2.4'5»[/, M(î/)-/oN(h)],
et, en indiquant par P l'opération Z, M — Z^N, on aura enfin
mW = 2.4^5^P(î<) et semblablement uW = — a.4'5»P(t;),
» Les équations (5) donneront les trois suivantes :
(9) P(Z/) = o, P(c?)-o, P(;) = i5-(/„7«, -Z, /»„)=. |,J,
J étant l'invariant du dix-buitième degré, et l'expression y " = " + wu
donne
mais \Jz étant fonction de a, Z;, c et par conséquent de Ii, 0, j, on aura
p(vi) = f PW + f p(S)+f P(/),
(*) M. llermito a eu la bonté de nie faire connaître celle identité dans une lettre d'oc-
tobre 18G6.
( 8.7 )
ou, d'après les égalités (9),
» La relation qui existe entre l'expression '-j^ et celle dont M. Hermite se
proposait l'étude dans son travail de 18G6 étant démontrée de ceJte ma-
nière, je passe à la considération d'une seconde fonction qui a quelque
analogie avec la précédente, parce qu'elle s'obtient en opérant sur \/z
avec le symbole Q = m, M — ni^'N. On a évidemment
par conséquent la quantité Z donnée par la relation
v'Z = W^ + v5P(Vi) + ÇQ(vz),
dans laquelle ^, r,, Ç sont trois indéterminées, sera racine d'une équation
de la forme (i).
» Pour déterminer la valeur du coefficient A de l'équation en Z, je rap-
pelle que, en désignant par a, 7, /, m les covariants quadratiques et
linéaires (**),
a = («„,«,, «2) (a?, 7-)-, / = /,x^l,r,
et posant
p.= hi — 3/, V = {{hj — /"),
n = Iiv — iu., - ~ iv — JiJ.,
(*) On peut observer que
2ru' = i5'(2/(=— 2ï/i5 + 3.9(î')/„ — }4*5"/«„,
Ipu'=:— i5'(2/(-— 2l/i(î-t- 29^')/, -!-|4.'5"w,,
de sorte qu'on aura
B(p2rtt«— r2pa«) = }5»(2/i'— 21 Aiî + 29^')P(k) — ^■5"Q{u);
par conséquent la nouvelle fonction Q(v/s) se déduit de celles qu'on obtient en posant
/n = 6 dans les relations (7). Évidemment les fonctions V{\Jz), Q(\fz) sont les seules de
cette espèce.
(**) Annali di Matemntica, série II", vol. P. — Siilln rnpprcsentazionc tipica ilclle furme
binarie, Memoria dei signori Clebsch e Gordaii. — Théorie der Bimircn algcbmischcn For-
men, von A. Clebsch, p. 369; Leipzig, 1872.
(8i8 )
d'où résulte
J° = 2 iu.'j — h-j" — yfj.= — ^t — vff,
Q-" + 4 /j.= V = - hi\ Gz 4- 4 p-v= = - /J% T= + 4v' -^ - ;J%
on a les relations
J^a^i5«(5'«p-'«' 4^2.5«.c/w-4fAvZ-),
De ces dernières et des suivantes :
lr"-u- = ir-v'- = loha, - 4'. ^^ •/„, Ir^ ^ 4 • 5^ «„,
2rpfr = :£/-pu' = -io/i«, + 4\5=.7,, 2rp = - 4. 5-.a,,
2^^^^= = 2p=•J==^Io/^«,-4^5^7„ 2p== = 4-5^«2,
on déduit que
l{in,r-T-ni„p)-u- = l{in,r -i~ mop)-u^ = — ^,v{hix — 32 v),
2(/, r + l,p) [m, r + m,p) ir = 1(1, r-^/„p) {m, r + m,p) y= = - |p, (^a-Sat),
^(A /■ + Z„ P) ('«,'• + '«„ p) =- ^ <7,
et en observant que, à cause des relations (8), on a
I{l,r + /,,p)u- = — l{l^r + /„p)y= = o,
2(/?i,7--t-;K„p)tt'z= - I.{m,r-^~in^p)v-= ^'j,
on obtient
A = ^ [(A - 3aV^) 1^ + 32JSÇ + 5(Mv3^ - aS-zjÇ - 4MvÇ^)],
ayant posé S'.vî, 5'^Ç au lieu de v;, Ç et
M --^; {h + 40^/5) ,a - 32V, S --= {li + 49^5) ^ - 32t.
Enfin, en écrivant JS au lieu de ^, MÇ au lieu de Ç, on aura
A= ■ \jj = [(/i - 3(^s/5)?'^ + 32MSÇ + 5MKC'] + 5M(-/3 - SCj^l,
2 y 5 ( ' " \ - j y
( «19 )
la quantité R étant
» On voit que le coefficient A ne contient que les carrés des trois indé-
terminées I, -fi — (?Ç, 'Ç, et le produit ^Ç. »
ASTRONOMIE. — Sur ta température relative des diverses régions du Soleil.
Deuxième partie: Région équatoriale et régions polaires. Note de M. Lan-
GLEY, présentée par M. Faye.
« Laplace a montré qu'on peut déterminer l'épaisseur de l'atmosphère
du Soleil en comparant l'intensité de la lumière au centre de son disque
apparent avec celle des autres parties, et qu'on peut aussi, par le même
moyen, connaître la proportion de la lumière interceptée par cette atmo-
sphère. S'appuyant sur l'observation de Bouguer, à savoir que la lumière,
vers les trois quarts de la distance du centre au bord, est à celle du centre
comme 73 ', 100, et sur certaines suppositions relatives aux lois delà radia-
tion que les progrès de la Physique expérimentale ont peut-être modifiées
depuis, il arrive, comme on le sait, à cette conclusion que la lumière du
Soleil serait douze fois plus grande si cet astre était dégagé de son atmo-
sphère. L'insuffisance des données diminue la valeur de ce résultat parti-
culier; cependant la méthode de l'illustre géomètre peut nous conduire
encore à des conclusions d'un intérêt extrême, puisque, sans la connaissance
du pouvoir d'absorption de l'atmosphère solaire pour la chaleur rayon-
nante, il semble impossible d'obtenir aucune détermination digne de foi
de la chaleur absolue de sa surface.
» J'ai employé la méthode suivante. Faites mouvoir une thermopile par-
faitement abritée sur une échelle graduée, le long d'un rayon quelconque
d'une image fixe du disque solaire ; pour plus de clarté, plaçons d'abord
ce rayon sur le demi-grand axe de l'ellipse suivant laquelle se projette
l'équateur solaire. Au moyen de l'échelle, on choisit sur ce rayon un cer-
tain nombre de points entre le centre et le bord. On expose d'abord, pour
un temps défini, la pile à la radiation du centre de l'image, et l'on vérifie le
galvanomètre. Ensuite (et le plus vite possible) on transporte la thermopile
au premier point marqué sur le rayon, et là on l'expose pendant le même
laps de temps. Si l'on suppose la radiation constante dans ce court inter-
valle, en divisant le second nombre trouvé par le premier, on obtient une
fraction qui exprime le rapport de la chaleur qui a traversé l'atuiosphère
( 820 )
solaire en ce point à celle du centre. On compare ainsi séparément
chacun des points choisis sur le rayon avec le centre, et l'on répète les
observations jusqu'à ce que l'effet des erreurs accidentelles, causées parles
légères mais incessantes perturbations de notre propre atmosphère, soit
réduit à telle limite que l'on désire. Supposons maintenant qu'un nombre
égal de comparaisons au centre et aux points correspondants du rayon
• aient été exécutées, non plus pour la chaleur, mais pour la lumière par les
méthodes photométriques. Ayant le rapport de la chaleur et de la lumière,
comparées en chaque point du rayon solaire à celles du centre, ainsi ex-
primé par une série de fractions, on peut, par la méthode de Laplace,
obtenir, de l'une ou l'autre série, la profondeur de l'atmosphère solaire et
le montant de son absorption. S'il n'y a pas d'absorption élective, les séries
seront identiques. Si la chaleur est plus absorbée que la lumière, la com-
paraison de ces séries mettra le fait en évidence, et la discussion fournira
d'autres informations sur la nature de l'absorption élective.
u Cette comparaison de la chaleur a confirmé l'observation générale du
P. Secchi que la radiation de la chaleur va en décroissant du centre aux
bords du Soleil; mais le nombre et la précision de mes mesures m'ont per-
mis, en outre, d'étudier d'une manière très- approchée la loi de cette dimi-
nution, de montrer que la chaleur est moins absorbée que la lumière, et
que l'absorption principale de celle-là se confine à une couche extrême-
ment mince près de la photosphère. Ainsi, à une distance du centre égale
aux trois quarts d'un rayon, je ne trouve pas que la proportion de la cha-
leur émise soit d'accord avec celle de la lumière, telle que l'a déterminée
Bouguer : elle (la chaleur) est notablement plus grande, et cette différence
croit vers les bords, où elle devient très-marquée.
)) D'où il suit, ce me semble, que cette action ihermochroïque particulière,
déjà signalée dans ma première Note, ne se confine pas aux taches, mais
est une loi générale de l'atmosphère solaire.
» Dans l'absence actuelle de tache de grandeur convenable, je n'ai pas
encore déterminé la proportion de] la lumière du noyau. Sir W. Herschel a
trouvé qu'elle n'est que les m'u^ de celle de la photosphère, et, bien que
les taches diffèrent entre elles sous ce rapport, il y a une évidence indé-
pendante qui montre que son estime peut servir de première approxima-
tion. En l'employant à ce titre avec mes calculs propres sur la chaleur,
je trouve que nous recevons du noyau relativement noir d'une tache au
moins cinquante fois plus de chaleur que de lumière. Ce résultat remai*-
quable a été vérifié par deux méthodes indépendantes que je ne détaille
pas ici.
( 821 )
» Pour plus de clarté, j'ai supposé que les observations des radiations
thermiques comparatives avaient été faites sur un rayon fixe de l'image so-
laire. Si maintenant on suppose que ce rayon tourne jusqu'à ce qu'il soit
dans l'axe solaire de rotation (et ainsi de suite), et qu'on répèle toutes les
observations dans ces nouvelles positions, on aura évidemment obtenu le
moyen de décider si la radiation varie de l'équateur aux pôles comme sur
le rayon équatorial, ou si, comme on l'a généralement cru jusqu'ici, elle
diminue avec les latitudes solaires croissantes.
» Le P. Secchi a assuré que cette différence s'élève à -^ du tout, même
en comparant la chaleur équatoriale à celle du 3o^ parallèle solaire, nord
ou sud ; et ce fait supposé a conduit à des conclusions qui réagissent direc-
tement sur nos idées de la circulation et même de la constitution du Soleil.
Mes observations préliminaires n'ayant pas réussi à me faire retrouver cette
différence, j'ai senti qu'il était nécessaire non-seulement de multiplier les
observations, mais encore de les répéter par des méthodes indépendantes
de celle que je viens de décrire.
» Je n'ai trouvé aucune différence systématique semblable, ni de l'ordre
de grandeur précité, ni d'un ordre excédant l'erreur probable de mes me-
sures, erreur déterminée par plus de cent observations faites avec soin. Il
est théoriquement possible qu'il y ait de faibles différences systématiques
de chaleur, variant comme quelque fonction de la latitude solaire, et peut-
être pourront-elles être rendues sensiblespar de nouvelles observations plus
étendues; mais il paraît certain qu'il n'existe maintenant aucune différence
pareille à celle qui a été annoncée en i852.
» Remarquons ici que l'astronome distingué sur les rapports duquel la
croyance à la différence supposée s'appuie depuis longtemps a lui-même
fait observer, en l'annonçant, qu'elle ne pouvait être regardée comme
un fait acquis à la science avant qu'une longue série d'observations in-
dépendantes ne l'ait confirmée, restriction qu'il n'est que juste de rap-
peler ici.
» Ces résultats partiels d'une recherche encore en progrès à l'Observa-
toire d'Allegheny n'ont été donnés ici qu'avec l'imperfection inévitable
d'iui extrait; ils seront complétés par l'énoncé numérique de quelques-
unes des lois de l'absorption relative de la chaleur et de la lumière, aus-
sitôt que la réduction des nombreuses observations sur lesquelles ces lois
reposent aura été achevée. On y trouvera, j'espère, le moyen de calculer
avec une grande approxiuiation l'absorption totale de celte atmosphère et,
G. R., 1875, !«>■ Sem«(r(?. (T. LXXX, NO j'i.) ' 06
( 822 )
par suite, un des éléments indispensables à l'étude de la température abso-
lue de la surface solaire, but auquel tendent finalement les recherches
actuelles. »
GÉOMÉTRIE. — Sur un théorème de Géomélrie. Note de M. Lagcerre,
présentée par M. O. Bonnet.
« Dans l'avant-dernier numéro des Comptes rendus, M. Ribaucour a
donné cette élégante proposition, démontrée depuis géométriquement par
M. Mannheim : « Le rayon de courbure géodésique d'une courbe 2 à courbure
» normale constante est les ^ du rayon de courbure géodésique de la section
» plnne 2', ayant même tangente et surosculée par un cercle. »
» Considérons sur une surface quelconque deux courbes 1 et 1' se tou-
chant au point M. Soient p et /• le rayon de courbure et le rayon de torsion
de la courbe 2 au point M; zs l'angle que fait en ce point le plan osculateur
à la courbe avec la normale à la surface; désignons par des lettres accen-
tuées les valeurs des mêmes quantités relatives à la courbe 2'.
» Portons enfin sur chacune des deux courbes, à partir du point M, une
même longueur infiniment petite cls.
» On aura d'abord, en vertu d'une expression donnée par M. Ossian
Bonnet de la torsion géodésique,
(i) du ^ — dzs' y:
puis, en vertu d'une relation que j'ai donnée {Bulletin de la Société phi lo-
mathique, t. Vil, p. 5i),
■(2) tang^ i^dr. - 2^) + J ^P- = tangz.' (rfz.' - ^fj +1^,
ou encore, en introduisant, relativement à la première courbe, le rayon R
de la section normale à la surface et tangente en M à 2,
(2 bis) - i ^ + I tang v^ (^drô - -'^ = tang tô' (^fe' - ^ '^ j + i ± .
)' Supposons maintenant que 2 soit une courbe à courbure normale
constante et 2' la courbe plane ayant même tangente et surosculée par un
cercle ; on aura évidemment r/R = o, dp' = o et r'= oo .
» Les équations (i) et (2 bis) deviennent alors
dzô -= dzs' et I tang v; idzs —'—\ = tang zs' dis';
as
ds'
I
r
r
~ 7
( 823 )
d'où
tang st' = ^ tang vs^
formule qui est l'expression analytique du théorème ci-dessus énoncé.
M. OssiAN Bonnet présente, à propos de cette Note, les remarques
suivantes :
« La formule (2) qui complète, de la manière la plus heureuse, la re-
lation (i) que j'ai donnée en 1848, dans mon premier Mémoire Sur la théo-
rie générale des surfaces, me paraît d'une très-grande importance. Elle fait
immédiatement connaître, par exemple, la relation qui existe entre les
éléments du troisième ordre, relatifs à deux courbes osculatrices tracées
sur la même surface. Supposons, en effet, que les deux courbes 1 et 1'
soient osculatrices; nous aurons w = w', p = p', et la relation (2) don-
nera, en tenant compte de (i)
ds dp ds dn' us as
tangw -r - = tangw- ^ — > ou — = — p tangw.
<-> r a '-' r p '■ iw
Ce résultat est la traduction algébrique de celte généralisation du théo-
rème de Meusnier, énoncée par M.Mannheim : Étant donnée une série de
courbes tracées sur une même surface et osculatiices en un point a, les rectifiantes
des développées par le plan de ces différentes courbes aux points correspondant
au point a concourent en un même point. Il ne sera pas inutile d'ajouter que
la relation (2) a été donnée par M. Laguerre en 1870, tandis que
M. Mannheim n'a énoncé son théorème qu'en 1872. »
GÉOMÉTRIE. — Sur l'erreur de la formule de Poncelet relative à l'évaluation
des aires. Note de M. Chevilliet, présentée par M. Resal.
a On sait que cette erreur, dont on ignore le sens, est moindre en valeur
absolue que
Soit Y =j\x) l'équation de la courbe ; si l'on remplace
par leurs développements suivant les puissances de h, l'expression précé-
106..
( 824 )
dente devient
- I jn/(X) -/(^r„)] - ^^ [/"(X) +/'(x„)]
+ T:^t/"'(x)-/";(^„)]-..|
» Pour /i suffisamment petit, elle est sensiblement le triple de l'erreur
de la méthode des trapèzes
- ^ [/(X) -/(^o)] + ^ [/"(X) -/"(^o)] - • • -,
donnée par la formule d'Euler; mais ce n'est là qu'une limite supérieure.
En réalité :
» I . Si les termes qui suivent le premier sont négligeables, les erreurs
de la méthode des trapèzes et de la formule de Poncelet sont égales et de
même sens.
» 2. Quand on modifie la formule de Poncelet comme M. Piobert et
M. Parmentier ont été conduits à le faire, l'erreur se réduit à
c'est-à-dire qu'elle s'abaisse au troisième ordre.
» Les formules nécessaires pour établir ces propositions permettent de
retrouver très-simplement l'expression de l'erreur de la formule de
Simpson, que nous avons obtenue l'année dernière d'une manière directe.
Analyse.
» Erreur de l'aire circonscrite. — La surface de la courbe entre les or-
données jo et Js est, en désignant par F(x) une intégrale quelconque de
cl celle du trapèze circonscrit correspondant
a — 2hf{x„ -h h) — 2Îlf{Xo) + ^ /'(^o) -'r ^f'i^o) -h ■■■;
par conséquent
" - « = 3/ (^n) -1- y/" (^0) -I- -jî^y"(^r„) + . , .,
et, si l'on fait la somme de toutes les égalités semblables relatives aux au-
( 825 )
très éléments,
U - A = ^2/"(^0 -+- y ^/"W +-^^/'^' W +■-
en posant, pour abréger,
mais la formule d'Euler donne, en y remplaçant h par 2//,
h v/(.r) = \ [F(X) ~ F(x„)] - ^[/(X) -j\x,)]
+ |[/'(X) -/'(^o)] - ^[/"(X) -f"{oc)] + ...
» En portant les valeurs de h2j"{x), hl/"'{x),..., tirées de cette for-
mule dans l'expression de U — A, et réduisant les termes semblables, on
trouve
(0 u - A = I [/'(X) ~f{x,)] - ^ [/'"(X) -y"'(.r„)] +....
» Erreur de l'aire inscrite. — Soit A' l'aire de la figure inscrite, on sait
que
A " A' = g (j, - r„ + j)-2„-, - r^n)
= -;j/'[/'(x)-y'(^«)-i^[/"(x)+/"(x„)]+...j-,
par suite,
(u-A'=-fi/'(X)-y'(.ro) + ^[AXjH-/"(^o)]
(2) '
( -|^[/'"(x; -/"(-„ 14-....
» Erreur de la formule de Poncelet. — En égalant les moyennes arith-
métiques des deux membres des équations (i) et (2), on a l'erreur de la
formule de Poncelet
(3) U - ^ = ■- ^ [/'(X) -f{x,)]-i- I [/"(X) -f'{x,)] -...,
qui, pour des valeurs de h suffisamment petites, ne diffère pas sensiblement de
celle de la mélliode des trapèzes.
» Les résultats différents que l'on obtient quand cette condition n'est
pas satisfaite s'expliquent facilement par l'influence des termes négligés.
( 826 )
» Erreur de la formule de M. Parmentier. — Si l'on élimine h^ entre les
équations (i) et (2), on trouve
(4) U - ^A^' = ^ [/"(X)-/"(x„)] - ^[/"(X)-/"'(:r„)] +....
Or
^A+A^A
2S,
]^
ainsi, par un léger changement, qui ne complique pas la formule, l'erreur
s'abaisse du second ordre au troisième.
» Erreur de la formule de Simpson. — A désignant toujours la somme
des trapèzes circonscrits, si A" est celle des trapèzes inscrits compris entre
, '' A + A'
les mêmes ordonnées, - — 5 — est identique à la formule de Simpson, comme
on peut facilement le vérifier.
» Or U — A est donné par l'équation (i), U — A" par la formule d'Euler.
En ajoutant ces deux expressions après avoir multiplié la première par 2,
puis divisant le résultat par 3, on trouve
U - ^-- = - -^ [/'"(XJ -y"'(^«)J ^- tIiI f/^(^) -/^(^o)] — .
)) Le premier terme du second membre représente par conséquent l'er-
reur de la formule de Simpson, aux quantités près du sixième ordre, et
non pas seulement du cinquième, comme nous l'avons dit [Comptes rendus ^
séance du 29 juin i8'74)-»
OPTIQUE. — Double réflexion intérieure dans les cristaux biréfringents
uniaxes; par M. Abria. (Extrait.)
« Les directions des rayons réfléchis et réfractés à la surface de sépara-
tion de deux milieux monoréfringents ou biréfringents peuvent être déter-
minées à l'aide d'une construction générale et très-simple, à laquelle con-
duit la théorie des ondes. La loi de la réflexion totale qui en résulte n'a
été, à ma connaissance, l'objet d'aucune vérification expérimentale. Je me
suis proposé, dans ce travail, de comparer la théorie avec l'observation,
dans le cas où la surface réfléchissante appartient à un biréfringent uniaxe.
» Un rayon venant du vide et tombant sur la surface d'un prisme bi-
réfringent se divise généralement en deux, lesquels, éprouvant la réflexion
totale sur la seconde face, donnent naissance chacun à deux autres rayons;
( 827 )
la lumière se divise en définitive en quatre faisceaux émergents, que l'on
peut désigner par OO', OE', EO', EE'.
» Le calcul permet de déterminer les angles de chaque rayon avec la face
d'émergence, et, par suite, ceux qu'ils forment entre eux. L'observation
donne ces mêmes angles. La comparaison des angles calculés et mesurés
donne un contrôle de la théorie.
)) J'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie, dans la séance du
3o novembre dernier, les résultats de quelques mesures prises sur un prisme
de quartz, dont l'axe était |)arallèle à l'une des faces et perpendiculaire aux
arêtes. Les expériences nouvelles contenues dans mon travail ont été faites
avec deux prismes, l'un de quartz, l'autre de spath, taillés d'une manière
quelconque.
» Sur plus de cinquante-deux mesures, il y a accord satisfaisant entre le
calcul et l'observation. Ainsi, par exemple, les angles de 00', EE' ont varié,
pour le quartz, de zéro à trente minutes et ont offert les différences sui-
vantes :
Calcul. Observations.
Il'l3" lo'io"
29.57 So.io
» Ceux de OE', EO', dans la même substance, ont donné, suivant les
faces d'incidence et d'émergence :
Calcul.
Observations
49' 5o"
5o' 20"
I^lS. 5
1° iq. 10
I .37.23
1 .37.30
» Les angles des rayons entre eux sont plus considérables dans le spath.
Voici quelques-unes des valeurs obtenues :
Angles de 00', EE'
Angles de OE', EO' . . .
» Les calculs, quoique difficiles, exigent seulement de l'attention, sur-
tout dans le cas du spath ; dans celui du quartz, certaines quantités peuvent
être négligées sans inconvénient. »
Calcul.
Observations
o°27'
0° 22'
8.i5
8. 9
11.41
.,.43
.6.4y
16.48
27 ,25
27.29
( 828 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches stir le groupe urique;
Note de M. E. Grimaux, présentée par M. Cahours.
« Dans des recherches entreprises pour réaliser la synthèse des composés
iiriques, j'ai réussi à obtenir l'acide parabanique, comme produit de dé-
doublement des uréides pyruviques. Une réaction semblable ne pouvait me
conduire à la synthèse des corps du groupe alloxanique, l'acide acétone-
carbonique, véritable homologue de l'acide pyruvique, n'étant encore
connu qu'à l'état d'éther.
» Il m'a donc fallu recourir à un autre procédé, et ce sont les pre-
miers résultats de ce travail, incomplet encore, que j'ai l'honneur de com-
muniquer à l'Académie, pour prendre date et me permettre de poursuivre
ces recherches.
)) L'acide aspartique étant un acide amidé, Vacide amido-succinique^ il
était probable qu'il se combinerait à l'urée avec élimination d'ammoniaque,
comme le font le glycocoUe, l'éthylglycocolle, etc., et que l'on obtiendrait
ainsi un acide malyluréique G' H°Az-0' qui pourrait, par oxydation directe
ou indirecte, se convertir soit en alloxane C'H'Az^O', soit en un corps du
même groupe, tel que la malonylurée, la bromomalonylurée, etc.
» Guidé par ces vues théoriques, j'ai fait réagir sur l'urée, non pas l'acide
aspartique, mais son amide, l'asparagine. L'amide malyluréique qui prend
naissance par l'action réciproque de ces corps s'obtient en chauffant, pen-
dant six à huit heures à laS degrés, un mélange de 2 parties d'asparagine
avec I partie d'urée. Sa formation s'explique au moyen de l'équation
C*H'Az=0^ +CH"Az=0 = C'H»Az^O^ + H=0 + AzH'.
Asparagine. Orée. Amiile malyluréique.
» Bouillie avec de l'acide chlorhydrique, cet amide se dédouble en sel
ammoniac et acide nudykiréique
CMPAzH:)',
qui se dépose à mesure que la liqueur se refroidit.
» L'acide malyluréique se présente sous la forme de prismes terminés par
des biseaux, blancs, brillants, presque insolubles dans l'alcool, solubles
dans 4 parties d'eau bouillante, fondant avec décomposition entre 21 5 et
220 degrés. Les analyses lui assignent la formule
( 829 )
» La solution rougit le pnpier de tournesol ; tous ses sels sonlsolubles,
excepté le sel d'argent.
» Le sel de baryum, obtenu par l'action de l'acide sur le carbonate de
baryum et concentration de la solution dans le vide, se présente sous l'as-
pect d'une poudre blanche amorphe, renfermant à loo degrés
(C«n5Az=0^)-Ba, H=0.
» Traité à l'ébullition par l'acide azotique ordinaire, il n'est que faible-
ment attaqué; par l'action prolongée de l'acide azotique fumant il se con-
vertit en un corps niiré, se colorant en jaune par les alcalis, cristallisant
en lames rectangulaires et se décomposant à i8o degrés avec explosion.
» L'acide malyluréique étant représenté par la formule de constitution
suivante :
CO^n
I
CH — AzH
I I
CB' CO
I I
CO -AzH
on comprend, d'après cette formule, la possibilité de le convertir par
oxydation en malonylurée (acide barbiturique)
CO -
AzH
CH'
CO
OU en alloxane, mésoxalylurée
CO — AzH
CO — AzU
I I
CO CO
I I
CO — AzH.
» J'avais espéré, par l'action de l'acide azotique, obtenir le dérivé nitré
de la malonylurée (acide diliturique); mais le corps nitré ainsi préparé, et
que j'ai signalé plus haut, diffère par ses propriétés de l'acide diliturique.
» J'ai eu recours alors à l'action du brome en présence de l'eau.
» Dans ces conciitions. la réaction est complexe et donne naissance à
plusieurs corps différents, dont quelques-uns ont pu être convertis en com-
posés du groupe alloxanique.
)) Lorsqu'on chauffe à loo degrés 3 p;uties de brome avec i partie
d'acide malyluréique et 5 parties d'eau, le brome a disparu complètement
après vingt heures. Les tubes sont remplis de cristaux d'un corps A, que
C. R., iS'jf,, r" Semestre, (T. LXXX, N° 12.) IO7
( 83o )
l'on recueille par filtration à la trompe. La solution évaporée au bain-marie
dégage de l'acide bromhydrique et laisse un résidu qu'on lave avec quelques
centimètres cubes d'eau froide; on réserve cette solution B. La portion non
dissoute, qui était primitivement en solution à la faveur de l'acide bromhy-
drique, est reprise par une grande quantité d'eau bouillante. Il se sépare
pendant le refroidissement un corps très-peu soluble C, qui forme une
poudre blanche ; les eaux mères fortement concentrées fournissent un
troisième corps D, facilement soluble, cristallisant en petits prismes mal
déterminés.
» Une première étude de ces divers composés m'a donné les résultats
suivants :
» Le corps A, purifié par une nouvelle cristallisation dans l'eau bouil-
lante, se présente sous la forme de paillettes légères d'un éclat nacré. Sa
composition est exprimée par la formule
C»H'Br«Az'0^
Un peu soluble dans l'alcool et dans l'éther, il se dissout dans 35 parties
d'eau à loo degrés. Il fond en se détruisant à aSo degrés. Par l'ébullition
avec de l'eau de baryte, il fournit, entre autres produits, du bromure et de
l'oxalate. Il n'est pas attaqué par l'acide azotique bouillant.
» Le corps C ne se dissout que dans 4oo parties d'eau à l'ébullition, il
est insoluble dans l'alcool; il forme de petites paillettes mal déterminées,
réunies en une poudre blanche ou faiblement colorée, présentant à l'état
humide des reflets chatoyants. Il renferme
C''H*Br'Az^O\
11 se détruit par la chaleur sans fondre. L'acide azotique le convertit en un
dérivé nitré. Chauffé avec l'eau de baryte, il donne un sel de baryum in-
soluble, qui se colore en violet; ce sel de baryum présente ime réaction
intéressante. Quand on le traite à chaud par un peu d'acide azotique et
qu'on évapore à sec, le tout prend une couleur rouge qui augmente par
l'addition d'ammoniaque et offre alors la couleur caractéristique de la
murexide.
» On s'est assuré de l'identité de cette matière colorante avec la mu-
rexide, au moyen des réactions suivantes qui servent à caractériser ce
corps. La couleur rouge passe au bleu par la potasse; la solution est préci-
pitée en jaune par les sels de zinc (formation de purpurate de zinc). Addi-
tionnée de sublimé corrosif et d'acétate de soude, elle précipite du pur-
(83i )
purate meicurique rouge, tandis que la liqueur est décolorée. 11 est donc
probable que le sel de baryum, rose-violet, insoluble dans l'eau, soluble
dans l'acide acétique, obtenu par l'action de la baryte sur le corps C, est
du dialurate de baryum. C'est un point que je m'occupe de vérifier, de
même que j'ai à isoler les autres termes de ce dédoublement intéressant.
» Quant au corps D, retiré des eaux mères du précédent, il forme de
petits prismes solubles, donnant avec l'acide azotique un dérivé nitré
jaune, en aiguilles. Les analyses lui assignent la formule
C'HMU'AzH)'.
» J'ai signalé plus haut une solution B. Celle-ci renferme, indépendam-
ment de l'acide oxalique et du bronuire d'ammonium, un corps très-soluble
dans l'eau et l'alcool, qui n'a pas encore été isolé à l'élat de pureté, mais
qui se transforme facilement en murexide par l'action successive de l'acide
azotique et de l'ammoniaque. Pour observer cette réaction, il suffit d'opé-
rer comme dans la recherche de l'acide urique.
» L'identité de la matière colorante, préparée dans ces conditions avec
la murexide, a été constatée à l'aide des caractères indiqués plus haut :
action delà potasse, des sels de zinc, de l'acétate mercurique, etc.
» Tels sont les premiers résultats d'un travail que je poursuis dans le
but d'étudier, d'une façon complète, les dédoublements des divers coips
obtenus et d'isoler les dérivés (acide dialurique, alloxane) qui fournissent
la murexide.
» Ces recherches ont été faites au laboratoire de M. Schùtzenberger, à
la Sorbonne. »
ZOOLOGIE. — Jmphipodes du golfe de Marseille. Note de j\L J.-D. Catta,
présentée par M. Milne Edwards. (Extrait.)
» Grâce aux ressources offertes par le laboratoire des Hautes Études,
installé à la Faculté des Sciences de Marseille, j'ai pu me livrer à l'étude
des Crustacés inférieurs qui peuplent les eaux de notre golfe : je con-
signe ici les quelques résultats obtenus relativement aux Amphipodes.
» — En résumé, des Amphipodes normaux sont déjà représentés, dans
le golfe de Marseille, j^ar une trentaine de genres, dont un au moins nou-
veau, et par soixante-dix à soixante-quinze espèces différentes.
» Six espèces nouvelles et deux variétés, de formes surtout adriatiques,
donnent pour ainsi dire la physionomie de la faune locale.
107..
( 832 )
» Quant aux espèces déjà connues, deux appartiennent exclusivement
à la mer Noire, une à l'Adriatique, trois aux îles Britanniques; trois autres
se retrouvent en Angleterre et en Scandinavie, cinq à Naples et dans l'Adria-
tique; deux seulement existent à la fois dans ces deux dernières stations et
dans les mers du Nord.
» Nul doute que, si la faune italienne était mieux connue, ses liens ne
parussent beaucoup plus nombreux avec celle de notre golfe. »
GÉOLOGIE. — Dépôts salins des laves de la dernière éruption de Santnrin, Note
de M. F, FocQUÉ, présentée par M. Charles Sainte-Claire Deville.
« Au milieu des laves de la dernière éruption de Santorin, particulière-
ment sur celles qui appartiennent à l'un des centres éruplifs apparu sous
la forme d'un îlot distinct, et désigné sous le nom û'Jphroëssa, on trouvait,
en 1867, des accumulations considérables de dépôts salins, le plus sou-
vent d'une blancheur éclatante. Le lieu principal de ces dépôts était une
fente à peu prés rectilignc, longue de plusieurs mètres, large d'environ
10 centimètres, qui se voyait entre les laves, à une hauteiu' d'environ
35 mètres au-dessus du niveau de la mer. D'après les renseignements
donnés par les gens du pays, on avait remarqué ces amas de sels dès le
mois de mai 18G6, alors que les laves contiguës étaient encore à mie très-
haute température. La sécheresse habituelle du climat, la forme étroite de
la fente expliquent la conservation de ces mélanges salins, dont plusieurs
offraient, d'ailleurs, l'apparence extérieure et la compacité de matières
fondues.
» Lorsqu'on traite ces mélanges salins par l'eau froide, on en dissout
seulement une portion. La partie soluble est formée, en majeure partie, de
chlorure de sodium, auquel est associé constamment une petite propor-
tion de sulfate de souile. Sur sept échantillons analysés quanlitativemcnt,
six contenaient dans cette portion une petite quantité de bicarbonate de
magnésie, et le septième, privé de bicarbonate de magnésie, renfermait
du carbonate de soude. Du chlorure de magnésium a été trouvé dans trois
échantillons.
» La partie insoluble est-composée de carbonate neutre de magnésie,
associé parfois avec un sulfate basique d'alumine, de traces d'oxyde de fer
hydiaté et de sulfate de chaux.
» Aucun échantillon n'a offert de traces d'iode, de brome, ni de sels de ])o-
tasse, bien que les recherches de ces sidistances aient été opérées sur 1 cen-
( 833 )
tiinètre cube d'eau mère, résultant de l'évaporation de 120 grammes de
matière saline eu dissolution.
» On ne peut admettre que les sels de potasse aient disparu de tels mé-
langes par l'effet de l'humidité atmosphérique; car, dans ce cas, le chlo-
rure de magnésium en aurait été également absent. Une siinple évaporation
de l'eau de la mer ne peut donc expliquer la formation de ces dépôts. Il
faut nécessairement admettre qu'ils ont été amenés des profondeurs du
sol par les mêmes ouvertures qui ont donné issue aux laves, ou au moins
que la lave incandescente a joué un rôle chimique actif dans leur pro-
duction.
» 11 est à remarquer, néanmoins, que ces dépôts sont plus riches en
produits magnésiens que ceux qui sont habituellement recueillis dans les
fumerolles des volcans. On doit noter aussi que la présence du chlorure
de magnésiimi intact semble exclure l'hypothèse du contact avec un mi-
lieu à très-haute température.
» La réunion de ces données en apparence contra il ictoires peut cepen-
dant être expliquée à l'aide de la théorie de Gay-Lussac, c'est-à-dire par
une réaction de l'eau de la mer sur la lave en fusion. En effet, la nature
éminemment sodique des laves de Santorin explique la disparition des sels
de potasse dans les produits volatilisés, la potasse de ces sels étant fixée
par la lave au contact de laquelle elle se trouve en présence de la vapeur
d'eau, à la température de l'incandescence, tandis que la soude et la ma-
gnésie échappent à celte fixation complète à cause de leur proportion ini-
tiale plus considérable. Quant au chlorure de magnésium, il est vrai qu'il
ne peut être volatilisé en nature, en présence de la vapeur d'eau ; mais la
magnésie caustique, entraînée par les gaz et les vapeurs volcaniques, re-
produit facilement, après son dépôt à la surface des laves, soit du bicar-
bonate de magnésie, soit du chlorure de magnésium, car elle se trouve
alors exposée à l'action du dégagement d'acide carbonique et d'acide
chlorhydriqne, qui s'opère par les mêmes fissures, et rencontre alors des
conditions de température favorables à la production des combinaisons
salines.
» Une infiltration de l'eau de la mer dans les profondeurs du volcan,
une altération au contact de la lave incandescente éprouvée par les sels
qui étaient en dissolution dans l'eau infillrée, une modification (les sels vo-
latilisés ou entraînés par les vapeurs après leur retour au contact de l'atmo-
sphère, telles sont donc les actions successives qui peuvent servir à rendre
compte des phénomènes observés.
( 834 )
» Les résultats numériques consignés dans le tableau suivant sont la
base des considérations présentées ci-dessus.
Mélanges snlins composés d'un agrégat de cristau.r très-petits et s'offrant sous forme
de masses poreuses.
Matière N" 1. N» 2. N" 3. N" 4. N" 5.
/ Bicarbonate de magnésie 2,2 1,4 i,4 iji o,4
Partie j Chlorure de magnésium 2,1 0,0 0,0 0,0 2,8
soluble. J Sulfate de soude 5,5 i ,2 0,6 0,1 1,9
Chlorure de sodium 78,8 74,2 95,4 88,7 86,6
Carbonate de magnésie i5,5 21, 5 2,i 8,7 8,3
. . Alumine et Fe'O^ o,5 0,9 o,3 0,7 traces
, ,, < Acidesulfuriquecombinéàralumine )
insoluble.) ,.,-,. 1 j r o.4 o>8 0,2 0,7
/ et peut-être a 1 oxvde de fer ) '
l Sulfate de chaux. traces traces traces traces »
100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Matière n" 6 Matière n° 7
(compacte, (compacte,
d'un blanc laiteux), translucide).
/ Bicarbonate de magnésie o,3 0,0
l Chlorure de magnésium 4j5 0,0
Partie soluble.. . . ( Sulfate de soude 1,7 i ,6
Chlorure de sodium 81 ,4 9^,0
Carbonate de soude 0,0 0,7
„ . . , ,, ( Carbonate de magnésie 12,1 2,7
Partie insoluble. . , . ., ,. . '
( Alumine Fe'O' et acide sulfurique. .. . traces 0,0
100,0 100,0
» Les propriétés physiques et chimiques des sels qui figurent dans ce
tableau ne permettent pas une autre interprétation qualitative des données
immédiates de l'analyse. »
M. Cii. Sainte -Claire Deville, en présentant ce nouveau travail de
M. Fouqiié sur les produits de l'éruption de Santorin, ajoute les remarques
suivantes :
« Tout semble indiquer, comme l'auteur le fait observer, que les fume-
rolles qui ont donné ces produits ont dû appartenir, au moins eu partie,
à la phase primitive de l'éruption ; néanmoins, en examinant leur compo-
sition, ou peut présumer qu'elles se sont fait jour pendant un temps assez
long et sous des intlucnces variables. La matière n° 7, par exemple, est
trés-analogiie aux dépôts des Jumerollcs sèches de l'éruption du Vésuve, en
( 835 )
i855, analysés par moi (i); la matière n° 6 et surtout les matières n°' 1 à 5
s'en éloignent davantage par la proportion de plus en plus grande des
sels insolubles et par la présence du carbonate neutre de magnésie et d'un
sous-sulfate d'alumine. Je ne puis voir, comme M. Fouqué, dans ces der-
niers produits, que l'action postérieure des acides carbonique et sulfurique
sur la substance de la lave. Je puis affirmer que les fumerolles primitives
des éruptions du Vésuve, étudiées par moi, déposaient des sels neutres
blancs et entièrement solubles dam reau. Ce n'est qu'idtérieurement, et
lorsque les vapeurs passaient à la phase chlor lijdro-sulfureuse, qu'on com-
mençait à constater dans leurs dépôts des sels métalliques et des substances
insolubles, provenant manifestement de l'altération consécutive de la roche.
» L'absence des sels de potasse est remarquable : nous trouvions au Vé-
suve, M. Scacchi et moi, de petites quantités de sulfate de cette base, dans
les produits des fumerolles primitives.
» L'abondance du carbonate de magnésie dans ces produits est un tait
intéressant, et que je crois nouveau. Il me rappelle les concrétions mame-
lonnées de carbonate de magnésie que j'ai recueillies, à la Guadeloupe, à la
surface d'une lave très-ancienne, antérieure à la découverte des Antilles,
et dont j'ai donné aussi l'analyse (2). Dans ce dernier cas, les eaux pluviales
avaient évidemment entraîné les sels solubles qui avaient pu accompagner
le carbonate de magnésie.
» L'autorité de M. Fouqué en ces matières est assez bien établie pour
me permettre de réserver mon opinion sur l'appui qu'il pense trouver dans
son nouveau travail pour l'ancienne théorie des infiltrations des eaux de
la mer, rajeunie par Gay-Lussac et adoptée par MM. Abich, Fouqué et plu-
sieurs autres vulcanistes distingués.
» Le principal argument en faveur de cette opinion se trouvait dans les
analogies de nature et de proportion que l'on observait entre les acides et
les bases des produits volcaniques et les sels contenus dans l'eau de mer.
Mais si, pour expliquer la présence d'une quantité considérable de carbo-
nate de magnésie (jusqu'à 22 pour loo), de sulfate d'alumine et de fer, en
même temps que la disparition de la potasse, il faut avoir recours à une
série de transformations successives des éléments primitifs de l'eau de mer,
(1) Bulletin de la Société géologique de France, 2° série, t. XIII, p. 620.
(2) Bulletin de la Société géologique de France, 2' série, t. V, p. 66. Outre le carbonate
de magnésie, très-compacte, la substance contient i ,'jo pour 100 d'eau; 0,70 de silice et
0,24 d'alumine, avec traces de sesquicxyde de fer.
( 836 )
on ne voit plus l'avantage de cette hypothèse, et l'on peut se demander,
comme le font d'autres géologues, si l'eau de la mer, au lieu de fournir les
éléments gazeux et solides des émanations, n'est pas, au contraire, le résidu,
ïecin mère de toutes les réactions engendrées, sur la substance des roches
éruptives, par les émanations que ces roches entraînent et amènent avec
elles des profondeurs.
» Je soumets ce second point de vue au savant et habile expérimenta-
teur, dont je viens de présenter le travail, en lui faisant d'ailleurs remar-
quer que, si l'hypothèse de l'infiltration des eaux de la mer offre déjà des
difficultés au point de vue chimique, elle rencontre, pour certaines bouches
volcaniques, trés-éloignées des rivages, des objections plus fortes encore. »
M. Ch. SAi.vTE-CLAinE Deville, en présentant à l'Académie les obser-
vations météorologiques faites à Baréges (laSa mètres), à la station Plan-
tade (^336 mètres) et au sommet du pic du Midi (2877 mètres), ajoute les
remarques suivantes :
(( Dans la séance du 10 novembre 1 873, j'appelais, pour la première fois,
l'attention de l'Académie sur la belle entreprise de la fondation d'un Obser-
vatoire météorologique au sommet du pic du Midi de Bigorre. On sait que
la Commission permanente, chargée de mettre ce projet à exécution, a
commencé par établir une station à 5oo mètres environ plus bas, au col de
Sencours. La Société météorologique de France s'était empressée, dès le
début, de fournir aux observateurs la série entière des instruments néces-
saires, ainsi que l'abri (modèle Monisouris), qui devait les protéger. Je
suis chargé |)ar la Commission d'offrir à l'Académie les deux fascicules
qui résument les observations faites eu ce point, à Baréges et au sommet
du pic (i), dans l'été et l'automne de 1873 et du 1^'' août au i3 dé-
cembre 1874, H midi 53 minutes (t, m. de Paris) par les soins de la Com-
mission ; mais on a reconnu que la station du col, en même temps qu'elle
est moins favorable à l'exactitude des résultats que ne le serait le sommet
du pic, offre aussi, par suite de la disposition des lieux, un séjour plus
pénible. Une souscription est donc organisée pour obtenir les 3oooo francs,
jugés nécessaires pour l'installation d'un Observatoire à la cîme du pic.
Nous espérons que le public scientifique se rendra à l'appel de nos coura-
(1) Outre cette observation dite simultanée, on fait à l'hôtellerie de Sencours, plusieurs
Ibis par jour, des observations ré^'ulièrcs, aux heures recommandées par la Société météo-
rologique de France.
( 837)
geux compatriotes des Hautes-Pyrénées, et que le Conseil d'État ne tardera
pas à reconnaître, comme établissement d'ntilité publique, la Sociclé Ra-
mond, et lui permettra ainsi d'acquérir le terrain nécessaire et de construire
le pavillon-observatoire. »
M. Resal, en présentant à l'Académie une nouvelle publication de la
Société des Ingénieurs civils de la Grande-Bretagne, s'exprime comme il
suit ;
« Cette Société, dont le siège est à Londres, a eu cette année l'heureuse
idée de fonder une publicalion spéciale (^/65frflc<s of papers in Joreujn Trans-
actions and periodicals), qui a pour objet de réunir des extraits des prin-
cipaux Mémoires publiés par des ingénieurs étrangers.
» La Société m'a chargé d'offrir à l'Académie le premier numéro de
cette publication, qui présente, à tous égards, le plus grand intérêt. Les
analyses des Mémoires sont tellement nettes et complètes, que l'on se fait
avec la plus grande facilité une idée du travail de chaque auteur.
» Il serait bien désirable que l'exemple donné par !a Société anglaise fût
suivi en France.
)) Je suis heureux de constater que plus de la moitié des Mémoires
analysés dans l'opuscule dont il s'agit sont dus à des Français. »
M. Chasles présente à l'Académie luie Note de M. Genocclii, motivée
par la Communication récente de M. S. Roberts, relative à l'expression
des arcs des ovales de Descaries en fonction de trois arcs d'ellipse, ques-
tion sur laquelle M. S. Roberts pensait avoir la priorité.
« M. Genocchi, dans sa Communication du 1 1 janvier dernier, qui avait
donné lieu à celle de M. S. Roberts, n'avait pas rappelé son Mémoire de
1864, Inlorno alla rellificazione e aile proprietà délie causticité secondarie,
inséré dans les Annali di Malemalica de Tortolini (t. VI, 1864, p. 97-123),
dans lequel, entre autres questions, il parvient à l'expression analytique
de l'arc d'ovale, d'où il conclut que : un arco d'ovale si riduce alla somma
di tre archi d'ellissi (p. 108). On voit, en outre, dans ce Mémoire que
M. Genocchi avait déjà annoncé dès i855 ce résultat important de la théorie
des fonctions elliptiques : « La rellificazione délie ovali di Carlesio col mezzo
» di Ire archi d' e Hisse fu da me annunziata senza dimoslrazione nel i855 in un
» fascicolo del Giornale lelterario di Torino il Cimento (volume VI, fasci-
» cola 7). »
La séance est levée à 6 heures. D.
C. R., 1875, i^' Semestre. (T. LXXX, N° 52.) '°^
838 ).
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i'"' mabs 1875.
(sL-nE.)
Le scoperte delFusinieri, cenni slorici con illuslrazione di alcuni suoi instru-
menli conservati nel miiseo civico di Viceuza, pubblicazione df G. Nardi. Vi-
cenza, tip. nazionale Paroni, iS^S; in-8°.
SuUa nalrolile [savite) e analcima di Poinaja [coin, di Santa-Luce). Nota di
Ant. d'Achiardi, letta ail' adiinanza del 3i magcjio 1874- Sans lieu ni date;
opuscule in-S". (Esiratto dagli Atli délia Societa toscana di Scienze na-
turali. )
Siilla coiwersione di una roccia argillosn in serpentino. Nota di Ant.
d'Achiardi. Roma, tip. Barbera, 1874; in-8°, (Esfratto dal Bolletlino del
R. Comitalo geologico.)
Suite calcarle lenticolare e grossolana di Toscana. Nota di Ant. d'Acuiardi.
Sans lieu ni date; opuscule in-8°.
Osservazioni siilla fisiologia del parvago Jatte neW uomo vivenle ; del dottor
P. Malerra. Napoli, ufficio délia redazione e amministrazione del gior-
nale il Morgagny, 1874; br. in-8°.
Alti delt Accademia pontificia de Niiovi Lincei, conipilati dal Segretnrio ;
anno XXVIII, sessione i" del 20 dicembre 1874. Rouia, 1876; in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du i5 mars i874'
Géodésie d' Ethiopie ou triangulation d une partie de la liante Ethiopie, exé-
cutée selon des méthodes nouvelles; par A. d'Abbadie, Membre de l'Iustilut,
vérifiée et rédigée par R. Radau. Paris, Gautliier-Villars, 1878; in-4°, relié,
avec cartes collées sur toile.
Notice sur la marine à vapeur de guerre et de commerce depuis son origine
jusqu'en 1874; par L.-E. Bertin. Paris, Dunod, 1876; in-8", relié.
Notice sur les teirains paléozovpies du département de l'Hérault; par
M. Graff. Lyon, imp. H. Storck, 1874; br. iu-S".
Matériaux pour servir à la description du terrain crétacé en France; pai
M. Hébert. Description du bassin d'Uchaux; par MM. Héeeht et ROUCAS.
( 839)
Appendice paléontoloyujue ; par MM. HÉBERT et Munier-Chalmas. Paris,
G. Masson, 1875; iii-8^
Éiudes jmléonloloijkjiies sur les dépôts jurassiques du bassin du Rhùne ; par
Eiig. DUMOUTIER. i'" partie : Infra-lias; 2" partie : Lias inférieur: '6^ partie :
Lias mojen; 4^ partie : Lias supérieur. Paris, F. Savy, 1 864- 1874; 4 vol.
in-8°.
Traité élémentaire de Minéralogie ; par M. F. PiSANi, précédé d'une pré-
face par M. Des Cloizeaux. Paris, G. jMasson, 1875; in-12.
Les bois indigènes et étrangers; par MM. A. DuPOl^T et BOUQUET DE L.v
Grye. Paris, J. Rothschild, 1875 ; i vol. in-8''.
Revue de Géologie pour les années 1871 et 18'] 2; par M. Delesse et M. de
Lapparent; t. XI. Paris, F. Savy, 1875; in-8°.
Annales télégraphiques ; 3^ série, t. II, janvier, février 1876. Paris, Dunod,
i875;in-8°.
Le Phylloxéra au Congrès de Montpellier; par le D' Coste. Salins, Billet,
1875; br. in-S". (Renvoi à la Coininission.)
Association française pour l'avancement des Sciences. Etudes sur la verticale;
par M. d'Aebadie, Membre de l'Institut. Bordeaux, imp. Gounouilhou,
sans date ; br. in-8°.
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents; janvier 1876. Paris,
Dunod, i875;iu-8°.
Annales des Mines ou Recueil de Mémoires sur l'exploitation des mines;
t. VI, 5« liv. de 1874. Paris, 1874; in-8°.
Table générale et alphabétique des matières contenues dans les volumes
LXXllP à LXXXV^ inclusivement du Bulletin général de Théiapeutique.
Paris, Doin, 1875; in-4°.
Faune gallo-rhénane ou Species des insectes qui habitent la Fi-ance, la Bel
gique, la Hollande, le Luxembourg, la Prusse rhénane, le Nassau et le Valais
par A. Fauvel. Coléoptères, liv. i à 5. Caen, Le Blanc-Hardel, 1868-187/1
5 liv. in-8°.
A. Fauvel. Annuaire entomologique pour 1873, 1874, 1876. Caen, chez
l'auteur; Paris, L. Buquet, 1874, 1875-, 3 vol, in-i8.
Recherches sur ianntomie et la phjsiologie du cœur; par le D' Mai'c SÉE.
Paris, G. Masson, 1873; in-4°. (Présenté par M. Gosselin pour le Concours
Montyon, Médecine et Chirurgie, 1875.)
( 84o )
Clinique chirurgicale de l' Hôtel- Dieu de Lyon; par A.-D. Valette. Paris,
J.-B. Baillière, 1875; in-8°. (Présenté par M. Gosselin.)
Exposé de la théorie des intérêts composés et des annuités d'après un ouvrage
de M. Fédor Thoman; par M. F. Lefoht, suivi des Tables logarithmiques cal-
culées; par M. F. Thoman. Paris, Diinod, 1874? iii-8°, relié.
Observations de Pulkova, publiées par Otto Struve ; vol. VI : Observations
faites au cercle méridien. Saint-Pétersbourg, imp. de l'Académie impériale
des Sciences, 1870; in-4°.
Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; 7^ sé-
rie, t. XIX, n° 10 et dernier; t. XXI, n°^ 6à 11. Saint-Pétersbourg, 1873-
1874; 7 liv. in-4°.
Bulletin de l' Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; t. IX,
n°'4, 5; t. XX, n° i. Saint-Pétersbourg, 1874; 3 liv. in-4°.
Die Zeitbestimmung vermitlelst des tragbaren Durchgangsinstruments im
Verticale des Polarsterns; von W. DoLLEN ; zweite Abhandlungen. Saint-
Pétersbourg, 1874; in-4''.
Mélanges mathématiques et astionomiques tirés du Bulletin de l'Académie
impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; t. V : Observations des satellites de
Jupiter, faites en Bussie dans les années 1872 et 1873, et rassemblées par
M. S. Glasenapp. Saint-Pétersbourg, 1874; iu-S".
Jahresltericht am 27 nuii 1874 dem Comité der Nicolai-Hauptsternwarte
abgestattet vom Director der Stermvarte. Saint-Pétersbourg, 1874; ui-8".
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 AVRIL 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE. — Sur un cas singulier d'aimantation;
Note de M. J. Jamin.
« Je dois à la complaisance de M. Bertrand de m'avoir fait connaître un
cas singulier d'aimantation que Galilée a observé et qu'il a décrit dans une
Lettre adressée en 1607 à Curzio Picchena. Il s'agit d'une pierre d'aimant
tout à fait extraordinaire :
Il Elle était si puissante qu'en approchant la pointe d'un cimeterre à une distance égale
à l'épaisseur d'une piastre d'argent, on ne pouvait plus le retenir, et nicnie qu'une per-
sonne solide appuyant le cimeterre contre sa poitrine ne pouvait résister à l'entraînement.
J'y ai découvert un autre effet admirable et que je n'ai jamais rencontré dans aucun autre
aimant ; un même pôle attire et repousse le même morceau de fer. A la distance de 4 ou
5 doigts au moins, il attire le morceau de fer; mais, à la distance de i doigt, il le repousse.
Si l'on place le morceau do fer sur une table et qi\"on mette l'aimant très-près, le morceau
de fer s'ocarle et fuit devant l'aimant qu'on pousse derrière lui; mais, si l'on retire l'ai-
mant, au moment où la distance devient de 4 doigts, le morceau de fer est attiré et suit
l'aimant qu'on éloigne, mais il n'approche pas à plus de i doigt. »
» La pierre fut achetée par le Grand-Duc : Galilée put l'étudier à loisir,
et il résulte de ses expériences ultérieures que le morceau de fer, dont il est
C.R., 1875, i^Semeslre. (T. LXXX, N» 13.) IO9
( 842 )
précédemment question, était de l'acier aimanté, car la pierre attirait le
fer doux à toute distance et soulevait 6 livres de cette substance. En résumé,
elle avait la propriété d'attirer de loin et de repousser de près le même
pôle d'un barreau d'acier. Elle a malheureusement été perdue.
» La suite de mes recherches m'a fait rencontrer, sans la chercher, une
aimantation toute pareille et qui n'a rien de mystérieux.
» Je rappellerai d'abord qu'on peut aimanter un barreau d'acier à satu-
ration par un courant très-énergique, et donner à l'une des moitiés une
aimantation australe que j'appellerai positive, qui pénètre jusqu'au cœur
même du barreau. Cela fait, je soumets ce même barreau à un courant
inverse d'abord très-faible, puis croissant, qui détermine luie aimantation
boréale ou négative, limitée d'abord à la surface extérieure et pénétrant
ensuite à des profondeurs croissantes, tout en laissant subsister des couches
positives au-dessous d'elle. L'effet observé n'est que la différence des
actions exercées à l'extérieur par les deux aimantations suj)erposées. Il est
d'abord positif, puis nul et enfin négatif. Je m'arrête quand ce change-
ment de signe est opéré.
» Je dissous ensuite l'acier dans un acide, et il est évident que j'enlève
ainsi, peu à peu, les couches extérieures boréales ou négatives pour mettre
au jour les strates sous-jacents austraux; que l'aimantation observée,
d'abord négative, diminue, s'annule et change de signe. Ces résultats ont
été déjà communiqués à l'Académie.
» Il me reste à ajouter que les couches australes ne sont pas découvertes
partout en même temps. Elles commencent par percer à l'extrémité, sur-
tout aux aiêtes et aux coins, comme des sommets très-aigus, très-limités.
Elles y ont une grande tension, mais leur moment magnétique est petit,
parce qu'elles occupent une très-petite surface. En même temps règne une
couche boréale non interrompue depuis l'extrémité jusqu'à la ligne moyenne :
c'est le reste des couches extérieures que l'érosion n'a point enlevées. L'in-
tensité y est presque nulle en chaque point ; mais, la surlace étant très-
grande, la quantité et le moment de ce magnétisme boréal sont considé-
rables, plus considérables que la quantité et le moment des sommets aus-
traux qui percent à l'extrémité même; d'où il suit que cette moitié du
barreau se tourne vers le sud comme si ces sommets n'existaient pas.
» Approchons peu à peu le pôle austral ou nord d'un aimant ordinaire;
tant qu'il sera loin, il subira l'effet prédominant des couches boréales de
notre barreau et sera attiré; mais, si on l'approche contre l'extrémité même,
il se trouvera à très-petite distance des pointes australes qui occupent cette
( 843 )
extrémité; leur effet l'emportera, et il y aura répulsion : ainsi, attraction à
distance, répulsion au contact, c'est le cas de la pierre de Galilée; et, ce
qui n'est pas moins curieux, au contact, répulsion des extrémités qui se
dirigent vers les pôles contraires de la Terre, attraction des extrémités qui
se tournent du même côté. A une distance suffisante, le sens des actions a
changé et tout rentre dans l'ordre habituel. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur la théorie de l'aspiration avec des remarques
sur la nouvelle Note de M. Pesiin ; par M. Faye.
« Les partisans de cette hypothèse recherchent, depuis quarante ans,
comment une atmosphère immobile pourrait bien fournir du travail moteur
à un cyclone au moyen de l'ascension des masses d'air qui le traversent
et de la condensation d'une partie de la vapeur d'eau contenue dans cet
air. Dans cet énoncé, on voit déjà l'influence d'une idée préconçue.
» Cette idée préconçue dérive d'un préjugé très-ancien dont j'ai retracé
l'histoire dans VAniwaire du Bureau des Longitudes pour iS^S, préjugé
d'après lequel les trombes et les tornados seraient des organes d'aspiration
capables de transporter, non-seulement l'air inférieur, mais l'eau des fleuves
ou des mers jusque dans la région des nuages.
» Pour donner après coup, à cette idée préconçue de l'aspiration, une
sorte de base scientifique, M. Espy a calculé qu'une masse d'air prise dans
les régions supérieures et transportée telle quelle dans les couches basses
y prendrait, par la compression plus forte qu'elle subirait, une température
supérieure à celle du milieu ambiant : il n'y aurait doncnicondensation de
vapeur, ni développement de force motrice, tandis que le contraire aurait
lieu, en général, pour une masse d'air qu'on supposerait ascendante. Dans
ce cas, il y aurait production de force vive et par suite on trouverait là une
provision sans cesse renouvelée de travail moteur pour alimenter l'énorme
consommafion qu'en font les grands mouvements gyratoires. Ces calculs de
M. Espy, modifiés et corrigés par MM. Pesiin et Reye (de l'Université de
Strasbourg), supposent connue la loi du décroissement de la chaleur dans
l'atmosphère immobile ; ils sont purement statiques, je veux dire que la
température de la masse d'air considérée et les pressions qu'elle supporte
sont calculées en dehors de l'état de mouvement dont on ne tient nul
compte (i).
(i) On y tient compte tie rhumidité, mais non dus cristaux de glace qui sont si souvent
mêlés aux grands courants supérieurs.
109..
( 844 )
» Quoi qu'il en soit et quelle que soit la quantité de force vive que l'as-
cension supposée de l'air développe dans l'atmosphère immobile, l'analyse
du D' Reye et de M. Peslin ne saurait en indiquer l'emploi. Il faudrait
pour cela que la Mécanique rationnelle pîit fournir les équations com-
plètes du mouvement tourbillonnaire progressif: alors seulement ou serait
en état de suivre une molécule quelconque dans son trajet et d'assigner
théoriquement les lois observables du phénomène. Dans le silence complet
de la science, la tentative que nous venons d'indiquer manque de base :
force est donc de recourir aux faits.
» Or il y a deux classes de faits : les uns nets et précis, ce sont ceux que
nous offre l'étude des petits cyclones que l'observateur embrasse d'un
coup d'œil, et qui accomplissent toutes leurs fonctions dans l'étendue du
champ de la vue; les autres, relatifs aux grands cyclones, sont infiniment
moins déterminés; pour s'en servir, il faut avant tout les coordonner, et
pour cela on se trouve forcé de recourir à quelque hypothèse. Dès lors la
marche à suivre est toute tracée : comme les petits cyclones (trombes, tor-
nados) et les grands (typhons, ouragans) sont essentiellement de même
nature mécanique, ils doivent évidemment recevoir le même genre d'ex-
plication ; il est donc naturel de commencer par les seuls phénomènes dont
l'ensemble soit accessible à l'observation.
» M. Peslin n'est pas de cet avis; il préfère s'adresser aux faits moins
gênants et bien plus élastiques des grands cyclones, où l'observateur ne
saisit à chaque instant que des détails locaux et ne peut guère mieux juger
de l'ensemble que le soldat qui, dans une bataille, ne connaît que les mou-
vements de sa compagnie; et encore je ne vois pas qu'il en ait jamais fait
usage.
» M. Peslin accepte les prémisses qui précèdent, car vraiment il saute
aux yeux que tous les cyclones, depuis la trombe jusqu'aux ouragans, sont
constitués par un mouvement gyratoire; mais il repousse la conséquence.
Il voudrait faire de ces phénomènes deux classes distinctes ayant chacune
sa théorie spéciale, afin d'être en droit d'écarler les faits précis où il pressent
peut-être quelque contradiction radicale. Il m'objecte qu'on n'a jamais vu
une trombe grossir jusqu'à devenir une tempête ou même un petit cyclone.
Il y aurait donc là, suivant lui, une solution de continuité dans la série
des mouvements gyratoires : cette lacune ne permettrait pas d'appliquer
le même genre d'explications à ces deux phénomènes météorologiques
que tous les observateurs, dit-il, ont distingués l'un de l'autre. D'ailleurs,
ajoute-t-il, les faits relatifs aux trombes et aux tornados sont rares, mal
( 845 )
connus et, de l'aveu de M, Faye lui-même, mal observés. Conclusion :
M. Peslin est donc en droit de décliner la discussion dans les termes où je
l'ai posée d'après son invitation formelle.
» Examinons une à une ces assertions. D'abord, je n'ai jamais dit que
les observations des trombes et des tornados, dont j'ai tiré un si bon parti,
fussent mal faites. J'ai seulement fait remarquer qu'en les appréciant il fal-
lait tenir compte des préjugés de l'observateur et distinguer soigneusement
les faits observés des impressions que le témoin prévenu y mêle parfois à
son insu. Cette règle-là est partout de mise, même en Mathématiques; je
viens justement d'en donner un exemple à propos de la théorie mathéma-
tique et des calculs de M. Peslin et du D"^ Reye.
» Quant aux faits, loin d'être rares, comme le croit M. Peslin, ils abon-
dent. Peu de phénomènes météorologiques ont été aussi bien décrits que
les trombes. Plusieurs ont été l'objet d'enquêtes officielles très-minu-
tieuses, d'où il suffit d'écarter certaines traces assez visibles de préoccu-
pations théoriques. Nous avons, pour les trombes, le Catalogue de Pelticr
qu'on pourrait doubler aujourd'hui à l'aide de descriptions nouvelles,
éparses dans nos Recueils. Pour les tornados, j'ai moi-même reproduit une
série d'observations capitales, recueillies aux États-Unis. Évidemment,
M. Peslin, préoccupé de ses propres travaux théoriques sur les tempêtes
tournantes, n'a pas donné aux phénomènes dont il s'agit ici une attention
suffisante.
» Bien plus, mon savant adversaire affirme que, dans la pensée des mé-
téorologistes, ce sont des phénomènes distincts, séparés par une lacune
qui ne permet pas de les soumettre au même mode général d'explication ;
mais c'est justement le contraire, et il me sera facile de le prouver par des
citations péremptoires. Commençons par le Rapport souvent rappelé de la
Commission de i84i. En voici le début :
B L'Académie nous a chargés, MM. Aiago, Pouillet et moi, de lui l'aiie un Rapport sur
les observations et les théories de M. Espy, qui ont pour objet les météores aériens connus
sous les noms lï ouragans, de trombes, de tornados.... Le mouvement de l'air dans le mé-
téore en question, tornado, trombe s'il est violent et peu étendu, ouragan [storm) s'il em-
brasse plusieurs degrés de la surface du globe, est toujours convergent.... Les trombes sont
de petits tornados, et la force de ces météores est telle, dans la partie sud et est des Etats-
Unis, que.... Nous adopterons le mot technique de tornado pour désigner le météore en
question, quelles que soient son étendue et son intensité. »
» Ce mot n'a pas prévalu, mais bien le mot cyclone proposé antérieure-
ment par Piddington. Mais ce mot nouveau a exactement la même siguifi-
( 846 )
cation dans la pensée de son auteur, c'est-à-dire qu'il s'applique indiffé-
remment aux trombes et aux cyclones.
M Piddington, en effet, a beaucoup insisté sur ce fait, que de la plus petite
trombe aux tornados et de ceux-ci aux plus grands cyclones il y a une
série continue de phénomènes identiques, au fond du moins, n'offrant pas
d'autre différence essentielle au point de vue mécanique que la dimension.
» Cette opinion, reçue il y a quarante ans en France, en Angleterre et
aux États-Unis, est aussi celle des hydrographes et des marins français qui
ont le plus et le mieux étudié les tempêtes à notre époque. Ainsi M. Keller
a donné pour titre à son ouvrage de 1861 : Des ouragans, tornados, tjphons
et tempêtes, et il a bien soin d'ajouter dans le texte, pour ne pas oublier les
trombes :
« ... Cette cause suffit pour donner naissance à la colonne gyratoire d'un ouragan ou
d'un typhon, comme elle suffit pour former les trombes. »
» M. Bridet pense exactement de même en 1869 :
« Ces ouragans ne sont que de vastes trombes dont le diamètre considérable ne nous per-
met pas d'apercevoir l'ensemble. »
» La théorie qu'il leur applique est évidemment la même pour tous les
cyclones grands ou petits.
» Il est inutile de pousser plus loin ces citations, il faudrait citer tous les
météorologistes, sauf M. Dowe. Maintenant, pour quel motif M. Peslin, qui
adopte leurs opinions, se sépare-t-il d'eux sur ce point capital? Le voici : il
fait remarquer qu'on n'a jamais vu de trombe se transformer en cyclone (i).
Autant voudrait soutenir que les petits tourbillons de nos cours d'eau sont
d'une autre espèce que les grands, par cela seul qu'on n'a pas vu jusqu'ici,
faute d'occasion sans doute, un de ces petits tourbillons de quelques déci-
mètres d'ouverture devenir un grand mouvement tournant, capable d'en-
gloutir un homme ou même une embarcation.
1) Tout en essayant d'établir que la question est mal posée et qu'il a le
droit de décliner la discussion, M. Peslin veut bien pourtant dire quelques
mots des trombes, afin de concilier ces phénomènes avec la théorie de
(i) Le mo\ jamais est de trop. Piddington cite à ce snjet un cas assez bien observé par un
équipage français, en i8o4, où une simple trombe paraît avoir été le dcbut d'une tempête
qui a duré quatorze heures et a causé plusieurs naufrages. Il en est probablement de même
de l'ouragan d'Antigna, en 1837 («"'•pilaine Sevnioiir). Enfin les cyclones débutent parfois
par de grands tornados de quelques lieues seulement de diamètre auxquels on donne le nom
de tornado-cy clone. •
( «47 )
l'aspiration. Pour cela il m'emprunte, dit-il, un théorème de Mécanique
que j'ai cité comme étant également applicable aux tourbillons soit liquides,
soit gazeux. Pour les premiers, aucun doute n'est possible : le mouvement
gyratoire est descendant; mais, quand il s'agit des seconds, M. Peslin veut
qu'ils soient ascendants. C'est commode pour sa thèse, mais peu démon-
stratif. On voit cependant fort bien comment le tourbillonnement se pro-
duit dans les cours d'eau : tous les hydrauliciens sont d'accord là-dessus,
et il est non moins évident que la même cause produira le même effet dans
les Jleuves gazeux ; mais, si vous renversez le mouvement, si vous le sup-
posez ascendant, vous faites commencer la gyralion par le petit bout, là
où le tourbillon atteint le sol et l'affouille, là où cesse précisément le cou-
rant et même le fluide, et alors le théorème n'a plus de sens, car le phé-
nomène lui-même n'a plus de raison d'être. Comment se fait-il que les
météorologistes, placés en face des mouvements tournants de l'atmosphère,
n'aient jamais songé qu'il s'en produit aussi dans les cours d'eau et qu'ils
avaient à espérer, de la longue pratique des hydrauliciens, des informa-
tions précieuses sur le sujet de leiu's recherches?
» En secQjid lieu M. Peslin cite, comme M. Reye, les petits tourbillons
de poussière qu'on voit quelquefois sur nos roules : il affirme qu'ils sont
ascendants; mais sur quelle observation précise base-t-il cette affirmation?
» Enfin, au lieu de placer le mouvement gyratoire dans l'entonnoir des
trombes, comme cela a lieu justement pour ces petits tourbillons où la
poussière soulevée et finalement entraînée rend visible la gyration interne
de l'air, et, comme cela a lieu également dans tous les tourbillons des
cours d'eau, il affirme que le tourbillonnement est extérieur à cet enton-
noir. Il aurait bien dû, à ce sujet, consulter le second théorème de Méca-
nique que j'ai cité, aussi bien que le premier : il y aurait vu que la surface
limite d'un tourbillon affecte précisément cette forme d'entonnoir.
» De telles affirmations, improvisées sans doute, ont grand besoin, on
en conviendra, d'être contrôlées par les faits. J'ose recommander les faits à
mon savant antagoniste, c'est le seul moyen que nous ayons de démêler la
vérité dans un sujet si complexe et de contrôler notre propre jugement,
si prompt à errer lorsqu'il n'est pas guidé par une science déjà faite; mais,
si je tiens à l'épreuve des faits, je ne refuserai pas pourtant de suivre
M. Peslin sur le terrain des théories hypothétiques.
» Prenons donc ce sujet sous sa forme la plus élevée, telle que M. Peslin
et M. le D'' Reye nous la présentent. Voici d'abord comment le premier
s'exprime dans son intéressant Mémoire.
( 848 )
« La puissance mécanique de la tempête s'use à mesure qu'elle se propage par l'effet des
résistances que la surface terrestre et celle des mers opposent aux mouvements de l'air; il
faut donc, pour que la tempête conserve son intensité, qu'elle crée sur son passage et s'assi-
mile de nouvelles forces vives; il faut que la propagation de la tempête dans l'atmosphère
donne lieu au développement d'un travail moteur équivalent aux travaux résistants dont
nous constatons l'existence.
» C'est à ce point de vue que je vais essayer de compléter la théorie des tempêtes; je vais
chercher quelles conditions doivent être remplies pour que le mouvement de l'atmosphère,
déterminé par la tempête, donne naissance à un travail moteur.
» Le mouvement tournant est le plus violent des mouvements de l'air, celui que les ob-
servations constatent le ])lus nettement; mais il n'est pas le seul : il doit y avoir en outre un
mouvement vers l'axe du tourbillon et un mouvement parallèle à cet axe. Le tourbillon
qui, dans sa marche, déploie une force mécanique sans cesse renaissante, qui verse une pluie
indéfiniment renouvelée sur les contrées qu'il traverse successivement, ce tourbillon a besoin
de s'alimenter d'air nouveau. Il doit le prendre aux parties de l'atmosphère qui entrent suc-
cessivement dans son cercle d'action en vertu de son mouvement de progression ; il doit
aspirer l'air d'un côté et le rejeter de l'autre côté. Par oîi se fait l'aspiration? Est-ce par les
parties hautes ou les parties basses de l'atmosphère? »
» El M. Peslin se décide pour les parties basses sans avoir examiné ini seul
fait, en se contentant du calcul de M. Espy cité plus haut. Qtîel dommage
que M. Peslin n'ait pas remarqué que ces mêmes phrases s'appliquent exac-
tement, identiquement aux tourbillons des cours d'eau! Il aurait proba-
blement adopté la conclusion opposée, car ici le doute n'est plus de mise,
la gyration est évidemment descendante.
» M. le D'' Reye dit la même chose en d'autres termes (i):
« Pourrait-on croire que les cyclones parcourent ces espaces énormes (plusieurs milliers
de milles) en cinq ou six jours, tout en fournissant un travail continuel de plusieurs cen-
taines de raillions de chevaux-vapeur, sans posséder un moyen quelconque de renouveler
leur force vive? Un cyclone ne ressemble pas à un cerceau solide qui roule sur le sol n'ayant
à surmonter que la résistance de l'air, insignifiante pour lui, et le frottement de roulement.
Un cyclone se compose d'air qui peut s'échapper de tous côtés et qui, en vertu d'une gy-
ration rapide, doit effectivement s'en écha]iper si aucune force exiérieure ne le retient ou ne
le renouvelle. L'espace au travers duquel un tel cyclone se meut vers le N.-O. est lui-même
plein d'air tout aussi pesant ou même plus dense que le sien; il lui oppose une résistance
d'autant plus grande que le cyclone est plus grand lui-même; et, si cet air est entraîné dans
le cercle d'action du météore, il y faut une dépense de travail mécanique que le cyclone ne
pourrait fournir au moyen d'une provision antérieure. »
» L'auteur calcule ensuite l'énorme dépense de force de l'ouragan de
(i) Die Wirhehturmc, Tonuidos iind Weltcrsàidcn, par le D'' Reye, professeur à l'Uni-
versité de Strasbourg.
(849)
Cuba pendant trois jours, et montre qu'elle est aisément couverte par l'équi-
valent mécanique de la chaleur rendue libre, grâce à la condensation de la
vapeur d'eau qui provient des couches inférieures aspirées de bas en haut
par le tourbillon. Il estime que celte force est au moins quinze fois plus
grande que tout ce que peuvent fournir, dans le même laps de temps, tous
les moulins à vent, moulins à eau, machines à vapeiu-, locomotives, hommes
et animaux du monde entier. Il s'agit, en effet, de 3gc)5o millions de kilo-
grammètres par seconde. C'est l'équivalent du nombre de calories qui
deviennent libres par la condensation de iSBogo kilogrammes de vapeur
d'eau par seconde, nombre énorme en apparence, mais bien faible en réa-
lité, car l'air inférieur aspiré par le cyclone contient de trente-trois à qua-
rante-cinq fois plus de vapeur d'eau, lorsque son point de rosée est par i5
ou 20 degrés du thermomètre de Celsius. « Sous ce rapport donc, ajoute
» M. Reye, mon explication des tempêtes tourbillonnaires (c'est aussi celle
» de M. Peslin) répond à toutes les exigences. »
)) C'est, on le voit, sous une forme plus moderne et plus correcte, la
théorie même de M. Espy, qui trouvait dans des calculs analogues une
explication si satisfaisante des averses de pluie dont les cyclones sont ac-
compagnés. Aujourd'hui on rapproche ces condensations de la quantité
de chaleur qui s'en dégage, et celle-ci du travail mécanique accompli par
ouragan.
» Mais aujourd'hui, comme en i84o, au temps de M. Espy, on oublie
une chose que tous les calculs de Physique ou de Thermodynamique ne
donnent pas, c'est de faire marcher le cyclone. Le cyclone-type de MjM. Espy,
Peslin et Reye ne marche pas. L'air inférieur où il puise incessamment ses ma-
téiiaux et où il renouvelle sa force vive est immobile ou, s'il est en mouve-
ment, suit une direction toute différente de celle de l'ouragan. Si vous y
placez quelque part un centre d'aspiration, et si vous disposez de l'équi-
libre atmosphérique et de la chaleur dégagée par la vapeur d'eau conden-
sée de manière à alimenter la force aspirante, vous déterminez bien un
afflux convergent par en bas (du moins si la tempête était environnée
d'une enveloppe résistante comme le tuyau d'une cheminée) et ensuite un
mouvement vertical ascendant plus ou moins rapide, mais où trouvez-vous
une composante horizontale quelconque? Ce qu'il y a de certain, c'est que
toutes les trombes, tous les tornados, tons les cyclones marchent d'un
mouvement assez rapide dans un milieu immobile, et que cela ne peut avoir
lieu ou durer indéfiniment en vertu d'une impulsion première.
» Ce n'est pas tout, quoique ce soit déjà trop. Dans un pareil système
C. R., 1875, I" Semenie. (T. LXXX, N» 13.) I I O
( 85o )
où l'aspiration verticale fait fonction de cause déterminante et où l'on ne
rencontre plus en dehors de celle-là que la lente rotation terrestre, il ne
peut se produire qu'un afflux convergent vers le centre d'aspiration : le
mouvement gyratoire n'est que secondaire; la théorie le donne si peu
que M. Mohn ne lui assigne qu'une fraction assez petite de la circonférence,
un quart de tour, je crois. D'autres météorologistes accordent quelques
tours tout près du centre, sans pouvoir d'ailleurs rattacher à leur théorie
la concession qu'ils font aux faits. Eh bien, c'est, au su de tout le monde,
le contraire qui a lieu. Le mouvement circulaire est d'une violence extrême,
tandis que le mouvement convergent n'a jamais été senti, jamais signalé;
il n'est indiqué que par les théoriciens qui en cherchent péniblement les
traces dans les diagrammes des tempêtes, dans les directions qu'affectent
les arbres abattus par les tornados et surtout dans leur imagination,
» Enfin la résultante finale devrait être un énorme courant ascendant
s'élevant du sein de ce cyclone jusqu'aux hautes régions de l'air. Or jamais
on n'a signalé dans ces mouvements de l'air la moindre composante ver-
ticale.
» Voilà la théorie de l'aspiration; si elle est peu d'accord avec les phé-
nomènes qu'elle devrait représenter (et ici je lui ai fait beau jeu, car il ne
s'agit ni de trombes ni de tornados), c'est que les météorologistes se sont
placés, ce me semble, dès le début, en dehors de la question. Ils ont cher-
ché la force motrice dans un milieu immobile, lorsqu'il n'y a qu'à lever la
tête pour la trouver dans les régions supérieures. Là, en effet, coulent de
puissants fleuves d'air qui la fournissent amplement et la font parvenir
jusqu'au sol par des mouvements gyratoires identiques à ceux de nos cours
d'eau. »
MÉTALLURGIE. — Sur la limite de la carburation du fer.
Note de M. Boussingaclt.
« La bienveillance avec laquelle l'Académie accueillit, il y a quelques
mois, la Communication que j'eus l'honneur de lui soumettre sur la trans-
formation du fer en acier, m'autorise à lui donner lecture d'un cha-
pitre du Mémoire que je suis à la veille de publier. J'y traite lui sujet
d'un certain intérêt au point de vue théorique, celui de la limite de la car-
buration.
» Le carbone se rencontre en proportions fort variables dans les fers
carbures; il rentre généralement pour i à 2 millièmes dans le fer en barres,
( 85i )
pour 4 à 7 millièmes dans les aciers doux, pour lo à i5 millièmes dans les
aciers durs. Dans les fontes, cette proportion est ordinairement de 2 à
4 centièmes, très-exceptionnellement 5 centièmes. Cette limite maxima se-
rait une présomption, pour croire à un composé défini, si les résultats
fournis par l'analyse n'étaient pas à rejeter pour la plupart, parce que les
fontes renfermant souvent du manganèse en notable quantité, toujours du
silicium, du phosphore, du soufre, quelquefois même du chrome, il de-
vient dès lors impossible de déduire nettement le rapport existant entre le
poids du fer et celui du carbone.
» Dans la question de savoir si le carbone et le fer forment une combi-
naison fixe, on ne doit accepter comme éléments de la discussion que des
observations faites sur des composés dans lesquels il n'entre autre chose
que du carbone et du fer pur ou approchant de l'état de pureté.
» D'habiles métallm-gistes ont carburé le fer, soit en réduisant le ses-
quioxyde, soit en fondant le métal réduit dans du noir de fumée, dans du
charbon de bois, dans du charbon pur, dans du graphite de Ceyian. Les
expériences ont été exécutées, pour la plupart, dans le laboratoire de
M. Percy : c'est là une garantie de leur exactitude. En voici le résumé :
Fer. Carbone total.
Dick 95 , 80 4 ) 20
95,66 4,34
Hochstatter 95,85 ^,^5
95,13 4,87
Sefstrôiii 95,66 4534
Weston 95 , 5o ^,5o
Moyenne g5,6o 4 A^
» Karsten chercha à démontrer que le fer carburé au maximum con-
tient o,o5i de carbone. Ses observations ont porté sur une fonte blanche
très-lamelleuse des forges deMûssen, principauté de Siegen,
» Pour diminuer les difficultés inhérentes au dosage, Karsten transforma
la fonte blanche en fonte grise, afin de n'avoir surtout à déterminer que
du graphite
12 3
Fer, par différence 94>95 94>90 94^7^
Carbone total 5,o5 5, 10 5
TO
ino,oo 100,00 100,00
M. Percy a fait remarquer avec raison que dans les fontes spéciilaires
1 10..
( 852 )
semblables, quant à l'aspect, à la fonte de Miissen, on trouve ordinaire-
ment 4 pour loo de manganèse, et qu'on ne dit nulle part que la fonte
employée fut exempte de ce métal ; il n'aurait pas fait mention des résul-
tats obtenus par Karsten, si ce métallurgiste éminent n'en eût déduit cette
conséquence que la fonte blanche lamelleuse, au maximum de carburation,
est une combinaison définie, qu'on peut représenter par Fe^C.
Fer 94,92
Carbone 5 , 08
100,00
M En comparant la composition de plusieurs fontes grises à celle de la
fonte lamelleuse, Karsten arrive à cette conclusion, que la fonte grise
contiendrait moins de carbone que la fonte blanche, o,o4 moyenne de
cinq analyses.
» Je n'ai pas trouvé une différence bien prononcée entre le carbone de
la fonte blanche et celui de la fonte grise obtenue à l'air chaud. Voici quel-
ques dosages :
Fontes blanches manganésiféres do Follonica (Toscane)
» » de Elia (Pyrénées-Orientales) 4» 00
Fontes grises de Ria (Pyrénées-Orientales) air chaud. .
Fonte truitée » »
Carljone
Carbone
combiné.
Graphite.
total (1).
4,06
traces
4,06
4,00
0,00
4,00
4,26
0,00
4.26
4,06
0,06
4, 12
0,70
3,3o
4,00
4,00
indice
4,00
» Dans ces fontes, on le voit, la proportion de carbone se rapproche
beaucoup de celle du fer carburé en creuset brasqué; est-ce à dire que,
dans certaines conditions, elle ne pourrait pas être dépassée? Non sans
doute ; ainsi on a signalé jusqu'à 0,06 de carbone. Acceptant ce chiffre, on
conçoit fiu'un fer en fusion, saturé de carbone, en laisse échapper à l'état
de graphite par l'effet des variations de température. En réalité ce graphite,
quoique adhérent, n'appartiendrait plus à la masse d'oîi il serait sorti,
et si le métal reste en contact avec la brasque, la saturation sera mainte-
nue, parce qu'il reprendra le carbone qu'il aura laissé échapper; on aurait
alors du fer carburé au maxinunu sur lequel seraient entés des cristaux de
gra|jhile.
» Dans luie expérience que j'ai faite sur de la fonte grise de Ria, il s'est
(i) Los fontes avaient été obtenues au charbon de bois.
( 853 )
produit ce qu'on pourrait nommer une sursaturation apparente du fer
par le carbone.
» Une plaque de fonte a été mise dans une caisse de four à cémenter,
où elle est restée un mois durant.
)) Les dosages ont indiqué, dans loo de fonte :
Avant la cémentation, carbone total 4'05
Après la cémentation 5,07
Carbone acquis 1 , 07.
La fonte avait pris par la cémentation une teinte presque noire; sa cassure
présentait de nombreuses facettes au milieu desquelles on distinguait des
cristaux, des lamelles de graphite d'un grand éclat.
» Avant de faire connaître les expériences exécutées dans les aciéries de
Jacob Holtzer, pour déterminer le maximum de carburation, je rappellerai
sommairement les propriétés générales de la fonte, afin de voir si nous les
retrouverons dans un métal fortement carburé, et différant des produits
des hauts fourneaux en ce qu'il n'y entre autre chose que du fer et du
carbone.
» Les fontes blanches lainelleuses proviennent de minerais manganési-
fères; l'ampleur, l'éclat argentin de leurs facettes dépendent surtout de leur
teneur en manganèse, variant communément de 2 à 7 pour 100 ; elles sont
dures, cassantes à ce point qu'on peut les pulvériser. Les minerais, alors
même qu'ils contiennent peu de manganèse, fournissent encore, suivant
l'allure du haut fourneau et particulièrement par des coulées froides, de la
fonte blanche grenue.
» Les fontes blanches contiennent le carbone à l'état combiné, du
moins pour la plus grande partie. Les fontes grises doivent leur aspect à
du graphite disséminé; elles sont produites dans les fourneaux à allures
chaudes : le carbone y est à deux états, combiné et libre. Quand on les
dissout dans un acide, elles donnent un résidu graphiteux.
» La fonte blanche est plus fusible que la fonte grise ; elle acquiert une
consistance pâteuse avant d'être liquéfiée. Tout au contraire, la fonte grise
entre en fusion instantanément, elle est ou solide, ou liquide. Fondue et
refroidie rapidement, elle conserve tout ou presque tout son carbone à
l'état combiné. Refroidie lentement, on assure qu'elle se change en fonte
grise, une partie du carbone se séparant à l'état de graphite.
» La fonte grise liquéfiée et refroidie promptement passe à l'état de fonte
blanche, le graphite se combinant au métal : aussi arrive-t-il, lorsqu'on la
( 854 )
coule sur un corps bon conducteur, dans une lingotière, que la partie soli-
difiée subitement au contact du métal froid devient de la fonte blanche,
tandis qu'au-dessus de la zone touchant le moule et qui a subi une sorte
de trempe, le métal conserve les caractères de la fonte grise. Celte modifi-
cation se manifeste alors même qu'on agit sur de grandes masses. Une cha-
botte du poids de 06000 kilogrammes, fondue par M. J. Holtzer dans l'usine
d'Unieux, avait sa superficie convertie en fonte blanche.
» La transformation d'une fonte blanche, dans laquelle le carbone est
invisible parce qu'il est combiné, en fonte grise, dans laquelle on aperçoit
le carbone, parce qu'il est libre, doit, ce me semble, être attribuée à ce que
le fer, à une température élevée, s'unit au carbone, soit en s'y combinant,
soit en le dissolvant.
» La combinaison est d'autant plus vraisemblable que, d'un côté, il est
établi qu'à un haut degré de chaleur le fer, dans un contact prolongé avec
du charbon de bois maintenu en excès, ne fixe qu'une quantité limitée de
carbone, et de l'autre, qu'en s'associant à un corps absolument réfractaire,
il forme un composé fusible à un degré de beaucoup inférieur à celui de sa
fusion lorscju'il est pur. Il est vrai que, par un abaissement graduel dans la
température, le fer carburé au maximum (fonte) et fondu abandonne du
carbone qui apparaît à l'état de graphite dans la masse refroidie. Il y a là,
il faut bien le reconnaître, de l'analogie avec ce qui a lieu, quand un sel est
séparé d'une dissolution chaude et saturée en voie de refroidissement, ou
mieux encore dans la précipitation du silicium graphitoïde du zinc avec
lequel il était uni pendant la fusion.
» Quelle que soit, au reste, l'opinion à laquelle on s'arrête sur l'état du
carbone dans le fer carburé fondu, combinaison en proportion définie ou
solution saturée, toujours est-il que, par le fait de l'apparition du graphite
durant le refroidissement, le composé ou la dissolution est appauvri de tout
le carbone devenu libre.
» Tout porte donc à croire que dans le fer carburé en fusion la totalité
du carbone est combinée au métal, et que c'est pendant l'abaissement de la
température qu'une partie de ce carbone est mise en liberté. Il ne faudrait
pas en tirer la conséquence que le fer carburé au maximum n'existe qu'à
l'état liquide, puisqu'il suffit que la solidification soit rapide pour qu'il n'y
ait pas séparation de graphite. La masse métallique solide est alors homo-
gène, analogue par la couleur, la dureté, la fragilité à la fonte blanche; tout
le carbone est combiné au fer comme il l'était jiendant la fusion. Il n'en est
pas ainsi quand par un refroidissement lent il y a apparition de graphite :
( 855 )
la masse métallique devenue solide ne possède plus une constitution homo-
gène; il s'y trouve cette fois du carbone en combinaison, du carbone libre
et très-probablement du fer pur, à moins d'y admettre avec Karsten des po-
lycarbures dont l'existence est fort contestable.
)) C'est pour corroborer les idées que je viens d'émettre sur la nature des
fers carbures, qu'on institua à Unieux, dans l'usine Hoitzer, une expérience
sur la combinaison du fer avec le carbone, et pour laquelle, très-heureuse-
ment, on put disposer d'un fer de Suède exempt de manganèse et appro-
chant de l'état de pureté, puisqu'il s'y trouvait 0,9961 de métal.
» I. Dans un creuset brasqué n" 2, on a mis 10 kilogrammes de fer en
fragments, en ayant soin de remplir les intervalles avec du charbon de bois.
» II. Dans un creuset brasqué n° 1, 10 kilogrammes de fer ont élé dis-
posés comme dans le creuset n° 2.
» Les creusets furent placés dans un four Siemens. Une plaque de fonte
à surface nette et bordée d'une fretle de lingotière avait été disposée pour
recevoir le métal en fusion.
» La coulée du creuset n° 2 eut lieu après trois heures cinquante minutes
de feu, la matière était très-liquide ; solidifiée, elle avait une épaisseur de
10 à i4 millimètres, divisée en deux zones à peu près égales, sans séparation
bien tranchée ; la zone inférieure, trempée par le contact de la plaque de
fonte, était blanche. La zone supérieure présentait une teinte gris foncé, un
grain fin. Sur quelques points, les deux zones en se pénétrant prenaient
l'apparence d'une fonte truitée.
» La coulée du creuset n" 1 fut faite après neuf heures dix minutes de
four. La coulée d'une épaisseur de i3 à i5 millimètres était séparée en deux
parties parfaitement limitées. La zone inférieure trempée était blanche, elle
avait environ le tiers de l'épaisseur de la zone supérieure, grenue et d'un
gris foncé.
» Dans le fer carburé n° 1, on a dosé :
Fer.
Dans la masse q5,qo
Dans la zone blanche. 95,99
Dans la zone grise. . . 95,22
» Ainsi, dans les fusions opérées à l'usine d'Unieux, aucun des fers car-
bures au maximum n'était exempt de graphite, c'est dans la zone blanche
trempée 11° 1 qu'on en a trouvé le moins, m^oo- En négligeant cette faible
quantité, en la supposant unie au métal, celte zone blanche aurait presque
Carbone
Carbone
combiné.
Graphite.
lotal.
2,10
2,00
4,10
3,585
0,4.5
4,01
2,67
2,H
4,78
( 856 )
la composition théorique Fe^C, i équivalent de carbone combmé à 5 équi-
valents de fer; et le fer carburé n° 1 , coulé à une température des plus in-
tenses, a exactement la composition Fe^C.
Fer 95,90
Carbone 4> '"
100,00
» El cependant une moitié seulement du carbone est combinée, l'autre
moitié est libre, c'est du graphite. La totalité du carbone était sans aucun
doute unie à la totalité du fer dans le carbine en fusion; la dissociation
d'une partie du composé Fe'C aurait commencé pendant l'abaissement de
la température. Si donc la zone blanche trempée n° 1 a conservé la com-
position Fe^'C qu'elle avait à l'élat liquide, c'est que le refroidissement a
été subit, et que, par conséquent, les molécules de graphite n'ont pas eu le
temps de se réunir en vertu de l'affinité qui les attire l'une vers l'autre
lorsque la masse métallique approche de la consistance visqueuse.
» La dissociation ayant pour indice l'apparition du graphite a dû s'ac-
complir dans tous les fers carbures où l'on trouve ce carbone, et, comme il
ne saurait y avoir dans le métal refroidi i équivalent de carbone libre sans
qu'il y ait en même temps 5 équivalents de fer libre, il en résulte qu'après
la solidification il est permis de le considérer comme un mélange de fer
carburé, Fe'^C, de graphite et de fer. Il serait, en effet, peu naturel de sup-
poser que la masse où le graphite est disséminé fût formée d'un ou plusieurs
polycarbures; autant vaudrait admettre que le fer et le carbone se combi-
nent en toutes proportions, ce qui serait sans précédent en Chimie, et d'au-
tant plus singulier qu'il est établi par les expériences que j'ai fait connaître
que, quelle que soit l'intensité de la température, le fer ne prend qu'une
quantité limitée de carbone. Ainsi ce métal, qui s'unit quelquefois à tttoTTô
et moins de ce combustible, ne pourrait pas en prendre plus de jh)
à — 6-
» Quelle que soit, au reste, la probabilité de l'existence d'un composé
Fe^C, on ne saurait l'accepter définitivement qu'autant qu'on serait par-
venu à l'isoler.
» Rien de plus curieux que ces changements dans la nature du fer car-
buré au maximum opérés par des effets de température : la foule grise
transformée en fonte blanche par l'union de carbone libre et de fer libre,
et réciproquement la fonte blanche métamorphosée en fonte grise par la
mise en liberté du carbone et du fer.
(857)
a Les occasions d'observer la transformalion de la fonte blanche en fonte
grise ne sont pas fréquentes dans les forges; aussi ai-je cru faire une chose
utile en instituant à l'usine Jacob Holfzer un essai pour opérer cette trans-
formation, en agissant sur une forte quantité de métal, afin de rendre le
refroidissement de la niasse fondue le plus lent possible.
» A 4 heures du soir, deux creusets contenant chacun 1 5 kilogrammes
de fonte blanche lamelleuse de Ria ont été placés dans un four Siemens
dans lequel on fondait de l'acier. A 7 heures, comme on devait mettre
hors, on fit fermer. Le refroidissement fut assez lent pour que trente-six
heures après la fermeture les creusets fussent encore ronge-cerise obscur;
le refroidissement dura cinquante heures. On brisa les creusets, dans cha-
cun desquels on trouva vme masse bien homogène, surmontée d'une couche
de laitier vert jaunâtre de 35 millimètres d'épaisseur. Les deux masses
cassées au pilon présentaient toutes les apparences d'une fonte grise, gre-
nue, assez malléable et d'une grande ténacité.
)) Voici les résultats des dosages :
Fonte blanche. Fonte grise.
Carbone combiné. .. . 3, 800 ) _ 0,660 ) _ ,,
„ ,-, i,ooo „ 3,442
Graphite 0,000 ) 2,783 )
Silicium 0,000 0,660
Soufre 0,100 0,020
Phosphore 0,075 0,080
Manganèse 2,585 i ,75o
Fer 9'^,935 93.945
99'9i5 99>^97
» En comparant ces résultats, on voit que la quantité de phosphore est
la même clans les deux fontes. La grise ne renferme que le | du soufre de
la blanche. Il y a moins de carbone et plus de silicium dans la fonte grise.
Ce qu'il y a de remarquable, c'est que, durant la transformation de la fonte
blanche en fonte grise, plus d'un tiers du manganèse a disparu. Ce fait parut
si singulier que l'on crut devoir le vérifier par plusieurs dosages. Il est vrai-
semblable que le manganèse manquant a passé dans le laitier vert formé à
la surface de la fonte pendant la fusion. L'analyse de la fonte, avant et après
sa transformalion en fonte grise, a donné :
Carbone. Silicium.
Fonte blanche 3, 800 o,4'-o
Fonte grise 3)442 0,660
Différence — o , 358 ■+■ o , 240
C.R., 1875,"!" Semeitre. (T. I.XXX, N» lô.) I ' ^
( 858
» Dans la fonte grise, j~^ de carbone auraient été remplacés par
2 1^ millièmes de silicium, venant certainemnnt du creuset ou du laitier dis-
séminé dans les fontes de première coulée ; la silice, à une haute tempé-
rature, en présence du fer, devient en effet un comburant du carbone.
)) Ces recherches sur la carburation sont une nouvelle preuve que, dans
la cémentation , le carbone a surtout pour origine le carbone fixe du
charbon de bois. Au reste, la possibilité de l'union des deux corps solides,
fer et carbone, en contact à une haute température, n'est plus en question
depuis la mémorable expérience de Clouet, si élégamment reproduite par
M. ]\Iargueritfe, et dans laquelle le fer est changé en acier en se combinant
au diamant; expérience décisive à mon avis, bien que, en réalité Clouet ait
obtenu de l'acier fondu ; c'est que la fusion d'un fer carburé est toujours
précédée d'une pénétration de carbone dans le métal solide. C'est ainsi que
le platine et, comme je l'ai constaté tout récemment, l'iridium, le palladium,
maintenus au rouge dans une brasque pouvant fournir du silicium sont d'a-
bord cémentés par ce métalloïde, avant de donner, par l'intervention
d'une chaleur suffisamment intense, des régules fondus de siliciures (i).
» C'est précisément ce qui arrive quand le fer est chauffé dans de la
poiulre de diamant, dans du graphite, dans du charbon de sucre, ou dans
du noir de fumée fortement calciné : ici encore la carburation précède la
fusion, et dans ces conditions elle a lieu sans le concours de gaz combus-
tibles, »
MÉnECiNE. — Documents pour servir à t' histoire de la cjlycosurie ;
par M. Andral.
« Les intéressantes Communications relatives à la glycosurie, faites à
l'Académie dans sa dernière séance, m'ont donné la pensée de lui sou-
mettre, à titres de documents, quelques faits que m'a fournis l'analyse
de 84 cas relatifs à cette maladie, dont j'ai gardé les observations écrites.
Je n'ai pas tenu compte d'autres que je n'avais confiés qu'à ma mémoire.
» La glycosurie, dans ces 84 cas, n'a pas atteint indistinctement tous
les âges : au moment où je commençais à observer les malades, deux seu-
lement avaient moins de 6 ans (3 et 5 ans), trois avaient de lo à 20 ans,
douze de 20 à 3o ans, vingt de 3o à 4° ans, vingt aussi de 4o à 5o ans,
treize de 5o à 60 ans, douze de 60 à 70 ans, un ^3 ans et un ■yS.
(1) De l'iridium préparé par M. Henri Sainte-Claire Devillea donné, parla fusion dans la
brasque, un culot sphérique très-régulier; le poids du métal avait augmenté de 0,07.
(859)
» D'où il suivrait que la glycosurie, très-rare avant l'âge de 20 ans, le
deviendrait moins de 20 à 3o ans, acquerrait son maximum de fréquence
entre 4o et 5o ans, s'observerait encore assez souvent de 5o à 70 ans, et,
après cet âge, ne serait plus qu'une exception, ce qui voudrait dire que la
plus grande fréquence de cette maladie coïnciderait avec l'époque de la vie
où les forces organiques ont leur plus grande activité ; mais ces âges ne
sont pas ceux où le diabète avait débuté : je n'ai pu en être certain que
sur 60 des 84 malades, et j'ai trouvé que chez eux le diabète avait fait sa
première apparition dans 12 cas avant 3o ans, dans l\o entre 3o et 60 ans,
et dans 8 entre 60 et 80 ans.
» La répartition n'a pas été égale entre les deux sexes : il y avait, en effet,
52 hommes et Sa femmes.
» Parmi ces 84 cas, plusieurs peuvent servir à montrer l'influence
du système nerveux sur la production ou sur l'aggravation de la maladie.
Dans plusieurs de ces cas, en effet, on voit l'urine se charger tout à coup
de plus de glycose à la suite d'un grand trouble moral: ainsi, sous cette
influence, une urine qui ne contenait que 20 grammes de sucre par litre
en offrit 96 vingt-quatre heures plus tard ; dans des cas plus rares, la pre-
mière manifestation des accidents diabétiques suivit de très-près une sem-
blable cause.
» Une femme devint glycosurique après avoir respiré continuellement
pendant plusieurs mois une telle quantité d'éther qu'elle en était souvent
dans une sorte d'ivresse ; une autre femme le devint après avoir éprouvé
longtemps divers troubles de la sensibilité qui se traduisaient alternative-
ment par des anesthésies partielles et des névralgies multiples; un homme
avait été épileptique avant d'être diabétique; un autre, après avoir été long-
temps paraplégique. Une lésion traumatique précéda la glycosurie dans
deux cas : dans l'un d'eux, le malade avait reçu un coup violent sur la
partie inférieure de l'occiput; dans l'autre, une chute avait eu lieu où la
nuque avait été fortement coutuse; c'est-à-dire que dans ces deux cas les
parties de l'axe cérébro-spinal qui durent ressentir l'influence du trauma-
tisme étaient bien près de celles dont la lésion, dans les expériences de
M. Cl. Bernard, amène du sucre dans l'urine. La lésion nerveuse devait
aussi en être voisine dans trois autres cas où j'ai vu la glycosurie survenir
chez des individus dont les seuls membres supérieurs étaient paralysés,
sans que la sensibilité fût altérée.
» Dans ces 84 cas, j'en trouve tin seul où la production du diabèle ait
suivi un défaut de nourriture : c'était chez un enfant de 3 ans, qu'une
I I !..
( 86o )
femme mercenaire avait, m'assura-t-on, laissé presque mourir de faim. Je
trouve 3 cas seulement où les diabétiques, avant de le devenir, s'étaient ex-
clusivement nourris de pain et de pommes de terre. Pour quelques autres,
c'était encore là la nourriture principale, à laquelle ils ajoutaient de temps
en temps du fromage et un peu de viande; mais, en définitive, ces cas
étaient en petit nombre, et j'ajouterai ici que, pendant les longues années
où j'ai suivi des malades dans les diverses classes de la société, dans les
hôpitaux et hors des hôpitaux, j'ai rencontré un plus grand nombre de
diabétiques parmi les personnes aisées que paraù les pauvres. Or une des
différences entre ces deux classes est celle do l'alimentation, souvent insuf-
fisante et en grande partie végétale dans la seconde, proportionnée aux be-
soins de l'économie, les dépassant souvent, et en grande partie animale
dans la première. J'ai d'ailleurs plus d'une fois constaté que des diabétiques,
avant de le devenir, avaient été remarquables par la force de leur constitu-
tion, et que plusieurs avaient eu un grand embonpoint. Quel que soit donc
le trouble intime qui amène dans le sang et consécutivement dans l'urine
un excès de sucre, il semblerait que, dans plus d'un cas du moins, cette
hyperglycémie et cette glycosurie, loin de traduire une diminution de l'ac-
tivité nutritive, en manifesteraient l'exagération. Cette pensée, qui est celle
de M. Cl. Bernard, trouverait son appui dans un autre fait remarquable,
à savoir la disparition du sucre de l'urine dans les derniers temps de l'exis-
tence des diabétiques, comme je m'en suis assuré plus d'une fois.
» J'ai parlé tout à l'heure des troubles nerveux qui peuvent précéder le
diabète. Dans les 84 cas que j'analyse, on en voit plusieurs où d'autres
troubles l'ont aussi précédé, bien que, dans le plus grand nombre de ces
cas, le diabète soit survenu au milieu d'un bon état de santé. Ainsi, avant
d'être glycosuriques, 4 sujets avaient été dyspeptiques, 8 avaient été re-
connus phthisiques, 5 étaient asthmatiques, 3 avaient une affection orga-
nique du cœur, 2 avaient eu des coliques néphrétiques, 3 autres devinrent
diabétiques dans la convalescence de fièvres typhoïdes, et enfin un à la
suite d'une attaque de choléra. Ainsi donc, soit que les forces vitales soient
exubérantes ou en défaut, comme cela a eu lieu dans cette dernière ,série
de cas, le diabète peut se produire, et la circonstance organique inconnue
qui lui donne naissance semblerait agir itidépendamment de ces deux
conditions.
» Une maladie qui vient compliquer le diabète peut le faire momenta-
nément disparaître : c'est ce que j'ai vu chez un homme qui n'eut plus de
sucre dans l'urine tant qu'd fut sous le coup d'une angine fébrile, et chez
( 86. )
une femme pendant qu'elle fut en proie à une dyssenterie grave. La cause
en fut-elle la modification du mouvement nutritif pendant la fièvre, ou la
suspension de l'alimentation?
» Mes observations m'ont montré plusieurs cas de diabète soit héré-
ditaires, soit atteignant dans une même famille plusieurs enfants, dont le
père et la mère n'avaient point été diabétiques. J'ai noté 2 cas dans les-
quels des pères albuminuriques donnèrent naissance l'un à un fils diabé-
tique, et l'autre à une fille également diabétique. Du reste, je ne crois pas
qu'il y ait l'affinité qu'on pourrait supposer entre ces deux maladies, at-
tendu que dans les 84 cas de glycocurie qui font la base de ce travail, il
n'y en avait que 3 où l'urine contînt de l'albumine en même temps que du
sucre.
» On sait que la densité de l'urine est plus considérable dans la glyco-
surie que dans aucune autre maladie. Toutes les fois que l'urine contenait
plus de 20 grammes de sucre par litre, j'ai vu l'aréomètre marquer plus
de io3o, se tenir dans un grand nombre de cas entre loSa et io38, sou-
vent aussi entre ce dernier chiffre et 1042, offrir ensuite moins de cas de
1042 à 1045, et une fois marquer 1047, ce qui a été pour moi le maximuin
observé. Je crois pouvoir conclure d'observations comparatives à cet égard
que, lorsque la densité de l'urine est de plus de io36, on peut affirmer
l'existence de la glycosurie.
» La quantité de sucre a varié dans nos 84 cas entre 6 et 100 grammes
par litre, et, comme les malades rendaient en vingt-quatre heures plusieurs
litres d'urine, il y en eut un qui expulsa dans un nycténiéron 480 grammes
de sucre, un autre 720 grammes, un autre 800. Il faut bien admettre en
pareil cas que ce ne sont pas seulement les aliments féculents qui fournirent
de telles quantités de glycose. Des analyses successives m'ont d'ailleurs
montré qu'en dehors de l'influence de tout traitement la quantité de
sucre de l'urine peut varier beaucoup à des époques très-rapprochées, et
qu'elle peut même disparaître et revenir alternativement. C'est dans ce der-
nier cas surtout qu'il peut arriver que la glycosurie persiste pendant un
grand nombre d'années, sans que la santé en soit gravement altérée, tandis
que chez d'autres le diabète a presque la marche d'une maladie aiguë.
Je l'ai vu entraîner la mort cinq semaines à peine après son début.
» La circulation générale, sauf les cas de complication, ne m'a pas
présenté de trouble notable. Je n'ai pas vu le pouls battre moins de 56 fois
par minute, et il était le plus souvent entre 60 et 80. Mais, à l'inverse de
la grande circulation , les circulations capillaires étaient fréquemment
( 862 )
troublées. Il m'a semblé que c'était plus souvent que dans d'autres affec-
tions chroniques que, dans le diabète, les gencives étaient rouges et gon-
flées, que les conjonctives s'injectaient, que la peau se couvrait de plaques
érythémateuses, que le sang s'accumulait dans les capillaires pulmonaires,
d'où résultaient ces congestions passives du poumon, cause fréquente de
la mort des diabétiques. Oserai-je attribuer toutes ces congestions à l'espèce
de difficulté qu'éprouverait le sang chargé de sucre à traverser les capil-
laires, ou dépendent-elles d'un défaut d'action des nerfs vaso-moteurs?" En
fin de compte, ne représentent-elles que des hypothèses ces expressions
de sang trop épais ou trop fluide auquel naguère, trop facilement et sans
preuves, on rattachait beaucoup d'états morbides? Et si je pose cette ques-
tion, c'est qu'elle me paraît abordable par les recherches combinées de la
clinique, de la Physiologie expérimentale et de la Chimie. Que si on la
résolvait par l'affirmative, on arriverait à cette conséquence qu'il y a un
ordre d'hypérémies qui peut avoir sa raison d'être dans le sang lui-même.
» 4 'Is nos 84 diabétiques ont eu des gangrènes : les pieds et le bas des
jambes en étaient le siège dans trois de ces cas. Dans l'un d'eux, j'ai exa-
miné après la mort les parties gangrenées, et j'ai trouvé les arlères qui s'y
rendaient oblitérées par des caillots dont l'aspect indiquait l'ancienneté.
Dans le quatrième cas, c'était le lobe inférieur du poumon droit qui était
transformé à son centre en un détritus gangreneux. Je regrette que les
vaisseaux n'aient point été examinés.
» Les différentes humeurs m'ont présenté sans exception leur réaction
naturelle, et si l'on a dit que dans le diabète la salive avait été trouvée
acide, d'où l'on a déduit une théorie de cette maladie, c'est parce qu'on ne
l'a pas examinée séparée du mucus buccal qui, lui, est ordinairement acide.
» Bien que les extrémités soient souvent froides ou au moins fraîches chez
les diabétiques avancés, je n'ai jamais trouvé la température axillaire au-
dessous de 36 degrés, et le plus communément elle se maintenait aux envi-
rons de 37 degrés.
» Ce n'est pas seulement d'une manière passagère qu'on peut voir le gly-
cose disparaître de l'urine. Cinq fois, dans nos 84 cas, j'ai cessé de l'y
trouver pendant un temps assez long pour que j'aie pu croire à la guérison
définitive de la glycosurie, et cela d'autant plus que, de ces 5 malades,
4 reprirent assez promptement et conservèrent tous les attributs de la santé.
Le cinquième ne gagna guère à la disparition de sa glycosurie, qu'il avait
gardée un an, car peu après il commença à avoir des accidents épileptiques
qui persistèrent.
( 863 )
» Chez les glycosuriques dont j'ai pratiqué l'autopsie, j'ai trouvé con-
stamment un état congestif des plus prononcés du foie et des reins, que j'ai
regardé comme le résultat consécutif d'un surcroît d'activité fonctionnelle
de ces deux organes. J'ai été frappé en outre de deux faits que j'ai consta-
tés dans le plus grand nombre des cas. L'un, c'était une induration singu-
lière de la rate, dont le parenchyme desséché ne laissait échapper à l'in-
cision ou à la pression aucune goutte de liquide ; l'autre, c'était la présence
de granulations tuberculeuses à l'état naissant dans le parenchyme pulmo-
naire. Vu le peu de développement de ces corps, je suis porté à penser
qu'ils s'étaient produits postérieurement à la glycosurie, sous l'influence de
la débilitation qu'elle avait entraînée.
» Le traitement généralement suivi dans ces 84 cas a consisté dans
l'usage des boissons alcalines et dans un régime alimentaire formé
principalement, mais non exclusivement, de substances animales, aux-
quelles j'ajoutais quelques légumes herbacés et du pain ordinaire. Pen-
dant ce traitement, le sucre a disparu chez un très-petit nombre sans se
reproduire; chez d'autres, il a disparu aussi, mais pour revenir; chez
d'autres enfin, il est resté aussi abondant, et a même été en augmentant.
Lorsqu'il en était ainsi, j'ai essayé de rendre absolue l'abstinence des fé-
culents; j'ai nourri les malades exclusivement avec des substances animales
en m'assurant bien que ce régime était strictement observé, et cependant
le sucre a continué à exister dans l'urine. Ce régime ne peut pas être d'ail-
leurs indéfiniment suivi, attendu qu'au bout d'un certain temps les ma-
lades en éprouvent im tel dégoût qu'il faut bon gré malgré y renoncer ;
mais voici un fait remarquable : chez un malade dont l'urine pendant ce
régime avait contenu une proportion de plus en plus considérable de
glycose, et successivement i5, 20, 3o, 44» 49 g''amnies par litre, cette
urine vint à en contenir moins et revint progressivement au chiffre pri-
mitif de 1 5 grammes, dès que je laissai prendre, avec de la viande, des
œufs, du lait, un peu de pain et de légumes; mais cet heureux change-
ment ne hit pas durable; le régime restant ce que je viens de dire, le gly-
cose augmenta de nouveau, et finit par s'élever au chiffre de 54 grammes.
Un autre malade, soumis comme le précédent à im régime exclusivement
animal, n'en garda pas moins dans son urine 82 grammes de sucre par
litre. Ces faits ne sont d'ailleurs que confirmatifs des résultats obtenus par
M. Cl. Bernard, qui, chez des animaux nourris de substances albuminoides,
a trouvé une quantité considérable de sucre dans le sang des veines sushé-
patiques. Ainsi les forces chimico-vitales de l'organisme peuvent vraisem-
( H64)
blablement transformer en sucre toute substance, organique elle-même,
qu'il reçoit ou qui le compose. Elles ont cette puissance dans l'état physio-
logique suivant une mesure qui leur est imposée par les lois de l'économie,
et, dans l'étal pathologique, leur suractivité déployée dans un certain sens
fait le diabète, comme elle fait chez d'autres une surabondance de graisse.
Quel est maintenant le trouble préexistant qiii produit cette exagération de
la fonction glycogénique? Part-il, dans le diabète qu'observe la clinique,
du système nerveux, comme il en part manifestement dans les expériences
de M. Cl. Bernard ? Quelques-uns des faits rapportés dans ce Mémoire fe-
raient pencher vers cette opinion; mais le plus grand nombre, sans lui être
contraires, ne la fortifient pas. Des investigations ultérieures montreront-
elles, chez les diabétiques, une altération des cellules nerveuses dans cette
paroi du quatrième ventricule dont certains points piqués chez un animal
le rendent diabétique? C'est à chercher; mais admettre dès à présent que
chez l'homme le diabète est le résultat constant d'une lésion nerveuse, ce
serait affirmer ce que les faits n'ont pas encore appris.
» Dirai-je, en terminant, qu'il y a quelques années on avait essayé de
déduire des faits connus alors une théorie du diabète qui, semblant rendre
plus claire le mécanisme de sa production, avait rationnellement conduit
à un traitement qu'un instant on put croire infaillible; mais cette théorie,
où la question de la pathogénie du diabète et de son traitement était ré-
duite à une pure question de Chimie, ne put se soutenir devant les faits
qui retendirent tout à coup, en montrant que le problème à résoudre n'était
pas là tout entier. En y faisant intervenir, par l'expérimentation, l'action
nerveuse, la Physiologie a déplacé en même temps qu'elle a agrandi le
champ des recherches ; mais nous venons de voir que, pour ce qui re-
garde la maladie qui, chez l'homme, s'appelle le diabète, les résultats de ces
recherches expérimentales n'ont pas encore eu chez lui leur vérification
complète. La science a donc besoin qu'à ce point de vue et à beaucoup
d'autres on ajoute aux faits qu'elle possède de nouveaux faits observés avec
cette minutie de détails qui seule peut les rendre utiles. Elle en a besoin
pour qu'une systématisation des faits relatifs au diabète puisse être tentée,
et qu'on en puisse déduire une théorie viable. Voilà pourquoi j'ai publié
ces quelques documents. »
M. Van Beneden fait hommage à l'Académie, par l'entremise de M. de
Quatrefages, d'un ouvrage ayant pour titre : « Les Commensaux et les
Parasites dans le règne animal ».
( 865 )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de juger le Concours pour le grand prix des
Sciences physiques à décerner en 1875. {Faire connaître les cliangements
qui s'opèrent dans les organes intérieurs des Insectes pendant la métamorphose
complète. )
MM. Milne Edwards, Blanchard, de Lacaze-Duthiers, de Quatrefages,
Ch. Robin réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après
eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Gervais et Boussingault.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de décerner le prix Barbier pour l'année 1875.
MM. Gosselin, Chatin, Bussy, baron Larrey, Cl. Bernard réunissent la
majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus
de voix sont MM. Andral et Bouillaud.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de décerner le prix Desmazières pour l'année 1875.
MM. Trécul, Duchartre, Brongniart, Chatin, Tulasne réunissent la ma-
jorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de
voix sont MM. Decaisne et Cosson.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de décerner le prix Thore pour l'année 1875.
MM. Blanchard, Brongniart, Duchartre, Trécul, Milne Edwards réu-
nissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu
le plus de voix sont MM. Tulasne et Decaisne.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de juger le Concours pour le grand prix de Méde-
cine et Chirurgie à décerner en 1873. [Application de l'électricité à la théra-
peutique.)
MM. Gosselin, Bernard, Bouillaud, Andral, Sédillot, baron Larrey, Bec-
querel père, baron Cioquet, Edm. Becquerel réunissent la majorité des
suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont
MM. Du Moncel et Jamiu.
G. R. ,1875, \" Semestre. ( T, L\XX, N» 13.) ' ' ^
( 866 )
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de décerner le prix Savigny pour l'année 1875.
MM. de Lacaze-Duthiers, Milue Edwards, de Quatrefages, Blanchard,
Gervais réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux,
ont obtenu le plus de voix sont MM. Ch. Robin et d'Abbadie.
MÉMOIRES LUS.
AÉKOINAUTIQUE. — Ascension scientifique de lonque durée; par MM. Sivel,
Crocé-Spinelli, a. et G. Tissandier et Jobert.
(Commissaires : MM. Becquerel, Dumas, Regnault, Fizeau,
Dupuy de Lôme, Hervé Mangon.)
« La Société française de navigation aérienne a organisé deux ascensions
aérostatiques : l'une de longue durée, qui vient d'être exécutée par nous,
l'autre à grande hauteur, qui sera faite prochainement. La Société, dont
nous sommes membres, est convaincue, en effet, que, pour entreprendre en
ballon des études météorologiques complètes, il y a nécessité de séjourner
longtemps dans l'atmosphère, afin de se rendre compte des modifications
importantes que subissent les courants aériens sur un long parcours, ou d'y
rester peu de temps, mais en s'élevant alors à de grandes altitudes, pour
étudier d'une façon précise la superposition des vents.
» L'Académie a bien voulu donner son précieux concours à ces deux
ascensions, et nous l'en remercions vivement.
M L'aérostat le Zénith, que nous montions, a 18 mètres de diamètre et
cube 3ooo mètres. Son propriétaire, M. Sivel, qui l'a mis à la disposition
de la Société de Navigation aérienne, l'a fait très-léger et très-imperméable.
11 supportait une nacelle de 2"", 80 de longueur sur i'",6o de largeur, grand
espace, nécessaire pour faire, dans des conditions avantageuses, des obser-
vations à l'aide d'un grand nombre d'instruments que nous avions em-
portés et dont plusieurs étaient nouveaux. En outre des baromètres ther-
momètres, hygromètre à point de rosée, psychromètre, boussole, lunettes,
loupe, dont on doit toujours se munir dans un voyage aérien scientifique,
nous possédions des lampes Davy pour l'éclairage nocturne, deux beaux
spectroscopes, prêtés par M. Duboscq, un électroscope avec un long fil de
cuivre de 200 mètres, un instrument à faire le point de M. A. Penaud, à
l'aide duquel il fut lacile de déterminer la vitesse du vent. Nous citerons
( 867 )
aussi un appareil destiné à l'absorption de l'acide carbonique, constrnit
par MM. Hervé Mangon et G. Tissandier. A l'aide d'un aspirateur, M. Tis-
sandier a fait passer une première fois no litres d'air et une seconde fois
66 litres d'air dans des tubes remplis de pierre ponce, imprégnée de po-
tasse caustique, exempte de carbonate. L'acide carbonique, ainsi recueilli,
d'après les principes de la méthode Regnault, a été dégagé à l'état gazeux.
Les dosages ne sont pas encore complètement terminés, mais M. G. Tis-
sandier donnera dans une prochaine Note les résultats obtenus. Mention-
nons encore un guide-rope très-fin, de 1200 mètres, dont M. Sivel avait eu
l'idée. L'extrémité, en glissant sur le sol, s'inclinait et faisait connaître
notre direction en empêchant les mouvements de gyration de l'aérostat.
» Nous devions, en outre, emporter deux ballons-sondes, imaginés par
M. Sivel : l'un de 6 mètres de diamètre était gonflé au gaz de l'éclairage;
l'autre de 2", 5o était rempli d'air. Ces deux ballons, retenus au bout d'mie
perche horizontale à 4oo mètres de la nacelle, devaient indiquer les vents
relatifs supérieurs et inférieurs. Un anémomètre très-sensible de MM. Crocé-
Spinelli et Redier eût fait connaître la vitesse relative du vent qui entraînait
la sonde supérieure, souvent cachée aux observateurs par l'aérostat. Mal-
heureusement un vent très-violent au départ rendit impossible l'emploi de
ce système que nous nous réservons d'utiliser ultérieurement.
» Nous avons pu tracer, avec la plus rigoureuse exactitude, le diagramme
ci-joint de l'ascension, en reconnaissant les localités sur le sol, en faisant le
point et en compulsant à notre retour les quatre-vingt-sept imprimés qui,
lancés de la nacelle, ont été renvoyés à Paris avec des indications com-
plètes, et dont l'usage a été particulièrement recommandé par M. Jobert.
Pendant toute la dnrée du voyage, M. Albert Tissandier a retracé les scènes
aériennes qui présentaient un intérêt réel : déformations du Soleil et de la
Lune par la réfraction, halo, etc.
» Partis de l'usine à gaz de la Villette, le 23 mars à 6^10^ du soir, nous
opérâmes notre descente le lendemain 24 mars à 5 heures du soir à Mon-
plaisir, non loin du bassin d'Arcachon, après un séjour dans l'atmosphère
de vingt-deux heures quarante minutes.
» Pendant la nuit, la température se maintint au-dessous de zéro, entre
— 1° et — A^^S, l'aérostat oscillant entre 700 et iioo mètres. A terre, il
gelait également, et la température y était généralement inférieure. Une
buée couvrait le sol sur une épaisseur de 5oo à 600 mètres, et son opacité
variait, sans toutefois nous cacher la vue du sol.
» Au-dessus de l'aérostat s'étendaient des cirrhus. Très-faibles et très-bas
1 12..
Diagramme de l'ascension du 23-?4 niars iS^S.
INDRE ET LOIBE
DEUX- SEVRES i CHARENTE INF
Halo lunaire et croix lumineuse obsrrvés à boni du ballon le Zi'nilli , le il\ mars i8;5.
( R.ssins d'après nature de M. Allierr Tissandicr. )
Halo et ci-oix il a ris Icui" développement coin pli't (^_>_j mars, j'' i j"* du malin ; al lit ode i loo iiieties)
Commencement du phénomène à /('' ^o™ ''" malin. Fin du phénomène ii 5'' 35'" du matin.
( 870 )
sur l'horizon an départ, ils s'élevèrent dans la nuit et devinrent assez in-
tenses, pour donner naissance peu de temps avant le lever du Soleil à un
magnifique halo et à une croix, représentés par les dessins ci-joints. La Lune
s'entoura d'abord d'un petit cercle, puis la croix prit naissance. Une demi-
heure après, une ellipse reliant les branches de cette croix, vint compléter
le phénomène. Le halo était dans tout son éclat au lever du Soleil qui se
présenta à l'état fragmenté. L'ellipse disparut, et les branches de la
croix plus persistantes s'évanouirent en diminuant peu à peu de longueur.
Cette succession d'aspect dura environ une heure. Les cirrhus, très-abon-
dants jusqu'à 10 heures du matin, s'abaissèrent à l'horizon en donnant
l'aspect d'une chaîne de montagnes aux pics neigeux. A midi, ils avaient
disparu, pour se montrer de nouveau à 4 heures. La présence de ces cir-
rhus permet de supposer l'existence dans les régions élevées d'un courant
aérien humide venant de la mer; nos autres observations confirment cette
conjecture.
» Au départ, le vent soufflait du nord-est et nous conduisait sur la Ro-
chelle, mais nous espérions que le vent ouest modéré, dont nous connais-
sions l'existence par un télégramme envoyé de l'Observatoire de Toulouse,
nous écarterait de la mer. Nos prévisions se réalisèrent. Après la traversée
de la Loire, le vent tendit à tourner, et c'est poussé dans la direction du
sud-sud-ouest que l'aérostat effectua la traversée de la Gironde. Après Les-
parre, nous planons au-dessus des landes de la Gironde, et nous rencon-
trons aussitôt un vent nord-ouest qui soufflait à terre, pendant que le
nord-nord-est supérieur très-ralenti continuait à s'avancer au-dessus; ces
deux courants superposés nous permettent de tirer des bordées, car il nous
est impossible de rester dans le courant inférieur humide et froid, tandis
que le courant supérieur est très-sec et chaud. La vitesse du courant nord-
nord-est dans les landes de la Gironde ne dépassait pas 3 mètres à la se-
conde, tandis que le vent inférieur dont la vitesse s'est accrue jusqu'au
moment de l'atterrissage était d'abord de 7 mètres, pour atteindre ensuite
près de 12 mètres. Le courant nord-ouest en augmentant de vitesse dimi-
nuait d'épaisseur.
•) Le diagramme montre que le ballon suivait les proéminences du sol
et s'élevait de lui-même poussé par un vent ascendant quand il passait au-
dessus d'une colline. Ce fait est surtout rendu manifeste par son passage à
600 mètres au-dessus de plusieurs monticules. L'aérostat s'est en outre fré-
quemment éloigné d'une direction en ligne droite. Le tracé met encore en
évidence des variations très-appréciables dans la vitesse du vent, qui fait
( 871 )
environ 5 mètres à la seconde pendant la nuit, lo mètres au lever du jour,
et qui diminue de vitesse dans les hautes régions, contrairement à ce qui a
lieu le plus habituellement.
» Les faits électriques sont intéressants. Les feuilles d'or de l'électroscope
ne se dévièrent pas pendant la nuit, mais elles s'écartèrent de o™,o6 à o'^,o'j
au lever du Soleil. Puis l'électricité devint moins accusée jusqu'au passage
de la Gironde, où une déviation subite de o"',o6 se combina avec une élé-
vation marquée de température. Entin, dans la suite du voyage, les dévia-
tions électriques devinrent très-faibles et même nulles.
» Les observations spectroscopiques ont été faites par M. Crocé-Spinelli.
Elles ont pleinement confirmé les observations hygrométriques. Quand le
Soleil et la Lune ont été au-dessous de l'horizon, les spectroscopes ont
montré les bandes de la vapeur d'eau exlrèmement accusées. Aussitôt que
ces deux astres se sont élevés de quelques degrés seulement sur l'horizon,
les bandes sont devenues infiniment plus faibles et ont fini même par être
très-peu visibles, ce qui démontrait que la quantité de vapeur d'eau dans
les régions supérieures était très-peu considérable.
» Pendant la durée de la nuit on observa six étoiles filantes, dont l'une
d'elle a offert une longue traînée d'un bleu intense.
» Quatre pigeons voyageurs fournis par M. Cassier furent lancés entre
9 heures et 1 1 heures du matin. Aucun n'est revenu à Paris.
» La température buccale resta constante pendant la durée du voyage,
mais le pouls chez les voyageurs s'était sensiblement ralenti peu de temps
avant l'atterrissage qui s'effectua heureusement, grâce au système de frot-
teursà pression progressive de M. Sivel. »
PALÉONTOLOGIE. — Le Mammouth à Monl-Doi l^lUe-el-V Haine) .
Note de M. Sirodot.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Daubrée, Gervais.)
« J'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie les résultats généraux de
fouilles exécutées à Mont-Dol, dans un gisement quaternaire offrant tous
les caractères d'une station humaine remontant à l'époque de VElepItas
priinitjenius. Les débris du Mammouth s'y trouvent accumulés en quantité
prodigieuse; les pièces recueillies représentent un minimum d'au moins
soixante Éléphants.
» La préparation des pièces composant le système dentaire étant ter-
minée, j'ai réuni les échantillons les plus remarquables pour être soumis
( 87a )
à l'examen de juges compétents. Cette collection représente le système
complet des molaires aux différents âges, avec des variations aussi remar-
quables que nombreuses. On y trouvera des échantillons dont l'émail
plissé rappelle si exactement la disposition caractéristique chez VEIephas
indiens, qu'il faut admettre que cette espèce vivante est déjà représentée à
Mont-Dol.
)) Cette collection permettra d'établir les rapports qui peuvent exister
entre YEleplias primigenius et VEIephas indicus; elle permettra surtout de
compléter et de rectifier les travaux de de Blainville et de Falconuet sur la
dentition des Eléphants vivants et fossiles. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ANALYSE. — Relation entre les m périodes cycliques de la quadratrice d'une
courbe algébrique de degré m. Note de M. Max. Marie.
(Commissaires : MM. Ossian Bonnet, Puiseux.)
« J'ai démontré, dans mon Mémoire intitulé : Classification des intégrales
quadralrices des courbes algébriques, que si les résidus relatifs à {m — 1),
asymptotes d'une courbe de degré m, venaient à s'annuler, le m"""" s'annu-
lerait aussi; ou que les m périodes cycliquesde la quadratrice d'une courbe
de degré m sont liées entre elles par une relation telle que, si (ni — i)
d'entre elles s'annulaient, la m'''""^ s'annulerait également.
» Celte proposition permettait de préjuger que les m périodes cycliques
devaient être liées entre elles par une relation linéaire.
» Cette relation, au reste, était déjà connue, dans le cas particulier des
courbes unicursales. M. Herniite a démontré, en effet, d'après M. Clebsch,
je pense, que, dans ce cas particulier, la somme des m périodes cycliques
est nulle.
» Il est facile de voir que la même relation lie entre elles les m périodes
cycliques de la courbe la plus générale du degré m.
I) En effet, soit
l'équation d'une courbe de degré tn. Pour avoir le résidu relatif à l'asym-
ptole j= a, X -h l>, = tangw, .r -h b,, il faudra d'abord rendre l'axe desj
( 873 )
parallèle à cette droito, et niotlrc ensuite l'équation do la coin ho sons la
forme
M (x' + ^) ;■'"'-' + (Na;'= + P. r' + Q)j"''-= +..,=. n,
ce qui donnera, pour le rosidu,
//b,\' b,
M ( y _ N -^ + Q
fdx'= 2 71 v'— 1 sin a, ^"'' — —Jll
» Les formules de transformation seront
X = x' 4- j^''cos«i et j" = jj'sina,,
de sorte que l'équation de la courbe deviendra
( — a^x' — />,)[j-'(sina, — «, cosc<,) — n.^x' — l'-i\...
X [?''(sinai — rt,„cosa,) — a^x' — h,„]
4- Çm-oîj'sina,, x' + j''cosa, ) 4- ... =0.
M sera évidemment égal à
— rti (sin«, — a-i cos«,)(sina, — a^ cosa,)...(sina| — rt,„cosa, ),
ou, en mettant en évidence le facteur cos'" 'a,,
— a, cos'"-'«,((7, — «o)((7, - n^)...{n, — a,„).
» Quant aux termes en r"""', une partie en proviendra du produit
[— a^x' — /^i ) ^ >'(sina, — rtj cos a, ) — rt,>x' — /^oj ...
X [r'(sina, — (7„, cosa,) — n„,x' — h,,,].
Mais cette partie, contenant en facteur ( — (7, a' — A,), s'évanouira lorsqu'on
fera x' ^=- '-■■. le seul terme eu v""-^ à considérer proviendra donc de
î),„_2(j'siua,, a''+ 7'cosa,).
Soit
?,«-2(j, J;') = Ao r'"~' + A, r"'"''.r + . . . + A,„_2,
!p,„_2(j?'sina,, .r' 4- 7' cos a, ) prendra la forme
A„(j' sin «,)'"-= 4- A,'r'siu«,)"'-»(.r' + 7-'cosa,)
4- A, (y sin a,)"'~'{x' +y' cosa, )- + ...,
C. R., 1S75, !"■ 5<-mfjfrc. (T. LXXX, M" \7> ^ I ' >
( 874 )
et le terme en j'"'~- aura évidemment pour coefficient
AoSin'"~-«, + A, sin'""^ «, cosa,
+ Aosin'"""!;!:, cos-a, + ... + A,„_2 cos"'~^a,,
c'est-à-dire
cos"'-=a,y,„_.,(<7,, i).
» Par conséquent, le résidu est
aTry/— ly„_,(a|, l)
les autres s'exprimeraient par des formules analogues.
» Cela posé, une fonction algébrique entière de degré (m — i) est dé-
terminée par les résultats de {m — i) substitutions : on a identiquement
/ . ■! _ fm-A"'^ i){z — a,){z — a,).. .{z — a„,_,)
fm-2\Zi <) — } 7-, ; ; ;
(«1— «i)!»!— Os). • .(«I — rtm-i )
fm-ija-i, i)(z — «i)(z — a,). . .(z — a„_i)
(o, — a,)(«2— r?,). . .(Oî— «,„_,)
ym_!(«»,-., i)(~ — "i){^~ a,). . .{z — «„_j)
(fim-< — «I )(«»,-! — n,). . .(«„_, — a,„.
» Il en résulte, en remplaçant z par a,„,
„ /^ ,\ fm-7{a„ x][a„— a,){a„— a,). ..{a„—a„_,
_, ?m-2("2, i)(a„ — a,)(a„ — «3). . .(«m— o,
(a, — at){a, — «j). . . (a, — nm_i)
+
y;n-î(<'^,-i, l)(am— ai)(a„ — O;). . .(a„— n,,,--,)
(«„_, — a, )(«„_, — a,). . .(a„_i — flm-i)
ou en multipliant les deux termes de la première fraction par [a, — «m)»
les deux termes de la seconde par (^o — a,,,) et ainsi de suite, divisant les
deux membres par (<?,„ — fl,)(«,„ — «,)... (n,,, — «,„_, ) et faisant tout passer
dans le premier membre,
y ?--'(^i.i) _Q
» Ainsi la somme des m résidus est toujours nulle. »
( «75 )
ANALYSE. — Recherches sur les covarinnls. Noie de M. C. Jokdan,
présentée par M. Chasles.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
« Parmi les diverses méthodes employées dans la théorie des invariants,
l'une des plus fécondes est sans aucun doute la représentation symbolique
introduite dès l'origine par M. Cayley, et adoptée depuis, sous une nota-
tion différente, par les géomètres allemands. Nous allons la rappeler briè-
vement.
» Posons, pour abréger, a, x, 4-^2X2 = a^., a, h^ — «2^1 = ('^^)' ^*
considérons un système de foiuies Innanea A, i!, C,... ayant respective-
ment pour ordres a, /3, y,... M. Clebsch a montré que tout covariant de
ce système de fonctions peut être représenté par une somme de termes de
la forme
(1) K {ab/" {ac)" {Iw ^..rt:7/c',,...,
où K est une constante, et a, h, c,... des symboles dont chacun corres-
pond à l'une des formes A, B, C,..., et 6gure dans l'expression (i) autant
de fois qu'il y a d'unités dans l'oi dre de cette forme.
M Pour faire le calcul du covariant représenté par l'expression (i), on
effectuera les multiplications indiquées. Cela fait, supposons, pour fixer les
idées, que le symbole a corresponde à la forme A. L'expression (i) sera ho-
mogène et d'ordre a en ci,, a.,; on v remplacera a°;, fl° '«,,..., par les coef-
ficients Aq, a,,... de la forme A. On opérera de même pour les autres sym-
boles h, c Le covariant ainsi obtenu aura son degré, par rapport aux
coefficients, égal au nombre des symboles r?, ^'; c,..., et son ordre par rap-
port aux variables sera r -}- s -h t -+-
)) Chacune des formop A, B, C,... pouvant être représentée dans l'expres-
sion (i) par un nombre quelconque de symboles, les covariants sont en
nombre infini. Mais M. P. Gordan a démontré que tous peuvent s'expri-
mer en fonction entière d'un nombre limité de covariants indépendants. Son
analyse peut être résumée comme il suit :
» i" Si le théorème est vrai pour deux systèmes de formes A, B, G,..»
et A', B',..., considérés isolément, il sera vrai pour le système A, B, G,...,
A', B',... ; car les covariants de ce nouveau système résultent des combi-
naisons (Uherschiebinujcii) des covariants de ces systèmes partiels, et celles
de ces combinaisons qui fournissent des covariants non décomposables en
covariants plus simples sont en nombre limité.
I I 3..
( «7(^ )
» Il suffit donc (l'établir le théorème pour une forme unique A.
» 2° Or il est évident si A est linéaire.
» 3° D'autre part, supposons le théorème vrai pour les formes de de-
gré a — I, il sera vrai pour celles d'ordre a. Eu effet, les covariants d'une
forme A d'ordre a résultent des combinaisons de deux sortes particulières
de covariants :
>) Les uns, W, dans l'expression symbolique desquels ne figure aucun
déterminant avec un exposant supérieure -•
» Les autres, M, dans lesquels chaque symbole figure dans un détermi-
nant affecté d'un exposant > -•
» Mais on déduit de l'hypothèse admise que les covariants irréductibles
de l'espèce W sont en nombre limité; de même pour ceux de l'espèce M,
et l'on en conclut que leurs combinaisons ne fourniront qu'un nombre li-
mité de covariants irréductibles.
» Quelque ingénieuse que soit celle démonstration, quelque fondamen-
tal que soit le résulat obtenu, il reste encore beaucoup à faire pour com-
pléter cette théorie. Bien que l'existence d une limite soit établie, il serait
assez difficile de lui assigner une valeur, même très-éloignée de la réalité.
A plus forte raison est-il nécessaire de recourir à des considérations nou-
velles pour établir un système de covariants irréductibles débarrassé de
formes superflues. Ce travail a été exécuté par M. Gordan pour les formes
du sixième degré; mais au delà la complication devient très-grande.
» Ces difficultés sont dues à la grande variété de formes symboliques
différentes que peut revêfii- un covariant. On a, en effet, l'identité
(2) ((jl')c,r + {bc)a^ + {ca)h_i. = o,
au moyen de laquelle ou peut transformer rexiyesbion (1) de bien des
manières différentes. Eu outre, si plusieurs symboles correspondent à une
même forme A, on pourra les permuter entre eux sans rien changer au
résultat.
» Nous avons entrepris récemment l'étude de ces transformations. Bien
que ces recherches ne soient pas terminées, nous pouvons déjà énoncer
quelques-uns des résultats auxquels elles nous ont conduits.
» Lemme. — Soieiït A, B, C trois formes dont les degrés or, /3, y soient au
moins égaux an; n^ b, c Us symboles de ces trois formes. Les divers covariants
rcjjrr^riilt's par rcxi>ression
{abY[bc]'[ca)"~ v-^ a^-"^" [>{-'- " c\
(«77 )
lorsqu'on /fait varier ij. cl v, s'expriment tous en fonction entière des covariants
oit p est un entier variable compris entre les limites zéro cl ^•
» Théorème. — Soient A, B, C, D,... des formes d'ordre écjal ou supérieur
à a; les covariants W de M. Gordan, relatifs à ce sjstème de formes, seront
donnés p^r l'expression
{abY^{bcy<{c,lp{(le)"^{e/p{fgy-'. . . flr^'. . ,
oii la double suite d'exposants p.,, p...,, [X-.,...., v,, Vo, V3,.. satisfait aux conditions
suivantes :
p., = ^, p., = p., - V,, IJ.3 .: [U - V,, ... ,
» En outre, le nombre des symboles a, b, c,... [dcgté du covarianl) ne
pourra dépasser la limite \/6a.
» On voit que cette limite est déjà assez resserrée.
M Nous avons entrepris une étude analogue sur les covariants M et sur
leurs combinaisons avec les covariants W; mais ce nouveau travail, plus
difficUe que le précédent, n'étant pas encore arrivé à sa forme définitive,
nous en remettrons l'exposition à une prochaine occasion. Nous nous bor-
nerons à en détaclier le théorème suivant, qui complète, dans une certaine
mesure, celui de M. Gordan :
» Théorème. — Soient A, B, C, D... de> fermes en nombre illimité, mais
dont l'ordre ne dépasse pas une certaine limite a. Les covariants irréductdiles
de ce sjstème, bien qu'en nombre illimité, appartiennent à un nombre de types
limité, et leur degré, ainsi que leur ordre, reste renfermé dans certaines li-
mites. »
MÉCANIQUE. — Sur les applications des théories générales de la Dynamique
au mouvement d'un corps déforme variable. Mémoire de M. H. Durrande,
présenté par M. Resal. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. le général Morin, Puiseux, Resal.)
« Lorsqu'au lieu d'un solide invariable on considère un système de
points matériels tellement liés entre eux, qu'au même instant les projec-
( 878)
lions des vitesses de ces points sur les axes soient des fonctions linéaires de
leurs coordonnées, les coefficients variant avec le temps, on peut se de-
mander quelle influence la déformation d'un pareil système peut exercer
sur son mouvement général. J'ai déjà étudié cette question, au point de vue
de la Cinématique pure, dans deux Mémoires insérés aux Annales scienti-
fiques de l'École Normale (i), et dans des Notes publiées dans les Comptes
7'endus (2).
» Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au ju-
gement de l'Académie, j'examine ce que deviennent, dans l'ijypotbèse pré-
cédente, les six équations générales de la Dynamique.
» J'ai dû tout d'abord me préoccuper de la variation des moments
d'inertie, et j'ai été amené à considérer, outre les sommes de la forme
A = Im (/*+ z^), auxquelles je réserve le ULin de moments d'inertie et de
rotation, les parties : B = -/mj% C = Imz-, qui sont maintenant séparées
et accompagnées des coefficients de la déformation. Chaque direction au-
tour d'un point est, en effet, caractérisée en général par un coefficient de
déformation qui est la dérivée logarithmique, par rapport au temps, d'un
rayon vecteur quelconque pris sur cette direction, et un coefficient quel-
conqueest liéà trois coefficients principaux par une loi identique à celle qui
lie un moment d'inertie aux trois momenfs*principaux.
» L'étude du mouvement d'un système, tel que celui que j'indique, au-
tour d'un de ses points, peut se faire, comme pour le mouvement d'un
solide, au moyen de la considération de l'ellipsoïde central. Celui-ci, indé-
pendamment de son mouvement général, se transforme homographique-
ment, et n'est plus assujetti qu'à toucher, par l'extrémité de son diamètre
coïncidant avec l'axe de rotation, un plan parallèle au plan du couple ré-
sultant des quantités de mouvement. Si, de plus, on suppose que le corps
ne soit soumis à aucune force extérieure, ce plan tangent conserve une
direction fixe, mais sa dislance à l'origine varie.
a La force vive totale du système se compose de la force vive de rota-
tion et de la force vive de déformation qui varient en sens contraire.
» Un cas très-intéressant, car il se rapproche beaucoup des faits d'ob-
servation, est celui où l'on suppose une déformation sphérique ou isotrope,
c'est-à-dire un coefficient de déformation ayant la même valeur dans toutes
(i) Annales scientifiques de l'École Normale sapcneure, 2° série, t. II, p. 815 t. III,
|>. i5i.
(:>.) Comptes rendus, novembre 1871, mai et novembre 1872, avril 1874.
( «79 )
les directions autour de l'origine. Je montre que la question peut entière-
ment se traiter comme s'il s'agissait d'un solide invariable, dès que le pa-
mètre unique de déformation est connu en fonction du temps. La déter-
mination analytique de la vitesse angulaire et de ses composantes se ramène
à une quadrature dépendant des fonctions elliptiques.
» L'ellipsoide central reste semblable à lui-même en se dilatant ou se
contractant, et touche un plan parallèle au plan invariable, et dont la dis-
tance à l'origine varie proportionnellement à la lacine carrée de la force
vive de rotation. Le lieu des axes instantanés dans le corps est un cône du
second degré identique à celui que l'on trouve pour le cas d'un solide, et
il en est de même du cône, lieu des axes du couple résultant dans le
corps.
Il Cela tient simplement à ce que les moments principaux d'inertie varient
proportionnellement à eux-uièmes, tandis que la force vive de rotation varie
en raison inverse de ces moments.
» On obtient avec une grande simplicité, en partant, à la vérité, d'une
hypothèse sur la loi du déplacement, des résultats qui ne manquent pas
d'intérêt par la comparaison qu'on en peut faire avec plusieurs faits d'ob-
servation, tels que l'aplatissement polaire d'une masse molle animée d'un
mouvement de rotation autour d'un axe principal, la diminution de vitesse
angulaire occasionnée par le renflement équatorial, etc. »
PHYSIQUE. — Sur les quantités de magnétisme et sur la situation des pôles dans
les aiguilles minces. Note de M. E. Bouty, présentée par M. Jamin.
(Commissaires : MM. Edm. Becquerel, Jamin.)
« Dans une Note antérieure (*), j'ai indiqué la méthode que j'emploie
pour déterminer séparément la quantité de magnétisme et la distance des
pôles dans des aiguilles longues et de petit diamètre, aimantées réguliè-
rement. J'ai établi que, quand on fait varier la force magnétisante, la quan»
tité de magnétisme, d'abord presque insensible, croît ensuite rapidement
et presque uniformément dans un intervalle (deCàC) que j'ai nommé
intervalle de l' aimantation rapide, puis se rapproche d'une manière plus
lente de sa limite supérieure L. Si l'on construit une courbe en prenant
pour abscisses les forces, pour ordonnées les quantités de magnétisme, et
que l'on répète cette construction pour des aiguilles de diamètre différent
(*) Voir Comptes rendus, séance du i5 mars.
( 88o )
(mais toujours inférieur à un uiilliinèlre), les ordonnées correspondant à
une même abscisse varient proportionnellement au carré du diamètre. La
fonction magnétisante, rapportée à l'unité de volume, demeure donc inva-
riable et se trouve évaluée en unités arbitraires au moyen des ordonnées
de l'une quelconque de ces courbes, comme nous l'avons admis précé-
demment.
)) Dislance des pèles aux extrémités. — Celle-ci décroît à peu près unifor-
mément quand on fait croître la force magnétisante jc à partir de zéro, et
se trouve représentée dans des limites très-étendues par une formule telle
que
(i) ^ = «D(.-/,x);
D représente le diamètre de l'aiguille, d la double distance d'un pôle à
l'extrémité la plus voisine; a et p sont des constantes. Pour de très-grandes
valeurs de x, la formule (i) cesse de s'appliquer, et r/ s'approche rapide-
ment d'une limite inférieure !^ — 2C/.D qui, avec la quantité maximum de
magnétisme L, définit ce qu'on appelle la saturation.
» L'intervalle dans lequel la formule (i) est applicable comprend et
dépasse largement dans les deux sens l'intervalle de l'aimantation rapide,
sans que celle-ci soit caractérisée par rien de particulier, en ce qui con-
cerne la situation des pôles; de forts courants qui accroissent à peine l'ai-
mantation comme quantité ont encore pour effet de refouler les pôles
vers les extrémités de l'aiguille d'une manière aussi efficace que les cou-
rants plus faibles qui produisent la presque totalité de l'aimantation. Il me
paraît difficile de ne pas attribuer ces faits à l'influence de l'aimantation
temporaire qui précède et détermine l'aimantation permanente; on sait, en
effet, que celle-là augmente encore d'une manière presque uniforme quand
celle-ci est déjà voisine de la limite qu'elle ne peut dépasser.
» En résiuné, si l'on désigne par f (.r) la fonction magnétisante perma-
nente de l'acier que l'on emploie, le moment magnétique d'une aiguille de
longueur /, très-grande |)ar rapport à son diamètre D, aimantée par une
force magnétique j", sera représenté par la formule
(2) j="-^^{a-)[l- 2aD{i-px)],
jusqu'à des valeurs dej très-voisines de sa limite supérieure Y
(3) Y=''^L{l-2ocD).
( S8r )
Pour des aiguilles de o""",553 de diamètre, la limite inférieure de la dis-
tance d'un pôle à l'extrémité voisine correspondant à x = o est 7°"", 55;
sa limite supérieure est 2""',75. Il en résulte pour a et a les valeurs abso-
lues suivantes :
a — i3,65,
» Répétition du passacje à la spirale. — J'ai indiqué autrefois (') que,
quand on répète le passage d'une aiguille dans la spirale magnétisante, son
moment magnétique augmente de manière à être représenté par la formule
(4) J = A-?,
où A et B sont des constantes dépendant de l'intensité de la force magné-
tisante, et où Ti indique le nombre des passages. Il était intéressant de
chercher si l'augmentation du moment magnétique considérée j)rovenait
d'un simple changement dans la distribution du magnétisme, c'est-à-dire
d'iui déplacement des pôles vers les extrémités, ou s'il y avait là une véri-
table augmentation de la quantité de magnétisme permanent conservée par
l'aiguille.
» La méthode déjà employée ci-dessus m'a permis de résoudre cette
question d'une manière satisfaisante. J'ai trouvé que la quantité de magné-
tisme et la situation des pôles changent à la fois dans ces circonstances,
mais cette dernière d'une manière très-peu sensible. La formule (4) s'ap-
plique très-bien aux quantités de magnétisme considérées isolément.
" Si l'on fait croître l'intensité de la force magnétisante x à partir de
zéro, le rapport _ de la quantité de magnétisme limite à la quantité
correspondant au premier passage décroît et tend vers zéro; mais ce qu'il
y a de remarquable, c'est que, si l'on cherche, au moyen de la courbe qui
représente la fonction magnétisante, quelle devrait être l'intensité x' de la
force magnétique pour produire la quantité A après un seul passage à la
spirale, on trouve pour le rapport — une valeur sensiblement constante.
Le tableau suivant se rapporte à des aiguilles de o""",553 de diamètre.
(*) Voir Comptes rendus, séance du 37 murs iy74-
C. K., 1875, 1" Semestre. (T. LXXX, M» lô.) 1 \ [\
( 882 )
\.
A — B
X
1,28
1,280
l ,080
3,49
6,76
1,246
i,i65
1,075
I ,o58 \
12,19
17,50
I , i5o
1 , 1 15
I ,o55 f Moyenne
1,061 1 i,o63
>>077 )
I , n 2
1 , 102
1,075
21 ,37
'3,49
24,45
25 , I I
i,oS5
i,o58
I ,o36
I , 025
Me
)V('nne
■ 1,0-77
Constante x. \ — B.
10 I ,00
l4 2,80
18 5,80
22 10,60
26 i5, 70
3o '9ï7o
34 22,20
38 23,60
42 24, 5o
M La valeur du rapport r varie très-peu avec le diamètre des aiguilles,
que nous supposons toujours inférieur à i millimètre. On a essayé de dé-
terminer exactement la valeur de ce rapport, et pour cela on n'a dû faire
concourir au calcul pour les diverses aiguilles que les valeurs les plus cer-
taines, celles qui sont déduites d'observations faites dans l'intervalle de
l'aimantation rapide. Les valeurs de r ainsi déterminées sont demeurées
comprises entre 1,060 et i,o65.
» En ce qui concerne le déplacement des pôles, il était naturel de sup-
poser qu'il correspond exactement à l'accroissement de la quantité de ma-
gnétisme, c'est-à-dire que l'aimantation finale est en tout point identique à
celle que produirait directement la force magnétique x'.
» L'expérience a vérifié cette prévision, et cela d'une manière très-satis-
faisante, eu égard à la petitesse des déplacements à mesurer. Ceux-ci dans
les cas les plus favorables n'excèdent pas o""",3 à o'"'",4- »
Pll\Sl(lVE. ~ Propriétés pli/sicjues des lames decollodion. Note de M. E. Gripon,
présentée par M. Jamin.
(Commissaires : MM. Fizeau, Jamin.)
« Si l'on verse sur une plaque de verre bien nette une couche de collo-
dion, on peut séparer du verre, après la dessiccation, une lame de collodion,
transparente, très-mince, et la tendre ensuite sur un cadre. Cette membrane,
à surface polie, réfléchit la lumière à la façon du veri-e; elle la polarise soit
par réflexion, soit par transmission. L'angle de polarisation maximum est
de 33^35' compté à partir de la surface, ou 5G°25' si l'on part de la nor-
male.
( 883 )
» On en déduit, d'après la loi de Brewster, pour indice de réfraction du
collodion, «= i,5io8.
>) Il est un peu plus petit que celui du crown-glass.
» On peut, à l'aide de cet indice et en observant le déplacement des
franges d'interférence produit par une telle membrane, en calculer l'épais-
seur : on l'a trouvée, pour les membranes expérimentées, inférieure à
o""",oi; les nombres varient de o""", 0081 à o""",oo88.
» Sous cette faible épaisseur, la membrane de collodion laisse passer une
forte proportion de la chaleur rayonnante.
» En prenant pour sources de chaleur tantôt la flamme d'une lampe à
modérateur, tantôt celle d'une bougie placée au foyer d'un réflecteur mé-
tallique et maintenue à une hauteur constante, on a trouvé que la membrane
laissait passer 0,91 de la chaleur lumineuse incidente. Si l'on prend pour
source un vase noirci plein fléau bouillante, la proportion de chaleur inci-
dente qui est transmise n'est plus que 0,70.
)) Si l'on entrelient à 5o degrés l'eau du vase, il ne passe plus que o,5o
de la chaleur incidente, le nombre ne change pas sensiblement si l'on
abaisse à 20 degrés la température de la source.
» Ainsi, sous cette faible épaisseur de o™'",oi, le collodion se montre
d'autant moins diathermane, que la température de la source s'abaisse.
» Deux lames de collodion étant placées sur le trajet du flux de chaleur
qui émane du vase à 100 degrés, la chaleur transmise est o,583; la pre-
mière transmet les 0,70 de la chaleur incidente, la seconde les o,83 de la
chaleur qui a traversé la première.
» On peut former des piles polarisantes avec des lames de collodion.
Elles peuvent servir et pour la lumière et pour la chaleur. Cependant on ne
saurait recevoir sans précaution la lumière solaire sur de pareilles piles :
les lames se brisent par l'excès de tension qu'elles subissent alors. On les
forme en collant des lames de collodion sur de petites lames de zinc dé-
coupées en forme de cadres, en les superposant et les inclinant de 30^35' sur
la direction des rayons.
1) Elles ont une transparence bien supérieure aux piles de mica qui
sont ordinairement employées dans l'étude de la chaleur. Si elles sont
plus fragiles que celles-ci, elles sont aussi d'une réparation facile.
.. En plaçant sur le trajet de la chaleur deux piles de collodion de six
lames, on trouve que les piles croisées, dont les plans d'incidence sont per-
pendiculaires, ne laissent passer que les o,G6 de la chaleur transmise par
les piles parallèles.
114..
( 884 )
» En plaçant une pile de neuf lames devant un prisme do Nicol et en no-
tant les déviations du galvanomètre lorsque la section principale du prisme
est parallèle ou perpendiculaire au plan de polarisation de la |)ile, on trouve
que la chaleur polarisée compose les 0,6 à 0,7 du faisceau transmis.
» La f;icilité avec laquelle chacun peut construire ces piles, leur dia-
thermanéité relativement grande, supérieure à celle du mica surtout pour
la chaleur obscure, justifieraient, je crois, leur emploi dans l'étude de la
chaleur rayonnante. »
CHIMIE. — Sur ta Jormation de l'acide iodiqiie dans les Jlamines iodées.
Note de M. G. Salet, présentée par M.Wurtz.
(Commissaires : MM. Wurtz, Cahours.)
« L'iode, volatilisé dans la flamme de l'hydrogène, colore la zone oxy-
dante de celle-ci en vert et donne un spectre particulier. Ce spectre est
caractéristique de l'iode; mais il ne m'a pas semblé qu'il dût être attribué
à ce métalloïde à l'état de liberté (i).
» J'ai cherché à extraire de la flamme le composé qui la colore, et, à
l'aide d'un dispositif déjà employé par moi dans des cas analogues, j'ai
réussi à isoler une quantité assez notable d'acide iodique.
)) Voici comment se fait l'expérience. Un courant de gaz hydrogène,
chargé d'une petite quantité de gaz iodhydrique, brûle à l'extrémité d'un
ajutage de platine; un serpentin en tube de platine, de i millimètre de
diamètre, s'enroule autour de la flamme de façon à n'en toucher que la
périphérie : il est d'ailleurs constamment refroidi à l'intérieur par un cou-
rant d'eau, comme le tube chaud froid de M. H. Sainte-Claire Deville. Ce
serpentin fonctionne à l'inverse des condensateurs ordinaires; l'eau prove-
nant de la combustion ruisselle à sa surface et s'accumule en gouttes à sa
partie inférieure pour s'écouler enfin dans une fiole disposée pour la rece-
voir. Au bout d'un quart d'heure, on a recueilli assez d'eau synthétique
pour pouvoir y chercher l'acide iodique avec les réactifs usités. On l'agite
avec un globule de mercure, on y verse une solution d'amidon; puis, après
avoir constaté que l'addition d'un peu d'acide sulfurique ne produit |)as
de coloration, on y fait passer une petite quantité de gaz sulfureux; au
bout d'un instant, la liqueur devient bleue (2). En évaporant directement
(i) On obtient le même spectre avec les flammes carbonées. Voir Annales de Chimie et
de Physique, 4" série, t. XXVIII, p. 33.
(2) La précipitation de l'iode de l'acide iodique par l'acide sulfureux présente certaines
( 885 )
une cinquantaine de grammes île la même eau, ou a obtenu un résidu
d'acide iodique pesant 67 milligrammes, qu'on a transformé en iodate
d'argent et ensuite en iodure par calcinalion. La perle de poids a été cou-
forme à celle indiquée par la théorie.
» L'ackle iodique, qui commence à se décomposer à 3oo degrés, peut
donc se former, à une température bien plus élevée, sous l'influence de
l'oxygène particulièrement actif qui existe dans la zone oxydante des
flammes. C'est là un nouvel exemple de ces phénomènes d'oxydation par
entraînement, dont l'explication paraît aujourd'hui devoir être cherchée
dans la structure de la molécule d'oxygène. Celle-ci, composée de deux
atomes, est rompue par le fait de l'union d'un de ces atomes avec l'hydro-
gène; le second, libre un instant, peut alors se porter sur des systèmes
atomiques voisins, et donner ainsi naissance à de l'ozone, à de l'acide azo-
tique, à de l'eau oxygénée, ou enfin, d'après mes expériences, à de l'acide
sulfurique et à de l'acide iodique, s'il existe du soufre ou de l'iode dans la
flamme. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la substitution du mercure à V hydrogène dans
la créatine. Note de M. R. Excel, présentée par M. Wuriz.
(Commissaires: MM. WurIz, Cahours.)
« J'ai fait connaître, il y a quelque temps, des combinaisons de la créa-
tine avec les oxydes d'argent et de mercure [Comptes rendus, t. LXXVIII,
p. 1 707) ; mais l'instabilité de ces composas ne m'avait pas permis d'en faire
l'analyse.
» Je suis arrivé, après de nombreux essais, à obtenir la combinaison de
créatine avec l'oxyde de mercure, à l'état de pureté. Pour cela, il m'a suffi
de préparer cette combinaison à une température comprise entre zéro et
5 degrés. La réduction, qui s'opère si aisément entre i5 et 20 degrés déjà,
n'a pas lieu à une température plus basse, et, une fois la substance lavée et
grossièrement desséchée, on peut la porter à gS degrés sans qu'elle s'al-
tère. La dessiccation complète en est donc assez facile.
» Je rappellerai en deux mots comment j'obtiens cette combinaison. A
une solution de créatine additionnée d'un léger excès de potasse et refroi-
particularités dignes d'être étudiées. Si, après l'addition de chaque bulle de ynz sulfureux,
on agite la solution, on ohlient une liqueur paiTaitenient incolore, cpii, au Iwut d'un cer-
tain temps, devient subitement bleue dans toute sa masse.
( 886 )
die à zéro, j'ajoute une solution également à zéro de sublimé corrosif. Il se
forme un précipité blanc. Je continue l'addition de sublimé corrosif jus-
qu'à ce que le précipité jaune d'oxyde de mercure commence à se former
et ne disparaît plus que lentement. Je m'arrête alors. Je laisse déposer le
précipité, je décante le liquide surnageant, et je m'assure, en ajoutant un
peu de sublimé corrosif, qu'il y a encore de la créatine en solution. Dans
ce cas, on n'obtient encore qu'un précipité blanc et pas d'oxyde de mer-
cure. Le précipité est alors jeté sur un filtre, lavé, desséché sous le vide de
la machine pneumatique, puis dans un courant d'air sec à 80 ou 90 de-
grés.
>' La substance ainsi obtenue est blanche, très-facilement soluble dans
l'acide chlorhydrique étendu. En neutralisant la solution chlorhydrique, le
précipité se reforme. L'acide acétique étendu la dissout moins facilement.
» Pour doser le mercure qu'elle renfei-me, je l'ai mise en suspension
dans un peu d'eau, et, après avoir ajouté quelques gouttes d'acide chlorhy-
drique, j'ai fait passer un courant d'acide sulfhydrique. Le sulfure de mer-
cure recueilli sur un filtre taré fut pesé. Voici les résultats obtenus :
Poids Je la substance Poids du sulfure de mercure
analysée. pour loo.
0,826 70,23
1,232 70)41
0,643 70,1
» Les combinaisons possibles me semblaient être les suivantes :
(C'Az'H»0^)'Hg.
(OAz^H«0')>Hg + IIgO,
(C'Az'H''0')'Hg-t-2HgO.
» Ces combinaisons exigeraient respectivement en sulfure de mercure,
la première 5o, 43 pour 100; la deuxième, 68,64 pour 100; la troisième,
88,1 1 pour 100.
11 Je n'avais évidemment affaire ni à la première ni à la troisième de ces
combinaisons. D'un autre côté, les quantités de sulfure de mercure trou-
vées étaient constamment supérieures à celles qu'exigerait la formule
(C*Az^H'0=)-Hg + HgO.
)i II était possible que la matière sur laquelle avaient porté les analyses
renfermât un peu d'oxyde de mercure à l'état de mélange, malgré la pré-
caution que j'avais prise de constater qu'après la précipitation du composé
il y avait encore de la créatine en dissolution dans le liquide. En effet,
( 8H7 )
l'oxyde de mercure une fois formé se dissout plus difficilement dans la
créatine. Je crus donc devoir recommencer luie nouvelle série d'analyses,
en ayant soin de débarrasser ma substance de l'oxyde de mercure qui pou-
vait la souiller. Pour cela, je la traitai par un peu d'acide acétique qui
dissout immédiatement l'oxyde de mercure et ne dissout qu'une petite
quantité du précipité blanc. Lorsque la combinaison de créatine et d'oxyde
de mercure renferme de l'oxyde de mercure à l'état de mélange et qu'on
la traite par un peu d'acide acétique étendu, il est facile de constater la
présence de l'oxyde de mercure qui s'y trouvait mélangé. En effet, la li-
queur filtrée donne, lorsqu'on la neutralise avec de la potasse, un préci-
pité jaune d'oxyde de mercure. Si, au contraire, la substance est pure,
cette liqueur ne donne, lorsqu'on la neutralise, qu'un précipité blanc. J'ai
pu m'assurer ainsi que la substance que j'avais analysée ne renfermait pas
d'oxyde de mercure. Du reste, deux analyses du précipité blanc, préalable-
ment lavé avec un peu d'acide acétique étendu, m'ont donné une moyenne
de 70,32 pour 100 de sulfure de mercure. De fait, outre les trois combinaisons
qui me semblaient possibles, il y en a une quatrième à laquelle je n'avais
pas songé tout d'abord : c'est la combinaison C Az'H'O'Hg, dans laquelle
deux hydiogènes de la créatine sont remplacés par i atome de mercure.
Cette combinaison exige 70,60 pour 100 de sulfure de mercure, quantité
excessivement voisine de celles trouvées dans les analyses. C'est donc à cette
dernière combinaison que j'avais aff lire. La formule rationnelle me semble
être la suivante :
^ AzH HAz ''
CH^AzHClI' CIP.AzHCH^
COO OOC
Ha
» En effet, la cyanamide traitée par l'azotate d'argent ammoniacal
donne un composé C^ °. Lorsque la cyanamide s'ajoute à elle-même
pour donner naissance à la dicyanamide, il n'y a plus qu'un d'hydrogène
qui soit remplaçable par de l'argent. Je suis porté à croire que, lorsque la
cyanamide s'ajoute au métliylglycocolle pour former la créatine, il n'y a de
même plus qu'un d'hydrogène de la cyanamide qui soit remplaçable \y<\v
des métaux. Le second hydrogène remplacé appartient au groupe acide
COOH du méihylgiycocolle
( 888 )
» En traitant une dissolution de dicyanamide par du sublimé corrosif et
de la potasse, on obtient également un précipité blanc comme avec la créa-
line. Enfin la glycocyamine se comporte aussi, lorsqu'on la traite par du
sublimé corrosif et un peu de potasse, comme la créaline. Lorsqu'on traite
la glycocyamine en excès par de l'azotate d'argent et qu'on y ajoute, goutte
à goutte, de la potasse, on obtient, comme avec la créatine, un précipité
blanc, soluble dans un excès de potasse. La cyanamide, traitée de même,
donne un précipité blanc, insoluble dans un excès de potasse.
» Je m'occupe maintenant d'analyser les combinaisons dont je viens
de parler. Elles compléteront le présent travail et me permettront, je l'es-
père, quelques considérations sur la structure moléculaire des produits
d'addition de la cyanamide, »
CHIMIE. — De l'inégalité d'action des divers isomorphes sur une même solution
sursaturée. Note de M. Lecoq de Boisbacdraiv.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« On admet que la cristallisation d'une solution sursaturée est indis-
tinctement provoquée par les différents isomorpbes du corps qui a servi à
préparer la liqueur. Je considère cependant comme théoriquement impos-
sible la rigoureuse égalité d'action de cristaux ayant même fonction chi-
mique, même forme géométrique et mêmes angles, mais dont les volumes
moléculaires, les densités, la composition chimique ou les autres pro-
priétés, ne seraient plus identiques. Je pense que deux isomorphes n'a-
gissent d'une f;tçon identique, sur les solutions sursaturées, qu'au delà
d'iuie certaine concentration en dessous de laquelle les deux germes offrent
des divergences comparables à celles que j'ai signalées entre les différentes
faces d'un même cristal (i).
» Expérience. — Le 4 novembre 18G8, un octaèdre d'alun chromo-
potassique, recouvert d'une couche assez épaisse d'alun alumino-ainmo-
niacal, fut introduit dans une solution saturée de ce dernier sel (rendu
basique afin de donner naturellement de l'alun cubique). La liqueur fut
alors très-lentement étendue, soit au moyen d'additions successives d'eau,
soit par suite des augmentations spontanées de la température. 11 y eut
érosion du cristal et arrondissement de ses angles, surtout autour des
pointes où les facettes cubiques perdirent la netteté de leurs contours;
(i) Coiiijjlcs rendus, séante du 13 iiclobro l8'^4i ]'• 866.
( 889)
enfin, en juillet 18G9, l'octaèdre intérieur d'alun de chrome apparut au
centre de plusieurs des facettes cubiques (i) et, malgré sa plus grande so-
lubilité, se trouva bientôt en saillie de plusieurs milliinèlies, tout en con-
servant le premier poli de ses faces (2). Des arêtes entières de l'octaèdre
intérieur furent plus tard mises à nu sans perdre leur netteté.
M ( a) . L'alun de chrome ne parait pas se dissoudre d'une manière appréciable
dans une solution simplement saturée d'alun aluinino-ammoniacal [solution
basi(pie) (3).
» [h). L'alun de chrome ne se dissout même pas, ou ne se dissout qu'insensible-
ment, dans telle solution assez étendue pour corroder lentement l'alun alumino-
ammoniacal, moins soluble cependant.
» La solution ayant ensuite été très-graduellement concentrée, un no-
table dépôt eut lieu sur les faces octaédriques de l'alun blanc. Quant aux
parties nues de l'octaèdre d'alun de chrome, absolument rien ne se déposa
à leur surface.
» (c). L'alunde chrome ne s'accroît pas par ses faces octaédriques dans une li-
queur pouvant encore déposer de l'alun alumino-ammoniacal sur les faces
octaédriques de ce dernier sel.
» [d). Les actions [sur tme solution) de deux isomorphes ayant mêmes fonctions
chimiques et étant géométriquement égaux ne sont pas identiques, puisque la sur-
saturation ne cesse pas indistinctement au contact de l'un ou de l'autre.
» ( e). Dans les phénomènes de dissolution et de cristallisation, le volume mole-
culaire, la densité, la composition chimique, la distribution relative des atomes
simples ou composés, dans la molécule, et toutes les autres causes de dissem-
blance, possèdent leurs influences spéciales. D'une façon générale, on peut dire
(i) L'attaque de l'alun blanc était un peu plus marquée au contact même de l'alun de
chrome; aussi chaque petite pyramide de sel violet s'éievait-elle au centre d'une dépres-
sion, occupant le milieu des faces cubiques de l'alun blanc.
(?.) S'il y a eu dissolution d'alun de chrome, elle a été d'une lenteur extraordinaire,
puisqu'une épaisse couche d'alun alumino-aramoniacal a été enlevée au contact de l'alun
violet, sans que celui-ci ait été sensiblement attaqué, bien qu'exposé pendant de longs
mois à l'action d'un liquide qui rongeait lentement l'alun blanc, et pendant plusieurs
années à l'action d'un liquide s'écartant fort peu en deçà et au delà du point de saturation
relatif à l'alun alumino-ammoniacal,
(3) Dans une solution simplement saturée d'alun alumino-ammoniacal no/i basique, un
cristal d'alun chromopotassique se dissout. M. Henri Sainte-Claire Deville avait déjà ob-
servé ce fait en opérant avec la solution d'alun ordinaire. Je reviendrai sur ce phénomène,
qui m'a présenté des particularités intéressantes.
C.R.,i875, i" Semestre. (T. LXXX, N» 13.) 1 l5
( 890 )
que jamais deux corps non absolument identiques n'offriront des réactions phy-
siques ou chimiques strictement les mêmes, quelque voisines qu elles soient dans
certains cas.
» (/). Les changements d'état éprouvent, pour leur accomplissement, une ré-
sistance particulière qui fait notamment qu'entre la concentration nécessaire pour
qu'un cristal [ou une espèce de face) cesse de se dissoudre et celle pour laquelle
ce cristal [ou cette espèce de face) commence à s'assimiler de la matière, il y a
une marge dont l'étendue est moins restreinte qu'on aurait peut-être été en droit
de l'imaginer.
» Je mis enfin à nu par érosion (i) des portions considérables des faces
octaédriqnes de l'alun de chrome; après quoi je concentrai très-lentement
la liqueur. Il se forma un dépôt d'alun blanc de -p^ à ^ de millimètre,
mais ne s'étendant point uniformément sur l'alun de chrome; il n'eut lieu
que par places, laissant complètement libre une bonne part de la surface de
l'alun de chrome. La cristallisation se fit à peu près comme sur une paroi
inerte, ne portant de germes isomorphes que çà et là.
» J'avais autrefois défini la solubilité d'un corps (2) : « la quantité que
» prend le dissolvant dans des conditions physiques déterminées (tempé-
» rature, pression, etc.), en présence d'un excès du corps et du corps seul
» dont on cherche à connaître la solubilité. »
» Dans l'expression d'une solubilité, il faut en outre avoir égard :
1° an sens dans lequel a varié la concentration de la liqueur après l'addition
d'un excès de la substance solide (désursaturation d'une solution con-
centrée ou saturation d'une liqueur étendue); 2" indiquer le système de
faces (3) auquel se rapporte la solubilité; 3° noter l'espèce d'isomorphe em-
ployé. »
(i) La résistance de l'alun de chrome à l'érosion est encore assez grande, car j'ai seule-
ment obtenu un commencement de dissolution des pointes et de quelques parties des arêtes,
en ajoutant d'un coup 3 grammes d'eau à environ 48 centimètres cubes d'eau mère
déjà à peine saturée relativement à l'alun alumino-ammoniacal.
(2) Comptes rendus, ■j juin i86g, p. i33i.
(3) Comptes rendus, 1 2 octobre 1 874, p. 866.
( 890
CHIMIE AGRICOLE. — Sur un nouveau procédé de dessalement appliqué aux
terrains salés du midi de la France. Note de M. A. Joannon, présentée
par M. Peligot.
(Commissaires : MM. Peligot, Daubrée, Thenard.)
« Tout le littoral de la Méditerranée, d'Arles à Porl-Vendres, présente
de vastes surfaces presque entièrement improductives.
» Ces terres, provenant en général de riches alluvions, ont cependant en
elles tous les principes d'une végétation vigoureuse; mais la présence du
sel marin suffit pour paralyser ces éléments et réduire le sol à l'état stérile.
)) En effet, les terres des bords de la Méditerranée gardent leur salure
avec une singulière ténacité; tandis qu'en Hollande ou dans le nord de la
France les surfaces conquises sur l'Océan deviennent rapidement suscepti-
bles de culture, dans notre Midi au contraire, dans le delta du Rliône, par
exemple, des milliers d'hectares, lavés pendant des siècles par les eaux du
ciel et les crues du Rhône, se présentent encore aussi salés qu'au jour de
leur émersion.
» Rendre ces vastes espaces à l'Agriculture, ajouter ainsi à la France
presque la valeur d'un département, créer d'immenses ricliesses fourra-
gères dans une région qui en est presque entièrement dépourvue, per-
mettre l'établissement de vignobles sur des terrains où ils pourront être
défendus contre toutes les attaques du Phylloxéra, améliorer d'une ma-
nière notable l'état sanitaire d'une zone généralement insalubre, tels sont
les résultats qu'on pourrait ol)tenir par la suppression du sel.
» Ce problème, posé depuis longtemps, me paraît avoir reçu sa solution.
J'indiquerai d'abord les procédés employés, puis les résultats obtenus.
» I. Procédés de dessalement. — Les terrains à améliorer sont drainés, dé-
foncés à une grande profondeur (5o centimètres environ), puis couverts
d'eau douce. L'eau filtre au travers des terres en dissolvant le sel qu'elles
contiennent, puis va s'écouler par les drains. Cette opération doit être
poursuivie avec submersion continue pendant trois mois au moins et cinq
au plus, suivant la nature du sol ; après ce délai, la couche comprise
entre le niveau des drains et la surface du champ se trouve dessalée.
» Tels sont les moyens très-simples, comme on le voit, que j'ai employés
d'abord en 18G0 comme essai et sur une petite échelle dans le delta du
Rhône, puis en grand et sur une surface de plus de 100 hectares dans ma
propriété de Tournebelle, près Narbonne (Aude).
ii5..
(892 )
M J'indiquerai maintenant quels ont été les résultats de l'opération.
» II. Résullats obtenus. — La propriété de Tournebelle, située entre deux
étangs salés, présente une surface généralement plane, avec quelques dé-
pressions ou cuvettes. Elle dispose d'une quantité d'eau douce considé-
rable.
» Lorsque j'ai acheté cette terre en 1862, il y existait :
» Quelques cultures de blé peu rémunératrices dans les parties les plus
élevées voisines du canal d'arrosage;
» Plusieurs lots de prés au centre de la propriété.
» Le reste, c'est-à-dire les trois quarts, n'était qu'un maigre pâturage
mêlé de plantes salines. D'assez grandes surfaces ne portaient même que
des salicoi's [Salicornia fniticosa et autres).
» Tous ces terrains étaient salés; les prés eux-mêmes, composés de ro-
seaux pour une moitié, présentaient cette particularité qu'ils ne végétaient
que très-tard au printemps, et qu'après la première coupe, en dépit de tous
les arrosages, ils se refusaient à pousser de nouveau avant les premières
fraîcheurs de l'automne. La dose de sel variait suivant les saisons et suivant
les lieux. Dans les terrains qui ne portaient que du salicor, elle a paru os-
ciller entre i | et 2 pour 100 à 5 centimètres au-dessous de la surface.
» Le drainage fut appliqué a cette vaste étendue; les drains furent posés
à un écartement de 10 mètres et à une profondeur de i mètre partout où
les niveaux le permirent
» Chaque lot de terre, après le départ des draineurs, était défoncé par le
passage successif de deux charrues à une profondeur qui a été en moyenne
de 5o centimètres et a souvent atteint 60; puis, afin de rendre toutes les
parties du sol plus pénétrables à l'eau douce, les mottes étaient brisées par
des labours plus superficiels et émiettées par le rouleau Croskill.
» Enfin l'eau était introduite sur le champ, qui restait submergé pendant
une période de trois à cinq mois, suivant la résistance du sel.
» On aurait pu craindre que l'opération ne laissât les terres épuisées par
ce lavage prolongé; l'expérience a prouvé qu'il n'en était rien: le sol a
paru au contraire plutôt enrichi par les limons et les substances fertilisantes
apportés par les eaux de dessalement.
» A peine asséchés, les 100 hectares ont été labourés de nouveau, fumés
et ensemencés en luzerne. La végétation a été magnifique sur un grand tiers
de la propriété, ordinaire sur un deuxième tiers, maigre sur un tiers seule-
ment.
M La végétation plus pauvre de ce dernier tiers doit èlre attribuée à la
(893 )
nature du sol extrêmement compacte qui aurait exigé un traitement spécial.
)) Quant au ressalement il n'est pas à craindre; le sel, comme il a été
constaté à Tournebelle, disparaîtra même à de plus grandes profondeurs si
l'irrigation continue à être employée pour les cultures qui succéderont au
dessalement.
» Pour le produit, il me suffira de dire que le bénéfice net des deux
années les plus favorisées a été de 89297 francs en 1 870 et de 43 000 francs
en 1871. Or, au moment où je l'achetai, la propriété était affermée pour la
somme de 8700 francs et le fermier ne s'y enrichissait pas.
» Aujourd'hui, certaines parties de ces luzernières, étant gagnées par
les herbes , ont été défoncées et ont reçu de la vigne sur les 26 hectares
et des cultures légumières sur 2 hectares. Le reste porte encore de la
luzerne, qui sera remplacée par la vigne à mesure d'épuisement.
» Résumé. — Il résulte de l'expérience qui précède que par un procédé
très-simple, moyennant une dépense modérée (1000 à 1200 francs par hec-
tare), des terres improductives peuvent être amenées à l'état de terres de
première classe.
» Cette amélioration , assurée sur les sols légers ou de consistance moyenne,
comme ceux qui forment lapins grande partie du domaine de Tournebelle,
pourrait, je le crois, à l'aide d'une modification facile, être obtenue aussi
sur les terres argileuses et fortes.
j) Les conséquences agricoles de cette application peuvent être appré-
ciées, si l'on veut bien songer que du Rhône à Port-Vendres plus de
200000 hectares sont ou entièrement ou presque entièrement stérilisés
par la présence du sel.
» Les conséquences sanitaires ne seraient pas moins heureuses si l'on
arrivait à employer les mêmes procédés pour l'assèchement et la mise en
culture des marécages plus ou moins salés qui vicient l'air de toute cette
partie de nos côtes. »
ZOOLOGIE. — Analomie dun Ijpe remarquable du groupe des Némertiens
(Drepanophorus spectabilis). Note de M. A. -F. Mariox, présentée par
M. Blanchard.
(Commissaires : MM. Blanchard, Robin.)
B Dans son Mémoire sur les Némertiens, M. de Quatrefages a signalé,
sous le nom de Cerebratulus speclabitis, une curieuse espèce à laquelle il
attribue une trompe munie d'une plaque denticulée. La position et les
( 894 )
rapports de cette étrange armature ne sont malheureusement pas indiqués
avec certitude par le savant français; aussi Mac Intosh a-t-il récemment mis
en doute la vérité de cette assertion, bien que le professeur Grube nit écrit,
en citant dans l'Adriatique le Cerebralulus spectabilis : « Proboscide fatcicula
denlkulala instructa. » 11 est vrai que le zoologiste de Breslau n'a donné que
quelques indications rapides sur ce remarquable Némertien. J'ai recueilli
dans le golfe de Marseille quelques vers de cette espèce, et je puis affirmer
l'exactitude de la description de M. de Quatrefages. Je me suis assuré de plus
queKeferstein a étudié le même animal à Saint-Waast-la-Hougue. LeBorlasin
si)lendida des Unlersuchungen iiber niedere Seelhiere n'est qu'un Cerebratidus
spectabilis, dont l'armature de la trompe n'a pas été reconnue. Je dois citer
enfin un Mémoire récent de M. Hubrecht, que je n'ai pu consulter qu'au mo-
ment où mes recherches étaient achevées. Le naturaliste d'Ulrecht a observé
à Naples quelques Cerebralulus spectabilis pour lesquels il établit le genre Dre-
panophorus. La partie anatomique de ce Mémoire écrit en hollandais est
malheureusement incomplète : aussi dois-je m'empresser de signaler les ré-
sultats que j'ai obtenus. Le plus grand individu que j'aie examiné atteignait
une longueur de 68 millimètres. J'ai pu comprendre la disposition exacte
des téguments en opérant sur des individus vivants. Je crois à l'existence, au-
dessous de l'hypoderme, d'une couche basilaire anliyste. Les fibres muscu-
laires annulaires sont très-déliées et diffèrent totalement des faisceaux longi-
tudinaux. Ceux-ci ont, sur une section transverse, cette apparence pennée,
signalée par Schneider et par Claparède dans la musculature des Lombrics et
de quelques Annélides cliétopodes.
» L'appareil vasculaire de ce Némertien offre la surprenante particularité
de contenir des globules elliptiques, légèrement aplatis et d'une couleur
rouge identique à celle des globules du sang de l'homme. Leur grand dia-
mètre est égal à o'"",oi. On voit à leur centre une portion plus foncée, sans
qu'il soit possible toutefois de distinguer les éléments d'une véritable
cellule. Lorsqu'on déprime une partie du corps, ces cor|)uscules s'accu-
mulent dans certaines régions du système circulatoire et forment des amas
d'un rouge intense. On peut suivre du reste les oscillations des globules en
observant un jeune animal par transparence. Ces corps sont mis en mou-
vement par un liquide incolore, au sein duquel ils flottent sans direction
constante. On trouve un vaisseau dorsal médian et deux vaisseaux latéraux
situés à la face ventrale. Au-dessous des ganglions nerveux le vaisseau dorsal
se bifurque et s'anastomo.se avec les deux troncs latéraux qui se relèvent,
suivent le bord postérieur des ganglions supérieurs et se prolongent pour
( 895 )
constituer l'anse céphalique. Le canal dorsal donne naissance à des anses
transverses régulièrement espacées. Chacune de ces branches se continue
jusque sur le flanc de l'animal, puis se recourbe vers la face ventrale et
vient s'ouvrir dans le vaisseau latéral. Il existe, par conséquent, de nom-
breuses ramifications capillaires, exceptionnelles chez les Némertes, mais
rappelant la disposition signalée par M. Blanchard dans le Cerebratulus li-
gitricus.
)) La trompe est très-développée et l'animal la projette d'ordinaire au
moindre contact. Les papilles de la région extraversile sont couvertes de
petits corps ovoïdes pédoncules. Le bulbe seudjle relativement étroit; son
armature ne se laisse reconnaître que très-difficUement. Elle consiste en
une plaque recourbée, granuleuse et jaunâtre, correspondant au manche
du stylet des Némertiens armés ordinaires et portée sur une masse hyaline
représentant le muscidar setling des Omrnalopléens. Plusieurs petites pointes
sont enchâssées sur la carène de cette plaque, qui est munie de deux fais-
ceaux de muscles spéciaux. Ces pointes sont en tout identiques à celle du
stylet des Némertiens Enopla. J'en compte tantôt neuf, tantôt vingt sur
une seule plaque. Le nombre varie avec l'âge des individus. On distingue
enfin de chaque côté du bulbe huit ou dix vésicules styligènes, contenant
quatre ou cinq pointes, munies d'un anneau basilaire et semblables à celles
qui hérissent la plaque médiane. Il est intéressant de remarquer que cette
multiplicité des vésicules styligènes concorde avec le grand nombre de
petits dards appartenant à l'armature principale.
» On ne peut hésiter à reconnaître que la structure de cette trompe né-
cessite l'établissement d'un genre particulier dans la section des Némer-
tiens armés. J'adopte le nom de Drepanophorus proposé par M. Hubrecht.
Ce Némertien ne doit certainement pas demeurer parmi les Cerebratulus
inermes; mais je ne puis accepter les diverses espèces admises par le savant
d'Utrecht. Je ne vois parmi les vers de Marseille, malgré quelques diffé-
rences de coloration dépendant de l'âge, qu'une forme bien caractérisée
et à laquelle il convient de conserver le terme spécifique imposé par M. de
Quatrefages. L'extension géographique du Drepanophorus semble du reste
assez grande. Il n'est rare ni en Sicile, ni dans le golfe de Naples; Grube
l'a recueilli dans l'Adriatique; il habite les régions coralligènes profondes
du golfe de Marseille, et son existence dans l'Océan est mise hors de doute
par les figures du Mémoire de Referstein. »
( 896)
BOTANIQUE. — Tumeurs produites sur les bois des Pommiers par le Puceron
lanigère. Noie de M. Ed. Prillieux , présentée par M. Duchartre.
(Commissaires : MM. Decaisne, Duchartre, Blanchard.)
« On sait que certaines sortes de Pucerons causent aux organes des végé-
taux sur lesquels ils vivent des déformations singulières. Au nombre des
espèces qui produisent les altérations les plus dommageables aux plantes,
on doit placer le Puceron lanigère qui, venu probablement d'Amérique
comme le Phylloxéra, attaque les rameaux des Pommiers, y fait naître des
nodosités, des tumeurs souvent très-volumineuses et produit ainsi l'épui-
sement et le rapide dépérissement des arbres.
» Les Pucerons lanigères s'établissent en général à la partie inférieure
des branches, sur le côté qui est tourné vers le sol, de telle façon qu'ils se
trouvent abrités, soit contre la chaleur, soit contre la pluie, par la branche
même. Pendant les froids de l'hiver, ils se cachent dans les crevasses de l'é-
corce, surtout dans les fentes qui pénètrent à l'intérieur des renflements
que leur présence a fait naître.
» Là où les Pucerons sont fixés, ils enfoncent leur trompe perpendicu-
lairement à travers l'écorce, dans les tissus de la tige où ils puisent leur
nourriture. Quand on tue subitement les Pucerons en immergeant dans
l'éther le rameau qui les porte, on peut, à l'aide de coupes fines, observer
dans les tissus les trois stylets sétiformes que l'animal a enfoncés jusque dans
la zone cambiale.
» Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie, je me
suis particulièrement proposé d'étudier la structure des tumeurs qui se
produisent sur les rameaux du Pommier, par suite des attaques du Puceron
lanigère, et de rechercher quelle est l'origine des tissus pathologiques qui
les composent, et par quelle série de transitions on peut rattacher les élé-
ments des tumeurs à ceux d'une tige normale.
» Si, pour prendre le cas le plus simple, on examine une jeune pousse
non attaquée par les Pucerons, on y observe, de l'extérieur à l'intérieur, un
épidémie dont les cellules se multiplient par des cloisons transversales
parallèles à la surlace, et qui donne ainsi naissance à un périderme de plu-
sieurs assises, puis un parenchyme dense formé de cellules à parois assez
épaisses et qui contiennent de la matière verte. Au delà est un parenchyme
plus lâche, à cellules contenant outre la matière verte de nombreux cris-
taux; à la partie interne de cette couche se trouvent des faisceaux de fibres
( «97 )
libériennes disposés en cercle, puis au delà la zone d'accroissement située
à la limite de l'écorce et du bois.
B Le bois est formé de fibres, de cellules ligneuses entremêlées sans
ordre apparent et de vaisseaux. Les fibies ont des parois épaisses, les cellules
ligneuses des parois relativement assez minces, bien que ponctuées. Les
cellules ligneuses contiennent de la fécule. Le bois est traversé par des
rayons médullaires de i-3 cellules d'épaisseur ponctuées et contenant de
la fécule.
» Au centre de la tige est une moelle formée de cellules de deux sortes :
les unes plus grandes et à parois minces, les autres plus petites à parois
épaisses et fortement ponctuées; ces dernières sont disposées en files lon-
gitudinales au milieu des autres. Ce sont elles qui contiennent la fécule.
» Si l'on compare à une tige normale ainsi constituée une pousse sur la-
quelle les Pucerons se sont fixés et où se montre déjà un commencement
de renflement, on voit du premier coup d'œil, sur une coupe transver-
sale, que, du côté où se trouvaient les Pucerons, la couche ligneuse est
profondément altérée dans sa structure et dans son aspect. Au lieu d'être
opaque, dure et résistante, elle est devenue transparente, verdàtre, molle et
presque pulpeuse. Quant à l'écorce, elle n'est pas sensiblement modifiée,
du moins tant que la tumeur naissante n'atteint qu'un faible volume; la
couche ligneuse seule subit cette modification pathologique spéciale qui
s'étend jusqu'à une profondeur plus ou moins grande, parfois même jus-
qu'à la moelle, mais occupe rarement en largeur le quart de la circonfé-
rence,
M La masse de la tumeur, formée ainsi au milieu du bois, est tendre et
pulpeuse; elle est composée de cellules à parois minces, disposées en files
rayonnantes allant du bois sain ou de la moelle vers l'écorce. Souvent les
files parallèles de cellules se séparent des files voisines et laissent entre
elles des vides en forme de fentes profondes qui traversent la tumeur. Les
cellules sont le plus souvent allongées dans la direction radiale, là où le
développement du tissu pathologique a été le plus actif. 11 serait bien
difficile de rattacher le tissu de la tumeur ainsi constitué aux éléments
anatomiques normnux du bois, si l'on ne trouvait, à la limite de la tumeur,
des transitions entre la structure normale et l'état pathologique.
» Au voisinage de la tumeur, le bois, tout en offrant à peu près l'aspect
ordinaire, ne contient plus de fibres ligneuses; les vaisseaux ne sont pas
modifiés, mais toutes les fibres sont remplacées par des cellules à parois
modérément épaisses, ponctuées et contenant de la fécule. Ainsi, à la pre-
C. R., 187:., i" Scmeslre.il. LXXX, N° 15.) I '6
( 898 )
mière phase de la transformation, les fibres ligneuses se divisent pour
donner naissance à des cellules et, à part les vaisseaux encore inaltérés, le
bois n'est plus formé que de cellules. Il présente alors une ressemblance
frappante avec le tissu que j'ai vu, dans les arbres fruitiers à noyau, se
former dans les points où doit s'établir un foyer de production de gomme
{Comptes rendus, t. LXXVIII, janvier 1874). La seconde phase de la forma-
tion de la tumeur comprend l'hypertrophie de tous les éléments cellu-
laires et la dislocation des vaisseaux qui eux-mêmes se résolvent en cellules.
Cette croissance anomale des tissus se fait dans une direction rayonnante.
Les files de cellules ligneuses, primitivement droites et allongées dans le
sens de la tige, deviennent sinueuses; les cellules, au lieu de demeurer
dans le prolongement les unes des autres, s'inclinent et, suivant la crois-
sance des rayons médullaires, penchent vers l'extérieur. On peut encore,
pendant quelque temps, distinguer les cellules qui tirent leur origine des
fibres transformées de celles qui appartiennent aux rayons médullaires;
puis bientôt toute différence s'efface, par suite de la multiplication de toutes
ces cellules et de leur croissance continue dans la direction rayonnante.
Entraînés par l'hypertrophie du tissu ligneux dont ils no peuvent suivre
l'extrême croissance, les vaisseaux se rompent; les cellules élémentaires
qui les constituaient se dissocient, tout en se gonflant souvent elles-mêmes
d'une façon assez notable, et on les voit réunies par petits groupes ou
même tout à fait isolées au milieu du parenchyme de la tumeur.
» Les cellules élémentaires des vaisseaux désagrégés présentent toujours
le même système de ponctuations; mais on y peut reconnaître en outre, à
une disposition spéciale de réticulations, les places où les cellules succes-
sives se joignaient quand elles étaient réunies en un tube, et qui formaient
des cloisons intérieures dans le vaisseau primitif. Les éléments des vaisseaux
sont pour ainsi dire spontanément disséqués et se montrent aussi nettement
isolés que s'ils avaient été dissociés à l'aide des procédés de macération
qu'emploient les anatomistes.
» A la périphérie de la tumeur, au voisinage de l'écorce, on voit des
faisceaux vasculaires qtii sont demeurés à peu près intacts. Ils forment une
sorte de réseau sinueux à la surface de la masse de tissu hypertrophié, qui
se montre ainsi complètement développée dans l'intérieur même du bois.
A l'extérieur de ce réseau vasculaire superficiel se trouve encore parfois une
zone d'accroissement qui pourra, sous l'action irritante des piqûres des Pu-
cerons, donner à son tour naissance à une tumeur qui se développera sur
la précédente ; mais le plus souvent il n'en est pas ainsi : l'hypertrophie
( «99 )
excessive et toute locale du système ligneux déchire l'écorce qui recouvrait
la place tuméfiée. Ou peut voir très-nettement, sur les jeunes pousses atta-
quées par les Pucerons, l'écorce ainsi fendue sur une longueur plus ou moins
grande; entre les deux lèvres de la fente apparaît le tissu tuméfié qui se
trouve directement exposé aux attaques réitérées des insectes. Quand, à la
fin de l'année, la végétation s'arrête et que le froid se fait sentir, les tissus
jeunes et délicats de la tumeur meurent le plus souvent, se dessèchent et se
désorganisent, et ainsi se forme un creux profond qui pénètre de l'extérieur
jusqu'au cœur de la branche ; mais, quand la végétation se réveille au prin-
temps, il doit se faire autour de cette plaie, conmie de toute plaie faite sur
une branche, un bourrelet. Du jeune tissu se forme donc à portée des Pu-
cerons qui ont passé l'hiver dans les fentes des vieilles tumeurs et dans les
crevasses de l'écorce; ils y enfoncent leur trompe et y font naître de nou-
velles tumeurs qui, en se développant et se pressant les unes les autres, mais
sans se confondre, produisent en somme ces gros renflements mamelonnés,
à l'intérieur desquels les Pucerons trouvent un abri assuré, taudis que les
tumeurs élémentaires renaissant d'année en année fournissent constamment
aux générations successives de Pucerons une pâture toujours nouvelle. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE, — Sur les bruits du cœur. Note
de M. Dezautière.
(Renvoi à l'examen de M. Bouilland.)
« Le travail sur les bruits du cœur communiqué récemment à l'Acadé-
mie me fournit l'occasion défaire connaître qu'il existe une manière bien
plus simple de se rendre compte de ces bruits et d'expliquer la cause qui
les produit.
» Il a été fait bien des suppositions sur les bruits du cœur : les uns les
attribuaient au choc de l'organe contre les parois de la poitrine ; les autres
à un mouvement de recul du même organe. Des machines fort ingénieuses
ont été inventées pour démontrer le mouvement de recul. Bien d'autres
explications ont été données: toutes en attribuaient, il est vrai, l'origine au
cœur, mais d'une manière pour ainsi due détournée, secondaire. Ainsi
l'organe, dans un mouvement qu'il exécuterait, frapperait la paroi thora-
cique correspondante, et de ce choc naîtrait le bruit connu. I^ar consé-
quent, tout en attribuant l'origine du bruit au cœur, ce bruit serait pro-
duit par l'intermédiaire 'd'un autre corps: c'est ce que j'appelle un bruit
secondaire, indirect. Il serait alors difficile de savoir si le bruit appartient
ii6..
( 90O )
au cœur, ou aux côtes, ou aux deux à la fois, et quelle est la part afférente
à chacun d'eux dans la production du phénomène.
)) Mais pourquoi la nature aurait-elle compUqué une action qui peut
être simplifiée? Dans quel but aurait-elle fait appel à la participation de
plusieurs éléments quand un seul suffit?
)) Le bruit du cœur doit être le résultat simple d'une fonction que l'or-
gane remplit comme les fonctions des autres organes sont remplies : celte
fonction, c'est la contraction. La contraction violente du cœur est l'origine
du bruit : c'est le battement du cœur. S'il y a deux bruits ou deux batte-
ments, c'est qu'il y a deux contractions dans l'organe. Les bruits ne pour-
raient s'expliquer par les chocs contre la paroi thoracique sans admettre ce
qui n'existe pas.
» Il est parfaitement admissible a priori qu'une violente contraction soit
l'origine d'un bruit, mais on peut acquérir la preuve de ce fait par des
expériences très-simples.
» Si, quand on est couché, et par un silence convenable, on applique
son oreille sur son avant-bras, le poing étant fortement serré, si, dis-je, on
serre violemment le poing et à plusieurs reprises comme si on voulait le fer-
mer davantage, on produit dans les muscles de l'avant-bras une contrac-
tion violente, et l'oreille perçoit très-bien les bruits produits par celte
contraction.
» Les bruits qu'on produit, la bouche étant fermée, les maxillaires en
contact, ressemblent à s'y méprendre aux bruits du cœur. Toutes les fois-
que dans cette situation on contracte violemment les masséters, comme
pour augmenter le rapprochement des mâchoires, ces bruits s'effectuent
tl'une manière très-distincte.
» Il ne peut donc y avoir de doute. Le bruit du cœur ou le battement
du cœur est donc bien le bruit de la contraction elle-même. Pour le pro-
duire, aucun autre agent que la contraction ne donne son concours. Le
mouvement de la fibre musculaire qui se contracte produit bien l'électri-
cité, la chaleur, et même la lumière {Comptes rendus, séance du 25 janvier
1875) pourquoi ne produirait-elle pas aussi le bruit ?
» La difficulté n'est pas là : elle consiste à déterminer rigoureusement
quelle est l'origine du deuxième bruit du cœur, considéré ordinairement
comme le deuxième temps.
A l'époque où j'étudiais l'Anatomie, à l'École de Médecine, il y a bien
trente-cinq ans, j'ai été frappé de la différence de construction des ventri-
cules et des oreillettes, différence qui nie faisait douter de l'identité de
( 9°' )
leurs altribiUions. On croyait alors, et l'on croit encore aujourd'hui que les
oreillettes se contractent et que cette contraction ou ce batteujent constitue
le second temps. Je ne suppose pas qu'il existe un seul médecin, ou natura-
liste, ou physiologiste, qui n'ait conçu les mêmes doutes.
» Si les ventricules, avec la structure que nous leur connaissons, ont pour
fonction de se contracter, les oreillettes, avec leur tissu flasque et d'une
nature diamétralement opposée, doivent nécessairement avoir une fonction
contraire. Or, le contraire de la contraction, c'est la dilatation. La contrac-
tion des oreillettes, au reste, n'est pas nécessaire. Le sang, par son propre
poids, ne peut-il descendre tout naturellement dans les ventricules? Mais
non-seulement la contraction n'est pas nécessaire, mais elle est encore dan-
gereuse et même incompatible avec la vie en ce qu'elle refoulerait le sang
dans les veines caves et dans les veines pulmonaires.
» J'ai dit tout à l'heure que les oreillettes étaient plutôt faites pour la
dilatation que pour la contraction; leur fonction principale est de servir
de réservoirs au sang, qui s'accumule là pour alimenter les ventricules. Leur
action est toute passive.
» Le second bruit du cœur ne peut donc être produit par la contraction
des oreillettes.
» Il n'y a que le ventricule droit qui puisse le produire : c'est à lui qu'on
doit le rapporter. C'est la contraction du ventricule droit qui est l'origine
du deuxième temps. Au lieu d'être simultanés, les jets de sang produits
par la contraction des ventricules, et qui s'échappent par l'aorte et par l'ar-
tère pulmonaire, sont alternatifs.
)) Quand, iiendant près de quarante ans, on a l'esprit dirigé presque
sans cesse sur une question, que presque tous les jours, pour l'élucider,
on étudie les bruits du cœur, on doit avoir acquis une certaine habileté
dans l'auscultation de cet organe. Eh bien ! j'affirme qu'une oreille exercée
ne trouvera pas de différence dans la position des lieux d'où parlent les
bruits : c'est au même point qu'ils sont entendus dans le même plan hori-
zontal. Si, ce qui a lieu, les oreillettes et les ventricules ne sont pas au
même niveau, comment peut-on attribuer aux premières le deuxième
bruit?
» Nous savons que chez le fœtus la contraction des ventricules chasse,
à gauche, le sang par l'aorte et à droite le sang par le canal artériel. Si les
contractions des deux ventricules sont simultanées, le sang arrivera en
même temps et au niveau de l'orifice du canal artériel par l'aorte et dans
l'orifice par ce canal. Les contractions simultanées des deux ventricules
( 902 )
amèneront le sang simultanément des deux côtés vers l'orifice du canal ar-
tériel. Le plus gros flot empêchera le plus petit de déboucher; le torrent
de l'aorte retiendra dans le canal artériel le sang chassé par le ventricule
droit; mais, si les contractionsventriciilaires sont alternatives, tout s'exécute
et se comprend avec la plus grande facilité.
» Telles sont les questions qu'il faut désormais envisager, et, en attendant
les développements que j'espère produire bientôt, j'exprime l'opinion con-
tenue dans le résumé suivant :
» Les bruits du cœur sont produits par la contraction rapide, violente
des ventricules, toute contraction rapide et violente produisant un bruit.
» C'est un bruit à priori et non pas à posteriori, si l'on peut s'exprimer
ainsi, primitif et non pas consécutif, comme on le croit.
» La structure des oreillettes ne peut permettre la contraction. D'ailleurs
la contraction des oreillettes n'est pas nécessaire : le sang descend naturel-
lement dans les ventricules par l'effet de son propre poids. La contraction
des oreillettes serait dangereuse en ce qu'elle pourrait refouler le sang dans
les veines caves et dans les veines pulmonaires.
» Le second temps est produit par la contraction du ventricule droit. »
MM. SciiNETZLER, Pelletrac, Chase, Nodev, Chapéugn, Delfac adresscnt
diverses Communications relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Petreqcin adresse à l'Académie, par l'entremise de M. du Moncel,
trois brochures et une Note sur l'application de la galvano-punclure au
traitement des anévrismes.
(Renvoi à la Commission du Concours de Médecine et Chirurgie.)
M. Jacquet adresse un Mémoire sur l'usage de la table de Pythagore
pour un chiffre quelconque.
(Commissaires: MM. Hermite, O. Bonnet.)
M. Tridon adresse une Note sur les moyens de faire des observations
télescopiques et d'obtenir des épreuves photographiques à l'intérieur d'une
cloche à plongeur aérostatique.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
(9o3)
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un ouvrage de M. E. Fernet, portant pour titre : « Cours de Phy-
sique pour la classe de Mathématiques spéciales »;
2° Une brochurç de M. Petermann « sur la présence du cuivre dans le
genièvre, les vinasses elles fumiers ».
ASTRONOMIE. — Lumière zodiacale, observée à Tontonse, en février et en
mars iS^S. Note de M. Gruey, présentée par M. Puiseux.
« L'Académie a bien voulu insérer dans ses Comptes rendus (i) les ob-
servations de la lumière zodiacale faites par moi à l'Observatoire de Tou-
louse, versl'équinoxe d'automne de 1874, du 16 septembre au 12 novembre.
Je devais dès lors surveiller attentivement le retour de la lumière aux
approches de l'équinoxe du printemps de iSyS. Ce retour ne se fit pas long-
temps attendre. Sur la fin de janvier, nous remarquions tous les soirs,
M. Perrotiu et moi, vers l'ouest, une lueur d'abord indécise, puis bientôt
nettement définie : c'était la lumière zodiacale avec tous ses caractères. Je
priai aussitôt M. J. Edouard de préparer, d'après l'Atlas de Dien, une carte
céleste sur laquelle j'ai tracé régulièrement, à partir du i" février, le con-
tour lumineux chaque fois qu'il s'est présenté avec une netteté suffisante.
Pour fixer ce contour, je me tenais à l'abri de toute lumière artificielle,
ordinairement entre 7 et 8 heures du soir, temps civil du lieu.
» Voici le résumé de mes observations sur les limites et l'aspect phy-
sique du phénomène :
■ Limite sud.
Limite nord.
1. Sommet entre >j et p Poissons,
au quart de r,p-
2. Passe un peu au nord de y Pé-
gase.
3. Rencontre a Pégase.
4. Traverse la partie sud du po-
lygone de Pégase.
i" février, 7 heures soir.
1. Sommet entre rt et p Poissons,
au quart de rjp^
2. Passe un peu au sud de a Pois-
sons.
3. Traverse le pentagone des Pois-
sons en se dirigeant sur x de
ce pentagone.
Remarques.
1. Ciel beau; contour net.
2. Couleur blanche, pareille à
celle de la voie lactée
3. Intensité supérieure à celle de
la voie lactée; assez forte
pour masquer les petites
étoiles.
4. Éclat continu; sans variations.
(1) Séance du 3o novembre 1874.
s;
^2
"C
S:
N
Limite nord.
1. Sommet entre ^ et p Poissons,
presque au milieu de ijp-
2. Traverse c./ Pégase , au tiers a
partir de a.
3. Traverse la partie sud du po-
lygone de Pégase.
1. Ç lîéllcr.
2. £ Rélier.
3. ■/ Bélier.
H. V Pégase.
( 9o5 )
Limite sud.
2 février, 'j''3o"' soir.
1. Sommet entre ij et p Poissons,
presque au milieu de >7p«
2. Passe par w Poissons.
!î. Traverse le pentagone des
Poissons, entre ^ i et x, •/.
5 février, ■j heures soir.
1. Ç Bélier.
2. £ Bélier.
3. Milieu de ~/ Bélier.
l\. Ç Poissons.
8 février, 'j''3o'" soir.
I.
Point milieu entre Pléiades et
I.
Point milieu entre Pléiades et
ï Bélier.
Ç Bélier.
2.
V Bélier.
2.
S Bélier.
3.
Entre v. et ;3 Bélier (plus près
3.
Tz Bélier.
de a).
-"l-
0 Poissons.
k-
X Poissons.
Kcmarques.
1. Ciel un peu vaporeux. Contour -
moins net que le i*^ février,
quoique très-visible.
2. Couleur blanche.
3. Quelques variations d'éclat
assez fortes, paraissant dues
à celles des vapeurs.
4. Intensité égale à celle de la
voie lactée.
1. Ciel très-beau. Contour net.
2. Le sommet lumineux est formé
d'un filet très-mince, allongé
de Ç Bélier, jusqu'au milieu
de Çy Bélier.
3. Couleur blanche, comme celle
de la voie lactée.
4. Intensité égale à celle de la voie
lactée. Sans variations.
1. Ciel nuageux i» l'horizon, jus-
qu'à une hauteur égale au
quart environ de celle de la
lumière zodiacale.
2. Couleur blanche.
3. Intensité plus faible que celle
de la voie lactée ; sans va-
riations.
25 février à 8''3o°', et 27 février à 8 heures soir.
1. u Taureau.
2. Pléiades.
3. c Mouche.
4. Entre o et y Poissons.
5. Traverse le carré de Pégase,
vers ^ et V.
;- r. Point symétrique de y Taureau
, • par rapport à «£ Taureau.
2. f^ Taureau.
3. Pléiades.
4. c Mouche.
5. Milieu de tu Poissons.
1. \> Taureau.
2. I Baleine (un peu au nord de).
3. y Poissons.
28 février à 8 heures soir.
1. Point symétrique deyTaureau,
par rapport il ai Taureau.
2. S Hyades.
3. jut et ^ Baleine.
Du i'^'' au t) mars.
Le mois de mars, généralement pluvieux à Toulouse, parait devoir
C.R., i8:5, i"SemeiIro. (T. LXXX, M" 15.)
1. Ciel très-beau. Contour très-
net.
2. Belle couleur blanc cendré,
analogue à celle de la voie
lactée; mais plus foncée et
plus intense.
3. Aucune variation d'éclat.
1. Ciel très-beau; contour net
jusqu'à 9 heures. Quelques
vapeurs à 9 heures.
2. Couleur blanche, laiteuse,
splondide jusqu'à 9 heures;
devenant rougeàtre à 9 h.
3. Intensité supérieure à celle de
la voie lactée, masquant les
petites étoiles et s'opposant
à la recherche des comètes.
l'être, cette année encore, plus qu'à
117
( 9^6 )
l'ordinaire. Le 4, la lumière zodiacale présentait les mêmes circonstances que le 28 février. J'ai pu la
revoir à travers d'épaisses vapeurs les jours suivants; les 9 et 10 le dessin du contour devenait possible et
a été tracé sur la carte.
q et 10 mars à 8 heures soir.
1. Sommet au yV de k? Taureau.
2. u Taureau.
3. b Mouche.
!\. a. Triangle (un peu au nord
de).
I . Sommet aux ^ de aÇ Taureau.
1. K, y Taureau.
3. / Taureau.
5. it.,\ Tète de Baleine (au sud
de).
I. Ciel très-beau. Le 10 la Lune
commence à gêner l'obser-
vation.
0. Lumière blanche.
3. Intensité constante.
» Le ciel, depuis le lo mars, est entièrement couvert; il ne faut plus
compter sur de bonnes conditions pour observer la lumière zodiacale qui
ne tardera pas, d'ailleurs, à se coucher presque avec le Soleil et à noyer
son sommet dans la voie lactée. Toutefois elle restera encore longtemps vi-
sible; l'année dernière, MM. Tisserand et Perrotin l'ont vue dans les premiers
jours d'avril très-rapprochée de l'horizon.
» Quelques physiciens ont repris récemment l'étude des propriétés opti-
ques de la lumière zodiacale, à l'aide d'instruments nouveaux et particu-
lièrement délicats; on voit que le climat de Toulouse serait très-favorable
à ce genre de recherches.
» Nos deux séries d'observations n'ont pas été obtenues dans des condi-
tions entièrement identiques. A l'équinoxe d'automne, la lumière zodia-
cale et l'éclairage de la ville sont diamétralement opposés relativement à
l'Observatoire; ils sont dans la même direction à l'équinoxe du printemps.
Notre seconde série pourrait donc paraître moins bonne que la première.
Mais l'éclairage de la ville n'est pas aussi nuisible qu'on pourrait le croire
à priori; d'une intensité assez faible, son effet est encore atténué par un
éloignement de plus d'un kilomètre et par une ceinture de montagnes do-
minant la ville. Au-dessus de cette ceinture noirâtre, et s'nppuyant sur
elle, la lumière zodiacale brille dans le ciel à une grande hauteur, tandis
qu'au-dessous oscillent vaguement et sans forme les lueurs de la ville.
Enfin toute illusion paraîtra impossible, si l'on remarque que la lumière
observée obéit, dans toutes ses parties, au mouvement diurne, et qu'après
son coucher l'éclairage de Toulouse ne donne absolument rien qui lui soit
comparable. »
( 907 )
MÉCANIQUE CÉLESTK. — Sur une mélliode de calcul des perturbations absolues
des comètes (*). Note de M. Huoo Gylden, présentée par M. Hermite.
« Pour arriver aux séries plus convergentes que nous nous sommes pro-
posé d'obtenir, nous considérerons la fonction
T„ = Mo + M, cosc -r N, sine',
Mj, M, et N, étant des valeurs numériques de /«'„, m\ et ti\, correspondant
à une valeur quelconque de l'anomalie partielle. Le rapport - étant peu
sensible, on aperçoit aisément que les différences 77i'„ — M„, m\-~M, et
7i\ — N, sont aussi de petites quantités. Supposons maintenant
-=/cosF, _ = -/smF;
nous aurons siir-le-cbamp
T„ = M4i+ycos(c-'+F)],
équation qui peut être mise sous la forme
ou bien
où l'on a fait
To= 7^[i + ^f^> cos(c'+ F) -f- kll
T, = m„^\±^[i - k^- siu^C + FY],
, ik^ , I — \/i — X-
/ '^ r^ ' " I ^^ , •
» On aperçoit maintenant, en jetant un coup d'œil sur l'expression
de T,|, qu'on obtient des séries rapidement convergentes, même pour des
valeurs de k près de l'unité, en supposant
2K
|(c' -+- F) = am • — a-, mod. A,
en désignant par R l'intégrale complète de première espèce.
» Quant à l'expression T, , de laquelle T„ doit être regardée comme un
cas particulier, nous la mettons aisément sous la forme
T| = '"" , [ -+- 2/1 cos ( aam — o" + A) + /M,
(*) Voir Comptes rendus, séance dit 29 mars 1875.
117.
( 9o8 )
en désignant par /, et par A deux fonctions de l'anomalie partielle, dont la
première ne diffère jamais beaucoup du modide A", et A est toujours com-
prise entre des limites voisines de zéro.
» On peut, par des procédés purement analytiques, démontrer à l'égard
de cette expression que ses puissances négatives se développent par rapport
à X avec une convergence remarquable, toutes les fois qu'on doit supposer
/, à peu près égal à A, et A une quantité très-petite. Cependant, ces
procédés n'étant pas assez courts, je ferai seulement remarquer que
la convergence en question est déjà constatée par des applications numé-
riques.
» Nous revenons maintenant à l'intégrale (i), où la fonction <I> peut
aussi être développée suivant les multiples de l'anomalie partielle, ainsi
que de x. Cette intégrale devient alors
■/"■("■
x) ^w,
où l'on a désigné par ^'{u, x) une fonction de l'anomalie partielle w et
de a:, laquelle peut être supposée mise sous forme d'une série trigonomé-
trique.
» Pendant chaque révolution du corps troublé, la variable x reste
constante, mais sa valeur change d'une révolution à l'autre. Au contraire,
la variable w est soumise à des variations continues, mais ces variations
sont précisément les mêmes dans toutes les révolutions. On peut donc effec-
tuer l'intégration demandée, les limites d'intégration étant étendues à un
nombre indéterminé de révolutions, en décomposant la fonction <I)(m, or)
en plusieurs parties, dont chacune correspond à une révolution déter-
minée. On obtient de cette manière un résultat delà forme
" t^, J 01,
où wo et w, signifient les limites de co correspondant aux points de sépa-
ration, et
en désignant par H l'angle |(F + c'o — p.Co).
» Pour obtenir enfin les perturbations absolues, il faut encore effectuer
une opération, consistant à réunir les divers termes dont la soanue con-
stitue la fonction T. Pour ce but on peut se servir d'un théorème donné
( 909 )
dans un Mémoire présenté à l'Académie des Sciences de Suède (*). L'énoncé
est celni-ci :
» Soit u une fonction d'une variable t, de sorte qu'on a
M = (p(fxi);
soient déplus u^=(f{o), m, = 9 (jjiti),. . ., u, = (f{sin:); on demande une
expression analytique de la somme
comme fonction de Ui,/{h) désignant une fonction périodique de u ou
de t. La solution de ce problème conduit à la formule
X (X**' + 2 X<''' COS 2 < + 2 X',''' COS 4 ^ 4- . . . ) ^^,
OÙ l'on a désigné par Z»'''' les coefficients du développement du produit
('-7;)('-ï)--['-[^l'
et par X',';' la fraction
(— 0*.i'.3'.5'...(2//— r)'
[(2«)^ — l^][(-2«)'— 3^]. . .[{2r/y — {i/i- l)']
Par l'application de ce théorème on parviendra de dilierentes manières au
but proposé. »
MÉTALLURGIE. — Sur les fontes manganésifères ; par MM. L. Troost
et P. Hautefeuille.
« Les fontes manganésifères [spiecjeleisen] présentent dans leur coulée,
au sortir du haut fourneau, des pariiculdrités qui les distinguent immédia-
tement des fontes de fer ordinaire.
» En effet, tandis que les fontes ordinaires lancent des étincelles et ne
dégagent que par intermittence quelques bulles gazeuses pendant le refroi-
dissement du métal, les fontes manganésifères préparées avec des minerais
purs émettent, depuis leur sortie du haut fourneau jusqu'au moment de
leur solidification, une si grande quantité de gaz combustible qu'une nappe
gazeuse brûle d'une manière continue au-dessus du métal litpiide.
(*) Tome II, n" 1.
( 9'" )
» Pendant la solidification lo dégagement se fait par jets nombreux.
)) La nappe gazeuse et les jets brûlent comme du gaz hydrogène; ils ne
présentent nullement l'aspect des flammes qui contiennent de l'oxyde de
carbone.
» On peut reproduire en petit ces phénomènes dans des conditions où
ils sont facilement observables; dans un four à réverbère en chaux, disposé
comme pour la fusion du platine, et dont la sole est portée préalablement
au i-ouge vif par la flamme du chalumeau à gaz d'éclairage et oxygène, on
introduit, fragment par fragment, 200 grammes environ de spiegeleisen,
en maintenant la flamme réductrice. Quand la fusion complète a été ob-
tenue et que le métal est très-chaud, on ajoute 100 grammes de spiegel-
eisen; la matière ainsi ajoutée fond avec rapidité sans s'affiner sensible-
ment. Si l'on découvre alors le bain qui est très-chaud et très-fluide, il
paraît aussi brillant que de l'argent; il est parcouru par une flamme légère
à peine lumineuse qu'on aperçoit très-bien eu plaçant l'oeil dans le plan du
four. De temps en temps le bain émet quelques bulles de gaz qui rident la
surface et dont la flamme ne se distingue pas de celle de la nappe gazeuse
qui brûle d'une manière continue à quelques millimètres au-dessus du mé-
tal liquide. Au moment de la solidification on observe un véritable ro-
chage avec dégagement abondant de gaz hydrogène (i).
» La fonte manganésifère retient encore après sa solidification une quan-
tité de gaz hydrogène bien supérieure à celle que conserve la fonte ordi-
naire. Ainsi, en chauffant dans le vide à 800 degrés environ 5oo grammes
de chacune de ces deux fontes, on a obtenu les résultats suivants :
Fonte au bois. Spiegeleisen.
.... " "
Acide carbonique 0,6 0,0
Oxyde de carbone 2,8 0,0
Hydrogène... 12, 3 27 jO
Azote i,o 2,5
16,7 29,5
» Le manganèse carburé, que l'on obtient en réduisant son oxyde par
le charbon dans un creuset de chaux, absorbe également, quand on le
(i) Le même bain, après un affinage assez prolongé, pour lui faire perdre par oxydation
la majeure partie de son manganèse, présente des phénomènes tout différents et qui se
rapprochent de ceux que l'on observe dans la coulée des fontes ordinaires. Pendant le re-
froidissement du métal liquide, on ne voit pas la nappe gazeuse incandescente que nous si-
gnalons plus haut : on n'observe que quelques jets de gaz, qui se produisent surtout au mo-
ment de la solidification, et ces jets brûlent avec la flamme bleue de l'oxyde de carbone.
(9-' )
chauffe au rouge et qu'on le laisse refroidir clans un couranl d'hydrogène,
une quantité de ce gaz plus grande que n'en dissout le fer contenant la
même quantité de carbone (i).
» Ou voit, d'après ces résultats, que la présence du manganèse dans les
fontes augmente beaucoup la solubilité de l'hydrogène dans le métal et
diminue ou annule même celle de l'oxyde de carbone. »
CHIMIE. — Recherches sur le carbone de lajonle blanche. Note de
MiVI. P. SchCtzenberger et A. Bourgeois, présentée par M. Balard.
« Beaucoup de physiologistes admettent que le carbone mis en liberté
pendant la décomposition de l'acide carbonique par les parties vertes des
plantes, sous l'influence de la lumière solaire, s'unit à l'état naissant à l'eau,
pour former un hydrate de carbone. De cet hydrate primordial dérive-
raient, par des transformations ultérieures, les nombreux composés orga-
niques élaborés par les végétaux.
» Cette théorie trouverait un appui solide, s'il était possible d'isoler le
carbone d'une combinaison par une réaction à basse température et de
constater, dans ce cas, la formation d'un hydrate de carbone.
» Les carbures métalliques, et notamment la fonte blanche, se prêtent
seuls, jusqu'à présent, à des tentatives de cette nature. Bien qu'il ne soit
pas possible d'assimiler le carbone de la fonte à celui de l'acide carbo-
nique, il nous a semblé intéressantderecherclier sons quel le forme le carbone
s'élimine du carbure du fer lorsqu'on évite l'action d'une température
élevée.
» En traitant de la fonte par de l'iode en présence de l'eau, M. Eggertz
avait déjà obtenu un résidu charbonneux qui, séché à loo degrés, con-
tenait :
Carbone %)6g
Eau 22 , 5o
Iode 1 6 , o
» Dans ce cas, il paraît évident que le carbone naissant s'unit à l'eau;
(i) La détermination du volume de l'hydrogène absorbe se fail dans le vide sec. On ne
peut songer à employer l'eau privée d'air, car on sait que le manganèse, même compacte, la
décompose à la température ordinaire, comme le fait le fi'r pyrophoriqiie Irès-divisé. Nous
avons en effet établi [Comptes rcinlits, t. l.XXX, p. 788) (jue ce fer pyrophorique, [irivc,
par le vide au rouge, de l'hydrogène condensé, décompose l'eau à i5 degrés.
( 9'2 )
mais la présence simultanée de l'iode dans la combinaison vient compli-
quer le phénomène et obscurcir les conclusions que l'on peut en tirer.
» Poiu- éviter cet inconvénient, nous avons opéré de la manière sui-
vante :
» La fonte blanche pulvérisée grossièrement est traitée à froid par une
quantité suffisante d'une solution de sulfate de cuivre, comme pour le do-
sage du carbone dans le procédé de Ullgren. Le cuivre carbonifère qui
reste est lavé, |Miis traité à froid par un excès d'une solution moyennement
concentrée de perchlorure de fer, adilitionnée d'acide chlorhydrique.
» Le cuivre s'y dissout très-rapidement; il reste une matière pulvéru-
lente, brun noir, peu volumineuse, qui, convenablement lavée à l'eau et
à l'acide chlorhydrique et séchée à loo degrés, a donné à l'analyse, pour
loo de matière :
Carbone 64 , oo
Eau 26 , 1
Cendre siliceuse 8,1
Matières non déterminées 1,8
100 grammes de la même fonte fournissent par notre méthode 7^"^, i35 de
résidu noir sec (moyenne de six analyses, dont quatre ont donné 7^',i4 c'
deux ont donné '^^'',12).
» Le poids du graphite cristallisé a été trouvé égal à 1,2 pour 100
du résidu charbonneux, et le dosage du carbone combiné, par le pro-
cédé de M. Boussingault , conduit à G3,i de carbone pour 100 du même
résidu.
» La somme du graphite et du carbone combiné est égale à 64,3, nombre
très-rapproché de celui fourni par la combustion, 64,00. On peut donc
admettre que, dédiiclion faite du silicium et de quelques impuretés dont le
poids ne dépasse pas 1,8 pour 100, le résidu charbonneux est constitué par
un hydrate de carbone, offrant les rapports G" :3H'0. Ces rapports entre
le carbone et l'eau combinée sont constants dans les produits fournis par
diverses fontes blanches : ils sont aussi ceux du composé iodé d'Eggertz; ils
rattachent ce produit ou liydrale cjrapliitique à la série de l'acide graphitique
(G"H*0'' ou Gr'H'ô'^) de Brodie, ainsi qu'à l'oxyde hydrographitique de
M. Berthelot (1).
(i) Nous rappellerons que M. Brodie :i supposé que dans les dérivés du graphite le car-
bone existe avec le poids atomique 33 = Gr, Gr'=: G'. Ce poids atomique est en rap-
port avec le poids spécifique du graphite.
( 9i3)
» Chauffé à une fcmpérature de aSo degrés, il perd brusquement de l'eau
sans se boursoufler.
» I/acide nitrique ordinaire l'atlaque énergiquement à chaud et le trans-
forme inlcgi-alement^ avec dégagement de vapeurs uiireuses, en une sub-
stance rouge brun, amorphe, soluble ilans l'acide nitrique, l'alcool, les
alcalis, l'ammoniaque, soluble aussi dans l'eau pure, mais précipitable par
l'addition de sels neutres. La solution ammoniacale, dont on a expulsé
l'excès d'ammoniaque par l'ébullition, précipite par les sels métalliques des
composés colorés en brun clair.
» Ce corps a donné à l'analyse
I. II.
Carbone 52,i3 52,41
Hydrogène 3 , 47 3 , 58
Azote 2,76 »
» Chauffé dans un tube, il se décompose en dégageant une odeur prus-
sique prononcée eten laissant un résidu noir que l'acide azotique transforme
de nouveau en produit rouge brun.
» Les nombres précédents conduisent à la formule :
G»^H"(Az0')O" ou Gr»H'^(Az0')O" (i).
» Nous pensons pouvoir fonder siu' ces faits une méthode très-simple et
très-cxpéditive de dosage du carbone combiné et du graphite dans la fonte.
)) En effet, la solution nitrique de l'hydrate graphitique étant évaporée
à sec au bain-marie, et le résidu étant repris par l'alcool, on dissout l'acide
nitrographitoïque, et il reste un mélange de silice et de graphite cristal-
lisé. »
MÉTÉOROLOGIE. — Théorie des tempêtes. Réponse à M. Paye. Note
de M. H. Pesi-in, présentée par M. Ch. Sainte-Claire Deville.
« Je suivrai dans ma réponse l'ordre des propositions énoncées par
M. Faye dans la Note du i5 mars dernier, et je chercherai à préciser les
points sur lesquels je suis en désaccord avec mon illustre adversaire.
» 1° Je reconnais que les cyclones et les trombes sont des phénomènes
du même ordre mécanique; mais je n'accepte pas la conclusion que le
(i) Ce cori>s, que nous proposons d'appeler acide iiUiographilnïquc, doit ('lie identitpic
avec la substance rouge qui se forme, d'après Eggerlz, lorsqu'on attaque la fonte par l'acide
nitri(iue.
C.R., 1H75. i"Semei(n.. (T. l.XXX, N" 15.) "8
( 9'4)
même genre d'explication doit être appliqué à ces deux phénomènes météo-
l'ologiques, que tous les observateurs ont distingués. Les météorologistes
ont pu suivre sur la surface du globe des cyclones qui, sortant des mers
équatoriales, sont devenus tempêtes dans les régions tempérées; ils en ont
conclu que la tempête et le cyclone sont les deux aspects du même phéno-
mène météorologique, variant suivant la latitude. Mais jamais, que je sache,
on n'a vu une trombe grossir jusqu'à devenir une tempête ou même un
petit cyclone; la transition manque, et j'ajouterai que, si l'on adopte les
idées de M. Faye, il est bien singulier qu'elle manque, et que, dans notre
pays, où les tempêtes sont si fréquentes, les trombes soient si rares.
» Pour faire toucher du doigt à M. Faye le danger de son raisonnement,
je lui citerai un autre phénomène météorologique qu'il a dû observer sou-
vent ; la trombe de poussière. Le phénomène est certainement du même
ordre mécanique que la trombe proprement dite observée par les marins;
mais ici le mouvement de l'air est rendu très-net par la poussière en
suspension, et il est évidemment ascensionnel. M. Faye croit-il que la
force en jeu dans les deux phénomènes soit la même? De ce que je vois
l'air monter dans la trombe de poussière, m'autorise-t-il à conclure que le
mouvement suivant l'axe ne peut être qu'ascendant dans la trombe vue
en mer?
» 1° Je reconnais que la trombe et le tornado présentent, au point de
vue de l'observation, un avantage considérable sur les autres mouvements
tournants de plus vaste diamètre, tels que la tempête et le cyclone : le phé-
nomène peut être contemplé dans son ensemble. Mais, d'autre part, leur
étude au point de vue scientifique présente deux difficultés spéciales, à sa-
voir la violence du phénomène et sa rareté dans la zone tempérée. La
trombe, à tort ou à raison, fait peur au navigateur; et, si beaucoup l'ont
vue, pas un n'a cherché à s'en rapprocher, à sortir de la zone tranquille qui
l'entoure. Nous avons peu de relations entièrement dignes de foi d'un phé-
nomène qui, toujours et partout, a agi vivement sur l'imagination du spec-
tateur; M. Faye ne le contestera pas, lui qui, faisant V Histoire d'un préjugé
nautique, rap|)elle combien d'observateurs de tous les temps et de tous les
pays ont cru voir et certifient avoir vu le mouvement ascendant de l'eau et
de sa vapeur, suivant l'axe de la trombe. Nous avons surtout bien peu de
faits constants sur les vents qui l'accompagnent; nous ne possédons aucune
carte tant soit peu complète des directions qu'affectait le courant d'air
autour d'une des trombes connues; il n'est pas certain que les lois des tem-
pêtes leur soient applicables, et, par exemple, que leur sens de gyration soit
( 9'S )
constant dans chaquo hémisphère. (Voir la note de la page 5o8, dans la
Notice de Y Annuaire du Bureau des Longitudes.)
» Cela posé, si nous voulons prendre les faits pour base de la discussion,
et si notre objectif est d'étudier les lois des tempêtes pour en découvrir la
théorie, je crois que nous sommes tenus d'aborder le problème directement
et d'étudier les cartes des tempêtes. Je ne puis admettre que nous prenions
pour éléments principaux de la discussion les faits relatifs à un phénomène
distinct, bien rarement observé par les savants, et, d'après M. Faye lui-
même, presque toujours mal observé.
» 3° et 4°- Ce qui précède me donne le droit de décliner le débat dans
les termes dans lesquels M. Faye le propose; mais, néanmoins, j'examinerai
les objections qu'il adresse à la théorie de l'aspiration, telle qu'elle a été
appliquée à l'explication de la trombe.
» M. Faye croit que les observateurs ont mal observé, aveuglés par un
préjugé qui remonte à travers les siècles historiques jusqu'aux fondateurs
des religions anciennes, et il prétend l'établir par les principes de la Méca-
nique. La théorie de l'aspiration ne rend pas compte de la coexistence de
la gyration violente qui caractérise la trombe et du calme parfait observé
dans les couches basses tout à l'entour ; elle fait décrire à la molécule d'air
entraînée vers le centre d'aspiration une trajectoire singulière, contraire
aux lois de la Mécanique: telles sont, si j'ai bien compris, les deux diffi-
cultés principales sur lesquelles M. Faye appelle la discussion.
» La première est facile à lever. M. Faye a cité dans sa Notice le théorème
de Mécanique qui explique la violence de la gyration dans les tourbillons
de nos rivières : la vitesse du mouvement gyratoire croît en raison inverse
de la distance à l'axe, la vitesse angulaire de la gyration en raison inverse
du carré de la distance (voir p. 4^8). Ce théorème est applicable à tous les
mouvements des fluides complètement symétriques autour d'un axe ; ainsi
il peut être appliqué dans l'hypothèse de l'aspiration aussi bien que dans
celle du tourbillon se propageant de haut en bas. Il est aisé d'en conclure
que si, par exemple, la vitesse de gyration est de a mètres par seconde à
5oo mètres de distance de l'axe, elle sera de 20 mètres par seconde à
5o mètres de l'axe, de 5o mètres par seconde à 20 mètres de l'axe. Ces der-
niers chiffres me paraissent répondre à toutes les exigences do l'observation.
» Quant au sens de la gyration et à l'influence de la rotation terrestre,
je pourrais rappeler l'expérience d'un physicien qui a cru la mettre en
évidence, même dans le mouvement gyratoire que prend un liquide s'écou-
lant |)arle fond d'un baquet ciîculaire; mais je suis ibrt disposé à admettre
118..
(9'6)
que, si la trombe a un faible diamètre, diverses causes accidentelles [jeuvent
faire varier le sens de la gyration, qui ne provient dans aucun cas de la
réaction du sol, animé de sa lente rotation diurne, sur les courants horizontaux.
» La seconde difficulté ne nous paraît pas beaucoup plus sérieuse. Ce
que nous voyons de la trombe, ce n'est pas toute la masse d'air en mou-
vement, c'est la partie de cette masse rendue opaque par la précipitation de
la vapeur d'eau. Dans l'ordre d'idées que nous soutenons, c'est la partie de
la trombe où l'air s'élève, et où l'élévation au-dessus du niveau primitif
est déjà suffisante pour que le point de saturation ait été dépassé, par
suite du refroidissement dû à l'ascension. Ainsi l'air en mouvement
n'est pas obligé de passer par le col rétréci qui nous paraît constituer la
partie inférieure de la trombe; il entoure toute la trombe apparente d'une
gaîne invisible, animée d'un mouvement de gyration rapide, et dont le dia-
mètre est beaucoup plus grand que celui que nous apercevons. Il est aisé
d'en conclure que la trajectoire décrite par la molécule d'air n'est pas
l'angle droit formé par l'intersection d'une ligne borizontale et d'une ligne
verticale, que M. Faye nous a représentée dans sa Notice (p. ^6/i,Jig. 9):
c'est une hélice, en tout semblable à celle que la molécule d'eau décrit dans
le tourbillon de nos rivières. C'est la courbe même de la théorie tourbil-
lonnaire, mais parcourue de bas en haut au lieu de l'être de haut en bas,
comme le veut mon illustie adversaire.
» Je crois avoir répondu à toutes les questions qui me sont adressées par
M. Faye, dans la Note du i5 mars dernier. Pour me résumer, je dirai que
l'objet de la Notice de V Annuaire du Buieau des Longitudes est la défense
de la loi des tempêtes; et que, pour les diverses raisons que j'ai énumérées
plus haut, je crois qu'il convient de concentrer le débat sur les faits relatifs
aux tempêtes. Si M. Faye veut bien me le permettre, j'appellerai son atten-
tion sur celui qui me paraît être le nœud de la question, sur le phénomène
de la pluie. Une pluie abondante accompagne invariablement la tempête
et le cyclone; réciproquement, il n'y a, pour ainsi dire, pas d'exemple d'une
pluie violente, couvrant une vaste étendue, qui n'ait pu être rattaché à une
dépression barométrique notable et à un mouvement tournant de l'atmo-
sphère. Il y a donc entre les deux phénomènes une connexion étroite, que
toute théorie des tempêtes doit chercher à expliquer; je le prie de me dire
comment la sienne en rend compte. »
( 9'7 )
MÉTÉOROLOGIE. — Des courants supérieurs de l'aUnosplière dans leurs relations
avec les lignes isobaromélriques. — Note de M. IIildebraxd Hildebrands-
soN, piésenlée par M. Ch. SaiiUe-Claire Deville. (Extrait.)
« L'examen d'un grand nombre de cartes synoptiques montre que l'air
se meut en spirale vers le centre d'un minimum barométrique, et que la ro-
tation autour de ce centre se fait, dans l'iiémisphère nord, en sens inverse
de celui des aiguilles d'une montre. Cet examen fait voir, au contraire, que
le vent s'éloigne d'un maximum, en même temps qu'il s'établit une rota-
tion dont le sens est contraire à celui de la précédente. Donc on peut con-
clure que l'air, autour du centre d'une tempête, a une composante ascen-
dante; que, par conséquent, il monte et, parvenu aune certaine hauteur,
s'éloigne du centre dans toutes les directions. Parvenue aux régions des
maxima, cette nappe supérieure descend et alimente d'air les courants infé-
rieurs divergents. C'est ce qui est admis par la plupart des météorologistes
modernes, en particulier par MM. Buchan, Mohn, Loomis, Peslin, Reye
et Clément Ley.
» D'autres savants, néanmoins, sont arrivés par des considérations théo-
riques à envisager les choses d'une manière tonte différente. M. Marié-
Davy admet que, dans les cyclones, l'air se trouve refoulé du centre à la
circonférence par l'effet de la rotation, et qu'une forte aspiration, dans la
direction de l'axe, y appelle l'air des régions situées au-dessus du disque
tournant. M. Faye cherche aussi à démontrer l'existence d'un mouvement
de haut en bas, au moins dans les tourbillons de petit diamètre : trombes,
tornados, etc.
» Ici, comme partout dans les sciences physiques, la voie la plus sûre
est d'observer ce qui se passe dans la nature : rechercher, |)ar exemple,
avec précision le mouvement des courants d'air dans les régions les plus
élevées. De telles observations sont souvent possibles, grâce à ces précipi-
tations de cristaux déglace qui constituent les nuages les plus élevés, les
cirrhus, et dont la marche indique la direction du courant d'air dans
lequel ils se trouvent. M. Clément Ley a publié 620 observations faites
par lui-même sur les mouvements des cirrhus, et il a trouvé qu'en cjénénd
les courants supérieurs de l'atmosphère s éloignent des minima et convergent
vers les maxima barométriques. J'ai pensé qu'il serait important de pousser
plus loin ces recherches, et je suis parvenu à recueillir à Upsal, de toutes
les parties de la Suède, des renseignements sur la marche des cirrhus. Nous
recevons, en outre, de M. Iloffmeyer, directeur de l'Institut météorolo-
(9t8)
gique de Danemark, des observations semblables faites dans les quatre
phares de ce pays, et de M. Renoii celles qu'il recueille lui-même au parc
Saint-Maur, près de Paris. Les observations ainsi recueillies sont divisées
en deux parties, selon qu'elles sont prises avant ou après 2 heures du soir.
Les premières sont seules encore utilisées pour la carte synoptique du
matin.
» Je donne ici seulement la discussion ou plutôt les résultats sommaires
de la discussion des observations faites le 28 janvier 1874. Ce sont : i" une
grande carte synoptique, empruntée au bel Atlas des cartes synoptiques
journalières de M. Hoffmeyer; 2° trente-deux petites cartes, ne présentant
que les lignes isobares et des flèches indiquant les directions des vents supé-
rieurs flans la région des cirrhus.
» La discussion de la grande carte amène aux conclusions suivantes.
Le 28 janvier 18741 de fortes pressions se montrent sur le nord-ouest de
l'Europe, et le baromètre indique 780 millimètres de pression à Valentia.
De l'autre côté, une bourrasque a son centre sur l'intérieur de la Russie.
Son influence se fait sentir sur la Suède, la Pologne, la Hongrie et la Tur-
quie. Les flèches rouges indiquent sur la carte l'existence d'un courant
d'air dans les régions les plus hautes de l'atmosphère. Sur la côte du golfe
de Bothnie, la direction générale de son mouvement est du nord, sensi-
blement parallèle à celle des isobares et du vent inférieur. Sur la partie
méridionale de la Suède, il tourne au nord-est, et, sur le Danemark, il est
perpendiculaire aux isobares. Par conséquent, c/«h5 ces hautes régions^, l'air
s'éloigne du 7ninimutn et converge vers le maximum barométrique.
» Ne pouvant donner ici la discussion des trente-deux petites cartes qui
se rapportent à un pareil nombre de jours de l'année 1874, je me borne à
citer les conclusions suivantes, qu'on peut tirer du simple examen de ces
cartes particulières :
» 1° Tout près du centre d'une dépression ou minimum barométrique,
les courants supérieurs se meuvent à peu près dans une direction parallèle
aux isobares et aux vents inférieurs;
» 2° A mesure qu'on s'éloigne du centre, ils sont plies en dehors et
déviés à droite des vents inférieurs;
» 3° Sur les régions des maxima, ils convergent vers leur centre en cou-
pant les isobares à peu près à angles droits.
» La comparaison des vents supérieurs aux vents de la surface, pour
888 observations des mouvements des cirrhus chaque malin des huit mois
de janvier-août, amène à cette conséquence que les courants supérieurs de
( 919 )
l'atmosphère s'éloignent des minima et convergent vers les maxima baromé-
triques.
■» J'ai recherché aussi les relations entre les bandes de cirrhus et les iso-
bares, et la discussion des 127 observations journalières m'amène à con-
clure que les bandes de cirrhus sont, dans les régions des niaximn, le plus
souvent orientées dans une direction à peu près perpendiculaire aux iso-
bares, et, au contraire, dans celles des minima, sensiblement parallèles aux
lignes isobarométriques.
» En définitive, je crois avoir démontré, dans le travail dont je présente
à l'Académie une bien courte analyse, que l'air s'éloigne des centres des mi-
nima et converge vers les centres des maxima dans les régions les plus hautes de
l'atmosphère. On sait que c'est l'inverse qui a lieu près de la surface ter-
restre. Par conséquent, un minimum doit nécessairement être le siège d'un
courant d'air ascendant. Jrrivé à une grande hauteur, cet air s'éloigne partout
du centre de la dépression et se déverse en nappe uniforme au-dessus des régions
des maxima, oîi il s'abaisse graduellement vers la terre en courants descendants.
De cette manière, il s'ejfectue sans cesse une circulation verticale entre la sur-
face terrestre et les limites supérieures de l'atmosphère. Le principal agent de
cette circulation doit être la différence de température et d'humidité entre
l'air plus ou moins échauffé de la surface et l'air des régions les plus éle-
vées, où il règne une sécheresse et un froid excessifs. »
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Nouvelle formule destinée à calculer la force ré-
fringente ou le numéro des lunettes de presbjte. Note de M. Monoyer, pré-
sentée par M. de Quatrefages. (Extrait par l'auteur.)
« Aucune règle fixe n'a présidé jusqu'à ce jour au choix des lunettes
de presbyte. On trouve bien, dans les Traités de Physique, une formule
pour calculer le numéro des verres de ces lunettes, mais cette formule n'a
jamais été sanctionnée par l'usage, car elle fournit des valeurs numéri-
ques qui, soumises au contrôle de l'expérience, sont reconnues tout à fait
impropres à corriger la presbytie. Aussi, en pratique, ophthalmologistes et
opticiens préfèrent-ils avec raison procéder par voie d'essais successifs, en
prenant pour le premier essai le verre qui leur est indiqué dans un tableau
ou, en regard de chaque âge, est inscrit le numéro que l'observation de
nombreux cas a noté comme étant le plus généralement recherché. L'em-
ploi de cette table suppose implicitement que la diminution du pouvoir ac-
commodatit a suivi sa marche normale et régulière en rapport avec l'ac-
( 920 )
croissement de l'âge; mais si, sous l'influence d'une cause perturbatrice
quelconque, l'acconimotlalion ne possède pas le degré de force que com-
porle l'âge du presbyte, la table en question ne peut même plus servir à
diiiger les premiers essais, et la méthode des tâtonnements devient la seule
et unique ressource du praticien réduit à n'avoir d'autre guide que le ha-
sard. Il en est encore de -même lorsque la presbytie vient s'ajouter à quel-
que anomalie de la réfraction fixe (hypermétropie ou myopie) : en pa-
reil cas, ni la formule des Traités de Physique, ni les données empiriques
de la Table physiologique ne sont d'aucun secours. A cet égard, M. Don-
ders a formulé une règle défectueuse, quand il a conseillé de faire la
somme algébrique des verres correcteurs de la presbytie et de l'amétropie.
» En étudiant attentivement les données qui servent de base à l'établis-
sement de la formule des Traités de Physique, nous avons découvert les
causes qui empêchent cette formule de fournir des valeurs numériques
suffisamment d'accord avec les résultats empiriques; ces causes sont au
nombre de deux : i" on calcule la longueur locale de la lentille correctrice
dans l'hypothèse que ce verre aura pour effet de reporter iniiuelleineiU au
puitclani jtroximutn l'objet situé à une distance qui est plus rapprochée et en
rapport avec la petitesse des détails à distinguer; cela revient à exiger du
presbyte que, regardant à travers ses lunettes, il adapte sa vue à la distance
de son point le plus rapproché de la vision distincte; que, par conséquent,
il mette en réquisition la totalité du pouvoir accommodatif dont il est ca-
pable. La fonction visuelle s'exercant dans ces conditions ne tarde pas à
provoquer l'apparition de symptômes d'asthénopie accommodative, de
fatigue oculaire, de douleurs sus-orbitaires, etc. ; 2° on ne prend en consi-
dération que le pimctum pi'oximiim ; on ne tient aucun compte du punctum
remolum ni, par suite, île la grandeur du pouvoir accommodatif; de telle
sorte que l'ancieiuic formide ne convient pas dans la presbytie simple et
qu'elle peut encore moins convenir pour le presbyte amétrope.
» [.es causes d'erreur que nous venons de signaler, nous les avons évi-
tées, en introduisant dans l'établissement de notre nouvelle formule la
condition suivante : choisir une lentille correctrice qui reporte l'image
virtuelle, non pas à la distance du punctum pruxinnim, mais à une distance
plus grande et telle que le presbyte, accommodant sa vue pour cette dis-
tance, emploie seulement une portion du pouvoir acconnnodatif dont il
est doué. Par ce moyen, nous tenons compte de tous les éléments qui
peuvent exercer quelque influence sur le choix des lunettes de presbyte;
nous avons ainsi obtenu une formule |)arfaitement rationnelle, applicable
( 92[ )
à tous les cas et permettant de calculer avec une extrême précision la force
réfringente de la lentille qui corrige la presbytie de la manière la plus satis-
faisante.
» Notre nouvelle formule est
I i .1 I
d r a f
ou, en renversant l'ordre des termes,
I ,111
/ a r d
» Nous représentons par r la distance du point le plus éloigné de la vision
distincte ou punclum remotum, par - le pouvoir accommodatif de l'œil con-
sidéré, par k une traction plus petite que l'unité et indiquant la portion du
pouvoir accommodatif -, dont l'œil doit faire usage quand il se sert de la
lentille de ioycvf, pour voir distinctement un objet situé à la distance d.
» Nous nous bornons ici à transcrire la nouvelle formule; nous en don-
nerons la démonstration et nous la discuterons en détail dans un travail
plus étendu, que nous publierons sur ce sujet; nous examinerons alors les
transformations qu'on peut lui faire subir, en y remplaçant, soit -par sa
valeur en fonction de ret du punclum ptoximum p, soit - par sa valeur tirée
de l'équation du pouvoir accommodatif, ou bien encore en substituant
aux fractions leurs valeurs équivalentes exprimées en dioptries métriques.
» Les quantités d et k sont des constantes que nous avons eu soin de
laisser jusqu'ici dans l'indétermination, afin de conserver à notre équation
son caractère absolu de généralité; mais il est bien évident, d'une part,
qu'on ne peut appliquer la formule sans donner au préalable à ces con-
stantes des valeurs numériques déterminées, d'autre i)art que c'est à l'ex-
périence seule à nous faire connaître les nombres qui conviennent le mieux.
En attendant que nous soyons parfaitement renseignés à cet égard, nous
avons choisi pour d une valeur de aS centimètres, et pour le coefficient
d'accommodation A- la fraction ^; ces valeurs numériques étant introduites
dans notre équation fournissent des résultats qui m'ont paru satisfaisants,
et qui, d'ailleurs, s'éloignent peu, pour les presbytes emmétropes, des va-
leurs empiriques reconnues bonnes dans la majorité des cas.
» Cependant, qu'on le remarque bien, car c'est là un point capital sur
C.R.,i8;5, i" Spmej(ie.(T. I.XXX, iN" 15.) II9
( 922 )
lequel je ne saurais trop insister, les valeurs numériques ci-dessus indiquées
pour de[ k ne sont proposées qu'à titre essentiellement provisoire; l'obser-
v;Uion ultérieure montrera si elles peuvent être conservées telles quelles,
ou si elles doivent être modifiées; mais, quoi qu'il advienne, ces modifica-
tions de valeurs numériques ne porteront aucune atteinte à la formule elle-
même, laquelle n'en restera pas moins parfaitement exacte et applicable
dans toutes les circonstances. »
M. HiRscH demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé par lui le
3 octobre 1873, et inscrit sous le n" 2769.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel, contient une
Note intitulée : « Application de la théorie mécanique de la chaleur aux
machines à air chaud »
L'auteur donne le résumé suivant de son travail :
« Résumé. — 1° Les machines à gaz permanents peuvent être rendues
beaucoup plus avantageuses que les macliines à vapeur actuelles.
)> 2° L'emploi des régénérateurs de chaleur permet d'atteindre un coef-
ficient économique égal à celui du cycle de Carnot, sans dépasser les li-
mites pratiques de pression et de volume.
» 3° Pour donner de bons résultats, il convient qu'une machine à air
chaud marche à des températures élevées, ce qui conduit à l'emploi des ma-
tériaux réfractaires.
» 4° Le combustible doit être brûlé dans le cylindre même.
» En dehors de ces principes, nous rappelons les dispositions sommaire-
ment décrites dans ce Mémoire, savoir : régénérateur à aiguilles réfrac-
taires; garnitures réfractaires du piston et du cylindre; générateurs de
pressions simples ou multiples, machines soufflantes; machines directes,
avec cylindre alimentaire et cylindre moteur attelés sur un même arbre,
ce qui permet d'obtenir de hautes pressions. »
M. Demoget demande l'ouverture d'un pli cacheté déposé par lui le
12 janvier 1873, et inscrit sous le n" 2718.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel, contient la des-
cription d'un nouvel appareil magnéto-électrique. Cette description est
accompagnée d'un dessin de la machine.
M. le général Morin, en présentant à l'Académie la 6* livraison du tome V
( 923 )
delà « Revue d'Artillerie », publiée par ordre du Ministre de la Guerre,
-s'exprime comme il suit :
» Entre autres articles intéressants, cette livraison de la Revue d Arlillerie
contient une Note de M. le capitaine André sur l'application des méthodes
géométriques de quadrature à la détermination des volumes, des poids,
des centres de gravité et des moments d'inertie des solides de révolution,
dont on connaît seulement le profil générateur.
» Cette application, faite à des projectiles des artilleries française ou étran-
gère, a fourni des résultats dont l'exactitude est suffisante pour la détermi-
nation de ces éléments, indispensal)les dans les calculs de balistique. »
La séance est levée à 6 heures et demie. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OOVRACES REÇUS DANS LA SÉANCE DU 23 MARS 1876.
Compte tendu des séances de la Société médicale d'émulation de Montpellier
(1873- 1874); par le D' J. Grasset. Montpellier, typ. Boehm et fils, 1874-,
br. in-8°.
Qaelrpies nonibres caractérislirptes relatifs à la température de Bruxelles. Note
de M. Ern. Quetelet. Bruxelles, 1876; opuscule in-8''. (Extrait des Bulle-
tins de l'Académie royale de Belgique.)
Considérations générales sur la détermii^ation , sans calcul, de l'ordre d un
lieu géométrique ; par L. Saltel. Bruxelles, F. Hayez, 1875; hr. in-8°.
Sur r allure des couches du terrain cambrien de l'Jrdenne, et en particulier
sur la disposition du massif devillien de Grand-Halleux et sur celle de l' liyalophp-e
de Mairu près Deville [département des Ardennes); par G. Dewalque. Sans
lieu ni date; opuscule in-8°. (Extrait des Annales de la Société géologique
de Belgique.)
Sur la corrélation des formations cambriennes de la Belgique et du pays de
Galles; par G. Dewalque. Bruxelles, imp. F. Hayez, 1874; opuscule in-8''.
(Extrait des Bulletins de l'Académie roj aie de Belgique.)
Rapport de M. G. Dewalque sui un Mémoire envoyé au Concours de la
i 19
( 924 )
classe des Sciences de 1874, en réponse à la question suivante : « Faire con-
naître, notamment au point de vue de leur composition, tes roches plutoniennes,
ou considérées comme telles, de la Belgique et de V Ardenne française ».
Bruxelles, imp. F. Hayez, 1874; br. in-8°. (Extrait des Bulletins de V Acadé-
mie royale de Belgique.)
Des caractères essentiels qui différencient les phénomènes chimiques, phy-
siques et physiologiques des phénomènes psychologiques. Mémoire envoyé, en
septembre 1872, au Congrès de Bordeaux; parf. DE Parseval-Grandmaison.
Paris, E. Tlioriii ; Lyon, Josserand, 1878; br. in-S".
La phlhisie en Algérie ; par le D'' Feuillet. Alger, Peyront, Tissier et
Jourclan, 1874; in-8''.
Menton sous le rapport climatologique et médical; par le D' J.-F. Farina.
Paris, O. Doin, 1875; in- 12.
Procès-verbaux des séances de la quatrième conférence géodésique internatio-
nale pour la mesure des degrés en Europe, et de sa commission permanente, réunies
à Dresde en septembre \9i']l\, rédigés par les Secrétaires de la Commission per-
manente, G. Bruhns et A. HiasCH. Neuchâtel, imp. Borel, 1874; in-4".
Question sociale et découverte d'un soleil appelé moteur lumière ; par Fayol.
Paris, typ. Blanpain, 1875; br. in-S".
P. GONTlER. Le schiste. Son utilité en agriculture comme engrais et guano.
Caen, imp. E. Valin, 1874; in-8''.
F. Stenfort. Les plus belles plantes de la mer. Paris, chez l'auteur, 1874 ;
in-8°; relié. (Adressé au Concours Thore, 1875.)
Expériences toxicologiques et agronomiques relatives à Pépiampélie pliylloxé-
rique ; par A. Baudrimont. Bordeaux, imp. Gounouilhou, 1874; br. in-8°.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
Traité technique d'histologie; par h. Ranvier ; fascicules i, 2. Paris,
F. Savy, 1875; 2 liv. in-8° (Présenté par M. Cl. Bernard).
Dépôt des cartes et plans de la Marine, n° 532 : Météorologie nautique.
Vents et courants, toutes générales. Extrait des Saiiing directions de Mauiy
et des travaux les plus récents; /;a/'MiM. Cli. Ploix et Caspari. Paris, Impri-
merie nationale, 1874; in-4°. (Présenté parM. l'amiralJuriende la Gravière.)
The Cape catalogue 0/ i i 69 stars, deduced from observations at tlic royal
Observatory, Cape of Good-Bope, i856 to 1861, reduced to the epoch 1860,
under ihe superintendence o/E.-J. Stone. Cape ïown, Saul Salomon and C°,
187^; in-S", relié.
( 92^ )
AslronomicaL and magnelical and meteorological Observations niade al llie
royal Observalorj Greenwkh in ihe jenr 1872 : under tlie direction of sir
J.-B. AïKY. London, G.-E. Eyre and W. Spottiswoode, 1874; in-4°.
Note on the expression of the leni/tli of tlie arc of a cartesinn bj elliptic fane-
lions, hy Samuel ROBERTS. Sans lieu ni date ; opuscule in-S**. (Extracted from
the Proceedimjs of the London malliemalical Society. ) ( Présenté par
M. Cliasles).
Report of ihe proceedings of the conférence on maritime Meteorology iieUi
in London^ 1874. Protocols and appendices. London, J.-D. Potter and
E.Stanford, 1875; in-8°.
Annuario délia Sociela dei Naiaralisti in Modena, redazione dcl Segretnrio
Paolo KicCARDi ; série IP, anno 1X°, fasc. I. Modena, P. Tosclii, 1875;
in-8''.
Norme per Tarchiviodel municipio di Milano. Milano, lip.P. Agnelli, 1874;
grand in-8°.
Annali dell' Vniversila loscana; t. XII et XIII. Pisa, tip. Nistri, 1872-
1878; 2 vol. grand in-8°.
Annali dei regii Jstituli lecnico e di marina mercantile di Livorno; t. I, II,
1871-1873. Livorno, tip. Meucci, 1873-1874; 2 vol. in-S*^.
Corso di Ab/ebra complementare ; per l'ingegnere R.-F. PiSAlNi. Napoli, tip.
deU'Unione, 1870; in-8°. (Communiqué par M. Garcin de Tassy.)
Metodo oltico per misurare le grossczze minime. Nota dei prof. G. Govi.
Torino, Stamperia reale, 1872; opuscule in-S".
G. Govi. Sulla supposta origine cosmica délie aurore polari. Roma, tij).
Botta, 1873; opuscule in-i 2.
Una Lellera inedila dei principe Leopoldo de Medici, jondnlore dell' Âcca-
demia dei Cimenlo al padre G.-B. Riccioli, con brève illuslrazione di G. Govi.
Torino, Stamperia reale, 1873-, opuscule in-8".
Di alcune miove camere lucide. Nota di G. Govi. Torino, Stamperia reale,
1873; br. in-8°.
Rapport sur l' utilité des Tables de logarithmes à plus de sept décimales à pro-
pos il'un projet de M. Edward Sang; par G. Govi. Turin, Imprimerie royale,
1873; br. in-8°.
Osservazioni microsismiche faite al collegio alla Qiierce, presso Firenze, dal
P. D.-T. BliRTELLl, B', neir anno mctcorico 1873, e riposta ad idcunc obbie-
( 926 )
zioni intomo aile medesime. Roma, tip. délie Scienze matfmatiche e fisiche,
187/J;, in-4°. (Estratto dagli Jtti deli Accademia pontificin de ^MOvi Lincei.)
Ahhandluiujen dei kônir/ltsclien Gesellschaft det TFissenschaften zii Gôttingen;
iieunzehnler Band voin Jahre 1874- Gotlingen, 1874; in-4°.
Ouvrages reçus pendant la séance dd 29 mars iS^S.
Sur les mouvements généraux de l'atmosphère ; par M. Peslin. Paris, imp.
Gauthier-Villars, sans date; 111-4°. (Extrait du Bulletin de l'Association scien-
tifique de France, n° 67, t. III.)
Sur la relation entre les variations du baromètre et les grands courants atmo-
sphériques, avec Note additionnelle; par M. Peslin. Sans lieu ni date; opus-
cule in-4°, autographié.
(Ces deux ouvrages sont présentés par Ch. Sainte-Claire Deville.)
Rapports de la Commission météorologique 1873- 1874, imprimés par ordre
du Conseil général de l'Oise. Seiilis, typ. Er. Payen, 1874; in-4''. (Présenté
par M. Ch. Sainte-Claire Deville.)
Thèses présentées à la Faculté des Sciences de Paris, par },l. Ulysse Gayon.
i'® thèse : Recherches sur les altérations spontanées des œufs; 2" ihèse : Pro-
positions données par la Faculté. Paris, Gauthier-Villars, 187$; in-4°.
Notice sur une nouvelle passe navigable établie, en 1870, dans le barrage de
Port-à-T Anglais; par M. BouLÉ. Paris, Dunod, 1873; iii-8°. (Adressé par
l'auteur au Concours Fourneyron, 1875.)
Adolphe Quetelet. Biographie lue en séance publique de la Classe des
Sciences de l'Académie royale de Belgique, le 16 décembre 1874; par Ed.
Mailly. Bruxelles, F. Hayez, 1874; br. ii)-8".
Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale de
Médecine de Belgique j collection in-8°, t. ill, 1" fascicule. Bruxelles,
H. Manceaux, 1876; in-8°.
Guide pratique pour constater les falsifications du lait; par F.-X. DiPR. Pon-
toise, imp. Putel, 1875; hr. in-S".
De l'oxygène comme antidote du phosphore; par le prof. Thiernesse et le
D'' Casse. Bruxelles, H. Manceaux, 1875 ; Lr. in-8".
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents; février 1875.
Paris, Dunod, 1 875 ; in-8".
( 9^7 )
Comptes rendus de la Cominissiu)i des maladies régnantes, faits à la Société
médicale des hôpitaux de Paris; par le D' Er. Besnuch; 8^ Cascicule, 1874.
Paris, F. Malteste, iSyS; iii-8°.
Les Merveilles de l'Industrie; par L. FicuiER; nf série : ta Teinture.
Paris, Fnrne, Jouvet et C'", 1875-, gr. in-8°, illustré.
Pic du Midi de Biyorre. Ohservatiotis météoroloijiques [fin de la campagne
de 1874). Bagiières, iinp. Cazenave, 1870; br. in-8°. (Présenté par M. Ch.
Sainte-Claire Deville.)
Observatoire du pic du Midi. Ascensions et observations faites au pic pen-
dant l'hiver 1873-1874. Résumé des observations [juin et juillet i874). Sans
lieu ni date; br, in-8°. (Présenté par M. Cli. Sainte-Claire Deville.)
De la liihine dans les eaux minérales de Royat et dans les principales sources
thermales d' Auvergne ; pur P. TKUCHOTet G.-E. Fredet. Paris, A. Delahaye,
1875; in-8».
Etude micrographique de la fabrication du papier; par M. Aimé GiRARD.
Agrandissement, 5o diamètres. Album de neuf planches photographiées.
Sans lieu ni date; in-4°.
Observations faites à l'Observatoire magnétique et météorologique de Hel-
singjors, imprimées aux frais de la Société des Sciences de Finlande; t. "V.
Helsingfors, 1873; in-4".
// miasma palustre. Osset~vazioni dei dottori M. Lanzi e G. Terrigi. Roma,
tip. Paravia, i875;in-4°.
Su gli ultimi avanzamenti delV Astronomia ftsica , e in particolare sulle
macchie solari. Lettura del P. A. Segchi. Roma, tip. A. Befani, 1875;
br. in- 18°.
Di un nuovo strumento meteorologico-geodetico-astronomico, il dieterosco-
pio, diG. LuviNi. ïoriuo, stamp. Paravia, 1874; opuscule in-8°.
Del dieteroscopio. Seconda Comraunicazione di G. LuviNl. Torino, stamp.
Paravia, 1874; in-8''.
Equazione d'equilibrio di una massa gassosa sotlo l'azione délia sua elasticita
edellaforzacentrifugadiG. LuviNi. Torino, stamp. Paravia, 1875; in-8°.
Proposta di una sperienza che pub risolvere in modo decisivo la questione :
se l'etere neli interno dei corpi sia con (piesli collegato e li segua ne' loro
movimenti totalmentc, parzialmente o punlo ; per G. LuviNl. Torino, stamp.
Paravia, 1875-, br. iu-8°.
( 928 )
Sulla delerminazione délie tensioni e délie piessioni ne' sistemi elastici ; per
L.-F. Menabrea. Roma, coi tipi del Salvincci, 1875; in-4".
^Iti delta reale Accademia dei Linrei, compilati dal Secjrelario; t. XXVI,
anno XXVI, sessione V, VI, VII, VIII. Roma, coi tipi del Salvincci, 187/4 ;
in-4°.
Analisi dei tre maggiori terremoli ilaliani avvemtti nel 1874, in ordine spe-
cialmenle aile fraUure del siiolo. Memoria del cav. prof. Michele-Stefano DE
ROSSI. Roma, tip. délie Scienze matematiclie e fisiche, 1875; in-4°. (Es-
tratto dagli Aui dell' Accademia pontificia de' Nuovi Lincei.)
Descripcion y analisis de los aerolitos que cajeron en el distrito de cangas de
Onis [Àslurias), el dia 6 de diciembre de 186G; j>or D. Jose-Ramon DE
LuANCO. Madrid, imp. Fortanet, 1874; in-8°.
Abslrncts oj papers in foreign transactions and periodicals. London,
W. Clowes and Sons, 1875; in-8''. (Présenté par M. Resal.)
Proceedings of tlie rojal geographical Society; vol. XIX, n° r. London ,
1875; in-8".
TIte phannaceuticat Journal and Transactions; december 1874, january
1875. London, Churchill, 1874-1875; 2 liv. in-8*'.
Department of the Interior. Bulletin of tlie United-States. Geological and
geographical survey of the terrilories ; second séries, n° i. Washington, go-
vernment printing Office, 1875; in-S".
Journal oj the chemical Society ; november, december 1874, january 1875.
London, van Voorst, 1874- 187 5; 3 liv. in-8°.
Die Basalte und Phonolithe Sachsens mikroskopisch untersucht und beschrie-
/)en; yo/i D' Heinrich MÔHL. Dresden, Blochmann et Sohn, 1873; 111-/4°,
avec planches.
Publications péaiodiques reçoes pendant le mois de mars iS^S.
Annales de Chimie el de Physique; mars 187$; in-8°.
Annales de Gynécologie; mars 1875; in-8°.
Annales de la Société d' Hydrologie médicale de Paris; 4* hv., 1875;
in -8°.
Annales de l'Observatoire météorologique de Bruxelles; n° 2, 1876: in-4".
Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées; février iStS; in-8°.
( 920 )
Annales industrielles; liv. lo à i3, iSyS; in-4°.
Annales médico-psychologiques ; mars iSyS; in-8°.
Association française contre l'abus du tabac; n° i, iSyS; in-8°.
Association Scientifique de France; liv. des 7, i4, 21, 28 mars 1875-.
iu-8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse; mars iSyS; in-8".
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; n"* i, 2, iS^S;
in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; n° 2, 1875; in-S".
Bulletin de la Réunion des Officiers; n"^ 11 à i4, 1875-, 111-4".
Bulletin de la Société académique d' Agriculture^ Belles-Lettres, Sciences et
Arts de Poitiers; n°^ igt à 194; 1875; in-8°.
Bulletin de la Société Botanique de France; Revue bibliogrnphique E,
1875; in-8°.
Bulletin de la Société d' Encouragement {pour l'Industrie nationale; mars
1875; in-4°.
Bulletin du Cercle horticole du Gers; janvier 1875; in- 8°.
Bulletin de la Société de Géographie; mars 1875; in-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; mars 1876; in-8°
Bulletin de la Société Géologique de France; n° 2, 1875; in-8°.
Bulletin de ta Société industrielle de Mulhouse ; janvier 1875*, in-8''.
( A suivre. )
ERRATA.
(Séance du 29 mars 1875.)
Page 784, ligne 24» '"'^ ''^" '^^ J'i»i confirmé, les faits que nous avons observés pen-
dant cette première. . . , lisez En résumé , les faits que nous avons observés pendant cette
première. . . .
C. R., 1875, i"- Semestre, (T. LXXX, >« iô.) ' 20
( 930)
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5,7
6,0
4.5
65
.>
3,8
927
4,5
3u
6G,2
4,8
",9
8,4
7,9
-0,3
7,8
20,1
7,8
6,4
6,.
4.8
63
»
4,0
97'
2.0
3i
67,0
4,5
",9
8,2
8,3
-0,3
8,0
'9,5
7,4
6,9
6,2
5,4
6/
»
5,0
278
3,0
(
) niinima baron
ictiiques : le 6, 751"'™, 4 à 9
leures du soir;
le 9, 757'»"', 8
à 11 heures du matin; le .2
749™"*)- ^1 2
h 3o'"
ilu
soir, mais peu d
e variations tout le jour; le 2!"
, 756"^"», 2 à 5^
45™ du matin
, hausse très-rapide ensuite.
(5
) (7) (9) ('0) (.
) (12) (i3) (16) Moyennes des
observations tri
loi'aires. — (6)
La température normale est (
Léduile de la c
ourbe
rect
ifiée des tem|jér
atiires moyennes de soixante
années d'obser
vation. — (8) B
loyenne des cinq observation
3. Les degrés ac
tino -
raél
riques sont ram
3nés à la constante solaire 100.
( 93i )
(FAITES A l'ObSERVATOîRE DE MONTSOURIS.
Mars 1875.
I
2
3
4
5
6
7
8
9
10
II
13
i3
■1
i5
i6
'7
i8
■9
20
21
22
23
2/(
25
26
27
28
59
3o
3i
MAGNETISME TERRESTRE
{moyennes diurnes).
(18)
*i7-2'i.7
22,3
23,8
23,9
23,5
23,7
23,5
24,4
25,2
25,5
25,4
23,7
a4,5
23,5
23,9
22,0
23,3
23,4
23,7
23,5
24,0
23, o
23,0
î!2,7
23,5
23,6
.2,4
22,6
23,0
22, 1
(■n)
'65.32,0
32,3
35,2
34,5
33,9
33,7
' 33,0
29,8
3o, I
3o,8
32,6
34,2
32,6
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3i ,0
* 3o,4
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3i,8
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33,8
35,7
34,9
34,5
33,6
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32,5
32,6
33,7
33,5
33,7
C o
(>»)
'i,925o
9255
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9253
9253
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' 9267
9268
9275
928.
9270
9260
9262
9262
9272
9284
9287
92S1
9271
9294
9283
9281
9300
92S7
9293
931 1
9314
9332
9323
9326
9328
(Ji)
4)64/9
65oo
6576
6560
6543
6554
6520
6457
6483
65i8
6:i46
6568
6526
6487
65û3
65i4
6509
6548
66i3
6645
66i3
6664
6687
6643
663 1
6618
6G49
6696
6706
6709
C/'g
0
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= 0
1 »
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0
C
il
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( ?:i)
NNE
km
12,2
NNE
i5,3
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'■)7
ESE
9.7
E
5,6
SSE à SSW
,7,6
SSW
24,2
sw
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SWà N
20,1
ENE
16,5
EiNE
25,,
E
2. ,5
ENE
10, 1
NE
12,8
NNW
9,C
NW à SW
10,3
NW à NE
20,0
NE
24,7
NW
11,8
NWàN
.3,8
N
20,7
NNW
..,4
NE
22,9
NE à NW
8,2
variable.
5,5
SSW
7,3
WNW
10,6
NNW
'9,5
N
•5,7
n;ne
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NNE
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variable.
I
NW à SW
6
NNW
S
N
9
»
10
NNE
9
REMARQUES.
Légers Uocons de neige par inlervalles.
Flocons de neige le matin.
Gelée blanche avant l'aurore.
Traces de rosée le matin.
Rosée matin et soir. Belle journée.
Continuellement pluvieux.
Id. Le vent a pris de l'intensité le soir.
Rosée le matin.
Beau temps, bonne brise soutenue.
Petite pluie fine vers minuit.
Gouttes de pluie le matin.
Cirrus nombreux et traces de halo le soir.
Gelée blanche le matin, rosée le soir.
Brumeux.
Brumeux.
Nombreux cirrus. Gelée blanche vers minuit.
Givre le matin; pluvieux l'après-midi.
Brouillard le matin.
Gelée blanche matin et soir; pluvieux avant midi
Gelée blanche le matin; pluvieux le soir.
Id. le soir; bonne brise depuis la veille il 9" s.
Givre le matin. Beau temps jusqu'à 9 heures soir.
»
Faible rosée matin et soir. Beau temps.
Gelée blanche le matin, puis faible bruine.
Pluvieux le matin, puis giboulées; grésil et neige.
Rosée le matin; botine brise soutenue.
(i5) Les jours de gelée, l'évaporation est mesurée par la pesée d'un plateau de terre humide.
(18 à 21) * Perturbations. Valeurs rapportées au pavillon magnétique.
(22) (24) Le signe W indique l'ouest, conformément à la décision de la conférence internationale de Vienne.
(23) Vitesses maxima : le 7, 35 kilomètres de 8 heures du soir à minuit (la moyenne est restée de 26""", i jusqu'au lendemain
soir, 3 heures). Le 17, au soir, elle 18 au matin, rafales de 3o kilomètres. Le 28, 28 kilomètres de 11 heures m. ii 6 heures s.
( 932 )
Moyennes horaires et moyennes mensuelles (Mars 1875).
e^M. d^'M. Midi. 3^ S. e^s. y^s.
I I r I t t
Déclinaison magnétique 17°-!- 21,4 20,1 28, /5 26,9 23,0 21, 3
Inclinaison » 65°-i- 34,2 33,5 32,3 3i,8 3i,5 32,4
Force magnétique totale 4i-f- 6673 6599 65o5 6487 65i8 6576
Composante horizontale i,-t- 93o3 9281 9237 9256 9272 9285
Électricité de tension (1).. .. y. .. - 191 222 44- ^-9 498 726
Minuit. Moyenoes.
21 ,0
33,2
6622
9294
386
i53,37 752,92 753,20 753,42 753,55
mm mm mm mm mm mm mm
lîaromètre réduit à 0° 757,96 758,39 758,25 757,68 758, o3 758, 5i 758,58
Pression de l'air sec 753, 18 753,42 '
Tension de la vapeur en millimètres 4,78 4,97
État hygrométrique 85,8 75,2
o o
Thermomètre du jardin 2 , 28 4,70
Ihermomètre électrique 5 20 mètres 2,26 4,46
Degré actinométrique Oi4o ■'7,84
6,04
3,62
4,39
5,29
4,97
5,52
mm
0,2
0,07
Thermomètre du sol. Surface 0,87
3,74
4,61
a C
à 0'
à 0
à o™,3o
à i^jOO
,02 de profondeur..
,10 »
,20
Udomètre à i"", 80
Pluie moyenne par heure
Évaporation moyenne par heure
Vitesse moy. du vent en kilom. par heure (2). .
Pression moy. du vent en kilog. par heure. . . .
5,44
5,06
5,52
mm
0,0
1,»o
60,3
o
7,76
7,38
49.7'
91G7
5,28
4,69
5,21
4,88
5,54
mm
1,5
o,5o
4,76
55,3
o
8,74
8,43
34,62
9.27
G, 36
5,34
5,36
4-89
5,54
nmi
1,5
o,5o
4,83
62,5
O
7,i5
7.29
0,67
5,33
6,02
5,7'
5,64
5,02
5,56
mm
0,09
73,0
o
5,40
5,53
U
3,74
5,46
5,64
5,86
5,21
5,57
mm
1,1 2,6
0,37 0,87
5,o3
79)7
o
4,01
4,10
»
2,3o
4,87
5,40
5,82
5,26
5,58
mai
'i7
0,57
observations interrompues pendant les gelées.
km
12,44
km
i3, 12
kui
km
'7-4'
km
16, 4o
km
i5,o8
17.23,5
65.32,8
4,658o
I ,9282
379
758,21
753,33
4,88
72, 1
0
5,3o
5,26
24,65
4,54
4,98
5, 10
5,53
5,06
5,55
mm
t. 8,6
84,3
Um
i5, i3
Heures.
l'' matin
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
Midi.
Déclinais. Pression.
Moyennes horaires
Température
l 50'
/ 22 ,6
24,4
25,6
25,4
23,8
21,4
'9,4
18,8
20, I
22,9
26,1
28,5
mm
758,52
58, 40
58,24
58, oS
57,97
57,96
58 ,06
58,22
58,39
58,46
58,42
58,25
3,43
2,75
2,35
',94
2,01
2,28
2,87
3,70
4,70
5,89
6,84
7,75
3,61
3, 10
2,62
2 ,26
2, 12
2 ,26
2,74
3,5o
4,47
5,52
6,53
7.39
Heures,
l** soir. ..
Déclinais. Pression.
Température.
3
4
5
G
7
8
9
1U
11
Minuit
'7 -'9,3
28,6
26,9
25 , 1
23,8
23,0
22,6
22, I
21,3
20,5
20,3
21,1
757,95
57,96
57,68
57,70
57,83
58, o3
58,23
58,39
58, 5 1
58,57
58, 60
58,58
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7,80
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6,47
5,89
5,40
4,87
4,52
4,01
8,01
8,37
8,43
8,24
7,83
7,59
6,68
6,09
5,53
4,93
4,57
4,10
Thermomètres de l'abri (Moyennes du mois.)
Des minima i°,3 des maxima 9°,9 Moyenne 5°, 6
Tlierinomètres de la surface du sol.
Des minima -o°,7 des maxiraa 15°, 6 Moyenne 7°, 5
Températures moyennes diurnes par pentadvs.
1875. Mars 2 à
6.
1 1 .
3,3
9,5
Mars 12 il
16.
21 .
6,3
^,9
Mars 22 à 24.
» 27 à 3i .
4,2
6,4
(i) Unité de tension, la millième partie de la tension totale d'un clément DanicU pris égal à 28. 700.
(2) Résultats fournis par l'anémomètre enregistreur placé h 20 mètres de hauteur.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 12 AVRIL 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMIMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Comparaison des premières observations du passage de Vénus;
par M. PuisEux. Lettre adressée à M. Dumas, Président de la Com-
mission.
• Paris, le ii avril 1875.
» La Commission du passage de Vénus, en mettant à ma disposition,
vendredi dernier, le journal de la mission de l'île Saint-Paul, m'a donné
la possibilité de comparer les nombres obtenus par M. Mouchez avec ceux
que M. Fleuriais a observés à Pékin et qui ont déjà été publiés dans les
Comptes rendus de l'Académie. Vous avez pris, Monsieur, un si giand inté-
rêt à cette question de la parallaxe, et vous avez si efficacement contribué
à la réalisation des expéditions projetées, que j'ai la confiance devons être
agréable en vous communiquant, dès à présent, le résultat auquel conduit
la combinaison de ces deux stations.
» Les données qui ont servi de base au calcul sont les suivantes :
Pékin, (Observateur : M. Fleuriais.)
Heures des coiilacts
en temps moyen du lieu.
Il ni s
!*'■ contact inlérienr. .. . 22. o. o 1
. . • . ■ r /- ! Comptes rcnilus, t. LXXX, p, 82.
2' contact intent'iir. .. . i.5o.i5 j '
Longitude admise 7.36.34 E.
C.R., 1875, i''' Semestre. (T. L\XX, N<^ l'î.) 121
( 9M )
Ile Saint-Paul, (Observateur : M. Mouchez.)
Heures des contacts
en temps moyen du lieu.
h m s
i"contact intérieur lo.Sq. a, 5 ) ,
. , . n T „ \ Journal de la Mission.
2" contact inteneur ii . S. b,\ )
Longitude admise 5. 0-44 K-
» En partant de ces données et en faisant usage des Tables du Soleil et de
Vénus de M. Le Verrier, je trouve, pour la parallaxe solaire moyenne,
8",8'79, ou, en se bornant au chiffre des centièmes, 8", 88. Cette valeur
diffère bien peu, comme on voit, du nombre 8",86, auquel conduisent les
déterminations de la vitesse de la lumière effectuées par MM. Foucault et
Cornu, et qui est aussi la moyenne des valeurs déduites par M. Le Verrier
de la théorie des perturbations planétaires (i). La valeur définitive ne
pourra être conclue, bien entendu, que de l'ensemble des données astro-
nomiques et photographiques recueillies par les diverses missions fran-
çaises et étrangères ; mais ce premier résultat, si rapproché du nombre
que les astronomes s'accordaient généralement à regarder comme le plus
probable, est de nature à donner confiance dans le succès de la campagne
scientifique à laquelle nos marins et nos astronomes ont pris une si large
part.
