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Full text of "comptesrendusheb80acad"

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MM 


WHITNEY   LIBRARY, 
HARVARD  UNIVERSITY 


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THE  GIFT  OF 
J.    D.    WIIITXKV, 

Slurijis  Hoopev  Profeaor 


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MUSEUM  or  COMPARATIVE  ZOOLOGY 


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COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 
DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


PARIS.    —    IHPRIHEniE   DE   GAUTIlILn-MLLARS,    QUAI    DES   AUGUSTINS,    55. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES   SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PDBLIKS, 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 

oit   Oixtù   Du   <3   (JuiMc-t  <835, 

PAR    MM.    LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME    QUATRE  -  VINGTIÈME. 

JANVIER  — JUIN  1873. 


PARIS, 


GAUTHIER- VILLARS ,  IMPRIMEUR -LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 
SUCCESSEUR  DE  MALLET-BACHELIER, 

(Jiuii  dos  Augustin»,  55. 

^  I87îi 


ÉTAT  DE  L'ACADÉIIIE  DES  SCIENCES 

Al  1^"  JANVIER  1875. 


SCIENCES   MATHEMATIQUES. 

Section  F".    —   Géométrie. 

Messieurs  : 

Chasles  (Michel)  (c.  ^). 
Hermite  (Charles)  (O.  ^). 
Serhet  (Joseph-Alfred)  (o.  ^). 
Bonnet  (Pierre-Ossian)  (o.  ^). 
PuiSEUX  (Victor-Alexandre)  ^. 
N 

Section  II.    —   Mécanique. 

MORIN  (Le  général  Arthur-Jules)  (g.  o.^). 
Saint-Venant  (Adhémar-Jean-Claude  Barré  de)  (o.  ^). 
Phillips  (Edouard)  s. 
Rolland  (Eugène)  (c.  ^). 
Tresca  (Henri-Edouard)  (o,  ^). 
Resal  (Henry-Anié)^. 

Section  III.    —   astronomie. 

Mathieu  (Claude-Louis)  (c.^). 

Liouville  (Joseph)  (o.  ^). 

Le  Verrier  (Urbain-Jean-Joseph)  (g.  o.  ^). 

Paye  (Hervé-Auguste-Élienne-Albans)  (o.  ^). 

Janssen  (Pierre-Jules-César)  ^. 

LOEWY  (Maurice)  ^. 

Section  IV.    —    Géographie  et  Navigation. 

Tessan  (Louis-Urbain  Dortet  de)  (o.  ^). 

Paris  (Le  Vice-Amiral  François- Edmond)  (g.  o.  f;). 

JuRiEN  DE  LA  Gravière  (Le  Vice-AiniralJcan-Pierre-Edmond)  (g.o.^5). 

DuPUY  DE  LOME  (Stanislas-Charles-Henri-Laïu-cnl)  (g.  O.  ^). 

Arradie  (Antoine-Thompson  d')  ^. 

YvON  ViLLARCEAU  (Antoine-Joseph-François)  ^. 


ÉTAT    DE    l'académie   DES    SCIENCES. 

Sectiox  V.    —   Plijsique  cjénérale. 

Messieurs  : 

Becquerel  (Antoine-César)  (c.^). 
FizEAU   (Armand-Hippolyte-Louis)  ®. 
Becquerel  (Alexandre-Edmond)  (o.  ©). 
Jamin  (Jules-Célestin)  (o.  ^). 
Bertiielot  (Marcelin-Pierre-Eugène)  (o.  ^). 
Uesains  (Quentin-Paul)  (o.  ^). 

SCIENCES   PHYSIQUES. 

Section  VI.    —   Chimie. 

Chevreul  (Michel-Eugène)  (ce.®). 
Regnault  (Henri-Victor)  (c®). 
Balard  (Antoine- Jérôme)  (c.  ^). 
Fremy  (Edmond)  (o.  ^). 
Wurtz  (Charles-Adolphe)  (c.  ^). 
Cahours  (Augiiste-André-Tliomas)  (o.  ^). 

Section  VII.    —   Minéralogie. 

Delafosse  (Gabriel)  (o.  @). 

Sainte-Claire  Deville  (Charles-Joseph)  (o.  ®). 

Daurrée  (Gabriel-Auguste)  (c.  ®). 

Sainte-Claire  Deville  (Étienne-Henri)  (c.  ^). 

Pasteur  (Louis)  (c.  ^). 

Des  Cloizeaux  (Alfred-Louis-Olivier  Legrand) 

Section  VIII.    —   Botanique. 

Brongniart  (Adolpiie-Théodorc)  (c.  ®). 

TULASNE  (Louis-René)  ^i. 

DuCHARTRE  (Pierre-Étieune-Simon)  (o.  ^),. 

Nauuin  (Charles-Victor)  ^. 

Trécul  (Auguste-Adolphe-Lucien). 

Chatin  (Gaspard-Adolphe)  ^. 


ÉTAT   DE   L  ACADIiMIE   DES   SCIENCES. 


Sfxtion  IX.    —    Economie  rurale. 


Uessiclirs  : 

BoussiNGAULT  ( Jean-Baptiste-Josepli-Dieudoiiiié)  (c.C-). 

Decaisne  (Joseph)  (o.  ;§). 

Pelirot  (Eugène-Melchior)  (o.  ^). 

Tiienard  (Lo  Baron  Ariiould-Paul-Edmoud)  ©. 

BouLEY  (Henri-Marie)  (o.  *). 

Mangon  (Charles-François-Hervé)  (o.  #). 

Section  X.    —  Ànalomie  cl  Zoologie. 

Edwahds  (Ileiiri-Milne)  (G.  ^). 

QUATREFAGES  DE  Bréau  (  Jcan-Loiiis-Arniand  de)  (O.  ^). 

Blanchard  (Charles-Emile)  ^. 

RORiN  (Charles-Philippe)  ^. 

Lacaze-Duthiers  (Félix-Joseph-Henri  de)  ^. 

Gervais  (François-Louis-Panl)  (o.  ^^). 

Section  XI.   —   Médecine  et  Chirurgie. 

Andral  (Gabriel)  (c.  ©). 

Bernard  (Claude)  (c.  ^). 

Cloquet  (Le  Baron  Jules-Germain)    (c.^). 

Bouillaud  (Jean)  (c.  ^). 

SÉDiLLOT  (Charles-Emmanuel)  (c.  ^). 

GosSELiN  (Alhanase-Léon)  (c.  @). 


SECRETAIRES   PERPETUELS. 

Bertrand  (Joseph-Louis-François)  (o.  ®),  pour  les  Sciences 
Mathématiques. 

Dumas  (Jean-Baptiste)  (g.c.®),  pour  les  Sciences  Physiques. 


ÉTAT    Dli   L  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

ACADÉMICIENS  LIBRES. 

Messieurs  : 

SÉGUlER  (Le  Baron   Armand-Pierre)  (o.®). 

BUSSY  (Antoine-Alexandrc-Brutiis)  (o.  ^). 

BlENAYMÉ  (Irénée-Julcs)  (o.  @). 

Larrey  (Le  Baron  Félix-Hippolyle)  (g.  o.  ®). 

Belgrand  (Marie-François-Eugène)  (c.  ^). 

COSSON  (Ernest-Saint-Charles)  fa. 

La  Gournerie  (Jnles-Antoine-René  Maillard  de)  (o.  ^). 

Lesseps  (Ferdinand-Marie  de)  (g.  c.  ^). 

BréGuet  (Lonis-François-Clctuent)  ^. 

Du  MoNCEL  (Tliéodose-Achille-Lonis)  (o.  ^). 

ASSOCIÉS  ÉTRANGERS. 

OWEN   (Richard)  (o.  ^),  à  Londres,  Jnglelerie. 
Ehrenberg  (Christian-Gotifried),  à  Berlin,  Prusse. 
WÔHLER  (Frédéric)  (o.  ^),  à  Gottingiie,  Prusse. 
KuMMER  (Ernest-Edouard),  à  BerHn,  Prusse. 
AiRY  (Georges-Biddell)  ^,  à  Greenwich,  Àmjlelerre. 
Wheatstone  (Sir  Charles)  ©,  à  Londres,  Jnylelerre. 
TcHÉBiCHEF  (Pafnulij),  à  Saint-Pétersbourg,  Russie. 
Candolle  (Alphonse  de)  ^,  à  Genève,  Suisse. 


CORRESPONDANTS. 

Muta.  Le  rè|;lcmeiit  du  G  juin   1808  donne  à  chaque  Section  le  nonibic  de  Corrcspondaiils  auivanl. 


SCIENCES   MATHÉMATIQUES. 

Section  T".    —    Géométrie  (6). 

Le  Besgue  (Victor-Amédée)  ©,  à  Bordeaux,  Gironde. 
Neumann  (Franz-Ernest),  à  Kœnigsberg,  Prusse. 
Sylvester  (James-Joseph),  à  Woolwich,  Amjlelerre. 
WeierstraSS  (Charles),  à  Berhn,  Prusse. 
Kroneckeu  (Léopold),  à  Berlin,  Prmse. 
N 


ÉTAT   DE   l'académie    DES   SCIENCES.  9 

Section  II.   —  Mécanique  (6). 

Messieurs  : 

Seguin  aîné  (Marc)  (o.  ^),  à  Monlbard,  Càle-d'Or. 
CLAUSirs  (Jiilius-Emmamiel-Rudolf},  à  Wiiitzbourg,  Bavière. 
Caligny  (Anatole-François  IIiJE,  Marquis  de),  à  Versailles,  Seine- 

et-Oise. 
DiDiON  (Isidore)  (c.  ^),  à  Nancy,  MewlIie-el-Mosclle. 

N 

N 

Section  m.  —  /astronomie  {16). 

Santini  (Giovanni),  à  Padouc,  Italie. 

Argelander  (Friedrich-Wilhehn-Angnsl).  à  Bonn,  Prusse. 

IIlND  (Jolin-Russell),  à  Londres,  Amjleterre. 

Peters  (C.-A.-F.),  à  Altona,  Prusse. 

Adams  (J.-C),  à  Cambridge,  Angleterre. 

Secchi  (LePère  Angelo)  (o.^),  à  Rome,  Italie. 

Cayley  (Arthur),  à  Londres,  Angleterre. 

Mac-Lear  (Thomas),  au  Cap  de  Ronne-Espérance,  Colonie  du  Cap. 

Struve  (Otto-Wilhelm),  à  Puikova,  Russie. 

Plant  AMOUR  (Emile),  à  Genève,  Suisse. 

LOCKYER  (Joseph-Norman),  à  Londres,  Angleterre. 

Roche  (Edouard-Albert)^,  à  Montpellier,  Hérault. 

HuGGiNS  (William),  à  Londres. 

Nëvvcomr  (Simon),  à  Washington,  Étals-Unis. 

Tisserand  (François-Félix),  à  Toulouse,  Haute-Garonne. 

N 

Section  IV.  —  Géographie  et  Navigation  (8). 

liÛTKE  (l'Amiral  Frédéric),  à  Saint-Pétersbourg,  Russie. 
TcmiiATCHEF  (Pierre-Alexandre  de)  (g.  ^>) ,  à  Saint-Pétersbourg, 

Russie. 
Richards  (le  Capitaine  Georges-Henry),  à  Londres,  Angleterre. 
David  (l'abbé  Armand),  missionnaire  en  Chine. 
Lediku  (Alfred-Constant-Ilcclor) '^»,  à  Brest,  Unistèn-,  et  à   Paris, 

rue  de  i^hulauic,  53. 

N 

N 

c.  H.,  1873,  i"  Sfmrslrr.  (T.  I.XXX,  N"  1.)  2 


lO  ÉTAT   DE   t'ACADKMIE   DES   SCIENCES. 

Section  V.  —  Physique  générale  [2). 
Messieurs  : 

Plateau  (Josepli-Antoine-Ferdinancl),  à  Gand,  Belgique. 

Webep.  (Wilhelm-Eduard),  à  Gottinguc,  Prusse. 

"*"        HiRN  (Guslave-Adolphe),  au  Logelbach,  Ilaul-Rliin. 

HELiMHOLTz(Hermann-Loais-Ferdinand),  à  Berlin,  Prusse. 

Mayer  (Jules-Robert  de),  à  Heilbronn,  Bavière. 

KlRCHHOFE  (Gustave-Robert),  à  Heidelberg,  Grand-Duché  de  Bade. 

Joule  (James-Prescott),  à  Manchester,  Angleterre. 

Billet  (F.),  à  Dijon,  Coie-d'Or. 

N 


SCIENCES  PHYSIQUES. 

Section  VI.  —  Chimie  (9), 

Bunsen  (Robert-Wilhehii-Eberhard)  (o,  ig),  à  Heidelberg,  Grand- 
Duché  de  Bade. 
Malaguti  (Faustinus-Jovita-Marianus)  (o.  C^),à  Rennes,  Ille-el-Filaitie. 
HOFMANN  (Auguste-Wilhelm),  à  Londres,  Anglelerre. 
Favre  (Pierre-Antoine)  ^,  à  Marseille,  Bouches-du-Rhône. 
Marignac  (Jean-Charles  Galissard  de),  à  Genève,  Suisse. 
Frankland  (Edward),  à  Londres,  Angleterre. 
Dessaignes  (Victor),  à  Vendôme,  Loir-et-Cher. 
WlLLiAMSON  (Alexander-Williani),  à  Londres,  Angleterre. 
ZiNiN  (Nicolas),  à  Saint-Pétersbourg,  Russie. 

Section  VII.  —  Minéralogie (8). 

Omalius  d'Halloy  (Jean-Baptiste-Julien  d'),  à  Halloy,  près  de  Ciney, 

Belgique. 
Lyell  (Sir  Charles),  à  Londres,  Anglelerre. 
Damour  (Augustin-Alexis)  (o.©),  à  Villemoisson,  Seine-et-Oise. 
Miller  (William  Hallowes),  à  Cambridge,  Angleterre. 
Leymerie  (Alexandre-Félix-Gustave-Achillc)  CS  à  Toulouse. 
KOKSCUAROW  (Nicolas  de)  à  Saint-Pétersbourg,  Russie. 
Studer  (Bernard),  à  Berne,  Suisse. 
N 


ÉTAT    IJK    I.  ACADKMIK   DES   S(;ilù\CES.  'Il 

Section  VIII.  —  Uolankfue  (lo). 

Mcstiieiirs  : 

Lkstiboudois  (Gaspard -Théniistock')  ^S,  à  Lille,  ]Sord. 

SCHlMPEH  (Guillauine-Pliilippe)  @  ,  à  Strasbourg. 

Thuret  (Gustave-Adolphe),  à  Antibes,  AV(/-. 

BIUUN  (Alexandre),  à  Berlin,  Prusse. 

Hor'MElSTER  (Friedricli-Wilhelm),àIIeidelberg,  G)«/u/-/?/(c7jc'  de  Bade. 

HoOKEU  (Jos.  Dalton),  à  Rew,   Amjleleire. 

PlUNGSUEiM  (Nathanael),  à  lîerlin,  Prusse. 

Planchon  (Jules-Emile),  à  Montpellier,  Hérault. 

VVeddell  (Hiigues-Algernon)  ©,  à  Poitiers,  Vienne. 

N 

Section  IX.  —  Economie  rurale  [lo). 

GiRARDiN  (Jean-Pierre-Louis)  (o.  ^'),  à  Rouen,  Seine-Inférieure. 
RUHLMANN  (Charles-Frédéric)  (c.®),  à  Lille,  Nord. 
Pierre  (Isidore)®,  à  Caen,  Calvados. 

Chevandier   de  Valdrôme  (Eugène-Jean-Pierre-Napoléon)  (o.  ®), 
à  Cirey-les-Foi'ges,  Meurlhe-cl-Mosellc. 

PkEISET  (Jules)  (o.  ©),  à  Écorcliebœuf,  Seine-Inférieure. 

IMaRTIISS  (Charles-Frédéric)  (o.  C^) ,  à  Montpellier,  Hérault. 

Vibraye   (le  Marcpiis  Guillaunie-Marie-Paul-Louis  IIurault   de), 
à  Cheverny,  Loir-et-Clicr. 

Vergînette-Lamotte  (le  Vicomlc  Gérard -Elisabeth-Alfred  de),  à 
Ijeaune,  Cùtc-d'Or. 

Mares  (Ilenri-Pierre-Louis)  ^<,  à  Montpellier,  Hérault. 

COKKALIA  (Émile-Balthazar-Marie),  à  Milan,  Italie. 

Section  X.  —  Jnatouiie  et  Zoologie  (lo). 

De  Baer,  à  Saint-Pétersbourg,  Russie. 

Van  BeînEDEN  (Pierre-Joseph),  à  I^ouvain,  Belgique. 

De  Siebold  (Charles-Théodore-Ernest),  à  Munich,  Bavière. 

Brakdt,  à  Saint-Pétersbourg,  Russie. 

LovÉN,  à  Stockholm,  Suède. 

MuLSAlNT  (l'Jieniie),  à  Lyon,  Rltùnc. 

SteeNSTRUP  (Ja|)etus),  à  Copenhague,  DuncnnuL 

Dana  (  James-Dwighl),  à  New-IIaven,  Etals-Unis. 

Caupenter  (Guillaume-Benjamin),  à  Londres,  Angleterre. 

N 


12  ÉTAT   DE   l'académie   DES    SCIENCES. 

Section  XI.  —  Médecine  et  Chirurgie  (8). 

Messieurs  : 

VlRCHOW  (Rodolphe  de),  à  Berlin,  Prusse. 

BOU/SSON  (Etienne-Frédéric)  ^,  à  Montpellier,  Hérault. 

EiiRMANN  (Charles-Henri )  (o.  ^),  à  Strasbourg,  Bas-Rhin. 

GlNTRAC  (Élie)  (o.  ®),  à  Bordeanx,  Gironde. 

ROKITA^SKl,  à  Vienne,  Autriche. 

Lebeht  (Ilermann)  (o.:^),  à  Breslaii,  SHésie. 

Ollier  (Lonis-Xavier-Édouard-Léopohl)  (o.  S^),  à  Lyon,  Rhône. 

Tholozan  (Joseph-Désiré)  (o,  ^),  à  Téhéran,  Perse. 


Commission  pour  administrer  les  propriétés   et  jonds  particuliers 

de  l'Académie. 
Chasles, 

Decaisne, 

Et  les  Membres  composant  le  Bureau. 


Conservateur  des  Collections  de  i  Académie  des  Sciences. 
Becquerel. 


Changements  suivenus  dans  le  cours  de  l'année  ï%'j/\. 
[foira,  la  page  17  de  ce  volume.) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  4-  JANVIER  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


RENOUVELLEMENT  ANNUEL 

DU  BUREAU  ET  DE  LA  COMMISSION  ADMINISTRATIVE. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Vice-Président,  qui  doit  être  pris,  cette  année,  dans  l'une  des  Sections  de 
Sciences  mathématiques. 

Au  premier  toiu- de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  48, 

M.  Fizeau  obtient 23  suffrages. 

M.  l'amiral  Paris 21  » 

M.  Le  Verrier 2  » 

M.  O.  Bonnet i  » 

M.  Chasles i  » 

Aucun  Membre  n'ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  il  eït 
procédé  à  un  nouveau  tour  de  scrutin. 

Le  nombre  des  votants  étant  ^^9, 

M.  Fizeau  obtient 23  suffrages. 

M.   l'amiral  Paris 23  » 

M.  Edm.  Becquerel i  « 

M.  Chasles i  » 

Il  y  a  un  billet  blanc. 

Aucun  Membre  n'ayant  encore  obtenu  la  majorité  absolue  des  sullrages. 


{  <4  ) 

il  est  procédé  à  un  scrnliii  de  ballolhige  entre  ceux  des  Membres  qui  ont 
obtenu  le  plus  grand  nombre  de  voix. 

Le  nombre  des  votants  étant  5 1 , 

M.  l'amiral  Paris  obtient 2G  suffrages. 

M.  Fizeaii 24  » 

Il  y  a  lui  billet  blanc. 

M.  l'amiral  Paris,  ayant  obtenu  la  majorité  des  suffrages,  est  |)ioclamé 
Vice-Président  pour  l'année  1875. 

L'Académie  procède  ensuite,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination 
de  deux  Membres  qui  seront  appelés  à  faire  partie  de  la  Commission  centrale 
administrative. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  48, 

M.  Cliasles  obtient '33  suffrages 

M.  Decaisne 32         » 

MM.  Chasles  et  Decaisne,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
sont  élus  Membres  de  la  Commission. 


Conformément  au  Règlement,  le  Président  sortant  de  fonctions  doit, 
avant  de  quitter  le  Bureau,  faire  connaître  à  l'Académie  l'état  où  se  trouve 
l'impression  des  Recueils  qu'elle  publie  et  les  changements  airivés  parmi 
les  Membres  et  les  Correspondants  de  l'Académie  dans  le  cours  de  l'année. 

M.  Fremy  prenant  la  parole  à  la  place  de  M.  Bertrand,  élu  Secrétaire 
perpétuel,  doiuie  à  cet  égard  les  renseignements  suivants  : 


Etat  de  tlDiprcssion  des  Recueils  de  l' académie  au  i"'  jani>ier  1875, 

Folumcs  fjitbUis. 

(I  Comptes  rendus  de  l'Académie.  —  Le  tome  LXXVI(i"  semestre  1873), 
et  le  tome  LXXVII  (2"  semestre  1873)  ont  |)aru  avec  leur  Table, 

»  Les  numéros  ont  été  mis  en  distribution  chaque  semaine  avec  leur 
Table. 


(   '5  ) 

Volumes  en  cniirs  de  piiblicatinn. 

Mémoires  de  l'Académie.  —  Le  tome  XXXIX,  divisé  en  deux  parties,  est 
réservé  aux  travaux  de  M.  Cljevreul. 

La  première  partie  renferme  des  recherches  chimiques  sur  la  Teinture  et 
un  premier  Mémoire  intitulé  :  «  La  Science  devant  la  grammaire  ».  Vingt 
feuilles  sont  tirées. 

La  deuxième  partie  contient  un  Mémoire  portant  pour  titre  :  «  D'une 
erreur  de  raisonnement  très-fréquente,  etc.  ».  Douze  feuilles  sont  tirées. 

Le  tome  XL  a  trente-sept  feuilles  tirées.  Il  renferme  les  Mémoires  de 
M.  Dupuy  de  Lôme,  sur  l'aérostat  à  hélice;  de  M.  Edni.  Becquerel,  sur 
l'analyse  de  la  lumière  émise  par  les  composés  d'uranium  phosphorescents; 
(le  M.  Becquerel  père,  sur  le  mode  d'intervention  de  l'eau  et  sur  les  forces 
électromolrices  dans  les  actions  chimiques  ;  de  MM.  Becquerel  père  et  fils, 
sur  la  température  de  deux  sols  semblables,  l'un  dénudé,  l'autre  couvert 
de  gazon  ;  de  M.  Becquerel  père,  sur  la  dynamique  chimique  ;  de  M.  Bec- 
querel père,  sur  la  formation  de  diverses  substances  cristallisées  dans  les 
espaces  capillaires. 

L'imprimerie  a  épuisé  sa  copie. 

Le  tome  XLI,  réservé  aux  travaux  de  la  Commission  du  Passage  de 
Vénus,  est  divisé  en  deux  parties.  La  seconde  partie  est  publiée  et  a  été 
distribuée  :  elle  renferme  les  Communications  faites  l'an  dernier,  soit  par 
les  Membres  de  la  Commission,  soit  par  les  observateurs  ou  les  savants,  qui 
ont  contribué  à  la  préparation  des  cinq  missions. 

La  première  partie  est  en  cours  d'impression,  elle  contiendra  le  résumé 
des  procès-verbaux  des  séances  tenues  par  la  Commission. 

Le  tome  XLII,dout  l'impression  ne  pourra  être  commencée  qu'au  retour 
des  expéditions,  aura  également  deux  parties,  qui  contiendront  :  la  pre- 
mière, les  Rapports  des  observateurs  ;  la  seconde,  la  discussion  des  ob- 
servations. 

Mémoires  des  Savants  élraïujers.  —  Le  tome  XXI  va  être  mis  en  distribu- 
tion dans  quelques  jours;  il  contient  : 

i"  Le  Mémoire  de  M.  Van  Tieghem,  sur  la  structure  du  pistil  et  du  fruit  ; 

2"  Le  Mémoire  de  M.  Puiseiix,  sur  l'accélération  séculaire  du  mouvement 
de  la  Lune  ; 


{  '6) 
3"  Les  Mémoires  de  M.  Graeff,  sur  la  théorie  du  mouvement  des  eaux  et 
sur  l'influence  que  la  digiie  du  Pinay  exerce  sur  les  crues  de  la  Loire  ; 
l\°  Le  travail  de  M.  Bouquet,  sur  les  intégrales  ultra-elliptiques. 

Le  tome  XXII  est  presque  achevé.  Il  renferme  des  Mémoires  portant  un 
numéro  spécial  et  une  pagination  distincte,  ce  sont  les  suivants  : 

N°  I,  M.  Gruner,  sur  le  dédoublement  de  l'oxyde  de  carbone; 

N°  2,  I\L  Massieu,  sur  les  fondions  caractéristiques  des  divers  fluides  et 
sur  la  théorie  des  vapeurs  ; 

N°  3,  MM.  F.  Lucas  et  A.  Cazin,  sur  la  durée  de  l'étincelle  électrique. 

N"  4,  M.  F.  Lucas,  sur  réquilil)re  et  le  mouvement  des  sysîèmes  maté- 
riels ; 

N°  5,  !\L  Duclaux,  sur  le  Phylloxéra  vastntrix; 

N°  6,  M.  Maxime  Cornu,  sur  le  Plijlloxcra  vaslatrix ; 

N°  7,  M.  lîertin,  sur  la  ventilation  d'un  transport-écurie; 

N°  8,  M.  Berlin,  sur  la  résistance  des  carènes  ; 

N"*  9,  10,  M.  Renault,  sur  les  végétaux  silicifiés  d'Autun  ; 

N°  1 1,  M.  Fouqué,  sur  de  nouveaux  procédés  d'analyse  médiate  des 
roches  ; 

N°  12,  M.  Mannheiai,sur  les  surfaces  trajectoires  des  points  d'une  figure 
de  forme  invariable  dont  le  déplacement  est  assujetti  à  quatre  condi- 
tions; 

IS"  i3,  M.  L.  Faucon,  sur  la  maladie  de  la  vigne  et  sur  son  traitement, 
par  le  procédé  de  la  submersion  ; 

N°  i4,  ^T-  Balbiani,  sur  la  reproduction  du  Phylloxéra  du  chêne  ; 

Le  volume  se  terminera  par  le  Mémoire  de  M.  Kretz,  sur  l'élasticité  dans 
les  machines  en  mouvement,  et  par  un  deuxième  Mémoire  de  M.  Max. 
Cornu,  sur  le  Phylloxéra. 

Le  tome  XXIII  doit  contenir  le  Mémoire  de  M.  Boussinesq,  intittilé  : 
«  Essai  siu-  la  théorie  des  eaux  courantes  ».  Ce  travail,  dont  le  manuscrit 
entier  est  à  l'Imprimerie  nationale,  formera  environ  quatre-vingts  feuilles. 

L'auteur  a  jusqu'ici  envoyé  la  correction  de  cent  dix-huit  placards. 
Douze  feuilles  sont  en  bons  à  tirer. 

Le  tome  XXIV  est  réservé  au  Mémoire  de  M.  C.  Grand'Eury,  portant  jinur 
litre  :  «  Flore  carbonifère  du  département  de  la  Loire  ».  De  ce  Mémoire, 
qui  formera  environ  soixante-cinq  feuilles,  qualre-vingt-scize  placards 
sont  corrigés.  Quatorze  feuilles  sont  en  bons  à  tirer.  Les  pl.inches  (pii 
l'accompagnent  sont  achevées. 


(  -7  ) 
A  la  suite  de  ce  travail  viendra  le  Mémoire  de  M.Tresca,  sur  le  raboltage 
des  métaux.  L'imprimerie  pousse  activement  la  gravure  des  planches  de  ce 
Mémoire,  qui  prendra  environ  vingl-laiil  feuilles. 

Le  tome  XXV  est  en  grande  partie  consacré  au  Mémoire  de  M.  Favre, 
sur  la  transformation  et  l'équivalence  des  forces  chimiques.  Ce  travail  im- 
portant doit  former  près  de  quarante  feuilles.  Cinquante-huit  j^lacards  ont 
été  vus  par  l'auteur,  et  rimprimcrio  a  déjà  mis  en  pages  les  deux  premières 
feuilles. 


Changements  arrivés  parmi  les  Membres  depuis  le  \"  janvier  1874. 

Membres  décèdes. 

a  Secrétaire  perpétuel  :  M.  Eue  de  Beaumont,  le  21  septembre. 
»  Académicien  libre  :  M.  Roclin,  le  5  juin. 

Membres  élus. 

»  Section  de  Botanique  :  M.  Chatix,  le  29  juin,  en  remplacement  de 
M.  Gay,  décédé. 

M  Section  d'Jnatomie  et  Zoologie  :  M.  Gervais,  le  26  janvier,  en  rempla- 
cement de  j\L  CosTE,  décédé. 

»  Section  de  Médecine  cl  Chirurgie  :  M.  Gosselix,  le  16  mars,  en  rempla- 
cement de  M.  Nélato.v,  décédé. 

»  Secrétaire  perpétuel  :  M.  Bertrand,  le  iZ  novembre,  en  remplacement 
de  M.  lÏLiE  de  Beaitmoxt,  décédé. 

»  Académiciens  libres  :  M.  Brégcet,  le  3o  mars,  en  remplacement  de 
M.  Passv,  décédé;  M.  ou  Mo.xcel,  le  21  décembre,  en  remplacement  de 
M.  KocLiN,  décédé. 

»  Associés  étrangers  :  jM.Tciiébichef,  le  18  mai,  en  remplacement  de  M.  de 
LA  Rive,  décédé;  P.L  de  Candolle,  le  i5  juin,  en  rcm|dacement  de 
M.  Aga.ssiz,  décédé. 

Membres  à  remplacer. 

»  Section  de  Géométrie  :  M.  Bertraxd,  élu  Secrétaire  perpétuel,  le  23  no- 
vembre. 

G.  R.,  1S75,  1"  Semestre.  (T.  I.XXX,  K"  I.)  3 


(  '8  ) 

Changements  arrivés  parmi  les   Correspondants 
depuis  le.   x" janvier  iS'j^. 

Correspondants  décédés. 

1)  Section  de  Mécanique  :  M.  Fairbairn,  à  Manchester,  le  18  août. 
M  Section  d'astronomie  :  jM.  Hansen,  à  Gotha,  le  28  mars. 
)i  Section  de  Physique  :  M.  Ai^gstrom,  à  Upsal,  le  21  juin. 

Correspondant  nommé  Membre  titulaire. 
»  Section  d' Ànalomie  et  Zoologie  :  M.  P.  Gervais,  le  26  janvier. 

Correspondant  nommé  Jssocié  étranger. 
«  Section  de  Géométrie  :  M.  Tchêbichef,  le  18  mai. 

Correspondants  élus. 

M  Section  d'Astronomie  :  M.  Hcggins,  à  Londres,  le  iq  janvier,  en  rem- 
placement de  M.  Petit,  décédé;  M.  Newcomb,  à  Washington,  le  19  jan- 
vier, en  remplacement  de  M.  Valz,  décédé  ;  M.  Tisserand,  à  Toulouse, 
le  2  février,  en  remplacement  de  M.  Airt,  décédé. 

«  Section  de  Minéralogie:  M.  de  Kokscuarow,  à  Saint-Pétershourg,  le 
aS  mai,  en  remplacement  de  M.  Sedgwick,  décédé;  M.  Stcder,  à  Berne, 
le  8  juin,  en  remplacement  de  M.  Rose,  décédé. 

»  Section  de  Médecine  et  Chirurgie  :  M.  Oi.lier,  à  Lyon,  le  18  mai,  en 
remplacement  de  M.  Gtvox,  décédé  ;  M.  Tholozax,  à  Téhéran,  le  8  juin, 
en  remplacement  de  M.  Sédillot,  élu  Membre  titulaire. 

Correspondants  à  remplacer. 

»  Section  de  Géométrie  :  M.  T«:hébi(;hef,  à  Saint-Pétersbourg,  élu  Associé 
étranger,  le  18  mai  1874- 

»  Section  de  Mécanique:  M.  Burdin,  à  Clermont-Ferrand,  décédé  le 
12  novembre  187'^  ;  M.  Fairbairx,  à  Manchester,  décédé  le  18  août  1874. 

)i   Section  d'Astronomie:  M.  ilwHF.s,  ai  Gotha,  décédé  le  9.8  mars  1874. 

»   Section  de  Géographie  et  Navigation  :    M.   de  Wrangel,   à  Saint-Pé- 


(   '9) 
tersbomg,  décédé  le....  1B70;  M.  Cha/aixon,  à  Desaignes,  décédé  le  ai 
novembre,  1872;  M.  Livingstone,  à   ....    ,  décédé  le  1*'  mai  1873. 

»  Section  de  Physique  :  M.  Angstrom,  à  Upsal,  décédé  le  21  juin  1874. 

»   Section  de  Minéralogie    :  M.  Nacmann,   à   Lepzig,    décédé   le  4    dé- 
cembre 1873. 

»   Section  d' Jnatomie  et  Zoologie  :  M.  Gervais,  élu  IMenibre  titulaire,  le 
26  janvier  1874. 


MÉMOIRES  ET  COMRIUIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

M.  le  Ministre  de  l'Ixstrdctiox  publique,  des  Cultes  et  des  Beaux- Arts 

adresse  l'ampliation   du  décret  par  lequel  le  Président  de  la  République 
approuve  l'élection  de  M.  du  Moncel  à  la  place  d'Acadéuiicien  libre,   en 
remplacement  de  feu  M.  Boulin. 
Il  est  donné  lecture  de  ce  décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  du  3Ioncel  prend  place  parmi  ses 
confrères. 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  le  magnétisme,  à  propos  d'une  Communication  récente 
de  M.  Lallemand;  par  jM.  Th.  du  Moxcel. 

«  La  Note  présentée  à  l'Académie,  le  19  octobre  dernier,  par  M.  Lalle- 
mand m'a  prouvé  que,  malgré  le  volume  que  j'ai  publié  en  i858sur  le 
magnétisme,  malgré  de  nombreux  Mémoires  insérés  dans  divers  Recueils, 
en  1859,  sur  le  même  sujet,  elles  deux  Notes  imprimées  récemment  aux 
Comptes  rendus,  en  février  et  juillet  1873,  mes  travaux  sur  les  effets  de  la 
condensation  magnétique  n'étaient  pas  encore  bien  connus  :  je  crois  en  con- 
séquence devoir  de  nouveau  insister  sur  les  expériences  que  j'ai  faites  à  cet 
égard. 

»  Je  commencerai  d'abord  par  dire  que  le  mot  condensation  magnétique, 
que  j'avais  emplové  dès  l'origine  de  mes  recbercbes,  et  que  d'autres  physi- 
ciens ont  employé  depuis,  est  peut-être  un  peu  impropre;  car  il  suppose  dans 
le  phénomène  un  accroissement  d'énergie  magnétique  qui  devrait  se  main- 
tenir indépendamment  de  la  cause  aimantante,  mais  qui,  par  le  fait,  dis- 
paraît avec  elle,  ne   donnant  lieu,  après  celte  disparition,  qu'à  une   ac- 

3.. 


(    20) 

tion  magnétique  secondaire,  variable  suivant  l'énergie  de  l'aimanlalion 
développée,  et  qui  a  celle  fois  tous  les  caractères  d'une  action  conden- 
sante (i).  Or  c'est  précisément  à  cause  de  cette  action  magnétique  secon- 
daire, qui  se  trouve  évidemment  reliée  à  la  première,  et  du  renfor- 
cement de  l'action  magnétique  elle-même,  que  j'ai  donné  au  phénomène 
le  nom  de  condensation  magnctiquc.  On  peut,  en  effet,  retrouver  dans  cette 
action  tous  les  effets  produits  dans  un  condensateur  électrique.  Ainsi  les 
polarités  excitées  à  la  surface  de  contact  de  deux  pièces  magnétiques  ayant 
action  l'une  sur  l'autre  se  maintiennent  développées  par  suite  de  leur 
réaction  mutuelle,  alors  que  la  cause  aimantante  a  disparu,  et  pour  an- 
nuler cette  action,  il  faut,  ou  séparer  mécaniquement  les  deux  pièces  en 
contact,  ou  détruire  par  une  action  magnétique  extérieure  contraire  l'une 
des  deux  polarités. 

»  Dans  mes  deux  Notes  de  iSyS,  j'ai  résumé  la  théorie  que  j'avais  don- 
née de  ces  effets,  et  j'ai  montré  qu'on  pouvait  les  expliquer  avec  les  théo- 
ries admises  sans  avoir  recours  à  l'hypothèse  d'un  déplacement  des  fluides 
magnétiques  :  je  ne  reviendrai  donc  pas  sur  cette  question,  je  dirai  seu- 
lement que  les  courants  induits  résultant  de  celte  condensation  magné- 
tique, courants  que  M.  Lallemand  dit  avoir  obtenus  sans  changement 
d'intensité  au  bout  de  vingt  jours,  peuvent  se  produire  au  bout  d'un  temps 
infiniment  plus  long.  Je  les  ai  telrouvés,  non-seulement  au  bout  de  plusieurs 


(i)  Lorsqu'on  aimanle  un  noyau  de  fer  enlourc  de  deux  bobines,  l'une  en  gros  fil  jiour 
fournir  l'aimantation,  l'autre  en  fil  fin  pour  développer  des  courants  induits  à  la  suite  de 
celte  aimantation,  on  reconnaît  que  ces  courants  induits  peuvent  varier  en  intensité  du 
simple  au  double  et  même  au  triple,  suivant  qu'on  expérimente  avec  le  noyau  seul,  avec  le 
noyau  muni  d'une  armature  à  l'une  de  ses  extrémités  et  avec  le  noyau  muni  de  deux  ar- 
matures à  ses  deux  extrémités.  Avec  un  système  magnétique  de  ce  genre,  de  petites  dimen- 
sions, et  un  galvaiiomcire  trés-j)eu  sensible,  j'ai  pu  obtenir  les  déviations  suivantes  : 

0 

Dans  le  premier  cas 26, aS 

Dans  le  deuxième  cas 4?  j^^ 


Dans  le  troisième  cas ^J^jT 


Les  courants  dus  à  l'action  secondaire  n'atteignaient  à  peine  que  le  quart  ou  le  tiers  des 
intensités  précédentes. 

M.  J.imin,  de  son  coté,  ayant  pu  obtenir  de  la  part  d'un  aimant  persistant  une  force  at- 
tractive de  3oo  kilogrammes  quand  l'aimantation  avait  été  produite  sans  l'intervention  d'une 
armature,  a  trouvé  une  force  de  ^80  kilogrammes  en  armant  cet  aimant  (pendant  l'aimanta- 
tion) de  plusieurs  armatures;  mais  cet  accroissement  de  force  disparaissait  aussitôt  que  les 
armatures  avaient  été  une  première  fois  enlevées. 


(    21    ) 

mois,  mais  même  d'une  année  entière,  ainsi  que  je  l'ai  publié  en  iSSq,  dans 
mon  Mémoire  Sur  les  coûtants  induits,  et  la  Notice  que  j'ai  distribuée  aux 
membres  de  la  Société  philomalhique,  cette  même  année,  pour  répondre 
à  des  objections  qui  m'avaient  été  faites  à  cet  égard.  Si  une  charge  élec- 
trique pouvait,  comme  une  polarité  magnétique,  se  maintenir  sur  un  con- 
ducteur sans  déperdition,  il  est  probable  que  la  charge  d'un  condensateur 
pourrait  élre  conservée  indéfiniment  de  lu  même  manière. 

»  Comme  M.  Lallemand,  je  démontrais,  dés  i858,  queles  effets  de  la 
condensation  magnétique  devaient  se  distinguer  de  ceux  dus  à  l'aimanta- 
tion rémanente  du  fer;  que  ceux-ci,  qui  se  manifestent  après  une  pre- 
mière séparation  des  deux  pièces  magnétiques  en  contact,  ne  donnent  lieu 
qu'à  des  courants  induits  peu  appréciables,  tandis  que  les  autres  en  pro- 
voquent d'une  grande  énergie.  J'ai  même  imaginé  une  disposition  électro- 
magnétique pour  combattre  ces  effets  de  condensation,  et,  grâce  à  elle,  j'ai 
pu  obtenir  un  télégraphe  à  peu  près  sans  réglage. 

»  Toutefois,  les  expériences  dont  je  viens  de  parler  me  semblent  encore 
moins  concluantes  que  celles  que  j'indique  dans  mon  Mémoire  de  i85g 
sur  les  courants  induits  (p.  26),  et  qui  montrent  que  quand  on  surexcite  la 
première  fois  l'aimantation  dans  un  système  magnétique  composé  d'un 
électro-aimant  uni  à  son  armature,  les  courants  induits  de  fermeture  résul- 
tant de  cette  aimantation  sont  infiniment  plus  énergiques  que  quand  on  les  excite 
ime  deuxième  ou  imc  troisième  fois;  or  ce  qui  prouve  que  cet  affaiblissement 
est  bien  du  à  une  action  condensante,  c'est  qu'on  peut  rendre  à  ces  cou- 
rants leur  première  énergie  en  séparant  momentanément  l'électro-aimant 
de  son  armature  et  en  réaimantant  le  système  après  avoir  rétabli  le  contact 
des  deux  pièces.  On  peut  se  rendre  compte  facilement  de  l'influence  exercée 
dans  ces  conditions,  en  étudiant  la  différence  de  tension  des  courants  in- 
duits produits  parun  système  magnétique  pourvu  ou  non  de  son  armature. 
Quand  l'armature  est  au  contact  de  l'électro-aimant,  la  déviation  galvano- 
métrique  déterminée  par  le  courant  induit  qui  résulte  de  la  désaimanta- 
tion du  système,  est  beaucoup  j)lus  considérable  que  quand  ce  contact 
n'existe  pas,  et  pourtant  les  coinniolions  que  ces  courants  déterminent  sont 
incomparablcnient  plus  fortes  dans  le  dernier  cas  que  dans  le  premier,  et  cela 
parce  que,  avec  1  armature,  les  désaimantations  s'effectuent  d'une  manière 
beaucoup  moins  brusque,  par  suite  des  entraves  apportées  par  les  effets  de 
condensation.  » 


(     22    ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

CHIRURGIE.  —  Mémoire  sur  la  résistance  des  protozoaires  aux  divers 
agents  de  pansement  généralement  employés  en  Clùrurcjie  ;  par 
M.  Demarquay. 

(Commissaires  :  MM.  Pasteur,  Cl.  Bernard,  Gosselin.) 

«  J'ai  eu  l'honneur,  il  y  a  quelques  mois,  d'adresser  à  l'Académie  des 
Sciences  un  travail  dans  lequel  je  démontrais  expérimentalement  qu'aucun 
mode  de  pansement  généralement  employé  n'empêche  le  développement 
des  protozoaires,  et  que  néanmoins  les  plaies  guérissent.  On  pouvait  sup- 
poser que  la  persistance  de  ces  protozoaires  tient  à  deux  causes  :  i"  à  la 
petite  quantité  de  la  substance  employée,  2°  à  la  genèse  continue  du  pus 
qui  n'a  subi  aucune  modification  de  la  part  des  agents  antiseptiques  mis 
en  usage.  Pour  déterminer  l'action  des  substances  dites  antiseptiques  sur  la 
genèse  des  protozoaires,  j'ai  eu  recours  à  l'expérimentation.  Je  prenais  un 
certain  nombre  de  liquides  albumineux,  recueillis  sur  l'homme  malade,  et, 
après  avoir  mis  dans  des  verres  une  quantité  déterminée  de  ces  liquides,  je 
les  examinais  après  quarante-huit  heures;  je  constatais  alors  qu'il  y  avait 
des  myriades  de  protozoaires  dans  chacun  de  mes  verres  à  expérience.  J'a- 
joutais à  ce  liquide  la  moitié,  le  tiers,  le  quart  du  liquide  antiseptique 
que  je  voulais  étudier  :  jamais  je  n'ai  pu  constater  la  moindre  action  des 
liquides  antiseptiques  mis  en  usage  sur  les  mouvements  des  proto-orga- 
nismes que  je  voulais  détruire  :  ils  continuaient  à  vivre  absolument  comme 
si  aucun  mélange  n'était  venu  modifier  la  composition  du  liquide  où  ils 
s'étaient  développés.  Je  dirai  plus  loin  la  série  des  liquides  employés. 

M  Après  avoir  constaté  qu'aucun  des  liquides  dits  antiseptiques  n'a 
d'influence  sur  les  mouvements  des  protozoaires  ,  j'ai  voulu  savoir  si 
ces  mêmes  liquides  mêlés  aux  substances  albumineuses  précédemment 
mises  en  usage  n'arrêteraient  point  la  genèse  des  protozoaires.  Les  expé- 
riences faites  avecles  mêmes  liquides,  mélangés  dans  la  même  proportion, 
m'ont  prouvé  que  ces  proto-organismes  se  développaient  avec  la  même 
puissance  et  la  même  rapidité  que  dans  les  expériences  précédentes. 

))  La  glycérine  seule  a  le  privilège  d'enchaîner  leurs  mouvements.  Les 
acides  concentrés  et  les  solutions  alcalines  caustiques  ont  seuls  le  pouvoir 
de  détruire  les  protozoaires;  mais  ils  détruisent  aussi  les  milieux  albumi- 
neux dans  lesquels  ils  se  sont  développés. 


(  ^3  ) 

»  y  ni  fait  diverses  séries  d'expériences.  Dans  la  première,  j'ai  succes- 
sivement étudié,  en  variant  les  liquides  albumineiix,  l'action  de  l'acide 
phéniqne  dilué,  de  l'alcool,  de  la  teinture  d'Eitcatyptus  :  aucun  de  ces 
liquides  n'a  d'influence  sur  la  genèse  et  les  mouvements  des  protozoaires. 

»  Dans  ma  deuxième  série  d'expériences,  suivant  le  bienveillant  conseil 
de  M.  Dumas,  j'ai  étudié  l'action  des  résines,  des  baumes,  si  souvent  mis 
en  usage  par  les  anciens  dans  le  pansement  des  plaies.  J'ai  expérimenté  le 
baume  du  Pérou,  celui  du  Commandeur,  la  teinture  de  myrrhe,  la  tein- 
ture de  benjoin,  la  teinture  d'aloés,  l'esprit  de  camphre,  l'essence  de  téré- 
benthine. Aucune  de  ces  substances  n'a  empêché  la  genèse  des  protozoaires, 
ni  modifié  l'énergie  de  leurs  mouvements. 

»  Dans  une  troisième  série  d'expériences,  j'ai  agi  sur  les  liquides  albu- 
mineux  avec  le  tannin  et  ses  succédanés  :  les  résultats  ont  été  les  mêmes. 

»  Toutes  ces  expériences  prouvent  avec  quelle  puissance  ces  proto-or- 
ganismes se  développent  dans  les  liquides  albumineux  nés  dans  l'organisme 
et  combien  sont  vains  nos  efforts  pour  s'opposer  à  leur  développement  à 
la  surface  des  plaies,  puisque  les  agents  dont  nous  nous  servons  dans  le 
pansement  des  plaies,  employés  avec  énergie  dans  des  vases  contenant 
des  liquides  albumineux,  n'ont  aucun  effet  sur  la  genèse  ni  sur  le  mou- 
vement des  protozoaires. 

»  Ce  n'est  donc  point  dans  les  divers  modes  de  pansement  que  l'on  trou- 
vera le  moyen  le  plus  efficace  pour  s'opposer  à  l'action  de  ces  éléments 
de  destruction,  mais  dans  les  forces  vitales  du  blessé,  dans  le  milieu  salubre 
où  il  se  trouve  placé,  circonstances  bien  importantes,  et  sur  lesquelles  na- 
guère INI.  Sédiilot  appelait  l'attention  de  l'Académie,  dans  un  reuiarquable 
Mémoire  ayant  pour  titre  :  Des  plaies  du  trépan  cl  de  leur  pansement  (i6  oc- 
tobre 1874)- 

»  Toutes  ces  recherches  ont  été  faites  l'été  dernier  avec  le  concours  de 
M.  Chouppe.  Je  publierai  dans  un  Journal  de  Médecine  les  détails  des  nom- 
breuses expériences  auxquelles  je  me  suis  livré.    » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —   Sur  la  déconiposilion  et  la  conservation  des  bois. 
Note  de  M.  Max.  Pailet.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Decaisue,  Peligot,  Tresca.) 

«  Mon  intention  est  de  signaler,  dans  cette  Note,  les  actions  destruc- 
tives qui  s'exercent  sur  les  bois  injectés  de  sulfate  de  cuivre  et  enterrés 
dans  le  ballast  des  chemins  de  fer.  On  admet  généralement  que  l'action 


(  24  ) 

conservatrice  du  sol  métallique  est  due  à  sa  combinaison  avec  le  tissu  li- 
gneux et  surtout  avec  la  matière  azotée,  devenue  par'là  insoluble,  et  toxique 
pour  les  êtres  organisés.  Cette  explication  est  insuffisante. 

»  J'ai  commencé  par  étudier  l'action  qu'exercent  les  sels  métalliques,  et 
spécialement  le  sel  cuprique,  sur  la  matière  azotée  du  bois.  Les  expé- 
riences que  j'ai  faites  depuis  longtemps  m'ont  démontré  :  i°  que  le  préci- 
pité albumino-cuprique  n'est  pas  absolument  insoluble  dans  l'eau;  2°  qu'il 
est  sintout  soluble  dans  une  eau  chargée  d'acide  carbonique. 

»  La  matière  azotée  contenue  dans  le  bois  ordinaire  est,  en  partie,  so- 
luble ;  en  partie,  insoluble.  La  partie  albumineuse  soluble  est  fixée  par  le 
sel  métallique,  qui  s'unit  aussi  à  la  matière  azotée  insoluble.  L'eau,  sur- 
tout lorsqu'elle  est  chargée  d'acide  carbonique,  dissout  et  emporte  l'agent 
métallique. 

»  Tels  sont  les  résultats  et  la  conclusion  de  mes  premières  expériences; 
mais  des  observations  récentes  m'ont  démontré  que  les  réactions  ne  sont 
pas  toujours  aussi  simples.  Voici  ce  qu'on  remarque  le  plus  souvent  :  une 
traverse  de  bois  de  hêtre,  par  exemple,  pénétrée  de  sulfate  de  cuivre,  après 
avoir  été  enterrée  dans  le  ballast  d'un  chemin  de  fer  pendant  huit  ou  dix 
ans,  est  retirée  de  ce  milieu  et  mise  au  rebut,  parce  qu'elle  est  pourrie  siu' 
plusieurs  points.  Les  parties  altérées  sont  très-brunes  dans  le  voisinage  du 
rail;  le  bois  n'est  pas  vermoulu,  mais  il  est  altéré  chimiquement.  S'il  ne 
contient  plus  sensiblement  de  cuivre,  il  contient  des  quantités,  souvent 
énormes,  de  fer  fourni  par  le  rail  lui-même  ou  par  les  chevilleltes  d'at- 
tache :  ce  fer  abondant  n'a  donc  pas  empêché  l'altération  du  bois.  Il  a 
pourtant  pénétré  en  elle,  lorsqu'il  était  en  dissolution,  puisqu'il  a  cheminé 
loin  du  point  de  contact.  Ce  résultat  heiu'tait  les  idées  reçues.  Dans  ces  re- 
cherches, il  faut  avoir  soin,  tout  d'abord,  d'éliminer  le  bois  qui  est  en  con- 
tact immédiat  avec  le  rail  ou  qui  se  serait  mis  en  communication  avec  lui 
par  les  fentes  ou  filons  ouverts  par  la  sécheresse,  parce  qu'alors  les  écailles 
d'oxyde  de  fer  viendraient  troubler  les  résultats  de  l'expérience.  Ces  pré- 
cautions prises,  on  constate  que,  dans  les  couches  de  bois  voisines  du  rail, 
la  fibre  ligneuse  est  très-brune,  qu'elle  n'offre  pas  de  résistance,  qu'elle  se 
brise  et  se  pulvérise  facilement.  La  densité  de  ce  bois  est  singulièrement 
diminuée  :  en  choisissant,  dans  la  même  traverse  de  hêtre,  un  fragment  de 
bois  non  altéré,  on  trouve  que  sa  densité  apparente  ou  sa  compacité  est 
demeurée  égale  à  o^',755,  tandis  que  la  densité  de  la  partie  altérée  n'est 
plus  que  de  o'''',  38(). 

»  Ce  bois  altéré  présente  les  caractères  chimiques  ci-après  :  il  contient 


(a5  ) 
de  la  matière  azotée  ;  il  se  dissout  tout  entier  dans  la  potasse  caustique, 
comme  pourrait  le  faire  l'acide  ulmique  même.  Traité  par  l'eau  aiguisée 
d'acide  azotique,  il  cède  à  la  liqueur  la  chaux  qu'il  contient,  ainsi  qu'une 
grande  quantité  de  fer.  Ce  fer,  qui  n'a  pu  pénétrer  qu'à  l'état  de  dissolu- 
tion, est  maintenant  sous  forme  insoluble  ;  aussi  la  liqueiu'  de  cyanoferrure 
de  potassium,  appliquée  sur  un  copeau  de  ce  bois,  si  ferrugineux  pour- 
tant, n'y  produit  pas  de  coloration  bleue. 

»  En  même  temps  que  l'acide  azotique  emporte  le  fer  contenu  dansée 
bois  altéré,  on  aperçoit  un  dégagement  prolongé  d'acide  carbonique  :  on 
croirait  agir  sur  un  carbonate  impur.  Celte  quantité  d'acide  carbonique 
excède  de  beaucoup  celle  que  j'avais  constatée  déjà  dans  le  bois  altéré  à 
l'air.  Dans  ce  bois  de  hêtre  altéré  au  sein  du  ballast,  il  n'y  a  aucune  pro- 
portion entre  l'acide  carbonique  qu'il  contient  et  celle  qui  résulterait  de 
la  transformation  de  ses  cendres  en  carbonates,  par  l'effet  de  la  combus- 
tion lente  du  tissu  ligneux.  Ai-je  besoin  d'ajouter  que  le  bois  neuf  ne  con- 
tient pas  de  carbonates,  et,  partant,  pas  d'acide  carbonique?  Un  poids  de 
o^',  25o  du  bois  altéré  (cubant  o'^'^,6())  m'a  produit  jusqu'à  lo'^'',  5  d'acide 
carbonique,  soit  plus  de  12  mètres  cubes  d'acide  carbonique  par  mètre 
cube  de  bois.  Ce  bois  minéralisé  contient  une  forte  dose  de  cendres; 
lorsqu'on  maintient  ces  cendres  à  la  température  rouge  pendant  longtemps, 
on  en  trouve  un  poids  égal  à  3  pour  100;  le  hêtre  normal  en  renferme 
moitié  moins.  Durant  l'ébullition  dans  l'eau  acidulée,  une  portion  du  bois 
entre  en  dissolution;  aussi,  lorsque  cette  solution  est  concentrée  dans 
une  capsule  de  platine,  on  voit,  avant  la  calcination,  le  résidu  noircir  et 
se  charbonner.  Si  l'on  enlève  à  ce  bois  les  sels  dont  il  est  imprégné,  on  di- 
minue encore  sa  densité,  qui  descend  à  o^',  3o2. 

1)  Ces  remarques  s'appliquent  aux  parties  altérées,  voisines  du  rail  ou 
des  cbevillettes.  Les  portions  de  traverses  éloignées  du  rail  n'offrent  pas 
cette  constitution  très-ferrugineuse,  pourvu  que  le  ballast  lui-même  ne  soit 
pas  surchargé  de  l'oxyde  métallique;  mais  le  carbonate  de  chaux  est  tou- 
jours très-abondant  dans  les  parties  altérées.  J^e  cuivre  abandonne  gra- 
duellement sa  combinaison  et  finit  ])ar  la  quitter  entièrement,  cédant  la 
place  au  carbonate  calcaire. 

»  Que  s'est-il  produit?  Le  carbonate  de  chaux,  contenu  dans  le  ballast 
et  devenu  soluble  dans  un  excès  d'acide  carbonique,  pénètre  graduellement 
dans  le  bois  et  se  substitue  au  cuivre.  Il  suffit,  pour  mesurer  l'intensité  de 
l'altération  subie  par  le  bois,  de  déterminer  la  quantité  d'acide  carbonique 
ou  de  carbonates  qu'il  contient.  La  ténacité  des  fibres  du  bois  est  en  raison 

C.  R.,  1875,  i«f  Semestre.  (T.  LXXX,  N"  I.)  4 


(  26  ) 
inverse  de  la  proportion  d'acide  carbonique  qu'elles  renferment.  Le  cuivre 
recule,  si  je  puis  dire,  à  mesure  que  le  carbonate  de  chaux  avance.  Aussi 
longtemps  que  le  sel  métallique  persiste  dans  sa  combinaison  première, 
aussi  longtemps  persiste  l'action  conservatrice.  Le  carbonate  de  chaux  n'est 
pas  l'agent  septique,  mais  il  ('liminede  ses  combinaisons  l'agent  conserva- 
teur; il  s'interpose  entre  la  matière  conservatrice  et  la  matière  à  conserver; 
cette  dernière  se  trouve  ainsi  rétablie,  sinon  dans  son  intégrité,  du  moins 
dans  un  état  qui  facilite  l'accès  et  l'action  des  agents  destructeurs.  Cela 
confirme  simplement  et  explique  ce  fait,  constaté  déjà  par  l'observation, 
que  les  traverses  sont  rapidement  détruites  dans  les  terrains  calcaires. 

»  Parfois  le  métal  persiste  dans  le  bois  décomposé,  ainsi  que  je  viens  de 
le  signaler  dans  les  fibres  altérées  et  très-ferrugineuses,  voisines  du  rail; 
mais  l'oxyde  reste  alors  simplement  interposé,  non  combiné.  Peut-être  y 
a-t-il  une  action  réductrice,  exercée  par  la  substance  organique  sur  les 
oxydes;  mais,  le  plus  souvent,  lorsque  le  séjour  du  bois  a  été  suffisamment 
prolongé  dans  le  sol,  la  combinaison  cuprique  a  disparu  :  le  cuivre,  obligé 
d'abandonner  d'abord  l'albumine,  quitte  enfin  le  tissu  même  du  bois,  en- 
traîné par  l'acide  carbonique.  Un  autre  dissolvant  beaucoup  moins  abon- 
dant toutefois,  intervient  aussi  :  c'est  le  carbonate  d'ammoniaque,  apporté 
par  les  eaux  pluviales  ou  fourni  par  la  transformation  des  substances  orga- 
niques contenues  dans  le  ballast.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.   —  Sur  la  gennination  de  l'orge  Chevallier; 
par  M.  A.  Leclerc.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Boussingaull,  Peligol.) 

«  ...  La  difficulté  capitale,  dans  les  recherches  de  ce  genre,  consiste 
dans  l'impossibilité  presque  absolue  où  l'on  est  de  mettre  les  graines  dans 
les  conditions  normales  et  d'en  éviter  la  décomposition.  Les  résultats  ob- 
tenus sont  souvent  entachés  d'erreurs,  et  les  conséquences  qu'on  en  déduit 
en  opposition  avec  les  faits.  L'objet  de  ce  Mémoire  a  pour  but  d'établir 
que,  lorsqu'on  fait  germer  des  graines  dans  un  espace  limité,  il  n'y  a  pas, 
comme  l'avaient  annoncé  MM.  Déhérain  et  Landrin,  dans  une  Noie  adres- 
sée à  l'Académie  (i),  d'occlusion  du  gaz  azote  au  début  de  la  germination, 
et  que  l'augmentation  finale  du  gaz  azote  dans  les  expériences  de  longue 
durée  est  due  à  une  décomposition  partielle  des  graines.  Je  considère  l'azote 

(l)  Comptes  rendus,  t.   ]>XXVI1I,  ji.  l488. 


(  27  ) 
seul,  parce  que,  d'après  les  expériences  de  M.  Flenrv ''i)  et  celles  de 
M.  A.Mûnfz(2),  une  partie  de  l'oxygène,  qui  n'est  point  transformée  en  acide 
carbonique,  est  employée  à  brviler  l'hydrogène  qui  se  trouve  en  excès  dans 
les  corps  gras.  Ou  peut  appliquer  à  l'étude  de  cette  question  deux  méthodes 
différentes  d'expérimentation,  destinées  à  se  contrôler  : 

»  1°  Le  principe  de  la  première  méthode  que  j'ai  suivie  consiste  à  faire 
germer  dans  un  volume  d'air,  ou  de  tout  autre  gaz,  un  poids  déterminé  de 
graines,  à  analyser  les  graines  et  les  gaz  après  germination,  et  à  comparer 
les  résultats  à  ceux  qu'on  aura  obtenus  dans  l'analyse  avant  germination. 
L'appareil  employé  à  cet  effet,  et  dont  la  description  ne  saurait  trouver 
place  ici,  permet  d'éviter  le  contact  des  graines  avec  l'eau,  de  les  placer 
autant  que  possible  dans  les  conditions  normales  de  la  germination  et 
d'extraire,  en  un  temps  très-court,  sans  toucher  aux  graines,  le  gaz  mis  en 
expérience. 

»  Des  résultats  identiques,  qui  ont  été  obtenus  dans  les  essais  variés  faits 
avec  cette  méthode,  on  tire  les  conclusions  suivantes  : 

»  1°  Il  n'y  a  pas  de  diminution  dans  le  volume  du  gaz  au  début  de  la 
germination,  même  si  l'expérience  se  prolonge  pendant  huit  jours;  par  con- 
séquent, pas  d'occlusion. 

«  2°  Le  volume  de  l'azote  après  l'expérience  est  égal  au  volume  d'azote 
mis  en  expérience.  Dans  les  cas  où  il  y  a  un  excès  final  d'azote,  cet  excès 
d'azote  est  toujours  égal  à  celui  qui  est  perdu,  pendant  l'expérience,  par 
les  graines  qui  ne  germent  pas  et  se  décomposent  partiellement.  Ce  dernier 
jjhénoméue  arrive  surtout  dans  les  expériences  de  longue  durée.  Dans  les 
analyses  de  gaz,  où  l'acide  carbonique  était  absorbé  par  la  potasse  et 
l'oxygène  par  l'acide  pyrogallique,  je  n'ai  jamais  trouvé  ni  hydrogène,  ni 
oxyde  de  carbone,  ni  autres  gaz  combustibles.  Dans  une  série  d'essais,  les 
gaz  étaient  extraits  toutes  les  douze  heures,  et  analysés.  Les  dosages  de 
l'azote  des  graines  ont  été  faits  par  la  chaux  sodée. 

»  3°  Dans  la  seconde  méthode,  je  ne  m'occupe  plus  des  variations 
dans  la  composition  des  gaz  au  sein  desquels  les  graines  germent;  je  déter- 
mine seulement  la  teneur  on  azote  de  l'orge  aux  divers  instants  de  la  germi- 
nation. La  méthode  qui  consiste  à  doser  l'azote  combiné  parla  chaux  sodée, 
l'azote  combiné  et  libre  par  l'oxyde  de  cuivre,  et  à  conclure  par  différence 
l'azote  libre,  est  absolument  inexacte,  puisque  l'on  sait  que  ces  deux  mé- 

(i)  Flf.uby,  Thèse,  Recherches  sur  la  germination. 
(2)  Boussi>"OAUL'r,  agronomie,  t.  V,  p.  5^. 


(  28  ) 
thodes  analytiques,  appliquées  à  une  mémo  matière,  ne  donnent  pas  dos 
résultats  identiques.  Je  n'ai  employé  qu'une  seule  méthode,  celle  de 
M.  Schlœsing,  qui  permet  le  dosage  de  l'azote  en  volume,  parce  que,  s'il 
se  produit  une  erreur  dans  la  détermination  absolue  de  l'azote,  cette  erreur 
se  reproduit  dans  chaque  analyse  et  dans  le  même  sens,  de  sorte  que  les 
résultats  restent  parfaitement  comparables  :  en  employant  deux  méthodes 
différentes,  l'erreiu-  peut  cire  doublée.  Dans  une  première  série  d'essais, 
j'analyse  d'abord  l'orge  normale.  Elle  dose  2,o45  pour  loo  d'azote, 
moyenne  de  deux  dosages  concordants  :  i°2,02  p.  loo;  2°  2,07  p.  100; 
puis  je  mets  germer  dans  l'appareil  de  Nobbe  un  même  nombre  de  graines 
ayant  le  même  poids  que  celles  qui  m'ont  servi  à  faire  les  dosages  précé- 
dents. Après  un  temps  variable,  j'en  fais  l'analyse,  et  je  trouve  les  chiffres 
suivants,  qui  expi-inient  la  teneur  en  azote,  rapportée  à  100  parties  d'orge 
normale. 

Poill-  100. 

Après  48  heures  de  germination i  ,79  Grains  gonflés,  pas  de  radicules. 

»      ^?.       »  ï  'i79  l'^s  radicules  paraissent. 

»      r)6       I)  «•  1,83  f)3  graines  sur  100  présentent  des  ra- 

dicules plus  ou  moins  développées. 

»  Ces  dosages  sont  assez  concordants  pour  qu'il  soit  permis  de  conclure 
qu'il  n'y  a  pas  d'occlusion  de  l'azote. 

»  Dans  une  deuxième  série  d'essais  exécutés  de  la  même  manière  et  faits 
sur  des  graines  dont  le  poids  moyen  était  de  5o  milligrammes,  tandis  que 
dans  la  série  précédente  chaque  grain  ne  pesait  en  moyenne  que  48"^'',  86, 
j'obtins  les  résidtats  suivants  : 

Azote  p.  100. 

(   1"  dosage 2,90  )  „ 

Orge  normale,  j     ^    i  CK  \  Moyenne.    ?.,']o  pour  loo 

S  24  heures  de  germination.     2,90  \ 
3o       ■>  >•  2,72  I 

'    48         »  »  2.8v>,    ' 

Après  3.4  heures,   les  graines  sont  gonflées,  mais  aucun  germe  n'apparaît. 
Après  3o  lieurrs,  les  graines  sont  gonflées;  pas  de  germe  apparent. 
Après  48  heures,  quelques  germes  se  montrent  seulement. 

»  La  teneur  en  azote  des  graines  normales  diffère  tellement  peu  de  celle 
des  graines  mises  en  germination  qu'il  est  permis  d'affirmer,  d'après  ces 
essais,  que  le  phénomène  de  la  condensation  de  l'azote  n'existe  pas.  Tl  me 
semble  démontré,  par  les  expériences  que  je  viens  de  résumer,  que  l'azote. 


(  ^9  ) 
trouvé  en  excès  par  MM.  Dehérain  et  Landrin,  dans  leurs  analyses  de  gaz, 
ne  provient  pas  d'un  dégagement  d'azote  occlus,  mais  bien  de  la  décom- 
position d'une  partie  des  graines.  Puisqu'ils  admettent  que  l'hydrogène 
trouvé  dans  leurs  analyses  provient  de  la  décomposition  partielle  des 
graines,  pourquoi,  pour  l'azote  en  excès,  ne  pas  admettre  la  même 
origine  ? 

»  Je  ferai  remarquer,  en  terminant,  que  dans  ce  genre  de  recherches 
il  est  très-important  d'opérer  sur  un  même  nombre  de  graines  ayant  le 
même  poids.  I>a  balle  qui,  dans  le  cas  de  l'orge,  se  trouve  plus  ou  moins 
développée,  fait  varier  la  teneur  en  azote  entre  des  chiffres  éloignés  :  c'est 
ainsi  que,  dans  un  même  lot  d'orge  Chevallier,  la  méthode  par  la  chaux 
sodée  m'a  donné  en  azote  : 

/  2,49  P-  "oo- 
Quand  un  grain  pèse  en  moyenne  49"'*', 88 <  2,35         >■• 

(2,20         » 

^1  •       -  /o.„.,.  /T  (    i>8q  p.    100. 

Quand  un  grain  pesé  en  moyenne  43'°^'^, 43 l         è 

(1,7b         . 

et  la  méthode  de  dosage  de  l'azote  en  volume 

2,90  p.  100. 

2,84  " 

Quand  un  grain  pùsc  en  moyenne  5o  milligrammes,   /  2,82  » 

2,72 

2,65  » 

»  Divers  analystes  ont  trouvé  des  nombres  tout  aussi  variables  :  ainsi, 
M.  Boussingault  a  trouvé  2,02  pour  100;  Poison,  2,11  ;  Fehling,  2,5i. 
M.  Magne  cite  des  nombres  compris  entre  ijG'j  et  2, 12  pour  100. 

»  Ces  recherches  ont  été  faites  au  laboratoire  de  la  Station  agronomique 
de  l'Est.  » 

VITICULTURE,  —  Lettre  de  M.  L.  Roesler  à  M.  Dumas. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Kiosterneuburg,  le  12  décembre  1874. 

»  Nous  sommes  peut-être  à  la  veille  de  nouveaux  désastres  causés  par 
le  Phylloxéra  ;  c'est  là  du  moins  ce  qui  est  à  craindre,  d'après  les  renseigne- 
ments qui  me  sont  parvenus  et  dont  je  crois  devoir  vous  faire  part. 

M  On  m'écrit  qu'à  Annaberg,  près  Bonn,  dans  la  province  rhénane  de 
la  Prusse,  on  a  trouvé  cet  insecte  dans  un  vignoble,  sur  des  vignes  amé- 
ricaines. 


(  3o) 

MM.  G.  Beacjie,  Bertolixi,  P.  Ȕoi.ly,  L.  Petit,  F.  Arratlt,  F.  Erb, 
È.  Aaxsot,  adressent  diverses  Communications  relatives  au  Phylloxéra. 

M.  Lalimax  transmet  à  l'Académie  des  graines  des  trois  meilleures  qua- 
lités de  vignes  américaines. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  H.  DE  Kerikuff  adresse  quelques  remarques  concernant  les  causes 
d'erreur  qui  peuvent  subsister  dans  les  expériences  relatives  à  la  vitesse  de 
la  lumière  et  à  leur  influence  sur  le  calcul  de  la  parallaxe  du  Soleil,  dé- 
duite des  nombres  trouvés  par  Struve  ou  par  Bradley  pour  la  constante 

de  l'aberration. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Astronomie.) 

M.  J.-A.  Normand  adresse  une  Note  «  sur  une  double  occultation 
d'étoiles  par  Jupiter,  pendant  l'opposition  de  1875  ». 

(  Renvoi  à  la  Section  d'Astronomie.) 

M.  E.  DE  BorvN  adresse  un  Mémoire  intitidé  :  «  Description  de  voitures 
roulant  sur  rails  mobiles  tournant,  et  d'une  nouvelle  machine  de  guerre  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  Ch.  Tellier  adresse  une  Note  relative  à  l'emploi  qui  pourrait  être 

fait  de  l'acide  sulfureux  pour  éteindre  les  incendies  se  déclarant  dans  la 

cale  des  navires. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Cahours.) 

M.  A.  Gaffard  adresse  une  Note  relative  à  une  encre  indélébile. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Balard.) 

M.  C.  Beitchot  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  l'application  de 
la  vapeur  à  la  navigation  sur  les  canaux. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Dupuy  de  Lôme.) 

M.  J.  QiTissAc  adresse  une  nouvelle  rédaction  de  son  Mémoire  sur  le 
choléra  asiatique,  sa  nature  et  son  traitement. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legsBréant.) 


(  3i    ) 

M.  A.  MiCARD  adresse  une  Note  sur  les  images  accidentelles  et  les  cou- 
leurs complémentaires. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Chevreul.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Directeur  général  des  Douanes  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de 
rinstilut,  le  Tableau  général  du  Commerce  de  la  France  avec  ses  colonies 
et  les  puissances  étrangères  pendant  l'année  1873. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  le  premier  volume  du  «  Traité  de  Métallurgie  générale  » 
de  M.  L.  Grimer.  Ce  volume  est  accompagné  d'un  Atlas  de  19  planches. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Marchand, 
un  ouvrage  intitulé  «  Étude  sur  la  force  chimique  contenue  dans  la  lu- 
mière du  Soleil  )). 

M.  E.  Mathieu  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi  les 
candidats  à  la  place  devenue  vacante,  dans  la  Section  de  Géométrie,  par 
la  nomination  de  M.  Berlrand  aux  fonctions  de  Secrétaire  perpétuel. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

M.  J.  SiLBERMANN  pHc  l'Académic  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi 
les  candidats  à  la  chaire  d'Histoire  naturelle  des  corps  inorganiques,  laissée 
vacante  au  Collège  de  France  par  la  mort  de  M.  Elle  de  Beaumonl. 

(Renvoi  à  la  future  Commission.) 

MM.  Marey,  Sirodot,  Mourcou,  Coggia,  p.  Hartixg,  F.  Lucas,  A. 
Saxson,  Lecoq  de  Boisbaudran,  Mascart,  J.  Leforï,  C.  Friedel,  Félizet 

adressent  leurs  remerciments  à  l'Académie,  pour  les  distinctions  dont  leurs 
travaux  ont  été  l'objet  dans  la  dernière  séance  publique  annuelle. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  de  la  Lettre  suivante,  adres- 
sée à  M.  le  Présulent  par  M.  le  Ministre  de  la  Marine  et  des  Colonies,  au 
sujet  du  prix  de  Statistique  qui  a  été  accordé  à  la  Revue  maritime  cl  colo- 
niale. 


«   Monsieur  le  Président, 


(  3^  ) 

Paris,  le  28  décembre  187,'!. 


•  Vous  avez  bien  voulu  m'informer  que  l'Acadômie  des  Sciences  accorde  le  prix  de  sta- 
tistique 1872  (fondation  Montyon)  à  la  fieime  maritime  et  coloniale.  En  même  temps,  vous 
m'avez  fait  l'honneur  de  m'inviter  à  assister  à  la  séance  dans  laquelle  le  prix  sera  décerné. 

»  Je  suis  profondément  reconnaissant  et  de  la  faveur  que  l'Académie  accorde  à  un  Re- 
cueil où  les  officiers  de  tous  les  corps  de  la  Marine  accumulent  les  travaux  les  plus  intéres- 
sants, et  des  termes  obligeants  que  vous  voulez  bien  employer  pour  m'annoncer  la  décision 
de  votre  illustre  Compagnie. 

■>  Je  sens  tout  le  prix,  Monsieur  le  Président,  de  la  distinction  que  vous  décernez  au 
Département  de  la  Marine,  et  j'aurais  été  heureux,  en  assistant  à  votre  séance  du  28,  de 
pouvoir  vous  exprimer  moi-même  tous  mes  remercîmenis.  Malheureusement  une  impé- 
rieuse obligation  de  service  me  prive  de  le  faire.  Je  viens  donc  vous  prier  d'être  auprès  de 
l'Académie  l'interprète  de  tous  mes  regrets  et  de  ma  reconnaissance. 

»  Permettez-moi  d'y  joindre  pour  vous  personnellement.  Monsieur  le  Président,  l'assu- 
rance de  ma  haute  considération.  >> 

ASTRONOMIE.—  PASSAGE  DE  VÉNUS.  —  M.  le   MlNISTKE  DE  FllANCE  EN  ClIINE 

transmet  à  l'Académie  la  dépèche   télégraphique  suivante,  adressée   par 

M.  Fleuriais  : 

«.  Shanghaï,  le  26  décembre  1874,  à  7  heures  soir. 

»  Faites  savoir  Lisbonne  et  Institut...  bonne  réussite  :  quatre  contacts 
observés,  accord  avec  étranger,  soixante  bonnes  épreuves,  nombres  pro- 
visoires, suivant  temps  moyen  : 

Premier 21.32.42 

Deuxième 22 .    o .    o 

Troisième i .  5o .  1 5 

Quatrième 2.17.13 

»   Signe  :  Fleuriais.    » 

ASTRONOMIE.  —  PASSAGE  DE  VÉNUS.  —  LctlVC  de  MM.  Cil.  André  et  A.  Angot 
à  M.  Dumas,  Président  de  la  Commission. 

«  Nouméa,  le  8  octobre  i874. 

M  J'ai  l'honiieur  de  vous  informer  que  nous  sommes  arrivés  ici  tous  en 
bonne  santé,  le  vendredi  (S  octobre  à  y*"  3o'"  du  soir. 

»  M.  Derbès,  capitaine  du  Génie,  à  qui  j'avais  écrit  dans  le  courant  du 
mois  de  mai,  nous  attendait  et  nous  a  gracieusement  offert  l'hospitalité,  en 
attendant  que  le  Gouvernement  ait  pu  y  pourvoir.  En  effet,  le  logement  est 


(33) 
ici  une  question  difficile  et  dont  nous  n'avons  pas  encore  abordé  la  solution, 
réservant  tout  notre  temps  à  l'installation  de  notre  station  astronomique. 

«  Le  terrain  était  d'ailieiu's  préparé.  Par  un  arrêté,  en  date  du  6  août 
1874,  M-  le  Gouverneur  général  avait  chargé  ]M.  Dcrbés  «.  des  études  pré- 
»  limiuaires  nécessaires  à  l'établissement  d'une  station  astronomique  pour 
))  observer  le  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil,  le  9  décembre  prochain.  » 

»  De  cette  façon,  l'étendue  de  nos  recherches  s'est  trouvée  fort  circon- 
scrite, et  dès  le  surlendemain  de  notre  arrivée,  le  dimanche  4  du  courant, 
nous  pouvions  désigner  à  M.  le  Gouverneur  l'emplacement  sur  lequel 
nous  comptions  nous  établir. 

»  Les  journées  des  lundi  et  mardi  furent  consacréesà  l'étude  détaillée  du 
terrain  et  à  la  détermination  des  positions  relatives  de  nos  diverses  ca- 
banes. Le  mercredi,  les  circulaires  destinées  aux  divers  chefs  des  services  de 
la  colonie  furent  envoyées,  et  le  lendemain  jeudi  notre  brigade  d'ouvriers 
commença  cette  partie  des  travaux  où  l'on  peut  se  passer  d'un  alignement 
exact  de  la  méridienne.  Depuis  notre  arrivée,  en  effet,  le  ciel  est  constam- 
ment couvert  et  nous  n'avons  pas  encore  pu  voir  le  Soleil  une  seule  fois. 

»  D'un  autre  côté,  M.  le  Gouverneur  général  nous  annonçait,  le  di- 
manche 4  du  courant,  que  sur  la  dépèche  ministérielle  en  date  du  3o  mai  1874, 
ainsi  que  sur  la  lettre  de  ]\L  le  Président  de  la  Commission  du  passage  deVénus, 
en  date  du  la  juin  1874,  il  nous  était  alloué  sur  les  fonds  du  service  local, 
et  conformément  au  vote  du  Conseil  d'administration,  en  date  du  10  sep- 
tembre 1874,  une  somme  de  5ooo  francs,  destinée  à  subvenir  aux  frais 
principaux  de  l'installation  de  notre  observatoire.  Cette  bbéralité  du  Gou- 
vernement colonial  nous  tirait  d'ailleurs  d'un  grand  embarras.  Ignorant 
au  départ  le  prix  de  la  main-d'œuvre  et  des  matériaux  en  Nouvelle-Calé- 
donie, j'avais  demandé  à  la  Commission  du  passage  de  Vénus  une  somme 
de  beaucoup  inférieure  à  celle  qui  était  réellement  nécessaire. 

»  Nous  rencontrons  donc,  de  la  part  de  l'autorité  supérieure,  toute 
bienveillance;  quant  aux  difficultés  pratiques  résultant  du  trouble  et  du 
dérangement  que  l'installation  de  notre  station  cause  nécessairement  aux 
divers  services  de  la  colonie,  elles  sont  actuellement  presque  entièrement 
aplanies,  et,  si  le  ciel  veut  bien  se  découvrir  un  peu,  avant  quelques  jours, 
je  crois  pouvoir  vous  affirmer  que  du  20  au  25  du  courant  nos  observa- 
tions méridiennes  et  photographiques  auront  commencé. 

»  Il  reste  certainement  beaucoup  à  faire  pour  être  complètement  in- 
stallé :  j'aurai  l'honneur  de  vous  rendre  compte,  par  le  prochain  courrier, 

C.  R,,  1875,   1"  Semcilre.  (T.  LXXX,  N»  1.)  5 


(  34  ) 
de  l'état  d'avancement  progressif  de  nos  travaux;  mais  je  vous  demande, 
dès  aiijoiinriiui,  de  vouloir  bien  adresser  à  M.  le  Gouverneur  de  la  Nou- 
velle-Calédonie et  à  M.  le  capitaine  du  génie  Derbès  les  remerciments  de 
la  Commission. 

«  Le  déballage  de  nos  caisses  d'instruments  ne  pourra  se  faire  que  lundi, 
après  la  construction  d'un  abri.  Sauf  une  caisse,  tout  est  arrivé  intact. 

TÉLÉGRAMME. 

«  Deuxième  contact,  bon;  troisième,  invisible;  autres,  douteux.  —  Cent 
bonnes  photographies.  —  André  reste  pour  longitude.   » 

•    Gouverneur  (le  la  Nouvelle-Calédonie, 
»  Allégrot.   » 

ASTRONOMIE.  —  PASSAGE    DE   VÉNUS.  —  Lettre  de  M.  J.   Janssen 

à  M.  Dumas,  Président  de  ta  Commissioiï. 

«   Naijasaki,  3  novembre  i874' 

((  Bien  que  je  sois  en  ce  moment  absorbé  tout  entier  par  les  soins  de  notre 
installation,  je  ne  veux  pas  laisser  partir  la  malle  sans  vous  donner  de  nos 
nouvelles. 

»  Après  avoir  supporté,  en  rade  de  Hong-Kong,  le  grand  typhon  dont  le 
retentissement  est  maintenant  parvenu  en  Europe,  nous  nous  sommes  ren- 
dus à  Yoko-Hama.  Le  Ministre  de  France,  M.  Berthemy,  nous  présenta  au 
Gouvernement  japonais,  qui  nous  accueillit  avec  beaucoup  de  distinction, 
et  prit  toutes  les  mesures  pour  faciliter  l'accomplissement  de  notre  mis- 
sion. 

»  Yoko-Hama  n'offrait  pas,  à  beaucoup  près,  autant  de  chances  favo- 
rables que  les  points  du  littoral  de  l'ouest.  Robe  et  Nagasaki.  Nous  réso- 
lûmes de  nous  établir  dans  cette  direction.  Le  d'Estrées,  navire  de  notre 
escadre  des  mers  de  Chine,  vint  nous  prendre  et  nous  conduisit  d'abord  à 
Kobé,  prèsOsaka,  dans  la  mer  intérieure.  Là  l'ensemble  des  informations 
recueillies  me  porta  à  préférer  Nagasaki.  A  Nagasaki,  nous  trouvâmes  la 
Commissiou  américaine,  dirigée  par  M.  Davidson,  du  Coast-Survey. 

»  Notre  station  est  très-belle;  elle  domine  toute  la  rade  et  notre  instal- 
lation marche  très-rapidement,  grâce  au  nombre  considérable  d'ouvriers  de 
tous  genres  que  nous  avons  engagés  et  que  nous  poussons  incessamment. 

»  Aussitôt  que  je  serai  un  peu  plus  dégagé  des  soins  à  donner  à  tous  ces 
travaux,  j'aurai  l'honneur  d'envoyer  une  Lettre  détaillée  à  l'Académie.  » 


(  35  ) 

ASTRONOMIE.  —  PASSAGE  DE  VÉNUS.  —  Lettre  de  M.  Héravd  à  M.  Dumas, 

Président  de  la  Commission. 

«  Saïyon,  23  novembre  i8'j4- 

»  La  Lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire,  au  nom  de  la 
Commission  du  passage  de  Vénus,  m'est  parvenue  au  Tonquin,  à  la  fin  du 
mois  de  septembre.  J'ai  appris  avec  une  profonde  reconnaissance  que  la 
Commission  avait  bien  voulu  accueillir  ma  demande  et  me  fournir  les 
moyens  de  prendre  part  au  grand  travail  qu'elle  dirige;  je  me  suis  empressé 
de  profiter  de  l'autorisation  que  m'avait  envoyée  le  Gouverneur  de  la  Co- 
chinchine  pour  rentrer  à  Saigon,  où  je  suis  arrivé  au  commencement  d'oc- 
tobre; après  quelques  jours  employés  à  rendre  compte  de  ma  mission  au 
Tonquin,  j'ai  pu  me  consacrer  aux  préparatifs  de  l'observation  de  Vénus. 

»  La  lunette  de  Secrétan,  que  vous  avez  bien  voulu  mettre  à  ma  disposi- 
tion, avait  été  déposée,  avant  mon  arrivée,  par  M.  Fleuriais;  je  l'ai  trouvée 
en  très-bon  état.  J'ai  éprouvé  d'abord  quelque  embarras,  en  ne  la  voyant  pas 
accompagnée  d'un  appareil  de  support;  mais,  grâce  aux  ressources  de  l'ar- 
senal de  Saigon,  j'ai  pu  en  faire  installer  un  avec  les  pièces  d'un  télescope 
que  possède  la  colonie,  et  qui  s'était  trouvé  en  trop  mauvais  état  pour  pou- 
voir être  employé.  Aujourd'hui  la  lunette  est  portée  par  une  monture  équa- 
toriale  qui  permet  de  suivre  le  Soleil.  Le  petit  observatoire  de  Saigon  a  été 
réorganisé;  la  lunette  méridienne  et  la  pendule  sont  réglées;  je  fais  des 
observations  régulières,  autant  que  me  le  permet  le  temps  assez  incertain 
qui  règne  encore.  La  saison  des  pluies  s'est  prolongée  plus  qu'à  l'ordi- 
naire; mais  elle  tire  à  sa  fin,  et  l'on  peut  espérer  qu'il  fera  beau,  le  jour  du 
passage. 

))  Je  comptais  sur  le  concours  de  mon  collaborateur  du  Tonquin;  il  de- 
vait me  rejoindre  après  avoir  terminé  quelques  travaux  commencés,  et  mal- 
heureusement il  n'est  venu  aucun  navire  du  Tonquin  depuis  mon  départ. 
Je  suis  donc  seul,  et  je  dois  me  borner  au  programme  le  plus  simple.  La 
position  de  l'observatoire  de  Saigon  est  bien  connue;  je  ne  néglige  pas  les 
occasions  de  la  vérifier,  mais  je  me  préoccupe  surtout  de  l'observation  des 
contacts. 

»  Serai-je  assez  heureux  pour  obtenir  la  précision  sur  laquelle  la  Com- 
mission a  le  droit  de  compter?  Je  n'ose  pas  trop  l'espérer,  mais  je  fais  ce 
que  je  peux  pour  y  atteindre.  » 

5. 


(36) 

ASTRONOMIE.  —  PASSAGE  DE  VÉNUS.  —  Lettre  de  M.  p.  Tacchixi 
à  ?.l.  Dumas,  Président  de  (a  Commission. 

o  Muddapiir  (Bengale),  lo  décembre  1874. 
»  L'observation  du  passage  n'a  pas  réussi  complètement,  mais  j'espère 
que  nos  observations  seront  cependant  utiles  pour  la  science.  Les  quatre 
contacts  ont  été  observés  par  trois  observateurs,  le  professeur  Dorna,  le 
P.  Lafont  et  M.  Morso  ;  le  troisième,  le  quatrième,  seulement  par  moi  et 
par  le  professeur  Abetti,  avec  des  speclroscopes.  L'observation  avec  les 
spectroscopes  s'accomplit  d'une  manière  très-satisfaisante;  la  différence 
entre  l'instant  du  troisième  contact  (qui  a  été  observé  le  plus  exactement 
avec  le  spectroscope),  déterminé  à  la  manière  ordinaire,  et  l'instant  observé 
auspectroscope,  dépasse  deux  minutes,  ce  qui  me  semble  démontrer  que  le 
diamètre  du  Soleil,  dans  le  spectroscope,  est  plus  petit,  car  les  instants  des 
contacts  observés  avec  cet  instrument  sont  antérieurs  à  ceux  qu'a  fournis 
l'autre  méthode.  Dans  le  spectre  du  Soleil  j'ai  observé,  immédiatement 
après  la  bande  de  Vénus,  de  légers  obscurcissements  en  des  points  qui  cor- 
respondent à  des  positions  des  raies  atmosphériques  ;  peut-être  est-ce  un 
phénomène  dû  à  l'atmosphère  de  Vénus,  qui  serait  semblable  à  la  nôtre.  » 

GÉODÉSIE.    —   Sur  le  calcul  des  coordonnées  cjéodésiques.  Note  de 
M.  Ch.  Tbepii'D,  présentée  par  M.  Yvon  Villarceau. 

«  Dans  \es  31émoires  de  l'Jnstitut  iwur  180G,  Legendre  a,  pour  la  pre- 
mière fois,  donné  une  analyse  complète  des  triangles  tracés  à  la  surface  du 
sphéroïde.  L'illustre  géomètre  a  négligé,  comme  il  convenait,  dans  ses 
calculs,  toutes  les  puissances  de  l'aplatissement  supérieures  à  la  deuxième, 
et  les  formules  qu'il  a  données  se  divisent  en  deux  catégories  : 

»  1°  Formules  rigoureuses,  aux  termes  i)rès  de  l'ordre  du  cube  de 
l'aplatissement,  ou,  plus  exactement,  formules  dont  le  degré  de  conver- 
gence est  indépendant  de  la  longueur  de  l'arc  mesuré  de  la  ligne  géodé- 
sique; 

n  2°  Fornudcs  développées  jusqu'aux  termes  du  troisième  ordre  inclu- 
sivement en      ou  ',  s  désignant  la  longueur  de  l'arc  de  ligne  géodésique, 

N  la  grande  normale  et  p  le  rayon  de  courbure  de  l'ellipse  méridienne  à 
l'origine  de  l'arc. 

»  Soient  e  l'excentricité  de  l'ellipse  méridienne,  quantité  dont  le  carré 
est  de  l'ordre  de  l'aplatissement,  L  et  L'   les  hitiludes,  cp  et  9'  les  longi- 


(') 


(  37) 
tudes,  Z  et  Z'  les  azimuts  aux  deux  extrémités  d'une  mèine  ligne  géodé- 
sique  de  longueurs;  les  développements  obtenus  par  Legendre  pour  les 
diiférences  de  latitude,  de  longitude  et  d'azimut  sont,  à  la  différence  près 
des  notations, 

'     ,                   s                1  .t'  3  a'       .      , 

L  —  L^ cosZ sin'ZlangL—  7—  t'sinaLcos'Z 

p  2p'  °  /flN^ 

I   s' 
-I--  —  (i  +  tang=L)sin'ZcosZ, 

,  J  sin  Z        s-  sinZ  cosZ 

j' sinZcos=Z  ,  ,  ^,        .î' sin'Z  , 

+  ^, ï —  (    +  tang=L   —  — —  ^  lang'L, 

K'       cosL       ^'  ^     '       N'cosL   •       *     ' 

TJ  —  Z—r.~  -(an"LsinZH sinZcosZ(i+  tang-L -f-irU-os'I.) 

—  ^^tangLsinZ[cos'Z(i-r-Atang=L)-(i+:^,ang'l,)], 

formules  où  les  arcs  sont  exprimés  en  parties  du  rayon. 

»  Dans  la  pratique  ordinaire  de  la  Géodésie,  les  côtés  de  triangles  ne 
dépassent  guère  40  kilomètres,  ce  qui  donne,  pour  -  :  0,0062616,  ou,  en 

secondes,  1 291  ",56  à  la  latitude  de  45  degrés;  on  peut  alors  s'en  tenir  aux 
termes  du  deuxième  ordre  dans  les  formules  (i).  Ainsi,  en  supposant 
^  =  4o'^'"5  L=45''  et  Z=:45°,  l'ensemble  des  termes  du  troisième  ordre 
n'atteint  pas  o",oi  pour  la  latitude,  o",o3  pour  la  longitude,  et  o",02  pour 
l'jizimut.  Mais  clans  un  triangle  où  l'on  aurait  s^  160''"',  et  il  se  trouve  des 
triangles  de  cette  étendue  dans  la  Géodésie  française  (*),  la  valeur  des 
termes  négligés  dépasserait  o",44  pour  la  latitude,  i",62  pour  la  lon- 
gitude, et  i",42  pour  l'azimut.  Ou  se  rappelle  que  l'application  des  termes 
du  troisième  ordre  a  été  faite  par  MM.  Hossard  et  Levret  au  parallèle  de 
Paris  d'une  part,  et  de  l'autre  à  la  partie  nord  de  la  méridienne  de 
France. 

»  Mais  il  était  permis  de  se  demander  si,  dans  des  triangles  d'une  plus 
grande  étendue,  comme  ceux  par  lesquels  M.  le  commandant  Perrier  a 
proposé  de  relier  géodésiquement  la  France  à  l'Algérie,  la  correction  du 

(*)  Le  triangle  qui  a  pour  sommets  Ivizà,  Mongà  et  Desierto,  et  qui  fait  partie  liu  pro- 
longement de  la  iiRi'iilienne  de  Franco  sur  le  territoire  espagnol,  a  iiu  côté  de  i  io233"',  5. 
Le  triangle  qui  relie  la  triangulation  l'ranr.aise  au  l\I()Mte-Ciuto  de  Corse  a  un  côté  de 
235387"',5.  (Voir  G<?Ww/e  de  Puissant,  t.  I,  p.  264  et  265.) 


(38  ) 
troisième  ordre  était  suffisante.  La  simple  comparaison  des  résultats  donnés 
par  les  formules  rigoureuses  et  par  les  développements  de  Legendre  faisait 
voir  qu'il  n'en  était  rien.  Il  devenait,  dès  lors,  intéressant  de  calculer  les 
termes  du  quatrième  ordre.  C'est  ce  que  j'ai  entrepris,  d'après  les  conseils 
de  M.  Yvon  Villarceau,  et  c'est  le  résultat  de  ce  travail  que  j'ai  l'bonncur 
de  présenter  à  l'Académie.  Ce  travail  n'est,  du  reste,  que  la  préface  d'une 
autre  étude,  dans  laquelle  je  me  propose  d'examiner  l'influence  des  termes 
du  quatrième  ordre  sur  une  correction  azimutale  d'une  réelle  importance 
au  point  de  vue  théorique,  et  qui  a  été  pour  la  première  fois  signalée  et 
calculée  par  M.  Yvon  Villarceau  (*). 

»  Les  termes  que  j'ai  obtenus  sont  de  la  forme 

les  coefficients  A,  B,  G  désignant  des  fonctions  assez  compliquées  de  la  la- 
titude et  de  l'azimut  de  la  station  de  départ,  et  dont  voici  les  expressions  : 
»    I  "  Pour  les  différences  de  latitude  : 

A  =  —  {-cos-Zsin  2L  (5  —  cosaL), 

B=  i-cosZ(i  -  4sin=L)  -4-  J-cos'Z(i  +  2siii=L), 

C  =  ^  tangL(i  —  locos^Z-f-  gcos^Z)  -i-itang'L(i  -  Gcos^'Z -+-5cos^Z). 

»   2°  Pour  les  différences  de  longitude  : 

A'=.  îill|^[tangL(f  cos*L  -  sin^L)  -  (f  -  lang^Lsin^L)], 

B'=  jsinZ  cos^'ZcosL, 

C'=  ^sinZcosZÎ^[sin^Z(i  +  2tang-L)  -  | -f- tang^'L)]. 

COS  1-1 

»   3°  Pour  tes  différences  d'azimut  : 

A"  =  — 3sinZcosZsin^L(|  -;-  tang-L)^ 
B"=:-^sinZsin2L(|  — cos'Z), 

C"^-  ?i!^^£2iZ^  [|  4-  sin='L(^  -  21  sin^'Z) 

4- 12  tang^Lsin'L  COS2Z  —  3sin°Z]. 

»  Je  me  bornerai,  dans  cette  Note,  à  présenter  une  application  des  for- 

(*)  Il  s'agil  ici  de  l'erreur  que  l'on  commet  en  substituant  la  direction  observée  d'un 
sifjnal  à  celle  de  rélcmciit  de  la  ligne  géodésique  passant  par  le  lieu  de  l'observation. 


(39  ) 
mules  nouvelles,  en  donnant  à  s  une  série  de  valeurs  depuis  [\o  kilomètres 
jusqu'à  looo  kilomètres,  et  en  supposant  L  =  4^  degrés,  Z  =  45  degrés. 

I.    —  Latitudes. 


I.OlldUCUl' 

Par 

Alix  termes 

Aux  termes 

Termes 

(le  la  lijjiie 

les  l'ormules 

près 

|)rè.'i 

du 

Terme* 

gcodésiquc. 

rigoureuses. 

du  .^"  ordre. 

du  .'»•-*  ordre. 

4'  ordre. 

suivants. 

km 

4o 

-    9i8",32 

—       918,32 

—      9 18",  32 

4-0,00 

—  0,00 

lOO 

23o3,32 

23o3,32 

23o3,32 

0,00 

0,00 

200 

463 1,17 

463i,i3 

463i,i7 

o,o4 

0,00 

4oo 

9356, 3 I 

9355,72 

9356, 3 I 

0,59 

0,00 

6oo 

14167,70 

i4i64,85 

14167,70 

2,85 

0,00 

8oo 

19057,90 

19049,52 

19058,38 

8,86 

0,48 

lOOO 

24020,60 

24000,78 
II.  —  Longh 

24022,16 
tudes. 

21,38 

1,56 

km 

4o 

1285 "86 

+   1285' 86 

+   1285°.  86 

M 
0,00 

0  ,  00 

lOO 

3193,50 

3193,50 

3193,50 

0,00 

0,00 

200 

6317,96 

63i8,o2 

63 18, 02 

0,00 

0,06 

4oo 

12368,67 

12369,09 

12369,05 

0,04 

o,38 

6oo 

18170,90 

18172,22 

18171 ,98 

0,24 

1,08 

8oo 

23742,50 

23746,39 

23745,59 

0,80 

3,09 

lOOO 

29092,98 

29110,61 

29108,57 

2,o4 

15,59 

III.  —  Azimuts. 

km 

0        1          m 

0      ,      „ 

0     ,     „ 

H 

u 

4o 

179.44.52,77 

179.44.52,77 

179.44.52,77 

+0,00 

H-o,oo 

lOO 

179.22.34, jO 

179.22.34,40 

179.22.34,40 

0,00 

0,00 

20O 

178.46.22,50 

178.46.22,50 

178.46.22,50 

0,00 

0,00 

4oo 

177.37.31 ,06 

1 77 .37 .3o,63 

177.37.30,87 

0,24 

0,19 

6oo 

176.33.      8,91 

176.33.  6,68 

176.33.  7,01 

1,33 

1,90 

Boo 

175.33.  0,65 

175.32.52,40 

175.32.56,73 

4.33 

3,92 

lOOO 

174.36.49,27 

174.36.30. 25 

174.36.40,95 

10,70 

8,32 

»   On  voit,  par  ces  tableaux  (*)  : 

»  1°  Que,  dans  les  conditions  où  nous  nous  sommes  placés,  l'emploi  des 
termes  du  quatrième  ordre  permettrait  d'obtenir  les  différences  de  latitude 
à  moins  de  o",oi  jusqu'à  600  kilomètres,  mais  que  pour  un  arc  de  1000  kilo- 
mètres l'erreur  dépasserait  i  seconde; 

»  2"  Que  les  erreurs  sont  beaucoup  plus  considérables  dans  les  diffé- 


(*)  A  l'égard  de  la  longitude  et  de  l'azimut,  ce  qui  intéresse  les  géodésiens,  ce  sont  les 
produits  ((}<' —  y)  cosL  et  {Z'  —  Z)cosL,  plutôt  que  los  différences  ç'- —  ly  et  Z'  —  Z.  Les 
nombres  des  Tableaux  II  et  IH  devront  donc  être  divisés  par  v'2,  pour  représenter  ces  pro- 
duits. 


(  4o  ) 

rences  de  longitude  et  d'azimut;  car,  dans  un  triangle  de  looo  kilomètres, 
elles  dépasseraient  i5  secondes  pour  la  longitude  et  8  secondes  pour 
l'azimut.  H  faudrait  alors  calculer  les  termes  du  cinquième  ordre;  mais, 
en  pareil  cas,  l'emploi  des  formules  rigoureuses  serait  sans  doute  préférable 
à  toute  autre  méthode  de  calcul. 

»  Remarquons  d'ailleurs  qu'il  n'est  pas  surprenant  que  les  termes  du 
cinquième  ordre  puissent,  dans  un  arc  de  looo  kilomètres,  s'élever  à 
i5  secondes. 

»  En  elfet,  parmi  les  termes  du  cinquième  ordre,  il  y  en  aurait  un  de  la 

forme  -rr--  Or,  en  faisant  s  =  looo  kilomètres,  on  a  -; — -. — ;;  =  iQ",3q;  il 

suffirait  donc  que  le  coefficient  fût  un  peu  inférieur  à  l'unité. 

»  Je  crois  devoir  ajouter,  en  terminant,  que  tous  les  développements 
analytiques  dont  les  résultats  sont  présentés  dans  cette  Note  ont  été  effec- 
tués par  deux  voies  différentes  ou  recommencés  avec  le  plus  grand  soin 
toutes  les  fois  que  les  circonstances  ne  se  prêtaient  pas  à  l'emploi  d'une 
autre  méthode  de  calcul.  C'est  une  observation  qui  a  son  importance 
lorsqu'il  s'agit  de  calculs  aussi  étendus.  » 

PElYSiQUE.  —  Sur  l'expression  du  travail  relatif  à  une  transformation  élémentaire. 
Note  de  M.  J.  Moutier,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  M.  Clausius  a  donné  récemment  une  démonstration  du  théorème  de 
Carnot,  fondée  sur  l'expression  du  travail  relatif  à  luie  transformation  élé- 
mentaire dans  l'hypothèse  généralement  admise  aujourd'hui,  où  la  cha- 
leur est  considérée  comme  un  mode  de  mouvement.  M.  Ledieu  est  arrivé 
au  même  résultat  par  une  voie  différente.  Ces  solutions  laissent  indéter- 
minée la  nature  même  du  mouvement,  et  présentent  par  cela  même  la  plus 
grande  généralité.  Je  me  suis  proposé  de  traiter  la  même  question  en  ad- 
mettant que  la  chaleur  consiste  en  un  mouvement  vibratoire;  l'analogie 
qui  existe  entre  la  chaleur  et  la  lumière  permet  de  supposer  qu'il  en  soit 
ainsi,  et,  comme  la  théorie  vibratoire  suffit  à  l'explication  de  tous  les  phé- 
nomènes de  l'Optique,  il  y  a  lieu  de  rechercher  si  elle  peut  rendre  compte 
également  des  phénomènes  de  la  chaleur.  Celte  hypothèse  particulière 
n'est  pas  nouvelle  dans  la  science;  elle  restreint,  il  est  vrai,  la  généralité  de 
la  solution,  mais,  d'un  autre  côté,  elle  permet  de  préciser  la  nature  de 
certains  phénomènes. 

»  Le  mouvement  vibratoire  dont  chaque  point  est  animé  peut  se  décom- 
poser suivant   trois  directions  rcct;nigul;iires;  chaque  mouvement  com- 


(  4.  ) 

posant  est  un  mouvement  oscillatoire  rectiligne  de  même  période,  produit 
par  une  force  proportionnelle  à  la  distance  du  point  matériel  à  un  centre 
fixe. 

»  Si  l'on  représente  par  jii  la  masse  du  point  matériel,  par  '^  l'accéléra- 
tion à  l'unité  de  distance,  par  a  l'auiplitudc  de  l'oscillation,  la  valeur 
moyenne  de  la  force  esty=  v'wip«- 

»  La  durée  i  d'une  oscillation  est  i=z  ■^• 

V? 

»  La  vitesse  maximum  du  point  matériel  est  U  =  — ^• 

»  La  demi-force  vive  maximum  est  ^m\]'-=fa. 

»  La  demi-force  vive  moyenne  |  mu^  est  la  moitié  de  la  demi-force  vive 
maximum;  "l mir  :=  ^^ fa .  On  considère  cette  demi-force  vive  moyenne 
comme  étant  proportionnelle  à  la  température  absolue  T. 

»  Le  travail  élémentaire,  qui  correspond  à  une  élévation  de  tempéra- 
ture dT,  se  compose  de  deux  parties  :  l'une  est  égale  au  demi-accroisse- 
ment de  la  force  vive  moyenne;  l'autre  provient  de  modifications  appor- 
tées dans  le  mouvement  vibratoire,  en  supposant  que  la  force  vive 
moyenne  conserve  la  même  valeur,  ou  bien  que  la  température  reste  con- 
stante. 

M  La  température  restant  constante,  l'amplitude  de  l'oscillation  peut 
changer,  pourvu  que  la  durée  d'oscillation  varie  dans  le  même  rapport.  Si 
l'amplitude  de  l'oscillation  augmente  de  la  quantité  cin,  il  en  résulte  un 
travail  qui  a  pour  expression  le  produit  de  la  valeur  moyenne  de  la  force 
par  l'accroissement  de  l'amplitude  ou  Jda. 

»  Or,  le  rapport  -  devant  demeurer  constant, 

da=^  r  di 

i 

et,  par  suite, 

Jda  =Ja  —  =  tnir  —  • 

»  La  portion  du  travail  relatif  à  une  transformation  élémentaire  est 
donc,  pour  le  mouvement  considéré, 

d{\mu-)  -f-  mu-  —• 

»  Le  même  raisonnement  s'applique  à  cliacune  des  trois  directions  rec- 
tangulaires sur  lesquelles  on  a  projeté  le  mouvement  du  point  matériel.  Le 
travail  dL,  relatif  à   une  transformation  élémentaire,  est   la  somme  des 

C.R.,  i8-5,  1"  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  I.)  " 


(    42    ) 

quantités  analogues  à  la  précédente;  de  sorte  que,  en  appelant  rnv^  la  force 
vive  moyenne  d'un  point  matériel,  on  aura,  pour  le  système  entier, 

»  On  retrouve  ainsi  l'expression  donnée  par  M.  Clausius.  Si  l'on  repré- 
sente par  M  le  poids  du  corps,  par  R  sa  chaleur  spécifique  absolue,  par  E 
l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur,  dans   l'hypothèse  adoptée  sur   la 

chaleur, 

l{^nw-)  =  MRTE. 

»  La  valeur  du  travail  élémentaire  dL  peut  alors  se  mettre  sous  la  forme 
dL  =  MKE(dT-i-  2Ty 

»  Si  l'on  admet,  comme  précédemment,  que  la  chaleur  consiste  en  un 
mouvement  vibratoire,  on  peut  analyser,  à  ce  point  de  vue,  divers  phéno- 
mènes : 

»  1°  A  l'état  solide,  la  chaleur  spécifique  vulgaire  est  sensiblement  égale 
au  triple  de  la  chaleur  spécifique  absolue.  Voyons  quelle  indication  la 
théorie  précédente  peut  fournir  à  cet  égard. 

»  La  quantité  de  chaleur  nécessaire  pour  élever  la  température  du  corps 
de  r/T  est  alors  3MRr/T;  une  partie  de  cette  chaleur  MKdT  représente 
l'accroissement  de  la  chaleur  réellement  existante  à  l'intérieur  du  corps,  de 
sorte  que  la  chaleur  consommée  en  travail  est  2MK.f/T.  On  a  donc 

dT=2T^. 
»  Cette  relation  revient  à  la  suivante  : 

-  =  const. 

»  En  retriplaçant  i  et  T  par  les  valeurs  déduites  des  relations  précédentes, 

on  trouve  la  condition 

/=  const. 

»  Ainsi,  dans  les  corps  à  l'état  solide,  lorsque  la  chaleur  spécifique  vul- 
gaire est  égale  au  triple  de  la  chaleur  spécifique  absolue,  les  forces  molé- 
culaires ont  une  valeur  sensiblement  constante,  indépendante  do  la  tempé- 
rature. On  retrouve  ainsi  une  propriété  énoncée  dans  un  précédent 
travail  (  ). 

(*)  Comptes  rendus,  t.  LXXI,  |).  <)3.'î  ;  Jnnalcs  de  Chimie  et  <lc  Physique,  !\''  hcriQ, 
I.  XXIV,  p.  3oG. 


(  43  ) 

»  2°  Cherchons  de  même  la  condition  pour  qu'il  n'y  ait  pas  de  chaleur 
consommée  en  travail  intérieur  lorsque  le  corps  est  chauffé  sous  volume 
constant,  ce  qui  a  lieu  sensiblement  pour  les  gaz  permanents. 

»  La  quantité  de  chaleur  nécessaire  pour  élever  la  température  do  dT 
est  alors  Kd'ï;  dans  ce  cas,  dL  =  o, 

dT  +  2T  ^''  =  o. 

»  Cette  relation  revient  à  la  suivante  : 

T/^  =  coust. 

»  En  remplaçant  /'  et  T  par  les  valeurs  déduites  des  relations  précédentes, 

on  trouve  pour  condition 

n  =  const. 

»  Ainsi,  pour  qu'il  n'y  ait  pas  de  chaleur  consommée  en  travail  intérieur 
lorsqu'un  corps  s'échauffe  sous  volume  constant,  l'amplitude  des  oscilla- 
tions doit  rester  la  même;  il  y  a,  au  contraire,  de  la  chaleur  consommée  en 
travail  intérieur  lorsque  l'amplitude  des  oscillations  augmente. 

»  3°  Lorsque  le  corps  éprouve  une  transformation  à  température  con- 
stante, comme  cela  a  lieu  dans  les  changements  d'état,  la  quantité  de  cha- 
leur nécessaire  pour  effectuer  la  transformation  est 


Q  =  2MKT  Cj  =  2MRT  log  (y 


en  désignant  par/oCt  i  les  durées  d'oscillation  avant  et  après  la  transfor- 
mation, par  log  le  logarithme  népérien. 

»  La  température  étant  la  même,  en  appelant  «„  et  a  les  durées  d'oscil- 
lation correspondantes. 


a 


»  Mais  d'ailleurs,  en  appelaiity^  étales  valeurs  moyennes   des  forces 

moléculaires  avant  et  après  la  transformation,  la  température  restant  la 

même, 

Ja  =--/„  a„ , 
et  par  suite 

Q^  alVIRTlog^-^V 

»  Cette  relation  montre  la  liaison  qui  existe  entre  la  chaleur  nécessaire 
pour  déterminer  un  changement  d'état,  tel  que  la  fusion  ou  la  vaporisation, 
et  la  variation  qu'éprouvent  les  actions  moléculaires  par  suite  du  change - 

G.. 


{  44  ) 

ment  d'état.  Lorsque  les  actions  moléculaires  diminuent,  ce  qui  est  le  cas 
ordinaire,  la  transformation  exige  une  dépense  de  chaleur,  chaleur  de 
fusion  ou  de  vaporisation;  le  corps  dégage  au  contraire  de  la  chaleur  lorsque 
le  changement  d'état  est  accompagné  d'un  accroissement  des  forces  molé- 
culaires.  » 

CHIMIE.  —  Analogies  que  préxentent  te  dégagement  des  gaz  de  leurs  solu- 
tions sursaturées  et  la  décomposition  de  certains  corps  explosifs.  Note  de 
M.  D.  Gerxez,  présentée  par  M.  Pasteur. 

«  J'ai  étahli  depuis  longtemps  (i)  que,  dans  les  solutions  gazeuses  sur- 
saturées, l'excès  de  la  quantité  du  gaz  dissous  sur  la  quantité  normale, 
c'est-à-dire  sur  celle  que  le  liquide  dissoudrait  dans  les  mêmes  conditions 
de  température  et  de  pression,  ne  se  dégage,  dans  le  cas  où  l'on  ne  fait 
pas  intervenir  d'action  mécanique,  qu'autant  qu'on  introduit  au  sein  du 
liquide  une  atmosphère  gazeuse  quelconque,  retenue,  par  exemple,  à  la 
surface  d'un  corps  solide  ou  dans  les  cavités  capillaires  d'un  corps  poreux. 
C'est  dans  celte  atmosphère,  qui  joue  le  rôle  du  vide  par  rapport  au  gaz 
différent  dissous,  que  ce  dernier  gaz  se  dégage  par  la  surface  libre  du 
liquide.  Or  les  parois  des  vases  retiennent  souvent,  même  lorsqu'elles 
paraissent  mouillées,  une  couche  gazeuse  localisée  surtout  dans  les  anfrac- 
tuosités  qui  se  trouvent  presque  toujours  à  la  surface  des  corps  solides;  il 
en  résulte  que,  dans  des  vases  qui  n'ont  pas  subi  de  préparation  spéciale, 
les  solutions  gazeuses  sursaturées  proHuisent,  sur  les  parois,  des  bulles  de 
gaz  plus  ou  moins  abondantes;  mais  si  l'on  a  soin  de  dissoudre,  par  des 
lavages  successifs  à  la  potasse,  à  l'eau  distillée  bouillante  et  à  l'alcool,  la 
couche  superficielle  des  vases  de  verre  en  certains  points  de  laquelle  se 
trouverait  retenue  une  petite  quantité  d'air,  on  constate  qu'il  ne  se  forme 
plus  une  seule  bulle  gazeuse  sur  la  paroi  baignée  par  le  liquide,  pas  plus 
qu'à  l'intérieur  de  la  solution  sursaturée  entre  des  limites  de  température 
et  de  pression  très-étendues. 

»  L'émission  du  gaz  ne  se  fait  plus  alors  que  par  la  surface  libre  du 
liquide  ;  des  échanges  ont  lieu,  de  couche  en  couche,  avec  une  lenteur  telle 
que,  par  exemple,  l'eau  saturée  d'acide  carbonique  sous  une  pression 
d'environ  2  |  atmos|)hères  et  exposée  dans  un  tube  librement  ouvert  à 
des  températures  voisines  de  8  degrés,  est  encore  sursaturée  dans  la  couche 
située  à  10  centimètres  de  la  surface,  même  après  cinquante  jours. 


(i)  Comptes  rendus,  t.  LXIII,  p.  883,  19  novembre  1866. 


(  45) 

»  Lorsqu'on  diminue  la  pression,  l'émission  du  gaz  n'a  lieu  aussi  que 
par  la  surface,  si  le  vase  a  été  convenablement  préparé.  Ainsi  de  l'eau  sa- 
turée d'acide  carbonique  sous  Tine  pression  supérieure  à  2  {r  almospbères 
a  été  maintenue  assez  facilement  dans  le  vide  fait  avec  la  pompe  à  mercure 
sans  qu'il  se  dégageât  une  seule  bulle  de  gaz  à  l'intérieiir  de  la  solution,  et 
pourtant  le  manomètre  du  récipient  de  la  machine  indiquait  une  pression 
égale  seulement  à  la  tension  maxima  de  la  vapeur  d'eau  à  la  température 
de  l'expérience.  Le  gaz  ne  se  dégageait  que  par  la  surface  sans  bulle  appa- 
rente  et  avec  une  vitesse  relativement  faible. 

»  Vient-on  à  introduire  une  atmosphère  gazeuse  dans  cette  solution  à  la 
surface  de  laquelle  on  maintient  le  vide,  il  s'y  produit  une  vive  efferves- 
cence qui  ressemble  à  une  ébullition  violente.  J'ai  réalisé  l'expérience  en 
enfonçant  dans  l'eau  dcSeltz  un  fragment  d'épongé  de  platine  ou  debioxyde 
de  manganèse,  retenu  à  l'extrémité  d'un  fil  de  platine  :  tout  le  liquide  qui 
se  trouvait  au-dessus  du  corps  poreux  fut  violemment  projeté,  tandis  qu'au- 
dessous  il  ne  se  dégageait  pas  une  bulle  de  gaz. 

»  Lorsque  les  gaz  sont  très-solubles  dans  les  liquides,  on  peut,  eu  opé- 
rant dans  des  tubes  préparés  comme  je  l'ai  indiqué,  porter  les  solutions  à 
une  pression  assez  faible  ou  à  une  température  assez  élevée  pour  que  l'excès 
de  la  quantité  de  gaz  retenue  par  le  liquide  sur  la  quantité  normale  soit 
très-considérable.  Alors,  si  l'on  introduit  une  atmosphère  gazeuse  au  sein 
du  liquide,  on  détermine  une  sorte  d'ébullition.  L'expérience  peut  être 
réalisée  très-facilement  avec  la  solution  d'ammoniaque;  on  met  dans  un 
tube  préparé  la  solution  ordinaire  d'ammoniaque,  on  l'entoure  d'un  mé- 
lange réfrigérant,  et  on  la  s;iture  par  un  courant  longtemps  prolongé  de  gaz 
ammoniac.  On  retire  ensuite  la  solution,  et  on  la  laisse  revenir  à  la  tempé- 
rature ambiante  de  20  degrés  par  exemple;  il  ne  se  dégage  pas  de  gaz  à 
l'intérieur  du  liquide;  mais  si  l'on  y  amène  une  petite  cloche  à  air  que  l'on 
a  ménagée  à  l'extrémité  d'un  t^d)e  de  verre  étranglé  à  la  lampe,  il  se  dé- 
gage dans  celte  atmosphère  du  gaz  ammoniac,  qui  semble  sortir  de  la  petite 
cloche,  en  bulles  d'autant  plus  fréquentes  que  la  sursaturatiou  est  plus 
prononcée.  L'expérience  ressemble,  dans  ce  cas,  à  l'ébullition  d'un  liquide 
provoquée  par  le  même  procédé  ;  du  reste,  lorsqu'au  bout  de  quelque  temps 
elle  se  ralentit,  on  active  le  dégagement  en  élevant  un  peu  la  température. 

»  J'avais  déjà  rapproché,  dans  la  Note  que  j'ai  rappelée  plus  haut,  le 
phénomène  du  dégagement  des  gaz  de  leurs  solutions  sursaturées  sous  l'in- 
fluence de  corps  qui  y  amènent  une  atmosphère  gazeuse  de  la  décompo- 
sition que  subissent,  sous  la  même  influence,  certaines  substances,  telles 


(46  ) 
que  l'ean  oxygénée.  La  préparation  de  l'eau  oxygénée  très-concentrée  étant 
d'une  exécution  délicate,  je  vais  indiquer  comment  on  peut  se  servir  faci- 
lement, pour  la  même  démonstration,  d'une  réaction  connue  qui  a  été  étu- 
diée autrefois  par  Schœnbein  (i). 

»  Dans  un  tube  de  verre  de  6  à  20  millimètres  de  diamètre,  fermé  à  l'une 
de  ses  extrémités  et  récemment  préparé,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  on 
introduit  une  couche  de  5  à  10  centimètres  d'eau  distillée,  que  l'on  a  filtrée 
pour  la  débarrasser  des  particules  solides  retenues  en  suspension.  On  refroi- 
dit le  tube  à  zéro,  puis  on  y  fait  tomber  de  l'acide  hypoazotique  liquide, 
préalablement  refroidi.  Ce  liquide,  glissant  le  long  des  parois  du  vase,  tra- 
verse l'eau  sans  dégager  de  gaz  et  se  rassemble  au  fond  du  tube  sous  forme 
d'un  liquide  bleu,  que  l'on  regarde  comme  contenant  de  l'acide  azoteux; 
en  même  temps,  de  l'acide  azotique  reste  en  dissolution  dans  l'eau.  On  peut 
retirer  alors  le  tube  du  mélange  réfrigérant  et  le  laisser  revenir  à  la  tempé- 
rature ambiante  de  i5  degrés  par  exemple,  sans  qu'il  se  dégage  de  l'inté- 
rieur du  liquide  une  seule  bulle  de  gaz.  J'ai  conservé  des  tubes  ainsi  pré- 
parés, pendant  quinze  jours,  dans  im  milieu  dont  la  température  a  varié  de 
7  à  16  degrés  :  le  liquide  bleu  s'était  peu  à  peu  diffusé,  sans  dégagement  ga- 
zeux, dans  la  couche  d'eau  superposée,  laquelle  est  restée  incolore  sur  une 
certaine  partie  de  son  épaisseur.  Vient-on  à  introduire  à  la  surface  de  la 
couche  liquide  inférieure  un  corps  sans  action  chimique  sur  l'acide  azotique 
et  désaéré,  tel  qu'un  fil  de  platine  qui  a  servi  pendant  qtielques  minutes  à 
entretenir  l'ébullition  de  l'eau,  il  n'y  produit  aucun  effet;  au  contraire, 
l'autre  bout  du  fil  qui  n'a  pas  été  débarrassé  de  la  couche  d'air  adliérente, 
à  peine  amené  au  contact  de  l'acide  azoteux,  y  provoque  un  abondant  dé- 
gagement de  bioxyde  d'azote,  qui  cesse  brusquement  si  l'on  retire  immé- 
diatement le  fil  sans  laisser  de  bulle  gazeuse,  et  qui  recommence  dès  qu'on 
immerge  de  nouveau  le  fil.  En  même  temps,  l'eau  se  charge  d'une  nouvelle 
quantité  d'acide  azotique.  Cette  décomposition  peut  être  déterminée  avec 
plus  d'activité  par  l'introduction  d'une  petite  cloche  à  air  dont  la  surface 
a  été  récemment  désaérée  dans  la  flamme  d'un  bec  de  gaz.  Les  bulles  de 
bioxydo  d'azote  semblent  alors  sortir  de  la  cloche,  comme  dans  le  cas  de 
la  solution  d'ammoniaque.  Cet  effet  d'une  atmosphère  gazeuse  qui  décom- 
pose l'acide  azoteux  peut  être  observé,  même  à  la  température  de  zéro; 
dans  ce  cas,  le  dégagement  de  bioxyde  d'azote  est  moins  rapide. 

)i  II  y  a  donc  la  plus  grande  analogie  entre  l'émission  d'un  gaz  dissous. 


(i)  Pogg.  Ànn.,  t.  XL,  p.  38?.. 


{  47  ) 
effectuée  par  la  surface  de  la  solution  dans  un  milieu  gazeux  où  le  gaz  se 
rend  comme  dans  une  atmosphère  raréfiée,  et  cette  décomposition  de  corps 
explosibles  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'attribuer,  comme  je  l'ai  déjà  indiqué  pour 
le  cas  de  l'eau  oxygénée,  à  une  force  particulière  catalytique.  Du  reste,  le 
dégagement  de  chaleur  qui  accompagne  la  décomposition  de  ces  corps, 
bien  que  faible  lorsqu'il  s'agit  de  l'acide  azoteux,  explique  la  rapidité  avec 
laquelle  le  phénomène  continue  dès  qu'on  l'a  déterminé  en  un  des  points 
du  corps,  à  moins  qu'on  n'arrête  la  réaction  au  début,  comme  je  l'ai  indi- 
qué plus  haut.  » 

THERMOCHIMIE.  —  Sur  la  structure  otomicjue  des  molécules  de  la  benzine  et  du 
térébène.  Note  de  M.  G.  Hinrichs,  présentée  par  M.  Berthelot. 

«  I.  D'après  les  expériences  de  M.  Regnault,  la  chaleur  spécifique 
de  la  vapeur  de  benzine  est  i,oii  ou  29,26  pour  le  gramme-molé- 
cule €'H'  de  78  grammes.  [Voir  Comptes  rendus,  t.  LXVI,  p.  iSSg,  équa- 
tion (6).]  De  cette  valeur  numérique  il  suit,  d'après  les  principes  de  ma 
Mécanique  moléculaire  (*),  que  la  structure  atomique  de  la  benzine  est 
annulaire  et  rhomboédrale  :  c'est  ce  que  je  démontrerai  dans  cette  Note. 
Ainsi  les  déductions  de  la  Mécanique  élémentaire  nous  permettent  de  con- 
firmer, par  les  expériences  de  M.  Regnault  sur  la  chaleur  spécifique  des 
vapeurs,  l'hypothèse  de  M.  Kekulé,  fondée  sur  les  propriétés  purement  chi- 
miques de  la  benzine  et  adoptée  par  la  plupart  des  chimistes. 

»  La  chaleur  spécifique  d'une  molécule  à  pression  constante  est  re- 
présentée par 

(1)  S—  5  -h  n-\-  p'  -h  •/.  A, 

où  n  est  le  nombre  d'atomes  élémentaires  de  la  molécule,  I  le  moment 
d'inertie  maximum  de  la  même,  p  =  3,5oo  et  x  =  o,i25  —  !:,  valeurs  des 
constantes  établies  pour  tout  un  groupe  de  composés  organiques  et,  par 
suite,  applicables  à  d'autres  composés  semblables.  Comme  la  molécule 
de  benzine,  C^H*  contient  «  —  12  atomes,  l'équation  (i)  devient 

29,26  =  5  +  12  -I-  3,5oo  -i-  o,  125  I, 

d'où  l'on  tire  I  =  70,08  pour  le  moment  d'inertie  maximum  d'une  molé- 
cule de  benzine.  Donc  I  =  70,08  est  l'expression  thermodynamique  du 
résultat  expérimental  de  M.  Regnault. 

(*)  T/ie  Principles  0/  Cficmislry  and  molccular  Méchantes  ;  Davenpoit,  lowa  (U.-S.),  i874' 


(48  ) 
»  Mais  cette  valeur  est  absolument  incompatible  avec  toute  structure 
linéaire  de  la  molécule  de  benzine;  car  le  moment  d'inertie  de  G  atomes  de 
carbone  rangés  en  ligne  droite,  combinés  chacun  avec  un  atome  d'hy- 
drogène, serait  (G  +  H)  l'y.S  =  227,5  au  lieu  de  70,08  (*);  c'est-à-dire  la 
chaleur  spécifique  de  la  benzine  à  molécule  linéaire  serait,  d'après  l'équa- 
tion (r),  égale  à  4^,5  au  lieu  de  29,26  trouvé  par  l'expérience.  Cette 
structure  linéaire  ferait  la  benzine  octatoraique,  au  lieu  de  saturée.  Voici 
c  calcul  : 


'  2      ;0  .! 

— • • 1  — »- 

b  t       ;      rf 


»  Soient  abc  défier  masses  m  =  €H  =  i3,  rangées  en  ligne  droite  et  à 
distances  égales  à  l'unité;  le  moment  d'inertie  pour  l'axe  vertical  en  a  est 

r  =  /7i.o''  +  77M -4-»2.2-  +  H2.3^-t-/».4^  +  '«.5-  =  w(l-  +  2--r...H-5-)  =  55./». 

Le  centre  de  gravité  O  sera  distant  de  a  de  A,  déterminé  par 

MA  =  ni.o  4-  m.  i  -h  ni.i  +  7/i.3  -f-  «2.4  +  '"-5  =  iS.m, 

d'où  A  =  2.5;  donc  M. A"  =  37.5m,  et  enfin  le  moment  d'inertie  maximum 
pour  l'axe  de  révolution  passant  par  le  centre  de  gravité 

I  =  r  —  M. A-  =  5Sni  —  3'j,!jm  —  17, 5?»  =  227,5. 

M  La  structure  annidaire  de  la  molécule  de  benzine  s'accorde  au  con- 
traire parfaitement  avec  la  valeur  I  =  70,08  tirée  des  déterminations  de 
M.  Regnault;  car,  l'unité  de  distance  atomique  étant  la  distance  des  atomes 
de  carbone  dans  l'atome  d'alcool  [Comptes  tendus,  t.  LXXV,  p.  1 5g4),  il  suit 
que  les  G  atomes  de  carbone,  joints  en  anneau,  formeraient  un  hexagone 
régulier,  dont  le  côté  est  égal  à  l'unité  :  donc  le  rayon  sera  l'unité  aussi. 

T>  Mais  le  centre  de  gravité  des  six  systèmes  GH  =  1 3  est,  à  très-peu  près, 
le  même  que  le  centre  de  gravité  des  atomes  de  carbone,  parce  que  la  masse 
de  l'atome  G  est  douze  fois  la  masse  de  l'atome  H.  Donc,  pour  la  molécule 
annulaire  hexagonale,  le  moment  d'inertie  maximum  sera  6  :<  i3 .  1^  =  78. 

»  Cette  valeur  étant  encore  un  peu  plus  grande  que  la  valeur  déduite 
des  expériences  de  M.  Regnault,  il  suit  que  l'hexagone  régulier  n'est 
qu'une  première  approximation,  car  le  rayon  de  gyration  p  n'est  pas  l'unité, 
mais  f>  =  0,95,  d'après  l'équation  I  =  6  x  i3.^-  =  78./>"  =  70,06. 


(*)  Yo\r  ma  Note  sur  le  calcul  dcx  moments  d'inertie  des  molccules.   [Coiii/>rcs  rendus, 
l.  LXXVI,  p.  iSf)?..) 


(49) 
»  La  synthèse  pyrogénée  de  la  benzine,  découverte  par  M.  Berthelot, 
nous  donne  la  raison  de  cette  petite  diminution  du  rayon  de  gyration,  car 
la  distance  des  deux  atomes  de  carbone  dans  l'acétylène  étant  un  peu 
moindre  que  l'unité,  à  cause  de  l;i  saturation  de  deux  affinités  de  chaque 
atome  de  carbono  par  l'autre,  il  suit  que  l'hexagone  n'est  pas  régulier  tout 
à  fait,  mais  rhomboédrique,  composé  de  trois  côtés  de  l'unité  de  longueur 
(où  les  trois  atomes  d'acétylène  se  sont  unis),  alternant  avec  les  trois  côtés 
un  peu  plus  courts  (où  les  deux  atomes  de  carbone  dans  les  atomes  d'acé- 
tylène se  sont  combinés  avec  deux  affinités  ou  atomicités  chacun).  Donc  le 
rayon  moyen  sera  un  peu  au-dessous  de  l'unité. 

Formule  graphique  de  la   benzine. 


»  •  symbole  de  l'hydrogène  monovalent  ;  -i-  du  carbone  tétravalent, 
indiquant  les  lignes  d'attraction;  A,  B,  C  les  trois  atomes  constituants 
d'acétylène,  représentant  la  synthèse  de  Berthelot. 

ab  =  cf/=  ef  la  distance  mineure, 

be  1=  de  ^^fa  la  distance  majeure  et  l'unité  générale. 

))  Donc  ab  <C  i.  Donc  la  forme  générale  est  un  rhomboèdre. 

»  II.  La  chaleur  spécifique  de  l'essence  de  térébenthine  €'"11"  en  va- 
peur a  été  calculée  par  M,  Naumann  ('),  égale  à  3i,o  pour  le  gramme- 
molécule  ;  mais  la  valeur  trouvée  par  M.  Regnault  est  de  68,8.  Il  y  a  donc  là 
une  erreur  de  121  pour  100  delà  valeur  théorique. 

»  Comme  les  points  d'ébullition  du  térébeuthène  et  du  térébène  sont 
identiques,  d'après  M.  Riban("),  il  suit  ('"*)  que  les  moments  d'inertie 
maxima  le  sont  aussi  pour  ces  deux  composés.  La  production  de  l'hydrure 


(')   Grandriss  des  Ihermochemie.  Braunschweig,   p.  49;   1849.  ^O'""   Comptes  rendus, 
t.   LXXVII,  p.  1357. 

{")   Comptes  rendus,  t.  LXXVIII,  p.  ?.()i. 

{***)  Voir  mes  Principtes  of  Chemistry  and  molccular  Mechanics,  1874)  P-  '24.  Comptes 
rendus,  t.  LXXVI,  p.  1409  autorise  la  même  conclusion. 

C.  R.,  i8-;i,  i«'  ScmciCrc.  (T.  LXXX,  N»  I.)  7 


(  5o  ) 
d'amylène  par  l'hydrogénation  dn  lérébène  (*)etla  synthèse  inverse  du 
térébène  par  l'amyléne  nous  en  donnent  la  formule  graphique,  c'est-à- 
dire  la  projection  (*')  sur  le  plan  du  moment  d'inertie  maximum.  Le 
résultat  du  calcul  assez  simple  est  I  =  280  en  moyenne,  les  déviations 
possibles  maxima  étant  ±  Sa,  et  la  moyenne  probablement  trop  petite. 

»  La  formule  (i)  nous  donnera  la  chaleur  spécifique  de  la  molécule  de 
G'^H'",  renfermant  26  =  7/ atomes,  la  valeur  S  =  5  +  26  4-3,5-f-{I  —  69,5 
en  moyenne,  avec  les  déviations  possibles  maxima  de  ±  4,o.  La  valeur 
moyenne,  et  par  conséquent  la  première  approximation,  sont  presque 
identiques  avec  la  valeur  68,8  observée  par  M.  Regnault.  Voici  le  calcul  : 

Formule  graphique  du  térèbène. 


\ 


X       X 


X  /  X 

»   r  •  /       *  il 


o""X" 

X        X 

i  •        *  l,  • 


»  Mécaniquement  les  deux  moitiés  A  et  B  sont  identiques.  Soit  /  le  mo- 
ment d'inertie  de  A  ou  de  B  pour  l'axe  passant  par  leur  centre  de  gravité 
(e  ou  h)  et  soit  eO  ==  /^0  =  A  la  distance  au  centre  de  gravité.  Alors  le  mo- 
ment d'inertie  maximum  de  la  molécule  de  térèbène  sera 

1=  2(/+   7H.A-), 

m  égalant  la  masse  de  A  ou  B,  c'est-à-dire  m  =  5C  +  8H  =  68. 

»  Mais  évidemment  i  :=  a.i- -h  h.i-  -\-  ci'-  -{-  d.i-  -h  e.o'-  —  56,  parce 
que  ae  =  be  =^  ce  :=  de  =^  \ . 

»  De  plus  A  =  ebcosl\S°  -V-  —  ~  cos45"-i-  —  =:  -4  +  --: 

mais  */<  I      ;  donc  A  <  0,71  -(-i      =1,9.1    ]        ^  k"  ^       ic 
et     bf^ofi;      .     A>o, 76  +  0,3  =  1,0     (l<^<ï,40; 

par  conséquent  A-  =:  1,^3  rir  o,23,  d'où  m  A"  r-  84  rt  16.  Enfin 

I  =  2[56^-  84  -A:  iG]  =  2  [140  =b  16]  r-  280  ±32; 


(*)  Berthf.lot,  liuUrtin  rie  la  SoriM  chimique,  t.  XI,  p.  i8,  aS,  189;  1869. 

(**)   Sciioni.EMMF.n.  Lchrhuch  cler  Kohlenslnffvrrbinduiigen .  Braunsrlnvcii.',  1S71  ;  p.  3G4. 

(*'*)  PL  /,  fig.  1 1  de  mon  Ouvrage  précité. 


(  5i  ) 
mais  1  —  a8o  +  32  donne 

S  =  5 +  «-+-3,5  +  1,  1  =  5  +  26+3,5  +  ^,  1  =  34,5+35 +4  =6g,5i:/|,o, 

S  observé  =  68,8, 

0,7  =  erreur  tle  la  moyenne, 

3  3=) 

,'  J  erreur  des  extrêmes /^o«;6/m. 

■■  La  limite  inférieure  de  bf  a  été  prise  trop  petite;  donc  la  moyenne  est 
probablement  trop*  petite,  et  le  terme  ±  A:  (il  suffira  ^4)  •'op  grand; 
mais  pour  première  approximation  c'est  assez  précis. 

»  Je  crois  donc  avoir  établi  la  constitution  atomique  de  la  molécule  de 
térébène  en  partant  de  la  valeur  de  sa  chaleur  spécifique  déterminée  par 
M.  Regnault,  et  avoir  démontré  que  la  grande  erreur  de  lai  pour  100  de 
la  valeur  calculée  par  les  auteurs  disparaît  quand  on  adopte  le  résultat  de 
ma  Mécanique  moléculaire  :  la  rotation  des  molécules.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  éthers  titaniques.  Note  de  M.  E.  Demabçav, 

présentée  par  M.  Cahours. 

«   De  tous  les  éthers  titaniques,  le  seul  qui  soit  connu  jusqu'ici  est  la 

trichlorhydrine 

TiCl%0C2H\ 

qui  a  été  découverte  par  M.  Friedel.  Ce  composé  prend  naissance  quand 
on  distille  molécules  égales  d'alcool  ou  d'éther  et  de  chlorure  de  titane.  Si, 
cherchant  à  obtenir  la  dichlorhydrine  ou  l'éther  titanique,on  procède  d'une 
manière  analogue,  la  masse  blanchit,  laisse  dégager  des  gaz,  ainsi  que  des 
produits  empyreumatiques;  il  reste  un  résidu  d'acide  titanique,  et  l'on 
n'obtient  pas  trace  de  composés  éthérés  du  titane.  Si  pourtant  on  expose 
dans  le  vide,  à  côté  de  vases  renfermant  l'un  de  la  potasse,  l'autre  de  l'acide 
sulfurique,  une  dissolution  alcoolique  de  chlorure  de  titane,  on  obtient 
par  évaporation  des  croijtes  cristallines  baignées  d'un  liquide  visqueux 
dont  il  est  presque  impossible  de  les  débarrasser.  Par  évaporation  com- 
plète de  l'alcool  on  obtient  une  masse  amorphe  qui  présente  la  compo- 
sition 

TiU'Cir'^ClS 

et   ([u'on  peut  considérer   comme  le  chlorhydrate  de  monochlorhydrine 

Ti(OC-TI')'C.l,IICl. 

»  Ce  corps  s'obtient  rapidement  et  en  beaux  cristaux  en  opérant  comme 

7-- 


(    52    ) 

il  suit  :  I  molécule  de  chlorure  de  titane  est  mélangée  peu  à  peu  à  4  molé- 
cules d'alcool  absolu.  Il  se  dégage  beaucoup  d'acide  chlorhydrique;  on 
chauffe  alors  le  mélange  dans  le  vide  au  bain-marie  de  80  à  100  degrés. 
L'excès  d'acide  chlorhydrique  et  d'alcool  se  dégage  par  la  distillation,  et 
l'on  obtient  une  masse  cristalline  blanche  si  l'opération  a  été  conduite  avec 
précaution,  jaunâtre  si  le  mélange  s'est  trop  échauffé.  Ce  produit  dissous 
dans  une  petite  quantité  d'alcool  bouillant  laisse  déposer  par  refroidisse- 
ment une  masse  de  cristaux  brillants,  bien  déterminés,  qui  peuvent  dans 
certains  cas  acquérir  un  assez  grand  volume;  ces  cristaux  constituent  le 
chlorhydrate  de  monochlorhydrine.  Ils  fondent  à  la  pression  ordinaire 
entre  io5  et  1 10,  en  formant  un  liquide  visqueux  qui  dans  le  vide  dégage 
de  l'acide  chlorhydrique,  en  même  temps  qu'il  se  sublime  un  corps  bien 
cristallisé  qui  n'a  pas  été  encore  étudié.  Ce  dernier  corps  est  peut-èlre  la 
monochlorhydrine.  L'humidité  altère  rapidement  le  chlorhydrate  de  mo- 
nochlorhydrine; l'eau  la  dissout  en  la  décomposant.  L'alcool  dans  le  vide 
ne  lui  enlève  plus  de  chlore;  à  la  pression  ordinaire,  il  réagit  en  donnant 
une  masse  blanche  qui  contient  beaucoup  d'acide  titanique,  et  qui  paraît 
constituer  un  éther  polytitanique  ;  sans  doute  à  la  température  nécessitée 
par  la  réaction,  l'acide  chlorhydrique  produit  éthérifie  l'alcool,  et  l'eau  qui 
prend  alors  naissance  agit  surl'éther  titanique  formé. 

»  L'éthylate  de  sodium  dissous  dans  beaucoup  d'alcool  produit  avec  la 
solution  alcoolique  de  chlorhydrate  de  trichlorhydrine  un  précipité  de 
chlorure  de  sodium  ;  l'alcool  surnageant  le  précipité  laisse  déposer  des 
cristaux  s'il  n'est  pas  en  excès  ;  dans  le  cas  contraire  on  le  décante,  on  en 
distille  une  partie,  et  on  l'abandonne  à  l'abri  de  l'humidité.  Comme  dans 
le  premier  cas,  il  se  dépose  au  bout  de  quelque  temps  des  cristaux  qui 
augmentent  pendant  plusieurs  jours;  ces  cristaux  constituent  l'éther 
titanique 

Ti(OC=IP)'. 

I)  Ils  forment  dans  certains  cas  des  aiguilles  renflées  en  forme  de  fu- 
seaux, qui  peuvent  atteindre  i  ^  centimètre  de  long.  Ce  corps  est 
extrêmement  altérable,  surtout  s'il  est  humecté  de  la  moindre  trace  d'al- 
cool. Il  absorbe  de  suite  l'humidité  de  l'air.  Aussi  ces  cristaux  donnent-ils 
à  l'analyse  des  nombres  qui  indiquent  la  présence  d'une  quantité  variable 
d'acide  titanique,  mais  toujours  en  proportion  très-faible.  Ses  solutions 
dans  l'éther  se  troublent  instantanément  au  contact  de  l'air,  par  suite  de  la 
formation  d'un  peu  d'acide  titanique.  L'eau  précipite  de  ces  dissolutions  de 
l'acide  titanique  hydraté  gélatineux.  Les  cristaux  jetés  dans  l'eau  paraissent 


(53) 
d'abord  ne  pas  s'altérer,  mais  ils  s'opacifient  graduellement,  et  au  bout  de 
peu  de  temps  ils  ne  contiennent  plus  que  de  l'aciile  titanicpie.  Cliauffés  à 
la  pression  ordinaire,  ces  cristaux  foudent,  puis  se  décomposent  eu  donnant 
les  mêmes  produits  que  l'on  observe  dans  la  distillation  du  mélange  d'alcool 
en  excès  et  de  chlorure  de  titane. 

»  L'étude  des  deux  corps  précédents  n'est  pas  encore  terminée.  Il  sera 
curieux  de  voir  si  le  zinc-éthyle  permet  d'obtenir  le  titanéthyle  encore  in- 
connu, comme  on  a  obtenu  le  borétliyle  au  moyen  de  l'étlier  borique. 

»  Ce  travail  a  été  exécuté  dans  le  laboratoire  de  M.  Cahours,  à  l'Ecole 
Polytechnique.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  Ics  wé.ides pyruviques.   Uiéides  condensées. 
Note  de  ÎM.  E.  Gkimaux,  présentée  par  M.  Cahours. 

«  Dans  de  précédentes  Communications  à  l'Académie,  j'ai  fait  connaître 
\epyvurdc,  qui  se  forme  par  l'action  d'un  excès  d'urée  sur  l'acide  pyru- 
vique.  J'ai  décrit  les  dérivés  qu'il  fournit  par  l'action  de  l'acide  chlorhv- 
drique  et  de  l'acide  azotique,  ainsi  que  sa  transformatioii  finale  en  acide 
parabanique. 

»  La  présente  Note  a  pour  objet  l'étude  des  uréides  condensées, qui  pren- 
nent naissance  avec  des  proportions  différentes  d'urée  et  d'acide  pyru- 
vique. 

))   Triurèide  dlpyruviqiie.  Si  l'on  emploie  parties  égales  d'urée  et  d'acide 

pyruvique,  et  qu'on  laisse  le  mélange  pendant  une  heure  ou  deux,  à  une 

température  de  loo  degrés,  on  obtient  une  masse  dure  que  l'on  purifie  en 

la  reprenant  par  aSo  fois  environ  son  poids  d'eau  bouillante,  [-a  solution 

se  prend  par  le  refroidissement,  en  une  gelée  formée  de  fines  aiguilles 

blanches  et  légères,  et  tellement  volumineuses  que  4  grammes  remplissent 

une  capsule  de  laoo  grammes.  Les  aiguilles  constituent  la  Iriuréide  dipj- 

ruvique 

CH"  Az«0', 
formée  suivant  l'équation 

2  a  ÏV  O'  +  3  CO  Az^"  H*  =  C»  H'*  Az«  O'  +  4  H-  O. 

»  Cette  formule,  déduite  des  analyses,  est  de  plus  confirmée  par  les  dé- 
doublements des  corps. 

»  Cette  triurèide  prend  aussi  naissance  dans  l'action  de  l'acide  clilor- 
hydrique  étendu  sur  le  pyvurile;  il  se  forme  en  même  temps  de  l'iirée 

aCMi»A/;'U»  =  COAznP  +  C°II'-  Az"  O'. 


(  54) 

)'  La  triuréide  pyruvique  forme  de  longues  aiguilles  entrelacées  en 
masses  légères,  d'aspect  cotonneux,  ne  fondant  pas  par  la  chaleur,  mais  se 
détruisant  avec  production  de  charbon  et  de  vapeurs  cyaniques.  Presque 
enlièrement  insoluble  dans  l'eau  froide,  elle  exige  plus  de  25o  fois  son 
poids  d'eau  bouillante  pour  se  dissoudre. 

»  La  potasse,  la  soude,  l'ammoniaque,  l'eau  de  baryte,  l'eau  de  chaux 
la  dissolvent  lacilement,  mais  sans  contracter  de  combinaisons  avec  elle. 
Une  solution  ammoniacale  évaporée  dans  le  vide  abandonne  la  triuréide 
dipyruvique  avec  ses  caractères  primitifs.  Les  acides,  même  l'acide  carbo- 
nique, la  précipitent  de  ses  solutions  alcalines  sous  forme  d'une  masse  gé- 
latineuse composée  de  fines  aiguilles.  Une  ébullition  de  quelques  minutes 
avec  les  alcalis  suffit  pour  la  détruire.  En  employant  l'eau  de  baryte,  sépa- 
rant l'excès  de  cette  base  par  l'acide  carbonique  et  concentrant  la  solution, 
on  voit  se  déposer  des  lozanges  de  pyruvile.  La  liqueur  retient  de  l'urée 
et  du  pyruvate  de  baryum,  facile  à  reconnaître  aux  caractères  suivants  :  il 
se  colore  en  rouge  par  l'addition  d'un  cristal  de  sulfate  ferreux;  évaporé 
au  bain-marie,  il  donne  une  masse  amorphe  jaune  citron,  qui  n'est  plus  so- 
luble  dans  l'eau.  Le  dédoublement  de  la  triuréide  dipyruvique  est  repré- 
senté par  l'équation 

C»H'2  Az»0=  -i-  2R-O  =  COAz^H*  -I-  C'H"Az*0^  -+-  C^H'O^ 

»  La  triuréide  dipyruvique  ne  précipite  aucun  sel  métallique,  si  ce  n'est 
l'azotate  de  mercure.  Sa  solution  potassique  donne  un  précipité  blanc 
abondant,  par  l'addition  d'azotate  d'argent. 

»  Chauffée  avec  l'acide  azotique,  elle  se  comporte  comme  le  pyvnrile  et 
donne  de  l'urée  et  de  la  mono-uréide  pyruvique  nitrée  C'H'  (AzO")  Az-O", 

C-Il^Az«0=  -I-  2-AzO'H  ==  2C'H'(AzO-)  Az^O=  +  COAz-H'  4-  alI-'O. 

»  Enfin,  mélangée  avec  un  excès  d'acide  pyruvique  et  chauffée  à  100  de- 
grés, elle  donne  un  corps  amorphe,  complètement  insoluble  dans  l'eau,  et 
constituant  une  uréide  plus  condensée. 

»  Triuréide  Iclrap^ruvique,  C  '  H'  ''  Az°  ()'.  —  On  l'obtient  en  faisant  réagir, 
à  100  degrés,  a  parties  d'acide  pyruvique  sur  i  partie  d'urée.  C'est  une 
masse  amorphe,  que  l'on  purifie  par  des  lavages  à  l'eau  bouillante,  dans 
laquelle  elle  est  complètement  insoluble.  Elle  constitue  alors  une  poudre 
blanche,  qui  se  dissout  lentement  dans  les  alcalis  en  se  gonflant  d'abord  et 
donnant  des  masses  gélatineuses.  Les  solutions  alcalines  suffisamment  con- 
centrées se  prennent  en  gelées  transparentes,  solubles  dans  l'eau. 


(  55  ) 
»  La  solution  ammoniacale,  évaporée  an  bain-marie,  fournit  des  pail- 
lettes légères,  brillantes,  non  cristallines,  d'un  sel  ammoniacal  auquel  l'a- 
nalyse assigne  la  formule 

C"ir  =  Az"0"(AzH')-. 

»  Ce  sel  ammoniacal  se  redissout  très-lentement  dans  l'eau.  Sa  solution 
précipite  par  tous  les  acides,  y  compris  l'acide  carbonique,  et  i)ar  les  bicar- 
bonates :  le  précipité  gélatineux  se  redissout  à  une  douce  chaleur  da,ns  les 
carbonates  alcalins.  Elle  est  également  précipitée  par  l'eau  de  chaux,  l'eau 
de  baryte,  les  sels  alcalino-terreux  et  les  sels  métalliques.  Tous  ces  préci- 
pités constituent  des  gelées  volumineuses. 

»  Cette  triuréide  fétrapvruvique  est  un  corps  d'une  stabilité  remarquable; 
ni  l'acide  azotique,  ni  l'eau  régale  ne  l'attaquent,  même  à  la  température 
de  l'ébullition;  elle  n'est  détruite  que  par  l'acide  sulfurique  concentré  et 
bouillant. 

»  Elle  paraît  formée  suivant  l'équation 

4C.»H*0^-f-  3COAzni'==C"H**Az''0^  +  yH^O; 

un  corps  de  mêmes  propriétés  prend  naissance  quand  on  maintient  le  py- 
ruvile  à  une  température  de  170  degrés  pendant  dix  jours. 

»  Télra-urride  dipynivique.  —  Dans  la  préparation  du  corps  C'H'- Az'O', 
on  obtient  toujours  un  résidu  amorphe,  blanc,  insoluble  dans  l'eau,  pré- 
sentant en  partie  les  caractères  du  corps  C"H"Az''0%  mais  s'en  distin- 
guant en  ce  qu'il  se  dissout  rapidement  dans  les  alcalis  sans  se  gonfler  et 
sans  donner  de  solutions  gélatineuses.  D'après  un  dosage  de  carbone  et 
d'hydrogène,  ce  corps  parait  être  la  tétra-uréide  dipyruvique 

CH'^Az^O', 
formée  suivant  l'équation 

3C'H^0'  +  /,COAz^  H'  =  C"H'«Az'0'   (-  7H'0. 

»  Je  n'ai  pas  poursuivi  l'étude  de  ces  corps  amorphes,  de  la  pureté  des- 
quels il  est  impossible  de  s'assurer. 

»  En  résumé,  l'action  de  l'acide  pyruvique  sur  l'urée  fournit,  suivant 
les  proportions  des  deux  corps,  les  composés  suivants  : 

C'H'Az'O',     diuroide  pyruvique     pyvurile), 
C"H"Az'0*,     triurc'idc  (li|)yruvi(iiii', 
C"H"Hz'0',  tctra-uréide  dipyruvique, 
C"H'*Az«0',    triuri'idc  télrapyruvique. 

»  Les  deux  premiers  seulement  sont  cristallisés.  Les  dérivés  qu'ils  four- 


(56) 

Dissent  sont 

C*H'Az'0%  niono-uréide  pyruvique, 

C*  lP(AzO')Az'0',  raono-uréide  pyruvique  nilrée, 

qui  se  dédoublent  par  le  brome,  en  bromopicrine  et  acide  parabaniquc.  » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  les  étoiles  filantes  du  1 3  novembre  et  du  lo  décembre  1 8^4' 

Note  de  ]M.  Gruey. 

«  Les  passages  des  étoiles  filantes  de  novembre  et  de  décembre  i8'74  ont 

été  surveillés,  à  l'Observatoire  de  Toulouse,  chacun  pendant  trois  nuits 

consécutives;  mais  le  mauvais  état  du  ciel  n'a  pas  permis  d'obtenir  toutes 

les  données  nécessaires  à  une  conclusion.  Je  crois  cependant  devoir  résumer 

les  observations  qui  ont  pu  être  faites  simultanément  par  MM.  Perrotin, 

J,  Edouard  et  par  moi;  combinées  avec  d'autres,  elles  pourront  peut-être 

avoir  leur  utilité. 

Essaim  de  novembre  (Léonides). 

»  Nails  des  12  et  i^  novembre.  —  Ciel  couvert;  quelques  rares  et  faibles  éclaircies,  pen- 
dant lesquelles  nous  avons  compte  une  dizaine  d'étoiles  au  plus,  pour  la  plupart  étrangères 
aux  Léonides. 

»  Nuit  du  i4  novembre.  —  Ciel  couvert  jusqu'à  3  heures  du  matin;  magniQque  de 
3  heures  à  4''  3o"',  mais  sans  aucune  étoile  filante;  couvert  à  4''  3o'". 

Essaim  de  déceubre. 

»  Nous  attachions  une  importance  particulière  à  l'observation  de  l'essaim 
du  10  décembre,  sur  lequel  M.  Tisserand  a  rappelé  l'attention,  en  détermi- 
nant son  point  radiant  en  iSyS  (i). 

))  Les  nuages  ont  encore  gêné  les  observations;  nous  n'avons  eu  que 
quelques  éclaircies,  pendant  lesquelles  le  quart  seulement  du  ciel  était  à 
peu  près  beau  vers  l'est,  les  trois  autres  quarts  restant  couverts.  Dans  ces 
mauvaises  conditions,  l'essaim  nous  a  paru  riche  et  brillant;  on  en  jugera 
par  les  tableaux  suivants  : 

Nuit  du  10  nu  II  décembre. 


Nombre 

Nombre 

l'iemii'ire 

Deuxiùimi 

Troisième 

de 

trajectoires 

d'éloiles. 

grandeur. 

grandeur. 

grandeur. 

relevées. 

18 

2 

f) 

10 

8 

iG 

8 

I 

7 

3 

De  1 1  *■  3o"'  iN  I  a''  20'" . 
De  i3''  lo'"  à  i3''4o"'. 
En  80  minutes,  34  étoiles  filantes,  soit  25  par  heure  (pour  le  [  du  ciel  et  3  observateurs). 

(i)  Comptes  rendus,  iSyS;  séance  du  i5  décembre. 


(  57) 

yuil  i/ii  i  i  au  t2  (Itccmbrc. 

Nombre 
Nonibic       Premiùre        Douxiùme        Troisième       de  trajectoires 
dVtoiles      grandeur.       {grandeur.        grandeur.  relevées. 

De    lo""  20'"  ."l    I0''3o°'.  .  .  2 

De  la""  10'"  à  i2''3o"'.  .  .  i3 

De  lai-SS'"  à  \V'o'" 2 

En  35  minutes,  17  étoiles  filantes,  soit  3o  j)ar  lieiirc  (pour  le  '_  du  eici  et  3  observateurs). 

Nuit  du  12  iiu  1 3. 

De  e""  25'"  à  &  35'" 4  '  '  2  2 

Pendant  deu.x  éclaircies,  chacune  de  10  minutes  au  ()lus,  on  ne  vit  aucune  étoile  filante. 

Trajectoires  du  10  ««  11. 
Origine.  Fin, 


2 

0 

0 

2 

4 

1 

8 

4 

I 

0 

I 

I 

NOS 

B. 

D 

R 

D 

I .  .  . 

99° 

-.7» 

97° 

—  25» 

2.   .   . 

1 12 

+  32 

120 

+  32 

3.    .   . 

80 

+26 

63 

+20 

4... 

123 

+44 

i38 

+  35 

5..  . 

i45 

+52,5 

i55 

+  52 

6.  .  . 

i4o 

+  48 

i5o 

+47.5 

7.  .  . 

170 

+60 

190 

+  6?.  ,5 

8.  .  . 

157,5 

+  3:-., 5 

170 

+4o 

9.  . 

■  48 

+  3o 

i5o 

+  25 

0.  .  . 

i3i» 

+46 

i3o 

+46 

I .  . 

190 

+57 

Du  II  nu  12. 

200 

-f-55 

I    .  . 

75° 

+  20" 

72°>5 

+  13° 

2.  .  . 

80 

+  i5 

79 

+   7 

3.  .  . 

97 

+  17 

9' 

-  6 

4... 

62,5 

+  10 

60 

-  3 

5.  .  . 

■3' 

+27,5 

72 

H    10 

6.  .  . 

78 

+  7 

74 

-4 

7..  . 

83 

+45,5 

Du  12  au  i3. 

82 

+  36 

I .  .  . 

180° 

+76" 

210" 

+74" 

2 .  .  . 

3io 

4  75 

3oo 

+65 

»  J'ai  construit  les  trajectoires  préciklentos  sur  nue  grande  carte,  sem- 
blable à  celle  que  j'ai  présetitée  à  l'Académie  pour  l'essaim  d'août  (1).  Le 

(i)   Comptes  uiidus,  1874;  séance  du  24  aoiit. 

C.R.,1875,  i"5<./Hm;i-.(T.  I.X.XX,  N"   I.)  " 


(  58  ) 
point  radiant  existe  incontestablement,  mais  il  ne  se  dessine  pas  avec  toute 
la  notleté  désirable;  on  voit  seulement  qu'il  doit  être  voisin  de  l'étoile  u°  lo 
de  la  première  nuit.  Cette  étoile  est  de  première  grandeur.  Sa  trajectoire 
se  réduit  à  un  point,  et  sa  durée  atteint  une  seconde  et  demie  à  deux  se- 
condes. Il  en  résulterait,  pour  le  point  radiant,  une  position  différente  de 
celle  qui  a  été  trouvée  l'année  dernière  par  M.  Tisserand  ;  mais  le  nombre 
des  observations  est  très-restreint  et  ne  permet  pas  de  conclure  à  un  dé- 
placement. 11  est  seulement  possible  que  le  point  radiant  de  décembre 
soit  multiple,  et,  à  ce  titre  probable,  il  mérite  toute  l'attention  des  obser- 
vateurs. » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Corpuscules  aériens  et  rtialières  salines 
contenus  clans  lu  neicje.  Note  de  M.  G.  Tissandier. 

«  Le  volume  considérable  des  flocons  de  neige,  l'enchevêtrement  des 
cristaux  dont  ils  sont  formés,  la  manière  dont  ils  voltigent  dans  l'atmo- 
sphère pendant  leur  chute  toujours  lente,  les  rend  particulièrement  propres 
à  saisir  au  passage  toutes  les  poussières  et  les  corpuscules  aériens. 

Fiu.   1. 


»  J'ai  pu  reconnaître  dans  la  neige  tombée  en  France,  du  iG  décembre 
1874  3U  -JL^  du  même  mois,  la  présence  de  substances  étrangères  très-abon- 
dantes, et  mettre  en  évidence  l'existence  de  matières  salines  étrangères. 
J'ai  recueilli,  au  sommet  des  tours  de  Notre-Dame,  les  premières  neiges  du 
ï6  décembre   1874»  en  ayant  soin  de  ne  prélever  que  les  couches  superfi- 


(  59  ) 
cielles  n'offrant  aucun  contact  avec  les  objets  terrestres.  Une  goutte  de  l'eau 
obtenue  par  la  fusion  de  cette  neige,  examinée  au  microscope  avec  un 
grossissement  de  5oo  diamètres,  renfermait  un  nombre  considérable  de 
corpuscules,  dont  la/î^.  i  représente  exactement  l'aspect.  11  en  fut  à  peu 
près  de  même  pour  une  goutte  d'oau  de  neige  provenant  de  la  campagne. 
Ces  observations  me  déterminèrent  à  doser  la  quantité  de  ces  substances 
étrangères,  et  voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  : 

Ri'sidu  sec  obtenu  par  rêvnporntion  à  loo  ilpgn's  d'un  litre  d'eau  de  neige, 

A  Palis, 


dans 

en  haut  des  tours 

A 

une  cour. 

de  Notre-Dame. 

la  campagne. 

6r 

Br 

Bf      , 

0,2I2 

o,ii8 

0,104 

o,  io8 

o,o56 

0.048 

Premières  neiges  tlu  i()  décembre  i874-  ■  • 

Neiges  du  1 1  décembre o,  108 

»  Les  dernières  neiges  du  25  décembre  donnaient  encore  un  résidu 
très-appréciable,  tant  à  Paris  qu'à  la  campagne  (oS',oi6à  oS',024).  Les  cor- 
puscules vus  au  microscope  n'avaient  plus  qu'une  dimension  de  j~  à  j^'— 
de  millimètre. 

»  Le  résidu  obtenu  par  l'évaporafion  de  la  neige  est  une  poudre  impal- 
pable, grisâtre,  dont  la  matière  organique,  riche  en  carbone,  brûle  avec 
éclat.  Les  cendres  s'élèvent  à  la  proportion  de  57  pour  100  à  Paris,  et  à 
celle  de  61  pour  100  à  la  campagne.  L'analyse  de  ces  cendres  a  confirmé 
mes  premiers  résultats  sur  la  constitution  des  poussières  aériennes  :  elles 
renferment  de  la  silice,  ilu  carbonate  de  chaux,  de  l'alumine,  des  chlo- 
rures, des  sulfates,  du  nitrate  d'ammoniaque  et  des  quantités  de  fer  très- 
appréciables.  Des  résidus  de  neige,  de  provenance  diverse,  dissous  dans 
l'acide  chlorhydrique  pur,  m'ont  toujours  donné,  en  effet,  une  coloration 
rose  avec  le  sulfocyanure  de  potassium. 

»  M.  Boussingault,  dans  ses  analyses  de  l'eau  de  neige,  y  a  reconnu  et 
dosé  le  nitrate  d'ammoniaque  ;  j'ai  mis  en  évidence  la  présence  de  ce  sel 
dans  la  neige  par  un  procédé  qui  me  paraît  digne  d'être  signalé.  Si  l'on 
verse  une  goutte  d'eau  de  neige  sur  une  lamelle  de  verre  et  qu'on  la  laisse 
s'évaporer  spontanément  dans  un  air  desséché,  on  aperçoit  au  microscope, 
dans  le  résidu  obtenu,  des  cristaflisations  très-remarquables  :  tantôt  ce  sont 
de  longues  aiguilles,  extrêmement  minces,  entremêlées  de  prismes  droits  à 
base  hexagonale  qui  prennent  naissance;  tantôt  on  aperçoit  des  étoiles  à 
six  branches  et  des  cristallisations  aux  contours  indécis,  où  les  prismes  se 
détachent  d'une  tige  centrale  pour  servir  de  base  à  d'autres  dentelures.  Les 

8.. 


(6o) 
fig.  2  el  3  donnent  l'aspect  de  ces  cristallisations,  que  j'ai  dessinées  à  la 
chambre  claire,  sons  un  grossissement  de  5oo  diamètres. 

Fig.  2. 


»  J'ajouterai  que  les  cristaux  formés  par  l'évaporation  d'une   goutte 

Fier.   3. 


d'eau  de  neige  sont  toujours  réunis  vers  les  bords  extérieurs  de  la  goutte  et 
que  les  corpuscules  se  rassemblent  au  centre. 

»  Ces  cristaux,  que  j'ai  pu  accumuler  par  l'évaporation  d'un  litre  d'eau 


(6i  ) 

de  neige,  sont  formés  de  iiitrale  d'ammoniaque.  Ils  se  dissolvent,  en  effet, 
dans  l'alcool,  se  décomposent  par  la  chaleur  sans  laisser  de  résidu,  et  ren- 
ferment de  l'acide  nitrique  et  de  l'amnioniaque  ;  mais,  parmi  les  nom- 
breuses cristallisations  de  résidus  d'eau  de  neige  que  j  ai  étudiés  au  mi- 
croscope, j'en  ai  trouvé  quelques-unes  qui  n'appartenaient  pas  au  système 
rhomboïdal,  et  qui,  par  conséquent,  n'étaient  pas  formées  de  nitrate  d'am- 
moniaque. Dans  le  nombre,  j'ai  vu  quelquefois  des  cubes  nettement  défi- 
nis, qui  appartenaient  probablement  au  chlorure  de  sodium.  J'ai  aperçu, 
d  autres  fois,  des  prismes  à  quatre  pans,  dont  je  ne  saurais  dire  la  na- 
ture. Je  ferai  remarquer,  toutefois,  qu'en  jetant  des  flocons  de  neige  dans 
des  dissolutions  sursaturées  de  sulfate  de  soude,  la  cristallisation  a  eu  lieu 
instantanément,  et  que  ce  dernier  sel  cristallise  bien  en  prismes  à  quatre 
pans  (i). 

»  On  voit,  par  ces  expériences,  que  la  neige  renferme  une  proportion 
considérable  de  sédiment  atmosphérique,  des  sels  divers,  des  matières  or- 
ganiques abondantes,  qui  doivent  jouer  un  rôle  important  dans  l'action 
qu'elle  exerce  sur  la  végétation  terrestre.  Dans  une  précédente  Note  (2), 
j'ai  a|)pelé  l'attention  sur  la  présence  du  fer  dans  les  poussières  aérieinies 
de  différentes  provenances,  que  j'avais  analysées;  l'existence  de  ce  métal 
dans  les  quelques  résidus  d'eau  de  neige  que  j'ai  examinés  confirme  ces 
résultats.  Eu  se  rappelant  la  découverte  faite  par  Ehrenberg  d'aérolithes 
microscopiques  formés  de  globules  fondus,  tombés  sous  forme  de  pluie  tle 
poussière  sur  un  navire  traversant  la  mer  des  Indes  ;  eu  présence  des  ob- 
servations récentes  de  M.  Nordenskiold,  de  poussière  ferrugineuse  renfer- 
mant du  nickel,  du  cobalt  et  du  plios[)liore,  éléments  caractéristiques  des 
météorites;  en  songeant  au  nombre  considérable  des  aérolithes  qui  pénè- 
trent constamment  dans  notre  atmosphère  et  qui  s'y  fragmentent,  il  nie 
semble  permis  d'émettre  cette  hypothèse  que,  parmi  les  corpuscules  de 
l'air,  dont  la  plupart  ont  assurément  luie  origine  terrestre  et  forment  le  li- 
mon des  fleuves  aériens,  il  peut  en  exister  d'autres  qui  aient  une  origine 
cosmique.    » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.    —    Recherches   sur   le   suc    gastrique. 
Note  de  M.  Uauuteav,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  Ces  recherches  ont  pour  but  de  déterminer  la  nature  de  l'acide  qui 
communique  au  suc  gastrique  son  acidité.  Elles  se  composent  de  deux  sé- 

(1)  CeUe  expérience  m'a  été  suggérée  par  M.  !..  Llu'iic. 

(2)  Comptes  rrniliis,  1874. 


(62) 

ries  d'expériences  dont  les  unes  démontrent  que  l'acide  chlorhydrique 
existe  dans  le  suc  gastrique  normal,  les  autres  que  l'acide  lactique  n'y 
existe  pas. 

»  Je  prends  deux  chiens  à  jeun  depuis  vingt-quatre  heures,  je  leur  fais 
avaler  quelques  tendons,  puis  je  les  sacrifie,  au  bout  de  trois  quarts  d'heure, 
par  la  section  du  bulbe.  J'enlève  aussitôt  l'estomac  chez  ces  animaux,  après 
avoir  appliqué  préal.iblement  une  ligature  au  cardia  et  au  pylore,  et  j'en 
retire  le  suc  gastrique. 

»  Ce  liquide  est  filtré  immédiatement  et  additionné  de  quinine  pure, 
récemment  précipitée  du  bisulfate  de  quinine,  bien  lavée  et  desséchée.  Ce 
qui  étonne  d'abord,  c'est  de  voir  la  quinine  se  dissoudre  avec  facilité  et 
en  quantité  relativement  considérable,  dans  les  i5  à  3o  grammes  de  suc 
gastrique  qu'on  obtient  de  la  manière  indiquée.  11  s'est  donc  formé  un  sel 
de  quinine  qu  il  s'agit  d'isoler  et  de  caractériser. 