» Afin qu'on puisse juger du degré de précision du nombre 8", 879 rap-
porté ci-dessus, je transcris l'expression de la correction qu'il devrait su-
bir par suite des erreurs inconnues dont les données du calcul pourraient
être affectées.
» J'appelle a et b les corrections des heures de contact observées à Pékin,
a' et b' celles des heures de contact observées à Saint-Paul, c et c' celles
des longitudes admises pour les deux stations, ces six corrections étant ex-
primées en secondes de temps. Je représente, en outre, par a le produit de
l'excès de l'ascension droite de "Vénus sur celle du Soleil par le cosinus de
la déclinaison du Soleil, et je désigne par /3 l'excès de la déclinaison de Vé-
nus sur celle du Soleil. Ces nombres, a et p, calculés à l'aide des Tables,
peuvent avoir besoin de corrections, dont j'indique les valeurs (exprimées
en secondes d'arc) par ôa et of-li ; on doit les considérer comme constantes
(1) M. Cornu a remarqué [Comptes rendus, t. LXXIX, p. i364) que, si l'on adoptait,
pour la constante de l'aberration, le nombre 20", aï de Bradley au lieu du nombre 20", 445
de Struve, qui a généralement prévalu, la combinaison de cette constante, avec la vilesse
" expérimentale de la lumière, conduirait à une parallaxe précisément égale à 8", 88, et qu'on
la retrouverait encore en employant, au lieu de la constante de l'aberration, l'équation de
la lumière 473',2, déterminée par Delambre.
(935)
pendant la durée du passage. Cela posé, la valeur de la parallaxe solaire
moyenne, conclue des observations de MM. Mouchez et Fleuriais, a pour
expression
8", 879 — o",oo59rt + o",oo6i h + o",oo53rt' — o",oo56/>'
— o",ooo2 c -H o",ooo!36-' — o",oo2 oa — o",oo9 o|5,
» On voit que, à moins de supposer aux corrections inconnues rt,ô,a',etc.,
des grandeurs invraisemblables, l'influence de chacune d'elles en particu-
lier sur le chiffre des centièmes de seconde de la parallaxe sera à peine
sensible. »
ASTRONOMIE. — Sur le dernier numéro des « Memorie dei Spettroscopisti
italiani » ; par M. Faye.
« Dans le cours des longs débats que mes recherches sur les taches so-
laires ont fait naître, j'ai eu l'heureuse occasion de citer un Mémoire de
M. Langley : On the minute structure of the photosphère^ dont l'importance
a été immédiatement reconnue par tous les astronomes engagés dans cette
discussion. M. Langley concluait que ses longues et patientes observations
étaient finalement favorables à ma théorie, en ce qu'elles manifestaient
dans les taches du Soleil l'intervention persistante d'une action cyclonique
incontestable. Le P. Secchi répondit alors, assez magistralement, que
M. Langley changerait d'avis sur ma théorie lorsqu'il aurait plus longtemps
observé le Soleil.
» Je lis dans le dernier numéro des Memorie la riposte de M. Langley,
et je tiens à la mettre sous les yeux de l'Académie. Après avoir montré en
quoi ses observations ne s'accordent ni avec les idées de M. E. Gautier,
ni avec celles du P. Secchi, mais témoignent plutôt en faveur d'une action
gyratoireou cyclonique, le savant directeur de l'Observatoire d'Allegheny
ajoute :
a Étant un des rares astronomes qui ont employé de puissants instruments dans le champ
de recherches où le P. Secchi a pris une si jjrande part, je suis peut-être plus en état que
tout autre d'apprécier ses éminentes qualités d'observateur. Cependant, lorsqu'il affirme que
de plus lonjjues études m'amèneront à changer d'opinion sur la théorie de M. Faye, je dois
faire remarquer que les idées émises par moi ne l'ont pas été à la légère, ni sur des bases
assez faibles pour être aisément modifiées, car elles résultent de plusieurs années d'observa-
tions faites avec un instrument supérieur à celui du P. Secchi. Avant d'adopter des conclu-
sions différentes de celles que soutient un observateur de ce mérite, j'étais certainement
tenu de vérifier les bases sur lesquelles je me suis a]i|)uyé; mais si les faits obseivés uj'ont
conduit et me conduisent encore à ces conclusions, je me sens rassuré par la pensée qu'au-
lai..
(936)
ciine prédilection personnelle pour une hypothèse quelconque n'a pu ni'exposer, dans le
choix et rinter])rétation des faits, à une de ces déviations (bùis) inconscientes contre les-
quelles le talent le plus reconnu n'est pas toujours une garantie suffisante. »
)> Dans les remarques que le P. Secclii fait à la suite de cette déclara-
lion catégorique, il affirme que j'ai accusé ses dessins d'être des dessins ima-
ginaires, tandis que M. Langley amait donné raison à ces mêmes dessins
tant pour les faits que pour l'explication qu'ils comportent. Ces assertions
ne sont pas exactes : le P. Secchi n'a trouvé dans aucun de mes écrits
l'expression qu'il me prête. Celte méprise tient à une confusion d'idées
que j'ai déjà signalée dans ma Lettre à la Société des Spectroscopistes ita-
liens [Comptes rendus, 1874, t. LXXIX, p. 549), et sur laquelle il est inu-
tile de revenir. »
MÉTÉOROLOGIE. — Résullats des observations faites en Suède sur les courants
supérieurs de l'atmosphère; par M. Faye.
« M. Ch. Deville a cité lundi dernier un récent Mémoire de M. Hilde-
brandsson, comme une preuve péremptoire contre ma tliéorie des cyclones.
Cette opinion de notre savant confrère me faisait un devoir d'examiner de
plus près ce travail où je n'avais remarqué, à première vue, qu'un nouveau
procédé d'observation très-intéressant, mais trop incomplètement pratiqué,
malgré le zélé concours des stations météorologiques de la Suéde, pour
conduire à des résultats positifs. Je pensais seulement que ce système nié-
rilait d'être généralisé et surtout d'être appliqué dans des contrées plus fa-
vorablement situées que la presqu'île Scandinave pour l'étude des cou-
rants supérieurs et des mouvements cycloniques qui en dérivent.
» Une lectiu'e plus attentive et l'examen des cartes à l'appui m'ont fait
voir que les observations dont il s'agit, loin de contredire mes idées comme
le croit M. Ch. Dcville, viennent au contraire leur apporter une confir-
mation frappante en étendant aux régions des cirrlius la constatation du
mouvement gyratoire qu'on n'avait jusqu'ici observé qu'à la surlace du
sol. Mais, pour bien ilégager ce résultat, enchevêtré dans les liypolhèses
régnantes, il faut au préalable entrer dans quelques explications.
» Distinguons d'abord entre la théorie des cyclones proprement dite et
celle des couranis généraux de l'atmosphère que les météorologistes étu-
dient à l'aide de leurs cai tes synoptiques des vents et des pressions. Ils ont
obtenu, pour la seconde théorie, lesileux résultats suivants :
» 1° Entre un maximum et un minimtun de pression barométrique, les
vents soufflent perpendiculairement à la ligue qui joint ces points, par con-
séquent dans le sens des isobares.
(93? )
» 2" Enti'e un maximum et un minimum de pression barométrique, les
vents vont du premier au second dans le sens de la droite qui joint ces deux
points, c'est-à-dire perpendiculairement aux isobares.
» De ces deux assertions passablement contradictoires, la seconde est
celle qu'adopte M. Hildebrandsson. Dans les régions supérieures, d'après
lui et M. Clément Ley, ce serait l'inverse qui aurait lieu : l'air marcherait
des minima aux maxima. L'auteur en déduit cette conséquence curieuse,
que les grands mouvements de l'atmosphère sont, au fond, des courants
verticaux soit ascendants, soit descendants ; que si l'on n'a guère considéré
jusqu'ici que les courants horizontaux, c'est par erreur, car, au fond,
ceux-ci sont de simples effets d'un ordre tout à fait inférieur de petitesse,
effets dont l'existence n'est même pas prouvée d'une manière incontestable
par les cartes synoptiques.
» Je ne m'étonne ni de ces contradictions ni de la singularité de ces
idées : c'est une conséquence toute naturelle du préjugé qui les inspire.
En voici pourtant une autre qui m'a particulièrement frappé. Certains
météorologistes croient avoir démontré que de l'air descendant des hautes
régions jusqu'à nous serait nécessairement plus chaud d'une vingtaine
de degrés que les couches inférieures de l'atmosphère. M. Hildebrands-
son déduit le contraire de ses observations. Dès lors je serais curieux
d'apprendre ce que devient, à ses yeux, l'argument théorique de MM. Espy
et Peslin en faveur de la théorie de l'aspiration. Enfin l'auteur suédois
s'empresse de généraliser ses conclusions : suivant lui les maxima et les
minima, c'est-à-dire le beau temps et le mauvais temps, sont produits,
les uns et les autres, par des mouvements gyratoires ; seulement les cyclones
du beau temps sont descendants, tandis que les cyclones qui amènent le
mauvais temps sont ascendants. Quant à leur mouvement de translation,
il ne s'en occupe pas.
» Tel serait donc le résultat final des belles cartes synoptiques que pu-
blient les météorologistes. En constatant ces résultats étonnants, je suis
tout surpris de lire en tète de l'intéressant Mémoire que M. Ch. Deviile vient
de présenter à l'Académie la maxime suivante (i) :
« La Philosophie naturelle étant affaire d'expérience, les hypothèses n'y doivent être
u comptées pour rien. » (Newton.)
(i) Hypothèses enini iii Pliilosophia, cpia- circa expérimenta versatur, pro niliilo sunt
habendae.
( 938 )
» Heureusement , à côté de ces hypothèse , on trouve dans ce Mé-
moire des faits entièrement nouveaux et une autre conclusion bien digne
de fixer l'attention des hommes de science. M. Hildebrandsson la formule
ainsi :
« Tout près des centres de dépression, les courants supérieurs se meuvent à peu près
dans une direction parallèle aux isobares et aux courants inférieurs. »
» En d'autres termes, la gyration qui, dans les cyclones, n'avait été con-
statée qu'en bas se retrouve en haut, dans la région des cirrhus, avec les
mêmes caractères géométriques. Laissez de côté les figures théoriques où
l'auteurchercheàaccommoder ce grand phénomène, qu'il vient de constater,
à son système, ou plutôt au préjugé régnant, car ces figures vous en don-
neraient une idée fausse -, mais considérez les cartes qu'il publie, et en par-
ticulier la première, celle du 20 mars 1874- Vous verrez dans celle-ci deux
cyclones à la fois, l'un en Russie, l'autre en Suède, juste sur les observa-
toires associés pour l'observation des cirrhus. Celui-ci a donc été observé,
et l'on y a vu les vents supérieurs circuler tout autour du centre de
dépression dans le sens direct, tout comme dans les diagrammes circulaires
des ouragans.
» Il s'en faut que les autres cartes soient toutes aussi significatives; le
plus souvent les cyclones étaient déjà bien loin lorsque le ciel s'est décou-
vert assez pour permettre d'observer les cirrhus, ou bien la même carte
présente à la fois plusieurs cyclones. Celle du 12 mars nous en montre quatre
passant à la fois sur l'Europe. C'est bien plutôt dans les pays chauds que
le système d'observation des cirrhus, si heureusement organisé en Suède,
en Norvège et en Danemark, rencontrera les courants réguliers où naissent
les orages, qui vont ensuite expirer au nord en se segmentant d'une manière
si frappante.
» Quoi qu'il en soit, on peut tirer, ce me semble, du Mémoire que je
viens d'analyser brièvement cette conclusion, que la Météorologie est dé-
sormais enrichie d'un nouveau système d'observations simultanées très-dif-
ficile assurément, mais riche en promesses pour l'avenir, et que les pre-
miers résultats obtenus dans cette voie, loin de constituer, comme on l'a
dit, une preuve de l'erreur de ma théorie, lui sont bien plutôt favorables
en montrant que, dès les régions supérieures, les cyclones qui parcourent
le globe depuis l'équiiteur jusqu'aux limites de la zone tempérée, existent
tout formés au sein des vastes courants supérieurs de l'atmosphère. Dès
lors il est naturel d'en conclure, comme pour les cours d'eau, qu'ils
( 939)
amènent jusqu'en bas et épuisent sur le sol une partie notable de la force
vive de ces courants. Ces discussions montrent bien d'ailleurs que l'étude
des phénomènes solaires aura rendu un service réel à la Météorologie, si je
parviens, comme je l'espère, à délivrer cette science du préjugé dont j'ai
esquissé l'histoire dans VJnmiaire du Bureau des Longitudes pour 1876 et
dont le poids se fait sentir si lourdement sur presque toutes ses concep-
tions. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sw les variations ou inégalités périodiques de la tempéra-
ture (onzième Note) ; période du vingtième jour dodécuple. Novembre;
par M. Ch. Sainte-Claire Deville.
« J'ai expliqué dans ma dixième Note (séance du 22 mars) (i) le but
que je me propose d'atteindre dans la nouvelle série de Mémoires que je
désire soumettre à l'Académie, qui est d'étudier une à une chacune des
douze oscillations de la température qui se manifestent moyennement du
septième au dix-septième jour dechaciui des mois de l'année civile, et dont
le minimum moyen tombe au vingtième de mes trente jours dodécuples.
Ainsi que je l'ai montré dans mes précédentes Notes, les points d'inflexion,
se déplaçant légèrement, en Europe, avec les localités, et oscillant aussi
avec les années autour d'un jour moyen, on ne peut rigoureusement étu-
dier chacune de ces inégalités de la température que pour une même année,
considérée dans le même lieu. Néanmoins l'unité de lieu peut être con-
servée non-seulement avec une exactitude suffisante, mais même avec un
véritable avantage, lorsqu'à une station isolée on substitue la moyenne
de plusieurs stations, dont les positions sont assez voisines pour qu'on
puisse regarder leur climat comme sensiblement le même. On élimine
ainsi, en partie, les erreurs d'observation et les anomalies dépendant des
circonstances locales.
» Je me suis donc décidé, pour conserver l'unité de temps, à choisir l'an-
née quia commencé au i" novembre 1874, c'est-à-dire au moment même où
j'entreprenais mon travail et qui ne finira qu'en novembre 1875 ; pour l'unité
(i) La nécessité de présenter mes résultats sous une forme moins abstraite m'engagea
renvoyer à une autre époque la publication de ma neuvième Note, destinée à mettre en évi-
dence l'existence de la période déceindiume ou tridodécuple. La présente Note ne s'appuie
nullement sur celte conclusion ; mais je l'ai déjà inditpiée et ajjpliquée dans mes trois Notes
relatives aux phénomènes physiologiques [Comptes rendus, t. LXXI). Je me borne à donner
( 94o )
des lieux, à étudier séparément : i" les stations voisines de Paris ; a" dans
le midi de la France, les stations de Toulouse, Perpignan et Marseille; 3° les
stations du réseau météorologique algérien, qui me parviennent avec une
parfaite régularité. Cependant, et pour montrer que le caractère autono-
mique des lieux et des années n'enlève point leur allure générale commune
aux courbes correspondant à la même série de jours, je discuterai, pour
les deux premiers mois seulement, novembre et décembre (le travail eût
été trop considérable pour être présenté à l'Académie, si j'avais étudié ainsi
les douze mois), cinq années consécutives, les cinq dernières, 1870, 1871,
ici, dans le diagramme ci-dessous, un exemple des concordances que peut présenter la dis-
cussion d'un grand nombre d'années d'observations à ce point de vue.
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5 p
Dans ce diagramme, la première courbe résulte d'un travail que vient de publier
M. Ernest Quettlet, dijrnc continuateur des travaux de son père; les deux suivantes, des
documents imprimés dans VAnituairc de la Société iiictéorolngiqite de France : la dernière
est empruntée à l'une des trois iNotes que je viens de citer.
( <»4i ) .
1872, 1873, 1874? dans quatre stations très-distantes en Europe: Upsal,
Paris, Perpignan et San Fernando (près Cadix) (i). Dans cette partie préli-
minaire de mon travail, j'examinerai successivement : 1" la moyenne des
cinq années observées séparément dans les quatre stations ; 2° chaque
année observée à la fois dans les quatre stations.
Novembre _ (1820, 1871.1872.1813.187*)
» Le premier diagramme réunit les quatre courbes dont chaque ordon-
née représente respectivement, pour San Fernando, Perpignan, Paris et
Upsal, la moyenne des températures moyennes observées, à la même date
de novembre, pendant les cinq années 1870, 1871, 1872, 1873 et 1874-
» On voit d'un seul coup d'oeil que, bien qu'on ait ainsi négligé les
(i) Je (lois la Communication de ces nombres à l'obligeance tle MM. Iliklcbrandsson,
Renou, Fines et Pujazon.
C, R., 1875, i«f Semestre. (T, tXXX, N» 14.) ' 22
( 942 )
variations relatives aux années, ces quatre courbes offrent toutes un abais-
sement considérable de la température moyenne, dont la date tombe entre
le 12 et le 1 5 du mois, et dont les écarts atteignent de 5 à 7 degrés. La
courbe moyenne, ponctuée, coïncide presque exactement avec la courbe
de Paris, qui occupe, en effet, une position moyenne en latitude.
» Le seul accident qui semble troubler la régularité de ces courbes est
le relèvement du i4 à Perpignan. Par cela même que cette inflexion résulte
de la moyenne de cinq ans, il n'est pas accidentel, et il doit être dû soit à
des circonstances locales, soit à une cause assez générale ; et cette dernière
conclusion sera rendue probable par la fréquence avec laquelle on verra
cette inflexion se reproduire dans les exemples que nous citerons dans la
suite de cette Note.
» Pour m'en assurer, j'ai construit, dans le petit diagramme suivant, la
courbe correspondant au même intervalle et observée à Marseille, située
Température Novembre „. (1870,1871.1872.1873.1874)
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presque à la même latitude que Perpignan, mais dans des conditions phy-
siques assez différentes. Ou voit que le même accident s'y reproduit, plus
légèrement et un jour plus tôt. La courbe moyenne des deux localités fiiit
disparaître presque entièrement cette irrégularité apparente et maintient un
minimum presque constant du \i au i5.
» Le troisième diagramme fait, en quelque sorte, abstraction des varia-
tions qui dépendent des lieux, en réunissant successivement, pour les cinq
années considérées, les quatre ordonnées de la température moyenne, ob-
servées à la même date dans les quatre stations.
» L'examen de ce diagramme montre de suite que la variation avec
l'année est d'un ordre supérieure la variation avec le lieu; car, bien que
( 943 )
chaque courbe présente un minimum très-net, ce minimum a pu arri-
ver, en 1873, deux jours et demi environ plus tôt qu'en 1871. J'aurai
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ultérieurement à rechercher la loi de ces variations avec l'année, à me
demander s'il existe un cycle d'années qui ramène les mêmes influences
{ 944 )
aux mêmes jours. Pour le moment, nous devons constater seulement que
l'influence de ces variations avec le temps l'emporte de beaucoup sur les
variations dépendant du gisement des stations, bien qu'elle ne fasse pas
disparaître le retour régulier du phénomène.
» Parmi les cinq années représentées dans ce diagramme, la première
(1870) présente une courbe assez différente de celle des quatre autres
années ; mais on peut s'assurer que cette irrégularité apparente n'est que la
reproduction de ce que nous venons de remarquer pour les cinq années
observées à Perpignan. C'est un relèvement qui porte sur le douzième jour,
au point même où devrait se trouver le minimum. Comme cette inflexion
dans la courbe résulte de la discussion de quatre stations différentes, elle
ne peut être accidentelle, et elle devra s'expliquer plus tard; mais j'ai fait
pour elle un petit travail de comparaison, analogue à celui qui portait sur
la courbe de Perpignan. J'ai calculé, pour trois stations autrichiennes
(Cracovie, Bude et Vienne), les moyennes températures du G au i5 no-
vembre 1870, et j'ai réuni dans le petit diagramme ci-dessous la courbe qui
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en résulte avec celle des quatre stations d'Upsal, Paris, Perpignan et San
Fernando. En examinant ces deux courbes, on voit qu'elles se décomposent
chacune en deux portions: la première (du 6 au 10) identique dans les
deux courbes; la seconde (du 11 au i/|) en retard d'un jour pour les sta-
tions orientales, de sorte que le parallélisme se retrouverait, si l'on avançait
d'un jour les ordonnées des stations autrichiennes. La courbe moyenne,
ponctuée, présente un maximum le i \ (^ Saint-Martin), entre deux minima,
placés le 9 et le i3, inflexion qui, je le répète, n'a rien d'accidentel (i).
(i) Cette inflexion, comme les inflexions analogues que nous allons retrouver dans la
( 945 )
» Dans le cas où les quatre stations choisies à des latilmlos si diverses ne
paraîtraient pas démontrer suffisamment, pour une même année, la solidarité
de ce mouvement de la température en Europe, j'ai représenté dans une
même courbe l'oscillation de novembre 1873 (la dernière année que les
documents publiés me permettent de discuter assez complètement), dans
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quarante-deux stations appartenant à l'Europe, aux Acores et à l'Afrique
occidentale et groupées de la manière suivante :
» 1, Saint-Louis (Sénégal); 2, Reggio, Syracuse, Palerme; 3, San Fer-
nando, San Miguel (Acores); 4, dix stations italiennes, maritimes ou sub-
maritimes savoir: Naples, Ancône, Livourne, Chioggia, Venise, Gènes, San
Remo, Cosenza, Rome et Florence; 5, dix stations ilaliennes, montagneuses
ou submontagneuses, savoir : Valdobbia, petit Saint-Bernard, Vigevano,
Alexandrie, Volpeglino, Mondovi, Moncalieri, Plaisance, Lodi et Sienne;
6, Genève et grand Saint-Bernard; 7, Perpignan, Marseille et Toulouse;
8, Paris (quatre stations) et Prague; 9, Bruxelles, Utrecht, Copenhague et
Slonyhurst. La moyenne des neuf courbes est représentée par la courbe
ci-dessus, dans laquelle le minimum absolu porte nettement sur les 12 et
i3 novembre.
)) Si l'on compare cette courbe à celle de novembre 1873, dans le troisième
diagramme, on trouve que, dans celte dernière, le minimum est avancé d'un
jour et porte sur les 1 1 et 12. Cela vient de ce que la station septentrionale
d'Upsal y figure pour un quart, tandis que dans la courbe ci-dessus je n'ai
point fait entrer de station septentrionale, n'ayant pu encore me procurer
suite de ce travail, me paraît correspondre à une période de cinq jours, plus effacée que
les périodes à long terme, mais qui, ne contenant qu'un seul maximum et un seul minimum
et condensant en cinq ordonnées la caractéristique thermique d'une année, doit servir effi-
cacement à chercher le retour périodique, s'il existe, des années analogues.
( 946 )
les observations de novembre iS'yS pour un certain nombre de ces sta-
tions (i). Or, j'ai déjà fait remarquer dans mes précédentes Notes que ces
oscillations semblaient souvent se propager du nord au sud, ou plutôt du
nord-nord-ouest au sud-sud-est.
» Au reste, on peut voir que cette courbe présente, dans ses maxima
(5,9,i5), comn;e dans ses minima (■y, 12, 17), la période de cinq jours ou
sexdodécuple, dont j'ai parlé plus haut.
» Il ne me reste plus qu'à mettre sous les yeux de l'Académie les résultats
de l'oscillation de la mi-novembre 1874 pour les trois régions que je veux
considérer.
» La courbe de Paris résulte de la moyenne de quatre stations : le parc
Saint-Maur, l'Observatoire de Montsouris, l'Observatoire privé de M. Seyti,
au grand Montrouge et celui de M. le D'' Bérigny, à Versailles.
» La courbe de Toulouse, Perpignan et Marseille est construite au moyen
des documents qui me sont communiqués par MM. Tisserand, Fines et
Stéphan.
» Les trois courbes d'Algérie comprennent les stations suivantes :
)) Littoral : Hôpital du Dey, à Alger; phare de Caxine ; Staoueli ; Kar-
guentah, près Oran ; lell: Medeah, Saïda, Batna, Aumale; Steppes etSahara :
Djelfa, Laghouat, Géryville, Biskra, Tougourl.
» On peut être surpris de la ressemblance de ces trois dernières courbes
lorsqu'on songe à la distance qui sépare les stations littorales et les sta-
tions du désert, comme Tougourt, Laghouat et Géryville. Leur courbe
moyenne, ponctuée, est presque identique avec la courbe du littoral.
Toutes trois présentent plus ou moins nettement la division en deux por-
tions distinctes: la première, offrant une oscillation peu accentuée du 5
au 12; la seconde, qui représente la grande oscillation de novembre,
du 12 au ry.
» La première petite oscillation est dissimulée dans la moyenne des trois
stations du midi de la France, mais elle est représentée à Paris par le brusque
abaissement du 9 ; quant à la grande oscillation, elle est tellement manifeste
dans les trois groupes de stations qu'il serait inutile d'insister sur elle.
(i) Il en est de même et plus encore des stations extra-européennes. Je ne rechercherai
donc qu'à la fin de cette série de Notes comment les douzes périodes que j'y considère se sont
fait sentir, en 1873, dans des localités situées d'une façon très-diverse sur la surface du
globe.
. ( 947 )
En Algérie, les minima portent surtout sur les i3, i4 et i5; dans le midi
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h minimum absolu tombe le i4 dans les deux régions méridionales, il
( 94« )
arrive le 12 autour de Paris (i). Les trois courbes de Paris, du midi de la
France et de l'Algérie sont tellement analogues que leur moyenne, qui ter-
mine le diagramme, diffère à peine de chacune d'elles, et qu'elle offre en-
core, du 5 au i4, mi écart de 4 j degrés en température moyenne.
» Cette première étude démontre donc que l'oscillation de la mi-novembre,
en 1874 , s'est étendue avec une grande régularité depuis le nord de l'Eu-
rope jusqu'au sud de l'Algérie, sur une étendue de 3o degrés en latitude ;
que les basses températures ont porté partout sur les 12, i3, i4et 1 5, et que
le minimum absolu a varié entre le 12 et le i5. >>
M. Cahours, en présentant le troisième volume de son Traité de Chimie
otrjanique, s'exprime comme il suit :
« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie le troisième et dernier volume de
la nouvelle édition de mou Traité de Chimie organique élémentaire, dont je
me bornerai à donner une analyse succincte.
» Le premier Chapitre est consacré à l'étude des alcools triatomiques et
presque exclusivement à celle de la glycérine qu'on peut considérer comme
le type de cette classe de composés. Après en avoir fait connaître le mode
de préparation, sa reproduction synthétique et les principales propriétés,
j'examine quelques-uns de ses éthers et plus particulièrement les corps gras
qui s'y rattachent d'une manière si étroite. Je termine enfin ce Chapitre par
une esquisse rapide de la fabrication des savons et des bougies stéariques.
» Après un examen sommaire des phénols triatomiques qui font l'objet
du second Chapitre, je passe très-rapidement en revue, dans trois Chapitres
successifs, les alcools tétratomiques, pentatomiques et hexatomiques. A
l'occasion de ces derniers j'entre dans quelques détails sur la mannite qui
en est le représentant le plus important.
» Dans le Chapitre suivant, j'indique sommairement le mode d'extraction
des huiles essentielles, j'en décris les propriétés générales, et, après avoir fait
(i) A Upsal, la granfle oscillation est longue et donne les nombres suivants
i4 -3,97
i5 —5,10
16 +0,16
10 + 5 , gS
II —0,9.4
!■?. — 2,52
1 3 —2,12
Le niininuim tombe donc le i5, et il y a un ccait de 11 degrés dans les températures
moyennes.
( 949 )
une étude détaillée du camphre dont les fonctions ne sont pas encore suffi-
samment définies pour qu'on puisse le classer d'une manière définitive, je
procède à l'examen des substances résineuses.
» Dans le Chapitre qui fait suite, je traite avec détails des radicaux
organométalliques, composés intéressants, à l'étude desquels j'ai consacré
plusieurs années, et j'insiste plus particulièrement sur le cacodyle et les
stannéthyles.
» Passant ensuiteà l'histoire desamides que je trace assez rapidement, j'ar-
rive à celle des alcalis organiques que j'étudie d'une manière aussi détaillée
que le comporte un ouvrage de cette nature. J'examine d'abord le mode d'ex-
traction des alcaloïdes nalurels; je passe ensuite en revue les méthodes si
ingénieuses de Zinin, de Wurlz et d'Hofmann, qui permettent de faire
dériver de l'ammoniaque une série de bases analogues qui en retracent les
propriétés fondamentales, et j'étudie d'une manière spéciale comme type de
ces curieux composés l'aniline, si remarquable par les matières colorantes
nombreuses et variées auxquelles elle donne naissance, lesquelles joignent
au mérite d'une beauté et d'un éclat incomparables celui d'un bon marché
relativement extraordinaire.
» Je fais suivre logiquement l'étude de ces corps de celle de l'urée nor-
male et des urées composées, et j'examine ensuite dans trois Chapitres
successifs les uréthanes, les éthers allophaniques et les uréides qui s'y
rattachent si étroitement.
» Dans les trois Chapitres qui suivent je passe en revue les principes
immédiats ternaires les plus im|)ortants des végétaux, tels que la cellulose,
l'amidon, les gommes, les composés pectiques, les sucres, les gluco-
sides, etc., me bornant à indiquer, sans entrer dans aucun détail, ce qui
serait en dehors du cadre de cet ouvrage, les applications dont ils sont
susceptibles.
)) Enfin dans le dernier Chapitre, je traite des principes immédiats du sang,
de l'oeuf, de la chair, de la bile, de l'urine. J'en décris le mode de prépa-
ration, les propriétés principales, et je fais connaître sommairement les
métamorphoses qui naissent du contact de quelques-uns d'entre eux avec
les réactifs. »
C.R., 1875, i"' Semestre. (T. LXXX, N» 14.)
(95o)
NOmNATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nominalion d'un Cor-
respondant, pour la Section de Géographie et Navigation, en remplace-
ment de feu M. Chnzallon.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 44»
M. le général Sabine obtient 4'^ suffrages.
M. Gould 2 »
Il v a deux bulletins blancs.
M. le général Sabine, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est
proclamé élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission qui sera chargée de juger le Concours pour les prix^ de Mé-
decine et Chirurgie de la fondation Montyon (année 1875).
MM. Cl. Bernard, baron Cloquet, Sédillot, Gosselin, Andral, Bouillaud,
baron Larrey, Ch. Robin, Bouley réunissent la majorité des suffrages. Les
Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Milne
Edwards et de Quatrefages.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission qui sera chargée de juger le Concours pour le prix Godard
(année iSyS).
MM. Gosselin, Cl. Bernard, Robin, Andral, Sédillot réunissent la ma-
jorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de
voix sont MM. Bouillaud et baron Larrey.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission qui sera chargée déjuger le Concours pour le prix de Physio-
logie expérimentale de la fondation Montyon (année iS^S).
MM. Cl. Bernard, Ch. Robin, Milne Edwards, de Lacaze-Duthiers, Bou-
ley réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont
obtenu le plus de voix sont MM. Andral et de Quatrefages.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
( 9'>' )
Commission qui sera chargée de juger le Concours pour le prix Chaussier
(année 1875).
MM. Andral, Bouillaud, Cl. Bernard, Gosselin, baron Cloquât réunis-
sent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le
plus de voix sont MM. Sédillol et baron Larrey.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission qui sera chargée de juger le Concours pour le prix des Arts
insalubres de la fondation Montyon (année iS^S).
MM. Pehgot, Boussingault, Chevreul, Dumas, Bussy réunissent la ma-
jorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de
voix sont MM. Hervé Mangon et Wurtz.
RAPPORTS.
CHIRURGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. J. Hennequin, inlilulé :
« De ['allongement du fémur dans le traitement de ses fractures ».
(Commissaires : MM. le baron J. Cloquet, Bouillaud, Sédillot rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés de lui faire un Rapport sur un Mémoire de
M. le D'" Hennequin, ayant pour titre : De i allongement du fémur dans le
traitement de ses fractures .
» M. Hennequin croit avoir démontré, par le raisonnement et l'expéri-
mentation : 1° que le meilleur mode de traitement à employer dans les
fractures siégeant au-dessous des trochanters est l'extension continue;
2^ que le membre inférieur doit être tenu en abduction modérée et en
rotation en dehors; 3" que la cuisse doit reposer sur un plan horizontal et
la jambe faire avec elle un angle de 120 degrés environ.
» Les fractures diaphysaires du fémur, les seules dont se soit occupé
M. Hennequin, sont très-fréquentes, et l'épaisseur des parties molles, la
puissance des muscles et la difficulté de trouver des points d'appui pour
l'extension et la contre-extension en rendent les consolidations régulières
fort difficiles, malgré d'innombrables appareils, chaque jour perfectionnés
par les ressources de la Mécanique et les progrès de la Physiologie et de la
Pathologie chirurgicales.
» Si les guérisons chez les enfants, sans raccourcissement, sont très-
communes, elles sont exceptionnelles chez les adultes, et aucun chirurgien
expérimenté ne s'engagerait à les obtenir.
ta3..
(95^)
» M. Hennequiti n'a pas hésité, cependant, à annoncer que non-seule-
ment il pouvait rendre à la cuisse sa longueur dans les fractures diaphy-
saires, par son appareil à extension continue, mais qu'il devait se mettre en
garde contre un excès de longueur, plus à craindre encore qu'un raccour-
cissement.
» Ce résultat imprévu était de nature à exciter une vive attention, et il
importait, avant tout, d'en constater la réalité.
» M. Hennequin a joint à son Mémoire un tableau de trente-deux cas
de fractures de la cuisse, traitées par son appareil, dont il m'a montré de
nombreuses applications dans les hôpitaux, et il a rapporté cinq observa-
tions comme exemples et preuves de l'allongement des os fracturés.
)) Deux sont relatives à un véritable allongement, ou allongement
absolu.
» Les trois autres n'offrent que des allongements secondaires ou recti-
ficateurs, en ce sens que le membre, raccourci de plusieurs centimètres à
la suite d'une ancienne fracture, a pu recouvrer une partie de sa longueur
pendant le traitement d'une nouvelle solution de continuité.
» Une distinction capitale méritait d'être établie entre ces observations.
)) Rendre à un membre sa longueur normale, c'est le ramener à ses pro-
portions naturelles, qu'on méconnaît en les dépassant; et si dans le premier
cas les éléments qui concourent à la régularité des formes et des fonctions
sont en faveur du chirurgien, ils lui sont contraires dans le second.
» Ce n'est pas seulement l'os fracturé qui doit être allongé, mais des
tissus fdjreux, très-résistants; et si l'on y réussissait, on n'aurait fait que
remplacer une difformité par une autre plus fâcheuse.
» La possibilité de l'allongement absolu des os fracturés repose théori-
quement sur quelques faits d'ostéites, de nécroses, d'hyperostoses et d'os-
téosarcômes, sans réelles analogies avec des fractures où les os sont sains
et où la conlractilité musculaire est restée enlièie.
» Le premier exemple d'allongement absolu cité par M. Hennequin
était d'un demi-centimètre et ne pouvait faire preuve, de l'aveu de l'auteur,
en raison de l'impossibilité de constater d'une manière irrécusable une si
faible différence, à moins d'un examen nécroscopique dont il n'a fourni
aucun exemple.
» Le second fait d'allongement ne serait pas douteux, s'il était de deux
ou trois centimètres, connne l'a supposé un de nos confrères dont l'expé-
rience et l'autorité sont hors de doute; mais le malade, qui avait subi une
rupture accidentelle d'un premier cal en voie de formation, avait gardé
(953 )
l'appareil trois mois, n'avait pas encore marché, n'a pu être retrouvé et
son histoire n'a été ni recueillie ni publiée.
■) Nous regrettons qu'une observation aussi exceptionnelle n'ait pas été
mise à l'abri de toute objection.
» Le seul poids du corps suffit à déformer un cal récent, quand les ma-
lades se lèvent et se servent trop tôt de leur membre, et il eîu été néces-
saire de constater les effets d'un exercice prolongé.
» M. Hennequin a discuté la possibilité de l'élongation des os par l'irri-
tation de la face diaphysaire des cartilages d'ossification; mais le blessé
avait quarante-cinq ans et ces cartilages étaient, comme il l'a fait remar-
quer, depuis longtemps ossifiés.
» Dans un cas de résection coxo-fémorale pratiquée avec succès sur un
enfant, j'ai admis la possibilité d'obtenir, par des mouvements rationnel-
lement dirigés, le rétablissement d'une partie du volume et de la longueur
des parties atrophiées, et je ne doute pas de l'utilité de ce genre de traite-
ment pendant le jeune âge et dans des conditions d'accroissement qui sont
connues.
» Les résultats les plus favorables signalés par M. Hennequin ont été
fournis par les blessés dont un premier raccourcissement, plus ou moins
considérable, fut diminué par le traitement d'une deuxième ou d'une troi-
sième fracture.
» Ici aucun doute n'était possible. Les parties ont été plus ou moins
ramenées à leur longueur par la disparition des courbures irrégnlières du
membre, l'allongement possible des anciens cals, en partie peut-être en-
flammés et ramollis, et l'écartement des nouveaux fragments, quelque diffi-
cile qu'on le suppose, puisque les tissus environnants sont restés généra-
lement intacts et y font obstacle. La rupture des cals difformes est une opé-
ration usuelle et offre des conditions assez comparables.
» L'appareil de M. Hennequin ayant été décrit dans un travail (i) publié
en 1869, nous nous bornerons à signaler les avantages qu'il présente sur
celui de Ferdinand Martin.
B La multiplication des points d'appui évite des pressions trop persis-
tantes, et la substitution de bandes élastiques graduées à des tiges et à
des attelles fixes permet de varier les forces extensives de deux à neuf kilo-
(i) Quelques considérations sur l'c.rtcnsinn continue. Mémoire couronné parla Faculté de
Médecine de Paris (Prix Barbier). Paris, 186g.
{ 954 )
grammes. C'est l'application aux fractures des bandes élastiques, si heureu-
sement employées dans le traitement des luxations.
» La contre-extension porte sur l'arcade pubienne, l'ischyon et la fosse
iliaque externe, et l'extension sur les condyles du fémur et perpendicu-
lairement sur le mollet.
» Les hydarthroses du genou nous ont paru presque constantes et pour-
raient être prévenues par des genouillères élastiques et des intermittences
d'extension, en partie bornée aux condyles fémoraux.
» L'allongement absolu du fémur fracturé, point capital de ce travail,
ne nous semble pas démontré et réclame de nouvelles preuves; mais l'ap-
pareil, dans les fractures des adultes et des vieillards, employé avec de
grandes précautions pour éviter la mortification du mollet, a donné de
beaux succès et ajoute aux ressources de la Chirurgie.
» Nous proposons, en conséquence, d'engager M. Hennequin à pour-
suivre ses recherches sur les conditions et le mécanisme des allongements
des os fracturés, et de déposer honorablement son Mémoire aux archives
de l'Académie. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
RIÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE. — Éludes sur l'entraînement de l'air par un jet d'air ou de vapeur;
par M. F. DE Romilly.
(Commissaires : MM. Rolland, Tresca, Resal.)
a Dans la Communication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie,
au sujet de l'entraînement de l'air par un jet d'air ou de vapeur (i8 jan-
vier 1875), j'ai décrit les effets du jet lancé dans l'orifice récepteur (i).
Voici maintenant les effets du jet lancé sur la paroi latérale du récepteur.
» I. — Si, avec le récepteur à mince paroi, on éloigne le lanceur de quelques millimètres
seulement du récepteur et qu'on l'excentre suivant le rayon, c'est lorsque le lanceur dirige
son jet toujours parallèlement à l'axe, non plus dans l'orifice récepteur, mais en de/tors sur
la paroi même où l'orifice est percé que se trouve le maximum de pression, maximum qui
(i) Venturi avait trouvé, pour l'écoulement de l'eau par un ajutage, le même angle de
divergence, ce qui indique pour ces deux cas si différents une similitude dans la direction
des fluides au moment du passage par l'orifice de l'ajutage. Il est aussi remarquable que ce
soit avec ce même ajutage formant entrée d'un récipient clos que l'on a le maximum de
pression avec l'air entraîné.
(955)
dépasse le double de la pression obtenue en lançant le jet dans l'intérieur de l'orifice. Ainsi,
la projection sur un plan parallèle des deux orifices lanceur et récepteur donne, au mo-
ment du maximum, deux cercles extérieurement tangents. La grandeur absolue de l'effet
après le bord croît très-peu avec la distance du lanceur au récepteur, de sorte que sa supé-
riorité sur l'effet du jet lancé à l'intérieur ne persiste pas, car, l'effet du jet dans l'orifîce
grandissant rapidement avec l'éloignement, il se trouve que, après une certaine distance où
ces deux effets sont égaux et où il y a alors deux maxima égaux, l'elfet du jet dans l'orifice
devient prédominant. Voici comme exemple les courbes faites avec lanceur de i millimètre
de diamètre, à i atmosphère et récepteur de o,oi6 de diamètre [fig. i).
>) On voit que, avec le récepteur de o ,oi6, ce n'est qu'à o ,020 de distance qu'on a égalité
des deux maxima. Avec des récepteurs de diamètres moindres, les effets sont de même na-
ture, et, à mesure que le récepteur décroît, les courbes sont plus accentuées et l'égalité des
deux maxima a lieu plus tôt. Il est du reste facile de rendre sensible cette tangence ; lors~
qu'on a obtenu le maximum par excentration, on avance normalement le lanceur vers le
récepteur : il vient buter sur la paroi, et le jet est arrêté.
» Cette manœuvre, comme toutes celles des expériences précédentes et suivantes, exige
que le lanceur soit fixé sur une base pouvant, par une glissière, se mouvoir vers le récep-
teur, cette base portant elle-même une autre glissière pour le mouvement latéral.
» Cet cjfet de bord est-il particidier au récepteur à mince paroi ? Pour généraliser le
phénomène, il suffit de l'étudier avec les autres récepteurs de forme intérieure différente. Si
donc on prend un récepteur conique, celui de ^ degrés et de 8 millimètres de diamètre par
exemple, pourvu à sa petite section tournée vers le lanceur d'une surface latérale plane
continuant la surface de section de l'orifice (j^^. 2), on reconnaît, en partant de l'axe:
1° que le maximum est sur l'axe, et qu'à partir de l'axe il y a diminution (Note précé-
dente) ; 3" qu'au moment où le lanceur franchit le bord, il y a minimum très-accusé, puis
augmentation de pression considérable et brusque lorsque le bord est franchi [Jlg. 3). C'est
un second maximum, inférieur ici au maximum central, mais très-marqué, et même, en
valeur absolue, supérieur au même effet avec Torifice en mince paroi de même diamètre.
Après ce maximum, il y a diminution graduelle.
> Même effet avec l'ajutage cylindrique. Avec le divergent, l'effet est très-effacé.
• Ainsi, l'effet de bord est générai, mais seul, l'orifice à mince paroi donne l'effet de bord
supérieur à l'effet du jet lancé à l'intérieur <le l'orifice.
» II. — Autre phénomène qui n'existe pas avec le récepteur à mince paroi, mais avec le
conique et le cylindrique : ni la grandeur, ni la position du second maximum ne sont les
mêmes quand on fait glisser le lanceur de l'axe vers le bord et le franchissant, que lorsque
l'on revient en sens contraire vers l'axe. Le point du maximum est plus excentré quand on
s'éloigne de l'axe, moins excentré quand on revient vers l'axe. De même du minimum très-
accusé qui, dans l'aller, précède, et dans le retour, suit le maximum. Ce déplacement en
sens contraire agit comme si le jet avait une sorte d'inertie qui retarderait le moment du
saut brusque, dans l'un ou l'autre sens [fig. 4-) En s'éloignant de l'axe, on a le plus fort
minimum; en s'en rajjprochant, le plus fort maximum. C'est le même phénomène avec d'autres
valeurs et à une place différente. Par ces deux chemins contraires, on arrive en excentrant
doucement à un minimum ou à un maximum instable qui, une fois atteint, disparaît aussitôt.
Comme l'instabilité va croissant à mesure que l'on approche de ce point d'instabilité extrême.
Fi'i;. I. — Demi-grandeur.
Fig. 2. — Demi-grandeur.
Fig. 3. — Pressions,
échelle i.
de bord.
Distance = O.OOl
Dislance = o,oi.
Dispositions générales.
Lanceur: o^.ooi diamètre. — Distance entre lan-
ceur et récepteur écrite sous cliaque figure.
Centre de l'orifice récepteur correspondant au
zéro sur l'abscisse.
Excenlrations sur abscisses. Elles sont toutes de
grandeur réelle.
Pressions et aspirations surordonnées, en hauteur
d'eau. Quelques-unes reduites(To(/;i chaque ligure).
■•^— Sens de l'excentration.
des
O^'ures.
Dispositions PAnTicuLiÈREs.
Récepteurs
Diamètres
O-n.OlG
o'n.OoS
o"',oo4
o"',ooS
o"',ooS
o'ii.noS
Formes.
I\Iince paroi.
Conique,
(^.onique.
Mince paroi.
Coiîique.
Mince paroi.
Pressions
au lanceur
on atmosphères.
-j atmosph.
\ atmosph.
1 atmosph.
I atmosph.
1 atmosph.
1 atmosph.
( 95? )
en s'arrétant un peu avant d'y atteindre, on a un autre point singulier, ou point de facile
variation, et dont l'expérience suivante fera ressortir les propriétés : on glisse une mince
feuille de métal ou une carte entre le lanceur et le récepteur et, suivant qu'on l'cnléve en la
tirant vers l'axe ou vers le bord du récepteur, on a : vers l'axe, le maximum ; vers le bord,
le minimum. On peut agir aussi en soufflant sur le jet, mais c'est moins net. On peut faire
passer la carte entre le lanceur et le récepteur, ou la faire glisser sur le récepteur, ou même
sur le petit orifice lanceur. Si l'on s'arrêtait un peu avant ou après ce point de facile varia-
tion, on retomberait toujours sur la même pression, de quelque côté qu'on retirât la carte.
» A mesure qu'on éloigne le lanceur du récepteur, le point du maximum d'effet de bord
a une faible tendance à s'écarter : très-près, on n'a pas la tangence absolue ; plus loin, on y
atteint; plus loin, on la dépasse. Mais ces dilTérences sont très-petites, et la suite de ces
maxima est presque une droite normale à la surface du récepteur. Ainsi, avec un lanceur
de 2 millimètres de diamètre, à \ atmosphère, et un récepteur de 0,0 1 6 à mince paroi,
quand ils sont ;i la distance de i millimètre, la tangence n'est pas absolue, et à 3 millimètres
elle est dépassée.
» III. — Lorsqu'on se sert d'un lanceur et d'un récepteur pourvus tous deux de parois
latérales parallèles, on a, le bord franchi, non plus une pression, mais une aspiration. Celte
aspiration se produit jusqu'à une grande dislance entre le lanceur et le récepteur; comme
exemple ; un lanceur de i millimètre de diamètre à i atmosphère jieut être éloigné de plus
de I centimètre d'un récepteur de 8 millimètres de diamètre sans que l'effet d'aspiration
soit anéanti. En le rapprochant, l'aspiration augmente et dépasse en valeui' absolue la pres-
sion maximum obtenue à la même distance lorsque le jet pénètre dans le récepteur. Cette
différence en faveur de l'aspiration peut s'élever à près du triple de la pression [fg- 5).
>' Le lieu du maximum de cette aspiration est situé, pour les dislances rapprochées, au
point même oîi se trouvait, par l'effet de bord, le maximum de pression avec lanceur sans
paroi parallèle. Cependant l'aspiration n'efface l'effet de bord que pour les dislances très-
proches. Le maximum d'aspiration s'écarte à mesure que la dislance entre les ajutages
augmente, tandis que l'elfel de bord s'obtient toujours avec une excentralion à peu près
identique. Déjà, à 1 millimètres de dislance entre l'ajutage conique de 4 millimètres de dia-
mètre, on a en premier lieu l'effet de bord et un peu plus loin l'effet d'asjjiraiion [fg. 6).
» IV. — Lorsque la distance entre les ajutages est moindre que ~ millimèlre, qu'ils sont
presque au contact, la pression, lorsque le jet pénètre dans le récepteur, augmente très-
rapidement avec la diminution de distance (puisque au contact on doit avoir la pression
même du lanceur), et alors l'excentnition, le bord dépassé, produit non plus une aspiration,
mais, après un minimum bien accusé, un second maximum de pression qui dépasse en va-
leur absolue l'aspiration des cas précédents; puis l'effet de l'excentralion s'éteint en donnant
une suite de minima et de maxima de moins en moins accusés.
« Entre cette très-petite distance où, en dépassant le bord, on n'a que des pressions, et
celle où l'on a seulement l'aspiration, se trouve une distance intermédiaire où, le bord
franchi, on a d'abord une aspiration et, en excentrant plus loin, une pression {fîg- '])■
» Voici donc, en s'éloignanl du récepteur, la succession des effets d'excentration :
1° (pres<pie au contact) pression sur toute la paroi, quelle (pie soit l'excentralion; 2° (un
peu plus éloigné) aspiration, puis pression en excentrant davantage; 3" (vers i millimètre
de distance) aspiration pour toute excentralion ; 4° (vers 2 à 3 millimètres) pression par
C. R., 187 j, i" Semestre. CT. LXXX, IS» Ui.) ' ^4
( 958 )
effet du bord, puis aspiration; 5" disparition de l'aspiration, continuation de la pression
par lefict de bord; 6° disparition de l'effet de bord dans l'effet général.
» Il arrive aussi, quand à très-petite distance il n'y a pas parallélisme absolu, qu'en
excentrant d'un côté du récepteur on a le phénomène de pression, et du côté diamétrale-
ment opposé celui d'aspiration.
» Je veux rappeler ici l'expérience de Griflith et de Clément Desormes sur la fixation par
aspiration d'un disque plan approché d'une paroi plane percée d'un orifice par où s'é-
chappe de l'air ou de la vapeur. Dans ce cas, c'est au bord du disque qu'ils ont trouvé
que l'aspiration avait surtout lieu, mais les données sont différentes de celles de ce Mémoire.
» V. ^ — L'effet de bord et l'aspiration croissent avec la section du lanceur et la pression
de l'air lancé et en proportion inverse de la section du récepteur.
» VI. — L'effet de bord ne se produit que lorsque le récepteur forme l'entrée d'un
récipient clos. Il n'existe pas pour l'entraînement dans un récipient ouvert, et le gazomètre
qui mesure la quantité d'air qui passe par le récepteur s'emplit de plus en plus lentement,
à mesure que l'on dépasse le bord par l'excentration. Quant à l'effet d'aspiration dû au
parallélisme des surfaces, il se manifeste également, que le récipient soit clos ou qu'il soit
ouvert. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sw^ un nouveau corps qu'on trouve dans iurine
après l'ingestion d'hydrate de cldoral. Note de MM. Mcsculcs et de Mermé.
(Extrait.)
(Commissaires : MM. Cl. Bertiard, Wurtz.)
« On peut se demander comment et sous quel état sont rejetées les
substances étrangères introduites dans l'organisme. On a formé trois
groupes :
» 1° Les substances qui traversent l'organisme sans être altérées,
comme la créatine, l'acétamide, etc., que l'on retrouve intactes dans
l'urine;
» 2" Les substances qui sont décomposées et dont on retrouve les
produits de décomposition dans le sang, la salive ou l'urine : telles, par
exemple, la leucine et leglycocolle, qui fournissent de l'urée;
» 3° Les substances qui se combinent chimiquement avec un produit
de l'organisme et passent ainsi dans l'urine. Le type de ce groupe est
l'acide benzoïque, qui, en se combinant avec le glycocoUe, est éliminé à
l'état d'acide hippurique.
» Quel est le sort du chloral quand il a passé dans le sang?
» D'après Liebreich, ce corps appartiendrait au deuxième groupe; il
serait décomposé par le sang en acide formique et chloroforme, et ce se-
rait à ce dernier produit qu'il devrait son action narcotique.
» Bouchut a avancé le premier que le chloral traverse l'organisme sans
( 9^9 )
être altéré. M"* Tomaszewicz, au laboratoire de M. Hermann, à Zurich,
a démontré la présence dans l'orine d'une petite quantité de chloral et
l'absence complète de chloroforme. Récemment Feltz et Ritter ont trouvé,
dans l'urine de chiens empoisonnés par le chloral, du chloral, du sucre
et une autre substance organique que ces savants n'ont obtenue qu'en
trop faible quantité pour en faire l'analyse.
» Nous avons examiné l'urine rendue par des malades qui prenaient
4 à 5 grammes d'hydrate de chloral par jour : ces urines avaient mie réac-
tion acide très-prononcée. Elles réduisaient la liqueur cupropotassique et
elles montraient une rotation à gauche du plan de polarisation, d'autant
plus forte que la dose de chloral était plus élevée.
» De l'urine fraîche a été précipitée par l'acétate neutre de plomb, puis,
après filtration, par le sous-acétate de plomb et enfin par le sous-acétate
et l'ammoniaque. Ces différents précipités plombiques ont été décomposés
par l'hydrogène sulfuré.
» Le polarimètre montra que le corps que nous cherchions se trouvait
le plus abondamment dans le précipité de sous-acétate de plomb.
» La substance, obtenueen quantité très-faible, était soluble dans l'éther
alcoolisé. Nous avons alors agité de l'urine préalablement évaporée avec
un mélange d'éther et d'alcool : l'éther, décanté et évaporé, laissa un
résidu sirupeux assez abondant, mais qui n'avait aucun pouvoir rota-
toire. Comme nous pouvions avoir affaire à un acide rendu insoluble
dans le véhicule employé, par suite de sa combinaison avec une base,
nous avons ajouté à l'urine, avant de la traiter par l'éther, d'abord de
l'acide acétique : le résultat fut encore négatif. Avec un acide minéral fort
(acide chlorhydrique ou sulfurique), nous obtînmes, par l'évaporation de
l'éther, un résidu qui possédait un fort pouvoir rotatoire à gauche. C'est
cette dernière méthode que nous avons employée pour isoler le corps.
» Nous avons d'abord formé le sel de potasse et obtenu luie belle poudre
blanche composée de cristaux microscopiques. Une solution au centième
de ce sel, examinée dans le tube de 20 centimètres du saccharîmètre de
Soleil, tourne de 5 degrés à gauche, ce qui correspond sensiblement à
[«] = — 60. Les urines obtenu( s avec une dose de 4 à 5 grammes d'hy-
drate de chloral donnaient directement une déviation de 5 degrés et même
de 6 degrés. Elles contenaient donc de loà 12 granunes de celte substance
par litre.
» Nous avons obtenu l'acide libre en groupes de cristaux isolés en
forme d'étoile et ressemblant sous le microscope à la tyrnsine. Les cris-
124..
(96o)
taux séchés sur l'acide sulfurique concentré pendant plusieurs jours ont
fourni à l'analyse élémentaire :
Carbone 3i,6o
Hydrogène 4 1^6
Chlore 26,70
» L'acide ne cristallise bien que s'il est complètement exempt de pro-
duits azotés. Cet acide est très-soluble dans l'eau et dans l'alcool, moins
dans l'éther alcoolisé et à peu près insoluble dans l'éther pur. Il rougit
fortement le papier bleu de tournesol et décompose les carbonates avec
effervescence. Il n'est pas déplacé par l'acide acétique. A l'ébullition, il
réduit les solutions alcalines de cuivre et debismutb, ainsi que lessels d'ar-
gent; il décolore le sulfate d'indigo. Il tourne le plan de la lumière pola-
risée à gauche comme son sel de potasse.
» Nous avons pu obtenir à l'état cristallin un sel de potassium, un sel
de sodium et un sel de cuivre. Nous avons obtenu un sel de baryum
amorphe. Tous ces sels sont solubles dans l'eau et insolubles dans l'alcool
absolu. Nous n'avons obtenu qu'une combinaison insoluble dans l'eau :
c'est en précipitant l'acide avec le sous-acétate de plomb.
» La chaleur décompose l'acide rapidement : il jaunit déjà à 100 degrés.
Chauffé avec une solution de potasse, il brunit en dégageant une odeur
de caramel et en cédant son chlore à la potasse.
» Sa solution, traitée par la méthode de M"'' Tomaszewicz, ne donne
pas de chloroforme, de sorte que celui que l'on retire directement de
l'urine provient réellement d'un peu de chloral inaltéré; mais la moyenne
partie du chloral, ou plutôt un reste de ce corps, est évidemment combinée
avec une substance tirée de l'organisme et est éliminée sous cette forme par
l'urine. Nous pensons donc que le chloral doit être rangé avec l'acide
benzoïque dans le troisième groupe, et nous proposons de donner provi-
soirement à l'acide que nous avons trouvé le nom û'acide itrocltloialique. »
M. A. BoniiîRRE adresse une Note sur les inexactitudes que peut pré-
senter le dosage de l'azote dans l'analyse des matières azotées employées
comme engrais. Il montre que, dans l'analyse des tourteaux, on peut à
volonté, selon (jue l'on opère leur combustion dans telle ou telle condition,
dissocier une portion plus ou moins forte de l'ammoniaque dégagée. Les
pertes, dans les exemples cités, s'élèvent jusqu'à 24 pour 100 de l'azote ren-
fermé dans l'engrais. Pour les éviter, il faut ne pas opérer dans de tro|) longs
( 96i )
tubes, siibslitiier, toutes les fois qu'on le pourra, le gaz au charbon de bois
et enfin mener l'opération rapidement, alors même que la liqueur sulfurique
serait un peu brunie par la distillation de matières goudronneuses.
(Commissaires : MM. Boussingault, Peligot.)
M. BoBiERRE adresse en outre une Note sur l'emploi d'un petit appareil
appelé cherche -plomb, permettant de reconnaître la présence du plomb
dans un étamage suspect, par le contact avec l'acide acétique cristallisable
et avec l'iodure de potassium.
(Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Balard.)
M. E. PÉTioN adresse une Note dans laquelle il propose un nouveau
moyen pour la conservation des bois. Il s'agirait de soumettre d'abord le
bois à l'action prolongée de la fumée et de le recouvrir ensuite d'une couche
de goudron ou d'un lait de chaux.
(Commissaires : MM. Decaisne, Thenard.)
M. G. Helzxem adresse à l'Académie une Note sur un insecte vivant,
comme le Phylloxéra, sur des racines. Il se fixe sur VJbies balsamea et sur
YJbies Frnseri. La Note est accompagnée d'une petite caisse renfermant des
racines d'Jbies balsamea recouvertes d'un grand nombre d'insectes vi-
vants.
(Commissaires : MM. de Quatrefages, Blanchard.)
M. L.-V. TuRQUAN adresse un Mémoire sur l'intégration des équations
aux dérivées partielles du second ordre et des ordres supérieurs.
(Commissaires : MM. Hermite, Bonnet, Puiseux.)
M. 3Iayet prie l'Académie de comprendre parmi les ouvrages présentés
pour le prix de Statistique (fondation Montyon) la statistique des services
de médecine des hôpitaux de I^yon, qu'il a déjà offerte à l'Académie.
(Renvoi à la Commission de Statistique.)
M. R. DE WouvES, à l'occasion des recherches de M. Charles Sainte-Claire
Deville, rappelle à l'Académie qu'il a présenté, à la séance du 20 décembre
18'yo, un Mémoire intitulé « De la périodicité du temps. »
(Celte Communication est renvoyée à l'examen de M, Ch. Sainte-Claire
Deville.)
( 960
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de la Guerre adresse, pour la Bibliothèque de l'Insti-
tut, le tome XXX (3*^ série) du « Recueil des Mémoires de Médecine, de
Chirurgie et de Pharmacie militaires ».
M. le 3I1NISTRE DES Travaux publics adresse, pour la Bibliothèque de
l'Institut, un exemplaire de la Carte hydrologique du département de
Seine-et-Marne, par M. Delesse.
M. Cazuv adresse ses remercîments pour la récompense qui lui a été dé-
cernée dans la dernière séance publique de l'Académie.
M. TÉoFiLACTOFF, profcsseur à l'Université Saint-Wladimir de Rief, pré-
sente à l'Académie, par l'entremise de M. Paul Gervais, les Cartes géolo-
giques de la ville et du gouvernement de Rief, qu'il vient de terminer.
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Sur un ophtliatmoscope à trois observateurs.
Note de M. F. 3Ionoyer, présentée par M. de Quatrefages.
« Dans ce nouvel ophthalmoscope, le faisceau des rayons lumineux qui
concourent à la formation de l'image du fond de l'œil soumis à l'obser-
vation est divisé en trois portions sensiblement égales, par le moyen de
deux prismes à réflexion totale placés derrière la fenêtre de forme ovale et
allongée transversalement qui occupe le centre du miroir réflecteur. Les
deux prismes sont disposés de manière à laisser libre la partie médiane
de la fenêtre et à recueillir, sur les côtés, chacun environ un tiers du fais-
ceau qui traverse cette région transparente du miroir; les deux pinceaux
lumineux interceptés sont renvoyés par les faces hypoténuses des prismes
latéralement, l'un à droite, l'autre à gauche, dans une direction perpen-
diculaire à l'axe du faisceau primitif; quant aux i-ayons qui passent dans
l'intervalle ménagé entre les arêtes des deux prismes, ils constituent un
pinceau médian qui continue sans déviation sa route en ligne droite. Le
faisceau lumineux, ainsi détriplé par un artifice semblable à celui qui le
dédouble dans l'ophthalmoscope binoculaire, fournit du même fond de l'œil
trois images, visibles sinuiltanément par trois personnes.
» En regard de la face d'émergence de chaque prisme se trouve adaptée
(963)
une petite lunette astronomique à oculaire positif simple, laquelle a pour
but et pour effet beaucoup moins d'amplifier l'image visée par elle que de
procurer à chacun des observateurs latéraux la faculté de se mettre au point,
tout en maintenant entre les tètes des trois personnes qui observent simul-
tanément des distances suffisantes pour qu'elles ne se gênent pas mutuel-
lement. Entre les deux prismes et au niveau de la fenêtre, un support en
forme de fourche à ressort reçoit l'oculaire ou verre correcteur destiné à
l'observateur médian.
» Le système des prismes est porté par une tige munie d'ime articula-
tion qui permet des mouvements d'inclinaison en avant ou en arrière. Les
deux prismes sont mobiles, chacun séparément autour d'un axe parallèle à
leurs arêtes. Enfin le miroir est rattaché à la monture des prismes par une
double articulation semblable à celle qui relie les pièces correspondantes
de l'ophthalmoscope binoculaire de Giraud-Teulon, et qui rend ledit mi-
roir mobile à la fois autour d'un axe horizontal et autour d'un axe vertical ;
il peut, en outre, être élevé ou abaissé à volonté. Cet ensemble de mouve-
ments procure la faculté de régler l'ophthalmoscope de manière à satisfaire
à tontes les exigences de la pratique.
» L'appareil, quant au reste du dispositif, est construit à l'imitation de
l'ophthalmoscope de M, A. Sichel, dont au fond il représente une simple
modification. Comme ce dernier, il donne à volonté l'image réelle ou vir-
tuelle, mais il offre, sur celui de notre confrère, plusieurs avantages, entre
autres les suivants :
» 1° Il augmente de un le nombre des personnes qui peuvent observer
simultanément.
» 2° Il permet aux trois observateurs de voir commodément et tout à
leur aise, sans que leurs têtes se gênent mutuellement.
» 3° Chaque observateur peut se mettre au point, et l'appareil dans son
ensemble est plus facile à manoeuvrer.
» Il convient de faire remarquer que les lunettes employées renversent
l'image observée, en sorte que les deux observateurs placés latéralement
voient renversé ce que l'observateur médian voit droit^ et vice versa. On évi-
terait facilement le renversement des images latérales, en substituant aux
lunettes astronomiques de petites lunettes de Gahlée dont l'oculaire néga-
tif redresserait l'image renversée par l'objectif. »
( 964 )
THERMOCHIMIE. — Etude calorimétiique sur les carbures de Jer et de
manganèse. Note de MM. L. Troost et P. Hautefeuille, présentée
par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Le fer et le manganèse chauffés avec du charbon se chargent d'une
proportion variable de carbone. Les produits obtenus sont bien connus et
bien décrits, pour le fer du moins : grâce aux travaux de M. Boussingault,
on a dans l'emploi du bichlorure de mercure une méthode d'analyse à la
fois élégante et très-exacte, qui permet de distinguer avec certitude le car-
bone uni au fer du graphite disséminé dans le métal. Mais le carbone
est-il dissous dans le fer, ou estil combiné avec ce métal? C'est une ques-
tion que l'analyse seule ne peut trancher. L'emploi du calorimètre ayant
permis à SL Berthelot de résoudre des questions analogues, nous avons
entrepris des déterminations calorimétriques sur le fer pur et sur le fer
plus ou moins carburé; nous avons examiné de même le fer plus ou moins
riche en silicium, en soufre et en phosphore. Le manganèse, dont l'emploi
industriel se généralise, exigeait une étude analogue que nous avons éten-
due au nickel et au cobalt, pour multiplier le nombre des termes de com-
paraison.
» Le bichlorure de mercure humide attaquant ces différents produits,
nous avons employé ce réactif dans le calorimètre pour les amener à un
état final comparable (i).
» L Fer carburé. — Nous avons opéré sur une fonte au bois très-pure.
Une partie a été coulée en coquille pour obtenir un refroidissement brus-
que; une autre abandonnée à un lent refroidissement. On obtient ainsi :
1° une fonte blanche, cassante comme du verre, contenant 4 pour loo de
carbone combiné; 2° une fonte grise à grains fins, contenant 2,8 pour 100
de carbone combiné et 0,9 pour 100 de carbone à l'état de graphite.
» I gramme de cette fonte blanche dégage, lorsqu'on la traite par le bi-
chlorure de mercure, 861 calories.
» I gramme de celte fonte grise dégage, dans les mêmes conditions,
(i) Le calorimètre employé est le thermomètre à calories de M. Favre, placé dans une
cave à température sensiblement constaïUe. Les matières sont limées ou pulvérisées au mo-
ment même i!e l'expérience, mélangées à sec avec f\o fois leur poids de bichlorure de mer-
cure, puis ])Iacées dans le moufle en |)latine du calorimètre. L'addition de lo centimèlres
cubes d'eau cl l'emploi d'un agitateur peruiettcnt de déterminer la réaction dans un temps
assez court pour les observations calorimétriques.
(965 )
845 calories. La chaleur de chloniration de la fonte blanche est donc plus
grande que celle de la fonte grise.
» L'attaque de i gramme de fer à peu près exempt de carbone dégage
seulement 827 calories.
» De ces données on déduit la chaleur de chloruration, aux dépens du
bichlorure de mercure, d'un même poids de fer plus ou moins carburé (i).
Clialctir dcgagce.
I gramme tle fer contenant des traces de carbone . 827 calories
i8'',o4o de fonte giise (contenant i gramme de fer) 879 >>
i^'',o4i de fonte blanche (contenant i gramme de fur),. ...... 89(1 »
» Ces résultats, obtenus en expérimentant sur des métaux préparés avec
soin, afin d'éviter les perturbations qu'apporle la présence du silicium,
du soufre ou du phosphore, établissent que les fontes, si on les considère
comme des combinaisons, appartiennent, à la température ordinaire, à la
catégorie des composés constitués avec absorption de chaleur à partir de
leurs éléments.
M II serait plus naturel de les considérer comme de simples dissoltitions.
Nous allons voir que le manganèse se conduit différemment : qu'il forme
avec le carbone des combinaisons avec dégagement de chaleur comme les
composés les plus stables de la Chimie.
1) IL Carbure de manganèse. — Le manganèse préparé en réduisant
l'oxyde rouge par le charbon dans un cretiset de chaux peut être obtenu
plus ou moins carburé. Ces carbures, traités par le bichlorure de mercure,
dégagent des quantités de chaleur très-différentes, suivant la teneur en
carbone.
» Un carbure contenant 4,8 pour 100 de carbone dégage beaucoup plus
de chaleur qu'une fonte blanche aussi riche en carbone.
» Nous avons trouvé pour sa chaleur de chloruration, aux dépens du bi-
fi) Les quantités de chaleur fournies à l'appareil permettent immédiatement des compa-
raisons ; cependant, pour rapprocher aisément nos résultats de ceux qu'on pourrait ob-
tenir par une autre méthode d'attaque, nous avons dû fixer la chaleur de chloruration du
bichlorure de mercure. Cette donnée fondamentale a été déduite de la comparaison dos
chaleurs de chloruration du zinc par l'acide chlorhydrique et le bichlorure de mercure. Le
nombre que nous avons déduit de nos expériences en partant du calomel précipité est ai 800.
M. Berthelot [Comptes rendus, t. LXXVI, p. i5i7), en faisant réagir le chlore gazeux sur
le calomel, a trouvé que la transformation de ce sel en bichlorure dissous s'accompagne d'un
dégagement de 20000 à 22600 calories.
C.R., 1875, i^' Semestre. (T. LXXX, N» i4.) ' 25
(966)
chlorure de mercure, 1190 calories; tandis qu'un autre carbure préparé
de la même manière et contenant 5,8 pour 100 de carbone dégage, dans
les mêmes circonstances, loio calories, i pour 100 de carbone en plus
abaisse donc la chaleur de chloruration de 180 calories.
» Enfin le carbure obtenu en maintenant le manganèse en fu.sion dans
un creuset de charbon fournit un culot contenant 6,7 pour 100 de car-
bone (i).
» Ce carbure saturé de charbon est difficilement attaqué par le bichlo-
rure de mercure; il dégage encore moins de chaleur que les deux carbures
précédents : 260 calories seulement par gramme.
» La perte de chaleur considérable, analogue à celle qui accompagne la
production des combinaisons les mieux caractérisées, nous paraît de nature
à faire admettre que ces deux corps sont combinés.
» La composition centésimale de ce carbure répond à une formule ato-
mique simple Mn'C.
» Enfin nous avons pu obtenir, en soumettant ce métal très-carburé à un
lent refroidissement, de véritables solides de clivages.
» in. L'industrie prépare aujourd'hui des produits cristallins (ferro-
manganèses du commerce) contenant du fer, du carbone et une forte pro-
portion de manganèse. Nos expériences calorimétriques ont porté sur trois
séries d'échantillons, contenant le manganèse et le fer à très- peu près
dans les rapports de Mn-Fe', Mn-Fe^, Mn-Fe, la proportion de carbone
variant entre 6,2 et 6,7.
» Les quantités de chaleur dégagées par i gramme de ces trois produits
sont 307, 289 et 43 1 calories, lorsqu'on les attaque par le bichlorure de
mercure.
)) Si l'on calcule la chaleur de chloruration en partant du carbure de
manganèse Mn'C et du fer le plus carburé (2), on obtient des nombres
beaucoup plus grands que ceux déduits des expériences. Ces ferroman-
ganèses sont donc constitués avec dégagement de chaleur, et par suite
on doit les considérer comme encore plus stables que le carbure de man-
ganèse.
)) En résumé, les déterminations calorimétriques semblent établir :
(i) Ce carbone est en totalité il cet état particulier qui lui permet de brûler facilement à
l'air si on l'isole par le bichlorure de mercure.
(2) Ce carbure aurait, d'après les dernières reclierrlies de M. Bonssingault [Comptes
rendus, t. LXXX, p. 85o), une composition correspondant à Fe^C.
(967 )
» 1° Que les fers carbures sont constitués avec absorption de chaleur à
partir de leurs éléments. Ce fait classe les fontes dans la catégorie des
corps explosifs ou dans celle des dissolutions;
» 2° Que le manganèse et le caibone s'unissent en dégageant beaucoup
de chaleur. Sous ce rapport le carbure de manganèse Mn'C est compa-
rable aux composés les plus stables de la Chimie minérale ;
» 3" Que les combinaisons du fer, du manganèse et du carbone s'ac-
compagnent également d'un grand dégagement de chaleur. Les ferroman-
ganèses sont donc des combinaisons véritables. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur les matières opliquemeîU actives, autres que le
(jlucose, qui existent normalement dans le vin et le caractérisent. Note de
M. A. Béchamp.
« Lorsqu'un vin décoloré est convenablement concentré et débarrassé
du tartre, il fournit une solution qui dévie tantôt à gauche, tantôt à droite
et tantôt ne dévie pas le plan de polarisation. C'est à l'explication de ces
particularités que la présente Note est consacrée.
» Il y a quelques années, j'ai publié (i) sur l'extrait du vin un travail
duquel il résulte que ce produit contient une substance dextrogyre, ne
réduisant pas ou difficilement le réactif cupropotassique, mais devenant
capable d'en opérer aisément la réduction, quand on la fait bouillir
avec l'acide sulfurique étendu. Le sens et l'intensité de son pouvoir rota-
foire m'avaient porté à la regarder comme analogue à la dextrine des
ligneux. Un examen plus attentif ne permet pas de la confondre avec une
dextrine et conduit à la considérer comme un élément caractéristique
du vin.
)) La substance précédente étant séparée, ce qui reste dévie aussi tantôt
à gauche, tantôt à droite, ou ne dévie pas. Dans les trois cas pourtant, le
produit réduit la liqueur cupropotassique, et cela à la manière du glucose,
avant la température de l'ébullition. Ces faits s'expliquent aisément : en
effet, le vin naturel non altéré par la tourne contient une autre substance
dextrogyre, qui se confond aisément avec le sucre de raisin par son pou-
voir réducteur, mais s'en distingue par le sens de sa rotation et parce
qu'elle ne fermente pas avec la levure de bière.
» Je vais exposer la méthode d'analyse qui a permis d'isoler les deux
■ (l) Comptes rendus, t. LIV, p ii48; 1862.
125..
( 968 )
substances dotit il s'agit. Pour abréger, j'appellerai l'une matière dexiro-
(jyre A, l'autre matière dextrorjyre B.
» Matière dexliocjyre A. — C'est la substance soluble dans l'eau, qui
reste mêlée au tartre, lorsqu'on épuise l'extrait d'un vin décoloré succes-
sivement par l'éther alcoolisé et par l'alcool à 85 degrés, et que j'ai signalée
dans le travail que je rappelais plus haut; mais, au point de vue d'une ana-
lyse plus complète du vin, il convient d'opérer de la manière suivante :
» Le vin est distillé au bain de chlorure de calcium (pour éviter la sur-
chaulfe) et réduit à la moitié de son volume (chms une expertise, celte
opération peut être conduite de manière à doser l'alcool). Le résidu de la
distillation est ensuite concentré à l'étuve, à une température non supé-
rieure à 60 degrés. Lorsque le liquide est ramené à environ le -j^ du volume
du vin employé et que la majeuie partie de la crème de tarlre a cristallisé,
on jelte sur un filtre et on lave avec de l'alcool à [\o ou 5o degrés. Tout le
liquide filtré est ensuite traité par 2 à 3 volumes d'alcool à 90 degrés, tant
qu'il se forme un précipité floconneux.
» Le précipité est recueilli sur un filtre et lavé avec de l'alcool à 80 de-
grés. Même lorsque le vin est très-rouge, ce traitement fournit une matière
presque décolorée; celle-ci, bien essorée, sauf une quantité variable de
matière minérale contenant du phosphate de chaux, se redissout aisé-
ment dans l'eau. Le volume de la solution étant connu, la quantité de ma-
tière organique qu'il contient se détermine en desséchant à 100 degrés et
incinérant ensuite une fraction de sa totalité. J'ai dosé ainsi cette matière
dans plusieurs espèces de vins de l'Hérault, préparés par moi dans ce but
eu 1874, et dont la fermentation avait été poussée de façon à détruire la
totalité du sucre. Voici quatre de ces dosages :
Vins de iS-j/i- Matière dextrogyi'e A par litre.
AiamoQ 0)95
Alicante 1,00
Carignane , i > o4
OEillade. 0,91
M Tous les vins que j'ai examinés contenaient la même matière, mais
dans d'autres proportions. Les vins blancs en contiennent moins que les
rouges; les vins vieux moins que les nouveaux. M. Thenard a bien voulu
me faire envoyer des vins de Bourgogne sur lesquels j'ai constaté les mêmes
faits.
» La substance dont il s'agit est neutre, solide, infusible, non volatile et
( 969 )
sans saveur. Elle constitue quelque chose de complexe et de variable.
D'abord il y a des cas où elle ne réduit pas le réactif cupropolassique,
d'autres où elle opère cette réduction, mais autrement que le glucose. Dans
tous les cas, elle forme avec ce réactif un précipité floconneux qui s'agglo-
mère par la chaleur. Elle supporte une température de 120 degrés sans
s'altérer. Le pouvoir rotatoire aussi a été trouvé variable.
Matière du vin de Caiignane de 1874; réiluisant le réactif cupropolassique :
[a]; = 88", 7/.
Matière du vin Terret-Bourret de 1878, ne réduisant pas le réactif cupropolassique :
Matière d'un vin blanc commercial de 1874, ne réduisant pas :
[a], = 480,0/.
» Les matières non réductrices, bouillies pendant longtemps avec l'acide
sulfurique étendu, acquièrent toujours la propriété de réduire et se com-
portent alors, à ce point de vue, comme le glucose.
» Je continue l'étude de ce produit, car il contient un principe essen-
tiellement caractéristique du vin dont on pourra se servir pour trancher
certaines questions relatives aux falsifications de ces liquides.
» Matière dextrog)^reB. — La solution alcoolique séparée delà matière A
est distillée, pour expulser l'alcool, toujours au bain-marie. Le résidu
refroidi est traité par un excès d'eau de baryte, jusqu'à ce que le mélange
devienne franchement alcalin. Le volumineux précipité qui se forme étant
séparé et bien lavé, toutes les liqueurs sont réunies et précipitées par l'ex-
trait de Saturne. Si l'on a eu soin de maintenir le milieu alcalin par la
baryte, le précipité plombique contient toute la matière B. Ce précipité,
bien lavé, est décomposé par l'hydrogène sulfuré. La solution obtenue est
à réaction fortement acide : il faut la concentrer à l'étuve, sur des assiettes,
à une température qui ne doit pas atteindre 60 degrés; autrement le mé-
lange noircit. Lorsque le produit évaporé a acquis la consistance du miel,
il est repris par l'alcool à gS degrés C. Il se fait une solution et il se sépare
une masse qui tantôt se réduit en poudre, tantôt reste molle. C'est le pro-
duit insoluble qui contient la matière B. Après l'avoir bien épuisée par
l'alcool, il faut la redissoudre dans l'eau et traiter la solution par l'acide
sulfurique étendu, en quantité strictement nécessaire pour enlever la ba-
ryte qu'elle retient habituellement. La nouvelle liqueur est, à son tour,
évaporée à l'étuve, comme ci-dessus, et de nouveau traitée par l'alcool, etc.
Le dernier résidu insoluble est la matière B. Cette substance paraît être
( 970 )
un acide : elle rougit fortement le papier de tournesol. Sa saveur est acide,
avec quelque chose de spécial qui rappelle celle du vin privé d'alcool. H
me paraît démontré qu'elle contribue à l'acidité totale du vin et à sa sa-
veur. Lorsqu'elle est pure, elle se dessèche en une masse gommeuse, un
peu ambrée, sans aucune trace de cristallisation; dans cet état, elle peut
être chauffée à 80 degrés sans s'altérer ; mais au-dessus elle brunit, se bour-
soufle et noircit. Elle réduit le réactif cupropotassique, exactement dans
les mêmes conditions que le glucose, c'est-à-dire que la réduction com-
mence déjà avant 70 degrés (i). Son pouvoir réducteur est moindre que
celui du sucre de raisin. Son pouvoir rotatoire a été déterminé pour les
vins suivants :
o
Vin de Carignane, 1874. Matière dextrogyre B .. . [a]y = 43,i7/^
» d'Aramon » » ... =4'57 /^
1) blanc » » ... =38,2 ^
» Terret-Bourret, 1873. » ... =4'i9 /"
» Il paraît cependant que l'âge d'un vin peut influer sur l'intensité de
ce pouvoir. La matière extraite d'un vin de Bourgogne, 1868 (pinot noir
et gamay gris) avait pour pouvoir rotatoire [a]j = 20° , 5 Z' , possédant
d'ailleurs toutes les autres propriétés de la matière réductrice B. Quant à
la quantité, j'en ai trouvé, par litre, 05^92 dans le vin de Carignane,
o^^gô dans le Terret-Bourret et o8',98 dans le vin de Bourgogne qui vient
d'être signalé.
» Telles sont les deux matières dextrogyres, l'une nécessairement réduc-
trice, que j'ai isolées du vin. Il y en a d'autres : ce n'est que lorsqu'on est
parvenu à les éliminer que l'on obtient enfin, après la séparation de la
glycérine, des liqueurs qui dévient à gauche, comme cette partie du sucre
de raisin qui, d'après l'observation de M. Dubrunfaut, est la dernière dé-
truite par la fermentation.
» En résumé, lorsque le mélange dont je parlais en commençant :
» 1° Dévie à gauche, c'est que la quantité du sucre incristallisable est
plus que suffisante pour compenser la rotation à droite des matières dex-
trogyres;
(i) Le réactif cupropotassique est un réactif infidèle : lorsqu'il y a trop peu de glucose
ou de matière B pour une grande quantité de réaclif, la réduction i)eut ne pas s'opérer,
même à l'ébuUition. Si, au contraire, le glucose ou la matière B sont en quantité presque
suffisante pour la réduction totale, elle coninieiice déjà à 65 degrés.
( 971 )
» 2° Dévie à droite, c'est que la quantité de lévulose est trop faible
pour opérer la compensation des matières dextrogyres, ou qu'il est entière-
ment détruit:
» 3'' Ne dévie pas, c'est que les matières dextrogyres sont exactement
compensées par la lévulose, ou que la tourne a fait disparaître toutes les
matières actives.
» On voit, par ce qui précède, quel est le genre de difficultés qu'il faut
vaincre pour doser le sucre dans le vin. Ni le saccharimètre, ni le réactif
cupropotassique ne sont des moyens sûrs. Jusqu'ici la fermentation seule
m'a paru efficace et à l'abri des causes d'erreur. J'aurai l'occasion d'y
revenir. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la préparation de réthylène perchloré.
Note de M. E. Bourgoin, présentée par M. Berthelot.
« La préparation du bromure de chloréthose m'a conduit à étudier com-
parativement les procédés qui ont été successivement indiqués pour obte-
nir l'éthylène perchloré.
)) On sait que ce liquide a été découvert par Faraday, en faisant passer
des vapeurs de sesquichlorure de carbone dans un tube de porcelaine
chauffé au rouge sombre et rempli de fragments de verre. Ce procédé est
défectueux, soit parce que les vapeurs échappent en partie à la décompo-
sition, soit parce que le sesquichlorure se régénère partiellement dans les
parties froides de l'appareil.
» M. Regnault a proposé d'ajouter le sesquichlorure par petites por-
tions à une solution alcoolique légèrement chauffée de sulfure de potas-
sium saturé d'hydrogène sulfuré, de distiller et de précipiter la liqueur
alcoolique par l'eau. Le rendement est faible ; il se forme simultanément
une substance organique extrêmement fétide, ce qui rend en outre l'opé-
ration très-désagréable.
» Le procédé de Geuther, qui consiste à réduire le sesquichlorure à
l'aide de l'acide sulfurique étendu et du zinc granulé, ne m'a pas donné
de résultat satisfaisant.
» Voici, par contre, im moyen fort simple, d'une application très-facile
et qui donne d'excellents résultats.
» On dissout à chaud le sesquichlorure de carbone dans le double de
son poids d'aniline commerciale. On chauffe le mélange dans une cornue
à la température de 170 degrés; on recueille le produit, qui distille lente-
( 972 )
ment et goutte à goutte, dans un récipient qu'il est à peine nécessaire de
refroidir. L'action commence immédiatement, et le liquide prend rapide-
ment une belle coloration rouge. Néanmoins l'opération est assez longue;
car, quand on opère sur 5oo grammes de produit, elle exige environ six
heures pour être terminée.
)) Le liquide distillé est de l'élhylène perchloré contenant en dissolu-
tion de l'aniline et du sesquichlorure de carbone. Pour le priver de ce
dernier corps, on y ajoute son poids d'aniline, et l'on distille à une tem-
pérature comprise entre i3o et i/^S degrés. Au moyen d'un lavage à l'acide
sulfiirique étendu, on enlève aisément la petite quantité d'aniline qu'il
rcuforme. Il ne reste plus qu'à le dessécher sur du chlorure de calcium
fondu.
» La cornue contient un liquide fortement coloré, qui se prend en masse
parle refroidissement et qui n'est autre chose que du rouge d'aniline. La
réaction, qui donne naissance à l'éthylène perchloré, est donc analogue
à celle qui a fourni primitivement la fuchsine au moyen du bichlorure
d'étain.
» En suivant exactement les indications qui précèdent, on obtient sensi-
blement le rendement théorique.
)) Ainsi préparé, l'élhylène perchloré n'est pas tout à fait pur, car son
point d'ébuUition n'est pas absolument fixe. Cependant la presque totalité
passe vers lai degrés, en mettant toutefois de côté les premières et les der-
nières portions qui se condensent dans le récipient. Le liquide qui a servi
à faire cette détermination avait été traité par l'aniline à trois reprises dif-
férentes, afin de le priver des traces de sesquichlorure de carbone qu'il pou-
vait encore contenir.
M On s'explique aisément, d'après cela, pourquoi les savants ne sont pas
d'accord sur ce point d'ébuUition : M. Regnault, par exemple, indique
122 degrés, tandis que Geuther ne donne que ii6°,y.
» J'ai obtenu de l'éthylène perchloré parfaitement pur en traitant par
l'aniline du bromure de chloréthose bien cristallisé. La réduction, qui
est plus facile que celle du sesquichlorure, s'effectue entre il\o et ï5o de-
grés.
» Préparé par cette nouvelle méthode, l'éthylène perchloré a une odeur
élhérée qui rappelle celle du chloroforme. Il bout exactement à 121 de-
grés. Sa densité à zéro est égale à ijGSgS. »
( 973 )
THERMO-CHIMIE. — Etude des quantités de chaleur dégagées dans la décom-
position par ieau des bromures de quelques acides de la série grasse. Note
de M. W. LouGuiNiNE, présentée par M. Berthelot.
« Ces expériences, de même que celles que j'ai faites sur les chlorures
de quelques acides gras, font suite à un travail publié par M. Berthelot et
par moi, il y a quelques années; elles ont été exécutées et calculées
d'après les méthodes que j'ai indiquées dans mon précédent Mémoire.
Tous les bromures qui ont servi dans ces recherches ont été préparés par
moi (en faisant réagir 3 molécules d'acide sur i molécule de PhBr'), soi-
gneusement purifiés et analysés. J'ai opéré, autant que cela m'a été pos-
sible, sur plusieurs échantillons de bromure de différents degrés de pureté.
Tous les bromures étudiés par moi ne sont décomposés par l'eau que
très-lentement; j'ai donc été obligé d'avoir recours, pour les décomposer,
à des solutions de potasse que j'ai prises à différents degrés de concen-
tration, de manière à faire terminer la réaction dans le courant de quel-
ques minutes (cinq à dix minutes) pour tous les bromures employés.
CHALEUR DÉGAGÉE DANS LA DÉCOMPOSITION DU BROMURE BUTTRIQUÉ ( PROVENANT DE l'aCIDE
DE fermentation) PAR LA POTASSE A 5 POUR 100.
» Ce bromure avait été étudié par M. Berthelot et par moi dans nos
premières expériences; nous n'avions fait du reste que deux expériences,
une avec de l'eau, qui a duré près d'une heure et dont le résultat a dû
subir une correction de ^ par l'effet du refroidissement, et une autre avec
de la potasse étendue. Les résultats obtenus présentaient le bromure buty-
rique comme une exception dans la série des bromures des acides gras
que j'ai étudiés ; c'est pourquoi j'ai cru utile de reprendre l'étude de ce
corps. Je n'ai pu en préparer qu'une quantité assez restreinte, mais, l'ana-
lyse m'ayant donné des garanties de sa pureté, je communique les résultats
des expériences faites sur la décomposition de ce corps par la potasse.
L'analyse de ce bromure a donné : Br trouve 53,2 1; théorie 52,98 ~.
Sor^i.oyo 5o*''",428 5o''"l,202
t:=: l6°,9 l6%5 16°, 58
Moyenne 5o'-"',233 pour i5i gramnips de ce broimire.
5o'^'",233 — 14*^^', 35o (chaleur do formation du butyratc de jiotasse)
— i3^'''',5oo (chaleur de formation de KBr) ... = 22'-'", 383
dégagées dans la décomposition du bromure butyrique par l'eau, nombre notablement in-
férieur à celui trouvé dans nos premières e.vpériences (27''''').
C. R,, 1875, 1" Semettie. (T. LXXX, N» 1-5.) I ^6
( 974 )
» L'écart tient sans doute à la pureté des produits.
22''''',383 — 20'^"' (chaleur dégagée lors de la dissolution dans l'eau de HBr gazeux)
— o*'°',444 (chaleur dégagée dans la dissolution dans l'eau de l'acide butyrique liquide)
-+- io''''',goo (chaleur absorbée dans la vaporisation de l'eau à zéro. . . = -f- i2'^°',839
dégagées lors de la décomposition du bromure butyrique par l'eau, suivant l'équation
C'H'OBr (liquide) -I- H=0 gazeux = C<H'0= liquide + HBr gazeux.
CHAIEUR DÉGAGÉE DANS LA DÉCOMPOSITION DU BKOMUKE ISOB€TYRIQDE.
Premier échantillon.
» Br trouvé 53, 18 pour 100; théorie 52, 98 pour 100; potasse à 4)5 pour 100.
5oC»i,33o 5o^'",53i SoC'i.GgS 50="', 568 5o(:»',2ii
/= i5°,54 i5°,57 iS", 16 i5'',7i iS^j^ô
Moyenne = 5o*^°',468,
pour i5i grammes de ce bromure décomposé par la potasse.
Deuxième échantillon.
» Br trouvé 53,20 pour 100; théorie 52, 98 pour 100; potasse à 5,32 pour 100.
5o<=''',75i 5oC»i,834 5oC»i,594
t= i4°,95 150,44 i5'',54
Moyenne =: 5o'''', 733,
pour i5i grammes de ce bromure décomposé par la potasse.
Troisième échantillon,
» Br trouvé 52,59 pour 100; théorie 52,98 pour 100; potasse à 5,32 pour 100.
5o«"",389 5oC=i,433 5o''''\36g
t— i5'>,43 i5",62 15°, 68
Moyenne = 5o*''', 397,
pour i5i grammes de ce bromure décomposé par la potasse.
Moyenne des trois séries 5o''''',533,
pour i5i grammes de bromure isobutyrique décomposé par la potasse.
So''''', 533 — 14*""') 337 (chaleur de formation de l'isobutyrate de potasse)
— i3,5oo (chaleur de formation du bromure de potassium) =: 22'^''',6g3
dégagées dans la décomposition du bromure isobutyrique par l'eau (i5i grammes de
bromure).
22''"',6g3 — 20^°' (chaleur de dissolution de HBr gazeux dans l'eau)
— o'^"',58o (chaleur dégagée lors de la dissol. dans l'eau de l'acide isobutyrique liquide)
+ 10*^°', 900 (chaleur absorbée dans la vaporisation de l'eau à zéro. . .) =: -f- i3'"',oi3
dégagées dans la réaction suivant l'équation
C'H'OBr (liquide) + H' O (gazeux) = C* H" 0' (liquide) + HBr (gazeux).
( 975 )
CHALEUn DÉGAGÉE DANS LA DÉCOMPOSITION DU BROMURE VALÉRIQUE PROVKMAMT
DE l'acide d'oxydation DE l'aLCOOL DE FERMENTATION.
Premier échantillon,
.1 Br trouvé 48,20 pour 100; théorie 48)49 PO""" 'o**» potasse à 5,32 pour 100.
5oC=i,44i 5oC''i,749 5oC'>i,259 5oC»i,546 5oC'",44o
t= 15°, 19 i5°,o3 i5°,82 i5°,26 i5°,54
Moyenne = Se''", 487,
pour i65 grammes de ce bromure décomposé par la potasse.
Deuxième échantillon.
» Br trouvé 48,96 pour 100; théorie 48,49 pour 100; potasse à 4,75 pour 100.
5oC=i,479 5o''»',677 5oC'",576 5oC'>',729
t= 18°, 18 16°, o3 i5°,87 i5°,62
Moyenne := 5o'°', 614,
pour i65 grammes de ce bromure décomposé par la potasse.
Moyenne des deux séries 50*'"', 55 1,
pour i65 grammes de bromure de valéryle.
5oC''',55i — 14''''', 680 (dégagées dans la formation du valérate de potasse corresp.)
— i3'^''',5oo (chaleur dégagée dans la formation de KBr dissous). . . ^22*'*',370
dégagées lors de la décomposition par l'eau de i65 grammes de ce bromure de valéryle.
2.2''°', 370 — 20*'''', 000 (chaleur dégagée dans la dissolution de HBr gazeux dans l'eau)
o*^^' ,670 (chaleur dégagée lors de la dissol. de cet acide valcrique liquide dans l'eau)
+ io''"',qoo (chaleur absorbée lors de la vajiorisation de l'eau à zéro). = i2*'^',6oo
dégagées dans la décomposition de ce bromure de valéryle, suivant l'équation
C'H'OBr (liquide) + H'0 (gazeux ) =C'H"'0= (liquide) -+- HBr (gazeux).
CHALEUR DÉGAGÉE DANS LA DÉCOMPOSITION DU BROMURE VALÉRIQUE ( PRÉPARÉ AVEC l'aCIDE
DE LA valériane).
« Br trouvé 48,38 pour 100; théorie 48,49 pour 'oo; potasse à 5,33 pour loo.
5oC='i,632 5o'»',54o 5oC"',747
t— i6",o4 i5',3S i5°,76
Moyenne = 5o''"',64o,
pour i65 grammes de bromure décomposé par la potasse.
50*'"', 640 — i4''"'i4*j3 (chaleur dégagée dans la formation de ce valérate de potasse)
— i3^''',5oo (chaleur dégagée dans la formation de KBr dissous). ... = 22''"', 670
dégagées dans la décomposition par l'eau de i65 grammes de bromure.
— 22'"' ,670 — 20*'"', 000 (chaleur de dissolution dans l'eau de HBr gazeux)
— o'^''',ogo (chaleur de dissolution dans l'eau de cet acide valérique liquide)
-4- 10' "',900 chaleur absorbée dans l'évaporalion de l'eau à zéro). . . = i2'^''',58o
I aC.
( 976 )
dégagées dans la décomposilion de ce bromure valérique, suivant l'équation
DH'OBr (liquide) + H'O (gazeux) = C' H" 0= (liquide) + H Br (gazeux).
» Les conclusions que je crois pouvoir tirer de ces expériences sont:
» 1° Que la quantité de chaleur dégagée dans la décomposition par
l'eau des bromures d'acides gras étudiés par moi, suivant l'équation
G«H=«-'OBr (liquide) +H=0 (gazeux) =C"H=«0= (liquide) +HBr(gazeux),
est sensiblement constante quand on monte dans la série des bromures à
partir du bromure acétique. En effet, d'après les expériences faites par
M. Berlhelot et par moi, ce nombre pour le bromure acétique est
+ i3*^",8oo. J'ai trouvé pour le bromure butyrique -H la^^^jS/jo; isobu-
tyrique -f- i3"^'",oi3; bromure valérique d'acide d'oxydation + i2^°',6oo;
bromure valérique (acide de la valériane) 12^", 58o. Il y a peut-être ici quel-
que indice d'une décroissance, mais moins rapide que pour la série des
chlorures.
» 2° Les quantités de chaleur sont moindres pour les bromures que pour
les chlorures correspondants; les différences entre ces quantités de chaleur
décroissent du reste à mesure que l'on monte dans la série homologue.
Pour montrer ce fait plus clairement, je crois utile de condenser dans une
petite table les résultats de mes expériences sur la chaleur dégagée dans la
décomposition des chlorures et bromures des quelques acides que j'ai étu-
diés.
» Chaleur dégagée dans la décomposition :
Diff.
Cal _ Cal _Cal
Chlorure acétique : 17, 5oo ; bromure acétique : 1 3 , 800
)) butyrique: l4,75o; » butyrique: 12,840
). isobuiyrique : i3,o8o; » isobutyrique: i3,oi3
» valérique (oxyde) : i3,43o; >< valérique: 12,600
» valérique (valériane) : 12,660; » valérique: i2,58o
3, 700
1 ,910
0,067
o ,83o
0,080
CHIMIE. — Dosage de l'acide carbonique de l'air, à boni du ballon le Zénith.
Note de M. G. Tissandier, présentée par M. Hervé Mangon.
« L'appareil habituellement employé potir doser l'acide carbonique au
moyen des pesées ne peut pas être avantageusement employé en ballon.
Nous avons eu recours à une disposition nouvelle, dont M. Hervé Mangon
nous a suggéré l'idée, d'après le principe de la méthode de M. Regnault.
» Notre ai)pareil consiste en deux tubes cylindriques de verre, fermés
( 977 )
à la lampe à leur partie inférieure et munis d'un bouchon à leur partie
supérieure. Leur hauteur est de o™, 38, leur diamètre de o'",o3. Ces tubes
sont remplis de pierre ponce lavée et calcinée, imbibée d'une solution de po-
tasse caustique, précipitée par le chlorure de baryum et parfaitement exempte
d'acide carbonique. L'air extérieur, appelé à l'aide d'un aspirateur à retour-
nement, était prélevé à 6 mètres au-dessous de la nacelle, à l'extrémité
d'un mince tuyau formé par des tubes à gaz, reliés à l'aide de caoutchouc.
L'air traversait d'abord un tube en U, rempli de coton, destiné à arrêter
les parcelles de sable servant de lest, qui eussent pu contenir du carbonate
de chaux ; il arrivait à la partie inférieure du premier tube à potasse, qu'il
traversait de bas en haut, et s'engageait de la même manière dans le second
tube. En circulant dans ces deux tubes, l'air était complètement dépouillé
d'acide carbonique. A la sortie de l'appareil, il passait dans un flacon
témoin contenant une solution de baryte caustique, qui est restée limpide
pendant toute la durée des expériences. L'aspirateur contenait 22 lilres
d'eau, additionnée d'un tiers d'alcool destiné à empêcher la congélation
du liquide par le froid.
» La première expérience a été commencée le 23 mars à 8"^ 45™ du soir,
à l'altitude de 890 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle a duré jus-
qu'à lo'' 7™. Dans cet espace de temps, nous avons fait passer dans
nos premiers tube's iio litres d'air, en retournant cinq fois l'aspirateur.
.L'aérostat est resté sensiblement sur l'horizontale; sa hauteur n'a varié que
de 100 mètres environ.
» La seconde expérience a été faite le 24 mars, de 3'' 35™ à 4'' 3o™ du
matin. Pendant tout ce temps, l'aréostat a plané à l'altitude de 1000 mètres.
La pression barométrique est restée presque absolument constante. Par
suite de quelques dispositions à donner à l'appareil, nous n'avons pu faire
passer dans nos seconds tubes que 66 litres d'air.
» Après ces expériences, qui se sont exécutées dans les conditions les
plus favorables, les tubes à potasse ont été rapportés à terre parfaitement
intacts, grâce à un emballage minutieux.
» M. Hervé Mangon et moi nous avons déterminé la proportion d'acide
carbonique qu'ils contenaient, en séparant le gaz de la façon suivante.
Les tubes à pierre ponce potassique ont été munis à leur partie supérieure
d'un entonnoir où l'on a versé, par portions successives, de l'acide sulfu-
rique étendu d'eau, qui décomposait le carbonate de potasse formé. L'acide
carbonique isolé était chassé à travers un tube à dégagement dans une
longue éprouvette de verre graduée, remplie de mercure et retournée sur une
( 978 )
cuve à mercure. On a chauffé l'appareil jusqu'à l'ébullition, afin de dé-
gager les dernières traces de gaz. On a enfin mesuré le volume de l'acide
carbonique recueilli dans le tube gradué, en l'absorbant par la potasse
caustique. T>es corrections de pression, de température, etc., ont été faites
avec grand soin, et les lectures ont été exécutées à l'aide du cathétomètre.
Voici les résultats de nos dosages :
Volume d'acide carbonique
Altitude. pour loooo d'air
à zéro et à ^Go""™.
800 à 8go mètres 2 , 4o
1 000 mètres 3, 00
» Cette différence de 2, 4 à 3, o est dans les limites de variation des expé-
riences exécutées à terre.
» On sait que la proportion d'acide carbonique existant dans un même
volume d'air, à la surface du sol, est en moyenne :
D'après Thenard 4 ;00
» Th. de Saussure 4> '^
» M. Boussingault 4)°°
» M. Triichot . 4 > 09
» M. Schulze 2,qo
» M. Henneberg 3, 20
» Au sommet du Puy-de-Dôme, à i446 mètres d'altitude, M. Truchot a
trouvé, pour loooo d'air, un volume d'acide carbonique de 2,o3.
M Nos résultats semblent indiquer que la proportion d'acide carbonique
existant dans l'air décroît avec l'altitude ; mais, pour arriver à des conclu-
sions certaines, il est nécessaire d'exécuter des dosages à des hauteurs plus
considérables. Nos expériences seront prochainement continuées , dans
le cours d'une ascension aérostatique à grande hauteur, que nous prépa-
rons avec MM. Crocé-Spinelli et Sivel.
» Nous ajouterons que la méthode d'analyse employée par nous à bord
du Zénith a été préalablement étudiée à la surface du sol, et que nous
avons déterminé, par de nombreuses opérations préparatoires, les condi-
tions de fonctionnement de l'appareil. »
« M. Ch. Sainte-Claire Deville présente à l'Académie, au nom de M. le
général Chanzy, gouverneur général de l'Algérie, les trois premières
livraisons (décembre iSyS-août i8'74) de la deuxième partie du Bulletin
mensuel du service météorologique algérien (autographié). Les dernières
livraisons donnent les observations faites en seize stations du réseau : le
( 979 )
mois de février 1875 en compte aujouid'iuii vingt-quatre, fonctionnant
régulièrement, et tout fait espérer qu'avant la fin de la présente année les
trente-cinq stations du réseau complet seront entièrement organisées. La
première partie du Bulletin mensuel contiendra un court historique de l'é-
tablissement du service météorologique actuel et les détails relatifs à chaque
station en particulier.
» M. Ch. Sainte-Claire Deville ajoute que tous les calculs ont été refaits
à Paris, sous ses yeux, et toutes les épreuves corrigées par lui-même. Les
données numériques résultant des observations sont d'ailleurs imprimées
dans tous leurs détails, seule manière d'en rendre la publication sérieusement
utile à la discussion. »
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
COmTE SECRET.
La Section de Géométrie, par l'organe de son doyen, M. Chasles, pré-
sente la liste suivante de candidats, pour la nomination d'un membre, en
remplacement de M. Bertrand, élu Secrétaire perpétuel.
En première ligne M. Bouquet.
_ , ., ,. (M. Darboux,
En deuxième Itqne et par \ ,, ^
, ; / ; , . {M. Jordan,
ordre alphabétique. . . | ,, ^
\ M. JLaguerre.
En troisième ligne, par l M. Mannheim,
ordre alphabétique . . \ M. Moutard.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures trois quarts. J. B.
( 9^0 )
BUIXETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
PUDLICATIONS PÉEIODIQCES BEÇOES PENDANT LE MOIS DE MARS iStS.
(suite.)
Bullelin de la Société Linnéenne de Paris; n" 5, iSyS; in-S".
Bulletin des séances de la Société centrale d'Acjiiculture de France; n° 12,
i874;in-8°.
Bulletin des séances de la Société entomologique de France; n"^ 4G à 48,
1875; in-8''.
Bulletin de Statistique municipale; juillet 1874; i»-4°-
Bulletin du Comice agricole de Narbonne; n°' 2, 3, 1875; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; n*" des i5 et 3o mars 1875; in-S".
Bullelin mensuel de la Société des Agriculteurs de Fi'ance; n° 3, 1875;
in-8°.
Bulletlino meteorologico dell' Osservatorio del B. Collegio Carlo Alberto,
n°6, 1876; in-4°.
Gazette des Hôpitaux; n°^27 à 4f, 1875; in-4''-
Gazelle médicale de Bordeaux; 11°^ 637, 1875; in-8*'.
Gazelle médicale de Paris; n°* 10 à i4, 1876; in-4°.
7roH; 11°' 112, ii3, ii5, 116, 1875; in-4°.
Journal d' Agriculture pratique ; n°Moà i3, 1876; in-8''.
Journal de l'Agriculture; \\°^ 3o8 à 3ii, 1875; in-8°.
Journal de la Société centrale d'Horticulture; février 187$; in-8°.
Journal de r Éclairage au Gaz; n°* 5 à 7, 1875; inVj".
Journal de Mathématiques pures et appliquées; janvier, février 1875;
in -4°.
Journal de Médecine de l'Ouest; t. VIII, 4" trimestre, 1874; in-8''.
Journal de Médecine vétérinaire militaire ; mars 1875; in-S".
Journal de Pharmacie et de Chimie; mars 1876; in-S".
Journal de Physique théorique et appliquée; mars 1876; in-S".
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°' 5, G, 1875;
in-8''.
( 98' )
Journal des Fabricants de Sucre,- n°* 48 à 62, 1875 ; in-folio.
Journal de Zoologie; par M. P. Gervais, t. IV, n" i, iSyS; in-8".
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; n°M à 6;
1875; in-8".
L'Abeille médicale; n°" 10 à i4, 1875; in-4°.
V Art dentaire ; mars 1875; in-8°.
V Art médical; mars 1876; in-8°.
La France Médicale; n^Mg à 28, 1875; in-4°.
La Médecine contemporaine ; n°^ 6, 7, 1875 ; in-4°.
La Nature; n"' g'i à 96, 1875; iu-S".
La Tribune médicale; n°^ 342 à 345, 1876; in-8°.
Le Canal de Suez; n°^ 117, 118, 1875; in-4°.
L'École de Médecine; n° 58, 61, 62, 1875 ; in-8°.
Le Gaz; n° 9, 1875; in-4°.
L'Imprimerie; murs 1875; in-4°.
Le Messager agricole; mars 1875; in-8°.
Le Moniteur de la P holographie ; n"" 6, 7, 1875; in-4".
Le Moniteur vinicole; n°' 18 à 28, 1875-, in-folio.
Le Mouvement médical; n°" 10 et i4, 1875; in-4°.
Le Progrès médical; n°* 10 à i4, 1875; in-4''.
Le Rucher du Sud-Ouest; n° 3, 1870 ; in-8°.
Les Mondes; n°' 10 à i3, 1875; in-8°.
Magasin pittoresque; mars 1875; in-8°.
Marseille médical; n° 3, 1875; in-8''.
Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme; t. V,
liv. Il, 12, 1875; in-8°.
Memorie délia Societa degli Spettroscopisti italiani ; jaiwier i8n5; in-4°.
Monalsbericht der Koniglich Preussischen Akademie der îVissenschaften zu
Berlin; novembre, décembre 1874; in-S".
Moniteur industriel belge; n°' 36 à 38, 1875-, in-4°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres,
février 1873; in-8'*.
G. R., 1S75. I" Semcitre. (T. LXXX, W^ 14.) I27
(982)
Montpellier médical.... Journal mensuel de Médecine; n° 3, iS'jB; in-8".
Nachrichten.... Nouvelles de l' Université de Gùttimjue; n"* i à 7, iS'^ô;
in-i2.
Nouvelles Annales de Mathématiques ; mars 1875; in-S".
Nouvelles météorologiques, publiées par la Société météorologique;
mars 1875; in-8°.
Recueil de Médecine vétérinaire ; n** 2, 1876 ; in-8°.
Rendiconto délia R. Jccademia délie Scienze fisiche e mntematiche ; Napoli,
décembre 1874 et janvier 1876; in-4°.
Répertoire de Pharmacie ; n°* 5, 6, 1875; in-S".
Revue agricole et horticole du Gers; mars 1870; in-8'^.
Revue bibliographique universelle; 3*liv., 1875; in-8°.
Revue bryologique ; n° 2, 187$ ; in-8''.
Revue des Sciences naturelles; 11° 4» 1^75; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; n°^6, 7, 1875; in-8°.
Revue hebdomadaire de Chimie scientifique et industrielle ; n"^ 6 à 12, 1875;
in-8°.
Revue maritime et coloniale; mars, avril 1875; in-8°.
Revue médicale de Toulouse; n° 3, 1875; in-8°.
Revue scientifique; n°* 38 à 4o, 1875; in-4°-
Société d' Encouragement. Comptes rendus des séances ; n°^ 4? 5, 1876; iii-8°.
Société des Ingénieurs civils; n"'^ 5, 6, 1870; in-4°.
Société entomologique de Belgique; 11° 9, 1876; in-8°.
Société linnéenne du nord de la France ;u° 34, 1875; in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance nu 5 avril iS^S.
Ponts et Chaussées. Service hjdrométi ique du bassin de la Seine. Résumé des
observations centralisées pendant l'année 1873; par M. G. Lemoine, sous la di-
rection de M. E. Belgrand. Versailles, imp. E. Aubert, 1874; br. in-8°.
Ponts et Chaussées. Service hy^drométrique du bassin de la Seine. Obser-
vations sur les cours d'eau et la pluie, centralisées pendant l'année 1873;
pai M. Belgiund et IM. G. Lemoine. Versailles, imp. E. Aubert, 1874;
in-folio.
( 9^3 )
L<i véijétalion du (jlohe, d'après sa disposition suivant les climats. Esquisse
d^iine géographie comparée des plantes; par A. GrisEBACH, ouvrage traduit
(le l'allemand par P. DE TCHIHATGIIEF; t. I, i" fascicule. Paris, Guérin
et C'% 1873; in-S".
Les commensaux et le sparasiles dans lerègne animal; par P.-J. Vain Beneden.
Paris, Gerrner-Baillière, 1875; in-8", relié. (Présenté par M. P. Gervais.)
Cours de Phjsique pour la classe de Matltématicjues spéciales; par E. FeuneT;
i" fascicule, pages i à 262. Paris, G. Masson, 1875; in-8°.
De la spontanéité de la matière dans les manifestations physiques et vitales ;
par G. -S. Stanski. Paris, J.-B. Baillière, 1B72; in-8", relié.
De la contagion dans tes épidémies, etc.; par le D' StanSKI. Paris.
J.-B. Baillière, 1870; in-8°, relié.
Les conclusions du Congrès sanitaire international de Vienne et les commen-
taii'es de M. Fauvel devant la logique; parG.-V. StainsKI. Paris, A. Delahaye,
1876; in-S", relié.
(Ces trois ouvrages sont adressés par l'auteur au Concours Montyon,
Médecine et Chirurgie, 1875.)
Revue d' Ai'tillerie ; 3* année, l. V, 6"^ livraison, mars 1875. Paris et
Nancy, Berger-Levrault, 1875; in-8°. (Présenté par M. le général Morin.)
De l'alimentation inorrjanique de l'homme et des animaux; par Alvaro Rey-
NOSO; i" fascicule. Paris, E. Leroux, 1876; in-8°.
Jnnalcs de la Société des Sciences industrielles de Ljon; 1874, n'' 6. Lyon,
1875; in-S".
Nouveau procédé de taille de la vigne; par J.-B. -G. PiCOT. Paris, chez
l'auteur et chez A. Goin, 1875; in-18.
Nouveau Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie pratiques, publié sous
la direction du D' Jaccoud ; t. XX : LACR-LUX. Paris, J.-B. Baillière et
fils, 1875; in-8^
Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences, Belles -Lettres et Arts
d'Orléans; t. XVI, n° 4, 1874, 4*= trimestre. Orléans, imp. de Puget ,
1876; in-8^
La médecine des ferments; par M. le D'' Déclat ; 11°' i à 4- Paris, 187^1-
1875; 4 n"' in-4°.
Faculté de Médecine de Nancy. Cours d'ophthalmologie. Discours d'inaugu-
r'alion prononcé, le ic) février 1873, j>iir M. JMONOYER , recueilli jjar
A. Stoeber. Paris, Berger-Levrault, 1874; in-8".
( 984 )
Resiilts of astronomical and meteotological obsewations inade at llie Rad-
cliffe Obseiuntory, Oxford, in the jear 1872, under[tlie superinlendence of
the rev. Robert Main; vol. XXXII. Oxford, James Parker, 1870; in-8°,
relié.
Repty lo the charges made bj S.-B. BuCKLEY, Slale Geologist oj Texas, in
his officiai Report of iS-j/^, against D' B.-F. Smumard and A. R. ROESSLER.
New-York, 1875; br. in-S".
On the theor-y of ventilation : an attempt to establish a positive basisfor the
calculation of the aniount of fresh air required for an inhabited air-space; hy
F. DE Chaumont. Sans lieu ni date; opuscule in-8°. (From the Proceedings
ofthe royal Society , n° i58, 1875.) [Présenté par M. le général Morin.]
Riassunlo délie osservnzioni nieteoriche eseguile nelle stazioni pressa aile Alpi
italiane neW anno 1872-73, raccolte sotto In direzione del P. F. Denza. To-
rino, tip. Camilla e Bertolero, sans date; br. in-8°.
Sulla distribuzione délia pioggia in Italia neW anno meteorico 1871-72.
Memoria del P. F. Denza. Torino, tip. Camilla e Bertolero, sans date;
br. in-8°.
Osservatorio di Moncalieri. Il Congresso internazionale dei meteorologisti
riunito a Vienna dal 7. al 16 settembre 1873. Reiazione del P. F. Dekza.
Torino, tip. Giuseppe, 1874; in-12.
Osservazioni délia declinazione magnetica fatte ad Aosta, Moncalieri e Fi-
renze in occasions dell' eclisse di Sole del 26 maggio 1873. Nota ilel P. F.
Denza, barnabita. Roma, tip. délie Scienze matenialiche e fisiche, 1873;
in-^". (Estratto dagli Atti dell' Accademia pontificia de' Nuovi Lincei.)
Zeitschrift des Kôniglich Preussischen stalistichen Bureaus, redigirt von des-
sen director D"^ Ernst Engel; vierzebnter Jahrgang, 1874, Heft IV. Berlin,
1874; in-4°.
ERRATA.
(Séance du 5 avril 1875.)
Page 900, ligne 11, au lieu de contre la paroi thoracique sans admettre ce qui n'existe
pas, lisez contre la paroi thoracique sans admettre deux rencontres, ce qui n'existe pas.
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
^E L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 19 AVRIL 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FRE.MY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Fremy, Président de l'Académie, prononce les paroles suivantes :
« J'ai essayé, il y a quelques jours, d'interpréter les pensées de l'Aca-
démie, lorsque j'ai adressé des félicitations aux intrépides voyageurs qui
ont été soutenir avec tant d'éclat, dans les pays les plus éloignés, l'honneur
de la Science française.
» Mais aujourd'hui, en i^résence de la catastrophe lamentable qui nous
enlève d'une manière si cruelle deux hommes pleins d'ardeur et de cou-
rage, qui, eux aussi, s'étaient dévoués à la Science, la voix me manque, je
l'avoue, et je sens que mes paroles ne rendront que bien faiblement la dou-
leur que nous éprouvons.
» Cependant, qu'd me soit permis de dire ici, au nom de l'Académie,
que Crocé-Spinelli et Sivel se sont conduits en braves soldais de la Science,
qu'ils ont sacrifié leur vie dans l'espoir d'étendre nos conquêtes scienti-
fiques, et qu'ils sont morts au champ d'honneur.
» Le pays, je n'en doute pas, saura reconnaître dignement, et pour leur
mémoire et pour leurs familles, un si noble dévouement. Quant à nous,
inscrivons avec une profonde tristesse, mais aussi avec un sentiment d'or-
gueil national, les noms de Crocé-Spinelli et de Sivel sur la liste glorieuse
des martyrs de la Science. »
C.K.,1875, i»r.ycme«re.(T, I.\XX, No 13.) I 28
( 986)
M. le Secrétaire perpétuel a reçu de M. Janssen la dépêche suivante :
M. le Ministre de l'Instruction publique et M. Dumas, à Paris.
t Singapore, ï6, après midi.
)) Éclipse observée. Temps non absolument pur. Résultats concernant
particulièrement l'atmosphère de la couronne confirmant ceux de 1871.
» Janssen. »
MÉTÉOROLOGIE. — Réponse aux remarques présentées, dans la dernière séance,
par M. Faye; par M. Cii. Sainte-Claire Deville.
« Absent, lundi dernier, au moment où M. Faye a présenté ses remar-
ques sur le travail soumis à l'Académie par M. Hildebrandsson, je désire
répondre aujourd'hui, en quelques mots, à ces réflexions.
)) En ce qui me concerne, je ferai observer à notre savant confrère que
je n'ai nullement cité le Mémoire de M. Hildebrandsson, non plus que
cenx de M. Peslin, « comme nne preuve péremptoire contre sa théorie des
)) cyclones. » Ces travaux étant, comme le reconnaît M. Faye, intéressants
et consciencieux, je me suis fait un devoir de les signaler, sur la demande
de leurs auteurs, à l'attention de l'Académie ; mais j'ai eu soin, dès le début
de celte discussion, de ne point faire intervenir dans le débat mes opinions
personnelles. La raison en est simple : c'est que, si je trouve dans les
objections de M. Peslin des arguments très-sérieux contre la théorie du
cour;int descendant, je ne puis me dissimuler qu'il y a aussi, jusqu'à pré-
sent du moins, des parties faibles dans la théorie opposée : la verve et le
talent avec lesquels M. Faye s'acquitte de son rôle de critique ne laissent,
d'ailleurs, dans l'ombre aucune de ces défectuosités.
» En définitive, la question est des plus ardues. Par le fait, il y a peu ou
point d'observations directes et suivies du phénomène en lui-même, et il
n'est pas évident que les lois empruntées soit à la mécanique des liquides,
soit à celle des solides, s'appliquent à ces singuliers mouvements de l'air.
» La seule opinion personnelle que je me permettrai d'exprimer ici, c'est
un doute très-prononcé sur l'assimilation des cyclones et des tempêtes à
tous les petits mouvements tourbillonnants et, en particulier, aux trombes
marines. Un séjour de quntre années dans les contrées intertropicales
m'a permis d'observer un assez grand nombre de ces derniers phéno-
( 987 )
mènes, et ils me paraissent offrir des caractères tout particuliers, qui les
éloignent des grands mouvements de l'atmosphère.
» En ce qui louche M. Hildebrandsson, j'ai dit seulement, contre l'as-
sertion opposée de M, Faye, que son travail avait bien pour but de con-
trôler la valeur des deux théories en présence, et l'on peut s'assurer, par la
lecture de sa courte Note, de l'exactitude de mon affirmation. J'ajoute que
le reproche que lui adresse notre confrère d'avoir fait, en quelque sorte,
un cercle vicieux, en « enchevêtrant ses résultats dans les hypothèses
» régnantes », ne me semble point fondé. Les trente-trois cartes que con-
tient le travail, très-apprécié d'ailleurs par M. Faye, du savant directeur
de l'Observatoire météorologique d'Upsal, ne présentent absolument que
les données de l'observation (lignes isobares et direction des cirrhus), sans
les altérer par suite d'une idée théorique. Je crois donc qu'il avait parfai-
tement le droit de donner à son Mémoire l'épigraphe qu'il a empruntée à
Newton. M. Faye peut assurément lui contester l'exactitude de ses conclu-
sions en faveur de la théorie du courant ascendant : c'est affaire de discus-
sion ; mais la méthode de M. Hildebrandsson me paraît rigoureuse et ne
mériter, en aucune façon, la fin de non-recevoir qu'on pourrait lui opposer,
si, en effet, elle avait fait fléchir les faits devant une idée préconçue.
» Je voudrais, en terminant, faire observer à notre confrère qu'en lui
accordant même, comme il l'espère, qu'il parvienne à « délivrer la Météo-
» rologie du préjugé dont il a esquissé l'histoira dans V Annuaire du Bureau
)) des Longitudes », il se ferait une idée bien fausse de l'étendue de la Météo-
rologie s'il pensait que « le poids de ce préjugé se fait sentir lourdement sur
» presque toutes ses conceptions. » La théorie des cyclones n'est qu'une
faible partie des études du météorologiste ; elle se rattache aux grandes lois
qui régissent tous les éléments de l'atmosphère et, s'il m'était permis de
formuler ici quelque chose qui ressemblât de loin à tous les reproches qu'on
adresse à mes confrères en Météorologie, j'oserais affirmer que jamais les
astronomes, ni les mécaniciens ne parviendront à rendre compte des grands
mouvements de l'atmosphère, tant qu'ils se borneront à les considérer
d'une façon, en quelque sorte, abstraite, en les isolant des circonstances
générales et déterminables du milieu où ils se produisent. Parmi les météo-
rologistes, les uns observent patiemment les phénomènes. Les moyens d'ob-
servation sont encore très-imparfaits; mais, en France, du moins, et si
l'Administration supérieure, sagement inspirée, sait maintenir ce qui a
été jusqu'ici accordé d'autonomie à la Météorologie, ces moyens d'obser-
vation continueront à faire les progrès qu'on y peut constater depuis un
128..
( 988 )
petit nombre d'années, et, avant peu, nous aurons un bon système
d'observations.
» D'autres météorologistes se bvrent, patiemment aussi, à la discussion
sérieuse des observations qui peuvent subir cette épreuve, et ils espèrent
arriver un jour à la déterniinalion empirique des lois qui président à la
variation, suivant les temps et suivant les lieux, de tous les phénomènes
almosphériques et, par conséquent, des mouvements généraux de l'atmo-
sphère. C'est alors surtout qu'ils devront tenir compte des secours que les
mécaniciens pourront leur apporter pour la connaissance de ces grands
phénomènes, et pour réaliser, d'une manière complète, la belle maxime de
Newton. »
MÉTIlOROLOGIE. — Sur la trombe des Hayes (Fendôinois), 3 octobre 1871,
et sur les ravages quelle a produits; par M. Faye.
« Dans le court séjour que je viens de faire à Vendôme, j'ai reçu de
M. Noue), professeur de Physique au lycée, des renseignements très-inté-
ressants sur ce météore. M. Nouel est allé étudier sur les lieux, à peu de
distance au sud de Vendôme, les traces laissées sur le sol par son passage;
il a recueilli les témoignages et rédigé pour le Bulletin de la Société archéo-
logique du Fendàmois une Notice très-intéressante qui a paru en i%'j2.
» Il est bien à désirer que l'attention des hommes de science se porte
de plus en plus sur ces terribles météores, à cause de lein' infime con-
nexion avec les tempêtes, ouragans et cyclones. Si, sur terre, il n'y a aucun
moyen d'éviter leurs désastreux effets, il est permis pourtant d'en atténuer
les conséquences par un système d'assurances bien conçu; mais celui ci
ne saurait être équitabiement réglé tant que le public et les compagnies
confondront les mouvemenls gyratoires avec ceux de l'électricité, et don-
neront au mol foudre les acceptions les plus incohérentes.
» M. Nouel rattache les phénomènes du 3 octobre à l'état orageux qui
a traversé là France, du i^'' au 4 octobre, en venant comme d'habitude du
golfe de Gascogne dans la direction sud-sud-ouest, avec des déviations
locales allant par exemple près de Lorient, à l'ouest-nord- ouest. Dans le
Vendômois, l'orage, le 3, venait de l'O. i2°N., et telle est aussi la direction
suivie par la trombe.
» D'après M. Boucher, instituteur aux Hayes, c'est sur les 5 heures
du soir que les premiers nuages ont commencé à apparaître à l'horizon des
Hayes, occupant la région comprise entre l'ouest et le nord-ouest. Ces
( 9«9)
nuages, d'un fond Irès-noir, amoncelés les uns sur les autres, semblaient
èlre agités dans tous les sens, se déroulant comme les vagues de l'Océan au
milieu de la tempête; les éclairs en zigzags, accompagnés d'un tonnerre
affreux, les sillonnaient dans tous les sens. Le baromètre, à Veudùine, mar-
quait 743 millimètres. Néanmoins un des faits les plus remarquables, qui
résulte du témoignage de tous les habitants, c'est qu'après le passage de
la trombe le plus grand calme régna dans l'atmosphère.
» Ces premières constatations de JNI. Nouel ont une importance extrême,
en ce qu'elles vérifient, une fois de plus, ce qui résulte d'ailleurs si clairement
de tout ce que nous savons d'autre part sur ces trombes, à savoir que les
trombes sont un simple détail local d'iui mouvement orageux très-vaste
qui vient envahir les régions supérieures de l'atmosphère, et donne lieu çà
et là à d'autres phénomènes analogues, tels que la chute de la grêle, des
averses abondantes accomjiagnées de coups de tonnerre, etc. Les trombes
se forment donc dans les courants supérieurs qui amènent l'orage, bien
loin de prendre naissance dans l'atmosphère inférieure où régnait le calme
avant le passage du météore et où le calme se rétablit aussitôt après. L'idée
des météorologistes qui attribuent la formation des nuages orageux à l'as-
cension de l'air humide entraîné en haut par la trombe est aussi éloignée
que possible de la vérité ou plutôt de l'évidence.
» J'appelle l'attention de l'Académie sur la carte que je dois à M. Nouel :
on y voit la marche de la trombe depuis sa première apparition au village
de la Ribochère jusqu'à sa disparition, 49 kilomètres plus loin, au nord
de Blois, près de Saint-Bohaire. 11 y a quelque incertitude sur les heures,
en sorte qu'il est difficile de déterminer exactement la vitesse du météore;
mais M. Nouel, d'après les indices qu'il a recueillis avec soin, pense qu'elle
doit avoir été de 10 à i5 lieues à l'heure dans le sens de O. 12° N. vers
E. 12° et plus tard 20° S.
» Dans l'intervalle la trombe, après avoir ravagé le village des Haycs,
s'est relevée et a cessé d'atteindre le sol : elle l'a rejoint plus tard au sud
de Sainl-Amand, en un point situé sur le prolongement de la trajectoire
première; puis elle a dévié quelque peu, et, après une sorte de crochet, elle
a repris sa première marche, mais en inclinant un peu plus vers le sud.
Sa trajectoire complète est donc à peu près (à 8 degrés près) en ligne droite,
sauf un léger zigzag vers son milieu.
» Les ravages de cette trombe ont été considérables ; arbres cassés ou
renversés par centaines, toitures enlevées et disparues, maisons en partie
détruites, granges presque entièrement rasées, mares vidées en un instant,
( 99° )
gerbes enlevées et dispersées, débris de toute sorte transportés au loin et
semés sur son passage. Au village des Hayes, situé au bout de la première
trajectoire, la trombe qui allait de l'ouest à l'est avec la vitesse d'un train
express, en obliquant un peu vers le sud, a pris en écharpe une rue dirigée
du nord au sud et a produit presque instantanément des désastres consi-
dérables. Sept maisons ont été en partie détruites, trois granges rasées.
Dans une de ces maisons, en pierres de taille, la toiture a entièrement dis-
paru, sans laisser de traces (i) ; cinq rangées de pierres de taille de 200 kilo-
grammes chacune ont été enlevées; le dégât ne s'est arrêté qu'au niveau du
rez-de-chaussée. Quant à la grange, également en pierres de taille, attenante
à la maison, il n'en est guère resté que l'angle par lequel elle se reliait à
cette maison. A 20 mètres en arrière, au nord de cette grange démolie, est
une maison parfaitement intacte. Ses habitants ont donc pu voir de bien
près les effets les plus terribles de l'ouragan sans éprouver le moindre
dommage. Ce qu'il y a de plus remarquable peut-être c'est que, au dite de
tous les habitants, après le passage de la trombe, le plus grand calme
régnait dans l'atmosphère.
» Ce fait, signalé à plusieurs reprises, avec une insistance bien naturelle,
par le savant physicien, se retrouve dans toutes les descriptions des trombes
et des tornados. C'est au milieu du calme inférieur, alors que les hautes
régions sont la proie d'une agitation intense, que les trombes arrivent,
passent comme un train express, exécutent leurs ravages en un clin d'œii
et laissent le calme après elles. On se demande par quel artifice de raison-
nement les météorologistes parviennent à renverser les choses, et à faire
dépendre ces phénomènes rapides de l'équilibre plus ou moiiis instable de
ces couches inférieures dont le calme est partout signalé par ces mots :
Calme avant le passage de la Irombe, calme après, calme tout aiiloiirj tandis
que les mouvements supérieurs frappent tous les yeux.
» Aspects du météore. — Ainsi qu'il résulte du dire de plusieurs témoins
oculaires, la trombe se présentait comme une colonne de vapeur sombre
descendant des nuages jusqu'au sol, animée d'un mouvement gyratoire et
sillonnée d'éclairs avec tonnerre. Un habitant de Saint- Amand, qui a vu la
(i) Ici M. Nouel cite plusieurs cas où le versant des toits qui se trouvait à l'opposite de
la marche du météore a été seul enlevé. On voit là un effet de l'aspiration. C'est assurément
un effet mécanique fort singulier; mais il n'a aucun rapport avec la cause qu'on lui assigne,
car celle-ci produirait plutôt son effet sur le versant qui se trouve attaqué le uremier. M. Nouel
signale aussi, avec uneitisistance très-légitime, certains points qui, au milieu des plus grands
ravages, ont été absolument épargnés. Je n'en ai point l'explication.
( 99» )
trombe passer au sud du bourg (non atteint), la décrit comme une traînée
noirâtre descendant d'un nuage de même teinte : elle ressemblait, dit-il, à
un serpent pendu par la queue, et dont la tète tourYioierait à terre.
» Trajet. — De la Ribochère aux Hayes, lo kilomètres en ligne droite.
Des Hayes à Saint-Arnoult, la trombe ne touche plus terre, mais trans-
porte et laisse tomber des débris, ardoises et voiiges, icS kilomètres. (Ce-
pendant je pense que la trombe a touché terre dans l'intervalle, au sud
de Saint-Arnoult, car des arbres ont été brisés, et à la hauteur de Prunoy
un ansie de srange a été enlevé.) La trombe a touché terre de nouveau
au sud de Saint-Amand, à i8 kilomètres des Hayes, et, après un crochet
vers Lancé, elle a parcouru, de Lancé à Pray, de Pray à Villeruche et de
Villeruche à Saint-Bohaire un espace de 21 kilomètres.
» Largeur. — A la hauteur de la Ribondière, un peu avant la vallée de
la Cendrine, la trombe avait son niaximum de largeur. M. Barbereau, curé
de Huisseau, qui a visité ce point, l'estime à près de 5oo mètres. Aux
Hayes, sa largeur était de i5o mètres. A la seconde apparition à Saint-
Amand, elle n'avait que 4^5 mètres; mais à Pray, où elle a fait des
ravages presque aussi violents qu'aux Hayes, M. Nouel lui assigne
i5o mètres.
» Sens de la rolalion. — J'ai pu, dit M. Nouel, le déterminer avec certi-
tude en un point, dans un petit vallon qui précède les Hayes, à l'ouest. Le
sens était de droite à gauche, c'est-à-dire en sens contraire des aiguilles
d'une montre.
» Vitesse. — D'après des renseignements dont M. Nouel ne peut ga-
rantir qu'en partie l'exactitude, la distance des Hayes à Pray (27 kilomètres)
aurait été franchie en une demi-heure : c'est près de i4 lieues à l'heure.
Quoiqu'il en soit, tous les récits des habitants s'accordent pour dire que la
destruction des maisons et des arbres leur a paru presque instantanée. Et,
en effet, avec une vitesse de translation de i5 mètres par seconde, le dia-
mètre entier de la trombe devait passer en dix secondes sur un point central
de la trajectoire : tous les ravages ont donc dû s'accomplir en dix secondes
au plus; après quoi le calme.
» Vitesse de rotation. — En comparant les points où la vitesse de transla-
tion s'ajoutait à la vitesse de rotation, et ceux où elle se retranchait de
celle-ci, M. Nouel n'a pu découvrir de différence bien sensible dans les
effets du passage de la trombe. Il en conclut que la vitesse de translation
(de 10 à i5 mètres par seconde) doit avoir été une fraction bien petite de
la vitesse de rotation : il cite entre autres un gros chêne de Montrouveau,
( 992 )
arraché et transporté à 5 mètres de distance, avec une motte gigantesque, à
rebours de la direction suivie par la trombe.
M Rôle de t'électricilé. — M. Nouel incline vers la théorie électrique de
Peltier; mais il est obligé de reconnaître que, sur tout le parcours de la Ri-
bochère aux Hayes, aucune trace de chute de tonnerre n'a été observée.
Sur la seconde branche il n'a rien trouvé de semblable à Pray, bien que
l'expert chargé de la vérification des dégâts ait cru reconnaître les traces de
deux coups de foudre.
» 11 suffit, selon moi, de réfléchir un instant aux indications de cet ex-
pert pour mettre en doute ses conclusions.
)) Finalement, M. Nouel conclut :
« Si l'électricité joue un rôle capital dans la formation tle la trombe, il n'en est pas de
même pour les effets désastreux qui accompagnent son passage, car la vitesse prodigieuse
de l'air du tourbillon suffit pour expliquer l'intensité des effets mécaniques <le cette trombe
sans qu'il soit nécessaire d'en chercher la cause dans des agenis étrangers. «
» Néanmoins les compagnies d'assurances de BJois et du Mans ont con-
senti libéralement à rembourser les dégâts de celte trombe, en les considé-
rant comme causés par \Afoudre.
» Après avoir cité les faits, voyons maintenant les conséquences. La
mienne, c'est que la troirdje s'est formée au sein d'un mouvement tournant
bien plus vaste, d'un grand orage qui passait sur la France, et qu'elle a
marché avec cet orage dans le même sens et avec la même vitesse, sauf une
déviation locale à laquelle on doit bien s'attendre dans ces grands mou-
vements tournants. La région inférieure était tranquille, tandis que l'orage
marchait au-dessus, troublant passagèrement le calme inférieur bientôt
rétabli, La trombe s'est propagée de haut en bas, à la manière des tour-
billons de nos cours d'eau, et a atteint le sol en deux régions, semblable à
une corne d'abondance la pointe en bas, ou à un serpent tenu en haut par
la queue. Partout où elle a atteint le sol, elle l'a ravagé par son mouvement
gyratoire; par moments elle se relevait un peu et cessait de l'atteindre; mais
elle suivait évideuunent le courant supérieur de l'orage, car, malgré les pla-
teaux parcourus et les vallons franchis, elle se retrouvait toujours sur la
même ligne quand elle redescendait siu' le sol. Il n'y a rien là de pltis, au
point de vue mécanique, que dans les cours d'eau où se forment des tour-
billons qui descendent jusqu'au fond et affouillent le sol circulairement,
puis finissent par disparaître après avoir épuisé sur le sol une partie delà
force vive du cours d'eau dont ils suivent la marche.
» Dira-t-on, comme les météorologistes dont je combats l'opinion, que
(993 )
cette trombe a pris naissance au contraire dans la couche immobile infé-
rieure, au ras du sol, grâce à quelque foyer d'aspiration accidentellement
formé dans cette couche; que l'air inférieur, ainsi aspiré, convergeait vio-
lemment de tous côtés vers ce foyer et s'élevait ensuite chaud et humide
en colonne ascendante; que la condensation des vapeurs, ainsi aspirées,
engendrait les nuages qui en couronnaient l'extrémité supérieure évasée et
alimentait la pluie qui accompagnait ou suivait le phénomène, et que, si la
trombe marchait avec tant de rapidité, c'est que les accidents du sol ven-
dômois rendaient l'aspiration plus aisée d'un côté que de l'autre; que si
les ravages sont dus, d'après les témoignages et l'enquéle d'un savant phy-
sicien, à une gyration violente, il n'en faut pas moins conclure que le mou-
vement de l'air était convergent vers la base de celte colonne d'aspira-
tion, etc.? Je répondrai que, malgré mon respect pour les opinions d'autrui,
je ne saurais ici leur reconnaître un caractère scientifique, lorsque j'y vois
si clairement la trace d'un préjugé qui fausse les plus Simples raisonne-
ments.
» Et maintenant je me retourne vers M. Peslin, et je lui dirai : voilà ce
que j'entends par une discussion basée sur des faits. Ce que nous venons de
décrire est un petit cyclone dont le diamètre n'a pas dépassé 5oo mètres,
et nous pourrions citer par centaines d'autres exemples tout aussi probants ;
mais nous examinerons ensuite de même une vingtaine de tornados aussi
bien étudiés et d'un diamètre dix ou vingt fois plus considérable; puis
d'autres de quelques lieues, auxquels on donne le nom de toi nado-cf clone ;
puis enfin des cyclones beaucoup plus grands, et nous retrouverons partout
les mêmes caractères mécaniques, à savoir une colonne verticale, animée
d'un double mouvement de rotation et de translation, à travers une atmo-
sphère étrangère à ces mouvements. Pourrez-vous, en passant en revue ces
grands et terribles phénomènes, qui ne diffèrent essentiellement, suivant
moi, que par les dimensions, assigner le point précis où le mouvement
gyratoire se renverse et, au lieu de naître dans les courants supérieurs pour
descendre sur le sol, change du tout au tout et prend naissance dans l'air
immobile d'en bas poin- monter vers les régions supérieures?
» Pour moi, je suis disposé à suivre jusqu'au bout la discussion que
mon savant adversaire a soulevée; car il me semble que, la ^Météorologie
ayant en grande partie pour objet l'étude de ces grands mouvements gyra-
toires de ratmosjjhère, celte science doit être avant tout débarrassée de
ces hypothèses qui entravent ses progrès depuis si longtemps. »
G, R., 1875, i«f Semestre. (T. LXXX, N» 13.) I 29
( 994 )
MÉTÉOROLOGIE. — Cliitie de poussière observée sur une partie de la Suède
et de ta Norvège, dans la nuit du 29 au 3o nmrs iS^S, d'après des Commu-
nications de MM. Nordenskiôld et Kjerulf; par M. Daubrée.
« M. Nordenskiôld a bien voulu me faire parvenir de Stockholm, le
2 avril, le télégramme suivant : « Poussière grise vitreuse, fibreuse, tombée
» avec neige ici le 3o mars; quelques grammes ramassés ». Si je n'ai pas
fait part immédiatement de ce fait à l'Académie, c'est que j'attendais une
explication complémentaire sur ce sujet.
» D'un autre côté, M. Kjerulf, professeur à l'Université de Christiania,
vient de m'adresser un échantillon de cette même poussière, qui a été
recueillie également sur la neige par M. le D"^ Rars, en ajoutant qu'elle est
tombée dans la nuit du 29 au 3o mars en Norvège, depuis Sondmôre et la
vallée de Romsdal à l'ouest jusqu'à Tryssil (direction de Stockholm) vers
l'est.
» J'ni l'honneur de présenter à l'Académie cet échantillon : c'est une
poussière grise, extrêmement fine, dans laquelle on reconnaît, au moyen
du microscope, des grains fragmentaires et transparents, les uns incolores,
les autres plus ou moins colorés en jaune brunâtre. La plupart sont très-
nettement striés et fibreux; ils sont en outre criblés de bulles, qui sont
parfois arrondies, le plus souvent allongées, suivant une même direction,
pour un même fragment. Ce sont des fragments de ponce bien caractérisés.
Il est peu de grains qui atteignent yu de millimètre dans leur plus grande
dimension ; beaucoup n'ont que j^ à ~-^ de millimètre.
» Ces petits fragments n'exercent aucune action sur la lumière polarisée.
On y distingue toutefois quelques cristaux extrêmement minces, de forme
prismatique, d'environ ^ à -5% de millimètre, avec une largeur moyenne
de TTnriï '^^ millimètre, terminés à leurs extrémités par une troncature
unique ou par deux facettes obliques. Ils résistent à une ébuUition pro-
longée dans l'acide chlorhydrique, de même que la matière vitreuse qui
les enveloppe. Le barreau aimanté enlève à la poussière de petits grains de
fer oxydulé en cubo-octaèdres d'environ j^ de millimètre.
» En traitant 5 décigrammes de la poussière en question par l'acide fluor-
hydrique concentré suivant l'excellent procédé de M. Fouqué , on a obtenu
un résidu pesant au plus i à 2 milligrammes, c'est-à-dire moins de 4 nfil-
lièmes du poids total de la ponce. Ce résidu est entièrement composé de
cristaux fort nets, parmi lesquels domine le pyroxène, avec une belle
couleur verte, soit en cristaux simples, soit en cristaux remarquablement
( 995 )
groupés. Ces derniers sont associés parallèlement entre eux, de manière
que les extrémités de ces sortes de faisceaux présentent des dentelures, sui-
vant des dispositions élégantes et variées. Outre les cristaux de pyroxène,
on reconnaît des cristaux feldspathiques qui sont légèrement attaqués,
ainsi que des cristaux incolores, en prismes très-obliques, dont la nature
n'a pas été déterminée. Le fer oxydulé bien cristallisé qui se montre éga-
lement dans le résidu est souvent implanté sur les cristaux de pyroxène.
» De nombreux exemples témoignent du transport dans l'atmospbère,
jusqu'à de grandes distances, de cendres volcaniques, de sables et de pous-
sières diverses, telles que les cendres provenant d'incendies. Je me bor-
nerai à rappeler le sable qui s'est abattu le 7 février i863 sur la partie
occidentale des îles Canaries, et qui avait été, selon toute probabilité, trans-
porté du Sahara sur plus de Sa mvriamètres (i). Plus récemment, la cendre
de l'incendie de la ville de Chicago est arrivée aux Açores le quatrième
jour après le commencement de la catastrophe (2); en même temps, on
avait senti une odeur empyreumatique qui avait fait dire aux Açoriens que
quelque grande forêt brûlait probablement sur le continent américain.
» Dans le cas qui nous occupe, la poussière recueillie est incontestable-
ment d'origine volcanique et a la plus grande ressemblance avec certaines
poussières ponceuses d'Islande, notamment la ponce de Hrafftinurhur. Il
est donc très-possible qu'elle provienne d'une éruption de cette île : si des
nouvelles ultérieures confirment cette supposition, cette pluie de poussière
volcanique sera à assimiler, quant à la provenance, à d'autres dont l'Eu-
rope a déjà été témoin. Ainsi l'on sait que le célèbre brouillard sec qui, en
1783, couvrit pendant trois mois presque toute l'Edrope, après avoir d'a-
bord paru à Copenhague, où il persista cent vingt-six jours, avait pour
cause une éruption de l'Islande, ainsi qu'on l'apprit plus tard (3). En sep-
tembre 1845, un transport de même origine, mais beaucoup moins consi-
dérable, fut observé aux îles Shetland et aux Orcades (4). »
(1) Comptes rendus, t. LVII, p. 363.
(2) M.Foiuiué, à qui je dois cette Communication, a vu cette cendre qui avait été recueillie
à Fayal par le consul américain M. Dabney.
(3) Charles Martins, Nature et origine des différentes espèces de brouillards secs (journal
V Institut, ig février i85i).
(4) D'après une obligeante communication de M. Des Cloizeaux, qui a lui-même vu cette
poussière aux Orcades en revenant d'Iblandc, on avait remarqué, dés le a septembre, à bord
des bâtiments arrivant d'Islande et sur la mer, une poussière rouge qu'on avait d'abord ])rise
pour de la cendre de tourbe. Dans la nuit du -ï au 3 septembre, il en était tombé une giande
129..
( 996 )
NOMINATIOXS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à !a nomination d'un Membre
dans la Section de Géométrie, en remplacement de M. Berlmnd, élu Secré-
taire perpétuel.
Au premier tour de scrutin, le nombre des volants étant 60,
M. Bouquet obtient 3i suffrages.
M. Mannheim 24 »
M. Jordan 5 »
M. BoiTQUET, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu-
blique.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission qui sera chargée de juger le Concotu's du prix Lacaze (Physique)
pour 1875. Cette Commission doit se composer de la Section de Physique
et de trois Membres élus au scrutin par l'Académie.
MM. H. Sainte-Claire Deville, Rcgnault et Bertrand réunissent la majorité
des suffrages. Les membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix, sont
MM, Phillips et Janssen.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la
Commission qui sera chargée de juger le Concours du prix Ijacaze (Chi-
mie) pour 1875. Cette Commission doit se composer de la Section de Chi-
mie et de trois Membres élus au scrutin par l'Académie.
MM. Peligot, Berthelot et Boussingault réunissent la majorité des suf-
frages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix, sont
MM. Dumas et H. Sainte-Claire Deville.
f|iiantité aux environs delCirkwall (Orcades). Un article du Journal de Kaithness du 12 sep-
tembre la regardait comme de la cendre volcanique provenant d'Islande. Ce n'est toutefois
que par les premières nouvelles de mai 1 846 qu'on sut que les habitants de Reikiavik avaient
constaté l'éruption et la coulée de lave de l'Hcda du 2 septembre i845, Il est probable que
la pluie de cendres avait dû commencer au moins le i""' septembre, puisqu'elle avait pu par-
courir la distance de plus de 800 kilomètres, qui sépare la côte sud d'Islande des Orcades.
( 997 )
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la
Commission qui sera chargée de juger le Concours du prix Lacaze (Phy-
siologie) pour 1875. Cette Commission doit se composer de lu Section de
Chimie et de trois Membres élus au scrutin par l'Académie.
MM. Milne Edwards, Robin, de Quatrefages réunissent la majorité des
suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix, sont
MM. Brongniart et de Lacaze-Dulhiers.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la
Commission qui sera chargée de juger le Concours du prix de Statistique
de la fondation Montyon potir l'année iS^S.
MM. Bienaymé, Boussingault, delà Gournerie, Puiseux et général Morin
réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont ob-
tenu le plus de voix, sont MM. Dumas et Hervé Mangon.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission qui sera chargée de juger le Concours du prix Bordin de
l'année iSyS. (^Etudier comparativement la structure des téguments de la graine
dans les végétaux angiospermes et gymnospermes.)
MM. Brongniart, Duchartre, Chatin, Decaisne et Trécul réunissent la
majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de
voix, sont MM. ïulasne et Naudin.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission qui sera chargée déjuger le Concours du prix Serres de l'an-
née 1875.
MM. C!. Bernard, Ch. Robin, Andral, de Lacaze-Duthiers et Milne
Edwards réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux,
ont obtenu le plus de voix, sont MM. Bouillaud et de QuatreAiges.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission qui sera chargée de juger le Concours du prix Gegner de l'année
1875.
MM. Dumas, Chasles, Bertrand, Chevreul et général Morin réunissent la
majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de
voix, sont MM. Becquerel père et 1'. Thcnard.
(998 )
MEMOIRES LUS.
GÉOLOGIE. — Observations effectuées à l'île Saint-Paul, par M. Ch.Vélain,
délégué à la mission de l'Académie.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, Decaisne, Ch. Sainte-Claire Deville,
Daubrée, Des Cloizeaux.)
« J'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie les principaux
résultats des recherches relatives à l'Histoire naturelle, faites aux îles Saint-
Paul et Amsterdam, par les naturalistes attachés à la mission chargée d'aller
observer le passage de Vénus sur le Soleil.
» L'ile Saint-Paul est tout entière de formation volcanique : sa forme
si caractéristique suffit à elle seule pour l'indiquer. C'est un vaste cratère
large de i 200 à i3oo mètres que remplissait autrefois la lave incandescente,
et qui ne saurait mieux se comparer dans la nature actuelle qu'au célèbre
volcan du Mauna-Loa dans l'île Hawaï. Une large brèche qui s'est produite
dans sa paroi, par suite d'un effondrement vers l'est, a permis à la mer d'y
pénétrer et d'y former ainsi un véritable lac intérieur, dont la tranquillité
contraste singulièrement avec l'agitation continuelle des flots à l'extérieur.
» L'histoire de ce volcan comprend trois périodes bien distinctes : dans
la première, les produits éruptifs sont acides et vitreux, ils se composent de
tufs ponceux, de ponces et d'obsidiennes dont les éruptions sous-marines
ont été accompagnées et suivies d'émission de roches trachytiques parti-
culières. Dans la deuxième, l'île prend la forme que nous lui voyons aujour-
d'hui et les produits, dolériles, basaltes et laves, sont cristallisés et basiques.
Le pyroxène, l'olivine et le feldspath y sont en cristaux plus ou moins appa-
rents au milieu d'une pâte compacte. Le feldspath, qui est triclinique, y
semble d'autant plus développé que la roche est relativement plus récente.
Enfin la troisième période, qui appartient à l'époque actuelle, est marquée
d'abord par des phénomènes geysériens intenses qui ont amené des masses
considérables de silice et dont le premier effet a été de modifier singulière-
ment les roches préexistantes, puis par un ralentissement graduel de l'acti-
vité volcanique, qui ne se traduit plus maintenant que par des sources
thermales et des dégagements gazeux abondants.
» Ces derniers phénomènes se manifestent surtout dans la partie nord du
cratère et manquent absolument dans le sud; ils semblent concentrés sur
( 999 )
la paroi intérieure au niveau du balancement des marées et ne peuvent
s'observer facilement que dans les basses eaux. C'est ainsi qu'à l'angle de
la jetée du nord le sol abandonné par la mer prend rapidement à la surface
une température de 5i degrés C, et l'eau, qui de tous côtés sourd à travers
les galets, est à 71 degrés. Un thermomètre enfoncé dans le sol marque
86 degrés, La température de la mer sur le littoral est en moyenne, à marée
basse, de 36 degrés et de 20 degrés à marée haute.
» Les sources thermales sont nombreuses et abondantes; leur tempéra-
ture varie de 38 à 90 degrés. Je me suis attaché à les étudier chacune en
particulier; je me propose de remettre prochainement à l'Académie les
analyses de ces eaux que j'ai rapportées, avec celles des dégagements ga-
zeux qui les accompagnent.
» Au fond du cratère, dans l'ouest, les phénomènes de chaleur sont
encore plus marqués : là, sur une large bande qui se dirige obliquement
vers le sommet, le sol est chaud et laisse échapper de nombreuses vapeurs;
il s'y forme une très-grande quantité de silice gélatineuse. A quelques cen-
timètres de la surface, la température s'élève à 104 degrés et ne paraît pas
augmenter sensiblement quand on s'enfonce plus profondément. Mais
cette température n'est pas fixe : le 1 1 novembre, en effet, j'ai été fort
surpris de trouver fondu l'étamage des appareils que j'avais laissés conti-
nuellement en expérience pour mesurer la quantité de vapeur d'eau dé-
gagée dans ces espaces chauds. J'ai cherché à me rendre compte des
accroissements de température qui pouvaient ainsi se produire, et je les ai
trouvés en relation directe avec les marées. J'avais suspendu dans un trou
profond de 2 mètres, creusé à 8 ou 10 mètres au-dessus du niveau de la
mer, des fils métalliques et des alliages divers : à la grande marée du
24 novembre, les fils d'élain ont été fondus : la température avait donc
atteint 218 degrés.
» De l'acide carbonique et de l'azote s'y dégageaient avec inie quantité
considérable de vapeur d'eau, dans des proportions que je pourrai donner
prochainement. J'ai recueilli, en effet, une grande quantité de ces gaz
parles procédés de M. Ch. Sainte-Claire Deville, avec les instruments
qui m'avaient été confiés par le laboratoire de Géologie du Collège de
France.
M L'île d'Amsterdam, située à 20 lieues dans le nord de Saint-Paul, était
moins connue, on peut même dire qu'elle était restée jusqu'à présent com-
plètement inexplorée, les rares voyageurs qui y avaient atterri n'ayant pu
pénétrer dans l'intéiieur à cause de la végétation. Plus heureux que nos
( lOOO )
devanciers, nous avons pu séjourner sur l'île et l'explorer d'une façon
presque complète.
)) Amsterdam est, comme Saint-Paul, d'origine absolument volcanique,
mais sa forme est toute différente. C'est une terre haute, présentant vers
l'ouest des falaises verticales de 5oo à Goo mètres, tandis qu'elle s'infléchit
au contraire vers l'est, sous une pente peu rapide. Sa forme générale est
rectangulaire, sans pointes saillantes, sauf celle de la Recherche, qui, située
dans le nord-ouest, se compose de coulées de laves compactes, disposées
en gradins successifs. Dans l'ouest, un éboulement a séparé de l'ile un ro-
cher abrupte formé de grandes colonnades basaltiques ; ce roc, le d'En-
trecasteaux, encore relié par une langue de terre peu élevée, circonscrit
une petite crique dont l'accès est malheureusement défendu par des lignes
de brisants qui s'étendent assez loin au large.
» Des falaises à pic, hautes de aS à 3o mètres, régnent tout autour de
l'île; ces falaises, formées de coulées basaltiques, puis de laves alternant
avec des scories, la rendraient inaccessible, si elles ne s'abaissaient sensi-
blement dans le nord-est sur un espace de 3oo à 4oo mètres. Une des der-
nières coulées, descendue jusqu'à la mer, forme là une sorte de jetée natu-
relle dont les embarcations peuvent s'approcher par les temps calmes; il
est alors facile avec un peu d'adresse de sauter à terre et de pénétrer dans
l'intérieur.
» Le sol extrêmement tourmenté de cette île, et surtout une végétation
épaisse, sont autant d'obstacles sérieux qui rendent les excursions extrême-
ment pénibles. Depuis 3o mètres environ d'altitude jusqu'à près de 3oo,
des holepis {I. nodosa)^ atteignant parfois la hauteur d'un homme, et si
serrés qu'on a peine à les écarter, forment une bande qui ne peut être
franchie qu'au prix des plus grandes fatigues. Il nous fallut plus d'un jour
pour la traverser et poiu' gagner des coulées de lave qui nous aidèrent à
dépasser une nouvelle zone de végétation composée de grandes Fougères
et de Graminées, où se trouve surtout, groupé par petits bouquets, un
arbre de la famille des Rhamnées, le Philica nitida, qui croît également en
abondance dans les hauts de la Réunion.
» Au delà on ne rencontre plus dans les dépressions, dans les sillons
des laves et souvent même jusque sur les pitons, que des Mousses, des
Sphaignes avec des Lycopodcs et des Fougères variées ; la végétation
prend alors tni caractère tout à fait tourbeux, qu'elle conserve jusqu'au
sommet.
» Dans toute la partie est, les pentes d'Amsterdam sont formées de
( lOOI )
grandes coulées de laves denses, très-feldspalhiqiies, qui se creusent de
longues galeries effondrées par place, el donnent lieu à des successions de
cavernes des plus pittoresques, dont les voûtes peuvent atteindre jusqu'à
3o mètres d'élévation. Par de larges fissures dirigées vers le nord-est, les
laves se sont épanchées sur les flancs du volcan : souvent des cônes de
scories, élevés, très-remarquables sont venus s'aligner sur ces fentes en
donnant eux-mêmes lieu à de petites coulées. Ces cônes de scories, pro-
duits secondaires des éruptions, sont nombreux : quelques-iuis sont d'une
fraîcheur telle, qu'ils semblent êlre d'une formation toute récente.
» Au sommet d'Amsterdam, trois grandes chaussées basaltiques donnent
lieu à autant de plateaux marécageux parsemés de petits lacs d'eau douce.
Un de ces plateaux, plus étendu que les autres et d'une horizontalité par-
faite, supporte tui magnifique cône de scories, haut de 28 mètres, et de
forme absolument géométrique; à son extrémité nord, un vaste cratère
d'explosion, large de 3oo mètres, profond de plus de 100, creusé directe-
ment dans le sol, et que rien ne semble faire soupçonner quand on est
placé à quelque distance, vient indiquer qu'iuie des dernières phases de
l'activité volcanique de l'île a dû être une action explosive intense; dans
l'ouest de ce cratère une grande accumulation de blocs projetés, arrachés
au massif ancien de l'Ile, témoignent encore de la violence de cette érup-
tion.
M Anciennement le sommet de l'île devait être occupé par un vaste
cratère central dont les portions, restées debout, forment maintenant les
points les plus élevés de l'île (de 85o agio mètres), et limitent au sud et
à l'ouest les plateaux que je viens d'indiquer.
» Toute activité volcanique est maintenant éteinte à Amsterdam ; je n'y
ai retrouvé nulle part la trace de ces phénomènes geysériens si manifestes
à Saint-Paul, nulle part l'indication de sources thermales ni de dégage-
ments gazeux. Je suis cependant porté à croire cette île plus récente que
Saint-Paul; les éruptions sous-marines et la masse trachytique de cette
dernière s'étaient déjà fait jour quand les laves basaltiques d'Amsterdam
sont apparues.
» Ces deux îles, quoique Irès-rapprochées l'une de l'autre, paraissent
être cependant deux foyers éruptifs bien distincts : leurs produits sont tout
à fait différents. Elles ont surgi séparément, au sein de l'Océan, à une date
qu'il est difficile de préciser, mais qui doit être relativement récente. Toute
faune terrestre actuelle ou ancienne y fait absolument défaut. Malgré des
C. R., i8;5, I" Semestre. ( T. LXXX, N» IS.) I 3o
( I002 )
recherches actives aussi bien dans les tourbes épaisses de Saint-Paul que
dans les marais et les cavernes d'Amsterdam, nous n'avons rien trouvé de
cette ancienne faune antarctique dont les débris sont souvent abondants
dans diverses îles de l'héinisphère austral, dans le groupe des îles Masca-
reignes, par exemple : c'est encore là une preuve de leur isolement et de
leur peu d'ancienneté.
y> Inhabitées et inhabitables, ces deux îles ne sont que la patrie ou le re-
fuge d'un nombre considérable d'oiseaux de mer appartenant aux genres
et aux espèces suivantes : Aptenodytes chrysocoma, Stercorarius antnr-cticus,
Diomedea exidans, melatioplirys, clilororhyncha et fuUginosa , Ossifraga gignn-
tea, Daption capensis, Pr'ion vittnius, divers autres Pétrels et un Sterne.
» M. Lantz, conservateur du musée de la Réunion, qui, sur la demande
du gouverneur de cette colonie, était venu séjourner à Saint-Paul, a pré-
paré des collections considérables de ces oiseaux.
» Les Otaries, Otaria Delalnndei^ vivent à Saint-Paul et surtout à Amster-
dam en troupeaux nombreux.
» Les Cétacés abondent autour de ces îles ; des vertèbres cervicales que
j'ai recueillies à Amsterdam indiquent une baleine de grande taille, plus
voisine du Caparea antipodum que de Vaustralis.
» L'étude de la faune marine des deux îles était d'un grand intérêt au
point de vue de la Zoologie géographique. Ce sujet a été l'objet des préoc-
cupations constantes de M. le D"^ Rochefort, qui s'est attaché surtout à l'é-
tude des animaux à tissus délicats, Nudibranches, Ascidies simples et
composées, Actiniaires, etc., si abondants à Saint-Paul, mais dont la con-
servation était difficile. Nous présenterons, en notre nom commun, un
aperçu général de cette faune. Je me contenterai de citer aujourtlhui,
parmi les faits les plus saillants, la présence dans les deux îles de deux Gas-
téropodes pulmonés, dont l'un, Siphonaria Macpillivrayi, est spécial, tandis
que l'autre, Mnrinuin inqra, Philippi, se trouve dans l'île de Tristan d'A-
cunha, de l'autre côté du cap; celle d'un Bracliyopode de la famille tles
Mégerles, le genre Â'r«(/S5/n^, Davidson, vivant en abondance dans le cra-
tère de Saint-Paul, entre le niveau de la haute et basse mer.
» Dans les premiers jours de novembre, un raz de marée a jeté sur la
chaussée du nord un Calmar du groupe des Onimastrèphes, qui ne mesu-
rait pas moins de '^™, i5, de l'extrémité du cornet à celle des bras tentacu-
laires.
» En attendant la description que nous devons en donner, sous le nom
d' Arcliitlieulhis Mouchezi, j'ai l'honneur de placer sous les yeux de l'Acadé-
( ioo3 )
mie un bras tentaculaire, le bec et le pharynx de ce Céphalopode gigan-
tesque.
» Enfin M. de l'Isle s'est spécialement voué aux recherches de Bota-
nique. Malgré les circonstances défavorables où nous nous trouvions, sur-
tout à Amsterdam, il a réuni des collections importantes, qui serviront à
déterminer la flore de ces îles.
» Pendant la traversée, j'ai eu occasion de faire, au point de vue géolo-
gique, quelques observations intéressantes; j'espère présenter prochaine-
ment à l'Académie une esquisse géologique de i'ile de la Réunion, que j'ai
pu parcourir complètement, grâce à M. de Lormel, gouverneur de la colo-
nie, qui a bien voulu faciliter mes excursions ; puis des travaux sur les ro-
ches granitoïdes des îles Seycheiles et sur des gisements de phonolithes
aux environs d'Aden.
u Je ne peux pas terminer ce Rapport sans remercier vivement M. le
commandant Mouchez, au nom de mes compagnons et au mien, de la
bienveillante sollicitude qu'il nous a toujours témoignée. C'est lui qui nous
a encouragés par son exemple et soutenus sans cesse par son énergie : c'est
à lui que tout le succès de notre mission doit être rapporté. »
A
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Deuxième Note sur la théorie des procédés d'aimantation;
par M. J.-M. Gaugaix.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« J'ai considéré, dans une précédente Note (séance du 22 mars), la dis-
tribution du magnétisme qui s'établit dans un barreau d'acier AB lorsque
ce barreau est mis en contact, par un de ses points seulement, avec le pôle
d'un aimant, et j'ai indiqué comment la courbe de désaimantation se mo-
difie lorsqu'on déplace le point de cont.ict M. La forme de cette courbe
indique, dans chaque cas, la polarité du barreau. Supposons que le pôle de
l'aimant employé soit un pôle austral et que ce pôle, placé d'abord dans le
voisinage de l'extrémité B, s'en éloigne graduellement. Tant que la distance
MB ne dépasse pas une certaine limite, le barreau ne présente pas de point
conséquent, l'extrémité A est australe, l'extrémité B boréale; lorsque le
pôle de l'aimant est arrivé en un certain point K, on voit apparaître un pôle
double boréal : les deux extrémités du barreau sont alors toutes deux aus-
i3o..
( ioo4 )
traies; à mesure que le barreau s' avance vers A, le magnétisme de l'extrémité B
augmente, celui de A diminue. Enfin, quand le barreau franchit un certain
point K', le point conséquent disparaît, l'extrémité A reste australe, et l'ex-
trémité B devient boréale : c'est cette polarité qui persiste lorsque l'aimant
est mis de côté. Il résulte de cette analyse que, lorsqu'on frotte le barreau
avec l'aimant depuis B jusqu'à A, comme on a coutume de le faire quand
on emploie le procédé de la simple touche, l'action de l'aimant n'est utile
qu'autant qu'il se trouve entre le point R et l'extrémité A ; tant que le point
de contact reste placé entre B et K, l'action de l'aimant est inutile, sinon
nuisible, puisque le magnétisme qu'elle développe doit être détruit ultérieu-
rement. D'après cela, il y aurait avantage à faire partir la friction du point K,
au lieu de frotter le barreau dans toute sa longueur. J'ai reconnu en
effet, par des expériences directes, que l'on augmente notablement l'ai-
mantation des parties voisines de B eu limitant la friction comme je viens
de l'indiquer. La position du point que j'ai désigné par R varie avec un
certain nombre de circonstances. Dans une de mes séries d'expériences, où
j'ai employé des barreaux faiblement trempés de lo millimètres de dia-
mètre et 347 millimètres de longueur, la distance du point R à l'extrémité
du barreau était de 120 millimètres.
» En comparant entre elles les courbes qui représentent la distribution
du magnétisme pour chacune des diverses positions de l'aimant, il est aisé
d'apercevoir que, lorsqu'on aimante un barreau par le procédé de la simple
touche, l'aimantation doit être beaucoup plus forte du côté où la friction
finit que du côté où elle commence : c'est, en effet, ce que l'expérience
confirme; si, après avoir mis de côté l'aimant, on trace la courbe de désai-
mantation du barreau, on trouve que le point le plus élevé de cette courbe,
au lieu d'être placé au milieu du barreau, se trouve rejeté du côté où s'est
terminée la friction et qu'à distances égales des extrémités du barreau toutes
les ordonnées sont plus grandes de ce côlé que du côté opposé.
» Quand, au lieu de faire marcher le pôle de l'aimant d'un bout du bar-
reau à l'autre, on limite son excursion de la manière que j'ai indiquée plus
haut, l'inégalité des aimantations qui correspondent aux deux extrémités
du barreau se trouve atténuée; mais elle est encore considérable, et la mé-
thode de la simple touche reste toujours une méthode imparfaite, qui ne
peut être api^liqnée qu'à des barreaux de très-petite dimension ; il est tou-
jours préférable d'employer la méthode de la louclie séparée, qui ne présente
pas l'inconvénient que je viens de signaler, et l'on peut toujours le faire
lors même que l'on n'a à sa disposition qu'un seul aimant; dans ce cas,
( ioo5 )
on frotte alternativement les deux moitiés du barreau que l'on veut aiman-
ter, l'une avec le pôle austral, l'autre avec le pôle boréal de l'aimant dont
on dispose.
» La considération des courbes de désaimantation, dont j'ai parlé tout k
l'heure, conduit encore à une remarque qui me parait offrir quelque inté-
rêt. Lorsque le point de contact M de l'aimant et du barreau, placé d'abord
au milieu du barreau, se rapproche de l'extrémité A, l'aimantation maxima
de la partie MB va d'abord en augmentant, mais elle ne croît pas indéfini-
ment à mesure que le point M s'avance vers A; après avoir atteint un
maximum, sa valeur subit une certaine rétrogradation. Ce fait me paraît
dépendre, comme tous ceux qui précèdent, de la réaction mutuelle qui
s'établit entre les tranches d'un même barreau. Si l'on oppose par leurs
pôles de même nom deux barreaux inégalement aimantés, et si la diffé-
rence des aimantations dépasse une certaine limite, l'aimantation du plus
énergique des deux barreaux se trouve renforcée dans le voisinage du con-
tact, et elle l'est d'autant plus qu'il y a plus d'inégalité entre les aimanta-
tions des barreaux ; d'autre part, la réaction diminue entre certaines limites
avec la longueur du barreau le plus faible : il résulte de là que, dans l'expé-
rience qui nous occupe, l'aimantation de la partie MB tend, d'un côté, à
augmenter lorsque le point M se rapproche de A, parce que l'inégalité entre
les aimantations des parties MA, MB augmente, et que, d'un autre côté, elle
tend à diminuer, parce que la longueur de MA diminue. Il est sans doute
impossible, sans le secours du calcul, de déterminer la position du point
de contact qui correspond à la valeur maxima de l'aimantation ; mais on
conçoit très-bien que, pour obtenir celte valeur, il ne faille pas placer le
contact à l'extrémité même du barreau. S'il n'existe pas, comme je le crois,
de théorie mathématique qui permette de déterminer à l'avance les réactions
des diverses parties d'un barreau, les faits que je m'occupe de recueillir
pourront, je l'espère, être de quelque utilité aux savants qui établiront cette
théorie.
» J'ai supposé jusqu'ici que l'aimant était perpendiculaire au barreau;
ce n'est pas la position qu'on a coutume de lui donner, et il nous reste à
voir comment les résultats se modifient suivant l'angle que forment entre
eux le barreau et l'aimant. J'ai d'abord considéré le cas où l'aimant, plus
ou moins incliné, touche le point milieu du barreau, et j'ai déterminé, eu
premier lieu, la distribution du magnétisme temporaire, c'est-à-dire du
magnétisme développé pendant le contact du barreau et de l'aimant. La
courbe qui représente cette distribution n'est plus symétrique, comme dans
( ioo6 )
le cas où l'aimant est perpendiculaire au barreau. Si l'aimant est incliné
du côté des abscisses négatives, le point où la courbe coupe l'axe des jc se
trouve rejeté de ce côté, c'est-à-dire du côté de l'angle aigu, à une certaine
distance du point de contact, et cette distance est d'autant plus grande
que l'inclinaison est plus forte. En outre l'ordonnée maxinia de la branche
positive correspondant à l'angle obtus est plus grande que l'ordonnée
niaxima de la branche négative correspondant à l'angle aigu, et le rapport
de ces deux ordonnées est d'autant plus grand que l'aimant est plus for-
tement incliné.
» Lorsque l'aimant vient à être éloigné du barreau, celui-ci conserve
une portion de son magnétisme; mais la distribution de ce magnétisme
persistant n'est plus représentée par une courbe exactement de même forme
que celle qui se rapporte au magnétisme temporaire; l'envahissement de
la partie négative du barreau par le magnétisme positif s'étend beaucoup
plus loin, pour une même inclinaison du barreau, dans le cas du magné-
tisme permanent que dans le cas du magnétisme tem[)oraire. Lorsque l'ai-
mant est suffisamment incliné, la courbe du magnétisme permanent ne
coupe plus du tout l'axe des x; elle n'a plus de branche négative, bien
que cette branche subsiste dans le cas du magnétisme temporaire. Ce fait
est tout à fait analogue à un autre fait que j'ai cité à la fin de ma précé-
dente Note et s'explique de la même manière, c'est-à-dire par la réaction
mutuelle des parties du barreau qui ont reçu des aimantations de signes
contraires.
» Je viens de dire que, lorsque l'aimant est incliné du côté des abscisses
négatives, l'ordonnée maxima de la branche positive de la courbe du ma-
gnétisme permanent est toujours plus grande que l'ordonnée maxima de
la branche négative; il importe d'ajouter que, dans le cas supposé, l'or-
donnée maxima de la branche positive est aussi plus grande que l'une ou
l'autre des ordonnées maxima qui appartiennent à la courbe symétrique
que l'on obtient quand l'aimant est perpendiculaire au barreau; au con-
traire, l'ordonnée maxima de la branche négative, dans le cas de l'aimant
incliné, est toujours plus petite que l'une ou l'autre des ordonnées maxima
de la courbe symétrique. »
( I007 )
PHYSIQUE. — Sur une nouvelle source de magnétisme. Note de M. Donato
ToMMASi, présentée par M. Desains.
(Commissaires : MM. Edm. Becquerel, Jamin, Desains.)
« Lorsqu'on fait passer un courant de vapeur d'eau sous une pression
de 5 à G atmosphères à travers un tube de cuivre ayant 2 à 3 millimètres
de diamètre et roulé de spirale autour d'un cylindre de fer, celui-ci s'ai-
mante si bien qu'une aiguille en fer, placée à quelques centimètres de
distance de V aimant-vapeur, est attirée vivement et reste magnétisée pen-
dant toute la durée du passage du courant de vapeur d'eau à travers
le tube de cuivre. »
CHIMIE. — Sur l'incgnle solubilité ries diverses faces ciun même cristal.
Note de M. Lkcoq de Boisbacdran.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« J'ai déjà signalé (i) l'indépendance des faces cristallines vis-à-vis d'un
dissolvant, les formes simples se comportant, à certains égards, comme
autant de modifications polymorphiques d'un même corps. Il résulte de ce
principe que les courbes de solubilité des différents ordres de faces ne sont
point nécessairement parallèles, d'où résultent des changements possibles
de signe des solubilités relatives de deux faces lorsque les conditions phy-
siques varient.
» Voici une expérience propre à démontrer l'indépendance des faces
cristallines : lui octaèdre d'aliui alumino-ammoniacal [iB millimètres de
diamètre), portant de petites facel tes cubiques, fut placé dans une solution
basique du même sel; la liqueur fut longtemps maintenue à l'état de très-
légère sursaturation. On avait soigneusement mesuré les diamètres du
cristal (distance entre les centres des facettes, cubiques). Après quelque
temps, le poids s'était accru de | environ et les facettes cubiques avaient
acquis une étendue relativement considérable. Malgré cette assimilation
de substance, les distances entre les centres des faces cubiques n'avaient
pas varié.
» Le dépôt de matière s'était donc uniquement effectué sur les faces octaé-
driques : il avait été nul sur les faces cubiques. Ainsi la solution était sursaturée
(i) Comptes rendus, ii octobre 1874, p- SGfi.
( ioo8 )
relativement aux faces oclaéihiques, mais non relativement aux faces cubiques.
M L'inégale solubilité des diverses faces d'un même cristal permet d'expli-
quer le fait suivant : quand, après avoir mutilé un cristal, on le replace dans
une eau-mère qui ne lui abandonnait presque rien, on sait que la cassure
se sépare et que le cristal revient assez rapidement à son ancienne forme.
» Ce phénomène s'explique très-simplement, je ci'ois, en considérant
que les nouvelles faces mises à lui par la cassure sont toujours plus stables
(s'assimilent plus facilement la matière dissoute) que les faces du cristal
intact; car c'est là précisément la cause de l'existence de ces dernières et ce
qui s'est opposé à leur oblitération pendant la formation du cristal. Le fait
peut s'exprimer ainsi : Tout cristal prend la forme pour lacjuelle la quantité
de matière qui subit le changement d'état est im mininium.
» Si donc la liqueur n'est que strictement saturée par rapport aux faces
du cristal intact, elle sera inévitablement sursaturée relativement aux faces
de la cassure, lesquelles, s'assimilant seules de la matière, s'oblitéreront. Le
cristal peut ainsi se reparer sans qu'aucune substance se dépose sur les faces in-
tactes. Un cristal se reconstituerait, même dans une liqueur légèrement plus
étendue que celle qui n'abandonne plus rien aux anciennes faces, lesquelles
d'ailleurs ne se dissoudraient pas en vertu de leur résistance au change-,
ment d'état (i).
» On voit que la régénération d'un cristal mutilé n'est pas liée à l'exis-
tence d'un certain rapport entre les vitesses d'accroissement des faces, rap-
port qui entraînerait la nécessité d'un dépôt de substance, moins rapide
mais non pas nul, sur les faces intactes.
» Un simple changement de concentration suffit à intervertir les stabi-
lités relatives de deux systèmes de faces; on rentre par là dans le cas des
vitesses variables d'accroissement, d'où résulte fréquemment une forme
définitive différente de celle que revêt d'abord le cristal. Ainsi, dans une
solution froide, notablement sursaturée, d'alun alumino-ammoniacal ba-
sique, on obtient assez rapidement des octaèdres limpides sans facettes cu-
biques. Si l'on place alors ces octaèdres dans une liqueur suffisamment
étendue, le dépôt n'a plus lieu que sur les faces octaédriques et le cube se
complète.
» Dans ce cas, les couches successives sont parallèles aux faces octaé-
driques; elles le seraient aux faces cubiques si le cristal s'était dès le com-
mencement développé dans une liqueur faiblement sursaturée.
(i) Voir Comptes rendus, 5 avril iSyS, p. 8qo.
( '009 )
» Si, pendant la durée de l'accroissement, il existe des faces cubiques,
octaédriques, doilécaédriques, etc. (ce qui arrive souvent), le cristal est
composé de parties dont les couches successives sont respectivement pa-
rallèles à ces ordres de faces. Bien que la disposition des files molécvdaires
soit constante, l'ordre dans lequel les dépôts successifs ont eu lieu influe
quelquefois sur les propriétés physiques, telles que la transparence; car les
différentes f ices ne s'alignent pas toutes avec une égale facilité. La présente
remarque me paraît devoir contribuer à expliquer le fait connu de la trans-
parence plus grande qu'offrent parfois les cristaux suivant certaines direc-
tions.
» Dans la préparation de cristaux limpides, on devra chercher à faire
accroître par les faces convenables, ce qu'on obtiendra sans doute assez
souvent, soit en variant la nature ou la concentration des solutions, soit
même en pratiquant des sections artificielles, dont le remplissage ultérieur
s'opérera dans des conditions favorables à la transparence. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Note sur les bronzes du Japon;
par M. E.-J. Maumené.
(Commissaires : MM. Balard, Peligot.)
« On a reçu du Japon, dans ces derniers temps, des bronzes dont la
composition présente de l'intérêt. Leur origine est établie d'une manière
précise; ils proviennent de monuments publics, de temples et d'habitations
où régnait un grand luxe, attesté par les dimensions de la plupart des
pièces importées; ils ont été détruits pendant la grande lutte politique et
religieuse, terminée depuis peu d'années.
» Nous avons eu l'occasion d'analyser ces bronzes; voici les résultats les
plus saillants :
N" 1. N" 2. N" 3. N" 4.
Cuivre 86,38 80,91 88,70 92,07
Étain ï )94 7>55 2,58 i,o4
Antimoine 1,61 o,44 0,10 »
Plomb 5,68 5,33 3,54
Zinc 3,36 3, 08 3,71 a, 65
Fer 0)67 1,43 1,07 3,64
Mang.nnèse » trace » »
Acide silicique 0,10 0,16 0,09 o,o4
Soufre i> o , 3 1 » »
Perte 0,26 0)79 0,21 o,56
100,00 100,00 100,00 100,00
C.R., 18-75, i" Semestre. ;(.T. LXXX, N» JS.) ' -^ I
( lOlO )
» Les alliages complexes ainsi formés sont tous d'une texture grenue, hui-
leuse vers la face intérieure, pleine vers la face extérieure, dont la lime polit
facilement de grandes étendues et montre la nuance vraie. Cette nuance
est sensiblement violette dans le cas où l'antimoine est abondant, rouge
quand c'est le fer, etc. Tous les échantillons ont été coulés sous une épais-
seur assez faible, de 5 à 12 millimètres, et le moulage a été bien rempli.
» Il paraît démontré par les analyses que ces alliages n'ont pas été faits
avec des métaux purs, mais avec les minéraux entiers. On doit, il me
semble, considérer ces bronzes comme résultant de l'emploi direct de pyrite
cuivreuse et de galène antimoniale, mêlées de blende; la calcination n'en
a pas été toujours complète, témoin le soufre trouvé dans le n" 2.
» Les alliages antiques, grecs, romains, gaulois, etc., présentent des
indices de même genre ; mais, si je ne me trompe, on n'avait pas encore
observé d'aussi grandes complications et des preuves si claires de la sim-
plicité du travail métallurgique.
» J'ai été secondé dans ces recherches par MM. Gardrat et Mabille, du
laboratoire de la maison Cail. »
ÉCONOMIE RURALE. — Sur le rôle exercé par les sels alcalins sur la végétatioiï
de la betterave et de la pomme de terre. Note de M. Pagnoul, présen-
tée par M. Peligot.
(Commissaires : MM. Peligot, Thenard, Hervé Mangon.)
« J'ai entrepris, il y a cinq ans, en créant le champ d'expériences de la
station agricole du Pas-de-Cilais, des recherches sur la végétation des
plantes cultivées dans le nord de la France et particulièrement sur la bette-
rave et sur la pomme de terre.
» I^e champ consacré à ces études est parfaitement isolé de tout abri
et de toute plantation ; le sol en est argilo-siliceux et renferme i5 pour 100
de calcaire ; il est divisé en parcelles de 20 mètres carrés.
M Pour la betterave, j'ai cru pouvoir formuler, dès l'année 1869, quel-
ques résultats qui n'ont fait que se confirmer depuis : 1° les betteraves
sont d'autant plus riches en sucre qu'elles sont tenues plus rapprochées;
2° les racines contiennent d'autant moins de matières salines qu'elles
i-enferment plus de sucre; 3° la y^roportion des chlorures fournis par les
cendres est d'autant plus grande que ces sels sont plus abondants dans le
sol et dans les engrais employés; 4° la proportion des autres sels alcalins
contenus dans la racine dépend non pas de la richesse du sol et des engrais
en matières salines, mais bien de leur ricliesse en azote.
( loii )
» Je crois utile de présenter aujourd'hui ces résultats, à cause de leur in-
térêt pratique et parce qu'ils ne font d'ailleurs, en partie, que confirmer les
conclusions des récents travaux de M. Peligot; ces expériences seront con-
tinuées dans la même voie, afin d'apporter à ces faits de nouveaux éclair-
cissements et de nouvelles vérifications.
» Pour la pomme de terre, les expériences, cette année, ont été faites
particulièrement dans le but de rechercher les influences spéciales de la
potasse et de la soude à l'état de sels divers et surtout à l'état de chlorures.
Ce sont surtout les résultats de ces dernières expériences, complètement
d'accord avec les faits constatés par M. Peligot, qui m'ont paru présenter
assez d'intérêt pour m'autoriser à les soumettre au jugement de l'Académie.
» Quatre parcelles du champ ont été consacrées à ces essais ; chacune a
reçu 5o kilogrammes d'azote, 4oo kilogrammes de phosphate acide de
chaux et 200 kilogrammes de sulfate de chaux.
» En plus, la parcelle n° 1 a reçu 3^5 kilogrammes de nitrate de soude et
3oo kilogrammes de sulfate de la même base ; la parcelle n" 2, 4oo kilo-
grammes de nitrate de potasse et 3oo kilogrammes de sulfate de potasse; la
parcelle n° 3, 3oo kilogrammes de sel marin et aSo kilogrammes de sulfate
d'ammoniaque; la parcelle n° 4, la même quantité de ce dernier sel et
3oo kilogrammes de chlorure de potassium.
» On voit que ces quatre parcelles ont reçu les mêmes proportions de
phosphate de chaux, de sulfate de chaux et d'azote, et que la différence
ne porte que sur les alcalis qui ont été introduits à l'état de sels divers sur
les deux premières, à l'état de chlorures sur les deux autres.
» 11 faut noter en outre que la parcelle 1 n'avait reçu depuis trois ans que
des sels de soude, nitrate et sulfate, que la parcelle 2 pendant ces trois an-
nées n'avait reçu que des sels de potasse, et que de fortes proportions de chlo-
rure de sodium avaient été introduites pendant cette période sur la parcelle 3.
» Voici le tableau des résultats obtenus :
S
RENDEMENT
CARBONATE
CHLORURE
SDLFATE
SELS
TOTAL
j
u
POTASSE
s
ENGUAIS.
qolDtaux
a:
i
potassium
potasse
totale.
a.
l'hectare.
pour 100.
puur 100.
pour 100.
divers.
solDbles.
1
A la soude. . . .
235
o,5oi
0,072
0,180
0, 12G
0,879
0,556
9
A la potasse. . .
286
0,700
o.iiG
0,202
0,236
l.îj'l
0,740
»
Au chlorure de
sodium
23:1
0,368
0,295
0, iSg
0,1 13
o,9i5
0,575
4
Au chlorure de
„
potassium....
200
0,559
0,2ll5
0,i57
0, 180
1,110
0,672
i3i..
( IOI2 )
» Les conclusions suivantes peuvent se déduire de ces résultats :
» 1° Les sels de potasse sont favorables au rendement dont la moyenne
est en effet de 2'j3 quintaux sur les deux parcelles à la potasse, et de aSo
seulement sur celles qui ont reçu de la soude.
» 2° Les nitrates et les sulfates alcalins sont plus favorables que les chlo-
rures et le sulfate d'ammoniaque; le rendement moyen est en effet de 2G0
sur les parcelles aux nitrates, et de 242 avec le sulfate d'ammoniaque et les
chlorures.
» 3° Les ceudres obtenues avec les tubercules de ces quatre parcelles
7ie contenaient aucune trace de soude; en effet, la potasse totale déterminée
directement avec le chlorure de platine donne dans les quatre essais un
poids plus grand que la somme des poids nécessaires à la constitution des
carbonates, chlorure et sulfate. Cet excédant de potasse contribue donc à
former la partie désignée sous le nom de sels solubles divers et représente
à peu près la totalité de ces sels à l'état de phosphate. L'acide phospho-
rique n'a pas été dosé, mais sa présence a été facilement constatée. La
soude ne peut donc remplacer la potasse dans la pomme de terre, et les
racines de cette plante ne peuvent s'assimiler que la seconde de ces bases
en excluant complètement la première.
» 4° Le rôle des chlorures est surtout remarquable; la plante en prend
d'autant plus qu'on en met davantage dans le sol. Ce fait, démontré de-
puis cinq ans par un grand nombre d'expériences sur la betterave où la
proportion des chlorures peut varier de i à 5o, se trouve vérifié aussi pour
la pomme de terre. Les deux parcelles qui n'ont pas reçu de chlorures
n'en fournissent, en effet, dans les cendres qu'une moyenne de 0,094
pour 100 de tubercules, tandis que les deux autres, où les chlorures sont
entrés dans la composition de l'engrais, en donnent 0,254.
» Nous croyons devoir surtout appeler l'attention sur ce fait fort remar-
quable que la parcelle qui, depuis trois ans, n'a reçu qu'un grand excès de
chlorure de sodium, sans potasse, est celle qui contient le plus de chlorure
de potassium. L'absorption des chlorures s'opère donc très-l;icilement par
la plante; mais il paraît s'effectuer, sous l'influence de la vie végétale, une
double décomposition destinée à exclure la soude pour lui substituer la
potasse.
» 5° On remarquera encore que le plus faible rendement en tubercules
correspond aux cendres les plus pauvres en carbonate de potasse et les
plus riches en chlorure, ce qui indique que l'absorption des chlorures se
fait sans profit pour la jjlante, et que ces sels ne jouent aucun rôle utile
dans la vie végétale.
( ioi3 )
» Le rendement vient cependant en seconde ligne sur la parcelle qui a
reçu du chlorure de potassium; mais on y trouve aussi plus de carbonate
de potasse.
» On pourrait expliquer ces faits en admettant que le chlorure de po-
tassium s'introduit librement dans la plante sans subir aucune transfor-
mation; mais que le chlorure de sodium se trouve décomposé, par un phé-
nomène d'endosmose, à travers les spongioles des racines et que le chlore
seul est absorbé pour s'unir immédiatement au potassium dont les affinités
sont plus énergiques. On comprendrait ainsi que le chlorure de sodium,
en déterminant dans le végétal la formation d'une plus grande quantité de
chlorure de potassium, affaiblisse par cela même la proportion des autres
sels de potasse à acides organiques, destinés à faire partie constituante du
végétal et à jouer un rôle physiologique plus ou moins important.
» Le chlore enlèverait donc une partie du potassium destiné à la forma-
tion des principes organiques nécessaires au développement de la plante, et
l'on pourrait peut-être comprendre ainsi l'influence stérilisante attribuée,
depuis longtemps déjà, à un grand excès de sel marin, influence qui ne
pourrait se manifester sur les plantes, telles que la betterave, capables d'ab-
sorber ce sel sans décomposition, mais qui se produirait sur les plantes,
telles que la pomme de terre, qui ne peuvent admettre le chlore dans leurs
tissus sans opérer la séparation et l'élimination du sodium.
» 6° Les résultats que j'ai obtenus depuis plusieurs années m'ont conduit
à introduire le chlorure de potassium dans les formules d'engrais pour bet-
teraves, et ce sel est aussi recommandé par M. Georges Ville; on voit, d'ail-
leurs, d'après les résultats ci-dessus, qu'il n'a pas été sans influence sur le
rendement des pommes de terre en tubercules. Cependant le chlorure de
potassium se retrouve dans les cendres tel qu'il a dû être absorbé par les
racines et ne semble, en conséquence, jouer aucun rôle dans la vie de la
plante.
» On pourrait concilier ces deux observations, en apparence contra-
dictoires, en admettant que le chlorure de potassium et le nitrate de
soude subissent dans le sol une double décomposition, semblable à celle
que l'on utilise dans l'industrie pour préparer le salpêtre, et qu'ils peuvent
ainsi fournir à la plante de la potasse à l'état de nitrate, c'est-à-dire dans
un état qui lui permet de prendre part à la formation des tissus.
» Une partie de la potasse introduite dans le sol à l'état de chlorure se-
rait donc absorbée sous cette forme, sans effet utile pour la plante, tandis
qu'une autre partie transformée en nitrate agirait seule, d'une manière ef-
( ioi4 )
ficace, en produisant tout à la fois un accroissement dans le rendement et
dans la proportion des carbonates alcalins, comme cela a été constaté sur
la parcelle. »
CHIMIE AGRICOLE. — De l'équivalence des alcalis dans la betterave.
Note de MM. P. Champion et H. Pellet.
(Commissaires : MM. Boussingault, Peligot, Thenard.)
« M. Dubrunfaut a constaté que le titre alcalimétrique des cendres de
mélasse est sensiblement constant.
» En soumettant au calcul un grand nombre d'analyses de cendres de
betteraves et de salins de provenance et de composition variables nous
avons remarqué que non-seulement les carbonates alcalins sont saturabies
par une quantité constante d'acide sulfurique, mais que, de plus, la tota-
lité de la soude et de la potasse contenues dans les cendres à l'état de phos-
phate, sulfate, chlorure et carbonate, correspond à un même poids d'acide.
Il en est de même pour les cendres des feuilles, avec un même mode de
culture, mais en faisant varier les proportions de potasse et de soude con-
tenues dans les engrais. Quelques savants ont admis que la soude et la
potasse peuvent se substituer partiellement l'une à l'autre dans certaines
limites (i).
» Ces diverses considérations nous ont amenés à penser que la substitu-
tion de la .soude à la potasse devait avoir lieu suivant les équivalents
chimiques de ces corps, et que la loi des équivalents qui régit toute com-
binaison chimique s'appliquait aussi aux réactions multiples qui s'accom-
plissent dans les végétaux pendant leur développement. Comme suite à ce
qui précède, il était logique de supposer en même temps que la chaux et
la magnésie pouvaient se remplacer suivant la même loi, en raison de l'ana-
logie que présentent ces deux alcalis.
» Cette double hypothèse a été con6rmée par la comparaison d'analyses
françaises et étrangères, présentant entre elles des différences considérables
quant à la composition des cendres.
» Dans un Mémoire que nous publierons prochainement, nous démon-
trerons que, quelle que soit la richesse saccharine des betteraves, un même
poids de sucre correspond d'une manière très-générale à un poids constant
de substances minérales contenues dans le végétal complet (racines et
(i) Isidore Pierre, Walkoff, G. Ville, H. Jouiie, etc.
( lOI J )
feuilles). Ce résultat s'applique à la culture normale; mais dans le cas où,
par suite de la nature des engrais employés, le rapport entre la soude et la
potasse s'éloigne du rapport moyen, le poids des cendres correspondant à
un même poids de sucre variera proportionnellement aux équivalents de la
soude et de la potasse. Il en sera de même pour la chaux et la magnésie.
Toutefois nous devons ajouter que, lorsqu'on met les betteraves en présence
d'un excès de certains sels, il peut y avoir absorption, par les radicelles, de
substances salines qui sont introduites mécaniquement sans participer à la
composition de la betterave, comme l'ont démontré les importantes re-
cherches de M. Peligot sur l'absorption des chlorures alcalins.
» Il y aurait lieu de tenir compte de ce fait dans quelques cas anormaux
où la loi que nous avons établie paraîtrait en défaut.
Quantités calculées d'acide sulfurique nécessaires pour saturer les bases contenues
dans les cendres de betteraves d'Allemagne [^racines et feuilles) (i).
-J
B
H
<
ai
«1
t-
0
H
<
<
H
0
H
ta
b3
5
ce
S
.J
■J
B
• u
u.
0
Acule sulfurique correspon.
danl à la potasse
93,28
55, p7
149,25
68,68
57,83
126,51
83. 78
5o,88
i34,66
103,45
59,36
162,81
« à la soude
18, 46
4S,,3
en, 59
43,3i
29,15
71,46
16, 5i
22,96
3o,47
64, 5o
30,96
95,46
« h la chaux
52,80
75,36
128,06
17,61
29,82
47,43
19,02
23,00
42,02
23,56
3l,24
56, 80
o à la magnésie
Acide sulfurique total
j3,oo
96,00
I 19,00
17,20
35,20
52, 4o
28,00
16,80
4 '1,80
24,00
36,00
60,00
.87,5:i
2,5,36
462,90
145,80
l52,00
297,30
:47,3.
ii3,64
260,90
217,51
,57,56
375,07
Poids des cendres totales
(sansCC)
231 ,3
291,2
J42,7
196,5*
200,0*
396,5*
193,0
162,0
355,0
293,5»
207,5*
5oi,o*
Acide sulfurique pour satu-
rer tous les alcalis conte-
Ih,^'
90,0
78,0
74 >o
76,0
75,3
76,0
70,0
73,5
747O
75,0
74,6
nus dans looefde cendres.
Rapport entre la potasse et
la soude
7.7
1,3
»
2,4
3,0
n
7.7
3,3
1)
3,4
2,9
D
Rapport entre la chaux et
la magnésie
..>
0,7s
„
I ,0
0,84
»
0,67
1,3
»
1 ,06
0,87
»
(*) Nous avons ajouté le
poids moyen d'osytle de 1er
aux analyses cl
ans les(
quelles cet élément n'avait pas été
déterminé.
» MM. Rohlrausch et Petermann ont cherché à déterminer l'influence
(1) Les analyses correspondant au tableau sont extraites de l'ouvrage de M. Walkoff
(p. 43, édition 1874, t. I) d'après MM. Bretschneider , Wolf, Karmrodt, Fulhing. Les
quantités de cendres correspondent à une récolte de 3oooo kilograninus de racines par hec-
tare, sans indication de la richesse saccharine.
( ioi6 )
de la potasse, à l'état de phosphate et de carbonate, sur la culture de la
betterave [Stammer, 2" supplément, p. 8). Les betteraves étaient cultivées
dans du sable auquel on avait ajouté les substances minérales et azotées
(nitrates et ammoniaque) dans les proportions correspondant à peu près
à la composition des cendres de la plante.
» En calculant d'après leurs analyses les quantités d'acide sulfurique
pouvant saturer les bases contenues dans les cendres des racines, on ar-
rive à des résultats qui s'accordent complètement avec les précédentes.
Exemple :
Moyenne de huit analyses.
Acide sulfurique correspondant à la potasse ) ,
, , , 4o>9
» » a la soude ) -r '^'
» » à la chaux 6,ti
» » à la magnésie 1 2 ,92
60,53
» Les cendres contenaient, en moyenne, 19,4 pour 100 d'acide carbo-
nique. Soit :
Acide sulfurique nécessaire pour saturer toutes les bases contenues dans
100 grammes de cendres sans acide carbonique 74)9
Moyenne des analyses consignées dans le tableau 74)6
» Si l'on calcule, d'après les mêmes analyses, les quantités d'un alcali
quelconque pouvant saturer les acides phosphorique, sulfurique, ainsi que
le chlore, contenus dans les cendres des mêines betteraves, on arrive aux
résultats suivants :
1° Culture arec addition de phosphate de potasse,
1
Acide phosphorique 22 ,58
•> sulfurique 2, '^2
» chlore i ,80
Quantité de potasse correspondante 20, 3
Moyenne 20, i
2° Culture nrec addition de carbonate de potasse
Acide phosphorique 16, 4i
» sulfurique 4 f^l
» chlore ' )84
Quantité de potasse totale correspondante. 18,6
Moyenne
» La différence entre les deux moyennes que nous venons d'indiquer
0
3
4
i4,o5
15,95
16,49
3,42
2.99
3,01
4,33
5,04
4,26
«9)1
20,7
20,0
.3,87
12,86
13,95
4-7'
3,21
3,96
2,57
4,55
3,06
18,0
18,2
'7)9
18,
1
( IOI7 )
n'est qu'apparente :. en effet, en se reportant aux analyses de ces savants,
on voit que la quantité d'acide carbonique n'est pas la même dans les deux
cas. Soit une différence de i,3, correspondant à 2^%'j de potasse, qui,
ajoutés à i8,i, donnent un total de 20,8. Les résultats sont donc sensi-
blement les mêmes.
» Il résulte de la comparaison de ces chiffres que, dans chaque série
d'expériences, les acides phosphorique et sulfurique et le chlore se sont
remplacés mutuellement suivant leurs équivalents respectifs.
w Comme confirmation du remplacement des bases suivant leurs équi-
valents respectifs, nous ajouterons que, d'après nos essais, le quotient
salin (c'est-à-dire le poids des cendres rapporté à 100 grammes de sucre)
des jus de betteraves cultivées en présence des sels de soude et de magnésie
est plus faible que lorsqu'on emploie comme engrais la potasse et la
chaux.
» Dans un prochain Mémoire, nous montrerons que ta loi de la substi-
tution des bases suivant leurs équivalents n'est pas un fait particulier à la
betterave, mais qu'il en est de même pour un grand nombre de végétaux,
tels que le froment (grain et paille), orge (grain), maïs, haricot, pois,
moutarde, lin, etc.
» Ne peut-on pas, par induction, supposer que celte loi soit applicable
à tout le règne végétal ? Tel sera l'objet de nos recherches ultérieures. »
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur ta découverte de deux types nouveaux
de Conifères dans tes schistes permiens de Lodève [Hérault), Note de
M. G. DE SaPORTA.
(Commissaires : MM. Brongniart, Decaisne.)
« Les graines à l'état silicifié, signalées par M. A. Brongniart dans le
terrain houiller de Saint-Etienne, ont dernièrement démontré l'existence,
à cette époque reculée, de toute une série de Conifères plus ou moins rap-
prochés de nos Taxinées. Ces mêmes types se sont prolongés jusque dans
le permien, ainsi que le prouve la présence dans ce dernier terrain d'une
foule de graines congénères de celles de l'âge carbonifère, figurées par
Geinitz et par Goeppert. Toutefois les rameaux et les feuilles, qui seuls pou-
vaient nous révéler la physionomie et la forme extérieure de ces Conifères
primitifs, nous demeuraient presque entièrement inconnus. En fait de tiges
et de feuilles, il n'a été question jusqu'ici que des seuls Cordailes. Il est à
C. R,, 1S75, 1" Semestre. (T. LXXX, N" IS.) I 32
( ,o,8)
croire cependant que la diversité de structure, si remarquable dans les
graines décrites par M. Brongniart, se retrouvait dans le port et les organes
foliacés des arbres auxquels ces graines se rapportaient. Je trouve une con-
firmation de cette dernière pensée dans la découverte de deux types nou-
veaux et très-singuliers de Conifères, due à M. Charles de Grasset, qui a
bien voulu me confier les échantillons originaux recueillis par lui dans les
schistes permiens de Lodève. J'ai longtemps hésité à me prononcer à leur
égard, tellement la nature des deux empreintes semblait problématique;
mais un examen attentif accompagné de dessins a levé pour moi tous les
doutes : ce sont les résultats de ces examens que je soumets à l'Académie.
« La première des deux espèces est constituée par un raineau mutilé aux
deux extrémités, mais intact sur une longueur d'environ i5 centimètres.
Ce rameau, le long de la partie conservée, est garni de feuilles nombreuses,
alternes, déjetées assez confusément sur les côtés et affectant ainsi une dis-
position distique un peu vague; ces feuilles atténuées en un long pétiole à
la base sont visiblement décurrentes sur la tige par cette partie qui ne
montre à l'endroit de l'insertion ni rétrécissement, ni articulation apparente
avec le coussinet médiocrement saillmt qui la supporte. En examinant
attentivement celles des feuilles dont le contour est le plus intact, on voit
que It'ur pétiole, au-dessus de la partie décurrente, mesure une étendue de
3 centimètres environ pendant laquelle il conserve une épaisseur égale
d'environ 3 millimètres : au dessus, le pétiole s'élargit insensiblement pour
former le limbe, et les nervures bien visibles qui le parcourent longitudi-
nalementcommencent à s'étaler en se subdivisant par dichotomie. Le limbe
en coin allongé et relativement étroit, auquel donne lieu cette expansion
du pétiole, se divise d'abord en deux, puis chacun des deux premiers seg-
ments en deux autres dont les extérieurs sont généralement bilobés au
sommet. La marge supérieure du limbe paraît tronquée et présente à la
loupe de petits festons auxquels viennent se rendre et se terminer brus-
quement les sididivisions dernières des nervures ramifiées dichotomes. Il
est impossible de ne pas être frappé de l'analogie de ces feuilles avec celles
du Ginkgo biluba,S., type très-isolé dans la nature actuelle, mais qui, d'après
les recherches récentes de M. le professeur Heer, paraît avoir eu des repré-
sentants en Europe et à l'intérieur du cercle polaire arctique dès l'époque
jurassique. Eu même temps, les feuilles du végétal de Lodève, que je pro-
pose de nommer Ginkgophjllum Grasseti, ont une ressemblance évidente
avec des empreintes jurassiques, d'une attribution très-énigmatique, com-
parées tantôt aux Schizœa, tantôt rapprochées des Marsilia : je veux parler
( loig )
des Jeanpaulia Mûnsteriana, Presl {Baiera dichotoma, F. Brauii), des schistes
rhétiens de Fraiiconie. Il faut remarquer aussi une ressemblance, au moins
égale, avec le Zonariles digitatus, Bvongn ., des schistes cuivreux deMansfeld,
rangé avec doute parmi les Algues, et dont M. Schimper a fait ressortir l'ana-
logie avec les Jeanpaulia. Quoi qu'il en soit de la valeur réelle de ces der-
niers rapprochements, l'empreinte que je viens de décrire confine évidem-
ment au Ginkcjo, dont elle diffère par la forme allongée de ses feuilles et
l'insertion des pétioles siw des coussinets déciu'rents.
» Le second spécimen de Lotlève est bien plus étrange : il consiste en une
branche, très-nettement terminée pai' un bourgeon à son extréuiitésupérieure,
qui porte une ramification latérale solitaire, presque aussi épaisse que le
rameau principal et s' écartant de celui-ci sous un angle d'environ 45 degrés.
L'épaisseur de la branche mère est de 5 millimètres à sa base qui est mutilée,
et de 4 millimètres seuleinent vers la naissance du rameau secondaire.
Celui-ci mesure d'abord une épaisseur de 3™™, 5, puis de 3 millimètres seule-
ment ; il est conservé sur une étendue de i5 centimètres. De son côté, la
branche-mère, après l'émission de ce rameau, se prolonge encore sur une
longueur de 5 à 6 centimètres ; puis elle finit brusquement, surmontée par
un bourgeon écailleux entouré de feuilles. Les feuilles constituent par leur
forme la grande singidarité de ce type. Elles sont espacées, décurrentes à
la base, bien distinctes, mais difficiles à suivre, à cause de leur terminaison en
aiguilles fines et longues. Subdivisées en segments étroits à l'aide de dicho-
tomies successives, elles rappellent à l'esprit au premier abord celles de
certaines Protéacées des genres Pelrophila^ hopoijon et Hakea. Au-dessus
d'une base décurrente ou coussinet, chacune de ces feuilles s'écarte de la tige
sous un angle de 45 degrés. Large à cet endroit de 3 millimètres à 3™'", 5,
probablement de consistance cartilagineuse, elle laisse pourtant entrevoir la
trace de plusieurs nervures longitudinales : a[)rèsun espace d'environ 1*^,5,
la feuille se partage en doux segments déjà plus étroits, ceux-ci à leur tour
en deux autres, et l'un de ces derniers, l'extérieur de chaque paire, se
subdivise encore. Les segments, au nombre de quatre à six, produits par
ces subdivisions, sont conformés à peu près comme les aiguilles de nos pins ;
ils sont étroits et uninervés ; leur longueur excède parfois i décimètre,
mais d'autres fois ils sont beaucoup plus courts. En effet, tant sur le rameau
latéral que sur la partie du rameau principal situé au-dessus du point d'où
part la ramification, les feuilles que je viens de décrire se transforment en
simples écailles, ou bien elles se bifurquent simplement, en sorte que l'on
observe tous les passages des unes vers les autres. On distingue encore à
j32..
( I020 )
l'aisselle de plusieurs de ces feuilles des pédoncules supportant un bourgeon
écailleux obtus, qu'il est naturel de considérer comme représentant des in-
florescences en voie de développement. Ces derniers organes auraient de la
ressemblance avec ceux des Plijllocladus ; quant aux feuilles, il n'en existe
pas que l'on puisse leur comparer dans aucune cotiifère vivante, mais leur
analogie avec les empreintes problématiques, figurées par Lindley, sous le
nom de Solenites ? furcatus (i) et nommées dernièrement Jeanpauiia Lind-
leyana^ par Schimper, est tellement étroite que l'on est autorisé à admettre
que nous avons sous les yeux le rameau de l'une des espèces dont les em-
preintes de Scarborough réprésentent les feuilles à l'état isolé. Cette consta-
tation est certainement fort curieuse , quand on songe aux conjectures de
toutes sortes auxquelles l'attribution des Jeanpauiia a donné lieu successi-
vement. Je suis disposé, d'après ce qui précède, à considérer le second des
deux spécimens permiens de Lodève comme dénotant un type de Conifères
depuis longtemps éteint, bien plus éloigné de notre Ginkgo que le premier,
mais s'y rattachant cependant encore par le mode de partition de ses feuilles
et ayant fait partie, à titre de genre distinct, de la même tribu, celle des
Salisburiées. A raison des anomalies qu'elle présente et de la laciniure des
organes foliacés, je propose d'appliquer à l'espèce permienne la dénomi-
nation de Trichopitys heteromorpha. »
M. Bkoxgxiakt, à l'occasion de la Communication précédente, fait les
observations suivantes :
« La Notice de M. de Saporta sur quelques empreintes fort remar-
quables des schistes permiens de Lodève, qu'il rattache, je crois, avec rai-
son, à des Conifères voisines des Taxinées et surtout du genre Gingko,
m'engage à faire connaître à l'Académie des observations de M. Grand'Eury
sur des plantes fossiles du terrain houiller de Saint-Etienne, fort analogues
à celles décrites par M. de Saporta, quoiqu'elles en diffèrent sans doute
génériquement. Ces végétaux singuliers ne paraissent pas avoir été signalés
par les nombreux savants qui se sont occupés de la flore houillère ; ils
seront décrits et figurés dans le grand travail de M. Grand'Eury, qui s'im-
prime en ce moment dans le Recueil des Mémoires des Savants étrangers; mois
je crois intéressant pour la science et pour l'auteur de faire connaître en
ce moment les principaux traits caractéristiques de ces fossiles, tels que
M. Grand'Eury me les indique dans plusieurs de ses lettres; j'en rappor-
(i) Foss. FI. Brit,, l, i>l. 209.
( ro2i )
terai ici textuellement quelques passnges, et j'ajouterai que M. Grand'Eury
m'en avait déjà entretenu souvent avant la date de la première des lettres
dans laquelle il est question de ce sujet, et qu'il a adressé de nombreux
échantilions de ces fossiles au Muséum.
« Saint- Etienne, 1 1 juillet 1874. — Je me préoccupe des empreintes de tiges avec feuilles
deux fois bifuiquées. Après nouvel examen, je ne vois pas que re puisse être autre chose
que des branclies et rameaux de quelques Dicotylédones. En effet, à l'aisselle de beaucoup
de feuilles on aperçoit des espèces de petits bourgeons, à la vérité très-peu nets, mais
néanmoins assez distincts. Je suis décidé à mettre ces empreintes parmi les Phanérogames
gymnospermes, à la suite des ff alchia, sous un nom que je voudrais trouver plus harmo-
nieux que Dicranophyllum. (C'était le nom que nous avions adopté dans nos conversations
précédentes,) Ces débris sont assez communs : je me propose de les étudier d'une manière
toute spéciale ; de petits carpolithes paraissent leur appartenir; j'en ai trouvé à Ronchamp,
à Epinac, à Brassac, etc. Je crois que ce sont des restes de plantes arborescentes bien
curieuses avec leurs longues feuilles denses, deux fois bifurquées.
» Saint-Èlienne, \" août 1874- — Les Dicranophyllum me préoccupent beaucoup ; ils
forment évidemment un genre nouveau de plantes houillères ; j'en connais certainement
deux espèces, celle type, dont vous avez plusieurs échantillons, et une autre à feuilles très-
variables de largeur, des branches jusqu'aux derniers rameaux, et une seule fois bifurquée
vers l'extrémité libre. Les derniers rameaux ressemblent un peu à certains ff'alchia ; les
plus petites feuilles n'y paraissent plus distinctement bifurquées, mais le mode de ramifica-
tion est tout à fait différent ; ces plantes assez communes portent souvent des espèces de
petits bourgeons à l'aisselle des feuilles et, il m'a semblé aussi parfois, des graines pédoncu-
lées, le tout d'une manière assez analogue aux Cephalotaxus, si je ne me trompe. Ces
plantes fossiles paraissent avoir formé des arbustes; elles m'intéressent beaucoup, et je tâche-
rai de découvrir leur système de reproduction que je crois double, c'est-à-dire composé de
bourgeons mâles et de graines solitaires, encore comme dans les Taxinées; aussi je placerai
la description de ces arbrisseaux après les Cordaites, avant les JJ'alchia.
» Saint-Étienne, 3o octobre 1874. — Je nie suis beaucoup occupé des Dicranophyllum,
que je désignerai par le nom plus simple de Eotaxitcs. Ces végétaux sont abondants dans
l'étage des Cordaites; il y en a des quantités à Montet-aux-Moines, près Moulins, et à Saint-
Éloi-en-Combrailles; il y en a deux espèces, celle que vous connaissez et une autre à feuilles
])!us larges une seule fois bifurquées, même pas toujours, et parcourues par quatre ou cinq
nervures égales, d'une manière analogue aux Cordaites. Il y a même des Cordaites qui pré-
sentent la division organique et non par fissuration des feuilles une ou deux lois successive-
ment. Je suis maintenant sûr que les Éotaxites sont des feuilles de plantes dicotylédones.
L'écorce perd rapidement les caractères de la surface.
» Saint-Étienne, i5 décembre 1874. — J'ai eu occasion d'augmenter beaucoup ces jours
derniers ce que je savais des Éotaxites à feuilles bifurquées; ce sont des plantes plus com-
munes que je ne l'avais supposé; j'en ai trouvé des branches avec des ramifications o|)po-
sées ou par étages. Les feuilles sont coriaces, fibreuses et nerveuses, les bourgeons axillaires
ne sont pas rares; des graines triangulaires fort petites paraissent bien leur appartenir et
être nées à l'aisselle des feuilles, de même que les fleurs mâles, sans modification de la plante,
( I022 )
sans inflorescence. Ce sont des végétaux très-intéressants, et je m'étonne qu'il n'en ait pas
encore été fait mention. »
» On voit combien ces végétaux singuliers ont été l'objet de recherches
attentives de la part de M. Grand'Eury depuis plus d'une année. S'il in-
siste beaucoup dans sa correspondance sur leur nature phanérogamique
et leur analogie avec les Conifères taxinées, c'est qu'à l'origine, et d'après
quelques feuilles isolées, on avait cru leur reconnaîlre des rapports avec
des Fougères, telles que les Schizea et particulièrement le Schizea dicholoma,
tan lis que l'ensemble de ses observations le conduisait, au contraire, à
un résultat conforme à celui que M. de Saporta admet pour les fossiles du
terrain permien de Lodéve qu'il vient de faire connaître. »
M. J. François adresse une Communication sur les émanations hydro-
thermales et salines des stations thermales du Caucase. Il a rencontré une
grande variété d'eaux minérales : des eaux hydrosulfurées analogues à
celles d'Aix-la-Chapelle et d'Uriage, des eaux ferrugineuses, des eaux alca-
lines bicarbonatées, sulfatées, chlorurées, bromo-iodées, rappelant Vichy,
Vais, Carlsbad, Kissingen, Marienbad, etc. ; des eaux sulfureuses sodiques
ressemblant fort à celles de Ludion et de Cauterets, des eaux sodiques
magnésiennes aussi remarquables que celles de Pullna.
Quelques mois de travaux l'ont conduit, par l'application de procédés
spéciaux, à la découverte de nouvelles sources et à l'accroissement consi-
dérable du débit des sources anciennes. Aux stations de Piatigorsk et de
Geleznovodsk, le débit a été porté de 43 1600 à 964210 litres par vingt-
quatre heures. L'auteur espère obtenir, par l'emploi de ses méthodes, des
résultats plus considérables encore.
(Commissaires : MM. Chevreul, Daubrée, Belgrand.)
MM. F. Châtelain, Chaperon, Correch, Destrac, A. Févret, L. Gans,
E I^Îecrice, Mourgcés, F. Plachxer, Potier, J. Ross, F. Rocquette,
S. ZiNNO adressent diverses Communications relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. J. LiCHTENSTEiN adrcsse une Note sur l'insecte que M. Holzner (i) a
signalé sur les racines de V Abies halsamea et de l'Jbies Fiaseri. La cessation
de la maladie, quand on enlève les pucerons, et la rechute de l'arbre coïn-
1) Dans le dernier Compte rendu, au lien de Helznem, il faut lire Holzner.
( I023 )
ciflant avec le retour de l'insecte paraissent prouver que l'on est ici en
présence d'un fait complètement analogue à ce qui se passe pour le Phyl-
loxéra delà vigne.
Cet insecte, étudié par M. Holzner, est un Aphidien qui paraît venir d'Amé-
rique, comme les deux Abies dont il attaque les racines.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. A. -H. Courtois adresse, pour le Concours du prix Fourneyron, un
Mémoire sur la spirale centrifuge et sur quelques-unes de ses applications
industrielles.
(Renvoi à la Commission).
M. Graxjon adresse une Note sur un moyen d'augmenter le son rendu
par une cloche en la composant de deux cloches concentriques.
(Commissaires : MM. Jamin et Desains.)
CORRESPOIVDANCE.
M. JoLY, nommé Correspondant pour la Section d'Anatomie et de Zoo-
logie, adresse ses remercîments à l'Académie.
M. le général Sabine, nommé Correspondant pour la Section de Géo-
graphie et Navigation, adresse ses remercîments à l'Académie.
MÉTÉOROLOGIE. — Théorie des tempêtes. Réponse à M. Paye. Note
de M. H. Pesli.v, présentée par M. Ch. Sainte-Claire Deville.
(Extrait.)
« Je suivrai dans ma réponse l'ordre adopté par M. Paye dans la Note
du 5 avril dernier.
» I. M. Paye commence par rejeter en bloc tous les calculs de ses
adversaires :
« Quoi qu'il en soit, et quelle que soit la quantité de force vive que l'ascension supposée
de l'air développe dans l'atmosphère immobile, l'analyse du D'' Reye et de RI. Peslin ne
saurait en indiquer l'emploi. ...»
» Et plus haut :
« Ces calculs. . . sont purement statiques, je veux dire que la température de la masse
( I024 )
d'air considérée et les pressions qu'elle supporte sont calculées en dehors de l'état de mou-
vement dont on ne tient nul compte. »
» Il y aurait évidemment beaucoup de choses à répondre à M. Faye.
La Dynamique des fluides indique comment on doit tenir compte du mou-
vement du fluide et de son influence sur la pression ; de même la Thermo-
dynamique donne le moyen de calculer les variations de la température
dues au mouvement ; ce serait à M. Faye de montrer dans quel passage de
nos calculs nous avons oublié les règles de la science; puis, si nous ne
pouvons pas arriver aux intégrales complètes du mouvement de la molé-
cule d'air dans la tempête, les résultats que nous obtenons n'en sont pas
moins dignes d'attention, s'ils sont rigoureux; mais, s'il faut en venir à
discuter le principe même qui sert de base à la statique et à la dynamique
des fluides, le principe de l'égalité de pression en tous sens, notre contro-
verse n'a plus de limites; en tout cas, elle perd tout intérêt pour les météo-
rologistes.
» Je me contenterai donc de dire à M. Faye que, lui aussi, il invoque
les théorèmes de la mécanique des fluides, et que ces théorèmes supposent
le principe de l'égalité de pression en tous sens. Je lui démontrerai que
son théorème II cesse d'être vrai, du moment que l'on tient compte des
composantes tangentielles de la pression qui se développent entre les filets
contigus animés de vitesses différentes.
» Quant à son théorème I (page 4^8), qu'il me reproche de ne pas con-
sulter, je lui avouerai que je ne l'ai pas compris. J'avoue que je ne puis
imaginer une masse fluide en gyration, animée d'un mouvement hélicoïdal
descendant qui aboutit à une pointe conique. Pour ma part, je ne puis con-
cevoir un tourbillon, une trombe, un cyclone sans l'entonnoir de sortie
correspondant exactement à l'entonnoir d'entrée; et, si la courbe méri-
dienne de la surface, qui sert de limile entre le tourbillon et le milieu im-
mobile, présente sa concavité vers le bas jusqu'à la section de rayon mini-
mum, elle me paraît présenter sa convexité vers le même sens dans toute
la branche inférieure,
M II. M. Faye revient ensuite sur la distinction que j'établis entre les
trombes et les tempêtes, et, sur ma demande de concentrer la discussion
sur le terrain des faits relatifs à la tempête :
« D'abord je n'ai jamais dit que les observations des trombes et des tornades, dont j'ai
tiré un si bon parti, fussent mal faites ; j'ai seulement fait remarquer qu'en les appréciant il
fallait tenir compte des préjugés de l'observateur. . . . Peu de phénomènes météorologiques
ont été aussi bien décrits que les trombes. »
( loaS )
» 11 est vrai que M. Faye pense qu'on peut tirer bon parti de ces maté-
riaux à l'aide de la critique, « dont il vient justement de doiuier un exemple
» à propos de la théorie mathématique et des calculs de M. Peslin et du
» D' Reye ». Mais comment ne voit-il pas que nous ne serons jamais
d'accord sur les limites de cette critique si délicate? Je prends, par exemple,
le fait qui lui paraît le plus incompréhensible, l'ascension de l'eau dans
le tourbillon. Je lui dirai que, précisément parce que l'ascension de l'eau
est un fait très-singulier, je suis porté à croire que chacun des observateurs
ne l'a accepté qu'après avoir bien regardé.
» Je chercherai à interpréter cette observation par une illusion du sens
de la vue, et je supposerai qu'elle s'élève sous forme de gouttes très-serrées,
comme celles du jet d'eau qui nous paraît continu; mais, quant à l'exis-
tence de la colonne d'eau qui s'élève du sein de la mer, quant au sens as-
cendant de son mouvement, je soutiendrai que je ne connais aucun fait
qui m'autorise à y voir une illusion, et que, dès lors, je suis tenu d'accepter
ces faits pour aussi valables que les autres faits certifiés par les mêmes ob-
servateurs.
» Si M. Faye se donne le droit de trier parmi les faits vus par le même
observateur, ses adversaires prendront les mêmes libertés, et dès lors la
discussion scientifique nous paraît impossible. Le mieux, puisqu'il s'agit de
la tempête, c'est de laisser de côté les faits relatifs à la trombe.
)) III. M. Faye ne veut pas admettre surtout que j'aie le droit de consi-
dérer la trombe et la tempête comme « des phénomènes distincts «. Il me
dit que tous les météorologistes croient le contraire et me cite le Rapport
de la Commission de 1841 et les livres plus récents de Piddington, Keller
et Bridet. Parmi les ouvrages publiés dans le cours des dernières années
sur la Météorologie, j'en ai trouvé bien peu où les idées de Peltier sur l'o-
rigine électrique, sinon de toutes, du moins de certaines trombes ne
fussent pas acceptées. Dans un ouvrage de Keller, daté de iSSg, l'auteur
attribue aux trombes une origine électrique et donne pour les ouragans
une explication purement mécanique; dans la Physique de Pouillet, l'un
des Membres de la Commission de 1841, on trouve les trombes distinguées
des ouragans. Je crois donc pouvoir dire que M. Faj-e se trompe et que
ses citations ne sont pas « pérem[)toires ».
« M. Peslin accepte les prémisses qui précèdent, car vraiment il saule aux yeux que tous
les cyclones, depuis la trombe jusqu'aux ouragans, sonl constitués par un mouvement gy-
C.R.,1875, i^'-Semcsutf. (T. L\XX, K" lli.) ï 33
( I026 )
ratoire; mais il repousse la conséquence. Il voudrait faire de ces phénomènes deux classes
distinctes ayant chacune sa théorie spéciale, afin d'être en droit d'écarter les Hiits précis où
il pressent peut-être quelque « contradiction radicale >>.
» M. Faye a raison, je redoute les conclusions qu'il tire parfois de ses
prémisses. J'ai lu dans la Notice de V Annuaire du Bureau des longitudes
pour 1875 :
« Il y a des tourbillons de quelques centimètres, de quelques mètres, de dizaines et de
centaines de mètres. Dans nos mers il y a des gyrations bien plus grandes encore; il en est
même de colossales (p. Soi). »
» Et je me suis dit que, si j'acceptais la prémisse que le gulf-stream est
un tourbillon, M. Faye, en vertu des deux théorèmes de sa mécanique des
fluides, resterait maître de me faire avouer que les spires successives de cet
immense courant d'eau chaude vont en s'enfoncant successivement les
unes sous les autres, avec une vitesse croissante, jusqu'à la pointe conique
qui affouille le fond de l'Atlantique.
» Pour montrer à M. Faye le danger de ses raisonnements a priori, en
vertu desquels tous les tourbillons sont descendants, je lui avais précé-
deinment cité le fait du mouvement ascendant de l'air dans les tourbillons
de poussière. Je l'ai vu, comme il a dû le voir lui-même.
M Voici une citation que j'emprunte à Liais [Espace céleste) :
«... Je vis une colonne de poussière animée d'un mouvement gyratoire à une cinquantaine
de mètres ;\ gauche du sentier que nous suivions, et je remarquai que cette colonne se di-
rigeait vers le chemin, qu'elle allait traverser, un peu en avant de moi. Je pressai alors ma
monture pour me trouver à la rencontre du tourbillon que je parvins à traverser. Je tenais
à la main un petit parasol blanc... Dès que je me trouvai sur la limite de la colonne, je sentis
ce ^drdioX fortement entraîné vers t'axe du, météore, et soulevé avec violence. En voulant le
retenir, je faillis être renversé de cheval et je ne le retirai que déchiré. »
» En résumé, je demande que le débat soit circonscrit dans le domaine
de la tempête, et je crois être en droit de le réclamer, par les raisons déve-
loppées dans ma Note du 5 avril dernier. Je demande en plus à l'Aca-
démie la permission de répondre, dans une dernière Communication, aux
objections que M. Faye adresse à notre théorie des cyclones. «
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Note Sur l'acide dextrocjjre du vin;
, par M. E.- J. Maumené.
« L'existence dans les vins d'un acide dextrogyre, signalée par M. Bé-
chanip dans la dernière séance, est une première confirmation de la décou-
verte que j'ai faite : 1" de la formation de cet acide par l'o.xydation du sucre,
( '027 )
oxydation qui peut être graduée à volonté dans l'emploi du permanganate
de potasse (i); 2° de l'existence de cet acide dans le vin, annoncée par le
passage suivant de mon Traité lltéojique et pratique du travail des vins :
« J'ai extrait au moins en partie cet excédant d'acide inconnu, et j'ai lieu de croire qu'il
est l'un, au moins, des deux acides dont je vais parler. »
» Dans les dix-sept lignes qui suivent, je rappelle la formule résultant
des premières indications de ma théorie, le moyen de séparer les deux
acides par l'acétate neutre et l'acétate basique de plomb, ce que j'avais fait
connaître dans ma première Communication à l'Académie (2). J'ajoute :
1 L'évaporation des deux acides, mêlés ou séparés, présente un grand nombre de faits
tout semblables à ceux qu'on observe dans l'évaporation du résidu des vins. »
» L'acide que M. Béchamp vient d'isoler dans un grand nombre de vins
est l'acide trigénique, ye crois; c'est lui qui présente les caractères indiqués
par cet habile chimiste : précipitation par l'acétate basique de plomb, dé-
composition par simple évaporation, saveur acide avec quelque chose de
spécial qui rappelle celle du vin privé d'alcool, force acide très-prononcée,
pouvoir dextrogyre. M. Béchamp peut s'en assurer en neutralisant par le
carbonate de soude et faisant sécher dans le vide; au degré de concentra-
tion convenable, le sel se sépare en plaques cristallines, dont les cristaux
enchevêtrés ne laissent pas facilement reconnaître leur forme, mais pré-
sentent la formule que j'ai indiquée (3).
» M. Béchamp reconnaît, comme moi, que le vin renferme d'autres
acides (4). Il trouvera bientôt l'acide hexépique, dont le sel de potasse est
peu soluble, les cristaux orthorhombiques, et dont la précipitation a lieu
par l'acétate neutre de plomb, et mieux par l'azotate de protoxyde de
mercure. Je n'ai pas encore signalé ce dernier fait. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Du rôle des microzymas dans la fermentation
acide, alcoolique et acétique des œufs. Réponse à M. Gayon; par
M. A. BÉCHAMP.
« Dans une Communication récente [Comptes rendus, t. IjXXX, p. 674),
M. Gayon, après avoir rapporté ma conclusion répétée, que, dans cer-
(1) Bulletin de la Société chimique, t. XXII, p. 2.
(2) Comptes rendus, t. LXXV, p. 85.
(3) Traité du tramit des vins,
(4) Traité du travail des vins, 2' édition, p. 5ii.
l33..
( I028 )
taines altérations spontanées des œufs, il n'existe que des microzyinas
sans bactéries, ni vibrions, ni moisissures, etc., s'est exprimé ainsi :
« Je ne puis laisser passer sans réponse l'assertion flenx fois reproduiie de mon savant
contradicteur. En conséquence, j'affirme aussi que, dans tous les œufs pourris que j'ai exa-
minés, j'ai toujours trouvé des bactéries ou des vibrions, et que je n'ai pas rencontré à ce
fait une seule exception. »
» Il serait puéril et peu respectueux envers l'Académie de venir ici op-
poser inie affirmation à une autre affirmation. Si je prie l'Académie de me
permettre de défendre une nouvelle fois la théorie du microzyma, c'est
qu'à mes yeux cette théorie est devenue nécessaire, et que, si elle n'était
fondée, il faudrait l'imaginer. M. Gayon lui-même va me fournir les élé-
ments de ma démonstration.
» M. Gayon fait déi'iver toutes les altérations, par lui constatées, de fer-
ments introduits dans l'œuf, soit pendant que celui-ci chemine et achève
de se constituer dans l'oviducte, soit par pénétration à travers les pores
de la coquille, c'est-à-dire, en somme, de causes accidentelles.
» Une première remarque découle de la conclusion de M. Gayon, c'est
qu'il n'y a pas d'altérations spontanées des œufs; la seconde, c'est que, à
son point de vue, il a tort d'appeler spontanées les altérations qu'il a étu-
diées : elles sont accidentelles, et elles le sont toutes, puisque la cause pro-
vocatrice est, selon lui, étrangère à la nature et à la constitution histolo-
gique de l'œuf.
)) Cela posé, je ne nie pas qu'il ne puisse exister des altérations par des
agents venus du dehors : c'est précisément parce que je prévoyais qu'un jour
on m'opposerait l'intervention possible de ferments étrangers que dans la
Note de 1868 j'ai dit à dessein :
« L'œuf porte en lui-même, normalement, la cause de cette fermentation, et c'est sans
doute dans le jaune que réside cette cause. »
» Je n'ai pas l'habitude de me hâter de publier; si j'ai attendu dix an-
nées avant de me prononcer sur la nature des granulations moléculaires
des fermentations, ce n'est qtuî plus tard, après avoir varié et contrôlé les
expériences, que j'ai attribué aux graïuilations moléculaires du jaune d'œuf
la fonction des microzyinas. C'est parce cpie j'avais de nombreux et puissants
motifs de considérer les |)ublicalions de M. Gayon comme n'infirmant pas
mes conclusions que j'ai fait les réponses qu'il a visées.
» J'ai eu l'honneur de promettre à l'Académie une étude des microzy-
mas du jaune d'œuf. Je la lui communiquerai prochainement, lorsqu'elle
( 1029 )
me paraîtra assez cligne de lui être présentée. Cette étude, difficile et
longue, comportait celle de plusieurs matières albuminoïdes nouvelles,
dont l'une est exceptionnellement intéressante. Les microzyiiias du jaune
d'œuf sont plus compliqués dans leur composition que le jaiuie lui-même
ne le paraissait avant mes observations, et je suis, en vérité, tous les jours
plus surpris que l'on s'occupe de recherches sur ces objets délicats, sans
avoir, au préalable, une connaissance suffisante des matériaux que l'on
met en œuvre. Pour moi, c'est seulement après avoir constaté l'activité in-
dividuelle des microzymas du jaune à l'état libre, que j'ai conclu à leur
activité dans l'œuf. Or si l'on considère comment l'ovule (ce qui sera le
jaune) se développe dans la vésicule de Graaf (le calice chez les oiseaux),
et avec quel soin il y est protégé contre les accidents du genre de ceux
qu'invoque M. Gayon, on comprendra qu'au moment d'arriver dans l'ovi-
ducte, rien d'étranger ne peut y avoir pénétré. J'ai fait des expériences nom-
breuses et variées pour m'assurer que la mince pellicule qui le limite est
un obstacle infranchissable pour les vibrions, bactéries, etc. ; enfin, grâce
à la méthode que j'applique, j'ai pu constater l'activité comme ferment de
ces microzymas du jaune, sans les voir évoluer en bactéries, etc., ce qui
ne veut pas du tout dire qu'on ne puisse mettre ces mêmes microzymas
dans quelque situation où cette évolution soit capable de s'accomplir. L'im-
portant à noter, c'est cette activité individuelle qu'il est si aisé de constater.
Je ferai voir aussi que les granulations moléculaires du jaune ne sont pas
un produit accidentel, mais par quel mécanisme ils sont engendrés dans
l'ovule depuis que son diamètre a moins de i millimètre jusqu'au mo-
ment où il se détache du calice, et quel rôle considérable joue dans leur
formation ce qu'on a appelé les spliéndes, cellules ou globules vitelliiis.
» Sans doute, et je le reconnais volontiers, tout cela pourrait être exact
dans ces termes, et ne plus l'être quand il s'agit de la fermentation acide,
alcoolique et acétique de tout l'œuf. Au fond, c'est de tout cela qu'il s'agit
entre M. Gayon et moi.
» En fait, j'ai annoncé, ce qui assurément était alors nouveau autant
qu'inattendu, mais une conséquence de la théorie du microzyma, que le
genre d'altération découvert ou provoqué par M. Donné était corrélatif
d'une production d'alcool, d'acide acétique, d'acide carbonique, etc. J'ai
eu soin de noter que les matières grasses, les matières albiuninoïdes ne
prenaient point part à la décomposition, mais que le sucre disparaissait
complètement.
» M. Gayon a-l-il trouvé autre chose dans ce genre d'altération ? Non;
( io3o )
mais, sans l'avouer ou sans le dire, il l'a confirmé. Il y a pourtant quelque
confusion entre nous. C'est peut-être pour cela que M. Gayon ne peut pas
m'entendre.
» M. Gayon parle d'œiifs pourris. J'ai eu la précaution, pourtant, de
bien faire remarquer que l'altération provoquée par M. Donné n'était pas
la putréfaction, et que le mélange fermenté, spumeux, était à réaction
acide. M. Gayon lui-même a été forcé de distinguer ce cas particulier;
seulement, au lieu de le désigner comme moi (fermentation alcoolique et
acétique), il V uppeWe fei-mentation acide : dénomination d'autant plus mau-
vaise que, le plus souvent, le jaune d'œuf est à réaction acide et que le
mélange avec le blanc l'est quelquefois. Le changement de nom, toute-
fois, n'a pas d'autre importance, si ce n'est de faire croire aux personnes
qui ne se renseigneront pas suffisamment qu'il s'agit de deux phéno-
mènes différents : il est toujours regrettable d'encombrer la science de dif-
ficultés inutiles.
)) Mais enfin, dans cette altération particulière, M. Gayon a-t-il trouvé
des bactéries, des vibrions ou autres ferments figurés qu'on eût spécifiés
avant mes recherches et celles qui me sont communes avec M* Estor? Non,
aucun. Il a trouvé quelque chose qui n'est rien de tout cela, ce dont je
parlais dans ma réponse à M. Balard, un état intermédiaire entre le micro-
zyma et la bactérie, qu'il n'a pas osé nommer, ni autrement spécifier qu'en
donnant d'une manière vague ses dimensions et en nous apprenant qu'il
l'a trouvé, soit sur les membranes, soit dans la masse intérieure elle-même,
M. Gayon veut bien m'apprendre qu'il a « indiqué ailleursdivers procédés
)) qui permettent d'observer à coup sûr ces petits organismes dans les œufs
» pourris » . Il s'agit là de l'emploi de l'acide acétique et de la potasse caus-
tique. PourquoiM. Gayon laisse-t-il croire que j'ai négligé ce moyen d'inves-
tigation? Sans doute il n'y a dans leur emploi rien de nouveau, ni pour
M. Gayon, ni pour moi. Mais enfin, dans notre Mémoire sur les granula-
tions moléculaires du foie [ComjAes rendus, t. LXVI, p. 421 ; 1868), nous
disions, M. Estor et moi :
« Ils (les microzynias du foie) sont insolubles dans l'acide acétique et dans la potasse au
dixième, ce qui exclut leur nature albumineuse et graisseuse. »
» Et plus tard [Comptes rendus, t. LXXV, p. 962, 187a), dans notre Mé-
moire sur le rôle des microzymas pendant le développement embryonnaire,
nous disions encore :
» Avant rincubation, dans tout l'œuf, et pendant l'incubation, liors de l'embryon, ils
( io3i )
disparaissent sous l'influence de l'acide acétique et de la potasse. Dans l'embryon, ils ré-
sistent généralement à l'acide acétique, et à un moment donné, dans certains centres, aussi
à la potasse. »
» Pour soutenir, comme je l'ai fait, qu'il n'y avait dans l'altération que
j'ai étudiée ni vibrions ni bactéries, je m'étais entouré de toutes les pré-
cautions qu'une si formelle affirmation exigeait. Dans mes études micro-
graphiques j'ai fait usage de tous les réactifs connus.
» Il y a du reste, dans la Thèse de M. Gayon, une expérience que j'ai
faite également et que j'ai variée : c'est celle où un ojuf, placé dans une
atmosphère confinée, a subi une fermentation qui a fait disparaître le
sucre, et où il n'a pas vu non plus d'éléments figurés, ni à l'extérieur, ni
à l'intérieur de l'œuf. M. Gayon rapproche avec raison cette expérience
de celles où des fruits subissent la fermentation alcoolique et acétique,
sans apparition de ferments figurés autres que les microzymas normaux de
ces fruits. J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie le Mémoire ci-joint comme
preuve à l'appui. Il a pour titre : Sur le blessissement des sorbes et sur la
cause productrice de (alcool quon j découvre^ et il a été inséré, l'an dernier,
dans la Revue des Sciences naturelles de Dubrueil.
M. Gayon a donc confirmé, chimiquement et micrographiquement, mon
travail sur le genre d'altération réellement spontanée que j'ai étudié en
i865 et publié en 1868; il n'y a trouvé, si ce n'est accidentellement, ni
vibrions ni bactéries. Et maintenant, loin de partager son opinion et d'at-
tribuer aux ferments étrangers le genre d'importance qu'il leur accorde,
je pense qu'il y a là quelque chose de semblable à ce que j'ai signalé déjà
lorsque je disais :
« Dans les expériences où l'on inocule des bactéries aux végétaux, il est probable que ce
ne sont pas ces bactéries qui se multiplient : elles ne font que provoquer un changement
de milieu, qui devient favorable à l'évolution en bactéries des microzymas normaux [Comptes
rendus, t. LXVIII, p. 466; 1869). »
)) Le rôle principal resterait toujours aux granulations moléculaires pro-
pres de l'œuf; le phénomène chimique fondamental (production d'alcool,
d'acide acétique, d'acide carbonique, etc.) restant le même n'est que fai-
blement modifié par la présence des ferments accidentels. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur les effets thérapeutiques de l'oxygène.
Note de M. Tamin-Despalle.
« Hier 18 avril, vers 1 heures de l'après-midi, iM. L..., député, fut
atteint d'une congestion cérébrale grave, avec chute et paralysie de tout le côté
droit du corps.
( I032 )
» Le pouls était à 82 pulsations, la face vultueuse, et l'estomac contenait
luie notable quantité d'aliments. Le déjeuner avait eu lieu une demi-heure
avant faccident. Je ne crus devoir ni saigner, ni appliquer de sangsues, ni
administrer (le vomitif. J'ordonnai des inhalations d'oxygène pur, à l'aide
d'un inhalateur prêté par M. Limousin. Dès les premières aspirations, M. L...
déclara se sentir beaucoup mieux. Le mouvement et la sensibilité revinrent
peu à peu dans le côté paralysé.
» A 6 heures, quelques frissons suivis d'une abondante émission d'iu-ine,
bâillement répétés, éructations. A 7 heures, M. L... pouvait se tenir debout,
le mal était conjuré. Il avait été consommé environ 10 litres d'oxygène pur.
» Je pense que ce moyen thérapeutique mérite d'être signalé à l'atten-
tion de l'Académie et à celle des praticiens. »
ETHNOLOGIE. — Sur un abri-sépulture des anciens Atéoules d'Àknanh, île
d'Ounga, archipel Shumagin [Alas/ia), Note de M. Alph.-L. Pixaut,
présentée par M. de Quatrefages.
<c J'étais, le 3o septembre 1871, au port Delareff, où je continuais mes
recherches parmi les Aléoutes qui habitent la partie la plus méridionale
d'Ounga, la plus grande et la plus importante de l'archipel du Shumagin.
Un vieillard nommé Lazare, qui m'avait été indiqué comme un des na-
turels les plus aptes à me fournir les renseignements ethnographiques,
linguistiques, etc., que je recueillais principalement, me fit savoir qu'il
comiaissait, à peu de distance du village abandonné d'Aknanh, un abri-
sépulture des anciens Aléoutes que le fanatisme des premiers missionnaires
russes n'avait su découvrir, malgré sa proximité du port Delareff. Nous
nous rendîmes à Aknaùh, et, nous dirigeant vers le nord-nord-est, en sui-
vant pendant i kilomètre environ la crête de la falaise, nous arrivons en
un point où un éboulement considérable avait pratiqué une large brèche.
Nous descendons avec des précautions infinies, et, arrivés à 5o mètres en-
viron au-dessus du niveau de la mer, nous nous trouvons en présence de
deux énormes rochers détachés en partie de la falaise et arc -boutés l'un
sur l'autre. C'est dans l'abri formé par ces deux rochers que les anciens
Aléoutes avaient établi la sépulture dont j'ai l'honneur d'entretenir l'Aca-
démie. Cet abri mesurait 4"", 70 de long; il avait a"", 5o à l'entrée, et son
plafond s'abaissait à i mètre vers le fond, où se voyait une large fente lais-
sant suinter l'eau en assez grande quantité. Le sol était couvert de frag-
ments plus ou moins volumineux de la roche détachés de la voûte. En
déblayant avec soin, nous mîmes bientôt au jour les restes de quatre indi-
( io33 )
vidus. Chaque corps avait été placé sur un lit de mousse encore fort re-
connaissable, d'une longueur moyenne de i™, 60 à i", 65, et séparé de
celui de la sépulture voisine par un cadre de bois. Deux sujets occupaient
le fond de l'abri; ils étaient couchés l'un à côté de l'autre; un troisième
était à leurs pieds ; du quatrième il ne restait que des débris informes.
Tout ce qui avait été exposé à l'air dans cette sépulture avait beaucoup
souffert. La plupart des objets déposés à côté des morts étaient profondé-
ment altérés et impossibles à conserver. J'ai pu cependant y recueillir un
certain nombre de pièces intéressantes. Jetés çà et là dans les différentes
parties de l'abri, gisaient des fragments de grands masques de bois sculptés
et peints dont les meilleurs ont été reproduits sur les planches que je mets
sous les yeux de l'Académie. Ces masques, qui servaient aux danses fu-
nèbres, étaient brisés après la cérémonie pour laquelle on les avait exé-
cutés, et jetés dans la sépulture. Avec les masques destinés aux acteurs
de la cérémonie funèbre s'en trouvaient d'autres qui avaient dû servir à
un autre usage. C'était un rite chez les anciens Aléoutes de poser sur la face
du mort un masque représentant une figure huniaim^ ou animale (un des
masques d'Aknanh représente une tête de lion de mer) pour que, dans le
trajet que l'âme du défunt était supposée faire pour se rendre dans l'ouest,
où est située la demeure des âmes, ils ne pussent pas être effrayés ou dé-
tournés de leur route par les mauvais esprits qu'ils rencontreraient en che-
min. Le lit de mousse contenait en nombre considérable des copies eu
bois peint de tout l'attirail industriel des Aléoutes avant l'occupation
russe; harpons, flèches, couteaux, grattoirs, etc. On remarquera que,
dans cet arsenal, qui ne comprenait absolument que des imitations d'ou-
tils et d'instruments, les sculptures représentent presque exclusivement
des instruments de pèche. Tout porte à croire, en effet, que la sépulture
d'Aknanh est une de ces sépultures spécialement consacrées à la classe
des pécheurs de baleines. La pèche ou plutôt la chasse de ces Cétacés
était, avant l'arrivée des Russes, le propre de certains hommes privilé-
giés et redoutés. Ou ne pouvait entrer dans la corporation qu'après toute
une série d'épreuves initiatrices, dans le détail desquelles je n'ai pas à en-
trer ici. Le baleinier était enterré à part, loin des villages, dans les anfrac-
tuosités des rochers ou dans les grottes des falaises, tandis que les Aléoutes
qui ne faisaient point partie de cette sorte d'aristocratie du courage et de la
force étaient ensevelis liés dans leur vêtement de peau, soit dans la hutte
qu'ils avaient habitée et que l'on détruisait ensuite, soit dans un des com-
C. R., 1875, I" Semestre. (T. LXXX, N» IS.) 1 34
( 'o34 )
partiments [jupan) de leur demeure, que l'on murait pour pouvoir conti-
nuer à habiter le reste.
» Les corps de l'abri d'Aknanh avaient été couchés, tandis que ceux des
simples Aléoutes sont ordinairement enterrés dans l'attitude repliée, la tête
sur les genoux ramenés sur la poitrine et les bras fixés autour des jambes.
Je n'ai trouvé à Aknanh aucun vestige qui rappelât les enveloppes de peau
de phoque ou de lion de mer [lavlak) qui étaient en usage chez les Aléoutes
ordinaires.
)) Les deux crânes que j'ai déposés dans les galeries du Muséum d'His-
toire naturelle sont des plus caractéristiques : la taille des deux sujets aux-
quels ils ont appartenu pouvait atteindre i'",6o. »
HYDROLOGIE. — M. Ch. Champoisead adresse de Galatz, par l'entremise
de M. le Ministre des Affaires étrangères, le tableau suivant des prises et
des débâcles du Danube.
Tableau des prises et des débâcles du Danube à Galatz, pendant
les quarante dernières années.
Nombre de jours
Années.
Dates des prises.
Dates des débâcles.
qu'ont duré les prises
1836
i4 janvier
8 février
24 jours.
1837
7 février
28 février
22
1838
2g décembre
3 mars
65
1839
24 décembre
i3 mars
80
1840
12 janvier
2 février
21
18il
17 décembre
21 mars
94
1842
26 décembre
9 mars
74
1843
Pas de
prise.
1844
12 janvier
27 février
45
1845
28 décembre
28 janvier
25
1846
Pas de
prise.
1847
12 janvier
1 3 février
28
1848
2 janvier
1 mars
58
1849
1 janvier
22 février
52
1830
5 janvier
4 mars
58
1851
I février
25 février
24
185-2
Pas de
prise.
1833
Pas de
prise.
1854
Pas de
prise.
1855
( 29 janvier
\ 18 février
1 5 février )
26 février )
25
1856
16 décembre
27 janvier
42
( io35 )
Annoes.
1857
1838
1839
1860
1861
1862
1863
1864.
1865
1866
1867
1868
1869
1870
1871
1872
1873
1874.
1873
Dates des prises.
i4 février
5 janvier
i3 janvier
1 1 janvier
i6 décembre
7 décembre
4 janvier
3.7 décembre
i6 février
16 décembre
]
27 décembre
24 janvier
5 février
i4 février
23 décembre
I janvier
4 mars
\ 12 janvier
) 10 février
Pas de prise
Pas de prise
Nombre de jours
Dates des débâcles.
qu'ont duré les prises.
6
mars
20
i5
mars
69
1 1
février
29
27
février
46
17
mars
92
3
février
58
22
février
49
3i
9
janvier )
mars j
57
18
janvier
33
1
mars
65
12
février
'9
1
mars
23
a6
février
12
I
mars
68
Pas de prise.
60
23 février )
12 mars j
25 janvier
le Danube est encore pris à 5o centimètres
d'épaisseur le 25 mars 1875.
M. WoiLLEz demande l'ouverture d'un pli cacheté déposé par lui le
18 décembre i854, et inscrit sous le n" 1469.
Ce pli est ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel ; il contient
une Note ayant pour titre : <i De la reproduction, sur le poumon du ca-
davre, des bruits pulmonaires perçus pendant la vie par l'auscultation ».
La séance est levée à 5 heures.
D.
io36 )
BCIXETIX BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus pendant la séance dd 12 avril iS^S.
Service météorologique de i Algérie. Bulletin mensuel publié sous tes auspices
de M. le (jénéral Chanzy, gouverneur général; i" année, décembre iS^S, dé-
cembre 1874. Paris, au Secrétariat de la Société météorologique de France,
1875; in-4°, autographié. (Présenté par M. Ch. Sainte-Claire Deville.)
De l'application de la galvano-punclure au traitement des anévrismes ;
par J.-E. PÉTREQUIN. Paris, imp. Vrayet de Siircy, sans date; opus-
cule in-S".
Clinique chirurgicale de l'Hôtel-Dieu de Lyon, ou Compte rendu de la pra-
tique chirurgicale de cet hôpital pendant six armées; par J.-E. PÉTREQUIN.
Paris, J.-B. Baillière, i85o; br. in-8°.
Mémoire sur une nouvelle méthode pour guérir certains anévrismes sans opé-
ration sanglante à l'aide de la galvano-puncture ; par J.-E. PÉTREQUIN. Paris,
imp. Eain et Thunot, sans date; br. in-S".
(Ces trois derniers ouvrages sont adressés par l'auteur au Concours
Montyon, Médecine et Chirurgie, 1875.)
Sur les observations pluviométriques faites dans le sud-ouest de la France
[Aquitaine et Pyrénées), suiiout de 1861 à 1 870 ; par V. Raulin. Sans lieu ni
date; i vol. in-8°.
Mémoire sur la pulvérisation des engrais et sur les moyens d'accroître la fer-
tilité des terres; par M. Menier. Paris, Gauthier-Villars, 1875; br. in-8°.
(Extrait des Annales de Chimie et de Physique.)
R'ippoj't sur les travaux du Conseil central d'hygiène publique et de salu-
brité de la ville de Nantes et du dépar'lement de la Loire-Inférieure pendant
l'année 1 870, sidvi du Rapport sur les imdadies qui ont régné en 1 870, adressé à
M.E. Pascal. Nantes, imp. veuve Mellinet, 1871 ; in-8°.
Traité de Chimie générale élémentaire; par M. A. Cahours : Chimie or-
garnque. Leçons professées à l'École Polytechnique; 3* édition, t. III.
Paris, Gaulhier-Villars, 1875; 1 vol. in-i8.
( A suivre. )
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIEI^CES.
SÉANCE DU LUNDI 2G AVRIL 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
M. le Ministre de l'Instruction puhuque adresse l'anipliation du décret
par lequel le Président de la Répu!>!iqiie approuve l'élection de M. Bou-
qitel à la place laissée vacante, dans la Section de Gébmétrie, par la nomi-
nation de M. Berlrand aux fonctions de Secrétaire perpétuel.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Bolqi'et prend place parmi ses
confrères.
AÉROSTATION. — Sur les ascensions à grande hauteur. T.ettre de M. Faye
à M. Fremy, président de l'Académie.
« Tours, le 22 avril i8^5.
» Les paroles généreuses que vous avez, prononcées, dans la dernière
séance à laquelle j'assistais par occasion, sur le sort de ces deux victimes
dont le monde savant déplorÇ si amèrement la perte me suggèrent une
pensée que vous soumettrez à l'Académie, si vous l;i jugez vraie et oppor-
tune à la fois : c'est que l'Académie ne doit pas permettre que des hommes
énergiques, intelligents, dévoués, race précieuse et rare en tout pays et en
tout temps, à notre époque surtout, continuent à jouer leiu- existence dans
CCS ascensions à longue portée.
C.R.,|R7S, i"' S.-mrstre.Cr. I.XXX, N" J(î.) '35
( io38 )
» Déjà, par les ascensions de M. Glaisher, on pouvait soupçonner que
la nature impose une limite très-nette à notre audace, celle de la syncope
ou de l'évanoiiissemeiit, résultat fatal d'une ascension rapide où nos or-
ganes ne peuvent se préparer ni s'habituer peu à peu à l'influence de la
diminution de pression. Qu'importent alors les plus sages précautions ac-
cumulées contre le froid ou la rareté de l'oxygène, si la syncope com-
mence par déprimer et finit bientôt par annuler les facultés de l'observa-
teur? Et que peuvent valoir, près de cette limite, les observations délicates
qu'il s'agit de recueillir dans les hautes régions sur la constitution de
l'atmosphère? Par le sacrifice de leur vie, les aéronautes du Zénith
ont mis en évidence cette vérité : qu'il n'y a rien à tenter au delà d'une
limite très-rapprochée de 7000 à 8000 mètres. Je propose donc à l'Académie
de fixer, d'après cette douloureuse expérience, l'altitude extrême au delà
de laquelle, toute ascension ayant un but scientifique, serait interdite mo-
ralement et ne saurait être accueillie par notre Compagnie.
» Dans ma pensée, l'altitude extrême de 7000 mètres répond à tous les
besoins sérieux de la science actuelle. L'atmosphère s'étend à plus de
28 lieues au delà; car l'observation des étoiles filantes, dont le point
d'inflaunnation extrême se trouve vers 120 kilomètres de hauteur,
assigne une trentaine de lieues d'épaisseur à la couche aérienne qui en-
toure notre globe. Mais, de ces 3o lieues, les deux premières ont seules
de l'importance, et ce n'est pas l'exploration de i kilomètre de plus ou de
moins qui pourra influer sérieusement sur les progrès de la science. Or, ce
kilomètre de plus, c'est l'anéantissement temporaire de nos facultés etpeut-
étre la mort.
» Imaginer que, grâce à des ascensions multipliées et sagement réglées,
nous connaissions bien la loi du décroissement en hauteur des tempéra-
tures et des densités, celle de l'humidité et la variation si intéressante de
la tension électrique, la composition chimique de l'air, la succession des
courants, etc., jusqu'à 7000 ou 8000 mètresde hauteur, c'est-à-dire dans la
partie de beaucoup la plus influente de l'atmosphère, ou sera conduit à
étendre, par extrapolation, ces lois aux couches inexplorées, et dans cette
extension plus ou moins hypothétique on ne pourra éviter quelque erreur;
mais cette erreur aura d'autant moins d'influence que l'on aura mieux dé-
terminé les éléments relatifs à la dernière couche et qu'on s'y sera ménagé
la possibilité de fixer expérimentalement des données décisives pour
le reste de l'atmosphère. Je m'explique : le baromètre et le spectroscope
nous permettent de sommer, en une couche quelconque, la pression et
( 'o39 )
l'humidité de toutes les couches situées au-dessus; et l'observation des
derniers cirrhus, qui seraient invisibles en bas, donnera quelque idée des
derniers mouvements que nous puissions désirer de connaître clans l'atmo-
sphère. Mais pour ces déterminations extrêmes il importe, avant tout, que
l'observateur reste en pleine possession de ses facultés. Des observations
faites en danger de mort, ousous riininincnce d'un évanouissement, ne sau-
raient servir utilement la science.
» Pour ma part, je crois que ce nec plus ultra scienliBque, s'il était posé
par l'Académie, serait pleinement accepté par les aéronautes de tous les
pays, et surtout par les amis des sciences qui encouragent et patronnent
leurs utiles expéditions. Il restera encore bien assez de périls à affronter
pour plaire à ces âmes intrépides, pour qui le danger n'est qu'un attrait
de plus. »
ANALYSE CHIMIQUE. — Sur la reconnaissance de l'alcool ordinaire
mélangé avec l' esprit-de-bois; par M. Berthelot.
« Il est peu de problèmes de science pure, si petits qu'ils soient, qui
demeurent sans application dans la pratique des arts et de l'industrie. C'est
ainsi que la question purement théorique de l'analyse des alcools méthy-
lique et éthylique mélangés a pris, depuis une dizaine d'années, un intérêt
considérable, par suite de la présence simultanée de ces deux alcools dans
beaucoup de produits livrés au commerce. Je n'ai pas à examiner ici pour-
quoi et comment ces deux alcools, qui ne se produisent ensemble dans au-
cune réaction connue, se trouvent associés aujourd'hui si fréquemment
dans des matières commerciales; mais, en fait, il est devenu difficile de
se procurer de l'esprit-de-bois privé d'alcool ordinaire, et l'alcool ordi-
naire, à son tour, n'est pas toujours absolument exempt de toute trace d'al-
cool méthylique. Il en résulte de grandes difficultés dans la préparation
des dérivés méthyliques purs, soit pour les besoins de la science, soit pour
les besoins de certaines industries, telles que la fabrication des matières co-
lorantes. De là résultent deux problèmes d'analyse :
» 1° Reconnaître la présence de l'alcool ordinaire dans l'esprit-de-bois;
)) 2° Reconnaître la présence de l'alcool méthylique dans l'alcool or-
dinaire.
» Ce dernier problème semble résolu par la méthode élégante que
MM. Riche et Bardy ont présentée aujourd'hui à l'Académie (i); mais je
(i) Voir plus loin, p. 1056.
i35..
( 'f>/l<) )
crois utile de donner ici In solution pratique du premier problème, solution
que j'expose depuis seize ans dans mes cours, et que j'ai eu occasion de
communiquer à plusieurs chimistes, qui en ont tiré le meilleur parti (i).
Ce j)rocédé peut être appliqué fructueusement, soit à l'examen des alcools
niéthyliques du commerce, soit à l'examen des produits alcooliques mé-
langés avec l'esprit-de-bois véritable, qui pourraient être présentés à l'oc-
troi sous le nom trompeur d'esprit-de-hois.
» Le procédé est fondé sur les réactions classiques de l'alcool méthy-
lique, telles que MM. Dumas et Peligot nous les ont fait connaître : il con-
siste à chauffer le mélange suspect avec 2 fois son volume d'acide sulfu-
rique concentré. Dans ces conditions, l'alcool méthylique fournit de l'éther
méthylique gazeux, entièrement absorbable par l'eau ou par l'acide sul-
furique concentré; tandis que l'alcool ordinaire [U'odiiit de l'éthylène, gaz
presque insoluble dans l'eau et dans l'acide sulfurique concentré (au moins
par le fait d'une expérience de courte durée); au contraire, l'éthylène
peut être caractérisé et dosé en le faisant absorber par le brome.
» En opérant avec les précautions ordinaires des analyses gazeuses, on
|3eut reconnaître ainsi la présence de ralcool ordinaire dans un esprit-de-
bois, même lorsque la proportion de l'alcool ordinaire s'élève seulement à
I ou 1 centièmes. L'acétone et les in)puretés normales de l'esprit-de-bois
véritable peuvent fournir, dans les mêmes conditions, de l'acide carbo-
nique, de l'oxyde de carbone, mais non de l'éthylène (2). »
TiiEl^MODYNAMiQUE. — Du cycle fictif correspondant au fonctionnement des
machines thermiques à cjlindre ouvert, et mise en évidence de ce cycle et du
poids de substance motrice formant te corps travailleur. Note de M. A. Le-
DIEC.
« Les machines à feu peuvent ne comporter qu'un seul et même réci-
pient, renfermant un certain poids de substance motrice toujours le
même, qui, en se dilatant et en se contractant successivement, produit le
(1) Voir BuUeti?i de In Société chimique de Paris, o." série, t. XI, p. 354; '869.
(2) L'acétone donne en outre^quelques millièmes de propylcne et d'hydrure de propy-
lène [Chimie organique fondée sur la synthèse, t. I, p. 62); niais le propylène est absoil)é
j)ar l'acide sulfiiririue, et l'iiydruie de piopvlùne est insoluble dans le brome : la présence
de ces deux gaz ne saurait donc troubler la reconnaissance de l'éthylène, outre que la |)ro-
portion en est si faible qu'elle passerait inaperçue, même avec des mélanges très-riches en
acélone.
( >o4i )
mouvement de l'organe moteur. Mais ce cas est tout à fait exceptionnel, et
ne se rencontre même que dans la machine à air chaud de Sfirling.
» En principe, les machines à feu en usage dans l'industrie comportent
trois récipients distincts : la snbstance motrice s'échanffe dans le premier^
travaille dans le deuxième et va se refroidir dans le Iroisième.
» Le récipient où a lieu le travail s'appelle en général le cjtinclre.
» Le récipient où s'échaulfe la substance motrice se nonuiie le générn-
leur. Quelquefois, comme dans le premier type de machine à air chaud
d'Ericsson, le premier récipient n'est qu'un réservoir, et le cylindre où tra-
vaille la substance motrice sert en même temps de générateur. Dans tous
les cas, le troisième récipient, c'est-à-dire celui où a lieu le refroidissement,
s'appelle le réfrigérant ou le condenseur. — Dans les machines où l'évacua-
tion s'opère à l'air libre, le réfrigérant doit être considéré comme formé de
ce milieu, et dès lors comme renfermant une masse indéfinie de substance
motrice à la température et à la pression de l'atmosphère.
» Nous désignerons les machines thermiques à récipient uniijiie sous le
nom de machines à cjlindre fermé; et celles à récipients distincts, sons le
nom de machines à cylindre ouvert,
» On peut évidemment réaliser un cycle quelconque avec une machine
à cjimdre fermé. Il faut alors démontrer qu'avec une machine à cylindre
ouvert on est à iiièmc d'obtenir un fonctionnement où les choses
peuvent être ramenées au cas d'un cycle quelconque opéré dans un
cylindre fermé. En d'autres termes, bien que les machines à (jlindre
ouvert ne décrivent pas en réalité de cycle, suivant la définition stricte du
mot, il faut établir qu'elles peuvent en ré?i\\ser fictivement un quelconque.
» Au point de vue pratique, il est surtout intéressant de traiter la réci_
proque de cette question, c'est-à-dire de déterminer le cycle réel ou fictif
de toute machine thermique travaillan! dans des conditions données.
» Lorsque la machine est à cjlindre fermé, et par suite que le corps tra-
vailleur est un, le cycle est réel; et sa mise en évidence n'offre aucune diffi-
culté, comme cela se voit pour la machine de Stirling. Mais dans les
machines à cjiindre ouvert il n'en est plus ainsi. Le corps travailleur cesse
d'être un, et a son poids qui varie dans le cours d'une allée et venue du
piston. Bien plus, la température peut ne pas être la même dans toute la
masse du corps. Cela se rencontre dans les machines à air chaud avec régé-
nérateur de chaleur, où les porlions de gaz situées de jiart et d'autres de
ce dispositif possèdent des températures différentes , et cependant font
partie du corps travailleur, puisqu'elles fonctionnent simultanément. Il en
( I042 )
est de même dans les machines à vapeur qui travaillent pendant la période
d'introduction avec de la vapeur surchauffée ; caria température que pos-
sède le fluide dans le surchauffeur et le cvlindre est différente de celle qu'il
a dans le générateur; et néanmoins pendant ladite période, la masse mo-
trice comprend tout le fluide renfermé aussi bien dans la chaudière et le
surchauffeur que dans le cylindre. D'ailleurs, pour toutes les machines
dont il s'agit, lors de la période d'évacuation, la pression de la substance
motrice du cylindre est bien égale, au moins sensiblement, à celle du fluide
contenu dans le réfrigérant; mais la température des deux substances est
en général très-différente, et néanmoins c'est bien leur ensemble qui tra-
vaille pendant ladite période. Il est dès lors indispensable, pour élucider le
fonctionnement de toute machine a cjlindre ouvert, de ramener les choses
au cas d'un corps travailleur un et de température sans cesse uniforme
dans toute sa masse, fonctionnant dans une machine à cylindre fermé,
dont le cycle réel représente en définitif le cycle fictif de la machine consi-
dérée.
» Si l'on ne suit pas cette marche, il est impossible de mettre nettement en
relief les cycles des machines à feu en général, et, entre autres, d'établir
avec une évidence suffisante pourquoi l'emploi de la vapeur surchauffée
ne procure pas comme rendement calorifique ce qu'il paraît devoir donner
au premier abord. Nous verrons que cela tient à l'imperfection, pendant sa
première période, du cycle fictif correspondant au fonctionnement avec
cette vapeur.
» En tout état de cause, l'assimilation à un cycle du fonctionnement de
toute machine thermique à cylindre ouvert, en d'autres termes la détermi-
nation du cycle fictif correspondant à ce fonctionnement est en général
possible.
» Les ouvrages de Thermodynamique publiés jusqu'ici ne donnent aucun
développement ni même aucune indication sur l'importante question dont
il s'agit. Il n'est pas douteux que celte omission n'ait beaucoup contri-
bué à écarter de l'étude de cette science les praticiens, qui, n'y trouvant
aucune donnée sur les cycles fictifs des machines réelles, ne sont pas en
mesure de se rendre compte en quoi la connaissance des cycles en général
est utile, et abandonnent bien vite des livres où tout se passe pour eux
dans ini monde idéal.
» Pour mettre en évidence dans une machine thermique à cylindre ouvert
le cjc/e ^cti/ correspondant à son fonctionnement, il est nécessaire d'exa-
uûner les trois cas généraux qu'on est appelé à rencontrer dans lesappli-
( <o43 )
cations. Il faut d'ailleurs ne s'occuper que de ce qui se passe sur une
des faces du piston, en notant que, dans les machines dites à double effet,
les phénomènes analogues qui se produisent du côté de la seconde face du
piston constituent un cycle d'autant plus identique avec celui relatif à la
première face que la machine est réglée plus semblablement aux deux
bouts du cylindre.
» Le premier cas concerne toutes les machines fonctionnant avec une
vapeur saturée, sèche ou humide, et dans lesquelles l'introduction a lieu à
température constante. Le deuxième cas est relatif aux machines fonc-
tionnant avec de la vapeur surchauffée, se produisant en contact avec de
la vapeur saturée. Enfin le troisième cas se rapporte aux machines à air
ou à gaz.
» En examinant en particulier chacun de ces cas, on prouve facilementque
ledit cjc le fictif est en t^énéral représenté par le cycle réel d'une machine à
cylindre fermé, consommant la même quantité de chaleur et produisant le
même travail, tout en fonctionnant entre les mêmes limites de température.
Il faut d'abord remarquer, à cet effet, que dans la machine réelle toute la
chaleur dépensée à chaque coup de piston se trouve exclusivement em-
ployée à échauffer et à dilater, avec ou sans changement d'état, le fluide
d'alimentation, considéré à la température et à la densité qu'il possède
lors de son entrée dans le générateur ou le réservoir, et dont le poids est
évidemment égal à celui du fluide introduit dans le cylindre à chaque coup
de piston. Tout le reste de la masse fluide contenue dans ledit générateur
ou réservoir n'est en réalité qu'un stock, qui, une fois le régime de marche
établi, a sa quantité de chaleur totale demeurant constante, bien que sa
température et sa densité puissent varier, surtout pendant la période
d'introduction.
» Dès lors, le corps travailleur un de la machine idéale doit en principe
avoir pour poids celui du fluide introduit à chaque coup de piston dans le
cylindre moteur de la machine réelle; et le volume qu'il occupe au début
du cycle dans le cylindre fermé doit être égal au volume du poids du fluide
d'alimentation considéré à la densité et à la température qu'il possède lors
de son entrée dans le générateur ou le réservoir de la machine réelle. Il
suit de là incidemment que la course du piston de cette dernière machine
se trouve surpasser la course du piston de la machine idéale de la quantité
correspondant à ce volume.
» Une fois admis les points précédents communs aux trois cas susmen-
tionnés, il n'y a plus qu'à traiter le reste de la question sur chacun d'eux en
( io44 )
particulier. Cette étude peut se faire d'une manière tout ;i fait élémentaire à
l'aide des diagrammes représentatifs des Iravaux produits. C'est cette mé-
thode que nous avons suivie dans notre Traité de Thermodjnamicjue pra-
tique actuellement sous presse, et auquel nous renverrons le lecteur pour
le complément de démonstration dont il s'agit.
u Elle nous conduit, entre autres, à établir que, dans le cycle ^c/î/des
machines à vapeur surchauffée, la ligne de transformation du volume et de
la pression du corps travailleur concernant la première période du cycle,
est une ligne d'égale pression; mais cette ligne n'est isothermique que sur la
longueur qui correspond à la vaporisation dudit corps. Sur le reste de son
parcours, chaque point correspond à des températures différentes et qui
vont en augmentant. On conçoit tout de suite d'après cela qu'avec la vapeur
surchauffée, si le cycle est plus avantageux au point de vue de la limite
supérieure de température, il est au contraire désavantageux sous le rap-
port de son espèce. Il résulte de là que, somme toute, l'emploi de cette
vapeur donne peu ou point de bénéfice, y compris même les avantages
d'ordre physique inhérents à son état. »
VITICULTURE. — Sur les résultats des expériences faites par la Commission de
la maladie de la vigne dn département de i Hérault, en i8y/|. Traitement
des vignes malades. Note de M. Mares.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie l'ensemble des résultats que
la Commission de l'Hérault a obtenus en 1874 sur les vignes en expé-
rience du domaine de las Sorès.
» Au mois d'octobre dernier, au moment de la réiuiion, à Montpellier,
des Congrès internationaux de sériciculture et de viticultiue, la Commis-
sion a publié une brochure accompagnée de plans et de tableaux dans les-
quels sont résumés les résultats pratiques de ses essais. Elle les signalait
ainsi à l'attention des membres du Congrès et les invitait à venir les étu-
dier sur le teri'ain.
1) L'Académie a reçu ces brochures et ces tableaux, mais elle n'a pas en-
core eu coirununication du complément des travaux de la Commission qui
comprend cent douze applications nouvelles, parmi lesquelles figurent des
essais dont le but est de s'assurer à nouveau de l'efficacité des mélanges
de sulfure de potasse et de sulfure de chaux avec le fumier de ferme, le
guano, le sulfate d'annaoniaque, etc., de l'action du sulfure de caibone
au moyen d'emplois variés, susceptibles d'en provoquer un dégagement
( m/,,', )
lent et constant do vapeurs, à une certaine profondenr au pied des ceps.
» Le catalogue de ces expériences, accompagné des coefficicnis affectés
aux ceps conservés comme témoins et à ceux qui ont reçu un traitement
a été relevé. Il forme le cahier que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca-
démie. Elle aura donc sons les yeux l'ensemble des applications pratiques
faites à las Sorès en 18741 pour combattre le Phylloxéra.
» Ces applications, qui s'étendent à quatre parcelles successivement occu-
pées depuis l'année 1872, couvrent plus de 2 hectares, et se sont élevées,
en 1874, au nombre de aSa.
» La surface mise en expérience, en 1875, s'est encore augmentée de
■| hectare, sur lequel ont été appliqués les procédés nouveaux renvoyés à
la Commission depuis l'été de 1874.
» Les applications les plus anciennes (1872) sont celles de la vigne du
sud, au nombre de 5i : ce sont encore celles dont les résidtats sont le plus
accusés, parce qu'elles ont été plus réitérées et que la durée de leur action
sur les ceps a été plus longue.
» Viennent ensuite les essais de 1873, qui comprennent les procédés
appliqués pour la seconde fois dans la vigne sud, et ceux qui furent installés,
pour la première fois, dans la vigne nord, seconde parcelle occupée par
la Commission.
» En somme le nombre des essais s'éleva, en 1873, à i4o.
» Eu 1874, ime nouvelle vigne, celle de la Chapelle, a reçu, pour la pre-
mière fois, 112 applications. Cette vigne, encore remarquable par sa vi-
gueur, est cependant parsemée de Phylloxéras à peu près partout, et des
points d'attaque commencent à s'y dessiner principalement dans les par-
ties basses.
» La. maladie ne l'a pas encore assez affaiblie pour que les applications
de 1874 soient suivies de résultats comparatifs bien saillants, et elle a donné
dans toutes ses parties une récolte considérable. Les effets des traitements
ne deviendront guère apparents qu'en 1870, après la seconde application
faite pendant l'hiver d'où nous sortons.
» Dans le Plantier du Pin, les essais les plus variés de sulfure de carbone,
que j'ai mentionnés plus haut, ont tous échoué, et les ceps traités y sont
morts en grand nombre.
» Ce travail considérable a été fait, comme précédemment, par MM. Du-
rand et Jeaiinenot, professeurs à l'École d'Agriculture de Monti)ellicr. Les
mêmes méthodes ont été suivies en 1872, 1873, 1874, ce qui permet d'a-
voir des résultats comparables; niais, à mesure que les applications s'éten-
C.R., l87f), l'-r Srmescre. (T. LXXX, N» l(i.) • ^^
( >o46 )
dent, le travail augmente, les difficultés s'accroissent, et il a fallu aux deux
secrétaires de la Commission de nouveaux efforts pour mener à bien une
enlreprise aussi longue et aussi difficile.
» Les résultats de l'année 1874 ont été formulés parla Commission ainsi
qu'il suit :
<i Reprenant et complétant les termes dont elle s'est servie en 1878, la Commission se
croit autorisée à déduire des résultats obtenus en 1874 T'c» sans faire disparaître le Phyl-
loxéra, les mélanges d'engrais riches en potasse et en matière azotée, surtout quand certains
d'entre eux présentent des propriétés insecticides, tels que les mélanges dans lesquels entrent
les sidfures alcalins et terreux, les sels d'été des salines, la suie, les cendres végétales, l'am-
moniaque, la chaux, ont produit de bons effets sur les vignes malades, en activant leur végé-
tation, en auguientant leur production et en |jermettanl à leur fructification de s'accomplir. »
» L'Académie a certainement apprécié déjà l'importance de ces con-
clusions ; qu'elle me permette de les accompagner de quelques considé-
rations :
1) Les expériences de 1874 placent la question du Phylloxéra sur un
terrain nouveau^ en mettant eiî évidence que des vignes malades, dont la
végétation et la fructification étaient fort affaiblies, et qui auraient péri
si on les eût abandonnées à elles-mêmes, ainsi que cela résulte du détail
des expériences, ont pu se reconstituer sous l'influence de traitements re-
nouvelés pendant deux ou trois années consécutives, et malgré la présence
du Phylloxéra qui n'a pas disparu.
» En admettant qu'on ne puisse pas parvenir à exterminer le Phyllo-
xéra, à en empêcher la propagation, problème dont la solution est encore
à l'étude et dont il ne faut pas désespérer, les résultats obtenus par la Com-
mission permettent avec raison d'espérer qu'on finira par trouver le
moyen de vivre avec ce nouvel ennemi de la vigne, comme on vit avec
l'oïdium, et qu'on poiu-ra résoudre ainsi la question si grave de la conser-
vation de notre viticulture.
» C'est, à mes yeux, le fait le plus important qui résulte des expé-
riences faites en 1874 par la Commission, sur les vignes phylloxérées;
mais elles ont encore lai caractère qui mérite d'être signalé, celui d'avoir
mis en évidence jusqu'à présent, par une série d'applications comparatives
des plus variées, faites en plein vignoble pendant plusieurs années, sur des
vignes malades, les moyens par lesquels on peut combattre les ravages du
Phylloxéra. Elles visent moins à l'invention qu'à l'indication d'un en-
semble de moyens rationnels qu'on peut réaliser par une toule de procé-
dés différents. C'est ainsi qu'elles démontrent que, pour réussir à com-
battre la maladie de la vigne, plusieurs conditions sont nécessaires, telles
( 'o47 )
que l'emploi d'engrais appropriés, la continuité et la durée d'action fies
Iraitements, l'utilité de l'intervention de certains agents qu'on trouve tou-
jours au premier rang, dans les procédés les plus efficaces, tels que la po-
tasse, le soufre, les composés azoti's ammoniacaux. Aussi ces expériences
sont-elles devenues le point de départ d'une foule d'inventions proposées
pour combattre le Phylloxéra.
» Si je rapproche les résultats obtenus à las Sorès des recherches que
je poursuis depuis plusieurs années, je trouve, dans les procédés qui ont
donné les meilleurs résultats, une réaction fondamentale qui paniit les
relier par un caractère commun, et qui peut jeter un jour tout particulier
sur les questions d'application pratique et économique : c'est le dégage-
ment prolongé, pour ainsi dire constant, pendant la période de végétation
de la vigne, de carbonate d'ammoniaque ou de carbonate et de suif hydrate
d'ammoniaque.
» Exemples :
» Le mélange de fumier de ferme, de cendres végétales, de sel am-
moniac;
» Le même mélange, dans lequel la chaux remplace le sel annnoniao;
M La suie, qui renferme toujours des cendres riches en carbonate de po-
tasse et des sels ammoniacaux;
» Le sulfin-e de potasse mélangé aux urines on au purin de (uuiier;
" Les urines putréfiées employées seules;
» Le mélange de sels d'été des salines sulfatisés, de tourteaux de colza,
de sulfate de fer, répandus sur un sol très-calcaire;
). Les mélanges de carbonate de potasse ou de sulfure de potasse, ou
de marcs de soude (sulfure de chaux) avec le sulfate d'aiiunoniaque, le
guano du Pérou, le fumier de ferme.
» D'un autre côté, si l'on prend du marc de soude, du sulfure de po-
tasse, des cendres végétales ou du salin de potasse, et qu'on les mélange
avec du fumier de ferme, du guano du Pérou, du sulfate d'ammoniaque,
en les tenant légèrement humectés, ces mélanges donnent lieu, à l'air libre,
à un dégagement continu de carbonate et de sulfhydrate d'anunoniaque.
Plusieurs d'entre eux, que j'ai en expérience depuis plus de six semaines,
ne cessent de répandre des vapeurs ammoniacales, et en répandront long-
temps encore.
» En 1873 et 187/1, '^'^ iriélanges tjtu^ je signale, appliqués en grande cul-
ture, soit chez M. Léon M.irès, soit chez moi-même, dans des terrains très-
variés, ont don né d'incon test ables-résul ta ts au point de vue delà cous(r va tion
des vignes. Sans vouloir ei! tirer encore des conclusions qui pourraient être
i36.
( 1048 )
prématurées, j'en trouve la confirmation dans des expériences que j'ai
commencées depuis deux ans, sur des ceps plantés dans des vases de di-
verses dimensions, depuis ceux d'une capacité de lo litres jusqu'à ceux de
1 lo litres environ. J'observe que, dans ces vases, les sujets phylloxérés par
un morceau de racine garni d'insectes et enterrés au collet de la vigne se
couvrent de Phylloxéras et finissent par se rabougrir ; que cet effet d'infec-
tion est beaucoup plus rapide dans les petits vases que dans les grands;
que les ceps résistent beaucoup mieux dans les grands que dans les autres;
que dans les petits vases un des sujets pris pour point de comparaison et
abandonné à lui-même est mort en avril i 8j5, sans pouvoir pousser, après
avoir végété passablement en 1873,6! assez misérablement en 1874; que
dans les autres vases, traités séparément, en mars 1874, par du sulfure de
potasse, du sulfate de potasse, du carbonate de potasse, par un mélange de
sulfure de potasse et de sulfate d'ammoniaque, les uns et les autres à raison
de 20 grammes par vase, et additionnés de fumier, la végétation est devenue
|)ius forte en 1874, tout en restant encore plus faible que d;ins les vases
non infestés gardés comme témoins; que le début de la végétation, en
1875, s'annonce dans les vases Iraités, avec une force et une vigueur si re-
marquables, que je ne doute pas du rétablissement des vignes phylloxérées
et très-infestées qui y sont plantées.
» Ces expériences, l'une dans le laboratoire sur les agents employés,
l'autre sur des sujets infestés soit en pleine vigne, soit confinés dans un
petit volume de ferre, me paraissent démonstratives en se corroborant réci-
proquement.
» L'emploi des sidfocarbonates alcalins au moyen desquels on réussit à
faire périr le Phylloxéra dans les profondeurs du sol, combiné avec celui
des engrais potassiques, ammoniacaux et sulfurés, dont l'action favorable
sur la vigne est si bien constatée, me paraît de nature à assurer la solution
du problème de la maladie de la vigne.
» De nombreuses expériences faites dans la voie que je signale auront
lieu en 1H75, et tout porte à espérer qu'elles feront faire un pas décisif à la
question. »
VITICULTURE. — Note sur l'emploi des suljocarbonales alcalins
contre le Phjlloxera; par M. Dumas.
« Après la Communication de M. Henri Mares, notre savant Corres-
pondant, et comme complément de sa pensée, je prie l'Académie de me
permettre un court exposé des résultats obtenus à Cognac et de leurs
consé(]uences.
( 'o4e )
« Les observations et les expériences etfectuées dans le cours de l'année
dernière, à la station viticole de Cognac, avaient conduit M. le professeur
Mouillefert, délégué de l'Académie, à la conclusion suivante, au sujet des
sulfocarhonates dont j'avais signalé l'efficacité contre le Phylloxéra :
« Les sulfocnrbonates alcalins sont [es substances les plus énergiques contre le
» Phylloxéra qui aient été' proposées jusqu'ici, et méritent, par conséquent,
» la plus grande attention des personnes intéressées cm rétablissement de nos
» vignes. »
» Lorsque j'ai proposé l'emploi de ces sels, je m'étais assuré que les
substances minérales ou organiques qu'ils peuvent rencontrer dans le sol
n'agissaient pas sur eux, que l'acide carbonique les décomposait en don-
nant naissance à un dégagement d'acide sulfhydrique et de sulfure de car-
bone vénéneux pour l'insecte ; que tout animal placé dans le voisinage de
ces sels solides ou dissous ne tardait point à périr; enfin, que leur dissolu-
tion suffisamment affaiblie n'agissait pas sensiblement sur des plantes dont
les racines en étaient baignées.