»  Pour  cela,  je  filtre  le  suc  gastrique  saturé  de  quinine,  et  j'évapore  à 
siccité  au  bain-marie,  puis  dans  le  vide  de  la  machine  pneumatique  ou  d'une 
trompe  à  eau.  Le  résidu,  parfaitement  sec,  est  traité  de  manière  à  enlever 
le  sel  de  quinine  qui  s'est  formé,  non  les  chlorures  de  sodium,  do  calcium, 
de  niagné.sium,  qui  existent  normalement  dans  le  suc  gastrique.  L'un  des 
procédés  que  je  suis  ordinairement  consiste  à  traiter  le  résidu  par  l'alcool 
amylique,  puis  à  évaporer  la  liqueur  alcoolique  et  à  traiter  ensuite  le  nou- 
veau résidu  soit  par  le  chloroforme  piu',  soit  par  la  benzine,  ces  deux  li- 
quides ayant  la  propriété  de  dissoudre  le  chlorhydrate,  le  lactalc  et  un 
grand  nombre  d'autres  sels  de  quinine,  mais  non  les  chlorures  que  l'alcool 
amylique  a  i)u  enlever  partiellement  (chlorure  de  magnésium  par  exem- 
ple). Au  lieu  de  traiter  par  l'alcool  amylique,  on  peut  employer  l'alcool 
éthylique  absolu.  J'obtiens  finalement  un  sel  formé  uniquement  de  chlor- 
hydrate de  quinine,  facile  à  reconnaître  à  sa  forme  cristalline  vue  au  mi- 
croscope et  à  ses  réactions  chimiques. 

»  En  dosant  lechlore,  au  moyen  d'une  liqueur  d'argent  titrée,  j'ai  trouvé, 
comme  moyenne  de  trois  expériences,  qu'il  correspondait  à  2,  fi  d'acide 
clilorliy  Irique  pour  1000  parties  de  suc  gastrique.  Ce  nombre  2,5  se  rap- 
proche assez  du  nombre  3  pour  1000,  cité  par  Schmidf,  comme  résultant 
de  neuf  expériences  qu'il  avait  faites  par  une  autre  méthode. 

»  On  pouvait  objecter  que  l'acide  chlorhydrique  obtenu  provient  d'une 
réaction  exercée  sur  le  chlorure  de  sodium  par  une  certaine  quantité  d'acide 
lactique,  dont  on  a  admis  l'existence  dans  le  suc  gastrique  normal  non 
altéré.  S'd  eu  était  ainsi,  j'aurais  pu  retirer  du  lactale  de  soude,  qui  est 
également  très-soluble  dans  l'alcool  absolu  et  dans  l'alcool  amylique.  Or 


(63  ) 
jamais  je  n'ai  Irouvé  dans  les  résidus  ni  lactate  de  soude,  ni  lactale  de  qui- 
nine mélangé  avec  le  chlorhydrate  de  quinine. 

»  Pour  mieux  répondre  à  l'objoction,  j'ai  cru  devoir  faire  des  expé- 
riences directes  permettant  d'isoler  avec  certitude,  selon  moi,  des  traces  d'a- 
cide lactique  d'un  liquide  organique. 

»  J'ai  saturé  avec  la  soude  du  suc  gastrique  ohtenu  comme  précédem- 
ment, puis  j'ai  filtré  et  évaporé  ce  liquide  à  siccité.  Le  résidu  a  été  traité 
par  l'alcool  absolu,  puis  la  liqueur  alcoolique  a  été  évaporée  elle-même, 
et  le  résidu,  très-faible,  a  été  dissous  dans  un  peu  d'eau  cl  additionné 
d'acide  sulfurique  étendu.  J'ai  agité  ensuite,  à  trois  ou  quatre  reprises  tlif- 
férentes,  avec  l'élher.  Les  liqueurs  éthérées,  séparées  du  liquide  sous-ja- 
cent,  n'ont  laissé,  après  évaporation,  aucune  trace  d'un  liquide  sirupeux 
tel  que  l'acide  lactique,  qui  aurait  été  enlevé  par  l'éther  dans  lequel  il  est 
très-soltible.  Néanmoins,  j'ai  mis  au  fond  des  capsules  un  peu  de  lait  de 
chaux,  j'ai  filtré  au  bout  de  vingt-quatre  heures,  fait  passer  un  courant 
d'acide  carbonique  dans  la  liqueur  pour  enlever  l'excès  de  chaux,  filtré 
de  nouveau,  et  évaporé  à  siccité.  Or  je  n'ai  jamais  trouvé,  en  m'aidant  du 
microscope,  aucun  indice  d'une  cristallisation  de  lactate  de  chaux.  Il  en  a 
été  de  mèine  lorsque  j'avais  employé  l'acide  phosphorique  au  lieu  de  l'a- 
cide sidlnrique.  Cependant  la  méthode  ([ue  j'avais  suivie  était  bonne,  puis- 
qu'en  ajoutant  seulement  5  centigrammes  d'acide  lactique  à  /\o  grammes 
de  suc  gastrique,  j'ai  pu  obtenir  une  cristallisation  très-nette  de  lactate  de 
chaux. 

»  La  conclusion  de  ces  expériences  c'est  que,  conformément  aux  re- 
cherches de  Braconnot,  de  Prout,  de  Lassaigne,  de  Schmidt,  le  suc  gas- 
trique normal  doit  son  acidité  à  l'acide  chlorliydrique,  non  à  l'acide  lac- 
tique (i). 

»  Mes  recherches  ont  été  faites  dans  le  laboratoire  de  M.  Ch.  Robin,  à 
l'École  pratique  de  la  Faculté  de  Médecine.  » 

MÉDECINE.  —  Sur  la  nature  des  affections  syphilitiijues ,  et  sur  le  traitement 
mercuriel.  Note  de  M.  J.  Herman.v. 

«  Ma  doctrine  sur  la  nature  et  l'essence  de  la  syphilis,  sur  le  système 
naturel  des  formes  de  cette  maladie,  ainsi   que  sur  le  traitement  de  la 


(i)  Dans  une  Note  pi(''sentéc  en  i8^3  {Coin/Uts  iciulus,  i.  I. XXVII,  p.  ijj),  ivlaiive- 
inenl  à  des  recherches  cffecuiées  avec  Feriiand  l'apillon,  au  laboraloiio  de  Conoanieaii,  nous 
avons  signalé  que  l'acide  chlorhydriquc  libre  existe  dans  le  suc  gastrique  des  poissons,  tels 
que  les  raies  et  les  squales. 


(64  ) 
svpinlis,  est  le  résultat  de  recherches  poursuivies  depuis  bientôt  vingt  ans 
dans  riiôpitHl  Wieden,  à  Vienne  [Kniiilteiiliause  IFieden),  et  des  expériences 
qui  se  rapportent  à  plus  de  20000  cas  de  guérison  de  la  syphilis. 

»   Les  principes  suivants  ont  servi  de  base  à  mes  recherches  : 

»   I.   L'observation  du  cours  naturel  de  la  maladie. 

»  II.  L'observation  sur  l'action  de  la  force  curative  inhérente  à  l'orga- 
nisme [Nniurlmlliiaft). 

»  III.  L'exclusion  absolue  de  l'emploi  du  mercure  dans  la  cure  des  af- 
fections sy|)hilitiques. 

»  IV.  La  démonstration  scientifique  positive,  au  moyen  de  l'éleclrolyse, 
de  la  présence  du  mercure  dans  les  sécrétions,  dans  les  formes  de  l'hydrar- 
gyrie  chronique. 

«  Les  bases  de  ma  doctrine  peuvent  s'esquisser  brièvement  : 

»  i"  La  syphilis  est  une  maladie  locale;  rien  ne  prouve  qu'elle  soit  une 
affection  générale  :  elle  se  présente  sous  une  forme  primitive,  mais  elle 
a  des  formes  consécutives  qui  ont  cependant,  dans  l'organisme,  des  rapports 
intimes  avec  la  forme  primitive;  elle  est  parfaitement  distincte  des  syphi- 
lides  cutanées  {Ilaiilsypliilis). 

»  2"  Les  formes  auxquelles  on  a  donné  jusqu'à  présent  le  nom  de  sy- 
philis comlilulionnelle,  ou  plus  exactement  de  syphilis  lerliaire,  par  exemple 
les  périostones  avec  douleurs  ostéocopiques,  les  ulcères  cutanés  scr|)igi- 
neux,  les  névroses  et  autres,  ne  sont  jamais  les  produits  de  la  véritable 
syphilis.  Ces  formes  ne  se  présentent  qu'après  lui  traitement  mercuriel, 
ou  à  1.1  suite  d'une  autre  maladie,  et  ne  sont  réellement  que  la  conséquence 
des  effets  dus  à  la  médication  niercurielle  ou  à  une  autre  dyscrasie. 

»  3°  Toutes  les  formes  de  la  syphilis,  même  les  plus  graves,  se  guérissent 
sans  mercure  et  sans  iode.  De  même  que  le  mercure  n'est  pas  un  médica- 
ment général,  de  même  l'iode  n'est  pas  un  antisvphilitique.  L'iode  est  un 
antimercuriel  et  en  même  temps  un  médicament  certain  dans  l'hydrar- 
gyrie. 

»  4°  La  guérison  de  la  .syphilis  sans  mercure  s'obtient  dans  un  temps 
essentiellement  plus  court  que  lorsqu'on  fait  usage  de  la  médication  nier- 
curielle; en  effet,  tandis  qu'au  Kranlicnhaiis  fFialeii  on  obtient  ce  résultat 
en  trente  ou  quarante  joiu's,  la  durée  moyenne  à  rhùpit;d  général  de 
Vienne  [ÀlhjemcineKrankenhmis]  est  de  soixante  jours,  par  suite  de  l'emploi 
de  la  médication  mercurielle. 

»  5"  La  médication  antimercurielle  compte  un  nombre  de  récidives  qui 
ne  s'élève  qu'à  2  ou  3  pour  100,  tandis  qu'à  la  suite  du  traitement  mercu- 
riel les  réciilives  s'élèvent  à  ro,  20,  jusqu'à  jo  |)our  100, 


(  ^>5  ) 

»  6°  La  mortalité  comparée  entre  les  deux  modes  de  traitement  est  réel- 
lement effrayante.  D'après  mon  Rapport,  il  y  a  un  décès  sur  89  syphili- 
tiques traités  par  le  mercure,  à  Y  JUgemeine  Krankenliaus  k  Vienne,  tandis 
que,  à  l'hôpital  TVieden,  où  le  merciu'e  est  absolument  exclu,  il  n'y  a  qu'un 
décès  sur  969  sypliilitiques  :  ainsi  donc  phis  de  i  pour  100  dans  le  premier 
cas,  et  environ  i  pour  1000  dans  le  second. 

»  7"  En  général,  la  méthode  antimercurielle  dans  les  hôpitaux  concourt 
incontestablement  à  la  décroissance  de  la  syphilis  dans  la  population. 

»  8"  La  méthode  antimercurielle  ne  se  recommande  pas  seulement  au 
point  de  vue  de  la  recherche  scientifique,  mais  aussi  au  point  de  vue  hu- 
manitaire. 

»  9"  La  méthode  antimercurielle  actuelle,  la  méthode  exacte  de  re- 
cherche, comme  je  l'ai  dit  plus  haut, se  distingue  de  la  méthode  antimercu- 
rielle du  passé  ;  tandis  que  la  méthode  ancienne  ne  pouvait  se  baser  que 
sur  l'empirisme,  la  méthode  nouvelle,  au  contraire,  offre  une  base  positive 
aux  recherches  :  celte  base,  c'est  l'électrolyse.' 

»  10°  L'intérêt  de  la  science  et  de  l'humanité  exige  que  l'École  rende 
obligatoire  l'étude  des  poisons  minéraux,  et  que  l'État  institue  un  ensei- 
gnement clinique  sur  cette  matière. 

M  II"  La  garantie  de  la  solution  finale  de  la  question  de  la  prostitu- 
tion se  trouve  dans  une  étude  scientifique  de  la  méthode  antimercurielle. 

»  12°  LÉlat  devrait  défendre  l'emploi  du  mercure  dans  l'intérêt  de  l'hu- 
manité, comme  cela  a  déjà  été  mis  en  pratique  en  i863  en  Amérique  par 
l'inspection  générale  du  service  de  santé  de  l'armée  [Oberzle  feldarlzUche 
Amt)  et  la  pharmacologie  devrait  le  bannir  de  ses  remèdes. 

»  L'étude  du  cours  naturel  de  la  syphilis  et  de  sou  traitement  sans  mer- 
cure bannira  de  la  science  médicale  les  erreurs  les  plus  navrantes  et  les 
plus  nuisibles,  et  la  nouvelle  doctrine  deviendra  un  bienfait  pour  toute  l'hu- 
manité. L'électrolyse,  l'idée  ingénieuse  de  INL  Melsens,  aura  une  large  part 
dans  la  victoire  de  cette  vérité  scientifique.  » 

M.  le  Général  Mori.n,  en  présentant  à  l'Académie  la  S""  livraison  du 
tome  V  de  la  «  Revue  d'Artillerie  »,  publiée  par  ordre  du  Ministre  de  la 
Guerre,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Ce  numéro  de  la  Revue  contient  une  Note  de  M.  le  commandant 
Duchène,  professeur  d'Artillerie  à  l'École  d'état-raajor.  Dans  ce  travail  re- 
marquable, l'auteur,  par  un  emploi  heiu'eux  et  simultané  des  méthodes 

C,  R.,  1873,  l'f  Scmeitre,  (,T.  LXXX,  N"  1.)  9 


(  66) 
analytique  et  graphique,  est  parvenu  à  donner  la  solution  des  principaux 
problèmes  de  la  Balistique  extérieure. 

»  Partant  de  l'équation  générale  du  mouvement  des  projectiles  dans 
l'air,  qui  contient  une  fonction  inconnue  de  la  portée,  de  la  vitesse  et  de 
l'angle  de  tir,  fonction  qu'il  s'agit  de  déterminer  pour  chaque  espèce  de 
projectile  et  pour  chaque  cas,  il  établit  d'abord  comme  un  fait  remar- 
quable, résultant  de  toutes  les  expériences  sur  les  divers  projectiles  en 
usage  ou  en  essai,  que  cette  fonction  inconnue  peut  être  représentée  gra- 
phiquement par  une  ligne  droite  dont  elle  serait  l'ordonnée,  et  dont  l'ab- 
scisse serait  le  rapport  de  la  portée  au  cosinus  de  l'angle  de  projection. 

»  Sans  indiquer  avec  plus  de  détails  la  marche  suivie  par  M.  le  com- 
mandant Duchéne,  nous  nous  contenterons  de  dire  qu'à  l'aide  des  résul- 
tats des  expériences  déjà  exécutées  il  parvient  à  déterminer,  pour  chacun 
des  projectiles  employés  et  pour  les  vitesses  correspondantes,  les  valeurs 
des  coefficients  constants  de  l'équation  de  cette  droite,  et  qu'il  en  déduit 
ensuite,  par  des  méthodes  siftiples,  les  angles  de  tir,  les  hausses,  les  dériva- 
tions, les  dérives,  les  angles  de  chute  et  les  durées  du  trajet,  avec  une 
approximation  qui  paraît  devoir  être  suffisante  pour  la  pratique. 

»  Le  même  numéro  contient  une  étude  sur  les  poudres  de  guerre  à 
fusil,  due  à  M.  Roux,  directeur  du  Dépôt  central  des  poudres  et  salpêtres. 
Dans  ce  travail,  l'auteur  a  poiu-  but  de  comparer  les  résultats  fournis  par 
des  poudres  fabriquées  par  le  procédé  des  meules  pesantes  établies  par 
l'artillerie,  depuis  i843,  pour  la  fabrication  des  poudres  de  chasse,  et  dont 
les  conditions  nouvelles  du  service  ont  conduit  à  étendre  l'emploi  à  celle 
des  poudres  de  guerre. 

»  Une  conséquence  importante  que  l'auteur  met  en  évidence,  c'est  qu'a- 
près avoir  reconnu,  à  l'aide  du  calorimètre,  que  le  dosage  de  82  de  sal- 
pêtre, 4  de  soufre  et  1 4  de  charbon  est  celui  qui  donne  le  maximum  de 
chaleur,  il  a  constaté  que,  de  trois  échantillons  fabriqués  à  Esquerdes,  l'un 
à  ce  dosage,  le  deuxième  à  celui  qui  est  aujourd'hui  en  usage  en  France 
(76,  10  et  i4),  le  troisième  au  dosage  anglais  (74,  10, 5  et  i5,5),  celui  qui 
fournit  le  maximum  de  chaleur  donne  des  vitesses  sensiblement  inférieures 
à  celles  que  produisent  les  autres. 

»  Ou  trouve,  dans  le  même  numéro,  une  description  des  machines  à 
essayer  les  métaux  employés  à  la  fonderie  de  Turin.  Elle  est  extraite  d'iui 
travail  fort  important  publié  par  M.  le  colonel  Rosset,  de  l'artillerie  ita- 
lienne, sous  le  litre  d'Esperienze  meccanictie  suUa  raislenza  dei  principii  uic- 
talli  du  bocclie  da  luuco. 


(  67) 

«  Il  est  à  désirer  que  cette  description,  faite  avec  beaucoup  de  soiu,  soit 
ultérieurement  complétée  par  une  analyse  convenablement  étendue  des 
importants  résultats  obtenus,  par  M.  le  colonel  Rosset,  sur  l'acier,  sur  la 
fonte  et  sur  le  bronze,  au  sujet  desquels  nous  nous  réservons  d'ailleurs 
d'aj)peler,  s'il  le  fallait,  l'attention  de  l'Académie. 

î)  Un  savant  Mémoire  de  M.  le  commandant  Asiier,  relatif  à  l'influence 
de  la  rotation  terrestre  sur  les  écarts  du  tir,  termine  la  partie  scientifique  de 
ce  numéro  de  la  Revue. 

»  On  sait  que  cette  question  a  été  traitée  par  d'Alembert,  Laplace,  Gauss 
et  Poisson,  et  que  les  applications  faites  de  leurs  recherches  ont  montré 
qu'en  raison  des  faibles  portées  des  armes  à  feu,  aux  époques  où  ils  écri- 
vaient, les  déviations  indiquées  par  le  calcul  étaient  insignifiantes,  par  rap- 
port aux  écarts  probables,  en  portée  et  en  direction. 

»  M.  le  commandant  Astier,  en  partant  des  recherches  exécutées  par 
i\I.  le  comte  de  Saint-Robert,  de  l'artillerie  italienne,  est  arrivé  à  conclure  : 

»  1°  Que,  pour  nos  latitudes,  la  limite  supérieure  de  l'écart  maximum 
dû  à  la  différence  d'orientation  du  tir  est  proportionnelle  au  cube  de  la 
durée  du  trajet,  mais  qu'au  point  de  vue  de  la  portée  il  n'y  a  pas  lieu  de 
se  préoccuper  de  ces  écarts; 

»  2"  Qu'il  en  est  de  même  pour  les  écarts  en  direction,  sauf  pour  les  gros 
projectiles  et  pour  les  durées  de  trajet  supérieures  à  dix  secondes; 

))  3°  Que,  si  l'on  change  beaucoup  de  latitude,  l'influence  de  la  rotation 
de  la  terre  sur  la  déviation  peut  devenir  très-appréciable.  •> 

A  5  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
r>a  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séancf.  nu  4  Janvif.r   1875. 

Direction  fji'ncrale  des  Douanes.  Tableau  qénérni  du  commerce  de  la  France 
avec  ses  colonies  et  les  puissances  étrangères  pendant  l  année  1873.  Paris,  Im- 
primerie nationale,  1874;  iii-4°- 

académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Montpellier.  Mémoires  de  la  Section  de 
Médecine;  t.  IV,  4"»  5*"  <'t  <>*"  fascicule.  Mémoires  de  la  Section  des  Sciences; 

q.. 


(68  ) 

t.  VI,  2"  et  3«  fascicule;  t.  VIT,  i",  2%  3«  et  /,«  fascicule;  t.  VIII,  1"  et 
2"  fascicule.  Montpellier,  Boehm  et  fils,  1868  à  i8'y3  ;  1 1  liv.  in-4°. 

Essii  sur  la  vie  el  les  ouvrages  de  L.-A.-J.  Quetelet;  par  Ed.  Mailly. 
Bruxelles,  F.  llaypz,  iS^S;  i  vol.  in- 18. 

Sur  une  récréation  arilhmélique  (2*  Note)  ;  par  M.  J.  PLATEAU.  Bruxelles, 
F.  Haycz,  1874;  br.  in-8^ 

Recueil  des  Actes  du  Comité  médical  des  Bouclies-du- Rhône,  publié  sous  la 
surveillance  du  Président,  M.  le  D""  Barthélémy;  t.  XIII.  Marseille,  typ. 
Cayer  et  C'%  1874;  in-8°.  (2  exemplaires.) 

Journal  d' Agriculture  de  la  Càte-d'Or;  année  1874,  3*  trimestre.  Dijon, 
imp.  Darantière,  1874;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Colmar,  1873  et  1874.  Colmar, 
imp.  C.  Decker,  1874;  in-8°. 

Mémoires  de  l' Académie  de  Stanislas;  1873,  4"  série,  t.  VI.  Nancy,  imp. 
Berger-Levrault,  1874;  in-8°. 

Mémoires  de  l' Académie  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Arts  d'Amiens; 
3®  série,  t.  I".  Amiens,  imp.  Yvert,  1874;  in-8°. 

Traité  de  Métallurgie;  par  M.  L.  Gruner;  1™  partie  :  Métallurgie  géné- 
rale; t.  P^  Paris,  Dunod,  1875;  in-8°,  avec  atlas  in-folio. 

Les  Comètes;  par  Am.  Guillemin.  Paris,  Hachette  et  C'",  1875;  i  vol. 
grand  in-8°,  illustré. 

Tableau  général  et  description  des  mines  métalliques  et  des  combustibles  mi- 
néraux de  la  Fr-ance;  par  M.  A.  Caillaux.  Paris,  J.  Baudry,  1876; 
I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Daubrée.) 

Joumaldu  Ciel.  Notions  populair-es  d'Astronomie  pratique;  par  M.  J.  Vingt; 
1874.  Paris,  1874;  I  vol.  in-8°. 

Statistique  médicale  de  Rochefort;  par  M.  C.  Maiii:r.  Paris,  J.-B.  Baillière, 
1874;  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey,  pour  le  Concours  de 
Statistique,  1875.) 

Traitement  rationnel  de  la  plithisie  pulmonair-e ;  par  le  D""  P.  DE  PlETRA- 
Santa.  Paris,  O.  Doin,  1876;  i  vol.  in-8''.  (Présenté  par  M.  le  Baron  Lar- 
rey, pour  le  Concours  Montyoïi,  Médecine  et  Chirurgie,  1875.) 

La  Commission  de  Constanlinople  et  le  nouveau  tonnage  officiel  pour  le  canal 
de  Suez;  par  J.-W.  Mercuant.  Paris,  Guillaumin,  1874;  br.  in-8". 
(Extrait  du  Journal  des  Economistes.) 


(69) 

Société  des  Sciences  médicales  de  l'arrondissement  de  Gannat  [/ïllier). 
Compte  rendu  des  travaux  de  l'année  1873-187/1;  par  le  D"^  MiGNOT.  Mou- 
lins, imp.  Desrosiers,  1874  ;  J"'-  in-B". 

Revue  d'Artillerie;  3^  année,  l.  V,  3*  liv.,  décembre  187/j.  Paris  et 
Nancy,  Berger-Levrault,  1874;  in-8°.  (Présenté  par  INI.  le  général  Mo- 
rin.) 

Annuaire  météorologique  et  agricole  de  l'Observatoire  de  Monlsouris  pour 
l'an  1875.  Paris,  Gaulhier-Villars,  1875;  i  vol.  in-i8.  (Présenté  par 
M.  Balard.) 

Bulletin  météorologique  mensuel  de  l'Observatoire  de  l'Université  d'Upsal; 
vol.  V,  année  1873,  rédigé  par  le  D'  Hildebuand-IIildebrandsson.  Upsal, 
Ed.  Berling,  1873;  in-A". 

Reliquiœ  Aquitanicœ ;  being  contributions  to  ttie  Aichœology  and  PalœontO' 
logj  of  Perigord  and  ihe  adjoining  of  provinces  of  soulhern  France  ;  bj  E.  Lar- 
TETand  H.  Christy  ;  part  XIV-XV.  London,  Williams  and  Norgate,  1873- 
1874;  a  liv.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Milne  Edwards.) 

Remarks  to  accompany  thc  monthly  cttnrts  of  meteorological  data  for  square  3, 
extending  froni  the  equator  to  10"  N.  lat.,  and  from  20°  to  3o°  //'.  long. 
London,  1875;  i  vol.  in-4'*,  avec  atlas  in-folio. 

Quarterly  iveatlier  Report  of  the  meteorological  Office;  part  III,  july- 
september  1873;  part  IV,  october-december  1871.  London,  1874;  2  liv. 
in-4°. 

Observations  of  magnetic  declination  made  at  Trevandrum  and  Aguslia 
malley  in  tlie  observatories  of  Itis  highness  the  maharajah  of  Travancorc , 
G. es.  J  in  theyears  i852  to  1869  being  Trevandrum  magneliccd  observations  ; 
vol.  I.  Discnssed  and  edited  by  John-Allan  Broun.  London,  Henry-S.  King 
etC°,  1874;  in-4°,  relié. 

United-States  Commission  of  fish  and  fisheries ;  part  II  :  Report  of  the  Com- 
missioner  for  1872  and  1873.  Washington,  Government  printing  Office, 
1874;  in-8". 

On  the  diurnal  inequalilies  of  the  barometer  and  ihermomether;  byW.  RuN- 
DELL.  London,  1874;  br.  in-8". 

(  A  suivre.  ) 


( 

70) 

1 

DÉCEMBBE 

1874. 

Observatioxs 

1 
MéTÉOROI.OGIQCF.S 

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(i)  Minima  baron 

létriques  :  lo  9,   à   '5''3o"*  du   matin, 

371 ,0; 

e  19,  à  .V'o" 

lu  matin,  71(1, 

5;   le    iC,   à  1' 

45"'  di 

1  soir,  74". li; 

le  ai,  il  8''3o"'  du 

matin,  7^7, 5;  Ift  9.'(,  vers  5  heures  du 

soir,  74 

.i,5;  le  2.-»,  à  I 

)**  i5"'  du  soir, 

7/10,0. 

(2)  (3)  a  n 

ninima, 

ù,  maxima,  non  atteints  :  la  tempéra 
observations  trihorairps. 

ture  var 

iant  d'une  mar 

ière  continue. 

(5)  Moyen 

nés  des 

(6)  La  températur 

e  normale  est  dcduilc  de  la  courbe  rc 

clifico  < 

les  tempéralurt 

s  moyonnos  do 

soixante  annc 

es  d'obs 

ervatlon. 

^ 

FAITES  A  l'Observatoire  de  AIontsocris. 


(  V   ) 


Décembre  1874. 


mag:<£tishe  terresthe. 

Mu\cnDCs  diurnes 


118) 


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NW  à  SW 

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SW 

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SW 

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W 

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SW 

20,0 

SW  à  NW 

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KAV-NE-SE 

3,2 

SSE-SW 

■6,9 

WSW 

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NW 

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N 

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N  à  WSW 

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NE 

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NE-NW 

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SW  et  NW 

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très-variable. 

1,3 

très-variable. 

3,0 

SE  à  WSW 

10,8 

De  NW  à  N 

par  S  el  E. 

5,8 

variable. 

7,0 

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2,2 

S 

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2,4 

NW      NE 

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E 

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NE 
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SW  à  NW 

N 

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NW 

N 

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U 

NE 

NW 
KW 

NÎVE 


NW 


REMARQUES. 


Pluie  le  matin,  brouillard  le  soir. 

Pluvieux  le  soir. 

Gelée  blanche  le  soir. 

Gelée  blanche  le  matin. 

Pluvieux  le  soir. 

Temps  de  bourrasques  et  pluvieux. 

Faibles  ondées. 

Contin'  pluvieux.  Fortes  bourrasq.  le  soir  el  la  nuit  suiv 

Fortes  rafales  jusque  vers  midi.  Pluie  par  intervalles. 

Gelée  blanche  matin  et  soir. 

Averses  de  neige  le  malin  suivies  de  pluies. 

Continuellement  pluvieux, 

Id.  Id. 

Id.  Id. 

Gelée  blanche  le  soir. 

Neige  continuelle,  très-abondante  le  matin. 
Bonne  brise  soutenue  du  nord-esl. 
Le  vent  faiblit  le  soir  en  virant  à  l'ouest. 
Pluvieux  tout  le  jour,  un  peu  de  neige  le  soir. 
Tn  peu  de  neige  dans  l'après-midi  et  la  soirée. 
Neige  jusque  vers  3  heures;  abondante  le  malin. 
Flocons  de  neige  suivie  de  brouillard. 
Brouillards. 
Neige,  pluie,  verglas. 
Neige,  pluie,  grésil,  surtout  le  soir. 
Neige  mêlée  do  pluie  le  matin. 

Givre  épais  chaque  nuit. 

La  neige  couvre  le  sol  depuis  le  16. 

Gelées  croissantes. 


I 


7)  Les  degrés  actinométriques  sont  ramenés  à  la  constante  solaire  100. 
(|5)  Les  jours  de  gelée,  l'évaporation  est  mesurée  par  la  pesée  d'un  plateau  de  terre  humide. 
(18)    *   Perturbations  magnétiques. 
(22^  (24)   Le  signe  W  indique  l'ouest,  conformément  à  la  décision  de  la  conlércncc  internationale  de  Vienne. 


{  7^  ) 

Moyennes  horaires  et  moïennes  mensuelles  (Décembre  1874). 

è^M.     U^M.     Midi.     3^  S.      G'^S.    9t  S. 


Déclinaison  magnétique 17°- 

Inclinaisoii  »  6  j° - 

Force  magnétique  totale j  ^  ^      /l  ,- 

Composante  horizontale 


» 


31  ,6 
38,0 
6398 
9270 


23,0 
38,3 

6388 
9266 


2j,8 

38,0 
0373 
9258 


23,8 
28,2 
638 1 
9260 


22,5 
28,4 

6'|00 
9265 
mm 


20,9 
28,4 
6^00 

9264 


20,8 
28,2 
6397 
9264 


Baromètre  réduit  à  0' 749i9''  730,46  750,26  750,08  750,39  750, 58  75o,66 

Pression  do  l'air  sec '45, 61   746,17  745,71  745,49   745)84  746)  '3  746,4' 


Tension  de  la  vapeur  en  millimètres 4>3i 

État  hygrométrique 9'  )8 

o 

Thermomètre  du  jardin -0,18 

Thermomètre  du  pavillon -0,1 5 

Thermomètre  cleclrique  à  29"* » 

Thermomètre  noirci,  dans  le  vide ...  -0,66 

Degré  actinomélrique  (i) 0,00 

Thermomètre  du  sol.  Surface ' 

>  à  c"',02  de  profondeur!..  2,16 
»  à  o"',io  »  ...  2,79 
»                    à  o'",20              "             .. .  3,66 

>  il  o^jSo  »  ...  3,62 
»                    à  i'",oo              "             ...  6,59 


4,2g 

89,7 
0 
0,04 

o,  10 


4,55 
86,6 


,32 


3. '9       8,99 
8,98     36,63 


Udomètre  à  1",  80. 
Pluie  moyenne  par  heure 


i3,6 
2,27 


'j92 
2,69 
3,70 
3,59 
6,58 
mm 
17,0 
5,67 


2,l3 

3,67 
3,65 
3,54 
6,57 
mm 

5,3 
1,73 


4i59 
86,6 
o 
1,64 

'.72 

» 

4,33 

10,17 

2.29 
2,73 
3,62 

3,5i 
6,56 
mm 

12,3 

4,10 


4,55 
89,5 
0 

0,88 


o,o3 
0,00 


2.77 
3,64 
3,5o 
6,55 
mm 
11,6 

3,87 


4,45 
90.7 

O 
0,32 

0,4' 


2,75 
3,65 

3,49 
6,53 
mm 
13,6 

4,20 


4,25 

89,8 

o 

-o,'9 
-0,i4 


3,01 

2,71 

3,63 

3,49 
6,53 

mm 

9,5 
3,17 


Évaporation  moyenne  par  heure  {c) observations  interrompues  par  les  gelées. 

Vitesse  moyenne  du  vent  en  kilom 8''">,o    8'>"',5    g""", 3    9'"",o    8''n',4    81"", 2    Si"",! 

Pression  du  vent  en  kilogrammes i>  »  »  0  »  »  r, 


MojGnne 
diurne. 

o         , 

17.23,4 

63.38,1 
4,6393 
1,9364 

mm 
75o,3i 

745,90 

4,4' 

89,1 
o 
o,5i 

0,53 

» 

2,90 
9. '6 

2,  i3 

2,74 
3,65 
3,54 
6,56 
mm 
t.  Si, 8 

» 

t.    32,0? 

8'"",  4 


Moyennes  horaires. 


Heures. 


Déclinais.  Pression.  Tempérât. 

0    ,  mui  o 

l^matin 1731,6  760, 5r  —0,17 

2  »       22,5  5o,35  —0,07 

3  »        23,0  5o,ii  o,o3 

4  »      22,9  49>92  0,06 

22,4  49,85  — o,b3 

21,6  49,92  —0,18 

21.2  5o,io  —0,29 

21.3  5o,3i  — 0,34 
22,0  5o,46  0,04 
23,2  5o,49  o,5i 
34,2  5o,4i  i,o5 
2.'(,8  50,26  1,53 


5 
6 
7 
8 

y 

10 
11 
Midi. 


Déclinais. 


Heures. 

,  o   , 

l"soir '724,8 

2      24,4 

23,8 

23,3 


3  » 

4  .. 

5  .. 
G  .. 

7  » 

8  .. 

9  .. 

m  .. 

Il  .. 
Minuit. 


22,5 

22, 1 
21 ,6 

20,9 

30,4 

20,3 

20,8 


Pression, 
mm 

75o,i2 
5o,o6 
5o,o8 
50,17 
50,29 
30,39 
5o,47 
5o,52 
5o,58 
5o,64 
5o,68 
5o,66 


Tempérât 
o 

',79 
1,81 
1,64 
1,37 
1 ,  10 
0,88 
0,70 
0,60 
0,32 
0,10 
—0,09 
-0,19 


Thermomètres  de  l'abri  (Moyennes  du  mois.) 

Des  minima — 1°,7  des  maxima ^",0  Moyenne -t-0,7 

Thermomètres  de  lu  surface  du  Soi. 
Des  minima —3",!  des  maxima 4"',  2  Moyenne +0,6 

Températures  mojeiuies  diurnes  par  pentades. 


1874.  Nov.  27  à  déc.  1 5,0 

•      Déc.     2  il  déc.  6 3, g 


Déc.     7  à  1 1 4)5 

»       13  il   16 3,4 


Déc.   17  il  21 — 0,6 

»      22  à  20 — 1 ,') 

»       ■:  à  3i —6,8 


(«)  Du  9  au  3i.  —  {*)  Hamené  à  la  constante  solaire  100.  —  (t)  En  centièmes  do  millimètre. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  11  JANVIER  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMJIUIVICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 
ANTHROPOLOGIE.  —  Races  liumaines  fossiles,  mésaticéphales  et  brachjcéphates  ; 

par  M.   DE  QCATREFAGES. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Hamy  et  au 
mien,  ainsi  qu'au  nom  des  éditeurs  MM.  Baillière,  la  troisième  livraison  de 
notre  Ou^  rage  sur  les  crânes  des  races  humaines  [Crania  Ethnica). 

»  Cette  livraison  comprend  quelques  pages  relatives  à  l'histoire  de  la 
race  de  Cro-Maguon.  Cette  partie  de  notre  travail  ayant  déjà  été  présentée 
à  l'Académie,  je  n'en  parlerais  pas  aujourd'hui  si  je  n'avais  à  faire  observer 
que,  depuis  l'impression  de  notre  seconde  livraison,  de  nouveaux  faits  sont 
venus  confirmer  d'une  manière  remarquable  quelques-unes  de  nos  con-' 
clusions.  Je  me  bornerai  à  signaler  la  belle  découverte  faite  par  MM.  Louis 
Lartet  et  Chaplain-Duparc,  à  Sorde,  près  de  Peyrehorade,  sur  l'extrême 
frontière  du  département  des  Laudes  et  de  celui  des  Basses-Pyrénées.  Dans 
cette  sépulture  se  sont  trouvés  superposés  des  objets  fabriqués  par  l'homme, 
répondnnt,  les  plus  inférieurs,  aux  temps  paléolithicjues,  les  supérieurs,  aux 
âges  néolithiques  :  la  race  des  ouvriers  n'a  pas  changé  poin*  cela.  .Seize 
crânes  comparés  sexe  à  sexe  avec  les  types  déjà  coniuis  ont  |)résenté  non- 
seulement  des  caractères  généraux  évidemment  semblables,  mais  encore  des 
dimensions  moyeiwies  absolues  et  relatives  allant  presque  jusqu'à  l'identité. 

C.K. ,187a,  i"5emei(re.(T.  LXXX,  ««2.)  'O 


(  74) 

»  A  elle  seule  l'élude  de  la  grotte  de  Sorde  suffirait  pour  démontrer  que 
les  races  humaines  ont  survécu  aux  derniers  grands  phénomènes  géolo- 
giques. Si  certaines  observations  recueillies  en  Belgique  et  dans  le  midi 
même  de  la  France  ont  conduit  quelques  hommes  éminents  à  admettre  un 
grand  hiatus,  qui  aurait  séparé  les  populations  paléolithiques  et  néolithiques, 
il  ne  nous  paraît  guère  possible  de  les  considérer  autrement  que  comme 
des  faits  purement  locaux  qui  n'infirment  en  rien  le  fait  général. 

»  La  grotte  de  Sorde  montre,  en  outre,  la  race  ancienne  de  Cro-]Magnon 
dans  le  voisinage  presque  immédiat  des  Pyrénées.  Par  là  elle  fait  mieux 
con)prendre  comment  l'un  de  nous  (M.  Hamy)  a  pu  retrouver  ses  descen- 
dants au  milieu  des  populations  modernes  de  cette  chaîne  de  montagnes. 

»  Avec  l'histoire  de  la  race  de  Cro-Magnon  se  termine  celle  des  races 
humaines  fossiles  dolichocéphales.  La  livraison  actuelle  est  essentiellement 
consacrée  à  l'étude  des  races  chez  lesquelles  le  diamètre  antéro-postérieur 
du  crâne  se  raccourcit  sensiblement,  relativement  au  diamètre  transversal. 
Cette  réduction  n'a  d'ailleurs  rien  de  brusque,  et  l'on  passe  successivement 
de  la  mésaticéphalie  à  la  sous-brachycéphalie  et  à  la  brachycéphalie 
vraie. 

»  Notre  tâche  devenait  ici  plus  difficile  que  par  le  passé.  Les  types  bra- 
chycéphales  fossiles  sont  à  la  fois  plus  nombreux  et  plus  rapprochés  que  les 
types  dolichocéphales.  Nous  devions  craindre  soit  de  multiplier  outre  me- 
sure les  divisions,  soit  de  réunir  des  objets  ethniquement  distincts.  Nous 
croyons  avoir  évité  ce  double  écueil  par  une  analyse  des  caractères  très- 
détaillée.  Nous  avons  été  conduits  ainsi  à  admettre  quatre  types  humains, 
au  crâne  plus  au  moins  arrondi,  qui,  pendant  la  période  quaternaire,  sont 
venus  se  superposer  ou  se  juxtaposer  en  Europe  aux  deux  types  à  crâne 
allongé  étudiés  précédemment.  Ce  sont  :  i"  le  type  mésaticéphale  de  Fur- 
fooz;  2°  le  sous-bracliycé|)hale  de  la  même  localité;  3"  le  brachycéphale  de 
Grenelle;  4°  le  brachycéphale  de  la  ïruchère,  près  de  Lyon. 

»  Nous  prenons  pour  type  de  notre  première  race  le  crâne  n"  1  décou- 
vert par  M.  Dupont  dans  le  trou  du  Frontal,  une  de  ces  grottes  de  la  Lesse 
que  le  naturaliste  belge  a  explorées  avec  tant  de  zèle  et  de  succès.  Ce  crâne 
présente  dans  son  ensemble  une  ossature  sèche  et  fine.  Vu  de  profil,  il 
montre,  au-dessus  des  arcs  surcilliers,  petits  mais  bien  dessinés,  un  front 
très-fuyant,  dont  la  courbe  très-régulière  se  continue  en  haut  et  en  arrière 
avec  celle  des  régions  temporale  et  occipitale  sans  présenter  d'autre  inflexion 
qu'une  légère  dépression  aux  sutures.  Le  même  caractère  se  retrouve  dans 
le  crâne  vu  de  face;  le  frontal  est  réduit  en  tous  sens,  et  les  bosses  en  sont 


(  75) 
presque  entièrement  effacées.  Les  pariétaux  présentent  des  caractères  analo- 
gues. Il  en  est  autrement  (le  l'occipital.  Celui-ci,  relativement  bien  développé, 
s'enchâsse  pour  ainsi  dire  dans  les  pariétaux  à  la  façon  d'une  lentille  et  se 
projette  en  arrière;  mais  il  ne  présente  que  des  traces  de  la  protubérance 
externe,  et  les  empreintes  musculaires  y  sont  très-faiblement  marquées.  L'in- 
dice céphalique  est  de  79, 3i. 

r>  La  face  placée  sous  ce  crâne  est  large,  et  l'indice  en  est  presque  le 
même  que  celui  de  la  race  de  Cro-Magnon;  mais,  comme  l'indice  cépha- 
lique est  ici  plus  élevé,  les  deux  grandes  régions  de  la  tête  osseuse  sont 
dans  un  juste  rapport,  et  la  tête  est  harmonique  au  lieu  d'être  disharmonique, 
comme  chez  les  Troglodytes  du  Périgord.  JjCs  os  nasaux,  vus  de  profil,  sont 
légèrement  concaves  et  assez  saillants;  les  orbites  sont  carrés;  la  fosse  ca- 
nine est  très-peu  marquée;  la  mâchoire  supérieure  est  presque  orthognathe. 
La  mâchoire  inférieure,  niince  sans  être  délicate,  rappelle,  à  quelques 
égards,  celles  de  Cro-Magnon,  mais  se  projette  moins  en  avant. 

))  Notre  seconde  race  a  pour  type  le  sous-brachycéphale  trouvé  par 
M.  Dupont  dans  la  même  localité  que  le  précédent.  Ici  le  front,  vu  de 
profil,  se  relève  et  monte  assez  droit  jusqu'au  niveau  des  bosses  frontales 
latérales,  qui  sont  bien  marquées;  puis  la  courbe  s'affaisse  brusquement 
jusque  vers  le  premier  tiers  des  pariétaux,  où  elle  s'infléchit  davantage  et 
redevient  régulière  jusqu'au  trou  occipital,  ne  présentant  dans  ce  trajet  que 
des  ondulations  marquées  surtout  sur  l'occipital.  Vu  de  face,  ce  même 
crâne  présente  une  forme  presque  penfagonale,  par  suite  de  la  brusque 
inflexion  de  la  courbe  sur  les  bosses  pariétales.  Dans  ce  crâne  n"  2,  le 
frontal  est  plus  développé  d'arrière  en  avant  que  dans  le  précédent;  les 
pariétaux  ont  à  peu  près  les  mêmes  dimensions,  mais  l'occipital  est  très- 
aplati.  C'est  donc  à  la  forme  de  cet  os  qu'est  due  l'élévation  de  l'indice 
céphalique,  qui  atteint  ici  81, 3g. 

»  La  face  de  notre  sous-brachycéphale  diffère,  plus  encore  que  le  crâne, 
de  ce  que  nous  avons  trouvé  dans  la  tête  de  Furfooz  n"  1.  L'indice  facial 
reste,  il  est  vrai,  presque  le  même  ;  mais  les  orbites  et  le  nez  s'allongent,  les 
fosses  canines  se  creusent  profondément,  la  mâchoire  supérieure  s'allonge 
aussi  et  devient  très-prognathe,  les  dents  s'inclinent  également  en  avant.  Un 
fragment  de  mâchoire  inférieure,  rapporté  avec  quelque  doute  à  ce  même 
crâne,  permet  déjuger  que  cet  os  est  ici  plus  haut,  plus  épais,  plus  robuste 
qtie  celui  dont  nous  avons  parlé  plus  haut. 

»  M.  Dupont  a  retiré  du  trou  du  Frontal,  indépendamment  des  deux 
têtes  dont  nous  venons  de  parler  et  d'une  autre  dont  il  a  été  déjà  question, 

10.. 


(76) 
divers  fragments  de  crânes  ayant  appartenu  à  onze  individus.  La  plupart 
pourraient  être  rapportés  avec  plus  ou  moins  de  certitude  aux  types  ])ré- 
cédemment  décrits. 

»  L'éminent  naturaliste  belge  a  rencontré  dans  ses  diverses  fouilles  un 
nombre  considérable  de  mâchoires  inférieures,  dont  plusieurs  ont  la  plus 
grande  analogie  avec  celle  de  son  homme  de  Furfooz  n°  1.  C'est  à  celles-ci 
que  se  rattache  de  la  manière  la  plus  étroite  la  célèbre  mâchoire  de  INIoulin- 
Quignon,  dont  l'un  do  nous  (xM.de  Qualrefages)  a  autrefois  entretenu  l'Aca- 
démie. On  sait  que  des  doutes  se  sont  reproduits  à  diverses  reprises  relati- 
vement à  l'authenticité  de  cette  pièce;  mais  ils  ont  dû  être  levés  par  la 
découverte,  dans  la  même  localité,  d'une  seconde  mâchoire  présentant  les 
mêmes  caractères  et  dont  personne  n'a  contesté  l'origine  quaternaire. 

))  L'un  de  nous  (M.  de  Qualrefages)  a  montré  depuis  longtemps,  et  pré- 
cisément à  propos  de  la  découverte  faite  par  M.  Boucher  de  Perthes,  que 
la  mâchoire  inférieure  varie  souvent  beaucoup  dans  la  race  la  mieux  ca- 
ractérisée d'ailleurs.  On  ne  peut  donc  attribuer  aux  particularités  mor- 
phologiques de  cet  os  une  valeur  égale  à  celle  que  présentent  la  plupart  des 
autres  parties  de  la  tète  osseuse.  Toutefois,  lorsque  plusieurs  caractères, 
partout  ailleurs  rares  et  isolés,  se  rencontrent  réunis  sur  un  certain 
nombre  de  mâchoires  appartenant  à  des  populations  assez  peu  distantes  et 
ayant  vécu  à  la  même  époque  géologique,  il  est  difficile  de  ne  pas  voir 
dans  ce  fait  un  signe  de  proximité  ethnique.  Nous  regardons  en  consé- 
quence comme  très-probable  que  l'homme  de  Moulin-Quignon  doit  être 
rattaché  au  niésaticéphale  de  Furfooz. 

»  Nous  en  dirons  à  peu  près  autant  au  sujet  delà  mâchoire  trouvée  par 
M.  J.  Julien  dans  la  grotte  Rouge  d'Aldène  (Aude). 

»  A  la  suite  des  pièces  dont  il  vient  d'être  question,  nous  avons  placé  la 
description  des  crânes  n"'  1  et  2  de  Solulré.  Ces  deux  têtes  ont  été  rappro- 
chées de  celles  de  Furfooz.  Nous  constatons  en  effet,  entre  ces  deux 
groupes,  certaines  ressemblances  assez  prononcées;  mais  les  différences 
uous  paraissent  être  plus  marquées  encore,  et  nous  rattacherions  plutôt 
ces  crânes  solutréens  à  notre  troisième  race,  race  brachycéphale  de  Gre- 
nelle, dont  nous  allons  résumer  les  caractères. 

»  Le  gisement  de  Grenelle  a  cela  de  curieux  qu'il  présente  en  superpo- 
sition géologique,  et  dans  l'ordre  que  nous  avons  adopté,  les  trois  types  de 
Canstadt,  de  Cro-Magnon  et  celui  dont  il  s'agit  ici.  L'un  de  nous  (M.  Ilamy) 
vient  de  montrer  tout  récenunent  que  les  ossements  des  (jraviers  de  Jond 
appartiennent  au  premier;  ceux  des  alluvions,  à  3  ou  l\  mètres  de  profon- 


(  w  ) 

(leur,  se  rattachent  au  second  [carrière  Coiilou)',  enfin  nos  brachycéphales  de 
\n  cari  lève  //eV/^  ont  (''té  trouvrs  à  une  profondeur  de  a"',5o  à  i'",4"-  Tout 
autant  que  les  autres,  ces  derniers  sont  acce|Ués  comme  étant  contempo- 
rains des  animaux  éteints  ou  émigrés  par  jM.  Belgrand,  et  chacun  sait  com- 
bien est  grande  la  compétence  de  notre  éminent  confrère  en  matière  d'al- 
luvious  quaternaires.  M.  Belgrand  a  fait  figurer  dans  son  grand  Ouvrage 
sur  le  bassin  parisien  aux  cujcs  prcliislori(jues  une  des  têtes  osseuses  (If)nt 
nous  donnons,  à  notre  tour,  un  dessin  en  projection  géométrique.  C'est 
donc  bien  encore  une  race  humaine  fossile  dont  il  s'agit  ici. 

»  Cette  race  est  représentée  par  les  crânes  plus  ou  moins  complets  de 
deux  hommes  et  de  quatre  femmes,  plus  un  certain  nombre  de  fragments 
assez  bien  caractérisés  pour  qu'on  ne  puisse  guère  hésiter  sur  leurs  rap- 
ports ethniques.  Les  différences  individuelles  sont  en  somme  assez  peu  pro- 
noncées dans  le  même  sexe;  mais,  comme  à  l'ordinaire,  les  caractères  s'atté- 
nuent d'une  manière  assez  marquée  de  l'homme  à  la  femme. 

»  Chez  le  premier,  la  glabelle  est  très-prononcée;  les  arcs  surcilliers 
rappellent  parfois  ceux  de  la  race  de  Canstadt,  mais  sont  rejetés  plus  en 
dehors.  Le  front  s'élève  d'abord  un  peu  obliquement.  Il  se  renfle  à  la 
hauteur  de  la  bosse  frontale  moyenne  et,  à  partir  de  ce  point,  la  courbe 
du  crâne^vu  de  profil  se  développe  régulièrement  sans  ressaut  ni  méplat. 
Chez  la  femme,  l'écaillé  occipitale  présente  une  légère  saillie.  L'indice  cé- 
phalique  moyen  est  de  83,53  chez  les  hommes,  de  83,68  chez  les  femmes, 

»  Le  frontal,  large  relativement  à  celui  des  races  précédemment  étu- 
diées, n'a  pour  ainsi  dire  pas  de  bosses  latérales.  Les  pariétaux  sont  bom- 
bés et  courts;  leurs  bosses  sont  mal  circonscrites.  L'écaillé  occipitale  est 
courte  et  large.  La  protubérance  externe  est  rugueuse,  mais  peu  sail- 
lante. 

»  La  face  est  bien  en  harmonie  avec  le  crâne  quant  aux  proportions 
générales.  Les  pommettes  sont  rugueuses  et  bien  accusées;  la  fosse  canine 
est  haute,  mais  peu  profonde.  Les  orbites  se  rapprochent  de  la  forme  car- 
rée; les  os  du  nez  sont  concaves  et  assez  saillants.  La  mâchoire  supérieure 
est  prognathe,  et  ses  dents  également  projetées  en  avant.  La  mâchoire  in- 
férieure est  volumineuse,  très-haute  à  la  symphyse,  extroversée  à  l'angle  pos- 
térieur, et  rappelle  un  type  signalé  par  M.  Dupont  connue  se  rencontrant 
exceptionnellement  à  Furiboz. 

»  La  troisième  race  de  notre  second  groupe  est  donc  bien  distincte  des 
précédentes,  et  suffisamment  représentée  dans  les  alluvions  de  Grenelle  ; 
mais  nous  ne  voyons  à  lui  rattacher  en  dehors  de  cette  localité,  et  encore 


(  78) 
sous  toutes  réserves,  que  deux  frngments  de  mandibule  recueillis  à  Orly 
et  à  Charonne  par  MM.  Blondin  et  Eugène  Robert,  et  le  crâne  de  Nagy- 
Sap  en  Hongrie,  dont  M.  Luschan  a  bien  voulu  nous  envoyer  une  photogra- 
phie que  nous  reproduisons. 

»  La  quatrième  race  de  notre  second  groupe  n'est  représentée  jusqu'ici 
que  par  une  seule  tête,  trouvée  par  M.  Legrand  de  Mercey  dans  les  marnes 
grises  à  Mammouth  de  la  Truchère.  Ce  fait,  et  quelques  anomalies  d'ossih- 
cation  inutiles  à  décrire  ici,  nous  ont  fait  hésiter  sur  la  valeur  de  cette 
pièce  unique;  on  pouvait  n'y  voir  qu'un  cas  d'anomalie  individuelle.  Tou- 
tefois les  caractères  en  sont  si  spéciaux  et  si  bien  accusés,  que  nous  avons 
cru  devoir  la  regarder  comme  le  type  d'une  race  dont  on  retrouvera  plus 
tard  d'autres  représentants. 

»  Ce  qui  frappe  tout  d'abord  dans  cette  tête,  c'est  le  désaccord  de  la 
face  et  du  crâne.  Celui-ci  est  très-grand,  très-large;  l'indice  est  de  84,32. 
Il  surmonte  une  face  proportionnellement  petite,  et  relativement  étroite. 
Cette  tète  est  donc  disharmonique,  et  la  disharmonie  est  précisément  in- 
verse de  celle  qui  caractérise  les  crânes  de  Cro-Magnon. 

»  La  courbe  antéro-postérieure  du  crâne,  vu  de  profil,  est  fort  irrégu- 
lière; elle  s'élève  d'abord  presque  verticalement  au-dessus  des  arcs  surcil- 
liers  peu  marqués,  présente  une  voussure  prononcée  sur  la  bosse  frontale 
médiane,  puis  gagne,  en  s'affaissant  un  peu,  lui  bregma  très-saillant.  Au 
delà  elle  s'affaisse  de  nouveau,  puis  s'infléchit  brusquement  et  presque  à 
pic  à  l'écaillé  occipitale,  et  se  recourbe  de  nouveau  en  gagnant  la  région 
cérébelleuse. 

»  Vu  de  face ,  ce  même  crâne  présente  un  aspect  pentagonal  très- 
marqué. 

»  Le  frontal,  étroit  en  bas,  s'élargit  considérablement  à  la  hauteiu*  des 
bosses  latérales.  Les  pariétaux  sont  très-développés  dans  le  sens  transversal. 
L'occipital  est  large  et  la  portion  cérébrale  en  est  relativement  beaucoup 
plus  développée  que  la  portion  cérébelleuse. 

»  Le  trait  le  plus  frappant  de  la  face  est  un  nez  très-saillant,  long  et 
étroit,  placé  entre  deux  orbites  carrés  et  relativement  petits.  Les  pommettes 
sont  massives,  mais  un  peu  effacées;  les  fosses  canines  sont  presque  effa- 
cées; la  mâchoire  supérieure  et  les  dents  sont  légèrement  prognathes. 

D  Après  avoir  décrit  la  tête  des  hommes  plus  ou  moins  brachycéphales 
de  la  période  quaternaire,  nous  avons  dû,  comme  pour  les  dolichocéphales, 
rechercher  quelle  trace  lesquatre  types  précédents  avaient  pu  laisser  dans  les 
populations  de  la  période  actuelle;  mais  ici  la  tâche  devenait  de  plus  en  plus 


(  79) 
difficile.  La  proximité  de  ces  types,  les  mélanges  opérés  pendant  une  longue 
suite  de  siècles,  l'intervention  d'autres  races  pendant  les  temps  néolilLiques 
et  plus  tard  ont  nécessairement  produit  une  confusion  qui  rend  néces- 
saires de  nouvelles  et  longues  études.  Toutefois,  même  parmi  les  jjopula- 
tions  modernes,  on  retrouve  au  moins  certains  traits  dont  l'origine  remonte 
évideuuncnt  aux  races  dont  nous  avons  tracé  la  caractéristique.  Au  Congrès 
de  Bruxelles,  plusieurs  de  nos  collègues  et  nous-mêmes  avons  constaté, 
dans  la  vallée  même  de  la  Lesse,  des  traces  évidentes  du  sang  des  races  de 
Furfooz.  L'un  de  nous  (M.  de  Quatrefages)  les  a  trouvées  plus  marquées 
encore  dans  les  habitants  des  environs  d'Anvers. 

»  Le  même  a  rattaché  depuis  longtemps  à  l'influence  des  races  fossiles 
le  prognathisme  si  accusé  chez  certains  Européens,  chez  des  Parisiens  en 
particulier,  alors  que  rien  ne  permettait  de  supposer  un  mélange  de  sang 
noir. 

»  En  remontant  plus  haut  et  jusque  dans  les  temps  préhistoriques,  on 
a  des  termes  de  comparaison  plus  précis.  Nous  nous  bornons  à  indiquer 
ici  les  principaux. 

»  Nous  rattachons  à  notre  mésaticéphale  de  Furfooz  la  tète  découverte 
par  M.  Gervais  dans  la  grotte  sépulcrale  de  Baillargues  (Hérault),  tète  que 
ce  naturaliste  a  décrite  et  figurée.  Nous  rapprochons  du  même  type  une 
tête  inédite  trouvée  dans  une  caverne  néolithique  deLonibrives.  Cette  même 
région,  Hyères  (Var),  Gibraltar  (Espagne)  ont  fourni  des  mâchoires  infé- 
rieures dont  quelques-unes  au  moins  paraissent  devoir  être  rapprochées 
de  la  mâchoire  de  Moulin-Quignon,  et  par  conséquent  de  celles  de  Fur- 
fooz n"  1. 

»  Les  crânes  qui  viennent  se  grouper  autour  de  notre  second  type  sont 
sensiblement  plus  nombreux.  M.  Liénard  a  retiré  d'un  seul  puits  funéraire 
néolithique,  près  de  Verdun  (Meuse),  sept  crânes  humains  dont  la  plupart 
ont  les  plus  grands  rapports  avec  le  crâne  de  Furfooz  n"  2.  Nous  en  dirons 
autant  d'un  certain  nombre  de  têtes  extraites  des  allées  couvertes  de 
Meudon,  Vauréal,  Presle  (Seine-et-Oise).  Trois  crânes  de  la  sépulture  d'Or- 
rouy,  si  bien  étudiée  par  M.  Broca,  rentrent  dans  la  même  catt'gorio.  Nous 
en  dirons  autant  d'une  tête  trouvée  à  la  station  néolithique  des  Hautes- 
Bornes  par  M.  Roujou.  En  outre,  M.  Bouchard-Chantereaux  a  retiré  des 
argiles  bleues  du  bassin  de  Boulogne  une  tête  datant  de  l'âge  de  bronze. 
De  son  côté,  I\L  Bourguignat  a  trouvé  dans  un  ancien  tombeau,  au  Cap 
Long  de  Saint-Césaire,  un  crâne  qui  doit  prendre  place  à  coté  des  précé- 
dents. Enfin,  en  Portugal,  au  Cabeço  d'Arrada,  M.  l'ereira  da  Costa  a  rcn- 


(  8o  ) 
contré  un  crâne  dont  le  type  métis  paraît  emprunté  au  moins  en  partie  à  la 
race  de  Furfooz  n°  2. 

»  Noire  race  bracliycéphale  de  Grenelle  paraît  être  celle  dont  la  trace 
est  la  plus  profonde.  Chez  nous,  on  l'a  trouvée  dans  l'allée  couverte  de 
Marly-le-Roi,  à  la  Pierre-qui-Tourne  de  la  forêt  de  Compiègne...  En  An- 
gleterre on  la  trouve  de  même  dans  les  sépultures  néolithiques  et  surtout 
dans  les  Round-Barrow.  En  Allemagne,  M.  Schaaffhausen  en  a  décrit  un 
très-bon  exemple  provenant  des  environs  de  Plan.  En  Danemark,  cette 
même  race  n'est  autre  chose  que  le  type  bracliycéphale  d'Eschricht.  En 
Suède,  l'illustre  et  vénérable  M.  Niisson  en  a  trouvé,  dans  les  tourbières  de 
Scanie,  des  spécimen  que  l'un  de  nous  (M.  Hamy)  a  pu  étudier  récemment 
dans  les  collections  de  l'Université  deLund.  Enfin  les  crânes  de  cette  même 
race  entrent  pour  un  douzième  dans  le  nombre  total  des  têtes  retirées  des 
dolmen  suédois  et  étudiées  par  Relziuset  ses  successeurs. 

»  En  revanche,  notre  type  de  la  Truchère  continue  à  n'être  représenté 
que  par  la  tête  sommairement  décrite  plus  haut. 

»  La  description  des  quatre  types  dont  il  vient  d'être  question  termine 
ce  que  nous  avions  à  dire  dans  notre  livre  des  races  humaines  fossiles. 
L'Académie  voudra  bien  nous  permettre  d'ajouter  une  remarque. 

1)  Dans  une  branche  aussi  récente  de  la  science,  il  existe  nécessairement 
encore  bien  des  obscurités,  et  les  dissentiments  sont  impossibles  à  éviter.  Nous 
avons  eu,  en  effet,  le  regret  de  nous  trouver  en  désaccord  avec  quelques-uns 
de  nos  plus  éminents  confrères.  Cela  même  nous  imposait  le  devoir  de 
mettre  sous  leurs  yeux,  autant  qu'il  dépendait  de  nous,  les  éléments  de 
nos  convictions.  De  nombreux  tableaux  de  mesures,  toujours  prises  avec 
le  plus  grand  soin  par  l'un  de  nous  (M.  Hamy),  fourniront  toutes  les  don- 
nées numériques  désirables.  Notre  Atlas,  lithographie  par  M.  Formant, 
employé  au  Muséum  et  familier  avec  les  objets  qu'il  reproduit,  représenle 
nos  crânes  typiques  avec  une  fidélité  et  un  talent  d'exéculion  qui  font  le  plus 
grand  honneur  à  l'artiste.  Toutes  ces  figures,  de  grandeur  naturelle  ou  de 
demi-grandeur,  ont  été  soigneusement  diagraphiées.  Il  en  est  de  même  des 
figures  intercalées  dans  le  texte.  Elles  ont  été  aussi  dessinées  sur  bois  par 
M.  Formant.  Grâce  à  la  libéralité  des  éditeurs,  nous  avons  pu  les  muItipHer 
et  y  joindre  un  certain  nombre  de  superpositions  au  trait  qui  permettent 
d'ap|)rccier  d'un  coup  d'œil  les  ressemblances  et  les  différences  existant 
entre  deux  ou  trois  tèles  données.  Nous  avons  ainsi  mis  entre  les  mains 
de  nos  lecteurs,  autant  que  la  chose  est  possible,  les  matériaux  de  nos 
propres  recherches.  Ils  en  profiteront,  espérons-nous,  ])our  compléter 
notre  travail  et  le  corriger  au  besoin.  » 


(  Hr   ) 

i\OML\ATIO^S. 

I/Acndômio  proorde,  p;ir  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant ,  pour  la  Soction  de  Mécanique,  en  remplacement  de  feu 
M.  Burdin. 

Au  pieinier  lour  de  scrutin,  le  nombre  des  volants  étant  47, 

M.  Broch  obtient 2^  suffrages. 

M.  Stokcs 21        » 

]\î.  CoUadon 1         » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Bkocii,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu. 

RAPPORTS. 

CHIRURGIE.  —  Rapport  sur  un  travail  de  M.  Alph.  Guérin,  intitule  :  «  Du 
rùle  palhogèniiiite  des  ferments  dans  les  maladies  clnrurgieales  ;  nouvelle 
méthode  de  traitement  des  amputés   ». 

(Commissaires   :  MM.  Cl.   Bernard,  Pasteur,   Sédillot,  Larrey, 
Gossclin   rapporteur.) 

«  Nous  devons  prévenir  tout  d'abord  l'Académie  que  le  travail  de 
M.  Alph.  Guérin  n'a  pas  uneaussi  grande  extension  que  son  titre  pourrait  le 
faire  supposer.  Il  traite,  non  pas  du  rôle  des  ferments  dans  toutes  les  ma- 
ladies chirurgicales,  mais  de  leur  rôle  possible  et  présumé  dans  quelques- 
luies  de  ces  maladies,  et  notamment  dans  les  plaies  qui  résultent  des  plus 
grandes  opérations  de  la  chirurgie,  savoir  les  amputations. 

»  Pour  ce  genre  de  blessures,  en  effet,  M.  Alph.  Guérin  a  imaginé  ijn 
mode  de  pansement  qui  lui  a  été  inspiré  par  les  recherches  de  M.  Pasteur. 
Ce  mode  de  pansement  consiste  dans  l'application  sur  la  plaie  et  sur  le 
membre,  à  une  certaine  distance  au-dessus  de  celte  dernière,  d'une  couche 
très-épaisse  de  ouate  maintenue  par  une  bande  fortement  serrée.  Le  but 
principal  de  l'auteur  est  d'arrêter  dans  l'épaisseur  du  colon  les  germi^s  ou 
ferments  atmosphériques,  et,  en  empêchant  leur  arrivée  sur  la  |)laie,  de  pré- 
venir la  décomposition  putride  des  liquides  qui  s'y  trouvent. 

»   Poiu-  apprécier  le  travail  de  l'auteur,  il  c(»nvi<>nt  donc  de  chercher 

C.R..1S7J    i"  S.-meure. {T.  l.XW,  tio'l.)  '' 


(    «2    ) 

d'abord  si  le  pansement  ouaté  est  bon,  et  ensuite  s'il  doit  son  efficacité  ex- 
clusivement à  la  cause  indiquée  ])ar  M.  Alph.  Guérin. 

»  I.  Que  le  pansement  ouaté  soit  bon,  aucun  des  cliirurgiens  qui  l'ont 
mis  en  usage  ne  le  conteste.  Votre  rapporteur,  dans  la  plupart  des  cas  où 
il  s'en  est  servi  lui-même,  dans  quelques  autres  qu'il  a  observés  sur  des 
malades  opérés  par  ses  collègues,  a  constaté  les  bons  effets  suivants,  tels 
que  les  a  signalés  M.  Alpb.  Guérin  : 

»  1°  L'absence  ou  l'existence,  à  un  faible  degré,  de  la  fièvre  des  pre- 
miers jours  (fièvre  traumatique); 

»   1°  La  continuation  du  sonnneil  et  de  l'appétit; 

»   3"  L'absence  ou  l'intensité  très-modérée  de  la  douleur; 

»  4°  La  présence,  au  moment  où  l'on  enlève  l'appareil  (et  ce  n'est  pas 
avant  le  vingtième  ou  vingt-deuxième  jour),  d'une  plaie  vermeille,  sans 
détritus  gangreneux,  recouverte  d'un  pus  très-épais,  qui  est  dépourvu  de 
mauvaise  odeur,  et  qui  est  peu  abondant,  si  l'on  tient  compte  du  nombre 
de  jours  pendant  lesquels  l'occlusion  a  été  maintenue; 

»  5°  Enfin,  et  comme  conséquence,  sinon  constante,  au  moins  très-fré- 
quente, des  avantages  qui  précèdent,  la  soustraction  de  l'opéré  au  danger 
de  mort  par  infection  purulente  et  la  guérison.  Sur  ce  dernier  point  cepen- 
dant, votre  Commission  doit  exprimer  le  regret  de  n'avoir  pas  trouvé  dans 
le  travail  une  statistique  indiquant  la  proportion  des  morts  et  des  guérisons 
dont  l'auteur  a  pu  être  témoin.  Nous  savons,  par  la  notoriété  publique,  que 
M.  Alph.  Guérin  a  eu  d'assez  nombreux  succès,  et  que  plusieurs  chirurgiens 
des  hôpitaux  de  Paris,  M^L  Tillaux  et  Labbé  en  particulier,  en  ont  eu  éga- 
lement. Votre  rapporteur,  sur  huit  amputés  (de  jambe  et  de  cuisse)  qu'il 
a  pansés  de  cette  façon,  a  observé  six  guérisons.  Néanmoins  nous  aurions 
voulu  que  les  avantages  et,  s'il  est  permis  de  l'admettre,  la  supériorité  de 
la  méthode  fussent  démontrés  par  des  faits  plus  positifs  et  plus  nombreux. 

»  Il  est  vrai  que  cette  lacune  se  trouve  expliquée  par  l'intention  qu'ex- 
prime l'auteur  en  plusieurs  passages  de  son  Mémoire,  celle  de  soumettre  à 
votre  appréciation  bien  plutôt  la  théorie  de  son  appareil  que  ses  résultats 
pratiques. 

»  IL  Arrivons  donc  à  l'examen  de  cette  théorie. 

»  Nous  avons  fait  entendre  tout  à  l'heure  comment  M.  Alph.  Guérin 
comprend  et  explique  l'efficacité,  incontestable  d'ailleurs,  de  sa  méthode. 
Le  coton  ayant,  d'après  tpiehpies-unes  des  belles  expériences  de  M.  Pas- 
teur, la  propriété  de  retenir  dans  son  épaisseui'  les  ferments  que  contient 


(  83  ) 
ratinosphère,  doit,  selon  l'auteur,  empêcher  toute  fermentation  à  la 
surface  de  la  plaie  et  s'opposer  ainsi  à  la  production  des  agents  putride^ 
dont  l'absorption  occasionnerait  l'infection  purulente,  et  il  donne  comme 
preuves  à  l'appui  de  sa  manière  de  voir  d'abord  les  faits  mêmes  tirés  des 
expériences  de  M.  Pasteur,  ensuite  des  observations  prises  sur  les  malades. 
Il  a  examiné  au  microscope  ou  fait  examiner  par  d'autres  personnes  le  pus 
trouvé  au  fond  des  appareils  ouatés  après  vingt  ou  vingt-cpiatre  jours  d'ap- 
plication, et  il  n'y  a  trouvé  ni  les  vibrions,  ni  les  bactéries  qui  se  forment 
si  souvent  dans  ce  liquide  à  l'air  libre,  et  qui  résultent  de  sa  décomposition 
et  du  développement  des  germes  aux  dépens  des  produits  de  cette  décom- 
position. 

»  Ici  nous  ferons  observer  d'abord  qu'il  ne  faut  pas  faire  une  assimila- 
tion complète  entre  les  expériences  qui  se  font  avec  des  tubes  à  parois  ri- 
gides et  incompressibles  et  les  pansements  qui  se  font  sur  des  parties  sus- 
ceptibles de  subir  une  diminution  ou  un  retrait,  par  suite  de  la  compression, 
et  au  niveau  desquelles,  par  conséquent,  peut  s'établir,  à  partir  des  confins 
du  pansement,  un  espace  suffisant  pour  laisser  passer,  entre  le  coton  et  la 
peau,  l'air  chargé  de  ses  minuscules  ferments. 

»  Mais  votre  Commission  et  votre  rapporteur  se  sont  occupés  surtout 
de  rechercher  si  en  effet  les  |)rotozoaires  manquaient  toujours  dans  le  pus 
des  appareils  ouatés.  L'un  des  Membres  de  la  Commission,  M.  Pasteur,  a 
eu  l'occasion  de  faire  un  examen  de  ce  genre,  en  avril  1874,  avec  M.  Alph. 
Guérin,  sur  un  des  amputés  de  ce  chirurgien,  et  il  n'a  trouvé  ni  vibrions, 
ni  bactéries.  Moi-même  je  n'en  ai  pas  trouvé  dans  l'appareU  d'une  ampu- 
tation de  cuisse  qui  avait  été  faite  sur  un  enfant  de  huit  ans  et  demi  à  l'hô- 
pital Sainte-Eugénie,  par  mou  collègue  M.  Marc  Sée. 

»  Mais,  dans  trois  autres  cas,  j'ai  trouvé  des  corps  mouvants  en  grand 
nombre.  C'était  sur  des  adultes  qui  avaient  été  amputés  l'un  du  bras,  un 
autre  de  la  jambe,  et  un  de  la  cuisse.  Chez  tous  trois  l'examen  a  été 
fait  du  vingt-deuxième  au  vingt-quatrième  jour  après  l'opération,  et  après 
ra|)plication  du  bandage  ouaté,  et  fait  par  moi-même,  mais  en  présence  et 
avec  le  contrôle  de  M.  le  ly  Tillaux,  dans  deux  cas,  de  mes  aides  de  labo- 
ratoire, MM.  Alb.  lîcrgeron  et  lîrun,  dans  tous  les  trois.  Une  autre  fois,  le 
i3  novembre  1874,  j'ai,  de  concert  avec  deux  Membres  de  la  Commission, 
MM.  Pasteur  et  Larrcy,  et  avec  M.  Alph.  Guérin,  examiné  le  pus  d'un 
malade  qui  avait  été  pansé  à  la  ouate  à  l'IIùtel-Dieu,  dix-neuf  jours  aupa- 
ravant, pour  une  plaie  contuse  des  doigis  médius  et  annulaire,  et  nous 
avons  tous  constaté  la  présence  des  vibrions  et  des  bactéries. 

I  !.. 


(  «4  ) 

»  J'ajoute  que,  sur  ces  quatre  malades,  les  plaies,  au  moment  où  l'on  :i 
enlevé  le  bandage,  présentaient  l'aspect  favorable  dont  j'ai  parlé  plus  baut; 
qu'aucun  d'eux,  malgré  la  présence  des  vibrions  et  des  bactéries,  n'a  eu 
ni  la  putridité  du  pus,  ni  l'infection  purulente,  et  que  leurs  plaies  se  sont 
cicatrisées  très-régulièrement. 

»  Il  y  a  donc  ici  une  divergence  entre  M.  Alph.  Guérin  et  nous.  L'au- 
teur n'a  jamais  trouvé  de  vibrions  vt  de  bactéries;  nous,  nous  en  avons 
trouvé  quatre  fois  sur  six.  Nous  sommes  disposés  à  expliquer,  au  moins 
pour  un  certain  nombre  de  cas,  cette  divergence  par  la  différence  des  in- 
struments dont  nous  nous  sommes  servis.  Pour  trouver  les  vibrions  et  les 
bactéries  qui  ont  do  j~^  à  -^-—j  de  millimètre  de  diamètre,  il  faut  un 
grossissement  de  5oo  à  600.  J'ai  même  employé  souvent  la  lentille  à  im- 
mersion qui  va  jusqu'à  i3oo  ou  i4oo.  Or,  l'auteur  ne  nous  disant  pas  à  quel 
grossissement  on  a  eu  recours  dans  les  explorations  dont  il  parle,  il  nous 
est  peiinis  de  présumer  qu'on  n'en  a  pas  toujours  pris  un  suffisamment 
fort. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  sommes  autorisés  à  conclure  de  nos  faits  que 
le  bandage  ouaté  n'empécbe  pas  toujours  et  nécessairement  la  formation  des 
bactéries  et  des  vibrions.  Est-ce  parce  que,  comme  je  le  donnais  à  entendre 
tout  à  l'heure,  l'air  au  bout  de  quelque  temps  se  fait  jour  entre  la  peau  et 
ra|)pareil?  ou  bien  est-ce  parce  que,  avant  l'application  de  la  ouate,  on  avait 
laissé  quelques  spores  sur  la  plaie  ?  Je  ne  saurais  le  dire.  Je  constate  seule- 
ment que  sous  le  bandage  ouaté  il  y  a  une  fermentation,  mais  que  cette  fer- 
mentation n'est  pas,  quand  le  malade  continue  d'aller  bien,  de  celles  qui 
donnent  naissance  aux  produits  toxiques  capables  d'engendrer  l'infection 
purulente. 

»  Quel  est  donc  pour  ces  cas,  où  il  y  a  sous  le  bandage  ferments  et  fer- 
mentation, et  néanmoins  conservation  de  la  bonne  santé  de  l'opéré,  quel 
est,  dis-je,  le  mode  d'action  du  pansement  ouaté? 

»  Or  il  nous  semble  que,  par  la  compression  régulière  qu'il  exerce,  il 
doit  favoriser  d'abord  la  résorption  prompte  du  sang  qui  reste  toujours  à 
la  surface  des  plaies;  il  empêche  qu'une  nouvelle  quantité  de  ce  liquide 
soit  versée  ultérieurement;  il  favorise  aussi  la  résoiption  des  premiers  ma- 
tériaux exsudés,  lesquels,  conunc  le  sang,  deviennent  facilement  |)utriiles 
lorsqu'ils  séjouriu  ni  plusieurs  jouis  sur  les  |)l;iies.  En  outre,  par  celle 
mémo  compression  cjui  diminue  l'afflux  {\\i  sang  vers  les  vaisseaux  de  la 
plaie,  par  la  chaleur  uniforme  qu'il  entretient,  par  l'inuiiobilité  qu'il  pro- 
cure à   la  région  malade,  il  doit  modérer  ruillammalion    et  l.i  maintenir 


(  85  ) 
dans  cet  état  où,  n'étant  ni  destructive,  ni  gangreneuse,  elle  est,  quoique 
siippurative,  assez  simple  pour  donner  naissance  d'emblée  et  sans  entraves 
à  la  membrane  pyogénique  et  foiuiiir  des  produits,  du  pus  visqueux  en 
particulier,  qui  ne  sont  [)as  apics  à  la  décomposition  putride  délétère, 
quand  bien  même  les  ferments  viendraient  se  mettre  en  contact  ;ivec  eux. 

»  Mais  votre  Commission  est  d'avis  aussi  que  la  mélhode  de  M.  Alpii. 
Guérin  réussit,  parce  qu'elle  maintient  sans  interrruption,  pendimt  un  temps 
assez  long,  ces  conditions  favorables  au  développement  d'une  inflammation 
suppiirafive  bénigne,  et  qu'elle  constitue  en  définitive  un  paineiitcnt  rare. 
Ce  n'est  pas  chose  indifférente,  en  effet,  que  de  soustraire  pendant  plus 
de  vingt  jours  de  suite  ime  plaie  aussi  complexe  que  l'est  celle  d'un  amputé 
au  contact  de  l'air,  aux  souffrances,  aux  déplacements,  aux  changements 
de  rajiports,  aux  variations  de  pression  et  de  température  que  néces- 
sitent les  pansements  souvent  renouvelés,  A  diverses  époques  les  chirur- 
giens ont  compris  qu'd  pouvait  y  avoir  des  inconvénients  à  changer  tons 
les  jours,  et  mé[ne  deux  fois  par  jour,  les  pièces  d'appareil  qui  recouvrent 
les  plaies,  et  un  auteur  itahen  du  xvii"  siècle,  Magatus,  s'est  élevé 
contre  cette  coutume,  dans  un  gros  ouvrage  in-folio,  intitulé  :  De  rard 
Mulncritm  curatione.  Depuis  Magatus,  on  a  encore  parlé  de  tenqjs  à  autre 
des  pansements  rares,  et  les  noms  de  Belloste,  Pihrac,  Lecat,  Josse  d'Amiens, 
celui  surtout  de  l'illustre  Larrey  père,  sont  attachés  à  des  tentatives  favo- 
rables au  renouvellement  peu  fréquent;  mais  ces  tentatives  n'avaient  jus- 
qu'à présent  modifié  ni  les  convictions  ni  la  pratique  générale,  parce  que, 
d'iuie  part,  elles  n'aboutissaient  pas  à  la  formule  précise  du  temps  peiulant 
lequel  les  pansements  doivent  rester  en  place,  et  parce  que,  d'autre  jiart, 
on  ne  faisait  |ias  connaître,  pour  les  appuyer,  un  grand  nombre  de  succès. 
M.  Alph.  Guérin,  en  adoptant  le  coton  en  grandes  masses,  dont  ne  s'étaient 
pas  servis  ses  prédécesseurs,  en  appliquant  ainsi  aux  plaies  des  amputés  le 
procédé  de  compression  employé  par  M.  lîurgraeve  de  Gand  pour  le  traite- 
ment des  maladies  articulaires,  en  fixant  à  une  période  de  vingt  à  vingt-cinq 
jours  le  temps  durant  lequel  les  plaies  doivent  rester  couvertes,  eu  se 
trouvant  à  même  de  faire  connaître  des  succès  incontestables,  aura  eu  le 
mérite  de  donner  une  certaine  précision  à  cette  méthode,  jusque-là  indécise, 
des  pansements  rares. 

»  Mais  que  |ipnser  enfin  du  rôle  des  ferments,  qui  a  et''-  la  préoccupation 
principale  de  l'auteur?  Nous  sonunes  loin  de  nier  leur  inteivention  |)ossihle 
dans  la  pathogénie  de  l'infection  purulente,  et  nous  acceptons  qu'd  est  bon 
d'en  préserver  les  plaies  si  la  chose  est  réalisable.  Seuknuent  il  résulte  de 


(8G) 

ce  qui  précède  que  les  ferments  n'agissent  pas  d'une  façon  nuisible  sur 
loiitos  les  matières  organiques.  Parmi  les  conditions  qui  rendent  leur  action 
dangereuse  se  trouve  l'altération  que  donne  aux  tissus  et  aux  liquidis  ex- 
posés à  l'air  une  inflammation  traumatique  intense. 

»  A  ce  point  de  vu^  le  pansement  ouaté  de  M.  Alpli.  Guérin  est  utile  de 
l'une  des  deux  façons  suivantes  :  tantôt  il  empêche  en  effet  l'arrivée  ou  le 
contact  des  ferments  atmosphériques  sur  la  plaie,  en  même  temps  qu'il 
modère  le  travail  inllammatoire  [irécurseiu'  de  la  suppuration  ;  tantôt  il  ne 
s'oppose  pas  à  l'entrée,  soit  immédiate,  soit  tardive  de  ces  mêmes  ferments; 
mais,  par  cela  même  qu'il  modère  le  travail  inflammatoire,  il  fait  naître  des 
produits  dont  la  fermentation  n'est  pas  dangereuse  pour  l'économie. 

»  En  résumé,  tout  en  rejetant  pour  un  certain  nombre  de  cas  la  théorie 
donnée  d'une  façon  trop  exclusive  par  M.  Alph.  Guérin,  tout  en  ajoutant 
une  explication  à  celle  qu'il  a  donnée,  votre  Commission  pense  que  le  ban- 
dage ouaté  a  réalisé  un  progrès  utile  dans  la  thérapeutique  des  plaies,  et 
elle  conclut  en  vous  disant  que  ce  progrès  mérite  d'être  signalé  à  toute  l'at- 
tention des  chirurgiens.   » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

M.  Ollieu  présente  quelques  remarques,  à  propos  du  Ra|)porl  de 
M.  Gosselin,  sur  divers  faits  observés  par  lui,  dans  sa  pratique  chirurgicale. 

M.  Larrey  prend  ensuite  la  parole,  et  présente  des  observations  sur  le 
même  sujet  (i). 

M.  liouiixAUD  présente,  au  sujet  du  Rapport  de  M.  Cwosselin,  les  observa- 
tions suivantes  : 

«  Si  le  travail  de  M.  Alj)!!.  Guérin,  à  l'époque  où  il  lut  lu  devant  celte 
Académie,  y  produisit  une  assez  vive  sensation,  ce  n'est  pas  en  tant  que 
simple  mode  nouveau  de  pansement  des  plaies  :  il  ne  présente,  en  effet, 
sous  ce  rapport,  aucun  caractère  de  grande  importance.  Mais,  en  attri- 
buant les  succès  de  ce  mode  de  pansement  à  ce  qu'il  ne  permettait  pas  aux 
fermoiils  qui,  selon  la  doctrine  de  M.  Pasteur,  détoniiinonl  dans  les  plaies 

(i)  L.i  Note  qui  (tcvaii  c-tre  remise  par  M.  Ollicr  n'ctaiii  pas  encore  parvenue  à  l'inipri- 
nierie,  l'insertion  de  cette  Note  et  des  observations  de  M.  Larrey  qui  s'y  rapportent  sera 
remise  au  ])ii)cliain  ('i)m///t:  icnclii. 


(  87  ) 
l'état  connu  sons  le  nom  de  putriilité,  de  trouver  accès  au  sein  dos  parties 
blessées,  sou  auteur  avait  su  lui  iuipriuicr  un  caractère  de  great  allraclion, 
comme  le  disent  nos  célèbres  voisins  d'outre-Manche.  Je  regrette  que  le 
llMpport  n'ait  pas  été  plus  explicite  sur  cet  article  fondamental  du  Mémoire 
de  M.  A.  Guérin. 

»  Contrairement  à  l'opinion  de  cet  auteur,  notre  savant  confrère  M.  Gos- 
selin  pense  que  le  mode  de  pansement  proposé  doit  ses  avantages  à  ce  qu'il 
est  propre  à  moilérer  le  processus  inflammatoire.  Certes,  il  y  a  loin  de  ce 
genre  d'action  prophylactique  à  celui  que  M.  le  docteur  A.  Guérin  avait  pour 
but  et  pour  intention  de  faire  admettre.  On  sait  assez  d'ailleurs  qu'il  existe 
une  différence  essentielle  entre  le  processus  inflammatoire  et  le  proces- 
sus putride  ou  septique  :  ce  sont  en  quelque  sorte  deux  états  opposés  l'un  à 
l'autre. 

»  Je  regrotte  aussi  que  le  Rapport  ait  passé  complètement  sous  sileiK^e 
la  questiou  de  savoir  si,  comme  on  l'a  soutenu  dansées  derniers  tom[)s,  le 
ferment  pjoémique,  le  ferment  auquel  ou  a  donné  le  nom  de  traumalique, 
constituent  des  ferments  spéciaux,  ou  s'ils  ne  sont,  au  contraire,  que  des 
variétés  du  feraient  pw^nV/e,  lequel  en  effet  se  présente  sous  des  formes  dif- 
férentes, selon  les  diverses  substances  solides  ou  liquides  de  l'économie 
vivante,  susceptibles  d'un  travail  de  fermentation  dite  putride  ou  septique. 
Il  importe  beaucoup  assurément  de  ne  pas  méconnaître  quelque  nouvel 
être  de  cette  espèce,  mais  il  n'importe  pas  moins  de  ne  pas  les  inuUiptier  sans 
nécessité. 

M  Au  reste,  quelle  que  soit  la  gravité  de  la  question  des  fermentations 
de  l'ordre  dont  il  s';igit,  sous  le  point  de  vue  médico-cliirurgical,  je  crain- 
drais d'abuser  des  moments  de  l'Académie,  si  je  gardais  plus  longtemj)s  la 
parole.  » 

Observations  verbales  présentées  par  M.  Pasteu k,  à  l'occasion 
du  Rapport  de  M,  Gosselin. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  soumettre  quelques 
observations  à  l'occasion  du  Rapport  qu'elle  vient  d'entendre,  observations 
qui  n'auront  rien  de  critique;  j'approuve,  aussi  complètement  que  ma 
compétence  me  le  permet,  les  opinions  et  les  conclusions  si  autorisées  du 
savant  rapportetu-  de  la  Commission.  Je  désire  seulement  saisir  cette  occa- 
sion pour  coniuuuiiquer  à  l'Académie  quelques  faits  au  sujet  des  ferments, 
principaloinoiU  pour  montrer  quelles  peuvent  être,  dans  certains  cas,  leur 
diffusion,  les  dangers  auxquels  ils  exposent,  en   même  temps  que  la  facilité 


(  88) 
avec  laquelle  on  peiU  souvent  s'en  débarrasser,  lorsqu'on  est  averti  de  leur 
présence. 

11  II  y  a  précisément  une  année,  M.  Musculiis  présentait  à  l'Académie, 
par  l'organe  de  M.  Boussingault,  une  Note  relative  au  ferment  ammonia- 
cal de  l'urine.  M.  Muscuius  recueille  sur  un  filtre  le  dépôt  d'une  urine  fer- 
mentée,  contenant,  par  conséquent,  le  ferment  dont  il  s'agit,  qui  reste  sur 
le  filtre  avec  d'autres  substances,  notamment  diverses  sortes  des  cristaux 
de  l'urine.  Le  filtre  est  lavé  avec  soin  ;  on  le  dessèche  à  une  température  de 
3oou  4o  degrés,  et  l'on  s'en  sert  ensuite  comme  d'un  réactif  de  l'urée,  il  suffit, 
en  effet,  de  porter  dans  l'urine  ou  dans  une  solution  d'urée  un  fragment 
du  filtre  avec  la  poussière  qui  le  recouvre  et  qui  y  adhère,  pour  que  la 
fermentation  ammoniacale  de  l'urée  prenne  naissance.  Conjointement  avec 
M.  Boussingault,  je  fus  chargé  de  l'examen  de  la  Note  de  M.  Muscuius.  A 
ce  titre,  elle  me  fut  envoyée  par  le  Secrétariat  de  l'Académie  dans  le  cou- 
rant de  novembre,  dix  mois,  par  conséquent,  après  sa  présentation;  sous 
le  pli  qui  la  contenait  se  trouvait  un  fragment  d'un  filtre  que  l'auteur  de  la 
Note  avait  pris  soin  d'y  joindre.  J'eus  la  curiosité  de  rechercher  si  le  réac- 
tif n'avait  pas  perdu  de  sa  sensibilité,  en  d'autres  ternies,  si  le  petit  fer- 
ment avait  encore  la  faculté  de  provoquer  la  fermentation  ammoniacale. 
Je  constatai  facilement  qu'il  l'avait  conservée. 

»  Voilà  donc  un  ferment  ca|)able  de  rendre  l'urine  ammoniacale  et  qui 
conserve  après  dix  mois  ses  propriétés,  quoiqu'il  ait  été  réduit  en  pous- 
sière sèche,  et  nid  doute  qu'il  les  gardera  pendant  longtemps  encore.  Dès 
lors,  je  le  demande,  où  ce  ferment  n'cxiste-t-il  pas  à  l'état  de  particules, 
pour  ainsi  dire,  tout  à  fait  invisibles,  car  il  s'agit  ici  d'un  petit  organisme 
formé  de  grains  réunis  en  chapelets,  mais  que  la  dessiccation  disjoint,  et 
dont  chaque  grain  n'a  pas  plus  de  un  millième  à  un  millième  et  demi  de 
millimètre  de  diamètre?  Quelle  est  la  rue  d'une  ville  ou  d'un  village,  sur- 
tout pendant  l'été,  quelle  est  la  salie  d'hôpital,  quelle  est  la  chambre  à 
coucher,  quels  sont  les  vêtements,  quel  est  le  tapis,  quels  sont  les  sièges  où 
ce  petit  ferment  n'existe  pas  et  toujours  prêt  à  se  multiplier  et  à  j)rovoquer, 
s'il  pénètre  dans  la  vessie,  l'affection  dangereuse  qui  se  caractérise  par  des 
urines  annuouiacales?  Car  je  dois  faire  observer  ici  incidenunent  qu'une 
question  qui  s'était  présentée  à  mon  esprit  devant  l'Académie  des  Sciences 
au  moment  de  la  présentation  d'une  Note  de  M.  Gosseliu  sur  les  urines 
ammoniacales,  dans  la  séance  dn  5  janvier  iSj^,  s'est  trouvée  résolue 
depuis  par  l'affiniiative.  J'avais  demandé  que  l'on  recherchât  si  le  petit 
ferment  ammoniacal  de  l'urine  n'était  pas  toujotu-s  pré.sent  dans  de  telles 


(  «9  ) 
urines.  Or  tous  les  faits,  encore  inédits,  qui  ont  été  recueillis  postérieure- 
ment, surtout  par  M.  Gosselin  et  quelques-uns  par  moi-même,  aidé  de 
M.  Gayou,  ont  étahli  jusqu'à  présent  la  pieuve  constante  de  ce  ferment 
dans  les  urines  ammoniacales,  de  sorte  que  celle  affection  doit  être  con- 
sidérée comme  ayant  pour  cause  une  fermentation  déterminée  dont  le  fer- 
ment est  connu.  Déjà  en  i8G/(,  M.  le  professeur  Traube,  de  Berlin,  était 
arrivé  à  une  conclusion  semblable.  Il  cite  [Gazelle  hebdomadaire  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie j  t8G4)  un  fait  remarquable,  et  conclut  en  ces  termes  : 
«  Le  fait  précédent  offre  une  confirmation  remarquable  de  la  doctrine  de 
)i  M.  Pasteur  ». 

»  Supposez  une  altération  quelconque  des  voies  lu'inaires,  une  incon- 
tinence d'urine  qui,  par  les  efforts  du  malade,  provoque  un  mouvement 
d'aller  et  de  retour,  même  très-faible,  de  l'urine  dans  le  canal  de  l'urètre, 
avec  quelle  facilité  le  petit  ferment  placé  à  l'extérieur  ne  pourra-l-il  pas, 
de  proclie  eu  proche,  surtout  avec  sa  faculté  de  mulli|)lication,  pénétrer  à 
l'inlérieur  de  la  vessie!  3Iais,  dira-t-on,  pourquoi  la  maladie  qui  s'ac- 
compagne des  urines  ammoniacales  n'est-elle  pas  plus  fréquente?  Ah!  si 
tous  les  organismes  microscopiques,  si  tous  les  ferments  organisés  qui 
rencontrent  dans  les  liquides  de  l'économie  un  milieu  nutritif  favorable 
à  leur  développement  pouvaient  pénétrer  facilement  et  à  chaque  instant 
dans  l'intérieur  du  corps,  si  le  corps  dans  l'état  de  santé  leur  était  ouvert, 
la  vie  deviendrait  impossible.  C'est  déjà  bien  assez  qu'ils  trouvent  des 
moyens  de  pénétration  dans  certaines  circonstances  déterminées  ou  dans 
des  cas  de  maladies  déclarées  provenant  d'autres  causes.  D'ailleurs,  il  ne 
faut  pas  l'oidjlier,  dans  l'étal  de  santé,  noire  corps  oppose  naturellement 
une  résistance  au  développement  et  à  la  vie  des  infiniment  petits, 

»  Dans  les  conditions  physiologiques  normales  principalement  et  dans 
une  foule  de  circonstances,  la  vie  arrête  la  vie  qui  lui  est  étrangère.  C'est 
un  principe  qui  doit  être  sans  cesse  présent  à  l'esprit  du  médecin  et  du 
chirurgien,  parce  qu'il  peut  devenir  souvent  un  des  fondements  de  l'art  de 
guérir,  comme  il  peut  constituer  d'autres  fois  un  des  plus  grands  dangers 
dans  le  développement  des  maladies.  Il  ne  m'appartient  pas  de  prendre 
des  exemples  dans  la  Médecine  ou  la  Chirurgie,  mais  je  puis  en  citer  d'au- 
tres dont  on  pourra  faire  l'application  à  ces  deux  ordres  de  connaissances. 

M  J'ai  lu  quelque  part,  dans  Matiiicu  de  Dombasle,  je  crois,  qu'un  moyen 
d'éprouver  la  qualité  d'une  semence  consiste  à  mettre  les  graines  entre 
deux  morceaux  de  flanelle  humide  ;  au  bout  de  quelques  jours,  le  nombre 
des  mauvaises  graines  s'accuse  parce  qu'elles  se  recouvrent  de  moisissures, 

C.  R.,  1875,  i"Semei«rf.  (T.  LXXX,   N»  2.)  '2 


(90) 
tandis  que  les  graines  saines  se  gonflent  et  se  préparent  à  entrer  en  germi- 
nation. Pourquoi  celte  différence  entre  les  graines  non  fécondes  et  les 
autres?  N'cst-il  pas  évident  qu'à  la  surface  des  unes  et  des  autres  il  existe 
également  des  spores  de  moisissures?  Seulement,  sur  les  graines  incapables 
d'entrer  en  germination,  rien  ne  gêne  la  vie  des  spores  qui  les  recouvrent, 
tandis  que  sur  les  graines  que  l'humidité  et  l'air  peuvent  pénétrer  il  y  a 
lutte  pour  la  vie  entre  la  semence  et  la  spore  qui  la  recouvre.  Nul  doute 
que  l'oxygène  de  l'air,  nécessaire  à  la  vie  de  la  spore,  ne  lui  soit  enlevé  par 
la  graine.  L'oxygène  qui  se  dissout  incessamment  dans  la  couche  superfi- 
cielle d'humidité  est  incessamment  absorbé  par  la  graine  et  doit  en  priver 
la  spore  qui,  par  suite,  ne  peut  végéter  qu'avec  une  grande  lenteur  et  d'une 
ujanière  maladive. 

))  Autre  exemple.  Je  suppose  que,  sur  un  liquide  nutritif  très-favorable 
à  deux  moisissures  déterminées,  je  dépose  les  spores  ou  graines  de  l'une 
d'elles,  elles  germeront  et  la  plante  se  multipliera.  Que  sur  une  autre 
portion  du  même  liquide  je  dépose  les  spores  de  la  seconde  moisissure, 
j'aurai  un  résultat  semblable.  Que  sur  une  troisième  portion  de  ce  même 
liquide  nutritif  je  dépose  simultanément  les  deux  sortes  de  graines,  elles 
germeront  parallèlement,  et  pendant  plusieurs  jours  les  deux  plantes  vivront 
côte  à  côte  ou  mêleront  leurs  mycéliums  sans  trop  se  gêner  l'une  l'autre; 
mais  qu'au  contraire  je  ne  dépose  sur  le  liquide  les  spores  d'une  des  moi- 
sissures qu'après  le  développement  et  la  multiplication  de  sa  voisine,  ses 
spores  ne  germeront  pas,  ou  du  moins  leur  développement  sera  languis- 
sant et  maladif;  tout  simplement  parce  que  la  première  plante  prend  pour 
elle  les  aliments  assimilables  au  préjudice  de  la  seconde,  notamment  l'oxy- 
gène de  l'air.  C'est  ainsi,  j'imagine,  que  les  cellules  cancéreuses  s'emparent 
des  aliments  nutritifs  qui  devraient  être  utilisés  par  les  cellules  normales 
sous-jacentes.  Et,  pour  montrer  mieux  comment  je  comprends  les  analo- 
gies auxquelles  je  faisais  allusion  tout  à  l'heure  entre  les  faits  dont  je  parle 
et  les  faits  médicaux  proprement  dits,  j'ajouterai  que  si  j'avais  à  me  préoc- 
cupei'  de  la  recherche  d'un  moyen  de  guérir  le  cancer,  c'est  sur  ce  point 
que  je  porterais  toute  mon  attention.  Ce  que  j'imaginerais,  ce  que  je 
rechercherais  dans  la  pratique  consisterait  à  favoriser  la  vie  dans  les  cel- 
lules normales  et  à  détruire  la  vitalité  des  cellules  parasites  ou  à  la  rendre 
inoffensive.  Pour  cela,  j'aurais  recours  à  deux  moyens,  en  apparence  con- 
tradictoires et  opposés  :  d'une  part,  j'essayerais  de  faire  putréfier  au 
fur  et  à  mesure  de  leur  croissance  les  cellules  parasites;  d'autre  part ,  j'es- 
sayerais de  les  noiu-rir,  mais  par  des  aliments  extérieurs,  si  je  puis  ainsi 
dire,  de  façon  à  les  déshabituer  en  quelque  sorte  de  leur  mode  de  vie  à 


(  9'  ) 
l'aide  des  sucs  nutritifs  de  l'organe  sur  lequel  elles  s'implantent.  Par 
exemple,  je  voudrais  essayer  ce  que  produirait  sur  le  cancer  l'application 
très-fréquemment  renouvelée  de  lambeaux  de  viande  fraîche.  Lîn  jour, 
j'émettais  ces  idées  en  présence  de  M.  Alph.  Guérin  qui  ajouta  :  «  Mais 
»  c'est  singulier,  dans  les  campagnes  il  y  a  pour  le  cancer  un  remède  de 
»  bonne  femme  qui  consiste  à  appliquer  sur  le  mal  les  organes  encore 
»   chauds  d'une  poule  qu'on  vient  d'ouvrir.  » 

»  3e  me  hâte  d'abandonner  ces  idées  préconçues.  On  ne  fait  rien,  il  est 
vrai,  sans  idées  préconçues  ;  il  faut  avoir  seulement  la  sagesse  de  ne  croire 
à  leurs  déductions  qu'autant  que  l'expérience  les  confirme.  Les  idées  pré- 
conçues, soumises  au  contrôle  sévère  de  l'expérimentation,  sont  la  flamme 
vivifiante  des  sciences  d'observation;  les  idées  fixes  en  sont  le  danger  ;  car, 
ainsi  que  l'a  dit  un  grand  écrivain  :  le  plus  grand  dérèglement  de  l'esprit 
est  de  croire  les  choses  parce  qu'on  veut  qu'elles  soient. 

»  Tout  le  monde  connaît  une  expérience  célèbre  et  classique  sur  la 
nécessité  de  la  présence  de  l'oxygène  pour  commencer  la  fermentation 
alcoolique  du  jus  de  raisin.  Gay-Lussac  introduit  sous  une  cloche  à  mer- 
cure un  fragment  de  grappe  de  raisin  qu'il  prive  de  tout  l'air  pouvant  ad- 
hérer aux  grains  et  au  bois  de  la  grappe,  en  introduisant  sous  la  cloche 
du  gaz  hydrogène  à  j)lusieurs  reprises,  puis  il  écrase  les  grains  de  raisin; 
la  fermentation  ne  se  déclare  pas,  même  après  un  très-long  temps.  Elle  se 
manifeste,  au  contraire,  dans  les  jours  qui  suivent  l'introduction  d'une  pe- 
tite quantité  d'air  dans  la  cloche.  De  là  cette  conclusion  légitime  de  Gay- 
Lussac,  que  l'oxygène  est  nécessaire  pour  commencer  la  fermentation  du 
jus  de  raisin. 

»  Voici  une  autre  expérience  de  l'illustre  physicien  :  on  conserve  du 
moût  de  raisin  par  la  méthode  d'Appert.  Si  l'on  vient  à  transvaser  l'une 
des  bouteilles  de  moût,  même  longtemps  après  la  préparation  de  la  con- 
serve, le  moût,  resté  intact  jusque-là,  ne  tarde  pas  à  fermenter  dans  la  nou- 
velle bouteille.  C'est  que,  d'après  Gay-Lussac,  le  moût  a  touché  à  l'oxy- 
gène de  l'air  atmosphérique  au  moment  du  transvasement. 

»  Nous  savons  aujourd'hui  que  l'interprétation  donnée  par  Gay-Lussac 
aux  expériences  que  je  rappelle  est  vraie,  mais  incomplète.  J'ai  montré,  par 
exem|)le,  qu'on  pouvait  conserver  du  moût  de  raisin,  pris  dans  le  grain 
lui-même,  à  l'état  naturel,  au  contact  de  l'air  pur,  sans  qu'il  entre  jamais 
en  fermentation.  C'est  qu'il  y  a  deux  conditions  essentielles,  et  non  une 
seule,  pour  le  commencement  de  la  fermentation  du  moût  de  raisin  :  la 
présence  de  l'oxygène  et  le  germe  du  ferment  qui  va  se  développer  dans  le 
liquide  fermentescible.  Dans  l'expérience  de  la  cloche,  il  existe,  comme  je 

12.. 


(9^1 
l'ai  prouvé,  des  germes  de  levure  de  raisin  à  la  surface  des  grains  et  de  la 
grapi^e.  I.'oxygène  est  seulement  nécessaire  à  la  première  manifestation  de 
la  vie  dans  ces  germes,  à  leur  germination.  Dans  l'expérience  du  transvase- 
ment de  la  bouteille  de  moût  dans  une  autre,  il  faut  donc,  de  toute  néces- 
sité, qu'au  moment  de  ce  transvasement  le  moût  rencontre   un  ou  plu- 
sieurs germes  de  la  levure  de  raisin,  sans  quoi  la  fermentation  ne  pourrait 
pas  avoir  lieu.  Eh  bien,  d'après  l'ensemble  des  résultats  déjà  publiés  de  mes 
recherches,  il  est  impossible  d'admettre  qu'en  chaque  point  de  l'espace, 
partout  et  en  tout  lieu,  le  moût  de  raisin  sortant  d'une  bouteille,  conservé 
par  la  méthode  d'Appert,  rencontre  un  germe  de  levure.  Dans  mon  Mé- 
moire sur  les  générations  dites  spontanées,  j'ai  prouvé,  contrairement  à  l'opi- 
nion généralement  admise  autrefois,  qu'il  n'y  avait  pas  continuité,  dans  l'air 
atmosphérique,  de  la  cause  des  altérations  et  des  fermentations  des  liquides 
organiques.   Pourquoi  donc  Gay-Lussac  assure-t-il  que  l'expérience  du 
transvasement  de  la  bouteille  de  moût  réussit  toujours?  C'est  que,  le  plus 
souvent,  le  moût,  pendant  le  transvasement,  rencontre  le  germe  du  ferment 
dans  les  poussières,  à  la  suiface  extérieure  du  goulot  de  la  bouteille  et 
dans  les  poussières  à  la  surface  du  verre  de  la  bouteille  dans  laquelle  on 
le  transvase.  Lorsqu'on  fait  une  conserve  de  moût  de  raisin  par  la  méthode 
d'Ap^jert,  on  se  trouve  naturellement  dans  un  pays  vignoble,  à  l'époque  des 
vendanges.  Dans  un  tel  lieu  et  à  un  tel  moment,  tous  les  objets,  tous  les 
vêlements  sont  plus  ou  moins  couverts  de  germes  de  la  levure  du  vin  ;  les 
mains  de  ceux  qui  manient  les  bouteilles,  les  poussières  qui  bientôt  tombent 
sur  celles-ci  renferment  une  fouie  de  cellules  de  cette  levure.  Quoi  de  plus 
naturel,  en  conséquence,  que  Gay-Lussac,  qui  ignorait  jusqu'à  l'existence 
de  la  nature  du  ferment,  et  qui  ne  prenait  aucune  précaution  pour  élimi- 
ner les  poussières  dont  je  parle,  ait  toujours  réussi!  Maintenant  que  nous 
souunes  plus  éclairés  sur  la  véritable  interprétation  de  son  expérience,  il 
nous  sera  facile  de  faire  qu'elle  réussisse  ou  qu'elle  ne  réussisse  pas,  à  la 
volonté  de  l'opérateur.  Pour  qu'elle  ne  réussisse  pas,  essayons  d'éloigner 
le  germe  de  la  levure;  à  cet  effet,  avant  de  transvaser  le  moût,  lavons  la 
bouteille  extérieurement,  coupons  le  bouchon  à  ras  de  la  cordeline,  puis 
passons  la  surface  du  bouchon  et  de  la  cordeline  dans  la  flamme  de  la  lampe 
à  alcool,  retirons  le  bouchon  avec  un  tire-bouchon    préalablement  passé 
dans  la  flamme,  enfin  transvasons  le  moût  dans  une  bouteille  qu'on  vient 
de  refroidir,  sortant  de  l'eau  bouillante,  et  tout  ceci  en  plein  air,  au  milieu 
d'un  jardin  et  non  dans  un  laboratoire  où,  comme  dans  le   mien,  et  pro- 
bablement aussi  dans  celui  de  Gay-Lussac,  au  moment  où  il  faisait  ce  genre 
d'expériences,  on  se  livre  à  des  études  suivies  sur  la  fermentation,  et  où, 


(9^  ) 
par  conséquent,  les  poussières  à  la  surface  des  objets,  ou  qui  flottent  dans 
l'air,  peuvent  contenir  beaucoup  de  germes  de  levure  alcoolique.  L'expé- 
rience démontre  que  le  transvasement  du  moût,  fait  dans  ces  conditions, 
avec  ces  simples  précautions  de  propreté  et  d'éloignement  des  foyers  des 
germes  que  l'on  a  intérêt  à  élimiîier,  ne  donne  pas  lieu  à  la  fermentation 
du  moût  dans  la  nouvelle  bouteille. 

»  On  voit  bien,  par  des  faits  de  cette  nature,  tout  ce  que  l'hygiène  peut 
avoir  à  gagner,  dans  les  hôpitaux  et  ailleurs,  aux  mille  précautions  de 
propreté  et  d'éloignement  des  germes  d'infection,  et  combien  il  est  facile 
souvent  d'atteindre  ce  but  lorsque  l'on  marche  avec  la  préoccupation  con- 
stante de  l'existence  et  des  dangers  possibles  des  nombreuses  causes  d'allé- 
ration  des  liquides  organiques. 

M  Je  reviens  maintenant  au  Rapport  de  M.  Gosselin  et  au  pansement 
ouaté  soumis  au  jugement  de  l'Académie.  Le  Rapport  constate  que  ce  mode 
de  pansement  est  lui  progrès  chirurgical  d'une  grande  valeur.  Sur  ce  point, 
les  chirurgiens  de  la  Commission  ont  été  unanimes.  Le  Rapport,  et  avec 
raison,  fait  seulement  des  réserves  sur  la  théorie  de  M.  Alph.  Guérin.  Ce 
n'est  pas  que  tous  les  membres  de  la  Commission  ne  soient  bien  convaincus 
de  l'utilité  très-grande  qu'il  peut  y  avoir  à  ce  qu'une  plaie  ne  soit  pas  en 
contact  avec  des  matières  en  putréfaction,  remplies  d'organismes  micro- 
scopiques de  diverse  nature;  mais  autre  chose  est  une  induction,  autre  chose 
des  preuves  positives.  La  Commission  n'a  pas  jugé  que  les  expériences  de 
M.  Alph.  Guérin  étaient  assez  nombreuses  et  démonstratives  pour  établir 
la  part  d'influence  respective  qu'il  faut  attribuer  à  la  présence  ou  à  l'ab- 
sence des  êtres  organisés  développés  à  la  surface  des  plaies,  et  aux  autres 
avantages  considérables  du  nouveau  mode  de  pansement  énumérés  avec 
tant  d'autorité  dans  le  lucide  Rapport  de  M.  Gosselin.  Toutefois  il  semble 
facile  de  répondre  à  tous  les  desiderata  de  la  théorie  de  M.  Guérin. 

»  En  premier  lieu,  je  voudrais  que  le  pansement  fût  fait  avec  toute  la 
rigueur  qu'exigent  les  idées  mêmes  de  M.  Alph.  Guérin.  Le  Rapport  de 
M.  Gosselin  constate  que,  assez  fréquemment,  on  ne  trouve  pas  d'orga- 
nismes microscopiques  dans  le  pus  des  plaies  soumises  au  pansement  dont 
il  s'agit.  Ce  résultat,  si  désirable  de  l'aveu  de  tous,  ne  deviendrait-il  pas  la 
règle,  si  l'on  prenait  toutes  les  précautions  nécessaires  pour  éloigner  les 
germes  qui  peuvent  exister,  à  l'origine,  à  la  surface  de  la  plaie  ou  à  la  sur- 
filée de  la  ouate,  surtout  des  premières  couches  d'ouate,  lesquelles,  suivant 
moi,  devraient  être  portées  à  une  température  préalable  de  200  degré.s? 

»  En  second  lieu,  pour  rendre  compte  de  la  mauvaise  influence  des 
proto-organismes  et  des  ferments  dans  les  liquidesde  su|»puration  des  plaies. 


(94) 

j'essayerais  l'expérience  suivante  :  sur  deux  membres  symétriques  d'un 
animal  chloroformé,  je  ferais  deux  blessures  identiques;  sur  l'une  des 
plaies,  j'appliquerais  le  pansement  ouaté  avec  luie  grande  rigueur;  sur 
l'autre  plaie,  au  contraire,  je  cultiverais,  si  l'on  peut  ainsi  dire,  les  orga- 
nismes microscopiques,  transportés  d'une  plaie  étrangère  et  offrant  des 
caractères  plus  ou  moins  septiques. 

»  Enfin,  en  troisième  lieu,  je  voudrais  pratiquer  sur  un  animal  chloro- 
formé, et  sur  un  point  du  corps  convenablement  choisi,  car  l'expérience 
serait  très-délicate,  une  blessure  qui  serait  faite  dans  l'air  parfaitement  pur, 
et  j'entretiendrais  ultérieurement  et  constamment  de  l'air  pur  au  contact 
de  la  plaie,  sans  recourir  d'ailleurs  à  aucun  mode  de  pansement  quelcon- 
que. Dans  ces  conditions  où  une  plaie  serait  constamment,  et  dès  l'origine, 
entourée  d'air  pur,  c'est-à-dire  d'air  absolument  privé  de  germes  étran- 
gers, qu'arriverait-il?  Pour  moi,  je  suis  porté  à  croire  que  la  guérison  serait 
nécessaire,  parce  que  rien  ne  gênerait  le  travail  de  réparation  et  d'organi- 
sation qui  doit  se  faire  à  la  surface  d'une  plaie  pour  qu'elle  guérisse. 
On  ne  saurait  mieux  comparer,  selon  moi,  la  blessure  d'un  membre  et  la 
réparation  qui  esfle  signe  et  le  complément  de  la  guérison,  qu'à  ce  qui  se 
passe  lorsqu'on  blesse  un  cristal,  et  qu'on  replace  ensuite  ce  cristal  dans 
une  eau  mère,  c'est-à-dire  dans  son  liquide  nutritif.  Prenez  un  cristal  quel- 
conque, par  exemple  un  cristal  octaédrique  d'alun;  faites  une  blessure  à  ce 
cristal  :  détachez,  je  suppose,  à  l'aide  d'un  couteau  ou  d'un  marteau,  un 
des  angles,  puis  déposez  le  cristal  ainsi  blessé  dans  son  milieu  nutritif  :  la 
vie,  si  je  puis  ainsi  parler,  c'est-à-dire  la  nutrition  à  la  surface  de  la  plaie, 
prend  une  activité  extraordinaire.  Le  cristal  se  reconstitue  dans  son  inté- 
grité première  avec  une  rapidité  surprenante;  il  grandit  sans  doute  en  tous 
ses  points  en  même  temps  qu'il  se  reconstitue  dans  la  partie  blessée;  mais 
le  travail  de  dépôt  de  particules  ou  de  nutrition  sur  la  blessure  est  incom- 
parablement plus  marqué  que  sur  tous  les  autres  points  de  la  surface  dont 
la  forme  extérieure  n'a  pas  été  altérée.  Des  faits  tout  semblables  n'ont-ils 
pas  lieu  à  la  surface  d'un  membre  blessé  :  le  travail  de  la  vie,  la  nutrition 
en  ce  point,  ne  sont-ils  pas  beaucoup  plus  actifs  que  partout  ailleurs?  La 
seule  différence  entre  la  réparation  des  membres  d'un  cristal  blessé  et  la 
réparation  à  la  surface  du  corps  de  l'animal  consiste  en  ce  que,  pour  ce 
dernier,  la  nutrition  vient  de  l'intérieur  à  l'extérieur,  tandis  que  pour  le 
cristal  elle  vient  de  l'extérieur.  On  ne  replacerait  pas  le  cristal  dans  un 
milieu  nutritif  approprié  qu'il  resterait  blessé  et  .«ans  guérison  possible. 
La  condition  de  la  guérison  de  l'animal  blessé  est  donc  que  la  nutrition  à 
la  surface  de  la  blessure  puisse  avoir  lieu  dans  les  meilleures  conditions 


(95) 
possibles;  et,  sans  nul  doute  aussi,  le  meilleur  mode  de  pansement  sera 
toujours  celui  qui  favorisera  le  plus  la  formation  de  la  membrane  granii- 
leuse  et  qui,  pour  cela  faire,  éloignera  plus  ou  moins  com|)létement  les 
organismes  microscopiques  dans  les  liquides  de  la  siuface  de  la  plaie,  car, 
en  dehors  même  de  toute  infection  purulente  ou  seplicémique  possible,  la 
pullulation  de  ces  organismes  microscopiques  doit  arrêter  ou  suspendre 
plus  ou  moins  la  vie  de  nutrition  et  de  réparation  dont  je  viens  de  parler, 
ne  fût-ce  que  par  le  besoin  d'oxygène  qui  leur  est  nécessaire,  et  qu'ils 
doivent  plus  ou  moins  enlever  au  sang  qui  afflue  dans  les  cellules  sous- 
jacenfes  de  la  plaie. 

»  L'Académie  voudra  bien  m'excuser  d'avoir  retenu  si  longtemps  son 
attention;  mais  le  sujet  en  vaut  la  peine,  car  il  est  aujourd'hui  une  des 
préoccupations  delà  Médecine  et  de  la  Chirurgie.  Certes,  ce  n'est  pointa 
tort.  Comment  se  désintéresser  de  la  question  du  rôle  des  organismes  micro- 
scopiques dans  le  développement  de  certaines  maladies,  depuis  les  travaux 
remarquables  de  M.  Davaine  sur  le  charbon  et  le  sang  de  rate,  travaux  qui 
ont  mis  en  mouvement  toutes  ces  études,  depuis  les  travaux  non  moins  re- 
marquables et  courageux  de  MM.  Coze  et  Feltz,  depuis  les  belles  études  de 
M.Chauveau,  de  Lyon,  et  surtout  cette  admirable  expérience  sur  le  bistour- 
nnge,  dans  laquelle  l'auteur,  avec  une  précision  pour  ainsi  dire  mathéma- 
tique, porte  à  volonté  la  maladie  et  la  mort  dans  un  organe  déterminé  du 
corps,  avec  putréfaction  et  production  voulue  d'organismes  microscopiques, 
tandis  que  dans  l'organe  correspondant  il  provoque  seulement  la  mortifica- 
tion des  tissus  sans  aucun  danger  pour  le  reste  du  corps,  parce  que  la  pro- 
duction d'organismes  est  alors  impossible?  Pour  moi,  je  considère  qtie  c'est 
un  grand  honneur  pour  mes  recherches,  que  M.  Davaine  et  ses  successeurs, 
que  M.  Alplî.  Guérin,  que  le  célèbre  chirurgien  d'Edimbourg,  le  D'  Lister, 
que  M.  leD'^Déclat  reconnaissent  avoir  puisé  leurs  premières  inspirations 
dans  les  résultats  que  j'ai  publiés  depuis  quinze  à  vingt  ans  sur  les  fermen- 
tations proprement  dites.  » 

Observations  verbales  de  M.  A.  TuÉcrr,  concernant  la  production 
des  bactéries,  des  vibrions  et  des  amytnbiuters. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  d'ajouter  quelques  mots  à 
l'intéressante  discussion  dont  elle  vient  d'être  témoin.  Si  j'insiste  pour  avoir 
la  parole,  c'est  qu'il  me  semble  qu'une  des  faces  de  la  question  est  complè- 
tement négligée. 

»  On  sait,   en  effet,   parfaitement  bien  qu'il  est  des  êtres  mobiles  ou 


immobiles,  qu'il  est  des  plantes,  grandes  ot  petites,  qui  se  multiplient  par 
des  germes.  Il  n'a  été  parlé  que  de  ces  germes.  C'est  d'eux  que  nous  entre- 
tient en  toute  occasion  notre  confrère,  JM.  Pasteur,  qui  suppose  a  priori 
que  tout  ce  dont  on  ne  connaît  pas  l'origine  en  provient.  Aujourd'hui 
M.  Pasteur  n'hésite  pas  à  affirmer  que,  dans  les  importantes  expériences 
dont  l'honorable  M.  Gosselin  vient  de  rendre  compte  au  nom  de  votre 
Commission,  expériences  dont  notre  Correspondant,  M.  Ollier,  confirme  les 
résultats,  M.  Pasteur,  dis-je,  n'hésite  pas  à  affirmer  que  si,  sous  les  panse- 
ments de  ces  habiles  chirurgiens,  des  bactéries  et  des  vibrions  se  dévelop- 
pent en  abondance,  c'est  que  des  germes,  venus  de  l'atmosphère,  se  sont 
introduits  d'une  manière  quelconque,  malgré  les  précautions  prises  poiu' 
en  éviter  la  présence  ou  les  détruire. 

»  Cette  conclusion  de  M.  Pasteur  ne  me  paraît  pas  rigoureuse.  Il  con- 
viendrait de  se  demander  si  les  bactéries  et  les  vibrions  développés  no 
proviennent  pas  de  la  modification  de  matières  albuminoïdes  ou  orga- 
nisées, sous  l'influence  de  l'air  tamisé  par  le  coton;  car  il  est  évident  au- 
jourd'hui pour  les  chirurgiens  que  les  plaies  guérissent  en  présence  des 
petits  êtres  dont  il  est  question. 

»  Comme,  dans  ces  circonstances,  on  peut  invoquer  l'intervention  de 
germes  venus  de  l'air,  malgré  les  précautions  prises  pour  les  éloigner  ou 
les  tuer,  je  n'insisterai  pas  sur  ce  point;  mais  je  tiens  à  rappeler  que  depuis 
longtemps  déjà  j'ai  annoncé  que  des  amylobaclers  peuvent  se  développer 
dans  l'intimité  des  tissus  végétaux,  à  l'intérieur  de  cellules  bien  fermées, 
de  fibres  du  liber  pouvant  avoir  des  parois  fort  épaisses,  et  dans  lesquelles 
les  matières  organiques  sont  à  l'abri  des  germes  atmosphériques  tout  aussi 
bien  que  dans  les  appareils  de  M.  Pasteur,  et  mieux  que  sous  les  pansements 
de  MiM.  les  chirurgiens. 

»  Des  résultats  analogues  ont  été  obtenus  par  divers  observateurs  à 
l'intérieur  de  cellules  animales  et  au  milieu  de  masses  de  tissus  assez  con- 
sidérables. Tels  sont  ceux  qui,  à  diverses  reprises,  ont  été  communiqués 
à  l'Académie  par  MM.  Estor  et  Béchauîp.  Ces  résultats  ont  été  confirmés 
depuis. 

»  Il  n'est  donc  pas  douteux  que  des  bactéries,  des  vibrions  et  des  amylo- 
baclers puissent  provenir  de  la  modification  de  matières  organisées  liquides 
ou  granuleuses. 

»  Je  n'ajouterai  rien  de  plus,  pour  ne  pas  prolonger  outre  mesure  cette 
discussion,  » 


(  97  ; 

GÉOMÉTRIE.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Halphou  concernant  les  points 
singuliers  des  courbes  algébriques  planes. 

(Commissaires  :  I\IM.  Bertrand,  Bonnet,  de  la  Gournerie  rapporteur.) 

«  1 .  La  théorie  des  points  singuliers  des  courbes  planes  ne  date  que  de 
Pliicker,  sauf  toutefois  dans  les  cas  actuellement  considérés  comme  élé- 
mentaires. Elle  présente  encore  des  lacunes  importantes,  bien  que  les  tra- 
vaux de  iM.  Cayley  et  de  plusieiu-s  autres  géomètres  l'aient  considérablement 
étendue.  Avant  de  parler  du  Mémoire  de  M.  Halphen,  nous  rappellerons 
quelques-uns  des  résultats  qui  ont  été  obtenus. 

»  M.  Cayley  appelle  branche  une  partie  de  courbe  qui,  dans  le  voisinage 
d'un  point  multiple  pris  pour  origine,  peut  être  représentée,  avec  telle 
approximation  que  l'on  veut,  par  luie  équation  dans  laquelle  une  des  coor- 
données n'entre  qu'à  la  première  puissance.  La  branche  est  dite  linéaire 
ou  superlinéaire  suivant  que  les  exposants  de  la  seconde  coordonnée  sont 
tous  entiers,  ou  que  quelques-uns  d'entre  eux  sont  des  nombres  fraction- 
naires. Dans  ce  dernier  cas,  l'origine  a  une  multiplicité  égale  au  plus  petit 
commun  dénominateur  des  exposants,  et,  pour  la  solution  de  diverses 
questions,  on  peut  considérer  la  branche  comme  composée  de  branches 
partielles  qui  se  rencontrent  au  point  luultiple. 

))  Une  branche  superlinéaire  peut  toujours  être  obtenue  par  la  projection 
d'une  courbe  gauche  n'ayant  que  des  points  simples. 

»  2.  La  proposition  fondamentale  établie  par  M.Halphen  consiste  en  ce 
que,  siparunpoint^a,  b)  infiniment  voisin  d'une  courbe  algébriqueF[x,  y)  =  o 
on  mène  une  sécante  de  direction  quelconque,  la  somme  des  ordres  des  segments 
infiniment  petits  compris  entre  le  point  {a,  b)  et  la  courbe  est  égale  à  l'ordre  de 
F{a,b). 

«  Ce  lemme  résulte  immédiatement  du  théorème  relatif  aux  segments 
interceptés  sur  une  courbe  algébrique  par  deux  droites  parallèles,  lors 
toutefois  que  la  sécante  considérée  n'est  parallèle  à  aucune  asym|)tole. 
M.  Halphen  montre  que  celte  restriction  n'est  pas  nécessaire,  parce  que, 
en  introduisant  dans  l'équation  des  termes  d'un  ordre  suffisamment  élevé, 
on  peut  modifier  la  direction  des  branches  infinies,  en  n'apportant  à  la 
partie  de  la  courbe  voisine  de  l'origine  que  des  modifications  qui  doivent 
être  négligées  dans  la  question. 

»  L'auteur  déduit  immédiatement  de  ce  lemme  des  conséquences  impor- 
tantes sur  le  nombre  des  points  communs  soit  à  une  courbe  el  à  une  de  ses 

C.  R.,  i8:â,  i"Sem(j(re.  (T.  LXXX,   N»  2.)  '3 


(  98  ) 
tangentes  en  un  point  multiple,  soit  à  deux  courbes  dont  deux  points  mul- 
tiples coïncident. 

»  3.  Après  avoir  établi  ces  résultats,  M.  Halphen  considère  les  branches 
superlinéaires,  et,  supposant  l'origine  placée  au  point  singulier,  il  montre 
que,  si  l'on  attribue  à  l'une  des  coordonnées  une  valeur  infiniment  petite, 
les  diverses  grandeurs  infiniment  petites,  dont  l'autre  coordonnée  est  sus- 
ceptible, forment  un  groupe  du  genre  de  ceux  que  notre  confrère  M.  Pui- 
seux  a  nommés  circulaires. 

»  Par  suite  de  cette  circonstance,  l'auteur  appelle  groupes  circulaires  les 
branches  superlinéaires,  en  conservant  d'ailleurs  l'expression  de  branches 
partielles.  Nous  emploierons  naturellement  ce  langage,  mais  celui  de 
M.  Cayley  nous  paraît  préférable,  eu  égard  à  la  nature  foute  géométrique 
de  la  question. 

»  4.  Les  deux  premiers  articles  du  Mémoire  de  M.  Halphen  sont  con- 
sacrés aux  théories  que  nous  venons  d'indiquer  rapidement.  L'article  HI 
contient  une  élude  très-intéressante  des  branches  partielles  qui  composent 
un  groupe  circulaire. 

»  Un  tel  groupe  est  un  élément  géométrique  indécomposable,  et  si  on 
le  divise  idéalement  en  branches  partielles,  on  peut  se  trouver  conduit  à 
des  conclusions  en  apparence  paradoxales.  Ainsi  la  tangente  d'un  groupe 
circulaire  possède  nécessairement  sur  la  courbe  un  nombre  entier  de  points 
réunis  au  point  singulier;  mais,  en  général,  ce  nombre  n'est  pas  divisible 
par  celui  des  branches  partielles,  et,  par  suite,  on  doit  attribuer  à  chacune 
d'elles  iHî  nombre  fractionnaire  de  points  sur  la  tangente. 

»  Ce  résultat  est  analogue  à  celui  que  l'on  obtient  dans  quelques  re- 
cherches statistiques,  où  les  moyennes  présentent  des  fractions  de  certaines 
unités  qui,  de  leur  natm-e,  sont  indécomposables. 

»  Dans  un  rebroussement  ordinaire  de  première  espèce,  la  tangente  ren- 
contre la  courbe  en  trois  points  qui  se  confondent.  M.  Cayley,  considérant 
les  deux  branches  partielles  séparément,  regarde  chacune  d'elles  comme 
possédant  un  point  et  demi  sur  la  tangente.  D'après  M.  Halphen,  on  de- 
vrait compter  deux  points  à  l'une  des  branches  et  un  seul  à  l'autre. 
La  différence  purement  idéale  résulterait  du  mode  de  déplacement  par 
lequel  on  conçoit  que  la  droite,  d'abord  supposée  sécante,  est  devenue 
tangente;  mais,  dans  l'étude  des  relations  des  branches  d'un  rebroussement 
avec  leur  tangente,  il  n'y  a  aucun  motif  pour  considérer  le  contact  comme 
ayant  été  obtenu  par  un  mode  particulier  de  déplacement  d'une  droite. 

»   Du  reste,  il  n'y  a  dans  tout  cela  qu'une  question   de   langage,  car 


(99  ) 
M.  Halplieii  s'attache  à  justifier  les  procédés  do  calcul  que  M.  Cayley  a 
employés. 

))  5.  L'article  IV  présente  une  véritable  importance.  M.  Cayley  avait  déjà 
établi  qu'un  groupe  circulaire  a  pour  corrélatif  uti  autre  groupe  circulaire. 
M.  Halphen  obtient  de  nouveau  ce  résultat,  et  de  l'équation  du  deuxième 
groupe  il  déduit  des  conséquences  très-utiles  sur  la  somme  des  ordres  de 
contact  de  la  tangente  qui,  dans  la  courbe  corrélative,  correspond  à  un 
point  multiple,  sur  le  nombre  des  inflexions  absorbées  par  un  point  sin- 
gidier,  etc.  Nous  citerons  le  théorème  suivant,  qui,  pour  être  établi  d'une 
manière  générale  et  en  toute  rigueur,  exigeait  le  développement  complet 
de  la  formule  du  groupe  corrélatif  d'un  groupe  circulaire  donné  : 

»  Lu  somme  des  ordres  des  coiitacts  de  deux  courbes  en  un  point  est  égale  à 
la  même  somme  pour  les  courbes  corrélatives  aux  points  correspondants. 

))  Les  notions  que  M.  Halphen  emploie  le  plus  sont  l'abaissement  de  classe 
dû  au  groupe  circulaire,  et  le  nombre  des  inflexions  effectives  qui  y  sont 
contenues.  La  première  de  ces  quantités  correspond  au  binôme  (at?  -.-  'i^c) 
de  Plûcker;  la  seconde  est  indiquée  par  le  nombre  de  points  que  la  déve- 
loppée possède  sur  la  droite  de  l'infini,  au  point  correspondant. 

M  L'auteur  emploie  dans  l'article  IV  la  méthode  du  déplacement  infini- 
ment petit  de  la  courbe  dans  son  plan.  A  l'article  suivant,  il  retrouve  les 
mêmes  propositions  à  l'aide  des  équations  de  la  polaire  et  de  la  hessienne, 
en  ne  conservant  que  les  termes  qui  caractérisent  la  nature  de  la  partie 
infiniment  rapprochée  de  l'origine. 

»  6.  L'article  VI  est  consacré  à  l'élude  des  développées.  L'auteur  se  pose 
les  questions  suivantes  :  Quels  sont  les  abaissements  de  degré  et  de  classe 
qu'un  point  singulier  produit  dans  la  développée  d'une  courbe  ?  Quelle  est 
la  nature  des  points  d'une  développée  qui  correspondent  à  un  point  sin- 
gulier ? 

»  M.  Halphen  établit  la  condition  nécessaire  pour  que  le  centre  de  cour- 
bure de  la  courbe,  en  un  point,  soit  sur  une  droite  donnée,  et  obtient  ainsi 
l'équation  d'une  nouvelle  courbe  dont  les  intersections  avec  la  proposée 
correspondent  au  point  où  la  développée  de  cette  dernière  rencontre  la 
droite. 

»  La  discussion  des  intersections  des  deux  courbes,  pour  des  positions 
déterminées  de  la  droite,  permet  de  résoudre  les  questions  relatives  au 
degré  de  la  dévelopjjée.  Une  solution  analogue  est  ensuite_donnéc  pour  les 
questions  qui  concernent  la  classe. 

»  M.  Halphen  obtient  d'abord  ce  théorème  important,  que  tout  point  sin- 

i3.. 


(     lOO    ) 

f/ulier  à  dislance  finie  produit  dans  la  classe  de  la  développée  le  même  abaisse- 
ment que  dans  celle  de  la  courbe. 

n  Ensuite  il  établit  qu'un  point  singulier  affecte  le  degré  de  la  développée 
d'après  des  lois  différentes,  selon  qu'aucune  des  tangentes  ne  passe  par  les 
points  circulaires  à  l'infini,  ou  que  cette  condition  n'est  pas  remplie.  Les 
deux  théorèmes  les  plus  importants  sont  les  suivants  : 

»  Un  point  singulier  à  distance  finie  produit  dans  le  degré  de  la  développée  un 
abaissement  égal  cm  nombre  des  points  d'injlexion  cjuil  absorbe,  diminué  du 
nombre  des  inflexions  effectives  contenues  en  ce  point  dans  les  branches  de  la 
courbe  dont  les  tangentes  ne  sont  pas  isotropes. 

n  Quand  à  un  point  singulier  toutes  les  tangentes  sont  isotropes,  le  point  est  de 
la  même  nature  sur  la  courbe  et  sur  sa  développée ,  c'est-a-dire  que  dans  les 
deux  courbes  les  branches  partielles  sont  en  nombre  égal,  et  que  leurs 
contacts  avec  les  tangentes  sont  des  mêmes  ordres. 

»  L'influence  que  les  points  singuliers  à  l'infini  ont  sur  l'ordre  et  la 
classe  de  la  dévelop|)ée  est  ensuite  étudiée  dans  les  différents  cas  qui 
peuvent  se  présenter,  et  notamment  lorsqu'ils  se  confondent  avec  les 
points  circulaires  de  Poncelet. 

»  7.  Dans  l'article  VII,  après  une  courte  étude  des  développantes, 
M.  Halphen  s'occupe  des  développées  successives  d'une  même  courbe. 
Cette  partie  de  son  travail  en  est  peut-être  la  plus  originale. 

n  Les  singularités  d'une  développée  correspondent  les  unes  à  des  points 
simples,  les  autres  à  des  points  singuliers  de  la  courbe  primitive.  L'auteur 
montre  que  les  premières  disparaissent  nécessairement  dans  la  série  des 
développées,  et  que  les  dernières  conduisent  à  un  régime  régulièrement 
progressif  de  points  à  l'infini.  Il  parvient  en  dernier  lieu  à  ce  théorème  : 

»  ^  partir  d'un  certain  rang ,  les  degr'és  et  les  classes  des  développées  suc- 
cessives d'une  courbe  algébrique  quelconque  forment  deux  progressions  arithmé- 
tiques de  même  raison. 

»  Cette  proposition  ne  souffre  aucune  exception;  mais  il  y  a  des  cas, 
tels  que  celui  des  épicycloïdes  algébriques,  dans  lesquels  la  raison  des 
progressions  est  nulle. 

»  8.  La  méthode  employée  par  M.  Halphen  dans  son  Mémoire  con- 
siste à  développer  l'équation  de  la  courbe  ou  ses  dérivées  (polaire,  hes- 
sienne,  etc.)  en  conservant  seulement  les  termes  qui  peuvent  avoir  de  l'in- 
fluence sur  la  question  étudiée.  Le  théorème  sur  la  somme  des  ordres  des 
segments  (n"  2)  donne  alors,  dans  bien  des  cas,  une  solution  immé- 
diate. 


(      lOI     ) 

»  Soiis  le  rapport  analytique,  les  principales  difficultés  que  l'auteur  a 
dû  résoudre  consistent  à  reconnaître  les  ordres  de  grandeur  des  différents 
termes  d'un  développement  dans  les  diverses  hypothèses  qui  peuvent  être 
faites,  à  classer  méthodiquement  les  résultats  et  à  les  exprimer  par  des 
formtdes  spéciales. 

»  M.  Halphen  a  montré  dans  ce  travail  beaucoup  de  sagacité,  et  il  a  obtenu 
des  résultats  nouveaux  dont  nous  n'avons  indiqué  que  les  plus  importants. 
Il  a  eu  le  soin  d'appuyer  sa  marche  par  de  nombreuses  vérifications,  tantôt 
en  obtenant  les  mêmes  propositions  [)ar  des  procédés  différents,  tantôt  en 
déduisant  de  ses  formules  générales  divers  théorèmes  connus. 

»  En  résumé,  nous  croyons  que  M.  Halphen  a  notablement  éclairci  une 
question  importante  et  difficile,  et  nous  vous  proposons  d'ordonner  l'in- 
sertion de  sou   iMéinoire  au  Recueil  des  Savants  étrangers.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ANALYSE.  —  Mémoire  sur  l'existence  de  l'intégrale  dans  les  équations  aux  déri- 
vées partielles  contenant  un  nombre  quelconque  de  fonctions  et  de  variables 
indépendantes  i  par  ]M.  G.  Dauboux. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.  ) 

«  On  sait  que  Cauchy  a,  le  premier,  montré  dans  un  Mémoire,  publié 
en  i835,  et  qui  a  été  réimprimé  plus  tard  dans  les  Exercices  d'Analyse  et  de 
Physique  mathématique,  que  tout  système  d'équations  aux  dérivées  ordi- 
naires admet  des  intégrales  satisfaisant  à  des  conditions  initiales  détermi- 
nées. Plus  tard,  MM.  Briot  et  Bouquet  ont  proposé  une  nouvelle  démon- 
stration de  cet  important  théorème,  et  ils  ont,  dans  plusieurs  beaux 
Mémoires,  étendu  beaucoup  les  conséquences  et  les  applications  des  prin- 
cipes qu'ils  avaient  proposés.  Je  me  propose  de  montrer  ici  qu'avec  des 
modifications  convenables  leur  méthode  est  encore  applicable  aux  équa- 
tions les  plus  générales  aux  dérivées  partielles,  et  qu'elle  peut  ainsi  donner 
la  première  démonstration  rigoureuse  de  l'existence  de  l'intégrale  dans  de 
telles  équations.  Une  démonstration  de  ce  genre  me  paraissait  très-dési- 
rable; car,  eu  dehors  du  théorème  fondamental  qu'elle  permet  d'établir, 
l'étude  des  cas  d'exception  qu'elle  présente  ne  peut  manquer  de  conduire 
à  des  conséquences  importantes.  C'est  ainsi  que,  comme  je  le  montrerai 


(    I02    ) 

dans  un  autre  travail,  on  peut  obtenir  une  définition  précise  des  courbes 
que  Mongc  a  appelées  les  caractéristiques. 

»  Dans  le  cas  où  Ion  a  une  seule  équation  aux  dérivées  partielles  du 
premier  ordre,  on  peut  donner  plusieurs  démonstrations  différentes  de 
l'existence  de  l'intégrale;  j'expose  ici  seulement  celle  qui  peut  s'étendre  au 
cas  le  plus  général.  J'admettrai  de  plus  que  l'équation  aux  dérivées  par- 
tielles ait  été  débarrassée  de  la  fonction  inconnue  par  la  substitution,  ici 
légitime,  de  Jacobi  ou  au  moyen  de  l'artifice  qu'a  indiqué  M.  Bertrand. 

«  Étant  donnée  l'équation  aux  dérivées  partielles 

nous  allons  démontrer  qu'elle  admet,  sous  certaines  conditions,  une  inté- 
grale développable  en  série  convergente  et  qui  se  réduit,  pour  t  =  o,a  une 
fonction  connue  /  (çn-  ••  i  7n)  tles  variables  <jf,,  q^,...,  q,„  qui  est  finie  et 
continue  dans  le  voisinage  des  valeurs  q\,  q\,.. . ,  qf^.  Si  nous  remplaçons 
qi  par  qf -\-  ç,,  la  fonction  ^ sera  supposée  finie  et  continue  quand  les  mo- 
dules des  nouvelles  variables  ^,  ne  dépasseront  pas  une  certaine  limite,  et 
par  conséquent  elle  sera  développable  en  une  série  ordonnée  suivant  les 
puissances  de  ces  variables. 

))  Soient  pf  la  dérivée  de/ par  rapport  à  la  variable  7,-,/o  1^  valeur  de  y 
pour  des  valeurs  nulles  attribuées  aux  variables  qi.  Substituons  à  V,  dans 
l'équation  différentielle,  la  fonction  V  définie  par  la  formule 

qui  donne 

nous  aurons  pour  V  l'équation  différentielle 

(2)  Yt  =  ^[p^^P2y-,p,nq^,q'.-,--'q,n  f), 

où  l'on  a  effacé  les  accents  après  la  substitution,  et  la  nouvelle  fonction  V, 
pour  t  —  o,  devra  se  réduire  à  une  fonction 

?  =  -y»  +  /^î  7.  ■  •  ■  -t-  p°  7«  +y. 

dont  la  valeiu-  et  les  dérivées  premières  sont  nulles  pour  des  valeurs  zéro 
des  variables  y,. 

»  Cela  posé,  supposons  que  la  fonction  <I>  soit  finie  et  continue  pour 
toutes  les  valeurs  des  variables  qui  y  entrent,  dont  le  module  ne  déjKisse 


(  io3  ) 

pas  certaines  limites  [alors  la  fonction  F  de  l'équation  (i)  sera  finie  et  con- 
tinue dans  le  voisinage  des  valeurs  pf  de  />,,  qf  de  ç,  et  o  de  t].  La  fonc- 
tion '!>  sera,  comme  on  sait,  développable  en  série  convergente,  par  exemple 
tant  que  les  modules  des  quantités  /?,,  </,,  t  ne  dépasseront  pas  les  limites 
respectives  p,  /•,  t. 

»  Nous  prendrons  la  limite  r  du  module  des  variables  f/,  assez  petite 
pour  que  la  fonction  ç  soit  développable  en  série  convergente  tant  que  les 
modules  des  variables  <jf,  sont  inférieurs  ou  égaux  à  r.  Appelons  ni  la  valeur 
maximum  que  prend  le  module  de  9  quand  les  variables  <jf,  prennent  toutes 
les  valeurs  possibles  de  module  r.    Je  dis  qu'on  pourra   prendre  r  assez 

petit  pour  que  le  rapport  -  soit  inférieur  à  tout    nombre  déterminé,  à 

-  par  exemple. 
P 

M   En  effet ,  la  fonction  9  s'annulant,  ainsi  que  ses  dérivées  premières, 

pour  des  valeurs  nulles  des  variables  7, ,  elle  est  évidemment  infiniment 
petite  du  second  ordre  quand  les  variables  ^,  sont  infiniment  petites  du 
premier  ordre.  Le  rapport  du  module  maximmn  à  r  tendra  donc  vers  zéro, 
et,  par  conséquent,  on  peut  choisir  r  assez  petit  pour  que  ce  rapport  de- 
vienne plus  petit  que  toute  quantité  donnée.  Nous  admettrons  donc  que  r 
ait  été  choisi  de  telle  manière  que  l'on  ait 

r 

»  Effectuons  enfin  dans  l'équation  différentielle  la  substitution 

rV 
V=— ,  qi,=z  !•(],,         t=-.t. 

»  On  obtiendra  une  équation  toute  semblable  à  l'équation  (2) 

(3)  —^  'i:'{p,,p2,---,p,r,<],',ii^.,--,q,ni), 

dans  laquelle  la  fonction  M'  sera  maintenant  développable  tant  que  les  va- 
riables auront  des  modules  inférieurs  à  l'unité  et  où  V  devra  se  réduire, 

pour  ^  =  o,  à  une  fonction  ç  égale  à  l'ancienne  multipliée  par-,  et  dont, 

par  conséquent,  le  module  maximum  m  sera  inférieur  à  l'unité. 

»  S'il  existe  une  fonction  V  satisfaisant  à  ces  conditions,  et  développable 
en  série  convergente,  les  coefficients  delà  série  se  calculeront  sans  aucune 
difficulté.  Il  suffira  de  différentier  successivement  l'équation  (3)  en  com- 
mençant, par  exemple,  par  différentier  par  rapport  aux  variables  (7,,  puis 


(  io4  ) 

iiiie  fois  par  rapport  k  t  ot  un  nombre  qnelconqne  de  fois  par  rapport  aux 
variables  </,,  et  ainsi  de  suite.  Il  est  clair  que  chacun  des  coefficients  de  la 
série  se  présentera  comme  une  fonction  des  dérivées  partielles  de  M'  et  de^, 
si  l'on  a  soin  de  substituer  dans  son  expression  les  coefficients  déjà  cal- 
culés. Toute  la  difficulté  de  la  question  se  réduit  à  prouver  que  la  série 
formée  avec  ces  coefficients  est  convergente. 

»  Or  il  est  clair  qu'on  aura  lUie  limite  maximum  de  tous  ces  coefficients 

si  l'on  substitue  aux  fonctions  W  et  o  des  fonctions  dont  les  dérivées  soient 

toutes  positives  et  supérieures  aux  dérivées  correspondantes  des  fonctions  V 

et  (p.  Or  de  telles  fonctions  peuvent  être  trouvées.  A  W  on  peut  substituer 

M 

M  étant  le  module  maximum  de  *I'  on  un  nombre  plus  grand,  et  a,  /3,  y 
étant  des  nombres  supérieurs  ou  égaux  à  l'unité.  De  même  à  ©  on  peut 
substituer 

m 

(l  — <7,)(l  — ry,)...(i  — 7„) 

(rappelons  que  m  est  plus  petit  que  l'unité). 

»   Prenons  ici  a  =^  /3  =  y  =  i.  Il  est  facile  de  démontrer  qu'il  existe  une 
fonction  W  satisfaisant  à  l'équation  différentielle 

:)W  M 


(4) 


it         l        3W\        /        3W\ 


se  réduisant  pour  <  —  o  à  , ,  — y         >»  et  développable  en  série  con- 

^  (i— «70---  («  — -7")  "^ 

vergente  tant  que  les  variables  </,,  t  na  dépassent  pas  certaines  limites. 

»  La  série  qui  doit  développer  V  ayant  des  coefficients  plus  petits  que 
les  termes  correspondants  de  la  série  qui  sert  de  développement  à  W,  elle 
sera  convergente.  La  fonction  V  a,  entre  certaines  limites,  une  existence 
bien  déterminée,  et  le  théorème  que  nous  nous  proposions  d'établir  se 
trouve  démontré. 

»  Je  remets  à  un  prochain  travail  l'élude,  très-facile  d'ailleurs,  de  la 
fonction  W. 

»  Le  Mémoire  que  je  soumets  à  l'Acndéniie  contient,  en  outre,  l'étude 
des  systèmes  les  |)lus  généraux  d'équations  aux  dérivées  partielles  d'un 
ordre  quelconque.   » 


(   'o5  ) 

ÉLECTROCrilMlE.  —  Action  de  l'oxygène  électrolylique  sur  l'alcool  viiiique. 

Note  de  M.  A.  Renaud. 

(Commissaires:  MM.  Cahoiirs,  Berthelot.) 

«  Lorsqu'on  soumet  l'alcool  vinique,  additionné  d'environ  5  pour  loo 
d'eau  acidulée  d'un  (juart  d'acide  sulfurique,  à  l'action  d'un  courant  élec- 
trique produit  par  quatre  ou  cinq  éléments  do  Runsen,  on  observe  un 
abondant  dégagement  de  gaz  hydrogène  au  pôle  négatif,  tandis  qu'au  pôle 
positif  aucun  gMZ  ne  se  dégage,  tout  l'oxygène  étant  absorbé  j)our  oxyder 
l'alcool. 

»  Après  quarante-huit  heures,  en  opérant  sur  environ  loo  centimètres 
cubes  du  mélange  d'alcool  et  d'eau  acidulée,  on  arrête  l'expérience.  Le 
liquide  a  pris  une  légère  teinte  ambrée;  on  le  distille,  il  commence  à  bouillir 
à  42  ou  43  degrés,  puis  son  point  d'ébullition  s'élève  jusqu'à  80  degrés. 

»  Le  produit  distillé,  traité  par  du  chlorure  de  calcium,  laisse  surnager 
un  liquide  doué  d'une  forte  odeiu-,  dont  on  augmente  la  proportion  en 
ajoutant  de  l'eau  au  mélange  salin.  Ce  liquide  sursaturé  de  chlorure  de 
calcium  et  soumis  à  des  distillations  fractionnées  fournit  du  formiate  d'é- 
thyle,  mélangé  d'aldéhyde,  et  une  grande  quantité  d'acétate  d'éthyle;  mais, 
outre  ces  différents  produits,  il  se  forme  encore  de  l'acétal  et  un  corps  nou- 
veau du  monoéthylale  d'éihylidène.  Ces  deux  composés,  malgré  leur  point 
d'ébullition  élevé,  88  à  90  degrés  et  io4  degrés,  se  trouvent  cependant 
dans  les  premiers  produits  de  la  distillation,  à  cause  de  leur  faible  propor- 
tion dans  le  mélange. 

»  Pour  les  isoler,  on  fait  bouillir  avec  une  solution  concentrée  de  potasse 
caustique,  dans  lui  ballon  muni  d'un  réfrigérant  ascendant,  les  portions 
bouillant  de  43  à  60  degrés,  afin  de  décomposer  les  éthers;  le  liquide  brunit 
fortement,  par  suite  de  la  formation  de  la  résine  il'aldéhyde;  on  le  distille, 
on  sursature  le  produit  distillé  de  chlorure  de  calcium,  et  on  le  rectifie  de 
nouveau.  Le  produit  obtenu,  additionné  d'une  petite  quantité  d'eau  et  de 
chlorure  de  calcium,  laisse  alors  surnager  une  huile  légère  que  l'on  n'a  plus 
qu'à  dessécher  sur  du  carbonate  de  potasse.  Par  la  distillation,  elle  fournit 
deux  produits,  l'un  bouillant  entre  88  et  90  degrés,  puis,  vers  la  fin  et  en 
petite  quantité,  de  l'acétal  bouillant  à  io4  degrés. 

n   Le  produit  bouillant  à  88-90  degrés,  soumis  à  l'analyse,  a  donné  : 

La  formulée  H"  O'exice 

C 53,4  52,5  52,7  53,3 

H 11,2  10)9  11,0  11," 

G.  K  ,  18-.),    i"  StHitilre.  (T.  LXXX,  N"  2.)  '4 


(  io6  ) 

»  Il  est  lin  peu  soluble  dans  l'eau  ;  le  carbonate  de  potasse  et  le  chlorure 
de  calcium  le  séparent  de  sa  solution. 

»  Les  alcalis  aqueux  sont  sans  action  sur  lui.  Il  bout  à  88  ou  90  degrés. 

i>  Soumis  à  l'action  des  corps  oxydants,  acide  chromique  ou  oxygène 
éleclrolytique,  il  se  transforme  en  acide  acétique.  Une  molécule  de  ce 
corps  donne,  par  l'oxydation,  sensiblement  1  molécules  d'acide  acétique. 

»  Ces  différentes  réactions  peuvent  faire  considérer  ce  nouveau  produit 

comme  de  l'acétal  ou  diéthylate  d'éthylidéne  C-H\  dans  lequel  C-II'' 

est  remplacé  par  H,  ce  qui  donne  alors  pour  la  formule  du  nouveau  com- 

C'II'O) 
posé  C-H%  c'est-à-dire  du  mono-éthylate  d'éthylidéne. 

»  Le  résidu  de  la  distillation  de  l'alcool  vinique  oxydé  renferme  de 
l'acide  éthyisulfurique.  Pour  ra'assurer  si  la  production  de  cet  acide  éthyl- 
sulturique  était  due  à  l'oxydation,  j'ai  fait  un  mélange  en  parties  égales  d'al- 
cool à  80  degrés  et  d'eau  acidulée  au  dixième  d'acide  sulfurique.  La  moitié 
seulement  de  ce  mélange  a  été  soumise  à  l'électrolyse,  en  ayant  soin  d'opé- 
rer dans  de  la  glace,  afin  d'éviter  toute  élévation  de  température. 

»  La  portion  non  oxydée,  saturée  par  du  carbonate  de  chaux,  puis  fil- 
trée et  évaporée,  n'a  pas  donné  de  résidu,  comme  on  devait  du  reste  s'y 
attendre,  tandis  qu'au  contraire  la  portion  oxydée  a  fourni  un  abondant 
dépôt  d'éthylsulfate  de  calcium,  renfermant  i3,9  pour  100  de  calcium;  la 
théorie  exige  13,79  PO"f  'oo. 

»  J  ai  pu,  en  outre,  constater  que  plus  de  la  moitié,  60  pour  100  envi- 
ron, de  l'acide  sulfurique  employé  avait  été  dans  ces  conditions  transfor- 
mée en  acide  éthyisulfurique  par  l'oxydation. 

»  Pour  expliquer  cette  formation  de  l'acide  éthyisulfurique,  on  peut  ad- 
mettre que  l'oxygène  naissant,  se  portant  sur  l'hydrogène  typique  de 
l'alcool,  le  décompose,  en  mettant  le  radical  C'H'  et  l'oxygène  de  l'alcool 
en  liberté.  Le  radical  C'H^  agissant  ensuite  sur  l'acide  sulfurique  produit 
alors  l'acide  éthyisulfurique.  Il  en  résulte  ainsi  que  cette  formation  d'acide 
éthyisulfurique,  quoique  ayant  lieu  sous  une  influence  oxydante,  s'effectue 
sans  absorption  d'oxygène. 

2  (^'"' j  O^  +  O  =  2  C=  H=  -4-  11=0  -4-  0\ 

.c.m.o=^.(so.p  =  .(so.|-;-)+..o  +  o.., 


(  >«7  ) 

PHYSIQUE  DU  GLORE.  —  Sur  les  seiclics  du  lac  Léman,  Note  de  M.  F. -A.  Forel. 

(Commissaires  :  MM.  Boiissingaiilt ,  Cli,  Sainte-Claire-Deville, 

H.  Maiigon.) 

«  Les  seiches  du  lac  Léman,  étudiées  au  commeucemciit  de  notre  siècle 
par  J.  Vauclier,  de  Genève,  ont  été  jusqu'à  présent  considérées  comme 
étant  «  un  phénomène  accidentel,  consistant  en  un  mouvement  alternatif 
et  répété  d'élévation  et  d'abaissement  du  niveau  du  lac  ».  Des  recherches 
nouvelles  m'ont  prouvé  que  le  phénomène  n'est  point  accidentel  et  rare, 
mais  tellement  fréquent  qu'il  peut  être  considéré  comme  constant;  qu'il 
n'est  point  spécial  à  notre  lac,  mais  qu'il  est  conunun  à  tous  les  bassins 
d'eau,  à  ceux  du  moins  qui  sont  fermés  ;  enfin  qu'il  est  soumis  à  des  lois 
déterminées. 

M  I.  —  J'appelle  seiche  la  vague  d'oscïllation  6xe  (vague  de  balancement) 
déterminée  suivant  l'im  des  diamèties  d'un  lac  par  une  cause  extérieure. 
Cette  cause  peut  être  :  ou  bien  la  secousse  d'un  tremblement  de  terre,  ou 
bien  un  changement  local  de  pression  barométrique,  ou  bien  l'action  du 
vent  (sur  les  très-petits  lacs). 

»  J'appelle  seiche  lomjiludinale  la  seiche  oscillant  suivant  le  grand  dia- 
mètre du  lac  ;  seiche  transversale  la  seiche  oscillant  suivant  le  petit  diamètre. 
Les  seiches  obliques  n'existent  pas. 

Il  J'appelle  seiche  ascendante  et  seiche  descendante  la  demi-vague  pendant 
laquelle  le  niveau  de  l'eau  monte  ou  descend. 

»  IL—  J'étudie  le  rhjthme  des  seiches  à  l'aide  d'un  appareil  très-sensible, 
que  i'appcWe  ptémyramètre  [de  TTÀri/ujfa.,  m;irce).  Il  consiste  en  un  siphon 
de  caoutchouc  et  de  verre,  qui  met  en  communication  l'eau  du  lac  avec 
l'eau  d'un  bassin  enfoncé  dans  la  grève.  Un  flotteur  indique  la  direction 
des  courants  d'entrée  vers  le  bassin,  lorsque  l'eau  du  lac  s'élève  ;  de  sortie 
du  bassin,  lorsque  l'eau  du  lac  s'abaisse. 

»  La  longueur  du  tube  du  siphon  doit  être  assez  grande  (3  mètres 
dans  mon  appareil)  pour  que  l'action  rapide  des  vagues  du  vent  soit  an- 
nulée par  les  frottements,  mais  que  l'action  plus  lente  du  changement  de 
niveau  des  seiches  se  traduise  par  un  déplacement  suffisant  du  flotteur. 
La  sensibilité  de  l'instrument  peut  être  augmentée  à  volonté,  en  agrandis- 
sant la  surface  du  bassin  (925  centimètres  carres  dans  mon  plémyramètre), 
ou  en  diminuant  la  section  du  siphon  (7  millimètres  de  diamètre). 

»  III.  —  Toutes  les  fois  que  j'ai  mis  en  observation  cet  appareil,  j'ai 
constaté  l'existence  d'un  mouvement  rhvthmique  d'élévation  et  d'abaisse- 

14.. 


{    'o«  ) 
ment  du  niveau  du  lac.  Je  donnerai  une  idée  de  ce  rhythme  en  indiquant 
la  durée  des  sciclies  (transversales)  du  lac  Léman,  mesurées  à  IMorges.  Sur 
i/|i   demi-seiciies  (seiclies  ascendantes    et  seiches  descendantes),  j'en   ai 

constalé  : 

4  dont  la  durée  était  inférieure  à.  loo  secondes. 

in  »  entre loo  el  200  » 

46  "  entre 200  et  3oo  ■■ 

3g  "  entre 3oo  et  4oo  » 

20  i>  entre 4°°  ^'  5oo  « 

■j  "  entre 5oo  et  600  « 

6  »  supérieure  à  j  600  >■ 

Durée  moyenne  de  la  demi -seiche,  3i5  secondes. 
Durée  moyenne  de  la  seiche  transversale  du  Léman,  à  Morges,  G3o  secondes. 

»  IV.  —  L'amplitude  de  la  seiche,  autrement  dit  la  dénivellation  de 
l'eau  entre  le  maximimi  de  hauteur  à  la  fin  de  la  seiche  ascendante  et  le 
minimum  à  la  fin  de  la  seiche  descendante  est  fort  variable.  Dans  des  sei- 
ches exceptionnelles,  cette  amplitude  peut  être  fort  grande;  ainsi,  la  seiche 
du  3  octobre  1841  montra,  à  Genève,  une  dénivellation  supérieure  à  2™,  1 5. 
D'ordinaire,  et  dans  les  localités  moins  favorablement  situées  que  Genève 
(à  l'extrémité  d'un  long  entonnoir),  l'amplitude  est  très-faible,  quelques 
centimètres,  quelques  millimètres,  souvent  même  quelques  fractions  de 
millimètre.  Mais,  quelle  que  soit  l'amplitude,  le  mouvement  est  toujours 
rhythuiique,  et  le  rhythme  est  déterminé  par  la  situation  de  la  localité  où 
se  fait  l'observation. 

»  V.  —  La  durée  de  la  seiche  longitudinale  du  lac  Léman,  mesurée  à 
l'extrémité  orientale  du  lac,  1982  secondes,  est  différente  et  plus  grande 
que  celle  de  la  seiche,  63o  secondes. 

»  VL  —  La  durée  de  la  seiche  longitudinale  de  lacs  différents  est  fonction 
de  la  longueur  de  ces  lacs.  Je  le  prouverai  par  les  moyennes  suivantes, 
tirées  d'observations  directes  laites  dans  quelques  lacs  suisses  : 

Nombre  Durée  moyenne 

Longueur  Profi)nJeur         de  donii-seichcs   de  la  seiche  cnlièro, 

Lues.  en  kilomùtres.  en  métros.  observées.  en  secomles. 

DeBret ,,,  ,6  14  180 

De  Joux c),o  25  24  G()2 

De  Morat 9,2  48  17  672 

De  Brienz i3,^  261  16  Sgo 

De  AValknsiadi.  .  .  .  i5,5  i8o  10  871 

De  Thun 17,5  217  i5  1116 

DeNeuchatcl 38,2  i35  19  2824 

De  Constance (vj.S  aSô  5  35>)4 


(   '09  ) 

»  Je  ne  fais  pas  entrer  dans  cette  série  la  seiche  longiliulinalo  du  lac 
Léman.  I-a  forme  de  ce  bassin  est  trop  irrégnlière  pour  que  des  vagues  de 
balancement  puissent  s'établir  normalement  suivant  toute  la  longueur  de 
son  grand  axe  et  osciller  avec  assez  de  régularité. 

„  Yii,  _  La  plus  grande  largeur  du  lac  Léniau  étant  de  i3'"",8,  la  duiée 
de  ses  seiches  transversales,  de  63o  secondes,  doit  entrer  dans  la  série  des 
seiches  entre  les  lacs  de  Brienz  et  de  Wallenstadt. 

»  VIII.  —  Lei  seiches  longitudinales  et  les  seiches  transversales  existant 
les  unes  et  les  autres  constamment  dans  un  même  lac,  les  deux  oscillations 
de  balancement  se  croisent.  Il  m'est  arrivé  parfois  de  constater,  à  l'aide 
du  plémyramètre,  l'existence  simultanée  dans  la  même  station  de  ces  deux 
seiches,  le  mouvement  rh)  thmique  de  l'une  brodant  sur  celui  de  l'autre. 

»  IX.  —  Deux  plémyramètres  observés  en  même  temps  aux  deux  extré- 
mités du  lac  do  Ncuchalel  m'ont  montré  qu'il  y  a  seiche  ascendante  à  l'un 
des  bouts  du  lac,  tandis  qu'à  l'autre  bout  la  seiche  est  descendante  (seiche 
longitudinale). 

»  X.  —  Des  observations  analogues  faites  à  la  fois  à  Evian  et  à  Morges 
m'ont  montré  que,  dans  la  seiche  transversale  du  lac  Léman,  il  y  a  aussi 
alternance  et  simultanéité  dans  les  mouvements  aux  doux  extrémités  du  petit 
diamètre  du  lac. 

))  XI.  —  Ces  deux  expériences  justifient  ma  définition  de  la  seiche  : 
«  une  vague  d'oscillation  fixe  dans  la  forme  de  l'oscillation  de  balance- 
»  ment  ».  Elles  m'autorisent  à  appliquer  à  l'étude  des  seiches  les  lois  de 
l'oscillation  de  balancement,  déterminées  pnv  l'étude  dans  un  petit  l)assin 
à  expériences,  à  savoir  : 

»  Première  loi.  —  La  durée  de  la  vague  augmente  avec  la  longuem-  du 
bassin. 

»  Deuxième  loi.  —  Au-dessous  d'une  certaine  profondeur  relative,  et 
jusqu'à  cette  limite,  la  durée  de  la  vague  diminue  à  mesure  que  la  profon- 
deur augmente. 

»  Troisième  loi.  —  Cette  limite,  à  laquelle  la  durée  de  la  vague  cesse 
d'être  influencée  par  la  profondeur  de  l'eau,  est  d'autant  plus  vite  atteinte 
que  le  bassin  est  moins  long.  » 

M.  MARTii.v-BECKEn  adrcssc  une  Note  complémentaire  sur  l'other  et  l'ori- 
gine de  la  matière. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Fizeau,  de  Saint- Venant, 

Berlhelot.) 


(   iio) 
M.  II.  DE  Kerikcff  adresse  une  Note  rectificative  A  sa  précédente  Com- 
munication sur  la  vitesse  de  la  lumière  et  la  parallaxe  du  Soleil. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Astronomie.) 

M.  PocPELïx  adresse  une  Note  relative  à  un  système  d'avertisseurs  élec- 
triques, destinés  à  prévenir  les  rencontres  de  deux  trains  cheminant  sur  une 
voie  ferrée. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Tresca.) 

M.  E.  Laporte  adresse  une  Note  relative  à  quelques  méthodes  pro- 
baliles  de  Fermât  :  il  joint  à  cet  envoi  des  spécimens  de  solides  destinés  à 
représenter  des  puissances  supérieures  à  la  troisième. 

(Commissaires  :  MM.  O.  Bonnet,  Puiseux.) 

M.  W.  de  Maximovitch  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire 
portant  pour  titre  :  «  Réductions  des  équations  aux  dérivées  partielles  à  des 
équations  différentielles  ordinaires  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publiqite,  des  Cultes  et  des  Reaux- 
Arts  invite  l'Académie  à  lui  présenter  une  liste  de  candidats  pour  la 
chaire  d'Histoire  naturelle  des  corps  inorganiques,  laissée  vacante  au  Col- 
lège de  France  par  la  mort  de  M.  Elle  de  Beaumont. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Minéralogie  et  Géologie.) 

M.  I'Inspecteur  général  de  la  Navigation  adresse  les  états  des  crues  et 
diminutions  de  la  Seine,  observées  chaque  jour  au  pont  Royal  et  au  pont 
de  la  Tournelle  pendant  l'année  187/1. 

MM.  Gerbe,  A.  Gaudin,  E.  Jungfleisch,  Graeff,  Ricq,  R.  Renault, 
G.  Ralbiani,  a.  Netter,  Péan,  Mayençon  et  Rergeret,  J,  Chatin,  Mann- 
iieim,  a.  Girard  adressent  des  rcmercîmcnts  à  l'Académie  |)our  les  distinc- 
tions dont  leurs  travaux  ont  été  l'objet  dans  la  dernière  séance  publique. 

MM.  S.  Cuantran,  a.  Rraciiet  adressent  des  Notes  relatives  aux  titres 


(  •■<  ) 

qu'ils  pensent  pouvoir  faire  valoir  pour  les  récompenses  décernées  annuel- 
lement par  l'Académie. 

M.  E.  Flaqi'ei;  adresse,  do  Barcelone,  une  Lettre  relative  à  des  cahieis 
contenant  les  observations  et  les  calculs  effectués  par  la  Commission  fran- 
çaise pour  la  mesure  de  l'arc  du  méridien  compris  entre  Barcelone  et  les 

îles  Baléares. 

(Commissaires  :  MM.  Liouville,  Paye,  Lœwy.) 

M.  Lemonnier  communique  les  théorèmes  suivants  : 
(1    Théorème  I.  —   Les  deux  équations  enlièrcs  en  x 

Fx  =  Aa'"-i-...  =  o,     fx  ~  nx"  +  ...=^o 
ont  p  racines  communes,  sans  en  avoir  davantage,  lorsque  les  équations 

Yx  =  o,  fx  =  o, 

xY  X  =  o,  .rfx  =  o, 


x"-P¥x  =  o,     .i"'-Pfx  =  o 

étant  ordonnées,  les  déterminants  formés  des  coefficients  de  x^,  x'"'^' , 
x'"^"~P,  en  y  joignant  tour  à  tour  ceux  de  chacune  des  autres  puissances 
de  X,  ceux  de  a  ''',...,  x,  j:",  sont  nuls  séparément,  et  que  de  plus,  après 
avoir  écarté  l'une  des  équations,  on  a  pour  les  coefficients  de  x'',...,  x'"^"^p 
un  déterminant  qui  n'est  pas  nul. 

»  D'après  quoi,  ce  déterminant  d'ordre  m  +  n  —  ap  4-  f ,  qui  n'est  pas 
lud,  et  les  déterminants  qu'on  en  déduit  en  y  remplaçant  tour  à  tour  les 
coefficients  de  x^  par  ceux  de  x''~\  x^'-^...^  x,  x°,  sont  les  coefficients 
du  plus  grand  commun  diviseur  de  Fx  et  dejx,  ce  qui  en  fait  une  expres- 
sion générale,  quand  le  degré  p  en  est  connu. 

»  Théorème  II.  —  Au  cas  de  m  =  ?i,  si  l'on  prend  les  m  —  p  -+- 1  équa- 
tions 


(0 


A         A,.r"-'-|-...H- A„ 

f7           «,  X"-'  -t-  . . .  -1-  «„ 

Ax  +  A,         A,x"-=-|-.  ..H- A„, 

UX  -+-   II,              flj.tf -''-+-  ...*+-   t7,„ 

.       .      .      , 

'  +  . 

.  .4-A, 

ii.i"-i'-h  ...  4-  ii„_i,         ii„,~p-t.<  xP- 

.  .  -t-  «. 

(     M2     ) 

et  qu'on  les  ordonne,  les  équations  F.r  =  o,  Jx  =  o  ont  p  racines  com- 
munes, sans  en  avoir  davantage,  lorsque  les  (h'terminauls  formés  des  coef- 
ficients dcx'',  a'""',...,  .r'"',  dans  ces  équations  (i),  en  y  joignant  tour  à 
tour  ceux  de  x''~',  x^'-^  .  ,  jr,  x",  sont  nuls,  et  que,  de  plus,  le  détermi- 
nant formé  des  coefficients  de  x'',...,  x'"  '  dans  m  —  p  des  équations  (i) 
n'est  pas  nul. 

»  L'élimination  de  x''*\..  ,  x'""'  entre  ces  dernières  équations  donne 
l'équation  aux  racines  communes  ;  de  sorte  que,  si  l'on  remplace  tour  à  tour 
dans  le  déterminant  considéré,  qui  n'est  pas  nul,  la  coloiuie  des  coefficients 
do  x''  par  celles  des  coefficients  de  x''~\  x'''-,.  .,  .r,  x",  on  a,  avec  ce  dé- 
terminant, les  coefficients  de  x'',...,  a"  dans  le  plus  grand  commun  divi- 
seur de  Fx  et  àefx. 

»  Au  cas  de  ni  >  h,  les  m  —  /)  -H  i  équations  sont  à  la  place  du  sys- 
tème (i) 

yx  =  o,     xjx  =  o....,     x"'~"'^'fx  =  o, 

A  X"-"  -h  ...  -1-  A™_„         A„_„+,  ar"-  -H  .  .  .  -H  A„ 


A.3:"'-P+  ...-+-  A„^„  A„,^„+,  .rP-'  -h  .  . 


ANALYSE.   —    Sur  la   rcclification   des   ovales  de  Descnrles. 
Note  de  M.  A.  Genocchi,  présentée  par  M.  Chasles. 

((  M.  Chasles,  dans  son  Rapport  sur  les  progrès  de  la  Géométrie  (*), 
en  rendant  compte  d'un  beau  Mémoire  de  M.  Mannheim,  a  fait  men- 
tion de  celte  proposition  sur  les  ovales  de  Descartes,  que  !«  deux  arcs, 
I)  compris  chacun  entre  deux  rayons  issus  d'iui  foyer,  ont  leur  différence 
»  égale  à  un  arc  d'ellipse  »,  théorème  démontré  antérieurement  ])ar 
M.  W.  Iloberts.  Ces  deux  éminents  géomètres  insistaient  sur  la  circonslance, 
que  les  arcs  des  ovales  de  Descartes  dépendent  en  général  de  transcen- 
dantes compliquées,  intégrales  d'un  ordre  élevé;  et,  en  effet,  cette  circon 
slance  paraissait  établir  une  analogie  marquée  entre  leurs  théorèmes  et  le 
théorème  de  Fagnano,  sur  les  arcs  d'ellipse  dont  la  différence  est  recli- 
fiable.  Je  crois  ilonc  qu'il  y  a  un  certain  intérêt  à  montrer  qu'iuie  telle  ana- 
logie n'existe  pas,  puisque  tout  arc  d'une  ovale  de  Descartes  se  réduit  à  lu 
somme  de  trois  arcs  d'ellipse.  Je  vais  résumer  les  transformations  qui  auu- 


;  *  )  Page  298. 


(  "-^  ) 

nent  ce  lésiillal  (lue  j'eiivisiigc  siint)lem<'nt  coiiiiuc  un  j<iil  de  (al<iil,  en  lais- 
sant à  d'autres  la  recherche  plus  clillicilc  d  une  explication  géoinétri{|ue  on 
philosophiiiue.  Dans  celte  propriété  des  ovales,  les  trois  foyers,  qniont  été 
indicjués  poiu'  la  première  fois  par  M.  Chastes,  jonent  ini  rôle,  car  les  am- 
plitudes de  trois  arcs  d'ellipse  se  délerniinent  au  moyen  des  angles  formés 
avec  l'axe  de  la  couibe  par  les  rayons  issus  de  ces  foyers.' 

»  Soit,  en  coordonnées  polaires  (/■,  ce),  l'équation  d'un  cercle  fixe 

;•'-  +  2ar  cos  a  +  «-  =  h'-  ; 

l'envelupije  d'un  cercle  mobile  ayant  son  centre  sur  la  circonférence  du 
cercle  fixe  et  son  rayon  proporlionnel  à  la  dislance  du  centre  au  |)ôle  sera 
une  ovale  de  Descartes,  représentée  en  coordonnées  polaires  {p,  w)  par  une 
équation  de  la  forme 

p-  +  'ip  (a  cos  w  -^  l))  ■=  c, 

où 

b  = /ih,     c  =  (i  — //-)  (/^^  —  a-), 

n  étant  un  lappurt  constant. 
»  Cette  équittion  donnera 


p  +  rtcos  fx,  -i-  h  =z  y/c  +  (rt  cos  w  -f-  /;)'% 

tlù''         j   „         a- -h  b' -{-c -h  7.  a  b  cos  a    ,    , 
p'  c  +  [a  cos  u  -\-  oj' 

et  pnr  suite,  en  nommant  s  l'arc  indéfini  de  l'ovale  et  faisant 


dV         ^ ,-. j 

—-  =  \  rr  +  l>-  ->,-  c  -{-  2  au  cos  w  ■> 

rtw 


on  aura 


<IV         ,                          .V       / /a'-hb' +c-{-2.abcoS',A 
-y-  =  (aCOSM   -h  b)\/      — —y- 1 

ds  =:  du  -  dY. 

pz'  2  (n'a-\-b\- ,■ +  («+/») 


M  Soit  posé 

cos  <j)  =  — — = — -1     ir  =  I  — J  ]  =  — -^ ;--  5 

l4-yjz'        '  \n-a—bj  r -h  (  «  —  bf 

la  constante  p  pourra  être  censée  positive  et  plus  grande  que  l'unité,  puis- 
qu'on peut  rendre  a  et  h  de  même  signe  en  remplaçant,  s'il  le  faut,  o)  par 
n  —  oj.  Posant  aussi 

1     c  ~  n^  ->r  b^ 

'  i>  c  H-  [Il  —  6  /  ' 

C.B.,  iS'iO,  i"  5t"iti«r<:.  (T.  LNXX.  M- 2.)  *5 


on  liDiiveni 


^/V  =  2 


i  ii4 


n  -\-  b  —  [n  —  b)fiz'- 


V^(i  +pz 


-3111  Ji     p-h^'     \, 


et  après,  en  fais;ii:t 

on  pourra  mettre  le  résultat  sous  la  forme  suivaiile  : 


2r/V=- 


{fi -h  b] />  —  {ri  —  b)         ('J  +  i)/>  +(n  —  A)]      r/l 


znijr  —  I  ) 


/'  —  ' 


\lt+  1 


"'\ 


v/ïT' 


L  \  '  -  2         \' 


V'T'T' 


»  Maintenant  il  est  facile  d'exprimer  V  aussi  bien  que  U  par  des  arcs 
d'ellipse,  ce  qui  donnera  s\  car  en  faisant 


V<  -  ■>. 


-î-^r-rol'y,      k'-  —  -r\'- , 


il  vient 


[_. 


-¥b)p  —  \a~b) 


a  Ip^  —  I  )  ^ , 


ih\J \  —  k'-  sin'  ?''■''?'■ 


et  en  faisant 


il  vieni 


V7'  '  l'X/'  —  ' 


L  2v/Tr  '         Vri'Jv'  +  a 

=  3/;  \/i  —  A"-  sur'; ^~  ~     -     ^    ^    -, 

V^i  — /"')sin>" 

après  quoi  il  siifdt  d'appliquer  le  llièorcnic  de  Landen.  On  fera 


SU)  (ai/'—  ç.')  ;=  A'^illo',      siii(jtCl"--  '/')  =  /i"sin9", 


(  ■■5  ) 

el  l'on  trouver;! 


V  =  -  /,  bk'  sii)  9'  +  \J-^^  (  V^  A^'  ~  ^"^'"'  ^'''^' 
»   Quant  à  la  fonction  O,  en  faisant 

/;  1  +  /(  ^      ' 


on  aura 


U  =  /,/.  v/irzi  fv'' -  >^'  -^i"' 5  ^/9  ; 


et  enfin 

i  =  U- V. 

»  Dans  cette  expression  fignront  les  arcs  de  trois  ellipses,  dont  les  dcmi- 

■?.  h 

axes  beront  nb[i  ±  k'),  2b[\  ±  k"),  '—[i±k),  savoir 


;  /    ^  '\  !        -4-  A\        ■i{n''a±  b) 


qu'on  pourra  vérifier  être  égaux  aux  six  segments  déterminés  sur  l'axe  de 
l'ovale  par  les  branches  de  celte  courbe.  On  tirera,  en  outre,  des  relations 
précédentes  les  tlcux  suivantes  : 

sin «(A-*  +  C0S2Ô')  =  sin2Ô'  ( -  A'-  +  coswj , 
sinco(A"+  C0S2Ô")  =  sin  af/"  (  -  A"-  +  cosœ  j , 

qui  montreront  que  les  amplitudes  0,  0\  0"  de  ces  trois  arcs  d'ellipse  sont 
la  moitié  d'angles  formés  avec  l'axe  de  l'ovale  par  les  rayons  radiants  issus 
de  ses  trois  foyers. 

»  A  l'aide  du  théorème  de  Fagnano,  et  eu  désignant  par  E(6),  E'(5'), 
E"((/")  les  trois  intégrales  comprises  dans  l'expression  de  s,  on  pourra  rem- 
placer les  amplitudes  0,  5',  0"  par  d'autIe^  ]/,  6',  ^",  de  manière  que  la  va- 
leur de  s  prendra  la  forme  plus  simple 

s=  2i/^(n- A)E(^)+  2ft(.  +  A')E'(f)+  2/;(i  +  A")E"(f'). 

et  sera  par  conséquent  la  somme  (algrliriquc)  de  trois  arcs  d'ellipse.  » 

i5.. 


(   mG  ) 

ci':OMl';Tnii:.  —  rmpni!l('-s  rclaliues  à  In  cniirhiirc  de  la  dducloppée 
d\inc  smjacc  (fuch  oiupie ;  par  M.  Ualpiien. 

«  Sur  une  surface  quelconque,  les  points  peuvent  être  associés  par  cou- 
ple?, m,  a,  de  telle  sorte  que  la  droite  miJ.  lui  soit  tangente  en  ces  deux 
points.  A  l'égard  de  pareils  couples,  la  développée  d'une  surface  quelconque 
(lieu  des  centres  de  courbure  principaux)  jouit  d'une  propriété  caractéris- 
tique, qui  consiste,  on  le  sait,  dans  la  perpendicularité  de  ses  plans  tan- 
gents eu  m  et  p..  Cette  propriété  se  traduit  analytiquenient  par  luie  relation 
outre  deux  points  associés,  et  cette  relation  contient  les  dérivées  partielles 
du  premier  ordre.  On  eu  peut  aisément  conclure  l'existence  de  deux  rela- 
tions contenant  les  dérivées  du  second  ordre,  de  trois  relations  conte- 
nant les  dérivées  du  troisième  ordre,  et  ainsi  de  suite.  Ainsi,  relativement 
à  la  courbure  d'une  développée,  il  existe  deux  relations  entre  les  points 
associés.  Ces  relations  ont  été  trouvées  par  M.  JManuheim  (*),  qui  les  a 
déduites  de  considérations  géométriques.  J'en  donne  ici  une  démonstration 
analytique,  dont  le  point  de  départ  est  dans  les  considérations  précé- 
dentes. 

»  Soient  m,  p.  deux  points  associés  stu"  une  développée,  dont  je  dési- 
gnerai par  (m)  et  [p.]  les  nappes.  Soient  mz  et  p.'Ç  les  normales  en  m  et  p. 
Je  plate  l'origine  des  coordonnées  en  un  point  O  de  iiip..  Je  désigne  cette 
droite  par  OB,  et  je  la  prends  pour  axe  de  coordonnées,  ainsi  que  des  pa- 
ralléjes  OA,  OC  à  mz  et  p.^.  Par  hypothèse,  ces  coordonnées  sont  rectan- 
gulaires. Les  points  m  et  p.  sont  déterminés  par  leurs  distances  b,  p  au 
point  O.  Soient  x,  j,  z  les  coordonnées  d'un  point  m'  par  rapport  à  des 
axes  parallèles  menés  par  m,  les  coordonnées  j,  z  étant  prises  suivant  w/j. 
et  inz.  Les  coordonnées  de  m',  par  rapport  aux  axes  d'origine  O,  sont?, 
j-  -+-  b,  x,  suivant  OA,  OB,  OC. 

»  Soient,  de  même,  B,,  vj,  Ç  les  coordonnées  d'un  point  p.'  par  rapport 
à  des  axes  parallèles  menés  par  p.;  vj  et  'Ç  étant  prises  suivant  put  et  p.i^. 
Les  coordonnées  du  même  point,  par  rap|)ort  aux  axes  d'origine  O,  sont 
?.  ^  +  |3,  Ç,  suivant  OA,  OB,  OC. 

»  Je   désigne,  suivant  l'usage,    pai-  /),  </.  '',  S  ^  't^s  dérivées  partielles 

■^i--  relatives  à  la  nap])e  [m),  et  par  1rs  lettres  grecques  correspondantes 

(')   Conijilc.s  niiilits,  I.  I.XXIX,  p.    i3?.!S. 


(   >>7) 

lu 

les  dérivées  pnriielles --■>•••  rehilives  à  la   nappe   {a).  Je   représente,    en 

oiilre,  ponr  abréger,  par  l  la  distance  [h  —  ft)  des  points  m  et  a. 

»  J'écris  d'abord   que  les  points  m',  p.'  sont  associés,  c'vs\--a-i\\vo.  que  la 
droite  m'  ij.'  est  tangente  à  la  surface  en  ces  deux  points.  J'ai  aiiisi  : 


(•) 


§  -  z  =  /J  (Ç  -  x)  +  q  (■/;  -  J-  l), 
a:  -  Ç  =  71  (z  -  ^  )  4-  X  (;•  -  ■/;  -t-  /). 


J'écris  ensuite  que  les  plans  tangents  en  ui'  et  /x'  sont  rectangulaires  : 
(-)  p  +  n-  r//^  =  G. 

»  C'est  en  difïérentiant  ces  équations  qu'on  obtiendra  les  relations  cher- 
chées. Pour  y  jjarvenir  rapidenieiif,  il  suffit  d'observer  qu'aux  points  m,  [x 
les  coordonnées  et  les  dérivées  du  premier  ordre  sont  nidios.  Par  suite, 
pour  notre  objet,  les  équations  (i)  et  (a)  peuvent  être  réduites  à 

?  =  -  7^     ^'  =  X'^     p  +  n  =  o, 
qui,  difiérentiées,  donnent 

i  (i^  -f-  l{sdx  +  t(lj)  =  o, 

(3)  dx-l{Qdl_    -hzdT.)  =  0, 

(   rdx  +  sdy  -+-  pd^  +  a  df]  —  o. 

»  Ayant  deux  variables  indépendantes,  je  peux,  pour  obtenir  une  rela- 
tion, annuler  inie  différentielle,  par  exeujpie  d^.  Faisant  donc  de  =  o,  je 
déduis  aisément  des  équations  (3) 

(4)  h[it  -  S-)  -h  ta=  o. 
»  Sendjlablement,  faisant  dx  =  o,  j'obtiens 

(5)  /«(|0T    -    C7-)   —  X5  =  0. 

»  Les  équations  (4)  et  (5)  sont  les  étpiations  cherchées.  Si  l'on  veut  y 
introduire,  au  lieu  des  dérivées  partielles,  les  rayons  de  courbure  princi- 
paux en  m  et  [x,  on  y  parviendra  comme  il  suit. 

«  Soient  r,,  r,  ces  rayons  de  courbure  en  m,  et  a  l'angle  que  fait  avec 
inij.  le  pian  de  la  .section  dont  le  rayon  est  /■, .  On  a 

cos'rt         sin'fi                  siii  y.a  f  i           i  \                     .,           i 
t  = h »     S  =  1 ],     rt  ~  s-  =^ 

r,  r,  2        \i;  r, /  /■,  /, 

»  Soient  de  même  o,,  p.,  et  a  les  quantités  analogues  et  relatives  au 
point  (JL.  On  aura  des  équations  analogues.  Les  relations  (/j)  et  (5)  se  chan- 


{   m8  ) 
geront  en 

/,  sin'rt -+- 'j  cos'«  sin?«,  ,  '•'     / 

p,  sin'a -)- p, cos'a  it      ^    ^  ''        sinaz^''         ^-''' 

d'où  l'on  peut  déduire 

4/*  +  siii2<7  sin2«(/',  —  Ta)  (p,  —  P2)  =  o- 

»  Ce  sont  précisément  les  équations  de  M,  Mannlieim. 

»  Connue  conséquence  de  ce  calcul,  je  signalerai  le  cas  où  l'on  a 

Il  ~  s'^=z  o. 

La  formule  (4)  montre  que  a  s'évanouit.  Donc  le  plan  BOC  détermine  une 
section  principale  en  /x  dans  la  nappe  (p.).  Or  ce  plan  est  aussi  celui  d'une 
section  principale  pour  une  surface  dont  la  proposée  est  la  développée. 
D'ailleurs,  l'équation  rt  —  i^  =  o  caractérise  un  point  parabolitjue.  On 
peut  donc  dire  : 

»  Soil  m  un  point  parabolique  de  la  déveloj)])ce  d'une  surface  S.  Le  plan  de  la 
section  principale  de  S,  dont  le  centre  de  courbure  est  au  point  associé  fx,  est  aussi 
celui  d'une  section  principale  de  la  développée  en  p.. 

»  La  réciproque  est  exacte.  Ce  cas  est  celui  dans  lequel  le  plan  osculaleur 
d'une  des  lignes  de  courbure  de  S  est  normal  à  cette  surface.  » 

PHYSIQUE.  ~   Sur  la  lumière  stratifiée.  Note  de  M.  Neybeneuf, 
présentée  par  M.  du  Moncel. 

«  J'ai  démontré  [Comptes  rendus,  t.  LXXVIII,  p.  95o)  qu'une  colonne 
cylindrique  de  gaz,  soumise,  à  ses  deux  extrémités,  aux  actions  inverses 
des  fluides  positif  et  négatif,  est  animée  d'un  mouvement  vibratoire.  Los 
cho.ses  doivent  se  passer  de  la  même  façon  pour  un  tube  de  Geisslcr,  et  la 
succession  rapide  d'interversions  de  signe,  dans  les  cas  où  l'on  se  sert 
d'une  machine  d'induction,  doit  favoriser  l'établissement  d'un  régime  ré- 
gidier.  De  là,  sans  doule,  la  régularité  et  la  fixité  des  apparences.  Je  re- 
viendrai bientôt,  avec  détails,  sur  tous  ces  points  dans  un  Mémoire  que 
j'aurai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie.  Je  veux,  dans  cette  Note, 
montrer  qu'un  régime  régulier  d'oscillations  n'est  nullement  incompatible 
avec  la  propagation  d'un  flux  rapide  de  chaleur  et  de  lumière,  susceptible 
d'actions  mécaniques  énergiques. 

»  La  combustion  d'un  mélangedétonant,  placé  dans  un  lube  cylindrique, 
s'effectue  dans  les  conditions  que  nous  venons  il'inditpiei',  et  si  les  couches 
successives  peuvent  recevoir  un  mouvement  vibratoire  régulier  de  la  com- 
binaison des  premières  portions  du  mélange,  il  est  clair  que  la  flamme,  ani- 


(  "9  ) 
ince  d'un  mouvement  de  va-et-vieni,  chauffera  plus  longtemps  cert.iines  par- 
ties du  lul)e  ([lie  d'aiilres.  Si  l'on  a  oj)éré  avec  un  mélange  d'oxygène  et 
d'hydrogène,  la  vapeur  d'eau  formée  se  condensera  de  préférence  sur  ces 
dernières  et  permettra  ainsi  de  constater  que,  malgré  la  violence  du  choc, 
la  flamme  vibre,  en  se  propngeant,  suivant  la  longueur  du  tube.  La  réus- 
site de  l'expérience  a  été  complèle. 

»  Je  n'ai  point  l'intention  d'entrer  ici  dans  le  détail  des  recherches  aux- 
quelles j'ai  dii  me  livrer;  j'indiquerai  seulement  les  circonstances  dans  les- 
quelles on  obtient  les  résultats  les  plus  nets  et  les  plus  beaux. 

s  1°  Répétons  l'expérience  classique  du  transvasement  de  l'hydrogène 
d'une  éprouvette  dans  une  autre,  en  ayant  soin' que  cette  dernière  soit  bien 
sèche;  laissons  les  deux  éprouvettes  en  présence  pendant  cinq  minutes,  et 
approchons  horizontalement  l'éprouvette  supérieure  de  la  flamme  d'une 
bougie.  La  détonation  ordinaire  se  produira,  et,  eu  considérant  immédiate- 
ment les  parois  de  l'éprouvette,  on  les  trouvera  tapissées  de  stries  très-nettes. 
L'aspect  est  fort  beau  avec  une  épouvette  de  3  centimètres  de  diamètre  et 
de  2o  centimètres  de  hauteur;  il  rappelle  celui  d'une  plaque  vibrante,  avec 
plus  de  régularité  dans  la  production  des  lignes  nodales  secondaires,  légè- 
rement inclinées  sur  l'axe  du  tube. 

))  2°  Avec  des  tubes  de  petit  diamètre,  le  transvasement  ne  réussit  pas 
bien;  mais,  si  l'on  graisse  la  surface  interne  de  ces  tubes  avec  une  légère 
couche  de  paraffine,  on  pourra  les  remplir  sur  la  cuve  à  eau  avec  des  mé- 
langes faits  à  l'avance  et  obtenir  des  apparences  très-complètes.  Les  lignes 
nodales  sont  perpendiculaires  à  l'axe  du  tube  quand  son  diamètre  ne  dé- 
passe pas  I', 5. 

M  Les  apparences  observées  dans  le  premier  cas  persistent  plusieurs 
heures,  et  peuvent  réapparaître,  même  le  lendemain,  en  insufflant  l'haleine; 
celles  que  l'on  produit  dans  le  second  c.is  persistent  plus  longtemps.  J'ai 
pu,  au  moyen  d'un  vernis  approprié,  dessiner  sur  la  surface  extérieure  les 
parties  principales  et  arriver  à  certains  résultats  qu'il  serait  peut-èti'e  pré- 
maturé d'indiquer  ici,  tant  sur  l'influence  des  dimensions  de  l'éprouvette 
que  sur  celles  de  la  composition  du  gaz  détonant. 

»  Je  puis  cependant  indiquer  dès  maintenant  que,  lorsque  le  mélange 
d'oxygène  et  d'hydrogène  est  fait  dans  les  proportions  qui  constituent 
l'eau,  on  obtient  des  effets  incertains  et  tardifs  :  ici  la  propagation  de  la 
combustion  est  trop  rapide,  le  choc  est  trop  violent;  ou  sait  ipie  les  strati- 
fications de  la  lumière  électrique  ne  se  produisent  avec  l'électricité  ordi- 
naire (pie  lorsqu'on  emploie  de  faibles  décharges,   » 


(    lao  ) 

ciilMin:  ORGANIQUE.  —  Sur  le  pouvoir  rolaloire  spécifique  de  la  mniuiite. 
Note  do  M.  G.  Boih:iiahdat,  présentée  par  M.  Berthelot. 

«  On  sait  que  les  divers  éthers  de  la  mannile  possèdent  tous  la  propriété 
de  dévier  le  plan  de  polarisation.  M.  Loir  a  le  premier  observé  ce  phéno- 
mène avec  la  mannite  hexanilriquc.  J'ai,  depuis,  constaté  que  tous  les  dérivés 
de  la  mannite  que  j'ai  pu  examiner  possédaient  des  pouvoirs  rotatoires 
spécifiques  de  grandeur  très-variables,  tantôt  dextrogyres,  tantôt  lévo- 
gyres.  Cependant  M.  Loir  n'avait  pu  tiouver  de  pouvoir  rotaloire  aux 
solutions  de  la  mannite  qui  fournit  toutes  ces  substances  actives,  et  j'étais 
arrivé  moi-même  à  un  résultat  semblable,  en  examinant  dans  les  condi- 
tions habituelles  de  l'expérience  des  mannites  de  provenances  Irés-diverses. 
Il  semblait  que  l'on  pût  admettre  que  la  mannile  est  une  substance  inac- 
tive par  elle-même,  mais  qui  acquiert  le  pouvoir  rotaloire  par  le  t'ait  de  la 
combinaison  avec  les  acides  ou  par  la  déshydratation. 

»  Cependant,  dans  ces  derniers  temps,  dans  la  séance  du  17  novembre 
1873,  M.  Pasteur  annonça  à  l'.Académie  des  Sciences  que  M.  Yignon  avait 
observé  l'apparition  du  pouvoir  rotaloire  dans  les  solutions  de  mannite, 
quand  on  les  mélangeait  avec  des  dissolutions  d'acide  borique  ou  de  bibo- 
rale  de  soude. 

»  En  comparant  ce  phénomène  à  la  variation  considérable  de  rotation 
que  l'acide  borique  manifeste  dans  les  solutions  d'acide  tarlrique,  M.  Vi- 
gnon  avait  conclu  que  la  mannite  devait  posséder  le  pouvoir  rotaloire,  et 
en  applitjuant  aux  données  de  ses  expériences  la  formule  empirique  donnée 
par  Biot,  pour  déterminer  le  pouvoir  rolatoire  de  l'acide  tartrique  dans 
des  solutions  renfermant  à  la  fois  de  l'acide  borique  et  de  l'acide  tarlrique, 

il  en  avait  déduit,  pour  le  cas  limite  p  =  o,  lui  pouvoir  rolatoire  de  la 
mannile  pure,  positif  et  égal  à  -f-  o°,8255,  pour  des  solutions  renfermant 
o,i3  de  mannite  dans  l'unité  de  poids  de  la  solution. 

»  Dans  la  même  séance  de  l'Académie,  M.  Pasteur  annonça,  sans  donner 
aucun  détail,  que  M.  lïichat  était  arrivé  à  un  résultat  analogue,  en  consta- 
tant que  la  mannile  en  solution,  examinée  sous  une  épaisseur  de  4  mètres, 
imprime  au  plan  de  polarisation  une  déviation  sensible  dont  il  n'indique 
pas  le  sens.  Aucun  aulr«  renseignement  n'a  été  donné  depuis  sur  celte 
expérience. 


(  -s.  ) 
»  J'ai  pensé  qu'il  était  intéressant  de  reprendre  ces  expériences.  Pour 
cela,  j'ai  commencé  par  m'assurer  que  l'étude  des  mélanges  de  solutions 
(l(-  biboratede  soude  et  de  mannite  était  impropre  à  décider  la  question, 
à  savoir  si  la  mannite  a  réellemont  ie  pouvoir  rotatoire.il  se  forme,  en  effet, 
de  véritables  combinaisons  dans  lesquelles  les  propriétés  du  borax  et  celles 
de  la  mannite  sont  complètement  dissimulées.  C'est  ainsi  qu'un  mélange  à 
équivalents  égaux  des  deux  cor|)s  reste  soluble  en  toutes  proportions  dans 
l'eau.  Cette  dissolution  ne  précipite  pas  par  l'addition  d'un  sel  soluble  de 
.  chaux  ou  de  baryte,  ce  que  font  les  dissolutions  de  borax.  La  niasse  éva- 
porée lenlement  se  présente  sous  forme  d'une  masse  vitreuse  transparcnle, 
non  cristalline,  d'où  l'on  ne  i)eut  extraire  ni  mannite  ni  borax. 

»  Le  phénomène  est  encore  plus  manifeste  quand  on  emploie  du  bibo- 
rate  de  chaux,  corps  insoluble  dans  l'e.iu;  les  solutions  de  mannite  dis- 
solvent avec  la  plus  grande  facilité  un  équivalent  de  borate  par  équivalent 
de  matière  sucrée.  Le  composé  formé  est  soluble  en  toutes  proportions  dans 
l'eau,  il  est  d'aspect  vitreux  et  amorphe.  On  ne  peut  en  extraire  de  man- 
nite qu'en  le  détruisant  par  un  acide  énergique,  et  traitant  le  résidu  par 
lalcool  absolu  qui  enlève  de  l'acide  borique.  Il  dévie  fortement  à  droite  le 
plan  de  polarisation.  Le  pouvoir  rotatoire  spécifique  de  la  mannite  dans 
cette  combinaison  est  égal  à  +28,6.  Enfin,  et  ceci  est  capital,  si  l'on  observe 
des  solutions  de  mannite  renfermant  des  proportions  variables  de  borate 
de  chaux  dissous,  les  déviations  observées  sont  très-sensiblement  propor- 
tionnelles au  poids  de  borate  de  chaux  dissous. 

B  Les  borates  solubles  ou  insolubles  ne  sont  pas  les  seules  substances 
salines  capables  de  manifester  le  pouvoir  rotatoire  de  la  mannite.  L'addi- 
tion de  soude  caustique  fait  apparaître  dans  les  solutions  de  mannite  une 
déviation  non  plus  à  droite,  mais  à  gauche.  Le  pouvoir  rotatoire  de  la  man- 
nite, combinée  à  une  suffisante  proportion  de  soude,  est  égal  à  —  5°,  17. 
On  a  affaire  à  des  combinaisons  solubles  en  toutes  proportions  dans  l'eau 
de  mannite,  alcool  polyaloinique,  et  de  soude,  combinaisons  comparables 
à  celle  de  l'alcool  ordinaire  avec  le  même  alcali. 

»  On  ne  saurait,  à  mou  avis,  s'appuyer  sur  l'étude  de  ces  composés  ou 
de  corps  semblables  pour  déterminer  le  pouvoir  rotatoire  de  la  mannite  à 
l'aide  de  la  foruude  empirique  de  Biot,  qui  donnerait  dans  un  cas  un  pou- 
voir rotatoire  dextrogyre,  dans  un  autre  cas  un  pouvoir  rotatoire  lévogyre 
d'ailleurs  faible  :  l'incertitude  persiste. 

»  Il  ne  reste  donc  que  la  détermination  directe  du  pouvoir  rotatoire  de 
la  mannite  en  solution  dans  l'eau. 


C.  R.,   l8;5,  1"  Simesirr.  (T.  I.XXX,  N»  2.) 


i6 


(     1^2    ) 

»  J'ai  fait  les  observations  sous  de  grandes  épaisseurs,  comme  dans  l'ex- 
périence de  M.  Bicliat.  Je  me  suis  servi  d'un  appareil  ayant  comme  pola- 
riseur  un  prisme  biréfringent  taillé  suivant  les  indications  de  MM.  Jellct  et 
Cornu  (appareil  à  pénombres). 

»  Les  autres  appareils  usités  dans  les  laboratoires  :  saccharimètre  de 
Soleil,  polarimèire  de  Biot,  simple  ou  modifié,  etc.,  ne  peuvent  servir  pour 
cette  détermination  avec  les  sources  lumineuses  habituellement  employées; 
le  double  Nicol  de  M.  Cornu  absorbe  également  une  trop  forte  proportion 
de  lumière  pour  donner  une  approximation  suffisante.  Enfin  j'ai  lemplacé 
la  lumière  produite  par  la  flamme  d'un  bec  Bunsen,  chargée  de  vapeurs  de 
sel  marin,  lumière  dont  l'intensité  est  très-insuffisante,  par  celle  que  pro- 
duit un  jet  enflammé  de  gaz  hydrogène  que  l'on  fait  passer  sur  un  globule 
de  sodium  métallique  maintenu,  fondu  à  une  température  suffisante  à  l'aide 
d'une  lampe  à  alcool. 

»  J'ai  employé  des  dissolutions  de  mannite  purifiée,  par  plusieurs  cris- 
tallisations, des  dernières  traces  de  matières  actives,  dextrogyres  pour  la 
plupart,  qui  se  trouvent  dans  la  manne. 

M  L'approximation  que  l'on  peut  atteindre  aisément  est  de  i  division  du 
vernier  correspondant  à  o°4'  pour  chaque  mesure. 

))  J'ai  pu  constater  ainsi  que  la  mannite  possédait  le  pouvoir  rotatoire. 
En  opérant  sous  une  épaisseur  de  3  mètres  avec  une  solution  renfermant 
iS'',  5  de  mannite  dans  lo  centimètres  cubes,  la  déviation  observée  a  été  de 
—  i°8'  avec  une  approximation  voisine  de  o°8'. 

»  On  en  déduit  comme  pouvoir  rotatoire  de  la  mannite 

[a]^.  =  -o"i5'.     ■ 

»  La  déviation  est  déjà  sensible  sous  une  épaisseur  de  i  mètre.  Avec  une 
solution  renfermant  1^%  4  dans  lo  centimètres  cubes,  elle  a  été  trouvée  égale 
à  —  o^iô'. 

»  Ainsi  la  mannite  est  une  substance  active  ayant  un  pouvoir  rotatoire 
très-faible,  lévogyre,  c'est-à-dire  de  sens  opposé  à  celui  que  l'on  avait  déduit 
précédemment  d'expériences  faites  au  mojen  dn  borax  et  sur  des  dissolutions 
renfermant  une  proportion  demaïuiite  sensiblement  la  même  que  dans  mes 
observations. 

»  Si  l'on  compare  la  valeur  de  ce  pouvoir  rotatoire  spécifique,  qui  est  en 
grandeur  absolue  voisine  de  ~  de  degré,  à  ceux  des  diverses  combinaisons 
de  la  mannite  que  j'ai  précédemment  déterminées,  on  n'observe  aucune  re- 
lation simple  entre  ces  divers  nombres.  Ix  pouvoir  rotatoire  de  la  man- 


(     123    ) 

nite  combinée  est  ordinairement  bien  plus  considérable  en  valeur  absolue 
que  celui  delà  mannite  simplement  dissoute  dans  l'eau. 

»  Ce  travail  a  été  fait  dans  le  laboratoire  de  M.  Berthelot,  au  Collège  de 
France.   » 

PHYSIOLOGIE.  —  Résultats  des  recherches  et  observations  sur  tes  micro-organismes 
dans  les  suppurations,  leur  influence  sur  la  marche  des  plaies  et  les  divers 
moyens  à  opposer  à  leur  développement.  Note  de  M.  P.  Bocloimié, 
présentée  par  M.  Pasteur. 

«  I,  —  1°  Le  pus  provenant  d'une  collection  quelconque,  non  en  commu- 
nication directe  ou  indirecte  avec  une  plaie,  ne  renferme  jamais  d'éléments 
organisés,  mobiles  ou  immobiles,  pouvant  être  considérés  comme  des  mi- 
crozoaires  ou  des  microphytes,  autres  que  des  points  mobiles  très-réfrin- 
gents, souvent  accolés  deux  à  deux. 

«  a**  Le  pus  d'une  plaie,  quelle  que  soit  sa  nature,  et  quelle  que  soit  le 
mode  de  pansement  employé,  m'a  toujours  présenté  des  micro-organismes 
doués,  en  général,  de  mouvements  d'autant  plus  appréciables,  que  le  pus 
était  plus  dilué,  soit  naturellement,  soit  par  adjonction  d'eau. 

»  3°  Dans  le  pus  provenant  d'abcès  développés  dans  les  parties  voisines 
d'une  plaie,  quelles  que  fussent  son  étendue  et  sa  profondeur,  j'ai  toujours 
constaté,  au  moment  même  où  il  était  extrait,  toutes  les  formes  et  variétés 
de  micro-organismes  trouvées  dans  le  pus  de  la  plaie,  ou  quelques-unes 
seulement,  suivant  que  l'abcès  s'était  développé  dans  des  parties  en  conti- 
nuité ou  en  contiguïté  de  tissus  avec  la  plaie.  Dans  le  cas  de  simple  conti- 
guïté de  tissus  entre  la  plaie  et  l'abcès,  on  ne  trouve  généralement  que  les 
formes  les  plus  simples,  les  micro-organismes  les  plus  petits  :  quelquefois 
cependant  j  y  ai  trouvé  des  vibrions  composés  de  sept  anneaux  et  qui 
ont  promptement  accusé  leurs  mouvements. 

1)  4"  Les  mouvements  de  ces  micro-organismes  sont  généralement  peu 
appréciables  au  moment  de  l'ouverture  de  l'abcès;  ils  ne  deviennent  très- 
manifestes  que  lorsque  le  pus  est  resté  pendant  quelques  minutes  exposé  à 
l'air,  et  surtout  lorsqu'il  a  été  étendu  d'eau. 

«  5"  Les  éléments  figurés  que  l'on  observe  dans  le  pus,  en  dehors  des 
globules  de  pus,  des  globules  blancs  et  des  globules  rouges  plus  ou  moins 
déformés,  sont  à  peu  près  constamment  les  mêmes. 

»  Ce  sont  : 

»  a.  Des  granulations  isolées  ou  accolées  deux  à  deux,  très-réfringentes, 

i6.. 


(  «24  ) 

mobiles,  qui  ne  me  paraissent  pas  devoir  èlre  rangt^es  parmi  les  vibrio- 
niens,  parce  que  je  les  ai  retrouvées  partout  et  toujours  en  l'absence  ou  en 
la  présence  des  autres  vibrioniens  indifféremment; 

»  b.  Des  chapelets  immobiles,  formés  de  petites  granulations  spliériques 
et  analogues  par  l'aspect  et  le  voltnne  à  la  Torulacée  de  l'urine  ammonia- 
cale découverte  et  décrite  par  M.  Pasteur  ; 

»  c.  Des  granulations  immobiles,  arrondies,  isolées  ou  groupées,  de 
même  aspect  et  de  même  diamètre  que  les  anneaux  constituant  les  chape- 
lets précédemment  décrits;  ces  granulations  sont  isolées  ou  groupées,  af- 
fectant dans  ce  cas  la  disposition  de  branches  reliées  à  un  tronc  commun, 
ou  d'amas  sans  forme  déterminée.  Je  les  considère,  avec  M.  Danet,  comme 
des  bactéridies; 

»  d.  Des  chapelets  reclilignes,  formés  de  deux  anneaux  un  peu  allongés, 
doués  de  mouvements  oscillatoires,  devenant,  par  intervalles,  suffisants 
pour  entraîner  la  progression  (bactéries); 

»  e.  Des  chapelets  tantôt  rectilignes,  tantôt  incurvés,  constitués  par  deux, 
trois,  quatre,  cinq  anneaux,  quelquefois  même  six  et  sept,  et  doués  de 
mouvements  variés,  mais  spécialement  de  mouvements  ondulatoires  de 
translation  (vibrions); 

»  /.  Des  bâtonnets  mobiles,  droits  ou  coudés,  et,  dans  ce  cas,  formés  de 
deux  segments  très-allongés  dont  on  ne  distingue  que  les  limites  et  le  point 
de  jonction.  Leurs  mouvements  sont  sensiblement  analogues  à  ceux  du 
fléau  à  battre  le  blé  (ils  ne  présentent  pas  de  granulations  ou  d'anneaux 
perceptibles  à  un  grossissement  de  1200  diamètres). 

»  6"  Tous  ces  éléments  figurés  sont  entourés  de  granulations  amorphes 
formant  à  la  préparation  un  fond  pointillé  réfringent.  C'est  là  la  substance 
granulo-graisseuse  échappée  des  globules  de  pus  en  voie  de  destruction. 

»  II,  —  1°  Aucun  pansement  ne  met  d'une  manière  absolue  les  plaies  à 
l'abri  absolu  des  micro-organismes. 

»  2°  Le  mode  de  pansement  influe  surtout  sur  le  nombre  et  la  vitalité 
des  micro-organismes  trouvés  dans  les  suppurations. 

»  3°  Les  micro-organismes  trouvés  dans  le  pus  des  plaies  sont  les 
mêmes,  quels  que  soient  les  pansements  employés.  Il  n'y  a  de  différence 
appréciable  que  dans  le  nombre  absolu  ou  relatif  de  chacun  d'eux. 

»  4"  L'alcool  et  la  glycérine  sont  les  substances  au  contact  desquelles 
les  micro-organismes  m'ont  paru  se  développer  le  moins  et  sont  le  plus 
privés  de  mouvements. 

»   5°  Le  pansement  de  Lister,  tel  qu'il  a  été  fait  à  la  maison  de  santé 


(  1^5  ) 
pendant  que  je  me  livrais  aux   recherclies  uiicrogra|)hiques  qui  oui   été 
rapporléos  en    partie   par  M.  Deniarquay,   n'a  |)as  préservé  les  plaies  de 
l'apparition  des  micro-organismes  dans  les  su|)puralions. 

»  6°  Les  pansements  ouatés  praticpiés  avec  soin,  après  avoir  abstergé 
fortement  la  plaie  avec  de  l'alcool  étendu  et  avoir  appliqué  immédiatement 
une  tente  enduite  de  glycérine,  n'ont  permis  le  développement  que  d'un 
très-petit  nombre  de  micro -organismes  qu'on  peut  supposer  avoir  été 
enfermés  dans  le  pansement  au  moment  de  son  application. 

»  III.  —  Les  micro-organismes  décrits  plus  haut  n'exercent  pas  une 
action  morbigène  égale  dans  toutes  les  circonstances  sur  la  plaie  et  sur 
l'individu. 

»  1°  Des  micro-organismes  peuvent  exister  dans  les  suppurations  sans 
empêcher  la  cicatrisation  et  altérer  la  santé  du  blessé. 

»  2°  Les  micro-organismes  envahissent  les  parties  voisines  de  la  plaie  et 
donnent  lieu  à  des  abcès  de  voisinage. 

')  3°  Les  micro-organismes  envahissent,  par  le  système  lymphatique  ou 
le  système  veineux,  un  organisme  sain,  sans  provoquer  autre  chose  qu'une 
réaction  et  des  déjections  éliminatrices. 

»  /["  Les  micro-organismes  envahissent  un  organisme  déjà  profondément 
affecté  et  y  développent  la  septicémie  par  leur  action  toxique  d'abord, 
puis  par  l'action  virulente  des  éléments  désorganisés  par  eux. 

1)  IV.  —  Parmi  les  agents  destinés  aux  pansements,  il  faut  choisir  ceux 
qui  ont  une  action  favorable  sur  la  cicatrisation  et  qui,  en  même  temps, 
sont  opposés  à  la  vie  et  à  la  prolifération  des  micro-organismes.  A  ce  point 
de  vue,  l'alcool  et  la  glycérine  doivent  avoir  la  préférence.  Ils  enrayent  la 
vie  des  vibrionieus  très-avides  d'eau  en  les  privant  de  leur  eau  de  consti- 
tution. 

»  V.  —  C'est  par  un  bon  pansement  qu'on  peut  empêcher  souvent  la 
première  étape  de  l'infection,  et  c'est  par  luie  hygiène  bien  entendue  qu'on 
peut  diminuer  les  chances  de  généralisation  des  ferments  morbigènes,  s'ils 
ont  franchi  les  limites  de  la  plaie.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Des  globules  blancs  dans  te  sang  des  vaisseaux  de  la  rate. 
Note  de  MM.Tauchanoff  et  A.  Swaen,  de  Liège,  présentée  par  ]\I.  Claude 
Bernard. 

«  Manuel  opératoire.  —  Pour  comparer  la  richesse  en  globules  blancs  du 
sang  des  veines  et  des   artères  spléuiques,  nous  expérimentons   sur   des 


(     '26) 

chiens  immobilisés  par  le  chloroforme  ou  par  la  morphine  et  le  chloro- 
forme combinés. 

»  Nous  recueillons  aux  intervalles  los  plus  courts  possibles  le  sang  de 
petits  rameaux  des  artères  spléniques  et  le  sang  de  petites  veines  immédia- 
tement à  leur  sortie  de  la  pulpe  splénique.  Nous  faisons  la  numération  des 
globules  blancs  du  sang  par  la  méthode  du  D'  Maiassez,  puis  nous  section- 
nons les  nerfs  spléniques.  Au  bout  de  quelques  heures,  quand  la  rate  est 
bien  tuméfiée,  nous  recommençons  l'examen  de  ces  deux  espèces  de  sang, 
et  en  outre  du  sang  recueilli  dans  un  point  quelconque  du  système  arté- 
riel. 

»  Observations.  —  i°  Avant  de  passer  à  l'étude  comparative  du  sang  des 
artères  et  des  veines  de  la  rate,  nous  avons  voulu  savoir  si  dans  le  sang  du 
corps  nous  pouvions  trouver  un  rapport  existant  entre  le  nombre  des 
globides  blancs  du  sang  veineux  et  du  sang  artériel  en  général.  Nous 
avons  bientôt  acquis  la  conviction  qu'aucune  règle  générale  ne  pouvait 
être  donnée  à  ce  sujet,  et  que  suivant  les  organes,  suivant  leur  état  d'acti- 
vité ou  d'inactivité,  suivant  la  situation  des  vaisseaux,  on  trouvait  les  rap- 
ports les  plus  différents.  Ainsi  tantôt  le  sang  veineux  et  le  sang  artériel 
possédaient  le  même  nombre  de  globules  blancs,  tantôt,  au  contraire,  il 
y  en  avait  moins  dans  les  artères,  et  tantôt  dans  les  veines. 

»  Entre  le  sang  du  ventricule  gauche  et  celui  du  ventricule  droit  nous 
pouvons  cependant  affirmer  qu'il  existe  une  différence  constante.  Tou- 
jours nous  avons  trouvé  beaucoup  plus  de  globules  blancs  dans  le  sang 
artériel,  ce  qui  pourrait  peut-être  s'expliquer  par  la  concentration  beaucoup 
plus  grande  de  ce  dernier  sang  qui  vient  traverser  les  poumons,  et  par  la 
dilution  du  sang  veineux  auquel  vient  se  mêler  toute  la  lymphe  par  les 
troncs  lymphatiques  droits  et  gauches. 

»  a°  Contrairement  aux  données  généralement  admises  de  Vierhort, 
Funke  et  Hirt,  le  sang  veineux  de  la  rate  de  chien  ne  contient  pas  des  glo- 
bules blancs  en  nombre  beaucoup  plus  considérable  que  le  sang  des  artères 
spléniques.  Nous  avons  même  trouvé,  un  grand  nombre  de  fois,  un  peu 
moins  de  globules  blancs  dans  le  sang  veineux  que  dans  le  sang  artériel, 
une  seule  fois  un  peu  plus  de  globules  blancs  dans  les  veines,  et  enfin  il 
paraîtrait  que  plus  la  rate  se  trouve  dans  un  état  normal,  moins  il  y  a  de 
différence  entre  le  sang  artériel  et  le  sang  veineux.  Nous  ne  pouvons  donner 
aucun  résultat  positif  sur  les  proportions  existant  entre  ces  deux  sortes  de 
sang,  alors  que  la  rate  se  trouve  dans  son  état  complètement  normal. 
Tantôt,  en  la  sortant  de  la  cavité  abdominale,  on  la  voit  se  contracter  for- 


(  1^7  ) 
tcment  sous  l'influence  du  froid  extérieur;  tantôt,  au  contraire,  le  tiraille- 
ment ou  la  torsion  des  troncs  veineux  amène  sa  dilatation  immédiate;  et, 
pour  la  ramener  à  un  volume  moins  exceptionnel,  il  faut  la  faire  con- 
tracter par  l'irritation  électrique  des  nerfs  spléniques.  Enfin,  dans  tons  ces 
cas,  la  rate  se  trouve  dans  une  condition  anomale  soustraite  à  la  pression 
des  viscères  et  des  parois  abdominales,  exposée  à  l'air  atmosphérique. 
Nous  ajouterons  que,  pour  peu  que  la  rate  soit  tuméfiée,  il  y  a  toujours 
une  diminution  marquée  du  nombre  des  globules  blancs  dans  les  veines. 

')  3°  A  la  suite  de  la  section  des  nerfs  spléniques,  il  se  produit,  comme 
on  le  sait,  une  énorme  tuméfaction  de  la  rate.  Avec  ce  gonflement  coïncide 
invariablement  une  diminution  considérable  des  globules  blancs  dans  le 
sang  des  veines  spléniques. 

»  4°  l)és  le  début  de  ce  phénomène,  la  différence  entre  le  sang  des 
veines  et  celui  des  artères  de  la  rate,  sous  le  rapport  du  nombre  de  glo- 
bules blancs,  est  très-marquée  ;  puis,  à  mesure  que  l'on  s'éloigne  du  moment 
de  la  section  des  nerfs,  cette  différence  diminue  progressivement  et  tend  à 
disparaître  au  bout  de  trois  ou  cinq  heures. 

»  En  comparant,  à  des  intervalles  de  plus  en  plus  éloignés  du  moment 
de  la  section  des  nerfs,  le  sang  de  différentes  artères  du  corps  de  l'animal, 
on  constate  un  appauvrissement  progressif  du  sang  en  globules  blancs, 
appauvrissement  qui  aurait  pour  limite  l'équilibre  s'établissant  entre  le 
sang  des  veines  et  des  artères  spléniques. 

»  5°  Cette  diminution  des  globules  blancs  dans  le  système  sanguin  en 
général  ne  pourrait  se  comprendre  que  par  une  destruction  de  ces  glo- 
bules dans  la  rate,  ou  par  leur  transformation  dans  cet  organe  eu  globules 
rouges,  qui  deviennent  en  effet  plus  abondants  dans  le  sang  veineux  splé- 
nique,  ou  enfin  par  une  accumulation  mécanique  des  globules  blancs 
dans  le  tissu  de  la  rate.  Ce  sont  là  trois  hypothèses  que  les  faits  ne  nous 
ont  pas  encore  permis  de  vérifier. 

»  6"  L'appauvrissement  du  sang  eu  globules  blancs  ne  peut  être  attribué 
aux  plaies  que  l'on  est  forcé  de  faire  dans  ces  expériences,  aux  petites  hé- 
morrhagies  que  l'on  peut  occasionner  et  à  l'émigration  des  globules  blancs 
dans  les  tissus  déchirés  et  irrités.  Des  expériences  de  contrôle  nous  ont  en- 
levé tout  doute  à  cet  égard,  et  nous  ont  montré  que  c'est  un  phénomène 
inverse  qui  aurait  lieu. 

»  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  Physiologie  générale  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle.  » 


(   '28  ) 

ZOOLOGIE.  —  Sur  les  habitudes  d'un  remarquable  serpent  de  la  Coi/iin- 
chine  :  /'llcrpclon  tenlaculatiim.  Noie  de  M.  A.  Mouice,  présentée  par 
M.  Blanchard. 

«  L'Herpeton  tentacule,  appelé  Cou  rûn  ràu  par  les  Annamites,  c'est-à- 
dire  Serpent  à  barbe,  car  les  appendices  qui  terminent  le  maxillaire  supé- 
rieur ont  attiré  l'attention  des  habitants  de  l'Indo-Chine  aussi  bien  que  des 
savants  de  l'Europe,  l'FIerpeton  tentacule  est  un  des  Ophidiens  à  aire  géo- 
graphique restreinte  :  Java,  Siam,  la  Basse-Cochinchine  et  le  Cambodge 
sont  jusqu'à  présent  les  seuls  points  du  globe  où  on  l'ait  rencontré. 

M  M.  Bocourt  a  rapporté  de  Siam  de  beaux  échantillons  de  cette  espèce, 
et  j'ai  eu  la  bonne  fortune  d'en  faire  parvenir  au  Jardin  des  Plantes  un  in- 
dividu bien  vivant.  Il  avait  été  recueilli  à  ïayninh,  sur  la  frontière  nord- 
est  de  la  Cochinchine  française.  Me  proposant  de  faire  dans  un  travail  spé- 
cial sur  les  nombreux  Re|)tiles  que  j'ai  recueillis  et  déposés  au  musée  de 
Lyon  la  monographie  de  l'Herpeton,  je  désire  aujourd'hui  signaler  seu- 
lement deux  particularités  que  je  crois  inconnues. 

»  L'Herpeton  est  vivipare,  j'ai  deux  fois  observé  le  fait  :  une  fois  en 
Cochinchine  et  une  seconde  à  Toulon,  où  une  femelle  pleine  mit  bas  à 
mon  arrivée.  Les  petits  sont  au  nombre  de  six  par  portée  et  ont  une  lon- 
gueur moyenne  de  o'",28;  leur  coloration  est  plus  claire  d'une  manière  gé- 
nérale que  celle  de  l'adulte.  Ce  fait  rapproche  l'Herpeton  des  Hypsirhines 
et  des  Cerberus  qui  habitent  les  mêmes  points  de  l'Asie  et  qui  sont  égale- 
ment des  serpents  aquatiques. 

»  Une  seconde  lacune  qui  restait  à  remplir  dans  l'histoire  de  cet  Ophi- 
dien  était  de  savoir  de  quels  aliments  il  se  nourrit.  Gùnther  dit  expressé- 
ment que  «  leur  nature  n'est  pas  connue  et  que,  d'ini  autre  côté,  la  longueur 
»  du  tube  digestif  avait  attiré  déjà  l'attention  de  plusieurs  erpélologistes.  » 

»  Or,  grâce  à  mes  observations  |)ersonnelles,  jointes  à  celles  des  Anna- 
mites eux-mêmes,  je  crois  être  en  mesure  d'éclaircir  ce  point.  L'Herpeton 
fait  usage  d'une  alimentation  mixte,  il  mange  fort  bien  les  poissons  de 
petite  taille,  comme  j'ai  pu  le  constater,  mais  il  mange  également  luie 
plante  aquatique,  le  liàu  Giità  des  Annamites,  le  Cubospcrnnun  palusUe  de 
J>oureiro,  qui  est  la  Jussiœa  repens  des  botanistes  modernes.  Cette  plante 
est  fort  commune  dans  les  eaux  saumâtres  de  la  Basse-Cochinchine. 

M  Le  fait  est  hors  de  doute,  quelque  singulier  qu'il  puisse  paraître;  il  est 
coiuiu  de  tous  les  indigènes,  et  moi-même  je  m'en  suis  assuré  à  plusieurs 
reprises,  en  dépo.sant  des  Herpelons  et  des  Jusiiœa  lepens  dans  un  vase  à 


(  '5-9  ) 
moifit'  plein  d'eau;  j'en  retirai  an  bout  de  quelques  jours  la  plante  réduite 
à  quelques  filaments  appendus  à  la  tige. 

»  Enfin  le  microscope  et  la  Chimie  m'ont  donné  des  résultats  analogues. 
Les  matières  trouvées  dans  l'estomac  et  dans  l'intestin  présentent  des  tubes 
scalariformes,  des  trachées  déroulées,  des  grains  d'amidon.  Ce  fait  par  lui 
seul  ne  serait  certainement  pas  suffisant,  et  je  sais  l'objection  très-simple 
qu'on  pourrait  lui  faire;  mais,  rapproché  de  l'observation  sur  le  vivant,  il 
me  semble  qu'il  prend  une  valeur  suffisamment  affirmative. 

»  L'estomac  est  albumineux,  charnu;  les  sillons  loiigiludinaux  de  la 
muqueuse  sont  très-marqués,  le  pylore  est  épais. 

»  Un  exemple  donnera  une  idée  des  dimensions  du  tube  digestif.  Chez 
un  individu  dont  le  tronc  était  long  de  o™,633  (la  longueur  totale  étant  de 
o™,8o7),  nous  avons 

m 

Pour  l'œsophage o,225 

Pour  l'estomac o,o53 

Pour  l'intestin o,5io 

Ce  qui  donne  pour  la  longueur  totale  Ju  tube  digestif.  Oj788 

»  Quant  aux  dents  elles  ne  présentent  rien  de  particulier. 

»  Il  m'a  paru  intéressant  de  consigner  cette  observation;  car  je  ne  con- 
nais aucun  autre  Ophidien  qui  fasse  usage  d'aliments  végétaux,  et,  d'autre 
part,  ceci  peut  jeter  quelque  lumière  sur  l'usage  des  tentacules  de  l'Herpeton 
qui,  n'ayant  qu'une  vue  très-resireinle,  peut  se  servir  avantageusement  de 
ces  appendices  pour  trouver  dans  l'eau  ou  dans  la  vase  une  proie  qui  ne 
fuit  pas.  n 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  J.   R 


C.  R.,  1875,   I"  Sfmef.re.  (T.  LXXX,  N"  2.) 


(  '30  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPBIQITE. 

Outrages  beçus  dans  la  séance  ne  4  janvier    i8'^5. 

(  SDITE. ) 

The  spectiostope  m  ils  application  to  mint  assaying;  by  Al.-E.  OUTER- 
BRIDGE.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8". 

Veberdie  Wirkung  des  Quecksilbers  auj  den  mensclilichen  Organismus  ;  von 
D' J.  Hermann.  Teschen,  K.  Prochasna,  1873  ;  in-4''. 

Die  Behandtung  syphilitischer  in  den  offenlliclien  Krankenhdusern  PFien's 
mit  hesonderer  Riicksicht  au f  die  ôjjentlichen  Fonde;  von  D"^  J.  Hermann. 
Wien,  1872;  in-8°. 

Ouvrages  nncns  dans  la  séance  dd    i  i   janvier    iS^S. 

Discours  prononcé  à  la  séance  publique  annuelle  de  la  Société  centrale 
d' Agriculture  de  France,  tenue  le  dimanche  i3  décembre  18']^;  par  M.  Che- 
VREUL,  président  de  la  Société.  Paris,  imp.  de  M™''  veuve  Bouchard-Huzard, 
1874;  in-4°. 

Crania  Ellinica.  Les  crânes  des  races  humaines;  pai  MM.  A.  DE  Quatrefages 
et  E.-T.  IIamy;  3«  liv.,  feuilles  12  à  17,  PI.  XXI  à  XXX.  Pans,  J.-B.  Bail- 
lière  et  fils,  1873;  in-4°. 

Étude  sur  l'emploi  du  gaz  su  If  hydrique  pour  la  destruction  du  Phylloxéra 
vastatrix  ou  puceron  souterrain  qui  attaque  les  racines  de  la  vigne,  et  sur 
l'efficacité  de  ce  gaz  contre  l'oïdium;  par  M.  Marchand.  Verdun,  imp. 
Renvé-Lallemand,  1874;  br.  in-8".  (Renvoi  à  la  Commission  |du  Phyl- 
loxéra.) 

Première  étude  sur  les  seiches  du  lac  Léman  ;  par  F  .-A.  FOREL.  Lausanne, 
Rouge  et  Dubois,  1873;  br.  in-8°. 

Une  variété  nouvelle  ou  peu  connue  de  Gloire  étudiée  sur  le  lac  Léman  ;  par 
le  D"^  F. -A.  FoREL.  Lausanne,  Rouge  et  Dubois,  1874;  br.  in-S". 

Notes  sur  une  maladie  épizootique  qui  a  sévi  chez  les  Perches  du  lac  Léman 
en  1867;  par  le  D"'  F. -A.  FoREL.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-S". 

Faux  albinisme  de  trois  jeunes  cygnes  de  Marges,  en  18G8;  par  le 
D'  F. -A.  FOREL.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8". 


(  i3i   ) 

Comparaison  du  débit  moyen  annuel  du  liliùne  à  Genève,  avec  la  hmiteui 
moyenne  annuelle  de  ieau  météoiique ;  jjar  le  D'  F.-A.  FOREL.  Lausanne, 
imp.  Blanchard,  1870;  br.  in-8°. 

Jnlroduclion  à  l'élude  de  la  Faune  profonde  du  lac  Léman  ;  par  le  D'  F.-A. 
FOREL.  Lausanne,  imp.  Blanchard,  1869;  l>r.  in-8°. 

Faune  profonde  du  lac  Léman;  par  le  D*^  F.-A.  FOREL.  Sans  lieu  ni  date  ; 
br.  in-S". 

Matériaux  pour  servir  à  l'étude  de  la  Faune  prof  onde  du  lac  Léman;  par  ]v 
D"  F.-A.  FOREL;  i"  série.  Lausanne,  Rouge  et  Dubois,  1874;  in-S". 

Les  taches  d'huile  connues  sous  le  nom  de  fontaines  et  chemins  du  lac  Lé- 
man; par  F.-A.  FoREL.  Lausanne,  Ronge  et  Dubois,  1878;  br.  in-8°. 

Essai  de  Clironolo(jie  archéologique  ;  par  le  D"'  F.-A.  FOREL.  Lausanne, 
Blanchard,  1870;  br.  in-S". 

Etude  sur  le  typhus  des  Perches.  Epizooties  de  1 867  et  1 868  ;  par  F.-A .  Forei. 
et  G.  DU  Plessis.  Lausanne,  imp.  Borgeaud,  1868;  in-8°. 

Chaudières  à  vapeur.  Vaporisation  décroissante  en  procji ession  géométricpie  ; 
parV.  Havrez.  Paris,  E.  Lacroix,   1874;  br.  in-S". 

Petit  essai  sur  quelcptes  méthodes  probables  de  Fermât;  par  M.  E.  Laporte. 
Bordeaux,  imp.  Duverdier  et  C'",  1874;  in-8°. 

Mémoires  de  l' Académie  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres  de  Tou- 
louse; 7*^  série,  t.  VL  Toulouse,  imp.  Douladoure,  1874;  in-8". 

Essai  sur  les  albunnnes  palholocjicpies ;  par  J.  BiROT.  Montpellier,  itnp. 
centrale  du  Midi,  1874;  in-8°. 

Les  Merveilles  de  l'Académie  des  Sciences;  par  L.  FiGUlEK;  17"  série. 
Paris,  Furne,  Jouvet  et  G'*,  1847;  g^'^nd  in-8°. 

The  pharmaceutical  Journal  and  Transactions;  october,  november  1874. 
London,  Churchill,  1874;  in-8°. 

Le  parlementarisme  et  la  stratégie  nouvelle;  par  C.  GciMARD.  Nantes, 
1874-,  br.  in-8". 


(     l32    ) 

ERRATA. 

(Séance  du  28  décembre  1874.) 
Tome  LXXIX,  page  r566,  au  lieu  de  fi\é  au   i"  juin  1876,  lisez  fixé  au  r'  juin   1875. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  18  JANVIER  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COAÎMUIVICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  les  malières  salines  que  la  bellerave  à  sucre  emprunte 
au  sol  et  aux  engrais;  par  M.  Eue.  Peligot.  (Extrait.) 

«  En  poursuivant  mes  études  sur  la  répartition  des  matières  minérales 
dans  les  végétaux,  je  me  suis  occupé,  pendant  ces  dernières  années,  de 
l'analyse  de  la  betterave  cultivée  dans  des  conditions  analogues  à  celles 
que  j'ai  réalisées  pour  les  plantes  qui  ont  été  l'objet  de  mes  précédentes 
Communications.  Dans  le  but  de  rechercher  l'influence  des  matières  salines 
sur  la  production  végétale,  la  plante  se  développe  dans  un  sol  conliné, 
d'une  composition  connue  ;  elle  y  reçoit  des  quantités  mesurées  d'eau  tenant 
en  dissolution  une  ou  plusieurs  des  substances  salines  qu'on  rencontre  ha- 
bituellement dans  les  engrais  ;  ces  substances  sont  données  à  faible  dose, 
mais  à  dose  souvent  répétée,  de  manière  à  ne  pas  nuire  à  la  plante.  Quand 
celle-ci  est  arrivée  à  maturité,  elle  est  soumise  à  l'incinération.  Le  poids  et 
la  composition  des  cendres  font  connaître  le  rôle  plus  ou  moins  utile  que 
ces  matières  salines  ont  exercé  sur  son  développement. 

»  En  ce  qui  concerne  la  betterave,  bien  des  expériences  ont  été  faites 
déjà  dans  le  but  de  déterminer  l'influence  du  sol  et  des  engrais  sur  le  déve- 
loppement de  cette  plante;  ces  expériences  ont  eu  surtout  pour  objec- 
tif son  amélioration  au  point  de  vue  de  la  fabiication  du  sucre  qu'on  en 

C.  R.,  1S75,  1"  Semeur*.  (T.LXXX,  N»  ô.)  '8 


(  'M  ) 

extrait.  L'industrie  siicrière  fait  journellement  son  profit  des  études  que 
poursuivent  dans  cette  direction,  avec  persévérance  et  succès,  plusieurs  chi- 
mistes distingués  de  nos  départements  du  Nord.  Mais  c'est  en  analysant  la 
betterave  venue  dans  les  conditions  ordinaires  ou  cultivée  sur  des  parcelles 
de  terre  que  ces  divers  résultats  ont  été  obtenus.  En  procédant  ainsi,  le 
but  technique  peut  être  atteint;  néanmoins,  en  présence  des  éléments  mul- 
tiples qui  concourent  au  développement  de  la  plante,  il  n'est  guère  possible 
de  connaître  la  part  qu'il  convient  d'attribuer  à  chacun  d'eux;  l'analyse 
de  la  racine  au  point  de  vue  de  sa  richesse  saccharine  et  de  sa  teneur 
en  matières  minérales  ne  permet  pas  de  connaître  l'influence  exercée  soit 
par  la  nature  de  la  graine,  soit  par  le  sol,  par  les  engrais  ou  par  les  eaux 
pluviales  ou  souterraines. 

»  La  marche  que  j'ai  suivie  n'est  pas  la  même.  Plusieurs  betteraves  de 
même  origine  sont  cultivées  séparément  dans  le  même  sol  et  reçoivent,  dans 
des  conditions  identiques,  des  matières  salines  en  poids  bien  plus  considé- 
rable que  celui  qui  se  trouve  normalement  dans  le  sol  ou  dans  les  engrais. 
On  cherche  quelle  a  été  l'influence  de  cet  élément  prédominant  sur  la  pro- 
duction du  sucre  et  sur  la  nature  des  sels  absorbés.  En  ce  qui  concerne 
les  matières  minérales,  on  détermine  les  relations  qui  existent  entre  les 
cendres  de  la  racine  et  les  cendres  des  feuilles  appartenant  à  la  même  bet- 
terave. 

»  Pour  aborder  utilement  une  étude  de  ce  genre,  j'estime  qu'il  est  avant 
tout  nécessaire  de  remplir  une  condition,  généralement  méconnue,  sans  la- 
quelle toute  recherche  faite  dans  cette  direction  devient  infructueuse  : 
c'est  l'identité  d'origine  de  la  graine.  Aucun  soin  ne  doit  être  épargné 
pour  arriver  à  ce  résultat.  Dans  mon  opinion,  les  divergences  et  les  ano- 
malies si  souvent  constatées  doivent  être  attribuées  beaucoup  moins  au 
mode  de  culture  qu'aux  variétés  que  présente  la  plante  au  point  de  vue  de 
l'espèce. 

»  On  ne  satisfait  pas  à  cette  condition,  cela  est  évident,  en  se  servant  de 
graines  de  la  même  provenance,  récoltées  dans  le  même  terrain;  il  faut 
s'engager  dans  une  voie  beaucoup  plus  longue  à  parcourir.  La  semence  doit 
être  prise  sur  le  même  porte-graine,  celui-ci  végétant  seul  et  isolé,  de  ma- 
nière à  le  garantir  de  la  fécondation  à  distance  qui  résulterait  de  la  proxi- 
mité d'autres  porte-graines. 

»  Je  n'ai  pas  rempli  ces  conditions  rigoureuses  pour  toutes  les  expé- 
riences qui  sont  l'objet  de  ce  travail;  néanmoins,  le  choix  des  graines 
a  été  poussé  assez  loin  pour  me  |)crmeltrc  de  constater  les  différences  les 
plus  essentielles  qui  sont  la  conséquence  du  régime  auquel  la  plante  a  été 


(  '35  ) 
soumise.  En  effet,  depuis  l'année  1861,  j'ai  cultivé  un  très-pptit  nombre  de 
betteraves  provenant  toutes  d'une  vingtaine  de  graines  qui  m'avaient  été 
données  par  L.  Vilmorin,  et  qui  provenaient  des  essais  que  cet  éminent 
agronome  avait  exécutés  dans  le  but  d'obtenir,  par  d'ingéjiieux  procédés 
de  sélection,  des  racines  aussi  ricbes  en  sucre  que  possible.  Cultivées  par 
moi  dans  des  conditions  très-diverses  et  à  l'exclusion  de  toute  autre  variété, 
ces  betteraves,  souvent  analysées,  ont  conservé  leur  ricbesse  en  sucre;  elles 
en  renferment  de  i4  à  17  pour  100. 

»  Néanmoins  elles  appartiennent  à  pbisieurs  variétés  qui  possèdent  pro- 
bablement, à  des  degrés  différents,  la  facidté  d'engendrer  le  sucre  et  d'ab- 
.sorber  les  matières  minérales  qu'elles  empruntent  au  sol;  elles  n'ont  pas 
toutes  le  même  aspect  ;  les  tuies  ont  la  peau  rouge  avec  zones  concentriques 
à  l'intérieur,  également  rouges;  d'autres  sont  de  couleur  blanche  ou  jaune; 
quelques-unes  ont  une  forme  pivotante  irréprochable;  mais  la  plupart 
sont  irrégulières  et  racineuses.  On  sait  que  cette  forme  les  déprécie  beau- 
coup aux  yeux  du  fabricant  de  sucre;  néanmoins,  d'uprès  mes  analyses  et 
aussi  d'après  les  essais  publiés  récemment  par  un  producteur  de  graines 
expérimenté,  M.  P.  Olivier,  il  semble  qu'on  doive  se  résoudre  à  accepter 
ce  vice  de  conformation  comme  étant  la  conséquence  de  la  plus  grande  ri- 
chesse saccharine.  Il  est  possible,  en  effet,  que  la  muhiplicité  des  radicelles, 
dans  ces  betteraves,  amène  d'une  façon  plus  rapide  la  formation  de  la  ma- 
tière sucrée  dans  leurs  tissus. 

»  Qu'on  me  permette  d'ouvrir  une  parenthèse.  Il  est  bien  regrettable,  à 
mon  avis,  que  les  tentatives  faites  pour  améliorer  la  qualité  de  la  betterave 
n'aient  pas  été  suivies  avec  la  persévérance  et  la  sûreté  de  déduction  que 
L.  Vilmorin  mettait  dans  ses  travaux.  Tous  les  fabricants  de  sucre  se  plai- 
gnent aujourd'hui  de  la  mauvaise  qualité  de  la  betterave.  Si  ces  essais 
avaient  été  continués,  les  défectuosités  déforme  auraient  peut-être  disparu, 
et  l'industrie  sucrière  serait  en  possession  d'une  plante  rendant  3o  à 
4o  pour  100  de  sucre  en  plus  de  la  quantité  qu'elle  fournit  actuellement. 
Le  budget  de  l'État  y  trouverait  son  compte  aussi  bien  que  celui  du  fabri- 
cant. .\lors  même  qu'il  serait  établi  que  cette  forme  racineuse  appartient 
aux  betteraves  les  plus  sucrées,  l'industrie  se  mettrait  facilement  en  mesure, 
cela  n'est  pas  douteux,  d'apporter  dans  son  outillage  les  modifications 
qu'entraînerait  le  ràpage  un  peu  plus  difficile  de  ces  racines.  Ou  ne  saurait 
trop  applaudir,  assurément,  aux  progrès  que  la  Mécanique  et  la  Cliimie 
apportent  journellement  à  la  grande  industrie  du  sucre  indigène  :  mais  le 
perfectionnement  de  la  betterave  elle-même  par  le  clioix  judicieux  de  la 
semence  présente  une  importance  encore  plus  considérable. 

iS.. 


(  <36) 

»  Je  reviei»  à  mes  expériences.  Les  betteraves,  semées  en  pleine  terre, 
sont  repiquées  dans  des  pots,  en  prenant  soin  de  choisir  des  racines  de 
même  forme  et  de  mèrne  aspect.  N'ayant  conservé  chaque  année  que  deux 
ou  trois  porte-graines,  j'ai  quelque  chance  d'opérer  sur  la  même  variété. 
Néanmoins  j'ai  récolté,  il  y  a  deux  ans,  la  semence  d'une  betterave  unique, 
et  c'est  avec  cette  graine  que  mes  derniers  essais  ont  été  faits. 

»  Mes  premières  expériences  ont  eu  pour  objet  de  rechercher  l'in- 
fluence de  diverses  matières  minérales  sur  des  betteraves  cultivées  isolé- 
ment dans  un  sol  de  même  nature.  Des  pots,  d'une  capacité  d'environ 
3o  lities,  ont  été  remplis  avec  delà  terre  de  jardin  de  qualité  ordinaire.  J'ai 
donné  dans  un  précédent  travail  la  composition  de  cette  terre,  qui  contient 
une  assez  grande  quantité  de  calcaire.  Du  i*'  juillet  au  i5  octobre  1871, 
six  betteraves,  en  bon  état  de  végétation,  repiquées  depuis  plusieurs  se- 
maines, ont  reçu,  les  deuxpremières  (n"*  1  et  2) ,  des  arrosages  convenable- 
ment espacés  avec  de  l'eau  de  Seine  contenant  i  gramme  de  sel  marin  par 
litre;  les  deux  autres  (n°'  3  et  4),  avec  la  même  quantité  d'eau,  renfermant 
I  gramme  de  chlorure  de  potassium;  les  deux  dernières  (n°'  5  et  6),  avec 
le  même  volume  d'eau  sans  addition.  Chacun  des  deux  premiers  lots  avait 
reçu  3o  grammes  de  sels. 

»  Après  quelques  semaines,  chaque  couple  présente  un  aspect  particu- 
lier qui  le  distingue  nettement  du  couple  voisin.  La  nuance,  la  dimension, 
la  rigidité  des  feuilles  sont  les  mêmes  pour  les  betteraves  soumises  au 
même  traitement,  différentes  pour  celles  dont  le  régime  est  différent  :  la 
même  remarque  a  été  faite  les  années  suivantes,  de  sorte  que  la  présence 
d'une  matière  saline  employée  en  quantité  prédominante  suffit  pour  donner 
à  la  plante  une  physionomie  qui  lui  est  propre.  Les  betteraves  ont  donné  : 

Poids 
de  la  racine. 

N"  1  (Sel  marin) 56o,2 

W  3  (  éhloiure  de  potassiiini  ) .  .  .      5^  i  ,5 
N"  5  (l'^aii) 7?i)8 

»  Dans  cette  expérience,  les  chlorures  ont  peu  nui  au  développement  de 
la  plante,  le  sol  étant  convenablement  pourvu  de  matières  fertilisantes.  Ces 
racines  étaient  riches  en  sucre;  elles  en  contenaient  environ  i5  pour  100. 
Ce  résultat,  qui  est  d'accord  avec  d'autres  qui  m'ont  été  fournis  par  dos 
betteraves  venues  dans  les  polders  de  la  lîretngnc,  est  en  contradiction 
avec"  l'opinion  généralement  admise,  que  les  betteraves  riches  en  chlorures 
alcalins  sont  pauvres  en  sucre.  Ces  deux  faits  ne  sont  pas  connexes,  car 


Cendres  p. 

100 

Chlorure  de  polassiiim 

de  bitlerave  fi 

[■aîclic. 

dans 

100  de  cendres. 

0.77 

18, G 

o>97 

i5,3 

o,G4 

8,0 

(  '37) 
il  est  vraisemblable  que  la  sécrétion  du  sucre  dépend  de  la  variété  de  la 
|)lante,  tandis  que  l'absorption  des  matières  salines,  des  chlorures  surtout, 
se  trouve  liée  à  la  nature  du  sol  et  des  engrais. 

»  Ces  chlorures,  que  la  racine  contient  en  assez  grande  qu.inlilé,  se  re- 
trouvent en  bien  plus  forte  proportion  dans  les  feuilles;  il  en  est  de  même 
de  plusieurs  autres  stibstances  minérales  qui  traversent  la  racine  avec  une 
vitesse  qui  varie  probablement  avec  leur  nature,  pour  s'accumuler  dans  les 
feuilles.  En  effet,  tandis  que  la  racine  à  l'état  sec  ne  contient  pas  au  delà  de 
3  à  6  pour  loo  de  matières  minérales,  Jes  feuilles  desséchées,  ayant  perdu 
les  go  pour  loo  d'eau  qu'elles  contiennent,  en  laissent  25  à  32  pour  loo; 
le  salin  de  ces  cendres  contient  de  23, 7  à  73,5   pour   100  de  chlorures. 

»  Dans  mes  analyses,  le  chlore  est  calculé  comme  étant  à  l'état  de  chlo- 
rure de  potassium;  même  dans  les  betteraves  qui  ont  été  arrosées  avec  des 
dissolutions  de  sel  marin,  la  potasse  est  beaucoup  plus  abondante  que  la 
soude. 

1)  Ces  expériences  ont  été  reprises  en  1872  dans  des  conditions  à  peu 
près  pareilles  :  les  plantes  ont  été  arrosées  du  21  juillet  au  9  octobre  avec 
de  l'eau  de  Seine  contenant  i  gramme  de  chlorure  par  litre  pour  les 
n°'  3,  4,  5,  C  et  2^%  5  pour  les  n"'  7,  8  et  9. 

»  Voici  la  composition  de  ces  racines 


Poids 

des 

betteraves. 

Densité 

du  jus 

à  IJ  de{;rés. 

Cciulrcs 

d;ins 

IO11  de  jus. 

Chlorure 
de  potassium 

dans 
100  de  salin. 

Surre 

dans 

100  de  jus 

N"  1  (Eau) 

GSo 

1080 

o,83 

:•' 

i5,3 

N"  3  (aS  gr.  sel  marin). .  . 

G35 

1081 

1,07 

tG,3 

1 5,c 

N"  5  (aS  grammes  declilo- 
riire  de  potassium). 

GSo 

io83 

0,89 

13,2 

14.0 

N"  7  {-j5  gr.  sel  marin) .  . . 

682 

1087 

1 ,07 

37,3 

.6,4 

N"  9  (75  grammes  de  chlo- 
rure de  potassium). 

(;45 

IOÇ)0 

1 ,20 

26,8 

i5,8 

»  On  voit  que  l'absorption  des  chlorures  augmente  avec  la  (Quantité 
qu'on  met  à  la  disposition  de  la  plante;  elle  a  néanmoins  ses  limites,  et  elle 
n'est  pas  proportionnelle  à  cette  quantité,  puisque  les  deux  dernières 
betteraves  contiennent  à  peu  près  le  double  de  chlorure  que  les  deux  pré- 
cédentes, tandis  qu'elles  ont  reçu  une  quantité  triple  de  sel  marin  ou  de 
chlorure  de  potassium. 

))  Les  autres  racines  ont  servi  à  rechercher  comment  se  fait  la  répar- 
tition des  matières  minérales  à  la  base  et  au  sommet  de  la  même  betterave 
coupée  en  trois  parts  sensiblement  égales,  la  ])ait  du  milieu  étant  laissée 
de  côté.  Les  cendres  ont  été  lessivées  de  manière  à  séparer  les  seissolubles 


A 

B 

A 

B 

4«.7 
i5,3 

i5,6 
6,0 

49,' 

23,, 

non  dosé. 

(  i38) 
(salins)  d'avec  les  composés  insolubles  (sels  calcaires  et  magnésiens). 
»  Les  premiers  sont  plus  abondants  dans  la  partie  inférieure  de  la  ra- 
cine; comme  les  chlorures  et  les  sulfates  sont  des  sels  solubles,  il  semble 
qu'on  doit  les  rencontrer  en  plus  grande  quantité  dans  la  partie  de  la 
racine  qui  fournit  le  plus  de  salin  :  c'est  le  contraire  qui  se  présente,  et  les 
différences  sont  très-accentuées,  ainsi  qu'on  peut  en  juger  par  les  nombres 
qui  suivent  : 

Betterave.  N»  2.  Pi"  4.  N"  6.  N»  8. 

A  B  A  B 

Partie  supérieure  (collet).  .      ijiO      '''>9     4'ir>     '5,2 

Partie  inférieure 4>7       ^>9     '6,3       8,0 

A  représente  le  chlorure  de  potassium  et  B  le  sulfate  dépotasse  contenus  dans  100  de  salin. 

»  Ainsi  les  chlortnes  et  les  sulfates  qu'on  trouve  aussi  en  grande  quan- 
tité dans  les  feuilles  se  concentrent  dans  la  partie  supérieiue  de  la 
plante.  On  sait  que  leur  présence  dans  le  jus  est  la  cause  principale  de  la 
formation  de  la  mélasse.  Comme  conséquence  de  ces  observations,  on  voit 
que  les  fabricants  de  sucre  doivent  s'attacher  à  ne  traiter  que  des  racines 
largement  dépouillées  de  leurs  collets,  toutes  les  fois  que  ceux-ci  peuvent 
être  utilisés  pour  la  nourriture  du  bétail. 

M  J'ai  aussi  comparé,  au  point  de  vue  de  la  répartition  des  matières 
salines,  la  partie  centrale  de  la  betterave  avec  sa  périphérie,  eu  la  dé- 
pouillant toutefois  de  son  tissu  épidermique. 

»  Les  tissus  qui  se  trouvent  au  centre  de  la  racine  sont  notablement  plus 
riches  en  eau  et  en  sels  sohdjies.  Ainsi  une  betterave  dont  la  partie  centrale 
contient  11, 4  pour  100  de  matières  solides,  en  renferme  i4,o  dans  sa  pé- 
riphérie; celle-ci  laisse  7,4  de  cendres  pour  100  de  matière  desséchée; 
l'autre  9,7.  Les  cendres  provenant  de  la  partie  centrale  contiennent  envi- 
ron 1U1  tiens  de  matières  solubles  de  plus  que  les  autres,  lesquelles  sont,  par 
conséquent,  plus  chargées  de  sels  calcaires  et  magnésiens. 

»  Eij  poursuivant  ces  études,  j'ai  été  conduit  l'année  suivante  (1873)  à 
cultiver  les  betteraves  dans  un  sol  très-pauvre,  dans  le  but  d'établir  avec 
plus  de  netteté  l'influence  exercée  par  les  matières  fertilisantes  que  j'y  in- 
troduisais. La  terre  de  jardin  a  été  remplacée  par  de  la  terre  franche,  ve- 
ijant  de  Garches.  Cette  terre,  dont  je  donne  la  composition  dans  mou  Mé- 
moire, est  maigre,  très-siliceuse,  peu  perméable  à  l'eau,  se  fendillant 
beaucoup  par  la  sécheresse. 

»  Les  betteraves,  récoltées  le  20  octobre,  ont  reçu  du  3  juillet  au  7  sep- 
tembre : 


{  '^9) 


pjos  i  çt  2.  3.4  grainmcs  de  sel  marin,  à 
raison  de  2  grammes  par  litre  d'eau  de  Seine. 

IS'"*  3  et  4.  Le  même  ])oids  de  chloruie  de 
potassium. 

N°  5.  36  grammes  d'azotate  de  potasse 
(4  grammes  par  litre  d'eau). 

N°  C.  Le  même  poids  d'azotate  de  soude. 

N"  7.  25  grammes  de  sulfate  d'ammo- 
niaque. 

IN"  8.  35  grammes  de  sel  ammoniac. 


N"  9.  Eau  de  Seine  sans  addition  de  ma- 
tières salines. 

N"  10.  4'-'  grammes  de  phosphate  acide  de 
chaux  (6  grammes  par  litre  d'eau). 

K"  11.  24  grammes  du  mélange  des  sels 
indiques  par  M.  Jeannel  comme  essentielle- 
ment propres  au  développement  des  végé- 
taux (phosphate  de  chaux,  sulfates  d'ammo- 
niaque et  de  magnésie,  nitre  et  chlorure  de 
potassium). 


»  Au  mois  d'août,  l'aspect  des  plantes  présente  des  différences  considéra- 
Lies;  les  feuilles  de  betteraves  n*"*!  et  2  sont  peu  développées  et  commencent 
à  jaunir;  il  en  est  de  même  pour  les  n°'  3  et  4;  les  feuilles  sont  très-petites, 
jaunes  et  plissées.  Bien  que  les  chlorures  alcalins  soient  absorbés  par  les 
végétaux,  il  ne  semble  pas,  lorsqu'ils  ne  sont  pas  accompagnés  de  matières 
fertilisantes,  qu'ils  exercent  un  effet  utile  sur  la  végétation.  Le  chlorure  de 
potassium  n'agit  pas  mieux  que  le  sel  marin.  Il  en  est  tout  autrement  de  l'ac- 
tion des  azotates  alcalins,  des  sels  ammoniacaux  et  du  phosphate  de  chaux; 
les  feuilles  des  plantes  arrosées  avec  les  dissolutions  de  ces  sels  sont  d'un 
vert  foncé,  larges,  très-abondantes.  La  betterave  qui  n'a  reçu  que  de  l'eau 
de  Seine  est  fort  peu  développée;  les  feuilles  sont  jaunes  et  petites. 

»  Le  i4  octobre,  l'aspect  général  est  le  même,  la  végétation  la  plus  belle 
est  celle  que  présente  le  pot  n"  10  (phosphate  de  chaux);  viennent  ensuite 
les  plantes  qui  ont  reçu  les  sels  ammoniacaux  et  les  sels  Jeannel,  puis  les 
azotates. 

»  On  a  pesé,  le  28  octobre,  une  partie  des  racines  et  des  feuilles.  La  bet- 
terave n'*  10  est  de  beaucoup  la  plus  belle;  la  racine  pèse  gSa  grammes; 
en  représentant  ce  poids  par  100,  on  a  les  rapports  suivants  pour  le  poids 
des  autres  racines  :  n°'  5,  6,  7,  8,  de  34,3  à  36,7;  n°'  1,  3,  9,  de  6,3 
à  i3,4- 

»  Les  cendres  fournies  par  ces  betteraves  ne  présentent  pas  des  diffé 
rences  de  composition  bien  considérables,  en  dehors  de  celles  qui  ont  été 
déjà  signalées  pour  les  plantes  arrosées  avec  les  dissolutions  de  chlorures 
le  résidu  salin  laissé  par  la  betterave  qui  a  reçu  le  sulfate  d'ammoniaque 
contient  g  pour  100  de  sulfate  ^calin,  soit  environ  le  double  de  la  quantité 
normale. 

»  La  betterave  n"  10,  arrosée  avec  la  dissolution  de  phosphate  de  chaux, 
a  donné  des  cendres  dont  la  composition  est  la  suivante  : 


hacine. 

IVuillcs. 

0,5 

'>7 

5,3 

27»" 

1,6 

■  ,5 

8,0 

8,5 

?9.8 

5,9 

5,4 

6,4 

4,8 

6,5 

44,6 

4. ,8 

100,0 

100, 0 

{  >4o  ) 

Silice 

Carbonate  de  eliaux 

Pliosi)liale  (le  fer 

Phospliate  de  magnésie  bibasiqiie 

Phosphate  de  potasse  Iribasiquc 

Sulfate  de  potasse 

Chlorure  de  potassium 

Carbonates  de  potasse  et  de  soude 

»  En  rapprochant  cette  composition  de  celle  des  cendres  fournies  par 
les  autres  betteraves,  on  reconnaît  que  l'emploi  du  phosphate  de  chaux 
soluble,  loin  d'augtiienter  la  proportion  de  sels  calcaires  absorbés  par  la 
plante,  diminue  au  contraire  cette  proportion  d'une  manière  notable.  En 
effet,  les  cendres  des  autres  racines  contiennent  de  12  à  20  pour  100  de 
carbonate  de  chaux.  Quant  à  l'acide  phosphorique,  la  proportion  est  sen- 
siblement la  même  pour  toutes  les  betteraves;  elle  n'est  pas  plus  considé- 
rable pour  la  betterave  arrosée  avec  la  dissolution  de  phosphate  de  chaux, 

»  Ce  résultat  conduirait  à  envisager  sous  un  aspect  nouveau  le  rôle  des 
phosphates  terreux  dans  la  production  végétale.  En  admettant  qu'il  puisse 
être  généralisé,  ainsi  que  d'autres  faits  consignés  dans  ce  travail,  et  en  le 
rapprochant  des  observations  relatives  à  l'action  d'autres  substances  miné- 
rales, on  reconnaît  que  cette  action  est  variable  avec  la  nature  propre  des 
sels  qui,  à  des  degrés  différents,  favorisent  le  développement  des  plantes. 

»  Plusieurs,  en  effet,  sont  absorbés  sans  subir  aucune  modification  ; 
tels  sont  les  azotates  alcalins,  qu'on  retrouve  en  nature  dans  les  racines  et 
dans  les  feuilles.  Dans  le  travail  que  j'ai  publié  en  i838,  sur  l'analyse  de 
la  betterave,  j'ai  dosé,  à  l'état  cristallisé,  le  nitre  qui  se  trouvait  dans 
des  racines  trop  fortement  fumées.  L'emploi  de  l'azotate  de  soude  comme 
engrais  est,  pour  les  fabricants  de  sucre  du  Nord,  l'objet  de  i)laintes  sé- 
rieuses, ce  sel  se  retrouvant  dans  les  jus  et  étant  la  cause  des  fermentations 
nitreuses  qui  se  développent  parfois  dans  le  travail  des  racines  venues  sous 
son  influence, 

»  Les  chlorures,  qu'on  introduit  souvent  aussi  dans  les  engrais  artificiels, 
bien  que  leur  efficacité  soit  beaucoup  piiis^cotitestablc,  se  retrouvent  aussi 
dans  les  plantes  :  j'estiine  néanmoins  que,  dans  la  plupart  des  végétaux  cul- 
tivés, le  chlore  que  l'on  introduit  dans  le  sol  sous  forme  de  sel  marin  existe 
dans  les  cendres  à  l'étal  de  chlorure  de  potassium,  ainsi  que  je  l'ai  montré 
pour  les  haricots.  Les  sulfates  alcalins,  cpii,  comme  les  précédcnis,  sont  des 
sels  solubles,  ne  pouvant  engendrer  dans  le  sol  que  des  composés  sokibles, 


i4i  ) 

se  rencontrent  égalenient  dans  les  végétaux,  bien  qu'en  proportion  beau- 
coup  plus  limitée. 

»  Le  phosphate  de  chaux,  qui  est,  sans  contredit,  la  matière  forlilisante  la 
plus  précieuse,  présente  celte  particularité  qu'à  i)oi<ls  àjdl  une  plante,  sou- 
mise à  sou  action  et  mise  en  présence  d'un  grand  excès  de  ce  sel,  ne  con- 
tient pas  plus  d'acide  phosphorique,  renferme  moins  de  chaux  et  plus 
de  sels  alcalins  qu'une  plante  voisine  venue  dans  les  conditions  ordinaires; 
celle-ci,  à  la  vérité,  est  restée  chétive,  tandis  que  l'autre  présente  une  végéta- 
tion luxuriante;  de  sorte  que,  en  définitive,  cette  quantité  excédante  de  phos- 
phate terreux  dans  le  sol  a  eu  pour  résultat  l'abondance  même  de  la  récolte. 

»  Ces  faits  peuvent  être  interprétés  de  la  manière  suivante  :  le  phosphate 
de  chaux  se  décompose  par  son  contact  avec  les  sels  alcalins  et  les  sels  de 
magnésie  que  toute  terre  fertile  contient  toujours  en  quantité  suffisante 
pour  les  besoins  de  la  végétation  ;  il  se  produit  du  phosphate  de  potasse 
et  du  phosphate  ammoniaco-magnésicn.  Ces  deux  composés  sont,  à  mon 
sens,  l'expression  la  plus  directe  de  la  vie  matérielle,  chez  les  plantes 
comme  chez  les  animaux.  Pour  les  plantes,  ils  sont  nécessaires,  comme  on 
sait,  à  la  production  de  la  graine,  et  ils  concourent  ainsi  à  la  conservation 
de  l'espèce.  Les  cendres  des  graines  ne  contiennent  guère,  en  effet,  que 
du  phosphate  de  potasse  et  du  phosphate  de  magnésie. 

»  Il  est  impossible  de  ne  pas  rapprocher  cette  action  du  phosphate  de 
chaux  de  celle  qui  appartient  à  un  autre  sel  calcaire  agissant  aussi  comme 
matière  fertilisante  sur  des  plantes  d'une  autre  nature  :  je  veux  parler  de 
l'action  du  plâtre  sur  les  prairies  artificielles.  Les  expériences  de  M.  Bous- 
singault  ont  établi  qu'en  examinant  comparativement  les  cendres  du  trèfle 
plâtré  et  celles  du  trèfle  non  plâtré,  l'acide  sulfiu-ique  et  la  chaux  se  ren- 
contrent à  peu  près  en  mêmes  proportions  dans  les  unes  et  dans  les  autres  ; 
mais  les  sels  de  potasse  sont  notablement  plus  abondants  dans  les  plantes 
qui  ont  reçu  du  sulfate  de  chaux.  On  sait  qu'on  n'est  |)as  arrivé  jusqu'à 
ce  jour  à  explicpier,  d'une  façon  satisfaisante  pour  tous,  les  effets  utiles  du 
plâtre;  aussi  je  me  borne  à  les  rapprocher  de  ceux  qui  sont  produits  sur 
d'autres  végétaux  par  le  phosphate  de  chaux.  » 

l'ilYSIQUE  TERRESTRE.  — /?es  températures  au-dessoits  d'un  solgazonnéou  dénudé, 
pendant  les  derniers  froids  ;  par  MM.  Becquerel  et  Edm.  Becquekel. 

«  Avant  de  présenter  incessamment  à  l'Académie  un  Mémoire  dans  le- 
quel se  trouvent  les  observations  de  température  qui  ont  été  faites  au  Jar- 

C.R.,  1875,  i"  Semestre.  {T.  L\X\,  H"  5.)  '9 


(     '42    ) 

din  (les  Plantes  avec  les  thermomètres  électriques,  pendant  l'année  météo- 
rologique (le  décembre  1873  a  décembre  187/J,  depuis  20  mètres  au-dessus 
du  sol  jusqu'à  36  mètres  au-dessous,  nous  croyons  devoir  lui  fiure  con- 
naître les  observations  qui  ont  été  relevées  dernièrement  sous  un  sol  ga- 
zonné  et  un  autre  semblable  qui  ne  l'est  pas,  l'un  et  l'autre  couverts  de 
neige,  depuis  o"',o5  jusqu'à  o",  6,  du  23décembre  i874au  i^janvier  1875. 
»  Ces  observations  intéressent  la  Physique  terrestre  et  les  phénomènes 
de  culture;  ce  sont  ces  considérations  qui  nous  ont  engagés  à  les  faire  con- 
naître aujourd'hui  à  l'Académie  ;  leur  discussion  a  conduit  aux  conséquences 
suivantes  :  pour  des  températures  de  zéro  à  —  12  degrés  dans  l'air,  sous  le 
sol  gazonné  à  o",  5  de  profondeur  la  température  n'est  jamais  descendue 
à  zéro,  tandis  que  sous  le  sol  dénudé  à  la  même  profondeur  elle  est  des- 
cendue jusqu'à  près  de  —  5  degrés. 

6  licurcs  du  matin. 
Sol  gazonné.  Sol  dénudé  et  sablé. 

Profond'     rrof.         Pior.  Prof.        Prof.         Prof.  Prof.         Prof.         Prof.         Prof. 

Dates.         O-n.OS    0,10      0,20      0,30      0,G0      0,05      0,10      0,20      0,30      0,00         État  di.  ri,>I. 
Décembre  1874  : 

O  o  o  o  o  o  n  o  o  o 

•'■' 2,0.1  7,Aj  3,00  .S,4o  '|,Go  -o,o.5  0,20  o.e.'i  i,4o  3,i!j  ) 

-^ '•"■>  2,!|0  ajSû  .i,.io  4,5:)  -o,'(0  o,io  o,6.)  i,i5  3,oo  )        " 

25 -O"  2)20  2,8o  3,3o  4,45  0,10  o,i5  o,fio  i,io  2,95  )  Neige  fondante 

26 i,Go  1,95  2,60  3,0.5  4,25  -o,oj  0,10  Oj.'io  1,10  2,80)       sur  le  sol. 

27 1  ,().i  1,90  2,'|5  2,85  4>'o  0)20  o,3o  o,5,)  i,(i5  2,-0  ~, 

~8 1,35  1,75  5,35  2,70  3, go  0,00  o,25  0,70  i,i5  2,G3  j 

'-9 0)95  1,35  2,o5  2,5o  3,75  -0,80  o,o5  0,45  1,00  2,«o  ,  NeJRe  sur  le  sol. 

30 0,70  1,10  i,So  3,25  3,55  -2,9'i  -1,10  o,o5  0,80  2,55  l 

31 o,5o  o,S5  i,fio  2,00  3,45  -3,65  -3,3o  -o,3o  0,40  2,3o  ' 

Janvier  1875  : 

' 0,25  0,70  1,4')  1,90  3,35  -4,85  -3,5o  -i,3o  0,10  2,20 

3  liciires  lia  snir. 
Sol  (razonné.  Soi  dénudé  et  sablé. 

Priifondr     Prof.         Prof.  l'iiif.        Prof.         Prof.         Prof.         Prof         Priif.         Prof. 

Dates.         0"',05     0,10      0,20      0,.30      O,G0       0,05       0,10      0,20      0,30      0,C0         État  du  ciel. 
Dëcemdre  1874  : 

000                0               o  0  o  0  o  o 

''•' 2,0'  2,3o  2,90  3,3o  /i.fio  -0,10  0,10  o,G5  i,3o  3,o5      Neige  sur  le  sol. 

24 2,o5  2,3o  2,85  3,3o  4,45  -0,20  o,o.-)  o,('.5  i,.3o  3, 00      Id.   très-épais^p. 

25 ')90  2,i5  2,70  3,25  4,'i5  0,00  0,10  o,fio  1,25  2,90  1  Neigo  fondanli- 

26 1,70  1,90  2,55  2,95  4,20  0,00  0,20  o,Co  T,ao  2,80  j       surlesol. 

2T 1,70  1,95  2,45  2,90  4,00  0,25  0,35  0,80  T,25  2,75-1 

28 i,i5  i,5o  2,i5  2, fie  3,75  -0,20  0,10  0,55  1,10  2,65] 

2" 0,90  i,=5  1,90  2,45  3,70  -1,20  -0,20  0,40  1,00  2, 60   ,^  Neige  sur  le  sol. 

30 o,(>o  0,95  1,70  2,i5  3,.5o  -2,70  -1,40  -o,o5  0,70  2,4o  i 

31 0,45  o,85  1,55  2,o5  3, 40  -3,40  -2,35  -o,Go  o,35  2,3o  ' 

Janvier  1875  : 

1 0|'5  o,G5  1,45  1,90  3,25  -3,85  -3,3o  -1,70  0,00  2,i5 


(  i43  ) 
»  On  trouve,  dans  les  deux  tableaux  précédents,  les  températures  au- 
dessous  des  deux  sols,  ào™,  o5,  o™,  io,o™,  20,  o™,3o,  o"',6;  elles  montrent 
que,  si  l'on  veut  cultiver  dans  un  sol  sableux  des  végétaux,  dont  les  racines 
peuvent  être  altérées  parla  gelée,  il  faut  le  gazonner;  il  faut  en  agir  de 
même  si  l'on  veut  conserver  sous  terre  des  tubercules  ou  autres  produits 
craignant  la  gelée.    » 

GÉOGRAPHIE.  —  Sur  un  projet  de  commuuicntiou  entre  ta  France  et  l'Jtigle- 
terre,  au  moyen  dan  tunnel  sous-marin.   Note  de  M.  de  Lesseps. 

«  Il  m'a  paru  intéressant  de  communiquer  à  l'Académie  des  informations 
sur  un  projet  de  communication  entre  la  France  et  l'Angleterre,  au  moyen 
d'un  chemin  de  fer  sous-marin. 

»  M.  Michel  Chevalier,  notre  collègue  de  l'Institut,  a  bien  voulu  ni'a- 
dresser  à  ce  sujet  une  Lettre  à  laquelle  se  trouvent  joints  les  documents  qui 
vont  être  présentés  à  l'Assemblée  nationale,  à  l'appui  d'un  projet  de  loi. 
D'un  autre  côté,  M.  Lavalley  (Alexandre),  que  je  regarde  comme  un  des 
premiers  ingénieurs-mécaniciens  de  l'Europe  et  le  plus  pratique,  m'a  donné 
des  renseignements  exacts  sur  le  projet  en  question.  Voici  ces  documents  : 

»  Le  pas  de  Calais  a  une  largeur  de  3o  kilomètres  dans  la  partie  la  plus 
étroite  entre  la  France  et  l'Angleterre,  de  Calais  à  Douvres. 

»  Le  tunnel  commencerait  à  10  kilomètres  de  chaque  rivage  ;  la  longueur 
souterraine  et  sous-marine  serait  donc  de  5o  kilomètres. 

»  La  profondeur  maxima  de  la  mer  sur  la  ligne  qui  sera  suivie  est  de 
53  mètres,  au-dessous  de  laquelle  commence  une  couche  de  craie  grise  ou 
de  marne  bleue.  Cette  nature  de  terrain  est  imperméable  à  l'eau  et  est 
assez  tendre  pour  être  facilement  percée. 

»  Il  s'agit  de  faire  le  percement  à  plus  de  5o  mètres  au-dessous  du  fond 
de  la  mer. 

»  La  Société  d'essai,  qui  vient  d'être  formée  au  capital  de  4  millions, 
dont  la  moitié  a  été  souscrite  en  France  et  l'autre  moitié  eu  Angleterre,  a 
pour  objet  de  commencer  à  creuser,  à  plus  de  100  mètres  de  profondeur 
sur  le  bord  de  la  mer,  deux  puits  de  8  mètres  de  diamètre,  un  sur  la  côte 
de  France,  l'autre  sur  la  côte  d'Angleterre. 

»  Lorsqu'on  sera  arrivé  à  la  profondeur  voulue,  on  pratiquera  des  son- 
dages horizontaux,  qui  permettront  de  reconnaître  la  nature  du  terrain  à 
creuser  à  une  distance  de  plusieurs  kilomètres. 

»  Un  Français,  M.Thomé  de  Camond,  a  le  premier  eu  l'idée  d'un  tunnel 
sous-marin  entre  la  France  et  l'Angleterre,  et,  pendant  trente-cinq  ans,  il  a 

19.. 


(  ^^^  ) 

employé  son  temps  et  sa  fortune  à  la  réalisation  de  cette  idée,  qui  a  été 
reprise  et  amenée  à  un  résultat  pratique  par  deux  ingénieurs  anglais, 
MM.  Hawkshaw  et  Brassey,  et  un  ingénieur  français  qui  a  résolu  tous  les 
problèmes  mécaniques  concernant  l'exécution  du  canal  de  Suez,  M.  A.  La- 
vaiiey. 

»  Deux  comités,  l'un  anglais,  l'autre  français,  sous  la  présidence  de 
M.  Michel  Chevalier,  feront  chacun  la  moitié  du  travail  d'essai,  qui  em- 
ploiera deux  années.  Il  faudra  ensuite  six  années  pour  l'exécution  totale,  si 
les  essais  justifient  les  espérances  qui  ont  été  conçues. 

»  L'extrait  suivant  de  l'exposé  du  projet  présenté  au  Gouvernement 
français  m'a  semblé  contenir  des  données  scientifiques  dignes  de  l'atten- 
tion de  l'Académie  : 

«  Sir  John  Hawkshaw  a  fait  sonder  minutieusement  les  deux  rivages  et  le  détroit  sur 
toute  sa  largeur.  Il  a  indiqué  une  ligne  dont  le  point  de  départ,  du  côlé  de  la  France,  serait 
plus  rapproché  de  Calais  que  ne  le  proposait  M.  Thomé  de  Gamond,  et  suivant  laquelle  on 
pourrait  creuser  le  tunnel  d'un  bout  à  l'autre  dans  un  banc  de  craie  très- épais,  compacte, 
homogène.  Il  a  mis  à  l'écart  les  puits  intermédiaires  destinés  à  faire  communiquer  le  tunnel 
avec  l'air  extérieur  en  traversant  pcr|)endiculairement  la  masse  même  de  l'eau,  ainsi  que  le 
port  artificiel  qu'il  avait  été  question  d'établir  sur  un  banc  de  sable  reconnu  au  milieu  du 
détroit.  Les  ouvrages  de  ce  genre  conseillés  par  l'ingénieur  français,  et  qui  avaient  bien  leur 
justification  à  ré|)uque  du  projet  [irimitif,  auraient  présenté  de  grandes  difficultés  d'exé- 
cution et  ouvert  la  porte  à  des  dangers  formidables.  Le  banc  de  craie,  à  travers  lequel  sir 
John  Hawkshaw  recommande  qu'on  chemine,  a  sur  la  cote  d'Angleterre  plus  de  \^o  mètres, 
et  sur  celle  de  France  environ  23o  mètres  d'épaisseur. 

»  L'inclinaison  des  couches  permet  de  penser  que  les  bancs  ainsi  observés  sur  les  deux 
rives  ne  peuvent  qu'être  le  prolongement  l'un  de  l'autre,  et  que  la  même  masse  compacte  et 
homogène  de  craie  s'étend  au  fond  de  la  mer  sur  toute  la  largeur  du  détroit. 

«  Un  point  de  fait,  sur  lequel  il  imiiortait  d'être  fixé  et  qui  devait  exercer  une  grande 
influence  sur  les  dispositions  à  prendre  ])our  creuser  le  tunnel  sous-marin  et  sur  la  dépense 
qu'en  entraînerait  l'exécution,  était  celui  du  maxinuim  de  profondeur  du  détroit.  A  cet 
égard,  on  est  édifié  aujourd'hui.  Suivant  la  direction  rectiligne  qu'aurait  le  tunnel,  la  mer, 
si  profonde  dans  la  plupart  des  jiarages,  ne  va  nulh;  part  au  delà  de  54  nn'lrcs. 

1.  Si  l'on  se  figure  l'église  Notre-Dame  de  Paris  plongée  dans  le  détroit  au  point  où  il  a 
le  plus  de  profondeur,  les  tours  émergeraient  de  i?,  mètres  environ. 

»  Par  conséquent,  si  le  tunnel  est  creusé  de  sorte  (jue  la  clef  de  voûte  soit  à  loo  mètres 
de  profondeur,  il  aura,  pour  résister  à  la  pression  de  la  mer,  un  massif  calcaire  de  46  mètres, 
c'est-à-dire  de  plus  du  double  de  la  taille  des  plus  grandes  maisons  de  Paris,  et,  s'il  est 
convenablement  revêtu,  il  offrira  autant  de  sécurité  que  le  plus  solide  souterrain  de  chemin 
de  fer. 

»  La  possibilité  de  fiénétrer  sous  la  mer,  sans  être  exposé  à  l'invasion  des  flots,  est  dé- 
montrée par  les  galeries  sous-marines  des  mines  de  plomb  et  de  cuivre  de  Cornouaillcs,  et 


{  '45  ) 

par  celles  de  White-Havcn  et  autres  points  de  la  cote  du  Ciiinberland,  où  l'on  exploite  de 
puissantes  couches  de  charbon  en  ayant  de  même  la  mer  au-dessus  de  sa  tète. 

»  A  Botallach,  les  mineurs  vont  chercher  le  métal  sous  la  mer  à  G:îo  mètres  de  la  cote.  A 
la  mine  du  Levant,  ils  vont  encore  plus  loin. 

»  A  AMiitc-Ilavcn,  diverses  galeries  s'étendent  à  près  de  5  kilomètres  en  ligne  droite  de 
la  plage;  en  y  ajoiilaiU  les  nombreuses  traverses  qui  les  relient  entre  elles,  c'est  un  dcve- 
lopiiement  de  plusieurs  centaines  de  kilomètres  de  voies  creusées  sous  l'Océan,  à  des  pro- 
fondeurs variant  de  70  à  ?.20  mètres.  Jamais  l'eau  de  mer  n'y  a  pénétré,  et  la  confiance 
qu'ont  les  mineurs  dans  i'im|)erniéabilité  du  terrain  est  telle  qu'ils  prévoient  une  époque, 
naturellement  fort  reculée,  où,  à  force  d'aller  en  avant  dans  l'extraction  du  charbon,  ils  fi- 
niront par  atteindre  la  côte  d'Irlande,  qui  est  à  100  kilomètres  et  plus. 

u  Dans  un  Traité  sur  les  mines  et  leur  exploitation,  publié  il  y  a  près  d'un  siècle,  en 
1778,  M.  Prvce,  ingénieur  anglais,  va  jusqu'à  signaler  les  mines  creusées  sous  la  mer  comme 
étant  moins  exposées  que  les  autres  à  l'invasion  des  eaux  souterraines;  il  en  cite  l'exemple 
que  voici  : 

«  La  mine  de  Huel-Cock,  dans  la  paroisse  de  Saint-Just,  s'étend  sous  la  mer  :\  près  de 
»  i5o  mètres  de  distance,  et  dans  quelques  endroits  il  n'y  a  pas  plus  de  5  mètres  d'épais- 
»  seur  de  roche  entre  le  fond  de  l'eau  et  les  galeries  où  travaillent  les  mineurs,  de  telle  sorte 
»  ([ue  ceux-ci  entendent  distinctement  le  bruit  des  vagues  venant,  du  large  de  l'océan  Atlan- 
»  tique,  se  briser  sur  le  rivage.  Ils  entendent  aussi  le  roulement,  pareil  au  tonnerre,  des 
»  galets  au  fond  de  la  mer,  ce  qui  frappe  d'étonnement  et  presque  de  terreur  les  curieux 
»   qui  ont  cette  sensation  pour  la  première  fois. 

>j  Des  filons  plus  riches  que  les  autres  ont  été  exploités,  très-imprudemment  sans  doute, 
»  à  i"',20  seulemeiU  au-dessous  du  fond  de  la  mer,  et  il  est  arrive  que,  par  des  temps  d'o- 
»  rage,  le  bruit  occasionné  par  les  flots  et  les  galets  fut  tellement  épouvantable,  que  les  ou- 
"  vriers  abandonnèrent  leurs  travaux,  encore  plus  effrayés  du  fracas  de  la  tempête  que  de  la 
u  chance  de  voir  la  mer  tomber  sur  eux  et  les  engloutir —  Sous  une  aussi  faible  épaisseur  de 
li  rocher  entre  eux  et  la  mer  en  fureur,  ils  eurent  quelquefois  à  arrêter  des  infiltrations  d'eau 
"  salée  passant  à  travers  les  fentes  de  la  pierre,  et  ils  y  parvinrent  en  les  calfatant  avec  des 
Il  étoupes  et  du  ciment,  comme  les  flancs  d'un  naviie.  Dans  la  mine  de  plomb  de  Perran 
>•  Zabuloc,  qui  s'exploitait  sous  la  mer,  on  employait  le  inème  procédé  pour  parer  au  même 
»   inconvénient.  » 

»  M.  l'ryce,  pour  expll(iuer  le  peu  d'humidité  des  galeries  de  mines  sous  la  mer,  sup- 
pose que  le  fond  est  couvert  d'une  substance  gélatineuse  imperméable.  Le  fait  est  que  toute 
pierre,  tout  rocher,  immobile  au  fond  de  la  mer,  se  couvre  d'une  couche  de  végétation  et  de 
coquillages,  qui  forme  un  véritable  enduit  de  nature  à  eni]K'clier  les  infiltrations  en  remplis- 
sant les  petites  fissures. 

"  On  admet  généralement  que  l'Angleterre  et  la  France  ont  été  réunies  autrefois  par  un 
isthme.  La  vraisemblance  est  (juc  les  grands  courants  de  l'Océan  vers  la  mer  du  Nord  auront 
ravine  le  sol  et  produit  la  coupure  qui  forme  aujourd'hui  le  cai'.al  de  la  .Manche.  Celte  cou- 
pure serait  ainsi  le  résultat  de  l'affouillemenl  du  terrain  par  les  eaux,  et  ne  jiroviendrait  pas 
de  la  dislocation  de  la  croûte  terrestre  par  des  soulèvements  volcanicjues,  comme  ceux  qui 
ont  souvent  |)roduit  la  configuration  accidentée  du  sol  dans  les  régions  montagneuses. 
»  Chaque  fois  qu'on  a  fait  des  sondages  ou  creusé  des  puits  dans  les  bancs  qui  constituent 


(   '46  ) 
le  sol  sur  lequel  sont  posées  les  villes  de  Calais  et  de  Douvres,  les  quantités  d'eau  rencontrées 
ont  été  réellement  insignifiantes. 

.1  Heureusement  la  solution  du  problème,  c'est  ;i-dire  l'exécution  du  tunnel  sous  la  Man- 
che, est  beaucoup  simplifiée  par  l'invention  d'une  niacliiue  due  à  un  ingénieur  anglais, 
M.  Briinton,  qui,  de|Hiis  jiiusifurs  années,  l'a  soumise  à  des  épreuves  variées  et  l'a  appli- 
quée avec  succès,  surtout  dans  la  craie  grise  de  la  nature  des  bancs  qui  sont  au  fond  de  la 
Manche,  là  où  le  tunnel  serait  ouvert. 

I)  Cette  machine  marche  comme  une  tarière  qui  creuserait  un  trou  cylindrique  dans  du 
bois.  Mise  en  rotation  au  moyen  de  la  vapeur  ou  par  l'air  comprimé,  elle  entaille  et  dceoupe 
un  massif  de  craie  sur  une  section  circulaire  de  2'",io  de  diamètre.  La  craie,  réduite  en  frag- 
ments, tombe  sur  une  toile  sans  fin  soutenue  par  des  rouleaux  et  tournant  par  l'effet  du 
menu-  moteur  que  la  machine;  elle  est  déversée  ainsi  dans  des  wagons  qui  l'emportent  sur 
des  rails,  hors  de  la  galerie. 

"  Les  ingénieurs  anglais  qui  consacrent  leurs  soins  au  tunnil  sous-marin  ont  naturelle- 
ment porté  leur  attention  sur  la  machine  Brunton,  afin  de  vérifier  si  elle  pourrait  être  utilisée 
pour  le  percement  de  la  galerie  de  reconnaissance.  Ils  l'ont  essayée  sur  des  falaises  aux  en- 
virons de  Rochester.  Sa  rapidité  d'avancement  s'est  montrée  fort  remarquable  :  elle  atteint 
1  mètre  et  l"',io  par  heure.  Sur  cette  base,  il  ne  faudrait  cpie  deux  ans  pour  franchir,  en 
partant  des  deux  extrémités,  l'espace  total  ù  creuser  souterraineraent  entre  Douvres  et 
Calais.  » 

M.  DcpuY  DE  LOME,  après  avoir  entendu  la  Communication  de  M.  de 
Lesseps,  demande  la  parole  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Nous  avons  tous  entendu  avec  un  vif  intérêt  la  Communication  que 
vient  de  faire  à  l'Académie  notre  illustre  confrère,  M.  de  Lesseps,  concer- 
nant le  projet  de  tunnel  destiné  à  relier  l'Angleterre  et  la  France  par  des- 
sous le  détroit  du  pas  de  Calais. 

M  Je  tiens  à  remercier  personnellement  M.  de  Lesseps  de  la  façon  dont 
il  a  parlé  de  l'autre  projet  tendant  à  créer  un  service  régulier  de  navires 
porte-trains  entre  Calais  et  Douvres,  projet  que  j'ai  eu  l'honneur  d'exposer 
à  l'Académie,  au  point  de  vue  scientifique,  dans  sa  séance  du  28  juil- 
let 1873-,  mais,  en  même  temps,  je  ne  puis  m'abstenir  de  faire  une  réserve 
relativement  à  la  conviction  que  M.  de  Lesseps  a  exprimée,  en  disant  que  je 
serais  sans  doute  amené  moi-même  aujourd'hui  à  préférer  le  tunnel  sous- 
marin  aux  navires  porte-trains. 

)>  J'ai,  au  contraire,  des  raisons  qui  nie  paraissent  très-sérieuses,  non-seu- 
lement au  point  de  vue  économique,  mais  encore  au  point  de  vue  de  l'exé- 
cution, indépendamment  de  la  dépense,  pour  demeurer  convaincu  que  la 
solution  la  plus  prompte  et  la  plus  sûre  tlu  problème  de  l'améHoralion  des 
moyens  de  transit  entre  l'Angleterre  et  la  France  git  dans  l'établissement 


(  '^.7  ) 
(le  navires  porte-lrains,  avec  la  construction  d'une  gare  maritime  bien  ap- 
propriée à  cet  effet.  J'ai  la  confiance  que  l'autorisation  qui  va  être  accordée 
(d'après  ce  que  vient  de  nous  apprendre  M.  de  Losseps)  à  la  Compagnie 
qui  étudie  le  projet  de  tunnel,  fera  disparaître  les  misons  que  le  Gouverne- 
ment a  pu  avoir  pour  ajourner  la  présentation  à  l'Assemblée  nationale  du 
projet  de  loi  rédigé,  depuis  plus  d'un  an,  par  le  Ministère  dos  Travaux  pu- 
blics, à  la  suite  des  enquêtes  les  plus  complètes,  pour  autoriser  la  construc- 
tion à  Calais  de  la  gare  maritime  nécessaire  au  service  des  navires  porte- 
trains.  » 

HYDROLOGIE.  —  Coup  (l'œil  d'ensemble  sur  te  régime  des  principales  rivières 
du  nord,  du  centre  et  du  midi  de  la  France.  Note  de  M.  Bklgra.vd. 

«  Dans  la  séance  du  i"  juin  1874»  nous  annoncions  à  l'Académie, 
M.  G.  Lemoine  et  moi,  une  grande  sécheresse,  ou  pour  mieux  dire  un 
abaissement  extraordinaire  du  débit  des  cours  d'eau  et  des  sources  du 
bassin  de  la  Seine.  Nous  ajoutions  que  les  principes  sur  lesquels  nous  nous 
appuyions  ne  nous  permettaient  en  aucune  façon  de  prévoir  le  temps  qu'il 
ferait  pendant  la  saison  chaude  de  1874;  mais  que,  dès  le  i"^''juin,  les  ca- 
ractères hydrologiques  de  l'année  étaient  fixés  dans  leur  ensemble,  et  que 
les  cours  d'eau  et  les  sources  du  bassin  de  la  Seine  atteindraient,  avant  le 
milieu  d'octobre,  à  peu  près  les  plus  bas  débits  qui  aient  encore  été 
observés. 

»  Celte  prévision  s'est  réalisée  de  point  en  point  :  les  cours  d'eau  et  les 
sources  se  sont  abaissés  aux  débits  de  l'année  1870,  dont  nous  avions  éga- 
lement annoncé  l'extrême  sécheresse  (i).  Les  années  1870,  1874  et  peut- 
être  i858  sont  les  plus  sèches  qui  aient  été  observées  dans  les  xviii*  et 
XIX*  siècles.  J'ai  fait  connaître  les  faits  relatifs  k  la  sécheresse  de  1870  dans 
mon  ouvrage  intitulé  :  la  Seine,  éludes  hjdrolngicpies.  Nous  sommes  occupé 
en  ce  moment  à  réunir  des  documents  analogues  pour  l'année  1 874»  et  nous 
les  ferons  connaître  à  l'Académie  dans  une  nouvelle  Note. 

»  La  sécheresse  a  cessé  le  16  novembre  dernier.  J'ai  démontré  en  i854  (2) 
que  tous  les  bassins  hydrographiques  situés  au  nord  du  plateau  central  de 
la  France  étaient  soumis  au  même  régime  j)luvioinétiique,  et  qu'en  général 
la  Seine,   la  Loire,  la  Saône,  la  JMeuse,  etc.,  entraient  en  crue  en  même 


(l)   Annales  drs  Ponts  et  (haussées,  4  juin  18-0. 

(2]   Annuaire  tic  lu  Société  météorologique  de  France,  séance  du  1  1  jiiilli  I  i854. 


(  '48) 
temps.  Ce  fait  s'est  réalisé  le  1 8  novembre.  La  crue  qui  a  mis  fin  à  la  séche- 
resse du  bassin  de  la  Seine  correspond  à  une  crue  de  la  Loire,  delà  Saôno 
et  même  du  Rhône.  J'emprunte  au  Bulletin  mclcoiologi(iue  spécial  de  l'Asso- 
ciation scientifique  de  France,  dont  le  président,  ]\L  Le  Verrier,  a  bien  voidu 
me  confier  la  direction,  les  documents  suivants,  qui  démontrent  que  tous 
ces  cours  d'eau  sont  entrés  en  crue  en  même  temps,  du  i6  au  17  novembre  ; 

Novembre  1874. 

15        IG        n        IN        l'J        ÏD       'U        2^2       23        24 
111  m         m  m         m  m  m         m  m  m 

delà  Seine  '        1  d'Austeilitz.  ...     o,oo     o,oo     o,io     o,io     o,t20    o,3o     o,io    o,Go     0,70     0,80 

de  la  Loire           je      de  Digoin 0,00  0,^8  o,53  0,78  i,32  i,53  i,55  i/|3  1,28  ijîS 

I  de  l'Allier  J  î.1  deP'dii-Cliàleau  0,61  0,61  o,G5  1,09  1,08  l,o.'|  0,99  o.gS  0,91  0,86 

du  lac  Léman      f  .§  j  d'Évian 0,38  0,38  o,/|5  o,'(5  o,'|5  0,45  0,44  o,43  0,44  o,45 

g  ,  du  lac  d'Annecy  y  _2  /  de  la  Halle 0,55  o.sD  0,25  0,28  0,^0  0,59  0,71  0,7»  0,73  0,73 

jdel'Arve  If   I  de  lionneville. .  -0,08  o,o3  o,o5  o,i3  o,4j  1,00  o,5o  o/fi  0,35  o,3o 

du  UliOne             \ï  I  de  Sejssel 0,60  0,60  0,80  i,'|0  i  ,Go  3,!0  1,80  i,3o  1,00  0,90 

de  l'Ain                 |~      de  Cliazcy 0,20  o,3o  o,'|0  3,00  3, 10  5, 10  3,90  2,80  3,10  i,So 

de  la  Saôno  ./       \  de  la  Fouillée. .  0,19  0,16  o,i(i  i,i5  i,ô8  3,Co  4>6o  !\,35  l{,iô  4i^8 

Le  Doubs,  tlu  16  aua  i  novembre,  est  monté  à 

111  II) 

Pontarlier,  de 0,00  à   i  ,  i5 

Pont- (le-Rniile,  de o,3o   à  2,ao 

La  Loue,  affluent  du  Doubs,  de o,o3  à  a,4o 

1)  Il  ne  faudrait  pas  conclure  de  là  qu'en  annonçant  une  sécheresse  dans 
le  bassin  de  la  Seine  nous  ayons  fait  une  prévision  analogue  pour  la 
Saône,  le  Rhône,  la  Loire  et  l'Allier.  Je  dois  rappeler  ici  sommairement  les 
principes  sur  lesquels  nous  nous  sommes  basés.  Les  pluies  du  bassin  de  la 
Seine  ne  sont  jamais  assez  fortes  pour  profiter  aux  cours  d'eau  et  aux 
sources,  si  le  sol  n'est  pas  préalablement  dans  un  état  convenable  d'imbi- 
bition  et  de  saturation.  Pendant  la  saison  chaude,  cet  état  n'est  obtenu 
que  par  de  longues  pluies  préparatoires.  Pendant  la  saison  froide  au  con- 
traire le  sol  est  toujours  dans  un  état  de  saturation  convenable  et  les 
moindres  pluies  profitent  aux  cours  d'eau  et  aux  sources.  La  saison  froide, 
pour  le  bassin  de  la  Seine  et  les  bassins  situés  entre  la  Seine  et  la  fron» 
tière  belge,  est  comprise  entre  le  i'"'  novembre  et  le  i*''  m;n;  dans  certaines 
années,  ces  limites  peuvent  varier  de  quelques  semaines.  Lorsque,  à  la 
suite  d'une  saison  froide  peu  pluvieuse,  le  mois  de  mai  est  lui-même  sans 
pluie,  la  décroissance  du  débit  des  cours  d'eau  de  cette  partie  de  la  France 
se  prolonge  jusqu'à  la  fin  de  la  saison  chaude,  c'est-à-dire  jusque  vers  le 
i5  octobre,  quelle  que  soit  d'ailleurs  l'abondance  des  pluies,  y  compris 
celles  de  l'équinoxe  d'automne  (i). 

(1)  Voir  La  Seine,  études  hydivlugiqucs. 


(   '49) 
»  Au  contraire,  les  pluies  de  l'équiiioxe  dautouiiie  exercent  une  action 
considérable  sur  les  rivières  dont  je  vais  parler,  et  dont  quelques-unes  su- 
bissent en  outre  les  perturbations  produites  par  la  fonte  des  glaciers. 

»  Saône.  —  Le  régime  de  cette  rivière  a  la  plus  grande  analogie  avec  celui  de  la  Seine; 
clic  est  soumise  aux  niùmcs  influences  météorologiques,  ft  de  plus  les  terrains  i)erméables 
oolithiqucs  occupent  dans  les  deux  bassins  une  étendue  considérable,  alimentent  des  sources 
énormes  qui  se  gonflent  en  temps  de  grande  pluie  et  prolongent  considérablement  la  durée 
des  crues;  mais  la  chaîne  du  Jura  est  beaucoup  plus  élevée  que  celle  de  la  Côte-d'Or,  Dans 
le  bassin  de  la  Seine,  l'altitude  de  la  chaîne  de  la  Côto-d'Or  ne  dépasse  pas  Gio  mètres,  et 
ce  n'est  que  sur  un  mamelon  isolé  qu'on  trouve  dans  le  Morvan  l'altitude  90^  mètres, 
tandis  que  les  bas  plateaux  du  Jura  s'élèvent  de  4oo  à  600  mètres,  les  plateaux  moyens  à 
r)0o  mètres  et  les  hauts  plateaux  jusqu'à  l'jao  mètres  d'altitude.  Il  résulte  de  cette  augmen- 
tation d'altitude  que  la  saison  froide  commence  dans  le  bassin  de  la  Saône  un  mois  plus 
tôt  (pic  dans  celui  de  la  Seine  :  les  grandes  pluies  de  la  fin  du  printemps  et  de  l'équinoxe 
d'auioiune  profilent  à  la  Saône,  à  sesafQuents  et  même  aux  sources. 

"  Voici,  par  exemple,  l'époque  des  grandes  crues  d'une  petite  rivière  du  Jura,  la  Clauge, 
à  partir  de  i83i. 

Septembre  i83i.  26  octobre  1841. 

Mai  i836.  Juin  i852. 

3o  octobre  1840.  Mai  i856. 
3  octobre  1841. 

»  La  plupart  ont  lieu,  comme  on  le  voit,  au  commencement  et  à  la  fin  de  la  saison 
chaude  du  bassin  de  la  Seine  [Etudes  hydrologiqncs  du  Jura,  par  M.  I,amairesse). 

«  La  Saône  peut  donc  éprouver  et  éprouve,  en  effet,  de  grandes  crues  à  la  fin  de  l'été 
et  au  commencement  de  l'automne.  La  plus  grande  crue  connue,  celle  du  4  novembre  1840, 
a  duré  près  d'un  mois  et,  par  conséquent,  a  été  soutenue  par  une  crue  des  sources.  On 
garde  encore  le  souvenir  des  crues  d'automne  de  58o,  1196,  i4o8  et  du  2^;  sep- 
tembre 1602  (i). 

1)  En  i8'j4t  la  Saône  a  éprouvé,  comme  la  Seine,  un  grand  abaissement  de  débit,  jjarce 
que  lus  pluies  ont  été  trcs-faiblcs  du  i"'  mai  au  i5  novembre,  fait  qu'il  n'était  pas  possible 
de  prévoir.  Jlalgié  la  faiblesse  de  ces  pluies,  on  reconnaît  facilement  que  la  rivière  était 
rentrée  dans  son  régime  d'hiver  dès  les  premiers  jours  d'octobre.  En  effet,  le  i"  septembre 
son  niveau  s'élevait  à  i"',o3  au  pont  de  la  Feuillée,  à  Lyon,  et  s'abaissait  régulièrement 
jusqu'i  la  cote  o"', 4^  (•"  octobre),  puis  remontait  brusquement  à  i"',3G  (2)  (G  oc- 
tobre). 

»  l'our  obtenir  une  telle  variation  de  niveau  en  six  jours  dans  la  Seine,  à  Paris,  à  cette 
époque  de  l'année,  il  faut  des  pluies  beaucoup  plus  grandes  que  celles  qui  sont  tombées 

(i)  Voir  un  Mémoire  de  M.  Laval,  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  Annales  des 
Ponts  et  Chaussées,  i84i,  p.  240;  les  Inondations  de  France,  de  M.  Maurice  Champion,  et 
enfin  le  Lulletin  de  la  Commission  hydrométrique  de  Lyon. 

(2)  Ces  cotes  sont  augmentées  de  2  mètres,  le  zéro  de  l'échelle  étant  trop  bas. 

C.K.,1875,  i"  Semestre.  {1,  LX.XX,  N»  3.)  20 


(   i5o  ) 

en  1874.  La  Saône  était  ilonc  rentrée  dans  la  saison  froide,  tandis  que  la  Seine  était  encore 
en  pleine  saison  chaude.  S'il  ctiil  tombé  de  grandes  pluies  un  peu  avant  ou  un  peu  après 
l'ctjuinose,  la  Saône  aurait  pu  entrer  en  grande  crue,  tandis  que  le  fleuve  parisien  n'aurait 
é|)rouvé  que  des  oscillations  de  niveau  insignillantes  (i). 

..  Rhône.  —  Ce  fleuve  subit  en  été  des  perturbations  de  régime  dues  à  la  fusion  des  gla- 
ciers. Les  documents  suivants,  extraits  de  notre  JiiiUctin,  donneront,  pour  la  saison  chaude 
de  1874,  une  idée  très-nette  de  l'effet  de  ces  perturbations  sur  le  régime  des  lacs  Léman  et 
d'Annecy  et,  par  conséquent,  sur  le  Rhône. 

»  Les  observations  ont  lieu  tous  les  jours  aux  échelles  d'Évian  et  de  la  lïalle. 
»  Les  variations  du  lac  Léman  ont  été  très-régulières  :  le  niveau  s'est  élevé  d'une  ma- 
nière continue  de  la  cote  0'",  32  (  i"  mai)  à  T",  75  (maximum,  16  août),  puis  s'est  abaissé 
non  moins  régulièrement  jus(|u'à  o'",  38    16  novembre). 

«  Le  lac  d'Annecy,  plus  petit  que  le  Léman,  est  moins  régulier.  Le  19  mai  il  était  à  la 
cote  o",  19;  il  s'est  élevé  le  18  août  à  o",83,  puis  s'est  abaissé,  mais  après  de  nombrrusos 
oscillations,  le  17  novembre  à  o'",25.  Ces  indications  des  deux  lacs,  en  187  j,  ont  été  excel- 
lentes. La  saison  chaude  ayant  été,  pour  ainsi  dire,  sans  pluie,  leurs  variations  de  niveau, 
comme  les  crues  de  l'Arve,  ont  été  produites  uniquement  par  la  fusion  des  glaciers. 

«  Le  Rhône,  en  amont  de  Lyon,  est  soumis  au  même  régime  pluviomélriiiue  que  les 
rivières  situées  au  mird  du  plateau  central  de  la  France;  mais,  en  aval,  le  régime  des  pluies 
est  absolument  différent. 

»  La  chaîne  des  Cévennes  n'est  pas  moins  remarquable  par  l'abondance  des  pluies  qui 
la  désolent  que  par  la  violence  des  cours  d'eau  qui  y  prennent  naissance.  Ces  grandes  pluies 
tombent  presque  toujours  un  peu  avant  ou  un  peu  après  l'équinoxe  d'automne,  et  aussi, 
mais  moins  abondamment,  vers  l'équinoxe  du  printemps;  le  reste  de  l'année  est  relative- 


ment sec  [1]. 

.)  Le  faîte  de  cette  chaîne,  entre  les  sources  de  la  Loire  et  de  l'Hérault,  est  à  1200  et 
i5oo  mètres  d'altitude.  Le  granité  en  couvre  toute  la  surface,  qui,  par  conséquent,  est 
imperméable  et,  de  plus,  très-accidentée.  Les  eaux  pluviales  y  ruissellent  donc  sans  péné- 
trer dans  le  sol  et  avec  une  rapidité  inouïe. 

..  Les  principales  rivières  qui  y  prennent  naissance  sont  ;  à  l'est,  le  Doux,  l'Erieux, 
l'Ardèche  et  le  Gardon,  affluents  du  Rhône;  à  l'ouest,  le  Lot  et  le  Tarn,  aflluents  de  la 
Garonne;  au  nord,  la  Loire  et  son  affluent  l'Allier;  au  sud,  l'Hérault. 

>  Ardèche.  —  Celte  rivière  est  le  jiius  violent  des  affluents  du  Rhône.  Ses  plus  grandes 
crues  connues  portent  les  dates  suivantes  : 

Mi-septembre  1 53.2,         18  septembre  1779,         ...1794,  28  septembre  1 8.16, 

3  septembre  iG44.         lôsepiembre  1782,         10  octobre  1827,  loseplembre  1857, 

9  septembre  1772,  3  septembre  1789,         20  septembre  i84t>,         1 5  octobre  1869. 

Elles  s'écoulent  donc  toujours  un  peu  avant  ou  un  peu  après  l'équinoxe  d'automne. 

»  Le  bassin  est  petit  (2429  kilomètres  carrés);  la  hauteur  et  la  portée  des  crues  est 


(i)  Depuis  1732,  la  Seine  n'est  entrée  en  grande  crue  ordinaire  qu'une  seule  fois  par 
l'effet  des  pluies  d'équiiioxe  (lin  septembre  i866). 

(2)  Voir,  Mémoire  de  W.  Raulin,  Atlas  météorologique  de  l'Observatoire,  1J869-1 870-1 87 1 . 


(  j5.  ) 

énorme  :  elles  s'élèvent  au  pont  de  Salavas  à  17  mètres,  et  au  pont  d'Arc  à  19™,  aS  au-dessus 
(les  basses  eaux.  Elles  débitent  jusqu'à  7000  mètres  cubes  d'eau  par  seconde,  presque  autant 
que  la  Loire  à  Tours. 

»  La  crue  du  10  octobre  1827  a  suffi  à  elle  seule  pour  élever  le  niveau  du  Rhône  de 
5'",5o  à  réchelie  dAvignon.  Elle  a  été  produite  par  une  pluie  de  792  millimètres,  chiffre 
constaté  en  vingt  et  une  heures  par  M.  de  Montravel,  à  Joyeuse.  C'est  la  plus  grande  pluie 
qui  ait  été  observée  en  France  et  peut-être  ailleurs.  On  sait  qu'à  Paris  la  hauteur  moyenne 
annuelle  de  pluie  dans  la  cour  de  l'Observatoire  est  de  576  millimètres. 

»  Le  Doux,  l'Ervieux  et  le  Gardon  éprouvent  aussi  des  crues  d'une  violence  extrême, 
mais  qui  sont  moins  redoutables  que  celles  de  l'Ardoche,  parce  que  leurs  bassins  sont 
moins  étendus.  Suivant  M.  de  Montravel,  les  pluies  qui  produisent  ces  grands  déborde- 
ments des  rivières  du  Vivarais  sont  d'autant  plus  grandes  que  l'année  est  plus  sèche  (i). 

»  Si  l'on  considère  que  les  affluents  de  la  rive  gauche,  l'Isère,  la  Drôme  et  la  Diirance, 
ne  sont  guère  moins  violents,  on  reconnaîtra  (]u'il  est  impossible  de  prévoir  dès  le  mois  de 
juin  une  sécheresse  d'automne  dans  le  bassin  du  Rhône,  en  aval  de  Lyon. 

r  Nous  n'avons  pas  encore  enregistré  dans  notre  Bulletin  de  ces  grandes  pluies  dont  il 
vient  d'être  question;  mais  on  en  a  constaté  assez  communément  qui  dépassent  i5o  et 
même  25o  millimètres  en  vingt-quatre  heures,  et  suffisent  pour  déterminer  une  grande  crue 
sans  aucune  préparation  du  sol  :  c'est  ce  qu'on  va  voir  ci-dessous. 

»  Tarn.  —  Affluent  de  la  Garonne.  Cette  rivière,  dont  les  sources  sont  peu  éloignées 
de  celles  du  Chassezac,  très-violent  affluent  de  l'Ardèche,  est  soumise  au  même  régime  plu- 
viométriquc.  Une  grande  pluie  de  :>5o  millimètres  y  produit  une  grande  crue  sans  aucune 
préparation  du  sol  :  voici  des  chiffres  extraits  do  notre  Bulletin  : 

Octobre  1873. 

)G  n  18  19  20  21  22         23 

Pluie,  bassin  de  l'Ardèche, 
N.-D.-des-Neigcs 

(ait.  1 120  mètres).        3"""       96"""     270"""  147'"'"    gS"""     o'"'"       5'"'"     33""» 
•       bassin  du  Tarn,  pont 
de    Montvert  (ait. 

ii?o  mètres)    ...        3  ?4  ^So       180         66  i  6         26 

Cruccorrcspondantedu  Tarn       ,„  „,  „  „,  „,  „,  „,  „, 

aux  vignes o,5o     o,5o     4)4"     5, 00     3,70     2,80     2,10     a, 00 

>  La  concordance  des  pluies  est  frappante.  Elles  ont  été  précédées  d'une  sécheresse.  La 
crue  du  Tarn  a  donc  été  subite  et  a  déterminé  une  grande  crue  dans  la  Garonne.  A  Tou- 
louse, en  amont  du  confluent  du  Tarn,  le  fleuve  n'a  éprouvé  que  des  variations  de  niveau 
insignifiantes;  à  Agen,  en  aval  de  ce  confluent,  la  Garonne  s'est  élevée  de  r",6o  (16  octobre) 
à  7  mètres  (21  octobre). 

>'  Tout  le  monde  sait  d'ailleurs  que  ce  fleuve  subit  l'influence  de  la  fonte  des  glaciers, 
surtout  pour  les  pluies  de  la  saison  chaude.  En  voici  un  exemple  tiré  de  notre  Bulletin  : 

(1)  Voir  le  Miiuoire  <\r  M.  de  Mardigny  Sur  les  inondations  des  rivières  de  l'Ardèche 
(  Annales  des  Puntsit  iliiiuss<  es,  i8(jii,  p.  24')). 

20.. 


(     '52    ) 

Juillet  \8-?. 

Août  187". 

30           31 

1 

2            3 

4 

5 

mm             mm 

7         i6 

mm 

95 

D)m            mm 
0                I 

mm 
0 

mm 
0 

m                m 

,5o     I , 3o 

4 

ni 

,6o 

4 

m               m 

,80     2,3o 

m 
2,00 

m 

i,5o 

mm 


Pluies  d'étc',  station  de  Mon- 
trcjeau 

Crue  de  la  Garonne  à  Tou- 
louse  

»  Lfi  Loire  et  l' Allier.  —  Quoique  ces  deux  rivières  prennent  naissance  dans  la  même 
région  que  l'Ardèche,  le  Tarn  et  le  Lot,  elles  ne  reçoivent  cependant,  suivant  l'énergique 
expression  d'un  ingénieur  du  département  de  l'Ardèche,  que  les  éclaboussures  des  grandes 
pluies  des  Cévenncs.  Mais  ces  éclaboussures  suffisent  pour  produire  d'énormes  crues  dans 
les  deux  rivières.  Reportons-nous  aux  mêmes  dates  que  ci-dessus,  et  nous  trouverons  : 

Octobre  1S72. 

IG 
Pluie  du  bassin   de  l'Allier,  station   de 

Chaylard  (altitude  i  i5o  mètres).  ...      3 
Crue  correspondante  de  l'Allier  à  Lan-        n,         m         m         m         m         m  mm 

gogne o ,  3o  G ,  80  3,20  2,70  2,20   1 ,  5o   i ,  3o   i ,  3o 

»  La  crue  n'est  pas  très-considérable,  mais  subite.  De  temps  à  autre,  il  se  forme  en  amont 
des  plaines  du  Forez  et  de  la  Limagne,  sur  une  surface  de  terrain  qui  ne  représente  ])as  la 
dixième  partie  du  bassin  de  la  Loire,  des  crues  qui,  à  l'aval  du  Bec-d'AIlier,  débitent  9000  mè- 
tres cubes  d'eau  par  seconde,  autant  que  les  plus  grandes  crues  connues  du  ileuveàTours.  Tels 
ont  été  les  désastreux  débordements  de  la  fin  d'octobre  1846  et  de  la  fin  de  septembre  1866. 

»  En  résume,  cette  petite  chaîne  des  Cévenncs  reçoit  des  pluies  assez  abondantes  pour  dé- 
terminer d'énormes  crues  dans  le  lit  de  nos  trois  plus  grands  fleuves  de  France,  le  Rhône, 
la  Loire  et  la  Garonne;  ces  crues  ont  toujours  lieu  vers  l'équinoxe  d'automne. 

»  La  partie  méridionale  de  cette  chaîne,  la  montagne  Noire  et  les  Corbières,  ont  une  ac- 
tion bien  plus  nelte  encore  sur  les  petits  fleuves  méditerranéens,  tels  que  l'Hérault,  l'Orb, 
l'Aude,  le  Tech  et  la  Tet.  Des  pUiii-s  violentes  tombées  vers  les  équinoxes,  surtout  versTequi- 
noxe  d'automne,  y  déterminent  des  crues  énormes.  Dans  les  intervalles,  les  pluies  sont  très- 
faibles  et  les  cours  d'eau  sont  très-mal  alimentés. 

»  Hcrault.  —  Prend  naissance  dans  les  parties  granitiques  des  Cévenncs.  Pluies  très-vio- 
lentes aux  équinoxes,  qui  déterininent  des  crues  énormes  surtout  à  l'équinoxe  d'automne, 
le  reste  de  l'année  relativement  peu  pluvieux  et  sans  crues.  Les  grandes  crues  se  forment  en 
amont  du  pont  de  Gignac,  et  proviennent  de  l'Hérault  et  de  son  principal  affluent  l'Krgue. 
En  aval  du  ponl  de  Gignac  commence  la  plaine  de  Montpellier,  qui  est  sans  action  sur  le 
régime  du  fleuve.  Le  bassin  de  l'Hérault  et  de  l'Ergue,  en  amont  du  pont  de  Gignar,  est  d'en- 
viron 1900  kilomètres  carrés.  Les  plus  grandes  crues  connues  débitent  de  35oo  à  38oo  mè- 
tres cubes  par  seconde,  une  fois  et  demie  plus  que  celles  de  la  Seine,  à  Paris,  dont  le  bassin 
est  vingt-cinq  fois  plus  grand. 

1-  .T'ai  vu  la  plus  grande  crue  connue  de  cette  rivière,  le  18  octobre  1868.  La  Société 
géologique  de  France,  dont  j'étais  alors  président,  était  en  réunion  extraordinaire  à  Mont- 
pellier. Le  17,  nous  traversâmes  à  pied  sec  un  grand  nombre  d'affluents  du  fleuve,  et  le 
soir  nous  couchâmes  à  Clerniont-ruérault.  au  bord  de  la  vallée  de  l'Erque.   Une  de  ces 


(  '53  ) 

pluies  dont  nous  n'avons  aucune  idée  dans  le  nord  de  la  France  tomba  dans  la  nuit,  et  le 
lendemain  en  nous  éveillant,  nous  vîmes  la  large  vallée  qui  se  développait  sous  nos  yeux 
submergée  à  perte  de  vue.  La  crue  de  l'Hérault  s'éleva  au  pont  de  Gignac,  en  amont  du 
confluent  de  l'Ergue,  à  i3  mètres  au-dessus  de  l'ctiage  et  à  i'",5o  au-dessus  de  la  plus 
grande  crue  connue  antérieurement.  Jlalbeureusement  aucune  station  d'observations  pluvio- 
mélriques  n'existait  alors  dans  la  région  montagneuse  où  se  forment  ces  crues.  On  ne  con- 
naît donc  pas  la  hauteur  de  la  pluie  à  laquelle  est  due  cet  effroyable  débordement  de  ce 
petit  fleuve  { i).  '  ' 

>'  Aujourd'hui  nous  enregistrons  dans  notre  Bulletin  les  hauteurs  de  pluies  d'un  nombre 
suffisant  de  stations. 

»  Voici  le  diagramme  de  la  plus  grande  crue  constatée  depuis  l'origine  de  notre  publica- 
tion, celle  d'octobre  1H74  '■ 


Octobre  187 


14   15    16   17    18   19   20   21    22 

mm         tum         mm         mm       mm  mm         mm        mm 

Pluie  au  Caylar  (altitude  7(7  mètres).       36      83      74      53        1        39      33       5        o 

m  m  m  m  m  m  m  m  m 

Crue  de  l'Hérault,  au  pont  de  Gignac.     0,70  2,5o  4j5o  3,25  2,io  i,8o  2,5o  2,25   i,5o 

u  II  y  a  loin  de  cette  crue  à  celle  du  8  octobre  i8r)8,  qui,  au  pont  de  Gignac,  s'est  élevée 
à  8"',5o  |)lus  haut.  Néanmoins  elle  e^t  caractéristique;  elle  a  eu  lieu  subitement,  sans  aucune 
préparation  du  sol,  et  a  été  déterminée  par  une  grande  pluie  d'équinoxe. 

»  L'Orb  et  l'Aude.  —  Rivières  dont  le  régime  se  rapproche  beaucoup  de  celui  de  l'Hé- 
rault. Crues  violentes  et  de  très-courte  durée  vers  les  cquinoxes,  surtout  vers  l'équinoxc 
d'automne.  Dans  le  reste«le  l'année,  très-basses  eaux,  surtout  dans  la  saison  chaude.  C'est 
également  en  octobre  1874,  aux  mêmes  dates  que  celles  de  l'Hérault,  que  je  trouve  les  plus 
grandes  crues  enregistrées  par  notre  Bulletin 

Bassin  de  l'Orb  : 

Pluie,  station  de  S'-Gervais 

(altitude  334  raètres)  .  .  . 
Crue  de  l'Orb,  pont  Rouge,        m  m  m  m  m  m  m  m  m 

près  Béziers i  ,25  3, 00  5,75  6,25  4>4"  2>9''  47^5  5, 20  2,90 

Crue  de  l'Aude,  au  pont  de 

Gailhousty 2,06  2,06  2,60  8,20  3, 60  3,So  6,10  7,80  4>3o 

La  concordance  du  régime  des  deux  rivières,  pendant  cette  crue,  est  évidente. 

M   II  résulte  de  la  discussion  qui  pi-écède  : 

»  Qu'il  est  impossible  d'annoncer  dès  les  piemiers  jours  de  juin,  avec 
le  même  degré  de  probabilité,  que  dans  le  bassin  de  la  Seine  les  grandes 
diminutions  de  débit  du  Rhône,  de  la  Saône,  de  la  Loire  et  de  la  Garonne, 
pendant  la  saison  chaude; 

»  Que  les  petits  fleuves  méditerranéens,  compris  entre  le  Rhône  et  les 


Octobre 

.87',. 

14         15         IC         17         IS 

lu         20 

21         2 

mm           mm          mm          mm 
:o8      225      200      25o        0 

Dim         moi 

80    60 

0          ( 

(i)  Voir  une  Note  de  M.  Ch.  Jlartins  Sur  le  régime  de  r Hérault  et  sur  lu  crue  du  18  oc- 
tobre 18G8  [Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  1867-1868,  p.  985). 


(  -'^''l  ) 

Pyrénées,  ont  un  régime  spécial  qui  rend  les  prévisions  à  peu  près  inutiles, 
puisqu'ils  éprouvent  leurs  crues  presque  périodiquement,  un  peu  avant  ou 
un  peu  après  les  équinoxes,  et  qu'il  ne  tombe,  pour  ainsi  dire,  plus  de  pluies 
sur  leurs  bassins  dans  le  reste  de  l'année; 

»  Qu'il  est  très-difficile  d'annoncer  leurs  crues  désastreuses  aux  inté- 
ressés, puisqu'elles  sont  toujours  subites  et  déterminées  par  une  seule 
chute  de  pluie. 

»  Après  notre  Communication  à  l'Académie,  MM.  de  Tastes  et  Raulin 
ont  annoncé  un  abaissement  probable  des  sources  des  bassins  de  la  Loire  et 
de  la  Garonne.  Je  crois  en  effet,  au  moins  pour  ce  qui  concerne  la  Loire, 
qu'il  est  possible  d'annoncer  à  l'avance  l'abaissement  du  débit  t/e5  sources; 
mais,  ainsi  que  je  viens  de  le  démontrer,  il  ne  me  paraît  pas  possible,  dans 
l'état  actuel  de  nos  connaissances,  de  prévoir  dès  le  milieu  du  printemps, 
l'abaissement  de  la  portée  des  rivières  qui  coulent  dans  ces  bassins. 

»  On  remarquera  que,  dans  cette  Note,  je  n'ai  parlé  ni  des  cours  d'eau 
qui  descendent  des  Alpes  françaises  :  l'Isère,  la  Drùme,  la  Durance  et  le 
Var;  ni  de  celles  cpii  descendent  du  revers  ouest  du  plateau  central  :  la 
Dordogne  et  la  Corrèze.  Nos  stations  d'observations  sont  à  peine  orga- 
nisées dans  ces  bassins.   » 

« 

CHIRURGIE.  —   Pansements  à  la  ouale  cl  occlusion   inamovible.   Note 
de  M.  Ollier  à  propos  du  Rapport  de  M.  Gosseliîi  (i). 

«  Je  désire  soumettre  à  l'Académie,  à  l'occasion  du  Rapport  de  M.  Gos- 
selir),  quelques  faits  expérimentaux  et  cliniques  qui,  outre  leur  intérêt  au 
point  de  vue  de  la  physiologie  des  plaies,  me  paraissent  apporter  de  nou- 
veaux arguments  en  faveur  des  conclusions  de  la  Commission. 

»  Je  me  suis  depuis  longtemps  préoccupé  de  rap|)lication  à  la  Chirurgie 
des  ex|)ériences  de  M.  Pasteur  sur  les  fermentations,  et,  m  1870,  j'avais 
étudié  le  mode  de  cicatrisation  des  plaies  dans  un  milieu  artificiel,  inacces- 
sible à  l'air,  en  les  plongeant  dans  un  bain  permanent  d'huile  phéniqiiée. 
L'huile  avait,  dans  le  cas  présent,  des  avantages  spéciaux  sur  les  autres 
liquides.  Plus  légère  que  le  sang,  que  le  pus  et  tous  les  exsudais,  ne  pou- 
vant se  mêler  à  eux,  elle  les  laissait  tomber  au  fond  du  récipient  et  main- 
tenait constamment  la  surface  de  la  plaie  en  contact  avec  une  couche  de 

(i)  CeUe  Conmiutiicalidn  est  celle  qui  avait  été  faite  dans  la  séance  piécédeule  par 
M.  OlIicr,  à  la  ■^iiilc  df  la  Iccliiir  du  Rniipoit  de  M.  Gossrliii. 


(  i55  ) 
liquide  qui,  non-seulement  empêchait  l'accès  de  l'air,  mais  pouvait,  au 
besoin,  désinfecter  les  produits  septiques  formés  sur  la  plaie  elle-même. 

M  Ce  bain  huileux  me  paraissait,  et  me  paraît  encore,  un  des  meilleurs 
moyens  pour  réaUser  les  conditions  que  M.  Pasteur  considère  comme  indis- 
pensables pour  empêcher  toute  fermentation.  J'obtins  des  résultats   très- 
encourageants   :   trois    succès   sur  quatre  amputations.    Mais  ce  moyen, 
très-séduisant  en  théorie,  est  d'une  application  incommode,  souvent  très- 
difticile,  et,  dans  beaucoup  de  cas,  impossible  à  cause  de  la  configuration 
des  organes  qu'il  faut  maintenir  dans  un  bain  permanent.  Aussi,  quand 
M.  Alph.Guérineut  fait  connaître  les  beaux  résultats  qu'il  avait  obtenus  par 
le  pansement  ouaté,  me  suis-je  empressé  de  l'imiter.  J'ai  hâte  de  dire  que 
les  résultats  que  j'ai  obtenus  dans  ces  quatre  dernières  années  à  l'Hôtel- 
Dieu  de  Lyon  (et  que  je  ferai  bientôt  connaître  en  détail)  ont  été  incon- 
testablement plus  satisfaisants  que  ceux  que  m'avaient  fournis  les  diverses 
méthodes  de  pansement  auxquelles  j'avais  eu  recours,  depuis  dix  ans,  dans 
le  même  milieu.  Mais,  en  adoptant  le  pansement  au  coton,  je  ne  pus  suivre 
M.  Guérin  dans  ses  idées  théoriques  et  surtout  dans  son  idée  fondamentale 
de  la  fîltration  de  l'air.  Je  cherchai  seulement  dans  le  coton  un  moyen 
simple  et  facile  d'occlusion,  et  je  m'attachai,  au  moment  du  pansement,  à 
détruire  les  germes  qui  pouvaient  exister  sur  la  plaie  et  sur  les  objets  qui 
devaient  être  mis  en  contact  avec  elle;  mais  il  suffit  de  se  représenter  les 
conditions  dans  lesquelles  on  opère  dans  un  hôpital,  même  dans  une  salie 
spéciale,  pour  comprendre  qu'on  ne  peut  pas  exactement  réaliser  les  con- 
ditions indiquées  comme  indispensables  par  M.  Pasteur,  pour  le  succès  de 
ces  expériences.  A  peine  trouverait-on  ces  conditions  sur  le  sommet  d'une 
haute  montagne  inhabitée,  et  encore  le  chirurgien  et  ses  aides  apporteraient- 
ils  avec  eux  des  chances  d'infection. 

»  Ayant  fait  l'analyse  histologique  et  physiologique  des  pus  retirés  de 
dessous  les  bandages  ouatés,  je  rencontrai  des  vibrions  et  divers  niicro- 
zoaires  sur  des  plaies  qui  avaient  un  excellent  aspect,  et,  d'autre  |jart,  je 
produisais  des  phlegmons  gangreneux  très -graves  sur  des  chiens,  en  leur 
injectant  du  pus  qui  se  trouvait  sans  inconvénient  en  contact  avec  des  sur- 
faces suppurantes  chez  l'honune.  La  tolérance  des  plaies  pour  ce  pus 
infect,  si  dangereux  pour  les  animaux  dans  le  tissu  cellulaire  desquels  on 
l'injecte,  est  une  preuve  frappante  de  l'inutilité  des  pansements  fréquents, 
et  elle  vient  à  l'appui  des  conclusions  de  la  Commission,  qui  voit  un  des 
principaux  avantages  du  bandage  de  M.  Guérin  dans  la  rareté  du  panse- 
ment. 


(  i56  ) 

u  A  ce  propos,  je  signalerai  un  fait  qni  n'a  pas,  que  je  sache,  été  encore 
observé;  c'est  l'élévation  de  la  température  des  blessés  après  un  pansement 
destiné  à  débarrasser  la  plaie  des  liquides  félidés  qui  répandent  une  mau- 
vaise odeui-  dans  la  salle  et  incommodent  les  voisins  et  les  personnes  de 
service.  On  croirait,  a  priori,  que  tout  |)ansement  méthodiquement,  fait  avec 
lavage  de  la  plaie  au  moyen  de  liquides  antiseptiques,  doit  amener  une 
diminution  immédiate  de  la  résorption  des  matières  septiques,  et,  par  con- 
séquent, un  abaissement  de  la  température  générale.  Il  n'en  est  rien,  et, 
lorsque  l'on  panse  une  plaie  étendue,  comme  celle  qui  résulte  d'une 
amputation  ou  d'une  résection,  on  occasionne  une  élévation  momen- 
tanée de  température  de  2,  4,  6  dixièmes  de  degré  et  plus,  si  l'on  a  dé- 
chiré les  bourgeons  charnus  en  retirant  les  pièces  de  pansement  encore 
adhérentes. 

M  Le  résidtat  inverse  se  produit  cependant  dans  d'autres  cas;  il  résulte 
du  pansement  un  abaissement  de  la  température  générale  :  c'est  lorsque,  le 
bandage  étant  déjà  ancien,  il  s'est  accumulé  du  pus  autour  de  la  plaie,  que 
ce  pus  irrite  et  excorie  la  peau  sur  une  large  surface;  il  s'opère  alors,  par 
cette  peau  excoriée,  la  résorption  d'une  certaine  quantité  de  matière  sep- 
tique.  Aussi  suffit-il  de  renouveler  le  pansement,  de  faire  écouler  le  pus, 
de  remettre  du  coton  neuf  pour  obtenir  un  résultat  inverse  de  celui  que 
j'ai  signalé  dans  le  cas  précédent,  lorsqu'on  se  hâtait  de  renouveler  le 
pansement. 

»  Tant  que  le  malade  ne  souffre  pas  dans  un  pansement  ouaté,  tant 
que  la  température  ne  s'élève  pas,  il  faut  laisser  l'appareil  en  place  et  mas- 
quer la  mauvaise  odeur  par  les  désinfectants  ou  des  substances  aromatiques 
agréables  au  malade.  Je  parle  ici,  bien  entendu,  du  pansement  des  plaies 
dans  un  milieu  infecté;  dans  un  milieu  salubre,  la  conduite  du  chirurgien 
doit  être  tout  autre. 

»  Je  ne  puis  entrer  ici  dans  de  plus  longs  développements  sur  ces  varia- 
tions de  température;  mais  il  ressort  du  fait  que  je  viens  d'exposer  que, 
contrairement  à  l'idée  généralement  répandue,  les  pansements  fréquents 
de  certaines  plaies,  loin  d'être  un  moyen  de  diminuer  l'absorption  des 
matières  septiques,  sont,  au  contraire,  des  occasions  favorables  et  presque 
fatales  |)our  l'augmentation  de  cette  absorption. 

))  Mais  ce  n'est  pas  seulement  parce  que  le  pansement  ouvre  de  nou- 
velles portes  à  l'absorption  des  matières  répandues  sur  la  plaie,  qu'il  faut 
le  renouveler  le  plus  rarement  possible  dans  les  milieux  infectés;  c'est  aussi 
parce  que,  en  découvrant  la  plaie,  on  l'expose  à  l'action  des  germes  infec- 


(   .57  ) 
lieux  qui  sont   répandus  dans  ratniosphère,  et  qui  en  avaient  été  tenus 
éloignés  par  la  couche  protectrice  de  coton. 

»  J'ai  déjà  signalé  la  rareté  relative  de  l'érysipèle  sous  le  bandage  ouaté. 
Dans  un  semestre  où  cette  complication  régnait  dans  mon  service,  je  n'eus 
à  constater  qu'un  seul  cas  développé  sous  le  bandage,  tandis  que,  dans  le 
même  espace  de  temps,  vingt-deux  cas  se  déclaraient  autoiu-  des  plaies  de 
la  tète  ou  du  tronc,  qui  étaient  pansées  par  les  moyens  ordinaires. 

<>  Quelque  temps  après,  j'eus  à  combattre  une  épidémie  de  pourriture 
d'iiôpital.  Or  je  constatai  que  jamais  cette  complication  n'piivahit  primiti- 
vement les  plaies  placées  sous  le  bandage;  elle  ne  se  déclara  sur  leur  sur- 
face qu'après  que  celle-ci  eut  été  mise  à  découvert  pour  le  renouvellement 
du  pansement. 

"  J'ai  observé  peu  de  pyohémies  sous  le  bandage;  mais  celles  que  j'ai 
constatées  se  sont  présentées  avec  des  modifications  symptomatiqnes  très- 
intéressantes  à  noter.  Les  frissons  étaient,  dans  certains  cas,  supprimés;  ils 
étaient  toujours  moins  intenses  et  moins  fréquents;  la  marche  de  la  maladie 
moins  rapide.  Les  blessés  paraissaient  succomber  à  une  septicémie  lente, 
plutôt  qu'à  une  véritable  pyohémie.  L'infection  purulente  prenait,  pour 
ainsi  dire,  un  caractère  chronique  ;  la  vie  était  prolongée,  et,  dans  cet  inter- 
valle, grâce  au  ralentissement  des  processus  morbides,  on  pouvait  combattre 
efficacement  l'affection,  par  l'évacuation  des  malades  dans  un  milieu  sa- 
lubre  et  par  des  moyens  thérapeiUiques  qui  fussent  restés  sans  effet  dans 
l'atmosphère  nosocomiale. 

»  Ces  observations  prouvent  bien  que,  si  l'occlusion  par  le  colon  n'em- 
pêche pas  certaines  fermentations  de  se  produire  dans  la  plaie,  elle  fait 
obstacle  à  l'arrivée  de  certains  gernifs  infectieux  qui  empoisonnent  l'air 
des  hôpitaux.  Ce  dernier  effet  me  paraît  incontestable,  et,  si  la  première 
condition  est  difficile  à  réaliser,  il  faut  s'en  aj)procher  de  plus  en  plus,  en 
désinfectant  l'air  ambiant,  la  plaie  et  les  objets  de  pansement.  Les  lotions 
répétées  de  la  plaie  avec  les  solutions  phéniquées,  et  surtout  l'application 
mimédiate  d'une  couche  d'ouate  bien  imbibée  d'huile  phéniquée,  me  pa- 
raissent un  complément  rationnel  de  l'occlusion  ouatée.  Les  faits  de  I^ister 
viennent  à  l'appui  de  cette  combinaison,  et  je  crois  qiie,  si  l'on  veut  pour- 
suivre l'idée  de  l'arrêt  et  de  la  destruction  des  germes,  on  ne  peut  s'eulourcr 
de  trop  de  précautions  pour  obtenir  ce  double  résidtat. 

»  Si  une  plaie  gr.inuleusc,  c'est-à-dire  fermée  par  une  couche  continue 
de  bourgeons  chanuis,  peut  rester  sans  danger,  pendant  un  certain  temps, 
en  contact  avec  un  pus  assez  septique  pour  compromettre  la  vie  d'un  chien 

1^.  R.,  1H7J,   .T  Scmcure.  (T.  LXXX,  Ji"  ô-)  2t 


(  i58  ) 
dans  le  tissu  cellulaire  duquel  on  l'injecte,  ce  résultat  ne  peut  se  produire 
qu'à  la  condition  de  l'intégrité  de  cette  membrane  granuleuse.  Or  les  ti- 
raillements, les  pressions,  les  mouvements  des  parties  voisines  occasionnent 
dans  certaines  plaies  la  rupture  des  boin-geons  vasculaires  et  ouvrent,  par 
conséquent,  des  portes  à  l'absorption. 

»  C'est  à  ce  point  de  vue  que  je  dois  insister  sur  un  autre  avantage  que  la 
Commission  a  reconnu  au  pansement  ouaté,  je  veux  parler  de  l'immobili- 
sation de  la  plaie.  Je  considère  cet  élément  comme  tellement  important 
dans  l'appréciation  du  mode  d'action  des  pansements  rares,  que  je  cherche 
à  le  réaliser  par  des  moyens  plus  efficaces  que  celui  qu'emploie  M.  Alph. 
Guérin,  et  à  rendre  l'immobilisation  aussi  complète  que  possible,  en  en- 
tourant les  membres  d'un  appareil  silicate. 

M  Celte  imnjobilisation  permanente,  non-seulement  des  lèvres  de  la 
plaie,  mais  de  toutes  les  parties  qui  peuvent  influer  sur  elle,  est  une  des 
conditions  les  plus  favorables  pour  diminuer  la  suppuration,  favoriser  la 
réunion  et  hâter  la  cicatrisation  d'une  plaie.  Dans  les  traumatismes  des 
membres  (fractures  compliquées,  résections  articulaires,  etc.),  une  enve- 
loppe rigide  me  paraît  indispensable  pour  obtenir  une  immobilisation 
complète  des  muscles  et  des  os.  L'appareil  silicate  nous  prive,  il  est  vrai, 
de  la  compression  progressive  qu'il  peut  être  utile  d'exercer  sur  la  partie 
blessée;  mais  cette  compression,  rationnelle  dans  certains  cas,  est  inutile  et 
pourrait  être  dangereuse  dans  d'autres.  Dans  les  cas  où  l'on  veut  se  réser- 
ver de  pouvoir  l'exercer  sans  nuire  à  l'immobilisation,  on  doit  soutenir  le 
membre  par  des  attelles  en  û\  de  fer  flexibles,  qu'on  resserre  plus  ou 
moins,  selon  l'indication.  L'appareil  silicate  a,  de  |)lus,  un  autre  avantage 
sur  l'appareil  à  bandes  souples  :  on  peut  le  fenestrer  et  transformer,  selon 
les  besoins  de  la  plaie,  un  appareil  occlusif  en  appareil  ouvert,  et  rempla- 
cer alors  les  pansements  rares  par  des  pansements  plus  fréquents,  sans 
perdre  le  bénéfice  de  l'immobilisation. 

11  On  doit  donc  recourir  simultanément  à  l'occlusion  et  à  l'immobilité 
pour  le  traitement  des  plaies  dans  les  milieux  infectés.  C'est  la  combinai- 
son méthodique  de  ces  deux  éléments  qui  constitue  l'occlusion  inamovible, 
méthoile  de  pansement  dont  les  principes  remontent  à  l'origine  de  la  Chi- 
rurgie et  se  retrouvent  toujours  plus  ou  moins  associés,  selon  les  idées 
théoriques  dominantes.  L'occlusion  inamovible  me  parait  devoir  rendre 
les  plus  grands  services  dans  l;i  chirurgie  d'armée,  à  cause  de  la  facilité 
avec  laquelle  elle  permet  de  Ir.uisporter  les  blessés  sans  les  faire  soulfrir  et 
sans  ébranler  leur  plaie,  une  fois  la  solidification  du  bandage  effectuée. 


(  ^^9  ) 
»  Les  moyens  de  réaliser  la  double  indication  de  l'ocelnsion  inamovible 
sont  multiples,  en  réalité,  et  les  substances  dont  on  |)eut  se  servir  sont  nom- 
breuses; mais  la  ouate,  comme  substance  isolante  et  protectrice,  et  le 
bandage  silicate,  comme  appareil  de  contention,  méritent  jusqu'ici  la 
préférence.  On  pourrait  même  penser  qu'en  perfectionnant  leur  mode  d'ap- 
plication on  arrivera  à  les  rendre  de  plus  en  plus  efficaces  contre  les  fer- 
mentations se|)tiques.  Malheureusement,  un  blessé  ne  s'infecte  pas  seule- 
ment par  sa  plaie,  il  s'infecte  aussi  par  l'air  qu'il  respire;  et  c'est  parce 
qu'il  n'est  pas  encore  possible  de  déterminer  ce  qui  revient  à  chacune  de 
ces  deux  sources  d'infection,  que  nous  devons,  dans  l'état  actuel  de  la 
science,  nous  montrer  très-réservés  dans  l'adoption  de  telle  ou  telle  théo- 
rie, et  surtout  nous  défier  des  pratiques  systématiques  et  exclusives.  « 

M.  le  baron  L.4krey  prend  la  parole  pour  faire  une  simple  remarque  : 

«  Les  observations  de  M.  Ollier,  dit-il,  formulant  les  résultats  heureux 
de  sa  pratique  chirurgicale,  s'ajouteront  utilement  au  Rapport  de  la  Com- 
mission, mais  notre  savant  rapporteurs  bien  apprécié,  à  leur  juste  valeur, 
tous  les  points  de  la  question  soulevée  par  les  intéressantes  recherches  de 
M.  Alph.  Guérin  sur  le  pansement  ouaté. 