» Des expériences variées soit au laboratoire, soit sur des ceps pris au
milieu des vignes de grande culture, effectuées à la station de Cognac par
les soins de M. Mouillefert et de M. Max. Cornu, ayant démontré que les
dissolutions de sulfocarhonates alcalins tuent le Phylloxéra, sans nuire à la
vigne, j'ai fait poursuivre la fabrication en grand de ces sels par divers
manufacturiers. Tandis qu'on les employait sur une large échelle à Cognac,
j'ai fait essayer leur application sur les vignes malades dans diverses loca-
lités.
» La saison étant favorable pour tenter l'effet de ces sels, qu'il convieiit
de mettre en usage au printemps ou à l'automne, il paraît utile d'appeler
en ce moment sur eux l'attention des vignerons. L'emploi qui en a été fait
établit que la vigne n'en souffre pas et que sa végétation en est au con-
traire activée. Le Phylloxéra dispai-aît partout où la solution de sul-
focarbonate a pu pénétrer. Le.^ pluies favorisent cette pénétration, le
sel étant soluble et sa solution plus dense que l'eau. L'expérience prouve
d'ailleurs que les sulfocarhonates alcalins peuvent séjourner plusieurs
semaines dans le sol sans être détruits et qu'ils peuvent attendre,
en conséquence , qu'une pluie favorable vienne les délayer et les
porter au contact des r.icines phylloxérées ou du moins à leur proxi-
mité.
» Les sulfocarhonates n'étant pas des sels commerciaux, il a été né-
cessaire d'en provoquer la lahricaliou. Leur prix est donc encore plus
( io5o )
élevé qu'il ne le sera lorsqu'ils deviendront l'objet d'un commerce im-
portant, comme ils pourront l'être i)lus tard. Toutefois, en raison de leur
extrême énergie, il en faul si ])eu pour agir efficacement, qu'on doit, dès
à présent, considérer leur application comme ayant un caractère vérita-
blement pratique.
» En effet, s'il s'agit de circonscrire et d'arrêter les progrès du Phylloxéra
dans un pays où il vient de faire sa première apparition, il suffira de traiter
quelques centaines de ceps, constituant la première tache et ses alentours.
Il est certain que, pour des circonstances de cette nature, et en s'y pre-
nant à temps, la dépense ne peut pas dépasser loo francs pour le sulfocar-
bonate, et que la main-d'œuvre nécessaire pour en faire l'application reste
absolument insignifiante.
» S'il s'agit de renouveler une plantation de vignes dans une contrée en
proie au Phylloxéra, il sera absolument nécessaire de faire au moins deux
applications de sulfocarbonate par an, l'une au printemps, l'autre à l'au-
tomne; mais la faible extension des racines, pendant les trois premières
années, rend si faible la quantité de sulfocarbonate nécessaire pour les at-
teindre toutes, que la dépense s'élèverait à peine à 5o ou 60 francs par
hectare pour la première année, tout au plus au double pour la deuxième,
et au triple pour la troisième, donnant une moyenne de 100 à 120 francs
par hectare, jusqu'au moment où la vigne commence à produire.
» A l'égard des vignes âgées, généralement atteintes et placées dans un
pays infesté, il n'y a pas lieu de leur faire subir un traitement assez éner-
gique pour tuer tous les Phylloxéras ; ce serait une dépense inutile, puisque
les vignes voisines rendraient bientôt leur mal aux ceps momentanément
guéris. Il faut donc se contenter de faire vivre la vigne en présence de son
ennemi, jusqu'à ce que par une action d'ensemble, croissant chaque an-
née, on ait purgé toute la contrée. La marche à suivre, absolument con-
forme d'ailleurs à celle que conseille le Comice de l'Hérault, consiste à
marier l'emploi des fumures à celui du poison. Dans ces conditions, on peut
considérer comme nécessaire et suffisante une dépense en sulfocarbonate
qui atteindra, au plus, de 100 à i 5o francs par hectare. Quant à la main-
d'œuvre, elle sera presque nulle, puisqu'il y aura tout avantage à appliquer
le sulfocarbonate en même temps que le fumier, c'est-à-dire à verser le
sulfocarbonate au fond du trou autour ilu cep et le fumier par-dessus,
dès que l'absorption du sulfocarbonate par le sol sera complète. Si, au lieu
d'exagérer la dose de fumier ou d'engrais, comme on est forcé de le fidrc,
quand on compte sur lui seul pour faire équilibre à l'action des Phylloxéras,
on détruit une grande partie de ces derniers par le sulfocarbonate, on arri-
( io5i )
vera à une véritable économie, la quantité de fumier ou d'engrais à cui-
ployer pouvant être singulièrement réduite.
» Dans le cas dont il s'agit, l'indication à observer consiste donc à faire
usage à la fois d'engrais suffisants et d'insecticides sûrs. Parmi les en-
grais, chacun devra choisir selon les circonstances et les ressources locales.
Parmi les insecticides, l'expérience signale, comme les plus énergiques, le
coaltar et les sulfocarbonafes dont il s'agit en ce moment,
» Les principes exposés dans cette Note, déjà développés dans des
publications antérieures de la Commission du Phylloxéra, commencent à
être compris et appréciés par les propriétaires de vignes. C'est à eux qu'il
appartient de leur donner les perfectionnements pratiques dont ils sont
susceptibles; mais les expériences et les applications déjà réalisées ayant
démontré que les vignes traitées à l'automne se comportent très-bien en
ce moment, on peut regarder les effets des sulfocarbonates comme suffisam-
ment démontrés, au double point de vue de leur innocuité pour la vigne
et de leur action toxique sur le Phylloxéra.
» Les premières expériences à ce sujet datent de plus de deux ans. On
ne s'est donc pas pressé de conclure. On a d'abord fait usage du sulfo-
carbonate de potassium, et l'on a essayé ensuite comparativement le sulfo-
carbonate de sodium, qui jouit de la même activité et qui est même plus
efficace à poids égal, tout en coiitant moins cher. On a déjà mis en expé-
rience près de 3ooo kilogrammes de ces deux sels.
)) Aujourd'hui, on est en droit d'affirmer que les sulfocarbonates alca-
lins constituent un poison sûr contre le Phylloxéra; qu'ils n'exercent pas
d'action nuisible sur la vigne; que leur application n'est pas assez coû-
teuse pour que le vigneron ne puisse y avoir recours, même dans les cas
presque désespérés, et qu'elle peut se montrer entièrement efficace avec
une dépense sans importance, lorsqu'on opère au début de la maladie ou
pour la préservation des jeunes plants. »
» La présence du IMiylloxera détermine dans la vigne un état maladif,
dont les analyses de M. Boutin et les miennes ont donné la mesure; il im-
porte donc, conformément aux conclusions du Comice de l'Hérault, d'as-
socier à l'emploi des sulfocarbonates ou d'un autre insecticide sûr, celui
des engrais convenablement choisis. »
NAVIGATION. — Sur tes mélhodes à employer pour le maintien des ports.
Noie de M. Fkkd. de Lesseps.
« L'Académie des Sciences a reçu de plusieurs officiers supérieurs de
la iMarine italienne, entre autres de M. le capitaine de vaisseau Cialdi, des
( io52 )
Mémoires intéressants sur les méthodes à employer pour le maintien des
ports et particulièrement d'un i)orl de récente création, celui de Port-Saïd.
» Je crois le moment venu de faire part à l'Académie de mes observa-
tions sur les questions qui lui ont été soumises.
1) M. Alexandre Layalley, en prenant cette année la présidence de la
Société des Ingénieurs civils, a fait un historique de la transformation et
des perfectionnements récents de la marine commerciale; il a ensuite
exposé l'état d'infériorité relative où se trouvent la plupart de nos ports de
mer et leur insuffisance pour recevoir ces grands paquebots et ces trans-
ports gigantesques qui tendent à monopoliser le commerce au long cours.
» Cet éminent ingénieur s'est exprimé ainsi :
n Depuis longtemps le peu de profondeur des passes de nos ports, l'ensablement de leurs
entrées, excitaient les plaintes du coniiiiercc maritime. Ces jilainles sont devenues plus vives,
l'état est ap|>aiu plus grave depuis que les bâtiments ont considérablement augmenté leur
longueur et leur tonnage pour transporter plus économiquement, et ont acquis un tirant
d'eau inusité jusqu'à ces dernières années.
» Moins favorablement situés que ceux d'autres pays, presque tous nos ports de com-
merce sont ouverts sur des plages de sable ou de galets, à l'embouchure des rivières dont
le delta s'accroît sans cesse en obstruant l'entrée des ports.
» Le sable, les galets soulevés par les lames sont transportés par les courants parallèle-
ment au rivage; ils se déposent là où il y a ralentissement de vitesse, dans les anses, les
baies, les embouchures des rivières, aux apports desquelles ils s'ajoutent.
» Sur quelques points les travaux f;ùts pour améliorer la navigation, dans le coiu'S infé-
rieur des rivières, ont aggravé la situation des ports situés à l'embouchure.
» Ces rivières endiguées ne reçoivent plus, quand la mer monte, d'aussi grandes quan-
tités d'eau, et, quand la mer baisse, il ne s'écoule plus la masse d'eau qui, avant l'cndigue-
ment, agissait comme chasse et déblayait l'embouchure.
» On peut en dire autant de ceux de nos ports à marée qui autrefois, dans leur état
naturel, étaient déblayés, en descendant, par l'énorme quantité d'eau qui, à mer haute,
avait rempli les vallées et les dépressions dans lesquelles presque tous sont situés. Peu à
peu la profondeur de ces bassins naturels s'est réduite; leurs bords ont été resserrés par la
main de l'homme pour faire place à des constructions. Les chasses ont été ainsi affaiblies
peu à peu; la profondeur et la largeur des chenaux ont diminué, leur section se mettant
nécessairement en rapport avec la quantité d'eau qui les balaye pendant le jusant.
» Telle est sans doute une des causes qui ont concouru à faire disparaître queicpies-uns
de nos anciens ports, à diminuer, pour tous, la profondeur du chenal d'accès. Sur plu-
sieurs points l'ingénieur est venu rétablir, du moins en partie, les bassins; mais l'expé-
rience paraît démontrer que les moyens employés jusqu'ici pour combattre le mal sont in-
suffisants, puisque ce mal s'accroît sur beaucoup de points. Ils le sont d'autant plus qu'il
ne s'agit plus seulement d'entretenir la profondeur des chenaux, mais encore de l'aug-
menter. »
» Après cet exposé, M. Lavalley se demande si, pour donner à l'entrée
( io53 )
de nos ports la profondeur que réclame la nouvelle marine, il n'y a pas
d'autre moyen que de créer de nouveaux bassins de chasse, constructions
dispendieuses et longues à établir, ou, sur certains points, de diriger les
courants naturels par des jetées submersibles ou non; enfin, s'il ne con-
viendrait pas mieux, en présence des grosses sommes qu'exigent ces tra-
vaux d'art et de leur insuffisance, de draguer tout simplement les matières
que les courants et les lames apportent.
» Les dragues à vapeur et à godets, qui ont déjà servi à creuser ou à
curer l'intérieur des ports et des bassins, ne pourraient-elles pas, avec cer-
taines modifications, être employées dans des conditions suffisamment
économiques et d'une manière plus efficace que les bassins de chasse à
l'approfondissement des passes et à leur entrelien permanent?
n L'expérience, ajoute-t-il, prouvera peut-être qu'à moindres frais ces engins méca-
niques peuvent tenir lieu de constructions fort dispendieuses et dont le succès est toujours
incertain. »
» Telle est la question posée : j'ai cru devoir la soumettre à l'Académie
dans tous ses développements, vu son importance pour notre commerce,
pour les finances de l'État et des départements qui sont prêts à s'imposer
de lourds sacrifices, afin de donner ou de rendre à nos ports la prospé-
rité qui est près de les abandonner.
» Cette expérience de dragage, nous avons commencé à la faire, à titre
d'essai, à l'embouchure du chenal d'entrée de Port-Saïd, tète du canal de
Suez, et ma Communication a principalement pour but de vous rendre
compte des résultats de notre expérience.
» Le chenal d'entrée de Pord-Saïd, ouvert dans une plage sablonneuse
et protégé par deux jetées, se trouve précisément dans la situation des
entrées de nos ports qui ont à lutter contre les sables ou les galets, avec
cette seule différence que, le long de la côte du golfe de Péluse où il est
situé, les courants et par suite les apports sont presque toujours dirigés
dans le même sens, de l'ouest vers l'est, sous l'impulsion du grand courant
littoral méditerranéen et sous celle des vents doiuinants.
» En raison de cette situation, le chenal de Port-Saïd, qui d'ailleurs
n'est pas situé à l'embouchure d'un fleuve et ne subit que l'influence d'inie
marée de 3o centimètres, a été principalement défendu du coté ouest par
une jetée plus longue et plus forte que celle de l'est.
» Les ingénieurs de notre Commission scientifique internationale de i856
avaient décidé que cette jetée, d'une longueur de 3ooo mètres, formée de
blocs artificiels de mortier de sable, d'un volume de lo mètres cubes,
atteindrait les fonds de 9 mènes.
C. R., 1K75, 1'^ Semestre. (T. LXXX, ti" 16.) * ''9
( io54 )
M En exécutant leur projet, jusqu'à une distance de 25oo mètres, nous
savions qu'au bout d'un certain temps une partie des sables accumulés
dans l'angle formé par la jetée et le rivage pourrait cheminer le long de
la jetée, tourner le musoir et se déposer dans les eaux plus calmes de l'in-
térieur du chenal.
)) Pour obvier à ce résultai prévu, il fallait, à un moment donné, allon-
ger la jetée ou enlever les apports. Le moment d'adopter l'un des deux
systèmes était arrivé. Après un mùr examen, et tout en nous préparant à
augmenter la jetée de l'ouest, dont le prolongement entre dans nos devis
éventuels pour une somme importante, nous avons d'abord essayé le dra-
gage, regardé par quelques-uns de nos ingénieurs comme pouvant actuelle-
ment suffire au maintien de l'équilibre à l'entrée du chenal.
» Sur une côte plate et à peine déclive, comme celle du delta du Nil,
le long de laquelle les courants acquièrent, par les jours de tempête, une
grande intensité, les apports remués par les brisants et les limons plus
légers tenus en suspension voyagent en suivant toutes les sinuosités que les
accidents de la plage font prendre à ces courants.
)) Avec un vent légèrement frais, la vitesse du courant à l'extrémité de
la grande jetée de Port-Saïd atteint facilement 2 kilomètres à l'heure, et,
lorsqu'd se produit une tempête pendant deux ou trois jours, la vitesse
dépasse 6 kilomètres.
» On comprend facilement que la masse liquide en mouvement, ren-
contrant la jetée et se trouvant rétrécie par elle, acquière une plus grande
vitesse au musoir; puis, s'épanouissant après cet obstacle et formant des
remous dans la zone abritée par la jetée, y laisse s'arrêter ou se déposer une
partie des alluvions qui avaient pu être entrahiées jusque-là.
" Afin d'obtenir renlèvemeut de pareils a[)ports, dont la formation ten-
dait à réduire les profondeurs nécessaires en tète du chenal, nous avons
résolu d'appliquer les dragages directs, employés habituellement dans des
eaux intérieures, et nous avons commandé un engin destuié à fonctionner
au milieu de l'agitation des vagues.
» Une puissante drague, à formes marines, construite en 1873, au prix
de 700000 francs, par les forges et chantiers de la Méditerranée, a été pla-
cée, au mois de septembre de la même année, à l'embouchure du chenal
d'entrée et a creusé, en dehors des jetées, en prolongement de ce chenal,
une fouille d'environ 800 mètres de longueur sur 200 mètres de largeur, et
d'une profondeur maxima de i™,5o. C'était, croyons-nous, la première fois
qu'un semblable travail était exécuté en dehors de tout abri, et il y avait
( io55 )
lieu d'espérer que, si cette fouille venait à être remblayée en partie sous
l'action de la mer, elle le serait aussi aux dépens des régions environnantes.
» L'expérience a confirmé nos prévisions; les fonds de l'entrée entre
les deux jetées se sont trouvés égalisés après les gros temps de l'hiver, en
laissant subsister une vaste dépression d'une profondeur d'eau encore supé-
rieure à la i^rofondeur primitive qui existait avant le dragage; c'est-à-dire
que c'était la substance même des fonds de la rade environnant la fouille
qui avait contribué, pour la majeure partie, à la combler et à niveler le
terrain, eu laissant, par suite, une plus grande profondeur d'eau dans toute
cette région, comme effet utile définitif du travail de la drague.
» Notre drague, en huit mois de marche environ, avait donc créé une
sorte de réservoir d'une capacité suffisante pour emmagasiner non-seule-
ment la quantité de sables entraînés par les courants au musoir de la jetée,
et qui auraient exhaussé la barre, mais encore une certaine proportion des
matières environnantes antérieurement fixées.
» Si cette expérience, dont les résultais seront successivement constatés
avec un grand soin, continue à réussir, elle démontrera la possibilité d'en-
tretenir, dans un état constant d'équilibre, l'embouchure des ports placés
dans les mêmes conditions que Port-Saïd et d'augmenter leur profondeur
sans difficultés sérieuses.
» Les dragages doivent être évidemment renouvelés tous les ans ; mais
ils ne paraissent pas avoir l'importance qu'on aurait pu craindre. En effet,
mal^^ré les conditions généralement considérées comme défavorables dans
lesquelles se trouve filacé Port-Saïd, nous estimons que, chaque année,
cinq à six mois au plus de travail de notre drague marine suffiront à main-
tenir la rade en état d'équilibre et à assurer d'une manière continue les
profondeurs nécessaires à la navigation. Ce travail correspond à un déblai
d'environ looooo à iSoooo mètres cubes et n'entraîne pas une dépense
annuelle de plus de 200000 francs, le cube extrait étant revenu en moyenne
à i^', 40 le mètre et pouvant atteindre 2 francs, en y comprenant l'amortis-
sement du matériel.
» Dans nos ports de France, plus favorablement situés et à l'embouchure
desquels les apports sont bien moins considérables, la dépense serait évi-
demment moins élevée et resterait dans tous les cas très-inférieure à ce que
coûtent en intérêts du capital de construction, entretien et surveillance, les
travaux d'art, bassins de chasse ou autres, érigés pour déblayer les passes.
» Il y a lieu de considérer, en outre, que le système de déblais par dra-
gages ne peut jamais compromettre l'avenir d'un port, comme pourraient
.37..
( io56 )
le faire des conslriiclions maritimes étendues venant modifier profondé-
ment le régime de sa plage. Les dragages paraissent devoir permettre de
limiter la longueur des jetées à celle qui est strictement nécessaire pour
protéger le chenal ouvert artificiellement à travers la plage.
» Quant aux conditions auxquelles doit satisfaire une drague marine,
elles sont naturellement indiquées par les épreuves qu'elle a à subir de la
mer: un tel engin doit avoir beaucoup de stabilité, des organes très-
robustes, une coque à formes marines tout à fait différentes de celles qui
fonctionnent habituellement dans des eaux tranquilles, deux hélices mues
par des machines indépendantes, qui permettent à l'appareil d'évoluer
facilement et de rentrer rapidement dans le port en cas de tempête; enfin
son échelle à godets doit être suffisamment inclinée en travail pour que les
mouvements verticaux de levée et de descente que les lames impriment à
la coque n'occasionnent pas de chocs dans les points d'attache de cette
élinde.
» La question de l'emploi de dragues à vapeur puissantes et perfection-
nées pour l'amélioration de nos ports ne pouvait pas échapper à l'atten-
tion d'un Ministre des Travaux publics aussi éclairé et aussi compétent que
M. Caillaux. J'apprends que ce système va être appliqué au port de l)un-
kerque.
» L'exemple de ce qui est expérimenté à Port-Saïd |)ourra être utile-
ment consulté : c'est dans ce but que je me suis permis d'en entretenir
l'Académie des Sciences. »
ZOOLOGIE. — Noie accompagnant la présentation du 3* volume des « Archives
de Zoologie expérimentale » ; par M. de Lacaze-Buthiers.
« L'Académie a bien voidu accepter, il y a quelque temps, les deux
premiers volumes de mes archives de Zoologie expérimentale : je la prie
aujourd'hui de recevoir le troisième.
» Ce volume renferme de longues Monographies et des Notes sur diffé-
rents sujets; les travaux faits dans mon laboratoire de Roscoff s'y trouvent
naturellement réunis ; mais, comme il a paru en grande partie en 1874, les
rechei'ches faites dans la campagne dernière ne s'y trouvent pas : elles seront
dans le 4''volume, dont le premier numéro est sous presse.
» Je n'appellerai l'attention de l'Académie que sur une observation qui
m'est personnelle, ayant encore à présenter deux travaux faits dans mon
laboratoire par deux naturalistes, MM. Perrier et Villot, qui ont recueilli
{ io57 )
beaucoup d'observations à Roscoff, et qui sont dans la meilleure voie des
études zoologiques.
» J'ai déjà eu l'iionnenr d'entretenir l'Académie de l'une des espèces
d'Ascidies simples qui a été l'objet de longues études de ma part, et qui m'a
fourni des observations bien curieuses : je veux parler d'une Molgulide qui
vit dans le sable, en quantité prodigieuse, à Roscoff, dans les parages des
Roches Rolea et Carec-ar-Bleis de Per'haridi. Aux mois de juillet et août, il
est des points où, plongeant au hasard les mains dans ces grèves assez
meubles pour le permettre dans les points indiqués, on rapporte autant
d'individus qu'on en peut saisir. L'animal ressendjle à un petit œuf de
sable et vit libre et enfoui dans la plage.
» Trois années de suite, n'étant dans la localité qu'en passant, j'avais vu,
après de forts coups de vent de l'est et une mer franchement établie dans
cette direction, la Molgulide disparaître brusquement, et cela d'une grande
marée à l'autre. J'avais conclu d'abord qu'elle était entraînée par les mou-
vements de la lame et les courants vers les grandes profondeurs : la conclu-
sion était naturelle, et, malgré quelques objections que je me faisais à moi-
même, j'en étais encore à cette opinion lorsque le laboratoire a été créé ; j'ai
voulu la vérifier, et j'ai fait des dragages : je n'ai rien trouvé; j'ai alors suivi
l'animal d'une manière assidue et continuelle.
)) La larve n'est point vagabonde : en sortant de l'œuf, elle s'attache atout;
sa mère vivant dans le sable la rejette à la surface de la grève, et elle, qui
n'est pas aussi grosse qu'une petite tête d'épingle, s'attache et reste ainsi
sur le lieu de sa naissance. La mère meurt et disparait brusquement vers la
fin d'aoï'it et le commencement de septembre : c'est une destruction géné-
rale, on ne la retrouve plus dans les localités où quelque temps auparavant
elle abondait.
» Vers le milieu de marsdecetteannée,en arrivantà Roscoff, j'ai recherché
laMolgidide; je l'ai trouvée en nombre immense sur les grèves, mais imper-
ceptible et grosse à peine comme une tète d'épingle. L'animal est transparent
et délicat, on ne le voit pas quand on le cherche ; il faut découvrir et
recueillir les grains de sable au nombre de deux, trois ou quatre, qui parais-
saient unis. En plaçant ces petitesagglomérations dans l'acide chromique, on
voit bientôt apparaître les tissus du jeune et très-petit animal.
» Déjà, Tannée dernière, au mois de septembre, la Molgulide avait,
comme les cinq ou six années précédentes, disparu ; à l'une des grandes
marées du mois d'octobre, pendant mon absence, M. Villot, attaché au la-
boratoire, avait sia- ma recommandation fait rechercher les jeunes em-
( io58 )
bryons venant de la ponte de juillet, et le marin Charles Marty, garçon de
JMboratoire, avait fort intelligemment découvert et recueilli, comme il le
faisait avec moi ce mois de mars, des embryons qu'on ne reconnaît qu'à
l'accolement de quelques grains de sable.
» Je n'ai désiré signaler ce faitque pour en tirer un enseignement et mon-
trer combien sont utiles les études longuement poursuivies, aidées par la
méthode expérimentale et con)bieii on doit juger souvent avec trop de rapi-
dité de la répartition géographique des animaux dans des voyages rapides,
dans des observations faites en courant, ou dans l'examen de collections
étudiées par des hommes qui ne sortent pas de leur cabinet; combien il
doit y avoir d'êtres dans les mêmes conditions que celui dont il est ici
question.
» Sûrement, si l'étude de notre Molgulide n'avait été aussi longuement,
aussi assidûment suivie, on n'aurait pu se douter de ce fait biologique qui
ne se rencontre pas chez beaucoup d'autres espèces d'Ascidies, même fort
voisines, et jamais, à coup sûr, on n'aurait songé à chercher des Ascidies
aussi petites dans de vastes étendues de grève. Cela est si vrai que les
embryons d'une autre Molgulide jouissant du même caractère si remar-
quable, que j'ai découvert (absence de queue), étudiés isolément et sans
avoir été suivis suffisamment, ont été considérés comme des œufs agglu-
tinés entre eux par une substance muqueuse, ainsi que cela se voit chez les
Gastéropodes. C'est la tunique même de l'embryon qui a été prise pour
une mucosité.
» Sans un laboratoire permanent où les observations peuvent se conti-
nuer dans les meilleures conditions et se poursuivre longtemps , on ne
peut arriver qu'à des notions isolées, utiles sans doute, mais ne pouvant
plus suffire aujourd'hui. C'est en cela que le laboratoire de Zoologie
expérimentale deBoscoff est appelé, je l'espère, à rendre de vrais services
à la Zoologie française.
» Je ne puis terminer sans saisir cette occasion de remercier notre illustre
Secrétaire perpétuel, M. Dumas, qui a bien voulu se faire mon interprète
auprès de notre Commission administrative que je remercie de même, et
a obtenu que la collection com|)lète des Comptes rendus de i /icadémie des
Sciences soit donnée au laboratoire de Roscoff : ce sera là une i-essonrce
précieuse pour nos études, et tous mes collaborateurs se joindront à moi
pour exprimer leiu- vive reconna!s.sance à TAcadémie qui leur aura fourni
un si précieux moyen de recherches bibliogra|)liiques. »
( loSg )
i\I. Daitbhée rappelle que clans la séance précédente, en signalant la
cliiite de poussière récemment observée en Norwége et en Suède, il avait
supposé, d'après un exauien minéralogique, que cette poussière provenait
d'une éruption volcanique d'Islande. Aujourd'hui même, certains jour-
naux français (t) apprennent, en effet, qu'une grande éruption vient d'a-
voir lieu dans le nord-est de cette île, non loin de Mvvatn; sienalée dès le
mois de décembre dernier, elle continuait encore en février. L'origine at-
tribuée à celte poussière se trouve donc confirmée par celle nouvelle,
que la saison d'hiver n'a pas permis de recevoir plus tôt.
NOmiVATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission de cinq Membres, qui sera chargée de présenter une question
de grand prix des Sciences mathématiques à décerner en 187G.
MM. Chasles, Puiseux, Morin, Hermite et Faye réunissent la majorité
des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont
MM. Bertrand et Fizeau.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission de cinq Membres, qui sera chargée de présenter une question
de prix Bordin (Sciences mathématiques) à décerner en 187G.
MM. Fizeau, Puiseux, Hermite, Dupuy de Lôme, Becquerel père réu-
nissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu
le |>lus de voix sont MM. Rolland et Chasles.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission de cinq Membres, qui sera chargée de présenter une question
de grand prix des Sciences physic[ues à décerner en 1877.
MM. Milne Edwards, Blanchard, Cl. Bernard, Brongtiiart et de Qiiatre-
fages réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont
obtenu le plus de voix sont MM. DesCloizeaux et Duchartre.
1/ Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission de cinq Membres, qui sera chargée de présenter une question
de prix Bordin (Sciences physiques) à décerner en 1877.
'i) Journal officiel du 26 avril.
( io6o )
MM. Milne Edwards, Diichartre, Fremy, Chevreul et Brongniarl réu-
nissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu
le plus de voix sont MM. Peligot et Boussingaullt.
MÉMOIRES LUS.
PHYSIQUE DU GLOBE. — L ascension à grande hauteur du ballon le Zénith;
par M. G. TissANDiER. (Extrait.)
(Commissaires : TilM. Cl. Bernard, Thenard, Berthelot, Jamin, Becquerel,
Fremy, Dupuy de Lôme, H. Mangon.)
« Le jeudi i5 avril iS^S, à ii'^SS™ du matin, l'aérostat le Zénith s'é-
levait de terre à l'usine à gaz de la Villette. Crocé-Spinelli, Sivel et moi
avions pris place dans la nacelle, emportant le matériel nécessaire à nos ob-
servations. A 3''3o", après avoir dépassé deux fois l'altitude de 8000 mètres,
Sivel et Crocé-Spinelli ont été trouvés inanimés dans la nacelle. Il ap-
partient à leur compagnon de voyage, échappé au trépas, de fermer un
instant son cœur à la douleur pour rapporter les faits recueillis dans le
cours de l'a-scension.
» Voici le résultat complet des lectures thermométriques :
Heures. Altitudes. Temp"""^'.
' 40'"
, ,5,,,
à terre -hi^°
792 mètres -1-8
1267 H- 8
3200 -f- I
3698 4-2
4387 O
Iteures. Altitudes. Temples.
, „ ( 4700 O
( 0210 — 5
, ^ l 56oo. . .• ... — 5
i'' o5"'
( 6700 — 8
!70oo ... — 10
74of> • — II
8000 X.
I) Nous avons déterminé à l'aide d'un thermométrograplie la tempéra-
ture intérieure du ballon. A 53oo mètres, le gaz de l'aérostat était de 23 de-
grés; l'air extérieur au contraire, de — 5°. Le therniométrographc resta
dans le ballon au delà de 8000 mètres. Retrouvé intact après la descente,
il marquait 23 degrés. ,
» Ces laits nouveaux expliquent l'ascension rapide du navire aérien
dans les hautes régions. Ils expliquent encore pourquoi l'aérostat descend
si vite, quoiqu'il arrive dans des couches d'air de plus en plus denses. Les
températures de celle.s-ci croissent de haut en bas, tandis que celle du
ballon reste à peu près constante, ce qui tend à faire diminuer sans cesse
la force ascensionnelle.
( io6i )
» Voici les observations physiologiques que nous avons recueillies :
Heures. Altitude.
i2'>48"' 4^02 mètres.. Tissamlier, no pulsations à la minute.
la*" 55'" 52 lo Cfocé, température buccale, 37'',5o.
l'ioS"' 53oo Crocé, i?,o pulsations à la minule.
i''o5"' 53oo Tissandier, nombre d'inspirations déterminées par Crocé : 26.
Id. id. Sivel, 1 55 pulsations à la minute.
Id. id. id. température buccale, 37°, 90.
» Les observations spectroscopiques ont été exécutées par Crocé-
Spinelli; les résultats obtenus ne me sont pas connus. Crocé cependant
s'est écrié au delà de 5ooo mètres : il y a déjà absence complète des bandes
de la vapeur d'eau.
)) L'atmosphère offrait le i5 avril ini état particulier. A 45oo mètres
nous fûmes au niveau d'une nappe de légers cirrhus. A 7000 mètres la
nacelle était entourée d'un vaste cercle de cirrhus plus compactes, qui of-
fraient l'aspect de masses solides cristallisées. A 7600 mètres le ciel m'ap-
paraissait avec sa nuance bleue habituelle.
» Jusqu'à 7000 mètres, aucun de nous n'a ressenti d'une façon alar-
mante l'influence de la dépression atmosphérique. A 65oo mètres, Crocé et
Sivel étaient pâles, et ce dernier, d'un tempérament sanguin, fermait par
moment les yeux. Mais à 7000 mètres nous avons respiré à plusieurs re-
prises l'air à 70 poin- 100 d'oxygène préparé par M. Limotisin, d'après les
proportions indiquées par M. Bert, et le gaz vital nous a ranimés.
» Vers l'altitude de 7600 mètres, nous étions immobiles dans la nacelle
et certainement engourdis. C'est à cette hauteur que Sivel vida trois sacs
de lest pour atteindre et dépasser l'altitude de 8000 mètres, suivant le
programme que nous nous étions tracé à l'avance.
» D'après mon souvenir, aujourd'hui très-net, l'état d'engourdissement
oîi l'on se trouve à celte altitude est particulier. Le corps et l'esprit s'affai-
blissent peu à peu, sans c[u'on en ait conscience. On ne souffre en aucune
façon ; on ne pense plus au péril du voyage : on monte et l'on est heureux
de monter. Le vertige des hautes régions ne semble pas être un vain mot.
Je ne lardai pas à me sentir si faible que je ne pus même pas tourner la tète
pour regarder mes compagnons. Bientôt, je veux saisir le tube à oxygène,
mais il m'est impossible de lever le bras. Mon esprit cependant est encore
très-lucide. Je considère toujours le baromètre, les yeux fixés sin- l'aiguille
qui arrive au chiffre de 280 qu'elle dépasse rapidement. Je veux m'écrier :
« Nous sommes à 8000 mètres. )> Mais ma langue est paralysée. Tout à coiqi
on., 1875, t"- Semesire. (T. LXXX, N' !0.1 ' ''^
( io62 )
je ferme les yeux et Je tombe inerte, perdant absolument le souvenir. Il
était environ i''3o™.
» A 2'' S", je me reveille. Le ballon était en descente. J'ai vidé un sac de
lest pour atténuer la vitesse, et j'ai pu écrire sur mon carnet quelques lignes
qui me donnent la pression 3i5 (7059 mètres), la température — 8°: il
était je crois 2'' 20™. Mais un tremblement me saisit et je m'affaisse de nou-
veau. Le vent de bas en haut était violent et dénotait une descente préci-
pitée. Quelques minutes après, Crocé-Spinelli se réveille à son tour, me
secoue par le bras et me fait observer qu'il faut jeter du lest. Il en jette lui-
même. Le ballon imperméable, très-chaud, est remonté encore une fois
dans les hautes régions qu'il avait quittées. Il eût fallu tirer la soupape,
mais aucun de nous n'eut la force de le faire. Je perdis connaissance une
deuxième fois.
» A 3''3o'", je me suis ranimé à l'altitude de 6000 mètres. Crocé-Spinelli
et Sivel avaient cessé de vivre. Tous deux, Sivel surtout, avaient la figure
noire, les yeux à demi fermés et ternes, la bouche entr'oiiverte, crispée,
ensanglantée, les lèvres enflées, les mains froides.
» La descente a eu lieu à Ciron (Indre), à 4 heures, à 25o kilomètres de
Paris, à vol d'oiseau, après un séjour dans l'atmosphère de 4*" 25"". D'après
les questionnaires lancés de la nacelle, et renvoyés au siège de la Société de
Navigation aérienne par ceux qui les ont ramassés à terre, je me suis assuré
que le Zéniih n'a pas dévié de sa route; le vent soufflait en ligne droite, et
sa direction était constante jusqu'à l'altitude de 8000 mètres.
» Après avoir rapidement retracé l'histoire de l'ascension, j'arrive aux
deux points qui ont si vivement préoccupé l'attention du monde savant.
Quelle est la hauteur maximum atteinte par l'aérostat? Quelle est la cause
de la mort de Crocé-Spinelli et de Sivel?
» La première question peut être aujourd'hui considérée comme résolue,
par l'ouverture des tubes barométriques témoins imaginés par M. Janssen
et déjà employés par Sivel et Crocé-Spinelli lors de leur ascension de 1874,
à 7300 mètres. Ces tubes, de o™,5o de hauteur, de i à 2 millimètres de
diamètre intérieur, sont remplis de mercure. Ils sont recourbés à leur
partie inférieure, qui se termine par une ouverture capillaire. Sous l'in-
fluence de la dépression, le mercure s'échappe en gouttelettes. Les tubes
placés dans de la sciure de bois sont contenus dans une boîte scellée au
départ, et qui doit être rapportée intacte. Au retour, la quantité de mer-
cuie qu'ils contiennent permet de déduire la dépression qu'ils ont subie.
» L'opération, en ce qui concerne l'ascension du Zénith, a été faite dans
( io63 )
le laboratoire de Physique de la Sorboiine, en présence et avec le concours
de MM. Berthelot, Janiin, Hervé Mangon. Les tubes que j'ai rapportés ont
été placés sous la machine pneumatique avec un baromètre. On fait pro-
gressivement le vide jusqu'à ramener la colonne de mercure à l'extrémité
courbée du tube dans les conditions où elle devait se trouver au moment
où nous avons atteint la plus grande hauteur. Un tube avait été cassé,
quelques autres avaient éprouvé des accidents ou fonctionné mal; mais il
y en a deux dont la marche a été régulière, et qui nous ont fourni des ré-
sultats concordants. Ils tendent à établir que la plus faible pression était
de 264 à 262 millimètres, ce qui porte la hauteur maximum à 854o mètres
et à 8600 mètres (correction faite de la pression à la surface du sol).
» Le baromètre anéroïde que j'avais emporté a été également vérifié
sous la machine pneumatique, et nous avons reconnu qu'il donnait des
indications exactes, après l'ascension comme avant. Comme au moment de
mon anéantissement à 8000 mètres l'aiguille de ce baromètre passait rapi-
dement sur le chiffre de la pression 28 (8002 mètres), j'ai la persuasion
que nous avons atteint celte altitude de 8G00 mètres dès la première ascen-
sion. Après la première descente, Crocé-Spinelli et très-certainement Sivel
vivaient. Ils ont été frappés de mort, quand le ballon a atteint une se-
conde fois les niveaux élevés qu'il venait de quitter, mais qu'il n'a pas dû
dépasser, son volume et son poids ne lui permettant certainement pas de
monter plus haut.
» Il ne me semble pas douteux que la mort de mes infortunés compa-
gnons est la conséquence de la dépression atmosphérique et de leur double
et long séjour dans les régions de l'air raréfié. I/air particulièrement sec
n'a peut-être |)as été sans exercer encore une funeste influence.
» On se demandera quelle est la cause de mon salut. Je dois la vie pro-
bablement à mon tempérament lymphatique, peut-être à un évanouisse-
ment plus complet, sorte d'arrêt des fonctions respiratoires.
» J'ajouterai que les rares ascensions en hauteur précédentes sont loin
de l'altitude que nous avons atteinte : Gay-Lussac, en 1804, a été à
7004 mètres; Roberlson et Lhoest, en i8o3, à 7400 mètres; Barrai et
Bixio, en i852, à 7016 mètres; Welsh, la même année, à 6990 mètres. On
voit que tous ces voyages ont eu pour limite les hauteurs de 7000 à
7400 mètres, que l'on peut considérer, selon nous, comme les bornes de
l'atmosphère respirable.
» Notre maître et ami, M. Glaisher, en 1862, est monté à l'allitude de
8838 mètres; là il s'est évanoui et a failli perdre la vie. Quant à la hauteur
i38..
( "o64 )
de I I ooo niétios qu'il suppose avoir atteinte au delà, elle nous paraît très-
contestable; il ne la déteraiine que par une proportion algébrique dont les
éléments incertains sont déduits de la vitesse de l'aérostat à la montée et
à la descente.
» J'ai la persuasion que Crocé-Spinelli et Sivel vivraient encore, malgré
leur séjour prolongé dans les hautes régions, s'ils avaient pu respirer l'oxy-
gène. Ils auront, comme moi, sidiitement perdu la faculté de se mouvoir;
mais ces nobles victimes ont ouvert à l'investigation scientififiue de nou-
veaux horizons. Ces soldats de la science, en mourant, ont montré du
doigt les périls de la roule, afin que l'on sache, après eux, les prévoir et les
éviter. »
MÉMOlilES i*liÉSE.\^TES.
GliOMÉTHlE. — Sur une exlension analjlicjue du princijje de correspondance
de M. Chasies. Note de M. L. Saltel.
(Commissaires : MM. Chasies, Bonnet, Puiseux.)
« Dans le Mémoire intitulé Considérations générales sur la détermination,
sans calcul, de l'ordre d'un lieu géométrique, nous avons montré comment la
détermination de ce nombre, dans le cas où le lieu est défini par la variation
de deux courbes ou suifaces, résulte immédiatement de la solution de ce
problème :
» Une droite A contient un point O pris pour origine et deux séries de
jioints S|, S2, dont la liaison est telle que, prenant arbitrairement un point Q,
à une dislance du point O, représentée par p, ou fJo{'), il conesponde pour
l\nilre sér ie un nombre constant de points c/.., ou a, (** ). On demande le nombre N
de points P, situés à dislance finie, tels que, supposant confondu en l'un d'eux
un point de l'une des deux séries, ce point coïncide avec l'un des points corres-
pondants de l'autre série.
)) Dans le cas particulier où les séries sont telles que, étant supposé à
l'infini le |)oint Q, les points correspondants restent à distance finie, la
réponse est N = a, 4- «;, elle constilue le principe de correspondance de
M. Chasies.
(*) Si le poini Q appartient à la pieiiiière série, la lettie p, désigne la distance de ce point
au point O; si ce point appartient à la seconde série, celte distance est représentée par pj.
(**) Si le point Q app.iiljenl à la première séi'ie, on a «j j si ce point appartient à la seconde,
on a a,.
( io65 )
» Voici un théorème, auquel nous donnerons le nom rie principe de cor-
respondance analjticjite, qui donne une solution assez simple dans une mul-
titude de cas :
» Théorème. — Si, parmi les diverses limites du rapport ( — ] ) pour p^ infini,
il nj en a pas d'égales à l'iinilé, le nombre N est cc/al au nombre des valeurs
nulles ou non nulles, mais finies de ce rapport, plus le nombre des valeurs nulles
du rapport (i-ij pour p, infini (*).
» Cette Note ayant été rédigée uniquement en vue de prendre date, nous
nous bornerons pour aujourd'hui à faire connaître l'application de ce
principe à la détermination immédiate du nombre des solutions finies
communes à un système de deux équations à deux inconnues incomplètes
d'un ordre quelconque, et dont les coefficients peuvent être assujettis à
des relations arbitraires, pourvu que les deux courbes représentées par les deux
équations n'aient pas d'autres directions asymptoliques communes que les deux
axes coordonnés.
» Exposition de la méthode. — Considérons le système des deux équa-
tions
(i) ?,(x^,/P./". = o,
(2) 9,(x'-'.,;-P.)"'-.= o,
dont les degrés sont respectivement /«,, nu, et dans lesquelles les plus
hauts exposants des inconnues sont («,, /S,), («o, /3,). Mettons dans la pre-
mière de ces équations la lettre |3, à la place de j^, et dans la seconde la
lettre j32 à la place de cette même lettre, il vient
(3) 9,(x«.,p^;) = o,
(4) (p,{x^^, p'i) = o.
Si l'on attribue à p, une valeur particulière, il en résulte, à cause de l'équa-
(*) On se renJ iinniécUatement compte de ce théorème si l'on remarque qu'il y a néces-
sairement entre p, et p, une relation algébrique de la forme/(p'', p°=) = o.
Nota. — Si, supposant à l'infini le point Q, considéré comme appartenant à la seconde
série, tous les points correspondants sont situés à dislance finie, les a, valeurs <ln rapport —
sont évidemment toutes nulles; il en est de même pour les a, valeurs du rapport — pour
P'
(3, infini; donc, dans ce cas, d'après ce théorème, on a bien N = a, 4- «i, ce qui s'accorde
avec le résultat déjà connu.
( io66 )
tion (3), a, valeurs pour x, et par suite, en vertu de l'équalioii (4),
a, jSj valeurs correspondantes pour jOj; de même, si l'on attribue à p^ une
valeur particulière, il en résulte, à cause de l'équation (4), «2 valeurs
pour X, et par suite, en vertu de l'équation (3), «2(3) valeurs correspon-
dantes pour p,. Si donc on convient de porter sur une droite A des lon-
gueurs égales aux valeurs de p,, p^, on obtiendra deux séries de points
correspondants. Il est d'ailleurs évident que le nombre N des coïncidences,
situées à distance finie, marque le nombre des solutions finies du système
proposé par rapport à jr. La question que nous avions en vue est donc
ramenée, en vertu du principe de correspondance analytique, à trouver le
nombre des solutions finies du rapport — pour p^ infini, et le nombre des
pi
solutions du rapport — pour p, infini. Il est manifeste que, si l'on sait cher-
cher les diverses solutions du rapport — pour p.-, infini, la même marche
conduira à la détermination des diverses solutions que présente le rap-
port — pour p, infini. Proposons-nous donc de déterminer : i° le nombre
des valeurs finies non nulles du rapport — pour p, infini; 2° le nombre
des valeurs nidles de ce rapport; 3° le nombre des valeurs infinies de ce
même rapport. Pour cela posons — = p', — = x', il vient
P^ p3
(5) ?,[(a:'p2rs(p.p')P'] = o,
(6) çp2[(-^>2)%P^J = o.
» Remarquons que, lorsque po a une valeur arbitraire finie, l'équation (6)
donnant a, valeurs pour x', il en résulte, à cause de l'équation (5), qu'il
y a en général aj^, valeurs finies correspondantes du rapport p . La ques-
tion est donc de savoir ce que deviennent ces «o/^i valeurs pour p„ infini,
c'est-à-dire de trouver : i° le nombre de ces valeurs qui deviennent finies
non nulles; 2° le nombre de ces valeurs qui deviennent nulles; 3° le nombre
de ces valeurs qui deviennent infinies. D'un autre côté, puisqu'on connaît
la composition de l'équation (5), il est évident qu'il suffit pour cela de
connaître les ordres d'infiniment grands des diverses valeurs de x' qui
deviennent infinies pour p, infini. Ainsi, comme il ne peut évidemment
jamais arriver que, parmi les diverses valeurs de — pour pj infini, il y en
ait d'égales à l'unité, puisque, par hypothèse, les courbes représentées par
( '067 )
les équations (1) et (2) n'ont pas d'autres directions asyiiiptotiqnes com-
munes que les axes coordonnés, on peut bien conclure que cette méthode
conduira toujours à la solution de la question proposée, si l'on sait résoudre
ce nouveau problème :
» Phoblème préliminaire. — Etant donnée une équation 'p(j?,p)'"=o
du detjré m entre deux variables x, p, trouver les ordres d'infiniment grands des
valeurs de x qui deviennent infiniment qrandes lorsque p devient infini.
» La solution suivante se déduit facilement des considérations exposées
par Lagrange dans un Mémoire de l'Académie de Berlin, année 1776;
mais, qu'on nous permette de le dire, nous l'avions entièrement formulée,
par nos propres recherches, avant d'avoir eu connaissance du travail de
ce grand géomètre. C'est seulement en parcourant, depuis peu, le Traité
de Calcul différentiel de Lacroix que nous avons pu nous rendre compte de
la possibilité d'arriver à la même règle en s'appuyant sur des résultats déjà
connus. »
GÉOMÉTRIE. — Sur les courbes d'ordre n à point multiple d'ordre n — i.
Note de M. B. Niewenglowski.
(Commissaires : MM. Chasles, Bonnet, Puiseux.)
« Dans le troisième numéro de la Nouvelle Correspondance mathématique
on trouve cette proposition, extraite des Archives de Grunert, à savoir,
que : les cubiques unicursales sont des cissoïdes, c'est-à-dire des courbes
déduites d'une conique comme la cissoïde de Dioclès est déduite du cercle.
J'ai généralisé ce théorème de la manière suivante :
» Considérons une courbe et une droite AB quelconque. Sur un rayon
vecteur issu d'un point fixe O et rencontrant la courbe eu P, la droite
en Q, portons, dans le sens PQ, une longueur OM égale au segment PQ.
On peut appeler le lieu du point M une cissoïde de la courbe donnée, par
rapport au point O et à la droite AB que nous appellerons Yorigine et la
base.
■) Supposons que la courbe donnée soit d'ordre ti, et ait en O un point
multiple d'ordre » — i ; alors, toute sécante menée par l'origine la coupe
en un seul point différent de O. Toute base rencontre la courbe en n points
réels ou imaginaires, et les n droites réelles ou imaginaires qui les joignent
à l'origine sont, comme on le voit aisément, autant de tangentes au lieu
du point M, et il n'y en a pas d'autres passant par le point O. En outre,
une droite quelconque menée par l'origine rencontre ce lieu en n-h- i
( io68 )
points dont n sont confondus en O. Donc, ki cissoïde d'une courbe
d'ordre Ji ayant un point multiple d'ordre ti — i, pris pour origine, est
une courbe d'ordre « + i, dont l'origine est un point multiple d'ordre ?i.
Il Cela posé, considérons une conique passant par un point O qui sera
l'origine, et ime base.
» La cissoïde de la conique, relative à cette base, est une cubique ayant
en O un point double. Prenons une seconde base, différente de ta première
et conservons la même origine. La cissoïde de la cubique précédente, re-
lative à la seconde base est une quartique dont l'origine est un point
triple. On peut la regarder comme une cissoïde seconde de la conique par
rapport aux deux bases données. De même, avec une troisième base, on
obtiendra pour cissoïde de la quartique, par rapport au point O, une
courbe du cinquième ordre, ayant en O un point quadruple, et qu'on
peut regarder comme une cissoïde troisième de la conique par rapport aux
trois bases. Eu continuant de la sorte, et prenant chaque fois une nouvelle
base, mais conservant toujours la même origine, on arrive à une courbe
d'ordre ?i dont l'origine est un point d'ordre n — i, et qui est la cissoïde
d'ordre n — 2 de la conique par rapport aux « — 2 bases.
» On peut aisément trouver l'équation cartésienne de cette courbe. Soient
ax- + bjcj -\- cj- -t- dx -h ey = 0 et p^x + 17, ;• + /•, = o,
l^.x + (/o jr + /-n = o, . . . , /j„_o X + 7„^2 y = r„_., = o
les équations de la conique et des n — 2 bases. Si, pour abréger, on pose
B/, = p/,x -h (]k Y-, l'équation demandée sera
Y {ax- + bxj + CJ-) B, B,. . . B„_2
(■) +{-^r-'{cix^- + bxr+cf-)B,B,...K-.[^-~ + '^-..)
[ + ( - i)"B, B,. . . B„_, {<{x 4- er) = o.
» Cette équation conduit à des conséquences intéressantes.
)) Les asymptotes de la conique sont des asymptotes de la courbe
d'ordre n, ou sont les symétriques de deux de ses asymptotes, par rap-
port au point multiple, suivant que n est pair ou impair. Les autres asym-
ptotes sont, si n est pair,
/),.r + 7, j — 7-, = o, /;2.r-+-7oj+ro= o, p^x + q.,j — i\ = o,. . ,
et, si n est impair,
p^x + (J,J -+- r, = o, p^x -^ ci„jr ~ r. = o, p.,x 4- i/^J +/';,= o, .. .,
( '^69 )
c'est-à-dire que les bases de rang pair sont asymptotes, et celles de rang
impair, symétriques chacune d'une asymptote, par rapport au point mul-
tiple, si n est pair, l'inverse ayant lieu quand ii est impair.
1) L'ordre dans lequel on emploie toutes les bases dont le rang est de
même parité est indifférent.
)) Si une courbe d'ordre n a ini point multiple d'ordre n— i, aucune
de ses asymptotes ne peut passer par ce point; donc, dans l'équalion
donnée plus liant, on peut, sans diminuer In généralité, faire
et d'ailleurs, la transformation n'a aucun sens si une base passe par l'ori-
gine. On voit donc que l'équation renferme 2« paramètres; par suite, on
pourra l'identifier avec celle d'une courbe quelconque d'ordre n ayant un
point multiple d'ordre 7i — i.
» Donc, toute courbe d'ordie n, unicursale à point multiple d' ordre ti — i,
est une cissoïdc d'ordre n — 2, c'est-à-dire peut être engendrée au moyen
d'une conique et de n — 2 bases, d'après le mode que nous avons indiqué.
» Exemple. — Deux droitesrectangulaires étant données, on considère les
hyperboles asymptotes à l'une d'elles et touchant l'autre en un point fixe.
Le lien du point de rencontre de la seconde asymj)tote a*ec la droite joi-
gnant un foyer au pomt commun aux deux droites rectangulaiies, ces deux
droites étant prises pour axes, a pour équation
(2) y^ — 6x- ; ' — 3jr'' >• — zdj'' — id x'' -+- l\dji- j- — o.
C'est donc une courbe placée dans les conditions que nous venons d'étu-
dier. Elle doit donc être cissoïde d'une quartiquc, cissoïde seconde d'une
cubique, et enfin cissoiile troisième d'une conique. Ou trouve, pour les
équations de ces courbes et celles des bases coriespondantes,
;■'' — 3x'' — G.T-^- — %dx'^y +■ f dj' = o,
base : j; h- -|r/ = o,
[f - x' (3 - a VS)] (y - x sjï ^^sjî) + |r/( 3 - 2v 3) x''
+ |-c/y 3 + -2 v'3-^J' "" 1(1 y- ~ o,
base : j + x y 3 -f- 2 v'3 -h ^ (i^ = o,
y- + x-(2v3— 3) + \dy =^ o,
bast- : j — X Y 3 + 2 y 3 — -^ d ^^ o.
C. K., il>70, i" Se„,^itre.{\. LXXX, iN" lU.,. ' '9
( loyo )
» La conique est une ellipse; ses asymptotes sont imaginaires. La
courbe étudiée a aussi deux asymptotes imaginaires; les autres sont don-
nées par les équations
j + fr/=o, jr + ^\/3 + 2v/3-|r/ = o, j_^y/3+2V3-|r/=o,
résultats conformes à la théorie. Enfin on vérifie encore que l'équation du
cinquième degré (2) peut se mettre sous la forme (i). »
MÉCANIQUE CÉLESTE. —Sur le développement de la fonction perturbatrice suiva7ït
les multiples d'une intégrale elliptiijue. Note de M. Hugo Gylde», présentée
par M. Puiseux.
(Commissaires : MM. Hermite, Bonnet, Puiseux, Lœwy.)
« On sait que la fonction perturbatrice, ainsi que ses dérivées, contient
des puissances réciproques et impaires de la distance entre deux corps cé-
lestes. En employant les arguments ordinaires, les développements de ces
puissances donnent naissance à des séries peu convergentes, toutes les fois
que cette distance ne surpasse pas une certaine limite. Pour les rendre plus
convergentes, du moins par rapport à l'une des deux variables dont dépend
la fonction perturbatrice, on y introduit des anomalies partielles dont
chacune correspond à une portion déterminée de l'orbite troublée. En
supposant très-petite l'excentricité de l'orbite du corps troublant, on sera
donc conduit, pour les termes les plus grands du carré de la distance mu-
tuelle, à l'expression
( I ) T, = ;»'(, + /n'j cos c' -H «', sin c\
»/„, 7?i', et 72', désignant des fonctions de l'anomalie partielle, qiii ne sont
pas soumises à des variations considérables, et c' l'anomalie moyeime du
corps troublant à l'instant où l'anomalie moyenne du corps troublé a une
valeur déterminée.
» Dans l'expression (i) nous introduisons
^ = $cos(F-hA), ^ =-0sin(F-4- A),
F étant supposé invariable, mais 0, ainsi que A, désignant des fonctions de
l'anomalie partielle dont la première ne puisse jamaissurpasser l'unité. Nous
introduisons maintenant une nouvelle variable déterminée par l'équation
ait
c' -^- F — - 2 am — 3c\ mod . A,
( '07' )
R ilésignaiit l'intégrale elliptique complète de première espèce ; nous par-
venons ainsi à la formule
(2) T, = /;/o I 4- $cos ( a am — a; + A j >
que nous nous proposons de développer suivant les multiples dex.
» Désignons par A-. le module ^ -, et par K, l'intégrale complète
, . , , 2R 2R, 1
correspondante; soient, de plus, — jc = a, 2X = u,; on a, par la
théorie des fonctions elliptiques,
(i — k;) sin am«,
sni 2 am u = ; )
Aainui — AiCosamH,
('i — A')cosam«, ,
cos 2 am n = —^ —, A , ;
^amu, — /,cosam«i
en introduisant ces valeurs dans l'expression (2), on obtient
-f = '- I (i — A-, OcosA)AamM.
/«„ AaniK, — /,cosamtt| | ^ '
— [A, (1 — A,OcosA)
— (f — A-^)$cosA]cosamî<,
— (i — A^)Osin Asinam?«, |;
d'où l'on tire, en ayant égard aux relations bien connues,
Aamu, = " — '—,
Aam (K, — a, )
cosam(Ki — «,)
sui am u, — - — ~ r ,
Aam (Kl — II,)
J i — A] sin am (K, — « ,
cosam?^, =
Aain(K, — II,)
— X, <l)cosA (
I — /.isinani (K,
A, — ^ j^ sinamfK, — u.)
y/i— ,?-^ <Iisin A ,„ >
— r-^ cosamfK, —m,)
I — A,* cos A ^ '
Si, dans cette expression, nous introduisons deux fonctions nouvelles, <î>,
et A,, définies par les relations
(3)
— '^i + ^ r4 r = *î'< ^os A ,,
I — A'i'î'COS A '
J i — X ; <l>sin A
■' . ^ =:$,sm A,,
139..
( i"7''- )
nous ohlonons
(4 — — 1-^—77^ ; 1 + <I>,sio ;im(K, - u,) — A, ,
expression dont les puissances négatives se développent en séries sensible-
ment plus convergentes que celles de l'expression primitive (2). En effet,
les relations précédentes donnent siu'-le-champ
ff,2 _ {^^ — >î>cosA)=-l- (i — >î-;)<J>2sinA=
* (i — /■,<!) cosA)
ce qui montre que les valeurs numériques de 0, sont sensiblement plus
ppfites que celles de $, tant que la différence A-, — <I)cosA aura des
valeurs peu sensibles, $ étant supposée prés de l'unité et A comprise entre
des limites voisines de zéro. Pour ce fait, on doit supposer le module /c, à
peu près égal à «^cosA, sans être forcé d'attribuer à ce module une
valeur déterminée d'une manière rigoureuse. Au contraire, il suffit que la
valeur de A, ne soit pas beaucoup plus petite que $, et par conséquent elle
peut être choisie presque à volonté entre de certaines limites. Par cette
raison, on peut adopter pour A-, une valeiu- constante, quoique $ et A
soient des variables; et, en outre, chose qui est d'une haute importance,
rien n'empêche d'employer la même valeur dans la plupart des orbites co-
métaires différentes. Une grande partie des calculs numériques sera donc
commune en |ilusieurs cas différents, et peut être effectuée d'avance.
» L'expression (3) peut être transformée par des opérations tout à fait
analogues aux précédentes. En effet, posant
2K,
am — I 2 X I = - — 2 am M ,
TT \ 2
on obtient
T, I — ^-i*', cosA r * / ' » \ )•
-r = -. — T 7- T r + 0, cos(2ani« + Ailf,
m ^ 1 — A, suiam(K.| — «,)'- ' ^ ' '^J'
c'est-à-dire une expression qui, sauf le premier facteur, est précisément
de la première forme que l'expression (2), et, par suite, on peut faire
usage des transformations indiquées plus haut. Par de tels moyens, on
parviendra très-rapidement à un résultat dont la forme est
iTi (i — ^'i»)' cosA) (i — /,*, cosAj) (1 — /-jtiJî cosAj) . . .
"'0 [' — ^1 sinaiii(K.,— «,)J [i — Xj sin am Kj — «',)j [1 — ^3sinam{14.3 — «" )]• • •
X |[l H- (0, COs[2Jf + (A)]j-,
en désignant par<I'_,, 'l'j,.., (<1>) et An, A^,,.. ., ( A) les valeurs consécutives
( ro73 '
qui s'obtiennent à l'aide des équations (3), en y employant les modules
^., A3
» Ce point établi, le développement des fonctions ( -=r) , n étant entier,
ne présentera plus de difficultés. Cependant on doit traiter séparément le
facteur
n n
[i — A", sinam(K, — «i)]'[' — AoSinam (Ko — "'2)] • • •
et le facteur j
n
ji + ((I))cos[2x 4- (A)]| '.
> Le développement du premier s'obtient à l'aide de la théorie des
fonctions elliptiques; celui du second, par le mode généralement employé
dans les calculs ordinaires des perturbations; le résultat cherché sera enfin
obtenu par une multiplication de deux séries trigonométriqnes. »
ACOUSTIQUE.— il'»/' les perceptions binawiculaires. Note de M.F.-P.Le Roux,
présentée par M. Jamin.
(Commissaires : MM. Fizeau, Edm. Becquerel, Jamin.)
« Quand deux lumières de couleurs différentes viennent frapper une
même rétine, au même point ou en des points extrêmement voisins, il en
résulte luie sensation unique différente de celles qu'aurait produites
l'une ou l'aulre des lumières si elle eût agi seule; c'est là la combinaison
des sensations monoculaires. Si l'une de ces lumières vient frapper un œil
et l'autre le second, il peut y avoir encore combinaison de ces sensations
binoculaires, et l'impression qui en résulte est, autant qu'on en peut juger,
la même que celle qui résulte de la combinaison des mêmes sensations
lorsqu'elles sont monoculaires. Cette combinaison binoculaire des couleurs
a d'ailleurs été réalisée de plusieurs maiiièr(>s; mais il est important de faire
remarquer qu'elle ne réussit pas également bien à tous les observateurs :
le fait toutefois est incontesté.
» Je me suis posé depuis longtemps la question analogue pour le sens
de l'ouïe : de quelle manière les sensations binauriculaires peuvent-elles
se combiner? A priori on pouvait se répondre qu'elles ne devaient pas le
faire comme les vibrations elles-mêmes qui constituent les sons. En effet,
les mouvements vibratoires provenant d'un centre d'ébranlement arrivent
à chacune des ileux oreilles avec une différence de phase qui est variable
( '07'i )
avec la position de la tête; si donc les sensations des pulsations binauricu-
laires se comi)osaient d'une manière équivalente à la composition méca-
nique des vibrations, la perception éprouverait des variations d'intensité
considérables. Une telle variabilité dans l'aiulition serait certainement si
gênante qu'elle n'aurait pu passer jusqu'ici inaperçue.
» On peut d'ailleurs facilement soumettre cette question à l'expérience :
prenons deux diapasons de même puissance, accordés à l'unisson, et fai-
sons vibrer simultanément chacun d'eux en le plaçant immédiatement
contre une oreille. Les phases pouvant être quelconques, si les sensations
binauriculaires se combinaient comme se composent les vibrations, il y
aurait des cas où le son se trouverait presque complètement anéanti;
c'est ce que l'expérience ne montre pas. Avec deux sons très-voisins, les
battements m'ont semblé disparaître, et c'est aussi la conclusion à laquelle
sont arrivés MM. Terquem et Boussinesq dans leurs intéressantes recher-
ches sur la théorie des battements entre deux sons qui n'ont pas la même
intensité. Tout cela peut se résumer en disant que les sensations auricu-
laires sont toutes positives.
)) Mais le point capital sur lequel je désire attirer l'attention par cette
Note est un phénomène très-remarquable d'où l'on peut tirer une explica-
tion inattendue de certains faits regardés jusqu'ici comme extraordinaires.
» Dès les premières expériences que je fis sur le sujet dont il vient d'être
question, je fus frappé de l'énorme disproportion que je remarquais entre
les effets produits par une sensation monauriculaire ou par la même sen-
sation devenue binauriculaire. Avec les deux diapasons égaux placés contre
chacune des oreilles, j'ai en quelque sorte la tête remplie d'un volume
considérable de son qui produit une sensation toute particulière.
» J'ai été alors amené à faire l'expérience que voici : on prend deux
diapasons à l'unisson, de dimensions assez considérables pour que leurs
vibrations ne s'éteignent pas trop rapidement, on commence par laisser la
vibration de l'un d'eux devenir à peu prés inappréciable, ce que l'on con-
state en le faisant aller et venir dans le voisinage d'une oreille : si alors on
approche de l'autre oreille le second diapason en pleine vibration, les va-
riations d'intensité correspondant aux allées et venues du premier devien-
nent immédiatement perceptibles.
» On pourrait se faire ime image de la loi de ces phénomènes en suppo-
sant que l'intensité de la perception afférente a une oreille, la droite par
exemple, pourrait être représentée par une expression de la forme D = (i g'',
dans laquelle tl et g réprésenteraient les intensités des sensations que perce-
( I075 )
vraient pour les mêmes intensités de sons les oreilles droite et gauche si
elles étaient seules impressionnées, el p un certain nombre positif. On en
dirait autant pour l'oreille gauche.
)) L'hypothèse p — i explique l'égalisation des perceptions des deux
oreilles, quoiqu'elles doivent évidemment être à chaque instant frappées
d'une manière inégale par un même son. Dans la même hypothèse, étant
donnée une sensation monauriculaire s, commune aux deux oreilles, l'ef-
fet binauriculaire serait représenté par 2 s-; cela fait concevoir facilement
l'effet considérable dû à la simultanéité de l'audition de deux diapasons
égaux.
» Ces expériences m'ont donné d'une façon tout à fait inattendue la clef
de certains phénomènes paradoxaux. On cite des gens qui ne pouvaient
entendre un interlocuteur avec une oreille que pendant qu'on leur battait
du tambour à l'autre. Il y avait de longues années que je cherchais l'expli-
cation d'un effet singulier que j'avais éprouvé : je me trowvais un jour dans
une rue peu fréquentée el en compagnie de mon regretté maître H. deSenar-
mont; quelqu'un l'ayant accosté, je traversai la rue et je m'éloignai beau-
coup plus loin qu'il ne fallait pour ne pouvoir rien saisir de la conversa-
lion ; cependant, au moment où vint à passer près de moi, à grande vitesse,
un petit omnibus vide, dont les vitres relevées menaient un grand fracas,
je pus percevoir distinctement plusieurs mots.
» Voici comment je fais rentrer ces effets singuliers dans le principe
expérimental formulé ci-dessus : les bruits des tambours, du fracas des
vitres, etc., sont composés d'une grande quantité de sons simples très-in-
tenses; ceux-ci impressionnant fortement une oreille peuvent faciliter pour
l'autre la perception d'autres sons beaucoup plus faibles, mais liés aux pre-
miers par l'unisson ou peut-être même par d'autres rappoi ts simples.
» Voici plusieurs années que je répète ces expériences sur moi-même et
sur les personnes qui veulent bien s'y prêter; les résultats me paraissent
généraux, quoiqu'il y ait des inégalités individuelles manifestes.
» Je laisse aux physiologistes le soin de proposer une explication de ces
phénomènes; je dirai seulement que je retrouve leurs analogues dans l'étude
des perceptions relatives à des sensations d'une autre nature; je crois qu'on
pourrait classer les uns et les autres sons le titre commun de phénomène
d'attention et de mémuire des sem, sujet que je demande la permission de
reprendre dans une Counnunication idtérieure.
" Je me suis occupé aussi des sensations monaunculaires successives el
alternatives; il ni a semblé que leur etfet ne différait pas sensiblement de
( 1076 )
celui des mêmes sensations perçues par une même oreille. Autrement dii,
un air dont les notes successives viennent frap[)er alternativement l'une et
l'autre oreille me paraît produire le même effet que s'il est entendu à la
manière ordinaire. Je me réserve d'ailleurs de poursuivre ce sujet avec des
moyens plus perfectionnés que ceux que j'ai pu employer jusqu'ici. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Recherche el doscu/c. de l'alcool méth/liqae en pré-
sence de l'alcool vinique. Note de MM. Alf. Riche et Ch. Bardy, pré-
sentée par M. Peligot.
(Commissairps : MM. Peligot, Fremy, Cahonrs.)
« L'élévation considérable des droits sur l'alcool rend de jour en jour
la fraude plus active et plus ingénieuse, et celte fraude ne se traduit pas
seulement par des supercheries de toute espèce en vue de dissimuler la
présence de ce liquide, mais encore par l'adjonction d'autres substances et
par l'emploi pour la consommation intérieure d'alcool dénaturé pour les
besoins de l'industrie.
» Jusqu'à ces années dernières, la dénaturation était effectuée par l'ad-
dition d'huiles essentielles; aujourd'hui, elle se fait avec l'esprit-de-bois
du commerce dont on ajoute un neuvième au volume de la liqueur alcoo-
lique. Il était logique de penser que, en raison de son odeur forte et très-
désagréable, ce liquide ne pourrait pas être introduit dans un alcool destiné
à la consommation. Or il n'en est rien, car nous avons eu entre les mains
un alcool, devant être employé en pharmacie, qui renfermait de l'esprit-
de-bois, et, comme ce n'est probablement pas un exemple isolé, nous avons
pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de faire connaître la méthode par la-
quelle nous l'avons décelé.
» L'esprit-de-bois qui sert à une pareille falsification est fabriqué en
grand dans l'industrie à un prix peu élevé pour la fabrication de certaines
couleurs de l'aniline; il est connu sous le nom de méthylène ; il marque
98 degrés à l'alcoomètre, et son odeur et son goût sont tellement faibles
qu'on ne peut le reconnaître lorsqu'd entre pour une faible proportion
dans une liqueur alcoolique.
» Lorsqu'on distille un mélange renfermant 10 à i5 pour 100 d'alcool
méthylique dans de l'alcool ordinaire, on parvient, en agissant sur de
grandes quantités, à séparer par des distillations fractionnées une faible
proportion de liquide distillant au-dessous de '78 degrés. Nous avons
d'abord cherché à reconnaître l'alcool méthylique dans ce premier produit
( I077 )
en le transformant en oxalate de inéthyle, c'est-à-dire par la méthode
donnée par MM. Dumas et Peligot dans leur beau travail sur l'esprit-de-
bois; mais nous n'y avons pas réussi par suite de la circonstance suivante :
lorsqu'on opère avec de l'alcool méihyliqiie, on obtient avec une grande
facilité les cristaux il'oxalate, lors même qu'on n'a à sa disposition que des
traces de matière, tandis que s'il est accompagné d'une notable proportion
d'alcool vinique, les cristaux d'oxalate de méthyle sont dissous dans l'oxa-
late d'éthyle, ou même ces deux éthers s'unissent pour former des com-
posés mixtes qui affectent l'état liquide.
» Quand le mélange renferme de 5 à lo pour loo d'alcool métliylique,
la distillation ne sépare pas de liquide bouillant au-dessous de 78 degrés :
ce serait donc le cas d'un alcool dénaturé dans lequel on rechercherait la
présence de l'esprit-de-bois.
» Nous avons songé que l'on arriverait peut-être à la solution du pro-
blème au moyen des produits colorés, différant par la nuance et par la
stabilité que donnent l'éthylaniline et la méthylaniline par leur oxydation
ménagée, et nous croyons y être parveiuis pleinement. Voici le mode
opératoire qu'il est indispensable de suivre avec rigueur,
» On introduit dans un petit ballon 10 centimètres cubes de l'alcool
avec i5 grammes d'iode et 2 grammes de phosphore rouge, et l'on distille
immédiatement en recueillant le produit dans 3o à 4o centimètres cubes
d'eau. L'iodure alcoolique précipité dans le fond du liquide est séparé au
moyen d'un entonnoir qu'on bouche avec le doigt, et recueilli dans un
ballon contenant 6 centimètres cubes d'aniline. Le mélange s'échauffe; on
aide la réaction en maintenant le vase pendant quelques minutes dans de
l'eau tiède, et on la modère au besoin par de l'eau froide s'il se déclarait
une vive ébullition.
» Au bout d'une heure, on verse de l'eau très-chaude dans le ballon
pour dissoudre les cristaux formés, et l'on porte le liquide à l'ébuilition
pendant quelques minutes jusqu'à ce que le vase ne contienne plus qu'un
liquide clair. On ajoute à cette liqueur une solution alcaline qui met en
liberté les alcaloïdes sous forme d'une huile que l'on force à remonter dans
le col du ballon par une quantité d'eau suffisante.
» L'oxydation de l'alcaloïde peut être réalisée par le bichlorure d'élain,
par l'iode et par le chlorate de potasse, ou mieux encore ])ar un mélange
indiqué par M. Hofniann, qui est formé de 100 granuncs do sable quartzeux,
de 2 grammes de chlorure de sodium et de 3 grammes de nitrate de cuivre.
On en prend 10 grammes sur lesquels on fait couler i centimètre cube du
C.R., iS^â, i"SemeHrc. (T. LXX\. N» 10) '^O
( '078 )
liquide huileux que l'on y incorpore avec soin au moyen d'un agitateur on
verre, et l'on introduit ce mélange dans un lidje en verre de 2 centimètres
de diamètre que l'on maintient à 90 degrés au bain-marie pendant huit à
dix heures. Nous faisons cette opération très-simplement en mettant ces
tubes le soir dans un bain d'eau, recouvert de paraffine, dont la température
reste rigoureusement constante par l'emploi du régulateur de M. Schlre-
sing. Le lendemain matin, on épuise cette matière dans le tube même par
trois traitements à l'alcool tiède que l'on jette sur un filtre et que l'on
amène au volume de 100 centimètres cubes.
» L'alcool pur donne une liqueur présentant nue teinte bois rougeâtre.
L'alcool renfermant i pour 100 de méthylène donne une solution mani-
festement violette à côté de la précédente. A 2,5 pour 100 d'alcool méthy-
lique, la nuance est d'un violet très-accentué qui se fonce considérablement
s'il y a 5 et lo pour 100 de ce dernier alcool.
» En comparant, dans des tubes de même calibre, ces liqueurs à des types
obtenus par le même moyen avec des mélanges synthétiques en propor-
tions connues que l'on conserve dans des flacons bouchés, on arrive à dé-
terminer, non-seulement s'il y a ou s'il n'y a pas d'alcool méthylique,
mais encore à préciser la proportion, comme nous nous en sommes assurés
en priant diverses personnes, et notamment M. Peligot, de nous donner
des mélanges divers renfermant des proportions d'alcool méthylique infé-
rieures à 10 pour 100.
» On y arrive encore au moyen des appareils colorimétriques qui ser-
vent dans l'industrie pour l'essai des noirs de raffinerie; mais on atteint ce
but d'une façon absolument siire en se servant des solutions colorées pour
teindre ou imprimer de la laine.
» La teinture se fait en ajoutant à 5 centimètres cubes de la solution
95 centimètres cubes d'eau. On verse 5 centimètres cubes de ce nouveau
liquide dans une capsule de porcelaine ou dans un vase de Bohème conte-
nant 4oo centimètres cubes d'eau place sur un bain-marie bouillant. On y
introduit un fragment de mérinos blanc non soufré de i décimètre carré;
au bout de cinq minutes on ajoute de nouveau 5 centimètres cubes et après
une demi-heure on retire l'étoffe, on la lave et on la laisse sécher.
» L'étoffe est sensiblement blanche s'il n'y a que de l'alcool, et elle pré-
présente des tons violets très-inégalement accentués s'il y a i, 2,5, 5,
10 pour 100 d'alcool méthylique, que l'on compare aux types préparés en
même temps avec les licpiides synthétiques.
» Le plus simple serait, pour une personne ayant à faire fréquemment
( '079 )
ces essais, de préparer avec le méthylène employé pour la dénaturalioii un
type avec lo pour loo de ce liquide, 90 d'alcool vinique, et d'y ajouter
des quantités croissantes d'ini type obtenu avec de l'alcool vinique jus-
qu'à ce qu'on arrive à la même nuance.
» On réussit tout aussi bien en opérant par impression; à cet effet, on
ajoute à 5 centimètres cubes du liquide 5 centimètres cubes d'eau et
10 grammes d'eau gommée à 5oo granunes de gomme par litre. On ap-
plique ce mélange sur une petite planche de bois avec un pinceau, et l'on
imprime la couleur sur de la mousseline blanche par pression. On laisse
sécher, puis on expose pendant vingt minutes à de la vapeur d'eau l'étoffe
placée dans du papier à filtre, on la lave et on la laisse sécher.
M Des opérations de teinture de cette sorte, très-faciles à réaliser, peuvent
rendre service dans un grand nombre de cas, et nous nous en servons fré-
quemment pour nous assurer si des sucres apportés à l'expertise légale et
colorés doivent leur nuance à la matière naturelle qui se forme dans la
cuisson des jus ou si on les a colorés artificiellement avec des matières
colorantes de la liouille, fraude qui se commet assez fréquemment aujour-
d'hui, parce que la valeur des sucres est déterminée^ non pas à l'analyse
chimique, mais d'après leur nuance.
» On prend 8 à 10 grammes de sucre, on les agite pendant une dizaine de
minutes avec quelques centimètres cubes d'alcool additionné d'un peu
d'ammoniaque; on décante le liquide, on l'évaporé presque à sec au bain-
marie, on reprend par un peu d'eau et l'on maintientpendant quelques mi-
nutes dans le liquide bouillant un fragment de mérinos blanc; si la cou-
leur est naturelle, l'étoffe ne se colore pas sensiblement, tandis qu'avec les
couleurs dérivées de la houille elle prend une teinte jaune ou brune très-
accusée. Cet essai n'exige qu'une demi-heure au plus.
» Ces recherches ont été faites au laboratoire des commissaires experts
du Gouvernement au Ministère de l'Agriculture et du Commerce. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur le sjHroscope, appareil destiné à l'étude de
l'auscultation, de ranatomie et de la physiologie du poumon. Note de
M. WoiLLEz, présentée par M. Gosselin.
(Commissaires : MM. Cl. Bernard, Bouillaud, Gosselin.)
« L'instrument auquel je donne le nom de spiroscope, conçu dans le
principe pour reproduire sur le poumon du cadavre les bruits d'aus-
cultation, peut aussi être utilisé pour l'étude des mouvements respira-
l/jO..
( io8o )
toires de cet organe et l'étude de ses conditions anatomiques et physio-
logiques.
» Cet instrument d'expérimentation, dont je dois l'habile confection à
M. Collin, se compose d'un grand manchon en cristal pouvant largement
contenir un des poumons ou les deux poumons à la fois. Ce manchon est
muni d'un couvercle très-bien clos, que traverse verticalement un tube sur
lequel on fixe intérieurement le poumon par son conduit respiratoire. A
la base de l'appareil, il existe un soufflet cylindroïde que l'on meut infé-
rieurement à volonté pour faire le vide par aspiration dans l'intérieur du
manchon. Quand on tire en bas le soufflet, l'air extérieur pénètre aussitôt
dans le poumon en subissant l'action de la pesanteur atmosphérique exté-
rieure.
» Pendant que cette dilatation a lieu, on peut, à l'aide d'une palette
dont le manche mobile traverse le couvercle, rapprocher le poumon de la
paroi du manchon de cristal et pratiquer l'auscultation avec l'oreille ap-
pliquée sur le point correspondant à ce contact. Enfin un support en bois
percé d'une ouverture qui correspond au soufflet complète l'appareil.
» Dans toutes les expériences faites précédemment pour reproduire les
bruits d'auscultation sur le cadavre, on avait adopté un principe défec-
tueux : c'était la propulsion forcée de l'air dans les cavités aériennes du
poumon à l'aide d'un soufflet, et d'où résultait comme conséquence la
dilatation de ces cavités. Or, physiologiquement, c'est le contraire qui a
lieu et que l'on doit chercher à imiter; ce sont les cavités aériennes qui se
dilatent d'abord, et la pénétration de l'air par le fait de la pesanteur at-
mosphérique n'est que la conséquence corrélative de cette dilatation.
» Le spiroscope reproduit ces conditions fondamentales des mouve-
ments respiratoires : il appelle l'air en effet dans les cavités aériennes en les
dilatant, et ne l'y pousse pas de force.
» Voici les principales conclusions expérimentales que m'a fournies
jusqu'à présent le spiroscope :
M 1° A peine la tendance au vide est-elle produite dans le manchon de
cristal par la plus légère traction du soufflet, que l'on voit la dilatation du
poumon s'effectuer, d'abord au niveau de lobules isolés, puis dans toute
l'étendue de l'organe, i litre à i | litre d'air est la quantité suffisante
pour cette première dilatation générale.
» 1° Cette première dilatation opérée, si l'on pratique des tractions et
des propulsions sur le soufflet, de façon à imiter le jeu respiratoire, on
voit le poumon se distendre généralement et également dans toutes ses
( io8i )
parties, puis revenir sur Iiii-inême, on montrant les fines vésicules pulmo-
naires distendues et pressées les unes à côté des autres à la surface de l'or-
gane.
» 3° La plus légère traction sur le soufflet suffit alors pour que la disten-
sion générale de l'organe se produise, ce qui explique la facilité de l'hé-
matose, même dans les mouvements respiratoires les plus bornés qui ont
lieu pendant la vie, dans le sommeil par exemple.
» /i" Un poumon sain, de plus en plus distendu, peut être dilaté par plus
de 5 litres d'air, et ne se rompt nulle part, malgré les efforts de traction
manuelle lesplus énergiques, ce qui démontre que la dilatation de l'organe
est égale partout, et que son élasticité est trop grande pour être satisfaite
pendant la vie par les inspirations les plus énergiques. On a calculé en effet
que chaque poumon vivant conlenait au plus 2| litres d'air dans les plus
fortes inspirations, tandis qu'il en pénètre 5 litres (le double) avec le spi-
roscope après la mort.
» 5" Le poumon à peu près exsangue du cadavre étant ausculté pendant
la pénétration de l'air dans son intérieur, on constate que cette pénétration
a lieu sans aucun bruit, semblable ou non au bruit vésiculairc normal qui
se produit chez l'homme vivant.
» Ce résultat négatif a lieu même lorsqu'on réti'écit l'ouverture extérieure
de pénétration de l'air, de manière à former une veine fluide favorable à
la production des vibrations.
» Mais si l'on injecte dans l'artère pulmonaire lioo grammes seulement
d'une solution de gélatine au dixième et qu'on laisse refroidir, on obtient
ensuite, par l'auscultation spiroscopique du poumon, le bruit vésiculaire
comme dans l'état normal. Un poiunon resté congestionné après la mort
donne aussi les mêmes résultais positifs. ,
» Ces faits démontrent que la production du bruit vésiculaire de la res-
piration ne peut avoir lieu qu'avec une compacité du poumon semblable;!
celle qu'il présente pendant la vie, et qui fait défaut au poumon exsangue
du cadavre.
» 6° Je ne dirai rien, dans celte Note, des résultats encore incomplets que
j'ai obtenus dans les cas de lésions pathologiques du poumon. Je ferai
seidement remarquer que le spiroscope peut être rempli d'eau, et que l'on
soumet alors facilement le poumon à une respiration artificielle analogue
à celle qu'il exécute dans les épaiichements pleurétiques et dans le pneumo-
thorax.
» 7° Au point de vue de l'étude anatomique du poimion, on obtient,
( I082 )
avec le spiroscope, la distension la plus parfaite que l'on puisse désirer
pour dilater et dessécher le poumon.
» De plus, on injecte facilement, par aspiration et d'une manière par-
faite, l'arbre aérien avec des liquides coagulables ou avec des liquides dont
l'action chimique peut faciliter l'étude histologique des éléments de la
muqueuse in tra-pulmonaire.
» 8° La physiologie obtient aussi de l'emploi du spiroscope la démon-
stration de ce fait qu'une dilatation permanente, comme celle éprouvée
parle poiunon par suite de la tendance du vide qui existe dans la plèvre,
est indispensable au jeu facile de la respiration, par suite de la béance des
vides aériens. Le spiroscope montre en effet que la pénétration immédia-
tement générale de l'air n'a lieu dans le poumon que lorsqu'il a été préala-
blement distendu par l'air dans une certaine mesure.
» 9° Cet instrument donne au physiologiste une preuve nouvelle de la
grande élasticité et de la résistance du tissu pulmonaire sain. Il peut four-
nir aussi un mode de recherches précises sur la quantilé d'air inspiré né-
cessaire au renouvellement complet de cehii que contient le poumon. Cet
organe étant rempli en quantité déterminée de gaz hydrogène sulfuré, par
exemple, il sera facile, en le remplaçant par de l'air atmosphérique, de cal-
culer ce qu'il en faut pour que la substitution des deux gaz soit com-
plète.
» 10° Enfin il y a une question dont l'importance ne saurait échapper
à personne, celle du meilleur traitement à appliquer aux noyés ou aux
asphyxiés, qui pourrait être mieux résolue que par le passé en mettant à
profit le principe sur lequel est basé le spiroscope.
» La facilité avec laquelle l'air extérieur pénètre dans la profondeur des
voies aériennes des poumons lorsque, au lieu de les insuffler, on fait d'a-
bord dilater ces organes, comme le démontre le spiroscope, semble prouver,
en effet, que le meilleur moyen de rétablir la respiration chez les asphyxiés
serait l'aspiration extérieure pratiquée sur les parois thoraciques pour ob-
tenir leur dilatation, et siu' l'abdomen pour agir de même sur le dia-
l)hragme. La solution du problème ainsi posé est parfaitement réalisable,
comme j'espère le démontrer. «
( i(>83 )
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur Jiii nouvenu procédé pour compter les cjlobules
du sancj. Note de MM. G. Hayem et A. IVachet, présentée par M. Gos-
selin.
(Commissaires, MM. Cl. Bernard, Bouilland, Gosselin.)
« La numération des globules du sang, faite à l'aide du microscope,
est un j)robIème d'une grande importance, tant au point de vue physiolo-
gique qu'au point de vue clinique. .
Il II a déjà fait l'objet de recherches fort ingénieuses; mais les procédés
qui ont été jusqu'à présent rais en usage nous ont paru peu pratiques ou
incorrects.
» En étudiant avec soin les différents éléments de ce problème et en
nous rendant compte de la nécessité d'éviter les erreurs dues aux phéno-
mènes de capillarité qui se produisent dans certains appareils, nous avons
été conduits à imaginer une méthode nouvelle.
» Nous faisons, comme lous les observateurs qui nous ont précédés, un
mélange de sang et de sérum, aussi homogène que possible, c'est-à-dire
dans lequel on peut admettre qu'il existe une répartition égale des éléments
globulaires. Mais comme il est impossible, ou tout au moins peu pratique,
de compter les éléments contenus dans la masse entière du mélange, il
fallait trouver un moyen à la fois simple et correct de circonscrire une
partie mathématiquement déterminée de ce mélange sans altérer, par les
manœuvres de l'opération, la répartition des globules.
» Nous croyons avoir atteint ce but à l'aide de l'appareil suivant.
» Il se compose essentiellement d'une cellule formée par une lamelle de
verre mince, perforée à son centre et collée sur une lame de verre porle-
objet parfaitement plane. La lamelle de verre perforée a été rodée avec de
l'émeri fin sur un plan métallique de façon à n'offrir qu'une épaisseur
déterminée. On sait qu'en surveillant cette opération à l'aide du sphéro-
mètre on peut obtenir cette épaisseur avec une exactitude absolue.
» On a donc ainsi une cavité dont la profondeur est maihématiquement
connue. En déposant au centre de cette cellule une goutte du mélange
sanguin et en recouvrant immédiatement cette goutte d'une lamelle de
verre très-plane, qui vient reposer sur les bords de la cellule, on obtient
ainsi une lame de liquide à surfaces parallèles et dont l'épaisseur est
connue.
» Si l'on a soin de bien placer la goutte du liquide à examiner au milieu
de la cellule et de ne pas la prendre assez volumineuse pour qu'elle rem-
( io84 )
pHsse la cavité tout entière, on évitera de la sorte le soulèvement de la
petite lamelle parle liquide, cl la goutte s'aplatira sans que la dissémina-
tion régulière des globules soit altérée.
» El) plaçant aux angles de la lamelle à recouvrir un peu de liquide vis-
queux, de la salive par exemple, on ferme la préparation d'iuie manière
suffisante pour empêcher le glissement de cette lamelle et l'évaporation de
la goutte.
)) Supposons maintenant que la hauteur de la cellule soit de | de milli-
mètre (c'est la hauteur qui nous a paru être la plus convenable), il est facile,
à l'aide d'un oculaire quadrillé, de compter les globules du sang dans
l'étendue de ^ de millimètre carré.
» On obtient ainsi le nombre des globules contenus dans un cube de
j de millimètre de côté, et une simple multiplication donne celui que ren-
ferme I millimètre cube de sang pur.
» La glace de notre oculaire quadrillé porte un carré dont le côté
acquiert, au trait d'affleurement marqué sur le tube du microscope, la
valeur de | de millimètre. Ce grand carré est divisé en seize carrés égaux,
et au milieu de chacun d'eux on a tracé des lignes réciproquement per-
pendiculaires n'arrivant pas jusqu'aux bords. Cette disposition rend facile
et rapide la numération des globules.
» Celle-ci doit être faite dans quatre, cinq ou six points différents de la
préparation, en évitant de choisir les bords au niveau desquels il se pro-
duit quelquefois une modification légère dans l'égale répartition des glo-
bules.
» Pour faire le mélange sanguin, nous employons simplement deux
pipettes parfaitement graduées : l'une destinée à prendre le sang et l'autre
le sérum.
» Comme liquide additionnel , nous préférons aux sérums artificiels les
sérosités naturelles, telles que le liquide de la cavité amniotique de la
vache, et surtout la sérosité des épanchements hydropiques qui se pro-
duisent chez l'homme dans certains cas pathologiques.
» Le sérum puis le sang sont déposés dans une petite éprouvette de verre,
et le mélange s'effectue à l'aide d'un petit agitateur ayant la forme d'une
palette. Cet agitateur reçoit entre les doigts un mouvement rapide de va-
el-vient, qui ne tarde pas à disséminer les globules du sang d'une manière
très-uniforme dans toute la masse du liquide. »
( io85 )
VITICULTURE. — Pays vignobles alleints par le Phylloxéra en 1874.
Note de M. Dkclacx.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Vers le nord, la maladie se généralise aux environs de Vienne, à
Sainl-Romain-en-Gal, Sainte-Colombe, Ampuis. Elle apparaît à Soucieu-en-
Jarrest et Brignais, au sud de Lyon, et au nord de celte ville à Villié-
Morgon, et à Vaux-Renard, chez M. de Saint-Trivier. Ces deux derniers
vignobles, situés eu plein Beaujolais, sont à 20 lieues en moyenne du
gros de l'invasion. De pareils bonds sont jusqu'ici tout à fait inusités dans
l'histoire du Phylloxéra. Son apparition en Suisse, sur les bords du lac de
Genève, n'est pas due en effet à des avant-gardes venues de France, et
provient, comme on sait, de l'introduction de vignes américaines sur cer-
tains points de la région atteinte maintenant.
» Le Phylloxéra apparaît aussi à Sury-le-Conital, aux environs de Mont-
brison, dans la vallée de la Loire, et semble avoir utilisé, pour y arriver de
la vallée du Rhône, la dépression existant au niveau de Rive-de-Gier et de
Saint-Étienne, dans la chaîne montagneuse qui sépare les deux vallées.
» C'est par un passage pareil, au-dessus de collines peu élevées formant
ligne de faîte, que l'on peut expliquer son apparition à Curel et à Noyers,
aux environs de Sisteron, où il a été vu par M. O. Bouteille. La vallée du
Jabron n'est séparée en ces points de celle de l'Arvèze que par des mon-
tagnes de très-faible hauteur, et le mistral va de l'une à l'autre.
» Dans tout le pâté montagneux qui s'étend entre la vallée de l'Isère et
celle de la Durance la maladie est arrivée jusqu'aux extrêmes limites de son
domaine, et l'extension considérable qu'a prise la tache dans celte direction
ne se traduit dans la réalité que par l'envahissement d'un petit nombre
d'hectares de vignes, qui sont rares dans ces régions et ne sont même cul-
tivées en certains points que dans les expositions favorables, et comme
vignes d'agrément.
» La vallée de llsère, à peu près indemne jusqu'ici, commence à être
atteinte. Des points d'attaque existent aux environs de Saint-Marcellin, à
Saint-Hilaire-du-Rosier, Saint-Laitiers, Chevrières et Beauvoir.
» Vers le sud-est, dans celle région bien abritée qui s'étend entre 1 Es-
lerel et la mer, les points d'attaque de l'an dernier, aux environs de Dra-
guignan, ont pris de l'extension, mais lentement. Il en existe un nouveau
au Revest, un autre àTaradeau.
C. R,,i875, i" SemeHre, (T.LXXX, N° IC.) ï4l
( io86 )
» Enfin, au sud-ouest, l'Hérault commence à être assez fortement atteint,
et, en dépit de la belle récolte de l'an dernier, les progrès de la maladie
doivent exciter l'appréhension. Un point d'attaque, relevé par M. G. Bazille,
a apparu au delà de la rivière d'Hérault, aux environs de Lunas. »
M . le Ministre de l'Instruction publique transmet une Note de M . O. Vau-
veii relative au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Barot adresse, pour le Concours des prix de Médecine et de Chi-
rurgie (fondation Montyon), un Mémoire sur un appareil à extension
continue et graduée pour les fractures de la jambe.
(Renvoi à la Commission.)
M. E. Lantier adresse une Note sur un appareil destiné à opérer le la-
vage des plaies à trajet profond. Cet appareil a été employé avec succès
pendant le siège de Paris. La description est accompagnée d'une photo-
graphie.
(Commissaires : MM. Sédillot, Gosselin, Larrey.)
MM. B. Alciator, Ch. Bardenat, Limousin, Tallendeau, J. Guimbelot
adressent des Communications relatives à la catastrophe du ballon le
Zéiiilh.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
M, Laoarigue adresse une Note sur l'emploi de la vapeur adaptée aux
remorqueurs servant à la traction sur les canaux.
(Commissaires ; ]MM. Paris, Dupuy de Lôme, Belgraud.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Cor-
respondance :
1° Une Table de logarithmes de M.^i. Liicchesini ;
2° Une Notice biographique sur le D"^ Desruelles, ancien professeur au
Val-de-Gràce.
( io87 )
« M. DcMAS fait connaître à l'Académie la perte considérable que les
sciences viennent d'éprouver en la personne de M. Anton. ScnnoTTER,
Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de Vienne.
» Pendant quarante années consacrées au professorat ou à des recherches
personnelles, M. Schrotter s'est montré l'un des plus éminents interprètes
de la Science et l'un des plus féconds expérimentateurs. Son nom demeure
attachéà l'une des plus brillantes découvertes, celledu phosphore amorphe.
L'Académie, en lui accordant à cette occasion un de ses prix annuels, avait
voulu marquer à la fois l'importance de cet événement, au point de vue
de l'hygiène publique, et son extrême intérêt au point de vue de la philoso-
phie naturelle. On ne saurait oublier, en effet, les doutes qui s'élevèrent de
toutes parts lorsque" M. Schrotter fit connaître le phosphore rouge, iden-
tique par sa nature avec le phosphore ordinaire et différent de celui-ci par
toutes ses propriétés. M. Schrotter avait réalisé, au sujet du phospliore, ce
que la nature a fait seule jusqu'ici au sujet du charbon, qu'elle nous ofh'e
tantôt sous forme de diamant, tantôt sous celle de graphite. La voie qu'il
a ouverte dans ces transformations dimorphiques des corps simples reste
encore à parcourir. »
CHIMIE. — Sur la précipitation de l'argent par te protoxyde d'uranium. Note
de M. IsAMBERT, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Lorsque des oxydes métalliques agissent sur les dissolutions des sels
d'argent, l'action consiste le plus ordinairement en une précipitation d'oxyde
d'argent; cependant il peut, dans certains cas, se produire lui précipité
d'argent métallique. Ebelmen a montré que l'urane donne dans la dissolu-
tion d'azotate d'argent un dépôt de métal exactement comme le ferait le
cuivre, i équivalent d'urane remplaçant i équivalent d'argent sans qu'il y
ait dégagement de gaz. Cette propriété semblait en contradiction avec les
notions générales de la science, depuis que M. Peligot a démontré que
l'urane est le protoxyde d'un nouveau métal, l'uranium.
» En répétant avec soin l'expérience d'Ebelmen, on trouve que le résultat
final est complètement exact. Ainsi, pour ne citer qu'une seule expérience,
iS'',9i4 d'urane a précipité is',52i d'argent, alors que la formule donne
i^'',5i99; mais, si le fait est d'une exactitude absolue, il n'en est plus de
même de l'explication. L'urane ou protoxyde d'uranium étant projeté dans
la dissolution bien neutre d'azotate d'argent et agité rapidement, on voit se
former un précipité volumineux; en même temps le protoxyde se dissout et
la liqueur devient verte; en continuant à agiter, on ne tarde pas à voir cette
i4i..
( io88 )
teinte disparaître pour faire place à la couleur jaune qui caractérise les
dissolutions des sels de sesquioxyde d'uranium. A ce moment aussi le pré-
ci|>ilé diminue de volume et change entièrement d'aspect : c'était de l'oxyde
d'argent qui s'était précipité en premier lieu; après cette transformation, il
ne reste plus que de l'argent métallique. La réaction que l'on représente
ordinairement de la manière suivante :
AgOAzO'+ U=0==: Ag-4-U=0'AzO=
doit donc se dédoubler, et l'on a
1° aUO + 2AgOAzO'= 2U0Az0'^+ aAgO,
2° 2U0Az0=+ aAgO = U=0' Az0^4- AgOAzO=+ Air.
» Et en effet, au début, on observe que la dissolution se colore en vert
par suite de la présence d'un sel de protoxyde d'uranium; ce n'est que
plus tard que ce sel se change en sel de sesquioxyde aux dépens de l'oxyde
d'argent.
» Une vérification résulte de l'action de l'uraniinn à l'état métallique
sur l'azotate d'argent; il se précipite dans cette réaction de l'argent; en
même temps il reste dans la dissolution de l'azotate de sesquioxyde d'ura-
nium; 2 équivalents d'uranium précipitent dans ce cas 3 équivalents
d'argent.
» Ces réactions ne sont du reste pas isolées, et, si les oxydes anhydres,
comme le protoxyde de fer, sont sans action sur la dissolution d'azotate
d'argent, même à la température de l'ébuUition, le protoxyde hydraté
donne immédiatement un précipité d'argent avec production de sesqui-
oxyde de fer.
» Celte propriété des protoxydes, capables de former facilement un
oxyde supérieur et de précipiter l'argent de ses dissolutions, existe dans
leurs sels : c'est ainsi que le sulfate et même le carbonate de protoxyde
de; fer se comportent comme réducteurs vis-à-vis des dissolutions de sels
d'argent.
» Parmi les protoxydes anhydres, qui sont dans les mêmes conditions, il
en est un cependant qui agit à peu près comme l'oxyde d'uranium : c'est le
protoxyde de molybdène, qui réduit aussi les sels d'argent, mais avec forma-
tion d'acide molybdique. L'oxyde salin d'm-anium, U^O*, est également
capable de précipiter l'argent de ses dissolutions; mais l'action est bien plus
lente que pour le protoxyde, et il serait ici complètement impossible de
reconnaître les deux phases que nous avons distinguées dans le cas du prot-
oxyde.
( io89 )
» Le fait de la précipitation de l'argent métallique par certains oxydes
est donc simplement le résultat de l'action réductrice de certains sels de
protoxyde sur l'oxyde d'argent. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur i ociion du platine et du palladium sur les hydro-
carbures de la série benzénique. Note de M. J.-J. Coquilliox, présentée
par M. Wurtz.
(( Dans une première série d'expériences, j'ai indiqué que les vapeurs de
toluène en présence d'un fil de platine incandescent et de l'oxygène de
l'air donnaient comme résultat d'oxydation de petites quantités d'hydrure
de benzoïle et de l'acide benzoïque; j'ai expérimenté dans les mêmes con-
ditions sur les autres carbures de la série benzénique. Chacun de ces car-
bures, benzine, toluène, xylène et cumène provenant du goudron de
houille a été obtenu par distillation fractionnée et pris entre les limites
les plus rapprochées de son point d'ébullition. La benzine a pu être obte-
nue très- pure par deux cristallisations à froid. Mes expériences m'ont
donné les résultats suivants : avec la benzine et le toluène, la quantité
d'hydrure de benzoïle est trè^•-faible, l'acide benzoïque prédomine; avec
le xylène et le cumène, on peut obtenir des quantités appréciables d'hy-
drure de benzoïle qui, du reste, ne tarde pas à se changer en acide ben-
zoïque.
» L'appareil que j'ai employé consistait, comme dans le cas du toluène,
en un tube vertical au milieu duquel était fixée la spirale de platine et où
arrivait le mélange d'air et de vapeurs; ce tube était relié à des barbo-
teurs à eau qui eux-mêmes communiquaient avec un aspirateur. C'est dans
les barboteurs à eau que l'on pouvait par évaporation obtenir de petits
cristaux. Ce sont ces cristaux que j'ai soumis à l'analyse après les avoir
fait cristalliser dans l'alcool : ils m'ont donné constamment de l'acide ben-
zoïque. Je me contente de citer l'une de ces analyses :
Mailère employée o ,284
CO' o,7r4
HO 0,124
OU, en centièmes :
C'*H'0-.
C G8,5 68,8
H 4 >*^2 4 j9 '
» li'analyse des produits gazeux m'a fourni de l'acide carbonique et de
{ logo )
l'oxyde de carbone; l'oxygène de l'air était réduit de moitié environ:
Avant Pli 89
Après 78
Après KO 74
Après Cil Cl acide 70
d'où
0=9, C'0'=--li, CH)'=4.
» Ainsi chacun des carbures de la série benzénique sous l'influence d'un
oxydant, le platine, et de la chaleur se dédouble et donne en majeure
partie de l'acide benzoïque. Ces faits vont justifier les travaux de M. Ber-
thelot, d'une part, et la théorie de M. Rekulé d'autre part. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la loi (les variations diurnes et annuelles
de la température dans le sol. Note de M. Peslix, présentée par
M. Daubrée.
« Soit, sur une verticale, T la température au bout du temps t, pour le
point situé à la profondeur x. Si l'on appelle K le coefficient de conducti-
bilité du sol et c sa chaleur spécifique rapportée à l'unité de volume, l'équa-
tion différentielle du mouvement de la chaleur sera
(y.'^ dt\ dx = '\ {cT dx)dt
\ dx j dt ' '
ou bien, en posant - = — 5
dT _ K ^^T _ I d--1
{\\ dt c dj.' 1
d ~
;:)■
» Les variations de température que nous voulons étudier sont pério-
diques; j'ai donc dû chercher à développer l'intégrale suivant les lignes
trigonométriques des multiples de 27r- [0 étant la période). J'ai trouvé
que la forme la plus commode pour notre objet de l'inlégrale élémentaire
était
— /" — / X
T,„ = A,„e "cos m- 1 — ///'-
» Cette intégrale se déduit de l'intégrale connue
— ;i - H t
T„ = C„e " '
( I09' )
en posant
..î
— = ///- y/ — r , d'où H ^^ in{i -^ \/ — i ) .
On a alors
T = C p " ^ "^
ou
T„ = C„ e " cos ( 7>r t — m-\-\-\l — i sin ( //r t — m - j U
et il est aisé de vérifier que chacun des deux termes de T„ satisfait isolément
à l'équation différentielle précédente.
» Ainsi l'intégrale la plus générale de l'équation différentielle (i) peut
s'écrire sous la forme
(2) T = 2A,„e~"'''cos {ni^t - m -"),
expression qui, pour ;r = o, se réduit à
(3) T„.= 2A,„cos(7M-^0-
« Donc, si l'on connaît la loi des variations diurnes et annuelles de la
température à la surface du sol, et si l'on peut la représenter par une série
trigonométrique, il sera aisé d'en déduire la série trigonométrique qui re-
présente la loi des variations de la température pour une profondeur quel-
conque. Il suffira de passer de chaque terme de la première série, mis sous
la forme AmCos(7?î"<), au terme correspondant de l'intégrale (2), ce qui est
facile.
>) Je prendrai pour exemple le cas le plus simple; je supposerai que la
loi des variations de la température à la surface du sol est représentée par
la sinusoïde
(4) To = /^ + 7 cos an
t — t.,
[Q étant ia période et t„ l'instant du maximum).
» Nous avons alors pour le premier terme
772 ^ o,
pour le second
7ra == -- )
ît, si nous posons a = « 4 / — -, la formule qui donne la loi des tempéra-
( loga )
tures T à la profondeur x deviendra
(5) T = p-i- qe~~^cos [2:1 (^') - l] ■
» Nous retrouvons ainsi les lois qui ont été déduites de l'expérience, à
savoir :
» i" Que l'amplitude des variations de la température, soit 27e ' , dé-
croît en progression géométrique quand la profondeur x croît en pro-
gression arithmétique;
» 2° Que le retard du maximum de température, soit -> croît propor-
tionnellement à la profondeur x.
)) 3° Que, si la période change, les profondeurs correspondant à une
même réduction de l'amplitude des variations de température croissent
proportionnellement à la racine carrée de la période, par exemple dans le
rapport de i à 19,11 =: \J365, quand on passe des variations diurnes aux
variations annuelles.
)) Mais la formule (5) donne, en outre, une relation simple entre le re-
tard du maximum de température et la décroissance de l'amplitude de la
variation thermométrique. Par exemple, elle nous apprend qu'à la profon-
deur où les instants du maximum et du minimum sont intervertis, c'est-à-
dire où - = 7T, l'amplitude de la variation thermométrique est réduite dans
le rapport de i à e''^ 23,i4; de même qu'à la profondeur où le retard du
maximum est le douzième de la période (soit un mois pour les variations
annuelles, 2 heures pour les variations diurnes) l'amplitude de la va-
riation thermométrique est réduite dans le rapport de 1 à e' — 1,688.
» Nous avons constaté que cette dernière loi se vérifie également très-
bien sur les observations publiées, soit anciennement par Quetelet, soit
plus récemment par MM. Becquerel et Marié-Davy.
» Les chiffres moyens les plus probables tirés de la comparaison de notre
formule avec l'ensemble des observations sont les suivants :
» 1° Pour les variations diurnes, le coefficient de réduction de l'ampli-
tiule correspondant à o",io de profondeur est 1,80, et le retard du maxi-
mum est de 2*" 1 5'°.
). 2° Pour les variations annuelles, le coefficient de réduction de l'ampli-
tude correspondant à 1 mètre de profondeur est i ,36, et le retard du maxi-
mum est de 1 8 secondes.
( I093 )
» Il est probable que ces chiffres sont sujets à de légères variations,
dépendant de l'état du sol et de la répartition des pluies. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur la théorie des tempêtes. Note de M. Cousté.
« 1. La baisse barométrique est le signe certain de l'approche d'un cy-
clone ; elle a son maximum au centre même de l'ouragan. M. Faye admet
ces faits dans sa Notice insérée dans VJnnuaire du Bureau des Longitudes. Lo-
giquement c'est reconnaître que, dans l'intérieur du cyclone, il y a aspi-
ration ou courant ascendant; car qui dit baisse barométrique dit dépression ou
diminution du poids de la colonne d'air. Que la dépression soit statique,
c'est-à-dire qu'elle résulte d'une raréfaction de l'air au repos, ou qu'elle
soit dynamique, c'est-à-dire qu'elle soit produite par le mouvement d'une
masse d'air, l'effet sera le même : afflux d air vers le point où la pression est
moindre ; car dans un fluide l'équilibre de pression tend toujours à se ré-
tablir.
» M. Faye exprime le doute qu'on puisse appliquer le « principe sta-
» tique de l'égalité de pression dans les mouvements gyratoires, surfout
» quand ils ont lieu sur une vaste échelle a. Un doute, sans preuves à l'ap-
pui, est de nulle valeur dans une argumentation qui est du domaine des
sciences exactes. Conçoit-on, d'ailleurs, qu'un principe soit subordonné à
une considération de quantité?
» L'auteur de la Notice conteste le courant ascendant, par cette considé-
ration que ce courant ne pourrait exister sans une enveloppe faite « d'un
corps solide », qui isolerait le météore d'avec le milieu ambiant. Si l'ob-
jection élait fondée, elle s'appliquerait aussi bien à l'une qu'à l'autre des
hypothèses; car toutes les deux supposent une gaîiie, imperméable par
rapport à l'air extérieur, accessible à cet air uniquement par le bas (dans
l'hypothèse du courant ascendant), et ouverte par les deux bouts (dans
l'hypothèse du courant descendant). Or cette enveloppe existe dans les
conditions de la première hypothèse; non pas, il est vrai, composée d'un
corps solide (cela n'est pas nécessaire, et d'ailleurs ne répondrait pas aux
besoins du phénomène), mais organisée de manière à empêcher l'introduc-
tion de l'air ambiant par la surface latérale et à ne l'admettre que par le
bas. Je regrette de n'en pouvoir donner ici la preuve, faute d'espace; mais
on la trouvera exposée avec détails dans mon Mémoire présenté à l'Acadé-
mie à la séance du i4 décembre 1874.
» 2. On peut encore opposer à l'hypothèse du courant descendant un
C.R.,1875, ."r Semestre, (T. LXXX, N» 10.) '^2
( I094 )
argument émis, si je ne me trompe, par M. Peslin. C'est qiie, si l'air des
cyclones était refoulé de haut en bas, comme il serait puisé dans les régions
supérieures et ne contiendrait, par conséquent, presque pas de vapeur
d'eau; que d'ailleurs, en passant aux couches inférieures, il augmenterait
notablement en température, ces météores apporteraient sur leur parcours
la sécheresse et une chaleur accablante, tandis que généralement ils refroi-
dissent l'atmosphère et amènent d'abondantes pluies.
» L'illustre auteur de la Notice applique aux trombes et aux cyclones les
résultats qu'il croit avoir constatés par l'observation et l'expérience dans
les tourbillons liquides. L'observation a consisté à examiner oculairement
ce qui se passe quand un nageur, un glaçon charrié par le cours d'eau,
une embarcation, sont saisis par un tourbillon. Ces corps, dit l'auteur, sont
entraînés vers le fond, en décrivant une hélice conique, et l'on obtient des
effets semblables dans les tourbillons qu'on détermine artificiellement dans
mie masse d'eau tranquille : qu'on jette dans le creux de ces tourbillons de
la poussière opaque ou une couche d'huile, on verra les grains de poussière
et les globules d'huile descendre jusqu'au fond en décrivant des hélices
coniques.
» Il conclut de ces faits : i° que les molécules liquides décrivent elles-
mêmes, en gyrant autour de l'axe, des hélices coniques; 2° que, puisqtie
ces molécules, en se rapprochant de l'axe, augmentent de vitesse angulaire
en raison inverse du carré de la distance, il y a, vers le bas du cône, con-
centration des forces vives disséminées dans le tourbillon : et telles se-
raient l'origine et la mise en oeuvre de la puissance mécanique des trombes
et des cyclones.
» L'autein' s'est trompé, je crois, dans ces observations et expériences; il
a examiné avec les yeux là où il fallait procéder par le raisonnement basé sur
les principes de la Mécanique. Le raisonnement lui auraitdit: i"que,dans un
fluide homogène et incompressible qui gyre autour d'un axe vertical, il n'y
a aucune force qui puisse altérer la symétrie des hélices décrites par les
diverses molécules du fluide, ni faire varier la distance de celles-ci par rap-
port à l'axe; que, en conséquence, les hélices sont et restent cylindriques ;
2° que, si le tourbillon est de forme conique, cela vient non pas de ce que
les molécules décriraient des hélices coniques, mais de ce qu'il y a des
écoulements latéraux de fluide en vertu de la force centrifuge combinée
avec la force tangentielle de gyration ; 3° que, quant aux corps immergés,
ils décrivent effectivement des hélices coniques; mais c'est en vertu de la
différence de densité entre eux respectivement et le liquide. Ainsi, m étant
la masse du corps, m' celle du liquide qu'il déplace, p sa distance à l'axe,
( logS )
w sa vitesse angulaire, il sera à chaque instant sollicité par une force cen-
trifuge OT/3ci>- et par une force centripète m' pcù-. Suivant que, clans la ré-
sultante [nï — /?i)(Sa>^, m' — m sera positif ou négatif, le corps tendra à
être expulsé du tourbillon en décrivant une hélice conique évasée vers le
bas (ce sera le cas du nageur, plus dense que l'eau), ou bien il sera porté
vers l'axe en décrivant une hélice conique se rétrécissant vers le bas (ce
sera le cas du glaçon, de l'embarcation si elle est légère, de la poussière,
de l'huile).
» Je ne saurais, par suite, admettre les conclusions de la Notice en ce
qui concerne la force mécanique dans les trombes et les cyclones. A sup-
poser que le courant fût descendant dans ces météores, il n y aurait pas, je
crois, concentration de forces vives au bas du cône, et ils seraient sans
puissance mécanique.
» D'après l'auteur de la Notice, les cyclones puisent leur mouvement de
translation dans l'alizé supérieur qui les engendre, et qui, rétrogradant vers
l'ouest, dans la région des calmes, reprend le mouvement direct vers l'est,
décrivant des espèces de paraboles dont les sommets sont disséminés à quel-
ques degrés de latitude des tropiques.
» Or: 1° la rétrogradation vers l'ouest de l'alizé supérieur, due au retard
(dans la rotation diurne) que les couches chaudes de la zone torride éprou-
vent en s'élevant, est extrêmement faible. En faisant le calcul, on trouve
une vitesse de rétrogradation d'environ o™, i4 par seconde; donc les cy-
clones, s'ils étaient transportés par l'alizé, auraient, dans la première
branche de la parabole, une vitesse de translation très-faible : ils mettraient
55o jours pour aller du cap Vert au cap Hatteras, espace qu'ils franchissent
réellement en i5 jours environ.
» 2° A la limite intérieure de l'alizé, c'est-à-dire vers le 5*ou 9" ou 1 1* de-
gré de latitude nord (suivant la saison) et le 2* ou 3" de latitude sud, la
vitesse rétrograde se compose avec la vitesse de l'alizé, qui est au moins
de 2"°, 3 par seconde {petite brise en terme de marine) de beaucoup supé-
rieure; la direction de la résultante fait donc un très-petit angle avec la
direction générale dudit alizé. 11 s'ensuit que les sommets des paraboles
seraient très-pointus, et seraient en outre situés très-près des limites ci-
dessus indiquées. Or, en fait, les sommets présentent des ronds variables et
généralement d'iai assez grand rayon ; en second lieu, ils sont situés entre
les 27'= et 35*^ degrés de latitude nord (voir la carte des ouragans de Kedheld
et de Reid) et entre les 20* et 3o* degrés de latitude sud (voir la carte de
Piddington).
142..
( 1096 )
» 3° Si les trombes et les cyclones étaient transportés par un courant agis-
sant à leur extrémité supérieure, comme le veut la Notice, la résistance
qu'ils recevraient du milieu ambiant formerait, en un certain point de la
longueur de la colonne vers le bas, une force qui, avec la force de trans-
lation, déterminerait un couple, dont l'effet serait de coucher promptement
la colonne sur une ligne horizontale à la hauteur de l'alizé; par suite, ces
météores n'auraient pas de durée, à supposer qu'ils pussent se développer.
» En résumé, d'après la théorie que je combats :
» 1° Plusieurs faits essentiels, admis par tout le monde, sont inexplica-
bles, notamment la baisse barométrique dans les cyclones et le refroidis-
sement et les pluies abondantes qu'ils occasionnent.
» 2° Les trombes et les cyclones manqueraient de puissance mécanique,
de vitesse de translation et de durée; leur effet sur l'atmosphère, à supposer
même qu'ils puissent s'y développer assez, serait à peu près aussi éphémère
que celui d'un bolide qui la traverse.
» Je ne remplirais qu'une faible partie des devoirs que la vérité impose,
si, après avoir démontré l'insuccès de ceux qui l'ont cherchée, je ne
m'efforçais de tracer de mon mieux la voie qui peut conduire jusqu'à
elle. Aussi ai-je commencé par cette dernière partie de ma tâche; elle lait
l'objet du Mémoire mentionné ci-dessus, présenté à l'Académie le i4 dé-
cembre 1874- »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Obsewations sur les altérations spontanées des œujs.
Réponse ci M. A. Béchamp. Note de M. U. Gayon, présentée par M. Pas-
teur.
« Je prie l'Académie de me permettre de revenir un instant sur quelques-
luis des résultats que j'ai eu l'honneur de lui communiquer, dans diverses
circonstances, sur les altérations spontanées des œufs. Je désire préciser
les points sur lesquels nous différons, M. Béchamp et moi.
» Au moment où j'ai commencé mon travail, il existait, dans la science,
des études de M. Donné sur la putréfaction des œufs (i) et une Note de
M. Béchamp sur l'examen détaillé du contenu de deux œufs d'autruche,
que lui avait remis M. Donné, et qui avaient éprouvé une altération spé-
ciale, différente de la putréfaction, altération caractérisée par la produc-
(i) Le dernier Mémoire de M. Donné est iniiliilé: Note sur la putréfaction des œufs et sur
les produits organisés qui en résultent, {Comptes rendus, t. LXV, p. 602 ; 1867.)
( I097 )
tion d'alcool, d'acide acétique, d'acide butyrique, d'hydrogène, d'acide
carbonique et d'hydrogène sulfuré (i).
» Ce qu'il importe de noter, c'est que M. Béchamp et M. Donné assurent
n'avoir jamais rencontré soit dans les oeufs pourris proprement dits, soil
dans les œufs à fermentation acide, la moindre trace d'organismes micro-
scopiques, bactéries ou vibrions.
» M. Donné dit très-positivement :
« Dans aucun cas, et quel que fût le degré de putréfaction auquel l'œuf fût arrivé, pulrc-
faction qui allait souvent jusqu'à répandre l'odeur la plus fétide ; dans aucun cas, cette ma-
tière décomposée n'a offert la moindre trace d'êtres organisés du règne végétal ou du règne
animal ; pas la plus petite moisissure, pas une seule monade, ni un seul vibrion, rien enfin
d'organisé, d'animé ou de vivant ne s'est montré au sein de la matière examinée avec le
plus grand soin au microscope. '> (Combles rendus, t. LXV, p. 602 ; 1867.)
» De son côté, M. Béchamp dit dans sa Note [Comptes rendus, t. LXVII,
p. 523, 18G8):
«. L'examen microscopique ne révèle pas autre chose dans la masse fermcntée que ce que
M. Donné m'y avait montré, au moment de me remettre l'œuf, savoir un amas de granula-
tions moléculaires. »
» Et plus loin :
K Si maintenant on fait abstraction de l'hydrogène sulfuré et de l'ammoniaque, qui sont
évidemment des ternies accessoires de la réaction, nous avons, dans ces expériences, tous
les caractères de la fermentation alcoolique et butyrique, et, comme on ne remarque dans
sa masse rien qui ressemble à un ferment organisé connu, RI. Donné a eu raison de s'écrier :
a Ainsi, voilà une matière animale très-compliquée, renfermant tous les éléments de l'or-
» ganisation la plus élevée. . , . qui se putréfie, qui entre en décomposition, qui fermente
B sans donner naissance à aucun être organisé et sans l'intervention d'aucun agent connu
i) de fermentation. « IMais la matière ne se transforme pas d'elle-même. Quelle est donc la
cause de cette fermentation remarquable ?. . . . »
» M. Béchamp répond à cette question :
« L'oeuf porte en lui-même, normalement, la cause de cette fermentation, et c'est sur-
tout dans le jaune que réside cette cause. Un autre travail montrera que j'aurais pu intituler
cette Note: » Des microzymas de l'œuf considérés comme organismes producteurs d'alcool
» et d'acide acétique. »
o En conséquence, non-seulement M. Béchamp assure n'avoir pas ren-
contré d'organismes, mais il imagine une hypothèse nouvelle pour rendre
compte de leur absence.
(t) Sur la fermentation alcoolique et acétique spontanée des œufs. [Comptes rendus,
t. LXVII, p. 523; 18G8.)
( logS )
» Cela posé, je rappelle que, dans le travail étendu que j'ai publié sous
le titre : Recherches sur les altérations sponUmées des œujs, j'ai étudié longue-
ment la putréfaction proprement dite des œufs et montré les organismes
qui la déterminent. Je rappelle que j'ai rencontré également le genre d'al-
tération acide signalé par M. Béchamp, et que, dans ce cas, comme dans
le précédent, il y a corrélation entre l'altération dont il s'agit et la pré-
sence d'êtres microscopiques déterminés.
)) Si M. Béchamp le désire, je suis prêt à lui montrer, dans les cas qu'il
a décrits et sur des œufs qu'il me soumettrait lui-même, les organismes qui
ont échappé à son observation. Il n'est donc point nécessaire d'imaginer
une théorie nouvelle pour rendre compte de l'absence d'organismes, puis-
que ceux-ci existent.
)) M. Béchamp veuttirer un argument (i) de l'expérience suivante que j'ai
citée en Note dans mon Mémoire : Un œuf a été placé dans une éprouvette
pleine de mercure et abandonné à la température moyenne de iS degrés,
c'est-à-dire dans des conditions nouvelles, toutes spéciales, très-différentes
de celles où s'altèrent d'ordinaire les œufs. Il s'est produit une sorte de
fermentation alcoolique avec disparition du sucre et dégagement de quel-
ques centimètres cubes d'acide carbonique, sans production de cellules de
leviire ou de ferments organisés ; mais il n'y a aucune analogie entre ce
phénomène et la fermentation acide dont parle M. Béchamp. Tout diffère:
conditions de l'expérience, couleur, odeur, réaction chimique ; il est im-
possible de les confondre, comme il est impossible de confondre la fermen-
tation intérieure des fruits, découverte par MM. Lechartier et Bellamy,
avec la fermentation lactique ou acétique. »
ZOOLOGIE. — Sur la jaune helminthologique des cô es de la Bretagne.
Note de M. A. Villot, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« Les plages de Roscoff, si riches en animaux inférieurs et si pittoresque-
ment accidentées, offrent aux oiseaux de rivage un gîte facile et luie nourri-
ture aussi abondante que variée. Ceux-ci, en effet, y sont fort nombreux et
jouent certainement un rôle important dans l'économie de la faune. Les
espèces que l'on rencontre le plus communément sont les suivantes : Tringa
canutus, Tringa alpina, Charadrius hialicula, Pluvialis apricarius, Calidris are-
naria, Slrcpsilas interpres, Totanus calidris, Limosa rufa, Numenius arquala,
(i) Comptes rendus, séance du ig avril 18^5.
( 1099 )
Niimenim phœopus, Hœmatopus ostralec/iis, Ardea cinerea, Lanis ridibundus,
Carbo cormoranus, Sierna paradisea, Sterna hirundo, Sterna minuta, Sterna
fissipes, Uria troile, Fralercula arctica. La plupart de ces oiseaux, surtout
les plus petits, nourrissent une foule d'Helminthes, qu'il est facile
de se procurer et que j'ai pu examiner à l'état de vie. Leur étude, au
point de vue de l'habitat, m'a déjà fourni tout un ensemble de faits, qui
confirment pleinement les considérations générales de ma précédente
Note.
» Je citerai d'abord trois espèces de Némaloïdes : Ascaris spiculigera,
Rudolphi; Ascaris /îceieroura, Creplin; Spiroptera aculeata^ Creplin. U Asca-
ris spiculigera avait été trouvée par Creplin dans le tube digestif du Guillemot
troile, et c'est là aussi que je l'ai moi-même rencontrée à Roscoff ; mais
elle a été signalée dans beaucoup d'autres oiseaux marins (Plongeons,
Grèbes, Harles, Pingouins, Goélands, Pélicans, Cormorans). UAscaris
hœleroura n'est point rare dans l'intestin du Pluvier doré. Quant au Spi-
roptère épineux, on le trouA^e abondamment dans le proventricule du
Bécasseau variable.
B Les Échinorhynques sont très-inconstants dans leur habitat; mais ils
sont aussi, malheureusement, très-difficiles à caractériser. Le Sanderling
des sables et le Tourne-Pierre vulgaire, chez lesquels on ne connaissait
encore aucun Acanthocéphale, m'ont fourni deux espèces probablement
nouvelles. Celle du Sanderling a le corps ovale, frès-renflé et régulièrement
plissé en travers; celle du Tourne-Pierre se distingue, au contraire, par un
corps très-long, linéaire, armé de piquants dans sa partie antérieure et par
une trompe très-courte. Une espèce voisine de cette dernière, mais encore
plus allongée, habite l'intestin de la Mouette rieuse; c'est peut-être VEchi-
norhjnchuslinearis,Westr[Mnh. J'ai souvent recueilli VEchinorhpwhus infla-
tus, Creplin, dans le Pluvier à collier; et dans le Bécasseau variable, VEclii-
norhynchus poljmorphus ^ Bremser, qui est très-commun chez les Canards.
D'autre part, V Echinorhynchus striatus, Goeze, qui vit ordinairement dans
l'intestin des Échassiers , et particulièrement dans celui des Hérons, se
trouve, à Roscoff, dans un Palmipède totipalme, le Cormoran ordinaire.
Cet Échinorhynque, dont on ne possédait encore que deux mauvaises
figures, se distingue de tous ses congénères par ses formes étranges et son
mode de fixation. La partie antérieure de son corps, qui est très-renflée et
hérissée de piquants, devient, lorsque la trompe est rétractée, une véritable
ventouse, à l'aide de laquelle il se fixe sur les parois de l'intestin. En cet
état, il ressemble à certains Distomes épineux, tels que le Distoma ferox,
( IIOO 1
Zeder, qui habite également l'intestin des Hérons, et avec lequel on pour-
rait le confondre à première vue.
» Les Cestoïdes sont nombreux aussi et non moins intéressants. Les
espèces se rapportant au genre Tœnia peuvent se répartir en deux groupes
nettement caractérisés par la grandeur relative des crochets dont leur
trompe est armée. Le Tœnia crassirostris, Krabbe, et le Tœnia filum, Goeze,
ont des crochets très-courts et sont d'ailleurs faciles à distinguer. Le pre-
mier se trouve dans le Pluvier à collier; le second, dans le Bécasseau va-
riable. Les espèces à grands crochets sont moins tranchées et moins faciles
à reconnaître. Le Tœnia retirostris, Krabbe, vit dans l'intestin du Tourne-
Pierre vulgaire; le Tœnia nyrnphœa, Schrank, forme très-voisine de la pré-
cédente, paraît propre au Courlis corlieu; le Tœnia ericelonim, Krabbe,
ne se trouve que dans le Pluvier doré; le Tœnia inversa, Rudolphi, tapisse
pour ainsi dire l'intestin de la Guifette fissipède. Une espèce très-com-
mune, qui est peut-être le Tœnia lœvirjata, Rudolphi, mais qui pourrait
bien aussi être nouvelle, se développe indifféremment dans le Courlis cor-
lieu, le Sanderling des sables, le Tourne-Pierre vulgaire, le Bécasseau va-
riable et la Maubèche canut. Le genre Opiiryocot/le, établi par Friisen 1 869,
est représenté à Roscoff par deux espèces. V Oplir/ocot)le proteus, Friis, se
trouve dans le Bécasseau variable et le Sanderling des sables, aussi bien
que dans le Pluvier à collier. L'autre espèce est nouvelle et vit dans l'in-
testin de la Barge rousse.
» Les parasites des Cétacés du sous-ordre des Cétodontes ont été, dans
ces derniers temps, recueillis avec soin ; mais il est probable que l'on
est encore loin de les connaître tous. Dans un Dauphin ordinaire, dissé-
qué au laboratoire de Roscoff, le 21 juin 1874, "ous avons trouvé, à la
base des nageoires pectorales , entre le lard et les muscles, un Ver sin-
gulier, que je n'ai pu déterminer et dont je donnerai prochainement la
description. Ce curieux parasite me paraît voisin des Pscudalius, mais il
diffère certainement de toutes les espèces de ce genre que l'on connaît
actuellement. Le même Dauphin contenait .dans son estomac une quantité
prodigieuse A'/ïscaris simplex , Rudolphi, à tous les degrés de dévelop-
pement.
» Je signalerai aussi, comme se trouvant à Roscoff, deux Cercaires iné-
dites, dont les Rédies vivent dans les Mollusques marins. L'une, découverte
par M. le professeur de Lacaze-Duthiers, est parasite de la Calyplrœa sinen-
sis, et se distingue par sa queue, qui est munie de deux expansions mem-
braneuses, latérales, régulièrement plissées en travers. L'autre, qui res-
( ..o. )
semble beaiicoiip à deux Cercaires décrites par Mûller (C. setifera et
C. e(egans), est parasite de la Nassa reticulaln.
» Il reste maintenant à étudier les migrations et les métamorphoses de
toutes ces espèces. Le sujet est sans doute bien attrayant, mais il exige
beaucoup de méthode, de circonsi)ection, et une longue série d'observa-
tions. Ce sera, cette année, le but principal de mes recherches. Quelques
essais que je viens de faire dans cette; voie, sur les Vers parasites dos oi-
seaux, n'ont pas été infructueux, et j'espère pouvoir bientôt communiquer
à l'Académie les résultats obtenus. »
ZOOLOGlli. — Sur un nouveau type inlerniédiaire du sous-enibianclicnient des
Fers (Polygordius? Schneider). Note de M. Edm. Piîkrieu, présentée par
M. de Lacaze-Duthiers.
« L'étude des types intermédiaiies prend une importance de plus en
plus grande, à mesiu'e que l'on connaît davantage l'organisation des êtres
constituant les grands groupes primordiaux du règne animal. Le nombre
de ces types, autrefois fort restreint, s'étend chaque join* davantage, à me-
sure que les moyens d'investigation et le nombre des naturalistes, voués à
l'étude de l'organisation des animaux, devient plus grand. Le sous-em-
branchement des Vers s'est montré à cet égard particulièrement fécond,
tellement qu'à côté des grandes classes que tout le monde connaît il a fallu
créer en quelque sorte de petites classes destinées à recevoir des êtres
encore complètement isolés dans la nature actuelle, tels que les Sagitla,
les Balanoqlossus, les Putj-gordius et bien d'autres encore. J'ai eu la bonne
fortune de trouver à Roscoff, dans les produits des dragages organisés
d'une manière spéciale par M. de Lacaze-Duthiers à son laboratoire de Zoo-
logie expérimentale, un de ces types intermédiaires, très-voisin sans doute
des animaux singuliers pour lesquels llathke et ensuite Schneider ont créé
les genres lîamphogordiui et Pol/gordim, plus semblable aux Polygordius
par son extrémité postérieure, et que je désignerai, pour éviter la création
de noms génériques nouveaux, sous le nom de Polygordius Villoli. Je choisis
ce nom spécifique en mémoire du beau travail de M. Villot sur les Gordius,
dont Schneider, dans la phrase suivante, a si singulièrement rapproché
les animaux dont il s'agit :
« On lient dire (juc les Polygordius sont des Gurdius annelés, dans le même sens ijue
les Lombrics, les Eunices, les Uernielies peuvent être considérés comme des Jsciuis annc-
lés [gegliederte). »
t;. R., 1S75, i" Semeurs. (T. LXXX, N» IG.) *4>J
( I I 02 )
» Cola n'implique pas, comme on voit, une parenté bien intime. Cepen-
(liint l'auteur de la Monographie der Neinatoden emploie des expressions
qui pourraient, à cet égard, induire en erreur, notamment lorsqu'il parle
du Polygordius comme d'un Helminthe, sans prévenir autrement que dans
un tableau de classification que ce qu'il nomme Helminthes c'est le sous-
embranchement ou, comme disent les transformistes, la souche tout en-
tière des Fers.
« En fait, le Poljgordiiis que nous avons étudié à Roscoff se distingue
des anmiaux voisins par sa taille, qui dépasse i décimètre, tandis que les Po-
Ijgordim lacleus et purpureus de Schneider n'atteignent qu'une dizaine de
millimètres. Le diamètre de notre animal n'est guère que de i millimètre
dans la région moyenne du corps; il s'amincit vers la région antérieure
qui se termine en se bifurquant de manière à donner naissance à deux
petites cornes, longues de i millimètre environ et un peu écartées à leur
base; le corps s'amincit également en arrière où il se termine en pointe
obtuse, qui nous a paru dépourvue des papilles caractéristiques du Poly-
gordius parpuieus. La couleur de notre espèce est d'un rouge de chair plus
foncé, chez la femelle, plus clair et comme lactescent chez le mâle, du
moins vers l'époque de la maturité sexuelle. Les sexes sont, en effet, sé-
parés chez ces animaux comme chez la plupart des Némertiens et des
Annélidc's, dont ils se rapprochent à beaucoup d'égards sans pouvoir en-
trer cependant dans aucun des deux groupes. L'agilité de ces Vers est
extrême; leur région céphalique est constamment en mouvement, et ils
s'enfoncent et cheminent avec une aisance remarquable dans le sable
grossier où ils vivent et où on les trouve en compagnie du Dentale et de
VAmphioxiis, à des profondeurs d'où la drague ramène aussi des Terebra-
tulina ciiput serpenlis., des Sokisier papposus, des Pahnipes menbranaceus et
notamment une charmante espèce de Zoanthe qui vient malencontreuse-
ment infirmer un résultat un peu prématurément avancé devant l'Aca-
démie dans ces derniers temps. Malgré leur grande vivacité, les Poljgordius
Villoli sont des animaux des plus fragiles; ils se brisent avec ime grande
facilité et souvent s[)ontanément lorsqu'on essaye de les conserver en cap-
tivité, où l'on n'arrive bientôt à ne plus avoir qu'un faible tronçon de l'ex-
trémité antérieure. Cette propriété est en rapport avec le cloisonnement de
leur cavité générale.
» Extérieurement, le corps ne paraît pas annelé, la bouche est infère,
un peu éloignée de l'extrémité antérieure du corps et de forme triangu-
laire; on peut considérer comme un lobe céphalique la partie du corps
( iio3 )
qui se prolonge au devant d'elle. Les yeux manquent, mais il existe de
chaque côté, à peu près à la hauteur de la bouche, une fossette vihratile de
forme ovale et dont le grand axe est vertical. Ces fossettes, le voisinage
immédiat de la bouche et une petite partie de l'extrémité postérieure sont
les seules parties extérieures du corps qui présentent des cils vibratiles.
Par ce caractère, les Poljgordius s'éloignent des Némertiens comme ils
s'éloignent des Annélides par l'absence complète de soies locomotrices.
» La cuticule est épaisse et présente, comme chez la plupart des Annélides,
un double système de stries notablement inclinées l'une sur l'autre, et à
l'entre-croisement d'un assez grand nombre desquels on voit l'orifice d'un
tube perforant la cuticule, et qui n'est autre que le tube excréteur de pe-
tites glandes claires, diversement contournées et situées dans la couche
sous-jacente qui correspond à l'hypoderme des Annélides. Sur des coupes
transversales il m'a semblé voir la cuticule striée comme si elle était formée
d'un certain nombre de couches superposées. L'Aj/jor/erme, outre les glandes
qu'il contient, est nettement décomposable en belles cellules polyédriques
et nucléées. Au-dessous de l'hypoderme se trouve une couche de muscles
transverses dont les fd^res annulaires parfaitement distinctes sont disposées
sur un seul plan. Suivant Schneider, cette couche manquerait chez les
Poljgordius qu'il a étudiés, et c'est sur ce fait qu'il base le rapprochement
qu'il a proposé entre les Poljgordius et les Nématoïdes. Au-dessous de la
couche musculaire se trouvent les muscles longitudinaux disposés en minces
lamelles rayonnantes, atteignant presque l'intestin et ne ressemblant en
rien aux faisceaux musculaires de la plupart des Annélides et des Lombrics.
Il y a là, en effet, quelque chose qui rappelle un peu ce que l'on voit
chez divers Nématoïdes; mais c'est là le seul point de rapprochement
qu'il soit possible de trouver entre les animaux qui nous occupent et les
Vers parasites. Sur une coupe transversale, on voit tout le long de la ligne
médiane ventrale un épaississement qui paraît au premier abord continu
avec l'hypoderme, mais qu'une analyse plus minutieuse montre avoir une
constitution plus complexe. J'ai des raisons de penser que c'est là le sys-
tème nerveux, mais ce point réclame encore quelques recherches. Du som-
met de cet épaississement partent obliquement deux cloisons symétriques
par rapport au plan vertical, inclinées à 80 degrés l'une sur l'autre et
aboutissant latéralement aux téguments. Ces cloisons s'étendent dans toute
l'étendue de l'anneau, et, comme une autre cloison verticale relie l'intestin
aux téguments le long de la ligne médiane dorsale, la cavité générale se
trouve partagée plus ou moins complètement en quatre chandjres longitu-
i/i')..
( i<o4 )
flinales. Des cloisons verticales, transversales, la décomposent en outre
en anneaux parfaitement séparés les uns des autres et identiques aux an-
neaux des Annélides.
» Le lube digestif ne présente aucun appendice glandulaire spécial, il n'y
a ni trompe ni gésier, seulement au voisinage de la bouche deux plis latéraux
longitutlinaux jouant le rôle de lèvre. Il s'étrangle en passant au travers des
cloisons interannulaires, de manière à présenter cet aspect moniliforme si
fréquent chez les Annélides. Dans cette région il est entouré comme d'une
sorte de sphincter musculaire dépendant de la cloison. Ailleurs, il présente
les couches musculaires longitudinales et transversales ordinaires. Son épi-
thélium interne, de couleur verte, est très-fortement vibratiledans toute son
étendue, de la bouche à l'anus. L'a|)pareil circulatoire se compose d'un vais-
seau dorsal sebifurquant antérieurement à la hauteur des fossettes vibratiles,
mais émettant en outre un peu plus bas deux branches obliques se dirigeant
en avant et venant rejoindre les branches verticales résultant de la bifurcation.
Dans chaque anneau, le vaisseau dorsal émet une anse latérale; toutes ces
anses m'ont paru aboutira un vaisseau ventral médian. L'appareil vascu-
laire du Poljgordius Filloli serait donc plus compliqué que celui de ses
congénères où le vaisseau ventral n'existe pas et où les anses latérales se
terminent en cœcum.
» Les éléments génitaux se développent sur les parois du corps et des
cloisons longitudinales dans tous les anneaux qui suivent les quatre ou
cinq premiers. Ils sont libres dans la cavité générale, où l'on voit chez les
maies flotter et s'agiter les queues des spermatozoïdes comme une sorte de
revêtement vibralile, alors que les tètes sont encore réunies en un même
groupe soudé lui-même aux parois de la cavité. Les tètes des spermatozoïdes
sont pointues à leur pôle opposé à la queue, elles se renflent ensuite en
sphère, puis s'élargissent un peu, de manière à former une sorte de disque
du centre duquel part la queue. Des s|)ermatozoïdes de cette forme ont
été figurés chez quelques Annélides. Les œufs ont un vilellus de couleur
orangée et souvent plusieurs taches germinatives. C'est à eux que la femelle
doit sa teinte rougeâtre plus prononcée que celle du mâle. L'évacuation
des produits de la génération se fait par l'intermédiaire d'organes seg-
mentaires peu rephés sur eux-mêmes et vibratiles dans toute leur étendue.
» Par ces divers caractères, le Polryonllus nUoli .se rapproche beau-
coup, comme on voit, des Annélides; mais l'absence de soies locomotrices,
la présence de fossettes vibratiles de chaque côté de la tète tendraient à le
faire rapprocher des Némertiens d'où l'excluent à leur tour l'absence de
( ,,o', )
cils vibratiles sur les téguments et la noltelé du cloisonnement. Jo ne vois
aucun caractère qui permette de rapprocher d'une manière quelque peu
nette le Pnlygordiits Villoli des Nématoïdes. Je me propose, du reste, de
re|)rendre prochainement les recherches que j'ai commencées sur ce type
intéressant; leurs résultats paraîtront dans les Archives de Zoologie expéri-
mentale de M. le professeur de Lacaze-Duthiers. »
BOTANIQUE. — Sur l'ornementation des fibres ligneuses striées et leur asso-
ciation aux fibres ponctuées ordinaires dans le bois de certains genres de
Conifères. Note de M. G. de Saporta, présentée par M. Brongniart.
« J'ai été conduit, par la recherche des caractères propres à distinguer
les bois fossiles, à examiner de près l'ornementation des fibres ligneuses
du bois des Conifères sous un grossissement assez fort pour permettre d'en
saisir tous les détails. Cette ornementation consiste en ce que, en laissant
de côté les anomalies et aussi le parenchyme ligneux, associé çà et là, mais
toujours en quantité restreinte, aux cellules fibreuses, celles-ci ont leur
paroi occupée, tantôt par des ponctuations aréolées, tantôt par des stries
soit spirales, soit transversales, et donnant lieu à des anneaux, à des
rayures, à des fentes, à des bourrelets et à des ciselures plus ou moins
variées selon les espèces. La présence des fibres striées, annulaires ou spi-
rales, et leur association aux fibres ponctuées, ont été depuis longtemps
signalées comme caractérisant le bois des Taxées, mais cette même asso-
ciation est loin d'être inconnue chez les Conifères proprement dits.
M. Gœppert l'a formellement reconiui dans sou Ouvrage sur les Conifères
fossiles (i). Je ne sais si d'autres auteurs s'en sont également occupés, mais
comme la figure, donnée par Gœppert, de ces fibres striées est fort gros-
sière, j'ai pensé qu'il ne serait pas iiuitile d'y revenir, d'autant plus qu'il
m'a semblé qu'on était loin d'avoir tué de l'étude de ces particularités tout
le parti dont elle est susceptible.
» Dans l'intérieui' même du groupe des Taxées, les stries des fibres
ligneuses ne revêtent pas le même aspect dans les trois genres. Entre les
TaxuseX les Ceplialotaxus la différence est assez faible; mais elle est plus mar-
quée entre le bois de ces deux genres et celui des Torreya, dans lequel les
stries affectent la forme de bandelettes transversales, étroites et sinueuses
ou même repliées en zigzag, de manière à rappeler l'aspect de l'ornenieu-
tation vermiculée des pilastres d'architecture. Ces détails ne sont bien
(l) Monn^r. cl. fnss. Conif., p. ^5 et 4'^, ^^h. 11, fîg. 4 cl )>nssim.
( I to6 )
visibles, il est vrai, que sous des grossissements de Zjoo fois; mais alors
ils deviennent fort nets et frappent par la délicatesse extrême de leurs con-
tours.
» Les fibres striées, dès que l'on quitte les Taxées, ne se montrent dans
le bois des autres Conifères que d'une façon irrégulière, sauf pourtant
chez la plupart des Abiélinées, comme je le dirai bientôt. Sans révoquer
en doute leur existence possible et même probable, à titre de rareté et
d'exception, je ne les ai pourtant observées ni chez les Podocarpus, ni chez
les Araucariées, ni dans le bois des Séquoïées et Taxodiéesqui présentent
d'ailleurs d'autres caractères différentiels sur lesquels je n'ai pas à insister
ici. J'ai eu beaucoup de peine à en trouver des exemples chez les Cupres-
sinées, dont j'ai cependant examiné à ce point de vue beaucoup de genres.
J'ai découvert seulement quelques fdn-es légèrement striées en spirale,
mais présentant en même temps des ponctuations irrégulières, dans un
bois de cinq à six ans de Cliamœcjparis Lawsoniana , Pari. J'en ai égale-
ment rencontré, conformées à peu près de même, dans une tige de Scia-
dopitjs verlicillata ; mais, dans un bois de deux ans du Cunninghamin sinen-
sis, R. B., les fibres striées se sont monti'ées en abondance, sous un aspect
sensiblement pareil à celui qu'elles ont chez beaucoup d'Abiétinées, par-
ticulièrement chez les Àbies proprement dits (^/. Pinsapo, Boiss.). Sous ce
rapport, comme sous plusieurs autres relatifs à la structure du liber et à
l'emplacement occupé par les canaux résineux, le Cunningliamia se sépare
fort nettement des Séquoïées pour se rapprocher des Abiétinées, et les ca-
ractères aiiatomiques servent très-heureusement de correctif à ceux qui
seraient exclusivement tirés de la morphologie des organes fructifica-
teurs.
)) C'est siulout en abordant les Abiétinées que j'ai été frappé du rôle
considérable dévolu, dans la partie ligneuse des figes, aux fibres striées en
spirale ou transversalement. Cependant il faut encore ici établir des dis-
tinctions.
« Les fibres striées m'ont paru très-rares dans les Tsiuja ; il m'a fallu les
rechercher avec soin pour en trouver quelques exemples dans le Tsiiga Bni-
noniana, Carr., et encore les stries étaient déformées et passaient presque
immédiatement à des ponctuations. Chez les Abies et les Pseudo-Tsiiga, au
contraire, les fibres striées, rayées ou mouchetées sont très-fréquentes.
J'en ai observé des variétés curieuses dans le bois du Pieudo-Tsuga Dougla-
sii, Carr., une entre autres, constituée par des étranglements disposés à des
distances régulières, donnant à la fibre l'apparence d'une colonne torse ou
( '">7 )
d'un pilier relevé en bossiiges. Il en est à peu près de mciue chez les Cednts,
Larix et Picca. On trouve, dans fous ces genres, des fibres striées de deux
sortes, associées quelquefois en très-grand nombre aux fibres ponctuées,
ou même se substituant à elles. Les unes offrent des traits spiraux, les au-
tres sont rayées en travers et revêtent l'aspect des vaisseaux rayés ou même
scalariformes. J'ai rencontré ces dernières particulièrement répandues dans
le bois du Picea rnorinda, Link, et le Larix europœa, de son côté, m'en a of-
fert de toutes semblables. Ces différences n'ont rien de caractéristique pour
chaque genre, mais elles sont souvent sensibles quand on passe d'une es-
pèce à une autre, et notre Picea ordinaire [Picea exce/scr, Link) m'a offert,
à côté des fibres à stries spiralées, d'autres fibres, non plus rayées en tra-
vers, connue celles du Picea rnorinda, mais encadrées longitudinalement
de ciselures délicates, analogues à l'ornement nommé oves en architecture.
» Le bois des Pinus proprement dits aurait exigé des recherches pour
lesquelles le temps m'a fait défaut. J'ai seulement étudié à ce point de vue
les espèces de la section Sirobus, entre autres le P. excelsa, Wall. Les fibres
striées ne sont pas rares dans ce dernier bois, seulement les stries sont tel-
lement fines ou effacées qu'elles sont à peine visibles; en sorte que la pa-
roi de la fibre, vue sous un grossissement de quatre cents fois, se montre à
peu près lisse et comme plissée. Cette paroi présente encore des fentes obli-
quement sinueuses qui paraissent se diriger en sens inverse des stries. En
examinant le bois des Pinus de la section Taeda (P. sabiniana, Dougl.), je
n'ai plus retrouvé cette même apparence de fibres, qui m'était devenue fa-
milière ; mais des cellules fibreuses, sillonnées obliquement d'une façoii
très-nette et marquées cà et là de rides tuberculeuses.
i> Il est évident qu'une étude patiente et l'emploi de dessins exacts,
ainsi qu'une revue opérée sur un très-grand nombre d'espèces, seraient né-
cessaires pour que l'on ftit fixé sur la valeur réelle des caractères que peu-
vent fournir les fibres striées en long ou en travers des Conifères. Nul
doute, cependant, que cette étude ne conduisît à des résultats remplis
d'intérêt. J'ai voulu seulement mentionner ici les impressions nées d'obser-
vations rapides et par cela même superficielles, mais qui m'ont offert un
attiait véritable, à la condition d'employer des grossissements suffisants
( iioH )
GÉOLOGIE. — Sur les dépôts glaciaires de la vallée inférieure du Teeli. Noie
de M. E. TuuTAT, présentée par M. de Qiiatrefages. (Extrait.)
« Dans la seconde partie de mon Essai sur les Pyrénées, j'ai cherché à
reconstituer les anciens glaciers de ces montagnes, et j'ai indiqué d'une
manière sommaire les points du versant nord de la chaîne où l'on peut re-
connaître des dépôts glaciaires. Dans cette énumération, je n'ai pas distin-
gué de dépôts d'âges différents.
» Jusqu'alors en effet (juin 1874)) d'un bout à l'autre du massif central
des Pyrénées, le plus riche en dépôts glaciaires, je n'avais pu observer la
moindre variation. Mais, dans l'opinion de quelques géologues, il y au-
rait eu deux périodes glaciaires dans les Pyrénées, et la plus ancienne
remonterait à l'époque tertiaire.
» Les dépôts glaciaires de la chaîne centrale arrivent rarement à re-
couvrir les couches tertiaires, et jamais ils ne rencontrent les termes les
])lus élevés de la série. Il ne restait donc qu'une seule condition pouvant
entraîner quelques modifications dans les dépôts glaciaires : c'était de
trouver en contact le pliocène et le glaciaire.
« En mars 1875, j'ai pu rencontrer des points de contact entre le plio-
cène et le glaciaire. Mes observations ont porté sur la partie inférieure de
la vallée du Tech, En face du village du Boulou s'étend une magnifique
moraine, moraine des Trompettes, dernier reste du dépôt gigantesque qui
barrait la vallée, et que les eaux du Tech ont peu à peu démantelé en pro-
duisant des coupes naturelles d'une netteté parfaite.
» Une coupe relevée en face du moulin de Roué (usine à talc) montre
les dépôts glaciaires reposant sur des marnes bleues fortement relevées vers
le nord-nord-ouest, et se reliant aux dépôts pliocènes de Nidolères et de
Banyols.
» Si l'on remonte le cours du Tech jusqu'au village de Boulou, on se
trouve en présence d'un escarpement de prés de 3o mètres d'élévation,
tout entier composé de matériaux de transport ; les marnes bleues n'appa-
raissent pas en ce point. Ce dépôt est composé de deux parties assez nette-
ment séparées. En bas, fragments à angles vifs, la plupart granitiques,
presque tous décomposés quand leurs dimensions sont restreintes; enfin
coloration générale blanchâtre. Dans les parties supérieures, au contraire,
coloration générale roiigeâtre, granités intacts, angles plus émoussés; mais,
dans le haut comme dans le bas, gros blocs irrégulièrement posés et cail-
( n"9 )
loux rayés, Ei)fiii, dans les deux parties, des bandes de boues donnent une
apparence de stratification à la masse tout entière et en facililent l'étude.
» Cette coupe marche est-ouest, mais un coude brusque de la rivière
ramène sa direction nord-sud et permet ainsi d'étudier ce dépôt dans deux
directions perpendiculaires. Dans cette seconde partie, la portion inférieure
du dépôt est fortement relevée; et cela dans la même direction que les
marnes bleues des Trompettes. Ce relèvement ne pouvait être accidentel,
car son orientation le reliait aux couches pliocénes. Effectivement mes re-
cherches m'ont fait voir dans le ravin inférieur de Nidolères les couches
relevées du glaciaire ancien supportant les marnes bleues fossilifères de Nidolères,
marnes dont l'âge est parfaitement connu et qui appartiennent au pliocène.
Il me semble dès lors impossible de refuser aux Pyrénées deux époques
glaciaires. Mais si, dans le massif du Canigou, par suite du mouvement post-
pliocène, il est facile de distinguer deux périodes glaciaires, en l'absence
même des couches pliocènes, il reste à trouver d'autres caractères distinc-
tifs, car il semble établi que, depuis le dépôt des couches miocènes, rien
n'est venu déranger l'horizontalité des terrains récents qui viennent s'ap-
puyer sur les dernières pentes des Pyrénées.
» Enfin la position du glaciaire ancien de Nidolères, au-dessous des
marnes pliocènes, nous oblige à regarder comme tertiaire la première époque
glaciaire des Pyrénées. »
ASTRONOMIE. — M. J. VixoT adresse à l'Académie les principales diffé-
rences qui existent pour le lever et le coucher des planètes, Mercure, Vé-
nus, Mars, Jupiter et Saturne, entre les résultats qu'il a calculés ponr son
Journal du ciel et ceux qu'a publiés Y Annuaire du Bureau des Longitudes,
Dates. Annuaire. Journal du ciel,
b m 11 m
i'"' mars 1875. . . lever de Mercure. . . 5.24 ™- 6.?4 "'•
" ... couclier « ... 3.55 s. 5.55 s.
!"■ juin lever » ... 5. 10 m. 5 . 17 m.
!'='■ août lever » ... 3.5g ni. 2.5g m.
!'''■ février coucher de Vénus . . i .87 s. i .33 s.
i*'' avril ). .. .. 2.52S. 2.34s.
1" mai lever « .. 3.o3 ni. 3.37 m.
21 juin coucher « .. 5.36 s. 5.56 s.
II août lever » .. 3.42 m. 3.36 m.
i" novembre.... lever » .. g. 43 m. 7.22 m.
21 septembre.... lever de Mars 2.55s. 2.58s.
21 février coucher de Jupiter. g.o4 m. q. 1 1 s.
C.R.,1875, i" Semestre. {T. LXXX, N" 16.) '44
( '"O )
Dates.
Anniiahe.
Journal du ciel.
Il m
7 06 S.
h m
7 .o3 s.
4'^^ ^-
4.24 s.
. 3.44 s.
2.44 s.
. n .24 m.
1 1 .27 m.
. 10.47 in-
10. 5o m.
1 1 avril lever »
1" octobiv lever de Saturne.
2 1 octobre
I I décembre. . . . ■•
21 " .... - "
M. Crampel adresse une Note sur un moyen de rétablir la concordance
entre l'année civile et l'année solaire. Il s'agirait de supprimer le jour com-
plémentaire jîendant les neuf ou dix années bissextiles qui vont suivre. On
ramènerait ainsi sans trouble le i" janvier au 22 décembre dans l'espace
de quarante années, qui se trouveraient être consécutivement chacune de
365 jours.
M. L. Hugo signale une erreur géographique dans le tableau des Cor-
respondants étrangers de l'Académie des Sciences, publié par l'yl /ma/iac/i
national (1874)- On a donné pour résidence à M. Otto Struve Pultowa au
lieu de Puikowa.
M. W.-A. Ross infora)e l'Académie qu'il va publier prochainement un
ouvrage où seront discutés les titres scientifiques de Lavoisier, tels que
M. Wurtz les a exposés dans son Dictionnaire de Chimie, et où il établira la
part qui, suivant lui, revient à l'Angleterre et à l'Ecosse dans les décou-
vertes attribuées au savant français.
M. Chasles, en faisant hommage à l'Académie, de la part de M. le prince
Boncompagni, des livraisons de septembre, octobre, novembre et décembre
1 874 du Bullettino di Bibliocjrafia e di Storia délie scienze malematiche ejisiche,
s'e.\prime comme il siùt :
» Les trois premiers et une partie du quatrième de ces fascicules renfer-
ment une Notice historique de M. Antoine Favaro, fort intéressante, sur les
fractions continues, du xiii'' au xvii" siècle. A la suite se trouve une compa-
raison de deux méthodes pour la détermination approximative des quantités
irrationnelles du ly Sigismond Gùnther, traduite de l'allemand par le
D"^ Afonse Sparagua. Celte dernière livraison et celle d'octobre renferment
des annonces très-étendues de toutes les publications scientifiques en di-
verses langues. »
La séance est levée à 4 heures trois quarts. J. B.
( 1 1 1 1
BULLETIN BiBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus pkndakt la séance du it. avril 1875.
(sunE.)
Annales des Fonts et Chaussées. Mémoires et documents; mars 1875.
Paris, Dnnod, 1875; in-8°.
Recueil de Mémoires de Médecine, de Ctiiriircjie et de Pharmacie militaires;
3^série, t. XXX. Paris, V. Rozier, 1874-, in-8".
Assainissement des régions chaudes et insalubres ; par R. Carlotti. Ajaccio,
Peretti, 1875; in-8°.
Mémoires et compte rendu des travaux de hi Société des Ingénieurs civils;
octobre, novembre, décembre 1874. Paris, E. Lacroix, 1875; ii)-8°.
Sur un mode particulier d'excrétion de la gomme arabique, produite par
/'Acacia verek du Sénégal; pai M. Ch. Martins. Montpellier, typ. Boehm,
1875; br. ui-8°.
OCYBAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU I9 AVRIL 1875.
Abrégé des éléments de Géologie; par sir Charles Lyell, traduit par
M. J. GlNESTOU. Paris, Garnier frères, 1875; in-12.
La vigne à l'école du Phylloxéra. Théorie rationnelle de viticulture. x\vi-
gnon, J. Roumanille, 1876; br. in-8°.
Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences, Belles- Lettres et Arts
d'Orléans; t. XVII, n"' i et 2. Orléans, impr. de Puget et C'% 1876;
in-8°.
Sur le blessissement des sorbes et sur la cause productrice de l'alcool cpi'on y
découvre; parM. A. Béchamp. Montpellier, typ. Boehra, 1875 ; br. in-8".
Dei fenomeni osmolici e délie funzioni di assorbimento nello organisme ani-
male. Memoria del D"^ F. Pacini. Firenze, tip. Cenniniana, 1873; in-8°.
Dei fenomeni e délie funzioni di trasudamento neli organismo nnimale. Me-
moria del D"^ F. Pacini. Firenze, tip. Cenniniana, 1874 ; in-8°.
(Ces deux ouvmges sont adressés par l'auteur aux Concours des prix
Lacaze, 1875.)
( m* )
La luce e gli organi Itiminosi di olciini Anellidi. Memoria di P. Pancebi.
Napoli, stamp. de Fibreno, 187/i; in-8°. (Présenté par M. de Quatrefages.)
Reqislerfûr die Monntsberichte der kônigl. Preuss. Akademie der TVissenclinf-
ten zu Berlin, vom Jalire iSSg bis iS^S. Berlin, G. Vogt, 1875; in-8°.
(2 «exemplaires.)
Uehm^die Wnsserabnahme in den Quellen, Fliissen und Strômen bei gleichzei-
tiger Steigening der Hocliwdsser in den Cullurldndeim; von G.WEX.Wien, Wald-
heim, 1873; in-4°.
Asironomische Miltheilumjen von \y Rudolf WoLF; XXXVII Vorlaùfige,
Bemerkungen iiber einige in Arbeit begriffene Untersiicbiingen, etc. Sans lieu
ni date; br. in-8°. (Présenté par M. Faye.)
On tlie comparison of certain théories of sotar structure with observation ; by
S. -P. Langley. Allegheny, 1874; in-4°. (From the American JournaloJ
Sciences and Arts, vol. IX, march 1875.) [Présenté par M. Faye.]
ERRATA.
(Séance du 19 avril 1875.)
Page ioo4, ligne 3, tiu lieu de A, lisez B, et ligne 4> "" ''s" '^^ B> '"^^ ^-
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI o MAI 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADl'.MIK.
Lettre de S. M. Don Pedro d'Alcantara, Empereur du Brésil,
à MM. les Secrétaires perpétuels.
Il Rio, 27 mars 1875.
» Je viens de recevoir votre Communication du i^' de ce mois.
» Pour la seconde fois, je remercie l'Académie des Sciences de m'avoir
élu son Membre correspondant.
)> Ce choix ne peut vraiment s'expliquer que par la pensée, si chère à
tout cœur brésilien, de vouloir témoigner dans ma personne de l'estime de
l'Académie pour des savants de mon pays qu'elle n'a pas été à même de
connaître.
w Elle avait déjà montré cette sympathie pour le Brésil, quand elle m'ac-
cueillait avec tant de bienveillance dans quelques-unes de ses séances, qui
seront toujours parmi mes meilleurs souvenirs, et je puis l'assurer d'une
affection encore plus vive, si c'est possible, pour les sciences, quoique ma
position me permette seulement d'encourager ceux qui leur rendent des
services.
)) Je tâcherai de communiquer à notre Académie les travaux qtie l'on
aura faits dans mon pays, qui a eu le bonheur de commencer son exis-
tence indépendante après que le vôtre avait donné un élan si puissant à
l'humanité. »
C, R., 1876, i" Semestre. (.T. LXXX, M" 17.) l45
( iîï4)
M. le Secrétaire perpétuel analyse une Lettre par laquelle M"® Poncelel
fait connaître à l'Académie son désir de joindre au prix Poncelet un exem-
plaire complet des Œuvres du général. Elle met, dans ce but, à la disposi-
tion de l'Académie la somme de loooo francs, qui a paru nécessaire et
suffisante, soit pour permettre la distribution annuelle des ouvrages du
général Poncelet en ce moment dans le commerce, soit pour assurer leur
réimpression à mesure que les éditions actuelles viendront à s'épuiser.
M. le Président se fait l'interprète des sentiments de reconnaissance
de la Science pour cette libéralité nouvelle de la digne compagne de l'il-
lustre général qui laisse au milieu de ses confrères des regrets si légitimes
et un souvenir si profond. Le don que M"*' Poncelet ajoute à son ancienne
fondation n'était pas nécessaire pour perpétuer la mémoire de l'auteur du
célèbre Cours de Mécanique appliquée et de tant d'antres productions re-
nommées; mais il contribuera à propager sa doctrine, et l'Académie le
reçoit avec respect.
RAPPORTS.
TECHNOLOGIE. — Rapport sur un appareil à titrer r alcool des vins,
présenté par M. Malligand.
(Commissaires : MM. Dumas, Desains, Thenard rapporteur.)
Introdcction.
« L'alcool constitue dans les vins communs la part la plus précieuse de
leur valeur : un mode de titrage à la fois sûr, rapide et simple offre donc
un intérêt commercial d'autant plus grand que, depuis la construction de
nos voies ferrées et l'accroissement de la richesse publique, la production
et la consommation des vins communs se sont accrues dans d'immenses
proportions.
)) Jusqu'ici, c'est en distillant une fraction variant du tiers à la moitié
d'un petit volume de vin (loo à 600 centimètres cubes) et en déterminant
le degré aréométrique du produit distillé qu'on estime (les labiés de Gay-
Lussac aidant) la quantité d'alcool contenu dans un vin.
» On ne peut dire que le procédé soit inexact; mais, à voir les précau-
tions minutieuses qui sont prises aux caves de la reine, à Londres, par des
expérimentateurs nombreux, exercés et munis des appareils les mieux
étudiés, on peut affirmer qu'il ne peut donner que des résultats incobé-
( '"5)
rents dans des mains qui n'ont pas le moindre sentiment des précautions
inhérentes à toute opération de mesure.
« Il ne faut donc pas être étonné de la défiance que cette méthode excite
chez nos négociants et nos producteurs, ni du désir exprimé par eux, de-
puis longtemps déjà, devoir s'en substituer une autre qui, fût-elle au
fond moins exacte, donne, dans les mains du même opérateur et, a fortiori,
d'opérateurs divers, des résultats constants.
» Tabarié, en 1829, et l'abbé Vidal, il y a trente ans, furent, sinon les
premiers, au moins des premiers qui essayèrent de résoudre le problème.
L'abbé Vidal partit de ce principe : qu'un vin commence à bouillir à une
température d'autant moins élevée qu'il contient plus d'alcool.
» Son appareil consistait dans une bouillotte contenant le vin à essayer,
dans lequel trempait le réservoir d'un thermomètre à cadran ; sous la
bouillotte était une lampe à alcool servant à la chauffer, et sur le cadran
étaient marqués les degrés alcooliques correspondant aux différents points
d'ébuUition d'une eau alcoolisée depuis zéro jusqu'à 60 degrés.
» L'Académie, dans sa séance du 16 octobre 1848, donna son appro-
bation à l'instrument de Vidal, à la suite d'un Rapport de Despretz, dont
nous extrayons les passages suivants :
« La température d'ébuUition d'un vin ou d'un liquide spiritueux raélé à une matière
étrangère n'est pas constante comme celle de l'eau, de l'alcool absolu ou de tout autre liquide
homogène, mais elle reste constante pendant un certain nombre de secondes quand Pébulli-
tion est commencée; c'est cette température qu'il faut saisir, ce qui n'offre pas de difficulté
quand on a l'habitude de ces manipulations. Néanmoins il est prudent de répéter l'opéra-
tion, afin de prendre la moyenne. Sans cette précaution on n'aurait pas de certitude com-
plète.
» L'ébullioscope de M. Vidal et celui de M. County, quand ils sont bien réglés et confiés
à des mains exercées, nous paraissent propres à donner, avec une approximation de un ou
deux centièmes, la richesse alcoolique des vins et des liquides spiritueux, altérés par une
matière étrangère. »
)) Ces deux phrases suffisent pour faire comprendre à l'Académie l'in-
succès de l'appareil de Vidal, dont le principe, malgré des raisons théoriques
sur lesquelles nous reviendrons plus tard, est relativement excellent.
» La main de l'opérateur doit, en effet, être exercée; le moment de l'ob-
servation ne dure que peu de secondes, et, si nous comprenons bien la
pensée du rapporteur, il n'ost exact qu'à i ou 2 degrés près. C'était à cor-
riger ces trois défauts qui/fallait travailler.
» M. Malligand, très-honorablement connu sur la place de Paris comme
négociant en vins, n'est ni un chimiste ni un physicien : c'est avant tout un
145..
( ni6)
homme charitable, et c'est à sa charité que nous devons le précieux instru-
ment que l'Académie nous a chargés d'examiner.
)) "Vers i863, en effet, l'abbé Vidal mourut, ne laissant pour tout héri-
tage à sa vieille sœur que son inutile appareil et sa profonde misère.
M. Malligand, averti, secourut immédiatement la pauvre femme; mais en
même temps, comprenant mieux qu'un autre toute l'importance de la solu-
tion poursuivie par Vidal, et ne voyant alors que peu de difficultés pour
compléter son œuvre, il espéra les résoudre promptement et créer ainsi
des ressources à M""" Vidal. Malheureusement cela dura douze ans et la
mort emporta M"^ Vidal au moment où le but venait d'être atteint. Comme
par un pieux hommage, l'instrument porte, avec celui de M. Malligand,
les noms du frère et de la sœur.
» Ce fut M. Jacquelain, le répétiteur zélé de l'École Centrale, dont toute
la vie a été dévouée aux industriels, qui, le premier, critiqua utilement l'in-
strument de Vidal. Cet appareil laissait, en effet, dégager dans l'atmosphère
les vapeurs provenant de l'ébuUition du vin, qui ainsi, se détitrant rapide-
ment, donnait à peine le temps de déterminer le degré où il commence à
bouillir.
» Ce fut ensuite M. Wiesnegg, qui a doté nos laboratoires de tant d'in-
génieux appareils, qui modifia, de la façon la plus heureuse, le mode de
chauffage.
» MM. Alvergniat frères, les habiles souffleurs, construisirent enfin le
thermomètre, pièce remarquable par sa sensibilité et le choix de la lige,
dont le calibrage est presque mathématiquement exact sur toute la lon-
gueur.
» Le choix des collaborateurs a donc été parfait, et l'on doit en féliciter
M. Malligand.
Desckiption de l'appaeeil.
» L'instrument compte huit pièces principales, dont nous allons donner
la nomenclature et la description :
» 1° Le pied est une sorte de champignon renversé, dont la tige, longue
de 8 à 9 centimètres, supporte l'appareil.
» 2" La bouillotte est un tronc de cône renversé ayant 3 centimètres de
diamètre à la partie inférieure, 4*^,2 en gueule et ïl\ centimètres de hauteur.
Elle est fixée sur la tige du pied et son grand axe en forme en quelque
sorte le prolongement.
)) Cette bouillotte est chauffée à l'aide d'un thermosiphon qui seul reçoit
la chaleur de la lampe.
( >i'7 )
» Ce thermosiphon se compose d'un tube de laiton de 7 à 8 milUmètres
de diamètre intérieur, courbé en cercle et dont les deux extrémités viennent
se souder au bas de la bouillotte à deux hauteurs sensiblement inégales.
Le diamètre du cercle formé par le thermosiphon est d'environ 10 centi-
mètres.
» 3" La lampe est une lampe à alcool ordinaire en laiton, et, pour en
régler la flamme^ sa mèche en coton est saisie dans un tube en toile métal-
lique.
» Cette lampe se place sous le thermosiphon au point le plus éloigné de
la bouillotte, et elle ne le chauffe que sur une très-petite partie de la circon-
férence (12 à i4 millimètres); enfin, pour mieux restreindre encore l'action
de la flamme et aussi la proléger des courants d'air, le bout de la mèche
est engagé sous une petite hotte à travers laquelle passe le cercle du thermo-
siphon. Cette petite hotte est surmontée d'une cheminée qui active le tirage.
» 4° Comme nous l'avons dit, dans l'appareil Vidal les vapeurs dues à
l'ébullition du liquide s'échappent dans l'atmosphère, el, par suite, le vin se
dégraduant rapidement, on n'a que quelques secondes pour en lire le titre.
Dans l'appareil Malligand, au contraire, les vapeurs condensées faisant
sans cesse retour au liquide en ébullition, le titre se maintient pendant au-
tant de minutes que naguère de secondes, ce qui donne bien plus que le
temps nécessaire pour observer.
» Pour obtenir ce résultat, il faut nécessairement que la bouillotte soit
close par un couvercle mobile qui permette de la fermer quand on opère,
et de l'ouvrir quand, après avoir opéré, on veut changer le liquide.
» Ce couvercle est tout simplement une plaque épaisse de laiton qui se
visse sur la bouillotte et lui sert de bouchon. Cette plaque est percée de
deux trous, l'un central, par où passe la tige du thermomètre, l'autre
excentrique et taraudé, sur lequel se visse le tube du réfrigérant à l'inté-
rieur duquel se condensent les vapeurs.
» 5° Le réfrigérant se compose de deux tubes concentriques, l'un de
6 k'] millimètres de diamètre intérieur, et qui se visse sur le trou du cou-
vercle dont nous venons de parler, l'autre de 4 centimètres environ, qui
parle bas est relié au premier.
» L'anneau formé par les deux tubes reçoit l'eau froide destinée à la
condensation. Quant au tube central, après avoir traversé le couvercle,
il vient, afin de faciliter la rentrée de la vapeur condensée, s'ouvrir en bec
de flûte à la partie supérieure de la bouillotte.
» G" Le thermomètre ressemble, pour le principe, à tous les thermo-
( tii8 )
mètres à mercure ; seulement, pour lui donner plus de sensibilité, le ré-
servoir en est assez spacieux pour que chaque degré ait de lo millimètres
à ii"°,5 de longueur.
)> Comme nous l'avons précédemment dit, la tige de ce thermomètre
sort par un trou central pratiqué dans le couvercle; mais, quand elle a
dépassé ce point de 3 à 4 centimètres, elle se courbe subitement à angle
droit et passe ainsi de la verticale à l'horizontale. C'est dans cette dernière
partie seulement que le thermomètre donne les indications utiles.
» Elles sont comprises entre zéro alcoolique, correspondant au point
d'ébullition de l'eau sous la pression du moment, jusqu'à aS degrés. Ce-
pendant, pour se soutenir, ce thermomètre n'est pas seulement fixé avec
du lut au point où la tige traverse le couvercle, il est encore, par sa par-
tie horizontale, solidement attaché à une forte règle en cuivre posée sur
champ et rivée au couvercle.
» Enfin, pour être protégés des chocs auxquels ils sont fréquemment ex-
posés, le réservoir et la portion de la tige qui en est le plus rapprochée
sont entourés d'un tube de cuivre percé latéralement de nombreux trous
qui donnent accès au liquide dans lequel le réservoir doit être toujours
plongé.
» Ce tube est d'ailleurs, par sa partie supérieure, solidement vissé à la
face inférieure du couvercle.
» 7" Le thermomètre ne marque pas les températures, il n'indique que
les degrés alcooliques. Ces degrés, d'ailleurs fort différents de longueur,
ne sont pas inscrits sur la tige thermométrique, mais sur une réglette
parallèle à cette même tige et qui est appliquée à glissement contre la règle
principale qui sert de support au thermomètre.
» Cette disposition est due à ce que, le zéro alcoométrique correspon-
dant au degré d'ébullition de l'eau, il faut, chaque fois que le baromètre
varie, ramènera ce point le zéro alcoométrique.
» 8° Pour aider à raccorder le point d'ébullition de l'eau ou des li-
quides alcooliques que l'on veut titrer avec les degrés marqués sur la
réglette, M. Malligand a établi un petit curseur qui, étant amené au point
où le mercure s'arrête, marque sur la réglette le degré alcoolique qui y
correspond.
» Tel est l'instrument de M. Malligand. Voyons maintenant à le faire
fonctionner.
( "19 )
Do FONCTIONNEMENT DE l'xPPAREIL.
» 1° On verse dans la bouillotte de l'eau ordinaire jusqu'au niveau d'un
trait qui y est marqué intérieurement.
» 2° On visse le couvercle.
» 3° On ajoute le réfrigérant préalablement rempli d'eau froide.
» 4° On allume et l'on met la lampe en place. Au bout de dix minutes,
l'eau étant en pleine ébullition, on amène le curseur au droit du point où le
mercure s'est arrêté, et l'on vérifie si ce point reste stable. Alors on fait glisser
la réglette de façon à faire correspondre la ligne marquée zéro avec le point
d'ébuilition, et on la fixe solidement en forçant sur l'écrou à oreille destiné
à cet usage.
» Cela fait, on démonte aussitôt l'appareil, on jette l'eau de la bouillotte,
on la lave avec un peu du vin à titrer, puis on la remplit de ce même vin,
comme tout à l'heure d'eau, et l'on recommence, sauf qu'on ne touche plus
à la réglette. Quand l'ébullition est bien déterminée, on ramène alors le
curseur au point où le mercure s'est arrêté dans le thermomètre, et on lit le
chiffre que ce même curseur indique sur la réglette : c'est le titre du vin.
» Il est inutile de dire qu'à chaque changement de liquide il faut néces-
sairement renouveler l'eau froide du réfrigérant; mais il est indispensable
de faire observer qvie le mercure dans le thermomètre n'est pas absolument
fixe : il oscille. Ces oscillations sont dues à ce que la vapeur condensée ne
revient que par saccades régulières à la bouillotte. Or, si faible que soit
l'abaissement de température dû à chaque rentrée, le thermomètre est
assez sensible pour marquer chaque pulsation qui en est la conséquence.
)) Les limites de ces pulsations sont d'ailleurs très-restreintes et sans intérêt
commercial : dans les bas degrés, elles ne dépassent pas i millimètre et elles
n'atteignent pas ~ millimètre dans les hauts degrés, ce qui, en raison delà
longueur relative de chacun, n'altère pas les résultats de -^ de degré compté
sur le dernier.
» Eu somme, un titrage de vin ne dure pas plus d'une demi-heure, le
temps de la détermination du zéro compris , et il ne demande pas plus
de 100 centimètres cubes de liquide.
Première série d'expériences.
» Jusqu'ici nous n'avons parlé de l'ébullioscope que pour en dire l'ori-
gine, le décrire et en faire l'éloge à priori; il nous reste à montrer que cet
éloge est mérité.
( II30 )
» Le point d'ébullition d'un liquide varie avec la nature et la quantité
des matières fixes ou volatiles qu'il tient en dissolution.
» Le vin est un liquide de cette espèce : par conséquent, lorsque l'on
part de son point d'ébullition pour en déterminer le titre alcoolique, on a
raison de se méfier du résultat. Cependant, avant que l'Académie eût été
saisie de la question, des commerçants et des producteurs extrêmement
sérieux s'étaient déjà favorablement prononcés; deux faits les avaient
frappés : c'étaient, d'une part, le retour constant du titre quand on opère
avec le même vin, et, d'autre part, le retour, sauf dans le cas spécial des
vins de liqueur, à un titre toujours proportionnel quand on coupe ces
mêmes vins soit avec de l'eau, soit avec un autre vin dont le titre a été
préalablement déterminé.
a Nous avons été plus sévères que ces intelligents intéressés, car nous
avons exagéré, dans le sens le plus défavorable, les conditions où l'ébuUio-
scope sera jamais placé, et nous avons déterminé ainsi les limites extrêmes
des erreurs entre lesquelles il oscille.
» Les vins de pineau sont, par certaines années, plus chargés que tous les
autres en sels, en couleur, en acides et en ces matières souvent visqueuses
dont M. de Vergnette, d'une part, et M. Pasteur, de l'autre, ont fait une si
savante étude. Par conséquent, d'après les données reçues, des vinasses
ultérieurement alcoolisées de ces sortes de vins devaient, plus que tous les
vins du monde, être rebelles à déceler leur titre réel à l'ébullioscope.
» La difficulté était de préparer des vinasses de cette nature sans altérer
aucun des principes du vin qui devait les fournir. A cet effet un appareil,
dû à M. A. Thenard, propre à évaporer rapidement dans le vide, et à moins
(le l^o degrés, les liquides les plus altérables, nous vint grandement en aide.
22 I litres de vin de pineau du genre de ceux que nous venons de dire, et
provenant des vignes de l'un de nous, furent ainsi réduits au cinquième
de leur volume : or la vinasse qui en provint resta si limpide, si brillante, si
riche en couleur, que nul vin ne lui était comparable pour la beauté; mais
pour le goût, c'est autre chose : elle était exécrable par son acidité et sur-
tout son astringence, et, quoique ne contenant pas de sucre, sa densité,
après la cristallisation du tartre en excès, monta de 996 a io34 : c'était bien
évidemment là le liquide qu'il nous fallait pour fixer les limites extrêmes
que nous cherchions.
» Deux séries parallèles et identiquement graduées, et de seize flacons
chacune, furent alors préparées.
» Pour les constituer, on fit d'abord un premier mélange de i volume
( I'2I )
d'alcool à 96 degrés et de 4 volumes d'eau d'une part, et autant de vinasse
d'autre part : c'est ce que nous appelons plus bas la liqueur n° 16; puis
on coupa et recoupa ce premier mélange avec de l'eau ou de la vinasse,
comme l'indique le tableau ci-dessous :
Tableau I.
N» 16 = 4 liq. neutre + I alcool (i) N" 6 = i n" 8 -h i n° 4
N" 8 == I n" 10 4- I liq. neutre N° 3 = i n" 4 4- i n° 2
N" 4 = I n" 8 + 1 liq. neutre N° 5 = 1 n° 6 + i n" 4
N" 2 = I n" 4 + 1 liq. neutre N" 7 = i n° 8 + i n" 6
N" 1 = 1 n" 2+1 liq. neutre N" 9 = i n" 10 + i n" 8
N" 12 = I n" 16 + 1 n° 8 N° 11 = 1 n" 12 + i n» 10
N" 14 = I n" 16 + I n" 12 N° 13 = i n» 14 + i n» 12
N° 10 = I n° 12 + I n" 8 N" 15 = i n" 16 + i n° 14
» On soumit alors le tout à l'ébullioscope, en ayant soin de faire alterner
un numéro de l'une des séries avec celui qui lui correspondait dans la série
parallèle. Le tableau II résume les résultats obtenus (2) :
Tableau 11.
Différence Différence entre Différence
Titre calculé entre le titre trouvé entre
sur celui Titre Titre le titre trouvé de la vinasse le titre trouvé
Numéros
de l'alcool
de l'eau
de la vinasse
et le titre
et le titre
et le titre
des
employé (9G").
alcoolisée
alcoolisée
calculé.
trouvé de l'eau
calculé.
liqueurs.
Eau ou vinasse.
(expérience).
(expérience).
Eau alcoolisée.
alcoolisée.
Vinasse alcoolisée.
16.
.. 19,528(3)
19,480
ig,6io
-0,048
+0, i3o
+0,082
15...
18,807
18,270
i8,55o
— 0,037
+0,280
+0,243
14. .
.. 17,087
17,140
17,290
+ o,o53
+0, i5o
+o,2o3
(1) On appelle ici liqueur neutre l'eau ou la vinasse.
(2) Pour ne pas se laisser intluencer par des chiffres connus à l'avance, puisqu'on opérait
sur des liqueurs normales, on a, dans ces expériences, substitué à la réglette graduée en
degrés alcoométriques (voir la description de l'instrument) une règle divisée en demi-milli-
mètres, et ce n'est que quand les expériences furent achevées qu'on traduisit en degrés
alcoométriques les résultats obtenus en demi- millimètres.
On substitua également au curseur une lunette à fils croisés.
(3) L'alcool employé marquant 96 degrés, le titre apparent de la liqueur n° 16, d'oîi
96»
dérivent toutes les autres (voir le tableau I), n'était donc que de =^ = i9'',20 au lieu de
19°, 528 que nous marquons ici; mais l'instrument est si sensible qu'il nous a fallu cou)|)lcr
avec la contraction, qui est i'^'^,75 pour un mélange de 80 volumes d'iau et de 20 volumes
d'alcool absolu. Pour l'établir avec de l'alcool à 96 degrés, nous avons admis que dans
d'aussi étroites limites elle pouvait être considérée comme proportionnelle, c'est-à-dire de
i",68 pour 100, En faisant entrer cet élément dans le calcid, le titre 19", 20 a dû être
alors remonté à ig", 528.
C. R., 1835, \" Semestre. (T. LX.\X, N" 17.) 14^
( 1122 )
DiUerencc Diiïi'ieiice entre DitTc/rence
Tilie calculé entre le litre trouvé entre
sur celui Titre Titre le litre trouvé de la vinasse le titre trouvé
Numéros de Talcool de l'eau de la vinasse et le titre et le titre et le titre
des employé (96' ). alcttolisée alcoolisée calculé. trouvé de l'eau calculé,
liqueurs. Eau ou vinasse, (expérience), (expérience). Eau alcoolisée. alcoolisée. Vinasse alcoolisée.
13 i5,866 15,900 16,100 4-0,034 +0,200 +0,234
12 14,646 14, 586 i4)7o8 —0,060 +0,112 +0,062
11 i3,425 13,3^0 i3,44o fo,o55 +0,070 +o,oi5
10 I?. ,2o5 12,240 12,240 +o,o35 0,000 +o,o35
9 10,984 10,960 10,960 —0,024 0,000 — 0,024
8 9>7*34 9>746 9>742 — o,oi8 — o,oo4 — o,o2<
7 8,543 8,5io 8,370 — o,o33 — o,i4o — 0,173
6 7,323 7,3oo 7,i3o — 0,023 — 0,170 — 0,193
5 6,102 G, 110 5,8îo -i-0,008 —0,270 — 0,262
4 41^*^2 4»93o 4i*^4o +0,048 — 0,290 —0,242
3 3,661 3,700 3,410 +0,039 — 0,290 — o,25i
2 2,44i 2,5oo 2) 170 +0,059 — o,33o — 0,271
1 1,220 1,260 o,g4o +o,o4o — 0,320 —0,280
» L'étude de ce tableau amène aux conclusions suivantes :
» 1° Avec l'eau alcoolisée, l'instrument oscille entre + 0,06 de degré,
et — 0,06 de degré (0,059); ^' donne donc dans les deux sens la vérité
à ^ de degré près : les aréomètres sont loin d'avoir une telle précision.
» 2° La vinasse depuis zéro jusqu'à 9°, 742 abaisse le litre apparent de
l'alcool; mais de 9°, 742 à i2'',2o5 le titre apparent concorde avec le titre
réel, pour se disjoindre ensuite en changeant de signe jusqu'à 20 degrés.
» Cette anomalie, qui renverse toutes les données jusqu'ici reçues, se re-
produit constamment avec les vins sucrés : on verra plus loin combien il
est facile de tourner cette difficulté.
» 3*^ Avec ia vinasse alcoolisée, l'ébullioscope oscille entre — o,33o,
ou I de degré en moins, et + 0,280, ou yû '^^ degré en plus.
» Par conséquent, maigre les conditions ultra-défavorables où nous
l'avons placé, l'instrument de M. Malligand l'emporte déjà sur tous les
autres (1).
(1) En 1862, lors de l'Exposition universelle de Londres, un des commissaires de l'Aca-
démie étant allé remercier sir Ogilvie, alors vérificateur en chef des douanes anglaises jjour
le service des boissons, d'avoir fortement conliibiiéà faire admettre au droit faible les vins
français titrant moins de i4",o4> celui-ci répondit:
« Ne vous y trompez pas ! Si nous vous avons accordé ce titre quand vous ne nous de-
mandiez que i4°,5o, c'est afin de nous permettre d'être justes et sivères ; car, malgré tous
les soins que nous prenons, une erreur de \ degré est si vite commise qu'il nous faut bien celle
marge pour nous prononcer avec quelque sûreté. »
Un pareil mot dans la bouche d'un tel homme vaut tout un jugement.
( .123 )
Deuxième séeik d'expériences.
I) On a remarqué qu'entre 9°, 742 et i2"^,2o5 les deux séries concordent
à peu de chose près : il était donc important de rechercher si, en mélan-
geant les deux licjueurs, eau et vinasse alcoolisées, en proportions calculées
pour ramener le titre entre ces limites, l'ébuilioscope donnerait le titre
exact.
» Voici le tableau de cette série d'expériences; les liqueurs sont celles
qui ont servi pour le tableau II; elles ont toujours été mélangées en vo-
liunes égaux.
Tableau lll (i).
Moyenne
Composition
des
mélan(jes.
N" 16, eau.
N° h, vinasse.
N° 4, eau.
N° 16, vinasse.
N° 14-, eau.
N° 6, vinasse.
N° 6, eau.
N" 14-, vinasse.
N» 12, eau.
N° 8, vinasse.
N» 8, eau.
N° 12, vinasse.
N" 16, eau.
N" 2, vinasse.
IN° 12, eau.
N° 6, vinasse.
N° 4-, eau.
N° 14, vinasse.
N" 14, eau.
N° 2, vinasse.
N" 2, eau.
N° 14, vinasse.
N" 12, eau.
N° 4, vinasse.
N° 4, eau.
N" 12, vinasse.
Moyenne
(îes titres calculée
J'après le tableau II,
col. 3 et /,.
Titres
donnés
par l'ébuilioscope.
Titres
calculés
tableau 11, col. a.
Différences.
1 12,060
12,282
I2,2o5
+0,027
12,270
12,232
»
+0,027
j i2,i35
12,232
»
+ 0,027
12,295
12,228
»
+ 0,023
j '2, ,64
12,2^0
'-
+0,o35
1 12,227
12,282
»
+0,027
1 10,825
10,935
10,984
— o,o5i
1 10,858
I I ,004
(i
+0,020
1 11,110
10,950
»
—0,034
} 9, «55
9'77o
9 '764
+0,006
j 9,895
9'77o
»
-1 0,006
9,ii3
9.792
»
-1 0,028
9'8i9
9'792
»
+ 0,028
(i) Ici, comme ailleurs, on n'a pas fait de choix; toutes les expériences sont rapportées.
Si on ne les a pas inultipiiées davantage, c'est que la matière a nianciué. On ne pouvait, en
effet, au début prévoir iju'on serait entraîné daus une étude de celte nature, et il a fallu se
contenter d'opérer avec les flacons qui contenaient encore suffisamment de liquide.
( II24 )
» Dans ce tableau, il faut remarquer combien les moyennes calculées sur
les données des expériences consignées au tableau 11^ colonnes 3 et 4»
s'écartent les unes des autres pour se rapprocher et presque se confondre
dans la présente série d'expériences.
» Il faut observer aussi combien les chiffres obtenus sont près de ceux
que donne le calcul. (Tableau 11, colonne 2.)
» Il démontre enfin qu'on peut toujours obtenir, à moins de ~j de degré
près, le titre exact d'un vin, si rebelle qu'il paraisse à le déceler à l'ébullio-
scope; il suffit, en effet, d'en détertniner, par une première ébuUition, le titre
approximatif, puis, après l'avoir mélangé en proportion connue avec de
l'eau ou une liqueur alcoolique normale, qui le ramène entre lo et 12 de-
grés, d'en reprendre une seconde fois le titre.
» Ces compensations ont nécessairement attiré notre attention, et bientôt
nous avons reconnu que, s'il est des substances qui, telles que la crème de
tartre, abaissent à l'ébullioscope le titre a[)parent de l'alcool, il en est
d'autres qui, ainsi que le sucre interverti, l'élèvent très-sensiblement.
» Tout autorise donc à soupçonner que même les vins de table con-
tiennent des substances de cet ordre; avec les vins de liqueur, le phénomène,
ainsi qu'on le verra plus loin, prend de fortes proportions.
)) C'est pour la Chimie et la Physique un nouveau et intéressant sujet
d'études; déjà l'un de nous l'a abordé, et il peut annoncer qu'après certains
traitements cette propriété se perd complètement, sans qu'il puisse jus-
qu'ici en soupçonner la raison.
Teoisième siRiE d'expériences.
» Pour des esprits habitués à remonter aux causes d'un phénomène et à
en fixer les limites, le Rapport pourrait s'arrêter là et conclure avec sûreté;
mais il sera lu et commenté par un si grand nombre de personnes qui se
défient des méthodes scientifiques, que l'Académie nous permettra de con-
tinuer.
» Les vins de pineau, si inférieurs qu'ils soient à l'occasion, ne s'achètent
que pour leur goût et leur bouquet ; mais il n'en est pas de même de beau-
coup d'autres vins, et particulièrement de ceux du Midi, où la teneur en
alcool est généralement d'une importance si capitale, qu'il en est peu dont
on ne relève le titre.
» Il était donc important de démontrer qu'avec eux, ou plutôt avec leur
vinasse, l'ébullioscope donne d'aussi bons lésultats qu'avec les pineaux.
» Le vin sur lequel nous avons opéré est du vin de Lézignan, dans
( 1125 )
l'Aude, de l'année iSj3, et d'une valeur de 21 francs l'hectolitre, nu et sur
place; mais, au lieu de le réduire au cinquième, comme le vin de pineau,
nous ne l'avons évaporé qu'au tiers (i).
» Bien que tout aussi limpide cette vinasse se distinguait de celle du
pineau p.ir des caractères très-tranchés; sa coideur, tout aussi intense,
était de ce violet bleuâtre, qui fait appeler petit bleu le vin des cabarets de
Paris. Le tartre qu'elle a laissé déposer était, toute mesure gardée, moins
abondant et sali par des matières noirâtres qui en dérobaient les formes
cristallines, enfin elle avait un goût de doucin (terme technique de la Bour-
gogne), qui démontrait sa pauvreté en tannin et en ces matières sapides, qui
donnent un si grand caractère aux vins du Bordelais.
» Comme précédemment, ces vinasses furent alcoolisées à des degrés
divers, mais suivant l'échelle naturelle, et l'on tint compte de la contrac-
tion de l'alcool.
» Enfin, à la règle divisée en demi-millimètres on substitua la réglette
de M. Malligand, divisée en degrés alcooliques (voir la description de l'in-
strument.
» Voici le tableau qui résume ces expériences :
Tableau IV.
Degrés accusés
Degrés calculés. par l'ebulliuscopi*. Différences.
o o
5(2) 4>95 4.85 — o,o5 — 0,1 5
6 ...... . 6,00 5,95 » — o,o5
7 6, 98 7,00 0,02 o
,00 0,01
8 7,99 «
9 . 9,10 9» 00 0,10
10 10,00 10, 00 "
(i) Pour être bien assuré que les vinasses ne retenaient pas trace d'alcool, on a toujours
eu soin de les couper avec leur volume d'eau et de les ramener ensuite à leur volume pri-
mitif. Ainsi les 4'''» 5 de vinasse qui ont figuré dans la première série d'expériences ont été
portés à 9 litres par addition d'eau, puis ramenés à 4'''j5.
Les 5 litres de vinasse provenant de i6''S6oo de vin du Midi, qui figurent dans cette
troisième série, ont été portés à lo litres par addition d'eau, puis ramenés à 5 litres.
(2) Bien que l'échelle de l'ébuUioscope aille de zéro à sS degrés, on l'a resserrée ici entre
5 et 20 degrés, parce que, d'une part, il n'y a pas de vins marchands au-dessous de 7 de-
grés, et que, de l'autre, il est toujours prudent, dès qu'un vin dépasse 18 degrés, de le re-
couper avec son voliiuie d'eau. Dans ces expériences, on n'a cependant recoupé aucune
vinasse; mais il ne faut pas prendre pour règle ce qui n'a été ((u'iine épreuve.
( \ii6 )
Degrés accusés
Degrés calculés. par l'cbullioscope.
o u
11 II, lO II ,02
12 12,00 " 105
13 i3,io i3,oo
14 l4,02 l4, lO
IS i5,o2 i5,oo
16 i6,i2 .. (i)
17 17 lOo 17 )Oo
18 18,00 18,00
19 igjOo 19,00
20 20,00 20 ,00
Différences.
0,10
-1-
0 ,oa
»
—
o,o5
0, 10
u
0,02
+
0,10
0,02
u
0,12
h
70",
liq.
•4 }
55",
liq
18 i
63",
liq.
" }
62",
liq.
.3 S
6.",
liq.
7 1
57",
liq.
'9l
61",
liq.
M
60",
liq.
-3)
42",
liq.
8 \
49".
liq.
16 1
24",
liq.
20 )
63",
liq.
•I }
62",
liq.
.2 i
Mélanges de ces mêmes liquides (2).
Titre calculé. Titre trouvé. Différence,
o •
15,76 l5,85 + 0,09
11,49 "»37 — 0.12
12,79 12,70 — 0,09
9,47 9,43 — 0,04
13,95 13,91 — 0,04
1 1 , 49 1 1 , 5o -+- o , o I
(i) Nous avons supprimé ici une expérience comme trop incorrecte; le chiffre obtenu
a été i6°,4o au lieu de 16 degrés. Cette erreur ne doit pas venir de l'observateur, puisque,
opérant sur des liqueurs normales et graduées par degrés exacts, il devinait nécessairement
le titre qu'il devait obtenir. Il faut donc l'attribuer soit à une mauvaise préparation, soit à
l'instrument. Il est probable qu'il s'est produit dans la colonne de mercure une petite rup-
ture dont on ne s'est pas aperçu, rupture qui, en raison du mode de construction du thermo-
mètre, a disparu d'elle-même à l'expérience suivante. Bien que, sur près de trois cents expé-
riences, ce cas ne se soit produit que cette fois, il démontre que, pour obtenir la certitude,
il est bon de se répéter et même d'opérer avec deux instruments, qui alors se contrôlent
l'un l'autre : il n'est pas dans la science et l'industrie de déterminations de mesures qui
échappent à celle règle de prudence.
(2) Ces mélanges, ainsi que ceux qui suivent et sont du même genre, ont eu pour but
de dérouter les opérateurs. Ils n'étaient faits et livrés qu'au moment de l'expérience, et
sans que rien portât la trace de leur constitution qui, à cet instant, n'ét.iit même pas cal-
culée.
( "27 )
» Il n'est plus nécessaire d'insister sur la concordance pratique de ces
résultats; la plus grande erreur est de g de degré, ou de 12*^,5 par hectolitre,
si l'on ne tient compte que du degré alcoolique et qu'on le fixe à i franc.
» Mais ce qui doit surprendre, c'est la concordance dans les litres élevés.
11 est, en effet, difficile de croire que si l'on n'eût réduit qu'au tiers au lieu
du cinquième le vin de pineau, les titres apparents eussent, à tous les de-
grés, aussi bien concordé avec les titres réels, et l'on ne peut se défendre
de soupçonner que les vins communs du Midi diffèrent très-sensiblement
des vins de pineau, non pas seulement dans les rapports des matières qui
les constituent, mais encore dans la nature de ces mêmes matières.
» L'ébullioscope, et un procédé pour concentrer les vinasses sans les
décomposer, faciliteront singulièrement la poursuite de cette intéressante
étude.
Quatrième série d'expérieivces.
» Cette fois nous avons abandonné la vinasse et opéré avec un vin dont
nous avons fait varier le titre en y ajoutant soit de l'alcool, soit de la
vinasse. C'est le vin de pineau qui nous avait fourni la vinasse des ta-
bleaux 1 et II que nous avons employée.
» Dans une première série d'expériences, nous avons fait usage de la
règle divisée en demi-millimètres; dans les autres, c'est celle de l'ébullio-
scope, gradué en degrés alcooliques, qui nous a servi.
Tableau F.
Titre relevé Différence Titre relevé Différence
en demi- avec à la rè(;le avec
Titre calculé du vin. millimètres. le calcul. alcoométrique. le calcul.
o o
5 4»954 -o,o46 4,99 — o,oi
6 5,982 — 0,018 6,00
7 6i977 — 0,023 6,90 — 0,10
8 7)994 — 0,006 8,00
9 9>OII -1-0,011 9)02 -f-O,02
10,02 (vin naturel).. . 10,020 io,o4 10,02 10, o4 -+-0,02
II 10,925 — 0,075 11,00
12 11,923 — 1))077 12,08 12,10 -)-o,io
i3 i2,g44 — O,o56 i3,oo
i4 '3,927 — 0,078 '4jO°
i5 14,955 — 0,045 i5,oo
16 15,989 —0,011 16, i5 16,20 -f-0,20
17 17,025 -t- 0,025 i7)00
18 i8,oi4 -1-0,014 18, o5 4-0, o5
19 19,011 -4-0,011 '9îOO
ao 19,987 4-o,oG3 20, o5 -t-o,o5
( 1128 )
Mélanges de ces mêmes liqueurs.
Titre calculé. Titre trouvé. Diflërence.
5o", liq. 5 j » »
5o«, liq. 6 t '^ ^'^ "
5o«, liq. 10 )
r ,„ ,• î 10, 50 10, 5o u
OO'"^, liq. II )
5o«, liq. 12 )
r ec r c i3,5o i3,45 — o,o5
OO'^S liq. l5 )
5o", liq. 7 )
r .r 1- o 10,00 Q,07 — 0,l3
5o"% hq. i3 ) ^ ' '
63% liq. lo
4,-, liq. .7 î '^'9Î^ '^'°° + °'°'
63", liq. 10 )
52- liq. .8 1 ■^•^° '^''° + "''^
67", liq. 10 j , _ , .
57",55o, liq. 19 j "^''^ '4,05 + o,,o
5o", liq. n )
r „ r / 1 I I ,5o II ,5o »
00'^'=, liq. 14 )
5o", liq. 16 )
^ 10,00 10, o5 -f- o,o5
5o", liq. 20 ) '
» Dans ce tableau, qui compte 45 titrages, ou ne trouve qu'une erreur
(le I de degré (n° 16. Diff. — 0,011 + 0,200 = 0,211), qui doit tenir à
une mauvaise préparation ; les coïncidences sont d'ailleurs fréquentes.
Cinquième série d'expériences.
» Ces expériences ont eu pour but de voir si avec un même vin les mêmes
chiffres se répétaient. Ces titrages ont été faits à diverses époques et avec
deux instruments.
Tableau VI.
Noms des vins. i"'' titrage. 2' titrage. 3'' titrage. Différence maiima.
000
Vin de Givry 10,02 10, o4 10,02 0,02
Bordeaux 10, 33 10, 33 10, 45 0,12
Cher 1 1 ,00 10,95 io>95 o,o5
Montagne (raidi) 10, 3o 10, 3o 10, i5 o,i5
Roussillon 12,90 '">94 12, 85 o>09
Coupage ''190 11,80 ''jQO 0,10
Narbunne 12,60 12, G5 12,70 o,io
Entre-deux-mcrs (blanc). 11, i5 11, i3 11, i5 0,02
Bas Médoc 11 ,o5 1 1 ,o5 1 1 ,00 o,o5
Bergerac îi>4o n,3o 11, 32 0,10
Tournas 9»58 9)65 9>6o 0,07
Chinon 11,1 5 11, o5 ii,o5 0,10
{ i'29 )
» La plus grande différence, qui est de —^ de degré, reste bien dans la
limite de l'erreur de -^ en plus et autant en moins que nous avons pré-
cédemment constatée. (Tableau II, colonne 5.)
Sixième série d'expériences.
» On a recherché dans ces expériences si en coupant un vin avec de
l'eau on retombait sur un titre proportionnel à celui précédemment accusé
par le vin essayé pur : les coupages se sont tous faits à volumes égaux de
vin et d'eau.
Tableau VU.
Vins Vins
Noms des Tins et provenances. titrés purs, coupés (i). Difleiences.
Givry, 1868 (Thenard) 10, 85 10,90 -1-0, o5
Givry, 1872 >i 10,02 9i9° — 0,12
Montrachct, 1870 (Thenard) i4î45 i4i4o — o,o5
Langeais, 1870. Touraine (M. Frion) 12,20 12, 3o +0,10
Fondetles, 1873. • . 10,20 10, 3o +0,10
Sainle-Radégonde, 1867 10, 85 10 ,80 — o ,o5
Bordelais, 1874 (comte de Valmonl) . . . 11 ,70 ' • ,74 + o,o4
Sarrazac, 1874. Lot. Plan de pineau (M. de la Gorse). 11,20 11, 3o -+-o,io
Serrignac, 1873. Gard (M. de Castelnau) g, 65 9,5o — o,i5
Bouet. Hérault. > 9>65 9î5o — o,i5
Bergerac (chambre syndicale) ii ,3o 1 1 ,32 +0,02
Roussillon » i2,85 12,90 -t-o,o5
14 » '7,' 5 '7j2o +o,o5
* 13 » i3,6o i3,3o — o,3o
* 16 • i4>75 i4>4o —0,35
* 17 » i4i3o 13,90 — o,4o
» Ce tableau démontre que dans la plupart des cas, méiue quand ou
opère sur des vins très-riches, l'essai direct peut suffire; mais qu'il est ce-
pendant des vins, tels que les trois derniers échantillons inscrits au tableau,
où le titrage après coupage est absolument nécessaire. L'habitude de ce
genre d'opération l'indique presque toujours par avance et avec sûreté.
Généraleiueut, en effet, les vins qui doivent être recoupés sont sucrés ou
très-hauts en couleur; aussi, à la simple inspection, avions-nous reconnu
que les trois échantillons marqués d'une étoile ne devaient piis être titrés
purs.
(i) Les titres obtenus n'ont été évidemment que moitié de ceux inscrits à cotte colonne,
et c'est pour rendre la comparaison plus facile que nous avons double les cliiflrcs.
i:.R.,i87i, i" Semcitrc. (T. LXXX, N» 17.) '47
( n3o )
Septième stRiF. d'expériences.
» Dans cette série, nous avons éludié les vins de liqueurs. Voici le ta-
bleau qui résume nos expériences :
Tableau VIU.
I vol. vin, 1 vol. vin, i vol. vin, Différence
Noms et provcn.'inces des vins. Vin ]nir. i vol. eau. avol.eau. 3 vol. eau. maxiraa.
o
Slarossan (Hérault), M. Daure] ... . i4,?.o i?,,66 i?.,3o 12,3,4 ' '9*^
Moscatel de Sethubal (Portucal), ) ^ n ft- n a
^ ^ "\ 19,60 18,00 17,55 17,60 2,o5
M. de Fonseca ) -^
Malaga, M. Pilhan 20,45 18,70 18, 36 18,20 2,25
Ténériffe, rapporté par le lieutenant ) ^ r 1 ^ f r
'^' ' ?o,5o PO, 00 20,10 ig,go(i) 0,04
de vaisseau Lamarque-Thenard. )
FrontÎL'nan muscat, 1872 (chambre ) , or t-
° ' / \ \ 14,00 12,80 12, bq 12,72 i,5i
syndicale) )
Vermouth, V<iiry, Pratel et C""] o /- /■ c
' /.' 18,20 17,60 17,60 » 0,60
(cliambre syndicale) )
» Ici, ou le voit, nous ne jouons plus sur la seconde décimale, mais sur
les unités, et les erreurs peuvent s'élever jusqu'à i4 pour loo de l'alcool
total. Heureusement que le coupage fournit un procédé aussi radical que
sûr pour les annuler; il faut donc s'imposer la loi d'en user du moment
qu'il y a le moindre doute.
HOITIÈME SÉRIE d'eXPÉRIENCES.
» Le tableau suivant résume les expériences que nous avons faites avec
des vins d'abord titrés, puis mélangés ensemble et titrés à nouveau. Les
coupages se sont tous faits à volumes égaux. (Les vins qui ont été ainsi
traités figurent dans le tableau VIL)
Tableau IX.
Titre Titre
Noms des vins. moyen. du mélange. Différence.
Givrv, 1868 ] , _, .
„. ' o '0)1' 10, 35 — 0,06
Giviy, 1072 )
Givry, 1868 I f, _ „
^.„.„,, , ,. , 1 ■ 12,225 12, 3o -t-0,075
ft" 13 (chambre syndicale) \ '
Givry, 1872 ) ,,_ ,^ , ^
„ . , ' , .„, \ 10,435 10,45 +o,oi5
Sainle-Uadegonde, 1667 )
(1) C'est le vin de Ténériffe qui donne la moindre erreur; ce vin est en effet très-sec,
tandis que les muscats sont très-sucrés ; mais pourquoi le malaga (jui l'est beaucoup moins
donne-l-il une aussi grande différence? Il y a donc d'autres matières que le sucre et la
couleur qui augmentent le titre apparent.
( "S. )
Titre Tilin
Noms des vins. moyen. du mélange. Différence.
Givry , i8n2 )
„, f,~ 'lO.II lO.IO — o,oi
Fondettcs, 1873 )
Givry, t868 J ^ ,^ ^
_ , „ „ J 10, 5o 10,45 — o,o5
Fondettps, 1878 j ^
Givry, i868 } ^
Bordelais (Valmont) 1 " '^"^ "' "
FondetU's, 1873
Sainte-Radegonde, 1867
Givry, 1868
Sainte-Radegonde, 1867
Langeais, 1870 ... )
Sainte-Radegonde, 1867 |
Givry, 1868 }
Langeais, 1870 \
Langeais, 1870 )
Fondettes, 1878 I
Givry, 1872 i
Langeais, 1870.
> 10,555 10, 5o — 0,025
io,8:'.5 [0,72 — 0,125
I
I I ,525 r ( ,5o — 0,02
I I ,5o 7 1 ,45 — o,o5
I I ,20 I I , t5 — o,o5
I I , I I I I ,o5 — 0,06
» Ce tableau démontre qu'avec tles mélanges de vins non sucrés les ré-
sultats se maintiennent dans les étroites limites précédemment indiquées.
Neuvième série d'expériences.
» Ces expériences ont eu pour but de nous assurer si les instruments
construits par M. Malligand étaient comparables entre eux.
» Nous nous sommes alors adressés à la Chambre .syndicale du com-
merce en gros des vins et spiritueux du département de la Seine, qui aus-
sitôt a nommé une commission composée de son président, M. Célerier, de
MM. Porte, Valentin (Eugène), Mathieu et Jarlot rapporteur.
» Son premier soin a été de nous adresser quinze échantillons de vins que
d'une part nous avons titrés dans notre laboratoire avec les deux instru-
ments mis par M. Malligand à notre disposition et que, de son côté, la
chambre syndicale a titrés avec quatre autres appareils appartenant soit à
elle, soit à des négociants.
» Toutes les mesin-es pour rendre ce double contrôle aussi sérieux que
possible furent si bien prises que nul ne coiunit les noms et les titres des
vins essayés qu'à l'ouverliu-e des plis cachetés qui à cette occasion furent
échangés entre la chambre syndicale et nous.
» Le tableau suivant résume les expériences.
.47-
( Il32 )
Tableau X.
Titre trouvé Titre trouvé par
Noms des vins, parla le commissaire Différences.
Chambre syndicale, de l'Académie.
Vin du Cher, 1874 11,00 10,95 — o,o5
Vin de Montaigne (Midi), 1874. ■■• ■ 10, 3o 10, 3o »
\in de Roussillon, 1873 l3,oo '2,94 — 0,06
Vin de coupage, 1873 11 ,90 1 1 ,80 — 0,10
Vermouth (Noisy-Prat et C'') «7,65 17,60 — o,o5
Vin de Muscat Frontignan, 1872 12,75 '2,69 — 0,06
Vin du Narbonnais, 1874 12,75 12, 65 — o, 10
Vin blanc d'Entre-deux-niers, 1872. . 11,10 11, i3 + o,o3
Vin du bas Medoc, 1874 11 ,o5 i i ,o5 »
Vin de Bergerac, 1874 11, 3o 11, 3o »
Vin de Tournus, 1874 9,65 9»65 »
Vin de Chinon 1 1 , o5 1 1 , o5 »
N" 15 i3,4o i3,3o —0,10
N» 16 i4,5o 14,40 —0,10
N" 17 13,95 13,90 — o,o5
» A la vue de ces résultats nous ne pûmes cacher notre étonnement, qui
devint plus grand encore quand MM. les commissaires de la chambre
syndicale nous déclarèrent qu'ils n'avaient jamais entendu dire qu'un
ébullioscope de M. Malligand donnât des résultats différents d'un autre.
Nous apprécions tous ici les artistes habiles et consciencieux ; sous ce rap-
port, M. Malligand mérite encore toutes les sympathies de l'Académie.
Résumé.
» En résumé, l'ébullioscope Malligand a démontré:
« 1" Que si la plupart des matières fixes et sohibles retardent le point
d'ébiiUition d'iui liquide alcoolisé, il en est cependant qui l'abaissent sen-
siblement.
» 2" Que ces matières se trouvent toujours réunies dans le vin, mais en
proportions diverses.
» 3° Qu'en s'en tenant aux vins de table dont la fermentation est achevée,
ces matières sont assez bien compensées pour que le point d'ébullition cor-
responde à celui de l'eau alcoolisée au même degré.
» [\° Qu'avec les vins de liqueurs et ceux dont la fermentation est ina-
chevée le degré d'ébullition est avancé, mais qu'en recoupant ces vins avec
de l'eau en quantité convenable, on fait toujours disparaître cetle anomalie.
» 5" Que dans les plus mauvaises conditions on ne commet pas une er-
( ii33 )
reur de plus de | de degré, et que dans la majorité des cas on est sur du
vuigtieriie.
» 6° Que l'opération est facile et rapide.
» 7° Que, par suite des soins donnés à la graduation, les instruments
construits jusqu'ici et dont le nombre dépasse cent sont comparables entre
eux.
» En conséquence, votre Commission déclare que l'ébullioscope de
M. Malligand fournit le meilleur procédé coniui jusqu'ici pour titrer
l'alcool dans les vins, et elle conclut à ce que l'Académie vote des rcmercî-
ments à son auteur et l'insertion de son Mémoire au Recueil des Savants
étrangers. »
» Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES PIlÉSEiMES.
PHYSIQUE. — Recherches sur les phénomènes produits dans les liquides par des
courants électriques de haute tension. Note de M. G. Pj.axté.
^Commissaires : MM. Edm. Becquerel, Desains, du Moncel.)
« La pile secondaire que j'ai fait connaître précédemment (i) m'a per-
mis d'étudier avec facilité les phénomènes produits dans les liquides par
des courants électriques de haute tension. Ces phénomènes assez com-
plexes ont été déjà étudiés avec des piles ordinaires par Davy, Hare,
]\[ackrell, Grove, Gassiott, de la Rive, Despretz, Quet, Van (1er Willi-
gen, etc.; mais la nécessité de monter une pile puissante pour les observer
a été un obstacle à ce que leur analyse pût être très-approf'ondie.
» Les courants fournis par les batteries secondaires que j'emploie sont,
il est vrai, temporaires ; ils ont, néanmoins, une durée suffisante pour pou-
voir suivre dans tous leurs détails les effets produits par le passage de l'é-
lectricité dans des corps imparfaitement conducteurs, tels que les liquides
des voltamètres; de plus, les expériences peuvent être renouvelées en re-
chargeant les appareils, et l'intensité du courant, décroissant lentement à
mesure que la décharge s'opère, loin d'être un inconvénient, met successi-
vement sous les yeux de l'observateur une série de phases diverses qui
écliapperaient avec un coiu'ant constant ou exigeraient des changements
continuels dans la disposition des éléments.
[i) Comptes rendus, t. L, 1860; t. LXVI, 1868; t. LXXIV, 1879; t. LXXVII, 1S73.
{ ii34 )
» I/étiicle de ces phénomènes présente, d'ailleurs, tin intérêt d'autant
plus grand qu'ils se passent « à ce point de rencontre des deux pouvoirs qui
)) exercent l'empire le pitts direct sur les éléments, la force électrique et la force
» chimique », et où « il semble que se trouvent réunies toutes les solutions pour
» tous les problèmes de l'industrie humaine ( i ) ». En suivant, en effet, le pas-
sage de courants d'une tension variable dans les liquides, ou assiste, pour
ainsi dire, à la lutte entre le flux électrique et l'attraction moléculaire
jointe à l'affinité chimique, tendant à retenir unies les molécules métalli-
ques des électrodes ou les éléments du corps liquide contenu dans le volta-
mètre. Si le flux électrique a une grande tension, les effets mécaniques et
calorifiques dominent : l'attraction moléculaire est vaincue la première, les
électrodes sont désagrégées, fondues ou volatilisées. Si la tension est un peu
moindre, les électrodes sont le siège de phénomènes lumineux produits
par le vide et les vapeurs raréfiées alentour; le liquide ne mouillant
presque pas les électrodes est à peine décomposé. Si la tension décroît en-
core, les principaux phénomènes calorifiques et lumineux disparaissent et
la décomposition chimique se manifeste; et comme, d'autre part, le cou-
rant traverse alors d'une manière plus complète le liquide, l'intensité ap-
paraît plus grande dans le circuit. C'est ce que l'on peut démontrer d'une
manière frappante par l'expérience qui suit :
» On fait passer le courant de décharge de deux batteries se-
condaires, composées chacune de vingt couples à lames de plomb, dans
un voltamètre à eau acidulée par l'acide sulfurique et à fils de platine.
Le fil positif est seul plongé d'avance. On a mis également dans le circuit
un fil de platine, tendu à l'air libre, de o™,8o environ de longueur, et
de yt; ''e millimètre de diamètre. Dès qu'on plonge le fil de platine négatif,
il se produit une gaîne de lumière autour de ce fil, et sans dégagement
de gaz sensible; le fil positif ne dégage, de son côté, qu'une très-petite
quantité de gaz. Le fil de platine tendu à l'air libre ne rougit point; mais,
si l'on abandonne l'expérience à elle-même, au bout de deux à trois mi-
nutes, la gaîne lumineuse disparaît, un dégagement de gaz abondant se
manifeste aux deux pôles, et le fil de platine rougit au même instant dans
toute sa longueur.
» Les phénomènes variés qui se produisent avec divers métaux ou di-
vers liquides, suivant que tel ou tel pôle est plongé le premier ou le se-
cond, et qui ont été observés avec beaucoup d'exactitude par M. Van der
(2) Dumas, Bulletin de la Socit'tt^ d'Eneouragenient, t. XIII, p. |53; l866.-
( r,35 )
Willigen (i), à l'aide d'une pile de Bunsen de 4o éléments, se reproduisent
facilement avec des batteries secondaires, et je crois pouvoir résumer la
règle qui préside à ces phénomènes, en disant que, dans les conditions
dont il s'agit, rélectrode qui offre la plus grande surjace immergée donne son
signe au liquide du voltamèlre.
)) Afin de mettre encore mieux en évidence ces divers effets et d'autres
qui tendent à se manifester, j'emploie actuellement une série de dix batteries
secondaires, dont le courant de décharge équivaut à celui de 3oo élé-
ments de Bunsen associés en tension, et rougit un fil de platine de
lo mètres de longueur sur -^ de millimètre de diamètre. Ces dix batteries
se chargent avec deux couples de Bunsen, en une heure environ, ce qui
permet de répéter, dans l'espace d'une journée, un certain nombre d'ex-
périences.
» Lorsqu'on décharge ces batteries dans un voltamètre à eau acidulée
dont le fil positif est immergé à l'avance, l'approche du fil négatif au con-
tact du liquide en détermine la fusion ou la volatilisation avec une sorte
d'explosion et une flamme diversement colorée, suivant la nature du métal
qui constitue l'électrode. Si le liquide ne contient que des traces d'acide,
de manière à éviter la fusion complète du métal, il se produit une série
continue d'étincelles accompagnées d'une bruyante crépitation analogue
à celle des appareils d'induction, et ces étincelles peuvent se prolonger, eu
décroissant peu à peu d'intensité, pendant plusieurs minutes.
» Mais, parmi les nombreux phénomènes produits par la décharge de
ces batteries, je signalerai surtout, à cause d'une analogie remarquable,
celui qui résulte de l'immersion de l'électrode positive dans une solution
saturée de chlorure de sodium. En plaçant le voltamètre sur un support
muni de crémaillères, auxquelles sont reliés les fils de platine, de manière
à les introduire avec précaution dans le liquide, le fil négatif étant plongé
à l'avance de i millimètre, si l'on amène le fil positif au contact du liquide,
on voit se former autour de ce fil, avec un bruissement assez fort, un
petit globe lumineux d'une sphéricité parfaite; en soulevant le fil de pla-
tine, le diamètre du globule augmente de manière à acquérir près de i cen-
timètre; en immergeant le fil plus profondément, le globule prend un
rapide mouvement gyratoire, et, quand il a acquis une certaine vitesse, il
se détache comme attiré par l'autre électrode, et disparaît en déterminant
une explosion et une flanmie au pôle négatif. Ce globule n'est pas ga-
(i) Annales de Poggendurff, t. XCIII, p. 285.
( I I 36 )
zciix, car on a vu que la décomposition de l'eau peut à peine se produire
dans ces conditions; c'est un globule de liquide dans un état sphéroïdal
particulier, illuminé par le flux éleclrique qu'il renferme; et, comme il est
presque isolé, par cet état sphéroïdal, du reste du liquide, il doit natu-
rellement se trouver chargé, de Mième que le fil auquel il adhère, d'élec-
tricité positive.
» Si, au lieu de plonger le fil métallique au milieu du liquide, on le rap-
proche des parois du vase en verre, il se produit un tourbillon lumineux
et le long du verre un sillon brillant qui prend une forme sinusoïde ou en
zigzag arrondi, serpente de part et d'autre de l'électrode jusqu'à 3 ou
4 cenlimèlres de distance, et, arrivé dans le voisinage de l'électrode né-
gative, détermine, comme précédemment, une explosion ou une bruyante
étincelle avec flamme à l'extrémité de cette électrode. Aussitôt après, il se
reforme ini nouveau sillon, et ainsi de suite, pendant quelques minutes
avec des explosions intermittentes au pôle négatif.
» Ces globules lumineux, chargés d'électricité, animés d'un mouvement
gyraloire, produisant un sillon en zigzag et se résolvant par une explosion
ou une bruyante étincelle, semblent offrir une image réduite des phéno-
mènes de foudre globulaire, dont l'origine est restée encore inconnue jus-
qu'ici.
» Les cas de foudre globulaire ont été surtout observés à la fin des
orages, alors que l'électricité atmosphérique s'écoule facilement vers le
sol en traversant un air saturé d'humidité par une pluie abondante. Or
les machines électriques ne permettant pas de produire un écoulement
visible d'électricité au sein d'un air humide, on comprend qu'il soit dif-
ficile d'imiter, avec l'oleclricité statique, les apparences de la foudre glo-
bulaire, et que cela devienne possible à l'aide de l'électricité dynamique.
On peut, en effet, considérer la portion d'atmosphère humide où apparaît
la foudre globulaire comme un vaste voltamètre dont une électrode serait
formée par un niinge très-bon conducteur, et l'autre électrode par un
point du sol, voltamètre dans lequel toutefois l'eau serait à peine dé-
composée et où les phénomènes calorifiques et luaùneux, signalés plus
haut, joueraient le principal rôle. Sans doute les éclairs en boule ne sont
point des sphères de liquide, ils doivent être néanmoins formés d'une ma-
tière pondérable chargée d'électricité, et l'on conçoit que la grande ten-
sion de l'électricité de l'atmosphère produise, avec de l'air humide ou
de la vapeur d'eau, ce que l'électricité dynamique produit avec un liquide
salin.
( "37 )
» Quoi qu'il en soit, ces expériences peuvent aider à la solution de la
question ; car, de même qu'on ralentit la cluite des corps pour en étudier
les lois, de même on ralentit ici, |)ar l'interposition d'un voltamètre et
par l'emploi d'une électricité de moyenne tension, la rapidité de la dé-
charge électrique. L'électricité d'induction semblerait également indiquée
dans ce but, et M. le comte du Moncel a observé, en effet, avec la bobine
de Ruhmkorff, des étincelles terminées en boule; mais, pour bien distin-
guer les tendances si différentes des flux positif et négatif, les courants vol-
laïques de sens continu me paraissent préférables aux courants de sens
alternatifs des appareils d'induction, et les phénomènes que je viens de
décrire me portent à croire que, s'il était possible de déterminer un jour
le signe électrique des globes fulminants, on les trouverait invariablement
chargés d'électricité positive. »
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Echelle t)-pographique décimale pour mesurer
Vacuité de la vue. Note de M. Monoyer, présentée par M. A. de Qua-
Irefages. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Fizeau, Edm. Becquerel.)
« 1° La nouvelle échelle comprend lo numéros ou échelons; la plupart
des autres n'en comprennent que 7.
B 2° Les dimensions des caractères qui composent les divers numéros
de mon échelle ont été calculées de manière que l'ensemble des 10 numé-
ros représente la série complète des dixièmes d'acuité visuelle de i à 10 ou
0,1 à I.
» 3° Chacun de mes numéros correspond, par conséquent, à un nom-
bre exact de dixièmes de l'acuité normale prise comme unité, ce nombre
étant donné par le rang que le numéro occupe dans l'échelle; l'intervalle,
entre deux numéros consécutifs, est donc constant et égal à y^ de l'acuité
normale; il n'y a point de lacune. Dans toutes les autres échelles, l'inter-
valle est variable.
» 4° Mon échelle fait ainsi connaître, sans aucune manœuvre ni calcul
auxiliaires, l'acuïté visuelle avec une approximation constante de ~; en
même temps, la fraction décimale a remplacé la fraction ordinaire.
» On pourrait aisément, si on le désirait, pousser l'approximation jus-
qu'aux centièmes; il suffirait, dans ce but, de faire varier par demi-déci-
mètres, jusqu'à la limite de 45 centimètres, la dislance do l'échelle à l'œil
dont on mesure l'acuité visuelle.
G R., 1S7O, 1"' Semeitie.{1. LXXX, N» 17.) 14^^
( ii38 )
» B° Les indications qui précèdent suffisent pour montrer que le prin-
cipe qui a servi de base à la construction de la nouvelle échelle consiste
uniquement dans l'application du système décimal à la mesure de l'acuité
visuelle; ainsi se trouve justifiée la qualification de décimale que j'ai donnée
à mon échelle typographique.
» 6" L'échelle décimale est construite pour la distance de 5 mètres.
» 7° A l'exemple d'un confrère américain, M. Green, auteur d'une
échelle typographique dans laquelle le principe d'une progression régu-
lière a été appliqué, non pas au degré de l'acuité visuelle, mais fort inu-
tilement aux dimensions des lettres, j'ai adopté les caractères dits antiques :
ce genre de lettres majuscules se prête mieux que les égyptiennes aux exi-
gences multiples et souvent opposées de l'esthétique, de l'uniformité des
rapports géométriques, d'une égale facilité à être reconnus, etc.; il a sur
les- classiques ordinaires l'avantage d'être formé de traits d'égale épaisseur
d.ms toutes leurs parties. »
PHYSIQUE. — Observations sur la nouvelle source de magnétisme signalée
par M. D. Tommasi. Note de M. Maumené.
(Renvoi à l'examen de M. Edm. Becquerel.)
« L'expérience importante de M. Donato Tommasi me paraît devoir
être interprétée par une considération très-différente de celle de l'auteur.
La chaleur n'agit pas là de manière à constituer une « nouvelle source de
magnétisme ». Elle produit de l'électricité, un courant thermo-électrique,
et c'est ce courant qui développe le magnétisme observé. Le courant est
produit par la différence des températures entre la surface intérieure de la
spirale de cuivre traversée par la vapeur et la surface extérieure exposée à
l'air.
» M. D. Tommasi doit renverser le courant et par suite les pôles, en
faisant agir la chaleur de manière à chauffer les surfaces extérieures et en-
tretenir les surfaces extérieures plus froides. Il suffit, pour cela, de loger la
spirale dans une boîte métallique où il ferait passer de la vapeur, et en
même temps de faire couler de l'eau par l'intérieur de la spirale.
» La clialeur dissipe le magnétisme, comme on le sait : il paraît impos-
sible de la faire servir par elle-même à le développer; mais l'expérience
remarquable de mon habile confrère s'explique tout naturellement par
l'interprétation que j'ai cru devoir soumettre à l'Académie. »
( "39 )
CHIMIE or.GANlQUE. — Eludes sur le sucre inverti;
parM. E.-J. Macmené.
(Commissaires : MM. Peligot, Theiiard, Mangon.)
« Le sucre inverti, comme l'ont montré toutes mes expériences, ne peut
être obtenu doué de propriétés constantes (constantes en apparence), si
l'on ne met les soins les plus minutieux à produire l'inversion dans les
conditions strictement identiques : même quantité d'eau, d'acide, de cha-
leur, de temps, non-seulement pendant la préparation proprement dite ou
pendant le temps d'action de l'acide, mais même pendant les opérations
consécutives, neutralisation, traitement par le noir, évaporation. Le
moindre changement dans ces nombreux détails amène une différence
sensible, parfois très-considérable, dans le résultat définitif.
» Je ne désire pas m'appesantir sur ce point : je ne crois pas nécessaire,
même pour les personnes dont l'opinion demeure encore hésitante, de
donner les détails de nombreuses expériences faites sur l'inversion. Je dirai
seulement en peu de mots : le sucre inverti préparé dans les conditions
rigoureuses indiquées tout à l'heure se dédouble ou plutôt se détriple, sous
l'influence des alcalis, en produits variables. La grande cause de variation
est la température : l'espèce de l'alcali, sa quantité ne manquent pas d'exer-
cer une grande influence; mais la chaleur exerce une action dominante.
Si l'on veut produire la décomposition du sucre inverti d'une manière tant
soit peu régulière, il faut surtout opérer très-rigoureusement dans les mêmes
conditions de température, pendant toute la durée de la préparation, jus-
qu'à l'achèvement complet. 11 est nécessaire d'opérer dans la glace fon-
dante et de maintenir zéro de température d'un bout à l'autre des opéra-
lions. Les évaporations dans le vide peuvent être faites à -+- 3o°; mais il
faut, surtout pour le chjiariose, éviter des différences de température no-
tables, etc., etc. Même avec des précautions infinies, il est presque iin|)os-
sible de faire, avec une même quantité de sucre candi, des quantités con-
stantes de glycose, chylariose, etc., surtout doués d'un |)ouvoir rotatoire
constant. On peut observer des différences de résultat complètement inat-
tendues, et l'on acquiert de plus en plus la preuve de l'instabilité molécu-
laire du sucre inverti, depuis le moment où Tniversion commeiue, c'est-
à-dire où le sucre normal C^^H-^0-- perd de son pouvoir optique, jusqu'à
la fin de cette inversion, la transformation en produits où l'on n'observe
i48..
( 'i4o )
plus aiiciiiie variation el où l'on observe le troisième retour à zéro. Le pre-
mier pass.ige en ce point a lien pendant l'inversion première^ celle de
loo degrés /^jusqu'à 38 degrés (ou même 4o degrés) \ ; plus tard, on le
sait (Piiol et Sonbeiran), cette inversion est suivie d'une seconde qui ramène
de 38 on 4o degrés \ jusqu'à 3o degrés environ /". C'est une suite naturelle,
et l'inversion que je nomme seconde porte là seulement un nom d'ordre :
elle résulte d'une modification moléculaire du chylariose qui perd son
pouvoir ^N(j, compense de moins en moins le pouvoir /" du glycose, et le
laisse donner d'abord un deuxième zéro, puis une nouvelle rotation /".
Cette rotation ne devient pas celle du glucose pur, parce qu'à un certain
point le mélange du glycose et du cbylariose déjà modifié paraît subir une
action mutuelle puissante où les pouvoirs des deux corps peuvent dispa-
raître plus ou moins rapidement et d'une manière complète. Le pi'emier
effet est une nouvelle marche vers zéro, et l'on y arrive alors pour la troi-
sième fois.
» II est donc impossible de considérer le sucre inverti comme une espèce
chimique à une époque quelconque. C'est un mélange en proportions va-
riables de glycose et de chylariose avec une quantité plus ou moins forte
de sucre neutre. Ce dernier, dont l'existence est évidemment inévitable., joue
un rôle dans les phénomènes si complexes de l'inversion dont je viens de
donner le résumé le plus simple possible, et ce rôle, on pourra s'en faire
une idée par le fait nouveau et très-remarquable dont je vais parler.
» J'ai obtenu facilement du sucre neutre parle moyen suivant :
» 5oo grammes de miel de Narbonne, très-blanc, ont été traités par
I litre d'alcool rectifié à 90 degrés; à l'aide d'une douce chaleur tout se dis-
sout ; mais le liquide, abandonné au refroidissement jusqu'à zéro ou très-
pi'ès, laisse séparer une couche pesante de 116 centimètres cubes, Ires-peu
colorée. L'addition de 3 voliunes d'eau et la filtration pour séparer quel-
ques flocons jaunes de cire donnent un liquide presque absolument inco-
lore, facile à examiner dans les saccharimètres. Ce liquide marque zéro.
» Si on le chaufle, on peut lui donner un pouvoir rotatoire sensible : on
l'a réduit à 88 grammes de sirop très-épais, c'était donc une solution très-
riche ; les 88 grammes dissous et mis à 179'^'=, 5 [)our avoir à peu près
3 X 16,35 dans 100 centimètres cubes n'ont plus donné zéro, mais 3 ou
peut-èlre 4 degrés /". Je regarde comme très-])robablement dû à la chaleur
ce changement moléculaire, tout faible qu'd soit.
» J'ai traité ce sucre neutre |)ar la chaux, dans le but de comparer l'ac-
( 04. )
tion à celle du sucre inverti pris dans son ensemble, et le résultat me paraît
digne de toute l'attention des chimistes.
>' 86 centimètres cubes des 179^,5 ou 32^',o5 de sirop cuit ont été dé-
layés avec 16 grammes de CaO, HO, et 3oo à 35o cenlimèlres cubes d'eau
distillée à une température voisine de zéro , en prenant les précautions
connues pour bien mêler et ne pas exposer à une élévation de température
notable. 11 y a eu prise en masse au bout de 4o à 5o secondes; on a jeté
sur un filtre et lavé le dépôt égoulté avec a5 à 3o centimètres cubes d'eau
seulement.
» Le liquide est jaune (rappelant l'acide chlorhydrique commercial).
Un courant d'acide carbonique en excès donne un abondant dépôt de
carbonate coloré en beau bleu, le plus beau que j'aie observé dans toutes
les opérations de ce genre avec le sucre candi inverti, les jus de canne, de
betterave, etc., où on l'observe toujours, mais plus ou moins rabattu de
noir, de rouge. Par le filtre on sépare un liquide de la nuance du quartz
enfumé clair, nuance facile à enlever par un peu de noir lavé, en deux ou
trois filtrations à froid. Le volume de ce liquide incolore étant 36o centi-
mètres cubes, on lui a trouvé le pouvoir de 8°/^ à +10". Par évapora-
tion dans le vide, il a donné 23 grammes, soit un peu plus de moitié des
426', o5, approximativement, parce que, malgré toute mon attention, le
degré de cuisson n'a pas une valeur absolue.
» Le composé resté sur le filtre a été divisé en deux parties, afin de
multiplier les détails d'analyse. Mes expériences antérieures ayant montré
la solubilité de ce chylariosate dans l'eau pure, j'ai versé peu à peu de
cette eau dans le filtre, jusqu'à réception de gSo centimètres cubes, liquide
filtré. Ces gSo centimètres cubes, traités par CO", donnent un carbonate
trés-blauc et marquant 5°\, soit 47°, 5 poiu' le volume 100. La partie
demeurée insoluble, délayée avec le filtre dans de l'eau pure, carbonatée,
filtrée, a donné 700 centimètres cubes absolument incolores, marquant
i3°'"^, soit 91 degi-és pour le volume 100. Les deux liqueurs évaporées dans
le vide ont laissé ig'^%2 de sirop, ce qui s'accorde aussi bien que possible
avec les deux données précédentes : 2Z + 19,2 = 42,2, au lieu de 42, o5.
» Ces résultats peuvent se traduire par le tableau suivant :
Br o
4?. ,o5 de sirop neutre ou marquant 1 / au plus
donnent 28,00 sirop dextrogyre » 20,44/' » } lô^^SS dans loo'''
et 19)2 sirop lévogyre » 118,87'^ »
( "42 )
» Ainsi les 19,2 présentent une rotation à ganche six fois plus grande
que la rotation à droite des 23 grammes, malgré la présence d'un peu
de liquide dextrogyre. Le sucre neutre est donc un produit très-peu
stable.
» Je termine par une remarque dont l'importance pratique sera frap-
pante pour tout le monde, je l'espère. Il y a peu de corps aussi difficiles à
brûler que le sucre normal. On aurait de la peine à croire que le sucre
inverti bri^ile plus facilement : c'est pourtant ce qui a lieu sans aucune
comparaison. La détermination des cendres pour l'étude des sucres bruts
est une opération des plus aisées quand on produit l'inversion d'abord,
et avant d'ajouter l'acide concentré qui ne la produit pas. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sw la décomposition des corps gras neutres. Mémoire
de M. J.-C.-A. Bock, de Copenhague. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Chevreul, Berthelot.)
« La décomposition des corps gras neutres a lieu, industriellement, par
trois procédés différents : i" la saponification calcaire ; 2*^ le traitement
acide suivi d'une distillation à la vapeur surchauffée; 3" le traitement par
l'eau sous pression (système autoclave).
» Jusqu'ici la décomposition directe, rationnelle et complète, au moyen de
l'acide sidfurique et sans passer par la distillation, a été regardée comme
chose impossible.
» En voici la cause : la difficulté que présente le dédoublement des corps
gras neutres en général doit être attribuée à la présence du tissu cellulaire
des corps gras. Ce tissu, en effet, se trouve disséminé dans toute la masse
des corps gras, qu'ils soient d'origine animale ou végétale, non-seulement
sous la forme de membranes perceptibles à la simple vue, mais encore sous
la forme d'éléments d'une extrême petitesse, qui souvent ne peuvent être
aperçus qu'au microscope et forment alors autour de chaque globule gras
une enveloppe continue qui le protège. Pour les corps gras d'origine
végétale, ce tissu est formé de véritable cellulose, mélangée d'un peu de
résine, d'albumine végétale, etc., tandis que, pour les corps gras animaux,
il est formé par des corps albumineux, gélatineux, fibrineux. De là les
difficidtés et les inégalités qu'on a rencontréesjusqu'ici dans le dédoublement
au moyen de l'acide sulfurique ; c'est à l'albumine coagidée que doivent
être attribuées les unes et les autres, albumine coagulée qui, tant au point
( ii43 )
de vue chimique qu'au point de vue mécanique, présente une grande
résistance.
» Dans la saponification calcaire, ces corps se dissolvent sous l'influence
de la chaux caustique au moment de l'enipâtage, et c'est ce qui explique
la nécessité où le manufacturier se trouve d'employer un grand excès de
cette base, soit i4 ou xôpour loo au lieu de 9. Le tissu précipité se retrouve
masqué dans le sulfate de chaux après la décomposition du savon calcaire.
» Quant au système dit /jnrf^«/i7/r(/(0/?, l'interprétation qu'on en a donnée
jusqu'ici doitétre considérée comme inexacte. L'acidification, telle qu'on la
pratique, ne produit aucun dédoublement, et, au cours de cette opération,
on ne voit pas seformer,commeon l'acru, d'acides doubles, sulfostéariques,
sulfomargariques, etc.
o L'acidification n'est qu'une opération préalable qui a pour but de
rendre possible la décomposition postérieure du corps gras, en brûlant,
carbonisant, rendant poreux le tissu des enveloppes albumineuses. On peut
s'en convaincre aisément en lavant à froid le produit de l'acidification, pro-
duit que l'on retrouve, après ce lavage, absolument neutre et n'ayant subi
aucun dédoublement.
» Lorsque, dans ce système, on lave ensuite (c'est l'expression tech-
nique) les matières acidifiées à l'eau bouillante, sous le prétexte d'en élimi-
ner l'acide sulfurique, le véritable dédoublement commence ; mais c'est
seulement sous l'action de la vapeur surchauffée et de la distillation que ce
dédoublement s'achève. M. Payen, dans les derniers temps de sa vie, avait
admis ma manière de voir à ce sujet.
» Dans les méthodes par distillation à la vapeur surchauffée et par chauf-
fage sous pression, c'est l'élévation de la température qui détermine la
désorganisation des enveloppes albumineuses. On sait que l'albumine se
dissout dans l'eau chauffée à j 5o degrés C.
» Le procédé nouveau que j'ai établi, et qui est parfaitement rationnel
et direct, se divise en trois opérations :
» 1° Acidification rationnelle, c'est-à-dire n'ayant pour but que de car-
boniser, de déchirer, de rendre perméables les enveloppes albumineuses.
» 2° Le corps gras, ayant été pour ainsi dire dcsliabillc par l'opération
précédente, se laisse alors dédoubler par l'acide étendu d'eau. Pour con-
trôler la décomposition qui est progressive, on prélève de temps en temps
sur la niasse des échantillons dont l'aspect cristallin varie avec son état
d'avancement. La proportion d'acide nécessaire pour obtenir un résultat
( ii44 )
complet est précisément celle qu'indique la loi des équivalents, soit environ
5 pour loo.
» 3° La couleur des acides gras obtenus est plus ou moins brune, mais
elle ne leur est pas propre ; elle appartient aux enveloppes carbonisées sus-
pendues dans la masse et qui ne se précipitent pas, parce que leur poids
spécifique est le même que celui du milieu dans lequel ils nagent; ce fait
reconnu, il devenait facile d'éviter toute distillation : c'est à quoi je par-
viens en faisant bouillir ce produit avec un composé d'oxygène, cédant ai-
sément son oxygène, comme, par exemple, le permanganate de potasse ou
raéme simplement l'acide sulfurique. Dans ces conditions, la carbonisation
du tissu albumiiieux devient plus complète, son poids spécifique augmente,
il devient précipitable et se laisse alors éliminer par les lavages à l'eau.
» Les acides gras lavés sont parfaits, blonds et clairs, faciles à presser, et
leur point de fusion est de 3 ou 4 degrés plus élevé que celui des acides
fournis par les autres méthodes.
» La mise en oeuvre du procédé tout entier n'exige que des cuves ou-
vertes et de la vapeur ordinaire à 3 ou 4 atmosphères : le rendement est
presque théorique. La glycérine est belle, et l'on ne perd pas la plus petite
quantité de corps gras. Le point de fusion de l'acide stéarique obtenu par
ce procédé varie entre 58 et 6o degrés C. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur un nouvel appareil pour la fabrication continue
des supi'rpliosphales de chaux. Note de M. P. Thibault, présentée par
M. Peligot,
(Renvoi à la Commission des Arts insalubres.)
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences le dessin d'un
appareil destiné à fabriquer le superphosphate de chaux et les divers en-
grais à base d'acide phosphorique soluble. J'ai installé cet appareil dans
l'usine de M. Michelet, où il fonctionne depuis deux ans; il peut produite
en moyenne 3oooo kilograuunes de superphosphate par journée de tra-
vail.
» Il se compose de deux chaînes à godets, l'une en cuir, garnie de
godets en bois, qui sert à élever le phosphate de chaux pulvérisé, l'autre en
gutla-percha, portant des godets de même matière, qui monte l'acide sid-
furique. Ces deux élévateurs sont commandés par des cônes différentiels,
montés sur un même arbre de couche, ce qui permet de leur donner des
( I i/|5 )
vitesses variables, lout en conservant entre le débit des godets iid rapport
constant.
1) I.a poudre et l'acide viennent se déverser dans un niélangcnr hori-
zontal en fonte, dont les palettes contournées en hélice, forcent le mélange
pâteux à s'écouler par l'intermédiaire d'un tuyau en bois doublé de plomb,
dans des chambres en briques ayant chacune 20 mètres cubes de capacité;
il y a quatre de ces chambres. L'orifice de sortie dn nialaxeur se trouvant
au-dessus du point d'entre-croisement des murs de séparation, on peut
conduire le mélange successivement dans chacune des chambres, en faisant
tourner le tuyau autour d'un axe vertical. I^our retirer le superphosphate
fabriqué, chacune des chambres est munie d'une ouverture latérale, fermée
par une porte en bois, doublée de plomb, qui pendant le travail est main-
tenue en place par des vis de pression.
» Les vapeurs acides qui se produisent dans le mélangeur et dans les
chambres sont dirigées, par des conduits munis de registres, clans un cy-
lindre en tôle plombée, rempli de fragments de coke, arrosés par un filet
d'eau continu. Un aspirateur à ailettes force les gaza tiaverser cette co-
lonne et les rejette au dehors par la cheminée de l'usine.
» A l'aide de l'appareil que je viens de décrire on peut transformer en
superphosphates les phosphates minéraux, les poudres d'os, le noir de
sucrerie, les guanos, etc.
» Dans ces divers cas le phosphate et l'acide sont parfaitement mélangés;
on réalise en même temps une économie considérable de main-d'œuvre par
suite d'un travail mécanique et continu.
» Mais cette disposition présente un avantage sur lequel je demande la
permission d'insister, c'est la possibilité d'enlraîner et d'absorber com/j/e7e-
ment les vapeurs acides qui se dégagent au moment de l'attaque des phos-
phates par l'acide sulfurique.
» Ces vapeurs, quelle que soit la nature des matières premières em-
ployées, sont toujours fort gênantes, souvent même nuisibles aux ouvriers
on aux personnes qui y sont exposées. Cet effet n'a rien de surprenant si l'on
examine, comme je l'ai fait, les liquides qui viennent se condenser dans
l'épurateur à coke ou dans les tuyaux d'aspiration.
» Les apatites de Canada, les phosphorites d'Espagne, les nodules des
Ardennes renferment tous de la silice et des quantités souvent considérables
de fluorure de calcium : aussi dégagent ils, au moment de l'attaque par
l'acide sulfurique, de V acide fhwrhydriqite et tlu fluorure de silirliiin. Onoi-
C.R., i8'6, i<='-.Sem'-5i.o. (T.LXXX, N" 17.) '49
( i'46 )
que l'acide siilfurique employé n'ait qu'un degré assez faible de concen-
tration (53 degrés B. ), la formation du fluorure de silicium est nettement
établie par ce fait, que les parois des cliambies et les coiiduils d'aspiration
sont à la fin de chaque opération couverts d'un dépôt très-abondant de si-
lice et les tuyaux en tôle rapidement perforés par suite de l'attaque du
métal par l'acide fluosilicique. Le liquide condensé soumis à l'évaporation
a laissé déposer des cristaux de fluosilicate ferreux (FeSiFI" +6H-0).
» J'ai déjà montré, daus ma précédente Communication [Comptes rendus
de i Académie des Sciences, loaoùt 1874)5 que les phosphates du Lot et les
phosphates de Cocerès(Estramadure) contenaient de l'iode qui se dégage en
partie au moment de l'attaque de ces phosphates par l'acide sulfurique et
que ces produits, condensés dans mon appareil, pouvaient contenir jusqu'à
8 grammes d'iode par litre.
» Ces phosphates ne sont pas les seuls qui renferment des composés iodés:
M. Reinsch en a trouvé dans les phosphates d'Amberg (Bavière). Il y a
quelques jours, j'ai constaté également la présence de l'iode en quantité re-
lativement considérable, dans les nodules de Bellegarde (Ain), exploités à
la perte du Rhône.
)) En dehors de ces gaz, il se dégage toujours, au moment du mélange de
l'acide sulfurique et des phosphates, de la vapeur d'eau et de l'acide carbo-
nique, de l'acide sulfhydrique lorsqu'on traite les noirs révivifiés un grand
nombre de fois, des composés d'une odeur très-désagréable lorsqu'on
traite des guanos ammoniacaux, etc.
» Tons ces composés incommodes ou insalubres sont condensés au moyeu
de la disposition d'appareils que je viens d'indiquer. Je me propose d'en
faire une étude complète, que j'aurai l'honneur de soumettre à l'Académie
dans quelque temps. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Action des alcalins sur la composition du sang.
Recherches expérimentales sur la prétendue anémie alcaline. Note de M. Z.
PuPiER, présentée par M. Cl. Bernard.
(Commissaires : MM. x^ndral. Cl. Bernard, Bussy.)
« On a attribué aux alcalins la propriété d'appauvrir le sang.
" Deux circonstances sont à distit)guor cliniquemcnt :
» 1° A l'état physiologique ou dans le cas de simples troubles fonction-
nels, l'emploi des alcali'is ne produit pas d'anémie;
( "47 )
» 1° Cette altération du sang consécutive à la médication alcaline n'ap-
paraît qu'avec une lésion interstitielle.
» Pour vérifier la première proposition, nous avons eu recours à des ex-
périences sur l'homme, le chien, le poulet, le lapin. Les analyses ont été
faites avec l'appareil Malassez.
» 1. M. Z., âgé (le quarante-sept ans, absorbe depuis vingt-huit ans la dose
quotidienne de iGàaogrammes minimum de bicarbonate de soude anhydre.
Les seules interruptions du médicament correspondent aux périodes acci-
dentelles de maladies aiguës, cinq semaines en i86i, trois mois en i868.
» Les tentatives de suspension n'ont jamais réussi. Notons celle particu-
larité; le sel devient instinctivement répulsif dès que le moindre malaise
fébrile est ressenti. Loin d'offrir les signes décrits de l'anémie alcaline,
M. Z. conserve tous les attributs d'une santé plutôt pléthorique. La nu-
mération conslale en effet une proportion très-forte d'hématies 5,4o6ooo.
» M. Malassez ne conclut pas à ime moyenne générale de globules ronges,
il conseille d'individualiser; pourtant, d'après ses recherches personnelles
qui accusent 4?5ooooo à l'état de santé, ce nombre est considéré comme
voisin du chiffre normal.
» L'observation que nous venons de citer montre le sang humain enri-
chi dans son élément le plus vital par l'usage du bicarbonate de soude pris
à fortes doses et longtemps prolongées.
» 2. Un chien en observation depuis deux mois est rais en expérience
du i/j février 1874 au 5 avril 1875.
» L'analyse préliminaire du sang indique 4,239000 :
Poids de l'animal ^860
Tempénilure 89 j
» Le i" mars, le régime alcalin consiste en eau des Célestins (Vichy) ser-
vant de boisson et d'assaisonnement à la soupe. Après un mois il a été
consommé 17 litres, soil 87 grammes de bicarbonate de soude. A cette date
la numération indique 5,910000 :
Poids 4935
Température 3g ^
L'animal remis à l'eau ordinaire est examiné de nouveau vingt jours après.
Numération 4, 480000 :
Poids 49>^o
Température 89^
'49 •
( ii48)
» L'expérience se poursuit en alternant le régime.
» Interruption de six semaines motivée par une maladie parasitaire des
oreilles. L'animal est soumis tout l'été, à Vichy, au régime alcalin; les ana-
lyses reprises au 4 octobre donnent pour conclusions : chez le chien, avec
les eaux alcalines, augmentation de toutes les hématies dans toutes les nu-
mérations mises en regard de celles du régime ordinaire. Tendance générale
à l'élévation du poids et de la température.
)) Ménie résultat pour les globules rouges chez une chienne observée
quelque temps après la parturition et dont le sang contenait une propor-
tion très-grande de globules blancs.
» 3. Deux paires de poulets, chacune de couvée différente, sont mises
en expérience du i8 septembre 1874 au 6 avril iSyS, de manière que
l'effet produit sur chaque animal soit contrôlé par l'effet obtenu chez son
congénère.
n Nous opérons comme précédemment; voici les conclusions : chaque
poulet étudié isolément présente des résultats moins réguliers que le
chien, mais le poulet qui prend l'eau alcaline donne à l'analyse de son
sang un chiffre toujours plus élevé de globules rouges que son congénère
traité par l'eau ordinaire.
» 4. Deux lapins d'une même portée, âgés de quatre mois, sont soumis
successivement à l'ingestion de l'eau alcaline au moyen d'une pipette.
» Chez l'un d'eux, la dose quotidienne de 5 centimètres cubes amène
chaque fois des troubles graves. Elle est maintenue vingt jours dans le but
de provoquer l'anémie alcaline. Nous croyons surprendre cet accident en
cherchant à produire une hémorrhagie avec des incisions dans l'oreille;
elle a lien, mais nous réservons l'explication de sa cause, qui pourrait dé-
pen !re de la section de filets nerveux vasculaires.
» Une seconde expérience est faite avec 2 centimètres cubes, qui pa-
raissent tolérés du 7 mais au 10 avril.
-) I^es mêmes différences se révèlent, quoique moins tranchées.
» Il y a augmentation des globules rouges, du poids, de la température
chez l'animal au régime alcalin.
» Le lapin ne boit pas, un régime de grains secs lui fait rechercher l'eau
ordinaire; dans ce cas nous avons constaté à plusieurs reprises qu'il refuse
absolument l'eau alcaline.
» En résumé, les alcalins pris en dehors des maladies organiques ne
produisent |)as d'anémies, leur action tend plutôt à augmenter le nombre
( >i49 )
des globules rouges, à élever la température et le poids du sujet, à favo-
riser les phénomènes trophiques.
» Dans les cas de lésion interstitielle, ils entraîneraient vers l'anémie en
développant l'évolution morbide.
» On peut donc concilier les faits en apparence contradictoires de l'ob-
servation clinique, et conserver aux alcalins leur action univoque.
» D'une part, ils activent le fonctionnement physiologique; de l'autre,
ils stimulent le processus pathologique. »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Etudes expérimentales sur tes mouvements rota-
toires de manège chez un insecte [le Dyliscus marginalis) et le rôle, dans leur
production, des centres nerveux encéplialiques. Mémoire de M. E. Faivre,
présenté par M. Cl. Bernard. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Commission du prix de Physiologie expérimentale.)
« L'étude spéciale des mouvements rotatoires qu'on peut déterminer chez
les insectes, consécutivement aux lésions de l'encéphale, n'a été faite, à
notre connaissance, par aucun observateur. Depuis longtemps notre atten-
tion a été appelée sur ces manifestations intéressantes à un double point de
vue : leur production chez les animaux supérieurs et chez l'homme lui-
même, leurs relations intimes avec les fonctions de l'encéphale.
» La première question que nous nous sommes posée est celle de sa-
voir si les mêmes effets rotatoires peuvent être produits par la lésion d'au-
tres ganglions de la chaîne nerveuse.
» Vainement nous avons tenté l'expérience, soit en excitant directement
l'un de ces centies, soit en n'agissant qu'après avoir séparé l'encéphale du
reste de la chaîne nerveuse ; nous avons facilement alors provoqué l'exci-
tation des pattes correspondant au côté lésé, nous ne sommes point jjar-
venu à produire une rotation véritable, la rotation que caractérise une
impulsion coordonnée, imprimée à toutes les pattes, par laquelle l'insecte
décrit un mouvement de manège fiital, d'une certaine continuité, par le jeu
d'un mécanisme attractif et répulsif.
» La séparation de l'encéphale d'avec le reste de la chaîne nerveuse
provoque et manifeste l'activité des ganglions; après cette opération, l'in-
secte s'agite, meut ses pattes sous l'influence d'actions directes ou léflexes;
mais cette agitation est désordonnée, sans harmonie, l'excitation et la coor-
( ii5o )
dinatioii d'ensemble font défaut; pas de progression direcle et continue,
pas de manifestations rotatoires.
» Fixé sur le rôle de l'encéphale dans la production dos mouvements
rotatoires, nous nous sommes proposé de déterminer, à cet égard, l'action
de ses diverses parties.
» Nous savions, par des études antérieures, qu'une lésion pratiquée sur
un des côtés du ganglion sous-œsophagien, le reste de rencé[)hale étant
d'ailleurs intact, provoque une rotation en sens inverse de la partie lésée;
nous n'avions point étudié les lésions de ce centre consécutivement à l'a-
blation du sus-œsophagien.
» Qu'on pratique cette ablation et qu'on blesse sur un des côtés le gan-
glion sons-œsophagien, on obtiendra des mouvements de manège en sens
inverse par répulsion active des pattes du côté lésé; il n'en sera plus de
même si la lésion a été produite après ablation des pattes correspondant
au côté lésé. En pareil cas, s'il se fût agi de la blessure d'un lobe sus-œso-
phagien du même côté, on eût obtenu facilement une rotation attractive de
sens inverse; la même opération, consécutive à la lésion unilatérale du
sous-œsophagien, donne lieu à des effets opposés; l'insecte tourne alors
répulsivement dans le sens de la lésion, et la rotation est permanente.
» C'est un résultat remarquable et constant qu'après l'ablation du sus-
œsophagien, si d'ailleurs il est intact, on ne puisse obtenir par les lésions
du sous-œsophagien d'un côté, et la section des pattes du même côté, la
rotation attractive , mais seulement les rotations répulsives et constantes.
Si, pendant que s'exécutent ces mouvements rotatoires, on sépare le sous-
œsophagien du reste de la chaîne nerveuse, l'excitation et la coordination
d'ensemble des pattes étant abolies, les mouvements de manège cessent
brusquement.
» Reste à étudier les mouvements rotatoires qu'on peut déterminer,
soit par l'ablation totale du ganglion sus-œsophagien, soit par la lésion
d'un de ses lobes. En faisant expérimentalement cette étude, un premier
résultat nous a frappé.
» La production marquée, par le fait de la blessure d'un des lobes, de
mouvements rotatoires en manège, exécutés par le mécanisme attractif des
pattes, nous avons pu constater qu'il existe deux modes de cette rotation
|)ar attraction, l'un en sens inverse de la lésion, l'autre dans le sens de la
lésion elle-même.
» On détermine aisément le premier mode de rotation attractive.
( "5i )
lorsque, après avoir pratiqué sur l'uu des lobes une lésion profonde, on fait
l'ablation des pattes du côté U^sé; les pattes restantes exécutent alors d'é-
nergiques mouvements d'attraction, déterminant d'une manière constante,
fatale, la rotation de manège en sens inverse de la lésion; nous avons in-
sisté déjà dans un précédent travail sur les pliénoniènes qui accompagnent
ce mouvement attractif et nous complétons cette étude dans notre Mé-
moire.
» Lorsqu'on a provoqué une rotation comme celle dont il s'agit, on peut
la faire brusquement cesser par l'ablation du lobe sain pratiquée dès les
premières manifestations du mouvement attractif.
» Ce fait expérimental, ra|)proché de l'impossibilité de provoquer par le
seid sous-œsophagien la rotation attractive, montre que ce mode de rota-
tion dépend spécialement du lobe sus-œsophagien.
» Si, au lieu de léser profondément l'un des lobes, on se borne à une exci-
tation superficielle et réitérée, on détermine une autre forme de rotation
attractive, la rotation dans le sens de la lésion.
» Cette manifestation est d'ordinaire passagère, de peu de durée, à moins
qu'elle ne soit réitérée et accompagnée de l'ablation des pattes correspon-
dant au côté intact; il n'en est pas de même de la rotation en sens in-
verse de la lésion; celle-ci est plus facile à obtenir, elle est permanente, elle
est fatale, c'est-à-dire qu'on tenterait vainement de modifier la direction
de l'insecte entraîné dans ce sens, en lui opposant des obstacles; ou il les
franchit, ou, faisant des efforts pour les franchir, il tombe en perdant l'é-
quiUbre, ou il s'arrête, mais il ne saurait modifier sa direction normale; il
est clair qu'il n'a plus l'aptitude à changer de sens.
» Ainsi la lésion, soit superficielle, soit profonde, d'un des lobes peut
mettre en jeu, par l'action des pattes andjulatoires, deux mécanismes diffé-
rents, réalisant tantôt la rotation répulsive et tantôt la rotation attractive.
» Pour mieux comprendre les phénomènes rotaloires et les troubles
fonctionnels dont ils sont l'expression, nous avons particulièrement étudié
les effets de l'ablation totale de l'un des lobes, à la suite de nombreuses
expériences.
» Nous sommes arrivé à mettre en évidence les trois faits suivants, qui
fourniront des indications, et sur le rôle des lobes, et sur la nature des
troubles rotatoires que leur lésion peut entraîner.
» Privé d'un de ses lobes cérébraux, l'insecte exécute, pendant des heures
entières, des mouvements de manège sans changer sa direction; il tourne
( Il52 )
alors constamment, fatalement dans le même sens, le sens inverse de la
lésion.
» Chaque lobe jouit de la propriété de provoquer, d'une manière plus
spéciale, la direction attractive du côté correspondant et par les pattes de
son côté; la' rotation attractive, en sens direct de la lésion, dans le cas
d'excitation superficielle d'un lobe, la rotation attractive en sens inverse,
consécutive à l'ablation des pattes et à la blessure profonde du lobe du
même côté, conduisent avec plusieurs des faits précédemment énoncés à
cette conséquence légitime.
» L'influence de chaque lobe à l'état d'isolement s'exerce sur les pattes
du même côté et non sur les pattes ambulatoires de sens inverse : c'est ce
dont témoignent une série d'expériences parmi lesquelles nous citerons les
suivantes :
» Qu'on détermine une rotation par la piqûre adroite du sous-resopha-
gien et section des pattes du côté lésé, la rotation s'exécutera par attrac-
tion sous l'influence du lobe correspondant aux pattes intactes; ce lobe
enlevé, elle cessera aussitôt; qu'on irrite alors le lobe réservé, on ne
parviendra pas à changer la répulsion définitive, on se bornera à l'accé-
lérer.
)) Qu'on opère la section des trois pattes d'un côté et l'ablation du lobe
correspondant aux pattes de sens inverse, lesquelles détermineraient, sons
son influence, la rotation attractive; la répulsion, le lobe étant enlevé,
succède à l'attraction; elle s'accélère par les piqûres du lobe intact, mais
on ne parvient pas, sous cette dernière influence, à mettre de nouveau en
jeu le mécanisme attractif; le lobe intact ne saurait, par son action sur les
pattes inverses, réaliser ce changement de sens.
» Puisque, après la blessure profonde ou l'ablation d'un lobe, après l'a-
blation totale du sus-œsophagien, les changements de direction de l'insecte
cessent d'avoir lieu, puisque, l'anitnal intact, lors méu)e qu'il serait privé
de vision, peut au contraire changer de direction, éviter ainsi les obstacles
qu'on lui oppose, il s'ensuit que c'est au centre sus-œsophagien qu'il faut
rapporter la faculté directrice de l'insecte, et que l'intégrité des lobes en est
la condition nécessaire.
» Si cette intégrité vient à faire défaut, par lésion profonde ou ablation
de l'un deux, des rotations, soit attractives, soit répulsives sont déterminées;
elles sont fatales dans leurs manifestations, et le pouvoir particulier de
chaque lobe sur les pattes de son côté est mis en évidence.
( II 53 )
» Après l'ablation du sus-œsophagien, s'il n'a été pratiqué sur ce centre
aucune lésion antérieure, on ne donne plus lien à ces rotations attractives
qui semblent particulièrement liées aux troubles de la fonction directrice.
» On provoque seulement des rotations répulsives, fatales conséquences
de l'excitation des pattes du côté lésé.
» Enfin, après la séparation du sous-œsophagien d'avec les autres centres
ganglionnaires, on n'obtient plus de monvenients rotatoires; les mouvements
locomoteurs d'ensemble ne se produisent plus : chaque centre exerce sur les
pattes correspondantes une action isolée.
» Ainsi l'analyse expérimentale nous a montré les mouvements rota-
toires de manège liés aux lésions de l'encéphale, les mouvements rotatoires
attractifs se rattachant spécialement aux lésions du sus-œsophagien.
)) Elle nous a permis de provoquer à volonté des manifestations rota-
toires déterminées, elle nous a conduit, par l'étude de ces troubles fonction-
nels à quelques données sur le rôle des parties de l'encéphale chez l'insecte,
dont le système nerveux fait, depuis plus de vingt ans, l'objet de nos
études. »
M. le Ministre de la Guerre adresse, par l'entremise de M. le Ministre
de l'Instruction publique, un projet de poudrières souterraines munies de
cheminées. Avant qu'on donnât suite à ce projet, il serait utile de savoir
si ces cheminées n'exposeraient pas les magasins à être frappés de la foudre.
La Note est renvoyée, ainsi que la planche qui l'accompagne, à une
Commission composée de MM. Becquerel, général Morin, Jamin, Berthelot,
Desains.
M. J. François, inspecteur général des Mines, adresse, par l'entremise
de M. le Ministre des Travaux publics, un Mémoire sur la genèse des eaux
minérales et des émanations salines des groupes du Caucase, sur le méta-
morphisme des terrains par les eaux thermo-minérales et sur l'actualité des
phénomènes métamorphiques au groupe de Piatigorsk (galerie Tobieff).
(Commission précédemment nommée : MM. Chevreul, Daubrée, Belgrand.)
M. A. BoBiERRE adresse un Mémoire ayant pour objet des recherches
sur la volatilisation de l'azote du guano péruvien.
(Commissaires : MM. Boussingault, Peligot, Thenard.)
C.R., 1875, i"SemeJire. (T. LXXX, N» 17.) ' 5o
( ii54 )
' MM. Barreacd, J.-B. Capel, Creissac aîné, F. Erb, A. Gautier,
Ed. de Géxérès, R. Hetlesoteh, Ch. Hue, Mazade, J. Michel, È. Morel,
L. Petit, V. Rousse, Vignial, C. Zenker adressent diverses Communica-
tions relatives au Piiylloxera.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
MM. B. Alciator, R. Ash, Baudin, L. Bo\donneau, Toselli, de Zaleski
adressent diverses Communications relatives à l'aérostation.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. Stratizopoulo adresse un Mémoire sur des perfectionnements à ap-
porter au télescope.
. (Commissaires : MM. Jamin, Lœwy, Desains.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un Ouvrage de M. J. Rabuleau : « Éléments d'Urologie ou
analyse des urines, des dépôts et calculs urinaires. »
ASTRONOMIE. — Lettre de M. Galle, directeur de l' Observatoire de Breslau,
touchant la détermination de la parallaxe solaire par les observations de la
planète Flore (communiquée par M. Le Verrier).
« Breslau, le 29 avril 1875.
» Peut-être sera-t-il venu à votre connaissance, par les Communications
contenues dans les ii"' 2012 et 2033 des Aslronomische Naclirichten, que
l'essai de détermination de la parallaxe solaire au moyen d'une des petites
planètes (|iroposé par moi eu 1872) a été effectué, à l'égard de la planète
Flore en 1873, par des observations correspondantes dans plusieurs Obser-
vatoires de l'hémisphère boréal et de l'hémisphère austral. A ces observa-
tions ont pris part sur l'hémisphère austral : l'Observatoire du Cap de
Ronne-Espérance (M. Stone), de Melbourne en Australie (M. Ellery) et de
Cordoba dans la République Argentine (M. Gould); sur l'hémisphère bo-
réal : les Observatoires de Botiikamp jirès de Riel (M.Vogel et M. Lohse),
de Clinton dans l'Amérique septentrionale (C.-H.-F, Peters), de Dublin
(M. Brûiuiow), de Leipzig (M. Borgen), de Lund (M. Moller et M. Dunér),
( 1.55 )
de Moscou (M. Bredechin), de Parsonstown (Lord Rosses Observatory ,
M. Copeland), d'Upsal (M. H. Schullz) el de Washington (M. Hall).
» Selon le sommaire des calculs se fondant sur ces observations, qui a
été publié au n° 2033 des Astr. Nachtichten, j'avais fixé la valeur de la pa-
rallaxe solaire qui en résulte a n ^= 8", 87g.
» Mais, pendant l'impression du Mémoire en question, j'ai reçu encore
des lettres de Melbourne, concernant quelques observations douteuses, et
j'ai été ainsi en état d'ajouter dans ce cas et aussi pour quelques autres
Observatoires de petites corrections, par lesquelles le résultat déjà men-
tionné est légèrement changé. Suivant 81 observations correspondantes
entre l'hémisphère austral et l'hémisphère boréal (4i étoiles de comparaison
au nord de la planète, 4o au sud), le résultat définitif, pour la parallaxe so-
laire déduite des observations de la planète Flore en 18^3, doit être fixé
maintenant à 71 = 8", 8^3, avec une très-petite incertitude, je crois, dans
les centièmes de seconde. De 96 observations correspondantes, i5 ont dû
être exclues à cause de quelques déviations trop considérables, provenant
de quelques imperfections des instruments australs. Cependant, même
en supposant que les i5 observations ne soient pas exclues, le résultat
reste à peu près le même, c'est-à-dire n = 8", 878, bien que ce soit jusqu'à
un certain degré par hasard.
» Je m'occupe maintenant de la composition d'un Mémoire plus dé-
taillé, contenant les observations et les calculs, et en peu de temps j'espère
avoir l'honneur de pouvoir vous en offrir une copie.
» Le résultat des observations de la planète Flore, déjà mentionné
(7r = 8",873), présente une conformité surprenante avec celui qui a été
trouvé l'année passée à l'Observatoire de Paris par M. Cornu, par ses me-
sures nombreuses et très-exactes de la vitesse de la lumièi'e [n = 8", 878),
si l'équation de la lumière donnée par Delambre est admise : la différence
ne s'élève qu'à o",oo5. De même le résultat ne s'éloigne de votre parallaxe,
dérivée des perturbations de la planète Mars, que de o",oo7 [Comptes
rendus, t. LXXV, p. 169, t: = 8", 866). Si l'on emploie l'aberration des
étoiles pour la détermination de la vitesse de la lumière, l'accord est
moindre et la déviation de la parallaxe solaire devient plus considérable
(;: =^ 8",797) que ne semblent pouvoir le comporter les expériences de
M. Cornu ou la détermination géométrique de la |iarallaxe de la planète
Flore.
» L'étude de l'ensemble des observations de cette planète et l'exécution
des calculs m'ont convaincu qu'en employant la méthode proposée (des dif-
férences en déclinaison entre la planète et luie étoile fixe observées au mi-
t5o..
( ii56 )
ci'oinètre filaire d'un équatorial), la valeur de la parallaxe solaire peut
être enfermée dans des limites très-resserrées. Le désavanlagede la distance
plus grande des petites planètes est compensé par le grand avantage d'un
pointé plus exact et de la bissection extrêmement sûre de ces points lumineux
semblables aux étoiles fixes. L'état atmosphérique même a peu d'influence
sur de pareilles observations. Les observations de Vénus et de Mars sont
beaucoup plus pénibles, eu égard au diamètre, à la phase, à l'irradia-
tion, etc.; et, déplus, dans les passages de Vénus, par l'indécision des
bords du Soleil, si la hauteur du Soleil n'est pas grande. Une très-bonne
occasion |)oin' un essai de cette espèce s'offrira aux mois de septembre et
d'octobre de cette année par l'opposition de la planète Eurydice, qui aura
lieu à celte époque, et j'ai l'intention de |)roposer une répétition de ces
observations aux astronomes, si la coopération était possible à l'un ou à
l'autre des observatoires australs.
» Aujourd'hui je lis dans un journal allemand que M. Pniseux a tiré des
observations françaises du passage de Vénus à Pékin et à l'île Saint-Paul,
pour la parallaxe solaire, le résultat 8", 879, ce qui doime un autre accord
très-remarquable avec le résultat de M. Cornu et le résultat tiré des ob-
servations de Flore. »
ASTRONOMIE. — Lettre de M. Pausa. Elémenls de la planète (^ Adria.
(Communiquée par M. Le Verrier.)
« Pola, 28 avril 1875.
» J'ai l'honneur de vous communiquer les éléments de la planète (3
Adria, déduits des observations de Pola. 23 février, 1 1 et 27 mars iSyS.
Époque i8t5, 25 mars, 12 heures. Temps moyen de Berlin.
0 f ,1
M =: 3o3. 9.27 ,3
M =r 248. 25. 44)"
Q =333.43.50,5
/ = 1 1 . 23.55,0
? = 4.55.44,7
log« = 0,443026
p ==768",. 88
T(>in]is moyen de Berlin. k S 'oR ^
o , „ 0 /
1875, avril 3o,5 9.37. 12, 3 -H 1 1 .25,9 o, 34^1 3
mai 4,5 9.39.33,8 -^- 1 1 . 4,8 o,355i8
» )> 8,5 g. 41.59, 7 -(-10.42,9 0,36446
» u 12,5 g. 44 -44," -h 10.1 g, 8 0,37359
» >■ 16,5 9.47.45,5 -H 9.55,4 0,38252
(1,57)
ASTRONOMIE. — Nole de M. Perhotix, Irammise par le Directeur de V Observa-
toire de Toulouse, comprenant des éléments et une éphéméride de la planète @
Tulosa. (Comiiuiiîiqiiée par M. Le Verrier.)
a J'ai l'honneur de comnniniqner à l'Académie les éléments de la pla-
nète © Tolosa, découverte le 19 mai 187/1, à l'Observatoire de Toulouse.
Ces éléments ont été comparés à sept observations équatoriales, dont quatre
faites à l'Observatoire de Paris, les trois autres à celui de Marseille. La pla-
nète reviendra à son opposition le 20 novembre de cette année ; elle sera
en ce moment assez belle, environ de onzième grandeur; une éphéméride
que j'ai calculée pour cette époque permettra de l'observer. La comparaison
avec les observations et l'éphéméride se trouvent dans le tableau suivant :
Époque : 18^5, octobre 21,0, C. moyen de Paris.
M= 85°. 28'. 45", 8
cï =3io . 0.41 )8 ^
• Q= 55. 8. 3,0 V équinoxe moyen de 1875,0
i =z 3.17. 1,3)
y == 7 . 4 1 . 56 , 3
log a = 0,3806001
fi ;= 1)53", o3o
Comparaison avec les observations.
Observ.-Calcul.
1874. ' ~. ^* " J
Paris. Juin i5 +4)8 — '.3
Marseille. 20 — 0,2 -\- 0,6
21 — 0,8 H-0,f)
22 -h 2,8 —0,1
Paris. Juillet 2 -h 4>8 — '>o
6 -1-3,1 — 0,4
17 -t- 3,8 — 0,6
Éphéméride pour o heure. Temps moyen de Paris.
1875
Octobre 21 .
23.
25.
27.
29.
Octobre 3i .
cension droite
Déclinaison
apparente.
apparente.
locâ.
Il m a
0 /
4.14.12
-1-20. 5o, 5
0,1917
12.59
5o,o
0,1884
I 1 . 37
49' 2
0, i852
10. 9
48,1
0,1823
8.34
46,7
0,1796
(1.53
45,0
0,1771
( ii58 )
Ascension droite
1875. apparentp.
Il ui s
Novembre 2 4 5. 7
4 3.i5
6 4. 1.18
8 3.59.17
10 57 . 12
12 ... 55. 5
14 52.55
16 50.43
i8 48. 3i
20 46.18
22 44 • 5
24 41.54
26 3i) . 44
28 37.37
Novembre 3o 35.33
Décembre 2 33.32
4 3i.36
6 29.44
8 27.58
10 26. 18
12 24.43
14 23. i5
16 21.54
18 20. 39
Décembre 20 3. 19.31
GÉOMÉTRIE. — Sut une nouvelle définilion géoniclrique des courbes d'ordre n à
point multiple d'ordre n — 1. Note de M. G. Fouret, présentée par
M. Chasies.
« La Note communiquée par M. Niewenglowski, à la dernière séance de
l'Académie, concernant ime nouvelle définition remarquable des courbes
d'ordre n à point multiple d'ordre n — i ( ' )' "^^'^ suggéré quelques obser-
vations qu'il m'a paru intéressant de faire connaître. Je transformerai d'a-
bord légèrement l'énoncé des résultats donnés par M. Niewenglowski, la
démonstration restant d'ailleurs à très-peu de chose près la même.
M Considérons une conique C, un point fixe O sur celle conique, et n — 2
droites D, distribuées (F une manière quelconque sur son plmi. Sur chaque trans-
( I ) Voir page 1067 du même volume.
Déclinaison
apparente.
logA.
+ 20.43,0
0 , 1 7 5o
40,7
0,1731
38,2
0,1715
35,4
0, 1702
32,3
0 , 1 692
29,0
o,i685
25,5
0, 1682
21,8
o,i68i
'7.9
0,1684
"3,9
0, 1690
9,8
0, 1700
5,5
0,1713
+ 20. 1,3
0, 1780
-f-19 57,0
0 , 1 749
52,7
0,1772
48,5
0 , 1 798
444.
0,1827
404
o,i858
36,6
0 , 1 892
33,0
0, 1980
29-7
0,1969
26,6
0,2010
23,7
0,2o54
21 ,2
0 , 2 I 00
+ 19.19,0
0,2148
( " 59 }
versole passant par O constniisojis, à partir de ce point, un rajon vecteur qui
soit la somme algébrique des rayons vecteurs déterminés sur la transversale par la
conique C et par les droites D. Le lieu des points obtenus est une courbe d'ordre n,
ayant un point multiple d'ordre n — i en O, et ayant pour asymptotes les deux,
asymptotes de la conique et les n — i droites D.
« La réciproque de ce théorème est surtout remarquable. Elle consiste,
ainsi que M. Niewenglowski l'a établi, en ce que toute courbe du n""™* ordre
ayant un point multiple d^ ordre n — i est susceptible d'un pareil mode de géné-
ration.
» Toutefois, au point de vue de la Géométrie pure, ce mode de généra-
tion ne s'applique réellement qu'aux courbes ayant au moins n — 2 asym-
ptotes réelles. On obtient une description graphique de ces courbes abso-
lument générale, en remarquant que l'on peut substituer à un couple
d'asymptotes de la courbe du n""'"" ordre une conique admettant ces deux
asymptotes et passant par le point multiple; c'est ce que nous allons
établir.
» Imaginons sur un même plan une courbe du p'''"^ ordre A, ayant en O
un point nuiltiple d'ordre p — i, et une conique B. Une droite quelconque
passant en O rencontrera chacune de ces deux courbes en un seul point :
soient a et b les deux points. En portant sur la transversale, à partir du
point O, Om = On +■ Ob, on obtiendra un certain lieu qui sera d'ordre
/j + 2, et aura en O un point multiple d'ordre p -h i. En effet, la conique
symétrique de B par rapport à O, ayant en ce point p — i points communs
avec A, rencontre cette courbe en p -\- 1 autres points qui, joints à O,
donnent les tangentes en O au lieu cherché. Toute transversale issue de
ce point rencontre donc le lieu en p -h 2 points, dont p -+- i sont con-
fondus en O. Quant aux asymptotes de cette courbe, on voit immédiate-
ment que ce sont les p asymptotes de A et les deux asymptotes de B.
» D'après cela, considérons dans le plan m coniques C passant par un même
point Oetq droites D, et supposons que im + q ^= n. Sur chaque transversale
passant par O construisons, à partir de ce point, un rayon vecteur qui soit la
somme algébrique des rayons vecteurs détermiiïés sur la transversale par les m
coniques C et par les q droites D. Le lieu des points obtenus est une courbe
d ordre 2in -\- q = n, ayant un point multiple d'ordre n — i en O, et ayant
pour asymptotes les 2 m asymptotes des m coniques C et les q droites D.
» Réciproquement, toute courbe dit «'""" ordre à point multiple d'ordre
n — I est susceptible d'un paieil mode de génération, et cela, en général, de
plusieurs manières.
( ii(Jo )
» On peut donner de ce fait une démonstration purement géométrique.
» Supposons, pour fixer les idées, que la courbe A considérée ait
o.m asymptotes imaginaires et n — iin = q asymptotes imaginaires réelles.
Les 2m asymptotes imaginaires étant conjuguées deux à deux, nous pou-
vons construire m coniques réelles passant par le point multiple O de A,
et ayant respectivement pour asymptotes les m couples d'asymptotes ima-
ginaires conjuguées de cette courbe : chacune de ces coniques se trouve
déterminée par un de ses points, son centre et les directions de deux dia-
mètres conjugués. Or les m coniques ainsi déterminées et les q asymptotes
réelles permettent de construire, suivant la définition donnée plus haut,
une courbe A' de degré n = ^m -h q, ayant pour point multiple d'ordre
n — I le point O, et pour asymptotes les 7i asymptotes de A. Or une courbe
de degré n^ à point multiple d'ordre n — i, est, comme on sait, complète-
ment déterminée par la connaissance de son point multiple et de ses
71 asymptotes : la courbe A' ne saurait donc différer de A.
» Le raisonnement qui précède ne suppose nullement que les 2m asym-
ptotes associées par couples soient toutes imaginaires; seulement, si plusieurs
couples sont réels, on peut composer le groupe des 7?i coniques reelles de
plusieurs manières.
» Remarquons aussi que, dans le cas où toutes les asymptotes de la
courbe du n''"'" ordre sont réelles, on peut construire cette dernière en
se servant uniquement de ses Ji asymptotes : la conique employée par
M. Niewenglowski n'est plus nécessaire.
» Sans nous étendre sur les conséquences du nouveau mode de géné-
ration des courbes du n'""" ordre à point multiple d'ordre n — i, nous
pouvons remarquer qu'il en résulte une construction fort simple de leur
tangente, la sous-normale étant la somme algébrique des sous-normales des
droites et des coniques auxiliaires qui servent à définir la courbe. Le rayon
de courbure se construit aussi très-aisément. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Théorème sur les covariants;
par M. C. Jordan.
« Soient A„, B„,... des formes binaires d'ordre «, en nombre c[uel-
coiique; A„_|, 1(„_|,... des formes d'ordre ?i ~ r, etc. Soient enfin C im
covariant du système de ces formes; O l'ordre de C par rapport aux va-
riables; cl„ son degré total par rapport aux coefficients de A„, B,,,...;
c/„_i son degré par rapport aux coefficients de A,,.,, V>„-,, etc.