»  Je  demanderais  la  permission  d'insister,  à  mon  tour,  sur  l'origine  déjà 
ancienne  du  principe  et  de  l'application  des  pansements  rares,  comme 
j'ai  eu  occasion  autrefois  d'en  faire  l'étude  et  l'expérimentation,  si  je  ne 
craignais  aujourd'hui  d'abuser  des  moments  précieux  de  l'Académie.  Il  y 
aurait  notamment  à  démontrer,  dans  ce  but,  l'emploi  des  moyens  les  plus 
variés  ou  les  plus  connus,  sans  en  excepter  même  le  coton  en  couches 
épaisses  ou  superposées,  dans  le  traitement  des  brûlures,  par  exemple, 
comme  mode  de  pansement  rare  ou  inamovible.  Mais  ce  n'est  pas  ici  le 
lieu  ni  le  moment  de  discuter  une  question  qui  comporterait,  d'ailleurs, 
de  trop  longs  développements,  plus  en  rapport  avec  les  travaux  de  l'Aca- 
démie de  Médecine  qu'avec  les  usages  de  l'Académie  des  Sciences.    » 

M.  le  Secrktaire  perpétcel  annonce  à  l'Académie  la  perte  douloureuse 
qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  d'Omalius  d'Halloy,  Corres- 
pondant de  la  Section  de  Minéralogie,  Membre  de  l'Académie  royale  de 
Belgique,  décédé  à  Bruxelles  le  i5  janvier  iSyS. 

n  M.  Cil.  S.iinïe-Claire  Deville  s'associe  aux  regrets  exprimés  par  M.  le 

21  .. 


(  >6o  ) 
Secrétaire  perpétuel.  Non-seulement  M.  d Oinalius  d'Halloy  était  le  plus 
ancien  de  nos  Correspondants  étrangers,  mais  il  était  le  doyen  des  géolo- 
gues  européens.  Occupant  dans  sa  patrie  une  position  élevée  (il  était  vice- 
président  du  Sénat  belge),  il  avait,  pins  qu'aucun  savant,  avant  Dnmont, 
contribué  à  en  faire  connaître  la  nature  géologique.  La  France,  à  laquelle 
le  rattachaient  des  liens  de  famille  et  de  nombreuses  amitiés,  avait  été, 
dés  longtemps,  l'objet  de  ses  études.  Son  Essai  d'une  carte  cjéocjnostique  de  la 
Fiance,  publié  en  18-22,  a  été  justement  apprécié  par  les  illustres  savants 
qui  devaient  doter  noire  pays  de  la  carte  géologique  que  tout  le  monde 
connaît.  Enfin,  il  me  sera  permis  de  rappeler  l'aménité  et  la  sûreté  de  rela- 
tions que  nous  avons  tous  constamment  trouvées  en  M.  d'Omalius,  et  ce 
<ju  il  a|)portait  à  la  fois  de  bienveillance  et  de  finesse  dans  les  discussions 
scientifiques,  auxquelles  il  aimait  à  prendre  part,  et  que  sa  longue  expé- 
rience et  son  grand  savoir  parvenaient  toujours  à  rendre  originales  et  in- 
slnictives.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ANAI.YSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  première  mélliode  de  Jncohi  jiour 
l'inlégratinn  des  équations  aux  dérivées  partielles  du  premier  ordre.  Note 
de  M.  G.  Dakboux. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

«  Dans  une  Communication  du  21  décembre  \^']f\,  j'ai  indiqué  quelle 
était  la  nature  des  remarques  faites  sur  cette  première  méthode  par 
M.  Mayer,  et  comment  j'avais  été  conduit  à  examiner  ses  objections  par 
les  remarques  que  M.  Bertrand  a  présentées  à  ce  sujet  dans  son  Cours 
de  1872  au  Collège  de  France.  Je  me  propose  d'examiner,  dans  celte  Note, 
quelles  sont  les  modifications  que  doit  subir  la  méthode  de  Jacobi  si  l'on 
veut  la  rendre  applicable  dans  tous  les  cas. 

»  Soient  les  équations 

rtV;  _  m         <^  _  _   m 

^^'  dt    ~  cV,'       dt  .>7,' 

où  II  désigne  une  fonction  quelconque  de  /',,/>.,...,  />„,  (7,,  17,,. . .,  (7,,  et  /. 
Nous  désignerons  |iar  //',  ry,"  les  valeurs  des  variables  /;,,  r/,  pour  t  =  o. 

»  Supposons  qu'on  ait  intégré  le  système  des  équations  (i),  c'est-à-dire 
qu'on  ait  trouvé  2M  relations  entre  les  variables  t,  p„  (ji,  /»,",  (j" .  Jacobi 
admet  inq^licitement  qu'on  ne  peut  éliminer  toutes  les  variables  /),,  pf  d'au- 


(    «i'    ) 
cune  de  ces  relations.  Nous  supposerons,  au  contraire,  que  A  de  ces  rela- 
tions puissent  s'exprimer,  imlépendaninient  des  quantités/»,,  /),".  Soient 

/  F,(r/,,  73,...,  <7„,  '/';,7'2,..,  7;,',o  =  o, 
/^x  F,(7,,  72,...,  7„,  7';,7«,...,7„",0  =  o, 

[  F,(7,,7,,...,7„,  c]%q'i.--,q!:,f)  =  o 

ces  équations.  On  peut  en  tirer  A"  des  quantités  7,",  7",  70,..    ,  7"  par 
exemple,  et  les  mettre  sous  la  forme 

F.  =y.  (Yi  •  721  •  •  •  '  7"'  7"+.'  7a+,'  •  •  • ,  7n  '  0  —  7?  =  "1 
F2  =7^(7"  7-2?  •  ■  •  '  7"-  7"+.'  7"+:.'  ■  •  •  '  7"^  0  -  72  =  o> 


(3) 


F*  ^/a  (71 .  7:^'  •  •   '  7'n  7a'+.'  7ÂV.»  ■  •  • .  7"'  0  -  71'  =  o- 


Alors  les  20  quantités  7,,  7"  ne  pourront  plus  être  considérées  comme 
indépendantes.  Mais  il  y  a  une  première  remarque  à  faire  :  c'est  que,  même 
dans  ce  cas,  V  peut  s'exprimer  en  fonction  des  variahics  7,,  7,".  Cela  résulte, 
comme  l'a  fait  remarquer  M.  Bertrand,  de  l'expression  même  de  la  dilTé- 
rentielle  totale  de  cette  fonction. 

»  Admettons  qu'on  ait  calculé  V  et  qu'on  l'ait  exprimé  d'une  manière 
quelconque  en  fonction  des  variables  7,,  7°  (cela  pourra  se  faire,  en  général, 
d'une  infinité  de  manières,  puisqu'il  y  a  A-  relations  entre  les  7,,  7°).  Rem- 
plaçant c?V  par  son  expression  au  moyen  des  dérivées  partielles  de  V,  on 
déduit  de  la  formule  (5)  de  ma  première  Communication  la  suivante  : 

»  On  n'a  plus  le  droit  seulement  d'égaler  à  zéro  le  coefficient  de  chaque 
(lifférenlielle,  puisque  les  variables  7,,  7,"  ne  sont  plus  indépendantes.  On 
a  entre  les  différentielles  de  ces  variables  les  k  relations  suivantes  : 

r—  C?7,   -4-  .  .  .  +  r-^  07„   +  r-4  07"  -t-   •  ■  •  +  r-4  oV,'  =  O, 

l:*"+-  +!;<''/" +i*«  ■'-•■• +,^»v;=". 

•H;  <?,,  +  ,..  -H  p  ,î,,„  +  «i  J,;  H- . . .  +  >1;  s,,o  =  „. 

)i    [l  suit  de  là  que,  en  désignant  par  X,,  X,, .  .    ,  ) .^  des  nndtiplicateurs 


(    '62    ) 

convenablement  clioisis,  on  poinra  toujours  poser 

,..  i>V  ,     .>F,  c^F,  c>F* 

,/.v  3V  „  .     3F,         .     OF,  .    ;)F* 

Telles  sont  les  formules  qu'il  faut  substituer  aux  équations  de  Jacobi. 

»  Les  équations  (5),  (6),  jointes  aux  formules  (3),  permettent  d'ex- 
primer toutes  les  arbitraires  de  la  question  en  fonction  de 

Elles  donnent  donc  l'intégrale  générale  du  système  des  équations  (i);  de 
plus,  les  an  arbitraires  en  fonction  desquelles  s'expriment  toutes  les  va- 
riables sont  indépendantes  les  unes  des  autres,  et,  par  suite,  toute  relation 
où  elles  figureront  seules  devra  être  identiquement  vérifiée. 

»  Cherchons  maintenant,  en  suivant  pas  à  pas  la  marche  de  Jacobi,  la 
dérivée  partielle  de  V  par  rapport  à  t.  On  a 

-t^M^-di'^----^^^lû-P^     dt    ^"-^Pn-aJ-^ 

et,  par  suite,  en  remplaçant  r—  par  son  expression  tirée  de  la  première  des 
équations  (5), 

a^  I 

/  >  Î)F 

Le  coefficient  de  ly,  est  évidemment  égal  à  —  -;-°.  On  a  donc,  en  rempla- 
çant Pi  dans  H  par  sa  valeur  tirée  des  formules  (5), 

»  Si,  comme  nous  pouvons  le  supposer  maintenant,  les  équations  (■y) 
ont  été  écrites  sous  la  forme  (3);  si,  en  outre,  au  moyen  de  ces  équa- 
tions (3),  on  a  chassé  de  V  f/',',  ^l!,.  -i  7"?  l'équation  précédente  a  lieu  entre 
les  2/i  arbitraires 

7a"+.vi    ^,',' ;     7<''  •'    7"'    '•"    ^■■!i---i     ^*- 

Elle  est  i\onciflentiquc)ncnt  vérifiée,  d'après  une  remarque  déjà  faite.  Or,  si 
l'on  y  considère  ).,,  )j,.  .,  )a  coiuiue  des  constantes,  et  si  l'on  remarque 
que  les  dérivées  de  F^  sont  les  mêmes  que  celles  de /a»  t;lle  cx[)rime  que 


(  i63  ) 
la  fonction 

satisfait  à  l'équation  aux  dérivées  partielles  proposée.  Ainsi,  sans  changer 
de  méthode,  on  obtient  encore  une  inti'grale  générale  de  l'équaiioii  aux 
dérivées  partielles  qu'il  s'agit  d'intégrer. 

»   Le  résultat  de  cette  recherche  peut  être  résumé  dans  le  théorème  sui- 
vant : 

1)  Etant  données  les  équations  différentielles 

d<u         cMI         di>i  Ml 

-,'-:=  r—)        --  =  —   -— 5  /  =  1,2,.    .,«, 

dt  }spi  dt  içi  ?       1         •       1 

supposons  qu'on  les  ait  intégrées,  et  que  des  intégrales  on  puisse  déduite  I,  rcUi- 
lions  distinctes  et  k  seulement  entre  les  variables  q,,  q^,,...^  q„  et  leurs  valeurs 
initiales,  on  mettra  ces  relations  sous  la  forme 

F,  =y,  (  (/, ,  7,, . . . ,  q,„  i/['_„  vlV,,  ••,</")-  '/'.'  =  O' 

Fo  =Mqi  ,q,,-.--  q,n  7"+,,  q'L,,  ■•■,'/")-  72  =  "> 


F/.  =./a  [q^q-i,---, q,:, qL.„ q'L..  •  ■ , 7" )  —  qï  =  o, 

et  l'on  calculera  l  intégrale 

Cette  intégrale  pourra  toujours  s'exprimer  en  fonction  des  variiddes  q,,  (j^,---, 

q„,  7"+,, 7".  Cette  expression  de  Y  étant  obtenue,  les  intégrales  générales  du 

système  des  équations  différentielles  pourront  se  mettre  sous  la  forme 

Pi    —    N        —^^i< 1-  ^'2  . h  ...  4-  X^  r— 5 

'  ^'/i  O7,  t^f/,  ^/, 

et  en  outre  la  fonction 

oii  a,,  ti-,,...,  a^  sont  des  constantes  arbitraires,  sera  une  intégrale  générale  de 
l'équation 

^  +  H  =  o, 
ou  l'on  a  remiilacé  <lans  11  [>;  par  ■^■ 


(  j64  ) 

»  Je  n'insiste  pas  sur  la  grande  simplification  qu'offrira  l'intégration  des 
équations  différentielles  du  système  canonique  dans  le  cas  spécial  sur  lequel 
M.  Ma  ver  a  appelé  rattention.  » 

M.  Casey  transmet  à  l'Académie,  par  l'entremise  de  M.  Puiseux,   un 

Mémoire  manuscrit,  écrit  en  anglais,  sur  un  système  de  coordonnées  tan- 

gentielles. 

(Commissaires  :  MM.  Chasles,  Bonnet,  Puiseux.) 

M.  E.  Robert  adresse  une  nouvelle  Note  relative  au  gisement  des  silex 
taillés  de  Précy -sur-Oise,  et  à  la  présence  de  grands  pachydermes  dans  le 
diluvium  de  la  même  localité. 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  de  Quatrefages,  Gervais.) 

M.  D.  LoxTiN  adresse  une  Note  concernant  les  perfectionnements  ap- 
portés par  lui  aux  machines  dynamo-électriques. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bréguet.) 

M.  BoNNEiL  adresse  une  Note  relative  à  un  projet  d'appareil  pour  la  na- 
vigation aérienne. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  E.  DiTciiEMiN  adresse  une  Note  relative  à  une  «  nouvelle  boussole, 
pouvant  être  utilisée  sur  la  surface  des  liquides  et  donner  l'heure  par  le 
Soleil  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  C.  Beitiiot  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  l'application  de 
la  vapeur  à  la  navigation  sur  les  canaux  et  rivières. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  F.  Garrigou  adresse  une  «  Étude  sur  les  causes  d'usure  et  d'explo- 
sion tles  chaudières  des  machines  à  vapeur  ». 

L'auteur  considère  que  l'une  des  ])riiKipales  causes  d'usure  des  chau- 
dières est  l'oxydation  des  parois,  sous  l'action  des  couiaiils  dcvc^Ioppès  par 
l'emploi  simullané  du  fer  et  du  cuivre  dans  leur  conslruclioii.  il  propose  de 


(  '65) 
construire  les  chaudières  entièrement  en  cuivre,  et  de  placer,  à  l'intérieur, 
des  morceaux  de  fer,  sur  lesquels  se  porterait  l'action  électrocliiniique. 

(Commissaires  :  MM.  Paris,  Trosca.) 

MM.  Bi.AXDix,  Bari'7.7,1,  Mosca,  Gi;iLLAUMONT  adrcsscut  diverses  Com- 
munications relatives  au  Pli)lloxora. 

CORRESPONDiVNCE. 

M.  le  MiNi.STUE  DE  LA  GiERRE  informe  l'Académie  que  MM.  Chastes  et 

Fa/e  sont  désignés  pour  faire  partie  du  Conseil  de  perfectionnement  de 

l'École  Polytechnique,   pondant   l'année  1875,   au   titre   de   Memhres  de 
l'Académie  des  Sciences. 

MM.  BocLAXD,  Gaugain,  Paul  Henry  et  Prosper  Hexry  adressent  des 
remercîments  à  l'Académie  pour  les  récompenses  dont  leurs  travaux  ont 
été  l'objet  dans  la  dernière  séance  solennelle. 

M.  le  Mixistre  des  Affaires  étraxgères  transmet  à  l'Académie  quelques 
documents  qui  lui  sont  adressés  par  M.  le  Consul  de  France  à  l'ile  Maurice, 
sur  les  résultats  obtenus  par  lord  Lindsay  dans  l'observation  du  passage  de 
Vénus. 

M.  le  Consul  de  France  a  IIoxolulu  adresse  à  M.  le  Président  quelques 
détails  concernant  les  résultats  obtenus  dans  l'observation  du  passage  de 
Vénus,  par  les  expéditions  anglaises,  à  Ilonohihi,  à  l'ile  d'Havvaï  et  à  l'île 
de  Rauai. 

M.  le  Mixistre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  adresse  à  M.  le  Secré- 
taire perpétuel  la  Lettre  suivante  : 

a  Les  i3  et  i4  février  1874,  le  Journal  officiel  reproduisait  dans  ses 
colonnes  (p.  i23o  et  i258)  deux  articles  extraits,  l'un  du  Gardcner's  Ma- 
qazine  et  l'autre  du  Times,  relatifs  à  un  insecte  inconnu  en  Ein-ope,  la 
Vorruliora  (mouche  des  pommes  de  terre),  qui  attaquerait,  depuis  (juelcpies 
années,  les  plantations  de  pommes  de  terre  aux  Etats-Unis.  Depuis  son 
apparition,  qui  remonterait  à  1823,   cet  insecte,  qni  aurait  fait  \\n  mal 

C.  R.,   i8;5,  1"  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  3.)  22 


(  i66) 
considérable,  se  serait  répandu  avec  une  grande  rapidité  dans  le  nord, 
ainsi  que  vers  l'est. 

»  Le  28  avril  1874,  M.  de  Tschudi,  envoyé  suisse  à  Vienne,  signala  à 
son  Gouvernement  ce  nouvel  ennemi  des  récoltes,  et  appela  son  attention 
sur  les  mesures  à  prendre  pour  prévenir  l'invasion  de  la  Dorypiiora,  qui 
pouvait,  d'un  moment  à  l'autre,  être  importée  par  l'iui  des  vaisseaux  qui 
transitent  entre  l'Europe  et  les  États-Unis,  depuis  surtout  que  cette  mouche 
s'est  installée  dans  les  provinces  du  littoral  océanique,  New- York,  Pensvl- 
vanie,  Carolines,  etc. 

»  Les  19  novembre  et  24  décembre  derniers,  M.  le  Ministre  des  Affaires 
étrangères  m'a  signalé  les  dangers  que  l'Agriculture  européenne  pouvait 
courir,  si  les  craintes  de  M.  de  Tschudi,  dont  M.  Kern,  le  représentant 
suisse  à  Paris,  l'avait  entretenu,  venaient  à  se  réaliser.  11  m'a  fait  connaître 
les  dispositions  que  les  Gouvernements  de  Suisse,  de  Belgique  et  des  Pays- 
Bas  se  proposaient  d'adopter,  en  vue  de  prévenir  l'invasion  de  la  Dory- 
j)liom,et  m'a  prié  d'examiner  s'il  n'y  avait  pas  lieu  pour  la  France  d'entrer 
dans  la  même  voie. 

»  Enfin  M.  le  Maréchal  Président  de  la  République,  qui  a  eu  connais- 
sance de  ce  qui  se  passait  chez  nos  voisins,  m'a  invité  à  faire  étudier  cette 
question,  qui  lui  paraît  avoir  une  sérieuse  importance. 

»  Cette  étude  se  résume  dans  l'examen  des  deux  propositions  suivantes  : 

»  1°  Le  danger  signalé  par  M.  de  Tschudi  et  les  journaux  anglais  cités 
plus  haut  est-il  assez  grave  pour  qu'il  y  ait  lieu  d'adopter  des  mesures  en 
vue  de  prévenir  l'invasion  de  la  Dorypiiora? 

I»  2°  Dans  le  cas  de  l'affirmative,  quelles  seraient  les  mesures  à  prendre? 

»  Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  la  France  exporte  beaucoup  plus  de 
pommes  de  terre  qu'elle  n'en  importe.  En  effet,  pour  les  onze  premiers 
mois  de  1874,  dont  les  chiffres  sont  encore  les  seuls  connus,  l'exportation 
de  ces  solanées  s'est  élevée  à  1 55  735 565  quintaux,  tandis  que  l'importation 
n'atteint  que  gsSSooo  quintaux. 

»  Toutefois  il  faut  dire  que  cette  importation  vient,  pour  la  plus  forle 
partie,  de  l'Angleterre,  qui  tire  elle-même  beaucoup  de  pommes  de  terre 
des  États-Unis,  et  qu'une  autre  portion  provient  des  ventes  faites  parles 
navires  rendus  au  port  de  destination  et  qui  préfèrent  renouveler  leurs 
approvisionnements. 

»  Les  craintes  de  M.  de  Tschudi  ne  seraient  donc  pas  absolument  exagé- 
rées, et  il  y  a  lieu,  je  crois,  pour  le  Gouvernement,  de  se  piéoccu|)er  de  cette 
situation  et  de  s'éclairer,  à  cet  effet,  de  l'opinion  des  hommes  compétents. 


{  '^7  ) 
»  Je  vous  serai  obligé  de  vouloir  bien  placer  sous  les  yeux  des  Membres 
de  votre  honorable  et  illustre  Coni|iagnie  la  présente  dépêche,  ainsi  que 
les  pièces  qui  y  sont  jointes,  et  de  la  prier  d'examiner  d'une  manière  très- 
approfondie  la  question  en  répondant  aux  deux  propositions  que  j'ai  trans- 
crites plus  haut.  » 

(Cette  Lettre  sera  renvoyée  aux  Sections  d'Economie  rurale  et  de  Zoo- 
logie.) 

GÉOMÉTniE.  —  Su7'  la  notion  des  s/stènies  (jénéraux  de  surfaces,  alf/ébriques  ou 
transcendantes,  déduite  de  la  notion  des  implexes.  Note  de  M.  G.  Fodret, 
présentée  par  M.  Chasies. 

«  Dans  une  des  Notes  (*)  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Acadé- 
mie l'année  dernière,  j'ai  établi  l'existence  de  certains  groupes  ou  implexes 
de  surfaces,  algébriques  ou  transcendantes,  remplissant  l'espace  une  infi- 
nité de  fois,  et  définis  par  doux  caractéristiques  0  et  y,  qui  sont:  l'une,  la 
classe  du  cône  enveloppe  des  plans  tangents,  en  un  point  quelconque,  à 
toutes  les  surfaces  de  l'implexe  qui  y  passent;  l'autre,  le  degré  du  lieu  des 
points  de  contact  des  surfaces  de  l'implexe  avec  un  plan  quelconque. 

»  J'ai,  en  outre,  donné  la  forme  la  plus  générale  de  l'équation  aux  déri- 
vées partielles,  à  laquelle  satisfont  les  surfaces  d'un  implexe  (5,  cp). 

»  Cette  question,  une  fois  résolue,  en  soulevait  une  autre  :  celle  de  re- 
connaître, une  surface  transcendante  étant  donnée,  si  cette  surface  peut 
faire  partie  d'un  ou  plusieurs  implexes,  et,  en  cas  d'affirmative,  de  déter- 
miner les  caractéristiques  de  ou  des  implexes  renfermant  cette  surface  (**). 
Or,  on  démontre  aisément  que  toute  surface  transcendante  ne  peut  pas 
faire  partie  d'un  implexe,  et  que,  pour  qu'il  en  soit  ainsi,  il  faut  et  il 
suffit  que  les  points  de  contact  des  plans  tangents  menés  à  la  surface  consi- 
dérée (S),  par  l'une  quelconque  des  droites  D  d'un  même  plan,  d'ailleurs 
choisi  arbitrairement,  soient  situés  sur  une  surface  algébrique,  variable 
avec  D.  Lorsque  cette  condition  est  remplie  pour  toutes  les  droites 
d'un  certain  plan,  elle  l'est  également  pour  toutes  les  droites  de  l'espace; 
et  la  surface  (S)  fait  partie  d'un  implexe  dont  la  caractéristique  6  est  égale 

(*;  Sur  certains  groupes  de  surfaces,  etc.  [Comptes  rendus,  t.  LXXIX,  p.  4^7). 

(**)  La  même  qucslion,  pour  les  courbes  planes  transcendantes,  u  été  traitée  dans  une  Note 
communiquée  à  lu  Société  Mathéiualique  [Sur  tes  courbes  planes  transcendantes,  susceptibles 
défaire  partie  d'un  système  ((*,  v).  —  Bulletin,  t.  II,  p.  9G). 

22.. 


(  >68  ) 
au  degré  de  multiplicité  de  la  droite  D  sur  {1)^  et  la  seconde  caractéris- 
tique çj  à  l'excès  du  degré  de  (3)  sur  le  degré  de  multiplicité  de  D.  On  dé- 
montre, en  outre,  qu'une  surface  transcendante  ne  peut  pas,  en  général, 
appartenir  à  plus  d'un  implexe.  Pour  qu'elle  appartienne  à  la  fois  à  deux 
implexes  (S,  9),  {0',  ç'),  définis  par  deux  équations  telles  que 

(0 


il  faut  qu'une  certaine  relation  entre  F,,  Fo  et  leurs  dérivées  partielles  du 
premier  ordre 

(2)  (F„F,)=o 

soit  identiquement  satisfaite.  Lorsqu'il  en  est  ainsi,  la  surface  considérée 
appartient  à  une  infinité  d'implexes  qui  ont  pour  équation  générale 

(3)  F, -hXF.  =  0, 

X  désignant  un  paramètre  arbitraire. 

»  Lorsque  la  relation  (2)  est  vérifiée  identiquement,  l'ensemble  des 
équations  (i)  définit  une  infinité  de  surfaces  communes  aux  deux  implexes. 
Ces  surfaces  forment  ce  que  nous  appellerons  un  sjstème,  en  donnant  à  ce 
mot  un  sens  plus  large  que  celui  qui  est  adopté  pour  désigner  un  ensemble 
de  surfaces  algébriques  du  même  degré,  satisfaisant  à  autant  de  conditions, 
moins  une,  qu'il  en  faut  pour  déterminer  une  pareille  surface  (**). 

»  Nous  définirons,  comme  dans  ce  dernier  cas,  les  systèmes  généraux 
de  surfaces,  algébriques  ou  transcendantes,  au  moyen  de  trois  nombres  ou 
caractéristiques  p.,  v,  fi,  qui  sont  respectivement  :  le  nombre  des  surfaces 
du  système  passant  par  un  point  quelconque,  le  nombre  de  celles  qui 
louchent  une  droite  quelconque  et  le  nombre  de  celles  qui  touchent  un 
plan  quelconque. 

»  Les  caractéristiques  d'un  système  se  déduisent,  en  général,  d'une  ma- 
nière fort  simple  des  caractéristiques  0,  0,  et  (5',  ç',  de  deux  des  implexes 
qui  possèdent  en  commun  les  surfaces  de  ce  système.  11  en  sera  ainsi  lors- 
que ce  dernier  comprendra  la  totalité  des  surfaces  communes  aux  deux 

(*)  Comptes  rendus,  lue.  cit. 

("')  De  JoNiiuiKRKS,  l'rnpru'li's  des  systèmes  (le  surfnccs  d'ordre  qitcleonque  [Comptes  rc/i- 
dus,  t.  LVUI,  p.  5()7,  et  I.  LXI,  ]).  4io).  CiivsLKS,  Tlicurie  gciicrale  des  systèmes  de  su/faces 
du  second  ordre  [Comptes  rendus,  l.  LXII,  p.  4"^)- 


(  <Cy  ) 
implexes.  On  aura,  dans  ce  cas, 

(4)  l'-^yy,  V  =r_- 5'/ +  î'o,  p  =  ?'/. 

»  Mais  il  pourra  se  faire  qu'un  système  (p.,  v,  jo)  ne  comprenne  qu'une 
partie  des  surfaces  communes  à  deux  implexes  (5,  ç),  (5',  (p'),  les  autres 
surfaces  appartenant  à  un  ou  plusieurs  systèmes  complémentaires.  Dans  ce 
cas,  les  caractéristiques  /j.,  v,  jî  seront  inférieures  aux  nombres  donnés  par 
les  formules  (4).  Nous  citerons  deux  exemples  simples  à  raj)pui  de  ce  que 
nous  venons  de  dire. 

»  Premier  exemple  :  Les  surfaces  de  vis  (rua  pus  donné  II,  auloiir  d'un 
certain  axe  \,jormenl  un  iinplexe  (ô  =  i,  ç  =t  i)  (*). 

»  Les  surfaces  de  vis  à  filet  carré,  de  pas  dijférents,  décrites  autour  du  même 
axe  I, forment  un  second  implexe  (C  =  r,  ç/'  =  i). 

»  L'intersection  complète  de  ces  deux  implexes  donne  le  sjstcnie  Joriné  par 
l'ensemble  des  surfaces  de  vis  à  filet  carré,  de  même  pas  H,  décrites  autour  de 
iaxe  I.  Les  caractéristicjues  de  ce  système  sont 

»  Deuxième  exemple  :  L'ensemble  des  sptières  ayant  leur  rentre  sur  une 
même  droite  D  forme  un  implexe  [0  =  i ,  f^  =  i)  ["). 

»  Deux  pareils  implexes  construits  avec  deux  droites!)  et  D',  (pti  se  coupent 
en  un  point  O,  ont  en  commun  les  sphères  qui  ont  leur  centrée  en  O.  Ces  sphères 
forment  un  système  [p.  =  i,  v  ■■=  i.,  p  =  i),  cpii  est  une  partie  de  l'intersec- 
tion des  deux  implexes.  Le  complément  de  cette  intersection  est  composé  d'une 
infinité  de  plans  doubles,  coïncidant  avec  le  plan  de  l'infini. 

»  Il  y  3,  comme  on  le  voit  par  ce  qui  précède,  une  analogie  franpantc 
entre  le  lien  qui  rattache  les  systèmes  aux  implexes,  et  celui  qui  unit  les 
courbes  et  les  surfaces  algébriques.  Les  courbes  algébriques  peuvent 
d'ailleurs  être  considérées  comme  un  cas  particulier  des  systèmes  de  sur- 
faces, de  même  que  les  surfaces  algébriques  peuvent  être  considérées 
comme  un  cas  particulier  des  implexes  (***).  Si  l'on  suppose,  en  effet,  que 
p,  qc^v  disparaissent  des  équations  (i)  (5  =  o,  5'  =  o),  ces  deux  équations 
qui,  eu  général,  définissent  deux  implexes,  définissent  alors  deux  surfaces 
de  degrés  y  et  ip',  et  l'interseclion  de  ces  dernières  donne  une  ou  plusieurs 
courbes,  qui  sont  les  limites  du  ou  des  systèmes  de  surfaces  communes 

(*)  Comptes  rendus ,  t.  LXXIX,  p.  4G9. 
(*")  Comptes  rendus,  t.  LXXIX,  p.  /jG.). 
(*♦*)   Comptes  rendus,  t.  LXXIX,  ]).  468. 


(  'y'»  ) 

aux  deux  implexes.  On  reconnaît  d'ailleurs  facilement  que  la  relation  (2) 
est  toujours  satisfaite  dans  ce  cas  limite.  Ainsi,  une  courbe  gauche  de  de- 
gré n  peut  être  assimilée  à  un  système  dont  les  caractéristiques  sont  p.  ;=<), 

V  =  o,  (5  =  «,  et  dans  lequel  les  points  jouent  le  rôle  d'éléments  qui  appa- 
tient  aux  surfaces  dans  le  cas  d'un  système  général  ;  de  la  même  manière, 
une  développable  algébrique  de  n'^""  classe,  ou  plutôt  l'ensemble  de  ses 
plans  tangents,  peut  être  considérée  comme  un  cas  particulier  des  systèmes 
de  surfaces  :  c'est  un  système  de  plans  dont  les  caractéristiques  sont  p.  =  «, 

V  =  o,  p  =  o. 

»  Les  systèmes  généraux  de  surfaces  jouissent  d'un  certain  nombre  de 
propriétés,  qui  sont  déjà  connues  dans  le  cas  des  systèmes  de  surfaces  algé- 
briques. Elles  possèdent  en  commun  avec  ces  dernières  toutes  les  pro- 
priétés dans  lesquelles  n'intervient  ni  le  degré,  ni  la  classe,  ni  aucun  des 
caractères  des  surfaces  algébriques.  L'énoncé  et  la  démonstration  de  ces 
propriétés  ne  changeant  pas,  lorsqu'on  les  étend  aux  systèmes  généraux  de 
surfaces,  nous  nous  bornerons  à  les  signaler  ici,  en  renvoyant  aux  deux 
Communications  faites,  il  y  a  quelques  années,  sur  ce  sujet  à  l'Académie 
par  M.  de  Jonquières  (*),  Parmi  les  théorèmes  qui  font  l'objet  de  la  pre- 
mière Note,  ceux  qui  s'appliquent  aux  systèmes  généraux  de  surfaces, 
portent  les  numéros  III  à  VII,  IX  à  XIII,  XVI  et  XVII  inclusivement.  Dans 
une  deuxième  Note  qui  complète  la  première,  M.  de  Jonquières  énonce 
deux  autres  propriétés,  dont  l'une  est  la  généralisation  du  théorème  XIII 
précité.  L'importance  de  ces  deux  théorèmes,  déjà  si  grande  dans  le  cas 
des  systèmes  de  surfaces  algébriques,  se  trouvant  encore  accrue  par  leur 
extension  aux  systèmes  généraux  de  surfaces,  nous  croyons  devoir  les 
énoncer  ici. 

»  I.  Le  nombre  des  surfaces  d'un  système  ijcnénd  {p.,  v,  p),  cjui  louchent 
une  courbe  yauclie  de  degré  p,  formant  rareté  de  rcbroussement  d'une  dévelofi- 
pable  de  degré  r,  est  (f/,r  +  vp). 

»  IL  Le  nombre  des  surfaces  d'un  système  général  {ij.,  v,  p),  qui  touchent 
une  surface  algébrùjuc  de  degré  ni,  de  classe  r,  et  dont  les  sections  planes  sont  de 
classe  n,  est  {fJ-i'  -h  v«  -h  pni).  » 

(*)  Loc.  cit. 


{   '7'  ) 
ASTRONOMIE.  —  Système  stellaire  de  In  6i'  du  Cygne  et  étoiles  physiquement 
associées  dont  le  mouvement  relatif  n'est  pas  orbital,  mais  rectiligne.  Note 
de  M.  Flammario\,  présentée  par  M.  Faye. 

«  Dans  son  Traité  d'Astronomie  {t.  III,  p.  198),  Delamhre  expose  comme 
il  suit  le  résultat  des  recherches  de  Bessel  sur  les  étoiles  doubles  : 

<.  Un  grand  travail  qu'il  a  cntropris  lui  a  prouvé  que  les  étoiles  doubles  forment  par  elles- 
mêmes  un  système  particulier.  Plusieurs  étoiles  de  ce  genre,  par  leur  mouvement  eonimun, 
montrent  une  dépendance  mutuelle;  mais  Iti  plus  digne  de  remorque  est  la  Gi"  du  Cygne. 
Cette  étoile  double  s'avance  avec  une  grande  vitesse;  (/  est  évident  que  les  deu.r  étoiles  tiennent 
l 'une  à  l'autre  par  les  liens  de  l 'attraction,  et  depuis  soixante  ans,  elles  ont  décrit  une  partie 
considérable  de  leur  orbite  autour  du  centre  commun  de  gravité,  etc. 

»  Il  estime  le  temps  de  la  révolution  à  4oo  ans,  le  demi-grand  axe  à  ?.5  secondes  et  la 
parallaxe  annuelle  à  o",46.  » 

»  Depuis  le  temps  de  Bessel  et  Delarnbre,  un  grand  nombre  d'astronomes 
se  sont  occupés  de  cetteétoile  dotible;elle  a  longtemps  été  considérée  comme 
la  plus  intéressante  de  toutes;  elle  est  la  première  étoile  dont  on  ait  pu  dé- 
terminer la  distance  à  la  Terre,  et  l'on  avait  cru  pouvoir  même  évaluer  sa 
masse  à  2,93,  celle  du  Soleil  étant  i.  La  série  de  ces  observations  a  prouvé 
que  la  conclusion  de  Bessel  était  prématurée,  et  quoique  l'orbite  ait  été 
modifiée  et  la  période  allongée  d'abord  à  45o  ans,  puis  à  5ao  et  à  Goo, 
cependant  les  observations  successives  ont  constannnent  montré  qu'elles 
ne  s'accordaient  avec  l'hypothèse  d'aucune  orbite.  Mes  études  sur  les 
étoiles  doubles  m'ont  conduit  à  comparer  toutes  les  observations  que  j'ai 
pu  me  procurer  sur  ce  curieux  système.  Elles  sont  nombreuses,  car  la  pltis 
ancienne  date  de  plus  de  cent  vingt  ans.  Le  résultat  de  toutes  ces  observa- 
tions réunies  est  que  la  marche  de  la  petite  étoile  par  rapport  à  la  grande 
s'opère  absolument  en  ligne  droite. 

»  Ce  couple  étant  présenté  dans  tous  les  ouvrages  d'Astronomie  comme 
un  exemple  des  orbites  calculées  et  de  la  détermination  des  masses  des 
étoiles,  solliciterait  par  cela  même  notre  attention,  si  sa  condition  ne  le  pla- 
çait aujourd'hui  dans  une  situation  nouvelle  et  sans  contredit  fort  étrange. 
»  En  effet,  les  deux  étoiles  qui  le  composent  ne  sont  pas,  comme  dans 
les  couples  optiques,  deux  étoiles  prises  au  hasard  dans  le  ciel,  et  fortui- 
tement placées  en  perspective  sur  le  même  rayon  visuel  ;  mais  elles  se  con- 
naissent et  forment  en  réalité  un  même  couple  physique,  car  elles  sont 
animées  d'un  mouvement  propre  commun.  Si  ce  mouvement  était  faible 
ou  de  l'ordre  des  mouvements  moyens,  on  pourrait  peut-être  encore  invo- 
quer le  hasard;  mais  il  est  d'un  caractère  exceptionnel,  et  c'est  l'iin  «les 
plus  rapides  qui  existent  dans  le  ciel.  Il  dépasse  5  secondes.  Voici  comment 
il  se  décompose  pour  chacime  des  deux  étoiles  ; 


(   '7^  ) 

6l ,  :   y-R  =  +  5" 09,     (0  =:  H-  3" 21, 

61,:  .■n  =  +  5"  18,  .0  =  4-3"oo. 

»  Ce  inouvemeiit,  qui  n'est  qu'une  projection,  représente  pour  notre 
esprit  une  vitesse  de  plusieurs  millions  de  lieues  par  jour,  vitesse  colossale 
et  qui  ne  permet  pas  un  seul  instant  de  supposer  que  les  deux  étoiles  qui  en 
sont  animées  ne  soient  pas  rattachées  entre  elles  par  un  lien  physique.  Il 
n'y  a  qu'iuie  seule  étoile  dans  notre  ciel  boréal  qui  présente  un  mouvement 
angulaire  plus  rapide  :  c'est  la  i83o^  de  Groombridge. 

»  Une  autre  raison  milite  en  faveur  de  l'association  de  ces  deux  étoiles  : 
c'est  leur  ressemblance  singulière  dans  le  champ  du  télescope.  L'une  est 
de  5*  |,  l'autre  de  6*  grandeur;  elles  sont  toutes  deux  jaunes.  Il  est  diffi- 
cile de  se  défendre  de  l'idée  que  ces  deux  lumières  voisines  et  analogues 
aient  entre  elles  un  invisible  lien  de  parenté. 

»  L'examen  de  ce  système  nous  conduit  donc  aujourd'hui  à  une  con- 
clusion opposée  à  celle  de  l'illustre  Bessel  :  c'est  que  les  deux  étoiles,  quoi- 
que certainement  associées  entre  elles,  ne  tournent  pas  ('une  autour  de  l'autre. 

n  Une  telle  conclusion  est-elle  contraire  à  l'universalité  de  la  gravitation? 
11  faut  avouer  qu'au  lieu  de  prouver  celte  universalité,  comme  il  paraissait 
le  faire  en  fournissant,  il  y  a  trente  ans,  à  Arago  des  arguments  très-élo- 
quents, ce  système  fournirait  plutôt  aujourd'hui  des  arguments  contraires. 
Mais  comme  théoriquement  il  nous  est  impossible  de  douter  de  cette  uni- 
versalité, nous  sommes  amenés  à  conclure  que  les  deux  composantes  de  la 
61*  du  Cygne  sont,  ou  d'une  masse  trés-faible,  ou  écartées  considérable- 
ment l'une  de  l'autre  dans  le  sens  du  rayon  visuel.  (La  distance  angulaire 
qui  les  sépare  actuellement  est  de  20  secondes.) 

»  La  seconde  de  ces  hypothèses  me  paraît  de  beaucoup  la  meilleure, 
non-seulement  à  cause  des  masses  déjà  calculées  pour  d'autres  étoiles,  mais 
surtout  parce  que  ce  cas  n'est  pas  unique  dans  le  ciel,  et  que,  dans  l'élat 
actuel  de  nos  connaissances  sur  les  mouvements  propres,  nous  pouvons 
déjà  trouver  des  exemples  d'étoiles  éloignées  les  unes  des  autres  et  animées 
d'un  même  mouvement  de  translation  dans  l'espace.  Je  citerai  notamment 
l'étoile  double  Piazzy,  XIV,  212,  dont  le  mouvement  propre  annuel  est  de 
2", 02,  et  dont  les  deux  composantes  se  déplacent  aussi  en  ligne  droite; 
0-  Eridan,  qui  est  dans  le  même  cas,  avec  82  secondes  de  distance  angu- 
laire; p.'  et  ij}  du  Bouvier  (i'48");  3o  Scorpion  et  36  Ophiuchus,  écartées 
de  I  2  miinites  et  animées  d'une  marche  commune.  On  pourrait  même  aller 
plus  loin  et  signaler  des  étoiles  bien  plus  éloignées  encore  les  unes  des  autres, 
et  animées  d'un  mouvement  évidenuneni  commun.  Les  étoiles  doubles 
qui  sont  restées  relativement  fixes  depuis  leur  découverte  en  marchant 


(  173) 


V 

». 


4       V 

Fig.  I.  —  Positions  obscrvéos  du  compagnon  de  la  Gi"  du  C.yçnc. 


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3z 

0              ./jï*.£.;i/i./.-/4^  J-'-i.  "»«.j-'-'"(i) 

Fie.  0.  -  Marcho  de  la  61'  du  CvRne  ^1^.  3.  -  Mouvement  propre  de  la  Gi"  dii  Cycno  pendant  dix  mille  ans. 

et  de  son  compagnon,  de  1733  h  187,^. 

eu.,  18.5,  1"  Semctlre.  (T.  LXXX,  «-■  5.)  ^3 


(  -74) 
d'un  commun  accord  dans  l'espace,  sont,   quoique  d'un  ordre  différent 
de  celui  auquel  appartient  la  Gi''  du  Cygne,    un  véritable  argument  en 
fnveiu'  dp  notre  conclusion  que  des  étoiles  peuvent  être  associées  ensemble 
physiquement  sans  toiniior  l'une  autour  de  l'autre. 

I)  Depuis  cent  vingt  ans  le  mouvement  relatif  a  été  de  80  degrés  et  de 
25  secondes,  avec  une  vitesse  sensiblement  uniforme  de  o",  ao8  par  an. 
Pour  admettre  une  orbite,  il  faudrait  supposer  que  son  plan  passe  presque 
par  le  rayon  visuel  et  que  le  grand  axe  apparent,  quatre  fois  au  moins  plus 
grand  que  la  tangente  mesurée  depuis  1753,  dépasse  i  |  minute,  étendue 
dont  aucun  système  d'étoile  double  n'offre  d'exemple. 

•'  Pour  me  rendre  compte  des  mouvements  absolus  et  relatifs  dont  ces  deux  soleils  loin- 
tains sont  animés,  j'ai  construit  les  trois  figures  ci-dessus,  sur  lesquelles  on  peut  facilement 
analyser  ces  niouvenunts  divers  :  dans  la  première,  les  principales  mesures  micrométriques 
de  la  61''  du  Cygne,  considérée  comme  étoile  double,  sont  |)ointées  avec  leurs  dates,  depuis 
1753  jusqu'à  notre  époque;  en  rapportant  les  positions  de  la  seconde  étoile  à  la  première 
supposée  fixe,  on  voit  qu'une  ligne  droite  passant  par  l'ensemble  de  ces  positions  en  rend 
parfaitement  compte.  J'ai  tracé  sur  cette  même  figure  la  direction  du  mouvement.  Tandis 
que  la  petite  étoile  se  déplace  relativement  à  la  grande  dans  le  sens  de  la  ligne  droite  i  n°  i  ) 
dont  nous  venons  de  parler,  il  faut  considérer  que  les  deu.x  marchent  ensemble  dans  la  direc- 
tion de  la  ligne  n°  2.  Le  premier  mouvement,  le  relatif,  n'est  que  de  ?.o",8  par  siècle;  le 
second,  l'absolu,  est  ?4  fois  plus  rapide,  et  de  5i5  secondes  par  siècle.  J'ai  également  tracé 
sur  cette  figure  la  direction  opposée  au  mouvement  du  Soleil  dans  l'espace,  afin  de  savoir 
quelle  jiarl  on  peut  attribuer  à  la  perspective  dans  le  déplacement  séculaire  de  res  étoiles. 
On  voit  que  notre  propre  déplacement  ne  pourrait  l'expliquer,  et  que  le  changement  de 
perspective  dû  à  notre  propre  translation  fait  un  angle  de  34  degrés  avec  lui. 

11  Pour  saisir  dans  leur  ensemble  le  mouvement  absolu  et  le  mouvement  relatif  des  deux 
composantes,  chacun  proportionné  à  sa  valeur  respective,  j'ai  construit  la  fig.  2,  qui 
montre  la  marche  de  l'étoile  A  depuis  i^SS,  avec  la  position  de  B  aux  différentes  époques. 
On  voit  ([ue  A  marche  un  peu  plus  vile,  et  que  B,  qui  était  en  i'j53  à  l'j  degrés  vers  le 
nord,  s'est  trouvée  sur  le  chemin,  en  1 780,  et  s'est  écartée  depuis  jusqu'à  63  degrés  au  sud, 
décrivant  ainsi  un  arc  de  80  degrés  sur  lequel  il  semblerait  au  premier  abord,  en  effet,  que 
l'on  puisse  conclure  au  mouvement  orbital,  si  l'on  ne  pénétrait  pas  jusqu'au  fond  de  la 
question. 

»  Si  le  mouvement  que  nous  venons  de  reconnaître  à  chacune  des  deux  composantes  de 
ce  couple  se  continue,  les  deux  étoiles  vont  bientôt  se  séparer  tout  à  fait  et  suivre  dans  la 
constellation  du  Cygne  le  chemin  tracé  sur  notre  fig.  3,  qui  représente  la  route  de  chaque 
étoile  d'ici  à  dix  mille  ans.  Dans  dix-huit  siècles,  elles  formeront  une  étoile  triple  avec  ct  du 
Cygne,  puis  éclipseront  diverses  étoiles  télescopiqnes  qui  se  trouvent  sur  leur  chemin. 
L'étoile  s  possède  un  mouvement  propre,  dirigé  dans  le  même  sens,  mais  beaucoup  moins 
ra|)ide.  Sur  cette  petite  carte,  les  flèches  isolées  indiquent  le  déplacement  en  perspective  du 
à  la  translation  de  notre  système  solaire  dans  l'espace. 

»  En  résumé,  on  voit  que  la  61*  du  Cygne  n'est  pas  une  étoile  double 
en  mouvement  orbital,  mais  forme  néanmoins  un  système  de  deux  étoiles 
pliysiqueinent  associées,  et  emportées  par  un  même  mouvement  propre 
sous  l'influence  prépondérante  d'ini   foyer  d'allraclion  incoiuui.    » 


(  '75  ) 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  de  la  planète  0  jaite  à  i Observatoire  de  Paris 
par  M.  Paul  Henry.  Présentée  par  M.  Le  Verrier. 

Temps  moy.  !."(!•  '"<='■  l-"t!-  I"*'- 

do  l'uiis.  B.  parallaxe.  '1  parallaxe. 

Il  Ul         s  h  111  s       .  _  .  »  t  n 

i3 janvier  iS'jS...      i3.3i.i8     10.34. 33, 7$     —  ('>«85)     82.30. 33, a     —(0,773) 
i4 janvier  1875...      12. 32. 35     10.34.   5,64     — (ijSGg)     82.3i.i5,8     —(0,779) 

Etoile  de  cnmptirahun. 

606  Wcisse  H.iOjg"       iiosit.  iiioy.  1875,0       .R  =  10'' 35°' b'.ôg,       T  =  82"  18' 32", 4. 

CHIMIE  ANALYTIQUE.   —    Sur  l'aininoniacjue  de  l'atinosplière.    Noie 
de  M.  A.  ScHLŒsiNG,  présentée  par  M.  Boiissingault. 

«  Après  la  leçon  mémorable  de  M.  Dumas,  concertée  avec  M.  Roiissin- 
gault,  sur  la  statique  chimique  des  êtres  orgariisés,  après  les  écrits  clas- 
siques de  Liebig,  l'ammoniaque  diffusée  à  la  surface  du  globe  prit  une 
place  importante  dans  les  travaux  de  Cbimie  agricole.  Elle  fut  mesurée 
dans  l'air,  dans  les  sols,  dans  les  eaux;  cependant,  malgré  de  nombreuses 
recherches,  nous  sommes  encore  dans  l'incertitude  sur  son  origine,  sa  cir- 
culation, ses  variations  dans  l'atmosphère,  sa  distribution  entre  les  mers, 
les  continents  et  l'air,  son  apport  comme  aliment  aux  diverses  cultures,  et 
notre  ignorance  sur  ces  questions  nous  empêche  d'en  résoudre  d'autres 
auxquelles  elles  sont  mêlées.  Me  proposant  de  les  étudier,  j'ai  voulu 
d'abord  posséder  l'instrument  nécessaire  des  recherches  fructueuses,  c'est- 
à-dire  un  procédé  rapide  pour  déterminer  l'aiiimoniaque  répandue  dans 
un  très-grand  volume  d'air  Ce  problème  résolu,  un  autre  se  présentait 
aussitôt  :  entre  l'atmosphère  d'une  part,  et  la  mer  et  les  continents  de 
l'autre,  se  font  des  échanges  continuels  d'ammoniaque  dont  dépendent 
évidemment  les  apports  de  l'air  aux  terres  et  aux  cultures  :  il  importait 
donc  d'étudier  les  lois  de  ces  échanges.  J'aurai  l'honneur,  très-prochaine- 
ment, de  soumettre  à  l'Académie  les  résultats  acquis  dans  cette  première 
partie  de  mes  recherches.  Aujourd'hui,  je  voudrais  résumer  les  idées  géné- 
rales qui  m'ont  encouragé  à  entreprendre  un  travail  aussi  considérable. 

»  On  sait  que  les  êtres  organisés  n'assimilent  pas  l'azote  gazeux  ;  leurs 
principes  azotés  sont  des  produits  de  transformation  procédant  de  l'ain- 
moniaque  et  de  l'acide  nitrique,  et  reproduisant  ces  corps  i)endant  leur 
décomposition.  Dans  le  cours  des  transformations,  une  certaine  quantité 
d'azote  sort  de  l'état  de  combinaison  et  devient    libre,  eu    sorte  que   la 

23.. 


{  '76  ) 
somme  des  composés  azotés  existant  dans  le  monde  éprouverait  une  di- 
minution continue  aboutissant  à  ranéantissement,  s'il  n'y  avait  pas  une 
ou  plusieurs  causes  naturelles,  réparatrices,  faisant  entrer  l'azote  gazeux 
en  combinaison.  Ces  causes  ont  été  placées  tour  à  tour  dans  l'atmosphère, 
dans  les  végétaux,  dans  les  sols. 

))  Dans  ialmosphcrc  •  Depuis  longtemps,  M.  Boussingault  a  insisté  sur 
riniportancc  de  la  |)roduction  d'acide  iiiliicpie  par  l'électricité.  Les  belles 
recherches  de  M.  Ilouzeaii  et  de  MM.  Theiiard  sur  l'ozone  et  l'etfluve  élec- 
trique ont  grandi  le  rôle  de  l'électricité  agissant  autrement  que  par  dé- 
charges brusques  dans  les  phénomènes  naturels. 

Dans  les  i>taiiles  :  L'assimilation  directe  de  l'azote  gazeux  n'est  plus  ail- 
mise. 

»  Dans  les  sols:  Plusieurs  modes  de  réparation  ont  été  proposés.  Lavoi- 
sier,  de  Saussure,  et  d'autres  savants  après  eux,  ont  montré  que  la  com- 
bustion vive  des  n)atières  carbonées  ou  hydrogénées  provoque  l'union 
d'une  petite  quantité  d'azote  atmosphérique  avec  l'oxygène  ou  l'hydro- 
gène. Si  la  combustion  lente  de  la  matière  organisée  avait  un  elTet  sem- 
blable, la  réparation  se  ferait,  dans  une  certaine  mesure,  en  même  tem|)s 
que  le  déficit;  mais  ce  résultat  n'est  nullement  démontré.  Un  auti-e  mode 
de  réparation  est  proposé  par  M.  Dehérain  :  l'azote  gazeux  entrerait  en 
combinaison  avec  les  matières  carbonées  du  sol.  Je  ne  puis  plus  admettre 
cette  assertion,  depuis  (pi'il  m'a  été  impossible  de  constater  la  moindre 
absorption  d'azote,  dans  des  expériences  très-soignées  sur  du  terreau  et  de 
la  terre  végétale  laissés  longtemps  au  contact  de  ce  gaz,  avec  ou  sans  alcalis. 
Enfin  il  n'est  pas  démontré  que  la  nitrification  par  les  corps  poreux,  en 
l'absence  des  composés  azotés,  ne  se  produise  en  aucun  cas.  Mais,  quoi 
qu'il  en  soit,  il  paraît  bien  que  la  résultante  des  actions  qui  créent  ou  dé- 
truisent des  composés  azotés  dans  le  sol  est  une  perte  réelle;  en  effet,  dans 
ses  expériences  sur  la  terre  végétale,  en  présence  d'un  excès  d'air,  M.  Bous- 
singault a  constaté  une  perte  d'azote  combiné,  et  mes  propres  expériences, 
faites  en  l'absence  d'oxygène,  ont  présenté  un  semblable  résultat. 

»  L'électricité  atmosphérique  semble  donc  être,  jusqu'à  présent,  la  seule 
cause  réparatrice  dont  les  effets  soient  bien  réellement  constatés. 

"  Cependant,  quand  on  calcule  la  quantité  d'azote  combiné  apporté  au 
sol  par  les  météores  aqueux,  on  trouve  que  cette  quantité  est  inférieure  à 
celle  qui  est  exportée  par  les  récoltes  et  les  eaux  souterraines,  et  l'on  est 
tenté  de  nier  que  l'électricité  atmosphérique  soit  une  cause  sulfisante  de 
réparation. 


(   '77  ) 

»  Avant  d'admettre  cette  conclusion,  en  apparence  fondée,  il  faut  re- 
chercher si  l'apport  par  les  météores  aqneux  représente  bien  tout  ce  que 
la  production  nitreuse  dans  l'atmosphère  peut  nous  donner  :  c'est  ce  que 
je  vais  taire. 

11  J'observe  d'abord  que  la  surface  des  continents  est  un  milieu  essen- 
tiellement oxydant.  La  nitrification  s'y  développe  abondamment,  comme 
le  témoignent  les  eaux  de  drainage,  de  sources,  de  rivières,  relativement 
riches  en  nitrates  et  pauvres  en  ammoniaque.  Une  partie  des  nitrates  for- 
més rentre  dans  le  cycle  de  la  vie  ;  l'autre  est  emportée  à  la  mer. 

«  Les  nitrates  ainsi  charriés  ne  s'accuuiuknl  pas  dans  la  mer  ;  ils  y  servent 
sans  doute  à  la  végétation,  car  l'analyse  n'en  retrouve  que  des  traces.  Au 
mois  de  septembre  dernier,  j'ai  déterminé  plusieurs  fois  l'acide  nitrique  et 
l'ammoniaque  dans  l'eau  de  mer  puisée  à  marée  haute  près  de  Saint-Valery- 
en-Caux.  J'ai  trouvé  deo'^^ja  à  o"'8,  3  d'acide  nitrique  par  litre,  et  de  o™s,4 
à  o'"°,  j  d'ammoniaque.  M.  Marchand  et  M.  lioussinyault  avaient  dosé  anté- 
rieurement o'"s,  57  et  o"'6,  2  de  cet  alcali.  Ainsi  l'azote  des  nitrates,  qui  Uem- 
porle  sur  celui  de  l'ammoniaque  dans  les  eaux  terrestres,  lui  est,  au  con- 
traire, bien  inférieur  dans  les  eaux  marines.  Ces  résultats  conduisent  à 
penser  que  la  décoiii[)()sition  des  êtres  organisés,  source  active  de  nitre  sur 
les  continents,  devient  une  source  d'ammoniaque  dans  un  milieu  aussi  peu 
oxygéné  que  la  mer. 

»  On  doit  donc  se  représenter  toute  une  circulation  d'acide  nitrique  et 
d'ammoniaque  à  la  surface  du  globe.  L'acide  nitrique  produit  dans  l'atmo- 
sphère arrive  tôt  ou  tard  à  la  mer  :  là,  après  avoir  passé  dans  les  êtres  orga- 
nisés, il  est  converti  en  ammoniaque;  dès  lors,  le  composé  azoté  a  pris 
l'état  le  plus  propre  à  sa  diffusion;  il  passe  dans  l'atmosphère,  et,  voya- 
geant avec  elle,  va,  comme  l'acide  carbonique,  à  la  rencontre  des  êtres 
privés  de  locomotion,  à  la  nutrition  desquels  il  doit  contribuer.  Dans  sa 
route,  il  est  fixé  là  où  il  trouve  les  feuillages  des  végétaux,  ou  bien  des 
terres  arables  préparées  à  l'absorption  par  les  labours  et  par  la  présence  du 
terreau.  Ainsi,  production  nitreuse  dans  l'air,  apports  nitreux  de  l'air  aux 
continents  et  à  la  mer,  retour  des  nitrates  des  continents  dans  la  mer,  trans- 
formation de  ces  sels  en  ammoniaqtie  dans  le  milieu  marin,  passage  de 
l'alcali  dans  l'atmosphère  et  transport  aux  continents,  telle  doit  être  la 
circulation  des  com|)osés  minéraux  tie  l'azote. 

«  La  production  nitreuse  dans  l'atmosphère  peut  donc  faire  défaut  dans 
certaines  contrées  et  se  localiser  dans  d'autres,  comme  dans  la  zone  équa- 
toriale  ;  l'ammoniaque  qui  en  provient  n'en  est  pas  moins  distribuée  par- 


(  178  ) 
tout.  Par  conséquent,  lorsqu'on  discute  sur  les  apports  de  l'atmosphère  aux 
cultures,  il  ne  faut  pas  compter  seulement  l'acide  nitrique  et  l'ammoniaque 
des  eaux  pluviales,  connue  on  l'a  fait  :  il  faut  mesurer  encore  les  apports 
par  absorption  directe  de  l'ammoniaque  aérienne,  au  contact  des  plantes  et 
des  sols.  Jusqu'à  ce  que  ces  apports  soient  déterminés,  on  ne  pourra  ni 
affirmer  ni  refuser  de  croire  que  la  production  nitreuse  dans  l'air  soit  suffi- 
sante pour  réparer  les  déficits  de  combinaisons  azotées. 

«  En  admettant  que  le  volume  de  la  mer  soit  égal  à  une  couche  de 
looo  mètres  d'épaisseur,  étendue  sur  le  globe  entier,  et  en  lui  supposant 
un  titre  uniforme  de  o^^,^  d'ammoniaque,  ou  trouve  qu'à  chaque  hectare 
de  la  surface  correspondrait  une  provision  de  4ooo  kilogrammes  d'ammo- 
niaque. La  mer  est  donc,  selon  l'observation  de  M.  Boussingault,  un  im- 
mense réservoir  d'azote  combiné  ;  j'ajoute  qu'elle  est  aussi  le  régulateur 
de  sa  distribution  annuelle  sur  les  continents  par  les  courants  aériens.  » 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —   Recherches  sur  les  fonctions  des  champicjnons. 
Note  de  M.  Muntz,  présentée  par  M.  Boussingault. 

«  Les  auteurs  qui  ont  étudié  la  respiration  des  champignons  ne  sont  pas 
d'accord  sur  la  nature  des  gaz  qui  se  produisent  pendant  ce  phénomène. 

»  S'il  est  admis  par  tous  que  les  champignons,  placés  dans  une  atmo- 
sphère contenant  de  l'oxygène,  absorbent  ce  gaz  en  exhalant  un  pareil  vo- 
lume d'acide  carbonique,  et  s'il  est  même  démontré  par  les  expériences  de 
Marcet  que,  l'oxygène  étant  consommé,  les  champignons  dégHgenl  de 
l'acide  carbonique  aux  dépens  de  leur  propre  substance,  il  n'en  est  pas  de 
même  de  la  production  d'hydrogène,  signalée  par  Humboldt,  Grischow, 
Marcet,  et  qui  n'est  |)as  unanimenierit  acce[)lée  par  les  pliysiologistes. 

»  Pour  résoudre  cette  question,  on  a  fait  passer  un  courant  continu  d'air 
sur  des  champignons  \^Agaric.  camp.,  champignon  ne  contenant  pas  d'autre 
matière  sucrée  que  la  mannite  (i)].  Les  gaz,  après  avoir  traversé  une  série 
de  tubes  destinés  à  retenir  l'eau  et  l'acide  carbonique,  passaient  sur  de 
l'oxyde  de  cuivre  chauffé  au  rouge  et  se  lavaient  ensuite  dans  des  appa- 
reils à  absorption.  Une  série  d'essais  a  montré  que,  dans  ce  cas,  c'est-à- 
dire  en  présence  de  l'air  atmosphérique  constamment  renouvelé,  il  ne  se 

(i)  Dans  deux  précédentes  Noies  (  Cww/y^-f  rendus,  I.  LXXVI,  p.  649,  et  t-  LXXIX, 
p.  1183.J  j'ai  lail  voir  que  les  rlianipiynons  su|)éricuis,  ainsi  ipie  ceux  (jui  foiiclioniient 
comme  moisissures,  conliennonl  taniot  de  la  mannite,  tantôt  du  tréhalose,  lanlol  ces  deux 
sucres  réunis,  et  quelquefois  aussi  un  sucre  du  genre  glucose. 


(  '79  ) 
produisait  aucun  gaz  combustible,  tel  qu'hydrogène,  oxyde  de  carbone  ou 
hydrogène  carboné.   En  effet,  les  absorbants  placés  à  la  suite  du  tube  à 
oxyde  de  cuivre  n'ont  retenu  ni  eau  ni  acide  carbonique. 

»  Une  seconde  série  d'essais  a  été  faite  par  le  menu-  procédé  en  suppri- 
mant l'oxygène.  De  l'azote  pur  remplaçait  l'air  atmosphérique.  Dans  tontes 
les  expériences  on  a  obtenu  de  l'eau  provenant  évidemment  d'une  petite 
quantité  d'hvdrogène  dégagé  par  les  champignons.  Aucun  gnz  combustible 
contenant  du  carbone  ne  s'était  produit.  Dans  cette  seconde  série  d'essais, 
faite  à  l'abri  de  l'oxygène,  les  gaz  ayant  séjourné  sur  les  champignons  con- 
tenaient, comme  dans  les  ex|)ériences  faites  avec  l'air  sans  cesse  renouvelé, 
des  quantités  considérables  d'acide  carbonique. 

»  Les  quantités  d'eau  recueillie  étaient  cependant  très-faibles  et,  pour  se 
prononcer  avec  certitude  en  faveur  de  la  production  d'hydrogène,  on  a  cru 
devoir  employer  les  procédés  volimiétriques  qui  ne  permettaient  pas  de 
laisser  un  doute  sur  la  nature  des  gaz  produits.  Dans  ce  but,  on  a  fait  sé- 
journer les  champignons  {^ijcr.  camp.)  dans  un  gaz  non  comburant,  l'acide 
carbonique.  L'expérience  terminée,  cet  acide  carbonique  était  absorbé  par 
de  la  potasse,  et  le  gaz  résidu  était  examiné.  L'analyse  eudiométrique  a 
montré  que  ce  résidu  était  toujours  formé  par  une  grande  quantité  d'hy- 
drogène et  de  l'azote.  Cet  azote  prov<>nait  certainement  des  gaz  contenus 
dans  les  champignons,  gaz  que  j'ai  toujours  trouvés  formés  uniquement  par 
de  l'azote  et  de  l'acide  carbonique.  Ici  encore  aucun  gaz  combustible  autre 
que  l'hydrogène  ne  s'était  produit.  Ainsi,  dans  une  atmosphère  contenant 
de  l'oxygène,  l'Jgar.  camp,  n'a  produit  que  de  l'acide  carbonique,  tandis 
que  dans  une  atmosphère  non  comburante  il  a  produit  de  l'acide  carbo- 
nique et  de  l'hydrogène. 

»  Dans  le  premier  cas,  les  champignons  ont  donc  joué  leur  rôle  ordi- 
naire qui  consiste  à  brûler  les  matières  dont  ils  disposent,  en  employant 
l'oxvgène  extérieur  comme  comburant.  Dans  le  second  cas,  cette  fonction 
ne  pouvant  plus  se  produire  est  remplacée  par  luie  combustion  intérieure, 
accompagnée  d'un  dégagement  d'hydrogène. 

»  Quelle  est  la  source  de  cet  hydrogène?  Une  décomposition  des  éléments 
de  l'eau  est  difficile  k  admettre,  et  c'est  dans  l'existence  de  la  maïuiite  dans 
le  champignon  qu'il  Hiut  chercher  l'origine  de  ce  gaz.  Si  la  mannite  dégage 
de  l'hydrogène,  elle  doit  se  transformer  en  un  glucose,  ou  subir  la  fermen- 
tation alcoolique.  C'est  ce  dernier  |)hénomène,  en  effet,  qui  se  produit:  les 
champignons,  après  leiu"  séjour  dans  un  gaz  non  comburant,  contenaient 
.  constamment  dans  leurs  tissus  des  quantités  notables  d'alcool,  et  cela  sans 


(  i8o  ) 
qu'aticun  ferment  ait  pu  être  observé.  En  effet,  on  a  constaté  par  l'obser- 
vation microscopique  que  la  fermentation  alcoolique  avec  dégagement 
d'hydrogène  est  déjà  arrivée  à  son  maximum  d'intensité  avant  toute  altéra- 
tion des  champignons,  et  si,  au  bout  de  quelques  jours,  les  tissus  se  rem- 
plissent de  vibrions,  le  phénomène  que  je  décris  a  déjà  presque  atteint  son 
terme. 

»  Les  champignons  ayant  vécu  à  l'air  ne  contiennent  pas  des  quantités 
appréciablesd'alcool.  Les  champignons,  privés  de  l'action  de  l'oxygène,  ont 
donc  la  propriété  de  transformer  la  mannite  en  acide  carbonique,  alcool  et 
hydrogène.  D'après  mes  observations,  la  levure  de  bière  accomplit  la  même 
transformation.  Est-ce-en  raison  de  son  action  vitale  ou  simplement  comme 
matière  albuminoïde  (i)?  C'est  une  question  à  examiner. 

»  Ce  qui  confirme  l'opinion  qui  attribue  à  la  mannite  la  formation  de 
l'hydrogène,  c'est  le  fait  que  les  champignons  à  Iréhalose,  sans  mannite, 
placés  dans  une  atmosphère  d'acide  carbonique,  produisent  dans  leurs 
tissus  la  fermentation  alcoolique  sans  dégagement  d'hydrogène.  Cette  fer- 
mentation alcoolique,  j)roduite  à  l'intérieur  des  tissus  et  sans  l'intervention 
d'un  ferment  organisé  proprement  dit,  se  rapproche  de  celle  que  MM.Le- 
chartier  et  Bellamy  ont  signalée  dans  les  fruits  (2). 

»  Il  n'y  a  rien  d'étonnant,  d'ailleurs,  à  ce  que  les  tissus  des  champi- 
gnons supérieurs  puissent  jouer  un  rôle  semblable  à  celui  des  champi- 
gnons inférieurs,  et  en  comparant  les  fonctions  dans  les  différents  degrés 
de  la  classe  des  champignons  on  peut  exprimer  cette  règle  générale  que 
tous  les  champignons  soustraits  à  l'action  de  V oxygène  transforment  en  alcool 
et  acide  carbonicjue  les  sucres  mis  à  leur  (lisjiositinn.  Quand  le  sucre  est  de  la 
mannite,  il  se  produit  en  même  temps  un  dégagement  d'hydrogène.  Le 
type  de  cette  action  est  la  levure  de  bière,  ferment  proprement  dit  ;  on  l'a 
constatée  pour  les  moisissures  [pénicillium,  mucor),  et  mes  expériences  le 
démontrent  pour  les  champignons  supérieurs. 

»  Ce  phénomène  n'est  pas  dû  à  une  fonction  normale;  il  constitue  un 
état  morbide  produit  sous  l'influence  de  circonstances  qui  ne  se  ren- 
contrent qu'exceptionnellement  dans  la  nature;  ce  n'est  pas  non   plus  le 


(i)  M.  Berihelot  a  constaté  (  Annales  de  Chimie  et  de.  Physique,  Z"  série;  t.  L,  p.  32?)  que 
certaines  matières  albuminoidos  font  snlnr  î«  la  mannite  la  fcrmenlalion  alcoolitjno  avec 
dégagement  d'iiydrogène  par  nue  action  cliinii(|ue  et  non  |iliysiologi(juc,  l'est-à-dirc  sans 
l'intervention  d'un  ferment  organisé. 

(•2)   Comptes  rendus,  t.  LX'XV,  p.   l?<>3,  et  t.  LXXIX,   p.   106. 


(  'S-  ) 
résultat  d'une  altération,  puisque,  si  l'on  n'a  pas  prolongé  trop  longtemps 
le  séjour  dans  une  atmosphère  exempte  d'oxygène,  le  champignon  peut 
reprendre  son  élat  vital  ordinaire,  caractérisé  par  la  combustion  complète. 
»  Cette  combustion  complète,  en  présence  de  l'oxygène  en  excès,  est 
une  règle  observée  par  la  généralité  des  champignons.  Mes  essais  n'ont  ce- 
pendant pas  réussi  à  faire  rentrer  la  levure  de  bière  dans  le  vaste  groupe 
ainsi  caractérisé.  En  effet,  la  levure,  ajoutée  à  une  dissolution  de  glucose 
qui  était  traversée  par  un  courant  rapide  d'air  ou  d'oxygène,  n'a  jamais 
l)ro(hiit  plus  (l'acide  carbonicpie  que  celui  venant  d'une  fermentation  alcoo- 
lique normale.  Cette  levure,  ainsi  mise  en  contact  avec  beaucoup  d'oxy- 
gène, offrait  au  bout  de  quelques  jours  les  caractères  de  la  sporulation  et 
montrait  dans  l'intérieur  des  cellules  les  ascospores  décrits  par  M.  Rees  (i). 
Celte  levure,  préparée  à  un  certain  degré  de  pureté  et  exempte  sin-tout  de 
spores  de  penicilliinn,  n'a  jamais,  quoique  placée  dans  les  conditions  les 
plus  favorables  à  une  transformation,  donné  naissance  à  un  organisme 
végétal  différent,  confirmant  en  cela  les  idées  de  M.  Pasteur,  et  s'd  s'est 
formé  presque  toujours  dans  ces  expériences  des  quantités  notables  de  my- 
coderma  vini,  j'attribue  cette  production  à  la  préexistence  de  quelques  cel- 
lules de  ce  végét.d,  que  l'examen  microscopique  m'a  toujours  montré, 
même  dans  une  levure  préparée  avec  un  grand  soin.  » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  De  la  ilécoiiiposilion  de  la  liqueur  de  Fetdimj; 
dosage  du  glucose  en  présence  du  sucre.  Note  de  MM.  P.  CiiA.MPio.\  et 
H.  Pellet,  présentée  par  m.  Balard. 

«  La  liqueur  de  Fehiing,  appliquée  au  dosage  du  glucose  en  présence 
du  sucre,  donne  lieu  à  de  fréquentes  erreurs,  qui  varient  avec  la  compo- 
sition de  la  liqueur,  sa  concentration  et  la  manière  dont  on  l'emploie. 

»  D'après  les  intéressantes  recherches  de  M.  Feitz  à  ce  sujet  (2),  le  sucre 
pur,  en  présence  de  la  liqueiu- cupropotassique,  maintenue  quelque  temps 
à  l'ebuililion,  agit  connue  le  glucosej  mais,  en  outre  de  l'action  signalée 
par  ce  chimiste,  le  réactif  de  Fehiing  peut  se  décomposer  dans  quelques 
autres  cas  que  nous  allons  examiner.  Nous  prenons  comme  point  de  départ 
de  nos  expériences  la  liqueur  proposée  par  la  formule  indiquée  par  INI.  Ch. 
Viollette  et  qui  est  généralement  adoptée.  Quant  au  dosage  du  cuivre,  ra- 
mené à  l'état  de  bioxyde,   nous  avons  employé  la  méthode  de  M.  VVeil, 

(1)  Atkolwlgahrungspilzc. 

(2)  Comptes  rendus,  2i  .loùl  1872,  5  mai  1873. 

C   R.,  1873,   I»'  Semciiif.  (T.  LXXX,  N"  3)  ^1 


(   '8a   ) 
dont  la  sensibilité  permet  d'apprécier  des  quantités  très-faibles  de  métal. 

»  Nous  reviendrons  d'ailleurs  plus  loin  sur  cette  méthode,  appliquée  au 
dosage  du  glucose  en  présence  du  sucre, 

»  La  liqueur  de  Fehling,  additionnée  d'eau,  se  décompose  à  i'ébuili- 
lion  (i),  et  cette  action  est  d'autant  plus  rapide  que  la  liqueur  est  plus 
étendue.  Après  un  certain  temps  de  celte  ébullition,  la  liqueur  subit  une 
modification  facile  à  constater,  quoiqu'elle  ne  soit  pas  manifestée  par  un 
dépôt  cuivreux;  et  ce  qui  prouve  bien  que  la  précipitation  de  l'oxyde  de 
cuivre  ne  peut  servir  à  caractériser  la  décomposition  partielle  de  la  liqueur, 
c'est  que,  si  dans  les  essais  on  ajoute  de  la  soude,  il  ne  se  forme  plus  de 
précipité,  quoiqu'il  y  ait  encore  réduction  partielle.  Un  excès  de  soude  en 
présence  du  sucre  hâte  la  transformation  du  cuivre  en  proloxyde,  tandis 
que,  d'un  autre  côté,  la  soude,  à  un  certain  degré  de  concentration,  ne 
transforme  pas  le  sucre  en  un  corps  réducteur,  glucose  ou  autre,  lorsque 
le  sucre  et  la  soude  sont  seuls  mis  en  présence. 

»  Les  essais  qui  établissent  ces  faits  ont  été  réalisés  en  prenant  lo  cen- 
timètres cubes  d'une  solution  de  sucre  au  ytô»  additionnés  de  i  à 
5  grammes  de  soude,  et  la  recherche  du  glucose  a  été  faite,  soit  par  la 
liqueur  de  M.  l'ossoz,  où  la  soude  est  à  l'état  de  carbonate,  soit  par  le  sac- 
charimètre,  en  saturant  à  l'aide  de  l'acide  acétique. 

«  La  soude  concentrée  modifie  le  sucre,  mais  sans  formation  de  glucose, 
lo  grammes  de  sucre  ont  été  dissous  dans  5o  centimètres  cubes  d'eau,  aux- 
quels on  a  ajouté  5o  centimètres  cubes  d'une  lessive  de  soude  à  36  degrés  B. 
Le  liquide,  maintenu  à  l'ébuilition  pendant  quinze  minutes,  avait  acquis 
une  coloration  brune;  saturé  par  l'acide  acétique,  il  ne  renfermait  que 
S*-'', '7  de  sucre. 

»  La  même  liqueur,  additionnée  d'un  excès  de  bicarbonate  de  soude 
(pour  carbonater  la  soude)  et  chauffée  au  bain-marie  avec  la  liqueur  de 
M.  Possoz,  n'a  pas  donné  de  réduction  indiquant  la  présence  du  glucose; 
ce  qu'on  pouvait  prévoir,  attendu  que  la  soude  concentrée  décompose  ce 
corps  après  un  certain  temps  d'ébuUition. 

))  En  résumé,  la  liqueur  de  l'ehiing  étendue  se  décompose  :  i°  graduelle- 
ment avec  le  temps  d'ébuUition;  a"  suivant  la  quantité  d'eau  ajoutée  et  les 
proportions  de  sucre  et  de  potasse;  3"^  la  soude  en  solution,  chauffée  en 


(i)  MM.  Boivin  et  Loiseaii,  dans  une  récente  Communication  (  3q  novembre  i874)t  ont 
constaté  que  la  iitjueui'  ilc  l'eliliri^'  tics- étendue  d'eau  distillée  fournit  à  rébullition  un 
dépôt  d'oxyde  de  cuivio  eu  uiéuii'  Iimi|)S  (|UC  \.\  louli'ur  bleue  du  liquide  disparaît  |)lus  ou 
moins  L'ouipit  leiiieul. 


(    «8:^  ) 
présence  du  sucre,  modifie  ce  dernier,  mais  sans  fnrmntion  de  glucose; 
l\°  le  sucre  pur,  ajouté  à  la  liqueur  de  Feliiing,  portée  à  i'ébullilinn,  donne 
naissance  à  lui  corps  réducteur  (glucose  ou  autre). 

»  Les  diverses  formules  de  la  liqueur  de  Fehling,  qui  renferment  de  la 
soude  ou  de  la  potasse  libre,  donnent  toutes  des  résultats  analogues  à  ceux 
que  nous  venons  d'indiquer. 

I)  D'a'près  MiM.  Boivin  et  Loiseau,  «  une  eau  distillée  pure,  à  laquelle  on 
»  ajoute  20  centimètres  cubes  de  liqueur  de  F(  hling  par  litre,  occasionne  la 
»  décoloration  de  cette  liqueur  après  quelques  nnnufes  d'ébullilion  ;  mais, 
)i  dans  les  mêmes  circonstances,  l'eau  pure  ne  produit  aucune  décolora- 
1)  tion  si  on  lui  ajoute  préalablement  certains  corps  solubles.  » . . .  <  La  cause 
I)  qui  produit  la  tiécoloration  de  la  liqueiucle  Fehling  peut  donc  être  para- 
I)  lysée  par  une  quantité  très-faible  de  sel  calcaire.  »  Et  plus  loin  :  «  De  ce 
»  qui  précède  il  résulte,  en  outre,  un  moyeu  exjK'-ditif  de  voit-  si  une  eau 
»  distillée  est  pure,  i)uisquc  3o  centimètres  cubes  d'une  eau  pure  rendent 
»   instable  à  l'ébuUition  i  centimètre  cube  de  la  liqueur  de  Fehling.  » 

»  Nous  allons  analyser  les  diverses  conclusions  auxquelles  sont  arrivés 
les  auteurs  de  cette  Note,  en  y  ajoutant  nos  rechercbes  personnelles.  Ainsi 
(uie  l'ont  reconnu  MM.  Boivin  et  Loiseau,  la  liqueur  de  Fehling,  dans  les 
conditions  où  ils  se  placent,  est  décomposée  par  l'ébidlition   avec  l'eau 
distillée,  et  nous  avons   constaté   que  le  cuivre  précipité  est   à  l'état  de 
bioxyde.  Si,  comme  ils  l'indiquent,  on  substitue  à  l'eau  distillée  luie  eau 
chargée  de  sels  calcaii'es,  la  liqueur  reste  bleue;  mais  elle  doit  en  partie 
sa  couleur  à  la  présence  d'un  précipité  en  suspension,  et  le  rapport  entre 
la  quantité  de  cuivre  préci[)ité  et  de  sucre  ne  change  pas.  Si  l'on  augmente 
la  proportion  de  .sel  calcaire  et  qu'après  ébullilion  on  filtre  la  solution,  celte 
dernière  passe  incolore  et  ne  renferme  plus  de  cuivre.  On  peut  siqiposer 
que  cette  action  est  due  à  la  formation   d'ini    tartrate  doubla  de  chaux  et 
de  cuivre,  ou  que  ce  nu'tal  est  précipité  par  la  soude,  eu  conservant  sa 
couleur  bleue  en  présence  du  tartrate  de  chaux.  Enfin,  lorsqu'on  emploi*' 
le  chlorure  de  sodium  ou   de  |)Otassium  en   proportion  convenable,   la  li- 
queur de  Fehling  prend  une  teinte  verte,  (p\i  résulte  de  la  formation  de 
chlorure  de  cuivre,  fait  que  l'on  constate  d'ailletirs  en  portant  à  l'ébuUition 
une  solution  de  sulfate  de  cuivre  additionnée  des  mêmes  chlorures  (i).  La 
formation  de  chlorure  de  cuivre  est  au.ssi  manifeste  si  l'on  emploie  le  chlor- 
hydrate d'ammoniaque  avec  la  liqueur  de  Fehling;  par  une  ébullilion  suf- 


(l)   Dans  ces  essais,  il  est  nécessaire  d'employer  une  ccrlaine  (iiiaiililé    <!'■  (hioriirc.   En 
effet,  si  l'on  proparo  tlirectciniiit  une  li(|iiriir  de   I''i'liliii^'  en  rempl.icant   le  sulfate  par  le 

2/,..       • 


(  i84) 
fisante,  l'ammoniaque  est  chassée,  le  liquide  devient  vert  et  est  sans  action 
sur  le  glucose. 

»  L'addilion  de  la  sonde  augmente  la  stabilité  du  tartrate  et  s'oppose  à 
la  décoloration  de  la,  liqueur.  Si  réciproquement  ou  sature  en  partie  par 
les  acides  (sulfurique,  azotique,  etc.)  la  soude  contenue  dans  la  liqueur 
de  Fehling  étendue,  elle  ne  se  décompose  plus  à  l'ébullition  et  acquiert  une 
couleur  jaune  verdâtre. 

»  Si  l'on  substitue  aux  chlorm-es  des  sels  tels  que  le  chlorate  et  l'azotate 
de  potasse,  le  sulfate,  le  phosphate,  l'acétate  et  lesidfovinate  de  soude,  etc., 
employés  à  la  dose  de  i  gramme,  qui,  dans  ces  conditions,  n'agissent  pas 
sur  le  sulfate  de  cuivre,  la  décomposition  de  la  liqueur  a  lieu  comme  avec 
l'eau  distillée  pure. 

»  Quant  à  la  remarque  faite  par  MM.  Boivin  et  Loiseau,  que  si  l'on  con- 
centre convenablement  la  liqueur  décomposée  par  l'eau  distillée,  la  colo- 
ration reparaît,  ce  fait  provient  de  la  redissolution  du  bioxydede  cuivre  dans 
le  tartrate  de  potasse  avec  excès  de  soude,  ainsi  que  cela  a  lieu  dans  la 
préparation  de  la  liqueur  de  M.  Lagrnnge. 

»  Dosacje  du  cjtiicose  en  présence  du  sucre.  —  La  liqueur  de  Fehling  a  été 
heureusement  modifiée  par  M.  Possoz,  et  préparée  suivant  ses  indications; 
elle  est  exemple  des  inconvénients  signalés  ci-dessus. 

»  Néanmoins  elle  ne  permettait  pas  de  doser  le  glucose  en  présence  d'une 
grande  quantité  de  sucre,  attendu  que  ce  dernier  se  colore  sous  l'influence 
de  l'acide  chlorhydrique  concentré  et  de  la  chaleur,  et  s'oppose  au  dosage 
du  cuivre  par  le  procédé  de  M.  Weil ,  qui  consiste,  conune  on  sait,  à  dé- 
colorer le  bichlorure  de  cuivre  par  une  solution  titrée  de  protochlorure 
d'étain.  Nous  employons  la  méthode  suivante,  qui  est  due  à  l'un  de  nous. 
»  Soit  une  liqueur  contenant  du  sucre  et  une  proportion  quelconque  de 
glucose.  On  l'additionne  d'un  excès  de  liqueur  de  M.  Possoz  et  on  la  main- 
tient à  la  température  de  76  degrés  au  baiu-marie,  environ  pendant  trois 
quarts  d'heure.  On  recueille  sur  un  filtre  l'oxydnleformé  et  on  lave;  puison 
introduit  le  filtre  encore  hiunide  dans  une  capsule  et  l'on  ajoute  de  l'acide 
chlorhydrique  étendu  qui  transforme  le  cuivre  en  sous-chlornre  de  cuivre. 
On  recueille  la  liqueur  qu'on  porte  à  l'ébullition  en  ajoutant  peu  à  peu 
quelques  cristaux  de  chlorate  de  potasse;  la  liqueur  se  colore  et  le  cuivre 


chlorure  de  cuivre,  dans  les  conditions  où  se  sont  placés  MM.  Boivin  et  Loiseau,  la  liqueur 
se  décompose  encore  à  l'ébuililion  ;  mais,  en  ajoiilaiit  o",  i  de  NaCI,  il  n'en  est  j)liis  de 
même;  à  la  liqueur  de  Violette  (1  eenlimèti'c  cube  pour  5o  cenlimètrcs  cubes  d'eau),  on 
.ijoute  o*',  1  de  NaCI,  au  lieu  de  o^',  ?.5  :  elle  se  décompose  également. 


(   -85  ) 
passe  à  l'état  de  bicliloruro  do  enivre,  vert  jaunâtre,   qu'on   titre  par  le 
chlorure  d'étain  (i). 

»  Ce  procédé  permet  de  doser  exactement  quelques  milligrammes  de 
glucose  renfermés  dans  loo  grammes  de  sucre.   » 

PHYSIOLOGIK.  —  Note  sur  lapukalion  du  cœur;  par  M.  Marey. 

«  A  l'époque  où  les  physiologistes  étaient  réduits  à  l'observation  directe 
des  phénomènes  de  la  vie,  la  nature  et  la  succession  des  mouvements  du 
cœur  étaient  fort  difficiles  à  déterminer.  En  effet,  les  actes  multiples  qui 
se  passent  à  chaque  révolution  du  cœur  occupent  à  peine  la  durée  d'une 
seconde;  c'est  dire  que  nos  sens  ne  peuvent  en  donner  qu'une  idée  fort  con- 
fuse. Mais  aujourd'hui  qu'on  mesure  avec  une  précision  merveilleuse  les 
actes  les  plus  couris,  il  n'y  a  pas  de  difficulté  réelle  à  déterminer  la  succes- 
sion, la  force  et  la  durée  des  différents  mouvements  du  cœur. 

»  Les  appareils  inscripteurs  se  prélent  ^très-bien  à  ce  genre  d'études. 
Lorsqu'on  inscrit  les  mouvements  du  cœur  avec  l'intention  d'en  déter- 
miner le  type  normal,  on  s'aperçoit  que,  même  dans  les  conditions  de  par- 
faite santé,  la  fonction  de  cet  organe  présente  des  variations  nombreuses; 
que  le  cœur  s'emplit  ou  se  vide  plus  ou  moins  complètement  et  plus  ou 
mpins  vile;  enfin  que  le  tracé  de  ses  mouvements  traduit  ces  variétés  de  la 
fonction  par  des  différences  dans  la  forme  des  courbes  enregistrées.  Un 
champ  plus  large  s'ouvre  donc  à  la  Physiologie;  mais  pour  saisir,  d'après  la 
forme  d'un  tracé,  les  conditions  mécaniques  de  la  fonction  du  cœur,  il  faut 
connaître  parfaitement  la  valeur  île  chaque  élément  de  la  courbe.  J'ai 
entrepris,  pour  arriver  à  celte  connaissance  parfaite,  des  recherches  nom- 
breuses dont  je  vais  exposer  sommairement  les  résidtats. 

■I  Dans  le  Mémoire  présenté  à  l'Acailémie  en  18G2,  avec  la  collabo- 
ration du  professeur  Chauveau,  sur  la  détermination  graphitpie  des  mou- 
vements du  cœur,  nous  signalions  déjà  des  particularités  nouvelles  sur 
la  nature  de  l'acte  qu'on  ai)|)elle  en  général  le  choc  du  cœur.  Les  tracés 
nous  avaient  niontié  que  ce  phénomène  est  toute  autre  chose  qu'un  choc 
instantané,  qu'il  consiste  eu  luie  pression  des  ventricules  contre  les  parois  de 
la  poitrine,  pression  dont  le  début  très-brusque  coïncide  avec  celui  de  la 
systole  des  ventricules,  mais  dont  la  durée  se  prolonge  jusqu'à  leur  relâ- 

(1)  On  in.Tintient  IV'l)iilliiion  jusqu'à  ce  (|iic  Ions  les  produiis  elilorés  aient  été  éliminés, 
ce  dont  on  s'assure  en  iiis|ios;int  ;"i  I.»  partie  siipi'rirnre  di'  la  fiole  dans  Iaf|nelle  on  a  placé 
la  solution  un  tube  deux  fois  reconrlié  (pi'ou  fait  jiloiiyer  dans  de  l'eau  dislillce  colorée  en 
bleu  par  une  goutte  de  sulfate  d'indigo. 


(  i86  ) 
chenient.  Les  expériences,  répétées  devant  la  Commission,  lui  ont  semblé 
entièrement  démonstratives  pour  tout  ce  qui  est  relatif  à  la  succession  des 
mouvements  du  cœur.  Dans  son  Rapport,  M.  Milne  Edwards  a  formulé  l'ap- 
préciation suivante  :  Les  auteurs  du  Mémoire  «  ont  rendu  visibles  et  faciles 
»  à  constater  des  phénomènes  dont  l'observation  était  très-difficile,  el 
I)  leurs  expériences  nous  semblent  devoir  faire  cesser  toute  discussion  sur 
»  ce  point  de  l'histoire  de  la  circulation  du  sang  chez  l'homme  et  les  ani- 
»  maux  qui  se  rapprochent  le  plus  de  lui  par  leur  organisation.  Il  peul 
»  rester  encore  diverses  questions  à  résoudre  relativement  à  la  manière  dont 
»  la  systole venlriculaire  détermine  la  pulsation  cardiaque;  mais,  dans  notre 
.)  opinion,  il  est  aujourd'hui  bien  démontré  qu'elle  est  la  cause  de  ce  phé- 
»   nomènc.    » 

»  Ces  réserves  posées  par  l'éminent  rapporteur  de  la  Commission  témoi- 
gnent de  l'obscurité  qui  a  toujours  enveloppé  le  mécanisme  do  la  pulsation 
du  cœur,  considérée  comme  effet  de  la  systole  venlriculaire.  On  comprend 
difficilement,  au  premier  abord,  qu'une  poche  contractile  qui  se  resserre 
sur  son  contenu  liquide  et  qui  l'expidse  puisse,  au  moment  même  où  elle 
diminue  de  volume,  repousser  les  organes  environnants. 

Pour  expliquer  la  production  de  cette  pulsation,  j'entrai  bientôt  dans 
plus  de  détails  (i),  en  montrant  que  l'impulsion  du  cœur  contre  la  poitrine 
tient  au  durcissement  soudain  des  ventricules.  Ceux-ci,  moins  dépressiblês, 
déformables  pendant  qu'ils  sont  relâchés,  deviennent  durs  au  moment  où 
ils  se  resserrent,  refoulant  avec  énergie  tout  ce  qui  les  empêche  de  prendre 
la  forme  sphéroïdale.  En  i865,  je  réussis  à  inscrire,  au  moyen  d'appareils 
assez  simples,  les  pulsations  lïu  cœur  de  l'homme. 

Un  premier  fait  ressort  de  l'inspection  de  ces  courbes  :  c'est  que  là  où  le 
praticien  le  plus  exercé  ne  perçoit  à  la  main  qu'un  choc,  l'appareil  révèle 
lui  mouvement  fort  complexe.  Le  retour  régulier  de  cette  forme  ne  permet 
pas  de  douter  qu'elle  ne  réponde  à  des  mouvements  parfaitement  coordon- 
nés. Rien  n'est  fortuit  dans  les  inflexions  de  cette  courbe,  et,  si  on  les  voit 
se  modifier  sous  certaines  influences,  on  doit  conclure  à  des  changements 
survenus  dans  l'acte  ([u'elles  traduisent.  I>'inlerprétation  de  cette  courbe 
était  singulièrement  facilitée  par  les  expériences  de  cardiographie  instituées 
sur  les  grands  animaux;  aussi  ai-je  pu  doiuier  la  signilicalion  de  chacun 
des  éléments  de  la  courbe  recueillie  sur  l'honnne,  attribuant  telle  ondida- 
tion  à  la  systole  de  l'oreillette,  telle  autre  à  celle  du  ventricide,  etc.  (2). 

(i)  Physiologie  médicale  tic  lu  lin  ulrition  du  sang,  i863,  p.  6-.'.. 

(?)  Voir  pour  les  dctails  de  eclte  analyse,  Comptes  rendus,   i865,  t.  LXI,  p.  778. 


(  '«7  ) 

»  Celle  inlei'prélaliou,  je  le  répète,  se  dégage  nalurellement  des  expé- 
riences faites  sur  les  grands  maminiftres,  mais  elle  exige,  pour  élre  bien 
comprise,  certaines  notions  techniques.  Or  mon  bul  ne  sera  atteint  que  si 
la  démonstration  est  assez  simple  pour  s'adressera  tout  le  nionde.  Qu'il 
me  soit  permis  d'exprimer  toute  ma  pensée.  Si  j'ai  recoiu's  à  l'emploi  delà 
méthode  graphique,  c'est  que  j'ai  considéré  les  sens  comme  absolument 
insutBsants  pour  apprécier  exactement  la  nature  des  mouvements  du  cœur; 
cette  conviction  m'autorise  à  récuser  tons  les  arguments  qu'on  pourrait 
m'opposer  d'après  les  renseignements  que  donne  la  vue  ou  le  toucher  dans 
l'étude  de  la  pulsation  cardiaque. 

»  Avant  d'aborder  les  formes  complexes  des  mouvements  du  cœur  chez 
les  mammifères,  je  choisirai,  pour  simplifier  ces  études,  les  mouvements 
plus  lents  et  moins  compliqués,  que  l'on  rencontre  chez  les  animaux  infé- 
rieurs. La  tortue  terrestre  se  prête  très-bien  aux  expériences.  Le  cœur  de 
cet  animal,  détaché  du  corps,  continue  longtemps  à  battre,  surtout  si  l'on 
adapte  à  ses  veines  et  à  ses  artères  des  tubes  à  travers  lesquels  se  fait  une 
circulation  incessante  de  sang  défibriné.  J'ai  présenté  à  l'Académie,  en  vue 
d'expériences  d'un  autre  ordre,  un  cœur  de  tortue  ainsi  préparé  (i).  Sur 
ce  cœur,  dont  les  battements  ont  une  régularité  |)arfaite,  si  l'on  applique 
le  doigt,  on  sent  une  pulsation  qui  rappelle  exactement  celle  <pie  la  main 
éprouve  en  palpant  le  cœiu'  d'un  honnne.  Avec  l'appareil  explorateur  de  la 
pulsation,  on  obtient  la  courbe  n"  1.  Cette  courbe  est  beaucoup  plus  simple 


{|ue  celle  (pie  donne  le  cœur  d'un  mammifère;  elle  est  en  effet  dégagée  des 
influences  respiratoires  et  de  ces  vibrations  que  la  clôture  des  valvules  et 
le  mouvement  du  sang  produisent  quand  il  se  fait  avec  une  certaine  brus- 
querie. 

»  Dans  la  courbe  n°  1,  pour  savoir  à  quoi  correspondent  les  différentes 
inflexions  de  la  courbe,  il  faut  déterminer  à  quel  moment  le  ventricule  se 
vide,  à  quel  moment  il  se  remplit.  Or,  c'est  de  a  en  h  que  se  fait  la  systole 
ou  resserrement  de  cet  organe,  c'est  de  h  en  n'  qu'ont  lieu  son  relâche- 
ment et  sa  réplétion.  Ce  qu'il  y  a  de  paradoxal  dans  l'expression  graphique 
de  ces  phénomènes  tient  à  ce  que  deux  influences  se  combinent  pour 
produire  le  tracé.  L'une  de  ces  influences  est  le  changement  de  volume  du 

(i)  Voir  Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  336. 


(  '88  ) 
cœur,  l'autre  est  son  changement  de  consistance;  toutes  deux,  avec  des 
forces  inégales,  élèvent  et  abaissent  la  courbe  tracée.  Pour  faire  la  part  de 
chacutie,  il  faut  les  isoler  et  les  étudier  séparément. 

»  A.  Des  changements  de  voliane  du  cœur.  —  Pour  apprécier  les  change- 
ments que  le  cœur  éprouve  dans  sou  volume,  je  l'eufernie  dans  un  flacon 
à  trois  tubulures,  dont  l'une  lui  apporte  le  sang  veineux,  l'autre  laisse 
échapper  le  sang  artériel;   la   troisième  tubulure  met  l'air  du  flacon  en 


communication  avec  l'appareil  enregistreur.  De  cette  façon  la  courbe  tracée 
s'abaisse  quand  le  cœur  diminue  de  volume  et  raréfie  l'air  du  flacon;  elle 
s'élève  quand  le  cœur  se  remplit  et  comprime  l'air  dans  la  cavité  qu'd 
occupe.  La  courbe  obtenue  est  reproduite  parle  n"2:  ab  (période  de  systole 
du  ventricule)  accuse  une  diminution  de  voliune  du  cœur  dont  le  sang  est 
expulsé  dans  les  artères;  Aa' (diastole  ou  relâchement)  montre  que  le  cœur 
se  remplit;  a' b'  nouvelle  systole,  et  nouvelle  diminution  de  volume  du 


cœur,  etc. 


1)  B.  Changements  et  consistance  du  cœur.  —  Pour  inscrire  les  changements 
de  tliu'elé  du  cœlir,  on  s'adresse  à  la  pression  du  sang  dans  le  ventricule, 
ce  qui  donne  la  courbe  n"  3.  liC  durcissement  du  cœur  se  traduit  par  un 
soulèvement  de  la  courbe:  il  occupe  toute  la  phase  systolique.  Le  ramol- 
lissement du  cœur  correspond  à  la  partie  où  la  courbe  est  le  plus  abais- 
sée :  c'est  la  période  de  diastole. 

»  En  comparant  les  flg.  2  et  3,  ou  voit  que  les  deux  actes  qu'elles  ex- 
priment varient  inversement  1  un  |)ar  ra[)port  à  l'autre;  que  si  le  cœur 
diminue  de  volume  pendant  sa  systole  ab  et  tend  à  fuir  devant  l'ex- 
plorateur qui  la  compiime,  il  durcit  d'autre  part,  et  tend  à  repousser  la 
pression  qui  agit  contre  lui.  Pendant  son  relâchement  ba',  le  cœur  ramolli 


(  i«9) 
se  laisse  déprimer;  mais,  d'autre  part,  il  se  remplit,  et  sous  cette  influence 
repousse  peu  à  peu  l'appareil  explorateur.  Puisque  ces  deux  influences  se 
combinent  pour  produire  le  tracé  de  la  pulsation,  ajoutons  l'une  à  l'autre  les 
doux  courbes  qu'elles  fournissent,  et  nous  obtiendrons  la  courbe  n°  li  dont 
l'identité  avec  le  tracé  de  la  pulsation  est  complète.  Cette  courbe  présente  de 
grandes  ressemblances  avec  celle  que  trace  la  pulsalionducœurde  riiomme; 
cependant,  comme  certains  détails  viennent  compliquer  la  forme  du  tracé 
que  l'on  obtient  sur  l'homme,  il  est  nécessaire  de  montrer  la  signification 
de  chacun  de  ces  détails.  Ce  sera  l'objet  d'une  Note  prochaine.  « 

MÉCANIQUE.  —  Etudes  sur  icntiainement  de.  Pair  par  un  jet  d'air 
ou  de  vapeur;  par  M.  F.  de  Rojully. 

«  Les  expériences  dont  j'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  le  résumé, 
sont  relatives  à  l'étude  des  phénomènes  de  l'entraînement  de  l'air  par  un 
jet  d'air  ou  de  vapeur.  Ce  jet  partant  d'un  ajutage  lanceur  entraîne  avec 
lui  une  certaine  quantité  d'air  ambiant;  il  peut  être  reçu  dans  des  ajutacjcs 
récepteurs.  Il  est  aisé  de  voir  que  les  résultats  généraux  qui  peuvent  être 
fournis  par  des  ajutages  de  formes  variées  rentrent  tous,  quant  au  sens 
des  phénomènes,  dans  ceux  que  donnent  les  quatre  types  suivants  : 

»  1°  Coniques  à  petite  section  tournée  vers  le  lanceur;  2°  coniques  à  grande 
section  tournée  vers  le  lanceur;  3°  cylindriques  ;  4°  percés  en  mince  paroi. 

»  Les  expériences  ont  été  faites  ainsi  :  le  lanceur  est  en  communication 
avec  une  chaudière  à  vapeur  servant  de  réservoir  d'air  comprimé.  Le  jet 
est  reçu  par  les  récepteurs  désignés  plus  haut,  formant  tour  à  tour  l'entrée 
d'un  gazomètre*  bien  équilibré.  L'air,  passant  librement,  soulève  et  emplit 
la  cloche  en  un  temps  observé  au  compteur  à  secondes.  On  mesure  ainsi  la 
quantité  entraînée  et  la  vitesse  à  l'orifice,  et,  par  suite,  la  pression  corres- 
pondante. Quand  la  cloche  est  chargée  et  immobilisée,  le  gazomètre  forme 
récipient  clos.  Un  manomètre  annexé  donne  alors  les  pressions. 

»  On  commence  l'expérience  par  introduire  et  luter  le  lanceur  dans  le 
récepteur.  Ou  note  le  temps  d'emplissage,  puis  on  sépare  le  lanceur  du 
récepteur,  et  l'on  examine  les  effets  de  l'éloignement  et  de  l'excentration 
à  toute  distance.  On  a  ainsi  tous  les  effets,  tant  en  récipient  clos  qu'en 
récipient  ouvert,  selon  que  le  gazomètre  est  chargé  ou  qu'il  est  libre. 

»  Voici  le  résultat  des  expériences  avec  les  divers  récepteurs. 

»  I. — L'ajutage  qui  tlonnc  le  inaximuin  d'effet  est  le  coNiQnEile  5  «  7  dcgri-s  (petite  section 
regardant  le  lanceur).  Le  lanceur  doit  ctie  placé  à  l'extérieur  et  éloigné  d'une  distance  qui 
croît  en  raison  de  la  section  du  récepteur,  et  très-peu  avec  la  pression  au  lanceur  {fis-  i)- 

C.  K.,  i8;5,  i"Semfj(re.  (T.  LXXX,   N»  3.)  ^^ 


(  '9"  ) 

»  Dans  ce  cas,  la  fjiianlité  d'air  reçue  (g)  est  dans  la  proportion  des  diamètres  du  récep- 
teur et  du  lanceur  y  =  —  :  D  diamètre  du  récepteur,  d  diamètre  du  lanceur.  La  vitesse  est 

en  raison  inverse  V=  —  •  Il  faut  supposer  à  l'orifice  du  lanceur  toute  la  vitesse  de  la  détente. 

»  Il  en  résulte  donc  la  conservation  intégrale  de  la  quantité  de  mouvement.  Cet  effet  est 
e  même,  quelle  que  soit  la  grandeur  du  récepteur, /)o«rc«  guc  l'on  se  serve  du  présent  aju- 
tage dans  tes  conditions  de  maximum  indiquées.  Voici  quehjues  expériences  : 

Lanceur  à  mince  paroi  (diani.  =  o,ooi,  réduit  à  0,0008  par  contraction  de  la  veine; 

pression   1  atmosphère), 


Avec  récepteur,  diamètre lanc"'  luté 

Remplit  \e  gazomètre  de  48  litres  en.. .  1 78" 

Quantité  par  seconde o''',  282 

Vitesse 564'" 

Quantité  de  mouvement iSg 


0,016 
8",  5 

5'"  M 

28'",  20 

.59 

»  I.a  pression  sur  l'oriûce  de  ce  récepteur  est  en  raison  inverse  de  sa  section  P  := 


0,004 

0,008 

34" 

.7" 

.'^4• 

2''',82 

1 1 2'",  09 

56"",  4o 

i58 

iSg 

0,o32 
4",  3 

i4"',^.5 
162 

D^' 

La  constante  K  varie  selon  que  l'ajutage  récepteur  forme  l'entrée  d'un  récipient  clos  ou 
d'un  récipient  laissant  échapper  l'air  librement.  Dans  le  premier  cas,  la  pression  est  donnée 
jiar  un  manomètre;  dans  le  second  cas,  la  pression  est  calculée  d'après  la  vitesse  au  passage. 

•  D'après  les  expériences  faites  avec  une  atmosphère  au  lanceur,  la  première  pression  est 
à  la  seconde  comme  1,4  est  à  i.  Exemple  :  lanceur  =  o'",ooo8;  récepteur  =  o'",oo8. 
L'expérience  donne,  d'après  la  vitesse  :  en  récipient  ouvert^  o'",  iqS,  hauteur  d'eau;  en 
récipient  clos,  o™,28o. 

»  Il  faut  avoir  égard  à  cet  effet  lorsque  l'on  place  un  tube  manoraétrique  dans  l'intérieur 
d'un  tuyau  pour  évaluer  le  passage  d'un  gaz. 

■>  Dans  le  cas  de  l'ajutage  conique  décrit,  le  maximum  à  toute  distance  est  au  centre,  ce 
qui  se  manifeste  en  excentrant  le  lanceur  parallèlement  à  l'axe  du  cône  récepteur. 

Expériences  avec  récepteur  conique  de  5  à  7  degrés,  petite  section  vers  le  lanceur. 
(Diamètre  de  petite  section  =r  o'",oi6;  longueur  =:  o"",  1 14-) 


I2.H   ll.K    11.2  lU.e   !)S     U.4      nS.UHS      !l      n.S     10   1(1.5 


tiÇ.  1,  <lomi-crandeur.-L,  lanreiu- t..l,n  fin  :  long.,  o">,09a;  .liam.,  o-'.ooi.j.  T,  temps  .rempliss,-.(;c.  _ 
Les  chiirrcs  places  sur  Taxe  indiquent  dos  centimèlres  i>  partir  dii  ras  de  l'orilice;  les  rhillYcs  supérieurs 
indiquent  le  temps  d'emplissa(;e.  —  Maximum  maximorcm  :  réclnienc  o,m;t,  S",G;  récipient  clos,  on'.ou 
[naiitciir  d'eau).  ' 


•  Pour  les  autres  ajutages,  il  n'eu  est  pas  de  même;  ils  n'atteignent  pas  le  maximum  th 
l'ajulage  précité.  On  verra  qu'en  substituant  l'ajutage  conique  de  5  à  7  degrés  au  cylindn 
habituellement  employé,  on  réalise  une  augmentation  de  puis  de  33  pour  100  d'effet  utile 


(  '9-  ) 

«  II.  —  Dans  le  conique  à  grantli-  section  tournée  vers  le  lanceur,  le  maximum  maximo- 
rum  est  à  l'iotoiieur  du  cône.  Les  inaxima  à  tonte  autre  distance  sont  excentrés,  et  leur  suite 
forme  une  surface  courbe  de  révolution  située  en  partie  dans  l'intérieur,  en  partie  à  l'exté- 
rieur du  cône. 

Expériences,  récepteur  conique  de  7  degrés. 

(Diam.  petite  section  ^=  o'",oi6;  long.  =;  o"',i  14.) 


Secondes. 


c  o  0^0  ooco 

10.610.6  10.6  10.8    11     114     12    I2.C  13.4     14    !&■«    >5-6 

-14.6  12.6    11     10.6  lO.fl    11      11     11.4   12.4    i.l    13.8  14.6  1B.2  1B.8  15.8 15.8 

!  !  !     I     !     !     I     !     i     I      i 
I 


rij.  2,  demi-irrandeur. —  L,  lanceur  tube  lin:  long.,  o™,092  ;  diam.,  o'",ooi5.  L' lanceur  tube  fin  :  long. 
o'",i7;  diam.,  o'",ooi5.  —  Courbe  des  maxinia  avec  récipient  ouvert  (chiffres  verlicauï  su- 
périeurs indiquant  l'excentralion  ).  —  T,  temps  d'emplissage  sur  la  courbe;  T',  temps  dV^mplissa^je  sur 

l'axe. Courbe  des  niaxima  avec  le  récipient  clos  (  chifTres  verticaux  inférieurs  indiquant  l'excen- 

tration).  P,  pression  sur  l'axe;  P',  pression  sur  la  courbe. —  Les  chiffres  sur  l'axe  indiquent  en  centi- 
mètres la  distance  à  l'orifice.  Les  points  vérifiés  de  centimètre  en  centimètre  ont  été  joints  par  des 
droites.  Pour  la  courbe  en  récipient  ouvert,  entre  o"',02  et  o"',o.3  intérieur,  le  maximum  ma.vimorum 
est  peu  net;  il  parait  aussi  bien  au  centre  qu'à  o"',oo3  d'cxccntralion. —  Maximum  maximorum  :  réci- 
pient ouvert  =  io",();  récifnerit  clos  =  o'",o38  (hauteur  <l'eau\ 

i>  III.  —  Pour  les  ajutages  cylindriques  avec  récipient  ouvert,  le  maximum  iiiaiimoium 
est  sur  la  ligne  axiale  à  une  petite  distance  de  l'orifice  extérieur.  Avec  récipient  clos  à  l'in- 
térieur, et  encore  à  quelque  distance  à  l'extérieur,  les  maxima  sont  sur  l'axe,  puis  ils 
forment  une  courbe  fermée,  et  le  maximum  maximorum  est  une  ligne  circulaire  formant  la 
partie  la  plus  excentrée  de  la  courbe  (  fig.  3). 

»  Les  trois  dernières  expériences  donnent,  avec  le  même  lanceur,  les  résultats  suivants  : 

limplissage.  Quantité  de  mouv. 

Conique  (petite  section  vers  lanceur 8", 6  i55 

"       (grande  section  vers  lanceur) io",6  lo-y. 

Cylindrique ii",o  io3 

soit  33  p.  Kio  d'effet  en  plus  avec  conique  de  5  à  7  degrés,  petite  section  vers  le  lanceur. 

2.5.. 


(    >92    ) 
»  Si  l'on  porte  l'angle  du  cône  à  i5  degrés,  remplissage  se  fait  en  9", 6,  ce  qui  fait  une 
perte  de  20  pour  100  sur  celui  de  5  à  7  degrés. 

Expèriinres ,    récepteur  cytindritjuc. 
(Diam.  =  o'",oi6;  long.  =:  o"',  1 14.) 


àrr^ 


=4=' 


;fi 


15.2  13.6  12.C  ll.G    II.G      H      11      IJ     II. 4    li.G     12     12.fi 
;  Alaxiiiium  \         !      s:|  2!     I 

j  nrripJcnt  ouTcrL 
)         I 


I 


Y 


M 


T 


-41     41     41     i\ 


Millititclres  hauteur  d'eau. 


41      41     41    41.5    42    44     45     4B     47 
44.5  47      4!)     51 


c      =      o      p 
o      h       h       'g 


a      =      c    iF. 

M  li  C     I 

.  .^  gj 

Fig.    3,    demi-grandeur.   —  L,   lanceur  tube  fin  :  long.,  o"',   092  ;    diara.,  o™,ooi5.  —  I,  lanceur  tube 

fin  :  lonj.,  o"',!^;  iliam.,    o'",ooi!i.  —  T,    temps  d'emplissage.  Waxima  sur  l'axe.  Courbe    des 

maxima  avec  récipient  clos.  —  E,  excentralion.—  P,  pression  sur  l'axe;  P',  pression  sur  la  courbe.— 
Les  chiflVes  sur  l'axe  indiquent  en  centimètres  la  distance  à  l'orifice.  Pression  dans  le  lanceur 
I  atmosphère.  —  Max.   m.vximori'si  :  récipient  ouvert  =  11";   récipient  clos  :=  o^jOJi. 

»  IV.  —  Pour  Y  orifice  récepteur  à  mince  pakoi  si  l'on  éloigne  le  lanceur  du  récepteur  et 
que,  de  millimètre  en  millimètre,  on  examine  les  effets  de  l'e.xcenlration,  on  trouve  d'abord 
des  courbes  singulières  renfermant  plusieurs  maxima  et  niinima.  Le  maximum  mnximoruin 
est  au  centre  et  à  une  distance  où  se  sont  effacées  graduellement  les  particularités  des  courbes 
successives.  La  quantité  de  mouvement  est  réduite  à  moins  de  moitié  de  ce  qu'elle  est  avec 
le  conique.  C'est  l'ajutage  le  moins  favorable. 

»  Observations  générales.  —  i°  Lorsque  le  récipient  clos  est  percé,  outre 
l'ajutage  récepteur,  d'un  autre  orifice  égal  et  semblable,  la  pression  est 
réduite  à  moitié.  2°  A  quelque  endroit  que  se  trouve  l'orifice  du  lanceur, 
soit  sur  l'axe,  soit  hors  de  l'axe,  à  l'intérieur  ou  à  l'extérieur  de  l'ajutage, 
l'effet  est  toujours  supérieur  quand  la  direction  du  jet  se  confond  avec 
l'axe  ou  lui  est  parallèle;  toute  direction  angulaire  à  l'axe  produit  une  di- 
minution d'effet  très-rapide. 

»  11  faut  tenir  compte  de  la  section  contractée  avec  le  lanceur  ;\  mince 
paroi,  pour  le  rapport  des  vitesses  ou  des  pressions  entre  le  lanceur  et  le 
récepteur. 

»  Pour  établir  les  faits  énoncés,  on  a  varié  les  formes  et  les  grandeurs 
relatives  du  lanceur  et  du  récepteur.  Les  mêmes  expériences  ont  été  faites 
avec  la  vapeur  :  mêmes  résultats.  Cependant,  ayant  opéré  comme  pour  l'air 
avec  une  atmosphère  de  pression,  les  gouttelettes  dues  à  la  condensation 
rendaient  les  expériences  plus  difficiles  et  moins  nettes. 

»  En  résumé  :  i"  «onservalion  intégrale  do  la  quantité  de  mouvement  avec  récepleur 


(  '93  ) 

conique  de  5  à  7  degrés,  petite  section  vers  le  lanceur.  Celui-ci,  placé  aune  distance  exté- 
rieure, qui  croît  en  raison  du  diamètre  du  récepteur  et  très-peu  avec  la  pression;  o."  quan- 
tité entraînée  en  raison  directe  des  diamètres  du  lanceur  et  du  récepteur  — »  vitesse  en 

raison  inverse  -  ;  3°  les  autres  ajutages,  inférieurs  comme  effet;  4"  maximum  au  centre,  à 

toute  distance  pour  le  conique,  petite  section  vers  le  lanceur  ;  5°  pour  les  autres,  courbes 
particulières  à  chacun  pour  la  suite  des  maxima;  G°  courbes  différentes  pour  le  même 
ajutage  si  le  jet  est  reçu  en  récipient  clos  ou  en  récipient  ouvert;  7"  lieu  du  ninximum 
maximoruin  particulier  à  chaque  courbe.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Des  phénomènes  de  localisation  miiïérale  et  organique  chez 
tes  anirnaux  et  de  leur  importance  biologique.  Note  de  ]M.  E.  IIeckel, 
présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

«  Dans  deux  Notes  précédenles  (i),  nous  avons  donné  le  résultat  de 
quelques  recherches  physiologiques  entreprises  chez  les  Mollusques  et  les 
Articulés,  en  nous  servant  des  faits  de  localisation,  nous  croyons  donc  avoir 
montré  que  ces  phénomènes  offrent  un  intérêt  véritable,  soit  qu'on  les 
étudie  en  eux-mêmes,  soit  qu'on  exploite  leurs  conséquences.  Depuis  cette 
époque,  des  faits  nouveaux  sont  venus  confirmer  d'anciennes  recherches, 
et  nous  avons  cru  devoir  les  rapprocher  tous  dans  un  ensemble  complet 
pour  attirer  l'attention  des  biologistes  (2).  Déjà  nous  avions  pu,  par  des  ex- 
périences concernant  la  localisation  de  l'arsenic  dans  le  tissu  hépatique  des 
Articulés,  arriver  à  donner  une  présomption  de  plus  à  la  théorie  du  cumul 
physiologique  des  tubes  de  Malpighi,  chez  les  Insectes;  de  nouvelles  re- 
cherches entreprises  simultanément  dans  le  même  sens  sur  des  larves  nues 
de  Léjùdoplères  sont  venues  confirmer  nos  premières  conclusions.  Disons 
d'abord  que  des  expériences  très-probantes,  entreprises  sur  les  Mollusques 
gastéropodes,  ont  foiu'ni  à  nos  recherches  une  base  sérieuse  :  dans  aucun 
cas,  en  effet,  nous  n'avons  vu  chez  les  Zoniles  et  les /^e/i.i  l'arsenic  se  localiser 
dans  la  glande  précordiale,  qui  est  considérée  par  tous  les  auteurs  comme  un 
rein.  De  plus,  nous  avons  établi  dans  une  Communication  antérieure  que 
les  Crustacés  localisent  l'arsenic  dans  leur  foie  [Gecarcinus  ruricola).  Ces 
faits  étant  acquis  pour  des  organes  non  douteux,  nous  avons  cherché  à  con- 
naître, pour  arriver  à  une  meilleure  appréciation  des  fonctions  malpi- 
ghiennes,   ce  que  devient  l'arsenic  localisé  quand,  par  une  suspension 

(i)  Comptes  rendus,  séances  des  24  août  et  7  septembre  i874' 

[■}.)  Cet  ensemble  forme  un  Mémoire  dans  lequel  nous  étudions  les  phénomènes  de  locali- 
sation sous  différentes  faces. 


(  194  ) 
momentanée  de  ces  fonctions,  les  urates  d'une  part,  et  les  matières  colo- 
rantes de  la  sécrétion  biliaire  vont  s'accumuler  dans  un  point  de  l'organisme 
pour  en  être  ensuite  expulsés  par  la  voie  naturelle.  C'est  ce  qui  se  produit 
chez  certaines  larves  d'insectes  aux  approches  de  la  nymphose  et  pendant 
la  durée  des  mues.  Nos  recherches  ont  porté  particulièrement  sur  le  Bombyx 
mori  (L.)  qui  a  été  l'objet  d'une  étude  particulière  de  M.  Fabre  (d'Avi- 
gnon) (i),  au  point  de  vue  du  phénomène  d'accumulation  des  matériaux 
biliaires  et  urineux.  Ge  savant  étendit  ensuite  ses  recherches  à  toutes  les 
larves  des  Insectes  et  montra  que  ces  animaux  (les  larves  carnassières  excep- 
tées), pendant  la  nymphose,  présentent,  dans  le  tissu  adipeux,  les  urates  et 
l'acide  urique  qui  devaient  être  excrétés  par  les  tubes  malpighiens.  Quoi- 
que M.Sirodot(2)  ait  considérablement  diminué  l'étendue  et  les  proportions 
de  ce  phénomène,  en  prouvant  qu'il  se  produit  seulement  dans  les  larves  des 
Lépidoptères,  et  non  pas  dans  le  tissu  cellulaire  général,  mais  dans  un  tissu 
cellulaire  sous-cutané  spécial,  il  n'en  reste  pas  moins  ce  fait  acquis  que 
des  matériaux  formés  aux  dépens  de  l'organisme  et  appelés  à  être  expul- 
sés par  la  voie  rénale  peuvent  constituer  un  gisement  physiologique  dans 
un  point  de  cet  organisme. 

»  Partant  de  ce  fait,  qui  relève  des  phénomènes  d'accumulation,  nous 
avons  soumis,  en  même  temps  que  les  larves  de  Bom'ojx  mori,  différentes 
chenilles  nues  de  Lépidoptères  à  l'alimentation  arsenicale,  avec  l'intention 
de  rechercher  ce  que  devient  ce  métalloïde  pendant  les  mues  aux  approches 
de  la  nymphose.  Cette  nouvelle  voie  nous  a  permis  de  rendre  plus  clair  le 
rôle  physiologique  des  tubes  de  Malpighi. 

»  Au  moment  où  certains  plissements  de  la  peau  annonçaient  les  appro- 
ches de  la  nymphose,  nous  avons  détaché  au  ciseau  courbe,  chez  les  ani- 
maux soumis  à  l'expérimentation,  des  lambeaux  superficiels  renfermant  la 
peau  et  le  tissu  cellulaire  sous-cutané,  et  nous  y  avons  trouvé  la  présence 
certaine  d'une  quantité  appréciable  d'arsenic  en  même  temps  que  l'acide 
urique  et  les  urates.  Ici  nous  voyons  les  phénomènes  de  localisation  et 
d'accumulation, en  général  très-distincts,  se  produire  dans  les  mêmes  tissus. 
Mais,  s'il  est  remarquable  que  l'arsenic  se  soit  fait  le  satellite  des  matières 
sécrétées  par  les  tubes  malpighiens  dans  leur  migration,  il  est  plus  étonnant 

(i  )  Étude  sur  rinstinct  et  les  métamorphoses  des  Sphé^ides  (^Jnnatcs  des  Sciences  natu- 
relles, 5°  série,  t.  VI,  i856). 

(2)  Rechfrches  sur  les  sécrétions  des  insectes  (Annales  des  Sciences  naturelles,  t.  X,  i858 
5'  série,  p.  i8Gà  3oi). 


(  «95  ) 
de  le  voir  surtout  localisé  clans  les  globules  graisseux  qui  semblent  avoir 
une  affinité  élective  pour  ce  métalloïde.  Immédiatement  après  la  mue,  les 
tubes  de  Malpiglii  reprennent  leurs  fonctions  naturelles,  et  l'arsenic  s'y  lo- 
calise de  nouveau  en  provoquant  la  formation  des  globules  graisseux. 
Pendant  la  mue,  ces  tubes  sont  remplis  d'ini  liquide  rare  et  décoloré:  après 
la  mue,  ce  liquide  reprend  sa  coloration  jaune  verdàtre. 

»  Pour  épuiser  cette  question  intéressante,  il  restait  à  connaître  si,  dans 
le  cas  où  le  ventricule  chylifique  est  devenu  l'accessoire  de  l'appareil  uri- 
naire  et  a  servi  de  centre  d'accumulation  à  l'acide  urique  et  aux  uratcs, 
comme  cela  se  produit  chez  le  Cerambix  héros  (i),  les  mêmes  faits  relatifs  à 
la  localisation  de  l'arsenic  se  présentent.  On  pouvait  supposer  que  dans  ce 
cas  spécial,  comme  dans  celui  des  larves  de  Lépidoptères,  l'arsenic  suivrait 
les  matériaux  urinaires  dans  leur  déplacement.  Les  résultats  de  nos  recher- 
ches sur  ce  point  sont  très-précis  :  nous  avons  trouvé,  comme  M.  Fabre 
et  par  des  procédés  identiques,  une  grande  quantité  d'acide  urique  et 
d'urates,  mais  jamais  darseriic.  Nous  sommes  conduits  dès  lors  à  recon- 
naître que  cette  fonction  provisoire  dont  est  chargé  l'estomac  de  quelques 
Insectes  est  complémentaire  de  la  sécrétion  rénale,  qui,  pour  une  cause  in- 
connue, se  trouve  seule  suspendue  à  certains  moments  de  la  vie  de  l'In- 
secte. Cette  conclusion  paraît  du  reste  corroborée  par  ce  fait  que  nous 
n'avons  jamais  pu  retrouver  dans  l'estomac  du  Cerambix  les  particules  de 
matières  colorantes   qui  existent  manifestement  dans   le  tissu  cellulaire 
sous-cutané  des  larves  de  Lépidoptères.  Rappelons  encore  que  la  sécrétion 
des  tubes  malpighiens  du  Cerambix  se  décolore  par  localisation  arsenicale. 
»  De  tous  ces  faits  nous  nous  croyons  autorisé  à  conclure  que  les  tubes 
de  Mali)i(ffii  sont  réellemenl  des  organes  mixtes  chargés  ù  la  fois  de  l'excrétion  de 
l'urine  el  de  la  sécrétion  biliaire. 

»  Les  faits  d'argyrie,  fréquents  chez  l'homme,  nous  ont  offert  des  corré- 
latifs chez  les  Mollusques  gastéropodes.  En  recherchant  la  limite  de  résis- 
tance du  Zonitcs  algiriis  et  de  Vllclix  aspersa  à  l'influence  nocive  des  sels 
métalliques,  nous  avons  pu  faire  absorber  à  ces  animaux  des  quantités 
considérables  de  chlorure  d'argent  sans  déterminer  aucun  accident  apparent. 
Déjà  nous  avions  été  mis  sur  la  trace  de  l'innocuité  de  ce  sel,  en  expéri- 
mentant sur  le  Dulirnus  porphjroslonius  {Vkifer),  très-répandu  en  Nouvelle- 
Calédonie,  théâtre  de  nos  observations.  En  enlevant  chez  ces  divers  ani- 
maux, après  un  mois  d'expériences,  avec  des  ciseaux  courbes,  des  lambeaux 

(i)  Fabre  (d'Avignon),  loc.  cit.,  p.  112  et  suivantes. 


(  '96) 
superficiels  renfermant  les  corpuscules  pigmentaires,  nous  avons  pu  con- 
stater la  présence  irrécusable  de  l'argent  métallique.  Un  autre  gisement 
plus  normal  s'était  formé  clans  le  foie.  Il  est  remarquable  que,  un  mois  en- 
viron après  suspension  de  tout  régime  métallique,  l'argent  avait  entièrement 
disparu  de  ces  points  de  localisation. 

»  Ces  faits,  et  quelques  autres  encore  indiqués  dans  notre  Mémoire,  atti- 
reront, nous  en  avons  l'espérance,  l'attention  des  physiologistes  sur  ces 
phénomènes  de  localisation  minérale  et  organique,  dont  l'étude  métho- 
dique permettra  la  solution  de  questions  qui  intéressent  à  la  fois  le  natura- 
liste, le  toxicologue  et  le  médecin.   » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  le  développement  des  Pléropodes.  Note  de  M.  H.  Fol, 
présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  Le  vitellus  des  Ptéropodes  avant  la  fécondation  est  histologiquement 
une  cellule  simple  avec  dépôt  de  matière  nutritive  dans  son  intérieur.  Ce 
vitellus  fécondé  est  dépourvu  de  membrane  et  de  nucléus.  Il  se  compose 
d'une  partie  formative  ou  protoplasmique,  et  d'une  partie  nutritive  com- 
posée d'un  réseau  de  protoplasma,  dans  les  mailles  duquel  se  trouvent  les 
globules  nutritifs.  Au  centre  de  la  partie  formative  se  trouve  une  étoile 
formée  par  les  granules  du  protoplasma  rangées  en  ligne  droite,  diver- 
gentes. Les  rayons  de  celte  étoile  vont  jusqu'à  la  limite  de  la  partie  for- 
mative, et  les  globules  nutritifs  s'arrangent  eux-mêmes  en  lignes. 

»  Après  la  sortie  du  corpuscule  dit  de  direction,  un  nucléus  apparaît  au 
centre  de  l'étoile,  qui  s'efface  à  mesure  que  ce  nucléus  grossit.  Les  granules 
et  les  globules  du  vitellus  cessent  d'être  en  lignes.  Avant  chaque  segmen- 
tation le  nucléus  disparaît  pour  être  remplacé  par  deux  étoiles  molécu- 
laires qui  prennent  naissance  dans  son  intérieur.  Le  centre  de  chacune  de 
ces  étoiles  peut  être  considéré  comme  un  centre  d'attraction  :  toute  la 
substance  vitelline  obéit  à  cette  attraction.  Après  la  segmentation,  un  nu- 
cléus reparait  au  milieu  de  chaque  étoile  et  la  substance  vitelline  reste  en 
repos. 

»  Le  résultat  de  la  segmentation,  qui  ne  diffère  que  peu  des  types  con- 
nus pour  les  Gastéropodes,  est  le  développement  d'une  moitié  nutritive 
composée  de  trois  grosses  sphères  et  d'une  moitié  formative  de  sphèrulcs 
transparentes.  Ces  cellules  nutritives  se  divisent  ensuite,  produisant  une 
couche  superficielle  de  petites  cellules  qui  achèvent  d'envelopper  les  trois 
grosses  sphères  nutritives  et  constituent  l'ectoderme.  La   quatrième  des 


(  '97  ) 
"rosses  splitTOs  contrairs,  uiii(|iicment  composer  do  protoplasma,  se  divise 
complètement  et  donne  naissance  à  un  épaississement  de  la  couche  ecfo- 
dermique.  Cette  région  correspond  à  l'extrémité  inférieure  de  la  larve.  La 
ligne  de  rencontre  des  trois  sphérules  nutritives  coïncide  avec  l'axe  oral- 
aboral  de  la  larve.  L'ectoderme  se  referme  en  dernier  lieu  au  [loiiit  de 
rencontre  des  trois  sphérules,  point  qui  doit  coïncider  soit  avec  le  pôle 
aboral,  soit  avec  le  pôle  oral  de  la  larve.  C'est  pour  cette  dernière  alterna- 
tive que  je  me  prononce. 

»  Le  développement  embryonnaire  des  Gymnosomes  établit  la  transition 
entre  celui  des  Thécosomes,  que  je  viens  de  résumer,  et  celui  dos  Hétéro- 
podes,  entre  la  formation  des  feuillets  embryonnaires  par  enveloppement 
et  la  formation  par  invagination. 

»  La  cavité  digestive  se  forme  par  une  simple  différenciation  de  la  masse 
des  cellules  nutritives  ou  centrales.  Il  en  résulte  une  cavité  fermée  de 
toutes  parts  et  trilobée.  Le  lobe  médian  donne  naissance  au  tube  digestif, 
les  lobes  latéraux  aux  sacs  nutritifs.  Les  cellules  composant  les  parois  de 
celte  cavité  descendent  directement  des  cellules  nutritives  ou  centrales  de 
l'embryon;  elles  sont  petites  et  nombreuses  autour  de  la  cavité  médiane, 
cunéiformes  et  composées  en  majeure  partie  de  substance  nutritive  ;uitour 
des  cavités  latérales.  La  partie  médiane  s'allonge  pour  former  l'estomac  et 
l'intestin.  Une  invagination  de  l'ectoderme,  partie  du  point  où  ce  feuillet 
s'est  refermé,  s'enfonce  à  la  rencontre  de  l'estomac  avec  lequel  elle  se  soude. 
Cette  invagination  répond  à  la  bouche  et  à  l'œsophage,  le  point  de  soudure 
au  cardia.  Elle  présente  en  avant  un  diverticule  qui  donne  naissance  à  la 
radula.  Ce  développement  du  tube  digestif  correspond  point  par  point  à 
ce  que  l'on  sait  du  développem'-nt  des  Roliféres. 

»  Les  premiers  cils  qui  apparaissent  sont  moteurs;  ils  sont  par  petites 
houppes  sur  une  zone  circulaire,  au  niveau  de  la  bouche;  puis  une  bande 
de  petits  cils  naît  au-dessous  des  gros  et  sert  à  amener  les  particules  nutri- 
tives à  la  bouche. 

T^e  pied  a  son  origine  dans  un  épaississement  de  l'ectoderme,  qui  occupe 
la  plus  grande  partie  de  la  face  ventrale  de  l'embryon.  Il  prend  ensuite  la 
forme  d'une  bosse,  puis  celle  d'iuic  languette  horizontale,  qui  porte  parfois 
un  opercule  à  sa  face  inférieure.  Il  se  divise  en  un  lobe  médian  et  deux 
lobes  latéraux  qui  deviennent  les  nageoires. 

»  La  cavité  palléale  se  forme  par  enfoncement  de  l'ectoderme,  entre  le 
bord  de  la  coquille  et  le  cou  de  la  larve,  toujoiu's  à  droite  de  l'anus,  quelle 
que  soit  la  position  de  ce  dernier. 

C.  R.,  1875,  i"  Semejdv.  (T.  I.XXX,    N»  5.)  2(* 


(  '9«  ) 

»  Les  larves  de  Pléropodes  ont  deux  simis  contractiles,  situés  l'un  au 
pied  et  l'autre  dans  la  n'-gion  dorsale,  qui  se  renvoient  le  liquide  contenu 
dans  la  cavité  du  corps.  Ni  l'un  ni  l'autre  de  ces  sinus  ne  peut  se  comparer 
à  ceux  de  l'embryon  des  Limaces.  Le  sinus  céphalique  de  la  Limace  répond 
à  toute  la  partie  médiane  du  voile  et  à  toute  la  région  dorsale  des  embryons 
de  Ptéropodes.  Le  sinus  contractile  du  pied  des  Limaces  se  trouve  à  1  ex- 
trémité et  non  à  la  base  du  pied,  comme  chez  les  Ptéropodes. 

»  Le  rein  se  forme  aux  dépens  de  l'ectoderme,  et  le  cœur,  par  la  différen- 
ciation d'un  amas  de  cellules  du  mésoderme.  L'ouverture  interne  du  canal 
rénal  débouche  en  dehors  du  cœur  et  s'ouvre  dans  le  péricarde  lorsque 
celui-ci  vient  à  se  former  plus  tard.  Le  rein  bat  avec  presque  autant  de 
vivacité  que  le  cœur.  L'aorte  et  les  artères  se  forment  par  la  différenciation 
de  cordons  de  cellules  mésodermiques. 

»  Les  parois  de  l'estomac  se  différencient  en  deux  couches  :  une  couche 
externe  de  fibres  musculaires  et  une  couche  muqueuse  interne;  cette  der- 
nière produit  cinq  dents  cornées,  précédées  parfois  de  l'apparition  d'une 
plaque  larvaire  unique.  Les  sacs  vitcllins,  au  nombre  de  deux  dans  l'origine, 
se  soudent  en  un  seul  chez  les  Orlhoconques.  Ce  sac,  qui  s'ouvre  dans  la 
partie  dorsale  de  l'estomac,  se  résorbe  et  diminue  lapidement  chez  les 
Hyaléacées;  il  se  développe,  au  contraire,  chez  les  Styliolacées  et  les  Cré- 
séidées,  où  il  paraît  jouer  provisoirement  le  rôle  de  foie.  Il  diminue  dans 
tous  les  cas  à  mesure  que  le  foie  se  développe.  Le  foie  se  compose  de  petits 
diverticules  de  la  paroi  de  l'estomac.  Les  sacs  nutritifs  sont  entièrement 
étrangers  à  la  formation  de  cet  organe. 

))  Les  otocystes  se  forment  de  bonne  heure,  au  milieu  d'une  couche, 
qui  résulte  d'un  dédoublement  de  l'ectoderme,  encore  composé  de  grosses 
cellules  embryonnaires.  L'otolithe  prend  naissance  dans  l'épaisseur  de  la 
paroi  de  la  vésicule  pour  tomber  |)his  tard  dans  sa  cavité.  Chez  les  Limaces 
et  les  Céphalopodes,  l'otocysle  se  forme  par  une  invagination  de  l'ecto- 
derme, déjà  composé  de  très-petites  cellules  cylindriques.  La  grosseur  des 
cellules  embryonnaires  de  la  couche  génératrice  paraît  être,  dans  ce  cas, 
comme  dans  beaucoup  d'autres,  la  cause  qui  détermine  le  mode  de  for- 
mation d'un  organe  par  invagination  ou  par  simple  dédoublement. 

»  Le  système  nerveux  se  compose  d'une  masse  nerveuse  céphalique  et 
d'une  masse  sous-œso|)hagieime.  La  première  se  forme  par  une  double 
invagination  de  l'ectoderme  do  la  région  céphalique  dans  le  champ  cir- 
conscrit par  le  voile;  le  mode  de  formation  de  la  seconde  n'a  pas  été  ob- 
servé chez  les  Ptéropodes. 


(  '99  ) 

»  L'apparition  de  la  coquille  est  précédée  par  la  formation  d'une  inva-. 
ginalion  de  l'ectoderme,  un  peu  en  avant  du  pôle  aboral.  Celle  invagi- 
nation coqnillière  ou  préconchylienne  se  retourne,  et  le  premier  rudiment 
de  la  coquille  apparaît  sur  la  saillie  ainsi  formée.  Dans  des  cas  excep- 
tionnels ou  anomaux,  cette  invagination  ne  se  retourne  pas  ou  bien  se 
reforme  après  avoir  disj)aru;  son  existence  et  celle  d'une  coquille  externe 
s'excluent.  Elle  est  le  point  de  départ  du  bourrelet  qui  sécrète  la  coquille 
anneau  par  anneau,  et  qui  devient  le  bord  du  manteau.  La  première  partie 
de  la  coquille,  celle  qu'habile  la  larve,  diffère  souvent  de  la  partie  qui  vient 
s'v  ajouter  plus  lard;  elle  peut  persister,  tomber  ou  se  casser,  et  elle  m'a 
fourni  des  caractères  qui  m'ont  permis  de  subdiviser  le  sous-ordre  des 
Ptéropodes  thécosomes.  L'existence  de  l'invagination  préconcbjlieruie  ne 
s'explique  pas  d'une  manière  satisfaisante  par  des  causes  purement  physio- 
logiques; elle  paraît  donc  avoir  des  causes  héréditaires  et  peut  morpho- 
logiquement se  comparer  à  l'invagination  coquillière  des  Mollusqnes  à 
coquille  interne,  invagination  que  j'ai  étudiée  chez  la  Sépiole  et  la  Limace. 
L'existence  et  la  signification  de  cette  invagination  chez  les  Céphalophores, 
les  Céphalopodes  et  les  Lamellibranches  ont  été  graduellement  débrouillées 
par  LerebouUet,  Semper,  Salensky,  Ray-Lankester  et  moi-même. 

»  Les  produits  sexuels  naissent  aux  dépens  de  l'entoderme.  La  sexualité 
ne  peut  être  attribuée  qu'à  un  feuillet  embryonnaire.  » 

CUIRURGIE.  —  La  neutralisation  de  l'acidité  de  l'hydrate  du  chloral  par  le 
carbonate  de  soude  retarde Ja  coagulation,  en  conservant  les  propriétés  phy- 
siologiques. Trois  nouveaux  faits  d'anesthésie  chez  l'homme.  Note  de 
M.  Oré,  présentée  par  M.  Bouillaud. 

«  J'ai  démontré,  dans  la  dernière  Note  que  j'ai  adressée  à  l'Académie  (i), 
que  l'on  peut  facilement  faire  disparaître  l'acidité  du  chloral  par  l'addition 
de  quelques  gouttes  d'une  solution  au  dixième  de  carbonate  de  soude  : 
2  gouttes  de  cette  solution  suffisent,  non-seulement  pour  neutraliser 
I  gramme  de  chloral  dissous  dans  4  grammes  d'eau,  mais  pour  rendre  la 
liqueur  alcaline.  Voici,  du  reste,  la  réaction  qui  s'opère  : 

.,  E.Tpérience.  —  Si  l'on  fait  dissoudre  i  gramme  de  chloial  dans  4  grammes  d'eau,  et 
qiir  l'on  y  ajoute  quelques  gniUtes  d'une  solution  de  nitrate  d'argent,  la  liqueur  ne  i)résente 
pas  le  luoindie  (  liaiigcniciit  dans  sa  coloration.  Au  contraire,  si  l'on  ajoute  au  ihloral,  ainsi 


(i)   Comptes  rendus,  décembre  16^4'  '•  LXXIX,  p.  i4i(i' 

26. 


(    200    ) 

dissous,  2  OU  3  goiitlos  de  la  solution  de  carbonate  de  soude,  il  se  fait  un  petit  dégage- 
inciU  d'acide  carbonique,  et  la  liqueur,  dont  la  couleur  n'offre  aucune  modification,  ))rcci- 
plte  avec  le  nitrate  d'argent  cristallisé,  absolument  comme  de  l'eau  chargée  de  sel  marin. 
Dans  l'un  et  l'autre  cas,  ce  préci[)ilé  blanc  se  redissout  dans  un  excès  d'ammoniaque. 

»  Il  se  mariifesle  donc,  par  suite  du  contact  de  la  substance  alcaline  avec 
riiydrate  de  chloral,  lui  double  pliénomèiie  :  i"  dégagement  d'acide  caibo- 
nique;  2°  pioduction  de  sel  marin,  sel  qui  existe  normalement  dans  le 
sang. 

»  Ce  chloral,  ainsi  alcalinisé,  exerce  sur  les  phénomènes  de  la  coagula- 
tion une  influence  qui  ressortira  des  expériences  suivantes  : 

"  Première  expérience,  —  1°  J'ai  recueilli,  dans  un  verre  vide,  du  sang  provenant  de  la 
j  ugulaire  d'un  chien  (20  grammes). 

»  2"  Dans  quatre  verres,  contenant  chacun  1  gramme  de  chloral  provenant  de  quatre 
sources  différentes,  dissous  dans  4  grammes  d'eau,  j'ai  recueilli  la  même  quantité  de  sang. 

«  3°  De  même,  dans  quatre  verres  contenant  la  même  solution  chloralique,  neutralisée 
par  V addition  du.  carbonate  de  soude. 

»  4°  Enfin,  dans  un  demi-verre  contenant  de  l'eau  additionnée  de  la  même  quantité  de 
carbonate  de  soude,  j'ai  recueilli  également  20  grammes  de  sanf;. 

»  J'ai  observe  la  marche  de  la  coagulation,  qui  s'est  produite  comme  il  suit  :  1°  après  une 
minute  et  demie,  le  coagulum  était  formé  dans  le  premier  verre;  2°  après  trois  ou  quatre 
minutes,  dans  l'eau  alcalinisée;  3"  l'expérience  ayant  été  commencée  à  i''36'",  le  sang  con- 
tenu dans  le  chloral  pur  était  encore  liquide,  quoique  épaissi,  à  2'' 5°";  mais  il  présentait, 
dans  les  quatre  verres,  des  grumeaux  noirâtres,  sortes  de  petits  caillots. 

•  Dans  les  quatre  verres  contenant  du  chloral  carbonate,  la  solution  était  liquide,  sans 
grumeaux.  Le  lendemain,  je  l'ai  trouvée  à  l'état  sirupeux  dans  deux  verres;  dans  les  deux 
autres,  la  coagulation  était  complète. 

»  Il  découle  de  ces  expériences  que,  d'une  manière  générale,  on  peut 
dire,  non-seulement  que  l'hydrate  de  chloral  retarde  la  coagulation  du 
sang,  au  lieu  de  la  précipiter,  ainsi  que  cela  a  été  dit,  mais  que  le  chloral 
alcalinisé  avec  la  solution  carbonafée  L'empêche. 

'•  Deuxième  rxpérienre.  —  Sur  un  rliien  du  poids  de  <)  kilogrammes,  insensibilisé  par  une 
injection  de  2^'',  5o  de  chloral  dans  la  veine  fémorale  droite,  on  a  mis  ;\  découvert  la  jugulaire 
gauche,  qui  a  été  isolée  dans  une  étendue  de  7  centimètres  :  une  première  ligature  a  été 
posée  et  serrée  au  point  où  elle  s'abouche  avec  le  tronc  bracchio  céphalique  ;  une  autre,  à  la 
partie  supérieure.  Avant  de  serrer  cette  dernière,  on  a  soin  de  (aire  refluer  en  partie  le 
sang  vers  l'extrémité  céphalique,  puis  on  étrangle  alors  le  vaisseau  :  il  existe  donc  une  cer- 
taine quantité  de  liquide  sanguin  dans  la  portion  de  la  jugulaire  comprise  entre  les  deux 
ligatures.  Piquant  avec  une  canide  très-fine  la  i)aroi  de  cette  veine,  dans  ce  dernier  point, 
on  injecte  une  solution  de  chloral  carbonate  qui  distend  le  vaisseau.  La  jugulaire  ainsi  dis- 
tendue par  le  mélange  du  sang  et  de  la  solution  chloraliiiue  ist  recouverte  par  les  parties 
molles.  L'expérience  a  été  commencée  à  i''3o"'. 


(     20I     ) 

»  A  i''52"',  c'est-à-dire  aprùs  vingt-deux  minutes,  on  examine  le  conicnii  du  vaisseau, 
qui  est  resté  à  l'abri  du  contact  de  l'air  :  il  n'existe  pas  ta  moindre  trace  de  coagulation,  et 
les  parois  sont  paies  et  lisses,  comme  à  l'clat  normal. 

«  L'objection  faite  à  l'injection  inti-a-veineuse  de  chloral,  de  pouvoir  pro- 
dtiii'e  des  caillots,  se  trouve  ainsi  réduite  à  néant.  Mais  il  importerait  peu 
que  le  chloial  additionné  de  carbonate  de  sonde  eût  la  propriété  d'euipé- 
clier  la  formation  des  caillots,  s'il  perdait,  par  le  fait  même  de  celte  addi- 
tion, ses  propriétés  anesthésiques.  Les  expériences  sur  les  animaux  et  les 
faits  observés  chez  l'homme  démontrent  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  : 

•  Première  expérience.  —  Chien  pesant  23  kilogrammes.  Injection  chloralique  carbo- 
natée  à  i''5o"';  à  i''52"',  même  anesthésie  complète,  ([ui  dure  jusqu'à  3  heures.  A  ce  mo- 
ment, le  chien  se  réveille. 

•  Deuxième  expérience.  —  Chien  pesant  i8  kilogrammes.  Anesthésie  par  une  injection 
de  4  grammes  de  chloral  carbonate  dans  1 2  grammes  d'eau.  L'insensibilité  a  duré  une  heure. 

»  Il  en  a  été  de  même  chez  quatre  autres  chiens.  Chez  tous,  la  circulation 
et  la  respiration  n'ont  offert  rien  d'anomal. 

»  Les  résultats  observés  chez  les  animaux  ont  été  les  mêmes,  à  la  suite 
des  injections  faites  sur  l'homme  pour  produire  l'anesthésie,  avec  le  chloral 
additionné  de  carbonate  de  soude. 

»  M.  le  professeur  Deneffe,  de  Gand,  m'a  fait  connaître  les  trois  faits 
suivants,  que  je  me  borne  à  indiquer,  parce  qu'ils  doivent  être  communi- 
qués en  détail  à  l'Académie  royale  de  Belgique  : 

»  Vingt-huitième  observation.  —  Tumeur  du  sein  opérée  par  incision  de  la  j)eau  et  ap])li- 
cation  de  l'écraseur  linéaire.  Deux  écraseurs  fonctionnent  à  la  fois.  Extirpation  de  cinq  gan- 
glions axillaircs.  Injection  intra-veineusc  de  chloral  carbonate,  commencée  à  ii''5'j'";  à 
12'' 5'",  anesthésie  absolue,  qui  a  duré  dix-huit  minutes,  obtenue  à  laide  de  (j  grammes  de 
chloral.  Sommeil  consécutif,  qui  a  duré  vingt-quatre  heures. 

»  fingt- neuvième  observation.  —  Restauration  de  la  paupière  supérieure  gauche,  pour 
une  difformité  considérable,  survenue  à  la  suite  de  l'explosion  d'une  chaudière  :  opération 
pratiquée  chez  un  jeune  homme  très-débile,  trcs-anémié,  âgé  de  17  ans.  Anesthésie  com- 
plète, produite  en  huit  minutes,  avec  une  injection  intra-veineuse  de4''',  ^5  de  chloral  car- 
bonate. L'anesthésie  absolue  a  été  de  seize  minutes. 

»  Trentième  observation.  —  Amputation  de  la  cuisse,  pratiquée  à  un  homme  de  35  ans, 
à  la  suite  d'une  gangrène  de  la  jambe.  En  huit  minutes,  6^'',  25  de  chloral  carbonate  ont 
produit  une  anesthésie  absolue,  qui  a  duré  ([uinzc  minutes.  Le  malade  est  resté  endormi  jus- 
(ju'au  lendemain;  toutefois  il  s'est  réveille  à  pliisieuis  reprises. 

«  Chez  ces  trois  malades,  il  n'y  a  eu  ni  phlébite,  ni  caillot,  ni  hématurie. 

»  L'expérimentation,  faite  soit  sur  les  animaux,  soit  sur  l'homme,  dé- 


(    202    ) 

montre  donc  que  le  chloral  carbonate  conserve  toutes  ses  propriétés  physio- 
logiques. 

1)  La  méthode  de  l'injection  intra-veineuse  du  chloral,  dans  le  but  exclusif 
do  produire  l'aneslhésie  chirurgicale,  a  donc  été  employée  trente  fois;  elle 
a  donné  trente  succès.  Sa  place  me  paraît  désormais  faite  parmi  les  moyens 
de  produire  l'insensibilité.  Aucun  des  chirurgiens  qui  s'en  sont  servis  n'a 
eu  à  déplorer  le  moindre  accident,  et  tous  proclament  sa  supériorité  sur 
les  autres  agents  anesthésiques.  Est-ce  à  dire  que  cette  méthode  ne  pourra 
pas  avoir  ses  revers  comme  les  autres?  Telle  ne  peut  pas  être  notre  pensée. 
Nous  n'ignorons  pas  que,  soit  l'inobservance  des  préceptes  établis  par  le 
Manuel  opératoire,  soit  ces  idiosyncrasies  étranges  que  rien  n'explique,  que 
rien  ne  peut  faire  prévoir,  pourront  occasionner  des  niécom|)tes;  mais, 
quoi  qu'il  arrive,  la  méthode  n'en  restera  pas  moins  établie  sur  les  bases 
solides  d'une  expérimentation  longue  et  consciencieuse,  dont  la  Chirurgie 
a  confirmé  largement  tous  les  résultats.   » 

BOTANIQUE  FOSSILE.  —  Recherches  sur  les  végétaux  silicifics  d^Âutun  et  de  Saint- 
Etienne.  Etude  du  centre  Bolryoptcris .  Note  de  M.  B-  Rexaii.t,  présentée 
par  M.  Brongniart.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Les  débris  de  plantes  qui  ont  servi  à  constituer  ce  genre  se  compo- 
sent de  fructifications,  de  plusieurs  pétioles  et  d'un  fragment  de  tige  pro- 
venant des  gisements  de  Saint -Etienne,  et  envoyés  au  Muséum  par 
M.  Grand'Eury. 

»  Ces  différents  organes,  épars  dans  plusieurs  magma  siliceux,  ont  été 
rapprochés  à  la  suite  de  l'étude  détaillée  de  leurs  tissus  respectifs  et  for- 
ment un  genre  distinct  de  tous  ceux  connus  jusqu'à  ce  jour. 

))  Je  fais  suivre  la  description  de  ce  genre  par  celle  d'autres  fructifica- 
tions offrant  quelque  analogie  avec  les  premières  et  trouvées  dans  les  gise- 
ments silicifiés  d'Autun. 

FRuoTiFir.iTioNs  DE  Saint-Etienne  {Botryoptcris  forcnsis). 

»  Ces  fructifications  forment  ime  masse  assez  volumineuse,  due  à  l'ag- 
glomération de  capstiles  très-nombreuses;  le  fragment  soumis  à  l'étude 
mesurait  4  à  5  centimètres  de  hauteur,  2  à  3  centimètres  d'épaisseur  et 
3  à  4  centimètres  de  largeur;  les  capsules  ou  sporanges  constituant  par 
leur  accolement  cette  niasse  ont  i,5  à  2  millimètres  de  longueur  et  0,7  à 
I  millimètre  de  largeur  dans  leiu*  j)lus  grand  diamètre. 

»  L'ensemble  de  ces  fructifications  est  parcouru  par  des  rachis  de  diffé- 


(    203    ) 

rents  ordres;  sur  les  pins  petits  sont  fixées  par  groupe  de  cinq  ou  six,  et  quel- 
quefois pins,  les  capsules  sporiféres.  Comme  les  points  d'insertion  sur  les 
subdivisions  du  rachis  sont  fréquents,  et  que  les  ramifications  sont  nom- 
breuses, il  en  résulte  pour  l'ensemble  une  forme  stipitée  caractéristique. 

»  Les  sporanges  sont  pvrifonnes,  parfois  légèrement  recourbés  et  aplatis 
par  leur  pression  mutuelle,  résultat  de  leur  mode  d'insertion.  L'enveloppe 
se  prolonge  en  forme  de  pédicelle  plus  ou  moins  développé,  et  leur  aspect 
général  est  celui  des  capsules  de  Loxsoma  Cunninghamii,  mais  avec  des 
dimensions  linéaires  triples. 

»  La  paroi  est  formée  d'un  seul  rang  de  cellules  analogues  à  celles  qui 
forment  l'enveloppe  des  sporanges  des  Fougères. 

»  Les  nombreuses  coupes,  faites  dans  différentes  directions,  montrent 
que  dans  certaines  régions  de  la  surface  du  sporange  les  cellules  s'allon- 
gent, deviennent  plus  épaisses  et  produisent  alors  une  large  bande  pins 
sombre  que  le  reste  de  l'enveloppe,  allant  obliquement  du  sommet  à  la 
base;  ce  n'est  pas  un  anneau  élastique  proprement  dit,  mais  bien  plutôt 
une  plaqne  analogue  à  celle  des  Todea  ou  Osmunda,  toutefois  plus  déve- 
loppée et  autrement  disposée.  La  déhiscence  des  capsules  était  longitu- 
dinale. Les  spores  qui  emplissent  les  sporanges  sont  plus  petites  et  plus 
nombreuses  que  celles  des  capsules  ordinaires  de  Fougères,  spbériques  et 
lisses  à  leur  surface. 

»  Les  subdivisions  du  rachis,  rencontrées  dans  l'intérieur  de  la  masse 
fructifère,  offrent  suivant  leur  grosseur  un  ou  plusieurs  faisceaux  vascu- 
laires,  ayant  sur  une  coupe  transversale  la  figure  d'un  «,  et  séparés  par  une 
couche  cellulaire  de  la  partie  fibreuse  corticale  très-développée. 

»  La  forme  particulière  de  la  coupe  transversale  du  faisceau  vasculaire 
a  permis  de  rapporter  ces  fructifications  aux  pétioles  et  à  la  tige  que  je  vais 
décrire. 

»  Tiges  et  pétioles. —  La  tige  est  formée  au  centre  par  un  axe  vasculaire 
cylindrique  plein,  sans  apparence  de  moelle,  comme  cela  existe  dans  les 
Aiiiichoroptcris  et  Zyijoplcris.  Les  cellules  allongées  qui  composent  l'axe 
sont  nettement  réticulées  au  centre;  à  la  périphérie,  elles  sont  plus  petites, 
rayées  et  ponctuées;  c'est  dans  cette  zone  extérieure  qu'aboutissent  les 
faisceaux  vasculaires  des  pétioles  et  des  racines. 

»  En  dehors  de  l'axe  une  couche  de  cellules  peu  épaisse,  presque  tou- 
jours détruite,  le  sépare  du  tissu  cortical  fibreux  frès-développé,  recouvert 
par  un  épidémie  rarement  conservé,  et  sur  lequel  on  a  pu  constater  la 
présence  de  nombreux  poils  cloisonnés. 


(    204    ) 

»  De  l'axe  de  la  tige  observée  partent,  dans  une  direction  opposée,  deux 
pétioles  dont  le  Hiisceau  vasculaire  présente  en  section  la  figure  d'un  w,  la 
partie  supérieine  do  la  lettre  étant  tournée  vers  l'axe. 

»  Les  pétioles  sont  cylindriques,  sans  gouttière  supérieure,  si  fréquente 
dans  les  pétioles  de  Fougère;  les  cellules  allongées  du  faisceau  vasculaire 
sont  rayées  et  réticulées. 

M  Ces  pétioles  ont  été  rencontrés  à  Autun  et  à  Saint-Étienne;  ces  der- 
niers avaient  été  désignés  par  M.  Grand'Eury  sous  le  nom  de  Rachioptcris 

forensis. 

Fructifications  d'Autun.    [Botryoptcris  duhius.) 

))  Les  fructifications  trouvées  dans  les  gisements  d'Autun  se  présentent 
en  masse  serrée  et  compacte,  comme  celles  de  Saint-Étienne;  mais  les  cap- 
sules qui  forment  ces  agglomérations  ne  sont  pas  disposées  par  groupe  sur 
les  subdivisions  du  rachis  :  elles  sont  terminales;  les  ramules  semblent  se 
renfler  à  leur  extrémité  pour  former  les  sporanges,  qui  sont  deux  ou  trois 
fois  plus  volumineux  que  ceux  de  Saint-Etienne;  les  parois  sont  épaisses, 
formées  de  plusieurs  rangs  de  cellules ,  surtout  vers  la  base,  qui  semble 
être  une  dilatation  du  ramule;  la  couche  la  plus  interne  est  composée  de 
cellules  allongées. 

ji  Les  parois,  en  général  mal  conservées,  laissent  soupçonner  la  pré- 
sence d'un  anneau  dirigé  suivant  la  longueur  du  sporange. 

»  Les  spores,  trois  à  quatre  fois  plus  grosses  que  celles  des  fructifications 
de  Saint-Étienne,  ont  une  enveloppe  striée  extérieurement. 

»  Dans  l'intérieur  de  la  masse  des  sporanges,  il  ne  m'a  pas  été  pos- 
sible de  trouver  une  coupe  transversale  de  rachis  assez  nette  pour  que 
j'aie  pu  rapporter  ces  curieuses  fructifications  à  quelque  tige  ou  pétiole 
connu. 

»  Par  leurs  fructifications,  les  genres  précédents  peuvent  être  regardés 
comme  faisant  partie  de  la  grande  classe  des  Fougères  (en  y  comprenant 
les  Ophioglossées);  mais  les  analogies  de  famille  cessent  bien  vite  quaiul 
on  veut  poursuivre  la  comparaison. 

.)  Parmi  les  genres  fossiles,  le  genre.  Scliizopleiis  {Scli.  tacliica),  fréquem- 
ment accompagné  à  Saint-Etienne  d'empreintes  que  l'on  a  regardées  conune 
les  fructifications  de  ces  plantes,  présente  quelque  analogie  de  forme  et  de 
dimension  avec  les  fructifications  d'Autun  ;  mais  la  cliificulté  de  bien  éta- 
blir le  mode  d'insertion  de  ces  prétendues  capsules  laisse  trop  d'incertitude 
pour  que  l'on  puisse  risquer  une  alfirmation. 

»   Quant  au  genre  JJolijuptcris  décrit  ici  en  premier  lieu,  il  olfre,  avec 


(  ao5  ) 
plusieurs  familles  de  Fougères,  certaines  analogies,  mais  qui  ne  se  pour- 
suivent pas  dans  une  longue  série  d'organes. 

»  Ainsi  l'axe  cylindrique  vasculaire,  sans  moelle  incluse,  de  la  plante 
fossile,  se  retrouve  dans  les  Hymenophyllum  et  les  Trichomanes  {Tricliomanes 
Prieurii,  T.  floribunditm)  ;  dans  ces  Fougères,  la  prédominance  du  tissu 
fibreux  cortical  sur  le  tissu  parenchyniateux  est  également  frappante;  mais 
le  tissu  central  est  formé  de  cellules  rayées  dans  les  plantes  vivantes,  tandis 
que  ce  sont  des  cellules  réticulées  dans  le  genre  fossile;  les  fructifications, 
sauf  par  la  forme  des  sporanges  [Loxsoma),  n'ont  pas  d'analogie. 

»  Le  mode  de  groupement  des  sporanges,  quoique  différent,  rappelle 
cependant  celui  des  Osmondées,  et  leur  bande  élastique,  la  plaque  de 
même  nature  des  Todea  africana,  rivulnris,  Oamunda  rcfjalis,  etc.  Le  pétiole  à 
faisceau  vasculaire  lunule  ne  diffère  pas  beaucoup  de  celui  de  ces  mêmes 
Fougères  vivantes  ;  mais  la  forme  et  la  grandeiu-  des  sporanges,  la  nature 
des  tissus  dans  les  tiges  sont  tout  autres. 

»  Une  famille  de  laquelle  on  pourrait  encore  essayer  de  rapprocher  le 
genre  fossile  est  celle  des  Ophioglossées. 

»  Les  sporanges,  dans  les  deux  cas,  ont  environ  le  même  volume,  les 
spores  sont  également  petites  et  nombreuses,  les  parois  des  capsules  n'ont 
pas  d'anneau  élastique  proprement  dit;  dans  les  Helmitithoslachys,  les  spo- 
ranges sont  fixés  en  nombre  variable  sur  de  petits  axes  communs. 

»  Mais  dans  les  Hetminthoslachys  zeiLinica,  Boliychium  subcanwruin,  les 
pétioles  ont  leur  intérieur  parcouru  par  plusieurs  faisceaux  5  à  25  lunulésj 
disposés  en  cercle,  la  concavité  tournée  vers  l'axe  du  pétiole;  quelques-uns 
occupent  la  partie  centrale. 

»  Les  faisceaux  vasculaircs  sont  formés  de  cellules  allongées,  rayées  et 
poreuses;  les  pores  sont  elliptiques  et  le  grand  axe  est  oblique  par  rapport 
à  la  longueur  des  cellules.  Autour  de  chaque  faisceau  se  trouve  une  gaîne 
cellulaire  qui  le  sépare  du  tissu  plus  lâche  du  reste  du  pétiole  et  rappelle 
celle  qui  environne  les  faisceaux  vasculaires  des  pétioles  de  Maraltiées. 
Comme  dans  ces  Fougères,  on  rencontre  chez  les  Helminlostachjs  des  ca- 
naux remplis  d'une  matière  gommeuse  brune. 

»  Au  centre  de  la  tige  des  Botrychium  et  des  Helminlostachjs  se  trouve 
un  cylindre  vasculaire  entourant  une  moelle  qui  n'existe  pas  dans  le  genre 
fossile;  les  cellules  du  cylindre  vasculaire  sont  rayées  et  poreuses,  réticu- 
lées. Autour  de  ce  cylindre  règne  une  couche  de  cellules  allongées,  qui  le 
sépare  du  parenchyme  extérieur  rempli  de  matière  amylacée,  et  limité  lui- 
même  par  un  épiderme  peu  accentué. 

O.K.,  1875,  i"  S<.m«ir(r.(T.  I.XXX,  Pi' 3.'y  2" 


(     5..06    ) 

H  On  voit  que,  malgré  quelques  ressemblances  entre  les  fructifications, 
la  forme  des  faisceaux  vasculaires  des  rachis  et  leur  structure,  des  diffé- 
rences nombreuses  subsistent,  suffisantes  pour  qu'il  soit  impossible  d'assi- 
miler complètement  les  Botijopteris  aux  Ophioglossées. 

»  La  conclusion  naturelle  est  que  ce  genre  perdu  formait  un  groupe 
à  part,  intermédiaire  entre  les  Fougères  proprement  dites  et  les  Ophio- 
glossées. » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Influence  des  forèls  sur  le  débit  des  cours  d'eau  et  sur 
l'état  hpjromélrique  de  l'air.  Note  de  M.  L.  Fautrat,  présentée  par 
M.  Robin.  (Extrait.) 

(.  Pour  contribuer  à  éclaircir  la  question  si  controversée  de  l'influence 
des  forêts  sur  le  régime  des  eaux,  j'ai  entrepris,  dans  la  forêt  domaniale 
d'Halatte,  des  observations  dont  j'ai  l'honneur  de  faire  connaître  les  prin- 
cipaux résultats  à  l'Académie. 

»  Le  débit  d'un  cours  d'eau  dépend,  comme  on  le  sait  :  i°  de  la  quan- 
tité d'eau  pluviale  tombée  et  reçue  à  la  surface  du  sol  drainé  par  le  cours 
d'eau;  2°  de  la  quantité  d'eau  perdue  par  l'évaporation.  J'ai  recherché 
quelle  influence  peut  avoir,  sur  ces  deux  causes,  l'état  boisé  ou  déboisé 
du  sol.  Dans  ce  but,  j'ai  mesuré  la  quantité  de  pluie  tombée  au-dessus  du 
massif  et  en  dehors,  la  quantité  de  pluie  reçue  sur  le  sol  boisé  et  sur  le 
sol  découvert,  et  j'ai  essayé  de  rendre  compte  de  l'évaporation  sous  bois 
et  hors  bois. 

»  1°  Quantité  de  pluie  tombée.—  Au  mois  d'août  j'ai  présenté  h  l'Académie  les  résultats  de 
mes  six  premiers  mois  d'observations,  tendant  à  prouver  qu'il  tombait  plus  d'eau  au-dessus 
du  massif  qu'à  la  même  altitude,  à  Soo  mètres  de  la  foret.  Les  observations  des  mois  sui- 
vants sont  venues  confirmer  ces  premiers  résultats. 

..  Du  i'''  février  au  ?.5  décembre  1874,  il  est  tombé  : 

Au  -dessus  du  massif 4^5 

A  3oo  mètres  du  massif,  à  la  même  altitude 4^' 

Différence  en  faveur  de  la  forêt Sj 

,.  1°  Quantité  de  pluie  reçue.—  Sept  pluviomètres,  placés  sous  un  gaulis  complet  de  chêne 
et  de  charme,  et  sous  la  projection  de  la  cime  d'un  chêne  dominant  le  peuiilement,  à 
quelques  mètres  de  l'appareil  disposé  pour  recevoir  la  pluie  au-dessus  du  massif,  m'ont 
donné  la  (juanlilé  de  pluie  reçiio  sur  le  sol  forestier  pendant  les  onze  mois  d'observations. 
»  J'ai  trouvé  que  le  sol  couvert  avait  reçu  281  millimètres,  soit  les  0,6  de  la  quantité 
tf)nibéc.  La  cime  des  arlircs  a  donc  intercepté  les  o,4  de  l'eau  précipitée;  ce  chiffre  est  un 
maximum,  car  les  pluviomètres  ont  été  placés  sous  un  double  couvert,  dans  les  conditions 
les  plus  défavorables. 


Qini 


(   207    ) 

i>  Pour  que  le  sol  de  la  forêt  conserve  plus  d'eau  que  le  sol  découvert, 
il  faut  que  la  différence  entre  la  quantité  d'eau  pluviale  reçue  par  le  sol 
agricole  et  le  sol  forestier  soit  compensée  par  les  résultats  de  l'évaporation. 

»  Des  évaporomètres  Piche,  mis  sous  bois  et  hors  bois,  des  atraidomèlies  mobiles,  ren- 
fermant des  poids  déterminés  de  terre  et  d'eau,  nous  ont  donné  le  rapport  de  l'évaporation 
sous  bois  et  hors  bois.  Ce  rapport  a  été  trouvé,  par  ces  deux  procédés,  de  un  tiers  environ. 

»  Suivant  M.  Ebermayer,  la  couverture  des  feuilles  exerce  la  même  action  que  le  cou- 
vert des  arbres.  Si  l'on  tient  compte  de  cette  action,  qui  double  le  coefficient  d'évaporation, 
on  peut  dire  que  sous  bois  l'évaporation  est  dix  fois  plus  faible  que  hors  bois,  tandis  que 
les  quantités  de  pluie  reçue  sur  le  sol  forestier  et  sur  le  sol  découvert  sont  dans  le  rapport 
de  6  à  lo.  Ces  relations  permettent  d'établir,  par  le  calcul,  (jue  le  sol  forestier  conserve 
plus  d'eau  que  le  sol  agricole,  si  l'évaporation  fait  perdre  à  ce  dernier  plus  des  0,37  de  l'eau 
qu'il  reçoit.  Cette  perte  est  au  moins  de  70  pour  100,  ainsi  que  l'a  montré  .AI.  Risler  en  Suisse, 
après  trois  années  d'observations. 

»  On  peut  alors  conclure  que  les  bois,  par  leiu*  abri  et  leur  pouvoir 
condensateur,  donnent  à  la  région  qu'ils  couvrent  l'eau  qui  la  féconde  et 
les  sources  qu'ils  alimentent. 

»  Etat  h/grornétriqiic  de  l'air.  —  Les  observations  hygrométriques  faites 
dans  la  forêt  d'Halatte  fendent  à  établir  qu'il  y  a  toujours  au-dessus  des 
bois  une  pltis  grande  quantité  de  vapeur  d'eau  qu'en  terrain  découvert. 

»  Ces  résultats,  indiqués  au  mois  d'août,  se  trouvent  confirmés  par  les  observations  des 
mois  suivant  : 

u  Du  I'"'  mars  au  i"^'  décembre  1874,  on  a  trouvé  que  le  degré  moyen  de  saturation  de 
l'air  avait  été  : 

c 

Au-dessus  du  massif,  de 66,0  environ. 

En  terrain  découvert,  de 64 1 7 

Différence  en  faveur  de  la  forêt i  ,3 

>.  Et  comme  la  capacité  de  l'air  poHr  la  vapeur  est  plus  grande  au-dessus  du  massif  qu'en 
dehors,  parce  que  la  température  y  est  généralement  plus  élevée,  il  y  a  une  double  raison 
pour  conclure  qu'au-dessus  de  la  foret  il  y  a  en  valeur  absolue  plus  de  vapeur  d'eau  que 
dans  les  champs. 

»  C'est  pendant  la  durée  de  la  végétation  et  pendant  le  mois  de  mai  que  cet  état  hygro- 
métrique a  été  le  plus  nettement  accusé. 

"  L'étude,  jour  par  jour,  des  résultats  fournis  par  des  psychromètres,  pendant  le  mois  de 
mai  1874.  fait  ressortir  clairement  le  pouvoir  qu'ont  les  bois  de  concentrer  les  vapeurs. 

»  Ces  couches  de  vapeur  enveloppant  la  forêt  sont  pour  les  terres  ara- 
bles une  source  de  bienfaits.  Elles  se  répandent  sur  les  terres  voisines  des 
massifs,  et,  lorsipie  les  corps  au-dessus  desquels  elles  planent  se  sont  refroi- 
dis par  suite  du  rayonnement  nocturne,  elles  se  précipitent  en  une  rosée 
qui  féconde  le  sol.  » 


(  loS  ) 

M.  A.  Baiithélemy  adresse  une  nouvelle  Note  sur  la  rupture  des  vases 
par  la  congélation  de  l'eau. 

Deux  nouvelles  expériences,  rapprochées  de  celles  qui  ont  été  déjà  pu- 
bliées par  l'auteur  [Comptes  rendus,  1870  et  1871,  et  Jnn.  de  Cliim.  el  de 
Phys.,  1871),  le  conduisent  aux  conclusions  suivantes  : 

«    1°  L'eau  refroidie  au-dessous  de  zéro  continue  à  se  dilater. 

»  2°  L'eau  comprimée  se  congèle  à  des  températures  de  plus  en  plus 
basses. 

»  3°  L'eau  renfermée  dans  un  vase  ne  saurait  se  congeler  en  entier,  la 
pression  augmentant  et,  par  conséquent,  le  point  de  congélation  étant  re- 
tardé, à  mesure  que  la  température  s'abaisse.  Il  y  a  là  une  remarquable 
analogie  avec  l'ébuUition,  qui  ne  peut  se  produire  dans  un  vase  fermé. 

»  4°  La  rupture  des  vases  est  déterminée  par  la  pi-ession  du  noyau  liquide, 
poussé  dans  les  parties  les  moins  froides  de  l'appareil.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  J.   B. 


BULLETIN'    BIBLIOGRAPHIQUE. 

Odvrages  reçus  dans  la  séance  nu   i8  janvier   i8'j5. 

Meiveiltes  de  l'Industrie;  par  LouiS  FiGUllîR.  17*^  série;  Paris,  Furne  et 
Jouvet,  1874;  grand  in-8°,  avec  gravures. 

Conseil  d'Iiycjicne  cl  de  salubrité  du  département  de  la  Seine.  Rapport  à 
M.  le  Préfet  de  police  sur  l'altération  des  eaux  de  la  Seine  par  les  égouts  col- 
lecteurs d'Àsnicres  et  du  nord,  et  sur  son  assairiissement  ;  par  JNL  F.  BoUDET. 
Paris,  Boucquin,  1874;  in-4°. 

lieclierches  sur  les  observations  magnétiques  faites  à  l'Observatoire  de  Paris, 
de  16G7  à  187a;  par  M.  G.  Rayet.  Paris,  1874;  in-4°. 

/innuaire  de  l' Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Ârls 
de  Belgique;  1875.  Bruxelles,  imp.  F.  Hayez,  1875;  in-8°. 

j^nnales  télégraphiques;  3*  série,  t.  I",  novembre-décembre  1874.  Paris, 

Dunod,  1874;  in-8". 

(  A  suivre,  ) 

I     ■.■^0<      I        m-^ 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  25  JANVIER  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉ MIK. 

HYDRAULIQUE.  —  Nnlc  relalive  aux  perles  du  haut  Doubs  cl  au  inojcii 
de  les  réduire;  jiar  M.  II.  Resal. 

«  IjC  Doubs  prend  sa  source  à  quelques  centaines  de  mètres  à  l'est  de 
Moutlie,  au  pied  occidental  ^^nltitude,  gSo  mètres)  du  Noirmont,  qui  sépare 
la  France  du  canton  de  Vaud,  et  reçoit  presque  imniédialement  le  ruisseau 
du  Bief,  qui  pari  de  Clialel-Blanc.  Il  parcourt  ensuite,  en  se  dirigeant  vers 
le  nord-est,  des  pâturages  jusqu'aux  Longevilies,  d'où,  après  avoir  reçu 
le  Rouge-Bief,  dont  le  débit  est  à  peu  près  égal  au  sien,  il  se  rend  vers 
l'ouest  dans  une  gorge  portiandienne.  Dans  celte  gorge  il  forme  une  suc- 
cession de  chutes  dont  l'une  a  été  utilisée  pour  faire  mouvoir  une  scierie 
forestière. 

»  Apres  avoir  reçu  les  eaux  du  petit  lac  de  Remoray,  il  vient  verser  les 
siennes  dans  le  lac  de  Saint-Point  (  7  kilomètres  de  longueur  sur  700  mètres 
de  largeur  moyenne). 

»  Le  Doubs,  en  sortant  du  lac  de  Saint-Point,  se  dirige  vers  le  nord- 
ouest  jusqu'au  pied  méridional  du  fort  de  Joux,  où  il  reçoit  le  ruisseau 
de  la  Morte,  dont  la  majeure  partie  du  débit  est  fournie  par  la  source  in- 
termittente (vallée  néoconiienne  de  Jougne)  appelée  Fonlaine  ronde.  C'est 
à  partir  de  ce   point,  situé  à  4  kilomètres  au  sud  tie  Ponfarlier,  que  son 

C.R.,  1875,  1"  Scm<ji/f.(T.  LXXX,  N«4.)  ^8 


(     2  10    ) 

débit  moyen  devient  assez  important  pour  être  utilisé  sérieusement  comme 
force  motrice.  Arrivé  à  Pontarlier,  il  reçoit  le  torrent  de  Lavaux,  puis,  à 
5  kilomètres  delà,  la  rivière  du  Drujon,  dont  le  débit,  pendant  l'été,  est 
presque  aussi  important  que  le  sien  au  point  de  jonction.  Ue  là,  après  un 
parcours  de  3o  kilomètres  environ,  en  recevant  plusieurs  affluents,  notam- 
ment celui  de  la  Grand' Combe,  il  va  former  les  magnifiques  bassins 
(à  i5oo  mètres  au  nord  de  Villers-le-Lac)  constituant  ce  qu'on  appelle  le 
Lac  de  Chaillcxon;  il  en  sort  en  donnant  lieu  à  la  cascade  du  Saut  du  Doubs 
(27  mètres  de  hauteur). 

0  La  portion  de  la  rivière  située  en  amont  du  Saut  du  Doubs  est  ce  que 
l'on  appelle  le  haut  Doubs,  dont  j'ai  uniquement  à  m'occuper  dans  cette 
Note,  en  prenant  pour  point  de  départ  le  fort  de  Joux. 

i-  De  ce  point  au  lac  de  Chaillexon  il  descend  d'une  hauteur  de  100  mè- 
tres environ,  ce  qui,  avec  un  débit  moyen  de  [\  mètres,  d'après  l'estimation 
des  ingénieurs  des  Ponts  et  Chaussées,  donnerait  une  force  brute  supé- 
rieure à  5ooo  chevaux,  force  dont  on  n'utilise  qu'une  très-faible  partie, 
et  en  voici  les  motifs  : 

»  Entre  le  fort  de  Joux  et  Pontarlier,  l'embouchin-e  du  Drujon  et  Mai- 
sons-du-Bois,  le  lit  du  Doubs  est  semé  de  crevasses  qui  forment  puils  jail- 
lissants dans  les  crues,  qui  jouent  un  rôle  à  peu  près  nul  pendant  les  eaux 
moyennes,  et  qui,  lors  des  sécheresses,  absorbent  une  portion  considé- 
rable du  déUit,  et  même  la  totalité,  dans  la  région  deMaisons-du-Bois,  pen- 
dant plusieurs  semaines.  A  la  scierie  d'amont  de  Pontarlier,  une  turbine 
est  placée  sur  l'une  de  ces  fissures;  il  en  est  de  même  de  la  scierie  d'aval, 
au  point  de  jonction  du  Doubs  et  du  ruisseau  de  Lavaux.  Au-dessous  du 
barrage  de  Pontarlier,  il  existe  deux  grandes  fissures  très-apparentes. 

»  Le  Drujon,  sur  2  kilomètres  en  remontant  à  partir  de  son  embou- 
chure, présente  inie  cinquantaine  de  crevasses. 

»  Les  fissures  dont  il  s'agit  |)araissent  s'agrandir  tous  les  jours,  sans 
qu'on  puisse  constater  une  amélioration  sensible  dans  le  régime  des  sources 
et  des  cours  d'eau  du  département  autres  que  le  Dotibs.  Ainsi,  d'après  le 
dire  des  personnes  de  soixante-dix  à  quatre-vingts  ans,  le  débit  du  Doubs 
en  basses  eaux  aurait  considérablement  diminué,  en  aval  de  Pontarlier, 
depuis  une  cinquantaine  d'années. 

»  On  comprend  quelles  perles,  par  suite  des  chômages,  crée  cette  situa- 
tion aux  usines  établies  sur  le  haut  Doubs,  et  le  |)cu  de  tendance  des  in- 
dustriels à  en  construire  de  nouvelles,  malgré  la  sitii.ition  avantageuse 
du  pays. 


(  ^"  ) 

»  Les  effets  des  pertes  du  haut  Doubs  se  font  ressentir  jusqu'à  Sainl- 
Ilippolyle  et  Pont-de-Roide. 

»  Pénétrés  de  l'importance  qu'il  y  avait  à  faire  cesser  cet  état  de  choses, 
M.  L.  Girod,  ingénieur  civd  à  Pontarlier,  et  moi,  avons  étudié  la  question 
en  1868,  et  nous  sommes  arrivés  à  la  solution  suivante  : 

»  Entourer  les  crevasses  de  maçonneries  protégées  par  des  blocages, 
constituant  de  véritables  margelles  arasées  un  peu  au-dessus  du  niveau 
des  eaux  moyennes. 

»  Par  cette  disposition,  les  crevasses  pourraient,  à  leur  gré,  faire  puits 
jaillissants,  mais  n'auraient  plus  la  faculté  de  devenir  puits  absorbants. 

»  Nous  avons  converti  à  nos  idées  plusieurs  industriels  qui  se  sont 
décidés  à  tenter  quelques  essais;  nous  leur  avons  promis  notre  concours 
désintéressé,  M.  Girod  et  moi.  Par  suite  de  circonstances  indépendantes  de 
ma  volonté,  mon  collaborateur  a  eu  seul  à  supporter  toute  la  charge. 

»  Avec  une  dépense  de  2000  francs,  quinze  fissures  ont  été  l'objet  de 
travaux  préservatifs,  un  peu  en  amont  de  Maisons-du-Bois  (10  kilomètres 
au  delà  de  Pontarlier),  dont  les  usines  ont  fonctionné,  en  1870,  trois  se- 
maines de  plus  qu'auparavant. 

»  Le  9  août  1873,  ces  usines  étaient  encore  en  activité.  De  mémoire 
d'homme,  on  n'avait  vu  à  Pontarlier  une  sécheresse  pareille  à  celle  de 
1874.  Parmi  les  puits  de  cette  ville,  ceux  des  Augustins,  réputés  intaris- 
sables, ont  été  littéralement  à  sec  pendant  les  grandes  chaleurs,  et  cepen- 
dant, aux  environs  de  Maisons-du-Bois,  les  eaux  du  Doubs,  contrairement 
à  ce  qui  avait  lieu  précédemment,  n'ont  cessé  de  couler  dans  leur  lit. 

»  Il  me  semble  que,  par  ces  faits,  le  système  est  jugé.  Une  dépense  de 
6000  à  8000  francs  serait  suffisante  pour  compléter  le  travail,  c'est-à-dire 
pour  supprimer  les  dix-neuf  vingtièmes  des  pertes  du  haut  Doubs,  dépense 
bien  inférieure  au  total  des  sommes  perdues  annuellement  par  les  indus- 
triels, lorsque  la  rivière  devient  insuffisante  pour  alimenter  les  récepteurs 
hydrauliques. 

»  Je  ne  doute  pas  quu  l'administration  départementale  ne  s'impose  ce 
faible  sacrifice  pour  faire  cesser  un  étal  de  choses  si  préjudiciable  à  de  si 
nombreux  intérêts.   » 


28. 


(    212    ) 

PHYSIQUE.  —  Sui  l'ejjfl  jiroiltiil  par  iapplicalion  des  annntiircs  i)  des  aimants 
toulfuntics.  Noie  de  M.  J.  Jamis. 

«  J'ai  indiqué  dans  l'un  de  mes  Mémoires  {Comptes  rendus,  t.  LXXVIII, 
p.  i33i)  le  procédé  qui  nie  permet  d'évaluer  la  totalité  du  magnétisme  d'iui 
aimant.  11  consiste  à  diviser  la  surface  de  cet  aimant  en  petits  carrés  élé- 
mentaires et  à  mesurer  la  force  d'arrachement  F  d'un  contact  d'épreuve 
placé  au  milieu  de  chacun  d'eux.  Les  racines  carrées  de  F  expriment  le 
magnétisme  de  chaque  élément,  et  leur  somme  est  le  magnétisme  total.  Je 
n'entrerai  ici  dans  aucun  détail  sur  les  moyens  d'abréger  ce  travail  consi- 
dérable et  minutieux. 

»  J'emploie  des  aimants  dont  l'épaisseur  et  la  largeur  sont  égales  à  lo 
et  à  5o  millimètres;  leur  longueur  varie.  Les  armatures  ont  la  même  largeur 
et  la  même  épaisseur;  elles  sont  ajustées  aussi  exactement  que  possible  et 
ap|)uyées  par  pression  sur  l'extrémité  des  aimants  qu'elles  prolongent. 

»  Je  remarque  d'abord  que,  si  l'ou  place  une  seide  armature  à  l'extré- 
mité boréale  d'un  aimant,  elle  ne  modifie  en  rien  l'état  magnétique  de  la 
portion  australe  restée  nue.  On  en  jugera  par  le  tableau  suivant,  qui  ex- 
prime les  valeurs  de  sj^,  mesurées  de  centimètre  en  centimètre,  à  partir 
de  la  section  moyenne,  sur  trois  lignes  menées  parallèlement  à  l'axe  à  des 
distances  de  cet  axe  o,  i5  et  aS  millimètres  : 

N°  1.  —  ylcier  fondu  trempé  n"  1.   Purtic  australe  nue,  observée  sur  des  parallèles  à  l'axe, 

à  des  diitances  de  cet  axe  égales  à 
DisLince  ^mm^  ^^""^  ^S"". 

.''                                                            I.a  partie  l)oréalc  étarU 
section  — ^ ^ — __ 

nioyeiiric.  nue.         année.  nue.         armée.  nue.         armco. 

O o  o  o  o  o  o 

' 0.6         o,7  1,0         ..  I  ,o         0,9 

^ '.2  1,4  1,4  1,5  2,1  2,0 

^-      •      •  2,'  2,1  2,1  2,2  2,2  2,8 

'" 3,0  3,2  3,8  4,2  4,7  4,6 

'4 6,1  G,o  6,4  6,5  7,8  7,9 

•(J 7,6  »,o  8,0  7,8  9,2  9,3 

'7 "             »  "  «                 »             » 

17,5..  9,3  9,4  9,8  9,5  ,0,3  ,0,3 

»  Si  maintenant  on  considère  l'effet  que  |)roduit  sur  le  cùlé  austral  une 
armature  (pu-  l'on  y  applique,  ou  recouiuiîl,  comme  il  était  facile  de  le 
prévoir,  (pi'elle  piend  du  magnétisme,  que  l'acier  en  iierd,  mais  que  cette 


(  2.:^  ) 

nouvelle  distributioii  n'est  en  rien  niocliiiéc  si  l'on  uiet  nne  armature  ou 
qu'on  l'enlève  au  côté  opj)Ohé  ;  de  façon  (ju'il  y  a  une  indépendance 
absolue,  eu  égard  à  ces  armatures,  entre  les  deux  moitié»  de  l'ainuint. 

N"  2.  —  Marne  acier  et  son  ariiiaCiire.  E.rtn'ijiiU-  aintralc  ariiicc,  uiicivic  sur  dis  /ig/ics 

menées  à  des  distances  de  l'iixe 

omm  ij""»  ^jitini 

il  la  Ouniul  la  partii^  burùalo  est 

section  ■ ""^ ^ — ^  ^ 

moyenne.  nue.         arnicc.  nue.         aimée.  nue.         armce. 

o o  ()  O  O  O  () 

S  •  ■    • .  "  "  "  "  "  " 

6 »  "  0,8        0,9  1,1         1,1 

8 1,1         o,()  1,3         1,3  1,9        5,0 

lO 2,0  2,?.  2,2  2,3  2,6  2,8 

12 "  »  "  *  "  " 

i4 2,6  2,6  3,o  3,o  3,7  3,4 

i6 2,6  2,6  2,7  2,8  3,5  3,6 

17 •>  "  2,7  3  »  7  " 

17,5...  2,6  2,6  2,6  2,5  3,4  3,4 

17,5...  2,6  2,6  2,5  2,4  3,0  3,2 

18 2,4  2,2  2,2  1,8  2,6  2,4 

20 2,3  2,5  2,6  3,3  3,4  3,5 

24 2,0  1,8  3,0  2,8  3,6  3,8 

28 2,8  3,0  2,8  2,8  3,6  3,8 

32 2,8  3,0  2,8  2,9  3,7  3,9 

34 3,2  3,0  3,6  3,'i  3,9  3,9 

35 3,8  3,7  3,9  3,7  5,0  5,1 

»  Cette  indépendance  des  deux  extrémités  prouve  un  fait  capital  qui 
sera  la  base  de  tout  ce  qui  va  suivre  :  que  l'application  d'une  armature  à 
l'un  des  bouts  d'un  aimant  y  provoque  une  nouvelle  distribution,  mais  ne 
diminue  ni  n'augmente  la  somme  de  magnétisme  qui  s'y  trouvait  d'abord. 

»  Je  vais  maintenant  montrer,  par  un  exem|)le,  comment  se  lait  la  nou- 
velle distribution  dans  chaque  section  de  l'acier  perpendiculaire  à  son 
axe,  à  des  distances  de  la  ligne  moyenne  qui  croissent  de  centimètre  en 
centimètre;  elles  sont  exprimées  [lar  la  moyenne  j"  =  \'V  des  forces  d'ar- 
rachement mesurées  dans  ces  sections.  On  construit  ensuite  les  courbes 
dont  les  ordonnées  sont  j-;  leur  aire  est  la  somme  du  magnétisme,  soit  dans 
l'acier,  soit  dans  les  armatures.  Dans  les  deux  premières  colonnes  du  tableau 
suivant,  on  trouve  les  valeurs  ob.'>ervées  ^-  :  r'dans  l'aiiiinnl  nti,  de  Ion- 


(    2l4    ) 

giieur  égale  à  17% 5;  ■>^  dans  ce  même  aimant  prolongé  par  nne  armature 

de  17'',  5  à  27'',  5. 

N"  3.  —  Ordonnées  moyennes  [y  =z  y/F\ 

„.  ,  .  ,         ..  InlonsitoB  obscrvtcb.  Intensités  nVlIps 

Distance  a  la  scclioii  ,„  ■nuiiaiich  rtciics. 

moyenne.  Aciciiui.       Aimant  armé.  Acier  nu.  Aimant  armé. 

o 0,6  o  o  o 

4 ',4  1,?-  3,08  2,64 

G 'iô  1,9  5,72  4,18 

« 3,6  2,8  7,3?.  6,16 

'0 4.2  3,4  9,24  7,08 

'2 5,1  3,6  \  1 ,22  7,92 

'4 6,7  4,1  ,4,^4  cj^o2 

•(> 7>9  4.7  "7,48  10,34 

>7 'o,4  7»5  23,08  (5,5o 

"7>5 "'3  5,8  2.4,86  12,76 

'7>5 »  5,1  ..  5,1 

18,5 .  5,3  ..  5,3 

20,5 »  5,7  «  S^rj 

24,5 5,9  »  5,9 

26,5 »  6,0  »  6,0 

^7 '5 -'  6,9  «  6,9 

Magnétisme  tntiil. 

Intensités  observées.  Intensités  réelles. 

Acier  nu 74,3  i63,46 

Acier  arme 47  ?  3  io4 ,06 

Perte 27 ,0  59,40 

Gain  de  l'armature.  .  .  60,  i  Go,  10 

Piapi)ort ")449 

»  Ceci  montre  que  l'acier  a  perdu  et  l'armature  gagné,  et,  puisque  la 
sonnne  a  dû  rester  constante,  il  faut  que  la  perle  soit  ég.de  au  gain.  Or  le.s 
deux  premières  colonnes  du  tableau  précédent  prouvent  qu'il  n'en  est  point 
ainsi  :  la  perte  totale  est  égale  à  27,1,  le  gain  à  G(),i.  Celle-là  est  beaucoup 
plus  faible  que  celui-ci;  leur  rapport  est  o,449-  C'est  un  fait  général  qui 
se  retrouve  avec  tous  les  aciers,  avec  toutes  les  armatures. 

»  Il  aurait  pu  être  prévu.  En  effet  le  contact  d'épreuve  placé  sur  un  fer 
doux  aimanté  attire  à  lui  non-seulement  le  magnétisme  de  la  portion  qu'il 
couvre,  mais  aussi  celui  des  parties  voisines,  dans  un  rayon  assez  grand,  à 
cause  de  la  conductibilité  du  fer;  il  attire  la  qtuuitité  de  maguétistne  qui 
existe  dans  un   élément  d'étendue  movennc  a  et  dont  l'intensité  est  /  :  la 


(     2l5    ) 

valeur  ti-ouvéo  de  v'F  mesure  donc  gï.  T.a  même  chose  ;i  lieu  quand  il 
s'agit  de  l'acier;  mais,  dans  ce  cas,  la  condiiclihilité  est  moindre,  l'étendue 
de  l'élément  influencé  est  plus  petite,  soit  7',  et  v^F  mesure  a'i.  Les  deux 
mesures  ne  sont  donc  pas  comparables.  Pour  qu'elles  le  deviennent,  il  faut 
les  ramener  à  des  éléments  égaux,  c'est-à-dire  multiplier  celles  du  ter  par 

le  rapport  a  =  -,  qui  est  plus  petit  que  l'unité.  Dans  l'exemple  précédent, 

on  trouvera  la  valeur  de  a,  en  se  rappelant  que  la  perte  27,0  de  l'acier  doit 
être  égale  au  gain  «  x  60,1  du  fer,  et  en  posant 

27,0  ,r 

a  =  -^-^  =  0,45. 
Oo,i  '^ 

Inversement,  si  l'on  multiplie  par  -   toutes  les  intensités  observées  sur 

l'acier,  on  les  ramène  au  cas  où  elles  mesureraient  le  magnétisme  sur  l'éten- 
due d'un  élément  égal  à  celui  du  fer.  Elles  se  trouvent  alors  multipliées 
par  2,2  et  inscrites  dans  les  deux  dernières  colonnes  du  tableau.  On 
voit  par  là  que  l'acier  a,  en  réalité,  très-peu  perdu  et  l'armature  très-peu 
gagné. 

))  Si  ces  idées  sont  exactes,  il  faut  que  ce  coefficient  a  soit  invariable 
pour  un  même  acier  :  c'est  en  effet  ce  que  j'ai  vérifié  par  un  nombre  con- 
sidérable de  mesures.  J'en  citerai  quelques-unes. 

))  J'ai  d'abord  étudié  un  acier  trempé  n°  1,  recuit  au  deuxième  bleu,  qui 
était  aimanté  et  avait  été  oublié  depuis  six  mois  et  que  j'ai  réaimanté  ensuite 
dans  une  bobine  de  fils  traversés  par  le  courant  de  5,  ro  et  20  éléments 
de  Bunsen 

N"  ii.. 

Aimantation.  Aimant  nu.  Alinanl  aimo.     l'erlo.  Armatun-.       Kappoit  x. 

Ancienne (J2,8  3^,4  ?-5,4  58,0  Oj4-' 

5  éléments....  (19,6  35,2  34,4  79>9  ">43 

H)  éléments....  73,3  37,8  35,5  84, <>  o,5^ 

20  éléments ...  .  77,1  4">'  37,0  ;)»,o  o,4i 

»  J'ai  replacé  ce  même  acier  qui  était  saturé  dans  la  bobine  magnéti- 
sante et  je  l'ai  successivement  désaimanté  par  i,  2,  3,  5,  7,  10  éléments 
Riinsen,  agissant  dans  un  sens  contraire  à  la  première  aimantation.  Avec 
3  éléments,  l'acier  était  à  l'état  neutre;  /}  éléments  et  au  delà  lui  ont  ensuite 
commtuiicjué  un  magnétisme  opposé.  Dans  tous  les  cas  a  a  conservé  sa 
valeur. 


(  2iG  ) 


N"  o. 

Aimantation  honalo.  Aimantation  ansiralc. 


AciiT 

I  t'U'mrnt 

2  cléments 

/)  éléments 

5  rlémeiit 

7  élfiiicitts 

10  cléments 

saliiro. 

inverse. 

inverses. 

inverses. 

inverses. 

inverses. 

inverses. 

Acier  nu . . 

77,' 

61,6 

'9,2 

.-^6,9 

53,7 

69,7 

75,7 

»       armé 

4o,i 

32,. 

6,5 

25,8 

36,4 

47>' 

49," 

Perte 

37,0 

29,5 

•2,7 

II, I 

16,3 

22,6 

26,7 

Armature. . 

90,0 

70,7 

?9,5 

24,0 

40,3 

55,4 

65,2 

Rapport  a. 

o,4' 

0,42 

0,43 

o,4G 

0,41 

0,40 

0,4' 

Il  J'ai  cliaDgr  onsuite  la  grandeur  de.s  armatures.  J'en  ai  employé  quatre 
dont  les  longueurs  étaient  égales  à  10,  17,5,  ...,  35  centimètres;  elles  ont 
encore  donné  les  mêmes  valeurs  de  a. 


N"  G. 

Acier  lut. 

Acier  armé. 

Perle. 

Armature. 

Rapport  K 

Armaluredc  10  centimètres. 

74,3 

47,3 

27,0 

60, 1 

0,449 

»        de  1  7  centimètres. 

74, > 

44,7 

29,4 

7', 9 

0,409 

s                                      » 

7^,7 

49,0 

26,7 

65,7 

o,4o6 

„ 

74,3 

42,7 

3i,6 

69,3 

o,4ii 

Deux  armatures  de    17  ,5.  . 

74>> 

38,9 

35,2 

84,2 

o,4i8 

Une  armature  de  35 

74,3 

35,3 

39,0 

93,6 

0,417 

»  Enfin  j'ai  changé  le  mode  d'opération.  Ayant  adapté  une  armature 
à  un  acier  au  wolfram  qui  avait  26  centimètres  de  longueur,  mais  d'un  côté 
seulement,  j'ai  aimanté  le  tout  par  une  puissante  bobine.  Dans  ce  cas,  le 
magnétisme  développé  a  été  bien  plus  considérable  et  sa  distribution  toute 
différente;  la  ligne  moyenne  n'était  plus  au  milieu  de  l'acier,  elle  s'était 
rapprochée  de  l'armature,  et  les  deux  magnétismes  contraires  se  trouvaient  : 
le  boréal  totit  entier  sur  la  partie  nue  de  l'acier,  l'austral  étant  distribué  du 
côté  armé,  en  partie  sur  l'acier,  en  partie  sin-  l'armature.  Comme  ils  doi- 
vent être  égaux,  la  différence  des  deux  magnétismes,  pris  sur  l'acier  des 
deux  côtés,  divisée  par  celui  de  l'armature,  doit  donner  la  même  valeur 
de  a  que  par  la  première  méthode,  ce  qui  se  trouva,  en  effet  (1). 

N"  7. 
i"^'  iiiciIkkIc.  1"  mctlindc. 

Acier  nu 72,2                         Côté  nu 94  »  ' 

Acier  armé 33,4                        Côté  armé 18,2 

Perte 38,8                            Différence 75,9 

Gain  du  fer 86,6                         Gain  du  fci- 162,5 


Rapport 0,434  Rapport o,4'.'7 

(i)   Il  ne  (.uidiait  pas  croire  (]iic  le  iiioureiit  niagnèll<|ue  reste  irivarialile  a|)rès  l'applica- 


(  ^'7  ' 
»  Puisque  la  (lidérenco  que  nous  venons  clo  iroiivor  enlic  le  gain  cln 
fer  et  la  perle  de  l'acier  provient  tle  la  différence  de  conductibilité  des  denx 
métaux,  le  coefficient  a  dépendra  de  la  nature  de  l'acier  et  de  son  degré  de 
trempe.  Il  se  rapprochera  de  l'unité  pour  des  aciers  peu  riches  et  bien  re- 
cuits; il  deviendra  de  plus  en  plus  petit  à  mesure  que  l'acier  sera  plus  (hu* 
et  mieux  trempé.  C'est,  en  effet,  ce  que  prouve  V\  tableau  qui  suit  : 

K"  8. 

Acier  Acier 

Acier 
Irès-diir 
Dali  fol. 

Acier  nii 54,5 

Acier  armé 26,0 

Perle .  28,5 

Gain  ilii  fer 162,2 

Rapport  a .  .  .  <> ,  '  7 

- 5,9 

a 

Acier  nuX  -  ■  •  •      320,o 

X 

Perte  X  - 162,2 

a 

»  Puisque  le  coefficient  a  ae  dépend  que  de  la  conductibilité  de  l'acier, 
il  peut  servir  à  l'exprimer;  ainsi  elle  se  représentera  par  «  =  0,17  pour  le 
premier  des  aciers  précédents  qui  était  très-dur,  elle  deviendra  0,80,  pres- 
que égale  à  celle  du  fer,  pour  le  dernier  qui  avait  été  recuit  au  rouge  blanc. 

n  Par  contre,  -  sera  une  mesure  de  la  force  coercitive  :  égale  à  5,9  pour  le 

premier  acier,  à  i,25  pour  le  dernier,  celle  du  fer  étant  prise  pour  unité. 
»   La  valeur  de  a  étant  déterminée  pour  chaque  acier,  il  faudra  nudli- 

plier  les  mesures  prises  sur  cet  acier  par  -  pour  les  rendre  comparables  à 

celles  qu'on  a  obtenues  sur  l'armature.  On  obtient  ainsi  les  inlensités  réelles 
mesurées  sur  des  éléments  superficiels  égaux. 

»   On  trouve  alors,  tableau  n"  3,  que  les  arinalures  ne  preiuient  eu  réa- 


Acier 

au  wolfram 

au  wolfrar 

Acier  riiinhi 

au  wolfram 

Acier  lunilu 

recuit 

recuit 

trempe. 

icvcmi  jaune. 

recuit. 

au  ronpe. 

au  Marie. 

77»' 

72,2 

64,8 

182,2 

67,7 

40,1 

33,4 

39,5 

79,6 

46,5 

37,0 

38,8 

25,3 

52,6 

37,' 

90,0 

89,4 

52,1 

93,0 

46,5 

0,4, 

0,43 

0,46 

o,56 

0,80 

2,4 1 

2,3l 

2,17 

',79 

I  ,25 

i8S,o 

iG6,3 

i4o,5 

2.35,7 

85, 0 

90,0 

89,4 

52  ,  2 

93.6 

46,5 

tion  (l'une  armature  :  il  augmente.  On  |ieiit  ealciilcr  par  Us  expérii  nées  priréilentes  la 
somme  des  moments  de  chaque  élément  de  la  coiirhe  des  intensilés,  par  rap[)ort  à  la  seclion 
moyenne,  et  l'on  trouve  pour  le  coté  nu  979,9,  pour  le  coté  muni  d'une  aimature  de  17,5, 
1264, 4-  Si,  au  lieu  d'une  seule  armalnre,  cm  en  place  deux  à  la  suite,  ce  moment  s'eléve 
à  i56o.  Dans  les  deux  cas,  il  dépasse  de  beaucoup  celui  de  l'aluianl  nu. 

C.  R,,  1875,   1"  Srnintre.  (T.  I.XXX,  N"  •'(.)  ^9 


(  2I«  ) 

lité  que  peu  de  magnétisme  ;iiix  airnnnts,  lors  même  qu'elles  seraient  très- 
étendues. 

)>  Certains  aciers  très-durs,  et  qui  semblent  ne  point  s'aimanter  comme 
je  l'ai  autrefois  observé,  prennent  cependant  un  magnétisme  notable,  mais 
qui  apparaît  très-peu  au  contact  d'épreuve,  parce  que  cet  acier,  n'étant 
presque  pas  conducteur,  ne  cède  à  ce  contact  que  le  magnétisme  de  l'élé- 
ment toucbé  or,  élément  qui  est  très-petit  pour  cet  acier;  tandis  que  pour 
le  fer  il  est  très-grand  g',  et  que,  pour  comparer  ces  deux  métaux  à  surfaces 

égales,  il  faut  multiplier  les  nombres  observés  sur  l'acier  par  -  =  — ,  qui 

est  un  nombre  très-grand.  Ainsi,  pour  les  deux  premiers  aciers  du  tableau 
n°  8,  le  contact  indiquait  les  quantités  de  magnétisme  54,5  et  77.  Le  pre- 
mier paraissait  moins  aimanté  que  le  second;  mais,  en   multipliant  ces 

nombres  par  les  valeurs  correspondantes  de  -1  ou  trouve  32o  et  188.  En 

réalité,  c'est  le  premier  aimant  qui  est  le  plus  fort. 

»  L'action  sur  la  limaille  de  fer  est  la  même  que  sur  le  contact  d'é- 
preuve, la  force  portative  est  aussi  dans  le  même  cas.  Tout  contact  enlève 
aux  deux  branches  de  l'aimant  portant  une  partie  de  letu-  magnétisme  : 
beaucoup,  si  cet  aimant  est  bon  conducteur,  très-peu,  s'il  est  très-dur.  Par 
suite,  ce  ne  sont  pas  les  aimants  le  plus  chargés  qui  portent  le  mieux,  ce 
sont  ceux  qui  ont  la  meilleure  conductibilité. 

))  L'action  à  distance  est  tout  autre,  la  conductibilité  n'y  est  pour  rien  : 
c'est  la  charge  vraie  qui  produit  l'effet.  Un  fer  doux  et  un  acier  très-dur 
qui  indiqueraient  le  même  magnétisme  au  contact  d'épreuve  seraient  très- 
inégaux  à  distance;  l'acier  l'emporterait,  et  si  à  distance  un  acier  est  équi- 
valent à  im  fer  doux  aimanté,  il  se  montrera  beaucoup  plus  faible  en  force 
portative,  en  intensité  au  contact,  ou  par  son  effet  sur  la  limaille. 

»  Je  possède  un  aimant  qui  m'a  été  remis  par  M.  Dalifol,  et  qui  ne  prend 
dans  une  bobine  qu'un  magnétisme  insignifiant,  égal  à  0,8,  tandis  qu'un 
aimant  de  même  dimension  donne  74,3;  le  rapport  est  94- 

»  Si  on  les  place  tous  deux  devant  une  aiguille  suspendue  très-petite,  ou 
trouve  par  la  méthode  des  oscillations  que  le  rapport  de  leurs  effets  à  la 
même  distance  est  réduit  à  24.  C'est  le  rapport  des  magnétismes  vrais 

74,3         .       <>,8  ,  a' 

-^-^-     et     -^,      ou     ()4  X  -; 

«  a  '  a 

el  comme  a'  est  beaucoup  plus  petit  que  a,  le  rapport  doit  avoir  diminué, 
comme  cela  est  en  effet. 

»    Celte  discussion    monlrera   cond)ien   ces  questions  sont   délicates  et 


(     219    ) 

combien  de  fautes  ont  été  commises.  Elle  prouve  que  les  diverses  mélliodes 
d'investigation,  suivant  qu'elles  agissent  à  petite  ou  à  grande  distance,  ne 
sont  point  comparables.  Celle  que  j'emploie  a  au  moins  l'avantage  d'être 
définie,  puisqu'elle  opère  au  contact  et  non  à  des  distances  qui  sont  va- 
riables. Elle  permet  aussi,  ayant  mesuré  un  certain  effet,  de  déterminer  a 
et  de  conclure  le  magnétisme  vrai  des  aciers  comparé  à  celui  du  fer  doux.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Rcinaiciucs  sur  /e.s  substances  minérales  conte- 
nues dans  le  jus  des  betteraves  et  sur  la  fjotasse  (juon  en  extrait  ; 
par  M.  Eue.  Peligot. 

«  Les  chimistes  qui  se  sont  occupés  de  l'analyse  de  la  betterave  ont  établi 
que  cette  plante  renferme,  en  dehors  du  sucre,  lui  très-grand  nombre  de 
matières  soliibles  dans  l'eau.  J'ai  fait  sur  le  jus  de  cette  racine  quelques 
observations  que  je  crois  nouvelles,  au  point  de  vue  des  sels  minéraux 
qu'il  contient  en  assez  grande  quantité,  dans  la  proportion  de  6  à  12  mil- 
lièmes de  son  poids.  Ces  observations  sont  le  complément  du  travail  que 
j'ai  présenté  à  l'Académie  dans  sa  dernière  séance. 

»  La  composition  des  cendres  de  la  betterave  entière  diffère  notable- 
ment de  la  composition  des  cendres  fournies  par  le  jus.  En  effet,  bien 
que  la  matière  qui  forme  la  partie  celluleuse  de  la  plante  soit  peu  abon- 
dante, la  pulpe  retient  sous  forme  de  composés  insolubles  la  presque  tota- 
lité des  sels  calcaires  qu'on  trouve  dans  les  cendres  de  la  racine  en  assez 
forte  proportion. 

»  Le  jus  trouble,  qu'on  obtient  en  soumettant  à  la  presse  la  pulpe  d'une 
betterave  qu'on  vient  de  râper,  contient  une  très-petite  quantité  de  ces 
sels;  il  se  colore  rapidement  au  contact  de  l'air,  et  il  ne  peut  être  filtré 
qu'autant  qu'on  l'a  fait  bouillir  pendant  quelques  instants.  La  chaleur  a 
pour  effet,  non-seulement  de  coaguler  les  matières  albuminoïdes  et  d'arrê- 
ter les  fermentations  qui  se  développent  rapidement,  mais  aussi  de  rendre 
insolubles  le  phosphate  et  le  carbonate  de  chaux  dissous  à  la  faveur  de 
l'acide  carbonique  que  tous  les  sucs  végétaux  contieiuient  en  abondance. 
Aussi  le  jus  de  la  betterave,  après  qu'on  l'a  fait  bouillir,  est  exempt  de  sels 
calcaires. 

))  Néanmoins,  dans  cet  état,  il  renferme  beaucoiqi  de  phosphates.  Il 
suffit,  en  effet,  d'y  ajouter  une  certaine  quantité  de  nitro-molybdate  d'am- 
moniaque, préparé  d'après  les  prescriptions  iudicpiées  par  IM.  Paul  de  Gas- 
parin  dans  sou  important  travail  sur  l'analyse  des  terres  arables,  pour  obte- 

29. 


(    220    ) 

nir  à  l'ébuUition  un  abondant  clépùt  jaune  de  phospho-molybdalc  d'ammo- 
niaque. 

»  On  peut  également  séparer  des  cendres  fournies  par  ce  jus,  après  le 
dosage  du  chlore,  l'acide  phospliorique  sous  forme  de  phosphate  d'argent 
tribasique,  en  saturant  exactement  par  l'ammoniaque  la  liqueur  acide 
dont  le  cldorure  d'aigent  a  été  séparé, 

»  C'est  à  l'état  de  phosphate  de  potasse  tribasique  que  se  trouve  la  ma- 
jeure partie  de  l'acide  pliosphoiique  dans  le  jus  de  la  betterave;  les  cendres 
qui  en  proviennent  en  contiennent  au  delà  du  tiers  de  leur  poids;  mais  une 
notable  quantité  de  cet  acide  s'y  rencontre  aussi  sous  forme  de  phosphate 
ammoniaco-magnésien.  Rien  n'est  plus  facile  que  de  constater  l'existence 
de  ce  sel  :  il  suffit  d'ajouter  an  jus  filtré  de  l'ammoniaque  poin-  y  faire 
naître  immédiatement  un  dépôt  cristallin  de  phospliate  ammoniaco-magné- 
sien :  une  goutte  de  jus  de  betterave  et  une  goutte  d'alcali  volatil  donnent, 
sous  le  microscope,  cette  réaction  d'une  façon  très-nette. 

»  Les  cendres  fournies  par  le  jus  contiennent  de  lo  à  i5  pour  loo  de  leur 
poids  de  phosphate  de  magnésie  bibasique,  quelle  que  soit  la  provenance 
de  la  betterave.  J'ai  examiné  récemment  une  grosse  racine,  du  poids  de 
3  kilogrannnes  environ,  provenant  des  polders  de  Bouin  (Vendée)  mis  en 
valeur  par  M.  Le  Cler  :  le  jus  filtré  a  laissé  par  litre  iS^^jaS  de  cendres; 
celles-ci  renferment  i5,3  pour  loo  de  phosphate  de  magnésie. 

»  Ces  faits  trouvent  leur  explication  dans  le  faible  degré  d'acidité  que 
présente  le  jus  de  la  betterave;  il  est  probable  que  cette  acidité  est  suffisante 
j)our  amener  la  dissolution  partielle  du  phosphate  anuiioniaco-maguésien, 
insuffisante  pour  dissoudre  le  phosphate  de  chaux  qu'on  rencontre  en  assez 
forte  proportion  dans  la  partie  coagulée  et  dans  le  tissu  cellulaire  dont  or)  a 
séparé  les  matières  solubles. 

»  On  sait  d'ailleurs  que  la  défécation  du  jus  de  betterave  se  pratique 
dans  toutes  les  usines  en  ajoutant  au  liquide  chauffé  une  certaine  qnanlilé 
de  chaux  éteinte;  cette  opération  est  toujours  accompagnée  d'un  dégagement 
d'ammoniaque  qui  est  surtout  dû  à  la  décomposition  du  phosphate  ammo- 
niaco-magnésien. Le  sel  de  magnésie,  devenu  insoluble,  s'ajoute  aux  écumes 
qui  sont  en  grande  partie  formées  par  le  phosphate  calcaire  })rovenant  de 
la  décomposition  du  phosphate  de  |)otasse.  Aussi  ces  écnmes  de  défécation 
constituent  un  engrais  énergique  dont  les  observations  qui  précédent 
feront  mieux  apprécier  la  valetw. 

»  La  potasse  à  l'état  de  carbonate,  qu'on  retire  des  résidnsde  la  fabrica- 
tion du  sucre  indigène,  renferme  une  certaine  quantité  de  phospliate  qu'on 


(    221     ) 

loirouve  dans  la  potasse  raifiiiée  et  qui  lécemmeiil  m'a  permis  de  remonter 
à  la  cause  d'accidents  qui  se  produisaient  dans  une  industrie  bien  éloi- 
gnée des  industries  agricoles  :  cette  industrie  est  la  fabrication  du  cristal. 

»  On  sait  que  les  matières  premières  emplo}  ées  [)our  cette  sorte  de  verre 
sont  le  sable,  le  minium  et  la  potasse.  Ces  matières  doivent  être  aussi  pures 
que  possible.  Ayant  été  consulté  par  des  fabricants  de  cristaux  qui,  au  lieu 
du  verre  transparent  et  incolore  qu'ils  ont  coutume  de  produire,  obtenaient 
un  verre  laiteux  et  0[)alin,  et  après  avoir  inutilement  cherché  la  cause  de 
cette  altération  du  cristal  dans  la  qualité  du  minium  et  du  sable',  j'ai 
examiné  la  potasse  dont  ils  se  servaient  et  qui  provenait  d'une  des  meil- 
leures r.iffineries  du  Nord  :  j'y  ai  trouvé  une  notable  quantité  de  phosphate 
alcalin.  Dans  trois  échanlillons  de  potasse  indigène  raffinée,  de  provenance 
différente,  j'ai  constaté  qu'en  dehors  des  quelques  centièmes  de  chlorure, 
de  sulfate  alcalin  et  de  sels  de  soude  (pie  cette  matière  renferme  habituel- 
lement, on  y  rencontre  des  quantités  notables  de  phosphate  de  potasse, 
soit  3,7;  2,0  et   2,6  pour  100. 

w  Ce  sel,  dont  la  présence  n'avait  pas  été  encore  signalée  dans  les  potasses 
indigènes,  exerce  probablement  sur  le  verre  un  effet  analogue  à  celui  du 
|)hosphate  de  chaux  qu'on  emploie  depuis  longtcmjis  pour  fabriquer  le 
verre  opale  à  reflets  rougeàtres.  Il  suffira  sans  doute  de  signaler  le  trouble 
qu'il  apporte  dans  la  fabrication  du  cristal  pour  que  les  rafûneurs  do  po- 
tasse, auxquels  la  clientèle  des  représentants  de  cette  industrie  n'est  pas 
indifférente,  apportent  dans  leur  travail  les  changements  nécessaires  pour 
éliminer  complètement  une  substance  que  les  potasses  exotiques,  qui  pro- 
viennent du  lessivage  des  cendres  de  bois,  ne  contiennent  pas  en  quantité 
appréciable.    » 

lîOTANiQun:.  —  De  la  lliéuvie  cariieUaire  il'après  des  Viola,  princljynlcinciil 
(Vaprcs  le  Viola  tricolor  hortcnsis;  par  ^I.  A.  Tkécii.. 

«  Ne  pouvant  décrire,  faute  d'espace,  l'insertion  réelle  des  faisceaux  du 
pédoncule,  je  me  bornerai  à  dire  que  cet  organe  en  a  quatre  dès  sa  base 
apparente  dans  les  Viola  Ir.  hoiiensis  et  nllaica,  et  seulement  deux  dans 
quelques  autres  espèces.  Ces  deux  faisceaux  se  bifurquent  à  environ  2  milli- 
mètres au-dessus  de  la  base  dans  le  V.  juionanllia ,  vers  le  tiers  inférieur 
dans  le  /'.  mirabilis,  vers  les  trois  quarts  de  la  hauteur  du  ])édoncule  dans 
le  F.  bi/lora.  Au  sommet  de  celui-ci  les  quatre  faisceaux  produits  s'unissent 
diversement  :  en  cercle  (F.  slriala),  en  ellipse  {F.  piioiumllta),  en  rectangle 
ou  en  carré  (  F.  tr.  hortensis,  allaica,  etc.). 


(     2U2    ) 

•>  Quel  que  soit  le  mode  d'union  des  quatre  faisceaux  au  sommet  du 
pédoncule,  il  se  fait  là  à  travers  la  moelle  tui  réseau  vasculaire  aux  bords 
duquel  s'ajoutent  deux  nouveaux  faisceaux  :  l'un  au-dessus  de  la  face  supé- 
rieiu'e  du  pédoncide,  l'autre  au-dessus  de  la  face  inférieure.  Les  six  fais- 
ceaux existants  entrent  dans  la  coupe  réceptaculaire,  tandis  que  les  bords 
du  plexus  vasculaire  transverse  se  relèvent  et  se  prolongent  en  trois  larges 
faisceaux  réniformes  qui  vont  aux  placentas. 

»  Ces  trois  faisceaux  ])lacentaires  sont  opjjosés  à  trois  des  six  faisceaux 
périphériques,  de  façon  que  le  sonunet  du  triangle  qu'ils  forment  est  opposé 
au  faisceau  qui  surmonte  le  milieu  de  la  face  supérieure  du  pédoncule,  et 
qui  va  constituer  la  nervure  médiane  du  sépale  supérieur.  Les  trois  autres 
faisceaux  périphériques  alternent  donc  avec  les  faisceaux  placentaires.  Ce 
sont  les  deux  qui  se  prolongent  dans  les  deux  sépales  latéraux  supérieurs 
et  celui  qui  entre  dans  le  pétale  inférieur  éperonné.  C'est  de  ces  trois  der- 
niers faisceaux  périphériques  qu'émane  le  système  vasculaire  des  parois  de 
l'ovaire.  Pour  cela  chacun  d'eux  émet,  un  peu  au-dessus  de  sa  hase,  une 
courte  branche  qui  se  partage  en  trois  ou  en  deux  faisceaux.  Quand  il  y 
en  a  trois,  le  médian  monte  tout  droit  et  forme  la  nervure  médiane  du 
carpelle  correspondant;  tandis  que  les  deux  latéraux,  inclinés  presque  ho- 
rizontalement chacun  de  son  côté,  se  redressent  à  quelque  distance.  Il  y  a, 
[)ar  conséquent,  vis-à-vis  chaque  intervalle  des  jjlacentas,  ou  trois  fais- 
ceaux dont  un  médian,  ou  seulement  deux  latéraux,  ayant  une  même  base. 
Ces  trois  ou  ces  deux  faisceaux  ascendants  existent  d'abord  seuls  dans  la 
jeunesse  du  pistil,  et  souvent  ils  sont  incomplets  dans  la  fleur  épanouie;  un 
peu  plus  tard  les  faisceaux  latéraux  se  ramifient  sur  leurs  deux  côtés.  Dans 
le  Fiola  Ir.  ItorleiisiSj  sur  le  côté  tourné  vers  le  faisceau  médian,  il  naît  des 
rameaux  qui  montent  verticalement  et  se  relient  au  faisceau  qui  les  a  pro- 
duits, ou  se  répandent  dans  le  parenchyme  qui  les  sépare  du  faisceau  mé- 
dian, mais  sans  s'unir  à  lui  vers  la  base  de  l'ovaire  ou  du  fruit;  dans  la 
partie  supérieure  seulement  les  faisceaux  latéraux  et  le  médian  sont  reliés 
|)ar  un  faible  réseau,  indépendamment  de  l'anastomose  qu'ils  contractent 
au  sonunet  des  carpelles,  connue  je  le  dirai  plus  loin.  D'autre  part,  les 
deux  faisceaux  latéraux  de  deux  carpelles  voisins  sont  rattachés  l'un  à 
l'autre  par  des  ramifications  anastomosées  en  réseau  à  travers  le  paren- 
chyme interposé  et  placé  en  arrière  de  chaque  placenta.  Le  F.  jinonaiulta 
m'a  doiHié  aussi  de  beaux  exemples  de  cette  union  réticulée  des  faisceaux 
marginaux  des  carpelles  voisins.  Une  telle  liaison  est  visible  aussi  dans  le 
fruit  des  F.  (ilUiicci,  Mnnbyami,  etc. 


(    23'^    ) 

»  Dnns  la  fleur  de  quelques  espèces  chaque  faisceau  placentaire  est 
simple;  il  ne  se  divise  que  pour  donner  des  rameaux  aux  ovules (f^.  Iiede- 
racea);  dans  le  Fiola  Ir.  Iiaticnsis,  etc.,  il  se  partage  en  cinq,  six  ou  sept 
fascicules  disposés  en  réseau,  sur  toutes  les  parties  duquel  sont  insérés  les 
ovules.  Vers  le  sommet  le  noml)ie  des  faisceaux  diminue  dans  chaque 
placenta,  de  sorte  que  tout  en  haut  il  n'en  reste  plus  que  deux  qui  sont 
reliés  avec  les  faisceaux  latéraux  des  deux  carpelles  adjacents,  qui  eux- 
mêmes  sont  rattachés  aux  médians  existants. 

»  De  tous  ces  faisceaux,  un  seul  se  prolonge  dans  le  style  :  c'est  la  ner- 
vure médiane  du  carpelle  opposé  au  pétale  inférieur  éperonné.  Ce  faisceau 
parcourt  longitndinalement  le  style,  en  suivant  un  des  trois  angles  de  la 
partie  inférieure  du  canal  central;  arrivé  dans  la  base  du  stigmate  lu'céolé 
ouvert  et  incliné  sur  le  côté  inférieur,  il  se  bifurque,  et  ses  branches  s'épa- 
nouissent en  deux  lames  spatulées  qui  embrassent  en  partie  la  cavité  stigma- 
tique  (t). 

»  Telle  est  la  disposition  du  système  vasculaire.  Voyons  maintenant 
l'arrangement  des  éléments  fibreux.  Tout  à  la  base  du  fruit,  le  tissu  fibreux 
embrasse  chaque  faisceau  placentaire  à  peu  près  comnae  le  fait,  à  la  face 
externe  de  beaucoup  de  faisceaux,  le  groupe  libérien  ployé  en  gouttière; 
mais  ici,  en  montant,  chaque  couche  fibreuse  s'étend  latéralement  avec  le 
faisceau  placentaire,  et  s'unit  avec  la  strate  fibreuse  aussi,  qui  tapisse  la 
face  interne  des  parois  carpellaires.  De  là  au  sommet  du  fruit,  la  couche 
fibreuse  est  parfaitement  continue,  et  elle  isole  les  faisceaux  placentaires 
du  reste  du  système  vasculaire,  de  façon  que  les  faisceaux  placentaires  ne 
peuvent  être  considérés  comme  formés  par  les  bords  soudés  deux  à  deux 
de  trois  prétendues  feuilles,  et  cela  d'autant  moins  que  les  bords  des  car- 
pelles sont,  en  arriére,  vasculairement  unis  entre  eux,  comme  il  a  été  dit 
plus  haut. 

»  Mais  la  couche  fibreuse  n'est  pas  homogène  dans  toute  son  t;tcndue 
(y.  tr.  Iiorteiisis,  allnirn,  prinnaniha,  curallala,  Miinhynna).  Très-épaisse  der- 
rière b-s  placentas,  elle  s'amincit  graduellement  vers  la  ligne  médiane  des 
carpelles,  où  a  lieu  la  déhiscencc.  Des  coupes  transversales  faites  dans  la 
région  moyenne  du  fruit,  et  même  à  diverses  hauteurs,  montrent  la  com- 
position suivante  :  en  arrière  des  placentas,  où  la  couche  fibreuse  a  le  plus 

(i)  Les  t'inla  ctinadensis,  raninn,  alltiicn,  rnthnmageiisis,  nitcanitd,  ont  aussi  le  faisceau 
sous-stignialli]iie  divisé  en  deux  lames  spatulces;  au  eoiilraiie,  les  /'.  patmaUi,  miraliilh, 
slriata,  Muhlcnbcrgii  ont  le  même  faiscenu  termine  en  simple  pinceau. 


(  11k  ) 

d'épaisseur,  elle  est  lormcc  de  crlliiles  fibreuses  ponctuées,  élendues  lioii- 
zontalement  et  radialemoiit.  Vers  l'extérieur,  cette  partie  la  plus  épaisse  est 
limitée  j)Mr  une,  deux  ou  |)]iis  souveul  trois  rangées  de  cellules  fibreuses, 
horizontales  aussi,  mais  étendues  parallèlement  à  la  surface  du  fruit.  Ces 
dernières  celhdes  fibreuses  sem])lenf  plus  particulièrement  être  la  continua- 
tion de  la  strate  fibreuse  qui  tapisse  le  reste  de  la  paroi  interne  des  car- 
pelles, et  qui  est  de  même,  dans  le  voisinage  des  placentas,  composée  de 
fibres  horizontales  allongées  parallèlement  aux  faces  du  péricarpe.  En  s'éloi- 
gnant  des  placentas,  la  strate  fibreuse  diminue  d'épaisseur,  et  ses  cellules 
deviennent  verticales  auprès  des  lignes  de  déhiscence. 

»  Les  cellules  de  l'épiderme  interne,  qui  sont  fibreuses  également,  et 
horizontales  loin  des  lignes  de  déhiscence,  deviennent  aussi  verticales  au- 
près de  ces  lignes  pour  faciliter  la  scission. 

»  La  strate  fibreuse  est  revêtue  extéiieurement  par  quelques  rangées  de 
cellules  parenchymateuses  munies  de  chlorophylle,  qui  enveloppent  les 
faisceaux  vasculaires  propres  au  péricarpe,  et  ce  parenchyme  est  couvert 
lui-même  par  une  rangée  de  cellules  épidermiques  auxquelles  sont  inter- 
posés d'assez  nombreux  stomates. 

»  Retournons  au  réceptacle.  Voyons  comment  les  six  faisceaux  qui 
couronnent  le  pédoncule  donnent  le  système  vasculaire  des  sépales,  des 
pétales  et  des  étamines. 

»  Le  faisceau  né  au-dessus  du  milieu  de  la  face  supérieure  du  pédoncule 
va  au  sépale  supérieur  qui  est  externe;  ceux  des  angles  de  la  face  inféricMire 
du  pédoncule  vont  aux  deux  sépales  latéraux  inférieurs,  dont  l'un  est 
externe  et  l'autre  recouvert  par  lui  d'un  côté  dans  le  bouton  ;  les  deux  fais- 
ceaux des  angles  de  la  face  supérieure  du  pédoncule  vont  aux  deux  séj)ales 
internes,  qui  sont  les  deux  latéraux  supérieurs;  enfin  le  sixième  faisceau, 
né  au-dessus  du  milieu  de  la  face  inférieure  du  pédoncide,  se  prolonge 
dans  le  pétale  éperonné,  dans  lequel  il  entre  par  la  face  interne  de  l'éperon, 
descend  jusqu'au  fond  de  celui-ci,  se  recourbe  pour  monter  le  long  de  la 
face  externe,  et  de  là  se  prolonger  dans  la  nervure  médiane  de  la  lame 
pétaline. 

)i  Ce  pétale  inférieur  reçoit  encore  des  faisceaux  primaires  voisins,  de 
clia(|ue  côté,  d'après  le  V.  Ii\  liortcnsis,  trois  faisceaux  qui  naissent  de  ceux- 
ci  directement  ou  indirectement  ;  ils  montent  dans  ce  pétale  et  s'y  rami- 
fient ainsi  qtie  sa  nervure;  médiane. 

H  Avant  d'entrer  dans  les  sépales,  les  cinq  faisceaux,  qui  sont  destinés  à 
leurs  nervures  médianes,  ont  à  traverse!'  le  tube  caliciiial.  Chemin  faisant, 


(   225    ) 

chacun  d'eux  émet  un  faisceau  staminal,  puis  à  droite  et  à  gauche  une 
branche  principale  oblique  qui  s'approche  de  son  homologue  donnée  par 
le  faisceau  voisin,  s'unit  à  elle  par  une  courte  anastomose  transverse 
un  peu  au-dessous  du  sinus  rentrant^  formé  par  la  base  de  deux  sépales 
contigus,  puis  se  prolonge  dans  le  côté  du  sépale  au-dessous  duquel  elle 
est  placée;  elle  peut  s'y  ramifier  plus  haut  et  contribuer  avec  la  nervure 
médiane  à  constituer  la  nervation  secondaire  de  ce  sépale.  C'est  sur  l'ana- 
stomose transverse  qui  unit  ces  deux  branches  au-dessous  des  sinus  rentrants 
du  calice,  que  s'insère,  en  apparence  dans  le  prolongement  de  l'une  des 
branches  qui  ont  concouru  à  former  cette  anastomose,  la  nervure  médiane 
de  chacun  des  quatre  pétales  supérieurs.  Ces  quatre  pétales  reçoivent  en- 
core, de  chaque  côté,  un  faisceau,  plus  rarement  deux,  qui  sont  des  rami- 
fications latérales  directes  ou  indirectes  du  faisceau  qui  va  constituer  la 
nervure  médiane  du  sépale  correspondant  [V.  ir.  Iiortensis). 

»  Ce  n'est  pas  là  tout;  il  existe  au-dessous  de  chaque  sépale  une  sorte 
d'éperon  lamellaire,  dont  la  nervation  mérite  d'être  notée,  et  dont  la  pré- 
sence semble  indiquer  que  là  réellement  commence  le  sépale.  (Chacun 
d'eux  reçoit  de  chaque  côté  de  la  nervure  médiane  (F.  li\  hortensis)  une 
branche  qui  décrit  une  courbe  dont  la  cavité  est  tournée  par  en  haut.  Ces 
deux  branches  s'anastomosent  avec  quelques  autres  nervures  secondaires 
du  sépale  proprement  dit,  et  c'est  sur  la  convexité  de  ces  deux  branches 
courbes  que  s'insèrent  les  nombreux  rameaux  qui  se  répandent  en  tous 
sens  dans  l'éperon  du  sépale,  où  ils  forment  un  réseau  compliqué. 

»  J'ai  encore  à  mentionner  les  appendices  que  les  deux  étaminos  infé- 
rieures envoient  de  leur  filet  dans  le  cornet  du  pétale  éperonné.  Ces  ap- 
pendices très-rarement  creux,  le  plus  souvent  pleins,  sont  ordinairement 
dépourvus  de  faisceaux;  cependant  il  existe  de  ces  derniers  dans  les  appen- 
dices des  étamines  des  Fiola  Ruppii  et  cucultata. 

»  Dans  les  Violettes  comme  dans  les  fleurs  à  insertion  dite  périgyne  des 
Amygdalées,  de  VEscliscliollzia,  etc.,  le  pistil  occupe  le  fond  de  la  coupe, 
les  étamines  sont  insérées  plus  haut,  les  pétales  plus  haut  que  les  étamines, 
les  sépales  au-dessus  des  pétales.  Tout  cet  ensemble,  désigné  par  l'appella- 
tion de  tube  du  calice  ou  de  coupe  réceplaculaire,  est-il  réellement  formé, 
comme  le  croient  certains  botanistes,  par  autant  de  feuilles  coalescentes 
ou  soudées  entre  elles  qu'il  y  a  d'organes  insérés  dessus.  Telle  est  la  ques- 
tion qu'il  me  reste  à  examiner.  Commençons  par  les  carpelles. 

»  Nous  avons  vu  que  chacun  d'eux  est  inséré  par  un  faisceau  qui  se 
divise  d'abord  en  trois  nervures  :  une  médiane  et  deux  latérales,  ou  seu- 

C.  R.,  1875,  I"  Semestre.  (T.  LXXX,  N"  4.)  ^O 


(    226    ) 

lementen  deux  latérales,  qui  plus  tard  se  ramifient.  Cette  nervation  du  jeune 
âge  rappelle  celle  des  carpelles  des  Anémones,  des  Clématites,  etc.,  qui  n'ont 
qu'une  nervure  médiane  et  deux  latérales.  En  l'absence  de  toute  définition 
rigoureuse  des  feuilles  et  des  axes,  des  carpelles  aussi  simples  permettent  aux 
tliéoriciei)S  d'en  faire  à  volonté  des  feuilles  modifiées  ou  des  rameaux  consti- 
tuant des  organes  spéciaux  destinés  à  remplir  une  fonction  particulière  ;  mais 
il  y  a  aussi  dans  les  Renonculacées  les  carpelles  des  Nigelles  et  de  la  Gari- 
delle,  que  leur  couche  fibreuse  libérienne  continue  ne  permet  pas  de  rap- 
porter aux  feuilles  des  mêmes  plantes.  Il  y  a  encore  les  carpelles  des  Pœonia, 
dont  le  réseau  vasculaire  donne  dans  l'écorce  une  multitude  de  faisceaux 
horizontaux,  ramifiés  en  corne  de  cerf  et  pourvus  de  cellules  fibreuses  à 
parois  très-épaisses  et  ponctuées.  En  faire  des  feuilles,  ce  serait  de  la  pure 
fantaisie.  Les  carpelles  des  Hellcborus,  Calla,  Jquilegia,  Delpliinitun,  etc.,  ne 
pourraient  être  expliqués  que  par  le  concours  de  trois  feuilles,  ou  tout  au 
moins  par  celui  d'une  feuille  trilobée;  ce  qui  serait  déjà  une  modification 
d'autant  plus  considérable  apportée  à  la  théorie,  que  ces  carpelles  des  Re- 
nonculacées ont  toujours  été  cités  comme  des  modèles  de  feuilles  simples, 
ployées  suivant  leur  nervure  médiane;  mais  l'existence  d'une  feuille  tri- 
lobée ne  saluait  être  invoquée  chez  les  Aqraphis,  les  Scilla  italica,  amœita, 
Plialniicjiiim  Liluigo,  etc.,  qui  ont  une  nervation  analogue.  Les  feuilles  des 
Msculus,  du  Sfjcirmannia  africana,  de  VEnlelea  arborescens  ne  peuvent  donner 
la  nervation  des  carpelles  de  ces  plantes,  qui  sont  chargés  de  piquants  par- 
courus par  des  vaisseaux.  Les  carpelles  du  Rnnunculiis  at^vensis  ont  aussi 
des  piquants  vasculaires,  mais  avec  une  autre  constitution.  Les  carpelles 
des  Pauia,  qui  ont  la  structure  de  ceux  des  jEscidus,  moins  les  piquants, 
rappellent  ceux  des  Pœonia  par  leurs  faisceaux  horizontaux,  pourvus  de 
cellules  fibreuses  à  parois  épaisses  et  répartis  en  travers  l'écorce.  Chez  les 
THia  le  système  vasculaire  s'associe  d'une  façon  analogue  à  de  petits  groupes 
de  cellules  scléreuses  trausverses,  mais  courtes  et  limitées  à  l'écorce  interne. 
Enfin,  dans  Vy/nadenia  Manglcsii  et  le  Greuillca  (jlabella,  il  existe  aussi,  dans 
l'écorce  des  carpelles,  des  groupes  de  cellules  scléreuses  allongées  horizon- 
talement, dans  lesquels  toutefois  je  n'ai  pas  encore  vu  de  vaisseaux.  Je  ci- 
terai encore  le  jeune  fruit  du  Tlieojjlirasta  macropliyUn,  dont  cinq  feuilles 
ne  peuvent  donner  la  structure,  puisque  les  faisceaux  associés  en  réseau 
sontépars  sans  ordre  et  suivant  au  moins  trois  |)lans  différents.  Une  couche 
épaisse  et  contitnie  de  cellules  scléreuses  existe  en  outre  dans  la  région  cor- 
ticale du  péricarpe,  et  elle  enveloppe  de  ses  cellules  internes  les  plus  petits 
des  faisceaux,  qui  sont  les  plus  externes.  A  tous  ces  exemples,  j'en  pourrais 


(    2^7    ) 

ajouter  beaucoup  d'autres,  celui  des  Vuccn,  etc.  Cette  série  suffit  pour 
prouver  que  de  la  structure  des  carpelles  les  plus  simples,  comme  sont  ceux 
des  Anémone,  des  Àllium  et  ceux  un  peu  plus  compliqués  des  Viola,  on 
ne  saurait  déduire  que  le  pistil  soit  formé  d'autant  de  feuilles  qu'il  y  a  de 
carpelles.  On  sait  d'ailleurs  aujourd'hui  que  l'orientation  des  faisceaux  et 
leur  disposition  symétrique  d'après  un  plan  ou  une  ligne  droite  ne  suffit 
pas  pour  caractériser  les  feuilles  et  les  axes.  Je  renverrais  ceux  qui  ne  sont 
pas  convaincus  de  cette  opinion  au  Mémoire  de  l'auteur  de  l'avis  com- 
battu ici,  sur  YAnalomie  comparée  de  la  fleur  femelle  et  du  fruit  des  Cycadées, 
des  Conijères  et  des  Gnélacées,  comme  l'a  fait  déjà  M.  de  Lanessan,  en  ap- 
puyant mes  assertions. 

»  Quand  même  on  persisterait  à  vouloir  regarder  le  pistil  des  Fiola 
comme  formé  par  trois  feuilles,  comme  cela  a  été  admis  dans  un  Mémoire 
récent  qui  a  eu  beaucoup  de  retentissement,  la  raison  ne  serait  pas  satis- 
faite; il  faudrait  avoir  recours  à  une  théorie  plus  complexe,  dont  on  doit 
l'idée  à  M.  Brongniart,  à  l'existence  de  feuilles  fertiles  et  de  feuilles  stériles 
dans  un  pistil  donné;  mais  notre  confrère  s'est  bien  gardé  de  s'arrêter  à 
cette  idée,  et  il  a  bien  fait.  Ce  ne  sont  pas  les  Fiola  qui  lui  ont  suggéré  cette 
théorie,  et  pourtant  elle  leur  serait  applicable  tout  aussi  bien  qu'aux  Cruci- 
fères et  aux  Papavéracées;  car  les  parois  carpellaires  et  les  placentas  y 
forment  également  et  même  mieux  deux  verticilles  différents.  Je  dis 
mieux  parce  que  les  deux  verticilles  sont  séparés  par  la  couche  fibreuse,  et 
parce  qu'ils  ont  une  insertion  très-dissemblable.  En  effet,  chaqr.e  tiers  de 
la  paroi  carpellaire  est  inséré  sur  un  des  six  faisceaux  basilaires  de  la 
coupe  réceptaculaire,  tandis  que  les  faisceaux  placentaires  sont  insérés  sur 
le  réseau  transverse  qui  constitue  le  fond  du  récept.icle.  D'ailleurs,  la  struc- 
ture des  placentas  n'est  nullement  celle  d'une  feuille.  Dans  les  placentas  les 
plus  complexes  [F.  tr.  hortensis,  etc.)  le  faisceau  placentaire  se  divise,  en  mon- 
tant, en  un  réseau  sur  toute  la  surface  duquel  sont  insérés  les  ovules.  Il  fau- 
drait donc  ici  modifier  luie  fois  de  plus  la  théorie  (ce  qu'avait  déjà  prévu 
l'illustre  R.  Rrown  pour  les  Nymphœa  et  les  Bulomus),  puisque  les  ovules  ne 
sont  pas  insérés  seulement  sur  les  bords  des  prétendues  feuilles.  En  outre, 
il  ne  faut  pas  oublier  que  les  feuilles  fertiles  différeraient  encore  des  feuilles 
stériles,  en  ce  que  ces  dernières  seraient  couvertes  d'une  couche  fibreuse 
sur  leur  fiice  interne;  ce  qui,  soit  dit  en  passant,  ne  contribue  guère  à  les 
rapprocher  desfuilles  normales  des  Fiola.  Est-il  besoin  d'ajouter  f[ue,  pour 
faire  celte  assimilation,  il  faut  négliger  tous  les  caractères  (pii  font  du  pis- 
til un  organe  femelle.'' Tout  concourt  donc  à  faire  des  carpelles  une  forme 

3o.. 


(    228    ) 

de  la  ramification  destinée  à  remplir  une  fonction  spéciale.  Cherchons 
maintenant  si  la  coupe  réceptaculaire  est  composée  d'autant  de  feuilles 
qu'elle  supporte  d'organes. 

»  Si  chaque  pétale  avait,  comme  chaque  étamine,  un  simple  taisceau  in- 
séré sur  l'un  des  faisceaux  basilaires  du  réceptacle,  ce  serait  déjà  se  ha- 
sarder que  de  supposer  une  coalescence,  une  fusion  des  faisceaux  et  des 
autres  tissus  de  ces  divers  organes;  mais  tous  les  faisceaux  de  chacun  des 
quatre  pétales  supérieurs  sont  insérés,  non  pas  sur  un  seul  de  ces  faisceaux 
basilaires,  mais  sur  deux  de  ces  six  faisceaux  primaires  à  la  fois  ;  et  chacun 
de  ces  quatre  pétales  n'en  reçoit  même  pas  directement  sa  nervure  médiane. 
Celle-ci  est  insérée  sur  lui  faisceau  latéral  qui  se  prolonge  dans  le  sépale 
placé  au-dessus.  Il  faudrait  donc  admettre  d'abord  que  celte  nervure  mé- 
diane descend  le  long  de  ce  rameau  latéral,  puis  le  long  du  faisceau  pri- 
maire correspondant  avant  d'arriver  à  l'axe;  ensuite  il  faut  admettre  le 
partage  des  faisceaux  latéraux  du  même  pétale,  ceux  d'une  moitié  descen- 
dant d'un  côté  le  long  de  l'un  des  faisceaux  primaires,  ceux  de  l'autre 
moitié  descendant  d'un  autre  côté  le  long  d'un  autre  faisceau  semblable. 
Aux  faisceaux  composés  qui  en  résulteraient  s'ajouteraient  encore  ceux  des 
étamineset  ceux  des  parois  carpellaires. 

»  C'est  déjà  beaucoup  de  complication.  Le  pétale  é'peronné  en  offrirait 
un  degré  de  plus;  car  ses  faisceaux  descendraient  suivant  trois  directions. 
Les  iMis  sont  insérés  sur  la  nervure  médiane,  qui  vient  directement  de  la 
base  du  réceptacle;  les  latéraux  iraient  chacun  dans  une  direction  diffé- 
rente, descendant,  ceux  de  droite  le  long  du  faisceau  primaire  de  droite, 
ceux  de  gauche  le  long  du  faisceau  primaire  de  ce  côté.  N'est-ce  pas  là  une 
grande  exagération,  un  abus  de  l'unification  des  organes  dits  oppendicu- 
laircs.  Pourquoi  les  botanistes  qui  admettent  cette  théorie  ne  reviennent-ils 
pas  tout  de  suite  à  celle  qui  veut  que  tout  soit  feuille  dans  le  végétai,  de 
sorte  que  les  faisceaux  des  rameaux,  du  tronc  et  des  racines  ne  seraient 
que  des  prolongements  inférieurs  des  feuilles? 

»  Si  l'on  persiste  à  vouloir  rapporter  aux  feuilles  la  coupe  réceptacu- 
laire et  tous  les  organes  appendiculaires,  au  lieu  de  ne  voir  dans  les  feuilles 
pro|)rement  dites,  dans  les  sépales,  les  pétales,  les  étamines  et  les  carpelles 
(juc  (les  formes  de  la  ramification  ayant  chacune  sa  fonction  spéciale,  ou 
n'aura  pas  accompli  sa  tâche  quand  on  aura  accumulé  tant  d'hypothèses  pour 
expliquer  la  coupe  réceplacidaire  des  Viola  ou  celle  des  Amygdalées,  etc.; 
il  faudra  rattacher  aux  lois  de  la  |)hyllotaxie  linsertion  de  toutes  les  pré- 
tendues feuilles  que  l'on  conduit  ainsi  au  sommet  du  pédoncule. 


(    229   ^ 

»  (Jno  fleur  de  Fiold  serait  composée  de  2t  feinlles,  dont  5  sépalaires, 
5  pétaliiies  alternes  avec  les  sépales,  5  staminales  alternes  avec  les  j)étales, 
3  pour  les  parois  carpellaires  et  3  pour  les  placentas.  De  ces  21  feuilles, 
9  seulement  recevraient  directement  des  faisceaux  du  sommet  du  pédon- 
cule, et  il  est  fort  remarquable  que  les  orcjanes  qui  tes  représciitcnt  foi  ment 
TROIS  VERTICILLES  ALTERNANT  RÉGULIÈREMENT  ENTRE  EUX.  Le  verliciUe  infé- 
rieur est  donné  par  le  sépale  supérieur  et  les  deux  sépales  latéraux  infé- 
rieurs; le  deuxième  verliciUe  est  composé  des  deux  sépales  latéraux  supé- 
rieurs et  du  pétale  inférieur  éperonné  ;  le  troisième  verliciUe  est  constitué 
par  les  placentas.  Les  12  autres  organes  (savoir,  les  4  pétales  supérieurs, 
les  5  étamines  et  les  3  parois  carpellaires)  ne  reçoivent  que  des  faisceaux 
secondaires  ou  tertiaires,  insérés  sur  les  six  faisceaux  basilaires  de  la  coupe 
réccptaculaire.  De  ces  six  faisceaux  basilaires,  un  seul  ne  porte  pas  d'éta- 
mine  ;  c'est  celui  qui  se  prolonge  dans  le  pétale  éperonné.  Tout  cela  est 
porté  par  un  pédoncule  qui  n'a  que  quatre  faisceaux  à  sa  partie  supérieure 
et  deux,  au  moins  souvent,  à  son  insertion,  et  ce  pédoncule  naît  d'une 
branche^ sur  laquelle  les  feuilles  normales  sont  disposées  suivant  la 
fraction  f . 

»  Plutôt  que  de  chercher  vainement  à  ramener  les  21  feuilles  florales 
au  sommet  du  pédoncule,  et  à  les  y  ranger  d'une  manière  satisfaisante  sur 
les  quatre  faisceaux  qu'il  contient,  n'est-il  pas  plus  naturel  d'admettre  que 
l'insertion  réelle  de  ces  organes  a  lieu  à  la  place  où  on  l'observe  sur  la 
coupe  réceplaculaire,  reconnue  pour  une  modification  de  l'axe,  et  où  la  symé- 
trie florale  indiquée  plus  haut  marque  leur  insertion  vraie.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Phosphorescence  des  Invertébrés  marins. 
Note  de  M.  de  Quatuefages. 

«  En  présentant  un  travail  de  M.  Panceri,  intitulé  Intorno  alla  luce  che 
émana  dai  nervi  délie  elitre  délie  Polynoe^  M.  de  Quatrelages  présente  les  ob- 
servations suivantes  : 

»  Le  savant  napolitain  fait  connaîlre  dans  le  iNIémoire  actuel  des  faits 
analogues  à  ceux  qu'il  avait  signalés  dans  la  Pltyllirhoc  bucephale;  il  montre 
certaines  cellules  nerveuses  terminales  comme  étant  le  siège  de  l'émission 
de  la  lumière. 

»  En  acceptant  comme  exacte  la  détermination  histologique  proposée 
par  l'auteur,  les  faits  découverts  par  IM.  Pauccri  soulèvent  une  question 
assez  intéressante.  Dans  mes  études  sur  la  phosphorescence  observée  chez 


(  23o  ) 
certaines  Annélides  dépourvues  d'élytres,  chez  les  Ophiures,  chez  lesNoc- 
tiluques,  j'ai  montré  que  la  production  de  lumière  se  montrait  daus  les 
muscles  et  coïncidait  toujours  avec  la  contraction  de  ces  derniers.  Or  les 
élytres  des  Polynoés  ne  renferiuent  aucune  trace  d'éléments  musculaires, 
et,  par  conséquent,  il  résulte  des  observations  de  M.  Panceri  que  les  nerfs 
isolés  de  tout  élément  de  cette  nature  sont  capables  de  produire  de  la 
lumière. 

))  Dès  lors  on  peut  se  demander  si  les  manifestations  lumineuses,  même 
au  milieu  do  masses  musculaires,  ne  sont  pas  dues  aux  nerfs  qui  se  distri- 
buent à  celles-ci.  M.  Panceri  répondra  sans  doute  à  cette  question,  qu'il  est 
permis  d'aborder  à  une  époque  où  l'histologie  possède  des  réactifs  que  l'on 
ne  connaissait  pas  lorsque  j'étudiais  ces  phénomènes. 

»  L'étude  desNoctiluques,  à  ce  point  de  vue,  sera  surtout  intéressante. 
Les  expansions  sarcodiques,  qui  forment  la  trame  intérieure  de  ces  êtres 
singuliers,  ne  présentent  rien  qui  ressemble  à  des  fibres  musculaires  ou  ner- 
veuses; mais  peut-être  les  réactifs  auxquels  je  faisais  allusion  tout  à  l'heure 
permettront-ils  de  reconnaître  des  éléments  nerveux,  plus  ou  moins  isolés, 
en  rapport  avec  la  membrane  qui  forme  ces  petites  vessies  vivantes. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  que  les  études  de  M.  Panceri  justifient  une 
fois  (le  plus  la  conclusion  générale  à  laquelle  m'avaient  conduit  mes  pro- 
pres recherches,  savoir:  que,  sous  la  dénomination  commune  de  phospho- 
rescence, on  a  confondu  longtemps  des  phénomènes  essentiellement  distincts 
et  qui  n'ont  de  commun  qu'une  production  de  lumière.  » 

M.  Daubkék  communique  à  l'Académie  le  passage  suivant  d'une  Lettre 
qu'il  a  reeue  de  S.  M.  don  Pedro,  empereur  du  Brésil  : 

«  Un  tremblement  de  terre  a  été  observé  le  '^o  octobre,  vers  q'^So"  du 
matin,  dans  une  partie  fort  limitée  de  la  province  de  Saint-Paul.  J'attribue, 
faute  de  renseignements  d'un  caractère  scientifique,  la  trépidation  du  sol, 
qui  a  duré  deux  à  trois  minutes,  et  le  bruit  sourd  que  l'on  a  entendu  en 
même  temps,  à  quelque  grand  éboulcment  souterrain.  Le  sol,  dans  les 
environs  de  la  ville,  d'où  semble  être  parti  le  tremblement  de  terre,  est  tout 
crevassé.  Son  nom  même  indigène,  Sorocaha,  signifie  endroit  à  crevasses.  Je 
ferai  prendre  des  observations  pour  vous  les  communiquer.   » 

«  M.  Daihuke  ajoute  qu'à  l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  dans  d'autres  ré- 
gions étendues  de  l'Amérique  méridionale,  des  tremblements  de  terre  ont 
été  signalés  très-rarement  au  Brésil.  La  même  Lettre  en  signale  cependant 


(    23l    ) 

un  qui  a  ébranlé,  en  1811,  la  ville  de  Récif,  capitale  de  la  province  de 
Fernambouc. 

»  M.  Daubrée  rappelle  aussi  que  c'est  par  des  effondrements  ou  des 
tassements  souterrains  que  M.  Roussingault  a  cru  le  mieux  rendre  compte 
des  tremblements  de  terre  dont  il  a  été  si  fréquemment  témoin  dans  les 
Andes  de  Colombie  et  de  l'Equateur.   » 

M.  Daubrée  fait  hommage  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  James-D.  Dana, 
d'un  Mémoire  écrit  en  anglais  sur  les  pseudomorphes  de  serpenline  el  autres 
de  ta  mine  de  TUly-Fosler,  conilé  de  Putnam,  dam  l'Elal  de  New-ïork. 

«  Dans  ce  Mémoire,  notre  savant  Correspondant  décrit,  avec  des  détails 
très-précis,  et  en  mettant  à  profit  des  études  faites  sur  les  mêmes  localités, 
par  d'autres  minéralogistes  américains,  MM.  les  professeurs  O.-D.  Allen, 
ElI.  Brush,  et  M.  lîreidenbaugh,  une  localité  des  plus  remarquables  par  les 
minéraux  pseudomorphes  qui  s'y  sont  produits,  et  par  les  actions  chimiques 
auxquelles  ces  minéraux  épigéniques  servent  de  témoins  irrécusables. 

M  Le  gîte  de  minerai  de  fer  dont  il  s'agit  est  subordonné  aux  roches 
cristallines,  gneiss  syénitique  et  syénite,  parallèlement  aux  feuillets  de  ces 
roches.  11  consiste  en  un  amas  puissant  de  fer  oxydulé  magnétique  :  le  sili- 
cate fluoré  de  magnésie,  connu  sous  le  nom  de  chondrodile,  lui  est  associé 
et  forme  plus  de  la  moitié  de  la  masse  totale. 

»  Des  minéraux  variés  que  le  gîte  de  Foster  contenait  ont  été  convertis 
en  serpentine,  sans  perdre  toutefois  les  formes  cristallines  caractéristiques 
qui  en  démontrent  et  caractérisent  l'existence  première  :  tels  sont  la  chlo- 
rire,  l'enstatite,  la  chondrodite,  la  hornblende,  le  lépidolite,  la  biotite,  la 
dolomie,  l'apatite  et  la  calcite. 

»  La  diversité  de  minéraux  ainsi  transformés  amène  à  reconnaître  l'an- 
cienne existence  d'actions  énergiques  qui,  après  avoir  décomposé  et  dis- 
sous les  divers  minéraux  précités,  ont  déposé  sur  les  mêmes  points  des  si- 
licates magnésiens  hydratés  appartenant  à  l'espèce  serpentine.  Ces  actions 
ont  été  vraisemblablement  produites  par  des  eaux  chaudes  ou  des  vapeurs, 
comme  le  remarque  M.  Dana. 

M  M.  Daubrée  ajoute  que  l'on  connaît  depuis  longtemps  la  tendance  que 
certains  silicates  magnésiens  hydratés,  comme  la  stéatile  et  la  serpentine,  ont 
eu  à  se  substituer  ii  des  sub.itances  cristallines  diverses,  même  à  des  espèces 
aussi  réh'actaires  aux  dissolvants  que  le  quartz.  Les  localités  de  Goeplers- 
gruu,  près  Wunsiedel,  en  Bavière;  de  Monzoni,  eu  Tyrol  ;  de  Snarum,  en 
Norwége,  sont  bien  connues  des  minéralogistes  par  les  échantillons  très- 


(    232    ) 

intéressants  qu'elles  leur  fournissent;  mais  aucun  des  gisements  de  pseudo- 
morphes  ne  paraît  plus  insiruclif  que  celui  que  l'éminent  minéralogiste  des 
États-Unis  vient  de  décrire. 

»  De  telles  substitutions  sont  inexpliquables  par  les  réactions  que  l'on 
produit  dans  les  laboratoires;  mais  elles  rappellent  celles  que  l'on  est  déjà 
parvenu  à  produire  dans  l'eau  fortement  surchauffée,  où  l'on  voit  des 
silicates  anhydres  et  insolubles  se  décomposer  avec  la  plus  grande  facilité, 
et  d'autres,  comme  le  pyroxène,  prendre  naissance  et  cristalliser  dans  les 
mêmes  conditions.   « 

MÉMOIRES  LUS. 

CllIMin:  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  matières  albuminoïdes ; 

par  M.  P.    ScHi'TZENBERGER. 

(Commissaires  :  MM.  Chevreul,  Balard,  Wurtz.) 

«  Ayant  eu  l'occasion  d'observer  une  réaction  dans  laquelle  l'albumine 
et  ses  congénères  se  dédoublent  par  simple  hydratation  en  produits  presque 
tous  cristallisables  et  partant  plus  faciles  à  déterminer,  j'ai  pensé  que  l'exa- 
men approfondi  de  cette  réaction  serait  de  nature  à  jeter  un  nouveau  jour 
sur  l'histoire  des  matières  protéiques. 

»  Ce  sont  les  premiers  résultats  obtenus  dans  cetje  voie  que  j'ai  l'hon- 
neur de  soumettre  à  l'Académie  des  Sciences. 

»  Mes  expériences  ont  particulièrement  porté  sur  l'albumine  de  l'œuf 
coagulée  par  la  chaleur  et  bien  lavée,  ainsi  que  sur  l'albumine  purifiée  par 
le  procédé  de  M.  Wuriz,  et  coagulée  ensuite. 

»  L'albumine  coagulée,  chauffée  avec  deux  fois  son  poids  d'hydrate  de 
baryte  cristallisé  et  une  quantité  suffisante  d'eau  (i  litre  pour  loo  grammes 
d'albumine  sèche),  commence  par  se  dissoudre.  Lorsque  la  température  a 
atteint  le  point  d'ébullition,  il  se  dégage  de  l'ammoniaque,  en  même  temps 
il  se  précipite  du  carbonate  de  baryte.  Au  bout  de  quelques  heures,  la 
production  d'ammoniaque  et  d'acide  carbonique,  abondante  au  début,  se 
ralentit  et  finit  par  s'arrêter  à  peu  près  complètement. 

»  En  opérant  à  la  pression  ordinaire,  à  lOo  degrés,  la  quantité  d'ammo- 
niaque, ainsi  mise  en  liberté,  après  cent  vingt  heures  d'ébullition,  a  été 
trouvée  égale  à  i^',7  pour  loo  d'albumine  sèche  (moyenne  de  plusieurs 
analyses  concordantes);  la  détermination  du  poids  de  carbonate  de  baryte 
iormé  conduit  à  ce  résullat  intéressant,  que  l'ammoniaque  et  l'acide  car- 
bonique dégagés  sont  exactement  dans  les  rapports  exigés  par  l'urée. 


(  233  ) 

M  Si,  au  lieu  d'opérer  à  loo  degrés,  on  chauffe  dans  un  autoclave,  entre 
i/jo  et  i5o  degrés,  l'aclion  est  plus  complète;  on  a  trouvé,  dans  ce  cas, 
après  un  ou  huit  jours  de  chauffage,  /|,i  d'ammoniaque  pour  loo  d'albu- 
mine et  24,0  de  carbonate  de  baryte;  le  calcul  exigerait  23,7. 

»  Le  précipité  barytique  formé  pendant  l'ébuUition  contient,  outre  le 
carbonate,  ini  peu  d'oxalate  et  de  sulfite  de  baryte. 

M  De  ces  observations  résulte  que  la  molécule  de  l'albumine  contient  le 
groupement  de  l'urée  et  représente  un  uréide  complexe.  L'albumine  doit 
également  renfermer  un  groupement  analogue  à  l'oxamide,  et  lorsque,  dans 
sou  beau  Mémoire  sur  ce  corps,  M.  Dumas  établissait  un  rapprochement 
fécond  entre  les  matières  animales  et  le  nouveau  composé  qu'il  venait  de 
découvrir,  il  se  trouvait  être  plus  près  de  la  vérité  qu'il  ne  le  pensait  peut- 
être  alors. 

»  Enfin  une  partie  du  soufre  de  l'albumine,  celle  que  les  alcalis  n'en- 
lèvent pas  immédiatement  sous  forme  de  sulfure,  est  contenue  à  l'état  de 
dérivé  sulfureux,  et  l'on  est  naturellement  conduit  à  songer  à  la  taurine  de 
la  bile,  que  les  alcalis  bouillants  dédoublent  en  sulfate  et  acétate.  Ce  rap- 
prochement est  d'autant  plus  permis  que  j'ai  pu  retrouver  dans  la  liqueur 
des  quantités  très-sensibles  d'acide  acétique. 

»  Revenons  au  liquide  barytique,  séparé  par  filtration  du  précipité  de 
carbonate  et  débarrassé  par  une  ébullition  assez  prolongée  de  l'ammo- 
niaque libre  :  il  est  jaunâtre,  couleur  de  bière.  La  baryte  en  excès  est 
enlevée  par  un  courant  prolongé  d'acide  carbonique,  et  l'on  constate  qu'il 
reste  une  quantité  assez  sensible  de  baryte  retenue  par  un  ou  plusieurs 
acides  organiques.  Cette  baryte  est  exactement  enlevée  par  de  l'acide  sid- 
furique,  et  la  solution  filtrée  est  concentrée  convenablement.  Par  le  refroi- 
dissement, elle  se  prend  en  masse  cristalline.  Les  eaux  mères  fournissent 
de  nouveaux  cristaux  par  concentration.  11  reste  à  la  fin  une  dernière  eau 
mère  sirupeuse,  de  saveur  sucrée,  relativement  peu  abondante,  qui  ne 
cristallise  plus  que  très-lentement,  mais  qui,  évaporée  à  sec,  peut  encore 
céder  à  l'alcool  une  notable  quantité  de  produits  cristallisables. 

»  Ces  diverses  cristallisations  et  le  résidu  ont  été  soumis  à  une  analyse 
immédiate  attentive,  contrôlée  à  chaque  pas  par  l'analyse  élémentaire.  Si 
dans  mes  investigations  je  n'étais  arrivé  qu'à  des  corps  déjà  connus,  dont 
la  constitution  est  établie,  le  problème  général  de  la  constitution  de  l'al- 
bumine serait  résolu;  mais  ceci  n'est  encore  vrai  qu'en  partie;  à  coté  de 
principes  classés,  j'ai  rencontré  d'autres  corps  pour  lesquels  il  reste  à  faire 

C.  R.,  1S7:,  1"  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  4.)  ^^ 


(234) 
un  travail  spécial,  plus  simple  il  est  vrai,  qui  fera  l'objet  de  publications 
ultérieures. 

»  Voici,  en  résumé,  les  résultats  trouvés. 

»  Les  cristallisations  aqueuses  successives  renferment  : 

»  1°  De  la  tyrosine,  environ  5  pour  lou;  2°  de  l'acide  amido-œnan- 
thylique,  très-peu;  3°  de  l'acide  amidocaproïque  ou  leucine,  proportion 
notable;  4°  de  l'acide  amidovalérique,  butalanine;  5"  de  l'acide  amido- 
butyrique. 

»  Avant  d'aller  plus  loin,  je  ferai  observer  que  l'albumine  ne  peut  en 
aucun  cas  être  le  résultat  unique  de  l'union  de  la  leucine  et  de  ses  ho- 
mologues, comme  on  l'a  avancé.  En  effet,  la  formule  de  l'albumine  qui 
représente  le  mieux  les  résultats  des  analyses  est  C'- PI"' Az**0"S.  Si 
nous  enlevons  l'urée  trouvée  et  si  nous  remplaçons  le  soufre  par  une  quan- 
tité équivalente  d'oxygène,  nous  aurons  C'H"'*  Az'' O";  enfin,  en  com- 
plétant par  addition  d'eau  l'oxygène  qui  manque  pour  le  rapport  Az"0-" 
existant  dans  la  leucine  et  ses  homologues,  on  a  C'°H**"'Az**0^%  formule 
dans  laquelle  il  manque  38  atomes  d'hydrogène  pour  qu'elle  puisse  repré- 
senter un  corps  de  la  série  C"H-"+'  AzO=  (leucine  et  homologues). 

»  L'expérience  confirme  ces  considérations;  en  effet,  à  côté  de  la  leucine 
et  de  ses  homologues  j'ai  pu  isoler  des  corps  cristallisés  et  définis  qui  en 
différent  par  de  l'hydrogène  en  moins. 

»  Le  plus  important  par  la  niasse  se  trouve  dans  les  eaux  mères  des  pre- 
mières cristallisations  et  s'obtient  en  évaporant  celles-ci  à  sec  et  en  épui- 
sant par  l'alcool  absolu.  La  solution  alcoolique  concentrée  laisse  déposer 
rapidement,  par  refroidissement,  une  masse  cristalline  formée  de  grumeaux 
caséeux  blancs.  Ces  cristaux,  purifiés  par  plusieurs  dissolutions  dans  l'al- 
cool, ont  donné  : 

Carbone 5o,o 

Azote 13,6-4 

Hydrogène 8,1-8,2 

nombres  qui  conduisent  à  la  formule  C"Mi-'Az'0%  que  je  ne  donne  ici 
que  pour  traduire  les  analyses. 

»  Ce  corps  est  sucré,  très-soluble  dans  l'eau,  peu  soluble  dans  l'alcool  ; 
il  |irécipite  par  le  nitrate  acide  de  mercure;  la  chaleur  le  volatilise  partiel- 
leinent.  J'ai  également  rencontré  deux  autres  corps  sucrés  cristallisant  en 
feuillets  et  en  mamelons,  jjrécipitables  par  le  nitrate  de  mercure  et  donnan 
les  nombres  de  la  leucine,  moins  2  et  3  atomes  d'hydrogène. 


(  235  ) 

»  Je  ne  me  prononce  pas  encore  définitivement  sur  la  constitution  de 
ces  produits  :  ou  ce  sont  des  termes  d'une  série  parallèle  à  celle  des  acides 
amidés  de  la  série  grasse,  contenant  moins  d'hydrogène,  telle  que 
C'II-"-' AzO-,  ou  ils  représentent  dos  coinl)inaisons  complexes  delaleiicine 
et  de  ses  lioinologiics  avec  un  acide  plus  riche  en  oxygène.  J'ai,  en  effet, 
rencontré  au  moins  deux  acides  de  cet  ordre,  et  c'est  à  leur  présence  que  la 
baryte  doit  de  ne  pas  être  entièrement  précipitée  par  l'acide  carbonique.  Ils 
sont  incristallisables  ou  difficilement  cristallisables,  déliquescents,  et  ne 
précipitent  que  par  le  nitrate  mercurique.  Ces  caractères  rendent  leur  étude 
et  leur  séparation  très-délicates.  L'un  d'eux  offre  la  composition  d'un  iso- 
mère de  l'acide  aspartique  déjà  trouvé  par  Ressier  dans  les  produits  de 
décomposition  de  l'albumine  par  l'acide  sulfurique,  mais  il  en  diffère  par 
sa  grande  solubilité  d.ins  l'eau.  Un  autre,  peu  abondant,  m'a  fourni  des 
nombres  correspondant  à  la  formule  d'un  acide  diamidocitrique. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  acides,  qui,  sans  aucun  doute,  se  rapprochent 
des  acides  aspartique,  glutamique,  malamique,  devront  faire  l'objet  de 
nouvelles  recherches. 

»  Je  dois  encore  signaler  la  production,  dans  cette  réaction,  d'une  petite 
quantité  de  dextrine.  Je  passe  sous  silence,  en  ce  moment,  un  grand  nombre 
de  produits  intermédiaires,  formés  par  un  dédoublement  incomplet,  que 
j'ai  eu  l'occasion  d'étudier.  Ces  produits  offrent  cependant  quelque  intérêt, 
parce  qu'ils  permettent  de  suivre  le  dédoublement  progressif  de  l'albu- 
mine eu  corps  de  moins  en  moins  complexes.  J'ajouterai  seulement  que, 
par  une  ébuUition  de  ime  heure  et  demie  à  deux  heures,  avec  de  l'acide 
sulfurique  étendu,  l'albumine  se  scinde  en  deux  parties  à  peu  près  égales: 
l'une  soliibie,  contenant  C  =  49»  H  =  6,8,  Az=i4,5;  l'autre  insoluble, 
contenant  C  =  53,3,  H  =  7,2,  Az  =  x4,2. 

»  La  première  n'offre  plus  les  réactions  colorées  caractéristiques  des 
matières  albuminoïdes;  la  seconde  les  présente  d'une  manière  nette.  Trai- 
tées par  l'hydrate  de  baryte,  elles  donnent  toutes  deux  les  mêmes  dérivés, 
ammoniaque,  acide  carbonique,  leucine,  etc.;  seulement  la  partie  soluble 
ne  donne  pas  de  tyrosine,  tandis  que  la  partie  insoluble  en  fournit.  C'est 
donc  au  groupement  tyrosique  qu'ils  renferment  que  les  albuminoïdes 
doivent  leurs  réactions  colorées  par  l'acide  azotique,  le  nitrate  mercurique, 
l'acide  sulfurique  et  le  sucre. 

))  En  résumé,  l'albumine  se  dédouble  par  la  baryte,  entre  100  et  i4o  de- 
grés, en  fixant  de  l'eau,  en  acides  carbonique,  oxalique,  sulfureux,  acétique 
et  ammoniaque,  éléments  de  l'urée,  de  l'oxamide  et  de  la  taurine;  eu 

3i.. 


(  236  ) 
tyrosine,  en  acides  amidés  de  la  série  grasse,  et  en  acides  aniidés  plus 
oxygénés  et  moins  hydrogénés.  En  dehors  de  ces  termes,  on  ne  trouve  plus 
rien  de  saillant. 

»  Les  autres  matières  albuminoïdes  se  comportent  comme  l'albumine 
et  donnent  des  produits  analogues;  c'est  surtout  dans  les  proportions  rela- 
tives de  ces  produits  qu'il  faudra  chercher  la  raison  des  nombreuses  variétés 
de  ces  corps  si  complexes  et  à  équivalents  si  élevés.  Je  suis  heureux,  en 
terminant,  de  pouvoir  remercier  publiquement  mon  préparateur,  M.  A. 
Bourgeois,  du  zèle  infatigable  avec  lequel  il  m'a  secondé  dans  ces  longues 
recherches.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS 

CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Jction  de  roxjgène  éleclrotjtiqiie  sur   l'alcool 
mélhylique ;  par  M.  A.  Renaud. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  L'alcool  méthylique  pur,  soumis  à  l'action  de  l'oxygène  électrolytique, 
d'une  façon  identique  à  celle  qui  est  indiquée  pour  l'alcool  vinique  (i),  a 
fourni  des  résultats  à  peu  près  semblables.  Pendant  l'action  du  courant,  il  se 
produit  toujours  de  l'hydrogène  au  pôle  négatif,  mais  on  constate  en  outre 
qu'il  se  dégage  sur  la  lame  de  platine,  servant  d'électrode  négative,  une 
petite  quantité  d'un  gaz,  que  l'on  peut  recueillir  en  disposant  au-dessus 
de  celte  électrode  une  éprouvetle  remplie  du  mélange  d'alcool  et  d'eau 
acidulée. 

))  La  proportion  de  gaz  qui  se  dégage  ainsi  est  toujours  très-faible,  en- 
viron 25  à  'So  centimètres  cubes,  en  opérant  avec  cinq  éléments  Bunsen. 
Ce  gaz  ne  contient  pas  d'oxygène,  mais  d  est  formé  en  grande  partie  d'oxyde 
de  carbone,  d'un  peu  d'acide  carbonique  et  d'une  petite  quantité  d'un 
gaz  soluble  dans  l'eau,  qui  paraît  être  de  l'oxyde  de  méthyle. 

M  En  distillant  l'alcool  après  son  oxydation,  et  en  traitant  par  du  chlorure 
de  calcium  le  produit  distillé,  on  obtient  un  liquide  formé  de  formiatcî  de 
méthyle,  de  niétliylal  et  d'acétate  de  méthyle;  il  ne  se  produit  pas  d'al- 
déhvdc  méthylique. 

»  Ce  mélange,  traité  par  une  solution  concentrée  de  potasse  caustique 
à  l'ébullition,  dans  un  ballon   muni  d'un  réfrigérant  ascendant,  afin  de 

(i)  Comptes  rendus,  t.  I^XXX,  p.   lo5. 


(  ^'^7  ) 
tli'composcr  les  éthors,  donne  par  distillation  du  méthylal  pur,  houillanl  à 
42  degrés,  que  Ton  n'a  plus  qu'à  débarrasser  de  l'alcool  mélhylique  qu'il 
peut  contenir,  par  un  traitement  au  chlorure  de  calcium. 

»  Le  méthylal  est,  dans  ces  conditions,  l'un  des  produits  principaux  de 
l'oxydation  de  l'alcool  nictliylique,  et  ce  procédé  permet  d'en  obtenir  des 
quantités  assez  considérables. 

»  Si  l'on  fait  usage  d'alcool  niéthylique  du  commerce,  il  faut,  après 
l'action  de  la  potasse,  ajouter  au  produit  distillé  une  solution  concentrée 
de  bisulfite  de  soude,  afin  de  le  débarrasser  de  l'acétone  qui  l'accompagne. 

»  En  opérant  avec  de  l'alcool  méthylique  pur,  il  ne  se  produit  jamais 
d'acétone. 

M  La  potasse  provenant  de  la  décomposition  des  éthers,  saturée  par  de 
l'acide  sulfurique  et  distillée,  donne  un  mélange  d'acide  formique  et  d'a- 
cide acétique,  dont  on  peut  aisément  constater  la  présence  en  saturant  exac- 
tement ce  mélange  acide  par  de  la  potasse,  le  précipitant  par  le  nitrate 
d'argent  et  faisant  bouillir.  Il  se  produit  une  abondante  réduction  d'argent 
avec  dégagement  d'acide  carbonique,  par  suite  de  la  décomposition  du 
formiate  d'argent,  et  la  liqueur  bouillante  filtrée  donne,  par  le  refroidisse- 
ment, des  cristaux  d'acétate  d'argent. 

»  On  peut,  du  reste,  constater  directement  la  formation  de  l'acide  acé- 
tique dans  l'oxydation  de  l'alcool  méthylique,  en  soumettant  le  liquide  pri- 
mitif à  des  distillations  fractionnées;  les  dernières  portions,  bouillant  vers 
5G  degrés,  ne  renferment  plus  que  de  l'acétate  de  méthyle. 

))  Cette  transformation  de  l'alcool  méthylique  en  acide  acétique  se  com- 
prend, du  reste,  aisément  en  considérant,  comme  l'a  fait  Gerhardt,  l'acétyle 
comme  du  méthyl-formyle  CH^CO. 

»  On  peut  admettre  en  effet  que,  sous  l'influence  de  l'oxygène  naissant, 
l'alcool  mélhylique  se  transforme  d'abord  en  eau  et  oxyde  de  carbone, 
dont  une  petite  portion  se  dégage  à  l'état  de  liberté,  mais  dont  la  m;ijeure 
partie,  se  trouvant  à  l'état  naissant,  réagit  sur  une  autre  molécule  d'alcool 
pour  former  de  l'acide  acétique. 

'^J['!o+  20=  2TPO  +  CO, 
C0  4-^">=^";^^!0. 

"1  ri        ' 

M  Quant  au  résidu  de  la  distillation  de  l'alcool  mélhylique  oxydé,  il 
renferme  de  l'acide  mélhylsulfurique,  et  j'ai  pu  constater,  comme  je  l'ai  fait 
pour  l'alcool  vinique,  en  opérant  à  froid  et  avec  de  l'acide  sulfurique  très- 


(  238  ) 

étendu,  que  la  production  de  cet  acide  méthylsulfnrique  était  due  à  l'oxy- 
dation de  l'alcool  et  non  à  l'action  directe  de  l'acide  sulfurique. 

»  Dans  une  prochaine  Communication,  j'aurai  l'honneur  de  soumettre  à 
l'Académie  le  résultat  de  mes  expériences  sur  l'oxydation  de  la  glycérine.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  De  lajlamme  du  soufre  et  des  diverses  lumières  utilisables 
en  photographie.  Note  de  IMM.  Alf.  Riche  et  Ch.  Bardy,  présentée  par 
M.  Peligot. 

(Commissaires:  MM.  Peligot,  Fizeau,  Edm.  Becquerel.) 

«  MM.  Delachanal  et  Mermet  ont  publié  dans  les  Comptes  rendus  (i) 
une  Note  très-intéressante,  dans  laquelle  ils  donnent  la  description  d'iuie 
lampe  à  sulfure  de  carbone  et  à  bioxyde  d'azote,  qui  produit  d'une  ma- 
nière continue  une  lumière  très-photogénique,  qu'on  n'avait  obtenue 
jusqu'à  ce  jour  que  d'une  façon  intermittente  et  pendant  quelques  instants. 
Elle  consiste  essentiellement  en  un  flacon  de  verre  renfermant  du  sulfure 
de  carbone,  dans  lequel  on  dirige  un  courant  de  bioxyde  d'azote,  et  en  un 
tube  métallique,  rempli  de  paille  de  fer  pour  éviter  les  explosions,  tube  à 
l'extrémité  duquel  on  enflamme  le  mélange. 

M  Cette  question  présente  un  grand  intérêt,  parce  que  l'agrandissement 
des  épreuves  photographiques  s'opère  fréquemment  au  moyen  des  lumières 
artificielles,  que  c'est  seulement  à  leur  aide  qu'on  peut  reproduire  des 
scènes  de  nuit,  des  localités  obscures,  et  qu'il  est  des  pays,  encore  moins 
favorisés  du  soleil  que  le  nôtre,  où,  pejidant  une  grande  partie  de  l'année, 
la  lumière  naturelle  est  insuffisante;  aussi  comprend-on  que  celte  publi- 
cation ait  été  traduite  immédiatement  dans  plusieurs  recueils  anglais.  Elle 
a  été  suivie  de  critiques  dans  lesquelles  on  prémunit  les  opérateurs  contre 
les  dangers  d'explosion  que  présente  cet  appareil. 

»  Ces  considérations,  dont  nous  avions  été  frappés  nous-mêmes,  nous 
ont  donné  la  pensée  d'examiner  ce  sujet  à  nouveau,  de  chercher  les  moyens 
de  parer  à  ces  dangers,  soit  en  modifiant  la  manière  d'opérer,  soit  en  sup- 
primant l'emploi  du  sulfure  de  carbone,  et  de  comparer  entre  elles  les  di- 
verses flanunes  qui,  par  leur  éclat  ou  par  leur  nature,  impressionnent  les 
sels  d'argent. 

»  I.  Nous  sommes  partis  de  celte  idée  tonte  naturelle  que  la  flamme  au  sulfure  de  carbone 
et  au  bio.xyde  ne  doit  pas  sa  puissance  ])Iiotogénique  au  charbon  qui  brûle  avec  une  flamme 

(i)  TomcLXXIX,  page  1078. 


(  239  ) 

blanc  jaunâtre,  mais  au  soufre,  dont  la  lumière  de  combustion  est  d'un  bleu  tris-pur. 
Pour  réaliser  cette  idce,  nous  avons  fondu  du  soufre  dans  un  tèt  en  terre  de  5  centimètres 
de  diamètre  et,  quand  il  a  été  embrasé,  nous  avons  dirigé  sur  le  bain  un  jet,  aussi  ver- 
tical (jue  possible,  d'oxygène  contenu  dans  un  gazomètre,  au  moyen  d'un  tube  à  gaz  légè- 
rement effdé:  nous  avons  produit  ainsi  une  flamme  bleue  continue  qui  a  vivement  impres- 
sionné le  bromure  d'argent,  comme  on  le  verra  dans  le  tableau  qui  contient  nos  résultats 
comparés. 

»  Si  l'on  chauffe  dans  un  têt  du  nitrate  de  potasse  à  la  température  à  laquelle  il  com- 
mence à  se  décomposer,  et  qu'on  y  projette  des  fragments  de  soufre,  la  lumière  est  très- 
éclatante,  mais  blanche  et  douée  d'une  activité  photogénique  moindre  que  la  précédente. 

u  II.  Nous  avons  substitué,  dans  une  seconde  expérience,  le  sulfure  du  carbone  au  soufre 
en  dardant  le  jet  d'oxygène  sur  le  sulfure  allumé  dans  le  tét.  Ce  liquide  entre  en  caléfaction 
et  brûle  sans  explosion  avec  une  lumière  bleue,  analogue  à  la  précédente. 

»  III.  Nous  avons  remplacé,  dans  un  troisième  essai,  l'oxygène  par  le  bioxyde  d'azote. 
L'opération  était  disposée  comme  les  deux  premières  ;  le  gaz  était  dans  le  gazomètre  où 
nous  avions  auparavant  l'oxygène  ;  le  tube  abducteur  et  le  tèt  étaient  les  mêmes.  La  lumière 
obtenue  a  la  même  apparence  que  les  précédentes,  mais  nous  verrons  plus  loin  que  sa 
puissance  photogénique  est  moindre. 

"  Il  est  clair  qu'il  n'y  a  pas  d'explosion  à  ledouter  quand  on  opère  de  cette  manière  avec 
le  sulfure  de  carbone,  parce  que  les  corps  réagissants  ne  sont  pas  enfermés  dans  un  appa- 
reil, et  que  le  jet  d'oxygène  ou  de  bioxyde  d'azote  rencontre  le  sulfure  à  la  surface  d'un  bain 
largement  étalé  à  l'air. 

«  On  comprend  toute  l'importance  de  la  substitution  de  l'oxygène  au  bioxyde  d'azote, 
soit  parce  que  ce  gaz  est  plus  facile  à  préparer  et  plus  économique,  soit  parce  qu'il  ne  donne 
pas  de  vapeurs  dangereuses  à  respirer. 

»  IV.  Nous  nous  sommes  proposé  ensuite  de  comparer,  autant  que  possible,  les  lumières 
précédentes,  obtenues  sans  risque  d'explosion,  avec  la  lumière  donnée  par  un  courant 
d'oxygène  ou  de  bioxyde  d'azote  sur  du  sulfure  de  carbone  enfermé  dans  un  vase. 

»  Le  gaz,  après  avoir  traversé  un  flacon  rempli  de  pierre  ponce  imprégnée  de  sulfure  de 
carbone,  passait  à  travers  un  long  tube  en  verre  contenant  de  la  paille  de  fer,  puis  il  était 
allumé  à  l'extrémité  d'un  tube  métallique  d'un  calibre  plus  fort  que  le  tube  des  expériences 
précédentes  par  lequel  on  dardait  l'oxygène  ou  le  bioxyde. 

•  Nous  avions  pris,  avec  l'oxygène,  la  précaution  d'entourer  le  flacon  et  le  tube  avec  des 
tapis,  précaution  qui  ne  fut  pas  inutile,  car  dès  qu'on  approcha  le  feu  la  flamme  rétrograda 
dans  l'appareil,  qui  vola  en  éclats,  et  le  sulfure  de  carbone  prit  feu. 

»  L'expérience  réussit  parfaitement  avec  le  bioxyde  d'azote  et  le  sulfure  de  carbone,  et 
le  bromure  d'argent  fut  vivement  impressionné,  mais  avec  une  intensité  moindre  que  dans 
l'expérience  de  combustion  du  soufre  par  l'oxygène  (expérience  I).  Toutefois  nous  ferons 
remarquer  que  cette  expérience  n'est  pas  comparable  aux  précédentes  comme  celles-ci  le 
sont  entre  elles,  parce  que  la  forme  des  flammes  est  différente  et  que  le  débit  du  mélange 
gazeux  a  pu  être  entravé  par  la  paille  de  fer  et  pai-  la  pierre  ponce,  effet  «pie  nous  avions 
voulu  contre-balanccr  en  augmentant  le  calibre  du  lube  de  dégagcuieul. 

«  Nous  avons  enfin  comparé  les  flammes  au  soufre  et  au  sulfure  de  carbone  avec  la 
lumière  c)xyhydrique  obtenue  en  carburant  le  gaz  de  l'éclairage  avec  du  pétrole  léger,  avec 


(  24o) 

la  lumière  Drummond,  celle  du  magnésium,  et  la  lumière  que  donne  le  zinc  fortement 
chauffé  dans  un  jet  d'oxyyène. 

»  Pour  apprécier  l'aclivilé  chimique  de  ces  lumières,  nous  avons  exposé  à  leur  action, 
dans  des  conditions  identiques,  les  excellentes  glaces  sèches  au  bromure  d'argent  fabriquées 
par  M.  Stebbing,  qui  a  bien  voulu  préparer  pour  nous  une  grande  glace  qu'il  a  découpée 
en  lamelles  de  2  centimètres  de  largeur  sur  10  centimètres  de  longueur. 

»  Les  expériences  définitives,  dont  le  tableau  suivant  lésume  les  résul- 
tats, ont  été  faites  toutes  le  même  soir.  Les  plaques  sensibles  étaient  à 
5o  centimètres  de  la  source  de  lumière,  et  l'exposition  durait  soixante  se- 
condes que  l'on  mesurait  avec  un  chronomèlre. 

))  Les  plaques  sensibles  étaient  enfermées  dans  un  châssis,  sous  un  écran 
formé  de  dix  feuilles  de  papier  ciré  superposées,  de  2  centimètres  de  large 
et  de  longueur  variable.  L'une  avait  10  cenlimètres,  el,  par  conséquent, 
elle  recouvrait  exactement  la  plaque  sensible;  la  deuxième  en  avait  9,  la 
troisième  8,  et  ainsi  de  suite,  de  telle  sorte  que  la  dixième  feuille  n'avait 
que  I  centimètre  de  longueur.  Ces  feuilles  étaient  serrées  entre  une  lame 
de  verre  d'un  côté,  et  une  lame  de  corne  de  l'autre;  celle-ci  portait  en  noir 
les  chiffres  de  i  à  10,  disposés  à  égale  distance,  de  façon  que  le  chiffre  i 
fût  sous  la  partie  correspondant  à  uiîe  seule  feuille,  et  le  chiffre  10  sous  la 
partie  correspondant  aux  dix  feuilles  superposées. 

»  On  obtient  ainsi  un  écran  dont  l'opacité  est  proportionnelle  au  nombre 
de  feuilles  superposées  et  se  trouve  indiquée  par  les  chiffres.  Si,  par 
exemple,  on  n'aperçoit,  après  une  expérience,  que  les  chiffres  i  et  2,  et 
que  dans  une  autre  on  voie  les  chiffres  i,  2,  3,  4>  5,  on  en  conclut  que  la 
puissance  photogénique  de  la  seconde  lumière  est  à  celle  de  la  première 
comme  5  est  à  2. 

»  Toutes  les  plaques  ont  été  développées  ensemble;  chaque  essai  a  été 
exécuté  en  double.  Le  tableau  suivant  résume  les  principaux  résultats  : 

CliilTros  visibles. 

Natuic  do  [-,1  lumiéi'O.  "  ■■■ ^ — 

Essai  n"  1.        Essai  n"  2. 

Lumière  oxyhydriquc i  i 

Lumière  Drummond 3  3 

Zinc  brûlant  dans  l'oxygène >■  4 

Lampe  à  magnésium 5  5 

Courant  de  bioxyde  d'azote  dans  un  flacon  contenant  du  sulfure 

de  carbone 6  6 

Jet  de  bioxyde  d'azote  sur  un  têt  contenant  du  sulfure  de  carbone.  6  7 

Jet  d'oxygène  sur  un  tét  contetiant  du  sulfure  de  carbone 7  7 

Jet  d'oxygène  sur  un  tét  contenant  du  soufre ^  ^ 


(    24l     ) 

»  En  conséquence,  c'est  la  lumière  obtenue  par  l'action  de  l'oxygène 
sur  le  soufre  qui  nous  a  paru  doute  de  la  plus  grande  activité  sur  le  bro- 
mure d'argent,  et  nous  n'hésitons  pas  à  en  recommander  l'essai  dans  la 
pratique.  Elle  n'offre  aucun  danger  d'explosion.  Elle  est  peu  dispendieuse, 
cur  elle  n'exige  qu'un  tét  en  terre  où  l'on  allume  du  soufre,  et  un  sac 
rempli  d'oxygène,  gaz  que  chacun  peut  fabriquer  aisément  chez  soi  et  qui 
se  trouve  aujourd'hui  dans  le  commerce. 

»  On  augmentera  à  volonté  la  surface  de  combustion  en  remplaçant  le 
petit  têt  dont  nous  avons  fait  usage  par  un  vase  allongé  dans  lequel  on 
lancera  de  l'oxygène  par  plusieurs  becs  pris  sur  un  même  tube  de  métal. 

»  Ce  procédé  présente  un  inconvénient  commun  à  toutes  les  méthodes 
au  sulfure  de  carbone  :  c'est  l'odeur  suffocante  du  gaz  sulfureux.  Cet  incon- 
vénient s'évite  facilement  dans  un  laboratoire  où  l'on  se  place  sous  la  hotte 
d'une  cheminée;  il  n'est  pas  à  craindre  dans  les  localités  spacieuses,  mais 
il  faut  compter  avec  lui  dans  un  appartement  ordinaire.  On  y  remédiera 
en  disposant  au-dessus  du  vase  un  large  entonnoir  communiquant  avec  une 
cheminée  par  lui  tuyau  dans  lequel  on  détermine  un  appel  par  une  lampe 
ou  un  bec  de  gaz  placé  dessous  un  tube  latéral,  ou  mieux  en  opérant  la 
combustion  dans  une  cage  vitrée  mise  en  communication  avec  une  che- 
minée.  » 

M.  Haton  de  L.i  GoupiLLiÈRE  soumct  au  jugement  de  l'Académie,  par 
l'entremise  de  M.  Puiseux,  un  Mémoire  intitulé  «  Développoïdes  directes  et 
inverses,  d'ordres  successifs  », 

(Commissaires  :  MM.  Chasles,  Bonnet,  Puiseux.) 

M.  H.  DE  Kérikcff  adresse  une  Note  intitulée  «  Sur  la  constance  de  la 
réfraction  apparente,  quels  que  soient  les  mouvements  de  la  source  lumi- 
neuse et  du  corps  réfringent   ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  W.  DE  Maximovitch  adresse  une  Note  portant  pour  titre  «  Exemples 
pour  servir  d'application  à  la  réduction  des  équations  aux  différences  par- 
tielles à  des  équations  différentielles  ordinaires  » . 

(Renvoi à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

C.  R.,iS75,  1"  Semestre.  (,  y.  LXXX,  N"  4.)  ^^ 


(    2'|2    ) 

M.  DÉCLAT  adresse,  pour  le  Concours  du  prix  de  ]\Iédecine  et  Chirurgie, 
une  nouvelle  Note  relative  au  traitement  du  charbon. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  D.  LoxTix  adresse  une  nouvelle  Noie  relative  aux  modifications 
apportées  par  lui  aux  machines  dynamo-électriques,  et  à  la  machine  de 
M.  Gramme,  en  particulier. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Fizeau,  Jamin,  Bréguet.  ) 

M.  Lecakeux  adresse  une  Note  relative  à  un  traitement  de  choléra. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

M.  E.  Anninos  adresse  un  Mémoire  relatif  à  la  direction  des  aérostats. 
(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

MM.  HcMMERicii,  BocRQUELOT,  Ghaperox,  Hevduck,  Robi.\son  adrcsseut 
diverses  Communications  relatives  au  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Agricultdhe  et  du  Commerce  annonce  à  l'Académie 
qu'il  met  à  sa  disposition  une  nouvelle  somme  pour  les  expériences  rela- 
tives au  Phylloxéra. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance  : 

i°Le  premier  volume  de  la  collection  des  «  Ports  maritimes  de  France  », 
publiée  par  le  Ministère  des  Travaux  publics  (t.  I,  de  Dunkerque  à  Élretat); 

2"  Une  Notice  biographique  sur  les  travaux  de  feu  J.-B.-J.  d'Omalius 
d'Halloy; 

'i°  La  collection  des  Rapports  officiels  du  D'"  J.  Guyol,  sur  la  viticulture 
des  différentes  régions  de  la  France,  en  onze  fascicules.  Cet  ouvrage,  de- 
venu rare  dans  la  librairie,  est  offert  par  M.  Larrey,  couune  pouvant  être 
utile  aux  recherches  actuelles  sur  la  question  du  Phylloxéra. 


(  243  ) 

MM.  E.  Bertin,  a.  Ollivier,  Byassox,  Woili.ez,  J,  Vesqite  adressent 
des  remcrcunents  à  l'AcadcMiiic,  pour  les  distinctions  dont  leurs  travaux  ont 
été  l'objet  dans  la  dernière  séance  solennelle. 

L'Académie  reçoit  une  nouvelle  Lettre  de  MM.  Aîîdré  et  Axcot,  du 

4  novembre  1874.  annonçant  leur  installation  définitive  à  Nouméa,  pour 
l'observation  du  passage  de  Vénus. 

M.  le  Ministre  des  Aff.ures  ÉTR.\xr.i:REs  transmet  à  l'Académie  des 
documents  qui  lui  sont  adressés  par  M.  le  Consul  de  France  à  Manille,  sur 
l'observation  du  passage  de  Vénus,  faite  à  l'Observatoire  de  l'Athénée  mu- 
nicipal, par  les  R.  P.  jésuites.  M.  le  Consul,  en  adressant  les  résultats 
numériques  des  observations,  tels  qu'ils  sont  fournis  par  un  journal  de  la 
localité,  annonce  l'envoi  prochain  de  dix  épreuves  photographiques,  ob- 
tenues pendant  le  passage. 

ASTRONOMIE.  —  Rapport  sur  T observation  du  passage  de  Vénus.  Extrait  d'une 
Lettre  de  M.  Uéraud  (i)  à  M.  Dumas,  Président  de  la  Commission. 

0   Saigon,  18  décembre  1874. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  rendre  compte  de  l'observation  du  passage  de 
Vénus,  fi<ite  à  l'Observatoire  de  Saigon. 

»  L'opération  a  été  favorisée  par  un  beau  temps  que  je  n'osais  plus  trop 
espérer,  car  les  pluies  avaient  repris  d'une  façon  inattendue  dans  les  pre- 
miers jours  de  décembre,  et  de  plus,  depuis  le  jour  de  l'observation,  le 
temps  est  resté  constamment  couvert  ;  mais  la  journée  du  g  et  la  nuit  pré- 
cédente ont  été  belles,  la  nuit  suivante  assez  belle,  et  l'état  des  chrono- 
mètres a  été  déterminé  sans  indécision. 

»  Je  me  bornerai  aujourd'hui  à  vous  rendre  compte  derobservatiou  du 
passage  proprement  dite  ;  je  fais  recopier  pour  les  adresser  les  observations 
faites  à  la  lunette  méridienne,  et  je  joindrai  à  ce  second  envoi  les  rensei- 
gnements et  les  dessins  qui  me  paraîtraient  de  nature  à  intéresser  la  Com- 
mission du  passage  de  Vénus. 


(  i)  Conformément  au  désir  exprimé  par  plusieurs  Membres  de  l'Académie,  en  insérant  en 
entier  le  très-intéressant  rapport  de  M.  Héraud,  nous  avons  supprimé  l'indication  des 
instants  précis  de  l'entrée  et  de  la  sortie.  Ces  documents  imiiortanls  seront  réunis  aux 
résultats  obtenus  dans  les  autres  stations  et  la  Conunibsion  du  jjussage  de  Vénus  détermi- 
nera répo<|ue  et  le  mode  de  publication. 

32.. 


{  244  ) 

»  Quelques  jours  avant  l'observation,  j'avais  pu  m'adjoindre  comme 
collaborateur  M.  Bonifay,  enseigne  de  vaisseau,  qui  m'a  prêté  le  concours 
le  plus  utile  dans  les  déterminations  préliminaires,  et  a  fait  l'observation 
des  contacts  avec  une  petite  lunette  appartenant  au  Dépôt  de  la  Marine. 

')  L'observatoire  de  Saigon  a  été  bâti  en  1862,  pour  les  besoins  de  l'by- 
drographie  ;  sa  situation  alors  excellente  laisse  aujourd'hui  à  désirer,  par 
suite  du  développement  de  la  ville,  mais  tel  qu'il  est,  il  offre  un  avantage  peu 
commun  en  Cochinchine,  c'est  une  stabilité  éprouvée.  Il  comprend  deux 
pièces  juxtaposées  :  à  l'ouest,  une  petite  salle  méridieinie  très-bien  aérée; 
à  l'est,  une  salle  de  chronomètres,  recouverte  par  une  voûte  formant  ter- 
rasse, à  6  mètres  au-dessus  du  sol  et  à  16  mètres  au-dessus  du  niveau  moyen 
de  la  mer.  C'est  sur  cette  terrasse  que  j'ai  fait  monter  la  lunette  de  G  pouces 
que  la  Commission  a  bien  voulu  m'envoyer. 

»  La  longitude  et  la  latitude  de  l'Observatoire  ont  été  l'objet  de  plu- 
sieurs déterminations  concordantes  ;  le  Bureau  des  Longitudes  a  adopté  la 
position  géographique  suivante,  qui  résulte  des  observations  faites  en  1869, 
par  mon  collègue,  M.  Hatt  : 

Latitude io''46'  4»"       Nord. 


■     ■  io4°2i'  00'    j  ^      ,    „    . 

Loncitude.  .  .  .    l        ,.,  _        ,     >  Est  de  Pans. 


>•  Avec  les  ressources  qu'offre  l'arsenal  de  Saïgon,  et  surtout  grâce  au 
concours  de  M.  Dupré,  ingénieur  des  Constructions  navales,  j'ai  pu  réaliser 
assez  simplement  une  monture  équatoriale  poiu'  la  limette.  L'axe  horaire 
a  été  emprunté  à  un  télescope  d'Eichens,  que  la  colonie  possède,  et  qui 
s'est  trouvé  malheureusement  en  trop  mauvais  état  pour  pouvoir  être  em- 
ployé; l'axe  de  déclinaison  en  bronze  a  été  fondu  et  tourné  dans  l'arsenal^ 
il  fait  corps  avec  un  collier  saisissant,  non  pas  directement  la  lunette,  ce 
qui  ne  l'eût  soutenue  que  par  un  point  et  eût  provoqué  des  flexions,  mais 
une  caisse  rectangulaire  formant  ime  double  enveloppe  et  embrassant  la 
lunette  en  deux  points  voisins  des  extrémités.  Des  contre-poids  assurent 
l'équilibre  du  système  dans  une  position  quelconque;  l'axe  de  déclinaison 
peut  être  rendu  immobile  par  un  écrou  et  une  rondelle,  placés  à  l'opposé 
de  la  lunette.  Les  coussinets  de  l'axe  horaire  sont  supportés  par  deux 
fortes  pièces  de  bois  verticales  fixées  sur  la  plate-forme  de  la  terrasse,  et 
dont  la  direction  relative  et  les  hauteurs  sont  telles,  que  l'axe  horaire  est 
autant  que  possible  parallèle  à  l'axe  du  monde.  La  pièce  empruntée  au 
télescope  se  trouve  beaucoup  plus  forte  qu'il  n'eût  été  nécessaire,  ce  qui  a 


<    2/,  5    ) 

conduit  à  rendre  la  monture  très-massive  :  elle  n'eu  est  que  plus  stable  ; 
elle  est  entièrement  exempte  de  vibrations,  et  par  la  disposition  des  contre- 
poids elle  est  Irès-maniable. 

Il  Des  montants  disposés  autour  de  la  terrasse  supportent  des  rideaux 
de  toile  flotlanle  qui  isolent  l'observateur  sans  entraver  entièrement  la 
circulation  de  l'air.  Ces  rideaux,  ne  s'élèvent,  d'ailleurs,  qu'à  2  mètres  au- 
dessus  de  la  plate-forme  et,  comme  le  centre  de  la  lunette  est  à  2"',5o,  celle- 
ci  se  trouve  presque  entièrement  à  l'air  libre.  Une  toile  mobile  formant 
tente  permet  d'abriter,  quand  on  n'observe  pas,  la  lunette  dont  les  extré- 
mités sont  en  outre  protégées  par  de  fortes  capotes  en  toile. 

M  Vers  le  i5  novembre  cette  installation  était  terminée,  et  je  pouvais 
m' exercer  au  maniement  de  la  lunette;  je  constatais  qu'elle  était  d'un  usage 
fort  commode.  Et  en  effet,  si,  après  l'avoir  dirigée  sur'le  Soleil,  on  fixe 
l'axe  de  déclinaison,  il  suffit  de  la  soulever  ou  de  l'abaisser  avec  la  main, 
ce  qui  se  fait  sans  effort,  pour  qu'elle  suive  l'astre  et  nièm(>  la  partie  de  son 
limbe  qui  a  été  visée. 

»  Je  faisais  en  même  temps  des  essais  pour  argenter  l'objectif.  Avant  de 
quitter  Paris,  en  novembre  1873,  j'avais  dû  à  l'obligeance  de  MM.  Wolf, 
Martin  et  Eicbens,  de  voir  argenter,  à  l'Observatoire  de  Çaris,  un  miroir 
de  télescope;  ici,  j'ai  trouvé  chez  M.  Égasse,  pharmacien  en  chef  de  l'hô- 
pital, un  concours  dévoué  et  bien  nécessaire  pour  des  manipulations  avec 
lesquelles  je  suis  peu  familier.  Nous  étions  arrivés,  non  pas  à  des  résidtats 
parfaits,  mais  à  des  résultats  peut-être  suffisants,  quand,  en  essayant  l'ob- 
jectif demi-argenté,  je  nie  suis  trouvé  en  présence  d'une  difficulté  imprévue. 
Les  deux  verres  colorés  qui  accompagnent  la  lunette  sont  tres-foncés,  sur- 
tout avec  de  forts  grossissements;  et  il  m'est  arrivé  dans  ces  essais,  quand 
il  y  avait  de  légers  nuages,  circonstance  très-fréquente  ici,  de  ne  pouvoir 
regarder  le  Soleil  ni  à  travers  Ja  demi-argenture  toute  seule,  parce  que 
l'éclat  était  trop  vif,  ni  en  em])loyant  le  plus  clair  des  verres  bleus,  parce 
que  l'image  était  éteinte,  et  cela  avec  une  couche  d'argent  très-faible. 
Comme  d'ailleurs  cette  argenture  ne  me  satisfaisait  pas  pleinement,  que  je 
redoutais  de  fatiguer  l'objectif  en  le  soumettant  à  des  épreuves  réitérées,  je 
me  suis  décidé,  non  sans  regret,  à  supprimer  la  couche  d'argent.  Je  gagnais 
à  cela  l'avantage  de  pouvoir  mettre  la  hnielte  au  point  sur  les  étoiles,  ce 
qui  est  bien  plus  précis  que  d'em|)loyer  les  taches  du  Soleil  ;  je  remarquais 
que  le  point  une  fois  pris  sur  les  étoiles  donnait  des  images  nettes  de  taches, 
et  cependant  si,  en  déplaçant  l'oculaire,  je  cherthais  sur  les  taches  mêmes 
la  position  donnant  la  plus  grande  netteté,  je  lond)ais  tantôt  en  deçà,  tantôt 


(  246  ) 
au  delà  du  premier  point.  Il  ne  m'était  pas  possible  d'employer  le  procédé 
plus  exact  de  la  mise  au  point  au  moyen  d'un  réticule  maintenu  dans  le  plan 
focal.  Les  oculaires  tle  la  lunette  sont  négatifs,  et,  par  suite,  elle  ne  peut 
recevoir  un  réticule  indépendant  de  l'oculaire.  Je  me  suis  borné  en  consé- 
quence à  rechercher  la  position  du  tube  de  l'oculaire,* donnant  pour  une 
étoile  l'image  la  plus  réduite  possible;  j'ai  renouvelé  l'opération  bien  sou- 
vent, avec  des  étoiles  placées  à  diverses  hauteurs,  et  j'ai  obtenu  un  point 
presque  invariable,  que  j'ai  vérifié  le  matin  même  de  l'observation. 

»  I/image,  bien  ueltemeut  frangée,  que  j'ai  obteiuie  pour  Vénus,  me  fait 
penser  que  cette  position  de  l'oculaire,  qui  était  déterminée  sur  le  minimum 
d'aberration,  ne  différait  pas  notablement  de  la  position  correspondant 
au  vrai  plan  focal. 

»  Pour  le  grossissement,  je  m'étais  arrêté  dès  le  début  à  l'oculaire  don- 
nant le  chiffre  i55,  avec  des  grossissements  supérieurs;  les  images  étaient 
très-ondulantes  et  peu  nettes. 

»  Les  différentes  circonstances  du  phénomène,  calculées  pour  Saigon 
avec  les  données  de  la  Connaissance  des  Temps,  forment  le  tableau  suivant  : 

Heures  T.  moyen 
de  Saigon. 

t]       m    s 

(   i"bbrcl.  8  déc.  20.57,2 

Entrée.  {         ,       ,  , 

[  a"  bord.        »       21.24,0 

i'"boi(l.  g  doc.      1.08,9 
2'-  bord.         »  1.36,5 


Sortie  . 


Hauteur 

Azimut 

Angle  pûle. 

Angle  zénith. 

(lu  Soleil. 

du  Soleil. 

5o"  4  NE 

io6°42  E 

35"35 

S   5l".26  E 

44.10  KE 

95.17  E 

40.35 

S  46.55  E 

i5.38  NO 

46. 3i  0 

5i.36 

s  28.53  E 

21.  9  NO 

61.21  0 

42.19 

s  37.16  E 

»  Ces  chiffres  m'avaient  été  très-utiles  pour  faire  disposer  la  lunette  de 
manière  que  sa  position  fi^it  la  plus  commode  possible  au  moment  de  l'en- 
trée et  de  la  sortie. 

I.  M.  Bonifay  s'était  établi  dans  le  jardin  à  20  mètres  à  l'ouest  de  l'Ob- 
servatoire, sa  petite  lunette,  montée  en  allazimut,  reposant  sur  une  table 
massive,  et  pendant  les  jours  qui  ont  précédé  l'observation  définitive  nous 
cherchions  à  l'heure  même  des  contacts,  quand  le  Soleil  était  visible,  à  bien 
placer  les  lunettes,  et  en  même  temps  nous  exercions  les  aides  qui  devaient 
enregistrer  les  tojis  à  suivre  l'heure  sur  les  chronomètres  et  à  l'inscrire. 
Toutes  les  précautions  avaient  été  prises  pour  que  nous  ne  fussions  point 
troublés. 

))  La  nuit  du  S  décembre  avait  été  très-belle.  Entre  5  et  6  heures  du 
matin  je  pouvais  rectifier  le  point  de  la  lunette  sur  la  dernière  étoile  bril- 
lant dans  le  ciel,  c'était  l'Epi  de  la  Vierge;  Jupiter  en  était  très-jiroche  et 


(  2/,7  ) 
j'obtenais  des  images  très-nettes  de  la  planète  et  de  ses  satellites.  A  7  heures 
la  lunette  pointée  sur  le  Soleil  donnait  des  images  très-calmes. 

»  Le  ciel  était  un  peu  teinté  de  blanc  et  parsemé  de  légers  nuages;  au- 
cun de  ceux-ci  n'est  venu  voiler  le  Soleil,  dont  l'éclat  est  resté  invariable 
pendant  les  observations.  La  pluie  dos  jours  précédents  avait  rab;ittu  la 
poussière  que  je  redoutais  beaucoup;  une  rosée  abondante  s'était  déposée 
pendant  la  nuit,  le  temps  était  presque  calme  et  seulement  rafraîchi  par 
une  légère  brise  du  nord-est.  La  température  extérieure  à  l'ombre  s'est 
maintenue  entre  23  et  26  degrés;  dans  l'enceinte  en  toile  de  la  terrasse, 
elle  a  atteint  jusqu'à  36  et  37  degrés.  Le  baromètre  a  donne  de  739  à 
761  millimètres. 

»  Une  demi-heure  avant  l'entrée  nous  comparions  les  chronomètres  des- 
tinés à  l'observation  à  la  pendule  sidérale  et  à  trois  bons  chronomètres 
suivis  depuis  plusieurs  jours.  La  même  opération  a  été  répétée  après  l'en- 
trée ainsi  qu'avant  et  après  la  sortie.  Les  états  déduits  de  ces  compa- 
raisons pour  les  chronomètres  sur  lesquels  ont  été  donné  les  tops  sont 
très-concordants,  et  Ion  peut  attendre  que  l'erreur  sur  l'heure  absolue 
n'atteint  pas  \  de  seconde. 

1)  Pendant  l'observation,  chacun  de  nous  donnait  des  tops  et  dictait  des 
indications  sommaires  qui  ont  été  complétées  tout  de  suite  après.  C'est 
d'après  ces  notes  que  nous  avons  rédigé  les  procès-verbaux  des  ob- 
servations, en  nous  efforçant  de  décrire  le  mieux  possible  ce  que  nous 
avions  vu. 

»  Je  transcris  ces  deux  procès-verbaux;  les  heures  sont  doimées  en 
temps  moyen  de  Saigon. 

Observation  de   M,  HÉRAnn. 
(Objectif  de  160  millimètres;  grossissement,  i55.) 

a  Entrée. —  Quelques  minutes  avant  l'heure  calculi'-e  du  premier  contact,  la  lunette  est 
dirijjée  sur  le  Soleil  ;  les  images  de  taches  sont  assez  calmes,  mais  le  bord  un  |)cu  ondulant. 
En  tenant  compte  de  l'étendue  du  champ  et  de  ia  direction  est  et  ouest  donnée  par  le  mou- 
vement de  la  lunette  autour  de  l'axe  horaire,  je  place  au  milieu  du  chami)  la  |)arlie  du  limbe 
où  doit  se  faire  l'entrée. 

»  Un  léger  trouble  se  manifeste  sur  le  limbe  et  une  minute  après  l'heure  calculée,  à  50''  58'", 
l'échancrure  est  très-visible;  je  ia  plate  et  la  maintiens  au  milieu  du  champ.  L'image  est 
très-nette,  noire,  d'une  teinte  uniforme,  depuis  le  centre  jusque  très-près  des  bords  où  une 
ligne  de  franges  très-régulières  donne  à  l'échancrure  comme  une  apparence  de  creux;  la 
séparation  des  franges  et  de  l'image  noire  me  paraît  peut-être  plus  nette  que  celle  des  franges 
et  de  l'image  lumineuse  du  Soleil. 

»  A  21''  i"]'",  la  planète  étant  déjà  entrée  de  plus  de  deux  tiers,  je  remarque  que  la  partie 


(  S14B) 

extérieure  de  son  limbe  est  nettement  indiquée  par  un  filet  lumineux  pâle  qui,  réuni  aux 
franges  de  l'image  intérieure,  dessini-  un  rond  pai  l'ail.  IS'e  m'altondanl  pas  à  ce  phéiiomùne, 
je  ne  puis  noter  l'instant  précis  de  son  apparition-,  l'heure  ci-dessus  est  donnée  à  i  minute 
près. 

»  L'écliancrnic  s'arrondit  de  plus  en  plus,  je  suis  le  rappiocheinent  régulier  des  pointes 
brillantes  du  croissant  solaire;  à  un  uionient  donné,  ces  pointes  me  paraissent  immobiles.  Je 
nevois])lus  la  petite  auréole  extérieure,  la  ])artie  noire  de  l'échancrure  me  paraît  absolu- 
ment ronde  et  tangente  à  la  ligne  fictive  qui  fermerait  le  bord  du  Soleil.  Je  donne  un  top  et, 
perdant  de  vue  les  franges,  je  crois  un  m.onient  que  le  contact  s'est  produit  et  qu'il  est  per- 
turbé par  la  goutte  noire.  Je  regarde  avec  attention,  et  20  secondes  plus  tard  je  note  l'ap- 
parition entre  l'image  noire  et  le  fond  du  ciel  d'une  lueur  très-pàle  teintée  de  noir  en  son 
milieu;  cette  lueur,  qui  arrive  comme  une  transition  entre  l'obscurité  et  la  lumière,  s'a- 
grandit et  s'anime,  et,  en  même  temps,  la  petite  tache  noire  devient  plus  petite.  Je  la  signale 
comme  formant  une  sorte  de  pont  obscur  entre  le  boid  des  astres  qu'elle  laisse  cependant 
distincts;  elle  disparaît  presque  aussitôt,  et  le  filet  lumineux  est  dépouillé  de  tout  trouble,  les 
franges  reprennent  leur  netteté  autour  de  la  planète.  Les  phénomènes  de  l'entrée  sont  ac- 
complis          .    . 

»  Sortie,  —  Les  images  sont  moins  calmes  que  dans  la  matinée,  mais  encore  nettes; 
l'image  de  la  planète  est  toujours  bien  frangée. 

»  La  planète  se  rapprochant  de  plus  en  plus,  je  suis  attentivement  le  filet  lumineux.  Je 
signale  successivement  l'apparition  d'un  filet  lumineux  très-faible,  puis  celle  d'un  filet  lumi- 
neux presque  nul.  Le  filet  très-pàle  est  teinté  de  noir  comme  dans  la  matinée,  et  ressemble 
à  ce  qu'il  était  lors  de  son  apparition  à  l'entrée;  mais  je  n'ai  pas  revu  le  ligament  plus  net 
signalé  dans  la  première  observation.  Toute  apparence  lumineuse  disparaît  :  c'est  Vinstant 
du  contact;  la  partie  noire  de  l'image  de  Vénus  est  à  une  dislance  appréciable  du  bord  du 
Soleil;  peu  d'instants  après,  cette  distance  me  paraît  nulle,  et  l'échancrure  noire  semble 
tangente  au  bord  du  Soleil;  les  cornes  du  croissant  s'éloignent,  mais  sans  prendre  tout  de 
suite  l'acuité  qui  conesiioiid  à  une  intersection  géométrique;  je  les  signale  comme  étant  un 
peu  émoussées,  et  ce  n'est  que  trente-trois  secondes  plus  lard  que  l'échancrure  me  paraît 
bien  nette. 

»  Je  ne  vois  ])lus  à  la  sortie  le  limbe  lumineux  extérieur  ;  la  séparation  des  astres  s'opère 
sans  présenter  de  phénomène  particulier;  l'échancrure  diminue  graduellement  et,  autant 
que  les  ondulations  du  bord  du  Soleil  me  permettent  de  l'apprécier,  je  constate  sa  dispa- 
rition totale 


Observation  de  M.  Bonifay. 

«  La  lunette  dont  je  me  suis  servi  est  de  la  maison  Secrétan  ;  elle  a  un  objectif  de  55  milli- 
mètres d'ouverture  et  un  grossissement  de  63. 

"  La  mise  au  point  sur  les  étoiles  et  sur  les  taches  du  Soleil  s'opérait  sans  difficulté  et 
<lonnait  des  images  tiès-netics.  C'est  cette  mise  au  point  (pii  a  été  adoptée  pour  l'obser- 
vation. 


(  249  ) 

>i  J'ai  pu,  après  l'observation,  déterminer,  avec  la  lunette  méridienne  prise  coimuc  colli- 
mateur, la  mise  au  point  sur  le  plan  focal.  Klle  exigeait  que  le  tuljc  de  l'ofuluirc  fut  légè- 
rement moins  enfoncé  que  la  mise  au  point  sur  le  cercle  maximum  d'aberration. 

•>  L'observation  a  été  fuite,  dans  le  jardin  de  l'Observaloiro,  avec  cette  lunellt',  uiuniéc 
en  altazimut,  sur  une  table  massive,  à  20  mètres  à  l'est  de  l'Observatoire. 

»  Entrée.  —  Quand  la  planète  se  projette  sur  le  Soleil,  je  constate  que  l'image  est  noire, 
de  teinte  ])arfaitcraent  uniforme  et  à  contours  très-nets;  elle  conserve  ce  même  aspect  pen- 
dant toute  l'observation. 

■>  A  2i''i8'",  temps  moyen  de  Saigon,  le  coulour  de  Vénus  extérieur  au  disque  solaire 
s'illumine  légèrement,  à  commencer  par  le  bas  de  l'image,  qui  rcsle  constamment  plus 
visible  que  le  haut.  La  circonférence  planétaire  paraît  ainsi  complétée  d'une  manière  très- 
visible  sur  le  ciel  par  cet  arc  lumineux  qui  semble  la  continuer  exactement. 

»  Cet  effet  subsiste  quand  la  planète  avance;  peu  à  peu  le  discpie  solaire,  entre  les  bords 
voisins  des  deux  astres,  devient  de  plus  en  plus  obscur  à  côté  du  futur  point  de  contact. 
Quand  le  moment  du  contact  approche,  on  ne  distingue  plus  le  bord  du  Soleil,  (pii  jus- 
qu'alors se  prolongeait  nettement  jusqu'au  disque  planétaire;  les  deux  cmues  tle  l'écl-.an- 
criiie  sont  sé|)arées  de  Vénus  par  un  intervalle  oLsciir;  mais  je  continue  à  voir  le  bord  de 
la  planète,  qui  reste  légèrement  lumineuse.  Cette  circonférence  lumineuse  me  paraît  tan- 
gente au  bord  du  Soleil,  prolongé  par  la  pensée  dans  l'ombre;  c'est  le  moment  qui  me 
semble  être  celui  du  contact.  La  planète  s'éloigne  du  bord  du  Soleil,  laissant  obs<  ur  l'inter- 
valle qui  les  sépare;  un  filet  lumineux  vient  compléter  la  circonférence  du  Soleil  en  n.iinis- 
sant  les  deux  cornes  de  l'échancrure;  l'ombre  qui  persiste  entre  Vénus  et  le  Soleil  r.'est 
complètement  dissipée  que  vingt-trois  secondes  plus  tard 

»  Sortie.  —  Les  images  sont  ondulantes;  néanmoins,  comme  le  matin,  les  contours  de 
la  planète  sont  bien  tranchés;  sa  teinte  est  uniformément  noire.  Quand  Vénus  s'a])procbe 
du  Soleil,  une  ombre  s'étend  entre  les  deux  astres;  le  bord  du  Soleil  se  rompt  en  deux 
cornes  au  point  où  doit  s'effectuer  la  sortie,  et  les  contours  des  deux  astres  en  ce  point 
deviennent  invisibles.  Je  ne  puis  juger  du  uinmenl  du  contact  qu'en  l'appréciant  de  mon 
mieux,  en  continuant  par  la  pensée  les  parties  invisibles  des  circonférences;  de  même,  dans 
une  observation  au  sextant  d'une  hauteur  de  Soleil,  si  le  bout  de  l'astre  est  en  partie  masqué 
par  un  petit  nuage,  il  arrive  qu'on  cherche  à  obtenir  le  contact  au  juger. 

>'  Quand  la  planète  commence  à  émerger,  j'examine  si  sa  circonférence  devient  lumi- 
neuse, comme  le  matin  :  le  phénomène  ne  parait  pas  se  re|)roduire.  L'échancrure  diminue 
de  plus  en  plus;  peu  à  peu  les  ondulations  du  Soleil  rendent  son  observation  difficile,  elle 
devient  enfin  invisible 

»  Je  n'ajouterai  que  quelques  remarques  à  ces  descriptions,  que  nous 
nous  soitimcs  efforcés  de  faire  exactes  et  minutieuses. 

»  Ce  qui  nous  a  le  plus  frappés,  c'est  l'apjiarition  inattendue  poin-  nous 
(l'une  auréole  Itiiniiieuse  dessinant  extérieurement  le  limbe  de  Vénus  avant 
l'entrée  complète.  On  peut  dire  que  celte  apparition  s'est  faite  en  même 

0.  R.,  1875,  1"  Semestre.  (T.  LXXX,  N"  4.)  ^^ 


(  a5o  ) 
temps  pour  les  deux  observateurs.  M.  Bonifay  a  remarqué  que  cette  au- 
réole était  un  peu  plus  large  daus  sa  partie  inférieure;  je  n'ai  pas  noté 
ce  détail,  mais  j'ai  bien  le  souvenir  que,  en  effet,  cet  arc  lumineux  n'a- 
vait pas  une  épaisseur  partout  égale  et  qu'il  ressemblait  à  un  croissant 
extrêmement  mince.  Pour  M.  Bonifay,  l'arc  lumineux  a  persisté  jus- 
qu'au moment  du  contact  et  peut-être  jusqu'après  ce  moment,  tandis  que 
pour  moi  il  avait  disparu;  je  dois  dire  que,  préoccupé  de  l'observation  du 
contact,  j'avais  un  peu  perdu  de  vue  la  petite  auréole,  et  je  n'ai  pas  noté 
l'instant  de  sa  disparition;  ce  que  je  peux  dire,  c'est  que  je  ne  la  voyais 
plus  au  moment  où,  les  cornes  du  croissant  ne  bougeant  plus,  j'ai  donné 
mon  premier  top.  A  la  sortie,  le  phénomène  ne  s'est  plus  reproduit  ni  pour 
l'un  ni  pour  l'autre. 

»  Pendant  le  reste  de  l'observation,  nous  n'avons  eu  à  noter  que  des 
phénomènes  prévus. 

»  Le  bord  bien  nettement  frangé,  obtenu  jjour  Vénus  après  la  mise  au 
point  sur  les  étoiles,  me  fait  penser  que  la  grande  lunette  était  à  peu  près 
exempte  d'aberration,  et  je  ne  crois  pas  cependant  avoir  complètement 
échappé  aux  perturbations  qui  masquent  le  contact,  surtout  à  l'entrée; 
l'apparition  du  filet  lumineux  a  été  pour  ainsi  dire  graduelle;  de  plus, 
comme  je  l'ai  dit  dans  le  procès-verbal,  la  séparation  de  l'image  noire  et 
des  franges  était  plus  nette,  aussi  nette  au  moins  que  la  séparation  des 
franges  et  de  l'image  lumineuse  du  Soleil,  et  j'ai  eu  quelque  peine  à  me 
défendre  de  considérer  comme  le  bord  de  Vénus  la  limite  de  l'image  noire, 
d'autant  plus  que  ces  franges  n'ont  reparu  que  très-lentement  au  point  où 
le  contact  s'était  fait  ;  et  c'est  ainsi  que  j'avais  noté  d'abord  à  l'entrée  le 
moment  où  la  partie  noire  de  l'échancrure  me  paraissait  ronde  et  tangente 
au  Soleil. 

»  A  la  sortie,  la  disparition  du  filet  lumineux  a  été  plus  nette  que  ne 
l'avait  été  son  apparition  à  l'entrée;  au  moment  où  elle  s'est  produite,  la 
distance  de  la  partie  noire  de  l'image  au  bord  du  Soleil  représentait  bien 
l'épaisseur  des  franges,  et  j'ai  encore  noté,  du  reste,  l'instant  où  cette  distance 
m'a  paru  nulle. 

).  M.  lioiiifay  me  semble  s'être  trouvé  en  présence  de  tous  les  phéno- 
mènes perturbateurs  à  l'entrée  et  à  la  sortie;  on  ne  pouvait  que  s'y  at- 
tendre, d'après  les  dimensions  de  sa  lunette,  dont  l'objectif  n'a  que 
55  millimètres.  Cette  petite  lunette  est  très-claire  :  elle  a  donné  pour  Vénus 
une  image  noire,  tranchée,  exempte  de  franges  et  même  plus  satisfaisante 
à  l'œil  quel'iuiage  de  la  grande  lunette.  Après  l'observation,  en  vérifiant 


(  2.'îr    ) 

son  point  sur  un  rollinialenr,  nous  avons  ol)tPnii  une  position  légèrcmenl 
dilférentc  de  celle  qu'avaient  donnée  les  étoiles. 

»  Quant  aux  chiffres  obtenus,  chacun  de  nous  a  noté  deux  phases  prin- 
cipales, et  cela  devait  être.  Opérant  avec  des  instruments  ne  remplissant 
pas  toutes  les  conditions  reconnues  nécessaires,  nous  devions  nous  croire 
exposés  à  ne  voir  apparaître  ou  disparaître  le  fdet  lumineux  qu'à  un  inter- 
valle de  temps  appréciable  du  contact  réel;  nous  étions  préoccupés  natu- 
rellement de  rechercher  dans  la  forme  de  l'échancrure,  dans  sa  position 
par  rapport  au  Soleil,  des  manifestations  du  contact  autres  que  l'apparition 
ou  la  disparition  du  fdet  lumineux  exposées  aux  perturbations. 

))  C'est  ainsi  que  M.  lîouifay  a  donné  pour  l'heure  du  premier  contact 
intérieur  celle  où  le  fdet  lumineux  extérieur  de  Vénus,  qu'il  voyait 
encore,  lui  a  paru  continuer  le  bord  du  Soleil,  et  que,  de  mon  côté,  je  no- 
tais l'instant  où,  les  cornes  cessant  de  se  rapprocher,  la  partie  noire  de 
Vénus  (j'avais  un  peu  perdu  les  franges  de  vue)  me  paraissait  toucher  le 
bord  du  Soleil,  et  dans  cette  appréciation  il  fallait  compléter  par  la  pensée 
les  bords  des  deux  astres  au  voisinage  du  point  du  contact,  ce  qui  ne  com- 
porte pas  une  certitude  absolue.   » 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Lettre  de  M.  N.  LocKYER  à  M.  Dumas,  concer- 
nant les  préparatifs  de  i expédition  envojée  par  in  Société  royale  de  Londres, 
pour  l'observation  de  ta  prochaine  éclipse  totale  du  Soleil. 

«   Londres,  2?.  janvier. 

»  Nous  préparons  l'expédition  relative  à  l'observation  de  l'éclipsé  totale 
du  Soleil,  pour  laquelle  des  fonds  ont  été  mis  à  la  disposition  de  la  Société 
royale.  Son  Comité  aurait  envoyé  de  suite  une  invitation  à  M.  Janssen,  si 
l'on  n'avait  pas  dit  ici  qu'il  devait  observer  à  Hué.  Dans  cet  état  de  choses, 
j'ai  reçu  mission  du  Comité  pour  vous  prier  de  lui  demander  de  se  joindre 
à  notre  expédition,  s'il  se  propose  d'aller  observer  à  Siam.  Nous  nous 
sommes  assuré,  sur  le  rapport  du  consul,  que  les  agitations  survenues  à 
Siam  ont  le  caractère  d'une  simple  querelle  de  famille.  En  tous  cas,  l'un 
des  navires  de  la  reine  protégera  la  mission,  qui  arrivera  à  Singapoor  vers 
le  20  mars.  T.a  mission  prendra  terre  probablement  sur  la  côte  est  de  la 
péninsule  jMalacca,  à  i3"3'  N.  latitude.  Si  cela  est  nécessaire,  elle  rest'^ra 
sous  la  protection  des  canons  du  navire. 

»  Vous  serez  peut-être  bien  aise  de  communiquer  à  l'Académie  ce  que 
nous  nous  proposons  de  faire.  Toutes  les  observations  consisteront  en  jiho- 
tographies  du  spectre  de   la  chromosphère  et  de  l'atinosphèro  coron.de, 

33.. 


(    252    ) 

j)rincipalement  en  vue  de  déterminer  la  constitution  chimiqne  de  celte  der- 
nière. La  niélhode  qni  m'a  permis  de  prendre  plusieurs  spectres  sur  la  même 
plaque  donnera  le  moyen  de  photographier  le  spectre  solaire  après  la  tota- 
lité, comme  échelle,  et  nous  obtenons  déjà,  dans  mon  laboratoire,  des  pho- 
tographies du  spectre  solaire,  conhontées  avec  les  spectres  du  chlore,  de 
l'azote,  du  carbone,  etc.;  elles  seront  emportées  par  la  mission,  pour  aider 
aux  déterminations.  Il  y  a  des  raisons  de  penser  que  la  lumière  de  l'atmo- 
sphère coronale  est  riche  en  rayons  ultra-violets  ;  en  conséquence,  nous 
notis  servons  de  lentilles  et  de  prismes  de  quartz;  nous  espérons,  par  cette 
précaution,  obtenir  de  bonnes  épreuves  permanentes. 

»  Mes  idées,  que  vous  avez  bien  voulu  communiquer  à  l'Académie,  il  v 
a  quoique  temps,  se  fortifient  et  mènent  à  beaucoup  d'intéressantes  re- 
cherches, qui  se  rapportent  au  développement  chimique  du  système  solaire, 
et  indiquent  que  les  planètes  tendent  à  devenir  plus  métalliques  à  mesure 
qu'elles  sont  plus  rapprochées  du  Soleil.  » 

ANALYSE.  —  Su7-  i élimination .  Calcul  des  fonctions  de  Stimn 
par  des  déterminants .  Note  de  M.  H.  Lemonnier. 

«  I.  —  Dans  la  Communication  que  j'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à  l'Aca- 
démie le  1 1  janvier  courant,  j'ai  formulé,  avec  les  conditions  requises  pour 
que  deux  équations  entières  Fx  =  o,  fx  =  o  aient  p  racines  communes, 
luie  règle  pour  la  formation  de  l'équation  qui  donne  ces  racines,  ou  celle 
du  plus  grand  commun  diviseur  D  des  deux  polynômes  F.v,Jcc. 

»  Si,  dans  les  ni  —  p  +  \  équations  du  théorème  II,  toutes  du  degré  m  —  i 
au  plus,  m  étant  >  ou  =  n,  on  écarte  la  dernière,  les  autres  donnent  D 
sous  une  forme  qui  n'est  autre,  à  un  facteur  près  indépendant  de  .r,  que 
celui  auquel  mène  le  procédé  classique,  de  sorte  qu'on  a  le  théorème  sui- 
vant : 

1)  Les  équations  indiquées  (théorème  II)  étant  ordonnées  par  rapport  aux 
puissances  décroissantes  de  jc,  on  forme  le  reste  de  la  première  division  dans  la 
recherche  ordinaire  de  D,  en  donnant  pour  coefficient  à  x"  '  le  déterniinanl  des 
coefficients  de  x'"~' ,  x'"~-,.. . ,  x"~'  dans  les  ni  —  n  -\- 1  premières  de  ces  équa- 
tions, j>iiis  en  prenant  pour  coefficients  de  x"~^f...,  x"  tes  déterminants  qui  se 
déduisent  de  celui-là  par  le  cJuiiKjemcnt,  tour  à  tour,  des  coefficients  de  x"  '  en 
ceux  de  x"~- ,  x"~*, 

»  La  même  règle,  en  prenant  une  équation  déplus,  donne  le  polynôme 
(lu  degré  n  —  2,  cl  ainsi  do  suite. 


puis 


(  253  ) 
»  Au  cas  (lo  m  ^  «,  les  ('quatioiis  à  considérer  étant  ainsi 

/jf  =  o,     ajx  r=  o,  . . . ,     a:'"~"''Jjc  =  o, 

AX^         -î-  .   .  .   -f-  Am—n    Am—n-i-l'^         ~T~  •  •  •  ~T~  Am 

«  a.j;"   '  4-.  .  .  +  «„_, 


qu'on  développe,  sans  supprimer  aucun  focleur  en  ar,  en 

h,x"''-  +  .  . .  +  b„,  =  o, 


ha'"-' 


ex""-'  -+■  c,  .r'""-  +  . . .  +  c,„  =  o, 


les  polyuôines  dont  il  s'agit  seront 


R,= 


o. 
o  . 


a  rt, 
b   b, 


o     a 
a     a, 


fl, 

rto 

«m- 

-n 

bm- 

-n 

■+- 


o. .  , 
o. . 


a 


cl.  .  .        Ct,„^„_i  <7 ,„_„_,.  I 


X" 


-t- 


»  Si  l'on  poursuit  le  calcul  de  ces  polynômes  jusqu'à  en  trouver  un  qui 
soit  nul  ou  constant,  dans  le  premier  cas,  le  précédent  sera  le  plus  grand 
commun  diviseur;  dans  le  second,  les  deux  polynômes  seront  premiers 
entre  eux. 

»  Lorsque,  en  formant  les  équations  de  départ,  on  a  le  soin  de  porter 
les  termes  au  premier  membre  sans  changement  de  signe  dans  l'ensemble,  en 
ne  supprimant,  s'il  y  a  lieu,  que  des  facteurs  numériques  positifs,  si  deux 
polynômes  consécutifs  B,,,  R^,  ont  des  degrés  qui  différent  d'une  imité, 
le  polynôme  suivant  est,  à  un  facteur  prés  positif,  le  reste  que  donnerait  la 
division  du  premier  par  le  second,  mais  changé  de  signe. 

»  Par  exemple,  si  l'on  a  Fx  =  Ax'"  -I-  . . .,  ei/x  =  ax'"~'  +  .  . .,  le  reste 
de  la  division  contient  le  terme  -t-  Aj,  tandis  que  le  terme  correspondant 
est,  pour  R,,  —  Aort^,  dans  le  coetlicient  de  x"'~^. 

»  D'ailleurs,  si  la  règle  qui  donne  R,  s'applique  aJx  et  R,  ,  puis  a  R, 
et  Rj,.. . ,  les  résultats  qu'on  obtient  ne  différent  de  R,,  R3,. .  .,  que  par  des 
facteurs  positifs.  On  trouve  ainsi 


R'„  =  n=R,, 


1^;  = 


Art,     A,a, -t- Art^  —  Aort 


R, 


{  ^54  ) 
»  Par  où  l'on  voit  que,  moyennant  la  précaution  indiquée  dans  l'établis- 
sement des  formules  fondamentales,  les  polynômes  qui  se  suivent  par  de- 
grés consécutifs  sont  comme  les  fonctions  de  Sturm  dans  le  cas  général. 
Les  conséquences  s'aperçoivent;  donc,  si  l'on  a 

F^  =  Ax'"  +  . .  .,Jjc  =  ax'"-'  -f-  . . ., 

ct.queR,,  Ro,  .  .,Ba  soient  les  polynômes  déduits  de  là  de  proche  en 
proche  suivant  la  règle  posée,  lorsque  R/,  sera  inie  constante  ou  une  fonc- 
tion ne  changeant  pas  de  signe  dans  l'intervalle  de  «  à  /3,  il  suffira  que  Y x 
et  fx  soient  dans  le  cours  de  cet  intervalle  do  signes  contraires  d'un  même 
côté  de  chaque  racine  de  Yx,  et  du  même  signe  de  l'autre,  pour  que  la 
différence  des  deux  nombres  de  variations  soit  le  nombre  des  racines  de 
Yx  comprises  entre  a  et  ^. 

»  C'est  le  théorème  de  Sturm,  quand  fx  est  la  dérivée  de  F.r. 

»   III.  —   I-es  fonctions  de  Sturm,  ou  plutôt  des  fonctions  équivalentes, 
peuvent  donc  se  calculer  comme  il  suit  : 

»  Si  l'on  pose 

V  =  Kx'"  +  A,  x'"-'  + . . .  +  A^„ 

et  qu'on  désigne  la  dérivée  V,  de  V  par 

V,  =  ax'"-'  -\-  ayx"- 
on  développera  les  équations 


-=+•..    -4-  «,„_,, 


k.T  -4-  A, 


Aî-r" 


Am 


en 


bx'"-' 


ex 


..4-  /',„_,  =0, 


avec  la  |)récaution  de  porter  les  termes  au  premier  membre. 
»  Les  lonctions  de  Sturm  reviendront  alors  à 


V,= 


V„  = 


a 

h 

a, 

X"- 

^•  + 

n 
h 

h., 

x'"- 

-'+. 

•  ■  ) 

(i 

", 

a. 

a 

<h 

n. 

h 

/', 

h.. 

x'"- 

'•  + 

h 

l>, 

h. 

X'"-' 

+  ..., 

c 

f, 

C'o 

c 

c, 

<-':i 

(  255  ) 
»  On  peut  reconnaître  que  les  premiers  coefficients  sont  là 

Oq  0(  Oo         O3 


s, 
s.. 


s,, 
s, 
s„ 


s. 
s, 

S:, 


s. 
s, 


1 

s. 

s. 

s. 

s. 

S3 

s. 

s. 

S3 

s. 

S5 

s„ 

et  ainsi,  pour  A  ^:=  i,  les  nombres /j,;,  de  M.  Borciiardt. 

»  Lorsque,  dans  la  suite  des  fonctions  de  Sturm,  se  calculant  par  divi- 
sions successives,  l'abaissement  du  degré  est  de  plus  d'une  unité,  la  corres- 
pondance dont  nous  parlons  ne  subsiste  plus;  mais  l'application  n'en  est 
pas  moins  exacte. 

»  Il  est  à  observer  que  le  calcul  peut  se  reprendre  comme  pour  V  et  V,, 
à  partir  de  deux  fonctions  consécutives  dont  les  degrés  se  suivent. 

»  IV.  —  Si  les  polynômes  Fx,  jx  ont  des  coefficients  qui  soient  des 
fonctions  entières  de  y. 

»  1"  Lorsque,  par  l'application  de  la  règle  précédente,  on  aboutit  à  un 
résultat  indépendant  de  x,  on  a,  en  l'égalant  à  zéro,  l'équation  finale  en  j\ 
concernant  l'élimination  de  x  entre  Yx  =  o,  jx  -—  o.  Pour  une  valeur 
(le j- satisfaisant  à  cette  équation,  on  obtient  toute  racine  commune  en  x 
correspondante  par  le  premier  des  polynômes  précédents,  en  remontant, 
dont  les  coefficients  ne  s'annulent  pas  pour  cette  valeur  de  /. 