( '161 )
On aura le théorème suivant :
Théorème. — Si le covarianl C n'est pas exprimable en fomlion entière de
f avariants plus simples, on aura nécessairement, pour limiter O, r/„, ^„_,,...,
les inéijalités suivantes :
0<S,
Pn'^!,, + P„-i (l>-, 4- . . . < 2 S
^'" + Z^ + ... + /^
/2 — I I
S désignant l'expression
n\/6n -r (« — i) \/6 (n — i)4- ... -4- v^6, ■•
C /'«, Pn-ii---i Pi étant des constantes, déterminées de proche en proche au
moyen des relations suivantes :
_ = =3 =9o/V
/^— I,.--) P2(X> 2/J2[J.+ M P2(i-I> -/'21J.V5 /V> 2 2u.'
» On en conclut immédiatement que si les f ormes A„,B„,...; A„_,, B„_,,...
sont en nombre limité, le nombre des covariants indépendants C sera
limité, proposition fondamentale découverte par M. P. Gordan. »
PHYSIQUE. — Action des aimants sur les gaz raréfiés renfermés dans des tubes
capillaires et illuminés par un courant induit (i); par M. J. Cuai'tard.
(Extrait par l'auteur.)
« Les modifications spectrales produites par l'action des aimants sur la
lumière d'induction traversant les gaz raréfiés sont soumises à des lois
assez complexes; aussi n'est -il possible de les formuler qu'à la suite
d'expériences variées et longtemps prolongées. M. Trêve, dans une Note
publiée aux Comptes rendus (séance du 3 janvier 1870), avait bien indiqué
quelques faits se rapportant à ce genre de phénomènes et concluait en ces
termes : « Coloration et décoloration des gaz sous l'action du magnétisme,
» dans les parties capillaires des tubes qui les renferment »; mais les ex-
périences du savant officier étaient peu nombreuses, elles ne portaient que
sur un petit nombre de gaz, et du reste ne semblaient se rattacher que très-
indirectement aux recherches qu'il avait entreprises alors. Le sujet m'a
semblé assez intéressant pour être l'objet de nouvelles études; j'ai l'hon-
neur d'en présenter aujourd'hui à l'Académie un rapide résumé.
» Conditions d'expériences. — Sans revenir sur les dispositions expéri-
(i) Comptes rendus, 16 novembre i8'j4) P- '123.
C.R., 1875, 1" Semestre. (T. LXXX, N» 17.) l5l
( Il62 )
mentales indiquées dans ma première Note, j'analyserai en peu de mots
celles qui m'ont permis d'étendre et de préciser en même temps mes nou-
velles expériences ; ce sont : la nature, la température : la pression du gaz;
la tension, le sens, l'origine du courant induit; l'action de l'aimant par la
forme des pôles, l'énergie et le sens de l'aimantation, la distance des arma-
tures, la position axiale ou équatoriale du tube renfermant le gaz (i).
» i" Les gaz ou substances raréfiées sur lesquelles mes expériences ont
porté sont : l'hydrogène, l'azote, l'oxygène, l'acide carbonique, l'oxyde de
carbone, l'hydrogène bicarboné, le soufre, le sélénium, l'iode, le brome,
le chlore, l'acide sulfureux, le fluorure de silicium, le bichlorure d'étain.
Tous sont loin d'offrir des modifications aussi prononcées, ainsi que je l'in-
diquerai tout à l'heure; les corps de la famille du chlore sont ceux qui
réussissent le plus sûrement et qui produisent les plus brillants résultats.
M 2° L'élévation de température diminue l'effet produit par l'aimant;
on s'en assure en laissant passer le courant induit pendant quelque temps
au sein du tube: la chaleur qui en résulte ne tarde pas à affaiblir et parfois
à rendre inactive l'influence magnétique.
» 3° La pression du gaz intervient dans l'action de l'aimant, à tel point
qu'avec le même corps il est possible, selon le cas, d'obtenir, soit la cessa-
tion subite du courant induit, soit une modification notable dans l'appa-
rence lumineuse, soit enfin la permanence de la teinte primitive.
» 4° En variant la tension du courant induit on peut obtenir des effets
analogues à ceux qui résultent de la variation de pression du gaz; les mo-
difications lumineuses magnétiques sont en général d'autant plus tranchées
que la tension primitive est plus faible.
» 5" Les phénomènes restent les mêmes lorsque le courant induit est
emprunté à une machine de Holtz ou à une bobine d'induction de
Ruhmkorff.
» 6" Le sens du courant induit, comme aussi celui de l'aimantation,
donne des effets assez identiques; cependant certains corps semblent subir
une influence plus énergique au moment où l'on renverse le courant.
» 7° La forme des armatures doit être considérée surtout au point de
vue de la surface; celle-ci devra être plane, et telle que le tube capillaire
soit embrassé sur la plus grande partie de sa longueur.
» 8" Il est évident que les phénomènes seront d'autant plus accusés
(i) La forme de mon appareil iw m'a pas permis jusqu'à présent de comparer les effets
résultant de ces deux dispositions.
( ii63 )
que l'aimantation sera plus énergique; on la détermine ordinairement à
l'aide d'une pile de 12 a i5 éléments Bunsen, grand modèle,
» 9° I/action de chaque pôle isolément est très-faible; ce n'est que sous
l'influence simultanée des deux pôles que les phénomènes acquièrent leur
maximum d'intensité.
» 10" Enfin l'action diminue rapidement avec la distance; on s'en
assure en éloignant peu à peu le tube à ^ centimètre environ des pôles;
au delà de cette limite, l'influence de l'aimant cesse de se manifester.
» Conclusions. — 1° Le résultat qui doit être noté tout d'abord est un
accroissement de résistance de la part du courant induit sous l'influence
de l'aimant. Cette résistance est quelquefois telle, que le courant peut être
subitement interrompu au moment où l'aimant entre en action. Ce fait est
mis en évidence de la manière suivante : on prend un tube formé de deux
parties conununiquant entre elles et présentant, l'une un étranglement,
l'autre une longueur et un diamètre différents. La partie capillaire est dis-
posée entre le pôle de l'électro-aimant, après quoi on lance le courant de la
bobine. Tant que l'aimant est inactif, la lumière circule uniformément
dans les deux tubes; elle est subitement arrêtée dans le plus court et le
plus étroit, au moment où celui-ci est soumis à l'action de l'aimant. L'effet
peut être produit avec le chlore, l'iode, le soufre, le sélénium.
» 2° Cette cessation de la lumière induite par l'aimant peut être déter-
minée avec le même gaz dans deux cas bien distincts, soit lorsque le vide
a été poussé assez loin pour que le courant d'induction se trouve voisin de
la limite qui ne lui permet plus de jaillir, soit, au contraire, lorsque la
tension du gaz est suffisante |îour que l'étincelle atteigne le voisinage de
la même limite.
)) 3° Sous l'influence magnétique, le filet linnineux, lorsqu'il persiste,
éprouve dans les tubes capillaires un rétrécissement qui peut quelquefois
s'apercevoir à sim[)le vue. Ce rétrécissement produit une augmentation de
résistance assez énergique parfois pour être accompagné d'un changement
de teinte du tube, ou même d'une modification dans le spectre. Chez cer-
tains gaz, tels que l'hydrogène, l'azote, l'acide carbonique, l'influence de
la part de l'aimant est peu sensible, et les modifications observées rentrent
dans le système des raies primitives.
» 4" Ce rétrécissement, ou ce changement de teinte du filet lumineux,
ne s'étend pas à plus de -^ centimètre des pôles; aussi, en prenant im tube
d'une longueur suffisante, peut-on, pendant que l'aimantation a lieu, et en
cliangeant la hauteur du speciroscope, apercevoir successivement le spectre
i5t..
( ii64 )
normal (celui qui est produit par la lumière hors du champ magnétique)
et le spectre modifié par le voisinage de l'aimant.
» 5° Pour bien juger de l'action de l'aimant, il faut faire en sorte que le
spectre, au début, n'ait pas un éclat considérable; aussitôt que le courant
passe dans l'électro-aimant, on voit apparaître les raies dans toute leur
splendeur. Le phénomène réussit particulièrement et donne les résultats
les phis nets avec le chlore, le brome, le chlorure d'étain, le fluorure de
silicium, l'acide sulfureux.
» 6'^ Des mesures directes ont prouvé que, pour ces derniers corps, les
raies nouvelles développées dans cette circonstance sont distinctes de celles
qui caractérisent le spectre normal du même gaz traversé jiar un courant
induit suffisamment énergique et hors de portée d'un aimant. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la solubiUlé du nilrale de soude el sa combinaison
avec l'eau. Note de M. A. Ditte, présentée par M. H. Sainte-Claire
Deville.
« D'après Marx les nombres qui suivent représentent à diverses tempé-
ratures la sohdjilité du nitrate de soude dans l'eau :
o
100 parties d'eau à — 6 dissolvent 63, i parties de nitrate de soude
», o » 8o , o »
" -l- lO » 22,7 "
» + l6 » 55,0 a
n + 1 ' 9 " 2 1 8 , o »
" -+-121 » 244)8 »
» Les Traités de Chimie se bornent à dire poin- la plupart que loo par-
lies d'eau à iG degrés en dissolvent 3!^ de nitrate de soude sans indiquer
l'origine de ce nombre qui diffère beaucoup du précédent. Les réstdtats
de Marx paraissent bien singuliers, non qu'il soit impossible que le nilrale
de soude présente à zéro un maximum de solubilité, les exemples analogues
ne sont pas rares; mais ce qui est anormal, c'est qu'une même quantité
d'eau dissolve des quantités de sel si différentes à zéro et aux tempéra-
tures voisines. S'il en était ainsi, une dissolution satin-ée à zéro devrait dé-
poser les cristaux pour peu que la température vînt à varier dans un sens
ou dans l'autre.
» Or il ne se produit rien de semblable. Si l'on chauffe la dissolu-
lion, non-seulement elle ne dépose aucini cristal, mais elle n'est plus sa-
turée el dissout du nitrate de soude qu'on y ajoute; si l'on refroidit on
( ii65 )
n'observe pas davantage de cristallisation; on peut agiter la liqueur, y
laisser tomber des cristaux de nitrate tout en abaissant sa température
jusque vers — iS" sans qu'elle perde sa transparence : ce n'est qu'à
— i5°, 7 que des crislaux commencent à se former. Ce ne sont point d'ail-
leurs les rhomboèdres ordinaires ni les prismes de nitrate de soude : ce
sont de petites lames micacées très-minces, formées d'aiguilles très-déliées,
placées les unes à côté des autres. Quand la cristallisation a lieu à l'abri de
toute agitation, il se produit parfois de gros rhomboèdres assez aigus; leurs
faces sont couvertes de stries dont six principales semblent être également
inclinées l'iuie sur l'autre à partir du centre de la face, tandis que les
autres sont disposées régulièrement autour des premières. Ces stries princi-
pales sont aussi visibles le plus souvent sur les petites lames qui se pro-
duisent dans la liqueur agitée. Entre — i6° et — 20° la dissolution se
change en une masse solide cristallisée.
» On peut abaisser à — 16", 5 la température de la liqueur en opérant
avec précaution; mais alors il suffit d'y introduire une de ces lames cris-
tallines pour en voir immédiatement apparaître beaucoup d'autres sem-
blables.
» La dissolution, saturée à zéro, renferme 66,7 parties de nitrate de
soude pour 100 d'eau; comme elle ne dépose rien entre zéro et — i5 de-
grés, elle conserve dans cet intervalle une composition constante. Refroidie
à — i4 degrés, et mise en contact avec un excès de nitrate cristallisé, elle
n'en dissout ni n'en dépose, et la liqueur, séparée des cristaux, se comporte
exactement comme la dissolution saturée à zéro. Il semblerait donc que la
solubilité du nitrate de soude serait invariable entre zéro et — i5 degrés,
ce qui serait bien surprenant, eu égard à la grande solubilité de ce sel.
» Cette dissolution refroidie n'est pas sursaturée de nitrate de soude,
puisque l'addition de parcelles de celte substance ne détermine aucune
cristallisation; d'autre part, on sait que, si l'on refroidit au-dessous de zéro
une dissolution saline, il s'en sépare de la glace sensiblement pure. Or ceci
n'a pas lieu dans le cas actuel, même si l'on ajoute des fragments de glace
à la liquenr, et, par suite, celle-ci ne renferme pas d'eau en surfusion.
» Enfin les crislaux qui se forment à — i5°,7 fondent à celle même tem-
pérature, et, pendant toute la durée de la fusion, un thermomètre, plongé
dans la masse, reste stationnairc. On peut, avec précaution, refroidir le
liquide jusqu'à — 17 degrés sans qu'il cristallise; mais l'addition d'nn cris-
tal provenant d'un tube plus froid provoque immédiatement la cristallisa-
tion de la substance, et les cristaux obtenus fondent à — i5",7.
( ii66 )
» Ainsi une dissolution de nitrate de soude, saturée à zéro, ne se com-
porte pas comme une dissolution quand on la refroidit; elle ne change pas
de composition quand la température s'abaisse et ne contient cependant
pas de nilrate en sursaturation ni d'eau en surfusion. Quand elle se soli-
difie, les cristaux qu'elle donne sont bien différents de ceux du nitrate de
soude ordinaire; enfin ceux-ci présentent un point de fusion constant,
caractère qui n'appartient qu'aux combinaisons définies. Au contact d"uu
excès de nitrate de soude, l'eau à zéro s'y est entièrement combinée, et l'on
est alors en présence, non plus d'une dissolution, mais d'un hydrate de
nitrate de soude, liquide entre zéro et — 15,7, solide au-dessous de cette
dernière limite. Cet hydrate contient, dans loo parties, liO,oï de nitrate
et 59,99 d'eau (66,99 ^^ ^^' P^uv 100 d'eau); sa composition répond à la
formule AzO% NaO, 14HO.
» La densité de cet hydrate à l'état liquide est i ,357 ^ zéro.
» Une solution saturée à une température supérieure à zéro ne se com-
porte plus de même; dès qu'où la refroidit, elle laisse déposer, spontané-
ment ou quand on lui ajoute une parcelle de nitrate de soude, des petits
rhomboèdres ordinaires, d'autant pUis nombreux que la température ini-
tiale est plus élevée. I^a liqueur, arrivée à zéro et séparée des cristaux dé-
posés, se comporte comme on l'a dit plus haut. C'est donc à partir d'une
température fort voisine de zéro qu'on a affaire non plus à une dissolution
de nitrate de soude, mais k une combinaison de cette matière avec l'eau.
» Au-dessus de zéro la solubilité du nitrate de soude varie régulière-
ment, sans rien offrir de remarquable. La courbe figurative de la solubi-
lité entre zéro et 08 degrés s'écarte peu d'une ligne droite, comme l'indique
le tableau suivant :
100 parties d'eau
à 0
dissolvent 66,69 Parties de
nitrate de soude,
»
2
»
70'97
»
»
4
u
71,04
D
'.
8
1>
75,65
U
»
10
n
76,31
»
u
i3
»
7y,oo
U
»
i5
»
80,60
D
»
r8
i>
83,62
»
»
21
U
85,73
11
M
26
»
90,33
n
f>
29
»
92,93
1*
»
36
»
99.39
»
»
5i
»
ii3,63
1)
U
68
»
125,07
w
( ii67 )
» Ainsi donc le nitrate de soude peut, comme celui de lithine, con-
tracter à basse température (au-dessous de + io° pour le nitrate de li-
thine) combinaison avec l'eau. Le nitrate de potasse ne présente rien de
semblable ; sa dissolution, saturée à zéro, ne contient, pour loo d'eau, que
i3,3 de sel (Gay-Lussac). Quand on la refroidit à — a**, par exemple,
elle se remplit d'aiguilles qui présentent la forme habituelle des cristaux
de nitrate de potasse, et leur nombre augmente à mesure que la tempéra-
ture s'abaisse davantage. Si l'on plonge dans un même mélange réfrigérant
à — i3° ou — 14" deux tubes contenant des solutions saturées à zéro,
l'une de nitrate de soude, l'autre de salpêtre, cette dernière est devenue,
au bout de quelques instants, une masse solide, dure et compacte, tandis
que l'autre reste liquide, malgré l'agitation et la présence de cristaux de ni-
trate de soude dans le tube qui la contient. Le point de fusion de l'hydrate
AzO%NaO, i4HO étant inférieur à la température du mélange réfrigérant
employé, il reste liquide dans ces circonstances. C'est là une expérience
bien facile à répéter dans un cours et qui montre d'une manière très-nette
la façon toute différente dont se comportent les deux dissolutions, consi-
dérées quand on les refroidit simultanément au-dessous de zéro. »
CHIMIE. — Note sur la propriété décolorante de l'ozone; par M, A. Boillot.
« En attendant la fin des nouvelles expériences que je poursuis en ce
moment, pour en communiquer les résultats à l'Académie, je crois pouvoir
dès à présent formuler, ainsi qu'il suit, une des conséquences les plus im-
portantes auxquelles ces expériences m'ont déjà conduit :
» L'une des propriétés les plus saillantes de l'ozone, surtout à cause
des applications dont elle est susceptible, est le pouvoir décolorant de ce
corps. L'ozone, en effet, agit sur les substances animales et végétales en les
décolorant.
» Les effets de blanchiment attribués au chlore sont dus à la formation
de l'ozone; voici comment : L'ozone employé directement agit comme
agent d'oxydation, en s'emparant de l'hydrogène de la substance avec la-
quelle il est en contact; il en résulte un effet de décoloration, si cette sub-
stance est colorée.
» En faisant agir le chlore sur une matière végétale ou animale, ce corps
décompose une certaine quantité d'eau pour s'emparer de son hydrogène
et former de l'acide chlorhydrique; l'oxygène piovenant de cette réaction
est transformé en ozone qui, à son tour, s'empare de l'hydrogène con-
( ii68 )
stitiiant la matière soumise à l'épreuve, laquelle perd sa couleur, si elle en
a une. Soit que l'ozone agisse directement tout formé, soit que ce corps ré-
sulte de l'action du chlore, l'explication des effets observés est, au fond,
la même : c'est l'ozone qui agit comme agent oxydant et décolorant. »
CHIMIE ORGANIQUE. — 5ur les caractères du gl/cocolle. Note de M. R. Engel,
présentée par M. Caliours.
« Le glycocolle se reconnaît à trois caractères :
» 1° Bouilli avec une solution concentrée de potasse ou de baryte, le
glycocolle donnerait une coloration rouge de sang.
» Celte réaction ne permettrait pas, d'après certains auteurs , de con-
fondre le glycocolle avec beaucoup d'autres substances; néanmoins je n'ai
jamais pu la reproduire.
)) Les deux autres réactions, citées dans les traités de Chimie, ne suf-
fisent pas pour caractériser le glycocolle. Ces réactions sont les suivantes :
» 2" Le glycocolle, traité par du sulfate de cuivre, puis par de la po-
tasse, empêche la précipitation de l'oxyde de cuivre. On obtient, dans ce
cas, une belle coloration bleue. Ce fait est attribué à Horsford; mais
M. Boussingault avait antérieurement constaté que le glycocolle dissout
l'oxyde de cuivre et avait donné la formule du glycocollale de cuivre.
« 3" Le glycocolle réduit à froid et mieux à chaud l'azotate mercu-
reux.
» A ces deux dernières réactions, j'ajouterai les deux suivantes. Isolée,
chacune de ces réactions ne prouve pas que le corps qui la donne est du
glycocolle; mais l'ensemble des quatre me paraît tout à fait caractéristique
de cette substance.
1° Le glycocolle donne, avec le perchlorure de fer, une coloration rouge
intense. L'acide acétamique se coinporte donc avec le perchlorure de
fer, comme les acétates alcalins. Celte coloration disparaît sous l'influence
des acides; elle reparait lorsqu'on neutralise avec précaution, par de l'am-
moniaque, l'acide ajouté.
» 2° On sait que, lorsqu'on traite l'aniline par un peu de phénol, puis
par un excès d'hypochlorite de sodium, on obtient une belle coloration
bleue (Jacquemin, Comptes rendus, 3o juin i8'^3). Cotton ^Bulletin de la
Société chimique, t. XXI, p. 8; 187/4) ^ constaté que l'ammoniaque se com-
porte en présence du phénol et d'un excès d'hypochlorite comme l'aniline.
( "69 )
Ce fait avait déjà été signalé parM.Berthelot (/?^/jer<oiVe de Chimie appliquée,
p. a84; iSSg). La coloration obtenue avec l'aniline est infiniment plus
intense. D'une façon générale, l'ammoniaque, la méthylamine, l'éthylaniine
(Jacquemin), la phénylamine donnent, lorsqu'on les traite par du phénol
et un excès d'hypochlorite, une coloration verte ou bleue. Or les glyco-
coUes sont à la fois des aminés et des acides : aussi suffit-il de traiter un peu
de glycocolle en solution par une goutte de phénol, et d'ajouter au mélange
de l'hypochlorite de sodium pour obtenir, après quelques instants, une
belle coloration bleue.
» Ces quatre réactions sont du reste très-sensibles. Il m'a suffi de dis-
soudre 25 milligrammes de glycocolle dans 8 centimètres cubes d'eau, et
de diviser cette solution en quatre parties égales, pour obtenir les quatre
réactions dont j'ai parlé. Les phénomènes de coloration étaient très-intenses
et la réduction de l'azotate mercureux très-nelte; on pourrait donc carac-
tériser une quantité beaucoup moindre de glycocolle en opérant sur quel-
ques gouttes seulement, au lieu d'employer pour chaque réaction 2 centi-
mètres cubes de la solution, comme je l'ai fait. »
PHYSIOLOGIE. — De l'action du fer sur la nutrition. Note de M. Rabcteau.
« Les chlorures alcalins, notamment le chlorure de sodium, agissent
d'une manière remarquable sur cette fonction, puisqu'ils augmentent con-
sidérablement la production et l'élimination de l'urée.
» Il m'a paru intéressant de faire des recherches du même ordre sur les
effets du protochlorure de fer, sel dont j'avais déjà étudié l'absorption et
le mode d'élimination.
» Pour cela j'ai fait sur moi-même l'expérience suivante, qui a été divi-
sée en trois périodes de cinq jours chacune, pendant lesquelles j'ai suivi un
régime aussi identique que possible, avec cette différence que, pendant la
seconde période, j'ai pris chaque jour 12 centigrammes de protochlorurc
de fer. Le médicament a été ingéré, à la dose de 6 centigrammes, quelques
moments avant les deux principaux repas.
Volume
dos iirinos.
Du 3i mars au 5 avril (sans médi-
» ^ ce
camcnt) '3i9
Du 5 au 10 avril (sous l'influence
du protochlorure de fer laSo
Du loau i5 avril (sans médicameni). laaS
C.R., iS^r), 11-"- Semestre. (T. LXXX, N" 17.) '5a
Matériaux
î(lî!c.
soliilos.
Urée.
,37
Br
49,91
Br
.8,07
,59
52, 5i
20,7.3
,49
5., 74
l8,?.2
( H70)
') On voit que :
» 1° Les urines ont été éliminées à peu près en égale quantité pendant
les trois périodes, d'où il résulte que le sel en question n'agit guère sur
l'excrétion urinaire, du moins lorsqu'il est pris aux doses précitées; cepen-
dant la quantité des urines a été un peu moindre pendant la seconde
période.
» 2° L'acidité des urines a notablement augmenté. Ce fait, qui n'avait pas
encore été signalé, me paraît présenter quelque intérêt : il vient expliquer
et justifier l'emploi des ferrugineux dans la gravelle jihosphatique et dans
l'oxalurie, où l'on savait déjà que ces agents ijroduisaient de bous résultats.
La dissolution de l'oxalatede chaux peut avoir lieu en faible quantité dans
une luine normalement très-acide, ainsi que je m'ensuis assuré.
» 3° Le poids des matériaux solides a été un peu plus considérable.
» 4° L'urée a augmenté d'un peu plus de lo pour loo. Le protochlorure
de fer active par conséquent la nutrition, lors même qu'il est pris à des
doses très-modérées (i). »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De t'aclion de quelques composés sur la germina-
tion des graines [biomure de camphre^ borate, silicate et arséniate de soude).
Note de M. E. Heckel, présentée par M. Ducharlre.
« M. Vogel a récemment rappelé l'attention des physiologistes sur les
résultats curieux des expériences entreprises en 1798 par Benj. Smith et
Barton concernant la propriété singulière et inexpliquée qu'exerce le
camphre sur les végétaux et il a confiruié ces résultats dans leur ensemble.
Cet observateur, en traitant des graines de Lepidium saliinan, de Baphanus
sntiviis n)ajor, i]e Pisum sativum et de quelques autres plantes, placées entre
deux feuilles de papier buvard humectées par une solution de camphre, a
remarqué que ces semences germent bien avant coHcs qui ont été mainte-
nues dans les conditions ordinaires. Fort de ces doiuiées nouvelles et
m'appuyant sur le fait, bien connu depuis les travaux de Gœppert, de l'ac-
tion du brome, en tant qu'agent capable de hâter la germination des
graines, je me suis demandé, dans le courant de quelques recherches tou-
chant l'action de certains composés chimi(|ues sur la faculté germinalive,
si le bromure de camphre, que l'on considère tantôt comme une combi-
(i) l'onrowski ^de Saint-Pétersbourg) avait déjà constaté, sous l'influence de la médication
ferrugineuse, l'élévation de la torapérature animale liée à l'augmentation de l'urée.
( 'I?' )
naison définie du brome avec le camphre (le brome y remplaçant i équi-
valent d'hydrogène), tantôt comme une simple association des mêmes com-
posants sous le nom de camphre brome, présenterait, au point de vue
biologique qui m'occupe, la somme des propriétés dont sont doués les
corps qui le forment, ou si l'entité chimique nouvelle manifesterait une
attitude propre assez accentuée pour permettre une différenciation, soit par
l'intensité, soit par la modalité de l'action, entre le corps et ses composants
simplement associés.
» Dans ce but, dès les premiers jours d'avril, j'ai institué les expériences
suivantes, qui jusqu'ici ont porté seulement sur les graines de Raplmmis
salivas, que j'ai l'intention d'étendre à d'autres semences, mais qui me pa-
raissent déjà assez concluantes pour qu'il me semble intéressant de les
faire connaître.
» Entre plusieurs petites plaques de ouate doubles imbibées d'eau, j'ai
enfermé pour chaque expérience vingt graines de Radis et j'ai eu soin de
faire agir toutes mes substances sur ces graines sous les mêmes conditions
de chaleur et d'humidité. Dans un premier double de ouate j'avais placé
o^',5o de camphre ordinaire finement pulvérisé, dans un second oS'',5o de
bromure de camphre également réduit en poudre, dans un troisième arrosé
d'eau bromée oS'',5o decamphre également, dans un quatrième des graines
exclusivement arrosées d'eau bromée, dans un cinquième enfin des graines
entourées de oS'',5o de bromure de potassium concassé; dans un sixième et
un septième paquet les graines étaient arrosées d'eau chlorée et d'eau iodée.
Incidemment je dois dire ici que j'ai confirmé, en répétant ces essais, les
expériences de Gœppert relatives à l'action activante du chlore, du brome
et de l'iode. Ces trois corps hâtent incontestablement la germination et avec
une intensité décroissante en allant du chlore à l'iode. C'est ainsi que l'eau
iodée a produit la germination en cinq jours en moyenne, l'eau bromée en
trois et l'eau chlorée eu deux, alors que dans les conditions normales il n'a
pas fallu moins de sept à huit jours pour avoir le même résultat.
» L'action du bromure de camphre a été plus rapide: en trente-six heures
les radicules étaient saillantes. Dans le double de ouate camphré le phé-
nomène avait demandé entre quatre et cinq jours. Dans le troisième paquet
(camphre et eau bromée) les semences ont germé une première fois avec
trente heures de retard sur le bromure de camphre, une seconde fois avec
vingt-six heures, une troisième fois avec trente-six heures. Quant au bro-
mure de potassium, il est resté sans eflet, quoique dissous dans l'eau: la
germination s'y est produite en même temps qu'avec l'eau ordinaire. Ces
162..
( U72 )
expériences plusieurs fois répétées ayant donné des résultats toujours iden-
tiques, j'ai dû en conclure que le bromure de camphre jouit d'une action
plus considérable que la somme des deux corps dont il se compose pris
isolément ou agissant de conserve. Il faut dès lors reconnaître que l'action
du bromure de camphre, au point de vue de la germination, ne se ressent
pas absolument de la décomposition rapide dont il est l'objet en brome et
en camphre et qu'il agit aussi sous son état de combinaison. Je dois faire
remarquer encore que cette substance agit sans être dissoute. M. Vogel a
employé le camphre en solution; le même dissolvant eût pu être employé
pour le bromure de camphre qui est insoluble dans l'eau, mais sans utilité,
puisque j'ai obtenu les mêmes résultats avec les deux corps simplement
pidvérisés. 11 faut donc admettre qu'ils agissent en se vaporisant.
)) En étendant mes recherches à la série du bore et du silicium, j'ai trouvé
que les borates et silicates alcalins employés à faible dose (oB'',25 pour
20 grammes d'eau) retardent la germination de un à trois jours et qu'à des
doses un peu plus fortes (o^^Go pour 20 grammes d'eau) le phénomène est
suspendu.
» L'acide arsénieux et les arséniates solubles arrêtent la germination et
tuent l'embryon à des doses relativement très-faibles(os%25 pour go grammes
d'eau). )>
AÉROSTATION. — Nole sur une ascension aérostatique;
par M. W. DE FONVIELLE.
« Une récente catastrophe ayant attiré l'attention des aéronautes sur
les dangers qui peuvent accompagner certaines entreprises intéressantes au
point de vue scientifique, MM. Jules Duruof, Mariolt et moi, nous avons
exécuté une ascension à l'usine à gaz de la Villette, le 2 mai courant, dans
l'intention de les élucider. Nous sommes partis à i''25"' du soir, et nous
avons effectué notre descente à 7'' 10™ du soir, à Creney, dans les envi-
rons de Troyes, département de l'Aube. Nous ne nous sommes élevés qu'à
38oo mètres, parce que nous avons rencontré des nuages chargés de neige,
qui ont ajouté au ballon un poids notable; nous devions, en outre,
prendre soin de conserver un poids de lest plus que suffisant pour des-
cendre sans aucune secousse.
» Nous avions disposé, autour de l'appendice, des cages d'oiseaux et de
cobayes, destinés à éprouver les effets du courant gazeux, qui peuvent
s'ajouter à ceux de la dépression et plus foudroyants, comme il paraît ré-
sulter d'expériences auxquelles nous avons assisté avant notre départ,
( M73 )
expériences faites par M. le D' Liouville, dans le laboratoire de la clinique
de l'Hôtel-Dieu. L'orifice du ballon ayant été incliné, par suite d'un gon-
flement opéré en temps de pluie, le courant gazeux a débordé du côté de
la moindre hauteur de toile; aussi avons-nous constaté la mort de l'oi-
seau dont la cage avait été placée dans celte région. Les autres, ainsi que
les cobayes, sont restés indemnes (i).
» L'ascension a été si habilement graduée par M. Duruof que M. Mariott,
qui montait pour la première fois en ballon, n'a éprouvé qu'un sentiment
de bien-être. Dans les périodes où la descente était un peu vive, il ressen-
tait cependant de l'assourdissement et une douleur assez notable dans les
oreilles. Je crois qu'il est possible de parer, par une manœuvre muscu-
laire, à cet inconvénient, qui tient à ce que l'air de la membrane du
tympan ne se met pas immédiatement en équilibre de pression avec l'air
extérieur.
» Une pincée de duvet jetée de temps en temps permet de reconnaître
la direction du sillage de l'aérostat, car elle paraît indiquer la verticale
qu'occupait le ballon, de sorte qu'elle s'écarte si on la laisse en arriére, et
semble se précipiter sur l'aérostat si on la jette en avant. Celte remarque
est due à M. Duruof.
» Il y avait au moins quatre couches de nuages dont l'épaisseur, vers
4 heures, était au moins de 5ooo mètres, et qui commençait à 600 mètres
du sol. La seconde couche allait dans la direction du sud-ouest, tandis
que la première et la seconde avaient la même direction ouest. La neige
était composée de fines aiguilles prismatiques non ramifiées ressemblant à
du crin coupé.
» Lors de la descente, nous avons aperçu la terre teinte en rouge
du côté de l'ouest. En descendant encore, la teinte de la terre a disparu;
alors le ciel est devenu pourpre comme dans un coucher de soleil
ordinaire.
» A 3ooo mètres, le soleil étant à l'horizon du nuage qui se terminait
à celte altitude, nous avons aperçu à la fois deux ombres du ballon : celle
du haut était allongée, immense et droite ; celle du bas était renversée,
mais non déformée. Les deux ombres étaient entourées d'une immense
auréole. Un peu plus haut, nous avons vu à la fois trois auréoles : une
(i) Pour nous, quoique nous élevant lentement, nous avons tous les trois parraitenient
senti le gaz, à cinq hauteurs différentes : 85o mètres, 1200, 2200, 2600 et 2G80 mètres;
mais nous n'en avons pas éprouvé d'effets sérieu.\.
( II74 )
autour du ballon, une autour de la nacelle, et enfin une autour du ballon
et de la nacelle. Dans toutes ces auréoles, le rouge était en dedans.
» Voici les principales observations faites sur la marche des tempéra-
tures :
» A a*" 24™, altitude i45o mètres, le thermomètre à boule noircie dans
le vide passe de -f- 19°, 8 à + 21", 5; air extérieur, + 12 degrés à l'ombre.
» A 4''3/i'", altitude 3i5o mètres, en une minute, le thermomètre à boule
noircie, exposé au Soleil, passe de -i- 8°,5 à + 9", 4j l'air extérieur étant
à — I degré à l'ombre.
» A 4''47"'> altitude 3 i5o mètres, le thermomètre à boule noircie passe
en une minute de + 10°, i à + 10°, 7; à l'ombre — 3 degrés.
)) Vers 5 heures, à^aoo mètres, température miniina observée à l'ombre,
— 4 degrés; même altitude, le thermomètre à boule noircie passe en une
minute de + 7 degrés à + 9°, 8; ombre, — 1 degrés.
» A 5*" 18"° , altitude 33oo mètres, le thermomètre à boule noircie
passe de + 7°, 3 à -l- 8", 8 en une minute; à l'ombre, — c degré. Ther-
momètre à alcool coloré en rouge, + 7°, i, exposé trois minutes au Soleil.
» Altitude, 35oo mètres, — 3 degrés à l'ombre; thermomètre à alcool
coloré en rouge, -t- 10 degrés au Soleil.
M 5''26"': altitude, 3o8o mètres; Soleil si peu vif qu'on peut le fixer,
ciel tout à fait bleu ; thermomètre à boule noircie : de + 4 degrés à
+ 7°, 5, en une minute au Soleil, altitude, 2800 mètres; ombre, zéro.
» 5''45'" : altitude, 285o mètres; au Soleil, -+- i degré; thermomètre
rouge, à l'ombre, — 2 degrés; en une minute, boule noircie, de + i", 5 à
2°,75.
» 5''55'" : altitude, 2900 mètres; boule noircie de + 4", 5 à -+- 7°, 5 en
une minute, alcool rouge, -f- 7", 2; ombre, zéro.
» 6''9™: altitude, 34oo mètres; le thermomètre à boule noircie passe
en une minute de H- 3° à + 5", 2; alcool coloré, au Soleil, -h 10 degrés;
de + 5**, 5 à + 7°, 5 en une minute, boule noircie de + 8°, 5 à + 10°, 5.
» Par mesure de prudence nous avions emporté une machine à commo-
tions électriques : nous n'avons pas eu à nous en servir.
; » Nous ferons connaître ultérieurement différentes autres observations
concernant cette ascension. «
( '175 )
MÉTÉOROLOGIE. — Sw une chute (le météoriles tombées dans VEiat d'Ioivn.
Extrait d'une Lettre flo M. G. Hixrichs à M. Eertiielot.
« ... La chute de météorites de lowa Coiinty de l'État d'Iowa, 12 fé-
vrier 1875, ne peut être comparée qu'avec les grandes chutes de Rnyahinya
(1866), d'Orgueil (1866) et de l'Aigle (i8o3). On a ramassé jusqu'à pré-
sent beaucoup de pierres et de fragments dans le lowa Township du County
susdit ; mais par malheur un amateur astronome en a offert des prix extraor-
dinaires... C'est surtout grâce à divers amis de la science et à l'aide de
M. John P. Irish, éditeur du journal quotidien tlie Press, que j'ai pu me
procurer les 25 kilogrammes que je destine comme don aux musées de
l'Europe, et spécialement au Muséum de Paris. On a ramassé déjà plus de
100 kilogrammes de fragments; mais, d'après les calculs de l'ingénieur
Ch. Irish, on n'a trouvé jusqu'ici que les morceaux d'une portion minime du
météore. La pièce que j'envoie au Muséum, en même temps que la présente
lettre, est aussi parfaite que possible, la croûte complète, etc.: je l'envoie
comme expression de mes obligations multiples envers les savants fran-
çais. J'adresserai prochainement l'analyse chimique de cette météorite
Elle me paraît appartenir au groupe des sporadosidères oligosidères, d'après
la classification de M. Daubrée... »
« M. Daubkée, à la suite de cette Communication, remarque que la mé-
téorite dont il s'agit a été très-justement classée par M. le professeur Hin-
richs. Elle offre, comme d'ordinaire, la structure globulaire, est riche en
suifiu-e de fer ou troïlite et appartient à un type déjà représenté par un
certain nombre d'autres chutes, particulièrement par celle de Vouillé du
i3 mai i83i et celle d'Aumale (Algérie) du 25 août i865.
» M. Daubrée demande à présenter ici, au nom du Muséum, l'expres-
sion de ses vifs remercîments pour l'acte tout spontané de générosité par
lequel M. Hinrichs a bien voulu enrichir la collection de météorites de cet
établissement. »
M. Bacdrimont adresse des observations relatives aux ascensions aéro-
statiques très-élevées et indique des moyens qui permettraient d'éviter une
partie des dangers qu'elles présentent.
L'auteur résume ainsi ses observations :
« Lorsque l'homme s'élève à une grande hauteur dans l'atmosphère, il
se trouve soumis à l'action de plusieurs causes qui sont toutes dangereuses,
( "76)
et l'asphyxie produite par la diminution de l'oxygène n'est pas la prin-
cipale cause des graves accidents qu'il peut éprouver dans les ascensions
aérostatiqiies. Plusieurs aéronautes ont pu, en effet, y résister, comme
Gay-Lussac, MM. Barrai et Bixio, qui ont observé directement la nature
des cirrhus, MM. Glaisher, Coxwell et M. Tissandier, qui a résisté aux
dangers de la terrible ascension du Zénith, lorsque ses deux compagnons
ont succombé.
» Peut-être serait-il convenable de soumettre à une expérience, dans
des appareils du même ordre que ceux de M. Bert, les individus qui se
proposent de faire une ascension aérostatique très-élevée, afin de savoir si
leur constitution leur permettrait d'en supporter les conséquences.
» Dans tous les cas, il serait convenable de les renfermer dans une en-
ceinte spéciale, munie de tous les éléments accessoires et indispensables,
qui puisse les mettre à l'abri de la variation de la pression, de l'abaisse-
ment de la température, de la dessiccation complète de l'air et de la trop
grande diminution de l'oxygène.
» Il est possible et même facile d'obtenir tous ces résultats. »
MÉTÉOROLOGIE. — Note sur des courants de directions différentes dans le ciel;
par M. CiiAPELâs.
« Le résumé de nos observations météorologiques, le 3o avril, donne
une pression barométrique de 754°"", 68 à midi, par une température de
■+- 21°, ciel serein, vent N.-E. faible. Vers a heures de l'après-midi, nous
observonsla marche d'un léger filet de cirrhus, sadirectionO.-S.-O. à S.-O.,
cours très-vif (le vent indiqué par la girouette est toujours N.-E.).
» I.e lendemain i^mai, pression barométrique 752""",68; belle mati-
née; vapeurs épaisses à l'horizon, temps lourd, chaleur. A 10 heures du
matin, cumulus d'un gris ardoisé, têle d'orage à l'horizon, soleil blafard.
Les vents et les nuages marchent S.-O., comme l'indiquait la veille la direc-
tion des cirrhus. A i''3o'", forte bourrasque, pluie abondante quise continue
une partie de la soirée, nombreux éclairs. Les vents et les nuages au soir
étaient remontés au N.-O.
» Cette première observation montre clairement : 1° la superposition
des deux courants S.-O. et N.-E.; 1° l'abaissement progressif de ce cou-
rant S.-O. qui, vingt-quatre heures après, devient le vent régnant à la sur-
face du sol, et apporte avec lui les produits météoriques qu'il comporte.
» Une deuxième observation est relative à la marche d'un ballon passant
( "77 )
hier soir, 2 mai, à 7 heures au-dessus de Paris, poussé par un vent
O.-N.-O. à N.-O. très-cahne.
» L' aérostat, après avoir plané quelques instants au-dessus du Luxem-
hourg, opère une descente rapide; mais, arrivés à 5o mètres environ au-
dessus des maisons, les aéronautes continuent leur voyage dans une direc-
tion diamétralement opposée à celle qu'ils avaient suivie tout d'abord. 11
est bien évident que le ballon flottant dans un courant N.-O. était entré
en descendant dans le courant S.-E. à S.-S.-E. qui soufflait alors à la sur-
face du sol. Il y avait donc encore superposition de deux courants de
directions différentes. »
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures et demie. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 26 avril 1875.
Archives de Zoologie expérimentale et générale, publiées sous la direction
de M. H. DE Lacaze-Duthiers; t. III, 1874. Paris, Reinwald, 187.^;
I vol. in-8'', relié.
Revue d'Artillerie ; t. VI, i'^ livraison, avril 1875. Paris et Nancy,
Berger-Levrault, 1876; in-8°. (Présenté par M. le général Morin.)
Notice biographique sur le D"" Desruelles, ancien chirurgien principal d'ar-
mée, professeur au Val-de-Grâce. Paris, A. Parent, sans date ; br. in-8°. (Pré-
senté par M. le Baron Larrey.)
Société centrale cl' Agriculture, d' Horticulture et d'Acclimatation de Nice cl
des Alpes-Maritimes; janvier, février, mars 1875. Nice, 1875; in-8".
Journal d'Agriculture de la Côle-d'Or, publié par la Société d'yJgricullurc
et d'Industrie agricole du département; année 1874, 4* trimestre. Dijon,
imp. Darantière, 1875; br. iu-8°.
Note sur la température de l'hiver de 1874- 1875; />ar M. E. QUETELET.
Bruxelles, imp. Ilayez, 1875; br. in-S".
C.R., 1875, l'fSemcjIre. (T. LXXX, N° 17.) l 53
( II?» )
Note sur la présence du cuivre dans le genièvre, les vinasses et les fumiers;
par M. A. Petermann. Bruxelles, imp. Hayez, iSyS ; br. in-8°.
Sur les couleurs accidentelles ou subjectives: par M. J. Plateau. Bruxelles,
imp. F. Hayez, iS'yS; br. in-8°.
Remarques sur la théorie des courbes et des surfaces; par M. E. Catalan.
Sans lieu ni date; br. in-8°.
Sur le traitement d'une difformité congénitale de la lèvre supérieure; par M. le
professeur Dolbeau et M. le D'' Félizet. Paris, O. Doin, 1874; br. in-S".
J. FoURNET. Problèmes de Psychologie à propos de M illie-Chrisline . Nou-
veau principe de psjchologie. Loi dhinilé finale par la consubstantialité. Paris,
E. Donnaud, iS'jli; br. iu-8°.
Notice sur la machine dynamo-électrique et magnéto-électrique à courants
continus, système Loiilin. Paris, E. Ducretet, sans date; opuscule in-8°.
De la congestion et de l'apoplexie rénales dans leurs rapports avec l'Iiémor-
rliagie cérébrale; par M. le D"" Aug. Ollivier. Paris, P. Asselin, 187/i ;
br. in-8°.
De l'apoplexie pulmonaire unilatérale dans ses rapports avec l'hémorrliagie
cérébrale; par le D"" Aug. Ollivier. Paris, P. Asselin, 1873 ; br. in-8°.
Etude sur certaines modifications dans la sécrétion urinaire, consécutives à
l'hémorrliagie cérébrale; parle D'' Aug. OLLIVIER. Paris, G. Alasson, 187^);
br. in-8°.
(Ces trois brochures sont adressées par l'auteur au Concours Montyon,
Médecine et Chirurgie, 1875.)
De quelques propriétés mécaniques de la vapeur d'eau sursaturée, avec Notes
complémentaires; par M. Ch. ANTOINE. Brest, 1875; grand in-8°, auto-
graphie.
C.-M. Mathey. Indicateur sur l'application de la f rce du vent à la vapeur.
Sans lieu ni date ; opuscule grand in-8''.
Meinorie dcl reale Istituto veneto di Scienze, Lettere edÂrti; t. XVII, p. II,
III; t. XVIII, p. I, II. Venezia, 1874-1875; 4 fasc. in-4''.
Atti (tel reale Istituto veneto di Scienze, Lettere ed Àrli; t. II, disp. 7, 8,
9, 10; t. III, (lisp. I, 1, 3, 4> 5, G, 7, 8, 9, 10. Venezia, 1872-1874 ; i4 ''v.
in-8».
A. LUCCIIESINI. Tauole dei logarithmi comuni a sette cifre dccimali dei nu-
mer i da I a 108000. Firenze, G. Civelli, 1875; in-8''.
( '179 )
TJna causa di cinque mitioni rivendicala che per trent' anni disperata neW aj-
fascinarnenlo dei Iribunati; per F. Testoni. Berna, 1874 ; iii-8°.
Bulleltino di Bibliocjrajin e di Storia délie Scienze maternatiche e fisiche,
pubblicato da B. Boncompagni ; t. VII, settembre, ottobre, novembre, di-
cenibre 1874- Borna, tipog. délie Scienze maternatiche e fisiche, 1874;
4 liv. in-4''. (Présenté jiar M. Cliasles.)
Àlincaiacjiie naidico para 1876, calculado de orden de la superioridad en el
Observatoiio de marina de la ciudad de San Fernando. Barcelona, N . Ramirez,
1875; in-S".
Ptoceediiujs oftlie royal cjeocjraphical Society; vol. XIX, n" 11. London,
1873; in-8".
Monlhlj Report of tlie Department of Agriculture for february and iiianli
1875. Washington, government printing Oftice, 1875; in-8".
Memoirs of the royal astronomical Society; \o\. XL, 1874-1875. London,
1874; in-4".
Transactions of the royal Society of Edinburcjh; vol. XXVII, part II. Edin-
burgh, 1874 ; in-4"-
Proceedimjs of the royal Society of Edinburgh, session 1873-1874- Edin-
burgh, 1874; in-B".
The phnnnaceutical Journal and Transactions ; february, mardi 1875.
London, Churchill, 1875; 2 liv. in-B".
TIte qwirterlj Journal of the geological Society; february 1875, n° 121.
London, Longmans, 1873; in-8".
Journal of the royal geological Society of Ireland ; vol. IV , part I. Londun,
Dublin, 1874; m-8°.
Publications pÉaioDiQUES heçdes pendant le mois «'avkil 1875.
Annales de Chimie et de Physique; avril 1875-, in-8°.
Annales de Gynécologie ; avril 1876; in-8°.
Annales de la Société d' Hydrologie médicale de Paris; 5* et 6® liv., 1875;
in-8°.
Annales de V Observatoire méléorologique de Bruxelles; i\° 3, 187S; in-4".
Annales industrielles; liv. i4 à 18, 1875; in-4''.
i53..
( ii8o )
Association Scientifique de France; n°' des l^, ii, i8, 25| avril 1875;
in-8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse; avril 1876; iii-8'^.
Bulletin de la Réunion des Officiers; n°* i5 à 18, 1875; 10-4°.
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'Industrie nationale; avril
1875; in-4°.
Bulletin de la Société de l'Industrie minérale; 4" liv. avec atlas, 1875;
in-8°.
Bulletin de la Société française de Photograpliie; avril iSyS; in-8°
Bulletin de la Société Géologique de France; 11° 3, 1 875 ; in-8°.
Bulletin des séances de la Société centrale d' agriculture de France; n° 1,
1875; in-8°.
Bulletin des séances de la Société enlomologique de France; n" !i8, 1875;
in-8°.
Bulletin du Comice agricole de Narbonne; n°^ 4> 'S^S; 111-8".
Bulletin général de Thérapeutique; 11°' des i5 et 3o avril 1873; {11-8°.
Bulletin mensuel de la Société des Agriculteurs de France; n°* 4 et 5, 1875;
in-8°.
Gazette des Hôpitaux; n"'42 à 5i, 1875; in-4''.
Gazette médicale de Bordeaux; n° 8, 1875; in-8°.
Gazette médicale de Paris; 11°' i5 à 18, 1875; in-4°-
lron;n°'' 117 à 120, 1875; in-4°.
Journal d' Agriculture pratique; 11°'* i 4 i't 17, 1875; in-8°.
Journal de l'Agriculture; n*"* 3 12 à 3 16, 1875; in-8*'.
Journal de l'Eclairage au Gaz; 11° 8, 1875; in-4".
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; mars 1876; in-4°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire; avril 187,5; iii-S".
Journal de Pharmacie et de Chimie; avril 1875; in-8°.
Journal de Phjsique théorique et appliquée ; avril 1875; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°^'], 8, 1875; in-8°.
Journal des Fabricants de Sucre; 16^ année, n"** 1,2, 3, 1875; in-folio.
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne ; n°' 7 à 10;
1875; in-8°.
( •>«« )
L'Abeille médicale; n°^ )5 à i8, 1875; in-Zi".
VJéronaute; avril 1875; in-8°.
UJrl dentaire; avril 1875; ii)-8°.
VJrl médical; avril 1875; in-8°.
La France Médicale; n"' 29 à 35, 1875; 111-4°.
La Médecine contemporaine; liv. 8, 1875; in-4".
La Nature; n°* 97 à 100, 1875; in-8°.
La Tribune médicale ; n°* 346 à 349, '•^7^5 111-8°.
L'École de Médecine; n° 63 à 65, 1875 ; in-8°.
Le Gaz; n° 10, 1875; in-4'*.
Le Messager agricole; avril 1875; in-S".
Le Moniteur de la Pholograptne ; liv. 8, 1875; iii-4°.
Le Moniteur vinicole; n°* 29 à 32, 34, 35, 1875; in-folio.
Le Mouvement médical; 11° 16, 1875; iii-4°.
Le Progrès médical; liv. i5 à 18, 1875; in-4°.
Le Rucher; n° 4, 1875 ; in-8°.
Les Mondes; liv. i4 à 17, 1875; iii-8°.
Magasin pittoresque; avril 1875; in-S".
Marseille médical; n° 4, 1875; iii-S".
Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme; t. VI,
liv. 3, 1875; 111-8°.
( A suivre. )
ERRJTJ.
(Séance du 12 avril 1875.)
Page 958, ligne 18, au lieu de MJI. Musculus et de Mermé, lisez MM. Muscdlds et d%
MÉRING.
Page 960, ligne 26, au lieu de moyenne pariie, lise:i majeure partie.
( Il82 )
Avril 1875.
Observations météorologiques
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(1) Minima barométriques : le 5, à 3'" 30"" soir, 742'ï"",o;1o7, vers 1 1 heures malin, 741'"'", o; le 22, à 3 heures soir, 748"" "',5.
(fi) La température normale est déduile delà courbe rectifiée des températures moyennes de soixante années d'observation.—
(5) (7) (9) (10) (il) ('2) (i3) (iG) Moyennes des observations Irihoraires. — (8) Moyenne des cinq observations. Les dejrés aclino-
métriques sont ramenés à la constante solaire 100.
( ii83 )
FAITES A l'ObSEUVATOIRE DE 3l0NTS0rRIS.
Avril 1875.
MAGNÉTISME
TERRESTRE
VENTS
(moyennes dinrnes).
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conformémen
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vent durant vingt minutes).
( ii84 )
Moyennes horaires et moyennes mensuelles (Avril 1875).
G'' M. Oh M. Midi. Z^S. G*" S. Qh S.
Déclinaison magnétique (du 1 1 au Bc.)
Inclinaison » 60°
Force magnétique totale »
Coraposanle horizontale »
Électricité de tension (1) 5o5
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Minuit. Moyennes.
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Baromètre réduit à 0" 75C, 14 756,33 765,77 755, 01 755, o3 755,68
Pression de l'air sec 750,96 750,87 760,68 760, 17 760, 12 760,66
Tension de la vapeur en millimètres 6,(7
État hygrométrique 77,6
u
Thermomètre du jardin 6,24
Thermomètre électrique a 20 mètres 6,74
Degré actinométrique 11,01
Thermomètre du sol. Surface 3,96
à c^iOî de profondeur,
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à o'",20 »
il o^.So »
à i^iOO u
7,jo
9.09
10,25
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mm
Udomètre ii i"", 80 0,8
Pluie moyenne par heure o,i3
Évaporation moyenne par heure (2) o,oS
Vitesse moy. du vent en kilom. par heure 10,87
Pression moy. du vent en kilog. par mètre carre. 1,11
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mm
i. 10,1
l. i35,o
i3,i8
1,6}
Température.
'4,98
16,43
i5,d3
16,22
'4,47
i3,36
12,12
10,97
10, o3
9.29
8,62
7,80
14, 13
'4,69
14,98
14,95
14, 5i
13,67
12,63
11,60
10,72
10,01
9,34
8,52
Des minima .
1875. Avril i à
» 6 a
100,4
,^u
Avril M à i5 9,0
» 16 ;\ 20 12,8
Avril 21
■a 26
3n.
10,3
i3,5
(1) Unité de tension, la millième partie de la tension totale d'un élément Daniell pris égal à 28700.
(2) En centièmes de millimètre et pour le jour moyen.
(3) Basé sur des déterminations absolues faites hors la ville.
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 10 MAI 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce qu'il a appris, par l'ambassade des
Pays-Bas, l'envoi du diplôme de Docteur honoraire de l'Université de
Leyde à trois Membres de l'Académie des Sciences : MM. Milne Edwards,
Regnanlt, Des Cloizeaux.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la substitution, par approximation, entre des
limites déterminées, du rapport des variables d'une fonction homogène
de deux variables à une autre fonction homogène du même degré; par
M. H. Resal.
« Soit F(x, /) une fonction homogène de x, j du degré m; proposons-
nous de déterminer deux coefficients indéterminés, «, /3 d'une fonction
homogène du même degré F, (x, j'), de manière que les erreurs relatives
se trouvent partagées dans les meilleures conditions entre les limites supé-
Y
rieuro U„ et inférieure A-, du rapjjort -•
O.K.. 1875, \'^ SeiPfitrt. (T. LXXX, N» 18.) '54
( ii86 )
» Nous pouvons mettre F et F, sous la forme
F(^,j) = x"yQ,
et l'on a par suite
(,)
/(^
» Nous poserons - = tangS, ou, dans certaines circonstances, - = sin 5 ;
dans les deux cas, e prendra la forme
(a) e = cf{6)-i.
» Nous pouvons considérer e comme étant l'excès du rayon vecteur de
la courbe représentée par l'équation polaire
égal sur le rayon à l'unité de la circonférence ayant le pôle O pour centre.
» Soient 0, et 6^ 'es valeurs de 0 correspondant aux limites k, et k^.
» Les termes dans lesquels nous avons posé le problème, nous devons
l'avouer, sont assez vagues, et peu susceptibles d'une définition analy-
tique.
» Pour les préciser, il nous faut avoir recours à une espèce de senti-
ment sur la manière dont les erreurs relatives seront le mieux parta-
gées, en vue de rendre aussi petite que possible la plus grande valeur
absolue de e.
» La solution suivante se présente naturellement à l'esprit pour déter-
miner les coefficients a et /3 :
» Exprimer que les deux erreurs relatives extrêmes sont égales et de même
signe, et égales et de signes contraires an maximum ou au minimum que prend la
fonction e entre 6 = 9, et 0 = 0^.
» Applications. — i" F (x,/) = \/x' +j- , F, (.r) = aj + |3.r.
y
» En posant - = lang 0, nous aurons
(3) p = u sin5 + |Scos5,
équation qui représente un cercle passant par le pôle zéro.
( i>87 )
» Soient 0' la valeur de 0 pour laquelle p est maximum ou minimum;
A|, Ao, A' les points du cercle ci-dessus correspondant aux angles Q,, (î,,
ô' ; B|, Bj, B' les points de la circonférence d'un rayon égal à l'unité,
situés respectivement sur les mêmes rayons vecteurs cpie les précédents.
Nous devons exprimer que
A,B, = A,Bo,
A,B| = -A'B';
la question se réduit alors à un simple problème de Géométrie, dont
j'ai donné la solution dans les Mémoires de la Société mathématique de
France ( 187/1), ^' ^'^'" '^quelle je n'ai pas à revenir.
» I.cs expressions de a et /3 auxquelles je suis arrivé ne s'accordent avec
celles de Poncelet (qui le premier a traité la question, mais en partant
d'autres considérations) que dans le cas particulier où /i\,=:c»; toutefois
nous arrivons tous deux, dans le cas général, à la même limite supérieure
de l'erreur relative : de sorte que les deux formules, qui donnent e, sont
aussi avantageuses l'une que l'autre.
). 2° F (x, r) = ^ ' , F, (x, y) = — ^•
» En continuant a poser - = tang^, nous aurons
I
" asinô -(- p cosô
équation d'une droite qui doit nécessairement être parallèle à la corde B, B^.
» Si l'on désigne par a la distance du point O à cette droite et par 2£
l'angle BoOB,, on doit avoir
d'oii
a
a = 1 ;
COS£
I — tang- -•
— tanc' -
" 2
La figure donne
II
' cos(9 — 9, — s) sin(9, + s)sin9 + cos(fl, + e) cose'
sin(9, -4-e) ^ cos(9, -he)
par suite
sin(9, -4-e) „
a= — '■ f) p =
tang' - I — taiii!--
2 2
154..
( ii88 )
Quant à l'erreur relative maximum
elle a la même valeur que dans la question précédente.
» 3° F(x, J-) — \Jx- — J', F,(x, jr) = rxx -+- fi/.
0 En posant — = sin5, on a
a sin 9 + fi
e = ■ — , ' — 1.
cos6
Si l'on exprime que les valeurs de e sont égales pour 5 = 5,, 5 = Sjî on
trouve
. (9..+ s,)
sin —
cos9i — cosG
sinÔjCOsS, — cosÔisinS, " (9, — 9,)
cos
La valeur e,„ de e pour Q =^ Q^ ou ô = ôj peut, par suite, se mettre sous la
forme
,(0.-+-9,)
cos =
cos i
Le maximum ou le minimum de e correspond à
cos
et, en exprimant qu'il est égal et de signe contraire à la valeur e,„ de e pour
6 = 5,, on trouve
(9,-0,)
2 cos
0.) /
1- Vcos9, cos92
par suite
a =;
(9- + 9,) ,
s— 1- Vcos6,cos9i
cos
2
(6, + 9,) ^ (9, + 8,1
2 ces i/cos9, cos 9- — cos
(9, + 0,1 , I (9, + 0,)
cos- + v/cos9| cosO, vcos9, cos 9, -f- cos
2 2
( ii89)
Dans le cas de k, ^ o, k^ := { , on trouve
(',„ — 0,0209,
approximation dont on pourra se contenter dans bien des circonstances.
» Poncelet a aussi traité cette question; mais il n'est pas parvenu à nos
résultats, parce qu'il a pris un autre point de départ.
» Les formules (A) et (C) sont encore applicables à ce cas; au lieu de la
formule (B), on a la suivante :
(9,-6,)
cos
I 2
''"' ^ p (9. + 9.) ~ ' •
cos
Enfin, en opérant comme plus haut, on trouve
P= -
cos ^
2 2
1 . (6.-1-9,)
a =; sin
2 1
(9,
3 cos ^ —
v''-'os9,cos6. cos ^^^-^tiil I '
r ' + L-_i,
V^cos6, cos6, co5^^L±A)
V^cos6, cos9, (.os(ii±Ji]
ASTRONOMIE. — Lellre sur la distribution de la température à la surface du Soleil
et les récentes mesures de M. Lancjley ; par M. Faye.
« M. Langley , en présentant son important Mémoire à l'Académie {Comptes
rendus, t. LXXX, p. 746 et 819), a fait remarquer que ses résultats influent
directement sur les idées que nous pouvons nous faire de la conslitulion
physique du Soleil. Préoccupé de ses propres mesures, l'autour ne s'est pas
attaché à développer ces conséquences. Je vais lâcher de suppléer à son
silence et de donner à ce sujet de brèves explications.
» La température de la photosphère est-elle partout la même (1), ou bien
y a-t-il, conune sur notre globe, une zone équatoriale plus chaude que les
(1) Il ne s'agit ici que de ses variations parfaitement mesurables, et nullement de sa valeur
absolue si difficile à déterminer.
( "90 )
régions polaires? Laissant de côté les hypothèses, nous dirons : c'est ici
une question de fait qu'on peut résoudre de deux manières :
» 1° En étudiant directement et en comparant les radiations thermiques
en diverses régions de la photosphère ;
» 2° En étudiant les courants superficiels de cette même photosphère.
)i Au premier coup d'œil, le premier moyen semble être le plus facile;
mais, si l'on se reporte un instant au Mémoire où M. Langley a décrit ses
appareils et ses procédés, on verra combien de difficultés se rencontrent
dans celte voie. A la vérité, la peine que M. Langley a prise pour les sur-
monter est largement compensée par la netteté et l'importance des résultats.
)> L'autre méthode est non moins décisive. Une différence constante de
température entre l'équateur et les régions polaires du Soleil déterminerait,
de l'équateur aux pôles, une circulation analogue à celle de notre atmo-
sphère, laquelle est due à réchauffement constant de notre zone équato-
riale par le Soleil. Si l'étude des courants de la photosphère montre qu'il
existe sur le Soleil des mouvements horizontaux de ce genre, il y aura tout
lieu d'admettre que le Soleil est plus chaud à l'équateur qu'aux pôles,
quelle qu'en puisse être la cause.
» Ces deux procédés ont été appliqués l'un et l'autre à l'étude de cette
question ; mais, chose étrange, ils ont conduit à des conclusions diamétra-
lement opposées. D'une part, en effet, le P. Secchi croyait avoir établi, il y
a une vingtaine d'années, par des comparaisons basées sur l'emploi de la
pile thermo-électrique, que l'équateur du Soleil est plus chaud que les ré-
gions polaires. Il n'avait pu, il est vrai, faire intervenir ces régions polaires
elles-mêmes et s'était vu forcé de se limiter à une trentaine de degrés de
part et d'autre de l'équateur; mais, ayant déjà trouvé ■— de différence entre
ces parallèles et l'équateur, il pensait que cette différence devait s'accentuer
encore plus vers les pôles ; par suite, elle devait déterminer sur cet astre
des courants allant des pôles à l'équateur ou inversement.
» D'autre part, les astronomes avaient étudié, avec une infatigable persé-
vérance et une extrême précision, la circulation superficielle de la photo-
sphère ; mais, au lieu de mouvements dirigés vers les pôles ou vers l'équa-
teur, comme on aurait dû s'y attendre d'après les mesures thermiques du
P. Secchi, ils trouvèrent qu'elle s'opérait parallèlement à l'équateur ! J'en ai
conclu, avec une entière confiance, malgré les mesures ébauchées par le sa-
vant astronome romain, qu'il ne devait pas y avoir de différence persistante
bien appréciable de température entre l'équateur et les pôles.
» Toutefois, quand les questions se produisent ainsi, en public, com-
( "9> )
pliquées d'assertions contradictoires, le monde scientifique hésite à se pro-
noncer : il attend des faits nouveaux ou des études plus complètes. C'est
précisément là ce que le Mémoire de M. Laugley nous apporte. Ce long
travail de mesures précises montre que le phénomène annoncé il y a vingt
ans par le P. Secchi n'existe pas. La température mesurée dans toutes les
directions sur le disque solaire n'accuse pas d'autres variations que celle
qui provient pour nous de l'extinction progressive vers les bords, due à
l'interposition de la chromosphère, sans indiquer la moindre prépon-
dérance en faveur des régions équatoriales; et cette fois l'auteur ne s'est
pas arrêté à 3o degrés de latitude : il a poussé ses mesures jusqu'aux deux
pôles, grâce à la perfection de ses piles thermo-électriques et à la puis-
sance supérieure de sa lunette parallactique.
» Voilà donc désormais l'accord rétabli entre ces deux grands faits, à
savoir, l'uniformité générale de la température à la surface du Soleil et
l'absence de tout courant entre l'équateur et les pôles. A ces deux faits il
(auI en joindre un troisième non moins capital, je veux parler de ces cou-
rants puissants qui sillonnent la photosphère parallèlement à l'équateur,
en sorte que les mouvements gyratoires qui y prennent naissance doivent
être entraînés parallèlement à l'équateur, ainsi que cela a lieu effective-
ment pour les taches.
« Évidemment ces phénomènes sont 'en relation intime avec la consti-
tution physique du Soleil et doivent déterminer nos idées sur ce sujet.
C'est là ce que M. Langley a voulu dire dans son Mémoire. Tant qu'on
s'est borné à rechercher de vagues analogies avec la Terre pour deviner ce
qui se passe sur le Soleil, on n'a pu arriver à rien, parce que l'analogie ne
réside pas là où on la cherche, c'est-à-dire dans luie zone torride et des
calottes polaires froides comme sur la Terre, dans des vents alises comme
sur la Terre, dans des nuages voguant au sein d'une vaste atmosphère
comme sur la Terre, etc. L'analogie est dans les lois mécaniques qui sont
les mêmes sur le Soleil et sur notre globe, mais qui, agissant sur le Soleil
dans d'autres conditions physiques qu'il faut avant tout étudier longue-
ment, produisent des résultats tout différents de ceux auxquels s'attendent
les partisans des hypothèses et des vieux préjugés.
» Engagé dans une longue discussion que je ne puis suivre pour le
moment, il me sera permis du moins de faire remarquer à l'Académie que
ces phénomènes grandioses dont je viens de parler sont précisément ceux
qui servent de base à ma théorie. Celle-ci, à laquelle se rattache fort
simplement l'explication, vainement cherchée jusqu'ici, de l'entretien
( '192 )
de la radiation solaire et de sa merveilleuse constance, montre quel rôle
les mouvements gyratoires si négligés ou si mal compris jouent dans la
nature. Elle ramène ceux du Soleil, ceux de notre almosjjhère et ceux de
nos cours d'eau à un type commun, défini géométriquement, dont l'étude
expérimentale et théorique doit constituer tôt ou tard un complément de
la Mécanique générale, complément bien nécessaire, car c'est à son ab-
sence qu'il faut attribuer en Aslronouiie et en Météorologie le règne des
hypothèses et des préjugés les plus étonnants. Du moins on doit com-
mencer à voir, ce me semble, que les confiraialions arrivent peu à peu à
cette théorie, à mesure que les faits sont plus sérieusement étudiés. »
BOTANIQUE. — Observations siii^ les Pondanées de la Nouvelle-Calédonie ;
par M. Ad. Brongmart.
« L'élude des Palmiers de la Nouvelle-Calédonie, dont j'ai communiqué
les principaux résultats à l'Académie en 1873 (séance du 11 août 1873),
m'avait conduit à examiner d'autres Monocotylédones arborescentes de ce
pays, les Pandanées, et dés le mois d'avril de cette année j'annonçais à la
Société botanique (séance du 18 avril 1873), que l'étude de ces plantes
m'avait conduit à reconnaître que le mode d'agrégation des fruits et l'in-
florescence mâle me paraissaient fournir des caractères génériques de pre-
mière valeur. Espérant recevoir des matériaux plus complets pour l'étude
de ces végétaux, j'ai attendu jusqu'à présent pour faire connaître les ré-
sultats déjà obtenus; mais ces compléments tardant à me parvenir, je pense
qu'en publiant ce que j'ai pu observer j'attirerai l'attention des voyageurs
sur ces plantes remarquables et qu'on en obtiendra peut-être ainsi des
matériaux utiles pour la science.
» Le genre Paudanus, fondé par Linné {Sitppl., p. 42/1), d'après les indi-
cations données par Forskael, Forster et Rumphius, sur une espèce qu'il
a nommée Pandanus odoratissimus, est devenu le centre d'un groupe nom-
breux d'espèces , toutes rattachées génériquement à ce premier type.
Elles en avaient, en effet, le mode de végétation et les caractères généraux,
mais elles offraient des différences très-nombreuses auxquelles ou n'avait
pas donné une importance suffisante par suite de l'état très-imparfait des
collections en ce qui concernait ces arbres monocotylédones, la plupart
n'étant représentés que par des fruits souvent mal conservés, sans feuilles
ni fleurs.
» Notre ancien confrère Gaudichaud, après en avoir observé plusieurs
( M9^ )
espèces pendant ses longs voyages, entreprit une étude approfondie des
matériaux réunis dans les collections de Paris; de très-belles figures pu-
bliées dans V Allas botanique du voyage de In Bonite représentent les fruits
qu'il avait étudiés dans les collections du Muséum d'Histoire naturelle, de
Delessert et de Webb, et qu'il avait classés dans des genres distincts et
nombreux.
» Malheureusement pour ces plantes, comme pour tant d'autres figurées
dans ce superbe atlas, aucun texte n'a été publié, et les caractères sur
lesquels ces genres ont été établis ne sont pas exprimés par des phrases
distinctives. On peut cependant les constater d'après les figures très-fidèles
qui représentent ces divers genres.
» Nous croyons que ce serait manquer de justice que de ne pas admettre
la nomenclature de Gaudichaud toutes les fois que les caractères qu'il a
signalés dans ses figures sont faciles à reconnaître.
» Depuis cette publication, quelques savants, s'appliquant plus spéciale-
ment à l'élude des plantes asiatiques, auxquelles appartiennent la plupart
des Pandanées, ont cherché a établir des coupes dans ce grand genre, soit
comme sections, soit comme genres distincts : tels sont les travaux de
MM. Miquel, de Vrièse et Rurz. Je ne puis ici discuter les résultats de
leurs études, et je veux me borner à quelques observations que m'ont
fournies les espèces recueillies à la Nouvelle-Calédonie, en ce qui concerne
soit les fruits de ces plantes, soit les fleurs mâles qui présentent, dans quel-
ques-unes de ces espèces, une organisation très-différente de celle qui leur
était assignée jusqu'à ce jour.
» Quant aux fruits, on a généralement distingué les Pandamis à ovaires
et à carpelles isolés, et ceux à carpelles ou nucules agrégés en phalanges,
pour employer l'expression de R. Brown et de Griffils, ou en sjncarpium,
suivant le terme employé par d'autres auteurs; mais ces phalanges me pa-
raissent être le résultat de deux dispositions très-diverses. Dans les vrais
Pandamis (P. odoratissimus et espèces voisines) ainsi que dans les Finsonia
de Gaudichaud, qui n'en diffèrent peut-être pas génériquement, ces nucules
sont réunies en un cercle assez régulier autour de quelques-unes qui oc-
cupent le centre de la phalange; elles sont toutes dirigées vers ce centre,
comme on peut le reconnaître à la direction des stigmates et à l'insertion
des graines dans les nucules.
» Dans d'autres espèces, les phalanges aplaties, comprenant générale-
ment un nombre moindre de carpelles, montrent ces carpelles disposés en
un seul rang, ayant tous leur stigmate dirigé vers le sommet de l'inflo-
C. R., 187J, .er.ç^;^^ïfr^, (T.LXXX, N» 18.-) ^ ^^
( J'94)
rescence générale ou cephalium : c'est le caractère que présente le Barrotia
tetmdon de Gaudicliaud, que je considère comme le type de ce genre. Les
Barrotia diodon et monodon du même auteur ont une organisation très-dit-
férente, les dents qui les terminent surmontant un stigmate simple qui cor-
respond à un carpelle isolé et monosperme. C'est la première de ces espèces,
Pandanns furcalus , Roxb., qui a servi de type au genre Rickia, établi par de
Vrièse, et qui me paraît devoir être maintenu; quant au Barrotia tetrodon,
que je désignerai sous le nom de Barrotia Gaudichaudii, ses fruits sont com-
posés de phalanges de deux à trois carpelles, surmontées d'autant de stig-
mates dressés, formant ainsi deux ou trois dents et non quatre.
» Ce genre Barrotia me paraît avoir des espèces assez nombreuses à la
Nouvelle-Calédonie. Elles seraient au nombre de six, en effet, si l'on y
place deux espèces qui s'éloignent des autres par quelques caractères; ce
genre est remarquable non-seulement par ses fruits, mais aussi par la struc-
ture de ses fleurs mâles qui différent à beaucoup d'égards de celles déjà
connues dans cette famille.
» Les vrais Pandanus, dont les fleurs mâles ont souvent été observées
soit sur des échantillons spontanés, soit dans nos serres, présentent des
inflorescences mâles composées d'épis nombreux naissant à l'aisselle de
grandes bractées, qui dépassent ordinairement les épis eux-mêmes ; ceux-ci
portent des élamines nombreuses, dont les filets sont réunis, vers leur
base, deux ou trois ensemble en un pédicelle commun ; le genre Bickia ou
Pandanus farcatus, dont la fleur mâle a été bien décrite et figurée par Mi-
quel [Amilecla botanica indica, pars II, p. lo, tab. II), n'en diffère que
par des pédicelles plus longs portant des étamines réunies en plus grand
nombre.
» Un échantillon en fleurs et en fruits du Pandanus monticola, Miill.,
que le Muséum a reçu de M. Millier lui-même, et qui appartient de la
manière la plus évidente au genre Fisquetia de Gaudichaud, ne présente
aussi dans ses fleurs mâles que de faibles modifications: l'inflorescence géné-
rale et la disposition des étamines diffèrent très-peu de celle des vrais Pan-
danus.
» Il n'en est pas de même des Barrotia et des Brjantia de Gaudichaud,
ainsi qu'on va le voir par l'étude des espèces de ces deux genres qui
croissent à la Nouvelle-Calédonie, dont nous allons nous occuper spécia-
lement.
» La flore delà Nouvelle-Calédonie comprend, en effet, des Pandanées
se rapportant à trois genres bien distincts :
( 1-95 )
» 1° Les vrais Pfln(i^((/ius représentés par deux espèces.
» L'une, qui ne me paraît pas différer du Pandanus odorotissimus, à très-
gros cephalium sphérique, formé d'un assemblage de plialanges ou syii-
carpium de sept à dix ovaires ou nucules soudés, disposés en deux rangées,
l'une extérieure, de cinq à sept, et l'autre intérieure, de deux à trois, dont
les sommets peu saillants, arrondis, sont cependant bien distincts.
» L'autre, à capitules ou cephalium moins gros (lo à 12 centimètres de
diamètre), composés de phalanges comprenant un moindre nondjre d'o-
vaires, se rapproche beaucoup, ainsi que l'avait admis M. Vieillard, d'une
des formes du Pandanus pedunculalus, R. Br., communiquée par M. Mûller
comme croissant dans l'Australie tropicale.
» 2° Les Banotia. Leurs cepiiaiium n'ont plus la forme sphérique de
celui des vrais Pandanus; ils sont elliptiques ou même Irès-allongés, leur
longueur dépassant souvent trois fois leiu' largeur, et présentant ordinaire-
ment une forme de prisme trièdre à angles obtus et arrondis. I^es ovaires,
dans les espèces types, sont réunis deux, trois et même quatre à cinq en
une seule rangée transversale, surmontés de stigmates dressés formant une
série de lobes ou dents, dont la surface sligmatique occupe une des faces
et est dirigée vers le sommet du cephalium.
M Quatre espèces bien distinctes offrent cette organisation du fruit, et
l'une d'elles [Barrotia nltisshna — Pandanus allissimus, Panch., in coll.) pré-
sente une inflorescence mâle très-différente de celle des vrais Pandanus.
M Une autre espèce semble s'éloigner des précédentes par ses phalanges
composées d'un plus grand nombre d'ovaires disposés sur deux rangs, et
dont les stigmates paraissent se regarder, autant qu'on peut en juger sur
des fruits adultes où ces organes sont en partie effacés; mais cette espèce
i^BaiTolia macrocarpa, Pandanus macrocarpus? Vieill., PL utiles de la Nouv.
Caléd., p. 24) présente une inflorescence mâle tout à fait semblable à celle
du Barrotia altissima et confirme sa position dans ce genre.
» Une dernière espèce s'éloigne des précédentes par ses ovaires simples,
isolés, mais surmontés d'un stigmate dressé, unilatéral, très-analogue à
celui des espèces précédentes; des échantillons plus complets seraient né-
cessaires pour fixer avec certitude sa position générique.
» Quant à l'inflorescence mâle observée sur deux espèces, Barrotia altis-
sima et macrocarpa, elle me paraît fournir un des caractères essentiels de
ce genre : elle consiste en un épi simple terminant un rameau allongé,
flexueux, portant de grandes bractées espacées, jaunâtres à l'élat sec, parais-
sant d'une texture moins sèche que les feuilles, très-lisses, à nervures très-
i55..
( "96 )
fines; l'épi mâle lui-inême offre un axe cylindrique, charnu, continu, sans
bractées spéciales à sa base ni dans son étendue, d'environ i5 à 20 milli-
nièlres de diamètre sur 3o à 40 centimètres de long, tout couvert de disques
arrondis ou elliptiques, ou un peu hexagonaux par suite de leur contiguïté
dans la jeunesse, supportés par une sorte de stipe charnu qui s'élargit
j)our constituer ce disque terminal en forme de tête de clou . Vers le sommet
de ce su|)port charnu, et surtout du côté supérieur, autant que j'ai pu le
constater, et dans la partie qui s'élargit pour former le disque terminal
se trouvent insérées lui grand nondare d'élamines presque réfléchies dont
les filets, très-courts et distincts, se terminent par une anthère linéaire
acuminée, s'ouvraut par deux fentes opposées, comme celles des autres
Pandanées.
» La dispo.^^ition de ces disques rappelle un peu, en beaucoup plus grand,
les épis des Equisetum ; on voit qu'elle n'a aucun rapport avec l'inflores-
cence mâle observée jusqu'à ce jour dans les autres Pandanées et confirme
la distinction du genre Barrotia. Comme je l'ai dit, quatre autres espèces
dont on n'a pas encore observé les fleurs mâles doivent sans doute rentrer
dans ce genre; je les décrirai ailleins avec plus de détail.
» 3° Les Bryanliii constituent un genre établi par Gaudichaud sur une
seule espèce, \eB. b idj r op liora [Gaud. Bonite^ pi. 20), d'après un fruit pro-
venant des collections de l^abillardière, mais dont l'origine première est
inconnue.
» Deux des Pandanées de la Nouvelle-Calédonie paraissent rentrer dans
ce genre, quoiqu'elles jirésentent dans la forme de leur stigmate, comparé
à celui de l'espèce type, des différences assez notables, qui permettent
d'en former une section spéciale, que je désignerai sous le nom de Lopho-
sticjina.
» Leurs cephalium, très-volumineux, sont ellipsoïdes ou plutôt ovoïdes
(longueur, 3o cenlunètres; largeur, 18 centimètres) dans une des espèces
(B. viscida); très-allongées, cylindroïdes (longueur, ^5 centimètres; largeur,
10 centimètres), ou plutôt obtusément prismatiquesà trois faces dans l'autre
[B. obloiuja, Pandanus minda? Vieill.)(')' Dans toutes les {\ç\\\ ils sont com-
posés d'un nombre considérable de nucules simples, prismatiques, hexago-
nales, terminées par une surface plane comme tronquée, dont le bord,
(1) Je n'ai pas conservé le nom de ini'ula à cette espèce, quoiqu'elle ait été désignée par
M, Pancher sous ce nom, comme étant le Pandanus minda de Vieillard, la description don-
née par M. Vieillard de son P. niinda ne pouvant pas s'appliquer au genre Bryanlia.
( "97 )
dirigé vers le sommet du cephalium, porte un stigmate dressé formant une
sorte de languette saillante dont la face externe est occupée par la surface
stigmatique. Dans le type de ce genre, Bryanlia bidjrrophora, le stigmate est
également unilatéral, mais il se présente, comme l'indique la figure de
Gaudichaud, sous forme d'un petit disque arrondi, sessile, au-dessous du
sommet tronqué des nucules. Malgré cette différence très-prononcée, je
n'ai pas osé séparer génériquement les espèces de la Nouvelle-Calédonie
tant que les autres caractères de la plante qui a servi de type à ce genre ne
seront pas mieux connus.
» Les deux espèces qui nous occupent ne diffèrent évidemment que
par des caractères spécifiques; elles sont parfaitement identiques dans tous
les points essentiels de leur organisation. L'une d'elles nous montre sur
un échantillon recueilli par M, Pancher l'inflorescence mâle, malheureu-
sement très-altérée par la conservation en herbier d'organes très-charnus.
On peut cependant y reconnaître luie structure très-différente de celle des
vrais Pandamis et des genres analogues, ainsi que de celle indiquée ci-
dessus, dans les Barrolia.
» Comme dans ceux-ci, l'inflorescence mâle paraît terminer im rameau
trigone de 3 à 4 décimètres de long, portant un certain nombre de feuilles
florales, espacées, marquées de nervures très-nombreuses et très-pronon-
cées et se terminant par un sommet triquètre à arêtes finemenj; dentées.
Le spadix, qui fait suite à ce rameau, quoique brisé, devait avoir environ
3 décimètres de long ; il paraît avoir été charnu, anguleux et donner nais-
sance à des divisions dressées, également charnues et anguleuses, sans in-
dices de bractées à leur origine; toutes les parties semblent continues;
les angles ou sortes de crêtes de ce spadix et de ses divisions se prolongent
en mamelons ou pédicelles charnues, coniques, qui paraissent porter à
leur extrémité atténuée de nombreuses élamines à anthères oblongiies, ses-
siles ou brièvement pédicellées. L'altération de ces organes ne nous a pas
permis de mieux apprécier leur disposition; mais il est évident qu'il y a là
une structure très-spéciale qui confirme la distinction générique de ces
plantes. L'espèce type de ce genre présentera-t-elle dans son inflorescence
mâle les mêmes caractères, de manière à confirmer la réunion de ces es-
pèces dans un même genre? C'est ce que de nouvelles recherches pour-
ront seules décider.
» J'ai voulu, dans cette Note, montrer non-seulement l'importance, déjà
signalée par Gaudichaud, de l'examen attentif des fruits des Paiidanus,
( "98)
surtout en ce qui concerne la forme et la disposition des stigmates, mais
aussi celle de leurs fleurs mâles, beaucoup plus variées qu'on ne l'avait
cru jusqu'à présent, n
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Locomolive à patins de M. Fortin-Herrmann ;
Note de M. Tresca.
(Commissaires : MM. Morin, Tresca, Resal.)
« M. Fortin-Herrmann, petit-fils de l'éminent constructeur d'instruments
de précision, a inventé un système de machine locomotive qu'il a fait exé-
cuter, sur des données nouvelles, avec l'aide de M. Bouvet, chef du bureau
des études de ses ateliers; dans cette machine qui a fonctionné sur le
chemin de fer de l'Est, le déplacement se produit, non par des roues mo-
trices, mais par de véritables pieds articulés qui prennent successivement
leurs points d'appui sur le sol. Deux de ces pieds agissent sur le châssis
d'avant, deux autres à l'arrière-train de la machine; ils sont pressés sur le
sol par l'action de la vapeur, et une machine horizontale détermine en
ordre convenable les oscillations des bielles qui font suite à ces pieds et qui
entrauîent la machine elle-même dans le sens longitudinal.
» Les expériences faites au chemin de l'Est ont démontré qu'en char-
geant seulement les patins, garnis de semelles en caoutchouc, de i kilo-
gramme par centimètre carré, on pouvait obtenir une adhérence égale aux
■^5 centièmes du poids de la machine motrice.
» Les moyens ordinaires limitent cette adhérence aux 20 centièmes de
ce poids, de sorte que l'emploi des patins permet de traîner, soit sur les
routes ordinaires, soit sur des rails, un train quatre fois plus lourd que par
les moyens actuels.
» Les frais de traction de ce train restent les mêmes pour la même in-
clinaison de la route; mais l'augmentation de l'adhérence permet, soit de
diminuer dans une grande proportion le poids mort de la locomotive, soit
à égalité de poids mort de parcourir une voie plus accidentée.
» Eu égard à la diminution de poids de la locomotive, il y a quelque
raison de croire que le travail dépensé pour sa propre propulsion ne serait
pas notablement plus grand que dans les conditions habituelles de la pra-
tique des chemins de fer.
» Eu égard à l'augmentation du coefficient d'adhérence, le système de
M. Fortin-Herrmann agrandit dans une grande proportion le domaine des
( '199 )
machines routières et permet même leur cheminement sur des terrains non
consolidés; sur les routes ordinaires, il fournit le moyen de circuler avec
des charges réellement utiles, sur des rampes de lo centimètres par mètre,
absolument inabordables avec les machines routières actuelles.
» Les diagrammes des efforts de traction relatifs à la locomotive du
poids de 1 5 ooo kilogrammes, soutenue en partie par quatre roues, suffisent
pour démontrer que le coefficient de traction atteint et dépasse la limite
que nous avons indiquée.
» Il serait intéressant d'en faire constater l'exactitude par une Commis-
sion devant laquelle ces expériences pourraient être renouvelées.
1) Depuis la construction de cette machine de i5 tonnes, M. Fortin-
Herrmann a modifié, d'une manière heureuse, les dispositions mécaniques
des différents organes; le modèle en action qui est mis sous les yeux de
l'Académie pourra être, sous ce point de vue, examiné avec intérêt.
» Dans ce modèle, le nombre des pieds a été augmenté, et leurs mouve-
ments relatifs sont réglés de manière que quatre d'entre eux battent le trot
pendaut que les deux autres marchent l'amble ; l'action est ainsi plus con-
tinue, et la stabilité de la machine se trouve assurée, sans qu'il soit néces-
saire de la munir de roues latérales. La direction en alignement ou suivant
une courbe donnée est d'ailleurs obtenue en réglant à la mesure conve-
nable l'angle des axes des deux châssis qui constituent la locomotive.
» La locomotive, essayée au chemin de fer de l'Est, parcourt seulement
7 à 8 kilomètres à l'heure; on estime que la nouvelle disposition permettrait
d'atteindre 17 à 20 kilomètres. »
MÉCANIQUE. — Sur la loi de ta détente pratique dans les machines à vapeur.
Note de M. A. Ledieu.
« Pour prévoir le travail d'une machine à vapeur à construire ou pour
déterminer parle calcul, c'est-à-dire sans se servir de l'indicateur, le tra-
vail d'une machine construite, on sait que le point le plus important est
d'apprécier le travail produit pendant la détente.
» Or ce travail dépend expressément de la loi suivant laquelle l'expan-
sion s'opère, soit de la courbe de transformation du volume et de la pres-
sion durant cette période. La courbe en question varie non-seulement
selon que la détente a lieu avec ou sans addition de chaleur externe, mais
encore suivant la manière dont se fait cette addition. Si l'on ne connaît ni
la quantité de chaleur ajoutée, ni le mode suivant lequel s'effectue lad-
( I200 )
jonction, il est absolument impossible d'établir une équation exacte de
ladite courbe. C'est malheureusement ce dernier cas qui se présente dans
les machines à vapeur : les parois des cylindres jouent toujours ici le rôle
de magasins et de distributeurs de calorique, et l'intervention de la cha-
leur des parois modifie profondément, et d'ailleurs d'une façon variable
d'une machine à l'autre, la loi de la détente. D'un autre côté, il surgit dans
chaque machine une foule d'influences individuelles qui ne permettront
jamais de poser cette loi d'une manière absolue.
» Nous avons étudié sur les diagrammes relatifs à tous les principaux
types actuels de machines marines les courbes qui représentent le plus
approximativement la variation de la pression P en fonction du volume V
pendant la détente. Celte étude, dont on trouvera le développement dans
notre Traité des nouvelles machines mannes (sous presse), a porté sur six
compound, de 2800 à 600 chevaux indiqués, appartenant au cuirassé Ma-
rengo, à la corvette Infernet, aux paquebots France, Ànndyr, Êtoile-dii-
Chili et Henri IV. M. Hiiin, ingénieur du génie maritime, détaché à
l'usine des Forges et Chantiers de la Méditerranée, s'est livré de son côté
à un semblable examen sur un bon nombre d'appareils sortant de cette
importante usine, et ses conclusions sont conformes aux nôtres. D'ailleurs,
il y a déjà quelques années, la question avait été étudiée, quoique sur une
échelle très-restreinte, par la Société industrielle de Mulhouse (voir Bul-
letin de cette Société, avril et mai 1867).
)) De l'ensemble de ces investigations il résulte que, avec des enveloppes
à vapeur bien disposées et une légère surchauffe du fluide à sa sortie de la
chaudière, le fonctionnement étant ordinaire ou au Woolf, la courbe qui
rend le mieux compte de la détente de la vapeur d'eau est l'hyperbole
équilatère ayant pour équation
PV ^ constante.
» En d'autres termes, dans les machines réputées bonnes au point de
vue de la consommation du combustible, l'expansion suit la loi de Mariotte,
abstraction faite toutefois des températures qui vont en diminuant et qui
du reste n'ont rien à faire avec la courbe.
)i Dans les machines de Woolf, si le réchauffement extérieur du cylindre
admetteur est très-actif, la courbe de détente relative à ce cylindre devient •
à peu près
pyo.s _ constante.
» Les différences entre les courbes de détente adiabatiqiie de la vapeur
( I20I )
d'eau saturée et ses courbes de dclente pratique doivent surtout être attri-
buées à i'actiou des parois de cylindre pour réchauffer le fluide, ou mieux
pour évaporer ses particules liquides ou prévenir leur formation. Il ré-
sulte de là que les pressions se trouvent plus élevées qu'elles ne le seraient
autrement. On peut aussi voir une cause de ces différences dans les chan-
gements de propriété que la vapeur est susceptible d'éprouver par suite
des matières grasses employées pour le lubrifiage et qui viennent se mêler
avec elle.
» Toutefois, il importe de remarquer que de la vapeur peut donner lieu
à luie même ligne de transformation de volume et de pression, bien qu'elle
ne soit pas soumise aux mêmes conditions calorifiques extérieures, pourvu
qu'on la considère dans deux états différents d'humidité. Il suit de là que
l'expansion peut, tout en s'opérant adiabatiquement, se faire à très-peu
près suivant la loi de Mariette, lorsque la vapeur se trouve, au dctnit de la
détenle^ à lui grand degré d'aquosité. Il résulte, en effet, de cette circon-
stance que, dans la formule empyrique PV = constante, que Zeunor donne
pour représenter la courbe de la détente adiabalique de la vnpeiu' d'eau,
l'exposant r, qui varie avec le degré d'humidité de cette vapeur au début de
l'expansion, devient très-peu différent de l'unité, et que la courbe adiaba-
lique se confond à peu de chose près avec une hyperbole équilatère.
» Les pressions sont donc ici, comme dans la supposition d'un réchauf-
fement extérieur, plus élevées que celles qui correspondent à la détente
adiabatique d'une vapeur sèche; seulement la chaleur qui produit cet effet,
au lieu d'être due à une cause externe, provient présentement des parti-
cules d'eau entraînées qui ont une grande action eu égard à leur cha-
leur spécifique élevée.
» Le dernier cas considéré ne saurait se rencontrer que dans les appareils
très-inférieurs comme consommation de combustible fonctionnant dans les
conditions suivantes : i° avec de la vapeur extrêmement humide, d'au-
tant qu'il y a alors pendant l'évacuation des refroidissements internes con-
sidérables (i) qui amènent une liquéfaction importante de la vapeur
d'admission dont le degré d'aquosité se trouve ainsi augmenté; 2" avec
(i) Nous ne saurions trop attirer l'attention du lecteur sur rinipoitanle (lucstion des
refroidissements internes des cylindres à vapeur. Nous comptons traiter à fond cette ques-
tion dans de prochains articles. Mais nous tenons à rappeler dès à présent que c'est l'aniiral
Paris qui, avec sa reinanjuable connaissance des machines, a signalé le premier, il y a vinyt
ans, le rôle considérable des refroidissements en question.
C.R.,1875, i"Semestre.(T.L\\\, N» IS.) I 56
( 1202 )
des cylindres sans chemise à vapeur, mais recouverts de substances mau-
vaises conductrices de la chaleur; car, en pareille hypothèse, les parois de
ces récipients peuvent être considérés comme adiabatiques, attendu qu'elles
n'ont pas le temps de céder au fluide pendant la détente une portion va-
lable de leur calorique.
» Zeuner n'admet que cette raison pour expliquer les faits qui nous
occupent. Cette opinion est trop exclusive; car, parmi les appareils à va-
peur dont les diagrammes concordent sensiblement avec la loi de Mariette,
la plupart appartiennent à la première catégorie signalée ci-dessus, où,
eu égard à la surchauffe de la vapeur introduite et à l'action des enve-
loppes, il n'y a pas possibilité de supposer que le refroidissement du fluide
par les parois du cylindre pendant la période d'introduction lui fasse
atteindre le degré d'aquosité voulue pour que la valeur de r s'écarte très-
peu de l'unité.
» Lorsque les machines ne remplissent pas l'une ou l'autre des condi-
tions extrêmes dont nous venons de parler, et qu'elles constituent dès lors
des appareils moyennement bons au point de vue de la consommation du
combustible, les choses se passent à peu près comme si les parois du cy-
lindre étaient imperméables.
M II importe d'ajouter que la dépense de vapeur déduite des diagrammes
relevés à l'indicateur n'est qu'une dépense apparente qu'il faut augmenter
de la consommation provenant du fait de la liquéfaction plus ou moins
intense de la vapeur d'admission pour obtenir la dépense réelle. Cette re-
marque, jointe à ce qui précède, explique comment deux diagrammes re-
levés sur des machines où la vapeur possède un degré d'aquosité tout à fait
différent, et où le cylindre est soumis à un réchauffement extérieur pareil-
lement différent, peuvent présenter, sur leur étendue qui correspond à la
détente, deux portions de courbes identiques, et peuvent même presque
se confondre en entier, quoique les consommations de combustible pré-
sentent des écarts considérables.
» Tout bien examiné, il faut établir en principe que la loi à admettre
pour calculer le travail de la détente dépend de l'espèce de la machine. Le
mieux est de se reporter à des appareils similaires, sur lesquels on a relevé
des diagrammes à l'indicateur, et de déduire de ces diagrammes la courbe
de transformation de volume et de pression la plus probablement applicable
au cas considéré.
» Faute de pareilles indications, c'est encore la loi de Mariotte qui donnera
les meilleurs résultats, particulièrement avec les bonnes machujes, telles
( ic»o3 )
qu'on les dispose aujourd'hui pour prévenir les refroidissements intérieurs.
C'est là une concordance bien singulière que cette loi, adoptée dès le début
des machines à vapeur sérieuses par une analogie erronée avec la détente
isothermique des gaz, et qui ne donnait alors que des résultats peu exacts,
à cause justement du manque de perfection de ces machines, soit devenue,
lorsque les appareils ont été notablement améliorés, l'expression la plus rap-
prochée de la réalité des faits.
» C'est ce qui explique que les constructeurs la conservent précieuse-
ment, malgré les instances de la plupart des auteurs de Thermodynamique.
Ces auteurs, perdant de vue les données de la pratique, et admettant, à priori
et sans plus ample informé, que l'expansion a lieu adiabatiqnement dans les
machines à vapeur, prétendent que les règles enseignées partout jwiir le calcul
du travail de la délente doivent être abandonnées comme étant en contradiction
avec la nouvelle théorie de la chaleur. Il y a là une erreur d'appréciation contre
laquelle on ne saurait trop réagir. Les règles enseignées doivent ètie expliquées
autrement et mieux commentées, voilà tout; car il se trouve justement
qu'elles sont encore les moins défectueuses.
» Toutefois, l'application de la loi de Mariotte exige expressément que
l'on tienne im compte exact de tous les volumes occupés à chaque instant
par la vapeur qui se détend ; en d'autres termes, on ne doit pas se borner à
prendre pour ces volumes ceux quisont décrits par le piston; maisil fautleur
ajouter la capacité des espaces neutres du cylindre, et de plus, dans les
fonctionnements à détente variable, les portions de boîtes à tiroir qu'oc-
cupe le fluide aux premiers moments de la fermeture de l'organe d'expan-
sion avant que le tiroir soit fermé. Il est à peine besoin d'ajouter que,
dans le fonctionnement au Woolf, les volumes à considérer comprennent
par moment le réservoir intermédiaire ainsi qu'une portion plus ou moins
importante du cylindre ou des cylindres voisins. »
MÉMOIRES LUS.
M. Fremy, Président de l'Académie, s'exprime en ces termes :
« Avant de donner la parole à M. Fleuriais, chef delà mission de Pékin,
je suis heureux de rappeler que l'Académie adresse aujourd'hui, pour la
troisième fois, ses félicitations aux intrépides voyageurs qui, clans les ex-
péditions du passage de Vénus, ont donné la mesure du dévouement, de
i5b..
( •'■i<»4 )
l'intelligence et du courage que notre cher pays peut attendre de ceux qui
sont appelés à le représenter et à le servir.
» La mission de Pékin a été confiée exclusivement à des officiers de ma-
rine : l'importance des documents qu'elle rapporte prouve, une fois de
|)lus, tout ce que la science obtient lorsqu'elle confie ses intérêts à un
corps comme celui de la marine, dans lequel ou trouve, si heureusement
alliées, les connaissances du savant et les qualités du soldat, w
M. Fleuriais répond :
K Je remercie vivement M. le Président pour les gracieuses paroles qu'il
vient de prononcer.
» La mission de Pékin n'avait pas à craindre les difficultés dont ont eu
à souffrir les expéditions du sud. Le témoignage de satisfaction que l'Aca-
démie veut bien nous adresser est, pour mes collègues et pour moi, une
récompense bien au-dessus des travaux exécutés. »
ASTRONOMIE. — Documents recueillis par la n^ission envojée à Pékin pour
obsewer le passage de Vénus. Communication de M. Fleuriais.
« J'ai remis avant-hier entre les mains de M. le Président de la Com-
mission du passage de Vénus le registre des observations astronomiques
faites à Pékin pendant la durée du séjour de la mission, ainsi que les
épreuves photographiques, au nombre de cent cinquante, obtenues pen-
dant le courant du j)hénoméne.
» Les observations astronomiques consignées dans le registre sont
relatives, bien entendu, non-seulement à l'observation proprement dite du
passage, mais aussi à la détermination de la position géographique de Pé-
kin et à la triangulation de ses principaux sommets.
» Les détails techniques, intéressant le placement des instruments et leur
lectification, et les valeurs numériques des résultats seront probablement
l'objet d'une publication prochaine.
» Je viens donc simplement aujourd'hui vous donner un aperçu rapide
des principales circonstances du voyage que je viens d'accomplir.
» Nous sommes partis de Paris le i" juillet 1874, emportant avec nous
les instruments qui nous avaient été confiés par l'Académie. I>e matériel
se composait, comme vous le savez, d'une lunette équatoriale de 8 pouces
d'ouverture, dune seconde lunette équatoriale de 6 pouces, de l'appareil
( l'ioS )
photographique de MM. Fizeau et Cornu et d'une série d'instruments de
nioiudre dimension, tels que lunette méridienne portative, chronomètres,
théodolite, etc., fournis par le Dépôt de la Marine.
» Les matériaux propres à la construction d'un observatoire devant se
trouver en Chine, je n'avais compris dans nos bagages qu'une certaine
quantité de ces toiles dites à bâche, que je destinais à former les fonds des
panneaux volants des cabanes d'observation.
» J'étais accompagné de jM. Blarez, lieutenant de vaisseau, et de M. La-
pied, enseigne de vaisseau. Le ministre avait bien voulu, en outre, adjoindre
à la mission, en qualité d'aide, le quartier-maître de timonerie Huet, dont
j'avais pu apprécier le dévouement et l'aptitude spéciale dans une précé-
dente mission.
» Embarqués à Marseille, le 5 juillet, sur le paquebot des Messageries
maritimes l\4nadyv, nous sonunes arrivés à Shanghaï le i6 août.
» Sur ce point, la mission reçut de M. Godeaux, consul général de
France, l'hospitalité la plus complète. Cette circonstance, jointe à l'extrême
complaisance de M. Hennequin, directeur du service des Messageries, rendit
tout facile.
» De Shanghaï à Tien-tsin, le trajet eut lieu à bord du sleamer améri-
cain Paoutincj. Sur ce navire, le capitaine interprétant de la façon la plus
large les instructions de M. Forbes, directeur de la Com|3agnie Russel, fit
veiller à l'embarquement et au débarquement du matériel avec un soin
que je ne peux comparer qu'à celui qui fut mis dans ces opérations à bord
de VAnadyr.
» Le 25 août, àTche-foo, M. deOeofroy, ministre de France en Chine,
me renouvelait verbalement en termes pressants l'offre déjà faite du libre
usage du jardin de la légation de France à Pékin pour la construction de
l'observatoire futur.
» M. le commandant Lespes donnait en même temps au capitaine de
la canonnière la Couleuvre l'ordre de nous aider dans la mesure complète
des ressources du bâtiment.
» Le 27 août, le Paouling mouillait à Tien-tsin.
» A partir de ce point commençaient seulement les difficultés, si tou-
tefois ce mot peut être employé.
» Mais là aussi, comme à Marseille, comme à Shanghaï, comme par-
tout, nous trouvions dans l'accueil qui nous était fait non-seulement le
plus extrême bon vouloir, mais aussi, ce qui est inappréciable dans les longs
voyages, la cordialité la plus affectueuse. Et c'est là, Messieurs, un carac-
( I206 )
fère particulier des relations dans les villes de l'extrême Orient, caractère
sur lequel ma reconnaissance personnelle me fait un devoir d'insister.
» A Tien-tsin, M. Diilon, consul de France, et le R. P. Deleinasure
constituaient, en quelques heures, une escadrille de quatre jonques destinée
à servir au transport du matériel et du personnel, et le 29 août nous ap-
pareillions pour remonter le Peï-ho.
M La navigation se fit à la cordelle et à la voile, excepté au départ de
Tien-tsin et aux approches de Pékin, points sur lesquels l'encombrement
inouï, produit par la réunion d'un nombre incalculable de bateaux de
rivière, oblige à n'avancer que mètre à mètre, à coups de perche quelque-
fois, à force de bras et de jambes le plus souvent.
» Inutile d'ajouter que dans ces dédales on n'avance qu'au milieu d'un
concert de cris aigus et d'injures heureusement impossibles à comprendre.
» Après de nombreux échouages sans gravité, l'escadrille arriva àTung-
châo, ville fortifiée, distante de aS kilomètres environ de la capitale.
» Des gendarmes d'escorte, des chevaux, un guide avaient été envoyés
au-devant de nous par M. de Roquette, secrétaire de la légation.
» Je me rendis de suite à Pékin.
» Dès mon arrivée, je constatai que le jardin de la légation convenait
parfaitement aux opérations à effectuer; mais les glaces devaient nous
couper la route du retour. C'était une hospitalité de six mois à accepter
ou à refuser.
» Un sentiir.ent de discrétion facile à concevoir me fit hésiter longtemps.
Je finis cependant par céder devant les instances de M. le comte de Roche-
chouart, qui, deux mois plus tard, devait prendre la gérance des affaires,
et devant celles de M. de Roquette.
» La supériorité du terrain offert était d'ailleurs incontestable, surtout
au point de vue de la nationalité du sol. C'est d'ailleurs cette dernière con-
sidération qui me décida, à la même époque, à décliner les offres non
moins pressantes de M^"^ Laplace, évêque de Pékin.
M Avec une bien grande joie, Messieurs, j'ai appris que vous n'aviez pas
attendu mon retour pour adresser des remercîments aux personnes dont
le concours indirect a tant contribué au succès de la mission.
» Tung-cliào est relié à Pékin [)ar trois voies :
'I L'une, à travers les terres, était défoncée par les dernières inondations.
)' La deuxième, dallée sur toute sa longueur, a dû être magnifique ; mais
les dalles sont aujourd'hui disjointes, et les dénivellations dépassent sou-
vent 30 centimètres. Aucun ressort de voiture ne résisterait.
( '207 )
» La troisième est un canal à écluses, mais sans portes et sans prise
rl'eau, d'où la nécessité d'un transfert successif des fardeaux d'allégé en
allège.
» Pour un matériel aussi délicat que le nôtre, un seul procédé de trans-
port était applicable..., le transporta bras. Heureusement les Chinois ont
élevé ce mode à la hauteur d'un art.
1) i5o coolies divisés par escouades, chaque escouade marchant au pas
cadencé sur un rythme chanté par un chef, transportèrent en vingt-
quatre heures tout le matériel.
» Nous avons surveillé, parce que c'était notre devoir, mais celte pré-
caution était bien inutile. Les entrepreneurs, en Chine, sont responsables
pécuniairement, et, chose à noter, ils payent sans discussion.
n A l'ouverture des caisses, les instruments étaient intacts.
« Ce qui a lieu pour les transports a également lieu pour les construc-
tions. Tout se fait à l'entreprise.
i> Vous savez déjà. Messieurs, par mes lettres antérieures, les heureuses
circonstances qui ont accompagné la construction de l'observatoire. En
défonçant le jardin, on rencontra les assises d'anciennes fondations. L'étude
du sol permit de trouver des points d'assiette d'une extrême solidité pour
tous les instruments importants.
M La direction du méridien déterminée, les axes des instruments mar-
qués, trente maçons élevèrent en quatre jours les six piliers nécessaires; les
corps étaient en briques, les sommets étaient recouverts par des dalles de
granit taillées et nivelées.
» Autour des piliers, de nombreux charpentiers construisirent une
vaste cabane, divisée en trois chambres distinctes.
» La plus grande, située au sud, abrita les équatoriaux; les deux autres
furent réservées à l'instrument des passages et à l'appareil photographique.
» La construction de l'observatoire a été achevée le 19 septembre. Les
instruments étaient établis le 26.
I) A Pékin, je n'avais pas beaucoup à redouter des intempéries du cli-
mat si à craindre pour les stations de l'hémisphère sud.
» Les obstacles sérieux résidaient uniquement dans la violence des froids
à venir et dans la fréquence de nuages de poussière assez intenses pour
cacher quelquefois le Soleil.
» Or froid et poussière sont les grands ennemis des instruments de pré-
cision, surtout de ceux destinés à mesurer le temps.
» En conséquence, je n'hésitai pas à placer les chronomètres, pendule,
( I208 )
chronographe, piles clans une chambre chauffée et toujours close, située
à 3o mètres de l'observatoire.
» M. Bréguet avait bien voulu, sur ma demande, admettre et adopter
sur le chronograplie qui m'était destiné une disposition spéciale se prêtant
à l'enregistrement simultané du temps et de trois signaux distincts.
» Chacun des instruments fut relié électriquement à l'une des plumes.
Cette disposition eut tout le succès que j'attendais d'elle ; d'une part, pour
les observations relatives spécialement au passage de Vénus, elle donna un
contrôle mathématique des différentes heures, en s'opposant à toute
influence d'un observateur sur l'autre; d'autre part, elle permit d'observer
les passages de lune et d'étoiles pendant des nuits où la température, infé-
rieure à — i5°, rendait impossible l'usage du carnet et du crayon.
» Les observations relatives à la détermination de la position géogra-
i)hique ont commencé le i""^ octobre. Le nombre de déterminations isolées
de la longitude, faites par M. Lapied et par moi, s'élève au chiffre de Sa;
le nombre des séries, relatives à la fixation de la latitude, au chiffre de i8.
La longitude obtenue est bien probablement certaine à i%5 de temps; la
latitude à o",5 d'arc.
» Pendant que la série des observations astronomiques régulières était
entreprise, M. Blarez, qui avait dirigé dans les moindres détails le mon-
tage de l'appareil photographique, obtenait de fort belles épreuves répon-
dant au programme dicté par l'Académie. Tout était donc en bonne voie
lorsqu'un cruel événement vint nous accabler d'une légitime douleur.
^ï. Blarez fut subitement atteint d'une grave maladie, qui, pendant plu-
sieurs jours, mit sa vie en danger.
» Les soins de M. Dugat, médecin de la légation, triomphèrent enfin de
l'intensité du mal et firent prévoir pour l'avenir une complète guérison;
mais déjà il nous était déujontré que notre pauvre camarade ne pourrait
concourir à nos communs travaux. Je dois ajouter que M. Blarez, espérant
toujours se rétablir, voidut restera Pékin jusqu'à l'issue du phénomène.
» Cependant il fallait aviser. A mon grand regret, je décidai que l'équa-
torial de 6 pouces serait abandonné provisoirement, et que M. Lapied s'oc-
cuperait uniquement du grand appareil photographique, dont les résul-
tats à venir étaient beaucoup trop importants pour pouvoir être négligés.
» Plusieurs de vous, Messieurs, ont vu les épreuves obtenues; elles sont
le meilleur témoignage que je puisse donner de la rapidité avec laquelle
M. Lapied a su se préparer au maniement de l'appareil.
» Telles étaient nos dispositions lorsque j'appris la nomination au com-
( '209 )
mandement de la Couleuvre de l'un de mes anciens camarades d'école,
M. Bellanger, dont l'aptitude m'était connue. Je me hâtai de lui écrire pour
demander sa coopération. M. Bellanger, après en avoir reçu l'autorisation
de l'amiral Krantz, commandant la division navale de Chine, promit son
concours.
» Huit jours avant le phénomène, il arrivait à Pékin pour s'habituer à la
manœuvre du 6 pouces, et, le 9 décembre, il obtenait les quatre contacts.
» Le mois de novembre fut employé à des expériences de toute nature
et à des répétitions fréquentes.
» La grande mission américaine était installée dans l'est de la ville.
B Dès le début, les meilleures relations s'étaient établies entre M. Watson
et moi. Chacun de nous relia son observatoire à l'autre par des triangula-
tions indépendantes, lesquelles concordèrent à i'",5o.
» Des ^échanges d'heures faits également entre les deux observatoires
ne laissèrent qu'une incertitude de o', i5.
» Quant aux latitudes, ramenées par triangulation, elles étaient égales
ào",i.
» Enfin arriva le 9 décembre.
» Dans la nuit du 8 au 9, le quartier-maître Huet, le mécanicien Serein
et deux aides chinois, adroits comme ils le sont tous, avaient opéré le po-
lissage de iGo plaques daguerriennes. A minuit, M. Lapied terminait l'io-
dage de la dernière plaque.
» Le 9, le Soleil se leva radieux au milieu d'une atmosphère cahne et
pure.
» Voici maintenant. Messieurs, en quelques mots, l'historique de cette
journée si impatiemment attendue :
» I>e matin, à 8 heures, observation de la Polaire (passage inférieur).
» 8''3o°'. La partie sud du ciel se couvre de brumes blanches, le Soleil
disparaît; le zénith reste dégagé.
» 9 heures. Observation du passage d'Arcturus.
» 9'' i5™. Le Soleil reparaît éclatant.
» 9''3o'°. Premier contacl. — Le disque est net et sans ondulation. Les
photographies viennent bien.
» De 9'' 30™ à 10 heures. De légères brumes courent sur le Soleil.
10 heiwes. Les brumes sont très-légères. Deuxième contact. — Ondula-
tions insignifiantes. Au 6 pouces, M. Bellanger aperçoit un léger ligament.
Au 8 pouces, je ne vois que quelc[iies franges. Los |)holographies sont
nettes.
U.K., 1875. i"' Seincilic. (1.1. XXX, ft" !«.; 1 ^7
( I2IO )
» De I o à 1 1 heures. Le disque du Soleil se noie dans des nuages blancs.
Les observations sont toujours très-faciles aux équatoriaux. Les photogra-
phies deviennent très-pâles.
» De 1 1 heures à i heure soir, ciel complètement couvert, tout semble
perdu.
» I heure soir. Brise du nord.
» i''3o"'. Le ciel est bleu. Ondulations sensibles.
» i''5o'". Le disque est échitanl. Troisième contact. — Franges plus
marquées qu'au deuxième contact. M. Bellanger et moi croyons cependant
pouvoir affirmer le contact à 4 secondes.
» Les photographies n'exigent plus 1 exposition au brome.
» 2'' 1 5'°. Le vent revenu au sud ramène les nuages. Le Soleil commence
à être envahi.
» 2'' 18™. Quatrième contact. — Observation bonne et facile, quoique
naturellement toujours douteuse.
» 2''20™. Le Soleil a disparu.
» 2''3o'". Observation du passage d'Altaïr.
» 2''5o'". Bourrasque de nord-nord-ouest. Ouragan de poussière. On
ne voit pas à dix pas.
» 3''4'ï'". Le calme se fait, le ciel est pur.
» Voilà, Messieurs, quelle fut la singulière série d'alternatives qui, en
quatre heures, nous fît passer par des émotions bien diverses.
» Certes, la véritable chance aurait été d'avoir un ciel parfaitement pur,
mais, puisque la nouvelle Lune devait amener partout des i)crturbations
atmosphériques, je dois considérer comme une faveur providentielle le
fait qui nous a permis de voir le Soleil au moment des phases importantes
du phénomène.
» En résumé, le nombre seul des photographies a souffert, et, quant aux
contacts, M. Bellanger et moi croyons pouvoir affirmer qu'un ciel plus ré-
gulièrement dégagé n'aurait en lien augmenté la précision des heures ob-
tenues.
» Je ne dois pas ici oublier de dire que M. Scherzer, chancelier inter-
prète, M. Dugat, médecin de la légation, M. Vapereau, professeur au lycée
de Pékin, avaient teiui à honneur de participera l'observation, soit en
surveillant les boîtes à mercure, soit en notant, à litre de contrôlé, sur des
chronomètres différents, les instants des tops donnés sur les boutons élec-
triques.
» Avant le départ de l'expédition, on avait émis quelques doutes sur la
( '211 )
nature de l'accueil que la mission recevrait du gouvernement chinois.
» Sous ce rapport, les renseignements que j'ai à donner sont bien con-
traires aux craintes que l'on était peut-être en droit de concevoir.
î> Dans le courant de novembre, chose curieuse pour ceux qui connais-
sent le caractère réservé des grands dignitaires chinois, S. A. le prince Kong
n'avait pas dédaigné de venir à l'observatoire, accompagné des membres
du Tsang-li-Yamen, pour constater, par ses propres yeux, que les instru-
ments européens permettent de voir les étoiles et les planètes en plein
jour.
» Pendant toute la durée du passage, le grand mandarin Chung-ho, le
même qui fut envoyé en France à l'occasion des massacres de Tien-tsin,
ne quitta pas de vue les instruments et dressa procès-verbal, par ordre de
l'empereur, de toutes les phases du phénomène.
» Enfin, quelques jours après le 9 décembre, les impératrices douai-
rières me firent demander, par l'intermédiaire du prince Kong et de M. le
comte de Rochechouart, une photographie du passage. Je dois vous avouer,
Messieurs, que, sur le conseil du ministre, je n'ai pas cru devoir refuser.
» Une visite en grande pompe à l'observatoire chinois, où se trouvent
encore en parfait état les magnifiques instruments établis par les anciens
jésuites, une lettre de remercîment et un souvenir, dont la valeur ne réside
que dans la présence du chiffre impérial, ont constitué la réponse à notre
envoi.
M II ne me reste plus, Messieurs, que quelques mots à dire.
» La maladie, puis la mort de l'empereur, en rendant imprudent l'é-
loignement des Européens de la capitale, réduisirent les excursions pro-
jetées au seul voyage de la Grande-Muraille. Comme positions géographiques
extérieures à la ville, nous ne rapportons donc que celles de Nankao, de
Yang-fan et de Tien-tsin.
» Mais, en revanche, pendant les deux mois de loisir forcé que nous
donnait la fermeture de la rivière, M. Lapied put se livrer complètement
au lever du plan de la ville.
» Ce travail, facile en Europe, a demandé à Pékin beaucoup d'adresse
et de prudence. Ce n'est qu'en payant les gardiens des Murailles, et en te-
nant souvent ses instruments cachés, que M. Lapied a pu mener à bonne
fin sou travail.
» Quelques azimuts astronon)iques, quelques pointés observés séparé-
ment par lui et par moi, permettent d'en affirmer l'exactitude.
» Il résulte de ce plan que la ville de Pékin (villes lartare et chinoise
157..
f
( I2I2 )
réunies), a 8473 mètres de longueur dans le sens nord-sud sur une largeur
moyenne de 7000 mètres.
» La mvu-aille, formant enceinte continue, a 33 kilomètres de tour. Sa
section est de i3 mètres de hauteur sur i5 de largeur; des bastions de
12 mètres sur 12 mètres les uns, de aS mètres sur aS mètres les autres,
sont échelonnés de 100 en 100 mètres.
» Neuf doubles portes monumentales donnent accès dans la ville tar-
tare.
» Les coordonnées géodésiques de toutes les portes et de tous les monu-
ments sont conservées dans le registre d'observation.
» Prévenu le 26 février qu'enfin l'embouchure du Peï-ho se débarrassait
des glaces qui en fermaient l'accès depuis le 20 décembre, nous nous déter-
minâmes, M. Lapied et moi, à nous rendre à Tien-tsin par la route de
terre, en accompagnant nos instruments qui furent, ainsi que nous-mêmes,
embarqués sur le navire américain Chanse.
» Arrivés à Shanghaï, le g mars, nous prîmes passage, le 19, à bord du
paquebot français l'Hoo(jly, Ce navire nous a débarqués à Marseille le
i*"^ mai. »
ZOOLOGIE. — Observations sur l'époque de In disparition de la faune ancienne
de iUe Rodricjues; par M. Alpii.-Milne Edwards. (Extrait.)
(Renvoi à la Section d'Anatomie et de Zoologie.)
« La connaissance imparfaite que nous avons de la faune ancienne de
l'île Rodrigues et les faits inattendus révélés par l'étude paléontologique
des ossements recueillis dans les cavernes de cette île donnent une impor-
tance réelle à tous les renseignements authentiques que l'on peut trouver
dans les récits des anciens voyageurs sur les productions de cette terre.
François Léguât séjoin-na à Rodrigues de 1691 à 1693, et il publia des ob-
servations très-curieuses sur tout ce qu'il y avait vu : il en signala les
plantes et les animaux. La plupart de ses assertions ont été confirmées par
les découvertes paléontologiques faites récemment, et, daiis plusieurs Mé-
moires que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, j'ai fait connaître
les caractères zoologiques de quelques oiseaux mentionnés par Léguât et
dont l'espèce a complètement disparu. Mais à quelle époque a eu lieu
cette extinction? A quelle cause est-elle due? Nous n'avions, pour résoudre
ces questions, aucun guide certain. Nous connaissons aujourd'hui un autre
document d'une grande valeur qui complète jusqu'à un certain point les
( ..>3 )
indications données pni- Léguât ot (lui est de près de t|uaranle ann<'es pos-
•tériour au récit de ce dernier voyageur.
» Ce document manuscrit se trouve au ministère de la m;ii ine, sous le
nom de Relation de l'Ue Rodrigue ; il y a été découvert par M. Rouillard,
magistrat à l'île Maurice, qui avait entrepris clans ces archives des études
d'un ordre spécial. Je fus informé de ce fait par M. Alfred Newton (i), pro-
fesseur à l'Université de Cambridge, et il me pria de faire quelques re-
cherches dans les archives du ministère, afin de fixer l'époque où ce docu-
ment a été écrit, car il ne porte aucinie date, aucun nom d'auteur, et il
se trouve relié avec d'autres pièces manuscrites dans le tome XII de la
Correspondance de illede France, année 1760. Celte date était-elle exacte,
et peut-on conclure de cette Relation que les oiseaux dont il est question
vivaient encore en 1760, c'est-à-dire il y a à peine plus d'un siècle?
» J'ai pu me convaincre que ce document est plus ancien que les pièces
auxquelles il a été réimi, et si je n'ai pu en découvrir l'auteur, j'ai pu en
fixer l'époque. En effet, j'ai trouvé dans le tome I" de la Correspondance
générale un ancien inventaire des Rapports et des Lettres, de 17 19 à 1732,
renfermés dans les cartons du ministère avant qu'ils ne fussent réunis
et reliés en volumes. Dans cette énumération se trouve mentionnée notre
Relation de l'île Rodrigue, intercalée entre des pièces datant de 1729 et
d'autres de 1730 et 1731. Son numéro d'inventaire correspond exactement
à celui qui existe sur la Relation elle-même. C'est le n° i du carton 29.
Cette indication permet donc d'établir d'une manière exacte, sinon l'é-
poque où ce Rapport a été écrit, du moins celle où il a été transmis à la
Compagnie des Indes. Il est donc postérieur à 1730, et c'est par erreur
qu'il a été réuni à la Correspondance de 1760.
» Je ferai aussi remarquer que, d'après l'inventaire dont je viens de par-
ler, le carton n° 29 devait contenir aussi une délibération dn Conseil (de la
Compagnie des Indes) du 20 juillet fjiS, pour prendre possession de l'île
Diego-Ruys, c'est-à-dire de Rodrigues. Il y a donc lieu de supposer qu'à la
suite de cette délibération la Compagnie chargea un de ses officiers
d'aller étudier les ressources de cette île et de chercher s'il y avait lieu d'y
faire un établissement. Notre Relation, transmise quatre ans après, semble
répondre parfaitement à des questions de cet ordre. L'auteur inconnu
de ce Rapport donne d'abord tous les renseignements nécessaires pour
(i) M. A.. Newton a présenté à la Société xoologic[ue de Londres, dans sa séance du
1 5 janvier, <iuelcjues extraits de cette relation.
( I2l/, )
rendre le débarquement facile; il indique tous les îlots et les récifs,
puis passe en revue les productions animales et végétales et n'oublie pas
l'examen du sol et de ses qualités arables.
)) Cette relation nous permet de constater que, quarante années après le
départ de Léguât, la faune de Rodrigues comptait encore tous les types or-
nithologiques si intéressants signalés par ce voyageur et que leur extinction
est postérieure à cette date. Elle nous donne aussi des détails sur les mœurs,
les formes et les couleurs de plusieurs espèces dont j'avais recoiniu l'exis-
tence et les affinités zoologiqnes d'après leurs seuls ossements, et elle
confirme les résultats auxquels j'étais arrivé.
» Il y est successivement question des Solitaires, des oiseaux que j'ai
fait connaître sous le nom à' Erylhromachus Leguati, cVÂrden megacephala,
de Alhene murivora et de Necropsiltacus rodericanus (i).
)) La Relation dont il vient d'être question indique nettement que la
faune ornithologiqiie de Rodrigues n'a pas subi de modifications notables
pendant la première partie du xvill^ siècle, puisque les espèces citées par
Léguât existaient encore en lySo; nous savons, au contraire, que, lorsque
l'astronome Pingre s'arrêta dans cette île en 1761, les 5o/i7rt(Vc5 y étaient
devenus tellement rares que ce savant n'en parle que par oui-dire, n'ayant
pu les observer lui-même. J'ajouterai qu'il ne donne aucune indication
sur les autres oiseaux terrestres. Il y a donc lieu de penser que l'extinction
de ces espèces, commencée probablement à l'époque du séjour de Léguât,
a marché avec luie rapidité toujours croissante et a dû atteindre son maxi-
mum entre 1730 et 1760.
» Les documents réunis au ministère de la marine ne laissent guère de
doute à ce sujet, et, grâce à eux, non-seulement nous pouvons assister pour
ainsi dire à la destruction de l'un des animaux qui autrefois était d'une
abondance extrême à Rodrigues, je veux parler des Tortues terrestres,
mais encore nous rendre bien compte des causes de leur disparition.
)) IjCS causes qui ont amené leur extinction sont, suivant toutes proba-
bilités, celles qui ont aussi anéanti les oiseaux.
» Nous voyons, dans les Rapports adressés à la Compagnie des Indes et
conservés dans les archives du ministère de la marine, que l'ile Rodrigues
était considérée comme une sorte de magasin d'approvisionnement non-
seulement pour l'île de France et l'île Bourbon, mais aussi pour les navires
(i) Les parties de cette Relation où il est question île l'Histoire naturelle seront publiées
dans les Annales des Sciences naturelles.
( I2r5 )
qui fréquentaient ces parages. On venait régulièrement y chercher des Tor-
tues. Déjà, en 172G ou 1727, M. Lenoir, pendant sa visite à l'île de France,
écrivait au conseil de la Compagnie des Indes.
« Il ne faut pas souffrir que les vaisseaux allant aux Iniles et en revenant aillent sans
discrétion dépouiller les îlots voisins des Tortues de terre, et il faut défendre aux capitaines
d'envoyer leurs chaloupes en prendre sans que le commandant de l'isle n'en soit j)iévenu,
et du nombre qu'elles en rapporteraient (i). »
» La viande de boucherie manquait souvent à l'ile de France, et nous
voyons peu à peu s'organiser lui service régidier d'approvisionnement à
Rodrigues. Les différents gouverneurs envoyaient fréquemment des na-
vires qui revenaient chargés de Tortues et qui n'avaient pas d'autres desti-
nation. En 1737, M. de la Boiudonnais ordonnait des expéditions de ce
genre; mais il n'en tenait pas lui compte exact, et nous ne pouvons juger
de leur importance. Au contraire, M. Desforge-Boucher, dans ses Rapports
adressés à la Compagnie de 1759 à 1760 énumère non-seulement les na-
vires qu'il emploie à ce service, mais aussi le nombre de Tortues recueillies
et rapportées par chacun d'eux. Quatre petits bâtiments, la Mignonne,
l'Oiseau, le Voilant et la Pénélope étaient, à cette époque, presque unique-
ment affectés à ces transports, et un officier résidait à Rodrigues pour les
surveiller. Je ne puis reproduire ici, faute d'espace, les extraits du journal
du gouverneur Desforge-Boucher, où il est parlé de ces expéditions; il me
suffira de dire que, d'après le relevé que j'ai fait du compte probablement
incomplet qu'il tenait de ces arrivages, il fit enlever de Rodrigues; en
moins de dix-huit mois, plus de 3oooo Tortues terrestres. Lorsque l'on
réfléchit à la faible étendue de cet îlot, on ne peut s'étonner que ces ani-
maux, si communs autrefois, aient complètement disparu; malgré leur
fécondité, ils ne pouvaient résister à de tels moyens de destruction.
» Ce que nous constatons pour les Tortues a dîi se passer aussi poiu'
les oiseaux terrestres; il est évident que les matelots ne devaient pas se faire
faute de les poursuivre et de les tuer. Ces espèces, dont les ailes peu déve-
loppées rendaient la capture facile, en même temps que la délicatesse de
leur chair les faisait rechercher, devaient s'éteindre rapidement. Poiu-
expliquer leur extinction, il n'est donc pas nécessaire d'invoquer des chan-
gements dans les conditions biologiques. L'action de l'homme a amplement
suffi, elle s'est exercée là sans entraves et avec plus de facilité que partout
(i) Documents manuscrits rcunib sous le titre de Code de Vile de France, i55() à 1768.
[Archives de la Marine. )
( I2l6 )
ailleurs; elle se continue sur beaucoup d'autres points du globe, et dès
aujourd'hui on peut prévoir l'époque où beaucoup d'oiseaux aptères, de
grands Cétacés, et certaines espèces de Plioques et d'Otaries auront été
anéantis par l'homme. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Mémoire sur des formules de perturbation ;
par M. E. Mathieu. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section d'Astronomie.)
« Poisson, après avoir donné ses formules générales de perturbation
dans le XV* Cahier du Journal de l'Ecole Polytechnique^ les applique au
mouvement d'un corps solide qui tourne autour d'un point fixe et sur
lequel n'agissent que des forces perturbatrices; il trouve ainsi, page 336,
des formules toutes semblables à celles qui sont relatives à la perturbation
du mouvement d'une planète ou plus généi-alement du mouvement d'un
point attiré par un centre fixe. Dans ces formules ies constantes relatives
au plan de l'orbite sont remplacées par celles qui déterminent la position
du plan dit rnvarialile, qui est fixe quand le corps n'est sollicité par aucune
force, mais qui se déplace par suite de la perturbation.
» La parfaite analogie de deux systèmes de formules provenant de ques-
tions si différentes a attiré l'attention de Jacobi (t. III de ses OEuvres,
p. 279). Après avoir embrassé par une même analyse les deux problèmes
précédents pour montrer qu'ils sont réductibles aux quadratures, il montre
que les six constantes arbitraires, devenues variables par les perturbations,
satisfont à six équations canoniques. Il développe ensuite seulement les
calculs indiqués pour le point attiré par un centre fixe, et il trouve la signi-
fication des deux constantes conjuguées, l'une à l'axe du j)lan invariable,
c'est-à-dire à la constante du second membre de l'équation des aires rela-
tive à ce plan, et l'autre à la projection de cet axe sur une perpendiculaire
à un plan fixe pris pour plan des 3C,j. Mais, si l'on applique ces mêmes cal-
culs au mouvement d'un corps solide autour d'un point fixe, on est conduit
à des opérations beaucoup plus coin|)liquées que ne le nécessite la question
en elle-même, et il paraît difficile, ensuivant cette marche, de déterminer
la signification de ces deux constantes. D'ailleurs, la démonstration oble-
luie ainsi cessant d'être la même que pour le i^rcmicr problème, il n'y
aurait plus de raison de la préférer à celle qui a été donnée par Poisson.
( I2I7 )
» D'après cela, il m'a semblé utile, pour la philosophie de la Science,
de chercher à démontrer entièrement par la même analyse les deux systèmes
de formules de perturbation, et, en cherchant à reconnaître quels sont les
liens communs aux deux questions, je suis arrivé à un théorème général
qui renferme la démonstration de ces deux systèmes de formules.
» Imaginons un système de points matériels pour lequel aient lieu le
principe des forces vives et les trois intégrales des aires. Quoique la
position relative des points du système varie, on peut se représenter à
chaque instant ce système et les trois axes principaux d'inertie qui y sont
relatifs; désignons sous le nom d'équateur le plan qui passera par deux de
ces axes principaux et considérons la trace A de l'équaleur sur le plan
invariable; désignons par g l'angle de cette trace A avec une droite fixe
menée par l'origine dans le plan invariable; l'origine de l'angle g étant ar-
bitraire, on peut regarder (7 comiries'ajoutant à une constante arbitraire — g.
» Appelons ligne des iiœitds la trace du plan invariable sur le plan fixe
des X, y. Désignons par a la longitude du nœud comptée à partir d'une
droite fixe tracée par l'origine des coordonnées dans le plan des x,j', par
h la constante des forces vives, par A l'axe du plan invariable, par |3 la pro-
jection de cet axe sur l'axe des s et par t la constante qui s'ajoute au
temps t.
» Convenons maintenant de compter l'angle o- à partir de la ligne des
nœuds; alors g^ désignera aussi la distance angulaire d'un point fixe du
plan invariable à cette ligne des nœuds.
» Enfin supposons que les équations différentielles du problème soient
intégrées et que l'on veuille examiner comment les équations du mouvement
doivent être modifiées, quand aux forces que l'on a examinées il s'ajoute
des forces perturbatrices; exprimons la fonction perturbatrice O au moyen
de t et de constantes arbitraires parmi lesquelles se trouvent h, [j, A', t, a, g.
Alors toutes les constantes deviendront variables par suite de la perturba-
tion, et les valeurs variables des six quantités précédentes satisferont aux
six équations canoniques suivantes :
(«)
» Ces équations canoniques ne permettent pas de déterminer en général
C. K., 1875. i«^r Semestre. (T. L\XX, N" iH.) l 58
dh da
'dt ~ 7k '
dz _
dt ~
da
~dh'
dx da
dt ^ d^'
dt
da
dk da
dF^d^'
dt
da
~ Tïh'
( I2l8 )
les six quantités A, t, . . . , parce que û renferme, outre ces quantités, encore
d'autres éléments. Mais ces six quantités sont entièrement déterminées par
ces équations dans les deux problèmes dont nous avons déjà parlé. Dans le
cas d'un corps attiré par un centre fixe, le plan invariable devient celui de
l'orbite, et l'on peut prendre pour ^ la distance du périhélie au nœud as-
cendant; on a ainsi des formules qui se transforment immédiatement en
celles que les astronomes em|)loient. Dans le cas d'un corps solide qui
tourne autour d'un point fixe, sollicité seulement par des forces perturba-
trices, on a des formules qui reviennent à celles de Poisson, citées ci-
dessus.
» Enfin, dans le cas le plus général, si les six éléments h, t, ... varient
très-peu, on pourra les calculer avec une grande approximation pendant
un temps assez considérable, à l'aide de quadratures déduites de ces for-
mules. Supposons, par exemple, qu'un corps, en s'approcliant de notre
système planétaire, vienne à le troubler, les troisième, quatrième et cin-
quième formules [a) permettront de calculer le déplacement du plan inva-
riable. »
GÉOMÉTRIE. — Sur quelques propriétés des courbes algébriques.
Note de M. Lasuerre, présentée par M. Resal,
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
« 1 . Une courbe de ii"""" classe peut être considérée comme une courbe
d'ordre « [n — i). Étant donnée une telle courbe K"= C"<"~'', les polaires
des divers ordres d'un point M du plan relativement à C"'"~'' dépendent,
en général, nou-seuleineut des points de contact des tangentes que l'on
peut mener du |)oint M à la courbe, mais encore des singularités de la courbe.
Il est remarquable que la droite polaire du point M ne dépende que des
points de contact; on a en effet la proposition suivante :
» Théouème I. — Si, d'un point M pris dans le plan d'une courbe de
n"'"'^ classe K" = C"'"~'', on mène tes n tangentes à la courbe, et si l'on consi-
dère les droites qui joignent deux à deux les points de contact, la droite
polaire de M relativement à C"*"~'' est la droite polaire du même point relati-
vement aux droites considérées.
2
» Démonstration ('). — Soient w = ux 4- vj" -h wz ™ o l'équation d'une
{') J'emploie ici les noialions dont je me suis servi dans mon Mémoire sur l' application de
( '219 )
droite D du plan ;
(i) U = (rt, ^, c, . ..) = 0
l'équation mixte de R" et II = (a. /3, y,- • •) l'équatiou mixte de la polaire
de la droite de l'infini relativement à R". L'équation mixte de la polaire de
D relativement à R" est (F. B.^ u° 4) uV.^— vU , -1- 0)11 = o; si l'on élimine
X et p. entre cette équation et l'équation (i), on obtient l'équation T = o
des/i [n — i) tangentes menées à R" aux points de rencontre de cette courbe
et de D. Si, en posant pour abréger X— | — x et Y = ri — f CE, et ri dési-
gnant les coordonnées courantes), on remplace, dans le résultant T, u, v et
w respectivement par p., — X et XY — p.X, l'expression T' ainsi obtenue
étant égalée à zéro donne 1 équation mixte des points de contact des n tan-
gentes menées du point (x, j-) à la courbe. Enfin, si l'on forme le discri-
minant de T', ce discriminant sera un carré parfait R^ et l'équation R = o
représentera les -^ droites mentionnées dans l'énoncé du théorème. Il
faut maintenant former l'équation de la droite polaire du point [jc, )■) re-
lativement à la courbe R = o, ou, ce qui est la même chose, relativement à
la courbe R- =0; et je remarque d'abord qu'il suffit de calculer dans le
discriminant R- le terme constant et les termes du premier degré en X et
en Y, en négligeant les termes du second degré.
» Le résultant T, quand on y néglige les termes en w d'un degré supé-
rieur au premier, est simplement U(-- v, u) -+- «un( — v, 71), comme on
le voit facilement en se servant de la formule élémentaire qui donne la dé-
composition d'une fraction rationnelle en fractions simples; on déduit
de là
T'= U(X, pî + «(XY - fjiX)n(X, p.),
ou
T'^ {a,h,c,...)+ [/luY, (/i -i)/3Y - «X, [fi ~ 2)vX-- a/BX,...];
d'où, en négligeant toujours les puissances de X et de Y supérieures à la
première et en appelant A le discriminant de U [égalé à zéro il donne l'é-
quation de C"'"-"J
R^ =. A + nuY ^1 + [{n - ,)fiY - «X] f^ + • ^. ;
d'où encore, en se rappelant que n = o représente la polaire de la droite
la théorie des fotmes binaires à la Géométrie analytique. [Journal de Mathématiques, 3' s6-
rie, t. V.)
. 58
( I220 )
de l'infini et en employant une formnle donnée dans le Mémoire déjà cité
{F.B., nM3),
dx dy
la polaire du point [x, j) relativement à R^ est
ou, en vertu du théorème connu sur les fonctions homogènes,
^d\ d\ ^ d\
^ dx dy ' dz
1) La proposition est donc démontrée.
» 2. Si la courbe de «'^'"^ classe K" est une courbe C" d'ordre inférieur à
n(n — i), le théorème précédent lui est applicable en la considérant comme
une courbe d'ordre ii[ii — i) obtenue en adjoignant à C" ses t tangentes
doubles (chacune d'elles étant comptée deux fois) et ses i tangentes d'in-
flexion (chacune d'elles étant comptée trois fois).
» On peut donc énoncer la proposition suivante :
» Théorème II. — Etant donnée une courbe de n"^'"" classe et du même
ordre R" = C", possédant l tangentes doubles et i tangentes d'injlexion, si l'on
désigne respectivement par D, I, T et A. les droites polaires d'un point M du
plan relativement à la courbe C"^ , à l'ensemble des tangentes doubles, à l'ensemble
des tangentes d'infcxion et à l'ensemble des droites qui joignent, deux à deux,
les points de conluct des tangentes menées du point M à R", In droite A est lu
polaire du point M relativement au triangle formé par les droites D, T ell, ces
droites étant supposées de poids proportionnel aux nomb/es m, o.t et M.
» En d'autres termes, si par le point M on mène une sécante quelconque
rencontrant respectivement les droites D, T, I et A aux points d' , i! , ï et 5',
on a la relation
n[n — I ) m it 3 ?'
■ +
RU' Mrf' Ut' M/'
» 3. En particulier, si la courbe considérée se décompose en deux
courbes distinctes, on obtient la proposition suivante :
1) TuÉOliÈMlî III . — Etant données deux courbes quelconques de classe n et n' ,
R" et R"', la droite polaire d'un point quelcowpie M du plan, relativement à
leurs nn' tangentes communes, est la droite polaire du même point relativement
aux nn' droites qui joignent les points de contact des tangentes menées de M. à R"
aux points de contact des tangentes menées de M à R"'.
( I22I )
)) Si la courbe K"' se réduit à un point P, on obtient le théorème suivant :
» Si l'on considère les tangentes menées d'un point P à une courbe de
pleine (.(gg^g j^"^ /^ droite polaire d'un point quelconque M du plan, relative-
ment à l'ensemble de ces tangentes, est la droite polaire du même point relati-
vement aux droites qui joignent au point P les points de contact des tangentes
à R" issues du point M.
» Si, en particulier, on suppose que les droites issiies du point P soient
isotropes, on retrouve ce théorème que j'ai déjà donné dans ma Note Sur la
détciminntion du rayon de courbure des lignes planes. [Bull, de la Sociclë
phil., 1867.)
>) Si, d'un point M, on mène les n tangentes à une courbe de classe n, le
centre haimonique\du point M, relativement aux n points de contact, est le même
que le centre harmonique du même point relativement aux fi foyers réels de
la courbe.
» 4. Si la courbe donnée est une courbe de troisième classe R' =C°,
on voit que la polaire d'un point M, relativement à C°, est la polaire de
ce point relativement au triangle formé par les points de contact des tan-
gentes issues de M.
» Si M est sur la cayleyenne de K', ces points sont en ligne droite; donc
cette droite est la polaire de M relativement à C, d'où ces conséquences :
» La liessienne de R' est l'enveloppe des droites polaires, relativement à C',
des points de la cajleyenne f/eR'.
)) Une droite, tangente en M à K', coupe G" en quatre points distincts de M ;
les trois pôles de M, relativement à ces quatre points, sont les points oit la droite
coupe la cayleyenne.
» 5. On déduit de !a théorie des polaires réciproques une série de théo-
rèmes analogues aux précédents et relatifs aux pôles d'une droite par
rapport à une courbe donnée. Il est inutile de les énoncer; leur consi-
dération, néanmoins, est indispensable, notamment dans l'application des
propositions précédentes à la théorie des surfaces algébriques. »
PHYSIOLOGIE.— Sur les effets toxiques de l'écorce de Manconc. Note de
MM. Gallois et Hardy, présentée par M. Cl. Bernard.
(Commissaires : MM. Balard, Cl. Bernard.)
« L'écorce de Mancône, qui est employée par diverses peuplades de
l'Afrique tropicale à empoisonner les flèches et à préparer des liqueurs
( 1222 )
d'épreuve, qui sont administrées aux criminels, se présente sous forme de
morceaux aplatis, irréguliers, d'un brun rougeâtre, à surface inégale. Elle
est dure, fibreuse, inodore, et détermine deviolenls éternuments quand
on la pulvérise. Cette écorce est fournie par un arbre, V Eryli ophlœum
guineense, qui appartient à la grande famille des Légumineuses, à la sous-
famille des Césalpiniées, et à la série des Dimorphandrées. Cet arbre, à
tronc cylindrique rectiligue, peut atteindre 3o mètres et plus de hauteur,
2 mètres do diamètre, et les habitants du pays le désignent sous le nom
de Tnli.
» La petite quantité de cette écorce dont nous avons pu disposer ne
nous a pas permis jusqu'ici d'en extraire un alcaloïde cristallisé; mais
nous avons concentré la matière active sous un très-petit volume, et nous
avons pu avec elle tenter quelques expériences physiologiques, dont voici
les principaux résultais.
» Nous avons injecté la solution toxique sous la peau de grenouilles, de
cobayes et de jeunes chats, et chez tons ces animaux nous avons observé,
au bout de quelques minutes, un phénomène constant : c'est le ralentisse-
ment, puis la cessation des battements du cœur, qui s'arrête en systole.
Quand le cœur a cessé de battre, on observe encore, sur le cobaye, quel-
ques mouvemenis respiratoires, qui se produisent à des intervalles de plus
en plus éloignés, puis la mort a lieu.
» Sur la grenouille, le ventricule nous a paru s'arrêter presque toujours
avant les oreillettes, et cesser de répondre avant elles à l'action du cou-
rant électrique. Sur le cobaye, le phénomène inverse a été observé. Du
reste, dans tous les cas, le cœur cesse promptement d'être sensible au cou-
rant de la pile, tandis qu'au contraire la contractilité persiste longtemps
dans les muscles de la vie de relation, soit qu'on les galvanise directement,
soit qu'on galvanise les nerfs qui les animent.
» Cependant, si, chez une grenouille, on arrête la circulation en prati-
quant la ligature du cœur, on observe que ses muscles conservent leur
contractilité plus longtemps que ceux de la grenouille dont le cœur a été
arrêté par le poison de l'écorce de Mancône ; ce qui prouve que ce poison
n'est pas tout à fait dépourvu d'action sur le système musculaire de la vie
de relation.
» Dès que le cœur a cessé de battre, si on l'arrose directement avec une
solution de sulfate d'atropine, ou bien qu'on injecte cette même solution
sous la peau, on ne réussit point à réveiller les battements du cœur. Nous
avons injecté du sulfate d'atropine sous la peau d'un cobaye, presque ans-
( 1223 )
sitôt après lui avoir administré du poison de VEtjthroplilœum, dans l'es-
poir de suspendre ou au moins d'atténuer les effets de ce dernier, et dans
ce cas encore l'influence du sulfate d'atropine nous a paru insignifiante ou
nulle. »
ZOOLOGIE. — Observations faites sur les divers Phjlloxeras.
Note de M. Lichtenstein.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« J'ai laissé, l'année passée, en novembre, les insectes ailés de plusieurs
espèces se posant sur les feuilles de chênes kermès et y déposant \espupes,
d'où sort;nent les insectes sexués qui s'accouplaient et déposaient un seul
œuf. Cet œuf a passé l'hiver sans changement, et je n'ai pas pu encore en
voir éclore un.
» Mais, à côté de la génération ailée, il est resté sur les vignes et sur les
chênes une génération aptère, qui a aussidéposé despupesà insectes sexués,
qui ont produit des œufs d'hiver libres ou enkystés dans la mère. Voici ce
qu'ils produisent, ou du moins ce que je vois aujourd'hui sur les végé-
taux atteints par les Phylloxéras.
» 18 avril. — Phylloxéra Rileji, Court sur l'écorce du chêne. Un seul
exemplaire.
» 21 avril. — Phylloxéra vastalrix. L'œuf d'hiver a dû éclore très-rapi-
dement, car, le 1"' novembre, les pucerons très-petits étaient immobiles sur
les racines. Ils sont restés ainsi sans changement jusqu'au 21 avril; ce jour-
là ils ont commencé à muer, et il est sorti de ces pucerons d'hiver, qui
étaient bruns, des pucerons jaune clair, qui, huit jours après la mue, ont
pondu et pondent encore. Ceux-là n'ont pas besoin de beaucoup de nour-
riture, car ils pondent sur une racine coupée depuis six mois. J'ai observé,
sur d'autres Coccidiens de la vigne, ce même phénomène de ponte sans
nourriture, question dont je ne m'occuperai pas aujourd'hui.
» 6 mai. — PhjUoxera quetcùs. Sortant des crevasses et des bourgeons,
ce Phylloxéra se rend sur les feuilles; là, après avoir mué, il pique la ner-
vure, ordinairement celle du milieu, à i ou 2 centimètres de distance du
bord. Sous l'effet de cette piqûre, le bout de la feuille se replie et s'ap-
plique contre la face inférieure en enfermant complètement le Phylloxéra,
qui se met à pondre et s'entoure d'un tas énorme d'œufs. La mère fonda-
trice est remarquable par la brièveté de ses antennes et de son rostre.
» Cela écrit, j'ai connaissance d'un travail de M. Balbiani, dont je
n'avais vu que la première partie, et je trouve que l'observation de l'ha-
{ 1224 )
bitat de la mère fondatrice du Phylloxéra quercûs a déjà été signalée par
ce savant, dans l'annexe que je lis aujourd'hui pour la première fois
[Mémoires de l'Académie, t. XXII, n° 14).
» Je suis heureux d'être tout à fait d'accord avec le savant délégué de
l'Académie, dans mes observations actuelles.
» 7 mai. — Phjlloxera Balbiani. Très-rare (vu l'époque sans doute);
se montre tout à fait au bout des rameaux du querciis coccifera, se tient
dans l'aisselle des feuilles ou même contre la tige. Il a mué et sa dépouille
est près de lui (comme chez tous les autres, du reste), mais il ne pond pas,
ou du moins il n'y a pas encore trace d'œufs. Cette espèce est remar-
quable par ses énormes tubercules cylindriques et sphériques au bout.
» Je vais m'appliquer à suivre ces études en gardant des spécimens de
ces divers insectes dans tous leurs états, et j'aurai Ihonneur de faire con-
naître à l'Académie tout ce qui me paraîtra pouvoir l'intéresser. »
M. le Ministre de l'Instrcctiox publique transmet à l'Académie une
Lettre adressée du Cap, par M. Lanen, à M. le Ministre des Affaires étran-
gères.
« Ville du Cap, le 23 février 1875.
» J'ai l'honneur de vous transmettre un article d'un journal de Cape-
Town qui contient des renseignements intéressants sur la faune et la
flore de l'île Kerguélen. Ces renseignements sont dus au D'' Ridder, natu-
raliste attaché à l'expédition américaine qui a été chargée d'observer, de
cette île, le passage de Vénus sur le Soleil.
» Il résulte des recherches de ce savant qu'il n'existe sur l'île Ker-
guélen qu'un seul oiseau qui n'ait pas les pâlies palmées : c'est le Shealh-
bill ou Chionis alba, qui se nourrit de coquillages et d'herbes marines laissés
sur le rivage à la marée basse. En revanche, les oiseaux aquatiques y sont
très-nombreux. La Sarcelle aux ailes vertes [Green ivinged) s'y trouve en
grande abondance; elle est d'un goût exquis. Parmi les oiseaux de mer,
on remarque dix-sept espèces de Pétrels, deux d'Albatros, trois de Pin-
gouins, une Poule de mer très-grosse, sorte de Lestris calharractes qui ^ bien
que palmipède, ne se nourrit que d'oiseaux et d'œufs.
» Les Insectes sont très-peu nombreux. On trouve, sur les feuilles du
chou, des Diptères qui sont dépourvus d'ailes et des Acridiens rouges. Les
seuls animaux invertébrés pourvus d'ailes que le D'' Ridder ait découverts
sont des Escarbots de différentes espèces. Il n'a vu ni Hyménoptères, ni
Iléiuiplères, ni Diptères.
( r225 )
» II îi'existe ni Reptiles ni Batraciens, mais beaucoup de Crustacés et
quelques Gastéropodes.
» On n'a découvert dans les lacs de Kerguélen qu'un seul poisson. Il
semble appartenir à la famille des Morues, mais il est de petite dimension.
» La classe des Mammifères est à peine représentée «à Kerguélen, Le
seul Mammifère non amphibie qui s'y rencontre est la Sotu'is ordinaire,
qui aura été sans doute apportée par quelque navire. Quant aux Mammi-
fères amphibies, Phoques, Éléphants de mer, Léopards de mer, Lions de
mer, etc., qui y abondaient autrefois, ils ont été tellement chassés par les
baleiniers américains, qu'ils sont devenus fort rares.
» La flore de l'île Kerguélen est pauvre, mais originale; quelques-unes
des plantes qui y croissent ne se rencontrent nulle part ailleurs, entre
autres le Lyallia kerguelensis, seule espèce d'un genre dont la classification
est encore incertaine; le Colobanthas kerguelensis, le Triodin kerguelensis. Le
Chou et le Thé de Kerguélen [Pringlea anliscorbulica et Acœna affuiis) offrent
aux navigateurs un remède précieux contre le scorbut. Le D' Kidder a dé-
couvert quelques plantes qui ne sont pas décrites dans l'ouvrage que publia
le D' Hooker à la suite de son exploration de 1839 à i84i- Il rapporte de
Kerguélen vingt-huit caisses de spécimens botaniques.
» Le rév. M. Faton et le D'' Naumann, naturalistes attachés, l'un à
l'expédition anglaise, l'autre à l'expédition allemande, recueilleront sans
doute une collection plus complète, car ils prolongeront leur séjour de
plusieurs mois encore.
» La superficie de cette île est environ de 100 milles de long sur 4o de
large. »
M. Garxier adresse une Note sur l'emploi de la glycérine dans le traite-
ment de la glycosmie. M. Schultzen, de Dorpat, avait établi par ses recher-
ches que la glycérine, associée ou non à l'acide tartrique et prise à la dose
de 20 à 5o grammes par jour, constitue un puissant adjuvant au régime
alimentaire spécial adopté dans la glycosurie. L'auteur de la Note a fait
usage personnellement de glycérines épurées et les a rendues supportables
en les mêlant à une certaine quantité d'alcool et de substances aromatiques
(menthe, oranges amères, anis). L'emploi de la glycérine lui a réussi, ainsi
qu'à plusieurs autres malades.
(Commissaires; MM. Andral, BouiUaud, Bussy.)
C. K., 1S75, i" Scmcnre. (I. I.XXX, M" 10.) l 5^
( 1226 )
M. E. DccHEMiiï présente à l'Académie, par l'entremise de M. du Moncel,
le nouveau modèle qu'il a adopté pour sa boussole circulaire. La puissance
magnétique de cette boussole en accroît la fixité et rend les déviations
locales moins fortes que sur toute autre. Ces résultats ont été confirmés par
des expériences faites à bord du Duchaffaud, depuis le i" novembre 1H74
jusqu'au i5 mars iSjS.
(Commissaires : MM. Bréguet, du Moncel.)
M. A. Perrin adresse une réclamation de priorité, relativement à l'emploi
des électro-aimants formés de tubes de fer concentriques présentés par
M. Camacho.
(Renvoi à l'examen de M. Bréguet.)
M. E. Garimonû adresse pour le concours du prix Chaiissier une mono-
graphie intitulée : « Traité théorique et pratique de l'avortement considéré
au point de vue médical, chirurgical et médico-légal ».
(Renvoi au Concours du prix Chaussier.)
M. MiALHE adresse un Mémoire intitulé : « Recherches silt* la digestion,
l'assimilation et l'oxydation organique ou vitale ».
(Renvoi au concours de Physiologie expérimentale.)
M. A. Bracheï adresse, pour les concours du prix Trémont cl du prix
Gegner, plusieurs Mémoires sur l'optique géométrique et sur divers objets
de mécanique appliquée.
(Renvoi aux Commissions.)
M. Pellet fait connaître les bons effets qu'il a obtenus, dans le traitement
de la vigne, de l'emploi du sulfure de potassium et du sulfate d'ammoniaque
mêlés à la cendre de bois de sarments. Il a opéré sur 8000 à gooo ceps, qui
sont en ce moment en très-bon état.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. ViLLEDiEii adresse une Note dans laquelle il signale l'emploi avanta-
geux contre le Phylloxéra de la vase du Rhône, à laquelle il ajoute des sels
alcalins et du sulfate d'ammoniaque.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
( '227 )
M. GoDETadrosse la composition du mélange qu'il emploie pour com-
battre le Phylloxéra : sulfure de potassium y^, salpêtre -^, poudre d'os jL
Les doses sont de 3o à 5o grammes pour i o litres d'eau, et le liquide est versé
sur les vignes.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
Le Conseil général, de l'Héraclt adresse à l'Académie une Note de
M. Monestier sur l'emploi qu'il se propose de faire de l'anide sulfureux
contre le Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
MM. B. Alciator, Biémobjt, J. Chaillon, J,-C. Crussard, B. Dugat,
Dcpoux, ËGGER, EsTRUc, J. Gallois, A. Jaussand, Lecoq, Marchand, A.
AIoRNARD, Perris, E. Risler, DE RosTAiNG, SoucHON, ViGNiAL adressent di-
verses Communications relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. A. -S. Flecken adresse une Note en allemand accompagnée de figures
sur la direction des aérostats.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
La Commission nommée pour l'examen du projet de poudrières souter-
raines munies de cheminées, adressé par M. le Ministre de la Guerre, se
compose des Membres de 1* Section de Physique, auxquels est adjoint
M. le général Morin.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Un Dictionnaire des altérations et falsifications des substances alimen-
taires, médicamenteuses et commerciales, avec l'indication des moyens de
les reconnaître; 4* édition, par M. A. Chevalier en collaboration avec
M. E. Bmtdrimont. (Renvoi à la Commission des Arts insalubres.)
159.
( 1228 )
MÉTÉOROLOGIE. — Théorie des tempêtes. Réponse à M. Faye,
Note de M. Pesli\.
« Il nous reste à répondre anx objections adressées à notre théorie des
tempêtes. M. Faye les énonce ainsi :
» 1° I^e cyclone-type de MM. Espy, Peslin et Reye ne marche pas.
2° Le mouvement gyratoire n'est que secondaire dans leur théorie; d'après
les faits, il est d'ime violence extrême. 3° Jamais on n'a signalé dans ces
mouvements de l'air la moindre composante verticale.
» Il est aisé de répondre à ces objections; si elles étaient fondées, la
ihéorie de l'aspiration serait abandonnée depuis longtemps.
M I. Progression de (a tempête. — La marche de la tempête résulte de
deux mouvements composants : i° le mouvement général de l'atmosphère
dans laquelle elle se développe; 2° le mouvement propre de la tempête
dans cette atmosphère. Ce n'est pas dans un milieu immobile que se déve-
loppe le cyclone ou la tempête, mais le plus souvent dans le courant équa-
torial, dont la vitesse est fort notable. Quant au mouvement propre, la
théorie qui rend compte de la force vive de la tempête par la différence
des températures que présentent à même altitude l'air ascendant et l'air
tranquille ambiant, cette théorie, dis-je, l'explique aisément par les dif-
férences que présente cette force vive sur les divers bords de la tempête.
Sur le bord que l'air chaud et humide du sud-ouest alimente, la vitesse est
plus grande, le poids de la colonne d'air ascendant est moindre que sur
le bord alimenté par l'air venant du nord-est. Le centre de la tempête se
déplace à raison de ces inégalités, qui tendent constamment à se repro-
duire autour d'une quelconque de ses positions, et qui ne devraient pas
exister pour un cyclone immobile. Je renvoie M. Faye aux Mémoires de
M. Mohn, qu'il cite. (Notice, p. 4740
» II. Mouvement qyraloire. — J'essayerai de donner une explication élé-
mentaire des effets de la lente rotation terrestre. Pour simplifier, que M. Faye
veuille bien admettre que le centre de la tempête est au pôle et que son
rayon est de lo degrés terrestres (dimension fréquente en hiver, exemple :
i4, i5 janvier; i", i8, 20 février i865, etc.) (i); que, par suite, l'air
qui l'alimente part du parallèle de 12 degrés, pour faire son ascension
sur le parallèle moyen de 4 degrés. La vitesse de sa gyration autour du
pôle était, sur le parallèle de 12 degrés, celle due à la rotation terrestre,
(i) ^tlei.i des mouvements généraux tie l'atmosphère. Observatoire impérial.
( 1229 )
à savoir q6 mètres par seconde. Lorsqu'il arrive sur le parallèle de f\ degrés,
je trouve, en appliquant le théorème II de M. Faye, qu'elle est devenue
06""-^ — ;- ^= 286™, et retranchant la vitesse de la rotation terrestre sur le
^ SI 114"
parallèle de 4 degrés, soit Sa mètres, j'ohtiens 255 mètres pour valeur de
la vitesse apparente du mouvement gyratoire sur ce parallèle. Si l'on veut
passer du pôle à la latitude de 45 degrés, en conservant les mêmes dimen-
sions pour la tempête, la Mécanique montre que le coefficient de réduc-
tion à appliquer est sin45° ^= 0,707, et le chiffre de 254 mètres est rem-
placé par celui de 180 mètres. L'un et l'autre nous paraissent suffisants
pour expliquer la violence extrême du mouvement circulaire.
» III. Mouvement ascendant. — La question du mouvement ascendant
est la plus délicate; si elle était résolue par l'observation directe, le débat
actuel serait sans objet.
» Il est facile de comprendre pourquoi l'observation directe ne donne
pas de résultats, non plus à l'appui de la théorie de M. Faye qu'à l'appui
de la nôtre. La surface terrestre est, pour le fluide atmosphérique, une
paroi fixe que ses molécules ne peuvent quitter pour laisser le vide der-
rière elles : dans tous les problèmes de l'Hydrodynamique, on admet que
la vitesse du fluide est parallèle k la paroi, le long de celle-ci.
» Mais, si la preuve directe manque, les preuves indirectes sont nom-
breuses. Au mouvement ascendant doit correspondre un mouvement con-
vergent par le bas, divergent parle haut. Le mouvement convergent a été
établi par les recherches de nombreux météorologistes, et récemment par
celles de M. Meidrum, que M. Faye cite {Notice, p. 43o); le mouvement
divergent par le haut vient de l'être par les observations sur les cirrhus de
M. Hildebrand Hildebrandsson, Avant cette démonstration expérimentale,
deux faits que j'avais discutés dans mon Mémoire de 1868 m'avaient paru
trancher la question; ce sont : 1° la pluie qui accompagne la tempête;
2° la température normale et le degré d'humidité élevé du vent de la tem-
pête.
» J'avais établi que, si le mouvement était descendant, comme le veut
aujourd'hui M. Faye : i'' d n'y aurait pas de pluie; 2" le vent de la tempête
serait très-chaud et très-sec, et présenterait à un degré éminent les carac-
tères qui distinguent le vent dit du fœhn en Suisse. »
( I23o )
CHIMIE. — Sut la présence de V acide sulfiitique anhydre dans les produits gazeux
de la combustion de la pyrite de fer. Note de M. A. Schecber-Kestner,
présentée par M. Fremy.
« Les famées blanches qui accompagnent l'acide sulfureux produit par
la combustion des pyrites ont été attribuées à de l'acide sulfurique dû au
concours de l'acide sulfureux de l'air et de l'humidité renfermés dans la
pyrite; mais ces vapeurs se forment avec une égale facilité avec la pyrite
sèche et, lorsqu'on les examine de plus près, on reconnaît qu'elles se con-
densent difficilement et qu'elles sont composées principalement d'acide
sulfurique anhydre à la formation duquel l'humidité ou l'eau n'ont pas
contribué. Il devient dès lors intéressant de rechercher comment l'acide
anhydre a pu prendre naissance.
» L'acide sulfureux produit par la combustion du sulfure de fer dans
les fours à pyrites, quelle que soit du reste leur forme, est en contact pro-
longé avec des parois très-chaudes de maçonnerie, ou de pyrites imparfai-
tement ou complètement brûlées. Il en résulte que l'acide sulfurique
anhydre ne peut se former que par la décomposition de l'acide sulfureux
lui-même, soit par son oxydation, les deux phénomènes étant provoqués
par la grande chaleur à laquelle les gaz sont exposés.
» Une expérience directe m'a prouvé que la décomposition de l'acide
sulfureux n'a pas lieu, même à une température plus élevée que celle des
fours à pyrites. Sa dissolution dans l'eau se décompose facilement, quand on
la chauffe vers 200 degrés dans un tube scellé, en acide sulfurique et en
soufre qui se précipite, mais le corps gazeux résiste. C'est donc à l'oxy-
dation de l'acide sulfureux qu'il faut attribuer la présence de l'acide sul-
furique anhydre.
» Le gaz sulfureux se trouvant mélangé, dans les fours à pyrites, avec
de grandes quantités d'air, on est naturellement tenté de supposer que la
température élevée à laquelle ces gaz sont exposés favorise la combi-
naison de l'oxygène de l'air avec l'acide sulfureux. Afin d'établir ce point,
j'ai fait passer de l'acide sulfureux, mélangé de son double volume d'air, à
travers un tube de platine de l\o centimètres de longueur, et chauffé au
rouge.
M Les gaz, avant d'arriver au tube, traversaient une dissolution de chlo-
rure de baryum, devant servir de témoin de l'absence d'acide sulfurique
avant leur passage à travers le tube. Une dissolution de chlorure de baryum
que les gaz traversaient après leur sortie du tube est restée parfaitement
( 12^1 )
limpide; je n'ai reiiiaïqué aucune vapeur blanche, par conséquent il n'y a
pas eu trace de i'orniation d'acide sulfurique anhydre; il ne restait, pour
expliquer l'oxydation de l'acide sulfureux, que l'intervention de l'oxygène
de l'oxyde fcrrique déjà formé par la combustion du soufre de la pyrite.
Les expériences qui suivent prouvent, eii effet, que l'oxydation de l'acide
sulfureux se fait aux dépens de l'oxygène de l'oxyde ferrique.
)) L'appareil a été monté comme précédemment : un tube de platine,
chauffé au rouge et traversé par le gaz qui barbottait avant son entrée dans
le tube, et après sa sortie dans une dissolution de chlorure de baryum,
de manière à éviter toute erreur d'observation. Dans une première expé-
rience, le tube a été rempli de fragments de pyrites brûlées, préalablenient
calcinées à l'air, de façon à les désulfurer de la manière la plus com-
plète, et l'on y a fait passer un courant d'acide sulfureux sec et j)Ur. Il ne
s'est pas formé de traces d'acide sulfurique; la dissolution du chlorure de
baryum est restée limpide; les gaz ne contenaient pas de Vapeurs blan-
ches; mais il n'en a plus été de même lorsque j'ai remplacé l'acide sul--
fureux pur par un mélange de ce gaz avec son double volume d'air. En
passant sur l'oxyde ferrique porté au rouge, le mélange gazeux se charge
de vapeurs blanches qui, en traversant le second ballon de dissolution
barytique, y produisent un précipité de sulfate de baryum.
» L'expérience réussit également bien avec l'acide sulfureux humide ou
avec le gaz desséché. Lorsque la température n'a pas été trop élevée, les
fragments d'oxyde ferrique retiennent un peu de sulfate ferrique.
» Il résulte donc de ces expériences que l'acide sulfurique anhydre des
gaz des fours à pyrites provient de l'oxydation de l'acide sulfureux par
l'oxygène de l'air, en présence de l'oxyde ferrique porté à une haute lem"-
pérature, et qu'il faut le concours des trois corps à la fois pour que l'acide
anhydre puisse se former. C'est un nouvel exemple des remarquables pro-
priétés oxydantes de l'oxyde ferrique, qui sert, pour ainsi dire, de trans-
port d'oxygène entre l'air et la substance oxydable, propriété que M. Kuhl-
inann a fait connaître il y a quelques années (i).
» La présence de l'acide sulfurique dans les gaz de la combustion des
pyrites explique, dans une certaine mesure, le manque d'oxygène qui a été
observé dans ces gaz, au moment où ils sont dirigés dans les chambres de
plomb, pour la fabrication de l'acide sulfurique. Lorsqu'on fait l'analyse
de ces gaz, on n'y trouve jamais une quantité d'oxygène suffisante pour re-
(i) Comptes rendus, t. XLIX, p. aSy, ^iB et 968.
( 1232 )
présenter, avec l'acide sulfureux qu'ils contiennent et l'oxygène qui s'est
fixé sur le fer de la pyrite, tout l'oxygène de l'air qui a servi à alimenter la
combustion du sulfure de fer.
» Voici, comme exemple, la comparaison entre la composition que j'ai
trouvée à un échantillon des gaz d'un four à pyrites (i) et la composition
que le calcul lui assignerait, en partant d'une teneur de 4,34 pour loo
d'ijcide sulfureux.
Trouvé. Calculé.
Acide sulfureux 4)34 4 '34
Oxyjjène ii,i8 i5,4i
Azote 84,48 8o,25
100, OO IO0,OO
» L'analyse du gaz a été faite sur la cuve à mercure, par le système de
M. Bunsen, en absorbant l'acide sulfureux par une balle de potasse et
l'oxygène par une balle de papier mâché trempé dans le pyrogalfate. De
nombreuses analyses faites avec l'ingénieux appareil de M. Orsat ont con-
duit au même résultat. Toutefois des dosages directs de l'acide sulfurique
anhydre renfermé dans les gaz ne m'ont pas conduit à des résultats aussi
considérables que ceux qui semblent ressortir de l'analyse des gaz ci-
dessus. En faisant traverser les gaz des fours à pyrites, avant leur circu-
lation dans les conduites, par une dissolution titrée d'iode, disposée de
telle manière que tous les produits acides y restent, et en dosant dans
cette dissolution l'acide sulfurique total ainsi que la diminution du titre,
on obtient, parle calcul, les quantités respectives d'acide sulfureux et sul-
furique renfermés dans les produits gazeux. L'expérience, ainsi établie,
fait reconnaître qu'ils renferment de l'acide sulfurique anhydre en quan-
tités telles qu'il représente 2 à 3 pour 100 de l'acide sulfureux total qui
s'est formé par la combustion de la pyrite. Comme on le voit, ce chiffre,
tout en n'étant pas sans importance, est loin de correspondre aux résultais
de l'analyse des gaz citée plus haut. Je me propose de reprendre l'étude de
cette question. »
(1) Ce gaz est pauvre en acide sulfureux; généralement les gaz de la combustion des
pyrites en renferment davantage (de 6 à 8 pour 100); mais cela ne modifie en rien les ré-
sultats du calcul.
( r233 )
PALÉONTOLOGIK. — Siii les lujn'des quaternaires de Jarvillc, j>rès de Nancy.
Note de M. P. Fmche.
(( Les dépôts charbonneux connus sous les noms de loitrbières, forêts
enfouies, tignites, renfermés dans les couches appartenant aux époques
quaternaire et actuelle, ont été l'objet à l'étranger, en Angleterre, en Dane-
mark et en Suisse principalement, de travaux considérables qui ont révélé
des faits importants, relatifs aux changements survenus dans la végétation
entre la période tertiaire et ce que nous voyons de nos jours; en même
temps, les ossements, les débris d'industrie humaine trouvés au milieu des
restes végétaux, fournissaient des renseignements précieux sur les modifi-
cations de la faune européeiuie, sur les races anciennes d'animaux domes-
tiques, enfin sur l'histoire des races humaines qui se sont succédé sur le sol.
» En France, ces dépôts ont été étudiés en général, à bien peu d'excej)-
tions près, d'une façon très-sommaire, sans vues d'ensemble, tantôt jiar les
géologues, tantôt par les archéologues ; il en est résulté que plusieurs faits
intéressants ont été négUgés ou imparfaitement mis en lumière. J'ai cherché
à combler cette lacune au moins pour la région orientale de notre pays.
» Un travail semblable exige des recherches répétées sur le terrain, de
nombreuses déterminations, et par suite n'est pas l'oeuvre d'un jour; mais
aujourd'hui, après plusieurs années d'étude, il me semble utile de résumer
les résultats obtenus dans une publication préliminaire, me réservant de
les exposer plus tard d'une façon complète.
» La Note que je présente aujourd'hui à l'Académie se rapporte à des
lignifes quaternaires de Jarville, aux environs de Nancy, et, dans une pro-
chaine Communication, je lui soumettrai mes observations stu- les toiu--
bières du bassin de la Seine en Champagne, sur celles de la Lorraine, de
l'Alsace et de la Franche-Comté.
» Les lignites de Jarville forment luie couche mince reposant sur les
marnes et argiles du lias, surmontée par une couche puissante de graviers
quaternaires à Elepltas priinigenius, provenant des alluvions ancieiuies de la
Meurthe. Mis à nu, il y a vingt-cinq ans, par les travaux du chemin de fer
de Paris à Strasbourg, ils furent rapidement recouverts, et je n'ai pu les
étudier en place; mais de noinbreux échantillons recueillis et déposés au
Musée de la faculté des Sciences de Nancy ont été mis généreusement à
ma disposition. Que mon vénérable maître et ami M. le doyen Godron,
auquel ce travail doit aussi de précieux renseignements, et M. le prolesseur
I^elbos, veiullent bien recevoir ici l'expression de ma reconn;iissance.
O.K.,iS73, t^' Scmcsirv.CV. I.KXX, N" IS.) ' ^'^'
( 1234 )
Il Les lignites de Jarville ont déjà été l'objet d'une Cominuuicaliou et
d'une discussion au Congrès scientifique de Nancy, en i85o; mais je crois
pouvoir dire que, les importantes questions relatives à l'époque quater-
naire n'étant pas encore nettement posées à cette époque, ces travaux
n'ont pas eu de résultats scientifiques bien positifs.
» Les échantillons que j'ai pu examiner sont formés d'une matière char-
bonneuse brune, très-analogue à nos tourbes actuelles, portant encore
fréquemment des morceaux de l'argile siliceuse sur laquelle elle reposait
et complètement pétrie de débris animaux et surtout végétaux. Une partie
d'entre eux, les os, les plus gros fragments de bois spécialement et quel-
ques cônes, avaient déjà été isolés. J'ai été assez heureux pour en retirer
beaucoup d'autres dans un état de conservation qui m'a le plus souvent
permis la détermination. Tous les bois ont été soumis à l'examen micro-
scopique ; ceux de plusieurs Conifères montrent très-netlement, par suite
de l'altération qu'ils ont subie, la structure spiralée de leurs fibres li-
gneuses, fait intéi-essant déjà signalé par M. G. Rraus et qu'il importe, pour
éviter des erreurs, de ne pas négliger dans les déterminations semblables.
» Voici quel a été le résultat de mes investigations :
» Mammifères: Equus ; ossements, dents d'un individu de forte taille, ne différant pas
sensiblement de notre cheval commun [Equus caballus).
» Insectes (i) : Agonum! gracile, Sturm (plusieurs débris d'élytres) ; Bembidium ! riiti-
dulum ? Rlarsli (plusieurs débrisj ; Bembidium obtusum! Sturm (élytres, tliorax); Bembi-
dium, Sp. (débris de thorax) ;
» Patrnbus cxcavatus, Payk. (deux thorax) ;
a Mo/io/iyc/iiis pseudouciiri, Falir. insecte presque entier).
» Adimonia ? [vhtvcs d'affinité douteuse, paraissant appartenir cependant aux Chryso-
niélines).
VÉGÉTAUX.
1) Dicotylédones. — liubus (une graine). Sjnuntliérècs (achaine non déterminé, rappe-
lant ceux des Anthémis). Betulit (bois, écorce, probablement le B. pubescens, Ehrh.). Jlnus
viridus Z. (cônes et une samare). Feuille d'une espèce indéterminée.
). WoNocoTYLÉDONES. — Eljfia spicata, Schrad. (achaines). C} péracécs [rhxiômc). Espèces
diverses (feuilles indéterminées;.
■> Gymnospermes. — Pinus montnna. Du Roi (un cône), des morceaux de bois, de l'c-
corce, une (graine, une feuille? appartenant au genre, doivent probablement se rapporter
aussi à cette espèce.
(i) Je dois ces délerniiDations difficiles à ramilié de I\I. Mathieu, sous-direclcur de
l'F.role forestière.
(1235 )
u Lnrix curnpœa, D. C. (bois, rameaux, ramilles, racines, cônes, graines, feuilles, le tout
en abonilancc.
» Picca t'xcehtt, Link. Race à cônes petits, présentant des écailles arrondies [Ahics tite-
diuxiiiia, Nylandcr).
» Piriiis otwonUi, Antoine, habitant l'extrême nord en Laponie, Finlande, etc. ((|uelques
cônes, graines, un chaton mâle, extrémité de tige avec son écorce, verticilles, ramilles,
racines).
» Junipcrus? [hors).
y Taxas? (feuille, bois?)
» AcoTYLÉDONES. — HjlocomHLm l splcnde/is PJiiWen. (dé])ris de tiges et feuilles mal con-
servés).
• Spltœiin. Sur une écorce.
» Quelques fragments d'écorce et de bois incontestablement carbonisés
sembleraient indiquer la présence de riiomine; mais, bien qu'ils appar-
tiennent aux espèces dont l'existence a été constatée dans le lignite et qu'ils
semblent s'y trouver natiu-ellenient, ils sont trop peu importants pour que,
en l'absence siu-tont d'une étude sur place, on puisse être très-affirmalif à
cet égard.
» De l'ensemble des débris végétaux trouvés à Jarville il résulte qu'à
l'époque oîi ils se sont déposés cette localité était couverte par une forêt
constituée comme le sont aujourd'hui en plaine celles de la Suède septen-
trionale, de la Finlande, du nord de la Russie, de la Sibérie ou, dans les
montagnes de l'Europe centrale, celles des plus hautes Alpes, de la Savoie
et du Dauphiné.
» Si on la compare aux autres forêts datant soit de la fin du pliocène,
soit de l'époque quaternaire dont la nature nous a été révélée, notamment
par les importants travaux de Heer sur les lignites de la Snisse, le forest-bed
de Norfolk, et de de Saporta sur les tufs de Provence, on est frappé de son
caractère bien plus boréal, puisqu'elle est constituée par des bouleaux,
aunes verls, épicéas, mélèzes, pins de montagne. Il semble dès lors qn'il
faille rapporter le temps oii les arbres qui la composaient ont vécu non à
une époque de réchauffement relatif, comme cela est généraleiuent admis
pour ces dernières, mais bien à une période de grande extension des gla-
ciers. Est-ce à la première ou à la seconde, étant admis, comme le soutien-
nent la plupart des géologues aujourd'hui, qu'il y en ait eu deux; c'est ce
qu'il est fort difficile de décider dans l'état actuel de nos connaissances
sur les terrains quaternaires en Lorraine. Quoi qu'il en soit de ce dernier
point, les lignites de Jarville notis offrent un grand intérêt, j)uisqu'ils nous
fournissent luie preuve rigoureuse de la présence dans les plaines de l'Ku-
l()0..
( 1236 )
rope centrale, à l'époque quaternaire, il'espèces npparteuaiil à la (ois à la
fldie des hiuites montagnes de cette région et à celle du Nord ; sous l'in-
fluence du cliatigemenl de climat qui a suivi, elles se sont réfugiées dans
ces deux stations aujourd'hui disjointes, où nos grandes espèces ligneuses
ont conservé de[uiis ces temps si reculés une constance de caractères des
plus remarquables.
» L'.'s insectes appartiennent également à des espèces septentrionales et
surtout recherchant les localités humides, comme celle où devait se trouver
cette forêt quaternaire. La présence du cheval n'est point inexplicable dans
un semblable milieu, et un crâne de marmotte provenant d'un dépôt qua-
ternaire voisin de Nancy, conservé aussi dans les collections de la Faculté
des Sciences, vient corroborer les résultats fournis par l'étude de la flore
de Jarville. »
M. d'Abbadie, en présentant à l'Académie, de la part de l'auteur, les pre-
miers résultais des observations sur les mouvements microscopiques des
pendules librement suspemlus, faites par M. de Rossi, s'exprime comme il
suit :
« Fondateui' de la publication périodique intitulée Bulletin du vulcnnisme
italien^ M. de Rossi observe au microscope, lui-même ou par ses aides, des
pendules placés dans les grottes de Rocca di Papa, à plus de 700 mètres
d'altitude, dans Rome même, et enfin à 2 milles de cette ville, dans ses cata-
combes, où les appareils, situés à 18 mètres au-dessous de la surface du sol,
sont soumis à luie temjiérature presque invariable.
M Comme résultat de plus de six mille observations, l'auteur trouve que
des pendules, quoique dilférant par les longueurs, accusent simultanément
les mêmes périodes de mouvement ou de repos, bien que les temps des
maxima varient d'iui pendule à l'autre. M. de Rossi confirme mon annonce
des sautes de la verticale ou changements dans la direction de cette ligne,
tantôt subits même dans les grandes oscillations, tantôt progressifs et à
longues périodes. Il a constaté par ses appareils des passages rapides du
repos à l'agilalion. Ces sautes sont plus fortes en Italie que je ne les ai
observées au pied des Pyrénées où, dans ses grands écarts, l'image de mes
fils doit disparaître, ainsi cjue je l'ai d'ailleiu-s remarqué plus d'urie fois.
» Dans les observations romaines, on a constaté que les pendules peuvent
rester immobiles pendant les séismes à soubresauts, et qu'il n'y a jamais un
accord contemporain de mouvements entre deux pendules voisins qui
différent jiar leurs dimensions. Quant à la cause de ces phénomènes, M. de
( i^^v )
Rossi écarte l'hypothèse des accicleiils locaux en faisant l'argiiniont pé-
reinploire qu'aucune cause connue, sauf x\n mouvement général du sol,
ne saurait expHquer le fait qu'une agitation extraordinaire des pendules a
été constatée en même temps, tant à Rome qu'à Florence et Bologne, les
i/j et 3i janvier et 7.5 février derniers. Les oscillations des pendules ont
augmenté et diminué sous l'œil de l'observateur et se sont même arrêtées à
i'im|5roviste pour recommencer ensuite avec des trémoussements, comme
si une main invisible avait arrêté les pendules pour leur rendre bientôt ces
mouvements extraordinaires. Cdlnmencées le i4 janvier dans le plan
N.-N.-O. et S.-S.-E., avec une amplitude de 37", les oscillations ont atteint
ensuite 83" dans l'O.-S.-O. et E.-N.-E. pour tmir dans le sens O. et E.,
avec des écarts de i3o" ou 42".
» Seize pages de tableaux terminent ce Mémoire. Ils donnent, avec les
heures des observations, l'état de trois pendules à Rocca di Papa, l'état
relatif du baromètre, l'indication des tremblements de terre contempo-
rains, enfin la concordance des résultats obtenus à Florence, à Bologne,
et quelquefois au Vésuve. Ces données confirment jusqu'à présent la loi
empirique des savants italiens, selon laquelle les tremblements de terre sur-
viennent pendant ou après un état de repos constaté dans les pendules.
Par contre, leur grande agitation présagerait l'immunité prochaine de tout
séisme désastreux. Celte règle vient d'être vérifiée à Bologne, le 6 du mois
actuel, par M. le comte Malvasia, dans une secousse assez forte pour faire
sonner les cloches. Elle était étotlée, et son soubresaut ou mouvement de
haut en bas atteignit un écart de 7 millimètres, Il n'y eut point alors de
saute dans la direction de la verticale.
n Ln Géologie, la Géodésie et même l'Astronomie seront influencées pur
les lésultats de ces études. Elles prendront mi nouvel essor quand on leur
aura appliqué l'appareil enregistreur de M. Bouquet de la Grye. Ce savant
a constaté l'exisleuce des microséismes dans l'hémisphère austral et nous
autorise à admettre qu'ils existent sur toute la surface du globe terrestre. »
M. le baron L-aurev présente, de la part de M. Maher, ancien Directeur
du service de santé de la Marine, un manuscrit intitulé : Contribution à In
Statistique médicale de Rochefort, faisant suite au Livre de l'auteur, déjà
offert, de sa part, à l'Académie et proposé pour le concours de Statistique.
(Renvoi au concours de Statistique.)
M. Lafittk, à l'occasion d'iuie récente Communication de M. Dien,
( 1238 )
adresse (|uelques remarques sur le rôle de la partie de la corde du vio-
lon comprise entre le chevalet et le cordier. Cette partie, qu'il appelle la
petite corde, rend un son propre très-voisin d'une des notes de la grande
corde ou de l'un de ses harmoniques : il se produit alors xui effet analogue
aux battements. L'auteur se propose de faire des expériences en réduisant
la longueur de la petite corde. Il allongera la grande corde qui fixe le cor-
dier au bouton, de manière à amener le cordier à i centimètre du chevalet.
M. ViKLET d'Aoust adresse, à l'occaston de la catastrophe du Zénith,
une Lettre dans laquelle il insiste sur le danger du passage trop rapide dans
des couches d'air de densités variables. Il fait remarquer que, dans les
ascensions sur les montagnes, les organes ont le temps de se modifier con-
venablement pour supporter les différences successives des pressions. Dans
une ascension qu'il a faite en avril i853, au Popocatepelt, à 54oo mètres,
il n'a éprouvé qu'un peu de lassitude dans les membres et une respiration
plus rapide.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts. J. B.
RVIXETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
PUDLICATIONS PÉRIODIQUES REÇDES PENDANT LE MOIS d'aVHIL i8'j5.
(SDITE.)
Memorie délia Societa degli Spettioscopisli italiani; février iS^S; in-4°.
Moiialsbericlu der Kôniglich Preussischen Akademie der JVissenschaften zu
Bel lin ; janvier 1875; in-S".
Moniteur industriel belge; n°' ^o, 4i, 1875; in-4°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d' Astronomie de Londres,
mars 1870; in-8°.
Montpellier médical — Journal mensuel de Médecine; liv. 4, 1875; in-8".
Nouvelles Annales de Mathématiques ; avril 1875; in-8".
Recueil de Médecine vétérinaire ; liv, 3, 4? 1875; m-S".
Répertoire de Pharmacie; liv. 7, 8,9, 1876; in-8°.
( '2:^9 )
Revue bibliographique universelle; liv. 4> 'f^yS; in-8".
Revue de Thérapeutique médico-cliirurgicale ; n*"* 8, 9, iHyS; in-H".
Revue hebdomadaire de Chimie scientifique et i)tdusiricllr ; 11" i3, iH'yS;
in-8°.
Revue scientifique; n'^^ ^li à 44, i^^S; in-4".
Société d'Encouragement. Comptes rendus des séances ; w'^ 6 , 1875; iii-8°.
Société des Ingénieurs civils; n" 7, iS^:"); in-4''-
Société entomologique de Belgique; n"" 10, 11, 1876; ii)-8".
Société linnéenne du nord de la France; 11" 35, 1875; iii-8".
OrVRlGKS nEÇlJS dans la SÉANCK du 3 MAI iS'jS.
Recueil de Mémoires et observations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires
militnires, publié par ordre du Ministre Secrétair'e d'Etat au département de la
Guerre; t. XX. Paris, J. Diimaine, 1873; i vol. in-8°.
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents; avril 1875. Paris,
Dunod, 1875; in-8°.
Appendu e au compte rendu sur le service du recrutement de l'armée. Statis-
tique médicale de l'armée pendant l'armée 1873. Paris, Imprimerie nationale,
1875^0-4°. (2 exemplaires.)
Cours professés à l'Ecole des Mines de Paris; par M. J. CallON ; i'^ partie :
Cours de machines, t. I, II. Paris, Diinod, 1873; a vol. in-8°, avec atlas
in-4°.
Cours professés à l'Ecole des Mines de Paris; par M. J. Gallon ; 2* partie :
Cours d'exploitation des mines, t. I, II. Paris, Diinod, 1874; 2 vol. in-8°,
avec atlas in-4°.
(Ces denx ouvrages sont présentés par M. Daubrée.)
Eléments d'urologie ou Analyse des urines, des dépôts et calculs urinaires;
par A. Rabdteau. Paris, Lauwereyns, i875;in-ia.
Guide pratique aux eaux minérales, aux bains de mer et aux stations hiver--
nales; par le D"" Constantin James; 9* édition. Paris, G. Massoii, 1875;
I vol. in- 12, relié. (Présenté par M. Cl. Bernard.)
Minutes oj proceedings of llic Institution of civil Engineers; ivitli other selec-
( 124o )
led (tiid abslriicled papers ; \o\. XXXIX, session 187/1-1875, part I. Londoi),
Great George street, 1876; in-8", relié.
United-Stales coasl suivej Report, 1874. Appendix. Tid(\i researches; by
W. Feiîrel. Washington, Government printing Office, 1874; i"-4"j '^l't'-
Uniled-Slales coasl survey. Discussion oj tides in Boston hardor, prepared by
W. Ferrel. Sans lieu ni date; in-4°.
lUusiiated Catalogue of tlie Muséum of comparative Zoolof//, al Haward Col-
lège; n° VIII : Zoolocjical results of the Hassler expédition. I. Ecltini, cririoids
and corals ; by Alex. AgasSIZ and L.-F. DE POURTALÈS. Cambridge, Uni-
versity press, 1874; in-4°.
lllustrated Catalogue of the Muséum of comparative Zoology al Harvard
Collège; n" VII : Revision oJ the Ecliini ; by Alex. Agassiz ; part IV. Cam-
bridge, Universily press, 1874; in-4''.
Proceedings oj the ameiican Jcademy of Arts and Sciences; new séries,
vol. I; whole séries, vol. IX, from may 1873 to niay 1874. Boston,
J. Wilson and Son, 1874; in-S".
Smilhsonian miscellaneous collections; vol. XI, XII. Washington, piiblished
by the Smithsonian Iiistitntion, 1874; 2 vol. in-8°.
Smithsoniun contributions toknowledge; vol. XIX. Washington, publisbed
by the Smithsonian Institution, 1874; in-4°.
Tlie american Ephemcris and naulical Almanac for the y car 1877. Bureau
of navigation, Washington, 1874; in-8°.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 17 MAI 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
aiÉMOIRES ET CO^ÏMUÎMÎCATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le SECRÉTAinE PERPÉTUEL fait connaître à l'Académie la perte considé-
rable que les sciences viennent d'éprouver en la personne de l'un de ses
plus éminents Correspondants, M. Thiiret. Ses découvertes, si originales et
si fécondes, sur le mode de reproduction des Algues, objet de la plus vive
attention du monde savant, l'avaient placé au rang le plus élevé parmi les
naturalistes de notre époque.
M. Fbemy, Président de l'Académie, s'exprime en ces termes :
« L'Académie entière s'associe aux paroles qui viennent d'être pronon-
cées par notre honorable Secrétaire perpétuel à l'occasion de la mort de
M. G. Tliuret.
» On doit au savant éminent que nous perdons des travaux nombreux
qui ont exercé une influence considérable sur les progrès des sciences na-
turelles.
» La Section de Botanique allait consacrer de nouveau toute leur im-
portance, en proposant de décerner à RI. G. Thuret le prix biennal pour
ses belles recherches sur la fécondation des Algues.
» S'il ne nous a pas été permis de rendre à M. G. Thuret cet hommage
C. R., 1875, I""- S<:mestre. (T. LXXX, N» 10.) ' G I
( J2/|a )
si bien ii)érité, disons ici, en nous faisant l'interprète de l'Académie, que le
coup funeste qui nous frappe enlève à la France une de ses gloires scienti-
fiques les plus pures. »
M. Brongniart, doyen de la Section de Botanique, demande la parole :
« L'Académie appréciera facilement la douleur que la Section de Bota-
nique a éprouvée en apprenant la perte si imprévue qui vient de la frapper.
n L'importance et la précision des belles découvertes de M. Thuret sur
divers points de la Botanique, et particulièrement sur la fécondation des
Algues, que notre Secrétaire perpétuel vient de si bien rappeler, jointes à
l'aménité de son caractère, lui avaient valu l'estime et l'affection de tous
ses confrères. Son âge pouvait nous faire espérer encore bien des années
consacrées à l'étude de la nature.
» Une circonstance spéciale ajoute encore à nos regrets. Les Membres
de la Section de Botanique sont si profondément convaincus de la liante
valeur des travaux de M. Thuret, qu'ils n'avaient pas hésité, dans une ré-
cente réunion, à le présenter de nouveau aux suffrages de l'Académie pour le
prix biennal à décerner cette année, se fondant à cet égard non-seulement
sur ses anciennes découvertes, qui lui avaient presque fait obtenir ce prix
en i865, mais plus spécialement sur ses nouveaux travaux concernant les
Algues floridées, publiés en 1867, travaux qui ne sont pas moins impor-
tants que les précédents et qui l'avaient conduit à des résultats tout nou-
veaux pour la physiologie de la fécondation. »
ASTRONOMIE. — Observations méridiennes des petites planètes, faites à l'Obser-
vatoire de Greenwicli [transmises par l'astronome royal, M. G.-B. Airy (')]
et à l'Observatoire de Paris, pendant le premier trimestre de r année iSyS,
communiquées par M. Le Verrier.
Dates.
Temps moyen
de
Ascension
Correction
de
Dislance
Correction
de
Lieu
de
1875.
Paris.
droite. I
'épliéraéride.
Cérès (").
polaire.
l'éphémér.
l'observât.
Junv. 5
h m S
11.24. 9
Il ni s
6.24,40,74
+ 8^,75
61'
> ' «
.17.27,8
— '9"'^
Paris.
6
I I. 19. 12
6.23. 39,43
+ 8,86
61
. l3.22,7
— 20, 1
Paris.
(*) M. Airy fait remaniuer que le temps, exceptionnellement défavorable pendant les
trois mois, n'a |)ermis d'effeclucr qu'un très-petit nombre d'observations à Greenwich.
(**) Comparaison avec le Nmitical Alnia/inc.
( 1243 )
Temps moyen
Dates. de
Ascension
Correction
de
Distance
Correction Lieu
de de
1875.
Paris.
droite.
l'éphéméride,
polaire.
l'éphémér. l'observât.
Janv.
i3
b ni 5
10.54. n
h m s
6. 16. 49:58
H- 8,/i6
0 / //
60.47.34,4
— 22,8 Greenwicli
i5
10 44.31
6.i5. 1,70
+ 8,43
60 . 4 I • 7,3
— 23,3 Greenwich
20
10. 20.45
6.10.54,79
+ 8,37
60.26.45, I
— 22,6 Greenwich
21
10. 6.46
6.10. 9,98
+ 8,3o
60.24. 10,8
— 22,5 Paris.
22
10. 2. 6
6. 9.26,58
+ 8,38
60.21 4°i4
— 22,9 Paris.
22
10. II .25
6. 9.26,12
-i- 8,22
60.21 .3g, 2
— 23,0 Greenwich
28
9-44- 4
6. 5.39,80
+ 7.92
@ Hestia.
60. 8.28,7
— 22,9 Greenwich
Janv.
5
11.43.14
6.43.49,25
-+■ 0.94
70.33.42,8
-+- 2,7 Paris.
6
11.38. 16
6.42.46,87
+ 0,97
70.32. 9,0
-1- 1,0 Paris.
i5
11. 3.23
6.33.56,47
-+- 0,42
(49) Palès.
70.18.13,1
-+- 1,4 Greenwich
Janv.
5
.1. 3.44
6. 4- '2,57
+ 2,90
65 . 19. 12,3
-t- i4,o Paris.
6
10.58.57
6. 3.21,46
-+- 2,69
(59) Elpis.
65.20.25,4
-t- 8,8 Paris.
Janv.
5
10.27. '^
5.27.38,25
»
79.59. 8,4
•' Paris.
(S) POLYMNIE.
Janv.
6
12. 4.19
7. 8.54,63
-h I ,01
@ Thémis.
64.39. 1,7
— 8,9 Paris.
Janv.
26
12.52. 18
9-15.52,85
-1-0,11
72.47.32,6
— 1 ,6 Paris.
27
12.47.35
9.15. 4j6o
+ 0, 10
72.43.52,7
— 1,0 Paris.
3o
12.33. 20
9. 12.37 ,22
^ 0, 1 1
72.32.47,9
— 1,4 Paris.
Févr.
I
12.23.48
9. 10.57 '4^
— 0,07
72.25.25,5
— 1,5 Paris.
4
12. 9.30
9. 8.26,36
— 0, 10
72.14.31,9
-1- 0,6 Paris.
5
12. 4.44
g. 7.36,02
— 0,01
72. 10. 55, 1
— 0,7 Paris.
22
10. 44 -42
8.54.22,59
u
..
« Paris.
25
10. 3o.5g
8.52.26,83
@ ASIA.
71 . 1 1 .3o,8
« Paris.
Janv
, 26
1 I .46.23
8. 9.46,36
— o>39
79. 1.18,5
-+- 0,7 Paris.
27
11.41.28
8. 8.47,68
— 0,37
78.572.6,7
0,0 Paris.
3o
I 1 .26.47
8. 5.53,66
— o,5i
78.45.35,9
-+- 0 ,4 Paris.
Févr
. I
1 1 . 17 . 2
8. 4. 0,37
- 0,34
78.37.25,5
— 3,6 Paris.
4
11. 2. 3o
8 . 1 . 1 5 , 06
— 0,36
78.25. 8,6
+ 2,9 Paris.
5
10.57.40
8. 0. 21 ,39
- 0,48
78.20.53,9
— 1,2 Paris.
161 .
( 1244 )
Correction
Correction Lieu
Dates.
Temps moyen
Ascension
de
Distance
de de
187.
).
de Paris.
droite.
réphéméride.
polaire.
l'éphémér. l'observât.
(15) EuNOMlA.
Il m s
b m s
s
0 , „
,/
Janv.
27
i2.55.5i
9.23.22,01
+ 7. «3
82. o.3o,3
-1- 45,3 Paris.
3o
12.41. 2
. 9.20.20,66
+ 7 '82
81.59.18,8
+ 46,4 Paris.
Févr,
I
12.3t. 8
9.18.18,34
+ 7>98
81. 58. 3,4
+ 4^)6 Paris.
4
12. 16. 16
9. i5. i3,52
+ 7>89
81.55.37,6
+ 4^)9 Paris.
5
12. 1 1 . ig
9. i4- 12, g8
+ 8,00
81 .54.39,7
4- 46,6 Paris.
22
10.48.18
8.57.58,58
+ 7>83
81.31.28,2
4- 45,2 Paris.
25
10.34. 5
8.55.33,16
+ 7,73
»
» Paris.
[iS) Melpomène
Févr.
4
12.45.36
9.44.38,68
-+- 2,91
79.10.59,7
0 ,0 Paris.
5
12.40.42
9.43.40,32
+ 3,08
79. 1.53,0
— 1,1 Paris.
22
I I . I 7 . 3o
9.27. t5,28
-H 3,25
76.28. i3, 1
— 2,4 Paris.
25
II. 3. 5
9.24.38,54
4- 3,42
76. 3. 2,1
— 2,1 Paris.
Blars
5
io.25.3t
9.18. 3o,o3
(S) Aurore.
75. i.iS,8
» Paris,
Févr.
4
i2.3o. 19
9.29.18,79
-i3,35
@ HÉRA.
65.55.25,3
— 16,5 Paris.
Févr.
22
I 2 . I 2 . 56
io.22.5o,85
+ 0,11
77.18.17,3
-t- 0,5 Paris.
25
11.58.38
10. 20. 19,87
+ 0,11
76.59. 6,7
-t- 0,4 Paris.
Mars
5
I I . 20 . 38
10. 13.46, 63
+ o,o5
76. 10.33,5
— 2,1 Paris.
@ Félicité.
Févr.
22
11.35.45
9.45.33,77
— 8,3i
67.37.42,0
— 5i , 1 Paris.
25
11.21. 0
g. 42. 36,65
- 8,12
67.36.31,7
— 48,5 Paris.
Mars
5
10.42.80
9. 35. 22, 12
) SOPHROSYNE
Paris.
Févr.
25
I I . 59 . 0
10.20.42,65
—55,33
75. 5.55,6
—541 ,2 Paris.
Mars
5
I I . 19. i5
10. 12, 22,98
-55, o5
© Iris.
75. 3.38,7
— 523,0 Paris.
Mars
5
12.25. 7
1 I . 18.25,93
-+- 7>o6
95. 1.14,9
+ 10,8 Paris.
9
12. 14.52
11.14.35,38
+ 7,35
94.37.19,3
-f- 9,4 Greenvricli
10
13. 9.59
11 . 13.37,96
+ 7.3i
g4.3i. 3,1
+ 5,4 Greenwicli
23
10.57.54
n. 1.56,33
+ 7.34
93. 6. i5,5
+ II, 5 Paris.
26
10.43.43
10.59. 33 ,4 I
+ 7>24
92.46.31,2
-f- 10,1 Paris.
2.7
I 0 . 3g . 2
10.58.48,0g
H- 7,37
@ Alceste,
92.40. 1,4
+ 10,4 Paris.
Mars
5
I 3 . 34 . 5o
11.28. 8,5g
+ '4>99
88.i5.i3,2
+ 84,6 Paris.
Dales. Temps moyen
1875. de Paris.
Mars 9
23
26
37
Mars 23
26
27
Mars 26
27
Mars 26
27
Mars 26
27
Mars 26
27
Mars 26
27
Mars 26
27
9.20
1.34.39
1 .20. 16
I. 15.28
7-47
3. 2
2.16. 4
2. II. 18
2. 18.57
Ascension
droite.
( 1245 )
CorrecUon
de
l'éphéniéride.
Correction Lieu
Distance de de
polaire. l'éphémcr. l'observai.
11.24.49194 +15,09 87. 49-22, o + 86,1 Greenwicli
11.13.24,40 86.18. 1,8 Paris.
11.11.10,27 85. 5g. 32,8 Paris.
o.5o,4o 11.10.27,22 85.53.36,1 Paris.
@ Phocéa.
II. 38. 48, i3 -1-3,88 108. 10.58,6 + 2,7 Paris.
11.36.11,56 + 4)00 107.33.46,2 + 1,5 Paris.
11,35.20,14 + 3,98 107.20.56,9 -I- 0,6 Paris.
(47) ACLAÏA.
12.23.50,92 — o,o5 92.52.45,2 — 4'4P3'''S'
12.23. 1,06 — 0,1 4 92.48.54,3 — 3,1 Paris.
^63) Calypso.
12.32. 9,42 — 4'S' 87.20.11,9 — 25,9 Paris.
12.31.18,89 — 4)4^ 87.13.12,4 — 23,8 Paris.
(m) Alexandra.
12.35. 2,64 + 1,26 110.57.11,9 + 5,8 Paris.
2.14. 4 12.34. 5,18 + ■ ;27 II 0.55. 3 1,0 -4- 10,0 Paris.
(TÎ) Clïtia.
I. 12.39 11.28.33,67 — '4'<54 85.48.49,1 — 59,9 Paris.
I. 7.55 11.27.45,94 — i^jOi 85.444'i*^ — 61,2 Paris.
@ Clio (*).
1.58. 21 I2.i4'23,23 +i5,i6 101.43. 3,0 -f- 77,0 Paris.
1.53.20 12.13.17,81 -1-10,92 101.39.24,9 + 92,6 Paris.
@ HÉLÈNE.
i.36.5o 11.52.49,02 -1-7,96 94.40.28,2 4- 80,2 Paris.
1.31.58 11. 5i. 52, 18 +7,93 94.37,21,6 4-8o,6Paris.
» Toutes les comparaisons, à l'exception de celles concernant Cérès, se
rapportent aux éphémérides du Beiiiner Jahrbuch. Les observations ont été
faites, à Paris, par MM. Périgaud etFolain. »
*) On n'a pu décider si l'une ou l'autre de ces deux observations se rapporte à la pla-
nète.
( 1^46 )
GÉOLOGIE. — Observations sur une Note de M. Trutal relative à un dépôt
pliocène des Pjrénées-Orienlaks ; par M. Leybierie.
« Je viens de prendre connaissance, dans les Comptes rendus (séance
du 19 avril dernier), d'une Note dans laquelle M. Trutat rapporte à
l'époque pliocène un dépôt de transport qui, suivant lui, aurait une
origine glaciaire. Ce dépôt reposerait, d'une part, d'une manière concor-
dante sur une assise remarquablement inclinée de marne bleue, élé-
ment caractéristique du terrain marin pliocène qui, dans le bassin de
Perpignan, a été exceptionnellement relevé à une époque postérieure à celle
du terrain tertiaire le plus récent, et, d'un autre côté, il reparaîtrait en
certains points sous la marne; de sorte qu'il y aurait entre les deux ordres
de dépôts une sorte d'alternance qui prouverait leur contemporanéité.
» Il semble qu'il serait naturel de conclure, en présence de ce fait dont
je ne conteste pas l'exactitude, que l'ensemble du terrain dont il s'agit
constitue une seule formation marine dont les assises auraient varié dans
leur comoosition sous l'empire de circonstances qui ont produit des effets
semblables dans beaucoup de terrains apjîartenant à diverses époques;
mais telle n'a pas été la conséquence que l'auteur de la Note a cru pou-
voir tirer de son observation. Tout plein de l'idée que les anciens glaciers
ont joué un grand rôle dans les Pyrénées, il leur attribue la formation de
la partie grossière de ce dépôt pliocène, laissant seulement au domaine de
la mer les marnes qui constituent l'élément le plus fin et le plus homogène,
souvent coquillier, du même dépôt. Ainsi il y aurait, d'après lui, dans les
Pyrénées deux époques glaciaires, dont l'une daterait des derniers temps
tertiaires.
» Ayant eu l'occasion de voir les lieux dont parle M. Trutat, dans une
campagne géologique que je fis en 1861 dans les Pyrénées-Orientales, j'ai
consulté mes souvenirs et mes notes, et j'y ai trouvé l'indication de plu-
sieurs faits qui pourraient venir à l'appui de l'opposition que je fais en ce
moment à la manière de voir de M. Trutat. L'un de ces faits, consigné dans
un croquis que j'ai sous les yeux, consiste dans la superposition, au village
de Maureillas, assez loin du débouché du Tech, dans la plaine, d'un amas
de cailloux roulés, sur une assise pliocène régulièrement stratifiée, sous une
inclinaison d'environ 3o degrés. Cette assise est composée de sable grossier
mêlé d'argile avec intercalation de veines et de strates parallèles de cailloux
généralement petits, quel([uefois assez gros, et repose probablement sur les
marnes bleues qui se montrent souvent, dans la contrée, dans le lit des
( >247 )
ruisseaux. Quant au dépôt supérieur, manifestement discordant relative-
ment au premier, ce n'est qu'un agglomérat de gros cailloux roulés dans
lequel quelques ligues sableuses indiquent une position à peu près hori-
zontale.
» S'il y a quelque chose de glaciaire dans cette localité, ce ne peut être
que ce dernier amas, qui est évidemment quaternaire; mais, comme ce dé-
pôt grossier, qui n'est en relation d'ailleurs avec aucune vallée, fait partie
d'une ceinture qui borde le pied des montagnes autour de la plaine dilu-
vienne de Perpignan et qui savance près d'Argelès-sur-Mer jusqu'à la Mé-
diterranée, il me paraît beaucoup plus probable qu'il doit être considéré
comme un diluvium marin.
» Je dirai, à l'occasion de la Note de M. Trutat, d'une manière générale,
que, sous l'empire d'une sorte de mode, on a beaucoup exagéré, suivant
moi, l'importance des phénomènes glaciaires dans les Pyrénées. Sans doute
i! y a eu, dans les vallées de notre versant français, des amas de glace et de
neiges qui ont pu pousser leurs moraines loin des points où régnent actuel-
lement les neiges perpétuelles; mais l'eau a eu aussi une grande part dans
la formation de ces dépôts clysmiens, et l'on ne saurait, dans tous les cas,
raisonnablement lui refuser une action exclusive dans les vallées de plaine
dites d'érosion, et notamment dans la formation de ces larges et belles ter-
rasses qui s'étendent à gauche de la Garonne.
)) Il y a là deux ordres de faits qui doivent être étudiés comparativement
pour être bien appréciés. C'est d'ailleurs un sujet d'études trés-délicat, et
j'avoue qu'il est souvent difficile, lorsqu'on cherche à se rendre compte
des dépôts de transport relatifs à une vallée, de faire la part exacte de
chacun des deux agents qui ont coutiibué au phénomène. »
MÉMOIRES LUS.
ZOOLOGIE. — Sur la vessie natatoire du Caranx trachurus, et sur la fonction
hjdrostatique de cet organe. Note de M. A. Moreac.
(Renvoi à la Section d'Anatomie et de Zoologie, à laquelle M. Cl. Ber-
nard est prié de s'adjoindre.)
n Je désire faire connaîtie mie disposition anatomique propre au pois-
son nommé Caianx <rrtc/i»r»s (Sinchard, sur la côte ouest de Bretagne),
disposition qui en fait le représentant d'un type de poissons dont la vessie
natatoire constitue un appareil hydrostatique perfectionné.
( 1248 )
» Un canal existe dans l'épaisseur de la paroi dorsale de la vessie nata-
toire du Caranx et fait communiquer la cavité de cet organe avec l'exté-
rieur. L'ouverture vésicale en est située, sur la ligne médiane du corps, au
niveau de la septième côte; elle a l'aspect d'un croissant dont le bord libre
et concave regarde en arrière, est légèrement épaissi et constitué par un
tissu cellulo-fihreux. Cette sorte de valvule forme l'entrée d'im canal aux
parois délicates qui longe le côté droit de l'aorte jusqu'au niveau de la
partie antérieure de la vessie natatoire; là, il forme im coude et s'onvre
aussitôt à l'extérieur dans une feule que présente la muqueuse de la cavité
branchiale. Le point précis de cette ouverture est donné par la rencontre
d'une droite parallèle à l'axe du corps passant parle centre de la pupille,
et d'un plan perpendiculaire à l'axe et passant par l'angle supérieur que
fait l'opercule avec la peau dn dos.
» Voici comment j'ai été conduit à chercher ce canal : j'avais placé des
poissons de mer de différentes espèces dans un grand bocal dont j'aspirais
l'air extérieur. Les Caranx, poissons doués d'une vessie natatoire, conser-
vaient pendant la décompression la liberté de leurs mouvements. Je re-
marquai qu'ils perdaient par les ouïes de fines bulles d'air.
M Pensant qu'ils pouvaient posséder un canal aérien très-fin, caché dans
le hile, je fis sur un poisson de cette espèce la ligature en masse de tous les
organes qui le constituent. La petite plaie recousue, le poisson nageait
facilement, et il offrit encore le même dégagement de bulles fines quand
la diminution de pression fut reproduite. Les bulles d'air ne sortaient ja-
mais par la bouche, mais toujours par les ouïes et du côté droit.
» J'ai placé sous la machine pneumatique quelques-uns de ces poissons,
morts depuis un ou deux jours; ils étaient maintenus au fond d'un bocal
plein d'eau. Quand la dilatation de la vessie aérienne commençait à se
produire sous l'action de la machine, on voyait des bulles d'air s'échapper
par l'orifice situé dans la cavité branchiale du côté droit. 11 suffit donc
que la pression extérieure ne fasse plus équilibre à la pression intérieure
pour que le poisson soit délivré, même sans effort, de l'excès de gaz qu'il
possède.
o Un grand nombre de poissons possèdent, comme ou le sait, un canal
aérien qui fait communiquer la vessie natatoire avec la bouche en s'insé-
rant sur le tube digestif en un point plus ou moins élevé, et qui permet,
comme je m'en suis assuré chez les Cyprins, à l'air dégluti de pénétrer
dans la vessie natatoire. Le canal que j'étudie sur le Caranx ne commu-
nique pas avec le tube digestif et, par suite, ne peut faire pénétrer dans
( 1249 )
la vessie natatoire l'air dégluti; en outre, il prend son origine dans la
paroi dorsale au lieu de sortir, comme le canal aérien, de la face ventrale
de la vessie natatoire.
» II. Weber, sur le Clupœa Harengus, et plus tard Brcschet, sur le Clupœa
Jlosa, ont décrit deux culs-de-sac ou prolongements de la vessie natatoire,
se portant à l'oreille interne. Ces deux anatomistes les ont trouvés sans
orifice externe et les ont considérés comme représentant la trompe d'Eiis-
lachi des animaux à respiration aérienne. Ils se distinguent, en outre, du
canal du Caranx par leur disposition symétrique et géminée, enfin par
leur origine située à la partie antérieure au lien d'être à la région moyenne
et dorsale de la vessie natatoire.
» Les anatomistes, s'appuyant surtout sur des caractères tirés du dévelop-
pement, ont considéré la vessie natatoire comme l'homologue du poumon;
tout en m'appuyant sur leurs travaux, je dois ici faire voir que la vessie
natatoire remplit une fonction hydrostatique, et que l'on peut constater et
suivre dans les différentes espèces les modifications de structure de cet
organe en rapport avec cette fonction.
» Or, dans l'état actuel de nos connaissances ichthyologiques, le Caranx
Irachurus est la plus complète expression du type offrant un appareil
hydrostatique perfectionnné. En effet il possède des corps rouges très-déve-
loppés, et j'ai constaté que le travail de formation de l'air se faisait très-
rapidement chez lui. Il possède un canal de sûreté dont il se sert pour
conjurer le danger des ascensions rapides et suppléer à la lenteur de l'ab-
sorption des gaz de la vessie natatoire. Enfin il est privé du canal aérien,
vestige d'une partie essentielle de l'organe pulmonaire.
» Moins parfaits, au point de vue hydrostatique, viennent ensuite les
Perches, les Labres, etc., poissons à vessie close, possédant les organes im-
portants de la fonction hydrostatique, les corps rouges.
M Par la présence simultanée des corps rouges et du canal aérien, le
genre Murœna forme la transition entre les poissons chez lesquels domine
une structure en rapport avec la fonction hydrostatique et ceux dont la
vessie natatoire rappelle l'appareil pulmonaire par un plus grand nombre
de caractères.
» Les Salmoués, certains Clupœa, les Cyprins, etc., privés de corps
rouges et possédant un canal aérien, se rapprochent du type des animaux
à respiration aérienne.
» On peut ainsi constituer une série dont je ne donne pas tous les
termes; je pense que ces indications suffisent ici.
C. R., 1875, 1" Sc-mestr». (T. LX.XX, N» 19.) l6a
( laSo )
)) Je n'ai pas besoin de rappeler que le poisson s'adapte à toutes les hau-
teurs, non par une action mécanique de ses muscles sur la vessie natatoire,
mais en changeant la quantité d'air contenue dans l'organe. [Comptes
rendus, t. LXXIX, p. lagS et i5 17 ; t. LXXVIII, p. 542 et 737.)
» Je dois faire remarquer cependant que le travail actuel, qui établit la
présence d'un canal essentiellement propre aune fonction hydrostatique,
canal qu'il conviendra de chercher sur d'autres espèces, confirme les con-
clusions de mes précédents Mémoires.
» J'ai fait à Concarneau et au laboratoire de Physiologie générale du
Muséum les expériences et les recherches anatomiques relatives au pré-
sent travail. »
aiÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur les ferments chimiques et physiologiques;
par M. A. Mùntz.
(Commissaires: MM. Dtnuas, Boussingault, Pasteur, Trécul.)
« La différence qui existe entre les ferments doués de vie et les ferments
consistant en une substance azotée non organisée est établie depuis long-
temps. M. Dumas a appliqué à ces derniers la qualification très-caracté-
ristique de ferments non reproductibles ; ils n'ont, en effet, rien de ce qui
caractérise l'être vivant: ils ne sont pas aptes à se multiplier, non plus que
toute autre substance chimiquement définie.
» La dénomination commune qu'on applique à ces deux classes d'a-
gents de transformation ne peut donc se justifier que par la similitude de
leur mode d'action sur les matières aptes à snhir leur influence.
» Il est quelquefois difficile, en présence de certaines transformations,
de décider s'il y a intervention ou non d'êtres organisés, et l'observation
microscopique ne permet pas toujours de trancher cette question. On com-
prend, en effet, qu'il puisse exister des organismes vivants qui, soit par
leur petitesse, soit par leur ressemblance avec des corpuscules inorganisés,
soit par la valeur de leur indice de réfraction, échappent à l'œil du mi-
crogra|jhe.
» Il y a iHi caractère qui établit quelquefois une différence entre ces
deux sortes de fermentations, caractère cependant Irès-încertain : les fer-
ments doués de vie ont leur maximum d'action situé à une température
variant de aS à 4o degrés ; tandis que la généralité des ferments chimiques
( laSr )
a ce maximum situé sensiblement plus haut, à une température où la vie
ne se manifeste plus que difficilement.
» Un certain intérêt s'attachant à la distinction de ces deux ordres de
phénomènes, confondus sous le nom de Jeinicnlalions,j'a\ cherché un agent
qui permit de les distinguer nettement. Le chloroforme remplit entière-
ment les conditions voulues : il empêche absolument toute fermentation
concomitante de la vie ; il est absolument sans influence sur les fermenta-
tions d'ordre chimique.
» 1° 200 centimètres cubes de lait, additionnés de 5 centimètres cubes
de chloroforme, restent depuis quatre mois sans se cailler; aucun orga-
nisme ne s'y manifeste. (Le beurre s'est en partie dissous dans le chloro-
forme et s'est précipité au fond avec lui.)
u 2° 200 centimètres cubes d'urine fraîche, additionnée de 2 centi-
mètres cubes de chloroforme, restent depuis deux mois, à une température
de 25 à 3o degrés, sans subir la fermentation ammoniacale ; aucun orga-
nisme n'y apparaît.
» 3° 10 grammes de sucre de canne, dissous dans 200 centimètres cubes
d'eau, en présence de craie, de fromage et de 3 centimètres cubes de chlo-
roforme, ne manifestent pas, au bout de quatre mois, la fermentation lac-
tique ; aucun organisme ne prend naissance dans la liqueur.
» 4° De la chair, de la gélatine, de l'empois d'amidon, d'autres sub-
stances très-altérables, en présence de l'eau et d'une petite quantité de chlo-
roforme, se conservent depuis plus de trois mois, malgré la température
d'environ 3o degrés à laquelle ils sont soumis. Aucun être vivant, ni ani-
mal, ni végétal, ne se trouve dans les liquides.
» 5° La fermentation alcoolique des sucres, en présence de la levure de
bière, est complètement arrètt e à p;irtir du moment où le chloroforme est
mis en contact avec les dissolutions.
» Les fermentations concomitantes de la vie ne se manifestent donc pas
en présence du chloroforme.
» Au contraire, les fermentations chimiques ne sont ni entravées ni
même ralenties par la présence du même agent.
» 1° 2 grammes d'orge germée sèche, contenant originairement o^^oS de
glucose (i), ont été mis en contact avec 4o centimètres cubes d'eau et 5 cen-
timètres cubes de chloroforme : au bout de cinquante heure.-;, il s'était
[i) Dosé par la liijucui' de Feliling.
(62.
( 1202 )
formé o^'', 52 de glucose. Dans une expérience parallèle, sans chloroforme,
il s'était développé, dans le même temps, oe'',54 de glucose.
)i 2° lo grammes de tourteau d'amandes amères, contenant originaire-
ment os',oo6 d'acide cyanhydrique (i), ont été mis en contact avec 3oo cen-
timètres cubes d'eau et 5 centimètres cubes de chloroforme : au bout de
soixante-dix heures il s'était développé o'^'',o32 d'acide cyanhydrique. Dans
une expérience parallèle, sans chloroforme, il s'était également développé
o6'',o32 d'acide cyanhydrique.
» 3'^ De l'empois d'amidon très-liquide, contenant originairement, pour
loo centimètres cubes environ, o^',oi5 de glucose, a été mis en contact
avec de la salive et du chloroforme en grande quantité : après quinze heures,
il s'était formé, pour loo de liquide, o^'^,i20 de glucose. Le même empois,
sans chloroforme, a donné, avec la salive, dans le même temps, o^^iio
pour loo de glucose.
» 4° De la farine de graine de moutarde, qui ne contenait que des traces
d'essence, mise en contact avec de l'eau et du chloroforme, a développé
une odeur aussi forte que celle de la farine qui était avec l'eau pure.
)) 5° loo centimètres cubes d'une dissolution de sucre de canne à
5 pour loo marquait au saccharimètre 33, o à droite. Additionnée de
3 grammes de levure et de 5 gouttes de chloroforme, cette liqueur, sans
dégager une bulle d'acide carbonique, s'est intervertie à peu près complè-
tement au bout de quarante-huit heures. En effet elle marquait, au bout
de ce temps, 9,5 à gauche. Dans cette expérience, la levure a donc pro-
duit son action chimique, l'interversion, due à une matière soluble qu'elle
renferme et qui a la plus grande analogie avec la diastase et ses congé-
nères; elle n'a pas produit la fermentation alcoolique, qui est un acte phy-
siologique, c'est-à-dire concomitant de la vie.
» Ces exemples suffisent pour montrer qu'il est possible d'établir, au
moyen du chloroforme, une distinction très-nette entre les fermentations
d'ordre chimique et les fermentations d'ordre physiologique.
» Cette propriété me permettra, je l'espère, d'aborder sous un point de
vue nouveau l'étude des viius et des autres matières d'origine animale qui
sont aptes à jeter des désordres dans l'organisme vivant. On pourra, eu
effet, faire la distinction entre les virus qui paraissent agir à la manière de
la diastase et de ses analogues et les liquides altérés produisant les
symptômes de la septicémie, qu'on croit devoir attribuer à des animalcules.
(i) Dosé pur le procède de M. Diiiynel.
( 1253 )
les vibrions. Il sera possible aussi de faire la part de l'intervention des
êtres organisés dans ces fermentations ou transformations curieuses que
M. Berthelot a décrites (i).
)) Dans le cours de ces recherches, je n'ai pas étudié d'une manière spé-
ciale les symptômes d'anesthésie chez les organismes inférieurs. La levure
de bière anesthésiée pendant plusieurs heures n'a jamais, après qu'on l'eut
soustraite à l'action du chloroforme, paru reprendre, avec la mémo inten-
sité, son action sur les matières sucrées. Le ferment lactique a paru plus
susceptible de reprendre son fonctionnement ordinaire. Un contact pro-
longe amené la mort.
)) Je continue ces recherches dans l'ordre d idées indiqué dans le pré-
sent travail. »
chimie; physiologique. — £'.vpt7ie«cc5ef observations relatives à la fcrmenlatiun
visqueuse; par M. A. Bacbrimont.
(Commissaires : MM. Frcmy, Pasteur, Trécul.)
« Ayant été chargé par la douane de Bordeaux d'examiner un sucre en
grains cristallins, venant de la Réunion, j'ai observé les faits qui vont être
exposés.
» loo grammes de ce sucre ayant été dissous dans de l'eau distillée, je
m'aperçus, vingt-quatre heures après, que la dissolution était devenue
très-visqueuse. J'attendis encore vingt-quatre heures, et la viscosité ne fit
qu'augmenter. De l'alcool fut alors ajouté à lîi liqueur : elle se troubla, et
peu à peu il se fit un dépôt. La liciueur alcoolique tenait le sucre eu disso-
lution, c'est-à-dire qu'il n'y avait point assez d'alcool pour le précipiter.
Elle fut décantée et soumise à la filtration, qui s'opéra avec une grande
facilité. Le précipité fut lavé avec de l'alcool, recueilli et desséché dans
une étuve, dont la température n'atteignait pas loo degrés. La liqueur
alcoolique fut soumise à l'évaporation dans la même étuve, et elle laissa
pour résidu de forts cristaux de sucre, transparents et d'iuie couleiu" légè-
rement briuiâtre, sans qu'il fût possible d'y observer aucune autre chose.
Le li([uide dans lequel le sucre avait été cristallisé s'était complètement
évaporé sans laisser le moindre résidu de matière étrangère.
» Ce fait m'ayant paru fort intéressant, puisqu'il avait pour conséquence
que le sucre n'avait été nullement altéré par la prétendue fermentation vis-
( I ) Annales de Chimie cl de l'Iiysique, Z' série, t. Lj j). 332 et 3G9.
( 1254 )
queuse, j'ai répété la même expérience, avec cette seule différence que l'al-
cool chargé de sucre fut mis en présence d'une petite quantité de noir ani-
mal très-pur et soumis à la filtration. La liqueur fut ensuite évaporée dans
une étuve : elle donna de magnifiques cristaux de sucre, absolument inco-
lores et dans lesquels il était impossible de distinguer xm corps étranger
quelconque. Il convient d'ajouter que, comme précédemment, la dessic-
cation avait été complète.
» On peut conclure de ces expériences que la fermentation visqueuse,
au moins lorsqu'elle commence à se manifester, n'est nullement due à une
altération du sucre, mais simplement à un développement tout spécial du
ferment qu'il renferme.
» Ayant une trop faible quantité de ce produit pour en faire une ana-
lyse complète, je me suis borné à la détermination de la quantité de ma-
tière minérale et de celle de l'azote qu'il contenait.
» La cendre ou la matière minérale contenue dans le ferment n'attei-
gnait que o,oo5, soit un demi-centième. Cette cendre, traitée par l'acide
azotique, n'a laissé qu'un léger résidu insoluble, qui était probablement
siliceux. La quantité de l'azote a été o, o55.
» Le ferment qui détermine la prétendue fermentation visqueuse est
donc un produit azoté, mais bien moins riche en azote que les matières
albuminoïdes qui sont l'origine de la plupart des ferments connus.
» Ayant voulu comparer des sucres au point de vue de l'origine et du
ferment qu'ils peuvent contenir, pensant d'ailleurs que la présence de
l'azote suffirait pour signaler l'existence de ce dernier, j'en ai analysé plu-
sieurs d'origines différentes : les sucres de betterave raffinés, du nord de la
France, ne m'ont point donné l'indice de la présence de l'azote; des sucres
de canne, et notamment ceux de la Réunion, m'en ont donné jusqu'à 0,002 5.
» Cette quantité d'azote représenterait 0,04*) de ferment si le sucre ne
contenait pas d'autre produit azoté. »
MÉTÉOROLOGIE. — Nole sur la théorie des cyclones; par M. de Tastes.
(Renvoi à l'examen de M. Faye.)
« On lit dans les Comptes rendus {n° 16, p. 1094, Note de M. Cousté)
le raisonnement suivant que l'auteur dit emprunter à M. Peslin, qui lui-
même, d'après M. Faye, l'aurait emprunté à M. Espy :
a Si l'air des cyclones est nfuaU: de liant en bas, comme il serait puisé dans les régions
supérieures et ne contiendrait pas de vapeur d'eau; que d'ailleurs, en passant aux couches
( ia55 )
inférieures, il augmenterait notablement de température, ces météores apporteraient sur leur
parcours la sécheresse et une chaleur accablante, tandis que généralement ils refroidissent
l'atmosphère et amènent d'abondantes pluies. »
» A ceux que cette assertion pourrait surprendre et qui hésiteraient à
croire que l'air glacial des hautes régions de l'atmosphère, amené au niveau
du sol, deviendrait pour nous une source accablante de chaleur, on dé-
montre non-seulenient la réalité de cet échauffenient, mais on le mesure
avec précision : « Dans l'air descendant, leur dit-on, la température croît à
» raison de i degré par loi mètres de hauteur verticale » (i); d'où il suit
que l'air pris à 8080 mètres d'altitude et à une température de ( — 10"),
étant amené à la surface du sol, éprouverait une élévation de températiue
de 80 degrés, et nous arriverait |)ar conséquent à 70 degrés, ce qui serait
en effet on ne peut plus accablant.
« Hâtons-nous donc de chercher par quel mécanisme nous pourrions
faire descendre jusqu'à nous ces couches supérieures qui renferment à l'insu
du vulgaire de pareils trésors de chaleur. Tenterons-nous de les refouler par
le moyen d'un gigantesque briquet à air? Le procédé paraîtra peu pra-
tique ; il n'est pas beaucoup plus faciU-, sans doute, de procéder par voie
d'aspiration; mais alors ces mêmes principes de la Thermodynamique,
qu'invoquent MM. Peslin et Cousté, nous montrent que l'air glacial des
hautes régions, attiré par voie d'aspiration vers la surface du sol, nous arri-
verait beaucoup plus glacial encore. Si le procédé par lequel nous pourrions
réaliser cette aspiration est tout aussi chimérique et au-dessus de notre
portée que le procédé de refoulement, il n'est pas au-dessus des moyens
dont dispose la nature et qu'elle met en œuvre dans la production des
cyclones. Les arguments invoqués par ces savants météorologistes contre
le mouvement descendant de l'air dans les cyclones et contre l'opinion
émise par M. Faye dans la Notice de V Annuaire du Bureau des Longitudes
se retournent contre eux, et viennent prêter un puissant secours à la doc-
trine de leur éminent adversaire.
» .Te n'aurais certainement pas la présoDiption de venir défendre devant
l'Académie les opinions d'un de ses membres les plus illustres qui, mieux
que personne, est en mesure de les soutenir; mais la cause que INL Faye
assigne à la production des mouvements tournants étant précisément celle
que j'ai indiquée dans plusieurs publications antérieures à la Notice de
(i) iM. Pkslin, Comptes rendus, n" 10, p. G5().
( 1256 )
V Annuaire (i), je mo trouve implicitement engagé dans le débat, et j'ai le
droit de répondre en mon nom personnel aux critiques dont cette opinion
a éîé l'objet.
» Les objections soulevées par M. Peslin reposent sur une comparaison
tirée du mouvement de l'eau dans un canal rectiligne indéfini, où la vitesse
du courant va croissant des deux bords vers le milieu. Dans de pareilles
conditions, je reconnais avec lui qu'il n'y a pas de raison pour que les
tourbillons se produisent plutôt sur une rive que sur une autre, et que le
sens de la rotation doit être inverse sur les deux bords du courant ; mais,
dans des courants aériens se produisant sur de vastes portions d'une sur-
face sphérique comme celle de la Terre, il n'existe ni conrants rectilignes
ni courants indéfinis. Ces fleuves aériens parcoiu-ent d'immenses circuits
dans lesquels la largeur du courant est une fraction variable, mais tou-
jours considérable, du rayon du circuit lui-même. Dans ces conditions, la
vitesse de translation des filets gazeux situés près de la rive concave ou
extérieure est beaucoup plus grande que celle des filets de la rive convexe
ou intérieure, et c'est sur la première seulement que se manifestent ces
mouvements tournants dont le sens de rotation est facile à prévoir. Les
tourbillons gazeux n'occupent pas d'ailleurs toute la largeur du courant;
mais leur diamètre est, relativement aux dimensions du fleuve, beaucoup
plus grand que celui des tourbillons liquides, car le rayon de ces enton-
noirs est d'autant plus grand que la densité du fluide est plus faible. Quant
à l'influence de la concavité ou de la convexité des rives de nos fleuves sur
la production des tourbillons, influence qui , d'après M. Peslin, n'aurait
jamais été signalée, je prends la liberté de la lui signaler très-positivement.
Quand une rivière rapide et profonde décrit une courbe de petit rayon, le
courant est presque nul sur la rive convexe intérieure, et son maximum de
vitesse est à peu de distance de la rive concave extérieure, où de nombreux
et violents tourbillons se produisent; le sens de la rotation de ces tour-
billons est celui qu'affecterait une roue liorizontale assujettie à rouler sur
celte rive d'amont en aval.
» Je suis cerles loin de considérer la formation des mouvements tournants
de l'atmosphère comme suffisamment expliquée par le frottement de deux
(i) Comptes rendus, g février 1874, p. f\^&. Voici on (luels termes je ni'exiirimais
alors : « Les mouvcmenls touillants dont ce fleuve (iecoiii'ant équatoiial ) est parsemé sont
la conséquence loiilc: mé(ani(jiie du frouoment de l'air eu mouvement eonlie l'air compa-
rativement calme qui forme sa rive gauche ou rive extérieure. »
( 1257 )
masses gazeuses animées de vitesses différentes. Dans l'état actuel de l'Hy-
drodynamique on ne saurait donner une complète explication scicnti(ic|ue
même des tourbillons liquides, mais au moins on les voit, on les touche
et personne ne met en doute la cause à laquelle on doit les attribuer,
bien cjue le mécanisme intime du phénomène nous échappe. Je me crois
donc autori.sé à penser que dans les gaz la même cause produit les mêmes
effets, et voici les conséquences que je tire de ces prémisses.
» Concevons une certaine étendue de la masse atmosphérique en état
d'équihbre : une pression uniforme de 760 s'exerce stu- le sol, les sinfaces
d'égales pressions, ce qu'on appelle les couches de niveau, s'échelonnent
parallèlement à la surface du sol, les pressions elles températures décrois-
sent avec la hauteur, suivant les lois généralement admises. Isolons par la
pensée, dans cet air calme, un cylindre vertical, à base circulaire, qui va
devenir notre disque tournant, suivant la très-jusle expression de Pidding-
ton. Supposons-le animé d'un mouvement cle rotation autour de son axe:
la force centrifuge amène l'air du cylindre de l'axe vers la circonférence,
il se produit une diminution de pression au centre, par suite un appel d'air
des régions supérieures, semblable à celui qui, dans les ventilateurs à force
centrifuge, entraîne l'air extérieur vers l'ouverture pratiquée au centre de
la paroi latérale. Une quantité déterminée d'air, situé dans les régions
supérieures, étant attirée de haut en bas par un véritable effet de succion,
augmente de volume et diminue de pression à mesure c(u'il descend, et la
théorie mécanique de la chaleur nous montre que la température de cet air,
déjà très-basse, va éprouver un nouvel abaissement. Parvenu au fond de la
dépression, cet air froid est porté par le courant centrifuge vers les bords
du disque tournant, où, se mêlant à des couches d'air tiédes et humides,
il y produit un brusque refroidissement, par suite une abondante conden-
sation de vapeurs. De là résulte cet anneau de nuages noirs, sillonnés
d'éclairs, d'où s'échappent des torrents de pluie et de grêle, et que M.Fron,
de l'Observatoire de Paris, a désigné sous le nom heureusement trouvé et
fort expressif de lorc orageux. L'air des hautes régions n'est donc pas re-
foulé, mais bien aspiré vers le sol, ce qui amène des conséquences diamé-
tralement opposées à celles que prévoyait M. Cousté, et qu'il considérait,
ainsi que M. Peslin, comme des objections victorieuses à la théorie du
mouvement descendant de l'air dans les cyclones. »
M. G.-J. Marti.\ Saint- Axge adresse, pour le concours du prix Serres, un
Mémoire intitulé : « Recherches anatomiques, physiologiques et patholo-
C.R.,1875, \" Semestre, (T. LXXX, N» 10.) 1 63
( 1258 ]
giques sur l'œuf humain dans ses rapports avec les maladies du fœtus ».
Le passage suivant de l'Introducliou montre l'ordre d'idées dans lequel
l'auteur s'est placé :
" Ce sont ces études nouvelles qui ont le plus contribué à élucider les questions se ratta-
chant aux fonctions de la membrane caduque, en démontrant qu'elle préside à toutes les
métamorphoses que l'œuf sid)it depuis l'apparition du germe jusqu'à la naissance du foetus.
On dirait, en effet, qu'elle est, par rapport à l'œuf, ce qr.'un terrain plus ou moins fertile
est aux plantes qu'il nourrit. C'est donc bien de la membrane caduque, de cette enveloppe
la ])lus extérieure de l'œuf, devenue organe intermédiaire et indispensable entre la mère et
le fœtus, que dépend la destinée du nouvel être; aussi c'est elle plus particulièrement qu'il
faut interroger avec soin quand on étudie les maladies si diverses de l'œuf fécondé et celles
du fœtus. On verra alors que toutes ou presque toutes les altérations des organes com-
posant l'œuf, de même que celles qui attaquent le germe en voie de formation ou de déve-
loppement, proviennent des modifications normales ou pathologiques que subit la membrane
caduque. Les altérations des villosités choriales peuvent bien être considérées comme la
cause des maladies de l'œuf; mais ces altérations sont elles-mêmes l'effet de l'altération pri-
mitive de la membrane caduque. C'est là un fait capital que je m'efforce de démontrer dans
ce travail. »
Ce Mémoire et l'Atlas qui l'accompagne sont renvoyés à l'examen de la
Comtnission du prix Serres.
M. P. BouMCËAu adresse, à propos de la Communication de M. de Les-
seps sur le maintien des ports, une Note dans laquelle il rappelle qu'il a
fait exécuter, en i856, une drague à formes marines, destinée à draguer
l'entrée du port du Havre en dehors des jetées, c'est-à-dire en dehors de
tout abri. Il fait remarquer qu'il règne à l'entrée du port du Havre un
courant triple pour le moins de celui de l'enirée de Port-Saïd ; il y a, de
plus, une dénivellation de 6 mètres (la dénivellation à Port-Saïd n'atteint
pas 6 décimètres).
L'auteur avait établi que le prix des draguages pouvait, dans certains cas,
être inférieur au prix des écluses de chasse, surtout quand il s'agit de des-
cendre aux profondeurs qu'exige le tirant d'eau des navires d'aujourd'hui.
(Cette Note est renvoyée à l'examen de M. de Lesseps)
MM. L. Balme, Creissac, Kaktzhorff, H. Laillault, L. Paillard,
M. Perket, a. Saxceau, de Sal\t-Trivier, Villedieu, s. Zl\no adressent
diverses Communications relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
( '2J9 )
M. E. Jabi.o\ski adresse un Mémoire intitulé : « Généralisation de la
méthode d'intégration par parties ».
(Commissaires : MM. Chasies, Bertrand, Puiseux.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° « La Lumière ; six Leçons faites en Amérique durant l'hiver de 1872-
1873 », par M. J. Tyndall. Traduction faite par M. l'abbé Moigno;
12° Une brochure de M. P. Mouitlefert, intitulée : « le Phylloxéra vasta-
trix et la nouvelle maladie de la vigne ».
La Confrérie des vignerons de Vevey adresse des remercîments pour
l'envoi que l'Académie lui a fait de ses Mémoires sur le Phylloxéra.
ASTRONOMIE. — Observations de In Lune et d'étoiles de même ciilmination,
faites à i Observatoire de Melbourne, adressées par M. Robert Ëllert
et communiquées par M. Le Verrier.
(Latitude: 37''49' 53",3 S.; longitude : g"- 39™ 54% 8 E. de Greenwich.)
Dates.
Nom
m
Dates.
Nom
av
1874.
de l'astre.
Poids, r
pp. au passage.
1874.
de l'astre.
Poids.
app.au passage.
et. I
B.A.C. 1746.
. ^d
h m 8
5.28. 3,76
Oct. 21
0 Acjuarii. . .
. 3c/
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22. 10. l3 ,80
i36 Tau ri. . .
. 5
5 .45 .27 ,01
56 Aquarii .
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22.23.34,97
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5.56.37,43
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. 2 cf
23. 9.20,44
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5. 2. 11,71
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. 1 cf
23. 9.20,35
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. 3 ud
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23.24 40580
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6 Ophiuclii. .
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7.14.17,68
29 Piscium .
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23.55.25, 1 I
^ i=« Limb.
. 5cf
7.41. 6,54
23
29 Piscium .
. 1d
23.55.25,01
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8.47.29,14
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0. 19. 12,80
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. 5
8.39.18,86
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. 3c^/
0.56.27,43
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18.47.28,96
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. 2r<^/
I 7.12,15
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. 5
[9.29. 4,48
28
B.A.C. 1648
• 2 cf
5.i3. 8,32
M Sagittarii. .
. 5
19.48. 9,49
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. 4«
5.18.23,04
A Sagittarii. .
. 5
19.51.18,78
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Dates. Nom
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Dates.
1874. de l'astre.
Poids.
app. aii passage.
1S74.
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Dec. 18
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Sud
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8.37.53,37
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5
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ll-cf
19.19. 6 , 54
0) Sagittarii. . .
4/
19.48. 9,o5
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ig 2/^Pisciiim. . .
4
23.46.30,06
1^' Limb
5
23.53. 1,62
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3</
0.23.39,57
n.A.C. 321. . .
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0.4' .49)65
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5
3.43.15,55
24 B.A.C. i5i8. .
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4.48.39,18
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4 .50.30, 85
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4.52.45,21
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B.A.C. 1746..
3./
5.28. 5,3o
i36 Ta mi. . .
3r/
5.45.28,G8
25 B.A.C. 1746.
3^/
5.28. 5,3i
i36 Taiiii....
3r/
5 45.28,71
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6. 1.32,74
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1 3r/
7. 8. 8,79
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3 cl
7.17.57,92
Dec. 4 3 2"'' Limb .
5
18.46 38, 10
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14.43 55,92
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5
20.56. 1 3, 06
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3/
22.24. 0,88
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22.43. 3,81
1S75.
ï6 (£ 1^' Limb..
5
23.34. 6,61
Janv. 1
1 2 Ceti
. 4-
0.28.39,28
12
17 (£ i'-' Limb.
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0.25. 2,68
i3
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1.17.17,47
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3 2""^ Limb. . 4''
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42 Leonis. ... 3 d
B.A.C. 3579.. 4^/
42 Leonis. ... 6
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p Leonis 5
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3 2"'' Limb.. 3f/
([^ 1" Limb.. . 2'-/
^ l^Limb. . . 3 ud
s Piscium .... ij
app. au passage.
Il m s
1.52.44,58
2 12.19 ,52
2.44-36,01
2.52. 4>4o
3. 4-29.40
2.52. 4>26
3. 4-29,32
3. II .24,76
3.40- 3,80
3.4g. 3g, 86
4. 14. 2g, 25
3 49-^9'77
4.i5. 5,33
5. 18.24,30
5.28. 5,6g
6.22.29,72
6. 27 .20,60
6.33.43,61
7.28. I 4, "o
7 36.3o,i8
7 . 28. i4 ,08
7 . 36.80,34
7.40.15,74
7 .55.5i ,27
8.21.12,7g
8. 25.87 ,58
9.24.35,91
g . 3 I . 54 , 36
9.88.34,35
10.18. 5,24
10 I 5 . 7,34
10.22. 7,86
I o . 1 5 . 7 , 24
10.22. 7,98
10.26. i4,o6
lo. 29.53,65
10.42. 4' ,38
10.58. 34 , 17
> 1 •'4-4' >4'
14.14 11,88
28.18.36,98
o. 9.15,89
0.56.26,95
( I2G( )
Dates.
1S75.
Nom
de l'astre
M
PoiJs
j II
8
Janv. i4 € i^I^iml^-
i5 (£ i^'Limb.
i6 (C l'-'Linib.
i'] 17 Tau ri .\ d
n Tauii i\d
27 Tauri ^ ri
(£ l'^'Umb. . . 6
T Tauri ^ d
X Tauri 3^/
iS T Tauri 5
/ Tauri 5
(£ i^'Limb.. . 5
P Tauri 5
i36 Tauri. ... 5
X Aurigae 5
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i36 Tauri.. . . 4''
(^ 1^' Liiub.. . 4«
z Auriyse 3(/
aSGemiiiorum 2/
t Gtminorum . 3 w^/
20 28 Geminoiuni 5
£ i^'Limb... 8
i Geminorum . 5
app. nu passage.
Il m s
I. o.i4,83
I .53. I ,29
2.48.54,93
3.37.27,70
3.40. 3,74
3.4 I -44 '36
3.48.52,3G
4.34.45,34
4.5o. 3i ,35
4.34.45,28
4 .5o. 3i ,3i
4.52.53,42
5.18.24,53
5.45. 29,37
6. 7.26,05
5.18.24,38
5.45.29,23
5.59.33,51
6. 7.25,99
G. 36. 51,57
7. 17.59, II
6.36.5i ,4"
7 . 6.12 ,55
7.17.59,10
Janv. 20 p Geminorum. G 7.37.41,40
ij-'Cancri 5 8. 2.56,76
m' Cancri 5 8.24. 8,36
21 -^^ Cancri 4 ./ 8. 2. 56, 81
(^ i^'Linib.. . 5 8. 10. o,4g
u'Cancri /'^ d 8.24. 8,32
; Cancri /\ d 9. 2. il, 58
), Lconis . . . 4'"' 9.24.36,68
26 )i Virgiiiis . . . . ^d I2.i3.3i,25
3 2"'' I.inib. . 4" 1 2. 26. Si, 5 1
7Virginis(Mean) Sd 12.35.20,07
/î Viryinis 4 r/ 12. 53. i3, 53
0 Virgip.is 3d i3. 3.28,95
27 ;< Virginis. . . . 5 12.53. i3, 54
0 Virginis 5 i3. 3.29,05
Sa'-J Limb.. 5 i3. 10.31,45
«Virginis /{ d i3. 18. 36, 66
86 Virginis. . . 3/ 13.39.16,76
2g 3 2"-» Limb.. ir/ i4.4ï.i3,5i
a Libr.Te 1 cd 14-43 57,65
fl Libra; 3d i5. 10. 16, 53
3o 3) 2"J Limb . 6 15.29.59,07
a Scorpii 3d 16.21.43,78
Févr. I 2) 2°'' Limb . 5 17.17.27,11
» The weights are estimated at the tinie of observalion, ihey arc rcckoned from o to 10;
tlie ietters attaclucl to the wciglits signify as follows : b, boiiingj c, cloudy; d, diffused;
f, faint; u, unsteady. »
Dates.
1875.
Nom
de l'astre.
Poids
aiip. au passage.
Il m s
CAPILLARITÉ. — Nappes meniirieltes; par M. C. Decharme.
« Lorsqu'on fait tomber, d'une hauteur de 10 à i5 centimètres, un large
filet continu de mercure sur une siu-face quelconque, on voit se former, au-
tour de la base du jet, une nappe merciirielle, adhérente, plus ou moins
étendue et de formes diverses selon les cas.
» Ainsi, en versant le liquide sur une surface plane un peu inclinée,
une lame de verre, par exemple, on a un véritable miroir plan instantané
de 6 à 8 centimètres de diamètre. Si la surface est celle d'un verre de
monlre, on obtient un miroir convexe ou concave, suivant que le filet li-
quide tombe sur l'une ou l'autre face. De tels miroirs réfléchissent les
objets comme si le liquide était en repos.
» La nappe mercurielle est si mince et, malgré sa mobihté, si adhérente
( ia62 )
aux surfaces, qu'elle en reproduit toufe§ les formes. Lorsque le jet de mer-
cure tombe sur un cristal à facettes, sur un coquillage à côtes ou sur une
surface gaufrée, la nappe en montre les reliefs et les creux. Des divisions
en millimètres, tracées sur métal, apparaissent grossies; les chiffres qui
les représentent peuvent être lus. Enfin des traits un peu forts, tracés
au diamant sur une lame de verre, sont encore saisissables. Enfin, si im
objet présentant des reliefs vient à être déplacé sons la nappe mercu-
rielle, on pourra suivre, à travers cette couche opaque, les déplacements
de l'objet.
» L'étendue de la nappe dépend de la hauteur de chute, de la direction
et de l'abondance du jet mercuriel; quanta son épaisseur, elle n'est guère
que de o™"", i à o^^jS. On sait que la plus mince couche de mercure en
repos n'a pas moins de 3 millimètres d'épaisseur.
» Le mercure doit être pur; la surface sur laquelle il tombe doit être
également très-propre, car la moindre poussière détermine, sur la nappe
développée, des slries en forme de V, d'autant plus apparentes que la
vitesse du liquide est plus ralentie. »
AÉROSTATIQUE. — Sur les précautions à apporter dans les ascensions en hauteur.
Note de M. de Fonvielle. (Extrait.)
« La décroissance de la température est assujettie à des différences très-
grandes, comme on peut le constater par les observations faites par les
divers aéronautes à des hauteurs comparables. Or le froid est un élément
essentiel qui jieul arrêter l'ascension prudente à une altitude bien moindre
que 7000 mètres ou que celle qui correspond à la limite plus fixe de
3o centimètres de pression. La règle à suivre peut donc être formulée de
la façon suivante : Une ascension en hauteur doit être arrêtée du moment que
l'opérateur ou ses aides éprouvent un trouble notable dons leurs fonctions orga-
niques. Du reste, à ce moment, les observations cessent d'avoir une valeur
quelconque.
» Il y a lieu de remarquer aussi que les conditions dans le milieu aérien
et les inlluences morales sont telles, que l'on ne peut déduire ce qui arri-
vera dans l'atmosphère d'expériences faites sous la cloche pneumatique.
A l'elfct du froid il faut ajouter l'insolation, l'extrême sécheresse de l'air,
peut-être des influences électriques encore inconnues, l'action du gaz qui
sort du ballon. Par compensation, l'aéronaute jouit d'un spectacle admi-
rable, il peut se donner un monvement modéré poiu- lutter contre le som-
meil; avec un ballon bien manoeuvré, l'ascension sera graduée pour
( 1263 )
reprendre haleine en descendant et remonter ensuite à un niveau supé-
rieur. Toutes ces considérations font voir qu'il n'y a pas lieu de tracer de
limite fixe, et que la règle posée plus haut suffit pour écarter tout danger
sérieux. »
M. DE QcATREFAGEs préseutB à l'Académie, au nom de la Commission
executive du Congrès international de Géographie, une brochure où sont
réunis les divers documents relatifs à ce Congres.
« Eu 1871, la vdle d'Anvers avait pris l'initiative d'un Congrès inter-
national de Géographie destiné à rendre plus solennelle l'inauguration des
statues d'Ortelius et de Mercator. Uu succès éclatant couronna cette ten-
tative. Les actes du Congrès d'Anvers remplissent deux volumes pleins de
faits intéressants.
)) Invitée à diverses reprises à provoquer la réunion d'un second
Congrès consacré aux mêmes sciences, la Société de Géographie de Paris
n'a pas cru devoir s'y refuser; depuis plusieurs mois, elle a pris les dispo-
sitions nécessaires sous la direction de son président, M. l'amiral de La
Roncière le Nourry. Des Cammissions ont été nommées et ont rédigé les
programmes destinés à appeler l'attention sur diverses questions se ratta-
chant aux sciences géographiques; un Commissariat a été chargé de pré-
parer une exposition à la fois scientifique et commerciale; le Gouverne-
ment s'est montré on ne peut plus favorable à ce projet et a autorisé le
Congrès à siéger aux Tuileries, dans le pavillon de Flore, qui sera appro-
prié à ce but.
» Presque toutes les puissances étrangères ont déjà nommé des commis-
saires chargés de les représenter au point de vue scientifique et industriel.
Les demandes de local pour l'Exposition venant de l'étranger soid; nom-
breuses, et les vastes locaux attribués à quelques-unes d'entre elles sont
déjà regardés comme devant être à peine suffisants.
)) La France ne reste pas en arrière; mais la Commission executive du
Congrès n'en demande pas moins à toutes les personnes pouvant influer
sur nos nationaux de vouloir bien stimuler autant que possible le zèle
des fabricants, des artistes qui, par la nature de leurs produits, semblent
être appelés à prendre part à cette Exposition, soit au point do vue scien-
tifique, soit sous le rapport commercial. »
A 3 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. D.
{ I2G4 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OOVRAGÏS RF.ÇnS PP.NDAKT LA SEANCE DU 10 MAI iSyS.
Traité d'obstétrique vétérinaire ; par F. Saint-Cyr. Paris, P. Asselin, iSyS;
I vol. in-S". relié.
Traité des injections sous-cutanées à effet local, etc.; par le D' A. LUTON.
Paris, J.-D. Baillière et fils, 1875; in-8". (Adressé par l'auteur au Concours
Montyon, Médecine et Chirurgie, iSyS.)
Essai sur les phénomènes morbides de la pression intrn-ociilaire; par A. PiÉ-
CHAUD. Paris, H. Lauwereyns, 1873-, i vol. iu-S*". (Adressé par l'auteur au
Concours Chaussier, 1875.)
Travaux du Conseil d' hygiène pubVupie cl de salubrité du département de
la Gironde pendant l'année 187/}; t. XVI. Bordeaux, imp. Ragot, 1875;
in-S".
Dégâts causés aux végétaux par les Acarus; par V. Chatel. Caen, imp.
E. Valiu, 1876; opuscule iu-S".
Toussaint aîné. Elucubr-ations scientifiques. Lanuion, imp. Manger le
Goffic, 1870; opuscule in-8°.
Tables des matières contenues dans les quatorze premiers volumes (1864 à
1874) de la Revue scientifique et de la Revue politique et littéraire; direc-
teurs MM. E. YuKGet E. Alglave. Paris, Germer-Baillière, 1876; br. iu-8°.
/iperçu d'un, nouveau procédé d'extraction du jus ])Our la Jabrication du
sucre. Paris, Alcan-Lévy, 1875 ; br. in -8°.
Etude sur l'emploi du gaz suljhjdrique pour la destruction du Phylloxéra
vastatrix ou Puceron souterrain qui attaque les racines de la vigne et sur l'effi-
cacité de ce gaz contre l'oïdium; par V. MARCHAND. Verdun, imp. Renvé-
Lallemant, 1874; br. in-S".
Discussion sur les méthodes de r'épélilion et de réitération employées en Géo-
désie pour la mesure des angles; parL. CrULS. Gand, imp. Aniioot-Braeck-
man, 1875; br. in-8°.
( A suivre. )
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI Si Mx\I 1873.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Observations de la Lune faites aux instruments méridiens
de l'Observatoire de Paris pendant l'année 1874, communiquées
par M. Le Verrier.
Correction
Correction
Temps
Ascension
de
Distance
de
1874.
moyen.
droite. l'éphéraérideC*). polaire.
l'éphéraéride.
h m s
il m s
S
Janvier .
3
i3. 13.43,3
8. 6.29,80
-0,47
0 f tt
5-7 (*)
8.15.47,0
4.44.38,56
-o,38
64.58.48,5
+ o,Q
SoD
II. 3.12,2
7-44-'9,7'
-0,42
63. 5i .27,0
- 5,2
3.r)
I 1 .55. i5, 3
8.4o.25,g3
— 0,38
66.29. I 3, 5
-6,7
Février .
10
19.11.48,9
16. 35. 23, Il
-0,69
1 14.43. 10,9
- 6,1
23
6. II. -S, 2
4.26.26,51
— 0 ,35
65.38.29,1
H- 0,3
25
8. 3.49,1
6 . 26 . 59 , I 4
—0,37
62.22. 6,7
+ 0,1
28
10.40. 18,8
9.15.39,01
— 0,28
68.48.29,,
-.1,8
Mars. . ,
2
12. 8.39,3
10.52. 3,48
—0,39
78. 8.53,8
- 4,3
25
G. 54. 16,0
7- 7-37,98
-0,55
62.33.16,1
— ',<J
(*) Observations faites aux instriimenls de Gambey.
(**) L'éphéméride de comparaison dont on donne ici la correction est réphéméride du
Nautical Almanac, laquelle est déduite des Tables de Hansen.
C. R., 1875, 1" Semeilre. (T. LXXX, N" 20.) '"4
( 1266 )
1874.
Mars.
Avril .
Mai .
Juin..
Juillet
Correction
Correction
Temps
Ascension
de
Distance
de
moyen.
droite. I
l'éphéméride. polaire.
l'éphéméride,
h m 9
h m s
B
0 , „
tt
26
7.48. I,.
8. 5.26,51
-0,38
64.23.21,8
- 2,4
27
8.38. 7,8
8.59.35,66
— 0,61
67.29.55,3
- 3,3
28
9.24.33,7
9.50. 3,53
-0,37
71.35.44,9
- 4,4
20
3.45. 2,7
5.40.26,51
-0,45
21
4.44.24,7
6.43.53,92
—0,67
62. g. 12,4
+ 4,5
22
5.41- 0,3
7.44.33,36
—0,66
63.27 .55,5
+ 0,9
25
8. 6.19,6
10.21 .59, 10
— o,3o
74.41.25,8
— 2,6
27
9.37.37,8
I I . 5 I . 2 1 , 26
— 0,39
85.23. 3,8
- 1,8
3o
I I .26. 19,9
14. 2. 13,90
— 0,46
I02. 8.23,2
- 3,4
I
12 . I I . i5,6
14.49.10,47
-0,39
107. 10.34,8
+ 0,9
2
12.57. '0,9
15.39. 7-78
— 0,42
111.32.44,4
+ 3,9
1 1
20.53 ,36,4
0. 12. 19,19
-0,79
91 .5i . 3,5
H- 8,2
19
3.27.58,6
7.17.38,60
-0,53
20
4-23.56,7
8.17.40,07
-0,68
64.56.20,0
— 0,4
26 r)
8.43.52,1
i3. 1.48,61
—0,43
^7(*)
9.23.49,2
13.45.49,74
— o,5o
27
9.23.49,4
13.45.49798
—0,26
100. i3.5i ,5
- 3,6
28
10. 5.47,6
i4.3i .53, i5
—0,40
io5.25.53,7
- 3,1
28r)
10. 5.47,6
i4-3i .53,21
-0,34
io5. 25.48,6
- 8,2
29(*)
io.5o.44i3
i5. 20. 55, 84
-o,5i
lio. 4-28,6
- 3,8
29
I 0. 5o . 44 , 4
15.20.55,98
— 0,37
110. 4- 3o,6
- 1,8
M*)
I I .39.20,0
16. 13.38,33
—0,60
11 3. 53. 0,2
— 4,0
1
18.48.22,1
23.53. 12,21
-0,86
94.13.44,0
-4- 9,5
8
19.36 32,8
0 45.27,22
—0,80
87 .21 . 16,7
+ 9,1
9
20.25.54,2
1.38.52,23
— o,85
8o,32.5o,4
-*- 7.7
20
5.21.32,8
11.17.31,12
— 0,32
81.20. 6,5
- 4,1
1
19. I I .59,6
.2.i5. 8,67
-1,23
76. 7.30,4
+ 8,5
8
ao . 4-35,4
3.11.47,89
-1,04
70. 3 I .25,7
+ B,4
'7
3.15.58,9
10.58. 4,38
-0,33
79.12.44,3
- 3,8
27(*)
I I . 0.52,7
19.23.49,80
—0,59
27 II. 0.52,7 19.23.49,83 —0,56 117. 0.25,2 -f- 3,1
29 12.57.49,0 21.26.38,90 — 0,61 110. 6.32,7 + 2,7
30 i3.5i.i2,5 22.24. 9,29 — 0,62 104.33.44,4 ~" 5,5
Août... 6 19.52.26,1 4.53.54,41 — i,o3 63.48.39,4- -H 6,8
19 5.16.11,4 i5. 8.45,02 —0,12 109.36. 9,0 — 0,6
2l(*) 6.53.37,5 16.54.24,86 —0,29
22(*) 7.48. 2,6 17.52.57,32 — 0,40
22 7.48. 2,8 17.52.57,48 —0,25 117.51.39,1 + 4,3
24(*) 9.43.28,5 19. 56. 36, 3i —0,47 ii5.56.4o,8 + 2,9
(*) Observations faites aux instrumenis de Ganibey.
( 1267 )
Correction
Correction
Ascension
de
Distance
de
droite.
l'éphéméride.
polaire.
l'éphéméride.
Temps
1874. moyen.
h m 9 h m 8 s o , „ „
Août.... 24 9.43.28,7 19.56.36,46 —0,33 ii5 56.39,7 -f- 1,8
35{*) 10.40.54,5 20.58. 7,34 — o,4'-« 112.22.26,0 -+- 3,7
25 10.40.54,7 20. 58. 7,55 — 0,21
26(*) 11.36.16,2 21.57.33,34 — o,5o 107.16.54,8 + 3,7
26 II. 36. 16, 2 21.57.33,37 —0,47 107.16.54,7 + 3,6
28 i3.23.38,o 23.49-5i,oo —0,62 g4. 2.49,5 4- 7,7
Septemb. 3 18.46.17,6 5.37-58,00 —1,02
4 19.45. 0,9 6.40.48,11 — i,o5 61. 58. 58, 5 — 1,7
14 2.29.36,7 14. 4-'°'83 — o,3o
i5 3. II. 5 1,0 I 4.50.30,19 — 0,29
18 5.37. 7,3 17.28. 6,12 —0,25 117.35.38,1 — 0,8
i9(*) 6.31.54,8 18.27. 0'58 —0,49
19 6.3i.55,o 18.27. 0,82 — o,25 118.12. 6,4 + 5,9
21 8 . 9.6 . 1 3 1 1 4 . 26 . 59 , 5 — 1 , o
24 II. 6. 3,0 23.31.33,72 —0,42 97.42.4i>9 + 3,0
25 11.59.35,7 0.16. 58, 12 —0,67 90.24-21,0 + 4'5
26 13. 5i. 12,7 1.12.39,52 — 0,74 83. 1.32,6 + 7,2
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23 10.32.25,0 0.42.10,26 — 0,58
23(*) 10.32.35,0 0.42.10,35 —0,49 87. 2.ig,i + 5,5
24 11.24.48,1 1.38.39,84 —0,69 79.44.52,4 + 4,3
240 11.24.48,3 i.38.4o,o3 — o,5i 79.44.56,3 + 8,3
25(*) 12.31.21 73. 3.24,5 -H 9,4
36(*) i3.2i.ii,3 3.40.54,99 —0,81 67.32.26,1 -1-6,6
27 14.32.58,2 4-4'3-47-42 —0,60 63.42.33,9 H- 4i9
Novemb. 1 19. 6.3i,3 9.50.59,17 —0,95 71.57.35,2 — 2,4
3 20.31.45,7 11.24.24,61 —0,44 82.37.56,5 —6,0
14 4. 7.50,7 19.43.18,68 —0,26 116. 38. 3i, g -f- 4,3
i7(*) 6.42.13,5 33.29.53,64 — 0,27
19 8.19.11,5 o.i5. 0,61 —0,19 90.37.24,0 -I- 2,6
2i(*) 10. 1.21,8 2. 5.23,78. —0,73 76.33.40,3 -t- 5,4
21 10. 1.22,3 3. 5.24,23 — 0,2g 76.33.37,0 -+- 2,2
23(*) 12. 0.49,8 4- 10-42,86 —0,65 65.35.37,5 — 0,5
23 12. o.49)9 4-'°'43,c>i — o,5o 65.35.32,4 4- 4,4
240 i3. 4.44,3 5.18.43,31 -0,79
25 i4- 9-'6,7 6.27.23,38 — 0,74 61.49. 4,6 + 1,5
C) Observations faites aux instruments de Gambey.
16/1..
( 1268 )
Correction Correction
Temps Ascension de Distance de
1374, moyen. droite. l'éphéméride. polaire. l'cplioméride.
h m s h m s s
Décenib. 2 19.48.57,8 12. 35. 5o, 54 — o,5o o , „
3 20.28. 7,8 iS.ig. 3,22 — o,58 97.53,25,7 — 3,6
i5 5.26.37,6 23. 4-27178 —0,27
3i 19. 4.5o,o 13.45.54,60 —0,35 101.26.25,5 — 3,0
MÉTÉOROLOGIE. ~ Quelques remarques sur la discussion au sujet des cyclones;
par M. Faye.
« On vient de me montrer à Bordeaux, dans les Comptes rendus du mois
dernier, plusieurs articles de MM. Peslin et Cousté, intitulés Réponse à
M. Faye. Je n'ai nullement critiqué le Mémoire que M. Cousté a présenté
à l'Académie il y a trois mois : cela serait contraire aux usages académiques ;
car ce Mémoire a été renvoyé par M. le Président à une Commission dont
il convient d'attendre le Rapport, à supposer toutefois que cette Commis-
sion juge à propos de se prononcer sur ce travail. Il m'importe de ne pas
laisser croire que j'ai manqué à ces usages.
» Dans le même numéro (26 avril) M. Peslin m'accuse de trier les faits :
« Si chacun agissait de même, dit-il, la discussion deviendrait impossible. »
Plus loin, il donne à penser que je pourrais bien considérer le gulf-stream
comme un tourbillon dont la pointe affouillerait le lit de l'Atlantique.
» En attendant que je reprenne la discussion interrompue, démon côté
du moins, par mon absence, je tiens à ne pas laisser l'Académie sous celte
double impression. Présenter le gulf-stream comme un tourbillon et, qui
pis est, comiue un lourbUlon à pointe, et surtout trier les faits pour ne
retenir que ceux qui seraient favorables à ma thèse, ce serait un double
tort dont je ne suis nullement coupable.
» Au fond, il y a là luie question de logique ou plutôt de méthode dont
M. Chevreul a plus d'une fois entretenu l'Académie, je veux parler de la
distinction qu'il faut faire entre les faits et leur interprétation. Avant toutes
ces discussions j'étais loin , je l'avoue, d'apprécier comme il convient l'im-
portance de cette distinction, tant elle me semblait natin-elle, et pourtant
me voilà obligé de l'invoquer contre M. Peslin, comme j'ai dii le faire au-
paravant contre le P. Secchi, contre M. Reye, etc. C'est donc que, dans
l'enseignement ou dans la culture moderne des sciences expérimentales, il
y a réellement une lacune à ce sujet.
» Procédons par des exemples : un paysan voit tomber dans son champ
( laSg )
une pierre enflammée. La pierre a semblé partir d'un petit nuage noir qui
s'est formé subitement avec un bruit de détonation semblable au fracas
du tonnerre. Ce paysan décrit fort bien le phénomène dont il a été témoin,
puis il ajoute que c'est la foudre qui est tombée en pierre. L'homme de
science enregistre avec soin ces témoignages, mais il en écarte l'apprécia-
tion du témoin, à savoir que la météorite est une pierre de tonnerre. II se
rappelle d'ailleurs que cette appréciation n'a même pas été spontanée; c'est
un vieux préjugé qui a cours dans les veillées du village et dont le specta-
teur s'est fait l'écho. Est-ce là trier les faits?
» Un marin voit une trombe et la décrit parfaitement. C'est, dit-il, par
im temps orageux une sorte de nue eu forme d'entonnoir, la pointe en bas,
qui semble unir pendant quelque temps les lourds nuages supérieurs avec
la surface de la mer. A son extrémité inférieure, là où cet entonnoir nébu-
leux atteint la surface de l'eau, celle-ci est violemment agitée en tous sens.
De plus, cette trombe marche avec rapidité comme les nuages eux-mêmes,
d'où pend cette longue colonne nébuleuse, et cela malgré le calme géné-
ral de l'atmosphère inférieure. Tous ces faits proprement dits sont dignes
de confiance, car, pour les bien noter, il suffit d'avoir de bons yeux, l'ha-
bitude d'observer ce qui se rapporte au temps et à la mer et de savoir
s'exprimer avec ordre et précision. Mais, lorsque le marin ajoute sans hé-
siter que cette trombe aspire l'eau de la mer, qu'elle s'en remplit et la dé-
verse dans les nuages, que finalement cette eau ainsi pompée jusqu'à
Goo mètres et plus d'élévation retombe en cataracte écrasante quand la
trombe vient à se briser, ce marin n'énonce plus de faits, il interprète à sa
façon le phénomène dont il est témoin.
» J'ai fort de dire à sa façon, car il n'est que l'écho d'un préjugé que les
marins se transmettent d'âge en âge, tout comme les paysans celui de la
foudre en pierre. Il leur est en effet impossible de voir ce qui se passe
dans cet entonnoir, puisqu'il est formé d'une gaine nébuleuse, c'est-à-dire
opaque; jamais ils n'ont pénétré dans l'intérieur de cette gaîue (i); ils ne
peuvent même étudier après coup l'action qu'elle a exercée, puisque les
traces en disparaissent aussitôt à la surface des eaux. Pour les Irondjes de
terre, au contraire, qui ont exactement le même aspect et dont on peut
étudier les effets par les ravages qu'elles ont produits sur le sol, nous sa-
vons bien, par expérience, que dans ce vaste entonnoir vertical il n'y a
(i) Cependant un fait lemarqualîle, raiiporté par Dampier (voir Annuaire du Bureau da
Longitudes pour 1875), aurait bien dû les éclairer à ce sujet.
( 1270 )
qtie de l'air qui tourbillonne avec violence, brisant et détruisant tous les
obstacles qui lui offrent quelque prise. Mais le marin a entendu cent fois,
dès sa jeunesse, dire que les trombes pompent l'eau de la mer, et il le ré-
pète avec la même assurance que le paysan parlant des pierres de ton-
nerre; celui-ci du moins a pu voir dans son village des fragments de ces
pierres singulières conservés soigneusement sur quelque cheminée.
» Prendre dans ces récits souvent très-remarquables les faits eux-
mêmes accessibles à l'observation, et laisser de côté les impressions du
spectateur ou plutôt les idées qu'on lui a suggérées, ce n'est pas trier les
faits, c'est les dégager d'interprétations qui n'ont même pas le mérite
d'être spontanées et personnelles.
» M. Peslin prend la défense de ces interprétations : je le conçois; ce
sont précisément ces fables-là qui ont donné naissance à l'étrange théorie
des météorologistes qu'il a adoptée et qu'il se croit obligé de défendre
contre moi; mais je ne puis lui accorder que ce soient là des faits réelle-
ment observés et dès lors acquis à la science.
» Quelle différence entre ces récits, où les idées préconçues tiennent
une si grande place, et le compte rendu que j'analysais dernièrement d'un
petit tornado du Vendômois, où la science n'a pas une ligne, pas un mot
à retrancher, parce que le savant physicien qui en est l'auteur s'est fran-
chement attaché à décrire les faits sans se laisser influencer par aucune
idée préconçue.
» M. Peslin veut-il un exetnple de plus? Je le prendrai dans son propre
article. Il raconte, et c'est jusqu'ici le seul argument de fait qu'il m'ait op-
posé, que M. Liais, au Brésil, s'étant engagé dans un tourbillon de pous-
sière, son parasol à la main, a été obligé de lutter de toutes ses forces
pour retenir ce parasol , qui était soulevé par le tourbillon et en même
temps attiré vers son axe II n'a pu le retirer qu'en lambeaux. De là la con-
clusion que les tourbillons aériens, au rebours des tourbillons d'eau, sont
à la fois ascendants et convergents. Je ne rejetterai rien de ce récit, si ce
n'est peut-être l'attraction vers l'axe du tourbillon en marche, car cela de-
vait être assez difficile à constater; mais je ne puis m'empêcher de faire re-
marquer que le même accident arrive tous les jours, par un grand vent,
aux porteurs de parapluie, sans qu'on ait imaginé jusqu'ici d'en conclure
que les vents sont ascendants et soufflent de terre vers le zénith. Un para-
pluie tenu à la main peut être ainsi enlevé, retourné, déchiré même par un
vent horizontal; s'd était abandonné, le vent l'emporterait à peu près pa.
rallèlemcnt au sol, comme un simple ballon bien lesté.
( I27I )
« Je reconnais donc, avec M. Peslin, qu'il n'est pas permis de trier les
faits, mais tout le monde m'accordera qu'il faut passer au crible de la
critique les récits des témoins lorsqu'il s'y mêle des impressions étrangères
au phénomène.
» Loin de trier les faits^, je me suis attaché à réunir et à classer tous
ceux qui ont trait aux mouvements tournants (à axe vertical) dans les
liquides et dans les gaz. 11 y a là, en effet, un vaste ensemble où tout est
lié et où l'on passe, par des gradations presque insensibles, du plus petit
tourbillon formé passagèrement dans le courant de nos fleuves, aux plus
grandes gyrations de nos tempêtes tournantes. Et ce n'est pas moi seul,
comme M. Peslin paraît le croire, qui rattache ainsi les uns aux autres ces
myriades de faits; car, d'une part, les météorologistes ont signalé bien
avant moi l'analogie, l'identité même qui existe entre les plus petits et les
plus grands mouvements tournants (à axe vertical) de l'atmosphère, et,
d'autre part, les hydrauliciens ont signalé, depuis plus d'un siècle, l'ana-
logie qui existe au point de vue mécanique entre les tourbillons de nos
cours d'eau et ceux des gaz ou de l'air. L'Académie voudra bien remarquer
que je n'ai pas trié les faits de cette immense série; je les ai tous pris,
classés et étudiés intégralement, sans exception, cherchant à saisir et
réussissant, je crois, à mettre en évidence un nouveau caractère commun
sur lequel l'attention de mes prédécesseurs ne s'était pas portée.
» Passons au second point, c'est-à-dire à cette idée que M. Peslin me prête
que le gulf-stream pourrait bien être un tourbillon dont la pointe affouil-
lerait le fond de l'Atlantique. J'avoue que je tiens à m'en défendre pres-
qu'autant que de la première accusation, mais j'y vois aussi la preuve que
mes travaux n'ont pas été examinés sérieusement par mon savant cri-
tique.
» Les grands courants de la mer, tels que le gulf-stream, peuvent et même
doivent donner naissance à des mouvements tourbillonnaires tout comme
les cours d'eau ou les grands courants atmosphériques; mais ces courants
sont la cause et les tourbillons sont de simples effets plus ou moins pas-
sagers dus aux inégalités de ces courants. Assimiler le gulf-stream à un
tourbillon, autant vaudrait transformer le Rhin ou le Danube en mouve-
ments gyratoires.
» Mais, en admettant qu'entre le vieux et le nouveau monde il existât un
vaste mouvement tournant de quelques centaines de lieues de diamètre, il
ne saurait être question de la pointe de ce tourbillon ni de l'affouillement
produit par cette pointe sur le lit de l'Océan. Qu'il s'agisse de l'eau ou de
( 1272 )
l'air, la formule générale de mes idées c'est que les mouvements gyra-
toires à axe vertical sont 1° descendants et 2° limités, dans leur développement
vers le bas, par l'obstacle du sol. De là, dans ces phénomènes, deux formes
très-dissemblables, selon que l'obstacle du sol est éloigné ou voisin de la
couche où le mouvement gyratoire prend naissance : l'une est celle d'un
entonnoir démesurément allongé, l'autre est celle d'un disque tout à fait
plat.
» Dans le premier cas l'orifice inférieur est si petit, par rapport à la
hauteur, qu'on peut le désigner par le nom de pointe. C'est par leur pointe
que les trombes aériennes affouillent la surface de la mer ou ravagent le
sol. Elles ont une hauteur visible de 5oo à 600 mètres et plus, tandis que
l'orifice inférieur est de 3o, 5o, 100 mètres. Les proportions sont les
mêmes, grossièrement, pour les tourbillons ordinaires de nos fleuves.
» Dans le second cas, les proportions sont tout autres. Considérez, par
exemple, ces vastes mouvements tournants du Danube, dans lesquels des
équipages de pontons on des radeaux une fois engagés se voient entraînés
dans un mouvement circulaire dont ils ne peuvent sortir sans secours ex-
téricur(M. le général Morin). Pour une largeur de 100 mètres, par exemple,
vous ne trouverez qu'une profondeur de 5 à 10 mètres au plus, et alors la
proportion précédente se trouve renversée. Ces grands tournants agissent
encore sur le fond, mais non par leur pointe, puisque l'obstacle du sol em-
pêche celle-ci de se former, et s'ils enlèvent cà et là un peu de vase au lit
du fleuve, ils peuvent, en d'autres parties de leur circuit, produire un effet
opposé en laissant déposer les troubles arrachés dans l'autre (M. Belgrand).
» De même pour l'atmosphère; considérez ces grands cyclones de 100
à 200 lieues de diamètre, auxquels on ne saurait guère assigner plus de
2 lieues de hauteur ; leur forme contraste tellement avec celle des trombes
que, si nous assimilons celles-ci à un entonnoir, nous ne trouverons, pour
les premiers, d'autre terme de comparaison qu'un disque plat comme une
pièce de monnaie découpée dans une feuille de métal d'une extrême min-
ceur (i). C'est que le mouvement gyratoire, débutant sur une aire d'une
immense étendue, ne trouve pas au-dessous de lui une profondeur d'atmo-
sphère suffisante pour se développer en entonnoir. Et, pour le dire en
(i) J'emprunte cette corapaiaison à RI. Rowell, qui vient de m'adresser une Note, On the
nature and cause qf cyclones, from the Gardcncrs CItronicle, 1868 : « A disk of the tliick-
ness of a shilMng and ciglitcen inchcs in diamètre would represent the proporlion of such a
storni of only three hundred miles in width. »
( '^73 )
passant, la persistance d'un tel phénomène, malgré l'obstacle du sol, serait
incompréhensible s'il n'avait sa cause première dans les courants supé-
rieurs de l'atmosphère, dont les inégalités de vitesse s'épuisent ainsi sur le
sol, absolument comme dans nos cours d'eau.
» Il ne faudrait pas conclure de ce que je viens de dire que ces deux
formes en entonnoir et en disque plat soient essentiellement distinctes et
décèlent des phénomènes d'ordres différents. On n'oserait le soutenir pour
les cours d'eau, car on y voit des tourbillons à axe vertical de toute gran-
deur qui servent de lien entre les formes extrêmes. Il en est de même des
tourbillons aériens, où la forme typique varie pour ainsi dire continuelle-
ment, depuis l'entonnoir si prononcé des trombes jusqu'aux disques tour-
nants des cyclones, selon le rapport qui existe entre l'embouchure du
mouvement tournant dans les courants supérieurs et la distance où cette
gyration peut se propager vers le bas sans rencontrer l'obstacle infran-
chissable du sol. Le Soleil seul, grâce à l'étendue pour ainsi dire illimitée
de sa masse gazeuse, présente toujours ces phénomènes au complet.
» Une dernière remarque pour terminer. J'ai déjà dit que, loin de trier
arbitrairement les faits, je les ai rassemblés et réunis sous une conception
générale qui comprend les nombreux phénomènes auxquels je viens de
faire allusion ; j'ajoute maintenant que cette théorie comprend et explique
les belles lois des tempêtes, dont on doit la découverte aux observateurs
anglais et américains, les précieuses règles nautiques qui en dérivent et
jusqu'aux anomalies qu'on y signale parfois. Qu'il me soit permis, en at-
tendant que je puisse compléter ma Réponse devant l'AcadétDie, d'appeler
l'attention des météorologistes et surtout des navigateurs sur la Notice que
j'ai publiée à ce sujet dans l'^nmwfVe du Bureau des Longitudes pour iS^S. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Étude des taches et des protubérances solaires
de 1871 à 1875. Note du P. Secchi.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un tableau résumant les résul-
tats des observations qui ont été faites à l'Observatoire du Collège romain,
dans ces quatre dernières années, sur les protubérances et les taches so-
laires. Ces observations, commencées le aS avril 1871, s'arrêtent au 10 avril
1875, et comprennent environ cinquante-deux rotations solaires.
» La colonne 1 du tableau donne le numéro d'ordre des rotations; la
colonne 2, la date approchée du commencement des rotations synodiques.
D'abord elles ont été plusieurs fois augmentées de quelques jours pour
C.R., 1875, i" Semestre. {T. LWX., IS» 20.) l65
( '274 )
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( 1276 )
les renfermer dans raiinée, mais ensuite on les a prises alternativement
de vingt-sept et vingt-huit jours. Les colonnes 3 et 4 font connaître le
nombre des protubérances pendant chaque rotation. On a séparé les
nombres relatifs aux deux hémisphères du Soleil; mais le résultat total
dépendant des jours d'observations, il fallait éliminer cette influence, et,
pour cela, dans la colonne 5, on a inscrit le nombre des jours d'observa-
tions relatifs à chaque rotation. En divisant alors par ce nombre la totalité
des protubérances enregistrées, on a une moyenne indépendante de la fré-
quence des observations ; elle est transcrite dans la colonne 6.
» Comme on peut le remarquer, la moyenne diurne du nombre des protu-
bérances, qui était, en 1871, de i4à 16, est actuellement réduiteà 9 ou 10
et quelquefois à 4 seulement. Si l'on considère la surface des protubérances
on trouve une réduction encore plus frappante ; mais, les calculs n'étant
pas achevés, je ne saurais, dans ce moment, préciser les chiffres : leur rap-
port serait de i5 à 5 à peine.
» Il était intéressant de rapprocher cette diminution des protubérances
de la diminution des taches. Pour cela, on pouvait procéder de deux
façons : comparer les nombres ou comparer les surfaces. J'ai employé les
deux méthodes.
» La colonne 7 présente le nombre des groupes comptés d'après la mé-
thode exposée dans le BuUellino de l'Observatoire; chaque groupe contient
souvent plusieurs taches, mais leur nombre importe peu. La colonne 8
donne la surface des taches. Ici encore, pour éliminer l'influence des jours
couverts qui ne pcrnieltent pas d'observation, les surfaces ont été divisées
par le nombre dos jours d'observations que renferme la colonne 9. A la co-
lonne 10 est inscrit le résultat de cette division.
» En résumé, au milieu de grandes variations, on voit que, en 1871, la
moyenne des surfaces oscillait entre 80 et 100, et qu'actuellement elle oscille
entre 8 et 20. La moyenne des groupes oscillait entre 21 et 26 en 1871, et
entre 6 et 7 en 1870. Ces changements sont trop sensibles pour être illu-
soires. J'ajouterai que la détermination des aires des taches ne comporte
pas une précision absolue, elle est toutefois suffisante pour la question
actuelle. On s'est borné à évaluer sin- les dessins la surface des taches en
millimétrés carrés : chaque millimètre linéaire équivaut à 8 secondes d'arc.