»  2°  Lorsqu'on  aboutit  à  un  résultat  nul,  le  polynôme  P  qui  précède  est  un 
plus  grand  commun  diviseur  de  Y  x  cxjx^  compliqué  d'un  facteur.  Il  est 
alors  le  produit  d'un  diviseur  Y  commun  à  tous  les  coefficients  des  différentes 
puissances  de  x  et  d'un  polynôme  D.  Quant  à  l'équation  Y^=o,  c'est  l'é- 
quation l'ésultante  due  à  l'élimination  de  x  entre  les  équations  F,x  =  o, 
y,  X  =  o,  provenant  de  la  suppression  du  plus  grand  conunuu  diviseur  D.  Si 
l'on  substitue  une  racine  de  Y  =  o  dans  les  polynômes  qui  précèdent  P,  le 
premier  d'entre  eux,  dont  les  coefficients  ne  s'annulent  pas  à  la  fois,  donne, 
après  avoir  été  divisé  par  D,  toute  racine  commune  correspondante.  ;> 

THÉORIE  DES  NOMBRES.    —    Sui    la  parlUion  des  nombres. 
Note  de  M.  J.-W.-L.  Glaisiieu.  (Extrait.) 

M  Si  l'on  forme  les  dérivations  d'une  puissance  d'une  lettre,  par  exemple 
de  a\  selon  la  règle  d'Arbogast,  savoir: 

a* 

a^c,  a-b- 

a^d,(r  l)c,  (t/y^ 

a'e,  à'bd,  <rc-,  nb'C,  b* 


(  256  ) 
(en  oinetlant  les  coefficienls  dont  on  n'a  pas  besoin),  on  sait,  d'après  un 
théorème  connu  (voir  Cayley,  Pliil.   Tiaiis.,   i858,  p.   489,  etc.),  que 
chaque  terme  correspond  à  une  partition.  Ainsi,  en  prenant  a—  o,  i  =  i, 
c  =  2,  ...,  on  obtient 

o'- 


0^2,  0*1* 


o'3,  0^12,  01' 

0'4>  0^l3,  0°2-,  Ol'2, 


la  seconde  Hgne  (la  première  dérivation)  correspond  à  o  +  o  +  o  +  i,  ce 
qui  est  la  seule  partition  de  1  en  quatre  parties;  la  seconde  dérivation 
correspond  ào  +  o  +  o-na  et  o  +  o+i-f-i,  qui  sont  les  partitions 
de  2  en  quatre  parties;  et,  généralement,  la  a."'"'^  dérivation  donne  toutes 
les  partitions  du  nombre  x  en  quatre  parties,  zéro  n'étant  pas  exclu  comme 
une  partie.  De  même,  si  nous  prenons  a  =  i,  Zi  =  2,  ...,  il  est  évident 
que  la  x'"""  dérivation  de  «'  donne  les  partitions  de  jc  en  quatre  parties, 
exclusion  faite  de  zéro.  Alors,  en  représentant  le  nombre  de  termes  que 
contient  la  x"""^  dérivation  de  a''  par  4"",  et  le  nombre  de  partitions  de  x 
en  quatre  par  lies  (les  nombres  employés  étant  rt,^,c,...)  par  Q'(rt,  b,c^...)jc, 
nous  voyons  que 

4- =  Q^  (0,1,2,3,.  .).T  =  Q■^{^,9.A^,,  ..)(^  +  4)- 

»  En  outre,  d'après  un  théorème  connu, Q"(o,  1,2,3?-  ■)-^"  =  l'('  >2,3,  ..n)a-, 
où  P  (1,2,3,...  ?i)  indique  le  nombre  de  partitions  de  x  en  les  n  éléments 
1,2,3,.  .,«,  de  sorte  que,  généralement,  si  l'on  considère  les  dérivations 
de  a", 

«^■=  Q"(o,i, 2,3,. ..),r  =  Q«;i, 2,3,4, ...)(.x-  +  /;)  =  P(.  ,2,3,...,  »). 

»  De  celte  manière,  au  moyen  des  équations  aux  différences  finies,  j'ai 
calculé  les  valeurs  de  71-'  poiu-  les  valeurs  i,  2,  3,  4,  5,  6  de  n;  ces  résul- 
tats ne  sont  pas  nouveaux  :  ils  avaient  été  obtenus  autrement,  par  le  dé- 
veloppement de  lu  fonction  génératrice 

par  M.  Cayley  {Phil.  Tmiis.,  i856,  p.  i32,  et  i858,  p.  52).  Cepen- 
dant les  mêmes  principes  peuvent  être  appliqués  au  calcul  du  nombre 
de  partitions  qui  sont  d'une  forme  donnée   (par  exemple,  de  la   forme 


(  257  ) 
«H- a 4-^4- y),  moins  une  espèce  de  partitions  qui  n'a  pas  encore  été,  que 
je  sache,  examinée  d  une  manière  particulière. 

»  Considérons  a-,  et  soit  2^(a/3)  le  nombre  des  tenues  de  la  forme  a/3 
dans  la  x'"""  dérivation.  Alors,  eu  écrivant  n^  et  ses  deux  premières  déri- 
vations 

n- 

nh 
ne,  b-, 

il  est  évident  que  2^  («,'5)  =  14-2"  («^),  d'où  il  suit  que 

ou,  en  posant  «^  ^  '«i  place  do  1  +  A, 

(E^-i)«,  =  i, 
dont  la  solution  est 

où  «  et  p  sont  les  racines  carrées  de  l'unité.  Cependant  la  fonction  com- 
plémentaire peut  être  écrite  sous  la  forme  beaucoup  plus  convenable 
A-l-  B  (i,  —  i)/JC/'2i,  en  adoptant  la  notation  de  M.Cayley,  d'après  laquelle 

(Ao,  A,,  Aj,..  ,  Aa-,)pcra:, 

signifie  Ao«a  +  A,, flj,..,...  +  A^-,  flu_«+o ''^j:  étant  une  quantité  qui  égale  i, 
si  a: égale  un  multiple  de  a,  mais  qui  égale  zéro  dans  tous  les  autres  cas; 
de  sorte  que,  si  x  est  un  nndtiple  de  a,  {A„,  A,,...,  Art_,) /jcra^  repré- 
sente Ao;  si  jc  divisé  para  donne  un  reste  i,  elle  représente  A,;  si  le  reste 
est  2,  elle  représente  Aj,  et  ainsi  de  suite.  Il  y  a  aussi  quelques  liaisons 
entre  les  coefficients,  dont  je  n'ai  point  à  faire  mention  ici. 

»  Après  avoir  déterminé  les  constantes  au  moyen  des  conditions  3"  =  o, 
2'  =  i,  nous  trouvons 

2^(a|3)  =  l  [2x  +  1  +  (—  I ,  f)pcr 2.,], 

et  de  la  même  manière,  si  2'^(a-)  représente  le  nombre  de  termes  do  la 
forme  a^, 

En  employant  une  notation  semblable  pour  les  dérivations  de  a*,  nous 
avons  y  («/3v)  =  3"  {ufi-/)  +  a'  (aP),  d'où  3-  '  («fîy)  -  y  {a^y)  =  2'*'  (a/3), 

C.  R.,   I8j5,  I"  Semestre.  (T.  LX.XX,  N"  4.)  3/| 


{  a58  ) 
et  l'équafioii  aux  différences  est 

(E'-  i)i/^.=  {[2x  +  3  +  (-1,  \)pcr2^^,], 
(1  ou 

eu  déterminant  les  conslanles  par  les  conditions  3"  =  o,  3'  =  o,  3"  =  o,  il 
vient 

3-''  («l'î'/)  =  T2  [^^'  -  7  +  9  (-  '  '  0  Z'^''  2^+  8  (2,  -  I ,  -  i)  pcr3,], 

formule  qui  donne  le  nombre  de  partirons  en  trois  parties,  toutes  diffé- 
rentes, d'un  nombre x  +  3,  les  nombres  employés  étant  1,2, 3,...,  que  nous 
pouvons  représenter  par  Q'' (a/By)  (1 ,  2,3,...)  [x -j- 3).  » 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  un  point  de  la  théorie  des  surfaces.  Note  de  M.  IIalphen. 

«  Dans  une  Communication  précédente,  j'ai  établi  les  relations  qui  lient 
les  éléments  de  la  courbure  de  la  développée  d'une  surface  en  deux  points 
associés^  c'est-à-dire  centres  de  courbure  principaux  pour  un  même  point 
de  la  surface  primitive.  Je  donne  aujourd'hui  les  relations  qui  existent 
entre  les  éléments  de  cette  courbure  et  les  dérivées  partielles  du  troisième 
ordre. 

»  Soit  M  un  point  de  la  surface  (M).  Les  axes  de  coordonnées  seront  la 
normale  MZ  et  les  tangentes  MX,  MY  aux  lignes  de  courbure.  Je  désignerai 
par  des  majuscules  les  coordonnées  et  les  dérivées  partielles  relatives  à  un 
point  M'  de  (M).  Soient  m  le  centre  de  courbure  de  la  section  YMZ  et  lujc, 
mz  des  parallèles  à  MX,  MY.  En  y  adjoignant  la  droite  MZ,  qui  passe  en  w, 
j'ai  trois  axes  rectangulaires  mx,  jnj-,  niz^  auxquels  je  rapporte  les  points 
m'  de  la  nappe  [m)  de  la  développée.  Les  coordonnées  et  les  dérivées  par- 
tielles correspondantes  seront  représentées  par  des  minuscules.  Soient,  de 
même,  p.  le  centre  de  courbure  de  la  section  XMZ,  et  fj.£,  /li.Ç  des  parallèles 
à  MY,  MX.  En  y  adjoignant  MZ,  j'ai  trois  axes  p.^,  p.v7,  aÇ,  auxquels  je 
rapporte  les  points  p.'  de  la  nappe  (p.)  de  la  développée.  Les  coordonnées 
et  les  dérivées  partielles  correspondantes  seront  représentées  par  des  lettres 
grecques.  Les  droites  iiiz  et  p.Ç  sont  les  normales  à  la  développée  en  m  et 
p.;  ce  sont  les  droites  de  courbure  de  M.  Mannlieim. 

»  D'après  ces  définitions,  si  A  et  L  sont  les  distances  Mp.  et  Mm,  les 
coordonnées,  par  rapport  aux  axes  MX,  MY,  MZ,  seront  pour  m'  :  .r,  z, 
j  ■+•  L;  et  poiM'  p.'  :  Ç,  2,  /j  H-  A.  Si  je  suppose  que  m'  et  p.'  soient  les  cen- 


(    2^9    ) 

très  de  courbure  principaux  pour  M',  ces  trois  points  sont  en  ligne  droite, 
et  j'ai 

«  Pour  la  position  initiale  de  la  figure,  c'est-à-dire  M'  coïncidant  avec  M, 
je  tire  de  là 

(  I )  {\-L)dX=  Adr,     (L  -  A)  dY  =  hdi. 

»  Je  considère  maintenant  le  point  M'  comme  l'origine  de  nouveaux 
axes,  que,  pour  abréger,  j'appelle  axes  M',  et  qui  sont  les  tangentes  aux 
lignes  de  courbure  et  la  normale  à  (M)  en  M'.  J'exprime  les  dérivées  par- 
tielles du  second  ordre,  relatives  au  point  M'  et  aux  axes  M,  en  fonction 
des  mêmes  dérivées,  relatives  au  même  point  et  aux  axes  M'.  Je  distingue 
ces  dernières  par  des  accents,  et  je  représente  par  «,  |3,  y;  a',  •■  les  co- 
sinus directeurs  des  axes  M'  par  rapport  aux  axes  M.  J'obtiens  facilement 

j  7"'R  =  [af-  ■/«")-  R'  +  («'7"-  7'«")-T', 

(2)  7'"S  =(av"-7«")(|37"-7r^")R'  +  ('>''7"-7'«")(PY-7'ri")T', 
(  7'"T  =  (/37"  -  7/5")^  R'  +  (,^'7" -  ■/ [^"YT . 

1)  Je  différentie  ces  équations,  et  j'attribue  ensuite  aux  variables  les  va- 
leurs initiales.  Le  résultat  de  cette  opération  se  réduit  à 

(3)  d^  =  dW,     dS  =  dv:  (T'  -  R'),     c/T  =  dV. 

»  J'emploie  la  première  et  la  troisième  de  ces  équations  seulement. 
Comme  R'  et  T'  sont  les  inverses  des  rayons  de  courbure  principaux  en  M', 
j'ai 

•y"  -" 

R'  =  — 4 ^,     T'=- 


A  —  Z  >!    t-  L  —  Z 

d'où,  pour  la  position  initiale, 

»  Soient  A,  B,  C,  D  les  dérivées  partielles  du  troisième  ordre;  je  déduis 
des  équations  (3) 

A-  W 

OU,  à  cause  des  équations  (1), 

(4)  k\.^dx-V,hA.-di+[K-h)dr,=o,  \)W d^c,-CK\rdx+{\.-A.)dj=o. 

»  Dans  ma  précédente  Communication,  j'ai  employé  les  relations  sui- 

3/,.. 


(  26o  ) 
vantes,  qui  expriment  simplement  que  la  droite  w^x  se  déplace  en  restant 
tangente  aux  nappes  (m),  (a)  de  la  développée 

djc-h  {A  —  h)  ((jWë  -h  T^y;)  =o,     d£-h{L  —A)  [sdx  -h  tdj)  —  o. 

»   Il  suffit  de  les  comparer  aux  équations  [l\)  pour  conclure 

M  Ce  sont  les  équations  que  je  nie  proposais  d'établir.  Elles  donnent  les 
éléments  du  troisième  ordre  de  la  surface,  sans  ambiguïté,  en  fonction  des 
éléments  du  second  ordre  des  deux  nappes  de  la  développée.  Récipro- 
quement, ceux-ci  sont  déterminés,  sans  ambiguïté,  en  fonction  des  pre- 
miers, comme  on  lo  voit,  en  joignant  aux  équations  (5)  les  deux  relations 
de  M.  Mannheim,  établies  dans  ma  Communication  précédente.  Ces  deux 
relations  peuvent  être  démontrées  de  nouveau,  au  moyen  de  la  deuxième 
équation  (3),  dont  je  n'ai  pas  fait  usage. 

»  Remarques.  —  i°  Les  expressions  de  A  et  D  prouvent  que  le  plan. d'une 
section  principale  coupe  la  développée  suivant  une  courbe  osculatrice  à  la 
développée  de  celte  section  (*). 

>)  2°  Les  expressions  de  B  et  C  peuvent  être  mises  sous  la  forme 


oùp,  et  p;,  r,  et  r^  sont  les  rayons  de  courbure  principaux  de  la  déve- 
loppée en  fj.  et  m. 

»  3"  La  méthode  employée  dans  cette  Note  est  celle  du  déplacement 
d'un  solide,  dont  M.  Mannheim  a  tant  de  fois  montré  la  fécondité,  no- 
tamment dans  cet  ordre  de  recherches. 

»  4°  I-es  courbures  des  deux  branches  de  la  section  faite  dans  une  sur- 
face par  un  plan  tangent  dépendent  des  dérivées  du  troisième  ordre.  Dans 
le  cas  particulier  où  ces  deux  courbures  sont  nulles  à  la  fois,  on  trouve 
les  deux  équations 

p,p,=  _3(L-A)^^,      /•,r,  =  -3(A-L)='^. 
»  Ces  équations  ont  constamment  lieu  si  la  surface  proposée   est  du 


(*)   Voir,  à  ce  sujet,  les  Recherches  géométriques  sur  le  contact  du  troisième  orarr,  par 
M.  Mannheim. 


■  (  2^3'  ) 

second  degré.  Dans  les  autres  cas,  elles  se  rapportent  aux  points  en 
lesquels  il  existe  des  surfaces  de  ce  degré  ayant  avec  la  proposée  un  contact 
du  troisième  ordre.  » 

ANALYSE.  —  Sur  une  formule  de  transformation  des  fondions  elliptiques. 
Note  de  M.  J.  Brioschi,  présentée  par  M.  Hermite. 

«   Dans  ma  première  Communication   sur  le  même  sujet,  publiée  au 

n°  19  (9  novembre  1874)  des  Comptes  tendus,  \q  me  suis  réservé  d'exposer 

quelques  |iropriétés  des  équations  modulaires  relatives  à  la  transformation 

des  fonctions  elliptiques  de  la  forme 

dx  , 

-  =  an. 


»  .le  vais  considérer  premièrement  l'équation  du  sixième  degré  qu'on 
obtient  pour  la  transformation  du  cinquième  ordre,  équation  qui,  en  po- 
sant a^  —  —  -ix   dans  celle  de  ma  Noie  du  9  novembre,  prend  la  forme 

5 

»  Le  premier  membre  de  cette  équation  a  une  propriété  remarquable, 
parce  qu'il  ne  diffère  que  d'une  quantité  constante  du  covariant  sextique 
d'une  certaine  forme  du  quatrième  degré.  En  effet,  en  considérant  la  forme 
biquadratique 

/=  (O,   I  ,    O,    -   igj,    -  gs)  (Xo,  X.)', 

on  a  vu  que  ses  invariants  sont  les  invariants  go,  gsj  et  ses  covariants  /?,  ô 
biquadratique  et  sextique  ont  la  forme 

/i  =  -  \{X\   +  \%iX\f  +  2g 3  X,  X\\ 

(i  =  x\-  fgj  x\  x\  -  5g,  x\  x\  -  -^g^  x\  x\ 

Tê^2  &3  '^l   "^'2  Ï^S  '"-'  1    +   |Î0  2  ^^2  ? 

par  conséquent,  l'équation  (i)  peut  prendre  la  forme 

(5(2,  i)=:^ô     en  faisant     ^  =  %\-'^']g\- 

.)  Cela  posé,  si  l'on  se  rappelle  qu'entre  une  forme  biquadratique,  ses 
covariants  et  ses  invariants,  a  lieu  la  relation  4  /*'  —  g2  hf--\-  gjj  '  r=  —  4  5% 
on  aura 

4A»-g.V'-^&3/'=-|i^ 


(    202    ) 

OU,  en  indiquant  par  e,,  e^,  r,  les  racines  de  l'équation  ^e^  —  g^c  ~ g^  =  o, 
on  pourra  donner  à  l'équation  modulaire  (i)  la  forme 

A^A  +  cj)  {h  +  r,f)  [h  +  e,f)  +  5'  ^.  o. 

Mais  si,  dans  les  formes  y,  h,  on  pose  a ,  =  2,  Xn  =  1 ,  on  a,  après  quel- 
ques réductions, 

-(/^  +  ^,/)=[(z-e,)=-£,]^     où     c,  ==3eî-|g„ 

et  semblablement  en  changeant  e,  en  e^,  <'j.  On  a  donc  enfin  comme  trans- 
formée de  l'équation  (i),  la  suivante  : 

[(.  -c,y-s,]  [{z  -  e,Y  -  e,]  [{z  -  e,r  -  ^.)  =  ^  5, 

ou,  en  posant  <p^  =  4[7  —  e^)"  —  >>],  l'équation 

(2)  ^,02?3    =    5. 

••  Les  fonctions  quadratiques  f  sont  douées  des  propriétés  bien  connues 
dans  la  théorie  des  formes  binaires  (voir  Théorie  der  binàreii  algebraischen 
formen,  von  A.  Clebsch,  p.  45).  Je  ne  rappellerai  que  celles  qui  peuvent 
avoir  des  rapports  avec  le  problème  qu'on  considère  ici. 

»  Si  l'on  pose  a,  =  60  —  C3,  «j  =  ^3  —  e,,  7.3  =  e,  —  e.,,  on  a  les  deux 
relations  suivantes  : 

„  1     «,?,-*-  «2  O2    +   î^3  «Ps    =2  V^  =   8«,  «,«3, 

et  en  faisant   |oX,  =«,9,,     pX2  =  ao(]?n,     pXj^^aj'p^j,   on  en  déduit  que 
l'équation  (2)  peut  prendre  la  forme  d'une  cubique  ternaire 

(X,    +    X3+X3)'-32X,X.,X3=::   O, 

la  seconde  des  relations  (3)  devenant 

-X?  +  -X?  +  '  X^  =  o. 
Ensuite,  en  observant  que  les  équations  (3)  donnent 


<Pa  =  0,  4-  He,  -t-  4'>:3  Vy  +  A^M      ?;)  =  ?!  +  8:,  -  /(«^  y'y  + /je, , 
on  aura,  pour  une  quelconque  des  fonctions  9, 

9  [(9  +  Se)-  +  iGe  (ip  -h  4s)  +  i2e(9  -h  81)  y?  -+-  4^]  —  0, 


(a63) 

par  laquelle  on   parvient  aux  transforinres  nouvelles  de  l'équation  nio- 
dulaire 

{z-eY+6e{z-eY+5B{z-ey-5r{z-eY-6eB'{z-e)-s.'=  ~o, 

en  posant  successivement  pour  e,  £  les  (|uantités  c,,  e,  ;  e^,  i,;  e^,  £3. 
»  Mais,  comme  on  le  démontre  facilement,  on  a 


7-ô-=-c'-f-?e»^^ 


I 


par  conséquent,  en  divisant  les  termes  de  cette  dernière  équation  par 

(z  —  ey  et  en  posant  rj  =  ■—^,  on  obtient,  après  quelques  réductions,  la 
suivante  : 

7*  -+-  169^  +  809'  —  ^20v.-q-  —  256aVy  —  256a'  =  o, 


ou 


r/'  +  loq^  —  32«-  +  2  (f/-  —  Sol')  yVy  +  5  =  o, 
en  posant  a  =  -p- 

»  Enfin,  si  l'on  fait  \'q  +  5  =  7—2,  ou  j^'  =  2  4-  i/  "_    -,  on  arrive  à 

l'équation  cherchée 

{J-OMj-5)-4cj  =  o, 

dans  laquelle  c  =  f\  [cr  —  4)  =  7  -^  et  qui  a  la  forme  de   l'équation  du 

multiplicateur  dans  la  tra'nsformation  du  cinquième  ordre. 

»  2"  On  peut,  du  reste,  parvenir  à  celte  dernière  transformation  de 
ré(juation  modulaire  du  sixième  degré  ;ui  moyeu  d'une  formule  géuéiale 
qui  douue  les  relations  entre  les  coefficients  a^,  a.j,  a^  du  j)olynôme  T  de 
ma  première  Communication,  et  les  quantités  B,  B,,  B.>,  introduites  par 
Jacobi  dans  la  théorie  de  la  transformation  des  fonctions  elliptiques. 

»  Dans  ma  Note,  présentée  à  l'Académie  le  9  novembre  187/j,  on  avait 

T  =  x"  -+-  a^  x"'-'  -+-  n.x'-'^  +  ...  +  «,; 
d'autre  part,  on  trouve  facilement  que 

ï  =  ^  r  B,  [x  -  ey  -  B,_,  v'7(x  -  ey-'  -i-  . .  ^ 

+  (-.)■'  ' i^v-, i~[x-c)+{-i y^J ], 


{  a64  ) 
par  conséquent  on  aura 

«.  =  -vc—  ^  V£» 


v(v  — »)    ,        ,  ,     Bv_,    r        Bv_5 


,(v_i)(v_2)^,         fv-l)(v-2)^,  B,._,      -         ,  _^^     B,.^ 

2.3 


«.,  =  - -^. '  e'  -  ■ e ^  ^  V  ^  -  (  V  -  2  )  e  :^  =  -  -^  £S 


ainsi  de  suite. 

»  La  première  de  ces  relations,  en  posant  a^=  ~  vz,  donne 

de  laquelle  en  posant   q  =  z'ZT.''    'z  =  "7='  on  déduit 

,      B. 

^  =  ^'^^B:r,- 

I  B  f\ 

Pour  «  =  3,  on  a  v  =  1,  et  -  7  =  — '  =:  ^  V/l'  ^  ^'^^^  1®  multiplicateur,  A,  X 
les  modules.  On  aura  ainsi,  comme  il  est  connu,  l'équation 


ou 


6i                         ,     I   -t-  X-         V^  o 

, -,  —  4  — 1 >>  =  o. 


(z  —  cf  [z—e)'  A       z  —  e 

Celle  dernière,  si  l'on  suppose  — j—  =  a,  donne,  après  quelques  réductions, 
la  suivante  déjà  calculée  dans  ma  première  Note  : 

^4  -  iè'2  z'  -  g:.  Z  -  -hi^l  =  O. 

Pour  n  =  5  on  a 

v  =  2     et     r/  =  4(z-; 

mais,  en  posant  7'  =  ît  =  Ç\/t'  o''  trouve 

'^°'b'^-^''~  ^^'  ~  '' 
par  conséquent 

7  +  5  =  (9 -2)», 

comme  on  a  démontré  ci-dessus.  Dos  résultats  analogues  existent  pour  les 
équations  correspondant  à  des  transformations  d'ordre  supérieur.  » 


(  265  ) 

CHIMIE  AGRICOLE.  —    Dosarje  de  l'nmmoniacjne  almosphéiique. 
Note  de  M.  Tii.  Sciihesixo. 

«  La  nirthode  qu'on  a  toujours  employée  pour  doser  l'animoniaque  at- 
mosphérique consiste  à  iaire  passer  un  volume  mesuré  d'air  à  travers  des 
appareils  d'absorption  chargés  de  fixer  l'alcali.  Je  n'en  connais  pas  de  plus 
simple,  et  je  n'en  ai  pas  cherché  d'autre.  Je  me  suis  proposé  seulement  de 
modifier  les  moyens  d'exécution,  de  manière  à  pouvoir  opérer  en  peu  de 
temps  sur  de  grandes  masses  d'air.  Avec  les  appareils  en  usage  dans  les 
laboratoires,  le  débit  de  l'air  ne  dépasse  pas  quelques  litres  à  l'heure  :  on  se 
trouve  donc  dans  la  fâcheuse  alternative  d'opérer  sur  des  quantités  d'air 
très-limitées,  ou  de  prolonger  l'expérience  pendant  phisieurs  jours,  ou 
même  plusieurs  mois,  à  l'exemple  de  M.  Is.  Pierre. 

»  Dans  le  premier  cas,  la  dose  d'ammoniaque  fixée  est  tellement  faible, 
qu'on  ne  peut  plus  compter  sur  l'exactitude  de  sa  détermination;  dans  le 
second  cas,  il  faut  renoncer  à  étudier  les  variations  de  l'alcali  aérien  dans 
des  périodes  de  temps  rapprochées;  le  résultat  de  l'analyse  n'est  qu'une 
moyenne  applicable  à  un  certain  nombre  de  jours  consécutifs. 

»  L'appareil  que  j'ai  construit  permet,  au  contraire,  de  doser  en  quel- 
ques heures  l'ammoniaque  contenue  dans  3oooo  litres  d'air.  Il  est,  en 
même  temps,  d'une  extrême  simplicité. 


»  Une  cloche  à  douille  A,  en  verre,  d'une  capacité  de  3  litres,  fermée 
par  un  disque  de  platine  exactement  emboité  sur  ses  bords  et  percé  de 
3oo  trous  de  .V  millimètre,  repose  sur  trois  calles  en  verre  à  vitre,  dans  un 


C.R.,  187^,  l'-r  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  4.) 


35 


(  a66  ) 
vase  B,  à  fond  plat,  un  peu  plus  large  :  ce  vase  porte  une  large  tubulure 
reliée  à  un  gros  tube  C  chargé  de  puiser  l'air  au  dehors.  L'espace  compris 
entre  la  cloche  et  le  vase  est  fermé,  au-dessus  de  la  tubulure,  par  un  tube 
annulaire  en  caoutchouc,  auquel  est  soucié  un  petit  tube  muni  d'un  robi- 
net, et  communiquant  avec  un  réservoir  d'eau  :  sous  une  charge  de  3  à 
4  mètres,  le  caoutchouc  se  gonfle  instantanément  et  forme  un  joint  parfait. 

»  Versons  maintenant  dans  la  cloche  3oo  centimètres  cubes  d'eau  pure 
aiguisée  d'acide  sulfurique,  et  faisons-la  communiquer  par  sa  douille  avec 
un  appareil  d'aspiration  d'une  puissance  convenable.  L'air,  arrivant  par  le 
tube  C,  se  répand  alors  entre  la  cloche  et  le  vase,  passe  entre  les  deux  fonds 
en  chassant  l'eau  devant  lui,  et  pénètre  dans  la  cloche  par  les  3oo  trous 
du  disque  de  platine.  Le  barbotage  ainsi  produit  est  tellement  énergique, 
que  le  liquide  n'a  plus  le  temps  de  se  réunir  en  couche  au  fond  de  la  cloche  ; 
il  est  employé  tout  entier  à  former  les  parois  de  bulles  entassées  en  forme 
de  mousse  sur  une  hauteur  de  20  à  aS  centimètres. 

»  Lorsque  le  temps  consacré  au  barbotage  est  écoulé,  on  extrait  le  li- 
quide, et  on  le  distille  sur  la  magnésie  pour  y  doser  l'ammoniaque. 

»  Quand  on  veut  étudier  la  diffusion  de  l'ammoniaque  dans  l'air,  il  ne 
suftJt  pas  de  chercher,  dans  un  seul  lieu,  les  relations  entre  la  quantité  de 
l'alcali  et  les  météores  aqueux,  les  vents,  la  température,  les  saisons  :  il 
faut  encore  prévoir  des  déplacements,  parce  que  les  variations  de  l'ammo- 
niaque doivent  être  liées  aussi  avec  la  latitude  et  la  hauteur  des  stations,  avec 
leur  proximité  des  villes,  de  la  mer....  Il  fallait  donc,  en  vue  de  faciliter 
les  transports  et  la  rapidité  des  installations,  simplitier  autant  que  possible 
les  appareils  d'aspiration  qui  doivent  accompagner  le  barboteur.  J'ai  eu 
recours  à  l'entraînement  de  l'air  produit  par  un  jet  de  vapeur  lancé  dans 
un  tube.  Tout  l'appareil  se  réduit  ainsi  à  une  très-petite  chaudière  en 
cuivre,  d'une  capacité  totale  de  12  litres,  munie  d'un  niveau  d'eau,  d'un 
indicateur  de  pression  à  mercure,  d'une  pompe  alimentaire,  et  établie  sur 
l'un  de  ces  fourneaux  en  fonte  en  usage  dans  les  petits  ménages.  Elle  vapo- 
rise de  2  à  2^^, 5  par  heure.  La  vapeur  est  lancée  par  un  mince  tube,  légè- 
rement conique,  dont  l'orifice  a  2  millimètres,  dans  un  ajutage  en  verre 
qui  est  relié  avec  la  douille  du  barboteur  par  lui  long  boyau  de  caout- 
chouc. 

»  Il  était  indispensable  de  tarer  le  débit  de  l'air  par  mon  ajutage  pour 
une  pression  donnée  de  la  vapeur  et  une  quantité  d'eau  convenue  versée 
dans  le  barboteur.  Après  quelques  essais  préliminaires,  j'ai  adopté  la  pres- 
sion de  3o  centimètres  de  mercure  et  luie  quantité  d'eau  de  3oo  centimètres 


(  267  ) 
cubes  :  il  restait  à  mesurer  le  débit  correspondant.  Je  ne  pouvais  le  faire  en 
interposant  un  compteur  sur  le  trajet  de  l'air;  cet  a|)pareil  aurait  modiBé 
les  conditions  de  vitesse  de  l'air  dans  les  conduites.  Je  n'avais  pas  à-  ma 
dis|)osition  quelque  grand  gazomètre  que  j'aurais  placé  à  l'origine  du  cou- 
rant d'air.  J'ai  eu  recours  à  la  méthode  île  jaugeage  des  fluides  que  j'ai 
publiée  dans  les  Comptes  rendus  en  i8()3,  et  qui  reçoit,  dans  le  cas  présent, 
une  application  très-simple.  Au  moyen  d'un  tube  très-fin,  je  puise,  pendant 
plusieurs  heures,  une  petite  portion  du  mélange  d'air  et  de  vapeur  lancé 
par  l'ajutage  ;  je  condense  la  vapeur,  et  je  mesure  l'eau  obtenue  ;  je  mesure 
aussi  l'air  recueilli  dans  un  grand  vase  en  verre  :  ayant  ainsi  le  rapport 
entre  l'eau  vaporisée  et  l'air  entraîné,  il  ne  me  reste  pUis  qu'à  mesurer  l'eau 
d'alimentation  employée  pendant  un  certain  nombre  d'heures. 

»  J'ai  à  peine  besoin  défaire  observer  que  ces  déterminations  sont  faites 
au  laboratoire,  et  qu'ensuite,  dans  les  divers  lieux  d'observation,  on  se 
borne  à  reproduire  les  conditions  de  marche  qui  les  ont  fournies,  ce  qui  ne 
présente  aucune  difBculté. 

»  J'arrive  maintenant  à  la  question  capitale,  celle  de  savoir  jusqu'à  quel 
point  le  barboteur  absorbe  les  traces  d'ammoniaque  diluées  dans  de  l'air 
qui  traverse  l'appareil  à  raison  de  ZjSoo  litres  à  l'heure,  et  qui  ne  séjourne 
au  contact  du  liquide  que  pendant  deux  secondes  au  plus. 

»  Pour  résoudre  cette  question,  je  devais  dépouiller  l'air  de  toute  trace 
d'ammoniaque,  y  introduire  une  quantité  connue  et  très-petite  de  cet  alcali, 
puis  le  faire  barboter  dans  l'appareil,  et  voir  ce  que  je  retrouverais  d'am- 
moniaque dans  mon  liquide. 

»  Le  courant  d'air  a  donc  été  dépouillé  d'ammoniaque  dans  une  colonne 
de  5  mètres  de  haut  sur  f\o  centimètres  de  large,  composée  de  tuyaux  de 
grès  Doulton,  et  remplie  de  menus  fragments  debraise  de  boulanger  imbibée 
d'acide  sulfurique  étendu.  A  l'issue  de  cette  colonne,  il  recevait  une  dose 
d'alcali  distribuée  par  le  procédé  suivant  :  un  flacon  de  Mariotte  rempli 
d'ammoniaque  liquide  tros-diluée  la  laissait  tomber  lentement  et  réguliè- 
rement dans  un  serpentin  de  verre  placé  dans  un  bain  deau  à  température 
constante  :  de  là,  le  liquide  passait  dans  une  carafe  bouchée.  En  même 
temps,  de  l'air  pur,  débité  par  une  petite  trompe  à  eau,  circulait  de  bas  en 
haut  dans  le  serpentin,  prenait  dans  ce  trajet  une  faible  quantité  de  gaz 
ammoniac,  et  débouchait  dans  un  mélangeur,  où  il  rencontrait  le  grand 
courant  d'air  :  le  mélange  passait  ensuite  dans  le  barboteur.  11  est  bien 
clair  que  le  dosage  d'ammoniaque  dans  le  liquide,  avant  et  après  son  pas- 
sage dans  le  serpentin,  indiquait,  par  différence,  la  quantité  d'alcali  fournie 

35.. 


(  a68  ) 
à  l'ciir.  Toutes  ces  circulations  de  gaz  et  de  liquide  étaient  continues  et 
constantes. 

»  J'ai  pu  introduire  de  la  sorte,  dans  des  volumes  d'air  considérables, 
des  quantités  d'ammoniaque  extrêmement  faibles  et  pourtant  exactement 
mesurées. 

»  Deux  expériences  préliminaires  à  blanc,  c'est-à-dire  sans  introduction 
d'ammoniaque,  dans  lesquelles  toutes  les  opérations  prévues  ont  été  exécu- 
tées, ont  donné,  au  dosage,  l'équivalent  de  o'^^^iG  d'ammoniaque,  repré- 
sentant l'ammoniaque  contenue  dans  les  3oo  centimètres  cubes  du  barbo- 
teur  et  dans  l'air,  après  sou  passage  à  travers  la  colonne,  la  soude  et  la 
chaux  cédées  par  le  condenseur  en  verre  pendant  la  distillation....  Cette 
quantité  de  o™^',  ifo  d'ammoniaque  a  été  retranchée,  à  titre  de  correction, 
de  tous  les  résultats  obtenus  dans  les  expériences  de  vérification. 

»  Voici  maintenant  ces  résultats  : 


Durco 

Quanlitc 

Ammoniaque 

Amnioni.iqiie 

Ammoniaque 

Ammoniaque 

dcr 

cspériencc. 

d'air. 

i^ruduilc. 

dans  i"":. 

dosée. 

Co 

rreetioii. 

corrigcc. 

1. 

6'' 

57  •» 

33oooi" 

lugr 

33, y 

mgr 

.,o3 

31,67 

0,  16 

mgr 

3i,5i 

2. 

7 

id. 

13,93 

0,42 

'^■>97 

id. 

12,81 

3 

1 

id. 

5,49 

0,17 

5,20 

id. 

5,04 

4. 

1 

id. 

2,5l 

0 ,  07G 

2,46 

id. 

2,3o 

5. 

1 

34000 

1,12 

o,o33 

1,07 

id. 

0,()I 

»  Ainsi,  dans  les  limites  de  mes  expériences,  c'est-à-dire  quand  l'air 
contient  de  o™s'',o3  à  i  milligramme  d'ammoniaque  par  mètre  cube,  je  puis 
fixer  dans  mon  barboleurune  proportion  de  l'alcali  comprise  entre  les  \  et 
les  YZ  de  la  quantité  totale. 

»  Il  faut  que  les  molécules  de  gaz  ammoniac,  libre  ou  carbonate,  se 
détendent  bien  rapidement,  malgré  la  résistance  du  milieu  où  elles  sont 
disséminées,  pour  que  l'absorption  atteigne  une  telle  proportion.  Cette 
extrême  mobilité  de  l'ammoniaque  au  sein  de  l'air  permet  de  concevoir 
comment  les  végétaux  et  les  sois  peuvent  en  puiser  des  quantités  notables, 
malgré  son  état  d'extrême  dilution.   » 

CIIJMIE  PliYSlOLOGlQuic.    —    Sur  la  présence  du  cuivre  daiis  l'organisme. 
Note  de  MM.  liriiGEnoN  et  L.  L'Hôte,  présentée  par  M.  Peligot. 

«  Depuis  les  travaux  d'Orfila,  on  sait  que  les  poisons  minéraux  ont  la 
propriété  de  se  localiser  dans  les  grands  appareils  do  séciétion,  le  foie  et 
le.s  reins.  Nous  avons  constaté  récemment,  dans  lui  double  empoisonne- 


(  269  ) 

ment  aigu  par  les  sels  de  cuivre,  que  la  totalité  du  cuivre  absorbé  se  re- 
trouvait dans  ces  organes  sécréteurs,  et  nous  nous  sommes  demandé  si  le 
corps  bumain  renferme  ce  métal  localisé  dans  ces  mêmes  organes.  Les 
documents  publiés  dans  les  ouvrages  de  toxicologie  sur  cette  question  étant 
fort  contradictoires,  nous  avons  exécuté  une  série  d'expériences  dont  nous 
présentons  les  résultats  à  l'Académie. 

»  Nos  rechercbes  ont  porté  sur  quatorze  cadavres  dont  nous  connais- 
sions parfaitement  l'origine.  Chaque  analyse  a  été  effectuée  sur  une  masse 
organique  pesant  de  800  à  1000  grammes  et  comprenant  la  moitié  du  foie 
et  un  rein.  Nous  avons  évité  avec  le  plus  grand  soin  l'introduction  des  plus 
petites  traces  de  cuivre.  A  cet  effet,  le  cadavre  reposant  sur  une  table  de 
bois,  les  organes  extraits  étaient  reçus  dans  un  bocal  et  portés  au  labora- 
toire, dans  une  chambre  spéciale  où  il  n'y  avait  pas  de  cuivre.  Les  ba- 
lances, fourneaux  à  gaz,  robinets  et  bain-marie  étaient  en  fer;  les  réactifs, 
le  papier  à  fdtre  et  l'eau  distillée  ont  été  essayés  à  blanc  dans  celte  même 
chambre. 

»  Voici  la  marche  adoptée  pour  la  constatation  du  cuivre  :  les  organes 
étaient  préalablement  chauffés  dans  une  grande  capsule  de  porcelaine,  jus- 
qu'à dessiccation  et  carbonisation  ;  l'incinération  du  charbon  se  faisait  au 
moufle  à  une  basse  température.  Les  cendres,  traitées  par  l'acide  azotique, 
évaporées  à  sec  et  reprises  par  l'eau,  ont  donné  une  dissolution  qui  a  été 
neutralisée  par  un  excès  d'ammoniaque.  La  liqueur,  séparée  du  précipité 
par  filtration,  puis  concentrée  et  légèrement  acidifiée  par  l'acide  azotique, 
était  saturée  par  un  courant  de  gaz  acide  sulfhydrique.  Dans  les  quatorze 
analyses,  on  a  obtenu  un  faible  précipité  brunâtre,  dont  le  poids  ne  pou- 
vait être  déterminé  à  la  balance,  et  qui  présentait  les  caractères  chimiques 
du  sulfure  de  cuivre.  Ce  précipité,  traité  par  l'acide  azotique,  a  fourni  une 
dissolution  donnant  les  réactions  des  sels  de  cuivre  avec  une  aiguille  d'a- 
cier, l'ammoniaque  et  le  prussiate  de  potasse. 

»  Pour  apprécier  la  proportion  de  cuivre  contenue  dans  ce  précipité, 
nous  avons  employé  une  méthode  coloriniétrique  basée  sur  la  teinte  bleue 
que  donne  l'ammoniaque  avec  les  sels  de  cuivre.  En  partant  d'une  lifjueur 
titrée  de  cuivre  au  ,o'oo  préparée  avec  du  cuivre  galvanique,  on  peut  con- 
struire une  gamme  de  colorations  très-nettes,  accusant  depuis  2  milli- 
grammes jusqu'à  ^  milligramme. 

»  En  opérant  sur  des  vohunes  identiques  de  liquide  dans  des  tubes  de 
même  verre  et  do  même  diamètre,  on  arrive  à  doser  assez  exactement  de 
très-petites  quantités  de  cuivre.  Si  la  quantité  de  cuivre  est  inférieure  à 


(  270  ) 

^milligramme,  la  méthode  calorimétrique  n'indique  plus  rien;  mais, 
avec  le  prussiate  jaune  de  potasse,  on  obtient  encore  la  coloration  rouge 
caractéristique. 

»  Les  résultats  obtenus  ont  été  les  suivants  : 

»  Chez  deux  individus  âgés  de  17  ans,  cuivre  non  dosé,  mais  constaté 
avec  le  prussiate  jaune  de  potasse; 

»  Chez  onze  individus  âgés  de  26  à  58  ans,  cuivre  dosé,  quantité  maxiraa 
I  milligramme  et  quantité  minima  o"sr,  y  ; 

»   Chez  un  individu  de  78  ans,  cuivre  dosé  ^"^^5, 

»  Pour  compléter  ces  études,  nous  avons  recherché  le  cuivre  dans  les 
foies  provenant  de  six  fœtus,  et  dans  tous  nous  avons  constaté  la  présence 
de  ce  métal. 

»  Le  cuivre  préexistant  dans  l'organisme  est  apporté  sans  aucun  doute 
par  l'alimentation.  L'emploi  de  la  vaisselle  de  cuivre,  les  aliments,  le  con- 
tact journalier  d'objets  de  cuivre  et  de  monnaies  de  billon ,  etc.,  introduisent 
dans  nos  organes  des  traces  de  cuivre  dont  la  plus  grande  partie  est  éli- 
minée; mais  il  reste  fixé  à  un  état  de  combinaison  non  encore  défini  une 
petite  quantité  de  cuivre  dans  le  foie  et  dans  le  rein,  et  cela  quels  que 
soient  l'âge,  le  sexe,  les  conditions  d'existence.  Dans  nos  expériences,  nous 
avons  constaté  deux  points  importants  :  présence  constante  du  cuivre  qu'on 
ne  retrouve  que  dans  le  foie  et  le  rein  en  quantité  appréciable,  et  en  second 
lieu,  détermination  de  celte  quantité  de  cuivre  qui,  pour  la  masse  totale  du 
foie  et  des  reins,  ne  s'élève  pas  au-dessus  de  2  |  milligrammes  à  3  milli- 
grammes, et^  dans  le  plus  grand  nombre  de  cas,  n'atteint  pas  2  milli- 
grammes.   » 

EMBRYOGÉNIE.  —  Des  phénomènes  généraux  de  C embryogénie  des  Némerliens. 
Note  de  M.  J.  Barrois,  présentée  par  M.  de  Quatrefages. 

«  Parmi  les  nombreux  obstacles  qu'on  rencontre  à  chaque  pas  dans  les 
recherches  d'embryogénie,  il  n'en  est  pas  de  plus  sérieux  que  celui  que 
présente  la  multiplicité  de  formes  larvaires  dans  un  même  groupe  d'ani- 
maux. Ces  divergences,  souvent  très-étendues  dans  les  premiers  stades  du 
développement,  empêchent  de  prendre  ceux-ci  pour  point  de  départ  dans 
l'appréciation  des  phénomènes  subséquents;  par  suite,  toute  déduction 
tirée  du  mode  de  développement  devient  impossible,  et  l'embryogénie,  cet 
auxiliaire  si  puissant  de  l'Anatomie,  semble  faire  entièrement  dt'faul. 

»  Aussi  est-il  de  la  plus  haute  importance  d'arriver  à  la  connaissance 


(  271   ) 
des  rapports  mutuels  qui  relient  ces  différentes  formes  larvaires.  C'est  ainsi 
que  Fritz  Mûller  a  montré,   par  l'embryogénie  du  Penetis,  les  liens  qui 
unissent  entre  eux  le  Nniij)lius  et  la  Zœd. 

»  Entre  tous  les  groupes  qui  présentent  ce  mode  de  complication,  les 
Némertes  nous  offrent  certainement  un  des  cas  les  plus  remarqualjjes.  A 
côté  de  la  forme  Pdidium,  constituant  l'un  des  exemples  les  plus  typiques 
de  généagénèse,  se  trouvent  de  nombreuses  larves  qui,  sans  aucun  phéno- 
mène analogue,  passent  directement  à  l'état  adulte;  d'un  côté,  on  a  un 
animal  transparent,  garni  d'élégants  prolongements  et  de  bandes  ciliaires, 
et  que  les  anciens  observateurs  avaient  tout  naturellement  comparé  aux 
larves  si  connues  des  Echinodermes.  De  cette  première  ébauche  naît  par 
bourgeonnement  interne  le  futur  Némerte,  qui,  sitôt  formé,  quitte  sa  nour- 
rice pour  vivre  d'une  vie  indépendante.  De  l'autre  côté,  au  contraire,  on 
voit  sortir  de  l'œuf  une  petite  larve  cdiée  très-peu  compliquée,  simple  masse 
ovale,  opaque,  peu  différente  en  apparence  île  l'œuf  même  qui  lui  a  donné 
naissance  (larve  de  Desor),  et  qui,  sans  aucun  autre  phénomène  appréciable 
qu'une  simple  différenciation  des  tissus,  se  transforme  graduellement  en  un 
Némerte  complet. 

»  Pendant  un  séjour  de  plusieurs  mois  que  j'ai  fait  l'été  passé  au  labo- 
ratoire de  Zoologie  de  Wmiereux,  dirigé  par  M.  le  professeur  Giard,  j'ai  été 
à  même  de  m'occuper  de  cette  question  d'une  manière  suivie;  ce  sont  les 
résultats  de  mes  recherches  à  ce  sujet  que  j'ai  l'honneur  de  communiquer 
à  l'Académie. 

»  A  côté  d'un  grand  nombre  de  formes  larvaires  peu  importantes  de 
larves  de  Desor,  qui  atteignent  peu  à  peu  leur  développement  complet  sans 
présenter  aucun  phénomène  anormal,  j'ai  eu  le  bonheur  de  rencontrer 
quelques  formes  d'un  grand  intérêt  qui,  outre  un  grand  nombre  de  faits 
des  plus  instructifs,  m'ont  fourni  le  terme  de  passage  entre  les  deux  modes 
de  développement,  en  apparence  si  divergents  :  le  Pdidium  et  la  larve  de 
Desor. 

»  Parmi  toutes  les  espèces  que  j'ai  observées,  l'une  des  plus  remar- 
quables est  sans  contredit  une  espèce  très-commune  à  Wimereux,  et  que 
j'ai  pu  suivre  d'une  manière  très-détaillée  dans  tous  les  stades  de  son  évo- 
lution, le  Nemeiie  coiumunis  (Van  B^Mied.).  Bien  que  reproduisant  dans  son 
développement  toutes  les  particularités  essentielles  qui  caractérisent  le  Pili- 
</jti//i,  cette  esjjèce  présente  un  rap;)rochement  très-marqué  vers  les  états 
plus  simples,  et  offre  des  analogies  incontestables  avec  la  larve  de  Desor. 

)«  Je  réserve  pour  un  Mémoire  plus  étendu  les  détails  relatifs  aux  pro- 


(    272    ) 

cessns  très-curieux  qui  donnent  naissance  aux  divers  systèmes  d'organes 
des  Némertiens;  je  désire  seulement  aujourd'hui  appeler  l'attention  sur  un 
point  capital,  lo  passage  du  Pilidium  à  la  larve  de  Desor. 

»  On  sait,  d'après  les  recherches  récentes  de  Rowalesky  et  de  Melschni- 
koff,  que  chez  les  Némertes  à  Pilidium  les  sphères  de  segmentation  de 
l'œuf  se  disposent  de  très-bonne  heure  radiairement  autour  d'une  cavité 
centrale  d'abord  très-petite;  celle  dernière  augmente  rapidement  et  refoule 
toutes  les  cellules  vers  la  périphérie,  de  façon  à  constituer  une  membrane 
superficielle.  Il  se  produit  ainsi  une  vésicule  close,  à  paroi  formée  d'un  seul 
rang  de  cellules  [Blaslospliœra).  Cette  vésicule  s'invagine  et  donne  naissance 
à  un  sac  à  double  paroi  [Gasltula);  c'est  à  ce  stade  qu'a  lieu  l'éclosion  :  la 
Gastnild  perce  la  membrane  vitelline  el  se  met  à  nager  librement  au  milieu 
du  liquide.  Alors  commence  une  interruption  dans  le  développement,  pen- 
dant laquelle  la  larve,  s'adaptant  à  la  vie  pélagique,  acquiert  toutes  les 
différentes  particularités  caractéristiques  du  Pilidium.  Ce  n'est  qu'après 
cette  interruption  correspondant  à  la  durée  de  la  vie  indépendante  jque 
commence  le  déveloiipement  qui  doit  aboutir  à  la  formation  du  Némerlo. 
Il  y  a  ici,  comme  on  voit,  exagération  d'un  état  larvaire  suivi  d'un  retour 
au  type. 

»  Pour  former  le  Némerte,  il  se  fait,  aux  dépens  de  l'exoderme,  quatre 
petites  invaginations,  qui  se  détachent  et  produisent  quatre  vésicules  qui 
tombent  dans  la  cavité  du  corps  du  Pilidium;  là,  elles  s'aplatissent,  se  trans- 
forment en  disques  creux,  formés  d'un  feuillet  externe,  mince,  tourné  du 
côté  de  l'exoderme,  et  en  un  feuillet  interne,  épais,  tourné  du  côté  de  l'en- 
doderme. Bientôt  ces  quatre  disques  confluent  entre  eux,  en  entourant 
l'intestin,  se  rejoignent,  se  soudent  les  uns  aux  autres,  et  ainsi  se  trouve 
constituée  autour  de  l'instestin  une  double  membrane  :  l'interne,  formée 
par  la  soudure  des  feuillets  internes  des  disques,  deviendra  la  peau  du  Né- 
merte; l'externe,  formée  par  la  soudure  des  feuillets  externes,  constituera 
une  membrane  provisoire,  l'amnios,  qui  se  détruira,  en  même  temps  que 
la  peau  du  Pilidium,  pour  mettre  le  Némerte  en  liberlé- 

»  Sans  aller  jusqu'à  l'identité,  la  ressemblance  du  développement  de 
notre  Némerte  avec  celui  que  nous  venons  d'indiquer  est  assez  grande  pour 
exclure  toute  espèce  de  confusion  entre  les  deux  formes  décrites.  Comme 
précédemment,  les  premiers  stades  du  développement  sont  caractérisés  par 
la  présence  d'un  blasiosphère  qui  s'invagine  pour  donner  naissance  à  une 
Gastruln.  De  même,  la  formation  du  Némerte  s'accomplit  dans  ses  grands 
traits  au  moyen  de  renvelo[)pcmcnt  de  l'intestin  par  de  grandes  plaques 


(.73  ) 
discoïdes,  qui  confluent  enlrc  elles  et  se  soudent  par  leurs  bords  [)our  con- 
stituer la  peau  du  Nérnerte.  Enfin,  l'exodermc  primitif  se  détruit,  et  l'animal 
définitif  formé  dans  son  intérieur  est  mis  en  liberté.  Mais  là  s'arrête  l'ana- 
logie. Noire  Nérnerte  présente,  en  effet,  d'importantes  particularités  qui, 
d'un  autre  coté,  l'éloignent  du  Pilidium  pour  le  rapprocher  de  la  larve  de 
Dcsor.  Nous  pouvons  tout  d'abord  constater  l'absence  de  vie  pélagique  et  de 
l'interruption  du  développement  qui  en  résulte.  Ici,  tout  le  développement 
s'effectue,  d'un  bout  à  l'autre,  dans  l'intérieur  de  l'œuf,  et  l'animal  qui  en 
sort  a  déjà  acquis  la  forme  caractéristique  du  Némerte.  Outre  ce  fait  fonda- 
mental, nous  voyons  également  qu'il  s  est  effectué  une  évidente  simplifi- 
cation de  l'embryogénie  et  une  marche  graduelle  vers  l'extrême  conden- 
sation qui  s'observe  chez  la  larve  de  Desor.  Le  stade  qui  répond  au  Pilidiinn 
a  déjà  perdu  tous  les  différents  appendices  caractéristiques  qui  résultent  de 
la  vie  à  l'état  libre,  et  se  trouve  réduit  à  une  simple  Gastnila  couverte  de 
fins  cils  vibratiles.  Enfin,  nous  pouvons  dès  à  présent  constater  la  disparition 
de  l'une  des  deux  membranes  embryonnaires,  l'amnios.  Les  disques  qui 
vont  entourer  le  tube  digestif  ne  se  composent  plus  ici  de  sacs  creux,  mais 
de  lames  pleines;  de  sorte  qu'une  seule  membrane,  la  peau  du  Némerte, 
résulte  de  leur  réunion.  En  un  mot,  nous  voyons  se  manifester  sous  nos 
yeux  une  remarquable  tendance  à  L1  suppression  de  l'exagération  de  l'état 
larvaire  qui  constitue  le  Pilidium,  et  au  retour  à  un  mode  de  développement 
direct. 

»  Nous  avons  donc  ici,  à  côté  d'un  développement  très-voisin  de  celui 
des  Pilidium,  simplification  déjà  très-grande  et  condensation  évidente  de 
l'embryogénie.  Un  pas  de  plus,  et  nous  en  arriverons  à  la  condensation 
extrême  que  l'on  observe  chez  les  larves  do  Dcsor.  Nous  nous  trouvons, 
par  conséquent,  en  présence  d'un  stade  intermédiaire  entre  le  PUidiiim  et 
la  larve  de  Desor,  et  ce  résultat  nous  paraît  avoir  une  importance  incontes- 
table. Il  permet  de  relier  d'une  manière  heureuse  les  deux  formes  si  diffé- 
rentes des  embryons  des  Némertiens,  et  nous  montre  que  les  rapports  mu- 
tuels qui  existent  entre  l'un  et  l'autre  sont  analogues  à  ceux  que  Fritz  Millier 
nous  a  fait  connaître  entre  le  Naiiplius  et  la  Zcea;  comme  le  Nauplius,  le 
Pilidium  est  la  forme  primitive,  et  la  larve  de  Desor  représente  une  forme 
condensée,  dérivée  de  la  première  par  abréviation  de  l'embryogénie.  » 

M.  DE  QuATREFAGEs  déclare  qu'il  s'est  fait  un  plaisir  de  présenter  à  l'Aca- 
démie ce  travail,  qui  justifie  une  fois  de  plus  le  vieil  aphorisme  relatif  à 

C.  R.,  1875,   i"  Semairc.  (T.  LXXX,  N"  4.)  36 


(    274    ) 

l'absence  Je  sauts  dans  la  nature.  Riais  il  doit  faire  des  réserves  formelles 
au  sujet  de  la  manière  dont  sont  interprétés  quelques-uns  des  phénomènes 
embryogéniques,  aussi  bien  qu'au  sujet  des  vues  théoriques  qui  semblent 
ressortir  de  ces  interprétations. 

HISTOLOGIE.  —  Recherches  sur  tes  organes  tactiles  de  l'homme. 
Note  de  M.  Jobekt,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  Les  recherches  dont  j'ai  l'honneur  de  communiquer  aujourd'hui  les 
résultats  à  l'Académie  sont  la  continuation  de  celles  que  j'ai  longtemps 
poursuivies  chez  divers  animaux  vertébrés  et  invertébrés. 

»  J'ai  étudié  les  diverses  régions  de  la  face  humaine,  afin  d'y  retrouver 
les  poils  tactiles  si  développés  et  si  nombreux  chez  tous  les  Mammifères,  et 
qui,  même  chez  certains  d'entre  eux,  constituent  un  appareil  d'une  sensi- 
biUté  exquise  (aile  des  Chiroptères). 

»  Aux  paupières,  les  nerfs  très-nomb/eux,  très-abonilants,  présentent 
avec  les  follicules  des  cils  des  connexions  très-remarquables^  connexions 
absolument  inconnues  jusqu'alors,  les  divers  histologistes  ayant  surtout 
étudié  les  nerfs  de  la  conjonctive  (KuUiker,  Lùdden,  Rrause,  etc.). 

»  Au  bord  libre  des  paupières,  pea  de  nerfs  se  terminent  à  la  surface  du 
tégument,  la  majorité  est  destinée  aux  follicules  des  cils. 

»  Si,  après  avoir  fait  gonfler  une  paupière  supérieure  ou  inférieure  dans 
l'acide  acétique  affaibli  et  l'avoir  soumise  ensuite  à  l'action  de  l'acide  os- 
mique  (solution  i  pour  loo),  on  fait  des  coupes  minces  perpendiculaire- 
ment au  bord  libre,  on  voit,  dans  la  partie  profonde  du  tégument,  ramper 
de  nombreux  faisceaux  de  tubes  nerveux  à  myéline  qui,  par  leurs  nom- 
breuses anastomoses,  constituent  un  véritable  plexus. 

»  De  ce  plexus  se  détachent  des  faisceaux  plus  petits,  composés  de  trois 
à  six  tubes  qui  se  dirigent  vers  le  bord  libre  en  cheminant  entre  les  folli- 
cules des  cils,  avec  lesquels  ils  ne  tardent  pas  à  entrer  en  connexion  dans 
une  région  constante  située  immédiatement  au-dessous  des  glandes  sébacées. 

»  Cette  région  est  facile  à  reconnaître  de  prime-abord  :  la  membrane 
fibreuse  est  épaisse,  plus  translucide,  semée  de  longs  noyaux  fusiformes  ; 
la  gaîne  épithéliale  externe  du  poil  paraît  étroitement  entourée  par  un 
anneau  fibreux.  Les  nerfs  provenant  d'un  ou  même  de  plusieurs  faisceaux 
venus  dans  des  directions  différentes  pénètrent  donc  profondément  dans 
la  mend)rane  fibreuse  externe  du  follicule,  rampent  horizontalement  tout 
d'abord  dans  son  épaisseur,   formant  ainsi  une  sorte  de  collier  sensitif  ; 


(275) 
durant  ce  trajet,  les  faisceaux  se  dissocient,  et  bientôt  les  tubes  devenus 
indépendants  changent  de  direction  et  montent  verticalement,  parallèle- 
ment à  la  tige  du  poil.  A  ce  moment,  plusieurs  de  ces  tubes  nerveux  se 
bifurquent,  sans  pour  cela  perdre  leur  myéline.  Après  un  trajet  qui  varie 
beaucoup,  les  tubes  nerveux  se  recourhont  de  nouveau,  deviennent  si- 
nueux, s'enfoncent  plus  profondément  dans  la  membrane  externe  du  folli- 
cule, ne  tardent  pas  à  perdre  leur  myéline;  ils  sont  alors  très-profondément 
situés  et  en  contact  avec  la  membrane  vitrée.  Privés  de  leur  myéline,  ils  se 
présentent  sous  l'aspect  de  fibres  pâles  remplies  de  distance  en  distance. 
Les  fines  pointes  de  quelques-unes  d'entre  elles  pénètrent  dans  la  mem- 
brane vitrée  presque  jusqu'aux  cellules  de  la  gaine  épithéliale  externe  où 
je  n'ai  pu  les  voir  pénétrer. 

»  D'autres  de  ces  fibres  pâles  se  renflent  légèrement  à  leur  extrémité  et 
paraissent  se  terminer  dans  la  couche  profonde  de  la  membrane  externe  du 
follicule,  au  contact  de  la  membrane  vitrée.  J'ai  vu  très-distinctement  plu- 
sieurs fibres  pâles  se  diviser  durant  leur  trajet,  le  plus  souvent  en  un  point 
très-voisin  de  celui  où  la  myéline  disparaît  du  tube  nerveux.  Sur  des 
coupes  perpendiculaires  au  bord  libre  j'ai  pu  compter  jusqu'à  22  tubes 
nerveux;  mais,  sur  des  coupes  parallèles  qui  me  permettaient  de  voir  l'en- 
semble de  l'anneau,  j'ai  compté  jusqu'à  45  fibres  nerveuses,  nombre  qui 
ne  paraît  pas  devoir  élre  dépassé.  Le  plus  souvent  j'ai  compté  de  3o  à 
4o  tubes  nerveux.  La  disposition  que  je  viens  de  décrire  ne  diffère  en  rien  de 
celle  que  j'ai  rencontrée  dans  les  poils  du  tact  sans  sinus  sanguin  de  la  face 
des  Mammifères  et  de  la  queue  des  Rongeurs.  Les  cils  sont  donc  de  véri- 
tables poils  du  tact  ;  leur  sensibilité  du  reste  qui,  dans  certains  cas  patho- 
logiques, est  exagérée,  est  facile  à  apprécier  à  l'état  normal.  Cette  sensibi- 
lité paraît  leur  être  spécialement  dévolue  aux  paupières,  car  les  autres 
petits  poils  que  l'on  trouve  à  la  surface  externe  ne  présentent  pas  les  mêmes 
connexions  avec  les  nerfs. 

»  La  peau  des  pommettes,  celle  des  ailes  du  nez,  celle  des  lèvres  supé- 
rieure, inférieure,  la  région  du  menton,  possèdent  également  des  poils  à 
appareil  nerveux,  mais  moins  riche  que  celui  des  paupières.  C'est  toujours 
au-dessous  des  glandes  sébacées  que  pénètrent  les  nerfs  accompagnés  sou- 
vent de  vaisseaux.  Tous  les  poils,  en  cette  région,  ne  sont  pas  tactiles;  il 
en  est  de  même  chez  les  Mammifères. 

»  Les  nombreuses  connexions  des  nerfs  avec  les  follicules  pileux  doivent 
donc  nous  obligera  accorder  à  ces  petits  organes  une  certaine  importance 
dans  l'appréciation  des  sensations  produites  par  l'action  de  certains  agents 

36.. 


(  ^76) 
extérieurs,  et,  en  première  ligne,  le  mouvement  des  ondes  aériennes.  Tonte 
vibration  du  poil  devant  être  immédiatement  suivie  d'une  sensation,  grâce 
au  collier  nerveux  si  délicat  qui  entoure  la  tige  rigide  ébranlée,  au  point  de 
vue  de  la  Physiologie  coniparéo,  nous  possédons  en  nos  cils,  véritables 
poils  tactiles,  un  critérium  pour  l'appréciation  de  la  délicatesse  desvibrisscs 
des  Mammifères.  Enfin  nous  pouvons,  grâce  à  la  connaissance  de  cet  appa- 
reil nerveux  que  nous  venons  de  décrire,  considérer  les  cils,  en  tant  qu'or- 
gane de  protection  de  notre  appareil  visuel,  à  un  point  de  vue  tout  nou- 
veau. » 

STATISTIQUE  AGRICOLE.  —  Sur  t'invasion  des  sniitcrcllcs  en  AUjéric  {avril- 
août  1874).  Note  de  M.  H,  Brocard,  présentée  par  M,  Cli.  Sainte-Claire 
Deville.  (Extrait.) 

o  I/Algérie  et,  en  général,  la  région  nord  de  l'Afrique  ou  du  Sahara  se 
trouvent  constamment  sous  la  menace  d'un  fléau  dévastateur  de  ses  récoltes. 
Des  millions  de  sauterelles,  venues  du  désert,  où  elles  ne  peuvent  trouver 
assez  de  nourriture,  font  tout  à  coup  irruption  dans  le  pays,  et  aucune 
plante,  à  très-peu  d'exceptions  j)rès,  ne  trouve  grâce  devant  leur  voracité. 
En  quelques  heures,  les  cultures  deviennent  leur  proie,  et  les  moyens  les 
plus  énergiques  pour  conjurer  le  fléau  restent  impuissants  devant  une  telle 
multitude. 

»  En  1866,  l'invasion  avait  été  si  générale,  qu'il  fut  impossible  de  la 
combattre  avec  succès  ;  elle  fut,  en  grande  partie,  la  cause  de  la  famine 
de  iSG'j  et,  par  suite,  des  épidémies  qui  s'ajoutèrent  à  ce  fléau.  Eu  iSOy, 
les  sauterelles  se  montrèrent  en  moins  grand  nombre,  et,  grâce  à  d'éner- 
giques mesures  de  destruction,  le  Tell  put  échapper  aux  atteintes.  De  1867 
à  1870,  l'invasion  des  sauterelles  parut  éprouver  un  temps  d'arrêt.  En  1870, 
ou  fit  une  destruction  active  des  œufs  et  des  criquets  ;  on  peut  évaluer  à 
85oooo  litres  la  quantité  d'oeufs  lecueillis  dans  la  subdivision  deMédéah. 
Le  vont  refoula,  eu  outre,  les  sauterelles  vers  le  sud,  et,  de  la  sorte,  le  Tell 
fut  préservé;  mais  l'oasis  de  Laghouat  éprouva  une  destruction  complète. 

»  Le  fléau  semble  avoir  subi,  en  1871  et  en  1872,  un  nouveau  temps 
d'arrêt.  A  la  fin  de  mai  1872,  on  était,  pour  ainsi  dire,  maître  de  l'invasion. 
En  «873,  on  prit  aussi  d'énergiques  mesures,  et  l'on  parvint  à  tenir  les 
criquets  en  respect.  La  situation  agricole  fui  des  plus  satisfaisantes. 

»  Enfin,  en  187/i,  l'invasion  des  sauterelles  et  des  criqu(>ts  fut  très- 
générale  sur  tout  le  sud  et  le  centre  de  l'Algérie;  mais  elle  ne  causa  pas, 


(  277  ) 
à  beaucoup  près,  des  ravages  comparables  à  ceux  dont  les  indigènes  ont 
gardé  le  souvenir. 

»  Les  premières  informations  de  l'arrivée  des  sauterelles  volantes  ont 
été  données  par  les  indigènes  des  Cercles  de  I.agbouat  et  de  Géry  ville.  Au 
commencement  du  mois  d'avril,  on  les  signalait  comme  ayant  pris  naissance 
dans  le  Sahara,  et  se  dirigeant  vers  le  nord-est  et  vers  le  nord-ouest.  A  cette 
époque,  une  nuée  de  sauterelles  s'était  abattue  déjà  sur  El-Riclia,  entre  le 
Djebel-Amonr  et  Aïn-Madhi.  Bientôt  elles  se  montrèrent  on  immense  quan- 
tité à  Aflou,  et  du  5  au  lo  avril  celte  localité  fut  ravagée.  En  moins  de 
quarante-huit  heures,  et,  malgré  tous  les  efforts  des  indigènes,  les  récoltes 
de  sept  tribus  de  l'annexe  furent  si  complètement  détruites,  qu'il  n'y  avait 
plus  sur  le  sol  trace  de  végétation. 

»  Heureusement,  une  tourmente  d'une  violence  incroyable  est  survenue 
le  r  I  avril  ;  des  torrents  d'eau,  une  quantité  de  neige  et  de  giboulées  sont 
tombés;  les  ravages  des  sauterelles  ont  été  arrêtés  court,  et  les  locustes  dis- 
persées en  tous  sens. 

»  Cependant  toute  crainte  d'invasion  dans  le  Tell  n'était  pas  dissipée. 
Les  bandes,  dispersées  par  la  tourmente,  ont  dû  pondre  un  peu  partout, 
de  sorte  que  l'on  pouvait  prévoir  pour  la  première  quinzaine  de  mai  une 
énorme  éclosion  de  criquets. 

»  Vers  le  6  avril,  on  signalait  l'arrivée  de  sauterelles  dans  le  sud  de  la 
subdivision  de  Mascara,  à  Frendah,  vers  le  Djebel-Nador,  au  sud  de  Ti- 
haret.  Sur  les  rives  de  l'Oued-Sebgague,  dans  l'annexe  d'Aflou,  elles  cau- 
sèrent des  dégâts  sérieux.  La  direction  de  ces  bandes  était  sensiblement 
du  sud-est  au  nord-ouest. 

o  Les  premières  sauterelles  inquiétantes  se  montrèrent  en  même  temps 
à  Géryville  et  dans  la  région  des  Ksours.  De  grosses  bandes  arrivées  chez 
les  Makéma  et  chezlesOulcd-Sidi-Tifour  (annexe  d'Aflou)  furent  vivement 
combattues  par  les  indigènes  sous  la  conduite  de  leurs  Caïds. 

»  A  la  suite  de  cette  piemière  incursion,  un  service  do  surveillance  fut 
organisé.  Des  postes-vigies,  placés  dans  tous  les  cols  du  Kef-el-Guebli, 
eurent  pour  mission  de  signaler  la  venue  dos  bandes  de  criquets.  Dès  que 
ces  postes  auraient  donné  l'alarme,  les  tribus  devaient  se  porter  dans  les 
cols,  où  la  destruction  est  plus  facile  qu'en  plaine,  et  s'efforcer  d'empêcher 
les  bandes  de  déboucher  pour  se  répandre  dans  la  conlréc. 

»  Vers  la  première  quinzaine  du  mois  d'avril,  les  saulerolles  volantes 
arrivèrent,  de  tous  \es  points  du  Sahara,  sur  toute  la  lisière  sud  de  l'Algérie. 
Ainsi,  on  les  observa  dans  l'Oued-Souf,  où  les  dégâts  furent  insignifianls; 


(^78) 

à  Biskra,  où  les  premières  nuées  ne  firent  que  passer,  le  3  avril,  de  midi  à 
6  heures  du  soir;  le  l\,  il  en  pnssa  encore  d'autres,  en  moins  grand  nombre. 
Elles  s'arrêtèrent,  pour  faire  leurs  pontes,  dans  les  terrains  sablonneux  en- 
trecoupés de  ravins,  abrités  des  vents  du  nord  et  d'une  aridité  particulière, 
qui  s'étendent  au  nord  de  Biskra,  sur  la  route  de  Batna;  et,  à  l'ouest, 
sur  le  chemin  d'Ouniache,  où  le  terrain  offre  les  mêmes  caractères.  Des 
fouilles  fiu'ent  immédiatement  commenci'es  pour  arriver  à  la  destruction 
des  œufs  déposés.  Toutefois,  on  le  comprend,  ces  mesures  ne  suffirent  pas 
à  la  destruction  complète,  et,  deptiis  le  i6  mai,  les  criquets  se  montrèrent 
en  assez  grand  nombre  dans  les  environs  de  Biskra,  occupant  les  régions 
nord,  nord-est  et  est.  Le  23,  ils  arrivèrent  à  Biskra,  et  le  24  ils  commen- 
cèrent à  pénétrer  dans  les  plantations;  on  leur  fit  une  chasse  active,  qui  ne 
fut  pas  sans  résultat. 

»  Nous  avons  dit  que  toute  la  partie  sud  de  l'Algérie  avait  été  envahie 
dès  le  début.  Vers  le  milieu  du  mois  d'avril,  les  sauterelles  apparurent  dans 
leHodna,  et  chez  les  Ouled-Soltan,  en  particulier  à  Dra-el-Méhad,  à  Shida, 
à  Telzan  et  à  Ain-Sefian  (cercle  de  Barika). 

i>  On  en  signala  des  vols  innombrables  dans  le  sud  du  cercle  de  Rhen- 
chela,  à  Foum-bou-Doukham,  et  à  Foum-Gharghar.  Les  sauterelles  cau- 
sèrent aussi  beaucoup  de  dégâts  dans  la  subdivision  de  Médéah,  princi- 
palement chez  les  OuledCheikh,  aux  environs  de  Taguin,  où  une  bande 
de  sauterelles  venue  du  Djebel-Amour  s'abattit  sur  la  tribu. 

»  Les  indigènes  furent  invités  à  faire  la  moisson  en  toute  hâte,  et  un  peu 
plus  tôt  que  de  coutume.  Ils  réussirent  ainsi  à  soustraire  une  partie  de 
leurs  récoltes  à  la  voracité  des  locustes.  Ils  employèrent  aussi  leur  temps, 
principalement  en  mai,  à  opérer  la  recherche  et  la  destruction  des  œufs  (i). 

»  Pendant  tout  le  mois  de  mai,  de  nombreuses  éclosions  de  criquets  se 
produisirent;  mais  la  saison  était  déjà  bien  avancée  pour  eux;  une  grande 
partie  de  la  moisson  était  achevée,  et  les  céréales,  non  encore  fauchées, 
étaient  devenues  trop  dures  et  se  trouvaient  à  l'abri  de  leur  atteinte,  en 
raison  de  leur  degré  de  maturité.  Il  n'en  fut  pas  de  même  des  cultures 
potagères  :  aussi,  dans  certaines  localités,  les  dégâts  furent-ils  encore  no- 
tables. Ainsi,  au  commencement  de  juin,  les  environs  de  Géryville  se  trou- 
vaient infestés  de  criquots.  Les  cultures   du  cercle,  qui  promettaient  une 


(l)  Pour  (loiinrr  une  idrc  <le  cette  destruction,  il  siilfira  de  dire  qu'nu  po  juin,  dans  1rs 
trois  subdivisions  de  Constantine,  Sétifet  Baina,  on  uvnit  recueilli  4'5?o  hectolitres  d'œufs, 
et  9.4  745  hectolitres  de  sauterelles  et  criquets. 


(  279  ) 
récolte  abondante,  grâce  aux  pluies  tombées  pendant  les  deux  derniers 
mois,  furent  détruites  en  entier  par  des  vols  de  sauterelles  considérables 
et  par  des  quantités  innombrables  de  criquets;  sauf  quelques  cliamps 
d'orge,  qui  avaient  pu  être  moissonnés  dès  l'apparition  du  fléau,  tout  fut 
perdu. 

»  A  Laghouat,  ainsi  que  nous  venons  de  le  dire,  la  destruction  des 
jardins  a  été  à  peu  près  complète.  Deux  cents  jardins  et  la  pépinière  du 
Génie  sont  devenus  la  proie  des  acridiens.  Les  autres  sont  plus  ou  moins 
atteints  ;  un  grand  nombre  d'arbres  fruitiers  et  les  peupliers  furent  entière- 
ment dépouillés  de  leurs  feuilles.  Enfin,  le  tout  est  parti  subitement  par 
une  belle  après-midi,  après  avoir  dévasté  toutes  les  portions  de  terrains 
où  les  grains  n'étaient  pas  mûrs,  où  les  plantes  n'étaient  pas  desséchées. 

»  Ainsi  à  Sfisifa,  sur  la  route  de  Géryville  à  Saïda,  les  criquets  ont  envahi 
et  dévasté  le  jardin  du  caravansérail,  le  9  et  le  lo  juin.  On  en  a  détruit  un 
grand  nombre,  en  les  attirant  dans  des  fosses  creusées  à  la  hâte  par  les  sol- 
dats de  la  légion  en  garnison  dans  ce  poste.  Les  criquets,  qui  marchaient 
en  colonnes  serrées  du  sud  vers  le  nord,  ont  rencontré  les  bas-fonds  salés 
des  chotts  de  l'est,  dans  lesquels  ils  ont  dû  périr  faute  de  nourriture. 

»  D'autres  criquets,  en  grand  nombre,  ont  dévasté  vers  la  même  époque 
les  jardins  d'El-IIammam  (route  de  Mascara  au  Sig).  Rien  n'a  été  épargné; 
les  aloès  eux-mêmes  ont-été  attaqués. 

»  Vers  le  milieu  du  mois  de  juin,  les  criquets  furent  si  nombreux  sur  la 
ligne  ferrée  d'Orléansville  à  Blidah,  qu'il  fallut  leur  faire  la  chasse  pour 
assurer  le  passage  des  trains.  Les  locomotives  patinaient  sur  les  rails  en- 
duits de  cette  pâte  gluante. 

»  En  résumé,  la  région  sud  de  l'Algérie  (Géryville,  Laghouat,  le  Djebel- 
Amour)  paraît  avoir  été  plus  éprouvée  que  le  reste  de  la  contrée  (i).  Les 
ravages  ont  été  en  grande  partie  localisés,  mais  l'invasion  des  sauterelles 
s'est  abattue  sur  toute  l'Algérie  avec  plus  ou  moins  d'intensité,  et,  si  les 
dégâts  n'ont  pas  atteint  d'énormes  proportions,  on  le  doit  surtout  à  l'éclo- 
sion  tardive  des  œufs  et  par  suite  à  l'apparition  tardive  des  criquets.  » 

(i)  Nos  observateurs  du  réseau  météorologique  algérien  nous  ont  fourni  des  renseigne- 
ments détaillés,  dont  l'analyse  accompagne  la  présente  Note. 


(  28o  ) 

M.  E.  DiîCRETET  adresse  une  Note  relative  à  la  résistance  électro-chi- 
mique, offerte  par  l'aluminium  employé  comme  électrode  positive  dans  un 
voltamètre. 

Un  voltamètre  à  eau  acidulée  reçoit  une  lame  de  platine  et  une  lame 
d'aluminium,  mises  en  communication  avec  les  pôles  d'une  pile  :  si  l'alu- 
minium est  l'électrode  négative,  l'hydrogène  se  dégage  sur  celte  lame,  et 
le  courant  a  son  intensité  ordinaire;  lorsqu'on  renverse  le  sens  du  courant, 
il  n'y  a  plus  décomposition  de  l'eau,  et  l'intensité  du  courant  devient  très- 
faible.  Le  phénomène  se  produit  instantanément,  quelle  ([ue  soit  la  rapi- 
dité des  changements  de  sens.  La  surface  de  l'ahuninium  ne  paraît  pas 
s'altérer  :  elle  est  préservée  par  une  légère  couche  d'alumine,  sous  la- 
quelle on  retrouve  le  poli  de  la  plaque. 

L'auteur  applique  ces  résultats  à  la  construction  d'un  rliéolome  liquide^ 
ne  permettant  le  passage  des  courants  que  dans  une  direction  déterminée. 
Il  indique  les  applications  qui  pourraient  être  faites  de  ce  rhéolome,  aux 
lignes  télégraphiques,  aux  sonneries  électriques,  à  l'inflammation  des 
mines,  etc. 

M.  Chapelas  adresse  le  résumé  des  observations  barométriques  faites 
par  lui  avant  et  pendant  la  tempête  ressentie  à  Paris  dans  la  nuit  du 
21  janvier. 

La  baisse  barométrique  a  commencé  à  Paris,  dès  la  soirée  du  i4;  le  19, 
il  signale  l'apparition  d'un  halo  lunaire  et  la  rapidité  du  mouvement  de 
deux  couches  de  nuages,  dans  des  directions  différentes,  qui  ont  pu  faire 
prévoir  l'approche  de  coups  de  vent  violents.  Cette  tempête,  qui  se  trou- 
vait à  la  hauteur  de  Terre-Neuve  vers  le  1 4  et  le  1 5,  a  mis  six  jours  pour 
nous  arriver;  elle  a  produit  sur  la  colonne  barométrique  un  abaissement 
de  20  millimètres. 

M.  Chapclas  cite  des  observations  météoriques,  qui  ont  été  faites  dans 
la  nuit  du  i3,  et  qui  pouvaient  faire  présager  ce  grand  mouvement  atmo- 
sphérique :  à  10'' 45",  une  étoile  filante,  venant  du  sud-ouest,  et  finissant 
ouest-sud-ouest,  fournissant  une  trajectoire  de  3o  degrés;  à  ii''3o™,  une 
étoile  de  G'^  grandeur,  partie  de  a  du  Lion,  et  parcourant  4o  degrés,  avec 
une  rapidité  extraordinaire. 

M.  Mangot  adresse  une  Noie  relative  aux  causes  de  rupture  des  essieux 
et  en  général  des  pièces  de  fer  soumises  à  des  vibrations  répétées. 


(   28.    ) 

M.  CuASLEs,  en  présentant  à  l'Académie  les  livraisons  de  juin,  juillet 
et  août  1874  du  UulUllino  di  Bibliocjrafia  e  di  Storin  délie  Scienze  malema- 
tiche  e  fisiche,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Je  citerai,  du  numéro  de  juin,  une  courte  dissertation  de  M.  Th. -H. 
Martin,  notre  confrère  de  l'Académie  des  Inscriptions,  sur  le  prétendu 
XV'  livre  des  jË/emen/^d'Euclide,  qu'il  regarde,  conformément  au  jugement 
déjà  porté  à  ce  sujet  par  M.  Friedlin,  comme  l'œuvre  d'un  auteur  très-pos- 
térieur. ]M.  lî.  ^Martin  pense  que  cet  auteur,  dont  l'opuscule  a  eu  l'honneur 
dépasser  pour  leXV^ livre  des  £'/emen/i  d'Euclide,  serait  Damassius,  disciple 
du  philosophe  néo-platonicien  Isidore  d'Alexandrie.  Puis  setrouveun  court 
fragment,  texte  arabe  et  traduction  par  M.  A.  Marre,  d'un  auteur  arabe, 
Abut  fFaJa  Jl  Djouéini,  non  mentionné  par  Casiri.  Ce  sont  quelques 
questions  d'arithmétique  qui  se  résolvent  par  deux  équations  du  premier 
degré. 

M   Les  numéros  de  juillet  et  d'août  renferment  deux  Mémoires  relatifs  à 
deux   géomètres  du  xiv*  siècle,  et  des  développements  fort  étendus  de 
l'auteur  même  du  Bullettino.   Le  premier,  de  M.  Cornelio  di  Simoni,  est 
une  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  d'Andalô  di  Negro,   mathématicien, 
astronome  et  voyageur  génois  du  xiv' siècle,  et  sur  plusieurs  autres  cosmo- 
graphes et  mathématiciens  de  Gènes.  On  y  voit  que  d'Andalô  di  Negro  a  eu 
pour  disciples,  à  Naples,  Jean  Boccace  et  un  évêque  dont  plusieurs  travaux 
astronomiques  se  conservent  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale de  Florence.   A  la  suite,  se  trouve  un  long  travail  de  M.  Boncom- 
pagni,  faisant  connaître  quinze  écrits  d'Andalô  di  Negro,  dont  trois  ont  été 
imprimés  à  Ferrare  en  ^'jS,  édition  extrêmement  rare,  et  les  douze  autres 
n'existent  qu'en  manuscrits,  dont  M.  Boncompagni  extrait  de  nombreux 
passages.  Enfin  le  Bullellino  d'août  renferme  un  écrit  de  M.  Jacoli,  intitulé  : 
Inlorno  a  due  scritti  di  Rnffaelc  Giialttrotli,  relatif  à  l'apparition  de  la  nou- 
velle étoile  en  iGo4:  Un  autre  écrit  de  l'auteur,  intitulé  :  Schcrzi  deijli  spiriti 
animali...  (Firenze  MDV),  dit  que  la  courbe  décrite  par  les  projectiles  est 
une  parabole.  Jusqu'ici  on  avait  cru  communément  que  c'était  Cavalieri 
qui,  le  premier,  avait  fait  connaître  ce  fait  important  de  la  Balistique,  dans 
son  ouvrage  intitulé  :  Lo  sjtc.cchio  ustorio...,  postérieur  de  vingt-sept  ans  à 
l'opuscule  de  Gualterotti.  M.  Jacoli  rappelle  aussi  un  passage  important 
d'un  écrit  de  iMœstlin   :   Dispulatio  de  eclipsibus  Salis  cl  Lunœ,  imprimé 
en  1696,  contenant  la  vraie  explication  de  la  lumière  cendrée  de  la  Lune, 
opuscule  extrêmement  rare,  qui  n'est  cité  ni  par  Lalande,  ni  par  aucun 

C.  R.,  i8;5,  i"irratji,e.  (T.  LXXX,   ^°  1.)  'il 


(    282    ) 

bibliographe.  Cependant  Kepler  en  avait  fait  mention.  les  livraisons  de  juin 
et  août  renferment  en  outre  deux  tables  fort  étendues  (p.  272-312,  et 
4i6-45o)  de  toutes  les  publications  scientifiques  les  jjIus  récentes.  » 

(i  M.  Cii.  Saixte-Claire  Deville  présente,  au  nom  de  M.  le  capitaine 
de  vaisseau  Pujazon,  directeur  de  l'Observatoire  de  la  marine  de  San-Fer- 
nando,  la  partie  météorologique  des  Annales  de  cet  établissement  pour 
l'année  1873.  Il  insiste  sur  le  grand  nombre  (16)  des  observations  diurnes, 
leur  régularité,  le  luxe  et  la  netteté  de  l'impression.  Celte  publication  con- 
stitue un  réel  service  rendu  à  la  science.  » 

«  M.  Pacl  Gervais  présente  la  Carte  géologique  de  l'arrondissement 
d'Uzès  (Gard),  par  feu  M.  Ëmilien Dumas,  de  Sommières.  Ce  travail,  quoi- 
que terminé  depuis  plusieurs  années,  n'avait  point  encore  paru  ;  il  a  été  pu- 
blié par  les  soins  de  M.  Lombard-Dumas,  gendre  du  savant  géologue,  qui 
en  fait  hommage  à  l'Académie.  » 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  J.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  nu    i8  janvier    1875. 

(  SCITE.  ) 

Annales  des  Ponls  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents;  octobre  1874. 
Paris,  Dunod,  1874;  in-8°. 

Mémoires  et  documents  de  la  Société  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  Bordeaux; 
i"  et  2"  fascicule.  Bordeaux,  Féret  et  fils,  1874;  in-8°. 

Catalogue  des  mousses  du  Calvados  ;  par  T.  HUSNOT.  Caban,  T.  Husnot; 
Paris,  F.  Savy,  1874;  in-8°. 

Cours  de  Chimie  générale  élémentaire;  par  M.  F.  HlîTET;  2<-  fascicule, 
pages  369  à  688.  Paris,  E.  Lacroix,  1875;   in- 12, 

Chnmhre  de  Commerce  de  Bordeaux.  Réponse  au  questionnaire  de  la  Com- 
mission j)our  le  développement  du  commerce  extérieur.  Bordeaux,  typ.  de 
veuve  Cadoret,  1874;  in-4°- 


(  283  ) 

A'ole  sur  les  géolnipides  qui  se  rencontrent  en  Belgique;  jiar  A.  PREUDIIOMME 
DE  BORRE.  Bruxelles,  1874;  br.  in-8°.  (Extrait  des  Annales  de  la  Société  en- 
tomologique  de  Belgique.) 

Reclieiches  expérimentales  des  lois  de  la  fiUration;  par  Paul  ITavrez.  Liège, 
Desoer,  sans  date  ;  in-8°. 

Memoiin  Itistorica  da  Faculdade  de  Phibsopliia;  par  J.-A.  SiMOES  DE  Car- 
VALHO.  Coimbra,  imprensa  da  Uuiversiclade,  1872;  in-8". 

Memoria  historien  da  Faculdade  de  Malhematica  nos  cem  annos  decorridos, 
desde  a  reforma  da  Universidnde  em  1772  aie  o  presenti;  pelo  couselheiro 
Fr.  DE  Castro-Freire.  Coimbra,  imprensa  da  Universidade,  1872;  in-8°. 
(3  exemplaires.) 

Memoria  Itistorica  e  commemoraliva  da  Faculdade  de  Medicina  nos  cem  cm- 
nos  decorridos  desde  a  reforma  da  Universidade  em  1772  ((te  o  présente;  for 
B.-A.  Serra  de  Mirabeau.  Coimbra,  imprensa  da  Universidade,  1873; 
in-8°.  (3  exemplaires.) 

Esboco  liistorico-lilterario  da  Faculdade  de  TUeologia  da  Universidade  de 
Coimbra  en  commemoraçào  da  centenario  rejorma  e  restauraçào  da  mesma 
Universidade  ejfectuada  pelos  sabios  estuludos  de  i'j'J^,  elabonido  pelo 
D.-M.-E.  DA  MOTTA  Veiga.  Coimbra,  imprensa  da  Universidade,  1872; 
in-8°. 

Additamento  a  Memoria  historica  da  Faculdade  de  Philosophia.  Coimbra, 
sans  date;  in-8''. 

Discurso  pronunciado  pelo  Reitor  da  Universidade  de  Coimbra,  Julio-ÎNIaximo 
DE  Oliveira-PimenïEL-Visconde  de  Villa  Maior  em  16  de  outubro  de  1872. 
por  occasiao  da  Jesla  commemoraliva  da  reforma  da  mesma  Universidade  em 
1772.  Coimbra,  imprensa  da  Universidade. 

Anlropologia.  L'uomo  e  la  Scimmia.  Memoria  de  C.-G.-C.  Zanghi.  Ca- 
tania,  ti().  Caiatola,  1871;  in-4°- 

Sul  cane.  Nota  zoologica  de  monsignor  G.-C.  Zanguy,  letta  ivi  neila 
tornata  del  i5  marzo  1874  dal  Segretario  générale  cav.  A.  Catara-Let- 
TIEUI.  Catania,  tip.  Roma,  1874;  in-4°. 

Un  qui  pro  quo  in  fatto  di  geneiazione  spontanea.  Nota  letta  ail'  Accade- 
mia  Gioenia  nella  seduta  ordinaria  di  febbraio  1872,  dal  soc.  attivo  Mons. 
G.  D'  C.  Zanghi.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-4°- 

Atti  délia  reale  Accademia  dei  Lincei;  t.  XXVI,  sessione  III,  IV,  1873. 
Roma,  tip.  délie  Bellc-Arti,  1874;  in-4". 


(  284  ) 

Jtti  deW  Accademia  ponlificia  de  Niiovi  Lincei  ;  anno  XXVII,  ses- 
sioneA'IP  (lel  5  luglio  1874.  Roinn,  tip.  délie  Scienze  matematihe  e  fisiche, 
1874;  in-4°. 

Recherche  des  équations  des  couples  de  qitndriques  inscrites  dans  une  qua- 
drique  donnée  et  tangentes  à  quatre  quadriques  inscrites  aussi  dans  ta  même 
quadrique;  par  M.  J.  Caset.  A.  Kitigtown,  sans  lieu  ni  date  ;  br.  in-8°. 

On  the  équations  oj  circles,  etc.;  by  John  Casey.  Sans  lieu  ni  date  ; 
br.  in-8°. 

On  bicircuiar  quarlics;  /)/ John  Casey.  Dublin,  H.  Gill,  1869;  in-4°. 

On  cyclides  and  sphero-quartics ;  by  John  Casey.  Sans  lieu  ni  date; 
br.  in-4°. 

Untersuchungen  ziir  nnturlehre  des  menschen  und  der  tbicre ,  herausge- 
geben  von  J.  MoleSCHOTt  ;  XI  Band,  viertes  Heft.  Giessen,  E.  Rolh,  1874-, 
in-8°. 


ERRATA. 

(Séance  du  4  janvier  1875.) 
Page  38,  ligne  20,  auticude  (f  -  tang^Lsin'L),  //.re:  sinL(' —  tang'Lsin'L  — JJ-sin^L). 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  1"'  FÉVRIER  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MEMOIRES  ET  COMftlUNlCATlONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADitMIK. 

M.  Becquerel,  en  présentant  à  l'Académie  l'ouvrage  qu'il  vient  de  pu- 
blier, et  qui  a  pour  titre  :  "  Des  forces  physico-chinnques  et  de  leur  inter- 
vention dans  la  production  des  phénomènes  naturels  »,  s'exprime  comme 

il  suit  : 

o  Dans  cet  ouvrage,  j'ai  donné  d'abord  un  exposé  historique  de  mes 
recherches  depuis  1823  (i)  sur  le  dégagement  de  l'électricité  dans  les  ac- 
tions chimiques  (2).  Ces  recherches  eurent  jiour  premier  résultat  do  faire 
substituer  à  la  théorie  du  contact  celle  dite  clcclrochitniquc,  à  laquelle  ont 
contribué  de  la  Rive  depuis  1828  (3)  et  Faraday  depuis  i832  (4). 

(i)  Rkcquerel  et  En.  Becquerel,  Histuirc  di:  l'électricitc,  p.  162;  Aitittilis  de  Chiiinc  cl 
de  Physique,  2"  série,  t.  XXIII,  p.  i35. 

(?.)  Dans  lu  cours  de  la  même  année,  puis  en  1824  et  dans  les  années  suivantes,  je  pré- 
sentai les  lois  de  ce  déj^'agement  {  Anmdcs  de  Chimie  et  de  Ph)sique,  2"  série,  l.  XXIV, 
XXV,  XXVI,  XXVII  et  XXVIII). 

(3)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  XXXIX,  p.  29'j. 

(4)  Philosophical  Trans.,  V°  partie,  p.  61,  1840.  —  Faraday  s'exprime  cnninie  il  suit,  en 
parlant  de  la  théorie  élcctrocliitni(iue  de  la  pile  : 

«    Celte  théorie  fut  pour  la  picuiiére  fois  mise  en  avaut  par  b'abruiii,  puis  par  \Volla>lnn 

C.  R.,  iH^S,   1"  .Srmcid.-.  ri  .  l.XXX,    N"  !î.)  3S 


(  286  ) 

»  En  i829(i)et  r835(2),  je  fis  connaître  les  piles  à  deux  liquides  séparés 
par  un  diaphragme,  dites  à  courant  cot^stant,  notamment  celle  à  sulfate  de 
cuivre,  et  le  couple  qu'on  a  appelé  à  gaz  ox/gcne.  Tels  ont  été  les  points  de 
départ  de  mes  recherches  électrochimiques. 

»  J'ai  exposé  ensuite,  avec  de  grands  développements,  tout  ce  qui  con- 
cerne la  production  des  courants  électriques  le  long  des  parois  des  dia- 
phragmes perméables  qui  séparent  deux  liquides  différents  réagissant  l'un 


et  Perrot;  plus  tard,  elle  a  été  plus  ou  moins  développée  par  OErsted,  Becquerel,  de  la  Rive, 
Ritchic,  Pouillet,  Scliœnbein  et  beaucoup  d'autres  savants,  parmi  lesquels  on  doit  distinguer 
Becquerel,  qui,  dès  le  commencement,  a  fourni  un  contingent  toujours  croissant  de  preuves 
expérimentales  les  plus  frappantes  de  ce  fait,  que  les  actions  chimiques  dégagent  toujours  de 
l'électricité.  On  peut  citer  aussi  de  la  Rive  pour  la  grande  clarté  et  la  constance  de  ses  vues 
et  pour  le  zèle  avec  lequel  il  n'a  cessé,  depuis  1827,  d'appuyer  d'arguments  et  de  faits  expé- 
rimentaux la  théorie  chimique  de  la  pile.  » 

Rerzelius  {Théorie  des  proportions  chimiques,  1"  édit.,  p.  ^.\,  traduction  française),  après 
avoir  parlé  des  expériences  de  Davy,  ajoute  : 

«  Des  expériences  plus  récentes,  faites  par  Becquerel  à  l'aide  du  multiplicateur  électro- 
magnétique, doivent  également  cire  considérées  comme  des  preuves  positives  de  l'action 
électrique  dans  les  actions  chimiques.  Ce  savant  a  prouvé  que  la  plus  faible  action  chimique 
produisait  sur  l'aiguille  aimantée  l'effet  d'une  décharge  électrique.  Parmi  les  expériences  de 
Becquerel,  je  citerai  la  suivante  :  il  adapta  à  l'extrémité  d'un  des  lils  du  multiplicateur  une 
pince  en  platine  munie  d'une  petite  cuiller  en  or,  enveloppée  de  papier;  à  l'autre  fil  il  fixa 
un  petit  morceau  de  platine;  lorsqu'il  plongea  les  doux  extrémités  ainsi  garnies  dans  un 
verre  rempli  d'acide  nitrique,  il  n'y  eut  point  d'effet  électrique,  et  l'aiguille  resta  tran- 
quille; mais  dès  qu'on  versa  dans  le  liquide  une  goutte  d'acide  hydrochlorique  très-étendu, 
l'aiguille  dévia,  et,  par  suite  de  la  combinaison  produite,  la  liqueur  fut  colorée  en  jaune  par 
le  chlorure  aurique;  en  employant,  à  la  place  de  l'or,  du  cuivre  enveloppé  de  papier,  la 
combinaison  chimique  s'opéra  sans  aride  hydrochlorique,  et  l'aiguille  aimantée  dévia.  » 

I\I.  de  la  Rive  (  Traite  trclertrieitr,  t.  I,  p.  5c)o),  en  parlant  du  dégagement  d'électricité 
dans  les  actions  chimiques,  s'exprime  ainsi  : 

■<  Pour  bien  analyser  les  effets  électriques  qui  résultent  de  l'action  chimique  des  liquides 
sur  les  corps  solides,  il  faui  commencer  par  opérer  avec  l'électroscope  condensateur.  C'est 

Becquerel  qui,  le  premier,  a  fait  des  expériences  de  celte  manière Becquerel  trouva  jibis 

tard  qu'on  détermine  également  un  courant  en  plongeant  dans  une  solution  acide  ou  alcaline 
les  deux  bouts  d'un  fil  de  cuivre  d'un  galvanomètre;  mais  il  faut,  pour  que  le  courant  ait 
lieu,  que  le  liquide  CNCrce  une  action  chimique  sur  la  partie  immergée  des  fils.  Le  même 
physicien  observa,  en  outre,  que  le  sens  du  courant  paraissait  dépendre  de  celui  des  deux 
bouts  du  fil  qui  était  attaqué  le  plus  vivement.  » 

(1)   .IniKilcs  (le  Cliiniir  et  de  Physique,  ■}."  série,  I.  XLI,  p.  5. 
[•},)   Comptes  rendus,  t.  I,  p.  455. 


{  287  ) 
sur  l'aiitie,  et  que  j'ai  appelés  foiirrtd/s  ilcclrocnpillaiies.  Je  me  suis  attaché 
il  montrer  les  propriétés  de  ces  courants  dans  les  trois  règnes  de  la  nature, 
nolauiment  dans  les  fonctions  vitales. 

»  Les  courants  électrocapillaires  produisent  peut-être  dans  certaines  cir- 
constances des  effets  que  Berzelius  attribuait  à  cette  force  mystérieuse  qu'il 
appelait  calalyliqm,  et  dont  il  avait  le  pressentiment  quand  il  s'exprimait 
comme  il  suit  (r)  : 

«  La  force  catalytique  n'est  ni  la  posanlcur,  ni  la  cohésion,  ni  l'affinité;  en  admettant, 
ce  qui  est  probable,  que  c'est  une  manifestation  de  la  force  électrique,  nous  devons  croire 
qu'elle  est  d'une  nature  toute  particulière  et  si  différente  de  l'électricité  ordinaire,  qu'elle 
mérite  donc  une  dénomination  spéciale.  » 

j>  J'ai  montré  eiisiiile  quelles  étaient  les  actions  produites  par  les  cou- 
rants électrocapillaires  dans  les  corps  des  trois  règnes  de  la  nature;  puis 
comment  il  était  possible,  à  l'aide  de  leur  concours,  d'étudier  le  mécanisme 
en  vertu  duquel  les  molécules  arrivent  à  un  état  d'équilibre  stable  dans  les 
doubles  décompositions,  question  que  notre  confrère,  M.  Berthelot,  a  trai- 
tée avec  le  concours  des  affinités  et  des  effets  de  chaleur  produits. 

»  J'ai  abordé  ensuite  une  question  de  la  plus  haute  itiiportance,  avec 
une  certaine  réserve  toutefois,  celle  qui  conceriae  le  mode  d'intervention 
des  forces  physico-chimiques  dans  la  production  des  phénomènes  orga- 
niques. 

»  Tous  les  corps  organisés  sont  formés  d'organes  composés  de  lisstis  ca- 
pillaires et  de  liquides  différents,  à  l'aide  desquels  la  vie  est  entretenue 
dans  toutes  leurs  parties.  Les  courants  électrocapillaires  peuvent  intervenir 
puissamment,  car  ils  n'exigent  pour  remplir  leurs  fonctions  que  des  tissus 
perméables  et  desliquides  de  différentes  natures;  mais  il  est  nécessaire  pour 
cela  que  les  tissus  des  divers  organes  et  les  liquides  conservent  leur  état 
primilii.  Les  tissus  viennent-ils  à  se  distendre  par  une  cause  quelconque, 
les  liquides  se  mélangent  peu  à  peu,  les  actions  électrocapillaires  cessent  et 
la  mort  ne  tarde  pas  à  arriver.  La  force  vitale  est  donc  celle  qui  maintient 
intactes  l'organisation  des  tissus  et  la  composition  des  liquides. 

»  Les  deux  exemjjles  suivants  serviront  à  montrer  l'importance  que  l'on 
doit  attacher  à  l'éttide  des  actions  électrocapillaires.  Supposons  que  l'on 
introduise  de  l'eau  ou  un  autre  liquide  dans  l'estomac  :  ces  liquides  exer- 
ceront une  action  sur  le  sang  par  l'intermédiaire  des  tissus  qui  les  sépa- 
rent; il  en  résidle  des  effets  électrochimiques  que  l'on  peut  constater,  et 

(i;   Truite  tlv  Chiiiiify  ■?''  édition  française,  I.  V,  p.  f\5. 

38.. 


(  ^88  ) 
qui  indiquent  alors  si  le  sang  a  éprouvé  une  oxydation  ou  une  réduction. 
»  Autre  exemple  :  trouve  t-ou  dans  un  filon  ou  dans  les  fissures  d'une 
roche  un  minéral  cristallisé,  d'origine  aqueuse,  et  dont  on  ne  connaît  pas 
le  mode  de  formation,  on  sait  seulement  que  le  filon  est  traversé  par  des 
eaux  contenant  les  substances  qui  entrent  dans  la  composition  du  minéral. 
Il  est  possible  souvent  de  reproduire  ce  dernier,  dans  un  appareil  électro- 
capillaire, comme  on  en  cite  de  nombreux  exemples  dans  l'ouvrage. 

»  L'étude  des  actions  physico-chimiques  sur  notre  globe  nous  a  amené 
naturellement  à  rechercher  s'il  ne  s'en  produirait  pas  de  semblables  dans 
le  Soleil,  dont  l'origine  est  la  même  que  celle  de  la  Terre. 

»  L'analyse  spectrale  de  la  lumière  solaire  et  de  la  lumière  stellaire 
nous  apprend  que  les  éléments  matériels  qui  composent  la  Terre  se  trou- 
vent également  dans  les  astres;  on  est  conduit  ainsi  à  admettre  que  les 
forces  propres  à  la  matière  agissent  également  dans  tout  l'univers.  D'un 
autre  côté,  le  Soleil  et  la  Terre  ayant  eu  une  origine  commune,  il  est  na- 
turel de  comparer  les  phénomènes  physiques  et  chimiques  produits  dans 
les  premiers  âges  de  noire  globe  à  ceux  qui  ont  lieu  maintenant  dans  le 
Soleil,  dont  le  volume,  étant  iSaG 480  fois  plus  considérable  que  celui 
de  la  Terre,  a  dû  éprouver  un  refroidissement  excessivement  lent  dans  la 
même  période  de  temps.  Or  on  peut  se  rendre  compte  jusqu'à  un  certain 
point  des  changements  successifs  qui  se  sont  opérés  dans  la  Terre  lorsque 
son  refroidissement  a  commencé. 

»  On  distingue  trois  époques  calorifiques  pendant  la  formation  de  notre 
planète.  La  première  est  celle  où  tous  les  éléments  étaient  à  l'état  gazeux, 
par  suite  d'une  température  excessivement  élevée;  tous  les  éléments  étaient 
alors  dissociés. 

»  La  deuxième  est  celle  où,  la  température  étant  suffisamment  abaissée, 
les  affinités  commencèrent  à  exercer  leur  action.  Les  composés  formés 
passèrent  successivement  à  l'état  gazeux,  liquide  et  solide;  il  se  produisit 
alors  de  puissantes  actions  chimiques,  accompagnées  d'effets  électriques, 
qui  rendirent  étincelante  l'atmosphère  déjà  formée  ;  la  foudre  devait 
éclater  de  toutes  paris. 

»  La  troisième  époque  est  celle  où,  la  température  élanl  suffisamment 
abaissée  et  un  peu  au-dessous  de  100  degrés,  l'eau  commença  à  prendre 
l'état  liquide  et  à  réagir  sur  les  cor|)s  déjà  formés,  en  produisant  un  déga- 
gement de  chaleur  et  d'électricité  énorme,  qui  contribuait  à  rendre  lumi- 
neuse l'atmosphère. 

»   La  deuxième  époque  est  celle  à  laquelle  i\  faudrait  rapporter  la  cou- 


(  289  ) 
stitution  actuelle  du  Soleil,  autant  qu'il  est  possible  de  le  supposer,  en 
s'appiiyant  sur  les  données  que  nous  fournissent  l'AsIronouiie,    la  Géo- 
logie et  les  éruptions  volcaniques  anciennes  et  modernes. 

»  J'ai  cru  devoir  exposer  ensuite  les  principaux  phénomènes  de  l'atmo- 
sphère, phénomènes  lumineux,  électriques,  aqueux  et  d'orages  à  grêle,  ce 
qui  m'a  conduit  à  parler  des  climats,  de  leur  constance,  de  leur  varia- 
bilité et  do  rinflueuce  qu'exercent  sur  eux  les  forêts;  puis  j'ai  rapporté  les 
recherches  qui  ont  été  faites  pour  remonter  autant  ([u'il  était  possible, 
en  s'appuyant  sur  des  données  historiques,  à  l'aticienneté  de  certains  chan- 
gements opérés  à  la  surface  du  globe.. 

»  J'ai  donné  enfin  un  aperçu  général  des  actions  lentes  qui  ont  lieu 
dans  les  différents  terrains,  afin  de  montrer  coiiiment  interviennent  les 
forces  physico-chimiques  dans  les  elïcts  que  l'on  observe, 'et  que  j'ai  essayé 
de  reproduire  en  employant  ces  mêmes  forces  dans  des  conditions  sem- 
blables. 

»  On  voit,  par  ce  court  exposé,  que  j'ai  cherché  à  aborder  expérimenta- 
lement, dans  cet  ouvrage,  les  principales  questions  qui  se  rattachent  à  la 
production  des  grands  phénomènes  de  la  nature.    » 

ASTRONOMIE.  —  M.  YvoN  ViLLARCEAU  donne  lecture  d'une  Note  relative 
à  la  discussion  des  observations  du  passage  de  Vénus. 

ASTRONOMIE.  —  Présentation  d'une  nouvelle  livraison  de  i  «  Atlas  écliplique 
de  l'Observatoire  de  Paris  «  ;  par  M.  Le  VEnniEU. 

«  V Allas  écliplique  est  la  description  exacte  d'une  zone  de  5  degrés  de 
largeur,  s'étendant  à  2  degrés  et  demi  de  part  et  d'autre  de  l'écliptique 
sur  tout  le  pourtour  du  ciel.  Les  cartes  qui  le  composent  comprennent 
chacune  20  minutes  de  temps  en  ascension  droite.  Soixante-douze  cartes 
suffiraient  pour  décrire  la  zone  complète;  il  y  en  aura  toutefois  quelques- 
unes  de  plus  pour  les  régions  voisines  de  l'équateur,  où  l'arc  d'écliptique 
est  le  plus  incliné  sur  les  parallèles.  Elles  contiennent  toutes  les  étoiles 
visibles  dans  une  lunette  de  24  centimètres  d'ouverture,  jusqu'à  la  treizième 
grandeur  inclusivement. 

»  Quatre  des  cartes  de  la  présente  livraison  ,  contenant  ensemble 
7655  étoiles,  sont  de  MM.  Paul  et  Prosper  Henry.  T.;i  méthode  que  suivent 
ces  deux  observateurs  pour  la  construction  des  caries  a  été  décrite  par  eux 
dans  les  Comptes  rendus,  t.  L.WIV,  p.  2/\(').  Us  font  usage  des  deux  équato- 
riaux  du  jardin,  munis,  l'un  d'une  lunette  de  24  centimètres,  l'autre  d'une 


{ 290  ) 

limetle  de  21  cenlimètres.  La  découverte  de  plusieurs  petites  plnnètes  et 
comètes  a  été  déjà  la  récompense  de  leur  activité. 

»  Au  grand  équatorial  Secrétan-Eichens,  M.  Wolf  a  fait  adapter  un  mi- 
crouiètre  de  construction  spéciale,  qui,  mettant  à  profit  la  précision  d'en- 
traînement de  la  lunette  sous  l'action  d'un  régulateur  deL.  Foucault,  doiuie 
immédiatement  les  coordonnées  de  toutes  les  étoiles  comprises  dans  le 
champ  de  la  lunette,  telles  qu'elles  doivent  être  rapportées  sur  la  carte, en  te- 
nant compte,  par  conséquent,  du  rapprochement  des  cercles  de  déclinaison 
quand  la  région  observée  s'éloigne  de  l'équateur.  Après  avoir  servi  à  la 
construction  d'une  carte  écliptique,  ce  micromètre  est  appliqué  mainte- 
nant à  la  description  exacte  des  amas  d'étoiles. 

»  Les  nouvelles  cartes  présentées  à  l'Académie  ne  sont  donc  pas  seule- 
ment des  dessins  suffisamment  exacts  du  ciel,  mais  représentent,  pour  la 
majeure  partie  des  étoiles,  un  catalogue  exact  au  10*^  de  minute  d'arc  et  à 
la  seconde  de  temps.  Le  remplissage  à  vue  du  canevas  ainsi  formé  ne  com- 
prend, pour  la  plus  grande  partie  du  ciel,  qu'un  petit  nombre  d'étoiles. 
Cependant,  comme  il  reste  à  faire  des  portions  où  la  zone  écliptique  coupe 
la  voie  lactée,  et  qu'un  très-beau  temps  est  nécessaire  pour  pointer  toutes 
les  étoiles  visibles  dans  cette  riche  région,  les  observateurs  sont,  dans  ce 
cas,  obligés  de  donner  au  remplissage  du  canevas  une  plus  grande  impor- 
tance. Une  des  nouvelles  cartes  (MM.  Wolf,  André  et  Baillaud)  contient  à 
elle  seule  4558  étoiles,  sur  lesquelles  2000  environ  ont  été  déterminées 
rigoureusement. 

»  L'Observatoire  de  Marseille,  d'abord  succursale  de  celui  de  Paris,  au- 
jourd'hui indépendant,  reste  toujours  lié  à  nous  par  les  relations  les  plus 
cordiales.  M.  Stéphan  a  voulu  prendre  sa  part  du  grand  travail  que  nous 
nous  efforçons  d'achever,  et  le  Conseil  général  astronomique,  dans  sa  ses- 
sion de  1874,  a  consacré  ce  principe  du  travail  en  commun.  La  carte  n"  3i 
a  été  construite  à  Marseille  par  MM.  Stéphan,  Borrelly  et  Coggia.  » 

M.  Le  Vehbier  dépose,  à  celte  occasion,  ini  exemplaire  du  Naulical 
Almaiiac  poiu'  l'année  1878,  publié  par  M.  Hind,  et  fait  remarquer  que 
l'éphéméride  de  Jupiter  est  construite  sur  les  nouvelles  Tables  de  "SI.  Le 
Yerrier. 

»  Dans  la  dernière  séance,  M.  Le  Verrier  a  exprimé  l'avis  qu'il  serait 
utile  d'examiner  avec  soin  la  valeur  des  observations  individuelles  qui 
seront  communiquées  touchant  le  passage  de  Yénus,  et  d'éliminer  a  jiiivii, 
autant  que  possible,  les  observations  défectueuses.  Sans  sortir  du  sujet,  la 
discussion  des  observations  des  passages  de  Vénus  eux-mêmes  en  1761 


(  29>   ) 
pt  17C9  montre  combien  la  méthode  des  moindres  carrés,  appliquée  à 
l'ensemble  des  observations  sans  qu'on  ait  fait  cuire  elles  un  choix  sévère, 
peut  faire  d'illusion. 

»  D.ins  son  travail  sur  la  détermination  de  la  parallaxe  du  Soleil,  le 
directeur  de  l'Observatoire  de  Berlin,  Encke,  applique  à  la  discussion  des 
observations  du  passage  de  1761  la  méthode  des  moindres  carrés  et  trouve, 
pour  la  parallaxe  équatoriale  et  horizontale  du  Soleil, 

8",  5309, 

avec  une  erreur  à  craindre  de  o",o6  environ. 

»  Par  la  discussion  des  observations  du  passage  de  1769,  traitées  en  la 
même  façon,  Encke  trouve  la  parallaxe 

8",  6o3o, 

avec  une  erreur  à  craindre  de  a",  0^60. 

»  Enfin,  par  la  combinaison  de  l'ensemble  de  toutes  les  observations  des 
deux  passages,  Encke  conclut  la  valeur  définitive  de  la  parallaxe 

8",  5776, 
avec  une  erreur  à  craindre  de  o",o37. 

»  Or,  quelque  illusion  que  puisse  faire  le  nombre  exagéré  des  déci- 
males, et  surtout  l'exactitude  conclue,  on  sait,  dès  à  présent,  que  l'erreur 
réelle  du  résultat  est  dix  fois  plus  forte  que  la  méthode  ne  l'indiquait,  et 
c'est  cette  erreur  qui  a  été  la  source  de  tant  de  difficultés  ». 

NOmiVATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de  deux  candidats,  qui  devra  être  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique,  pour  la  chaire  d'Histoire  naturelle  des  corps  inorganiques, 
laissée  vacante  au  Collège  de  France  par  le  décès  de  M.  Élie  de  Reaumont. 

Au  premier  toiu*  de  scrutin,  destiné  au  choix  d'un  premier  candidat, 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  obtient.   ...     43  suffrages. 
Il  y  a  deux  billets  blancs. 
Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  au  choix  d'un  second  candidat, 

M.  Fouqué  obtient 4'  suffrages. 

M.  C.  Darcste i         » 

En  conséquence,  la  liste  présentée  par  l'Académie  à  M.  le  ^linistre  com- 
prendra :  <7(  première  liijni-,  M.  Cii.  Saixtk- Claire  Df.vim.k;  (7j  acajinlc 
lujne,  M.  Fouqué. 


(  292  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

GÉODÉSIE.    —    LwicUe  onaltntique ,  appliquée  à  tine  boussole  nivelante 
el  à  un  lachéomèlre ;  par  M.  C.-M.  Goixier.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Faye,  Villarceau,  Desains.) 

o  M.  Porro,  officier  supérieur  du  Géuie  piémoiitais,  qui  avait  imagiué 
la  lunette  anallatique,  l'avait  réalisée  en  armant  la  lunette  de  trois  oculaires 
distincts,  places  les  uns  au-dessus  des  autres,  et  avec  chacun  desquels  on 
observait  séparément  le  fil  réticulaire  et  les  fils  stadimétriques. 

»  Depuis  lors,  pour  éviter  les  inconvénients  de  ces  trois  oculaires  dis- 
tincts, les  constructeurs  ont  réalisé  la  lunette  anallatique  avec  des  oculaires 
de  Ramsden,  mais  en  quadruplant  au  moins  les  erreurs  dans  la  mesure  des 
distances.  Aussi  leurs  lunettes  énormes,  qui  exigent  pour  les  porter  des 
instruments  fortement  charpentés,  donnent-elles  moins  de  précision  dans 
les  mestires  que  les  petites  lunettes  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter 
à  l'Académie  (*). 

»  Voici  les  conditions  auxquelles  a  dû  satisfaire  et  satisfait  en  effet  la 
lunette  anallatique  présentée  : 

»  a  étant  la  distance  du  centre  d'anallatisme  à  l'objectif;  p,  //,  //',  p" 
étant  respectivement  les  distances  focales  principales  de  l'objectif,  du  verre 
anallatiseur  et  des  deux  lentilles  de  l'oculaire;  d\  d"  et  d'"  étant  les  dis- 
tances successives  de  ces  diverses  lentilles,  quand  la  lunette  est  ajustée 
pour  viser  un  objet  situé  à  l'infini,  et  pour  un  œil  emmétrope  : 

»  1°  Le  verre  anallatiseur  est,  comme  dans  les  lunettes  de  M.  Porro, 
une  lentille  .simple,  piano-convexe,  dont  le  foyer  est  calculé  par  \;i  formule 

(*)  Ces  lunettes  ont  été  réalisées,  dès  iSSg,  dans  les  ateliers  de  M.  Bellieni,  habile  con- 
structeur de  Metz  (arlucllemcnt  à  Nanry),  qui,  depuis  lors,  en  a  exécuté  un  grand  nombre; 
mais  elles  sont  peu  connues,  parce  qu'elles  n'ont  jamais  été  décrites.  Nous  les  présentons 
associées  avec  une  boussole  nivelante  en  métal  et  avec  un  lacliéométre.  La  boussole  nive- 
lante, exécutée,  d'après  nos  dessins,  dans  les  ateliers  de  l'École  de  IMetz,  ne  pèse  que  a''', 3. 
C'est  un  instrument  Irès-commode,  très-stable  et  d'une  précision  suffisante  pour  le  service 
ordinaire.  Le  tachéomètre,  exécuté,  sous  notre  direction,  par  M.  Tavernier-Gravet,  pour 
l'enseignement  de  l'École  d'Application  de  l'Arlillerie  et  du  Génie,  est  un  instrument  de 
petites  dimensions,  qui  est  débarrassé  de  toutes  les  vis  de  rappel  dont  on  jieut  se  passer,  et 
(lui,  dans  l'emploi,  est  beaucoup  plus  commode  et  au  moins  aussi  précis  que  les  énormes 
instruments  ipie  l'on  a  exécutés  jusqu'ici  sous  le  même  nom. 


(  293) 

d'annllatisine 

p  ~  cl  —  ■ — ,— 
'  n  -\-  p 

il  est  lié  invariablement  à  rol)jectif; 

»  2"  L'ensemble  des  leiililles  //,  //',  //"  a  été  considéié  coiimie  un  ocu- 
laire triple,  et  a  été  assujetti  à  la  condition  iVachroDintisint  latéral,  que  nous 
avons  exprimée  par  la  formule 

P"  +  P"'  -:,    ,    "-^'i'). 

n  3°  L'anneau  oculaire  est  placé  à  5  millimètres  au  moins  en  arrière  de 
la  lentille  d'œil,  afin  que  celui-ci  puisse  percevoir  facilement  tonte  l'étendue 
du  champ; 

»  4°  Aucun  rayon  lumineux  ne  rencontre  les  surfaces  des  lentilles  sous 
des  angles  moindres  que  6o  degrés  :  l'inobservation  de  cette  condition 
causerait  une  trop  grande  déperdition  de  lumière  par  réflexion  et  des 
aberrations  sphériques  trop  considérables; 

»  5°  Les  cercles  qui  sont  les  intersections  des  pinceaux  lumineux  par 
les  surfaces  des  lentilles  ont  des  diamètres  plus  grands  que  o'"",3,  sans 
quoi  le  moindre  grain  de  poussière,  en  interceptant  un  ou  plusi(  uis  pin- 
ceaux voisins,  produirait  des  taches  sur  l'image  perçue; 

»  G"  Il  reste,  entre  le  foyer  réel  et  la  lentille  qui  est  en  avant  de  lui,  un 
intervalle  de  8  à  9  millimètres,  ce  qui  est  nécessaire  pour  y  loger  le  méca- 
nisme (lu  porte-fil  ; 

))  7°  Le  grossissement  est  tel  que  le  diamètre  de  l'anneau  oculaire 
égale  i™",75.  Un  grossissement  trop  fort  est  nuisible  par  les  temps  sombres, 
ou  quand  les  lentilles  ne  sont  pas  entretenues  dans  un  grand  état  de  pio- 
preté  ; 

»   8°  Le  sinus  du  demi-champ  amplifié  est  au  moins  de  o,aoo. 

»  L'étude  analytique  de  la  question  a  montré  qu'on  ne  pouvait  satisfaire 
à  ces  diverses  conditions  que  par  un  oculaire  négatif,  composé  de  deux  len- 
tilles convergentes.  Elle  a  |)rouvé,  de  plus,  que  l'on  ne  pouvait  pas  s'écarter 
beaucoup  de  certaines  ju-oportions,  que  l'on  a  calculées. 

I)  INIais  un  oculaire  établi  avec  ces  proportions,  et  composé  de  lentilles 
piano-convexes,  n'était  pas  aplanétique;  et   la  partie  du  champ  que  l'on 


(*)  On  sait  que,  pour  un  ociilairo  compose  de  (Itux   l(nlill(S/>"  ft  //",  ilibtaiites  de  <■/'  , 

p"  -1-  p'" 

fonuulc  d'achroHiatisme  latéral  est -^ —  =  1. 

a 

C.R.,  1875,  1"  Scmejii  c.  (T.  LXXX,  N»  !î.1  ^9 


mm 
206,5 

1 1 ,5 
21 ,0 


(  294  ) 
pouvait  percevoir  avec  netteté  était  trop  restreinte.  On  s'est  alors  livré  à  des 
essais  méthodiques,  avec  des  lentilles  de  foyers  identiques,  mais  de  formes 
diverses,  et  l'on  est  parvenu  à  constituer  un  oculaire  doué  d'un  champ 
assez  grand,  et  d'une  netleté  parfaite  dans  toute  l'étendue  de  ce  champ,  et 
cela  malgré  les  variations  qu'éprouvent  d"  et  d'"  pour  l'ajustement  de  la 
lunette  aux  diverses  distances  et  aux  diverses  vues.  Cette  lunette  est  même 
plus  nette  que  les  lunettes  ordinaires  d'instruments;  ce  qui  tient  sans  doute 
à  ce  que  les  oculaires  de  Ramsden,  que  l'on  emploie  dans  ces  dernières, 
ne  peuvent  pas  satisfaire  à  la  condition  d'achromatisme  latéral. 

»  Voici  les  proportions  que  nous  avons  adoptées.  Les  distances  sont 
comptées  entre  les  centres  optiques  des  lentilles,  et  elles  tiennent  compte 
approximativement  des  épaisseurs  de  celles-ci  : 

Distances  focales         Diamètres  Distances 

principales.  réels.        entre  les  lentilles, 

mm  mm 

Objectif  O /"  =  23o,o     ...   24,5 

Verre  anall.itiscur  0' />'  =  i25,o      ...    i3,o 

Verre  de  cliamp  0*' /•'"=    3i  ,7      ...    11,0 

Oculaire  O"' /'=    '  '  >y     •  •  •      ^j" 

Diamètre  efficace  de  l'otijeclif 21 ,0 

Grossissement 12  fois. 

111111 
Distance  de  l'objectif  au  centre  d'anallatisme «=122,0 

Distance  de  0"  au  diapliragme  jjorte-fils 9,5 

Diamètre  de  l'ouverture  de  ce  diaplirai^nie 5,  i 

Écartement  des  fils  pour  angle  stadimétriciuc  ^'^ 3,o5 

Distance  du  point  oculaire  à  C" 5,  i 

Course  de  roculaire  pour  viser  à  3  mètres •  '  ?() 

»   Les  lentilles  simples  ont  les  formes  stiivantes  : 

»  Le  verre  anallatiseur  O'  est  piano-convexe;  le  verre  de  champ  0"  est 
concavo-convexe;  le  rayon  de  la  courhure  concave,  3  fois  plus  grand  que 
celui  de  la  courbure  convexe  (t).  La  lentille  oculaire  O  "  est  biconvexe, 
l'une  des  courbures  étant  4i  fois  plus  forte  que  l'autre  (i).  Les  trois  len- 
tilles ont  leur  face  la  plus  bombée  tournée  vers  l'objectif. 

»  Pour  que  la  lunette  soit  bonne,  il  itnporle  beaucoup  que  les  foyers  de  O* 
et  G'écartent  peu  de  ceux  qui  sont  indiqués  ci-dessus.  Il  est  donc  indis- 
pensable que,  pour  mesurer  ces  foyers,  l'opticien  fasse  usage  L\\n\focoinèlre. 
Toutefois,  à  cause  des  incertitudes  inévitables  de  la  fabrication,  le  con- 

(1)  Hayons  de  courbure  :  pour  O',  concave  i5  lignes,  convexe  5  lignes;  |)()ur  O"', 
l5  lignes  cl  ,'>  [  ligues  convexes.  (Les  outil:)  des  opticiens  sont  encore  gradues  eu  lignes.) 


(  =95) 
structeiir  doit  ajuster  l'oculaire  de  la  façon  suivante  :  il  met  d'abord  l'ocu- 
laire O  '  à  la  distance  des  fils  qui  convient  à  une  vue  moyenne,  puis  il  en 
.ipproche  ou  il  en  éloigne  le  verre  de  champ  O",  jusqu'à  ce  que  la  lunette 
lui  paraisse  nette  dans  toute  l'étendue  du  champ,  quand  il  l'a  mise  au  point 
pour  viser  les  objets,  soit  éloignés,  soit  rapprochés.  Si,  après  ce  réglage  de 
l'écartement  des  deux  verres  de  l'oculaire,  le  grossissement  était  insuffisant, 
il  f'iuidrait  raccourcir  le  foyer  de  la  lentille  d'oeil  O'".  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MÉCANIQUE  APPLiQUiiE.  —  Sur  ta  théorie  générale  des  percussions  el  sur  la 
ninnicre  de  l'appliquer  nu  calcul  des  effets  du  tir  sur  les  différentes  parties 
de  raffut.  Note  de  M.  U.  Putz. 

(Commissaires  :  MM.  Morin,  Phillips,  Resal.) 

((  Soit  un  corps  rigide,  de  masse  M,  et  dont  les  moments  d'inertie  autour 
des  axes  principaux  qui  se  croisent  en  son  centre  de  gravité  O  sont  Ma-, 
M  [ri-,  INI  Y".  Supposons  que  ce  corps  reçoive  en  un  de  ses  points  A(x,  j,z) 
une  percussion  P  agissant  dans  une  direction  déterminée  parles  angles  «, 
b,  c,  qu'elle  fait  avec  les  axes  principaux,  pris  pour  axes  des  coordonnées. 
A  la  percussion  P  appliquée  en  A,  substituons  une  percussion  égale  appli- 
quée en  O  et  un  couple  G  =  P^,  dont  le  bras  de  levier  d  est  la  perpendi- 
culaire abaissée  de  O  sur  P.  En  vertu  de  P,  tous  les  points  du  corps  pren- 

dront  une  vitesse  de  translation  V  =  -  parallèle  à  P.  En  vertu  de  G,  le 

corps  tournera,  avec  une  vitesse  de  rotation  0,  autour  du  diamètre  de  l'el- 
lipsoïde central,  conjugué  au  plan  du  couple.  K  étant  le  rayon  de  gyration 
autour  de  ce  diamètre  et  /  étant  l'angle  que  fait  l'axe  de  rotation  avec  l'axe 

du  couple,  on  aura 

MK"-!/  =  G  cosi  =  Vdcosi. 

»  La  vitesse  d'un  point  quelconque  de  la  droite  suivant  laquelle  se 
produit  la  percussion  aiua  donc  pour  valeur 


--t-r/^cos,  =  -(^.  +  -j^j. 


»  Cette  vitesse  est  celle  que  la  percussion  P  imprimerait  dans  le  sens  de 
sa  direction  à  luic  masse  m,  fraction  de  la  luasse  M,  déterminée  par  la 

3q.. 


(  ^96  ) 
iornuile 


d'  cos'i 

que  des  transformations  faciles  permettent   d'écrire  aussi  sotis  la  forme 
suivante  : 


m  =  M 


(/cosc — zcûiby        (zcos« — .rcoscj'        [xcosb — jcosa)^ 


\V  f 


»  La  masse  m  est  donc  constante,  quel  que  soit  le  point  que  l'on  con- 
sidère sur  la  direction  de  la  percussion  P;  elle  ne  déjiend  que  de  la  posi- 
tion (le  la  droite  suivant  laquelle  cette  percussion  agit,  et  elle  est  indépen- 
dante de  sa  grandeur. 

»  La  force  vive  que  la  percussion  P  communiquera  au  corps  a  pour 
expression 

MV=4-  MR=Ô=  =.  MV=  (r  +  ^)  ..  ^1  -.  m(^-}j , 

elle  est  donc  égale  à  celle  qu'acquerrait  la  masse  m  par  l'effet  de  la  per- 

P 

cussion  P,  capable  de  lui  imprimer  \\  vitesse—» 
'  '  /?t 

»  Nous  avons  supposé  jusqu'ici  que  le  corps  frappé  est  au  repos  quand 
il  reçoit  la  percussion  P;  mais  il  est  facile  de  vérifier  que,  dans  le  cas  gé- 
néral où  il  serait  animé  d'un  mouvement  quelconque,  la  considération  de 
la  masse  m,  définie  par  la  formule  établie  ci-dessus,  a  toujours  une  trés- 

p2 

grande  inqiortance,  parce  que  l'expression  —  représente  la  force  vive  qui 
se  perd  dans  le  choc. 

»  Cette  théorie  permet  aussi  de  ramener  le  problème  le  plus  générai  du 
choc  de  deux  corps  rigides,  animés  de  mouvements  quelconques,  à  celui 
du  choc  de  deux  points  massifs,  se  mouvant  avec  des  vitesses  cornuu>s,  sui- 
vant une  même  droite.  On  pourra,  en  effet,  toujours  calculer  comme 
ci-dessus  les  masses  m  et  m,,  fractions  des  masses  totales  ]M  et  M,  des  deux 
corps,  ainsi  que  les  vitesses  y  et  i', ,  avec  lesquelles  elles  devront  être  sup- 
posées se  mouvoir  suivant  la  normale  communo  au  point  où  le  choc  se 
produit.  Ces  éléments  suffiront  pour  déterminer  la  grandeur  de  la  pirms- 
siou,  los  mouvements  des  corps  à  la  fin  du  choc  et  les  forces  vives  perdues 
par  chaciu»  d'eux. 

»  Dans  son  Mémoire  ayant  pour  titre  :  Foniuilcs  irlalivcs  aux  ijich  du  tir 
suf  les  différcnlcs  juirliis  di'  i'djjiil,  Poisson  drmoulre  conuneut  on  ohlicul. 


(  297  ) 
eu  appliquant  le  principe  de  d'Aleiubcrt,  les  valeurs  des  quantités  de  mou- 
vement par  lesquelles  se  mesurent  les  percussions  produites  par  le  lir;  mais 
il  n'apprend  pas  à  connaître  les  forces  vives  perdues  dans  ces  chocs.  Celles-ci 
cependant  peuvent  seules  donner  une  idée  exacte  de  la  fatigue  supportée 
par  les  différentes  pièces  dont  le  système  est  composé.  Pour  avoir  une 
solution  complète  du  problème,  il  est  donc  nécessaire  de  calculer  ces 
forces  vives  perdues;  notre  théorie  permet  de  le  faire  avec  la  plus  grande 
facilité. 

»  Supposons,  en  effet,  que  T  soit  la  percussion  exercée  par  un  tourillon 
sur  son  encastrement;  on  saura  qu'on  doit  la  regarder  comme  produite 
par  une  masse  m,  fraction  connue  de  la  masse  M  de  la  bouche  à  feu,  frap- 

T 

pant  avec  la  vitesse  -■,  et  que  celte  percussion  est  reçue  par  une  masse  m,, 

fraction  connue  de  la  masse  M,  de  l'affût.  On  saura  aussi  que sera 

la  mesure  de  la  fatigue  éprouvée  par  la  pièce  dans  ce  choc  du  tourillon,  et 
que sera  celle  de  la  fiitigue  éprouvée  par  l'affût  au  point  de  l'encas- 
trement où  il  reçoit  le  choc. 

»  Si  V  représente  la  percussion  supportée  par  la  vis  de  pointage,  on 
saura  de  même  qu'elle  est  produite  par  une  masse  m',  fraction  connue  de 

V 
la  masse  M  de  la  pièce,  frappant  avec  lUie  vitesse—;  et  qu'elle  s'exerce  sur 

une   masse  m,,   fiaction   connue  de  la  masse  M,   de  l'affût. -,  sera  la 

I    V" 
mesure  de  la  fatigue  éprouvée  par  la  culasse,  et  -  — r  celle  de  la  fatigue 

transmise  à  l'affût  par  l'écrou  de  la  vis  de  pointage,  etc. 

»  Il  ne  nous  semble  pas  qu'on  puisse  ajijjorter  plus  de  clarté  dans  celte 
question  de  la  recherche  des  eflels. du  tir  sur  les  affûts.   » 

PiiYSK^UE.  —  Note  sur  le  mdcjnctismc ;  par  M.  J.-.M.  G.vrr.Aiv  (  i  ). 

(Conunissaires  :  MM.  Fi/,fau,  Jamiii,  Desains.) 

«  85.  Influence  de  la  leiupcraUire  sur  l'airnanUUion.  —  M.  Elias  mentionne, 
dans  le  iMémoiie  que  j'ai  précédemment  cité  [Po(jg.  ./iindlen,  t.  I.XII, 
p.  249)»  une  méthode  d  aimantation  qui  consiste  à  faire  rougir  le  barreau 

(1)  Voir  les  Coi/i/Jlrs  rciutus  <!cs  i3  jaiiviir,  3i)  juin,  S  el  ?.()  scpti  luhii',  10  noviiiibrc  et 
9.  il(''(enil)re  ilÎ73;  ?.?.  iii.irs,  i''  el  1  fi  juin,  'j  sepleinlire,  5  octol)io  et  7  (lr<'<'iiil)re  1874- 


(  ^9«  ) 
qiio  l'on  vont  aimanter,  à  le  suspendre  ati  pôle  d'iiii  éloctio-aimant  et  à  le 
laisser  refroidir  dans  cette  position;  puis  il  ajoute  :  «  Cette  méthode  est, 
a  comme  chacun  le  sait,  sans  résultat.  »  Je  ne  sais  pas  où  se  trouvent  ex- 
posés les  résultats  négatifs  auxquels  ÎNl.  Elias  fait  allusion;  mais,  avant  d'a- 
voir hi  sou  Mémoire,  j'avais  essayé  d'augmenter  l'aimantation  par  l'emploi 
de  la  chaleur,  et  je  crois  y  avoir  réussi  dans  certains  cas.  J'ai  d'aljord  opéré 
dans  les  conditions  que  M.  Elias  indique;  j'ai  aimanté  des  petits  barreaux 
d'acier,  de  4  à  8  millimètres  de  diamètre,  en  mettant  pendant  quelques 
instants  l'une  de  leurs  extrémités  en  contact  avec  l'un  des  pôles  d'un  ai- 
mant permanent  ;  j'ai  constaté  leur  état  magnétique  en  déterminant  quel- 
ques points  de  leur  courbe  de  désaimantation  :  puis  je  les  ai  do  nouveau 
mis  en  contact  avec  l'aimant  eu  les  chauffant  cette  fois  avec  une  lampe  à 
alcool;  cette  lampe  éteinte,  j'ai  attendu  que  les  barreaux  fussent  refroidis 
avant  de  les  détacher  de  l'aimant,  et  j'ai  de  nouveau  constaté  leur  état  ma- 
gnétique après  le  refroidissement  complet  :  j'ai  trouvé  ainsi  que,  dans 
cas  où  les  barreaux  étaient  chauffés,  l'aimantation  était  beaucoup  plus 
forte  que  lorsqu'ils  ne  l'étaient  pas.  Dans  certaines  expériences,  l'emploi 
de  la  chaleur  a  doublé  la  valeur  des  courants  de  désaimantation.  Il  faut 
remarquer  que  l'accroissement  de  magnétisme  dont  il  s'agit  ici  ne  se  produit 
qu'autant  que  le  barreau,  après  avoir  été  chauffé,  reste  en  contact  avec 
l'aimant  pendant  qu'il  se  refroidit.  Si,  après  avoir  chauffé  le  barreau,  on  le 
sépare  de  l'aimant  pendant  qu'il  est  chaud,  l'aimantation,  loin  d'être  aug- 
mentée, se  trouve  diminuée  par  le  chauffage. 

»  Dans  l'expérience  précédente,  je  ne  me  suis  occupé  que  du  magne 
tismé  permanent  conservé  par  le  barreau  après  l'éloignemcnt  de  l'aimant; 
il  était  intéressant  de  rechercher  encore  comment  la  chaleur  modifie  le 
magnétisme  lolal  développé  pendant  le  contact  de  l'aimant  et  du  barreau. 
Pour  cette  recherche,  j'ai  un  peu  modifié  la  disposition  de  l'expérience  : 
au  lieu  de  mettre  la  face  polaire  de  l'aimant  eu  contact  avec  l'une  des  ex- 
trémités du  barreau,  j'ai  disposé  l'aimant  perpendiculairement  au  barreau, 
et  j'ai  mis  l'une  de  ses  faces  polaires  eu  contact  avec  le  milieu  du  barreau. 
Le  toron  induit  ayant  été  placé  en  un  certain  point  M  du  barreau,  j'ai 
constaté  d'abord,  dans  une  de  mes  séries  d'expériences,  que  le  courant 
induit  de  désaimantation  correspondant  au  point  M  avait  pour  valeur  25,6; 
cela  fait,  j'ai  chauffé  le  point  M  avec  une  lampe  à  alcool;  puis,  après  avoir 
éteint  cette  lampe,  j'ai  do  nouveau  déterminé  la  valeur  du  courant  induit 
de  désaimantation.  J'ai  trouvé  que  celle  valeur  ne  variait  ]ias  très-notable- 
ment pendant  le  refroidissement  du  barreau  :  elle  a  été  /p  au  moment  où 


(  299  ) 
la  lampe  venait  d'être  cteiule  et  43,8  après  le  rerroidissomciU  CDiiiplet  du 
barreau.  L'aiinaiilatioii  totale  a  élé,  ccnumc  on  le  voit,  considérablement 
augmentée  par  le  cbanft'agc;  mais  il  a  suffi,  pour  faire  disparaître  une  par- 
tie de  l'accroissement  ainsi  obtenu,  d'éloigner  pendant  quelques  intants 
raiinaiit  du  barreau;  lorsque  le  contacta  élé  rétabli,  quel([ucs  instants  plus 
tard,  entre  les  mêmes  poinls,  le  courant  de  désaimantation,  qui  représentait 
le  magnétisme  total  du  point  M,  est  tombé  de  4^)8  i*  34- 

»  Ces  résultats  me  paraissent  intéressants  en  ce  qu'ils  justifient  l'idée 
qu'on  se  fait  généralement  de  la  force  coercitive.  Cette  force,  étant  consi- 
dérée comme  une  force  passive  analogue  au  frottement,  doit  faire  obstacle 
au  mouvement  des  molécules  dans  quelque  sens  que  ce  mouvement  soit 
dirigé,  et  si  l'on  admet  que  son  intensité  diminue  quand  la  température 
s'élève,  bypotiièse  extrêmement  vraisemblable,  il  en  résulte  que  la  chaleur 
doit  favoriser  l'aimantation  quand  la  force  aimantante  l'emporte  sur  la 
foi'ce  qui  tend  à  ramener  les  molécules  à  leur  position  d'équilibre,  et  qu'au 
contraire  la  chaleur  doit  favoriser  la  désaimantation  quand  c'est  la  force 
moléculaire  qui  l'emporte  sur  la  force  aimantante.  Il  ne  paraît  guère  dou- 
teux que  les  trois  forces  dont  je  viens  de  parler  (la  force  aimantante,  la 
force  moléculaire  et  la  force  coercitive)  ne  varient  les  unes  et  les  autres 
avec  la  température,  mais  dans  les  conditions  de  mes  expériences  ce  sont 
les  variations  de  la  force  coercitive  qui  ont  le  plus  d'importance,  et  elles 
suffisent  pour  expliquer  les  résultats  obtenus,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de 
prendre  en  considération  les  variations  des  deux  autres  forces. 

»  Je  crois  utile  de  faire  remarquer  que  les  recherches  dont  je  viens  de 
rendre  compte  n'ont  pas  le  même  objet  que  celles  qui  ont  été  exécutées  en 
i856  et  1857  par  MM.  Dufour  et  Wiedemann.  Dans  les  expériences  que  ces 
savants  ont  fait  connaître,  l'aimantation  peut  être  considérée  comme  inva- 
riable, ce  qui  veut  dire,  quand  on  adopte  les  vues  d'Ampère,  que  l'orien- 
tation des  molécules  ne  varie  pas;  ce  qui  varie,  c'est  l'intensité  magnétique, 
c'est-à-dire  l'action  exercée  au  dehors  par  l'ensemble  de  ces  molécules. 
Dans  mes  expériences,  au  contraire,  c'est  surtout  l'aimantation,  ou, 
si  l'on  veut,  l'orientation  des  molécules  qui  change  ;  l'intensité  magnétique 
varie  aussi  sans  doute,  mais  ses  variations  n'ont  qu'une  importance  se- 
condaire. 

M  Lors  même  qu'on  se  sert  pour  l'aimantation  du  procédé  Elias,  on 
peut  encore  augmenter  le  magnétisme  développé  en  élevant  convenable- 
ment la  températiuc  des  barreaux  que  l'on  aimante,  mais  cela  dans  le 
cas  seulement  où  le  courant  dont  on  se  sert  n'est  pas  assez  énergique  [)our 


(  3oo  ) 
donner  la  saturation  à  froid.  II   résulte  de  là  que  l'emploi  de  la  chaleur 

n'offre  pas  d'avantage  sérieux  au  |ioint  de  vue  pratique,  puisque  l'ainian- 
lation  développée  par  un  courant  donné  avec  le  secours  de  la  chaleur  peut 
toujours  être  obtenu  à  la  température  ordinaire  au  moyen  d'un  courant 
plus  fort.  C'est  au  point  de  vue  théorique  seulement  que  les  faits  que  j'ai 
menlionnés  nie  paraissent  offrir  de  l'intérêt. 

»  86.  Pour  déterminer  les  courants  de  désaimantation  qui  corres- 
pondent aux  divers  points  d'un  barreau  aimanté,  j'ai  coutume  d'employer 
des  anneaux  induits  qui  s'adaptent  au  bnrreau  avec  ce  qu'il  faut  de  jeu 
seulement  pour  qu'on  puisse  les  faire  glisser  d'un  bout  du  barreau  à 
l'autre  ;  mais  j'ai  reconnu  qu'il  n'est  pas  indis|)ensable  que  celle  condition 
soit  remplie  :  j'ai  constaté,  avec  quelque  surprise,  que  l'action  inductrice 
développée  dans  un  tour  de  sjiire  leste  sensiblement  la  même,  alors  que  le 
diamètre  de  la  spire  et  par  suite  sa  distance  au  barreau  varient  entre  des 
limites  assez  étendues.  Pour  comparer  entre  elles  les  actions  inductrices 
développées  par  deux  aimeaux  induits  de  diamètres  différents,  je  laisse 
toujours  les  deux  anneaux  dans  le  courant  induit,  de  manière  que  la  ré- 
sistance de  ce  circuit  soit  invariable,  et  je  place  successivement  chacun  des 
anneaux  sur  le  barreau  aimanté,  de  façon  qu'il  soit  seul  à  recevoir  l'action 
inductrice. 

»  Dans  une  série  d'expériences  où  j'opérais  sur  un  barreau  d'acier  de 
8  millimètres  de  diamètre,  j'ai  comparé  deux  anneaux  formés  chacun  de 
vingt  tours  de  spire  et  dont  les  diamètres  moyens  étaient  12  et  33  milli- 
mètres. J'ai  trouvé  que  les  courants  de  désaimantation  étaient  3a°,  1  pour 
l'anneau  de  12  millimèlres,  et  3i",G  pour  celui  de  33  millimètres;  la  diffé- 
rence entre  ces  deux  courants  est  de  ~  seulement,  ou  environ,  bien  que 
les  distances  moyennes  des  anneaux  au  barreau  aimanté  soient  très-dilfé- 
rentes,  l'une  étant  2  millimètres  et  l'autre  12"™,  5. 

)•  Dans  une  autre  série  où  j'ai  comparé  deux  anneaux,  l'un  de  i  2,  l'autre 
de  102  millimèlres,  j'ai  trouvé  que  les  courants  induits  avaient  pour  va- 
leurs 2  1,5  et  23,5;  la  différence  entre  les  deux  courants  n'est  encore  que 
de  -~,  alors  que  les  distances  moyennes  des  anneaux  au  barreau  sont  entre 
elles  dans  le  rapport  de  1  à  23,5. 

y>  Lorsque  le  diamètre  de  l'anneau  induit  augmente,  il  est  hors  de  doute 
(pie  chacune  des  actions  inductrices  développées  entre  un  élément  d'an- 
neau et  un  élément  de  barreau  diminue;  mais  le  nombre  de  ces  actions 
élémentaires  augmente,  et  l'on  coiniireiul  qu'il  puisse  s'établir  une  com- 
pensalion;  mais  il  me  paraît  remaripiable  que  cette  compensation  s'éla- 


(  3oi  ) 
blisse  presque  exactement,  quand  les  variations  de  diamètre  restent  com- 
prises entre  certaines  limites  assez  étendues  :  très-sîirement  le  calcul  ren- 
drait compte  de  ce  fait.  » 

CHIMIE  MINÉRALE. —^noma/i'e  magnétique  du  sesquioxyde  de  Jer, préparé 
à  l'aide  de  fer  météorique.  Mémoire  de  M.  L.  Smith.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Balard,  II.  Sainte-Claire  Deville,  Edm.  Becquerel.) 

«  Le  sesquioxyde  de  fer,  tel  qu'on  l'obtient  dans  l'analyse  des  fers  mé- 
téoriques, est  toujours  attirable  à  l'aimant,  quoique  la  température  à  la- 
quelle il  ait  été  chauffé,  avant  le  pesage  final,  ne  soit  qu'une  tempé- 
rature rouge  modérée,  juste  suffisante  pour  fournir  lui  poids  constant. 

»  Ce  phénomène  a  été  d'abord  attribué  à  des  particules  de  matières 
organiques  provenant  du  filtre,  qui  auraient  réduit  une  petite  quantité 
de  sesquioxyde. 

»  Plus  tard,  je  fus  conduit  à  soupçonner  la  présence  de  quelque  nouveau 
métal  magnétique,  ou  d'un  métal  intimement  uni  au  fer,  mais  autre  que  le 
cobalt  et  le  nickel  (attendu  que  les  oxydes  de  ces  métaux  ne  sont  pas  sen- 
sibles à  l'aimant,  qu'ils  proviennent  de  fer  météorique,  ou  de  toute  autre 
source). 

»  Des  expériences  furent  tentées  pour  découvrir  l'existence  de  ce  métal, 
si  tant  est  qu'il  existât,  mais  sans  succès;  j'en  restai  là  pendant  plusieurs 
années,  jusqu'au  moment  où  je  commençai  l'étude  du  fer  d'Ovifak,  dont  je 
m'occupe  on  ce  moment,  et  qui  m'amena  à  la  découverte  de  faits  pro|)res 
à  me  convaincre  que  ce  fer  est  d'origine  terrestre  et  non  céleste.  J'espère 
soumettre  à  l'Académie  sous  peu  le  résultai  de  mes  recherches. 

»  L'observation  relative  au  sesquioxyde  de  fer  provenant  de  fers  météori- 
ques lut  appliquée  au  fer  d'Ovifak,  et  je  trouvai  qu'il  était  également 
attirable  à  l'aimant.  Cette  anomalie  se  manifestant  dans  deux  fers  que  je 
supposais  d'origines  différentes,  je  résolus  de  soumettre  à  un  examen  mi- 
nutieux le  sesquioxyde  de  fer  provenant  de  sources  terrestres  et  célestes. 

M  Les  fers  sur  lesquels  l'expérience  a  été  faite  ont  été  dissous  dans  un 
mélange  de  parties  égales  d'acide  clilorhydrique  et  d'acide  nitrique.  Los 
filtres  élaient  on  toile  de  coton,  parfailoment  exempte  de  charpie,  et  tendue 
sur  un  entonnoir;  la  quantité  de  fer  employée  ne  dépassait  pas  i  gramme; 
le  filtrage  a  été  rapide  et  le  lavage  facile  et  complet.  D'autres  filtrages  ont 
été  effectués  avec  des  entonnoirs  dont  le  col  avait  été  fermé  par  un  tampon 
d'amiante. 

i:.R.,i875,  i"Scme«;r<-.(T.  LXXX.N"  U.)  4o 


(    302    ) 

»  Les  matières  ont  été  chauffées  dans  de  minces  creusets  de  porcelaine 
vernissée,  d'environ  /^o  centimètres  cubes,  à  l'aide  d'une  petite  lampe 
Bunsen,  fournissaiU  5  pieds  cubes  par  heure;  le  sommet  de  la  flamme 
s'étalait  sur  la  surface  du  fond  du  creuset,  et  la  moitié  des  parois  chauffait 
très-rapidement  au  rouge  les  2  ou  3  décigrammes  généralement  employés. 

»  Quant  à  l'aimant  employé,  le  sesquioxyde  de  fer  étant,  à  proprement 
parier,  classé  dans  la  catégorie  des  corps  magnétiques  (ce  qui  cependant 
n'est  exact  que  lorsqu'il  est  soumis  à  des  aimants  puissants),  l'aimant  dont 
on  s'est  servi,  dans  toutes  les  expériences,  était  faible.  C'était  un  petit  aimant 
en  fer  à  cheval,  capable  de  porter  environ  200  grammes  lorsque  les  deux 
pôles  étaient  mis  en  rapport.  Un  des  angles  de  l'un  des  pôles  était  placé 
au  voisinage  des  particules  d'oxyde. 

»  Une  première  série  d'expériences  fut  faite  avec  du  sesquioxyde  de  fer. 
Le  premier  sesquioxyde  employé  fut  préparé  avec  le  fer  le  plus  pur  du 
commerce,  dissous  dans  parties  égales  d'acide  chlorhydrique  et  d'acide 
nitrique,  filtré  et  précipité  par  un  excès  d'ammoniaque,  puis  filtré  de  nou- 
veau et  lavé.  Les  particules  d'oxyde,  faiblement  attirables  à  l'aimant  après 
qu'elles  avaient  été  séchées  à  1 10  degrés  C.  et  écrasées,  mais  non  pulvéri- 
sées,  perdaient  complètement  cette  propriété  au  rouge,  que  la  chaleur 
fût  continuée  pendant  cinq  ou  dix  minutes,  ou  bien  pendant  plusieurs 
heures.  Toutes  les  expériences  avec  l'aimant  furent  répétées  quand  l'oxyde 
chauffé  se  fut  refroidi,  et  de  même  pour  toutes  les  autres  expériences. 

»  Un  second  sesquioxyde  de  fer,  préparé  avec  du  protosulfale  pur, 
oxydé  par  de  l'acide  nitrique  et  précipité  par  l'ammoniaque,  donna  des 
résultats  semblables. 

»  Un  troisième  sesquioxyde  de  fer  fut  préparé  avec  du  fer  chimiquement 
pur.  Le  résultat  fut  encore  exactement  semblable. 

»  Une  série  semblable  d'expériences  fut  faite  alors  en  prenant  divers 
fers  météoriques  pour  préparer  le  sesquioxyde  :  j'expérimentai  les  fers  de 
Toluca,  Cranbourne,  Russel  Gulch,  Sevier  et  C",  Robertson  et  C'*,  et  aussi 
le  fer  provenant  de  la  météorite  pierreuse  qui  est  tombée  à  Parnallec.  Ces 
fers  furent  dissous  comme  il  a  été  dit. 

»  Ces  oxydes,  séchés  à  1 10  degrés  C, étaient  sensiblement  magnétiques, 
lorsque  l'aimant  était  mis  presque  en  contact  avec  les  petites  particules  ; 
lorsqu'on  les  chaullail  à  19  degrés  C,  le  magnétisme  observé  était  à  peu 
près  le  même  ;  à  3oo  degrés  C,  il  était  augmenté;  mais,  à  45o  degrés  C,  la 
propriété  magnétique  devenait  évidente,  les  particules  de  2  ou  3  millimètres 
de  diamètre  étant  attirées  à  une  petite  distance.  Il  n'y  avait  pas  de  diffé- 


(  3o3  ) 

rence  essentielle,  que  la  chaleur  rouge  fût  continuée  pendant  quelques 
minutes  ou  pondant  plusieurs  heures. 

»  L'effet  produit  par  la  chaleur  fut  donc,  dans  cette  seconde  série  d'ex- 
])ériences,  inverse  de  ce  qu'il  avait  été  dans  la  première. 

»  Le  sesquioxyde  de  fer  préparé  habituellement  par  moi,  dans  mes  ana- 
lyses de  fers  météoriques,  différait  quelque  peu  du  précédent,  le  fer  en  dis- 
solution étant  d'abord  précipité  par  l'ébullilion  avec  de  l'acétate  de  soude 
et  le  sous-acétate  formé  étant  subséquemment  converti  en  oxvde  ;  mais 
l'oxyde  ainsi  préparé  manifeste  également  des  propriétés  magnétiques 
analogues  à  celui  que  j'ai  obtenu  en  employant  l'excédant  d'ammo- 
niaque. 

»  11  restait  à  examiner  les  oxydes  de  fer  de  fers  météoriques,  et  à  voir 
quelles  impuretés  ils  contenaient;  puisa  s'assurer  que  ces  inipurctés  ne 
jouaient  pas  un  rôle  dans  le  phénomène. 

»  Puisque  la  présence  des  oxydes  de  nickel  et  de  cobalt  ne  peut  con- 
duire à  une  explication  quelconque  du  phénomène  en  question  (car  ni 
l'un  ni  l'autre  de  ces  oxydes  n'est  attiré  par  l'aimant),  je  me  déterminai  à 
voir  ce  que  pouvait  être  l'oxyde  de  fer  préparé  avec  le  fer  météorique, 
après  qu'il  aurait  été  redissous  quatre  fois,  et  quatre  fois  précipité  par 
l'acétate  de  soude,  en  convertissant  le  sous-acétate  de  fer  en  sesquioxyde 
par  la  dissolution  dans  l'acide  nitro-muriatique  et  en  le  précipitant  par 
l'ammoniaque.  Le  sesquioxyde  de  fer  ainsi  préparé  ne  présentait  plus  les 
propriétés  signalées  dans  la  deuxième  série  d'expériences,  mais  les  pro- 
priétés de  l'oxyde  ordinaire  de  la  première  série,  c'est-à-dire  qu  il  n'était 
plus  attiré  par  l'aimant  après  avoir  été  chaujjé  à  rouge. 

»  Comme  il  était  évident  que  la  petite  quantité  d'oxydes  de  nickel  et  de 
cobalt  restant  dans  le  sesquioxyde  préparé  avec  le  fer  météorique  avait 
quelque  rapport  avec  le  phénomène  qui  m'occupait,  je  fus  conduit  à  com- 
mencer une  troisième  série  d'expériences,  en  employant  du  sesquioxvde  de 
fer  préparé  avec  du  fer  pur  et  mêlé  avec  des  oxydes  de  nickel,  de  cobalt  et 
d'autres  métaux.  La  solution  de  sesquioxyde  fut  mélangée  avec  une  solution 
des  autres  métaux  dans  le  même  acide,  antérieurement  à  la  précipitation 
par  l'ammoniaque. 

M  Lorsque  la  solution  additionnelle  fut  une  solution  de  nickel  ou  de 
cobalt,  les  résultats  furent  absolument  les  mêmes  qu'avec  le  fer  météo- 
rique. 

»  L'addition  du  cuivre  donna  encore  des  résultats  rappelant  ceux  qu'avait 
donnés  l'oxyde  de  fer  météorique,  mais  à  un  degré  moindre.  Les  analyses 

40.. 


(  3o4  ) 
ultérieures  de  l'oxyde  précipité  donnaient  près  de  3  pour  loo  d'oxyde  de 
cuivre. 

»  Les  oxydes  de  manganèse,  d'or,  de  platine,  de  zinc  et  de  cadmium 
laissèrent  à  l'oxyde  prècijiilc  les  propriétés  de  l'oxyde  de  fer  pur,  c'est- 
à-dire  qu'on  n'observa  aucune  attraction  |)ar  l'aimant,  après  que  l'on  eut 
chauffé  au  rouge. 

)i  L'ensemble  de  ces  résultats  peut  se  résumer  comme  il  suit  : 

»  1°  Le  sesquioxyde  de  fer  artiticiel  hydraté,  séché  à  une  haute  tem- 
pérature, est  attiré  faiblement  par  l'aimant,  mais  perd  cette  propriété  à 
la  chaleur  rouge  et  au-dessous. 

«  2°  Le  sesquioxyde  de  fer  préparé  à  l'aide  de  la  méthode  ordinaire,  par 
la  dissolution  de  fers  météoriques,  et  séché  à  luie  basse  température,  se 
com|)orte  comme  l'oxyde  ordinaire,  avec  cette  différence  qu'il  devient  déci- 
dément magnétique  quand  il  est  chauffé  de  4oo  degrés  à  la  chaleur  rouge. 

»  3°  Le  sesquioxyde  de  fer  ordinaire,  mêlé  au  nickel  ou  au  cobalt,  ou 
à  tous  deux,  manifeste  des  propriétés  magnétiques  identiques  à  celles  du 
fer  météorique. 

»  4°  T-'fi  sesquioxyde  de  fer  provenant  d'un  fer  météorique,  entièrement 
exempt  de  traces  de  nickel  et  de  cobalt,  correspond  au  sesquioxyde  ordi- 
naire quand  on  l'examine  à  l'aimant. 

»  'o°  Le  sesquioxyde  produit  avec  une  solution  de  fer  mêlée  avec  du 
cuivre  se  comporte  connue  l'oxyde  obtenu  avec  le  fer  météorique. 

»  6°  Le  sesquioxyde  de  fer,  mêlé  à  du  manganèse,  de  l'or,  du  platine, 
du  zinc  ou  du  cadmium,  ne  diffère  aucunement  du  sesquioxyde  pur,  quant 
à  sa  réaction  magnétique. 

»  Quelle  est  la  cause  de  la  modification  des  propriétés  du  sesquioxyde 
de  fer  quand  il  est  mêlé  à  des  oxydes  de  nickel,  de  cobalt  ou  de  cuivre? 
Des  analyses  soignées,  effectuées  sur  les  mélanges  d'oxydes,  n'ont  jeté  que 
peu  de  lumière  sur  ce  sujet « 

CHIMIE  MlNii:nALE.  —  Rej)roduction  arlificielle  de  la  monazile  et  de  laxénotime. 
Note  de  ]\L  F.  Kadomixski,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

(Commissaires  :  MM.  IL  Sainte-Claire  Deville,  Des  Cloizeaux.) 

«  Parmi  les  différentes  recherches  que  je  poursuis  actuellement  sur  les 
métaux  de  la  cérile  et  de  la  gadolinite,  j'ai  cherché  à  reproduire  artificiel- 
lement deux  minéraux  très-rares,  la  monazile  et  la  xénotime. 


(  3o5  ) 

»  Je  crois  inutile  «le  décrire  ici  ces  produits  naturels  :  je  me  bornerai 
à  dire  que  la  nionazite  ou  cérium  phosphaté  est,  à  proprement  parler,  un 
pliospliate  tribasique  de  cérium,  h\nlhane  et  didyme. 

»  Quant  à  hi  xénotime,  c'est  un  phosphate  très-complexe,  renfermant 
presque  toujours,  outre  l'yttriael  l'erbine,  les  bases  de  la  monazite.  D'ail- 
leurs tous  ces  oxydes  se  trouvent  en  proportion  très-variable. 

»  Pour  cette  raison,  j'ai  pensé  que,  dans  la  production  de  la  xénotime,  il 
serait  préférable  d'employer  une  yttria  aussi  pure  que  possible.  Le  métal 
dont  je  me  suis  servi  avait  pour  équivalent  un  nombre  voisin  de  Sa,  l'é- 
quivalent réel  étant,  d'après  les  dernières  déterminations  de  M.  Clève, 
29,H5  (i). 

»  La  reproduction  de  ces  deux  minéraux  est  basée  sur  une  propriété 
remarquable  que  possèdent  les  phosphates  de  se  dissoudre  dans  les  chlo- 
rures correspondants  fondus  et  de  cristalliser  par  refroidissement.  La  dé- 
couverte de  cette  propriété  est  due  à  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville  et 
Caron . 

EEPBOOUCTION    DE    LA    MO^AZITE. 

»  Monazite  mixte  à  base  de  cérium,  lanthane  et  didyme.  —  On  obtient  faci- 
lement ce  composé  en  mélangeant  dans  un  creuset  de  platine  : 

Phosphate  de  cérium  (Ce,  La,  Di)  (2) 20  grammes. 

Chlorure  de  cérium  (Ce,  La,  Di)  fondu i5o  « 

1)  Le  creuset  muni  de  son  couvercle  est  garanti  de  l'action  du  combus- 
tible par  un  creuset  de  terre  de  bonne  qualité.  On  chauffe  progressivement 
jusqu'au  rouge  vif,  et  l'on  maintient  à  cette  température  pendant  quatre 
heures  environ.  Après  refroidissement,  on  traite  la  matière  par  l'eau  bouil- 
lante pour  enlever  le  chlorure,  puis  par  l'acide  nitrique  très-faible  pour 
dissoudre  un  peu  d'oxychlorure  formé  pendant  l'opération;  on  termine 
les  lavages  à  l'eau  pure  et  l'on  sèche  les  cristaux  à  une  douce  chaleur. 

M  Le  produit  obtenu  est  formé  de  longues  aiguilles  prismatiques,  très- 
friables,  d'un  jaune  de  miel;  elles  possèdent  un  grand  éclat.  Les  cristaux 
atteignent  souvent  une  longuenr  de  2  centimètres;  malheureusement  ils 
sont  recouverts  de  stries  nombreuses,  ce  qui  empêche  de  mesurer  les  angles 
exactement. 


(1)  Bulletin  de  la  Société  chimique  de  Paris,  t.  XVIII,  p.  198. 

(2)  Pour  ohtenirce  phosphate,  on  précipite  un  sel  mixte  de  cérium,  lanthane  et  didymi', 
par  un  excès  de  pliospliate  d'amnioniaiiue,  et  l'on  calcine  le  précipité  insoluble. 


(  3o6  ) 

»  Les  mesures  qui  ont  été  faites  sont,  je  crois,  trop  incertaines  pour 
que  je  puisse  en  rendre  compte  dans  ce  Mémoire. 

»  La  monazite  artificielle  ressemble  beaucoup  à  la  variété  naturelle  dé- 
signée sous  le  nom  de  titrnérite. 

»  La  densité  des  cristaux  obtenus  est  de  5, 086,  celle  des  cristaux  na- 
turels varie  de  4,9  à  5,26. 

»  Pour  les  analyser,  on  dissout  la  matière  dans  l'acide  sulfurique  con- 
centré, on  étend  d'eau  et  l'on  sature  presque  exactement  par  l'ammo- 
niaque. Dans  la  liqueur,  on  précipite  les  métaux  par  l'acide  oxalique,  on 
calcine  le  précipité  et  l'on  pèse.  Les  eaux  de  lavage  sont  rendues  ammo- 
niacales et  l'on  précipite  l'acide  phosphoriquc  par  le  nitrate  de  magnésie. 

))  J'ai  trouvé  ainsi  : 

Calculé.  Trouvé. 

Acide  phospliorique 3o,o8  29,11 

Oxyde  de  cériura,  lanthane  et  didyme.  .  .  .        69,92  7o>43 

100, 00  99>54 

»  Ce  résultat  conduit  à  la  formule 

PhO',3(CeO,  LaO,DiO). 

»  Monazite  du  cérkim.  —  On  obtient  ce  composé  comme  le  précédent, 
en  fondant  ensemble 

Phosphate  de  cérium  pur i5  grammes. 

Chlorure  de  cérium  pur  fondu loo        » 

»  Les  cristaux  obtenus  sont  tout  à  fait  semblables  à  la  monazite  mixte, 
mais  ils  sont  incolores.  Us  ont  fourni  à  l'analyse  : 

Calculé.  Trouvé. 

Acide  phosphorique 69,95  6g, 61 

Protoxyde  de  coiium 3o,o5  3o,32 

100,00  99,93 

»  Ces  nombres  conduisent  à  la  formule 

PhOS3CeO. 

»  Je  n'ai  pas  encore  préparé  les  composés  correspondants  du  lanthane 
et  du  didyme;  on  y  arriverait  très-probablement  en  suivant  le  même  pro- 
cédé. 

REPRODUCTION    DE    LA.    XÉNOTIME. 

»  On  prépare  ce  composé  en  fondant  dans  un  creuset  de  platine  : 

Phosphate  d'ytiiia 2  grammes. 

Ciilorure  d'yttria  fondu 20         » 


(  3o7  ) 
et  reprenant  par  l'eau.  La  xénolime  artificielle  se  présente  en  petites  aiguilles 
très-fines  douées  d'un  grand  éclat.  Pour  les  analyses,  on  fond  i  partie  de 
nialière  avec  3  parties  de  carbonate  de  soude  et  l'on  reprend  par  l'eau;  le 
résidu  insoluble  subit  la  même  opération. 

»  Dans  les  liqueurs  filtrées,  on  dose  l'acide  phosphorique  par  les  procé- 
dés ordinaires.  La  partie  insoluble  est  dissoute  par  l'acide  nitricpie  étendu  ; 
on  neutralise  par  l'ammoniaque  et  précipite  l'ytlria  par  l'oxalate  d'ammo- 
uiaipie.  Le  précipité  calciné  fournit  l'yltria  pure  que  l'on  pèse. 

))   Voici  les  nombres  que  j'ai  obtenus  : 

Calcule.  Trouve. 

Acide  phosphorique 37,18  36, og 

Yttria 62,82  63, 5() 

100,00  99)*-'8 

ce  qui  correspond  à  la  formule 

PhO%3YtO.   » 

ÉCONOMIE  RURALE.  -■  Sur  la  pulvéfisalion  des  enrjrais  et  sur  les  meilleurs 
moyens  d'accroilre  lajerlililë  des  terres.  JMémoire  de  M.  Memer.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Boussingaull,  P.  Thenard,  H.  INIangon.) 

«  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  des  Sciences 
est  la  première  partie  d'une  étude  d'ensemble,  sur  les  matières  fertilisantes 
nécessaires  à  l'agriculture  et  sur  le  meilleur  emploi  qu'on  en  puisse  faire. 
J'ai  été  amené  à  entreprendre  ce  travail  par  des  observations  que  j'avais 
faites,  coaune  fabricant  de  produits  chimiques  et  pharmaceutiques,  siu' 
l'importance  de  la  pulvérisation  dans  toutes  les  combinaisons  que  je  devais 
faire  exécuter.  Plus  tard,  lorsque  j'ai  pu,  dans  une  exploitation  jointe  à 
l'une  do  mes  usines,  voir  de  près  l'action  des  engrais,  je  n'ai  pas  été  long- 
temps sans  reconnaître  que,  d'une  part,  les  labours  étaient  d'autant  plus  effi- 
caces qu'ils  émiettaient,  pulvérisaient  davantage  une  plus  grande  épaisseur 
de  terre  arable,  et  que,  d'autre  part,  les  engrais,  pour  agir  vite  et  donner 
toute  leur  puissance  en  peu  de  temps,  devaient  être  préalablement  réduits 
en  solution  ou  bien  très-finement  pulvérisés.  J'ai  dès  lor.s  pensé  que  l'agri- 
culture ferait  une  grande  économie  d'avance  de  capital  en  répandant  ses 
engrais  et  ses  amendements  en  poudres  impalpables,  si  cela  se  pouvait.  J'.ii 
estimé,  en  outre,  qu'il  y  aurait  avantage  à  utiliser  dans  ce  but  beaucoup  île 
forces  naturelles  |)eidiies,  ijarlieulieicmeiil   l'eau  et   le  vent,  d'autres  lois 


(  3o8  ) 

même  les  animaux  domestiques  attelés  à  des  manèges,  lorsque  les  circon- 
stances ne  permettent  pas  de  les  employer  à  des  transports  ou  à  des  travaux 
de  culture  dans  les  champs. 