On n'a pas tenu compte du raccourcissement provenant de la courbure de
la sphère solaire par rapport au plan de projection du disque. Cela change-
rait, sans doute, les nombres absolus des surfaces; mais, eu égard au nombre
considérable de rotations, le rapport serait peu modifié.
( 1277 )
» Je ne regarde ces résultats que comme préliminaires : ils nous ap-
prennent toutefois que l'activité solaire, accusée par la quantité des taches,
correspond à la manifestation que présentent les protubérances. Un paral-
lélisme absolu ne pourrait être attendu; car on sait que certaines protubé-
rances purement hydrogéniques n'ont aucune relation avec les taches.
» Actuellement, les manifestations d'activité solaire pour les protubé-
rances sont très-affaibiies aux pôles, où il est rare d'en constater, et le petit
nombre que nous avons se présente dans les zones habituelles des taches
(zones royales de Scheiner). Les détails des protubérances qui sont en rela-
tion avec les taches étant donnés mensuellement dans le Bulletlino de l'Ob-
servatoire, je m'abstiendrai de les reproduire ici.
» Les changements considérables qui se produisent dans l'activité solaire,
tant pour les taches que pour les protubérances, nous font penser que nous
devons nous attendre à d'autres variations. Ainsi je ne suis pas étonné que
M. Langley trouve que la différence de température, que j'ai signalée
en 1862 entre l'équateur et les zones de 3o degrés, n'est plus sensible
comme à cette époque. Sans doute cette différence alors était frappante,
et les résultats obtenus plusieurs fois et de plusieurs manières ne furent
pas équivoques. Les instruments n'avaient probablement pas la délica-
tesse de ceux qu'a employés M. Langley, mais il n'en résulte que mieux
que ces différences étaient considérables et hors de doute. Ces résul-
tats ne furent pas la conséquence d'idées théoriques, comme on l'a sup-
posé, je les ai acceptés avec défiance, et je ne les ai admis qu'après une
année d'expériences. Si des idées théoriques s'ensuivirent, elles n'ont pu
toutefois démentir les faits. On peut se demander si l'activité accusée à
l'équateur par les taches et les protubérances ne doit pas être accom-
pagnée d'une activité calorifique du même ordre. La période actuelle de
calme dans le Soleil pourrait expliquer le résultat de I\L Langley. Il paraît
lui-même sensible à celte exception, car il ne regarde ces résultats que
comme provisoires.
» Il y aurait lieu, en outre, de remarquer que son procédé d'observa-
tion différant du mien, le résultat en pouvait être influencé. La manière
d'observer de ^L Langley n'est pas expliquée avec assez de détails; mais,
si l'idée théoiique exprimée à la page 819 du tome XXX des Comptes rendus
représente sa manière d'opérer, il y a lieu d'y faire des objections. En
promenant une pile thermo-électrique le long de l'image solaire faite dans
une huiette, on reçoit sur la pile des pinceaux qui ont traversé les lentilles
sous différentes obliquités, et ont peut-être déjà subi des absorptions iné-
( '278 )
gales. J'ai eu soin de fixer la pile sur l'axe optique de la lunette et de
diriger toujours sur cet axe les points à examiner. On évite ainsi les diffé-
rences d'inclinaison des rayons sur l'axe des lentilles. De plus, comme le
pôle solaire est toujours très-voisin des bords du disque, cette région tombe
dans la zone sur laquelle l'absorption de l'atmosphère solaire exerce une
influence considérable. Par l'action de cette atmosphère, la petite diffé-
rence des intensités à l'équateur et au pôle pourrait bien disparaître :
c'est pour cela que je me suis tenu à des distances du bord plus considé-
rables.
» Je regrette de ne plus avoir à ma disposition les appareils que j'ai em-
ployés autrefois, je ne puis donc reprendre les mêmes expériences dans la
période actuelle du minimum des taches; j'espère toutefois que M. Langley
tiendra compte de mes remarques, et répétera ses observations avec une
pile fixée sur l'axe de l'instrument, en évitant également de prendre des
mesures tro|) près des bords. Si, malgré cela, son résultat subsiste, il faudra
attendre que le Soleil offre une activité plus considérable, et chercher la
cause de cette différence dans les résultats qu'aurait donnés l'expérience. »
THERMODYNAMIQUE. — Conditions dti maximum de rendement calorifique
des machines à Jeu. Note de M. A. Ledieu (i).
« Le fonctionnement de toute machine à feu produit un mouvement
continu qui correspond à un cycle fermé, décrit indéfiniment tant que
marche l'appareil.
» Mais, pour quily ait un cycle fermé déterminé, il faiit que !e corps tra-
vailleur revienne successivement à l'état et à la température qu'il possède au
commencement de chaque aller du piston, soit au début de chaque cycle. Ce
retour à l'état primitif oblige à abandonner à la source de froid une certaine
quantité de la chaleur empruntée à la source de chaud. On conçoit tout
de suite que cette quantité doit posséder, poin- deux températures extrêmes
données de fonctionnement, un minimum correspondant au cas de la produc-
(i) A propos de la qucsiion des refroidissements internes du cylindre dont nous avons
parlé dans notre Note du lo mai dernier, on nous prie de rappeler que, dès i845, Combes
a mis expérimentalement en relief les résultats économiques auxquels conduit l'enveloppe
à vapeur de Watt. De son côté, BI. Hirn, au début de ses travaux sur la machine à vapeur,
vers i85'j, a établi que, sous peine de commettre des erreui-s énormes, il fallait tenir
compte de l'influence des parois des cylindres comme réservoirs positifs et nég:itifs de
chaleur.
( '279 )
tion la plus économique de travail. Ce minimum constitue une perte forcée
qu'aucune combinaison ne saurait prévenir; mais si ledit abandon de cha-
leur à la source de froid est plus considérable qu'il n'est nécessaire, il sur-
vient alors ce qu'on appelle des pertes évilables de calorique, lesquelles repré-
sentent la différence entre la quantité de chaleur véritablement abandonnée
et celle qu'il était strictement nécessaire de céder, c'est-à-dire la perte
forcée.
» A la suite de son théorème, S. Carnot a indiqué le premier la condition
du maximum de travail réalisable pour une dépense donnée de chaleur,
avec un fonctionnement entre deux températures déterminées, c'est-à-dire
la condition du maximum de rendement calorificpie. Toutefois, la proposition
qu'il a formulée à ce sujet non-seulement n'est pas prouvée, mais même n'est
pas complète. La doctrine actuelle sur la chaleur permet de combler la la-
cune et de donner à la proposition dont il s'agit l'énoncé général suivant :
» La condition suffisante et nécessaire du aiAXiMUM de rendement calorifupie
est qu'il ne se produise dans le corps travailleur aucun chancjement de tempéra-
ture qui ne soit occasionné par une variation de volume, et, conséquemment,
par un travail djnamomé trique ; ou sinon, qui ne corresponde à du calorique mis
momentanément en réserve dans un sjstème voisin, ou à la reprise ultérieure
de ce calorique par le corps travailleur : cette i^eprise devant ciailleurs s ef-
fectuer aux mêmes températures que celles où a eu lieu la mise en réserve.
n L'énoncé précédent renferme toute la philosophie de l'application de
la Thermodynamique aux machines à feu. On peut le regarder comme un
corollaire inmiédiat du principe de l'équivalence mécanique de la chaleur;
et dès lors il y a moyen de le démontrer directement, sans avoir recours à
aucune proposition subsidiaire de Thermodynamique.
)) 11 suffit pour cela de prouver qu'aucune modification de la tempéra-
ture du corps travailleur ne doit s'effectuer par son contact avec les sources
de chaud ou de froid.
» Et, en effet, toute portion de la quantité déterminée de calorique
fournie par la source de chaud, qui serait employée à ramener la tempéra-
ture du corps travailleur à sa valeur maximum, serait mal utilisée. Car
sans cela ou pourrait la transformer en un travail dynamométrique, au
lieu de la laisser se convertir en un travail vibratoire dont il n'y a plus
moyen de tirer parti désormais; tandis que, du reste, le retour à la tempé-
rature en question peut s'opérer par le corps travadieur lui-même, qui au-
trement devrait, pour la fermeture du cycle, abandonner à la source de
froid plus de calorique qu'il n'est nécessaire.
( I28o )
» De son côté, tout refroidissement du corps par la source de froid, avant
qu'il ait atteint de lui-même sa température minimuin,constituerait une perte
évilnble, puisque le calorique disparu dans ce refroidissement pourrait être
converti en travail dynamométrique. Il n'y a évidemment d'exception aux
deux conclusions précédentes que si le corps met en réserve, dans un sys-
tème voisin, du calorique destiné à être repris aux températures mêmes où
il a été abandonné.
« Il résulte de ces considérations que le corps travailleur ne doit prendre
de la chaleur à la source de chaud et n'en céder à celle de froid qu'à des
tempéralures constantes et respectivement égales à la leur; autrement dit
le corps doit travailler isothermiquemenl pendant toute la durée de son
contact avec l'une ou l'autre desdites sources. D'autre part, le retour du
corps travailleur à sa température de début doit s'effectuer sans le secours
de la source de chaud, soit adiabntiquement, et sous l'action d'un tra-
vail dynamométrique extérieur emprunté au cycle lui-même; ou encore
sous l'action d'un pareil travail combiné avec la reprise, suivant la manière
voulue, du calorique qu'il est loisible de mettre en réserve dans un système
voisin. Enfin, pour tout le reste du cycle, le corps doit aussi travailler adia-
batiquement, avec mise en réserve, s'il y a lieu, du calorique en question.
» La condition du maximum de rendement calorifique exige encore que
le cycle soit réversible, et par suite que la température et la pression soient
uniformes dans toute la masse du corps travailleur. En effet, quand il n'en
est pas ainsi, et que dès lors il s'agit d'un cycle non réversible, une portion
de la chaleur /of/nne ou enlevée, ainsi qu'une partie de V énergie potentielle
de ladite masse, sont employées à produire des mouvements des molécides
et même des particules de celle-là. Ces mouvements se transforment en
mouvements vibratoires des atomes; et finalement ils se traduisent en géné-
ral par un rétablissement d'uniformité dans la pression et la température du
corps travailleur. On conçoit tout de suite que, suivant le même ordre
d'idées que ci-dessus, il y a alors ou de la chaleur younne , employée à
produire des elfets autres que du travail dynamométrique extérieur qu'elle
serait à même d'engendrer; ou de la chaleur en/evee, qui l'est indûment, en
ce sens qu'd eût été plus avantageux de l'absorber par une conversion en
travail dynamométrique. »
( I28l )
NOMINATIONS.
L'xVcadémie procède, parla voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant pour la Section d'Astronomie, en remplacement de M. Jirj^,
élu Associé étranger.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 42,
M. Bentham obtient 4i suffrages.
M. Parlatore i »
M. Bentham, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
MÉMOIRES LUS.
M. Fremy, président de l'Académie, s'exprime en ces termes :
« Il y a peu de jours, je remerciais, au nom de l'Académie, les officiers
de marine qui viennent de rendre de si grands services à la science.
» Aujourd'hui, c'est à des savants et à des savants purs que nous adres-
sons nos félicitations, car la mission de Nouméa a été confiée, comme l'Aca-
démie le sait, à M. André, astronome de l'Observatoire, et au savant physi-
cien M. Angot.
» Le pays n'oubliera pas que, dans cette mémorable expédition scienti-
fique, les missionnaires de l'Académie ont rivalisé entre eux de dévouement
et de patriotisme.
» Les marins ont eu les qualités du savant, et les hommes de science,
nous le disons avec fierté, se sont conduits comme de braves marins. »
M. André répond :
« Nous remercions tous deux très-vivement M. le Président de l'Aca-
démie des éloges qu'il vient de nous adresser. Cette haute approbation est
pour nous une récompense bien supérieure à nos efforts et à nos travaux.»
C. R., 1875, i" Semeilre. (T. LXXX, N» 20.)
166
( 1282 )
ASTRONOMIE. — Sur les documents scientifiques recueillis à Nouméa par la
mission envoyée pour observer le passage de Vénus. Communication de
M. André.
« Partis de Marseille, le ig juillet dernier, nous sommes arrivés à Nou-
méa le samedi 2 octobre à y^So"" du soir.
» Il pleuvait alors à torrents, et nous hésitions à débarquer le soir même,
quand un de nos amis, M. le capitaine du génie Derbès, que j'avais informé
de l'époque probable de notre arrivée, vint nous prendre à bord et nous
offrir l'hospitalité. Nous acceptâmes de grand cœur; notre traversée de
Sydney à Nouméa avait été fort pénible, et la mer, si souvent mauvaise dans
ces contrées, avait ballotté en tous sens le petit steamer qui fait le courrier
mensuel entre la Nouvelle-Galles du Sud et la Nouvelle-Calédonie.
» Nous apprîtnes le soir même que, sur la proposition de M. Gaultier
de la Richerie, alors gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, le conseil colo-
nial avait mis une somme de cincj mille francs à la disposition de votre Com-
mission, et qu'en outre des études avaient été faites par M. Derbès sur les
conditions climatériques des différents points de l'île où nous pouvions
nous établir. Ces renseignements abrégèrent beaucoup nos recherches
préliminaires sur le choix de la station, et dès le 5 octobre nous étions en
mesure d'indiquer à M. le gouverneur, le colonel Alleyron, le point où
nous voulions nous établir.
)) Grâce à son obligeante intervention, l'escouade de forçats qui devait
nous servir de travailleurs fut bientôt formée et les travaux de notre instal-
lation commencèrent le 10 octobre : le temps pressait, en effet. Organisée
la dernière, la mission de Nouméa n'avait emporté aucune des cabanes
destinées à abriter ses instruments; quelques-unes même de ses lunettes
d'observation n'avaient point de montures. Les ateliers du génie, de la
direction d'artillerie, du télégraphe et de la transporlation furent mis à
contribution, et dans les premiers jours de novembre notre installation
était à peu prés complète.
» En même temps que se poursuivaient ces travaux de construction,
nous avions poiu'vu à ini autre besoin, celui de munir d'observateurs les
différents instruments que nous avions apportés avec nous. Sur les conseils
de MM. Dumas et Fizeau, nous avions en effet emporté, outre ime lunette
de 6 pouces qin devait nous relier aux stations françaises, trois lunettes
de /[ pouces destinées à nous mettre en relation avec les nombreuses
slalions russes échelonnées sur la frontière méridionale de la Sibérie et une
( 1283 )
lunette de 3 pouces non argentée, qui devait surtout servir à l'observa-
tion physique du pliénomène.
» Un savant anglais, le révérend Richard Abbay, membre de la Société
Royale Astronomique de Londres, Fellow de Wadham-College à Oxtord,
et connu par ses observations des échpses de 1870 et 1871, en Espagne et
dans le sud de l'Inde, vouhit bien se charger de la lunette de 3 pouces.
» Lorsque nous l'avons rencontré, ce savant quittait l'île de Ceylan qu'il
venait d'explorer pendant plus de deux ans et se rendait en Australie
continuer ses études; il fit exprès le voyage de Nouméa pour observer le
beau phénomène qui nous y appelait nous-mêmes.
)) Les trois lunettes de 4 pouces avaient été confiées à des officiers
du génie ou de l'artillerie de marine, anciens élèves de l'École Polytech-
nique, MM. les capitaines Derbès, Berlin et Robaut.
» Dès la fin du mois d'octobre, un appareil à passages artificiels, analogue
à celui que M. Wolf avait mis à notre disposition, à Paris, était installé, et
nous nous exerçâmes tous assidûment avec lui jusqu'au jour du passage.
» En même temps, mon collègue M. Angot formait et instruisait le per-
sonnel qui devait l'aider dans ses opérations photographiques : ce n'était
point une tâche facile avec les éléments dont il disposait; il s'en est néan-
moins tiré avec autant de talent que de bonheur.
)) Cependant nous n'étions pas sans inquiétude sur l'issue finale de notre
mission. Depuis notre arrivée, chaque nouvelle Lune avait été marquée par
une série de jours pluvieux ou absolument couverts, et depuis neuf à dix
mois il en était, paraît-il, toujours ainsi. Or, le 9 décembre était précisé-
ment un jour de nouvelle Lune; et, quelle que fût notre conviction qu'au
point de vue météorologique les lunaisons peuvent parfaitement se suivre
sans se ressembler, c'est avec une véritable terreur que nous vîmes, M. An-
got et moi, le temps se mettre à la pluie dès le 4 décembre. Il se maintint
ainsi, jusque dans la matinée du 9, sans changement sensible dans l'état
dubaromètre qui, toujours très-haut, oscillait entre 762 et 760 millimètres.
» Le 9 (lécenibre, à 8 heures du matin, on terminait la sensibilisation des
deux cents plaques daguerriennes qui avaient été polies et préparées la
veille; à 9 heures, le baromètre était à 759,8, le ciel absoliunent couvert,
et pas la moindre trace de brise dans l'air ne faisait espérer que cet état dût
changer. Vers lo'-So", cependant, les nuages diminuèrent peu à peu d'in-
tensité, et à ii''i5™ nous pûmes apercevoir à travers le rideau qu'ils for-
maient l'image du Soleil, d'ailleurs singulièrement voilé. L'espoir nous re-
venait peu à peu. Chacun de nous se rendit alors à sou poste afin de profiler
166..
( 1284 )
de la moindre éclaircie pour vérifier la mise au point de sa lunelte et
chercher à apercevoir Vénus que jusqu'au 5 décembre nous avions vue en
plein joiu' à l'oeil nu.
)) Le temps continua à s'améliorer légèrement jusqu'à l'époque du pre-
mier contact externe que nous observâmes à travers les nuages. Au mo-
ment du deuxième contact (premier contact interne), de légers nuages
blancs recouvraient encore le Soleil ; néanmoins l'observation put se faire
dans de bonnes conditions, et l'écart maximum des nombres obtenus avec
les trois instruments qui donnèrent un contact géométrique ne surpasse
pas 4 secondes.
» Avec les deux autres instruments, au contraire, le contact ne se présenta
pas avec la même netteté; la planète et le Soleil se montrèrent séparés l'un
del'autre parunesérie d'anneaux alternativement obscurs et brillants, pré-
sentant toute l'apparence des franges de diffraction. Mais, si l'on note avec
soin le moment où l'on voit commencer ce phénomène et celui où il se ter-
mine, la moyenne des deux nombres ainsi obtenus coïncide presque exacte-
ment avec celle'des nombres donnés par les instruments où le contact était
géométrique. Cette remarque, qui peut avoir son importance, n'est d'ail-
leurs point isolée : l'étude attentive des observations faites à l'Observatoire
de Sydney conduit à la même conclusion.
» Au moment du troisième contact (deuxième contact interne), le Soleil
fut complètement invisible, et nous ne pûmes observer le dernier contact
qu'à la condition d'enlever les verres noirs et de regarder directement
l'image focale à travers l'oculaire seul.
» En résumé, au point de vue astronomique, des deux contacts internes
qui devaient être les plus utiles, nous avons pu en observer un dans de
bonnes conditions.
» Mais, si le temps ne nous avait pas entièrement favorisé pour l'observa-
tion directe, nous fûmes beaucoup plus heureux au point de vue photogra-
phique. Le ciel ne fut, il est vrai, complètement découvert que pendant de
bien courts et bien rares intervalles, mais les nuages ne furent presque ja-
mais assez épais pour empêcher la formation d'une image nette ; et comme
la règle suivie par M. Angot était de prendre des épreuves dès l'instant où
le Soleil donnait des ombres appréciables, nous avons pu obtenir deux
cent quarante [)hotographies, parmi lesquelles, d'après l'opinion de M. Fi-
zeau, cent sont certainement boiuies et se prêteront facilement aux me-
sures.
» Tel est le résumé succinct de nos travaux. Je demande à l'Académie la
( 1285 )
permission de le terminer en remerciant tont paiticulièrenient M. le capi-
taine de vaisseau Pierre, commandant la station navale de Nouméa, dont
le concours bienveillant ne nous a jamais fait défaut, et deux jeunes offi-
ciers de cette station, M. Ravel, enseigne de vaisseau, et M. Legras, aspi-
rant, qui nous ont aidés tous les deux avec autant de zèle que de dévoue-
ment. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
GliOMÉTRIE. — Sur la délerminalion des singularités de la courbe gauche,
intersection de deux surfaces d'ordres cjuelconques qui ont en commun un
certain nombre de points multiples. Note de M. L. Saltel.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Lorsque les surfaces données n'ont aucun point multiple commun, les
singularités de la courbe commune s'obtiennent facilement, comme on le
sait, à l'aide de ce théorème.
» Théorème. — Le rang r de la courbe d' intersection de deux surfaces M, N
de degrés, fx, y est égal au nombre des points communs à cette courbe et à ime
surface S d'ordre (p. + v — 2).
» Ce nombre est donc égal à p.v {[j. + v — 2). Toutefois, si les deux sur-
faces se touchent en t points de contacts ordinaires, et en /3 points de con-
tacts stationnaires, ce nombre doit être diminué de (2^ -t- 3/3).
» Trois singularités de la courbe étant connues, savoir : i" le degré,
2° le nombre de points stationnaires, 3" le rang, on en déduit, à l'aide des
formules de M, Cayley,
h — ,"-'-'(t^-')(t^ — ') -+- 2«
,^^ Jr« = 3p.v(/j. + V — 3) — 6^ — 2/3,
f/.V l II.
-f- V — 4 ) + 2 — T < — 2 p
» Proposons-nous d'obtenir les mêmes singularités lorsque les sur-
faces M, N ont en commun un certain nombre de points multiples.
» Nous énoncerons d'abord un théorème relatif à chacun de ces points
multiples, théorème dont on se rendra facilement compte en pronani, par
exemple, l'un d'eux pour origine des coordonnées.
( 1286 )
» Lemme PRÉLIMINAIKE. — Si les deux surfaces M, N ont en commun un
point A respectivement multiple d'ordre a,, Un, la surface S a ce même point pour
point multiple d'ordre [a, -h a 2 — 2).
» Cela posé, un seul exemple suffira pour bien fixer la méthode que
nous proposons.
» Problème. — Deux surfaces M, N d'ordres 'op., 3v ont en commun quatre
points A, B, Cj D multiples d'ordres 2p. pour la première surface, et d'ordres 2V
pour In seconde ; elles se touchent en outre en t points de contacts ordinaires et
p points de contacts stationnaires : on demande les singularités de leur courbe
d'intersection.
)) Remarquons d'abord que les points A, B, C, D étant multiples
d'ordres 2 p. pour la première surface, il s'ensuit, d'après un théorème connu
(voir les Bulletins de l' Académie rojale de Belgique, année 1872, p. 5i), que
les six arêtes du tétraèdre ayant pour sommets ces points sont pour cette
surface des lignes multiples d'ordres p.. Le même théorème montre que ces
arêtes sont multiples d'ordres v pour la seconde surface. Si donc on coupe
ces deux surfaces par un plan, on voit que la courbe commune se compose
d'une courbe d'ordre gp.v — 6/j.v = 3/jr.y et des six arêtes du tétraèdre
comptées chacune pour une courbe d'ordre p.v. C'est évidemment des singu-
larités de la courbe d'ordre 3|j.v dont nous avons à nous occuper. Avant
d'aller plus loin, remarquons que cette courbe a les points A, B, C, D mul-
tiples d'ordres p.v (on le voit immédiatement en coupant par des plans pas-
sant par ces points) et a < points doubles, et /3 points stationnaires.
» Cela posé, le rang de la courbe en question est évidemment égal au
nombre des points simples que cette courbe a en commun avec la surface S,
sauf les points simples qu'elle pourrait avoir en commun avec le reste de
l'intersection des deux surfaces, c'est-à-dire ici avec les six arêtes. Or, d'a-
près le lemme préliminaire, les points A, B, C, D sont pour la surface S
multiples d'ordres
np. H- 2V — .2 ;
donc en chacun d'eux il y a
p.v[2[J.-\- 2V — 2 )
points confondus, en sorte que, la surface S étant d'ordre
'5[j. + 3v — 2,
le nombre des points simples en question est
/' = (3jj. -f- 3v — 2)3p.v — 4- p (2/J. 4- 2v — 2) — 2« — 2/3,
( 1287 )
ou bien
/• = fJ.V {u. + V 4- 2) — 2< — 3/3.
Tel est le rang de la courbe en question.
» Cherchons, d'après les formules de M. Cayley
2A = lit {ni — i) — /■ — 3p,
« = 3 /7ï ( //2 — 2 ) — G h — 8 p,
les valeurs actuelles de h, «, /;. On trouve
7 pv fg/iv — fi— V — 5)-)- 2/^
2
n = 3p.v (p. + V — i) — 6i! — Sj^,
fi-j f(x + y + 4) "•- 2 — 2f— 2p
' 2
)) Si l'on compare la valeur de p que nous trouvons ainsi avec la for-
mule (6), on est conduit à ce théorème très-remarqnable :
» Théorème. — ie^e;jre de la courbe d'intersection de deux surfaces d'ordre
3p., 3v, possédant en commun quatre points multiples d'ordres 2p., iv, et qui
ont t points de contacts ordinaires, et |3 points de contacts slationnaires, est te
même que celui de la courbe d'intersection de deux surfaces de degrés p., v, ne
posiédant aucun point multiple commun, et qui ont t points de contacts ordi-
naires et [i points de contacts slationnaires.
» Nota. — Nous sommes en possession d'une infinité de théorèmes
semblables.
» Remarque I. — Si l'on projette coniquement la courbe d'intersection
en question, le nombre A, que nous venons de déterminer, n'exprimera
pas ici le nombre des points doubles d'une section plane de ce cône, mais
bien à la fois les points doubles de cette section, plus la somme que don-
nent les points multiples supérieurs au second, réduits en points doubles.
Comme un point multiple d'ordre A- vaut ' ~ '' points doubles, il s'ensuit
qu'ici le nombre véritable des points doubles de la section est
fiv(c)[iv — y. — V — 5)-f 2/ , p.v(fiu — il _ fiLv(5pj — u. — V — l]-\-'>.t
1 22
» Pœmarque II. — Si l'on désirait seulement le nombre des points dou-
( 1288 )
blés apparents, il faudrait retrancher de ce dernier nombre le nombre <,
ce qui donne
fiV ( 5fiV fl V — I )
HISTOLOGIE. — Sur la dissociation du violet de mélhylaniline et sn séparation
en deux couleurs sous l'influence de certains tissus 7iormaux et pathologiques,
en particulier par les tissus en dégénérescence amyidide. Note de M. V. Cornu,,
présentée par JM. Wurtz.
(Commissaires : MM. Chevreul, Cl. Bernard, Wurtz.)
« Lorsqu'on colore certains tissus organiques soit normaux, soit patho-
logiques, avec le violet de méthylaniline pur ou avec le violet de Paris
qui est un peu plus bleu et qui a été découvert par M. Laulh, il se pro-
duit une dissociation du violet en deux couleurs : l'une violet rouge,
l'autre bleu violet. Chacune de ces couleurs se fixe avec une constance
remarquable sur certains éléments. La couleur, l'intensité et la fixité de
la coloration varient du reste suivant les tissus examinés et suivant la force
de la solution employée.
» La coideur violet rouge se rapproche du n° 3 du premier cercle chro-
matique de M. Chevreul; le bleu correspond au bleu violet n° 1 du même
tableau.
» Une solution aqueuse de violet de méthylaniline, en contact avec une
coupe mince de végétaux, colore en violet les fibres et la cellulose, mais ne
se fixe nullement sur les grains d'amidon. La graisse n'est pas non plus
colorée.
)) Les fibres du tissu conjonctif de l'homme et des animaux sont co-
lorées en violet, les fibres élastiques sont colorées en violet plus foncé;
lorsque la matière colorante imprègne un tissu qui ne la décompose pas
en deux couleurs, les cellules sont colorées en violet comme les fibres;
mais, si le violet est décomposé en deux couleurs, rouge et bleu, les cellules
normales, composées de leur protoplasma granuleux et d'un noyau, sont
colorées en bleu violet.
» Ainsi, par exemple, lorsqu'on colore une section mince de cartilage
réticulé, les fibres élastiques et les fibrilles, si nombreuses et si ténues, qui
composent la trame |de cette variété de cartilage, sont colorées en violet
foncé de même que les cellules. Au contraire, dans le cartilage foetal, dans
les cartilages diarthrodiaux, dans les cartilages costaux, le violet se décom-
( '-Bg)
pose en deux couleurs, la substance fondamentale hyaline ou grenue du
cartilage prenant la couleur rouge, tandis que le protoplasnia, les noyaux
des cellules et la paroi des capsules cartilagineuses se colorent en hicu
violet. Il y a toutefois des capsules cartilagineuses dont la paroi se colore
également en rouge, ce qui paraît dû à ce que la substance qui les compose
n'est pas partout identique.
» La dissociation du violet peut donner lieu à des couleurs moins accen-
tuées que dans le cartilage. Ainsi, dans le corps thyroïde, le contenu col-
loïde des vésicules est d'une couleur qui se rapproche du violet rouge, et
les fibres de tissu conjonctif sont de couleur violette tirant sur le bleu, mais
la différence de ces couleurs n'est pas aussi prononcée que dans le carti-
lage.
» Les préparations ainsi obtenues restent parfaitement colorées dans
l'eau; mais, si on les place dans la glycérine, une partie de la matière colo-
rante y est dissoute. L'addition d'une quantité très-minime d'acide acétique
enlève une partie de la matière colorante et fait paraître plus nettement
les noyaux des cellules. Avec une quantité plus considérable d'acide acé-
tique, tout le violet abandonne les éléments organiques, et il est dissous
et entraîné par le réactif. Les bases, l'ammoniaque par exemple, l'essence
de térébenthine, l'essence de girofle, le baume du Canada, l'alcool, etc.,
rendent également les tissus incolores.
» La coloration obtenue est beaucoup plus fixe et la dissociation du
violet est remarquablement nette et constante lorsqu'il s'agit de tissus eu
dégénérescence amyloïde. J'ai étudié sous ce rapport cinq pièces de rein
amyloïde, deux foies et quatre rates, qui étaient conservés depuis deux ans
dans l'alcool. L'action du violet de niéthylaniline a été comparée avec
celle de l'iode et de l'acide sulfurique. Les préparations de ces pièces faites
au rasoir et colorées par le violet montraient constamment les parties en
dégénérescence amyloïde colorées en violet rouge, tandis que les parties
normales étaient de couleur bleu violet. La couleur rouge fixée sur les
parties amyloïdes n'était pas dissoute par la glycérine qui enlevait seule-
ment une partie très-minime du bleu. On peut, par conséquent, les con-
server indéfiniment dans la glycérine. Une très-minime quantité d'acide
acétique additionné dissout en partie le bleu violet ; les noyaux des cel-
lules normales deviennent alors très-apparents; la couleur rouge est un
peu pâlie, car la couleur rouge prise par la substance amyloïde est plus
fixe que la couleur bleue vis-à-vis de l'acide acétique. Il s'agit bien là,
C. R,, 187J, l't Semestre. {1. LXXX, N' 20.) '^^7
( 129" )
comme on le voit, d'une réaction spéciale de la matière amyloïde sur le
violet de méthylaniline.
» On peut employer celte substance sur des préparations obtenues après
le durcissement complet des pièces par l'alcool, et par conséquent la faire
agir sur des coupes assez minces pour être examinées aux plus forts gros-
sissements ; on peut déterminer aussi bien que possible quels sont les élé-
ments altérés et quels sont ceux qui sont restés sains. Je ne signalerai ici que
les faits nouveaux observés ou bien démontrés par cette méthode.
') Dans la dégénérescence amyloïde des organes, la lésion commence,
dans les vaisseaux, par leur membrane interne. Les cellules d'endothélium
sont presque constamment normales, puisque je ne les ai trouvées altérées
que dans un fait de dégénérescence des capillaires du foie. Dans le foie
d'un malade mort de leucocythémie à la clinique de M. le professeur Sée,
tous les capillaires des îlots étaient altérés, bien que les veinules portes
et hépatiques fussent normales. Les membranes des capillaires étaient
épaissies, colorées en rouge violet.
» La cavité des capillaires était agrandie; leurs cellules endolhéliales
normales étaient colorées en bleu violet, ainsi que les globules rouges, les
globules blancs et la fibrine qu'ils contenaient. Les cellules hépatiques
étaient atrophiées, mais non amyloïdes.
» La lésion des artérioles commence par leur membrane interne et par la
lésion des membranes élastiques, puis des faisceaux de muscles lisses. La
membrane externe est longtemps conservée intacte; elle peut à la fin mon-
trer des fibres de tissu conjonclif altérées, tandis que les cellules de ce
tissu sont encore normales.
» Dans le rein, les cellules de revêtement des vaisseaux et de la capsule
des glomérules restent normales, tandis que la paroi de ces vaisseaux est
complètement altérée.
)) La membrane hyaline des tubes sinueux, mais surtout celle des tubes
de Henle, des tubes droits et des tubes collecteurs était épaissie et amyloïde
dans deux de mes observations. Dans ces faits, la lésion rénale était portée
au plus haut point. Cependant les cellules d'épithéliura contenues dans les
tubes étaient partout en place et aucune d'elles ne présentait de dégéné-
rescence amyloïde. Les cylindres hyalins renfermés dans ces tubes étaient
colorés également en bleu violet, ce qui démontre bien que ces cylindres
ne sont pas formés de matière amyloïde, ou que tout au moins il en était
ainsi dans mes cinq observations de dégénérescence rénale.
)) Sur les quatre faits de rate amyloïde que j'ai étudiés, deux se rappor-
( I39I )
taient à la forme de rate-sagou dans laquelle les corpuscules sont seuls
altérés; dans les deux antres, il s'agissait d'une infiltration totale. Dans les
deux premières, les artères des corpuscules étaient normales; les cellules
lymphatiques, le tissu réticulé et la paroi des capillaires étaient dégénérés
dans les corpuscules, de telle sorte que là tous les éléments étaient colorés
en rouge violet, sauf les fentes représentant la lumière des capillaires; les
cellules endothéliales des capillaires étaient seules normales et colorées en
bleu. Dans les deux cas d'infiltration totale, la paroi de tous les vaisseaux,
artères, capillaires et veines, était dégénérée. Les petites veines de la pulpe
splénique étaient particulièrement toutes atteintes : leur paroi, générale-
ment épaisse à un très-haut point, bien que leur calibre restât le même,
présentait à leur intérieur un endothélium très-sain. Le tissu réticulé qui,
dans cette partie de la rate, est interposé aux veinules, était soit normal
soit altéré en partie.
» Par la comparaison des préparations obtenues par l'iode avec celles
dues à mon procédé dans la dégénérescence amyloide, on peut dire que le
violet de méthylaniline est destiné à remplacer l'iode dans l'étude des or-
ganes atteints de cette dégénérescence, lorsqu'on voudra en faire une ana-
lyse histologique complète. »
PHYSIOLOGIE. — Jpjilication de la méthode graphique à l'étude du mécanisme
de la déglutition. Note de M. S. Arloing (i), présentée par M. Bouley.
(Commissaires : MM. Robin, Bouley.)
« Nous résumerons ici les nouveaux résultats que nous avons obtenus
en les étendant jusqu'à l'œsophage.
« I. Appareil respiratoire. — En ce qui regarde les rapports de cet
appareil :
» 1° Avec les déglutitions pharyngiennes isolées. — L'intervention du dia-
phragme a été mise hors de doute par l'exploration directe de la face pos-
térieure de cette cloison, à l'aide d'une ampoule que l'on engage en avant
du cœcum d'un cheval, en passant derrière la dix-huitième côte droite.
Quant à l'instant où commence cette dépression thoracique, nous l'avons
précisé en recueillant les pressions qui se font sentir dans le vestibule la-
ryngien .
" Les tracés démontrent : i° que la dépression thoracique commence
(i) Voir Comptes rendus, t. LXXIX, p. 1009.
( 1292 )
avant que la glotte soit fermée ; i° qu'elle continue et cesse pendant que le
larynx est clos; 3° que le vestibule laryngien, enlr'ouvert lorsque le mou-
vement de déglutition débute, se ferme en haut et en bas quand le bol ar-
rive au-dessus de lui, et reste exactement clos jusqu'à ce que le bol soit
parvenu à l'entrée de l'œsophage.
» De ces faits nous concluons que la dépression thoracique peut :
1° au début, faire sentir ses effets sur le fond du pharynx et concourir à y
appeler le bol; 2" en tendant l'œsophage, fixer la région postéro-inférieure
du pharynx pendant que le larynx se porte en avant et en haut, et concou-
rir à dilater le fond de l'arriére-bouche; 3° maintenir plus exactement ap-
pliquées les unes contre les autres soit les pièces qui constituent l'entrée
du pharynx, soit les cordes vocales.
» 2" Avec les dé(/[uiitions successives. — Les accidents qui hérissent les
courbes de la respiration (tlanc et thorax) pendant la déglutition des bois-
sons ne dénotent pas de très-petits mouvements respiratoires complets,
mais une suite de simples changements de la pression intra-thoracique dus
au déplacement du diaphragme et semblables à ceux qui coïncident avec
les déglutitions isolées. Par conséquent l'occlusion de la glotte correspond
aux soubresauts discordants du flanc et du thorax et à la dépression intra-
trachéale^ et l'ouverture de la glotte permet la circulation de l'air inspiré
ou expiré.
» II. Pharynx. — L'ampliation du fond du pharynx est une cause qui
aide à l'introduction du bol dans l'œsophage. En plaçant une ampoule
entre la base de la langue et la face inférieure du voile du palais du cheval,
nous avons parfaitement constaté la dépression que signale M. Carlct ; elle
était la conséquence toute naturelle du refoulement de l'air dans les ca-
vités nasales; mais cette dépression très-f;ùble se confond bientôt avec la
dépression pharyngienne que nous avons signalée.
» En comparant entre eux les changements qui s'exercent sur l'air du
vestibule laryngien, nous sommes parvenu à déterminer la durée de trois
phases principales de la déghuition pharyngienne. Le pharynx met moins
d'une demi-seconde (iy) pour se raccourcir, chasser le bol dans l'œso-
phage et se relâcher. Ce temps se répartit de la manière suivante : -^ de-
puis le commencement de l'ascension jusqu'à l'occlusion de la glotte,
3^ pour la durée de l'occlusion de la glotte et le passage du bol dans l'œso-
pliage, yy pour le retour du pharynx à sa position première.
» in. OESOPHAGE. — La secousse et le tétanos électrique de la couche
( '^9^ )
charnue de l'œsophage ressemblent à la secousse et au tétanos d'un autre
muscle strié. Il nous a semblé que, dans un œsophage dont les nerfs exté-
rieurs sont morts, la secousse ne se propage pas au delà de o™,25 à o™, 3o,
et que, dans un organe dont les nerfs sont excitables, la contraction téta-
nique se propage avec une vitesse (20 à 11 mètres par seconde) semblable
à celle de la secousse et fort approchante de celle des excitations nerveuses.
Dans la partie blanche du conduit, les secousses s'éleignent plus vite;
leur propagation ne dépasse guère o"", i5.
» Quanta la contraction physiologique, nous avons constaté le fait signalé
par MM. Chauveau et Wild, que la contraction de l'œsophage déterminée
par une déglutition pharyngienne chemine sur toute la partie rouge, mal-
gré la sortie du bol. Nous avons observé, en outre, que l'onde péristaltique
ne tarde pas à se perdre au delà du cœur si le bol ne descend pas jusqu'à
l'estomac. La vitesse de l'onde péristaltique, qui ne doit pas être confondue
avec la vitesse du bol, nous a paru variable. Nous avons établi qu'en
moyenne l'onde péristaltique parcourt o'",200 par seconde dans la partie
rouge et o™, 5o dans la partie blanche. Ce résultat fait que sur le cheval
l'onde périslaltique mettra dix secondes pour parcourir l'œsophage.
» Voici le rôle de l'œsophage dans les deux cas que nous avons dis-
tingués.
» a. — Dans les ck'fjlutilions isolées^ le bol s'introduit dans l'œsophage et
ne peut refluer vers le pharynx, grâce à la disposition des muscles de cette
région qui ferment l'œsophage au-dessus du bol et le poussent de haut en
bas. Sa descente est facilitée par la tension qu'impriment à l'œsophage le dé-
placement du larynx et les mouvements du diaphragme. La constriction de
l'œsophage est à son maximum lorsque le bol est très-petit ou très-gros.
» b. — Dans les déghtlilions associées, nous avons observé une différence
inattendue :
» 1° Ainsi la tunique charnue de la partie rouge est inerte pendant la
déglutition des boissons à gorgées précipitées. Cette partie du conduit se
borne à jouer le rôle d'un tube élastique.
» 2° La partie blanche de l'œsophage se relâche peu à peu au fur et à
mesure que l'animal boit, puis se resserre graduellement quand il cesse de
boire. Ce resserrement est accompagné de contractions péristaltiques plus
ou moins énergiques qui ont pour but de vider l'œsophage de haut en bas.
Par conséquent les boissons sont comme injectées dans l'œsophage par les
organes de la déglutition pharyngienne.
» L'inertie de la partie rouge et la dilatation de la partie blanche (quand
( 1^94 )
celle-ci exisfe) sont indispensables à la descente des boissons; autrement,
la vitesse de l'onde œsophagienne étant connue, ainsi que l'étroitesse du
cardia, la préhension des boissons deviendrait bientôt impossible chez un
sujet qui fait de 90 à ii5 déglutitions par minute, entraînant chacune de
i5o à aoo grammes de liquide. »
CHIRURGIE. — Sur un nouveau procédé opératoire de la cataracte [extraction
à lambeau périphérique). Note de M. L, de W^ecker, présentée par
M. Cloquet.
(Commissaires : MM. Cloquet, Gosselin, Larrey.)
« Il est constaté qu'avec l'ancien procédé classique de Daviel le plus
habile opérateur ne peut éviter sur dix cas un insuccès immédiat et com-
plet, et que chez un second malade la vision ne soit obtenue qu'au prix
d'une deuxième opération encore incertaine dans ses suites.
» Pour échapper à ces échecs, inhérents en grande partie au procédé,
on a, d'une part, déplacé la section de Daviel pour la porter de la cornée
dans le point de jonction de cette membrane avecla sclérotique, ainsi que
l'a fait Jacobson ; d'autre part, on a fait subir à cette section un change-
ment complet dans sa forme, en lui donnant une direction presque recti-
ligne, ainsi que l'a indiqué de Graefe.
» Ces modifications, qui ont eu pour principal but d'assurer à la section
une coaptation et une cicatrisation meilleures, ont eu l'heureux effet de
réduire les pertes immédiates à 5 et même à 2 pour 100, et le nombre des
résultats incomplets à la moitié de celui que donnait le procédé de Daviel;
aussi l'extraction linéaire a-t-elle pris dans ces derniers temps le pas sur
l'ancien procédé classique, quoiqu'elle nécessitât un agrandissement défi-
nitif de la pupille par l'excision d'une portion de l'iris.
» La sécurité de l'opération a beaucoup gagné, mais la pureté des résul-
tats, au point de vue optique, a quelque peu perdu. On a tenté d'échapper
à la nécessité de joindre à l'extraction linéaire la pupille artificielle, en
plaçant la section linéaire dans la cornée; mais ces tentatives ont été peu
heureuses, car on replace la section dans les mêmes conditions fâcheuses
de cicatrisation que présente le procédé de Daviel, et quoique la coapta-
tion de ces plaies soit, grâce à la linéarité de la section, plus intime que
celle de la section à lambeau, on ne peut, dans un certain nombre de cas,
éviter les prolapsus et enclavements de l'iris, accidents qui constituent un
des principaux dangers de l'ancienne opération.
» Un procédé opératoire parfait aura donc à remplir \e?, desiderata suivants :
( 1293 )
» i" La section doit être placée dans les meilleures conditions de coap-
tation et de cicatrisation : elle doit par conséquent occuper la jonction de
la cornée avec la sclérotique.
» 2" Cette section doit permettre une sortie facile et complète du cris-
tallin, sans (ju il soit besoin de recourir à r agrandissement de la pupille,
» 3° Les enclavements et prolapsus de l'iris auxquels, plus que toutes
autres, prédisposent les sections périphériques, doivent autant que possible
être évités.
» 4° Il "6 faudra pas obtenir, comme dans le procédé de Daviel, certains
avantages au prix d'un nombre aussi considérable d'insuccès.
» A ces desiderata me paraît répondre le procédé opératoire qui suit :
» Premier temps. — L'aide relève avec le doigt la paupière supérieure ou
fait usage d'un petit écarteur avec lequel il tient les paupières suspendues
au-dessus du globe de l'œil. L'opérateur, après avoir fixé l'œil avec une
pince, près du milieu du bord interne de la cornée, détache très-exactement
le tiers supérieur de cette membrane dans sa jonction avec la sclérotique.
Il forme ainsi sur une cornée de 12 millimètres de diamètre un lam-
beau (i) de 4 millimètres de hauteur et de ii'"'^,32 de base. Dès que la
contre-ponction est faite et que l'iris ne peut plus se porter sur le tranchant
Fig. 2.
du couteau {Jig. let 2) (2), l'opérateur dépose la pince à fixation et achève
(1) Lesy%. 3, 4 et 5 représentent l'ancienne section à lambeau, celle de Jacobson et
la mienne. Suivant que l'on faisait pour l'ancien lambeau (sur une cornée de 12 millimètres
Fig. 3. Fig. 4. Fig. 5.
de diamètre) la ponction à i ou 7 millimètre du bord sclérotical, le lambeau avait pour
base 10 ou 11 millimètres. La section de Jacobson, située dans la jonction delà cornée avec
la sclérotique et placée à i miilimètie au-dessous du diamètre horizontal de la cornée,
donnait, dans les mêmes conditions, à la base du lambeau une étendue de 1 1'°™,83, à peu de
chose près 7 millimètre de plus que ma section.
(2) Le couteau dont je me sers est moitié moins large que l'ancien couteau à cataracte et a
le double de la largeur du couteau que l'on emploie pour les incisions linéaires.
( 1296 )
la section sans former de lambeau conjonctival. La section terminée, on
laisse tomber la paupière supérieure, ou l'on retire l'écartenr.
» Deuxième temps. — On recouvre l'œil avec une éponge froide, et on
laisse le malade se reposer. On procède ensuite à l'ouverture de la capsule
du cristallin, en se servant d'un cystitome ordinaire, pendant que l'on tient
soi-même la paupière supérieure.
» Troisième tejjjps.— L'aide reprend la paupière supérieure, et l'opérateur,
en même temps qu'il refoule avec la paupière inférieure le cristallin vers
l'ouverture pratiquée à l'œil, déprime, au moyen d'une mince spatule en
caoutchouc [fig. 2), la lèvre supérieure de la section et l'inserlion périphé-
rique (le l'iris, de façon à décoiffer le cristallin de l'iris qui tend à l'enve-
lopper an moment de sa sortie.
» Quatrième temps. — On procède au nettoyage de la pupille que l'on
débarrasse des masses corticales qui peuvent avoir été retenues dans l'œil, en
les faisant glisser au dehors par des frottements exercés de bas en haut sur
la cornée à travers la paupière inférieure. Pendant ce nettoyage on ne se
préoccupe aucunement du prolapsus de l'iris, pas plus qu'on a eu à en
tenir compte pendant le deuxième et le troisième temps de l'opération. L'œil
paraissant complètement débarrassé de tout débris de cataracte, si l'iris
n'est pas rentré de lui-même dans l'œil, on réduit le prolapsus au moyen
de la petite spatule que l'on fait doucement glisser à plat dans la plaie en
repoussant l'iris devant elle.
» Cinquième temps. — La partie supérieure de l'iris occupant la chambre
antérieure, on instille deux à trois gouttes d'une solution de sulfate neutre
d'ésérine (5 centigrammes pour 10 grammes), et l'on attend cinq minutes,
jusqu'à ce que l'action du myotique se produise et que, la pupille se res-
serrant, l'iris ne présente plus la moindre tendance à remonter vers la section,
lorsqu'on engage le malade à regarder en bas.
» Le bandeau compressif est alors appliqué, et l'opéré peut se lever et
gagner son lit. Il est prudent d'ôter le bandeau une ou deux heures après
l'opération, et de réinstiller de l'ésérine si l'action du myotique ne se montre
pas très-accusée à ce second examen. Par l'emploi de cette forte solution
d'ésérine (i), on obtient un myosis considérable, qui dure plus de vingt-
(1) Le sulfate d'ésérine absolument neutre n'occasionne pas tle douleur au moment de
son contact avec la conjonctive et n'irrite nullement l'œil qui vient d'être opéré, même
si l'on répète, comme nous l'avons fait, trois ou quatre fois les instillations. Pour
avoir une puissante action myotique, il faut se servir d'une solution fraîche de sulfate
d'ésérine.
( 1297 )
quatre heures, temps suffisant pour la réunion delà plaie; de façon qu'on
peut alors au besoin recourir aux mydriatiques sans avoir à craindre un
enclavement de l'iris. »
GÉOLOGIE. — Sulfuration du cuivre el du fer par un séjour prolongé dans la
source thermale de Bourbon-i' Archambaull; observation d'une brèche avec
strontiane sulfatée et plomb sulfuré dans la cheminée ascensionnelle de cette
source. Note de M. de Gocvenaiv, présentée par M. Daubrée.
(Commissaires : MM. Becquerel, Daubrée, Des Cloizeaux).
« L'Académie a reçu de M. Daubrée, dans sa séance du 22 février, une
savante Communication relative à la formation contemporaine de diverses
espèces minérales cristallisées, par une action prolongée de la source ther-
male deBourbonne-les-Bains (Haute-Marne), siu- des médailles en bronze,
d'origine romaine, récemment trouvées dans un puisard où elles parais-
sent avoir été jetées par manière d'ex-voto. Lors d'un travail de curage
exécuté il y a longtemps déjà sur la source thermale de Bourbon-l'Archam-
bault (Allier), la mise à sec du réservoir de cette source et le creusement
en roche d'un puisard latéral, nécessaire à cette opération, nous avaient
conduit à certaines observations semblables qu'il nous semble intéressant
de publier aujourd'hui.
» La source de Bourbon émerge d'une sorte d'îlot granitique d'étendue
fort restreinte, existant comme un point isolé au milieu du terrain du
grès bigarré; sa température est de Sa degrés C. environ; elle donne
aî5'^,94'2 de résidu fixe par litre, et elle contient principalement en dissolu-
tion du chlorure de sodium, puis des sulfates, des bicarbonates alcalins
et terreux, un peu d'alumine, d'oxyde de fer et de silice. En recherchant
les substances contenues en petite quantité dans ses eaux, nous y avons
rencontré :iode, traces bien nettes; brome, 7 milligrammes par litre; fluor,
3 milligrammes par litre; et en outre, par l'analyse spectrale, du cœsium,
du rubidium et des traces bien certaines de strontiane dans les incrusta-
tions calcaires des conduites. Toutes ces recherches ont été publiées in
e.xtemo dans les Annales des Mines, et sous forme résumée dans les Comptes
rendus de l'Académie (i).
» La source est captée sur le gneiss, dans un réservoir souterrain de
forme rectangulaire où l'eau minérale s'élève jusqu'à un niveau voisin de
(1) Séance du 28 avril iS^S.
C.R., 1875, 1" Semestre. (T. LXXX, N° 20.) '^8
( >298 )
l'orifice, et où elle bouillonne sans cesse par le fait des gaz qui s'en déga-
gent, dans les temps d'orage surtout. Ce travail repose sur des sub-
structions romaines, dont on retrouve constamment les traces à une faible
profondeur.
» A l'époque du curage dont il est question ci-dessus, des sondages exé-
cutés dans ce réservoir y avaient constaté la présence d'une couche de
1™, 5o d'épaisseur de détritus de nature et d'origine inconnues : on pensa
que ces matières retardaient l'arrivée de l'eau minérale, et l'on résolut de
les enlever. Il fallait avant tout baisser suffisamment le niveau de l'eau. La
source, dont le volume, à cette émergence inférieure, estdegoo à looo mè-
tres cubes par vingt-quatre heures, fut épuisée d'une façon continue à
l'aide de pompes mues par une machine à vapeur locomobile.
» La couche de détritus était formée de grains très-fins de quartz hyalin
blanc avec quelques rares débris feldspathiques, et elle contenait en mé-
lange une matière organique vaseuse, provenant sans nul doute de débris
de matières confervoïdes, qui se développent spontanément dans l'eau
thermale sous l'influence de la lumière et de la chaleur. Ce sable est con-
stamment amené par la source; on ne tarda point à le reconnaître d'une
façon parfaitement nette, et son accumulation au fond du réservoir en une
couche de i", 5o environ d'épaisseur avait évidemment cette même origine.
» Soit que la divinité de Bourbon-l'Archambault fût considérée comme
moins exigeante que celle de Bourbonne-les- Bains, soit que sa clientèle fût
moins riche, le produit du curage présentait des monnaies de bronze
d'origine romaine, mais aucune pièce d'argent n'y a été rencontrée. Cer-
taines de ces pièces étaient sans altération sensible du fait des eaux, mais
très-friistes et à peu près indéterminables; on en a cependant reconnu de
Licinius, qui régnait avec Constantin, et de Constance-Chlore. Un grand
nombre d'autres sont au contraire recouvertes d'une sorte de carapace de
sulfures, due à l'action des eaux et empâtant à sa surface de nombreux
grains de sable de la source. Certaines de ces pièces sont à peu près com-
plètement sulfurées, on n'en voit plus que la trace à l'intérieur de l'échan-
tillon, et elles ont alors presque complètement passé à l'état de cuivre pyri-
teux; d'autres, plus intéressantes, sont en pleine voie de transformation et
présentent la succession de couches suivantes : la pièce amincie et corrodée
au centre, une couche noire de cuivre sulfuré au contact du métal, du
cuivre panaché ou phillipsite, et, à l'extérieur, du cuivre pyriteux empâtant
des grains de sable. Le cuivre s'est donc combiné au soufre sous l'influence
des sulfates de l'eau minérale et des matières organiques, puis le sulfure de
( J299 )
cuivre a absorbé, par un véritable mécanisme de cémentation, des quan-
tités successives de fer formé sous la même influence que lui, et qui l'ont
fait passer de l'état intermédiaire de pbillipsite à l'état extrême de cuivre
pyriteux.
» En brisant un de ces échantillons, nous avons trouvé, à la séparation
du cuivre sulfuré et de la phillipsite, une petite quantité d'un minéral
blanc, transparent, divisible en lamelles suivant un plan de clivage très-
facile et inattaquable aux acides. C'était, fait remarquable, de la stron-
tiane sulfatée, avec laquelle on a répété toutes les réactions caractéristiques
de cette substance : dégagement d'hydrogène sulfuré dans le traitement par
l'acide chlorhydrique du produit de la calcination du minéral avec le
charbon, et coloration rouge de la flamme de l'alcool par le sel ainsi
formé.
» On a trouvé en outre un échantillon de pyrite de fer offrant à l'inté-
rieur le moule en creux et certains vestiges encore incomplètement trans-
formés d'un morceau de fer métallique carré, de 4 à 5 millimètres de côté,
et de loo à 120 millimètres de long, d'où il provient. Dans ce cas, la sul-
furation paraît s'être accomplie par un appel successif des molécules de fer
de l'intérieur à l'extérieur, contrairement à ce qui a lieu pour le cuivre.
» Tels sont les faits relatifs à l'action lente de l'eau minérale sur les
métaux, mais nous avons fait aussi, sur le gisement même de la source, des
observations non moins utiles à relater ici.
)) La source thermale de Bourbon-l'Archambault sort d'une fente située
dans le grand axe du réservoir et dont elle occupe toute la longueur; dans
les parties éloignées de cette fente, les déblais du puisard latéral ont pré-
senté le caractère nettement tranché d'un gneiss formé de quartz, de feld-
spath blanc et de mica bronzé, mais la roche change de nature au voisinage.
Elle passe à une pegmatite avec nombreuses veinules de .spath fluor violet,
véritable brèche, sur certains points formée de noyaux de quartz et de
feldspath empâtés dans le spath fluor, et contenant des géodes de fluorine
de couleur verdâtre, superposée à un enduit de pyrite de fer. Ces caractères
dénotent une action où le rôle du fluor semble avoir été considérable; mais
le phénomène appartient évidemment à une époque géologique ancienne,
où la thermalité de l'eau, sans doute beaucoup plus forte que de nos jours,
entretenait les roches dans un état favorable à leur transformation.
» Les parois mêmes de la fente d'où émerge la source offrent un tout
autre caractère : c'est une brèche peu consistante, formée de grains de
quartz hyalin blanc cimentés ensemble, et où brillent quelques rares
168.,
( i3oo )
paillettes de mica. Cette roche contient, probablement à l'état de débris,
deux minéraux remarquables : des fragments de galène assez rares, et de
la stronliane sulfatée blanche, nettement cristallisée, bien reconnue pour
telle par l'analyse chimique, si abondante d'ailleurs dans certaines parties
de la masse, qu'elle en forme, presque au même titre que le quartz, un
deuxième clément constituant.
» Son origine est attribuable au remaniement sur place d'un filon dé-
posé par l'eau thermale à une époque où les circonstances de pression et
de température étaient plus favorables que maintenant à de tels effets.
» Les cristallisations de strontiane sulfatée, qui se forment encore de nos
jours dans les conditions ci-dessus, restent toutefois comme un dernier
témoin de ces phénomènes.
» Nous joignons à cette Note, comme pièces justificatives :
» 1° Un échantillon du sable quarlzeux charrié par la source; i° une
pièce de monnaie de cuivre en voie de transformation avec cuivre sulfuré,
cuivre panaché et cuivre pyriteux; 3° un deuxième échantillon semblable,
mais avec ce qui reste de la strontiane sulfatée trouvée à l'intérieur après
la prise d'essai; 4° un troisième échantillon dans lequel la pièce de monnaie
n'existe, pour ainsi dire, plus qu'à l'état de cuivre pyriteux; 5° le barreau
de fer transformé en pyrite avec son moule en creux à l'iiitérieur du mi-
néral ; 6" un morceau de gneiss tel qu'il existe à une certaine distance de
la cheminée de la source thermale; 7° un échantillon très-voisin de cette
cheminée, avec spath fluor violet, etc.; 8° un morceau de la brèche quart-
zeuse avec cristaux de stronliane sulfatée blanche et un peu de galène cu-
bique disséminée dans la masse. »
M. Daubeée, en présentant la Note de M. de Goiiveimin, ajoute les obser-
vations suivantes, particulièrement relatives à la formation contemporaine de
la sidérose ou fer carbonate spathique, et aux conditions de gisement de ta source
thermale de Bourbon-l' ArchambauU :
« La tendance du cuivre sulfuré, du cuivre panaché et du cuivre pyri-
teux à se former sous l'action graduelle d'eaux minérales s'était déjà ma-
nifestée dans d'autres localités, notamment à Bourbonne-les-Bains et à
Bagnères-de-Bigorre (i).
» Bien que la stronliane soit fréquente dans les sources thermales et se
(1) Bulletin de la Société géologique de France, 1^ série, t. XIX, p. 525; 1862.
( i3oi )
rencontre souvent en quantité très-notable dans leurs dépôts, on n'avait
pas encore signalé, au moins à ma connaissance, la strontiane sulfatée en
cristaux isolés, nets et transparents, dans des conditions où l'on ne peut
douter qu'ils ne soient contemporains, puisqu'ils sont implantés sur des
médailles.
» La pyrite produite aux dépens d'une barre de fer qui a disparu
et sur laquelle elle s'est moulée est accompagnée d'un autre minéral dont
la formation ne mérite pas moins d'intérêt : c'est le fer carbonate spa-
thique ou sidérose qui forme, à l'intérieur du tube de pyrite, un dépôt de
moins d'un millimètre d'épaisseur. La sidérose est en masses cristallines,
hérissées de cristaux d'un gris jaunâtre, transparents, biréfringents, ayant
tout à fait l'aspect de certaines variétés de sidérose des anciennes périodes.
La sidérose est accompagnée de pyrite de fer, comme il arrive si souvent
dans la nature.
» Le carbonate de fer, dont Gustave Bischof a observé la formation dans
les bassins des sources carbonatées gazeuses de la vallée de Brohl (i),
n'était pas cristallisé. D'un autre côté, on sait que de Senarmont, dans ses
belles expériences sur la formation artificielle, par voie humide, de diverses
espèces minérales, a obtenu la sidérose cristallisée (2) par plusieurs réac-
tions, entre autres précipitant du sulfate de fer par du carbonate de
soude, mais c'était sous pression et à une température d'environ i5o de-
grés. Or à Rourbon-l'Archambault il a suffi d'une température de 62 degrés
pour que la sidérose cristallisée prît naissance.
w Le gisement de la source de Bourbon- l'Archambault, sur lequel
M. de Gouvenain fait connaître des faits précis, reproduit deux circon-
stances caractéristiques déjà observées dans un certain nombre de sources
thermales, dont celle de Plombières peut représenter le type : d'abord
un pointement granitique peu étendu, poussé comme un coin, au milieu
du grès bigarré, dont les couches ont été fracturées; puis dans la masse
granitique elle-même, formation de filons métallifères, de nature concré-
tionnée, incontestablement produits, dans une période ancienne, par des
sources thermales, dont la source actuelle forme comme la continuation
atténuée (3).
(i) Lchrbuch dcr Chemisclien Gcologic, t. I, p. 548.
(a) Comptes rendus, t. XXVIII, p. (Jy4; ii>49-
(3) Relations des sources thermales cnr'c des filons mctalUfères [Comptes remlus, t. XL\ I,
p. 1201; i858).
( l302 )
» A ces deux ressemblances s'en ajoute une troisième plus intime. A
Plombières, les filons à travers lesquels s'élèvent les sources thermales ont
une structure fragmentaire; le quartz et la fluorine qui les constituaient ont
été évidemment concassés, puis ces débris ont été partiellement resoudés
par de la fluorine et du quartz; mais cette fluorine de seconde formation,
qui est peut-être très-récente, diffère tout à fait par ses caractères physi-
ques de celle qui avait d'abord incrusté le filon : au lieu d'être massive et
rubannée, la fluorine moderne est formée de cristaux microscopiques peu
cohérents. A la suite du mouvement accusé par l'état bréchiforme de l'in-
térieur du filon, mouvement qui se lie probablement à celui qui a ouvert
la vallée elle-même, les canaux d'ascension ont dû être modifiés, peut-être
rouverts, ce qui suffit à expliquer un changement dans la température et
le régime des sources thermales qui y affluaient d abord. De même, à
Bourbon-l'ArchambaultjOn trouve la masse métallifère, d'où jaillit la source,
à l'état bréchiforme, et renfermant deux espèces minérales formées chacune
à deux époques bien distinctes, non-seulement la célestine ou stronliane
sulfatée, mais aussi la fluorine. »
ENTOMOLOGIE. — Sur les migrations du Phylloxéra du chêne ;
Note de M. Lichtenstein.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« L'année passée, vers les premiers jours de septembre, je fis part à
l'Académie de ma découverte des migrations des Phylloxéras sur les chênes
kermès [Comptes rendus du 7 septembre 1874), toute réserve faite pour
l'espèce.
n On m'opposa alors l'invraisemblance de ma ihéorie , et mon opinion
fut considérée comme insoutenable. [Comptes rendus, 1 4 septembre 1874
et 3 décembre 1874.) Je demandai un an de répit pour refaire mes observa-
tions et les corriger s'il y avait lieu. Or je n'ai pas besoin de ce temps; car,
dès aujourd'hui, je puis affirmer qu'une espèce, au moins , est actuellement
en train d'essaimer du chêne kermès au chêne blanc [quercus pedunculata) .
Voici ce qui se passe :
» Les œufs d'hiver pondus, comme je l'ai dit Tannée dernière, sur la
garouille par les femelles sans rostre, ont donné naissance à de grosses
mères fondatrices des colonies qui ont déposé des œufs blancs sur les jeunes
tiges et aux aisselles des tendres feuilles du chêne kermès. Ces femelles
avaient de très-forts tubercules, et j'en avais à tort fait une espèce particu-
( i3o3 )
lière. De petits pucerons blancs sans tubercules sont sortis de ces œufs et
se sont fixés sur la feuille du chêne kermès. Ils ont grossi très-vite et repris
des tubercules à la deuxième et à la troisième mue, qui me les a présentés
sous forme de nymphe, et le i8 courant je voyais éclore les premiers in-
sectes ailés.
» Ici le phénomène inverse de celui de l'année passée s'est présenté; ces
insectes abandonnent la plante où ils ont vécu jusqu'alors, ils partent, et
le 20 mai (à MontpeUier), on trouve sous toutes les feuilles du chêne blanc
cet émigrant de mes garrigues.
» On me dira peut-être que je me trompe et que ce n'est pas la même
espèce. Voici comment j'ai procédé pour m'en convaincre. J'ai entouré les
chênes kermès d'un manchon de mousseline vers le soir. Aux premières
heures du jour, j'ai trouvé tout le côté du manchon, du côté du soleil, grouil-
lant de Phylloxéras ailés. J'ai transporté mon manchon sur une branche
de chêne et l'y ai fixé du soir au lendemain. Là le contraire a eu lieu, les
Phylloxéras ont quitté la mousseline et sont venus se fixer sous les feuilles
du chêne blanc. Ils y restent depuis ce matin, quoique j'aie enlevé la
mousseline pour les laisser libres de partir s'ils le veulent; mais ils n'ont
pas l'air d'y penser, et au contraire ils pondent des masses d'œufs autour
d'eux. On voit qu'ils sont dans leur position normale et régulière.
» Je signale donc avec confiance ce fait unique, je crois, en entomologie,
d'uu insecte commençant sa vie sur un végétal et la finissant sur un autre.
J'appelle le contrôle de tous ceux qui sont à même de vérifier mes asser-
tions, et je continue mes observations en plein air pour tâcher de combler
les lacunes qui existent encore dans l'histoire du Phylloxéra de la vigne.
Celle du Phylloxéra du chêne me paraît complète aujourd'hui
» Depuis les parents sexués qui offrent deux formes, ou plutôt même
depuis les insectes ailés androphores et gynéphores, porteuïs des pupes
sexuées, nous aurions donc les formes suivantes :
» 1° Insecte ailé de septembre, gynéphore et androphore, deux formes;
» 1" Pupes de deux grandeur ;
>. 3° Insecte aptère sexué et sans roslrc, deux formes;
» 4° OEufs uniques ;
» 5° Jeune de cet œuf (non dessiné ni conservé);
» 6° Adulte dudit, mère fondatrice à très-gros tubercules;
» 'j° OEufs de ladite (i5o à 200) ;
» 8" Jeune de ces œufs lisse;
» g" Adulte desdits à tubercules;
)) 10° Nymphes de deux formes, ovale et rétrécie, différant d'agilité;
( i3o4 )
1) 11° Insecte ailé émigranl sur le chêne blanc;
» 12° OEufs dudif, 5o à loo épars sur les feuilles.
» Donc douze formes, dont cinq doubles sur le chêne kermès, et je ne
sais pas au juste combien à partir de ce jour jusqu'en septembre. »
M. J.-B. Fecvrier adresse, par l'entremise de M. Larrey, une « Étude
météorologique sin- le plateau de Cottigné (Monténégro). Observations
journalières de l'année 1874 «•
(Commissaires : MM. Cb. Sainte-Claire Deville, d'Abbadie,
Yvon Villarceau).
M. Chardon adresse, à l'occasion de la Note de M, Tresca sur la loco-
motive de M. Fortin, une réclamation de priorité accompagnée d'un
dessin.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M™* Albk, mm. Aïxiator, A. Chirio, Creissac, F. Miciiacd et
L. Sellier adressent des Communications relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Alpii. Guérin prie l'Académie de vouloir bien comprendre parmi
les Mémoires adressés au Concours des prix de Médecine et Chirurgie
les deux Notes qu'il a lues sur sa méthode de pansement.
(Renvoi au Concours de Médecine et Chirurgie.)
L'Académie reçoit, pour les Concours dont le terme est fixé au i*'' juin,
outre les ouvrages mentionnés au Bulletin bibliographique, les travaux
dont l'indication suit :
GRAND PRIX DKS SCIENCES MATHÉM.\TIQUES. (Étudier l'élasticité des corps
cristallisés an double point de vue expérimental et théorique.)
Anony.we. — Mémoire manuscrit portant pour épigraphe : « Les lois na-
turelles qui nous sont inconnues sont d'une telle simplicité, etc. ".
CONCOURS MONTYON (MÉDECINE ET CHIRURGIE).
MM. Laskowski et Brissald. — « Nouveau procédé d'injection des
( i3o5 )
sujets destinés aux dissections et de conservation des pièces anatoniiques
et anatoiiio-pathologiqnes ». Mémoire manuscrit.
M. G. HoMOLLE. — « Des scrofides graves de la muqueuse bucco-pha-
ryngienne ». Ouvrage accompagné d'une Note manuscrite.
CONCOURS MOISTYON (ARTS INSALURRES).
M. L. Devayrouse. — Mémoire manuscrit avec planches : « Appareils
destinés à faire vivre dans une atmosphère irrespirable ».
CONCOURS MONTYON (STATISTIQUE).
M. R. Ricoiix. — « Sur l'acclimatement des Français en Algérie ».
Ouvrage accompagné d'une analyse manuscrite.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instrcction pitbuque adresse une Lettre dans la-
quelle il fait savoir que le Président de la République vient d'instituer un
Conseil supérieur des Beaux-Arts, où doit entrer un Membre de l'Académie
des Sciences. Il invite l'Académie à lui présenter un candidat choisi parmi
les Membres qui s'occupent de Chimie.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Une traduction, par M. Krafft, de l'ouvrage de M. Selht, intitulé : « Con-
ditions de l'industrie des mines dans l'ile de Sardaigne ».
C'est à titre de député que M. Sella, alors Ministre des Finances, a été
appelé à faire au Parlement italien un Rapport sur celte contrée, si favo-
risée par la richesse de ses gîtes métallifères. Après avoir fait l'historique
de l'industrie minière de la Sardaigne, qui remonte à une antiquité très-
reculée, l'auteur examine les conditions actuelles de cette industrie, y com-
pris tous les faits géologiques qui s'y rapportent. Il termine en examinant
les mesures qu'il y a lieu de prendre pour obvier aux grandes iHîficidtés
contre lesquelles doit lutter l'industrie minière, l'une des plus puissantes
causes des progrès que la Sardaigne est appelée à f:iire. L'auteur a réuni
et très-clairement coordoiuié tous les documents que l'on possédait sur le
sujet, à la fois scientifique et économique, qu'il avait à traiter. En lisant
cet exposé plein d'intérêt, les géologues reconnaîtront que de hautes lonc-
C.R., 1875, i"' Semeitre. (T. LXXX, N»20.) 1%
( i3o6 )
lions politiques, en éloignant M. Sella de la carrière d'ingénieur des mines,
dans laquelle il a débuté, ne lui ont pas fait oublier les recherches scien-
tifiques par lesquelles il s'est fait connaître tout d'abord comme un miné-
ralogiste des plus distingués.
M. JoBERT, sur le point d'aller au Brésil, informe l'Académie qu'il se
met à sa disposition pour les recherches botaniques ou zoologiques dont
elle jugera à propos de le charger.
(Renvoi aux Sections d'Anatomie et Zoologie et de Botanique.)
M, E. Decroix adresse une Lettre dans laquelle il annonce que la
Commission militaire de la Rage s'offre pour expérimenter les remèdes
adressés à l'Académie.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, Robin, Bouley.)
CHIMIE. — Sur quelques réactions des sels de chrome. Note de M. A. Etard,
présentée par M. Cahours.
« On ne connaît pas jusqu'à présent de réactions qui permette de trans-
former instantanément et à volonté les sels de sesquioxyde de chrome
d'une modification dans une autre.
» Les sels verts ne deviennent violets sous l'influence de l'acide azotique
qu'au bout d'un temps plus ou moins long. Divers réactifs permettent d'ob-
tenir un résultat immédiat. Les sels verts passentau violet carmin dès qu'on
les additionne à froid d'une petite quantité d'azotite de potasse. La teinte
carminée qui se développe au moment du mélange des deux dissolutions,
et qui ressemble à celle des composés amidochromiques, disparaît peu à
peu pour faire place au bleu violet qui a l'alun de chrome pour type.
» Le sulfocyanure de potassium produit, mais plus lentement, les mêmes
phénomènes Enfin les dissolutions de chrome vertes précipitées par la po-
tasse donnent un hydrate vert insoluble dans l'ammoniaque, lequel en se
dissolvant dans l'acide acétique un peu concentré prend une couleur carmin
violet; dans ce cas la teinte carminée ne passe pas au violet bleu avec le
temps.
» Les sels violets deviennent vert clair en quelques secondes à froid, sous
l'uifiiience des arséniates ou de l'acide arsénique libre ; ils ne peuvent jilus
revenir au violet par les azotites. L'azotate d'argent ne précipite pns l'acide
arsénique de ces sels.
( i3o7 )
» Les réactions colorées indiquées ci-dessus peuvent se répéter d'une
façon très-nette en remplissant aux trois quarts un tube à essai un peu
large d'une dissolution étendue de chlorure de chrome vert; on ajoute 4
ou 5 centimètres cubes d'azotite de potasse, et l'on donne une secousse : la
liqueur devient violet carmin. En portant au fond du tube un peu d'arsé-
niate avec une pipette, et en soufflant avec précaution pour le mélanger, la
partie inférieure du tube se colore en vert clair.
» Lœwel admet quatre modifications de l'hydrate de chrome: deux vertes,
une violet carmin et une violet bleu; la couleur et les propriétés des sels
transformés par lesazotites et les arséniates s'accordent avec cette manière
de voir. Le sel violet carmin obtenu par l'azotite donne avec la potasse un
précipité gris insoluble dans l'ammoniaque, ce qui le distingue nettement
du sel violet bleu ordinaire. Le sel vert clair obtenu par les arséniates a la
propriété non moins caractéristique de donner par la potasse un précipité
insoluble dans l'acide acétique et solubleen violet bled dans l'ammoniaque;
c'est là une réaction diamétralement opposée à celle des sels vert foncé ordi-
naires.
M Ces observations ont été faites au laboratoire de M. Cahours, à l'Ecole
Polytechnique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les campliènes. Note de M. J.Riban,
présentée par M. Balard.
« Les premiers camphènes, carbures solides, cristallisés, C'^H'*, ont
été découverts par M. Berthelot.
)! A. — Du CAMPHÈNE ACTIF LÉVOGYRE. — M. Berthelot le prépare en
chauffant le chlorhydrate de térébenthèiie, C'"H'°, HCl, avec du savon ou
un stéarate alcalin. J'ai dû modifier un peu ce procédé pour le rendre plus
pratique, en opérant plus en grand. Malgré ces modifications, ce mode
d'opérer, dont j'ai fait souvent usage, est fort long, pénible et sujet à quel-
ques accidents, qu'on ne saurait énumérer brièvement.
» f^'étude générale des chlorhydrates C'"H"', HCl m'a montré que l'on
pouvait trouver dans l'action des alcalis libres un moyen de préparer ce
camphène. Le chlorhydrate de térébenthène n'est pas, suivant M. Ber-
thelot, sensiblement attaqué parla potasse alcoolique. Je me suis assiné,
au contraire, que ce réactif élimine la totalité de l'acide chlorhydrique.
» Pour préparer de la sorte le camphène actif, je chauffe le chlorhydrate
de térébenthène, en vase clos, avec son poids environ de potasse caustique
169..
( i3û8 )
et 3 ou 4 fois son poids d'alcool à 94 degrés. La durée de la chauffe est de
soixante-quinze heures. L'opération est effectuée dans des tubes scellés ou
dans un autoclave de cuivre. La niasse est traitée par l'eau; le camphène
surnage, on le lave et on le distille pour le débarrasser de traces de produits
liquides supérieurs à son point d'ébullition. Il est alors comprimé et frac-
tionné. C'est là le seul procédé pratique pour obtenir rapidement, dans
les laboratoires, des quantités considérables de camphène très-pur.
» Propriétés. — i" Point d'ébullition et defusion. — Le camphène pré-
sente une odeur fade toute spéciale qui n'a rien de camphré. Celui que l'on
prépare avec le stéarate sent les acides gras surchauffés. Il bout d'une fa-
çon constante à i56-i Sy degrés (corrigé); il fond de 45 à 47 degrés.
)) 2° Densité. — La détermination exacte de la densité à l'état solide de
ce corps, mou et plus léger que l'eau, est à peu près impraticable, mais elle
peut être effectuée sur le corps liquéfié entre 48 et 100 degrés. Les résul-
tats de l'expérience sont, sous cet état, comparables aux déternunations
que nous avons déjà effectuées sur trois carbures liquides isomériques. Ils
sont, pour le camphène, représentés par une ligne droite :
Df = o, 8881 — 0,000839 ^'
qui fournit de 20 en 20 degrés, aux températures 60, 80, 100 degrés, les
densités respectives 0,83^8; 0,8210; 0,8042.
» 3" Pouvoir rokuoire. — Le pouvoir rotatoire du camphène actif, lévo-
gyre, est sensiblement le même pour le corps préparé avec le stéarate de
soude ou avec la potasse alcoolique; il varie, en dissolution dans l'alcool
absolu, avec la dilution; je l'ai déterminé en fonction de cette dernière. En
désignant par e le poids du dissolvant contenu dans 100 parties de la solu-
tion alcoolique, ce pouvoir a pour expression
[«]B = 53°,8o-o,o3o8if(i).
» Cette équation montre que le pouvoir rotatoire du camphène décroît
à mesure que le poids relatif du dissolvant augmente, comme Biot l'a établi
pour le camphre des Laurinées.
(i) J'ai proposé {JBuil. de la Suc. chim., t. XXII, p. 492)) pour faire cesser des confu-
sions regrettables qui se sont déjà produites, de désigner les pouvoirs rotatoires, déterminés
avec les appaieils Cornu et Wilde, éclairés par la flamme monocliromalique du sodium et
exclusivement cm])loyés aujourd'hui, j)ar le symbole [a]u rappelant la raie D du sodium,
et de réserver le symbole [a]y pour les déterminations effectuées avec les appareils à teinte
sensible dont la longueur d'onde est complètement différente.
{ i3o9 )
» Comment désigner le pouvoir rotatoire du campbène et des corps
nombreux vaiiant avec la dilution? La discussion de l'équation ci-dessus
n)ontre que si l'on fait e = o, c'est-à-dire la quantité du dit.solvant deve-
nant nulle, il vient [«]j,= 53°, 80, qui représente le pouvoir du corps sous
l'état physique dans lequel il se trouve dans la dissolution, élimination faite
du dissolvant.
» Je proposei'ai de prendre cette valeur comme expression du pouvoir
rotatoire; on la désignerait sous le nom de pouvoir rolaloire /(Hî/Ze^qui a un
sens précis et défini, si l'on indique la naîine du dissolvant.
» En résumant ce qui a trait aux propriétés physiques du camphène
actif, on voit : i°que ce carbure solide a le même point d'ébullilion que
ses isomères liquides, le térébenihène et le térébène ; il bout à 19 de-
grés plus bas que le /3- isotérébenthène; 2° que la densité du camphène
considéré sous l'état liquide est plus forte que celle de tous les autres iso-
mères liquides déjà décrits; 3° que son pouvoir rotatoire est de même sens
et plus grand que celui du térébenthcnc générateur.
» Monoclilorhydrale de camphène, C"'H"'HCl. — H n'a été que signalé
par M. Bertbelot, qui a montré que son pouvoir rotatoire est en sens in-
verse de celui du camphène.
» Pour préparer ce chlorhydrate, on dissout 100 parties de carbure dans
i5o parties environ d'alcool absolu et l'on sature par le gaz chlorhydrique;
le corps formé, moins soluble, cristallise. Son pouvoir rotatoire est
[«]d= + 3o°,25. Après compression et dessiccation, il ne présente pas la
composition théorique; on trouve une diminution dans le chlore et un
excès correspondant de carbone. C'est que ce corps éprouve, comme nous
l'avons établi pour le chlorhydrate de térébène, un commencement de dis-
sociation moins intense que pour ce dernier. On n'obtient le composé avec
la composition théorique qu'en le sublimant eu vase clos au sein du gaz
chlorhydrique.
» Ij'eau, à la température ordinaire, décompose lentement le chlorhy-
drate de camphène, l'acide chlorhydrique passe dans les eaux de lavage;
mais cette décomposition est bien moins rapide que celle du chlorhydrate
de térébène. Les quantités de HCl perdues par le chlorhydrate du camphène
et celui du térébène sont comme i : 3 environ. Chauffé à 100 degrés en
vase clos, avec 5o fois son poids d'eau, durant quatre-vingt-dix heures en-
viron, le chlorhydrate de camphène perd la totalité de son acide chlorhy-
drique avec régénération de camphène; il ne se forme que des traces de
composés oxygénés, sans l'hydrate de camphène. Le pouvoir rotatoire du
( i3io )
carbure régénéré n'est plus que [a]^ = — 8°,5, alors que celui du cam-
phène initial était [a]j,= — 5i°,5. Cette perte de pouvoir est due à l'action
modificatrice de l'acide chlorhydrique prenant naissance dans la réaction.
La potasse alcoolique régénère également du camphène.
» Le point de fusion du chlorhydrate de camphène sublimé dans HCl,
et déterminé dans une atmosphère de ce gaz s'opposant à la dissociation
du produit, est constant et situé à 147 degrés.
» B. — a-CAMPHÈNE INACTIF. — Il se forme, suivant M. Berthelot, mé-
langé de camphène actif inséparable, lorsqu'on chauffe le monochlorhy-
drite de térébenthène avec le benzoate de soude.
» Je suis parvenu à obtenir le carbure réellement inactif, en faisant
usage d'un sel alcalin à acide convenablement énergique, l'acide acétique.
Ces acétates engendrent du camphène contrairement à l'opinion reçue. On
chauffe le monochlorhydrate de térébenthène avec 2 fois son poids d'acétate,
de potasse ou de soude fondus et pulvérisés; le mélange introduit dans des
ballons à long col, surmontés d'un large tube droit, est chauffé à 170 de-
grés durant quatre-vingts heures environ. Au bout de ce temps, la masse
est distillée; le produit recueilli reste liquide : 1" parce qu'il se forme une
assez grande quantité de carbure liquide, térébène; 2° parce que le cam-
phène corps solide est soluble à la fois dans ce carbure et dans l'acide acé-
tique engendré dans la réaction. On lave la matière à chaud avec des al-
calis, puis avec de l'eau; le produit surnageant cristallise en une niasse
imprégnée de liquide que l'on exprime. La partie liquide soumise à des
fractionnements et des congélations systématiques de ses diverses portions
fournit encore du camphène inactif. On est souvent obligé de renouve-
ler les chauffes avec l'acétate de soude pour le débarrasser complètement
de chlorhydrate et de pouvoir rotatoire.
» Le camphène inactif possède toutes les propriétés du corps actif; il
bout à 167 degrés (corrigé), fond à 47 degrés. Son monochlorhydrate
présente à l'analyse les mêmes pertes de chlore déjà constatées pour l'actif.
Il se décompose par l'eau, la potasse alcoolique, etc., etc. Il est im-
possible de trouver la plus légère différence chimique entrecescorps.il
fond dans le gaz chlorhydrique sous légère pression à i45 degrés (cor-
rigé).
C. — j^-CAiMPHÈNE INACTIF. — J'ai donné ce nom au carbure solide
qui prend naissance lor.squ'on traite le chlorhydrate de térébène par l'eau
froide; mais cette réaction, qui présente un certain intérêt, ne peut servir
( i3ii )
à en préparer des quantités notables. Je l'obtiens en chauffant le chlorhy-
drate de térébèneà i8o degrés pendant trente heures, avec 5 fois son poids
de stéarate de soude. Le produit dislillé est liquide, jjarce qu'il se régé-
nère une grande quantité de térébène, jouissant d'un pouvoir dissolvant
considérable pour le carbure solide. On isole ce dernier par des distilla-
tions et des congélations systématiques.
» Ce carbure présente tous les caractères des autres camphènes : il est
inactif comme le chlorhydrate de térébène qui lui donne naissance, bout à
iSy degrés (corrigé), fond à 45 degrés. Son chlorhydrate présente, sous l'in-
fluence des divers agents, les mêmes réactions que ceux des camphènes
précédents ; il fond dans le gaz chlorhydrique à 147 degrés.
» Le |3-camphène inactif est très-probablement isomérique avec Va-
camphène inactif ; car il dérive du chlorhydrate de térébène qui n'a rien de
commun avec celui de térébenlhèue. Il paraît moins stable que l'a inactif.
En effet, par l'action du stéarate de soude, il passe, à l'état naissant, pour
une bonne partie, au type liquide térébène, transformation qui n'est effec-
tuée pour les autres que sous des influences plus énergiques.
» D. — BORNÉO-CAMPHÈNE. — C'est un carbure cristallisé que j'ai dérivé
du camphre des laurinées. Il présente, par ses propriétés et celles de ses
combinaisons, les mêmes caractères que les corps exaujinés ci-dessus. Nous
aurons occasion de revenir sur ce sujet. «
ANALYSE CHIMIQUE. — Sur une réaction du sulfure de carbone. Passage du
sulfure de carbone à l'acide sulfocyauhjdrique. Note de MM. C. Saint-
Pierre et G. Jeaxxel.
« La question de la diffusion du sulfure de cai'bone et des sulfocarbo-
nates au sein d'une masse de terre nous paraît être un problème intéressant
dans l'étude de l'emploi de ces composés contre le Phylloxéra. En nous
occupant de cette question, nous avons été arrêtés par la dilficulté de con-
stater la présence du sulfure de carbone dans un point quelconque du sol.
I^'odeur de ce composé est caractéristique, mais on sait combien cette réac-
tion devient incertaine quand on manipule cette substance et que l'on s'est
habitué à son odeur. Nous avons dû rechercher une réaction chimique bien
déterminée.
» Nous avons pensé à transformer le sulfure de carbone en un com-
posé sulfocyanhydrique de potassium, par exemple, qui donne avec les
sels ferriques une coloration si remarquable. Nous avons mis en présence
les éléments suivants : nitrates d'ammoniaque et de potasse, nitrite de po-
( l3l2 )
fasse, sulfures alcalins, seuls ou réunis. Voici les résultats de ces expé-
riences :
Première série (mars 1875), en tubes scellés, chauffés à l'étuve à -f- So" ou 55° pen-
dant trois jours.
A. Nitrate de potasse et sulfure de carbone. Pas de réaction.
B. Nitrate de potasse, sulfure de potassium et sulfure de carbone. Pas de sulfocyanure ;
précipité gi>latineux gris verdâtre par l'action des sels ferriques.
C. Nitrate d'ammoniaque, potasse et sulfure de carbone. Production considérable de sulfo-
cyanure de potassium.
D. Nitrate d'ammoniaque, sulfure de potassium et sulfure de carbone. Produclion assez
notable de sulfocyanure.
» Pour déceler les coiuposés siilfocyanhydriques, nous évaporons à sic-
cilé, nous saturons l'alcali par un acide. Le tout, dissous dans l'eau, est
versé dans une solution étendue de perchlorure de fer. S'il se forme un pré-
cipité, nous ajoutons au réactif un très-léger excès d'acide.
Deuxième série (mai iSyS), en tubes ouverts, chauffés à -(- 25° pendant un quart d'heure,
puis mis au bain-marie à 100 degrés jusqu'à disparition du sulfure de carbone :
E. Nitrate d'ammoniaque, potasse et sulfure de carbone (même essai qu'en C). La masse
jaunit bientôt; production de sulfocyanure.
F. Nitrate d'ammoniaque et sulfure de carbone. Pas de réaction.
G. Ammoniaque et sulfure de carbone. Formation de sulfocyanure.
II. Ammoniaque, sulfure de carbone et potasse. Production de sulfocyanure.
I. Nitrate d'ammoniaque, potasse et sulfure de carbone (même essai qu'en C et en E). A la
température du laboratoire, au bout d'une demi-heure, production de sulfocyanure.
J. Nitrite de potasse et sulfure de carbone. La masse jaunit, mais il n'y a pas de sulfocya-
nure produit.
» III. Il résulte des expériences ci-dessus que le sidfure de carbone, en
présence : i°de l'ammoniaque seule, 1° du nilrate d'ammoniaque et delà
potasse, 3° du nilrate d'ammoniaque et dti sulfure de potassitun, donne
lieu soit à chaud, soit à froid, soit en tube ouvert, soit en tube scellé, à
une production de sulfocyanure caractérislique. »
M. DtJMAs rappelle, à cette occasion, que la réaction signalée par
MM. Saint-Pierre et Jeannel est bien connue des chimistes. Non-seule-
ment elle a élé sotivent mise à profit, au point de vue analytique, au labo-
ratoire de M. Diunas, avec les modifications nécessaires pour les analyses
qtianlilatives, mais elle avait servi, depuis longteiups, à M. Gélis à fabriquer
industrieileiiient des quantités importantes de feri-ocyanures au moyen des
sulfocyaiuires ainsi produits.
( .3i3)
M. Cl. Bernard, en présentant à l'Académie, au nom de M. le D' Jour-
danet, un ouvrage en deux volumes, intitulé : « Influence de la pression de
l'air sur la vie de l'homme », s'exprime ainsi :
o Dans ce livre, édité avec luxe, M. Jourdanet résume et complète les
études qu'il avait déjà publiées sur le Mexique, relativement à l'influence
de la pression de l'air sur la vie de l'homme sain et malade. M. Jourdanet,
suivant la méthode de la science moderne, a voulu demander à la Physio-
logie expérimentale l'explication des faits que lui avait révélés l'observation
médicale. C'est ainsi que son travail se lie essentiellement avec les impor-
tantes recherches de M. Paul Bert sur le même snjet. Une des principales
conclusions de l'ouvrage de M. Jourdanet est que, sur les altitudes dépas-
sant 2000 mètres, dans les pays intertropicaux, la marche des maladies et
l'aspect général de l'homme sain révèlent la constance d'une hématose,
affaiblie par suite d'une oxygénation incomplète du sang artériel. »
M. Cl. Bernard présente un ouvrage sur l'organogénie, de M. Campana,
contenant une étude sur la respiration des Oiseaux, et une monographie de
V appareil respiratoire du Poulet.
« Ce Livre, dit M. Cl. Bernard, expose les découvertes de l'auteur sur
la splanchnologie des Oiseaux. Suivant lui, elles prouveraient qu'entre
les Mammifères et les Reptiles d'un côté, et de l'autre côté les Oiseaux, il
n'existe ni unité de plan de composition, ni possibilité d'une commune ori-
gine dans les temps géologiques. Je me borne à présenter le travail impor-
tant de M. Campana, à le signaler à l'attention des savants dont il met les
doctrines en cause par de nouveaux moyens.
» L'ouvrage est destiné à concourir pour le Prix Serres. »
M. le général Morin, en présentant la 2* livraison du tome VI de la
Revue d'Artillerie, publiée par ordre du Ministre de la Guerre, s'exprime
comme il suit :
« La 2'' livraison du tome VI de la Revue d'Jrtillerie contient une Note
de M. le capitaine Castan, adjoint à la poudrerie du Bouchet, dans laquelle
cet habile officier compare les effets des poudres ordinaires en grains em-
ployées dans les bouches à feu, sous la forme de rondelles comprimées, à
ceux des poudres en gros grains d'une densité supérieure.
M La seule remarque qu'au point de vue scientifique on croie utile de
faire, au sujet de cette étude plus spécialement importante à celui du ser-
C.R., iS'jD, t"^ Semestre. (T. LXXX, N" 20. I 70
( i3i4 )
vice, c'est qu'elle montre, une fois de plus, la grande influence qu'exercent
sur les effets balistiques les procédés de fabrication, indépendamment des
proportions du dosage et par conséquent des quantités de chaleur déve-
loppées.
» M. le capitaine Jouart, qui avait donné, pour le cinquième volume de
la Revue, une description des appareils employés à Turin, par M. le colonel
Rosset, de l'artillerie italienne, dans ses belles recherches intitulées : Espe-
rienze meccaniclie siilla resislenza clei principali melalli da bocche di fuoco, a ré-
sumé, par une analyse faite avec beaucoup de soin, les principaux résul-
tats des nombreuses expériences du savant officier italien.
» M'étant moi-même occupé de l'examen de ces expériences dans un tra-
vail que je ferai insérer aux Annales du Conservatoire, je me bornerai au-
jourd'hui à indiquer les trois résultats importants pour l'étude théorique
et expérimentale des questions relatives à la résistance des matériaux, que
signale l'auteur, et qui sont d'ailleurs d'accord avec les faits observés quel-
que temps auparavant au Conservatoire des Arts et Métiers par M. Tresca.
» 1° Quand un solide a été soumis à des efforts de tension ou de
flexion sous l'action desquels son élasticité a paru s'altérer, il n'en conserve
pas moins, ou à très-peu près, dans des épreuves ultérieures, la même ré-
sistance élastique.
» 2° Dans les expériences faites par chargement et déchargement suc-
cessifs, pour observer les lois des modifications de dimensions, il arrive pour
certains corps, et en particulier pour le bronze, que la matière s'énerve et
n'offre plus à la rupture la même résistance que si les efforts exercés
avaient augmenté avec continuité jusqu'à la dernière limite. Cela montre
combien le mode d'expérimentation peut avoir d'influence sur les résultats
et explique certaines différences qui avaient étonné les officiers d'ar-
tillerie.
» 3" Pour les alliages, et en particulier pour le bronze, le coulage en co-
quille, en déterminant le prompt refroidissement du mêlai et en s'opposant
aux effets de liquation, assure, beaucoup mieux que le coulage en terre,
l'homogénéité du métal, dont il augmente en même temps la résistance à la
rupture, dans la proportion d'environ 5o pour loo.
» M. le capitaine Jouart annonce pour un autre numéro de la Revue
la suite de la remarquable analyse qu'il a faite du travail de M. le colonel
Rosset et l'on ne peut que le féliciter d'en avoir facilité la connaissance
aux officiers de son arme et à tous ceux qui s'occupent des délicates ques-
tions relatives à la résistance des matériaux. »
( i3i5 )
M. J. Vixoï adresse un Tableau synoptique qui donne à simple vue,
pour chaque jour de l'année, à notre époque, la différence entre le midi
des cadrans solaires et le midi des horloges, avec une approximation d'un
quart de minute.
M. Potier adiesse une Note sur les causes de la démolition si fréquente
des jetées maritimes, et indique des moyens permettant d'éviter le retour
de semblables désastres.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. J. B.
BVI.LETI.V BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçbs pendant la séance dd io mai iS^S.
(suite.)
Nouvelle étude du cheval. Cinésie équestre ou équitalion rationnelle inédite
basée sur le piincipe du mouvement de locomotion ; par E. Debost ; 2* édition.
Paris, Dumaine, 1874» in-8°.
Dictionnaire des altérations et falsifications des substatices alimentaires, mé-
dicamenteuses et commerciales, etc.; par M. A. Chevalier; 4*' édition, revue
et corrigée en collaboration avec M. Er. Baudrimont . Paris, Béchet et
Labé, 1875 ; i vol. in-S", relié. (Présenté par M. Bouley, pour le Concours
aux Arts insalubres, 1875.)
Annales de l'Observatoire de Moscou; vol. II, i'''^ livraison. Moscou,
A. Lang, 1875; in-4°.
The principes of Chennslry and molecular mechanics; by D' G. HlNRlCHS.
Davenport, lowa (U.-S.), Day, Egbert, Fidlar, 1874; in-8°, relié.
Transactions oj the national Association for the promotion of social Science.
Glascow Meeting, 1874, edited by Ch Wager-Ryalls. London, Loiig-
mans Green, 1875; in-8°, relié.
Primi risultati délie osservazioni fatte in Roma ed in Rocca di Papa salle
oscillazioni microscopiche dei pendoli. Esperienze e ragioiuHiienli del cav.
( i3i6 )
prof. M. -St. DE Rossi. Roma, tip. délie Scienze tnatematiche e fisiche,
iSyS; 111-4°. (Eitratto dagli Jtti deW Accademia pontificia de Nuovi Lincei.)
(Présenté par M. d'Abbadie.)
Atti delta Accadeinia dei Scienze, Lettere ed Arli di Palermo; niiova série,
vol. IV. Palermo, 1874 ; in-4°. (2 exemplaires.)
Ouvrages reçus dans la séance nn 17 mai 187$.
Histoire naturelle des Coléoptères de France; par MM. E. MuLSANT et Cl. Rey :
Brévipennes {aléochariens) [suite]. Paris, Deyrolle, 1874; in-S".
Annales de la Société linnéenne de Lyon; année 1874» nouvelle série,
t. XXI. Lyon, H. Georg; Paris, J.-B. Baillière et 61s, 1875; i vol. in-8°.
(2 exemplaires.)
Mémoires de In Société académique de Maine-et-Loire ; t. XXIX et XXX.
Angers, P. Lachèse, 1874; i vol. in-8°.
Précis analytique des travaux de l' Académie des Sciences, Belles-Lettres et
Arts de Rouen pendant l'année 1873-1874. Rouen, imp. H. Boissel ; Paris,
Derache, i874;in-8°
Annales de la Société d' Agriculture, Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon;
4" série, t. V, 1872; t. VI, 1873. Lyon, Pitrat; Paris, F. Savy, 1873-1874;
2 vol. in-8°.
Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Douai. Bulletin agricole de l'arron-
dissement de Douai ; année 1874, n° 2. Douai, L. Crépin, 1874; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Beims, 1876, t. IX, n° 43. Reims, Gé-
rard et Masson; Paris, Lacroix, 1875; iiî-8°.
Déparlement de Meurthe-et-Moselle . Annales de la Société centrale d' Agri-
culture et du Comice de Nancy; 2* série du Bon Cultivateur, t. i", 1870-1873.
Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1874; in-8''.
Bulletin de la Société d'Histoire naturelle de Toulouse; 8^ année, 1873-
1874, 2" et 3^ fascicule. Paris, Savy, 1874; 2 br. in-8".
Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux;
1. 1, 2*^ série, i" cahier. Paris, Gauthier- Villars; Bordeaux, Chaumas-Gayet,
1875; in-S".
( A suivre. )
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 51 MAI 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les sulfines; par M. A. Cahoi'iis.
« Dans deux Notes insérées aux Comptes rendus ( tome LX, p. 620
et II 47), j'ai fait voir que le sulfure de méthyle, en se soudant aux iodines
des différents radicaux alcooliques, molécule à molécule, engendrait une
série d'iodures de radicaux dont la composition entièrement semblable
variait avec la nature de l'iodure alcoolique employé.
» Ces composés, qu'on peut représenter par la formule générale
peuvent échanger facilement leuriode, pardouble décomposition, contre du
chlore, du brome ou de l'oxygène, en donnant naissance, dans ce dernier
cas, à des composés qui possèdent une alcalinité comparable à celle de la
potasse et de la soude, saturant les acides les plus énergiques et formant
par leur union avec eux des sels bien définis, pour la plupart cristallisables.
» La réaction en vertu de laquelle les iodures précédents prennent nais-
sance est des plus simples et peut s'exprimer au moyen de l'équation
S=(C=H5)- -h C="'H="'^' I == S- (C^* H') C='"II-'"-'-') I.
C.R.,1875, i"Sem?s(/-e.(T. LXXX, W'il.) '7'
( i3i8 )
» J'avais en outre admis qu'en faisant agir sur les sulfures de méthyle
ou d'élhyle le dibromure d'un radical diatomique, il se formait un composé
d'une atomicité supérieure, résultant de l'accouplement de 2 molé-
cules de sulfure avec i molécule du bromure diatomique. C'est ainsi
qu'avec le sulfure de méthyle et le dibromure d'éthylène on devait
obtenir
2 [S^ (C^H')^] + eH^Br^=: S^ j J^^^^j* j Er^
» L'analyse du chloroplatinate m'ayant fourni, pour le platine et pour
le carbone, des nombres concordant parfaitement avec la formule
(C'H')"
CPPt^Cl\
j'avais cru pouvoir admettre la formation du bromure précédent, dont
la génération s'expliquait facilement, selon moi, par l'intervention du
ciment diatomique C^^H*. M. Dehn ayant combattu mon opinion, dans un
travail publié dans les Deutsche chemische Gsselscliajt, année 1870, et dé-
montré que dans ces circonstances il se produit du bromure de triméthyl-
sulfine dont la formation est accompagnée de celle d'un second bromure
plus complexe, j'ai cru devoir reprendre mes anciennes expériences en les
étendant. J'ai pleinement confirmé la production du bromure de triméthyl-
sulfine annoncée par M. Dehn, et je me suis procuré le chloroplatinate
correspondant en abondance, ainsi qu'une très-faible quantité d'un second
chloroplatinate à peine soluble dans l'eau bouillante. La formule
j(C'H')'M ^^ •"' '
attribuée par M. Dehn à ce composé, me paraît peu probable, ce dernier
renfermant un nombre impair d'équivalents de soufre.
» IJentré dans cette voie, je pensai qu'il y aurait quelque intérêt à re-
chercher la nature des produits qui prendraient naissance dans l'action
réciproque des sulfures alcooliques et des iodures ou bromures de radicaux
de nature diverse, ainsi que par le contact des iodures alcooliques et des
sulfures de radicaux variés. C'est le résultat de ces recherches pénibles,
tant en raison de l'odeur repoussante de ces substances que de l'action
qu'elles exercent sur l'économie (ce qui m'a forcé de suspendre mon travail
à plusieurs reprises), que j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie.
» Je ne reviendrai pas sur les produits qui prennent naissance toutes les
fois qu'on fait réagir, sur un sulfure de la forme
S=(C^'"H'"'-^')-,
( i3i9)
un bromure ou un iodure de la forme
^'"'H^^'-'-'Br ou I.
» Cette action, fort nette et des mieux établies, conduit à la formation
du composé
)) Mais que se passera-t-il lorsque nous ferons réagir sur un des sulfures
précédents soit un bromure, soit un iodure de la forme
» Y aura-t-il, comme précédemment, soudure des deux substances mises
en présence et formation du bromure ou de l'iodure d'une sulfîne, repré-
senté par la formule
§2 ^cam jj2/«4-1 ^2 (Q2/nU2m-1 ^ g^p
» Ou se produira-t-il entre les deux substances réagissantes une double
décomposition qui nous ramènera au type précédent ? Que se passera-t-il, par
exemple, pour bien fixer les' idées, dans le contact du bromure de benzyle
C'H^Rr = C^ = H^C-H=Br
et du sulfure de méthyle ?
B Le composé
S"-{C-W)-{C'-W,C-E-)Br
prendra-t-il naissance, ainsi qu'on pourrait le supposer, ou bien se pro-
duira-t-il une double décomposition d'où naîtra le composé
S- (C^" H')» Br,
la formation de ce dernier étant accompagnée de celle d'un produit benzy-
lique complémentaire?
» Que se produira-t-il lorsque nous ferons agir inversement un iodure
alcoolique sur le sulfure de benzylePQuels produits naîtront du contact du
sulfure de méthyle et des composés
C=H%P, C^H\Br%etc.?
» Que se formera-t-il encore dans l'action réciproque des iodures alcoo-
liques et des sulfures des radicaux diatomiques?
» Ce sont les résultats de ces recherches que je vais exposer successive-
ment.
» Action du bromure de benzyle sur le sulfure de méthyle. — Le bromure de
171..
( iSao )
benzyle et le sulfure de méthyle se nièleut parfaitement et forment un
liquide homogène à peine coloré. Introduit-on ce mélange dans des tubes
qu'on scelle ensuite à la lampe et plonge-t-on ces derniers dans lui bain
d'eau bouillante pendant quelques secondes, on voit immédiatement se
séparer un liquide visqueux pesant, jaunâtre, dont la proportion augmente
avec la durée de la chauffe jusqu'à une certaine limite, et qui finit par se
prendre en une masse solide de couleur brunâtre, au milieu de laquelle on
distingue des cristaux. Au bout de deux à trois heures de chauffe, la propor-
tion de ce produit n'augmentant plus, j'ai mis fin à l'expérience. Le tube,
après refroidissement, contenait deux substances distinctes, celle dont j'ai
parlé précédemment, ainsi qu'une huile mobile jaunâtre qui la surnageait
et qu'il était facile de séparer par décantation.
» Cette dernière, soumise à la distillation, fournit une petite quantité
d'un liquide bouillant entre 4o et 45 degrés, qui n'est autre que l'excès de
sulfure de méthyle employé; puis la température s'élève très-rapidement,
les dernières portions passant vers 200 à 2o5 degrés. La matière solide,
en très-grande partie soluble dans l'eau, fournissait un liquide d'où l'éva-
poration séparait de beaux prismes de bromure de triméihylsulfine.
» Lorsque, dans l'expérience précédente, on n'a pas le soin d'agiter
fréquemment le mélange au début, afin de rassembler le liquide visqueux
au fur et à mesure de sa production, il se forme parfois des bourrelets qui
s'opposent au contact intime des matières mises en présence, et l'action est
incomplète.
)) Pour obvier à cet inconvénient, j'ai ajouté au mélange de bromure, de
benzyle et de sulfure de méthyle une certaine quantité d'alcool méthy-
lique qui, dissolvant ces deux substances et les diluant, devait rendre l'ac-
tion plus lente et plus complète; mais, dans ce cas, l'alcool méthylique ne
joue pas le rôle d'un simple dissolvant, il prend part à la réaction, ainsi
que je m'en suis assuré.
M Maintient-on, en effet, pendant quelques heures à 100 degrés le mé-
lange précédent, qu'on a disposé dans des tubes scellés, l'action se produit
d'une manière très-régulière, et, après une chauffe de quelques heures,
le liquide renfermé dans les tubes s'est séparé en deux couches parfaite-
ment distinctes: l'inférieure incolore, qui se prend par le refroidissement en
une masse de prismes entre-croisés, la supérieure huileuse, très-mobile et
de couleur brunâtre. La séparation de ces deux produits s'effectue de la
manière la plus nette. La matière cristallisée se dissout facilement dans
l'eau, d'où elle se sépare au moyen de l'évaporation spontanée, sous la
( l321 )
forme de gros prismes qui présentent les caractères et la composition du
bromure de triméthylsulfiue.
» La matière huileuse brune soumise à la rectification commence à
bouillir bien au-dessous de loo degrés, mais la température s'élève rapide-
ment et se fixe bientôt entre i6G et 172 degrés (la majeure partie passe
entre cette limite); enfin la température s'élève de nouveau d'une manière
progressive, et les dernières portions distillent au-dessus de 200 degrés. La
portion recueillie entre i iG et 172 degrés étant lavée avec une dissolution
de potasse, puis à l'eau, puisséchée surdu chlorure de calcium et rectifiée,
formait un liquide incolore doué d'une odeur aromatique agréable, qui bout
entre 168 et 170 degrés.
» L'analyse de cette substance démontre qu'elle n'est antre que l'oxyde
double de benzyle et de méthyle. J'ai, du reste, établi l'identité de ces pro-
duits en préparant ce dernier par l'action réciproque du chlorure de ben-
zyle et du méthylate de potasse.
» On obtient de la sorte un liquide mobile très-limpide, dont l'odeur
est identique à celle du précédent, et qui bout régulièrement à la tempé-
rature de 168 degrés.
» Les réactions précédentes s'expliquent facilement à l'aide des équa-
tions suivantes :
1° C'''H'Br+2[S=(CH»)=J = S^^(M^2^ + ^"J j S^
Bromure Sulfure Bromure ~^K~î7~~7'
do benzvle. de méthyle. de triméthylsulfine. , .
^ de benzyl-
mctliyle.
2° C'*H'Br-l-S=(C=FP)'^+ 2 (C=H^HO^) = S=(C=IP)-^Br -4- ^^'^J!' j 0=
Bromure Sulfure Alcool Bromure ^^"oT^ïê"^
de benzyle. de méthyle. méthylique. de trimélhylsulfine. j . „^^;,i^.i.
benzyle.
» Jclion de l'iodure de méthyle sur le sulfure de benzyle. — Inversement,
j'ai chauffé pendant quelques heures dans des tubes scellés un mélange de
sulfure de benzyle et d'iodure de méthyle. L'action nulle à froid s'accom-
plit rapidement à la température de 100 degrés; elle est complète au bout
de sept à huit heures. Le contenu des tubes traité par l'eau cède à ce
liquide une proportion notable d'iodure de triméthylsulfine, d'où il se sé-
pare sous la forme de grands prismes par l'évaporation. Je l'ai transformé
en chlorure, puis en chloroplatinate qui présente la composition et
les propriétés du chloroplatinate de triméthylsulfine. La portion inso-
luble dans l'eau renferme une grande quantité d'un liquide brun doué
( l322 )
d'une odenr très-irritante. Ce dernier n'est autre que l'iodure de benzyle
bouillant entre 218 et 220 degrés, lequel possède une odeur irritante et
donne de la tribenzylamine lorsqu'on le chauffe avec de l'ammoniaque.
» La réaction fort simple qui se produit entre les deux substances mises
en présence peut s'expliquer facilement au moyen de l'équation
C"H'
S^+ 3(C=H'I) = S='(CnP)I + 2(C*"H'I)
» Action du diiodure de méthylène sur le sulfure de mélliyle. — Le diiodure
de méthylène réagit déjà à froid sur le sulfure de méthyle; porte-t-on à
100 le mélange de ces deux substances introduit préalablement dans des
tubes scellés, la réaction s'effectue complètement en une ou deux heures,
et l'on obtient finalement une matière solide, cohérente, cristalline, de
couleur brunâtre, que l'eau sépare en deux parties : l'une, qui s'y dissout
en abondance, n'est autre que l'iodure de triméthylsulfine; la seconde, hui-
leuse, de couleur foncée, se dédouble par la rectification en un produit
bouillant vers l'jo degrés, qui renferme une certaine quantité de diiodure,
et en un produit qui distille à une température supérieure (d'environ
aoo degrés). Ce liquide, abandonné à lui-même, se prend peu à peu en
une masse cristalline douée d'une odeur d'oignon très-prononcée. Ces
cristaux, séparés de l'huile qui les baigne au moyen du papier buvard, pré-
sentent les propriétés du sulfure de méthylène obtenu d'abord par M. Aimé
Girard, en faisant agir l'hydrogène naissant sur le sulfure de carbone et
postérieurement par M. Hofmann, en faisant passer un courant d'acide
sulfhydrique dans l'aldéhyde méthylique.
» La portion dissoute par l'eau soumise à l'évaporation laisse déposer
de grands prismes incolores qui présentent l'aspect de l'iodure de triméthyl-
sulfine. J'ai transformé ce dernier, comme précédemment, en chloropla-
tinate. En fractionnant la précipitation de ce dernier et analysant les divers
dépôts, j'ai toujours obtenu des nombres identiques conduisant à la formule
S^(C^H')'ClPtCl-.
» La réaction qui se produit entre le sulfure de méthyle et l'iodure de
méthylène, d'où naissent les produits précédents, peut donc s'expliquer au
moyen de l'équation
3[S=(C='H')=J -{-C^nn'' = 2[S={C-H')'l] -f-C^'H'S^.
» y4ction du bromure d'éthylène sur le sulfure de méthyle. — Un mélange
de sulfure de méthyle et de bromure d'éthylène à poids égaux, chauffé à
( i323 )
loo degrés en tubes scellés, laisse bientôt déposer d'abondants cristaux.
Après une chauffe de quelques heures et alors que la proportion de ces
derniers ne paraît plus augmenter, on laisse refroidir et l'on traite par
l'eau le contenu des tubes. Les cristaux se dissolvent, tandis qu'il se sépare
une huile pesante qui fournit à la distillation une certaine quantité de bro-
mure d'élhylène inaltéré, puis un liquide qui bout à une température plus
élevée.
» Abandonné dans un vase ouvert, ce dernier laisse déposer des cristaux
qui présentent les caractères de sulfure d'éthylène.
» Quant à la solution aqueuse, elle fournit par l'évaporation de grands
prismes qui possèdent la composition et les propriétés de l'iodure de tri-
méthylsulfine ; je me suis procuré par double décomposition le chlorhy-
drate correspondant, puis le chloroplatinate, qui présente la composition
et les propriétés du chloroplatinate de trimélhylsulfine.
» Dans la précipitation de ce chloroplatinate, on observe la formation
d'une très-faible proportion d'une poudre de couleur plus claire, qui se
dissout à peine dans l'eau, même bouillante ; je n'ai pu recueillir cette der-
nière qu'en quantités trop faibles pour pouvoir en faire une analyse com-
plète.
» L'action du dibroraure d'éthylène sur le sulfure de méthyle, exacte-
ment semblable à celle du diiodure de méthylène, peut également s'expri-
mer à l'aide de l'équation
3[S^(C='H^)='] +C*H^Br2=. 2 [8=* (G-H^)' BrJ + G*H*S^ »
NO^^niVATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un de ses
Membres, qui sera présenté au Ministre de l'Instruction publique comme
candidat au Conseil supérieur des Beaux- Arts.
M. Chevreul obtient 18 suffrages.
M. Dumas 9 »
. M. Fremy 3 »
M. Berthelot i »
M. CiiEvuEL'L, ayant réuni la majorité des suffrages, sera proposé par
l'Académie.
( i324 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
GÉOMÉTRIE. — Siii' des courbes gauches du genre zéro. Note de M. L. Saltel
(Renvoi à la Commission précédemment nommée).
« Théorème général. — Joules les courbes gauches pour U'squelles s'ap-
plique le principe de correspondance entre trois et quatre séries de points sont du
genre zéro.
» La démonstration de ce théorème repose sur la détermination préa-
lable du nombre n des plans osculateurs que l'on peut mener à l'une de
ces courbes par un point donné, et sur le nombre a de plans stationnaires
que possède celte même courbe.
» I ° Détermination du nombre des plans oscillateurs menés par un point donné.
— Soient P le point donné et m le degré de la courbe gauche 2 en question.
Prenons arbitrairement sur 1 deux points A, B, et considérons le plan dé-
terminé par les trois points A, B, P. Ce plan coupe cette courbe en m — 2
autres points C. Si l'on considère les trois séries de points formées par les
points A, B, C, on voit qu'à deux points considérés comme appartenant à
deux de ces séries il correspond m — 2 points pour la troisième; donc,
conformément au principe de correspondance, entre trois séries de points,
le nombre des coïncidences, c'est-à-dire le nombre des plans oscula-
teurs, est 3 [m — 2 ) ; ainsi l'on a
(i) n = 3 (m — 2).
» 2° Détermination du nombre des plans stationnaires. — Prenons arbitrai-
rement sur 1 trois points A, B, C, et considérons le plan déterminé par
ces trois points. Ce plan coupe cette courbe en m — 3 autres points D. Si
l'on considère les quatre séries de points formées par les points A, B, C, D,
on voit qu'à trois points considérés comme appartenant à trois de ces sé-
ries il correspond m — 3 points pour la quatrième; donc, conformément
au principe de correspondance, entre quatre séries de points, le nombre
des coïncidences, c'est-à-dire le nombre des plans stationnaires, est li{n — 3);
ainsi l'on a
(2) a = 4 ('" — 3).
» Cela posé, d'après une formule de M. Cayley, on a
?M := 3 n ( 7^ — 2 ) — G g — 8 a ( * ) ;
( ' ] Voir le Lullciiii de M. Darboiix, t. P'', p. i47-
( i325 )
en substituant dans cette équation les valeurs de n, a que nous venons de
déterminer, on en déduit
(3) g^9^J^I'L±^.
» D'autre part, le genre d'une courbe gauche étant déterminé par la
formule
(n — i)(n — 2) ,.,
p = — i ' -8-^- ( )'
on vérifie immédiatement que, si l'on remplace», g, a parleurs valeurs (i),
(2), (3), on trouve quep est nul.
» Voici les autres principales singularités calculées en fonctions de m :
p = o,
/■ = 2 {m — r),
, m'' — 3to + 2
n = î
a: =r am^ — 8/72 + G,
y — 2 171^ — 10 m + 12.
» Le principe de correspondance entre A- séries de points subsistant pour
les courbes gauches suivantes (nous le démontrerons dans un Mémoire
spécial), on peut donc leur appliquer toutes ces formules :
» 1° Cubique (janche;
» 2" Courbe cjauche du quatrième ordre à points doubles;
» 3° Courbe gauche du cinquième ordre à deux points doubles;
» 4" Courbe gauche du sixième ordre à un point triple et un point double;
» 5" Courbe gauche du septième ordre à deux points triples;
» 6° Courbe gauche du huitième ordre à un point quadruple et trois doubles;
» 7° Courbe gauche du neuvième ordre à quatre points triples;
» 8° Courbe gauche du dixième ordre à un point quadruple el trois triples;
» 9° Courbe gauche du onzième ordre à un point quintuple, trois triples et
deux doubles;
)) 10° Courbe gauche du douzième ordre à quatre points triples et un
double. »
*) Voir \e Bulletin de M. Darboux, t. I", p. 1/(9.
C.R.,1875, i"S<;m«(r<r.(T.LXXX,N<'21.') '7^
( i326 )
CHIMIE ANALYTIQUE. — altération de la Seine aux abords de Paiis, depuis
novembre \ S'] fi jusqu'en mai 1875. Note de IM. A. Gérakdimt.
(Commissaires : MM. Balard, Peligot. )
« Après de nombreux essais, je me suis trouvé en mesure de com-
mencer l'examen méthodique de l'altération de la Seine au mois de juillet
dernier. J'ai continué ces observations pendant les autres saisons de l'année,
pour juger plus lard de l'amélioration qu'apporteront les grands travaux
dans lesquels la ville de Paris vient de s'engager.
» L'appréciation du degré d'altération de l'eau se fait par le dosage de
l'oxygène dissous dans l'eau. Le titre o.xjmëtricjue dans une station est la
moyenne des titres trouvés à cette station, en prenant des échantillons à
5o centimètres delà surface et à 5o centimètres du fond, vers la rive gauche,
au milieu et vers la rive droite.
M Ou doit analyser l'eau de la surface et celle du fond, car on trouve
dans les deux cas des titres généralement différents. Si l'altération est en
progrès, le titre à la surface est plus élevé que celui du fond. L'inverse a
lieu quand les eaux s'améliorent. Tous les débris organiques déversés par
les égouts, les algues et les infusoires, après leur mort, semblent se com-
porter comme les cadavres des animaux. Leur décomposition commence au
fond de la rivière, et un peu plus tard ils remontent à la surface pour s'éla-
borer à l'air. Il en résidte que le fond des rivières et des étangs ne peut
s'infecter; au contraire, il fournit aux poissons un milieu dans lequel
l'oxygène est abondant.
)» On doit prendre des échantillons vers la rive gauche, au milieu, et
vers la rive droite ; car, dans une rivière, l'eau se mêle difficilement. Les
différents courants marchent parallèlement en restant distincts pendant de
grandts distances. Pour faire voir la nécessité des coupes transversales
pour l'analyse, je prends au hasard dans mon carnet quelques-unes de mes
expériences :
Gaucîie. IVlilioii. Droite. Moyenne.
. , -, r (Surface 9,0 8,5 7,6 1
Argenlcuil, 2b mars. . . ■' , " ., ' [ b,o
° j Fond !-),o 0,0 7)3 )
,. . ^ „ . ( Surface 2,6 3,4 3,7),.,
Maison-Laftitte, 20 mai. l „ , ., ,. „ ,, „ ;, J.o
, l Fond.... 3,6 3,6 3,0 j
« C'est ainsi que j'ai obtenu les nombres inscrits dans le tableau ci-joint,
qui donne le titre oxymétrique de la Seine du pont d'Ivry au pont de
( '327 )
Mantes, pendant les mois de novembre et décembre 18745 et les mois de
janvier, février, mars, avril et mai 1875.
-5,5
0
s
'7
2e
28
32
36
40
45
48
52
58
70
7^
78
85
93
109
Mois .
Semainp
Éliago
Température.
Ivry
Pont Je la TourncUe
Aiiteuil
Sèvres
Suresnes
Asiiières
Cliehy
Saîiil-Oueii
Saint-Denis
Épinay
Argcnteuil
Bezons
Cliatou
Marly
Le Pec(|
Maisons
Conilans
Anilresy
Poissy
Tricl.
Meul:in
Mantes
i,So
10
t,8o
6
DECEMBRE.
2,5o
3
3,5o 4,5o
4 s
3,5o
4
2,5o
4
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7
1 3
,80
10
1,80
TITRE OXVJIETRIQliE.
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19
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3
2
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G, 5
7
8,5
« Au commencement de novembre, le litre est 2 depuis Épinay jusqu'à
Marly. Une crue se produit et amène une grande amélioration. Le mi-
nimum 4 est à Epinay.
» La crue aucçmente en décembre, l'altération disparaît. Le poisson re-
vient entre Argeuteuil et Saint-Denis. Il y est même très-abondant, car il y
est appelé par la fraîcheur de l'eau et par l'abondance de la nourriture.
)) En janvier, la crue atteint 3™, 5o et 4°>5o. Toutes les vases d'égout
sont remuées et entraînées au loin. La rivière exhale une odeur forte. Dès
le commencement de la crue, on arrête les roues de Marly pour ne pas
pomper une eau aussi chargée de matières putrescibles,
172..
( i328 )
» La crue cesse: l'eau baisse en février, en laissant des dépôts qui attei-
gnent 5o centimètres d'épaisseur en certains points, tel que l'abreuvoir de
Poissy. Le minimmn oxymétrique, qui était 8 à Marly en janvier, s'étend
en février depuis Bezons jusqu'à Maison-Lafitte. En mars, pour trouver lui
titre supérieur à 8, il faut remonter au-dessus de l'égout d'Asnières ou
descendre au-dessous de l'embouchure de l'Oise. Le minimum 6 est
à Marly.
» L'altération continue ses progrès lentement pendant le mois d'avril; le
minimum 4 est encore à Marly.
M La reprise de la chaleur à la fin d'avril hâte les progrès de l'altération
en mai. Le minimum tombe à 2 à Marly et à Epinay. Les poissons émigrent,
ceux qui sont prisonniers dans des boîtes meurent àÉpinay,le 12 mai.
L'infection est au même degré qu'au commencement de novembre dernier,
et nous avons en perspective un été pendant lequel les rivières se tiendront
certainement très-basses. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouveau mode de préparation de l'acide formique
très -concentré, au mojen de l'acide oxalique déshydraté et d'un alcool
poljatomique. Note de M. Lorin.
(Renvoi à l'examen de M. Berthelot.)
(( J'ai indiqué que la préparation de l'acide formique à 56 pour 100 est con-
tinue et régulière avec l'acide oxalique et un alcool polyalomique, et j'ai ob-
tenu cet acide au titre moyen de 75 par distillation, et à son maximum de
concentration par l'action de l'acide oxalique déshydraté sur l'acide formi-
que déjà concentré. L'action de l'acide oxalique sur les alcools polyatomi-
ques a de l'analogie avec celle de l'acide sulfurique sur les alcools monoato-
niiques; mais il y a entre les deux genres de phénomènes cette différence
capitale, que l'acide sulfurique est le corps passif en quelque sorte et per-
manent, et l'alcool monoatomique le corps variable qui s'élimine; tandis
que pour l'acide oxalique, c'est l'alcool polyatomique qui devient le corps
permanent, et c'est l'acide oxalique qui est le corps variable et qui s'éli-
mine sous la forme de ses composants volatils. Avec l'acide sulfurique, on
a de l'éther hydrique indéfiniment; avec l'alcool polyatomique propre-
ment dit, on a de l'acide formique indéfiniment. Enfin une autre diffé-
rence, également caractéristique, c'est que, si tous les alcools monoatomi-
ques peuvent donner des éthers hydriques ou mixtes avec l'acide sulfu-
rique, etc., l'acide oxalique est le seul qui présente l'éthérification signalée
( i3^9 )
dans cette Note (i). J'espère pouvoir indiquer les limites de cette analogie.
» La distillation n'ayant pu donner d'acide formique à un titre supérieur
à 77,5, j'ai été conduit à faire agir l'acide oxalique déshydraté sur un
alcool polyatomique, l'expérience devant décider si l'acide formique à un
très-grand degré de concentration peut être obtenu ou non, de premier
jet, avec cet acide oxalique.
» Dans une cornue tubulée un peu grande, à col étiré, on introduit la
glycérine blanche qu'on peut concentrer par la chaleur, avant l'addition
de l'acide oxalique déshydraté en poudre. On chauffe au bain-marie. La
décomposition, comme avec l'acide oxalique ordinaire, a lieu vers 80 de-
grés; mais elle s'accélère beaucoup plus par une légère élévation de tem-
pérature, et à 87 degrés le liquide est couvert d'une couche huileuse de
I centimètre d'épaisseur. Lorsque la décomposition s'est ralentie, on ajoute
de l'acide oxalique, et ainsi de suite, sans qu'il soit nécessaire d'attendre
que l'acide formique produit soit éliminé ; au contraire, il est préférable
de faire cette élimination en continuant de chauffer au bain-marie, ou
du moins en ne dépassant guère 100 degrés. On pourrait éviter l'épuise-
ment par l'addition, de temps à autre, d'une petite portion de glycérine.
La distillation de l'acide formique limpide permet de le purifier complète-
ment et d'élever son titre de 4 à 5 pour 100 pour le premier tiers qui passe.
L'acide a été absolument pur de produits allyliques et titrait g4 en acide
formique réel dans une opération. Ce résultat dispense d'exagérer la déshy-
dratation de l'acide oxalique, que j'ai faite avec l'étuve de M. Wiessnegg.
M On obtient de suite de l'acide formique très-concentré avec l'acide
oxalique déshydraté et un alcool polyatomique, tel encore que la mannite
ou sa monoformine brute, lerythrite et le glycol, etc. En particulier, la
combinaison du glycol avec l'acide oxalique déshydraté se fait avec une
production de chaleur très-remarquable, production qui, si elle avait lieu
avec les autres glycols, suffirait à elle seule de caractère pour distinguer de
suite les alcools diatomiques de tous les autres alcools, monoatomiques ou
poiyatomiques. La même remarque a lieu pour l'acide formique. Le glycol
a donné, dans un seul cas, de l'acide formique à 97,5. Les monoformines
et les formines saturées, diformine pour le glycol, triformine pour la glycé-
rine, etc., et aussi les oxalines, s'obtiendront, et mieux, avec l'acide oxalique
désliydraté. J'aurai l'occasion de revenir sur ces expériences. »
( 1 ) Annales de Chimie et de Physique, 4^ série, t. XXIX, p. 371, et Bulletin de la Société
chimique, t. II, p. 241 ; iS^S.
( i33o )
CHIMIE ORGANIQUE. — Isomérie des chlorhydrates C'H'^HCl.
Note de M. J. Riban.
(Renvoi à l'examen de M. Cahours.)
« Il résulte de l'ensemble de nos expériences antérieures et de nos nou-
velles recherches sur le même sujet : i° que le monochlorhydrate de téré-
benthène est absolument indécomposable par l'eau froide, qu'il n'aban-
donne que de très-faibles quantités d'acide chlorhydrique à loo degrés et
qu'il perd rapidement la totalité de son acide à 200 degrés, en se transfor-
mant en térébène. Le stéarate de soude, la potasse alcoolique le transforment
en camphène actif, l'acétate de soude en camphène inactif. 2° Que le chlor-
hydrate de térébène est rapidement décomposable par l'eau froide avec
production de |3-camphène, par l'eau à 100 degrés avec régénération de
térébène, corps liquide; de même sous l'action de la potasse alcoolique. Le
stéarate de soude le change en un mélange de térébène régénéré et de /3-
camphène. 3° Que le monochlorhydrate des divers camphènes est lente-
ment décomposable par l'eau froide; par l'eau à 100 degrés, la potasse
alcoolique, le stéarate de soude, il régénère du camphène, corps solide.
4° Que l'éther chlorhydrique des bornéols ayant même formule se comporte
comme cette dernière série de corps et appartient en conséquence au type
chlorhydrale de camphène.
» La partie de ces faits relative à faction de l'eau seule montre que les
nombreux chlorhydrates que nous avons étudiés peuvent être rapportés à
trois types principaux : 1° corps indécomposable par l'eau froide et très-fai-
blement par l'eau à 100 degrés, type chlorlijdrale de téréùenthène ; 2° corps
décomposable par l'eau froide et donnant par l'eau, à 100 degrés, un car-
bure liquide, type chlorhydrate de térébène; 3° corps décomposable par l'eau
froide et par l'eau, à 100 degrés, avec régénération d'un carbure solide,
type chlorhydrate de camphène.
» Chacun de ces types a un point de fusion spécial (atmosphère chlor-
hydrique et légère pression s'opposant à la dissociation du corps) ; nous
avons trouvé : chlorhydrate de térébenthèue fusible à i3i-i3a degrés;
chlorhydrate de térébène à I25 dtgrés ; chlorhydrates de camphène actif,
d'à et de ^ inaclifs, de bornéo-camphène, éther chlorhydrique du bornéol
fusibles à ll^6 degrés.
» L'analyse de ces divers chlorhydrates non sublimés dans l'HCI montre
que celui du térébenthèue possède seul la composition théorique 20. oj
( i33i )
pour loo de chlore, que tous les autres accusent une perte de chlore d'au-
tant phis grande qu'ils sont moins stables. Ils peuvent être classés, eu égard
à leur stabilité décroissante, dans l'ordre suivant : chlorhydrate de térében-
thène, éther chlorhydrique du bornéol, chlorhydrates des camphènes,
chlorhydrate de térébéne.
» J'ai fait, en me plaçant toujours dans les mêmes conditions, l'élude de
la décomposition de ces corps par vingt-cinq fois leur poids d'eau en fonc-
tion du temps. On prenait i gramme de chaque chlorhydrate, 25 grammes
d'eau et l'on dosait à des heures déterminées l'HCl éliminé. On a tracé
les courbes des divers résultats réunies dans le tableau suivant :
13 14 15 heures.
(i) Chlorhydrate de camphène inactif; (2) de térébéne; (3) de camphène actif;
(/|) du bornool ; (5) de térébenthène.
» La décomposition très-faible du chlorhydrate de térébenthène est re-
présentée sensiblement par une ligue droite
Q = o,ooo8if,
Q désignant la quantité d'HCl éliminée, t le temps de la chauffe. Les autres
chlorhydrates perdent au contraire rapidement leur acide chlorhydrique,
tendant ensuite lentement vers une limite j" == o*'''', 2116, qui représente la
( i332 )
totalité de l'HCl contenu clans le corps mis en expérience. Parmi ces der-
niers, les chlorhydrates de térébène et de camphène, actif et inacfif, ont
un mode de décomposition très-voisin sinon identique. L'éther chlorhy-
drique du bornéol jouit d'une stabilité intermédiaire entre celle du chlor-
hydrate de térébenthène et celle des autres, ce qui rend très-probable son
isomérie.
» Diacjnose des chlorhydrates^ C'W^f HO. — On peut tirer de l'exa-
men du tableau et des considérations antérieures un moyen pratique et
rapide de reconnaître, étant donné un chlorhydrate, à quel type il appar-
tient.
» Quelques décigrammes de matière sont chauffés à loo degrés durant
quatre heures, avec a5 fois leur poids d'eau, dans un tube scellé couché
horizontalement et rempli à moitié par l'eau. Au bout de ce temps : (A), la
matière indécomposée, conserve l'état solide à chaud : chlorhjdrate de léré-
benlhène. L'eau soutirée louchit à peine l'AgO, AzO' ou donne quelques
rares flocons d'AgCl. La matière primitive broyée à froid avec de l'eau
bleuie par le tournesol ne le rougit pas. (B), la matière décomposée, est
liquide à chaud : chlorhydrate des campfiènes, des bornéols, du térébène;
i" elle se fige par refroidissement : chlorhjdraie des camphènes, des bor-
néols; 2° elle reste liquide à toute température : chlorhy^drate de térébène.
De plus, pour les corps, (B), l'eau soutirée, donne un précipité très-abon-
dant cailleboté d'AgCl, et la matière primitive broyée avec de l'eau froide
rougit le tournesol.
» Le sens du pouvoir rotatoire des chlorhydrates indiquera leur pro-
venance. L'énergie comparative de la décomposition par l'eau, après douze
heures de chauffe par exemple, permettra, quoique plus difficilement, de
discerner l'éther chlorhydrique des bornéols des chlorhydrates de cam-
phène, dont il possède toutes les autres propriétés. »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Recherches sur les fonctions du ganglion frontal
chez le Dytiscus marginalis. Mémoire de M. E. Faivre, présenté par
M. Cl. Bernard. (Extrait.)
(Ce Mémoire est renvoyé au Concours du Prix
de Physiologie expérimentale.)
« Il existe chez les insectes, à la région pharyngienne, un petit centre
nervenx, le ganglion frontal de forme triangulaire. Des parties latérales de
sa base dirigée en avant naissent deux connectifs qui se rattachent à l'en-
( i333 )
cpphale; du milieu de cotto b;)so piirt un nerf destiné aux nuisclos pliaryii-
giens; au sommet du ganglion est l'origine du stomato-gaslrique.
1) Si l'on met à nu, chez un insecte vivant, le sphincter pharyngien et
le ganghon frontal, on constate aisément le mouvement de déglutition, con-
sistant en une alternative de dilatation et de contraction du pharynx.
» Les excitations du ganglion frontal activent ces mouvements, son
ablation les abolit; ils se maintiennent au contraire si le ganglion frontal
est intact, alors même qu'on a enlevé la totalité de l'encéphale; on peut
même les activer dans ces conditions, en agissant sur le centre nerveux
ainsi isolé.
» L'excitation du frontal sur le pharynx se traduit par deux effets : une
contraction marquée, une dilatation active et énergique; cette action dila-
tatrices'observebien chez des insectes vigoureux, après excitations réitérées
du frontal, consécutives ou non à la section des connectifs; quelques pi-
qûres légères de ce centre provoquent alors une énergique ampliation
diastolique du pharynx, avec suspension momentanée des mouvements de
déglutition; on peut, dès qu'ils se sont rétablis, en réitérant l'action sti-
mulante, reproduire la diastole. Nous avons dans ce fait un exemple de la
mise eu jeu, par l'action d'un centre nerveux, de la puissance musculaire
dilatatrice.
» Consécutivement à la section des coiniectifs frontaux cérébraux, les
mouvements du sphincter pharyngien deviennent souvent, d'intermittents
qu'ils étaient, rhythmés et continus; ils peuvent ainsi persister plusieurs
heures.
» Tel est le mode d'action, sur le pharynx, du ganglion frontal; l'exci-
tation du même centre nerveux transmise par le récurrent jusqu'aux esto-
macs, et particulièrement au sphincter cardiaque, y met en jeu toute une
autre série de mouvements de déglutition; les mouvements spasmodiques
du sphincter cardiaque sont d'abord très-activés; ils diminuent sensible-
ment si le frontal a été excité avec une certaine continuité, et cette dimiiui-
tion est liée à un état diastolique; si l'excitation du frontal a été longtemps
continuée, il suffira de quelques actions directes portées sur le sphincter
cardiaque pour en éteindre rapidement le pouvoir contractile. Ainsi le
frontal excité réagit vivement sur les sphincters pharyngien et cardiaque,
lantlis qu'il manifeste beaucoup plus difficilement sur les pièces buccales
une influence appréciable.
» Après l'étude de l'action pro|)re au ganglion froulal, manifestée con-
('.. K., irtys, i" Si-m^s '.,,-. (!■.(, XXX, N""2^.^ I yS
( i334 )
spcutivement aux excitations directes, nous nous sommes proposé de dé-
lerminer son rôle comme centre d'actions réflexes; l'expérimentation nous
a conduit aux résultats suivants :
I) Les excitations portées sur les estomacs déterminent, par l'intermé-
diaire du nerf récurrent et l'action du frontal, des mouvements de déglu-
tition accélérés.
)) La section des connectifs fronto-cérébraux n'empêche pas, dans ces
conditions, l'accroissement de ces mouvements, de même qu'elle n'empêche
pas, consécutivement à la piqûre du frontal, les mouvements du sphincter
cardiaque. Ainsi ce pouvoir réflexe du frontal peut être mis en jeu par des
excitations ayant leur point de départ en arrière de ce centre.
» Les excitations mécaniques des pièces buccales, l'ingestion des ma-
tières alimentaires peuvent aussi provoquer des mouvements de déglutition
rapides et fréquents, par suite de l'intervention du ganglion; des mouve-
ments ainsi caractérisés ne se produisent plus consécutivement à la section
des connectifs, ce que l'on peut concevoir, les connectifs établissant des
rapports, d'une part, entre le frontal et l'encéphale, de l'autre, entre le
dernier centre et les pièces buccales, instruments de la préhension et de la
mastication.
» Nous avons recherché les effets produits par les lésions des diverses
parties de l'encéphale sur le ganglion frontal, et voici ce que nous a appris
l'expérience : les piqûres légères du sus-œsophagien ont sur les mouve-
ments de déglutition une influence peu appréciable; elles les accélèrent, au
contraire, si elles portent sur la région des pédoncules cérébraux.
» La piqûre du ganglion sous-œsophagien donne lieu, de la part des
muscles pharyngiens excités par le frontal, aux manifestations les plus éner-
giques; les mouvements de déglutition sont exagérés, la systole et la dia-
stole du sphincter pharyngien sont extrêmes; si, dans ces conditions, on
vient à exciter directement le frontal, les mouvements s'arrêtent et la dia-
stole est manifeste; on peut reproduire les mêmes effets, qui rappellent
ceux des nerfs d'arrêts, lorsque, les mouvements s'étant rétablis, on réitère
l'excitation. La piqûre du sous-œsophagien détermine énergiquement, en
même temps que les mouvements du sphincter pharyngien, les contrac-
tions du sphincter cardiaque. Si, avant d'exciter le sous-œsophagien, on a
opéré la section des connectifs, on ne donne plus lieu aux manifestations
dont il vient d'être parlé.
» Il résulte de nos recherches que le ganglion frontal préside spéciale-
ment aux mouvements de déglutition, qu'il ilétermine non-seulement la
( '335 )
coiitraclioii, mais la dilalatioii du sphinclcr pliaryiigien, qu'il réagit en
même temps par le récurrent sur le sphincter cardiaque. Le pouvoir propre
do ce centre peut èlre mis en jeu par des impressions transmises soil d'ar-
rière en avant, soit en sens inverse; il associe, par l'intermédiaire de l'en-
céphale auquel le rattachent les connectifs, les actes de préhension et masli-
cation à la déglutition pharyngienne et à l'ingestion des aliments jusqu'aux
estomacs et à l'intestin. Ce sous-œsophagien est le centre sous l'influence
duquel il réagit avec le plus d'énergie. En définitive, le ganglion frontal,
distinct par son rôle spécial des autres centres nerveux de la chaîne gan-
glionnaire, s'en rapproche par ses propriétés essentielles, et, comme nous
nous en sommes assuré, par sa structure elle-même. »
ZOOLOGIE. — Sur l'organisation et ta classification naturelle des Acariens de la
famille des Ganiasides (P. Gerv.). Note de M. Mégnin, présentée par
M. Ch. Robin.
(Commissaires : MM. Blanchard, Robin, de Lacaze-Duthiers.)
« Le nom de Ganiase a été donné pour la première fois par Latreille (i)
à un groupe d'Acariens parasites distrait du genre Acarus de Linné et dont
il fit un genre particulier.
» Du genre Gamase de Latreille, Dugès (2) fit la famille des Gamasés,
ayant pour caractère essentiel d'avoir les palpes libres, filiformes, et il la
subdivisa en cinq genres : Dermanyssus^ Gamasus, Vropoda, PleroplesetAnjas.
» Le Mémoire de Dugès sur les Gamases, bien que déjà ancien, est ce-
pendant le dernier travail original fait sur ce sujet: aussi en retrouve-t-on
la substance dans tous les ouvrages publiés depuis sur l'Histoire naturelle
des Acariens. Cependant il laisse beaucoup à désirer, tant sous le rapport
de l'Anatomie et de la Physiologie, qui sont à peine effleurées, que
sous celui des caractères taxinomiques des animaux microscopiques
dont il traite. A part son espèce, le Dermanjssus nvium, qu'il a assez
bien étudié au point de vue des caractères qui distinguent les sexes et
de ceux qui caractérisent le jeune âge, on ne trouve plus aucune in-
dication de ce genre dans l'étude des autres espèces, et cependant nous
avons démontré, dans notre travail sur les Hypopes (3), qu'il n'est
(1) LvTRKiiXF., Gencrn Criistaccorum. Paris, i8o().
(2J Annales des Sciences naturelles, 2' si:rie, Zoologie, t. II. Paris, i834.
(3) In Journal de l'Anatomie... de M. Cli. llobin. Paris, 1874, p. '-'■.'.5 et suivantes.
.7:1.
( i336 )
jiliis possible mainlenant de déterminer exactement une espèce acarienne
si l'on ne connaît tons ses représentants aux différents âges et dans les
deux sexes, car ces représentants diffèrent souvent les uns des autres
au point que rien dans leur aspect ne fait soupçonner leur étroite pa-
renté. C'est pour avoir ignoré ce fait que Dugès, Latreille, Hermann et
même Linné ont pris pour des types d'espèce, et même de genre, soit des
mâles, soit des femelles, soit même de simples nymphes. Ainsi la pins
ancienne espèce connue de cette famille, celle qui lui a servi de fonde-
ment, aussi bien qu'au genre Gamase, le Gamasiis coleopteratonim de La-
treille et de Dugès, l'ancien Àcarus coleojjleralorum de Linné, n'est qu'une
nymphe, c'est-à-dire un individu non sexué et impubère, et la division en
deux parties de son plastron dorsal, que l'on a pris pour principal carac-
tère du genre Gamase, disparaît lorsque l'individu devient adulte. I-e Ga-
masus crassipes et le Gamasiis lesliidiiiaiius sont, le premier le mâle, le se-
cond la femelle de l'espèce dont le Gamasus coleopteralorum est la nvmphe.
Le Gamasus lélragonoïde est le mâle du Gamasus cellaris, qui est une
femelle. Le Gamase bordé doit son nom à un caractère qui appartient à
toutes les femelles du genre. Enfin V Uwpode véyétant nest qu'une nymphe
munie d'un appareil d'adhérence qui lui permet de s'attacher solidement
aux insectes, lequel appareil disparaît à l'âge adulte.
» Ces exemples suflisent pour montrer la nécessité d'irne révision com-
plète de la famille des Gamasides. C'est l'objet d'un Mémoire que nous
terminons et dont la présente Note est un extrait. Mémoire qui comprend :
1° l'anatomie et la physiologie des Acariens de cette fiunille; 2" leur classi-
fication basée exclusivement sur les affinités organiques; 3° la preuve que
les Gamases forment une transition très-naturelle entre les Arachnides et
les insectes hexapodes, attendu qu'ils monirent réunis des détails anato-
miques appartenant à chacune des deux classes; 4° enfin l'établissement
du fait que le parasitisme des Gamases et des Uropodes est l'apanage ex-
clusif des nymphes, et que ce parasitisme est de même sorte que celui des
Ilypopes, c'est-à-dire que l'Acarien n'emprunte à son hôte que le véhicule
et que cet hôte est l'agent inconscient de la conservation et de la dissémi-
nation de son parasite inolfensif.
» Voici une classification des genres et des espèces que nous admet-
tons jusqu'à présent dans la famille des Gamasides, eu un tableau qui est
en même temps un exposé des caractères de la faiiullc et de ses subdi-
visions, et un résumé de l'organisation des élres qui la composent.
( '^Sy )
Famille
des
Gamasides
(P. Gerv.).
Acariens aveugles, àlé-
guments du tronc , en
tout ou en partie coria-
ces : 1° palpes maxillai-
res anlenniformes à cinq
articles; 2° palpes maxil-
laires ou galettes à deux
articles, dont le premier
adhérent; mandibules
en pinces didaclyles or-
dinairement dissembla-
bles dans les deux sexes,
invaginées et exertiles.
Pattes à six articles, à
torse subarticulé près de
sa base, terminé par une
paire de crochets à une
caronculelobée. Système
respiratoire trachéen ,
aboutissant à une paire
de stigmates, situés entre
leshanches des dernières
pattes et se continuant
par un tube aérifère di- / f'-"'"'^' «'»"-
rigé en avant. Organe
mâle, émergeant d'une
ouverture circulaire,tail-
lée dans le bord anté-
rieur du sternum. Or-
gane femelle, situé entre
les dernières pattes ou
plus enavant,etfigurar]t
une ouverture triangu-
laire fermée par un cla-
pet il charnières.
Pattes con-
tigucset for-
mant un seul
groupe sous-
thoracique.
La première
paire à han-
ches libres et
palpiformes;
tarse de cette
paire cylin-
drique, des
au 1res paires
conique.
Tube aéri-
Téguments
du Ironc co-
riaces for-
mant deux
plastrons, un
dorsal et un
ventral, qui
couvrent to-
talement le
tronc. (Les
nymphes
seules sont
l>arasites et
se rencon-
/ trent sur les
insectes.)
Plastrons soudés par '
leurs bords chez le mâle,
et unis par une membrane
diaphane chez la femelle.
Pattes et rostre non ré-
tractiles. Stipe des mandi-
bules articulé dans son
milieu. Stigmates s'ou-
vrant entre les hanches
des troisième et quatrième
paires de pattes.
Genre Cnmasus.
3 sections. — g espèces.
[fuir plus bas les ca-
i-actères diflcrentiels des
sections ou sous-genres. )
vrantàlabase
du rostre.
Embryon
hexapode.
Plastrons soudés par
leurs bords dans les deux
se.\es, dépassant le corps
latéralement, et présen-
tant inférieurement des
cavités où se dissimulent
les pattes lors de leur ré-
traction. Rostre rétractile,
pouvant se dissimuler
complètement entre l'é-
pistome et les hanches de
la première paire de pattes.
Mandibules semblables
dans les deux sexes, iislipe
délié et aussi long que le
corps. Stigmates s'ouvrant
entre les hanches des
deuxième et troisième
\ pattes.
Genre Uropodn.
2 espèces.
U. sciitujata (Mégnin).
V. //-HHc-rtrrt (iUégnin).
Genre
Gamasus.
3 sections
ou
sous-genrcs.
9 espèces.
Téguments du tronc, mous et striés,
présentant cependant au milieu do
chaque face de petits plastrons minces,
peu visibles, transparents (parasites
I temporaires des oiseaux dont ils habi-
1 tent les nids).
Pattes réparties en deux groupes peu distincts,
très-volumineuses, toutes semblables. Tube aérifère,
s'ouvrant entre les deux groupes de pattes. Embryon
octopode. (Parasites des chauves-souris.)
Deuxième paire de pattes volumineuse et présen-
tant d'énormes tubercules à ses articles moyens chez
le mâle, un peu plus grosse, mais semblable aux
autres chez la femelle. Première paire grêle, longue,
palpiforme; quatrième paire, presque aussi longue
que la première. IVymphes ayant le plastron dorsal
divisé en deux segments.
Deuxième paire de pattes semblable dans les deux
sexes et semblable aux autres; première paire de
même volume que les autres et les dépassant peu en
longueur aussi bien que la quatrième. Nymphes à
\ plastron dorsal entier.
Rostre recouvert par l'épistome que les grands palpes maxillaires dépassent
seuls Nymphes à plastron dorsal toujours entier. Aussi voisins .les I ropodes
\ que des Gamases de la i)rcmière section.
; Rostre découvert, sail-
lant en avant de l'épi-
stome.
Nymphes à plastron
dorsal, divisé en deux
segments ou entier
Genre Deimaiiyssiis,
3 espèces.
D. at'iitm (Dugès).
D.i^al/i/uv{i,\('ça. c.v Dugès)
D.htrutulinis (M.e-i-lïerm.)
J Genre Pwropces,
> I espèce.
] P. vcspertillonis (L. Duf.)
!•■« section.
' G. fimi^orum (M. ex Latr.)
I G, t'c//«/7V(Még:n.e.r Latr.)
IG. hortorum (Mégn.)
G. copromorgus (Megn.)
3^ section.
G. fenilis ( Mégn.).
G, mrtrt/^y (Mégn.).
.i" section.
G. muscî (Mégn.).
G. nimnductts (Dugès]).
G. laiicnarius (Dugès).
( i338 )
» Nota.— Ce sont les nymphes des Gamases de la première section i]iie l'on trouve géné-
ralement sur les Gcotriipcs, les Bousiers, etc., cl cjui ont donné lieu à la jirétcndue espèce
le G. coleopteratoritm ; mais c'est celle du G. miisci, que l'on rencontre spécialement sur les
Bourdons, et celle du G. logcnarius ou du G. rotundatus, que l'on trouve sur les Xylo-
copes, parce que les adultes de ces dernières vivent sous l'écorce des arbres morts, comme
les G. musci vivent dans l'humus couvert de mousse, et ceux de la première section dans
les bouses, les fumiers ou les champignons en décomposition, d'où les nymphes s'échappent
sur le dos de leurs cohabitants.
i> On remarquera encore dans le tableau ci-dessus que le genre Argai, de Dugès, n'y ligure
pas : c'est que nous avons reconnu que, malgré ses palpes cylindriques, il se rapproche
beaucoup plus, par l'ensemble de son organisation, des Ixodes que des Gamases, et qu'il
appartient par conséquent à la famille des Ixodidés. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Etude expérimentale sur le principe toxique
du sang putréfié. Note de M. V. Feltz, présentée par M. Cli. Robin.
(Commissaires: MM. Andral, Bouillaiid, Robin).
« Depuis ma précédente Note [Comptes rendus, i*' mars 1875), j'ai con-
tinué à observer ce qui s'est produit dans le liquide ayant servi à mes pre-
mières expériences, laissé depuis d'une manière constante an contact de
l'air. J'ai constaté que les infiniment petits ne restent en pleine activité
qu'un certain temps : les spirilles et les vibrions deviennent de plus en
plus grêles et de moins en moins mobiles, ils finissent par s'inunobiliser
complètement et même par disparaître; les bactéries, les points mobiles
et les membranes zoogléiques résistent phis longtemps; mais, à leur tour,
on les voit perdre leurs mouvements d'oscillation et de rotation si bien
qu'à un moment donné on ne voit plus dans le liquide, 011 il y avait tant
de vie, que des débris de bâtonnets et des grains immobiles. Les restes des
globules se reconnaissent toujours dans les agrégats moléculaires plus ou
moins colorés en jaune; on distingue encore quelques fortues cristallines
et par-ci par-là quelques fins linéaments qui rappellent les moisissures.
L'odeur du sang se modifie aussi : elle est moins pénétrante; le dégagement
des produits anuuoniacaux diminue également. Le temps agirait donc sur
le sang putréfié à la fois coinme le contact prolongé de l'oxygène et comine
le séjour longtemps continué dans le vide (Note dti 1" mars).
» A. Sançj putréfié vieux. — Le sang putréfié ainsi modifié par le temps
(3 mois) a été expérimenté sur six cbiens dont trois âgés de moins d'un an
et trois de deux à trois ans. Ce liquide fut injecté dans la veine crurale à
des doses variant entre i et a centimètres cubes, suivant la taille et le poids.
( i339 )
Les six chiens n'ont pas tardé à présenter des signes évidents de maladie :
augmentation de température, perte d'appétit, vomissements plus ou moins
fréquents, diarrhée bilieuse, parfois sanguinolente, diminution de
poids, etc... Quatre de nos animaux succombèrent, mais seulement au
bout de dix ou douze jours, et présentèrent à l'aulopsie, faite immédiate-
ment après la mort, les signes habituels de l'infection; les deux autres
chiens se rétablirent complètement. En dehors du retard et de la durée plus
longue de la maladie, les animaux de cette série d'expériences ne différaient
en rien de ceux qui font l'objet de la Note du i" mars.
» Le sang putréfié vieux où toute vie a|)parente a cessé aurait donc les
mêmes propriétés toxiques que le sang en pleine fermentation où la vie
des infiniment petits est si caractéristique, et l'on devrait accuser comme
cause immédiate de la septicité les principes chimiques développés dans le
sang par la fermentation et non les infiniment petits eux-mêmes. Cette
idée ne peut cependant se soutenir, car l'examen du sang des animaux
morts pratiqué immédiatement ne laisse pas de doute sur la présence de
bactéries et de cocobactéries, quoiqu'il n'y en ait pas en de vivaces dans
le sang injecté; on doit donc admettre que les germes que le liquide in-
jecté contenait encore se sont développés de nouveau dès qu'ils ont re-
trouvé dans le sang sain un terrain favorable à leur évolution et ont ainsi
pu reproduire, après une véritable incubation, les lésions chimiques et
morphologiques habituelles de la septicémie.
» B. Sang putréfié vieux desséché. — Pour confirmer ou infirmer cette
manière de voir, j'ai fait les essais suivants : laissant toujours le sang pu-
tréfié initial exposé à l'air et au soleil, j'ai attendu que ce liquide fût réduit
à consistance pâteuse ; je l'ai ensuite desséché complètement dans une étuve
et réduit en poudre très-fine dans un mortier. Cette poussière de sang pu-
tréfié datant de cinq mois, tamisée avec soin et mélangée à la dose de i cen-
timètre cube à 2 ou 3 grammes d'eau distillée, fut injectée dans la veine
crurale à trois chiens très-bien portants, jeunes et vigoureux. Ces trois ani-
maux ne furent, dans les premiers jours, que très-peu impressionnés : ce
n'est qu'après quatre ou cinq jours qu'ils commencèrent à avoir de la fièvre,
de l'inappétence, de la diarrhée séreuse, bilieuse ou sanguinolente et des
urines plus ou moins chargées de principes biliaires. Deux de ces chiens
succombèrent, le premier dix jours, le deuxième seize jours après l'inocula-
tion. Le troisième chien ne tomba malade qu'après six jours : fièvre et diar-
rhée durèrent neuf jours, puis l'animal se rétablit complètement. Les deux
sujets morts avaient eu l'un et l'autre durant plusieurs jours des selles san-
( ^Mo )
glaiilcs. L'antopsie ne nous révéla d'antre lésion cpie celle de la septicémie ;
le sang conlenail des cocobacléries et des bactéries et présentait la délor-
mation et la diffltience si caracléristiqnes des globules rouges.
» L'exauien minutieux du sang desséché mêlé à de l'eau distillée ne nous
a rien montré qui pût être pris pour des bactéries ou des vibrions vivants ;
on ne distinguait que des grains plus ou moins gros à reflet jaunâtre. D'un
autre côté l'injection des poussières de sang étant pratiquéeimmédialement
après le mélange avec l'eau, on ne peut supposer que dans ce court instant
il aurait pu y avoir développement d'infiniment petits, autrement nous les
aurions vu se produire sous le microscope même. Les animaux inoculés
ayant présenté tous les trois les symptômes anatomiques et physiologiques
de rem|)oisonnement septiqiie avec génération dans le sang de points mo-
biles et de bactéries, force nous est donc d'admettre qu'il y avait dans les
poussières introduites dans le sang des germes susceptibles de se développer
et d'éveiller dans l'organisme les phénomènes de la fermentation putride.
» Conclusion. — Le sang ayant passé par toutes les périodes de la putré-
faction jusqu'à sa dessiccation en |)lein air déterminant toujours au bout
d'un certain temps d'incubation les accidents de la septicémie , nous
sommes en droit d'admettre qu'il reste toujoins dans nos matières inoculées
des germes qui, introduits dans le sang normal, y dévelo|)pent le travail
septique dont les infiniment petits sont l'indice le plus certain. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur l'aortile clironujue. Mémoire
de M. P. JoussET. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section de Médecine et Chirurgie.)
« i" L'aortite chronique est une affection caractérisée anatomique-
ment par l'inflammation chronique des tuniques de l'aorte. Les principales
lésions sont : les athéromes, les plaques laiteuses et crétacées, l'épaissis-
seînent et la perte d'élasticité des parois, et, enfin, la dilatation de l'ar-
tère. La nature inflammatoire de ces lésions a été démontrée par l'examen
niicrographique. L'inflammation de l'endartère peut se propager à l'endo-
carde, et réciproquement. Cette lésion constitue alors la canlo-aortile.
Comme lésions concomitantes, on rencontre habituellement l'ossifica-
tion prématurée des artères périphériques et la sclérose des reins.
» 2° Cette affection piésente deux formes . une doidoin-euse, connue
sous le nom d'angine de iioibiiie, et l'autre peu ou pas doulouieuse : c'est
celle qui fait l'objet de celle Communication.
( i3/ii )
)) 3° L'aortite chronique est une affection fréquente : elle est habituel-
lement méconnue et confondue avec une affection du c&nr, ou bien avec
une néphrite intersiicieile.
» 4° L'aortite chronique succède quelquefois à une aortite aignë. Elle
reconnaît dans ce cas toutes les causes de cette dernière affection : les
alcools, le tabac, le café et le thé sont les circonstances étiologiques qui
favorisent le développement de l'aortite chronique. Tous les malades chez
lesquels je l'ai observée étaient goutteux ou hémorrhoïdaires, et avaient
dépassé trente-cinq ans.
» 5° Les symptômes principaux sont une dyspnée habituelle, et de
temps à antre de grands accès de suffocation. Ces grands accès ont les
caractères de la dyspnée cardiaque. Le pouls s'accélère en même temps
qu'il devient petit, et il finit par disparaître. État hypothimique, sueurs
froides et quelquefois syncope complète. Pendant les accès, l'expiration
est convulsive et prolongée. L'insomnie, la perte des forces, l'anémie
sont les autres symptômes de l'aortite; ils conduisent à la cachexie, carac-
térisée par l'œdème, les urines aibnmineiises, le subdelirinm. La mort sur-
vient par asphyxie, syncope ou accidents urémiques.
» 6° Les signes physiques sont diverses modifications dans les brnifs
aortiqiies, la formation constante d'un plateau dans les tracés sphygmo-
graphiques et, à une période avancée, l'augmentation de la matité aor-
tiqiie. ))
PHYSIOLOGII' PATHOLOGIQUE. — Nouvelle méthode de traitement du rhumatisme
cérébial par l'hydrate de chloral. Mémoire de M. E. Bouchut.
(Renvoi à la Section de jMédecine et Chirurgie).
« Le déplacement du rhumatisme articulaire aigu et son transport dans
les membranes du cerveau, appelé rhumatisme cérébral ou méningite rhu-
matismale, est généralement /or< grave.
» L'anatomie pathologique et l'ophthalmoscopie prouvent que cette com-
plication du rhumatisme articulaire aigu n'est qu'une des formes de la
méningite. L'examen des membranes du cerveau révèle luie stase veineuse
considérable avec une infiltration opaline de la pie-mère causée par. de
nombreux leucocylhes.
» L'ophthalmoscope, qui permet de suivre dans le fond de l'œil les
développements des altérations de la substance cérébrale et des ménin-
C.R.,1875, l'f 5<?mcWf, (T. LXXX, M" 21.) ' 7^
( i342 )
gites, fait découvrir une infiltration séreuse de la papille et de la rétine
avoisinante avec dilatation des veines rétiniennes qui représentent des alté-
rations semblables de la pie-mère et du cerveau.
» Le rhumatisme du cerveau s'annonce par un délire plus ou moins
violent, se terminant par le coma et par une asphyxie, parfois très-rapide,
pouvant entraîner la mort en quelques heures.
» Dans trois cas de ce genre, la guérison a été obtenue à l'aide de l'hy-
drate de chloral pris par la bouche à la dose de 3 à 6 grammes eii une ou
deux fois, coup sur coup, de façon à obtenir un apaisement immédiat de
l'agitation offerte par les malades. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — // Il y a point eu de mer intérieure au Sahara. Note
de M. PoMEL, présentée par M. Ch. Sainte-Claire Deville. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
Après avoir rappelé divers passages de son ouvrage intitulé le Sahara,
où il pose, dès 1872, celte question et la résout négativement, l'auteur
ajoute :
« Tout cela était écrit et publié avant l'agitation soulevée par M. le ca-
pitaine Roudaire, auteur de la question de la mer intérieure ; mais depuis
et dans la session de décembre 1873 du Conseil supérieur de l'Algérie, à
propos du percement de ce que l'on nomme l'isthme de Gabès, j'ai pu
être plus affirmatif :
« La différence de niveau du chott Melghiyh avec la mer n'est contestée |)ar aucun sa-
vant : les divergences portent seulement sur les chiffres ; mais l'isthme de Gabès n'est pas
un simple amoncellement de sable; il est probable, au contraire, qu'il constitue une ride do
collines de plusieurs kilomètres de largeur, et dont l'état rocheux, au moins en partie, com-
pliquerait l'opération de percement. » {Procès-verbaux des séances.)
» Enfin, dans la séance de la Société de Cliuiatologie et Sciences d'Al-
ger du 25 septembre 1874, j'ai été tout aussi explicite. Le procès-verbal
porte :
« M. Pomel ne croit pas le projet réalisable, à cause d'une barre rocheuse entre le lac et
le golfe. Quanta la modification possible du climat, il demande ce que pourra faire une vé-
ritable goutte d'eau en présence de l'immensité du Sahara. Il rappelle que les îles du cap
Vert, noyées au milieu d'une vaste étendue d'eau, ont une flore saharienne. » [Bulletin,
p. 722.)
» Sans avoir visité Gabès, je n'hésitai point à formuler mon opinion sur
la structure de ce coin de terre, prédestiné de tout temps à servir de thème
( i343 )
aux écarts de l'imagination ; des considérations tirées des traits généraux de
la constitution géologique du Sahara, des noms caractéristiques de cer-
tains types orographiques inscrits sur les cartes, des stations de certaines
plantes rapportées par les botanistes voyageurs, puis une étude attentive
des textes anciens, m'avaient conduit à cette conviction, que je formulais
une fois encore d'une façon fort nette dans ma dernière Communication à
l'Académie. A ce dernier moment, je ne savais pas encore que M. l'ingé-
nieur Fuchs venait de constater directement l'existence, le relief et l'épais-
seur de la prétendue barre, sa nature rocheuse et son ancienneté géolo-
gique (j'ai, toutefois, toujours des raisons pour reculer son âge vers le
milieu de la période crétacée); qu'il avait, en outre, observé sur cette ride
un manteau d'atterrissemeut quaternaire à caractère diluvien, tandis que,
à un niveau plus rapproché de celui de la mer et du côté de son rivage, il
avait reconnu ce cordon de plages marines quaternaires émergées, dont j'ai
parlé plus haut.
C'est donc avec une légitime satisfaction que je signale cette confirma-
tion de mon sentiment sur cette question litigieuse. Je me vois maintenant
en droit de réclamer le bénéfice de ce contrôle confirmatif pour toute la
thèse soutenue dans mon Sahara. Il y a plus: la mission de M. Roudaire
vient de constater géométriquement la discontinuité de la dépression des
chotts au-dessous du niveau de la mer, et ainsi s'évanouit définitivement le
mirage de la mer intérieure de Gabès et en même temps celui, plus déce-
vant encore, de la grande mer saharienne. i>
BOTANIQUE. — Influence de la sécheresse sur les Crjptocjames;
par M. E. Robert.
(Cette Note sera soumise à l'examen de M. Decaisne.)
« La grande sécheresse qui a régné, cette année, presque sans interrup-
tion, depuis le commencement de janvier jusque vers la fin d'avril, me
semble avoir été très-funeste aux Cryptogames et en particulier à la classe
des Acotylédones. Je crois avoir acquis la certitude que cette sécheresse
extraordinaire a détruit la plupart des Mousses qui tendent à s'emparer des
terrains secs et sablonneux, des versants des collines calcaires à peine
recouvertes de limon diluvien, des revers des fossés et des routes.
» La destruction de ces plantes me paraît avoir été surtout favorisée par
ce fait, que les Mousses ont été privées de l'abri qu'auraient pu leur offrir
les Phanérogames si elles n'avaient été elles-mêmes retardées dans leur
174..
( i344 )
développement. Pour la même raison, les arbres, les bois, n'avaient guère
mieux protégé les Mousses.
» Au point de vue de l'Agriculture et de l'Arboriculture, une destruction
aussi générale d'Acotylédones, rendue bien manifeste par une extrême sic-
cité et un changement de couleur de la plante, qui de verte est devenue
brun noirâtre ou d'un jaune fauve, suivant les espèces, peut avoir une cer-
taine portée. En effet, à cette heure, dans toutes les places où les Mousses
ont été détruites par la sécheresse, on voit les Dicotylédonées qu'elles
étouffaient prendre plus de développement, les Graminées taller davantage,
enfin les collines se tapisser de verdure.
» On ne peut préciser combien de temps durera cette heureuse transfor-
mation; mais, si l'on observe que les grandes espèces de Mousses n'at-
teignent que très-lentement leur entier développement, ilfaut espérer que
le sol en sera débarrassé pour quelques années. Si la grande sécheresse a
retardé la végétation générale, elle aura eu ce bon côté de détruire des
plantes nuisibles au développement des plantes fourragères. »
VITICULTURE. - Origine du Pli/Uoxera à Cognac ; par M. Mocillefert.
(Kenvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Cognac, 22 mai 187 5.
» En examinant attentivement, au point de vue de la maladie de la
vigne, une carte de France dans la région de l'Ouest, un fait ressort im-
médiatement, c'est qu'entre les dernières taches phylloxérées de la région
du Bordelais et les premières des Charcutes il y a un espace immense, tel
que le Phylloxéra n'a pu le traverser d'un seul coup. Si l'on remarque sur-
tout que les points les plus anciennement attaqués sont à Cognac et à
Pons, et que depuis les bords de la Girontle jusqu'à près de celte dernière
ville les vignobles sont très-rares, le sol étant en grande partie couvert de
forêts et de bruyères, l'hypothèse d'une invasion venant du sud n'est même
plus soutenable. Une invasion venant d'un autre côté serait encore moins
admissible.
I) Frappé de ce fait, depuis longtemps déjà je pensais qu'il devait y
avoir un centre phylloxéré aux environs de Cognac ou de Pons, où la ma-
ladie avait tout d'abord paru ; mais, n'ayant pas de documents à l'appui de
mon idée, j'avais cru prudent de ne rien dire et d'attendre des preuves.
» A force de recherches et de renseignements, j'ai fini par trouver ces
jours-ci (les faits précis sur la question qui nous occupe. Par l'intermé-
( i345 )
diaire do M. ïhibaud, adjoint de Cognac, dont le zèle pour tout ce qui
touche au Phylloxéra est inépuisable, j'ai su qu'un pépiniériste de Cognac,
M. Ferrand, possédait des vignes américaines. Voici ce que nous avons vu
et appris :
» Ces vignes forment un ensemble d'environ une trentaine de ceps;
M. Ferrand les a reçues directement, avec des racines, de l'Amérique, par
l'intermédiaire de son fils, il y a près de huit ans.
» Elles appartiennent pour plus de moitié au type Fitis lahrusca et com-
prrnnent les variétés suivantes : Union-Village, Tokaloa, Concord, Anna,
Diana et Catawba. Il y a aussi quelques variétés des groupes œstivalis et
cordifolia, dont je n'ai pu prendre les noms, les étiquettes étant perdues.
» Le sol du jardin de M. Ferrand est calcaire-siliceux, il y a aussi un peu
d'argile; sa profondeur est assez considérable et varie entre 80 et 90 centi-
mètres. Le sous-sol est formé de bancs de pierres calcaires fissurés de ter-
rain jurassique.
» Bien que le sol soit, comme on le voit, d'assez bonne qualité, la végé-
tation des ceps ne présente rieu de remarquable ; ils ne sont pas plus dé-
veloppés que des plants indigènes de même âge ; ils sont même en général
plus petits.
M Les racines de ces ceps ont été examinées; sur toutes j'ai trouvé des
Phylloxéras. Le chevelu étant encore très-peu développé, les renflements
sont rares; mais, sur celui de l'année dernière qui est mort, on en distingue
facilement. Les insectes sont relativement rares et produisent sur les radi-
celles des nodosités semblables à celles qui se développent la première
année sur les vignes françaises.
» Ces vignes étant plantées sur un seul rang et espacées de 5o centimètres
à I mètre, un fait assez curieux nous a frajjpés. Au milieu de la ligne on voit
deux ceps d'une végétation extraordinaire; leurs pousses dépassent en ce
moment i^j/io, tandis que celles des autres atteignent à peme 5o à 60 cen-
timètres. Leurs racines ayant été examinées, à notre grand élonnement
nous n'y avons \m découvrir de Phylloxéras; ils appartiennent au groupe
vilis œslivalis. Ce fait très-singulier, puisque les racines de ces ceps sont |)lus
ou moins en communication avec celles des autres ceps qui sont phylloxérés,
serait lUie preuve de plus de la résistance de certains cépages américains
au Phylloxéra; mais il combat, au contraire, l'idée de ceux qiu nient l'o-
rigine américaine du Phylloxéra, en opposant des exemples de htiix ou
l'on a introduit des vignes américaines, sans avoir pour cela communiqué
( r346 )
la maladie aux ceps indigènes voisins, puisqu'il paraît acquis que toutes
les vignes américaines ne sont pas forcément phylloxérées.
» Quant aux autres variétés, quoique d'une végétation assez médiocre,
elles supportent mieux, à n'en pas douter, le parasite que celles du pays,
car, dans les mêmes conditions celles-ci seraient mortes depuis longtemps;
mais on voit néanmoins que l'insecle nuit considérablement au développe-
ment de ces vignes.
» M. Ferrand n'a vendu dans la localité qu'un seul pied de ses vignes
exotiques, il y a de cela deux ans, à un de ses voisins, M. Maréchal.
» La veille, nous avions vu le cep en question qui est une variété du
vitis œslivalis. Il avait été planté le long d'un mur dans le but d'en faire une
treille; sa végétation est très-vigoureuse; néanmoins nous avons trouvé des
Phylloxéras sur ses racines.
» A 2'",5o de là, à droite et^à gauche, toujours le long du mur, il y a
deux autres jeunes plants indigènes; leur végétation est également belle;
mais leurs racines ne portent pas d'insectes. Les Phylloxéras trouvés sur la
vigne américaine lui appartiennent donc bien.
» Si nous rapprochons ce fait, que M. Ferrand possédait depuis huit ans
des vignes américaines phylloxérées, de la date d'apparition de la maladie
dans les environs de Cognac, on voit que le vignoble de M. Couanet, le
plus rapproché du jardin de M. Ferrand, a été attaqué le premier; que,
de là, le mal observé, il y a quatre ou cinq ans, a gagné de proche en proche
les vignes situées en avant et latéralement dans la direction nord, tout en
augmentant d'intensité d'année en année.
» Pour quiconque a étudié la marche du Phylloxéra dans les environs
de Cognac, il ne peut y avoir de doute : le point de départ de la maladie
est là.
» D'après ce que nous avons pu observer dans les Charentes, les taches
extrêmes d'une année à l'autre n'ont pas été espacées au maximum de plus
de 8 à lo kilomètres; en général, elles le sont beaucoup moins, c'est-à-dire
que les distances parcourues par les essaims de Phylloxéras ont été le plus
souvent inférieures à lo kilomètres.
» Or, comme les environs de Pons (Charente-Inférieure) ont été aussi
envahis presque en même temps que les environs de Cognac, il doit y avoir,
suivant toute probabilité, un autre centre d'invasion . C'est ce dont je compte
m'assurer. »
( i347 )
vlTlCur.TURE. — Noie sur l'emploi du xanlhale de potasse contre
le Phylloxéra; par MjM. Pu. Zoeller et A. Grete.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Les recherches que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie
ont été entreprises au laboratoire de Chimie de l'Ecole supérieure d'Agri-
cidture de Vienne. Elles confirment le rôle assigné par M. Dumas au suifo-
carbonate de potasse ; mais elles nous ont amenés en même temps à trouver
luie autre combinaison qui développe dans le sol le sulfure de carbone
mortel pour le Phylloxéra, sans produire l'acide sulfhydrique, en général
nuisible pour les plantes. En outre, tandis que le sulfocarbonate est difficile
à obtenir et par suite atteint un prix très-élevé, la combinaison que nous
avons employée est peu coûteuse à produire et se prépare aisément complè-
tement pure (i).
» Cette combinaison est le xanlhale de potasse. La solution aqueuse de ce
sel étant mise en contact avec le sol, du sulfure de carbone pur se produit
au bout de quelque temps. Cette production est plus rapide et plus active
si le sel est mélangé au sol avec une addition de superphosphate.
» Le développement de sulfure de carbone, qui commence dès que l'hu-
midité intervient, peut durer des jours entiers selon la quantité de sel
employée. Le plus commode est donc d'employer en même temps le
xanthate et le superphosphate. Ces deux sels peuvent être répandus sur le
sol à l'état sec, ou mieux enfouis, car les pluies effectuent alors la transfor-
mation qui procure en même temps aux ceps de la potasse et de l'acide
phosphorique favorables à leur accroissement. »
VITICULTURE. — Sur la présence du Phjlloxera en Auvergne.
Note de M. Julien.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« A la fin d'une conférence que je faisais, dimanche 23 mai, à Pont-
du-Château, sur les ravages causés dans le Midi par le terrible hémiptère,
(i) Le .rantiuilc de potasse m'avait paru inabordable, du rnoins en France, à cause du
prix élevé de l'alcool ipciilié i]ui- sa préparation comporte; il coûte bien plus cher que les
sulfocarbonales, dont la iirodiiution simplifiée n'exige ni l'intervention de cet agent ni rem-
ploi de la potasse causti(p\i; fondue. Le prix des sulfocarbonates, déjà réduit, se réduira
bien plus encore si la consoaiitiation.se généralise. Le principe d'action des xanlliates est
le même d'ailleurs que celui des sulfocarbonales. [Note de M. Dumas.)
( i348 )
(les vignes présentant les symptômes de la maladie me furent signalées dans
la commmie de Mezel. Ces vignobles, au centre de la région vinicole de
l'Auvergne, sont situés sur les pentes du Puy-de-Mur, à l'aspect du Midi.
» [.es insectes y sont encore clair-semés et proviennent des premières
pontes de l'année, car la plupart sont jeunes, encore mêlés aux œufs, et
forment des essaims groupés autour d'une mère pondeuse.
» Ils sont plus fréquents sur les racines à demi pourries de l'année der-
nière, et commencent seulement à envahir les racines et les radicelles de
l'année. D'autres points attaqués m'ont été signalés sur les coteaux voisins,
et il est à craindre que l'Auvergne ne soit sérieusement atteinte.
» Cette maladie, dont les vignerons ignoraient la cause, paraît, d'après
leurs témoignages, remonter à 1868. Cette cause serait encore ignorée sans
les conférences faites par la Commission du Phylloxéra, sur l'initiative de
M. le Doyen de-la Faculté des Sciences. Devançant les mestires récentes
réclamées par M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce, il a saisi
le Conseil général du département du Puy-de-Dôme, dans sa session du
mois d'août 18741 ^^ ^ provoqué la formation d'une Commission spé-
ciale, en partie formée de professeurs de la Faculté. »
VITICULTURE. — Influence de l'humidité sur le Phylloxéra.
Lettre de M. Villedieu à M. Dumas. (Extrait.)
« Je viens de découvrir sur les mœurs du Phylloxéra un fait très-impor-
tant, qui va jeter un grand jour sur les moyens de le détruire. Le voici :
» En temps de sécheresse, le Phylloxéra descend; en temps de pluie, ou en
arrosant, // monte.
» J'avais déjà remarqué qu'à la chute des feuilles, précisément après les
pluies d'automne, je le rencontrais aisément en déchaussant tant soit peu
le cep. Le 10 octobre 18741 j'assistais à l'arrachage d'une vigne, et je ne
trouvais des Phylloxéras que sur le corps principal du cep, entre les trois
nœuds; j'en fus frappé, sans toutefois en tirer aucune conclusion. Aujour-
d'hui, après deux jours de pluie, je fais déchausser un cep pour examiner
une racine phylloxérée que j'avais étudiée il y a trois jours: plus de Phyl-
loxéras; je n'hésite pas, je fais arracher le cep bien délicatement, et je
trouve les Phylloxéras, mais 6 centimètres plus haut.
» Depuis longtem|is j'avais remarqué qu'en juillet et août, précisément
au moment de ses plus grands ravages, je le rencontrais difficilement, et
toujours sur les racines les plus profondes.*
( i349 )
» Les résultais immédiats que j'ai obtenus avec mon sable engrais des
bords du Rliône viennent de ce que, n'ayant pas de pluie, j'ai arrosé, afin
de dissoudre les sels alcalins et le sulfate d'ammoniaque. Mon engrais
maintient le sol humide à l'endroit où on le dépose. Le Phylloxéra, attiré
par l'eau, monte, et, arrivé à l'endroit humide, il y est brûlé ou asphyxié;
alors il cherche à sortir du sol, mais là le sable l'arrête et il meurt. La
vigne, excitée par l'engrais, repousse vigoureusement. L'importance de mes
derniers succès m'en donne la preuve. »
M. Reymonet écrit à l'Académie qu'il est parvenu à greffer la vigne sur
des arbrisseaux dont les racines ne peuvent servir de nourriture au Phyl-
loxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. F. MoLL fait savoir à l'Académie qu'il a employé avec succès contre
les dévastations des larves des hannetons et des limaces une solution com-
posée de savon mou et de goudron de houille, ou mieux d'huile lourde
[deado'd), celle qui sert à imprégner les billes pour chemin de fer.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
MM. B. Alciator, Apolie, Boiscan, Bowel, H. Bouschet, Brcbîet,
Causse, Destrac, Goxin, P. Gocilhom, Jacqcixot, Meri.o Anselmo , Ra-
veau, Rozies, Sadot, M'""' Dantigxy adressent diverses Communications
relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. E. Marchand adresse un Mémoire en partie imprimé, ayant pour
objet une étude de la force chimique du Soleil. Ce travail est accom-
pagné de tableaux.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. A. LÉARD adresse deux Mémoires sur la Télégraphie optique.
(Commissaires : MM. Fizeau, Brégtiet.)
M. Sekowski adresse, par l'entremise de M. Resal, un Mémoire accom-
pagné d'un dessin sur un mode de transmission instantanée du mouvemeni
au tiroir.
(Commissaires : MM. Resal, Tresca.)
C.R,, 1875, i" Semettre. (T.LXXX, No2l.) I?^
( i35o )
M. Hé\a adresse une Note sur les gisements métallifères et la classifi-
cation géologique clans le département des Côtes-du-Nord.
(Commissaires : MM. Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.)
M. TosELLi adresse une Note sur un perfectionnement qu'il a apporté
à sa nacelle à double étage.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. BouNiCEAr adresse une Note dans laquelle il rappelle qu'une drague
pouvant tenir la mer, en dehors du port du Havre, a fonctionné avec un
succès complet avant l'année 1860. »
(Renvoi à l'examen de M. de Lesseps.)
M. FoRDos prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à la Commission
des prix pour les Arts insalubres la Note qu'il a adressée le 29 mars sur
l'essai des étamages et luie nouvelle Note sur l'actioi! des liquides alimen-
taires ou médicamenteux sur les vases en étain contenant du plomb.
(Renvoi à la Commission.)
M. H. Toussaint prie l'Académie de vouloir bien comprendre, parmi
les Mémoires adressés au Concours de Physiologie expérimentale, sa Note
intitulée : « Application de la méthode graphique à la détermination du
mécanisme de la réjection dans la rumination (i) ».
(Renvoi à la Commission.)
L'Académie reçoit, pour les différents Concours dont le terme est fixé
au i""^juin, outre les ouvrages imprimés, mentionnés au Bulletin biblio-
graphique, les pièces suivantes :
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. ( Faire Connaître les changements
qui s'opèrent dans les organes intérieurs des Insectes pendant la méta-
morphose complète.)
M. J. KuNCKEL. - Mémoire, avec planches, intitulé : « Recherches sur
l'organisation et le développement des Diptères du genre Volucelle ». La
première Partie est imprimée, et la seconde manuscrite.
Comptes icnJus, n" 8, a4 août i8t4-
( .35, )
PRIX BORDIN. (Étudier comparativement la structure des téguments de
la graine dans les végétaux angiospermes et gymnospermes.)
Anonyme. — Mémoire portant pour épigraphe : « Toutes les homologies
doivent s'appuyer sur des observations d'Organogénie et d'Anatomie com-
parée ».
CONCOURS LACAZE (pHYSIQUE).
M. A. Ernto di Giacomo. — Mémoire manuscrit en italien portant
pour titre : « La vera misura délie température ovvero Rapporto semplice
e générale fra le température e le proprietà dei corpi ad esse inerenti ».
CONCOURS MONTYON (MÉDECINE ET CHIRURGIE).
M. Armaingacd. — De l'irritation spirale dans ses rapports avec les né-
vralgies, les névroses vaso-motrices et la névropathie cérébro-cardiaque.
Mémoire manuscrit.
M. Chonnacx-Dubisson. — Recherches expérimentales sur l'étioiogie
du rachitisme. Mémoire manuscrit.
M. G. Le Bon. — Recherches expérimentales sur l'asphyxie par sub-
mersion et sur son traitement. Mémoire manuscrit.
M. V. BcuQ. — De la gymnastique pulmonaire contre la phthisie.
Brochure accompagnée d'une Note manuscrite.
M. M. Krishaber. — Étude sur le spasme de la glotte. Mémoire ma-
nuscrit.
MM. BcDiN et CoYNE. — Recherches sur l'état de la pupille pendant
l'anesthésie chloroformique et l'asphyxie. Brochure accompagnée d'une
Note manuscrite.
CONCOURS MONTYON (STATISTIQUE).
Anonyme. — Mémoire intitulé : « Études statistiques sur la population ».
Ce travail est accompagné de cartes et de tableaux.
M. E. Deseille. — Histoire industrielle de la pèche à Boulogne-sur-
Mer. Mémoire manuscrit accompagné de brochures imprimées.
CONCOURS MONTYON (MÉCANIQUE).
M. Raffard. — Nouveau mécanisme pour produire la rotation dans le
tour à pédale. — Description du système de machine à vapeur dans lequel
175..
( i352 )
le frottement dû au poids du volant est annulé et la torsion de l'arbre est
évitée. Mémoires manuscrits.
PRIX SERRES.
M. PoccHET. — Mémoire avec planches intitulé : « Sur le développement
du squelette, et en particulier du squelette de la tête des Poissons ».
CONCOURS CHAUSSIER.
MM. Bergeron et L'Hote. — Études sur les empoisonnements lents
par les poisons métalliques. Mémoire manuscrit.
M. B. CoNSTANTiM. — Mémoire manuscrit en italien portant pour
titre : « Sulla cura senza laglio dell' anchilosi angolare del ginocchio ».
CONCOURS PLUMEY.
M. R. Jacqdemier. — Dessins et descriptions de diverses machines
concernant la navigation à vapeur. Mémoire manuscrit accompagné de
brochures imprimées.
M. E. TuRPiN. — Description d'un cylindre moteur surchauffé pour
machines à vapeur. Mémoire manuscrit accompagné de planches.
CONCOURS LALANDE.
M. E. TuRPiN. — Sur la cause qui a pu produire l'absence d'atmo-
sphère autour de la Lune. — Rotation de la Terre. Mémoires manuscrits.
CONCOURS FOURNEYRON.
M. E. TuKPiN. — Mémoire manuscrit sur un moteur hydraulique
artésien.
CONCOURS JECKER.
M. E. TuRPiN. — Mémoire manuscrit sur les caoutchoucs.
CORRESPONDANCE.
M. G. Bentuam, nommé Correspondant pour la Section de Botanique,
adresse ses remercîments à l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, « la Théorie cai)illaire de Gauss et l'extension d'un
liquide sur un autre, par M. Fandcr Mensbmgcjhe ».
( i353 )
ÈLECTROMAGNÉTISME. — Reclierclie sur [a vitesse d'aimantation et de désaiman-
tation du fer, de la fonte et de l'acier; par M. M. Deprez.
« En poursuivant mes études sur les électro-aimants et sur leur appli-
cation à l'enregistrement de phénomènes très-rapides, études dont les pre-
miers résultats ont été déjà communiqués à l'Académie, j'ai été amené à
rechercher quelle était l'influence de la nature du fer d'un électro-aimant
sur la durée des phases d'aimantation et de désaimantation. A cet effet, j'ai
employé un enregistreur qui sera décrit dans une prochaine Communica-
tion et dans lequel les pièces de fer constituant l'électro-aimant sont amo-
vibles, toutes les autres pièces, telles que bobines, armature, style, etc.,
restant les mêmes, de façon à mettre en évidence l'influence du métal consti-
tuant l'électro-aimant. Pour mesurer la durée des phases d'aimantation et
de désaimantation, j'ai mis en usage la méthode indiquée dans ma première
Communication sur les chronographes électriques.
» La partie métallique des électro-aimants, que je plaçais successivement
dans les hélices magnétisantes, était constituée par deux noyaux de i milli-
mètres de diamètre et de 1 3 millimètres de longueur. Les bobines dans
lesquelles passait le courant contenaient i4 mètres de fil de -g- de milli-
mètre de diamètre. La pile employée consistait en un élément de Bunsen,
modifié par M. Dulaurier. Enfin les variétés de fer essayées ont été le fer
ordinaire du commerce, le fer doux spécial pour télégraphe, la fonte mal-
léable, la fonte grise, enfin l'acier fondu élire et trempé.
» Les résultats obtenus ont été tout à fait inattendus; car le fer doux, le
fer ordinaire, la fonte malléable et même l'acier trempé ont donné, à très-
peu de chose près, les mêmes résultats pour la durée des phases d'aiman-
lation et de désaimantation, savoir :
Durée de la désaimantation . . 0,oo025
» de l'aimantation (approximative) o,ooi5o
» La fonte grise a donné de meilleurs résultats encore, car la durée de
l'aimantation s'est réduite à J^-^^ de seconde environ. Ce serait donc ce
dernier métal qui permettrait d'atteindre la plus grande rapidité possible
dans la transmission des signaux.
» En résumé, avec mes enregistreurs actuels, tels qu'ils seront décrits bien-
tôt, on peut obtenir des signaux parfaitement nets, se succédant à ~-v ^^
seconde d'intervalle, en employant n'importe quelle nature de for pour
les éleclro-aimants, et à ■^~ de seconde lorsque ces derniers sont en fonte
( i354 )
grise. Il est essentiel de remarquer que je ne parle pas ici de signaux se
succédant régulièrement à g^^ ou à -^ de seconde d'intervalle, ce qui con-
stituerait un régime. Dans ce dernier cas, en effet, le nombre des signaux
qui peuvent être transmis dépasse de beaucoup 35o ou 5oo par seconde.
» Je suis porté à croire que la supériorité de la fonte tient à sa texture
moléculaire et non à la quantité de carbone qu'elle contient; aussi ai-je
l'intention d'essayer \e fer doux fondu et non forgé, qui, je le crois, dépas-
sera en rapidité tout ce que j'ai obtenu jusqu'ici. Je me propose d'ailleurs
de revenir bientôt, dans une autre Communication, sur les détails de mes
expériences et sur l'application de mes enregistreurs aux chronograpbes
électriques destinés spécialement à l'artillerie.
>) Il est essentiel d'observer que les durées indiquées plus haut ne com-
prennent pas le temps employé par le style à parcourir sa trajectoire; c'est
en ajoutant ce temps aux durées d'aimantation et de désaimantation que
l'on trouve -^-rrr ou -rrrr: de seconde, suivant les cas, pour la durée totale d'un
signal comprenant la désaimantation, le temps .de chute du style, l'aiman-
tation et enfin le retour du style à sa position primitive. Ces nombres se
rapportent d'ailleurs au cas où l'on n'emploie qu'un seul élément de pile,
le nombre des signaux transmis par seconde croissant avec l'intensité du
courant. »
SACCHARIMÉTRIE OPTIQUE. — Note sur le pouvoir rotatoire du sucre cristallisable
et sur la prise d'essai des sucres soumis à l'analyse polarimétrique ; par
MM. V. DE LuYNES et A. Girard.
n Les procédés de saccharimétrie optique, basés sur les travaux de Biot
et les recherches de Soled et de Clerget, reposent essentiellement sur les
données suivantes : i° la graduation de l'appareil ; 2° la prise d'essai.
» La graduation de l'appareil est telle, que (oo degrés saccharimétriques
correspondent exactement à la rotation produite par une lame de quartz
perpendiculaire à l'axe, et mesurant i millimètre d'épaisseur. La prise
d'essai est représentée par le poids de sucre pur qui, étudié dans les con-
ditions ordinaires de l'analyse saccharimélrique, produit la même rotation
que cette lame de quartz.
» Lorsqu'on fait usage de ces données, telles qu'elles sont admises aujour-
d'hui, on observe quelquefois des anomalies singulières, anomalies sur
lesquelles M. Dubrunfaut a, le premier, appelé l'attention (i). C'est chose
(t) Comptes rendus, t. LVIII, p. 820.
( i355 )
assez fréquente, en effet, que de rencontrer alors des échantillons qui
marquent au saccharimètre ioo'*,5 et même loi degrés, dont la richesse,
en un mot, dépasserait la pureté absolue. Frappés de ces anomalies, nous
nous sommes demandé si les bases numéricpies adoptées actuellement pour
la saccharimétrie optique devaient être considérées comme parfaitement
exactes, et s'il n'était pas nécessaire de leur faire subir une correction im-
posée par les progrès mêmes de la fabrication et du raffinage du sucre.
» Pour établir ce point, nous nous sommes proposé de vérifier l'une et
l'autre des deux données de la question.
M Nous avons employé, pour ces recherches, d'une part, le grand appa-
reil polarimétrique de M. Duboscq, appareil auquel nous avons fait adapter
un prisme de Nicol coupé, d'autre part le nouveau saccharimètre construit
par M. Laurent et comprenant les modifications apportées à l'appareil pri-
mitif de MM. Jellet et Cornu ; comme source de lumière, nous avons fait
usage de la flamme du gaz salé.
» Dans ces conditions, nous nous sommes occupés de déterminer d'abord
la rotation produite par une lame de quartz perpendiculaire, de i millimètre
d'épaisseur. Nous en avons expérimenté plusieurs ; mais celle à laquelle
nous avons, en fin de compte, donné noire confiance est une lame taillée
par M. Laurent, et dont M. G. Tresca a bien voulu, à notre demande,
vérifier l'épaisseur, en faisant usage des appareils les plus exacts et les plus
sensibles que possède le Conservatoire des Arts et Métiers. Cette lame mesure
exactement i millimètre d'épaisseur; sur un de ses bords seulement on a
constaté une différence de , „ p m, de millimètre ; elle peut donc être considérée
comme irréprochable.
» La rotation produite par cette lame pour la lumière jaune du gaz salé,
déduite d'un grand nombre d'observations, est égale à 2i''4^', et ce résultat
peut être considéré comme exact à 4 minutes près. C'est donc l'arc de 2J°48'
que le constructeur devra diviser en loo parties égales sur le cadran du
saccharimètre, chacune de ces divisions représentant alors un degré saccha-
rimétrique.
)) La détermination du poiivoir rotatoire du quartz pour la raie D a été
étudiée par M. Broch, de Christiania, qui, en appliquant la méthode de
MM. Fizeau et Foucault, a obtenu une rotation de 2i°,6'] = '2.i°liO' pour
chaque millimètre d'épaisseur de quartz.
» Ce nombre, qui résulte de l'emploi d'une lumière plus homogène que
celle du gaz salé, dans laquelle on retrouve toujours lui peu de vert et de
violet, est, on le voit, peu diffèrent de celui que nous proposons, et qui,
( i356 )
obtenu dans des conditions plus faciles à réaliser, nous paraît satisfaire
pleinement aux besoins de l'analyse saccharimétrique.
M Ce premier point établi, nous nous sommes préoccupés de déterminer
le poids de sucre qu'il convient d'adopter comme prise d'essai. Fixé, dans
le principe, à i6i''',47i, puis à lô^^SgS, ce poids a été abaissé par M. Cler-
get à lôs"', 35: tel est aujourd'hui le nombre généralement adopté. Cepen-
dant M. Duhrunfaut, il y a quelques années, a, le premier, émis l'opinion
que ce poids lui-même représentait une prise d'essai trop forte, et c'est à
la même conclusion que nous ont conduits, depuis, de nombreuses expé-
riences personnelles.
» Pour le démontrer, nous nous sommes placés à un point de vue diffé-
rent de celui qu'avait adopté M. Clerget, et nous avons déterminé direc-
tement le pouvoir rolatoire du sucre en faisant usage du polarimètre à pé-
nombres, variant nos observations par l'emploi de tubes de 20, de 3o et de
5o centimètres, que M. G. Tresca avait soigneusement vérifiés, et opérant
enfin sur des matières aussi pures que possible.
» Les sucres que nous avons ainsi soumis à l'essai polariraétrique sont de
provenances diverses : l'un a été obtenu par recristallisation d'un pro-
duit commercial déjà très-pur, dans l'alcool neutre et convenablement
concentré; les autres, pris dans le commerce au maximum de pureté, ont
été tantôt essayés en leur état primitif, tantôt purifiés encore par un lavage
à l'alcool et une dessiccation rapide.
» Aucun de ces sucres, au moment de l'essai, ne contenait de sucre ré-
ducteur (glucose ou lévulose); les cendres dosées sur 10 grammes n'y ont
jamais dépassé tsts-ôj ^"^s sont, par conséquent, négligeables.
» Le pouvoir rotaloire a été déterminé en faisant usage, tantôt de la
formule de Biot p = a ^ "^ /" > tantôt de la formule plus simple ç — v. — don-
née par M. Berthelot.
M Les résultats obtenus sont réunis dans le tableau suivant :
Pouvoir rolatoire à la luniièro
I" Sucre cristallisé dans l'alcool et séché
■2° Sucre raffiné de première qualité (C. Say) 67 ,2
3" Poudre blanche de betteraves (Gonesse) 67,25
l^" » lavée el séchée. ....
5" Poudre blanche de cannes (Clugny, Guadeloupe)
lavée à l'alcool et séchée
du gaz
salé.
„
0
0
0
0
67,3
»
"
67,2
67,3
67,4
67,3
67,25
67,3
67,3
67.4
67,35
»
67,4
67,3
«
u
67,4
U
Moyenne ■...,. 67",3i = 67''i^'
( i357 )
» On peut donc considérer que le pouvoir rotatoire du sucre cristal-
lisable observé à la lumière jaune du gaz salé égale 67° 18', et, par suite, si
ion introduit cette valeur, ainsi que celle de 21° 48', pour la rotation de la
lame de quartz, dans la formule p = a — ? et si de cette formule on déduit
la valeiu' de /j, en faisant V= 100'^'^, Z=; 20""', ou voit que la quantité de
sucre qu'il convient de peser comme prise d'essai, lorsqu'on se propose
d'en faire l'analyse optique au polarimètre à pénombre et en face de la
flamme du gaz salé, égale a\°A8'-. — ~, :=: iGs"^, 10.
° ' o ^ 67°!»' X 0,20 ' -'
» Sans pouvoir affirmer que les sucres sia- lesquels nous avons opéré
aient atteint la limite de la pureté absolue, nous regardons ce nombre
comme suffisamment exact pour qu'il doive être adopté actuellement dans
l'analyse polarimétrique des sucres. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur le pouvoir éinissif des feuilles.
Note de M. Maquexne, présentée par M. Desains.
« Qnand on compare la quantité d'eau évaporée par un sol cultivé, pen-
dant toute la durée de la végétation, à celle qui lui a été fournie par la
pluie, on trouve en général un excès en faveur de l'évaporation. Cet excé-
dant d'eau ne pourrait-il pas être fourni, en partie, par la rosée qui couvre
les plantes toutes les fois qu'une nuit claire favorise le rayonnement ter-
restre?
» Dans qnelques observatoires on a essayé d'évaluer les rosées en me-
surant l'eau déposée dans un pluviomètre situé loin de tout obstacle; ce
moyen ne peut donner que des résultats beaucoup trop faibles; les feuilles
condensent, en effet, infiniment plus de rosée que les corps environnants;
leur abaissement de température peut aller jusqu'à 6 ou 8 degrés au-dessous
de l'air ambiant : c'est l'indice d'un pouvoir émissif plus considérable que
celui du métal dont est formé le pluviomèlre.
» Pour déterminer le pouvoir émissif des feuilles, nous avons employé le
cube de Leslie; l'une de ses faces était noircie, l'autre était recouverte par
les feuilles étudiées, et l'on tovn-nait successivement ces deux surfaces vers
la pile; la température de l'eau du cube ne dépassait pas 4o degrés, de façon
à ne pas altérer les feuilles. Les déviations étaient mesurées par un galva-
nomètre à miroir éclairé par une lampe; on pouvait apprécier facilement
un écart de yô ^^ degré.
C.R.,1875, i" Semestre. {T. I.XXX, N» 21.) I76
( i358 )
» Voici les nombres obtenus :
Pouvoir éniissif des feuilles,
Désignation des l'euilles. celui du noir étant loo. Moyennes.
Lierre (endroit) 98,0 96,0 gS.o 91,0 . 98,7
" (envers) 97,7 93,2 91,3 97,6 88,6 93,7
Campanula rapunculus. 92,1 97,6 91,8 94,3 » 93,7
(envers)... 95,4 97,8 97,8 95,2 .. 96,5
Iris (endroit) 86,3 93,0 90,6 95,0 .. 91,?.
Iris (envers) 88,8 92,4 95,2 96,1 95,1 93,5
Marronnier d'Inde ... . 95,2 94,0 95,7 96,2 97,6 95,7
L'Ias 97,4 97,0 98,1 . ., 97,5
» On remarque :
)) Que, le pouvoir émissif du noir étant 100, celui des feuilles est tou-
jours supérieur à 90; que, pour les espèces que nous avons étudiées, le
pouvoir émissif ne change pas sensiblement avec la nature du végétal en
expérience; que l'envers et l'endroit des feuilles jouissent, au point de vue
du rayonnement, des mêmes propriétés.
» Pour déterminer les pouvoirs absorbants, nous avons employé un
couple thermo-électrique formé par une lame mince de cuivre à laquelle
était rivé un léger ressort d'acier; les deux métaux étaient reliés par un fil
fin à un galvanomètre très-sensible; les deux faces étaient recouvertes, l'une
par du noir de fumée, l'autre par la feuille étudiée. On exposait successi-
vement ces deux faces au rayonnement d'une boîte métallique noircie et
chauffée par un courant de vapeur d'eau. On attendait que l'aiguille du
galvanomètre devînt stationnaire, et le rapport des deux déviations repré-
sentait le pouvoir absorbant de la feuille.
» Voici les résultats que nous avons obtenus :
Pouvoir absorbant des feuilles,
Désignation des feuilles. celui du noir étant 100.
Lierre (endroit) 94 > 5
» (envers) g4,8
Campanula rapunculus q5,o
Iris 94,2
Marronnier d'Inde 96,5
Lilas 97,4
» Ces nombres sont sensiblement égaux aux pouvoirs émissifs corres-
pondants.
» En résumé : 1° les feuilles ont un pouvoir émissif considérable, presque
égal à celui du noir de fumée; il est, pour la chaleur obscure, égal au pou-
voir absorbant.
( '359 )
» 2° La détermination de la quantité de rosée qui se dépose sur les
plantes devra être faite au moyen de pluviomètres noircis, ou recouverts
d'une substance ayant un pouvoir émissif très-considérable.
» Ces expériences ont été faites à l'école de Grignon, au laboratoire de
M. Dehérain. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Remarques concernant une Note de M. Gayon (i)
sur les altérations spontanées des œufs. Note de M. A. Béchamp.
« M. Gayon avait affirmé que, dans tous les œufs pourris, il existait
toujours des bactéries ou des vibrions. Je croyais avoir suffisamment ré-
pondu, dans la Note du 19 avril dernier, en montrant qu'il y avait des cas
où, de l'aveu de M. Gayon, rien de semblable ne se pouvait découvrir
dans certains œufs altérés. Je prie l'Académie de me permettre d'insister
davantage, car la chose en vaut la peine.
M Bien que, dès l'origine, j'aie distingué la fermentation acide alcoolique
et acétique des œufs de la putréfaction ordinaire, ces deux phénomènes
ne laissent pas que d'être du même ordre. Or, dans le langage consacré, et
suivant moi erroné, il n'y a de fermentation que par les zymases ou par les
ferments figurés (2); mais, dans l'état actuel de la science, il n'y a pas
d'exem|)le qu'une zymase ait pu opérer la fermentation alcoolique, etc.,
avec dégagement de gaz, acide carbonique, hydrogène ou autre; et, quoi-
que !e blanc et le jaune de l'œuf contiennent chacun une zymase, je ne
leur ai pas attribué la fonction de ferment alcoolique, parce que je m'étais
assuré que leur action sur la fécule, par exemple, n'allait pas au delà de la
fécule soluble ou de la dextrine. II faut donc, puisqu'il est constant que
des œufs non ouverts, agités ou non agités, peuvent subir la fermentation
alcoolique avec dégagement de gaz, qu'il existe là des ferments de l'ordre
des figurés. M. Gayon soutient que ces ferments viennent nécessairement
de l'extérieur. Sans nier la possibilité de cette pénétration, j'ai soutenu
qu'elle n'était pas nécessaire dans certains cas, et, pour trancher la diffi-
culté, j'ai invoqué les propres expériences de M. Gayon. Je reviens sur
l'une d'entre elles : c'est celle où un œuf non agité a subi « une sorte de
» fermentation alcoolique avec disparition du sucre et dégagement d'acide
(i) Comptes rendtix, t. LXXX, p. iog6.
(2) II y a longtemps déjà, j'ai fait voir, en suivant les idées émises ])ar M. Dumas, que
les fermentations par ferments figurés ne sont pas des fermentations, mais des phénomènes
de nutrition, et que c'est à tort qu'on en fait quelque chose de spécial.
1 76..
( i36o )
B carbonique, sans production de cellules de levure ou de ferments orga-
» nisés ». Il est vrai que M. Gayon ne veut pas qu'il y ait analogie entre
ce phénomène et celui que j'ai étudié; mais cette analogie résulte précisé-
ment de la destruction du sucre et de la formation de l'alcool. Et, s'il y a
fermentation alcoolique sans qu'on puisse constater la présence de fer-
ments figurés ordinaires, il faut que l'œuf contienne normalement ce qui
en possède la fonction. M. Gayon voudrait-il soutenir que, si cet œuf eût
clé agité, il n'eût point fermenté? Ne voit-on pas d'ailleurs que l'iigitation
ne pourrait être invoquée comme cause productrice de ferments organisés?
Voilà donc un cas où, indirectement il est vrai, se trouve confirmée ma
démonstration que des œufs peuvent fermenter sans que, après coup, on
aperçoive des ferments figurés ordinaires; et, puisque M. Gayon affirme
que « j'imagine une hypothèse nouvelle pour rendre compte de leur ab-
» sence », c'est-à-dire puisiju'il soutient que les microzymas, quelque
chose de concret, sont des êtres imaginaires, ce m'est une preuve qu'il ne
sait pas les découvrir. S'il en est ainsi, imitant l'exemple qu'd m'a donné,
je dirai : Si M, Gayon le désire, je suis prêt à les lui montrer, libres,
isolés, actifs. Je le préviens seulement que certains microzymas sont si
petits qu'il n'en faut pas moins de 8 milliards pour remphr le volume
d'un millimètre cube. Quant à savoir découvrir dans les œufs ce qui
n'est pas les microzymas normaux, je rappellerai seulement que, dés avant
1867, j'avais distingué dans les œufs des vers à soie malades de la flacherie
le microzyma morbide, soit simple, soit déjà accouplé à deux ou plusieurs
articles. Si ce que M. Gayon a vu dans les œufs qu'il a examinés eût existé
dans les œufs d'autruche de mes recherches, cela ne m'eût certainement
pas échappé, puisque, d'après ses mesures, c'est quelque chose de très-
gros, comparativement. Je me borne à ces simples réflexions, voulant ré-
pondre plus amplement ailleurs à la dernière Note de M. Gayon. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur ta production de la fibrine du sang.
Note de M. A. Gautier.
« On sait depuis longtemps que, sous l'influence de certains sels, le sang
ne se coagule qu'avec lenteur. Dès 1770, un médecin anglais, Hewson, dé-
montrait le premier par cette voie la vraie constitution physique du sang.
Par l'addition de sel marin, il put en entraver la coagulation, et séparer
les globules rouges de la liqueur plasmatique co;igulable qui surnageait.
Après lui, John Davy, Scudamore, Magendie, Denis, Figuier, Dumas et
( i36i )
d'autres ont aussi étudié rinfluence que les sels exercent sur le sang. J'ai
repris ces expériences dans le but de nie rendre compte des causes de la
coagulation. Je ne m'occuperai, dans cette Note, que de l'influence du sel
marin.
» Lorsqu'à du sang de bœuf, de mouton, de chien, de lapin, on ajoute
des quantités variables de ce sel, on retarde en général la coagulation. Du
sang de lapin qui se caillait dès sa sortie de la veine fut reçu dans son
demi-volume d'une solution à zéro saturée de sel marin. Au bout de six
heures la coagulation était encore très-imparfaite. Le lendemain, les glo-
bules gisaient au fond de l'éprouveltc surmontés d'un caillot résistant
presque incolore. Du sang artériel de chien fut reçu dans des flacons
maintenus à 8 degrés contenant des solutions de sel marin à 20 pour 100.
Il était encore liquide quatre-vingts minutes après son mélange à 17, 5 et
4 parties de sel pour 100 de sang. Dix-sept heures après, le caillot du sang
le plus salé était bien formé, tandis qu'il commençait à peine à se faire
dans celui qui n'avait reçu que 4 pour 100 de sel. Pour les sangs artériels
ou veineux de taureau, de mouton, de chien, de lapin, le maximum de
retard s'observe avec des doses de sel marin s'élevant à 5 ou 6 pour 100 de
sang. Le chlorure de potassium agit d'une façon analogue.
» Ayant observé la difficile coagulabilité du sang salé à 4 pour 100 et
maintenu à 8 ou 10 degrés, et m étant assuré de plus que les globules, sans
perdre de matière colorante, conservent bien leur forme générale et se
contractent même légèrement, j'ai pensé que je pourrais parvenir par
simple fdtration à séparer le plasma du sang salé. C'est ce cjue l'expérience
confirme. Si, sur un filtre mouillé d'eau salée, on jette du sang additionné
de 4 pour 100 de sel marin, on obtient très-aisément, à 6 ou 8 degrés, un
plasma faiblement rosé, qui peut être conservé presque indéfiniment sans se
coaguler, et qui se prend en un caillot ferme et transparent par addition
d'eau.
» Ce plasma salé, devenu incoagulable spontanément, peut soit immé-
diatement, soit au bout de trois semaines, être filtré, puis entièrement des-
séché dans le vide sec, et transformé par por[)hyrisation en une poudre
grisâtre qui, lorsqu'on la redissout dans l'eau et qu'on filtre, donne, lors-
qu'on l'étend d'eau, une liqueur qui se prend en une masse ferme opales-
cente par coagulation spontanée. La fibrine qui en provient jouit de ses
propriétés ordinaires.
» D'après ces expériences, il me semble difficile de se ranger à l'opi-
nion de ceux ([ui pensent que la fibrine est due à la réunion dans le sang
( i362 )
extra vase d'un grand nombre d'organites vivant dans le plasma, et qui par
leur association formeraient les filaments fibrineux, et causeraient la coa-
gulation spontanée du sang (i). La fibrine obtenue dans les expériences
précédemment décrites provenait d'un plasma deux fois filtré, desséché et
porphyrisé, conditions qui rendent improbable l'existence, dans la liqueur
claire coagulable par addition d'eau, de corpuscules organisés quelcon-
ques; mais, pour lever à cet égard tous les doutes, j'ai fait encore les expé-
riences suivantes.
» Du plasma de sang salé à 4 degrés, filtré, séché et porphyrisé, a été
chauffé une heiu'e à l'étuve à i lo degrés. La poudre reprise alors par l'eau
s'est presque dissoute en entier, et, quoiqu'une certaine proportion de la
fibrine primitive eût disparu, la liqueur filtrée n'en a pas moins donné des
caillots. La matière génératrice de la fibrine résiste donc non-seulement à la
dessiccation et à la porphyrisation, mais encore à l'action d'une tempéra-
ture de iio degrés, sans perdre la propriété de se coaguler spontanément.
» De plus j'ai reçu directement du sang de bœuf, au sortir de la veine,
dans des éprouvettes contenant de l'acide cyanhydrique, du cyanure po-
tassique, de i'arsénite de soude, de la strychnine, du curare, de l'hydro-
gène sulfuré, sans que dans aucun de ces cas la coagulation du sang ait été
sensiblement entravée. Le caillot avait seulement perdu sa contractilité et
ne donnait presque plus de sérum, surtout en présence de I'arsénite et du
cyanure potassique.
» Je pense que la coagulation du sang n'est pas un phénomène vital,
comme l'ont dit tant d'expérimentateurs depuis Hunter. Elle ne peut être
davantage due à la mort du sang, comme le croyait Denis (2), qui disait
que la matière fibrineuse, « privée des effets de l'influence vitale qu'elle
éprouvait quand le sang circulait, tombe tout à coup sous l'influence de
la nature morte » et suit après l'extravasation les lois des transformations
chimiques ordinaires. Les expériences précédentes infirment cette asser-
tion.
» Elles me semblent aussi n'être point lavorables à la théorie exposée
par MM. Mathieu et Urbain, d'après laquelle la coagulation de la fibrine
résulterait de la combinaison à une des matières albuminoïdes du plasma
de l'acide carbonique qui lui serait cédé par les globules rouges après l'ex-
travasation. Le plasma légèrement salé dont je parlais phis haut, traité
(i) BÉCHAMP et EsToa, Comptas rendus, t. LXIX, p. ^iS.
(a) Mémoire sur te sang. VnT\i,\i'i5c),\^. l'i'j.
( i363 )
par un courant d'acide carbonique, saturé peu à peu de gaz, agité, laissé
au repos, n'a donné lieu à aucun mouvement de coagulum. Au contraire, il
suffisait de l'étendre d'eau pour le voir se prendre en masse.
» La coagulation du sang n'est point un acte vital ; elle n'est point due
à l'union d'une matière albuminoïde aux éléments gazeux du sang, puis-
qu'on peut, sans détruire sa coagulabililé, sécher le plasma dans le vide
et même à i lo degrés. Dans une prochaine Note je me propose d'aborder
le vrai mécanisme de ce mystérieux phénomène. »
M. Grimaud de Caux adresse une Note sur un cas de psoïtis contracté
en Amérique, par suite des températures extrêmes auxquelles le malade
avait été exposé pendant plusieurs années. Celle grave affection a été guérie
par les eaux d'Aix en Provence.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du ly mai iSyS.
(SCITE.)
Journal de l'École Polylechniijue, publié par le Conseil d'instruclion de cet
élablissement ; 44* cahier, t. XXYIL Paris, Gauthier-Villars, 1874; in-4'*.
Trailé théoricpie et piaticpie de l'avortement considéré au point de vue médi-
cal, chiiurcjical et médico-léyal; par Em. Garimokd. filontpellier, Coulet;
Paris, A. Delahaye, iSyS; i vol. in-8°. (Renvoyé au Concours Chaussier,
1875.)
De la vue distincte considérée dans ses rapports avec la médecine légale ; par
le D"' F.Vincent. Paris, G. Masson, 1874; in-4°. (Renvoi au Concours
Chaussier, 1875.)
Nouveau s/slème du inonde ou les premières forces de la nature ; par E. La-
VAUX; 2* édition. Paris, chez tous les libraires, 1875 ; br. in-8''.
( i364 )
Essai sur les Pyrénées; par A. Trutat. Toulouse, typ. de Bonnal et Gi-
brac, iSyS; br. in-8°. (Présenté par M. P. Gervais.)
Comment on aurait pu tenter le sauvetage des galions de Vigo; parJ.-B. To-
SELLi. Paris, typ. Ph. Cordier, 1875; br. in-8°.
De la vigne et du Phjlloxcra ; par M. Ch. Barreaud. Bordeaux, itnp. Fo-
rastié, 1874; br. in-8°. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
ViONlAL. Du sol et de la vigne, et des montagnes et des oiseaux. Bor-
deaux, imp. A. Bellier, iSyS; br. in-8°. (Renvoi à la Commission du Phyl-
loxéra.)
Deuxième élude sur les seiches du lac Léman; par le D'' F. -A. FoREL. Lau-
sanne, Rouge et Dubois, 1875; in-8°.
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents; mai 1875.
Paris, Dunod, 1875-, in-8°.
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents; personnel. Paris,
Dunod, 1875; in-8''.
Jnnalcs de la Société entomologique de Belgique; t. XVII. Bruxelles, 187/i;
in -8".
Bulletin de la Société de Médecine pratique de Paris, fondée en 1808 ; année
1874. Paris, imp. du Courrier médical, 1874; in-8°.
Jnnalcs télégi aphiques ; 3* série, t. II, mars-avril 1875. Paris, Dunod,
1875; in-8°.
Description topographique et archéologicfue de la Troade ; par M . ViRLET
d'Aoust. Paris, Imprimerie nationale, 1875; opuscule in-S". (Extrait des
Comptes rendus de V Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.)
Bulletin et Mémoires de la Société médicale des hôpitaux de Paris ; t. XI,
a"' série, année 1874. Paris, P. Asselin, 1875; in-8°, relié.
L'unité' dj^namique des forces et des phénomènes de la nature ou l'atome
tourbillon; par M. F. Marco. Paris, librairie des Mondes, et chez Gautier-
Villars, 1876; iu-i 2.
Deuxiènic session du Congrès international des Sciences géographiques, Paris,
1875. Paris, Derenne, 1876; in-8''.
Traité teclmique d'histologie; parJj. Ranvier; 3^ fascicule. Paris, F. Savy,
1875; in-8°. (Présenté par M. CI. Bernard.)
Annales agronomiques publiées sous les auspices du Ministère de l'Agricul-
( i365 )
ture et du Commerce; par P. -P. Dehéuaiinj t. I, i*' fascicule, avril 1875.
Paris, G. Masson, 1875; in-8°.
Proposla intorno In ciirn délia lissa delta comunemente rabbia canina o
idrofobia. Roma, tip. Via, 1875; in-S". (2 exemplaires.)
Ànuario délia Societa dei Natiiralisti in Modena; série IP, anno IX°, fasc. a.
Modena, tip. P. Toschi, 1875; br. in-8°.
Alti delV Accademia ponti/icin dé Nuovi Lincei, compilati dal Segrelario;
anno XXVIII, sessione IF del 24 gennaio 1875. Roma, tip. délie Scienze
matematiche e fisiche, 1875; br. in-4°.
Erfaringer om syphilis; red prof. D'' W. BOECR. Christiania, Forlagt af
Alb. Cammermeyer, 1870; in-8°.
Undersogelsen angaaende syphilis; red prof. D'' W. ROECK. Fortsaettelse af
Recherches sur ta syphilis, appuyées de tableaux de slatislicpie tirés des Archives
des hôpitaux de Christiania; par W.ROECK. Christiania, 1876; m-l\°.
Norsk meteorologisk aarboq for 1870, 1871, 1872, 1873 udgivet af det me-
teorologiske Institut. Chistiania, B.-M. Benizen, 187 1-1874', 4 vol. in-4°
oblong.
Jaettegryder og garnie strandlinier ifastklippeafS.-A.. Sexe. Christiania,
trykt hos A.-W. Brogger, 1874; in-4°- (3 exemplaires.)
Ouvrages reçds dans la siance du 24 mai iH^S.
Influence de la pression de l'air sur la vie de l'homme. Climats d'altitude et
climats de montagne ; par D. Jourdanet. Paris, G. Masson, 1876; 2 vol.
grand in-8°, avec planches et figures. (Présenté par M. Cl. Bernard.)
Recherches d'Ânatomie, de Physiologie et d'Organogénie pour la détermina-
tion des lois de la genèse et de l'évolution des espèces animales; i"'^ Mémoire,
par le D"^ Campana. Paris, G. Masson, 1875; i vol. in-4°, avec planches,
adressé par l'auteur au concours Serres, 1S75. (Présenté par M. Cl. Ber-
nard.)
Commentaires thérapeutiques du Codex inedicamentarius ; par A.GUBLEH;
2* édition. Paris, J.-B. Baillière, 1874; grand in-8°, relié. (Adressé par
l'auteur au concours Chaussier, 1875.)
Contribution à r élude de l'acclimatement des Français en Algérie; par le
C.R.. i«95, 1" Semnire. (T. LXXX, N'^ 2{.) «77
( i366 )
D'^R. Ricoux. Paris, G. Masson, 1874; iii-8°. (Adressé au Concours de
Statistique, iS^S.)
Nouveau système de construction de M. l'ingénieur Tollet pour caseime-
ments et hôpitaux militaires; par M. le D"^ J.-B. IIlLLAiRET. Paris, G. Masson,
18^5; br. in-S*^. (Présenté par M. le Baron Larrey.)
Des scrojules graves de la muqueuse bucco-pharpigienne; par G. HoMOLLE.
Paris, J.-B. Baillière, iSyS; br. in-8°. (Adressé au Concours Montyon, Mé-
decine et Cliirurgie, iSyS.)
Cataracte pyramidale [anatomie pathologique); jiarF. PONCET. Paris, sans
date; opuscule in-8°. (Extrait des archives de Physiologie.)
Rétinite leucocylhémique ; par F. PONCET. Paris, sans date; opuscule in-8°.
(Extrait des Archives de Phjsiologie.)
Troubles du corps vitré consécutifs à une artérite généralisée. Thrombose du
tronc hasilaire; par le D"^ F. PoNCET. Gand, imp. Van Doosselaere, sans
date; br. in-8<'.
Des décollements spontanés et complets de la rétine; par M. F. PoiNCET.
Paris, A. Delahaye, 1874; br. in-8°.
Note sur un cas de cysticerque de l'œil logé entre la choroïde et la rétine. Dé-
collement au deuxième degré; par F. PoNCET. Paris, A. Delabaye, 1874;
br. in-8".
(Ces cinq dernières brochures sont présentées par M. le Baron Larrey au
concours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1875.)
Beuchot. Navigation intérieure. Economie de 75 pour 100 sur les chemins
de fer, etc. Paris, typ. Morris, 1875 ; br. in-S".
Traité de médecine légale et de jurisprudence médicale; par Legrand du
Saulle. Paris, A. Delahaye, 1874; br. in-8°. (Adressé au concouis Chaus-
sier, 1875.)
Essai sur V orgcmisntion du senice médical en France; par A. -3. Manuel.
Gap, Delaplace, 1861; in-S".
De l'assistance médicale constituée en service public. Pétition adressée à l'As-
semblée nationale par k.-i. MANUEL. Gap, typ. Richaud, 1874; br. in-8°.
Prochain retour des déluges universels, établi sur des preuves certaines; par
M. A. Bouviek. Lyon, chez les principaux libraires, 1864 ; br. iii-8°.
Nouveau système des mondes. Périodicité des déluges universels. Date du der-
( '367 )
nier, époque du nouveau ; par M. A. BOUVIER. Lyon, chez tous les libraires,
1862; br. in-8°.
Médecine poétique ou l'art de conserver sa santé et de vivre vieux; par
M. Barot père. Poitiers, imp. A. Dupré, 1872; in-B". (Adressé au Con-
cours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1875.)
De iexstrophie vésicale dans le sexe fcmbiin; par A. Hergott. Nancy,
Berger-Levrault, 187/4; br. in-B**. (Adressé au Concours Godard, 1875.)
Étude géologique sur les terrains crétacés et tertiaires du Colentin; par
M. E. Vieillard et M. G. Dollfus. Paris, F. Savy, 1876; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Fiers (Orne); i'^ année, n" i, janvier
à mars 1875. Fiers, imp. Follop|)e, 1876; br. in-8°.
Commission de météorologie de Lyon, 1878. Lyon, imp. Pitrat, 1875;
br. in-8°.
Etudes cliniques et expérimentales sur Caclion de la bile et de ses principes
introduits dans l'orgunisme; pnr MM. V. Feltz et E. RiTTER. Paris, imp.
Martinet, 1875; in-8°. (Extrait du Journal de i Anatomie et de laPhjsio-
logie.) [Présenté par M. Ch. Robin pour le Concours Montyon, Médecine
et Chirurgie, 1876.]
Conditions de l'industrie des mines dans l'île de Sardaigne ; par M. Sella,
traduit par M. Léon Krafft. Paris, 9, rue des Saints- Pères; in-8°. (Extrait
de la Revue universelle des mines.)
Caméra dei deputnli. Relazione del depulaio Sella alla Commissione d'In-
chiesta sulle condizione deli industria mineraria neli isola di Sardegna. Toi-
nata del 3 maggio 1871. Sans lieu ni date; br. in-4'', avec allas in-foHo
oblong.
Locomozione a vapore sulle strade ordinnrie dalla stazionc di Biella al san-
tuario d'Oropa. Conf crenze da lyànz\l\o ViCENZO. Torino, stamp. dell' Uiiione
tipografico- éditrice, 1875; br. iii-8"^.
Bibliografia mineralogia, geologica e paleontologicu délia Toscana ; per
A. d'Achiardi. Roma, tip. Barbera, 1875 ; br. in-B".
Memoir of tlie fouiuling and progress of the United-Slates naval Observa-
loi y. Washington, Government printing Office, 1873; in -4") relié.
Reports on obseivnlions of tlte total solar éclipse of december 22, 1870.
Washiiigton, Government printing Office, 1S71; nvl^"^ relié.
( i368 )
Chemical and geological essa/s ; 6j Thomas Sterry-Hunt. Boston,
J.-R. Osgood; London, Trùbner, iSyS; in-8'', relié.
Aërial locomotion Pettigreiu versus Marey; by prof. COUGHTRIE. London,
1875-, opuscule in-8°.
Records of il le cjeological Survey oj India; vol. VII, part i, 2, 3, 4, jan-
vier à décembre 1874. Calcutta, 1874; 4 'iv- in-8''.
Memoirs oj the geological Siirvey of India. Palœonlologia indica, etc., Fauna
oftlie Indian fhiuiatile deposilits; vol. I, ser. X, p. i : Rhinocéros deccanensis;
b/R.-B. FooTE. Calcutta, 1874; in-4°. .
Memoirs of ihe geological Survey of India; vol. X, p. 2; vol. XI, p. i.
Calcutta, 1873- [874; 2 liv. in-8°.
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCK DU LUNDI 7 JUIN 1875.
PRÉSIDENCE DE U. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORUESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIOLOGIE VKGÉTALK. — Des effets différents d'une même iempéinliiie
sur une même espèce nu nord et au midi; par i\î. A. de Candoi.i.k.
« D'après des observations nombreuses cl variées, il est permis de croire
que la même température ne produit pas un effet semblable sur une même
espèce dans des pays de climat différent. Au nord, la même chaleur parait
accélérer la végétation plus que dans le midi. Malheureusement, si les
faits sur lesquels on s'appuie sont certains, les déductions peuvent être
souvent contestées, et l'on s'aperçoil que des preuves fondées sur des ex-
périences directes seraient tres-op[)ortiuies.
» Par exemple, ou a constaté plusieuis fois, en Russie et en Suède, que
pour avoir des céréales précoces il faut en tirer les graines de provinces
se|)tent! ionales, et, poiu- les avoir tardives, de provinces méridionales;
mais il s'agit, dans ce cas, de vaiiélés de plantes cultivées, et quelques na-
turalistes répugnent beaucoup à conclure des espèces cultivées ou domes-
tiquées aux espèces spontanées. Pour répondre à l'objection, j'avais tait
venir, en 1868, de Moscou, Saint-Pétersbourg, Edimbourg, Monipellier
et Païenne, des graines de trois espèces spontanées fjue j'avais semées, les
C R., 1S75, I" Sernestra. (I. lAXX, ^<' 22.; H^
( i370 )
unes à côté des autres, à Genève (i). Le Senecio vulgaris du nord s'est bien
trouvé plus hâtif que celui du midi, mais les deux autres espèces, Trifolium
repens et Erjsimum officinale, ont offert de si grandes diversités de formes,
qu'on pouvait les regarder comme autant de variétés dont quelques bota-
nistes auraient fait des espèces. Dans ce cas, il n'était pas surprenant que
chaque forme eût un degré distinct de précocité.
» L'observation de M. Heer, que des arbres d'Europe ou des États-Unis,
comme le Hêtre et le Tulipier, plantés à Madère, se feuillent sous des
moyennes de température bien plus élevées que dans leurs pays d'origine,
est, à mon avis, un fait probant ; mais encore ici on peut objecter que ce
sont des arbres mis dans ime condition forcée, contraire à leur nature.
» Enfin, sur les époques de feuillaison, floraison et maturation d'espèces
cultivées ou spontanées en Europe, on possède une immense quantité
d'observations provoquées surtout par M. Quetelet. Elles ont été calculées,
quant aux sommes de température, avec une grande exactitude, par un aide-
astronome de l'Observatoire de Puikowa, Cari Linsser, dont la mort pré-
maturée est bien regrettable (2). Il résulte de sou travail que la même
espèce se feuille, fleurit et mûrit ses graines, eu général, après une somme
de chaleur plus faible dans le nord que dans le midi. Par exemple, le Bou-
leau se feuille à Bruxelles le i3 avril et à Saint-Pétersbourg le 16 mai. Or, à
ces dates, les sommes de température au-dessus de zéro sont à Bruxelles
de 38 1 degrés et à Saint-Pétersbourg de 167 degrés. Lorsqu'on élimine des
tableaux de Linsser les moyennes qui reposent sur un trop petit nombre
d'années et que l'on a soin de comparer des localités du nord et du midi à
peu prés à égale distance de l'Océan (3), on est frappé de l'uniformité des
différences entre les sommes. Celles du midi sont, pour la même espèce et
la même fonction, presque toujours plus fortes. Linsser concluait delà,
d'une manière tout à fait absolue, dans le sens d'une modification indé-
finie des espèces en avançant du midi vers le nord. I^a (biographie botanique
s'oppose à une semblable conclusion; néanmoins, dans une certaine limite,
la différence des sommes me paraît probante, peut-être parce que cette
méthode des sommes m'est familière. Les objections viennent de ce qu'elle
(i) Archives des Sciences physiques et naturelles, inin 1872.
(2) Mémoires de V Académie de Saint-Pétersbourg, t. XIII.
(3) Sous la nu-me iatiliide, en niarctiant de l'ouest à l'est, les climats sont moins brumeux,
et la chaleur solaire directe, dont il n'est i)as question dans les sommes ordinaires de tem-
pérature, est plus grande, ce (pii ne permet pas de bien comparer.
( ï37i )
n'est pas rigoureuse. J'ai donc cherché des preuves directes, expérimen-
tales. Voici par quel procédé :
» J'ai demandé à mon ami, M. Charles Martins, de in'envoyer de Mont-
pellier, pendant l'hiver, des rameaux de deux espèces spontanées, Pojiidus
alba et Carpinus Beluliis, et de deux espèces introduites depuis un temps
connu, mais que la culture n'a pas altérées visiblement, le Tulipier [Lirio-
dendron) et le Catalpa. En même temps j'ai coupé chez moi, à Genève, des
rameaux des mêmes espèces, ayant les bourgeons également termes. J'ai
mis toutes ces branches pendant huit jours dans une chambre non chaut-
fée, où elles ont dû se pénétrer uniformément d'une température de 7 à
10 degrés C; ensuite j'ai rempli d'eau jusqu'à la moitié des verres ordi-
naires, et, après avoir jeté au fond un lit de sable, j'y ai planté les bran-
ches de Montpellier et de Genève, deux à deux dans le même verre.
» La feuillaison de ces quatre espèces, dans les deux localités, a été, cette
année, plus tardive à Genève, de trente jours pour le Tulipier, de trente-
trois pour le Peuplier blanc, de vingt-quatre pour le Charme et de quatre
ou cinq seulement pour le Catalpa. On sait que dans chaque localité, et
pour des arbres voisins de même espèce, il y a quelquefois huit à dix
jours de différence dans la date de la feuillaison, sans parler d'espèces
comme le Marronnier, où la différence peut être encore plus grande. Ainsi,
pour que l'expérience fût concluante, il fallait rencontrer des différences
excédant une semaine, et surtout des différences toujours dans le même
sens, par exemple les rameaux de Genève plus précoces que ceux de Mont-
pellier : c'est effectivement ce que les expériences ont donné.
» Je les ai commencées le 4 février sur le Peuplier, le Charme et le Tu-
lipier, réservant le Catalpa, dont l'évolution est extrêmement tardive. Les
verres ont été placés sur une tablette qui recevait de temps en temps un
pâle soleil d'hiver, mais j'avais soin de tourner et de transposer souvent les
rameaux de telle sorte qu'ils fussent réchauffés également.
» Les bourgeons ayant toujours été comptés, décrits et mesurés, je me
suis aperçu que le Peuplier et le Charme avaient des bourgeons à fleurs
plus gros que les autres, qui étaient plus avancés sur les branches de Mont-
pellier que sur celles de Genève. Ces bourgeons à fleurs ont continué de
progresser selon leur état, c'est-à-dire que ceux du midi se sont ouverts les
premiers, évidemment parce qu'ils avaient profité de la chaleur de l'au-
tomne et (le l'hiver dans le Languedoc. On savait déjà, par les observations
sur les dates de floraison, que, dans les arbres à chatons, les températures
des saisons précédentes influent notablement. Je me suis donc attaché à
178..
( -37^ )
voir comment se comporleraient les bourgeons foliacés, qui étaient sem-
blnhlcs dans les r;nneanx des deux localités.
» Dans le Populus alba, les rameaux de Genève ont eu une feuille diver-
geant de 45 degrés le i5 mars; ceux de Montpellier ont eu le 6 avril
seulement des feuilles saillantes, qui ne sont pas parvenues à diverger :
différence de plus de vingt-trois jours en faveur de la localité la plus
froide. Pour les bourgeons foliacés du Caipinus, la différence a été dans le
même sens, du 20 mars au 6 avril, soit dix-huit jours. Le Tulipier Liiio-
(tendron) n'a donné, dans cette expérience, aucun résultat probant. Les
branches de Montpellier étaient arrivées avec des bourgeons sensiblement
plus gros et plus verts que ceux de Genève : il n'est pas surprenant qu'ils
les aient devancés de onze jours; mais le contraire est arrivé dans une autre
série d'expériences où j'avais choisi des bourgeons de Montpellier exacte-
ment de la grosseur de ceux de Genève.
)) J'ai voulu, en effet, contrôler les observations faites dans une [)ièce
chauffée avec d'autres dans une cave froide et obscure, où le thermomètre
s'est maintenu entre 4°, 5 et 5°, 5 G. Les mêmes espèces y ont été placées le
5 février, et j'ai vu les mêmes faits en ce qui concerne le Peuplier et le
Charme. Les chatons de Montpellier, qui étaient dès leur arrivée plus
avancés, ont fleuri les premiers, et, quant aux bourgeons foliacés, qui
étaient identiques, ceux de Genève ont marché plus vite que ceux de
Montpellier. Ni les luis ni les autres ne se sont ouverts, la température
étant par trop défavorable; mais l'extrémité verte a fait saillie plus vite sur
les bourgeons de Genève. Le Liiiodendron avait ici des bourgeons sem-
blables des deux localités, et dès le 29 avril les rameaux de Genève ont
pris les devants. Craignant les effets du froid et de l'obscurité, j'ai trans-
porté le verre qui les contenait dans ma bibliothèque; alors les bourgeons
de Genève se sont de plus en plus développés en avance de ceux du midi.
La différence ne peut guère être donnée en nombre de jours, à cause de
l'épanouissement successif des bourgeons du haut vers le bas de chaque
branche.
» Le Catalpa a été mis en expérience, dans la bibliothèque et dans la
cave, le 7 mars. Ceux de la cave ne se sont pas développés. Le mininuim
de végétation de l'espèce est évidemment supérieur à 6 degrés. Quant aux
rameaux soumis dans la chambre à des températiues de 10 à 16 degrés C,
avec du soleil de temps en temps, il est arrivé que l'un de ceux de Genève
a montré deux bourgeons foliacés, sortant de la partie inférieure, le 5 avril,
tandis qu'un premier bouigeon s'est montré au bas d'un rameau de Mont-
( i'373 )
pellier, le 24 avril : différence de 20 jours en faveur de la localité la plus
septentrionale.
» La réussite de ces expériences nie fit demander alors à M. le profes-
seur Radikofer, de Munich, de m'envoyer des branches des mêmes espèces,
pour les comparer à celles de Genève et Montpellier. Il s'est empressé de
le faire, mais les Tulipiers de Munich avaient souffert d'un hiver excessive-
ment rigoureux : ils n'ont pas poussé. Les branches de Montpellier et de
Genève des deux autres espèces se sont trouvées hors d'étal de végéter,
pour une autre cause, la dessiccation. J'espère pouvoir continuer ce genre
d'expériences une autre année, dans la seule saison favorable, qui est
janvier et février. En attendant, les résultats obtenus ne sont pas sans
quelque intérêt.
» Quatre espèces bien différentes, soumises à l'expérience, ont montré
que, pour ce qui les concerne, une même chaleur influe plus vile sur les
bourgeons foliacés des individus de la localité la plus froide. Ainsi se
trouvent confirmées, par une méthode directe, les déductions tirées des
observations faites dans le nord sur les céréales, à Madère sur quelques
arbres cultivés, en Europe sur des Seiiecio vuUjaiis de diverses localités, et
enfin celles qui résultent des sommes de température aux dates de feuillai-
son, de floraison et de maturation de plusieurs espèces, entre les 44 et 65 de-
grés de latitude en Europe. La concordance des résultats est satisfaisante ;
elle fait aussi valoir la méthode des sonuiies qui, sans être rigoureuse, a
quelquefois de l'avanlnge. Ce (pii me parait complètement démontré, c'est
l'inégalité d'effet de la même température. Quant à la question de savoir
si le maximum d'effet a lieu dans le nord ou habituellement ou le plus
fréquemment, c'est lui détail qu'un plus grand nombre d'expériences et
d'observations devra élucider.
I) Poiu- expliquer I inégalité d'action d'une même température, il est
permis, ce me semble, d'invoquer deux causes, dont l'une probablement
plus importante que l'autre.
» Les bourgeons d'un arbre sont dans un état de lutte continuelle. Ceux
qui sont mal placés ou trop tardifs développent des branches iniparfaites,
qui sont souvent étouffées. Les plus précoces l'emportent, à moins que la
gelée ne leur nuise. 11 doit se faire ainsi une sélection et une ada|)tation
successive de l'arbre au climat.
)) Ceci est d'autant plus prob^dde, que toute particularité d'un bour-
geon se continue ordinairement d'année en année dans les ramifications
ultérieures. La greffe en doinie tous les jours la preuve et il est plus curieux
( i374 )
encore de voir comment une branche exceptionnelle sous quelque rapport,
lorsqu'elle continue de tenir à l'arbre, conserve souvent son caractère dis-
tiiiclif. J'en citerai un exemple dont nous avons été témoins, mon père et
moi, depuis un demi-siècle. Une propriété d'agrément près de Genève, à
Frontenex, contient un certain nombre de vieux marronniers, tous, dans
l'état ordinaire, à fleurs simples. En iSaa ou iSa'i, le propriétaire, M. Sa-
ladin, remarqua sur un de ces arbres une branche qui avait des fleurs
doubles (i). Il en tira des greffes et, par parenthèse, c'est probablement de
là que viennent tous les marronniers doubles qui existent dans le monde,
car je n'ai trouvé la mention de cette variété dans aucun ouvrage ou cata-
logue français, anglais ou allemand antérieur à i8a3(2). La branche en
question ayant été laissée sur un arbre dont les autres branches ont des
fleurs simples, on peut se demander si elle n'est point revenue à l'état ordi-
naire de l'espèce. En aucune manière, toutes les années cette branche
donne des fleius doubles, et uniquement des fleurs doubles. Les proprié-
taires actuels l'affirment; nous l'avons vérifié de temps en temps, et cette
année même j'ai constaté une très-belle production de fleurs doubles. La
branche paraît âgée d'environ soixante ans; l'arbre lui-même a peut-être
cent quarante ans. D'après cet exemple on peut croire que, lorsqu'une
branche a une autre particularité, celle d'être plus précoce ou plus tardive
que les autres, c'est une raison pour qu'elle continue de l'être dans toutes
ses ramifications subséquentes, aussi bien que si elle avait été transportée
au moyeu de la greffe.
» Je doute cependant que la sélection des branches produise des effets
habituels d'une certaine importance. Il ne faut jamais nier les sélections qui
sont imposées par la force des choses; mais elles sont quelquefois de peu ,
de valeur, et même il arrive qu'elles se contrecarrent les unes les autres, ce
dont l'espèce humaine présente de nombreux exemples (3). Dans le cas des
rameaux d'un arbre, la précocité est, dans le nord, tantôt un avantage et
tantôt un désavantage. Au midi, la précocité semble devoir être le plus
souvent un avantage, et cependant c'est dans le midi que les espèces de-
mandent le plus de chaleur pour végéter. Une comparaison attentive des
(i) De Candolle, Rap/tort sur les plantes tares, lu le 2 octobre iSaS, publié en 1824.
(2) Le premier ouvrage à moi connu qui en parle est celui de Spach : Histoire naturelle des
végétaux, vol. 1, publié en i834.
(3) Alph. de Candolle, Histoire des sciences et des samnts, suivie d'études sur la sélection
dans l'espèce humaine, etc. i vol in-8" ; Genève, i8^3.
( i375 )
vieux arbres avec les jeunes de la même espèce montrerait si les années
amènent une adaptation de l'individu au climat. Jusqu'à présent, les faits
que j'ai pu voir et ceux qu'on a bien voulu me communiquer n'indiquent
pas une modification sensible ; mais je suspends mon jugement jusqu'à plus
ample information.
» La cause principale des différences de végétation au nord et au midi
me paraît être celle que j'ai indiquée il y a déjà longtemps (i) au sujet des
observations de M. Heer dans l'ile de Madère. Les plantes vivaces et les ar-
bres ont besoin d'alternatives dans la direction de leur végétation ; il y a
ce que les horticulteurs appellent, assez improprement, un repos hibernal.
Après une grande activité du côté extérieur, la plante perd ses feuilles, cesse
de grandir, et il se passe alors dans son intérieur des translations et modi-
fications de matériaux qui préparent l'évolution des bourgeons à une épo-
que'subséquenle. Dans le nord, le mouvement végétatif se concentre mieux
à l'intérieur. C'est un motif pour qu'au printemps la chaleur produise plus
vite ses effets. Au contraire, dans les stations méridionales, la plante ne
cesse pas tout à fait de végéter à la surface, et les sucs, étant détournés de
leur distribution à l'intérieur, ne sont plus aussi appropriés aux bourgeons
quand un certain degré de température se manifeste. Les notions actuelles
sur le calorique concordent bien avec ce genre d'explication. L'action mé-
canique d'un degré de température doit être partout la même; seulement,
lorsqu'elle s'applique à des matériaux différents, pour les transporter ou
les modifier, il est clair que l'effet doit être différent. »
M. DE Lesseps fait hommage à l'Académie d'un ouvrage intitulé : « Let-
tres, Journal et Documents pour servir à l'histoire du canal de Suez (i854,
i855, i856) ...
Après la lecture de la dédicace de son volume, M. de Lesseps ajoute :
« A cette occasion, je rappellerai que l'honorable Vice-Président de
l'Académie, M. l'amiral Paris, a obtenu de M. le directeur général des
musées l'autorisation de consacrer une des salles du Musée de marine à
l'œuvre universelle du canal de Suez.
). Dans cette salle, M. l'amiral Paris a construit lui-même un plan en
relief du canal, de lo mètres de long, avec une légende explicative. Il a
placé tout autour les modèles des machines employées aux travaux de
(l) Géographie botanique raisonnéc, p. 47-
( i376 )
creusement, ainsi que des tableaux dans lesquels il a représenté, avec une
grande exactitude, les principaux établissements de l'isthme.
» M. l'amiral Paris voudra bien recevoir ici mes remercîmenis, et, j'es-
père, les félicilalions de l'Académie, pour avoir contribué à populariser
ainsi une entreprise vraiment nationale. »
MÉMOIRES LUS.
PHYSIQUE. — Recherches sur la polarisation rotatoire magnétique;
par M. Henri Becquerel. (Extrait.)
(Commissaires: MM. Fizeau, Jamin, Desanis.)
« Depuis la découverte de Faraday, le phénomène de la polarisation ro-
tatoire magnétique a été l'objet de nombreuses études. On a remarqué que
les substances douées d'une forte réhaction possèdent généralement un
grand pouvoir rotatoire magnétique; mais les exceptions que présente cette
règle ont empêché jusqu'ici de lier entre elles ces deux propriétés phy-
siques. Le phénomène est en effet fort complexe et souvent modifié par la
polarité magnétique que les molécules des cor|is peuvent acquérir.
» J'ai pensé que, si les corps étaient peu magnétiques et Irès-réfringents,
l'influence de la réfraction pourrait devenir prépondérante, et qu'il serait
possible, dans ces conditions, de manifester une relation entre la réfraclion
et la rotation magnétique.
» Je me suis servi d'un très-fort électro-aimant dont les armatures sont
percées d'un trou cylindrique suivant la ligne îles pôles (i).
» La mesure des rotations se faisait au moyen d'un polarimètre à pé-
nombre de Jellet. I^es sources de lumière étaient les flammes monochro-
matiques du sodium, du thallium et la flamme du lithium vue au travers
d'un verre rouge pour éliminer la lumière orangée. La disposition précé-
dente de l'aimant a l'avantage de permettre d'observer des corps très-colo-
rés sous une très-petite épaisseur. J^e tableau suivant renferme un certain
nombre des résultats observés, rapportés à lu même épaisseur et à la même
intensité magnétique. Les expériences ont été faites à une température
moyenne de i^ degrés, excepté pour le soufre et le phosphore.
(i) Les clectro-aimanis eniplovés appartiennent au Mu.sciiiu cl'Histdiie naturelle et an
Conservatoire clos Arts cl Métiers.
( '377 )
sniSTANCES.
Liquides.
Cristaux
monorélViugents.
Liquides.
Crisiaux
monoiéri'iiigenls.
Verres.
PREMIERE PARTIE.
Eau
Protochlorure do phosphore
liichlorure de soufre
Protochlorure de soufre
Sulfure do carbone 1 ..... .
Id. Id
Brome
Bisulfure d'hydrogène
Soufre fondu (à i iô°)
Phosphore fondu (à 35°)
Sel gemme
Blende
Id
Ziguéline (cuivre oxydulé)
DEUXIÈME PARTIE.
Alcool méthylique
Chloroforme
Bichloruro d'étain
Dissolution aqueuse de chlorure d'uranyle.
Bichloruro de titane
Spnlh Huor (incolore)
Spinelle (coloré par le chrome)
Grenat almoudin
Diamant (échantillon octaédrique) ( i )• • •
Flint pesant : n" i (Feil)
» nO 2 >
n» 3 ..
Verre avec ;'( pour loo de titane (Feil). . . .
KOTATIOS
magnéllqDe.
INDICE
de rcfraclion.
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0,436
( I ) Je dois ces différents crisiaux ii l'obligeance de MM. Fizeau et Jamin.
» Les liquides et les corps ainorplies se prêtent à une observation précise
lorsqu'ils sont assez transparents. Il n'en est pas de même des corps cristal-
lisés; je n'ai étudié dans ce travail que des corps cristallisés monoréfrin-
gents. On doit remarquer les pouvoirs rotatoires magnétiques considérables
de la blende et de la ziguélinc (oxvdule de cuivre), qui sont, l'un 17 fois,
l'autre /jS fois celui de l'eau.
Le pouvoir rotatoire du soufre fondu augmente très-rapidement, à mesure
qu'il se refroidit et s'approche du point de solidification. Celte variation
C. R., 1875, i" Semestre. (T. LXSX, N" 22.) • 79
( '378 )
rapide correspond à un accroissement aussi rapide de l'indice de réfraction.
Je reviendrai, du reste, avec plus de détails sur les effets que présente ce
corps, dont les modifications physiques sont si remarquables, en m'occu-
pant de l'action de la chaleur sur le pouvoir magnétique des différents
corps.
» Le groupe des substances citées dans la première partie du tableau
précédent, et qui comprend principalement des composés du chlore, du
phosphore, du soufre et du carbone, présente un accroissement régulier
de la rotation pour la même longueur d'onde, à mesure que l'indice de ré-
fraction augmente. On ne reconnaît aucune fonction simple de 1 indice de
réfraction pouvant représenter exactement les observations; cependant, en
désignant par « l'indice d'un rayon de longueur d'onde déterminée, par j-
la rotation et par A une constante, une expression empirique de la forme
j- = A«^(n-— i) permet de construire une courbe qui figure assez bien,
entre les limites des observations, l'accroissement de la rotation avec l'ac-
croissement de l'indice.
» Quant aux substances de la seconde partie du tableau, les exceptions
qu'elles présentent à la remarque indiquée plus haut peuvent être attri-
buées soit à des effets de polarisation lamellaire, comme pour le diamant et
le grenat, soit à la présence de corps magnétiques, soit à des causes encore
inconnues. Avec un échantillon de grenat almandin, qui renferme une no-
table proportion de fer, il y a eu apparence d'une rotation négative.
» L'expression générale du phénomène est probablement une fonction
des diverses propriétés physiques et chimiques des corps; lorsque ceux-ci
sont formés d'éléments dont quelques-uns sont très-magnétiques, l'in-
fluence de l'état particulier dans lequel ils se trouvent, sous l'action de l'ai-
mant, est telle, que toute trace de relation entre la rotation magnétique et
l'indice de réfraction disparaît.
1) Peut être pourrail-on se rendre compte de ces effets, en admettant que
la rotation magnétique du plan de polarisation est due à une action du ma-
gnétisme sur l'éther intermoléculaire, et qu'en même temps les molécules du
corps influencé sont polarisées magnétiquement, de façon à présenter des
pôles de nom contraire en regard des pôles de l'aimant. Ces molécules se-
raient alors autant de petits aimants inverses de l'aimant qui les influence, et
agissant à des distances très-petites sur le milieu qui transmet les vibrations
lumineuses. L'intensité de cette action moléculaire est éminemment variable
avec les divers corps; elle peut dépendre de leur magnétisme spécifique et de
( ^379)
la distance réciproque des molécules. Il est possible alors de concevoir que
l'action inverse de ces molécules puisse diminuer considérablement l'action
directe de l'aimant; et niènie, si le corps est très-magnétique et dans des
conditions convenables, cette action moléculaire pourrait devenir prédo-
minante et manifester une rotation négative, ainsi qu'on l'observe avec
certains sels de métaux magnétiques.
« En résumé, l'expérience montre que dans les corps faiblement magné-
tiques et très-réfringents, qui n'avaient pas été étudiés jusqu'ici, l'accrois-
sement du pouvoir rotatoire magnétique suit en général l'accroissement
de l'indice de réfraction.
» Je continue l'étudedeces phénomènessi remarquables, qui peuvent nous
donner des indications précieuses sur le mode d'action du magnétisme. »
géodésie:. — Sur une nouvelle méthode et sur un nouvel instrument de
lélémélrie [mesure rapide des distances). Note de M. Gikaud-Teulon.
(Commissaires: MAI. Faye, Fizean, d'Abbadie, Jamin.)
« La méthode proposée repose sur deux principes distincts : le premier
est celui sur lequel se base la construction du micromètre à double image
de Rochon et de l'héliomètre, le doublement de l'image offerte à l'observa-
teur; seulement, au lieu d'être obtenue, comme dans l'héliomètre, par
la division en deux moitiés de l'objectif de la lunette, cette multiplication
des images est réalisée ici par la division de l'oculaire, dont l'une des
moitiés demeure fixe pendant que l'autre, liée au mouvement d'une vis
micrométrique, peut se déplacer à volonté en glissant sur le diamètre
commun.
» L'auteur démontre, par un calcul très-simple, que, lors de la mise en
contact des deux images virtuelles présentées à l'observateur, et si l'on sup-
pose la lunette adaptée pour les rayons parallèles, à la sortie comme à
l'entrée, le déplacement du demi-oculaire mobile est exactement égal
à l'étendue de l'image réelle fournie par l'objectif. Pour toute autre adap-
tation donnée de l'instrument, les chemins paicourus par l'oculaire varient
proportioiniellement à l'étendue de cette image réelle.
» Le second principe consiste à relever la grandeur d'un même objet
en deux stations données, prises sur un même alignement avec cet objet.
Si l'on appelle a et ê les grandeurs de ces deux images aux stations A et
B, et A la distance nuituelle, préalablement mesurée, desdites stations, la
distance D ou j:' de la plus éloignée (A) des stations à l'objet sera donnée
•79 •
( i38o )
par l'équation :
g
(i) Doua: = A- 1
^ ' 6 — a
ê étant la plus grande image ou celle qui correspond à la station la plus
rapprochée de l'objet.
» On voit que dans cette formule l'inconnue D s'obtient par le seul
rapport des grandeurs des images, et sans la connaissance, même approxi-
mative, de la dimension réelle de l'objet. La méthode se réduit, en défini-
tive, à comparer les parallaxes d'un même objet, visé de deux stations, dont
on connaît seulement la distance mutuelle.
» Inversement, la distance et la longueur focale de la lunette étant con-
nues, on peut déterminer par une simple proportion la grandeur de l'objet,
et d'une manière générale l'une quelconque de ces quantités en fonction
des deux autres (i).
» La méthode par division de l'oculaire s'applique à toutes les limettes;
elle ne comporte donc d'autres limites que celles qui résultent de la valeur
amplifiante des instruments auxquels on l'adapte (2).
M A l'appui de cette présentation, l'auteur fait connaître quelques résul-
tais numériques obtenus par lui. Les deux plus frappants sont les suivants :
» Au moyen d'une lunette de Galilée au grossissement de 1 1 diamètres,
il a déterminé la distance du mont Valérien à la terrasse de Saint-Ger-
main, 8897 mètres; et avec la lunette terrestre d'ordonnance de l'École
d'état-major, au pouvoir amplifiant de 26 diamètres environ, la distance
dudit mont Valérien au château d'IIennemont, à 2600 mètres au delà de
Saint-Germain, ii'''",oi7.
(1) Depuis que ces expériences sont en cours d'exécution, dit l'auteur, nous avons dé-
couvert que le principe de la double visée sur un même alignement et la détermination de
la distance par la différence des parallaxes avaient déjà été proposés par le commandant
Liigeol, de la marine française, et son collaborateur, M. Regnard, et réalises par le premier
dans l'application de riiéliomèlre même (réduit de pro|)onion) à la télémélrie (1860). La
grande différence qui nous paraît exister entre les deux modes d'applicaiion, la division de
l'objectif ou celle de l'oculaire, soi\s le rapport de la précision et de la simplicité du méca-
nisme, nous a seule engagé à continuer nos essais et à aj)porler noire instrument dans la lice
des compétitions télcmétriques.
(2) Cette même méthode jiourrait tiouver une ap])lication aussi facile qu'avantageuse
dans la micrographie, connric moyen de mesure des images objectives offertes à la dernière
])ièce de l'oculaire, et serait ainsi des plus propres à la détermination du pouvoic amplifiant
des microscopes, comme elle l'est de celui des télescopes.
( .38, )
M La carte de l'état-major donne 8""", 800 pour la première de ces dis-
tances; I i'"",48o pour la seconde. L'erreur est donc de 1,1 pour 100 dans
le premier cas, et de [\,o?> pour 100 dans le second.
)) Comme dernière et très-concluante application de la méthode, l'auteur
met sous les yeux de l'Académie une Iriangidation extemporauée, exécutée
télémétriquement, c'est-à-dire sans autre instrument que la lunette, et par
la détermination des longueurs des trois côtés des triangles, sans nulle con-
sidération de leurs angles.
» Les cinq points relevés par l'auteur, en prenant pour base les hauteurs
dos clochers de Saint-Germain et de RIarly, et dont la distance varie entre
2000 et 4000 mètres, ne diffèrent des chiffres de la carte d'étal-major que
de moins de 5 pour 100. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIF; organique. — Sur la transformation du camphre des laurinées en
cainpliène, et réciproquement descampliènes en camphre; par M. J. Riban.
(Commissaires : MM. Balard, Wurtz, Berthelot.)
« A. Transformation du camphre des laurinées en camphène. — Pour effectuer
cette transformation, j'ai d'abord changé le camphre C" H'" O en bornéol
C"'H**0, par le procédé de M. Baubigny; le pouvoir rotatoire du corps
obtenu n'était que [a]u= + 2°, 6, et cependant le camphre générateur
avait son pouvoir rotaloire normal. Par une chauffe à 100 degrés, avec de
l'acide chlorhydrique fumant, ce bornéol fut transformé en éther chlorhy~
drique C'^H'^HCl, dont le pouvoir rotatoire était absolument nul. L'ac-
tion modificatrice de l'hydracide avait produit cette perte de pouvoir.
L'élher chlorhydrique du bornéol rappelle, par son aspect et ses proprié-
tés, les chlorhydrates de camphène; il fond dans le gaz chlorhydrique à
145 degrés; il cède, quoique lentement, une partie de son hydracide à
l'eau froide; l'eau à 100 degrés le décompose rapidement, comme nous
l'avons établi dans une Note précédente, avec régénération d'un camphène
C'"!!", que je désignerai sous le nom de bornéocamphène, rappelant son
origuie.
» Du bornéocamphène. — La décomposition par l'eau de l'éther chlor-
hydrique du bornéol ne fournit que de petites quantités du carbure cher-
ché. Pour réaliser cette transformation sur une plus grande échelle, il suffit
de chauffer cet élher chlorhydrique dans un autoclave de cuivre, ou en
( i:^82 )
tubes scellés à i8o degrés, durant soixante-dix heures, avec un excès de
potasse alcoolique. L'affusion de l'eau précipite le carbure formé ; on le
lave, on le fractionne et le comprime, pour le débarrasser de quelques
traces de corps huileux. On eu obtient ainsi 5o pour loo du poids de
réther chlorhydiique employé.
u Le bornéocamphène, carbure solide et cristallisé, bout à iSy de-
grés (corrigé), fond à 47 degrés; il correspond à la formule C'H"'; il four-
nitpar l'HCl un monochlorhydrate de bornéocamphène qui possède les ca-
ractères des chlorhydrates de camphène et fond dans le gaz chlorhydrique
à 145 degrés.
» L'ensemble de ces expériences réalise la transformation du camphre
des laurinées en un carbure C" H'" cristallisé comme lui. En résumé, on
voit que, pour atteindre ce but, nous avons dû passer par la série des trans-
formations suivantes, dont je pose ici les équations :
C"'H"0 + H= = C'"H"'0,
C'»H"'0 -{-HC1 = C"'H'%HCI + H=0,
C'H'", HCl -f- KOH - C'H'» -h KCl -;- H=0.
» B. Transformation réciproque des camphènes tn camphre. — En i832,
M. Dumas établissait les rapports qui doivent unir le camphre aux car-
bures C'^H'". M. Berthelot, découvrant les premiers camphènes, a constaté
que, oxydés sous l'influence du noir de platine, ils se métamorphosent en
une matière volatile et cristalline douée de l'odeur du camphre. Plus tard,
il signalait ce fait que le camphène peut être changé en camphre par l'acide
chron)ique cristallisé humecté d'eau , mais sans en faire une étude appro-
fondie ni en déterminer le pouvoir rotatoire, etc. Il m'a semblé que de
nouvelles preuves seraient nécessaires pour fixer d'une manière définitive
l'opinion des chimistes sur ce point. Si je donne ces détails, c'est pour établir
nettement la part qui revient à chacun dans cette question importante.
)) La transformation du camphre des laurinées en camphène, que nous
venons de réaliser par voie analytique, apporte un appui considérable à
l'opinion qui veut que les camphènes soient les générateurs du camphre.
Nous allons prouver qu'il en est ainsi en effectuant synthétiquement la
transformation du cani|ihène en camphre, puis en acide camphorique.
» Pour cela, j'ai oxydé le camphène actif lévogyre, dérivé de l'essence
de térébenthine française, par le mélange classique de bichromate de po-
tasse et d'acide sulfurique étendu d'eau, mais en employant ce dej'uier en
( i383 )
quantité insuffisante pour saturer les oxydes naissants dans la réaction. On
chauffe le mélange dans une fiole, surmontée d'un tube large : l'oxydation
s'effectue sans violence, le carbure reflue sans cesse à l'état liquitle à la
surface du bain oxydant. Au bout de quelques heures, on voit apparaître,
sur les parties les moins chaudes de l'appareil, xn^e cristallisation de cam-
phre, ce corps infusible à loo degrés ne pouvant plus fondre et refluer. Au
bout de quinze à seize heures, l'opération est terminée; on fait passer dans
la fiole un courant de vapeur d'eau; le camphre distille avec elle et avec
l'acide acétique formé par oxy(!ation. On le lave avec une solution alcaline,
on le comprime et on le soumet à une série de distillations fractionnées,
en recueillant chaque fois les parties restant dans la cornue au-dessus de
ao4 degrés. Le camphène inattaqué se concentre dans les portions les plus
volatiles. Les résidus de distillation sublimés à loo degrés avec de la chaux
constituent le camphre cherché. S'il contenait encore des traces de cam-
phène, on le soumettrait à des sublimations fractionnées en rejetant les
premières parties. S'il contient des traces de corps huileux, ayant des points
d'ébullition supérieurs au point d'ébullition du camphre formé, on l'en
débarrasse en le dissolvant dans l'acide nitrique, précipitant par l'eau et
sublimant avec la chaux.
» Le corps ainsi obtenu est bien le camphre; il donne à l'analvse :
I
II
Calcul
c
78,58
li
10,64
0
.0,78
c
78,63
II
10,61
0
10,76
G
78,95
H
I Q , Sa
0
10,53
» Il en possède l'odeur pénétrante et l'aspect; il fond à 172 degrés (cor-
rigé) (les auteurs donnent 175 degrés pour le point de fusion du camphre
ordinaire); son pouvoir rotatoire est [a]i,= — '3°, 7. Cette rotation est en
sens inverse de celle du camphre ordinaire et de même sens que celle du
camphre de matricaire, mais d'une intensité moindre. Le sens de cette dé-
viation du camphre de synthèse présente un certain intérêt en effet : l'ad-
dition de HCl à la molécule du camphène lévogyre produit un chlorhy-
drate dextrogyre; onauraitpu penser que l'addition de O à cette molécule
produirait un changement de signe : il n'en est rien. Ceci nous indique de
plus que, pour obtenir un camphre déviant dans le même sens que celui
des laurinées, on devra partir du camphène dextrogyre dérivé de l'essence
de térébenthine anglaise de même sens.
» Nous avons transformé le camphre de synthèse en acide camphorique
par le procédé ordinaire. Nous l'avons purifié en le changeant en acide
( i384 )
anhydre, puis le régénérant par l'action d'un alcali bouillant. Après plu-
sieurs cristallisations dans l'eau, il a fourni à l'analyse :
Expérience. C 5g, 98 II 8,10 0 3i,f)7
Calcul C 60,00 II 8,00 O Sa, 00
1) Son pouvoir rotatoire est [«]„= — 6°, 5. Le point de fusion de cet
acide camphorique de synthèse est situé à 197- 198 degrés (corrigé), qu'il
m'a été impossible d'abaisser; celui de l'acide camphorique dérivé du cam-
phre des laurinéesest situé, d'après mes expériences, à 187 degrés (corrigé);
le point 1^5 degrés donné parles auteurs est beaucoup trop bas.
» Ainsi se trouve prouvée expérimentalement, en passant par les cam-
phènes, la transformation de l'essence de térébenthine en camphre, prévue
il y a plus de quarante ans par M. Dumas. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la llnamméiine, nouveau dérivé du persulfocfa-
nogène. Note de M. J. Poxomabeff, présentée par M. H. Sainte-Claire
Deville.
(Commissaires : MM. H. Sainte-Claire Deville, Cahours.)
« Dans une première Note j'ai montré que, par l'action de l'ammoniaque
à i5o degrés, le persulfocyanogène se transforme en sulfocyanure de mé-
lamine. On peut considérer la formation de ce composé comme le dernier
terme de l'action de l'ammoniaque; il m'a paru intéressant d'essayer cette
réaction dans d'autres conditions, dans le but d'obtenir des corps sulfurés,
intermédiaires entre le persulfocyanogène et la mélamine, et de les comparer
avec les composés oxygénés correspondants, tels que l'amméline et l'acide
mélanurique.
» J'ai pu constater que l'ammoniaque et le persulfocyanogène réagissent
très-facilement à 100 degrés, quand on les chauffe dans un tube scellé
pendant deux ou trois heures. Il y a formation de deux composés, dont
l'un a pour formule C'AzMl'S : je le nommerai thiamméline, et dont
l'autre a pour formule C^ Az' II' S'' et n'est autre chose que l'acide thiomé-
lanurique déjà obtenu en 1847 par Jamieson.
» Thiamméline. — Produit de la réaction de l'ammoniaque sur le per-
sulfocyanogène, on étend avec beaucoup d'eau, on fait bouillir la solution
jusqu'à disparition du sulfhydrate d'ammoniaque et l'on sépare par fillra-
tion le dépôt de soufre. Par refroidissement de la solution, il se dépose une
poudre cristalline, un peu grisâtre, formée exclusivement de thiamméline;
( i385 )
on la lave avec de l'eau froide pour la débarrasser du sulfocyainire d'am-
monium. Les eaux mères contiennent le même produit mélangé avec l'a-
cide thiomélaïuirique.
» Pour la purification de la thiamméline, on la dissout dans la potasse
faible à froid, on filtre et l'on précipite par l'acide acétique.
» Le précipité ainsi obtenu se présente sous forme d'une poudre blanche,
cristalline, dure comme du sable. Il est presque insoluble dans l'eau froide
et se dissout dans i45 parties de son poids d'eau bouillante. La solubilité
augmente en présence du sulfocyanure d'ammonium. Il se dépose sous
forme de petits grains de sa solution aqueuse. Il est insoluble dans l'alcool
et l'éther. Purifié par cristallisation ou précipitation par l'acide acétique
de la solution alcaline, le corps m'a donné par des analyses des nombres
conduisant à la formule C Az'II'' S.
» Ce composé représente donc l'amméline C'Az'^H'O, dans laquelle
l'oxygène est remplacé par le soufre. Il s'est produit aux dépens du per-
sulfocyanogène (C Az' S' H), par le remplacement de 2 atomes de soufre
par deux résidus AzH".
» La thiamméline se dissout facilement dans les acides minéraux et dans
les alcalis, mais elle ne donne de sels définis ni avec les acides, ni avec les
bases alcalines et alcalino-terreuses. Avec les sels des métaux lourds, la
thiamméline donne des précipités amorphes, insolubles. Traitée par le ni-
trate d'argent en présence de l'ammoniaque, elle donne deux composés
métalliques, la ihiamméline inonoargentique C^Az''H^AgS et la ihiamnu--
line diargenlique C Az^ H' Ag" S. Toutes deux sont des poudres amorphes
blanches insolubles; elles ne noircissent pas à la lumière et supportent la
température de 100 degrés sans se décomposer.
» Calcinée dans un tube, la thiamméline se décompose; il se dégage de
l'ammoniaque, du sulfliydrate d'ammoniaque, et il reste une poudre jaune
grisâtre, insoluble dans l'eau et soluble dans la potasse avec dégagement
d'ammoniaque.
)) Loi'squ'on chauffe la thiamméline avec l'hydrate de potasse fondu,
la masse se boursoufle ; il se dégage de l'ammoniaque, et l'on obtient un li-
quide rouge qui se prend par refroidissement en cristaux blancs; solubles
dans l'alcool bouillant, ces cristaux se résolvent en un mélange de cyanale
de potasse et de sulfocyanure de potassium.
» Chauffée avec l'acide chlorhydrique concentré dans un tube scellé, la
thiamméline se décompose en hydrogène sulfuré, en chlorhydrate d'am-
moniaque et en acide cyanurique.
C.R., 1875, l" S<rm.?J(re. (T. LXXX, N» 'iSO ' ^O
( i386 )
» L'acide azotique réagit sur la ihiamméline à la température ordinaire,
la masse s'écliaiilfe, se boursoufle; il se dégage des vapeiu's nitreuses. En
évaporant à siccité, on obtient une poudre blanche cristalline, qui, dissoute
dans l'eau chaude acidulée par l'acide azotique, se sépare par refroidisse-
ment eu une masse de cristaux prismatiques. L'analyse a montré que ces
cristaux sont de l'azotate d'aminéline C Az'H^O, HAzO'.
» La thiamméline mainlenue en ébuUiliou avec; la potasse concentrée se
dédouble au bout de quelque temps. La solution saturée par des acides
dégage de l'hydrogène sulfuré, et en même temps il se précipite une poudre
blanche, voUnnineuse. insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'excès
des acides minéraux. Ce précipité dissous dans l'acide azotique faible
se dépose sous forme de prismes, ayant la composition de l'azotate d'am-
méline.
» Lorsqu'on chauffe la thiamméline avec l'ammoniaque dans un tube
scellé à 200 degrés, la liqueur se charge de sulfhydrate d'ammoniaque, et
si l'on fait bouillir la solution jusqu'à disparition du sulfhydrate d'ammo-
niaque et de l'ammoniaque libre, il se produit par rofroidi.^sement de la
liqueur filtrée un dépôt de cristaux brillants, ayant la forme d'octaèdres
rhombiques, peu solubles dans l'eau froide. Ces cristaux ont tous les carac-
tères delà mélamine C Az" H''.
» Ce travail a été fait au laboratoire de M. Schûtzenberger, à la Sor-
bonnc. «
VITICULTURE. — Siiv la itissociation du sulfocarbonate de potassium
en présence des sels ammoniacaux. Note de M. Rommier.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Dans les essais relatifs à l'emploi du sulfocarbonate de potassium, que
M. Dumus nous a chargé de faire sur les vignes phylloxérées du domaine
de Claire-Fontaine en Pujaut, près d'Avignon, appartenant à M. David
de Penanruu, nous avons été conduit à mélanger du sulfocarbonate de
potassium avec du sulfate d'ammoniaque. Pendant ce traitement nous
avons été surpris de voir nos dissolutions se troubler presque immédiate-
ment.
» De retour à Paris, ayant étudié ce fait avec plus de soin, nous avons
acquis la preuve que, sous l'influence des sels ammoniacaux, le sulfocar-
bonate de potassium perd une partie du sulfure de carbone qui entre dans
sa composition.
( i387 )
a Nous avons fait le mélange suivant :
Siilfocarbonate de potassium pesant 4o de£;rés B., contenant près de aS pour loo
de sulfure de carbone fiSo"^*^^
Chlorhydrate d'ammoniaque saturé à froid 63o
Eau distillée 49"
En moins de dotize heures, il s'est formé un précipité composé de i8 cen-
timètres cubes de sulfure de carbone et d'une petite quantité de ma-
tière solide, gélatineuse, où la silice dominait, nullement en rapport,
d'ailleurs, avec la quantité de sulfure de carbone éliminé, et provenant du
sulfure de potassium qui l'avait dissoute.
» En doublant avec de l'eau le volume de la liqueur primitive, nous
avons encore obtenu 6 centimètres cubes de sulfure de carbone, exempt
cette fois de matière solide. Une nouvelle addilion d'eau, qui a porté le vo-
lume de notre mélange à 4 fois ce qu'il occupait primitivement, ne nous
a plus donné que des traces de sulfure de carbone.
» La dissolution de sulfocarbonale de potassium employée dans cette
expérience renferme environ i5o grammes de sulfure de carbone, celle de
chlorhydrate d'ammoniaque près de 200 grammes de ce sel; elles sont di-
luées dans 7 litres d'eau. La précipitation du sulfure de carbone est de
24 centimètres cubes qui pèsent près de 3o grammes. La dissociation s'élève
donc à 20 pour 100 environ du sulfure de carbone contenu dans le sulfo-
carbonale de potassium.
» Après l'élimination du sulfure de carbone, nous avons examiné la
liqueur en la traitant par im sel de plomb : la couleur du précipité nous a
indiqué d'une manière très-nette la présence d'un sulfure alcalin libre, mé-
langé au sulfocarbonale de potassium non décomposé, ce précipité étant
d'un rouge brun, noircissatît rapidement à l'air, tandis que le sulfocarbo-
nale saturé de sulfure de carbone donne un précipité rouge kermès, dont
la décomposition ne s'opère qu'en l'espace de plusieius heures. La liqueur
ne renfermait auctnie trace de sulfocyanure.
» Le sulfate et l'azotate d'ammoniaque mélangés au sulfocarbonate de
potassium le dissocient de la même manière; le sulfhydrate d'ammoniaque
n'v produit qu'iui léger précipité solide qui doit être composé de silice;
l'ammoniaque caustique est sans action apparente, ou plutôt son action
doit être d'iui ordre différent; enfin leavi distillée et même l'eau commune
n'agissent pas sur ce sel.
» Ces faits, purement scientifiques, prennent dans l'application une valeur
180..
( i388 )
pratique; ils démontrent que, pour le traitement de la vigne, il faut rejeter
tout mélange de sulfocarbonate et d'engrais ammoniacal ou acide, qui se-
rait décomposé avant d'avoir été introduit dans le sol.
» On doit en conclure, en outre, qu'il ne faut jamais mélanger le sulfo-
carbonate de potassium avec des matières qui, a priori, ne sembleraient
avoir aucune influence sur ce sel, sans s'être assuré préalablement, par une
expérience directe, du résultat que produirait un semblable mélange. »
GÉOMÉTRIE. — Théorie des surfaces de révolution qui, par voie de déformation,
sont superposables les unes aux autres et chacune à elle-niénie dans toutes ses
parties; par M. F. Hekch.
(Renvoi à la Section de Géométrie, à laquelle M. Bertrand est prié
de s'adjoindre.)
« Le Mémoire se compose de trois Parties et d'un Appendice.
» Dans la première Partie il est démontré, à l'aide du principe de l'éga-
lilé par superposition, que tous les triangles d'une égale étendue superficielle
ont une égale somme d'angles.
M De ce théorème ressort comme corollaire que :
» La différence entre deux angles droits et la somme des angles d'im triangle,
si elle n'est pas nulle, est proportionnelle à rétendue superficielle du triangle.
» Ainsi, en désignant par
E la superficie d'un triangle limilé par des droites dans un plan ;
S la somme des angles du triangle;
D la valeur d'un angle droit ;
G une certaine constante, présentement inconnue,
on a nécessairement
^ ' D G
)) D'après cette équation, quand E diminue jusqu'à zéro, la somme S a
pour limite S = 2D, ce qui est directement évident à la simple inspection
d'une figure.
» Eu conséquence, d'après les règles ordinaires de l'Analyse infinitési-
male, ou doit admettre la proposition majeure que voici :
M Dans tout triangle dont les côtés ont des longueurs infiniment petites^ il est
permis d'invoquer et d'appliquer la totalité des relations qui, à l'aide des postu-
lata d'Euclide, sont démontrées dans un plan, c'est-à-dire la totalité des relations
connues de la Trigonométrie.
» L'équation (1), démontrée avec des lignes droites dans un plan, est
( '3cS9 )
démontrable aussi sur une sphère au moyen d'arcs de grand cercle, pourvu
qu'aucun des arcs à mener n'atteigne la limite d'une demi-circonférence.
» En supposant qu'il existe des surfaces qui, par voie de flexion et de
déformation, soient superposables chacune à elle-même dans toutes ses par-
ties, on pourra, au moyen de lignes cjéodésiques, sur de pareilles surfaces,
effectuer les mêmes couslructions et invoquer les mêmes raisonnements
que ceux qui, au moyen de lignes droites dans un plan et au moyen d'arcs
de grand cercle sur une sphère, ont permis de démontrer l'équation (i).
» A ce haut degré de généralité la constante G de l'équation (i) pourra
avoir telles valeurs qu'on voudra, soit positives, soit négatives, selon les
espèces de surfaces superposables à elles-mêmes qu'on voudra considérer
en particulier.
» Telle est la manière de voir qui forme l'objet principal de la première
Partie du Mémoire. 11 y est dit accessoirement que :
» i°Dans le cas d'une surface sphérique, la constante G de l'équation (i)
se trouve être égale à la superficie T d'un triangle trirectangle, sans
qu'on ait besoin de savoir quelle est l'expression de T en fonction du rayon
de la sphère;
» 2° Quand le rayon de la sphère augmente jusqu'à l'infini, on a T = co ,
par suite S = 2D, pour toute valeur fixe de E, sans qu'on sache si la sur-
face conserve encore de la rondeur ou si elle coïncide avec un plan ;
» 3" Quand tous les parallèles d'une surface de révolution ont des
rayons d'une commune longueur p, on a nécessairement S == 2D, quelle
que soit la valeur de p, sans qu'on sache si les lignes méridiennes sont
des droites ou bien des courbes d'une convexité uniforme au dehors.
» Il est expliqué et démontré que toutes les surfaces sur lesquelles on a
S = 2D sont, par voie de flexion et de déformation, superposables les unes
aux autres et chacune à elle-même dans toutes ses parties, sans qu'on ait
besoin de savoir si le plan fait partie de cette espèce de surfaces ou non.
» Pour que le plan fasse partie de l'espèce des surfaces sur lesquelles
on a S = aD, il faut qu'd soit permis d'invoquer le poslidalum d'Euclide ou
bien cet autre postulatum :
» Avec des lignes droites dans un plan, on peut former des triangles dont l'éten-
due E 501/ aussi grande qu'on voudra.
» La deuxième Partie du Mémoire a pour objet de faire voir que, sur
tout solide de révolution, on peut, au moyen de coordonnées rectangles
curvilignes x,j, résoudre algébriquement les mêmes problèmes que ceux
qui, en géométrie euclidienne, sont résolubles dans un plan au moyen de
coordonnées rectangles et rectiligncs.
» La méthode revient à considérer sur le solide un parallèle de position
fixe d'une longueur L et un autre parallèle de position mobile d'une lon-
gueur P.
« La lettre y est employée pour désigner la commune longueur des
lignes méridiennes entre les deux p-iralléles.
» J7 et I désignent les longueurs des arcs interceptés sur les deux paral-
lèles L et P par deux mêmes plans méridiens. Celui des plans méridiens à
partir duquel sont comptées les longueurs x et Ç peut être supposé fixe.
» Il est directement évident que, en désignant par n une constante arbi-
traire et par F une fonction arbitraire, on a
Ç p F ( )- + 77 )
(a)
X L F(/7)
» En convenant de poser
F(77)
on a à la fois .
{c) l = xo{j)
et
{cl) P = L9(r)
» En remplaçant x par x + dx et ;■ parj^ + dj\ on obtient un point
infiniment voisin, tel que, en désignant par ds la distance des deux points,
par /3 l'angle de ds avec la ligne méridienne du point x^ f, on a à la fois
[e) ds- = dj^ + dé- ^ dy- -h f- dx-
» Rien n'empêche de se donner entre x et y une relation arbitraire.
Celte relation représentera sur la surface ime certaine ligne le long de
laquelle on pourra calculer les angles |5 au moyen de l'équation [f] et les
arcs s par voie d'intégration, au moyen de l'équation (e).
)) Il y a à faire remarquer que, pour des valeurs données quelconques
de Y, les valeurs de ds et s dépendent de (p(/) seulement, et non de la va-
leur delà constante L qui figure dans l'équation (rf). Or l'équation (r/) repré-
sente autant de surfaces de révolution distinctes que de valeurs différentes
on voudra attribuer à L. Les valeurs de ds et s étant les mêmes pour toutes
(quand x et dx seront les mêmes), il s'ensuit que ces surfaces seront toutes,
par voie de déformation, superposables à l'une d'entre elles.
( 1^91 )
» La constante fj pouvant être rendue de plus en plus petite jusqu'à
zéro, il est permis d'affirmer que :
» Toute surface de révolution, fendue suivant une ligne méridienne^ est sus-
ceptible d'être repliée sur elle-même autour de son axe, iusquù venir se con-
fondre avec cet axe.
» Au moyen des variables jc,^ et y, on n'éprouve aucune difficulté à éva-
luer la superficie d'un quadrilatère compris entre deux lignes méridiennes,
à partir d'une base circulaire .r jusqu'à une autre ligne quelconque.
» On parvient aussi à obtenir les équations d'une ligne géodésiqiie.
» On réussit enfin à trouver les expressions algébriques de l'étendue E,
ainsi que de la somme S des angles d'un triangle formé par des lignes géo-
désiques. »
M. E. FouRNiER adresse un Mémoire intitulé : « Méthode générale pour
résoudre les équations numériques de degré quelconque ».
(Commissaires : MM. Bonnet, Puiseux.)
M. Lafitte prie l'Académie de soumettre la Note qu'il a adressée sur
le rôle de la partie de la corde du violon comprise entre le chevalet et le
cordier (i) au jugement de la Commission nommée pour examiner la
Communication de M. Dit-n {2).
(Renvoi à la même Commission.)
MM. KiszTLER, Haunet adressent des Communications relatives au Phyl-
loxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Arm. de Flecry adresse, pour le Concours des prix de Médecine et
Chirurgie, lui ouvrage intitulé : « Du dynamisme comparé des hémisphères
cérébraux chez l'homme ». Cet ouvrage est accompagné d'une analyse
manuscrite.
(Renvoi à la Commission.)
M. Beruier-Fontaine adresse, |)our le Concours de Médecine et Chi-
rurgie (fondation Montyon), un Mémoire intitulé : « Coup d'œil sur l'his-
toire de la circulation du sang dans les vaisseaux du corps humain, depuis
Bichat jusqu'à nos jours ».
(Renvoi à la Commission.)
(i) Comptes rendus, lo mai iS^S.
(2) Comptes rendus, i5 février iSyS.
( i392 )
M. MÉr.xiN prie l'Académie de comprendre, pnrmi les Mémoires admis à
concourir pour le prix Thore, le travail qu'il a communiqué sur les Aca-
riens de la famille des Gamasides.
(Renvoi à la Commission.)
M. E. Ketteler adresse, pour le Concours du prix Lacaze (Physique),
plusieurs Mémoires imprimés ayant pour objet l'étude de l'aberration de
la lumière et la révision de la théorie de Cauchy sur la réflexion.
(Renvoi à la Commission. )
M. E. ÏIaudy adresse, pour le Concours du prix Barbier, im Mémoire
manuscrit intitulé : « Recherches sur le Jaborandi. »
(Renvoi à la Commission.)
CORRESPONDANCE .
M. le Président annonce la mort de M. le Conseiller Joaquim-Henriques
Fradesso da Silveira, Directeur de l'Observatoire météorologique de l'In-
fant don Louis, à Lisbonne.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Cor-
respondance :
i" Un ouvrage de M. Francisco GomesTeixeira, de l'Université de Coïmbre,
intitulé : « Integraçâo das equaçôes as derivadas parciaes de segunda
ordem. »
a" Une brochure de M. Govi intitulée : « Rapport sur l'utilité des Tables
de logarithmes à plus de sept décimales, à propos d'un projet |)ublié par
M. E. Sang ».
M. Edward Sang, membre de la Société royale d'Edimbourg, ayant con-
sulté plusieurs Académies et quelques savants sur l'opportunité de publier
des Tables logarithmiques à neuf décimales, dont il avait donné un spécimen
en L872, l'Académie de Turin chargea M. Govi de lui faire un Rapport
sur cette question.
( '393 )
» Dans ce Rapport, après avoir traité des avantages que les Tables de
logarithmes à plus de sept décimales peuvent avoir pour un grand nombre
de recherches scientifiques, M. Govi ajoute :
<i S'il fallait émettre un vœu, ce serait celui que les gouvernements, intéressés à la dé-
termination de l'aie du méridien et à l'unification du système des poids et des mesures,
se missent d'accord pour publier enfin les Grandes Tables, calculées sous la direction de
Prony, etc. ><
ASTRONOMIlî. — Position (jéoijvaj)lii(jue de iile SaiiU-Paul.
Note de M. Movchez.
« La position géogr.iphique de l'île Saint-Paul ayant acquis un intérêt
particulier pour les astronomes par suite de l'observation du passage de
Vénus, il paraît utile de faire connaître avec quel degré d'approximation
les circonstances peti favorables ou nous nous trouvions nous ont permis
de la déterminer.
» Lalilude. — En profilant de toutes les éclaircies de jour et de nuit
j'ai pu, en trois mois, observer la hauleur méridienne de 82 étoiles, culmi-'
nant à moins de 3o degrés du zénith. J'ai pointé le nadir pour chaque étoile
en me servant du nouveau bain de mercure à bassin de cuivre qui donne
une si remarquable slabilité à la surface du mercure, tout en lui conser-
vant une parfaite horizontalité quand la couche de mercure est suffisam-
ment épaisse. Cet ingénieux procédé, qui est encore si peu répandu, est
cependant appelé à rendre de grands services aux astronomes voyageurs;
avec le bain de mercure ordinaire, j'aurais perdu les trois qtiarts de mes
observations, à cause de l'agitation cotilituielle produite par le vent et la
mer déferlant sur la plage voisine.
» J^a moyeiHie de mes 82 latittides est 38"42'5o",796 avec o",o3 d'erreur
probable. Quarante résultats diffèrent de moins de i seconde delà moyenne;
les plus grands écarts des quarante autres est de 2 à 3 secondes; ils peuvent
bien souvent être attribués à l'incertitude qui existe encore sur beaucoup
d'étoiles australes.
» J'ai vérifié cette latitude par la méthode Talcott, qui élimine presque
entièrement les erreurs de réfraction et d'instrument. La latitude qui eu
est résultée s'accorde avec la première à o",3 près.
» On peut donc considérer la latitude de Saint-Paul comme très-exacte.
» Lonyilude. — Prévoyant les difficultés qti'apporterait le mauvais temps
aux observations astronomiqties, je n'ai pas voulu négliger l'emploi des
chronomètres qui pouvaient donner une longitude assez approchée.
C.K., 187O, i"SemejUf.(T. L\X.\, ^<"1<1. ' 8l
( '394 )
)) Dès le commencement de iS^/J^ j'ai choisi au dépôt de la marine
quatre bons chronomètres que j'ai soumis aux variations de températures
extrêmes par lesquelles ils devaient passer avant d'arriver à Saint-Paul.
Les écarts de marche ne furent pas très-grands, de 2 à 3 secondes seule-
ment; mais ils étaient si irréguliers qu'il était impossible d'en tenir compte
à l'aide d'une loi quelconque. Il sera indispensable à l'avenir, dans les
campagnes scientifiques, d'ajouter aux chronomètres compensés un chro-
nomètre non compensé, pour lequel les corrections seront toujours bien
plus faciles à trouver. Ce chronomètre pourra aussi tenir lieu du plus
parfait des thermomètres, puisqu'il emmagasinera pour ainsi dire les
moindres variations de température pour en représenter l'effet total par
un changement d'état absolu, chaque fois qu'on le consultera.
» J'ai fait faire quatre fois le transport des temps entre la Réunion et
Saint-Paul; on a donc obtenu, avec les quatre chronomètres, seize diffé-
rences de longitude comprises entre i''28'"3^ et i''28'"8'*: la moyenne est
i^'aS™ r6', avec 4 secondes d'erreur probable. La longitude de la Réunion
étant de 3''32"'27% cela donne, pour Saint-Paul, 5''o'"43*.
» Pendant la campagne scientifique de la Novara, les astronomes autri-
chiens avaient trouvé, en venant du cap de Bonne-Espérance, 5''o™44'-
» Culminalions lunaires. — J'ai apporté tous mes soins à ces observa-
tions astronomiques, les seules sur lesquelles je pouvais fonder quelque
espoir d'obtenir une bonne longitude absolue.
» La lunette méridienne a été solidement établie; en trois mois, malgré
la violence des vents, l'azimut de la mire n'a varié que de o", 2 à o", 3, et
la dévintion de l'instrument n'a pas dépassé o",5. J'ai d'ailleurs déterminé
avec soin, chaque jour d'observation, les erreurs instrumentales.
» L'heure était notée smiultanément sur deux chronomètres par deux
compteurs différents, qui estimaient en moyenne le dixième de seconde,
comme je l'ai déjà établi dans une précédente communication; j'ai en
outre employé aussi le cliroiiographe pour faire des études comparatives.
» J'ai pu réussir en trois lunaisons à obtenir neuf observations de culmi-
nations lunaires dans d'assez bonnes conditions. Je donne dans le tableau
ci-après les résultats de ces observations, de manière à permettre soit la
vérification des calculs, soit la détermination d'autres stations par la com-
paraison des ascensions droites de la Lune.
» La dernière colonne contient la longitude déduite des corrections pu-
bliées par l'Observatoire de Paris dans le dernier numéro des Comptes
rendus. MalliLurcusement il manque quelques jours correspondants, et les
( i395 )
correction's indiquées sont si peu régulières d'un jour à l'autre, que les
interpolations deviennent fort douteuses. En outre, pour le 21 novembre,
jour le plus près de mon observation du 20, on trouve une différence de
près de o",5 entre la correction fournie par deux instruments de l'Obser-
vatoire, ce qui introduirait une erreur de 12 secondes sur la longitude;
si nos observations présentaient la même incertitude, il en résulterait un
doute de plus de 20 secondes sur la longitude. Il est probable que toute
l'erreur doit être attribuée à l'observateur de l'instrument de "ambey;
dès que nous aurons pu nous procurer les observations de Greenwich
pour con)pléter celles qui manquent de l'Observatoire de Paris, nous pour-
rons donner le résultat définitif.
Résultais des obsenmtions de cidininations luiiaiics faites à file Sai/it-Paid,
en octohte, novembre et ikkemhie 1874- Longitude
Facteur corrigée
Longitude de la d'après
/TV du bord de la Lune H Temps moyens d'après la correction l'Observ.it.
au méridien. iScosD du lieu. Conn.desTemps. (d'.H). de Paris.
hms hms hms h m s
24 oct. 1.25.32,137 +1. 7,83 II. i3. 41, 44 5-'- i»^ 26,! 5.0.46,2
28 X 5.41. 9,006 — i.i3,43 3.12.52,8 5.0.59,0 22,4 4^i3
29 » 6. 47-23, 52 —1.12,34 4-'S'-oo,8 5.1. 3,8 23, i ^5,0
16 nov. 21.23.35,16 +1. 6,8i 5.41.56,8 5.0.53,1 27,0 46,0
18 » 23.10.26,61 -4-1. 5,19 7.20.38,0 5.0.55,9 28,4 5o,3
20 » 0.56.18,70 +1. 6,33 8'.58.2o,8 5. 0.57,5 27,5 5i,i
17 déc. o.34.4i)2o +1. 4.74 6.50.37,5 5.0.59,1 28,8 49>5
23 « 6.46.27,16 — i.i3,6i 13.35.14,9 5.0.58,2 22,2 5i,3
25 .. 8.53.10,16 — i. 8,4o 2.36.17,8 5.1. 3,2 25,7 56,5
Longitiule moyenne adoptée 5.0.49,0
» Aucune autre observation astronomique n'a été possible.
» Les mauvais temps continuels ne m'ont pas permis d'observer une
seule des trente-deux occultations visibles à Saint-Paul et calculées avant
notre départ ; il nous a été également impossible d'observer les satellites de
Jupiter : cette planète était trop prés du Soleil.
)) Je pense que l'accord très-satisfaisant, donné déjà par les corrections
déduites des observations de Paris, permet d'établir que la longitude
moyenne de cette série, 5''o™49% est exacte à 2 ou 3 secondes près, et
s'accorde à très-peu près avec la longitude cbronoméirique 5*'o"V|3', sur
laquelle il existe, comme nous l'avons dit, un doute de 4 à 5 secoiules. »
i8r..
( '396)
CHIMIE ORGANIQUE. — 5»;' le fluorène et l'alcool qui en dérive.
Noie de M. Ph. Barbier, présentée par M. Berihelot,
<i Dans une Note préci'clente (i) j'ai établi nettement, par la transfor-
mation du fluorène, C-^H', C'H^, en diphénylène carbonyle, C-'H*C-0-,
les relations de ce carbure avec le phénanthrène et le dipbényle.
» J'ai montré, en outre, que la tliphénylène carbonyle et l'acide diphé-
nyl forniique, C-'H', C'H-O', pouvaient être considérés comme les dérivés
immédiats du fluorène, qui devient ainsi le point de départ de toute une
série de corps nouveaux, parmi lesquels l'alcool flnorénique, que j'ai obtenu
par hydrogénation de la diphénylène carbonyle, et dont l'étude fait l'objet
de cette Note.
» Alcool jliiorénique^ C^°H'(H-0^). — Ce corps s'obtient en faisant réagir
l'amalgame de sodium sur \,\ diphénylène carbonyle en dissolution alcoo-
lique. Le produit de la réaction, convenablement lavé et séché, est dissous
dans la benzine bouillante, qui par refroidissement le laisse déposer sous
forme de lamelles hexagonales, dont l'analyse a donné les chiffres corres-
pondant à la formule C-°H'(H^O-), qui est celle de l'alcool fluorénique
I. II. C-«H"(H=0').
C 85,4 85,5 85,7
H 5,5 5,6 5,4
O " » 8,9
» C' corps se jirésente sous forme de lamelles hexagonales dures et
blanches, solubles dans la benzine qui est son meilleur dissolvant. Il fond
à I 53 degrés. Traité par l'acide chromique en dissolution aqueuse, il ré-
génère la diphénylène carbonyle. Sa formation est exprimée par l'équation
suivante :
laquelle équation rc|irésente la formation des alcools pnr fixation d'hy-
drogène sur les aldéhydes correspondants.
» Éther fluorénique, C=''H»(C-«H"'0=). - Lorsqu'on chauffe l'alcool
fluorénique pendant quelque temps au-dessus de son point de fusion, il
perd de l'eau et donne une substance résineuse fusible vers 290 degrés, qui
n'est autre que l'éther fluorénique. ('e même corps s'obtient également
lorsqu'on le chauffe entre i5o et 160 degrés avec l'acide acétique anhydre,
(l) Canipres rrnt/iif, t. T.XXIX, |). Il5l.
( '^^97 )
à cette température ce dernier agit coinme déshydratant sans donner d'éther
acétique.
» Voici les analyses :
I. II. m. C"H'(C"-«H'"0').
C 87,04 87,1 86,8 87,2
H 5,6 5,8 5,9 5,3.
O >) » >> 7,6
)) Cet éther est formé en vertu de la réaction suivante :
» Éllier Jliiorénacétique, C"'H*(C* H*0^). — Cet éther s'obtient en chauf-
fant l'alcool fluoiénique avec l'acide acétique anhydre à 100 degrés pen-
dant huit heines
C=»H''(H20=) + C*H'0* = Cr''H''(C*H*0') + H^O-.
Ce corps cristallise en lamelles rhomboidales fusibles à yS degrés. Traité
par l'eau de baryte à i5o degrés, il fournit de l'acétale de baryte. Il a donné
à l'analyse les résultats suivants :
I. II. C'"H'(C'H'0*).
C 80,4 80,6 80,3
H 5,7 5,7 5,3
O » 0 I î > 4
Il Comme ou a pu le voir, l'alcool fluorénique donne un éther en per-
dant de l'eau sous l'influence de la chaleur, il est le premier des alcools
connus qui possède cette réaction, dont la théorie rend facilement compte
d'ailleurs.
» En effet l'alcool fluorénique dérivant d'un carbonyle joue, confor-
mément à la théorie donnée par M. Rerthelot (i), le rôle d'un pseudo-alcool
incomplet; comme pseudo-alcool, il perd de l'eau sous l'influence de la
chaleur; comme composé incomplet, il possède la propriété de se condenser
sur lui-même pour donner un éther.
» Ce travail a été fait au laboratoire de M. Berthelot, au Collège de
France. »
II) Conipirs rrndiis, t. LXXIX, p. I0f)3
( iSgS )
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sw In taurine. Note de M. R. Engel,
présentée par M. Wuriz.
« La taurine, considérée généralement comme de l'iséthionamide,
n'est pas en réalité une amide, mais bien un véritable glycocolle, c'est-
à-dire une aminé acide.
» En effet : i° On obtient de la taurine en faisant agir l'ammoniaque
sur l'acide chlorélhylsulfureux (Kolbe).
» 2° L'iséthionamide de Strecker diffère de la taurine par son point de
fusion et en ce que, lorsqu'on la fait bouillir avec une dissolution de po-
tasse, elle dégage de l'ammoniaque (Seyberk)*
» 3° On ne peut se rendre compte de la constitution de l'acide tauro-
cholique et de son dédoublement en acide choialique et en taurine qu'en
considérant la taurine comme un glycocolle. Dans ce cas, l'acide tauro-
cholique est absolument comparable aux acides glycocholique et hip-
purique.
» 4" I-'^s glycocolles, en s'unissant à l'acide cyanique, donnent nais-
sance à des acides uramiques dont l'acide hydantoïque est le type; la tau-
rine, en s'unissant à l'acide cyanique donne naissance à l'acide tauro-
carbamique, tout à fait analogue aux acides hydantoïques (Salkowski).
» Si la taurine jouit en effet des propriétés des glycocolles, il était na-
turel de penser qu'on pourrait arriver à obtenir les sels correspondants et
aussi à unir ce corps à la cyanamide et à donner ainsi naissance à un corps
analogue aux créatines.
» 1° Rolbe avait vainement cherché à préparer les sels de la taurine;
mais il avait montré que ce corps n'était pas complètement indifférent à
l'action des alcalis. Ainsi une solution aqueuse saturée de taurine n'est
plus précipitée par de l'alcool saturé d'ammoniaque ou tenant en disso-
lution de la potasse.
» Je suis arrivé à obtenir un sel basique de la taurine.
» Lorsqu'on traite une dissolution de taurine en excès par de l'oxyde
de mercure récemment précipité, et qu'on chauffe le mélange au bain-
niarie, on voit la coloration jaune de l'oxyde de mercure disparaître très-
rapidement, en même temps qu'il se précipite un corps parfaitement blanc.
Ce précipité est à peu près complètement insoluble dans l'eau. Il est très-
difficilement soluble dans l'acide acétique étendu, ce qui permettrait de le
purifier complètement d'oxyde de mercure dans le cas où l'on en aurait
ajouté lui peu trop. Il est un peu plus facilement soluble dans l'acide
( '399 )
ohlorhydrique. C'est un composé très-stable. Une partie du précipité,
après avoir été chauffée à ioo-io3 degrés et tarée, fut portée à la tempé-
rature de i4o degiés pendant plusieurs heures, sans qu'il y eût perte
de poids. Lorsqu'on chauffe plus fortement encore, il se volatilise du
mercure, et il reste un charbon très-volumineux.
» L'analyse de ce composé m'a donné les résultats suivants :
Poids Quantité
de la subslance de mercure j). loo
analysée. trouvée.
! Précipitation du mercure par l'hydrogène sulfuré; la |
quantité de mercure a été déduite du sulfure de > 5q,47
mercure obtenu )
„ _^„ l Précipitation du mercure à l'état de calomel par le )
2° G, 568 ■ r I u u 59'23
( |)rocede de H. Rose ) -^
_ _ „ \ Précipitation du mercure à l'état de calomel par le | r o
j procédé de H. Rose ( •' '
4." G, 7485 ( Précipitation du mercure à l'état de calomel i)ar le J _ „
( procédé de H. Rose , j ^
CH^osoo) ^» exige 44)64 pour loo de mercure.
» Le composé ( 1 Hg + HgO exige 60,24 pour loo de mercure.
» Le précipité obtenu a donc cette dernière composition, quoique les
quantités de mercure trouvées soient un peu faibles.
» Lorsqu'on traite la taurine en excès par du sublimé corrosif et un peu
de potasse, on n'obtient pas de précipité d'oxyde de mercure, ou, s'il se
forme un instant de l'oxyde de mercure, il se redissout immédiatement.
On n'obtient pas non plus le précipité blanc dont je viens de parler. H est
, , , , 1 r 1 ' / CH^AzH' \^ „
probable que dans ce cas il se tonne le compose ( f,,.2/^c(^rv ) "g, qui se-
rait soluble. Je ne suis pas encore parvenu à le séparer par cristallisation
de l'excès de taurine et du chlorur(?de potassium ; mais j'espère y arriver.
» 1° De la taurine en solution a été traitée par de la cyanainide en excès,
et le tout abandonné pendant environ trois mois. Au bout de ce temps la
solution a été soumise à l'évaporalion. Il s'est déposé d'abord des cristaux
de dicyanamide, puis un corps blanc insoluble dans un grand excès d'alcool
à 85 degrés bouillanl, ce qui ne permit pas de le confondre avec la tau-
rine. Ce corps, dissous dans l'eau et additionné d'un peu d'azotate d'ar-
gent, puis de potasse, donne un précipité blanc, comme le fait la créaline.
Ce précipité, chauffé légèrement, a été immédiatement réduit, l^a réduction
( i4oo )
se fait également à froid au bout d'un certain temps. Ce corps, abso-
lument différent de la dicyanamide et de la taurine par son insolubilité
dans l'alcool étendu et bouillant et par la manière dont il se comporte
lorsqu'on le traite par l'azotate d'argent et la potasse, est très-probablement
le produit d'addition de la cyanamide et de la taurine, c'est-à-dire la créa-
tine correspondant à la taurine. La petite quantité de substance obtenue
dans ce premier essai m'a empêché de poursuivre plus loin l'étude de ce
corps. Je ne fais qu'en signaler les |)rincipaux caractères pour prendre
date, uie réservant de l'étudier prochainement. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le bibromure de l'acide aiigélique.
Note de M. E. Demarçay, présentée par M. Cahours.
« L'acide angélique traité par le brome fournit, comme on sait, un bibro-
mure. La dissolution tle ce corps dans la potasse laisse déposer, lorsqu'on
la chauffe, une huile qui est du butylène monobromé, en même temps
qu'il se dégage de l'acide carbonique.
» Cette réaction peut engendrer, dans des conditions que je n'ai pu par-
venir à préciser suffisamment, un acide que l'on prépare plus aisément en
distillant l'acide angélique bibromure. La distillation de ce produit donne
une grande quantité de gaz et une huile qui parfois se concrète en cristaux.
La dissolution de cette huile dans la [)otasse étant soumise à l'ébullition,
séparée d'une petite quantité d'un liquide brome, puis traitée par l'acide sul-
furique, laisse déposer une huile qui ne tarde pas à cristalliser. Ces cristaux
purifiés par distillation et surtout par des compressions répétées entre des
doubles de papier buvard présentent les caractères suivants : ils sont in-
colores, leur odeur faible rappelle celle de l'acide angélique. Très-peu so-
hibles dans l'eau froide, ils se dissolvent eu plus forte proportion dans
l'eau bouillante; cette dernière dissolution se remplit par refroidissement
d'une niasse de petites aiguilles brillantes. Le point de fusion de ces cris-
taux est situé entre 6i et 62 degrés. Us paraissent bouillir vers 194-196 de-
grés; mais le point d'èbuUilion s'élève toujours un peu vers la fin. L'éther
éihylique de cet acide bout entre i53 et i55 degrés, son odeur douce
rappelle complètement celle de l'éther angélique.
» Cet acide est incomplet et peut fixer du brome.
» I^a composition déterminée par plusieurs analyses très-concordantes
et par le dosage du brome dans l'acide brome lui assigne la formule
C'H'0%
( i4oi )
celle du composé brome étant
C'est donc un isomère de l'acide angéliqiie. Les caractères |)récédeai-
meut indiqués le rHpproclient de l'acide >nét!iylcrolonique de Frankland.
Sa découipositiou par la potasse fondue qui le dédouble en acides acétique
et propionique me semble étahhr complètement son identité. Un seul ca-
ractère les sépare, l'odeur de l'éllier éthylique , que Frankland décrit
coanne repoussante; mais, conune son étlier a été obtenu au moyen du tri-
chlorure de pliosphore, il est possible que quelque trace d'un corps phos-
phore lui ait communiqué cette odeur.
» L'acide niéthylcrotonique bromure présente avec le bibromure de l'a-
cide angélique une identité complète. J'ai trouvé que le point de i'usion
du premier était situé entre 82 et 79 degrés, celui du second étant un peu
plus bas entre 80 et 77 degrés; mais cette difterence assez faible parait
teuir à la pureté moins complète du second. Leur dissolution dans la
potasse donne lieu à la même décomposition ainsi que leur distillation
sèche. Ainsi le brome en agissant sur l'acide angélique donne le bibro-
mure de son isomère, ou bien réciproquement, avec l'acide mélhylcroto-
nique, il fournirait de l'acide angélique bibronuiré. Cette dernière hypo-
thèse paraît peu vraisemblable si l'on se reporte à la formule de l'acitle
niéthylcrotonique. Il n'en est pas de même pour l'acide angélique. Dans ce
cas, cette réaction singulière, mais qui n'est pas sans analogue, me semble
pouvoir s'expliquer par la supposition que le brome agit sur l'acide angé-
lique eu se substituant à l'hydrogène, et que l'acide bromhydrique pro-
duit se fixe sur l'acide monobronié; car si l'on admet l'hypothèse faite
par Frankland, qui considère l'acide angélique comme l'acide propylène
acétique
CH'-CH-CH-CO-il
\ /
Cil-
le brome, en se substituant comme d'habitude dans le voisinage de CO-H,
devrait donner d'abord le composé
CH-'-CH-GBr-CO-H
CH*
qui par addition de H Br fournirait
CH'-CHBr-Clir-CO-H
Cil'
CK.,!»-;:., i" .S<-mcii,e. (T. LXXX, iS-'ili.) '^^
( l402 )
C'est l'acide méthylcrotonique bibromuré, l'acide méthylcrotonique étant
CH»-CH = C-CO''H
CH'
» Pour que ce dernier pvit donner de l'acide angéiique bibromuré, il fau-
drait que le brome se substituât dans le groupe CH% au lieu de se substi-
tuer dans le groupe CH, ou plutôt encore qu'il s'unît par addition au grou-
pement CH = C, ce qui serait contraire à toutes les analogies.
» Je ferai remarquer en outre que, l'acide brome donnant de l'acide
méthylcrotonique, il paraît naturel de rapprocher de ce dernier le corps
qui lui donne naissance.
» Les faits précédents me paraissent apporter une preuve nouvelle de
l'exactitude de l'hypothèse de Frankland. Il me semblerait, en effet, assez
difficile d'imaginer pour l'acide angéiique une constitution qui convienne
aussi bien aux faits et qui permette de les expliquer d'une manière aussi
probable.
» Ce travail a été exécuté à l'École Polytechnique, dans le laboratoire
de M. Cahours. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Trois observations d'accidents produits
par la foudre. Note de M. Passot, présentée par M. Larrey.
« Le i8 mai dernier, à 2''3o™ de l'après-midi, la foudre tombait sur
une baraque du camp de Satory, en blessant trois soldats. Voici les faits
abrégés.
» Première obsewalion. — Mondon, frappé le premier, a été renversé, au
moment où il levait le bras gauche : perte de connaissance, résolution
musculaire, bruits du cœur ralentis, pouls filiforme, pupilles dilatées,
mouvements respiratoires insensibles ; il ne revient à lui qu'après une heure
de respiration artificielle. La syncope est suivie d'un délire qui dure qua-
rante-huit heures. Il n'a aucun souvenir de l'accident, sent à peine ses
brûlines; il n'a ni engourdissement ni anesthésie des membres, ni paralysie
de l'intestin ou de la vessie. La foudre a parcouru toute la face interne de
l'avant-bras et du bras gauches, la région latérale correspondante du thorax,
et s'est bifurquée au niveau de la région fessière, pour envoyer deux pro-
longements qui suivent la face postérieure des cuisses et la région interne
des jambes, en s'arrétant aux pieds; elle laisse sur son trajet des brûlures,
soit au premier, soit au second degré. Les vêtements ne sont pas brûlés.
( i4o'3 )
Les parties métalliques des vêtements n'ont pas été altérées. Deux jours
après, cet homme était rétabli et ne présentait qu'un point de suppuration à
la jambe droite.
» Deuxième observation. — Toisot, frappé le deuxième, était debout dans la
baraque : perte de connaissance immédiate et résolution muscidaire. Ré-
veil calme après quelques minutes, sans souvenir de l'accident. Pas de cé-
phalalgie ni anesthésie, ni paralysie, ni même parésie, pas de dilatation des
pupilles. Atteint à la région malaire par la foudre, celle-ci s'est étalée en
arrière siu- presque toute la partie postérieure du thorax, de la région lom-
baire, sur la fesse et la cuisse gauches, en laissant sur son parcours des
brûlures légères qui ont partiellement atteint la chemise seule, sans endom-
mager les autres vêtements. Ce blessé, après huit jours de traitement, était
en voie de guérison.
M Troisième observation. — Baudonnière, frappé le dernier, se trouvait
au milieu d'une porte ouverte lorsqu'il a été atteint à l'avant-bras gauche
et renversé. Il n'a pas perdu connaissance. Quelques instants après, cet
homme se rappelait tous les détails de l'accident. Relevé aussitôt, il marche
jusqu'à son lit et se plaint de ne pouvoir ni écarter, ni fléchir les doigts
de la main gauche. La foudre a traversé la manche de la vareuse et de la
chemise, en y laissant un trou étroit de i à 2 millimètres. Il s'est produit
sur la peau de la région correspondante une plaque rouge due à une brû-
lure superficielle; mais la douleur a été légère. De cette plaque, irréguliè-
rement ovale, partent des arborisations qui remontent sur le bras jusqu'au
deltoïde, et s'étendent sur la région inférieure et dorsale de l'avant-bras et
de la main, pour s'arrêter à l'extrémité des doigts indicateur, médius et an-
nulaire. Ces arborisations sont dues à des brûlures au premier degré. Elles
avaient presque disparu le lendemain.
» En résumé, i" les deux premiers blessés ont été véritablement sidérés
par la foudre ;
» 2° Les parties du corps frappées, chez ces trois hommes, ont été de
peu d'importance au point de vue des phénomènes nerveux;
» 3° Ces effets, sur tous les trois, ont été en décroissant très-rapidement
du premier au dernier blessé ;
» 4° La foudre a causé, dans les deux premiers cas, une résolution com-
plète des muscles et dans le troisième une contracture musculaire. »
M. Lakrey, en présentant cette Note, s'exprime ainsi :
« Ces nouveaux faits s'ajouteront utilement à ceux déjà connus, soit
182..
( >4o4 )
avant, soil ajirès la savante Notice d'Arago (i) sm- V Histoire de la foudre,
engageant les observateurs à considérer ce redoutable météore comme un
riche sujet d'étude.
» Ij'Académie me permettra de citer parmi ces observateurs les pins
laborieux le nom du D'' Boudin, mort aujourd'hui et autrefois médecin en
chef des hôpitaux militaires. Il a exposé dans deux intéressants Mémoires (2)
des recherches historiques sur les mystérieux effets de la foudre.
» Je joindrai seulement à ce souvenir l'indication d'une Notice relative
à des accidents de la foudre (3) observés en 1869, au camp de Châlons,
par un autre médecin militaire, M. le D' Sonrier, sur un capitaine qui mou-
rut foudroyé.
» Les trois faits de M. Passot contrastent avec celui-là et sont accompa-
gnés de deux planches représentant la trace des brûlures superficielles.
» Il serait à désirer que tous les cas nouveaux de blessures par la foudre
devinssent, à l'avenir, le sujet de recherches suivies, au double point de
vue de la Physiologie pathologique, lorsque les blessés survivent, et de
l'Anatomie pathologique, lorsqu'ils succombent. »
CHIMIE INDUSTRIELLli. — Annljse du cluirhon minérnl de nie Sudëroë ;
par MM. Beghin et Cii. Mèxe.
« Depuis longtemps on a signalé dans l'île Sudéroë, l'une des îles Fé-
roë, des couches importantes de charbon. Ce charbon est enclavé dans des
roches de dolérite; nous avons cru utile d'en faire 1 analyse, afin surtout
de le classer comme combustible industriel.
» L'analyse chimique par distillation et incinération nous a donné les
chiffres suivants :
Sans les cendres.
Matières volatiles ^6,520 47 > 228
Carbone coki fié 5i,C)8o 52,'j^2
Cendres i ,5oo <>
100,000 100,000
(l) OEiwres de Francnis Jragn, t. I, l854.
{2) BoUDix, I" Histoire pliYsiijue et médirnle de In fondre, etc., l854 ; a" De la foudre
considérée au point de vue de V liistoire , etc., i8'i5. (Extraits des Annales d^ hygiène et île
médicinc légale.)
(3) SoNRiEB, Dis nrridents de la foudre, autopsie. l'Atrait des Mémoires de médecine mi-
litaire, 1 86q.
( i4o5 )
)) La densité de ce charbon est de i,353i. Pour le pouvoir calorifique
nous avons obtenu 17^',! 10 de plomb, ce qui, divisé par 34 et multi[ilié par
7,81 5, donne le chiffre de 5,o3o.
)> L'analyse élémentaire nous a conduits aux chiffres suivants:
Pour 100.
Carbone 70,672
(A l'élnve) himiiclité, eau mécanique i ,05?.
Cendres i ,5oo
Hydrogène 5 , 1 48
Azote, oxygène ?. i ,628
100,000
» D'après cette composition, la forme spéciale du coke et ses caractères
physiques, ce charbon nous paraît devoir être rangé dans la clas'^e des
lignites jajets, et appartenir, comme âge, aux charbons de l'époque ter-
tiaire. »
M. Tresca, en ai>pelant l'attention de l'Académie sur un projet de
poste atmosphérique de Paris à Versailles, par M. Crespin, s'exprime
comme il suit :
(( On sait que ce mode de transmission des dépêches manuscrites,
moins encombrant que le télégraphe électrique, est installé à Paris sur
plus de 3o kilomètres, avec des conduits de G"", 5 de diamètre. Le service
circulaire, établi de l'Administration centrale à la Bourse par le Grand-
Hôtel, avec retour de la Bourse à l'Administration par le Théâtre-Fran-
çais, a une étendue de 6900 mètres; il dessert tous les bureaux intermé-
diaires et ramène, en moins de quinze minutes, les boîtes de distribution
au point de départ, laissant à chaque station les dépêches qui lui sont
destinées et recevant les nouvelles dépêches qui doivent entrer en circu-
lation.
» D'autres lignes de ceinture, branchées sur la précédente, étendent les
zones desservies, mais il y a en outre en service plusieurs lignes directes
dans lesquelles le transport se fait successivement dans les deux sens.
)) Les premières installations fonctionnaient par la scide pression de
l'air comprimé derrière le train; mais on associe maintenant cette action à
celle du vide, en avant, pour accélérer le mouvement, tout en n'exigeant
pas une pression motrice supérieure à i atmosphère, au delà de laquelle
les pertes deviennent beaucoup plus grandes.
» Une organisation analogue existe déjà dans plusieurs capitales de
( i4o6 )
l'Europe, où la vitesse de parcours des dépêches ne dépasse pas cependant
lo mètres par seconde.
» Il est vrai que chaque station intermédiaire arrête le train pour opérer
le triage des boîtes, et le remet ensuite en route sous l'action de l'air com-
primé dont elle dispose.
» Plusieurs fois(i), on a proposé de recourir à une disposition de même
nature pour la correspondance rapide de Paris à Versailles; mais, par suite
de l'augmentation des résistances avec la longueur, il aurait été impossible
d'obtenir la vitesse convenable sans station intermédiaire. Le projet de
M. Crespin a pour but de pourvoir à celte difficulté, tout en assurant aux
trains une vitesse supérieure à 3o mètres par seconde, déjà expérimentée et
correspondant à une durée maximum de quinze minutes pour franchir les
i8 kilomètres qui séparent le palais de l'Assemblée de l'Administration cen-
trale à Paris. Les trains de la ligne d'aller et ceux de la hgne de retour
pouvant respectivement se succéder à quinze minutes d'intervalle, les ré-
ponses ne se feraient pas attendre et faciliteraient, dans une grande me-
sure, l'expédition des affaires publiques.
» La pression ne serait pas augmentée, mais on utiliserait l'action du
vide, en mettant la portion d'aval de chaque ligne en communication avec
des réservoirs dans lesquels on maintiendrait le vide, en même temps
qu'on comprimerait l'air dans d'autres réservoirs communiquant en amont
de chaque expédition.
» Le diamètre des tuyaux serait porté à lo centimètres, et l'on estime
que chaque train transporterait facilement jusqu'à 5 kilogrammes de dé-
pêches, dont la dimension la plus grande pourrait s'élever à 20 centimètres
sur 25. Les résistances dues au frottement augmentant dans le rapport du
périmètre de la section, pendant que, pour une même pression, l'action
motrice varie dans le rapport de la section même, il y a tout avantage à
recourir à des tubes de plus grand diamètre.
» Mais ce qui caractérise surtout le nouveau projet de M. Crespin, c'est
l'établissement de relais automatiques à chaque intervalle de i laS mètres.
Le passage même du train déterminerait la fermeture de la conduite à l'a-
mont du relai, ainsi que l'ouverture à l'aval, de manière à établir simulta-
nément, à très-courte distance, la communication avec la pression motrice
(1) MM. Mignon et Rouait ont publi/;, sous la date du 7 mai 1872, un projet de trans-
port atniospliéiique entre Paris et Versailles, inséré dans la revue industrielle publiée
par MM. Fontaine et Buquet.
( i4o7 )
d'une part et avec le vide de l'autre. Des pistons convenablement disposés
dans des corps cylindriques, voisins du tube principal, exécuteraient seuls
ces manœuvres aux moments voulus, et le train, en continuant à marcher,
profiterait des impuisions successives qui lui seraient spontanément trans-
mises, dans les mêmes conditions que celles qui lui sont ordinairement
fournies par les soins du personnel des stations intermédiaires.
» Nous n'avons pas à entrer dans le détail des appareils; nous dirons
seulement que l'on disposerait luie station à Bellevue, à peu près à mi-
chemin, et que les trois usines de Paris, de Bellevue et de Versailles suffi-
raient pour comprimer l'air, pour faire le vide et pour entretenir automa-
tiquement au régime convenable les treize relais de pression et les trois
relais de vide distribués sur les autres points de la ligne, sans qu'il soit
nécessaire de maintenir un personnel spécial sur ces points; l'installation
n'exigerait pas moins de i5o chevaux-ivapeur, à en juger par le travail dé-
pensé dans les conditions habituelles de ce mode de télégraphie.
On voit par cette indication sommaire le progrès queréali.serait M. Cres-
pin dans les communications par poste pneumatique, en supprimant la
nécessité des stations intermédiaires et eu rendant automatiques les fonc-
tions des relais, sans lesquelles la pression motrice serait impuissante à
fournir la vitesse convenable dans un aussi long parcours. »
M. Emm. Liais adresse une Note sur la parallaxe du Soleil, Il a obtenu
par l'opposition de ]\Iars en 1860, à l'aide d'observations faites à Rio de
Janeiro, la valeur 8", 760. Il fait remarquer l'accord de ce résultat avec le
nombre qu'on déduit des expériences de M. Cornu sur la vitesse de la lu-
mière, en adoptant la constante de l'aberration trouvée par M. Struve, c'est-
à-dire 20", 445. Il se propose de profiter, pour de nouvelles déterminations,
des oppositions de Mars qui auront lieu cette année et en 1877 dans des
circonstances favorables.
M. DE ViBRAYE sigualc à l'Académie l'apparition, dans les vignobles du
Loir-et-Cher, d'un Hémiplère qui paraît voisin du Phytocoris gothicus. La
récolte de certains clos a été sérieusement compromise depuis lui mois.
L'insecte attaque directement la grappe et en provoque rapidement l'atro-
phie en se portant sur les pédicelles et les boulons.
M. J. DE CossiGNY adresse quelques observations au sujet des trombes et
tourbillons. Il rapporte qu'd a été témoin de plusieurs phénomènes sem-
( i4o8 )
blables à celui que M. Peslin a mentionné d'après M. Liais dans sa Note
du ig avril dernier.
M. E. Lehman soumet à l'Académie un système de bateaux à vapeur
dans lequel la transmission de la force se fait à l'aide d'une pompe agissant
directement sur l'eau.
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OOVRACES REÇUS PENDANT LA SÉANCE I)U 3l MAI 1875.
Elude sur la force chimique contenue dans la lumière du soleil^ etc.; par
M. E. Marchand. Paris, Gauthier- Villars, sans date; i vol. in-8", relié,
avec pièces justificatives manuscrites.
Mémoires de la Société [jliilomalliique de Verdun; t. VIII, n° i. Verdun,
imp. Ch. Laurent, 1874; in-8°.
Mémoires de la Société nationale d' Agriculture., Sciences et Arts d'Angers;
t. XVII (1874), "'" 2, 3, 4- Angers, imp. Lachèse, 1874; iii-S".
Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen; 1874, 1*' semestre.
Rouen, imp. L. Deshays, 1S74; in-S".
Annales de la Société académique de Nantes; 1874, 2^ semestre. Nantes,
imp. veuve Mellinet, 1875; in-8".
Annales de In Société d'Emulation du département des Vosges; t. XIV,
2' cahier. Épiiial, imp. E. Gley; Paris, A. Goin, 1872; in-8'*.
La poste atmosphérique. Transport des correspondances entre Paris et Ver-
sadles; par A. Crespin. Paris, Dunocl, 187$ ; in-8''. (Présenté par M.Tresca.)
Clinique médicale de Montpelliet ; par J. FusTEK; t. I''"'. Paris, J.Roths-
child, 1875; in-8'', relié.
Bulletin de la Société industrielle de Rouen; 3' année, n° i, janvier à mars
1875. Rouen, L. Deshays, 1875; in-S".
L'homme de Cumières pendant l'époque néolithique {dge du renne)', par
b'. LiKNAKD. Verdun, imp. Ch. Laurent, 1874; in-H".
( 14^9 )
Société de Médecine légale de Finance. Bulletin; t. III, 3" fascicule. Paris,
J.-B. Baillière, 1873-1875; in-S".
Documents inédits sur les correspondances de dom Calmet, abbé de Senones,
et de dont Fange, son neveu et son successeur ; i" et a"" partie; par M. l'abbé
Guillaume, deTouI. Nancy, imp. Crépin-Leblond, 1874; in-8°.
Recueil des travaux du Comité consultatif d'hygiène de France et des actes
officiels de l'administration sanitaire, publié par ordre de M. le Ministre de
r agriculture et du Commerce; t. IV. Paris, J.-B. Baillière, 1875; iii-8°.
Principes de Botanique comprenant l' Anatomie, l'otgrinographie et la phy-
siologie végétale, avec une planche lithographiée et im aths naturel com-
posé de seize planches; par MM. J. GOURDON et Ch. FouRCADE. Toulouse,
imp. Hébrail, 1875, in-4°ï relié.
Des accouchements multiples en France et dans les principales contrées de
l'Europe; par le'D'' A. PUECH. Paris, imp. Martinet, 1874; in 8°. (Extrait
des Annales d'hygiène et de médecine légale.)
Société industrielle du nord de la France. Rapport sur le concours de 1874,
présenté dans la séance solennelle du 20 décembre 1874*, par M. F. Mathl\s,
vice-président. Lille, imp. Danel, 1875; in-8°.
Régime et médication thalassiques. De l'emploi de l'eau de mer à Fintéricur.
Des moyens de l'administrer et de ses indications générales; par M. le
D^E. LlSLE. Bordeaux, imp. Duverdier, 1875; in-i8°.
OOVBAGES ADRESSÉS AUX CONCOURS DE l' ACADÉMIE PODR LANNÉK iS^S^
Concours PonceleT. — Théorie des fonctions de variables imaginaires ;
par "SL Max. Marie; t. II : Applications de la métho le à la théorie générale
des fonctions. Paris, Gautliier-Villars, 1875; i vol. in-8°.
Concours Fourneyron. — Elude sur un moteur hydraulique inventé par
M. de Canson, et sur son application aux scieries; par L. ROUSSEL. Nancy,
imp. Sordoillet, 1869; in-8°.
Concours Serres. — Phrényogénie ou données scientifiques modernes pour
doter ab initio ses enfants de l'organisation phrénologique du génie et du talent
supérieur; par Jiernard MouLlN. Paris, E. Denlu, 1868; i vol. in-12.
(A suivre.)
C.R.,1875, i"^ Semestre. (T. LXXX, N" 22.') ' ^^
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Mai 1875.
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ERVATIONS METEOROLOGIQCE!
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(1) Minima barométriques : le i""'. 752"»'", 1; le 7, 750°"", 0; le 18, 747™'",.; le 21, 748'"'", 7; le 29, 747""°, 3.
(6) La température normale est déduite de la courbe rectifiée des températures moyennes de soixante années d'observation. — jj
(5) (7) (9) (11) ('2) (.3) (16) Moyennes des observations trihoraires. — (8) Moyenne des cinq observations. Les degrés actinomé-
triques sont ramenés à la constante solaire .00.
FAITES A l'Observatoire de Montsoiris.
( '4n )
Mai 1875.
MAGNÉTISME TERRESTRE
( moyennes diurnes).
(■9)
17.26,2(0)
26,2
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S : SE
remarques.
Cirrhus du SW; orage à i*" 4o"' s.; pluie et éd. les.
Pluvieux le matin; rosée le soir.
Cirrhus de NW ; soirée pluvieuse.
Cirrhus de WNW; rosée le soir; pluie le m.
Cirrhus de NW; brouill. le matin ; rosée le s.
Abondante rosée le matin ; pluie la nuit.
Pluvieux le soir et bourrasques après-midi.
Gouttes de pluie par intervalles.
Pluie le matin; éclairs diffus le soir.
Gouttes de pluie le matin.
Rosée assez forte le matin.
Cirrhus du NE.
Cirrhus du NW.
Rosée peu abondante.
Cirrhus du NE; rosée le malin.
Cirrhus épais de WNW ; halo lunaire.
Ondée l'après-midi et tonnerres loint. ; éclairs la nuit.
Cirrhus de SW; orage vers 2l>25'"s.; éd. la n.
Grêle à 2 h. soir; pluie le matin ; rosée le soir,
Forte rosée le matin.
Pluie faible à 7 heures du soir.
Halos.
Faible rosée le matin.
Rosée le matin ; cirrho-stiatus orientés W à E,
Cirrhus de W.
Cirrhus du NW; rosée le malin.
Cirrhus de NNW.
Quelques gouttes de pluie vers minuit.
Gouttes de pluie le matin,
1) »
Éclairs au sud le soir et gouttes de pluie.
(18) (n) ancien lil ; (é) nouveau fil de suspension. Les dernières observations ont seules servi pour déterminer les variations
horaires. (Nombres rapportés au pilier du parc.) * Perturbations.
(22) (25) Le signe W indique l'ouest, conformément à la décision de la confé
(23) (24) Vitesses maxima : le l'r, bourrasque de 4"''"', 6; le 7, 4''~"',7; 'ë 19
37^"", 5.
rence internationale de Vienne.
39''"', 5; le 20, 42'""9; les 21 et 26,34""', 1 ; le 3o,
( l4<2 )
Moyennes horaires et moyennes mensuelles (Mai 1875).
eh M. d^M. Midi. Z^S. G^S. gis.
Hfnalt. Moyennes.
Déclinaison magnétique (du 18 au 3
i).. 170-1- 22,9
24,0
3i
6
3o,5
26,5
26,2
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Inclinaison »
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Force magnétique totale
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6G60
6687
6709
6721
6712
6713
4,6705
Composante horizontale
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9347
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9361
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Tension de la vapeur en millimètres
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Thermomètre du jardin
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15,67
18,53
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Vitesse moy. du vent en kilom. par heure
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Pression moy. du vent en kilog. par h
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Température.
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1875. Mai là 5 i3,3 Mai 11 à
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17°, 5
Mai Ji à 2
5
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» 16 à
20
|5,3
»
26 à 3o. . ... .
• '3,7
(0 Unité de tension, la millième partie de la tension totale d'un élément Daniell pris égal i 2S700.
(2) En centièmes de millimètre et pour le jour moyen.
»«o««
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANŒ DU LUNDI li JUIN 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Découvertes des petites planètes (^ et @, Jattes à Clinton,
(^Neio-York) par M. Peters, communiquées par M. Le Verrier.
« L'Observatoire de Paris a reçu successivement par le télégraphe trans-
atlantique les deux dépèches suivantes du secrétaire de la Smillisonian
Institution :
<i 1° Wasliington, 4 juin 1875. Planète parPeters. Ascension droite, i^''?,!'". Déclinaison
sud, 23"2i'. I !■= grandeur. »
« 2° Washington, 5 juin 1875. Seconde planète par Peters. Ascension droite, 17'' i4'".
Déclinaison sud, .'>.3"8'. Mouvement vers le sud. ii" grandeur. »
ASTRONOMIE. — Découverte de la petite planète 0, faite à Marseille par
M. Borrelly, annoncée à l'Observatoire de Paris par dépêche téléqraptiinue
de M. Stéphan, communiquée par M. Le Verrier.
« Marieille, 9 juin 1875.
» Planète nouvelle, par M. Bonelly, 8 juin, 10 heures.
>> Ascension droite, 17'' 20"' 16'. Distance polaire, iii°2o'i5".
» Mouvement diurne, — i'"5''ct +4'48"' 1 1° grandeur. »
C.R., 1875, i" S.-mcjtre. (T. LXXX, N» 23.) '84
( i4>4 )
» Par une lettre du 9 juin, M. Stéphan confirme son annonce et donne
les positions suivantes de la planète (^) Peters et de In planète Qt de
Borrelly :
« Comme suite à la dépêche que j'ai eu l'honneur de vous adresser ce
» malin, pour vous annoncer sommairement la découverte de la planète @,
» je vous transmets les résultats exacts fournis par l'observation complète
)) de M. Borrelly :
Temps moyen Ascension Distance
1875. de Marseille. droite de (J«^. 1. f. p. polaire de (Ti^. 1. f. p.
Juin 8... ni'a3"'34'' i7''20"i3%27 — 2,99^ 1 1 i''2o'26",9 —0,9083
Position moyenne de V étoile de comparaison pour i8t5,o.
Ascension Dislance
Grandeur. droite. polaire. Autorité.
588o B.A.C 7= i'j''i9™i3s82 iii°2i'i9",i Cat. B.A.C.
» Voici également la première observation de la planète @, faite ici
» (observateur M. Borrelly) :
Temps moyen Ascension Distance
1875. de Marseille. droite de (7t?) . 1. f. p. polaire de (7«). 1. f. p
Jiiin7 .. iii'59'"42= i7''i7'"3oS34 —2,457 ii3"23'44",o —0,9132
Position moyenne de l'étoile de comparaison pour 1875,0.
Ascension Distance
Grandeur. droite. polaire. Autorité.
5862 B.A.C 7° I7i'i6'"27',i6 ii3<'43'i9",9 Cat. B.A.C. .
Note de M. Chevredi. sur iExplicalion de nombreux phénomènes qui soiit
une conséquence de la vieillesse (3^ Mémoire). (Extrait.)
« Ce Mémoire se compose de deux sections :
» La première comprend, dans quatre chapitres, l'exposé des sources
d'où je fais découler les facultés instinctives et intellectuelles des animaux
et de rhonune, examinées à l'état normal.
» L'objet de la seconde section est d'appliquer l'étude de ces facultés,
telles que je les envisage dans la première section, à l'explication de
plusieurs phénomènes de la décadence de l'entendement humain causée
parla vieillesse.
» Ces études émanent de Vannlpe et de la synthèse mentales , {eWes que
j'ai envisagé ces deux opérations de l'entendement dans le premier et le
( i4i5 )
deuxième Mémoire. Elles montrent comment je conçois l'intervention de
Yexpérience dans des questions qui, à ma connaissance, n'ont été traitées
jusqu'ici que par le raisonnement, recourant toujours à des mots plus ou
moins complexes; tandis que je clierche à réduire les faits complexes
recueillis par l'observation la plus générale à des faits moins complexes,
en recourant à l'analyse mentale, afin de voir s'il n'y a pas différentes
causes susceptibles d'être définies d'une manière précise dans des faits
complexes recueillis par l'observation, telle qu'on l'envisage généralement.
PREMIÈIIE SECTION.
» Le premier chapitre traite de l'instinct, non d'une manière générale,
mais d'une manière relative à l'homme, avec l'intention formelle de montrer
que toutes les connaissances précises que nous avons de l'instinct des ani-
maux, nous les devons à l'observation et à l'expérience, et qu'à cet égard
les études de Frédéric Cuvier sont une règle à observer par tous ceux qui
veulent se livrer à ce genre de recherches.
» J'attache une grande importance à la conclusion, que les faits de
l'instinct des animaux et ceux que présentent les animaux inférieurs, les
insectes particulièrement, sont inexpliqués, et inconcevables, selon moi,
sans une cause providentielle.
» D'où la conséquence :
o Ces faits existent; mais rien dans les organes visibles n'éclaire sur
l'instinct comme^aù réel, auquel on applique la science pour en expliquer
la cause; exemple frappant que le visible ne suffit pas pour expliquer tout
ce qui existe!
» Le deuxième chapitre traite des connaissances acquises par des mouve-
ments répétés dont le but est de rendre l'homme adroit à des actes phy-
siques du ressort d'une gymnastique qui, à mon sens, n'a point été envi-
sagée au point de vue de la grande influence qu'elle exerce pour établir
une harmonie entre le sens de la vue, le système musculaire et la pensée. Il
s'agit d'une étude dont le commencement remonte à l'époque où l'enfant
marche seul; elle comprend la marche, la course, le saut en hauteur et en lar-
geur, \ejeu de palet, le jeu de boule, \e jeu de billard, les mouvements néces-
saires pour éviter une chute, le choc d'un mobile qui vous menace, etc., etc.
» C'est faute d'avoir étudié ce que l'enfant, l'adulte et le jeune homme
acquièrent par ces exercices incessamment répétés dans les jeux auxquels
ils se livrent pendant la récréation de l'école, que tant de choses intéressant
au plus haut degré la conservation de notre propre existence n'ont |)oint
184. •
( i4.6 )
encoreété suffisamment développées pour prendre une place définitive dans
la science de l'homme et se rendre lui compte exact de l'adresse acquise, en
ayant égard à trois choses : à la vue qui, au moyen de la pensée, estime à la
fois une distance et la quantité d'ejforl musculaire nécessaire à l'exécution
de l'acte voulu par cette même pensée.
» Pour embrasser la variété des effets, quant à ce qui concerne la dis-
tance, il faut distinguer deux cas généraux :
» 1° Celui où la personne franchit un obstacle en hauteur ou en lar-
geur : la pensée, après avoir mesuré l'obstacle au moyen de la vue, com-
mande au système musculaire \' effort nécessaire à l'accomplissement de
l'acte de la volonté;
» 2" Le cas où la personne, restant en place, lance avec la main un pa-
let, une boule, un mobile quelconque, avec l'intention d'atteindre un but
déterminé; la pensée, comme dans le cas précédent, estime la dislance au
moyen de la vue et commande au système musculaire Veffort nécessaire
pour atteindre le but.
)) Le troisième chapitre est analogue au précédent, quant à l'exercice du
sens de la vue que la pensée dirige; mais il s'agit maintenant de reproduire
des caractères d'écriture ou d'impression en sons articulés, au moyen de
Yorgane vocal, au moment même où l'observateur semble en apercevoir
l'image; et encore d'un résultat analogue, la lecture à livre ouvert des notes
de musique : l'organe vocal produit alors des sons musicaux, et, fait remar-
quable, l'organe vocal pourra unir aux sons musicaux les sons articulés du
langage, enfin le chanteur pourra s'accompagner des sons musicaux d'un
piano, d'un violon, etc.
» i.e (pialrième chapitre de la première section a trait à l'intelligence;
deux sous-chapitres le composent : le premier traite de l'analogie et des
différences des animaux et de l'homme, et le second de l'activité de l'intel-
ligence humaine.
Premier sous-cnAPiTUE. — Analogie et différence des animaux et de l'homme.
» Quelque développé que soit l'instinct d'une espèce animale, quelle que
soit la supériorité d'un individu sur les autres individus de cette même
espèce, supérioiité que l'on peut attribuer à l'intelligence, celte intelligence
ne sera jamais comparable à l'intelligence par laquelle l'homme se distingue
des autres espèces animales; car, en définitive, l'espèce humaine, seule, est
perfectible dans ses individus. Si l'on peut citer des races d'animaux qui,
relativement aux autres races de leur espèce, présentent une supériorité
( i4.7 )
réelle, les individus de ces races supérieures la doivent en définitive le plus
souvent à l'homme ; en disant le plus souvent, c'est pour prévenir une
objection qui serait tirée de ce que des animaux d'une même espèce vivant
dans des conditions naturelles fort différentes peuvent présenter des diffé-
rences sous le rapport dont nous parlons, indépendamment de la présence de
l'homme.
» Les faits du ressort de l'instinct, malgré tout ce qu'en ont dit des
philosojjhes qui, à l'instar de Condillac, les ont attribués à une sorte d'en-
seignement donné par les ascendants aux descendants de leur espèce, en
contradiction évidente avec cette explication, d'après des faits précis
observés et expérimentés par Frédéric Cuvier, m'ont conduit à penser,
comme je l'ai dit, que les faits relatifs à l'instinct sont inexplicables sans une
cause providentielle.
» L'homme se trouve dans des circonstances fort différentes de l'animal ;
une fois sa première enfance passée, où il dépendait absohnneut de ses
parents, il commence à se livrer à des exercices incessants pour acqué-
rir des facultés fort différentes de celles dont l'animal est redevable à l'in-
stinct : ici commence l'étude des connaissances dont ses ascendants sont
les auteurs, et ici s'ouvre notre étude de l'intelligence.
Deuxième sous-chapitre. — De l'intelligence.
» L'espèce humaine est la seule qui soit douée de caractère progressif,
et rien de plus élevé que la pensée de Pascal, qui le met en relief, en com-
parant les connaissances acquises progressivement par l'espèce humaine
tout entière à un seul homme vivant toujours, apprenant sans cesse à
mesure qu'il avance en âge! C'est dans la préface de son Traité du vide
qu'on lit cette pensée sublime que lui suscite \a. proposition absolue de l'hor-
reur du vide., attribuée par les anciens à la nature; mais la pensée de Pascal,
si juste pour caractériser ïespèce humaine, a besoin, dans l'application que
j'en fais à l'intelligence humaine même, de considérer les ventés scientifiques
dont tant d'esprits appartenant à la culture de toutes les catégories de
connaissances s'occupent actuellement, comme ne pouvant être admises
définitivement qu'après un examen critique de l'esprit humain subordonné à
une méthode scientifique. C'est cette considération bien réfléchie qui m'a
conduit à mettre la pensée de Pascal en rapport avec les faits scientifi-
ques actuels au moyen d'un tableau de l'activité de rintclliyence humaine,
représentée par Vesprit progressif, l'esprit conservateur, l'esprit de routine et
l'esprit de recul, lesquels esprits se rattachent à trois distinctions ;
( i4i8 )
» 1° L'esprit d'innovation en bien, comprenant les deux premiers,
l'esprit proijressifet l'esprit conservateur ;
» 2° L'esprit non actif, comprenant Vesprit de routine;
» 3° L'esprit d'innovation en mal, comprenant l'esprit de recul.
» Si l'esprit progressif représente le progrès de la société humaine, pour
que ce progrès ne soit pas compromis, le progrès de la veille pas plus que
ceux du mois, de l'année, des siècles écoulés, ne doivent être oubliés; car
supposez que des vérités acquises soient méconnues ou par le simple oubli
ou par des innovations erronées, et l'esprit de recul triomphera sans doute,
soit par ignorance, soit sciemment.
» Quel est donc Vesprit capable de combattre l'indifférence à l'égard de
la vérité, de la routine, de l'aveuglement, de la prétention à bouleverser des
vérités acquises, caractère de l'esprit de recul? C'est l'esprit conservateur
tel que je vais le définir; et s'il convient de le définir, n'est-ce pas dans
cette Académie consacrée au progrès des sciences de la philosophie natu-
relle? En le faisant, j'obéis à mon extrême amour delà vérité et de la liberté
qui éclaire toujours sans tromper jamais.
» C'est donc aux amis de la vérité que je m'adresse en leur disant :
» Rien ne dure, en quoi que ce soit, sans l'es/jn't conservateur ; disùnct
de Vesprit progressif, parce que son examen critique ne porte que sur le
connu, animé du véritable esprit éclectique et assez éclairé pour admirer l'es-
pril progressif dont le caractère est de découvrir l'inconnu, il sait démêler
la vérité, ayant la conscience de la méthode scientifique dirigée par Vanatjse
et la synthèse mentales.
» Ainsi quel est le caractère de Vesprit conservateur ? C'est que, dirigé
par l'analyse mentale, il cherche à analyser un fait nouveau complexe,
avancé par un savant quelconque, ou s'il a été admis antérieurement
comme vérité, en réalité il ne l'est pas absolument : alors Vanal/se mentale
conduira au résultat suivant le plus complexe de tous. Il distinguera :
» 1° Des faits moins complexes qu'il faut conserver, parce qu'ils sont
vrais;
)) 2° Des faits moins complexes qu'il faut améliorer, parce qu'ils ne sont
pas complètement vrais;
» 3" Des faits faux, mauvais, erronés qu'il faut absolument rejeter de
la science.
» Ces caractères de Vesprit conservateur sont incontestables, et j'aime
à croire qu'il sera appliqué un jour à des sujets qui aujourd'hui sont en
( •4>9 )
dehors des sciences du domaine de la philosophie naturelle; et pour preuve,
est-ce sortir de ce domaine de faire remarquer que l'âge moderne en
France a institué une Cour de cassntion? Or qui l'a instituée?
» C'est évidemment Vesprit conservateur, et je ne crois pas être témé-
raire en disant : l'esprit progressif est étranger à l'institution ; en effet, celle-
ci ne s'occupe pas d'innovation ; loin de là, elle existe pour maintenir les
lois en cassant tous les jugements qui à son sens y sont contraires.
» Cet exemple montre bien que le tableau suivant que je présente à
l'Académie s'étend au delà du domaine des sciences de la Philosophie
naturelle.
TABLEAU DE L INTELLIGENCE HDMAINE
conùdérée d'après l'esprit progressif, l'esprit conservateur, l'esprit de routine,
et l'esprit de recul.
DE
L'INTELLIGENCE
au point de vue
DE L'ACTrvlTÉ.
Activité
de l'esprit
d'innovation
en bien.
Inactivité
de l'esprit.
Activité
de l'esprit
d'innovation
en mal.
QUATRE
SORTES d'esprit.
Esprit
progressif.
Esprit
conservateur
(éclectique).
Esprit
de routine.
Esprit
(le recul.
LEURS ATTRIBUTS
ou
CARACTÈRES.
De découverte.
D'invention.
Réduit les faits
complexes
du connu
par
['analyse mentale
SCIENTIFIQDE.
Maximum. \ littéraire.
GÉNIE 1 ARTISTIQUE.
! ETC., ETC.
(a) En faits moins complexes
qu'il faut conserver.
{b) En faits moins complexes
qu'il faut modifier.
(c) En faits moins complexes
qu'il faut rejeter.
Conserve indistinctement
ce qui est
BIEN
et
MAL.
[(?) Rejette ce qui est bien dans le connu.
{h) Produit ce qui est mal on faux.
( l420 )
PHYSIQUE. — Recherches sur les radiations solaires (suite) ; par M. P. Desains.
« L'Académie m'a permis plusieurs fois de l'entretenir des recherches
que je poursuis depuis longtemps touchant les variations incessantes que
subit la radiation solaire au point de vue de son intensité et au point de
vue de sa transmissibilité à travers l'eau,
» Je me propose aujourd'hui de lui soumettre les résultats des obser-
vations que j'ai faites sur ce sujet depuis le 3o avril 1874 jusqu'au
3o avril 1875.
1) Dans cet intervalle de temps, j'ai déterminé une dizaine de fois, à
Paris, la quantité de chaleur envoyée directement à midi par le Soleil sur
une surface égale à i centimètre carré et normale à la direction des
rayons. Le tableau suivant renferme les résultats de ces déterminations;
j'y ai aussi marqué le nondare qui représentait au moment de l'observa-
tion la proportion dans laquelle le rayonnement se transmettait à travers
une couche d'eau distillée de 8 millimètres d'épaisseur, renfermée dans
une auge à parois de glace.
Quantité de chaleur
Q
uantité de chaleur
reçue en une minute,
Transmission
reçue en une minute,
Transmission
Dates
à midi,
à travers
Dates
à midi,
à travers
sur I centim. carré.
o™,ooS d'eau.
sur I centim. carré.
o'",ooS d'eau.
(Incidence normale.)
( Incidence normale.)
3o avril 1
874 1,23
D
24
août
.874
i,.5
0,698
5 juin
» 1,10
0,66
3o
janv.
1875
1 ,00
o,685
22 juin
1,29
0,70
18
avril
D
1 , 16
0,66
4 juillet
» 1,16
0,71
20
avril
))
I ,o3
o,6i
6 juillet
1,09
0,69
25
avril
)}
1 ,22
0,63
» Les nombres inscrits au tableau précédent ont été obtenus par la mé-
thode et avec l'appareil actinométrique que j'emploie d'ordinaire. (Voir
Comptes rendus, 29 novembre 1869 et 2^ mai 1874-)
M J'ajouterai les détails suivants. Le réservoir du thermomètre à l'aide
duquel je mesure les intensités absolues est une sphère dont le diamètre
extérieur est o"',oi97. A i degré d'élévation dans la température répond
une absorption de chaleur égale à 2,o3 unités, c'est-à-dire à 2,o3 la quan-
tité qui élèverait de i degré i gramme d'eau. Le réservoir est soigneusement
noirci. L'orifice d'admission est un cercle dont le diamètre est o'",oi88; le
centre de ce cercle, comme celui du réservoir, est sui' l'axe du tube à
double enveloppe qui préserve le thermomètre. Toute la chaleur qui entre
par l'orifice d'admission tombe sur le thermomètre et est absorbée. Il en
( l42I )
résulte, à la seconde, une certaine élévation de température. Cette éléva-
tion, corrigée de la déperdition due au rayonnement, est ce que nous ap-
pelons Vinlensilé de l'action tliennométrique, ou simplement Vcffet tliermo-
m étriqué.
» Pour connaître sa valeur à midi, il n'est pas indispensable de la déter-
miner à cette heure même. On peut la déduire de l'effet T' déterminé
directement à une heure quelconque H, pourvu qu'à midi et à cette heure
quelconque H on détermine les déviations D et d qu'éprouve l'aiguille du
rhéomètre par l'effet de l'action directe des rayons solaires sur la pile de
l'appareil. On a toujoms en effet T = T'--- En un mot, les effets ther-
raométriques sont toujours proportionnels aux indications de l'appareil
thermo-électrique. J'ai vérifié un grand nombre de fois l'exactitude de
celte proportionnalité.
» Les valeurs que le tableau n° 1 assigne à la transmissibilité de la cha-
leur solaire aux dates indiquées à travers 8 millimètres d'eau varient entre
o,63 et 0,71, et ces variations, quoique nécessairement fonctions de
l'épaisseur atmosphérique, semblent dépendre d'elle moins directement
que de la quantité de vapeur dissoute dans l'air.
» Les valeurs les plus faibles, o, G3 et 0,64, ont été obtenues à la fin
d'avril 1875, pendant une période de quelques jours d'extrême sécheresse,
et dans laquelle l'épaisseur atmosphérique était i,23.
» Les plus fortes, 0,70 et 0,71, sont relatives à l'époque de l'année où
l'épaisseur atmosphérique traversée est la moindre, mais où une tempéra-
ture élevée détermine d'ordinaire la présence dans l'air d'une quantité de
vapeur d'eau considérable. Enfin, au 3i janvier iSyS, la transmissibilité est
sensiblement la même qu'au G juillet et au 24 août 1874. Au 3[ janvier,
à midi, les rayons solaires, pour arriver à notre appareil, traversaient une
couche d'air bien plus épaisse qu'au 24 août 1874; mais cet air était froid
et contenait peu de vapeur en dissolution.
» La quantité ï de chaleur solaire qui, en une minute, tombe norma-
lement sur I centimètre carré de surface dépend de l'énergie calorifique
du Soleil lui-même. Elle dépend de l'état de l'atmosphère au moment de
l'expérience, état qui peut varier notablement, quoique le ciel soit toujours
ce qu'on appelle un ciel pur. Enfin elle change avec l'épaisseur atiuosphé-
rique, c'est-à-dire avec la date et l'heure de l'observation.
» Dans un grand travail publié en 1837, M. Pouillet a cherché à éva-
luer la part que chacun de ces divers éléments exerce dans le phénomène
C.K.,i8'35, i" Semestre. (T. I,\XX, N» 25.) l85
( ^422 )
total, et il arrive à cette conséquence, que T est égal au produit d'une
constante a par une exponentielle p^ dans laquelle s est l'épaisseur atmo-
sphérique traversée par les rayons. £ est exprimé en prenant pour unité
l'épaisseur de l'atmosphère comptée sur la verticale; p est une fraction
qui varie avec le jour de l'observation, c'est-à-dire avec l'état de l'atmo-
sphère. La constante a représente la valeur que prendrait T pour s = o,
c'est-à-dire si // était égal à i.
» Pour une même valeur dep, cette formule T = «// assigne à l'inten-
sité de l'action thermométrique T des valeurs égales à des époques égale-
ment distantes du midi; par conséquent, elle suppose que la journée est
parfaitement symétrique de part et d'autre de ce midi. C'est, en particu-
lier, ce qui aurait lieu dans le cas où, dans le lieu et au jour de l'observa-
tion, l'atmosphère pourrait être divisée en une série de couches concen-
triques suffisamment minces, et dans lesquelles la composition resterait
constante pendant toute une journée.
» Alors, d'après ce que l'on sait des lois de la transmission calorifique,
la transmissibilitéde la chaleur devrait être minimum à midi, et avoir en ce
moment une valeur d'autant moindre que la journée serait plus sèche.
Toutes ces conditions, quoique rarement satisfaites, le sont pourtant quel-
quefois. Elles l'ont été en particulier dans la journée du aS avril 1875.
» En celte journée, deux observations thermométriques directes faites
à 3''35'"et à 4'' 30™ s'accordent pour assigner à l'effet thermométrique relatif
à l'heure de midi la valeur 0,0275. De ce nombre et de l'ensemble des
observations galvanométriques, on déduit facilement les effets thermomé-
triques que l'on eùl observés aux différentes heures de la journée. En
les comparant aux épaisseurs atmosphériques correspondantes, il est facile
de voir que, pour les représenter tous par la formule T = (tp"^, il suffit
de prendre p = 0,72$ et rt = 4I5O2. Le tableau suivant permet de juger
du degré d'accord entre le calcul et l'observation :
Déviation
Intensités
Déviation
de l'aii^fuille
Heures.
du llicrnio-
miiltiplicateur.
observées.
|] m
8.20..
. 25,72
0,0733
10.00. .
29,00
0,0262
Midi... .
3o,oo
0,0272
3.43...
. 25,8
0,0234
4.i5...
22,5
0,0206
4.55. .
. 19,3
0,0167
Épaisseur
Transmission.
atmosphérique
calculées.
correspondante.
0.0232
0,66
'.77
0,0265
u
1,358
0,0275
o,63
1,23
0,0232
0,67
'»77
0,0204
0,68
2,19
0,017
0,695
2,70
( i423 )
» Les effets thermométriques qui figurent au tableau précédent sont,
comme nous l'avons dit, les élévations de température qu'en une seconde
le thermomètre subirait sous l'action des rayons solaires s'il n'était sou-
mis à aucune cause de refroidissement; en les multijdiant par 60, on a
l'effet produit à la minute; en multipliant, en outre, par la valeur du
thermomètre en eau, et divisant ensuite par la surface d'admission,
on obtient la quantité de chaleur tombant à la minute sur t centimètre
carré de surface. Cette quantité une fois connue, en la divisant par la va-
leur de p^, relative aux conditions de l'expérience, on a, suivant les idées
de Pouillet, la valeur de la quantité de chaleur envoyée sur i centimètre
carré à la limite de l'atmosphère.
» Cette valeur est ici de 17,9; elle est sensiblement identique à celle qui
résulte des expériences de Pouillet. •
)) Quoique un peu moins régulières que la journée du aS avril iSyS, les
journées des 5 et 22 juin 1874 conduisent sensiblement à la même valeur
de a; on peut donc citer les observations de ces trois journées comme bien
d'accord avec la formule de M. Pouillet.
)) Seulement, il ne faut pas croire que les vérifications soient toujours
aussi complètes, même en des jours où la transmissibilité n'éprouve que
ces variations normales dont la journée du ^5 avril nous offre un exemple.
Le 6 juillet 1874, la transmissibilité était 0,69 a midi et 0,74 à 5 heures
du soir. Les observations de l'après-midi se représentent bien par la for-
mule de l^ouillet; p est égal à 0,723, mais a est notableuient inférieur
à 4i; l'ensemble des expériences assigne 34 pour valeur à cette constante.
Journée du ii juillet 1874- («^ = 34 , /^ = o,'j235.)
Inlensités
Heures.
Midi..
Si-S"' .
4'" 25"
5'' 3o"'
» Si l'on voulait calculer les observations de celte demi-journée en pre-
nant a = 4o, il faudrait, pour représenter l'observation de midi, prendre
p =z o,G6, et alors à 5''3o™ le calcul donnerait T :^ i3,5 au lieu de iG,2,
valeur évidemment inadmissible.
1) Cet abaissement rapide de a se présente souvent, et m'a paru coïn-
cider avec l'existence, dans les [)arties supérieures de l'atmo.sphère, de
t85..
1 lllt^l
llbllf b
Épaisseur
observées.
calculées.
Transmission.
atmosphérique
0,4,6
24,6
0,69
i,i5
22,9
22,7
0,74
i,4o
'9'0
'9'7
u
1,88
16,2
15,95
0,74
2,6.
( i424 )
ces minces couches de brouillard diffusives, qui, malgré leur grande trans-
parence, altèrent néanmoins la vivacité du bleu du ciel.
» D'autres causes peuvent aussi contribuer à l'altération des valeurs
de a.
» L'exponentielle />' varie d'autant plus vile que/? est plus éloigné de
l'unité. Ainsi, à l'époque du solstice d'été, le rapport — pour les heures de
5 heures du soir et de midi est égal à 0,792 si /; = 0,80, et à 0,461
si p =r 0,60.
» Cela posé, admettons que deux journées consécutives soient parfaite-
ment identiques entre elles à midi, et que la première soit bien conforme
à la loi de Pouillet et conduise à la valeur de la constante solaire adoptée
par ce savant : si, le,second jour, l'air va en se séchant rapidement dans
l'après-midi, l'intensité observée à 5 heures sera plus grande que le pre-
mier jour; elle sera moindre, au contraire, si l'air se charge abondamment
de vapeurs, quoique conservant sa transparence. Tant que les écarts ne
seront pas trop grands, la formule ï = ap"- se prêtera encore à représenter
les observations de la demi-journée; seulement, dans le premier cas, on
sera conduit à prendre pour/; une valeur plus grande que le premier jour:
ce serait l'inverse dans la seconde hypothèse, et ces différences dans la
valeur de p en amèneront de correspondantes dans la valeur de a.
» Les remarques précédentes montrent combien sont nombreuses les
causes d'erreur contre lesquelles on a à lutter lorsque, se plaçant au point
de vue de Pouillet, on cherche à déduire de la méthode actinométrique
qu'il a proposée la grandeur de l'action thermométrique que le rayonne-
ment solaire produirait à la surface de la Terre si l'atmosphère ne faisait
éprouver aucune perte à ce rayonnement.
» A quoi il faut ajouter que la forunde T=rt//n'a jamais été vérifiée
qu'entre les limites e = i et e = 5. L'appliquer au cas où e = o, c'est
faire une extrapolation qui peut être dangereuse. Aussi il y aurait, il
me semble, un très-grand intérêt à répéter, en des stations aussi élevées
que possible, des observations analogues à celles qui ont été décrites dans
cette Note, et à voir si la valeur qu'on se trouverait conduit à donner au
coefficient a, dans la formule qui représenterait la variation diurne des
intensités ihermométriques en ces stations élevées, serait ou non la même
qu'au niveau de la mer. »
( 1425 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la sjiithèse des camphres par l'oxjdalion
des camphènes. Note de M. Berthelot.
« Voici bieu des années que j'ai désigné et réalisé la suite méthodique
des transformations par lesquelles l'essence de térébenthine est changée en
un camjîhre isomérique avec, le camphre des Laurinées. En indiquant ce
sujet d'études à M. Riban, il y a quelque temps, je n'avais pas cru que
l'opinion des chimistes eût besoin d'être fixée sur la réalité des faits que
j'ai énoncés.
» Rappelons en peu de mots l'état de la question. La relation entre la
formule de l'essence de térébenthine, C-" H' % et celle du camphre, C^" H '"O",
a été précisée tout d'abord par, M. Dumas, le jour où il a établi la compo-
sition de ces deux corps dans son remarquable Mémoire sur les huiles es-
sentielles (i832). Mais ia relation des formules ne résout pas le problème
des métamorphoses et celui-ci était plus compliqué que l'état de la science
ne permettait de le soupçonner à cette époque. En effet, le camphogènene
préexiste pas dans l'essence de térébenthine, ni même dans le monochlor-
hydrate solide de térébenthène, comme je l'ai reconnu depuis. Il s'agissait
donc de changer deux fois l'état isomérique propre de l'essence de téré-
benthine, par deux opérations successives, pour parvenir enfin à cet ar-
rangement définitif, caractérisé par la permanence de l'état moléculaire
à travers les combinaisons, et par cette constitution spéciale, qui appartient
aux composés camphéniques proprement dits (i).
» Après avoir reconnu les difficultés du problème dans une longue série
de recherches sur les essences, recherches poursuivies depuis i85o, je l'ai
résolu par la chaîne méthodique des réactions que voici [Comptes rendus,
t. XEVII, p. 265; i858) :
» 1° Synthèse du camphre de Roméo au moyen du camphre ordinaire,
» 2° Découverte de la fonction alcoolique du camphre de Bornéo et
formation de ses éthers (2); le camphre devient dès lors l'aldéhyde de
cet alcool ;
(i) Voir ma Leçon sur l'isoméne, professée devant la Société chimique en i863, p. :>.^i-i5Z.
{1] Pelouze, qui avait formé le camplire en sens inverse (i84o) par l'oxydation du camphre
de Bornéo, refusait nettement au camphre de Bornéo tout caractère d'a\coo\ {Comptes
rendus, t. XI, p. 367); Gerhardt, dans son grand Traité (t. HT, p. G90; i854) assimile le
camphre de Bornéo à rakléiiydc de l'acide campholiquc, C-'H^O^
( i426 )
)) 3° Formation en particulier de son éther chlorhydrique, C-^H'^llCl,
qui offre la composition, l'aspect et la plupart des propriétés du mono-
chlorhydrate cristallisé du térébenthène;
» 4*^ Transformation de ce monochlorhydrate et de ses isomères, par des
actions systématiquement ménagées, en carbures cristallisés, auxquels je
réservai le nom de camphènes, à cause de leur état physique et de leur con-
stitution chimique, analogues au camjihre ordinaire (i). Ces carbures peu-
vent être unis à l'acide chlorhydrique, puis régénérés de leurs chlorhy-
drates avec toutes leurs propriétés primitives, y compris le pouvoir
rotatoire, qui est la plus délicate;
» 5° Synthèse enfin du camphre par l'oxydation du camphène :
Telle était la suite de mes expériences; telle est aussi la suite de celles
que M. Ribau vient de publier (p. iSSa), et qui les confirment point par
point, non sans y ajouter certains faits nouveaux.
» Arrêtons-nous à la synthèse du camphre. Cette synthèse, réalisée
dès i858 par le moyeu du noir de platine, était pénible et d'un faible
rendement; aussi l'annonçai-je d'abord avec quelque réserve, et elle a été
citée sous cette forme dans les principaux Traités, Dictionnaires et ou-
vrages de Chimie publiés jusqu'en 1870.
» Mais, en 1869, je trouvai un autre procédé d'oxydation, fondé sur
l'emploi de l'acide chromique pur, qui me permit d'isoler, en plus grande
quantité et dans nu plus grand état de pureté, le camphre fourni par l'oxy-
dation des camphènes. Je pus en vérifier les principales propriétés phy-
siques (cristallisation, odeur et aspect tout spéciaux, sublimation lente dès
la température ordinaire, avec formation de ces petits cristaux nets et bril-
lants que chacun connaît; volatilisation qui s'opère brusquement et avec
ébnllition un peu au-dessus de 200 degrés; point de fusion voisin de 180 de-
grés, etc.) et chimiques (présence de l'oxygène et absence du chlore parmi
les éléments du corps; résistance complète à une action de courte durée
exercée par les agents oxydants, tels que l'acide nitrique, l'acide chro-
mique, et même par la plupart des réactifs chimiques; résistance complète
à 100 degrés à l'action prolongée de la potasse et à celle de l'acide chlor-
(l) Comptes rendus, t. XLVIÎ, p. 267, i858; t. LV, p. 496 et 544; '862. Leçon sur
l'isomérie, etc., p. 241. — Théorie de la série caiiipliénique [Bulletin de la Société chi-
mique, t. XI, p. 194, 198; 1869).
( ï427 )
hydrique fumant, etc., etc.), propriétés qui sont les unes et les autres trop
fortement caractérisées pour permeUre de confondre le camphre avec au-
cune autre substance, surtout si l'on lient compte de son origine.
» Enfin je répétai mes expériences de synthèse sur les trois camphènes
que je possédais : camphène inactif, térécamphène et austracamphène.
» Tout doute ayant disparu pour moi, j'annonçai désormais, dans mes
publications ultérieures, la transformation du camphène en camphre par
le nouvel agent, d'une manière absolue et sans reproduire les réserves ori-
ginelles [Annales de Chimie et de Physique, If série, t. XIX, p. 4^8, 1870 ;
t. XXIII, p. 2i4» 1871; Comptes rendus, t. LXXIX, p. 1094, à l'occasion
des carbonyles, 1874, etc.).
» La démonstration était d'autant plus nette, que la nouvelle méthode
est générale (i) et s'applique à l'oxydation directe d'un grand nombre de
carbures d'hydrogène, tels que l'éthylène, le propylène, l'aUyléne, etc.,
tous carbures que la méthode permet de changer en aldéhydes et en corps
congénères :
Éthylène C H' + 0== C H' 0= alcléliyde,
Propylùne O H" + 0== C H" O' acétone,
Allylène C« H» + 0'= C« H' O' oxyde d'allylène,
Camphène C-"H"=-|- 0'= C^'H^O^ caïuptire.
» Voilà l'état de mes publications sur la question, et les dernières, en-
core toutes récentes, me donnaient le droit de me réserver la suite de cette
recherche, lorsque, détourné par d'autres études, je signalai moi-même à
M. Riban l'intérêt qu'il y aurait à soumettre à un nouvel examen les cam-
phres obtenus par l'oxydation des camphènes, de façon à en fixer plus
nettement la préparation et les propriétés individuelles, le pouvoir rota-
toire en particulier.
» C'est ce travail que M. Riban vient d'exécuter avec beaucoup de soin
et de succès sur le camphre qui dérive du térécamphène. Après l'avoir pré-
paré par un procédé (bichromate de potasse et acide siilfiuique) plus ré-
gulier peut-être, mais qui ne diffère pas en principe de celui que j'avais
publié (acide chromique), après avoir obtenu le camphre même que j'avais
annoncé, avec les propriétés générales et la formule que je lui avais attri-
buées, il en a développé la connaissance par des observations originales.
» Dans le cours de ses laborieuses recherches sur l'isolérébenthèue, sur
(i) Bulletin de la Société chimique, t. XI, p. 374, avril 1869. — Annales de Chimie et
de Physique, locis citatis.
( i428 )
le camphre de Bornéo, sur les ca<Sphènes, bref sur toute la série de l'es-
sence de térébenthine et de ses dérivés, M. Riban est arrivé à bien des ré-
sultats nouveaux et intéressants; mais, s'il s'agissait « d'éta])lir la part qui
» revient à chacun», ne pourrait-on pas se demander commentées études dé-
veloppées et minutieuses auraient été possibles, sans les travaux d'ensemble
qui ont défini les relations expérimentales de formation et de métamor-
phoses entre tous ces composés, alors surtout que les conseils des auteurs
de ces travaux, souvent invoqués, n'ont jamais fait défaut? »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur la trombe de Caen; par M. Faye.
« La question de savoir si les cyclones, grands et petits, sont dus à une
aspiration ascendante, ou s'ils sont constitués par une gyralion descen-
dante, comme celle des tourbillons de nos cours d'eau, n'est pas encore,
quoi qu'on en dise, une question de théorie, car la Mécanique se tait sur
ce point ; mais elle est susceptible d'être résolue très-nettement par l'ob-
servation des faits. Elle intéresse la dynamique des fluides, à qui elle peut
fournir une base expérimentale; elle touche aux plus graves intérêts de
la navigation qui me paraissent sérieusement compromis aujourd'hui par
les idées des météorologistes; enfin, elle est, pour la Météorologie elle-
même, du même ordre à peu près qu'il y a trois siècles la question du mou-
vement de la Terre en Astronomie. Cette science, en effet, ne se constituera
pas d'une manière définitive tant qu'elle ne sera pas eu état de décider si
les grands mouvements de l'atmosphère sont directement subordonnés aux
courants supérieurs, on s'ils dépendent au contraire de l'état d'équilibre
plus ou moins stable des couches inférieures. C'est pourquoi je m'efforce
de ramener ce grand et long débat à l'étude des faits. Pour répondre à
M. Reye, de l'Université de?Strasbourg, j'ai examiné la trombe de Kônigs-
winter et les grands tornados des États-Unis. Pour M. Peslin, j'ai présenté
l'histoire de la trombe de Vendôme par un savant professeur de Phy-
sique, et je vais exposer celle de la trombe de Caen d'après l'enquête
officielle de la Faculté des Sciences de cette ville. On jugera ainsi, par des
faits nombreux, authentiques et impartialement étudiés, de la valeur des
théories hypothétiques que mes savants adversaires soutiennent avec tant
d'ardeur.
» Le dimanche 3o septembre 1849, vers g'^iS" du matin, une trombe a
ravagé les communes de Douvres et de Luc près de Caen. Le Préfet s'est
aussitôt rendu sur les lieux et a formé une Commission d'enquête. Elle
( 14^9 )
était composée de MM. Eudes Deslongchamps, doyen, Isidore Pierre,
Leboucher et Morière de la Faculté des Sciences, Le Coeur de l'École de
Médecine. M. Leboucher, professeur de Physique, a fait le Rapport dont
nous allons donner une rapide analyse. {Société Unnécnne de Normandie,
t. VIIL)
» La Commission ne s'est pas bornée à une simple constatation des ra-
vages de cette trombe : elle a recueilli sur les lieux tous les documents
capables de jeter quelque lumière sur la nature, l'intensité et la direction
des forces qui ont produit de si terribles effets. Ces documents sont de deux
sortes : les témoignages oraux et les traces que le météore a laissées sur le
sol. Elle s'est attachée surtout à relever, à l'aide de la boussole, les direc-
tions suivant lesquelles les arbres sont tombés. Ces directions montrent,
en effet, de la manière la plus évidente, le sens suivant lequel a agi la
force, quelle qu'elle soit, qui a produit ces ravages.
» D'après le plan dressé par M. Bazir, instituteur à Douvres, la marche
de la trombe a été rectiligne ; elle a débuté au clos Bequet entre les com-
munes de Douvres et de Basly et marché du sud-ouest vers le nord-est
(angle de 54 degrés avec la méridienne,) Après avoir ravagé une bande de
terrains cultivés de 5 à 6 kilomètres de longueur, elle a poursuivi sa course
sur des terrains nus, puis sur la mer où on l'a perdue de vue. Sa largeur,
très-petite à l'origine, a pris bientôt un plus grand développement et
peut être estimée moyennement de loo à i5o mètres.
» Quant à la vitesse de son mouvement de translation, elle aurait été,
d'après les témoignages recueillis, d'environ j 7 mètres par seconde (c'est
celle d'un train express, mais un peu plus que la vitesse de la trombe de
Vendôme). En chaque point la trombe tout entière passait en quelques
instants, disent les uns; en quatre ou cinq secondes, dit un autre témoin;
en une demi-minute au plus, dit un dernier ; et de fait, à raison de
17 mètres par seconde et avec un diamètre de 100 à i5o mètres, elle
devait passer en six ou neuf secondes. Le phéiiomène se produisait subi-
tement et cessait subitement pour faire place au calme, ce qui^ montre
combien il était limité nettement à son contour extérieur.
)) Nous verrons plus loin comment la Commission a déterminé le sens
de la rotation. D'après elle, la trombe tournait de droite à gauche (connue
celle de Vendôme). La vitesse de rotation devait être bien supérieure à celle
de la translation, à en juger par la nature des désastres produits. On n'a
pu la déterminer, mais il me paraît que la disproportion de ces deux
vitesses n'a pas été si marquée que pour la trombe du Vendômois.
C.R.,1875, i" Semestre. (T. LXXX, K - -25.) '86
( i43o )
» Sur 4oo arbres cassés ou renversés par la trombe, 1 1 2 ont été trouvés
sur le sol non dérangés ; les autres avaient été ou déplacés ou même re-
plantés (des pommiers) avant l'arrivée de la Commission sur les lieux.
)) Ces cent douze directions ont été mesurées, puis reportées sur un plan
de manière à faire voir d'un coup d'œil la disposition de ces arbres par
rapport à l'axe de la bande ravagée. Pour cela ces arbres ont été trans-
portés parallèlement à eux-mêmes, de manière à réunir leurs racines au
centre de la carte (i). Sur les lignes ainsi tracées, on a marqué par des
points le nombre des arbres tombés dans chaque direction. Quatre arbres
seulement sont tombés dans le sens de la marche de la trombe, un dans le
sens opposé ; les autres font, à droite ou à gauche, des angles allant jusqu'à
90 degrés et même au delà.
» Quant aux murs de clôture, la plupart fort solides, qui ont été ren-
versés, les uns étaient à peu près dans le sens de la marche du météore,
les autres dans le sens perpendiculaire, et ceux-là sont tombés sur la
gauche. Les murs des maisons ont peu souffert en général, mais les cou-
vertures en chaume ou en tuiles ont été horriblement ravagées. Les toits
recouverts d'ardoises n'ont eu presque aucun mal (2).
)) Laissant de côté, pour abréger, la description minutieuse et les plans
des propriétés ravagées, nous passerons aux dépositions des témoins.
Presque tous étaient persuadés que ces ravages étaient dus à la fondre; il
leur semblait que de si terribles effets ne pouvaient être produits que par
le plus redoutable des agents de la nature. La Commission a donc dû
diriger toute son attention vers ce côte de la question et rechercher avec
le plus grand soin les traces du passage de la foudre. Elle déclare à
l'unanimité qu'elle ne les a trouvées nulle part, ni dans les maisons, ni sisr
les arbres, ni sur le sol, et que tous les phénomènes étaient simplement
du genre des effets mécaniques d'une masse d'air animée d'une vitesse
excessive.
)) Cela ne veut pas dire pourtant que le temps n'était pas à l'orage. Le
ciel était couvert de nuages sombres; le tonnerre s'est fait entendre à deux
(i) Sur les autres cartes on donne la situation absolue de ces arbres.
{?.) Ainsi l'action exercée sur les toits de chaume ou de tuiles provient principalement
de ce que ceux-ci laissent plus aisément que les toits en ardoises pénétrer le vent à l'inté-
rieur. Dès lors la toiture peut se trouver soulevée et s'offrir en pleine prise à l'action de la
trombe. Il serait puéril de cliercher là l'indice d'une aspiration quelconque, laquelle
agirait bien mieux sur les toits en ardoises.
( i43i )
reprises, quelque temps avant la trombe, et, bien qu'il n'y ait pas eu de
pluie aux lieux parcourus par ce météore, il paraît qu'il en est tombé
beaucoup, entre 9 heures et 9''3o'", à quelques kilomètres de là (à Taille-
ville et à Langrume). Je suis donc disposé à croire que la trombe de Caen,
comme celle de Vendôme, se reliait à un mouvement orageux qui traver-
sait alors la France dans la direction du sud-ouest au nord-est; mais, à cette
époque, la Commission n'avait pas à sa disposition, comme M. Nouel en
1872, des renseignements météorologiques s'étendant à tout le territoire.
» Le garde champêtre de Douvres et d'autres témoins ont aperçu, du
côté de Douvres, une espèce de fumée blanche qui tourbillonnait, entraî-
nant avec elle les pailles, les feuilles et tous les corps légers. Elle était
accompagnée d'un bruit très-fort, comme un roulement de voitures. Pas
d'éclairs ni de bruit de tonnerre.
» M. Hébert, missionnaire en résidence à la Délivrande, était dans son
jardin; l'air était parfaitement calme. Tout à coup d entendit un bruit
extraordinaire du côté de Douvres. Il tourne ses regards dans cette direc-
tion et aperçoit dans l'air une sorte de brouillard dans lequel pirouettait
une grande quantité de feuilles et de pailles. Il rentra aussitôt chez lui et
voulut fermer sa porte, mais il sentit alors un vent impétueux qui lui
opposa une vive résistance. Il parvint pourtant à la fermer et la rouvrit
quelques instants après. Le vent avait alors cessé et l'air était redevenu
parfaitement calme. Il croit avoir remarqué quelques gouttes de pluie,
mais il n'en est pas certain.
» M. Laurent, percepteur de Douvres, était dans son appartement, dont
la fenêtre donne sur la rue principale de la Délivrande, lorsqu'il entendit
un bruit étrange venant du côté de Douvres. Il veut ouvrir la fenêtre, mais
à peine est-elle entr'ouverte que les deux côtés sont poussés en dedans
comme par un vent impétueux venant du dehors. Il veut alors la refermer,
mais il ne peut y parvenir, malgré tous ses efforts. Cependant, au bout de
quelques secondes, la fenêtre se ferme librement; le vent a cessé et l'air
est redevenu parfaitement calme.
» A Luc, mêmes détaUs de la bouche de M. Duhamel. Vers 9^ i5™, il
entendit du côté de la Délivrande un bruit extraordinaire et aperçut
une sorte de nuage très-bas, qui lui parut tourbillonner en h'avançant
rapidement vers son parc et son habitation, où il a causé d'assez grands
dégâts. Il estime à trois ou quatre secondes la durée du passage du
météore.
i> Cette série de dépositions se termine par le récit d'vui homme qui se
186..
( 143^ )
trouvait, au moment du sinistre, dans un champ voisin du Point-du-Jour,
village presque à l'extrémité inférieure de la bande ravagée. Cet homme
aperçut du côté de la Délivrande une sorte de nuage très-bas qui, du lieu
où il était, lui parut fort petit; mais, chose importante à noter, ce nuage
n'était pas isolé; il paraissait lié à d'autres nuages placés au-dessus, à une
assez grande hauteur. On le vit s'avancer rapidement, traverser un champ
de pois, qu'il ravagea, et de là, en suivant toujours la même direction, se
porter sur la mer, où on le perdit de vue.
» Je regrette vivement de ne pouvoir donner une idée plus complète de
cette belle étude. Je n'y vois, pour ma part, que de très-faibles lacunes :
parexemple, la figure du météore n'est pas suffisamment définie. La Com-
mission n'a pas cru devoir aider les témoins, à qui les mots ont manqué
évidemment pour raconter ce qu'ils avaient vu. Cependant, en dépit des
circonlocutions et des termes impropres qu'ils ont employés, il est aisé de
voir qu'il s'agissait d'une trombe ordinaire ayant la forme d'une colonne
luiageuse, pendant verticalement des nuages supérieurs jusqu'au sol sur
lequel une violente gy ration intérieure et nettement circonscrite a exercé
tant de ravages.
» D'ailleurs une circonstance propre aux trombes agissant sur la terre
a compliqué ici la forme du phénomène : c'est l'enveloppe souvent opaque
dépoussière, de pailles et de feuilles tournoyantes, que les trombes soulè-
vent sur le sol tout autour de leur pied, jusqu'à une hauteur variable, mais
toujours très-faible par rapport à celle delà trombe elle-même dont l'em-
bouchure supérieiu'e se perd à nos yeux par-dessus les nues. Les spires de
la trombe, en descendant sur le sol qu'elles rasent et frappent sous un angle
plus ou moins sensible, soulèvent cette poussière. L'air qui s'échappe laté-
ralement de tous côtés, au contact violent avec le sol, se relève tumultueu-
sement en emjiortant avec lui les corps légers dans tous les sens. Au fond,
la même chose se produit sur l'eau, qui, battue circulairement par la trombe,
se réduit en poussière et forme embnui tout autour; mais alors on recon-
naît mieux la forme du phénomène.
» En revanche, l'Académie verra sans doute avec intérêt la discussion
des faits d'où la Commission de C;ien a conclu le sens de la rotation de cette
trombe. Il s'agissait d'abord d'examiner si les cent douze mesures effectuées
s'accordent a"vec l'idée d'une gyration violente indiquée par tous les
témoins, gyration dont l'axe vertical se déplacerait en ligne droite avec
une notable vitesse. Supposons, pour fixer les idées, que la rotation
s'effectue de droite à gauche : alors, sur la droite de la bande ravagée, les
( i433 )
deux vitesses de rotation et de translation s'ajoutent ; à gauche, au con-
traire, ces deux vitesses sont de sens contraire et, si elles étaient égales,
leurs effets seraient nuls. A droite, les corps seront toujours renversés
dans le sens du mouvement de propagation ; à gauche, ils pourront être
lancés dans le sens contraire si la vitesse de rotation l'emporte de beaucoup
sur l'autre. En avant et en arrière, les deux vitesses étant à angle droit,
leur résultante fera toujours un angle aigu avec le sens de la translation,
la première à gauche et la seconde à droite.
« Si nous remarquons maintenant, dit la Commission, que les arbres
» les moins résistants seront abattus à gauche par la partie antérieure, et
» que celle-ci ne laissera plus que fort peu de chose à faire à la partie pos-
» térieure qui les renverserait à droite, nous nous ferons aisément une idée
» de l'état où doit être une bande ravagée par un pareil mouvement gyra-
» toire. Les arbres seront renversés en très-grand nombre suivant des direc-
» tions qui feront un angle aigu ou plus ou moins voisin de 90 degrés avec
» le sens de la propagation ; il y en aura beaucoup plus sur la gauche si la
» trombe tourne de droite à gauche, et beaucoup plus sur la droite si elle
)) tourne de gauche à droite. Dans le sens contraire au mouvement de pro-
)) pagation, ou dans des directions faisant un angle aigu avec lui, il ne
» pourra y en avoir qu'un petit nombre, parce que, d'une part, la vitesse est
» bien plus petite dans ce sens, et que, d'une autre part, au moment où
» ces effets devraient se produire, les obstacles ont déjà en grande partie
» disparu.
» Or la seule inspection de la planche où les directions des arbres
» abattus ont été consignées fait reconnaître que trente-quatre sont dirigées
)) vers la droite et soixante-quatorze sur la gauche. Il est probable que la
» même proportion se soutiendrait pour les arbres dont nous n'avons pu
» mesurer la direction et nous croyons pouvoir en conclure (dit toujoxu-s la
» Commission) que la rotation avait lieu de droite à gauche. Si nous rappe-
» Ions maintenant que partout, sur la route du météore, les spectateurs ont
» aperçu une masse nuageuse dans un grand état d'agitation, entraînant et
» faisant tourbillonner tous les corps légers qu'elle rencontrait, il ne pourra
» rester auciui doute sur sa véritable nature. »
» Rien de plus décisif que ce raisonnement basé sur l'ensemble des
faits : il rappelle, mot pour mot, tout ce que nous savons sur la nature
des cyclones, sur leur gyration rapide combinée avec leur mouvement de
translation, sur le bord maniable et sur le bord dangereux dont les navi-
gateurs se préoccupent si vivement, sur les règles de manœuvre qu'il faut
( i434 )
suivre pour éviter au vaisseau la perte de ses mâts qui sont brisés par les
typhons tout comme les arbres de nos champs par les trombes. L'iden-
tité mécanique des trombes et des cyclones, des tornados et des typhons
saute aux yeux et ressort de toutes ces études. Sur quoi donc M. Peslin se
fonde-t-il pour la nier ?
» S'il veut bien finir par l'accorder, non pas à moi, mais à l'évidence,
ce en quoi il ne fera qu'une concession ratifiée d'avance par tous les météo-
rologistes, je l'inviterai à expHquer comment ces trombes ont pu suivre
toutes les ondcilations du sol et descendre des hauteurs dans les dépressions
et les vallées au moyen d'un mouvement ascetidanl, comment ces petits
cyclones ont pu emprunter leur gyration violente, sur un diamètre de
loo à i5o mètres, à la lente rotation diurne de notre globe, et comment
enfin ils ont pu casser des arbres de i'",5o de circonférence en les pom-
pant, ou renverser des murs en pierre de taille en les aspirant. »
BOTANIQUK. — Remarques complémentaires sur le rôle du substratum dans
la distribution des Lichens saxicoles ; par M. Weddell.
« Dans une Note lue devant l'Académie, en mai iS'j'i, j'ai fait con-
naître le résultat de quelques recherches sur les substratum des Li-
chens (i). En me livrant à cette étude, j'avais surtout en vue de déterminer
à quelles lois ces petits végétaux obéissent, dans le choix de la surface à
laquelle ils demandent un soutien; mais, comme je l'ai dit alors, ce
n'était pas mon seul but. Je ne doutais pas, en effet, que l'examen spécial
des stations des Lichens ne lût de nature à éclairer la question de l'in-
fluence du sol sur la distribution des plantes en général; aussi n'ai-je pas
été surpris de voir les règles que j'avais posées appliquées, dans un travail
récent (2), et avec plein succès, aux plantes phanérogames. Toutefois,
l'auteur ne paraissant pas même soupçonner l'extrême analogie, pour
ne pas dire l'identité, qui existe entre les idées qu'il y expose et les
ibiennes, il me semble utile de revenir en quelques mots sur le même
sujet.
(i) Voir également un article, sur le même sujet, que j'ai communiqué à la Société
botanique de France (séance du 23 mai iSyS), intitulé : Les lichens du massif grani-
tique de Ligugé, au point de vue de la théorie nnnéralogique.
(2) Influence du terrain iur la végétation, par Al. Ch. Coutejeau, professeur à la Faculté
des Sciences de Poitiers {.Jnn. Se. nat,, 5" série, t. XX, p. 267, avril 1875).
( i435 )
» Je divise les Lichens saxicoles, au point de vue de leurs substratum,
en cinq catégories :
1° Lichens calcicoles
2" » calcivores
3" >' silicicoles calcifuges.
4° 11 » semi-indifférents.
5° » omnicoles.
M Ce groupement m'a été imposé, en quelque sorte, par l'observation
de deux faits.
» Le premier de ces faits, c'est le rôle capital que joue l'élément cal-
caire dans l'affectation de telle ou telle station à tels ou tels Lichens, le
calcaire ayant tantôt sur la plante une influence directe et attractive, parce
qu'il lui fournit un élément indispensable à son existence [Lichens calci-
coles et calcivores) , et exerçant tantôt sur elle une influence répulsive, en
ce sens qu'il lui oppose vui élément nuisible (Lichens calcifuges).
» Le second fait consiste en ce que certains Lichens, exigeant pour
leur développement un laps de temps fort considérable, ne peuvent
demander le soutien qui leur est nécessaire qu'à un substratum dont la
durée sera en rapport avec la leur, quelle qu'en soit d'ailleurs la con-
stitulion chimique. Ce substratum étant assez généralement siliceux, je
donne à cette catégorie de Lichens le nom de Lichens silicicoles semi-indif-
férents.
» Enfin la cinquième et dernière de mes catégories comprend les espèces
qui végètent presque indifféremment sur tous les genres de substratum
( Lichens omnicoles ou indifférents.)
» Cela posé, il suffit d'un examen assez superficiel pour voir :
» 1° Que les différentes espèces de substratum peuvent facilement se
grouper sous deux chefs ( i ) :
Substratum calcaires; "
Substratum neutres, comprenant tous ceux, tant minéraux qu'organiques, dans lesquels
l'élément calcaire fait absolument défaut ou se trouve assez dissimulé pour cesser d'être
nuisible.
» 2° Que les divers tempéraments lichéniques correspondant, directe-
(i) Je laisse provisoirement de côté quelques substratum organitpics, tels que les écorces
de certains arbres qui paraissent avoir le monopole de la production d'es|)èces déterminées
de Lichens , n'ayant pas eu jusqu'ici l'occasion de vérifier par moi-même les faits qui les
concernent. Les exemples en question sont, du reste, très-exccptioiuicls.
( i436 )
ment ou indirectement, à ces substratum, trouvent leur expression dans les
dénominations suivantes :
1 • 1 , T ( calcicoles (i),
Lichens calcicoles exclusifs { , .
( calcivores.
0 indifférents ou semi-indifférents.
Il calcifuges
» Telle est, en insistant sur ses traits caractéristiques, la théorie que j'ai
énoticée en 1873, et que M. le professeur Coutejeau vient d'étendre des
Lichens aux Phanérogames. Ce faisant, mon savant ami a combattu, avec
beaucoup de talent, les idées de Thurmann, sur l'influence prédominante
de la nature physique du sol, idées dont M. Coutejeau avait cependant été,
lui-même, autrefois, chaud partisan. Je ne crois pas aller trop loin en disaut
qu'il leur a donné le coup de grâce. Persuadé, néanmoins, que l'influence
physique, pour ne pas être prépondérante dans la détermination des
stations végétales, ne s'en exerce pas moins, et aussi constamment peut-
être que l'influence chimique, il a pensé qu'il y aurait avantage à combiner
les deux méthodes. Dans la classification qu'il propose, il base dés lors les
divisions primaires sur les considérations tirées de la nature chimique du
sol, et les divisions secondaires sur celles qui sont offertes par son état phy-
sique. L'idée de cette classification mixte, dont je n'ai pas à apprécier ici
les avantages, appartient à M. Coutejeau, et il a plein droit de l'appeler
sienne; mais, pour ce qui est de la théorie proprement dite, surtout en ce
qu'elle a de vraiment essentiel ou en ce qu'elle peut présenter de nouveau,
il ne me paraît pas en èlre de même, ainsi qu'il sera, je crois, facile à tout le
monde de s'en convaincre par la confrontation du travail de M. Coute-
jeau (2) avec le mien.
Il n'est pas hors de propos de rappeler ici que ce n'est pas seulement de
(1) Quelques rares espèces de ce groupe se rencontrent accidentellement sur le bois mort
ou sur les écorces, mais surtout au voisinage des lieux habités, où le transport du calcaire,
sous forme de poussière, a pu modifier plus ou moins la nature de la surface servant de
substratum.
(2) Les divisions proposées par M. Coutejeau pour les plantes phanérogames, d'après la
nature chimitiue du sol, sont les suivantes :
I. Plantes maritimes.
II . " calcicoles.
111 . )■ calcifuges.
IV. » indifférentes.
( '437 )
l'infliicnce du substratuin qu'il faut tenir compte, dans l'étude des stations
des Lichens, comme des j)lantes en général, mais aussi de celle des milieux.
Un rocher granitique, par exemple, examiné dans luie plaine basse, ou
bien à une élévation de quelques mille mètres, ou bien encore sur luie plage
de l'Océan, offrira, dans ces situations diverses, et sous une même latitude,
des différences remarquables au point de vue de sa flore lichénique, diffé-
rences dans lesquelles le substratum n'est pour rien, la diversité des flores
résultant uniquement, dans les trois cas, de la manière d'être différente du
milieu atmosphérique. Ce qu'il y a de particulièrement digne de noter dans
ce fait, c'est le contraste que présentent les Lichens dits « maritimes » avec
les Phanérogames qui ont mérité cette même qualification : les Phanéro-
games la tirant surtout de la composition chimique du substratum ; les
Lichens, au contraire, la dérivant des seules propriétés de l'atmosphère.
» Par contre, entre le inodus vivendi des Phanérogames marins, c'est-à-
dire submergés, et celui des Lichens vivant dans les mêmes conditions,
au moins pendant la durée du flux, il ne me paraît guère y avoir de diffé-
rence appréciable ou importante. Dans l'un et l'autre cas, c'est dans le milieu
liquide que les éléments nutritifs doivent surtout être puisés. On peut en
dire autant d'un assez grand nombre de Phanérogames d'eau douce, com-
parés à certains Lichens qui vivent plongés également, pendant une partie
de leur vie, sous l'eau des ruisseaux ou des torrents. Je citerai ici la famille
entière des Podostémacées, comme offrant un exemple frappant, parmi les
Phanérogames, de cette manière de vivre, les plantes qui la composent
étant dépourvues, tout comme les Lichens, de véritables racines, mais étant
obligés néanmoins, de s'attacher à un substratum quelconque, ordinai-
rement siliceux , pour ne pas être entraînés par la violence des cou-
rants (i).
» Enfin la comparaison que l'on peut faire journellement entre la végé-
tation lichénique développée sur les écorces d'arbres qui croissent au sein
d'une ville populeuse, et celle d'arbres de même essence dans une campagne
aérée, est non moins concluante en faveur de l'uifluence des milieux. Dans
les grands parcs de Londres, où l'air ne paraît cependant pas manquer,
(i) Je ne sache pas que l'on ait encore dicrché h dctcrniiner jusqu'à quel point la (iré-
sence, en proportions variables, ou l'absence totale du calcaire dans l'eau douce, peut
influer sur la véi,'étation des plantes aquali([ues, en ])ariiculier de certaines d'enlie elles.
Nous savons seulement (lu'un excès de cet élément lenrest généralement nuisible. Cette étude,
complémentaire de celle des substiattnn, ne serait pas sans intérêt.
C.R., i8;5, i" Semestre. (T. L\\\,K<"2ô.) 187
( i438 )
c'est en vain que l'on cherche des traces de Lichens sur les arbres qui les
décorent ; tandis que, dans la plupart de nos villes de province, il n'est pas
si mince Tilleul dont l'écorce n'en présente huit ou dix espèces, la
pureté de l'air étant un des principaux desiderata de l'existence de ces
végétaux. »
HYDROLOGIE. — abaissement probable du débit des eaux courantes du bassin de
la Seine dans l'été et l'automne de 1875. Note de MM. E. Belgrand et
G. Lemoine.
« Nous avons, en 1870 et en 1874, annoncé, dès le mois de juin, l'abais-
sement de débit des cours d'eau du bassin de la Seine, qui devait avoir
lieu jusqu'au milieu du mois d'octobre suivant (i). Ces prévisions se sont
complètement réalisées: les années 1874 et 1870 ont été, avec i865 et i858,
celles de tout ce siècle où l'on a le plus souffert de la pénurie des eaux
courantes. Nous voulons aujourd'hui appeler l'attention sur le caractère
analogue que présente déjà l'année 1875. On peut, dès maintenant, être cer-
tain que d'ici au milieu du mois d'octobre prochain les cours d'eau et
les sources du bassin de la Seine tomberont à des débits presque aussi bas
que l'année dernière.
» I. La raison très-simple de cette prévision est l'état où se trouvent dès
à présent les sources et les petits cours d'eau tranquilles qui, issus de
terrains perméables, sont alimentés principalement par les sources. La
pénurie d'eau n'est guère moindre qu'elle n'était au mois de juin 1874.
Or il est bien établi que les pluies des mois chauds ne font presque rien
gagner aux sources; quels que soient les caractères météorologiques de
l'été et de l'automne, les débits ne feront donc que s'abaisser de plus en
plus jusque vers le milieu d'octobre. "Voici, à ce point de vue, quelques
données qui permettent de comparer les années 1874 et 1876.
» Les sources de la Vanne, destinées à l'alimentation de Paris, avaient
presque repris au mois de février dernier leur débit normal d'hiver; mais
depuis ce moment elles n'ont fait que décroître. En considérant une source
dont le régime n'ait point été changé par des travaux de captation, celle
du Bîme de Cérilly par exemple, on a, pour le débit en litres par seconde :
Janv. I'"év. Mars. Avril. Mai. Juin. Juillet. Août. Sept. Cet. Novemb. Dec.
1873... 269'i' 3oo'" 3o3'i' 3ioii' 3oi'" 271'^' aSg''' 245'" 174"' 155"' iSa'" 125'^'
1874... i33 i33 126 ii5 n4 97 io5 90 76 72 72 75
1875... i55 208 173 143 127
(i) annales (les Ponts et Chaussées, i 5 juin 1870. — Comptes rendus, i"juin 1874.
' 14^9 )
'• Dans le département tle la Marne, les petites rivières de la Champagne,
sèche, qui se trouvent dans l'arrondissement de Vitry-le-Français , ont
commencé à tarir dès la fin de mai; la Soude ne coule plus qu'à loo mè-
tres, et la Coole qu'à i35 mètres de leurs sources habituelles.
» Dans le département de la Côte-d'Or, les rivières des terrains ooli-
thiques sont aujourd'hui à des niveaux aussi bas qu'en 1874, ^ la même
époque. L'Ource tarit dans les années sèches sur 4 kilomètres de longueur
entre Crépan etBrion-sur-Ource, où une grande source l'alimente de nou-
veau; mais cette disparition a eu lieu cette année dès le mois d'avril, ce
qui est sans exemple.
» La Seine, qui représente par ses allures l'ensemble de tous les phéno-
mènes de son bassin, est en ce moment extrêmement basse. A Bray, en
amont du confluent de l'Yonne, l'eau, en mai 1875, ne dépassait guère
que de o^jio les niveaux de mai 1874. A l'échelle de Mantes, où la Seine
a reçu tous ses affluents, elle était, le 10 juin, à la cote o™,3o, exactement
la même qu'au 10 juin 1874. l'étiage officiel adopté pour représenter les
plus basses eaux correspond à o'",8o de l'échelle de Mantes.
» II. D'où vient cet abaissement déjà si considérable des eaux courantes,
qui ne fera que s'accroître jusqu'au milieu d'octobre prochain?
» La quantité de pluie tombée pendant les mois froids qui viennent de
finir ne l'explique que très-imparfaitement si on la considère dans son
ensemble, car elle ne diffère pas trop de la moyenne. Ainsi on a, pour les
six mois compris entre le i*"" novembre et le 3o avril :
Moyenne
1873-1874. 1874-1875. 1850-1868.
moi mm mm
Montbard igS 294 338
Vitry-le-Français 122 210 289
Paris (La Villette) i4i 212 238
» La pénurie des eaux courantes dans les mois chauds de 1874 était due
à l'absence de pluie dans les mois froids qui précédaient. Eu 1875, la pluie,
tout en étant encore insuffisante, s'est rapprochée de la moyenne; mais il
faur bien remarquer qu'elle n'est tombée que depuis novembre jusqu'en
janvier : à partir de février, nous n'avons presque pas eu d'eau :
1874. 1875.
Nov. Dec. Janv. Février. Mars. ,Vvril. Mai.
iiHii mm mui moi tiini mm mm
Montbard 29 g5 io4 26 19 21 ^2
Vitry-le-Français... 47 5o ■j^ i5 5 17 5i
Paris (La Villette). . 4? 7' *'' '' 'O '2 3o
187..
( i44o )
)) La sécheresse antérieure de 1874 contribuera aussi clans une large
mesure à la sécheresse de cette année. Si, en 1874, les cours d'eau eus-
sent été bien alimentés, la pluie des mois froids de 187/1-1875, bien
qu'ayant cessé presque complètement à partir de février, les aurait mainte-
nus tant bien que mal à des niveaux moyens; mais la sécheresse de 1874
avait complètement épuisé la provision d'humidité du sol. Les nappes sou-
terraines, qui alimentent les grandes sources des terrains perméables,
s'étaient abaissées d'une manière exceptionnelle. Il aurait fallu, pour leur
redonner l'humidité normale, plus encore que la quantité de pluie moyenne
des mois froids, qui seuls profitent aux cours d'eau et aux sources; au lieu
de cela, nous n'avons eu que des pluies déjà insuffisantes et qui se sont
concentrées de novembre à janvier, pour disparaître complètement ensuite.
» En résumé, nous trouvons actuellement, en juin 1873, les eaux cou-
rantes du bassin de la Seine presque aussi basses qu'en juin 1874- De même
qu'à cette époque, nous pouvons prévoir que, d'ici au milieu d'oc-
tobre 1875, les cours d'eau et les sources s'approcheront beaucoup de
leurs plus faibles débits. Ce sera, pour l'agriculture et pour l'indus-
trie, une véritable souffrance, quoique probablement un peu moindre
qu'en 1874.
» Pour que cette prévision ne se réalisât pas, il faudrait des pluies d'été
très-intenses etpresques continues, analogues à celles de 186G, phénomène
très-rare, qui serait pour l'agriculture et l'industrie une cause de désastres
bien autrement graves que la sécheresse. «
M. le Secrétaire PERPÉTUEL annonce à l'Académie la perte que la Section
de Géométrie vient de faire dans la personne de M. Le Bescjue, son plus
ancien Correspondant, décédé à Bordeaux le 12 juin.
RAPPORTS.
PHYSIQUE, — /lois de 1(1 Commission des paratonnerres sur une disposition
nouvelle proposée pour la magasins à poudre.
(Commissaires: MM. Becquerel, Edm. Becquerel, Jamin, Berlhelot, Desains,
Regnault, Morin, Ch. Sainte-Claire Deville, Fizeau rapporteur.)
« Dans la séance du 3 mai dernier, l'Académie a reçu, par l'entremise
de M. le Ministre de l'Instruction publique, une demande d'avis, adressée
( i44i )
par M. le Ministre de la Guerre, au sujet d'un nouveau plan de construction
de magasins à poudre souterrains. D'après le plan proposé, on établirait
plusieurs cheminées d'aérage destinées à mettre en communication la salle
des poudres avec l'air extérieur. Ces cheminées, partant des voûtes, iraient
aboutir au sommet du monticule formé par les terres qui doivent sur-
monter l'édifice en le protégeant contre les atteintes des énormes projectiles
aujourd'hui en usage.
» La question qui a préoccupé l'Administration de la guerre, et sur la-
quelle elle réclame spécialement l'avis de l'Académie, est celle de savoir si
l'existence de ces cheminées ne constituerait pas, au point de vue des effets
de la foudre, un danger sérieux, malgré la protection exercée d'ailleurs par
les paratonnerres établis, conformément aux instructions spéciales rédigées
pour les magasins à poudre, par la Commission de l'Académie, en 1867.
o L'examen de cette question ayant été renvoyé à la Commission actuelle
des paratonnerres, celle-ci m'a chargé de formuler son avis de la manière
suivante :
» Si l'Administration de la guerre adopte pour les nouveaux magasins à
poudre, conformément au plan annexé au projet, l'établissement de che-
minées de ventilation ayant pour but de maintenir la salle des poudres
dans un état de siccité convenable, disposition dont la Commission n'a
pas à discuter l'efficacité; sien même temps on établit le système des para-
tonnerres dans des conditions telles, que l'édifice entier avec le monticule
de terre qui le surmonte, ainsi que l'extrémité supérieure des cheminées,
reste toujours largement compris dans la zone de protection généralement
admise, la Commission est d'avis que Vexislence de ces cheminées ne deviendra
pas, en temps d'orage, une cause spéciale de danger d'explosion pour les poudres.
» Cependant dans certaines circonstances où, par suite de l'impossibililé
d'atteindre une nappe d'eau sous-jacente qui ne tarisse jamais, ou d'aller
chercher cette nappe d'eau à une certaine distance par des conducteurs
trop exposés à la malveillance, on se verrait obligé de renoncer à munir
un magasin à pondre de paratonnerres, alors les cheminées dont il s'agit
pourraient présenter quelque danger, surtout lorsque, par suite de cer-
taines conditions atmosphériques, leurs parois intérieures se trouveraient
accidentellement revêtues d'une couche d'eau condensée offrant à l'électri-
cité un passage facile. Lors donc qu'un magasin à poudre n'aura pas de
paratonnerres, il ne devra pas non plus avoir de cheminées.
» Dans tous les cas, il conviendra toujours d'éviter, dans la construction
des cheminées, l'emploi de toute pièce métallique d'un volume un peu
considérable; il sera même utile de remplacer par des grillages en bois les
( i442 )
treillis et grilles métalliques qui, dans le projet, doivent se trouver aux
extrémités inférieures et supérieures des cheminées. On pourrait craindre,
en effet, dans le cas d'un coup de foudre essuyé par les paratonnerres voi-
sins, que ces parties métalliques discontinues ne pussent, par influence,
donner lieu à des étincelles d'induction, toujours redoutables dans le voi-
sinage des poudres.
» A ce même point de vue de la possibilité de manifestations électriques
à une certaine distance d'un coup de foudre, la Commission croit devoir
particulièrement appeler l'attention sur la nature des caisses en partie mé-
talliques destinées à renfermer les poudres. D'après le projet, ces caisses,
d'une contenance de 5o kilogrammes, doivent être construites en bois et
zinc, et rangées, dans le magasin, jusqu'au nombre de plus de mille, sui-
vant deux piles parallèles pouvant atteindi-e une étendue de i6 mètres de
longueur sur i™, 60 de largeur et 4 mètres de hauteur. Un développement
aussi considérable de surfaces métalliques, même discontinues, présente
des conditions trop favorables aux manifestations électriques par influence
pour qu'il n'y ait pas à concevoir des craintes sérieuses dans de telles cir-
constances, même avec un système complet de paratonnerres supposés
dans le meilleur état possible. Il conviendrait donc de n'employer aucune
pièce métallique de quelque étendue dans la construction des caisses desti-
nées à l'emmagasinement des poudres. »
MEMOIRES PRESENTES.
GÉOMÉTRIE. — Théorie des surfaces de révolution qui^ par voie de déformation,
sont superposables les unes aux autres et chacune à elle-même dans toutes ses
parties; par M. F. Reech.
(Renvoi à la Section de Géométrie, à laquelle M. Bertrand est prié
de s'adjoindre.)
« Je me suis proposé de trouver la totalité des surfaces de révolution
qui, par voie de flexion et de déformation, sont superposables les unes aux
autres, non plus seulement par leurs lignes méridiennes et par leurs paral-
lèles comme dans la deuxième Partie de mon Mémoire, mais de toutes ma-
nières, en sorte que chacune de ces surfaces sera superposable à elle-même
dans toutes ses parties.
» Pour résoudre cet important et curieux problème, il fautque, après
avoir obtenu les expressions algébriques de E et S dans un triangle formé
( i443 )
par des lignes géodésiques, on assujettisse les expressions trouvées pour E
et S à satisfaire à la condition (i) (*).
» On est ainsi conduit à désigner par A" un nombre tel, qu'on doive avoir
et à intégrer, d'une part, dans le cas des valeurs positives de G, l'équation
d'autre part, dans le cas des valeurs négatives de G, l'équation analogue
^.-jï = o pour S = 7:-p,
et, en dernier lieu, quand on voudra avoir G = it co , l'équation plus
simple
= o pour a = n.
d
Y'
» Les intégrales générales de ces trois équations sont connues; les con-
stantes arbitraires peuvent aisément être déterminées de manière que, pour
j- = o, on ait y(o) = i, conformément à ce qui est nécessaire d'après
l'équation [d).
» L'entier développement de ces équations conduit à un nombre illimité
de surfaces de révolution, les unes du genre spliérique, les autres du genre
pseitdo-spliérique.
» Dans le genre sphérique, il y a autant d'espèces distinctes que de va-
leurs différentes on voudra atli'ibuer à k, et, dans chaque espèce, il y a au-
tant de surfaces distinctes que de valeurs différentes on voudra attribuer à
la constante L de l'équation [d).
1) Dans le genre pseudo-sphériqne, on obtient deux classes distinctes.
Les surfaces de la première classe ressemblent à des hyperboloïdes gauches;
celles de la seconde classe ressemblent à des cônes de formes évasées à
partir des sommets des cônes.
)) Dans l'une et l'autre classe, il y a (comme dans la classe unique du
genre sphérique) autant d'espèces distinctes que de valeurs différentes on
voudra attribuer à A et, dans chaque espèce, un nombre illimité de surfaces
distinctes.
» Parmi la totalité de ces surfaces, il s'agit de reconnaître celle qui est
ou plane, ou superposable à un plan.
(*) Page i388 de ce volume.
{ ihkk )
» Pour obtenir ce cas particulier, unique, il est nécessaire que dans les
équations on fasse A = oo , par suite S = 2D, ce qui justifie et légitime la
science géométrique d'Euclide.
)) La dernière Partie du Mémoire, intitulée Appendice, a pour objet de
faire voir que, d'après le contenu d'un Mémoire de M. Bour, couronné par
l'Institut, il y a un nombre illimité de surfaces hélicoïdales qui toutes, par
voie de déformation, sont superposables à une surface de révolution donnée,
et qui, par conséquent, peuvent être rendues superposables à elles-mêmes,
de manière que dans un triangle formé par des bgnes géodésiques on aura,
à volonté, soit
soit
soit
S = 71. "
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur un système de distribution dans tes ma-
chines à vapeur. Mémoire de M. Sekowski, présenté par M. Resal. (Extrait
par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Resal, Tresca.)
a J'ai été conduit dernièrement à un nouveau mode de communication
du mouvement du tiroir d'une machine à l'aide d'un mécanisme intérieur
dont je donne ci-après la description.
)) Le piston moteur fiiit corps avec sa tige, qui est évidée intérieurement
et fermée à l'autre extrémité au moyen d'une vis. Au-dessous de celle-ci se
trouve pratiquée une ouverture latérale dans la tige, pour y laisser pénétrer
la partie de la force motrice destinée à agir sur la face supérieure du petit
piston engagé dans l'intérieur de la tige, et, par suite, à faire marcher le
piston d'une certaine quantité, quand le grand piston moteur est au bas
de sa course.
» Le tiroir est relié au petit piston au moyen d'une tige, d'un levier et
d'une tringle; cette dernière est munie d'une entaille qu'on a ménagée
au-dessous du petit piston, laquelle laisse entrer le (ptantum de la force mo-
trice destiné à agir sur la face inférieure dudit petit piston, quand le grand
est au haut de sa course. Les milieux de la tige évidée et du cylindre mo-
teur sont convenablement séparés au moyen d'une presse métallique.
» T.es choses étant ainsi disposées, si l'on suppose que la force mo-
( i445 )
trice arrive à l'inltTieur et au bas du cylindre, le piston moteur mar-
chera dans un sens. Au bout de sa course, par suite de la combinaison
des organes que nous venons de décrire, le petit piston recevant l'action
de la vapeur sera poussé de la quantité nécessaire pour que le tiroir soit
entraîné et change instantanément la distribution.
» A ce moment, la pression du moteur sera transportée sur l'autre face
du grand piston, qui marchera en sens contraire. Quand il arrivera au bout
de sa course rétrograde, l'ouverture pratiquée latéralement dans la partie
supérieure de la lige évidée, qui venait de se trouver en communication
avec l'atmosphère, entrera à l'intérieur du cylindre. Alors le petit piston
recevra la pression, et il sera poussé de la quantité nécessaire pour rejeter
le tiroir instantanément dans sa position primitive.
» Les différentes phases de la distribution se reproduisant périodique-
ment pendant chaque excursion du grand piston moteur et le mouvement
de va-et-vient est réalisé.
» Pour calculer le tiroir instantané, il faut considérer les moments des
forces par rapport au point fixe autour duquel oscille le levier servant de
liaison entre la tige du tiroir et la tringle du petit piston. En écrivant les
conditions d'équilibre des forces qui agissent sur le système, on en déduit
le diamètre du petit piston.
» Le tiroir instantané est applicable : i" aux machines à colonne d'eau;
2" aux machines à gaz; 3" aux perforateurs et aux laveuses- mécaniques;
4° aux machines à vapeur à pleine pression ; 5" aux machines à vapeur à
détente fixe, par l'emploi de deux cylindres accouplés.
» Au point de vue de la construction, les excentriques étant supprimés,
le système de tiroir instantané se prête particulièrement aux machines à
percussion et à connexion directe.
» En outre, mon système offre cet avantage, que le mouvement instan-
tané transmis au tiroir étant proiluit par l'action directe de la force motrice,
sur les organes de distribution, s'effectue sans choc, comme d'ailleurs
l'expérience l'a prouvé d'une manière concluante.
» Dans le cas de la délente, le tiroir instantané est conduit aux dépens de
la vapeur, qui a déjà produit son action dans le cylindre à vapeur; il y a
donc économie dans le travail moteur.
» J'ai appliqué le système de tiroir instantané à une machine à va|îPiu',
que j'ai fait construire à Paris. Les résultats obtenus ont été satisfaisants. »
C. R., 1875, !"• Semestre. (T. LXXX, N" 25.
i88
( i446 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la synthèse d'un terpitène ou carbure camphénique.
Note de M. G. Bouchardat, présentée par M. Berthelot.
(Commissaires : MM. Wurtz, Cahours, Berthelot.)
« On a cherché à interpréter les réactions de l'essence de térébenthine
et celles de ses dérivés en admettant dans ces composés l'existence de grou-
pements particuliers du carbone et de l'hydrogène. M. Berthelot (i), guidé
par les résultats que fournit l'action hydrogénante de l'acide iocihydrique,
et spécialement la formation de l'hydrure d'aniylène C'"H'-, avec tous les
carbures camphéniques, a regardé ces carbures comme des polymères d'un
certain carbure générateur C'H*; d'autres chimistes, en se basant sur
l'étude des seuls produits d'oxydation de ces composés et de leurs dérivés
les plus prochains, les ont au contraire rattachés à la benzine. Il m'a semblé
que des expériences de synthèse en partant en particulier du carbure
C'^H* pouvaient seules trancher la question, à la condition d'obtenir par
les métamorphoses de ce carbure des composés parfaitement définis et
cristallisés, déjà connus comme susceptibles d'être préparés avec l'essence
de térébenthine elle-même. J'ai étudié le carbure C'"!!*, isoprène de
M. Greville Williams (2), qui se rencontre dans les produits de la distilla-
tion du caoutchouc ; je décris dans mon Mémoire l'étude de cette distilla-
tion et celle des produits principaux qu'elle fournit. Je m'attache seule-
ment ici à ce carbure G'"!!* et aux produits de sa condensation.
» En effet, j'ai cherché à déterminer la polymérisation de l'isoprène,
sans faire intervenir d'agents capables de détruire les carbures camphé-
niques qui pourraient provenir de la réaction. Dans ce but, j'ai soumis
l'isoprène, dans des tubes scellés, à une température comprise entre 280 et
290 degrés, pendant dix heures et à l'abri des moindres traces d'air, dans
une atmosphère de gaz carbonique.
» Il ne se forme pas de gaz dans cette action. Le produit qui a subi l'ac-
tion de la chaleur a changé complètement d'aspect; il est devenu moins
fluide, visqueux ; sa densité a augmenté ; enfin il ne bout plus à une tem-
pérature constante de 38 degrés.
)> Far la distillation on recueille trois produits principaux, savoir: i°une
certaine proportion du carbure primitif inaltéré j 2" un carbure volatil
(i) Berthelot, Bullitin de lu SnciéCc chimique de Paris, t. XI, p. i8<); i86g.
(2) Greville Williams, Pioceediii^s nf tlie royal Society, t. X, p. 5iu; 18G0.
( '447 )
entre 170 et i85 degrés ; 3" des produits de condensation à point d'ébuUi-
tion plus élevés: j'ai principalement étudié le produit volatil entre r 70 et
i85 degrés. La plus grande partie distille de 176 a 181 degrés. Il possède
alors une odeur agréable ; l'odeur spéciale alliacée de l'isoprène a disparu
et fait place à une odeur citronnée très-intense, se rapprochant de celle que
possède l'isotérébenthène ou essence de térébenthine modifiée par la clia-
leur : sa densité est de 0,866 à zéro, de o,854 à + 21". Sa composition
répond exactement à la formule C^'H'"; o^', 218 de matière ont fourni
0,234 d'eau et oS'^,705 d'acide carbonique, ce qui donne en centièmes
Calculé.
C 88,2 88,2
H II ,<j 11,7
» Ce composé s'altère rapidement à l'air en absorbant l'oxygène à la fa-
çon des térébenihènes. Il est privé de pouvoir rotatoire.
» La réaction la plus caractéristique est celle du gaz chlorhydriqne. Le
gaz chlorhydrique se combine directement au nouveau carbure pur ou
mieux dissous dans l'éther. Après l'évaporation de l'éther, il reste, à la tem-
pérature actuelle de 20 à 22 degrés, un corps huileux renfermant une très-
notable proportion de chlore combiné et qui est un mélange d'au moins
deux matières distinctes. J'ai soumis ce produit à la distillation dans le vide
partiel, sous une pression de 10 centimètres de mercure. On sépare ainsi
d'abord un composé qui reste liquide même dans un mélange réfrigérant
et bouillant dans ces conditions de pression vers i45 degrés; sa composi-
tion se rapproche de celle d'un monochlorhydrate C^" H'", II Cl. La tempé-
rature du liquide qui distille monte rapidement à 175-180 degrés, point
où elle reste stationnaire; il se fait en même temps une faible destruction
du composé qui se traduit par un dégagement de gaz chlorhydrique. En
s'arrétant à ce point, il reste dans la cornue une substance qui, le plus
souvent à la température ambiante de 20 degrés, reste liquide et n'aban-
donne pas de cristaux; mais il suffit de la maintenir dans un mélange réfri-
gérant à — 10" pour en déterminer la solidification complète. Quelquefois
cette solidification ne se produit pas encore, on la détermine eu y ajoutant
des traces du corps déjà isolé, ou même du chlorhydrate C^" H'" 2HCI pré-
paré au moyen de l'essence de térébenthine. On sépare rapidement les
cristaux du liquide en les comprimant à basse température, on les purifie
ensuite en les faisant cristalliser dans l'éther, comprimant de nouveau les
cristaux et les faisant recristalliser.
» Ils possèdent alors toutes les propriétés du chlorhydrate de terpilènc,
188..
( i448 )
ces cristaux fondent à +49°)5; le liquide fondu se prend en niasse vers
/l3 degrés. 11 renferment 33,75 de chlore, 57,3 de carbone, 8,9 d'hydro-
gène, ce qui correspond à la formule C"" H"' aHCl; enfin ils sont isomor-
phes et probablement identiques avec le dichlorhydrate d'essence de
térébenthine ou chlorhydrate de terpilène. Cette identité est confirmée
fortement par l'action propre du dichlorhydrate préparé avec l'essence de
Icrébcnlhinc pour déterminer la cristallisation de mon nouveau dichlorhy-
drate, dans (les conditions de surfusion, comiue il a été dit plus haut. Ajou-
tons enfin que, à l'aide de ce dichlorhydrate, il est facile de régénérer le
terpilène C^"H'°, composé isomériqiic, avec l'essence de térébenthine et que
l'on peut en dériver, en fixant l'état moléculaire du carbure par sa combi-
naison avec l'acide chlorhydriquc. Eu résumé, l'isoprène, carbure qui ne
renferme que 10 équivalents de carbone, donne, en se condensant par l'ac-
tion de la chaleur seule, un carbure renfermant le double de carbone, et
dont les dérivés sont identiques avec ceux du terpilène. Ces faits suffisent,
à mon avis, pour établir que ce terpilène et les carbures camphéniques
dont il dérive, tels que l'essence de térébenthine, l'essence de citron, modi-
fiées dans l'acte de la combinaison chlorhydriquc, que tous ces carbures,
dis-je, sont des polymères (CH")" = C-'H'" de certains carbures de la for-
mule C'^H'; ils le sont au même litre que la benzine dérive de 3 mo-
lécules d'acétylène condensées en une seule. Je m'occupe en ce moment de
reproduire un camphène cristallisé appartenant au type du monochlorhy-
drale d'essence de térébenthine C"" II'" H Cl, au moyen du même carbure
générateur C" H".
» Ce travail a été fait au laboratoire de M. Berihelot, au Collège de
France. »
M. A. lÎARTHÉucMY adrcssc une Note sur un procédé permettant de me-
surer le coefficient de dilatation absolue du mercure. L'auteiu- propose
l'emploi de deux baromètres communiquant par la chambre baromé-
trique; l'un des baromètres est entouré d'huile chaude et l'autre de glace
fondante.
(Commissaires : MM. Fizeau, Edm. Becquerel, Desains.)
M. A. Rivière adresse une Noie sur des apparences de formation sédi-
mentaires (pie présentent les roches granitiques employées au dallage des
trottoirs de Paris.
Le vrai granile des dalles ne montre que des apparences trompeuses
• ( i449 )
qui ne sauraient infirmer la théorie de l'origine ignée de cette roche. Pour
remettre en question l'origine plutonienne du granité, il faut constater des
faits qui permettent de soutenir cette discussion; mais, jusqu'à ce jour, les
observations les plus minutieuses n'en ont dévoilé aucun qui pût être sé-
rieusement invoqué.
(Commissaires : MM. Delafosse, Daubrée.)
M. E. JouRDY adresse une Note sur la forme des baies du littoral algé-
rien. Elles sont ouvertes du côté du nord-est; leur bord méridional s'en-
fonce dans l'intérieur des terres, tandis que du côté de l'ouest elles sont
adossées à des massifs montagneux qui se prolongent dans la mer en pro-
montoires élevés. L'auteur cherche la raison de cette disposition commune
dans le régime des eaux de la Méditerranée.
(Commissaires : MM. Ch. Sainte-Claire Deville, Belgrand, de Lesseps.)
M. L.-V. TcRQUAN adresse un Mémoire sur l'intégration de l'équation
aux dérivées partielles du troisième ordre, à deux variables indépen-
dantes.
(Commissaires : MM. Bonnet, Puiseux, Bouquet.)
M. J. JuDTCKi adresse un Mémoire sur le mode de gisement des com-
bustibles minéraux.
(Commissaires : MM. Regnanlt, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.)
M. GiRAUD soumet au jugement de l'Académie un plan de direction aé-
rostatique.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
M. F. CoBET adresse une Communication relative à la destruction du
Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
( i45o )
CORRESPONDANCE .
CHIMIE. — Sur In théorie de la disioliition et de la cristnllisntion.
Noie de M. Lecoq de Boisbadduan.
« J'ai démontré (i) que les différentes faces d'un même cristal ne pos-
sèdent pas des solubilités égales. M. Pfaundier considère ce fait (2) comme
découlant de la théorie qu'il a publiée il y a quelques années.
» L'hypothèse très-ingénieuse de M. Pfaundier me paraît, au contraire,
incompatible avec mes expériences. Cette hypothèse consiste à admettre
entre un cristal et son eau mère un continuel échange de molécules. L'éga-
lité entre les nombres de molécules sortant du cristal et s'y fixant représente
le point de saturation.
» D'après cela, une variation, même très-faible, de la concentration du
liquide, altérerait le rapport de l'échange moléculaire et déterminerait aus-
sitôt luie diminution ou une augmentation de la masse du cristal. Or l'expé-
rience fait voir qu'une face cristalline reste intacte, sans gain ni perte, en
présence d'un liquide dont la concentration varie dans des limites sensi-
bles. Je me crois donc autorisé à conclure que l'échange supposé n'existe
pas.
» Voici une autre preuve : D'après mes expériences, un isomorphe A peut
rester inerte en présence d'une solution composée d'un isomorphe B, bien
que la concentration varie assez pour qu'un cristal de B s'accroisse ou se
dissolve. Si l'échange avait lieu, la surface de A serait bientôt formée de mo-
lécules B, en raison de la masse indéfinie du liquide; dès lors le cristal A,
ainsi revêtu de molécules B, se comporterait comme un cristal entièrement
composé de B, et l'on n'observerait aucune différence d'action entre les
deux isomorphes.
» M. Pfaundier suppose que la matière d'une face peut se transporter sur
luie antre face sans changement de la température ambiante. J'ai eu moi-
même autrefois cette opinion qui découle naturellement de la notion d'une
différente solubilité des ftices, mais l'expérience ne l'a pas vérifiée ; je l'ai donc
abandonnée, faute de preuves et sans prétendre pour cela en avoir démontré
l'inexactitude absolue.
(i) Comptes rendus, 5 avril i8r5, p. 888, et 19 avril, p. 1007.
(-i) Builetin de la SocicHé chimique, 5 juin 1876, p. 49 1-
( i45i )
» Le transport à température constante est, de fait, empêché précisément
par cette inertie, cette résistance au changement d'état que j'ai signalée et
qui est cause que, lorsque la liqueur est encore assez étendue pour dissoudre
la face la plus attaquable, elle n'est pas assez concentrée pour vaincre
l'inertie d'assimilation de la face la plus stable.
» Je pense donc que les cristaux d'iode cités par M. Pfaundier s'étaient
l'éellement formés sous l'influence de légères variations de température (i).
» La théorie des échanges moléculaires de M. "Pfaundier me paraît im-
puissante à expliquer la régénération des cristaux mutilés; car, d'après l'ex-
périence, la matière employée dans cet acte est prise au liquide et non aux
faces intactes. »
COSMOLOGIE. — Rapport sur la chute de deux pierres ynétéoiiques dans
les Etats-Unis; par M. J. Lawrence Smith, de Louisville (Ky).
(Extrait.)
MÉTÉOnlTE DU COMTÉ d'iOWA.
« Dans la soirée du 12 février 1875, vers lo'^So'", le ciel étant légè-
rement nuageux, on vit de divers endroits situés dans la région s'éten-
dant de 90° 4o' de longitude à 94° 45', et de 38° 58' de latitude à 42° 3o',
dans l'état d'Iowa (Etats-Unis) et les contrées contiguës, un très-grand
météore.
)) Le poids total des pierres trouvées jusqu'à ce jour est d'environ
i5o kilogrammes. L'espace de terrain sur lequel elles ont été trouvées
s'étend de 4 à 5 railles de long sur un demi-mille de large; les plus petits
fragments ont été trouvés sur la partie la plus méridionale de cette surface,
les plus gros l'ont été dans la partie septentrionale. Au sujet de leur vi-
tesse, le profebseur Léonard a fait quelques estimations et il l'évalue de
4 à 5 milles par seconde.
» Composition de la météorite. — Elle appartient à la variété la plus dure
et se rapproche beaucoup de celle qui tomba à Aumale (Algérie) en
août i865.
u La croûte extérieure est d'un noir foncé et plus mince que la moyenne.
Intérieurement elle est d'une couleur grise, avec de nombreuses particules
(i) Des variations de quelques centièmes de degré centésimal, survenues en vingt-quatre
heures, ayant parfois sufli pour dépasser les limites de la force d'inertie des faces cristal-
lines sur lesquelles j'opérais, il me semble tliflicile ([u'on puisse aflirnur que tel transport
d'une face à l'autre n'a pas eu pour cause des fluctuations tlierniometnques très-faibles.
{ i452 )
de fer et de troïlite disséminées dans la masse, qui est d'un aspect abso-
lument uniforme.
Poids spécifique 3 ,57 à 3 ,80
Matière pierreuse 81 ,64
Troïlite 5,82
Fer nickelifère . . 1 2 ,54
» La partie pierreuse, séparée autant que possible du fer et de la troïlite,
et mise en digestion avec l'acide chlorhydrique, a donné :
Décomposée par l'acide 54,i5
Non décomposée 4^ î^^
» La partie décomposée consistait en ;
Silice 35,61
Protoxyde de fer 27 , 20
Magnésie 33,45
Alumine 0)7 '
Soude avec des traces de fer et de lithine. . i ,45
» Il est évident que cette portion de la météorite est essentiellement du
péridot, approchant par sa composition de la variété appelée hjalosidérile.
>) La partie non décomposée consiste en :
Silice 55,02
Protoxyde de fer 27,41
Magnésie 1 3 , 1 2
Alumine 0,84
Alcali 2,01
» Cette composition indique que la plus grande partie de la matière
minérale associée au péridot est un pyroxène. Quelques taches blanches
peuvent être de l'enstatite, mais la quantité en était excessivement minime.
» La partie métallique séparée de la portion pierreuse était composée de :
Fer 8g , 04
Nickel 10,38
Cobalt 0,58
Cuivre, soufre, phosphore traces.
)) Nous pouvons donc représenter cette météorite comme composée de :
Olivine 44)09
Pyroxène 3^ ,55
Troïlite 5, 82
Fer nickelifère 12, 54
» Un trait très-intéressant de ces pierres est que plusieurs d'entre elles
( i453 )
ont une surface récemment fracturée, et couverte d'un commencement
de fusion sur les surfaces fraîches, de manière à indiquer clairement
qu'il ne s'était pas écoulé assez de temps depuis la fracture pour per-
mettre la fusion de la surface entière.
METEORITE DU COMTE DE NASH,
» Cetfe météorite est tombée le 1 4 mai 1 874, à 2'' 3o"' après-midi, près de
Castralia, comté de Nash, dans la Caroline du Nord (États-Unis), latitude
36° 1 1', longitude y^^So',
» Sa chute fut accompagnée des explosions successives communes à ces
phénomènes avec des bruits roulants qui durèrent environ quatre minutes.
» Il doit être tombé au moins une douzaine de ces pierres; le territoire
sur lequel elles sont tombées avait au moins 10 milles de long snr plus de
3 milles de large. Deux d'entre elles pesaient respectivement i''^, 800 et
5''s, 5oo.
» Cette météorite appartient à la variété la plus commune avec une croûte
foncée, qui, par places, ne couvre pas entièrement les pierres. En quelques
places moindres de i centimètre de diamètre, la matière composant la
croûte forme des perles de la forme d'une poire.
» Dans une ou deux fissures, un peu de la matière en fusion de la cou-
verture avait pénétré jusqu'à 5 millimètres au-dessous de la surface et avait
plus d'éclat qu'à la surface.
» L'intérieur, dans plusieiu's parties, est d'un gris foncé, et dans d'autres
parties, très-clair; dans la partie la plus claire, il y a quelques traces
blanches d'un minéral qui est sans doute de l'enstatile.
« Le poids spécifique de ces pierres est de 3, 601 :
Fer nickelifère i5,2i pour 100.
Minéraux pierreux 84'79 "
« Le fer nickelifère est composé de :
Fer 92, 12
Nickel '6,20
Cobalt 0,41
» Le cuivre et le phosphore ne sont pas appréciables.
i> La partie pierreuse, traitée par un mélange d'acide chlorhydrique et
d'acide nitrique, a donné :
Partie insoluble 47 >02
n soluble 52, 98
C.R.,l875, i"Semejrre.(T. LXXX, No'Jô.) I 89
( i454 )
la première contenant :
Silice. 52 , 6 1
Alumine 4 ' 80
Proto.xyde de fer 1 3 , 2 1
Magnésie 27,81
Alcalis (soude avec traces de lithine) i ,38
98^,'3Ï
ce qui correspond à la bronzite.
» La portion soluble a fourni ;
Silice 38 , o 1
Protoxyde de fer i7)5i
Magnésie 4^ ' 27
Alumine 0,46
Soufre '. . . . 1,01
98,26
» Celle-ci est évidemment du péridot mélangé d'un peu de sulfure de
fer, qui est tellement disséminé dans la pierre qu'il n'est pas facile de le
séparer complètement par des moyens mécaniques. »
MÉTÉOROLOGIE. — Influence des forêts sur le climat, et variations de la
température avec tes phases de la végétation. Note de M. L. Fautrat, pré-
sentée par M. Ch. Sainte-Claire Deville.
u A la suite d'une longue série d'observations, M. Mathieu a reconnu
que dans une même région, sous le couvert des bois, la température est
plus basse qu'en terrain découvert. Pour fournir une donnée de plus à ce
problème, des études ont été faites dans la forêt d'Halatte, à l'Observatoire
forestier de Fleurines, sous bois et hors bois, à 200 mètres du massif. On a
fait, en outre, des déterminations hygrométriques et thermomètriques dans
ces deux stations : 1° à 7 mètres au-dessus du massif; 2° hors bois, à la
même altitude.
-) Nous avons déjà rendu compte de nos observations hygrométriques,
qui tendent à établir que, au-dessus de la forêt, il y a plus de vapeur d'eau
qu'à la station hors bois,
» La Note que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie est
le résumé des observations thermométriques; elles sont consignées dans le
tableau ci-contre.
( ■
455 ^
MOIS
D'OBSERVATION.
TEMPÉR/VTURE A I
4 MÈTRES
DU SOL.
TEMPÉRATURE A l"
,40 DU SOL.
MOYENNE
des minima
u
z
u
ce
H
MOYENNE
dos maiima
u
z
M
te
b
MOYENNE
des minima
MOYENNE
des niaxima
DEMI-SOMME
des maiima et des
minima
z
b3
ca
■a
b.
au-dessus
du massif.
en
debiirs.
au-dessus
du massif.
t-n
(iebors.
0
11,98
17,80
sous
bois.
hors
bois.
sous
bois.
bors
bois.
sous
bois.
bors
bois.
Mars
Avril
874..
u
2,22
5,60
0
2,24
5,60
— 0,02
0,00
0
12,29
17,70
-i-o,3i
— 0, 10
0
1,74
4,5
0
1,67
4,7
0
12, 16
17,8
0
12,45
18,5
0
6,95
1 1 ,i5
0
7,06
11,60
—0, 11
—0,45
Mai
i. . .
4,5o
4,40
-t-o,io
17,50
17,20
-1-0, 3o
3,1
3,2
i5,8
18,,
9,4i
10, 6.)
— 1 , 20
Juin
1) . .
//
10, 5o
II
23,70
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— 0, 10
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17,20
— 1,75
Juin.
» ..
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— 0, 10
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Août
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Oct.
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— 0,25
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—0,10
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16,00
20,60
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1,5
6,5
17,6
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21,7
9,28
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— 0,6
"
"
17,12
16,95
0, 13
4,25
4,48
16,14
'7,44
10.35
11 ,o5
— 0,70
» Les déterminations faites sous bois et hors bois établissent clairement
le pouvoir réfrigérant de la forêt. C'est pendant la saison chaude que ce
résultat est le mieux accusé. En mai, juin, juillet, août (1874), la foret a
abaissé de i°,20, i°,75, i°,95, 1°, 53 la température moyenne prise à i",4o
du sol.
» Des observations faites au-dessus du massif et en dehors, à une même
altitude de i4 mètres, il semble résulter que l'effet est en rapport avec les
phases de la végétation. La température serait un peu plus élevée, au-dessus
de la cime des arbres, pendant les mois du printemps ou de l'épanouisse-
ment des bourgeons et, par conséquent, lors du maximum d'élimination
de l'acide carbonique. »
M. E. Maumené adresse une Note dans laquelle il propose d'adopter, pour
la prise d'essai habituelle des sucres, la moyenne entre le nombre i6^',20,
qui résulte du travail de MM. de Luynes et Girard, et le nombre iG'^'jio
qu'on peut déduire de la détermination faite par M. Broch sur la raie D. La
moyenne serait alors lô^^iS.
( i456 )
M. Cl. Berxard offre à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Vulpian,
deux volumes de ses leçons sur Vappareil vaso-moteur^ faites à l'Ecole de
Médecine de Paris.
M. FoRDos demande et obtient l'autorisation de retirer du Secrétariat
les trois Notes qu'il avait adressées pour le Concours des Arts insalubres.
M. Marinowitch demande et obtient l'autorisation de retirer les deux
Mémoires qu'il a présentés, et sur lesquels il n'a point été fait de Rapport.
M. Crespin adresse une réclamation relative à la Note insérée au Compte
rendu de la séance du 7 juin iS^S, page i4o6. Le projet de MM. Mignon et
Ronart, mentionné dans cette Note, a été imprimé dans la Revue indus-
trielle au mois de septembre 1873, et la date du 7 mai 1872 est celle d'une
Note autographiée, signée par ces deux ingénieurs et envoyée par eux à
l'appui de leur réclamation.
A 5 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. J. B.
ERRATA.
(Séance du 24 mai 1875.)
Page i3og, dernière ligne, au lieu de sans l'hydrate de camphène, lisez sans doute l'iiy-
drate de camphène.
Page i3io, ligne 26, au lieu de l'acétate de soude, lisez l'acétate alcalin.
(Séance du 7 juin 1875.)
Page 1394, ligne ï5,aulieude i''28'"8% lisez i''28'^28".
^^^^^^^■^r^ir'i^^
COMPTES RENDES
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SrUNCE PUBLIQUE ANNUELLE DU LUNDI 21 JUIN 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
M. Fremv, Président de l'Académie, prononce l'allocution suivante :
« Messieurs,
» L'Académie garde longtemps, vous le savez, ses impressions doulou-
reuses lorsqu'un coup crue! vient la fra|)per.
» Vous me permettrez donc de consacrer mes premières paroles au sou-
venir du doyen de l'Académie des Sciences que nous avons perdu cette
année.
» M. Malhieu aimait la Science comme il aimait son pays; dans sa
quatre-vingt-douzième année il donnait encore des preuves de son activité
scientifique en nous apportant un travail qu'il venait de terminer : chez lui
le mérite du savant était rehaussé par les qualités de l'homme de bien,
et cette longue existence a été un modèle de fermeté, d'indépendance et
d'honneur.
» J'interpréterai les sentiments de l'Académie entière en disant ici que
la mémoire de M. Malhieu sera conservée parmi nous avec une pieuse
vénération.
» Les nobles exemples portent leurs fruits, el une vie comme celle de
( i/iSH )
M. Mathieu, qui laisse après elle tant de souvenirs honorables, était bien
faite pour exciter des dévouements à la Science, tels que ceux que je vais
rappeler.
» L'importance des Mémoires que nous couronnons cette année prouve
une fois de plus avec quelle ardeur les travaux scientifiques sont suivis en
France, et l'on peut dire que nos n)alheurs nous ont grandis en nous exci-
tant aux études sérieuses.
» La génération qui s'élève comprend ses devoirs; elle sait que c'est par
un travail assidu et avec le secours de la Science qu'elle se rendra digne de
l'héritage patriotique que nous lui léguons.
» L'étude du phénomène astronomique qui s'est manifesté le 9 dé-
cembre 1874 nous donne la mesure du zèle qui anime nos savants fran-
çais.
» Notre éminent Secrétaire perpétuel, M. Dumas, a déjà fait connaître
les travaux accomplis par la Commission dont il était le Président (i), et
qui a préparé avec tant de soin l'expédition du passage de Vénus : il a re-
mercié également, au nom de l'Académie, tous les amis de la Science qui,
par leur puissante et généreuse intervention, ont assuré le succès du vovage.
Mes confrères ne me permettraient pas de parler ici de leurs travaux per-
sonnels : ils veulent que l'honneur revienne entièrement aux courageux
voyageurs qui ont établi leurs observatoires dans les conditions les plus
difficiles et qui nous rapportent des documents si précieux : tous, sans
exception, ont été à la hauteur de la mission qui leur a été confiée ; ils ont
montré une intelligence et une intrépidité que nous ne saurions trop
admirer; les marins sont devenus de véritables savants et les savants ont
acquis les qualités du marin. Les uns sont restés pendant trois mois exposés
à la neige et à la pluie dans cet ancien cratère de volcan qu'on appelle
l'île Saint-Paul ; les autres ont passé près de cent nuits dans l'île Campbell,
au pied de leur lunette, pour se trouver prêts et à leur poste, au moment
décisif, comme de véritables soldats de la Science.
» Ils n'ignoraient pas cependant que les stations indiquées par les savants
calculs d'un de nos confrères étaient exposées aux vents et aux tempêtes
et qu'un nuage pouvait rendre inutile tant de peine et de travail.
(i) Cette Commission était composée de MM. les Membres des deux Sectiuns d'Astronomie,
de Géographie et de Navigation, de MM. Elie de Beaumont, Fizeau et Dumas.
( i4% )
» Mais une pareille considération n'était pas de nature à arrêter des
hommes comme ceux que l'Académie avait choisis et qui ont toujours pour
devise : « Fais ce que dois, advienne que pourra ».
» Vous aurez cette conviction, Messieurs, si vous voulez bien vous rap-
peler quel était le personnel qui composait nos missions scientifiques : vous
y trouverez des officiers de marine, des ingénieurs hydrographes, des
physiciens, des astronomes, des naturalistes voyageurs du Muséiun, et
avec eux un de nos confrères qui a voulu représenter l'Académie dans ce
grand concours scientifique des nations civilisées.
» Cet intrépide voyageur, tout le monde le connaît, et nous savons ce
que rapportent à la Science les expéditions qu'il entrepreiul : c'est celui
qui ne redoute ni les fatigues ni le danger et qu'on trouve toujours en
première ligne lorsqu'il s'agit de servir la Science et le pays.
» Tout à l'heure je nommerai les savants que l'Académie couronne :
laissez-moi donc aussi vous rappeler les noms des voyageurs qui ont rempli
si dignement la mission que l'Académie leur avait donnée.
Mission de l'île Campbell.
Chef de mission ; M. BonyUET iie la Grye, ingénieur hydrographe de la Marine.
M. Hatt, sous-ingénieur hydrograplie de la Marine
M. Courrejolles, lieutenant de vaisseau.
ai. FiLHOL, naturaliste voyageur du Muséum.
Mission de l'île Saint-Paul.
Chef de mission : M. Mouchez, capitaine de vaisseau.
M. Cazin, professeur au lycée Condorcet.
M. TuRQUET DE Beaubegard, Capitaine de frégate.
M. Vilain, naturaliste, répétiteur à l'École des Hautes Études.
M. RocHi'PoRT, médecin de première classe de la Marine.
M. Delisle, naturaliste voyageur du Muséum.
Mission de Nouméa.
Chef de mission : M. André, astronome de l'Observatoire de Paris.
M. Ancot, physicien attaché au Collège de France.
Mission de Pékin.
Chef di: mission : M. Fleueiais, lieutenant de vaisseau.
M. Blabkz, lieutenant de vaisseau.
M. Lapi£d, enseigne de vaisseau.
igo
( i46o )
Mission df, Yokohama.
Chef de mission : M. Janssen, Membie de l'Instilut.
M. Tisserand, directeur de l'Observatoire de Toulouse.
M. Picard, lieutenant de vaisseau.
M. Delacroix, enseigne de vaisseau.
M. Arents, artiste rliargé de la |)hotographie.
M. Vacher, artiste mécanicien.
M. Chimizou, attaché japonais, ancien élève de l'itcole Centrale.
Mission de Saigon.
M. HÉRAUD, ingénieur hydrographe de la Marine.
» Des missions scientifiques confiées à de pai-eils honiines, connus déjà
par des travaux nombreux et qui, en outre, étaient animés par leur patrio-
tisme, devaient produire les résultats les plus heureux.
» Nous pouvons donc attendre avec confiance le travail qui s'exécute
en ce moment, sous la direction de nos savants confrères, sans chercher si
les documents utiles à la Science viennent des missions australes ou des
missions boréales.
» Dans cette grande entreprise scientifique tout doit être mis en com-
mun : les missionnaires de l'Académie ont fait preuve du même courage et
du même zèle, notre reconnaissance doit être la même pour tous.
» Aussi l'Académie, qui a voulu consacrer, par une médaille commé-
morative, le souvenir de cette noble association de la Marine et de la
Science dans l'observation du passage de Vénus, a-t-elle décidé que le
même hommage serait rendu à nos voyageurs : ils recevront tous la mé-
daille de l'Académie; tous avaient été à la peine, nous avons voulu qu'ils
fussent tous à l'honneur.
» C'est dans une autre expédition qui, malheureusement, s'est terminée
d'une manière bien triste, qu'on trouve encore, cette année, de grands
exemples d'ardeur scientifique.
» L'Académie a toujours encouragé ces ascensions aéricrines entreprises,
comme celles de Gay-Lussac et de Biot, dans l'intérêt de la Science, et qui
peuvent fournir à la Météorologie ou à la Physique du globe des docu-
ments qui leur manquent.
» De pareils voyages sont dangereux, surtout lorsqu'on les poursuit
dans des régions glacées et à des hauteurs oit la respiration devient dilficile.
( i46i )
» C'est donc avec une anxiété véritable que nous avons vu partir ces
trois savants, qui s'étaient proposé de faire en quelque sorte la conquête
scientifique de l'atmosphère et de suivre la voie ouverte par Gay-Lussac et
Biot.
» Ils voulaient, eux aussi, déterminer , dans les différentes couches
atmosphériques, les variations de la température, de l'électricité, du
magnétisme, de la vapeur d'eau, et mesurer, au moyen d'appareils pré-
cis, les changements que l'air peut éprouver dans sa composition chi-
mique.
« Ils savaient que Gay-Lussac, en terminant le Mémoire consacré à la
narration de son voyage, demandait à l'Institut les moyens d'entreprendre
de nouvelles ascensions : les intrépides voyageurs étaient donc fiers de
continuer l'œuvre du grand physicien français.
» lis sont partis, hélas ! mais le voyage n'a pas été long : trois heures
après le départ fatal, M. G. Tissandier, échappant à la mort d'une manière
miraculeuse, rapportait les corps inanimés de ces deux martyrs de la
Science, Crocé-Spineili et Sivel.
» Cet événement laissera dans le monde savant l'impression la plus
profonde et la plus pénible : on n'oubliera pas que c'est la Science et la
Science seule qui a entraîné ces hommes pleins d'audace, comme c'était le
patriotisme qui, au moment de nos tristes épreuves, faisait monter en
ballon l'un d'eux, M. G. Tissandier; il affrontait alors les balles ennemies,
pour rassurer nos familles et leur dire que la grande ville tiendrait jusqu'à
son dernier morceau de pain; vous savez s'il disait vrai.
» L'Académie n'ignore pas que la conquête des vérités scientifiques est_
toujoiu's laborieuse et qu'elle exige souvent de douloureux sacrifices :
cependant elle fera tous ses efforts, croyez-le bien, |)our éviter dorénavant,
par ses sages avis, de pareils malheurs et conserver à notre pays des
hommes d'un si grand dévouement à la Science.
» Une circonstance bien touchante vient rattacher la catastrophe du
Zcnilh à la proclamation des prix que vous allez entendre.
» La question du vol des oiseaux avait été mise cette année au Concours
par l'Académie : le Mémoire ii° 4 ^ paru digne d'une récompense.
» Dans ce travail, qui est dû à la collaboration de deux amis, la ques-
tion proposée par l'Académie est traitée avec talent; on y trouve, en
outre, des idées nouvelles sur la dirtction des ballons dans les airs.
» Les auteurs n'ont pas voulu faire de cette découverte l'objet d'une
( i462 )
spéculation et ils l'ont communiquée à l'Académie. Seulement, à la der-
nière page du Mémoire, ils supplient nos confrères de garder leur secret,
qui pourra, disent-ils, être un jour utile à la France.
1) L'un des auteurs de ce travail ne verra pas ce jour que son patriotisme
prévoyait, car il est mort en allant à la recherche des vérités scientifiques;
il est mort jeune et pauvre, laissant à ses amis lui vieux père dont il était le
seul soutien : ce lauréat de l'Académie se nomme Crocé-Spinelli.
» Tels sont les hommes qui se vouent aujourd'hui au culte de la Science;
ils lui sacrifient tout, leur fortune et leur vie, et ne pensent qu'à léguer au
pays leurs découvertes utiles.
)) Un jjareil désintéressement appellera, je n'en doute pas, toute votre
sympathie sur les hommes de science dont nous allons couronner les tra-
vaux ; je voudrais aussi qu'il pijt provoquer quelques-unes des mesures
que j'ai déjà demandées plusieurs fois et qui permettraient de reconnaître
les services rendus par les savants.
» Si, en ce moment, le haut enseignement donne lieu à tant de discus-
sions graves et importantes, et si l'on s'occupe avec raison de constituer
dignement la situation des professeurs, n'appartient-il pas à l'Académie de
demander justice pour ceux qui, en dehors de l'enseignement, consacrent
levn- vie au progrès des sciences, qui se ruinent quelquefois en enrichissant
l'industrie de leurs hrillantes découvertes et qui, en mourant, laissent si
souvent leur famille dans une profonde misère?
M Tant que notre voix ne sera pas écoutée, pour encourager ces sa-
vants si méritants, adressons-nous sans hésitation à l'initiative privée qui
commence à intervenir d'une manière efficace dans les dotations de la
Science.
» C'est à elle que nous devons les prix que l'Académie décerne; c'est
elle qui a fondé la Société de secours des amis des sciences; c'est elle aussi
qui inspirait récemment, à un de nos confrères les plus aimés, la noble
pensée d'abandonner à l'Académie des Sciences une somme considérable,
poiu' aider et soutenir les jeunes savants dans leurs débuis.
n Remercions du fond du cœur ces hommes généreux qui, pour ne pas
augmenter les charges de l'État, constituent ainsi, avec leur propre fortune,
le bud£ret de la Science.
» De tels exemples auront, je n'eu doute pas, de nombreux imitateurs,
car dans notre cher pays les grandes idées trouvent toujours de l'écho : on
peut les comparer à des graines fécondes semées dans un terrain fertile;
la récolle qu'elles donnent dépasse toutes les espérances.
( <46^ )
» Je vais avoir l'honneur de proclamer les prix que l'Académie décerne
celte année. »
PRIX DÉCERNÉS.
ANNÉE 1874.
PRIX EXTRAORDINAIRES.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
L'Académie avait proposé pour l'année 1871 et remis à l'année 1874 la
question de prix dont l'énoncé suit :
(( Elude des équations relatives à la détermination des modules singuliers,
» pour lesquels la formule de la transformation dans la théorie des fonctions
» elliptiques conduit à la multiplication complexe. »
Aucun Mémoire n'ayant été envoyé au Concours, la Commission a rem-
placé cette question par la suivante :
" Application de la théorie des transcendantes elliptiques ou abéliennes à
» l'étude (les courbes algébriques. »
Voir aux Prix proposés, page i5o8.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
THÉORIE MATHEMATIQUE DU VOL DES OISEAUX.
(Commissaires : MM. Bertrand, Cl. Bernard, Serret, Hermite,
Tresca rapporteur.)
La question proposée poiu" le grand prix de i8'74 était la théorie ma-
thématique du vol des oiseaux.
Six Mémoires ont été présentés au Concours ; cinq d'entre eux attestent
une science étendue et de persévérants efforts ; la Commission cependant
( >/»(^4 )
n'a trouvé dans aucun de ces travaux, malgré le talent incontestable des
auteurs, un ensemble assez complet au point de vue mathématique, et
assez sûr quant aux hases expérimentales qui devaient être interprétées,
pour lui décerner le grand prix de Mathématiques.
L'auteur du Mémoire n° 2, dont la devise est : « La théorie doit rendre
compte des faits; le progrès est fds delà vérité », a traité avec une grande
précision les questions les plus importantes, tant au point de vue de l'ex-
pression de la résistance de l'air qu'à celui du vol sur place. Les aiitres
chapitres du Mémoire apportent aussi d'intéressants matériaux relatifs au
vol en hauteur, au planement et au vol normal. La distinction bien établie
entre ces différentes circonstances de l'étude qu'd s'agissait d'entreprendre
montre combien l'autour a serré de près les difficultés de la question ;
l'Académie peut fonder sur lui de grandes espérances au point de vue de
la solution définitive, et la Commission propose de lui accorder une récom-
pense de deux mille francs.
Le Mémoire v\° 4, qui a pour épigraphe : « Jamais dans le vol avançant
les ailes ne frappent l'air par leur face supérieure », est extrêmement re-
cornmandable par les nombreuses recherches historiques et bibliographi-
ques auxquelles l'auteur s'est consacré et qui pourront utilement servir de
guide dans les recherches ultérieures. La Commission propose de lui
accorder un encouragement de mille francs.
Les auteurs des deux Mémoires récompensés sont : pour le Mémoire n° 2,
M. A. Penai'd, et pour le Mémoire n"^ 4, MM. Abki. Hureau de Villeneuve
et Josepu Ckocé-Spinelli.
La question proposée est retirée du Concours.
L'Académie a adopté les conclusions de ce Rapport.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
ÉTUDE DF, LA FÉCONDATION DANS 1,A CLASSE DES CHAMPIGNONS.
(Commissaires : MM. Duchartre, Decaisne, Trécul, Tulasue,
Brongniart rapporteur.)
Ce sujet de prix avait été proposé pour le Concours de 1873. A cette
époque deux Mémoires furent envoyés', ils annonçaient des éludes cou-
( '465 )
sciencieuses, tuais encore incomplètes; on pouvait espérer que, prolongées
pendant une année, elles conduiraient à des résultats intéressants: le sujet
fut maintenu au Concours et ajourné à l'année iS'y/i-
Les mêmes Mémoires se retrouvèrent à ce terme, i"^' juin 1874 ; mi seul,
le n° 2, avait reçu un complément résultant des nouvelles observations de
l'auteur.
C'est dans cet état que les pièces du Concours ont été soumises au juge-
ment de la Connnission, et nous devons présenler à l'Académie le résultat
de notre examen qui a été l'objet d'études attentives de la part des Membres
de la Commission.
Les deux pièces adressées à l'Académie ne portent pas le nom des auteurs
qui sont inscrits dans des plis cachetés; mais la Commission a dû chercher
à lever le voile de ces anonymes pour pouvoir vérifier avec les auteurs plu-
sieurs des faits annoncés par eux.
Nous conserverons cependant leur état anonyme dans ce Rapport.
Le Mémoire n° 1 embrasse plusieurs sujets très-différents, quoique se
rattachant à la question générale de la fécondation dans les Champignons :
1° Étude du mycélium des Agarics et particulièrement des Coprins. Ces
recherches, quoique poursuivies avec beaucoup de soin, n'ont pas con-
duit l'auteur à constater les faits signalés précédemment par OErsted et
Rarsten, mais seulement la formation dans plusieurs cas de conidies dé-
veloppées sans acte de fécondation.
L'auteur ne paraît pas douter cependant que ces études plus prolongées
ne puissent conduire à reconnaître que c'est dans le mycélium que s'opère
l'acte fécondateur.
2.° Constatation de phénomènes de copulation analogues à ceux déjà
signalés dans les Thécasporées discomycètes par MM. de Bary, Woronine
et Tulasne, sur deux Thécasporées appartenant à des groupes très-diffé-
rents : V Hyjiomjccs aslcropliortis et le Dotliidea Robertiani, petite Sphéria-
cée, parasite du Geiaiiitim Robeiliainini. Ces fails intéressants généralisent
des phénomènes déjà observés sur un groupe fort différent, et viennent
confirmer l'opinion que la fécondation dans les Champignons thécasporés
s'opère dans le mycélium, et précède ainsi la formation des organes qui
produiront les spores.
3" Les spermalies.
On sait que notre éminent collègue, M. Tulasne, a donné ce nom, dans
beaucoup de Thécasporées et d'Urédinées, à des corps d'une trts-graiule
C. R., iS-jD, i" Stmcji/c. (T. LXXX N^Sî.) IQI
( i466 )
ténuité se développant régulièrement soit à leur surface, soit dans des con-
ceplacles déterminés, et qu'il avait considérés comme pouvant concourir
à la fécondation de ces Cryptogames.
La découverte du mode de fécondation de ces Champignons par des or-
ganes nés sur le mycélium , découverte à laquelle M. Tulasne a lui-uiéme
concouru, rendait bien problématique le rôle d'organe fécondateur attri-
bué d'abord aux spermaties.
L'auteur du Mémoire envoyé au Concours prouve que ce rôle ne peut
pas leur appartenir, car ces spermaties germent lorsqu'on les met dans des
conditions convenables; ces conditions, pour les Hypoxylées, consistent à les
mettre dans de l'eau contenant du tannin et du sucre, en les laissant expo-
sées au contact de l'air, c'est-à-dire d;uis les mêmes conditions à peu près
que celles où elles se trouvent lorsqu'elles se développent sur des bois
morts. Pour les Urédinées, les spermaties, fort différentes des précédentes
à bien des égards, germent dans l'eau pure, mais leur développement
paraît très-différent de celui des spermaties des Hypoxylées.
Dans tous ces cas, ces spermaties seraient une forme de plus à ajouter
à celle des corps reproducteurs déjà si multiples signalés dans les belles
études de M. ïulasne; ils devraient, dans d'autres conditions, concourir
à la multiplication de ces Cryptogames si fréquents sur les végétaux vi-
vants ou morts. Tels sont les points, très-intéressants pour la connais-
sance des Champignons, traités par les auteurs du Rlémoire n° 1.
On voit qu'ils ne résolvent pas le problème posé par l'Académie, mais
qu'ils éclairent plusieurs questions relatives à la reproduction des Cham-
pignons.
L'auteur du Mémoire n° 2 a pris la question à un tout autre point de
vue, mais il a cru devoir faire précéder ses observations propres, sur le
groupe desBasidiosporées, d'une révision générale de tous les Champignons
considérés au point de vue de leur organisation et de leur mode de repro-
duction. Ce travail, dans lequel il est difficile de distinguer ce que l'au-
teur a vu par lui-même de ce qu'il a puisé dans les travaux des autres,
n'offrait que peu d'importance et pourrait donner lieu à de nombreuses
critiques; mais l'auteur a profité de l'année de prolongation du terme du
Concours pour ajouter à son premier Mémoire un supplément plus spécial;
c'est ce supplément qui constitue, à nos yeux, le vrai Mémoire concernant
la question mise au Concours, le premier travail de 1873 devant être écarté
de noli'c apprécialion.
( i467 )
Dans son nouveau Mémoire, l'auteur s'est attaché plus spécialement à
l'étude des Agaricinées, et il a suivi avec soin le développement de leur
membrane fructifère ou hyménium. Il a bien vu la formation des cellules dé-
signées par Léveillé par le nom âe Cistides, pour lesquelles rautour adopte
prématurément, à ce que nous pensons, le nom d' Jnlhériclie, qui établit
d'une manière trop positive une fonction encore douteuse, comme nous le
verrons. Il établit que le développement de ces organes précède celui des
basides et la production des spores; mais il a donné sur leur constitution
intime et sur la formation des corpuscules, qu'il considère comme des
Anthérozoïdes, des détails qu'aucun des membres de la Commission n'a pu
constater, malgré des observations répétées sur de nombreuses espèces,
avec les meilleurs instruments et dans les conditions les plus variées.
L'émission même de ces corpiiscules par le sommet des cistides, anthéri-
dics de l'auteur n'a été observée que très-rarement et par un seid des
membres de la Commission; de sorte qu'il nous reste les doutes les plus
fondés sur l'exactitude des observations de l'auteur sur ce point fonda-
mental de la question, c'est-à-dire sur l'émission constante et spontanée de
ces corpuscules, sur la nature de ces granules qu'il considère comme ren-
fermant les Anthérozoïdes, et enfin sur ces Anthérozoïdes eux-mêmes. Ces
points, très-délicats, mais si importants pour la théorie soiitonue par l'au-
teur, mis de côté, on doit cependant reconnaître que son travail renferme
des observations intéres.santes sur le développement successif et sur l'orga-
nisation des cistides et des basides, en un mot, sur le développement et la
constitution de l'hyménium ou membrane fructifère dans plusieurs espèces
d'Agarics appartenant à des tribus très-diverses de ce genre, sur des Bolets,
des Hydnes et le Phallus. Mais les points les plus importants concernant la
question posée par l'Académie n'ayant pu être constatés par la Commission,
elle a dû penser que l'auteur, entraîné par des idées préconçues, et qui
semblaient avoir une certaine vraisemblance, avait été conduit à admettre,
comme positifs, des faits obscurs que l'observation directe ne permettait
pas d'établir d'une manière certaine. Les dessins, qui ne représentent pas
toujours fidèlement la nature telle qu'on peut l'observer, semblent en être
la preuve.
Ou ne saurait do.c admettre les conclusions de l'auteur et considérer
la question comme résolue par lui.
Le Mémoire n° 1 ne résout pas non plus, ainsi que nous l'avons vu, le
problème de la fécondation dans les Champignons basidiosporés; mais il
IÇ)I..
( i468 )
ajoute de nouveaux faits au petit nombre de ceux qu'on connaissait relati-
vement aux phénomènes si curieux de conjugaison ou copulation dans les
Champignons ihécasporés, et il jette un jour nouveau sur le rôle des organes
désigiK'S sous le nom de Spermalies dans diverses familles de Champignons.
Les recherches consignées dans ce Mémoire indiquent en outre beaucoup
de talent d'observation et un esprit très-judicieux dans les déductions qui
en sont tirées.
Il résulte de cet examen des deux pièces envoyées au Concours pour le
grand prix des Sciences physiques, sur la fécondation des Champignons,
que ni l'une ni l'autre ne présentent la solution de la question et que le prix
ne peut pas être décerné; mais la Commission, reconnaissant que ces
Mémoires sont le résultat d'études prolongées et qu'ils renferment des obser-
vations d'un véritable intérêt sur plusieurs points se rattachant à cette ques-
tion, propose à l'Académie de partager également la valeur du prix, à titre
à' encouragement, entre les Mémoires n° I et n° 2.
L'Académie a adopté ces conclusions dans la séance du 7 juin 187S.
Conformément au désir exprimé par les auteurs, il a été procédé à l'ou-
verture des plis cachetés renfermant leurs noms. Le Mémoire n° 1 est de
MM. Maxime Counu et Ernest Roze, le Mémoire n° 2 est de M. Sicard.
3IECAN1QUE.
PRIX PONCELET.
(Commissaires ; MM. Phillips, Rolland, Bertrand, Morin,
Tresca rapporteur.)
La Commission décerne à l'unanimité le prix à M. Bresse, Ingénieur en
chef des Ponts et Chaussées, pour son ouvrage intitulé : Cours de Méca-
nique aj>pli(juée, professé à l'Ecole des Pouls et Chaussées, et particulièrement
pour les progrès importants qu'il a réalisés dans la partie consacrée à la
résistance des matériaux.
Une disposition récente de M""' veuve Poncelet a permis à l'Académie
d'ajouler au j^rix primitif nn exemplaiie des OEuvres du général Poncelet.
( 1469 )
PRIX MONTYON, MÉCANIQUE.
(Commissaires: MM. lo général Morin, Rolland, Phillips, Tresca, de Snint-
Venant, Resal rai)porteur. )
La disposition généralement employée pour transformer un mouvement
rectiligne alternatif en un mouvement circulaire alternatif consiste dans le
système du balancier et du parallélogramme de Watt; l'articulation de la
tige oscillante ne décrit pas rigoureusement une droite, mais un arc de
courbe qui en diffère fort peu, surtout lorsque l'une des articulations du
parallélogramme avec le balancier se trouve à égale distance de l'autre
articulation et de l'axe de rotation. La tige, éprouvant par suite des flexions,
exerce, tuntôt dans un sens, tantôt dans l'autre, une pression sur le sliifftng-
box, qui tend à s'ovaliser, connue la section de la tige elle-même. Néan-
moins les flexions et, par suite, la pression sont assez petites pour qu'il
n'en résulte aucun inconvénient sérieux dans la pratique.
Malgré cela, plusieurs géomètres ont cherché à substituer au système de
Watt d'autres systèmes ayant pour objet de réduire à une plus faible va-
leur la déviation de la lige; M. Tchébichef, notamment, a j)ublié sur ce
sujet, en i854, un Mémoire dans le recueil des Mémoires des Savants étran-
gers de l'Académie de Saint-Pétersbourg, et, en 1862, un extrait d'un autre
Mémoire dans le Bulletin de la même Académie. Il est arrivé à une combi-
naison dans laquelle le nombre des pièces articulées est le même que dans
le système de Watt, qui lui a permis de réduire la déviation à une très-
faible fraction de ce qu'elle serait dans ce système pour un même balancier
et une même longueur de course du piston. Notre éminent Associé ne pen-
sait pas que l'on pût arriver à une solution rigoiueuse du problème, c'est-
à-dire que l'on pût faire décrire exactement une ligne droite à la tête de la
tige oscillante en employant un système articulé de cinq pièces.
Néanmoins, en i86/i, M. Peaucellier, actuellement lieutenant-colonel
du Génie, est parvenu à plusieurs combinaisons de pièces arlictdées, qui
permettent de réaliser mathématiquement la transformation de mouve-
ment dont il est question.
Il arriva d'abord à ce résultat par l'Analyse, en remarquant que, au lieu
de la courbe à longue inflexion, qui est du sixième degré, on peut con-
sidérer celle qui serait décrite par un point relié d'une manière parlicu-
lière, et. par articulations, au balancier, de manière à réduire l'équation
au quatrième degré et même au troisième, lorsque cette dernière courbe
passe par le centre de rotation. Mais, dans ce dernier cas, la courbe appar-
( ï470 )
tient à la famille des cissoïdes et peut, par suite, se transformer en une droite :
c'est ce qui arrive lorsque le point décrivant est l'un des sommets d'un lo-
sange articulé, dont les sommets, adjacents au précédent, sont reliés par
deux tiges égales au centre de rotation, le quatrième sommet étant relié lui-
même à un centre fixe par une tige égale à la distance des deux centres;
M. Peaucellier a ensuite démontré ce résultat par des considérations géo-
métriques. Il résulte de là un système articulé composé de six pièces.
M. Peaucellier arrive ensuite à d'autres combinaisons qui dérivent de la
précédente par le déplacement parallèle de certaines pièces; puis il parvient
à montrer comment on peut effectuer la transformation de mouvement
avec un système articulé composé de deux pièces de moins que les précé-
dentes ou formé de cinq pièces, comme dans les systèmes de Watt et de
M. Tchébichef.
En apportant quelques modifications à son premier système articulé,
M. Peaucellier obtient des compas pour le tracé continu de la conchoïde,
de la cissoïde, de la lemniscate et des sections coniques.
Plusieurs applications de ce système ont été faites en Angleterre, notam-
ment au Parlement de Londres, à une macbine à vapeur qui met en mou-
vement un puissant ventilateur; il a été également appliqué aux pompes
à main.
En résumé, M. Peaucellier a résolu, d'une manière très-heureuse, un pro-
blème de Mécanique géométrique, considéré avant lui comme insoluble,
problème qui est très-intéressant au point de vue des applications, et votre
Commission lui décerne le prix de Mécanique de la fondation Monlyon,
pour l'année 1874-
PRIX PLUMEY.
(Commissaires : MM. Dupuy de Lônie, général Morin, Phillips,
Resal, Tresca rapporteur.)
Les développements de l'industrie moderne exigent chaque jour l'em-
ploi de machines plus puissantes et dont le fonctionnement soit réglé d'une
manière plus précise. Nulle part cependant cette double difliculté ne se
montre plus impérieuse que dans la navigation à vapeur, dont les énormes
machines dépassent de bien loin toutes celles qui sont employées ailleurs.
Le navire lui-même, en vertu de son inertie, ne se modère pas facile-
ment, et la manoeuvre de son gouvernail est par cela même rendue plus
difficile, de sorte qu'il était possible d'affirmer a priori que l'un des plus
grands progrès à accomplir dans la navigation à vapeur consisterait un
( i47' )
jour à rendre le fonctionnement du gouvernail plus sûr et plus facile, et
à rendre la machine plus docile.
Ce double problème a été résolu par M. Joseph Farcot avec une géné-
ralité plus grande encore que ne le comporte notre énoncé, pour les efforts
les plus considérables et avec une sûreté absolue.
Il a désigné, sous le nom de servo-moteur on de moleur asservi, un système
qui permet de faire faire à un organe, aussi lourd et aussi puissant qu'on
puisse le supposer, les mêmes évolutions que celles imprimées, à la main
ou autrement, à un simple bouton dont le déplacement n'exigerait qu'une
très-petite résistance.
A la demande de l'organe qui conduit ce bouton, les conditions de fonc-
tionnement du modérateur seront modifiées de manière à accélérer ou à
retarder la vitesse antérieure de la machine, le gouvernail sera déplacé de
l'angle convenable pour toute évolution , les tours cuirassées et tournantes,
les pièces d'artillerie du plus gros calibre seront pointées en direction et en
hauteur; en un mot, tous les ordres seront exécutés rapidement, franche-
ment, avec l'énergie convenable, puisée toujours dans la foT'ce mécanique
des machines motrices, sans autre effort accessoire à exercer que celui
d'une simple indication donnée au déplacement d'un organe léger qui com-
mande les organes de distribution.
Le brevet de M. Farcot date de 18G8, et, dès l'année suivante, la réalisa-
tion pratique de son programme était mise au service de la marine.
L'importance de la question nous oblige à citer quelques dates et quel-
ques applications.
C'est sur le Chàleau-Renaud qu'a été faite la première application du
servo-moteur, en 1869, pour la conduite du régulateur. En même temps,
le Cerbère, essayé seulement après la guerre, était muni d'un servo-moteur
à transmission directe pour la manoeuvre du gouvernail et poiu- celle d'une
tour cuirassée.
En 1870, on a commencé l'exécution de trois garde-côtes, le Bélier, le
Boule-Dogue et le Ticjrc, sur lesquels le nouvel appareil était également des-
tiné à la translation directe du gouvernail et au service des tours. Ces trois
navires, essayés de 1872 à 1874, ont donné les meilleurs résultats.
Le Sané, le la Clorheleric, le Fabcrt et V Infernal ont, depuis 1872, leurs
régulateurs desservis par l'appareil de M. Farcot.
Le Marengo, le Richelieu, le Friedland, \eSuffren sont munis d'appareils
de même principe, mais à rotation continue, pour le fonctionnement de
leurs gouvernails. Tlne première étude d'affût de canon de marine de
27 centimètres a été faite par ordre du ministère de la marine, en 1869, et
( i472 )
M. Farcot en a exécuté un autre, en 1874, pour pièce de 32 centimèlres.
D'un autre côté, M. Duclos, de Marseille, dout les intérêts sont communs
avec ceux de M. Farcot, a appliqué des variantes du même principe, entre
autres au Niger et à VOràioque, et M. Farcot a lui-même fait plusieurs pro-
jets pour le changement de marche du Duquesne, mais seulement en 1874.
Récemment encore, notre confrère si autorisé, M. Dupuy de Lôme, nous
apprenait qu'il avait fait appliquer, avec le plus grand succès, le servo-
moteur de M. Farcot à deux bâtiments do la marine brésilienne. Des bâti-
ments cuirassés, du même type, quoique de moindres dunensions, exécutés
précédemment par les constructeurs anglais pour le gouvernement brési-
lien, avaient présenté le grave inconvénient d'être très-difficiles à main-
tenir en route, et leurs évolutions ne pourraient être modérées, quant aux
effets commencés, que grâce aux servo-moteurs appliqués au Solimoès et au
Juvarj; ces deux derniei's navires gouvernent avec une extrême facilité.
L'expérience a prouvé que les garde-côtes munis des dispositions de
M. Farcot évoluaient avec une rapidité et une précision qui n'avaient pas
encore été réalisées; l'expérience a prouvé également que le pointage des
pièces de gros calibre et des tours cuirassées se fait sur le Cerbère, par
exemple, avec une parfaite exactitude.
Il faut le dire toutefois, ce n'est pas du premier coup que ces résultats
favorables ont été constatés. Avec les premiers appareils, on a observé
quelques hésitations et quelques ballottements dans les ciiangements
brusques; mais la solution est aujourd'hui complète et faille plus grand
honneur à la persévérance et à l'habileté de son auteur.
Le principe de l'asservissement d'un moteur à toutes les volontés du con-
ducteur est également réalisable, sous la forme de pressions hydrauliques,
déterminées par des communications ouvertes avec des accumulateurs :
c'est vuie variante dont on s'occupe beaucoup aujourd'hui, mais dans la-
quelle il est nécessaire d'éviter l'emprisonnement d'un liquide incompres-
sible dans un espace qui pourrait se resserrer. La plupart des dispositions
mécaniques de M. Farcot seraient également applicables à cette solution
du problème, prévue d'ailleurs dès les premières publications relatives à
ce système d'un grand intérêt d'avenir. LaCommission décerne à M.Joseph
Farcot le prix de la fondation Plumey, pour l'année 1874-
Parmi les autres pièces présentées au Concours, la Commission a distin-
gué le Mémoire de M. Audenet, Sur les condenseurs à surfaces, et elle vous
demande la permission de le mentionner comme digne de grande confiance
et comme un guide sûr dans l'établissement de ce genre d'appareils.
L'Académie a adopté les conclusions de ce Rapport.
( '47'^ )
ASTRONOMIE.
PRIX LALANDE. •
(Commissaires : MM. Lœwy, Mathieu, Janssen, Le Verrier, Faye rapporteur.)
Le prix Lalande a été principalement institué pour récompenser l'obser-
vation astronomique la plus intéressante de l'année. L'Académie ne sau-
rait mieux faire, pour remplir les vues de l'illustre fondateur, que de dé-
cerner ce prix à MM. Mouchez, Bocqiet de la Grye, Fleuriais, André, Hé-
RACD et, M. Janssen, notre confrère, ne pouvant étro admis à ce concours,
à son second, M. Tisserand, chefs des expéditions françaises qui, à la
fin de l'année 1874, sont allées observer le passage de Vénus sur le Soleil.
Nous lui proposons, en cette occasion exceptionnelle, si glorieuse pour
la science française, de sextupler le modeste chiffre de cette fondation.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
PHYSIQUE.
PRIX RORDIN.
TEMPÉRATURE r>F. I.\ SURFACF. Tlll SOLF.TL.
(Commissaires : MM. Faye, Edm. Becquerel, H. Sainte Claire Deville,
Desains, Fizeau rapporteur.)
La Commission déclare qu'il n'y a pas lieu à décerner le prix. Elle est
d'avis de proroger le concours jusqu'à l'année 1876, en maintenant la ques-
tion déjà proposée dans les termes suivants :
« Rechercher, par de nouvelles expériences calorimétriques et par ta discussion
» des observations antérieu7-es, quelle est la véritable température à la surface
» du Soleil. »
L'Académie a adopté les conclusions de ce Rapport.
Voir aux Prix proposés, page i5i8.
C.K.,1875, l'r Semestre. ÇV. LXW, ^° <î/t.) '92
( ï'l74 )
STATISTIQUE.
PRIX MONTYON, STATISTIQUE.
(Commissaires : MM. Mathieu, Piiiseiix, Boussingault , de la Gournerie,
Bieiiaymé rapporteur.)
L'Académie n'ignore aucune des difficultés nombreuses qui entravent
l'exécution de ce qu'on pourrait appeler une bonne Table de mortalité. Il
ne saurait donc être question de les reproduire ici, et, si la Commission du
Concours de Statistique pour 187^ en reproduit une seule, c'est unique-
ment pour moliver le choix qu'elle a fait du Mémoire auquel elle accorde
le prix. L'obstacle dirimant dont il s'agit, c'est le nombre immense d'ob-
servations qui serait nécessaire pour obtenir avec quelque approximation
chacun des cent rapports d'âge en âge que comporte la vie humaine. Effec-
tivement la plupart de ces rapports paraissent très-voisins de i sur 100. Or
de très-grands nombres sont absolument indispensables ])Our déterminer
avec précision de si petits rapports. Il est facile de s'assurer parles formules
de Jacques Bernoulli, ramenées à des formes si simples par Laplace, qiie,
pour obtenir, avec une probabilité suffisante, le rapport j~ seulement
à -j^ près, plus de 1 00000 observations seraient requises, et plus de 2000000
ne le donneraient avec la même probabilité qu'à -^ près. Mais il y a cent
rapports à déterminer dans une Table de mortalité; on est forcé de recon-
naître que, pour atteindre à la fois les mêmes limites de chacune de ces
grandeurs, il faudrait des centaines de millions d'observations. Ces données,
quoique fondées sur des principes bien connus de la théorie des probabi-
lités, sont assez peu répandues pour que bien des savants soient surpris
des différences assez grandes qui subsistent entre les Tables déduites
d'observations bien faites, et surtout des irrégularités qui affectent tou-
jours les séries de ces observations. Inutile d'ajouter qu'il ne faudrait
comprendre, sous ce titre de bonnes Tables, ni celles de Duvillard, ni
celles de bien d'autres qui sont de pures fictions, les observations sur
lesquelles elles reposent n'étant nullement propres à conduire au résultat
cherché.
On est donc réduit pour longtemps encore à se contenter de réunir
quelques dizaines de milliers d'observations, à en former des Tables, et en
( '475 )
les comparant les unes aux autres, ou même en les mélangeant, à en con-
clure avec une approximation peu considérable les idées les plus probables
qu'il soit possible de se faire sur la durée de la vie humaine et sur les
risques qu'elle court aux divers âges.
Le Mémoire couronné par votre Commission présente tous les détails de
la construction d'une Table de ce genre, accompagnés de réflexions judi-
cieuses, et empreintes d'une juste réserve sur les conclusions à tirer des
faits remarquables dont elle est déduite. L'auteur, M. de Kertanguy, a
extrait de plus de 28000 polices d'assurances, faites par la Compticjuie d'As-
surances générales, a/j^O létes, dont 3899 seulement du sexe féminin. Ces
assurances n'ont pour la plupart qu'une durée assez restreinte, car c'est
seulement depuis peu d'années que l'assurance se répand en France. Il en
résulte que ce grand travail n'a fourni que 120000 années de vie, c'est-à-dire
120000 observations. Ce n'est pas autant, à beaucoup près, que les ton-
tines d'après lesquelles Deparcieux, Membre de l'Académie dans le der-
nier siècle, a dressé pour la première fois une Table sur des faits authen-
tiques; mais M. de Kertanguy a pu connaître avec toute exactitude les âges
des individus observés, tandis qu'il régne quelque incertitude sur les
âges des tontiniers de Deparcieux, qui n'étaient indiqués que par classes.
C'est néanmoins un fait bien digne de remarque, que les écarts entre la
Table de Deparcieux et celle de M. de Kertanguy ne soient pas plus grands.
On en pourra juger ()ar la comparaison que voici des vies moyennes à dif-
férents âiies : T ,, „, ,, T , ,
a lable Table Table
de de des
Ages. M. de Kerlaiiguy. Deparcieux. Actuaires anglais.
35 30,75 3o,88 3i,i5
40 26,95 27,47 27,57
45 23,18 23,88 23,98
5o '9'75 20,38 20, 5r
55 16,33 i7>24 '7)'4
60 '2,95 1 4 > ^5 ' -^ • c)9
65 ... io,3i 11,25 11,17
70 8,07 8,63 8,68
75 6,55 6,5o 6,56
80 5,60 4>7^' 4 193
85 3,19 3,34 3,58
La dernière colonne de ce petit tableau est extr.iile île la Table la
l)lus récente formée en Angleterre sur les polices de vingt Compagnies
192..
( 1476 )
d'assurances anglaises. L'accord qui règne entre toutes ces Tables amène
M. de Kerlanguy à présumer que la mortalité ne diffère pas sensible-
ment en Angleterre et en France. Mais, lorsqu'on entre dans l'examen
détaillé des éléments de ces Tables, on est plutôt disposé à craindre que,
comme le dit M. de Kertangiiy, cette conclusion ne soit quelque peu pré-
maturée.
Malgré les grands nombres d'années de vie qui servent de base à la Table
anglaise, on aperçoit, dans le mélange seul des faits de vingt Compagnies
d allures plus ou moins diverses, une cause qui peut produire des varia-
tions ou des compensations, tendant à créer des incertitudes difficiles à
détruire. Telles sont, par exemple, les nombreuses polices résiliées avant
l'échéance du contrat, tant en Angleteire qu'en France, et cela sous des
conditions très-différentes pour chaque Compagnie. Quoi qu'il en soit, le
petit tableau ci-dessus apporte une nouvelle preuve de la valeur de la Table
de Deparcieux et de la justesse d'esprit des auteurs de la loi de i85i qui
firent adopter sa loi de inortalité pour la Caisse des retraites de la vieillesse (i).
En l'absence de Tables françaises reposant sur des observations plus éten-
dues et plus récentes, les Tables proposées alors auraient conduit à de
grandes déceptions.
Il convient de signaler ici un dernier fait mis en évidence par les re-
cherches de M. de Kertanguy : il s'agit de la durée de l'effet produit par
toutes les précautions dont s'entourent les Compagnies d'assurances, et
notamment par l'exa^ien médical très-sévère qu'elles font subir à la santé
des assurés. Il ne paraîtrait pas, au premier abord du moins, que ce choix
rigoureux d'assurés valides au moment du contrat réduisît beaucoup la
mortalité au delà des premières années de l'assurance. Un exemple, pris
dans l'expérience anglaise pour les âges cumulés de 4' îi 45 ans, montre
luie mortalité de 1,02 sur 100 pour les individus de cet âge assurés depuis
5 ans au plus; mais, parmi ceux qui étaient assurés depuis 6 jusqu à
10 années, la mortalité s'élevait à i,i3sur 100. Enfin, pour les assurés
datant do 10 à 20 ans, elle atleignait 1,27 sur 100. Il semble que la vita-
lité de ces assurés si bien choisis se détériore d'année en année et soit
ramenée insensiblement à ce qu'elle eut été sans les précautions des Com-
pagnies Malheureusement on ignore encore, ainsi qu'il a été dit, ce qu'est
(1) Le Minisire qui présenta la loi était M. Dumas, noire illiistie Secrétaire perpélucl;
le rapporteur de la Commission à l'Assemblée était M. Benoîl-d'Azy.
( '477 )
précisément la morlalité générale, et l'on ignore surtout à quelle espèce de
mortalité commune on doit comparer la mortalité des assurés ou de toute
autre classe spéciale de la nation. 11 faut donc, avec l'auteur, se borner à
l'indication de ces faits qui méritent l'attenlion, sans prétendre à des con-
clusions définitives. Au surplus, depuis bien longtemps, la publication de
Deparcieux avait fait ressortir cet effet au moins temporaire du choix. Les
toutiniers dont il s'est occupé se choisissaient effectivement eux-mêmes
avec beaucoup de soin; car enirer dans une tontine, c'est parier qu'on
survivra à ses associés, et l'on serait bien fou de risquer un pari de ce
genre sans s'être examiné strictement. Il avait donc été remarqué et mis
en évidence que la mortalité des 4 ou 5 premières années des tontines de
Deparcieux était notablement inférieure à la mortalité des années suivantes.
Cette observation avait paru naturelle, car les titulaires de rente viagère
(rente dont la tontine est l'exagération fâcheuse) paraissent se choisir ainsi
en cjvielque sorte instinctivement. Les prévisions qu'avaient fait naître les
données conservées par Deparcieux sont donc confirmées, tant par les nou-
velles et importantes rechercbes exécutées en Angleterre, que par celles de
M. de Kertanguy.
Mais c'est dans le Mémoire si intéressant de cet auteur qu'il faut lire et
apprécier les points dont il vient d'être question, ainsi que d'autres détails
nombreux, et qui touchent surtout les Compagnies d'assurances. Ce Mé-
moire a paru dans les numéros de janvier et juillet 1874 et janvier iS^S d'une
revue trimestrielle, portant le titre de Jouninl des A cluair es français, dont
les deux premiers volumes ont été renvoyés à votre Commission par l'Aca-
démie. On sait que le mot Actuaire n'est que la traduction du nom anglais
Achiarj^ consacré depuis longtemps à des hommes dont les connaissances
mathématiques étendues et appuyées d'une longue pratique les rendent
capables de diriger la marche des Compagnies d'assurances sans être les
administrateurs proprement dits de ces Sociétés. Les Actuaires de Londres
publient, depuis plus de vingt-cinq ans, un journal sur le modèle duquel
a été conçue la revue française, qui contient le travail de M. de Kertanguy.
Ces deux publications offrent une collection d'applications du calcul des
probabilités dont la responsabilité est laissée à chaque auteur. Votre Com-
mission n'avait à considérer que ce qui pouvait se rapporter à la Statistique.
C'est ce à (p\oi elle s'est bornée; mais, en faisant cet examen, elle n'a pu
ne pas remarquer l'utilité que peut prendre un pareil recueil de Mémoires,
de calculs et de recherches, portant tous sur une branche de la théorie des
probabdités trop peu cultivée en France dans ces derniers temps, tandis
( >478)
qu'à l'étranger on a multiplié les moyens de publication de ces travaux
arides parfois, m^iis qui exigent, le plus souvent, des théories très-fines et
des vues pratiques étendues et très-éclairées.
Voire Commission, ovitre le prix, a jugé à propos d'accorder deux men-
tions honorables à des recueils de faits puisés dans les documents officiels.
Scientifiquement parlant, les recueils formés d'après ces pièces officielles
manquent du mérite principal de la Statistique, la personnalité des recher-
ches, s'il est permis d'exprimer ainsi la valeur du travail de chaque auteur,
de sa responsabilité et de son but spécial. Mais, tant qu'il ne s'agit que de
Statistique descriptive, établissant à certaines dates l'état des choses pour
servir de points de repère dans l'avenir, il peut y avoir quelque intérêt
futur à encourager des collections de ce genre bien exécutées.
L'une de celles que voire Commission a remarquées est un manuscrit
in-folio de 233 pages, intitulé : Eludes statisliques sur la Savoie, par
M. de Saiut-Genis. L'auteui' donne, dans des tableaux trcs-nudtipliés, des
renseignements sur les résultats de tous les services publics de 18G0 à
1870. Ce sont surtout les renseignements financiers, très-exacls en France,
qui forment la majeure partie de ses quarante Chapitres. Il estime à un
milliard ce que la Savoie a coûté à la France. Cette évaluation paraît exa-
gérée; et, en effet, il y fait figurer plus de 5oo millions dépensés dans la
guerre d'Italie. Inutile de discuter la valeur des autres appréciations de
M. de Saint-Genis. Il suffit que les chiffres soient bons dans une telle col-
lection , que les citations renvoient aux sources avec précision, pour
qu'elle puisse être appréciée par le lecteur, et qu'elle évite bien des peines
aux historiens dans la suite des temps. Malheureusement l'état civil de la
po|)ulation a été presque complètement omis. C'est une grande lacune à
combler.
L'autre publication à mentionner ne s'occupe, au contraire, uniquement
que de la population de Paris, Elle porte le titre A'JUas statistique de la po-
pulation de Paris; i volume grand in-8, par M. Loua, avec cette épigraphe:
« Paris n'est point une ville, c'est un monde '>. Les différentes distribu-
tions des habitants, dans les vingt quartiers, y sont reproduites à tous les
points de vue qu'ont pu offrir les relevés de l'état civil. L'ordre en est fa-
cile à saisir :
1° Paris ancien, de 1801 à i856;
2° Paris nouveau, de 1860 à itS'ya.
De noudjreuses cartes montrent clairement ce que les nombres pour-
( '479 )
raient laisser de vague, à moins d'une lecture très-attentive. Il convient,
toutefois, de dire que l'auteur, comme un trop grand nombre de statisti-
ciens, a paru parfois hardi dans les conjectures suggérées par les rappro-
chements qui surgissent si aisément clans de pareils rassemblements de
chiffres. Avant d'exprimer une opinion sur les différences entre certains
quartiers, il conviendrait d'approfondir la nature des causes qui les pro-
duisent. C'est là, sans nul doute, une recherche des plus difficiles et qui ne
s'exécuterait pas sans de grandes dépenses. L'avenir y pourvoira peut-être.
Quoi qu'il en soit, Villas de l'auteur n'en a pas moins une utilité évidente.
Votre Commission ne saïuait clore ce Rapport sans parler à l'Académie
d'un Mémoire de M.Baum, Sur le prix de revient des transports par chemins de
fer. Elle n'a pas eu à s'en préoccuper, parce qu'il traite uniquement des
chemins de fer autrichiens, et que la fondation de M. de Montyon exclut
du concours toute statistique étrangère, ce qui n'exige aucune explication ;
mais le Mémoire a paru travaillé avec beaucoup de soin, et précisément
parce qu'il vient de l'étranger, ce ne peut être superflu de le dire.
En résumé,
Le prix de 1874 est décerné à M. de Kertanouy pour son excellent tra-
vail. Sur la Mortalité parmi les assurés de la Compagnie générale, inséré dans
le Journal des actuaires français.
Une mention honorable est accordée à M. de Saint -Genis pour ses
Etudes statistiques sur la Savoie, de 1860 à i8yo. Manuscrit inédit.
Une autre mention honorable est accordée à M. Loua pour son ^llas
statistique de la population de Paris, de 1801 à 1872. i volume grand in-8.
CHII»ÎIE.
PRIX JECKER.
(Commissaires: MM. Chevreui, Reguault, Balard, Fromy, Wuriz,
Cahours rajjporteiu'.)
La Section de Chimie a décidé que le prix Jecker serait partagé pour
'année i874enlreMM. Reboci. et G. Bouchaubat.
Une part de trois mille francs a et» accordée à M. Reboul, professeur de
( >48o )
Chimie à la Faculté dos Sciences de Besançon, pour son important travail
sur les éthers du glycitle, lesquels, par assimilation directe de l'eau, des
acides et des alcools, reproduisent les éthers de la glycérine, ainsi que pour
ses intéressantes recherches sur les hydrocarbures et particulièrement sur
les dérivés cldorés, bromes et chlorobromés du propylèiie dont l'étude
l'a conduit à la découverte du propylglycol normal.
Une part de deux mille francs a été attribuée à M. Bocciiaudat fils, agrégé
aux Écoles de Médecine et de Pharmacie, pour ses travaux sur les éthers
de la mannite et de la dulcite, ainsi que pour la reproduction artificielle
de cette dernière par l'action de l'amalgame de sodium sur le lactose mo-
difié par les acides. En outre, M. G. Bouchardat, en faisant agir ce même
amalgame sur une dissolution de glucose, a constaté qu'indépendamment
de la production de la tnannite, résultat acquis antérieurement à la science,
il y avait formation d'alcools mono-atomiques et particulièrement d'alcools
vinique et isopropylique, fait dout personne ne saïuait méconnaître l'im-
portance.
L'x\cadémic a adopté les conclusions de ce Rapport.
BOTANIQUE.
PRIX BARBIER.
(Commissaires: MM. Bouillaud, Cl. Bernard, Gosselin, Decaisne,
Bnssy rapporteur.)
La Commission, après avoir pris connaissance des Mémoires qui lui ont
été renvoyés, estime qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix pour l'an-
née 1874-
PRIX DESMAZIÈRES.
(Commissaires : MM. Brongniart, Decaisne, Tulasne, Duchartre,
Trécul rapporteur.)
Un seul Mémoire a été envoyé pour le Concours au prix Desmazières ; il
concerne les Fistulines, et a pour auteur M. J. de Seynes, qui y traite des
quatre espèces connues ; mais c'est surtout la plus répandue, le Fistulina
liepalicn, trouvé dans la Caroline, ou Europe et jusque dans l'Himalaya,
qui fait l'objet do ce travail.
( '48. )
La première publication de M. de Seynes sur ce sujet remonte à 1862.
Cette année-là et en 1864, il fit connaître l'existence de conidies dans le
réceptacle de ce Fistulina, et signala ainsi un mode de polymorphisme re-
producteur tout nouveau chez les Polyporés. On ne connaissait de ce vé-
gétal que les spores contenues dans les tubes hyméniens, placés à la face
inférieure du chapeau; Fauteur vit qu'en outre il se développe dans le
tissu voisin de la face supérieure du réceptacle et même, dans le jeune
âge, tout à fait à sa surface, des conidies qui ont la plus grande ressem-
blance avec les spores, quoique notablement plus grosses que celles-ci. Il
semble même à l'auteur que les conidies superficielles doivent concourir
plus efficacement que les spores à la reproduction de l'espèce, parce que,
apparaissant sur le jeune pédicule qui attache au bois le Champignon, elles
tombent entre le corps ligneux et l'écorce, et doivent y trouver les condi-
tions les plus favorables à leur germination.
C'est dans ces circonstances, en effet, que M. de Seynes a observé les
premières phases du développement du réceptacle. Déjà pourtant, après de
nombreux essais infructueux, il était parvenu à faire germer ces conidies;
il avait vu leur membrane externe s'ouvrir et livrer passage à la membrane
interne, qui s'allonge en un tube filamenteux, quelquefois en deux tubes
opposés; mais l'auteur n'a point obtenu de ces jeunes cellules mycéliennes
le commencement du réceptacle. Ce qu'il n'a point observé sur les plan-
tules nées de semis artificiels, il l'a rencontré en écorçant un tronc de Châ-
taignier, autour de l'endroit où apparaissait à l'extérieur un groupe de
jeunes Fistulines.
Le réceptacle ne semble pas précédé d'un mycélium prenant un grand
développement : « Tout à fait transitoire, le mycélium n'est plus visible au
moment où le Champignon se montre sous la forme d'une petite sphère
de la grosseur d'une tète d'épingle. » Ce petit corps arrondi, blanc, villcux,
par lequel commence le réceptacle, était formé d'un tissu fin et serré des
cellules étroites que l'on observe à la base du pédicule, qui fixe au bois le
Champignon adulte. En avançant en âge, la jeune plante s'allonge en une
sorte de cylindre atténué en fuseau par l'extrémité qui l'attache à l'arbre
nourricier; elle est au contraire arrondie au sommet libre qui arrive au
dehors comme une petite tète rouge, déjà couverte de papilles villeuses
avant l'apparition du chapeau. Les premières cellules sont étroites, ai-je
dit; elles s'allongent, se cloisonnent et produisent des filaments, dont le
nombre s'accroît par le bourgeonnement latéral des celhdes. Cette mul-
tiplication des filaments présente deux aspects : tantôt ils sont produits
O.K.. 187J, i" Semestre. T. LXXX, M" 2'.. ' f P
( i482 )
immédialement au-dessous d'une cloison, et leur cavité s'isole de celle de
la cellule mère par une paroi transversale; tantôt ils naissent à des hau-
teurs diverses sur les" cellules plus ou moins allongées, et leur cavité reste
continue avec celle de l'iitricule formatrice. Ce dernier mode produit
ordinairement des rameaux à peu près perpendiculaires au filament géné-
rateur et souvent plus grêles que lui ; le premier mode, au contraire, forme
des branches qui suivent à peu près la direction de l'axe des cellules
mères. Quelquefois il naît plus d'une cellule au même niveau ou sur des
points très-rapprochés; on a alors comme une ramification verticillée,
en pinceau ou en bouquet. C'est souvent par ce dernier mode que sont
formées les cellules qui portent les spores et les conidies; et de cette res-
semblance l'auteur tire un des arguments qu'il oppose à M. de Bary,
qui a exprimé des doutes sur la parenté de ces deux sortes d'organes
reproducteurs. Le savant allemand, inclinant à penser que les conidies
décrites par M. de Seynes appartiennent à un parasite de la Fistuline,
nous croyons devoir déclarer tout de suite que nous adoptons l'avis de
M. de Seynes.
Par les modes de luultiplication des filaments qui viennent d'èlre es-
quissés, les diverses parties du réceptacle sont successivement constituées.
Le tissu qui les compose est formé de cellules plus ou moins allongées, de
calibres très-divers, que l'on peut, pour abréger, rapporter à deux caté-
gories : les cellules larges et les cellules étroites. Ces cellules sont réparties de
façon à ne produire que des zones mal délimitées et nullement séparables
en systèmes différents (comme la moelle, le bois, le liber, etc.). Cependant
une coupe médiane verticale, passant par l'axe antéropostérieur du récep-
tacle bien développé, montre que, dans tme région moyenne qui occupe
le plus d'étendue, prédominent les cellules à grand calibre, et que, dans
les parties plus rapprochées de la périphérie, les cellules étroites sont les
plus nombreuses. Les filaments formés par ces cellules de diamètres diffé-
rents constituent un feutrage, dans lequel on distingue une direction prin-
cipale d'arrière en avant dans la région moyenne, de dedans vers les
tubes hyméniens dans la région inférieure, et de dedans vers les côtés ou
vers le haut dans les parties voisines de la face supérieure.
Près de la face inférieure, où la généralité des cellules se dirige par en
bas pour produire les tubes et l'hyménium, les cellules étroites qui for-
ment ces tubes naissent de cellules plus larges, courtes et ventrues, qui
s'atténuent graduellement en approchant de la base de ceux-ci. L'auteur
décrit on détail la structure et la formation de ces tubes, ainsi que celle de
( i483 )
l'hyméiiium qui en tapisse l'intérieur. Nous ferons remarquer seulement
l'absence de ces singulières cellules, appelées cystidcs par M. Lévcillé, et
que Corda regardait comme des organes mâles, parce qu'il avait vu (ainsi
que A. Richard etBonorden après lui) sortir de leur sommet souvent atténué
un jet de matière d'apparence protoplasmatique,qui ressemble en effet en-
tièrement au contenu de ces cellules.
A la face supérieure du réceptacle, il n'y a pas d'épiderme proprement
dit. Les cellules qui en tiennent lieu, venues de l'intérieur, sont le plus
souvent perpendiculaires à la surface; quelques-unes sont couchées hori-
zontalement ou obliquement. Leur ensemble ne forme pas une couche lisse
et continue; toute la surface du réceptacle (pédicule et chapeau) est garnie
de verrues ou papilles, constituées par des poils unicellulés, fusiformes ou
renflés au sommet, agglutinés en houppes.
Sous cette zone superficielle dominent des cellules hygrométriques, dont
la paroi se gonfle et devient gélatineuse. I^'auteur les appelle cellules tré-
melldules. C'est leur abondance chez quelques individus qui a fait donner
au P. Itepatica le nom de glu de chêne. De même que les autres cellules,
elles ne forment point une couche particulière; elles naissent des cellules
ordinaires et même de celles à grand calibre.
Tout le tissu du réceptacle est parcouru par des filaments de cellules
chromogènes plus ou moins allongées, qui se ramifient à la manière des
autres cellules dont elles proviennent, et avec lesquelles elles sont quel-
quefois anastomosées sans cloison de séparation. Leurs branches sont en-
trelacées dans toutes les directions avec les autres filaments cellulaires, et
quelques-unes se terminent parfois entre les cellules pileuses de la face
supérieure. Ces cellules chromogènes, ou à suc propre, sont abondantes
jusqu'à une certaine distance de la face inférieure, qui porte les tubes
hyméniens; il n'en existe plus dans le tissu qui produit ces tubes, ce qui
explique la teinte pâle de cette région et celle des tubes eux-mêmes, qui
n'en renferment pas.
M. de Seynes étudie aussi les propriétés du proloplasma des cellules
ordinaires et des cellules à suc propre, ce qui le conduit à dire qu'il est
impossible de ne pas considérer ces dernières comme des réservoirs dans
lesquels le protoplasma est à un grand degré de richesse et associé à des
matières grasses, résineuses, colorantes, suivant les espèces. Et plus loin :
« J'ai tout lieu de croire que le suc propre, coloré ou non, même entière-
ment condensé, peut être repris dans une émulsion nouvelle et versé dans
les cellules du tissu. »
193.,
( i484 )
Pour M. de Seynes, et l'on fend généralement à admettre cette opinion
aujourd'hui, les sucs propres sont donc des sucs nutritifs.
L'auteur mentionnant, par une citation de M. Sachs, la disparition du
suc laiteux dans les paities les pins âgées des plantes et sa concentration
dans les plus jeunes, votre rapporteur se croit dans l'obligation de rappeler
brièvement ses propres observations. En 1857, quand il commença la pu-
blication de SCS travaux sur ce sujet, les physiologistes (Amici, Treviraiius,
Meyen, Mirbel, Mohl, Schleiden, Unger, de Tristan, Schacht, etc.), reje-
tant la théorie de M. Schullz, soutenaient que le latex ne sert pas à la
nutrition, non plus que les huiles essentielles et les résines, qu'il n'est jias
organisé et est rejeté de la circulation dans des réservoirs particuliers.
Votre rapporteur combattit cet avis de iSSy à 1871; il affirma que les
laticifères sont des organes d'élaboration, puisqu'ils peuvent produire de
l'amidon, du tannin, etc., qu'un travail semblable peut s'effectuer dans les
vaisseaux ponctués, rayés, réticulés et spirales, avec lesquels les laticifères
sont souvent en relation, et qu'ensuite les matières élaborées sont rendues
aux tissus voisins. En i865 il montra, à l'appui de son opinion, que le
latex du Macleya et celui des Convolvulacées indiquées [Comptes rendus,
t. LX, p. 524 et 828) est résorbé et disparaît graduellement de bas en haut
dans les parties âgées de la tige, etc. Les stipes du BaLantium antarcticum,
de VAUophila aculeala, J. Sm., etc., sont plus curieux encore en ce que,
dans une région donnée, pendant que d'anciennes séries de cellules à suc
propre fortement colorées s'appauvrissent, diminuent de volume et dis-
paraissent, il s'en forme de nouvelles au milieu du tissu voisin. D'abord
incolores, elles deviennent blondes, puis rouges et brunes, et disparaissent
à leur tour [Comptes rendus, t. LXXII, p. 645 et suiv.).
Malgré sa constitution élémentaire à peu près uniforme, le tissu rouge
du réceptacle du Fistulina hepatica est parcouru par des bandes blan-
châtres, figurées par la plupart des auteurs, mais non expliquées par eux.
Ces bandes, parallèles au milieu de l'organe, divergent de plus en plus au
voisinage de la surface du Champignon, les unes vers la face inférieure, les
autres vers la face supérieure ou les côtés. Leur teinte plus pâle est due
à la présence de bulles gazeuses, qui sont répandues dans les espaces inter-
cellulaires OH et là plus ou moins dilatés, qu'elles suivent dans une direc-
tion déterminée, de la base du pédicule vers la périphérie du chapeau.
Ces bandes plus claires ne sont pas isolées les unes des autres, car, sur
une coupe perpendiculaire à leur direction, on les voit se réunir et entourer
des espaces de tissu rouge. L'auteur compare cet arrangement à la disposi-
( '4«5 )
tion des faisceaux musculaires circonscrits par le tissu aponévrolique. Il
nous reste à indiquer la répartition des coniclies.
Nous avons vu déjà que les premières apparaissent avant le chapeau
lui-même. Dès que le réceptacle se présente comme une sphénde de
2 millimètres de diamètre, il porte des conidies. Des poils allongés, quel-
ques-uns serrés et agglutinés forment le revêtement externe de ce com-
mencement du réceptacle. Au niveau de la terminaison des poils se
montrent des coniclies : « c'est le scnl moment de la vie du Champignon où
elles font issue au dehors ». L'auteur a pu suivre leur connexion avec
les cellules du tissu sous-jacent.
Votre Commission n'a point eu l'occasion de véiificr ce premier état;
mais elle a vu de jeunes réceptacles présentant des conidies sur tout le
pourtour du renflement terminal, avant que le chapeau fût formé. Ici,
comme dans l'état adidte, les conidies sont renfermées à l'intérieur du
tissu placé sous la zone des poils. Ces conidies se forment en si grande
abondance que quelquefois le développement du chapeau est arrêté. L'in-
dividu est alors exclusivement conidipare.
On rencontre parfois des cellules qui ne portent qu'une seule conidie; il
y en a quelquefois deux superposées, résultant de la division d'une même
cellule; mais très-fréquemment le même filament produit de petits rameaux
conidipares très-rapprochés; on a, dans ce cas, comme de courtes grappes,
des bouquets ou même de petites panicules de conidies.
M. de Seynes signale comme une sorte d'antagonisme entre la portion
conidipare et la portion tubidifère. Il trouve que sur les individus dont
les tubes hyméniens occupent peu de place, la région conidipare est d'au-
tant plus étendue à la face supérieure, et qu'au contraire, sur les individus
qui ont la couche des tubes hyméniens sur une très-grande surface, la ré-
gion conidipare est plus limitée, et comme rejetée en arrière vers le som-
met du pédicule.
Là, il nous semble, pourrait bien être la cause de la divergence des opi-
nions de MM. de Bary et de Seynes. Si l'on n'a à sa disposition que des spé-
cimens privés de leur pédicule, et ayant un chapeau très-large, chargé de
tubes hyménophores, il peut très-bien ne pas exister de conidies à leur face
supérieure, ou elles y sont si rares qu'elles peuvent n'être pas aperçues. Il
y a de tels exemplaires parmi ceux que M. de Seynes a mis à notre dispo-
sition. D'autres, au contraire, aussi de grande dimension, mais pourvus de
leur pédicule, sont très-riches en conidies vers la partie supérieure de ce
( i486 )
pédicule. Sur douze spécimens examinés, un seul, incomplet, était dé-
pourvu de conidies.
Si aux faits qui précèdent on ajoute la même couleur un peu rougeâtre
de la membrane des spores et des conidies, ainsi que la similitude de leur
contenu, on n'hésitera pas à admettre que c'est avec raison que M. de Seynes
a pu dire que le Fislulina hepatica établit entre les Thécasporés et les Basi-
diosporés le même lien que M. Tulasne reconnaissait être formé par les
TrémcUinées, « à cause des formes gemmifères (conidifères) que revêtent
souvent quelques-unes d'entre elles, soit partiellement, soit exclusivement
atout vestige d'hyménium sporophore ».
Je terminerai en disant que, sur trois espèces propres à l'Amérique,
M. de Seynes a pu en étudier anatomiquement deux, adultes et de petite
dimension (les F. pallida et spathuUila)\ elles ne lui ont pas montré de coni-
dies; mais, ainsi que le pense l'auteur, ce fait n'est pas de nature à infirmer
les observations que lui a fournies le F. hepalica.
Votre Commission, appréciant le mérite du travail de M. de Seynes, ac-
corde à ce savant cryptogamiste le prix Desmazières pour l'année i'6']l\.
PRIX DE LA FONS MÉLICOCQ.
(Commissaires: MM, Brongniart, Decaisne, Duchartre, Trécul,
Chatin rapporteur.)
Deux ouvrages ont été adressés à l'Académie en vue de ce prix, savoir :
1° V Essai d'un catalogue raisonné el descriplij des plantes vasculaires du
déparlement des Ardennes, par M. Calley, pharmacien au Chesne (manuscrit
de xvii-'i24 pages).
1° Le Catalogue raisonné des plan tes vasculaires de la Somme, par M M . Eloy
deVicq et Blondin de Brctelette (vi-S'yS pages in-8; plus un supplément
de 34 pages. Abbeville, 1865-1873).
Chacun de ces travaux consacre un progrès notable dans la connaissance
de la flore du département qu'il concerne, un grand nombre d'espèces
y figurant pour la première fois, en même temps que des localités nouvelles
sont indiquées pour bon nombre de plantes rares.
La plupart des espèces signalées pour la première fois et des localités
jusqu'à ce jour inconnues sont le fruit des voyages botaniques des auteurs,
qui ont consacré de longues années à l'exploration de leur région res-
pective.
( >487 )
Si le nombre des espèces jusqu'à présent inédites est beaucoup plus con-
sidérable dans le catalogue des Ardennes que dans celui de la Somme, cela
tient surtout à ce que l'auteur du premier de ces catalogues, M. Calley, a
plus de tendance que MM. de Vicq et de Brutelette à multiplier les espèces
par le dédoublement des types spécifiques anciens ; mais cette tendance,
qui ne provoque la critique que lorsqu'elle est exagérée, est ici dans tous
les cas bien compensée par les soins qu'a donnés l'auteur à la description
orographique et géologique du département, ainsi qu'aux rapports des
espèces avec l'altitude des lieux et la composition chimique du sol.
En résumé, votre Commission, appréciant les mérites divers des deux
travaux, propose de partager entre leurs auteurs, à titre d'encouragement,
la valeur du prix de La Fons Mélicocq.
L'Académie a adopté les conclusions de ce Rapport.
ANATOMIE ET ZOOLOGIE
PRIX THORE.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, Brongniart, Decaisne, Duchartre,
Emile Blanchard rapporteur.)
La Commission chargée de décerner le prix Thore, pour l'année 1874,
a distingué un ouvrage considérable ayant pour titre : Les Fourmis de la
Suisse, par Auguste Forel (i).
L'auteur a lu l'oeuvre de sou couipatriote, Pierre Huber, et il l'a con-
tinuée.
La première Partie de l'ouvrage est consacrée à l'exposition des carac-
tères de toutes les espèces de Fourmis qui habitent la Suisse; l'auteur a
très-heureusement considéré les relations entre les particularités de con-
formation et les aptitudes au travail ou à la guerre. Après la détermination
des espèces vient l'étude anatouiique et physiologique de divers organes;
ce sont ensuite d'intéressantes remarques touchant l'instinct et l'intelli-
gence. Les procédés à l'usage des Fourmis quand elles se rendent des ser-
vices mutuels ou quand elles donnent des soins soit aux larves, soit aux
nymphes, ont été le sujet d'observations et d'expériences curieuses. Ou
(i) I vol. in-4", 4-^^ pages, 2 planches; Zurich, 1874-
( i488 )
demeure frappé de voir de quelle façon méthodique des Fourmis pro-
cèdent à la toilette d'une compagne qui s'est embourbée pendant ses ex-
cursions. M. Forel fait partager son admiration pour ces intelligentes petites
bêtes lorsqu'il rapporte qu'ayant sali, souillé, déformé les cocons soyeux
qui contiennent les nymphes, il retrouva toujours, le lendemain matin, les
mêmes cocons parfaitement nettoyés, revenus à leur blancheur primitive.
Depuis le jour où Pierre Huber fit connaître les habitudes des fameuses
Amazones [Foljergus rufescens), on a souvent parlé de la précision des
mouvements d'une colonne expéditionnaire au départ et de l'ordre parfait
que conserve la troupe pendant une longue marche ; l'auteur des nouvelles
recherches montre cette belle attitude devenant impossible dès que les in-
dividus sont chargés. La Fourmi qui porte un lourd cocon, toute préoc-
cupée de son fardeau, est incapable de donner ailleurs la moindre atten-
tion; toutes alors vont à la débandade; les unes s'égarent et les autres,
mieux assurées de leur direction, n'en prennent nul souci. Après mille
hésitations, les égarées retrouvent-elles le bon chemin, elles témoignent
par l'assurance de la démarche qu'elles se reconnaissent. C'est un signe
d'excellente mémon-e que note l'observateur.
On a beaucoup vu et maintes fois raconté les combats des Fourmis. A
ce sujet, M. Forel nous révèle les dispositions des ditférentes espèces. Il y
a les espèces timides, lâches, ne cherchant jamais le salut que dans la
fuite, et les espèces braves, paraissant se complaire dans les luttes. Néan-
mohis souvent encore, chez ces dernières, le courage a besoin d'être excité.
On voit l'individu, d'abord craintif, hésitant, qui peu à peu s'anime jus-
qu'à déployer une audace insensée; dans un paroxysme de rage, il se fait
tuer inutilement : c'est l'ivresse du combat, Lorsqu'une Fourmi est atteinte
d'une pareille folie furieuse, ses compagnes, s'il est |)ossible, s'efforcent
de l'arrêter; elles la saisissent et la retiennent par les pattes, ne l'abandon-
nant qu'après l'avoir ramenée au calme.
Dans le livre sur les Fourmis de la Suisse, une étude des ouvrières aptes
à la reproduction offre un véritable intérêt. On savait que parfois des
Fourmis ordinaires effectuent des pontes; M. Forel montre que par l'en-
semble de la conformation ces individus sont intermédiaires entre les fe-
melles fécondes et les neutres; leurs ovaires ont tantôt un développement
complet, tantôt un développement imparfait.
Le Chapitre concernant l'architecture des nids renferme nombre d'ob-
servations neuves. L'auteur s'attache à faire ressortir combien l'art des
constructions varie selon les espèces. Au contraire des nids de Guêpes ou
d'Abeilles, des habitations de Fourmis de même espèce peuvent présenter.
( '4H9 )
dans la forme et dans les dispositions intérieures, de remarquables diffé-
rences. L'emplacement, la saison, l'étendue de la population déterminent
des aménagements particuliers. Selon l'observateur, les Fourmis se que-
rellent parfois pour l'exécution d'un travail qui ne convient pas également
à toutes les ouvrières. Des Fourmis, on ne l'ignorait pas, s'installent assez
volontiers dans le nid d'une autre espèce, qu'elles trouvent abandonné
ou dont elles s'emparent de vive force; elles se contentent de faire des
réparations ou d'apporter quelques modifications dans la demeure étran-
gère. Plusieurs naturalistes avaient signalé la cohabitation d'espèces dont
l'inimitié est ordinaire. M. Forel s'est assuré que la cohabitation n'existe
pas; les deux sortes de Fourmis logées dans le même nid occupent des
appartements séparés; des murs en terre interceptent toute communica-
tion. Qu'on s'avise de pratiquer des ouvertures et l'on sera témoin de
combats furieux. L'auteur des nouvelles recherches sur les Fourmis delà
Suisse a donné une extrême attention à tous les détails des constructions;
il ajoute notablement à ce que Pierre Huber a enseigné. Le Chapitre où il
expose ses observations et les résultats de ses expériences sur les mœurs
des Fourmis est rempli de faits d'un intérêt saisissant. L'investigateur a
suivi mieux que tout autre les agissements des femelles fécondes isolées;
il a étudié et provoqué en foule des alliances entre les espèces indus-
trieuses et les espèces inhabiles à l'éducation des larves; il a observé les
guerres et reconnu les différentes manières de combattre; il a examiné
l'influence de la température et de la lumière sur les actes des Fourmis, et
de l'ensemble de ses recherches la science s'est enrichie d'une foule de
notions précises.
Considérant que l'ouvrage intitulé : Les Fourmis de In Suisse jelte de nou-
velles clartés sur l'histoire des insectes, peut-être, entre tous, les plus
remarquables par les mœurs comme par les manifestations de l'instinct
et de l'intelligence, la Commission décerne le prix Thore à l'auteiu-,
M. ACGCSTE FoREL.
PRIX SAVIGNY.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, Blanchard, Ch. Robin, de Lacaze-
Duthiers, de Quatrefages rapporteur.)
La Commission déclare qu'il n'y a pas lieu de décerner ce prix pour
l'année 1874-
C. R., 1874, 3« Si:ineilrc. (T. LXXIX, N» 2^t.) 104
( i49o )
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
PRIX BRÉANT.
(Commissaires : MM. Andral, Cl. Bernard, baron J. Cloquet, Bouillaud,
Gosselin, Sédillot rapporteur.)
Le prix de cent mille francs, légué par Bréant à l'Académie pour être
décerné à celui qui découvrira la cause du choléra épidémique, ou un
moyen spécifique de guérison de cette maladie, a été, cette année, comme
les années précédentes, l'objet de nombreux travaux, et si la Commission
a le regret de ne pouvoir encore jiroposer de donner ce magnifique prix,
elle a cependant reconnu l'importance des Mémoires manuscrits ou im-
primés qui lui ont été adressés, et a particulièrement distingué ceux de
M. le D'' Charries Pellarin et de M. le D' Jrmieux^ et les a jugés dignes d'en-
couragements.
M. le D'' Cu.. Pellarin a fait parvenir à l'Académie :
1° Une Note remontant au mois de septembre 1849, Sur la contacjion et
les modes de transmission du choléra.
2° Une seconde Communication sur le même sujet, en i85o.
3° Une brochure intitulée : Le choléra ou typhus indien. Epidémie de 1 865.
Prophjlaxie et traitement. (Paris, 186G.)
ll^ Une seconde brochure : Le choléra, comment il se propage et comment
l'éviter; solution trouvée et publiée en 1849. (P'"''S, 1873.)
5" Une Note manuscrite, ayant pour litre : Les déjections cholériques,
agents de transmission du choléra. (Séance de l'Académie du i5 septembre
1873.)
6° Une deuxième Note, Sur le rôle des déjections cholériques dans les trans-
missions du choléra. (Séance du 17 novembre 1873.)
1° Note supplémentaire ci titre de renseignements. (Séance du 23 février
1874.)
Le fait dominant de ces recherches est la constatation du caractère et
des modes de la contagion cholérique.
Parmi les médecins envoyés en Pologne en i83i pour y étudier le choléra,
M. Brière de Boismont fut un des premiers à en signaler la propagation par
les COI |)s d'armée eu campagne; mais la transmission d'homme à homme
( i49> )
par le contact ne parut pas admissible, et les courageuses expériences du
D''Foy, devenu plus tard un des chefs pharmaciens des hôpitaux de Paris,
et qui s'était ingéré, sans accidents, du sang et des déjections cholériques,
l'immunité de la plupart des médecins et de leurs aides, l'insuffisance des
cordons sanitaires, la crainte d'alarmer les populations et l'autorité des
doctrines anticontagionistes, professées alors au sujet de la fièvre jaune
par Chervin et d'autres médecins renommés, firent repousser et comme
proscrire toute idée de contagion.
I^'épidémie qui régna en France et sévit à Paris en i832 ne modifia pas
cette opinion jusqu'en 1849, et l'on doit tenir grand compte à M. Ch. Pel-
larin, alors médecin attaché à la garnison de Givet, d'avoir nettement re-
connu le caractère contagieux de l'épidémie, d'en avoir signalé la trans-
mission par des malades dont l'itinéraire fut suivi et constaté, et d'avoir,
sans hésitation, appelé l'attention sur le danger des émanations des déjec-
tions cholériques et sur l'importance d'y remédier par des mesures pro-
phylactiques dont le succès fut la sanction de ses conseils.
M. Ch. Pellarin recommanda l'emploi des solutions de sulfate de fer
pour la désinfection des objets contaminés, fit combler les fosses dont
les émanations provoquaient et propageaient la maladie, obtint que divers
groupes de troupes fussent changés de casernement et adressa plusieurs
Communications à ce sujet à l'Académie (1849 et i85o).
M. Ch. Pellarin n'a pas cessé depuis ce moment, comme nous l'avons
montré par rémunération de ses travaux, de défendre et de propager les
mêmes doctrines, et il est un de ceux qui ont le plus contribué à prouver
les propriétés contagieuses des déjections cholériques.
Delpech, à sou retour d'Angleterre en i832, avait déjà soutenu ces
idées, mais il n'avait pas été écouté; l'ouvrage du D"^ Snow, en août 1849,
sur la propagation du choléra par les eaux de Londres, viciées par des
matières cholériques, leva tous les doutes.
Les faits publiés par Snow, un mois avant la Communication de M. Ch.
Pellarin à l'Académie des Sciences, n'en ont pas diminué l'importance.
La conférence sanitaire internationale de Constantinople et celle, plus
récente, de Vienne ont maintenu et confirmé les mêmes observations.
C'est par une suite de recherches non interrompues qu'on parviendra
certainement à mieux préciser et à résoudre la question des causes et des
moyens de traitement du choléra, et les connaissances déjà acquises au
prix de longs travaux et de généreux dévouements mettent dans tout leur
jour le mérite de ceux qui y ont successivement concouru.
194..
( i492 )
En considération de vingt-cinq années de labeurs utilement consa-
crés à la poursuite de la vérité, la Commission a cru devoir recommander
M. Cil. Pellarin aux bienveillants suffrages de rA.cadéinie.
M. le D'' Armieux, l'un de nos médecins militaires les plus distingués,
membre résidant de la Société de Médecine , Chirurgie et Pharmacie de
Toulouse, a envoyé à la Commission deux Mémoires imprimés ayant pour
titres : Le choléra à Toulouse. La rcparlilion du choléra en France.
M. Armieux a rappelé en quelques pages, dans la première de ces pu-
blications, les faits relatifs à l'origine, aux invasions, à la propagation et
aux modes de transmission du choléra et a signalé, avec une science pro-
fonde et une remarquable sagacité, toutes les influences topographiques,
géologiques, orographiques, hydrologiques, anémologiques, climatolo-
giques et ethnographiques qui s'y rapportent; a rappelé les diverses sup-
positions faites au sujet des organismes microscopiques : germes, spores,
ovules, microphytes, microzoaires, qui sont très-probablement la cause
première de la maladie.
M. Armieux a passé en revue les moyens de prophylaxie et de traite-
ment qui ont été recommandés et employés, et, appliquant ces connais-
sances à l'épidémie qui a régné en i854 à Toulouse, il a donné le tableau
de la mortalité proportionnelle des cholériques dans la population civile
et la garnison, et a exposé tout un système de précautions réglementaires
pour borner, combattre et arrêter les envahissements et les ravages de la
maladie dans les lieux où on la verrait se manifester.
Ce ne sont pas, cependant, ces études pleines d'intérêt qui ont le plus
fixé l'attention de la Commission.
M. Armieux a donné un tableau complet des départements de la France
teintés de quatre nuances de plus en plus sombres du blanc au noir, selon
que les quatre épidémies de i832, 1849, i854 et i865 avaient épargné
ou envahi une ou plusieurs fois ces localités, et un simple coup d'œil
permet de reconnaître, à l'aide de chiffres, quelles ont été les conditions
de chacun de nos départements dans la propagation du choléra dont la
gravité, la durée, les retours et les principaux modes de transmission sont
faciles à suivre et à étudier.
C'est l'application au choléra du tableau départemental que notre il-
lustre et regretté confrère le baron Ch. Dupin avait établi pour les diffé-
rents degrés de l'instruction en France, et, sur une échelle bornée, la re-
production des itinéraires et des immenses propagations des épidémies
( i493 )
cholériques, des embouchures du Gange à toutes les parties du globe qui
en ont été victimes.
L'influence du nombre et de la facilité des voies de communication et
de transport sur la marche et hi propagation du choléra semble résulter
de l'immunité des départements des Landes, des Ilautes-Pyrénées, du
Gers, du Lot, de la Dordogne, de la Corrèze, du Cantal, etc., comparée
aux quatre épidémies subies par les départements de la Seine, des Bouches-
du-Rhône, de la Manche, du Finistère, de la Loire-Inférieure et de la
Moselle, etc., sans qu'on puisse néanmoins négliger l'étude des conditions
qui devront expliquer pourquoi Lyon, par exemple, n'a encore été at-
teint qu'une seule fois, et assez légèrement, quoique centre d'une grande
activité commerciale et de translations très-multipliées.
Toute nouvelle source de vérité et de science ne saurait être trop encou-
ragée, et c'est à ce titre que la Commission propose à l'Académie d'ac-
corder une récompense de trois mille cinq cents francs h M. Ch. Pellauin,
et de quinze cents frmics h M. Armieux, à prélever sur les cinq mille francs
des intérêts annuels du prix Bréant.
L'Académie a adopté ces conclusions.
PRIX MONTYON, MÉDECINE ET CHIRURGIE.
(Commissaires : MM. Bouillaud, Cl. Bernard, Robin, J. Cloquet, Andral,
Sédillot, Larrey, Bouley, Gosselin rapporteur.)
La Commission des prix Montyon de Médecine et Chirurgie, pour l'an-
née 1874, a reçu et examiné trente-cinq ouvrages ou Mémoires. Dans ce
nombre, elle en a distingué six, qui, par les découvertes qu'ils contiennent
ou les progrès qu'ils font faire à l'art de guérir, lui ont paru remplir les
conditions indiquées dans le testament de M. de Montyon.
Conformément à la tradition des dernières années, la Commission
accorde à trois de ces travaux un prix, et aux trois autres une mention.
PRIX.
Les trois prix sont obtenus par MM. les D" Dieulafoy, Malassez et Méhu
(par ordre alphabétique) :
1° M. Dieulafoy est auteur d'un ouvrage Sttr raspiralion des liquides
( i494 )
morbides dans le traitement des maladies chirurgicales. (Paris, iS^S, chez
G. Masson, éditeur.)
L'idée capitale produite dans ce livre est dévider les tumeurs formées
par des collections liquides ou gazeuses au moyen de l'aspiration avec un
corps de pompe daus lequel le vide a été fait préalablement à l'opération.
Il y a longtemps assurément que les chirurgiens ont eu recours, de temps à
autre, à l'aspiration ; mais ils la pratiquaient en adaptant le corps de pompe
représenté par la seringue vulgaire à un tube, qvii plongeait dans le foyer,
et en retirant doucement le piston. D'une part, ce procédé n'était ni com-
mode ni expéditif; d'autre part, il avait l'inconvénient de ne pas faire un
vide parfait et, conséquemment, de nécessiter des canules lui peu volu-
mineuses. En outre, les mains qui amenaient le piston transmettaient iné-
vitablement quelques mouvements à la canule et risquaient de déchirer
l'intérieur de la poche, d'où l'impossibilité d'appliquer la méthode à des
cavités qu'il importait d'ouvrir étroitement et de ne pas déchirer. Ces
inconvénients sont évités par le vide préalable. Le corps de pompe est fa-
briqué de telle sorte que ce vide y est complet et que l'aspiration se fait
exclusivement sur le liquide contenu dans la poche.
Des canules très-petites peuvent être employées, et la main du chirur-
gien conserve, pendant que l'aspiration se fait, une immobilité telle que les
déchirures sont impossibles. L'appareil instrumental est d'ailleurs com-
plété et perfectionné par des robinets qui fonctionnent bien et par l'emploi
de tubes en caoutchouc vulcanisé, dont les déplacements ne se transmet-
tent en aucune façon au tube métallique plongé dans le foyer morbide.
L'idée ingénieuse et simple de M. Dieulafoy lui a permis l'emploi de
l'aspiration pour des maladies pour lesquelles ou n'aurait pu songer pru-
demment à se servir de l'ancien procédé, et notamment pour la hernie
étranglée, la ponction de la vessie, les kystes hydatiques du foie, les épan-
chements articulaires.
Des critiques et des contestations de priorité ont été adressées à M. Dieu-
lafoy, sous ce prétexte, dont nous parlions tout à l'heure, que d'autres avant
lui avaient songé à l'aspiration avec une seringue ; mais on a fait à cet égard
une confusion regrettable. Ce qui caractérise l'invention de M. Dieulafoy,
ce n'est pas l'aspiration seulement, c'est l'aspiration faite au moyen du vide
préalable, et faite avec des modifications instrumentales nouvelles aux-
quelles personne n'avait songé avant lui. L'innovation a été si universelle-
ment recoiHuie que partout elle a été adoptée comme un procédé chirur-
gical nouveau, sous le nom de procédé Dieidafoj. La Commission ne fait
( i495 )
donc que confirmer un hommage rendu par les étrangers à une invention
française éminemment utile, en décernant un des prix Montyon à M. le
D^Dieulafoy.
2° M. le D'' Malassez, répétiteur au Collège de France, s'est attaché,
depuis quelque temps, à étudier certaines modifications dans la composi-
tion du sang chez l'homme malade. Poursuivant, dans cette direction, les
recherches de MM. Andral, Gavarret et Piorry, il s'est préoccupé non
plus des proportions de la fibrine, de la sérosité et des globules, mais des
changements dans le nombre, la forme et le volume de ces derniers; c'est
dire qu'au lieu de recherches chimiques il s'agit ici de lecherches exclusi-
vement microscopiques.
M. JMalassez a envoyé quatre Mémoires sur ce sujet. Le premier est
intitulé : De la numération des globules rouges du sang. L'auteur y fait con-
naître deux découvertes : l'une est c^ lie de l'instrument dont il se sert pour
compter les globules rouges du sang et chercher, en cas de maladie, si le
chiffre est au-dessus ou au-dessous de la moyenne, cette moyenne étant de
4 millions, chez l'homme, par millimètre cube. Cet instrument, qui s'ajoute
à un microscope ordinaire, est un perfectionnement de ceux qui avaient
été imaginés : en Allemagne, par MM. Wierordt et Cramer; en Italie, par
Mantegazza; en France, par le D'^ Potain. Il consiste en un tube capillaire
très-fin, dans lequel on fait arriver un mélange de sang et de sérum artifi-
ciel, et dans lequel l'auteur a calculé le rapport entre le volume du liquide
et la longueur du trajet qu'il occupe dans ce tube. Comme, d'autre part,
l'auteur a déterminé le volume de chaque longueur, par rapport à i milli-
mètre cube, il peut, après avoir examiné avec un oculaire quadrillé et
compté les globules qui se trouvent dans mie longueur de 400, 5oo ou
600 millièmes de millimètre, arriver au chiffre qui doit se trouver dans
I millimètre cube.
L'autre découverte est relative aux variétés que présente le chiffre des
globules dans les diverses parties du corps. Ce chiffre est plus grand dans
les petites artères que dans les grosses, dans les veines que dans les artères,
et il est d'autant plus élevé dans les veines que le sang contenu dans ces
dernières y a perdu plus ou moins de son sérum par les exosmoses qui se
sont opérées.
Le deuxième Mémoire est consacré à l'étude, au moyen de l'instruinenl
qui précède, du nombre des globules blancs dans Térysipèle; le iroisiènic
à la diminution du nombre des globules rouges chez les cancéreux et les
( "^.96 )
tuberculeux; le quatrième à la diminution de ces mêmes globules rouges
dans les cas d'intoxication saturnine. On le voit donc, M. Malassez a attaché
son nom à un mode d'investigation nouveau, qui lui a permis de décou-
vrir un fait physiologique inconnu jusqu'à lui, les variations du nombre
des globules dans les diverses parties de l'arbre circulatoire, et de faire
connaître des variations pathologiques dont la pratique médicale pourra
tirer des indications utiles. C'est pour ces motifs que M. Malassez nous a
paru mériter l'un des prix Montyon.
3° M. le D'' 3IÉHU a fait connaître dans sept Mémoires, les uns imprimés,
les autres manuscrits, certains progrès qu'il a fait faire à l'art de guérir, en
recherchant la composition, par rapport au sang, des liquides épanchés
dans les cavités naturelles et accidentelles, et tirant de cette connaissance
des déductions pour le pronostic et le traitement.
Il a soumis à l'analyse chimique divers liquides qui venaient d'être
retirés de la poitrine, du ventre, de la tunique vaginale, des articulations,
des kystes ovariens, par la ponction faite à des malades de l'hôpital Necker
où l'auteur est pharmacien en chef.
Ces analyses l'ont conduit à établir entre les liquides, que nous englo-
bons sous le nom de séreux, une distinction qu'il caractérise par les mots
de séreux et séroides.
Les liquides séreux proprement dits sont de beaucoup les plus nombreux.
M. Méhu en a d'abord examiné cinquante-six provenant d'une^' pleurésie
aiguë, et vingt-trois qui, provenant d'un hydrothorax, s'étaient produits sans
intervention d'un travail inflammatoire. Il a bien trouvé que ces deux li-
quides se ressemblaient par l'existence de matériaux analogues à ceux qui
se trouvent dans la sérosité et le plasma du sang, savoir de l'eau, de l'al-
bumine, delà fibrine et des sels; mais il a constaté aussi entre eux cette
différence que le premier,celui delà pleurésie aiguë, contientuneplus grande
proportion (5o à 60 grammes pour 1000) de matières solides, fibrine, albu-
mine et sels, que le second, celui de l'hydrothorax, qui n'en contient que 8
à 10 grammes pour 1000, etc.; et, dans la pleurésie aiguë elle-même, les ma-
tières solides, constituant le résidu sec que l'on trouve au fond du vase
après l'évaporation, sont plus ou moins abondantes. En comparant le résul-
tat chimique avec celui de l'observation clinique, l'auteur arrive à cette
conclusion importante que, quand une ponction, faite dans le cours d'une
pleurésie aiguë, a donné un sérum qui contient moins de 5o pour 100 de
matières solides, la guérisou est moins probable, et le retour prompt de
( i497 )
l'épanclicment est plus à crnindro que dans les cas où la proportion de ces
mêmes matières dépasse 5o et surtout va au delà de 60.
L'aulcur f.iit remarquer d'ailleurs que les résultats donnés par l'analyse
chimique concordent avec ceux que donne l'appréciation de la densité, ce
qu'il exprime en disant que plus le liquide est dense, plus il contient de
matières solides (fibrine, albumine et sels), et moins il a de chances de se
reproduire.
Nous ne pouvons suivre l'auteur dans l'examen qu'il fait des autres
liquides séreux, examen qui le conduit à des résultats et à des conclusions
cliniques analogues à ceux dont il vient d'être question pour la pleurésie
aiguë.
Quant aux liquides séroides^ qui sont caractérisés par l'absence ou par
une proportion beaucoup moindre de fibrine et d'albumine, et, en dehors
de l'analyse chimique, par une couleur moins jaune et plus analogue à celle
de l'eau, M. Méhu en a trouvé dans quelques kystes de l'ovaire, dans les
hydrocèles spermatiques, dans le spina bificla, dans l'écoulement aqueux
du liquide céphalo-rachidien, après les fractures du crâne. L'analyse dans
ces cas, de même que dans certaines variétés d'hydarlhrose, en montrant
qu'il n'y a pas, au moins eu proportion notable, d'albumine ni de fibrine,
autorise à croire que l'épanchement est indépendant d'un travail inflam-
matoire et a peu de chances d'être suivi d'une suppuration après la ponc-
tion qui lui a donné issue.
En raison du travail considérable qu'a fait M. Méhu pour ses analyses,
qui ont porté sur plus de cent liquides pathologiques, en raison des faits
nouveaux qu'il a mis en lumière et des applications qu'il en fait à la cli-
nique, la Commission a cru devoir mettre le nom de M. Méhu à côté des
précédents et lui donner aussi un des prix IMontyon.
MENTIONS.
Les trois mentions sont accordées par votre Commission à MM. Bérenger-
Féraud, Létiévant et Péter.
M. le D' Békenger-Fékaud, médecin en chef de la marine aux colonies,
a publié récemment deux ouvrages : l'un sur la fièvre jaune au Sénégal,
l'autre sur la fièvre bilieuse niélanurique des pays chauds. Dans le second,
qui a paru à votre Commission plus imporlanl que le premier, l'auteur
cherche à faire admettre une maladie, ou du moins une espèce nosologique
nouvelle, sous le nom de fièvre uiélamirii^ue. Cette maladie consiste en une
fièvre intermittente grave avec ictère intense et présence dans l'urine, par
G, R., 1875, I" Semcitre. (T. IXXX, N" '2i.) ' 9"*
{ 149» )
suite de cet ictère, d'une grande quantité de bile avec prédominance de
dt'ux de ses principes colorants : ta bilirubine et la bilifiiscbine.
M. Bérenger-Férand donne de bonnes raisons pour distinguer cette
pyrexie, soit de la fièvre jaune, soit de l'ictère grave. En effet, elle diffère
de la première par l'absence d'hématémèse, et du second par sa forme in-
termittente, qui est plus ou moins déguisée, mais qui existe toujours. Votre
Commission a plus de peine à trouver une différence entre la fièvre méla-
nurique de M. Bérenger-Féraud et la fièvre décrite avant lui sous le nom de
réinilltiite bilieuse; car ces deux maladies se resseudjlenl par leurs intermit-
tences et par la présence de l'ictère. Il n'y a de différence que celle qui est
donnée par la couleur de l'urine, couleur beaucoup plus foncée dans les
cas de M. Bérenger-Féraud que dans ceux observés par ses prédécesseurs;
mais ce caractère, au fond, n'a pas une grande importance, parce que ce
sont toujours les principes colorants de la bile qui le produisent.
Quoi qu'il en soit, l'auteur n'a pas moins eu le mérite d'étudier une va-
riété de pyrexie des pays chauds qu'on ne connaissait pas suffisamment,
d'avoir bien établi que la couleur noire de l'urine, dans celte pyrexie,
tenait non pas au satig, comme beaucoup de médecins l'avaient cru, mais
à des matières colorantes de la bile, et d'avoir démontré que le véritable
traitement, malgré l'apparence de continuité de la fièvre, est l'administra-
tion du stdfatede quinine".
Pour ces motifs, la Commission a jugé que M. le D'' Bérenger-Féraud
méritait la mention qu'elle lui décerne.
M. le D' Létiévant, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Lyon, a pré-
senté au concours un volume intitulé:. Des sections nerveuses. Il y a accuamlé
des documents importants en faveur du traitement des névralgies rebelles
par l'incision et l'excision des nerfs malades, opération conseillée depuis
longtemps, mais sur la valeur de laquelle nous étions incertains, et qui,
à cause de cela, n'a pas été jusqu'ici universellement adoptée.
Pour rassurer et entraîner les opérateurs, M. Létiévant commence par
étudier les effets physiologiques primitifs et consécutifs des sections ner-
veuses. Il rassemble et publie in extenso environ trente observations de
sections accidentelles chez l'homme et quelques cas de sections expérimen-
tales sur les animaux. Il constate et nous apprend que tantôt, mais c'est
le cas le plus rare, le nerf coupé se régénère et ses fonctions se rétablissent,
tantôt il ne se régénère pas, ses propriétés conductrices pour le mouve-
ment et la sensibilité restent perdues; mais les muscles paralysés peuvent
( i499 )
être suppléés dans leur action par les muscles environnants dont les nerfs
sont restés intacts, et la sensibilité peut être suppléée par des anastomoses
ou par la transmission, au moyen d'un ébranlement dont le blessé n'a pas
conscience, de l'impression aux papilles et autreg parties sensibles situées
dans le voisinage.
L'auteur examine ensuite les indications de la névrotomie dans les né-
vralgies, dans les douleurs du cancer et dans le tétanos. Pour chacune de
ces maladies il met sons les yeux du lecteur un grand nombre de faits re-
cueillis soit dans sa propre pratirpie, soit dans les auteurs, et il montre par
des chiffres que les succès sont assez nombreux pour justifier l'intervention
chirurgicale dans les maladies que nous venons de nommer.
Il termine enfin par l'indication des procédés opératoires qui con-
viennent pour la section de chacun des nerfs du corps humain.
Par cet ensemble de documents physiologiques, pathologiques el théra-
peutiques, le travail de M. Léticvant constitue une monographie d'un
genre nouveau, qui n'existait pas encore en France et qui est appelée à
rendre de grands services à l'art de guérir; c'est pour ces motifs que la
Commission des prix Montyon l'a jugé digne de l'une des mentions.
3° M. le D'' Péter a présenté au concours un gros volume intitulé : Le-
çons de clinique médicale. Sous ce titre, qui indique un ouvrage classique
et destiné à l'enseignement, l'autour livre cependant à la publicité un bon
nombre d'idées nouvelles émanées d'un esprit tout à la fois observateur
et novateur.
Je passe sous silence tout ce qui concerne les maladies du cœur et leurs
symptômes, que M. Péter a décrits et commentes avec le plus grand soin,
pour m'arrêter à ce que cet ouvrage contient de fout à fait neuf. Ce sont
d'abord des documents, confirmalifs de ceux de MM. les D" Larcher et
r)lot, sur rhyperlrophie physiologique du cœur pend;int la grossesse, sur
les conséquences fâcheuses de cette hypertrophie pour les femmes qui,
avant leur grossesse, se trouvaient atteintes d'ur.e lé.sion sérieuse de cet
organe, et en particulier sur l'avortement très-probable qui en est la
suite du cinquième au seplièine mois de la grossesse. C'est ensuite l'ex-
plication de la douleur dans beaucoup de maladies de la poitrine par une
névralgie du diaphragme, maladie dont }■]. Péter a, le premier, donné la
description. Ces! l'intervention, dans la palhogénie de l'angine de poitrine,
non-seulement d'iuie aortite, liiais aussi d'une névrite concomitante, por-
tant sur les neris délicats et multi[)liés, dont l'ensemble forme ce qu'on ap-
195..
( r5oo )
pelle les plexus cardiaques. C'est une dissertation séniéiologiqiie sur le
point de côté et sa signification clinique dans les cas où on le rencontre.
C'est enfin une discussion vigoureuse sur la pleurésie, l'utilité de son trai-
tement par les émissions sanguines et l'abus de la thoracocentèse.
Par les exposés contenus dans ce livre, M. Péter s'est fait, en France et
à l'étranger, la réputation d'un clinicien laborieux et sagace. La Commis-
sion ne fait donc que sanctionner le jugement rendu par l'opinion publique
en lui accordant une mention.
En résumé, pour l'année 1874, la Commission a été d'avis de décerner :
1° Un prix de la valeur de deux mille quatre cents fram s k M. Dieulafoy;
2" Un prix de la valeur de deux mille quatre cents francs à M. Malassez ;
3° Un prix de la valeur de deux mille quatre cents francs à M. Méiiu.
Elle accorde, en outre, une mention avec un encouragement de mille
francs à chacun de MM. Bérexcer-Féuaud, Létiévant et Péter.
CITATIONS.
En sus des récompenses qui viennent d'être désignées, la Commission
croit devoir signaler et citer neuf autres travaux qu'elle a regretté de ne
pouvoir couronner et qui n'en sont pas moins très-dignes de félicitations;
ce sont :
1° Le Traité théorique et pratique d'iijilrothérapie, par M. le D'' Bejvi-
Barde;
2° Le Tniilé complet de la racje chez le chien et chez le chat, par M. J.
Bourrel;
3° Un Mémoire sur les gouttières en linge plâtré j par M. le professeur Herr-
GOTT, de Nancy;
4" Un volume de Mélanges sur VHjstérie, tes maladies utérines, la chirurgie
conservatrice, la saignée dans la grossesse, etc., par I\L le D'' Dechaux de
Montluçon ;
5" Un volume consacré à Y Influence des grandes commotions politiques et
sociales sur le développement des maladies mentales, par RL le D' Lumer;
6° Un bon travail de M. le D' Aagel Marvaud, Sur les aliments d'é-
pargne;
7° Un volume Sur la transfusion du sang, par M. le D' 3Ioncoq;
( i5oi )
8° Un travail manuscrit de M. le D' Toussaint Maktin, Sur les liydro-
pisics;
9" Un travail manuscrit Sur les altéralions du sang dans les affections ty-
phoïdes du cheval, par M. Saixe, vétérinaire on i"' au 4'' cuirassiers.
L'Académie a adopté ces conclusions.
PRIX GODARD.
(Commissaires : MM. Gossclin, Ch. Robin, baron Clcquet, Bouillaud,
Cl. Bernard rapporteur.)
La Commission a l'honneur de déclarer à l'jicadémie qu'il n'y a pas
lieu, pour l'année 1874, à décerner le prix Godard.
PHYSIOLOGIE.
PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE.
(Commissaires : MM. Robin, Milne Edwards, Lacaze-Duthiers,
Cl. Bernard et Blanchard rapporteurs.)
Tout le monde sait que l'Anatomie et la Physiologie, nées d'un même
tronc scientifique, se rattachent l'une à l'autre par les liens les plus étroits.
Cependant la Physiologie ne saurait se déduire exclusivement des disposi-
tions organiques que nous fait connaître le scalpel de l'anatomiste. Il faut,
en outre, que l'expérimentation, aidée de tous les moyens de recherches
nécessaires, pénètre dans l'organisme vivant, et nous dévoile des fonctions
et des propriétés de tissus que nous ne pourrions découvrir autrement.
C'est cette dernière méthode d'investigation qui constitue particulièrement
la Physiologie expérimentale, et c'est aux recherches qu'elle provoque que
s'appliquerait plus spécialement le prix de Physiologie expérimentale de
l'Académie. Toutefois la majorité de votre Commission n'a pas été d'avis
d'interpréter le programme du Concours d'une manière aussi rigoureuse;
c'est pourquoi elle a l'honneur de vous présenter cette année deux travaux
d'ordre différent : l'un d'expérimentation pure, dû à MM. Arloing et Tri-
pier, intitulé : Des conditions de la persistance de la sensibilité dans le bout
périphérique des nerfs sectionnés; l'autre, d'Anatomie comparée, accom-
( I 5o2 )
pagné des considérations physiologiques que le sujet comporte, intitulé :
Eludes sur le cœur et In circulation centrale dans la série des vertébrés, par
M. Sabatier.
1.
Des conditions de la persistance de la sensibilité dans le boni périphérique
des ncifs sectionnés; par MM. Arloing et Tripier.
(Rapport de M. Claude Bernard.)
Lorsqu'un nerf sensible a été divisé sur nu animal vivant, son bout pé-
riphérique, séparé du centre nerveux , devient ordinairement insensible;
toutefois il n'en est pas constamment ainsi, et Magendie, le premier, con-
stata, il y a vingt-cinq ans, qu'après la section des racines rachidiennes anté-
rieures sensibles chez le chien, la sensibilité se réfugie dans le bout périphé-
rique et disparaît dans le bout central. C'est à cette propriété sensitive du
bout périphérique d'un nerf divisé que Magendie a donné le nom de sensi-
bilité récurrente.
Cette étude de la sensibilité récurrente des nerfs n'est pas seulement un
fait intéressant de Physiologie expérimentale, mais cette propriété nerveuse
est encore appelée à intervenir dans l'interprétation de phénomènes cli-
niques en apparence énigmatiques. Plusieurs fois, chez l'homme, le nerf
médian, accidentellement divisé, fut réuni à l'aide d'un point de suture, et
bientôt après l'opération la sensibilité avait en partie reparu dans les par-
ties auxquelles ce nerf se distribue. Pour se rendre compte de ces faits sin-
guliers signalés à différentes reprises, plusieurs auteurs crurent à une res-
tauration de sensibilité qu'ils expliquèrent par l'hypothèse d'une réunion
immédiate. MM. ./Vrloing et Tripier ont montré que cette sensibilité est due
à des anastomoses nerveuses périphériques.
C'est par des exjiériences sur des animaux vivants que MM. Arloing et
Tripier ont démontré le rôle, on ne peut plus évident, de ces anastomoses
périphériques. Ils ont divisé les trois nerfs collatéraux sur le doigt d'un
chien, et ils ont constaté que la sensibilité à la douleur avait cependant
persisté siu- tous les points du doigt. Ils sectionnèrent alors le quatrième
nerf collatéral, et aussitôt l'analgésie devint absolue. Ils ont de plus con-
staté que, lorsqu'on coupe un des nerfs cutanés de la main, les deux bouts
restent sensibles, et que la sensibilité du bout périphérique consiste en
une sorte de sensibilité d'emprunt due à la présence de fibres récurrentes
dont ils ont pu constater l'existence eu observant des fibres nerveuses non
dégénérées dans le segment périphériiiue un mois après la section.
( i5o3 )
Mais c'est surtout dans les expériences sur les nerfs de ia face que ces
reclierches preiuieut un caractère d'évidence tout particulier, et c'est là
que MM. Arloiug et Tripier ont tait preuve d'un grand talent d'analyse ex-
périmentale.
La sensibilité récurrente, mise autrefois en évidence sur divers nerfs du
chien par des expériences de votre rapporteur, n'avait pu être constatée
nettement sur le Lapin ni sur le Cheval; pour le facial chez ce dernier ani-
mal, et chez les Solipèdes en général, elle avait été niée par M. Chauveau.
Ayant reprisées ex|)ériences, MjVL Arloing et Tripier ont démontré que, si,
après la section du nerf facial au-dessous de la parotide, on ne trouve pas
habituellement de sensibilité dans le bout périphérique, c'est qu'à ce ni-
veau il n'y a pas ordinairement de tubes nerveux récurrents; mais, quand
la section est faite plus bas, plus près de la partie périphérique du nerf,
la sensibilité du bout périphérique devient très-évidente.
Relativement à la sensibilité récurrente de la cinquième paire qui existe,
mais qui est cependant plus difficile à démontrer que pour le facial ,
MM. Arloing et Tripier ont trouvé qu'elle provient non-seulement des
nerfs de sensibilité de la région du même côté, mais qu'elle résulte aussi
d'un entre-croisement ou d'une récurrence des nerfs sensitifs du côté op-
posé. C'est pour la première que ce fait important se trouve rigoureuse-
ment établi. Eu effet, MM. Arloing et Tripier n'ont pas seulement prouvé
les phénomènes de sensibilité récurrente par des expériences de vivisec-
tion habilement faites, mais ils les ont expliqués et démontrés par une
étude attentive de la dégénérescence des deux bouts de nerfs divisés chez
leurs animaux en expérience. C'est ainsi cpie leur travail présente une va-
leur de démonstration tout à fait exceptionnelle. Ils ont reproduit toutes
ces dégénérescences dans des dessins très-bien exécutés qu'ils ont mis sous
les yeux des Membres de la Commission.
Les résultats du grand travail de MM. Arloing et Tripier, dont nous ne
pouvons donner ici qu'une analyse sommaire, peut se résumer dans les
faits suivants :
1° Le facial et le spinal des Solipèdes et des Rongeurs possèdent la sen-
sibilité récurrente aussi bien que ceux des Carnassiers;
i" Pour trouver plus facilement la sensibilité récurrente, il faudra se
porter à la périphérie;
3° Le bout jiériphériqne des branches du trijumeau est sensible; cette
sensibilité est assez diificde à bien mettre (!n évidence, mais elle existe;
4" Le bout périphéric[ue des nerfs des membres est également sensible;
( i5o/, )
toutefois, la sensibilité peut disparaître, lorsqu'oii remonte sur les troncs
nerveux;
5° Dans tous les cas, la sensibilité du bout périphérique est due à la
présence de tubes nerveux dont les relations avec les centres trophiques et
perceptifs n'ont pas été interrompues par la section;
6° L'absence de ces tubes se lie à l'insensibilité du bout périphérique;
7° Ces tubes proviennent de la cinquième paire pour le facial, des nerfs
voisins et à coup sûr des nerfs du côté opposé pour les nerfs seusitifs, des
nerfs voisins et homologues pour les nerfs mixtes;
8° Ces tubes récurrents remontent plus ou moins haut dans le tronc dti
nerf auquel ils sont accolés; leiu' nombre diminue en allant de la péri-
phérie vers le centre;
9" Le retour de ces fibres peut se faire avant la terminaison des nerfs;
mais la terminaison est le lieu où il se produit de préférence.
Eu résumé, MM. Arloing et Tripier ont généralisé la sensibilité récur-
rente à tous les animaux mammifères; ils ont donné de ce phénomène une
démonstration décisive et une explication rigoureuse à l'aide d'une série
d'expéiiences de vivisection des plus délicates, poursuivies sur un très-grand
nombre d'animaux pendant six années.
La Commission, à l'unanimité, a été d'avis d'accorder un prix de Physio-
logie expérimentale à MM. Arloing etTuiPiEU.
IL
Études sur le cœur et la circulation centrale dans la série des Vertébrés;
par le D"^ Aiîm. Sabatier.
(Rapport (le M. Blancliard.)
Le résultat important des recherches de M. Sabatier est un ensemble de
preuves que, chez les Reptiles et les Batraciens, le sang ai tériel et le sang
veineux ne se mélangent pas, comme on le croyait très-généraletucnt.
Ces preuves sont tirées de l'étude des dispositions auatomiqties, de l'obser-
vation du sang dans les principaux vaisseaux, de diverses ex|)ériences.
Chez les Batraciens, l'auteur s'est assuré que, par le fait de la direction
des trabécules musculaires et des aréoles des parois veiilriculaires, les deux
sangs lancés par les oreillettes dans le tissu spongieux du cœur demeurent
séparés pendant la diastole et qu'obéissant pcudant la systole à l'impulsion
imprimée par les trabécules musculaires ils suivent un cours différent, le
sang rouge allant vers les aortes, !e sang noir vers l'artère pulmonaire.
( i5o5 )
A l'égard des Reptiles, M. Sabatier croit avoir démontré qu'au début de
la systole le vestibule pulmonaire vient à se clore et emprisonne delà sorte
le sang veinenx pur ; que l'orifice de l'aorte gauche s'aplatil et se ferme
presque aussitôt après avoir reçu une petite quantilé de sang mixte et que
l'aorte droite, ad mettant aussi un peu de sang mélangé, ne reçoit plus bientôt
que le sang rouge, dont elle cède une partie à l'aorte gauche à travers la
fente interaortique.
Chez les Émydosauriens ou Crocodiles, dont le cœur est partagé par une
cloison, mais où l'existence d'une communication donnait à penser que le
mélange des deux sangs devait s'opérer, l'auteur établit que, pendant la
systole ventriculaire, le pertuis aortiquese ferme et ne s'ouvre que pendant
la diastole ; que l'orifice de l'aorte gauche s'aplatit et se ferme dès le début
de la systole, de façon à n'admettre que très-peu de sang veineux, tandis
que l'aorte droite reçoit seulement du sang artériel,
iVI. Sabatier a suivi avec grand soin les modifications du cœur et le mode
de constitution des oreillettes chez les principaux types de Vertébrés; mais
nous passerons sur les faits anatomiques pour signaler des expériences
propres à démontrer l'influence de la respiration sur la circulation.
Chez l'animal à sang chaud, les phénomènes mécaniques delà respiration
ont été interrompus soit pendant l'inspiration, soit pendant l'expiration, et,
la tension veineuse mesurée à l'aide d'un hémodynamomètre, il a été re-
connu que cette tension s'élève pendant l'interruption des mouvements res-
piratoires. Au contraire, la tension artérielle, déterminée par des procédés
qu'il est inutile de décrire, diminue pendant l'interruption des phénomènes
respiratoires et s'élève ensuite graduellement. De l'ensemble dos résultats
dérive la conclusion que, malgré l'influence des mouvements respiratoires
sur la circulation du sang dans le poumon, les troubles de la circulation
dans l'asphyxie doivent surtout être attribués au défaut de réoxygénalion
du sang. Chez l'animal à saug froid. Reptile ou Batracien, la circulation
pulmonaire, d'après les expériences très-probantes de M. Sabatier, devient
très-embarrassée dès que la réoxygénation du sang n'a plus lieu; ce qui est
en opposition avec l'assertion de M. Briicke, que la circulation pulmonaire
n'est pas interrompue pendant l'arrêt de la respiration. Le rôle de l'ana-
stomose abdominale des deux aortes, chez les Reptiles, a été constaté dans
des expériences nombreuses à l'aide de tubes on caoutchouc permettant,
par des pressions variées, d'apprécier la vitesse d'écoulement et ainsi de
reconnaître les circonstances où les mouvements respiratoires agissent sur
la direction du sang.
C. K.,1875, 1" 5tmrifr<-.(T I.XXX, N" S-î.) ■* 9^^
( i5oG )
En résumé, la Commission estime que le travail considérable de M. Sa-
batier, riche d'observations comparatives appuyées de nombreuses expé-
riences, jette une nonvelie lumière sur le phénomène de la circulation du
sang chez les Reptiles et les Batraciens. En conséquence, elle attribue à
l'auteur un prix de Physiologie expérimentale.
En conséquence du Rapport qui précède, la Commission décerne deux
prix de Physiologie expérimentale pour l'année 1874 : 1° un prix au travail
de MM. Arloixg et Tripier sur les Conditions de la persistance de la sensibilité
dans le bout péiiphérique des nerfs sectionnés; z" un prix aux Etudes sur le
cœur et la circulation centrale dans la série des Vertébiés, par JM. Sabatier.
L'Académie a adopté ces conclusions.
PRIX GENERAUX.
PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES).
(Commissaires : MM. Dumas, Peligot, Boussingault, Fremy,
Chevreul rapporteur.)
La Commission déclare qu'il n'y a pas lieu à décerner ce prix pour
l'année i874«
PRIX TRÉMONT.
(Commissaires : MM. Élie de Beaumont, général Morin, Phillips,
Milne Edwards, Dumas rapporteur.)
La Commission a décerné ce prix à M. Achille Cazin, professeur
au lycée Coudorcet, et lui en a réservé la jouissance pendant les années
1873, 1874, 1875.
PRIX GEGNER.
(Commissaires : MxM. Bertrand, Milne Edwards, Chasles, Chevreul,
Dumas rapporteur.)
La Commission décerne le prix Gegner de l'année 1874 à J\I. Gaugain,
ancien élève de l'École l'ulytechniquc, pour l'aiticr à i)oursuivre ses Ira-
vaux sur l'électricité el le m;iguitisnie.
( i5o7 )
PRIX FONDÉ PAR W"' la Marquise DE LAPLACE.
Une Ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à accepter
la donation, qui lui a été faite par M™* la Marquise de Laplace, d'une rente
pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection com-
plète des ouvrages de Laplace, prix qui devra être décerné chaque année
au premier élève sortant de l'École Polytechnique,
M. le Président remet les cinq volumes de la Mécanique céleste, VExposilion
du Sjstcine du Monde et le Traité des Probabilités à M. Badoureac (Jean-
Paul-Albert), né à Paris le i8 mai i85j, sorti le premier, en iiSyl, de
l'École Polytechnique, et entré, en qualité d'élève ingénieur, à l'École des
Mines.
PROGRAMME DES PRIX PROPOSÉS
POliR LES ANNÉES 1875, 1876, 1877 ET 188r>.
PRIX EXTRAORDINAIRES.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Concours prorogé de 1872 à iS^S.
a Etude de i élasticité des corps cristallisés, au double point de vue expéri-
» mental et théorique. »
La Commission chargée de l'examen de ce Concours ayant déclaré qu'il
n'y avait pas lieu de décerner de prix, l'Académie a décidé, sur sa propo-
sition, qu'elle en prorogerait le terme à Tannée iSyS.
Les Mémoires ont dû être déposés au Secrétariat avant le i*"^ juin.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Concours prorogé à l'année i8'j6.
La question remise au Concours, pour 1869, a été proiogée à i 873, dans
les termes suivants :
« Discuter complètement les anciennes observations d'éclipsés qui nous ont
19C)..
( i5o8 )
» été transmises par l'histoire, en vue d'en déduire la valeur de l'accélération
» séculaire du moyen mouvement de la Lune, sans se préoccuper d aucune valeur
» théorique de cette accélération séculaire; montrer clairement à quelles con-
» séquences ces éclipses peuvent conduire relativement à i accélération dont il
M s'agit, soit en lui assignant forcément une valeur précise, soit au contraire en
» la laissant indéterminée entre certaines limites. »
Aucun Mémoire n'est parvenu pour le Concours.
En raison de l'importance delà question, la Commission a proposé de
proroger le Concours jusqu'en 1876, en formulant ainsi le travail proposé :
« Déduire d'une discussion nouvelle, nppr'ofondie, des anciennes observations
1) d'éclipsés, la valeur de l' accélération séculaire apparente du moyen mouve-
)) ment de la Lune. Fixer les limites de l'exactitude que comporte cette détermi-
» nation. »
Les Mémoires seront reçus jusqu'au i" juin 1876. Les noms des auteurs
seront contenus dans un pli cacheté, qui ne sera ouvert que si le Mémoire
qui le renferme est couronné.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Question proposée pour 1876.
« Théorie des sohdions singulières des équations cnix dérivées partielles du
)) premier ordre, »
Les ouvrages présentés devront être écrits en français ou en latin.
Le terme fixé pour le dépôt des pièces de Concours est le 1'' juin 1876.
Le prix consistera en une médaille de la valeur de trois mille Jrancs.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Question proposée pour l'année iSj'j.
(Commissaires : MM. Hermite, Serrct, Pasteur, Bonnet,
Bertrand rapporteur. )
La question proposée était Vétudc des équations relatives à la détermina-
tion des modules singuliers, pour lesquels la Jormule de la trartsformation dans
la théorie des Jonctions elliptiques conduit à la multiplication complexe.
Auciui Mémoire n'ayant été envoyé au Concours, la Commission est d'à-
( i5o9 )
vis qu'il Y a lieu de retirer la question et de la remplacer par la suivante :
« jépplicalion de la théorie des transcendantes eltiptiquesou abéticnnes à /'e-
<( ttule des courbes algébricjues. »
Le prix, à décerner en 1877, consistera en une médaille de la valeur
de trois mille francs.
Les Mémoires seront reçus jusqu'au i*'''juin 1877. Les noms des auteurs
seront contenus dans un pli cacheté qui ne sera ouvert que si le Mémoire
qui le renferme est couronné.
GRAND PRIX Î)ES SCIENCES PHYSIQUES.
Question proposée ])oiir l'année 1875.
« Faire connaître les clianr/ements qui s^ opèrent dans les orcjanes intérieurs
» des Insectes pendant la métamorphose complète. »
Les changements qui s'opèrent dans la conformation extérieure des In-
sectes lorsque ces animaux passent de l'état de larves à l'état parfait ont
été l'objet de nombreuses publications ; mais les entomologistes ne se
sont que peu occupés des transformations subies par les organes intérieurs
pendant la métamorphose, si ce n'est chez deux espèces appartenant l'une
et l'autre à l'ordre des Lépidoptères, qui ont été étudiées par Herold et par
Newport. L'Académie croit utile d'appeler l'attention des naturalistes sur
ce sujet ; elle ne demande pas une histoire des métamorphoses intérieures
dans l'ensemble de cette classe d'animaux, mais des recherches approfon-
dies sur les changements subis par les principaux appareils physiologiques
chez un ou plusieurs Insectes à mélamorphoses complètes, autres que des
Lépidoptères. Ce travail devra porter sur la structure intime de ces parties
aussi bien que sur leur conformation générale , et être accompagné de
figures représentant toutes les dispositions anatomiques signalées par l'au-
teur.
Les Ouvrages présentes devront être écrits en français ou en latin ; ils
pourront être imprimés ou manuscrits.
Le terme fixé pour le dépôt de ces pièces est le i*^' juin ^S'JC^■, mais, dans
le cas où l'Académie ne recevrait pas à cette époque très-rapprochée tme
réponse satisfaisante à la question proposée, le Concours sera prorogé jn.s-
qn'au i'^'' juin 1876.
Le Prix consistera en inie médaille de la valeur de trois mille francs.
( i5io )
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
Concours prorogé à iS'jô.
La question proposée est la suivante :
« Etude fin mode de distribution des animaux marins du liitorni. de la
» France. »
Dans cette étude il faudra tenir compte dos profondeurs, de la nature
des fonds, de la direction des courants et des autres circonstances qui
paraissent devoir influer sur le mode de répartition des espèces marines. Il
serait intéressant de comparer sous ce rapport la faune des côtes de la
Manche, de l'Océan et de la Méditerranée, en avançant le plus loin possible
en pleine mer, mais l'Académie n'exclurait pas du Concours un travail
approfondi qui n'aurait pour objet que l'une de ces trois régiot)s.
Le Prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secréta-
riat de l'Institut avant le i" juin 1876.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
Question proposée pour l'année 1877.
« Elude comparative de l'organisnlion intérieure des divers Crustacés
» édriophtlialmes qui habitent les mers d'Europe. »
L'anatomie des Crustacés podophthalmaires a été l'objet de recherches
nombreuses; mais on ne connaît que très-incomplétement la structure
intérieure des Edriophthalmes. L'Académie demande une étude appro-
fondie des principaux appareils |)hysiologiquesdans les divers genres d'Am-
phipodes, de Lamodipodes et d'Isopodes qui habitent les mers d'Europe.
Les concurrents devront porter principalement leur attention sur le sys-
tème nerveux, le système circulatoire, l'appareil digestif et les organes de
la génération. Les descriptions devront être accompagnées de figures.
Les ouvrages présentés au Concours pourront être manuscrits ou im-
primés.
Le terme fixé pour le dépôt des pièces est le i*^' juin 1877.
Le prix consistera en une médaille de la valeur de trois mille francs.
( I^" )
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS.
sua l'application de la vapeur a la marike militaire.
Concours prorogé à 18^6.
La Commission chargée d'examiner les pièces envoyées au Concours de
l'année 1873 ayant déclaré qu'il n'y avait pas lieu de décerner de prix,
l'Académie proroge ce Concours à l'année 1876.