»  Pour  vérifier  mes  idées,  j'ai  entrepris  quelques  expériences,  dont  je 
donne  les  détails  dans  mon  Mémoire,  sur  le  pouvoir  dissolvant  de  l'eau  très- 
légèrement  acidulée  par  l'acide  carbonique  sur  des  poids  identiques  du 
même  marbre  réduit  en  fragments  cubiques  dont  les  côtés  avaient  des  di- 
mensions décroissantes.  J'ai  ainsi  constaté  que,  dans  le  même  temps,  pour 
le  même  poids  de  matière,  la  solubilité  est  proportionnelle  à  la  surface, 
c'est-à-dire  que  la  dissolution  s'effectue  en  quantité  d'autant  plus  grande, 
dans  un  tem[)s  déterminé,  que  les  surfaces  d'attaque  sont  plus  considéra- 
bles, ou,  ce  qui  revient  au  même,  que  les  fragments  sont  plus  petits.  Une 
contre-épreuve  a  consisté  à  mesurer  le  temps  nécessaire  pour  dissoudre, 
dans  un  dissolvant  approprié,  le  même  poids  de  fragments  de  diverses  gros- 
seurs; il  faut  d'autant  moins  de  temps  que  les  fragments  sont  plus  petits. 
Ces  conséquences  avaient  été  aperçues  par  le  comte  de  Gasparin,  qui,  dans 
son  Cours  dagricullure,  conseille  d'employer  de  préférence,  dans  le  mar- 
nage,  les  marnes  se  délitant  plus  facilement  et  plus  vite,  parce  qu'alors 
elles  produisent  plus  d'effet  dans  un  temps  plus  rapide.  Si  la  durée  d'action 
de  la  marne  est  alors  moins  longue,  il  n'en  résulte  pas  moins  un  avantage 
agricole,  en  ce  sens  que  le  cultivateur  n'a  pas  avancé  un  capital  restant  im- 
productif, souvent  pendant  plusieurs  années.  Co  qui  n'était  qu'une  vue 
empirique,  pour  le  comte  de  Gasparin,  devient  un  fait  expérimental  d'après 
mes  recherches. 

»  J'ai  vérifié  les  mêmes  effets  en  ce  qui  concerne  l'action  d'iuie  eau 
acidulée  par  l'acide  carbonique,  ou  par  un  acide  très-dilué,  sur  des  frag- 
ments cubiques  de  phosphate  de  chaux  de  dimensions  décroissantes  bien 
mesurées.  J^a  quantité  dissoute  dans  un  temps  donné  est  d'autant  plus 
grande  que  les  fragments  de  phosphorite  qui  forment  le  même  poids 
sont  plus  nombreux;  ou  bien  encore  il  faut  moins  de  temps  pour  mettre  en 
dissolution  une  quantité  déterminée  de  phosphate,  lorsque  ce  phosphate 
est  plus  finement  pulvérisé,  ou  offre  une  surface  plus  considérable  à  l'ac- 
tion du  dissolvant. 

»  C'est  pour  cette  raison  que  l'agriculture  préfère  aujourd'hui  les  phos- 
phates réduits  en  farine  impalpable  à  ceux  qu'on  lui  livrait  en  gr.uns 
grossiers. 

»  Les  mêmes  conclusions  sont  applicables  aux  fehlspaths  employés  au 
point  de  vue  de  leur  richesse  en  potasse,  ainsi  qu'au  plâtre,  à  la  chaux. 


(  3o9  ) 
aux  cendres  diverses  et  mémo  aux  engrais  organiques,  tels  qno  les  loiir- 
leaiix,  les  guanos,  les  débris  de  laine,  etc.,  etc.  L'agriculteur  inlelligeiit 
a  recours  empiriquement  aux  engrais  pulvérulents,  plutôt  qu'à  ceux  qui 
se  présentent  en  masses  plus  ou  moins  considérables,  même  lorsque  le 
dosage  en  principes  utiles  paraît  être  en  faveur  de  ces  derniers.  C'est  que, 
en  agriculture  comme  en  industrie,  le  temps  est  do  l'argent. 

»  J'ai  constaté  qu'on  pouvait,  par  la  pulvérisation  préalable,  réduire  à  la 
moitié,  et  parfois  au  (juart,  les  doses  des  matières  fertilisantes,  sans  di- 
minuer en  rien  les  effets  produits.  Pour  montrer  l'importance  agricole 
d'un  tel  résultat,  j'ai  dû  chercher  quelles  sont  les  dépenses  que  fait  l'a- 
griculture pour  se  procurer  des  engrais.  J'y  suis  arrivé  par  un  dépouille- 
ment complet  : 

»  1°  De  l'enquête  s|)éciale  faite  en  1 864-1 865  sur  le  commerce  des  en- 
grais, sous  la  présidence  de  M.  Dumas;  2°  de  la  grande  enquête  agricole 
de  1866-1867,  qui  n'av;iit  jamais  été  résumée  à  ce  point  de  vue;  3"  de  toutes 
les  statistiques  publiées  soit  en  France,  soit  à  l'étranger.  Je  donne  ce  dé- 
pouillement en  détail  dans  le  Mémoire  que  je  présente  aujourd'hui  à  l'Aca- 
démie, en  ce  qui  concerne  les  engrais  comptémenlaires,  par  rapport  à  la  terre 
arable,  au  fumier  de  ferme  dont  on  dispose  et  à  la  nature  de  la  récolte 
qu'on  se  propose  d'obtenir.  Selon  la  juste  définition  de  M.  Chevreul,  j'ai 
pu  classer  ainsi  les  départements  français  d'après  l'ordre  de  l'emploi  plus 
ou  moins  grand  qu'ils  font  d'engrais  commerciaux,  de  chaux,  de  marne  et 
de  plâtre,  par  hectare  cultivé.  Une  carte  coloriée  présente  à  l'œil,  sous  une 
forme  très-frappante,  l'miage  des  parties  de  la  France  dont  l'agriculture 
est,  sous  ce  rapport,  la  plus  avancée.  Un  tableau  spécial  indique  aussi  le 
rang  que  notre  pays  occupe,  à  cet  égard,  parmi  les  diverses  nations  euro- 
péennes; il  vient  après  l'Angleterre  et  la  Belgique,  mais  avant  la  Hollande, 
la  Suisse,  le  Danemark,  la  Suède  et  la  Norwége,  l'Autriche-Hongrie,  l'Italie. 
Quant  à  l'Allemagne,  elle  ne  se  place  qu'après  cette  dernière  contrée,  et 
seulement  avant  l'Espagne,  le  Portugal  et  la  Russie.  L'explication  de  la 
richesse  de  la  France  et  de  la  pauvreté  relative  d'autres  pays  est  ainsi  facile 
à  saisir. 

»  Une  autre  question  à  résoudre,  dans  les  recherches  que  j'ai  entreprises, 
est  celle  de  savoir  quelles  sont  les  surfaces  qui  ont  besoin  d'engrais.  J'ai 
consacré  à  cette  étude  un  chapitre  de  mon  -Mémoire.  Pour  peindre  aux 
yeux  les  résultats  obtenus,  j'ai  représenté  les  divers  départements  français 
par  des  cercles,  dont  les  rayons  sont  proportionnels  aux  racines  carrées  de 
leurs  surfaces  respectives.  J'ai  ensuite  partagé  chaque  cercle  en  secli  tus 

C.  R.,i8'j5.   i"  Semas  lie.  (T.  I.XXX,  MoiJ.i  41 


(3io  ) 
proportionnels  aux  surfaces  des  terres  labourables,  des  vignes  et  cultures 
arbustives,  des  prairies  naturelles,  des  pâtures  et  friches,  des  bois  et  forêts, 
des  terres  improductives.  D'un  seul  coup  d'œil  on  voit,  par  cette  méthode 
graphique  très-simple,  qui  n'avait  pas  encore  été  appliquée  à  ce  genre 
d'études,  les  départements  les  plus  riches  en  cultures  diverses,  en  vignes  et 
en  prairies,  etc.,  etc.  C'est  ce  que  je  propose  d'appeler  les  cercles  de  la 
richesse  agricole.  J'ai  appliqué  la  même  méthode  graphique  à  la  compa- 
raison des  principaux  Etats  européens,  envisagés  au  point  de  vue  de  leur 
étendue  et  de  la  répartition  de  leurs  surfaces  en  terres  productives  et 
improductives.  Ces  représentations  graphiques  seront  certainement  em- 
ployées avec  utilité  dans  l'enseignement,  pour  fixer  les  idées  surîles  rapports 
de  la  fortune  agricole  des  peuples. 

»  Dans  le  second  Mémoire,  que  je  demanderai  à  l'Académie  de  lui 
présenter  très-prochainement,  j'applique  les  mêmes  méthodes  à  la  déter- 
mination de  la  richesse  en  bétail,  afin  de  pouvoir  calculer  la  production  du 
fumier  d'étables  et  les  quantités  d'engrais  complémentaires  qui  manquent 
encore  à  l'agriculture,  soit  en  France,  soit  dans  les  autres  pays.  Les  résultats 
portent  sur  des  sommes  tellement  considérables,  que  l'on  saisira  facilement 
l'importance  de  toute  économie  apportée  par  une  meilleure  préparation  des 
matières  fertilisantes.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  le  magnétisme.  Note  de  M.  A.  Tkève,  présentée 
par  M.  Faye.  (Extrait.) 

(Commissaires:  MM.  Faye,  Fizeau,  Ed.  Becquerel.) 

•  «  Si  l'on  place  entre  les  deux  pôles  du  grand  électro-aimant  de  Ruhm- 
korff  les  deux  extrémités  du  gros  fil  dans  lequel  passe  le  courant  de  la  pile, 
en  d'autres  termes,  si  l'on  ferme  le  courant  entre  les  deux  pôles,  on  n'a  ni 
étincelle  ni  bruit;  mais,  quand  on  l'ouvre,  il  se  produit  une  détonation 
violente,  presque  aussi  forte  que  celle  d'un  coup  de  pistolet,  dit  l'auteur  de 
cette  découverte,  A.  de  la  Rive.  Le  savant  physicien  genevois  ajoutait  : 
o  qli'il  semble  que  l'intensité  de  l'exlra-courant  soit  jjuissamment  accrue, 
»  dans  ce  cas,  par  l'influence  des  deux  pôles  de  l'aimant.  »  Tel  est  le  phé- 
nomène que  j'ai  essayé  d'approfondir. 

»  Est-il  nécessaire  de  rompre  le  courant  entre  les  deux  pôles  pour  ob- 
tenir cet  effet  ?  Non.  Si  l'on  éloigne,  en  effet,  l'un  de  l'autre  les  deux  pôles 
de  l'électro-aimant,  pour  n'étudier  que  leur  action  isolée,  on  ne  tarde  pas 
à  constater  : 


(  3ii  ) 

»  1°  Que  le  phénomène  annoncé  par  de  la  Rive  se  reproduit  également 
dans  la  sphère  d'altraction  de  l'un  ou  l'autre  de  ces  pôles; 

»  2°  Que  ce  phtMiomènc  n'est  pas  inhérent  au  seid  courant  inducteur, 
mais  bien  tpie  le  courant  tle  toute  pile  indépendante^  coupé  dans  cette 
sphère  d'attraction,  donne  lieu  aux  mêmes  effets; 

))  3°  Que  l'extra-courant  augmente  bien  réellement  et  même  considé- 
rablement de  tension. 

»  ...  L'oxygène  étant  magnétique,  ainsi  que  l'a  constaté  M.  Edm.  Bec- 
querel, il  y  avait  lieu  de  se  demander  s'il  ne  s'opérait  pas  quelque  action 
de  condensation  ou  de  séparation  des  éléments  constitutifs  de  l'air,  dans  le 
champ  magnétique  du  pôle.  On  a  recueilli,  à  cet  effet,  au  moyen  d'aspi- 
rateurs ordinaires,  de  l'air  en  plusieurs  points  de  ce  champ  magnétique, 
et  l'analyse  (jui  en  a  été  faite  n'a  révélé  aucune  de  ces  actions  particu- 
lières. 

»  Pour  donner  encore  plus  de  précision  à  cette  recherche,  M.  Duboscq 
et  moi  avons  étudié  le  phénomène  des  interférences,  en  soumettant  l'un  des 
deux  rayons  lumineux,  ou  les  deux  à  la  fois,  à  l'action  d'un  puissant 
électro-aimant.  L'appareil  employé  était  le  réflecteur  interférentiel  de 
M.  Jamin.  Nous  avons  successivement  fait  passer  les  deux  rayons  ou  l'un 
de  ces  rayons  dans  l'air,  l'oxygène,  l'azote,  l'hydrogène,  l'acide  carbonique, 
et,  dans  chacun  de  ces  cas  si  divers,  nous  n'avons  jamais  constaté  le  plus 
léger  déplacement  des  franges. 

))  ...  L'hypothèse  d'une  atmosphère  d'élher  vibrant  autour  des  pôles 
d'aimants,  à  laquelle  j'ai  cru  pouvoir  aboutir,  permettrait  de  comprendre 
un  peu  mieux,  peut-être,  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici,  le  phénomène  de  l'in- 
duction par  les  aimants,  découvert  par  Faraday. 

»  ...  Je  saisis  cette  occasion  pour  dire  que  j'ai  renouvelé  l'expérience 
de  l'induction  dans  le  vide  et  à  toutes  pressions,  sans  constater  la  moindre 
altération  en  plus  ni  en  moins  dans  l'intensité  du  courant  produit.  » 

A  cette  communication  l'auteur  joint  une  Note  relative  à  «  l'atmo- 
sphère magnétique  des  aimants  ».  De  quelques  expériences,  qui  doivent 
être  réalisées  d'une  manière  j^lus  précise  à  l'aide  d'un  appareil  actuellement 
en  construction,  il  croit  pouvoir  conclure  le  mode  d'action  d'un  électro- 
aimant sur  un  cylindre  de  fer  doux  placé  suivant  son  axe. 

M.  II.  Tarry  adresse  une  Note  relative  à  la  possibilité  de  prédire,  plu- 
sieurs jours  d'avance,   l'arrivée  eu   Kurope   des  cyclones  qui   traversent 

4i.. 


(3.2) 

l'Atlantique.  L'auteur  joint  à  sa  Note  la  reproduction  d'un  article  du  Petit 
Moniteur  universel  du  i3  janvier  iSyS  (imprimé  dans  la  nuit  du  1 1  au  12), 
dans  lequel,  d'après  des  télégrammes  reçus  i):ir  lui  de  Boston  et  de  Saint- 
Pierre  Mifjiielon,  il  annonçait  «  qu'un  cyclone  ou  grande  tempête  se  diri- 
geait vers  l'Europe.  Le  10,  il  se  trouvait  sur  le  banc  de  Terre-Neuve  »;  il 
ajoutait  :  «  Ce  cyclone  suit  le  courant  du  Giilf-Slreaiii;  dans  quatre  ou 
cinq  jours,  il  abordera  l'Europe  par  l'Irlande,  et  bouleversera  notre  conti- 
nent ».  Le  i5  janvier,  un  formidable  cyclone  arrivait  en  Europe  par  l'Ir- 
lande. IjC  17,  son  centre  se  trouvait  sur  le  Danemark,  et  le  cyclone  conti- 
nuait sa  niarcbe  vers  l'Asie. 

(Commissaires  :  MM.  Faye,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Lœwy.) 

M.  J.-B.  SciixETZLER  annonce  que  le  Phylloxéra  a  été  trouvé  dans  des 
vignobles  du  nord  de  la  Suisse.  La  maladie  paraît  être,  en  ces  points,  à 
l'état  s])oradique,  faisant  très-peu  de  mal,  au  moins  jusqu'ici,  dans  les  vi- 
gnes bien  soignées.  La  cause  de  cette  apparition  de  l'insecte,  dans  des  vi- 
gnobles ne  contenant  pas  de  plants  étrangers,  est  encore  inconnue. 

M.  F.  RoHAKT  adresse  le  procès-verbal  des  opérations  pratiquées  par 
lui,  à  l'automne  dernier,  dans  les  Cliarentes,  contre  le  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  Le  Breto.x  adresse  une  Note  contenant  l'uidication  d'un  pi'océdé  de 
destruction  du  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  C-O.  Cech  adresse  une  Note,  écrite  en  allemand,  sur  l'acide  viri- 
dique. 

(Renvoi  à  l'examen  de  ?.I.  Wuriz.) 

M.  J.-A.  Marques  adresse,  de  Lisboiuic,  l'observation  d'un  cas  de  gué- 
rison  d'un  nnévrisme  de  la  carotide  externe  droite,  par  la  compression  di- 
gitale. 

(Commissaires  :  MM.  Boiiillaud,  Larrey,  Gosselin.) 

M.  DucocnsAf  adresse  une  Note  concernant  «  l'analyse  et  la  classifica- 
tion dos  ciments,  dans  leur  emploi  ». 

(Commissaires  :  MM.  Peligot,  Fremy,  Daubrée.) 


(  :i'3  ) 

M.  Bonnet  adresse  une  Note  relative  à  un  système  <le  locomotion  aé- 
liciine. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  Maillakd  adresse  un  Mémoire  relatif  à  un  traitement  du  choléra. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

CORRESPOND  AIVCE . 

M.  le  MiNisTUE  DE  l'Instriction  publique,  des  Cultes  et  des  Beaux-Arts 

adresse  l'ampliation  d'un  Décret  qui  autorise  l'Académie  à  recevoir  la  do- 
nation qui  lui  a  été  faite  par  M"'  J^alz. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  Brocii,  nommé  Correspondant  poiu'  la  Section  de  Mécanique,  adresse 
ses  remerciments  à  l'Académie. 

M.  J.  LissAjous  adiesse  ses  remerciments  à  l'Académie,  pour  la  distinc- 
tion dont  ses  travaux  ont  été  l'objet  dans  la  dernière  séance  solennelle. 

ASTKONOMIK.  —  Eléments  provisoires  de  la  Comète  FI,  iS'j^,  Borrelly. 
Note  de  M.  Gruey,  présentée  par  M.  Puiscux. 

«  Les  seules  observations  publiées  jusqu'à  ce  jour  sont  les  suivantes  (i)  : 

Distance 

polaire.  Observateurs. 

53.21.10,2  MM.  Stéphan. 

52.26.29,9  Stéphan. 

5i .   0.17,2  Borrelly. 

So. 36. 34,1  Slcj)lian. 

»  A  défaut  d'observations  plus  éloignées,  j'ai  calculé  les  élénu'nls  para- 
boliques, au  moyen  des  positions  des  7,  8,  10  décendjre,  sans  faire  toute- 
fois les  corrections  relatives  à  la  précession,  nutation,  aberration,  paral- 
laxe, corrections  inutiles  dans   le   cas  actuel.  A'oici   les  valeurs  que  j'ai 


(ij  Comptes  rendus,  séaiiCL'  du  i4  ilécembre  1874- 


Temps  moyen 

.\scension 

de  Marseille. 

droite. 

1874. 

Dec.  7  . . . 

Il       m      s 
6.40.52 

Il      ui       s 
16.0.24,52 

8... 

6.82.34 

16. I .25,o3 

9... 

■6.48.  9 

i6.3.i4,i6 

10.. . 

5.59.33 

iG. 3. 33,91 

(  3i/,  ) 

obtenues  : 

T  ■=  octobre  19,985,  temps  moyen  de  Paris. 

ir  =  293  .  5o .  I  2   \ 

Q  =283. 3?.. 87   >  équinoxe  apparent,  8  décembre  1874. 
/  =    98.23.22  ) 

Jog7=  1,64404 
»  Les  résidus,  pour  l'observation  du  8,  sont 

Observation  —  calcul. 

^Xeosp  =  —  II" 
5P  =  -    9" 

»  A  cause  de  la  petitesse  des  intervalles  de  temps  qui  séparent  les  trois 
positions  employées,  ces  éléments  sont  essentiellement  provisoires.  On  voit 
que  l'inclinaison  est  très-forte,  le  mouvement  rétrograde,  et  que  la  comète 
avait  franchi  son  périhélie  depuis  six  semaines  environ,  à  l'époque  de  sa 
découverte.  En  jetant  les  yeux  sur  les  observations  de  Marseille,  on  re- 
marque que  la  position  du  9  n'obéit  pas  très-bien  au  mouvement  accusé 
par  les  trois  autres;  aussi  donne-t-elle,  relativement  à  l'orbite  ci-dessus,  les 

résidus  suivants  : 

Observation — calcul. 

JXcos|3  =  +      19" 

lîp  =  —  7'22' 

»  Si  le  mauvais  temps,  presque  général,  a  empêché  de  suivre  la  comète, 
à  partir  du  10,  il  restera  donc  ime  très-grande  incertitude  sur  les  éléments 
de  cet  astre.  » 

ASTRONOMIE.  —  Nouvelles  observations  de  la  comète  d'Encke  cl  de  la  comète 
de  JFimiecke.  Lettre  de  M.  Stépiian,  Directeur  de  l'Observatoire  de  M.ir 
seille,  à  M.  Le  Verrier. 

«  J'ai  revu,  cette  semaine,  la  comète  d'Encke,  et  j'en  ai  pu  faire  deux  ob- 
servations. Elles  sont  forcément  assez  médiocres,  surtout  la  première,  qui 
ne  comprend  que  deux  comparaisons  avec  l'étoile.  La  comète  offre  l'appa- 
rence d'une  petite  tache  laiteuse,  à  peine  perceptible,  produisant  sm-  la 
rétine  plutôt  des  pulsations  intermittentes  qu'une  sensation  continue. 

CoMKTE    n'KNCRE. 

Temps  moyen  Ascension  Distance  Étoile 

1875.  de  M.irseille.  droite.  pohiire.  drconip.        Oliseiv. 

Il         m        f)  h        m       s  <>        /  ti 

Janv.  27 7.i4.ifi  23.27.36,1  85.17.10  a  Stoplian 

29 6.58.33  23.30.27,4  85.  o.55  b  Stéphan. 


(3i5  ) 

Position  moyenne  de  rétoilc  de  comparaison  pour  1875,0. 
^(qîIq  Ascoiision  DisUince 

de  couip.  Autorités.  druite.  polaire. 

Il  m        !i  O        r  HT 

a          547  Weisse(A.  C.)  H-XXIII.     23.28.    1,66  85.i3.i2,3 

b  i  Poissons 23. 33. 3 1, 25  85.3.4)2 

»  La  comparaison  avec  l'éphéméride  de  M.  d'Asten  donne  : 

Calcul — observation. 
Ascension  droite.  Dislanco  polaire. 

—  0,2  —  l3 

-0,5  -   3 

»  La  comète  offre  l'apparence  d'nne  petite  tache  laiteuse,  à  contours 
complètement  indécis  et  sans  point  de  condensation.  L'observation  en  est 
extrêmement  difficile. 

»  M.  Borrelly  a  revu,  au  moyen  du  chercheur,  la  comète  périodique 
de  Winnecke.  En  voici  l'observation  : 

Comète  périodique  de  Winnecke. 

Temps  moyen  Ascension  Dislance 

1875.  de  Marseille.  droite.  polaire. 

Fév.  1 if^^'"Zç)*  i7i'42'"45%33  io5°29'i4",2 

Position  moyenne  de  rétoilc  de  comparaison  pour  1875,0. 
Autorité.  Grandeur.         Ascension  droite.  Distance  polaire. 

5949  B.A.C.  55  Serpent. .       5=  i'j''3o"'25%9o  loS-ig'i^S 

»  La  comète  est  faible,  assez  étendue,  diffuse. 

»  La  comparaison  avec  l'éphéméride  publiée  par  M.  Oppolzer  [Jilr. 
Nadir.,  n"  2016)  donne 

Observation — ctdrul. 
Ascension  droite -M2S38  Distance  polaire +6'44">2 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Observations  relatives  à  une  Communication  pré- 
cèdenlede  M.  Darboiix  sur  C  existence  de  l'intégrale  dans  les  équations  aux 
dérivées  partielles  contenant  un  nomhie  (luelcomjue  de  fonctions  et  de  variables 
indépendantes.  Lettre  de  M.  A.  Gk.noccih  à  M.  Bertrand. 

t  Turin,  28  janvier  187'). 

»  Dans  la  séance  du  1 1  janvier,  M.  Darboux  a  présenté  à  l'Académie  une 
démonstration  de  l'existence  de  l'intégrale  dans  les  équations  aux  dérivées 
partielles.  Ce  jeune  géomètre,  dont  j'ailmirc  le  talent,  croit  que  sa  dé- 
monstration sera  la  première   démonstration  rigoureuse  de  ce  théorème 


(  3>6  ) 
Ibinlamenlal.  Penneltez-nioi,  de  faire  à  ce  sujet  quelques  observations. 
1)  Il  y  a  longtemps  que  Cauchy  s'est  occupé  de  la  même  question.  Dans 
la  séance  du  27  juin  1842,  il  énonçait  le  problème  général  :  «  Un  système 
»  quelconque  d'équations  différentielles  ou  aux  dérivées  partielles  adniet- 
»  il  toujours  un  système  correspondant  d'intégrales  générales?  »  Et  il  dé- 
montrait un  théorème  appelé  foudauiontal  qui  détermine  les  conditions  de 
la  convergence  des  séries  obtenues  et  une  limite  de  l'erreur  que  l'on  com- 
met en  arrêtant  chaque  développement  après  un  certain  nombre  de  termes. 
{Comptes  rendus,  t.  XIV,  p.  ioao-i023.) 

»  Dans  la  séance  du  1 1  juillet  1842,  Cauchy  proposait  encore  la  question  : 
(i  Peut-on  intégrer  généralement  une  équation  aux  dérivées  partielles  d'un 
»  ordre  quelconque,  ou  même  un  système  quelconque  de  semblables  équa- 
»  tions?  »  Ensuite,  il  traitait  le  cas  particulier  d'une  équation  linéaire  du 
premier  ordre  à  une  seule  inconnue  [Comptes  rendus,  t.  XV,  p.  44-58). 
Dans  la  séance  du  18  juillet  1842,  il  considérait  un  système  d'équations 
linéaires  ou  non  linéaires  aux  dérivées  partielles  du  premier  ordre  {Comptes 
rendus,  p.  85- loi).  Enfin,  dans  la  séance  du  25  juillet  1842,  il  expliquait 
la  manière  de  réduire  les  systèmes  d'équations  aux  dérivées  partielles  d'or- 
dres quelconques  à  des  systèmes  d'équations  linéaires  du  premier  ordre 
( Comptes  rendus,  p.  i  3 1  -  1 38 ). 

»  On  peut  ajouter  qu'on  doit  aussi  à  Cauchy  la  méthode  à  suivre  lorsque 
les  conditions  particulières  auxquelles  l'inconnue  se  trouve  assujettie  se 
rapportent,  non  plus  à  une  certaine  valeur  t  de  la  variable  t,  mais  à  certains 
systèmes  de  valeurs  des  variables  x,  j,  z,.  ..,  par  exemple,  à  ceux  qui 
vérifient  une  certaine  équation  de  forme  déterminée  (séance  du  1 3  mars  1 843; 
Comptes  rendus,  t.  XVI,  p.  572). 

»  Je  conclus  que,  pour  les  équations  aux  dérivées  partielles  comme  pour 
les  équations  différentielles,  la  première  démonstration  de  l'existence  de 
l'intégrale  est  due  à  Cauchy.  Sans  doute,  le  très-grand  nombre  des  écrits 
du  célèbre  analyste  doit  excuser  ceux  qui  n'ont  pas  connaissance  de  tous 
les  résultats  obtenus  par  lui. 

»  C'est  ainsi  que,  dans  un  Rapport  du  10  mars  1873,  M.  Puiseux  a  pu 
signaler  certaines  distinctions  importantes  pour  le  développement  des  fonc- 
tions implicites,  comme  n'ayant  pas  encore  été  faites  avec  assez  de  pré- 
cision {Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p.  622),  quoiqu'elles  aient  été  indiquées 
dans  des  articles  signés  par  Cauchy  et  développées  dans  des  Mémoires  de 
Félix  (Z\no  {Comptes  rendus,  t.  XXXIV,  p.  3o4,  en  note;  t.  XIX,  p.  157). 

»  Je  vais  encore,  Monsieur,  rappeler  à  votre  attention  deux  théories, 
pour  lesquelles  il  serait  juste  de  citer  le  nom  de  Cauchy.  L'une  est  la  théorie 


(  '3'7  ) 
(les  espaces  à  plusieurs  dimensions,  dont  on  fait  tant  de  bruit  à  présent.  Caucliy 
a  introduit  ces  espaces  sous  la  dénomination  de  lieux  analyliipics  [Comptes 
rendus,  t.  XXIV,  p.  88G-887).  L'autre  se  rapporte  à  la  convergence  des 
séries  et  concerne  un  point  assez  délicat,  que  les  géomètres  allemands  dé- 
signent par  l'expression  de  convergence  en  éfjnl  degré.  Cauchy  a  défini  celte 
espèce  de  convergence  et  a  établi  quelques  tbéorèmes  qui  la  concernent, 
dans  le  Canine  rendu  de  la  séance  du  i4  mars  i85j  [Comptes  rendus, 
t.  xxxvr,  p.  456-458). 

»  En  finissant,  je  vous  signale  une  faute  d'impression  dans  ma  Note  sur 
les  ovales  de  Descartes  (Co/»p/es  rendus,  11  janvier  iS^S).  A  la  page  ii5, 
ligne  ig,  on  a  imprimé  «  rayons  radiants  »,  au  lieu  de  «  rayons  vecteurs  m. 

Après  la  leclure  do  cette  Lettre,  M.  le  Secrétaiue  perpétuel  fait  remar- 
quer qu'elle  apporte  un  motif  nouveau  de  désirer  la  prompte  publication  des 
OEuvres  de  Cauchy.  Il  croit  pouvoir  annoncer  à  l'Académie  que,  dans  une 
très-prochaine  séance,  la  Section  de  Géométrie  sera  en  mesure  de  lui  pré- 
senter son  Rapport  sur  cette  importante  proposition. 

Les  méthodes  signalées  par  le  savant  et  judicieux  géomètre  de  Turin 
sont  distinctes  de  celles  de  M.  Darboux,  et  les  géomètres  n'accueilleront 
pas  avec  un  moindre  intérêt  l'addition  présentée  dans  cette  séance  même 
par  notre  ingénieux  compatriote. 

ANALYSE.  —    Sur  l'existence  de  l'inte'grale  dans  les  équations  aux  dérivées 
partielles  d'ordre  quelconque;  par  M.  G.  Dabboux. 

«  Dans  une  Note  du  11  janvier  1875,  j'ai  indiqué  comment  on  peut 
établir  l'existence  de  l'intégrale  générale  dans  les  équations  aux  dérivées 
partielles  du  premier  ordre.  Soit 

une  telle  équation.  S'il  existe  une  intégrale  quelconque  de  cette  équation, 
elle  se  réduira  pour  une  valeiu'  déterminée /^  de  t  à  une  certaine  fonction 
F(ry,,  ^2,...,  q„)  des  autres  variables  indépendantes.  La  théorie  dévelop- 
pée montre  que  celte  fonction  F  n'est  assujettie  à  aucune  condition  autre 
que  celle  de  la  continuité,  et  elle  établit  de  plus  que,  celle  fonction  F  étant 
supposée  donnée,  l'intégrale  est  complètement  déterminée,  Ainsi  se  trouvent 
définies  à  la  fois  la  notion  et  rcxistcncc  de  ce  qu'on  doit  appeler  intégrale  gé- 
nérale. 

C.  R.,  iS;5,  i"  Semetire.  (T.  LXXX,  N»  lî)  4^ 


(  3.8  ) 

»  La  méthode  que  j'ai  fait  connaître  s'étend,  sans  aucune  modification, 
aux  sA'Stèmes  d'équations  aux  dérivées  partielles  d'ordres  quelconques.  On 
reconnaît  d'abord  que  de  tels  systèmes  peuvent  toujours  être  ramenés  à 
d'autres  ne  contenant  que  les  dérivées  partielles  du  premier  ordre  des 
fonctions  à  déterminer;  il  suÛit  pour  cela  d'augmenter  le  nombre  de  ces 
fonctions,  en  considérant  comme  de  nouvelles  inconnues  les  dérivées  des 
fonctions  primitives  jusqu'à  nu  ordre  convenablement  choisi,  et  l'on  est 
ainsi  conduit  à  un  système  d'équations  du  premier  ordre  ,  duquel  on 
fait  disparaître  les  fonctions  au  moyen  de  l'artifice  de  Jacobi.  Le  pro- 
blème qu'on  est  conduit  à  résoudre  peut  alors  être  énoncé  de  la  ma- 
nière suivante  : 

))   Etant  données  les  équations 


oii  les  Jonctions  J}  dépendent  des  dérivées  des  fonctions  \  par  rapport  aux 
m  variables  fj,,  q^^----,  (Jm^  '-l^  ces  variables  et  de  t,  rechercher  la  nature  des  so- 
lutions qui  peuvent  convenir  à  de  telles  équations. 

»  A  cet  effet,  on  remarquera  que  si  les  équations  (i)  admettent  des 
intégrales,  elles  se  réduiront,  pour  une  valeur  déterminée  de  t,  à  des 
fonctions  des  autres  variables  </,.  Or  on  peut  établir  que  ces  valeurs  ini- 
tiales des  fonctions  V  ne  sont  assujetties  à  auciuie  autre  condition  que 
celle  de  la  continuité,  et  que  si  on  les  suppose  données,  les  fonctions  V  se- 
ront complètement  déterminées  par  la  condition  de  satisfaire  au  système  (i). 
Si  l'on  emploie  la  nu;thode  indiquée  dans  ma  première  Communication, 
toute  la  ilifticulté  de  la  question  se  réduira  à  reconnaître  qu'il  existe  des 
fonctions  W  satisfaisant  aux  équations 


■''7*/ 

I,  *     '  A' 


n  •-sri(-^^*')^('-'V' 


où  a,  /3,  7  sont  des  nombres  égaux  ou  supérieurs  à  l'unité,   se  réduisant 
pour  i  —  o  k  une  mèaïc  fonction 

(2  bis)  -, -7 '—. — -, ;» 


(  i^9  ) 
où  /j.  <  I  et  développables  en  séries  convergentes  tant  que  les  modules  des 
variables  indépendantes  sont  suffisamment  petits, 

»  Toutes  les  fonctions  W,,  satisfaisant  aux  équations  (2),  ayant  même 
dérivée  par  rapport  à  i  et  mêmes  valeurs  initiales,  devront  être  constam- 
ment égales,  et  l'on  sera  ainsi  amené  à  la  considération  de  l'équation 
unique 

(3) 


"   n(--'ï)"n (--)'<'-')■ 


où  w  doit  se  réduire,  ])Our  i  -^  o,  k  la  fonction  (2  his). 

>)  L'étude  de  cette  cette  fonction  auxiliaire  n'est  pas  de  nature  à  empê- 
cher le  succès  de  la  méthode,  et  l'équation  (3)  s'intégre  sans  aucune  dif- 
ficulté. » 

CHIMIE.  —  Sur  Le  fer  hydrocjéné  (i).  Note  de  M.  L.  Cailletet. 

«  Dans  une  Communication  déjà  ancienne  (2),  j'ai  eu  l'honneur  de  faire 
connaître  à  l'Académie  mes  expériences  sur  le  passage,  à  la  température 
ordinaire,  de  l'hydrogène  à  travers  le  fer.  J'avais  constaté,  en  effet,  qu'en 
attaquant  une  lame  de  fer  par  de  l'acide  sulfurique  étendu,  l'hydrogène 
est  en  partie  absorbé  par  le  métal,  et  que,  en  employant  un  système  formé 
de  deux  plaques  de  fer,  soudées  bord  à  bord,  la  tension  du  gaz  qui  s'ac- 
cumule dans  l'appareil  peut  faire  équilibre  à  une  colonne  de  mercure  de 
o™, 35  de  hauteur. 

»  ^  oici  le  résumé  de  mes  nouvelles  recherches  sur  l'association  du  i'er 
et  de  l'hydrogène  : 

»  En  décomposant  par  la  pile  une  solution  de  chlorure  de  fer  neutre,  ad- 
ditionnée de  sel  ammoniac,  on  recueille  au  pôle  négatif  du  fer  métallique, 
sous  forme  de  mamelons  brillants,  fragiles,  et  assez  durs  pour  rayer  le 
verre.  Ce  fer,  après  avoir  été  lavé,  dégage,  soit  sous  l'eau,  soit  sous  tout 
autre  liquide,  de  nombreuses  bulles  d'un  gaz  qui  est  de  l'hydrogène  pur  (3). 

»   A  l'air  libre,  le  fer  galvanique  ne  perd  qu'une  partie  de  l'hydrogène 


(i)  Plusieurs  travaux  très-importants  ont  été  entrepris  sur  cette  question,  par  Boëttger, 
en  1847,  Fcuquiéres,  eu  1862,  et  Klein,  à  Sainl-Pétersbourg,  travaux  que  je  ne  peux  ré- 
suiner  dans  ce  court  extrait. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LXVI,  p.  847. 

(3)  Le  gaz,  analysé  par  l'élégante  méthode  duc  à  M.  Peligot,  no  contient  pas  d'azote 

/,2.. 


(  3ao  ) 
qu'il  renferme.  Un  échantillon  posant  o^',  go,  conservé  pendant  quinze  jours 
dans  un  tube  ouvert,  a  donné,  lorsqu'on  l'a  chauffé,  i8  centimètres  cubes 
de  gaz,  soit  plus  de  la  moitié  de  la  quantité  qu'il  renfermait  au  moment  de 
sa  préparation.  Lorsqu'on  fait  passer  un  fragment  de  fer  hvdrogéné  sous 
une  éprouvette  remplie  d'eau  chaulfée  à  Go  ou  70  degrés,  le  dégagement  du 
gaz  devient  tumultueux  et  il  produit  un  crépitement  souvent  intense. 

»  J'ai  recherché  sur  un  grand  nombre  d'échantillons  de  fer,  obtenus 
dans  des  solutions  plus  ou  moins  étendues,  et  réduits  par  des  courants 
d'intensités  différentes,  quelle  était  la  quantité  totale  de  gaz  qu'ils  conte- 
naient. A  cet  effet,  je  chauffais  le  métal  dans  le  vide  de  la  pompe  à  mercure, 
et  le  gaz  recueilli  était  mesiu'é. 

B  La  concordance  des  nombres  que  j'ai  obtenus  est  très-grande  ; 

I.  II.  III.  i\. 

Soit,  pour  un  volurnedefcr. .  .  .      248     235, 80     236, go     244  >85  volumes  d'hydrogène. 

M  Lorsqu'on  approche  un  morceau  de  fer  hydrogéné  d'un  corps  en 
ignition,  l'hydrogène  dégagé  brûle,  et  le  métal  est  entouré  d'iuie  flamme 
légère,  semblable  à  celle  que  donne  une  mèche  trempée  dans  l'alcool. 

))  Lorsque  le  fer  a  perdu  par  la  chaleur  l'hydrogène  qu'il  contient,  on 
ne  peut  le  lui  restituer.  En  employant  comme  électrode  négatif  d'un  volta- 
mètre une  lame  de  fer  galvanique  préalablement  chauffée,  l'hydrogène  de 
l'eau  décomposée  se  dégage  en  abondance  sur  le  métal;  mais  on  constate, 
même  après  que  la  pile  a  fonctionné  pendant  plusieurs  heures,  que  le  fer 
n'a  pas  repris  d'hydrogène  (1). 

»  Le  fer  galvanique  peut  être  facilement  pulvérisé;  mais,  après  qu'on  l'a 
chauffé,  il  reprend  une  certaine  ductilité. 

»  L'hydrogène,  en  s'associant  au  fer,  lui  communique  une  force  coer- 
citive  considérable.  Un  ùl  de  platine  recouvert  de  fer  galvanique  a  été 
placé  dans  l'axe  d'une  aiguille  aimantée,  oscillant  sur  un  pivot,  et  à  une 
distance  fixe  d'une  de  ses  extrémités.  L'aiguille,  écartée  de  sa  position 
d'équilibre,  oscille  26  fois  en  une  minute.  Le  fer  ayant  été  aimanté  et 
ien)placé  à  la  même  distance  de  l'aiguille,  cette  dernière  donne  42  oscilla- 
tions dans  le  même  temps.  Chauffé  au  rouge  sombre,  le  fer  a  perdu  ses 
pôles;  lorsqu'on  l'aimante  de  nouveau  à  saturation,  il  ne  fait  plus  osciller 
l'aiguille  que  33  fois  en  une  minute.  En  admettant  que  les  forces  magné- 

(i)  Le  fer  n'est  donc  pas  comparable  au  iialladiuni,  qui  occlut,  ainsi  que  Graham  l'a 
(liiiionlré,  une  cpiaiiiilé  d'Iiydroyène  qui  peut  lui  être  enlevée  cl  rendue  un  grand  nonilno 
(le  lois. 


(  3:^.   ) 
tiques  du  fer  sous  ces  trois  états  soient  entre  elles  conime  les  carrés  des 
nombres  d'oscillations,  et  en  prenant  pour  unité  la  force  magnétique  du 
ter  hydrogéné  non  aininnlé,  nous  aurons  : 

Fer  liyili'ogi'né  non  aiiiianto i,ooo 

Fer  liydroj.>t'nc' aimanti'; 2,609 

Fer  dépouillé  d'hydrogène  et  aimanté 1,610 

»  La  présence  de  l'hydrogène  dans  le  fer  modifie  donc  fortement  les 
propriétés  magnétiques  de  ce  métal.  Je  n'ai  pu,  en  raison  des  nombreuses 
bulles  gazeuses  que  dégage  le  fer  hydrogéné,  obtenir  sa  densité;  après 
l'expulsion  de  l'hydrogène,  la  densité  du  fer  est  7,3o2,  moyenne  de  trois 
essais. 

»  Les  divers  échantillons  de  fer  que  j'ai  examinés  renferment  sensible- 
ment, pour  I  gramme  de  fer,  82,80  centimètres  cubes  d'hydrogène,  soit, 
pour  I  équivalent  de  fer,  o^^gSo,  ce  qui  correspond  à  la  formule  Fe"II, 
dans  le  cas  où  l'on  voudrait  considérer  l'association  de  ces  deux  corps  comme 
un  composé  défini  ;  mais  il  semble  plus  vrai  d'admettre  que  l'hydrogène,  en 
s'unissant  au  fer,  joue  un  rôle  analogue  à  celui  du  carbone  dans  l'acier,  et 
lui  communrque,  ainsi  que  je  l'ai  fait  voir,  une  grande  dureté  et  une  force 
coercitive  considérable. 

»  En  résumé,  les  propriétés  du  fer  hydrogéné  compléteront,  en  s'v 
rattachant,  les  faits  si  intéressants  de  l'occlusion  de  l'hydrogène  par  le 
palladium  constatés  par  Graham ,  les  remarquables  recherches  de 
]\1M.  H.  Sainte-Claire  Deville  et  Troost  sur  le  passage  de  l'hydrogène  à 
travers  les  corps  solides  homogènes,  et  en  dernier  lieu  les  belles  expériences 
de  MM.  Troost  et  Hautcfeuille  sur  les  combinaisons  de  l'hydrogène  avec 
les  métaux  alcalins.  » 

CHIMIE,  —  Sur  l'équilibre  moléculaire  des  solutions  d'alun  de  chrome.  Réponse 
à  une  Noie  de  M.  Gernez  (i);  par  M.  Lucoq  de  Boisbacdhan. 

«  M.  Gernez,  revenant  sur  la  question  des  changements  de  couleur  de 
l'alun  de  chrome,  dit  : 

n  De  plus,  elle  (la  solulion  verte)  ne  prend  pas,  contrairement  aux  assertions  réitérées 
de  M.  Lecoq  de  Boisbaudran,  la  teinte  des  solutions /ailes  a  froid,  même  après  un  temps 
très-long  [trois  mois  et  six  mois  dans  les  expériences  de  M.  Gernez  (2)].   » 

(1)  Comptes  rendus,  7  décembre  l8-.)i  P-  i332. 
(?)  Ibid. 


(3a2) 

»  Je  n'ai  jamais  prétendu  qu'au  bout  de  six  mois  les  teintes  des  solu- 
tions d'alun  vert  égalassent  déjà  celles  des  liqueurs  préparées  à  froid  ;  j'ai 
dit  que  les  deux  couleurs  marchent  lune  vers  l'autre  (i),  pour  se  ren- 
contrer après  un  temps  fort  long,  lequel  varie  d'ailleurs  avec  la  concen- 
tration (2).  La  période  de  six  mois  que  M.  Gernez  considère  comme  très- 
étendue  paraîtra  au  contraire  bien  courte  aux  chimistes  familiarisés  avec 
les  allures  de  l'alun  de  chrome  vert,  dont  les  transformations  exigent  ordi- 
nairement un  temps  beaucoup  plus  considérable  pour  devenir  complètes. 

»  L'observation,  faite  par  M.  Gernez,  qu'une  solution  excessivement 
concentrée  d'alun  de  chrome  (aliui  5  parties,  eau  i  partie),  chauffée  à 
100  degrés,  commence  à  déposer  des  cristaux  aussitôt  après  son  refroidis- 
sement, peut  avoir  de  l'intérêt  pour  la  détermination  de  l'équilibre  exis- 
tant à  cette  température  particulière  entre  les  deux  modifications  du  sel, 
mais  elle  n'infirme  en  rien  ce  que  j'avais  avancé.  Il  ne  faut  pas  oublier  que 
M.  Gernez  n'a  chauffé  qu'à  100  degrés,  température  tout  à  fait  arbi- 
traire (3),  et  qui  n'est  point  celle  de  la  transformation  maxima  en  substance 
verte.  On  se  rapproche  davantage  de  cette  dernière  condition  en  faisant 
bouillir  les  liqueurs,  comme  cela  se  pratique  d'ordinaire.  Dags  ce  cas,  on 
n'obtient  point  un  dépôt  de  cristaux  violets  immédiatement  après  le  refroi- 
dissement. Bien  au  contraire,  les  petits  fragments  d'alun  violet  ajoutés  à  la 
liqueur,  après  son  entier  refroidissement,  se  dissolvent  très-notablement  et  per- 
dent la  netteté  de  leurs  contours.  Ce  fait  s'observe,  soit  qu'on  emploie  la 
solution  de   1  partie   d'eau  pour  5   parties  d'alun   violet;  soit   même  que 


(  I  )  On  peut  très-facilement  s'assurer  de  la  réalité  des  changements  de  couleur,  en  opérant 
comme  il  suit.  On  prépare  une  série  de  tubes" assez  longs,  fermés  par  un  bout;  dans  chaque 
tube,  on  introduit  :  l'un  bout  de  baguette  de  verre;  2°  10  grammes  d'eau  distillée;  3"  une  mince 
ampoule  contenant  i  gramme  d'alun  de  chrome  violet,  en  petits  cristaux.  On  scelle  l'ampoule 
à  la  lampe,  e/t  évitant  de  chauffer  aucune  partie  de  l'alun  violet,  lequel  verdirait.  Les  cris- 
taux doivent  avoir  été  plusieurs  fois  lavés  avant  leur  dessiccation,  afin  d'éliminer  l'eau- 
mùre  vcrti-  qui  les  souille  ordinairement.  On  élire  ensuite  les  tubes  et  on  les  scelle  sans 
échauffer  l'eau.  l'our  faire  rexpéricnce,  on  brise  en  luéme  temps,  par  une  secousse,  les 
ampoules  de  deux  tubes,  dont  l'un  est  ensuite  maint.'iiu  i)cndant  une  heure  dans  de  l'eau 
bouillante;  ces  ttdies  sont  fonservés  quelques  jours,  (]ucl(incs  semaines,  ou  quelques  mois; 
on  brise  alors  les  amjxjules  de  deux  nouveaux  tubes,  dont  l'un  est  aussitôt  soumis,  une  heure 
durant,  à  l'action  bouillante,  puis  est  refroidi.  On  compare  enfin  entre  elles  les  teintes  des 
deux  tubes  bouillis,  et  de  même  entre  elles  les  couleurs  des  deux  tubes  non  chauffes. 

(2)  La  température  du  laboratoire  où  l'on  conserve  les  liqueurs  influe  également  sur  la 
rapidité  des  transformations. 

(3)  On  pourrait  tout  aussi  bien  choisir  les  lem  pératures  de  gS,  90  ou  80  degrés. 


(  3^3  ) 
l'alun  violet  ait  été  simplement  fondu  dans  son  eau  de  cristallisation  et  en- 
suite bouilli  dans  un  appareil  à  reflux. 

«  Avec  la  solution  d'alun  5,  eau  i  (bouillie  de  une  à  deux  heures  avec 
reflux  des  vapeurs),  la  dissolution  des  germes  (et  l'arrondissement  de  leurs 
contours)  continue,  à  très-peu  près,  pendant  vingt  minutes  (la  température 
du  laboratoire  étant  -f-  1 2  degrés)  ;  au  bout  de  trente-cinq  minutes  environ, 
il  se  manifeste  quelques  très-b'gers  indices  d'alignement  des  parties  courbes 
dis  fragmenls  cristallins;  niais  U  faut  de  une  heure  un  quart  à  une  heure 
et  demie  environ  pour  que  l'accroissement  des  cristaux  soit  devenu  un  peu 
notable. 

»  Avec  l'alun  bouilli  (dans  un  appareil  à  reflux),  sans  aucime  addition 
d'eau,  la  dissolution  des  germes  se  continue  pendant  quinze  à  vingt  minutes 
environ  (la  température  du  laboratoire  étant  -1-  12  degrés);  au  bout  d'à 
peu  près  vingt-cinq  à  trente  minutes  commencent  à  se  montrer  quelques 
très-légers  indices  d'alignement  des  parties  courbes. 

»  La  contraction  rapide  des  solutions  d'alun  vert  (i)  s'accorde  avec  les 
observations  ci-dessus  décrites  pour  démontrer  que  la  transformation  mo- 
léculaire est  très-active  dans  les  premiers  instants  qui  suivent  le  refroidis- 
sement. Il  est  donc  permis  de  penser  que,  après  ébullition  suffisante,  les 
solutions  d'alun  de  chrome  contiennent  beaucoup  moins  d'alun  violet  que 
l'expérience  de  M.  Gernez  ne  tendrait  à  le  faire  admettre. 

»  Je  suis  d'ailleurs  fort  loin  de  nier  théoriquement  l'existence,  dans  l'alun 
de  chrome  bouilli,  d'une  certaine  quantité  de  sel  violet,  pouvant  s'y  main- 
tenir à  la  haute  température  del'ébuUition  et  même  bien  au  delà.  J'ai  tou- 
jours soutenu  l'hypothèse  de  la  coexistence,  dans  une  solution,  des  diverses 
modifications  (2)  delà  substance  dissoute,  et  c'est  précisément  pwir  en 
donner  une  démonstration,  que  j'ai  appelé  l'attention  sur  les  variations  de 
couleur  qui  rendent  visible  cet  état  d'équilibre  dans  les  solutions  d'alun 
de  chrome.  U  n'y  aurait,  du  reste,  aucune  contradiction  entre  l'expérience 
de  M.  Gernez  et  ce  que  j'ai  écrit  le  9  novembre  1874,  si  ma  phrase,  citée 
incomplètement,  n'avait  ainsi  notablement  changé  de  sens  et  n'avait  acquis 
une  signification  trop  absolue,  qu'elle  ne  possède  pas  en  réalité.  En  eflet, 
M.  Gernez  me  fait  dire  simplement  : 

«  L'alun  vioU't  n'existe  pas  ilans  la  solution  verte  récemment  chaulléc.    « 


(1)  Comptes  re/uhis,  21  décembre  1874»  P-  '49'- 

(2)  Modifications  dont  les  maxiina  de  stabilité  sont  placés  ù  des  températures  différentes. 


(  324  ) 
»  Voici  ma  phrase  complète  : 

•  Je  liens  à  la  disiiosition  tle  l'Acadéniie  des  tiilies  scellés  qui  avaient  été  aulrefois  for- 
tement cliaiiffés;  le  changement  de  teinte  y  est  notable  ;  en  les  ouvrant,  on  verra  se  déposer 
beaucoup  d'alun  violet,  lequel,  comme  chacun  sait,  n'cjcisic  pas  dans  la  solution  verte  in- 
cristollisable  rcccinmcnt  chauffée,  mais  s'y  forme  peu  ù  peu.  »  [Comptes  rendus,  9  no- 
vembre 1874»  P-  Ï077-) 

»  Si  ihéoriqucment,  mes  tubes  doivent  avoir  contenu  ilès  l'origine  tle 
faibles  quantités  d'alun  violet  (i),  il  est  certain  que  celui  qu'ils  pouvaient 
déposer  au  bout  de  quelque  temps,  par  contact  d'un  isomorphe,  s'y  était 
formé  graduellement  eX  tout  à  fait  en  dehors  de  l'action  des  germes;  c'est  ce 
que  démontre  l'expérience  suivante  que  je  choisis,  dans  mon  cahier  d'ob- 
servations, parmi  plusieurs  autres  analogues  : 

1)  Le  i3  mars  1867,  je  ])ortai,  pendant  quelques  minutes,  à  l'ébullition  une  solution  con- 
tenant poids  égaux  d'alun,  de  cliiome  violet  et  d'eau.  Celte  liqueur  fut  introduite  dans  dix 
tubes  renfermant  chacun  un  bout  de  baguelle  de  verre  et  une  petite  ampoule  scellée,  char- 
gée de  quelques  traces  d'alun  blanc  ordinaire.  Après  avoir  fermé  les  tubes  à  la  lampe,  je  les 
plaçai  pendant  trois  heures  dans  un  bain  à  70  degrés. 

»  Le  i4  mars  (treize  heures  environ  après  le  refroidissement),  brise,  par  une  secousse, 
l'ampoule  du  tube  n"  i  :  pas  de  cristallisation  immédiate. 

B  Le  i5  mars,  pas  de  cristallisation  dans  le  n"  i. 

1)  Le  18  mars,  le  n°  i  renferme  plusieurs  petits  cristaux  violets  bien  visibles. 

»  Le  22  mars,  brisé  l'ampoule  du  tube  n"  3  :  pas  de  cristallisation  apparente  (2)  immé- 
diate. 

»  Le  23  mars,  vingt-deux  heures  après  le  brisement  de  l'ampoule  du  n"  3,  celui-ci  con- 
tient beaucoup  de  cristaux  violets. 

»  Le  24  mars,  brisé  l'ampoule  du  tube  n"  4  •  P'is  de  cristallisation  immédiate,  mais  clic 
est  déjà  très-abondante  au  bout  de  dix  heures. 

»  Le  25  mars,  brisé  l'ampoule  du  tube  n"  5  :  n])parilion  de  nombreux  petits  cristaux 
violets  après  quarante  minutes. 

"  Le  28  mars,  brisé  l'ampoule  du  tube  n"  6  :  au  bout  de  douze  minutes  j'aperçois  déjà 
une  foule  de  [)elits  cristaux. 

»  Le  !"■  avril  1867,  brisé  l'ampoule  du  tube  n"  7  :  en  moins  d'une  minute  il  se  forme  une 
foule  de  petits  cristaux. 

»  Le  2a  avril,  brisé  l'ampoule  du  tube  n°  8  :  il  se  dépose  immédiatement  de  très-nombreux 
cristau.x. 

(  I  )  Comme  on  n'emploie  pas  ordinairement  des  solutions  aussi  extraordinairemeiit  con- 
centrées que  celles  de  M.  Gei  niz,  mais  surtout  comme  on  porte  les  lir/ucurs  à  l'ébullition, 
celles-ci  sont  incristallisables  immédiatement  après  leur  refroidissement;  ma  phrase  était 
donc  et  est  encore  l'expression  rigoureusement  exacte  des  faits. 

(2)  Les  observations  étaient  faites  h  l'œil  nu. 


(  325  ) 

»  Le  23  septembre  1871,  brisé  l'ampoule  du  tube  n"  g  :  crislallisation  immédiate  et  très- 
abondante.  La  couknir  de  la  solution  tire  sur  le  bleuâtre. 

»  A  mesure  que  le  temps  s'avançait,  la  cristallisation  était  non-seulement 
plus  rapide,  mais  la  quantité  de  sel  déposé  augmentait.  H  a  fallu  plusieurs 
jours  pour  que  la  solution  verte  devînt  capable  de  cristalliser  au  contact 
de  germes  isomorphes.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  perbromure  d'acélyièiie  brome. 
Note  de  M.  E.  Bouruoi.v,  présentée  par  M.  Berlhelot. 

«  Lorsque  l'on  fait  réagir  l'acétylène  sur  le  brome  en  vapeur,  il  se  ma- 
nifeste une  réaction  très-énergique.  Il  se  forme  de  l'acide  bromliydrique, 
et  le  |)erbroiunre  d'acétylène  qui  prend  naissance  contient  une  certaine 
quantité  d'un  produit  de  substitution,  le  perbromure  d'acétylène  brome  : 

C'Il-Br'  -f-  Br-  =  IIBr  -l-  C*HBr=. 

»  Pour  obtenir  ce  composé,  je  fais  réagir  le  brome  en  vase  clos  sur  le 
perbromure  d'acétylène,  dans  les  proportions  suivantes  : 

Perbromure  d'acétylène 3o  grammtis 

Brome 4")  7 

»  L'attaque  est  difficile.  A  la  température  de  laS  degrés,  la  réaction  est 
à  peu  près  nulle,  luéme  après  plusieurs  jours.  A  i5o  degrés,  après  trente- 
six  heures  de  chauffe,  il  se  dégage  de  l'acide  bromhydrique  à  l'ouverture 
des  tidjcs;  mais  le  produit,  qui  renferme  encore  beaucoup  do  brome  libre, 
reste  liquide  à  basse  tempéralure.  Il  est  nécessaire  de  chauffer  le  mélatige  à 
iG5  degrés,  pendant  deux  jours,  pour  obtenir  une  cristallisation  abondante 
dans  un  mélange  de  glace  et  de  sel  marin.  Bien  que  la  réaction  ne  soit  pas 
complète,  il  convient  de  mettre  fin  à  l'expérience,  afin  d'éviter  la  fortualion 
d'une  quantité  notable  d'un  produit  de  substitution  plus  avancé,  le  sesqui- 
broiniu-e  de  carbone.  C'est  pour  la  luème  raison  qu'il  ne  faut  pas  chauffi'r 
justpi'à  180  degrés,  température  à  laquelle  la  réaction  n'exige  plus  alors 
qiie  quelques  heures  pour  s'accoinpiir. 

»  On  égoutle  les  cristaux,  on  les  débarrasse  des  dernières  traces  liquides 
qui  les  imprègnent,  en  les  comprimant  dans  du  papier  à  filtre  blanc, 
jusqu'à  ce  que  ce  dernier  ne  soit  \A\.\s  taché.  En  les  dissolvant  à  froid  dans 
«le  l'alcool  à  90  degrés,  en  obtient,  à  l'évaporation  spontanée,  de  belles 
aiguilles  prismatiques,  douées  d'un  grand  éclat,  et  qui  peuvent  atteindre 
jusqu'à  2  ou  3  centimètres  de  longueur. 

C.  R.,  187  j,  1"  Semestre.  (T.  LXXX,  N"  S.)  4^ 


(  326  ) 

»  Ce  corps  est  du  perbromure  d'acétylène  brome,  parfaitement  pur, 
comme  l'indique  l'analyse  suivante  : 

1°      o,4oi5  ont  donne  0,888  de  bromure  d'argent; 

2"      0,659,  '"'ùlés  par  le  chromate  de  plomb,  ont  fourni  o,  i  37  d'acide  carbonique 

et  0,002  d'eau. 

I.  11.  C'HBr*. 

C...    4,66  »  5,65 

H 0,37  »  0,24 

Br »  94)''  94'" 

»  Le  perbrosnure  d'acétylène  brome  est  insoluble  dnns  Kcau,  soliible 
dans  l'alcool,  très-soluble  dans  l'élher,  dans  le  chloroforme  et  dans  le  sul- 
fure de  carbone. 

«  Il  fond  à  56-57  degrés,  en  un  liquide  incolore  et  transparent.  Ce  point 
de  fusion  a  été  déterminé  avec  beaucoup  de  soin;  en  opérant  sur  plusieurs 
échantillons  provenant  d'opérations  différentes,  j'ai  toujours  obtenu  une 
valeur  comprise  entre  56  et  Sy  degrés. 

»  Lorsque  l'on  augm(Mife  graduellement  la  température,  il  n'éprouve 
aucune  altération  jusqu'à  160  degrés;  au-dessus  de  cette  température,  il  se 
colore  peu  à  peji,  puis  distille  vers  200  degré.s,  sans  altération  notable.  En 
effet,  le  produit  distillé,  après  cristallisation  dans  l'alcool,  reproduit  le 
corps  primitif  avec  toutes  ses  propriétés. 

»  Chauffé  avec  du  bromure  à  180  degrés,  la  perbromure  d'acétylène 
brome  se  transforme  en  sesquibromure  de  carbone. 

»  Le  perbromure  d'acétylène  brome  possède  la  même  formule  que  le 
bibromure  d'élhylène  tribromé 

C"HBr'Br=, 

corps  qui,  d'après  M.  Roboul,  fond  de  l^8  à  5o  degrés,  et  que  la  chaleur 
décompose. 

»  Css  deux  composés  sont-ils  isomériques  ou  identiques?  On  voit  qu'il 
existe  entre  eux  une  différence  notable  dans  les  j)oints  de  fusion.  Cette 
différence  n'est  pas  due  à  la  présence,  dans  mon  produit,  d'une  petite  quan- 
tité de  sesquibromure  de  carbone;  car,  outre  que  ce  dernier  n'est  pas 
sensiblement  soluble  dans  l'alcool  froid,  il  ne  peut  se  volatiliser  sans  dé- 
composition. 

i>  M.  Friedel,  (jtii  avait  autrefois  examiné  au  point  de  vue  cristallogra- 
phique  le  bibromure  d'élhylène  tribromé,  et  qui  avait  trouvé  pour  l'angle 
du  prisme  io4°3o',  a  bien  voulu  faire  la  même  détermination  sur  mes  cris- 
taux. Il  a  trouvé  io4°i6'. 


(    ^27    y 

»  Les  deux  corps  sont  donc  identiques,  les  différences  observées  étant 
sans  doute  dues  à  ce  que  le  composé  obtenu  à  l'aide  de  l'acrtylène  biouié 
est  moins  pur  que  celui  que  l'on  prépare  en  faisant  réagir  le  brome  sur  le 
perbromure  d'acétylène.    » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  l'amélioration  de  la  qnaUlé  de  la  betterave. 
Note  de  M.  Cii.  Viollette. 

'<  M.  Peligot,  dans  son  Mémoire  sur  les  matières  salines  de  la  bette- 
rave, présenté  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du  i8  janvier  dernier,  ex- 
prime incidemment  le  regret  que  les  tentatives,  failes  pour  améliorer  la 
qualité  do  la  betterave,  n'aient  pas  été  suivies  avec  la  persévérance  et  la 
sûreté  de  déduction  que  L.  Vilmorin  mettait  dans  ses  travaux.  Tous  les 
fabricants  de  sucre,  dit-il,  se  plaignent  aujourd'hui  de  la  mauvaise  qualité 
de  la  betterave.  Il  y  a  là,  à  mon  avis,  une  exagération  qui  pourrait  être 
de  nature  à  compromettre  une  de  nos  industries  nationales  les  plus  inté- 
ressantes, vis-à-vis  surtout  des  pays  étrangers,  chez  lesquels  elle  exporte 
une  partie  de  ses  produits.  Sans  aucun  doute,  on  n'est  pas  arrivé  encore 
à  obtenir  toutes  les  améliorations  désiral)les;  mais  des  efforts  sérieux  ont 
été  tentés  dans  ce  but,  et  je  demanderai  à  l'Académie  la  permission  de  les 
lui  signaler. 

»  La  culture  de  la  graine  de  betterave  a  été  introduite  vers  i8/jG,  dans 
les  plaines  fertiles  des  cantons  de  Cisoing  et  Pont-à-]Marcq  (Nord),  situés 
entre  Lille,  Douai  et  Valenciennes;  elle  s'y  est  développée,  en  prenant  pour 
base  les  principes  établis  par  Vilmorin,  et  elle  a  atteint  une  situation  très- 
prospère,  comme  l'attestent  les  nombreuses  récompenses  obtenues  aux 
grandes  expositions  françaises  et  étrangères,  l'importance  de  sa  production 
annuelle,  qui  dépasse  plusieurs  millions  de  francs,  et  celle  de  ses  exporta- 
tions, qui  représentent  plus  de  i  million. 

»  En  l'absence  de  documents  suffisants  pour  établir  une  statis- 
tique précise  de  cette  branche  si  intéressante  de  notre  agriculture,  je  me 
bornerai  à  citer  ce  que  j'ai  été  à  même  de  constater  dans  un  des  établisse- 
ments les  plus  importants  de  France,  et  même  d'Europe,  la  maison 
Uespretz,  de  Cappelle  (Nord),  dans  laquelle  je  poursuis  depuis  dix  ans 
des  études  sur  la  végétation  de  la  betterave,  dont  j'espère  pouvoir  rendre 
compte  prochainement  à  l'Académie.  Cet  établissement  occupe  actuelle- 
ment s('|)t  fermes,  comprenant  une  superficie  de  GGo  hectares,  unicjiiement 
consacrés  à  la  culture  de  la  grauie  de  betteraves;   35o  ouvriers  y  sont  oc- 

43.. 


(  328  ) 

ciipés  journellement  toute  l'année.  Les  engrais  ordinaires  des  fermes  ne 
suffisant  pas,  malgré  la  nourriture  de  25o  bêtes  à  cornes  et  de  looo  mou- 
tons, consommant,  outre  les  i)aillcs  et  fourrages  habituels,  3  5oo  ooo  kilo- 
grammes de  pulpe,  et  /jooooo  kilogrammes  de  tourteaux  de  lin,  la  maison 
achète  annuellcuient  pour  plus  de  loo  ooo  francs  d'engrais  de  diverses 
natures, 

»  Je  cite  ces  chiffres  pour  montrer  à  l'Académie  combien  cet  établisse- 
ment est  intéressé  à  ne  rien  négliger  pour  améliorer  son  industrie.  Après 
avoir  cherché  à  perfectionner  les  espèces  importées  d'Allemagne  et  d'au- 
tres contrées,  la  maison  Despretz  s'est  attachée  à  des  espèces  nouvelles, 
créées  par  un  travail  continu  et  minutieux  de  sélection,  fait  d'année  en 
année  sur  les  meilleures  variétés.  Lorsque,  en  i854,  j'pus  démontré  à 
MM.  Despretz  que  l'emploi  de  l'eau  salée  ne  suffisait  pas  |)our  choisir  les 
meilieiu'es  espèces,  et  qu'on  devait  avoir  recours  à  l'analyse  chimique  pour 
faire  un  choix  entre  des  reproducteurs  de  densités  voisuies,  des  tentatives 
dans  ce  sens  furent  faites  d'année  en  année  depuis  cette  époque,  et  leurs 
résultats  ont  été  tels,  qu'ils  ont  conduit  ces  messieurs  à  fonder  un  labora- 
toire de  Chimie  au  centre  de  l'établissement,  à  Wattines,  après  y  avoir 
installé  le  gaz  conmie  mode  de  chauffage.  Actuellement,  un  chimiste,  avec 
plusieurs  aides,  s'occupe  journellement  de  l'analyse  de  la  betterave,  au 
point  de  vue  de  l'amélioration  des  porte-graines. 

))  Des  efforts  très-sérieux,  on  le  voit,  ont  été  tentés  dans  le  Nord  pour 
améliorer  la  graine  de  betterave,  et  je  crois  pouvoir  ajouter  que  ces  efforts 
ont  été  couronnés  de  succès. 

M  D'autres  établissements  marchent  dans  la  même  voie,  eî  je  ne  doute 
pas  qu'on  n'arrive,  par  des  efforts  communs,  à  étendre  et  à  améliorer  cette 
industrie  de  la  graine  de  betterave,  si  importante  pour  notre  grande  in- 
dustrie sucrière.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  5»/'  une  Jcrmenlalion  bulyri<iHe  spéciale.  Note 
de  M.  1*.  ScuiJTZENBKKGEu,  présentée  par  M.  Balard. 

t(  Les  intéressantes  recherches  de  MAL  Lechartier  et  Bellamy  sur  la  fer- 
mentation alcooli(iuc  des  fruits  me  déterminent  à  conununiquer  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  un  (ait  que  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  il  y  a  deux  ans, 
flVec  M.  le  D' Quinquaud,  lors  de  nos  expériences  sur  la  respiration  des 
végétaux  immergés  {CoihjjIcs  remliis,  t.  LXXVII,  p.  272;  1873). 

»  Lorsqu'on  abandonne  à  lui-même,  à  une  température  de  20  à  3o  de- 


(  :^29  ) 

grés  C,  el  à  l'abri  de  la  lumière  direcle  du  Soleil,  un  flacon  contenant  des 
tiges  (.VElodea  caïuutensis,  immergées  dans  de  l'eau  sucrée  (  solution  de  sucre 
de  canne  à  5  pour  loo  environ),  on  constate,  qu'au  bout  de  queUjues 
lieiues  le  sucre  de  canne  est  en  |)artie  interverti  ;  il  ne  tarde  |)as  à  se  former 
ds  nombreuses  bulles  de  gaz  que  l'on  voit  perler  à  la  surface  des  feuilles  et 
qui  se  détachent  à  mesure  qu'elles  grossissent.  Le  dégagement  gazeux  s'ac- 
célère rapidement,  au  point  qu'au  bout  de  huit  à  dix  heures  on  peut  re- 
cueillir près  de  loo  centimètres  cubes  de  gaz  en  trente  minutes,  si  la 
quantité  de  plante  employée  est  suffisante. 

»  Ce  gaz  est  un  mélange  d'hydrogène  et  d'acide  carbonique,  dans  le- 
quel l'acide  carbonique  ne  l'emporte  pas  de  beaucoup  en  volume  sur  l'hy- 
drogène. 

»  En  même  temps  que  ce  phénomène  se  produit,  le  liquide  prend  une 
réaction  acide  qui  augmente  progressiveuicnt  et  exhale  l'odeiu"  d'acide 
butyrique  mêlée  à  celle  du  butyrate  d'éthyle. 

»  En  interrompant  l'expérience  au  bout  de  quarante-huit  heures,  lorsque 
le  dégagement  gazeux  commence  à  se  ralentir,  la  plante  s'altérant  peu  a 
peu  dans  ce  milieu  acide,  on  peut  recueillir,  après  distillation  et  satura- 
tion par  le  carbonate  de  soude  du  liquide  distdlé,  des  quantités  notables 
de  butyrate  de  soude. 

»  Sans  aucun  doute,  on  se  trouve  en  présence  d'une  fermentation  buty- 
rique franche. 

»  Le  liquide  qui  baigne  VElodea  devient  légèrement  opalescent  pendant 
la  fermentation  et  offre  les  apparences  d'une  émulsion  persistante  très- 
diluée.  L'examen  microscopique  de  ce  liquide  décanté  de  dessus  la  plante, 
après  une  forte  agitation,  ainsi  que  celui  du  dépôt  formé  par  le  repos,  ne 
révèle  que  la  présence  de  quelques  globules  de  levure  alcoolique  et  de  dé- 
bris de  cellules  végétales.  Nous  n'avons  rien  pu  y  trouver  qui  répondît  au 
signalement  du  ferment  butyrique  ordinaire.  Cependant,  je  l'avoue,  je  ne 
me  sens  pas  suffisamment  exercé  aux  observations  microscopiques  de  ce 
genre  pour  oser  tirer  de  là  une  conclusion  certaine,  et  j'ai  cherché  une 
autre  voie  pour  résoudre  la  question  qui  se  pose  ainsi  :  la  fermentation 
butyrique  observée  est-elle  due  au  ferment  butyrique  ordinaire,  ou  à  une 
manifestation  spéciale  des  fonctions  physiologitiuos  des  cellules  végétales? 

»  Si  la  fermentation  est  provoquée  par  des  bactéries  qui  auraient  écha[)pé 
à  notre  investigation,  U  est  clair  qu'elle  devra  continuer  dans  le  liquide 
décanté;  or  il  n'en  est  rien.  La  solution  du  sucre  séparée  de  la   plante, 


(  33o  ) 
même  après  une  vive  agitation,  opérée  en  vue  de  détacher  les  bactéries  qui 
auraient  pu  restera  la  surface  des  feuilles,  ne  dégage  plus  qu'une  quantité 
très-faible  de  gaz,  tandis  que  la  réaction  reprend  aussitôt,  dès  qu'on  met 
le  liquide  en  contact  avec  VElodea.  Bien  plus,  dans  certaines  expériences, 
on  voit,  dans  le  liquide  décanté,  une  fermentation  alcoolique  franche  et 
très-énergique  succéder  à  la  fermentation  butyrique;  celle-ci  est  accom- 
pagnée d'un  développement  abondant  de  levure  de  nouvelle  fermentation. 
L'Elodea  canadeiisis  n'est  pas  seule  à  dpnner  des  phénomènes  de  cet  ordre. 
On  l'observe  avec  plus  ou  moins  d'intensité,  en  employant  les  diverses 
plantes  aquatiques  fluviales  et  même  des  algues  marines. 

»  D'après  les  résultats  variés  que  nous  avons  constatés,  nous  pensons 
que  les  tissus  végétaux  vivants,  immergés  dans  l'eau  sucrée,  peuvent  agir 
sur  le  sucre  de  canne,  d'abord  en  l'intervertissant,  puis  en  le  dédoublant  en 
acide  butyrique,  hydrogène  et  acide  carbonique.  La  fermentation  alcoo- 
lique n'est  donc  pas  le  seul  phénomène  de  cette  nature  où  la  levure  spé- 
ciale, qui  le  provoque  de  préférence,  peut  être  suppléée  par  des  cellules 
vivantes  appartenant  aux  grands  végétaux,  lorsque  celles-ci  sont  placées 
dans  des  conditions  physiologiques  anormales.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  De  l'action  vaso-dilatalrice  exercée  par  le  nerf  glosso-pha- 
ryngien,  sur  tes  vaisseaux  de  la  membrane  muqueuse  de  In  hase  de  la  langue. 
Note  de  M.  A.  Vui.pian,  présentée  par  M.  Cl.  Bernard. 

«  J'ai  communiqué  à  l'Académie  des  Sciences,  il  y  a  deux  ans  (séance 
du  20  janvier  1873),  une  Note  sur  l'influence  vaso-dilatatrice  que  les  fibres 
de  la  corde  du  tympan,  unies  au  nerf  lingual  par  anastomose,  exercent  sur 
les  vaisseaux  de  la  membrane  muqueuse  des  parties  antérieures  de  la 
langue.  Des  rechercbes  récentes  m'ont  appris  que  le  nerf  glosso-pharyu- 
gien  exerce  une  influence  toute  semblable  sur  les  vaisseaux  de  la  membrane 
muqueuse  de  la  base  de  la  langue. 

»  Lorsqu'on  examine  la  face  dorsale  de  la  langue  sur  un  chien,  soit  en- 
tièrement sain,  soit  entièrement  curarisé  et  soumis  à  la  respiration  artifi- 
cielle, on  voit  que  la  membrane  muqueuse  de  la  partie  postérieure  de  cet 
organe,  à  partir  de  l'épiglotte  jusqu'au  V  des  papilles  caliciformes,  présente 
une  teinte  un  peu  sombre,  différente  de  celle  des  parties  antérieures  de  cette 
membrane.  Celte  teinte  spéciale  dépasse  même,  en  avant,  de  quelques 
millimètres  ces  papilles.  C'est  sur  cette  région  de  la  membrane  muqueuse 


(  33,  ) 
linguale   que  se   produit  l'action  vaso-dilatatrice  du   rierf  glosso-pharyn- 
gien. 

»  C'est  sur  des  chiens  curarisés  et  soumis  à  la  respiration  artificielle  que 
la  plupart  de  mes  expériences  ont  été  faites.  Après  avoir  mis  à  découvert 
le  nerf  glosso-pliaryngien  au-dessous  de  la  base  du  crâne,  on  l'a  lié,  puis 
on  l'a  coupé  au-dessus  de  la  ligature,  de  façon  à  pouvoir  électriser  facile- 
ment le  bout  périphérique  de  ce  nerf.  On  a  constaté  que  la  ligature  et  la 
section  de  ce  nerf  ne  déterminent  aucune  modification  notable  de  la  mem- 
brane muqueuse  de  la  base  de  la  langue  :  on  observe  tout  au  jilus  une 
congestion  très-faible  et  Irès-passagère  de  cette  membrane. 

»  Si  l'on  fait  passer  par  le  segment  périphérique  du  nerf  glosso-pharyn- 
gien  un  courant  induit  intermittent,  pendant  une  ou  deux  minutes,  la 
membrane  muqueuse  linguale  devient  très-rouge  du  côté  correspondant  au 
nerf  excité,  dans  toute  la  région  que  nous  avons  indiquée,  c'est-à-dire 
depuis  la  base  de  l'épiglotte  jusqu'aux  papilles  caliciformes  et  même  un 
peu  au  delà.  Le  reste  de  la  face  dorsale  de  la  langue  conserve  sa  coloration 
primitive.  La  congestion  est  très-intense  sur  le  bord  de  la  langue,  du  même 
côté,  surtout  dans  les  points  les  plus  rapprochés  du  pilier  antérieur  du 
voile  du  palais.  La  membrane  muqueuse  de  la  face  inférieure  de  la  langue 
rougit  aussi,  dans  les  parties  postérieures  de  ce  côté  de  l'organe;  mais  la 
rougeur  y  est  moins  accusée,  elle  ne  présente  pas  une  limite  nette  en  avant, 
et  elle  s'étend  en  diminuant  peu  à  peu  jusqu'au  delà  du  milieu  de  la  lon- 
gueur de  cette  face  inférieure. 

»  Ce  n'est  pas  tout  :  on  constate,  le  plus  souvent,  que  le  pilier  antérieur 
du  voile  du  palais  et  l'amygdale  sont  plus  rouges  du  côté  du  nerf  électrisé 
que  du  côté  opposé.  L'épiglotte  conserve,  en  général,  sa  teinte  normale,  et 
les  parties  du  pharynx  qu'on  peut  apercevoir  paraissent  aussi  n'avoir  subi 
aucune  modification  sous  le  rapport  de  la  coloration  de  leur  membrane 
muqueuse. 

»  Eu  examinant  de  plus  près  la  membrane  muqueuse  de  la  base  de  la 
langue,  au  moment  où  cette  membrane  est  le  plus  congestionnée,  on  re- 
connaît que  les  vaisseaux,  visibles  entre  les  papilles,  se  sont  notablement 
élargis.  Il  y  a  aussi  une  légère  augmentation  de  la  température  de  cette 
région  de  la  langue.  On  ne  constate  d'ailleurs  aucun  changement  soit  dans 
la  forme  ou  la  direction  des  papilles  coniques,  soit  dans  l'état  d  hiuiùdité 
de  la  membrane  muqueuse. 

»  La  congestion,  provoquée  dans  la  membrane  muqueuse  de  la  base  de 


(  33a  ) 

la  langue  par  la  farailisation  du  bout  périphérique  du  nerf  glosso-pharyn- 
gicn,  dure  pendant  ]ilusiein's  minutes  après  que  toute  excitation  a  cessé, 
puis  elle  disparaît  peu  à  peu.  Lorsqu'elle  a  disparu,  on  peut  la  faire  re- 
naître par  une  nouvelle  faradisation  de  ce  nerf. 

»  Cette  expérience  donne  encore  les  mêmes  résultats,  après  qu'on  a  coupé 
sur  le  même  animal,  et  du  même  côté,  le  nerf  lingual  à  sa  partie  supérieure, 
le  nerf  hypoglosse  et  le  nerf  pneumogastrique  auprès  du  crâne,  et  après 
qu'on  a,  en  outre,  excisé  le  ganglion  cervical  supérieur.  Ou  observe  aussi 
les  mêmes  effets  sur  un  animal  soumis  à  l'action  toxique  du  sulfate  d'atro- 
pine. 

»  Le  mécanisme  de  l'action  vaso-dilatatrice  du  nerf  glosso-pharyngien 
est,  sans  doute,  le  même  que  celui  de  l'action  du  même  genre  exercée  sur 
les  vaisseaux  des  parties  antérieures  delà  membrane  muqueuse  de  la  lan- 
gue par  les  fibres  de  la  corde  du  tympaTi,  qui  accompagnent  le  nerf  lingual 
jusque  vers  ses  extrémités  périphériques.  Les  vaisseaux  se  dilatent  proba- 
blement parce  que,  comme  le  pense  M.  Claude  Bernard,  pour  les  actions 
nerveuses  vaso-dilatatrices,  considérées  en  général,  l'excitation  de  ces  nerfs 
susjiend  le  fonctionnement  des  ganglions  vaso-moteurs,  dont  l'activité  pro- 
voque et  maintient  le  lotius  des  canaux  vasculaires  de  la  membrane  muqueuse 
de  la  langue.  On  trouve,  du  reste,  sur  le  trajet  du  nerf  glosso-pharyngien, 
de  petits  amas  de  cellules  nerveuses,  comme  on  en  rencontre  sur  le  trajet 
du  nerf  lingual  :  cette  disposition  anatomique  est  peut-être  en  rapport 
avec  l'action  vaso-dilatatrice  de  ces  nerfs. 

))  J'ai  voulu  savoir  si  les  fdires  vaso-dilatatrices,  que  contient  le  nerf 
glosso-pharyngien,  ne  proviendraient  pas  du  nerf  facial.  Pour  faire  cette 
recherche,  j'ai  mis  à  découvert  le  nerf  facial  jusqu'au  trou  stylo-mastoïdien 
sur  des  chiens  chloralisés;  puis,  à  l'aide  d'un  fil  de  fer  rougi  au  feu  et  intro- 
duit par  cet  orifice,  j'ai  cautérisé  ce  nerf  dans  l'aqueduc  de  Fallope,  dans 
toute  la  longueiu'  du  trajet  que  ce  fil  a  pu  parcourir.  Je  me  suis  assuré  que, 
par  ce  procédé,  on  détruit  le  nerf  facial  dans  tout  ce  trajet,  ainsi  que  la 
corde  du  tympan  :  j'ai  trouvé,  en  effet,  ce  rameau  nerveux  et  toutes  les 
autres  branches  du  nerf  facial  dans  un  état  de  complète  altération,  lorsque 
j'en  ai  fait  l'examen  microscopique,  huit  à  dix  jours  après  l'opération.  Or, 
si  l'on  coupe  le  nerf  glosso-pharyngien  sur  lui  chien  ainsi  opéré  depuis  une 
dizaine  de  jours  et  si  l'on  faradise  le  bout  périphérique  de  ce  nerf,  on  déter- 
mine, dans  la  membrane  muqueuse  de  la  base  de  la  langue,  une  conges- 
tion tout  aussi  vive  que  chez  un  animal  dont  le  nerf  facial  est  intact. 


(  333  ) 

B  Les  fibres  vaso-dilatatrices,  contenues  dans  le  nerf'glosso-pharyngien, 
ne  proviennent  donc  pas  du  nerf  facial.  D'autre  part,  comme  la  fara- 
disation  des  divers  autres  nerfs  qui  donnent  des  anastomoses  au  glosso- 
[)liaryiigien  ne  produit  pas  le  moindre  effet  vaso-dilatateur  sur  les  vais- 
seaux de  la  langue,  on  peut  conclure  que  les  fibres  vaso-dilatatrices  qu'il 
contient  lui  appartiennent  vraisemblablement  eu  propre,  ou,  du  moins, 
qu'elles  ne  sont  probablement  fournies  par  aucune  anastomose  extru-cra- 
nienne. 

»  Les  vaisseaux  de  la  membrane  muqueuse  de  la  langue,  dans  toute  l'é- 
tendue de  cet  organe,  sont  donc  soumis  à  l'influence  de  fibres  nerveuses 
vaso-dilatatrices.  Dans  les  parties  antérieures  de  la  langue,  innervées  par 
le  lingual,  c'est  ce  nerf  qui,  par  l'intermédiaire  des  fibres  anastomoliques 
qu'il  reçoit  de  la  corde  du  tympan,  exerce  cette  influence  :  dans  les  parties 
postérieures  de  la  face  dorsale  de  cet  organe,  innervées  par  le  nerf  glosso- 
pharyngien,  c'est  à  ce  nerf  que  cette  influence  est  dévolue.    » 

HISTOIRE  DES   SCIENCES.  —  Sur  itîi  nouveau  document  historique,  relatif 
à  Salomon  de  Caus.  Lettre  de  M.  G.  Depping  à  M.  le  Président. 

(Extrait.) 

((  On  sait  combien  sont  rares  les  renseignements  contemporains  et 
authentiques  sur  Salomon  de  Caus,  l'ingénieur  qui  découvrit,  au 
commencement  du  xvii^  siècle,  les  propriétés  de  la  vapeur  comme  force 
motrice.  Comme  il  avait  servi  en  Angleterre  et  en  Allemagne,  on  a  été 
même  autrefois  jusqu'à  contester  sa  nationalité.  Plusieurs  de  ses  ouvrages 
étaient,  en  effet,  datés  de  Heidelberg;  Francfort  était  le  lieu  d'impression, 
au  moins  du  plus  important  de  tous.  Mais,  comme  le  faisait  déjà  remar- 
quer Arago  (1837),  il  était  peu  probable  qu'un  Allemand  de  cette  époque 
eût  écrit  en  français,  raison  qui  aurait  suffi,  à  défaut  d'autres  plus  déci- 
sives (par  exemple,  la  Dédicace  au  roi  de  France  et  l'énoncé  du  privilège 
royal,  de  son  princi[)al  ouvrage  Les  liaisons  des  forces  mouvantes,  celui-là 
même  où  il  démontre  la  force  expansive  de  la  vapeur). 

»  C'est  à  tous  ces  titres  que  l'Académie  accueillit,  il  y  a  quelques  an- 
nées, une  Communication  qui  lui  était  adressée  par  M.  Charles  Read  (i), 
relative  à  la  date,  retrouvée  par  lui,  de  la  mort  de  Salomon  de  Caus  (iCiaG). 
Cette  trouvaille  mettait  définitivement  à  néant  la  fable  ridicule  qui  a  coin  u 

(i)  Comptes  rendus,  séance  du  21  juillet  18G2. 

C.  R.,i87i,  I"  Semestre.  (,r.  LX.XX,  N»  tî.)  44 


{  334) 
pendant  si  longtemps,  sur  le  soi-disant  emprisonnement  à  Bicêtre  de  Salo- 
mon  de  Caus,  sa  folie,  et  enBn  sa  mort  en  i64i  • 

»  J'ai  eu  la  bonne  fortune  de  trouver  un  document  nouveau,  dans  les 
manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  à  Paris.  Voici  celte  pièce,  que 
j'ai  copiée  parmi  les  lettres  originales  adressées  à  M.  de  Sainle-Cntherine, 
résident  pour  le  roi  de  France  à  Heidelbcrg,  par  un  de  ses  collègues,  le 
résident  de  Londres.  [Maiiuscrils  de  la  Bibliolltèque  nalionatc,  Fonds  de  LA 
Mare  )  : 

<c  De  Londres,  le  xxvm'  jour  de  juillet  iGi3. 
a  Monsieur,  je  n'ay  pas  voulu  perdre  loccasion  de  celuy  qui  vous  rendra  la  présente, 
nommé  le  sieur  de  Caux,  Françoys,  fort  honneste  homme,  qui  a  quelque  temps  servy  Mons'. 
le  prince  de  Galles,  défunct,  en  la  charge  d'ingénieur  et  intendant  de  ses  bastimentz,  et  à 
présent,  va  faire  quelque  service  près  Monsieur  l'Eslecteur  et  Madame  sa  femme,  qui  ont 
désyré  de  l'avoir,  sans  le  charger  de  ce  mot  de  lettre,  pour  luy  donner  vostre  tognoissance, 
estant  homme  duquel  j'estime  qu'aurés  la  conversation  agréable.  —  Nous  n'avons  pas  à 
présent  grandes  nouvelles  de  vostre  cour,  etc.,  etc 

a  Signé:  Bisseaux  (résident  pour  le  roy  à  Londres).  » 

»  Cette  lettre,  malgré  son  laconisme,  établit  plusieurs  points  intéres- 
sants pour  la  biographie  de  Salomon  de  Caus  ou  Caux  :  d'abord  sa  natio- 
nalité. Reste  à  savoir  si  l'inventeur  était  normand,  ou  plutôt  de  quelle  lo- 
calité de  la  Normandie  il  était  originaire.  Dieppe  le  revendique,  non  sans 
quelque  raison,  ainsi  que  l'a  démontré  l'auteur  de  la  précédente  Commu- 
nication à  l'Académie,  M.  Cli.  Read,  qui  a,  de  plus,  fixé  d'une  manière 
péremptoire  la  date  de  sa  naissance,  1576(1). 

»  Nous  apprenons  encore,  par  cette  pièce,  quel  était  le  titre  de  Salomon 
de  Caus  et  quelles  fonctions  il  remplissait  auprès  du  prince  Henry,  frère 
de  l'infortuné  Charles  P''  d'Angleterre,  et  à  quelle  époque  il  quitta  le 
prince,  mort  très-jeune,  pour  passer  au  service  de  sa  soeur  Elisabeth,  sur- 
nommée la  leine  (les  cœurs,  et  de  son  époux,  Frédéric  V,  électeur  palatin, 
dont  la  résidence  était  à  Ileidelberg.  Les  jardins  du  château  électoral  ont 
été  disposés  par  Salomon  de  Caus,  qui  eu  a  publié  les  dessins  dans  son 
Hoilus  patalinus.  » 

(i)  Bulletin  (le  lu  Société  rie  l'Histoire  du  Protestantisme  français,  1862,  XP  année, 
p.  4ot)  et  suiv. 


(  335  ) 

PHYSIQUE.  ~   Deuxième  Note  sur  In  combustion  des  mélanges  détonants; 
par  M.  Neyreneuf.  (Extrait.) 

))  Les  effets  signalés  dans  ma  Note  du  1 1  janvier  peuvent  être  observés 
avec  un  degré  de  |)ersistance  remarquable,  en  opérant  avec  une  éprouvette 
bien  sèche,  que  l'on  placera  ensuite  sur  une  soucoupe  contenant  de  l'eau. 
En  insufflant  l'haleine  quinze  jours  après  l'expérience,  on  voit  se  repro- 
duire le  phénomène;  dans  les  tubes  paraffinés,  l'insufflation  de  l'haleine 
donne  des  résultats  encore  plus  nets.  Voici  ce  que  j'ai  constaté  : 

»  Avec  des  mélanges  correspondant  aux  proportions  de  l'eau,  les  éprou- 
vettes  sèches  donnent  quelques  lignes  nodales  très-espacées,  qui  ne  se 
marquent  que  quelque  temps  après  la  détonation.  Il  est  probable  que  ces 
lignes  correspondent  à  la  figure  acoustique  de  l'éprouvette  elle-même;  les 
tubes  paraffinés,  avec  le  même  mélange,  donnent  simplement  projection 
de  la  paraffine  qui  est  fondue. 

»  Les  résultats  sont  à  très-peu  près  identiques  en  prenant  un  mélange 
formé  de  i  d'oxygène  pour  i  d'hydrogène.  Il  faut,  pour  obtenir  quelques 
effets,  prendre  la  proportion  de  3  d'oxygène  pour  i  d'hydrogène;  on  ob- 
tient alors,  sur  une  éprouvette  paraffinée  de  20  centimètres  de  hauteur  et  de 
4  centimètres  de  diamètre,  à  5  centimètres  au-dessus  de  l'ouverture,  quatre 
feuilles  de  fougère  enroulées  en  spirale  et  également  espacées,  d'aspect 
semblable  au  givre.  Le  choc  a  été  assez  violent  pour  que  la  paraffine  ne 
conserve  qu'une  adhérence  très-faible. 

>»  ...  Lorsqu'on  veut  produire  immédiatement  de  beaux  effets,  il  suffit  de 
mettre  dans  un  tube  de  petit  diamètre  .',  volume  d'air,  achever  de  remplir 
avec  de  l'hydrogène  et  approcher  immédiatement  l'ouverture  du  tube  de 
la  flamme  d'une  bougie.  Le  mélange  se  fait  d'une  manière  satisfaisante, 
et  la  projection  de  quelques  gouttelettes  d'eau  qui  restent  adhérentes  aux 
parois  des  tubes  n'amène  que  des  perturbations  insignifiantes.  » 

M.  J.  KoRDON  adresse  une  Note,  écrite  en  allemand,  sur  un  procédé 
destiné  à  la  composition  en  caractères  d'imprimerie,  et  à  la  iU:dribulion  des 
caractères. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  J.   H. 


44. 


:«(î  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

Ouvrages  reçus  daxs  i.a  séance  nu   aS  janvieu    i8'j5. 

Ministère  des  Travaux  publics.  Ports  maritimes  de  la  France;  t.l  :  De  Dun- 
kerque  à  Etrelat.  Paris,  Imprimerie  nationale;  i  vol.  in-4'',  avec  atlas. 

Sur  la  viticulture  dans  le  département  de  la  Charente-Inférieure.  Rapport  à 
S.  Exe.  M.  Rouher;prtr  leD'' J.  Guyot.  Paris,  Imprimerie  impériale,  1861; 
in-8°. 

Sur  la  viticulture  du  sud-ouest  de  la  France.  Rapport  à  S.  Exe.  M.  Rouher  ; 
parle  D'  J.  GuyOT.  Paris,  Imprimerie  impériale,  1862  ;  in-8°. 

Sur  la  viticulture  de  l'est  de  la  France.  Rappoit  à  S.  E.xe.  M.  Rouher;  par 
le  D"^  J.  GuYOT.  Paris,  Imprimerie  impériale,  i863;  in-8°. 

Sur  la  viticulture  et  la  vinification  du  département  du  Puy-de-Dôme.  Rapport 
à  S.  Exe.  M.  Rouher;  par  le  D'  J.  GuYOT.  Paris,  Imprimerie  impériale, 
i863;in-8°. 

Sur  la  viticidlure  du  sud-est  de  la  France.  Rapport  à  S.  Exe.  M.  Armand 
Béhic;  par  le  D"^  J.  Guyot.  Paris,  Imprimerie  impériale,  i864;  in-8°. 

Sur  la  viticulture  du  nord-est  de  la  France.  Rapport  à  S.  Exe.  M.  Armand 
Béhic  ;  par  le  D''  J.  Guyot.  Paris,  Imprimerie  impériale,  1864  ;  in-8°. 

Sur  la  viticulture  du  centre  sud  de  la  France,  Rapport  à  S.  Exe.  M.  Armand 
Béhic;  par  le  D"^  J.  GUYOT.  Paris,  Imprimerie  impériale,  i865;  in-S".     . 

Sur  la  viticulture  du  centre  nord  de  la  France,  Rapport  ù  S.  Exe.  M.  Ar- 
mand Béhic;  par  le  D''  J.  GUYOT.  Paris,  Imprimerie  impériale,  18G6; 
in-8°. 

Sur  la  vilicutlure  de  l'ouest  de  la  France.  Rapport  à  S.  Exe.  M.  Armand 
Béhic;  par  M.  le  D'  J.  GuYOT.  Paris,  Imprimerie  impériale,  186G;  in-8°. 

Sur  la  viticulture  du  nord-ouest  de  la  France.  Rapport  à  S.  Exe.  M.  de 
Forcade  la  Roquette;  parle  D'' J.  Guyot.  Paris,  Imprimerie  impériale, 
1867;  in-8°. 

Sur  la  viticulture  et  la  vinification  du  canton  d'Fvian  [Haute-Savoie).  Rap- 
port à  S.  Exe.  M.  de  Forcade  la  Roquette;  par  le  D"^  J.  Guyot.  Paris,  Im- 
primerie nationale,  1868;  in-S". 

(Cette  collection  des  Rapports  de  M.  le  D"^  Guyot  est  offerte  à  l'Acadé- 
mie par  M.  le  Baron  Larrey.) 


(  337  ) 

Cimedère  de  Mérj-siir-Oise.  Observations  et  contre-projet  présentés  au  Con- 
seil municipal  de  Paris,  en  réponse  au  Rapport  de  M.  H<''rol(l  ;  ^ir/rMM.  Le- 
CLERC  et  Riant,  conseillers  niiinicipanx.  Paris,  imp.  A.  Pougin,  1874; 
in-8°. 

Exposition  de  la  méthode  des  équipollences ;  par  Giusto  BELLAVITIS,  traduit 
de  l'italien  par  C.-A.  I.aisant.  Paris,  Ganthier-Villars,  r874;  J  vol.  in-8°. 
(2  exemplaires.) 

Mémoires  couronnés  et  autres  Mémoires  publiés  par  l^ Académie  royale  de 
Médecine  de  Belcjique ;  collection  in-8° ,  t.  III,  i'^''  fascicule.  Bruxelles, 
II.  Manceaux,  187/»;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  centrale  d' Agriculture  cl  du  Comice  de  Nancy;  2*  sé- 
rie du  Bon  Cultivateur;  t.  II,  i"  fascicule.  Paris  et  Nancy,  Pierger-Levraidt, 
1874;  in-8°. 

De  remploi  de  la  vapeur  pour  éteindre  les  incendies.  Historique  de  la 
question;  par  le  D' DuJARDiN  (de  Lille),  l^ille,  imp.  Lcleux,  iSSa;  opus- 
cule in-8°. 

De  la  dégénérescence  palustre;  par  le  D"' E.  BuRDEL.  Paris,  G.  Masson, 
1875;  in-8'',  avec  photographie. 

Pipette  à  capacité  variable  pour  l'essai  des  matières  d'argent  par  ta  voie  hu- 
mide,- par  M.  G.  Sire.  Besançon,  imp.  Dodivers,  1872;  br.  iu-8°. 

La  Chine;  par  M.  G.  MORACilE.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8".  (Extrait  du 
Dictionnaire  encyclopédique  des  Sciences  médicales.) 

(  A  suivre.  ) 


ERRATA. 

(Séance  du  4  janvier  1875.) 

Page  70,  ligne  Sa,  au  lieu  de  371,0,  lisez  731,0. 

Page  70,  ligne  aS,  colonne  i5,   au  lieu  de  3,2,  //vcs  o,3. 

(Séance  du  aS  janvier  1875.) 
Page  260,  ligne  12,  en  remontant, 

,.       ,       ,.       (L  — A)'      „        (A  — L)'  fL— A)=       ^  (A— L)' 

aulicude     B—- ^,    C=:^ — !-,      lisez     B  = -■,    C=  —  - '- • 

iTir^A'L  Tp,pjL-A  tr,r,Aih  Tp.pjL'A 


Janvier  1875. 


(  338  ) 


Observations  HéTÉOROLociQcii 


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(1)  Miiiima  Ijaromcliiqucs  :  le  2,  h  5'' 30""  du  matin,  753,3;  lo  21,  h  mimiil  1111   quart,  735,5,  après  iino  cliule  très-rapide  et  des 
oscillations  depuis  G  heures  du  soir  entre  ^38  et  73G;  le  24,  il  ■  i''35"'  du  soir,  742,3. 

(2)  (1)  a  minima,  l>,  niaxima,  non  atteints  ;  la  fempératHre  variant  d'une  manière  Contïntip. 
(5)  Moyennes  des  observations  trilioraircs. 

(G)  La  température  normale  est  déduite  de  la  courbe  rcctiliée  des  températures  moyennes  de  soixante  années  d'observation. 


(  339) 


,'AiTES  A  l'Observatoire  de  MoxTSornis. 


Janvier  1875. 


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Rafales,  pluie  le  soir  et  verglas. 

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Épais  verglas.  Brouillard  et  pluie  le  soir. 

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Pluvieux  le  matin.  Brouillard  et  bruine  le  soir. 

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Brouillard  et  bruine  le  matin.  Pluie  le  soir. 

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Matinée  de  pluie  Irès-fine. 

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Brouillard  et  gelée  blanche  le  malin  ;  rosée  le  soir. 

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SE 

',9 

» 

Givre  le  matin,  brouillards  et  pluie  fine  par  intervalles. 

8 

2.  ,8 

3., 7 

9 '56 

6244 

SSW 

5,2 

» 

Brouillard  le  matin,  plus  épais  le  soir;  bruine. 

9 

•".9 

30,2 

9160 

6209 

SE 

1,3 

» 

Faible  gelée  blanclie. 

10 

•    23,4 

18,7 

9'59 

6i63 

SE 

1,3 

)l 

Id.        le  matin;  rosée  le  soir. 

II 

.3,', 

3o,a 

9160 

6209 

Si  SE 

5,1 

SW 

Faible  gelée  blanche  le  matin. 

11 

23,9 

28,7 

91G2 

6170 

Si  SE 

4,' 

SW 

Rosée  le  matin  et  continuellement  pluvieux. 

i3 

i3,8 

0 

9i58 

B 

SSE 

3,2 

SSW 

Gouttes  de  pluie  par  intervalles. 

■'• 

33,3 

29,3 

9'59 

CiSi 

SSE  h  SSW 

3,4 

SW-WN\^ 

Id.         et  rosée  abondante  le  soir. 

i5 

■il,  7 

3. ,2 

9160 

6.39 

Si  SW 

4,4 

SW 

Faible  gelée  blanche  m.  et  rosée  le  s.;  (races  de  halo  qqs  gouttes  de  pi.  m. 

i6 

23,8 

3i,5 

9'57 

Oifio 

SW 

11,2 

WSW 

Pluie  dans  l'après-midi  et  le  soir;  quelques  rafales. 

'7 

î4,5 

3i ,  I 

9'53 

G219 

WSW 

8,5 

w 

Continuellement  pluvieux. 

i8 

»    i5,6 

3o,5 

9'57 

6210 

wsw 

12,2 

SW-WNW 

Gouttes  de  pluie  par  intervalles. 

"9 

25,9 

29,8 

9'54 

6i83 

SW 

14,0 

WSW 

Halo  partiel  et  gouttes  de  pluie  le  s.  Le  vont  s'élève  ;  rafales  la  nuit. 

jio 

25,4 

29,9 

9"58 

6194 

SW 

'9,0 

SW 

Temps  do  bourrasques  et  continuellement  pluvieux 

31 

24  >  9 

29.4 

9i63 

G'93 

WSW 

20,5 

WSW 

Bourrasques;  fortes  pluies  l'après-midi  et  le  soir. 

11 

25,. 

3o,5 

9165 

fi23o 

WiNW 

9,4 

KW 

Les  bourrasques  et  la  pluie  ont  cessé  avant  le  jour. 

i3 

2'..  9 

3o,9 

9163 

C237 

SSW 

■3,4 

SSW 

Grésil  et  neige  le  m.  suivis  de  pluie  très-fine.  Les  bourrasq.  reprennent. 

A 

■■'il  9 

3i,6 

9 '59 

6249 

SW 

26,0 

SW 

Temps  de  fortes  bourrasques  et  continuell'  pluvieux. 

i5 

*      l5,2 

3o,.i 

9'59 

6216 

wsw 

20,9 

WNW 

Bourrascpies  moins  fortes;  pluies;  arcs-en-ciel. 

a6 

•      2i,5 

3', 9 

9'58 

6154 

WNW 

-'..7 

NW 

La  pluie  ,1  cessé  avant  le  jour  ;  le  vent  a  viré  au  nord  ;  rosée  le  soir. 

57 

•     25,4 

32,6 

9'59 

62-9 

SE 

',' 

. 

Gelée  blanche  le  matin. 

a8 

•  24,7 

32,7 

9i56 

6274 

SSE 

2,7 

» 

Id.         Lueur  aurorale  très-vive  le  soir. 

!  J9 

'      2.',,  4 

3i,6 

9 '54 

6336 

WSW 

7.' 

WSW' 

Pliivii'ux  dans  l'après-midi  et  la  soirée. 

3o 

i5,o 

32,0 

9162 

6367 

NNE 

'fi,  4 

KE 

Pluvieux  le  matin.  Ciel  dégagé  le  soir. 

3i 

24,6 

34,3 

9'5o 

C3o6 

E 

2,3 

n 

Givre  matin  et  soir.  Beau  temps. 

(7)  Les  decr 

es  actinon 

létrique» 

sont  rai 

lenés  ù  la  constante  s 

claire  loo. 

(i5)  Les  jou 

rs  de  gek 

e,  l'évap 

oration  c 

st  mesurée  par  la  pc 

sée  d'un  pla 

tenu  de  terre  humide. 

(i8  ù  11)   * 

Perturbât 

ons.  Va! 

eurs  rap 

jortées  au  pavillon  i 

laenéliquc. 

(M)(î/,)  L 

B  signe  W 

indiqua 

l'ouest, 

conformément  h  la  c 

écision  de  1 

a  conférence  internationalo  do  Vienne. 

1 

(  34o  ) 

Movr.NNES  HORAiRKS  ET  MOYKKNES  MENSUELLES  (Janvier  1875). 


«■■M.      'Jl-M.      Midi.      Sl-S.      G'' s.     yhS. 


Déclinaison  magnétique 17"-*- 

Incliiiaisoii            »           6 j°  n- 

Force  magnétique  totale /l,-e- 

Composante  horizontale i  ,-f- 

Karoraètre  réduit  h  0° 


ii,6 
3i ,  I 
6i56 
giCS 


:i3,4 
3i ,  I 
62.',6 
9.64 

Dim 


26,5 

3i  ,0 
6226 
9"57 


34, 4 
3o,6 
6209 
9155 


23, G 
3i  ,0 
G234 
9160 


22,1 
3i ,  I 
6246 
9164 
mni 


22,4 
3l,2 

625o 
9164 


750,92  757,46757,46  757,20757,13  757,32757,1s 
Pression  de  l'air  sec VS'i^i  75i,56  75 1,1 8  750,79  750,87  751,2a  751, 25 


Tension  de  la  vapeur  en  millimètres 5,71 

État  hygrométrique 91,1 

Thermomètre  du  jardin 2,97 

Thermomètre  du  pavillon 4 1°' 

1  hermomètre  électrique  à  29"' » 

Thermomètre  noirci,  dans  le  vide 3,'J2 

Deyré  actinométriquo  (a) 0,00 

Thermomèti-e  du  sol.  Surface « 

»  à  c"", 02  de  profondeur. . 

»  à  o'",io  » 

•  il  0'",20  » 

•  il  o^.So  • 
»                    à  i^iOO               I) 


3,5o 
3,67 

4.17 

3,87 

5, 10 

min 

Udomètreji  i^jSo i3,6 

Pluie  moyenne  par  heure 3,27 

Évaporation  moyenne  par  heure  (i)(i) o,o5 

Vitesse  moyenne  du  vent  en  kilom.  par  heure.     7''™, 7 
Pression  moy.  du  vent  en  kilog.  par  heure » 


5,90 
90,5 

4"  58 
4,64 

7,6. 
12, iG 

3,45 
3,59 
4,21 
3,S4 
5, 10 
mm 
0.7 

0,23 

o,o5 


6,28 
84,1 

6','g8 
6,67 

tt 

14,87 
28,24 

4,.. 

3,64 

•'1,17 
3,81 

5, 12 

mm 

2,4 

o,So 
0,07 


6,41 
81,7 

7 ','38 
7)39 

12,33 
18,11 

» 

4,75 

3,97 
4,21 
3,81 
5,i3 
mm 
3,0 

I  ,00 

0,09 


7'-"n,2     8'-'", 7     S*"», 9 


6,26 

85,9 

o 
6,21 

6,18 

5,53 
0,00 

4,53 
4, .5 
4,35 
3,86 
5,16 
mm 
17,8 

5,93 
0,07 

-"m   2 


6, 10 

88,5 

5, "44 

5.44 


4,3i 

4,18 
4,39 

3,93 

5,i5 
mm 

i5,6 
5,20 
o,o5 

7"™.  9 


5,93 

89,3 

0 

4,87 

4,86 


4,oG 
4,08 
4,5i 

3,99 
5,12 
mm 
10,  I 

3,37 

o,o5 
81-™, 7 


17.23,8 
65 . 3 1 , 1 
4,624» 
1,9163 
mm 
757,'? 
751 ,  i3 
6,04 
87,6 
0 
5,43 

5,43 

8,71 

I   1   ,70 

4,o5 
3,88 

4,32 

3,88 

5,12 

mm 

t.  G3,2 

» 

t.    34,0 


Moyeiiîivs  huraires. 


Heures. 

il"  malin.. . 

2  »      ... 

3  » 

4  ..      .   . 

5  »      ... 

6  "      ... 

7      

8  n       ... 
a      »      .  . 

10  »      ... 

11  .       ... 
Midi 


Déclinais. 

0    , 
.723,7 

2i,8 

25,3 

25,  I 

23,8 
22,7 
22,0 

22,3 

23,4 

34,9 

26,0 
a6,5 


Pression. 
mm 

757,00 
56,84 
56,70 
56,67 
56,73 
56,92 
57,  i3 
57,32 
57,46 
57,52 
57,52 
57,46 


Tempérât. 

4°67 
4,58 
4,33 
4,18 
4,06 

3,97 
3,98 

4,17 
4,58 

5,2  1 

5,96 
6,68 


Heures. 
l''soir 1726,1 


0 

3  .. 

4  .. 

5  .. 
G  .. 
7  .. 
S  .. 
'.) 

10  » 

11  .. 
Minuit. 


linais. 

Pression. 

"    / 

utm 

26,1 

757,38 

25,3 

37.29 

24,4 

57,20 

23,9 

57,14 

23,7 

57,11 

23,6 

57,13 

23,4 

07,18 

22,8 

57,25 

22,1 

S7,3î 

21,6 

57,35 

21,6 

57, 3o 

22,4 

57,18 

Tempérât. 
o 
7,32 

7,46 
7,38 

7,07 
6,64 

6,2t 

5,86 
5,62 
5,43 
5,27 
5,08 
4,87 


Thermomètres  de  l'abri  (Moyennes  du  mois.) 

Des  minima 2<>,5  des  maxima 8<>,3  Moyenne 5,4 

Thermomètres  de  la  surface  du  sol. 
...  0°,  7  des  maxima 10°,  i  Moyenne 5,4 

Températures  moyennes  diurnes  par  pentades. 

«,                                                      0  o 
3,8        Janv.  iiiiiS G,o         Janv.    ic   ii  20 6,8 

2,5  i>         I G    il    2(1 9, 


Des  minima . . 


\i 


Janvier  1 
»       6 


-  I 


'-»!    a  20.  . 
2G  il  3o. . 


(a)  Ramené  il  la  constante  solairo  100.  —  (b)  En  centièmes  de  millimètre, 
(i)  Moyennes  de  21  jours  et  total  du  mois. 


riaBOflOg 


COMPTES  KENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 


rm »oa  «  »- 


SÉANCE  DU  LUNDI  8  FÉVRIER  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Remarque  sur  un  passage  de  la  Lettre  de  M.  Ge- 
nocchi,  insérée  dans  le  Compte  rendu  de  la  dernière  séance  (i);  par 
M.  Pdisecx. 

«  M.  Genocchi  semble  dire,  clans  sa  Lettre,  que  j'aurais  désignéCauchy 
comme  n'ayant  pas  indiqué  avec  exactitude  les  conditions  sous  lesquelles 
subsiste  le  développement  d'une  fonction  implicite.  Si  l'on  veut  bien  relire 
le  Rapport  cité  par  M.  Genocchi  [Comptes  rendus,  t.  LXXVI),  on  verra  que 
je  signale,  à  la  page  3i6,  une  certaine  distinction  comme  na^'ant  pas 
toujours  été  formulée  assez  nettement;  mais,  dans  ma  pensée,  cette  critique 
ne  s'adressait  nullement  à  rilîustre  analyste  qui  a  porté  la  lumière  dans  la 
théorie  du  développement  des  fonctions  en  séries.  » 

(i)  Page  3i5  de  ce  volume. 

C.  R.,  1875,  1"  Scinturc.  (T.  LX.XX,  N-  G.)  4^ 


(  342  ) 

ASTiiOKOMlE.  —  LcUie  de  M.  Janssex  à  M.  Dumas,  Président  de  la  Commission 

du  Passage  de  Vénus. 

«  Observatoire  de  Kompira-Yaiiia,  le  lo  décembre  1874- 

»  Vous  avez  appris,  par  mes  deux  télégrammes  du  9  et  du  10  dé- 
cembre (i),  que  nous  avons  observé  le  passage. 

«  Je  vous  dirai  maintenant,  monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  que,  bien 
que  le  temps  n'ait  pas  été  complètement  favorable,  et  que  nous  n'ayons 
pas  obtenu  autant  de  photographies  qu'il  eût  été  désirable,  nous  devons 
nous  estimer  très-heureux  d'avoir  pu  observer  les  deux  contacts  intérieurs, 
et  obtenu  en  somme  le  plus  important.  Cette  année  a  été  exceptionnelle- 
ment pluvieuse  au  Japon,  et  peu  après  notre  arrivée  j'ai  été  extrêmement 
anxieux  sur  l'issue  de  l'expédition.  Aussi  ai-je  rassemblé  sur  les  diverses 
villes  pouvant  nous  offrir  les  chances  les  moins  défavorables  tous  les  docu- 
ments météorologiques  recueillis,  soit  par  le  gouvernement,  soit  par  les 
Observatoires,  les  Européens  résidants,  et  même  par  les  natifs.  L'examen  de 
ces  documents  ne  tarda  pas  à  me  montrer  que  Yokohama  nous  offrait  bien 
peu  de  chances  favorables.  Kobé,  dans  la  mer  Intérieure,  et  Nagasaki  au 
sud-ouest,  nous  étaient  indiqués  comme  jouissant  en  hiver  d'un  meilleur 
climat,  et,  à  cet  égard,  tous  les  avis  compétents  étaient  unanimes.  Je  de- 
mandai donc  à  M.  Lespès,  commandant  de  la  station  du  Japon,  en  exécu- 
tion des  ordres  qui  lui  avaient  été  donnés,  de  vouloir  bien  nous  conduire 
à  Kobé.  Nous  finies  le  voyage  sur  l'aviso  à  vapeur  le  d'Eslrées,  commandé 
par  M.  le  capitaine  de  frégate  Joncla.  A  Kobé,  je  poursuivis  activement 
mes  informations;  elles  nous  confirmèrent  dans  la  résolution  que  nous 
avions  prise  de  quitter  Yokohama.  Entre  Kobé  et  Nagasaki,  la  différence 

(1)    g  décembre  1874»  "  O""  20'"  du  iuir.  —  Secrctary  Sciences  Academy  and  Instruction 

Minister;  Paris, 

"  Transit  observcd  and  contacts  obtained  and  dctcrniincd  by  revolver  photographie.  Fine 
images  in  our  tclescops,  no  ligament.  Venus  seen  over  sun's  torona.  Glass  photographies 
anil  siivcr  plaques.  Clouds  at  intervais.  Tvfo  niembers  our  mission  observcd  with  sutcessiul 
at  Kohe,  —  Jakssen.  « 

10  décembre  1874»  '*  'O  heures  du  matin.  Secrctary  Âcadcmy,  Bureau  Longitudes 
and  public  Instruction  Minister^  Paris. 

o  Tclegr.  .sent  ycsterday.  —  Transit  observed  at  Nagasaki  and  Kobe,  interior  contacts. 
No  ligament,  photo;^rapliies,  revolver,  several  clonds  during  transit.  Venus  seen  over  corona 
before  contact,  give  démonstration  almosphci-  coronale  existence.  —  Jansskn.  » 


(  343  ) 
était  faible,  cependant  Nagasaki  paraissait  préférable,  et  c'est  ainsi  qu'en 
avaient  jugé  les  Américains  qui  s'y  étaient  établis.  D'un  antre  côté,  les 
circonstances  astronomiques  du  passage  y  étaient  plus  avantageuses  (Soleil 
plus  élevé  qu'à  Kobé  et  surtout  qu'à  Yokohama).  Je  me  décidai  donc  pour 
Nagasaki;  mais  le  beau  temps  n'étant  nullement  assuré,  même  dans  cette 
dernière  ville,  je  résolus  d'avoir  aussi  un  poste  d'observation  à  Kobé.  Ce 
partage,  qui  était  possible  en  raison  de  notre  personnel  et  de  nos  nombreux 
instruments,  nous  assurait  toutes  les  chances  possibles  de  succès. 

»  Le  a/i  octobre  187/1,  le  d'Eslrées  nous  débarquait  à  Nagasaki.  Après 
nous  être  mis  en  rapport  avec  les  autorités  et  avec  la  Commission  améri- 
caine, nous  nous  occupâmes  de  l'emplacement  de  notre  observatoire. 
Nous  l'établîmes  à  Rompira-Yama  (i),  sur  une  haute  colline  qui  domine 
la  rade.  Cette  situation  était  convenable  sous  tous  les  rapports.  Site  élevé 
au-dessus  des  vapeurs  de  la  ville,  route  existante,  proximité  des  habitations 
et  ressources  de  tous  genres.  La  grande  difficulté  était  de  transporter  à 
cette  hauteur  les  deux  cent  cinquante  caisses  ou  colis  formant  notre  bagage. 
Cinq  cents  porteurs  environ  effectuèrent  ce  travail.  En  même  temps  une 
centaine  de  charpentiers  et  de  terrassiers  préparaient  le  terrain,  y  élevaient 
des  cabanes,  et  notre  installation  marcha  très-rapidement.  Le  temps,  beau 
d'abord,  se  gâta  ensuite  tout  à  fait.  Des  orages  violents,  des  rafales  ve- 
naient contrarier  nos  travaux  et  compromettre  même  notre  établissement. 
Pendant  une  violente  bourrasque,  l'équatorial  de  M.  Tisserand  fut  ren- 
versé, sa  lunette  et  son  micromètre  brisés.  Heureusement  j'avais  avec  moi 
ma  lunette  de  6  pouces,  qui  me  servait  dans  l'Inde  en  18G8,  lunette  que 
je  destinais  à  des  observations  spectrales  pendant  le  passage.  En  sacrifiant 
ces  observations,  je  fus  heureux  de  pouvoir  mettre  M.  Tisserand  en  état 
de  réparer  ce  malheur,  qui  l'eût  mis  hors  d'état  d'observer.  Du  reste,  nous 
avions  avec  nous  un  outillage  très-complet,  forge,  tour,  etc.,  qui  nous  fut 
de  la  plus  haute  utilité  pour  mettre  en  état  nos  instruments.  Après  cette 
période  fâcheuse,  le  temps  se  remit,  et  nous  pûmes  commencer  l'étude 
des  instruments,  faire  les  observations  préparatoires,  et  exercer  chacun 
au  rôle  qui  lui  était  assigné.  En  se  servant  du  cercle  méridien  que  le  Bu- 
reau des  Longitudes  nous  avait  prêté,  M.  Tisserand  détermina  la  latitude 
de  Nagasaki,  et  obtient  en  ce  moment  luie  longitude  qui  sera  très-proba- 
blement plus  exacte  que  celle  qui  nous  a  été  donnée  par  M.  Ward.  M.  Pi- 
card était  chargé  de  l'appareil  photographique  de  la  Commission;  M.  d'.\l- 

(1)  Montagne  de  lCoiii|nr.i,  dicii  des  typlimis. 

45.. 


(  344  ) 

nioida  dirigeait  l'appareil  à  revolver  pour  la  photographie  des  contacts; 
M.  Arens  dirigeait  tonte  la  partie  photographique,  et  s|iécialenicnt  colle  de 
l'équatorial  photognipliique.  Les  deux  limoniers  INIichaut  el  iNIercier  nous 
assistaient  avec  zèle  et  intelligence. 

»  Cependant,  dés  le  milieu  de  novembre,  je  préparais  l'expédition  de 
Kobé.  Les  instruments  qui  devaient  y  être  envoyés  étaient  essayés,  réglés, 
et  les  observateurs  exercés.  M.  Delacroix,  enseigne  de  vaisseau,  emportait 
une  lunette  de  6  pouces  de  Bardou  pour  faire  l'observation  astronomique; 
M.  Chimizou  avait  une  excellente  lunette  photographique  (i)  qui  avait  été 
rigoureusement  réglée;  deux  chronomètres  complétaient  leur  bagage.  Le 
gouvernement  japonais  nous  donna  la  franchise  télégraphique,  et  ht  con- 
struire, à  ses  frais,  des  bouts  de  ligne  nécessaires  pour  mettre  directement 
en  rapport  l'Observatoire  de  Nagasaki  et  celui  de  Kobé.  Cette  facilité  nous 
permit  de  régler  les  chronomètres  de  Kobé  sur  ceux  de  Nagasaki  où  se 
trouvent  nos  instruments  méridiens. 

M   J'arrive  maintenant  au  jour  du  passage. 

»  Je  dois  dire  que,  quelques  jours  avant  le  phénomène,  nos  craintes 
avaient  augmeiité.  Cependant,  dans  la  matinée  du  9,  le  temps  fut  assez 
beau,  quoique  le  ciel  fût  un  peu  voilé.  Le  premier  contact  fut  obtenu  par 
M.  Tisserand  et  par  moi.  Dans  l'équatorial  de  8  pouces,  dont  la  lunette  est 
très-bonne,  l'image  de  Vénus  se  montra  très-ronde,  bien  terminée,  et  la 
marche  relative  du  disque  de  la  planète,  par  rapport  au  disque  solaire, 
s'exécuta  géométriquement  sans  aucune  apparence  de  ligament  ni  dégoutte. 
Mais  il  s'écoula  un  temps  assez  long  entre  le  moment  où  le  disque  de  Vénus 
paraissait  tangent  intérieurement  au  disque  du  Soleil,  el  celui  de  l'appa- 
rition du  fdet  lumineux.  Il  y  a  là  une  anomalie  apparente  qui,  pour  moi, 
tient  à  la  présence  de  l'atmosphère  de  la  planète.  J'ai  fait  prondie  une 
photographie  au  moment  où  le  contact  paraissait  géométrique,  et  sur  cette 
épreuve  le  contact  n'a  pas  encore  lieu.  M.  d'Almeida  a  obtenu  une  plaque 
de  quarante-sept  |)hotographies  du  bord  solaire,  qui  conduit  aux  mémos 
conclusions. 

»  Je  compte  discuter  ces  résultats  qui  me  paraissent  conduire  à  d'im- 
portantes conséquences. 

»  Après  le  premier  contact  intérieur,  M.  Picard  et  M.  Arens  prirent 
chacun  à  leur  instrument  autant  de  photographies  qu'il  leur  fut  possible, 
mais  les  nuages  y  mirent  un  grand  obstacle.  Enfin,  vers  l'instant  du  second 

(1)  Celle  de  Steinheil. 


(  345  ) 
contact  intérieur,  une  éclaircie  presque  providentielle  se  produisit  sur  le 
Soleil,  et  nous  pûmes,  M.  Tissernnd  et  moi,  prendre  l'instant  de  ce  contact 
qui  fut  obtenu  avec  précision.  Le  ciel  était  tout  à  fait  couvert  au  moment 
du  dernier  contact  extérieur,  qui,  du  reste,  a  peu  d'importance. 

»  Pendant  le  passage  même,  nous  recevions  des  nouvelles  de  Kobé,  nous 
savions  que  les  deux  premiers  contacts  y  avaient  été  observés,  qu'une  quin- 
zaine de  photographies  y  avaient  été  prises,  et  enfin,  peu  après  notre  obser- 
vation, M.  Delacroix  m'annonçait  qu'il  avait  obtenu  les  derniers  contacts, 
le  dernier  seul  incertain. 

»  Telle  a  été,  d'une  manière  générale,  le  résidtat  de  nos  observations. 
Nous  aurions  en  incontestablement  des  résultats  plus  complets  avec  un  ciel 
plus  pur  et  plus  constant;  mais  mon  expérience  des  voyages  m'a  enseigné 
qu'il  ne  faut  pas  trop  demander,  et  qu'on  doit  s'estimer  heureux  lorsque 
tant  de  fatigues,  de  peines,  de  sollicitudes,  ne  restent  pas  sans  résultats.  Du 
reste,  dès  le  lendemain,  la  pluie  qui  reprenait  violente  et  continue  semblait 
témoigner  que  la  Providence  avait  fait,  au  milieu  de  cette  fâcheuse  période, 
une  courte  trêve  en  notre  faveur. 

»  Je  ne  dois  pas  terminer  sans  vous  parler,  M.  le  Secrétaire  perpétuel, 
d'une  observation  qui  se  rattache  à  la  couronne  et  à  l'atmosphère  co- 
ronale  du  Soleil. 

»  Avec  des  verres  d'une  coloration  bleu  violet,  particulière  et  très-pure, 
j'ai  pu  voir  Vénus  avant  qu'elle  eût  touché  le  disque  solaire.  Elle  se  déta- 
chait comme  une  petite  tache  ronde  très-pâle.  Quand  elle  commença  à 
mordre  sur  le  disque  solaire,  cette  tache  complétait  le  segment  noir  qui  se 
trouvait  sur  l'astre  radieux.  C'était  une  éclipse  partielle  de  l'atmosphère 
coronale.  Celte  observation  prouve  d'une  manière  toute  naturelle  et  bien 
concluante  l'existence  de  cette  atmosphère  lumineuse  et  l'exactitude  de 
mes  observations  de  1871.  J'ai  vu  Vénus  depuis  environ  2  à  3  minutes  de 
distance  du  bord  solaire. 

»  Nous  travaillons  à  nos  Rapports  à  l'Académie. 

»  Je  ne  dois  pas  terminer  sans  remercier  ici  le  Gouvernement  japonais  de 
''accueil  si  distingué  que  nous  avons  reçu  de  lui.  » 


(  346  ) 

GÉOMÉTRIE.  —    Théorèmes  généraux  sur  le  déplacement   (^ une  figure  plane 

sur  son  plan;  par  M,  Cuasles. 

«  Les  questions  dont  il  s'agit  embrassent  cinq  cas  généraux  relatifs  anx 
deux  conditions  qui  produisent  le  déplacement  d'une  figure  sur  son  plan  : 

»  1°  Deux  points  de  la  figure  glissent  sur  deux  courbes  d'ordre  quel- 
conque; 2°  une  droite  glisse  sur  une  courbe,  et  un  point  de  cette  droite 
glisse  sur  une  autre  courbe;  3°  un  côté  d'un  angle  glisse  sur  ime  courbe, 
et  un  point  de  son  autre  côté  glisse  sur  une  autre  courbe;  4°  les  deux  côtés 
d'un  angle  glissent  sur  deux  courbes  de  classe  quelconque;  5°  enfin 
un  point  a  d'une  droite  glisse  sur  une  courbe,  et  la  droite  tourne  autour  de 
ce  point  de  manière  à  être  toujours  oblique  à  la  courbe,  sous  un  angle  con- 
stant, en  ce  point  a. 

»  Dans  chaque  question  il  y  a  à  déterminer  l'ordre  de  la  courbe  décrite 
par  un  point  quelconque  de  la  figure,  et  la  classe  de  la  courbe  enveloppe 
d'une  droite  quelconque. 

»  Quelques-unes  de  ces  questions  ont  été  traitées  et  reproduites  souvent, 
mais  seulement  dans  quelques  cas  très-particuliers  relatifs  à  dcuxdroitcsou 
à  une  conique,  et  l'on  ne  connaît,  je  crois,  qu'im  seul  théorème  général 
relatif  à  deux  courbes  d'ordre  m  et  w,  dû  à  Steiner  :  c'est  le  premier  théo- 
rème que  je  vais  démontrer. 

§  I.  —   Deox  points  a,  n'  glissent  sun   deux  courbes  U„,,  U,„,. 

»  I.  Lorsque  deux  points  a,  a'  d'une  droite  glissent  sur  deux  courbes 
Um,  Um  ,  cette  droite  enveloppe  une  courbe  de  la  classe  4mm,,  qui  a  une  tan- 
gente multiple  d'ordre  2  mm,  à  l'infini. 

IX,     m2m.      I\J      ,  _ 

,  47/27«,.  Donc,  etc. 

lU,     m,7.m      IX 

»  La  courbe  a  une  tangente  multiple  d'ordre  2  mm,  coïncidant  avec  la 
droite  A  do  l'infini,  parce  que  le  cercle  décrit  d'un  point  a  de  U,„  situé 
sin-  A  est  rensemblo  do  deux  droites  coïncidant  avec  A,  lesquelles  cou- 
pent U„,  en  m,  points  doubles,  ce  qui  donne  lieu  à  9.m,  tangentes  aa'  de 
la  courbe  enveloppe  coïncidant  avec  A;  donc  amw,  à  raison  des  m  points 
deU„,  (•). 

(*)  C'est  ce  ihéorème,  qui  a  été  donné  par  Steiner,  comme  je  viens  de  le  dire,  dans 
une  Communication  à  l'Académie  de  Berlin,  en  juillet  i858.  Voir  Nom'cllcs  .Innnlcs  de  A//i- 
thématifjues,  t.  XVII,   i858;  p.  44^- 


(  347  ) 

»  On  roconn.iît  niscment  que  la  coihIjo  a  2mni,  tangentes  paral- 
lèles outre  elles,  dans  une  direction  quelconque.  Il  suffit  de  faire  glisser 
la  courbe  U,„  dans  cette  direction,  d'une  quantité  rectiligne  égale  à  aa\  à 
droite  et  à  gauche.  Les  mnif  points  d'intersection  de  cette  courbe,  dans 
chacune  de  ses  deux  nouvelles  positions,  et  de  U,„^  restée  fixe,  appartien- 
nent aux  iiiun,  tangentes  de  la  courbe  enveloppe. 

»  On  peut  conclure  de  là  que  la  courbe  a  fiinin,  tangentes  passant  par 
un  point  de  l'infini  :  ce  qui  est  une  confirmation  de  la  démonstration  gé- 
nérale. 

»   II.    Un  point  a"  de  la  droite  aa'  décrit  une  courbe  de  l'ordre  iiiiiu,. 


X,      otni       2  mm,  2      u 
u,      2  m,      2  m,  111.2     X 


8  mm, . 


C'est-à-dire  :  D'un  point  x  crime  droite  L  on  décrit  un  cercle  de  rayon  =:  fi"it,  qui 
coupe  Um  en  2«j  points  a;  les  2ra  droites  .ra  coupent  U„,^  en  2 /uni,  points  «',  d'où  l'on  dé- 
crit des  cercles  de  rayon  =  a' a",  qui  coupent  L  en  2mm, 2  points  u.  De  luènie,  d'un 
point  u  on  décrit  un  cercle  de  rayon  ^a'a",  qui  coupe  Um,  en  2/«,  points  a';  les 
2///|  droites  a'  u  coupent  Um  en  2  m,  m  points  a,  d'où  l'on  décrit  des  cercles  de  rayon  =  aa", 
qui  coupent  L  en  2m, m2  points  x.  Il  y  a  donc  Sw/w,  coïncidences  de  x  et  «. 

»  Il  y  a  6mm,  solutions  étranj^ères,  dont  2  mm,  sont  dues  au  point  x  de  L  situé  à  l'inlini, 
et  4'«'"i  aux  points  .v  situés  sur  les  ^mm,  cordes  aa'  qui  passent  par  les  deux  points  circu- 
laires de  l'infini.  Il  reste  2mni,  solutions.  Donc  la  courbe  cherchée  est  d'ordre  2mm,  (*), 

»  III.  Une  droite  a  5  passant  pur  le  point  a  de  la  droite  aa',  et  entraînée  dans 
le  mouvement,  enveloppe  une  courbe  de  la  classe  4min()  fpti  «  ""<-'  tamjente 
multiple  d'ordre  2nira,  à  l'infini. 


IX,      m1m^     lU 
lU,      2m,  m      IX 


[\mm^. 


(*)  Ce  théorème  a  été  démontré  maintes  fois  pour  le  cas  de  deu.x  droites,  où  la  courbe 
décrite  est  une  conique;  mais  je  ne  sais  si  l'on  a  reniar<]ué  que  de  ce  cas  particulier  se  peut 
conclure  le  théorème  général.  En  efftt,  puisque,  dans  le  cas  où  les  deux  points  a,  a'  glissent 
sur  deux  droites  A,  A',  un  troisième  point  d"  décrit  une  conique,  ce  point  a  ->.«(  positions 
sur  une  courbe  Um  quelconque,  et  l'on  conclut  de  là  que,  réciproquement,  lorsque  deux 
points  a,  a"  glissent  l'un  sur  une  droite  A  et  l'autre  sur  une  courbe  U,„,  un  point  a'  de  la 
droite  <7fl"  a  ?.  m  positions  sur  une  droite  quelconque  A',  et  conséqueminent  décrit  une 
courbe  d'ordre  2m,  et  a  donc  2mm,  positions  sur  une  courbe  d'ordre  U„,.  Donc,  récipro- 
quement :  quand  les  points  a"  et  a'  glissent  sur  deux  courbes  U„,  et  U„j,  un  troisième 
jioint  a  de  la  droite  a' a"  a  2mm,  positions  sur  une  droite  quelconque  A,  et  consé<]ueiuuieul 
décrit  une  courbe  d'ordre  2mm,.  c.  q.  v.  u. 


(  348  ) 

»  C'est-à-dire  :  une  droite  IX  coupe  Um  en  m  points  n,  d'où  l'on  iin'ne//j  2 m,  droites  an', 
(]iii  donnent  lieu  à  ■?.mm,  droites  «0,  faisant  avec  les  droites  na'  l'angle  prescrit;  on  mène 
2/«w,  droites  lU  paralii'ies  à  ces  droites  aO.  Une  droite  lU  menée  arbitrairement  détermine 
la  direction  des  droites  a  S,  et  par  suite  celle  des  droites  aa',  qui  sont  en  nombre  2mm,  ; 
par  les  points  a  passent  2»i/n,  droites  IX.  Il  y  a  donc  4'""»i  coïncidences  de  lU  et  IX.  Donc 
la  courbe  cherchée  est  de  la  classe  ^mm,. 

»  La  courbe  a  une  langenfe  multiple  d'ordre  2mm,  à  l'infini,  parce  que 
la  courbe  enveloppe  de  la  droite  an'  a  elle-même  2min,  tangentes  coïnci- 
dant avec  la  droite  de  l'infini,  dont  chacune  donne  lieu  à  une  droite  a9, 
également  à  l'infini. 

»  IV.  Une  droite  a"0  passant  par  un  point  qiiclconcpte  de  la  droite  aa',  et 
entraînée  dans  le  mouvement,  enveloppe  une  courbe  de  la  classe  4niui,,  ayant 
une  tangente  multiple  d'ordre  2mm,  à  l'infini. 

»  La  courbe  décrite  par  le  point  a"  est  d'ordre  2/?i/H,-,  conséquemment 
une  droite  IX  passe  par  2inm^  pointsa",  et  donne  lieu  à  2inm,  droites  a"9, 
et  à  :iinm,  droites  lU  parallèles  à  ces  droites  a"0. 

»  Une  droite  lU  donne  lieu  à  ^immf  droites  IX;  on  pose  donc 

IX,     2mm,     lu 


lU,     2mm  ^     IX 


^mm,.  Donc,  etc. 


»  V.  Un  point  a"  quelconque  entraîné  dans  le  mouvement  de  la  droite  aa' 
décrit  une  courbe  de  i ordre  2mm,. 

»  Concevons  que  le  point  ci'  appartienne  à  deux  droites  «"«,  a"ci'  qtii 
forment  le  triangle  «"rtrt' ;  on  pose  immédiatement,  d'après  le  théorème 
précédent, 

X,     l\mm,      u 

u,      ^mm,     X 


s  mm, 


»  Mais  il  y  a  6mm,  solutions  étrangères  :  2mm,  sont  dues  au  point  x 
de  L  situé  à  l'infini,  et  f\mm,  aux  points  x  situés  sur  les  droites  an'  qui 
passent  par  chacun  des  deux  points  circulaires  de  l'infini.  Il  reste  2mm, 
solutions.  Donc  la  courbe  décrite  par  le  point  a"  est  d'ordre  2mm,. 

§  II. — Une  nuoiTE  a  0  glisse  sur  une  courbe  U"',  et  lk  point  a  de  cette  droite 

GLISSE    SUR    UNE    COURRE    U,,,. 

»   VI.   Un  point  a'  de  la  droite  a 9  décrit  une  courbe  de  l'ordre  4  mn'. 

X,    n'm  in,        ,      „ 

4  ""i-     Donc,  etc. 
u,    2mn      X 


(  349  ) 
»  On  reconnaît  que  la  courbe  a  m  points  multiples  d'ordre  2  n'  à  l'infini, 
ainsi  que  deux  points  multiples  d'ordre  mn'  aux  deux  points  circulaires. 

»   VII.  Une  droite  a5'  entraînée  par  la  droite  a  (5  enveloppe  une  couibe  de  la 
classe  2miV,  qui  a  une  lamjente  multiple  d'ordre  mn'  à  l'infini. 

TX,     mn'     lU  I  ,      „ 

■?.mn.     Donc,  etc. 
lU,     n'ni     IX   I 

»   VIII.  Un  point  a'  de  la  droite  aO'  {conséquemmenlun  point  a'  quelconque) 
décrit  une  courbe  de  l'ordre  4  van'. 


.r,     2  nin  2     u 
it,      1  mn'       .r 


(')  mTi'. 


6mn'. 


»  Il  y  a  2  mn'  solutions  étrangères  dues  au  point  x  de  L  situé  à  l'infini. 
Il  reste  4  '«"'•  Donc,  etc. 

»  IX.  Une  droite  a'Ô'  passant  par  un  point  a'  de  la  droite  aO  enveloppe  une 
courbe  de  la  classe  4  mn',  qui  a  une  tangente  multiple  d'ordre  1  mn'  à  l'infini. 

»  Le  lieu  du  point  a'  est  une  courbe  d'ordre  4  mn'  (VI)  ;  conséquemment 

on  pose 

IX,     4  mn'     lU 
lU,     2  mn'     IX 

»  Il  y  a  2  m?i'  solutions  étrangères  dues  aux  m  points  a  de  U,„  situés  à 
l'infini.  Il  reste  4  '"'î  •  Donc,  etc. 

§  III.  —  Un  côté  d'un  angle  a  clissb  sur  une  courbe  U"',  et  on  point  a' 

DE    l'autre    côté    clisse    SUR    UNE    COURBE  Um. 

M  X.  Le  sommet  a  de  V(m(jle  décrit  une  courbe  de  l'ordre  4  nui',  qui  a,  à 
l'infini,  m  points  multiples  d'ordre  2  n'  et  deux  points  multiples  d'ordre  mn'  aux 
deux  points  circulaires. 

■y  II'  T!  ii>        11     I 

4  W«'. 


X,     n  1 1)1     u 
n.      i  mn'     x 


C'esl-à-diie  :  d'un  point  r  de  L  on  mène  «'  tangentes  de  U"';  chacune  d'elles  détermine 
la  direction  du  coté  au' ,  et  il  se  trouve  ■?.  m  côtés  dont  le  segment  a' u  compris  entre  la 
courbe  U,„  et  la  droite  L  soit  égal  à  la  longueur  aa'  du  côté  de  l'angle  mobile;  te  cpii  fait 
2/»  points  u,  et  0.  mn'  à  raison  des  n'  tangentes  de  U"'.  Un  point  a  de  L  donne  lieu  à 
2  m  côtés  lia' ,  et  cliacun  à  n'  côtés  tangents  à  U"'  ;  donc  2  mn'  points  x,  11  y  a  ainsi  4  '""' 
coïncidences  de  .v  et  u.  Donc,  etc. 


M  XI.  Le  côté  aa'  de  l'amjle  a  enveloppe  une  courbe  de  ta  classe  4  uni'. 

IX ,     m  2  n'     1 IJ 
lu,     n'2m     IX 


.\inn 


0.  R.,   1875,  1"  Scmcitic.  (T.  LXXX,  M»  C.)  4^ 


6mn'. 


(  35o  ) 

»  XII.  Une  droite  passant  par  te  point  &  enveloppe  une  courbe  de  la  classe 
f\  mn'. 

IX,     kmn'     m 
lU,     n'am     IX 

M  H  y  a  imv!  solutions  étrangères  dues  aux  droites  IX  passant  par  les 
deux  points  circulaires  de  l'infini.  Il  reste  l\mir! .  Donc,  etc. 

M  XIII.  Vnc  droite  -a'O'  passant  par  le  point  a'  enveloppe  une  courbe  tic  la 
classe  4nin'. 

IX,     m2n'     lu  j    ,       , 
lu,     n  2ni     IX  I 

»  XIV.  Une  droite  quelconque  entraînée  dans  le  mouvement  enveloppe  une 
courbe  de  la  classe  4mn'. 

»  Un  point  a"  du  premier  côté  de  l'angle  (côté  tangent  à  U"),  par 
lequel  passe  la  droite  entraînée,  décrit  une  courbe  d'ordre  !\n)n'  :  ime 
droite  IX  passe  donc  par  Zj/nn'  positions  de  ce  point  a".  D'après  cela,  lU 
étant  parallèle  à  la  droite,  on  a 

IX,       4/72rt'        TU 

lU,     Ji'2m     IX 


Gmn' 


»   U  y  a  2nin'  solutions  étrangères  ducs  aux  droites  IX  passant  par  les 
deux  points  circulaires  de  l'infini.  Il  reste  l^mn'.  Donc,  etc. 

»   XV.    Un  point  a"  du  premier  coté  de  l'antjle   a  décrit  une   courbe  de 
l'ordre  4mn'. 

jc,     n'a  m     u 


2  mn      a; 


4  mn' 


C'est-à-dire  :  D'un  point  .>■  de  L  on  mène  //  tangentes  de  U"',  dont  chacune  détermine  la 
direction  du  côté  aa' ,  et  aussi  de  la  droite  a" a' ;  il  existe  dès  lors  a»i  droites  a" u'  dont  le 
point  n'  est  sur  U„,  et  a"  sur  L;  et  2niri',  à  raison  des  «'  tangentes;  a"  est  remplacé  ici 
par  u.  C'est  ainsi  qu'on  a  ?.»i//  points  u  correspondant  à  x.  Un  point  u  étant  pris  sur  L,  il 
y  a  2/n  points  a'  de  U„  tels,  qu'on  ait  un'  =z  le  côté  c/n'  de  l'angle;  les  ini  droites  aa'  sont 
aussi  déterminées  de  direction,  ainsi  que  les  «'  tangentes  de  U"'  relatives  à  cliaque  droiie, 
ce  qui  fait  ?./««'  langentes  qui  coupent  I,  en  i.nm'  points  x.  Il  y  a  donc  4'""'  coïncidences 
de  X  et  u.  Donc,  etc. 

M  XVI.   Un  point  du  côté  asi'  décrit  une  courbe  de  l'ordre  ^iiiiu'.  Ce  théo- 
rème se  conclut  du  théorème  IV  précédent. 

M   XVII.    Un  point  quelconque  w  entraîné  dans  le  mouvement  de  l'angle  a 
décrit  une  courbe  d'ordre  /ivan'. 

»  Que  l'on  considère  le  point  w  comme  appartenant  à  une  droite  ma 


(  35i  ) 
fixée  au  côté  «'5,  le  théorème  sera,  comme  le  précédent,  une  conséquence 
fia  théorème  IV. 


'         TT»" 


§  ]V.   —   Deux  côtés  d'un  angle  glissent  sur  deux  codbbes  U"  ,  U" 

»   XVIII.   Le  sommet  de  l'angle  décrit  une  courbe  d'ordre  2n'n",  qui  a  deux 
points  multiples  d'ordre  n'ii"  aux  deux  points  circulaires  de  l'infini. 


.X ,     n  II       II 

u,         71   Tl        X 


in  11".     Donc,  etc. 


I)   XIX.    Une  droite  passant  par  le  sommet  a  de  l'angle  enveloppe  une  courbe 

de  la  classe  n'n". 

IX,     in'7i"     lU  I   „    ,   „ 

lU,     n'n"       IX!  ^""• 

»  Il  y  a  2 n'n"  solutions  étrangères,  dues  aux  sommets  a  de  l'angle,  qui 
se  trouvent  aux  deux  points  circulaires  de  l'infini.  Il  reste  Ji'n".  Donc,  etc. 

»  XX.  Un  point  d'un  côté  de  l'angle  décrit  une  courbe  de  /'or^/re  4  n'n",  qui  n 
deux  points  multiples  d'ordre  2  n'n"  aux  deux  points  circulaires  de  l'infini. 


X,     n'n"  2     u 
u,      2  n'n"     .X 


l\rin". 


»   XXI.    Un  point  fixé  à  l'angle  par  une  droite  passant  par  son  sommet  décrit 
une  courbe  de  l'ordre  4 n'n". 


x,     n  n  2     n 


A  n'n" 


»   XXII.    Une  droite  fixée  à  l'angle  en  un  point  r'  de  son  premier  côté  {con- 
séquemment  une  droite  quelconque)  enveloppe  une  courbe  de  la  classe  l\  n'n". 

IX,    4"'""    lu 

lU,       7i'«"2       IX 


6  m' h". 


»  Il  y  a  2n! if  solutions,  dues  aux  droites  IX,  qui  passent  par  les  deux 
points  circulaires  de  l'infini.  Il  reste  l\n'n".  Donc,  etc. 

g  V.  —  Un  point  a  d'une  droite  «S  clisse  sur  une  courbe  U',^,  et  la  droite  tourne 
AUToua  dk  ce  point,  de  manière  a  iaire  toujours  le  mkmk  angle  avec  la  tangente 
DE  la  courbe  en  ce   point. 

»  XXIII.   La  droite  nO  enveloppe  une  rourlie  de  la  classe  (m  -i-  u)  (*). 


(*)   Comptes  rendus,  l.  LXXII,  1871,  p.  897. 

46 


(  352  ^ 
»   XXIV.    Vi)  point   a'   r/e  la  droite    ai    drcril  une   courbe   de   la    classe 
2  (m  +  n). 


.r, 

X 


»  Il  y  a  9.m  solutions  étrangères,  dues  au  point  x  de  L,  situé  sur  la 
droite  de  l'iiifiiii.  Il  reste  2{m  -h  «)• 

»   XXV.    In  point  de  la  tancjente  de  U,„  fixée  à  la  droite  a(5  dccrit  une 
courbe  de  l'oribc  2(m  -t-  n). 


X,       Jl  2         U 
II,        0.111       X 


i[in  •{-  n). 


I)  XXVI.  Une  droite  qiielcompie,  passant  par  un  pointa!  de  la  droite  a6, 
enveloppe  une  courbe  de  la  classe  2 (m  +  n). 

IX,       2(lll~7i       lU 
lu,      2tl  IX 

»  Il  y  a  271  solutions  étrangères,  dues  aux  droites  IX,  menées  aux  deux 
points  circulaires  de  l'infini.  Il  reste  2 (m  ■+-  n).  Donc,  etc.   » 

ASTRONOMIE.  —  Note  accompaqnant  la  présentation  d'une  Notice  autograplnée 
sur  la  méthode  des  moindres  carrés;  par  M.  Fave. 

«  La  discussion  qui  s'est  élevée  dernièrement  siu'  la  méthode  des  moin- 
dres carrés  et  l'abus  qu'on  en  peut  faire  me  fournit  l'occasion  de  présen- 
ter à  l'Académie  des  feuilles  autographiées  que  j'ai  rédigées,  il  y  a  un  an, 
pour  l'École  Polytechnique,  et  auxquelles  je  viens  de  mettre  la  dernière 
main.  J'espère  avoir  réussi,  dans  l'exemplaire  actuel,  à  donner  à  cette  No- 
tice le  degré  de  clarté  et  de  simplicité  nécessaire  lorsqu'il  s'agit  de  faire 
pénétrer  quelque  idée  dans  la  pratique  et  dans  l'enseignement;  c'est  ce 
qui  m'encourage  à  soumettre  ce  petit  travail  à  ceux  qui  pensent  qu'il  y  a 
là,  chez  nous,  c'est-à-dire  dans  le  pays  même  où  ces  méthodes  ont  pris 
naissance,  une  lacune  regrettable. 

»  J'expose  d'abord  la  méthode  de  Legendre,  sans  rien  emprunter  à  la 
théorie  des  probabilités,  en  m'appuyant  seulement  sur  les  cas  très-nom- 
breux où  le  degré  de  précision  delà  valeur  dos  inconiuies  ressort  du  calcul 
avec  une  complète  évidence.  La  méthode  de  Legendre  et  les  règles  de 
Gauss  sont  étendues  ensuite  par  voie  d'analogie  aux  cas  plus  com|)liqués. 
Ces  considérations  purement  algébriques  me  semblent  être  à  l'abri  des 
critiques  que  notre  savant  confrère,  M.  Bicnaymé,  a  élevées  sur  le  degré  de 


(  353  ) 
probabilité  exagérée  qu'on  est  conduit  quelquefois,  par  d'autres  considé- 
rations, à  assigner  à  tel  ou  tel  système  de  valeurs. 

1)  Je  reprends  ensuite  la  même  question  avec  l'aide  des  premiers  prin- 
cipes du  calcul  des  chances,  ainsi  que  l'a  faitGauss,  mais  avec  une  modifi- 
calion  sur  laquelle  je  dois  insister. 

»  Gauss  a  déduit  la  loi  de  probabilité  des  erreurs  accidentelles  (et  par 
suite  la  méthode  de  Legendre,  qu'il  avait  trouvée  de  son  côté)  d'une  opi- 
nion acceptée,  de  sentiment,  par  tout  le  monde,  à  savoir  que  le  meilleur 
parti  à  tirer  d'un  certain  nombre  de  mesures  directes  est  d'en  prendre  la 
moyenne  arithmétique.  Laplace  lui  ayant  objecté  que  rien  ne  prouve  que 
cette  règle  donne  le  résultat  le  plus  avantageux,  d'autres  géomètres  ont 
cru  devoir  prendre  poiu"  point  de  départ  une  hypothèse  sur  la  nature 
des  erreurs  accidentelles.  D'après  eux,  ces  erreurs  seraient  dues  à  un  très- 
grand  nombre  de  petites  causes  agissant  à  la  fois  et  dont  la  combinaison 
serait  assimilable  au  tirage  de  boules  extraites  d'une  urne  sous  certaines 
conditions.  On  en  déduit  la  loi  connue  de  probabilité  de  ce  genre  d'er- 
reurs, fout  aussi  bien  que  Gauss  l'a  fait  en  parlant  de  la  règle  de  la 
moyenne. 

))  J'ai  pensé,  au  contraire,  que  la  loi  de  probabilité  des  erreurs  acci- 
dentelles ne  devait  pas  être  établie  ainsi  a  priori  sur  une  hypothèse,  ni 
même  sur  une  opinion  très-généralement  acceptée,  malgré  l'extrême  élé- 
gance de  la  démonstration  de  Gauss,  mais  bien,  a  posteriori,  de  l'étude 
directe  des  faits.  Nous  n'avons  pas  une  idée  distincte  de  la  cause  ou  des 
causes  de  ces  erreurs  où  l'imperfection  de  nos  sens,  de  nos  instruments 
et  de  notre  attention  joue  lui  rôle  si  considérable;  mais  on  peut  se  faire 
une  idée  fort  nette  de  leurs  résultats  en  examinant  les  écarts  de  séries  de 
mesures  d'espèces  très-variées,  pourvu  qu'on  ait  soin  de  se  borner  à  celles 
dont  la  simplicité  nous  garantit  contre  toute  intrusion  d'erreurs  systé- 
matiques. Je  discute  ainsi  des  mesures  de  toute  sorte,  des  observations 
astronomiques  (de  Bradley),  des  expériences  sur  le  tir  des  armes  à  feu  (du 
général  Didion)  et  des  données  encore  plus  simples  de  statistique  militaire 
[Sanitarj- Memoirs  of  ihe  ivar  of  llie  rébellion  U.S.).  Or,  malgré  la  variété  de 
ces  cas  si  dissemblables,  il  se  trouve  que  la  probabilité  des  écarts  est  repré- 
sentée par  les  valeurs  numériques  d'une  même  intégrale  définie  bien  con- 
nue, non  pas  sans  doute  d'une  manière  absolument  mathématique,  mais 
avec  une  approximation  si  frappante  qu'il  n'y  a  aucun  inconvénient  pratique 
à  admettre  l'identité  rigoureuse.  Prenant  donc  cette  loi  pour  point  de  dé- 
part fourni  par  l'expérience,  indépendamment  des  hypothèses  et  des  opi- 


(  354  ) 
nions  préconçues,  j'en  déduis  à   la  manière  ordinaire  les  prescriptions 
connues  du  calcul  des  équations  de  condition. 

»  Une  autre  difficulté  se  présentait,  non  plus  sur  l'origine  ou  l'es- 
sence de  nos  conceptions  premières,  mais  sur  la  légitimité  de  leur  emploi. 
Laplacea  démontré,  et  c'est  là  un  des  points  qui  ont  le  plus  frappé,  je  crois, 
les  géomètres,  que,  si  le  nombre  des  équations  primitivement  fournies  par 
les  mesures  est  ijrand,  la  méthode  de  Legendre  est  celle  qui  donne  les  ré- 
sultats les  plus  probables,  quelle  que  soit  la  loi  de  probabilité  des  erreurs; 
mais  que,  si  le  nombre  des  observations  est  restreint,  le  choix  de  la  mé- 
thode dépend  alors  de  la  loi  de  probabilité  spéciale  au  cas  considéré.  On 
en  a  généralement  conclu  que  la  méthode  des  uioindres  carrés  ne  doit  s'ap- 
pliquer qu'à  un  grand  nombre  d'équations,  sans  dire  comment  on  devrait 
traiter  les  autres  cas,  et  surtout  sans  définir  ce  qu'on  entend  par  ce  mot 
grand  nombre.  Il  en  résulterait  même,  pour  certains  esprits  rigoureux,  cette 
conséquence  que,  le  nombre  des  observations  dont  on  dispose  en  réalité 
étant  généralement  médiocre,  la  méthode  des  moindres  carrés  n'est  pres- 
que jamais  applicable  et  peut  être  considérée  comme  un  simple  objet  de 
curiosité. 

))  Mais  il  résulte  aussi  de  l'analyse  même  de  Laplace,  et  c'est  ce  qui 
d'ailleurs  est  bien  aisé  à  établir,  que  la  même  méthode  répond  tout  aussi 
bien  au  cas  d'un  nombre  restreint  d'observations  lorsque  la  loi  de  proba- 
bilité de  leurs  erreurs  ne  diffère  pas  sensiblement  de  celle  dont  je  me  suis 
attaché  à  prouver  expérimentalement  l'existence.  J'ai  donc  cru  pouvoir 
substituer,  à  ces  notions  vagues  de  nombres  restreints  ou  de  grands  nombres 
sur  lesquelles  on  ne  saurait  s'accorder,  la  notion  de  nombre  suffisant  ainsi 
défini  :  Un  nombre  de  mesures  ou  d'équations  est  suffisant  et  comporte 
luie  légitime  application  de  la  méthode,  lorsque  les  écarts  y  manifestent  la 
loi  des  erreurs  accidentelles  avec  la  même  netteté  que  dans  les  nombreux 
exemples  qui  ont  suffi  à  établir  cette  loi.  Dans  le  cas  contraire,  et  c'est  celui 
auquel  M.  Regnault  faisait  allusion  dans  une  des  dernières  séances,  la  mé- 
thode des  moindres  carrés  n'est  pas  à  conseiller;  mais  il  en  serait  ainsi 
de  toutes  les  autres  :  il  n'y  aurait  même  pas  lieu  de  prendre  une  simple 
moyenne  sans  d'expresses  réserves.  J'en  rapporte  un  exemple  tiré  d'une 
de  nos  plus  belles  séries  d'analyses  chimiques. 

»  Il  ne  suffit  donc  pas,  à  mon  avis,  d'appliquer  la  méthode  des  moindres 
carrés  et  d'invoquer  la  faiblesse  des  erreurs  probables  pour  les  valeurs  des 
inconnues;  il  ne  suffit  mémo  pas  de  montrer  que  les  écarts  positifs  sont 
aussi  fréquents  que  les  négatifs  et  que  leur  moyenne  arithmétique  est  nulle  ; 


(  355  ) 
il  faut  encore  faire,  dans  chiique  cas,  l'épreuve  que  Bessel  a  fait  subir  une 
fois  à  une  série  d'observations  de  Bradiey,  pour  montrer  que  les  résidus 
suivent  bien  la  loi  admise. 

»  Cette  épreuve,  que  je  regarde  comme  nécessaire,  réussira  d'ordinaire 
lorsqu'il  s'agira  d'observations  astronomiques,  géodésiques,  lopograpbi- 
ques,  et  généralement  de  questions  où  la  théorie  mathématique  peut  élre 
considérée  comme  complète.  11  est  cependant,  même  eu  Astronomie,  des 
exceptions,  parmi  lesquelles  je  citerai  les  délicates  mesures  des  parallaxes 
stellaires,  où  il  est  arrivé  plus  d'une  fois,  et  en  particulier  à  moi-même, 
que  l'erreur  probable  assignée  à  la  valeur  trouvée  pour  l'inconnue  res- 
tait bien  au-dessous  de  l'erreur  réellement  constatée  plus  tard  à  l'aide  de 
moyens  d'observation  plus  puissants.  J'ni  traité  en  particulier,  dans  la 
Notice  ci -jointe,  d'une  de  ces  exceptions  qui  a  une  grande  importance 
d'actualité.  Il  s'agit  de  la  parallaxe  solaire  8",  5712  déduite  par  Encke  des 
passages  de  Vénus  de  1761  et  de  1769  avec  une  erreur  probable  ±0,0370, 
c'est-à-dire  7  ^  fois  plus  petite  que  l'erreur  réelle,  autant  du  moins  que  nous 
en  pouvons  juger  aujourd'hui. 

»  Ce  travail  d'Encke,  si  remarquable  au  point  de  vue  mathématique  et 
bien  supérieur  à  tout  ce  qui  avait  été  fait  jusqu'alors,  présentait  cependant 
un  point  essentiellement  faible  assez  difficile  à  éviter  à  cette  époque.  On 
ne  se  rendait  pas  bien  compte,  il  y  a  soixante  ans,  des  difficultés  physiques 
et  physiologiques  de  l'observation  des  contacts,  la  seule  qui  ait  été  pra- 
tiquée au  dernier  siècle.  Ces  difficultés  sont  telles,  que  véritablement  on 
peut  dire  que  la  plupart  des  observateurs  n'ont  pas  vu  le  phénomène 
qu'il  s'agissait  d'observer,  mais  bien  quelque  phase  plus  ou  moins  voisine. 
Non-seulement  la  méthode  des  moindres  carrés  ne  s'applique  pas  à  des 
cas  pareils,  mais  encore  je  ne  puis  concevoir  de  procédé  mathématique 
qui,  en  l'absence  de  toute  noiion  physique  et  physiologique  sur  la  nature 
de  l'erreur,  permettrait  de  tirer  la  vérité  de  mesines  ainsi  viciées  pour  la 
plupart. 

«  La  méthode  des  moindres  carrés  n'est  donc  pas  responsable  de  cet 
échec  ;  ce  n'est  même  pas  son  emploi  qiu  a  donné  aux  astronomes  cette 
confiance  si  absolue  dans  une  détermination  malheureusement  erronée  : 
c'est  bien  plutôt  la  singulière  convergence  de  tous  les  travaux  de  cette 
époque  vers  ce  même  nombre  8",  67  que  nous  rejetons  aujourd'hui.  S'il 
est  pour  nous  une  raison  tout  à  fait  décisive  de  croire,  non  à  la  probabi- 
lité, mais  à  la  certitude  d'un  résultat  de  nos  mesures,  c'est  assurément  de 
voir  ce  résultat  confirmé  par  les  méthodes  les  plus  diverses.  On  peut  tou- 


(  356  ) 
jours  craindre  quelque  illusion  quand  on  ne  l'a  obtenu  que  d'une  seule 
manière;  mais  quand  on  le  retrouve  le  même  par  des  voies  différentes  et 
tout  à  fait  indépendantes  l'une  de  l'autre,  alors  on  se  sent  convaincu.  C'est 
ce  qui  est  arrivé  ici  par  une  fatalité  bien  étrange.  Au  commencement  de  ce 
siècle,  Delambre  adoptait  dans  ses  Tables  du  Soleil  8",  8,  comme  nous 
aujourd'hui.  Laplace,  dans  sa  Mécanique  céleste,  avait  adopté  8", 82  (i). 
Celait  le  nombre  officiel  alors,  et  nous  voyons  bien  que  c'était  le  nombre 
vrai.  IMais  plus  tard,  Ferrer  ayant  trouvé  8",  56,  comme  Lalande  autre- 
fois, par  les  passages  de  1769,  et  Burg  8",  57  par  le  calcul  de  l'inégalité 
parallactique  de  la  Lune,  à  l'aide  des  formules  de  Laplace  et  d'un  grand 
nombre  d'observations  lunaires  de  Greenwich  (2),  lorsque  Encke  vint 
offrir  précisément  le  même  nombre  8",  67  comme  résultat  final  de  ses 
recherches  sur  les  passages  de  Yénus,  cet  accord  de  deux  méthodes  si  dif- 
férentes fit  cesser  toute  hésitation,  et  telle  est,  je  pense,  la  véritable 
cause  de  la  confiance  générale,  bien  plutôt  que  l'application  de  la  méthode 
des  moindres  carrés  à  des  observations  sur  lesquelles  l'auteur  lui-même,  si 
j'ai  bonne  mémoire,  n'a  pas  manqué  de  formuler  des  réserves  fort  sages, 
Bien  loin  qu'on  puisse  faire  peser  sur  la  méthode  de  Legendre,  recomman- 
dée et  journellement  pratiquée  par  de  si  illustres  géomètres  et  astronomes, 
la  responsabilité  d'un  échec  pareil,  c'est  à  elle,  au  fond,  que  revient  le  mé- 
rite d'avoir  familiarisé  la  plupart  des  calculateurs  avec  la  nécessité  d'étu- 
dier profondément  à  l'avance  toutes  les  causes  d'erreurs  systématiques,  et 
d'en  dépouiller  les  observations  avant  de  les  soumettre  au  calcul.  C'est  ce 
qui  a  été  fait  à  l'avance  pour  le  passage  de  décembre  dernier  :  non-seu- 
lement les  instruments  les  plus  puissants  ont  été  employés,  mais  les  ob- 
servateurs, bien  mieux  préparés  qu'au  dernier  siècle,  ont  appliqué  les 
méthodes  les  plus  diverses  de  mesure,  surtout  celle  qui  exclut  le  système 
nerveux  de  l'observateur,  ail  lieu  de  se  borner  à  un  seul  genre  d'obser- 
vation. Tout  nous  fait  esjjérer  que  le  réstdiat  de  cet  immense  effort  ré- 
pondra pleinement  à  l'habileté  et  au  dévouement  de  nos  courageux  obser- 
vateurs, à  l'importance  du  sujet  et  à  l'attente  de  l'Académie.  » 


(i)  3/cca/iiijuc  céleste,  t.  III,  p.  ^3.  I.aplace  fri  ilcihiil  iiDiir  Li  mnssf  i\c  la  Terre  tvï'îTï» 
ol  c'est  ce  iionibie,  au(]iul  ou  a  substiUic  plus  laiil  bien  à  torl  5s,'ooi,  «lui  a  clé  employé 
dans  les  calculs  i!c  ce  graml  ouvrage. 

(2)   Mécanitjiie  céleste,  l.  III,  p.  3'->.G. 


(   ^'i?   ) 

PHYSIQUE.  —    Siii  I  iiiincint'ilioit  des  aciers  rfaniis  iriirinnluics; 
par  M.  J.  Ja.mi.v. 

«  J'ai  montré  dans  l'avant-dernière  séance  :  i"  qu'une  armaltue  ajoutée 
à  un  ai.uaut  tout  formé  lui  enlève  une  portion  de  son  magnétisme  ;  2°  que 
le  gain  réel  de  l'armature  est  égal  à  la  [icrte  faite  par  l'aiinaiit  ;  3'' que, 
pour  rendre  les  mesures  comparables,  il  faut  mu!li|)!ipr  les  lésiilt.ils  trouvés 

sur  l'aimant  par  un  coefficient  -  que  l'expérience  détermine;  y.  représente 

la  conductibilité  de  l'acier.  Je  vais  revenir  aujourd'hui  sur  tuie  question 
que  j'ai  précédemment  ébauchée  et  sur  laquelle  j'ai  de  nouvelles  observa- 
tions à  présenter  :  je  vais  étudier  ce  qui  arrive  si  l'on  vient  à  réaim.uiter 
l'ensemble  de  l'aimant  et  de  ses  armatures,  au  lieu  d'aimanter  l'acier  seul  et 
de  l'armer  ensuite. 

))  J'ai  admis  précédemment  qu'un  aimant  peut  toujours  être  décomposé 
en  filets  élémentaires  couchés  les  uns  à  côté  des  autres,  et  dont  les  extré- 
mités affleurent  aux  surfaces  polaires  des  deux  côtés  de  la  ligne  movenne. 
Après  une  aimantation  déterminée,  ces  filets  ont  pénétré  à  une  certaine 
profondeur.  Leur  nombre  est  proportionnel  à  cette  profondeur  et  au  péri- 
mètre de  la  section  moyenne  de  l'aimant.  Si  le  périmètre  augmente  ou 
diminue,  ce  nombre  croît  ou  décroît  proportionnellement;  par  conséquent 
la  quantité  de  magnétisme  de  l'aimant  est  exclusivement  réglée  par  la  sec- 
tion moyenne,  et  ne  dépend  aucunement  de  la  forme  et  de  l'étendue  en 
longueur  des  aciers. 