Les Mémoires, Plans cl Devis devront être adressés au Secrétariat de
rinstjhit avant le i*^' juin 187G.
MECANIQUE
PRIX PONCELET.
Par Décret en date du 22 août 1868, l'Académie a été autorisée à
accepter la donation qui lui a été faite, au nom du Général Poncelet, par
M"*veuvePoncelet, pour la fondation d'unpiix annuel destiné à récompen-
ser l'Ouvrage le plus utile aux progrès des Sciences mathématiques pures
ou appliquées, publié dans le cours des dix années qui auront précédé le
jugement de l'Académie.
Le Général Poncelet, pleiu d'affection pour ses Conh'ères et de dévoue-
ment aux progrès de la science, désirait que son nom fût associé d'une
manière durable aux travaux de l'Académie et aux encouragements par les-
quels elle excite l'émulation des savants. M""* veuve Poncelet, en fondant ce
prix, s'est rendue l'interprète tidéle des sentiments et des volontés de l'il-
lustre Géomètre.
Le Prix consistera en luie médaille d'or de la valeur de deux mille francs.
Une disposition récente de M""' veuve Poncelet permettra à l'Académie
d'ajouter au prix primitif un exemplaire des OEuvres du général Poncelet.
PRIX MONTYON, MECANIQUE.
M. de Montyon a offert une rente snr l'État, pour la fondation d'un
prix annuel en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences,
( l5l2 )
s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en perfectionnant des instru-
ments utiles aux progrès de l'Agriculture, des Arts mécaniques ou des
Sciences.
Le Prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quatre cent viiujt-
septfrancs.
PRIX FOURNEYRON.
Concours proroge h 1875.
L'Académie des Sciences a été autorisée, par Décret du 6 novembre 1 867,
à accepter le legs qui lui a été fait par M. Benoît Fourneyron d'une somme
i\ç, cinq cents francs de rente sur l'État français, pour la fondation d'un prix
de Mécanique appliquée à décerner tous les deux aiu, le fondateur laissant à
l'Académie le soin d'en rédiger le programme.
L'Académie avait proposé, pour l'année 1873, un prix de la valeur de
mille francs à celui qui aurait apporté le perfectionnement le plus impor-
tant à la construction ou à la théorie d'une ou de plusieurs machines hy-
drauliques, motrices ou autres.
Aucun travail n'ayant été déposé au Secrétariat de l'Institut, la Commis-
sion a proposé à l'Académie de proroger ce Concours a l'année i 875.
La valeur des perfectionnements et la justesse des vues théoriques devront
être confirmées par des expériences.
Les Mémoires, écrits en français ou en latin, ont dû être déposés au
Secrétariat de l'Institut avant le i*"^ jnin.
PRIX PLUMEY.
Par un testament en date du 10 juillet 1869, feu M. J.-B. Plumey a lé-
gué à l'Académie des Sciences vingt-cinq actions de la Banque de France
« pour les dividendes être employés chaque année, s'il y a lieu, en un prix
» à l'auteur du perfectionnement des machines à vapeur ou de toute autre
» invention qui aura le plus contribué au progrès de la navigation à vapeiu'.»
En conséquence, l'Académie annonce qu'elle décernera chaque année,
dans sa séance publique, une médaille de la valeur de deux mille cinq cents
francs au travail le plus important qui lui sera soumis sur ces matières.
(i5i3)
PRIX DALMONT.
Par son testament en date du 5 novembre iSGS, feu M. Dalmont a mis
à la charge de ses légataires universels de payer, tous les trois ans, à l'Aca-
déiuie des Sciences une somme de trois initie francs, pour être remise à celui
de MM. les Ingénieurs des Ponts et Chaussées en activité de service qui lui
aura présenté, à son choix, le meilleur travail ressortissant à l'une des
Sections de cette Académie.
Ce prix triennal de trois mille francs sera décerné pendant la période de
trente années, afin d'épuiser les /ren^e mille francs légués à l'Académie et
d'exciter MM. les Ingénieurs à suivre l'exemple de leurs savants devanciers,
Fresnel, Navier, Coriolis, Cauchy, de Prony et Girard, et comme eux ob-
tenir le fauteuil académique.
Un Décret impérial en date du 6 mai i865 a autorisé l'Académie à accep-
ter ce legs.
En conséquence, l'Académie annonce qu'elle décernera pour la qua-
trième fois le prix fondé par feu M. Dalmont, dans sa séance publique
de l'année i8yG.
PRIX BORDIN.
Question proposée pour l'année 1876.
(Commissaires : MM. Fizeau, Puiseux, Hermite, Becquerel père,
Dupuy de Lùme rapporteur.)
La Commission nommée par l'Académie pour lui proposer la question
dont la solution donnerait droit à l'obtention du prix Bordiii, de l'an-
née 1876, l'a formulée ainsi qu'il suit :
« Trouver le moyen défaire dispnrailre on au moins d'atténuer sérieusement
» la gène cl les dangers que présentent les produits de la combustion sortant des
» cheminées sur les chemins de fer, sur les bâtiments à vapeur, ainsi (pie dans les
» villes à proximité des usines à feu. »
L'importance de la solution plus ou moins complète du problème ainsi
posé n'a pas besoin d'être longuement démontrée. Aujourd'hui que le trans-
port des voyageurs ou des marchandises, tant sur terre c[ue sur mer, se fait
presque exclusivement par des machines à feu, et que le nombre des
hommes et des choses qui se déplacent est déjà si considérable, on doit re-
connaître que la plus grande rapidité des voyages et l'abaissement ilu prix
i:.R.,i8-j3, l'f Semestre. [T. LXXX, N" ii-i.) '97
( i.'iiA )
ont déjà fait beaucoup pour produire cet immense résultat; mais on ne sau-
rait luéconnaître, d'autre part, que le confortable et la sécurité des voya-
geurs laissent encore beaucoup à désirer. Voulant appeler principalement
l'attention sur un des progrès importants qui restent encore à faire dans
les moyens de transport, nous dirons qu'il n'est pas un voyageur descen-
dant d'un paquebot ou d'un wagon de chemin de fer, après un voyage de
quelque durée, qui n'ait gémi d'avoir eu à vivre, pendant de longues jour-
nées, au milieu d'une atmosphère de fumée, de cendres ou de flammèches
brûlantes. La santé des personnes faibles a eu souvent lieu de s'en res-
sentir; enfin le danger que présentent les flammèches sortant des chau-
dières, au point de vue de l'incendie des trains ou des navires, ne saurait
malheureusement être contesté.
Ce sont, sans contredit, les flammèches de la locomotive qui, pendant
la dernière guerre, ont fait sauter sur le chemin de fer de la Méditerranée,
près de Saint-Nazaire, entre Marseille et Toulon, tout un train de voyageurs
auquel on avait adjoint un wagon portant des barils de poudre de guerre;
souvent le feu s'est déclaré dans des wagons portant des matières combus-
tibles, sans qu'elles fussent explosibles, et plus d'un paquebot à vapeur a
eu le feu dans ses cales ou dans ses cabines, sans qu'on ait pu en trouver
d'autre cause que des flammèches tombées des cheminées. Elles en sortent
parfois en telle abondance qu'on peut dire que le navire voyage sous une
pluie de feu.
Jusqu'à ce jour, il semble qu'on ait considéré comme un mal inévitable
ces inconvénients, si graves, des moteurs à feu, ou qu'on s'y soit résigné
comme il le faut bien faire devant ce qu'on ne peut empêcher.
Il a paru à votre Commission qu'il appartenait à l'Académie des Sciences
de ne pas reconnaître comme irrémédiables les inconvénients que présen-
tent aujourd'hui les produits de la combustion des machines à feu.
Déjà, à maintes reprises et dans divers pays, la question de la combustion
de la fumée a été posée pour les usines à feu situées prés des villes; des
solutions ont été proposées, basées, pour la plupart, sur l'emploi de sys-
tèmes de grilles plus ou moins fumivores; mais malheureusement leursap-
plications restreintes, et les règlements de police qui ont voulu les imposer,
tombés pour la plupart en désuétude, prouvent ou que l'efficacité de ces
procédés est contestable ou qu'ils présentent des objections sérieuses au
point de vue économique.
Votre Commission a donc cru devoir laisser toute sa généralité à la ques-
tion posée, qui a pour but la recherche des moyens de faire disparaître ou
( t5i5 )
du moins d'atténuer sérieusement la gêne et les dangers que présentent les
produits de la combustion sortant des cheminées des machines à feu :
1° Sur les chemins de fer;
1° Sur les bâtiments à vapeur;
3° Dans les villes.
Votre Commission prévoit que les moyens proposés à cet effet pour-
ront différer pour l'une ou l'autre des trois grandes divisions précitées;
mais une solution satisfaisante, même applicable à un seul de ces trois cas,
donnerait, s'il y a lieu, des titres à l'oblention du prix.
L'Académie a adopté les conclusions de ce Rapport.
Le prix consistera en une médaille de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être déposés au secrétariat de l'Institut, avant
le i*"' juin 1876.
ASTRONOailE.
PRIX LALANDE.
La médaille fondée par M. de Lalande, pour être accordée annuellement à
la personne qui, en France ou ailleurs, aura fait l'observation la ])lus inté-
ressante, le Mémoire ou le travail le plus utile au progrès de l'Astronomie,
sera décernée dans la prochaine séance publique.
Ce Prix consistera en une médaille d'or delà valeur de cinq cent quarante-
deux francs.
PRIX DAMOISEAU.
Question proposée pour 1873 et remise au Concoiiis pour 1876.
L'Académie avait proposé pour sujet du prix Damoiseau à décerner
en 1872 la question suivante :
« Revoir la théorie des satellites de Jupiter; discuter les ohservalioiis et en
» déduire les constantes quelle renferme, et particulièrement celle qui fournil
)) une détermination diieclc de la vitesse de la lumière; enfin cunslruirc des
» Tables particulières pour chaque satellite. »
Aucun Mémoire n'ayant été déposé au Secrétariat, elle a prorogé le
Concours à l'année 1876.
'97--
( i5i6 )
La Coiimiission invite les concurrents à donner une altention particu-
lière à l'une des conditions du prix de M. le Baron de Damoiseau, celle
qui est relative à la déterminalion de la vitesse de la lumière.
Les Mémoires seront reçus jusqu'au i" juin.
PRIX VAILLANT.
M. le Maréchal Vaillant, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des
Sciences, par son testament en date du i" février 1872, une somme de
quarante mille francs, destinée à fonder un prix qui sera décerné soit an-
nuellement, soit à de plus longs intervalles. « Je n'indique aucun sujet
» pour le prix, dit M. le Maréchal Vaillant, ayant toujours pensé laisser
)) une grande société comme l'Académie des Sciences appréciatrice su-
» prême de ce qu'il y avait de mieux à faire avec les fonds mis à sa dis-
» position. »
L'Académie, autorisée par Décret du 7 avril 1 873 à accepter ce legs, a dé-
cidé que le prix fondé par M. le Maréchal Vaillant serait décerné tous les
deux ans.
En conséquence, elle propose, pour l'année 1877, de décerner un prix
de quatre mille francs à l'auteur du meilleur travail sur Vélude des petites
planètes, soit par la théorie mathématique de leurs perturbations, soit par
la comparaison de cette théorie avec l'observation.
Les Mémoires devront être adressés au Secrétariat de l'Institut avant le
i^juin 1877.
PRIX VALZ.
M™^ Veuve Valz, par acte authentique, en date du 17 juin 187/i) a fait
don à l'Académie d'une somme de dix mille francs, destinée à la fondation
d'un prix qui sera décerné tous les ans, sous la qualification de prix Falz,
à des travaux sur l'Astronomie, conformément au prix Lalande.
L'Académie a été autorisée à accepter cette donation par décret en date
dua9 janvier 1875. Prenanten considération lesétudes favorites du célèbre
directeur de l'Observatoire de Marseille et le service qu'il a rendu à l'Astro-
nomie en organisant en France la recherche des petites planètes, à l'aide de
cartes spéciales du ciel, elle a décidé qu'elle décernerait ce prix, dans sa
( '5i7 )
séance publique de l'année 1877, à l'auteur des meilleures cartes se rap-
portant à la région du plan invariable de notre système.
Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au 1" juin
.877.
PHYSIQUE.
PRIX L. LACAZE.
Par son testament en date du 2^ juillet i865 et ses codicilles des 25 août
et 22 décembre 1866, feu M. Louis Lacaze, docteur-médecin à Paris, a
légué à l'Académie des Sciences trois sommes de cinq mille Jrancs chacune,
dont il a réglé l'emploi de la manière suivante :
a Dans l'intime persuasion où je suis que la Médecine n'avancera réel-
» lement qu'autant qu'on saura la Physiologie, je laisse cinq mille francs
n de rente perpéluelle à V Académie des Sciences, en priant ce corps savant
» de vouloir bien distribuer de deux ans en deux ans, à dater de mon
)) décès, un prix de dix mille francs (10 000 fr.) à l'auteur de l'Ouvrage
» qui aura le plus contribué aux progrès de la Phjsiolocjie. Les étrangers
» pourront concourir
» Je confirme toutes les dispositions qui précèdent; mais, outre la
» somme de cinq mille francs de rente perpétuelle que j'ai laissée à l'Aca-
» demie des Sciences de Paris pour fonder un prix de Physiologie, que je
» maintiens ainsi qu'il est dit ci-dessus, je laisse encore à la même Acadé-
» mie des Sciences deux sommes de cinq mille francs de rente perpétuelle,
» libres de tous frais d'enregistrement ou autres, destinées à fonder deux
» autres prix, l'un pour le meilleur travail sur la Phj-sique, l'autre pour
» le meilleiM- travail sur la Cliimie. Ces deux prix seront, comme celui de
» Physiologie, distribués tous les deux ans, à perpétuité, à dater de mon
» décès, et seront aussi de dix mille francs chacun. Les étrangers pourront
» concourir. Ces sommes ne seront pas partageables, et seront données
» en totalité aux auteurs qui en auront été jugés dignes. Je provoque ainsi,
>' par la fondation assez importante de ces trois prix, en Europe et peut-
» être ailleurs, une série continue de recherches sur les sciences naturelles,
» qui sont la base la moins équivoque de tout savoir humain; et, en
» même temps, je pense que le jugement et la distribution de ces récom-
» lieuses par r Académie des Sciences de Paris sera un titre de j)lus, pour ce
( i5i8 )
M corps illustre, au respect et à l'estime dont il jouit dans le monde entier.
» Si ces prix ne sont pas obtenus par des Français, au moins ils seront
» distribués par des Français, et par le premier corps savant de France. )>
Un Décret en date du 27 septembre 1869 a autorisé l'Académie à accep-
ter cette fondation; elle décernera pour la seconde fois, dans sa séance
publique de l'année 187?, trois prix de dix mille francs chacun aux Ouvrages
ou Mémoires qui auront le plus contribué aux progrès de la Physiologie^
de la Physique et de la Chimie.
Les travaux ont dû être déposés, manuscrits ou imprimés, au Secré-
tariat de l'Institut, avant le i*^' juin 1875.
PRIX BORDIN.
TEMPÉRATURE A LA SURFACE DU SDLEIL.
La Commission, ayant déclaré qu'il n'y avait pas lieu à décerner ce prix
pour l'année 1874, a prorogé le Concours à l'année 1876, en maintenant
la question déjà proposée dans les termes suivants :
« Rechercher, par de nouvelles expériences calorimétriques et par la discus-
n sion des observations antérieures, quelle est la véritable température à la sur-
» face du Soleil. »
Le prix consistera en une médaille de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
i^'juin 1876.
STATISTIQUE,
PRIX MONTYON, STATISTIQUE.
Parmi les Ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions
relatives à la Statistique de la France, celui qui, au jugement de l'Académie,
contiendra les recherches les plus utiles sera couronné dans la |)rochaine
séance publique. On considère comme admis à ce Concours les Mémoires
envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, arrivent
à la connaissance de l'Académie; sont seuls exceptés les Ouvrages des
Membres résidents.
Le Prix consistera en une médaille d'or de la valeiu' de quatre cent cin-
quante-trois francs.
( i5i9 )
CHIMIE.
PRIX JECKER.
Par un testament, en date du i3 mars i85r, feu M. le D"^ Jecker a fait à
l'Académie un legs destiné à accélérer- les progrès île In Chimie organique.
En conséquence, l'Académie annonce qu'elle décernera chaque année,
dans sa séance publique, un ou plusieurs prix aux travaux qu'elle jugera
les plus propres à hâter le progrès de cette branche de la Chimie.
PRIX L. LACAZE.
Voir page 1517.
Les travaux ont dû être déposés, manuscrits ou imprimés, au Secré-
tariat de l'Institut, avant le I*' juin 1875.
BOTANIQUE.
PRIX BARBIER.
Feu M. Barbier, ancien Chirurgien en chef de l'hôpital du Val-de-Grâce,
a légué à l'Académie des Sciences une rente de deux mille francs, destinée à
la fondation d'un prix annuel « pour celui qui fera une découverte pré-
» cieuse dans les Sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans
» la Botanique ayant rapport à l'art de guérir ».
PRIX ALHUMBERT.
MOUE DE NUTRITION DES CHAMPIGNONS.
La grande classe des Champignons se distingue de tous les autres groupes
du règne végétal par l'absence constante dans tous ses tissus de la matière
verte des feuilles ou chlorophylle. Celle absence de la chlorophylle indique
des relations très-différentes entre ces plantes et l'atmosphère ambiante.
( l520 )
et, par suite, xm mode de nutrition aussi très-différent de celui des autres
végétaux.
Quelles sont les sources où les Champignons puisent le carbone et l'azote
qui entrent dnns leur constitution? quels sont les autres éléments qui, joints
à l'oxygène et à l'hydrogène, sont nécessaires à leur développement?
Les expériences faites sur quelques Mucédinées peuvent déjà répandre un
certain jour sur ce sujet, mais ne suffisent pas pour expliquer le mode de
nutrition et d'accroissement des grands Champignons qui prennent nais-
sance dans le sol ou sur le tronc des arbres, dans des conditions très-diffé-
rentes des moisissures, et dont la masse des tissus s'accroît souvent avec une
grande rapidité.
Des Champignons déjà soumis à la culture, l'Agaric de couches [Agaricus
campestris, L.), le Polypore de la pierre à Champignon, ou Pielra fongnia
des Italiens [Polyporus tuberaster, Fries), et quelques autres qui se prêteraient
peut-être à une culture expérimentale, conduiraient sans doute à des résul-
tats intéressants.
En proposant pour sujet de prix l'étude du mode de nnlrition des Champi-
gnons, l'Académie demande que, par des expériences précises, on détermine
les relations du mycélium des Champignons avec le milieu dans lequel il
se développe, ainsi que les rapports de ce mycélium et du Champignon
complètement développé avec l'air ambiant, et qu'on constate ainsi l'ori-
gine'des divers éléments qui entrent dans la composition des Champignons
soumis à ces expériences.
Le Prix consistera en une médaille d'or de la valeur de deux mille diiq
cents francs.
Les Ouvrages et Mémoires, manuscrits ou imprimés, en français ou en
latin, devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i*"^ juin i S'^G.
PRIX DESMAZIÈRES.
Par son testament olographe, en date du \l\ avril i855, M. Baptiste-
Henri-Joseph Desmazières a légué à l'Académie dos Sciences un capital
de trente-cinq mille francs, de.\a\)i être converti en rentes trois pour cent, et
.servir à fonder un prix annuel pour être décerné « à l'auleiu-, fiançais ou
» étranger, du meilleur ou du plus utile écrit, publié dans le courant de
» l'année précédente, sur tout ou partie de la Cryptogamie. «
Conformément aux sti[)ulaliotis ci-dessus, un prix de seize cents francs
( l52I )
sera décerné, dans la séance publique de l'année 1875, h l'Ouvrage ou au
Mémoire jugé le meilleur parmi ceux publiés dans l'intervalle de temps
écoulé depuis le précédent Concours.
PRIX DE LA FONS MÉLICOCQ.
Feu M. de La Fons Mélicocq a légué à l'Académie des Sciences, par tes-
tament en. date du 4 février 1866, une rente de trois cents francs, trois pour
cent, qui devra être accumulée, et « servira à la fondation d'un prix qui
sera décerné tous les tiois ans au meilleur Ouvrage de Botanique sur le nord
de la France, c'est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des
Ardennes, de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne ».
L'Académie décernera ce Prix, qui consiste en une médaille de la valeur
de neuf cents francs, dans sa séance publique de l'année 1877, au meilleur
Ouvrage, manuscrit ou imprimé, remplissant les conditions stipulées par le
testateur.
PRIX THORE.
Par son testament olographe, en date du 3 juui i863, M. François-Fran-
klin Thore a légué à l'Académie des Sciences une inscription de rente
trois pour cent de deux cents francs, pour fonder un prix annuel à décerner
« à l'auteur du meilleur Mémoire sur les Cryptogames cellulaires d'Eu-
rope (Algues fluviatiles ou marines, Mousses, Lichens ou Champignons),
ou sur les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Eiu-ope ».
Ce prix est attribué alternativement aux travaux sur les Cryptogames cel-
lulaires d'Europe et aux recherches sur les moeurs ou l'anatomie d'un
Insecte (i).
PRIX BORDIN.
Question proposée pour l'année iS^S.
« Etudier comparativement la structure des téguments de la graine dans les
u végétaux angiospermes et gymnospermes. »
Les enveloppes de l'embryon, qui constituent les téguments de la graine,
(i) Voir [)age 1524.
C. K., 1875, 1" Scmcscre. (1. LXXX, ^'' îi'S.} ' y8
( l522 )
doivent leur origine aux diverses parties de l'ovule; mais ces parties ont
subi de très-profondes modifications pendant le développement de la graine
et de l'embryon qu'elle renferme.
L'Académie demande aux concurrents d'étudier, dans les graines dont
les téguments présentent à l'état adulte les différences les plus notables, les
changemenls qui s'opèrent dans les diverses parties de l'ovule, primine,
secondine et nucelle, chalaze, micropyle et mamelon micropylaire du
nucelle, depuis le moment de la fécondation jusqu'à la maturité de la
graine.
Ces recherches doivent comprendre non-seulement les graines des végé-
taux angiospermes, mais celles des gymnospermes (Conifères, Cycadées et
Gnétacées) qui ont été moins étudiées à ce point de vue; les premières,
quoique ayant été déjà l'objet de recherches partielles assez nombreuses
et particulièrement d'un travail intéressant de M, Ad. Targioni-Tozzetti
{Memorie délia Accademia délie Scienze di Torino, t. XV, i855), méritent
cependant un examen plus étendu et plus complet.
Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, relatifs à cette question, en fran-
çais ou en latin, ont dû être adressés au Secrétariat de l'Institut avant le
i" juin 1875. Dans le cas où le sujet ne serait pas traité d'une manière
satisfaisante, la question serait maintenue au concours pour le 1"' juin 1876.
Le Prix consistera en une médaille d'or de la valeur de liois mille frami.
PRIX RORDIN.
Question proposée pour l'année 1877.
« Eludier compamlivemenl la structure et le développement des organes de la
» véijétaliun dans les Lycopod lacées. »
Les concurrents devront examiner la structure des tiges, des racines et
des feuilles, dans les divers gcMires de celte famille et dans le plus grand
nombre possible d'espèces différentes.
Ils devront bien déterminer la nature et la disposition des tissus qui con-
stituent ces organes et les changemenls qu'ils éprouvent depuis le bourgeon
jusqu'aux tiges les plus âgées.
Les Mémoires présentés devront être accompagnés de dessins et de pré-
parations à rap|)ui des faits énoncés par leurs auteurs.
( i523 )
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires, en français ou en latin, devront être adressés au Secréta-
riat de l'Institut avant le i" juin tS'j'j.
AGRICULTURE.
PRIX MOROGUES.
Fou M. de Morogiies a légué, par son testament en date du ^5 oc-
tobre 1834, une somme de dix mille francs, placée en rentes sur l'État, pour
faire l'objet d'un prix à décerner tous les cinq ans, alternativement : par
l'Académie des Sciences physiques et mathématiques, à l'Ouvrage qui aura
fait /aire le plus qrand progrès et l'agriculture en France, et par l'Académie
des Sciences morales et politiques, au meilleur Ouvrage sur Célat du paupé-
risme en France et le moyen d'y remédier.
Une Ordonnance en date du 2G mars 1842 a autorisé l'Académie des
Sciences à accepter ce legs.
L'Académie rappelle qu'elle décernera ce prix, en i883, à l'Ouvrage
remplissant les conditions prescrites par le donateur.
Les Ouvrages, imprimés et écrits en français, devront être déposés au
Secrétariat de l'Institut avant le i'''' juin i883.
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
PRIX SAVIGNY, FONDÉ PAR M"« LETELLIER.
Un Décret impérial, en date du 20 avril 1864, a autorisé l'Académie
des Sciences à accepter la donation qui lui a été faite par M"" Leiellier, au
nom de Savigny, d'une somme de vinqt millefrancs pour la fondation d'un
prix annuel en faveur des jeunes zoologistes voyageurs.
« Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir
» de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et dr l'Iioiuiciir, je
198..
( i524 )
» lègue à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoolo-
» gie, vingt mille francs, au nom de Marie-Jules-César Le Lorgne de Savi-
» gny, ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France,
» pour l'intérêt de cette somme de vingt mille francs être employé à aider
» les jeunes zoologistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention du
» Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans
» vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. «
PRIX TIIORE.
i' r son testament olographe, en date du 3 juin i863, M. François-Fran-
klin Thore a légué à l'Académie des Sciences une inscription de rente trois
pour cent de deux cents francs, pour fonder un prix annuel à décerner « à
l'auteur du meilleur Mémoire sur les Cryptogames cellulaires d'Europe
(Algues fluviatiles ou marines, Mousses, Lichens ou Champignons), ou sur
les moeurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insecles d'Europe. »
Ce prix est attribué alternativement aux travaux sur les Cryptogames
cellulaires d'Europe et aux recherches sur les mœurs ou l'anatomie d'un
Insecte ; il sera décerné, pour l'année 1875, au meilleur travail, manuscrit
ou imprimé, parmi ceux qui auront été envoyés à l'Académie sur un sujet
concernant les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe.
MEDECINE ET CHIRURGIE.
GRAND PRIX DE MÉDECINE ET CHIRURGIE.
Question proposée pour 1866, remise à i86g, à 1872 et enfin à iS^S.
L'Académie avait proposé, comme sujet d'un prix de Médecine et de
Chirurgie, la question suivante :
« De l'application de l'électricité à la Thérapeutique. »
Les concurrents devaient :
1° Indiquer les appareils électriques employés, décrire leur mode d'ap-
plication et leurs effets physiologiques;
2" Rassembler et discuter les faits publiés sur l'application de l'électri-
cité au traitement des maladies, et en particulier au traitement des affections
( i525 )
des systèmes nerveux, musculaire, vasculaire et lymphatique ; vérifier et
compléter par de nouvelles études les résultats de ces observations, et dé-
terminer les cas dans lesquels il convient de recourir, soit à l'action des
courants intermittents, soit à l'action des courants continus.
Dans un Rapport où elle a exposé les motifs de son jugement (i), la
Commission, n'ayant pas pensé qu'il y eût lieu à décerner ce prix, a proposé
de proroger le Concours à l'année 1875. Ces conclusions ont été adoptées
par l'Académie.
Le Prix sera de la somme de cinq mille francs.
Les Ouvrages, écrits en français, ont dû parvenir au Secrétariat de
l'Institut avant le i*' juin 1875.
PRIX BRÉANT.
Par son testament en date du 28 août 1849, feu M. Bréant a légué
à l'Académie des Sciences une sonnne de cent mille francs pour la fon-
dation d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé le moyen de gué-
rir du choléra asiatique ou qui aura découvert les causes de ce terrible
fléau (2). »
(i) Voir Comptes rendus, t. LXXIX, a' semestre; 1874, p. i564.
(2) Il paraît convenatle de reproduire ici les propres termes du fondateur : « Dans l'état
■ actuel de la science, je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à trouver dans la com-
» position de l'air et dans les fluides qu'il contient : en effet, rien n'a encore été découvert
» au sujet de l'action qu'exercent sur l'économie animale les fluides électriques, magnétiques
» ou autres; rien n'a été découvert également sur les animalcules qui sont répandus en
u nombre infini dans l'atmosphère, et qui sont peut être la cause ou une des causes de cette
u cruelle maladie.
i Je n'ai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour les liquides, à re-
)) connaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi petits que ceux que l'on aperçoit dans
» l'eau en se servant des instruments microscopiques que la science met à la disposition de
» ceux qui se livrent à celle étude.
D Comme il est probable que le prix de cent mille //unes, institué tomme je l'ai expliqué
» plus haut, ne sera pas décerné de suite, je veux, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que
11 l'intérêt dudit capital soit donné par l'Institut à la personne qui aura fait avancer la
» science sur la question du choléra ou de toute autre maladie éjiidémique, soit en don -
11 nant de meilleures analyses de l'air, en y démontrant un élément morbide, soit en trou-
u vant un procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui jusqu'à présent ont
>' échappé à l'œil du savant, et qui pourraient bien être la caube ou une des causes de la
» maladie. »
( i526 )
Prévoyant que ce prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de
suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que l'intérêt
du capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la science sur la
question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce
prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale-
ment les dartres ou ce qui les occasionne.
Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes :
1° Pour remporter le prix de cent mille francs, il faudra :
« Trouver une médication qui guérisse le choléra asiatique clans l'immense
» majorité des cas ; »
Ou
« Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique ,
M de façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser t'é-
» pidémie; »
Ou enfin
« Découvrir une prophjlaxie certaine, et aussi évidente que l'est, par exemple,
» celle de la vaccine pour la variole. »
2° Pour obtenir le prix annuel, il faudra, par des procédés rigou-
reux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières pou-
vant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies
épidéniiques.
Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le
prix annuel pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui
aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé
leur étiologie.
PRIX CHAUSSIER.
Feu M. Franck- Bernard-Simon Chaussior a légué à l'Académie des
Sciences, par testament en date du 19 mai i8G3, « une inscription de
rente de deux mille cinq cents francs par an, que l'on accumulera pendant
quatre ans pour donner un prix sur le meilleur Livre ou Mémoire qui aura
paru pendant ce temps, et fait avancer la Médecine, soit sur la Médecine
légale, soit sur la Médecine pratique. »
Un décret, en date du 7 juillet 1869, a autorisé l'Académie à accepter
ce legs. Elle propose de décerner ce prix, de la valeur de dix mille francs.
( i527 )
dans sa séance publique de l'année 1875, au meilleur Ouvrage paru dans
les quatre années qui auront précédé sou jugement.
Les Ouvrages ou Mémoires ont dii être déposés au Secrétariat de l'In-
stitut avant le 1" juin 1875.
PRIX MONTYON, MÉDECINE ET CHIRURGIE.
Conformément au testament de feu M. Auget de Montyon, et aux Or-
donnances du 29 juillet 1821, du 2 juin 1825 et du 23 août 1829, il sera
décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des Ouvrages ou des découvertes
qui seront jugés les plus utiles à Wiil de guérir, et à ceux qui auront trouvé
les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre.
L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à
perfectionner la Médecine ou la Chirurgie, ou qui diminueraient les dan-
gers des diverses professions ou arts mécaniques.
Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du Concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
Conformément à l'Ordonnance du 23 août 1829, outre les prix annoncés
ci-dessus, il sera aussi décerné des prix aux meilleurs résultats des re-
cherches entreprises sur les questions proposées par l'Académie, confor-
mément aux vues du fondateur.
Les Ouvrages ou Mémoires présentés au Concours doivent être envoyés
au Secrétariat de l'Institut avant le i*' juin de chaque année.
PRIX SERRES.
Feu M. Serres, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences
une somme de soixante mille francs, Irais j'our cent, pour l'institution d'un
prix triennal « sur i embrjoUxjie ycnérale appliquée autant (pie possible à la
I'lijsiolo(jie et à la Médecine.
Un Décret en date du kj août i8(jy a autorisé l'Académie à accc|)ter ce
( i528 )
legs; en conséquence, elle décernera un prix de la valeur de sept mille
cinq cents francs, dans sa séance publique de l'année iS^S, au meilleur
Ouvrage qu'elle aura reçu sur cette importante question.
Les Mémoires ont dû être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
i"'juin 1875.
PRIX GODARD.
Par un testament, en date du 4 septembre 1862, feu M. le D"^ Godard a
légué à l'Académie des Sciences « le capital d'une rente de mille francs,
» trois pour cent, pour fonder un prix qui, chaque année, sera donné au
« meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des
» organes gcnilo-urinaires. Aucun sujet de prix ne sera proposé.
» Dans le cas où, une année, le prix ne serait pas donné, il serait ajouté
» au prix de l'année suivante. »
En conséquence, l'Académie annonce que ce prix sera décerné, chaque
année, dans sa séance publique, au travail qui remplira les conditions
prescrites par le testateur.
PHYSIOLOGIE.
PRIX MONTYON, PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE.
Feu M. de Montyon ayant offert une somme à l'Académie des Sciences,
avec l'intention que le revenu en fût affecté à un prix de Physiologie expé-
rimentale à décerner chaque année, et le Gouvernement ayant autorisé cette
fondation par une Ordonnance en date du 22 juillet 1818,
L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d'or de la valeur de
sept cent soixante-quatre francs a l'Ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui
paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la Physiologie expérimentale.
PRIX L. LACAZE.
Voir page 1 Siy.
Les travaux ont dû être déposés, manuscrits ou imprimés, au Secréta-
riat de l'Institut, avant le 1^' juin 1875.
( '529 )
PRIX GÉNÉRAUX.
PRIX MONTYON, ARTS INSALUBRES.
Conformément au testament de feu M. Anget de Monlyon, et aux Or-
donnances du 29 juillet 1821, du 2 juin 1825 et du aS août 1829, il sera
décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des Ouvrages ou des découvertes
qui seront jugés les plus utiles à Varl de rjiicrir, et à ceux qui auront trouvé
les moyens de rendre un arl on un niélier moins insalubre.
L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à
perfectionner la Médecine ou la Chirurgie, ou qui diminueraient les dan-
gers (.les diverses professions ou arts mécaniques.
Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte paifaitemenl déterminée.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com-
mission chargée <^le l'examen du Concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
Les Ouvrages ou Mémoires présentés au Concours doivent être envoyés
au Secrétariat de l'Institut avant le i""juin de chaque année.
PRIX TRÉMONT.
Feu M. le baron de Trémont, par son testament en date du 5 mai 1847,
a légué à l'Académie des Sciences une somme annuelle de onze cenls fronts
pour aider dans ses travaux tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien,
auquel une assistance sera nécessaire « pour atteindre un but utile et glo-
rieux pour la France ».
Un Décret, en date du 8 septembre i856, a autorisé l'Académie à accepter
cette fondation.
En conséquence, l'Académie annonce que, dans sa séance publique de
l'année iS'jG, elle accordera la somme provenant du legs Trémont, à titre
d'encouragement, à tout « savant, ingénicui-, artiste ou mécaïucicn » qui,
C. R., 1873, l'f Scmcitre. (1 . LXXX, «" 24.) '99
( i53o )
se trouvant clans les conditions indiquées, aura |)iésenté, dans le courant
de l'année, une découverte ou un perfectionnement paraissant répondre le
mieux aux intentions du fondateur.
PRIX GEGNER.
Feu M. Jean-Louis Geguer, par testament en date du 12 mai 1868, a légué
à l'Académie des Sciences « un nombre d'obligations suffisant potn- former
le capital d'un revenu annuel de quatre mille francs, destiné à soutenir un
savant pauvre qui se sera signalé par des travaux sérieux, et qui dès lors
pourra continuer plus fructueusement ses recherches en faveur des pro-
grès des sciences positives ».
L'Académie des Sciences a été autorisée, par Décret en date du 2 oc-
tobre 1869, à accepter cette fondation.
PRIX CUVIER.
La Commission des souscripteius pour la statue de Georges Cuvier ayant
offert à l'Académie une somme résultant des fonds de la souscription restés
libres, avec l'intention que le produit en fijt affecté à un prix qui porterait
le nom de prix Cuvier, et qui serait décerné tous les trois ans à l'Ouvrage le
plus remarquable, soit sur le règne animal, soit sur la Géologie, et le Gou-
vernement ayant autorisé cette fondation par une Ordoiuiance en date du
g août i83g,
L'Académie annonce qu'elle décernera, dans la séance publique de ] 87G,
le prix Cuvier à l'Ouvrage qui sera jugé le plus remarquable entre tous ceux
qui auront paru depuis le i*"^ janvier 1878 jusqu'au 3i décembre 1876, soit
sur le règne animal, soit sur la Géologie.
Ce Prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quinze cents francs.
PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU.
Par un testament en date du 17 août 1872, M"" V* Delalande-Guérineau
a légué à l'Acadi'mie des Sciences une sonune de vinyt mille fiancs, réduite
à dix mille cinq francs, pour la fondation d'un prix à décerner tous les deux
{ r53. )
ans '( nn voyageur français ou nu savnni qui, liu) ou Vautre, aura reurlu le
» plus de services à la Fiance ou ci la Science » .
Un décret en date du 25 octobre 18^3 a autorisé l'Académie à accepter
ce legs. Elle décernera, en conséquence, le prix Delalande-Guérineau dans
la séance publique de l'année 1876.
Les pièces de Concoiu-s devront être déposées au Secrétariat de l'Institut
avant le i" juin 1876.
PRIX FONDÉ PAR M"^ LA MARQUISE DE LAPLACE.
Une Ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la
donation, qui lui a été faite par Madame la Marquise de Laplace, d'une
rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection
complète dos Ouvrages de La|îlace.
Ce prix est décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École
Polytechnique.
CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS.
Les Concurrents, pour tous les prix, sont prévenus que l'Académie ne
rendra aucim des Ouvrages envoyés aux Concours; les auteurs auront la
liberté d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut.
Par une mesure générale prise en i865, l'Académie a décidé que la clô-
ture des Concours pour tous les prix qu'elle propose aurait lieu à la même
époque de l'année, et le terme a été fixé au pke.^iier .utin.
L'Académie juge nécessaire de faire remarquer à MM. les Concurrents,
pour les prix relatifs à la Médecine et aux Arts insalubres :
1" Qu'ils ont expressément pour objet des découvertes et inventions
propres à perfectionner la Médecine ou la Chirurgie, ou à rendre lui art
moins insalubre;
2° Que les pièces adressées pour le Concours n'auront droit aux prix
'99-
( i532 )
qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée et
une application bien constatée;
3° Que l'auteur doit indiquer, par une analyse snccincte, la partie de
son travail où celte découverte se trouve exprimée, et que, faute de cette
indication, sa pièce ne sera point admise. Cette analyse doit être en double
copie.
LECTURE.
M. Bertrand lit l'éloge historique de Jean-Baptiste-Armand-Louis-
LÉONCE Eue de Beaumont, Secrétaire perpétuel de l'Académie.
D. et J. B.
TABLEAUX
DES PRIX DÉCERNÉS ET DES PRIX PROPOSES
DANS LA SÉANCE DU LUNDI 21 JUIN 1875.
TABLEAU DES PRIX DECERNES.
ANNÉE 1874.
,464
PRIX EXTRAORDINAIRES.
Grand pbix des Sciences M.VTnÉMATioi'ES. —
Étude des équations relatives à la déteimi-
nation des modules singuliers, pour les-
quels la formule de transl'ormation dans la
théorie des fonctions elliptiques conduit à
la multiplication complexe.— Le pri.x n'a
pas été décerné. Cette question a été retirée
du Concours et remplacée par une autre. i.'|G3
Grand pkix des Sciences mathématiques. —
Théorie mathématique du vol des oiseaux.
— Le prix n'a pas été décerné. M. A. Pe-
naud, auteur du Mémoire n° 1, a obtenu
une récompense de deux mille francs,
MM. A. Hureau de J'illeneuve et /. Crocé-
Spi'nelli, auteurs du Mémoire n" 4, un en-
couragement de mille francs
Grand prix des Sciences puysioies. — Fécon-
dation dans la classe des Champignons.
— La valeur du prix a été partagée égale-
ment entre les auteurs des Mémoires n"* 1
et 2. Le Mémoire n° 1 est de MM. 3Injcime
Cornu et Ernest Rozc ; le Mémoire n" 2 est
de M. Sicard
MÉCANIQUE.
Prix Poncelet. — Le prix est décerné à
M. Bresse
Prix Mont\on, Mécanique. — Le prix est dé-
cerné à M. le lieutenant-colonel Peaucel-
iier
Prix Plumey. — Le prix est décerné à M. Jo-
seph Farcot i .^ 70
ASTRONOMIE.
Prix Lalande. — • Un prix d'égale valeur est
décerné à MM. Mouchez, IJouqitec de hi
Gr}'e, F/eurittis, André, lléraud et Tissertutd. i \']?,
1.^65
14G8
1469
PHYSIQUE.
Prix Bordin. — Température de la surface du
Soleil. — Le Concours est prorogé à l'année
i'fi.
'4:3
STATISTIQUE.
Prix Montyon, SrAiiSTiorE. — Le prix est dé-
cerné à M. de Kertanguy, des mentions
honorables sont accordées à M. de Salnl-
Genîs et à M. Loua '474
CHIMIE.
Prix Jecker. — Le prix est partagé entre
MM. Reboul et G. Bouchardat 1479
BOTANIQUE.
Prix Barbier. — Le prix n'est pas décerné. 1480
Prix Desmaziéres. — Le prix est décerné h
M. J. de Seynes 1 480
Prix de La Fons Mélicocq. — Le prix est par-
tagé à titre d'encouragement entre M. Col-
ley et MM. Éloy de T'icq et B/ondin de
Brutclecte 148G
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
Prix Thore. — Le prix est décerné à M. Ang.
Forel 1487
Prix Savigny. — Le prix n'est pas décerné.. 14S9
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
Prix Bréant. — Une récompense de trois mille
cinq cents francs est accordée à M. Ch.
Pellarin. Une récompense de quinze cents
francs est accordée à M. Armieu.t 1490
Prix Montyon, Médecine et Ciiirircie. — La
Commission décerne trois prix de deux
mille quatre cents francs j> MM. Dieuhifoy,
( >534 )
Pages.
lions de mille frniics à MM. Béren^er-Fc-
raudf Léliés'ant et Peter, et cite honorable-
ment dans le Rapport les Ouvra[;es de
MM. Beni-Baràe, 7. Boiirrel, Herrgott^ De-
chauXj Limier, Angel-Marvaucij Moncoq,
Toussaint Martin et Salle
>/,93
Prix Godard. — Le prix n'est pas décerné.. i5oi
PHYSIOLOGIE.
Pnix MosTYON, Physiologie f.xpf.iiimentale. —
La Commission décerne deux prix de même
valeur à MM. Arloing et Tripier et à M. A.
Pafjes.
Sabatier ,5oi
PRIX GÉNÉRAUX.
Prix Montyon, Arts insalubbes. — Il n'y a pas
lieu à décerner de prix i5oG
Prix Trémo^jt. — Le prix est décerné à
M. A. Cazin , fiofi
Prix Cecner. — Le prix est décerné à M. Gau-
guin ,5oS
Prix Laplace. — Ce prix est obtenu par
M. Badourenii, sorti le premier en 187^1 de
l'Ecole Polytechnique et enlré à l'École des
Mines iSoj
TABLEAU DES PRIX PROPOSÉS.
fOur tes années 1875, 1876, 1877 et i883.
1875. Graxd prix des Scien'ces MATIIÉVATIOI'ES.
— Étude de l'élasticité des corps cristalli-
sés, au double point de vue expérimental
et théorique i5o7
187G. Grand PRIX des Sciences matiiésiatiql'es. —
Déduire d'une discussion nouvelle, appro-
fondie, des anciennes observations d'édip-
ses, la valeur de l'accéléialion séculaire
apparente du moyen mouvement de la
Lune. Fixer les limites de l'exactilude que
comporte cette détermination i Soy
187G. Grand prix des Sciences matiiématiques.
— Théorie des solutions sinf^ulières des
équations aux dérivées partielles du pre-
mier ordre 1 5o8
1877. Grand prix des Sciences matiiématiqces.
— Application de la théorie des transcen-
dantes elliptiques ou abéliennes h l'étude
des courbes algébriques lôoS
1875. Grand prix des Sciences piivsioces. —
Faire connaître les changements qui s'opè-
rent dans les organes intérieurs des insectes
pendant la métamorphose complète '5o9
1876. Grand prix des Sciences piivsioi'es. —
Étude du mode de distribution des ani-
maux marins du littoral de la France i5io
1877. Grand prix des Sciences pnvsiccEs.—
Étude comparatives de l'organisation inté-
rieure des divers Crustacés édriophthalmes
qui habitent les mers d'Europe i.Sio
1870. Prix extraordinaire de six mille francs.
— Application de la vapeur .i la IMarine
m i 1 i taire 1 5 1 1
MÉCANIQUE.
1875. Prix Poscelct i j 1 1
1875. Prix Montvon, Mécanique i5ii
1875. Prix Focrneyron i5i5
1875. Prix Pli'mey t5i'>
1S7G. Prix Dalmont i5i3
187C. Prix Bordin. — Trouver le moyen de
l'aire disparaître ou au moins d'atténuer sé-
rieusement la gène et les dangers que pré-
sentent les produits de la combustion sor-
tant des clieminées sur les chemins de fer,
sur les bâtiments à vapeur, ainsi que dans
les villes à proximité des usines à feu. . . . i5i3
ASTRONOMIE.
1875. Prix Lalande i5i5
1870. Prix Damoiseau i5i5
1877. Prix Vaillant , i5i6
1877. Prix Valz i5i6
PHYSIQUE.
1875. Prix L. Lacaze 1617
1S7G. Prix Bordin. — Température de la sur-
face du Soleil i5i8
STATISTIQUE.
1875. Prix Montyon, Statistioie.
i5i8
CHIMIE.
1875. Prix Jecker iSig
IS75. Prix L. Lacaze iSig
BOTANIQUE.
1875. Prix Rarrier lâif)
1876. Prix Alhomdert. — Étude du mode de
nutrition des Champignons i5i9
1875. Prix Desmazières iSso
1S77. Prix de La Fons Mélicoco i52i
1875. PrixTiiore iSai
1875. Prix Rordin. r— Étudier comparative-
miiit la structure des téguments de la graine
( i535 )
Pages,
dans les végétaux angiospermes et gymno-
spermes 1 jji
1877. Prix Bordin. — Étudier comparativement
la structure etle développement des organes
de la végétation dans les Lycopodiacées. . . 1322
AGRICULTURE.
1883. Prix Morocues i523
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
1875. PkixSaviony 1023
1 875. Prix 1 hore i524
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
1875. Graxd Prix de Médecine et de Cuiuvr-
GIE. — Application de l'électricité à la Thé-
rapeutique 1 524
1875. Prix Bréant i525
Pages .
1875. Pris Cuai'ssier i5j6
1875. Prix Montïon, Médecine et CniRCKGiE. . . i J27
1875. Prix Serres 1527
1875. Prix Godard iSaS
niYSIOLOGIE.
1875. Prix Montyu.n, Physiologie expérimen-
tale i528
1875. Prix L. Lacaze 1028
PRIX GÉNÉRAUX.
1875. Prix Montyon, Arts insalubres iSig
1876. Prix Trémont 1529
1875. Prix Gegner i53o
1S7G. Paix Ccvier i53o
1S7C. Prix Delalande-Guêrineau i53o
1875. Prix Laplace i53i
Conditions communes ii tous les Concours i53i
Conditions spéciales aux Concours Montyon (Médecine et Chirurgie et Arts insalubres) i53i
TABLEAU PAR ANNÉE
DES PRIX PROPOSÉS POUR 1875, 1876, 1877 ET 1883.
1875
Grand prix des StlENCES mathématioces. — Etude
de l'élasticité des corps cristallisés, au double point
de vue expérimental et théor'ique.
Grand prix des Sciences pinsiQfES. — Faire con-
naître les changements qui s'opèrent dans les or-
ganes intérieurs des Insectes pendant la métamor-
phose complète.
Prix Poncelet. — Décerné à l'auteur de l'ou-
vjage le plus utile aux progrès des Sciences mathé-
matiques pures ou appliquées.
Prtx Montyon. — Mécanique.
Prix Foi;rneyron. — Décerné au perfectionne-
ment le plus important, relatif à la construction
ou à la théorie d'une ou plusieurs machines hydrau-
liques, motrices ou autres.
Prix Plumey. — Décerné h l'auteur du perfection-
nement des machines à vapeur, ou de toute autie
invention qui aura le plus contribué au progrès de
la navigation à vapeur.
Prix Lalasde. — Astronomie.
Prix L. Lacaze. — Décerné à l'auteur du meil-
leur travail sur la Physique.
Prix Montyon". — Statistique.
Prix Jecker. — Chimie organique.
Prix L. Lacaze. — Décerné à l'auteur du meilleur
travail sur la Chimie.
Prix Barbier. — Décerné à celui qui fera une
découverte précieuse dans les Sciences chirurgicale,
médicale, pharmaceutique, et dans la Botanique
ayant rapport à l'art de guérir.
Prix Aurmbert. — Étude du modo de nutrition
des Champignons.
Prix Desmaziêres. — Décerné à l'auteur de l'ou-
vrage le plus utile sur tout ou partie de la Cryp-
togamie.
Prix Thore. — Décerné alternativement aux tra-
vaux sur les Cryptogames cellulaires d'Europe, et
aux recherches sur les mœurs ou l'anatomieU'une
espèce d'Insectes d'Europe.
Prix Bordix. — Étudier comparativement la struc-
ture des téguments de la graine dans les végétaux
angiospermes et gymnospermes.
Prix Savigny, fondé par lU"' Letellier. — Dé-
cerné à de jeunes zoologistes voyageurs.
Grand prix de Médecine et de CniRVRCiE. — De
l'application de l'électricité à la Thérapeutique.
Prix Bréast. — Décerné h celui qui aura trouvé
le moyen de guérir le choléra asiatique.
Prix Chacssier. — Décerné â des travaux impor-
tants de Médecine légale ou de Médecine pratique.
Prix Montyon. — Médecine et Chirurgie.
Prix Serres. — Sur l'Embryogénie générale ap-
pliquée à la Physiologie et h la Médecine.
Prix Godard. — Sur l'Auatoniie, la Physiologie
et la Pathologie des organes génito-urinaires.
Prix Montyon. — Physiologie expérimentale.
Prix L. Lacaze. — Décerné a. l'auteur du meil-
leur travail sur la Physiologie.
Prix Montyon. — Arts insalubres.
Prix Gegner. — Destiné il soutenir un savant qui
se sera signalé |wir des travaux sérieux, poursuivis
en faveur du progrès des sciences positives.
Prix Laplace. — Décerné au premier élève sor-
tant de l'École Polytechnique.
1876
OfWND PRIX DES SCIENŒS MATnÉM\TIOCES. — Déduirti
d'une discussion nouvelle, ;ii)prot'i)ndie , di's an-
ciennes observations d'éclipsés, la valeur de Tac-
célération séculaire apparente du moyen monvc-
menl de la Lune. Fixer les limites de l'exaelifuili'
que comporte cette détermination.
Grand prix des Sciences mat;iématioces. — Théorie
des solutions singulières des équations aux déri-
vées partielles du premier ordre.
Grand prix df.s Sciences physioves. — Étude du
mode de distrilnitioii dos iinimaiix marins dti lit-
toral de la France.
( 15^7 )
Prix extraoudisaike de six mille francs. — Ap-
plication (le la vapeur à la Marine militaire.
l'Rix Dalmont. — Décerné aux ingénieurs des
Ponts et Chaussées qui auront présenté à l'Acadé-
mie le meilleur travail ressortissant :i l'une de ses
Sections.
Prix Bordin. — Trouver le moyen de faire dis-
]>araître ou au moins d'atténuer sérieusement la
gène et les dangers que présentent les produits de
la combustion sortant des cheminées sur les che-
mins de fer, sur les bâtiments à vapeur, ainsi que
daus les villes à proximité des usines' à feu.
Prix Damoiseau. — Revoir la théorie des satel-
lites de Jupiter; discuter les observations et en
déduire les constantes qu'elle renferme, et paili-
culièrement celle qui fournit une détermination
directe de la vitesse de la lumière; enlin con-
struire des Tables particulières pour chaque sa-
tellite.
Prix Bordin. — Rechercher, par de nouvelles
expériences calorimétriques et par la discussion
des observations antérieures, quelle est la véritable
température à la surface du Soleil.
Prix Trêuont. — Destiné ;i tout savant, artiste
ou mécanicien, auquel une assistance sera néces-
saire pour atteindre un but utile et glorieux pour
la France.
Prix Cuvier. — Destiné à l'ouvrage le plus re-
marquable, soit sur le règne animal, soit sur la
Géologie.
Prix Delalande-Glêriseai'. — Décerné au voya-
geur français ou au savant qui, l'un ou l'autre,
aura rendu le plus de services à la France ou à la
Science.
1877
Grasd prix des Sciences mathématioves. — Appli-
cation de la théorie des transcendantes elliptiques
ou abéliennes à l'étude des courbes algébriques.
Grand prix des Sciences physiques. — Étude com-
parative de l'organisation intérieure des divers
Crustacés édriophthalmes qui habitent les mers
d'Europe.
Prix Vaillant. — Décerné à l'auteur du meilleur
travail sur l'étude des petites planètes, soit par la
théorie mathématique de l&urs perturbations, soit
par la comparaison de cette théorie avec l'obser-
vation.
Prix Valz. — Décerné à l'auteur des meilleures
cartes se rapportant à la région du plan invariable
de notre système.
Prix de La Fons Mélicocq. — Décerné au meilleur
ouvrage de Botanique sur le nord de la France.
Prix Bordin. — Étudier comparativement la
structure et le développement des organes de la
végétation dans les Lycopodiacées.
1883
Prix Morogues. — Décerné à l'ouvrage qui aura fait faire le plus grand progrès à l'Agriculture en France ,
C.R.,l8:5, 1" S^mesin.fT.l.XW. V'ii.
200
{ i538 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OnVRAGES ADRESSÉS AUX CONCOURS DE I,' ACADÉMIE POUR l'aNNÉE iS^S.
fsniTE.)
Concours Lacaze (Chimie). — Cours de Chimie générale élémentaire ; par
M. F. HÉTET. Paris, Lacroix, 1875; 2 vol. in-12.
Concours Lacaze (Physiologie). — Recherches expérimentales sur V in-
fluence que les modifications dans la pression barométrique exercent sur les phé-
nomènes de In vie; par M. P. Bert, Paris, G. Masson, 1874; in-8°.
De la quantité d'oxygène que peut absorber le sang aux diverses pressions ba-
rométriques; par M. P. Bert. Paris, Gaiithier-Villars, 1876; in-4°.
Recherches expérimentales sur l'influence que les changements dai^s la pres-
sion barométrique exercent sur les phénomènes de la vie ; par M. P. Bert . Paris ,
Gauthier-Viliars, 1874; 10-4°.
Mémoiie sur la téralogénie expérimentale ; par M. C. Dareste. Paris, typ.
Hentuiyer, sans date; br. iu-8°.
Mémoire sur l'origine et le mode de formation des monstres doubles; par
?,L C. Dareste. Sans lieu ni date; br. in-8".
Concours ChausSIEK. — La syphilis et la prostitution dans leurs rapports
avec i hygiène, la morale et la loi; par le D"' H. MiREUR. Paris, G. Masson,
1875; in-8°.
Nouvelle doctrine physiologique. Sans nom d'auteur. Toulouse, typ. Bon-
nal et Gibrac, sans date; i vol. in-8°. (Présenté par M. Bouley.)
Concours RIontyon (Médecine et Chirurgie). — Recherches sur l'état de
la pupille pendant l'anesthésie chlorojormique, l'asphyxie et sur certains effets
de l'apomorphine; par MM. BuDiN et Coyne. Paris, imp. Cusset, 1875;
br. in-8".
Recherches cliniques et expérimentales sur l'état de la pupille pendant l'anes-
thésie chirurgicale produite par le chloroforme; par MM. BuDiN et Coyne.
Sans lieu ni date; br. in-8". (Extrait des Archives de Physiologie.)
Recheiches cliniques et expérimentales sur l' hémanesthésie de cause cérébrale;
par R. Veyssière. Paris, A. Delahaye, 1874; in-8°.
Éludes physiologiques et thérapeutiques sur le Jaborandi ( Pilocarpus pinna-
( i539 )
tus); par A. RoBiN. Paris, G. Masson, sans date; in-8°. (Présenté par
M. Bouley.)
Etudes précises sur les déformations de la poitrine, avec application à la pleu-
résie et à ta phlliisie. Indice ihoracique ; parE. FOURMENTIN. Pari», G. Mas-
son, 1874; in-8°.
Recherches sur le passage de rarsenic et de l'antimoine dans les tissus et les
humeurs; par MM. M A\E^çoN et Bergeret. Paris, A. Delahaye, 1874;
br. in-8°. (Extrait de la France médicale.)
Moyen clinique de reconnaître le mercure dans les excrétions et spécialement
dans l'urine, etc.; par MM Mayençon et Bergeret. Pnris, iinp. Martinet,
sans date; br. in-8°.
Recherche qualitative des métaux dans les tissus; par MM. Mayençon et
Bergeret. Paris, imp. Martinet, sans date ; br. in-8°. (Présenté par M. Cl.
Bernard.)
Recherche de l'argent et du palladium dans les humeurs et les tissus par la
méthode électrolyticpie ; par MM. Mayençon et Bergeret. Paris, Martinet,
sans date ; br. in-8°.
Recherche du plomb dans les tissus; par MM. Bergeret et Mayençon. Paris,
Martinet, sans date; br. 10-8".
Nouvelles dispositions des expériences dans la recherche des métaux par la
méthode électrolyticpie; par MM. Mayençon et Bergeret. Paris, Martinet,
sans date; br. in-8°.
(Ces brochures sont extraites du Journal de l' Anatomie et de In Physio-
logie de M. Ch. Robin.)
Des plaies pénétrantes des articulations ; par \q D'^DECtiAUX. Paris, J.-B. Bail-
lière, 1875; in-8°.
Concours Montyon (Statistique). — Ln démographie figurée de la
France, etc.; parle W Bertillon. Paris, G. Masson, 1874; in-folio, car-
tonné.
Etude sur les origines de la pèche ci Boulogne-sur-Mer ; par E. Deseille.
Boulogne-sur-Mer, imp. Ch. Aigre, 1874; in-8".
Tableaux généraux des pèches maritimes à Boulogne-sur-Mer de 1869 à
1874. Boulogne, imp. Aigre et Simonnaire, 1870 à 1875; six tableaux
in-fol. et in-4°.
Histoire de la pèche à Boulogne depuis ses origines ; par E. Deseille. Bou-
logne-sur-Mer, imp. Aigre, 1873; in-S**.
( i54o )
Ouvrages reçus dans la séance nu 7 Juin iS^ô.
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention
ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 18445 publiée par les ordres de
M. le Ministre de i agriculture et du Commerce; t. LXXXIII, t. IV", nouvelle
série. Paris, Imprimerie nationale, 1874-1875; 2 vol. in-4''-
Ferdinand de Lesseps. Lettres, journal et documents pour servir à l'his-
toire du canal de Suez (i854, i855, i856). Paris, Didier et C'*, 1875;
in-S".
Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes, section des Sciences naturelles;
t. XII, cahier 4 (fm). Paris, G. Masson, 1876; in-8°.
Société scientifique et littéraire d'J lais ; année 1874, i" Bulletin. Alais,
fyp. J. Martin, i875;in-8°.
annales de la Société d'Emulation du département des Vosges; t. IV, 3® ca-
hier. Épinal, V. Collot; Paris, Goin, 1874; in-8''.
La cause des effets; par A. Vinchon-Thiesset. Saint-Quentin, imp. du
Glaneur, 1876 ; in-8'^.
Annales de la Société des Sciences^ de l'Jgiiculture et des Arts de Lille;
y série, t. XII et XIII. Paris, Didron; Lille, Quarré, 1874-, 2 vol. in-8*'.
Annales de la Société des Sciences industrielles de Lyon; 1875, n° i. Lyon,
inip. H. Storck, 1876.
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents; juin 1875.
Paris, Dunod, 1 875 ; in-8°.
Du dynamisme comparé des hémisphères cérébraux chez l'homme; parle
B^ A. de Fleury. Paris, A. Delahaye, 1873; iii-8°.
Revue d'Artillerie; l. VI, 2Mivraison, mai 1875. Paris et Nancy,
Berger-Levrault, 1875; in-8°. (Présenté par M. le général Morin.)
Physique et Physique du globe. Divers Mémoires de MM. Tyndnll, Car-
penlfr, fiamsay, Raphaël de Rossi et Félix Plateau, traduits par M. l'abbé
MoiGNO. Paris, librairie des Mondes, et chez Gauthier-Villars, 1875;
in-i8.
( A suivre.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
«
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 28 JUIN 1875.
PRÉSIDENCE DE M. FREMY.
MÉMOIRES ET COMftlUNICATÏONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Janssen, de retour à Paris depuis I;i veille, assiste à la séance.
M. Fremy, Président de l'Académie, prononce les paroles suivantes :
(c Un sentiment facile ;i comprendre m'empêche d'adresser à un membre
de l'Académie les félicitations que méritent tous ceux qui ont pris part à la
mémorable expédition du passage de Vénus.
M Cependant l'Académie me permettra de souhaiter, en son nom, la
bienvenue à notre cher et courageux confrère, M. Janssen, qui a représenté
si dignement la Science française dans les contrées les plus reculées de
l'Orient, et de lui dire que nous attendons ses Communications avec une
impatience aussi vive que sympathique. »
M. Jaxssen répond :
« Monsieur le Président,
» Je vous remercie des paroles si bienveillantes que vous m'adressez;
mais permettez-moi de dire que j'ai eu bien peu de méiile en cette circon-
stance, tant mon concours me paraissait naturel, obligé. Et j'ajouterai de
G. R.,.,370, i-r Semcjlrc. (T. LXXX, N"2;j.) ""
( '542 )
suite que tous, certainement, nous avons été bien heureux de pouvoir offrir
notre dévouement au pays dans celte grande circonstance scientifique.
» J'ai la satisfaction de dire à l'Académie que notreexpédition, et parle
mérite distingué de mes collaborateurs et par le beau matériel dont nous
disposions, a produit un excellent effet moral au Japon. L'opinion publique,
qui chez cette jeune et intéressante nation nous est très-sympathique, a été
en quelque sorte rassurée et très-satisfaite en voyant ces témoignages de
notre force morale et matérielle. Remercions donc ici notre Assemblée na-
tionale qui, par sa libéralité éclairée, a si bien servi, en cette circonstance,
non-seulement les grands intérêts scientifiques du pays, mais encore sa
grandeur morale.
» Monsieur le Président, vous voulez bien adresser à chacun de nous,
à son retour, des paroles bienveillantes de remercîmeiil. Pour ma part, je
ne les accepte que sous les réserves si naturelles que je viens d'indiquer.
Mais il ne faut pas oublier que dans ce succès, on peut dire général et
inespéré, de nos expéditions, une bien grande part revient à la savante
Commission qui a tout préparé et organisé ; une bien grande i)art surtout
revient à l'homme illustre qui a bien voulu accepter de présider à ses tra-
vaux et mettre au service de notre entreprise sa haute expérience, sa puis-
sante activité, l'autorité de son grand nom.
» J'aurai l'honneur de présenter très-prochainemenl à l'Académie les
résultats de nos travaux. »
Noie de M. Chevrecl sur V explication de nombreux phénomènes qui sonlune
conséquence de la vieillesse (3* Mémoire; 2® Extrait).
DEUXIÈME SECTION.
a Abstraction faite de l'instinct, j'ai parlé, dans la première section, de
trois sources où l'homme puise des connaissances qui le rendent perfec-
tible :
)) 1° Dans l'exercice répété de certains mouvements relatifs à des actes
physiques;
» 2° Dans l'exercice répété de certains mouvements concernant des
actes relatifs à des actes intellectuels;
» 3° Dans des études du ressort de l'intelligence.
» Il s'agit maintenant d'expliquer les phénomènes résultant de l'affai-
blissement de l'entendement causé par l'âge.
» Ici deux opinions contraires se présentent : l'opinion poussée à l'ex-
( i543 )
tième par le professeur Lordat, de IMontpellier, à savoir, que le sens in-
time, l'âme, l'esprit, conserve ses facultés; ne vieillissant pas, le sens
intime jouit donc de V insénescence . Dans l'autre opinion, les facultés
intellectuelles s'affaiblissent avec l'âge, en même temps que les organes
perdent de leur activité et de leur sensibilité. Tout partisan que je sois en
principe de cette opinion, je ne reconnais pas qu'il soit démontré par
l'observation que l'affaiblissement de l'intelligence soit proportionnel à
l'affaiblissement visible de tels organes en particulier, et je pense qu'il
est des connaissances acquises, du ressort des sciences de la philosophie
naturelle, qui, loin de s'affaiblir avec l'âge, gagnent en généralité et en
précision.
» La question ainsi posée, je vais examiner l'effet de l'âge sur les con-
naissances acquises par l'exercice de mouvements répétés, relatifs d'abord
à des actes physiques, puis à des actes intellectuels.
» C'est après avoir tiré les conséquences de l'affaiblissement des organes
pour les deux cas précédents que je passerai à l'affaiblissement des facultés
intellectuelles causé par l'âge, et qu'enfin je montrerai, par des observa-
tions personnelles, comment il est arrivé que certaines connaissances
peuvent gagner avec l'âge en généralité et en précision.
« Dans la première section, eu prenant pour guide l'analyse et la syn-
llicse mentales,] ai montré combien l'enfant qui marche seul et l'adolescenl
acquièrent dans leurs récréations, leurs jeux, au moyen d'exercices inces-
samment répétés, de connaissances relatives à des actes physiques du res-
sort de ce qu'on appelle communément la gymnastique. Ces connaissances,
je les ai rapportées à la pensée estimant des distances par la vue et comman-
dant juste au système musculaire Ve/forl nécessaire pour venir à bout de
cette distance, soit qu'il s'agisse de lancer à la main un mobile pour at-
teindre ce but, soit qu'il s'agisse de franchir à la course un obstacle élevé
ou la largeur d'un fossé qti'ou voit pour la première fois.
» La pensée animée de la volonté d'accomplir ces actes se trouve dans
luie dépendance extrême de la sensibilité de In vue et de la souplesse des or-
fjanes musculitires, de sorte qu'avoir insisté sur ce que cette dépendance
exige pour le succès de l'acte, V accord parfait de la pensée, de la vue et des
onjanes musculaires, c'est avoir expliqué comment le succès sera compromis
dès que l'rtccorf/ cessera d'être maintenu à cause de l'affaiblissement soit de
la vue, soit des oi-guies musculaires et, a fortiori, par l'affaiblissement simul-
tané des deux organes.
» On trouvera l'explication de l'affaiblissement des actes physiques.
20 1 ,
( i544 )
dont je viens d'exposer les causes, dans une foule de cas de la vie usuelle
énoncés en général et examinés en détail dans quelques-uns.
M Ainsi la vue, la soiiplase musculaire s'aff'aiblissent-elies, vous n'évitez
plus les chutes sur un terrain glissant, vous n'échappez plus au choc d'un
corps en mouvement que trop tard vous apercevez pour l'éviter: en un mot
les actes les plus simples, exécutés sans peine dans le jeune âge pour pré-
venir des accidents qui menacent votre personne même, cessent de l'être
à une certaine époque de la vie.
» Je donne une attention particulière au danger que présente la descente
d'un escalier en spirale, la nuit surtout, quand la lumière partant de l'axe
projette l'ombre des soutiens de la rampe sur les marches et que la der-
nière marche s'élevant au-dessus d'un palier ne se distingue pas facilement
de ce palier; toucher la rampe seulement du doigt prévient des acciiienls
en s'opposant aux vacillations des membres que l'âge amène. Quand il
s agit d'un escalier droit, lors même que les marches sont d'une largem-
bien plus que suffisante pour en assurer la descente, il arrive que, s'il se
compose de beaucoup de marches, la vue peut causer le vertige chez beau-
coup de personnes, vertige comparable à celui que produit la vue d'un
abîme profond.
M Je cite, à l'appui de ma manière de voir, deux lettres, l'une de mon
honorable confrère M. Mohl, qui n'a pu descendre l'escalier de la (Vahalla,
près de Ratisbonne : un vertige dont il fut affecté l'obligea de remonter les
marches qu'il avait descendues. La lettre de noire excellent bibliothécaire,
M. Tardieu, met en évidence l'importance de la vue dans les jeux d'adresse,
lorsqu'elle vient à s'affaiblir avant qu'on ait dépassé l'âge de vingt-cinq ans.
M J'assimile aux actes physiques, dont je viens de parler, des actes relatifs
à l'intelligence, qui, comme les premiers, résultent d'un accord parfait entre
la vue qui se porte sur des lettres ou des notes de musique et la pensée
commandant à Vorgane vocal de prononcer les sons articulés ou les sons
musicaux qu'elles expriment, avec une rapidité telle que ces actes, comme
les premiers, portent ceux qui les écoulent à Its compaier plulùt à des actes
instinctifs qu'à des actes provenant de mouvements incessamment répétés,
et répétés longlemps et souvent.
o En rétléchissaiit à ce qu'il a fallu d'exercice pour apprendre à lire à
livre ouvert^ lettres ou notes musicales, je m'explicpie toutes les difficultés
d'un maître chargé de captiver l'attention de l'enfant doué de quelque
vivacité, livré au besoin de porter son attention sur les objets qui l'entourent
et dont la variété le disirait incessamment de ce qu'on veut lui apprendre!
( i545 )
)) Eniin nV'st-ce pas une chose meiveiUeuse que l'accord entre les facultés
diverses d'un grand artiste, déchiffrant à livre ouvert un morceau de mu-
sique, lorsque su bouche pi^onoiice siiniiUanéineiit le son musical et le son
articulé du langage en même temps que le système musculaire fait enlendre les
sons musicaux d'un piano, d'un clavecin, d'un violon ou d'une basse !
» Où conduisent ces considérations ? Aux conséquences suivantes :
» A l'observation du principe de la vision distincte pour les lettres et les
notes musicales.
» Dès lors, nécessité d'une opposition de couleur quant au ton, entre
les lettres et les notes et le fond où l'œil les voit.
» J'ai montré, il y a longtemps, que ce principe n'est observé que dans le
cas du contraste de ton, et que dès lors rien n'est plus favorable à la vue
que des caractères noirs sur du papier blanc; et poiu* que le but soit at-
teint, que la lecture ne devienne pas difficile au vieillard, c'est de conserver
la forme des caiaclères qui ont fait la réputation des grands typographes
pour l'impression de tous les livres classiques.
» Il faut que la forme des lettres et l'étendue des mois s'aperçoivent
d'un coup d'œil et que les syllabes qui les composent semblent être pro-
noncées dès que l'œil les voit.
» V.e principe de la vue distincte, une fois consacré, est la condamnation de
certaines innovations; et le tableau exposé dans la dernière séance les range
très-bien dans la catégorie des actes émanés de l'esprit de recul.
» Énumérons quelques exemples :
» 1° Des lettres inégales composant un même mot;
» 2° Les lettres différant par la forme des caractères des grands typo-
graphes, soit par des apj)eudices sortant de la ligne, soit en haut, soit en
bas, soit par des caractères plus larges que longs, soit que la même lettre
présente des pleins très-gros avec des déliés très-fins, etc.
» 3" Des cadrans d'horloges pidjliques qui, au lieu d'un cercle blanc,
plan ou pre.que plan, des heures se détachant du fond en chiffres noirs,
et des aiguilles pareillement noires, présentent des cadrans noirs ou bos-
selés avec des chiffres et des aiguilles dorés, etc.
» L'affaiblissement de la vue, d'après tout ce qui piécède, a donc in)e
importance, pour expliquer les phénomènes qui se manifestent après qu'on
a passé l'âge viril, qu'on ne comprend bien qu'après un examen attentif
et détaillé des actes de l'enfant, de l'adolescent et de l'homme parvenu à
son développement complet.
» Une infirmité de la vieillesse, mais qui chez quelques personnes se
( i546 )
produit à un âge peu avancé, est l'oubli des noms substantifs: déjà l'occa-
sion s'est présentée d'énoncer à l'Académie mon opinion sur ce fait, à
propos d'une discussion élevée par une lecture de notre confrère leD'Bouil-
laud, mais l'occasion ne me permettant pas de développer toutes mes idées
relatives à ce sujet, j'en expose l'ensemble dans le troisième Mémoire.
» Depuis que j'ai pu comprendre le langage de mes maîtres, j'ai toujours
entendu citer \efail comme l'expression de ce qui est vrai, comme l'expres-
sion de la certitude; ayant cherché en quoi il réside, j'ai trouvé les attributs
des substantifs propres qu'on appelle propriétés s'il s'agit des corps privés
de la vie principalement, et qualilés et défauts s'il s'agit des êtres vivants
considérés au double point de vue physique et moral ; d'où la consé-
quence que les éléments de nos connaissances résident essentiellement
dans des attributs et non dans les substantifs propres dont chacun se com-
pose d'un ensemble d'attributs ; dès lors, étudier un substantif propre, c'est
étudier ses attributs, et comme il n'existe aucun substantif propre phy-
sique, c'est-à-dire sensible à nos sens, qui ait des attributs n'appartenant
qu'à lui seul, un substantif propre n'est distingué des autres que par l'en-
semble des attributs qui lui sont essentiels.
» Puisque connaître un substantif propre est connaître ses attributs, il
s'ensuit que ceux que nous connaissons résultent d'une sorte d'étude que
nous en avons faite; dès lors il n'est point étonnant que, la mémoire
s'affaiblissant, elle oublie le nom du substantif qui n'a été l'objet d'aucune
étude comparable à celle de ses qualités ; il est évident que la connaissance
de ses propriétés repose en définitive sur le principe de l'association des
idées qui laisse dans la mémoire des impressions bien pins profondes que le
simple nom qui désigne le substantif.
» Après l'oubli du nom vient celui des figures que nous ne voyons pas
habituellement, et, en ce cas, l'affaiblissement de la vue donne lieu à des
incertitudes, à des hésitations toujours pénibles dans la crainte de méprises
désagréables lorsqu'on voudrait la certitude de n'avoir jamais oublié la
figure de la personne à laquelle on parle.
» Quand il arrive de confondre une personne avec une autre, je ne con-
nais d'autre moyen efficace de prévenir l'erreur que de profiter de toute
occasion de les voir ensemble, pour chercher, comme le fait un naturaliste
curieux de distinguer une espèce d'avec une autre, à comparer les deux
personnes avec l'intention de découvrir un caractère différentiel; alors il
est probable qu'on trouvera une différence bien caractérisée qui prévien-
dra toute méprise, à l'avenir, de prendre une des personnes pour l'autre. »
( i547 )
ASTRONOMIE ET PHYSIQUE DU GLORE. — Sur tes tramiix en voie d'exécution
à l'Observatoire. Note de M. Le Verkier.
« Dans la séance du 7 juin, notre confrère M. d'Abbadie m'a de-
mandé, en sa qualité de Vice-Président de la Société de Géographie, si les
membres du Congrès géographique pourraient visiter les nouvelles instal-
lations de l'Observatoire de Paris.
)) M. d'Abbadie n'a jamais pu douter des intentions du Conseil de
l'Observatoire; les membres du Congrès géographique seront accueillis
avec lui cordial empressement. Dès le mois de juin de l'année dernière,
j'en ai donné l'assurance dans le banquet de la Société de Géographie de
Londres.
» Le Ministre de l'Instruction publique a, conformément aux propo-
sitions du Conseil de l'Observatoire, approuvé la convention nouvelle
concernant l'achèvement du grand télescope de i™, 20, et, le miroir de
M. Martin étant prêt, toutes les grandes pièces étant terminées, M. Eichens
travaillant avec la plus grande activité au montage, je suis heureux de
dire à M, d'Abbadie que l'instrument sera prêt au mois d'août.
» Nos confrères, dans la visite dont ils ont bien voulu honorer l'Obser-
vatoire, le 26 mai dernier, ont vu avec satisfaction le travail qui s'effectue
pour la restauration de la grande lunette et de la coupole d'Arago.
» La lunette parallatique de i/j pouces d'ouverture, qui avait été dé-
montée pendant la guerre, se rétablit et constituera un puissant appareil de
photographie céleste. L'objectif sera rendu chimiquement achromatique
paT le procédé de M, Cornu, membre du Conseil, qui s'est chargé de
toutes les installations.
» MM. Brunner frères donnent tous leurs soins à une opération qui re-
constituera l'œuvie capitale de l'éminent artiste, leur père.
» Notre confrère M. de Cardaillac, directeur des bâtiments civils, qui
porte un intérêt éclairé aux questions d'Astronomie, a chargé M. l'archi-
tecte Bouchot de la restauration de la coupole, et en particulier d'en
élargir les trappes. Le mécanicien a l'ordre d'avoir fini le 10 juillet, terme
d'une rigueur indispensable.
» Le nom de notre illustre prédécesseur, Arago, ramène la pensée sur
les travaux du magnétisme du globe, lesquels intéressent aussi la Géogra-
phie, et nous continuerons sans doute à répondre au désir de M. d'Ab-
badie, en disant à cet égard les intentions du Conseil, sanctionnées par
l'autorité du Ministre.
( i548 )
» Si l'Académie veut bien le permettre, le moyen le plus précis d'exposer
la situation à cet égard sera de donner connaissance de quelques points
des procès-verbaux des séances du Conseil. On verra en même temps com-
ment lin vœu, émis par l'Académie depuis plusieurs années, se trouve au-
jourd'hui satisfait. La Préfecture de la Seine a en effet concédé à l'Obser-
vatoire l'usage des terrains qui nous bornent au sud, et, dans une récente
visite faite à l'Observatoire par quarante membres du Conseil municipal,
ces Messieurs nous ont donné l'assurance qu'ils accorderaient tout leur
concours aux entreprises ayant pour but de conserver à la capitale de la
France un établissement scientifique digne d'elle.
» Aussitôt après la reconstitution des services de l'Observatoire en 1873,
In reprise des longues séries d'observations, instituées par Arago, est décidée.
)) Comme une grande partie des boussoles appartenant à l'Observatoire
en avait été distraite, le Ministre en ordonne la restitution immédiate.
» En même temps, comme les pavillons magnétiques avaient étéenlevés,
deux cabanes sont provisoirement installées sur la terrasse de l'Observatoire
pour la détermination des composantes magnétiques, et, pour plus de sé-
curité, un pilier isolé est installé dans la partie sud de l'avenue.
M Le système des observations a commencé le i''"' juillet 1873, trois fois
par jour, et n'a pas été interrompu depuis lors.
» Le 9 juillet 1874? le Conseil entend le Rapport suivant :
Construction d'une carte magnétique de la France.
« Les agents du service des Mines ou des Ponts et Chaussées s'adressent fréquemment à
l'Observatoire pour obtenir les valeurs de la déclinaison de l'aiguille aimantée dans la région
dont ils ont à lever le plan.
» Nous avons l'honneur de proposer au Conseil de donner satisfaction aux hommes de
science et aux ingénieurs, en entreprenant la construction d'une carie magnétique de la
France.
» La construction d'une carte magnétique de la France n'est pas une entreprise nouvelle.
On peut en faire remonter l'origine jusqu'à Delambre et Mcchain, qui prirent soin de me-
surer la déclinaison et l'inclinaison dans plusieurs des stations géodésiques de la méridienne;
plus lard (1806) Humboldt et Gay-Lussac obtinrent aussi, lors de leur voyage dans les
Alpes et en Italie, les éléments magnétiques de plusieurs points de nos départements de l'Est
et du Sud-Est. Ce n'étaient toutefois que des observations isolées, non coordonnées suivant
un plan général.
» Le premier travail d'ensemble sur le magnétisme de la France est dû à M. Laraont. A
l'aide d'une trentaine d'observations obtenues en iSS^ avec son théodolite magnétique, le
savant Directeur de l'Observatoire de ftlunich construisit pour la France les cartes ile décli-
naison, d'inclinaison et d'intensité.
( i549)
» Ce liavail a éié repris dans rautoinno de 1868 e( en 1869 par le R. P. Porry, directeur
de l'Observatoire de Stonyhnrst. Il a mesuré les éléments niagnéiiqiies dans tiente stations
environ; comme son prédécesseur, il s'est borné à une seul^ détermination dans chaque
])nint, et il n'a pu tenir compte des perturbations, souvent assez considérables à la fin de
septembre et dans les premiers jours d'octobre, qu'en se servant d'oiîservations faites en un
jioint fort éloigné du collège de Stonyhnrst.
» La carte magnétique que nous proposons de construire serait faite d'une manière moins
rapide et avec des précautions plus grandes.
» Pour pouvoir tenir compte des perturbations, pour rapporter toutes les observations
à la même date, il faudra installer des appareils de variations à Paris, à Marseille et à Bor-
deaux. Ceux de Marseille sont prêts à fonctionner depuis 1869. On n'aurait pas de peine
à trouver à Bordeaux un em|)lacement convenable.
» L'Observatoire de Paris et ses environs renferment, il est vrai, des masses métalliques
assez considérables dont l'action peut altérer en quelque chose les éléments magnétiques. Il
suffit toutefois, ])our notre projet, de pouvoir suivre à Paris les variations annuelles, diurnes
on accidentelles; il faut donc seulement que l'erreur locale (à déterminer par une opération
préliminaire) soit constante.
>. Or, rions pensons que, en établissant les pavillons magnétiques au centre des terrains
vaijues compris entre le boulevard Arago et l'Observatoire, on pourra léaliscr cette con-
dition.
» Les appareils nécessaires à la construction de la carte magnétique de la France existent;
ils n'ont besoin que de quelques réparations de peu d'im[)ortance. »
» Les conclusions du Rapport sont adoptées.
» Pour mettre à exécution ces projets, il devient nécessaire d'obtenir de la
ville de Paris la concession des terrains sud que nous appellerons désorinais
Tcnains Jiwjo, en souvenir des grands travaux faits par l'ancien Directeur
de l'Observatoire de Paris sur le magnétisme du globe.
» LeConsed, très-jaloux de conduire à bien cette négociation, d'autant
plus importante que la possession des terrains sud est indispensable pour
i)rotéger aussi l'Observatoire astronotiiique contre la construction de bâti-
ments privés dont l'Académie des Sciences a elle-même signalé depuis long-
temps les inconvénients majeurs, cliarge une Commission spéciale, com-
posée du Directeur, de M. Belgrand, inspecteur général des Ponts et Chaus-
sées, et de M. Daubrée, directeur de l'École des Mines, de faire les dé-
marches nécessaires.
» La Commission trouve l'accueil le plus empressé près de iM. le Préfet
de la Seine, prés de M. Alphand, directeur des travaux de la ville de Paris;
et, en conséquence, à la date du 9 septembre 1874, intervient l'arrêté sui-
vant de M. le Préfet du département de la Seine :
C. R , 1S73, i^r Semestre. (T. LXXX, IS" 2^.) 202
( i55o )
« Paris, 7 scptcmbri^ >874-
» Le Préfet du département de la Seine,
-> Vu la demande faite par ÎM. Le Verrier, Directeur de l'Observatoire de Paris, en vue
d'être autorisé à occuper d'urgence et temporairement pour les besoins d'expériences ma-
gnétiques ressortissant aux services scientiûques dont il a la direction, un terrain communal
sis à l'angle de la rue du Faubourg-Saint-Jacques et du boulevard Arago ;
» Vu l'extrait du procès-verbal des délibérations de la Commission supérieure de voirie,
en date du i4 août 1874,
» Arrête :
o Art. ^'^ — M. Le Verrier, Directeur de l'Observatoire de Paris, est autorisé à occuper
immédiatement le terrain communal situé à l'angle de la rue du Faubourg-Saint-Jacques et
du boulevard Arago, à titre provisoire, jusque ce qu'il ait été statué sur l'échange projeté
diidit terrain contre des terrains appartenant à l'État; et ce moyennant une redevance
annuelle de 100 francs à partir du i"'' août i8j4-
» Art. 2. — Ampliation du présent arrêté sera transmise à la Direction des Finances et
n J\i. le Directeur de l'Observatoire de Paris. »
» Dès le II août 1874, les pi-opositions du Conseil avaient été sanction-
nées par l'Administration supérieure qui, dans l'organisation du service mé-
téorologique de l'Observatoire, mentionne spécialement les diverses ques-
tions de physique générale et, en partictxlier, la Carie magnétique de In France.
» Aussitôt après l'arrêté du Préfet de la Seine, les terrains Arago soiii
remis régulièrement à l'Observatoire qui en prend possession et, confor-
mément aux instructions données par le Ministre de l'Instruction publique,
s'est activement occupé de l'appropriation aux usages scientifiques.
» Le r3 mai 1875, le Directeur expose que les pavillons magnétiques
sont prêts à recevoir le nouveau service, et qu'il y a lU'gence, ainsi qu'on
l'avait prévu, en raison de l'apport des grandes pièces du télescope de i'",2o.
» Le Conseil décide que les observations magnétiques seront immédia-
tement transférées dans les terrains Arago.
» L'élude du climat de la France intéresse aussi la Géographie, ainsi que
voulait bien me le faire remarquer de son côté l'un de nos confrères,
I\L Levnsseiu", également membre du Conseil de la Société de Géographie.
J'ai eu l'honneur de lui répondre, et je répète aujourd'hui que nous
n'avions pu méconnaître l'importance d'un service qui, dans le passé, a
été constitué par l'Observatoire avec l'approbation ministérielle, lors-
qu'ont été établies les Commissions départementales et les Iravatix des
lîcoles normales. Ce n'est pas lorsque le décret du i3 février nous impose
l'obligation do continuer ces entreprises, lorsque l'Assemblée nationale
i^ i55i )
vient de nous en donner les moyens, que nous [jourrioiis nous laisser dé-
tourner facilement de l'accomplissement de notre tâche.
» Sans doute les travaux s'étaient ralentis dans les dernières années,
parce que rien n'avait été publié postérieurement à l'année 1869.
» Mais, dès l'année dernière, nous avons édité et nous avons eu
l'honneur de présenter à l'Académie un volume de l'Atlas météorologique
de In Fiance, dans lequel nous avons compris avec développement les
années 1869, 1870, 1871, annonçant que nous ferions dans la présente
année un nonvel effort pour nous remettre au courant.
M J'ai l'honneur de déposer sur le Bureau de l'Académie une Circulaire
annonçant à tous nos correspondants, et en particulier à MM. les Présidents
des Commissions et aux Directeurs des écoles que, grâce aux nombreux
envois qu'ils ont faits, VJilas météorologique sera terminé lors de la réunion
du Congrès géographique.
» Une section spéciale sera réservée aux travaux de nos correspondanis.
On verra avec satisfaction que, plusieurs départements de la vallée de la
Cironde s'étant concertés, M. le professeur Lespiault a pu nous adresser
une discussion des orages concernant l'ensemble de la région.
M Notre éminent confrère du Conseil de l'Observatoire, M. Belgrand, a
bien voulu se charger de l'ensemble de la vallée de la Seine et en particu-
lier des pluies et du régime des eaux en France.
» Enfin les mesures nécessaires ont été prises pour que toutes les stations
soient munies d'instruments comparés.
■» Lorsque Washington a établi l'observation synchrone par tous pays
à 12'' 53'", temps moyen de Paris, j'ai averli mes collègues que je n'enver-
rais que des observations faites avec des instruments rigoureusement com-
parables.
» Après avoir pris les instructions du Conseil, nous avons envoyé l'iui
de nos fonctionnaires, M. Moureaux, dans les diverses stations de la France,
portant avec lui des instruments précis, rapportés aux étalons de l'Obser-
vatoire, et auxquels les Directeurs des diverses stations ont, conjointemeni
avec M. Moureaux, comparé leurs instruments.
» Quarante stations ont été déjà ainsi soigneusement vérifiées ; et, comme
les instruments de comparaison sont revenus à Paris sans avoir éprouvé de
variations, nous pouvons répondre d'une façon absolue de la précision des
observations faites dans ces stations.
)) Les stations restantes vont être immédiatement visitées et vérifiées,
conformément à l'autorisation ministérielle que je viens de recevoir sur
l'avis du Coubcil.
209..
( i552 )
» L'Académie jugera certainement qu'on peut accorder toute confiance
à un service ainsi conduit avec activité et précision par un Conseil où siè-
gent six de ses Membres. >>
PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations magnétiques exécutées dans la presqu'île
de Malacca. Lettre de M. Janssen à M. le Secrétaire perpétuel.
« Singapore, le i6 mai 1875.
» J'arrive de Siam et je profile du départ de la malle -anglaise poui-
donner de nos nouvelles à l'Académie.
» Immédiatement après l'observation de l'éclipsé, j'ai eu l'honneur d'en-
voyer un télégramme à l'Académie et au Ministre; en même temps j'adres-
tais quelques mots à notre Secrétaire perpétuel.
» Je vais profiter de la traversée pour rédiger monRap[)ort sur l'éclipsé.
» Le temps me manquerait pour analyser ici une étude, mais je dois
dire que je viens d'exécuter un travail magnétique pour fixer la position de
l'équateur (inclinaison) sur la presqu'île de Malacca, travail destiné à se
relier à celui de 1868 et 187 1 aux Indes, et qui, je l'espère, permettra
d'apprécier pour ces régions la marche du réseau magnétique depuis lluni-
boldt et Duperrey.
» L'exécution de ce travail présentait des difficultés particulières. En
effet, il n'y a point de navigation régulière sur les cotes de Siam. En de-
hors des jonques qui font le cabotage, on ne trouve que des vapeurs allant
irrégulièrement de Singapore à Bangkok, villes situées aux deux extrémités
de la presqu'île de Malacca. Or l'équateur en question passe au milieu de
la presqu'île à plus de 3oo milles de l'une et l'autre ville.
» Cette étude ne pouvait donc s'exécuter qu'à la condition de disposer
d'un navire. Le roi de Siam voulut bien mettre à ma disposition le vapeur
de guerre le Régent^ qui me conduisit à Singapore et s'arrêta aux points de
la côte que je désignai.
» L'équateurpour l'inclinaison passe actuellement entre Ligor etSingora.
» La déclinaison a également varié ; elle n'est plus celle qui est indi-
quée sur les cartes. J'ai eu la bonne fortune de trouver un méridien où
elle est actuellement nulle.
» Je remercie ici le Bureau des Longitudes pom- les instruments qu'il
m'a prêtes pour l'exécution de ce travail auquel il veut bien attacher une
certaine importance.
» Depuis notre départ de France, on n'a cessé, toutes les fois que cela
a été possible, de faire des observations météorologiques à la mer et à terre.
( i553 )
Nous avons de nombreuses séries qu'on va s'occuper de réduire et de dis-
poser pour la publication.
» Je rapporte aussi un travail sur le mirage en mer, qui conduit à d'im-
portantes conséquences pour les déterminations de latitudes par l'iiorizon
de la mer. »
PHYSIQUE. — Sur la distribution du magnétisme dans une lame mince
de grande longueur; par M. J. Jamin.
« Je me propose d'étudier la distribution du magnétisme dans un fais-
ceau, et je vais commencer par le cas le plus simple, celui d'une seule
lame large, assez longue pour être considérée comme infinie, et d'une
épaisseur égale k i millimètre. J'ai opéré sur divers morceaux extraits d'un
long ruban d'acier très-homogène. Ils avaient été trempés au rouge et je
les ai recuits successivement à des températures croissantes.
» Je les ai étudiés en mesurant les forces d'arrachement d'un contact
d'épreuve à diverses distances x de l'extrémité. L'intensité moyenne j,,
dans chaque section transverse, est exprimée, pour ces barres très-longues,
par la formule
(r) j,=A,k-.
A, représente l'ordonnée maximum à l'extrémité de la lame et A- le lap-
port des intensités en deux sections distantes de i centimètre. Les nom-
breux exemples inscrits dans le tableau suivant prouvent que k est con-
stant dans chaque cas; la formule est donc vérifiée pour toutes les lames.
Tableau n" l. — Lames d'un même acier recuit à des températures différentes.
NO
1.
NO
0
NO 3.
NO
4.
N°
5.
N" 6.
Recuit
Recuit
Rec
uit
Rec
uit
Recuit
Distance
h rextrc-
Trempé.
au ]LUinc
naissant.
au
jaune.
A,
/!
au
i«'" violet bleu.
au 1^^ bieu
naissant.
au
bleu pur.
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!'■'' blanc 2'bleu finissant, 3'' bleu finissant, Recuit Recuit Recuit
Distance virant 3^ rouge com- 4^ ''""g^com- au rouge au au
àl'extré- au rouge. mençant. mençant. naissant. rouge. rouge blanc.
''' ' A, k A, k A, k A, k A, k A, k
o" 6,70 » 6,70 > 6,80 " 7,35 » 7,40 3 3,90 »
1 5,72 1,17 5,5o 1,20 5,65 i,ai 6,5o i,i3 6,20 1,17 3,35 i,i6
2 4>^4 '>i8 4'^3 1,18 5,00 1,12 5,72 i,i4 5,22 1,19 2,85 1,14
3 4)09 '>'S 3,88 1,19 4'42 i)i3 4>35 i,i5 ^,5Ç) 1,14 2,4* i,i8
4 3,39 1,20 3,i5 1,16 3,60 1,23 4i20 1,18 3,92 1,16 2,00 1,20
5 2,77 1,23 2,63 1,23 2,95 1,22 3,67 i,i5 3,42 i,i4 1,70 1,17
6 2,28 1,21 2,12 1,33 2,38 1,23 3,17 i,i5 2,92 1,17 1,45 1,16
7 1,85 1,24 1,65 1,25 1,86 1,28 2,70 1,17 2,55 1,14 i,35 1,07
8 i,5o 1,23 1,35 1,22 1 ,5o 1,25 2,3o 1,17 2,18 1,16 i,i5 1,17
9 1,20 1,24 i>i5 1,26 1,19 1,25 1,95 i,i5 1,84 1,18 0,95 1,10
10 0,95 1,35 0,95 1,21 0,98 1,21 «I » 1,60 i,i5 0,85 i,it
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12 0,68 1,30 0,75 " 0,70 i,i5 » » » » » »
Moyenne.. 1,21 1,21 1,19 1,16 i,i5 i,i4
» La valeur de A- diminue continûment, à niesure que la lame a été re-
cuite à une température plus élevée ; par conséquent la courbe magnétique
s'allonge de plus en plus. Cela veut dire que la conductibilité magnétique
augmente avec le recuit, j peut être pris comme mesure de celte conducti-
bilité.
» Quant à la constante A, qui représente l'ordonnée à l'extrémité, elle
augmente avec la température du recuit depuis la valeur 4, lo, qui répond à
l'acier trempé, jusqu'à 7,40 quand il a été recuit au rouge; par conséquent
les courbes des intensités mesurées s'élèvent en même temps qu'elles s'al-
longent.
M Une dernière lame n° 12 qui a été recuite au rouge blanc pendant très-
longtemps offre une valeur décroissante de A, : cela peut venir ou bien de
ce qu'elle a été décarburée dans le fourneau, ou bien de ce qu'elle n'était
pas assez longue. Le résumé des valeurs de A, et de X .se trouve dans le
tableau suivant:
Takleau n° 2.
A,. k. I\l. M log A. ^'A,.
Acier n" 1 trempé 4:io ^ A"^ '^,5 2,5i 8,27
» 2 recuit au jaune naissant 4»"' ijjo 17,0 2,48 8,o4
» 3 au jaune ^>90 i »37 20,7 2,83 n ,08
» 4 violet IjIcu 6,35 1,28 25,5 2,73 10, 4o
» 5 au bleu i petite lame) 5, 18 1,28 '9)5 2,09 8,49
( i555 )
A,. h. M. MIog/(. ^••A,.
Acier n" 6 au bleu pur 6,i5 i ,27 25,7 2,67 9j92
» 7 1^'' blanc virant au rose 6,70 1,21 27,5 2,28 9>55
5 8 2'bleufinissant,3''rougecon)niençant. 6,70 i ,2t 27,8 2,3o 9,81
» 9 3^ bleufinissant,4'^rouge commençant. (3, 80 Iî'9 33, o 2,5o 9^62
» 10 recuit au rouge sombre 7î35 1,16 35,5 2,33 9,5g
» 10 iw au rougc-cerise 7>4° i,i5 36,5 2,22 9j79
» 11 au rouge franc 7)4° i,i5 37,0 2,25 9)79
11 12 au blanc .. 3, go iji4 18, 5 i,o5 5, 10
» En observant les courbes des intensités, on reconnaît immédiatement
que, prolongées au delà de la lame potu' des abscisses négatives, elles se
rencontrent toutes en un même point qui correspond k x= — 2, pour
lequel la valeur de j", est A, k-. Le calcul prouve en effet que le produit
A, k- est le même pour toutes les lames, excepté la dernière. Les résultais
se trouvent dans la dernière colonne du tableau précédent. Posons
A,A-^A, et toutes les courbes d'intensité sont représentées par la
relation
(2) J. = A, k^k-^^--^'^ = AA-(-^'+-',
dans laquelle A représente la puissance magnétique de l'acier. Ce coeffi-
cient change avec la composition chimique; mais il ne varie pas avec
l'état physique, c'est-à-dire avec la trempe ou le recuit. Au contraire,
-r augmente pour tous les aciers avec la température du recuit : c'est le
coefficient de la conductibilité. A et k sont deux constantes indépen-
dantes : l'une caractérise la substance même, l'autre son état physique.
Telles sont les lois expérimentales de l'aimantation d'une lame mince et
longue. Cherchons-en lîiaintenant la signification théorique.
» Quand on inesure par le contact d'épreuve la force d'arrachement en
un point qtielconque, on mesure un effet complexe, car ce contact attire
au-dessous de lui non-seulement le magnétisme qui se trouve siu- les
points qu'il couvre, mais aussi une partie de celui qui était répandu sur les
points voisins; et cette action s'étend d'autant plus loin que la conductibi-
lité magnétique de l'acier est plus grande (i). L'intensité mesurée j', est
donc égale à l'intensité ^ qu'on trouverait pour une conductibilité égale
à l'unité multipliée par une fonction de k,
laquelle fonction sera déterminée' tout à l'heure. Or, puisque la condiicti-
(i) J'ai démontré ce résultat dans un de mes précédents Mémoires.
( i556 )
bilité d'un même acier croît avec le recuit qu'il a subi, les valeurs de y,
doivent augmenter sans qu'on puisse affirmer que les intensités vraies j-
auemenfent ou restent constantes ou décroissent.
» Comme la quantité k exprime le rapport de deux intensités r, obser-
vées en des points distants de l'unilé sur le même acier, il est indépendant
àe /{k) et mesure le rapport des intensités vraies _^. Il n'en est pas de
même de l'intensité à l'origine, A,.
» Elle est égale à Aj{k), en désignant par A l'ordonnée vraie, et il se
peut que l'augmentation éprouvée par A, sous l'action du recuit provienne
uniquement de l'auguientation de conductibilité. Pour résoudre la ques-
tion, il faut employer une métbode de mesure indépendante de cette cause
de variation.
» J'ai cboisi celle qui a été proposée en 1849 P^^' ^^" Rees. Elle consiste
à enfiler l'aimant dans une bobine très-courte de fils conducteurs reliés à
un galvanomètre, à déplacer rapidement celle bobine de x k x' et à me-
surer l'arc d'impulsion du courant d'induction qui se produit.
» Suivant Faraday et Lenz, cet arc ne dépend que des lignes de force
magnétique coupées par la bobine, et qui partent des points situés entre
X &\. x' \ il est donc proportionnel à la quantité de magnétisme comprise
entre x et x\ et indépendant de la forme de la bobine, pourvu que celle-ci
soit suffisamment serrée contre l'acier. Cette métbode a été adoptée sans
modification par M. Gaugain, qui en a admis le principe sans le démontrer
plus que ne l'avait fait Van Rees.
» Récemment, M. Blondlot a rigoureusement établi que la méthode de
Van Rees n'est exacte que pour un seul cas, celui où l'aimant est très-long
et où la bobine est transportée rapidement depuis la ligne moyenne jus-
qu'à l'extrémité d'abord, et de là à l'infini ensuite. Dans ce cas, l'arc d'im-
pulsion mesure la totalité M de l'aimantation. Les valeurs de M se trouvent
dans la troisième colonne du tableau n° 2.
» D'autre part, appelons A la valein- vraie de l'ordonnée à l'origine;
nous obtiendrons une deuxième évaluation du magnétisme total en inté-
grant l'expression jy/x de zéro à l'infini, et comme celte évaluation ne sera
pas rapportée à la même unité que la précédente, nous l'exprimerons par
le produit de M par une constante a.
Ma
d'où
rAA.-v.-=A,
13) i = M/.i,
( '557 )
les valeurs de MlogA ont été calculées et inscrites dans la troisième coloiine
du tableau n°2, et l'on voit qu'elles sont très-sensiblement constantes.
D'où il suit que la valeur vraie A de l'ordonnée à l'origine est constante
pour le même acier, quel que soit son degré de trempe. Le coefficient A,,
qui avait été trouvé par la méthode du plan d'épreuve est fonction de la
conductibilité, et son augmentation par le recuit ne provenait que de l'aug-
mentation de la conductibilité.
» Il faut maintenant trouver le rapport de A, à A ou f{k). Or je dis
que A, doit être égal à — • En effet, - exprime le coefBcient de conduc-
tibilité dansnn aimant linéaire, et — représentera le coefficient superficiel
dans toutes les directions autour d'un point sur le plan d'iui aimant; or
l'intensité observée A, devra être proportionnelle à ce coefficient et par
conséquent égale à -r,- On devra donc avoir
A = A,/.^
Or nous avons trouvé déjà que cette quantité est constante, nous voyons
maintenant qu'elle exprime l'ordonnée vraie à l'extrémité de la barre. D'où
il suit que l'expression de l'ordonnée vraie j' eu un point quelconque sera
(4) j = A,kH~'=Ak-'',
celle de l'ordonnée observée étant
j, = A,/t-^= A^-'^'+*'.
» Pour classer les aciers au point de vue magnétique, il faudra donc
les réduire en lames longues dont l'épaisseur sera égale à t millimètre. On
mesurera A, et A". A, A' sera l'ordonnée vraie A à l'origine; elle représentera
la puissance magnétique de l'acier; elle ne dépendra que de la composition
chimique; on ne pourra la faire changer ni par le recuit, ni parla trempe.
» La deuxième constante A est à la disposition du constructeur, elle
augmente par la trempe, elle diminue par le recuit.
» La force attractive exercée à l'extrémité de la barre sur un contact de
fer, est proportionnelle à y], ou a (-n) ; elle augmente pour un même
acier quand on le recuit, elle diminue quand on le trempe.
I) La hauteur de la courbe magnélique vraie à l'extrémité de la barre est
invariable et égale à A; mais la hauteur mesurée par le contact d'épreuve
est pi elle augmente avec le recuit.
C.B., 1875, t" Semestre. {T. LXXX, N" 2S.) ^^'^
( i558 )
» A mesure que k diminue par le recuit, la courbe magnétique s'allonge;
l'acier qu'on emploie devra donc être d autant plus long qu'il sera plus
recuit : autreinent, il ne pourrait contenir la totalité de magnétisme dont il
est capable. C'est ce qui arrive pour l'acier n° 12 du tableau précédent.
A
» I^a quantité de magnétisme totale est t-t, elle augmente avec le recuit;
la quantité mesurée par le contact d'épreuve augmente plus rapidement
encore, elle est -r-r-r'
» Si l'on veut faire des aimants exerçant de grandes actions au contact, il
faut prendre des aciers recuits, mais il les faut très-longs. Si l'on a besoin
d'exercer des actions à distance, on peut employer des aciers courts et for-
tement trempés. »
MÉTÉOROLOGIE. ~ 1° Sur (a trombe de Cliâlons; 2° examen des Jaits
et conclusion; par M. Faye.
« J'ai parlé à plusieurs reprises de l'ensemble des documents que nous
possédons sur les trombes. Cet ensemble est vaste et riche en excellentes
observations. En voici un nouvel exemple tout récent :
H Le 19 septembre 1874, après une chaude et lourde journée, lorsque le
ciel était successivement envahi par des nuages orageux, une trombe d'une
violence inouïe se montra, vers 5 heures, à 7 kilomètres sud-sud-est de Chà-
lons, s'abattit, à travers la vallée de la Marne, sur la commune de Moncelz,
qu'elle parcourut dans toute son étendue, du sud-ouest au nord-ouest, dé-
truisant tout sur sou passage, arbres, murs et maisons ; une femme a été
écrasée par des ruines; beaucoup d'animaux ont péri ; plus de 2000 arbres
forestiers ont été déracinés ou brisés à quelques mètres du sol. M. Duretesle,
Ingénieur en chef du service de la navigation, a visité plusieurs fois le théâtre
de ces désastres ; il en a fait relever le plan ci -joint à l'échelle de yvoûô ^' ^^'
terminer la direction des arbres abattus ; enfin il a recueilli les dires des té-
moins, et particulièrement d'une bande de scieurs de long qui se trouvaient
sur les lieux. Je lui laisse maintenant la parole :
o Au milieu d'un calme parfait, tout à coup un bruit extraordinaire s'est fait entendre
versle sud-ouest. Ils ont vu l'air obscurci par de la poussière, des branches d'arbres tourbil-
lonnant avec violence et sillonné par des éclairs. En un instant, tous les arbres environ-
nants ont disparu, brisés, emportés par la tempête. Une pluie abondante a suivi et tout est
rentré dans le calme. Ces hommes comparaient le passage et les effets de la trombe à une
décharge d'artillerie : même violence, même rapidité. Toutes les autres personnes interro-
( "559 )
gées ont donné des renseignements analogues. Quant aux détails recueillis sur place par
moi et par d'autres personnes très-aptes à les juger, les voici : Pour atteindre la vallée de la
Marne, la trombe a suivi une petite dépression du sol et a acquis alors toute sa violence,
comme le ferait une niasse d'eau à l'aval d'un barrage de retenue. Un voiturier a été enlevé
et sa voilure renversée sur la rive gauche de la Marne en A' (plan). En A, rive droite,
5 peupliers de i'",io de circonférence ont été rompus à 3'",5o du sol. En B, 3 peu-
pliers plus forts ont été abattus dans une direction perpendiculaire à celle des aibres A.
Dans cette région, jusqu'au canal latéral de la Marne, la zone atteinte a à peine 200 mètres
de large. L'herbe est couchée sur le sol dans la direction des arbres A. En D, 4 peu-
pliers rompus, dont un de 1"', 70 de circonférence. En E, ligne d'arbres rompus; la
zone atteinte n'a ici que 100 mètres de large et va plus loin en s'élargissant. Sur les deux
rives du canal et sur 100 mètres de largeur, il n'est pas resté un arbre; 170 ont été déra-
cinés ou brisés; leur direction a été sensiblement la même. En F', un bois épais a été épar-
gné. En G, lit d'une petite rivière dont les bords sont très-boisés, presque tous les arbres
sont abattus ou rompus. En H, bois de pins sylvestres, les arbres sont abattus et forment
des amas présentant le plus grand désordre; des troncs de o™,4o de diamètre sont tordus
et réduits à une masse de fibres disjointes. En I, 2 peupliers énormes ayant une culasse
commune cubant avec la terre environ 8 mètres cubes ont été renversés. Les maisons du
groupe l'I" ont été démolies et leurs débris lancés au loin; une femme a été écrasée sous
leurs débris. Une poutre en chêne de 10 mètres de longueur sur o'^jSo et o'^jaS d'équar-
rissage a été arrachée et portée à 5o mètres de distance. Jusqu'à la ferme de Fougeras, on
ne rencontre plus que des débris; à la ferme, un mur de clôture est renversé, les toitures
enlevées. Au nord, un bois de pins sylvestres de 600 mètres sur 5o à 60 mètres de largeur
est détruit; il ne msle pas un seul arbre debout. Ils toinbent dans toutes les directions et,
de place en place, sont accumulés en pyramides. Dans la même direction, à 12 kilomètres
de là, la trombe a encore exercé ses ravages, mais moins marqués; je n'ai d'ailleurs pas
vérifié.
» Mon impression a été que tous ces désastres étaient dus à une colonne d'air en mouve-
ment vers le nord-est, possédant un mouvement gyratoire extrêmement rapide, de manière
que le MV^ était énorme. La colonne s'appuyait sur le sol comme l'indiquent les traces
de son passage sur les chaumes et les herbes. On ne peut mieux comparer l'aspect des
lieux après l'orage qu'à une trouée faite par une puissante artillerie. Un examen plus attentif
fait voir que le mouvement gyratoire a joué le plus grand rôle. Cette trombe s'est formée
avant d'atteindre la vallée de la Marne ; mais il est probable que sa puissance s'est développée
quand, pour atteindre cette vallée, elle est descendue d'environ 4° mètres, comme l'eût fait
une chute de pareille hauteur. Il résulterait de là que la trombe a une composante de haut en
bas, et que son origine doit être dans la région supérieure de l'atmosphère. »
» Trombes. — De l'ensemble des faits relatifs aux trombes de Vendôme,
de Caen, de Chàlons et à toutes celles dont j'ai pu étudier antérieurement
les relations (à terre ou en mer), il résulte que les trombes sont dues à un
violent mouvement gyratoire à axe vertical, qui descend des nuées sous la
iigin-e d'un vaste entonnoir, ne s'arrête qu'au moment oii il atteint robstacle
2o!à..
( i56o )
du sol, et exerce alors sur lui ses ravages circulaires. Si le sol présente utie
dépression, la trombe s'allonge verticalement en bas et le rejoint ; ce mou-
vement descendant est lié d'ailleurs à la violence de la gyration, car, lorsque
celle-ci s'affaiblit, la trombe cesse de descendre ou même semble remonter,
et interrompt momentanément ou cesse tout à failles ravages. Enfin ces phé-
nomènes se rattachent visiblement, parleur partie supérieure, aux courants
d'en haut qui amènent les orages sur l'horizon du lieu considéré, et non
aux couches basses de l'atmosphère, car celles-ci sont souvent caractérisées
par un calme parfait, tandis que les trombes marchent au sein de ces
couches immobiles, avec la direction et à peu près la vitesse de_ l'orage
(généralement chez nous du sud-ouest au noid-est). Ils suivent donc la
marche des courants supérieurs et se propagent avec eux, preuve palpable
qu'ils ont dans ces courants leur origine et leur cause première.
» Si l'on a eu quelque peine à se figurer ainsi les choses, c'est qu'on n'a
jamais considéré l'analogie qui rattache, au point de vue mécanique, les
trombes aux tourbillons à axe vertical de nos cours d'eau. Ceux-ci, bien
faciles à observer et bien plus coniuis, naissent, on le sait, aux dépens des
inégalités de vitesse de ces courants, se propagent et vont affouiller le lit des
fleuves par un travail circulaire. Personne n'ignore que ces tourbillons sont
descendants et affectent comme les trombes la forme d'une cône renversé
ou même d'un entonnoir.
» Tornndos. — Il en est absolument de même des tornados. Étudiés sur
les faits, comme les trombes, sans parti pris, sans idée préconçue, ils ne
différent des trombes que par leur diamètre beaucoup plus grand, leur
plus grande durée et leur plus long parcours ( i ). Leur rotation qui, sur
notre hémisj)hère, s'opère de droite à gauche comme dans les deux pre-
mières trombes que je viens de citer, est tout aussi violente; seulement les
ravages qu'elle produit sont plus étendus et, (juand une trombe comme
celle (le Caen casse ou déracine 3oo ou 4oo arbres, il est tel tornade
qui, aux États-Unis, en a cassé ou déraciné 5oooo.
» Quant à leur mouvement de translation, il est exactement de même
(i) J'ai cité lis faits relatifs aux tornados des États-Unis dans les Comptes rendus.
Je ri'yivttfi de ne pouvoir jjrésenter ici la doscriplion des tornados marins bien plus grands
de la côte d'Afrique. On trouve sur ce point un excellent résumé dans l'ouvrage de M. le
D"' Reye, au chapitre intitulé; Gleichartighcit <hr Weltersàulcn, Scc-Tornados und Cyclo-
iicri, c'est-à-dire identitc des trombes, tornndos et cyclones. C'est cette même identité que
j'établis ici (mais à un autre point de vue que celui de M. Reye), parce que M. Peslin l'a
contestée devant l'Académie.
( i56i )
nature, et il est dû pareillement à celui des couches supérieures d'où l'on
voit pendre le tornado d'une hauteur évaluée parfois à un mille anglais,
c'est-à-dire à 1600 mètres. Ainsi les tornados sont des trombes démesu-
rées; nous allons voir, également par les faits, que les typhons et les oura-
gans, à leur tour, sont des espèces de tornados gigantesques.
» Typhons et ouragans. — Ici je n'ai pas eu besoin de réunir ni d'exposer
les faits : ce travail énorme a été exécuté par les auteurs des lois des tem-
pêtes qui ont eu la sagesse de mettre décote les idées personnelles, les théo-
ries sur la cause ou l'origine des tempêtes. Peu soucieux de savoir si elles
sont d'aspiralion ou d'impulsion, etc., ils ont uniquement cherché leur
manière d'être et de se propager, absolument comme nous venons de le
faire pour les trombes. Leur procédé très-simple consistait à reporter sur
des cartes, pour une heure déterminée, les directions du vent observées en
mer par tous les navires engagés dans l'ouragan à cet instant. On pose
ensuite sur ces cartes >m transparent portant des circonférences concen-
triques, et on le déplace en tâtonnant jusqu'à ce que les flèches du vent se
trouvent placées sur ces circonférences. Dans les cyclones complets, ces
tâtonnements réussissent, non pas quelquefois, mais pour toute la durée de
la tempête et en quelque lieu que son centre soit venu se placer par l'effet
du mouvement de translation sur une courbe d'ailleurs très-régulière. J'ai
donné quelques exemples de ce curieux mode de discussion des faits dans
V Annuaire du Bureau des Longitudes pour iS-jB.
M Sans entrer pour le moment dans l'examen de certaines déviations
constatées dès l'origine, anomalies que l'on voudrait aujourd'hui faire
considérer comme le cas normal, et sans s'arrêter à critiquer sous certains
rapports le procédé employé, il faut reconnaître que celui-ci est parfaite-
ment propre à mettre en évidence lu figure des ouragans, s'ils sont réelle-
ment constitués par des gyrations sensiblement circulaires autour d'un
axe vertical et animées d'un mouvement commun de translation. Or, en
fait, presque tous les typhons et ouragans ainsi étudiés par Piddington,
Keid et Redtield, etc., ont présenté cette figure-là avec un sens de rotation
identique à celui des tornados (sur le même hémisphère bien entendu).
La confiance inspirée par des résultats d'une simplicité si frappante, indé-
pendants de toute vaine hypothèse, a été telle, qu'on en a déduit aussitôt
les règles de manœuvre adoptées jusqu'ici, en cas de danger, par tous les
navigateurs.
» Si l'on joint à ces traits communs les caractères que nous avons
reconnus plus haut aux trombes et tornados, grâce à la facilité que nous
( I 562 )
présente la moindre amplitude de ces phénomènes, d'avoir leur origine
dans les courants supérieurs et d'être constitués par des gyralions descen-
dantes, on fera disparaître la seule difficulté que le célèbre Maury ait
opposée à ces résultats. Maury, qui, du reste, n'a proposé aucune théorie
des cyclones, avait peine à concevoir que ces disques aériens fussent ani-
més à la fois d'un mouvement gyratoire et d'un mouvement de translation
malgré l'obstacle du sol (i); je le crois bien! mais nous savons aujourd'hui
que ce ne sont pas les cyclones qui possèdent par eux-mêmes et qui régénèrent
cette doubleforce de gyration et de translation, mais bien les énormes fleuves
aériens où ils prennent naissance par en haut. C'est à ces vastes courants
supérieurs qu'appartient la vitesse moyenne du transport ; c'est dans les
inégalités de vitesse de leurs diverses tranches que se trouvent la cause et
l'aliment de ces gyrations redoutables dont la force vive va s'épuiser inces-
samment sur le sol ou sur la mer.
» Tel est l'ensemble de notions que nous fournit l'étude impartiale des
faits, en dehors de toute hypothèse. Concluons -en que les ouragans,
typhons, tornados et trombes sont des mouvements tournants, c'est-à-dire
des cyclones qui ne diffèrent essentiellement entre eux, au point de vue
mécanique, que par leurs dimensions. Et à cette vérité depuis longtemps
démontrée et admise, qu'on n'a contestée récemment que dans un intérêt
passager de discussion, j'ajoute que, comme le mouvement gyratoire est
manifestement descendant dans les petits et moyens cyclones, il doit en
être de même dans les cyclones plus grands. Ceux-ci, pas plus que
les cyclones de moindre diamètre, ne sont donc pas dus à une aspiration
quelconque, à un mouvement ascendant et centripète des couches infé-
rieures, ainsi qu'on l'a gratuitement supposé.
» Terminons par quelques remarques. La théorie a priori des phéno-
mènes tourbillonnaires est une question de Mécanique rationnelle tout
aussi bien que la théorie a priori des mouvements célestes. Cette science
n'étant pas aujourd'hui en état d'aborder les mouvements gyratoires des
fluides, même dans le cas simple où l'axe est permanent et vertical, l'étude
(i) After much study, I find some difficulties about the cyclone theory that I cannot
overcome. They are of this sort. I cannot conceive it possible to hâve a cyclone with a
revolving and travelling disk looo to 5oo miles in diameter, as the expounders of the
theory hâve it. Is it possible for a disk of such an attenuated fluid as conimon air, having
looo miles in diameter, with its less than waferlike thickness in comparison, to go travelling
over the earth's surface, and whirling about a centre with tornado violence? ( Maury, Pliysi-
ctil Gcographr of the se a.)
( i563 )
n posteriori expérimentale, comme s'exprime M. Chevreul, autrement dit
l'étude directe des faits en dehors de toute idée préconçue est seule possible
et légitime actuellement. Dans ces conditions, toute tentative n priori est
condamnée d'avance à recourir à l'artifice des hypothèses. En fait, celle des
tempêtes d'aspiration, avec afflux centripète en bas remontant violemment
au centre en colonne ascendante, a été suggérée, qu'on en ait eu conscience
ou non, par le vieux préjugé des trombes qui pompent, dit-on, jusqu'aux
nues l'eau de la mer. Nous devons donc nous attendre à ce qu'elle ne
représente guère les pliénomènes. M. Espy et le D' Reye ont soutenu,
comme le faisait dernièrement M. Peslin, qu'elle avait le privilège exclusif
de rendre compte des pluies torrentielles qui accompagnent si souvent les
cyclones: c'est une erreur; mais voici qui est plus grave et, si je ne me
trompe, complètement décisif.
M Nous venons de voir qu'en étudiant les tempêtes sans idée préconçue
on a reconnu qu'elles consistent toujours en un vaste mouvement tournant
autour d'un centre qui lui-même se déplace. Cela se dit encore tous les
jours. La théorie, au contraire, où quelques-uns admettent une certaine
dose de mouvement gyratoire, affirme a priori que, de tous les points de
l'horizon, le vent, dans les régions inférieures, doit souffler vers le centre;
elle voit partout des tempêtes centripètes, parce qu'elle a pris pour point
de d«part l'hypothèse de l'aspiration. Il y a donc contradiction radicide
entre la théorie et ces lois expérimentales, c'est-à-dire avec une masse im-
mense de faits. Quel parti prendre? renoncer à la théorie? Non, on rejet-
tera tout le tort sur les lois; on soutiendra que ce sont elles qui sont fausses;
on est même parvenu dernièrement à leur trouver deux cas d'exception
dans les parages de l'ile Maurice, deux cas où, dit-on, en dépit des cyclo-
nomistes de l'ile voisine de la Réunion qui, témoins du phénomène, sou-
tiennent le contraire, la tempête n'était pas tournante, mais centripète.
» Ce n'est pas tout : de ces lois on avait déduit de précieuses règles de
manœuvre (i). Ces règles sont donc fausses aussi? Alors il serait indispen-
sable de les remplacer. Soit, on les remplacera, et d'abord on enseignera
aux marins qu'ensuivant le vent ils n'auront pas le danger par le travers,
à bâbord ou à tribord selon l'hémisphère, comme tout le monde le croyait
naguère d'après l'étude directe des faits, mais à l'avant. Pour le reste, il est
vrai, après avoir bien cherché, force a été d'avouer que la théorie n'indi-
(i) Cela ne s'adresse pas à mes adversaires précédents avec qui j ai ou l'iiouneur de dis-
cuter les questions théoriques, mais non des rùj^Ies de manœuvre.
( i564 )
quait plus rien de déterminé ni d'applicable en mer, mais cela tient, dit-on,
à la nature même du problème et non à la théorie. C'est au marin à se
tirer d'affaire selon l'inspiration du moment. Je me trompe, après l'avoir si
bien renseigné sur la direction où se trouve le danger qui le menace, on lui
donne sérieusement à entendre qu'il ferait bien de renforcer et d'élayer le
pont de son navire pour que celui-ci, condamné qu'il est à avoir ses écou-
tilles closes pendant la tempête, n'éclate pas sous l'aspiration du cyclone,
comme le ferait une vessie placée sous le récipient de la machine pneuma-
tique. Et tout cela est logique, tout cela tient à ce que la belle et grande
science météorologique poursuit ici une tâche impossible, celle d'assigner
a priori des lois aux tempêtes et de guider les navigateurs en danger à l'aide
d'une hypothèse qui prend les faits juste au rebours de la réalité. Telles
prémisses, telles conclusions. »
CHIMIE. — Sur le partage d'un acide entre plusieurs bases dans les dissolutions ( i ) ;
par M. Berthelot.
« 1. C'est une question souvent agitée que celle du partage des acides et
des bases dans les dissolutions. BerthoUet, qui posa le premier la question
d'une manière générale, admettait que chaque acide (et chaque base) avait
dans l'action « une part déterminée par sa capacité de satiu'ation et sa
» quantité », c'est-à-dire par sa masse chimique. A poids égaux, nous dirions
aujourd'hui que chaque corps agit en raison inverse de son équivalent;
tandis que, si les deux bases sont employées sous des poids équivalents,
elles prendront chacune la moitié de l'acide antagoniste. Telle est, je crois,
la traduction exacte du langage de BerthoUet, lequel exclut formellement
toute idée d'une affinité élective ou d'un coefficient spécifique.
)) Mais le partage ne peut subsister que si les deux bases et les deux sels
qu'elles forment demeurent dissous : si quelqu'un de ces corps est éliminé,
par volatilité ou insolubilité, un nouveau partage se reproduit au sein des
liqueurs; par suite, une nouvelle élimination, et ainsi de suite, jusqu'à ce
que la totalité du composé éliminable soit sorti du champ de l'action chi-
mique. Tels sont les principes de la Statique chimique de BerthoUet.
» Gay-Lussac invoquait le même mécanisme, en se plaçant à un point
(i) Voir mes Recherches sur le partage d'une base entre plusieurs acides dans les dissolu-
tions [Annales de Chimie et de Physique, 4" série, t. XXX, p. 4^6); Recherches sur les sels
métal/irjues (4' série, t. XXX, p. i45 ), et Sur la rcdissolutiun des précipités (même Re-
cueil, 5" série, t. IV, p. 2o5).
( i565 )
(le vue différent. Il admettait dans les dissolutions une sorte de pêle-mêle,
à" équipa llence des bases et des acides uniformément répartis, les composés
qui se manifestent ne prenant naissance qu'au moment où ils sont séparés
par insolubilité, cristallisation ou volatilité.
» 2. Ce sont ces opinions que j'ai entrepris de soumettre au contrôle
des méthodes thermiques, eu ce qui touche les bases, comme je l'ai déjà
fait pour les acides et pour les oxydes métalliques.
» J'ai choisi deux bases solubles, qui dégagent des quantités de chaleur
inégales eu s'unissant avec un même acide, telles que la soude et l'ammo-
niaque en présence de l'acide chlorhydrique; la différence entre ces quan-
tités de chaleur, mesurées directement à 23°, 5, dans des conditions don-
nées de concentration, a été trouvée égale à -H i*^"',i2.
» Cela posé, mélangeons à équivalents égaux une solution de chlor-
hydrate d'ammoniaque et une solution de soude, prises à la concentration
et à la température définies,
AzH% HCl(i^'i=2"")4-NaO(i^i= 2"') à 23°,5.
» J priori, plusieurs cas peuvent se présenter, correspondant aux diverses
théories :
» i" S'il y a partage en proportion égale (théorie de Berthollet), on devra
observer un dégagement de chaleur égal à H ~ = + o*^°',56;
» 2° Si la loi du partage est différente, on observera une quantité diffé-
rente, mais toujours moindre que +1,12;
» 3° S'il y a équipollence, on ne devra, ce semble, observer aucun
phénomène thermique, ou du moins aucnn phénomène qui soit en relation
avec un déplacement pur et simple;
» 4° Enfin, si la soude s'empare de la totalité de l'acide chlorhydrique,
en mettant en liberté la totalité de l'ammoniaque, on devra observer un
dégagement de -4-1*^°', 12.
» 3. Or l'expérience m'a donné pour cette réaction, à 23", 5 : + i*^'',07.
La limite d'erreur des essais étant =to,o4, ce chiffre se confond avec
4-1,12. La faible différence observée — o,o5 pourrait s'expliquer d'ail-
leurs par l'influence purement physique qu'exerce l'ammoniaque sur une
solution de chlorure de sodium. En fait, à 23", 5, j'ai trouvé
AzH''(i^''= 2'")+ NaCl(i'^i= 2''') absorbe - o,o5.
» Sans nous arrêter à cette faible influence secondaire, nous pouvons
C. R., .°^S, I" Semestre. (T. LXXX, N» 2B.) 204
( i566 )
doiïc conclure que, la sonde et l'ammoniaque étant mises à équivalents
égaux en présence de l'acide chlorhydrique, la soude prend tout l'acide
(ou sensiblement tout).
» On peut aciiever de démontrer l'exactitude de cette interprétation en
faisant varier les proportions relatives des corps réagissants : i , 2, 3 équi-
valents d'ammoniaque en excès n'empêchent pas la décomposition totale
(on sensiblement) du chlorhydrate d'ammoniaque par la soude, conune le
prouvent les mesures thermiques. Tandis que, d'après la théorie de Ber-
thollet, la présence de 4 équivalents d'ammoniaque, par exemple, aurait dû
réduire le déplacement au cinquième, et la chaleur dégagéeà H ^r— = 0,22.
» Est-il besoin de dire que la présence d'un excès de soude ne change
non plus rien au résultat? Enfin le déplacement total peut être également
vérifié en présenccrd'un excès de chlorhydrate d'ammoniaque, comme d'un
excès de chlorure de sodium.
» 4. Cet ensemble d'observations prouve qu'il s'agit d'une réaction chi-
mique, limitée à un terme défini par le rapport équivalent de la soude qui pro-
duit l'action, c'est-à-dire qu'il s'agit du déplacement pur et simple d'une
base par l'autre. Les sels doubles n'y jouent aucun rôle, non plus que le
changement de dissolvant, comme le démontrent, d'une part, l'absence
d'influence exercée par un excès quelconque de l'un des quatre corps réa-
gissants, et d'autre part la mesure des quantités de chaleur dégagées.
» 5. J'ai reproduit les mêmes expériences avec plusieurs autres sels am-
moniacaux (sulfate, azotate); j'ai également opéré avec une base alcaline
différente, la potasse. Les résultats s'accordant exactement avec ceux que
fournil la soude, je crois superflu de les transcrire ici.
» 6. Non-seulement l'ammoniaque est déplacée dans ses sels dissous par
la potasse et la soude, bases solubles, mais on peut également opposer
l'ammoniaque à une base insoluble, telle que l'hydrate de chaux, déjà com-
biné avec l'acide chlorhydrique. Que doit-il arriver dans cette circonstance?
D'après la théorie de Berthollet, il y aura partage au premier moment; puis
la chaux, étant insoluble, devra se précipiter et, par suite, la formation
s'en reproduira jusqu'à séparation totale.
)i Or ces prévibions sont contredites j)ar l'expérience. En effet, l'ammo-
niaque ne précipite pas le chlorure de calcium, tandis que la chaux se dis-
sout en fait dans le chlorhydrate d'ammoniaque,
)) S'agit-il donc ici de«la formation d'un sel doublePoude l'influence
exercée par un changement de dissolvant?
( '567 )
» 7. l'our établir la nalure réelle de la réaction, j'ai fait les expériences
siiivanles : Je précipite la chaux dans le chlorure de calcium, au niciyen de
la soude, opération qui a pour but d'obtenir de l'hydrate de chaux
exempt de toute impureté, ce qu'il n'est pas facile de réaliser autrement;
j)uis je redissous l'hydrate de chaux au moyen du chlorhydrate d'ammo-
niaque, employé par fractions successives, afin de trouver la limite exacte
du phénomène. J'opère d'ailleurs en faisant varier les proportions relatives
des composants du système. Enfin je mesure chaque fois les quantités de
chaleur mises enjeu.
» J'ai reconnu d'abord que la redissolution totale de i équivalent d'hy-
drate de chaux s'opère exactement (i)au moyen de i équivalent de chlor-
hydrate d'ammoniaque, et cela, quels que soient les excès relatifs des quatre
composants. En outre,
Cal
1" CaCl(i'^'ï= a'") -t-NaO (i"i=; ?.'")absorbe— I ,i8 i
2° L'addition de AzH%HCI (l'^i = 2'") dégage +2,24 \ """"'^ *"''"
n Analysons ces résultats.
» 1° IjI première opération (précipitation de l'hydrate de chaux parla
souile) est conforme à la théorie de Berlhollet. Elle absorberait fort peu de
chaleur ( — 0,1 à — 0,2 au plus) si toute la chaux demeurait dissoute. Mais
la précipitation de l'hydrate de chaux donne lieu à une absorption très-
notable ( — Jji^); ce qui s'explique, parce que l'hydrate de chaux est un
corps qui se dissoudrait dans l'eau en dégageant de la chaleur (+ i*^"', 5 en-
viron, d'après mes expériences, pour i équivalent dissous dans 20 litres
d'eau). En tenant compte de la proportion de chaux demeurée dissoute
dans l'eau employée, on peut vérifier que la chaleur absorbée concorde
sensiblement avec la donnée précédente (2).
» 2" La seconde opération (redissolution de l'hydrate de chaux dans le
chlorhydrate d'ammoniaque équivalent) dégage exactement la quantité
de chaleur calculée dans l'hypothèse d'une substitution pure et simple de
l'hydrate de chaux, base presque iusohdjle, à l'ammoniaque, b: se soluble,
(1) En tenant coniple de la solubilité propre de la cLaux dans IVau, qui est trùs-ptiilr.
(2) Celte absorption de chaleur est due à l'intervention cIlui changement d Ctat et aux
actions propies du dissolvant. Au contraire, la léaction calculée pour les coi ps solides,
])ris dans des états physiques et chimiques correspondants, dégagerait de la chaleur. Le
calcul en est facile pour les hydrates alcalins et terreux; mais pour ramiiniMia<pic les
données manquent, l'état gazeux et anhydre de cette bise n'étant pas comparable à l'el.it
solide et hydraté des alcalis fixes.
204-'
( i568 )
dans le chlorhydrate d'ammoniaque, avec formation équivalente de chlo-
rure de calcium dissous. En effet, cette substitution, opérée entre l'hydrate
de chaux dissous et l'ammoniaque à 23", 5, dégagerait environ -)- i*^',i^î
chiffre auquel il convient d'ajouter + i,io pour la redissolution de la pro-
portion d'hydrate de chaux précipité dans les conditions de l'expérience
précédente; ce qui fait en tout -+- a, 20, d'après ma théorie. L'observation
a donné -+- 2,24, ce qui concorde aussi exactement que possible.
» En outre, ces chiffres comportent une vérihcalion : la sonuue algébrique
des deux nombres — 1,18 + 2,a4 = -I- 1,06 doit concorder et concorde
en effet avec la chaleur dégagée dans la réaction directe de la soude sur
le chlorhydrate d'ammoniaque, soit H- i,o5. Les mêmes chiffres, ou sensi-
blement, ont été observés en présence de divers excès des composants du
système.
» 8. Ces faits et ces mesures thermiques prouvent que les sels doubles
et les changements de dissolvant ne sont pas la cause des phénomènes
observés; tandis que tout s'explique parla substitution chimique et totale
de la chaux, base presque insoluble, à l'ammoniaque, base soluble, dans le
chlorhydrate d'ammoniaque.
» On voit par là qu'une base soluble peut être déplacée dans ses sels so-
lubles par une base insoluble, qui entre ainsi en dissolution, contraire-
ment aux lois de Berthollet. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur tes hydrocarbures qui prennent naissance dans la
distillation des acides gras bruts en présence de la vapeur d'eau surchaujjée ;
par MM. A. Cahocrs et E. Demarcay.
« M. Laurent, l'habile directeur de la fabrique de bougies stéariques
de M. Fournier, à Marseille, eut l'obligeance de m'envoyer, il y a dix-
huit mois environ, plusieurs échantillons d'une huile volatile qui prend
naissance lorsqu'on opère la distillation des acides gras bruts dans un cou-
rant de vapeur d'eau surchauffée, huile qu'il considérait comme renfer-
mant les hydrocarbures des pétroles et qu'il mit gracieusement à ma dispo-
sition sur le désir que je lui exprimai de les étudier.
» Les envois successifs de M. Laurent se composaient :
» 1° D'un estagnon renfermant 10 à 12 litres d'une huile sensiblement
incolore et très-limpide, bouillant au-dessous de 100 degrés;
» a° De trois estagnons d'une capacité de 24 à 25 litres chacun, conte-
nant un liquide beaucoup moins volatil et légèrement coloré.
( '569 )
u J'entrepris l'étude de ces huiles avec la collaboration de M. E. De-
marçay, l'un de mes répétiteurs à l'École Polytechnique, bien connu pnr
d'intéressants travaux sur le chlorure de titane et l'essence de camo-
mille : c'est l'analyse sommaire de ce travail que nous avons l'honneur
de présenter aujourd'hui à l'Académie.
u Le liquide le plus volatil, qui était sensiblement incolore et d'une lim-
pidité parfiiite, mélangé avec le quart environ de son poids d'acide sulfu-
rique concentré, fut introduit dans des vases d'une capacité de ~ litre
environ qu'on agita vivement à plusieurs reprises en ayant soin de les
bien refroidir. Après des agitations répétées et une digestion de trois à
quatre heures avec l'acide, le liquide clair et mobile qui surnageait une
liqueur brune et visqueuse fut soutiré, lavé avec une solution de carbonate
de soude, puis à l'eau pure, séché par une digestion de vingt-quatre heures
sur du chlorure de calcium anhydre et rectifié dans un alambic muni d'un
condenseur maintenu à zéro, pendant toute la durée de la distillation, au
moyen de la glace pilée.
» A l'aide de rectifications ménagées, nous parvînmes k extraire du
produit ainsi traité trois hydrocarbures bien définis que nous débarras-
sâmes des dernières traces d'eau qu'ils pouvaient retenir par une digestion
prolongée sur du sodium. Ces trois hydrocarbures considérés par ordre de
volatilité sont :
» 1° Un liquide incolore mobile et très-limpide, bouillant entre 32 et
35 degrés, dont la densité est de 0,626 à la température de i4 degrés.
» La combustion de ce produit, au moyen de l'oxyde de cuivre, nous
a fourni pour sa teneur en carbone et en hydrogène les nombres sui-
vants :
Calcul.
Carbone 83, i5 83,19
Hydrogène 16,80 »6,8i
gc),g5 100,00
« La densité de sa vapeur a été trouvée de 2,563
•) Le calcul donne 2,001
0 Ce produit, qui n'est attaqué ni par le brome, ni par les acides azoti-
que et sulfurique concentrés, isolés et réunis, n'est autre, ainsi que le dé-
montrent l'analyse élémentaire et la détermination de sa densité sous forme
gazeuse, que l'hydrure d'amyle
Cnr- — l\ vol. vap.
( 'V )
» Nous avons retiré du liquide rectifié 60 grammes environ de cet hy-
drocarbure. Il absorbe rapidement le chlore à la lumière diffuse, et four-
nil un liquide d'où l'on retire par la rectification, si l'action n'a pas été
trop prolongée, un produit bouillaiit vers 100 degrés, qui nous a présenté
les caractères du chlorure d'amyle.
» 2° Un liquide incolore très-mobile, beaucoup plus abondant que le
précédent (nous en avons retiré à peu près 45o grammes), bouillant entre
68 et 70 degrés et dont la densité est de 0,667 à i3 degrés.
» L'analyse de ce produit nous a donné les nombres suivants :
Calcul.
Carbone 83,63 83,72
Hydrogène . 16,39 16,98
99,99 100,00
» La densité de sa vapeur a été trouvée de 3, 060
» Le calcul donne 3,o38
» Ce produit n'est donc autre que l'hydrure d'hexyie
QiajjM _ /jYol. vap.
» Par l'action ménagée du chlore sur ce produit, nous nous sommes
procuré une certaine quantité d'un liquide bouillant entre laS et 128 de-
grés dont la densité est de 0,895 à i3 degrés, et qui présente tous les carac-
tères du chlorure d'hexyie. Traité par la potasse alcoolique, ce produit
nous a donné de l'hexylène.
» 3° Enfin un liquide incolore et très-mobile, bouillant entre 96 et
98 degrés, dont la densité est de 0,693 à j 2 degrés. L'analyse de ce produit
contrôlée par la détermination de la densité de sa vapeur qui a été trouvée
de 3,5/40
démontre de la manière la plus nette que c'est l'hydrure d'heptyle
C'^H'"= 4 vol. vap.
)) Le calcul donne en effet le nombre 3,522
» Ainsi le liquide bouillant au-dessous de 100 degrés, qui provient de la
décomposition pyrogénée des acides gras bruis, renferme trois des hydro-
carbures que l'un de nous avait extrait, en collaboration avec M. Pelouze,
des pétroles d'Amérique, et présente avec eux l'identité la plus parfaite,
savoir : les h/drures d'amjie, d'hexyie et d'heptyle.
» Des trois eslaguons renfermant environ 75 litres d'huile brute, moin:;
volatile que la précédente, nous sommes parvenus à extraire, j)ar des rec-
( '5:. )
tifications ménagées, des liquides à points d'ébullitioii de- plus en plus
élevés. Ces derniers, traités successivement, ainsi que nous l'avons dit pré-
cédemment, par l'acide snifiu'ique concentré, puis par le carbonate de
soude, lavés à l'eau, sécliés sur du chlorure de calcium et soumis à des
distillations fractionnées, nous ont fourni cinq hydrocarbures parfaitement
définis que nous avons débarrassés des traces d'eau qu'ils pouvaient ren-
fermer par une digestion sur du sodium bien décapé. Ces hydrocarbures
sont :
» i" De Vhydrure d'Iiepljle identique au précédent.
» 2° De Vhydrure d'oclyle bouillant entre 1 18 et 120 degrés: sa densité à
l'état liquide est représenlée par le nombre 0,72^ à la température de
i3 degrés.
» La densité de sa vapeur a été trouvée de 3, 994
ce qui s'accorde avec la formule
» Le calcul donne en effet [\,o\S
» Traité par le chlore, cet hydrocarbure nous a fourni un liquide bouil-
lant à 182 degrés, dont la densité est de o,85o, qui présente la composition
du chlorure d'octyle. Ce dernier, chauffé en vase clos avec luie solution
alcoolique d'acétate de potasse, nous a donné de l'acétate d'octyle bouil-
lant entre 2o5 et 207 degrés.
» 3" hliydrure de nonjle bouillant entre 1 38 et iZjo degrés : sa densité à
l'état liquide est de 0,744 à i3 degrés.
» La densité de sa vapeur a été trouvée de. . .■,.,., ..... 4,475
» Le calcul donne 4)5o8
» 4° L'Iiydnire de décyle bouillant entre i58 et 160 degrés: sa densité
sous forme liquide est de 0,768 à i4 degrés.
» La densité de sa vapeur a été trouvée de 4»97i^
» Le calcul donne 5, 001
» 5° h'Iiydrure d\indécyle, botiillant entre 176 et 178 degrés: sa densité
à l'état liquide est de 0,770 à i4 degrés.
» La densité de sa vapeur a été trouvée de 5,488
» Le calcul donne 5,5 1 4
» 6° Enfin une petite quantité d'un liquide limpide bouillant vers 200 de
grés, dont la densité à l'état liquide est de 0,784 à i4 degrés.
( >572 )
» Sa composition centésimale et le nombre représentant la densité de
sa vapeur conduisent à le considérer comme Thydrure de duodécyle.
» De 200 à 3oo degrés, températiu'e à laquelle ont passé les dernières
portions , nous n'avons pas constaté de point d'arrêt sensible dans la
température d'ébullition, si ce n'est vers 280 degrés. A celte température
nous avons recueilli 20 centimètres cubes environ d'un liquide dont la
densité est de 0,846 à i3 degrés. La proportion de ce produit, qu'une
purification ultérieure eût encore amoindrie, ne nous a pas permis d'en
prendre la densité de vapeur ni de déterminer, par suite, son véritable
équivalent; mais tout nous porte à croire qu'il n'est autre que l'hydrure
de célfle
Ca2fJ34
» I>a comparaison que nous avons faite de ces produits avec les hydro-
carbures extraits antérieurement par l'un de nous des pétroles d'Amérique
dont il avait conservé quelques échantillons, tout en démontrant l'identité
parfaite de ces composés, tend à corroborer l'opinion qu'il avait émise, que
ces pétroles pourraient bien avoir pour origine des substances renfermant
le carbone et l'hydrogène sensiblement dans le rapport de i à i en équi-
valents, tels que les corps gras et les composés analogues.
» Ces faits confirment en outre pleinement les prévisions de M. Laurent,
auquel nous adressons nos bien vifs remercîments pour l'empressement
qu'il a mis à nous procurer les divers échantillons dont l'étude pouvait
nous intéresser. »
PHYSIQUE. — Note sur les éleclro-nimants tubntaires à nojaux multiples;
par M. Th. du Moncel.
« Dans une Note présentée à l'Académie le i" mars dernier, j'avais rap-
pelé quelques expériences que j'avais faites en 1862 sur les électro-aimants
tubulaires, et j'avais indiqué, entre autres résultats importants, que ces
électro-aimants peuvent avoir la même énergie que les électro-aimants
massifs de même diamètre, si l'on a soin de munir letu- extrémité polaire
d'un bouchon ou d'une rondelle de fer. Les électro-aimants de M. Cama-
cho étant venus dans ces derniers temps un peu compliquer la question,
j'ai entrepris, à l'égard des électro-aimants tubulaires à noyaux multiples,
une nouvelle série de recherches, dont je vais donner aujourd'hui à l'Aca-
démie un premier aperçu.
» Je ferai d'abord observer que, dans mes expériences, j'ai toujours em-
( >573 )
ployé, pour mesurer l'énergie électro-magnétique, les effets de l'attraction
à distance. C'est le seul moyen, suivant moi, d'obtenir des mesures exactes
et concordantes, et ce sont aussi les effets qu'on a le plus d'intérêt à étu-
dier, puisque ce sont eux qui déterminent les actions mécaniques dans les
appareils où ces organes sont employés. Je serais porté à croire que l'at-
traction au contact pour les électro-aimants tubulaires ne se comporte pas
toujours de la même manière que l'attraction à distance; mais j'examinerai
plus tard ce côté de la question.
» L'électro-aimant sur lequel j'ai fait mes expériences est un de ceux
qu'a construits M. Camaclio. Chaque branche se compose de trois noyaux
tubulaires introduits l'un dans l'autre à une distance respective de 2 milli-
mètres et d'un noyau central plein, le tout rivé par une extrémité à une cu-
lasse de fer doux de 8 centimètres de longueur sur 3*^, 5 de largeur et i cen-
timètre d'épaisseur. Les noyaux tubulaires ont 6", 5 de longueur, 2 mil-
limètres d'épaisseur, et le noyau central a un diamètre de G millimètres, ce
qui donne au dernier tube un diamètre de 3 centimètres. Chacun de ces
noyaux est entouré d'tuie hélice magnétisante en (il de enivre de -^ de mil-
limètre de diamètre, mais la dernière hélice fournit cinq rangées de spires,
alors que les antres n'en présentent que deux. Les bouts du fd de ces
hélices ressortetit d'ailleurs de la cidasse de l'électro-aimant, et peuvent
être réunis de manière que le courant passe successivement d'une hélice
à l'autre par les bouts opposés, ou les traverse toutes en même temps,
conune cela a lieu quand on groupe les éléments d'une pile en tension ou
en quantité.
» La construction de ces électro-aimants étant très-délicate, il est diffi-
cile d'obtenir de la part de leurs branches, agissant isolément, les mêmes
conditions de force, et, pour faire la part de cette différence d'action dans
les effets observés, j'ai dii étudier séparément la force attractive de cha-
cune de ces branches et celle de leius noyaux. D'un autre côté, les forces
mesurées ne |)ouvant être comparables que sur des circuits de même résis-
tance, j'ai dû avoir recours à un galvanomètre différentiel et à un rhéostat
pour équildirer ces résistances, et voici comment j'ai disposé l'expérience.
» Dans un des circuits correspondant au galvanomètre différentiel,
j'introduisais une résistance constante de 600 mètres de fil télégraphique,
et dans l'autre un rhéostat auquel correspondait le fil de mon électro-
aimant, puis je développais sur le rhéostat, au moment de chaque expé-
rience, la résistance nécessaire pour maintenir le galvanomètre à zéro. Or
voici les résultats que j'ai obtenus avec un élément Bunsen de moyen mo-
C. R., 1873, i"- Semestre. (T. LXXX, N» 25.) 2o5
( >574 )
dèle, en répétant les expériences deux fois dans un sens opposé, et en
estimant les forces en grammes à une distance attractive de i millimètre :
naturellement l'élecfro-aimant réagissait sur l'armature à la manière d'un
éleclro-aimant boiteux, quand j'essayais séparément chaque branche.
Résistance Résistance
développée des Force
Bobine de droite. sur le rhéostat. hélices. attractive.
er
1° Avec toutes les hélices réunies bout à bout.. 27,75 3i5,29 104
2° Avec l'hélice extérieure seule 86,62 2*4 »23 4^
3° Avec la troisième hélice seule 54, 00 4^ '9^ ^
4° Avec la deuxième hélice seule 55,75 28,01 3
5" Avec la première hélice seule ^1 '^1 11, 33 i
6" Avec le circuit simple 58, 5o 0,0 »
7° Avec les deux, bobines réunies 8,75 5io,02 Sao
)) Je ne donnerai pas les chiffres se rapportant à la bobine de gauche,
car, les hélices intérieures étant mal isolées, l'hélice extérieure seule exer-
çait son effet; ces chiffres, d'ailleius, n'auraient aucun intérêt. Je dirai
seidement que la résistance de l'hélice extérieure était représentée par
192™, 17, en donnant lieu à une force attractive de 42 grammes, et que
toutes les hélices réunies ne présentaient qu'une résistance de if)4'"i73 avec
une force attractive de 44 grammes.
» Les chiffres qui précèdent permettent déjà de déduire une conséquence
assez importante : c'est que la force développée pat^ toutes les hélices réunies
est près de deux fois plus grande que celle qui résulte de leurs actions individuelles
additionnées^laqudle n'est que de 55 grammes. Comme on ne peut admettre
que ces actions inrlividueiles soient alors dans de plus mauvaises conditions
par rapport aux noyaux magnétiques et pour une intensité électrique don-
née, que dans le cas oii l'hélice magnétisante serait constituée par un seul
et même fil enroulé autour d'un noyau massif, il faut donc en conclure
que la disposition tubiilaire avec répartition de l'hélice sur plusieurs noyaux
est éminemment favorable au développement de la force électromagné-
tique. A quelle cause doit-on attribuer cette supériorité?... C'est ce que
nous allons tâcher d'éclaircir.
» Au |)remier abord, quand on considère que l'action magnétisante ne
peut pénétrer profondément la matière magnétique, ainsi que l'a démontré
M. Jamin, on pourrait croire que cette cause devrait être attribuée à une
meilleure utilisation de l'action magnétisante, qui réagit de cette manière
sur toute la masse magnétique du noyau ; mais cette cause n'est évidem-
ment pas celle qui est prépondérante, puisque la somme des forces déler-
( '575 )
minées isolément sur le noyau divisé est loin de correspondre à colle pro-
duite par l'action simultanée des hélices. Il est donc une autre action qui
agit puissamment et qui doit évidemment se rapporter aux réactions réci-
proques des noyaux magnétisés les uns sur les autres : or, pour reconnaître
cette cause, il devenait nécessaire d'étudier isolément ces différentes ac-
tions, et, pour y arriver, j'ai dû entreprendre luie série d'expériences ayant
pour but de déterminer : i° la polarité des différents noyaux, suivant que
j'aimantais tel ou, tel d'entre eux; 2" la force individuelle développée sur
chacun d'eux. Ces expériences sont assez délicates, en raison des réactions
multiples qui s'exercent alors; mais je suis arrivé à les isoler, d'abord en
prenant les polarités par l'intermédiaire de longues tiges de fer que j'ap-
puyais par un des bouts sur ces différents noyaux et dont je faisais dispa-
raître le magnétisme rémanent après chaque expérience, et en mesurant la
force attractive, non plus à l'aide de l'armature de ma balance magnétique,
qui recevait toutes les influences à la fois, mais bien par le décollage d'un
petit cylindre de fer doux de 2 millimètres de diamètre, que j'appliquais
par le bout sur ces différents noyaux et que j'enlevais par l'intermédiaire
d'une balance.
M La constatation des polarités développées au moment de chacune des
expériences dont il a été question précédemment m'a démontré que tous
tes noj'aiix placés à l'intérieur d un tube directement macjnélisé par i hélice cpti
l'entoure présentent la même polatité que le tuhe lui-même, mais que ceux qui
l 'enveloppent extérieurement sont faiblement polarisés en sens contraire, com me
cela a lieu, du reste, dans les électro-aimants tubulaires simples nuinis
d'une culasse de fer à l'une de leurs extrémités. Ces effets n'ont d'ailleurs
rien que de très-naturel, puisque le tube envelop[)ant constitue, dans ce
cas, l'épanouissement du pôle déterminé sur la culasse, et que le lube ou
les tubes enveloppés sont soumis à l'action directe des solénoïdes, soil vol-
taïque, soit magnétique, qui résultent de la circulation du courant à travers
l'hélice et de l'aimantation du noyau que cette hélice recouvre. Ainsi,
quand on aimante le noyau central seul de l'électro-aimant dont nous
avons parlé, s'il se développe une polarité nord à son extrémité libre, il se
produira des polarités sud sur les autres noyaux ; si c'est au contraire l'hé-
lice du second noyau qui est traversée par le courant, ce second noyau et
le noyau central seront polarisés nord, tandis que le troisième et le qua-
trième seront polarisés sud, etc.
« I^es forces individuelles de ces différents noyaux sont un pou diffé-
rentes, suivant la position du noyau directement magnétisé par l'hélice;
2o5..
( 157(3 )
mais la différence est peu sensible^ et la force la plus énergique correspond
au noyau dont l'hélice est mise en action. Je ne parle, bien entendu, que
des noyaux enveloppés, car les no/aux enveloppants ne déterminent aucune at-
traction sensible. Dans les expériences que j'ai onlrejjrises avec l'éiéinent
Bunsen dont j'ai déjà parlé, et un circuit extérieur sans résistance, les
forces attractives des noyaux ainsi aimantés ont pu atteindre de 85o à
gSo grammes; mais une chose importante à constater c'est que, quand le
coiu-ant passe à travers toutes les hélices à la fois, la partie centrale, contrai-
rement à ce cpd arrive avec un noyau massif, devient le centre d'action. C'est
ce dont on peut s'assurer en suspendant le petit cylindre de fer à 2 ou
3 millimètres au-dessus de la branche expérimentée de l'électro-aimant.
Quand le courant passe à travers toutes les hélices, ce cylindre est atiiré
vers le noyau central; au contraire, quand il passe à travers une seule
de ces hélices, le cylindre se dirige vers le tube qni correspond à cette
hélice.
» On peut, ce me semble, conclure de ces expériences que, indépendam-
ment de l'action propre exercée par les hélices intérieures, la magnétisation
d'un seul des nojaux suffit pour entraîner celle de tous les no/aux qu'il enve-
loppe, et cette action, se répétant pour chacun d'eux quand le courant tra-
verse simultanément toutes les hélices, il en résulte, du moins pour les
noyaux intérieurs, une superposition d'actions magnétiques effectuées dans
le même sens, qui fournit naturellement son effet maximum sur le noyau
central, puisqu'il est enveloppé par tous les autres. Maintenant l'action
seule d'un noyau magnétisé sur les noyaux qu'il enveloppe donne-t-elle
lieu à une force magnétique plus grande que si le noyau est massif?... C'est
ce que l'expérience ne démontre pas. En elfet, en prenant le tube de fer
qui m'avait servi pour mes expériences de 1862 et en le soumettant à ma
balance magnétique d'abord seul, puis avec un cylindre de fer le remplis-
sant en totalité, |Hiis avec deux petits cylindres de o^jOoô et de o"',oo8,
laissant entre eux et les parois du tube un intervalle de 2 millimètres et de
-| millimètre, j'ai oljlenu les résultats suivants :
Pile do Bunsen PiledeDaniell
Attractions à 2 et à i millimùtiu. Je i élément. de 12 clôiiienls.
I" Avec le tube seul Sn^'' 21^'
2" Avec le tube rempli par le cylindre de fer 4? 3o
3° Avec le tube muni du noyau de ô"',oo6 ^5 2(3
4° Avec le tube uuini du noyau de o'^jOoS » au
5" Avec le tube muni d'un bouchon de fer >• 3o
8" Avec le noyau massif 4^ 3i
( i577 )
» En adaptant une masse de fer au pôle inaclif et réunissant par consé-
quent magnétiquement le noyau central avec le tube comme dans l'électro-
aimant Camacho, la force est devenue, dans un cas, 88 grammes, et dans
l'autre 63 grammes; mais elle a atteint exactement les mêmes chiffres avec
le noyau massif. Ce n'est donc pas à la division du noyau magnétique
en plusieurs noyaux que les électro-aimatits dont nous parlons doivent
leur plus grande énergie, mais bien, comme je l'ai déjà dit, à la superposi-
tion des effets magnétiques que ces différents noyaux développent par
suite de leur réaction mutuelle quand ils sont magnétisés parleur hélice, et
surtout à ce que ce genre de réactions augmente les effets magnétiques
dans une proportion infiniment plus grande que ne le feraient supposer les
polarités magnétiques provoquées isolément. J'étudierai, du reste, dans
une prochaine Communication, ce côté de la question.
» Pour me rendre compte de l'influence que peut exercer sur les effets
des électro-aimants tubulaires à noyaux midtiples la satiu-ation plus ou
moins grande de ces noyaux, j'ai répété les expériences dont j'ai parlé au
commencement de cette Note, avec un élément Daniell et un élément
Bunsen, n'introduisant dans le circuit aucune résistance artificielle; j'ai
obtenu les résultats suivants avec une dislance attractive de 3 millimètres
quand j'employais l'élément Bunsen, et une distance de i millimètre avec
l'élément Daniell.
Élément Élément
Daniell. Bunsen.
1° Avec les deux bobines réunies , ^tE'' 182
2° Avec toutes les hélices réunies de la bobine de droite 27 167
3" Avec l'hélice extérieure seule » .... 10 162
4° Avec les hélices i, 2 et 3 réunies « ... 4 '5o
5° Avec l'hélice n° 3 seule i i^o
6" Avec l'hélice n° 2 seule o 5a
7" Avec l'hélice n" i seule o 5
» Ces chifires montrent effectivement que les effets avantageux des
électro-aimants dont nous parlons sont plus manifestes avec une sattuation
magnétique faible qu'avec une forte; mais il y a lieu de considérer que, la
résistance de l'élément Daniell étant beaucoup plus grande que celle de
l'élément Bunsen, les variations de résistance des hélices se font moins sen-
tir dans un cas que dans l'autre. Il faut aussi tenir compte des conditions
de maximum de force des électro-aimants qui ont été à peu près remplies
dans les premières expériences et qui ne l'ont pas été dans les secondts. 11
en résulte que la force des deux bobines avec l'élément Bunsen est relati-
( i578 )
vement trop faible et que la force en rapport avec l'hélice extérieure est
relativement trop forte. On reconnaît, toutefois, que, malgré l'accroisse-
ment considérable d'énergie que les attractions individuelles des différents
noyaux ont acquis par suite de la réduction de la résistance du circuit,
c'est encore la disposition avec la réunion de toutes les hélices qui donne
le plus de force. »
THERMODYNAMIQUE. — Note accompagnant la présentation du tome I de
« l'Exposition analjlique et e.rpérimentale de la Théorie mécani(jue de la
chaleur ^i; par M. Hirn.
« Quoique cet ouvrage paraisse sous le nom de troisième édition, il
constitue pourtant en réalité un livre nouveau, presque en tous points.
» L'un des buts que je me suis proposés, entre autres, a été de dégae;er
la Thermodynamique des hypothèses métaphysiques qui l'ont accompagnée
presque dès sa naissance, et qui ont fini par faire corps avec elle, à ce point
que beaucoup de personnes, faisant sans s'en douter un cercle vicieux, se
sont persuadé qu'elle constitue la consécration de ces hypothèses. Entre
les principes fondamentaux de cette doctrine, entre les propositions nom-
breuses et rigoureuses qu'on tire mathématiquement de ces principes, et
une hypothèse quelconque sur la nature de la chaleur, il n'y a pas, à mon
avis, plus de rapport qu'il n'en existe entre l'Astronomie et les hypothèses
par lesquelles on a essayé, à plusieurs reprises, d'expliquer la nature de la
gravitation.
» Tout en recourant largement à l'Analyse mathématique, lorsque c'était
nécessaire ou utile, j'ai pourtant laissé la plus grande part possible aux
données de l'expérience, qui sont l'assise fondamentale de nos sciences mo-
dernes. J'ai évité surtout de faire de V Algèbre quand même, et de bâtir des
équations qui s'accommodent d'un principe de Physique aussi bien que du
principe précisément contraire, de telle sorte qu'à l'occasion on peut tou-
jours en tirer les résultats auxquels conduit l'expérience, à la seule condi-
tion qu'on les connaisse à l'avance.
» Je me suis fait une règle de ne fonder aucune équation empirique
nouvelle^ et de ne recourir qu'à celles qui sont généralement connues, mais
à titre d'auxiliaires seulement. Tous mes efforts ont tendu à substituer aux
lois empiriques si nombreuses aujourd'hui, et, j'ajoute, si ficiles à bâtir,
de vraies lois naturelles et rationnelles, fussent-elles même, pour le moment,
moins exactes numériquement. J'ai eu la satisfaction de réussir plusieurs
( '579 )
fois en ce sens, surtout dans la division que j'ai appelée deuxième branche
de la Theimodynamique , e\. qui formera la dernière moitié du tome II sous
presse.
» Ce tome I renferme les démonstrations et les développements des deux
propositions fondamentales de la Thermodynamique.il renferme, en outre,
les théories des gaz (supposés parfaits), des vapeurs saturées et des vapeurs
surchauffées. »
MÉMOIRES LUS.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Influence de l'air comprinié sur les fermentations.
Mémoire de M. P. Bert. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Chevreul , Cl. Bernard, Fremy, Pasteur, Trécui,
Berthelot.)
« J'ai eu l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie (^Comptes
rendus, t. LXXYI, p. 443 et 149'^; (• LXXVII, p. 53 1) une série d'expé-
rie!)ces desquelles il résulte que l'air comprimé à un certain degré tue
rapidement tous les êtres vivants. J'ai montré que cette action redou-
table est due non à la pression de l'air, considéré comme agent physico-
mécanique, mais à la tension de l'oxygène comprimé. Enfin j'ai fait voir
que, sous l'influence de l'oxygène à forte tension, les combustions corréla-
tives au mouvement vital sont diminuées ou même supprimées ; qu'en
un mot une oxygénation trop forte des tissus en empêche l'oxydation.
» J'ai été ainsi amené à étudier les effets de l'air comprimé sur les fer-
mentations, et ce sont ces expériences dont je viens rendre compte au-
jourd'hui.
» Fermentations proprement dites. — Parmi ces fermentations, qui sont
liées dans l'état régulier des choses au développement d'êtres vivants, l'une
des plus intéressantes est la putréfaction, due, comme l'a montré M. Pas-
teur, à l'action d'animalcules du groupe des vibrions. Or l'air comprimé,
suivant la pression à laquelle on l'emploie, ralentit ou arrête et la putréfac-
tion et les oxydations qui l'accompagnent. On me permettra de citer deux
exemples :
1. Un morceau de muscle (gS grammes) est soumis, du 29 juillet au 3 août, à une ten-
sion d'oxygène correspondant ii >3 atmosphères d'air; au bout de ce temps, il ne présente
aucune odeur, et il n'a consommé que 38o centimètres cubes d'o,\ygène. Un morceau
semblable, suspendu au sommet d'une cloche pleine d'air à la pression normale, répand
( i58o )
une odeur infecte et est couvert de moisissures; il a consommé tout l'oxygène de la cloche,
c'est-à-dire 1 185 centimètres cubes.
» Portons plus haut la pression, et les oxydations s'arrêteront coniplé-
tenient :
» Du 19 décembre au 8 janvier, un morceau de muscle (45 grammes) est soumis à une
tension d'oxygène correspondant à 44 atiaosplièns d'air (10 atmosphères d'un air à 88
pour 100 d'oxygène). Au bout de ce temps, il n'exhale aucune odeur; il n'a pas, pendant
ces vingt jours, absorbé trace d'oxygène, ni formé trace d'acide carbonique. Un semblable
fragment, maintenu dans l'air ordinaire, à la pression normale, est en putréfaction com-
plète, et a consommé 3''', 5 d'oxygène.
» La viande ainsi soumise à l'air comprimé garde son aspect, sa fermeté,
sa structure histologique ; la couleur seule a changé, et est devenue d'iui
jaune ambré. J'ai pu manger des côtelettes de mouton conservées ainsi de-
puis un mois dans l'oxygène comprimé correspondant à 44 atmosphères
d'air; elles avaient simplement un goût un peu fade.
» Lorsqu'on a retiré de l'air comprimé les flacons oij est contenue la
viande, qui se trouve ainsi ramenée à la pression normale, cette viande se
conserve encore indéfiniment sans s'altérer; mais il faut se hâter de bou-
cher les flacons, avec des précautions dont je ne puis ici indiquer le dé-
tail; car, si l'on y laisse rentrer des poussières de l'air, la putréfaction com-
mence immédiatement son œuvre. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux
de l'Académie un flacon dans lequel se trouve une lamelle de viande ayant
conservé, sauf la couleur, sou apparence normale, qui n'exhale aucune
odeur et qui a été ramenée à la pression normale, le 21 juillet 1874, après
im séjour d'un mois dans l'air suroxygéné comprimé à i5 atmosphères.
» Je crois pouvoir conclure de ces Aiils que l'oxygène, sous une tension
suffisante, tue les vibrions capables d'engendrer la putréfaction (j'ajou-
terai : sous la condition que ces vibrions soient mouillés), sans faire perdre
à la viande sa putrescibilité.
» Ce que je viens de dire de la viande est vrai de toutes les matières or-
ganisées. Je présente à l'Académie lui oeuf battu, qui a été soumis du
28 mai au 26 juin à l'action de l'air comprimé, et qui a gardé son aspect
normal; le témoin est verdâtre, noir par places, couvert de moisissures
avec une odeur horrible.
» I^es altérations de l'urine sont également à tout jamais arrêtées par
l'action de l'air comprimé, comme le montre ce flacon, où l'urée est restée
dans sa proportion ])remière.
» Poiu'levin, mêmes résultats, alors même qu'on a semé à la siu face
( i58i )
une couche de mycodermes vini ou accti. La richesse en alcool et en acide
acétique ne varie pas, et, si la pression n'a pas été trop forte ou trop pro-
longée, il prend un goût de vieilhssement agréable.
» Je mets enfin sous les yeux de l'Académie des flacons contenant de-
puis plusieurs mois des substances très-altérables (jjain mouillé, amidon
cuit, fraises, cerises, etc.), qui sont restées parfaitement saines.
» L'air comprimé empêche également le lait de se putréfier, mais non de
se coagider. Cela tient probablement à la rapidité de la coagidation, parce
qu'd faut un certain temps à l'air comprimé pour agir.
» La \iande, les œufs soumis à l'action de l'oxygène à forte tension
prennent à la longue une réaction nettement acide, qui paraît due à de
l'acide lactique; pour les substances amylacées, il semble s'y joindre de
l'acide acétique et de l'acide formique; mais les quantités de matière dont
je disposais étaient trop faibles pour me permettre d'élre affirmatif sur ce
point, qui appelle de nouvelles recherches.
» Fcrmentalioiis diastnsiques. — J'ai étudié la salive, le suc pancréa-
tique, la diastase végétale, la pepsine, la myrosine, l'émulsine, le ferment
inversif de la levure de bière.
» Ces substances continuent à agir pendant la compression (cela ne peut
se constater que pour les diastases et l'amidon cru, les autres réactions étant
instantanées). Au sortir de l'air comprimé, elles ont conservé tout leur pou-
voir. Bien mieux, si l'on ferme alors les flacons qui les contiennent, elles y
restent sans s'altérer pendant un temps illimité ; voici des tubes renfermant
depuis quatre mois de la myrosine et de l'émulsine, qui possèdent toute
leur vertu, tandis que dans les tubes sur lesquels la compression n'a point
agi elles ont été envahies et détruites par les moisissures. Évidemment
l'air comprimé, ayant tué celles-ci, a ainsi protégé le ferment soluble,
)) Voici donc un moyen simple et sûr de conserver indéfiniment à l'élat
naturel des matières qui, comme le suc obtenu par l'écrasement des glandes
salivaires et pancréatiques ou de la muqueuse stomacale des animaux de
boucherie, pourraient rendre de grands services à la thérapeutique.
» Conclusions. — i° L'oxygène à forte tension arrête les fermentations
proprement dites, qui ne reparaissent plus quand on rétablit la pression
normale : il tue les êtres ferments.
» 2° Il est sans action appréciable sur les ferments diastasiques, qu'd
permet même de conserver actifs pendant un temps illimité.
» On comprend que cette méthode nouvelle d'analyse pourra être utile-
C.R.. 1875, I" Semestre. (T. LXXX, N" 25.) 2o6
( i582 )
ment appliquée à l'étude de problèmes qui divisent encore les physiolo-
gistes. Le sang charbonneux, le sang des maladies infectieuses, les liquides
pathologiques, les virus, les venins, doivent-ils leur action à des corpus-
cules analogues aux vrais ferments, ou à une altération des liquides agis-
sant à la manière d'un ferment diastasique? Les résultats constatés après le
séjour dans l'air comprimé devront apporter sur cette question des lumières
nouvelles, n
M. Trécul, à la suite de la Communication de M. Bert, fait les re-
marques suivantes :
« Je demande à l'Académie la permission de lui faire observer que les
faits intéressants que M. Bert vient de décrire ne sont point en conlradic-
lion avec les opinions que je soutiens depuis longtemps. En effet, les phé-
nomènes héîérogéniques, que j'ai exposés si souvent, ne s'accomplissent que
dans des liquides contenant des matières organisées vivantes en dissolution,
ou dans le protoplasma contenu à l'intérieur de cellules vivantes mises en
macération.
» Dans les expériences de M. Bert, les matières organisées étant tuées,
tout phénomène vital cessant sous l'influence d'une très-forte pression, il est
clair qu'aucun phénomène hétérogénique, tel que ceux que j'ai décrits, ne
peut avoir lieu. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ASTI\ONOMIE. — Mémoire sur le mouvement de rotalion de la Terre;
par M. E. Mathieu. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à laSection d'Astronomie.)
(c L'étude du mouvement de rotation de la Terre peut se partager en
deux parties. On peut, en effet, examiner le mouvement absolu de l'axe de
rotation de la Terre par rapport à la sphère céleste, et l'on obtient ainsi les
phénomènes de la précession des équinoxes et de la nutation de l'axe ter-
restre. Cette question a été traitée, avec toute l'approximation désirable,
par M. Serret [Annales de l'Observatoire, t. V, iSSg), et je ne m'en occupe
pas dans ce travail. En second lieu, on peut rechercher le mouvement de
cet axe de rotation, par rapport à la Terre, ou le déplacement des pôles à
( i583 )
sa surface, et déterminer la vitesse de rotation autour de cet axe. Cette
question m'a semblé susceptible de nouvelles recherches, et c'est à sa solu-
tion que se rapporte ce Mémoire.
» Les formules de perturbation du mouvement de rotation d'un corps
solide, qui n'est sollicité que par des forces perturbatrices, sont exactement
les mêmes qne les formules de perturbation du mouvement d'une planète.
Dans un Mémoire, dont un extrait a paru dans les Comptes rendus (lo mai
dernier) et qui paraîtra bientôt dans le Journal de Matliématiques, j'ai expli-
qué d'où provient cette coïncidence et j'y ai donné le théorème général sur
lequel elle repose.
» Poisson rappelle cette propriété remarquable dans la préface de son
Mémoire sur la rotation de la Terre autour de son centre de (gravité [Mémoires
de V Académie des Sciences, t. VII, 1827), et cependant il préfère, pour faire
ses calcnls, substituer aux formules précédentes un système d'autres for-
mules assez différent. La démonstration que je donne de l'invariabilité du
jour sidéral, et qui est fondée sur le théorème général dont j'ai parlé, dif-
fère entièrement de celle de Poisson; mais les deux démonstrations ne se
séparent pas seulement par la forme, car Poisson, pour simplifier ses cal-
culs, fait une supposition, qu'il regarde comme suffisamment approchée et
qui n'esî pas admissible • elle consiste à regarder les orbites du Soleil et de
la Lune, qui troublent le mouvement de rotation de la Terre, comme cir-
culaires et situées dans un même plan. Or je montre que cette recherche
exige trop de précision pour que l'on puisse négliger dans la fonction per-
turbatrice les termes qui sont multipliés par les excentricités des deux
orbites et par leurs inclinaisons sur un écliptique fixe.
» Mon analyse serait beaucoup simplifiée par chacune des hypothèses
suivantes, mais surtout par la première et la troisième:
» i" Si l'on supposait que la Terre est exactement de révolution;
» 2" Si Ion regardait la différence d'aplatissement de ces deux hémi-
sphères comme tout à fait négligeable;
» 3" Si l'on pouvait considérer les orbites du Soleil et de la Lune comme
circulaires et situées dans un même plan fixe.
» La troisième supposition, comme je l'ai dit, ne peut être admise, mais,
pour la première et la seconde hypothèse, elles auraient plus de raison
d'être faites; car on ne peut douter qu'elles n'approchent beaucouji de la
réalité. Il y a cependant un intérêt à ne pas faire non plus a priori la pre-
mière hypothèse, afin de démontrer par la comparaison des résultats de
206..
( i5S/, )
l'analyse avec l'observation que la quantité — - — ? où A et B désignent les
deux plus petits moments principaux d'inertie par rapport au centre de
gravi'.é, est une très-petite quantité.
» En effet, il send)le résulter des observations du pendule en différents
points de la Terre que la quantité — ^— est notablement plus petite que le
nombre qui exprime l'aplatissement des pôles. Cependant, à cause des
nombreuses irrégularités de la surface du globe, la démonstration de la
B A , .
petitesse de — - — à l'aide du pendule exigerait un très-grand nombre d'ob-
servations, faites en plusieurs points de divers méridiens, qu'il faudrait
A
B
ensuite soumettre au calcul. Mais la véritable méthode pour calculer
réside dans la lliéorle actuelle, et je démontre que, si l'on admet que
la latitude d'un lieu de la Terre ne peut changer de 2 secondes dans
un espace de temps moindre que l'année, il en résuhe que le rapport — — —
est plus petit qu'un millionième. »
PHYSIQUE. — Etude (les décharges électriques dam les fils métalliques fins.
Note de M. Melsens.
(Renvoi à la Commission des Paratonnerres.)
« Ces études se rattachent à la question des paratonnerres à conducteurs
multiples. J'ai démontré en i865 (i) que l'étincelle des batteries se divise
entre tous les conducteurs mélalliques qu'on hii présente, qu'il en est de
même pour l'étincelle de la grande bobine de Ruhmkorff. Eu vue des pa-
ratonnerres à conducteius multiples, j'ai repris quelques expériences avec
une excellente machine de Hollz construite par M. Ruhmkorff; j'ai confirmé
complètement mes anciennes expériences. Il y a plus, j'ai pu allonger le
conducteur du diamètre le plus faible, y introduire des résistances de plu-
sieurs milliers d'unités de Siemens et constater encore avec une plus grande
facilité qu'une partie du courant instantané passe i)ar un pareil conduc-
tein-. J'ai même pu y intercaler de longues colonnes d'eau ordinaire, d'eau
(l) Bulletin de l'Acadcmic Rojalc de Belgique, t. XX, et Comptes rendus des séunces
de V Académie des Sciences, I. LXI, y. 84.
( i585 )
distillée, de terre humide, de sable sec et de gaz divers, secs on humides,
sans que le phénomène essentiel en fût modifié, à la condition expresse,
cependant, que les deux extrémités des fils conducteurs fussent mises en
contact avec les deux pôles entre lesquels l'écoulement de l'électricité se
produit, ou en fussent très-rapprochées, au moins.
)) L'appareil dont je me suis servi est le même que celui que j'ai employé
en i865, mais le nombre de fils fins a été considérablement augmenté; les
fils de fer les plus fins n'ont que y2_ de millimètre de diamètre. C'est dans
un fil pareil de 200 mètres de longueur, fixé sur des montants de verre, que
j'introduis les résistances : rhéostats, colonnes d'eau, etc., précités. Les
tubes de verre, etc., préparés d'avance, renferment la matière sur laquelle
on veut expérimenter; ils sont fermés, à leurs extrémités, par des bouchons
traversés par un fil de cuivre portant une sphère de plomb de la grosseur
d'une balle de pistolet de tir. Celle-ci se trouve au centre du tube et ne
touche pas les parois. On se contente de tortiller les extrémités des 200 mè-
tres de fil sur le cuivre qui dépasse le bouchon. Dans tous les cas, je con-
state le passage des courants instantanés ou de l'électricité de tension.
» J'ai prouvé, il y a dix ans, que l'étincelle de la grande bobine de
Ruhmkorff passe aussi facilement par des conducteurs de mêmes dimen-
sions, soit en cuivre, soit en fer. Je n'avais opéré que sur des conducteurs
de faible longueur. J'ai voulu répéter l'expérience avec des conducteurs au
moins aussi longs que ceux de nos paratonnerres. A cet effet, je soude,
dans une sphère en laiton, un fil de cuivre de 100 mètres et un fil de fer de
200 mètres environ, ayant tous les deux très-exactement le même diamètre,
— de milliiiièlre. De cette sphère ils se rendent, chacun isolément, sur de
lonss montants de verre sur lesquels on les fixe en maintenant un écarte-
ment convenable entre chaque fil. Les extrémités libres sont, à leur tour,
soudées chacune dans une sphère de laiton. Une étincelle qui frap|)e la
sphère renfermant les deux fils se partage entre eux de telle façon que, si
l'on place les deux autres sphères à égale distance d'un conducteur en
contact avec le pôle opposé de la machine de Holtz ou de la bobine de
Ruhmkorff, l'étincelle parcourra les deux conducteurs ou l'un d'eux, s'il
oflre une résistance beaucoup moindre. J'ai mesuré cette résistance pour le
courant produit par 2 éléments Leclanché; le fil de cuivre correspondait
à 540 unités Siemens, et le fil de fer à 33oo unités.
» Avec la machine de Holtz, une étincelle unique, frappant la sphère qui
renferme les deux fils, donne une étincelle à chacune des sphères corres-
( i586 )
pondant au fil de fer et au fil de cuivre. Très-rarement, les distances de
ces sphères à la masse mélallique placée au pôle contraire étant exacte-
ment les mêmes, on n'aperçoit qu'une étincelle unique à l'une ou à l'autre
de ces sphères; on peut même écarter la splière au fil de fer, bien plus ré-
sistant cependant, et l'on voit encore jaillir deux étincelles; celle qui cor-
respond au fil de cuivre est toujours plus nourrie. Vient-on à répéter les
mêmes expériences avec la bobine de Ruhmkorff, on constate, au contraire,
que rétincelle passe, alternativement, tantôt par le fer, tantôt par le cuivre.
Les alternatives sont irrégulières, mais je n'ai jamais vu une étincelle
unique donner simultanément deux étincelles aux deux sphères opposées.
j) On peut se demander si les coefficients de conductibilité pour le cou-
rant voltaïque sont applicables aux cas des étincelles soit de tension, soil
de quantité.
» Quoi qu'il en soit, j'admets que, pour les paratonnerres à conducteurs
multiples de même nature, de même longueur et de même section, il est
probable qu'une étincelle foudroyante se diviserait très-exaclement entre
ces conducteurs.
» En effet, que l'on soude, après en avoir tortillé les bouts, une série
de fils de fer ou de cuivre, de même longueur et de même section, sur une
lame de cuivre; que, de la même façon, les autres extrémités soient soudées
sur une seconde lame; que l'on fasse passer quelques décharges d'une
forte batterie dans ces fils et l'on verra tous ces fils se déformer, s'onduler
en zigzags parallèles. En d'autres termes, l'effet mécanique produit par la
décharge est le même pour tous les fils.
» On sait qu'une forte décharge de la batterie de Leyde fond et projette
dans tous les sens les particules d'un fil de fer, tandis qu'un fil de cuivre
de même dimension résiste. Des faits analogues se reproduisent avec le
courant de la pile; mais, si l'on tient compte de la surface cylindrique d'iui
fil et de son rapport avec sa section circulaire ; si, d'autre part (comme mes
anciennes expériences me l'avaient fait supposer et comme Guillemin l'a
si bien prouvé), la surface a une action prononcée sur la transmission des
courants instantanés, il est permis de se demander si, en employant des
conducteurs très-longs et de faible section, le fer ne résisterait pas mieux
que le cuivre. Les expériences que j'ai faites récemment me paraissent
trancher la question en faveur du fer. En effet, j'ai opéré comparativement
avec des fils de fer .et de cuivre de i à 6 mètres et plus de long et d'un dia-
mètre de lo à i5 centièmes de millimètre, environ, et j'ai trouvé, con-
( i587 )
trairement à ce que l'on admet généralement, que les fils de fer résistent
mieux à la rupture et à la fusion que les fils de cuivre de même dimen-
sion. Je continue cette étude en employant également des rubans métal-
liques.
» P,-S. — J'ai déjà eu l'occasion, dans mes précédentes Communica-
tions, d'appeler l'attention des météorologistes .sur l'emploi d'un appareil
très-simple et qui n'est autre, en définitive, que le ré^électromètre de Ma-
rianini. Cette disposition peut servir de contrôle permanent de l'état des
paratonnerres des édifices.
» Quant aux indications intéressant la Météorologie, l'Administration
belge vient d'autoriser l'installation de ces appareils dans les bureaux télé-
graphiques.
» Plusieurs ré-électromètres, annexés aux parafoudres, fonctionnent en
Belgique depuis plusieurs jours, notamment à Louvain. Toutes les indica-
tions recueillies seront centralisées et me seront transmises. Je continue
cette étude.... »
PHYSIQUE. — De l'influence du magnétisme sur l'extra-courant ; 'ps.r M. TrIve.
Note présentée par M. Ed. Becquerel.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Soit un oeuf électrique muni de deux tubulures. A la première est
adapté un thermomètre dont la boule pénètre jusqu'au centre de l'œuf; à
la seconde est soudé un manomètre à air libre. La tige supérieure de l'œuf
glisse dans une boîte à cuir munie d'un ressort en spirale qui la fait re-
venir très-rapidement à sa position première quand vient à cesser la pres-
sion qui la met en contact avec la tige inférieure. Les deux pôles d'une
pile, dont le courant passe par un gros électro-aimant de Ruhmkorff, sont
fixés aux deux tiges de l'œuf.
» 1° Examinons d'abord ce qui se passe dans l'œuf, quand on y produit
l'extra-courant, en dehors des deux pôles de l'électro-aimant.
» A l'instant de la rupture du courant, le thermomètre accuse réguliè-
rement une élévation de température de 3 degrés (i); quant à l'effet mé-
canique déjà signalé par Kinnersley, en employant la décharge d'une bou-
teille de Leyde, il se mesure par une élévation de la colonne de mercure
variant entre aS et 3o centimètres.
» 2° Plaçons maintenant l'œuf entre les deux pôles de l'électro-aimant,
[i) La pile est de i5 éléments Bunsen.
( i588 )
et rompons !e courant clans les mêmes conditions de température am-
biante, 21 degrés. Voici ce cpic l'on constate.
» Jamais l'élévation de température accusée par le thermomètre ne
dépasse i degré. Dans une Note du i*'' février de cette année, j'avais déjà
annoncé ce phénomène sous tuie autre forme. J'avais constaté, en effet,
que les modifications éprouvées par le spectre de l'étincelle accusaient une
diminution de chaleur. Cette nouvelle façon d'opérer le prouve plus nette-
ment encore. Quant à l'effet mécanique, la colonne de mercure ne dépasse
jamais 12 ou i5 centimètres. I^'intervention du magnétisme se manifeste
donc clairement, et par une diminution de chaleur, et par un notable af-
faiblissement de puissance mécanique. J'entrerai plus tard dans les déve-
loppements que comporte la constatation de ce phénomène.
» Le 3 janvier 1870, j'annonçais à l'Académie que l'intervention du
magnétisme avait pour effet de modifier la coloration des gaz raréfiés, tra-
versés par un courant d'induction, et d'en transformer les spectres (j'avais
opéré sur sept gaz très-purs). Il semble résulter de mes expériences ac-
tuelles que ces effets sont dus autant à un changement de température des
gaz qu'à un changement de leur pression. »
CHIMIE. — Équivalence chimique des alcalis dans les cendres de divers végétaux ;
par MM. P. Champion et H. Pellet-
(Commissaires : MM. Peligot, Thenard, Hervé Mangon.)
« Dans une Note précédente (i) nous avons établi que les quantités d'a-
cide sulfurique nécessaires pour saturer séparément tous les alcalis conte-
nus dans les cendres de betteraves (racines et feuilles) peuvent varier entre
des limites assez éloignées, mais que leur somme est sensiblement con-
stante; en d'autres termes, que la substitution partielle des alcalis a lieu
suivant leurs équivalents chimiques.
» Nos recherches ultérieures nous ont conduits à penser que cette loi ne
s'applique pas seulement aux betteraves, mais sans doute à une grande
partie du règne végétal, si ce n'est à la totalité.
» Avant d'entreprendre une série d'analyses de cendres de végétaux,
dans le but de vérifier cette loi de substitution, nous avons cru devoir
soumettre au calcid un certain nombre de celles qui ont été publiées; mais
ce nombre est très-restreint, eu égard au point de vue spécial qui fait l'ob-
(1) Comptes rendus, mars iS^S.
( '589 )
jel de cette Note. De plus, ces analyses ne se rapportant qu'à des parties
déteriDinées des végétaux ne peuvent être comparées qu'entre certaines li-
mites.
» En général, il est nécessaire d'incinérer le végétal complet, sauf cer-
tains cas de culture normale dans lesquels les diverses parties qui le consti-
tuent (racines, tiges, feuilles, fruits ou graines) correspondent sensible-
ment à un même développement et à une production égale. On sait, en ef-
fet, que les substances minérales sont inégalement réparties dans les
végétaux et qu'un certain nombre de sels peuvent être absorbés mécani-
quement par les plantes. De plus, MM. Peligot et Pagnoul ont montré ré-
cemment que les betteraves cultivées, en présence d'une grande quantité
de chlorures alcalins, fournissent des cendres contenant un excès de chlore.
» Cela posé, et en tenant compte des causes d'erreurs que nous venons de
signaler, le calcul appliqué aux analyses de cendres de végétaux, emprun-
tées à différents auteurs, a donné les résultats conteiuis dans le tableau
ci-contre, page iSgo.
» On voit, d'après ce tableau, que la potasse et la soude paraissent quel-
quefois se remplacer partiellement suivant leurs équivalents et qu'il en se-
rait de même de la chaux et de la magnésie ; mais que, en général, cette
substitution comprend tous les alcalis.
» En se reportant aux analyses de cendres de betteraves citées dans
notre première Note, on trouve une confirmation des mêmes faits :
Analyses de MM. Moyenne
. 1 ■ de 8 autres analyses
Biet- Karm- de MM. Kohlrausch
Schneider. Wolf. rodt. Fiiblin[j. et Peterniann.
Quantilc d'acide sulfurique correspon- \
dant à la potasse et à la soude con- > 44)0 56,5 53 5^ 5o,7
tenues dans loo"'' de cendres.
Quantité d'acide sulfurique correspon- \
dant à la chaux et à la magnésie >3o,i «7,5 23 17 24,3
contenues dans loo^'' de cendres.. . )
Acide sulfurique total 74»' 74)° 7^ 74 74>9
» La loi de substitution s'applique aussi au tabac, ainsi que nous avons
pu le vérifier sur des feuilles d'origine différente que M. Schlœsinga bien
voulu mettre à notre disposition. Les cendres de cette plante ne contenant
que des quantités négligeables de soude, la potasse, la chaux, la magnésie,
devaient seules prendre part à la substitution.
C.K.,i8-;5, i«f5em.s(;6.(T.LXXX, N»2S.) 207
( 'Sgo )
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Feuilles (le tahae dit Brésil.
(loo grammes de matière sèeho renferment : cendres, r>3,8.)
«o 1. pjû 0, IS'o 1. NO 2.
Acide carbonicpie. . . . i5,2 '4»^ " "
Chaux i5,o 20,8 SO^ correspondant 21 ,43 29)7
Potasse 47'' 38,t Id. 4°)"" 32,35
Magnésie 8,4 7,95 Id. 16,8 i5,go
En déduisant l'acide carbonique, on a
Acide sulfiirique correspondant à 100 grammes de matières
minérales 92,26 90,95
Acide siilfuriqiie saturant la potasse 47 'i ^7,75
Id. Id. la chaux et la magnésie 4^)' 53, 20
Feuilles de tabac du Lot.
(100 grammes de matière sèche renferment : cendres, 21,8.)
N" 3. N" 3.
CO» 19,0
CaO 28, 1 SO' correspondant 4°, i4
KO 19,5 Id. 16, 56
MgO 8,1 Id. 16,20
Acide sulfurique correspondant à 100 grammes de matières minérales. 90,00
» saturant la potasse 20,4
» Id. la chaux et la magnésie 6g, 6
» Dans le cas précédent, la magnésie ne subissait que de légères varia-
tions; il en résulte que la potasse et la chaux se sont remplacées partielle-
ment suivant leurs équivalents chimiques. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la présence du bioxyde d' hydrogène dans la
sève des végétaux. Note de M. J. Clermont.
(Commissaires : MM. Fremy, Edm. Becquerel, Thenard, Cahours.)
« Il résulte des recherches de MM. Schonbein et Meissner (i) que la
molécule d'oxygène, que ces savants considèrent comme diatomique, se
transforme sous l'influencederélectricité en ozone (— ) et en anlozone (+),
l'un des deux atomes composant la molécule se chargeant d'électricité
négative et l'autre d'électricité positive. 1.,'antozone, ou oxygène électro-
positif, ne peut donc pas être produit isolément et ne peut être obtenu que
parallèlement à l'ozone électronégatif, et vice versa.
(i) G. Meissker, Untersuchungen itber dcii Suuerstoff; Hanovre, i863.
207..
( '392 )
)i M. Meissncr a établi, enoiilre, que l'oxygène «'lectroposilif, ou anto-
zoue, possédait seul la propriété de faire passer le protoxyde d'hydrogène
(HO) à un degré d'oxydation supérieur (H0-).
» D'un autre côté, il résulte des travaux d'un grand nombre de savants,
et en particulier de M. Scoutetten, qui a entretenu l'Académie des Sciences
de ses recherches (i), qu'une grande partie de l'oxygène dégagé par les
plantes se trouvait à l'état d'ozone.
« Je me suis demandé, dès lors, ce que devenait, dans le phénomène de
la respiration des plantes, l'autre terme de l'oxygène, c'est-à-dire l'anto-
zone, et si ce gaz ne servait pas à faire passer à l'état de bioxyde d'hydro-
gène une partie de l'eau constituant la sève des plantes.
» J'ai dû admettre a priori, et contrairement à l'opinion de M. Meissner,
que la polarisation électrique de l'oxygène s'effectuait dans le corps même
du végétal. En effet, ce savant admet que l'ozone rejeté par les plantes est
le résultat de la polarisation électrique de l'oxygène, qui précède la com-
bustion des matières organiques qui se trouvent en contact avec les racines
des végétaux et que c'est avec les matériaux provenant de cette combustion
que l'ozone pénètre dans ces mêmes racines, pour être rejeté plus tard par
les organes foliacés.
» J'ai donc entrepris une série d'expériences, destinées à démontrer
l'existence du bioxyde d'hydrogène dans la sève des végétaux. Ces expé-
riences ont été répétées sur une grande variété de plantes, telles que le
tabac, la vigne, la salade, un grand nombre de Labiées, etc.
» Dans le début, mes expériences ne furent pas heureuses, et ce ne fut
que quand j'eus renouvelé mes réactifs, qui doivent toujours être fraîche-
ment préparés, sous peine d'insuccès, et que j'eus opéré sur la sève fraîche
également, que je pus constater nettement la présence du bioxyde dhy-
drogène dans le liquide soumis à mes investigations.
» Pour obtenir le liquide intra-cellulaire aussi limpide que possible, les
plantes ont été écrasées rapidement dans un vase renfermant de l'eau dis-
tillée, qui servait de véhicule à la sève. Cette eau, ensuite, était examinée
à l'aide du réactif dit de Sclwnbcin, réactif très-sensible et composé d'io-
dure de potassium, d'amidon et d'un sel de protoxyde de fer.
» Ce serait m'aventurer sur le terrain de la spéculation que de me de-
mander, actuellement, quel est le rôle réservé au bioxyde d'hydrogène,
dans les phénomènes de la nutrition et de l'assimilation. Il m'est impos-
( i) Comj>tcs rendus, t. XLII, p. <:)4' i '866.
( i593 )
sible également de fournir des notions snr la richesse relative, on bioxyde
d'hydrogène, des différents organes de la plante, ainsi que sur la quanlilé
de ce bioxvde contenue dans un volume ilonné de sève. »
GÉOLOGIE. — Sur les travaux de la mission charijêe d'éludier le projet de mer
intérieure en Alcjérie. Note de M. Roudaire, présentée par M. de Lesseps.
(Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« J'ai l'honneur de rendre compte à l'Académie des travaux qui viennent
d'être exécutés dans la région des chotts, travaux dont les résultats con-
firment entièrement nos prévisions sur l'existence d'un vaste bassin inon-
dable.
» Sur l'initiative de l'honorable M. P. Bert, l'Assemblée nationale avait
voté en 1874 "" crédit de loooo francs destiné aux études préliminaires.
M. le Ministre de la Guerre et M. le Gouverneur général de l'Algérie orga-
nisèrent alors une mission dont ils voulurent bien me confier le comman-
dement. Elle se composait deMM. Parisot et Martin, capitaines d'état-major,
Baudot, lieutenant d'étal-major, Comoy, capitaine d'infanterie, Jacquemet,
médecin-major, Duveyrier, délégué de la Société de Géographie, et Le Cha-
tellier, élève-ingénieur des Mines, délégué du Ministre des Travaux publics.
» Notre but principal était de déterminer par un nivellement de proche
en proche le périmètre du bassin inondable. Ee 2 décembre 1874 nous
quittions Biskra et quatre jours après les travaux commençaient au signal
de Chegga, dont j'avais déterminé l'altitude en iSyS, avec le concours de
MM. les capitaines de Villars et Noil. Les nivellements géodésiques et géo-
métriques exécutés à cette époque ont fait l'objet d'un Mémoire qui a été
présenté à l'Académie. J'aurai l'honneur de lui soumettre plus tard un se-
cond Mémoire détaillé sur les dernières opérations; mais j'ai tenu à lui
communiquer immédiatement les résultats sommaires de nos travaux.
» Le nivellement géométrique exécuté par portées de 120 à i5o mètres,
mesurées à la stadia, ou chaînées lorsque le terrain le permettait, était confié
à deux observateurs qui faisaient successivement deux lectures sur chaque
mire. Le cheminement était levé à la boussole. Les coordonnées géogra-
phiques des points principaux ont été déterminées, soit par des observations
géodésiques, soit par des observations astronomiques, faites avec un instru-
ment portatifs de passages. Commencées le 5 décembre 1874, 'es opérations
ont été poursuivies sans relâche jusqu'au 12 avril 187^, jour où nous rêve-
( '594 )
nions k notro point de départ, après avoir fait le tour des chotts algériens
et relié el Oued à Négrine par un profil en travers. Le nivellement avait
ainsi parcouru une dislance de 65o kilomètres.
» Les profils sur el Oued et Négrine n'entraient pas dans notre pro-
gramme primitif. Ce travail supplémentaire a occasionné au budget de
la mission des dépenses imprévues; mais elles ont été couvertes, grâce au
concours spontané de la Société de Géographie, qui a mis généreusement
3ooo francs à notre disposition, somme bien plus que suffisante, car nous
avons pu lui rendre 2000 francs restés sans emploi.
» Le bassin inondable occupe, en Algérie, une superficie de près de
6000 kilomètres carrés. Il est compris entre les degrés de latitude nord
34° 36' et 33<'5i', et les degrés de longitude est 3^40' et 4°5i'. Dans
les parties centrales, la profondeur au-dessous du niveau de la mer varie
entre 20 et 27 mètres.
» Aucune des grandeset belles oasis du Souf ne serait submergée. Debila,
la moins élevée de toutes, est à 58 mètres d'altitude. Dans l'Oued Rhir,
les oasis peu importantes et peu prospères de Necira et Dendouga seraient
seules inondées.
M On a craint que l'envahissement par la mer du bassin du chott Meirir
n'ait pour résultat de donner lieu à des infiltrations, et de détruire ainsi
une partie des puits qui fertilisent les oasis. Nous avons mesuré la profon-
deur d'un grand nombre de puits situés non-seulement dans le Souf, mais
encore dans les terres de parcours avoisinant le bassin inondable, et nous
avons constaté que tous, sans exception, s'alimentent à une nappe plus éle-
vée que le niveau de la mer.
» La mission ne devait pas franchir la frontière tunisienne. Aussi n'a-
t-elle pu étudier que la pointe occidentale du chott Rharsa ; mais elle a
constaté que ce chott est au-dessous de la Méditerranée et qu'il s'incline
de 2"", 20 par kilomètre vers le golfe de Gabès.
» Les bassins inondables du chott Meirir et du chott Rharsa, quoique
reliés par le chott El Asloudj, ne sont plus aujourd'hui e ncommunication
directe. Ce dernier, en effet, atteint dans sa partie centrale 3™, 20 d'alti-
tude. Il est en outre borné à l'est et à l'ouest par deux chaînes de dunes
dirigées du nord au sud. Ce sont les dunes de Bou-Douil et de Zeninim qui
peuvent être franchies par des passages dont les points les plus élevés
n'ont que 6 à 7 mètres de hauteur.
» En considérant la disposition de la nature des terrains, composés de
sables et d'alluvions, qui séparent actuellement les deux zones submersi-
( ••'">95 )
blés, on est amené à en déduire qu'elles ne formaient autrefois qu'un
vaste bassin resserré vers la région occupée aujourd'hui par le chott el
Asioudj. La partie la plus étroite de ce bassin est celle qui s'est exhaussée
plus rapidement, par suite de l'accumulation successive des alluvions qui
s'y distribuaient sur une surface moins étendue, et des sables versés par les
vents. Ces apports ont alors pris la forme d'une dune très-aplatie, dont le
talus le plus roide est tourné vers l'est, c'est-à-dire du côté opposé aux
vents dominants d'ouest.
M Quoi qu'il en soit, la distance comprise entre les deux bassins est un
peu inférieure à 20 kilomètres. Le relief de l'isthme est très-faible, et il
serait très-facile d'établir une communication à travers les sables et les
alluvions dont il est formé. On inonderait d'abord le chott Rharsa , puis ou
le relierait au chott Melsir par une tranchée à laquelle les eaux, en s'y préci-
pitant, auraient bientôt donné la largeur et la profondeur nécessaires. Le
volume dessables entrauiés serait insignifiant relativement à l'étendue du
bassin ; ils y disparaîtraient. La marée, qui atteint plus de 2 mètres d'élé-
vation à l'extrémité du golfe de Gabès, contribuerait puissamment à ce
résultat. Je dois faire remarquer, à ce sujet, cjue toutes nos altitudes sont
rapportées au zéro donné par le niveau le plus bas du maréométre des
Ponts et Chaussées à Alger. Il faudrait donc les réduire de 2 mètres au
moins, si l'on voulait les rapporter au niveau du golfe de Gabès, au mo-
ment de la marée haute.
» Les bassins tunisien et algérien pouvant être inondés successivement,
le temps nécessaire au remplissage en sera notablement j abrégé, puisque,
pendant la première partie de l'opération, la surface soumise à l'évaporation
sera réduite de moitié. D'ailleurs un chenal intermédiaire aurait l'avantage
de marquer la limite des eaux tunisiennes et algériennes dans la mer inté-
rieure. Ajoutons que la route du Souf à Négrine et Tebessa ne serait jias
interceptée, puisqu'on pourrait jeter un pont sur le détroit.
» Il s'agit maintenant de savoir s'il n'y a sur le territoire tunisien au-
cune difficulté sérieuse à la création d'une mer intérieure. M. l'ingénieur
Fuchs a attribué une altitude d'environ 5o mètres à deux points de l'isthme
de Gabès qu'il a explorés. Nous avons étudié un des baromètres anéroïdes
qui lui ont servi dans cette déteruiinaliou et nous avons constaté que ses
indications présentaient, entre elles, des écarts dépassant 4 millimètres et
correspondant, par conséquent, à des erreurs de (\o à 5o mètres. Dans la
question qui nous occupe, où une différence de niveau de quehiucs mètres
est d'une importance capitale, on ne peut se fonder sur des données aussi
( iSgG )
incertaines. Il est donc indispensable de déterminer, par un nivellement
précis, analogue à celui qui vient d'être fait en Algérie, la profondeur du
bassin tunisien et le relief de l'isthme de Gabès dans toute son étendue. »
M. DE Lesseps, après avoir lu la Communication de M. Roudaire, ajoule :
« Depuis que j'ai reçu le Rapport du capitaine Roudaire, j'ai eu l'occa-
sion d'entretenir M. Fuchs sur les résultats de son exploration du golfe de
Gabès. Cet ingénieur, que M. Élie de Beautnont considérait comme un de
nos géologues les plus éminents, n'a pas pu se tromper sur la nature des
lorrains qu'il a visités ; mais il n'a pas pu, dans la saison chaude où il voya-
geait, parcourir toute la côte du golfe, et il est fort possible que, dans
l'étendue de la côte, il y ait des points plus favorables pour l'introduction
de la mer.
)) En ce qui concerne leur altitude, il est évident qu'il faut attendre des
études sur les chotts tunisiens, semblables à celles faites par M. Roudaire
sur les chotts algériens.
» Dans ce moment une Commission italienne fait cette étude, et lorsque
les résultats en seront connus, la Commission nommée par l'Académie
pourra se prononcer. Il serait à désirer cependant que le gouvernement
français s'occupât de terminer les études relatives à une question qui l'in-
téresse si directement, et dont il a pris l'initiative. »
M. le Seckétaire perpétuel analyse diverses pièces relatives au Phyl-
loxéra, parvenues à l'Académie :
i°Une Note de M. Guejraiid qui, après avoir constaté l'effet utile de
l'ammoniaque pour la destruction du Phylloxéra, a construit un appareil
propre à déterminer rapidement l'injection de ce liquide dans le sol autour
des ceps attaqués;
a° Une Note de M. Rousseau, constatant de nouveau les bons effets des
résidus et eau d'enfer des moulins à huile, contre le Phylloxéra.
3° Des indications de divers procédés, par MM. Jjjolie, G. de Baranyay,
Coicjnet, Didier, B. Diujas, Joumier, Labbé, A. Peret, A. Soulié, H. Stieren
A. Szerlecki, Filledieu, H. JVittwer.
(Ces divers documents sont renvoyés à la Commission du Phylloxéra.)
M. A. RiviàuE adresse une Note sur l'origine des calcaires. L'extrait sui-
vant fait comprendre l'idée de l'auteur :
( '^97 )
« Aux premiers âges du globe, les régions atmosphériques étant chargées
de différentes substances volatilisées, après un abaissement suffisant de
température dans l'atmosphère et sur la terre, la condensation et la préci-
pitation des éléments du calcaire ont eu lieu pendant une durée indéter-
minée. Dès lors ces matières se sont déposées sur la terre et dans les eaux
qui recouvraient notre globe, sinon entièrement, du moins en majeure par-
tie, et l'acide carbonique qui était en excès pouvait dissoudre et maintenir
la chaux à l'état de carbonate.
» Telle serait la provenance des principes calcaires qui se sont trouvés
dans les milieux où se développaient les êtres organisés et où ceux-ci ont
pu les puiser, dès que la température s'est suffisamment abaissée pour leur
existence. »
(Renvoi à l'examen de M. Daubrée.)
MM. DE Bexazé et RisBEc adressent à l'Académie, par l'entremise de
M. Resal, un Mémoire « Sur le mouvement complet du navire oscillant
sur l'eau calme ».
Dans ce Mémoire, les auteurs ont relaté et discuté les résultats des expé-
riences qui ont été faites au port de Brest sur divers bâtiments de la flotte,
notamment sur iElorn, navire à hélice du poids de loo tonneaux. Un
Atlas comprenant onze planches est joint au Mémoire.
(Commissaires : MM. l'amiral Paris, l'amiral Jurien de la Gravière,
Dupuy de Lôme.)
M. Mangi\ demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé par lui le
i4 juillet 1874 et inscrit sous le numéro 2834.
Ce ph, ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel, contient une
Note sur un mode particulier de construclion des miroirs sphériques pro-
posé pour combattre l'aberration de sphéricité par réflexion au moyen de
l'aberration de sphéricité par réfraction.
(Commissaires: MM. Faye, Fizeau, Edm. Becquerel, d'Abbadie, Janssen).
MM. Paqcelin et Jolly adressent pour le Concours du prix Barbier ime
analyse comparative des sangs artériel et veineux au point de vue de leur
constitution minérale.
(Renvoi à la Commission.)
C. R., 1875, 1" Semetire. {T. LXXX, «o 2B.) 2o8
( ïScjH )
M. DÉci.AT adresse une Note sur le charbon de l'homme et prie l'Aca-
démie de la comprendre avec une Note présentée le aS janvier, parmi les
pièces admises à concourir pour le prix de Médecine et Chirurgie.
(Renvoi à la Commission.)
M. A. Bazin adresse pour le Concours du prix Lacaze un Mémoire sur
la phthisic pulmonaire.
(Renvoi à la Commission. )
M. A. Vidait adresse un Mémoire ayant pour objet l'utilisation des pro-
duits ultimes résultant de la fabrication du vin.
(Renvoi à la Section d'Agriculture.)
MM. L. Kessler et R. Faure adressent une Note sur un nouvel appareil
pour la concentration de l'acide sulfurique.
(Renvoi à la Commission des Arts insalubres.)
MM. Bonhomme, F. Chany, Gilbert Corre adressent des Communications
relatives à la navigation aérienne.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
M. F. Glénard adresse une réclamation de priorité relative aux faits
énoncés dans une Note de M. Gautier intitulée « Sur la production de la
fibrine du sang (i ) ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée pour examiner
la Note de M. Gautier.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre des Affaires étrangères adresse a l'Académie, pour les
répartir entre les Membres ou Correspondants des différentes classes de
l'Institut que la question intéresse, trois cents exemplaires des Procès-ver-
baux de la Conférence diplomatique du mètre.
(i) Comptes rene/iis, 3i mai iSyS.
( i599 )
L'Académie des Lvscriptioxs et Belles-Lettres prie l'Académie des
Sciences de vouloir bien désigner un de ses Membres pour faire partie de
la Commission mixte chargée d'examiner les ouvrages envoyés au Concours
du prix Fould (Histoire des arts du dessin chez les différents peuples do
l'antiquité jusqu'au siècle de Périclès).
La Société impériale des naturalistes de Moscou fait savoir à l'Académie
qu'elle se propose de célébrer, le i5/3 octobre 1875, le cinquantième anni-
versaire du doctorat de son Président actuel, M. Alexandre Fischer de
Waldheim.
MM. Ch. André, Arloing et Tripier, Armieux, Bouquet de la Grye,
Bresse, G. Fleuriais, A. Forel, G. Héraud, E. de Kertanguv, E. Létié-
vant, E. Mouchez, Pellarin, Peter, E. Reboul, A. Sabatier, de Seynes
adressent leurs remercîments à l'Académie pour les récompenses qui
letn- ont été décernées.
ASTRONOMIE. — Parallaxe solaire déduite de la combinaison de l'observalion
de Nouméa avec l'observation de Saint-Paul; par M. Ch. André.
« J'ai l'honneur de vous informer que l'observation faite à Nouméa avec
la limette de 6 pouces donne, par sa combinaison avec les observations de
Saint-Paul, les valeurs suivantes de la parallaxe solaire :
» 1° 8", 88 avec l'observation de M, Mouchez (8 pouces);
» 2" 8", 82 avec l'observation de ]\L Turqnet (6 pouces).
» Les nombres trouvés aux trois lunettes de 4 pouces donnent une va-
leur très-différente de celles-là. J'ai écrit à M. Struve, direcleur de l'Obser-
vatoire de Pulkowa, pour le prier de vouloir bien me communiquer les
nombres obtenus dans les différentes stations russes, afin de les remettre à
M. Puiseux et les combiner avec celui de Nouméa, u ^
ACOUSTIQUE. — Sur les valeurs numériques des intervalles mélodiques dans
la gamme chromatique chantée. Note de M. Bidault, présentée par
M. Desains.
« La gamme chromatique chantée se compose de douze notes. Nous
représenterons ces notes par des nombres placés entre parenthèses. Chaque
nombre indique le rang occupé, par la Note correspondante, dans la gamme
ascendante.
208..
( i6oo )
Gamme chromatique chantée.
(i) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (lo) (I.) (12).
)) Dans le travail que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie, je me
suis proposé de déterminer les valeurs numériques des onze intervalles qui
existent entre la note tonique (i) et les autres notes de la gamme chro-
matique.
» On sait que la valeur numérique de l'intervalle de deux sons est le
rapport entre les nombres des vibrations effectuées pendant un temps
donné dans les mouvements vibratoires qui correspondent respectivement
à ces deux sons.
» Pour déterminer ces rapports, j'ai employé un sonomètre qui ne
porte pas de règle divisée et n'a qu'une seule corde tendue, sur deux che-
valets fixes, par deux poids égaux. En outre, le chevalet mobile est limité,
à sa partie supérieure, par un plan un peu incliné. Cette disposition facilite
le déplacement de ce chevalet, et permet de l'introduire sous la corde
tendue sans faire varier la tension. On le glisse doucement sous la corde
jusqu'à ce qu'il la touche exactement sans la soulever. On fixe la corde sur
ce chevalet, en appuyant légèrement avec uiie pièce en bois tondre que
l'on tient d'une main.
)) Les expériences dont il s'agit ici se font de la manière suivante. On
prend pour note (i) le son donné par la corde entière. On cherche, en
tâtonnant, à l'aide du chevalet mobile, la longueur de corde qui paraît
donner exactement la note aiguë de l'intervalle dont on s'occupe. On me-
sure celle longueur. Le rapport entre cette longueur et celle de la corde
entière est, comme on sait, l'inverse du rapport cherché entre les nombres
de vibrations.
» J'ai fait de cette manière vingt expériences sur chacun des onze inter-
valles lie la gamme chromatique; et, en outre, vingt expériences sur l'in-
tervalle d'octave.
» Les résultats de ces expériences, pour les onze intervalles de la
gamme chromatique, semblent se rapporter aux valeurs numériques con-
tenues dans le tableau suivant. Chaque valeur numérique est placée au-
dessous de la note aiguë de l'intervalle correspondant.
Valeurs numériques des intervalles dans la gamme chromatique chantée.
(i) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (lo) (II) (13),
i6c)6542538 5 91^
'T5b5 43i8 2 5 3 5 8*
( i6o. )
» Les tableaux suivants contiennent les résultats des expériences. On
trouve, au-dessous de chaque note aiguë : i° la moyenne des longueurs de
corde qui ont donné cette note dans les vingt expériences; 2° la longueur
de corde qui donne cette noie, d'après les valeurs numériques adoptées
dans le tableau précédent.
Longueur de corde donnant la note (i) : ^oo millimètres,
Notesaiguës (2) (3) (4) (5)
Moyennes 375,17 355,98 334, 02 319,86
Longueurs adoptées 375 355,56 333,33 32o
Longueur de corde donnant la note (i) : 5oo millimètres.
Notesaiguës (6) {7) (8) (9)
Moyennes 374,61 358,86 333,79 3i3,i3
Longueurs adoptées 375 36o 333,33 3i2,5o
Longueur de corde donnant la note (i) : 5oo millimètres,
Notesaiguës (10) (11) (12) octave
Moyennes 299,04 277,84 265,72 25o,22
Longueurs adoptées ... . 3oo ^77'?^ 266,67 25o
» Voici, en outre, au-dessous de chacune des douze notes aiguës, la pe-
tite différence entre l'intervalle qui résulte de la moyenne et l'inlervalle
donné par la valeur numérique adoptée. Ces différences sont exprimées
en prenant pour unité le centième du comma.
(2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (II) (,a) octave
4 10 17 4 s "^ •' '6 26 2 29 7
» On retrouve, dans la gamme chromatique, toutes les notes des gammes
,... . ,. T . q654385()i5
diatoniques, majeure et mineure. Les rapports i, g, _, , ^, -, d,
étaient généralement adoptés pour caractériser les intervalles des gammes
diatoniques, avant les expériences faites sur les intervalles mélodiques par
MM. Cornu et Mercadier. Les notes (2) et (■7), caractérisées par les rap-
ports —p et -^5 sont seules étrangères aux gammes diatoniques.
)i J'ai étudié, à l'aide du sonomètre, un certain nombre de mélodies
appartenant à notre musique moderne. En assimilant la note (i) à tine note
tonique, on retrouve dans ces mélodies toutes les notes de la gamme chro-
matique, et l'on ne trouve aucune autre note.
» Il semblerait donc que les douze noies de la gamme chromatique chantée
sont les éléments de notre musique moderne.
( l602 )
» D'autre part, il n'est pas impossible que la gamme chromatique chan-
tée, qui contient toutes les notes des modes majeur et mineur, contienne
aussi toutes les notes de plusieurs autres modes appartenant à des systèmes
musicaux anciens ou étrangers.
» Je ferai observer, en terminant, que le développement de mes facul-
tés musicales n'a pas eu d'autre guide que l'étude du piano. Si l'on veut
bien remarquer, en outre, que la gamme chromatique déterminée par les
expériences précédentes diffère sensiblement de celle du piano, on est
conduit à conclure que les intervalles musicaux ne doivent pas être consi-
dérés comme les résultats d'une habitude acquise sous la seule injluence de l'édu-
cation. »
ACOUSTIQUE. — Nouvelles flammes sonores. Note de M. C. Decharme.
« En faisant brûler le gaz de l'éclairage par un tube de 3 à 5 millimètres
de diamètre, on obtient une flamme de 3o à 5o centimètres de hauteur. Si,
à l'aide d'un autre tube analogue, on dirige contre cette flamme un courant
d'air modéré (au moyen d'une boule en caoutchouc que l'on comprime à
volonté), on produit des sons persistants et très-variés, selon le point d'at-
taque de la flamme et suivant la pression de l'air insufflé ou le rapport des
diamètres des tubes.
» Lorsque le jet d'air, prenant la flamme à sa partie supérieure, descend
successivement jusqu'à i décimètre envii'on de sa base, on voit cette co-
lonne de feu se diviser d'abord, s'abaisser, puis se tordre sous le jet, l'en-
velopper, le laisser passer en l'entourant d'un mince liséré bleu clair; on
entend alors un déchirement continu de ce voile lumineux. Lorsqu'on ar-
rive à 2 ou 3 centimètres de l'orifice du bec de gaz (le tube soufflant étant
tenu horizontalement et débouchant dans la flamme), il se produit un sif-
flement assez fort. Enfin, quand les deux tubes s'affleurent, se touchent, le
sifflement peut devenir strident, ou bien, si la pression est faible, se changer
en un son musical très-net et agréable à l'oreille.
» L'expérience réussit bien encore avec un bec de Bunsen brûlant à
blanc (les ouvertures latérales fermées), le tube soufflant étant placé hori-
zontalement, un peu au-dessous de l'orifice du bec et au contact. Il est à
peine nécessaire d'ajouter que, dans ces conditions, aucun son ne se pro-
duirait s'd n'y avait pas de flamme.
» En faisant varier les éléments du phénomène : nature et pression des
gaz combustible et insufflé, position, diamètre, forme et nature des tubes,
( i6o3 )
on obtient des modifications plus ou moins grandes relativement aux qua-
lités des sons produits, aux formes et aux couleurs des flammes.
» D'autre part, rien n'est plus curieux que de regarder ces flammes so-
nores au miroir tournant, de suivre leurs déformations subites, leurs solu-
tions de continuité, leurs vibrations rapides, que ce moyen permet d'a-
nalyser sans peine.
» Quant à l'explication de ces faits, je demande à l'Acadéniie la permis-
sion delà réserver pour une autre Communication, car j'ai quelques raisons
de penser, sauf plus ample contrôle expérimental, qu'ici l'air insulflé ne
joue pas un rôle purement mécanique, mais encore et surtout un rôle chi-
mique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du chlore sur Célher isolnitjlio(tli)-(lri(jue.
Note de M. Prcmer, présentée par M. Bertlielot.
« Quand on fait passer du chlore sec dans l'éther refroidi, il se forme
d'abord C'H'Cl, et l'iode se précipite. En ménageant l'arrivée du gaz, ou
évite réchauffement et la distillation de l'éther chlorhydrique, puis il se
forme du chlorure d'iode, et la substitution commence.
» Elle est bientôt rendue manifeste par le dégagement de fumées d'hy-
dracide, qui se produit à l'extrémité de l'appareil. La réaction se passe vers
80 degrés. A la fin il se forme du trichlorure d'iode et la liqueur se décolore
sensiblement.
» On déc inte, on lave, on dessèche et l'on obtient un mélange presque
incolore qui contient les différents corps chloro-substitués.
» Une première distillation fournit un premier tiers avant 160 degrés, un
second tiers entre 160 et 190 degrés et un tiers au-dessus de 190 degrés;
mais dès 170 degrés la décomposition commence, et l'on constate un déga-
gement gazeux.
» Pour éviter cette décomposition, on a eu soin, par la suite, d'opérer la
distillation dans le vide à partir de i4o degrés. Avec une pression de 4 à
5 centimètres de mercure dans l'appareil, la distillation s'effectue régulière-
ment et sans décomposition.
» C'est dans ces conditions qu'ont été effectuées trois séries de fraction-
nements qui ont permis de constater plusieurs points fixes. L'un est à
-1-72'' (il correspond à peu près à «145 degrés, sous la pression nor-
male), un autre vers 95 degrés, un troisième vers 112-11 5 degrés, un
quatrième vers i3o degrés, un cinquième de 146 à i48 degrés.
( i6o4 )
» Il y en a encore d'autres, dont on s'est moins occupé jusqu'à présent, et
la distillation continue ainsi jusqu'à 200 degrés et niéine 240 degrés. A ce
nionieut il se produit des fumées abondantes, et il reste dans l'appareil un
résidu charbonné, qui se solidifie par le refroidissement, mais où l'on a pu
constater cependant la présence d'un corps blanc, d'apparence cristalline,
très-altérable à l'air, surtout en solution dans l'alcool. On n'a pu encore
l'isoler d'une façon satisfaisante, mais c'est un terme fort avancé de la
substitution chlorée.
» Les densités varient et s'élèvent en même temps que les points d'ébul-
lition. C'est ainsi que, pour le corps bouillant à 72 degrés, elle est environ
de 1,26 à + 18"; pour celui qui passe à ii5 degrés, elle est de i,5;
celui qui passe à 146-148 degrés a fourni 1,67; celui qui passe à 160 degrés
1,8, et les composés supérieurs atteignent et dépassent 2.
» L'étude de ces composés nombreux et difficiles à séparer est loin d'être
terminée : elle se poursuit actuellement, ainsi que celle des dérivés princi-
paux. Je dirai seulement aujourd'hui que par l'action de l'eau en excès,
dans des tubes scellés, à une température voisine de 170 degrés, on les
voit se dissoudre, au moins en grande partie. Le chlore passe à l'état
d'acide chlorhydrique.
» Voici quelques chiffres destinés à fixer les idées sur le degré de substi-
tution.
» o^\li2'] du corps bouillant à 1 46-1 48 degrés (dans le vide) ont fourni :
acide carbonique, 0,268; eau, o,o56 ; en centièmes : C= 17,0 ; H == i,5.
D'autre part les dosages de chlore concordant entre eux fournissent
comme moyenne, en centièmes, Cl = 82, 28.
» Or le composé G* H* Cl*' doit donner
C=i8,i, H=i,5, Cl -.81,4.
u Ces nombres s'accordent avec ceux fournis par l'analyse ci-dessus, en
admettant dans les corps en question une trace de composé chloré supé-
rieur.
Ainsi, dès 146 degrés, on a 6 équivalents de chlore fixés sur la molécule
bulylique.
Ces recherches ont été faites et se continuent en ce moment au labora-
toire de M. Berthelot. »
( i6o5 )
PHYSIQUE. — Sur ta force portative des airnaiils de M. Jamin.
Note de M. A. Saxdoz.
« Sur quatre aimants de M. Jamin pris au hasard, les expériences sui-
vantes ont été faites en vue de reconnaître si un aimant perd ou gagne en
force, avec le temps, à rester en contact avec son armature ou à en être
séparé. On a cherché aussi à se rendre compte de ce qui arrive lorsque, après
l'arrachement, on charge de nouveau l'aimant, et dans quelle proportion
il gagne ou perd en force portative.
» Il paraît résulter de ces expériences que les aimants de M. Jamin :
» 1° Ne perdent pas de leur force avec le temps etqu'ilsen gagnent plutôt;
» 2° Qu'on ne gagne pas sensihlement à les laisser armés, et qu'ils se
conservent également armés ou désarmés ;
» 3° Qu'enfin la force portative pour un aimant qui subit des arrache-
ments successifs passe durant le cours d'une expérience par quelques
petites variations; mais, en somme, l'aimant gagne plutôt qu'U ne perd.
M Parmi les nombreuses expériences qui ont été exécutées, je donnerai
les résultats obtenus avec l'un des aimants :
(D'une expérience à l'autre l'aimant est laissé armé de son contact.)
Poids de l'aimant 4" °
Poids de l'armature 69 , 7
Dates.
3o avril 1875,
3 mai
7 mai
10 mai
18 mai
a5 mai
I juin
7 juin
II Juin.
Poids porté,
compris celui
de rarmalure.
Rapport
du poids porté
à celui de l'aimant.
Température.
7»429
18
0
i5,5
7» 9^0
ï9>3
i5
8 »
'9.4
'7
8,160
i9>8
16,5
7,9«5
i9'4
"3
7,i4o
17,3
'9
7,880
19,1
24
8,910
21 ,6
24
/ 7,38o
'7.9
8,760
21,3
9,100
22, 1
/ 9,33o
22,7 >
'9 (>]
7 '980
'9.4
8,i3o
'9.7
7' 930
'9.'-
(i) L'aimant est chargé à nouveau aussitôt rarracliemcnt, mais en ayant soin d'enlever
I kilogramme de la charge qui a produit la rupture.
C,K.,i87i, lor .Semestre. CT. LXXX, N» 25.) ■^"Q
( i6o6 )
» r,a méthode employée pour étudier ces aimants est des plus simples :
on a suspendu au crochet de l'armature un sceau de zinc du poids de
3 kilogrammes. On charge ce vase, pour l'aimant que l'on étudie, d'un
poids qui ne diffère de celui qui doit produire l'arrachement que de i à
1 kilogrammes. On complète ensuite la charge au moyen d'un filet d'eau
débité par un réservoir. Au moment même où la rupture a lieu, on ferme
le robinet et l'on pèse le tout (vase, eau, armature).
« T;a méthode du filet d'eau pour charger graduellement un aimant me
semble excellente et montre que la charge graduelle doit être prise fort
loin de la limite probable et non pas seulement près de cette limite, comme
on le croyaif. »
PFIYSIOLOGIE ANIMALE. — Appareils schématiques nouveaux relatifs à la respi-
• ration. Note de M. G. Carlet, présentée par M. Milne Edwards.
« 1° Le premier appareil que je décrirai a rapport à la respiration des
Mammifères. Il sépare nettement les trois ordres de phénomènes qui pré-
sident à cette fonction, savoir: les phénomènes mécaniques qui amè-
nent le renouvellement de l'air respirable, les phénomènes physiques qui
produisent les échanges gazeux entre l'atmosphère et le sang, enfin les phé-
nomènes chimiques qui entraînent la formation de l'acide carbonique.
)) Un soufflet dont la tuyère figure la trachée est chargé d'effectuer le
mécanisme de la respiration. Il représente, à la fois, la cage ihoracique et
le poumon qui s'accompagnent toujours dans leurs mouvements. Ce souf-
flet est percé d'un trou sur le milieu de chaque face, et chacun de ces trous
est muni d'une soupape. L'une de ces soupapes, que j'appellerai A, s'avance
de dedans en dehors, tandis que l'autre, que je nommerai B, se meut au
contraire de dehors en dedans. De plus, le soufflet poi te à son intérieur
une cloison médiane parallèle aux deux faces et dont on verra l'usage dans
un instant. Dans les deux trous des faces sont enfoncés des tubes de verre
qui, parle moyen de tuyaux de caoutchouc, mettent le soufflet en commu-
nication avec les deux tubulures d'un flacon fermé contenant à son inté-
rieur un charbon qui reste longtemps incandescent. Ce flacon et le char-
bon figurent le système capillaire elles matières carbonées de l'organisme,
» Cela posé, si l'on fait manœuvrer le soufflet, il aspirera de l'air et
rendra de l'acide carbonique, comme le poumon, ce dernier gaz se formant
dans le flacon, c'est-à-dire dans les tissus. On voit, de plus, que toujours
un courant d'oxygène va du soufflet au flacon, dans le tube qui correspond
( i6o7 )
à la soup;ipe A, tandis que contrairement un courant d'acide carbonique
se dirige en sens inverse, du flacon au soufflet, dans le luhe qui est en
rapport avec la soupape B. C'est la réalisation de la circulation gazeuse
dans l'organisme, où le demi-cercle à sang rouge du cycle circulatoire
amène l'oxygène du poumon aux tissus, pendant que le demi-cercle à sang
noir leur enlève l'acide carbonique pour l'emporter dans le poumon. On
voit encore que, dans cet appareil comme dans l'économie, au moment de
l'inspiration, il y a à la fois, sous l'influence du vide produit, entrée de l'air
atmosphérique dans le poumon et sortie de l'acide carbonique du sang à
l'intérieur de cet organe, au lieu que, pendant l'expiration, l'air se trouvant
comprimé dans le poumon, il y a pénétration dans le sang d'une partie de
l'oxygène inspiré, en même temps que l'acide carbonique est chassé au
dehors.
» Il est clair que, dans un schéma, on ne peut songer à réaliser les con-
ditions naturelles de l'hématose; mais il suffit ici que les soupapes A etBagis-
sent dans le même sens que la membrane pulmonaire, ce qui a lieu. 11 fal-
lait aussi faire en sorte que l'acide carbonique exhalé dans le soufflet ne
s'introduisît pas par la soupape qui livre passage à l'oxygène. La cloison
médiane qui divise le soufflet en deux compartiments a été mise dans ce
but.
» 2° Un autre appareil reprodiiit d'une manière très-simple le fonction-
nement complexe de l'appareil respiratoire de la Grenouille. On sait que
cet animal déglutit l'air pour respirer, mais on a cru, pendant longtemjjs,
que l'oblitération des narines était nécessaire pour que cette déglutition
pût s'effectuer. M. le professem- Bert a fait récemment des études précises
qui montrent que les narines de la Grenouille restent ouvertes pendant tout
le temps de la respiration, se rétrécissant à peine un peu au moment de la
déglutition. Le schéma suivant reproduit très-exactement le mccanisnie
décrit par M. Bert dans ses Leçons sur la respiration. Une cloche représente
la cavité buccale de la Grenouille. Celte cloche porte deux tubulures, l'une
supérieure [canal nasal)., et l'autre latérale {cjlotte), qui se continue avec un
tube de caoutchouc terminé par une ampoule à parois minces {poumon).
La base de la cloche est fermée par une membrane de caoutchouc {plan-
cher buccal) qui, par le moyen de la traction ou du relâchement d'ini fll
fixé en son milieu, imite les mouvements delà gorge de l'animal. Une serre-
fine, disposée sur le tube de caoutchouc, permet d'imiter l'ouverture el la
fermeture de la glotte.
» Supposons l'ampoule remplie d'air et maintenue gonflée; au moyen de
209..
( i6o8 )
la serre-fine (repos pulmonaire); je tire sur le fil (abaissement inspiratoire
de la gorge) et l'air extérieur pénètre dans la cloche par la tubulure nasale.
Aussitôt j'ouvre la serre-fine, et la vessie revient sur elle-même (expiration),
son contenu s'échappant par la tubulure supérieure. Si alors je lâche le fil
et qu'en même temps j'obture un peu la tubulure nasale avec le doigt,
l'ampoule pulmonaire se gonflera violemment (déglutition inspiratoire).
Telles sont les phases du mécanisme respiratoire de la Grenouille.
» 3° J'ai pu aussi imiter le mécanisme de la respiration des poissons
osseux au moyen d'une boîte [chambre branchiale) qui porte sur deux de
ses faces parallèles un volet (opercule) mobile autour d'une charnière verti-
cale fixée à son bord antérieur. Chaque volet est reçu dans un chambranle
et peut s'ouvrir ou se fermer, à la manière d'une porte, par le moyen d'un
bouton situé sur sa face extérieure. La boîte est ouverte en avant [bouche)
et munie d'une soupape [valvule) mobile d'avant en arrière. Une membrane
de caoutchouc est sanglée tout autour de la boîte; elle est percée de deux
trous pour laisser passer les boulons des volets, et s'étend depuis la char-
nière jusqu'à l'extrémité libre des volets qu'elle dépasse légèrement [bord
membraneux de l'opercule). La boîte étant remplie d'un liquide coloré, si
on la plonge clans l'eau et qu'on fasse mouvoir les volets, on voit l'eau exté-
rieure pénétrer dans la boîte par l'orifice antérieur chaque fois que l'on
ouvre les volets. Chaque fois qu'on les ferme, le liquide coloré s'échappe
en arrière par-dessous la membrane de caoutchouc.
» 4° Enfin j'ai reproduit le mécanisme respiratoire des Crustacés déca-
podes, si bien étudié et décrit par M. Mil ne Etiwards. Un tuyau quadran-
gulaire présente une fente inférieure et iui orifice antérieur auprès duquel
j'ai disposé en dedans une palette. Celle-ci est mobile autour d'un axe ho-
rizontiil au moyen d'une manivelle extérieure. Si l'on met cet appareil dans
l'eau, après l'avoir rempli de sciure de bois, et qu'on fasse mouvoir la val-
vule, on la voit, à chaque fois, rejeter au dehors luic pelletée de sciure.
B Ces appareils sont très-simples à construire. Les services qu'ds m'ont
rendus dans l'enseignement m'engagent surtout à les faire connaître. «
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — De l'influence des Solanées vireuses en général^ et de
la Belladone en particulier, sur les Rongeurs et les Marsupiaux. Note de
M. E. IIeckel, présentée par M. Chatin.
« La question de l'absorption et de l'élimination des principes actifs des
Solanées vireuses n'étant pas résolue, j'ai pensé qu'il pouvait y avoir intérêt
( i6og )
à étudier dans ce but les conditions dans lesquelles se réalise l'immunité
bien connue et jusqu'ici inexpliquée dont jouissent certains Vertébrés à
l'égard de ces poisons. Le fait, pourceqni concerne les Rongeursen général,
et surtout les Lapins et les Cobayes, est connu depuis longtemps relative-
ment à la Belladone : j'ai étendu l'observation à divers animaux et je l'ai fait
porter non-seulement sur VAlropa Bellndonna, mais encore sur \aJusquinme
Hanche et?/ojVeetsurles Dalura Stramonium et Taliita. Depuisdécembre 1873
j'ai fait varier les deux termes de l'expérimentation, en circonscrivant le
sujet animal dans les Bongeurs et le sujet végétal dans les Solaiiées virevses.
Je puis aujourd'hui affirmer que le Lapin et le Cobaye peuvent facilement
être alimentés avec les feuilles et les racines mêmes des Solanées sus-indi-
quées, sans en souffrir, et cela pendant un temps très-prolongé ; que, de
plus, le rat supporte l'introduction des mêmes végétaux dans son régime
ordinaire avec la même facilité. Pour ce qui touche aux deux piemiers
animaux, l'immunité est telle que j'ai pu en élever des générations et les
faire reproduire en ne les nourrissant pendant la belle saison que de Jus-
quianie, de Belladone ou de Datiira frais, et, durant l'hiver, de so/i mêlé par
moitié de poudre de ces feuilles ou de racines.
» Voici ce qu'on observe quand on établit le régime solanéen sur ces
animaux. Si l'on a entre les mains un sujet adulte neuf, il ne passe pas subi-
tement à un régime nouveau sans en souffrir : aussi le voit-on maigrir tout
d'abord et d'une manière assez sensible. Bientôt, en sept ou huit jours,
l'accoutumance se produit, et l'animal, malgré la dose assez considérable
de feuilles qu'il absorbe, ne présente aucun des phénomènes bien connus
qui caractérisent ces poisons. C'est ainsi que ni la Belladone, ni les Jiis-
quiames, ni les Datura ne déterminent dans ce cas la dilatation delà pupille.
Par contre, les jeunes Lapins et Cobayes soumis dès leur naissance à cette
alimentation exclusive, non-seulement n'en souffrent aucunement, mais
languissent quand on les met fout à coup au régime ordinaire : ils ne pré-
sentent jamais non plus le phénomène de la mydriase. Antérieurement à
ces observations, en 18G8 et 18G9, dans le cours d'un voyage en Australie,
j'avais essayé de contrôler, sur des Mammifères inférieurs, l'assertion de
M. Bouchardat, touchant l'influence du régimesolanéen . Le hasard ayant mis
entre mes mains un Halmaturus Billardieri et un Cusciis maculalus, j'essayai
l'action de la Belladone et constatai qu'après trois mois non interrompus
d'une alimentation composée exclusivement de fruits [bananes, mangues)
saupoudrés de poudre de ces feuilles, aucune action du poison ne se tra-
duisait au dehors. Pour les Cobayes et les Lapins, sur lesquels j'ai plus par-
( i6io )
ticulièreineut porlé dt-puis mon attention, j'ai recherché l'action de la
Belladone a cause de la plus grande facilité qu'il y avait à se procurer l'al-
caloïde pur pour l'exécution des expériences dont je vais donner les résul-
tats. Quand je voulais tenter une recherche, jesoumettais, huit jours avant,
les animaux qui y étaient destinés à une alimentation mieux réglée par le
choix (les feuilles de Belladone. Cette précaution ne paraîtra pas inutile à
ceux qui savent combien est variable la quantité d'atropine renfermée dans
ces feuilles suivant l'élat de la végétation. Lefort a prouvé que la dose
d'alcaloïde diminue considérablement dans ces organes dès que la fleur
est tombée et que le fruit apparaît. J'échappais à ces causes d'erreur en
prenant mes feuilles pendant la floraison et attendant cette époque pour
expérimenter. J'ai voulu connaître quelle serait l'action de l'atropine sur
l'œil d'un Lapin au plus fort du régime atropique et si elle serait semblable
à celle exercée sur un même animal non soumis à cette alimentation. Les
deux animaux furent mydiiasés; mais, tandis que le premier Lapin ne pré-
sentait de dilatation sensible qu'avec une solution de sulfate d'atropine de
o^"", 1 5 pour I oo grammes d'eau, le second était mydriasé à une dose, 5 fois
moindre, de o8'^,o3 pour loo.
n Quant à la tolérance vis-à-vis du sulfate d'atropine, de la daturine et de
V hyosciamine injectées hypodermiquement, elle fut aussi plus considérable
chez le premier que chez le second. Tandis que les animaux de première
provenance pouvaient supporter jusqu'à o^', 60 d'alcaloïde sans mourir,
ceux de seconde ne dépassaient pas o,45 à oS"", 5o sans succomber.
» Il est natiu'el d'admettre que chez ces animaux l'élimination du poison
doit être très-rapide, et c'est ce qui explique en partie l'immunité dont ils
jouissent. Une preuve en faveur de cette appréciation m'est fournie par ce
fait que les animaux soumis au régime belladonné ont pn être mangés im-
punément dans toutes leurs parties (le tube digestif excepté), par des chiens
et des chats bien observés. Cependant cette rapidité d'élimination ne sau-
rait tout expliquer et il convenait de chercher d'autres causes à cette immu-
nité. M. Bouchardat a pensé avec raison que cette élimination rapide chez
ces animaux se fait surtout par les reins et M. Rabuteau appuie cette ma-
nière de voir, en faisant remarquer qu'on trouve rapidement l'alcaloïde
dans l'excrétion rénale, après injection hyjiodermiqne. J'ai cherché l'atro-
pine dans les déjections des Lapins soimiis au régime belladonné et on
employant simultanément les réactifs chimiques et la réaction physiolo-
gique bien connue de la pupille. Des Lapins témoins, capables d'ac-
cuser l'introduction de uS'^,o3 de sulfate d'atropine dans 100 grauunes
( 16II )
d'urine normale cmplojée on collyre, étaient utilisés dans' ce but. Avec
ces précautions, dans les conditions normales du régime atropiqiie, je
n'ai jamais trouvé de trace de cet alcaloïde dans ce produit d'excrétion.
Il en fut tout autrement quand l'atropine avait été injectée dans le tissu
cellulaire : dès que la dose employée en une fois dépassait o"^', 45, les
premières lu-ines témoignaient, par leur réaction saiv le voile irien, du
passage de l'alcaloïde dans l'urine, et, dès lors, l'animal expérimenté
était pris lui-même de mydriase qui persistait un certain temps et ne
cessait que lorsque les urines ne donnaient plus les réactions de l'atro-
pine. Cette expérience fort simple a été fréquemment renouvelée avec le
même succès (i), et j'ai cru pouvoir en conclure, en la rapprochant des faits
déjà indiqués, que l'atropine, jusqu'à une certaine dose, peut être détruite
soit dans le tube intestinal, soit dans le torrent circulatoire. Pour savoir si
l'estomac, dans le cas d'indigestion, ne détermine pas lui-même, par ses
sécrétions ou par les matières végétales qui accompagnent l'alcaloïde, la
décomposition du principe actif contenu dans les feuilles des Solanées, j'ai
porté, chez deux animaux ordinaires à jeun, d'une part à o^'^, 06 l'atropine
dans l'estomac et de l'autre autant dans le tissu cellulaire : la dilatation
pupillaire, très-rapide sur le second Lapin, ne se produisit que tardivement
dans le premier, mais elle fut d'intensité égale sur les deux sujets. L'alca-
loïde ajouté n'avait donc pas été détruit. Puis, chez un Lapin nourri de
Belladone, après ingestion de 200 grammes de feuilles environ, j'ai intro-
duit dans l'estomac d'un coup o,o4 de sulfate d'atropine : une demi-heure
après les urines contenaient cet alcaloïde et l'animal était mydriase.
» De ces faits je crois pouvoir conclure :
» 1° Que chez les animaux réfractaires aux Solanées vireuses la quantité
d'alcaloïde introduit, toujotn-s assez faible, est détruite dans le torrent
circulatoire à mesiu-e qu'elle est absorbée, et est éliminée sous un état
que l'on ne connaît pas;
» 2° Que l'élimination de l'alcaloïde par les reins ne commence qu'a-
près que la quantité introduite d'un coup dans la circulation dépasse
0*^% 45; à cette dose, l'agent destructeur est vraisemblablement insuffisant,
et l'alcaloïde, après avoir manifesté sa présence par la mydriase, est éliminé
lapidement et en nature par les organes d'excrétion ;
» 3° Que les animaux vertébrés sont d'autant plus sensibles aux Sola-
nées vireuses que leur système nerveux est plus perfectionné. »
(i) Les excréments examinés avec soin n'ont pn donner trace d'alcaloïde.
( l6l2 )
M. l'Abbé Lamey adresse de Dijon, par l'entremise de M. d'Abbadie, une
observation météorologique.
« J'ai été témoin, le i4 de ce mois, d'un phénomène très-singulier. Je
vis au sud-est, vers ^''SS™, se détacher sur les nuages un certain nombre
débandes rectilignes, d'un gris bleuâtre, qui rayonnaient d'un point situé
sensiblement à l'horizon, par i3o degrés d'azimut comptés du nord par
l'est. Le Soleil a dû se coucher vers 'j^Sli^, son azimut étant d'environ
3o5 degrés. La plus grande hauteur de Cfs radiations était de 9 degrés et
leur amplitude azimutale de 26 degrés. Le phénomène se transforma promp-
tement, et vers 7''39", tandis que la plupart de ces raies convergeaient en-
core vers le même centre rationnel, on en voyait d'autres, légèrement
courbes et parallèles entre elles, situées presque à angles droits avec les
premières; elles se projetaient visiblement les unes sur les autres. A terre,
l'air était légèrement agité par un petit vent d'orage qui se dissipa bientôt;
dans la région des nuages, un vent assez fort soufflait du sud à l'est. Exami-
nées avec une lunette d'un champ assez étendu, ces bandes ne paraissaient
pas d'une nature différente de celle des nuages.
M. E. Robert adresse une note sur les gouttelettes d'eau dont le fro-
ment et les prèles sont recouverts le matin. (Extrait.)
« Il est généralement admis, en Physiologie végétale, que la sève ascen-
dante perd une grande partie de son eau par l'évaporation; mais cette
perte d'eau peut avoir lieu d'une autre façon.
» Si l'on observe, en effet, le froment et les prêles, notamment les Equi-
setuin atvenseetjluviatile, le matin, par le temps le plus sec et en l'absence
de toute rosée, on peut voir ces plantes couvertes de gouttelettes qui n'ont
rien de commun avec l'eau condensée provenant du rayonnement noc-
turne. FiCs premières feuilles ou les plus inférieures du froment, dont le
chaume ne s'est pas encore sensiblement allongé, les ont suspendues
comme des perles à leur pointe légèrement réfléchie. Dans les prêles, elles
sont agglomérées à l'extrémité redressée des ramuscules verticillésetà peine
développés.
» Cette exsudation aqueuse n'ayant pas lieu lorsque ces plantes ont
atteint leur entier développement, il est nécessaire d'admettre que le fro-
ment et les prêles, dans leur jeune âge, absorbent plus d'eau par les spon-
gioles qu'il n'en faut pour faciliter la croissance de tout le végétal et fixer
les sels qu'elle tient en dissolution. »
( .6i3 )
M. Chasles fait hommnge à l'Académie, de la part de M. G. Govi, d'un
opuscnle inédit, relatif à Galilée, qu'il a découvert à Rome, dans la biblio-
thèque Barberini.
« C'est un Discours lu au Collège romain, en mai 1611, par lui Père de
la Compagnie de Jésus, sur les découvertes que Galilée venait de faire dans
leciel, publiées à Venise, le 10. mars 1610, dans l'opuscule intilulé : Nuiuius
sidereus. Ce Discours, que M. Govi a fait imprimer, a pour titre : Nuncius
sidereus CoUegii romani : il est assez favorable à Galilée, dont il confirme la
découverte et ne laisse guère pressentir l'opposition que les Pères de la
Compagnie de Jésus firent plus tard à l'illustre astronome. M. Govi l'a fait
précéder de quelques éclaircissements qui auront beaucoup d'intérêt pour
tous ceux qui aiment à connaître l'histoire de Galilée et les origines de la
philosophie expérimentale. »
M. Chasles présente à l'Académie, de la part de M. Antonio Favaro,
professeur à l'université de Padoue, deux ouvrages, le premier, intitulé
Intonio ai mezzi iisati dagli anticin per nttenuare le disaslrose conseguenze dei
terremoti, renferme des recherches historiques et des vues scientifiques sur
les tremblements de terre. Le second est la réunion des articles insérés sous
le titre de : Notizie sloriche siille frazioni conlinue dal secolo deciniolerzo al
decimosettimo, dans plusieurs livraisons du Bullettino de M. le prince Bon-
compagni.
M. Chasles présente à l'Académie les numéros de janvier et février 1875
du Bulleltino di Bibliografui e di Storia délie Scienze matemaliche e fisiche.
Le premier renferme une étude de M. Louis Posi, deModène, sur la vie
et les travaux du professeur Geminiano Riccardi, qui s'étendent sur toutes
les parties des Mathématiques pures et appliquées, cultivées depuis un
demi-siècle, et dont plusieurs sont restés inédits. Cette livraison se termine
par un travail de M. Boncompagni sur les nombres impairs. Le numéro de
février contient, sous le titre de : « Lettre à M. le prince Boncompagni »,
un exposé de M. Sédillot : Sur les emprunts que nous avons faits à la Science
arabe. L'auteur y cite naturellement Aboul "Wefâ et sa découverte de la
troisième inégalité de la Lune, par laquelle se complétait la théorie dePto-
lémée. L'Académie connaît mon opinion siu- cette question, et je m'abstien-
drai, dans ce moment où la séance est si remplie, de l'en entretenir de
nouveau. Le Bulletin se termine par une indication extrêmement étendue
de toutes les publications récentes dans tous les pays, sur les différentes
parties des sciences. Avec ces deux livraisons du Bullettino se trouvent un
C.R., 1875, i"«emcitrf. (T. LXXX, N" 2!î.) 210
( >fi'4 )
ouvrage sur le Problème des tmilnclnonc^. Essai lihlnrique, par le D' Charles
Ohrlinnnn, traduit de r.nlleniand par M. Clément Dusausoy, et un secoud
exemplaire de l'ouvrage de M. Antonio Favaro sur les fractions continues.
Enfin, M. Chasles dépose sur le bureau plusieurs livraisons du Bulletin
de la Société mathématique de France.
M. le général Morin, en présentant la troisième livraison du tome VI
de la « Revue d'Artillerie » publiée par ordre du Ministre de la Guerre,
s'exprime comme il suit :
« Parmi les questions examinées dans le présent numéro de la « Revue
d'Artillerie », je ne signalerai à l'attention de l'Académie que les résultats
des expériences comparatives faites par l'artillerie autrichienne sur un
canon d'acier et sur un canon de bronze coulç en coquille, et dont l'âme
avait été durcie par l'introduction de mandrins compresseurs.
» Ces expériences, répétées pour la seconde fois, ont conduit à cette
conséquence remarquable, qu'un canon en bronze durci, du calibre de
8 centimètres, tirant des projectiles du poids de 6''^,35o, avec bague en
cuivre, à la charge de i''^',5oo, a pu, sans dégradations sensibles, sup-
porter un tir de 2147 coups, en conservant une justesse égale à celle d'un
canon d'acier du même calibre.
» Ce résultat permettrait à l'artillerie autrichienne, qui possède un ma-
tériel considérable en bronze, de l'utiliser et de le perfectionner rapide-
ment, et il peut être aussi mis à profit par d'autres puissances. Il est éga-
lement susceptible d'être employé par l'industrie privée, par le durcissement
des parties en bronze qui doivent présenter de la résistance soit au frotte-
ment, soit à des pressions.
» Les expériences remarquables de M. le général Uchatius ont dû être
répétées de nouveau sur dix autres bouches à feu, et l'on en fera connaître
les résultats. »
M. le général Morin présente à l'Académie les feuilles IV et VII de la carte
de France dressée au Dépôt des fortifications, au bTôWô' ^^ otferteS"par le
Président du Comité des fortifications pour la bibliothèque de l'Institut.
M. Dupi'Y DE liOME, en présentant la 4" livraison du « Mémorial de
l'Artillerie de la Marine (année 1875) », s'exprime comme il suit :
« La 4' livraison du Mémorial de i Artillerie de la Marine commence par
( i6i5 )
un compte rendu sommaire des principales expériences effectuées par les
soins du Département de la Marine, depuis le i" avril jusqu'au i*"^ no-
vembre 1874. Parmi ces expériences il convient de signaler à l'attention
de l'Académie les essais des appareils proposés par M, Le Roux, examina-
teur d'admission à l'École Polytechnique, pour améliorer les conditions de
pointage des bouches à feu. Au nombre de ces appareils figure un oscillo-
mètre, que l'auteur considère comme propre à résoudre le problème si
longtemps cherché de la mesure angulaire des mouvements de roulis et de
tangage des navires par rapport à la verticale.
» Un long article est consacré à la continuation de l'historique des inté-
ressantes recherches effectuées sur la perforation des plaques de blindage.
» Cet article rappelle les essais entrepris pour obtenir celte perforation
à l'aide des canons lisses, essais qui ont conduit les Américains à la con-
struction des premiers canons de calibres énormes. Il décrit les expériences
faites en France pour contrôler les résultats obtenus par ces canons lisses,
et expose les notions actuellement acquises sur la forme et les conditions
de fabrication qu'il convient d'adopter pour les boulets de rupture, tant
pour les boulets en acier que pour ceux en fonte dure (ou fonte trempée),
avec lesquels on a obtenu les résultats les plus remarquables. Cet article
est suivi d'une Notice sur les appareils Marcel Deprez, mesurant les pres-
sions des gaz produits par la déflagration de la poudre. L'Académie a déjà
eu communication de quelques-uns des résultats contenus dans cette
Notice; mais celle-ci fait connaître pour la première fois les tracés de ces
ingénieux appareils qui peuvent être commodément placés sur les bouches
à feu mêmes et permettent d'enregistrer la loi du développement des pres-
sions des gaz en un point quelconque de l'âme.
» Cette livraison du Mémorial contient ensuite une description sommaire
des bouches à feu de la marine allemande, accompagnée de planches éta-
blies à l'échelle, puis une Notice sur le chronographe à diapason et à étin-
celles d'induction 1^ système Schultz), écrite par M. le capitaine Moisson, de
l'Artillerie de la Marine.
» C'est la première fois que ce remarquable chronographe est décrit
d'une façon complète, et cette description, dont l'intérêt est augmenté |)ar
le nombre et l'exactitude des planches et des figures qui l'accompagnent,
emprunte en outre une grande valeur aux considérations théoriques et cri-
tiques qu'elle renferme.
» Cette description n'est d'ailleurs qu'une introduction à celle annoncée
concernant les perfectionnements apportés par M. Marcel Deprez aux
2ro,,
( i6i6 )
chronographes de ce genre, et plus spécialement aux enregistreurs appli-
cables à tout chronographe à cylindre tournant ou à tableau mobile, per-
fectionnements dont l'Académie a déjà été saisie par plusieurs communica-
tions de M. Deprez.
» Enfin la livraison se termine par la seconde partie des Recherches théo-
riques de M. Sarrau, sur les effets des poudres et des substances explosives.
» Ce Mémoire a été communiqué à l'Académie avant l'impression; il a
été l'objet d'un Rapport favorable : il est donc inutile d'en signaler autre-
ment la valeur, o
M. Sacc adresse une Note sur la fermentation. Cette Communication est
accompagnée d'une brochure sur un procédé de conservation des viandes
et des légumes.
MM. V. BuRQ et Ducoux adressent une Note relative à l'action du
cuivre à l'état de métal, d'oxyde et de sel sur les chiens. Des expériences
qu'ils ont faites jusqu'ici, il semble résulter que sur les chiens le cuivre ne
se montre pas vénéneux.
M. Netter adresse une Note sur la cause de certains insuccès signalés
avec l'emploi de la poudre de camphre dans la pourriture d'hôpital.
M. J. Maumené adresse une description et un dessin de sa burette per-
fectionnée.
A 5 heines trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du ■j Juin 1876.
f SUITE.)
L'unité dynamique des forces cl des phénomènes de la nature ou l'atome
tourbillon; par M. F. Marco. Paris, librairie des Mondes, et chez Gauthier-
Villars, 1875; in- 12.
( i6.7 )
Les Meiveiltes de r Industrie; par L. Figuier; 20* série. Paris, Fiirne,
Jouvet et C'^, iS'^S; grand in-S", avec illustrations.
The geological record for 1873, being volume lenlh oj the record of zoolo-
fjical literature; edited by Edward Caldwell Rye. London, John van Woorst,
1875; in-S'', relié.
^tli detr Accademia pontificia de Nuovi Lincei, pid)blicati conforme alla
decisione accadeinica dcl 22 dicembre i85o, e compUali dal Sccjrelario ; t. VIII
e IX, anno VIII e IX. Roma, coi tipi del Salviucci, 1874; in-Zj".
Alti deW Accademia pontificia de Nuovi Lincei, compdati dal Segretario;
anno XXVIII, sessione III* del 24 febbraio 1875. Roma, tip. délie Scienze
matematiche e Bsiche, 1875; br. in-4°.
OrVRAGES REÇOS DANS LA SÉANCE DU 1^ JUIN iSyS.
Leçons sur l'appareil vaso-moteur [physiologie et pathologie), faites à la Fa-
culté de Médecine de Paris; par A. VuLPiAM, rédigées et publiées par le
D' H.-C. Carville. Paris, Germer-Baillière, 1875; 2 vol. in-8°. (Présenté
par M. Cl. Bernard.)
Enumeratio plantaruni in Japonica sponte crescentium hucusque rite cogni-
tarum, adjectis descriptionibus specierum pio regione novarium quibus accedit
delerminatio herbarum in libris Japonicis so Moscou zousselz xylographice de-
lineatarum^ auctoribus A. Franchet et Lud. Savatier; t. I, pars IL Pari-
siis, apud F. Savy, bibliopolam, i875;in-i8°.
La grande pyramide pharaonique de nom, humanitaire défait; ses mer-
veilles, ses mystères et ses enseignements; par M. PlAZZl Smyth, traduit de
l'anglais par M. l'abbé Moigno. Paris, au bureau du journal les Mondes, et
chez Gauthier-Villars, 1875; in-8°.
La théorie capillaire de Gauss et l'extension d'un liquide sur un autre ; par
G. Van der Mensbrugghe. Bruxelles, F. Hayez, 1873; in-8°.
Présence du genre Lépisostée parmi les fossiles du bassin de Paris; par
M. P. Gehvais. Sans lieu ni date; opuscule in-8°.
Dents surnuméraires observées chez un gorille; par M. P. Gervais. Sans
lieu ni date, opuscule in-8°.
Lestodon trigonidens et Valpigcs deformis; par M. P. Gervais. Sans lieu
ni date; opuscule in-8°.
( ,6.8 )
Remarques nu sujet des poissoiis du Sahara algérien; par M. P. Gervais.
Sans lieu ni date; opuscule in-8°.
Remarques au sujet du chien domestique ; par M. P. Gervais. Sans lieu ni
date; opuscule iri-8°.
Remarques sur les formes cérébrales propres aux Thalassolhériens; par
M. P. Gervais.
(Ces six brochures sont extraites du Journal de Zoologie de M. Gervais).
Florule lichénique des laves d'Jcjde; par H. -A. Weddell. Paris, Martinet,
1874; br. in-8". (Extrait du Bulletin de la Société botanique de France.)
Le TFalhalla des sciences pures et appliquées, galerie commémorative et suc-
cursale du Conservatoire des Arts et Mctiers de Paris, à créei dans le palais
neuf de Mansart, au château de Blois. Paris, chez tous les libraires, 1875;
in-8°.
The principes of Chemistry and molecular mechanics ; b/D'^G. Henrichs.
Davenport (lowa, U.-S.), Day, Egbert et Fidlar, 1874; in-8°, relié.
The pharmaceutical Journal and transactions; april 1875. London, Chur-
chill, 1875; in-S".
Journal oj the chemicat Society ; deccmber 1874; febrnary , niarch ,
april 1875. London, Van Voorst, 1874-1875; 4 hr. in-8''.
Proceedings of the royal geographical Society; vol. XIX, n"* 3 et 4, mars,
avril 1875. London, 1876; 2 br. in-8°.
Monthly Report ofthe departmenl of Agriculture of april 1875. Washington,
Government printing Office, 1875; br. in-S".
Tafeln complexer Primzahlen, xvelche aus Wurzeln der Einheit gebildcl sind
auf dem Grunde der Kiimmerscben Théorie der complexen Zahlen berechncl
uonD' C.-G. Reuschle. Berlin, G. Wogt, 1876; in-4°.
Verhandlungen des naturforschenden Vereines in Brilnn; XII Band ,
II Heft, 1873. Briinn, 1874, Verlag des Vereines; in-8°.
Dissertacâo inaugural. Integracào das equaçoes as derivadas parciaes de sc-
gunda ordem; por F. GOMES Teixeira. Coiinbra, iinprensa da Universidade,
1875; in-8".
Terza série délie misure micrometriche délie stelle doppie faite aW equaloiiale
del Collegio Romano dal 22 giugno 1872 a lutta il 1874; dal P.-G.-Stanislas
Ferrari. Roma , tip. délie Scienze mati inaliche e fisiche, 1875; in-4''.
(Estratto dagli Alti deli Accademia ponlificia de' Nuovi Lincei.)
( i6i9 )
Sut giacimento di carbon fossile anlracilico di Démonte [pressa cuneo) sludi
geologici, tecniri, industtiali, delcRV. G. Jervis. Milano, iS^^; in-S".
Confronto fia le macchine eleltriclte. Nota del prof. Fr. ROSSETTI. Venezia,
Grimaldo, 1875; in-8°.
Sulla vera origine ed essenza délia case di G. Gallo. Torino, Paravia,
1875; in-8^
Lettere cosmologiclie ossia esposizione ragionata dei fenomeni pin osciiri im-
portanti délie singole scicnze e deW andaniento sociale in base delP oujanisnw
délia nature di Michèle GlORDANO; vol. II. Torino, stamp. dell' Unione tipo-
graftco-editrice, 1875; in-8'\
Il ferra rovente ei centri neruosi. Osservazioni cliniche interpretate conprin
cipii di analomia, fisiologia e lerapia^ riflesse; pel D. cav. B. COSTANTINI. Bo
logna, tipi Gainberini e Parmeggiani, 1874; br. in-8°.
Sulla cura de' tumori cancerigni al palato e delta frallura al collo del femore
pel dott. cav. B. Costantini. Bologna, tipi Gamberini e Parmeggiani
1871; br. in-S".
Sulla cura del crup e dell' ascite ; pel dott. cav. CoSTANTlNl. Teramo
G. Marsilii, 1871; br. in-8°.
Ouvrages beçds dans la séance nu 28 juin iS^S.
Ministère de la Marine et des Colonies. Compte général de V Administration
de Injustice maritime pendant les années 1868, 1869 et 1870. Paris, Impri-
merie nationale, 1875 ; in-4''. (3 exemplaires.)
Mémorial de i Artillerie de la Marine; t. II, 4" livr. Paris, typ. G. Gha-
merot, 1874; in-S", texte et Atlas.
Aide-mémoire d' Artillerie navale [annexe cm Mémorial de l' Artillerie de la
Marine; 3* livr., 1874. Paris, typogr. G. Chamerot, 1874; in-8°, texte et
Atlas.
(Ces deux derniers ouvrages sont présentés par M. Dupuy de Lôme).
Mémoire sur i application des coût bes de débits à l'élude du régime des rivières
et mi calcul des effets produits par un système multiple de réservoirs; par
M. Graeff. Paris, Imprimerie nationale, 1875. (Extrait du t. XXI des
Mémoires })résentés par diver^s savants à i Académie des Sciences de l'Institut de
France.)
( 1620 )
Véleclricilé statique exerce-t-elle une influence sur la tension superficielle
d'an liquide? par G. Van der Mensbruggiie. Bruxelles, F. Hayez, 1875 ;
in-4°- (2 exemplaires.)
Mémoire sur le mouvement complet du navire oscillant sur eau calme. Rela-
tion des expéiiences faites sur /'Élorn , navire à hélice de 100 tonneaux de
déplacement ; par MM. O. DuHlL DE Benazé et P. RiSBEC Mémoire auto-
graphiéavec planches. Sans lieu ni date ; in-4''. (Présenté par M. Resal.)
La Lumière ; par John TYtiUkhh. Six leçons faites en Amérique dans l'hiver
de 1872-1873. Ouvrage traduit de l'anglais, par M. l'abbé MoiGNO. Paris,
Gauthier-Villars, 1875; in-8°.
Traité théorique et pratique de r hémospasie ; par T. JuNOD. Paris, Impri-
merie nationale, 1875-, in-S". (Présenté par M. le Baron Larrey pour le
Concours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1875.)
Le tabac et l'absinthe, leur influence sur la santé publique, sur l'ordre moral
et social; parle D"' Paul Jolly. Paris, J.-B. Baillière, 1875; in-12.
Tiaité clinique des maladies des Européens au Sénégal; par L.-J.-B. BÉ-
RENGER-FÉRAUD ; i"' fascicule. Paris, A. Delahaye, 1875; in-8°. (Présenté
par M. le Baron Larrey.)
Traité des maladies et épidémies des armées; par A. Laveran. Paris, G.
Masson, 1876 ; in-8°. (Présenté par M. le Baron Larrey.)
Considérations sur le decjré d'aptitude physique du recrutement de l'École
spéciale militaire pour Vannée 1874-1875; par M. J. Arnould. Paris, V.
Rozier, 1876; br. in-8°.
GÉDÉ. Le clavi-calcul, etc. Paris, au Dépôt général, 1873; br. in-S".
(2 exemplaires.)
Recherches pour servir à l'histoire des Tétranyques; par A.-L. DoNNADiEU.
Lyon, H. Georg ; Paris, J.-B. Baillière, 1875; in-8°. (Présenté par M. P.
Gervais pour le Concours Thore 1876.)
Traitement de l'angine couenneuse [Diphthérie du pharynx) par les balsa-
miques. Mémoire présenté au Conseil général de la Mayenne ; par M. H. Tri-
DEAU. Paris, J.-B. Baillière et fils, 187/1; '"-8°- (Adressé par l'auteur au
Concours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1876.)
Annales de la Société de Médecine de Saint-Etienne et de la Loire. Comptes
rendus de ses travaux; t. V, 3* Partie, année 1874. Saint-Étienne, J. Pichon,
1875 ; in-8°.
( l62I )
Extraits de Géologie pour les années 1874 cl 1875 ; i>ar MM. Delessk et DE
Lapparent. (Partie insérée dans les Annales des Mines.) Paris, sans date ;
in-S".
De la diathèse uriqiie. Patltoc/énie thérapeutique ; par E. Vial. Paris, A.
Delahaye. 1875; in-i8.
Consommation de combustible des machines à vapeur marines ; par C- Au-
DB9ÎET. Paris, A. Bertrand, sans date; in-8°.
Les Traités de commerce, le régime intérieur des boissons et la viticulture ;
par Henri Mares. Montpellier, typographie P. Grollier, 1875 ; br. in-8°.
La poste atmosphérique. Transpoi^t des correspondances entre Paris et Ver-
sailles; par A. Crespin. Paris, Dunod, sans date; br. in-8"^. (Présenté par
M. Tresca.)
Liste générale des articulés cavernicoles de iEurope; /)a/'MM. L. Bedel et
E. Simon. Sans lieu ni date; br. in-8°. (Extrait du Journal de Zoologie.)
[Présenté par M. P. Gervais].
Bulletin de la Société mathématique de France; t. Il, avril, mai, septembre
187/1 et février 187?; t. III, avril et juin 1875. Paris, au siège de la Société,
1874-1875; 6 livr. in-S". (Présenté par M. Chasles.)
De l'aphasie, siège des lésions erwéphaliques. Considérations médico-légales;
parle D"^ T. Gallard. Paris, imp. Malteste, 1875; in-8''.
Le problème des tautochrones. Essai historique; par le D' Charles Ohrt-
MANN, traduit de l'allemand par Clément DuSAUSOY. Rome, imp. des
Sciences mathématiques et physiques, 1875 ; in-8°.
Notizie storiche sulle frazioni continue dal secolo decimoterzo al decimosetiimo;
per A. Favaro. Roma, typogr. délie Scieiize matematiche e tisiche, 1875;
iii-4°.
Lilorno ai mezzi usati dagli antichi per attenuare le disastr'ose conseguenze
dei tenemoti ; per Ain. Favaro. Venezia, Grimaldo, 1874; in-S".
Bullettino di Bibliografia e di Storia délie Scitnze matematiche e fisiche,
pubblicato da B. BONCOMPAGiNi ; t. Vllt, gennaio, febbraio, 1875. Roma,
1875; in-4°.
Galileo e i Matematici del Collegio romano ncl iGi 1 . Documeiiti c illustr'a-
zioni; del prof. G. Govi. Roma, coi tipi del Salvincci, 1876; in-4''.
(Ces quatre derniers ouvrages sont présentés par M. Chasles).
C.R., 1874, 3« Semestre. {T. hWlX, N» 2u.) 21 I
( 1022 )
^tti e memorie délia R. Accadeinin Vitgiliana di Mantova. Bienno, 1871-
1872. Mantova, B. Bnlbiani, 1870; in-8°.
Saggi di Medicina e Cliirurgia pralica ragionnta; per B. COSTANTINI. Na-
poli, Pellerano, r864;in-8°.
Sulla vaccinazione animale. Discorso pronunciato innanzi al consiglio comw
nnle di Teramo nella tornata det 25 maggio 1869 dal Consigliere B. Costantini
Teramo. Scalpelli, 1869; br. in-8°.
Suir importnnzn e sulV indirizzo délia Meteorologia agraria. Nota del
M. E. Prof. G. Cantoni. Sans lieu ni date; br. in-8°.
Sullri elettrolisi applicala alla cura di tumori di varia indole. Osservazioni
mcfo/Ze f/a/ D" L. GiNiSELLi. Bologna, 1875; in-8''. (Présenté par M. le
Baron Larrey.)
Sulla electrolisi considéra ta negli esseri organizzati e nelle applicazioni lera-
peutiche délie correnti galvaniche. Studi dell Dott. L. CiNiSELLi, Bologna,
1874; br. in-8". (Présenté par M. le Baron Larrey.)
ERRJTJ.
(Séance tlu i4 juin 1875.)
Page i4ï7) ligne 21, an lieu de qui soit douée de ..., lisez qui soit douée du ....
» ligne 22, au lieu de comparant, lisez attribuant.
Pages 1434 et i436, au lieu de M. le professeur Coutejeau, lisez M. le professeur Con-
tejean.
Page i445) 'igné 11, au lieu de laveuses mécaniques, lisez haveuses mécaniques.
FIN DU TOME QUATRE-VIiSGTIÈME.
COMPTES RENDUS
DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABETIOUES.
JANVIER- JUIN 187a.
TABLE DES »IATIÈRES DU TOME LXXX.
A
Pages.
Acariens. — Sur l'organisalionet laclassifi-
calion naturelle dos Acariens de la fa-
mille des Gamasides; Notes de M. Mé-
gnin 1 335 et iSga
Acétique (acide). — Sur l'acide acétique
anhydre; Note de 1[. Bcr-thcht 59g
Acétylène et ses dérivés. — Sur le per-
bromuro d'acétylène broraé; Note do
M . E. Boiir^iiin 3^5
— Identité des dérivés bromes de l'hydrure
d'éthylène tétrabroraé avec ceux du
perbromure d'acétylène ; Note de M. Ji.
Boiirgoiri CGd
Acoustique. — Sur les notes dcfi-ctueuses
des instruments à archet; Note deM.^.
Dicn 42f)
— Sur les perceptions binauriculaires; Note
de M. F.-P. Le Roux 1073
— Sur les valeurs numériques des inler-
\ ailes mélodiques dans la gamme chro-
matique chantée; Note de M. Bidault., ijijy
— Nouvelles llammes sonores; Note de
M. ( '. Dccluiniic I G02
— M. Dccharmc adresse une Note relative
à un nouveau moyen do produire des
vibrations sonores et des interférences
sur le mercure 802
— M. Granjon adresse une Note sur un
moyen d'augmenter le son rendu par
une cloche, en la composant de deux
C. K., 1875, ." Sanestre. ^T. LXXX.)
Pages.
cloches concentriques i023
— M. Lafiitc adresse quelques remarques
sur le rôle de la partie do la corde du
violon comprise entre le chevalet et le
cordicr i238 et iSgi
AÉROSTATS. — M. ^o/?/?e// adresse une Note
relative à un projet d'appareil pour la
navigation aérienne - 1G4
— W. E. ^««;/!o.ç adresse un Mémoire relatif
à la direction des aérostats 242
— M. Bonnet adresse une Noie relative à un
système de locomotion aérienne 3 1 3
— iMM. Sii'cl, Crncé-Spinclli ,G .t\, -'^ . Tiisiin-
flicr, Jobert annoncent à l'Académie le
succès de l'ascension aérostatique en-
treprise par eux les 2Î et 24 niai 8o3
— Ascension scientifique de longue durée;
Note do .MM. Shel, Crocê-Spinelli, J.
et G. Tissnnilicr, Jobert 8GG
— Dosage de l'acide rarbriniiiue do l'air, i'i
bord du ballon leZcnitli ; Noie de .M. 6'.
Tissniulicr 97G
— M. le Président se fait l'interprète des
senliments de l'Académie, à l'occasion
de la mort des aéronau tes Crocé-Spinelli
et Sivel gS5
— Sur les ascensions à grande luuileur;
Note de M. Fine ' io3;
— L'ascension à grande liauteur du ballon
te Zcnitli ; Note de M. G. Tissaiulier. . luGo
212
( i624 )
Pages.
1175
— MM. B. Alriator, Cit. Bnrdrnat, Liirioii
sin, Tidicndrnu, J . Gi/iiiibelot adressent
des Communications relatives à la ca-
tastrophe du Zé/!i//i 1086
— MM. £. Jlciatnr, />. Js/i, Baiulin, L.
Bondniincnu, Tnsrlli, de Znles/d adres-
sent diverses Communications relatives
à Taéroslation 1 1 5 }
— Note sur une ascension aércstatique ; par
M. ff^. dr FonvicUe 1 172
— M. Baudrimoiit adresse des observations
relatives aux ascensions aérostatiques
très-élevées el indique des moyens qui
permettraient d'éviter une partie des
dangers qu'elles présentent
— M. A.-S. Flcchcn adresse une Note sur
la direction des aérostats 1227
— M. Virht d'Jùust adresse, à l'occasion
de la catastrophe du Zénith, une Lettre
dans laquelle il compare les ascensions
aéroslatiques et les ascensions sur les
montagnes i238
— Sur les précautions à apporter dans les
ascensions en hauteur; Note de M. de
Fnrn'irllr 1 9.6:>.
— M. Tosclti adresse une Note sur un per-
fectionnement qu'il a apporté à sa na-
celle à double étage i35o
— M. Giraitd soumet au jugement de l'Aca-
démie un plan de direction aérosla-
tiqtJe 1449
• — MM. Boulionimc, F. Cluinr, G. Corre
adressent des Communications relatives
à la navigation aérienne iSgS
Albuminoïdes (matières). — Recherches
sur les matières albumino'ides; par
M. P. Scliiitzc/ibrrgrr 232
Alcools. — Sur la reconnaissance de l'al-
cool ordinaire mélangé avec l'esprit-de-
bois; Note de M. Bertlwlot
— Recherche et dosage de l'alcool méthy-
lique en présence de l'alcool vinique ;
Note de MM. Alf. Riche et Ch. Bardr.
— Rapport sur un appareil de M. Malligand,
pour titrer l'alcool des vins; par M. P.
Thrnnrd
— Sur le fluorène et l'alcool qui on dérive ;
Note de M. Ph. Barbier
Algues. — Végétation hivernale des .\lgucs
à Mosselbay (Spitzberg), d'après les
observations faites pendant l'expédition
polaire suédoise en 1872-1873; Note
de M. Fr. Kjrlimnn 474
Altmextatiox. ^ Ktndcs chimiques sur le
petit-lait de Luchon; Note de M. F.
Garrig'iti 480
— M. Boiis.iingntdt donne lecture d'un Mé-
moire portant pour titre : « Analyses
]o39
1076
II 14
iSqG
a[;es.
786
7 86
comparées du biscuit de gluten et de
quelques aliments féculents y
— MM. Thc/inrd,Boiii/lni/d,Chcrreid pren-
nent la parole à propos de cette Com-
munication
Aluns. — Sur réq\iilibre moléculaire des
solutions d'alun de chrome; réponse à
une Note précédente de M. Gerncz;
Notes de M. Lecoq de Boisbaudrnn. . .
321, 393 et 764
Ammoniaoue. — Sur l'ammoniaque de l'at-
mosphère; Note de M. A. Sch/œsi/if;. . lyH
— Dosage de l'ammoniaque atmosphérique ;
Note de M. A. Schlœsing 265
— Recherches chimiques sur l'absorption
de l'ammoniaque de l'air par la terre
volcanique de la solfatare de Pouzzoles ;
par M. S. de Lticn 6/4
Amylacées (matiiîres). — De l'amylogène
ou amidon soluble; Note de M. L.
Bondonneau "7 '
— Sur la séparation du violet de méthylani-
line en deux couleurs, sous l'influence
des tissus en dégénérescence amyloTde ;
Note de M. ;". CornU 1288
Analyse matiiématioue. — Mémoire sur
l'existence de l'intégrale dans les équa-
tions aux dérivées partielles contenant
mi nombre quelconque de fonctions et
de variables indépendantes; par M. G.
Darboiix ' <^ ■
— Sur l'existence do l'intégrale dans les
équations aux dérivées partielles d'ordre
quelconque; Note do M. G. Dnrboiix
Su
partielles du premier ordre; Note de
M. G. Darbnux
— Observations relatives à la première des
Communications précédentes de M. Dar-
boux ; par M. A. Genucrhi
— Remarque sur un passage de la Lettre de
M. Gennccld ; par M. Ptaseux
— Sur l'existence des intégrales d'un sys-
tème quelconque d'équations différen-
tielles, comprenant comme cas très-
restreintlcs équations d^\tesfiux dérivées
/OT/V/W/c.v,- Notes de M. Ch. Mérny...
389 et 444
— Théorèmes concernant les équations qui
ont des racines communes; par M. Le-
nniiiiiier I ' '
— Sur l'élimination. Calcul des fonctions de
Sturm par des déterminants; Note de
M. //. Lenwnnirr 252
— Sur la partition des nombres; Note de
M. J.-IF.-L. Glmsher 255
— Sur une formule de transformation des
iur la première méthode de .lacobi pour
l'inlégration des équations aux dérivées
160
317
341
( lôao
Pages.
)
fonctions elliptiques (suite); Note de
RI. Briosc/ii -idi
Note accompagnant la présentation d'une
Notice autographiée sur la méthode des
moindres carrés; par M. Faye 302
Mémoire sur des formules de perturba-
tion; par M. Emile Mathieu. . . 627 et liiO
Note sur les équations différentielles
linéaires du second ordre; par M. 3Iott-
t/inl 729
Sur l'équation du cinquième degré; Notes
de M. £r/usc/ii 753 et Si5
Sur les résidus de septième puissance;
Note du P. Pepi/i 811
Recherches sur les covariants; par M. C.
Jordatt 875 et 1 160
Sur le développement de la fonction per-
turbatrice suivant les multiples d'une
intégrale elliptique; Note de M.//'. Gyl-
dén 1 070
Sur la substitution, par approximation,
entre des limites déterminées, du rap-
port des variables d'une fonction homo-
gène de deux variables à une autre fonc-
tion homogène du même degré; Note
de M. H. Restd 1 185
Méthode générale pour résoudre les équa-
tions numériques de degré quelconque ;
par M. Fournier 1 3gi
Remarques de M. le Secrétaire perpétuel
sur l'opportunité de publier les OEuvrcs
de Cauchy 017
M. £. Laportc adresse une Note relative à
quelques méthodes probables do Fer-
mat 110
M. JF , de Mdxiinoivitch adresse un Mé-
moire portant pour titre : « Réduction
des équations aux dérivées partielles à
deséquations difl'érentielles ordinaires». 110
M. ff^. de Maxiinoivitch adresse des
exemples à l'appui du Mémoire précé-
dent 241
M. JF. de Majcinioivitch adresse imo
théorie de l'intégration des équations
aux dérivées partielles du second ordre. 558
M. L. Hiign adresse une Note relative à
la « base scientifique du système déci-
mal et métrique » 742
M. Jacquet adresse un Mémoire sur
l'usage do la table de Pythagoro [wur
un chiffre quelconque yoa
M. L.-J'. Turquan adresse un Mémoire
sur l'intégration des équations aux déri-
vées partielles du second ordre et des
ordres supérieurs yGi
■ M. L.-F. Turquan adresse un Mémoire
sur l'intégration de l'équation aux déri-
vées partielles du troisième ordre, à
Pages.
deux variables indépendantes i4-i9
~ M. F. Jabhrishi adresse un Mémoire
intitulé : « Généralisation de la mé-
thode d'intégration par parties » i aSg
— M. le Secrétaire iicrpétuct signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, une Table de logarithmes de
M. A. Lucchcsini 1086
Anatcmie animale. — Recherches sur les
organes tactiles de l'homme; par M. Jo-
hcrt 274
— Sur le système nerveux périphérique des
Némato'ides marins; N'ote do M. A.
Fdlot 400
— Sur l'origine des vaisseaux de la tunique
chez les Ascidies simples ; Note de
M. de Lacaze-Dutiders 600
Anatcmie végétale. — De la théorie car-
pellaire d'après des Fiula, principale-
ment d'après le Fiola tricolorliortensis;
Note de M. A. Trêcul 221
— De la théorie carpellaire d'après des
Tiliacées ; Note de M. -•/. 'Frécul Sig
Angélique (acide). — Sur le bibromure de
l'acide angélique ; Note de M. Dcmar-
çay 1 400
Aniline et ses dékivés. — Sur la dissocia-
tion du violet de méthylaniline et sa sé-
paration en deux couleurs, sous l'in-
iluence de certains tissus, normaux et
pathologiques, en particulier par les
tissus en dégénérescence amylo'ide;
Note de M. F. Cornd 1288
An-nélides. — Sur les espèces méditerra-
néennes du genre Euxydis ; Note de
M. A. -F. Marion 498
.4NTiinopoLOGiE. — Races humaines fossiles,
mésaticéphales et brachycéphales ; Note
de M. de Quatrcfage:;. ., 73
Voir aussi Paléontologie.
.\rgent. — Sur la précipitation de l'argent
par le proloxyde d'uranium; Note de
M. Famhert 1087
Art militaire. — M. le général Morin pré-
sente diverses livraisons de la « Revue
d'Artillerie », publiée par ordre du Mi-
nistre de la Guerre
65, 4o3, 5o3, 922, i3i3 et 1G14
— M. Dupuy de Lame présente la quatrième
livraison du « Mémorial de l'Artillerie
de la Marine » 1G14
— M. le Ministre de la Guerre adresse un
projet de poudrières souterraines mu-
nies de cheminées 1 153
— Commission nommée pour l'examen do
ce projet : les Membres de la Section de
Phjsique, auxifuels est adjoint M. le
général Morin 1 227
212..
( i(n6
Pages.
Ascidies. — Sur roriginc des vaisseaux de
tunique chez les Ascidies simples; Note
de M. (le Ldctizc-DiUlders Goo
AsTRO.NoMiE. — Présenlalion d'une nouvelle
livraison de « l'Atlas écliptiqiie de
l'Observatoire de Paris r. ; par M. Le
Verrier 28g
— M. Le Terrier présente un exemplaire du
« Nautical Almanac » pour l'année 1878,
publié par M. llind 290
— Présentalion de la « Connaissance des
Temps pour 1876 » et de « l'Annuaire
publié par le Bureau dés Longitudes
pour 1875 » ; par M. Faye 4"9
— Système stellaire de la 6i'' du Cygne et
étoiles physiquement associées dont le
mouvement relatif n'est pas orbital .
mais rectiligne ; Note de M. Flainina-
rion 171
— Étoiles doubles doni le mouvement rela-
tif s'efléctue en ligne droite et est dû à
une différence de mouvements propres;
Note de M. Flanimnrion GG2
— Lumière zodiacale observée à Toulouse
en février et en mars 1876; Note de
M. Griiey f)o3
— Lettre touchant la détermination de la
parallaxe solaire, par les observations
de la planète Flore ; par M. Gdllc 11 54
)
Pages.
Observations de la Lune et d'étoiles de
même culmination, faites à l'Observa-
toire de Melbourne; Note de M. -fi.
Ellcry 1259
Observations de la Lune faites aux instru-
ments méridiens de l'Observatoire de
Paris pendant l'année 1874; Note de
M. Le Verrier 1 265
Sur les travaux en voie d'exécution à l'Ob-
servatoire; Note de M. Le Verrier i547
M. J.-A. Normand adresse une Note
« sur une double occultation d'étoiles
par Jupiter, pendant l'opposition de
1875 » 3o
M. Crampcl adresse une Note sur un
moyen de rétablir la concordance entre
l'année civile et l'année solaire luo
W.J.Vinot adresse un Tableau synop-
tique qui donne, à simple vue , pour
chaque jour de l'année, à notre époque,
la diflérence entre le midi des cadrans
solaires et le midi des horloges, avec
une approximation d'un quart de mi-
nute i3i5
M. Em. Liais adresse une Note sur la
parallaxe du Soleil 1407
'oir aussi Comètes, Planètes, Soleil,
Eclipses, Vénus (passage de] et Mt-
canifjiie céleste.
B
Balances. — Sur la nouvelle balance de
M. Mendeleef; Note de M. Salleron... 878
Balistique. — Sur la théorie générale des
percussions et sur la manière de l'ap-
pliquer au calcul des effets du tir sur
les différentes parties de l'afl'ùt ; Note
de M. H. Piitz 295
Voir aussi Explosifs (corps).
Benzine. — Sur la structure atomique des
molécules de la benzine et du térébène;
Note de M. G. Hinriehs 47
Bois (conservation des). — Sur la décom-
position et la conservation des bois;
Note de M. Max. Pmtlci 23
— M. E. Pétion adresse une Note dans la-
quelle il propose un nouveau moyen
pour la conservation des bois 961
Bolides. — M. Chapelas adresse une Note
relative à un prétendu bolide, qui aurait
été aperçu dans la soirée du 10 février. 444
— M. /. Vinot adresse une Lettre concer-
nant le bolide dont l'existence a été con-
testée par M. Chapelas 5o5
— M. Chapelas adresse une nouvelle Note
relative au météore lumineux observé
par lui le 10 février 54 1
— Communications diverses sur le même
sujet ; par MM. F. Carré, A. Lemoine,
de Kerikiiff, Vinot 575
— Communication au sujet du mè.me bolide;
par M. Lecoq de Boisbaudran 57G
— Observation du même bolide à Segonzac
(Charente) ; jiar M. Dainay 683
— Explication de la trajectoire de ce bolide ;
par M . Martin de Brettes 684
Borique (acide). — Dosage de l'acide bo-
rique ; Note do M. --/. Ditte 4go
— Séparation de l'acide borique d'avec la
silice et le fluor; Note de M. A. Ditte. 56i
Botanique. — Sur la place cà donner aux
tiymnospcrmesdans la classification na-
turelle ; Note de M. L. Lerolle 384
~ Sur un fait de dimorphisme dans la fa-
mille des Graminées; Note de M. Eng.
Fouriiicr 44"
— Observations sur les Pandanécs de la
Nouvelle-Calédonie; par M. Ad. Bron-
gniart 1192
— Lettre sur la faune et la flore de l'ile
Kerguelen ; par M. Lanen 1224
— Induence de la séclicresse sur les Crypto-
games ; par M. E. Rubcrt
— Remar(iucs compléinentaii'es sur le rôle
du substratum dans la distiilnUion des
Lichens saxicolcs ; par M. H'cddcll.. . .
Voir aussi Anatomic X'cgcKilc.
Botanique fossile. — Recherches sur les
végétaux silicifiés d'Autun et de Saint-
Etienne : étude du genre Botryopteris ;
Note de M. B. Rcnnult
— Sur la découverte de deux types nou-
veaux de Conifères dans les schistes
permiens de Lodève (Hérault) ; Note de
M. G. de Siipntiti
— Observations relatives à la Communica-
tion précédente ; par M. Brongniart. . .
— Sur l'ornemenlation des fibres ligneuses
striées et leur association aux fibres
ponctuées ordinaires, dans le bois de cer-
tains genres de Conifères; Note de M. G.
( «6
i3i3
1434
1017
lO-'.U
de Snpoitd *. 1 io5
DoussoLEs. — M. E. Ditchriniii adresse une
Note rcialive à une « nouvelle boussole
pouvant être ulilisée sur la surface des
liquides et donner l'heure par le So-
leil » i6{
— M. E. Diic/ic/id/i&dTesse le nouveau mo-
dèle qu'il a adopté pour sa boussole
circulaire 1226
BnoNZËS. — Note sur les bronzes du .lapon ;
par M. E.-/. Maamenc 1009
Bulletins niBLioc.n\piiiQUES, (i-, i3o, 20S,
282, 33G, 4o4, 445, 57O, 683, 771,
838, 923, 980, io36, lin, 1177, i238,
1264, i3i5, i303, 1408, r338, 1G16.
Bureau des Longitudes. — Présentation de
la « Connaissance des Temps pour
1876 » et de « l'Annuaire publié par le
Bureau des Longitudes pour 1875 »;
par M. Fore 409
Calenorieb. — Moyen de rétablir la concor-
dance entre l'année civile et l'année so-
laire ; par M. Cnimpcl i r 10
Camphres et leurs dérivés. — Sur les
camphônes ; Note de i\L /. RUxui 1 307
— Isomcrie des chlorhydrates B'"I1'°, HCI;
Note de M. /. Riban 1 33o
— Sur la transformation du camphre des
laurinées en camphène, et réciproque-
ment des camphônes en camphre ; Note
de M. /. Riban i38i
— Sur la synthèse des camphres par l'oxy-
dation des camphènes; Note de M. Ber-
tlielot 1 425
— Sur la synthèse d'un terpilène ou car-
bure camphénique; Note de M. G. Bou-
cluirdat i i 46
Candidatures. — M. E. Mathieu prie l'Aca-
démie de le comprendre parmi les can-
didats à la place devenue vacante, dans
la Section de Géométrie, par la nomina-
tion de M. J. Bertrand aux fonctions
de Secrétaire perpétuel.. 3i
Capillaires (piiéno.mè.nes). — M. le i'cc/e-
taire perpctuel i\%\\ûo, parmi les pièces
imprimées de la Correspondance, la
« 'Théorie capillaire de Gauss et l'exten-
sion d'un liquide sur un autre », par
M. J'an (lerMeiiibnigglie iJSa
Carbone. — Recherches sur le carbone de la
fonte blanche; par iMM. /'. Schùizen-
bcrgcr et J. Bourgeois 911
CAKBONiyuE ( acide). — Dosagc de l'acide
carboiiiiiue de l'air à bord du ballon
le Zénith; Note de M. G. Tissandicr . 97G
Carbures. — Action du platine et du palla-
dium sur les hydrocarbures de la série
benzénique ; Note de JI. /.-/. Coquillioit. 1089
Chaleur rayonnante. — Recherches sur les
radiations solaires (suite); par M. P.
Desains 1 420
Champignons. — Recherches sur les fonc-
tions des Champignons; par M. Muntz. 178
— Sur la fécondation des Basidiomycètes ;
Note de M. Ph. van Tiegheiii 373
— Sur un appareil de dissémination des
Gregoriiia et des Strlorhynchus ; phase
remarquable de la sporulation dans ce
dernier genre ; Note de M. J. Schnei-
der 432
Charbons. — Analyse du charbon minéral de
l'ile Suderoë; par MM. Beghin et ('/;.
Mène 1 4o4
Chemins DE fer. — Description de voilures
roulant sur rails mobiles tournants ; par
M . E. de Bniiyn 3o
— Locomotive à patins de M. Eortin-Herr-
Diann ; Note de AI. Trcsca i ig8
— M. Chardon adresse, à l'occasion do cette
Note, une réclamation de [uiorilé, ac-
compagnée d'un dessin 1 3o4
— M. Poupclle adresse une Note relative à
un système d'avertisseurs électriques,
destinés à prévenir les rencontres de
deux trains cheminant sur une iiiéuie
voie ferrée 110
— iM. /,?//■/«•«< adresse une Noto concernant
ses recherches relatives à la marche à
( i6
Pages.
contre-vapeur, et prie l'Académie de
comprendre ces recherches parmi les
pièces destinées au Concours du prix
de Méciinique 036
Chimie. — Influence de la pression sur la
combustion; Note de M. L. Cuilletet.. 487
— Sur la dissolution do l'hydrogène dans
les métaux, et la décomposition de l'eau
par le fer; Noie de MM. L. Troost et
P. Hautcfcuille 788
— Équilibre chimique entre les gaz : iode
et hydrogène; Note de M. G. Lemoine. 792
— Sur la formation de l'acide iodique dans
les flammes iodées; Note de M. G. Sa-
Itt 884
— Sur la précipitation de l'argent par le
protoxyde d'uranium ; Note de M. Isam-
bert 1087
— Sur la solubilité du nitrate de soude et
sa combinaison avec l'eau , Note de
M. -/. Ditle 1164
— Sur quelques réactions des sels de chrome ;
Note de M. A. Étant , 1 3oG
— Sur la présence du bioxyde d'hydrogène
dans la sève des végétaux ; Note de
M. Clermont iSgi
Voir aussi Thermochimic .
Chdiie agricole. — Sur la germination de
l'orge Chevallier; Note de ^\.A. Lcclerc. a6
— Sur les matières salines que la betterave
à sucre emprunte au sol et aux engrais ;
Note de M. Eui;. PcUi^ot i33
— Remarques sur les substances minérales
contenues dans le jus des betteraves et
sur la potasse qu'on en extrait; Note de
M. Eus;. Pcligot 219
— Sur l'amélioration de la qualité de la bet-
terave; Note de M. Ch. Viollctte 327
— Sur la pulvérisation des engrais et sur
les meilleurs moyens d'accroître la fer-
tilité des terres ; Note de M. Mcnier. . 307
— Note à propos de la Communication pré-
cédente de M. Menier; par M. Chci'reid. 'Î62
— M. Tréiiunuv adresse une Note relative
aux faits signalés dans la Communica-
tion de M. Menier, et aux observations
de M. Chevreul 437
— Note relative à l'action de l'hydrate de
baryte sur certains composés minéraux
et organiques, contenus dans les pro-
duits de la betterave; par M. P. La-
gi'""S<-' 397
— Sur les betteraves dites ratineuses ;'iioiQ
de M. Ch . Violletlc 399
— Note concernant les engrais chimiques de
la betterave; par MM. H. Woussen et
B. Con-mvinder 557
— Action du sulfate d'ammoniaque dans la
28 )
Pages.
culture de la betterave; Note de M. P.
Lagruiif^c 63 1
— Recherches sur les betteraves à sucre;
par MM. E. Fremr et P. Deliérain. . . . 778
— Sur le rôle exercé par les sels alcalins sur
la végétation de la betterave et de la
pomme de terre; Note de M. Pagiioul.. 1010
— De l'équivalence des alcalis dans la bette-
rave; Note de MM. P. Cluimpion et H.
Pcllct 1014
— Équivalence chimique des alcalis dans les
cendres de divers végétaux; Note de
MM. P. Champiun et H. Pellet 1 588
— Recherches chimiques sur l'absorption do
l'ammoniaque de l'air par la terre vol-
canique do la solfatare de Pouzzoles;
par M. ,S'. de Liica 674
— Sur les matières optiquement actives, au-
tres que le glucose, qui existent nor-
malement dans le vin et le caractéri-
sent ; Note de M. J. Béchamp 967
— Noie sur l'acide dextrogyre du vin ;
par M. E.-J. Mauniené 1026
— M. A. Bubierre adresse un Mémoire
ayant pour objet des recherches sur la
volatilisation de l'azote du guano péru-
vien 1 153
— M. A. Bobicrrc adresse une Note sur les
inexactitudes que peut présenter le do-
sage do l'azote dans l'analyse des ma-
tières azotées employées comme engrais. 960
CiiLMiË ANALYTIQUE. — Sur l'ammoniaque dc
l'atmosphère; Note de M.-J. &7//a-i(/;^. 173
— Dosage de l'ammoniaque atmosphérique ;
par M. Tli. Schlœsing 265
— De la décomposition de la liqueur de
Fehiing; dosage du glucose en présence
du sucre; Note de MM. P. Champion et
H.Pclkt 181
— Sur une nouvelle burette pour les essais
volumétriques; Note de \\. A. Pinchnn. bjT,
— Observations de M. Dumas, relatives à
la (Communication précédente 575
— Sur une nouvelle méthode de dosage par
les liqueurs titrées; Note de M. F. /('««. 673
— Dosage de l'acide borique ; Note de M. ./.
Ditif 490
— Séparation de l'acide borique d'avec la
silice et le fluor ; Note de M. A. Ditte . 56i
— M. Boasuingaidt donne lecture d'un Mé-
moire portant pour titre : « Analyses
comparées du biscuit de gluten et de
ipielques aliments féculents » 786
— MM. P. Theiiard, Boid/laiid , Chevreul
prennent la parole à propos de la Com-
munication précédente 786
— Rapport sur un appareil à titrer l'alcool
lies vins, présenté par M. Malligand;
( 1629 )
Pages.
1114
i4o4
if)iG
480
81
88;
iSgS
par M. P. Tlwnnnl
— Analyse rlu charbon minéral de l'île Su-
floroë; par MM. Béghin et Cli. Mène.
— M. Maiimené adresse une description et
un dessin do sa burette perfectionnée..
Chimie animale. — Sur la présence du cui-
vre dans l'organisme ; Note de WW.Bcr-
f;eron et L. L'Hôte 2G8
— Étude chimique sur le petit-lait de Lu-
dion ; par M. F. Gnrrignii
— Sur un cas d'épilepsie traité par le sul-
fate de cuivre, et sur la présence d'imc
quantité considérable de cuivre dans le
foie ; Note de JIM. Bourncville et Ymn.
— Sur la substitution du mercure à l'hydro-
gène dans la créatine ; Note de M. R.
Engcl
— Recherches sur la taurine; par M. R. En-
gcl
Chimie industrielle. — Sxir la décomposi-
tion et la conservation des bois; Note de
M. Max. Paulct 23
— Étude micrographique de la fabrication
du papier ; i)ar M. A. Girard Gi^g
— Note sur les bronzes du .lapon ; par
M. E.-J. Maiimcfié 1 009
— Sur un nouvel appareil pour la fabrica-
tion continue des superphosphates de
chau.\; ; Note de M. P. Tlnbault 1 144
— Sur la présence de l'acide sulfurique an-
hydre dans les produits gazeux de la
combustion de la pyrite de fer; Note de
M. Srhcurcr-Kcstncr
— M. ^. Gaffard adressa une Note relative
à une encre indélébile
— M. Diirniirnau adresse une Note concer-
nant « l'analyse et la classification des
ciments, dans leur emploi » 3 1 2
— W. Fua adresse une Lettre concernant
ses précédents Mémoires sur les moyens
de prévenir les explosions dans les houil-
lères
— M. G. Pt'tion adresse une Note relative
a un moyen pour la conservation des
bois
— i\L A. l'idaii adresse un Mémoire ayant
pour objet l'utilisation des produits ul-
times résultant de la fabrication du vin.
Chimie organique. — Sur la structure ato-
mique des molécules do la benzine et
du térébène; Note de M. Hiririr/is. ... J;
— Sur les éthers titaniques; Note do M. E.
Dcnnirçar 5 1
— Sur les uréides pyruviques. Uréides con-
densées ; Note de M. E. Gnimn/.r 53
— Reclierches sur le groupe uri(iue,- par
\\. E. Grimaii.r. 828
— Sur le pouvoir rotatoire spécifique de la
I23o
3o
387
9G1
159S
Pages,
mannite; Note de AL G. Boucliardat . . 19,0
- Sur le perbromure d'acétylène brome ;
Note do M. E. Bnurgoin 325
- Identité des dérivés bromes de l'hydrure
d'éthylène tétrabromé, avec ceux du
perbromure d'acétylène; Note de M. E.
Boiirgoin GCG
- Sur la préparation do l'éthylène per-
chloré ; Note de M. E. Bourgnin 971
■ Sur une matière colorante pourpre déri-
vée du cyanogène ; Note de M. G. Bong. Sjg
■ Sur le déplacement réciproque des acides
gras volatils; Note de M. H.Lescœiir 5G3
Recherches sur les acides gras et leurs
sels alcalins; par M. Bcrilaht 592
Sur l'acide acétique anhydre; Note do
M. Bi'rthcht '. . . . 599
Stabilité des sels des acides gras, en pré-
sence de l'eau, et déplacement récipro-
que de ces acides ; Note de M. Bcrtlw-
lot 700
Sur la reconnaissance de l'alcool ordi-
naire mélangé avec l'esprit-de-bois ;
Note de M. Bcrthrlot loSg
Recherches et dosage de l'alcool méthy-
lique en présence de l'alcool vinique;
par MM. Jlf. Riche et Cli. Bardr 1076
Sur l'action du platine et du palladium
sur les hydrocarbures de la série benzé-
nique; Note de M. J.-J. CoquilUnn 1089
Éludes sur le sucre inverti; Note de
.\1. E.-J . Maumenè 1 1 39
Sur la décomposition des corps gras neu-
tres; Note do M. J.-C.-A. Bnch 1 142
Sur les caractères du glycocolle ; Note
de M. Engel 1 1G8
Sur les camphènes; Note de M. ./. Ri-
ban j 1 307
Isomérie des chlorhydrates C'°H"', HCI;
Note de M. /. Riban 1 33o
Sur la transformation du camphre des
laurinécs en camphène, et réciproque-
ment des camphènes en camphre ; par
M. /. Riban i38i
Sur la synthèse des camphres par l'oxy-
dation des camphènes ; Note de M. Bcr-
thctnt 1 425
Sur la synthèse d'un terpilône ou car-
bure camphénique ; Note de M. G. Boit-
chardat M^R
Reclierches sur lessulfines; par M. Ca-
lioiirs 1 3 1 7
Nouveau mode de préparation de l'aride
formique très-concentré, au moyen de
l'acide oxalique déshydraté et d'un al-
cool polyatomique ; par M. Lnrin 1 328
Note sur la thiamméline, nouveau dérivé
du persulfocyanogène ; par M. /. Po-
( i63o )
Pages.
l384
iSqG
l4oo
nnmareff
— Sur le (luorène et l'alcool qui en dt^rive;
Note de M. rh. Barbier
— Sur le bihromuro de l'acide angélique;
Note de M . Dcmarrny
— Pur les hydrocarbures qui prennent nais-
sance dans la distillation des acides gras
bruis, en présence de la vapeur d'eau
surchauffée; Note de MM. A. Cnhours
et Demarray ' 5<iS
— Action du chlore sur l'élher isobulyliod-
hydrique ; Note de M. Prunier i6o3
— M. C.-O.Cerch adresse une Note sur l'a-
cide viridique 3 1 2
— M. Cnhours présente le troisième et.
dernier volume de la nouvelle édition
de son « Traité de Chimie organique
élémentaire» g48
Chimie végét.\le. — Étude comparative des
gommes et des mucilages ; Note de
M. Giraud 477
— De l'amylogène ou amidon sokible ; Noie
de M. L. Bondimnenu 67 1
— Sur la présence du bioxyde d'hydrogène
dans la sève des végétaux ; Note de
M. /. Clcrniont i Sg i
CiiiRVRGiE. — Mémoire sur la résistance des
protozoaires aux divers agents de panse-
ment généralement employés en Chirur-
gie ; Note de M. Demarquay aa
— Do l'emploi de l'électricité dans l'iléus,
dans riiydrocèle et dans la paralysie de
la vessie ; Note de M. Macario 55G
— Du traitement de l'obstruction intestinale
au début, par l'aspiration des gaz ; Note
de M. Demanjuay 635
— Rapport sur un Mémoire de M. J. Uenne-
quin, intitulé : « De l'allongement du
lémurdansle trailcmentdesesfracturcs »
par M . Sédiltot g5 1
— Sur un nouveau procédé opératoire de la
calaracto (extraction à lambeau péri-
phérique) ; Note de M. L. de fVechcr. 1294
— Pansements à la ouate et occlusion ina-
movible ; Note de JI. OUier i54
— Remarques de M. Ijirrey, relative à la
Communication précédente ijg
— La neutralisation de l'acidité de l'hydrate
do chloral par le carbonate de soude re-
tarde la coagulation, en conservant les
propriétés physiologiques. Trois nou-
vaux faits d'ancsthésie chez l'homme;
Note de M. Orc 19g
— M. yJ/p/i. G/«v7« prie l'Académie de com-
prendre, parmi les Mémoires adressés
au Concours des prix de .Médecine et
Chirurgie, les deux Notes qu'il a lues sur
sa méthode de pansement 1 3o4
P.-iges,
802
902
— M. J.-J. Marques adresse l'observation
il'un cas de guérison d'un anévrisme de
la carotide externe droite, par la com-
pression digitale 3i2
— M. Houzé de VAulnoii adresse une Note
sur l'immobilisation articulaire, appli-
quée au pansement des amputés 388
— M. /.-/. Cazcnavc adresse une « His-
toire abrégée des sondes et des bougies
urélhro-vésicales employées jusqu'à ce
jour »
— l\r. Petrequin adresse trois brochures et
une Note sur l'application de la galvano-
puncture au traitement des anévrismes.
— M. Barot adresse, pour le Concours des
prix de Médecine et de Chirurgie (fonda-
tion Montyon), un Mémoire sur un ap-
pareil à extension continue et graduée
pour les fractures de la jambe. 742 et 1086
— M. E. La/iiier adresse une Note sur un
appareil destiné à opérer le lavage des
plaies à trajet profond 1086
Voir aussi Fermentndons.
CiiLOBAL. — La neutralisation de l'acidité de
l'hydrate de chloral par le carbonate de
soude retarde la coagulation, en conser-
vant les propriétés physiologiques ; Note
de M. Orc 199
— Sur un nouveau corps qu'on trouve dans
l'urine, apiès l'ingestion d'hydrate de
chloral ; Note de M.M. Musculus et de
Mcriné gSg
— Nouvelle méthode de traitement du rhu-
matisme cérébral par l'hydrate de chlo-
ral ; Note de M. E. Bouchut , 1 34 1
CuoLÉnA. — W. J. Quissac adresse une nou-
velle rédaction de son Mémoire sur le
choléra asiatique, sa nature et son trai-
tement 3o
— M. Lecarcux adresse une Note relative ;\
un traitement du choléra 242
— M. MdUliird adresse un .Mémoire relatif
à un traitement du choléra 3 1 3 et
— MM. Bourj^ngne, J. Quissac, Maillant
adressent di\erscs Communications con-
cernant le choléra
— M. f/i'/(/r///7/ adresse divers documents re-
latifs au traitement du choléra
Chrome et ses comtosés. — Sur quelques
réactions des sels de chrome ; Note de
Cli.-A. Etard 1 3oG
Circulation.— Sur la pulsation du canir;
Note de M. Marey 1 85
— De l'action vaso-dilatatrice exercée par
le neif glosso-pharyngièn sur les vais-
seaux do la muqueuse de la langue ;
Note de M. A. f'ulpian 33o
— Sur les bruits du cœur ; Note de M. Bc-
8o3
482
3
f;cs.
8'.)9
(
Pa
zoutière
— De l'action du fer sur la nutrition ; Note
de W. Rnhutenu 1 1 Gg
CincuLATOiiiE (appareil). — Sur l'origine
des vaisseaux de la tunique chez les
Ascidies simples ; Note de M. de Lacnze-
Diilliiera Goo
— Sur l'aortitechronique; NotedeM./oHs-.trf. i34ii
Collège de France. — M. /. Silbennann
prie l'Académie de le comprendre parmi
les candidats à la chaire d'Histoire natu-
relle des corps inorganiques, laissée va-
canle au Collège de France par la mort
de M. Élie de Beaumont 3 1
— M. le Ministre île r Inslrtietioii publique
invite l'Académie à lui présenter une
liste de candidats pour cette chaire. . . no
— Liste de deux candidats, présentés par
l'Académie à M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique : i°M. Cb. Sninlc-Claire
Deville ; 2° M. Fnuqué 291
CoLLODiON. — Propriétés physiques des lames
de rollodion ; Note de M. E. Gripnn. . . 882
Combustion. — Influence de la pression sur
la combustion ; Note de M. L. Cuilletet. 487
Comètes. — Éléments provisoires de la Co-
mète VI, 1874, Borrelly ; par M. Gnirr. 3i3
— Nouvelles observations de la comète
d'Enrke et de la comète de Winnecke ;
par M. Stephan 3 1 4
Commissions spéciales. — MM. Chaslcs et
Dernistw sont nommés Membres de la
Commission centrale administrative pour
l'année 1875 14
— Commission chargée déjuger le Concours
pour le grand prix des Sciences mathé-
matiques à décerner en 1875 : MM. Pui-
seux, Bertrand, Bonnet, Hermile, Fizeau. 787
— Commission chargée déjuger le Concours
du prix Poncelet pour 1875 : MM. Chas-
les, Puiseux, Rolland, Hermite, Phillips. 787
— Commission chargée de juger le Concours
pour le prix de Mécanique de la fonda-
tion Montyon (1875) : MM. Phillips,
Morin, Rolland, Tresca, Resal 787
— Commission chargée déjuger le Concours
du prix Plumey pour 1875 : MM. Dupuy
de Lôme, Paris , Jurien de la Gravière,
Rolland, Tresca 787
— Commission chargée de juger le Concours
du prix Lalande(.\stronomie) pour 1875 :
MM. Paye, Le Verrier, Lœwy, Liouville,
Janssen 787
— Commission chargée do juger le Con-
cours du |irix Fourneyron pour 1875 :
MM. Rolland, Resal , Phillips, Morin,
Tresca 787
— Commission chargée déjuger le Concours
C. R., 1S75, i<"- Semeslrc. (T. LXXX.)
63i )
Pages.
pour le grand prix des Sciences phy-
siques à décerner on 187.") ; MM. Milms
Edwards, Blanchard, de Lacaze-Duthiers,
de Quatrefages, Ch. Kobin 865
Commission chargée de juger le Concours
du prix Barbier pour 187'j : MM. Gosse-
lin, Chatin, Bussy, Larrey, Cl. Bernard. 865
Commission chargée de juger le Concours
du prix Desmazières pour 1875: MM.Tré-
cul, Duchartre, Brongniart, Chatin, Tu-
lasne *>6 »
Commission chargée de juger le Con-
cours du prix Thore pour 1875: MM. Blan-
chard, Brongniart, Duchartre, Trécul,
Milne Edwards 865
Commission chargée de juger le Concours
pour le grand prix de Médecine et Chi-
rurgie à décerner en 187J (Application
de l'électricité à la thérapeutique):
MM. Gosselin, Cl. Bernard, BouiUaud,
Andral, Sédillot, Larrey, Becquerel père,
Cloquet, Edm. Becquerel 865
Commission chargée de décerner le prix
Savigny pour l'année 1S75 : MM. de La-
caze-Duthiers, Milne Edwards, de Qua-
trefages, Blanchard, Gervais 866
Commission chargée déjuger le Concours
pour les prix de Médecine et Chirurgie
de la fondation Montvon (année 1875) :
MM. Cl. Bernard, Cloquet, Sédillot,
Gosselin , Andral , Bouillaud , Larrey,
Ch. Robin, Bouley gSo
■ Commission chargée déjuger le Concours
pour le prix Godard (année 1875) :
MM. Gosselin, Cl. Bernard, Robin,
Andral, Sédillot gSo
- ('.ommission chargée déjuger le Concours
pour le prix de Physiologie expérimen-
tale de la fondation Montyon (année
1875) : MM. Cl. Bernard, Ch. Robin,
Milne Edwards, de Lacaze-Duthiers,
Bouley gîo
- Commission chargée de juger le Concours
pour le prix Chaussicr (année 1875);
MM. Andral, Bouillaud, Cl. Bernard, Gos-
selin, Cloquet 9J0
- Commission chargée déjuger le Concours
pour le prix des Arts insalubres de
la fondation Montyon (année 1875):
MM. Peligot , Boussingault, Chevreul,
Dumas, Bussy gSi
- Commission chargée de juger le Concours
du prix Lacaze (Physique) pour 1875 :
les Membres de la Section de Physique et
MM. IL Sainte-Claire Deville, liegnault,
Bertrand 996
- Commission chargée de juger le Concours
du prix Lacaze (Chimie) pour 187J:
21!)
( l6^>2 )
Pages.
les Membres de la Section de Chimie et
MM. Peligot, Berthelot, Boussingault.. . 99G
- Commission chargée déjuger le Concours
du prix Lacaze (Physiologie) pour 1875 :
les Membres de la Section et MM. Milne
Edwards, Robin, de Quatrefages 997
- Commission chargée de juger le Concours
du prix de Statistique de la fondation
Montyon pour l'année i8-5 : MM.Bien-
aymé, Boussingault, de la Gournerie,
Puiseux, Morin 997
- Commission chargée de juger le Con-
cours du prix Bordin, année 1875 :
MM. Brongniart, Duchartre, Chatin,
Decaisne, Trécul 997
- Commission chargé de juger le Concours
du prix Serres, année 1875 : MM. Cl.
Bernard, Ch. Robin, Andral, de Lacaze-
Dutliiers, Milne Edwards 997
■ Commission chargée de juger le Concours
du jirix Gegner, année 187J : JIM. Du-
mas, Chastes, Bertrand, Chevreul, Morin. 997
Commission chargée de présenter une
question pour le grand prix des Sciences
mathématiques à décerner en 1876 : MM.
Cliasles, Puiseux, Morin, Ilermite, Paye. loSg
Commission chargée de présenter une
question pour le prix Bordin (Sciences
mathématiques) à décerner en 1876 :
MM. Fizeau, Puiseux, Hermite, Dupuy
de Lôme, Becquerel loSg
Commission chargée de présenter une ques-
tion pour le grand prix des Sciences phy-
siques à décerner en 1877 : MM. Milne
Edwards, Blanchard, Cl. Bernard, Brou-
Pages.
gniart, de Quatrefages loSg
— Commission chargée de présenter une
question pour le i)rix Bordin (Sciences
lihysiques ) à décerner en 1877 :
!\IM. .Milne Edwards, Duchartre, Fremy,
Chevreul, Brongniart 1060
— Commi.ssion nommée pour l'examen d'un
projet de poudrières souterraines, mu-
nies de cheminées, adressé par M. le
Ministre de la Guerre : les Membres de
la Section de Physique, auxquels est ad-
joint M. le général Morin 1227
Congélation. — Nouvelle Note sur la rup-
ture des vases par la congélation de
l'eau ; par M. A. Barthélémy 208
Créatime. — Sur la substitution du mercure
à l'hydrogène dans la créatine ; Note de
M. R. En^rl 885
Cristallisation. — Sur la théorie de la dis-
solution et de la cristallisation ; Note de
M. Lccofj de Boisbaudran l45o
Cristallographie. — Sur l'inégale solubilité
des diverses faces d'un même cristal ;
Note de M. Lecoq de Boisbaudran . . . . 1007
— M. Des Cloizeaux présente à l'Académie
une lunette, construite sur les indica-
tions de M. Junnettaz, pour la déter-
mination des axes des ellipses dans les
cristaux 770
Cyanogène et ses dérivés. —Note sur une
matière colorante pourpre, dérivée du
cyanogène ; par M. G. Bong SSg
— Note sur la thiamméline, nouveau dérivé
du persulfocyanogène ; par M. /. Ponu-
iiiareff. i384
D
DÉci;s DE Membres et de Correspondants
DE l'Académie. — M. le Sccrélaire per-
pétuel annonce à l'Académie la perte
qu'elle vient de faire dans la personne
de M. d'Oiiudius d'Hnltoy, Correspon-
dant de la Section de Minéralogie 169
— M. Cil. Sainte-Claire Dcfillc rap|ielle les
principaux titres scientifiques de M. (/'O-
iiialius d 'Halloy 1 59
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'A-
cadémie la perte qu'elle vient de faire
dans la personne de M. Seguin aîné.
Correspondant de la Section de Méca-
ni(|ue 538
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à
l'Académie la perte qu'elle a faite de
M. Fr.-fV.-A. Jrgelandery Correspon-
dant pour la Section d'Astronomie 54o
— M. le Président se fait l'interprète des sen-
timents qu'inspire à l'Académie la mort
de M. Mathieu, qu'elle vient de con-
duire à sa dernière demeure : il propose
de lever la séance 58 1
— M. Broch prend la parole, au nom des
Membres de la Commission du mètre,
dont M. Mathieu était Président 582
— M. le Secrétaire />rr/jétuel annonce à l'A-
cadémie la perte qu'elle vient de faire
dans la personne de M. Tlniret, Corres-
pondant de la Section de Botanique 1241
— M. Fremy se fait l'interprète des regrets
de l'Académie 1241
— M. Brongniart rappelle que les Membres
de la Section de Botanique avaient pré-
senté M. Thuret aux sull'rages de l'Aca-
démie pour le prix biennal à décerner
cette année 1242
— M. le Secrétaire perpétitel annonce à l'A-
( iG33 )
Pa
cadémie la perte qu'elle vient de faire
dans la personne de M. Le Besgue, Cor-
respondant do la Section de Géométrie.
— M. Di(in/is fait connaître à l'Académie la
perle que les sciences viennent d'éprou-
ver en la personne de M. Sc/trœttcr. ..
DÉCRETS. — M. le Ministre de V Instruction
publique, des Cultes et des Beaux-Arts
adresse l'ampliation du décret par lequel
le Président de la République approuve
l'élection de M. du Moncet à la place
d'Académicien libre, en remplacement
de feu M. Roulin
— M. le Ministre de l'Instruction publique
adresse l'ampliation du décret par le-
quel le Président de la République ap-
prouve l'élection de M. Bouquet, en
ges.
1440
1087
'9
Pages,
remplacement de M. Bertrand, élu Se-
crétaire perpétuel loSy
DÉTo.NANTS (mélanges).— Deuxième Note
sur la combustion des mélanges dé-
tonants ; par JM. Neyrcnet/f. 335
— SI. Ncyreneuf adresse une nouvelle Note
sur le même sujet 685
Digestion. — Recherches sur le suc gastri-
que ; par M. Rabuteou 61
— Application de la méthode graphique à
l'étude du mécanisme de la déglutition;
par iU. S. Arloing 1291
— M. yli/'o/Zie adresse des recherches sur la
digestion, l'assimilation, etc 1226
Dissolution. — Sur la théorie de la dissolu-
tion et de la cristallisation; Note de
M. Lecoq de Boisbaudran 1 45o
Eaux naturelles. — M. le Ministre des
Travaux publics adresse un exemplaire
du Rapport de la Commission chargée
de proposer les mesures à prendre pour
remédier à l'infection de la Seine aux
environs de Paris 638
— Altération de la Seine aux abords de Paris
depuis novembre 1874 jusqu'en mai
1875 ; Note de M. A. Gérardin i326
— M. F. Garrigou adresse les résultats de
nouvelles recherches sur les eaux miné-
rales des Pyrénées 802
-• M. /. François adresse une Communica-
tion sur les émanations hydrother-
males et salines des stations thermales
du Caucase 1 022
— M. /. François adresse un Mémoire sur
la genèse des eaux minérales et des
émanations salines des groupes du Cau-
case, sur le métamorphisme des ter-
rains par les eaux thermo-minérales et
sur l'actualité des phénomènes méta-
morphiques au groupe de Piatigorsk (ga-
lerie Tobieff ) 1 1 53
Eau oxygénée. — Sur la présence du bioxyde
d'hydrogène dans la sève des végétaux;
Note de M. G. Clermont 1 5g i
Éclipses. — Lettre de M. N. Lockyer à
M. Dumas, concernant les préparatifs
de l'expédition envoyée par la Société
royale de Londres, pour l'observation
de la prochaine éclipse totale du Soleil. 25i
— Dépêche de M. Janssen, relative à l'ob-
servation de l'éclipsé de Soleil 986
École Polytechnique. — M. le Ministre de
la Guerre informe l'Académie que
MM. Chasles et Faye sont désignés
pour faire partie du Conseil de perfec-
tionnement de l'École Polytechnique,
pendant l'année 1875 i65
Économie rurale. — Lettre de M. le Mi-
nistre de l'Agriculture et du Commerce,
appelant l'attention de l'Académie sur
les mesures qu'il pourrait être opportun
de prendre pour prévenir linvasion en
France de la vao\ic\\e Doryphora, qui at-
taque les plantations de pommes de
terre aux États-Unis i65
— Rapport de M. Milnc Edwards sur les
mesures proposées pour prévenir l'in-
vasion de cet insecte 609
— Sur un nouveau procédé de dessalement,
appliqué aux terrains salés du midi de
la France ; Note de M. A. Joannon. . . . 891
— Tumeurs produites sur les bois des Pom-
miers par le Puceron lanigère; Note de
M. Prillieux 896
— M. G. Peyras adresse une Note relative à
l'emploi des fumigations pour combattre
les épizooties 387
— M. Cabieu lit un Mémoire sur un engrais
formé de cendres de méduses et de ma-
tières fécales 54 1
— M. de Molon rappelle les observations
qu'il avait publiées sur la nécessité de
la division des nodules de phosphate de
chaux, pour rendre leur emploi efficace
en Agriculture 802
Voir aussi Cliinde agricole.
Électricité. — Sur la lumière stratifiée;
Note de M. Nerreneuf 118
— Étude des décharges électriques dans les
fils métalliques fins; par M. Mchcns. . i584
— M. D. Lontin adresse une Note concer-
21 3,.
( '«34 )
Pages,
io5
23G
nant les perfectionnements apportés par
lui aux machines dynamo-électriques. . 164
— M. A. Demnget adresse une Note relative
à divers perfectionnements apportés à
la machine de Hollz, pour en assurer le
fonctionnement 4^7
— Sur un nouveau galvanoscope électro-mé-
dical ; Note de M. /. Morin 74 1
ÊLECTROcniMiE. — Action de l'oxygène élec-
troly tique sur l'alcool vinique; Note de
II. -4. Renard
— Action de l'oxygène éleclroly tique sur
l'alcool méthyiique ; Note de M. J. Re-
nard
— Nouvelles recherches sur le mode d'in-
tervention des forces électrooapillaires
dans les phénomènes de nutrition ; par
M. Becquerel 4 • l
— Quatrième Mémoire sur les actions élec-
trocapillairps et l'intensité des forces qui
les produisent; par M. Becquerel 585
— Note sur la propriété décolorante de
l'ozone ; par M. A. Boiltot 1 167
— M. E. Diicrc/ct adresse une Note relative
à la résistance électrochimique offerte
par l'aluminium employé comme élec-
trode positive dans un voltamètre 280
— M. C/i. Guérin adresse une Note rela-
tive à une pile analogue à celle de
Bunsen, dans laquelle le zinc serait rem-
placé par le fer 387
Électrodv.namique. — Recherches sur les
phénomènes produits, dans les liquides,
par des courants électriques de haute
tension ; par M. G. Planté 1 133
— Étude des décharges électriques dans les
fils métalliques fins; par M. Mclsens... i584
Électromagnétisme. — Sur un nouvel élec-
tro-aimant, formé de tubes de fer con-
centriques, séparés par des couches de
fd conducteur ; Note de M. J. Camacho. 882
— M. A. Perrin adresse une réclamation de
priorité relativement à l'emploi des
électro-aimants présentés par M. Cama-
cho 1226
— Action des aimants sur les gaz raréfiés
renfermés dans des tubes capillaires et
illuminés par un coifrant induit; Note
de M. /. Chautard 1161
Pages.'
— Sur les électro'- aimants tubulaires a
noyaux multiples; Note de M. Th. du
Moncel 1 ^72
— De l'inlluence du magnétisme sur l'extra-
courant; Note de M. Trêve i587
— M. D. Liintin adresse une nouvelle Note
relative aux modifications apportées par
lui aux machines dynamo-électriques, et
à la machine de M. Gramme, en parti-
culier 242
— M. Denioget demande l'ouverture d'un pli
cacheté, déposé par luile i2ianvier 1873
et relatif à un nouvel appareil magnéto-
électrique 922
Électrotbér-VPie. — De l'emploi de l'électri-
cité dans l'iléus, dans l'hydrocèle et
dans la paralysie de la vessie ; par
M. Macario 556
EMBRyoGÉ.NiE. — Sur le développement des
Ptéropodes; Note de M. H. Fol 196
— Des phénomènes généraux de l'embryo-
génie des Némertiens; Note de M. /.
Burriiis 270
— Observations de SI. de Quatrefages, rela-
tives à la Note précédente 273
— Sur l'embryogénie du Lnmcllaria per-
spicua; Note de M. A. Giard. 736
— M. G.-J. Martin Saint-Ange adresse,
pour le Concours du prix Serres, un
âlémoire intitulé : « Recherches anato-
niiques, physiologiques et pathologi-
ques sur l'œuf humain, dans ses rap-
ports avec les maladies du fœtus «.. . . 1257
Err.4ta, p. i32, 284, 337, 692, 929, 984,
III2, I181, 1456, 1C22.
Éthers. — Sur les éthers titaniques ; Note
de M. E . Dcmarçay 5i
— Action du chlore sur l'éther isobutyliod-
hydrique; Note de M. Prunier i6o3
Étbylène et ses dérivés. — Identité des
dérivés bromes de l'hydrure d'éthylène
tétrabromé avec ceux du perbromure
d'acétylène ; Note de M. E. Bourgoin. . G6G
— Sur la préparation de l'éthylène per-
chloré; Note de M. E. Bourgoin 971
Étoiles filantes. — Sur les étoiles filantes
du i3 novembreetdu 10 décembre 1874;
Note de M. Gruey 56
Fer. — Sur le fer hydrogéné ; Note de M. L.
Cailletet 319
— Sur la dissolution de l'hydrogène dans les
métaux, et la décomposition de l'eau par
■ le fer; Note de MM. L. Troost et P.
Hautcfruille 788
— Sur les alliages de platine et de fer ;
Note de M. //. Sainte-Claire Dci'ille.. . 58[}
Voir aussi Fontes.
Fermentations. — Rapport sur un travail
( i635
Pages
de M. Alph. Guérin, intiliilé : « Du rôl
pathogcMiique des ferments dans les ma-
ladies chirurgicales; nouvelle méthode
de traitement des amputés; par M. Gos-
selin 81
— M. O/Z/Vt présente quelques remarques à
propos du Rapport de M. GosscUn 86
— M. Larrey présente quelques observa-
tions sur le même sujet 80
— Observations relatives au Rapport de
M. Gosselin ; par M. Bnuillaiid 8G
— Observations verbales présentées à l'oc-
casion du Rapport de M. Gosselin; par
M. Pasteur 87
— Observations verbales concernant la pro-
duction des bactéries, des vibrions et
des amylobacters ; par M. J. Trceul . . . qS
— Résultat des recherches et observations
sur les micro-organismes dans les sup-
purations, leur influence sur la marche
des plaies et les divers moyens à oppo-
ser à leur développement; par M. P.
Boulouniié 1 23
— Sur une fermentation butyrique spéciale ;
Note de M. P. Schûtzenberger 328
— Sur la fermentation butyrique provoquée
par les végétaux aquatiques immergés
dans l'eau sucrée ; Note de M. Schût-
zenberger 497
— Nouvelles observations sur la nature de la
fermentation alcoolique ; par M, X. Pas-
teur 452
— De l'action du borax dans la fermentation
et la putréfaction ; Note de M. J.-B.
Sclwetzler 469
— Sur la présence et la formation des vi-
brions dans le pus des abcès ; Note de
M. A. Bergeron 43o
— Sur les microzymas et les bactéries, à
propos d'une remarque de M. Balard ;
Note de M. J. Béchamp 494
— Réponse de M. U. Gayo/i à deux Com-
munications de M. Béchamp, relatives
aux altérations spontanées des œufs. . . G74
1027
Pages.
— Du rôle des microzymas dans la fermen-
tation acide, alcoolique et acétique des
œufs. Réponse à M. Gayon; par M. Bé-
champ
Observations sur les altérations sponta-
nées des œufs. Réponse à M. liéchamp;
par M. LJ . Gnyon 1 096
-- Remarques concernant la Note précédente
de M. Gayon ; par M. J. Bcchamp.. . . iSSg
— Sur les ferments chimiques et physiolo-
giques ; Note de M. Muntz i25o
— Expériences et observations relatives à
la fermentation visqueuse ; par M. A.
Bauilriinoiit 1253
— Note relative à l'influence des racines
des végétaux vivants sur la putréfac-
tion ; par M. Jeannel 79G
— Influence de l'air comprimé sur les fer-
mentations; Note de M. /'. Bert 1379
— Observations relatives à la Communica-
tion précédente; par M. A. Trécul. . . . iSSa
— M. Sacc adresse une Note sur la fermen-
tation lOiG
Fluouène. — Sur le fluorène et l'alcool qui
en dérive; Note de M. Ph. Barbier. . . iSgG
FoiNTEs. — Surla limite de la carburation du
fer ; Note de M. Boussingault 85o
— Sur les fontes manganésifères; Note de
MM. L. Trnost et P. Hautefeiiille 909
— Recherches sur le carbone de la fonte
blanche ; Note de MM. P. Schiitzcnber-
ger et A. Bourgeois 911
— Étude calorimétrique sur les carbures de
fer et de manganèse ; par MM. L. Troost
et P. Hautefeuille 9G4
FoRMiouE (acide). — Préparation de l'a-
cide formique très-concentré, au moyen
de l'acide oxalique déshydraté et d'un
alcool polyatomique ; par M. Lorin...
Foudre. — Trois observations d'accidents
produits par la foudre ; Note de M. Pas-
sot
— Observations de M. Larrey, relatives à la
Communication précédente i4o3
i328
1402
GÉODÉSIE. — Sur le calcul des coordon-
nées géodésiques; Note de M. Ch. Tré-
pied 30
— M. E. Plaquer adresse une Lettre rela-
tive à des cahiers contenant les obser-
vations et les calculs ert'ectués par la
Commission française pour la mesure de
l'arc du méridien compris entre Barce-
lone et les îles Baléares 111
— Lunette anallalique, appliquée à une bous-
sole nivelante et à un tachéomètre ;
Note de M. C.-M. Goulier 292
Moyen facile d'obtenir, sans instruments
etavec une assez grande approximation,
la latitude d'un lieu ; Note de M. d'A-
mut 37a
Sur une nouvelle méthode et sur un nou-
vel instrument de télémétrie (mesure
rapide des distances); Note de M. Gi-
raud-Teulon 1 J79
GÉocnAPHiE. — Sur un projet de communi-
cation entre la France et l'Angleterre,
au moyen d'un tunnel sous-marin ; Note
de M. de Les^eps i43
— Observation de M. Diipuy tic Lônw, à
propos de la Communication de M. de
Lesseps, sur le projet de navires porte-
trains dont il a déjà entretenu l'Aca-
démie i4tj
— Note de M. de Quatrefages accompa-
gnant la présentation, au nom de la
Commission executive du Congrès inter-
national de Géographie, d'une brochure
où sont réunis les divers documents re-
latifs à ce Congrès ri63
— Il n'y a point eu de mer intérieure au
Sahara ; Note de M. Pomel 1 342
— Sur les travaux de la mission chargée
d'étudier le projet de mer intérieure en
Algérie; Note de M. Roudaire 1593
— Observations de M. de Lesscps, relatives
à la précédente Communication 1596
— Position géographique de l'île Saint-Paul ;
Note de M. Mouchez iSgS
— M. le généial/)/(j/7/; présente les feuilles IV
et VII de la Csrie de France au ^ „ „'„ „ „ ,
dressée au Dépôt des fortifications 1614
— M. de Lcsseps fait hommage à l'Acadé-
mie d'un ouvrage intitulé : « Lettres,
journal et documents pour servir à
î'iiistoire du canal do Suez » 1 375
— M. Josc da Silva Mcndcs-Lcal, Ministre
du Portugal, adresse à l'Académie une
Lettre originale de Maiwel Godinho de
Heredia , indiquant la découverte de
l'Australie par les Portugais 743
— M. Boiissingciidi donne lecture de la tra-
duction qu'il a faite de la Lettre précé-
dente 74 3
— Observations de M. de Lesseps, relatives
à cette Communication 744
— M. Joiirdy adresse une Note sur la forme
des baies du littoral algérien i449
GÉOLOGIE. — Sur le dépôt quaternaire, su-
périeur à la brèche osseuse de Nice pro-
prement dite, ou brèche supérieure de
Cuvier ; Note de M. E. Rivière 438
-- Sur les puits naturels du calcaire gros-
sier ; Note de M. Stnn. Meunier 797
— Sur les dépôts glaciaires de la vallée in-
férieure du Tech ; Note de M. £. Tnit.at. i io8
— Note sur les lignites quaternaires de .lar-
ville, près de Nancy ; par M. P. Fliche. i233
— Observations de M. Lcymeric, à propos
de la Note de M. Trutat, sur un dépôt
de pliocène des Pyrénées-Orientales. . . . 1246
— Observations effectuées à l'ile Saint-Paul ;
par M. Ch . Féliiin 998
( i636 )
Pages.
Pages.
— M. P. Gervais présente la Carte géo-
logique de l'arrondissement d'Uzès
(Gard) ; par feu Émilien Dumas, àe Som-
mières 28a
— M. Téq/îldcinJ/' présente les Cartes géo-
logiques de la ville et du gouverne-
ment de Kief, qu'il vient de terminer. . 9G2
— M. Hérifi adresse une Note sur les gise-
ments métallifères et la classification
géologique dans le département des
Côtes-du-Nord i35o
— M. J. Rivière adresse une Note sur des
apparences de [formation sédimentaire,
que présentent les roches granitiques
employées au dallage des trottoirs de
Paris i448
— M. A. Rivière adresse une Note sur l'ori-
gine des calcaires iSgG
— M. J. Judfc/^i adresse un Mémoire sur le
mode de gisement des combustibles mi-
néraux 1449
GÉOMÉTRIE. — Rapport sur un Mémoire de
M. Halphen, concernant les points sin-
guliers des courbes algébriques planes;
par M. de la Gournerie 97
— Sur la rectification des ovales de Des-
cartes ; Note de M. A. Gcnocchi. ..... 112
— Remarques accompagnant laprésenlation
d'une Note de M. Genocchi, à propos
d'une Communication récente de M. Ro-
bert, sur l'expression des arcs des ovales
de Descartes en fonction de trois arcs
d'ellipse ; par M. Chasics 837
— Propriétés relatives à la courbure de la
développée d'une surface quelconque;
Note de M. Halphen 116
— Sur un point de la théorie des surfaces ;
Note de M. Halphen 258
— Sur certaines perspectives gauches des
courbes planes algébriques ; Note do
M. Halphen C38
— Sur la notion dos systèmes généraux de
surfaces, algébriques ou transcendantes,
déduite de la notion des implexes; Note
de M. G. Fourct 167
— Sur quelques conséquences d'un théo-
rème général relatif à un implexe et à
un système de surfaces ; Note de M. G.
Fiiuret 8o5
— M. Haton de la Goupillière soumet au
jugement de l'.Académie un Mémoire in-
titulé « Développoïdcs directes et in-
verses, d'ordres successifs » 241
— Théorèmes généraux sur le déplacement
d'une figure plane sur son plan ; par
M. Chasies 346
— Généralisation de la théorie des nor-
males des courbes géométriqws, où l'on
( '«7 )
Pages.
substitue à chaque normale un faisceau
de droites ; par M. Cluisles 5o5
— Solutions géométriques de quelques pro-
blèmes relatifs à la théorie des surfaces
qui dépondent des infiniment petits du
troisième ordre; Notes de M. Mann-
lirim 541 et C 1 9
— Propriétés de courbes tracées sur les sur-
faces ; Note de M. Ribaiicoiir 64'?-
— Note à l'occasion de la Communication
de M. Ribaucour; par M. Mnimluim. . 725
— Classification des intégrales cubatrices
des volumes terminés par des suifaces
algébriques. Définition géométrique des
surfaces capables de cubature algébri-
(jue ; Note de M. Max. Marie yS;
— Relation entre les m périodes cycliques
de la quadratrice d'une courbe algé-
brique de degré m ; Note de M. Max.
Marie 872
— Sur un théorème de Géométrie ; Note de
M. Laguerre 822
— Remarques à propos de la Note de M. La-
guerre; par M. O. Bonnet 823
— Sur l'erreur de la formule de Poncelet,
relative à l'évaluation des aires; Note
de M. Chei'illiet 823
— Sur une extension analytique du prin-
cipe de correspondance de M. Chastes;
Note de M. L. Saltel 1064
— Sur les courbes d'ordre n à point mul-
tiple d'ordre « — i; Note de M. B. Nie-
tvengloivski 10C7
— Sur une nouvelle définition géométriipie
des courbes d'ordre n à point multiple
d'ordre « — i ; Note de M. G.Fouret.. . 1 1 58
— Sur quelques propriétés des courbes al-
gébriques; Note de M. Laguerre 1218
— Sur la détermination des singularités de
la courbe gauche, intersection de deux
Pages.
surfaces d'ordres quelconques qui ont
en commun un certain nombre de points
multiples ; Note de M. L. Sallel 1285
— Sur des courbes gauches du genre zéro ;
Note do M. L. Sa/tel i324
— Théorie des surfaces de révolution qui,
par voie de déformation, sont superpo-
sables les unes aux autres et chacune à
elle-même dans toutes ses parties; par
M. F.Recrh i388 et i442
— M. Casey transmet à l'Acaflémie un Mé-
moire sur un système de coordonnées
langentielles 164
Glycocolle. — Sur les caractères du glyco-
colle ; Note de M. Engel 1 1G8
Gommes. — Étude com|)aralivo des gommes
et des mucilages ; par M. Giraud 477
— Sur un mode particulier d'excrétion de la
gomme arabique produite par X Acacia
'l'erck du Sénégal ; Note de M. Ch. Mar-
tins 607
Gras (corps). — Sur le déplacement réci-
proque des acides gras volatils; Note de
M. H. Lescœur 5G3
— Étude des quantités de chaleur dégagées
dans la formation des sels de pelasse de
quelques acides de la série grasse ; Note
de M. IV . Longuininc 568
— • Recherches sur les acides gras et leurs
sels alcalins ; par M. Berthelol 592
— Stabilité des acides gras en présence de
l'eau, et déplacement réciproque de ces
acides ; Note de M. Berthclot 700
— Sur la décomposition des corps gras neu-
tres ; Note de M. /. Bock 1 1 42
— Sur les hydrocarbures qui prennent nais-
sance dans la distillation des acides
gras bruts, en présence de la vapeur
d'eau surchaulTée ; Note de MM. A. Ca-
hours et E. Demarcay l5C4
H
Helminthes.— Sur le système nerveux péri-
phérique des Nématoïdes marins ; Note
de M. A. T'iUot 400
— Révision des Némato'ides du golfe de Mar-
seille; Note de M. A.-F. Marion 499
— Sur la faune hclminthologique des côtes
de Bretagne; Noies do M. A. Filht. . ..
67961 1098
— Anatomie d'un type remarquable du
groupe des Némertiens ( Drepanophoriis
spectabilis) ; Note de M. A.-F. Marion. 89S
— Sur un nouveau typeintermédiairedu sous-
embranchement des Vers [Pohgordius?
Schneider); Note de M. Edm. Perricr. . 1 101
Histoire des Sciences. — Sur un nouveau
document historique, relatif à Salomon
de Caus; Note de M. G. Drpping 333
— M. Damas met sous les yeux de l'Aca-
démie la copie d'un document relatif à
Saloninn de C<nis 804
— La Société Linnéennc de Normandie in-
forme l'Académie qu'elle vient d'ouvrir
une souscription destinée à élever une
statue à feu Élie de Beatimont, l'un de
ses fondateurs 483
— M. fV .-A. A'fMW informe l'Académie qu'il
va publier prochainement un ouvrage
oii seront discuté» les titres scienti-
iG38
Pages,
fiques de Lavoisier 1 1 1 o
— M. Chasics fait hommage à l'Académie,
de la part de M. G. G(wi, d'un opuscule
inédit relatif à Galilée iGi3
— M. Cliasles présente à l'Académie diverses
livraisons du BuUettiiio du prince Bon-
compagni, et du « Bulletin de la Société
mathématique de France ».28i, iiio et i6i3
— M. le ,Çtr/-f7rt(/(,' /jf7/^e?Mc/ signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, une Notice biographique sur le
D'' Dcsniellfs , professeur au Val -de -
Grâce 1086
Hïdhogkne. — Note sur le fer hydrogéné ;
par M. L. CaiUctet Sig
— Sur la dissolution de l'hydrogène dans
les métaux, et la décomposition de l'eau
par le fer; Note de SIM. L. Troost et
P. Hautefcuillc 788
— Équilibre chimique entre les gaz : iode
et hydrogène ; Note de M. G. Lemoine. 792
HvDROLOGiE. — Sur les seiches du lac Lé-
man ; Note do M. F.-A. Forci 107
— Coup d'œil d'ensemble sur le régime des
principales rivières du nord, du centre
et du midi de la France; par M. Bel-
oraïul 1 47
— Note relative aux pertes du haut Doubs
et au moyen de les réduire; par M. H. •
Rcsal 20g
— M. le Ministre des Travaux publics
adresse un exemplaire du Rapport de la
Commission chargée de proposer les
mesures à prendre pour remédier à
l'infection de la Seine aux environs de
Paris G38
— M. le Ministre des Travaux publics
Pages.
adresse un exemplaire du Rapport de
M. Belgraml^ contenant le lésumé des
observations faites pour le service hy-
drométrique du bassin de la Seine en
1873 8o3
— M. le Ministre des Travaux pul/lics
adresse un exemplaire de la Carte hy-
drologique du département de Seine-et-
Marne, |iar M. Dclessc gtia
— Abaissement probable du débit des eaux
courantes du bassin de la Seine, dans
l'été et l'automne de 1875; Note de
MM. E. Belgrand et G. Lemoine i438
— M. Cit. Chanipoiseau adresse le tableau
des prises et des débâcles du Danube
à Galatz, pendant les quarante der-
nières années io34
Hygiène publique. — InQuence des racines
des végétaux vivants sur la putréfac-
tion; par M. Jeanne! 796
— M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, un Dictionnaire des altérations
et falsifications des substances alimen-
taires, médicamenteuses et commer-
ciales; par M. A. Chevalier et E.Bau-
drimont 1227
— M. Cl. Bernard présente , au nom de
M. le D"^ Jourdanet, un o'uvrage en
deux volumes, intitulé : « Influence
de la pression de l'air sur la vie de
l'homme » i3i2
— Altération de la Seine aux abords de
Paris ; par M. Gérardin 1 326
Voir aussi Eaux naturelles et Plomb.
Hygrométrie. — Psychromètre évitant tout
calcul, dit hygrodeik; Note de M. Lowe. 572
I
Imprimerie. — M. /. Kordon adresse une
Note sur un procédé destiné à la com-
position et à la distribution des carac-
tères d'imprimerie 335
Inxendies. — M. Cil. Ti'llierSiâTe^seune Note
relative à l'emploi qui pourrait être fait
de l'acide sulfureux, pour éteindio les
incendies se déclarant dans la cale des
navires 3o
— MM. Baudry et Roussel adressent une
Note relative à un « thermo-révéla-
teur », ou avertisseur en cas d'in-
. cendie 482 ,
Iode et ses composés. — Équilibre chimique
entre les gaz : iode et hydrogène; Note
de M. G. Lemoine 792
— Sur la formation de l'acide iodique dans
les flammes iodées; Note de M. G. Sa-
let 884
Legs faits a l'Académie.— M. le Ministre
de r Instruction publique, des Cultes et
des Beaux-Arts adres.se l'amiilialion
d'un décret qui autorise r.4cadémie à
recevoir la donation qui lui a été faite
par M'"" ralz. 3i3
( '639 )
Pages.
— M. \q Ministre (le Vln^lnirtinn publique
iulressc l'ampliation d'un décret aulori-
sanl l'Académie 5 accepter le legs qui
lui a été fait par ISF. Cl. Gnr, pour la
fondation d'un prix annuel de Géogra-
phie physique •'(i-
— M. le Secrétaire perpétuel analyse une
Lettre par laquelle M'"° Pomelct fait
connaître à l'Académie son désir de
joindre au prix Poncelet un exemplaire
complet des OEurrex du Général i m4
— M. le Président se fait l'interprète des
sentiments de reconnaissance do la
Science pour cette libéralité nouvello
Pages
de M. Poncelet iii4
Locomotives. — Locomotive à j)atins de
M. Fortin-Uerniann ; NotedeM. Trescn. 1 198
— M. Clinrdnn adresse, à propos de cette
Note, une réclamation de priorité, ac-
compagnée d'un dessin i3o4
Lu.NK.— Observations de la Lune et d'étoiles
de même culminalion, faites à l'Obser-
vatoire de Melbourne ; Note de M. R.
Ellery 1 239
— Observations de la Lune, faites aux in-
struments méridiens de l'Observatoire de
Paris pendant l'année 187/i; Note de
M. Le Verrier 1 265
M
!iL\ciiiNES A VAPEUR. — Siu' Un Système do
distribution dans les machines à vapeur;
Note de M. Sehowshi i444
— M. F. Garrignu adresse une « Étude sur
les causes d'usure et d'explosion des
chaudières des machines à vapeur »... iCj
Mag.nétisme. — Note sur le magnétisme, à
propos d'une Communication récente do
M. Lallemand; par M. Th. du Mim-
cel 19
— Sur l'effet prodnit par l'application des
armatures à des aimants tout formés ;
Note de M. /. Jnmin 212
— Note sur le magnétisme; par M. J.-M.
G(Uii;nin 297
— Anomalie magnétique du sesquioxyde de
fer préparé à l'aide du fer météorique;
Note de 1\L L. Smith 3o i
— Note sur le magnétisme ; (lar M. J .
Trêve 3 1 o
— Sur l'aimantation des aciers garnis d'ar-
matures; Note de M. /. Jnmin 35y
— Sur la profondeur et la superposition dos
couches aimantées dans l'acier ; Note de
M . /. Jnmin (17
— Observations de W.Fnre, à propos de la
Communication précédente 4)1
— Expériences sur l'imitation artificielle du
platine natif magnétipolaire ;parJL Bnu-
bréc 52G
— Note sur le magnétisme; par !\L Th. du
Monccl .')32
— Sur la fonction magnétisante de l'acier
trempé; Note de M. Bnutr G5o
— Sur la détermination de la quantité de
magnétisme d'un aimant; Note de iNI. /î.
Blnndlnt C53
— Notes sur la théorie des procédés d'aiman-
tation ; par M. /.-j^/. Gm/n-n/w.. 761 et ioo3
— Note sur les rapports existant entre la
C. R., 187.1, i" <ivnusire. (T. LXXX.)
nature des aciers et leur force cocrci-
tivc ; par MM. Trêve et Durassicr 799
— Sur un cas singulier d'aimantation; Note
de 1\L /. Jnmin 841
— Sur les quantités de magnétisme et sur
la situation des pôles dans les aiguilles
minces; Note de M. E. Bnuty 879
— Sur une nouvelle source de magnétisme;
Note de M. D. Tnmmasi 1007
— Observations sur la nouvelle source do
magnétisme signalée par M. Tommasi ;
par IL Maumené 1 1 38
— Recherches sur la vitesse d'aimantation
et de désaimantation du fer, de la fonte
et de l'acier; par M. M. Deprez i353
— Sur la distribution du magnétisme dans
une lame mince de grande longueur;
Note de M. /. Jamin : 1 553
— Sur la force portative des aimants de
M. Jamin; Note de M. J. Snndoz i6o5
— Recherches sur la polarisation rotatoire
magnétique: par M. //. Becquerel 137G
— Observations magnétiq\ieseNéc\itées dans
la presqu'île de Malacca ; p;ir M. J . J<in<-
sen 1 552
jrANGANÈSE. — Sur les fontes manganésifères ;
Note de MM. L. Trmist et P. Haute-
feuille 909
— Étude calorimétrique sur les carbun-s
de fer et de manganèse; par MM. L.
Troost et P. Hnutefeuille 9G4
Man.nite. — Sur le pouvoir rotatoire spéci-
fique de la mannite ; Note de .^L G. Bon-
cliiirddt 1 20
MÉc\MQUE. — Sur les applications des théo-
ries générales de la Dynamique, au
mouvement d'un corps de forme va-
riable; Note do Jf. H. Diirrnnile S77
- M. -•/. Picard adresse un Mémoire sur une
« Nouvelle méthode pour établir les équa-
214
( i64o )
Pa^es.
lions de l'élasticité d'un corps solide » . 430
— M. J.-H. Courtois adresse, pour le Con-
cours du prix Fourneyron, un Mémoire
sur la spirale centrifuge et sur quelques-
unes de ses applications industrielles. . loaS
— M. P. Tréinaux adresse une Note inti-
tulée : « Expressions ré(!lles de la farce
vive et conditions spéciales de la force
de pesanteur et de la force calorifique » 687
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Études SUT l'entraî-
nement de l'air par un jet d'air ou de
vapeur; par M. F. de Romilly. 189 et g54
— Sur les modes d'équilibre limite les plus
simples que peut présenter un massif
sans cohésion, fortement comprimé;
Note de M. /. Boussiiicsq 546
— Sur les modes d'équilibre limite les plus
simples que peut présenter un massif
sans cohésion, fortement comprimé. Ap-
plication au cas d'une masse sablonneuse
qui remplit l'angle dièdre compris entre
deux plans rigides, mobiles autour de
leur intersection ; Note de M . /. Bousii-
nesi/ 623
— Construction géométrique des moments
fléchissants sur les appuis d'une poutre à
plusieurs travées solidaires; par M. G.
Foiirct 55o
— Note sur la théorie des poutres droites
continues ; par M. Mniirice Lcvy 74g
— Note accompagnant la présentation d'une
nouvelle publication de la Société des
Ingénieurs civils de la Grande-Bretagne ;
par M. H. Resnl 83;
— M. E. de Boii'jn adresse un Mémoire inti-
tulé : « Description de voitures roulant
sur rails mobiles tournants, et d'une
nouvelle machine de guerre » 3o
— M. Mangot adresse une Note relative aux
causes de rupture des essieux, et en
général des pièces de fer soumises à des
vibrations répétées 280
— M. E. Régnier adresse un Mémoire por-
tant pour titre : « Nouveaux procédés
hydrostatiques de déplacements com-
pensateurs » G36
— M. Peiiucellier adresse, pour le Concours
du prix Poncelet, un Mémoire sur l'ap-
plication des systèmes articulés, dits
« à liaison complète », aux arts et aux
sciences d'observation 802
— M. Sekowski adresse un Mémoire sur un
mode de transmission instantanée du
mouvement au tiroir 1349
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur une méthode de
calcul des perturbations absolues des
comètes; Notes de M. Hugo Gyldéii.
809 et 907
Pa(;ps.
— Mémoire sur le mouvement de rotation de
la Terre, par M. E. Maihieu 1582
Voir aussi Astronomie.
MÉoECiNE. — Sur la nature des affections
syphilitiques et sur le traitement mercu-
riel ; Note de M. /. Hcnnann 63
— Documents pour servir à l'histoire de la
glycosurie ; par M. Andnd 858
— Sur les effets thérapeutiquesde l'oxygène ;
Note de M. Tannn-Despidle io3i
— Sur l'aortite chronique; Note de M. Jous-
set i34o
— Nouvelle méthode de traitement du rhu-
matisme cérébral par l'hydrate de chlo-
ral ; par M. E. Bnurhut 1 34 1
— M. Gc/z-wcr adresse une Note sur l'emploi
de la glycérine dans le traitement de la
glycosurie 12^5
~ M. E. Gtiriniorid adresse, pour le Con-
cours du prix Cliaussier, un « Traité
théorique et pratique de l'avortement
considéré au point de vue médical, chi-
rurgical et médico-légal » 1226
— M. Déclat adress'^ '-ne nouvelle Note rela-
tive au traitement du charbon 242
— M. A. Netter adresse une Note relative
à l'injection de l'eau dans la cavité pé-
ritonéale, comme traitement de la péri-
tonite 03;
— M. L.-A. Raimberi adresse un Mémoire
intitulé : « Du traitement du charbon
chez l'homme, par les injections sous-
cutanées de liquides antivirulents »... 742
— M. Larrey présente, de la part de
M. Mtdier, un Mémoire intitulé : «Con-
tribution à la Statistique médicale de
Rochefort » 1237
— M. E. Decroix adresse une Lettre dans
laquelle il annonce que la Commission
militaire de la rage s'offre pour expéri-
m''nler les remèdes adressés à l'Aca-
démie i3o6
— M. Grinidud de Cnux adresse une Note
sur un cas de psoitis contracté en Amé-
rique et guéri par les eaux d'Aix, en
Provence 1 3G3
— M. Décliit adresse une Note sur le char-
bon de l'homme 1 598
— M. A. Bazin adresse un Mémoire sur la
phthisie pulmonaire lâgS
— M. Neiter adresse une Note sur la cause
de certains insuccès signalés avec l'em-
ploi de la poudre de camphre dans la
pourriture d'hôpital 1G16
MÉTALLURGIE. — M. le Secrétaire perpétuel
signale, parmi les pièces imprimées de
la Correspondance, le premier volume du
« Traité de Métallurgie générale » de
( i64i )
Pages.
M. L. Griincr j i
— M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, une traduclion par M. Krajj't An
l'ouvrage de M. Sella, inlilulé : « Con-
ditions de l'industrie des mines dans
l'ile de Sardaigne » i3o5
MÉTÉORITES. — Sur unecluite de météorites
tombées dans l'Étal d'Iowa ; Note de
M . G. Hinrichs 1 1 jS
— Remarques de M. Baubrée relatives à la
Communication précédente i ijj
— Sur la chute de deux pierres météoriques
dans les États -Unis ; Note de M. L. Law-
rence Smith ijSi
MÉTÉOROLOGIE. — Corpuscules aériens et
matières salines contenus dans la neige;
Note de M. G. Tissamlier 58
— Note relative à la possibilité de prédire,
plusieurs mois d'avance , l'arrivée en
Europe des cyclones qui traversent l'A-
tlantique, par M. H.Tarry 3ii
— M. Le J'errier expose à l'Académie la
nouvelle organisation du service météo-
rologique des I orts 538
— Théorie des tempêtes; réponse à M. Paye ;
par M. H. Peslin C JC
— Observations sur les critiques de M. Peslin;
par M. Faye
— Sur les variations ou inégalités périodiques
de la température. Neuvième Note : Pé-
riode du vingtième jour dodécuple ; Note
de M. Cit. Sainte-Claire Dri'ille 714
— Mémoire sur les observations de tempé-
rature faites au Jardin des Plantes, pen-
dant l'année 1874, avec les thermo-
mètres électriques, sous un sol gazonné
et dénudé; par MM. Becquerel et Edni.
Bicijucrcl 773
— Remarques accompagnant la présentation
des observations météorologiques faites à
Baréges, à la station de Plantade et au
sommet du pic du Midi; par M. Cli.
Sainte-Claire Deville 83G
— Sur la théorie de l'aspiration, avec des
remarques sur la nouvelle Note do
M. Peslin ; Note de M. Fare 843
— Théorie des tempêtes. Réponse àM. Faye ;
par M. H. Peslin gi3
— Des courants supérieurs de l'atmosphère,
dans leurs relations avec les lignes iso-
barométriques ; Note de M. H. HiUlc-
brand.^son
— Résultats des observations faites en Suède
sur les courants supérieurs de l'atmo-
sphère; Note de M. Faye (36
— Réponse à M. Faye ; par M. Cli. Sainte-
Claire Vei'ille , 98G
G5o
'J'7
— Sur les variations ou inégalités pério-
diques de la température (onzième Note) ;
période du vingtième jour dodécuple.
Novembre ; Note de M. C/i. Sainte-
Claire Deville 939
— AI. R. fie fF'om-es , à l'occasion des recher-
ches de M. Ch. Sainte-Claire Deville, rap-
pelle qu'il a présenté à la séance du
20 décembre 1870 un Mémoire intitulé
« De la périodicité du temps » 961
— Sur la trombe des Ilayes (Vendômois),
5 octobre 1 87 1 , et sur les ravages qu'elle
a produits; Note de M. Faye 988
— Théorie des tempêtes. Réponse à M. Faye ;
par M. H. Peslin loîB
— Sur la loi des variations diurnes et an-
nuelles de la température dans le sol ;
Note de M. Peslin 1090
— Note sur la théorie des tempêtes. Réponse
à M. Faye ; par M. Coiixté logS
— Note sur des courants de directions dilTé-
renles dans le ciel ; par M. Chapelas. . . 11 76
— Théorie des tempêtes. Réponse à M. Faye ;
par M. Peslin 1228
— Note sur la théorie des cyclones ; par
M. (le Tastes 1234
— Quelques remarques sur la discussion au
sujet des cyclones ; |>ar M. Faye 1268
— M. C/irï/^'te adresse le résumé des obser-
vations barométriques faites par lui
avant et pendant la tempête ressentie à
Paris, dans la nuit du 21 janvier. . 280
— M. Ch. Sainte-Claire Deville présente,
au nom de M. le général Chanzy, les
trois premières livraisons de la deuxième
Partie du « Bulletin mensuel du service
météorologique algérien ». 978
— M. Ch. Sainte-Claire Deville \tTvi,m\.e, ■AU
nom de M. Pujazon, directeur de l'Ob-
servatoire de la marine deSan-Fcrnando,
la partie météorologique des Annales do
•cet établissement pour l'année 1873... 282
— M. F. Delahaye adresse une Note relative
à l'électricité atmosphérique et à la pré-
sence de l'hydrogène dans l'atmosphère. 414
— M. ] . de Cossigny adresse quelques ob-
servations au sujet des trombes et tour-
billons 1407
— Sur la trombe de Chen ; Note de M. Faye. 1428
— Sur la trombe de Chàlons, examen des
faits et conclusion ; Note de M. Faye. . i 558
— M. /.-B. Feuvrier adresse une « Étude
météorologique sur le plateau de Cotli-
gné (Monténégro) » i3o4
— M. l'abbé Lamey aAresse une observation
météorologique itii2
Voir aussi Foudre et Physique du Glnbe.
MÉTÉOROLOGIQUES (OBSERVATIONS) dO l'Ob-
2 14<
( 164
Pages.
servatoirc de Montsouris, 70, 338, 678,
gSo, 1 182, et 1410.
Minéralogie. — M. Dauhrée fait hommage
à l'Académie, de la part de M. J.-D.
Dana, d'un Mémoire n Sur les pseudo-
morplics de serpentine et autres, de la
mine de Tilly-Foster » 23i
— Reproduction artificielle de la monazite
et de la xénotime ; Note de M. F. Rado-
iiiiiishi 3o4
— Sur les propriétés optiques biréfringentes
caractéristiques des quatre principaux
feldspaths tricliniques, et sur un procédé
pour les distinguer immédiatement les
uns des autres; Note de M. Des Cloi-
zeaii.v 364
— Sur la formation contemporaine, dans la
source thermale de Bourbonnc-les-Bains
(Haute-Marne), de diverses espèces mi-
nérales cristallisées, notamment du cui-
vre gris antimonial ( tétraédrite), de la
pyrite de cuivre (chalkopyrite) , du
cuivre panaché (philippsite) et du cuivre
sulfuré(chalkosino); NoledeM.Z)rt«/;rpc. 461
— Expériences sur l'imitation artificielle du
platine natif magnétipolaire; parM. Dau-
bréc 526
— Formation contemporaine, dans la source
thermale deBourbonne-les-Bains (Haute-
Marne), de diverses espèces minérales,
galène, anglésite, pyrite et silicates do la
famille des zéolithes, notamment la cha-
2 )
Page».
basie ; Note de M. Dauhrce 604
-■ M. Dauhrce présente une série de Mé-
moires sur l'étude microscopique des
roches, les uns de M. Môlû, les autres
de M. Borichy G87
— Association, dans l'Oural, du platine natif
à des roches à base de péridot ; relation
d'origine qui unit ce métal avec le fer
chromé ; Note de M. Dauhrée 707
— Nodule à wollastonite, pyroxène fassa'ite,
grenat mélanite des laves de Santorin ;
Note de M. Fouqué 63 1
— Note sur l'élément pyroxénique de la
roche associée au platine de l'Oural, par
M. Dca Chizeaux 786
— Dépôts salins des laves de la dernière
éruption de Santorin ; Note de M. F.
Finitjué 832
— Observations relatives à la Communication
précédente de M. Fouqué; par M. Ch.
Sainte-Claire DciiUc 834
— Sulfuration du cuivre et du fer par un
séjour prolongé dans la source thermale
de Bourbon-l'Archambault ; observation
d'une brèche avec stroiitiane sulfatéejel
plomb sulfuré dans la cheminée ascen-
sionnelle de celte source ; Note de M. de
Gouve/iaiit '^97
— Observations de M. Dauhrée, relatives à
la précédente Communication 1 3oo
Mollusques. — Amphipodes du golfe de
Marseille; Note de M. J.-D. Catta 83 1
N
Navigation. — Sur des courbes de roulis
obtenues par la photographie ; Note de
M. Huct 3So
— Communication relative à la question
de l'unification du tonnage des navires;
par M. de Le.-^.tep.f 4^2
— Observations de M. Dupuy de Lomé, re-
latives à la Communication précédente. 423
— Réponse de M. de Les.scps aux observa-
tions de M. Dupuy de Lomé 42^
— Sur les méthodes à employer pour le
maintien des ports; Note de M. Ferd.
de Les.scps i o5 1
— M. C. Bcur/iotaàTC&se de nouvelles Notes
concernant l'application de la vapeur à
la navigation sur les canaux et rivières.
3o et 164
^ M. Lagarigue adresse une Note sur l'em-
ploi de la vapeur adaptée aux remor-
queurs servant à la traction sur les ca-
naux 1086
~ M. r. Bouiiiccdii adresse une Note dans
laquelle il rappelle qu'en i856 il a fait
draguer le port du Havre en dehors des
jetées 1258
— M. Potier adresse une Note sur les cau-
ses de la démolition si fréquente des
jetées maritimes i3i5
— M. Bouniceuu rappelle qu'une drague
]iouvant tenir à la mer, en dehors du
port du Havre, a fonctionné avec succès
avant 1860 i35o
— M. E . Lehman soumet à l'Académie un
système de bateaux à vapeur dans le-
quel la transmission de la force se fait à
l'aide d'une pompe agissant directement
sur l'eau ï4o8
— MM. de Benazé et Kisbec adressent un
iMéraoire sur le mouvement complet du
navire oscillant sur l'eau calme i5g7
Neige. — Corpuscules aériens et matières
salines contenus dans la neige; par
M Tissandier ^8
Nerveux (système). — Recherches sur les
( i6/|3
organes tactiles de l'homme; Note de
M. Jobcri 274
— De l'action vaso-dilatatrice exercée par le
nerf glosso-pharyngien , sur les vaisseaux
de la muqueuse de la base de la langue ;
Note de M. A. f^nlpian 33o
— Sur le système nerveux périphérique des
Némato'ides marins; Noie de M. ^. Villot. ^oo
— De l'inlliience du système nerveux sur la
respiration chez un Insecte, le Dyiiscus
marginalis ; Note de M. £. Fau'ic 739
— Études expérimentales sur les mouve-
ments rotatoires de manège chez le Dy-
tisciis /niirgi/ialis, et le rôle, dans leur
production, des centres nerveux encé-
phaliques ; Note de M. E. Fawrc 1 149
— Recherches sur les fonctions du ganglion
frontal chez le Drtiscits niargi/in/is ; par
M. F. Faivre . .'. i332
— M. C/. Bernard offre à l'Académie, au
nom de M. Fulpinn, deux volumes de
ses Leçons sur l'appareil vaso-moteur,
faites à l'École de Médecine i45G
NiTnvTES. — Sur la 'solubilité du nitrate de
soude et sa combinaison avec l'eau;
Note de M. A. Ditle 1 iG4
Nominations de Membres et de Correspon-
dants DE l'Académie. — M. Brorh est
élu Correspondant, pour la Section de
Mécanique, en remplacement de feu
M. Biirdii! 81
— S. M. don Pedro, empereur du Brésil,
)
Pages.
est nommé Correspondant pour la Sec-
lion de Géographie et Navigation, en
remplacement de feu l'amiral de If'ran-
gelt 540
Télégramme de S. M. don Pedro, expri-
mant à l'Académie sa reconnaissance . . 54 1
Lettre de S. M. ilon Pedro d' Aleantara ^
empereur du Brésil, à MM. les Secré-
taires perpétuels 1 i£i
M. r>oHeaa est nommé Correspondant,
pour la Section de Mécanique, en rem-
placement de feu M. Fairbaim 721
M. Jolj est élu Correspondant, pour la
Section d'Anatomie et Zoologie, en rem-
placement de feu M. P. Gcrvais, élu
membre de l'Académie 786
iL le général Sabine est élu Correspon-
dant, pour la Section de Géographie et
Navigation, en remplacement de feu
M. Clinzallon gSo
M. Bouquet est nommé membre de la
Section de Géométrie, en remplacement
de M. Bertrand, élu Secrétaire perpé-
tuel 996
M. Bentham est élu Correspondant pour
la Section d'Astronomie, en remplace-
ment de M. Airy, élu Associé étranger. 1281
M. L. Hugo signale une erreur géogra-
phique dans le tableau des Correspon-
dants étrangers de l'Académie des
Sciences, publié par V Alninnaeh nntio-
nid{\'i,-^\) II 10
0
Optique. — Sur les phénomènes de diffrac-
tion produits par les réseaux circulaires;
Note de M. /.-i. Soret 483
— Sur la diffraction; propriétés focales des
réseaux ; Note de M. A. Cornu 645
— Double rétlexion intérieure dans les cris-
taux biréfringents uniaxes ; Note de
M. Abria 826
— Recherches sur la polarisation rotatoire
magnétique; par M. H. Beeijuerd .... 1376
— Nouvelle formule destinée à calculer la
force réfringente ou le numéro des lu-
nettes de presbyte; Note de M. Mowyer. 919
— Sur un opthalmoscope à trois observa-
teurs; Note de M. F. Monoycr 9G2
— Échelle typographique décimale pour
mesurer l'acuité de la vue ; Note de
M. Monoyer 1 187
— M. le Seei-étaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, « La Lumière », par M. Tyndnlt
(traduction de M. l'abbé A/o/g-«o) 1259
^^ H. de Kerikuff adresse quelques re-
marques concernant les causes d'erreur
qui peuvent subsister dans les expé-
riences relatives à la vitesse de la lu-
mière 3o et iio
M. /. Tardre adresse une Note relative
à la réflexion de la lumière 802
M. Tridon adresse une Note sur les
moyens de faire des observalions téles-
copiques et d'obtenir des é|)reuves pho-
tographiques, à l'intérieur d'une cloche
à plongeur aérostatique 902
^L Strntizopoulo adresse un Mémoire sur
des perfectionnements à apporter au té-
lescope 1 1 54
M. A. Brncliet adresse, pour le Concours
du prix Trémont et du prix Gegner,
plusieurs Mémoires sur l'Optique géo-
mélri(pie 122C
■ M. jE.AV«r/<:v adresse, pour le Concours
du prix Lacaze (Physique), plusieurs
Mémoires ayant pour objet l'étude de
l'aberration delà lumière et la révision
de la théorie de Caucliy sur la réflexion. iSga
— M. Mangin demande l'ouverture d'un pli
( 1644 )
Pages
Pages.
cacheté déposé par lui le 14 juillet 1874. 1697
Ozone. — Note sur la propriété décolorante
de l'ozone ; par M. Boillot 1 167
Paléontologie. — M. E. Robert adresse une
nouvelle Note relative au gisement des
silex taillés de Précy-sur-Oise, et à la
présence de grands Pachydermes dans le
diluvium de la même localité 1C4
— Sur la découverte de Batraciens propre-
ment dits dans le terrain primaire;
Note de M. J. Gaudry 44 i
— M. P. Getvai\ communique, au nom de
M. Thomas, quelques détails sur une
espèce fossile de Bœuf, découverte en
Algérie; et, au nom de M Bleicher^ des
figures de pierres taillées trouvées en
Algérie 444
— Observations critiques sur la classifica-
tion des Polypiers paléozo'iques ; par
M. G.DolIfus CHi
— Le Mammouth à Mont-Dol (Ills-et- Vi-
laine ) ; Note de M. Sirodot 87 1
— Noie sur un abri-sépulture des anciens
Aléoutes d'Aknanh, ile d'Ounga, archi-
pel Sliumagin (Alaska) ; par M. Alph.-
L. Pinarl 1 oSa
— Observations sur l'époque de la dispari-
tion de la faune ancienne de l'île Rodri-
gues; \\ZT ^\. Alph. -Milite Edt\ unis.. . 1212
— M. L. Berthoia adresse une Note rela-
tive à la découverte d'un gisement de
fossiles, dans la plaine d'Écouché, ar-
rondissement d'Argentan (Orne) 687
Voir aussi Anthropologie.
Papiers. — Étude micrographique de la fa-
brication du papier ; par M. A. Ginird. G29
Paratonnerres. — Projet présenté par M. le
MinistredelaGuerre,pourunepoudrière. i rJ3
— Avis de la Commission des paraton-
nerres, sur une disposition nouvelle
proposée pour les magasins à poudre ;
par M. Fizeaii 1 44o
PUILOSOPIIIE DE LA SCIENCE. — Étudo (icS
procédés de l'esprit humain dans la re-
cherche de l'inconnu, à l'aide de l'obser-
vation et de l'expérience, etc. ; par
M. Chevretd G(j3
Phosphates. — Sur un nouvel appareil pour
la fabrication continue des superphos-
phates de chaux ; Note de M. P. Thi-
bault 1144
Phosphorescence. — Phosphorescence des
Invertébrés marins; Note de M. de
Quatrcfagcs 22'J
Photographie. — De la flamme du soufre et
des diverses lumières utilisables en
photographie; Note de MM. A. Riche
et Ch. Bardy 238
Physiologie animale. — Recherches sur le
suc gastrique ; par M. Ralmtcau Ci
— Des globules blancs dans le sang des vais-
seaux de la rate ; Note de MM. Tarcha-
nnff et Sa'aen 1 25
— Sur la pulsation du cœur; Note de
M. Marcy i85
— Des phénomènes de localisation minérale
et organique chez les animaux et de leur
importance biologique; Note de M. E.
Heckel 193
— De l'action vaso-dilatatrice exercée par
le nerf glosso-pharyngien sur les vais-
seaux de la membrane muqueuse de la
base de la langue ; Note de M. A. Vul-
pian 33o
— Expériences montrant que les mamelons
extirpés sur de jeunes Cochons d'Inde
ne se régénèrent point; par M. Phili-
peau 402
— De la quantité d'oxygène que peut absor-
ber le sang aux diverses pressions baro-
métriques ; Note de M. P. Bert 733
— De l'influence du système nerveux sur la
respiration chez un Insecte, le Dytiscus
iiiargi/ialis; Note de M. E. Ftdi're .... 739
— Études comparatives sur l'homme et sur
les animaux, au point de vue des signes
ophthalmoscopiques de la mort ; par
M. y. Gayal 5oi
— Sur les bruits du cœur; Note de M. De-
zautière 899
— Sur un nouveau corps qu'on trouve dans
l'urine après l'ingestion d'hydrate de
chloral ; Note de MM. Musculus et de
Mer m é 953
— Sur le spiroscope, appareil destiné à l'é-
tude de l'auscultation, de l'analomio et
de la physiologie du poumon ; Note de
M. JVoillez 1079
— Sur un nouveau procédé pour compter
les globules du sang ; par MM. G. Haycm
et A. Nachet io83
— Études expérimentales sur les mouve-
ments rotatoires de manège chez un In-
secte {\o Dytiscus niarginalis) et le rôle,
dans leur production, des centres ner-
( 1645 )
Pages.
veux encéphaliques; Note de M. £. Fai-
'•'■e ii49
— De l'action du fer sur la nutrition ; Note
de M. Rnbutcciii 1 1 Gij
— Sur les propriétés toxiques de l'écorce
de Mancône ; Note de MM. Gnlhis et
Hanlf 1221
— Sur la vessie natatoire du Caranx Ira-
chiinis, et sur la fonction hydrostatique
de cet organe; Note de M. A. iMarcau. 1247
— Application de la méthode graphique à
l'étude du mécanisme de la déglutition ;
par M. S. Arlning 1291
— Recherches sur les fonctions du ganglion
frontal chez le Drlisriis marginalis ; par
M. Fah'rc i332
— Note relative à la production de la liljrine
du sang ; par M. A. Gaiiiicr i36o
— M. Glénnrd adresse une réclamation de
priorité relative à la Note précédente.. iSgS
— De l'influence des Solances vireuses en
général, et de la Belladone en particu-
lier, sur les Rongeurs et les Marsupiaux ;
Note de M. E. Heckel iGoS
— M. A. Micard adresse une Note sur les
images accidentelles et sur les couleurs
complémentaires 3o
— M. Mialhe adresse un Mémoire intitulé :
« Recherches sur la digestion, l'assimi-
lation et l'oxydation organique ou vi-
tale n 1226
— M. Cl. Brrnnrd présente un ouvrage sur
l'organogénie, de M. Campaim, conte-
nant une étude sur la respiration des
Oiseaux et une monographie de l'appa-
reil respiratoire du Poulet 1 3 1 3
— M. Toussaint demande le renvoi au Con-
cours de Physiologie expérimentale
d'une Note intitulée : « Application de la
méthode graphique à la détermination
du mécanisme de la réjection -dans la
rumination » 1 35o
— MM. J'. Biirij et Diicoux adressent une
Note relative à l'action <]u cuivre sur les
chiens i tj 1 G
— M. JFoillez demande l'ouverture d'un pli
cacheté contenant une Note sur les bruits
pulmonaires, perçus par l'auscultation. io35
Physiologie patuologique. — Recherches
expérimentales sur le principe toxique
du sang putréfié ; par M. y. Feltz. 553 et 1 338
— Recherches sur les effets de la ligature du
canal cholédoque sur l'état du sang dans
les ictères malins ; par MM. F. Fchz et
E. Ritter 675
— Action des alcalins sur la composition du
sang. Recherches expérimentales sur la
prétendue anémie alcaline ; par ^\.Z. Pii-
Pages.
pier Il 46
— Sur la dissociation du violet de méthyla-
niline et sa séparation en deux couleurs,
sous l'influence de certains tissus nor-
maux et pathologiques, en particulier
par les tissus en dégénérescence amy-
lo'ùJe; Note de M. F. Cornd 1288
Physiologie végétale. — Recherches sur
les champignons; par M. Muntz 178
— Sur la fécondation des Basidiomycètos;
Note de M. /'//. van Ticglicm 873
— Sur un appareil de dissémination des Grc-
garina et Stylmliynclms ; phase remar-
quable de la sporulation dans ce dernier
genre ; Note de M. A. Schneider 432
— Végétation hivernale des Algues à Mos-
selbay (Spilzberg), d'après les observa-
tions faites pendant l'expédition polaire
suédoise 1872-1878; Note de M. Fr.
Kjillman 474
— Expériences sur l'absorption, par les ra-
cines, du suc (lu Pliytolacca decandra;
Note de M. H. Bâillon 42C
— Sur un mode particulier d'excrétion de la
gomme arabique produite par Y Acacia
Verek du Sénégal ; Note de M. Ch. Mar-
tins C07
— Note relative à l'influence des racines des
végétaux vivants sur la putréfaction;
par M. Jeannel . 796
— Tumeurs produites sur les bois des Pom-
miers par le Puceron lanigère; Note de
iM. Ed. PnlliciLx: 896
— De l'action de quelques composés sur la
germination des graines (bromure de
camphre, borate, silicate etarséniate do
soude) ; Note de M. Heckel 1 170
— Influence de la sécheresse sur les Cryp-
togames; Note de M. E. Robert i343
— Recherches sur le pouvoir émissif des
feuilles ; par M. Maqucnne i357
— Des effets différents d'une même tempéra-
ture sur une même es[ièce, au nord et
au midi ; Note de M. A. de Candolte., . 13G9
— M. E. Robert appelle l'attention sur les
gouttelettes d'eau dont le froment et les
prèles sont recouverts le matin 1G12
Physique générale. — M. Bec(iiicrel pré-
sente un ouvrage qu'il vient de publier,
qui a pour titre : « Des forces physico-
chimiques et de leur intervention dans
la production des phénomènes natu-
rels » 285
— Recherches sur les radiations solaires
(suite) ; par M. P. Desains 1420
— Nappes mercurielles ; Noto de M. C. De-
charme 1 26 1
— M. A . Barthélémy adresse une Note sur
un procédé permettant de mesurer le
coefficient de la dilatation absolue du
mercure 1 448
— M. Michal adresse un Mémoire sur la
« Détermination du résultat de plu-
sieurs observations; mesure de la pré-
cision du résultat» 63C
— M. \c Secrétaire perpétuel '&\°ViA\c, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, un ouvrage de M. E. Fernet,
portant pour titre : « Cours de Physique
pour la classe de Mathématiques spé-
ciales » 903
Physique du Globe. — Des températures
au-dessous d'un sol gazonné ou dénudé,
pendant les derniers froids ; Noie de
MM. Becquerel et Edni. Becquerel.. . . i4i
— Iniluence des forêts sur le débit des cours
d'eau et sur l'état hygrométrique de
l'air ; Note de M. L. Faulrat 206
— Iniluence des forêts sur le climat; Note
de M. Z. Fnutrnt 1 454
— De l'influence de l'ablation sur la débâcle
des glaces des mers polaires; Note de
M. Ch. Grnd 5o2
— Chute de poussière observée sur une
partiede la Suède et de la Norvège, dans
la nuit du 29 au 3o mars 1875, d'après
des Communications de MM. Nonlen-
shiuld et Kjerulj ; Note de M. Dnubrée. 994
— M. /)(7//i7-P6- confirme l'origine volcanique
qu'il avait attribuée à cette chute de
poussière ii)59
— Observations magnétiques exécutées dans
la presqu'île de Malacca; par M. Jans-
scn i552
Voir aussi Hydmloçi^ie et Mélénroln^ic.
Physique jiatiiém.vtique. — M. Mnrllin-Bec-
Aer adresse une Note complémenlaire
sur l'éther et l'origine de la matière. . . 109
— M. H. de Ke ri lu ff adresse, une Noie inti-
tulée : « Sur la constance de la réfraction
apparente, quels que soient les mouve-
ments de la source lumineuse et du
corps réfringent » 24 1
Planètes. — Découverte de la planète (t4i)
à l'Observatoire de Paris ; par M. Paul
Henry 1 75
— Observations de la planète (i4i)' faites à
l'Observatoire de Paris; par MM.He/irf
et Baillaud 388
— Observalions méridiennes des petites pla-
nètes, faites à l'Observatoire do Green-
wich (transmises par l'Astronome royal,
M. G.-B. Airy] et à l'Observatoire do
Paris, pendant le quatrième trimestre
de l'année 1874; Communication de
M. Le Verrier, ,,, 449
( iG46 )
Pa[;cs.
P.n(;es.
— Éléments et éphémérides de la planète
(i4i); par M. Rennn 558
— M. /. J'i?mt adresse les principales diffé-
rences qui existent, pour le lever et le
coucher des planètes Mercure, Vénus,
Mars, Jupiter et Saturne, entre les ré-
sultats qu'il a calculés pour son Journal
du Ciel et ceux qu'a publiés V Annuaire
du Bureau des Longitudes 1 109
— Lettre touchant la détermination de la pa-
rallaxe solaire, par les observations de
la planète Flore; par M. Galle 1 154
— Éléments de la planète (i43) Jilria; par
M. Palisa 1 156
— Note comprenant des éléments et une
éphéméride de la planète {i38) Tohsa;
par M. Perrotin 1 1 57
— Observations méridiennes des petites pla-
nètes, faites à l'Observatoire de Green-
vvich (transmises par l'Astronome royal,
M. G.-B. Jir)) et à l'Observatoire de
Paris, pendant le premier trimestre de
l'année 1875; Communication de M.ie
Verrier 1242
— Découvertes des petites planètes (144) et
(145), faites à Clinton (New-York), par
M. Peters; Note de M. Le Terrier. ... i4t3
— Découverte de la petite planète (146),
faite à Marseille par M. Borrelty; Note
de M. Le Verrier 1 4 1 3
Platixe. — Expériences sur l'imitation ar-
tificielle du platine natif magnétipolaire ;
par M. Daubrce 526
— Sur les alliages de platine et de fer ; Note
de M. H. Sainte-Claire Derdle 58g
Voir aussi Minéi-ahgie.
Plomb. — De l'essai des étamages contenant
du plomb; procédé d'essai rapide; par
M. Fnrdos 794
— M. Fordos demande le renvoi à la Com-
mission des Arts insalubres d'une Note
précédente sur l'essai des étamages et
d'une nouvelle Note sur l'action des li-
quides alimentairec ou médicamenteux sur
les vases en étain contenant du plomb.. i35o
— M. A. Bohierre adresse une Note sur
l'emploi d'un petit appareil appelé cher-
che-plomb, permettant de reconnaître la
présence du plomb dans un élamage
suspect 9G I
Postes. — M. Tresca appelle l'attention de
l'Académie sur un projet de poste at-
mosphérique, de Paris à Versailles; par
M. Crespiii 1 4o5
— M. Crespin adresse une réclamation rela-
tive à la Note précédente i456
Président DE l'Académie. — M. l'amiral Pa-
ris est élu Vice-Président pour l'année
( i647
Pages.
1875 '4
— M. Frcniy rend compte à l'Académie de
l'étal où se trouve l'impression des Re-
cueils qu'elle publie, et des change-
ments survenus parmi les Membres et
les Correspondants pendant l'année
1874 14
Prix décernés l'.vu l'AoadÉiMie. — Table des
prix décornés pour l'année 1874 i533
Pnix PROPOSÉS. — Table, par ordre de ma-
tières, des prix proposés pour les années
Pages.
1.S75, 1876, iS77et i883 i534
— Table, par année, des prix proposés pour
1875, 1876, 1877 et i8S3 i536
Psychologie. — Étude des procédés de l'es-
prit humain dans la recherche de l'in-
connu, à l'aide de l'observation et de
l'expérience, etc. ; par M. Clwvrcul. . . . 693
— Ex[)iication de nombreux phénomènes qui
sont une conséquence de la vieillesse
(3" Mémoire); |)ar M. Chcfietil. . 1 4 1 1 et i.')42
R
Reptiles. — Sur les habitudes d'un remar-
quable serpent do la Cochinchine, VHer-
/)c!o/i teiitaculatuin ; Note de M. A. Mu-
rirc 128
— Observationssur les mœurs de l'/Ze/cK/tT/wi'/
horridum; Note de M. Bocourt 676
Respiration. — Do la quantité d'oxygène
que peut absorber le sang aux diverses
pressions ; Note de M. Paul Bvrt 733
— De l'influence du système nerveux sur la
respiration chez on Insecte, le Dyliscus
imirghidUs ; Noie de M. E. Fiihre 739
— Ouverture d'un pli cacheté déposé en i8â4,
et contenant une Note sur les bruits
pulmonaires, par l'auscultation ; par
M. fp'oillcz io35
— Sur le spiroscope, a(ipareil destiné à
l'étude de l'auscultation, de l'anatomic
et de la physiologie du poumon ; Note
de M. IVoillcz 1079
— M. Cl. Bernard présente un ouvrage de
M. Cnmpana, contenant une élude sur
la respiration des Oiseaux et une mono-
graphie de l'appareil respiratoire du
Poulet i3i3
— .\ppareils schématiques nouveaux, relatits
à la respiration; i)ar M. G. Ciirlct. . . . iGoG
RuTiiÉNiu.M. — Du ruthénium et de ses com-
posés oxygénés ; Note de MM. H.Sui/ilc-
Ctcdre DevHle et H. Dcbrny 4^7
Sang. — Des globules blancs dai)s le sang
des vaisseaux de la rate; Note de
MM. Tarclianoff' Qi A. Sivaen laS
— Sur un nouveau procédé pour compter les
globules du sang; par MM. G. Hnyciit
et A. Niichct io83
~ Note relative à la |jroductiûu delà fibrine
du sang ; par M. A. Gautier i3Go
— Réclamation de priorité au sujet de la
Note précédente; par M. F. Glériard.. 1598
— Recherches expérimentales sur le prin-
cipe du sang purifié; par M. F. Feltz..
553 et i338
— Recherches sur les eiïets de la ligature
du canal cholédoque sur l'état du sang,
dans les ictères malins; par MM. V.
Feltz et E. Rater 675
— Action des alcahns sur la compusition
du sang. Recherclies ex])érimentalessur
la prétendue anémie alcaline; |)ar M. Z.
Ptipicr 1 1 40
— MM. Pafiiietiii et Jolly adressent une ana-
lyse couqiarativc des sangs artériel et
veineux, au point de vue de leur consti-
C. R., 1S75, i" Semastic. (T. LXXX.)
tution minérale 1597
Sauterelles. — Sur l'invasion des sauterelles
en Algérie (avril-août 1874); Note do
M. H. Brocard 27(1
Sections de I'Acauémie. — La Section de
Géométrie présente la liste suivante de
candidats pour la place laissée vat'ante
par M. Bertrand, élu Secrétaire perpé-
tuel : 1° M.BoiirjKet; 1" MM. Darhnux,
Jo.'dan, Laguerrc ; 3" MM. Ahirin-
lieini , Moutard 979
Sériciculture. — M. /. Clauiiecin adresse
une Note concernant les résultats d'éle-
vage des vers à soie, en utilisant les
grainages américains 482
Sociétés savantes. — M. le Secrétaire
perpétuel annonce qu'il a appris, par
l'ambassade des Pays-Bas, l'envoi du di-
[ilome de Docteur honoraire de l'Univer-
sité de Leyde à trois Membres de l'Acadé-
mie des Sciences: MM.Milne Edwards,
Uegnaull, DcsCloiziaux 1 185
Soleil. — Sur la temiiérature ielati\e des
diverses régions du Soleil. Première
i6/i8 )
Pages.
partie : Les noyaux noirs des taches ;
par M. Langley 746
— Deuxième partie : Région équatoriale et
régions polaires; par M. Laiiglrr 819
— Lettre de M. Faye sur la distribution de
la température à la surface du Soleil et
les récentes mesures de M. Langley... . 1189
— Études des taches et des protubérances
solaires, de 1871 à 1875; par XqV.ScccIh. 1273
— Bechcrches sur les radiations solaires
( suite ) ; par M. P. Dcsaiiis 1420
~ M. le Secrétaire perpétuel présente, au
nom de M. Marchand, une « Étude
sur la force chimique contenue dans la
lumière du Soleil » 3 1
— M. E. Marchand adresse un ilémoire
ayant pour objet une étude de la force
chimique du Soleil i3-i9
Spectroscopie. — Sur le dernier numéro des
« Memorie dciSpettroscopisti italiani »;
Note de M. Faye , 935
Statistique. •- Lettre de M. le Ministre de
la Marine et des Colonies à M. le Pré-
sident, au sujet du prix de Statistique
qui a été accordé à la « Revue maritime
et coloniale » 3i
— M. Mayet prie l'Académie de comprendre,
parmi les ouvrages présentés pour le
prix de Statistique (fondation Montyon),
sa Statistique des services de médecine
des hôpitaux do Lyon 961
Sucres. — Documents pour servir à l'his-
toire de la glycosurie; par M. Andral.. 858
— Études sur le sucre inverti ; par M. E.-
J. Maunwné 11 39
— Note sur le pouvoir rotatoire du sucre
cristallisable et sur la prise d'essai des
sucres soumis à l'analyse polariraé-
trique; par MM. V.d<- Luynes et.-/. Gi-
PaROs.
i354
rard . -.
— M. E. Maumcné adresse une Note rela^
tive à la prise d'essai habituelle des
sucres j 455
Voir aussi Chimie agricole.
SuLFixEs. — Recherches sur les sulfmes ;
par M. A. Cahours 1 3 1 7
SuLFocAHiioN.VTES. — Sur l'emploi des sulfo-
carbonates alcalins contre le Phylloxéra ;
Note de M. Dumas 104S
— Sur la dissociation du sulfocarbonate de
potassium, en présence des sels ammo-
niacaux ; Note de M. Roiumier i386
Sulfure de carbone. — Sur une réaction
du sulfure de carbone. Passage du sul-
fure de carbone à l'acide sulfocyanhy-
drique; Note de MM. C. Saint-Pierre
et Jcanncl 1 3 1 i
— Observations de JL D^/z/^m, relatives à la
Communication précédente i3i2
SuLFURiQUE (.vcide). — Sur l'ébuUition de
l'acide sulfurique ; Note de M. Ad. Bo-
bierrc 473
— Sur la présence de l'acide sulfurique an-
hydre dans les produits de la combus-
tion de la pyrite de fer; Note de M. Schcu-
rvr-Ke.'.t//cr i23()
— MM. L. Kessler et U. Fiauc adressent
une Note sur un nouvel appareil pour la
concentration de l'acide sulfurique 1598
SuRSATURATio.v. — Analogios que présentent
le dégagement des gaz de leurs solu-
tions sursaturées et la décomposition de
certains corps explosifs; Note de M. D.
Cernez- 44
— De l'inégalité d'action des divers isomor-
phes sur une même solution sursaturée ;
Note de M. Lecoq de Boishaudran 888
Taurine. — Recherches sur la taurine ; par
M. Engel iSgS
TÉLÉGRAPHIE. — a\. A. Léard adresse deux
Mémoires sur la Télégraphie optique.. . i349
TiiERMOCUiMiE. — Sur la structure atomitiuc
des molécules de la benzine et du téré-
bène ; Note de M. G. Hinrichs 47
— Sur quelques problèmes de mécanique
moléculaire; Noie de W. Berthelot.. . . 5ia
— Calcul des moments d'inertie maximum
des molécules des dérivés chlorés du
luUiéne ; Note de M. Hinrichs 5G5
— Étude des quantités de chaleur dégagées
dans la formation des sels de i)otasse de
ciui'hiues acides de la série grasse; par
JL ïf. Liiugniniiic 568
Sur les quantilésde chaleur dégagées dans
la décomposition des chlorures de quel-
ques acides de la série grasse; Note de
M. // '. Louguinine GG7
Etude des quantités de chaleur dégagées
dans la décomposition par l'eau des bro-
mures de queUpies acides de la série
grasse ; par M. ff^. Louguinine 973
Sur la détermination mécanique dos points
d'ébuUition des dérivés chlorés du to-
luène ; Note de M. Hinrichs 7(16
Recherches sur les acides gras et leurs
sels alcalins ; par M. Berthclot 592
Stabilité des acides gras en |)résence de
( «649
Pages,
l'eau, et fléplrtcement rôriproque de ces
acides ; Note de M. Benhvlot -oo
— Sur le partage d'un acide entre plusieurs
bases dans les dissolutions; Note de
M. Brrthclot j5G4
TiiERMODYNAMiQi'E. — Sur l'exprcssion du
travail relatif à une transformation élé-
mentaire ; Note do M. /. MoiuUr 4"
— Mémoire sur quelques propriétés méca-
niques de la vapeur d'eau saturée; par
M. Cil. Antoine 435
— Du cycle fictif correspondant au fonc-
tionnement des machines thermiques à
cylindre ouvert, et mise en évidence do
ce cycle et du poids de substance mo-
trice formant le corps travailleur; Note
de M. J. Lrdiru io4o
— Sur la loi de la détente pratique dans les
machines à vapeur ; Note de M. A. T.c-
dieu 1199
— Condition du maximum de rendement ca-
lorifique des machines à fe\i : Note de
de M. A. Lcdicu 1278
— Note accompagnant la présentation du
tome I"' de « l'Exiiosition analytique et
expérimentale de la Théorie mécanique
de la chaleur » ; par M. Hirn 1578
— M. Hirsch demande l'ouverture d'un pli
cacheté, déposé par lui le 3 octobre
1873, et relatif à l'application de la Théo-
rie mécanique de la chaleur aux ma-
chines à air chaud 922
ToLuiiNE ET SES DÉnivÉs. — Calcul des mo-
ments d'inertie maximum des molécules
des dérivés chlorés du toluène; Note
de M. G. Hinrichs 5G5
u
Ukanium et ses composés. — Sur la préci-
pitation de l'argent par le protoxyde
d'uranium ; Note do M. Immbcrt 1087
Urée et ses dérivés. — Sur les uréides
pyruviques : uréides condensées ; Note
de M. E. Grimciux
— Recherches sur le groupe urique; par
M. E. Grinmux
53
Vapeurs. — Mémoire sur quelques propriétés
mécaniques de la vapeur d'eau saturée;
par M. Cil. Antoine 4^5
'VÉNUS (passages de). — Télégramme de
M. Fk'itriais, relatif à l'obserNation du
passage de Vénus à Shangha'i Sa
— Lettre do M.M. André et Angnt, relative à
l'installation de l'expédition pour l'ob-
servation du passage de Vénus à Nou-
méa, et télégramme relatif au résultat
de l'observation 32
— Lettre do M. Janxie/i, relative à son in-
stallation à Nagasaki, pour l'observation
du passage de Vénus 34
— Lettre de M. Hénnid, relative à l'instal-
lation à Sa'igon de l'expédition pour
l'observation du passage de Vénus 35
— Lettre de M. Taccliini, relative aux résul-
tats de l'observation dupassagedeVénus
à Muddapur (Bengale) 3G
— M. le Ministre des AJ/hires clnuigères
transmet à l'Académie quelques docu-
ments qui lui sont adressés par AL le
Consul de France à l'ile Maurice, sur les
résultats obtenus par lord Lindsay dans
l'observation du passage de Vénus i(i5
— M. le Consul de France à Honnhila
adresse à M. le Président quelques dé-
tails concernant les résultats obtenus
dans l'observation du passage do Vénus,
par les expéditions anglaises, àllonolulu,
à l'ile d'Hawa'i et à l'île de Kanai iG5
— L'Académie reçoit une nouvelle Lettre de
MM. André et Angot, annonçant leur
installation à Nouméa, pour l'obser-
vation du passage de Vénus 243
— M. le Ministre des Affaires étrangères
transmet à l'Académie des documents
adressés par M. le Consul de France à
Jlanille, sur l'observation du passage de
Vénus 243
-- Rapport deM. Hémml, sur l'observation
du passage de Vénus 243
— JL Yixm ni/tirccait donne lecture d'une
Note relative à la discussion des obser-
vations du passage de Vénus 289
— Observations de M. Le J'errier, relatives
à la discussion des observations du pas-
sage de Vénus ?.go
— Lettre de M. Junssen à M.Dumas, sur les
résultats généraux de l'observation du
passage de Vénus, au .lapon 342
— M. BotKjiiel de la Gryc adresse, de San
Francisco, un télégramme concernant
l'observation du passage de Vénus. . . . 4^8
— M. le Secrétaire perpétuel conununiqiic
2 1 5 . .
583
583
une dépèclie do M. Mouchez, relative a
l'observation du passage de Vénus à
rile Saint-Paul .\ .■ 483
— M. Flciiriais adresse deux plis cachetés,
contenant les observations du passage
de Vénus effectuées par la mission de
Pékin, et les documents recueillis au mo-
ment du passage 483
— M. le Ministre des Jffaires étrangères
transmet à l'Académie une Lettre
adressée par M. Jansscn à M. le Mi-
nistre de France au Japon, pour lui
faire part du résultat de ses observa-
tions sur le passage de Vénus 558
— M. Fleuriais adresse le détail des obser-
vations du passage de Vénus sur le So-
leil, effectuées à Pékin 583
— M. Mouchez adresse le résume des ob-
servations effectuées à l'île Saint-Paul.
— ^W. Bouquet de la Grje et--///rf/-(' adrcs
sent des nouvelles de leurs expéditions
— M. Freniy, au nom de l'Académie, ex-
prime à M. Mouchez la satisfaction
qu'éprouve l'Académie, en souliailant
la bienvenue aux membres des expédi-
tions entreprises pour l'observation du
passage de Vénus Gi i
— Réponse de M. Mouchez à M. le Président. G12
— Observation du passage do Vénus à l'ile
Saint-Paul. Phénomènes optiques ob-
servés aux environs des contacts; Note
de W. Mouchez G12
— M. le Ministre de /'I/istriu'tin/i publique
adresse un projet de médaille commé-
morative du passage do Vénus sur le
Soleil G37
— M. /vr«n- adresse, au nom de l'Académie,
des reniercîments à M. Bouquet de la
Gryc et aux membres de la mission
qui s'est rendue à l'île Campbell, pour
l'observation du passage de Vénus 721
— Ré])onse de M. Bouquet de la Grye à
M. le Président -as
— Sur les documents scientifiques recueillis
à l'île Campbell, par la mission envoyée
pour observer le passage de Vénus ;
Note de M. Bouquet de la Grye yaS
— M. le Ministre des affaires étrangères
transmet à l'Académie une Lettre an-
nonçant l'arrivée à Table-Bay des mem-
bres de la Commission chargée, par le
gouvernement dos États-Unis, d'ob-
server aux îles Kerguelen le passage do
Vénus sur le Soleil 80 3
— Comparaison dos premières observations
du passage do Vénus ; par M. Puiseu.r. 933
— !\L /''/c/wradressOjau nom de l'Académie,
des remercimenis à M. Flruriuix et |
( iG5o )
Pages.
I203
1204
aux membres de la mission de Pékin
pour l'observation du passage de Vénus.
— Réponse de M. Fleuriais à M. le Prési-
dent
— Documents recueillis par la mission en-
voyée à Pékin pour observer le passage
de Vénus ; Note de M. Fleuriais 1204
— AL -r/rmradresse,au nom de l'Académie,
des remercîmcnts aux membres de la
Mission qui s'est rendue à Nouméa pour
l'observation du passage de Vénus 1281
— Réponse de M. André à M. le Président. . 1281
— Sur les documents scientifiques recueillis
à Nouméa par la Mission envoyée pour
observer le passage de Vénus ; Note de
M . André 128a
— M. Freiny souhaite, au nom de l'Aca-
démie, la bienvenue à AL Janssen, à son
retour de l'expédition du passage de
Vénus 1 54 1
— AL Janssen remercie l'Académie i54i
— Parallaxe solaire déduite de lacombinaison
de l'observation do Nouméa avec l'ob-
servation de Saint-Paul ; Note de AL Ch.
André 1 599
Vins. — Sur les matières optiquement acti-
ves, autres que le glucose, qui existent
normalement dans le vin et le caracté-
risent ; Note de M. A. Béchamp 967
— Note sur l'acide dextrogyre du vin; par
AL F. Maumené 1 026
— Rapport sur un appareil de AL Alalligand,
pour titrer l'alcool des vins; par. AL P.
Thenartl 1 1 1 4
— RL A. Fidan adresse un Alémoire ayant
pour objet l'ulilisation des produits ul-
times de la fabrication du vin 159S
Viticulture. — Lettre à AL Dumas, concer-
nant l'apparition du Phylloxéra dans la
|)rovince rhénane de la Prusse, sur les
vignes américaines; par AL Roesler ... 2g
— MAL G. Bcaume, Bertolini, P. Jolly,
L. Petit, F. Arrnult, F. Erb, F. Na'n-
sot adi-essent diverses Communications
relatives au Phylloxéra 3o
— Af. Lnliinan transmet à l'Académie des
graines des trois meilleures qualités de
vignes américaines
— MAL Blandin, Baruzzi, Mosca, Guillau-
niont adressent diverses Communica-
tions relalives au Phylloxéra 1 05
— AIAL HeniDiericli, Bourquelot , Cluiperon,
Heydurk, Rohinson adressent diverses
Communications relatives au Phylloxéra.
— AI. le Ministre de l'Agriculture et du
Ccininicrce annonce à l'Académie qu'il
met à sa disposition une nouvelle somme
pour h's expériences relatives au Pliyl-
3o
2,(2
( i65i )
Payes,
loxpra 242
M. J.-B. ScIini'lzliT aiinoncG que le
Phylloxéra a été trouvé dans les vi-
gnobles du nord do la Suisse 3f2
M. F. Rnluirl adresse un procès-verbal
des opérations pratiquées par lui, à l'au-
tomne dernier, dans les Charentes, con-
tre le Phylloxéra 3 12
M. Le Breton adresse une Note conte-
nant l'indication d'un procédé de des-
truction du Piiylloxera 3i2
Rectification à une Note précédente, con-
cernant l'espèce de Phylloxéra observée
à Vienne par KoUar ; par G. Lichtcn-
stcin 380
M. Boulin adresse un Mémoire compre-
nant l'ensemble des analyses compara-
tives sur la vigno saine et sur la vigne
phylloxérée 387
M. Hemmcrich, M'"" Brcmonl adressent
diverses Communications relatives au
Phylloxéra 3S7
M. Girard adresse une Note concernant
l'inlluence du froid sur le Phylloxéra
hibernant 43G
MM. /. Brun faut, A. Créténicr, D.-J.
Hogan, J'ignau.v, G. Pnra.t adressent
diverses Communications relatives au
Phylloxéra 482
M. P. -P. Mcstre adresse une Note rela-
tive à un procédé de destruction du
Phylloxéra, par l'ensablement 558
M. J.-B. Sc/incl:lcr adresse une Note
concernant l'importation probable du
Phylloxéra, depuis plusieurs années,
dans le nord do la Suisse, par les cépa-
ges américains -,.,,.. G37
M. (le .Sninl-Trii'icr adresse une Note re-
lative à des expériences pour la des-
truction du Phylloxéra, par le dé-
chaussement des ceps jusqu'aux racines
principales , C37
MM. //. JdCfiuinot, M. .SilUr, Hciiiiiic-
ric/i, Séjourna)', Prunneaiul, C. Zcn/,er,
J. Andero, D. Gundegnini, du Ctosel,
Rolunt, Guédon adressent diversesCom-
niunica lions relatives au Phylloxéra. . . . G37
MM. Crussiird, i]îolinx adressent des
Communications relatives au Phylloxéra. 743
MM. B. Dugas, A. Mornard, Bartlwle-
iiif, A. Bouleide, Dupoux adressent
diverses Communications relatives au
.Phylloxéra 8o3
MM. Sehnetzler, Pellelrati, (hase, Ao-
dey, Cluipryron , Delfiai adressent di-
verses Communications relatives au
Phylloxéra 902
MM. F. Clialclain, Chaperon, Corrccli,
Pages.
Dcstrac, A. Fcvrct, L, Gans, E. Meu-
rire, Mourguès, F. Phuhner, Potier,
J. lioss, F. llnurpiettr, .S. Zinno adres-
sent diverses Comièiunications relatives
au Phylloxéra 1022
■ Sur les résultats des expériences faites
par la Commission de la maladie do la
vigne du département de l'Hérault, en
1874. Traitement des vignes malades;
Note de M. Mares 1 044
■ Sur l'emploi des sulfocarbonates alcalins
contre le Phylloxéra ; Note de M. Z>«-
'""••■• 1048
Pays vignobles atteints par lo Phylloxéra
en 1874 ; Note de M. Duclaux io85
M. le Ministre de V Instruction publique
transmet une Note de M. O. Fauvcrt
relative au Phylloxéra loSfi
MM. Barreaud, J.-B. Capet, Creissac
tu'né, F. lii-b, A. Gautier, Ed. de Gé-
nères, R. Hetlesotcr, Ch. Hue, Mazadc,
J. Michel, E. Morel, L. Petit, F.
Rousse, Tlgnial, C. Zenker adressent
diverses Communications relatives au
Phylloxéra 1 1 54
Observations sur les divers Phylloxéras;
par M. Lichtenstcin \'i'i.'\
M. Pellet fait connaître les bons effets
obtenus par l'emploi du sulfure de po-
tassium et du sulfate d'ammoniaque,
mêlés à la cendre de bois do sar-
ments 122G
M. J'dledieu adresse une Note sur l'em-
ploi, contre le Phylloxéra, de la vase du
Rhône avec des sels alcalins et du sul-
fate d'ammoniaque 1226
M. Godet adresse la composition du mé-
lange qu'il emploie contre le Phylloxéra. 1227
Le Conseil général de r Hérault adresse
une Note de M. Moneslier, sur l'emjiloi
qu'il se propose de faire de l'acide sul-
fureux contre le Phylloxéra 1227
MM. B. Aleiator, Biéniont, J. Cliaillon,
J .-C. Crussaril, B. Dugat, Dupoux, Eg-
gcr, Estruc , J. Gallois, A. Jaussand,
Leeoij, Marchand, A. Mm-nard, Pcrris,
E. Risler, lie Rostidng, Souchon, J'ignal
adressent diverses Communications re-
latives au Phylloxéra 1227
MM. L. Bnline , Creissac, Kartzdord',
H. Laillault , L. Paillard, M. Perret,
A. Sanceaii, de Saint-Trivicr, Ville-
dieu, S. Zinno adressent diverses Com-
munirations relatives au Phylloxéra .... laSS
M. lo Secrétaire perpétuel signale, [)armi
les pièces imprimées d(^ la Correspon-
dance, une i)rochure de M. P. iMouille-
fert, intitulée : « Le Phylloxéra vasta-
( i65a
Pages.
)
trix et la nouvelle maladie tle la vigne ». laSg
La Confrérie des vis^nernus de Vcvcr
adresse des remercinicnls pour l'envoi
que rArndémie lui a fait de ses Mémoires
sur le Pliylloxera lîSg
Sur les migrations du Phylloxéra du
chêne; Note de M. Lichle/istein i3o2
M™» Jlbc, MM. Akintor, A. Chirio ,
Ci-eissac , F. Mi chaud et L. Sellier
adressent des Communications relatives
au Phylloxéra 1 3o4
Origine du Pliylloxera à Cognac ; Note de
M. Moiiilleferl 1 344
Sur l'emploi du xanthate de potasse contre
le Phylloxéra ; Note de MM. Ph. Zcclter
et A. Grcte 1 347
Sur la présence du Phylloxéra en Au-
vergne ; Note de M. A. Julien 1347
Influence de l'Iuimidité sur le Phylloxéra ;
Note de M. Villediea " i348
M. Rernionet écrit à l'Académie qu'il est
parvenu à greffer la vigne sur des arbris-
seaux dont les racines no peuvent servir
de nourriture au Phylloxéra i349
M. F. Moll indique l'emploi d'une solu-
tion, composée de savon mou et de gou-
dron de houille, contre les dévastations
des larves de hannetons et de limaces. 1349
MM. B. Alcidlor, Apolic, Boiscan, Bon-
net, H. Bduschet, Briinet, Causse, Des-
trac, Gitnin, P. Ganilliom, Jacquiuot,
Merto Anselme, Raceau, Rozies, Sadot,
M"'" Danti^ny adressent diverses Com-
munications relatives au Phylloxéra... 1349
MM. Kisttcz, Haunet adressent des Com-
munications relatives au Phylloxéra. . . iBgi
M. de Vibrayc signale l'apparition, dans
les vignobles du Loir-et-Cher, d'un Hé-
miptère qui parait voisin du Pliytocoris
gotldcus , 1 407
M. /^. Co^rt adresse une Communication
relative à la destruction du Phylloxéra. i449
M. \ù Secrélaire perpétuel analyse diverses
pièces relatives au Phylloxéra , de
Pages.
MM. Guerrnud, Rousseau, A polie, G. de
ranyay, Coio;net , Didier, B. Dugas,
Joumier, Labbé, A. Peret, A. Soulié,
H. Stieren, A. SzerlecH, T'illedieu,
H. Wilwer i SgG
VoLCANiouRS ( piiÉNO.MÈNEs). — M. Daubrêc
communique une Lettre de S. M. don
Pedro, empereur du Brésil, au sujet
d'un tremblement de terre, ressenti le
3o octobre dans la province de Saint-
Paul a3o
— M. d'Abbadie présente à l'Académie les
« Observations microséismiques » faites
à Florence, en 1873, par M. Bertelli . . 685
— Observations de M. C/i. Sainte-Claire
Devdle, relatives à la présentation pré-
cédente 687
— Dépôts salins des laves de la dernière
éruption de Santorin; par M. Four/ué.. 83a
— Observations de M. Cfi. Sainte-Claire
Derilte sur ce Mémoire 834
— Chute de poussière , observée sur une
partie de la Suède et de la Norvège ,
dans la nuit du 29 au 3o mars 1875,
d'après des Communications de MM. iVor-
denshiôld et Kjerulf ; Note de M. Dau-
l>r<-'<- •••• 994
— M. Dauhrcc confirme l'origine volcani-
que qu'il avait attribuée à cette chute
de poussière ioSq
— Note de M. d'Afjbadie, accompagnant la
présentation des premiers résultats des
observations sur les mouvements micro-
scopiques des pendules librement sus-
pendus, faites par M. de Rossi i236
Voyages scientifiques. — Lettre sur la
faune et la flore de l'île Kerguelen;
par M. Lanen 1224
— M. Jobert, sur le point d'aller au Brésil,
informe l'Académie qu'il semetà sa dis-
position pour les recherches botaniques
ou zoologiques dont elle jugera à propos
de le charger i3oG
Zoologie. — Sur les habitudes d'un remar-
quable serpent do la Cochinchine,
VHerpeton terttaculatum ; Note de M. A.
Mariée 128
— Sur un appareil de dissémination des
Grc'^arina et Stylorliynclnis; par M. A.
Sciineider 432
— Sur les espèces nièdiierranéennes du
genre Eusyllis; Noie de M. A. -F. Ma-
rion 498
Révision des Nématoïdes du golfe do
Marseille; Note de M. A. -F. Marion.. 499
Observations sur les mœurs de XHelo-
derma /lorriduni, Wicgmann, parM.iSH-
mic/irast ; Note do M. Bocourt G7G
Sur la faune helminthologique des côtes
de la Bretagne ; Notes de M. -4. T'itlot.
C79 et 1098
Amphipodes du golfo de Marseille ; Note
de M. J.-D. Calta 83 1
( iG53 )
Anatomio d'un lypc remarquable du
groupe des Némertiens {Drejmnoplm-
rus spcclabilis] ; Note de M. J.-F. Mit-
rinn SgS
Note de iM. tL- Ldcnzf-DtithuTs, ;iceoiu-
pagnant la présentalion du troisième vo-
lume des « Archives de Zoologie expé-
rimentale » io5G
Sur un nou\eau tjpc intermédiaire du
sous-embrancliement des Vers [Pf>{r-
gorilius? Schneider); Note do M. Kdin.
Perricr ■ lo i
Lettre sur la l'aune et la llore du l'ilc
Kerguelen ; par M. Loncii 122 'i
Sur l'oreanisation et la classifuation na-
l'ages.
turelle des Acariens de la l'anulle dos
Gamasidcs ; Notes do M. Mrgniii. 1 335 et 1 39-2
- M. Van Bcricdcn fait hommage à l'Aca-
démie d'un ouvrage ayant pour titre :
« Les Commensaux et les Parasites dans
le règne animal » 8O4
~ W. G. Hoizncr adresse uuo Note sur un
Insecte vivant sur les racines de Y Jbics
bahninea et de V.-thies Frnscri 9G1
- M. /. Lichtciistcin adresse une Note sur
cet Insecte, signalé par M. Hoizncr. . . . 1022
Voir aussi Analomif aniiiiiilc, Kinhno-
géiiic, Palcontolngir, Cl, poui' CO qui
concerne le Phylloxéra , l'article Fiii-
cutlure.
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
ABBADIE (d').— M. d'Abbndie présente à l'A-
cadémie , de la part de l'auteur, les
« observations microséisniiques » faites
à Florence, en 1873, par le P. Bertelli. 685
— Note accompagnant la présentation des
premiers résultats des observations sur
les mouvements microscopiques des pen-
dules librement suspendus, faites par
M. de Rossi 1 236
ABRIA.— Double réflc,\ion intérieure dans
les cristaux biréfringents uniaxes 826
ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-
LETTRES (l') prie l'Académie de dé-
signer un de ses membres pour faire
partie de la Commission chargée de ju-
ger le Concours du prix Fould iSgg
ALBÉ ( M"') adresse une Communication re-
lative au Phyllosera 1 3o i
ALCIATOR (B. ) adresse une Communication
relative à la catastrophe du ballon /<■
Zénith 1 086
— Adresse diverses Communications rela-
tives à l'aéroslation. . . ii'J4, 1227 et i3o.i
— Adresse une Communication relative au
Phylloxéra 1 349
ANDERO (.1.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 637
ANDRAL. — Documents pour servira l'his-
toire de la glycosurie 858
— M. Jiidrnl est nommé membre do la Com-
mission chargée de juger le Concours
du grand prix de Médecine et Chirurgie
pour 1875 "... 865
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours des prix de Médecine et Chi-
rurgie de la fondation Montyoïi pour
1875 gjo
— Et de la Commission chargée de juger lo
Concours du prix Godart pour 1873. . . gSo
— Et do la Commission chargée de juger lo
C. P.., \f,';h, \^' Semestre. {^.\\\\.)
MM. Pages.
Concours du prix Chaussier pour 1875. g5o
— Et de la Commission chargée déjuger le
Concours du prix Serres pour 1875 997
ANDRÉ. — Lettre relative à l'installation
de l'expédition pour l'observation du
passage de Vénus à Nouméa, et télé-
gramme relatif au résultat de l'observa-
tion. ( En commun avec M. Jngnt.). . .
32, 243 et 583
— Réponse à M. le Président, au retour de
cette expédition 1281
— Sur les documents scientifiques recueillis
à Nouméa par la mission envoyée pour
observer le passage de Vénus 1282
— Un prix d'Astronomie, fondation Lalande,
est décerné à lA. André i473
— Adresse ses remercîments à l'Académie.. 1599
— Parallaxe solaire, déduite de la combinai-
son de l'observation de Nouiïiéa avec
l'observation de Saint-Paul 1 5g9
ANGEL-MARVAUD. — Une citation hono-
rable est accordée à M. Jni^cl-Man-aud,
Concours de Médecine et Chirurgie de la
fondation Monlyon 1 493
ANGOT. — Lettre relative à l'installation
de l'expédition pour l'observation du
passage de Vénus à Nouméa, et télé-
gramme relatif au résultat de l'obser-
vation. (En commun avec M. André.')
32, 243 et 583
ANNINOS (E.) adresse un Mémoire relatif à
la direction des aérostats 242
ANTOINE (Ch.). — Mémoire sur quelques
propriétés mécaniques de la vapeur d'eau
saturée 135
.\POLIE adresse une Communication relative
au Phylloxéra 1 349 et lôgG
ARLOING (S.). — Application de la mé-
thode graphique à l'étude du mécanisme
de la déglutition 1291
216
( i656 )
MM. Pages.
— Le prix de Physiologie expérimentale,
fondation Montyon, est décerné à M. S.
Arloing -. . i5oi
— Adresse ses remercîments ci l'Académie.. 1699
ARMAINGAUD adresse un Mémoire sur l'ir-
ritation spirale, dans ses rapports avec
les névralgies i35i
ARMIEUX. — Une récompense est accor-
MM. Pages,
dée à M. Armieux; Concours du prix
Rréant Mo»
— Adresse ses remercîments à l'Académie.. iSgg
ARRAULT (F.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 3o
ASH (R.) adresse une Communication rela-
tive à l'aérostalion ii45
B
BADOUREAU. — Le prix Laplace est dé-
cerné à M. BadoureaiL, sorti le pre-
mier de l'École Polytechnique en 1874. iSoy
BAILLAUD. — Observations de la planète
(141) , faites à l'Observatoire de Paris.. 388
BAILLON (H.). — Expériences sur l'absorp-
tion, par les racines, du suc du Pliyto-
Incca decandra 4^6
BALBLWs'I (G.) adresse ses remercîments à
l'Académie, pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet dans la dernière
séance publique iio
B.4LME ( L.) adresse une Communication re-
lative au Phylloxéra i258
BARANYAY (G. de) adresse une Communi-
cation relative au Phylloxéra 1396
BARBIER (Pu.). — Sur le lluorène et l'al-
cool qui en dérive 1 39G
BARDENAT (Ch.) adresse une Communica-
tion relative à ia catastrophe du ballon
le Zénith lo86
B.^RDY (Cu.). — De la flamme du soufre et
des diverses lumières utilisables en pho-
tographie. (En commun avec M. J. Ri-
che.) 238
— Recherche et dosage de l'akool méthy-
lique en présence de l'alcool vinique. (En
commun avec M. A. Ric/ie.) 1076
BAROT adresse un Mémoire sur un appareil
à extension continue et graduée, pour le
traitement des fractures de la jambe.
742 et 1086
BARREAUD adresse une Communication re-
lative au Phylloxéra ii54
BÂRROIS (J.). — Des phénomènes généraux
de l'embryogénie des Néraerliens 270
B.mTHÉLEMY (À.). — Nouvelle Note sur la
rupture des vases par la congélation de
l'eau 208
— Adresse une Note sur un procédé per-
mettant de mesurer le coefficient de
dilatation absolue du mercure i448
B.\RTHKLEMY adresse une Communication
relative au Phylloxéra 8o3
BARUZZI adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra i65
BAUDIN adresse une Communication rela-
tive à l'aérostation 1 1 54
BAUDRIMONT adresse des observations re-
latives aux ascensions aérostatiques très-
élevées, et indique des moyens qui
permettraient d'éviter une partie des
dangers qu'elles présentent i lyS
BAUDRIMONT (A.). — Expériences et obser-
vations relatives à la fermentation vis-
queuse 1253
BAUDRY. — Note relative à un « thermo-
révélateur 1), ou avertisseur en cas d'in-
cendie. (En commun avec M. Roussel.). 482
BAZIN (A.) adresse un Mémoire sur ia
phthisie pulmonaire • iSgS
BEAUME (G.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 3o
BÉCUAMP (A.). — Sur les microzymas et
les bactéries, à propos d'une remanpie
de M. Bnhird 494
— Sur les matières optiquement actives,
autres que le glucose, qui existent nor-
malement dans le vin et le caracté-
risent 967
— Du rôle des microzymas dans la fermen-
tation acide, alcoolique et acétique des
œufs. Réponse à M. Gayon 1027
— Remarques concernant une Note de
M. Gayon, sur les altérations spontanées
des œufs '35g
BECQUEliEL. — Des températures au-des-
sous d'un sol gazonné ou dénudé, pen-
dant les derniers froids. (En commun
avec M. Edm. Becquerel.) 1 4 1
— Mémoire sur les observations de tempé-
pérature faites au Jardin des Plantes,
pendant l'année 1874, avec les ther-
momètres électriques, sous un sol ga-
zonné et dénudé. (En commun avec
M. Edm. Becquerel.) tA
— M. Becquerel présente un ouvrage qu'il
vient de publier, qui a pour titre : « Des
forces physico-chimiques et de leur in-
tervention dans la production des phé-
nomènes naturels » 285
— Nou\ elles recherches sur le mode d'in-
( i657 )
MM. Pages.
tervention des forces électrocapillaires
dans les phénomènes de nutrition 4n
— Quatrième Mémoire sur les actions élec-
trocapillaires et l'intensité des forces
qui les produisent 585
— M. Becquerel est nommé membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours du grand prix de Médecine et
Chirurgie pour 1875 8G5
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une question pour le prix Bordin
(Sciences mathématiques) à décerner
en 1876 loSg
BECQUEREL (Edm.). — Des températures
au-dessous d'un sol gazonné ou dénudé,
pendant les derniers froids. (En com-
mun avec M. Becquerel.) i4'
— Mémoire sur les observations de tempé-
rature faites au Jardin des Plantes, pen-
dant l'année 1874, avec les thermomè-
tres électriques, sous un sol gazonné et
dénudé. (En commun avec M. Bec-
querel.) 773
~ M. Edm. Becquerel eil nommé membre
de la Commission chargée de juger le
Concours du grand prix de Médecine
et Chirurgie jiour 1 875 805
BECQUEREL (H.). — Recherches sur la po-
larisation rotatoire magnétique 137G
BEGHIN. — Analyse du charbon minéral do
l'île Sideroë. (En commun avec M. Cli.
Mène.) 1 4o4
BELGRAND. — Coup d'œil d'ensemble sur
le régime des principales rivièresdu nord,
du centre et du midi de la France 147
— Abaissement probable du débit des eaux
courantes du bassin de la Seine, dans
l'été et l'automne do 1875. (En com-
mun avec M. G. Lemnine.) i438
BÉNAZÉ (de). — Mémoire sur le mouve-
ment complet du navire oscillant sur
l'eau calme. (En commun avec M. Ris-
bec. ) 1 5g7
BENI-BARDE. — Une citation honorable est
accordée à M. Beni-Bnrde ; Concours
des prix de Médecine et Chirurgie de
la fondation Montyon 1 4o3
BENTHAM est élu Correspondant pour la
Section d'Astronomie, en remplacement
de M. Jirr, élu Associé étranger 1281
— Adresse ses remerciments à l'Académie. . i35-.4
BÉRENGER-FÉRAUD. — Une mention est
accordée à M. Béren^er-Féraud ; Con-
cours 'àiii prix de Médecine et Chi-
rurgie de la fondation Montyon 1493
BERGEUET adresse ses remercuiients à
l'Académie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 110
MM. Pages.
BERGERON. — Sur la présence du cuivre
dans l'organisme. (En commun avec
M. L. UHôle.) aC8
— Adresse un Mémoire sur les empoisonne-
ments lents par les poisons métalliques. i352
— Sur la présence et la formation dos vi-
brions dans le pus des abcès 43o
BERNARD (Cl.).— M. C/.j5(v«rt;r/ est nommé
membre de la Commission chargée do
juger le Concours du prix Barbier jiour
1875 8G5
— Et de la Commission chargée do juger lo
Concours du grand prix de Médecine et
Chirurgie pour 1875 865
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours des prix de Médecine et Chi-
rurgie de la fondation Montyon pour
1875 gSo
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Godard pour 1875... gSo
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix de Physiologie expé-
rimentale de la fondation Montyon pour
1875 950
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Chaussier pour 1875. 950
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Serres pour 1875.. . . 997
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une question de grand prix des
Sciences physiques, à décerner en 1877. io5G
— M. Cl. Bernard présente, au nom de 51. le
D'' Jourdanet, un ouvrage intitulé : « In-
fluence de la pression de l'air sur la vie
de l'homme » 1 3 1 3
— Présente un ouvrage sur l'organogénie,
de M. Cnmpana, contenant une étude
sur la respiration des oiseaux et une
monographie de l'appareil respiratoire
du Poulet i3i3
— Offre à l'Académie, au nom de M. J'ul-
pian, deux volumes do ses Leçons sur
l'appareil vasomoteur, faites à l'École
de Médecine 1 450
BERRIER-FONTAINE adresse, pour le Con-
cours de Médecine et Chirurgie, un Mé-
moire intitulé : a Coup d'œil sur l'his-
toire de la circulation du sang dans les
vaisseaux du corps humain, depuis Bi-
chat jusipi'à nos jours » iSgi
BERT (P.). — De la quantité d'oxygène que
peut absorber le sang aux diver.-^es pres-
sions barométriques 733
— Iniluence de l'air comprimé sur les fer-
men lai ions i5
BERTIIELOT. — Sur quelques problèmes de
mécanique moléculaire
— Recherches sur les acides gras et leurs
216..
79
( i6
MM. Pages.
sels alcalins 692
— Sur l'acide acétique anhydre Sgg
— Stabilité des sels des acides gras, en pré-
sence de l'eau, et déplacement réciproque
de ces acides 700
— Sur la reconnaissance de l'alcool ordi-
naire mélangé avec l'esprit-de-bois. . . . loSg
— Sur la synthèse du camphre par l'oxyda-
tion des camphènos i425
— Sur le partage d'un acide entre plusieurs
bases dans les dissolutions 1564
— M. Bertlictot est nommé membre de la
Commission cliargée de juger le Con-
cours du prix Lacaze (Chimie) pour
1 875 99G
BERTHOUT ( L.) adresse une Note relative à
la découverte d'un gisement de fossiles
dans !a plaine d'Écouché, arrondisse-
ment d'Argentan (Orne) 03;
BERTIN (E.) adresse ses remerciments à
l'Académie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 243
BERTOLINI adresse une Communication re-
laiiveau Phylloxéra 3o
BERTRAND (J.). — Sur l'urgence d'une pu-
blication des OEiivres de Cauchy 3i7
— M. J . Beiirand est nommé membre de
la Commission chargée de juger le Con-
cours pour le grand prix des Sciences
mathématiques à décerner en 1875... 787
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Lacaze (Physique)
pour 1 875 996
— Et de la Commission cliargée de juger le
Concours du prix Gegner pour 1873.. . 997
— M. Bertrand lit l'éloge historique de
J.-B.-A.-L.-L. Élie de Beauniont. . . . i532
:— M. le Serrétaiie perpétuel annonce à
l'Académie les pertes qu'elle a faites
dans la personne de M. dOmalius
d'Hallny, Correspondant de la Section
de Minéralogie, 169; — dans la per-
sonne de M. Séguin aîné, Correspondant
de la Section do Jlécanique, 538 ; —
dans la personne de M. F. -IF. -A. Arge-
landcr , Correspondant de la Section
d'Astronomie, 540; — dans la per-
sonne de M. Le Besgue, C.orrespondant
pour la Section do Géométrie 1440
— M. le Sccrélnii-e perpétuel annonce qu'il
a appris, par l'ambassade des Pays-Bas,
l'envoi du diplôme de docteur hono-
raire de l'Université de Leyde à trois
membres de l'Académie des Sciences :
MM. Milne Edwards, Regnault, Des
Cloizeaux 1 185
■— }>\. \& Secrétaire perpétuel signz\e,\id.Tm\
les pièces imprimées çle la Correspond
58 )
MM. Pages.
dance : un volume de la collection des
« Ports maritimes de France », publié
par le Ministère des Travaux publics.
— Une Notice biographique sur les tra-
vaux de feu J.-B.-J. d'Umalius d'Hal-
liiy. — La collection des Rapports offi-
ciels du D' /. Guyot, sur la viticulture
des diÊTérentes régions de la France,
242. — Une Table de logarithmes de
M. A. Lucchini. — Une Notice biogra-
phique sur le D'' Desruelles, ancien pro-
fesseur au 'Vdl-de-Grâce, 1086. — Un
Dictionnaire des altérations et falsifica-
tions des substances alimentaires, médi-
camenteuses et commerciales, par M. A.
Chevalier, en collaboration avec M. E.
Baiidrininnt, 1227. — Une traduction
par M. Krafft de l'ouvrage de M. Srlla,
intitulé : a Conditions de l'industrie des
mines dans l'île de Sardaigne », i3o5.
— Un ouvrage de M. Francisco Goines
Teixeini, intitulé : " Integraçâo das
equaçôps as derivadas parciaes de se-
gunda ordem ». — Une brochure de
M. Goi'i, intitulée : « Rapport sur l'uti-
lité des Tables de logarithmes à plus de
sept décimales, à propos d'un projet
publié par M. E. Sang » 1 392
BEUCllOT (C.) adresse une nouvelle Note
concernant l'application de la vapeur à
la navigation sur les canaux. . . . 3o et 164
BIDAULT. — Sur les valeurs numériques
des intervalles mélodiques dans la
gamme chromatique chantée 1599
BIÉMONT adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 1227
BIENAYMÉ. — M. Biennymé est nommé
membre de la Commission chargée de
juger le Concours du prix de Statistique
de la fondation Montvon pour 1875.... 997
BLANCHARD [t.). — M."ii'. Blanchard est
nommé membre delà Commission char-
gée de juger le Concours du grand prix
des Sciences physiques pour 1875 805
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Tliore pour 1875. . . . 805
— Et de la Commission chargée déjuger le
Concours du prix Savigny pour 1875. . 800
— El de la Commission chargée de pré-
senter une question pour le grand prix
des Sciences physiques à décerner en
1877 io59
BL.\NDIN adresse une Communication rela-
tive au Phvlloxera i6j
BLONDIX DE BRUTELETTE. — Le prix La
Fons Mélicocij est décerne à TA. Blondin
de Bniteletlr 1 4SG
BLONDLOT (R.) - Sur !a détermination de
( i659 )
'.73
gGo
9G1
ii53
,,•2
29
MM. Pages,
la quantité du magnétisme d'un aimant. 053
BOBIERRE (Ad.) — Sur l'ébullilion do l'a-
cide sulfiirique
— Adresse une Note sur les inexacliludes
que peut présenier le dosage de l'azote,
dans l'analyse des malières azotées em-
ployées comme engrais
— Adresse une Note sur l'emploi d'un petit
appareil appelé chcrche-plomh, permet-
tant de reconnaître la présence du
plomb dans un étamage suspect
— Adresse un Mémoire ayant pour objet
des recherches sur la volatilisation de
l'azote du guano péruvien
BOCK (.1.-C.-A. ). — Sur la décomposition
des corps gras neutres 1
BOCOURT. — Observations sur les mœurs
de V Hclodcrmn horridiim, Wiegmann,
par M. Stimiclirast G7G
BOESLER. — Lettre à M. Vunifix, concer-
nant l'apparition du Phylloxéra dans la
province rhénane de la Prusse, sur des
vignes américaines
BOILEAU. — Est nommé Correspondant
pour la Section de Mécanique, en rem-
placement de feu M. Fnirbairn 721
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 8o3
BOILLOT (A.). — Note sur la propriété dé-
colorante de l'ozone 1 1G7
BOISCAN adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 1 349
BONDONNEAU (L.). — De l'amylogène ou
amidon soluble G7 1
— Adresse une Communication relative à
l'aérostation 1 ' 5 i
BONG (G.). — Note sur une matière colo-
rante pourpre, dérivée du cyanogène. . 559
BONHOMME adresse une Communication re-
lative à la navigation aérienne l'igS
BONNEIL adresse une Note relative à un
projet d'appareil pour la navigation
aérienne
— Adresse une Communication relative au
Phylloxéra
BONNET adresse une Note relative à un
système de locomotion aérienne
BONNET (Ossian). — Remarques à propos
d'une Comumnicalion de M. Lagiicne,
sur un théorème de Géométrie <S'23
— M. Bonnet est nommé membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours pour le grand prix des Sciences
mathématiques à décerner en 1875... 787
BORNET (E.) adresse ses remercîments à
l'Académie, pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet
BOUCHARDAT (G.). — Sur le pouvoir ro
talûire spécifique de la manuitc, . , . . ,
iG4
1349
3i3
1437
120
MM. Papes.
— Sur la synthèse d'un terpilène ou car-
bure camphéniquo 1 14*J
— Le prix Jecker est décerné à M. Boii-
chrtrclnt •4/9
BOUCHUT (E.). — Nouvelle méthode de
traitement du rhumatisme cérébral, par
l'hydrale de chloral i34i
BOUILLAUD. — Obser\ations relatives à un
Rapport de M. Gnssclin 8G
— Remarques à propos d'une Communica-
tion de M. Bnu.ssirigdull 78G
— M. Bnuillaml est nommé membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours du grand prix de Médecine et Chi-
rurgie pour 1875 SGj
— Et de la Commission chargée de juger le
(Concours dos prix do Médecine et (Chi-
rurgie de la fondation Montyon pour
1875 gSo
— Et de la Commission chargée déjuger le
Concours du prix Chaussier pour 1875. gjo
BOULAND adresse ses remercîments à l'A-
cadémie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 1 G5
BOULEY. — M. Boulcy est nommé membre
de la Commission chargée de juger le
Concours du prix do Médecine et Chi-
rurgie de la fondation Montyon pour
1875 950
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours des prix de Physiologie expé-
rimentale pour 1875 g5o
BOULOUMIÉ (P.). — Résultats des re-
cherches et observations sur les micro-
organismes dans les suppurations, leur
iniluence sur la marche des plaies et les
divers moyens à opposer à leur déve-
loppement 1)3
BOUMCEAU (P.) adresse une Note dans la-
quelle il rappelle qu'en i856 il a fait
draguer le port du Havre en dehors des
jetées 1258
— Rappelle qu'une drague pouvant tenir à
la mer, en dehors du port du Havre, a
fonctionné avec succès avant 18G0. . . . i35o
BOUQUET. — M. BiHKjucl est présenté, [lar
la Section de Géométrie, comme Can-
didat à la place laissée vacante par
M. Bertrand, élu Secrétaire perpé-
tuel 979
— M. Boufjuet est élu membre de la Sec-
tion do Géométrie, en remplacement de
iL Bertrand ggG
BOUQUET DE LA GRVE adresse de San-
Krancisco un télégramme concernant
l'observation du passage de Vénus ....
438 et 583
— Réponse à M, le Président, au retour do
f 1660 )
MM.
cette expédition
— Sur les documents scientifiques re-
cueillis à l'ile Campbell, par la Mission
envoyée pour observer le passage de
Vénus
— Un prix d'Astronomie ( fondation La-
lande) est décerné à M. Bouquet de la
Grye
— M. Bouquet de la Grye adresse ses re-
mercîmenls à l'Académie
BOURGEOIS (A.). — Recherches sur le car-
bone de la fonte blanche. (En commun
avec M. Scldîtzenbergcr.)
BOURGOGNE adresse une Communication
concernant le choléra
BOURGOIN (E.). — Sur le perbromure
d'acétylène brome
— Identité des dérivés bromes de l'hydrure
d'éthylène tétrabromé avec ceux du
perbromure d'acétylène
— Sur la préparation de l'éthylène per-
chloré
BOURNEVILLE. — Sur un cas d'épilepsie,
traité par le sulfate de cuivre, et sur la
présence d'une quantité considérable de
cuivre dans le foie. (En commun avec
M. Ymn.)
BOURQUELOT adresse une Communication
relative au Phylloxéra
BOL'RREL (.1.). — Une citation honorable est
accordée à M. /. Bourrcl, Concours des
prix de Médecine et de Chirurgie de la
fondation Montyon
BOUSCUET (H.) adresse une Communica-
tion relative au Phylloxéra
BOUSSINESQ (J.). — Sur les modes d'équi-
libre limite les plus simples que peut
présenter un massif sans cohésion, forte-
ment comprimé 5i6 et
BOUSSINGAULT. — M. Boussingault donne
lecture de la traduction qu'il a faite de
la Lettre de Manoel Godinho de Here-
dia, indiquant la découverte de l'.^us-
tralie par les Portugais
— M. Boussingault donne lecture d'un Mé-
moire portant pour titre : « Analyse
comparée du biscuit de gluten et de
quelques aliments féculents »
— Sur la limite de la carburation du fer. . .
— M. Boussingault est nommé membre do
la Commission chargée de juger le Con-
cours pour le prix des Arts insalubres,
de la fondation du prix Montvon (année
■875) '.
— El de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Lacaze (Chimie) pour
1875
— Et de la Commission chargée de juger le
Pages.
7->.2
1473
1599
325
6G6
971
481
242
1493
1349
C23
7 80
85o
95 1
99G
MM. Pages.
Concours du prix de Statistique de la
fondation Montyon pour 1 875 997
BOUTEILLE (A.) adresse une Communica-
tion relative au Phvlloxera 8o3
BOUTIN adresse un Mémoire comprenant
l'ensemble de ses analyses comparatives
sur la vigne saine et sur la vigne Phyl-
loxérée 387
BOUTY. — Sur la fonction magnétisante de
l'acier trempé G5o
— Sur les quantités de magnétisme et sur
la situation des pôles dans les aiguilles
minces 879
BOUYN (E. de) adresse un Mémoire intitulé :
« Descriptions de voitures roulant sur
rails mobiles tournants, et d'une nou-
velle machine de guerre » 3o
BRACHET (A.) adresse des -Notes relatives
aux divers titres qu'il pense pouvoir
faire valoir pour les récompenses décer-
nées annuellement par l'Académie 110
— Adresse, pour le Concours du prix Tré-
mont et du prix Gegner, plusieurs
Mémoires sur l'Optique géométrique et
sur divers sujets de Mécanique appli-
quée 1226
BRÉMONT (M"') adresse une Communica-
tion relative au Phylloxéra 387
BRESSE. — Le prix Poncelel est décerné à
M. Bresse 14G8
— Adresse ses remercîments à l'Académie. lôgg
BRIOSCHI. — Sur une formule de transforma-
tion des fonctions elliptiques. ........ 261
— Sur l'équation du cinquième degré. 753et 8i5
BRISS.4UD. — Nouveau procédé d'injection.
(En commun avec M. Laskow.ski .) . . . . i3o4
BROCARD (H.).— Sur l'invasion des saute-
relles en Algérie (avril-août 1874) 27G
BROCH. — M. Brock est élu Correspondant,
pour la Section de Mécanique, en rem-
placement de feu M. Burdi/i 81
— Adresse ses remercîments à r.\cadémie. 3i3
— Prend la parole, au nom des membres
de la Commission du mètre, à l'occasion
de la mort de M. Mathieu 582
BRONGNIART. — Observations relatives à
une Communication de M. de Saportn,
sur deux types nouveaux de Conifères
dans les schistes permiens de Lodève
( Hérault) 1020
— Observations sur les Pandanées de la
Nouvelle-Calédonie ' 192
— M. Brongninrt est nommé membre de
la Commission chargée de juger le
Concours du [>rix Desmazipres pour
1875 8G5
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Tliore pour 1873 8G5
( i66i )
Pages
MM.
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du i)rix Bordin pour 1875. 997
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une question pour le grand
prix des Sciences physiques à décerner
en 1877 'o59
— El de la Commission chargée de présenter
une question pour le prix Bordin (Scien-
ces physiques) à décerner en 1877 1060
— M. Brongninrt rappelle que les membres
de la Section de Botanique avaient pré-
senté M. Thurct (dont la mort est annon-
cée) aux suffrages de l'Académie pour le
prix biennal à décerner cette année. . . 1242
BRUiNET adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra i^4o
BRUNFAUT (J.) adresse une Communication
MM. Pages.
relative au Phylloxéra 482
BUDIN adresse un .Mémoire sur l'étal de la
)iupille pendant l'anesthésie i35i
BURQ (V.) adresse un Mémoire sur la gym-
nastique pulmonaire i35i
— Adresse une Note relative à l'action du
cuivre sur les chiens. (En commun avec
M. Diwoux.) 1616
BUSSY. — M. Bussy est nommé membre do
la Commission chargée de juger le Con-
cours du prix Barbier pour 1 875 805
— Et de la Commission chargée déjuger le
Concours du prix des Arts insalubres
de la fondation Montyon pour 1875.. . . gSi
BYASSON adresse ses remerciments à l'Aca-
démie, pour la distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet 243
CABIEU.— Mémoire sur un engrais formé de
cendres de méduses et de matières
fécales 54i
CAUOURS. — M. Cuhours présente le
troisième et dernier volume de la nou-
velle édition de son « Traité de Chimie
organique élémentaire » 948
— Recherches sur les sulflnes 1 3 1 7
— Sur les hydrocarbures qui prennent
naissance dans la distillation des acides
gras bruts, en présence de la vapeur
d'eau surchautlée. (En commun avec
M. E. Dcmarçiiy] i568
CAILLETET (L.). — Sur le fer hydrogéné. 3 19
— Influence de la pression sur la combus-
tion 487
CALLEY. — Le prix La Fons-Mclicocq est
décerné à M. Calley i486
CAMACHO (J.). — Sur un nouvel électro-ai-
mant, formé de tubes de fer concentri-
ques, séparés par des couches de fil con-
ducteur 382
CANDOLLE (de). — Des effets différents d'une
même température sur une même es-
pèce, au nord et au midi iSGg
CAPEL (J.-B.) adressa une Communication
relative au Phylloxéra 1 1 54
CARLET (G.).— Appareils schématiques nou-
veaux, relatifs à la respiration 1606
CARRÉ (F.) adresse une Communication au
sujet du bolide du 10 février 675
CASEY transmet à l'Académie un Mémoire
sur un système de coordonnées tangen-
tielles 164
CATTA (J.-D.). - Amphipodes du golfe de
Marseille 83i
CAUSSE adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 1 349
CAZENAVE (J.-J.) adresse une « Histoire
abrégée des sondes et des bougies uré-
thro- vésicales employées jusqu'à ce
jour 1) 802
CAZIN (A.) adresse ses remerciments à l'Aca-
démie pour la distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet 9^2
— Le prix Trémonl est décerné à M. J. Cci-
zi/i 1 5oG
CECH (C.-O.) adresse une Note sur l'acide
viridique 3i2
CHAILLON (J.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1227
CHAMECIN (J.) adresse une Note concernant
les résultats d'élevage de vers à soie,
en utilisant les grainages américains. . . 482
CHAiMPION (P.). — Deladécompositionde la
liqueur de Fehling ; dosage du glucose
en présence du sucre. (En commun
avec M. H. Petlet.) 181
— De l'équivalence des alcalis dans la bel-
rave. (En commun avec M. H. Pcllct.) ioi4
— Équivalence chimique des alcalis dans
les cendres de divers végétaux. (En
commun avec M. H. Pellct.) 1^88
CHAMPOISEAU (Cu.) adresse le tableau des
prises et des débâcles du Danube à Ga-
latz, pendant les quarante dernières
années io34
CHiVNTRAN (S.) adresse des Notes relatives
aux divers titres qu'il pense pouvoir
faire valoir pour les récompenses décer-
nées annuellement par l'Académie iio
CHANY (F.) adresse une Communication
relative à la navigation aérienne iSgS
CHAPELAS adresse le résumé des observa-
( i662 )
MM. Pages. MM
lions baromàtriqvies faites par lui avant
et pendant la tempête ressentie à
Paris, dans la nuit du 21 janvier 280
— Adresse une Note relative à un prétendu
bolide qui aurait été aperçu dans la
soirée du 10 février 444 et 54 1
— Note sur des courants de directions diffé-
rentes dans le ciel 1176
CHAPERON adresse diverses Communica-
tions relatives au Phylloxéra .•
24^1 902 et 1022
CHARDON adresse, à l'occasion de la Note de
M. Tresca sur la locomotive de M. For-
tin, une réclamation de priorité accom-
pagnée d'un dessin i3o4
CHASE adresse une Communication relative
au Phylloxéra 902
C.HASLES. — Remarques accompagnant la
présentation d'une Note de M. Genoc-
chi, à propos d'une Communication ré-
cente de M. Robert, sur l'expression
des arcs des ovales de Descartes en
fonction de trois arcs d'ellipse 837
— Théorèmes généraux sur le déplacement
d'une figure plane sur un plan 346
— Généralisation de la théorie des normales
des courbes géométriques, où l'on sub-
stitue à chaque normale un faisceau de
droites 5o5
— M. Chaslcs est nommé membre de la
Commission centrale administrative
pour l'année 1 875 14
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Poncelet pour 1875.. 787
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Gegner pour 1875. . . 997
— Et de la Commission chargée de présenter
une question pour le grand prix des
Sciences mathématiques à décerner en
1876 loSg
— M. Chnslvs présente à l'Académie di-
verses livraisons du Bidlcttino du prince
Boncompagni et du « Bulletin do la So-
ciété mathématique do France »
281, iiioct i6i3
— M. Chastes présente, de la part de
M. S. Rnbcit, une Note extraite du
« Bulletin de la Société mathématique
de Londres » 687
— M. Chastes fait hommage à l'Académie,
de la part de M. G. Gnri, d'un opus-
cule inédit relatif à Galilée 161 3
— M. Chastes présente;! l'Académie, de la
part de M. Antonio Favnro, deux ou-
vrages intitulés: 0 Intorno ai mezzi
usitati dagli anlichi per attenuar le
disastrose conseguenze dei terremoti »
et « Notizie storichc sullo frazioni con-
Pages.
tinue del secolo deciraoterzo al decimo
settimo » 16 13
CHATELAIN (F.) adresse une Communica-
tion relative au Phylloxéra 1022
CHATIN. — M. Chatin est nommé membre
de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Barbier pour 1875... 865
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Desmazières pour
1875 865
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Bordin pour 1875.. . 997
CHATIN (J.) adresse ses remerciments à
l'Académie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 1 10
CHAUTARD ( J.). — Action des aimants sur
les gaz raréfiés dans des tubes capil-
laires et illuminés par un courant in-
duit 1 i6i
CHEVILLIET. — Sur l'erreur de la formule
de Poncelet, relative à l'évaluation des
aires 823
CHEVREUL. — Note à propos d'une Com-
munication récente de ^L Menier. . . . 362
— Élude des procédés de l'esprit humain,
dans la recherche de l'inconnu, à l'aide
de l'observation et de l'expérience, etc. 693
— Explication des nombreux phénomènes
qui sont une conséquence de la vieil-
lesse 14 14 et 1542
— Remarques à propos d'une Communica-
tion de M. Boussingautt 786
— M. Chevreut est nommé membre de la
Commission chargée déjuger le Concours
pour le prix des Arts insalubres de la
fondation Montyon (année 1875) gSi
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Gegner pour 1875.. 997
— Et de la Commission chargée de présenter
une question du prix Bordin (Sciences
physiques) à décerner en 1877 1060
— M. Chevreut est désigné comme candidat
au Conseil supérieur des Beaux-Arts. . . i323
CHIRIO (A.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1 3o4
CHONNAUX-DURISSON adresse un Mémoire
sur l'éliologie du rachitisme i35i
CHURCHILL adresse divers documents rela-
tifs au traitement du choléra 743
CLERMONT (.1.). — Sur la présence du
bioxyde d'hydrogène dans la série des
végétaux 1 59 1
CLOQUET. — M. Jutes Ctof/iiet est nommé
membre de la Commission chargée de
juger le Concours du grand prix de Mé-
decine et Chirurgie à décerner en 1875. 865
— Et de la Commission chargée de juger
le Concours pour le grand prix de Mé-
( i663 )
MM.
decine et Chirurgie de la fondation Mon
tyon à décerner en 1 875
— Et de la Commission ciiargée de juger le
Concours pour le prix Chaussicr à dé-
cerner en 1 875
COBET (F.) adresse une Communication
relative à la destruction du Phylloxéra.
COGGIA adresse ses remerciments à l'Aca-
démie pour la distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet
COIGNE adresse un Jtémoire sur l'état de la
pupille pendant l'anosthésie
COIGNET adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra
CONFRÉRIE DES VIGNERONS DE VEVEY
(la) adresse des remerciments pour
l'envoi que l'Académie lui a fait de ses
Mémoires sur le Phvlloxera
CONSEIL GÉNÉRAL DE L'HÉRAULT (le)
adresse une Note de M. Moncstier, sur
l'emploi qu'il se propose de faire de
l'acide sulfureux contre le Phylloxéra.
CONSTANTINI adresse un Mémoire intitulé :
« Cura dell ' anchilosi »
CONSUL DE FRANCE A HONOLULU (M. le)
adresse à M. le Président quelques dé-
tails concernant les résultats obtenus,
dans l'observation du passage de Vénus,
par les expéditions anglaises, à Ho-
nolulu, à l'ile d'Hawai et à l'île do
Kanai
COQUILLION (J.-J.). — Sur l'action du pla-
tine et du palladium sur les hydrocar-
bures de la série bcnzénique
CORENWINDER (B.) — Note concernant les
engrais chimiques de la betterave. (En
commun avec M. JFousscn.)
CORNIL (V.). — Sur la dissociation du violet
de méthylaniline et sa séparation en
deux couleurs sous l'iniluence de certains
tissus nouveaux et pathologiques , en
particulier par les tissus en dégénéres-
cence amylo'ide
CORNU.(A.).— Sur la diffraction, propriétés
Pages.
gSo
950
1449
i35i
1596
1227
i352
i65
1089
557
1288
MM. Pages.
focales des réseaux 645
CORNU (Max.) adresse ses remerciments à
l'Académie pour la récompense qui lui
a été accordée 388
— Le grand prix des Sciences physiques est
décerné à M. Mti.i\ Co/v/«( Fécondation
dans la classe des Champignons) 1468
CORRE (Gilbert) adresse une Communica-
tion relative à la navigation aérienne.. i.'igS
CORRECII adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 1022
COSSIGNY (J. de) adresse quelques obser-
vations au sujet des trombes et tourbil-
lons 1407
COURTOIS (A . -H.) adresse, pour le Concours
du prix Fourneyron, un Mémoire sur la
spirale centrifuge et sur quelques-unes
de ses applications industrielles io23
COUSTÉ. —Note sur la théorie des tempêtes.
Réponse à M. Fnre 1093
CRAMPEL adresse une Note sur un moyen
de rétablir la concordance entre l'année
civile et l'année solaire 1 1 10
CREISSAC adresse diverses Comnmnica tiens
relatives au Phylloxéra ii54, i258 et i3o4
CRESPIN adresse une réclamation relative à
une Note insérée dans les Comj/tcs ren-
dus 1 456
CRÉTÉNIER (.4.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra • . . . 482
CROCÉ-SPINELLI annonce à l'Académie le
succès de l'ascension aérostatique entre-
prise les 23 et 24 mai. (En commun
avec MM. Sivcl, G. et J. Tissunilirr et
Jobeii.) 8o3
— Ascension scicntirupie de longue durée.
(En commun avec MM. Sivel, G. et
J. Tissandier et Jobcrt. ) 806
~ Un encouragement lui est accordé. Con-
cours du grand prix des Sciences mathé-
matiques; théorie mathématique du vol
des oiseaux i464
CRUSS.ARD adresse diverses Comnmnica lions
relatives au Phylloxéra 743 et 1227
D
DANTIGNY (M""') adresse une Communica-
tion relative au Phylloxéra i349
DARBOUX (G.). — ;Mémoire sur l'existence
de l'intégrale dans les équations aux dé-
rivées partielles contenant un nombre
quelconque de fondions et de variables
indépendantes loi et 317
— Sur la première méthode de Jacobi pour
l'intégration des équations aux dérivées
partielles du premier ordre 160
C. U., 1875, i<* Semestre. (T. LWX.)
— M. Darhoux est présenté par la Section
de Géométrie comme candidat à la place
laissée vacante par M. Bertrand, élu Se-
crétaire perpétuel 979
D.AUBRÉE. — M. Daubrce communique une
Lettre de S. M. don Pedro, empereur du
Brésil, au sujet d'un tremblement do
terre, ressenti le 3o octobre dans la pro-
vince de Saint-Paul 23o
— M. Dauhrcc fait honunage, de la part de
21 7
MM.
( i664 )
M. J.-B. Drma, d'un Mémoire « Sur les
pseudomorphes de serpentine et autres,
de la mine de Tilly-Foster, comté de
PiUman, d;ms l'état de New-York ».. .. 23 1
— Sur la formation contemporaine, dans la
source thermale de Bourbonne-lcs-Bains
(Haute-Marne), de diverses espèces mi-
nérales cristallisées, notamment du cui-
vre gris antimonial ( tétraédrite), de la
pyrite de cuivre (chalkopyrite), du cuivre
panaché (philipsite) etdu cuivre sulfuré
(chalkosine) 46' et 604
— Expériences sur l'imitation artificielle du
platine natif magnélipolairc SaC
— M. Daitbrce présente une série de Mé-
moires sur l'étude microscopique des
roches, les uns de M. Mohl , les autres
de M. Bnricky G87
— Association, dans l'Oural, du platine natif
à des roches à base de péridot ; relation
d'origine qui unit ce métal avec le fer
chromé 707
— Chute de poussière observée sur une
partie de la Suède et de la Norvège, dans
la nuit du 29 au 3o mars 1875, d'après
des Communications de MM. Norden-
skiôld et Kjcriilf. 994
— M. Dauhrt'c confirme l'origine volcanique
qu'il avait attribuée à cette chute de pous-
sière 1059
— Remarques relatives à une Communica-
tion de M. Hinriclis, sur une chute de mé-
téorite dans l'état d'iowa 1175
— Observations relatives à une Communica-
tion de M. de Gouvennin 1 3oo
D'AVOUT. — Moyen facile d'obtenir, sans
instruments et avec une assez grande
approximation, la latitude d'un lieu 372
DEBRAY (H.).— Du ruthénium et de ses com-
posés oxygénés. (En commun avec
M. //. Sainte-Claire Dcville.) 4^7
DECAISNE. — M. Dccaisne est nommé mem-
bre de la Commission centrale adminis-
trative pour l'année 1875 14
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Bordin pour 1875. . . 997
DECHARME adresse une Note relative à un
nouveau moyen de produire des vibra-
tions sonores et des interférences sur le
mercure 802
— Nappes mercurielles 1 2G i
— Nouvelles llammes sonores 1C02
DECIIAUX. — Une citation honorable est ac-
cordée à M. Drchaiix ; Concours de
Médecine et Chirurgie de la fondation
Montyon MgS
DÉCLAT adresse une nouvelle Note relative
au traitement du charbon 242
MM. Pages.
— Adresse une Note sur le charbon de
l'homme i SgS
DECROIX (E.) adresse une Lettre dans la-
quelle il annonce que la Commission
militaire de la rage s'offre pour expéri-
menter les remèdes adressés à l'Aca-
démie 1 3o6
DEIIÉRAIN (P.) — Recherches sur les bet-
teraves à sucre. (En commun avec
M. Frcmy.) 778
DELAHAYE (E.) adresse une Note relative à
l'électricité atmosphérique et à la pré-
sence do l'hydrogène dans l'atmosphère. 444
DELFAU adresse une Communication relative
au Phylloxéra 90a
DE LUCA (S.). — Recherches chimiques sur
l'absorption de l'ammoniaque de l'air par
la terre volcanique de la solfatare de
Pouzzoles 674
DEMARÇAY (E.).— Sur les éthers tilaniques. 5i
— Sur le bibromure de l'acide angélique. . . 1400
— Sur les hydrocarbures qui prennent nais-
sance dans la distillation des acides gras
bruts, en présence de la vapeur d'eau
surchauflée. (En commun avec M. Ca-
hours.) i568
DEMARQUAY. — Mémoire sur la résistance
des protozoaires aux divers agents de
pansement généralement employés en
Chirurgie 22
— Du traitement de l'obstruction intestinale
au début, par l'aspiration des gaz 635
DEMOGET (A) adresse une Note relative à
divers perfectionnements apportés à la
machine de Hoitz, pour en assurer le
fonctionnement 43?
— Demande l'ouverture d'un pli cacheté dé-
posé par lui le 12 janvier 1878 922
DENAYROUSE.— Appareils destinés ù vivre
dans une atmosphère irrespirable i3o5
DEPPING (G.). — Sur un nouveau document
historique, relatif à Salomon de Caus. . . 333
DEPREZ. — Recherche sur la vitesse d'ai-
mantation et de désaimantation du fer,
de la fonte et de l'acier i353
DESAINS (P.) — Recherches sur les radia-
tions solaires 1 420
DES CLOIZEAUX. — Sur les propriétés op-
tiques biréfringentes caractéristiques des
quatre principaux feldispalhs triclini-
ques, et sur un procédé pour les distin-
guer immédiatement les uns des autres. 364
— M. Des Ckiizeaux présente à l'Académie
une lunette, construite sur lesindications
de M. Jannettaz, pour la détermination
des axes des ellipses dans les cristaux. 770
— Note sur l'élément pyroxénique de la
roche associée au platine de l'Oural. . . . 785
MM. Pages.
DESEILLE adresse un travail sur la pôclie
à Boulogne-sur-Mer i35i
DESTRAC adresse diverses Communications
relatives au Phylloxéra loxi. et rî46
DEZ.\UT1ÉRE. — Sur les bruits du cœur. . 899
DIDIER adresse une Communicalion rela-
tive au Phylloxéra 1596
DIEN (A.). — Sur les notes défectueuses
des instruments à archet 429
DIEULAFOY. — Un prix du Concours de
Médecine et Chirurgie, de la fonda-
tion Montyon, est décerné à M. Dicu-
l"/h' 1493
DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES
(M. le) adresse le tableau général du
commerce de la France avec ses colo-
nies et les puissances étrangères, pen-
dant l'année 1873 3i
— Adresse, pour la bibliothèque de l'Institut,
le tableau général des mouvements du
cabotage en 1873 038
DITTE (A.). — Dosage de l'acide borique. . 490
— Dosage de l'acide borique; sa séparation
d'avec la silice et le lluor 50 1
— Sur la solubilité du nitrate de soude et
sa combinaison avec l'eau u64
DOLLFUS (G.). — Observations critiques
sur la classification des Polypiers pa-
léozoïques 08 1
DUCIIARTRE. — M. Duchartrr est nommé
membre do la Commission chargée de
juger le Concours du prix Desmazières
pour 187Ô
— Et do la Commission chargée de juger le
Concours du prix Thorc pour 1875
— El de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Bordin pour 1875. . .
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une question pour le prix Bordin
(Sciences physiques) à décerner en
1877
DUCHEMIN (E.) adresse une Note relative
à une « nouvelle boussole, pouvant être
utilisée sur la surface des liquides cl
donner l'heure par le Soleil ». 1O4 et
DUCLAUX. — Pays vignobles atteints par le
Phylloxéra en 1874 io85
DU CLOSEL adresse une Communication
relative au Phylloxéra G37
DUCOURNAU adresse une Noto concernant
« l'analyse et la classification des ci-
ments, dans leur emploi » :iia
DUCROUX adresse une Note relative à l'ac-
tion du cuivre sur les chiens. (Eu
commun avec M. F. JSiinj.) 1O16
DUCRETET (E.) adresse une Noie n'Ialnr
à la résistance éleclrucliimi(|uc ollerle
par l'aluminium employé comme élcc-
( i665 )
MM.
T;
ces.
280
8G5
805
997
loGo
1220
trode positive dans un voltamètre
DUGAS (B.) adresse diverses Communica-
tions relatives au Phylloxéra
8o3, 1227 et iSgO
DUMAS. — Observations relatives à une
Communication de M. Pinclion sur une
nouvelle burette pour les essais volu-
métriques 676
— Sur l'emploi des sulfocarbonates alcalins
contre le Phylloxéra 1048
— Observations relatives à une Communi-
cation de MM. Siihit-Picrrc ei Jcaiincl,
sur une réaction du sulfure de carbone. i3i2
— M. Dumas est nommé membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours pour le prix des Arts insalubres
de la fondation Montyon (année 1875).. gSi
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Gegner pour 1S75... 997
— M. le Secrétaire perpétuel fait con-
naître à l'Académie la perio que les
Sciences viennent d'éprouver en la per-
sonne de M. Schrùtcr 10S7
El la perle que l'Académie vient de faire
dans la personne de M. TImrct, Corres-
pondant de la Section de Botanique. . . 124 1
— M. le Secrétaire perpétuel analyse une
Lettre par laquelle M"'° Poncelet fait
connaître à l'Académie son désir de
joindre au prix Poncelet un exemplaire
complet des CEm^rcs du Général u 14
— M. le Secrétaire perpétuel commu-
nique une dépêche de M. Mouchez,
relative à l'observation du passage de
Vénus à l'ile Saint-Paul 437
— Communique une dépêche de M./ausic/i,
relative au passage de Vénus 98G
— M. le Secrétaire perpétuel met sous les
yeux de l'Académie la copie d'un docu-
ment relatif à Salonioit de Cau.i 804
— M. le Secrétaire per/)étucl présente, au
nom de M. Marchand, un ouvrage inti-
tulé: «Étude sur la force chimique con-
tenue dans lu lumière du Soleil » 33i
— M. le Secrétaire perpétuel signale, (lar-
rai les pièces imprimées de la Correspon-
dance, les ouvrages suivants : le pre-
mier volume du o Traité de Métallurgie
générale de M. L. Gru/icr y, 3i. — L'an-
née scientifique et industrielle « de
i\I. L. Figuier», 1874. — Divers docu-
menls adressés par le Comité d'organi-
sation du Congrès internaiional des
américains, 388. — Divers ouvrages de
MM. Dupont et Bouiptet de la Grye,
F. Pisaid, L. Troo.st, A. liaudriinnnt,
U. Gtiyo't, 638. — Diverses brocJuiresde
MM. birr, Truchot et Frcdct, 8o3.— Un
2(7..
( i666 )
MM. Pages.
ouvrage do M. E. Fcrnct, portant pour
titre : «Cours de Physique pour la classe
doMathématiquesspéciales)). — Unebro-
riiure de M. Pctcrmatm o Sur la pré-
.^ence du cuivre dans le genièvre, les
vinasses et les fumiers », go3. — Un ou-
vrage de M. A. Txahuteau, ii54. — « La ,
Lumière » par M. J . Tyiidoll (traduit
par M. l'abbé v>/o/i^«o). — Une brochure
de M. P. Mouillefert, intitulée : « Le
Phylloxéra vastatrix et la nouvelle ma-
ladie delà vigne », 1259. — La «Théorie
capillaire de Gauss et l'extension d'un
liquide sur un autre », par M. l'an dcr
Mrnsbrugglic 1 352
— Diverses pièces relatives au Phylloxéra.. iSgG
— AL le Secrétaire perpét/ielannonce à l'Aca-
démie que le tome XXI du « Recueil des
Mémoires des Savants étrangers » est en
distribution au Secrétariat 585
DUMAY. — Observation du bolide du 10 fé-
vrier, à Segonzac (Charente ) G83
DU MONCEL. — Note sur le magnétisme, à
propos d'une Communication récente de
M. Laltcinand 19 et 532
— Sur les électro-aimants tubulaires à
noyaux multiples 1572
MM. Pages
DUPOUX adresse diverses Communications
relatives au Phylloxéra 8o3 et 1227
DUPUY DE LOME. — Observations, à propos
d'une Communication de M. de Lesseps,
sur le projet de navires porte-trains,
dont il a déjà entretenu l'Académie. . . . 146
— Observations relatives à une Communi-
cation de I\[. de Lesseps, sur la ques-
tion de l'unification du tonnage des na-
vires 4^3
— M. DuptiY de Lôine est nommé membre
de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Plumey pour 1875.. 787
— Et delà Commission chargée de présenter
unequpslion'pourleprixBordin (Sciences
mathématiques) à décerner en 1876. . . loSg
— M. Diipity de Lôme présente la quatrième
livraison du « Mémorial de l'artillerie
de la Marine » i6i4
DURASSIER. — Note sur les rapports exis-
tant entre la nature des aciers et leur
force coercitive. (En commun avec
M. Trèt'c.) 779
DURRANDE (H.). — Sur les applications
des théories générales de la Dynamique
au mouvement d'un corps de forme in-
variable 877
E
EDWARDS (Milne). — Rapports sur les
mesures proposées pour prévenir , en
France, l'invasion des Doryphores, in-
sectes américains qui attaquent la pomme
de terre Cog
— M. Mdnc Edwards est nommé membre
de la Commission chargée de juger
le Concours pour le grand prix des
Sciences physiques à décerner en 1875. 865
— Et de la Commission chargée déjuger le
Concours du prix Thore pour 1875.. . . 865
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Savigny pour 1875... 866
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours de Physiologie expérimentale
de la fondation Montyon (année 1875), gSo
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Lacaze (Physiologie
expérimentale ) pour 1875 997
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Serres pour 1875.. . . 997
— Et de la Commission chargée de jirésen-
ter une question pour le grand prix des
Sciences physiques à décerner en 1877. loSg
— Et de la Commission chargée de présen-
ter une question pour le prix Bordin
(Sciences physiques) à décerner en 1877. 1060
EDWARDS (Alph.-Milne).— Observations
sur l'époque do la disparition de la faune
ancienne de l'île Rodrigues 1212
EGGER (R.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1227
ÉLOY DE VICQ. — Le prix Z« Fons-Méli-
cocq est décerné à M. Eloy de Vicq.. . . 1846
ENGEL (R.). — Sur la substitution du mer-
cure à l'hydrogène dans la créatine. . . . 885
— Sur les caractères du glycocolle 1 168
— Recherches sur la taurique iSgS
ERB (P.) adresse diverses Communications
relatives au Phylloxéra 3o et 1 154
ERNTO DI GLVCOMO adresse un Mémoire
intitulé : « La vcra niisura » i35t
ESTRUC adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra ". . 1227
ÉTARD (E.). — Sur quelques réactions des
sels de chrome 1 3o6
( >667 )
MM. Pngcs.
FAIVRE (E.). — Do l'innuenco du systcmo
nerveux sur la respiration chez un in-
secle, le Dyiiscus nifirginntis ySg
— Études expérimentales sur les mouve-
ments rotatoires de manège chez un In-
secte (le Dytiscus margiiinlis) , et le
rôle, dans leur production, des centres
nerveux encéphaliques 1 1 4;)
— Recherches sur les fonctions du ganglion
frontal chez le Dytiscus inargiimlis 1 332
FARCOT (J.)-— Le prix Plumey est décerné
à M. Farcot i ij'
FAURE (R.) adresse une Note sur un nou-
vel 'appareil pour la concentration de
l'acide sulfurique. (En commun avec
M. L. Kcssler.) i5t)8
FAUTRAT (L.). — Influence des forêts sur
le débit des cours d'eau et sur l'état hy-
grométrique de l'air 206
— Influence des forêts sur le climat Ki5.j
FAYE. — Note accompagnant la présenta-
tion d'une Notice autograiihiée, sur la
méthode des moindres carrés 352
— Présentation de la « Connaissance des
Temps pour 187G » et do « l'Annuaire
du Bureau des Longitudes pour 1875 ». 409
— Observations, à propos d'une Communi-
cation de M. Jamin, sur la profondeur
et la superposition des couches aiman-
tées dans l'acier 421
— Observations sur les critiques de M. Pes-
Un 659
— Sur la théorie de l'aspiration, avec des
remarques sur la nouvelle Note de
^X.PesUn 843
— Sur le dernier numéro des « Memorie dei
Spettroscopisti italiani » 935
— Résultats des observations faites en
Suède sur les courants supérieursde l'at-
mosphère 936
— Sur la trombe des liaycs (Vendômois),
3 octobre 1871 , et sur les ravages
qu'elle a produits 988
— Sur les ascensions à grande hauteur 1037
— Lettre sur la distribution de la tempéra-
ture à la surface du Soleil cl les ré-
centes mesures de M. Langtcy 1 1 89
— Quelques remarques sur la discussion au
sujet des cyclones i2(J8
— Sur la trombe de Cacn 1 128
— Sur la trombe de Châlons ; examen des
faits et conclusion 1 558
— M. Paye est nommé membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
MM. P-ige.!.
du prix Lalande (Astronomie) pour
1875 787
— Et de la Commission chargée de présenter
une question pour le grand prix des
Sciences mathématiques à décerner en
1876 1059
FELIZET adresse ses remercîments à l'A-
cadémie pour la distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet 3i
FELTZ (V.). — Recherches expérimentales
sur le principe toxique du sang putréfié. 553
— Recherches sur les ellets de la ligature
du canal cholédoque et sur l'état du
sang dans les ictères malins. (En com-
mun avec M. E. Hitler.) 676
— Étude expérimentale sur le principe toxi-
que du sang putréfié 1 338
FEUVRIER (J.-H.) adresse une « Étude mé-
téorologique sur le plateau de Cottigné
( Monténégro ) » 1 3o4
FÉVRET(A.) adresse une Communication re-
lative au Phylloxéra 1022
FIZEAU. — M. Fizcau est nommé membre
de la Commission chargée de juger lo
Concours pour le grand prix des Sciences
mathématiques à décerner en 1875.. . . 787
— Et de la Commission chargée de présen-
ter une question du prix Bordin (Sciences
mathématiques) à décerner en 1876. . . io5g
— Avis de la Commission des paratonnerres,
sur une disposition nouvelle proposée
pour les magasins à poudre i44o
FLAMMARION. — Système stellairo de la
61' du Cygne et étoiles physiquement
associées dont le mouvement relatif
n'est pas orbital, mais rectiligne 171
— Étoiles doubles dont le mouvement rela-
tif s'effectue en ligne droite, et est dû à
une dilïérence de mouvements propres. 66a
PLAQUER (E.) adresse une Lettre rela-
tive à des cahiers contenant les obser-
vations et ,les calculs effectués par la
Commission française pour la mesure
de l'arc du méridien compris entre Bar-
celone et les îles Baléares m
FLECKEN (A.-S.) adresse une Note en al-
lemand, accompagnée de figures, sur la
direction des aérostats 1227
FLEURIAIS. — Télégramme relatif à l'obser-
vation du passage de Vénus à Shanghaï. 3a
— Adresse deux plis cachetés, contenant les
observations du passage de Vénus effec-
tuées par la mission de Pékin, et les do-
cuments recueillis au moment du pas-
( j668 )
MM.
sage.
Pages.
. 483
— Adresse le détail des observations du pas-
sade de Vénus sur le Soleil, effectuées à
Pékin 583
— Réponse à M. le Président, au retour do
cette expédition 1204
— Documents recueillis par la mission en-
voyée à Pékin pour observer le passage
de Vénus 1204
— Un prix d'Astronomie, fondation Lalande,
est décerné à M. Flcuriais 1 473
— Adresse ses romercîmcnts à l'Académie.. 1699
FLEURY (Arm. de) adresse, pour le Con-
cours do Médecine et Chirurgie, un ou-
vrage intitulé : « Du dynamisme com-
paré des hémisphères cérébraux chez
l'homme » 1391
FLICHE (P.). — Note sur les lignites qua-
ternaires de Javille, près de Nancy .... i233
FOL (H.). — Sur le développement des Pté-
ropodes 1 96
FONVIELLE ( W. de). — Note sur une as-
cension aérostatique 1 172
— Sur les précautions à apporter dans les
ascensions en hauteur 1262
FORDOS. — De l'essai des étamages conte-
nant du plomb ; procédé d'essai rapide. 794
— Demande le renvoi à la Commission des
Arts insalubres d'une Note sur l'essai
des étamages, et d'une nouvelle Note
sur l'action des liquides alimentaires ou
médicamenteux, sur les vases en étain
contenant du plomb i35o
— Demande l'autorisation de retirer du Se-
crétariat les trois Notes qu'il avait adres-
sées pour le Concours des Arts insalubres. 1456
FOREL ( AuG.). — Le prix Thore est décerné
à M. A. Forci 1 487
— Adresse ses remercîments à l'Académie. . 1599
FOREL (F. -A.). — Sur les seiches du lac
Léman 1 07
FOUQUÉ (F.). - Nodules à Wollaslonite,
pyroxène fassaïte, grenat, mélanite des
laves de Santorin 63i
— Dépôts salins des laves de la dernière
éruption do Santorin 832
— M. Foiujué est présenté par l'Académie
pour la chaire d'Histoire naturelle des
corps inorganiques, laissée vacante au
Collège de France parle décès de i\L Elic
de Bemiinont 291
FOURET (G.). — Sur la notion des systè-
mes généraux do surfaces algébriques
ou transcendantes, déduite de la notion
des implexes 167
— Construction géométrique des mumenis
fléchissants sur les appuis d'une poutro
à plusieurs travées solidaires 55o I
MM. Payes.
— Sur quelques conséquences d'un théo-
rème général, relatif à un implcxc et à
un système de surfaces 8o5
-- Sur une nouvelle définition géométrique
des courbes d'ordre n à point multi-
ple d'ordre n — i u58
FOURNIER. — Méthode générale pour ré-
soudre les équations numériques de de-
gré quelconque 1391
FOURNIER (Eue). - Sur un fait de di-
morphisme, dans la famille des Grami-
nées 44t>
FRANÇOIS (J.) adresse une Communication
sur les émanations hydrothermales et
salines des stations thermales du Cau-
case 1022
— Adresse un Mémoire sur la genèse des
eaux minérales et des émanations sa-
lines des groupes du Caucase, surle mé-
tamorphisme des terrains par les eaux
thermo-minérales, et sur l'actualité des
phénomènes métamorphiques du groupe
de Piatigorsk ( galerie Tobielf ) 1 1 53
FREMY. — Recherches sur les betteraves à
sucre. (En commun avecM.Z'tV/f'/Y//«.). 778
— M. Frcmy rend compte à l'Académie de
l'état où se trouve l'impression des Re-
cueils qu'elle publie, et des change-
ments survenus parmi les Membres et
lesCorrespondantspendant l'année 1874. i4
— M. le Président se fait l'interprète des
sentiments qu'inspire à l'Académie la
mort de M. Mathieu, qu'elle vient de
conduire;! sa dernière demeure : il pro-
pose de lever la séance 58 1
— M. le Président exprime à M. Mim-
rhez la satisfaction qu'éprouve l'Aca-
démie, en souhaitant la bienvenue aux
membres des expéditions entreprises
pour l'observation du passage de Vénus. 61 1
— .^dresse, au nom do l'Académie, des re-
mercîments à M. Bouquet de In Grye
et aux membres de la Mission qui s'est
rendue à l'ile Campbell pour l'observa-
tion du passage de Vénus 721
— M. le Président se fait l'interprète des
sentiments de l'Académie à l'occasion
de la mort des aéronautes Crocé-Spi-
nelli et Sivel 985
— M. le Président se fait l'interprète des
sentiments de reconnaissance de la
Science vis-à-vis de M. Poncelet 1114
— M. le Président adresse, au nom de
l'Académie, des romercîmcnts à M. Fleu-
riais et aux membres de la Mission de
Pékin, pour l'observation du passage de
Vénus 1 2o3
— M. le Président se fait l'interprète des
MM. Pages.
regrets de l'Académie, à l'occasion do
la mort de M. Thurct 1241
— M. le Président adresse, au nom de l'Aca-
démie, des remercimenis aux membres
de la Mission qui s'est rendue à Nouméa
pour l'observation du passage de Vénus.. 1281
— M. le Président annonce la mort de M. le
conseiller J.-H. Frndcsso dn Sili'rirn,
directeur de l'Observatoire météorolo-
gique de rinfant don Luis, à Lisbonne. iSga
— Allocution prononcée par M. le Président,
à la séance publique du 21 juin... 1457
— M. le Président souhaite, nu nom de
l'Académie, la bienvenue à M. Junsscn,
1669)
MM.
Pages.
à son retour de l'expédition du passage
de Vénus 1 54 1
— M. Fremy est nommé membre de la
Commission chargée de présenter une
question de prix lîordin (Sciences phy-
siques) à décerner en 1877 loCo
FRIEDEL (C.) adresse ses remercîments à
l'Académie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 3i
FUA adresse une nouvelle Lettre concernant
ses précédents Mémoires sur les moyens
do prévenir les explosions dans les
houillères 387
GAFFARD (A.) adresse une Note relative à
une encre indélébile 3o
GALLE. — Lettre touchant la détermination
de la parallaxe solaire par les observa-
tions de la planète Flore 1 154
GALLOIS. — Sur les propriétés toxiques de
l'écorce de Mancône. (En commun avec
M. Hnrdy.) 122:
GALLOIS (J.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1227
GANS (L. ) adresse une Communication re-
lative au Phylloxéra 1 022
GARIMOND (E.) adresse, pour le Concours
du prix Chaussier, un « Traité théori-
que et pratique de l'avortement, consi-
déré au point de vue médical, chirur-
gical et médico-légal. » 1220
GARNIER adresse une Note sur l'euiplui do
la glycérine dans le traitement de la
glycosurie 1225
GARRIGOU (F.) adresse une « Étude sur
les causes d'usure et d'explosion des
chaudières des machines à vapeur. ».. t64
— Étude chimique sur le petit lait de Lu-
chon 4 So
— Adresse les résultats de nouvelles recher-
ches sur les eaux minérales des Pyré-
nées 802
GAUDIN (A.) adresse ses remercimonts à
l'Académie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 1 10
GAUDRV (A.). — Sur la découverte ù^. Ba-
traciens proprement dits, dans le terrain
primaire i4 1
GAUG.\IN (J.-M.) adresse ses remercimenis
à l'Académie 1 05
— Le prixGegner est décerné à M. Cniif^tiin. 1 MoG
— Note sur le magnétisme 297
— Notes sur la théorie des procédés d'ai-
mantation 7G1 et ioo3
GAUTIER (A. ) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1 154
— Note relative à la production de la fibrine
du sang i3Go
GAYAT (J.). — Études comparatives sur
l'homme et sur les animaux, au point
de vue des signes o.phthalraoscopiques de
la mort 5oi
GAYON (U.).— Ré|ionses à deux Communi-
cations de M. Jléc/i/iin/>, relatives aux
altérations spontanées des œufs C74
— Observations sur les altérations sponta-
nées des œufs. Réponse à M. ^. £c-
cliamp 1 096
GÉNÉRÉS (Ed. de) adresse une Communi-
cation relative au Phylloxéra 1 154
(iENOCCllI (A.). — Sur la rectification dos
ovales de Descartes. 112
— Observations relatives à une Communica-
tion do M. Darhimx, sur l'existence de
l'intégrale dans les équations aux déri-
vées partielles contenant un nombre
quelconque de fonctions et de variables
indépendantes 3i5
GÉRARDIN (A.). — Altérations de la Seine
aux abords de Paris, depuis novembre
1874 jusqu'en mai 1 875 1 32C
GERBE adresse ses remercimenis à l'Aca-
démie pour la distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet uo
GERNEZ (D.). —Analogies que présenlont
le dégagement des gaz de leurs solu-
tions sursaturées et la décomposition
de certains corps explosifs 44
GERVAIS (P.). - M. Geri'ais présente la
carte géoiogiipie de l'arrondissement
d'Uzès (Gard I, par fou Eniilicn Dumas,
de Sommières 282
— M. P. Gf"nY«.v communique, au nom lW
M. T\onuis , quelques détails sur une
( 1670 )
MM.
Pages.
espèce fossile de Bœuf [Buhnlus a/iti
quKs], découverte en Algérie ; et, au nom
de M. Bleichcr, des figures de pierres
taillées, également trouvées en Algérie. 444
— M. P. Gc/voix est nommé membre de la
Commission chargée de juger le Concours
du prix Savigny pour 1875 86(5
GlARD (A.). — Sur l'embryogénie du L/i-
inellaria pcr.spicua ySG
GIRARD (A.) adresse ses remercîments à
l'Académie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 110
— Étude micrographique de la fabrication
du papier 629
— Note sur le pouvoir rotatoire du sucre
cristallisable et sur la prise d'essai des
sucres soumis à l'analyse polarimé-
trique. (En commun avec M. f^. de
Luyiies. ) 1 354
GIRARD (Maurice) adresse une Note concer-
nant l'influence du froid sur le Phylloxéra
hibernant 436
GIRAUD. — Étude comparative des gom-
mes et des mucilages 477
— Soumet au jugement de l'Académie un
plan de direction aérostatique i449
GIRAUD-TEULON. — Sur une nouvelle mé-
thode et sur un nouvel instrument de
télémétrie (mesure rapide des dis-
tances ) 1 379
GLAISHER ( J.-'W.-L.) . — Sur la partition des
nombres 255
GLÉNARD (F.) adresse une réclamation de
priorité, relative à une Note de M. Gau-
tier sur la production de la fibrine du
sang 1 598
GODET adresse la composition qu'il emploie
pour combattre le Phylloxéra. 1227
GONIN adresse une Communication relative
au Phylloxéra 1 349
GOSSELIN. — Rapport sur un travail de
M. Jlpli. Giicri/i, intitulé: «Du rôle
pathogénique des ferments dans les ma-
ladies chirurgicales, nouvelle méthode
de traitement des amputés » 81
— M. Gosselin est nommé membre de la
Commission chargée do juger leConcours
du prix Barbier pour 1875 8G5
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours pour le grand prix do Médecine
et Chirurgie, à décerner en 1875 8C5
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du grand prix de Médecine et
Chirurgie de la fondation Montyon, à dé-
cerner en 1875 gSo
— Et de la Commission chargée déjuger le
Concours pour le prix Godard, à décer-
ner en 1875 900
MM. Pages.
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours pour le prix Chaussier, à dé-
cerner en 1 875 gSo
GOUILHOM (P.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra i349
GOULIER (C.-M.).'— Lunette anallatique,
appliquée à une boussole nivelante et à
un tachéomètre 292
GOUVENAIN (de). — Sulfuration du cuivre
et du fer, par un séjour prolongé dans la
source thermale de Bourbon -l'Archam-
bault; observation d'une brèche avec
strontiane sulfatée et plomb sulfuré,
dans la cheminée ascensionnelle de cette
source 1297
GRAD (Ch.). — De l'influence de l'ablation
sur la débâcle des glaces des mers po-
laires 502
GRAEFF adresse ses remercîments à l'Aca-
démie pour la distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet no
GRANJON adresse une Note sur un moyen
d'augmenter le son rendu par une
cloche, en la composant de deux clo-
ches concentriques loïi
GRETE (A.).— Sur l'emploi du xanthalc do
potasse contre le Phylloxéra. (En com-
mun avec M. Ph. Zœllcr.) i347
GRIMAUD DE CAUX adresse une Note sur un
cas de pso'itis, contracté en Amérique et
guéri par les eaux d'Aix, en Provence. i3G3
GRIMAUX (E.). — Recherches sur le groupe
u rique 828
— Sur les uréides pyruviques. Uréides con-
densées 53
GRIPON (E.). — Propriétés physiques des
lames de collodion 882
GRUEY. — Sur les étoiles filantes du i3 no-
vembre et du 10 décembre 1874 5G
— Éléments provisoires de la comète ^ l,
i874,Borrelly 3i3
— Lumière zodiacale, observée à Toulouse
en février et en m.irs 1875 goS
GUADAGNINI (D.) adresse une Communi-
cation relative au Phylloxéra C37
GUÉDON adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 637
GUÉRIN (Alpii.). — Du rôle pathogénique
des ferments dans les maladies chirur-
gicales; nouvelle méthode de trailement
des amputés. (Rapport sur ce Mémoire,
rapporteur M. GosscUn.) 81
— Prie l'Académie de vouloir bien compren-
dre, parmi les Mémoires adressés au
Concours des prix de Médecine et
Chirurgie, les deux Notes qu'il a lues
sur sa méthode de pansement i3o4
GUÉRIN ( Ch.) adresse une Note relative à
MM. Pngps.
une pilo analogue à celle do Bunsen,
dans laquelle le zinc serait remplacé par
le fer 387
GUEYRAUD adresse une Commiinicalion re-
lative au Phylloxéra i SgG
GUILLAUMONT adresse une Communication
relative au Phylloxéra i05
GUIMBELUT (J.) adresse une Coramunica-
MM
Pages.
lion relative à la catastro[)he du ballon
/(' Zc/iii/i 108G
GVLDÉN (Hugo). —Sur une méthode de cal-
cul des perturbations absolues des co-
mètes 809 et 907
— Sur le développement de la fonction per-
turbatrice suivant les multiples d'une
intégrale elliptique 1070
H
HALPHEN. — Mémoire concernant les points
singuliers des courbes algébriques pla-
nes. (Rapport sur ce Mémoire, rappor-
teur W. de La Gou!-nei-ie.) 97
— Propriétés relatives à la courbure de la
développée d'une surface quelconque. . iiG
— Sur un point de la théorie des surfaces. 258
— Sur certaines perspectives gauches des
courbes planes algébriques 638
HARDY (E.) adresse, pour le Concours du prix
Barbier, des « Recherches sur le Ja-
bnrandi » I Zyi
HARDY. — Sur les propriétés toxiques de l'é-
corce de Mancônc. (En commun avec
M. Gallois ) 1221
HARTING (P) adresse ses remercîments à
l'Académie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 3 1
HATON DE LA GOUPILLIÈRE soumet au
jugement de l'Académie un Mémoire in-
titulé : « Développoi'des directes et in-
verses d'ordres successifs » 241
HAUNET adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 1391
HAUTEFEUILLE (P.).— Surla dissolution de
l'hydrogène dans les métaux, et la dé-
composition de l'eau par le fer. (En com-
mun avec M. Tmost. ) 788
— Surlesfont.es manganésiferes. (En commun
avec M. Troost.) 909
— Étude calorimétrique sur les carbures de
fer et de manganèse. (En commun avec
M. Troost.) 964
HAYEM (G.) . — Sur un nouveau procédé pour
compter les globules du sang. (En com-
mun avec M. A. Nachet. ] io83
HECKEL (E.) . — Des phénomènes de localisa-
tion minérale et organique chez les ani-
maux et de leur importance biologique. ig3
— Do l'action de quekiues composés sur la
germination des graines (isromure do
camphre', borate, silicate et arséniale
de soude) , 11 70
— De l'influence des Solanées vireuses en
général, et de la Belladone en particulier,
sur les Rongeurs et les Marsupiaux.. . . 1C08 '
C. R., 1873, i^f Sumcslre. (T. LX\X.)
HELZNEM (G.). - Voir Holzner.
HEMMEUICH adresse diverses Communica-
tions relatives au Phylloxéra. 242. 387 et C37
HÈNA adresse une Note sur les gisements
métalliques et la classification géologique
dans le département des Cùtes-du-Nord. i35o
HENNEQUIN (J.). — Do l'allongement du
fémur dans le traitement do ses frac-
tures. (Rapport sur ce iMémoire, rappor-
teur l\. Sédillot. ) 95 1
HENRY (Paul) adresse ses remerciraents à
l'Académie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet i65
— Découverte de la planèto (141) à l'Obser-
vatoire de Paris 175
— Observations de la planète (i4>)i faites à
l'Observatoire do Paris. (En commun
avec M. Prosper Henry) 388
HENRY (Prosper) adresse ses remercîments
à l'Académie pour la distinction dont
ses travaux ont été l'objet i65
— Observations de la planète (i4i)i faites à
l'Observatoire de Paris. (En commun
avec M. Paul Henry. ) 388
HÉR.\UD. — Lettre relative à l'installation
à Saïgon de l'expédition pour l'observa-
tion du passage de Vénus 35
— Rapport sur l'observation du passage de
Vénus 243
— Un prix d'Astronomie (fondation Lalaude)
est décerné à M. Héraud \'\'}T>
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 1399
HERGOTT. — Une citation honorable est ac-
cordée à M. Hen^ott ; Concours des prix
de Médecine et Chirurgie de la fon-
dation Montyon i493
HERMANN (J.). — Sur la nature des affec-
tions syphilitiques et sur le traitement
mercuriel ^3
HERMITE. — M. Hermilc est nommé mem-
bre de la Commission chargée de juger
le Concours du grand prix des Sciences
mathématiques pour l'année 1875 787
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Ponceletpour 1875. . 787
— Et de la Commission chargée de présenter
2 18
i6']'î )
MM. Pages,
une question pour le grand prix des
Sciences matliémaliques à décerner en
1876 loSg
— El de la Commission chargée de présenter
une question pourle prix Bordin (Sciences
mathématiques) à décerner en 1876.... io5r)
HETLESOTER (R.) adresse une Communica-
tion relative au Phylloxéra 1 1 54
HEYDUCK adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 242
HILDEBRANDSSON (H.). — Descourants su-
périeurs de l'atmosphère, dans leurs re-
lations,avec les lignes isobarométriques. 917
IlINRICHS (G.). —Sur la structure atomique
des molécules de la benzine et du téré-
bène 47
— Calcul des moments d'inertie maximum
des molécules des dérivés chlorés du
toluène 565
— Sur la détermination mécanique des points
d'ébuUition des dérivés chlorés du to-
luène 766
— Sur une chute de météorites, tombées
dans l'état d'Iowa 1 175
HIRN. — Note accompagnant la présentation
du tome 1" de « l'Exposition analytique
et expérimentale de la Théorie mécanique
de la chaleur » 1 578
MM. Pages.
HIRSCII demande l'ouverture d'un pli cacheté,
déposé par lui le 3 octobre 1873 922
HOGAN (D.-J.) adresse une Communication
relative au Pliylloxera 482
HOLZNER[G. (Uelznem)] adresse une Note
sur un Insecte vivant sur les racines de
YAbies balsamcd eiÙB YAhies Frascri. 9G1
IIOMOLLE (G.) adresse un Mémoire sur les
scrofules graves de la muqueuse bucco-
pharyngienne i3o5
HOUZÉ DE L'AULNOIT adresse une Note sur
l'immobilisation articulaire, appliquée
au pansement des amputés 388
HUE (Ch.) adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 1 154
HUET. — Sur descourbes de roulis, obtenues
par la photographie 38o
HUGO (L.) adresse une Note relative à la
« base scientifique du système décimal
et métrique » 742
— Signale une erreur géographique dans le
tableau des Correspondants étrangers de
l'Académie des Sciences, publié par YJt-
maiiacli niitionnl de 1 874 1 1 10
HUREAU DE VILLENEUVE. -Un encourage-
ment lui est accordé. (Concours du grand
prix des Sciences mathématiques; théorie
mathématique du vol des oiseaux.). . 1464
I
INSPECTEUR GÉNÉRAL DE LA N.4VIGA-
TION (M. l') adresse les états des crues
et diminutions de la Seine pendant l'an-
I née 1874 iio
ISAMBERT. — Sur la précipitation de l'ar-
I gent par le protoxyde d'uranium 1087
.TABLONSKI(E.) adresse un Mémoire intitulé:
« Généralisation de la méthode d'inté-
gration par parties « i25g
JACQUEMIER. — Navif^ation à vapeur i352
JACQUET adresse un Mémoire sur l'usage
de la Table de Pylhagore pour un chiffre
quelconque 902
JACQUINOT (H.) adresse diverses Commu-
nications relatives au Phylloxéra. 637 et i349
J.4.MIN ( J.). — Sur l'effet produit par l'appli-
cation des armatures à des aimants tout,
formés 212
— Sur l'aimantation des aciers garnis d'ar-
matures 357
— Sur la profondeur et la superposition des
couches aimantées dans l'acier 417
— Sur un cas singulier d'aimantation.... 841
— Sur la distribution du magnétisme, dans
une lame mince de grande longueur. . . i553
I JANSSEN. — Lettre relative à son installation
I à Nagasaki, pour l'observation du pas-
sage de Vénus 34
— Lettre à M. Dumas, sur les résultats géné-
raux de l'observation du passage de
Vénus, au Japon 342
— M. Jansxcn est nommé membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours du prix Lalande (Astronomie) pour
1875 787
— Adresse une dépêche relative à l'observa-
tion de l'éclipsé du Soleil 986
— Adresse ses remorcîmonts à l'Académie. i54i
— Observations magnétiques exécutées dans
la presqu'île de Malacca i552
JAUSSAND (A.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1227
JEAN (F.). — Sur une nouvelle méthode
do dosage par les liqueurs titrées 673
(
MM. Pa
•lEANNEL. — Note relative à rintluencc des
racines des végétaux vivants sur la pu-
tréfaction
— Sur une réaction du sulfure do carbone.
Passage du sulfure de carbone à l'acide
sulfocyanhydrique. ( En commun avec
M. C. Saiiit-Picrre. ) i
JO.\NNON ( A. ). — Sur un nouveau procédé
de dessalement, appliqué aux terrains
salés du midi de la France
— Recherches sur les organes tactiles de
l'homme
— Annonce à l'Académie le succès de l'as-
cension aérostaliquo entreprise les 23
et 24 mai. (En commun avec MM. .SVVc/,
Crncé-SpiiicUi, G. cl A. Tissinidic}-.). .
— Ascension scientifique de longue durée.
(En commun avec MM. Sivel, Croré-Spi-
isrlli, G. et -•/. Tissandier.)
JOBERT. — M. Jùbcrt, sur le point d'aller
au Brésil, informe l'Académie qu'il se
met à sa disposition pour les recherches
botaniques ou zoologiques dont elle ju-
gera à propos de le charger i
.TOLLY adresse une analyse comparative des
sangs artériel et veineux, au point de
vue de leur constitution minérale. (En
commun avec M. Paquelin. ) i
— Adresse ses remercîments à l'Académie., i
JOLLY (P.). — Communication relative au
07J
iGo
979
1673)
MM. Pa^es.
Phylloxéra 3o
JOLY est élu Correspondant, pour la Section
d'Anatomie et di; Zoologie, en rempla-
cement do W. P. Geirai.i, élu Membre
de l'Académie 786
.JORDAN (C). — Recherches sur les cova-
riants
— Théorème sur les covariants
— M. Jordan est présenté, par la Section
de Géométrie, comme candidatàla place
laissée vacante par M. Bertrand, !i\\\ Se-
crétaire perpétuel
JOUMIER adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra i J9G
JOURDY (E.) adresse une Note sur la forme
des baies du littoral algérien i449
.lÛUSSET. — Sur l'aortite chronique i34o
JUDYCKl (J.) adresse un Mémoire sur le
modo de gisement des combustibles
minéraux i449
JULIEN (A.). — Sur la présence du Phyl-
loxéra en Auvergne i347
JUNGFLEISCII (E.) adresse ses remercîments
à l'Académie pour la distinction dont
ses travaux ont été l'objet 1 10
JURIEN DE LA GRAVIÈRE. - M. l'amiral
Jurkn de la Gravicrc est nommé mem-
bre de la Commission chargée de juger
le Concours du prix Plumey pour 1875. 787
796
3i
89
8o3
8G6
3o6
597
023
K
KARTZDORFF adresse une Communication
relative au Phylloxéra i258
KÉRIKUFF (de) adresse quelques remarques
concernant les causes d'erreur qui peu-
vent subsister dans les expériences re-
latives à la vitesse de la lumière. .3o et iio
— Sur la constance de la réfraction appa-
rente, quels que soient les mouvements
de la source lumineuse et du corps ré-
fringent ■ 241
— Communication au sujet du bolide du
10 février 576
KERTANGUY (de). - Le prix de Statisti-
que, fondation Montyon, est décerné
à M. de Kertanouy '479
— Adresse des remercîments à l'Académie. iSgg
KESSLER (L.) adresse une Note sur un nou-
vel appareil pour la concentration de
l'acide sulfurique. (En commun avec
M. Faure. ) 1 598
KETTELER (E.) adresse, pour le Concours
du prix Lacaze (Physique), plusieurs
Mémoires ayant pour objet l'étude de
l'aberration de la lumière, et la révision
do la théorie de Cauchy sur la réilexion. 1892
KISZTLER adresse deux Communications
relatives au Phylloxéra 1391
KJELLMAN (Fr.). — Végétation hivernale
des Algues à i\Iosselbay (Spitzberg),
d'après les observations faites pendant
l'expédition polaire suédoise, en J872-
1873 474
KORDON (J.) adresse une Note sur un [iro-
cédé destiné à la composition et à la diî-
tribution des caractères d'imprimerie. . . 335
KRISH.\BER adresse un Mémoire sur le
spasme de la glotte i35i
^NCKEL adresse un Mémoire sur le déve-
loppement des Diptères 1 33o
•ii8..
( >674 )
MM. Pages.
LABBÉ adresse une Communicalion relative
au Phylloxéra i SgG
L.4CÂZE-DUTI11ERS (de). -Sur l'origine des
vaisseaux de la tunique chez les Asci-
dies simples 600
— Noie accompagnant la présentation du
troisième volume des « Archives de
Zoologie expérimentale » io5G
— M . de Lacazc-Diiihicrs est nom mé membre
de la Commission chargée de juger le
Concours pour le grand prix des Scien-
ces physiques à décerner en 1875 8G5
— Et de la Commission chargée de juger
le Concours du prix Savigny pour
1875 86G
— Et de la Commission chargée de juger lo
Concours du prix de Physiologie expé-
rimentale pour 1 875 gSo
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Serres pour 1875. . . . 997
LAFITTE adresse quelques remarques sur
le rôle de la partie de la corde du vio-
lon comprise entre le chevalet et le
cordier 1287 et iSgi
LAGARIGUE adresse une Note sur l'emploi
de la vapeur adaptée aux remorqueurs
servant à la traction sur les canaux. . . 1086
LA GOURNERIE (de). — Rapport sur un
Mémoire de M. Halphen, concernant
les points singuliers des courbes algé-
briques planes 97
— M. de La Goiirnerie est nommé membre
de la Commission chargée de juger le
Concours du prix de Statistique de la
fondation Montyon pour 1875 997
LAGRANGE (P.). — Note relative à l'ac-
tion de l'hydrate de baryte sur certains
composés minéraux [organiques, conte-
nus dans les produits de la betterave. . . 397
— Action du sulfate d'ammoniaque dans la
culture de la betterave G3i
LAGUERRE. — Sur un théorème de Géo-
métrie 822
— M. Lagiterre est présenté, par la Section
de Géométrie, comme candidat ii la place
laissée vacante par M. Berliaiid , élu
Secrétaire perpétuel 979
— Sur quelques propriétés des courbes algé-
briques 1218
LAILLAÙLT (H.) adresse une Comnmnication
relative au Phylloxéra i258
LALIMAN transmet à l'Académie des graines
des trois meilleures qualités de vignes
américaines 3o
MM. Pages.
LAMEY (l'abbé) adresse une observation
météorologique 1G12
LANEN. — Lettre sur la faune et la flore de
File Kerguelen 1224
LANGLEY. — Sur la temi)r''rature des di-
verses régions du Soleil. Les noyaux
noirs des taches yjG et 819
LANTIER (E.) adresse une Note sur un ap-
pareil destiné à opérer le lavage des
plaies à trajet profond 1086
LAPORTE (F.) adresse une Note relative à
quelques méthodes probables de Fer-
mat 110
L.\RPENT adresse une Note concernant ses
recherches relatives à la marche à contre-
vapeur G36
LARREY. — M. Larrey présente quelques
observations à propos d'un Rapport de
W.Gosselin, sur le traitement des varices. 86
— Remart|ue relative à une Communication
de M. Ollier, sur les pansements à la
ouate 159
— M. /.«/ver présente, de la part de M. Ma-
Iwr, un Mémoire intitulé : « Contribu-
tion à la Statistique médicale de Roche-
fort » 1 237
— Observations sur une Communication de
M. Passât, relative à trois observations
d'accidents produits par la foudre i4o3
— M. Lnrrey est nommé membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours du prix Barbier pour 1875 8C5
— El de la Commission chargée de juger le
Concours pour le grand prix de Méde-
cine et Chirurgie à décerner en 1875.. 865
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours pour les prix de Médecine et
Chirurgie de la fondation Montyon à
décerner en 1 875 gSo
LÂSKOWSKI adresse un Mémoire sur un
nouveau procédé d'injection. (En com-
mun avec M. Brissaiul.) 1 3o4
LÉARD (A.) adresse deux Mémoires sur la
télégraphie optique ■ i346
LE BON adresse un Mémoire sur l'asphyxio. i35i
LE BRETON adresse une Note contenant
l'indication d'un procédé de destruction
du Phylloxéra 3 1 2
LECAREUX adresse une Note relative à un
traitement du choléra 242
LECLERC (A.). — Sur la germination de
l'orge Chevalier 26
LECOQ adresse ime Communication rela-
tive au Phylloxéra 1227
1675 )
MM. Pa(;e3.
LECOQ DE BOISBAUDUAN adresse ses
remercîmenis à l'Académie pour la
dislinction dont ses travaux ont été
l'objet ji
— Sur l'é(iuilibro moléculaire des solutions
d'alun de chromo ; réponse à une Noie
de iM . Cernez 32 1 , 3g3 et 7G4
— Do l'inégalité d'action des divers iso-
morphes sur une même solution sursa-
turée 888
— Sur l'inégale solubilité des diverses faces
d'un même cristal 1007
— Sur la théorie de la dissolution et do la
cristallisation i45o
— Communication au sujet du bolide du
I o février 57G
LEDIEU (A.). — Du cycle fictif correspon-
dant au fonclionnement des machines
thermiques à cylindre' ouvert, et mise
en évidence de ce cycle et du poids de
substance motrice formant le cor|)S
travailleur 1040
— Sur la loi de la détente pratique, dans les
machines à vapeur ngg
— Conditions du maximumde rendement ca-
lorifique des machines à feu 1278
LEFORT (J.) adresse ses remercîments à
l'Académie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 3i
LEHMAN (E.) soumet à l'Académie un sys-
tème de bateaux à vapeur, dans lequel
la transmission de la force se fait à l'aide
d'une pompe agissant directement sur
l'eau 1408
LEMOINE (A.) adresse une Communication
au sujet du bolide du 10 février 575
LEMOINE (G.). — Équilibre chimique entre
les gaz : iodo et hydrogène 792
— Abaissement probable du débit des eaux
courantes du bassin de la Seine, dans
l'été et l'automne de 1875. (En com-
mun avec M. Ed^mml.) 1438
LEMONNIER. — Théorèmes concernant les
équations qui ont des racines com-
munes ni
— Sur l'élimination. Calcul des fonctions de
Sturm par des déterminants a52
LEROLLE (L.). — Sur la place à donner aux
Gymnospermes dans la classification na-
turelle 384
LE ROUX (F. -P.). - Sur les perceptions
binauriculaires 1073
LESCOEUR (H.). - Sur le déplacement ré-
ciproque des acides gras volatils 5G3
LESSEPS (de). — Sur un projet de commu-
nication entre la France et l'Angleterre,
au moyen d'un tunnel sous-marin i43
— Communication relative à la question de
MM.
l'unification du tonnage des navires. . .
Réponse à RL Dapuy de Lôme
Observations relatives à la Communica-
tion d'une Lettre de Mmioel GtxUnho
lie Jieredia, indiquant la découverte de
Pages.
422
42J
employer pour le
— Sur les méthodes à
maintien dos ports.
— M. de Lesseps fait hommage à l'Acadé-
mie d'un ouvrage intitulé : « Lettres,
journal et documents, pour serviràl'his-
toire du canal de Suez »
— Observations relatives à une Communica-
tion de M. Roudaire, sur le projet d'une
mer intérieure en Algérie
LÉTIÉVANT. — Une mention est accordée à
M. LétiémrH ; Concours des prix de
Médecine et Chirurgie de la fondation
Montyon
— Adresse ses remercîments à l'Académie.
LE VERRIER. — Présentation d'une nou-
velle livraison de « l'Atlas écliptiquc de
l'Observatoire de Paris «
— Présente un exemplaire du « Nautical
Almanac » pour l'année 1878, publié
par M . Hind
— Observations relatives à la discussion des
observations du passage de Vénus
— Observations méridiennes des petites jila-
nètcs, faites à l'Observatoire de Green-
wich ( transmises par l'astronome royal,
M. G.-B. Airy) et à l'Observatoire de
Paris, pendant le quatrième trimestre
de l'année 1874
— Expose à l'Académie la nouvelle organi-
sation du service météorologique des
ports. .
— Observations méridiennes des jietites pla-
nètes, faites à l'Observatoire de Green-
wicli (transmises par l'astronome royal,
M. G.-B. Airy) et à l'Observatoire de
Paris, pendant le premier trimestre de
l'année 1 875
— Observations de la Lune, faites aux in-
struments méridiens île l'Observatoire
de Paris pendant l'année 1874
— Découverte des petites planètes (14 i) et
(145), faites à Clinton (Nevv-Vork), par
M. Peters
— Découverte de la petite planète (14^),
faite à Marseille par M. Borrclly
— Sur les travaux en voie d'exécution à
l'Observatoire
— M. Le l'enter est nommé membriî de la
Commission chargée de juger le Con-
cours du prix Lalande (Astronomie)
pour 1875
LEVY (M.\URiciî). — Note sur la théorie
744
io5i
1375
iSgG
■493
■Sgg
28g
2go
2go
449
538
1242
I2G5
i4i3
i4i3
i547
787
( '676 )
MM.
des poutres droites continues. ; . . .
LEYJIERIE. — Observations sur une Note
de M. Trutat, relative à un dé(iôt plio-
cène des Pyrénées-Orientales
L'HOTE (L.). — Sur la présence du cuivre
dans l'organisme. (En commun avec
M. JScrgero/i .)
— Adresse un Mémoire sur les empoisonne-
ments lents par les poisons métalliques.
LIAIS (Emm.) adresse une Note sur la paral-
laxe du Soleil
LICIITENSTEIX (.1.). — Rectification à une
Note précédente, concernant l'espèce de
Phyllo.xera observée à Vienne par Kol-
lar
— Adresse une Note sur l'Insecte que
M. Holzner a signalé sur les racines de
VAbies balsamca et de \ Abiex Frascri.
— Observations sur les divers Phylloxéras.
^ Sur les migrations du Phylloxéra du
chêne
LIMOUSIN adresse une Communication re-
lative à la catastrophe du ballon lc7.é-
nith
LIOUVILLE. — M. Lioiwille est nommé mem-
bre de la Commission chargée de juger
le Concours du prix Lalande (Astrono-
mie), pour 1875
LISSAJOUS (J.) adresse ses remercîments à
l'Académie pour !a distinction dont ses
travaux ont été l'objet
LOCIvYER (N.). — Lettre à M. Dumas con-
cernant les préparatifs de l'expédition
envoyée par la Société royale de Lon-
dres, pour l'observation de la prochaine
éclipse totale du Soleil
LŒWy. — M. i(r«'_r est nommé membre de
la Commission chargée de juger le Con-
Pages
749
124G
a68
i352
1407
386
1022
1220
l302
1086
78;
3i3
25l
MM. Pages.
cours du prix Lalande (Astronomie)
pour 1 875 787
LONTIN (D.) adresse une Note concernant
les perfectionnements apportés par lui
aux machines dynamo-électriques
164 et 242
LORIN. — Nouveau mode de préparation de
l'acide formique très-concentré, et d'un
alcool polyatomique , 1328
LOUA. — Une mention honorable est accor-
dée à M. Loua; Concours du prix de
statistique (fondation Montyon) 7474
LOUGUININE ( W.). - Études des quantités
de chaleur dégagées dans la formation
des sels de potasse de quelques acides
de la série grasse 568
— Sur les quantités de chaleur dégagées
dans la décomposition des chlorures de
quelques acides de la série grasse 667
— Étude des quantités de chaleur dégagées
dans la décomposition par l'eau des
bromures de quelques acides de la série
grasse 973
LOWE. — Psychromètre évitant tout calcul,
dit hrgrodeik 572
LUCAS ( F.) adresse ses remercîments à l'A-
cadémie, pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 3i
LUNIER. — Une citation honorable est
accordée à M. LunU-r; Concours de
Médecine et Chirurgie de la fondation
Montyon 1493
LUYNES (V. de). — Note sur le pouvoir
rotatoire du sucre cristallisable, et sur
la prise d'essai des sucres soumis à
l'analyse polarimétrique. (En commun
avec M. J. Girard.) i354
M
MACARIO. — De l'emploi de l'électricité
dans l'iléus, [dans l'hydrocèle et dans la
paralysie de la vessie 556
MAILLARD adresse un Mémoire relatif à un
traitement du choléra. .. . 3i3, 4i^2 et 8o3
MALASSEZ. — Un prix de Médecine et Chi-
rurgie, de la fondation Montyon, est dé-
cerné à M. Malassez 1 493
MALLIGAND. — Appareil ;\ titrer l'alcool des
vins. (Rapport sur cet appareil, M. P.
Theimrd rapporteur.) 1 1 14
MANGIN demande l'ouverture d'un pli ca-
cheté déposé par lui le i4 juillet 1874. 1597
MANGOT adresse une Note relative aux cau-
ses de rupture des essieux, et en géné-
ral des pièces de fer soumises à des
vibrations répétées 280
MANNIIEIM adresse ses remercîments à
l'Académie, pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 1 10
— Solutions géométriques de quelques pro-
blèmes relatifs à la théorie des surfaces,
qui dépendent des infiniment petits du
troisième ordre 54 1 et 619
— Note à l'occasion d'une Conunuuication
faite par M. Ribaucour 725
— M. viyrt//w/(c7/« est présenté parla Section
de Géométrie, comme candidat à la place
laissée vacante par M. Bertrand, élu
Secrétaire perpétuel 979
MAQUENNE. — Recherches sur le pouvoir
émissif des feuilles i357
MM. »
MARCHAND adresse une Communication re-
lative au Pliylloxera 1227
MARCHAND ( E.) adresse un Mémoire ayant
pour objet une étude de la force chi-
mique du Soleil i3î9
JÏARÈS. — Sur les résultats des expériences
faites par la Commission de la maladie
de la vigne du département do l'Hé-
rault, en 1874. Traitement des vignes
malades 1044
MAREY adresse ses remerciments à l'Acadé-
mie, pour la distinction dont ses travaux
ont été l'objet 3i
— Sur la pulsation du cœur i85
MARIE (Max.). — Classilication des inté-
grales cubatrices des volumes terminés
par des surfaces algébriques. Définition
géométrique des surfaces capables de
cubature algébrique 767
— Relation entre les m périodes cycliques
de la quadratrice d'une courbe algébri-
que de degré m 872
ftL\.RINOWITCH demande l'autorisation do
retirer deux Mémoires sur lesquels il
n'a point été fait de Rapport i45C
MARRJN (A. -F.). — Sur les espèces médi-
terranéennes du genre Eusyllis 498
— Révision des Nématoïdes du golfe de
Marseille 499
— Anatomie d'un type remarquable du
groupe des Némertiens ( Dr-epanophorus
spectdbil/s) 893
MARQUES (J.-A.) adresse l'observation d'un
cas de guérison d'un anévrisme de la
carotide externe droite, parla compres-
sion digitale 3 12
MARTHÂ-BECKER adresse une Note com-
plémentaire sur l'éther et l'origine de
la matière 109
MARTIN SAINT- ANGE (G.-J.) adresse, pour
le Concours du prix Serres, un Mémoire
intitulé : « Recherches anatomiques,
physiologiques et pathologiques sur l'œuf
humain, dans ses rapports avec les ma-
ladies du fœtus « 1257
MARTLN DE BRETTES. —Explication delà
trajectoire du bolide observé le 10 fé-
vrier 1 875 C84
MARTINS (Ch.). — Sur un mode particulier
d'excrétion de la gomme arabique pro-
duite par y Acacia Verck du Sénégal. . . 607
MASCART adresse ses remerciments à l'Aca-
démie pour la distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet 3i
MATHIEU. — Sa mort arrivée le 5 mars est
annoncée à l'Académie 58r
M.\TI1IEU (E.). — Prie l'Académie de le
comprendre parmi les candidats à la
( >^>77 )
âges
MM. Pages,
place laissée vacante, dans la Section
de Géométrie, par la nomination de
M. Bertrand aux fondions de Secré-
taire perpétuel 3i
— Mémoire sur des formules de perturba-
tion G27 et 1216
— Mémoire sur le mouvement de rotation
de la Terre 1 582
MAUMENÉ (E.-J.). - Sur les bronzes du
.lapon I oog
— Note sur l'acide dextrogyre du vin 1026
— Études sur le sucre inverti nSg
- Adresse une Note relative à la prise
d'essai habituelle des sucres 1 455
— Adresse une description et un dessin de'
sa burette perfectionnée iGiG
— Observations sur la nouvelle source de
magnétisme signalée par M. Tummasi . ii38
MAXIMÔWITCH ( \V. de) adresse un Mé-
moire portant pour titre: « Réduction
des équations aux dérivées partielles à
des équations différentielles ordinaires î).
I 10 et 241
— Adresse une théorie de l'intégration des
équations aux dérivées partielles du se-
cond ordre 558
MAYENÇON adresse ses remerciments à l'A-
cadémie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet iio
MAYET prie l'Académie de comprendre,
parmi les ouvrages présentés pour le
prix de Statistique (fondation Mon-
tyon), sa « Statistique des services de
Médecine des hôpitaux de Lyon n 9G1
MAZADE adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 1 154
MÉGNIN. — Sur l'organisation et la classifi-
cation naturelle des Acariens de la fa-
mille des Gamasides 1 335
— Prie l'Académie de comprendre ce travail
parmi les Mémoires admis à concourir
pour le prix Thore 1392
MÉHU.— Un prix de Médecine et Chirurgie,
de la fondation Montyon, est décerné à
M. Mélm 1493
MELSENS. — Étude des décharges élec-
triques dans les fils métalliques uns. . . .
MENDES-LEAL (M. J. da Silva ) , Mi-
nistre du Portugal, adresse à l'.Vcadé-
mie une Lettre originale de Mnnod Go-
dinho de Heredici, indiquant la décou-
verte de l'Australie par les Portugais.
MÈNE (Ch.). — Analyse du charbon minéral
de l'ile Suderoë. (En commun avec
M. Beg/ii/i.) 1 4o4
MENIER. — Sur la pulvérisation des engrais
et sur les meilleurs moyens d'accroître
la fertilité des terres 807
i584
7-(3
mi. Pagtfs.
MÉHAY (Cn.). — Sur l'existence des inté-
grales d'un système quelconque d'équa-
tions dillerentielles, comprenant comme
cas très-restreint les équations dites nii.v
dérivées partielles 38g et 444
MERLO adresse une Communication relative
au Phylloxéra 1 349
MERMÉ (de). — Sur un nouveau corps
qu'on trouve dans l'urine après l'injec-
tion d'hydrate de cliloral. (En commun
avec M. MksciiIus.) oSg
MESTRE (P.-P.) adresse une Note relative
à un procédé de destruction du Phyl-
loxéra, par l'ensablement 558
MEUNIER (Stan.). — Sur les puits naturels
du calcaire grossier 797
MEURICE (E.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1022
MIALHE adresse un Mémoire intitulé: « Re-
cherches sur la digestion, l'assimilation
et.l'oxydation organique ou vitale «... 1226
MICÂRD (A.) adresse une Note sur les
images accidentelles et les couleurs
complémentaires 3i
MICHAL. — IMéraoire sur la « détermi-
nation du résultat de plusieurs obser-
vations; mesure de la précision du
résultat » 63G
MICHAUD (F.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1 3o4
MICHEL (J.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 11 54
MLNISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
(M. le) transmet à l'Académie quel-
ques documents qui lui sont adressés
par M. le Consul de France à l'ile
Maurice, sur les résultats obtenus par
lord Lindsay dans l'observation du pas-
sage de Vénus i65
— Transmet à l'Académie des documents
qui lui sont adressés par M. le Consul
de France à Marseille, sur l'observation
du passage de Vénus 243
— Transmet à l'Académie la copie d'une
Lettre adressée par M. Jansscn à M. le
Ministre de France au Japon, pour lui
faire part du résultat de ses observa-
tions sur le passage de Vénus 558
— Transmet à l'Académie une Lettre annon-
çant l'arrivée, à Table-Bay, des membres
de la Commission chargée, parle gouver-
nement des États-Unis, d'observer, aux
îles Kerguelen, le passage do Vénus sur
le Soleil 8o3
— Adresse trois cents exemplaires des pro-
cès-verbaux de la Conférence diploma-
tique du mètre 1 598
MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DU COM-
MM. Payes.
MERCE (M. le). — Lettre appelant
l'attention de l'Académie sur les mesures
qu'il pourrait être opportun de prendre
pour prévenir l'invasion en France de
la mouche Dorypiiora, qui attaque les
jilati ta tiens de pommes de terre aux
États-Unis i65
— Annonce à l'Académie qu'il met à sa dis-
position une nouvelle somme pour les
expériences relatives au Phylloxéra. . . . 242
MINISTRE DE LA GUERRE (M. le) informe
l'Académie que MM. C/uisles et Ftiye
sont désignés pour faire partie du Con-
seil de perfectionnement de l'École
Polytechnique pendant l'année 1875. .. iG5
— Adresse le tome XXX (3° série) du « Re-
cueil des Mémoires do Médecine de
Chirurgie et de Pharmacie militaires » . 9C2
— Adresse un projet de poudrières souter-
raines munies de cheminées 11 53
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
(M. le) adresse l'ampliation du décret
par lequel le Président de la République
approuve l'élection de M. du Moncel à
la place d'Académicien libre, en rempla-
cement de feu M. Rouliii ig
— Invite l'Académie à lui présenter une
liste de candidats pour la chaire d'His-
toire naturelle des corps inorganiques,
laissée vacante au Collège de France par
la mort de M. Èiie de Bemanont 1 10
— Adresse l'ampliation d'un décret qui
autorise l'Académie à recevoir la dona-
tion qui lui a été faite par M""" Fah. . . 3i3
— Adresse l'ampliation d'un décret auto-
risant l'Académie à accepter le legs de
25oo francs de rente, qui lui a été fait
par M. CI. Ce/), pour la fondation d'un
prix annuel de Géographie physii|ue. . . 43/
— Autorise l'Académie à prélever diverses
sommes sur les reliquats disponibles de
la fondation Montyon 437
— Adresse un projet de médaille commémo-
rative du passage de Vénus sur le
Soleil 637
— Adresse l'ampliation du décret par lequel
le Président de la République approuve
l'élection de M. Bouquet à la place
laissée vacante, dans la Section de Géo-
métrie, par la nomination de M. Ber-
trand aux fonctions de Secrétaire per-
pétuel 1037
— Transmet une Noie de M. O. t'anvert
relative au Phylloxéra :o8G
— Transmet une Lettre de M. Lanen sur la
faune do l'île Kerguelen 1224
— Invite l'Académie à lui présenter, pour le
Conseil supérieur des Beaux-Arts, un can-
( 1679 )
MAI. Panes,
didal choisi parmi ceux de ses Membres
qui s'occuiient do Cliimit' 1 3o5
MIMSTRIi DE LA MARINE ET DES COLO-
NIES (M. le). — Lettre à M. le Pré-
sident au sujet du prix de Statistique
qui a été accordé à la « Revue maritime
et coloniale » 3 1
MLNISTRE DES TRAVAUX PUBLICS {M. le)
adresse un exemplaire du Rapport de la
Commission chargée de proposer les
mesures à prendre pour remédier à
l'infection do la Seine aux environs de
Paris G38
— Adresse un exemplaire du Rapport de
M. Il(-l:^rr//ii/, contenant le résumé des
observations faites pour le service hy(ho-
métrique du bassin de la Seine en 1S73. 8o3
— Adresse un exemplaire de la carte hydro-
logique du département de Seine-et-
Marne, par M. Dclesse ijGi
MOLINS adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 743
MOLL(F.) indique l'emploi d'une solu-
tion composée de savon mou et de
goudron de houille, contre les dévas-
tations des larves des hannetons et des
limaces 1349
MOLON (de) rappelle les observations qu'il
avait publiées sur la nécessite de la divi-
sion des nodules de phosphate de chaux,
pour rendre leur emploi elTicace on
Agriculture 802
MONCOQ. — Une citation honorable est ac-
cordée à M. Mnncoq ; Concours de Mé-
decine et Chirurgie do la fondation
Jlonlyon 1493
MONOYER. — Nouvelle formule destinée à
calculer la force réfringente ou le numéro
des lunettes de presbyte 919
— Sur un ophtlialmoscope à trois observa-
teurs g6'2
— Échelle typographique décimale, pour me-
surer l'acuité de la vue 1 1 3;
MOREAU (A.).— Sur la vessie natatoire du
Caranx Iraclninis, et sur la fonction hy-
drostatique de cet organe r247
MOREL (E.) adresse une Communication re-
lative au Phylloxéra 1 1 J4
MORICE(A.). — Surleshabiludesd'un remar-
quable serpent delaCoc!iini_liine : \' Hci-
jiclon icnlacidatwn vi^
MORIN (le général). — M. le général Movin
présente diverses livraisons de la « Re-
vue d'Artillerie »
G5, 4o3, 5o3, 922, i3i3 et iCi4
— Présente les feuilles IV et VII de la carte
de France au j-j^ôôtti dressée au Dépôt
des fortifications iGi4
C. li., 1875, \" &ci:ie.>i,e. (T. L\.S.X.)
MM. Puges.
— M. Morin est nommé membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
pour le prix de Mécanique (fondation
Montvon) pour 187.5 787
— Et de la Commis.'-ion chargée de juger
le Concours du prix Fourneyron pour
1875 7!^7
— El de la Commission chargée de juger le
Concours du prix de Statistique de la fon-
dation Monlyon pour 1 870 997
— El de la Commission chargée déjuger le
Concours du prix Gegner pour 1875... 999
— Et de la Commission chargée de présenter
une question pour le grand prix des
Sciences mathématiques à décerner en
187G io")9
— M. le général Murin est adjoint à la Com-
mission nommée pour l'examen du pro-
jet de poudrières souterraines munies de
cheminées 1 227
JIÛRIN (J.) — Sur un nouveau galvanoscoyc
éleclro-médical 74 i
MORNAUD (A.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 8o3 et 1227
MOSC.\ adresse une Communication relative
au Phylloxéra iG5
MOUCHEZ adresse le résumé des obseï va-
lions effectuées à l'île Saint-Paul J83
— Réponse à M. le Président, au retour de
cette expédition G12
— Objervalion du passage de Vénus à l'ile
Saint-Paul. Phénomènes opticiucs obser-
vés aux environs des contacts G12
— Position géographique de l'ile Saint Paul. iZcji
— Un prix d'.\slroriOuiie (fondation Lalande)
est décerné à SI. Mouchez 1 473
— M. Mouchez adresse ses remerciments à
l'Académie i J99
MÛUILLEFERT. - Origine du Phylloxéra à
Cognac 1 344
MOURCOU adresse ses remerciments à l'Aca-
démie, pour là distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet 3i
MOURGUÈS adresse une Communication re-
lative au Phylloxéra 1022
MOUTARD. — Note sur les équations dilTé-
rentielles linéaiies du second ordre 72g
— M. Moulard est présenté, par la Section
de Géométrie, comme candidat à la place
lais.-ée vacante \yàï}A.Bcrtn:nd, élu Se-
crétaire perpétuel 979
MOUTIER (J.).- Sur l'expression du tra-
vail relatif à une Iransfunuation élémen-
taire 4"
MUNTZ. — Recherches sur les fonctions des
Champignons i;''
— Sur les ferments chimiques et physiolo-
giques ' iJ"
219
MM.
MUSCULUS. — Sur un nouveau corps qu'on
lrou\ e dans l'urine après l'injection d'iiy-
( 1680
Pages.
MM. l>ages
drale de cliloral. (En commun avec
M . de Mcniié. )
9^'J
N
NACIIET (.\.). — Sur un nouveau jirocédé
pour cora[iler les globules du sang. (En
commun avec M. 6'. Hrncin.) io83
NANSOT (E.) adresse une Communication
relati\e au Pliyllo.'iera 3o
>\ETTER (.4.) adresse ses remerciments à
l'Académie, pour la distinction dont ses
travaux ont été l'olijet • . . . . 110
— Adresse une Note relative à l'injection de
l'eau dans la cavité péritonéale, comme
traitement de la ])éritonite CSj
— Adresse une Note sur la cause de certains
insuccès signalés avec l'emploi de la
jioudrc do camphre dans la pourriture
d'hôpital itiiG
NEYIŒNEUF. — Sur la lumière stratiûée. . 1 iS
— Sur la combustion des mélanges déto-
nants 335 et G85
NIEWENGLOWSKI (B.). — Sur les courbes
d'ordre « à un point multiple d'ordre
n — i 1 0G7
NODEY adresse une Communication relative
au rhyllo,\era 902
NOIi.M.iND (J.-A) adresse une Note « Sur une
double occultation d'étoiles par Jupiter,
p.?ndant l'opposition de 1875 » 00
o
OLLIEII présente cpielques remarques à pro-
pos d'un Rapport de M. Gosscli/i 80
— Pansements à la ouate et occlusion ina-
movible i54
OLLIVIER (A.) adresse ses remerciments à
l'Académie, pour la distinction dont ses
travaux ont et j l'objet '.>43
OMALIUS D'HALLOY (o'j.-Samort, arrivée
le 1 5 janvier, est annoncée à l'Académie, lâg
ORÉ. — La neutralisation de l'acidité do
l'hydrate de chlorul jiar le carbonate de
soude relaide la coai;ulation, en con-
servant les propriétés physiologiques.
Trois nou\eaux faits d'auesthésie chez
riiouuue i(j9
PAGN'OUL. — Sur le rôle exercé par les sels
alcalins, sur la végétation de la betterave
et de la po.iime de terre 1010
PAILLARD (L.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1238
PALIS.\. — Éléments de la planète (i43)
ylilriii Ii56
PAyUELLN adresse une analyse comparative
des sangs artériel et veineux, au point
de vue de leur constitution ndnérale.
( En commun avec iM. Jolly. ) 1597
PARIS. — SI. l'amiral Paris est élu Vice-
Président pour l'année 1875 14
— M. Paris est nommé membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
du prix Plumey pour 1876 787
PASSOT. — Trois observations d'accidents
produits par la foudre 1402
PASTEUR.— Observations verbales, présen-
tées à l'occasion d'un Rapport de M. Gos-
selin 87
— Nouvelles observations sur la nature de
la fernienlaliou alcoolique 45^
PAULET (Max.).— Sur la décomposition et
la conservation des bois 2,3
PÉ.4N adresse ses remerciments à l'Académie,
]iour la distinction dont ses travaux ont
été l'objet 110
PEAUCELLIER adresse, iiour le Concours du
prix Poncelet, un Mémoire sur l'appli-
cation des sysicmes articulés, dits u à
liaison complète », aux Arts et aux
Sciences d'observation 802
— Le prix do Mécanique, fondation Mon-
tyon, est décerné à M. Pciiiucliicr. ... 1470
PEDRO (S. M. don), empereur du Brésil, est
nommé Correspondant pour la Section
de Géographie et Navigation, en rem-
placement de feu l'amiral JVran^^dl. . . 540
— Télégramme exprimant à l'Académie sa
reconnaissance 54 1
— Lettre à M.\l. les Secrétaires perpétuels. iii3
PELIGOT (E.). — Sur les matières salines
que la betterave à sucre emprunte au
sol et aux engrais i33
— Remarques sur les substances minérales
( i68i )
gji
99G
1014
i588
MM. Pa(»es.
cnntpnups dans le jus de betteraves, et
sur In potasse qu'on en extrait 219
— M. Peligot est nommé membre do la
Commission ciiargéo do juger le Con-
cours peur le prix des Arts insalubres
de la fondation Afontyon (année 1875).
— Et de la Commission chari;éc de juger le
Concours du [)rixLacaze (Chimie) pour
1S75
PELLAUIN (Cii.). — Une récompense est
accordée à M. Pcllarin, Concours du
l^rix Bréant i .ïgt)
— Adresse ses remerciments à l'Académie. 1490
PELLET (II.). — De la décomposition de la
liqueur do Fehling; dosage du glucose
en présence du sucre. (En commun avec
JI. P. Champion . ) i S 1
— De l'équivalence des alcalis dans la bet-
terave. (En commun avec M. P. Clmm-
pion . )
— Équivalence chimique des alcalis dans les
cendres de divers végétaux. (En com-
mun avec M. P. Champion.)
— Fait connaître les bons effets qu'il a ob-
tenus, dans le traitement de la vigne,
do l'emploi du sulfure de potassium et
du sulfure d'ammoniaque, mêlés à la
cendre de bois de sarments 122C
PELLETRAU. — Communication relative au
Phylloxéra 902
PENAUD (A.). — Une récompense est ac-
cordée à ^\.A. Pcnaiit/. {Grand prix des
Sciences mathématiques ; théorie ma-
Ihématique du vol des oiseaux.)
PEPIN. — Sur les résidus de septième puis
sauce 811
PERET (A.) adresse une Communication re-
lative au Phylloxéra 159G
PERRET (M.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra i258
PERIUER (En.M.). — Sur un nouveau type
inlermédiaire du sous-embranchement
des Vers [Potrgnrcliiis? Schneider) ... i loi
PERIUN (A.) adresse une réclamation de
priorité, relative à l'emploi des électro-
aimants par M. Cnmacho 1226
PERRiS adresse une Communication relative
au Phylloxéra 1227
PERROTIN. — Note com])renant des élé-
ments et une éphéméride de la planète
( 1 38 ) . Tolnsii 1 1 5-
PESI.IN (H.). - Théorie dos tempêtes; ré-
ponses à M. /^njr. . 65G, giS, 1023 et 1228
— Sur la loi des variations diurnes et an-
nuelles de la température dans le sol .
PETER . — Une mention est accordée à XI. Pc
ter; Concours des prix de Médecine et
Chirurgie do la fondation Montyou 1493
1464
logo
MM. Papes.
— Adresse ses remercîments à l'Académio. iSgg
PETION (E.) adres.se uno Noie dans laquelle
il propose un nouveau moyen pour la
conservation des bois 9(1 1
PETIT ( L.) adres.-c diverses Communications
relatives au Phylloxéra 3() et 1 i.li
PETREQUIX adresse trois brochures et uno
Note sur l'application de la galvano-
punctureau trailemcnt des anévrismes. 902
PEVRAS adresse une Note relative à l'emploi
des fumigations pour combattre les
épizooties 387
— Adresse imc Commimicaliun relative au
Phylloxéra 4"*
PIIILIPE.VU. — Expériences montrant que
les mamelons extirpés sur de jeunes
Cochons d'Inde ne se régénèrent point. 402
PHILLIPS. — M. Phillipt est nommé mem-
bre de la Commission chargée do juger
le Concours du prix Poncelet pour 1873. 787
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix do Mécanique (fon-
dation Monlyon ) pour 1875 787
— Et de la Commission chargée déjuger le
Concours du prix Fourneyron pour 1875. 778
PICARD (A.) adresse un Mémoire sur une
« Nouvelle méthode pour établir les équa-
tions de l'élasticité d'un corps solide » . 43<>
PINART (Ai,pii.-L.). — Note sur un abri-
sépulture des anciens Aléoutes d'.\k-
nanh, île d'Ounga, archipel Shumagin
(Alaska) io32
PINCHON (A.). — Sur une nouvelle burette
pour les essais volumétriques 573
PL.\C1INER (F.) adresse une Communica-
tion relative au PhvUoxera 1022
PLANTÉ (G.). — Recherches sur les phé-
nomènes produits, dans les liquides, par
des courants électric[ues de haute ten-
sion II 33
PO.MEL. — Il n'y a point eu de mer inté-
rieure au Sahara 1 342
PONCELET (M™ V). — Lettre par laquelle
M"" Poncelet fait connaître à l'Acadé-
mie son désir de joindre au prix Pon-
celet un exemplaire des OEiivrcs du Gé-
néral 1 1 1 4
PONOMAREFF (J.). -- Noie sur la thiam-
méline, nouveau dérivé du persulfocya-
nogeue 1 384
POTIER adresse une Communicalion relalive
au Phylloxéra , 1022
— .\dresse uno Note sur les causes de la
démolition si fréip-iente des jetées ma-
ritimes 1 3 1 .->
POUCIIET adresse nu .Mémoire sur le déve-
lop[)ement du squelette 1 3;)2
POUPELLE adresse une Noie relalive à un
219..
i682 )
MM. r
système d'avertisseurs électriques, des-
tinés à prévenir les rencontres de deux
trains cheminant sur une même voie
ferrée
TRÉSIDENT (M. le). Voir Frcmv.
PRÉSIDENT DE L INSTITUT (M." le) invite
l'Académie à désigner l'un de ses Mem-
bres pour la représenter comme lecteur
dans la prochaine séance trimestrielle.
PRILLIEUX ( Eu.). — Tumeurs produites sur
des pommiers par le Puceron lanigère. .
PRUNIER. — Action du chlore sur l'élher
isobutyliodliydrique
PUUNNEAUD adresse une Communication
relative au Phylloxéra
PUISEUX. — Remarque sur un passage d'une
Lettre do M. Cc/iorc/ii
— Comparaison des premières observations
du passage de Vénus
— M. Piii.setix est nommé membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours pour le grand pri.K des Sciences
igcs.
585
896
iCo3
63;
341
933
MM.
Pages.
787
mathématiques à décerner en 1875
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Poncelet pour iS-S.. 7S7
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix de Statistique de la
fondation Monlyon pour 1875 997
— Et de la Commission chargée de présen-
ter une question pour le grand prix des
Sciences mathématiques à décerner en
1876 loSo
— Et de la Commission chargée de présen-
ter une question pour le prix Bordin
(Sciences mathématiques) à décerner
en 187G loSo
PUPIER (Z.). — Action des alcalins sur la
composition du sang. Recherches expé-
rimentales sur la prétendue anémie al-
caline , I MO
PUTZ (II.). — Sur la tliéorie générale des
percussions, et sur la manière de l'appli-
quer au calcul des effets du tir sur les
différentes parties de l'affût '.igS
Q
QUATREFAGES (de). — Races humaines
fossiles , mésaticéphales et brachycé-
phales
— Phosphorescence des Invertébrés marins.
— Observations relatives à une Note de
JM./>.(/vw/.v, intitulée : « Des phénomènes
généraux de l'embryogénie des Némer-
tiens )'
— Noie accompagnant la présentation, au
nom de la Commission executive du
Congrès international de Géographie,
d'une brochure où sont réunis les divers
documents relatifs à ce Congrès i263
— JI. <lc Qiiatrcfagis est nommé membre
7?
11Q
273
805
8C6
de la Commission chargée de juger le
Concours pour le grand prix des
Sciences physiques à décerner en 1875.
— Et de la Conuiiission chargée de juger
le Concours du prix Savigny pour 1875.
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Lacaze (Physiologie)
pour 1875 997
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une question de grand prix des
Sciences physiques à décerner en 1877.
QUISSAC (J.) adresse une nouvelle rédac-
tion de son Mémoire sur le choléra asia-
tique 3o et
10G9
82
R
RABUTEAU. — Recherches sur le suc gas-
trique 61
— De l'action du fer sur la nutrition 11G9
RADOMINSKI (F.). — Reproduction artifi-
cielte de la monazile et de la xéno-
time 3o4
R.\FFARD adresse un Jlémoire sur la rota-
tion dans le tour à pédale i35i
IIAIMRERT (L.-A.) adresse un Mémoire m-
titulé : « Du traitement du charbon
chez l'homme, j.ar les injections sous-
culanée» de liquides nntivirulonts ».... 74'.!
RÂVEAU adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 1 3 (9
REBOUL. — Le prix Jecker est décerné à
M. Ik'boul 1479
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 1599
REECH (F.). — Théorie des surfaces de ré-
volution qui, ]iar voie de déformation,
sont superposables les unes aux autres,
et chacune à elle-même, dans toutes ses
parties 1 388 et 144^.
REGNAULT. — M. nrgiiniilt est nommé
membre de la Commission chargée do
juger le Concours du [)rix Lacaze (Phy-
si(pie) pour 1875 99''
RÉGNIER (E.) adi'csse un Mémoire portant
pour titre: «Nouveaux jirocéiiés hydro-
MM.
( .G83
slatiqiies de déplacements compcn?a
tours » 63G
RENAN. — Éléments et 6[)liéméridcs de hi
planète (i4i) ^^^
RENARD (A.). — Aclinii de Toxysène élec-
trolylique sur l'akool vini<iue io5
— Action de l'oxygène électrolylique sur
l'alcool méthylique ^30
RENAULT (B.) adre ^ ses rcmoirinients à
diblinclion dont ses
't 110
égétaux siliciPics
^nne. Étude du
ux pertes du
les réduire.
tion d'une
'ciété des
•de-Bre-
ition,
'port
'.ne
m
209
ii85
l'Académie, po
travaux ont éti
— Rechercbes sur
d'Autun et de £
genre Botryopt
RESAL (H.).- N(
haut Doubs et .
— Note accompagna
nouvelle publie;.
Ingénieurs civils
tagne
— Sur la subslilulion,
entre des limitcsdétei .
des variables d'une foi.
de deux variables, à une
homogène du même degré.
— M. Rcfat est nommé membre
mission chargée de juger le
pour le prix de Mécanique (ft.
Moiityon) pour iSyS ''7
— Et de la Commission chargée de jugi.
Concours du prix Fourneyron pour 187,
REY.MONET écrit à l'Académiequ'il est par-
venu à greffer la vigne sur des arbris-
seaux dont les racines ne peuvent ser-
vir de nourriture au Phylloxéra 1 349
RIBAN (J.). — Sur les camphènes 1307
— Isoméric des chlorhydrates C'°I1'^ HCl . . i33o
— Sur la transformation du camphre des
lauiinées en camphene, et réciproque-
ment des camiihénes en cani|ihie i3Si
R1BAU.C0UR. — Propriété de courbes tra-
cées sur les surfaces G4'2
RICHE (A.). — De la flamme du soufre et
des diverses lumières utilisables en pho-
tographie. (En commun avec M. Cli.
Banlj.) 238
— Recherche et dosage de l'alcool méthy-
lique en présence de l'alcool vinique.
( En commun avec M. Cli. Brii-tly.) 107G
RICOUX adresse un Mémoire sur l'acclima-
tation des Français en Algérie i3o5
RICQ adresse ses remercimenls à l'Académie,
[lour la distinction dont ses travaux ont
été l'objet 110
RILEY (C.-V.) remercie l'Académie de l'en-
voi qui lui a été fait des travaux ré-
cemment effectués sur le Phylloxéra. . . 482
RISBEC. — Mémoire sur le mouvement com-
MM. Pages.
plet du navire oscillant sur l'eau calme.
( En commun avec M. île Bcrinzé.) 1597
RISLER (E.) adresse une Communication
relative au Phvlloxera 1227
RITTER (E.). — Recherches sur les effets
de la ligature du canal cholédoque et
sur l'élat du sang dans les ictères ma-
lins. ( En commun avec M. ^. Fcltz.) . . C75
RIVIÈRE (E.). — Sur le dépôt quaternaire
supérieur à la brèche osseuse do Nice
proprement dite, ou brèche supérieure
de Cuvier 438
— Adresse une Note sur des apparences de
formation sédimenlairc que présentent
les roches granitiques employées au
dallage des trottoirs de Paris 1448
— Adresse une Note sur l'origine des cal-
caires 159G
ROBERT (E.) adresse une nouvelle Note re-
lative au gisement des silex taillés do
Précy-sur-Oise, et à la présence de
grands Pacliydermcs dans le diiuvium
de la même localité 1C4
— Influence de la sécheresse sur les Çry[i-
togaraes i343
— Appelle l'attention sur les gouttelettes
d'eau dont le froment et les prêles sont
recouverts le malin i<'ii2
ROBERT-ELLEHY. — Observations de la
Lune et d'étoiles de même culminalion,
faites à l'Observatoire de Melbourne.. . 1259
HOBIN (Cii.). — i\L RoOin est nommé mem-
bre de la Commission chargée de juger
le Concours pour le grand prix des
Sciences physiques à décerner en 1875. 805
— El de la Commission chargée de juger
le Concours des prix de Médecine et
Chirurgie de la fondation Monlyon pour
1875 gSo
— Et de la Commission chargée de juger le
Concouis du prix Godard pour 18-5. . . g")!)
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours des prix de Physiologie expé-
rimentale de la fondation Monlyon pour
1873 950
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Lacaze (Physiologie)
pour 1875 997
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Serres pour 1870 99:^
ROBINSON adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 242
ROESLER. — Sur le Phylloxéra. Lettre à
M. Dumas 29
ROIIAUT (F.) adresse le procès-verbal des
opérations pratiquées par lui, à l'au-
tomne dernier, dans les Charcutes, con-
tre le Phvlloxera 3 12
( i684 )
MM. Pages.
— Adresse une Communication relative au
Phylloxéra GSy
ROLLAND. — M. Rolland est nommé mem-
bre (le la Commission chargée déjuger
le Concours du \mx Poncelet pour 1 875. 787
— Et de la Commission chargée do juger le
Concours pour le prix de Mécanique
(fondation !\lontyon) pour 187.5 787
— Et de la Commission chargée do juger le
Concours du prix Plumey pour 1875.. 787
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Fourneyron pour 1875. 787
R()MILLY{F. de). — Études sur l'entraine-
ment de l'air par un jet d'air ou de va-
peur 1 89 et 954
ROMMIER. — Sur la dissociation du sulfo-
carbonatc de potassium en présence des
sels amm'miacaux 1 386
ROSS (W.-A.) informe l'Académie qu'il va
publier prochainement un ouvrage où
seront discutés les titres scientifiques
de Lavoisier 1 uo
MM. Pajes.
ROSS ( J.) adresse une Communication rela-
tive au Phvlloxera 1022
ROSTAING (de) adresse une Communica-
tion relative au Phylloxéra 1227
ROUDAIRE (E.). — Su'r les travaux de la
Mission chargéed'ctudier leprojet d'une
mer intérieure en Algérie iSqS
RODQUETTE (F.) adresse une Communi-
cation relative au Phylloxéra 1022
ROUSSE (V.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1 154
ROUSSEAU adresse une Communication rrla-
tive au Phylloxéra iSgC
ROUSSEL. — Note relative à un « thermo-
révélateur », ou avertisseur en cas d'in-
cendie. (En commun avec M. Baïuby.) 4S2
ROZE (EnN.). — Le grand prix des Sciences
physiques est décerné à M. E. Rnzc
(Fécondation dans la classe des Cham-
pignons) 1 4O8
ROZIES adresse une Communication relative
au Phylloxéra 1 349
SAPATIER (A.). — Le prix de Physiologie
expérimentale (fondation Montyon) est
décerné à M. J. Srihatirr i5or
— Adresse ses remerciments à l'Académie, ifigg
SARINE (le G"') est élu Correspondant pour
la Section de Géographie et Navigation,
en remplacement de feu M. Chnznllnn . gSo
— Adresse ses remerciments à l'Académie. 1023
SACC adresse une Note sur la fermentation. 161G
SADOT adresse une Communication relative
au Phylloxéra 1 349
SAINTGENIS (de). — Une mention hono-
rable est accordée à M. de Snint-Grnix;
Concours du prix de Statistique (fonda-
tion Montyon) i474
SAINT-PIERRÉ (C.).— Sur une réaction du
sulfure de carbone. Passage du sulfure
de carbone à l'acide sulfocyanhydrique.
(En commun avec M. Jcdnmi.) i3m
SAINTE-CLAIRE DEVILLE (Ch.).-M. Sainte-
Claire Dcvillf rappelle les principaux
titres scientifiques do feu M. d'Onialiiis
rl'Hcdlrty iSg
— Présente, au nom de M. Pujaznn, direc-
teur de l'Observatoire de la Marine de
San Fernando, la pari le météorologique
des Annales de col établissement pour
l'année 1873 282
— ;\I. Ch. Sainte-Claire Devillc est pré-
gonté par l'Académie pour la chaire
d'Histoire naturelle des corps inorga-
niques, laissée vacante au Collège de
France par le décès de M. Elle de Beau-
mont 29 1
— Observations relatives à la présentation
d'un travail du P. Berlelli, intitulé :
«Observations microséismiques » faites
à Florence en 1873 C87
— Sur les variations ou inégalités périodi-
ques de la température. Dixième Note:
période du vingtième jour dodécuple . . 714
— Observations relatives aune Communica-
tiondeM. Fouqné, sur les dépùts salins
de la dernière éruption de Santorin.. 834
— Remarques accompagnant la présentation
des observations météorologiques faites
à Raréges, à la station du Plantade et
au sommet du pic du Midi 83G
— Sur les variations ou inégalités périodi-
ques de la température. Onzième Note :
Période du vingtième jour dodécuple.
Novembre gjg
— Présente, au nom de M. le général
Clianzy, les trois premières livraisons
de la deuxième partie du « Bulletin
mensuel du service météorologique al-
gérien » 978
— Réponse à des remarques présentées par
M . Farc 98G
SAINTR-CL.MRE DEVILLE (IL). — Du ru-
thénium et de ses composés oxygénés.
(En commun avec M. H.Debrar.) \^>-
— Sur les alliages de platine et de fer .... JSg
— M. //. Sainte-Claire DeviUe est nommé
MM.
( i685
membre do la Commission cliargée ilo
juger le Concours du prix Lacaze (l'iiy-
sique ) pour iSyS OO'J
SALNT-TlUVlEll ( de ) adresse une Note rela-
tive à des expériences effectuées pour
la destruction du Phylloxéra, [lar le
déchaussement des ceps (JSy
— Adresse une Communication relative au
Phylloxéra l'^âS
SALET (G.). — Sur la formation de l'acide
iodique dans les flammes iodées 884
SALLE. — Une cilalion honorable est ac-
cordée à M. Salle; Concours de Mé-
decine et Chirurgie de la fondation
Montyon i493
SALLERON. — Sur la nouvelle balance de
JI. Mcndclccf 378
SALTEL (L.). — Sur une extension analy-
tique du principe de correspondance de
M. Chasles 1 0G4
— Sur la détermination des singularités de
la courbe gauche, intersection de deux
surfaces d'ordre quelconque, qui ont
en commun un certain nombre de points
mulliples ia85
— Sur les courbes gauches du genre zéro . i3'24
SANCEAU (A.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra i258
SANDOZ (A.). — Sur la force portative
des aimants de M. Jamin iGo5
SANSÛN (A.) adresse ses remercîmcnts à
l'Académie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet 3i
SAPÛHTA (G. de). — Sur la découverte de
deux types nouveaux de Conifères, dans
les schistes permiens de Lodève (Hé-
rault) 1017
— Sur rornementation des fibres ligneuses
striées et leur association aux fibres
ponctuées ordinaires, dans le bois de
certains genres de Conifères 1 io5
SCllEURER-KESTNER. — Sur la présence
de l'acide sulfurique anhydre dans les
produits gazeux de la combustion de la
pyrite de fer 12J0
SCllLUESIXG (A.). — Dosage de l'ammo-
niaque atmosphérique 'iCf)
— Sur l'ammoniaque de l'atmosphère 175
SCHNEIDER (A.). — Sur un appareil de
tlissémination des Grcgaiina et Stjlo-
iliynchus; phase remarquable de la spo-
rulation dans ce dernier genre Çyi
SCHNETZLER (J.-B.j annonce que le Phyl-
loxéra a été trouvé dans des vignobles
du nord de la Suisse 3 1 a
— De l'action du borax dans la fermenta-
tion et la putréfaction 4(i9
— Adresse une JSute concernant l'iniporta-
3-28
497
1273
865
750
MM. Paijes.
lion probable du Phylloxéra, depuis
plusieurs années, dans le nord de la
Suisse, par les cépages américains O37
— Adresse une Communication relative au
PhvUoxera 902
SCUUTZENBERGER (P.). — Recherchessur
les matières albumino'ides aSa
— Sur une fermentation butyrique spéciale.
— Sur la fermentation butyritiue provo-
quée par les végétaux aquatiques im-
mergés dans l'eau sucrée
— Recherches sur le carbone do la fonte
blanche. (En commun avec M. Bour-
gi'ois.) 9"
SECCHI (le P.). —Études des taches et des
protubérances solaires, de 1871 à 1875.
SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. — Voir
MM. DuM.is et J. Bertuand.
SÉDILLOT. — M. &W///(>; est nommé membre
de la Commission chargée de juger le
Concours du grand prix de Médecine et
Chirurgie à décerner en 1875
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du grand prix de Médecine et
Chirurgie de la fondation Montyon
pour 1875 950
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Godard pour 1875...
— Rapport sur un Mémoire de M. J . Hen-
iic<jiiiii, intitulé: « De l'allongement du
fémur dans le traitement de ses frac-
tures » 9^'
SÉJOURNAY adresse une Communication re-
lative au Phylloxéra O37
SEKOWSKI adresse un Mémoire sur un
mode de transmission instantanée du
mouvement au tiroir 1 349
— Sur un système de distribution dans les
machines à vapeur i4-i4
SELLIER (L.) adresse une Coninumicalion
relative au Phylloxéra
SEYN'ES (de). — Le prix Dcsmazières est
décerné à M. de Sej/ia
— Adresse ses remerciments à l'Académie..
SICARD. — Le grand prix des Sciences
physiques est décerné à M. Sh/ird.
(Fécondation dans la classe. des Chani-
jiignons.)
SILBERMANN (J.) prie l'Académie de le
comprendre parmi les candidats à la
chaire d'Histoire naturelle des corps
inorganiques, laissée vacante au Collège
de France par la mort de M. L'iie de
Bcaiintoiit
SIRODOT adresse ses rcnierciuients à l'Aca-
démie pour la distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet
— Le Mammouth à Monl-Dol (lUe-et-Vi-
i3o4
i48i)
j599
14CJ
3i
3i
(
MM. P:i
laine) '
SITLER adresse une Commiinicalion relative
au Phylloxéra
SIVEL annonce à l'Académie le succès de
l'ascension aérostatique entreprise les
23 et 24 mars. ( En commun avec
Mil. Crocé-SpincUi, G. ol J. Tissaii-
(lier et Jobert.)
— Ascension scientifique de longue durée.
(En commun avec MM. Cmoé-SiAndU,
G. et ^y . Ti.s.-iiuuUcr c l Johcrt . )
S.MlTll (L.). — Anomalie magnétique du
sesquioxyde de l'er, préparé à l'aide du
fer météorique
— Sur la clnite de deux pierres météori-
(|ues dans les États-Unis i
SOCIÉTÉ I.MPÉin.^LE DES N.\TURALISTES
DE MOSCOU (la) fait savoir à l'Acadé-
mie qu'elle célébrera le i5/i3 octobre
1875 le cinquantième anniversaire du
doctorat de son ])résident actuel 1
SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE N0KM.4NDIE
(la) informe l'Académie qu'elle vient
1686 )
ces.
871
637
8o3
8GG
3oi
45i
599
1\I.M. Pages,
d'ouvrir uno souscription destinée à
élever une statue à feu lilie de Bcaii-
nioiit, l'un de ses fondateurs 483
SORET (J.-L.). — Sur les phénomènes de
dillYaclion produits par les réseaux cir-
culaires 48-5
SOUCIION adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 1 227
SOULIÉ (A.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra iSgG
STEPIIAN. — Nouvelles observations de la
comète d'Encko et do la comète de
Winnecke 3i4
STIEREN (H.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra i5ij(j
STRATIZOPOULO adresse un Mémoire sur
des perfectionnements à apporter au
télescope 1 1 54
SWAEN (A.). — Des globules blancs dans
le sang des vaisseaux de la rate. (En
commun avec M. Tcircluincff.) i25
SZERLECKI (A.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra i5<jG
TACCHINI. — Lettre relative aux résultats
du passage de Vénus à Muddapur (Ben-
gale) 36
TALLENDEAU adresse une Communication
relative à la catastrophe du ballon le
Zénith 1 086
TAMIN-DESPALLE. — Sur les etfets théra-
peutiques de l'oxvgène io3i
TARCHANOFF. — Des globules blancs, dans
le sang des vaisseaux de la rate. (En
commun avec M. .1. Sivacn.) i25
T.\RDRE (J.) adresse une Note relative à la
réilexion do la lumière 802
TARRY (H.). — Note relative à la possibilité
de prédire, plusieurs mois d'avance,
l'arrivée en Europe des cyclones qui
traversent l'Atlantique 3i 1
TASTES (de). — Note sur la théorie des
cyclones 1254
TELLIER (Cu.) adresse une Note relative à
l'emploi qui pourrait être fait de l'aciile
sulfureux, pour éteindre les incendies se
déchirant dans la cale des navires 3o
TÉOFIL.VCTOFF présente les cartes géolo-
giques de la ville et du gouvernement
fie Kii'f, qu'il vient de terminer 962
TIIENARD ( P.) .— Reniar(|ues à propos d'une
Communication de M. Biius.siiigiiult . . . 786
— Rapport sur un a|ipareil à titrer l'alcool
des vins, présenté par M. MciUigaiid. . 1114
THIBAULT (P.). - Sur un nouvel appareil
pour la fabrication continue des super-
])hosphatos de chaux 1 144
THOMSON (W.) adresse ses remercîmenis à
l'Académie, pour le prix Poncckt qui lui
a été décerné en 1873 483
TISS.4NDIER (A.). - Annonce à l'Académie
le succès de l'ascension aréostatiquo en-
treprise les 23 et 24 mai. (En commun
avec MJI. SWel, Crocé-Spinctli, G. 7/.y-
sandicf et Johcrt.'] 8o3
— Ascension scienlilique de longue durée.
(En commun avec MM. Siod , Cmcé-
Spiiiflli, G. Tisstindici- et Jobert 866
TISSANDIER (G,). — Corpuscules aériens et
matières salines contenus dans la neige. 58
— Annonce à l'Académie le succès de l'ob-
servation aérostatique entreprise les 23
et 24 mai. (En commun avecMM. Sivcl,
Crocc-Spliiclli, J. Tis.saiidicr ei Jobert.) 8o3
— Ascension scientifique de longue durée.
(En commun avec MM. .SVir/, Crocé-Sj>i-
iielli, A . Tissandicr et Joliert.) 86G
— Dosage de rav.'ide carbonique de l'air, à
bord du ballon /<■ Zciiilli 976
— L'ascension à grande hauteur du ballon
le Zériilh 1 060
TISSERAND.— Un jirix d'Astronomie (fonda-
tion Lalande)est décernéàM. Tisserand. 1473
TOMMASI (D.).— Sur une nouvelle source de
magnétisme 1007
TOSELLI adresse une Communication relative
MM. Pages,
à l'aérostation 1 154
— Adresse une Note sur un perfectionne-
ment qu'il a apporté à sa nacelle à
double élatre i35o
TOUSSAINT demande le renvoi au Concours
de Physiologie expérimentale d'une Note
intitulée : « Application de la méthode
graphique à la détermination du méca-
nisme de laréjection dans la rumination » i35o
— Une citation honorable est accordée à
M. Toiis.mi/it ; Concours ùo Médecine et
Chirurgie de la fondation Montyon 1494
TRÉCUL (A.). — Observations verbales con-
cernant la production des bactéries, des
vibrions et des amylobacters gS
— De la théorie carpellaire, d'après des /^7o/(7,
principalement d'après le riola iriœlor
hortensis 22 1
— De la théorie carpellaire, d'après des Tilia-
cées 5 19
— Rapport sur un Mémoire de M. J. de
Seynes, concernant la structure du
Fistiilina liejiatica 1 480
— Observations relatives à une Communica-
tion de M. P. Bert : « Influence de l'air
comprimé sur les fermentations > iSSa
— M. Trécul est nommé membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
du prix Desmazières pour 1875 SG5
— Et do la Commission chargée de juger le
Concours du prix Thore pour 1875.... 8G5
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Bordin pour 1875. . . 997
TRÉMAUX (P.) adresse une Note relative
aux faits signalés dans une Communica-
tion de M. Menicr, et aux observa-
tions présentées par M. Cltcvreulk^TO-
pos de cette Communication 437
— Adresse une Note intitulée : « Expériences
réelles de la force vive et conditions
spéciales de la force de pesanteur et de
la force calorifique » C37
TRÉPIED (Cu.). — Sur le calcul des coordon-
nées géodisiques 3C
TRESCA. — M. Traça est nommé membre
de la Commission chargée de juger le
Concours du prix do Mécanique (fonda-
tion Montyon) pour 1875 787
— Et de la Commission chargée do juger le
( 1687 )
Pagos.
787
Concours du prix Phimey pour 1873. .
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prixFourneyron pour 1875. 787
— Locomotive à patins de M. Fortiri-Hcr-
inann 1198
— M. Tresca appelle l'attention de l'.^cadé-
miesurun projetde poste atmosphérique
de Paris à Versailles, par M. Crespi/i. . . i4o5
TRÈ"VE (A.). — Note sur le magnétisme 3io
— De l'influence du magnétisme sur l'extra-
couraut 1687
— Note sur les rapports existant entre la
nature des aciers et leur force coercitive.
(En commun avec M. Dumsiier. ) 799
TRIDON adresse une Note sur les moyens de
faire des observations télesçopiques et
d'obtenir des épreuves photographiques
à l'intérieur d'ime cloche à plongeur
aérostatique 902
TRIPIER. — Le prix de Physiologie expéri-
mentale (fondation iMontyon) est dé-
cerné à M. Tripier 1 5o 1
— Adresse ses remercîments à l'Académie.. 1699
TROOST (L.). - Sur la dissolution de l'hy-
drogène dans les métaux, et la décompo-
sition de l'eau par le fer. (En commun
avec M. Hiiutffciiillc. ] 788
— Sur les fontes nianganésifères. (En com-
mun avec M. Haute feuille) 909
— Étude calorimétrique sur les carbures de
fer et de manganèse. (En commun avec
M. Hautefeuiltc.) 964
TRUT.\T (E.). - Sur les dépôts glaciaires de
la vallée inférieure du Tech 1 108
TULASNE. — M. Tulnsnc est nommé mem-
bre de la Commission chargée de juger
le Concours du prix Desmazières pour
1873 865
TURPl.X (E.) adresse, pour les Concours de
prix proposés par l'Académie, quatre
Mémoires sur divers sujets 1 352
TUROU.\N (L.-V.) adresse un Mémoire sur
l'intégration des équations aux dérivées
partielles du second ordre et des ordres
supérieurs g6i
— Adresse un Mémoire sur l'intégration do
l'équation aux dérivées partielles du troi-
sième ordre, à deux variables indépen-
dantes 1449
VAN BENEDEN fait hommage à l'Académie
d'un ouvrage ayant pour titre : « Les
Commensaux et les Parasites dans le
règne animal »
VAN TIEGllEM (Pu.). - Sur la fécondation
C. R., iS7,'>, 1" Semeslre. (T. LXXX.)
8G4
des Basidiomycètes 373
VAUVERT (0.) adresse une Note relative au
Phylloxéra 108O
VÉLAIN (Cii.). — Observations effectuées à
l'ile Saint-Paul 998
220
MM.
VESQUE (.1.) adresse ses remercîments à l'A'
cadémie, pourla dislinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet 243
VIBRAYE (de) signale l'apparition, dans les
vignobles du Loir-et-Cher, d'un Hémi-
ptère qui paraît voisin du Pliytocaris go-
thiciis 1407
VIDAU (A.) adresse un Mémoire ayant pour
objet l'utilisation des produits ultimes
résultant de la fabrication du vin i5g8
VIGNAUX adresse une Communication re-
lative au Phylloxéra 482
VIGNIAL adresse diverses Communications
relatives au Phylloxéra ii54 et 1227
VILLARCEAU (Yvo.n). — M. Ymn Fillar-
ceau donne lecture d'une Note relative
à la discussion des observations du pas-
sage de Vénus aSg
VILLEDIEU adresse une Noie dans laquelle
il signale l'emploi avantageux contre le
Phylloxéra de la vase du Rhône, à la-
quelle il ajoute des sels alcalins et du
sulfate d'ammoniaque 1226
— Adresse diverses Communications rela-
tives au Phylloxéra i258 et 1696
— Influence de l'iiumidité sur le Phyl-
loxéra T 348
VILLOT ( A.). — Sur le système nerveux pé-
riphérique des Nématûïdes marins 400
— Sur la faune helminthologiquc des côtes
de la Bretagne 679 et 1098
— Sur la faune helminthologique des côtes
( 1688 )
Pages.
MM. P.if;es.
de la Bretagne 1098
\1N0T (J.) adresse une Lettre concernant le
bolide dont l'existence a été contestée
par M. Cluipelds 5o3
— Communication au sujet du bolide du
10 février 575
— Adresse les principales différences qui
existent pour le lever et le coucher des
planètes Mercure, Vénus. Mars, Jupiter
et Saturne, entre les résultats qu'il a
calculés pour son Journal du Ciel et
ceux qu'a publiés \ Annuaire du Bureau
des Longitudes 1 109
— Adresse un tableau synoptique qui donne,
à simple vue, pour chaque jour de l'an-
née, à notre époque, la diflérence entre
le midi des cadrans solaires et le midi
des horloges, avec une approximation
d'un quart de minute i3i5
VIOLLETTE (Cii.). — Sur l'amélioration de
la qualité de la betterave 827
— Sur les betteraves dites raciiieuses 399
VIRLET D'AÛUST adresse, à l'occasion de la
catastrophe du 'Zénith, une Lettre dans
laquelle il compare les ascensions aéro-
statiques et les ascensions sur les mon-
tagnes 1238
VULPIAN (A.). — De l'action vaso-dilata-
trice exercée par le nerf glosso-pharyn-
gien sur les vaisseaux de la membrane
muqueuse de la base do la langue 33o
w
WECKER (L. de). — Sur un nouveau pro-
cédé opératoire de la cataracte (extrac-
tion à lambeau péripliérique) 1294
■VVEDDELL. — Remarques complémentaires
sur le rôle du substratum dans la distri-
bution des Lichens saxicoles i434
WITWER (IL) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1596
WOILLEZ adresse ses remercîments à l'Aca-
démie, pour la distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet 243
— Demande l'ouverture d'un pli cacheté dé-
posé par lui le 18 décembre i854 io35
— Sur le spiroscope, appareil destiné à l'é-
tude de l'auscultation, de l'anatomie et
de la physiologie du poumon 1079
WOUSSEN (IL). — Note concernant les en-
grais chimiques de la betterave. ( En
commun avec M. Corcnwinâer .) 567
WOUVES (R. de), à l'occasion des recher-
ches de IL Ch. Sainle-Claire Bc^-ille,
rappelle ([u'il a présenté, à la séance du
20 décembre 1870, un Mémoire inti-
tulé : « De la périodicité du temps »... 961
YVON.— Sur un cas d'épilepsie traité parle
sulfate do cuivre , et sur la présence
d'une quantité considérable de cuivre
dans le foie. (En commun avec M. Bonr-
iicvillc. )
YVON VILLARCEAU. Voyez T'illarccau.
{ 1689
z
MM. Pages.
ZALESKI(de) adresse une Communication
relative à l'aérostation 1 154
ZENKER (C.) adresse diverses Communica-
tions relatives au Phylloxéra.. GSy et ii54
ZINNO (S.) adresse diverses Communications
MM. Pages.
relatives au Phylloxéra 10-22 et laSS
ZOELLER (Ph.). — Sur l'emploi du xan-
thate de potasse contre le Phylloxéra.
(En commun avec M. J . C.reie.) i347
GAUTlIIER-VlLLAnS, IMPlUMEUri-LlUKAUlE DES COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L ACADEMIE DES SCIENCES
Paris. — Quai des .4uguslins, 55.
m
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3 2044 093 253 201
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