»  A  une  condition  pourtant  :  c'est  que  ces  filets  trouvent  vers  les  extré- 
mités des  surfaces  polaires  suffisantes  pour  s'y  épanouir.  Si  l'acier  est  très- 
long,  les  pôles  élémentaires  sont  confinés  aux  extrémités,  et  les  deux  courbes 
d'intensité  magnétique  sont  très-éloignées  l'une  de  l'autre.  Si  la  longueur 
décroît,  ces  courbes  se  rapprochent  sans  s'altérer  et  sans  que  la  quantité  de 
magnétisme  change.  L'acier  diminuant  toujours,  elles  finissent  par  se  ren- 
contrer. A  partir  de  ce  moment,  elles  se  pénètrent,  se  transforment  en  deux 
droites  opposées,  et  leur  aire  qui  exprime  la  quantité  de  magnétisme  di- 
minue. J'explique  ces  faits  en  disant  que,  dans  le  premier  cns,  les  filets  ma- 
gnétiques ont  plus  de  place  qu'il  ne  leur  en  faut  pour  s'épanouir.  Quand 
les  courI)(>s  se  louchent,  ils  ont  justement  la  place  qui  leur  est  nécessaire, 
et  réciproquement  le  nombre  des  pôles  élémentaires  des  filets  que  peuvent 
recevoir  les  surfaces  polaires  est  justem(;nt  égaf  à  celui  qui  peut  être  con- 
tenu dans  la  ceinture  moyenne.  Dans  ce  cas,  l'aimant  est  parfait  :   il  est 

(;.R.,  i8-;.'i,  1"  Semestre.  (T.  LXXK,  N»  0.)  -17 


(  358  ) 
plein.  Dans  le  précédent,  la  surface  était  imparfaitement  remplie.  Vient-on 
mainlenaiit  à  diminuer  encore  la  longueur,  les  filets  les  plus  courts  dispa- 
raissent, parce  que  leurs  deux  pôles  se  réunissent,  et  la  quantité  de  magné- 
tisme décroît  par  insuffisance  de  place  pour  la  distribution  des  pôles  élé- 
mentaires. Dans  le  premier  cas,  il  y  avait  trop  de  surface,  dans  le  dernier 
trop  peu.  Dans  le  premier,  la  ceinture  moyenne  était  trop  petite,  dans  le 
dernier  elle  est  trop  grande,  et  le  cas  intermédiaire  offre  précisément  la 
surface  polaire  qui  convient  à  la  section  moyenne,  et  la  section  moyenne 
qui  convient  à  la  surface  d'épanouissement. 

»  Généralement  le  barreau  n'est  aimanté  que  superficiellement;  s'il  était 
aimanté  égah  ment  dans  toute  sa  masse  jusqu'à  son  axe,  le  nombre  des 
filets  magnétiques  serait  proportionnel  à  la  surface  de  la  section  moyenne. 
On  en  approche  en  divisant  l'acier  en  lames  minces  qu'on  aimante 
séparément  et  qu'on  superpose;  le  nombre  des  filets  augmente  alors  pro- 
portionnellement au  nombre  des  lames  ;  et  comme  les  surfaces  ne  changent 
que  par  l'augmentation  d'épaisseur,  elles  se  trouvent  bientôt  remplies  de 
magnétisme;  les  courbes  d'intensité  se  rejoignent  au  milieu,  et  l'aimant 
est  plein  dans  toutes  ses  dimensions,  puisque,  d'une  part,  la  section 
moyenne  est  aimantée  à  cœur,  et  que,  de  l'autre,  les  courbes  d'intensité 
remplissent  les  surfaces  extérieures.  On  voit  ainsi  pourquoi  les  faisceaux 
magnétiques  sont  supérieurs  aux  aimants  formés  avec  une  seule  pièce  qui 
aurait  une  épaisseur  égale  à  la  somme  des  épaisseurs  des  lames. 

»  Ces  idées  conduisent  simplement  à  la  théorie  des  armatures.  Quand 
un  aimant  est  tout  fait  et  qu'on  met  à  la  suite  un  morceau  de  fer,  un  cer- 
tain nombre  de  filets  magnétiques  se  prolongent  à  travers  sa  masse,  et,  au 
lieu  de  finir  à  la  surface  de  l'acier,  viennent  se  distribuer  sur  celle  du  fer. 
Il  est  clair  que  la  perte  de  l'acier  doit  être  égale  au  gain  du  fer,  et  qu'il 
n'y  a  eu  qu'un  simple  déplacement. 

»  Réaimantons  maintenant  l'appareil  en  le  passant  dans  une  bobine  tra- 
versée par  un  courant,  nous  produirons  alors  une  distribution  nouvelle. 
En  général,  la  ligne  moyenne  ne  sera  plus  au  milieu  de  l'acier,  mais  plus 
rapprochée  du  fer;  l'armature  aura  enlevé  plus  de  magnétisme,  et  l'acier 
qu'elle  touche  en  aura  perdu  davantage.  C'est  ce  qu'on  voit  dans  le  tableau 
n°  1,  qui  montre  la  distribution  :  i°  quand  on  a  placé  l'armature  sur  l'ai- 
mant tout  formé;  2°  quand  on  a  réaimanté  avec  le  même  nombre  d'élé- 
ments l'ensemble  de  l'acier  et  de  l'armature.  Or  on  voit  que  la  perte  et  le 
gain  ont  toujours  augmenté  par  la  réaimantation. 

»   Poiu'  savoir  maintenant  si  le  magnétisme  total  a  augmenté  ou  non,  il 


(  359  ) 
faut  distinguer  deux  cas.  Considérons  d'abord  un  aimant  dont  les  surfaces 
polaires  sont  suffisantes  pour  l'épanouissement  des  |)ùles  élémentaires,  ou 
plus  que  suffisantes,  c'est-à-dire  ini  aimant  plein  ou  incomplètement  rem- 
pli. Il  est  évident  que  l'aimantation  de  l'acier  seul  lui  avait  donné  tout 
le  magnétisme  qu'il  pouvait  recevoir  dans  sa  section  moyenne,  que  ce 
magnétisme  était  distribué  tout  entier  sur  les  faces  polaires,  et  qu'une  réai- 
mantation avec  les  armatures  placées  ne  peut  rien  changer  à  ces  condi- 
tions. Tout  se  bornera  à  un  changement  de  dislrdjution,  et  la  somme 
magnétique  restera  constante;  c'est  ce  cjne  montre  le  tableau  suivant  : 


N"  1.  —  Qunntiu's  de  magnétisme  réelles,  avant  et  après  la  réaimantation 


ion  I  —  r=  2 , 2  1  ■ 


Armature  de  lo'l. 

Armât,  di 

i^  i7"l,5. 

2  armat.de  i7'^'I,5. 

Armature  de  35"I. 

Av,int.       Après. 

Avant. 

Après. 

Avant.        Après. 

Avant. 

Après. 

Aimant  ariné. .  .  . 

104,0'"      94,0 

93,9 

c^:,! 

8ij ,  0      70,4 

76,6 

59,4 

Aniiiitiiro 

60, I         70, I 

69,3 

j63,2 

88,5 

88,4     >'H,7 
175,1      iWy,! 

93,3 

'7''9 

129,6 

Somme.  .  .  . 

i64,i     167,5 

i56,3 

189,0 

Aimant  nu  observe 

.        i63,4 

i55 

.9 

'76,9 

169 

,0 

»  On  peut  varier  l'expérience  comme  il  suit:  aimanter  d'abord  le  sys- 
tème mixte  de  l'acier  et  de  son  armature  avec  un  nombre  donné  d'élé- 
ments, puis  enlever  l'armature  et  observer  l'aimant  nu,  et  enfin  replacer 
l'armature  sur  cet  aimant.  C'est  la  même  méthode  en  intervertissant  l'ordre 
des  opérations.  Les  expériences  ont  été  Ailles  en  augtnentant  progressive- 
ment le  nombre  des  éléments  qui  produisaient  la  réaimantatioii,  et  en  con- 
servant une  même  armature  de  17"'^,  5.  Ici  encore  le  magnétisme  total  reste 
le  même  avant  et  après  la  réaimantalion. 

N°  2.  —  Quantités  de  magnétisme  réelles  avant  et  après  la  réuimantation 
(aiinaturc  de  17''', 5;  a  =  2,3). 


Première 
aimantation. 

Deuxième, 
h  éléments. 

Troisième, 
10  éléments. 

Avant.       Après. 

86,9        62,8 

8  1,6      II  3, 3 

Quatrième, 
20  éléments. 

Aimant  armé  . . . 
AimaUire 

Avant.      Après. 

86,0      55,8 

58, 0      99  il 

i44,o    154,9 

■      >444 

Avant. 
80,9 

79'9 
160,8 

i6o 

Après. 

58,6 
.01,4 
160,0 

,0 

Avant.      Après. 
98,2        71,7 
90,0      118,4 

Somme 

Aimant  nu  observé. 

171,5       176,1 
168,6 

i88,-.'.     190,1 
'77'3 

»  Mais  si  l'aimant  étudié  était  plus  court,  si  ses  surfaces  polaires  étaient 
insuffisantes   pour   recevoir    tout    le    magnétisme   qui   peut    traverser    la 

47.. 


(  36o  ) 
cciiiliirc  iiioyeniic,  dans  ce  cas  r;idclitioii  des  armatures  de  fer  ajoutera  ce 
qui  manquait  de  surface  à  l'acier  :  le  magnétisme  sera  donc  augmenté  et, 
si  ces  armatures  sont  suffisantes,  l'ensemble  prendra  la  même  somme 
de  magné'. isme  qu'un  aimant  d'acier  simple  qui  aurait  une  longueur 
suffisante.  Dans  le  tableau  suivant  on  voit  des  aciers  courts  qui  pre- 
naient, étant  aimantés  seuls,  des  quantités  de  magnétisme  168,7,  '72)9» 
i5'S,8,  recevoir,  étant  armés  et  réaimanlés,  les  quantités  beaucoiq)  plus 
grandes  23o,5,  241,1,  217,4.  On  |)eut  donc,  en  aimantant  l'acier  armé, 
quand  il  est  court,  lui  comn)uniqner  ime  plus  grande  sonune  de  magné- 
tisme que  s'il  n'est  |)oint  armé,  et  cela  parce  qu'on  lui  donne  une  surface 
extérieure  suffisante  pour  laisser  épanouir  le  magnétisme  dont  il  est  ca- 
pable par  l'étendue  de  sa  section  moyenne. 

N»  3. —  Jiniaiits  stiisnturf's,  quantités  de  magnétisme  réelles  avant  et  après  la  léaimantation 

(loncucur  :  L  =;  i7"',5;    -  =  2,2). 
'  a 

Première  Deuxième,  Acier  au  \\olri'ani, 

aimantation.  20  éléments.  L  =  25. 

Avant.       Après.  Avant.      Après.  Avant.      Après. 

Aiiiiaiit  aimé 92,6      119,2  95,2      126,9  7^)5      100, 5 

Armature     76,7      m, 3  78,1      il4,2  89,4      '16,9 

Somme 169,3     23o,5        «73,3     2.41,1        162,9     2'7>4 

Aimant  nu  ()l)scrvc.  .  .  168,7  '72,9  i58,8 

»  Ces  fiils  expliquent  très-bien  des  phénomènes  qu'on  avait  assimilés  à 
tort  à  la  condensation  électrique.  Je  suppose  qu'on  aimante  séparément  les 
diverses  lames  d'iui  faisceau,  puis  qu'on  les  place  l'une  après  l'autre  contre 
leiw  armature  commune,  on  trouvera  une  somme  déterminée  de  magné- 
tisme. Or  plusieiu's  physiciens  ont  annoncé  (pie  la  présence  de  l'armature 
augmente  le  magiiétisiue  des  lames,  que  ce  magnétisme  diminue  quand  on 
l'enlève  et  qu'il  y  a  une  condensation;  d'autres  ont  soutenu  que  cette  con- 
densation n'existait  pas.  Les  uns  et  les  autres  ont  à  la  fois  tort  et  raison.  Il 
V  a  augmentation  quand  la  surface  extérieure  des  lames  était  primitivement 
instiflisanle,  et  il  n'y  en  a  i)as  quand  celte  surface  sullisait  par  elle-même 
à  l'épanouissement  de  tous  les  filets  magnétiques. 

»  On  trouve  encore  ici  la  véritable  explication  d'un  autre  lait,  que  j'ai 
attribué  moi-même  inexactement  à  une  condensation.  J'avais  superposé  un 
"rand  nombre  de  lames  en  fer  à  cheval  contre  un  contact  commun  ;  puis 
je  les  avais  aimantées,  ce  qui  leur  avait  donné  un  magnétisme   énorme. 


(  36i  ) 
qui  se  mesurait  parla  force  portative  au  premier  arracliemeut.  Après  quoi, 
sans  réaiuiaiitation  nouvelle,  je  replaçai  le  contact,  et  je  trouvai  une  force 
d'arraclieinent  considérabienient  moindre,  mais  qui  se  maintenait  à  peu 
près  fixe  pour  les  arrachements  suivants.  L'aimant  en  question  avait  des 
surfaces  insuffisantes;  le  contact,  agissant  comme  des  armatures,  les  aug- 
mentait et  maintenait  la  somme  du  magnétisme  que  ces  lames  pouvaient 
prendre  individuellement.  Après  un  premier  arrachement,  elles  ne  con- 
tenaient plus  que  le  magnétisme  qu'elles  sont  capables  de  garder,  et  le 
second  arrachement  se  trouvait  Irès-affaibli  ;  mais,  si  l'on  répète  l'expé- 
rience avec  un  moins  grand  nombre  de  lames,  assez  petit  pour  que  l'ai- 
mant total  soit  imparfaitement  rempli,  il  n'y  a  plus  de  différence  entre  le 
premier  arrachement  et  les  suivants. 

»  La  différence  que  l'on  trouve  entre  le  premier  et  le  second  arrache- 
ment est  même  un  signe  auquel  on  reconnaîtra  si  l'aimant  que  l'on  construit 
est  dépassé  ou  non.  Tant  qu'elle  n'existera  pas  ou  qu'elle  sera  très-faible, 
on  pourra  ajouter  de  nouvelles  lames  et  gagner  de  la  puissance.  Aussitôt 
qu'elle  se  montrera  avec  intensité,  on  aura  atteint  et  dépassé  l'aimant  plein  : 
toute  addition  nouvelle  se  ferait  en  piu'e  perte. 

»  On  est  conduit  par  là  à  une  importante  modification  dans  la  con- 
struction des  aimants.  Je  suppose  que  l'on  ait  lui  grand  nombre  de  lames, 
et  qu'après  les  avoir  aimantées  séparément  à  saturation  on  les  superpose; 
on  verra  croître  le  magnétisme  du  faisceau  jusqu'à  une  limite  qui  ne  pourra 
être  dépassée,  et  qui  sera  atteinte  quand  les  surfaces  polaires  seront  rem- 
plies. Supposons  qu'il  faille  dix  lames.  Recommençons  la  même  expérience, 
en  appliquant  les  mêmes  lames  contre  deux  armatures  en  fer  de  grande  sur- 
face; les  intensités  croîtront  beaucoup  plus  lentement,  parce  que  la  somme 
des  magnétismes  se  répandra  sur  des  étendues  plus  considérables,  et  la 
limite  ne  sera  obtenue  que  lorsque  ces  étendues  seront  pleines.  Il  faudra 
pour  cela  superposer  vingt,  trente,  quarante  lames,  et  en  général  un  nombre 
d'autant  plus  élevé  que  les  armatures  seront  pins  grandes.  La  force  totale 
de  l'aimant  s'augmentera  donc  avec  ses  armatures.  L'Académie  a  sons  les 
yeux  un  faisceau  construit  de  cette  manière.  Sans  armature,  on  atteint  la 
linnte  avec  trois  lames,  et  la  force  portative  est  de  q  kilograunnes  environ, 
avec  des  armatures  de  35o  centimètres  carrés.  On  arrive  à  i4o  kilogrammes; 
mais  l'intensité  sur  chaque  élément  superficiel  n'est  pas  augmentée.  » 


(  362  ) 

ciimn:  agricole.  -  Noie  de  M.  Chevreil  à  propos  de  In  Commmvcalioit 
de  31.  Meiiicr,  insérée  dans  te  Compte  rendu  de  la  dernière  séance  (i). 

«  M.  Menier  a  cointniiniqué  dans  la  dernière  séance  de  l'Académie  un 
Mémoire  Sur  la  pulvérisation  des  emjrais  et  sur  les  meilleurs  moyens  d'accroître 
la  fertilité  des  terrains.  Une  Commission  est  nommée  pour  l'examiner;  je  ne 
me  permettrai  donc  aucune  observation  sur  plusieurs  opinions  qui  y  sont 
énoncées,  telles  que  celle-ci  :  En  agriculture,  comme  en  industrie,  le  temps  est 
de  r argent.  La  pulvérisation  des  engrais,  conforme  à  cette  opinion,  est 
énoncée  cotnme  devant  exercer  une  influence  considérable  sur  la  production 
agricole.  Enfin,  l'auteur  parle  d'iuie  carie  coloriée  qui  fera  saisir  aux  yeux 
les  divers  degrés  de  prospérité  de  culture  où  sont  parvenues  les  différentes 
contrées  de  la  France,  et,  en  outre,  d'un  tableau  spécial  qui  montrera  les 
divers  degrés  de  l'état  agricole  des  États  de  l'Europe. 

»  J'attendrai  le  Rapport  de  la  Commission  avant  d'émettre  aucune  opi- 
nion sur  le  Mémoire  de  M.  Menier. 

»  Malgré  mon  extrême  envie  de  ne  pas  grossir  les  Comptes  rendus,  je 
crois  utile  de  rappeler  quelques  faits  du  passé. 

M  II  y  a  eu  cette  année,  i"de  février,  un  siècle  moins  six  mois  que  parut 
dans  le  Journal  de  Physique  de  juillet  1776  lui  Mémoire  sons  ce  titre: 
Recherches  sur  une  loi  générale  de  la  nature,  ou  Mémoire  sur  la  fusibilité  et 
la  dissolubililé  des  corps  relativement  à  leur  masse.,  où  l'on  trouve  l'art  de 
tirer  facilement  et  sans  frais  une  matière  alimentaire  de  plusieurs  corps 
dans  lesquels  on  ne  connaissait  pas  cette  qualité,  etc. 

»  Ce  titre  occupe  plus  d'iuie  demi-page  in-4''  du  Journal  de  Physique,  et 
en  cela  on  peut  dire  qu'il  était  en  avance  sur  son  siècle. 

»  L'auteur,  M.  Changeux,  était  frappé  comme  M.  Menier  de  ce  que  la 
division  physique  pouvait  avoir  d'avantages  pour  la  Société. 
.  »  Quand  M.  Menier  parle  de  l'influence  des  surfaces  relativement  aux 
dissolvants  (p.  3o8  du  dernier  Compte  rendu),  il  compare  entre  eux  des  IVag- 
menls  cubiques  de  marbre  dont  les  côtés  auraient  des  dimensions  décrois- 
santes. ^I.  Cliiuigeux  dit  :  «  Certains  minéraux  divisés  en  pieds  cubes  neparaissenl 
»  pas  subir  la  fonte  beaucoup  plus  scnsdilement  que  lorsqu'ils  ne  le  sont 
»  qu'en  parties  beaucoup  plus  grosses,  mais  la  fusibilité  est  sensiblement  aug- 
»   menlée  s'ils  sont  réduits  en  pouces  cubiques.  » 


(i)  Paye  jo'j  tic  ce  volium; 


(  363  ) 

»  Si  M.  Changeux  pnrlo  do  la  fusibilité,  nous  verrons  plus  loin  qu'il 
rassiniile  à  la  sohdniilc  d'un  solide  dans  un  liquide. 

»  M.  Changeux  a  commis  des  erreurs  dont  la  plupart  tiennent  à  ce  qu'il 
a  confondu  la  division  mécanique  ou  physique  avec  la  division  opérée 
par  une  action  chimique. 

»  Une  preuve  de  l'importance  qu'il  attache  à  la  division  mécanique  est 
que  les  fibres  liijneiises  du  lincjc  et  du  papier,  et  que  le  bois  des  arbres  divisé 
à  i extrême,  deviendront  des  aliments  pour  l'homme.  Aussi  ajoiite-t-il  ; 

«  Les  expériences  que  l'on  fora  sur  re  sujet  mettront  un  jour  les  hommes  en  état  de  ne 
jamais  craindre  les  horreurs  de  la  famine  ;  car  il  est  peu  d'arbres  qui  ne  puissent  devenir 
capables  de  fournir  de  la  nourriture  dans  les  temps  de  diseuc. 

»  Ce  que  je  dis  peut  faire  concevoir  pourquoi  ks  aliments  sont  salutaires  pour  certains 
animaux, et'mortels  pour  d'autres;  les  aliments  ne  sont  ni  bons  ni  mauvais  par  eux-mêmes. 
La  structure  des  viscères  qui  servent  à  la  digestion  snf(it-elle  pour  diviser  un  corps,  ce 
corps  sera  .ilimentaire  pour  l'animal  qui  possède  ces  viscères;  un  autre  animal  est-il  né 
avec  des  viscères  d'une  structure  différente  et  plus  faible,  ce  même  corps  sera  un  poison 
pour  lui...   » 

))  Cette  citation  suffit  pour  mettre  en  évidence  quelle  foi  avait  M.  Chan- 
geux dans  la  division  mécanique  de  la  matière. 

»  Peut-être  me  demandera-t-on  pourquoi,  m 'étant  abstenu  de  parler  de 
M.  Menier,  j'ai  parlé  de  M.  Changeux. 

.)  J'ai  deux  motifs  :  le  premier  est  l'histoire  de  la  science;  \e  second  est 
l'examen  de  travaux  anciens  oij  se  trouvent  à  la  fois  des  faits  vrais  avec 
des  erreurs  ou  des  choses  ridicules^  absurdes  même. 

»  Premier  motif.  Histoire  de  la  science.  —  C'est  à  Changeux  que  l'on  doit 
la  connaissance  de  deux  faits  remarquables. 

»   Le  premier  concerne  l'action  de  l'eau  sur  le  verre: 

«  Le  verre  en  masse,  dit  Changeux,  est  indissoluble  dans  l'eau;  c'est  pourquoi  on  en  fait 
des  vases,  etc.  ;  cependant  il  devient  presque  aussi  dissoluble  que  le  sel,  lorsqu'on  le  réduit 
en  poudre  très-ténue;  en  effet,  que  l'on  fasse  bouillir  cette  poudre  dans  l'eau,  et  l'on  sera 
étonné  de  l'énorme  quantité  qui  sera  fondue  par  cette  simple  opération —  » 

»  Or,  c'est  précisément  ce  fait  que  Pelouze  communiquait  comme  non- 
veau  à  l'Académie  quelques  mois  avant  sa  mort. 

»  Le  second  fait  concerne  le  bouillon  d'os. 

»  Hérissant,  on  1708,  en  traitant  les  os  par  l'acide  azotique  faible,  en 
sépara  le  tissu  orcjaidsé  que  Papin  avait  obtenu,  à  l'état  de  gélatine,  au  moyen 
de  son  digesteur. 

»  En  1775,  Changeux,  conformément  aux   idées  qui  l'occupaient,   se 


(  36/i  ) 
demiinda  si  les  os,  divis/sau  moyen  d'tin  pilon  on  d'nn  moulin,  ne  seraient 
pas  dans  le  cas  de  céder  leur  matière  gélatineuse  à  l'eau  houillante. 

»   L'expérience  fut  faite,  et  elle  réussit  comme  Cliane;eux  l'avait  |)révu. 

»  La  découverte  des  deux  faits  appartient  bien  à  Changeux,  et  j'ai  cru 
devoir  les  rappeler,  parce  qu'ils  tiennent  une  large  place  dans  le  Compte 
rendu  delà  séance  du  19  de  décembre  1870.  Ils  sont  exposés  dans  \e.Réswné 
liislorique  que  j'ai  fait  des  travaux  dont  la  (jélaline  a  été  l^objet,  et  je  termi- 
nerai par  cette  citation,  qu'en  1791  Proust,  dans  sou  Mémoire  sur  l'amé- 
lioration de  la  subsistance  du  soldat,  rendit  pleine  justice  à  Changeux. 

»  Deuxième  motif.  —  Quoique  j'aie  toujours  attaché  un  grand  intérêt  à 
l'histoire  des  connaissances  chimiques,  je  n'ai  jamais  été  aussi  frappé  que 
dans  ces  derniers  temps  de  l'avantage  que  la  science  peut  retirer  de  l'exa- 
men de  travaux  et  d'écrits  où  se  trouvent  quelques  faits  bien  observés 
mêlés  d'erreurs,  d'exagération  et  de  choses  ridicules  ou  absurdes. 

»  J'étends  cette  manière  de  voir  à  des  écrits  erronés,  exagérés,  ridicules 
et  absurdes,  mais  à  l'origine  desquels  on  peut  rattacher  un  ftit  vrai.  J'en 
cite  quelques  exemples  dans  le  troisième  Mémoire  de  mes  Éludes  des  pro- 
cédés de  l'esprit  humain  dans  la  recherche  de  l'inconnu,  à  l'aide  de  l'observation 
et  de  l'expérience,  etc.,  Mémoire  que  je  communiquerai  bientôt  il  l'Aca- 
démie. » 

MINÉRALOGIE.  —  Mémoire  sur  les  propriétés  optiques  biréfringentes  caracté- 
ristiques des  quatre  principaux  feldspaths  tricliniques,  et  sur  un  procédé  pour  les 
distinguer  iuimédiateinent  les  uns  des  autres  ;  par  M.  Dks  Cloizeaux. 

«  Tous  les  minéralogistes  connaissent  les  difficultés  qu'on  rencontre  lors- 
qu'on a  besoin  de  déterminer  si  des  masses  liminaires  ou  des  cristaux  im- 
parfaits d'un  feldspath  triclinique  appartiennent  àl'albite  ou  à  l'oligoclase, 
au  labradorite  ou  à  l'anorthite.  Par  suite  du  mélange  de  petites  quantités  de 
matières  étrangères,  qu'il  n'est  pas  toujours  possible  d'éviter,  et  surtout  à 
cause  des  nombreuses  inclusions  que  l'élude  microscopique  fait  reconnaître 
dans  presque  tous  les  échantillons  des  divers  feldspaths,  les  analyses  exé- 
cutées avec  le  plus  de  soin  conduisent  souvent  à  des  rapports  d'oxygène 
où  le  terme  relatif  à  la  silice  oscille  entre  deux  des  nombres  adoptés  depuis 
longtemps  pour  les  quatre  principales  espèces  précitées. 

»  J'ai  donc  pensé  qu'il  serait  utile  de  m'assurer  si  un  examen  appro- 
fondi de  certaines  pro|)riétés  optiques  biréfringentes  de  l'albile,  de  l'oli- 
goclase, du  labradorite  et  de  l'anorlhite  ne  conduirait  pas  à  distinguer  ces 


(  365  1 
espèces  les  unes  des  antres,  et  si  cet  examen  ne  fournirait  pas,  à  tous  ceux 
qui  s'occupent  de  l'élude  des  roches  cristallines  R'Idsjialliiquos,   quelques 
caractères   constants,  bien  tranchés  et  faciles  à  mettre  en  évidence. 

»  Le  succès  a  dépassé  mon  attente  et,  tout  en  ne  cherchant  d'abord 
qu'un  procédé  de  distinction,  j'ai  rencontré  des  faits  qui  me  paraissent 
fonrnir  des  arguments  très-puissants  contre  la  théorie  des  mélanges,  intro- 
duite depuis  qnelques  années  dans  la  science  par  M.  Tschermak. 

»  On  sait  que  tous  les  feUIspalhs  tricliniques  possèdent  deux  clivages 
principaux,  faisant  entre  eux  un  angle  voisin  de  g'5  ou  94  degrés,  et  dont 
l'un,  plus  facile,  a  lieu  suivant  la  base  du  parallélipipède  obliquangle  pri- 
mitif, tandis  que  l'autre,  un  peu  moins  facile,  s'obtient  suivant  le  plan  g* 
qui  forme,  sur  l'arête  latérale  aiguë  de  ce  paiallélipipède,  une  troncature 
symétrique,  parallèle  aux  stries  caractéristiques  dont  la  base  est  généra- 
lement sillonnée. 

»  Or,  des  lames  clivées  parallèlement  à  g^',  suffisamment  minces  pour 
être  transparentes  et  débarrassées  du  plus  grand  nombre  possible  des  la- 
melles hémitropes  qui  les  traversent,  étant  soumises  dans  l'air  au  micro- 
scope polarisant,  permettent  déjà  de  distinguer  une  albite  d'un  oligoclase. 
La  première  espèce  montre  en  eflet  que  le  plan  de  ses  axes  optiques,  dont 
j'ai  indiqué  autrefois  l'orientation,  coupe  la  face  g'  suivant  une  droite  qui 
fait  avec  l'arête  ;3g'  un  angle  d'environ  20  degrés,  tandis  qne  les  axes  op- 
tiques de  la  seconde  espèce  sont  compris  dans  un  plan  parallèle  à  cette 
arête.  En  outre,  si  l'on  examine  dans  l'huile,  dont  l'emploi  est  indispen- 
sable à  cause  du  grand  écartement  apparent  des  axes,  des  plaques  amenées 
par  un  travail  très-simple  à  être  suffisamment  perpendicidaires  au  plan  de 
ces  axes,  on  constate  facilement  divers  genres  de  dispersion  qui  constituent 
un  second  caractère  propre  à  chacune  des  deux  espèces.  Le  même  travail 
doit  être  fait  quand  il  s'agit  de  reconnaître  un  labradorite  ou  une  anor- 
thite,  parce  que  ces  deux  feldspaths  ne  montrent  dans  l'air,  à  travers  leurs 
faces  g',  qu'un  seul  système  d'anneaux  très-excentré. 

»  Voici,  en  résumé,  les  principaux  phénomènes  optiques  biréfringents 
que  manifestent,  dans  l'air  ou  dans  l'huile,  l'albite,  l'oligoclase,  le  labra- 
dorite et  l'anorthite. 

1°  Albite. 

»  La  bissectrice  de  l'angle  aigu  des  axes  optiques,  toujours  positive,  se 
relève  vers  l'arête  aiguë  pg*  =  86°  26',  en  faisant  des  angles  d'cnvirun  : 

i5  degrés  avec  une  normale  à  g' }  78°  35'  avec  une  normale  à  p. 

C.  R.,   1875,    I"  Semestre.  {-W  LXXX,  N»  0.)  ^° 


(  366  ) 
»  Le  plan  qui  contient  les  axes  optiques  coupe  le  clivage  g'  suivant  une 
ligne  qui  fait  approximativement  des  angles  de  : 

20  degrés  avec  l'arêle />§■';   96"  28'  avec  l'arête  g'm  antérieure. 


»  Pour  obtenir  des  plaques  normales  au  plan  des  axes  et  à  la  bissectrice 
aiguë,  il  faut,  après  avoir  dédoublé  les  cristaux  maclés  parallèlement  à  g', 
abattre  l'arête  aiguë  pg*  par  une  face  inclinée  d'environ  : 

ior'26'   sur  p;        i64°59'  sur  g';        i25°2o'  sur  ni, 

»  Dans  l'huile,  à  45  degi  es  du  plan  de  polarisation,  on  observe  des  bor- 
dures à  couleurs  vives  autour  de  l'hyperbole  qui  traverse  un  des  systèmes 
d'aiHieaux,  tandis  que  ces  couleurs  sont  à  peine  appréciables  autour  de 
l'hyperbole  de  l'autre  système;  on  peut  pourtant  conclure  de  leur  dispo- 
sition que  la  dispersion  ordimiire  des  axes  est  p  <C  v,  comme  le  confirment 
les  mesures  suivantes,  prises  sur  un  cristal  du  Roc  tourné: 

/  80° 39'  rayons  rouges; 
2Ha=  I  8i''35'  rayons  verts; 
(  8i°5q'  rayons  bleus. 

»  L'écartement  apparent  des  axes,  assez  constant  dans  les  diverses  plages 
d'un  même  échantillon,  varie  un  peu  avec  les  échantillons  de  diverses  pro- 
venances. J'ai  trouvé  aH^  =  81°  à  86°  (rayons  rouges)  sur  des  cristaux  du 
Roc  tourné,  près  Modaiie,  de  l'Oisans,  du  Tyrol,  de  Moriah  (comté  d'Es- 
sex),  d'Aiendal,  etc. 

»  Parallèlement  ou  perpendiculairement  au  plan  de  polarisation,  la 
barre  transversale  d'un  des  systèmes  d'anneaux  offre  des  bordures  à  teintes 
assez  vives,  l'une  bleue,  et  son  opposée  jaune  rougeâtre;  la  barre  de  l'autre 
système  ne  montre  au  contraire  qu'une  teinte  bleuâtre  des  doux  côtés.  Il 
existe  donc  une  dispersion  inclinée  Irès-uotable;  mais  il  n'est  guère  possible 


(  367  ) 
de  décider  si  c'est  à  une  faible  dispersion  lioriznninic  ou  ;i  une  légère  disper- 
sion lournnnle  qu'elle  est  combinée  (i). 

1-'  Olicoclask. 

»  La  bissectrice  positive,  qui  est  le  plus  généralement  celle  de  l'angle 
obtus  des  axes  optiques,  et  (juehjuefois  seulement  celle  de  leur  angle  aigu, 
dans  certaines  plages  d'un  petit  nombre  d'échantillons,  se  relève  vers 
l'arête  obtuse  pg'  —  93°5o',  et  elle  fait  des  angles  d'environ  : 

i8°io'  avec  une  normale  à  g';      68"  avec  une  normale  à  />. 

»  Le  plan  où  s'ouvrent  les  axes  optiques  coupe  g'  suivant  une  ligne  pa- 
rallèle à  l'arête  pg*. 


a  Les  plaques  normales  au  plan  des  axes  et  à  la  bissectrice  positive  s'ob- 
tiennent en  abattant  l'arête  obtuse  pg*  par  une  face  qui  s'incline  de  : 

II?"  sur/);       iGi^So'  sur  g';       ia6°55'  sur  t. 

»  Dans  l'huile,  à  45  degrés  du  plan  de  polarisation,  des  couleurs  bien 
tranchées  occupent  l'intérieur  et  l'extérieur  de  la  branche  d'hyperbole  qui 
traverse  chacun  des  deux  systèmes  d'anneaux;  leur  intensité  est  à  très-peu 
près  la  même  dans  ces  deux  systèmes,  et  leur  disposition,  qui  y  suit  le 
même  ordre,  annonce,  pour  la  dispersion  ordinaire,  p  <Cv. 

n  Parallèlement  ou  perpendiculairement  au  plan  de  polarisation,  on  ob- 
serve une  dispersion  tournante  des  plus  marquées,  combinée  à  une  disper- 
sion inclinée  très-faible. 

»  Autour  de  la  bissectrice  négative,  parallèle  à  l'arête  ^g',  la  dispersion 
ordinaire  est  p  >  i',  et  il  est  facile  d'y  reconnaître  une  forte  dispersion 
liorizontçile,  avec  des  traces  de  dispersion  inclinée. 

(T  Deux  variâtes,  ddiit  il  sera  question  pins  loin,  semblent  Iranetier  la  question  in  faveur 
de  la  dispersion  horizontale. 

4H.. 


(  368  ) 
i>  L'écartement  apparent  des  axes  est,  comme  clans  l'orlhose,  très-variable 
avec  les  échantillons  de  diverses  localités,  et  surtout  avec  les  plages  d'un 
même  échantillon.  Ce  qui  le  distingue  particulièrement  de  1  ecarlement  des 
autres  feldspaths  tricliniques,  c'est  la  très-petite  différence  qu'il  présente, 
en  général,  autour  des  deux  bissectrices.  J'ai  constaté  jusqu'ici  ce  fait  sur 
liiiil  variétés  à  bissectrice  aiguë  toujours  négative,  et  sur  quatre  à  bissectrice 
aiguë  tantôt  négative,  tantôt  positive.  En  voici  quelques  exemples  : 
(  8g°35'  ray.  rouges 

—  2H0  :=  92°48';   +  2H„  =  95° 34'  rayons  rouges;  bulles  masses  laminaires  transparentes 
lie  I\linernl  Hill,  Delaware  Co.,  Pennsylvanie. 

—  2H„  r=  Sq'Ss'  à   io5°38'i  H- 2H„  =  88"8'  à  Ç)S''^2'  rayons   rouges;  beaux   cristaux 
verts  associés  à  l'orthose  et  à  la  pyrrhotine,  de  Bodenmais,  en  Bavière. 

3°  Labradoeite. 

»  La  bissectrice  de  l'angle  aigu,  toujours  positive,  se  relève  vers  l'arête 
obtuse  pg^  =  93°2o',  en  faisant  des  angles  d'environ  : 

3o°4o'  avec  une  nornialo  à  g';        56"  avec  une  normale  h  p. 

P 


(    i02''43' ray.  rouges  )    pierre  de  Soleil 

I     2  rj      —    \  ''  > 

(   io3°46'  ray.  bleus    j  de  Tvedestrand. 


M  Le  plan  des  axes  optiques  coupe  g'  suivant  une  droite  qui  fait  des 
angles  de  : 

27°  à  28"  avec  l'arcte /j^' ;        37"?.5'  à   36"  2{)'  avec  l'arèle  g^m  postérieure. 

On  obtient  des  plaques  sensiblement  perpendiculaires  au  plan  des  axes  et 

à  la  bissectrice  aicju'é  en  abattant  l'arête  obtuse^g' ,  par  une  face  inclinée  de  : 

124°  sur  p\       i49°2o'  sur  g-';        i?.9"5'  sur  t. 

»  Dans  l'huile,  à  45  degrés  du  plati  de  polarisation,  la  dispersion  ordi- 
naire, qui  se  manifeste  par  des  coideurs  offrant  la  même  disposition  et  à 
peu  |irès  la  même  intensité  autour  des  hyperboles  de  chaque  système  d'an- 
neaux, indique  p  >  f ,  conlrairemenl  à  ce  que  montretil  les  plaques  d'albite 


(  36()  ) 
et  d'oligoclase  normales  à  leur  bissectrice  positive.  On  a  donc  là  un  carac- 
tère fixe  et  de  I;i  plus  haute  importance,  pour  distinguer  le  labradorite  de 
l'oligoclase. 

»  Parallèlement  ou  perpendiculairement  au  plan  de  polarisation,  on 
constate  une  forte  dispersion  tournante.,  associée  à  une  très-faible  dispersion 
inclinée. 

»   L'écartement  apparent  des  axes,  assez  constant  dans  les  diverses  plages 

d'un  même  écliaiitillon,  jiaraît  peu  varier  avec  les  échantillons  eux-mèuies. 

(  oo**  1 5   Tciv   roiicGs  1 
J  ai  trouvé  :    2H„  =    „  „,„,     ■  ' , ,         [■>  belle  variété  chatoyante  en  jaune 

(  o7"4°  '■'■'y'  b'e"s    ) 
I»        j      T    i       j  ir  (  80"! o' ray.  rouges)  ,.,  •  ,  . 

d  or  du  Labrador:  2Ha=    „  „,  ,         ,,         5  petites  masses  launatres  tres- 
'  (  o7°49   ray.  bleus   )     '^  ' 

fragiles,  extraites  d'un  trapp  noir  deDiupavog,  côte  est  d'Islande. 

4°  Anorthite. 

«  Le  plan  des  axes  optiques,  et  leiu-  bissectrice  aiguë  toujours  négative, 
n'offrent  plus  une  orientation  en  rapport  simple  avec  celle  des  faces  ou 
des  arêtes  des  formes  connues  dans  les  cristaux  de  cette  espèce. 

»  Tout  ce  que  l'on  peut  constater,  c'est  que  des  plaques  sensiblement 
perpendiculaires  au  plan  des  axes  et  à  la  bissectrice  aiyuë  sont  limitées 
par  deux  surfaces  parallèles  à  un  plan  incliné  d'environ  i24°53'sur  », 
la^^iS' sur  g',  9G°5o'  sur  m,  et  qui  détermine  sur  g*  une  trace  faisant  des 

angles  de  : 

39°8'  avec  l'arête  y>g-'  ;       'jô'^S'  avec  l'arête  g' m  antérieure. 

»  Ce  plan  abat  l'arête  aiguë  pg*  =  85° 5o',  en  se  dirigeant  très-oblique- 
ment vers  l'angle  solide  aigu  postérieiu"  de  la  forme  primitive. 

»  Dans  l'huile,  les  axes  optiques  manifestent  des  dispersions  identi(]ues 
à  celles  qu'on  observe  autour  de  la  bissectrice  aiguë  positive  de  l'albite. 
On  constate  donc  p  <.v  potu-  la  dispersion  ordinaire,  à  45  degrés  du  plan 
de  polarisation,  et  une  forte  dispersion  inclinée,  parallèlement  ou  perpen- 
diculairement à  ce  plan. 

»  L'écartement  apparent  est  assez  constant  dans  toutes  les  plages  d'un 
même  échantillon.  Une  bonne  plaque,  extraite  d'un  cristal  de  la  Somma, 
m'a  fourni,  à  i5  degrés  C, 

i84"58'  rayons  rouges; 
85° 24'  rayons  verts; 
85°59'  rayons  bleus. 

»  L'emploi  des  caractères  que  je  viens  d'énumérer  m'a  déjà  permis  de 
rapporter  à  l'albite  : 


(  370) 

))  1°  Un  feldspath  en  petites  niasses  lamellenses,  à  reflet  opalescent  d'un 
blanc  bleuâtre  sur  g',  cité  par  Vi.  Dana  comme  oligoclase  pierre  de  lune 
(^mooiisloite),  de  Minorai  Ilili  (Dciaware  Co.),  en  Pennsylvanie.  Le  plan  de 
ses  axes  optiques  coupe  g'  suivant  inie  ligne  presque  perpendiculaire  à 
l'arête  g'  m;  une  plaque  taillée  sur  l'arête  aiguë  pg\  normale  à  ce  plan  et 
à  la  bissectrice  aiguë  positive,  offre  dans  l'huile  les  mêmes  modes  de  dis- 
persion que  l'albile,  et  donne  :  aH^^  87° 3'  rayons  rouges;  87° Sa'  rayons 
bleus. 

))  2°  Le  feldspath  laminaire  associé  à  la  Kjerulfine  de  Bamble,  en  Nor- 
vège, dont  M.  de  Kobell,  trompé  sans  doute  par  une  analyse  opérée  sur 
un  échantillon  impur,  avait  proposé  de  faire  une  espèce  nouvelle  sous  le 
nom  de  Tscliermnkile  (1).  Les  axes  optiques  de  ce  feldspath  sont  situés 
dans  un  plan  orienté  comme  celui  qui  contient  les  axes  de  l'albile,  et  ils 
offrent  les  divers  genres  de  dispersion  propres  à  ces  derniers.  Seulement 
on  est  à  peu  près  sûr  ici  que,  perpendiculairement  ou  parallèlement  au 
plan  de  polarisation,  c'est  à  une  légère  dispersion  horizontale  que  se  com- 
bine la  forle  dispersion  inclinée. 

»  Ma  détermination  a  été  confirmée  par  une  nouvelle  analyse  de 
M.  Pisani  qui  conduit  aux  rapports  d'oxygène  R  :  AI  :  Si  ::  1  :  3  :  1 1  très- 
voisins  de  ceux  de  l'albile.  Cette  analyse  a  donné  en  effet  : 

Si66,37  Al  22,70  Na9,70  Ca  i,4o  MgOjjjS  Ho,7o  =:  ioi,8a.   Dans.  =:  2,60. 

»  Il  semble  aussi  résulter  de  mes  observations  que  Vandésine  pourrait 
bien  n'être  qu'un  oligoclase  altéré,  comme  l'ont  supposé  quelques  géo- 
logues, et  notamment  notre  confrère  M.  Charles  Sainte-Claire  Deville. 
Mes  expériences  ne  sont  pas  encore  assez  multipliées  pour  décider  cette 
question,  mais  j'ai  reconnu  les  caractères  optiques  de  l'oligoclase  dans 
une  andésine  laminaire  rougeâtre  de  Chàteau-Richer  (Canada),  et  dans 
les  gros  cristaux  en  macles  simples  ou  doubles,  à  surface  plus  ou  moins 
décomposée,  à  masse  intérieure  vitreuse,  qu'on  extrait  de  certaines  parties 
du  porphyre  de  l'Estcrel. 

»  Enfin,  le  Knl/ioligoklas  ou  liafncfjordilc  d'Islantle  m'a  offert  los  princi- 
pales propriétés  optiques  du  labradorite  auquel  on  doit  le  l'apporter, 
comme  l'avait  déjà  fait  pressentir  M.  Dana.  Une  plaque  suffisamment  nor- 
male à  la  bissectrice  aiguë  positive  d'un  de  ses  cristaux  m'a  fourni 
all„=  8i°3/|'  ray.  rouges,  80" 53'  ray.  bleus.  L'excès  de  silice  trouvé  par 
Forchamraer  (61,22  pour  100)  provient  très-probablement  du  pyroxène 


(1)  5//zH//^jtcr/c/4/e  de  rAcadcmie  des  Sciences  de  Munii'h,  3""  livraison;  iSjS. 


(  37.  ) 
noir  et  de  la  jayalile  microscopique  qui  font  partie  de  la  dolérite  de  Haf- 
nefjord. 

»  La  conclusion  la  moins  discutable  à  laquelle  conduisent  les  nouveaux 
faits  rapportés  dans  mon  Mémoire,  c'est  que  le  labrndorile,  où  le  plan  des 
axes  optiques  et  la  bissectrice  aiguë  positive  présentent  toujours  la  même 
orientation,  avec  la  dispersion  p  >  t",  ne  peut  pas  être  regardé  comme  un 
mélange  d'albite  à  bissectrice  aiguë  positive  et  d'anortbite  à  bissectrice 
aiguë  négative,  possédant  toutes  deux  la  dispersion  p  <^  i>.  Si  l'on  se  reporte 
en  effet  aux  expériences  de  H.  de  Senarmont  sur  les  cristaux  mixtes  de  sel 
de  Seignetfe  potassique  et  ammoniacal,  on  voit  que  les  mélanges  cristal- 
lisés de  corps  hiaxes,  géométriquement  isoinorpbes,  mais  à  propriétés  op- 
tiques contraires  (i),  montrent,  dans  leur  masse  entière  et  non  en  quelques 
plages  seulement ,  un  écartement  et  une  orientation  variables  de  leurs  axes 
optiques,  cette  variation  tendant  à  les  rapprocher  du  composé  qui  pré- 
domine dans  ces  mélanges. 

»  Quant  à  Volicjoclase,  malgré  la  grande  irrégularité  qu'on  observe  dans 
l'écartement  de  ses  axes,  et  malgré  le  signe  tantôt  négatif,  tantôt  positif  de 
sa  bissectrice  aiguë,  il  n'est  guère  plus  facile  d'admettre  qu'il  soit  con- 
stitué par  les  mélanges  d'albite  et  d'anortbite  au  moyen  desquels 
M.  Tschermak  a  essayé  d'expliquer  les  différences  de  composition  chi- 
mique de  ses  divers  échantillons.  En  effet,  quoique  il  n'y  ait,  dans  les  rris- 
faux  tiic Uniques,  aucune  relation  forcée  par  la  symétrie  entre  la  position 
des  axes  cristallographiques  et  celle  des  bissectrices,  le  plan  qui  contient 
ces  bissectrices  et  les  axes  optiques  conserve  la  même  orientation  dans  tous 
les  oligoclases  examinés  jusqu'ici;  de  plus,  c'est  principalement  dans  les 
diverses  parties  d'une  même  masse  cristalline  que  se  produit  qiielquefois 
l'interversion  des  deux  bissectrices,  et  cela  surtout  lorsque  ces  masses 
renferment  des  lames  irrégulièrement  enchevêtrées.  Or  on  trouve  souvent 
dans  l'orthose,  et  notamment  dans  les  plages  contiguës  d'un  même  cristal 
du  loxoclase  de  Ilammond,  dont  la  composition  paraît  pourtant  constante, 
d'après  les  trois  analyses  qu'on  en  connaît,  des  variations  tout  à  fait  ana- 
logues à  celles  dont  il  vient  d'être  question.  Il  est  donc  probable  que  les 
modifications  qu'on  reiuarque  dans  certains  caractères  optiques  des  feld- 
spaths  sont  liées  à  des  altérations  plutôt  physiques  que  chimiques,  parmi 
lesquelles  on  doit  mettre  au  premier  rang  la  présence  fréquente  et  plus  ou 
moins  dissimulée  de  lamelles  sans  orientation  fixe.  » 

(i)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3°  série,  t.  XXXIII,  p.  4'-9- 


(  372  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

GÉODÉSIE.  —  Moyen  facile  d'ohlenir  sat)s  inslnimenls  et  avec  une  assez 
(jvanrlc  approxuuaùon  la  latitude  d'un  lieu.  Mémoire  de  M.  d'Avout. 
(Extrait  par  l'auleur.) 

(Commissaires  :  MM.  Paye,  Villarceau,  Puisenx.) 

K  Concevons  un  plan  horizontal.  Au-dessus  de  ce  plan,  sur  une  même 
verticale  et  à  des  distances  connues,  soient  deux  points  dont  on  pourra 
suivre  les  ombres  sur  le  plan  horizontal.  Par  la  projection  commune  de 
ces  points  comme  centre,  on  trace  deux  arcs  de  circonférence,  de  rayons 
tels  qu'ils  puissent  rencontrer  les  traces  des  ombres  des  points  indiqués, 
avant  et  après  le  passage  du  Soleil  an  méridien.  On  joint  par  des  droites 
les  intersections  des  traces  d'ombre  avec  les  arcs  de  circonférence  au  centre 
de  ces  arcs,  et  l'on  mesure  les  cordes  des  arcs  ainsi  obtenus.  Connaissant 
les  longueurs  de  ces  cordes,  les  rayons  des  arcs  de  circonférence  et  les 
hauteurs  des  points  dont  on  observe  les  ombres,  au-dessus  du  plan  hori- 
zontal, on  peut,  par  une  formule  très-simple,  calculer  la  latitude  du  lieu. 

»   Soient 

/  et  /'  les  hauteurs  des  points  donnés  au-dessus  du  plan  horizontal  ; 

r  et  /•'  les  rayons  des  arcs  de  circonférence;  ;•  appartenant  à  la  circori- 
férence  coupée  par  la  trace  de  l'ombre  du  point  répondant  à  /;  r'  ap- 
partenant à  la  circonférence  coupée  par  la  trace  de  l'ombre  du  point 
répondant  à  /; 

c  la  corde  de  l'arc  de  rayon  r;  c'  celle  de  l'arc  de  rayon  r'. 

c  c' 

T  l'angle  dont  le  sinus  est  — ;  t'  celui  dont  le  sinus  est- — -• 

°  ir  7.r' 

»  Faisons 


»  Soit  4*  la  latitude  du  lieu,  nous  aurons 

,        p'rcosT  —  dz-'cûst' 
tang|  =  ^       p^,_;,. 

»  Les  deux  points  qui  projettent  leurs  ombres  peuvent  être,  ou  de  très- 
petites  sphères,  fixées  sur  un  même  ù\  vertical  qui  les  traverse  à  leurs  cen- 
tres, ou  de  petites  ouvertures  circulaires,  |)ercées  dans  une  mince  plaque 
métallique,  et  telles  que  leurs  centres  se  trouvent  sur  une  même  verticale. 


(  373  ) 

»  On  obtiendra  ainsi,  soit  de  petites  ellipses  d'ombre,  soit  de  petites 
ellipses  éclairées,  dont  il  sera  facile  d'indiquer  les  centres  avec  nn  crayon, 
en  deçà  et  au  delà  des  arcs  de  circonférence  tracés,  et  assez  près  de  ces 
arcs  pour  que  l'on  puisse  regarder  comme  coïncidentes  les  petites  droites 
joignant  les  centres  des  (races  d'ombre  passant  d'un  point  à  un  autre. 

»  On  pourrait  craindre  que  la  variation  de  la  déclinaison  du  Soleil,  (\n\ 
a  lieu  entre  les  diverses  observations  faites,  les  unes  avant,  les  autres  après 
le  passage  du  Soleil  au  méridien,  n'occasionne  une  erreur  du  mémo  ordre 
que  cette  variation,  erreur  qui  serait  déjà  très-pelite;  mais  nous  faisons  voir 
que  l'effet  de  cette  variation  s'annule  et  disparaît  dans  la  formule  finale. 

»  Les  erreurs  que  l'on  peut  commettre  dans  les  diverses  niesures  à  faire 
n'occasionneront  que  de  très-petites  erreurs  dans  le  calcul  de  la  latitude; 
mais  il  n'en  sera  pas  de  même  pour  le  défaut  d'horizontalité  du  plan  sur 
lequel  on  observe;  pour  luic  inclinaison  de  1*^,54'  centésimales,  on  j)eMt; 
avoir  une  erreur  de  tj'  ;  mais  la  formule  qui  nous  donne  l'erreur  due  à  cette 
inclinaison  indique  aussi  que,  si  l'intersection  du  plan  d'observation  avec 
le  plan  méridien  est  horizontale,  l'erreur  qui  a  pour  facteur  le  sinus  de 
l'angle  que  formeraient  entre  elles  les  traces  sur  ce  plan  d'observation  du 
plan  horizontal  mené  par  le  centre  des  arcs  de  cercle  de  rayons  r  et  r'j  et 
du  plan  méridien  mené  par  la  verticale  passant  par  le  centre,  est  nulle  avec 
ce  sinus.  On  devra  donc  s'appliquer  surtout  à  rendre  cette  direction  hori- 
zontale. 

»  Nous  avons  pensé  que  ce  moyen  de  connaître  très-approximativcment 
la  latitude  d'un  lieu,  sans  instrument  angulaire,  pourrait,  dans  plus  d'une 
occasion,  être  utile  aux  voyageurs.  A  la  rigueur,  un  bâton  planté  sur  un 
terrain  horizontal,  muni  d'un  fil  à  plomb,  traversé  par  deux  balles  de  plomb 
suffirait.  Les  arcs  de  cercle  seraient  tracés  au  moyen  d'un  style  attaché  au 
bout  d'une  ficelle,  dont  l'autre  extrémité  serait  fixée  au  pied  du  fil  à 
plomb.  M 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

BOTANIQUE.  —  Sur  la  fécondation  des  Basidiomjcèles. 
Note  de  M.  Pu.  Vax  Tucghem. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.) 

«  J'ai  entrepris  en  novembre  1873,  et  je  poursuis  depuis  cette  époque 
une  série  de  recherches  sur  le  développement  du  mycélium,  la  reprodiic- 

C.R.,  iS'jS,  t"  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  G.)  ^9 


(  374  ) 
tion  sexuée  et  la  formation  du  fruit  des  Basidiomycètes.  Pour  sujet  d'études, 
j'ai  choisi  les  petits  Coprins  qui  se  développent  sur  le  crotlin  de  cheval  et 
notamment  les  Coprinus  eplicineroides  et  radialus.  Pour  mode  d'observa- 
tion, j'ai  adopté  la  méthode  des  cultures  cellulaires  pures  et  monospermes, 
que  nous  avons  instituée  et  appliquée,  M.  Le  Monnier  et  moi,  dans  notre 
Mémoire  sur  les  Mucorinées,  avec  la  décoction  de  crottin  pour  liquide  nu- 
tritif. Dès  le  mois  de  juin  1874,  ces  recherches  avaient  abouti  à  des  résid- 
tats  décisifs  :  j'avais  trouvé  les  organes  mâles  et  les  organes  femelles,  puis, 
ayant  fait  agir  les  premiers  sur  les  seconds,  j'avais,  par  voie  expérimentale, 
réalisé  la  fécondation  et  observé  les  premiers  développements  du  fruit. 
Ces  résultats  différaient  essentiellement  de  ceux  qu'avaient  obtenus,  pour 
les  Agarics,  MM.  Karsten  (1860-1867)  et  OErstedi  (i865),  les  deux  seuls 
auteurs  qui  eussent,  à  ma  connaissance,  recherché  à  sa  vraie  place  le  phé- 
nomène fécondateur  des  Basidiomycètes.  Aussi,  bien  que  ma  méthode 
d'observation  ne  comportât  guère  de  causes  d'erreur,  ai-je  cru  nécessaire, 
avant  de  les  publier,  de  les  soumettre  à  des  vérifications  répétées,  qui  les 
ont  d'ailleurs  pleinement  confirmés.  Je  désirais  aussi  pouvoir  suivre  jus- 
qu'au bout  le  développement  du  fruit  et  étudier  le  mode  de  formation  des 
sclérotes  dans  le  Coprinus  slercorarius. 

»  D'autres  travaux  étant  venus  dans  ces  derniers  mois  retarder  un 
peu  mes  recherches  sur  ces  deux  derniers  points,  je  m'étais  décidé  à 
publier  très-prochainement  mes  premiers  résultats,  lorsque,  hier  (ven- 
dredi, 5  février),  je  reçus,  grâce  à  l'obligeant  envoi  de  l'auteur,  com- 
munication d'un  travail  sur  ce  sujet,  présenté  en  décembre  1874  à  la 
Société  physico-médicale  d'Erlangen  par  M.  MaxReess(i).  M.  Reess  a  pris 
aussi  pour  sujet  d'études  un  Coprin,  mais  d'une  autre  espèce  (6\  sler- 
corarixts),  et  sa  méthode  d'observation  est  quelque  peu  différente  de  la 
mienne.  Il  sème  une  spore  dans  une  goutte  de  décoction  de  crottin,  placée 
sur  un  porte-objet  découvert  et  renouvelée  de  temps  en  temps,  de  manière 
à  obtenir  des  fruits  mûrs;  pour  quelques  points  seulement,  il  introduit  le 
jeiuie  mycéliiun  dans  une  chambre  humide  de  Geissler,  afin  de  l'étudier  de 
plus  près.  Je  cultive,  au  contraire,  constamment  en  cellule,  et  depuis  la 
spore  primitive  j'observe  sur  place,  et  aux  forts  grossissements,  tout  le 
développement  de  la  plante,  y  compris  les  débuts  de  la  formation  du  fruit. 
Aussi,   si  nos  recherches  aboutissent  au   même  résultat  général,  est-ce 

(1)  Ueber  den  BefiiiclUiingsvorgang  bci  dcn  Basidiomyceten  {Sitzungsberichtc  d,r  pliysik 
mcdic.  Societàt  in  Erlangen,  Ucll  VII),  20  pages  et  4  figures,  Eilangen  1875. 


(375) 

néanmoins  avec  des  différences  assez  importantes  au  point  de  vue  de  la 
structunî  de  l'organe  femelle  et  surtout  de  la  démonstration  de  l'acte  fécon- 
dateur, et  peut-être  trouvera-l-on  mes  preuves  plus  concluantes  que  celles 
de  M.  Reess.  Je  demande  donc  à  l'Académie  la  permission  de  lui  présenter 
un  très-court  résumé  de  mes  observations,  afin  de  constater  simplement 
l'indépendance  de  mes  recherches  et  de  me  réserver  le  droit  de  les  pour- 
suivre dans  la  voie  qui  m'est  propre. 

»  Placée  en  cellule  dans  une  goutte  de  décoction  de  crottin,  une  spore 
fraîche  de  Coprinus  epliemeroides  germe  bientôt  et  produit  un  mycélium 
rameux,  cloisonné,  anastomosé  non-seulement  de  branche  à  branche,  mais 
encore  de  cellule  à  cellule  le  long  de  chaque  branche,  et  dont  les  tubes 
ont  environ  o™°,oo3  de  diamètre. 

»  Dans  certaines  cultures  cellulaires  (et  c'est  le  plus  grand  nombre),  les 
tubes  mycéliens  produisent,  quatre  ou  cinq  jours  après  le  semis,  des  bou- 
quets d'étroites  baguettes  insérées,  au  nombre  d'une  vingtaine  quelquefois, 
au  sommet  d'un  court  rameau  latéral  dressé.  Chaque  baguette  se  divise  or- 
dinairement en  deux  articles  ou  bâtonnets.  Le  bâtonnet  supérieur  se  dé- 
tache et  tombe  ;  l'autre  s'accroît  par  sa  base  et  reforme  une  baguette  qui  se 
divise  de  nouveau.  Quand  cette  bipartition  s'est  reproduite  deux  où  trois 
fois,  l'article  basilaire  se  détache  à  son  tour,  et,  du  bouquet  primitif,  il  ne 
reste  qu'un  pédicelle  nu  à  côté  duquel  gisent  un  grand  nombre  de  bâtonnets 
blancs  longs  de  o'"'",oo4à  o™'",oo:j,  larges  de  o^^jOoiS,  et  marques  souvent 
d'un  granule  brillant  à  chaque  extrémité.  Dans  mes  cultures  cellulaires,  le 
mycélium  qui  a  formé  ces  bâtoiuiets  n'a  pas  produit  autre  chose.  Semés  à 
leur  tour  en  cellule,  dans  une  goutte  de  décoction  de  crottin,  ces  bâton- 
nets n'ont  pas  germé. 

»  Mais  d'autres  cultures  cellulaires  monospermes  de  la  même  espèce, 
toujours  moins  nombreuses  que  les  premières,  préparées  en  même  temps 
que  les  précédentes  et  quelquefois  avec  des  spores  provenant  du  même  fruit, 
m'ont  donné  un  résultat  différent.  Ici  pas  de  bâtonnets,  mais  du  septième 
au  huitième  jour,  c'est-à-dire  lorsque  les  bouquets  de  baguettes  sont  déjà 
désarticulés  dans  les  cultures  contemporaines,  on  voit  certains  rameaux 
latéraux  se  renfler  au  sommet  en  une  grosse  ampoule  qui  se  sépare  par  une 
cloison  du  pédicelle  qui  la  porte.  En  général  claviforme  ou  tubuleuse, 
quelquefois  arquée  ou  pourvue  d'un  ou  deux  étranglements,  pleine  d'un 
protoplasnia  très-dense  creusé  le  plus  souvent  de  trois  vacuoles  superpo- 
sées, quatre  à  cinq  fois  plus  large  que  son  pédicelle  et  trois  à  quatre  fois 

49" 


(376) 
plus  longue  que  large,  cette  ampoule  unicellulaire  se  termine  par  un  bouton 
ou  courte  papille  homogène,  très-réfringente,  comme  mucilagineuse,  au 
milieu  de  laquelle  on  aperçoit  quelquefois  luie  petite  vacuole.  Ces  am- 
poules sont  le  plus  souvent  groupées  en  rosettes  lâches,  dont  chaque  my- 
célium ne  porte  tout  au  plus  que  deux  ou  trois.  Une  fois  formées,  elles 
restent  quelques  jours  dans  le  même  état,  puis  elles  dépérissent  et  se  vident, 
en  même  temps  que  le  mycélium  qui  les  a  produites. 

»  Ayant  donc  remarqué  que  ces  deux  espèces  d'organes,  les  bâtonnets  et 
les  ampoules,  produits  séparément  dans  mes  cultures,  sont  toujours  stériles 
quand  ils  demeurent  isolés,  j'eus  l'idée  de  voir  ce  qui  arrive  quand  on  fait 
cesser  cet  isolement,  en  amenant  les  bâtonnets  au  voisinage  des  ampoules. 
Pour  cela,  ayant  obtenu  deux  cultures  contemporaines  de  nature  différente, 
le  huitième  jour,  c'est-à-dire  alors  que  les  rosettes  d'ampoules  sont  déjà 
bien  conformées  dans  l'une  et  que  les  bouquets  de  baguettes  se  sont  déjà 
désarticulés  dans  l'autre,  j'ai  recueilli  des  bâtonnets  dans  celle-ci  et  les  ai 
portés  dans  celle-là  au  point  occupé  par  une  rosette  d'ampoules;  puis,  re- 
fermant la  cellule,  j'ai  suivi  les  développements  ultérieurs.  Environ  deux 
heures  après,  quelques  bâtonnets  se  trouvaient  déjà  implantés  au  sommet 
de  certaines  ampoules.  Quand  il  n'y  a  qu'un  bâtonnet  par  ampoule,  ce  qui 
paraît  le  cas  le  plus  fréquent,  il  est  inséré  exactement  par  une  de  ses  extré- 
mités sur  le  bouton  mucilagineux,  auquel  il  est  intimement  soudé;  il  est 
d'abord  plein  de  protoplasma;  mais  un  peu  plus  lard  on  le  retrouve  à  la 
même  place,  complètement  vidé  et  réduit  à  sa  mince  membrane.  Son  con- 
tenu s'est  évidenmient  déversé  dans  le  proto|)lasma  de  l'ampoule.  Quand  il 
y  a  deux  ou  trois  bâtonnets  implantés  au  sommet  de  l'ampoule,  l'un  d'eux 
est  inséré  exactenient  sur  la  papille  et  se  vide  ordinairement  seul  ;  l'autre  (ou 
les  deux  autres)  est  fixé  tout  à  côté  et  demeure  plein  :  le  contraste  en  est 
particulièrement  instructif. 

»  Une  fois  le  bâtonnet  vidé,  l'ampoule  change  d'aspect.  Elle  perd  ses 
vacuoles  et  se  remplit  d'un  protoplasn)a  granuleux;  il  s'y  fait  en  même 
temps  deux  cloisons  transversales  correspondant  aux  lames  protoplasmi- 
ques  qui  séparaient  les  trois  vacuoles  primitives,  et  elle  se  trouve  trans- 
formée ainsi  en  un  gros  tube  com|)osé  de  trois  cellules  superposées  en  forme 
de  tonneaux.  La  cellule  basilaire,  qui  est  aussi  la  plus  étroite  et  la  plus 
longue,  suivie  bientôt  de  la  cellule  médiane,  pousse  ensuite  latéralement  de 
gros  rameaux  arqués,  eux-mêmes  cloisonnés  et  rameux,  qui  se  pressent  l'un 
confie  l'aiitrc,  d»-  manière  à  former  un   petit  tubercule  blanc,  commence- 


(  377  ) 
ment  du  fruit.  Ce  dernier  paraît  donc  provenir  tout  entier  de  l'ampoule 
fécondée  par  le  bâtonnet.  Toutes  les  ampoules  où  ue  se  sont  pas  fixés  de 
bâtonnets  se  vident  sans  éprouver  de  changements. 

1)  Plusieurs  fois  répétée,  tant  sur  le  Copiinus  eplieineroides  que  sur  le 
C.  radialus,  cette  expérience  a  toujours  eu  le  même  résultat,  et  j'ai  pu  même 
une  fois  réaliser  une  fécondation  croisée  en  saupoudrant  les  ampoules  du 
C.  epliemcroiiles  avec  les  bâtoiuiets  du  C.  i-adiatus. 

»  Ainsi  donc,  les  bâtonnets  sont  des  cellules  mâles,  des  pollinides,  au 
sens  que  M.  Sirodot  a  donné  à  ce  mot  chez  les  Floridées  ;  le  bouquet  de 
baguettes,  avec  le  pédicelle  qui  les  produit  et  les  porte,  est  une  anthéridie. 
I^es  ampoules  sont  des  cellules  femelles,  descarpogones,  et  la  courte  papille 
qui  les  termine  est  un'trichogynerudimentaire.  La  fécondation  s'opère  par 
la  conjugaison  du  pollinide  avec  la  papille  du  carpogone,  à  travers  laquelle 
le  poliiuide  déverse  son  protoplasma  dans  celui  du  carpogone.  Le  fruit  pro- 
vient et  paraît  provenir  tout  entier  du  développement  immédiat  du  carpo- 
gone fécondé  par  le  pollinide.  Enfin  dans  mes  cultures  cellulaires,  le 
mycélium  des  Coprinus  eplieineroides  et  radialus  s'est  montré  dioïque,  et  cette 
circonstance  a  beaucoup  contribué  à  la  rigueur  de  la  démonstration. 

M  (^'est  à  des  conclusions  analogues,  mais  moins  complètes  et  surtout 
beaucoup  moins  certaines,  que  M.  Reess  est  arrivé  de  son  côté.  Dans  ses 
cultures,  le  mycélium  du  C.  slercorarius  a  produit  à  la  fois  des  bâtonnets  et 
des  fruits  à  divers  degrés  de  développement  :  la  fécondation  s'y  opéiait 
donc  s[)onlanément.  I^'auteura  décrit  avec  soin  les  organes  mâles,  mais  d(S 
quelques  lignes  qu'd  consacre  à  l'organe  femelle  et  à  la  técondatiou  elle- 
même,  il  résidte  qu'il  n'a  ni  aperçu  le  vrai  carpogone  monocellulaire, 
muni  d'une  papille  terminale  et  non  encore  fécondé,  ni  vu  les  bâtonnets 
se  fixer  à  la  papille  encore  pleins  de  protoplasma  et  s'y  vider.  Redescendant 
du  finit  développé  à  ses  états  de  plus  eu  plus  jeunes,  tandis  que  je  remonte, 
au  contraire,  du  mycélium  au  fruit,  M.  Reess  a  rencontré  finalement  un 
gros  tube  tricellulaire  portant  sur  son  sommet  arrondi  un  ou  deux  bâton- 
nets vides  d'origine  inconnue.  Il  n'est  pas  allé  plus  loin.  11  regarde  donc  ce 
gros  tid)e  tricellulaire  comme  le  carpogone,  et,  idenlifiaut  hypothétique- 
ment  le  bâtonnet  vide  d'origine  inconruie  avec  un  bâtonnet  de  Coprin,  il 
admet  comme  une  explication  vraisemblable  le  mode  de  fécondation  que  je 
crois  nvow  plcinenienl  démontié,   » 


(  37S  ) 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  nouvelle  balance  de  M.  Mendeleef.  Note  de  M.  Sam.eron, 

présentée  par  M.  H.  iMangon. 

(Commissaires  :  MM.  Regnaiilt,  Berlhelot,  H.  Mangon,  Tresca.) 

«  Toutes  les  fois  que  l'on  a  voulu  peser  avec  une  grande  précision  des 
poids  un  peu  considérables,  i  kilogramme  par  exemple,  on  a  construit 
des  balances  à  fléaux  très-longs,  quo  Ton  s'est  efforcé  d'alléger  en  les  évi- 
danl.  Cette  construction  n'est  que  l'application  logique  des  principes  théo- 
riques; mais  elle  a  pour  inconvénients  l'augmentation  de  l'inertie  et  la 
lenteur  des  oscillations,  en  sorte  que  les  pesées  exigent  beaucoup  de  temps. 

»  M.  Mendeleef,  professeur  à  l'Université  de  Sainf-Pétersboiu-g,  a  pensé 
que  l'on  pourrait  obtenir  des  résultats  aussi  précis,  tout  en  opérant  plus 
rapidement  avic  des  balances  à  fléaux  très-courts  :  l'appareil  représenté 
fig.  I  a  été  construit  d'après  ses  idées. 

Fie-  2- 


»  Le  fléau  F  n'a  quo  12  centimètres  de  longueur  tolale;  toutes  les  par- 
ties sont  en  aluminium  ou  en  bronze  d'aluminium,  afin  de  dimiiuier  le 
poids,  el  l'on  a  conservé  les  dispositions  ordinaires  de  la  suspension  des 


(  379  ) 
plateaux,  attachés  sous  des  plans  de  crislal  de  roche  reposant  sur  des 
couteaux  d'acier.  Le  réglage  du  centre  de  gravité  s'obtient  aussi  à  l'aide 
d'écrous  E,  se  déplaçant  au-dessus  de  l'axe  de  suspension  du  fléau.  Ce 
dernier  étant  très-court,  ses  oscillations  ont  une  faible  amplitude;  c'est 
pourquoi,  au  lieu  de  les  suivre  au  moyen  d'une  aiguille  qui  se  meut  devant 
un  arc  de  cercle  divisé,  on  a  placé  à  chaque  extrémité  du  fléau  un  an- 
neau A  portant  un  réticule,  et  derrière  celui-ci  un  micromètre  M  divisé  en 
dixièmes  de  millimètre.  La  croisée  des  fils  se  déplace  devant  cette  division, 
et,  à  l'aide  d'une  lunette-viseur,  on  peut  suivre  aisément  les  mouvements 
du  fléau. 

»  A  l'aide  de  cette  disposition,  on  reconnaît  que,  la  balance  étant  équi- 
librée avec  1  kilogramme  dans  chaque  plateau,  une  surcharge  de  i  milli- 
gramme donne  au  fléau  une  inclinaison  de  i5  divisions,  d'où  il  suit  que 
l'on  peut  apprécier  nettement  —  de  milligramme,  c'est-à-dire  peser  i  kilo- 
gramme avec  une  erreur  relative  moindre  que  TgTruWoô-  ^^  "^  crois  pas 
que  cette  approximation  ait  été  atteinte  jusqu'à  présent  d'une  manière  aussi 
pratique,  et  celte  facilité  résulte  de  la  petite  longueur  du  fléau,  qui  réduit 
à  quelques  secondes  la  durée  des  oscillations;  pour  cette  raison,  les  pesées 
n'exigent  qu'un  temps  fort  court. 

»  La  balance  est  montée  stu*  une  platine  rodée  P,  et,  comme  son  volume 
total  est  très-réduit,  on  peut  la  couvrir  au  moyen  d'une  cloche  de  machine 
pneumatique  ordinaire,  ce  qui  permet  de  faire  les  pesées  dans  le  vide,  sans 
le  secours  d'un  appareil  spécial. 

»  J'appelle  encore  l'attention  sur  une  disposition  nouvelle,  qui  a  été 
adoptée  dans  cette  balance,  pour  mettre  le  fléau  en  liberté  ou  arrêter  ses 
oscillations.  La  disposition  ordinairement  employée  consiste  essentielle- 
ment, comme  on  sait,  en  une  traverse  horizontale  qui  soulève  les  étriers 
et  arrête  les  oscillations  du  fléau  :  cette  traverse  se  déplace  parallèlement 
à  elle-même,  tandis  que  le  fléau  décrit  xui  arc  de  cercle.  Les  surfaces 
frottantes  de  ces  organes  changent  donc  pour  chaque  inclinaison  du  fléau  ; 
il  en  résulte  un  déplacement  latéral  des  chapes  d'agate  sur  les  i.outoaux 
d'acier.  Ce  glissement  occasionne  des  vibrations  qui,  non-seulement  nui- 
sent à  la  stabilité  de  l'appareil,  mais  encore  usent  rapidement  les  tran- 
chants des  couteaux  et  détruisent  la  sensibilité  de  la  balance. 

»  Dans  le  nouvel  appareil,  on  a  remédié  à  ce  défaut  en  substituant  au 
bras  horizontal  deux  leviers  articulés  autour  d'un  axe  placé  sur  le  prolon- 
gement de  l'arête  du  couteau;  à  l'extrémité  de  chacun  de  ces  leviers  sont 
taraudées  des  vis  coniques  V,  dont  les  pointes  s'engagent  dans  des  cônes 


(  38o  ) 
fraisés  sons  les  chapes.  De  cette  manière,  les  pointes  des  vis  et  les  sommets 
dt's  cônes   décrivant  une  mênie  circonférence,  il  y  a  contact  des  mêmes 
points  dans  tontes  les  positions,  sans  ancnn  glissement. 

»  Rédnite  aux  dimensions  indiqnées,  la  balance  ne  pourrait  être  utilisée 
pour  peser  des  corps  voluminenx,  et  son  emploi  serait  limité  à  quelques 
cas  particuliers,  comme  la  comparaison  et  la  vérification  des  poids;  mais 
on  peut  hii  demander  les  mêmes  services  qu'aux  balances  ordinaires,  en 
l'installant  au-dessus  d'une  cage  vitrée,  comme  le  représente  la  fig.  2. 

»  A  l'un  des  bras  du  fléau  se  trouve  suspendu  un  grand  étrier,  renfermé 
dans  la  cage  et  portant  deux  plateaux  superposés.  Sur  l'un  de  ceux-ci  se 
trouve  une  série  de  poids  de  i  kilogramme,  comprenant  toute  la  subdivision 
jusqu'aux  fractions  de  milligramme.  Cette  série,  ainsi  que  l'étrier  et  les 
plateaux,  est  équilibrée  sur  le  second  bras  par  un  poids  unique.  Lorsqu'on 
veut  faire  une  pesée,  on  place  le  corps  sur  le  plateau  libre  et  l'on  retire 
des  poids  jusqu'à  ce  que  l'équilibre  soit  rétabli;  les  poids  enlevés  repré- 
sentent le  poids  du  corps,  quelles  que  soient  les  longueurs  relatives  des 
deux  bras  du  fléau. 

•)  Cette  méthode  de  pesée  par  substitution,  qui  d'ailleurs  n'est  pas  nou- 
velle, équivaut  à  une  double  pesée,  sans  qu'il  soit  besoin  de  faire  la  tare 
pour  chaque  expérience.  De  plus,  la  charge  de  la  balance  demeurant  con- 
stante, il  en  est  de  même  de  sa  sensibilité.  » 

NAVIGATION.  —  Sur  des  courbes  de  roulis  ohlenucs  par  la  photographie. 

Note  de  M.  Hcet. 

(Commissaires  :  MM.  Paris,  Jamin,  Diipuy  deLôme.) 

«  Les  diverses  théories  qu'on  a  données  jusqu'à  ce  jour  concernant  le 
mouvement  du  navire  sur  une  mer  agitée  ne  sont  qu'approcbées.  C'est 
donc  à  l'expérience  qu'il  appartient  de  montrer  sur  quel  degré  d'exactitude 
on  peut  compter,  en  appliquant  au  navire  les  résultats  de  la  théorie.  Pour 
exécuter  cette  vérification,  il  faut  enregistrer  les  inclinaisons  successives 
qu'une  houle  donnée  imprime  au  navire. 

n  La  photographie  permet  d'obtenir  la  loi  de  ces  inclinaisons.  En  effet, 
supposons  qu'un  appareil  photographique,  ayant  son  axe  perpendiculaire 
au  plan  diamétral,  soit  mis  au  point  sur  la  ligne  d'horizon  :  on  obtiendra 
sur  la  pla(]ue  les  images  de  la  mer  et  du  ciel,  séparées  par  une  ligne  hori- 
zontale (pii  sera  l'image  de  l'horizon.  r»e[)érons  sur  rapi)areil  la  position 
de  cette  image,  quand  le  bâtiment  est  droit  ^  s'il  vient  à  s'incliner  d'un  angle/, 


(  38i  ) 
autour  d'un  axe  horizontal  pnrallèlc  an  plan  diamétral,  l'image  de  la  ligne 
d'horizon  restera  parallèle  à  la  ligne  primitive,  mais  en  se  déplaçant  d'nne 
quantité  égale  à/ tang/,  /  étant  la  distance  focale  de  rohjeclif. 

»  Supposons  maintenant  qu'on  place  devant  la  glace  sensihle  un  volet 
fixe,  percé  d'une  fente  verticale;  l'image  sera  interceptée,  sauf  dans  la  partie 
de  la  glace  située  derrière  la  fente  :  on  aura  ainsi,  sur  la  plaque,  une  bande 
étroite  de  deux  teintes  différentes,  correspondant  au  ciel  et  à  la  mer,  di- 
visées par  un  segment  de  la  ligne  d'horizon.  Par  suite,  si  l'on  prend  Tine 
photographie  instantanée,  au  moment  où  le  navire  est  incliné  d'un  angle  /, 
on  aura  un  segment  do  la  ligne  d'horizon,  et  la  distance  de  ce  segment  à 
la  ligne  horizontale  primitive  fera  connaître  l'angle  i.  Pour  réaliser  ces 
conditions,  il  suffit  de  faire  glisser  horizontalement  la  plaque  sensible  d'un 
mouvement  luiiforme. 

»  Si,  pendant  ce  mouvement,  le  navire  reste  droit,  le  segment  de  l'image 
de  la  ligne  d'horizon  restera  à  une  hauteur  constante  sur  la  plaque;  par 
suite,  il  tracera  sur  cette  plaque  une  droite  horizontale. 

»  Supposons  maintenant  que  le  navire  roule.  A  un  instant  donné,  il 
aura  une  certaine  inclinaison  /,  et,  à  ce  moment,  une  certaine  zone  de  la 
plaque  se  trouvera  derrière  la  fente.  L'image  de  l'horizon  traversera  la 
fente  en  lui  point  de  cette  zone,  et  se  fera  sur  la  plaque  à  une  distance 
de  la  ligne  de  repère  égale  à  y  tang/,  ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut. 

))  Comme  l'angle  /  et,  par  suite,  la  distance  de  l'image  instantanée  à  la 
ligne  de  repère  varient  d'une  manière  continue,  pendant  que  la  plaque  glis- 
sera, les  images  successives  décriront  sur  la  plaque  une  certaine  courbe. 
Cette  coiube  fera  connaître  l'inclinaison  du  bâtiment  à  un  instant  quel- 
conque. 

»  Il  est  vrai  que  le  roulis  est  généralement  accompagné  de  tangage,  et 
alors  l'axe  d'inclinaison  fait  un  angle  quelconque  avec  le  plan  diamétral. 
Aussi,  pour  obtenir  les  inclinaisons  exactes  du  navire,  il  faudrait  dis|)Oser 
un  deuxième  appareil,  dont  l'axe  serait  parallèle  au  plan  diamétral.  Alors 
on  ainait,  à  cliaque  instant,  la  trace  du  plan  de  l'horizon  sur  deux  plans 
perpendiculaires  liés  au  navire;  il  serait  facile,  si  on  le  jugeait  nécessaire, 
d'en  déduire  par  la  Géométrie  descriptive  la  direction  de  l'axe  autour  du- 
quel le  navire  est  incliné  et  la  grandeur  de  l'inclinaison. 

»  J'ai  été  autorisé  à  essayer  ce  procédé  sur  un  des  appareils  de  la  photo- 
graphie du  port  de  Brest.  Un  volet  percé  d'une  fente  verticale  était  placé 
devant  la  glace;  le  mouvement  était  donné  par  un  fil  enroulé  sur  une 
poulie  (pi'on  manœuvrait  à  la  main.  Cet  appareil   fut  placé   à  bord  d'iui 

G.  R.,  i8:5,  i"S<rm«rr<-.  (T.LXXX,    N»  0.)  5o 


(38a  ) 

petit  navire  à  vapeur  de  l'État.  Les  épreuves  que  j'ai  l'honneur  d'adresser 
à  l'Académie  montrent  les  résultats  obtenus. 

M  Le  collodion  employé  dans  Ions  ces  essais  est  celui  qui  a  été  indiqué 
par  M.  l'enseigne  de  vaisseau  des  Essards,  dans  ses  conférences  sur  la  Pho- 
tographie, faites  à  bord  de  la  Renommée,  vaisseau-école  d'application  des 
aspirants. 

»  L'appareil  panoramique  légèrement  modifié  permettra  de  poursuivre' 
ces  essais.  Il  suffit,  en  effet,  de  fixer  la  chambre  noire  de  cet  appareil,  de 
rétrécir  la  fente  jusqu'à  la  largeur  convenable,  et  de  communiquer,  au  moyen 
d'un  appareil  d'horlogerie,  un  mouvement  uniforme  au  châssis  qui  porte 
la  glace.    » 

PHYSIQUE.  —  Sur  xm  nouvel  électro-aimant,  formé  de  tubes  de  fer  concentriques, 
séparés  par  des  couches  de  fil  conducteur.  Mémoire  de  1\L  ,1.  Camacho. 
(Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Edm.  Becquerel,  Jamin,  Bréguet.) 

«  Le  nouvel  électro-aimant,  dont  j'ai  l'honneur  d'adresser  le  dessin  à 
l'Académie,  a  été  construit  en  vue  d'obtenir,  avec  des  courants  relative- 
ment faibles,  des  effets  dynamiques  très-considérables. 

»  Chacun  des  noyaux  est  formé  d'une  série  de  tubes  concentriques, 
laissant  entre  eux  un  intervalle  à  peu  près  égal  à  leur  épaisseur;  sur  chacun 
des  tubes  est  enroulé,  toujours  dans  le  même  sens,  un  fil  de  cuivre  isolé, 
l'épaisseur  de  la  couche  de  fils  étant  plus  grande  sur  le  tube  extérieur. 

»  Les  extrémités  du  fil  correspondant  à  chaque  tube  traversent  la  cu- 
lasse métallique  et  sont  réunies  de  manière  à  ne  former  qu'un  seul  et 
unique  conducteur,  disposé  de  la  façon  suivante  :  le  fil,  après  s'être  enroulé 
sur  l'un  des  deux  tubes  extérieurs,  passe  sur  le  tube  intérieur  le  plus 
voisin  de  ce  dernier,  puis  sur  le  tube  concentrique  au  précédent,  et  ainsi 
de  suite,  jusqu'au  tube  central  de  ce  noyau;  puis  le  fil,  après  avoir  longé 
la  culasse,  s'enroule  alors  autour  du  tube  central  du  second  noyau,  à  l'in- 
térieur duquel  il  suit  une  marche  inverse  de  la  marche  indiquée  pour  le 
premier  noyau,  c'est-à-dire  que,  après  s'être  enroulé  successivement  et  dans 
le  même  sens  sur  chacun  des  tubes  concentriques,  en  passant  du  plus 
petit  au  plus  grand,  il  sort  enfin  après  avoir  enveloppé  le  tube  extérieur 
de  ce  second  noyau  (i). 


(i)  Le  diaini-lK"  du  tube  exiérieiir  est  do  i7.  ;  centimètres,  et  l'épaisseur  des  tubes  con 


(  383  ) 

»  Voici  le  résultat  de  ([iielques  expériences  laites  avec  cet  électro- 
aimant : 

»  En  employant  le  courant  de  lo  éléments  Bunsen  de  grandeur  ordi- 
naire, au  bichromate  de  potasse,  la  force  attractive  de  l'électro-aiinant,  à 
une  distance  de  12  \  millimètres,  est  de  713  kilogrammes,  et  le  temps  né- 
cessaire au  développement  de  l'aimantatiou  pour  soulever  ce  poids  est 
dei%33. 

»  Si  l'on  coupe  les  fils  qui  passent  d'un  noyau  à  l'autre  de  l'électro- 
aimant,  qu'on  lie  ensuite  les  quatre  extrémités  libres  en  croix,  c'est-à-dire 
que  l'extrémité  inférieure  du  fil  du  noyau  de  droite  soit  liée  à  l'extrémité 
supérieure  du  fi!  du  noyau  de  gauche,  et  le  fil  supérieur  du  noyau  de 
droite  au  fil  inférieur  de  gauche;  si  l'on  fait  alors  passer  le  courant  de 
ces  mêmes  10  éléments,  mais  associés  en  deux  séries  parallèles  de  5  élé- 
ments chacune,  on  voit  que  la  puissance  de  l'électro-aimant  n'a  pas 
changé,  mais  que  le  temps  nécessaire  à  l'aimantation  se  réduit  au  quart, 
soit  0,33  de  seconde. 

»  Enfin,  si  l'on  recouvre  chacune  des  deux  bobines  de  l'électro-aimant 
d'une  rondelle  en  fer  doux,  qui  relie  ainsi  la  partie  supérieure  des  quatre 
noyaux  concentriques  qui  les  constituent,  l'électro-aimant  perd  de  sa  puis- 
sance et  se  retrouve  dans  les  conditions  d'un  électro-aimant  ordinaire  à 
noyau  plein.  » 

Après  avoir  indiqué  les  considérations  théoriques  qui  l'ont  conduit  à  la 
disposition  adoptée,  l'auteur  ajoute  : 

«  L'expérience  a  montré  que,  si  l'on  recouvre  les  extrémités  polaires  des 
tubes  qui  constituent  chaque  noyau  de  l'électro-aimant  au  moyen  dune 
rondelle  en  fer,  l'électro-aimant  perd  sa  grande  puissance  et  se  retrouve 
dans  les  mêmes  conditions  qu'un  électro-aimant  ordinaire.  En  effet,  le  ma- 
gnétisme que  prendront  les  rondelles  aiu'a  été  développé  par  l'influence 
des  extrémités  polaires  de  tous  les  tubes  qui  les  toucheront;  mais  ces  ex- 
trémités polaires  ne  peuvent  pas  développer  un  magnétisme  plus  grand  que 
celui  qu'elles  possèdent,  et  cela  seulement  sur  les  atouies  des  rondelles 
qu'elles  touchent,  de  sorte  que  le  magnétisme  des  atomes  situés  de  l'autre 


ccntriques,  (]iii  sont  ;iu  nombre  do  quatre,  est  d'environ  6  millimètres;  le  fil  de  cuivre 
isolé  prcsenle  un  diamètre  de  [-^  de  millimètre,  et  le  nombre  des  spires  de  fil  enroulé 
est  de  sept  ù  l'extérieur  et  de  deux  seulement  entre  chacune  des  séries  de  tubes  concentri- 
([ues  formant  noyau;  dans  ces  conditions,  la  hauteur  des  noyaux  étant  de  20  centimètres, 
la  lonj;ueur  totale  du  (il  est  d'environ  Goo  mètres  ;  son  poids  correspondant  îi  cette  longueur 
est  de  ii''',^'^")  <■''  'c  nombre  total  de  tours  est  de  2000. 

60.. 


(  384  ) 
côté  des  rondelles,  c'est-à-dire  à  l'exlérieufjSera  très-faible,  par  suile  même 
de  l'épaisseur  de  ces  dernières. 

»  De  plus,  comme  les  extrémités  libres  des  tubes  dont  chaque  noyau 
est  formé  ont  toutes  les  mêmes  pôles  magnétiques,  en  les  réunissant  entre 
eux  par  une  rondelle  de  fer,  il  se  développe  entre  ces  pôles  des  réactions 
qui  diminuent  la  force  magnétique  du  système,  ainsi  que  cela  se  passe  dans 
les  faisceaux  formés  d'aimants  permanents.  » 

BOTANIQUE.  —  Sur  la  place  à  donner  aux  Gymnospermes  dans  ta  classification 
nalurelle.  Noie  de  M.  L.  Lerolle,  présentée  par  M.  Chatiii, 

(Commissaires  :  MM.  Duchartre,  Chatin.) 

«  Il  est  incontestable  que  l'absence  ou  la  présence  d'organes  quel- 
conques doit  avoir  dans  la  classification  nalurelle  une  valeur  plus  grande 
que  le  simple  arrangement  de  ces  organes,  quand  ils  existent.  C'est  en 
k  vertu  de  ce  principe  que  les  Cryptogames  furent  divisées  en  deux  grands 
groupes  secondaires  :  les  Cryptogames  cellulaires  et  les  Cryptogames 
cellulo-vasculaires.  Or,  parmi  les  Phanérogames,  le  groupe  particulier 
des  Gymnospermes  ne  présente  jamais  dans  son  bois  que  des  fibres  sans 
vaisseaux,  tandis  que  les  Monocotylédones  et  les  Dicotylédones  ont  tou- 
jours des  vaisseaux  accompagnant  les  fibres;  c'est  là,  évidemment,  un  carac- 
tère d'infériorité  des  Gymnospermes  par  rapport  aux  Angiospermes. 

))  Le  feuillage,  dans  aucune  espèce  de  Conifères,  n'atteint  la  complica- 
tion de  structure  de  celui  des  Dicotylédones,  ni  de  la  plupart  des  Monoco- 
tylédones, et  l'on  peut  dire  que  chez  les  Conifères  il  n'est  réellement 
qu'une  ébauche  des  organes  appeiidiculaires  qui  constituent  d'abord  les 
feuilles  des  autres  Phanérogames,  Monocotylédones  ou  Dicotvlédones,  et 
qui  devront  ensuite  se  métamorphoser  en  sépales,  pétales,  étamines  ou 
carpelles. 

»  Une  fleur  complète  se  compose  d'un  calice,  d'une  corolle,  d'un  an- 
drocée  et  d'iui  pistil.  La  très-grande  majorité  des  Phanérogames  a  des 
fleurs  complètes.  Cependant  dans  les  séries  inférieures,  les  Dicotylédones 
apétales  déclives  et  quelques  Monocotylédones  spadiciflores ,  les  Heurs 
sont  nues,  sans  calice  ni  corolle,  souvent  réduites  à  une  seule  étamine  ou 
à  MU  carpelle  unique,  dépourvues  dans  l'un  et  l'autre  cas  d'un  véritable 
périaiilhe.  Et  bien,  ce  qui  chez  les  Angiospermes,  même  dans  l'ordre 
inl>'riciu'  des  Monocotylédones,  n'a  lieu  qu'exceptionnellement  et  est  una- 
nimemenl  considéré  comme  une  marque  il'infériorité,  ilevient  général  chez 


(  385  ) 

les  Gymnospermes  el  indique  nécessairement  rinfériorilé  cin  groupe  entier. 

»  Si  nous  analysons  maintenant  les  fleurs  femelles  des  Gymnos|)ermes, 
nous  voyons  tout  d'abord  qu'elles  n'ont  jamais  d'enveloppes  florales,  non 
plus  que  les  fleurs  mâles;  que  les  feuilles  carpellaires  manquent  égaleiuent, 
de  sorte  que  les  graines  sont  toujours  nues,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu 
chez  les  Phanérogames  angiospermes. 

»  Poursuivons-nous  encore  plus  loin  nos  investigations,  dans  les  fleurs 
femelles  ou  dans  les  ovules  nus  qui  les  représentent,  nous  trouvons  dans 
les  parties  composantes  essentielles  un  manque  de  fixité,  une  sorte  d'hési- 
tation pourrait-on  dire,  que  l'on  ne  voit  jamais,  ou  que  très-exceptionnelle- 
ment dans  les  végétaux  supérieurs.  Ainsi,  chaque  ovule  de  Gynuiosperme 
contient  originairement  plusieurs  embryons,  quoiqu'un  seul  d'entre  eux 
arrive  ordinairement  à  se  développer,  et  chacun  de  ces  embryons  sup- 
porte lui-même  un  nombre  variable  de  cotylédons,  nombre  qui  n'est  jamais 
au-dessous  de  2,  mais  qui  dans  les  graines  de  certaines  espèces  peut  s'élever 
bien  plus  haut,  savoir  :  dans  les  Callithrix,  3,  /|,  5  ou  6;  dans  le  Taxo- 
diitm,  5,  9;  dans  les  Zrtn'.r,  5;  dans  les  Cedrus,  9;  dans  les  Pinu:,,  de  5  à  18. 

»  Où  est  donc,  dans  ces  végétaux,  celte  inflexible  fixité  du  nombre  des 
cotylédons,  si  remarquable  dans  les  deux  ordres  des  Monocotylédones  et 
des  véritables  Dicotylédones,  et  sur  laquelle  tous  les  botanistes  se  basent 
pour  délimiter  sommairement  ces  deux  grandes  divisions  naturelles?  Evi- 
demment elle  n'existe  pas  chez  les  Gymnospermes. 

»  En  résumé,  nous  trouvons  dans  le  groupe  des  Gymnospermes,  com- 
paré au  groupe  des  Angiospermes,  les  marques  suivantes  d'infériorité  : 
1°  manque  de  vaisseaux  dans  les  couches  d'accroissement  de  la  tige; 
3"  feuilles  remplacées  par  des  productions  appendiculaires  généralement 
contractées  ou  écailleuses;  3"  manque  de  délimitation  précise  entre  les 
fleurs  et  l'inflorescence;  4°  manque  constant  et  dans  les  deux  sexes  d'en- 
veloppes florales;  5°  manque  constant  dans  les  fleurs  femelles  d'un  péri- 
Carpe  protégeant  les  graines;  6°  multiplicité  des  embryons  dans  les 
graines;  7°  enfin  manque  de  fixité  dans  le  nombre  des  cotylédons,  même 
chez  les  individus  d'un  même  genre  naturel. 

»  Ces  raisons  ne  sont-elles  pas  suffisantes  pour  placer  les  Gynuiospermes 
au-dessous  des  Dicotylédones?  MM.  Le  Maoùt  et  Decaisne,  dans  leur  Bota- 
nique générale,  disent  «  qu'on  pourrait  les  considérer  comme  intermé- 
»  diaires  entre  les  Phanérogames  et  les  Cryptogames  si  l'on  se  contentait 
»  de  quelques  ressemblances  extérieures,  comme  celles  qui  existent  entre 
»  les  Eplirdra  et  les  Equisctwu,  entre  les  Cycadéos  et  les  Fougères.  » 


(  386  ) 
»  J'ajouterai  que  si  l'on  réserve  les  noms  de  spores  aux  semences  dé- 
pourvues d'embryon  cotylédoné,  et  de  fntits  aux  ovaires  mûris,  le  règne 
végétal  se  trouvera  divisé  en  végétaux  dépourvus  de  graines,  ou  Crypto- 
games, et  en  végétaux  pourvus  de  graines,  ou  Phanérogames,  ces  derniers 
se  subdivisant  à  leur  tour  en  végétaux  dépourvus  de  fruits,  ou  Apéricar- 
piens,  et  en  végétaux  pourvus  de  fruits  ou  Péricarpiens.  Cette  classification 
est  d'accord  avec  l'ordre  d'apparition  des  végétaux  à  la  surface  de  la  terre.  » 

ZOOLOGIE.  —  Reclijication  à  une  Noie  précédente  concernant  l'espèce  de  Phyl- 
loxéra observée  à  Vienne  par  Kollar.  Note  de  M.  J.  Lichtenstein. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Dans  le  tableau  synoptique  des  espèces  du  genre  Phylloxéra,  que  j'eus 
l'honneur  d'adresser  à  l'Institut  au  mois  d'octobre  dernier,  il  s'est  glissé 
une  erreur  involontaire.  Méfiant  aux  ouvrages  antérieurs,  j'ai  cité,  d'après 
M.  Signoret,  VJcanthocheimes  de  Kollar  comme  synonyme  du  Phylloxéra 
querciis;  je  ne  pouvais  pas,  à  Montpellier,  consulter  les  travaux  de  l'ento- 
mologiste viennois,  que  nous  n'avons  pas  dans  notre  bibliothèque. 

»  La  collection  des  Comptes  rendus  de  l'Académie  de  Vienne  ayant 
été  gracieusement  mise  à  ma  disposition  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel, 
j'ai  pu  m'assurer  que  Y Acanthochermes  quercùs  de  Kollar  est  un  insecte 
tout  différent  de  notre  Phylloxéra  quercûs.  Une  courte  description  de  la 
forme  aptère,  seule  connue  jusqu'à  présent,  le  prouvera  : 

a  L'insecte  est  vert,  plat  et  complètement  arrondi  sous  sa  première  forme;  ses  bords 
sont  franges  de  verrues  charnues,  étoilées,  à  six  branches;  il  est  enchâssé  sous  les  feuilles, 
dans  un  enfoncement  (|ui  ressort  en  relief,  en  galle  lisse,  lenticulaire  sur  la  face  supérieure. 
Après  avoir  mué,  il  sort  de  l'enveloppe  qu'il  laisse  dans  sa  niche  et  prend  une  forme  allon- 
gée ;  les  franges  des  bords  latéraux  deviennent  de  simples  pointes,  non  étoilées.  Sous  cet  état, 
il  pond  cinquante  œufs  environ  en  un  tas,  se  raccornit  et  meurt,  comme  les  femelles  des 
Coccidées. 

•  De  ces  œufs  sortent  alors  des  jeunes  très-semblables,  cette  fois,  au  Phylloxéra  ordi- 
naire, sans  aucune  verrue;  seulement,  le  rostre  est  très-court  et  arrive  à  peine  aux 
secondes  pattes.   » 

»  il  est  évident  qu'il  y  a  eu  erreur  dans  la  synonymie,  et  l'espèce  de 
Kollar  doit  être  séparée  des  autres.  Elle  méritera  peut-être,  quand  tousses 
états  seront  connus,  de  former  un  genre  à  part,  et,  en  attendant,  je  propo- 
serai pour  elle  le  nom  de  Phylloxéra  acanthochermes,  Kollar.  Elle  vit  à 
Schonbrun,  près  "Vienne,  en  mai,  sur  le  (jucrcus  scssili/lota.  Je  ne  serais  pas 
étonné  que  le  Phylloxéra  scutijera  de  M.  Signoret  lût  le  même  insecte,  et 


(  387  ) 
que  cet  entomologisle  eût  pris  pour  un  bouclier  la  dépouille  frangée  de 
la  première  mue.  Cela  porterait  à  cinq  les  espèces  frnnçaises  ou  euro- 
péennes : 

"    1.  P.  vastatrix,  syn.  vitifoliœ,  vitisana  (Asa  Fitch  cl  Westwood). 

'■  2.  P.  qnercûs,  B.  de  Fonscolombe  ;  coccinea  (Heyden). 

»    3.   P.  Rileyi,  Licht.  ;  corticalis,  Kollar;  Lichtensteinii  (Balbiani). 

»   4.  P.  Bolbinni,  Liclit. 

»   3.  P.  acanthochermes,  Kollar  (syn.  scutifera,  Signoret). 

»  Mes  divisions  sont  du  reste  encore  très-imparfaites,  je  suis  le  premier 
à  le  reconnaître;  ce  n'est  que  quand  le  cycle  complet  des  métamorphoses 
de  ces  Protées  sera  connu,  qu'on  pourra  oser  entreprendre  une  monogra- 
phie de  la  famille  des  Phylloxêriens.  I^e  nouveau  venu,  ou  plutôt  le  res- 
suscité, puisque  le  travail  de  Kollar  date  de  i848,  rattacherait  ces  insectes 
plutôt  aux  Coccidiens  qu'aux  Aphidiens.  » 

M.  BocTiN,  délégué  de  l'Académie,  adresse  un  Mémoire  comprenant 
l'ensemble  de  ses  analyses  comparatives,  effectuées  sur  la  vigne  saine  et 
sur  la  vigne  phylloxérée. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  Hemmerich,  M"*"  Bkémoxt  adressent  diverses  Communications  rela- 
tives au  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  Cil.  GuÉRi.v  adresse  une  Note  relative  à  une  pile  analogue  à  celle  de 
Bunsen,  dans  laquelle  le  zinc  serait  remplacé  par  le  fer.  L'auteur  remplace, 
en  outre,  l'acide  sulfurique  par  Tacide  chlorhydrique;  l'acide  azotique, 
par  une  solution  de  pru.ssiate  rouge  de  potasse. 

(Commissaires  :  MM.  Edm.  Becquerel,  Fremy,  Bréguet.) 

M.  G.  Peyras  adresse  luie  Note  relative  à  l'emploi  de  fumigations  poin* 
combattre  les  épizooties. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bouley.) 

M.  Fu.4  adresse  une  nouvelle  Lettre  concernant  ses  précédents  Mémoires 
sur  les  moyens  de  prévenir  les  explosions  dans  les  houillères. 

Cette  Lettre,  ainsi  que  les  Mémoires  dont  il  est  question,  sera  soumise  à 


(  388  ) 
l'examen   d'une  Commission  composée  de  MM.  Chevreul,  Morin,  Edm. 
Becquerel,  Daubrée. 

M.  UouzÉ  DE  l'Aulxoit  adresse  une  nouvelle  Note  sur  l'immobilisation 
articulaire,  appliquée  au  pansement  des  amputés,  et  joint  à  cet  envoi  un 
exemplaire  de  son  «  Étude  sur  les  amputations  sous-périostées  ». 

(Renvoi  au  Concours  des  prix  de  Médecine  et  Chirurgie.) 


CORRESPONDANCE , 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  «  L'année  scientifique  et  industrielle  de  M.  L.  Figuier,  1874  »; 

2°  Divers  documents,  adressés  par  M.  Guerrier  de  Dumas,  président  du 
Comité  d'organisation  du  Congrès  international  des  Américanistes,  dont 
la  première  session  se  tiendra  à  Nancy,  en  juillet  1 875. 

M.  Max.  Cornu  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie  pour  la  récom- 
pense qui  lui  a  été  accordée  dans  la  dernière  séance  solennelle. 

ASTRONOMIE.  —   Observations  de  la  planète  (^, faites  à  l'Observatoire  de  Paris, 
par  MM.  Henry  cl  par  M.  Baillacd.  (Présenté  par  M.  Le  Verrier.) 

Temps  moyen       Ascension  Pistanco  Étoiles 

1875.  de  Paris.  droite.  1.  f.  p.  polaire.  l.f.  p.    decomp.      Observ. 

It       m      s  11       m      s  <)      I        f/ 

Janv.  9,6.  lo.  3.42  10.26.34,50  —  i,535  82.80.59,3  — °}'',0^  "  P-ftP''IIeni'y. 

7.7.  II.   7.   9  10.25.35,88  —1,430  82.30.12,2  —0,784  n  Baillaml. 

27.  12.12.47  10.25.33,44  —  ')'-44  82.30.11,9  —0,7-4  n  P.etP''Hcnry. 

3o.  12.  5.54  10.2.3.  7,53  —  i,2i5  82.27.22,5  — 0(774  ^  P.ptP'"Henry. 

Fév.      I.  10.59.  ^*  10.21.27,84  —  i,4o2  82.25.  8,9  —0,781  h  Baillaud. 

1.  10.52.59  10.21.25,74  —1,228  82.25.  5,7  —0,773  /)  P.ctP' Henry. 

1.  12.26.28  10.21.24,53  —  '.077  82.25.   2,8  —0,770  b  Baillaud. 

4.  10.59.26  10.18.48,81  —1,357  82.20.55,6  —0,778  c  Baill.uKi. 

4.  II  55.35  10.18.45,54  —  i,i57  82.21.    1,9  —0,771  (t  P. ([["Henry. 

4.  ii.58.i4  10.18.46,42  —  i,i38  82.20.51,7  —0,771  *"  Kaillaïul. 

5.  11.45.24  10.17.51,17  —  i,iSi  82.19.32,2.  — 0,772  (t  P.pi  P'Henry. 


(  389) 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  pour  1875,0, 


Èloilcs 


Asconsion  Distancft 


de  conip.  Autoiilés.  Ginndcur.  droiti-.  polaiio. 

h        m       s  o       ,        „ 

a  4'-6  WeisseH-X...    .       6"  10.28.16,94  83..a|.i5,8 

b  4o3WeisseH-X 8"  10. a3. 55, 47  82.18.4,6 

c  2295  Arg.  8.2000  +  7".       (f,5        10.17.51,40  82.26.0,0 

d  33f)  Weissc  H-X 8"  10. 20.53, 35  82.  8.52,3 


»  Les  positions  des  étoiles  de  comparaison  sont  déduites  des  Catalogues, 
et  devront  recevoir  de  légères  corrections  lorsqu'elles  auront  été  observées 
aux  instruments  méridiens.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  l' existence  des  intégrales  d'un  système  quel- 
conque d'équations  différentielles,  comprenant  comme  cas  très-7-estreint  les 
équations  dites  aux  dérivées  partielles.  Note  de  IM.  Cii.  Mf.kay. 

«  1.  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  soumellre  une  courte 
analyse  d'un  Mémoire  dans  lequel  je  démontre  rigoureusement  l'existence 
des  intégrales  d'équations  aux  dérivées  partielles,  à  plusieurs  fonctions  in- 
connues. 

»  Ce  travail,  dont  la  rédaction  détaillée  sera  adressée  sous  peu  de  jours 
à  l'Académie,  était  déjà  terminé  lorsque  j'ai  eu  connaissance  de  celui  de 
M.  Darboux  sur  le  même  sujet.  IMes  procédés  sont  tout  différents  de  ceux 
de  ce  géomètre,  et  mes  résultats  me  paraissent  notablement  plus  complets 
que  les  siens. 

»  2.  Je  considère  seulement  des  équations  du  premier  ordre,  cas  auquel 
tous  les  autres  peuvent  être  ramenés  facilement,  et  je  m'attache  principale- 
ment à  l'étude  de  certains  systèmes  d'une  importance  prédominante  aux- 
quels je  donne  le  nom  de  systèmes  immédiats.  Ils  sont  définis  par  les  deux 
conditions  suivantes  : 

»  T.  Les  équations  différentielles  d'un  semblable  s/stème  expriment  immé- 
diatement quelques  dérivées  (premières)  des  fonctions  inconnues  en  fonctions 
composées  des  variables  indépendantes,  de  ces  mêmes  fondions  inconnues  et  de 
leurs  autres  dérivées  (premières). 

»  Dans  un  système  de  cette  espèce,  j'appelle,  pour  chaque  fonction  incon- 
nue :  1°  principales,  les  variables  indépendantes  de  la  question,  par  rapport 
auxquelles  sont  prises  les  dérivées  dont  les  équations  différentielles  four- 
nissent les  expressions  en  fonctions  composées  des  autres  quantités  ;  2"  ])a- 
ramétriques,  toutes  les  autres  variables  indépendantes.  Et  il  va  sans  dire 

C.R.,1875.  i"S<:m<Jlr<!.CT.  LXXX,  N»C.)  ^' 


(  390  ) 
qu'une  même  variable  peut  être  principale  pour  telle  fonction,  et  paramé- 
trique pour  telle  autre. 

»  Je  divise  encore  les  dérivées  de  tous  ordres  d'une  même  fonction  en 
dérivées  paramétriques  et  principales  :  les  premières  sont  celles  qu'engendrent 
des  différentiations  opérées  exclusivement  par  rapport  aux  variables  para- 
métriques de  cette  fonction  ;  les  dernières  sont  celles  qui  proviennent  de 
différentiations  intéressant  essentiellement  quelque  variable  principale. 
Ainsi,  moyennant  cette  distinction  :  Les  équations  différentielles  d'un  sjslème 
immédiat  expriment  toutes  les  dérivées  principales  premières,  des  Jonctions  in- 
connues en  fonctions  composées  des  variables,  des  fonctions  inconnues  et  de  leurs 
dérivées  paramétriques  premières. 

M  II.  Les  expressions  fournies  par  les  équations  différentielles  d'un  système 
immédiat,  pour  les  dérivées  premières  (principales)  d'une  même  fonction  in- 
connue u,  ne  renferment  aucune  dérivée  (paramétrique  première)  de  toute 
autre  fonction  inconnue  ç,  dont  quelque  variable  principale  serait  paramétrique 
pour  la  fonction  u. 

»   3.  Je  distingue  les  intégrales  d'im  système  immédiat  en  deux  classes  : 

»  I.  Les  intégrales  ordinaires,  dont  les  valeurs  et  celles  de  leurs  dérivées 
paramétriques  premières,  associées  aux  valeurs  actuelles  des  variables  in- 
dépendantes, tombent  dans  les  limites  d'olotropie  (voir  mon  Nouveau 
Précis  d' analyse  iii/inilcsimate)  de  tous  les  seconds  membres  des  équations 
différentielles  proposées,  envisagés  un  instant  comme  fonctions  simples  de 
ces  trois  sortes  de  quantités  considérées  elle-mémes  comme  autant  de  va- 
riables indépendantes. 

))  II.  Les  intégrales  singulières  qui,  dans  les  mêmes  circonstances,  font 
cesser  l'oiotropie  de  quelque  second  membre. 

»  4.  Laissant  de  côté  les  intégrales  singulières,  j'étudie  les  rapports  des 
intégrales  ordinaires  avec  les  équations  du  système  immédiat  proposé,  et, 
en  nommant  genre  d'une  dérivée  principale  d'ordre  quelconque  n  le 
nombre  v  (■<  ou  =  n)  des  différentiations  principales  que  comporte  sa  for- 
mation, j'établis,  sans  difficulté  d'ailleurs,  les  deux  propositions  suivantes  : 

»  I.  Quand  il  existe  des  intégrales  ordinaires,  leurs  dérivées  principales, 
d'ordre  n  et  de  genre  v,  s'expriment  indéfiniment,  au  moyen  des  équations  dif- 
férentielles proposées  et  des  formules  qui  s'en  tirent  par  des  différentiations 
successives,  en  fonctions  composées  des  variables,  des  intégrales  considérées 
elles-mêmes,  de  leurs  dérivées  (quelconques)  d  ordres  inférieurs  à  n  et  de 
leurs  dérivées  d'ordre  n,  soit  paramétriques,  soit  principales  et  de  genres  infé- 
rieurs à  V. 


(39'  ) 

»  II.  A  t'aide  des  mêmes  moyens  combinés  avec  des  éliminations  successives 
convenables,  les  dérivées  principales  d'ordre  n  des  mêmes  intégrales  s'expriment, 
sans  distinction  de  genres,  en  fonctions  composées  des  variables  indépendantes, 
des  intégiales  elles-mêmes  et  de  leurs  dérivées  purement  paramétriques  d'ordres 
égaux  ou  inférieurs  à  n. 

))  En  nommant  JTo,  )„,  z„,.  .  des  valeurs  initiales  particulières  des  va- 
riables indépendantes  x,  f,  z,...  tombant  dans  les  limites  d'olotropie 
d'un  groupe  d'nitégrales  ordinaires,  et  en  posant  x  r=r  x„ ,  /-"jToi 
z  =  2„,...  dans  les  formules  dont  il  vient  d'être  question,  on  obtient  immé- 
diatement cette  autre  proposition  : 

))  III.  Les  valeurs  initiales  des  dérivées  principales  d'un  groupe  d'intégrales 
ordinaires  (ce  sont  les  valeurs  que  prennent  ces  dérivées  pour  x  =  x^^, 
Y  =  ^„,  z  =:  Zo,...)  peuvent  être  calculées  au  moyen  de  l'un  ou  de  l'autre  de 
ces  deux  tableaux  de  formules,  et  par  conséquent  on  peut  construire  les  dévelop- 
pements de  ces  intégrales  par  la  formule  de  Tajrlor,  dès  que  l'on  connaît  seule- 
ment les  valeurs  initiales  de  ces  intégrales  et  de  toutes  leurs  dérivées  purement 
paramétriques,  ou,  ce  qui  est  équivalent,  les  déterminations  initiales  des  mêmes 
intégrales,  c  est-à-dire  pour  chacune,  la  fonction  de  ses  seules  variables  paramé- 
triques à  laquelle  celte  intégrale  se  réduit,  qucmd  ses  variables  principales  sont 
fixées  à  leurs  valeurs  initiales. 

»  5.  Pour  la  valeur  initiale  d'une  même  dérivée  principale,  les  formules 
ci-dessus  mentionnées  peuvent  donner  plusieurs  expressions  différentes, 
quand  celte  dérivée  est  complexe,  c'est-à-dire  quand  sa  formation  implique 
des  différentiations  intéressant  plusieurs  variables  principales  distinctes  de 
l'intégrale  correspondante;  car  alors  cette  dérivée  peut  être  tirée  par  dif- 
férentiation  de  plusieurs  équations  distinctes  du  système  immédiat  proposé. 
Cette  particularité  peut  même  se  présenter  pour  une  dérivée  simple,  c'est- 
à-dire  dont  les  différentiations  génératrices  n'intéressent  pas  plus  d'une 
variable  principale;  car  l'expression  primitive  d'une  dérivée  simple  peut 
contenir  des  dérivées  complexes  qui  sont,  conïme  je  viens  de  le  dire,  sus- 
ceptibles de  plusieurs  formes,  même  avant  toute  élimination. 

»  Il  résulte  de  cette  observation  que  l'application  de  l'algorithme  qui 
fournit  les  valeurs  initiales  des  dérivées  principales  à  des  fonctions  arbi- 
traires des  variables  paramétriques  des  fonctions  inconnues,  que  l'on  ne 
saurait  pas  d'avance  être  les  déterminations  initiales  de  certaines  intégrales 
ordinaires,  peut  fournir  pour  une  même  dérivée  des  valeurs  numérique- 
ment distinctes,  et,  par  suite,  n'engendrer  aucun  groupe  d'intégrales,  abstrac- 


tion faite  de  tonte  considération  de  convergence. 


5i.. 


(  392  ) 

»  Je  suis  ainsi  conduit  à  partager  les  systèmes  d'équations  différentielles 
immédiats  en  deux  classes  fort  distinctes  : 

n  I.  Les  systèmes /j(755//s  pour  lesquels  l'algorithme  en  question  fournit 
indéfiniment,  et  cela  quelles  que  soient  les  fonctions  arbitraires  sur  les- 
quelles on  peut  l'exécuter,  des  expressions  aLjébtùquement  concordantes 
pour  une  même  dérivée  principale  quelconque. 

»  II.  Les  systèmes  capricieux,  où  cette  identité  des  expressions  d'origines 
différentes  d'une  même  dérivée  principale  n'a  pas  toujours  lieu,  au  moins 
algébriquement. 

»  La  nature  d'un  système  immédiat  envisagé  à  ce  point  de  vue  se  dé- 
termine au  moyen  de  la  proposition  suivante  : 

»  Pour  qn  un  syslème  immédiat  doiuié  soil  passif,  il  est  nécessaire  et  suffisant 
que  les  deux  expressions  calculées  en  vertu  du  théorème  II  du  n°  4,  pour  toute 
dérivée  complexe  secoiule  d' une  fonction  inconnue  quelconque,  soient  dans  tous 
tes  cas  des  fonctions  identiquement  égales  des  variables  x,  y,  z,...,  des  fonc- 
tions inconnues  et  de  leurs  dérivées  paramétriques  des  deux  premiers  ordres,  ces 
quatre  sortes  de  quantités  étant,  bien  entendu,  considérées  pour  un  moment 
comme  autant  de  variables  indépendantes  distinctes. 

»  Ce  théorème  fournit,  pour  la  passivité  d'un  syslème  immédiat,  autant 
d'équations  de  condition  qu'il  y  a  d'unités  dans  la  somme  des  nombres  qui, 
pour  chaque  fonction  inconnue,  expriment  combien  ses  variables  princi- 
pales offrent  de  combinaisons  deux  à  deux. 

»  6.  J'énonce  en  ces  termes  la  proposition  qui  assure  l'existence  des 
intégrales  ordinaires  d'un  système  inunédial  passif  quelconque  : 

»  Considérons  un  instant  tes  variables  indépendantes,  les  fonctions  inconnues 
et  leurs  dérivées  paramétriques  premières  comme  autant  de  variables  indépen- 
dantes distinctes,  représentées  graphiquement,  selon  l'usage,  par  des  points  en 
même  nombre  rapportes,  chacun  dans  un  plan  spécial,  à  un  couple  d'axes  coor- 
donnés rectangulaires. 

»  Si,  pour  toutes  les  valeurs  de  ces  quantités  tombant  à  l'intérieur  d'aires 
limitatives  (S)  données  dans  les  plans  coordonnés,  les  seconds  membres  des  équa- 
tions différentielles  du  système  immédiat  proposé  en  sont  fonctions  olotropes,  et 
si  les  conditions  de  j)assivité  sont  satisfaites,  ces  é<ptations  odnjettcnt  en  Xg,  /„, 
«(,,...,  valeurs  initiales  des  variables  prises  ù  volonté  dans  celles  des  aires  (S)  qui 
leur  correspondent,  un  groupe  (unique)  d'intégrales  ordinaires  (olotropes),  n/n«( 
pour  déterminations  initiales  des  fonctions  olotropes  de  leurs  variables  paramé- 
triques, choisies  arbitrairement  sous  la  simple  condition  que  leurs  valeurs  ini- 
tiales et  celles  de  Ictus  dérivées  premières  tombent  dims  celles  des  aires  (S)  qui 


(  393  ) 
sont  relatives  aux  fondions  inconnues  correspondantes  cl  à  leurs  dérivées  pa- 
raméiriq nés  prem iùres . 

»  7.  Je  traite  finalement  les  systèmes  immédiats  passifs  quelconques,  en 
prouvant  que  tout  système  de  cette  espèce,  s'il  n'est  linéaire,  se  ramène  à  mi 
système  de  même  nature,  mais  linéaire,  dont  les  inléijrales  ordinaires  com- 
prennent toutes  les  siennes;  lliéoréme  fort  important  à  d'autres  points  do  vue, 
dont  la  combinaison  avec  la  proposition  précédente  complète  la  démon- 
stration de  mon  théorème  fondamental. 

»  Je  termine  par  quelques  mots  sur  les  intégrales  exceptionnelles  d'un 
système  immédiat  capricieux,  et  sur  les  intégrales  singulières  d'un  système 
immédiat  quelconque.   » 

CHIMIE.  —   Nouvelle  Note  sur  l'éiiiiiUhre  moléculaire  des  solutions  d'alun 
de  chrome;  Réponse  à  une  Note  de  M.  Gernez  (i);    par  M.  Lecoq  de 

BOISBACDRAN. 

tt  Comme  preuve  de  la  non-existence  de  l'alun  de  chrome  violet,  tout 
formé,  dans  les  solutions  d'alun  vert  longteinps  conservées  en  vases  clos, 
M.  Gernez  annonce  que,  par  l'application  d'un  froid  de  —  20  degrés,  la 
solution  de  sel  violet,  saturée  à  4^  degrés,  donne  des  cristaux,  tandis  que 
la  solution  verte  anciennement  préparée  n'en  produit  pas.  S'il  en  était 
ainsi,  la  solution  de  sel  violet,  saturée  à  42  degrés,  devrait  toujours  cris- 
talliser après  refroidissement  à  —  20  degrés.  Or,  en  évitant  avec  soin  la 
présence  des  germes  (2),  j'ai  vu  plusieurs  fois  cette  solution  conserver  sa 
limpidité,  même  après  avoir  subi  des  froids  allant  jusqu'à  ~  38  degrés.  Il 
me  suffira  de  citer  l'expérience  suivante  : 

»  Le  i5  janvier  1875,  une  soliilion  d'alun  de  chrome  violet,  saturée  à  ^1  degrés,  est 


(i)  Comptes  rendus,  7  décembre  1874,  p.  i332.  La  première  Partie  a  été  adressée  à 
l'Académie  pour  la  séance  du  i^"'  février  1875. 

(2)  M.  Gernez  lui-même  avait  autrefois  insisté,  dans  les  termes  siiivanis,  sur  les  difficultés 
qu'on  éprouve  à  se  débarrasser  des  i^ermes  d'alun  lorsqu'on  ne  peut  pas  chauffer  suffisam- 
ment les  liqueurs:  "  Un  autre  phénomène  qui  peut  oirasiountr  de  fréqucntts  méprises  est 
l'adhérence  de  certains  cristaux  aux  corps  solides  sur  lesquels  ils  se  sont  déposés.  L'alun, 
par  exenq)le,  qui  a  cristallisé  sur  des  tiges  de  cuivre,  de  fer  ou  de  verre,  résiste  à  plusieurs 
lavages  à  l'eau  froide,  et  il  faut  les  soumettre  à  l'action  de  l'eau  bouillante  ou  les  laisser 
séjourner  quelques  heures  dans  l'eau  froide  pour  les  débarrasser  de  cette  couche  invisible.  » 
(Comptes  rendus,  10  juillet  l865,  p.  72.) 


(394  ) 

introduite  dans  des  tubes  scellés,  lesquels  sont  ensuite  maintenus,  pendant  une  heure,  dans 
un  bain  à  5o  degrés  et  fréquemment  agités  i^i  ). 

•  Je  forme  deux  lots  de  deux  tubes  chacun. 

))  Premier  essai.  —  Le  premier  lot  est  soumis,  pendant  un  quart  d'heure  environ,  à  un 
froid  diminuant  graduellement  de  —  21  degrés  à  —  19  degrés.  Les  liqueurs,  d'abord  prises 
en  masse,  redeviennent  limpides  à  la  température  ordinaire  (12  degrés  environ). 

»  Second  essai.  —  Le  même  lot  est  refroidi  sans  interruption  pendant  dix-huit  minutes, 
savoir  :  dix  minutes  depuis  —  2g  degrés  jusqu'à  —  28  degrés,  et  huit  minutes  de  —  28  de- 
grés à  — ^  ig  degrés.  Pas  de  cristallisation,  après  retour  à  la  température  ordinaire. 

»  Le  second  lot  est  maintenu,  pendant  trente  minutes,  à  —  27  degrés.  Pas  de  cristalli- 
sation après  dégel. 

»  Le  26  janvier,  le  premier  lot  subit,  pendant  vingt  minutes,  un  froid  décroissant  de 
—  38  degrés  à  —  3^  degrés.  Pas  de  cristallisation  après  dégel. 

»  Le  second  lot  est  soumis,  pendant  vingt  minutes,  à  un  froid  décroissant  de  —  3^  degrés 
à  —  36  degrés.  Pas  de  cristallisation  après  dégel. 

»  J'ouvre  ensuite  un  des  tubes  du  second  lot;  il  s'y  forme  aussitôt  beaucoup  de  cristaux 
violets. 

»  L'action  du  froid  ne  prouve  donc  millement  que  les  solutions  an- 
ciennes d'alun  vert  ne  contiennent  pas  d'ahin  violet  tout  formé. 

))  M.  Gernez  déduit  de  la  lecture  de  la  page  178  de  mon  Mémoire, 
inséré  en  1 866  aux  Annales  de  Chimie  et  de  Ph^'sique  (4*  série,  l.  IX),  que  j'y 
ai  affirmé  que  des  parcelles  d'alun  de  potasse  ou  d'alun  de  chrome  agissent 
différemment  sur  une  solution  sursaturée  de  ce  dernier  sel.  Dans  la  page 
citée,  j'essayais  de  montrer,  au  contraire,  que  les  solutions  sursaturées 
cristallisent,  non-seulement  au  contact  de  traces  du  sel  dissous,  mais  aussi 
au  contact  de  ses  isomorphes  (2).  Aussi  disais-je,  page  177  : 

■<  D'après  la  manière  dont  je  conçois  le  phénomène  de  la  sursaturation,  j'ai  pensé  que  les 


(i)  La  formation  d'alun  vert,  pendant  le  chauffage  à  5o  degrés,  est  insignifiante  relative- 
ment à  la  masse  de  sel  violet  existant  dans  la  liqueur;  c'est  ce  que  confirment  :  i"  la  couleur 
de  la  solution;  2°  l'abondante  cristallisation  qui  se  produit  lorsqu'on  ouvre,  après  refroidis- 
sement à  !■?.  degrés,  l'un  des  tubes  ainsi  traités. 

(2)  Les  cristaux  aiguillés  dont  je  parlais  (p.  177  et  178)  étaient  composés  de  sel  violet, 
ainsi  que  je  l'ai  fait  remarquer  pages  178  et  17g.  Dans  certaines  conditions  de  concentration 
des  liqueurs  et  de  sécheresse  de  l'air,  on  obtient  ce  mode  particulier  de  groupement  cris- 
tallin, tant  avec  l'alun  de  chrome  qu'avec  l'alun  ordinaire,  en  couches  minces.  Vues  au 
microscope,  les  aiguilles  se  montrent  formées  de  très-pelits  cristaux  accoles.  Dans  mon 
Mémoire  de  1866,  les  expériences  sont  copiées  sans  commentaires  siu-  mon  caliiti'  d'obser- 
vations; c'est  un  genre  d'exposition  pou  avantageux  jiour  un  travail;  mais,  d'un  aulie  côté, 
on  y  trouve  les  faits  décrits  tels  qu'ils  ont  été  observes. 


(  395  ) 

corps  isomorphes  doivent  posséder  le  pouvoir  réciproque  de  faire  cristalliser  leurs  solutions 
sursaturées.  >- 

Et  page  178  : 

«  J'attribue  cette  cristallisation  de  l'alun  de  chrome,  hors  de  la  présence  du  même  sel 
cristallin,  à  la  chute  de  petites  parcelles  d'alun  ordinaire,  contenues  dans  les  poussières  de 
l'air.  Voici  une  autre  expérience  que  j'ai  faite  pour  vérifier  cette  supposition.  . 

»  C'est  peut-être  le  passage  suivant  qui  aura  déterminé  l'opinion  de 
M.  Gernez  : 

«  La  sursaturation  d'un  sel  cesse  par  le  contact  d'un  de  ses  isomorphes  à  l'état  cristallisé, 
pourvu  cependant  que  la  solution  soit  dans  un  certain  état  de  concentration  dont  la  gran- 
deur peut  varier  d'un  isomorphe  à  l'autre  (i).  » 

»  Dans  cette  phrase,  qui  aurait,  je  l'avoue,  gagné  à  être  plus  explica- 
tive, j'entendais  par  isomorphes  dijjérents  les  isomorphes  des  diverses  mo- 
difications qu'on  peut  obtenir  avec  la  substance  dissoute;  cela  résidte 
clairement  de  la  lecture  de  mon  Mémoire  de  18G6,  et  est  expliqué  en  détail 
dans  les  Comptes  rendus  (17  juin  1867,  p.  1249)  et  dans  les  Amtales  de 
Chimie  et  de  Ph/sique  {^' série,  1869,  t.  XVIII,  p.  247). 

»  En  réalité,  les  expériences  résumées  dans  ma  Communication  du 
16  juillet  1866  étaient  faites  dans  des  conditions  telles,  que  les  divers 
isomorphes  d'une  même  modification  y  possédaient  des  actions  égales  (2, 
ce  qui  est  d'accord  avec  les  observations  publiées  depuis.  Cette  identité 
d'action  n'existe  cependant  pas,  rigoureusement  parlant.  J'espère  établir 
celte  proposition  dans  une  Communication  prochaine.  Si  donc  on  voulait 
attacher  au  passage  cité  plus  haut  la  signification  que  lui  donneraient  les 
critiques  de  M.  Gernez,  on  arriverait  à  faire  remonter  jusqu'en  \S6G  la 
découverte  d'un  principe  dont  je  n'ai  possédé  la  preuve  expérimentale 
complète  qu'en  1870,  ainsi  qu'on  le  verra  également  dans  une  prochaine 
Communication.  Je  ne  veux  point  me  prévaloir  d'une  semblable  interpré- 
tation, puisqu'elle  n'est  pas  exacte. 

»  Je  regrette  que  M.  Gernez  revienne  sur  des  questions  qui  me  parais- 
saient avoir  été  suffisamment  traitées.  Voici  ce  que  je  répondrai  : 

(i)  Comptes  rendus,  16  juillet  1866,  p.  o5;  Annnlcs  de  Chimie  et  de  Physique,  4'  série, 
t.  IX,  1866,  p.  2i3. 

(2)  On  trouverait  un  indice  d'une  différence  d'.nclion  entre  deux  isomorphes  d'une  même 
modifKalion  (p.  182  de  mon  Mémoire  de  1866)  à  l'occasion  d'un  essai  où,  avec  une  solu- 
tion très-peu  sursaturée  de  sulfate  de  nickel,  je  n'avais  pas  obtenu  de  cristallisation  au  con- 
tact des  germes  de  sulfate  de  zinc. 


(  396) 

))  1°  J'ai  prouvé  (i)  que  M.  Gernez  n'avait  pas  découvert  le  fait  de  la 
préparation,  à  même  température  et  dans  le  même  milieu,  des  modifica' 
tions  dimorphiques;  il  a  étudié  certains  cas  particuliers,  postérieurement  à 
l'établissement  du  principe. 

»  a°  J'ai  déjà  expliqué  (2)  pourquoi  mes  recherches  relatives  à  la  sur- 
saturalion  des  sels  anhydres  me  paraissent  avoir  eu  de  l'intérêt  lorsque  je 
les  ai  publiées.  J'ai  de  la  peine  à  comprendre  comment,  dans  sa  discussion 
avec  M.  Jeannel,  M.  Gernez  s'est  abstenu,  à  dessein,  de  se  servir  du  seul 
argument  décisif  i^sursaturation  des  sels  anhydres),  si  cet  argument  lui  était 
connu.  M.  Gernez  laisse  ainsi  à  entendre  qu'il  n'ignorait  pas  le  fut  de  la 
sursaturation  des  sels  anhydres;  ce  n'est  cependant  point  ce  qui  ressort  de 
la  lecture  de  ses  publications,  et  notamment  des  passages  suivants,  où  il 
résumait  ses  connaissances  d'alors  sur  la  sursaturation  : 

0  Depiiis  Gay-Luisac,  on  connaissait  trois  sels  jouissant  de  cette  propriété  (de  se  sursa- 
turer) :  le  sulfate,  le  séléniate  et  l'acétate  de  soude,  auxquels  Lœwel  a  ajouté  le  carbonaie 
de  soude,  le  sulfate  de  magnésie  et  l'alun  de  potasse  3),...  Ces  substances  (les  vinyt-six 
substances  dont  M.  Gernez  connaissait  la  siirsaturation)  sont  des  hydrates  auxquels  la  cha- 
leur peut  enlever  l'eau  de  cristallisation;  il  en  résulte  qu'ils  perdent  la  propriété  de  déter- 
miner la  solidification  de  leur  propre  solution  quand  ils  ont  été  portés  à  une  température 
suffisante  pour  les  déshydrater  (4).  » 

»  En  i8G5,  on  était  généralement  si  pénétré  de  l'idée  que  la  sursatura- 
tion dépendait  de  phénomènes  d'hydratation  et  de  déshydratation  (5),  que 
M.  Gernez  a  compris,  parmi  les  vingt-six  substances  dont  il  dit  que  «  ce 
»  sont  des  hydrates  »,  des  sels  véritablement  anhydres;  car  les  éléments 
de  l'eau  qui  entrent  dans  la  constitution  de  l'azotate  d'ammoniaque,  par 
exemple,  ne  seraient  que  tout  à  fait  à  tort  considérés  comme  y  étant  à  l'état 
d'eau  de  cristallisation. 

»  3°  Au  nombre  des  articles  cités  par  M.  Gernez  (6)  comme  pidjliés 
par  lui  antérieurement  à  ma  Communication  du  iG  juillet  186G,  figure  son 
Mémoire,  inséré  dans  le  volume  de  18GG  des  Annales  scientifiques  de  l'Ecole 
Normale  supérieure.  M.  Gernez  a  sans  doute  perdu  de  vue  que  le  fascicule 

(i)  Comptes  rendus,  5  octobre  18^4'  P-  8o3,  et  f)  novembre  iS^^?  P'  loyS. 

(2)  Comptes  rendus,  ç)  novembre  1874»  P-  1076  et  1077. 

(3)  Comptes  rendus,  i5  mai  i865,  p.  1027. 

(4)  Comptes  rendus,  i5  mai  i865,  p.  io3o. 

(5)  C'est  cette  idée  qui  donnait  .\  l'objection  proposée  par  I\[.  Jeannel  une  certaine  force 
apparente. 

(6)  Comptes  rendus,  ig  octobre  1871)  !'■  9"" 


(  397  ) 
qui  renferme  son  travail  n'a  paru  qu'en  décembre  186G;  aussi  les  résultats 
communs  à  ce  Mémoire  et  à  ma  Comuuuiication  du  16  juillet  186G  n'ap- 
|)artiendraieiit-ils  à  ]M.  Gcrnez  qu'autant  c[ue  ce  savant  les  aurait  publiés 
autérieurenuMit  autre  part.  Je  pense  donc  avoir  été  le  premier  à  traiter  de 
la  préparation  des  solutions  sursaturées  par  simple  évaporation  à  froid  des 
solutions  étendues  et  de  l'action  des  germes  iaomorphes  de  la  modification 
cristalline  qu'on  veut  obtenir.  MM.  Viollette  et  Gernez  s'étaient  occupés  de 
l'action  des  germes  identiques  avec  la  substance  même  qui  doit  se  déposer.  » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  --  JSole  relative  à  l'action  de  ihydrale  de  baryte  sur 
certains  composés  minéi'aitx  et  organiques  contenus  dans  les  produits  de  la 
betterave;  par  M.  P.  Lagraxge.  (Extrait.) 

«  D'après  M.  Peligot,  les  moyens  qu'emploie  l'industrie  pour  éliminer 
l'acide  phosphoriqtie  des  potasses  provenant  de  la  calcination  des  vinasses 
ne  sont  pas  suffisants,  puisqu'il  rencontre  dans  ces  [)roduits  de  3,7  à  2,6 
pour  100  de  phosphate  de  potasse.  Les  troubles  que  ce  corps  apporte  dans 
la  fabrication  du  cristal,  qu'il  rend  laiteux  et  opalin,  sont  évidents. 

»  L'hydrate  de  baryte  est  un  remède  certain  pour  éviter  de  tels  accidents. 
Si  l'on  traite,  par  cette  base,  des  jus  et  sirops  de  betterave  renfermant  de 
l'acide  phosphorique,  cet  acide  est  aussitôt  précipité  sous  forme  de  phos- 
phate tribasique  de  baryte,  insoluble  dans  un  milieu  alcalin. 

»  Les  mélasses  qui  proviennent  de  ce  travail  bary tique  étant  soumises  à 
l'incinération,  je  n'ai  jamais  pu  constater  dans  le  salin  la  moindre  trace 
d'acide  phosphorique.  Le  nitromolybdate  d'ammoniaque,  dont  la  réaction 
est  si  sensible,  n'a  pu  me  donner  le  précipité  jaune  caractéristique  de 
phospho-molybdate  d'ammoniaque. 

»  Quant  aux  mélasses  issues  du  travail  ordinaire  et  pouvant  contenir  du 
pliosphalc  de  polasse,  voici  quel  traitement  nous  leur  faisons  subir  pour  en 
éliminer  complètement  l'acide  phosphorique. 

»  Avant  d'en  extraire  la  potasse,  ces  mélasses  vont  à  la  distillerie,  qui 
transforme  les  5o  pour  100  de  sucre  qu'elles  contiennent,  en  alcool  à 
98  degrés.  Les  vinasses,  résidus  de  la  distillerie,  sont  envoyées  dans  des 
appareils  d'évaporation,  tels  c[ue  les  fours  Porion,  pour  y  être  concentrées 
connue  à  l'ordinaire,  jusqu'à  35  degrés  B.  environ. 

u  Dans  cet  état,  les  vinasses  sont  acides  et  contiennent  de  l'acide  sulfu-' 
rique  libre,  qu'on  avait  ajouté  pour  la  fermentation  alcoolique,  des  sulfates 
et  des  phosphates.  Je  neutralise  l'acide  libre  par  du  carbonate  barylique, 

C.K.,iS75,  i"Scm«i(rf.(T.  LXXX,  Nefl.)  5a 


(  398  ) 
et  je  porte  à  l'ébullition;  l'acide  sulfiiriqiie  se  précipite  à  l'état  de  sulfate 
de  baryte,  et  si  l'on  prolongeait  l'ébullition,  les  sulfates  et  les  phosphates 
se  décomposeraient  peu  à  peu.  Mais  l'opération  est  bien  plus  rapide  et 
plus  sûre  en  ajoutant,  après  la  neutralisation  par  le  carbonate  de  baryte, 
une  petite  quantité  d'hydrate  de  baryte.  On  obtient  ainsi  une  élimination 
complète  et  d'acide  sulfurique  et  d'acide  phosphorique,  ce  qui  ne  peut 
qu'augmenter  le  titre  alcalimétrique  des  potasses. 

»  Les  vinasses  ainsi  traitées  sont  envoyées  aux  fours  à  réverbère,  où 
elles  se  transforment  en  salins,  qu'il  suffit  de  lessiver  pour  avoir  du  carbo- 
nate de  potasse  exempt  d'acide  sulfurique  et  d'acide  phosphorique. 

»  On  peut  donc  ainsi  remédier  aux  graves  inconvénients  des  fours 
Porion,  qui  sont,  comme  on  le  sait,  de  si  puissants  appareils  d'évapora- 
tion,  mais  qui  introduisent  dans  les  salins  tant  d'acide  sulfurique  sous  forme 
d'acide  sulfureux,  ainsi  qu'aux  inconvénients  résultant  de  la  présence  du 
phosphate  de  potasse,  dans  l'industrie  du  cristal . 

»  Les  composés  minéraux  dont  nous  venons  de  parler  ne  sont  pas  les 
seuls  corps  sur  lesquels  l'hydrate  de  baryte  exerce  son  action  ;  elle  produit 
sur  certains  composés  organiques  une  réaction  des  plus  intéressantes. 
L'étude  que  nous  avons  faite  du  précipité  obtenu  par  cette  base  nous  en 
donne  une  preuve  évidente. 

»  Lorsqu'on  traite  par  l'hydrate  de  baryte  seulement  les  jus  et  sirops 
de  betterave,  et  que,  après  avoir  lavé  à  fond  le  précipité  jusqu'à  ce  qu'il 
ne  contienne  plus  trace  de  sucre,  on  l'envoie  aux  filtres-presses,  les  tour- 
teaux présentent  à  l'analyse  la  composition  suivante  : 

Composition  en  ceiitiùmes  des  tourteaux  produits  pur  l'addition  de  l'hydrate  de  baryte 
dans  les  sirops  ds  raffinerie,  et  sèches  à  loo  degrés  C. 

Sulfate  de  baryte G5 ,  oo 

Oxyde  de  fer  et  alumine 2,10 

IMagnésic 3,5o 

I^liosphatc  de  baryte 3,  i5 

Carbonate  de  baryte 5 ,00 

Chaux  carbonatée 18, 25 

IMaticrcs  ()i'(,'aiii(jufs  insolubles  dans  H  Cl 3, 00 

Total 100,00 

»  L'hydrate  de  baryte  possède  donc  une  action  très-complexe  sur  les 
corps  minéraux  organiques  des  produits  de  la  betterave,  et  son  pouvoir 
épurant  explique  les  bons  rendements  que  nous  constatons  en  sucrerie  et 
en  raffinerie.  » 


(  399  ) 

CHIMIE  AGRICOLE.  —   Sur  les  betteraves  dites  racineuses. 
Note  de  M.  Ch.  Viollette. 

«  Reaucoiip  d'agriculteurs  et  de  fabricants  de  sucre  attribuent  la  produc- 
tion des  betteraves  racineuses  à  la  mauvaise  qualité  de  la  graine.  Cette  opi- 
nion a  trouvé  un  nouvel  appui  dans  la  Communication  que  M.  Peligot  a 
faite  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du  i8  janvier  dernier.  Le  savant  acadé- 
micien pense  même,  «  flaprès  ses  analyses  et  les  essais  pidjliés  récemment 
»  par  un  producteur  de  graines  expérimenté,  M.  P.  Olivier,  qu'on  doive  se 
M  résoudre  à  accepter  ce  vice  de  conformation  comme  étant  la  conséquence 
»  de  la  plus  grande  richesse  saccharine  » . 

»  L'expérience  suivante  est  en  contradition  avec  cotte  manière  de  voir, 
et  rend  compte,  suivant  moi,  de  ces  déformations  observées  dans  certaines 
variétés  de  betteraves. 

»  Ayant  semé  en  1867,  dans  deux  terrains  de  nature  différente,  à  Cap- 
pelle  et  à  laValatte  (Nord),  deux  portions  de  graines  de  betterave,  récoltées 
sur  iHi  même  individu  planté  en  18G6,  je  fus  fort  surpris,  à  l'arrachage,  de 
voir  que  presque  toutes  les  betteraves  de  la  Yalatte  étaient  racineuses, 
tandis  qu'au  contraire  celles  de  Cappelle  étaient  presque  toutes  régulières. 
Le  terrain  de  la  Valatte  qui  m'avait  servi  de  champ  d'expérience  était  formé 
par  tui  sol  argileux,  compacte,  irrégulier,  tandis  que  celui  de  Cappelle 
était  parfaitement  entretenu,  bien  défoncé,  homogène  en  un  mot. 

»  J'ai  eu,  à  plusieurs  reprises,  l'occasion  de  contrôler  cette  expérience, 
et  l'on  pourra  à  volonté,  avec  une  même  graine  de  betterave,  produire  ou 
non  des  betteraves  racineuses. 

»  Toutefois,  il  est  bon  de  remarquer  que  les  espèces  de  choix,  c'est- 
à-dire  les  betteraves  riches,  pivotantes,  ne  sortant  pas  de  terre,  les  meil- 
leures variétés,  en  un  mot,  sont  plus  exposées  que  les  autres  à  devenir  ra- 
cineuses, par  la  raison  que,  étant  plus  délicates,  elles  subissent  plus 
facilement  les  influences  extérieures.  C'est  là,  à  mon  avis,  ce  qui  explique 
l'opinion  de  M.  Peligot  sur  la  richesse  des  betteraves  racineuses,  qui  n'est 
null(Mnent  plus  grande  que  celle  des  betteraves  régulières,  prises  à  volume 
égal. 

»  Si  l'on  sème  de  bonne  heure  une  graine  de  choix  dans  un  sol  de  bonne 
qualité,  défoncé  profondément  avant  ou  pendant  l'hiver,  fortement  hersé 
au  printemps,  bien  entretenu  d'engrais  appropriés,  homogène,  en  \n^  mot; 
si  l'on  espace  les  betteraves  de  façon  qu'il  y  en  ait  au  moins  dix  par  mètre 
carré;  enfin,  si  la  betterave  ne  souffre  pas  pendant  les  premiers  temps  de 

52.. 


(  4oo  ) 
la  végétation,  on  obtiendra  toutes  betteraves  régulières  pivotantes.  Si,  au 
contraire,  le  sol  est  compacte,  mal  défoncé,  irrégulièrement  fumé,  hétéro- 
gène, en  un  mot,  on  obtiendra  presque  toutes  betteraves  raciiieuses,  mais 
d'une  richesse  à  peu  près  égale  à  celle  des  précédentes. 

»  Il  ne  me  semble  donc  pas,  d'après  ces  faits,  que  les  formes  racineuses 
des  betteraves  puissent  être  attribuées  à  la  nature  de  la  graine. 

»  Une  ancienne  observation  de  M.  Coiinwinder  vient  confirmer  cette 
manière  de  voir.  Ce  chimiste  ayant  placé  un  gros  fragment  de  tourteau  à 
côté  d'une  betterave,  a  vu  se  produire  de  ce  côté  une  forte  racine  dont  le 
chevelu  entourait  la  masse  d'engrais.  Le  défaut  d'homogénéité  du  sol,  ré- 
sultant d'une  dose  d'engrais  exagérée  d'un  côté,  avait  amené  le  développe- 
ment exagéré  d'une  des  racines  latérales.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  le  sjslème  nerveux  périphérique  des  A^éniatoides  marins- 
Note  de  M.  A.  Villot,  présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  Les  Némaloïdes  marins  possèdent  dos  organes  des  sens  bien  caracté- 
risés, qui  consistent  :  i°en  organes  du  tact,  représentés  par  de  nondjreuses 
soies  ou  papilles  répandues  sur  toute  la  surface  du  corps,  mais  particuliè- 
rement abondantes  autour  de  la  tète  cl  de  l'orifice  génital;  2°  en  un  appa- 
reil de  la  vision,  composé  de  deux  yeux,  d'une  structure  assez  complexe, 
situés  sur  la  face  dorsale,  vers  l'extrémité  antérieure.  La  nature  de  ces 
divers  organes  ne  saurait  être  douteuse;  mais  le  fait  est  que  leurs  rapports 
avec  le  système  nerveux  sont  restés  jusqu'ici  fort  obscurs.  D'ai^rès  M.  Ma- 
rion  (i),  des  filets  nerveux  pénétreraient  obliquement  «  au  milieu  des 
»  muscles  longitudinaux  pour  arriver  bientôt  à  une  celkile  fusiforme  nu- 
»  cléolée,  située  elle-même  à  la  base  d'un  poil  cuticulaire  et  reliée  à  ce 
»  poil  par  im  autre  filet  nerveux,  qui  se  termine  à  la  base  du  poil  ». 
M.  Jiutschli  (•;>,),  dont  le  travail  est  tout  récent,  a  figuré  une  disposition 
analogue;  mais  il  déclare  n'avoir  point  retrouvé  la  cellule  fusiforme  décrite 
par  l'auteur  français.  Il  s'exprime  ainsi  : 

Marion  besclircibt  von  seineni  Thoracoshmia  seiigcitim,  dusskurz  vor  dcm  Eintritt  in  das 
Biirtschen  in  jtdis  dicscr  Flidclirn  fine  spiiulelfoniiiyc  Zrlle  ciiigcscli.illct  sein  ;  icli  l)al)e 
ausser  knoulitiiartiycn  Ansolnvelliiniicn,  die  mir  jcdocli  l;c'in  rcgeliniissigcs  Voikoinnicn  zii 


(1)  Additions  aux  reclicrclies  sur  les  Ncniatoïdcs  libres  du  golf e  de  Marseille  [.-inii.  des 
Se.  nat.  zool.,  S"  série,  l.  XIX,  p.  i3;  PI.  XX,/^'.  i°). 

(1)  Ziir  kenntniss  derfrei  Icbriiden  Nemal'/dc/i  inshesondere  der  des  Kieler  Ihifiris,  p.  8, 
liif.  IV,/„".    ,,,';   ,«74. 


(4oi  ) 

haben  scheincn,  nidils  walirgcnommen,  vins  sirli  zii  Giinslcn  dieser  Beobachtung  deulen 
liesse. 

»  Eli  présence  de  ces  assertions  contradictoires,  il  devenait  nécessaire 
d'entreprendre  de  nouvelles  recherches  et  de  soumettre  celles  qui  avaient 
été  faites  au  contrôle  de  la  méthode  expérimentale  :  aussi  mon  attention  se 
porta-t-clle  tout  particulièrement  sur  ce  point  lorsque  je  commençai,  au 
mois  de  mai  dernier,  dans  le  laboratoire  de  M.  le  professeur  de  Lacaze- 
Dulhiers,  l'étude  des  Helminthes  de  notre  littoral.  Or  il  résulte  de  mes 
nombreuses  observations,  faites  à  Roscoff,  sur  des  animaux  vivants,  répé- 
tées à  Paris  sur  mes  préparations,  que  les  deux  naturalistes  que  je  viens  de 
citer  ont  été  trompés  par  de  fausses  apparences,  probablement  dues  à  la 
compression,  et  qu'ils  n'ont  pas  vu  la  véritable  disposition  du  système  ner- 
veux périphérique  de  ces  petits  êtres.  Comme  cette  disposition  est  en  réa- 
lité très-remarquable,  j'en  donnerai  dès  aujourd'hui  une  courte  descrip- 
tion. 

»  On  trouve  sous  la  cuticule,  lisse  ou  striée,  mais  toujours  anhisle,  une 
couche  granuleuse  très-mince  et  très-réfringente.  Cette  couche  n'a  été  ni 
figurée  ni  décrite  par  M.  Marion;  mais  M.  Charlton  Bastian  (i),en  186G, 
l'avait  fort  bien  indiquée,  et  avait  même  reconnu  qu'elle  renferme  des  cel- 
lules. Pour  bien  l'étudier,  il  est  nécessaire  de  faire  macérer  des  Vers  entiers 
dans  ini  mélange  d'acide  acétique,  d'alcool,  de  glycérine  et  d'eau,  qui  m'a 
déjà  rendu  de  grands  services  eu  bien  des  circonstances,  et  dont  j'ai  donné 
la  formule  dans  ma  Monoijmpliie  des  Drarjonneaux .  Les  Nématoïdcs  marins, 
plongés  dans  cette  liqueur,  y  acquièrent  promplement  une  parfaite  trans- 
parence. On  voit  alors  très-distinctement  que  la  couche  granuleuse,  située 
entre  la  peau  et  les  muscles,  se  compose  en  grande  partie  de  granulations 
graisseuses  très-fines  et  qu'elle  contient,  de  distance  en  distance,  de  petites 
cellules  étoilces,  pourvues  d'un  noyau  très-réfringent.  Les  relations  de  ces 
petits  corps  cellulaires  avec  les  soies  ou  papilles  sont  assez  faciles  à  consta- 
ter. On  dislingue  très-nettement,  sur  une  coupe  longitudinale,  qu'il  part 
du  sommet  de  chaque  cellule,  perpendiculairement  à  l'axe  de  l'animal,  un 
filet  très-délié  qui,  après  avoir  traversé  toute  l'épaisseur  de  la  cuticule, 
arrive  jusqu'à  la  base  de  la  papille  et  s'y  engage;  mais  chaque  cellule  four- 
nit, en  outre,  latéralement,  un  certain  nombre  de  prolongements  qui  la 

(1)   On  the  aiiiUomy  and  pltysiolw^y  of  tlic  Ncmatoids  parasitic  ami  frcc.  [Pliilosophical 
Trans.  of  thc  Roy.  soc.  of  London  fur  the ycnr  iMUCCCI^XYI,  vol,  1  06,  pai  1  II,  pi.  XXVIII, 


(    402    ) 

mettent  en  rapport  avec  les  cellules  voisines;  ce  dont  il  est  également  facile 
(le  s'assurer  si,  au  lieu  de  faire  une  coupe  de  l'animal,  on  cherche  à  suivre 
la  couche  granuleuse  sur  une  certaine  portion  de  sa  surface,  en  relevant 
progressivement  l'objectif  du  microscope.  La  couche  sous-cutanée  des 
Nématoides  marins  contient  donc  un  véritable  réseau  de  cellules  ganglion- 
naires, qui  fournissent  des  filets  nerveux,  soit  aux  organes  du  tact,  soit  aux 
organes  de  la  vision.  Ce  réseau  périphérique  est  en  relation  avec  le  système 
nerveux  central  au  moyen  d'un  plexus  qui  traverse  la  couche  musculaire 
et  rattache  le  nerf  ventral  à  la  couche  sous-cutanée. 

»  Ce  sont  là  sans  doute  des  faits  de  détail  et  d'une  observation  délicate; 
mais  ils  n'en  ont  pas  moins  leur  importance,  car  ils  ne  sont  point  isolés.  Il 
nie  suffira  de  rappeler  que  divers  observateurs  ont  signalé  chez  les  Actinies 
un  réseau  ganglionnaire  très-analogue,  et  que  j'en  ai  moi-même  décrit  un 
tout  à  fait  semblable  chez  les  Gordius.  Cette  disposition  en  réseau  des  cel- 
lules ganglionnaires  est  certainement,  chez  les  Invertébrés,  moins  rare 
qu'on  ne  l'a  cru  jusqu'ici,  et  il  est  probable  qu'elle  représente  à  elle  seule 
tout  le  système  nerveux  des  types  les  plus  inférieurs,  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Expériences  montrant  que  les  mamelons  extirpés  sur  de  jeunes 
Cochons  d'Inde  ne  se  régénèrent  point.  Note  de  M.  Philipeacx,  présentée 
par  M.  Cl.  Bernard. 

«  J'ai  publié  plusieurs  Notes  sur  la  reproduction,  soit  des  membres 
chez  la  Salamandre  et  l'Axolotl,  soit  des  nageoires  sur  les  Poissons,  soit  de 
la  rate  sur  les  Surmulots  et  les  Rats,  etc.,  et  de  mes  expériences  sur  ce 
sujet  j'ai  tiré  la  conclusion  suivante  : 

»  Les  organes  enlevés  sur  un  animal  ne  peuvent  le  régénérer  que  dans 
le  cas  où  ces  organes  n'ont  pas  été  enlevés  d'une  façon  complète. 

»  J'ai  extirpé,  le  lo  juin  1874,  sur  onze  Cochons  d'Inde,  âgés  de  quatre 
jours  (cinq  mâles  et  six  femelles),  les  mamelons;  j'ai  laissé  vivre  les  ani- 
maux, en  les  faisant  bien  soigner.  Les  femelles  sont  devenues  mères  et 
toutes  ont  mis  bas,  les  2,  10,  12,  20,  2B  et  28  décembre  de  la  même  année, 
des  petits  bien  vivants. 

»  On  sait  que  les  mamelles  chez  les  Mammifères  se  développent  plus 
parliculièrement  pendant  la  gestation,  afin  de  pouvoir  sécréter  le  lait  né- 
cessaire à  nourrir  les  jeunes  petits.  Or  les  petits  nés  de  ces  femelles  sont 
morts  du  jjrcmier  au  cinquième  jour,  n'ayant  pu  être  allaités. 

»  J'ai  examiné   l'état  des  organes  de  la  lactation  :  aucun  mamelon  ne 


(  4o3  ) 
s'était  régénéré.  Les  glandes  mammaires  s'étaient  développées,  ainsi  que  les 
canaux  galactophores;  mais  on  conçoit  que  Tallaitement  n'était  pas  pos- 
sible,  puisqu'il  n'y   avait   ni  mamelons,   ni   orifices   quelconques,  faisant 
conwnuniquer  le  canal  galactophore  avec  l'extérieur. 

»  D'après  ces  nouveaux  faits,  je  crois  pouvoir  conclure  que,  toutes  les 
fois  qu'on  extirpe  complètement  le  mamelon  chez  une  femelle  de  Cochon 
d'Inde,  même  extrêmement  jeune,  cet  organe  ne  se  régénère  point. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  dans  le  laboratoire  de  Physiologie 
générale  de  M.  Claude  Bernard,  au  Muséum  d'Histoire  naturelle.  » 

M.  le  Général  Mori.v,  en  présentant  la  4"  livraison  du  tome  V  de  la 
«  Revue  d'Artillerie  »,  publiée  par  ordre  du  Ministre  de  la  Guerre,  s'ex- 
prime comme  il  suit  : 

«  La  livraison  de  la  Revue  d'Jridlerie  que  je  présente  à  l'Académie  con- 
tient la  traduction  d'une  Etude  fort  intéressante  de  M.  le  général  Ucha- 
tius,  de  l'artillerie  austro-hongroise,  sur  les  procédés  qu'il  a  mis  en  essai 
et  qu'il  poursuit  encore  pour  augmenter  la  résistance  des  canons  en 
bronze. 

»  Parmi  ces  essais,  l'un  des  plus  remarquables  est  celui  qui  consiste  à 
refouler  sur  lui-même  à  froid,  au  moyen  d'un  piston  poussé  par  une  puis- 
sante presse  hydraulique,  le  métal  de  l'âme  d'un  canon.  On  parvient  ainsi, 
non-seulement  à  augmenter  considérablement  la  dureté  des  parois  inté- 
rieures, mais  encore  à  mettre  toutes  les  couches  concentriques  de  la  bouche 
à  ieu  dans  un  état  de  tension  élastique  très-favorable  à  la  résistance. 

»  M.  le  général  Uchatius  se  propose  de  corroborer  par  des  épreuves  de 
tir  les  résultats  très-importants  auxquels  l'ont  conduit  ses  expériences. 

»  Une  analyse  des  expériences  exécutées  en  Italie,  sur  le  tir  des  Shra- 
pnels,  est  aussi  contenue  dans  ce  Mémoire. 

«  Des  recherches  et  des  renseignements  pratiques  très-utiles  sur  les  pro- 
cédés à  employer  pour  la  conservation  du  bois,  et  en  |)articulier  sur  les 
bois  des  plates-formes  des  batteries  exposées  à  toutes  les  intempéries  de 
l'air,  est  due  à  M.  le  capitaine  Meyssonnier,  qui  y  discute  la  valeur  rela- 
tive des  divers  agents  employés  à  cet  effet.  Celte  étude,  faite  avec  méthode, 
sera  complétée  dans  les  numéros  suivants. 

»  MM.  Roux  et  Sarrau  ont  reproduit,  dans  ce  même  numéro,  la  Note 
remarquable  qu'ils  ont  présentée  en  1870  à  l'Académie  sur  les  substances 
explosives. 


{  4o4 

»  M.  le  capitaine  Siacci,  de  l'arlillerie  italienne,  a  rédigé  pour  la  Revue 
nue  Note  sur  les  principes  du  tir,  dans  laquelle,  partant  d'un  théorème 
simple  donné  par  son  illustre  compatriote,  le  général  de  Saint-Robert,  il 
parvient,  à  l'aide  do  constructions  graphiques  basées  sur  les  Tables  de  tir, 
à  représenter  et  à  déterminer  les  princi[)ales  circonstances  du  tir  et  à  les 
mettre  à  la  portée  des  sous-officiers  d'artillerie. 

»  L'article  dû  à  M.  le  capitaine  Siacci  est  suivi  par  la  première  partie 
d'une  Étude  théorique  sur  les  lois  du  mouvement  des  projectiles  sphé- 
riqties  ou  oblongs  dans  les  milieux  résistants. 

»  Un  article  extrait  du  Journal  de  iJvliUcrie  russe  de  1874,  et  traduit  par 
M.  le  capitaine  Dombre,  fait  connaître  le  degré  remarquable  de  mobilité 
du  matériel  de  campagne  de  cette  artillerie,  qui  a  pu  surmonter  d'énormes 
difficultés  dans  l'expédition  de  Rhiva.  » 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  D. 


BULLETIN'    BIBLIOGRAPIUQI'E:. 

Ouvrages  reçus  uans  la  séance  nu  2$  j,v>'vier   1875. 

fsClIE.) 

Biillettino  di  Bihliocjrafin  e  di  Sioria  délie  Scienze  malemaliche  e  ftsiche; 
pubblicato  da  B.  BoiNGOMPAGiNi  ;  t.  VH,  giugno,  higlio,  agosto  1874.  Roma, 
tipog.  délie  Scienze  matematiche  e  fisiche,  1874;  3  liv.  in-4°.  (Présenté 
par  M.  Chasles.) 

Nozioni  preliminari  per  un  Irallalo  sulla  costruzione  dei  puiti  net  Méditer- 
raneo  di  k.  CiALDi.  Roma,  tip.  Cotta,  1874;  in-8". 

Inlorno  alla  lace  cite  émana  dai  nervi  délie  clilre  délie  Polynoe.  Nota  del 
S.  O.  Paolo  Panceiu.  Sans  lieu  ni  date;  opuscule  in-4''.  (Eslratto  del  Ren- 
diconlo  délia  R.  Accndemia  délie  Scienze  fis ie lie  e  ntatemaliclie.  ) 

Inlorno  alla  resistenza  clie  l' Icneumone  ed  alcuni  altri  carnivori  oppongono 
al  veleno  dei  serpenti  colV  aggiunta  di  esperimenti  dimoslranli  l'azione  funesla 
del  veleno  délia   mygale   oUvacea.   Nota  del  S.   O.  Paoli    Panceri  e    del 


(  4o5  ) 

D'F.  Gasco.  Sans  lion  ni  date;  opuscule  in-/|°.  fEsIratto  de)  Rendiconto 
délia  R.  Jccademia  délie  Srienzc  fisiclie  e  malemaliclie.) 

L'odierno  concetlo  chimico  dei  cor/n.  Discorso  det  prof.  G.  Campam  per 
la  inaugurazioiie  deir  anno  scolaslico  1874-1875  tietla  R.  Università  di  Siena. 
Siena,  )87'i,  lip.  A.  Mucci;  br.  in-8''. 

Monllily  Report  of  tlie  department  oj  agriculture  jor  november  and  de- 
ceinber  1874.  Washington,  governinent  printing  Office,  187/1  ;  br.  in-8°. 

On  serpentine  pseudomorphs,  and  other  kinds,  froin  llie  tilly  foster  iron  mine, 
Putman  C°,  Nevj-York ;  bj  J.-D.  Dana.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8". 

Anales  del  Observalorio  de  Marina  de  San-Fernando,  publicados  de  ordtn 
de  la  Superioridad,  por  e/Director  don  Cecilio  Pujazon  ;  seccion  2"  :  Obser- 
vaciones  meteorolocjicas,  ano  1873.  San-Fernando,  tip.  de  Gay,  1874;  in-4°. 
(Présenté  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 


Pddlications  pékiooiqces  beçdes  pkndakt  le  mois  de  Janvier   i8^5. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  décembre  1874;  in-8". 

Annales  de  Gynécologie  ; ']A\\v'\er  1875;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d' Hydrologie  médicale  de  Paris;  t.  XX,  n"  i,  1875; 
in-8°. 

Annales  de  la  Société  des  Sciences  induslt telles  de  Z-)on,- janvier  1875; 
in-8". 

Annales  industrielles;  n"^  i  à  5,  1875;  in-4°. 

Annales  médico-psychologiques;  ianvier  1875;  in-8'*. 

Association  française  contre  l'abus  du  tabac;  n"  4»  '875;  in-S". 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  ']3Li\\'\er  1875;  in-8". 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  n"  12,  1874; 
in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  n"  11,  1874;  in-S". 

Bulletin  de  la  Réunion  des  Officiers;  n"'  i  à  5,   1875;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  Botanique  de  France;  Revue  bibliographique  D.  1875; 
in-8''. 

C.  R,,  i8-;5,   1"  Semetire.  (T.  LXXX,  N»  7.)  53 


(  4o6  ) 

Bulletin  de   la  Société  de  Géographie;  novembre  et  décembre  i  8t4  ; 
in.8°. 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  n°  i,  iS^S;  in-S". 

Bulletin   de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  octobre  et    novemhie 
1874;  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  entomologique  de  France;  n"^  ^2  et  43, 
1875;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  Linnéenne  de  Paris,  n"  4>  ^875-,  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  centrale  d'Jgticuhure  de  France  ;  n°  11, 
1874;  in-8''. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  janvier 
1875;  iii-4°. 

Bulletin  delà  Société  de  l'Industrie  minérale;  t.  III,  liv.  3,  1874;  iii-8°. 
Bulletin  de  Statistique  municipale;  avril  et  mai  1874;  in-4°- 
Bulletin  du  Comice  agricole  de  Narbonne;  n°  i,  1875;  in-8°. 
Bulletin  général  de  Thérapeutique  ;  n°  du  3o  décembre  1874;  n°'  des  i5 
et  3i  janvier  1875;  in-8°. 

Bulletin    mensuel  de  la  Société  des  Agriculteurs  de   France;  n"^   i  et  2, 
1875;  in-8°. 

Bullettino  meteorologico  dell'  Osservatorio  del  R.  Collegio  Carlo  Alberto, 
n°3,  1875;  i»-4°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°'  i  à  12,  1875-,  in-4°. 
Gazette  médicale  de  Bordeaux;  n"'  i  et  2,  1875;  in-8°. 
Gazette  médicale  de  Paris;  n"*  i  à  5,  1875;  in-4°. 
lion;  n°'  io3  à  107,  1875;  in-4°. 

Journald' Agriculture  pratique;  n°  53,  1874*,  n"^  i  à  4>  1875;  in-S". 
Journal  de  l'Agriculture;  n°'  299  à  3o3,   187$;  iii-8°. 
Journal  de  la  Société  centrale  d'Horticulture;  novembre   et  décembre 
1875;  in-8". 
Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  n°'  1  et  2,  1875;  in-4''. 
Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées  ;  novembre  1874;  in-4". 
Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  janvier  1875  ;  in-8". 
Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  janvier  1875;  in-8°. 


(  4o7  ) 
Journal  de  Phjsufue  théorique  et  appliquée  ;  janvier  1 875  ;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  11°  24,    1874» 
n*"  1  et  2,  1876;  in-8°. 

Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  n"*  38  à  42,  1875  ;  in-folio. 

L'Abeille  médicale;  n"'  i  à  5,  1875;  in-4°. 

L'jirl  dentaire;  janvier  1875;  in-8°. 

V  Art  médical  ;  ']An\\GT  1875;  in-8°. 

La  France  Médicale;  n"*  3  à  9,    iSyS;  in-4°. 

La  Médecine  contemporaine;  n"'  i  et  2,  1876  ;  in-4''. 

La  Nature;  n"^  83  à  87,  1875;  iu-8°. 

La  Tempérance  ;  n**  3,  1870;  in-8°. 

La  Tribune  médicale;  n°^  333  à  337,   1875;  in-8°. 

L'École  de  Médecine;  n°*  36  à  48,  1876  ;  in-8°. 

Le  Gaz;  n°  7,  1875;  in-4".  • 

Le  Messager  agricole;  décembre  1873;  in-8*'. 

Le  Moniteur  de  la  Pholograpliie ;  n"'*  v  et  2,  1876;  in-4°. 

Le  Mouvement  médical;  n"'  i,  2,  4?  187$;  in-4°. 

Le  Moniteur  vinicole ;  n"  io4,  1874;  '1°'  i  à  6,  1870;  in-folio. 

Le  Progrès  médical  ;  3'^  année,  n"  i  à  4»  1875;  in-4°. 

£e  Rucher  du  Sud-Ouest  ;  n°  12,  1875;  in-8''. 

Les  Mondes;  n°  81,  1874;  n"^  i  à  4,  1875;  in-B". 

Magasin  pittoresque;  janvier  1875;  in-S". 

Marseille  médical;  n°  12,  1874;  in-8°. 

Matériaux  pour  l'histoire  positive  et  philosophique  de  l'homme;  t.  V, 
liv.  5  à  10,  1875;  in-8°. 

Memorie  delta  Società  degli  Spettroscopisti  ilaliani;  novembre  1874;  in-4°. 

Monatsbericht  dcr  Kôniglich  preussischen  Akademie  der  fVissenschaften  zu 
Berlin;  septembre  et  octobre  1874;  in-8°. 

Moniteur  industriel  belge;  n°^  28  à  32,  i8i3;  in-4°. 

INIontbly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d'Astronomie  de  Londres; 
décembre  1874;  in-8°. 

Montpellier  médical....  Journal  mensuel  de  Médecine;   t.  XXXIV,  n"  1, 

1875;  in-8". 


(  4o8  ) 

Wachrichten....  Nouvelles  de  r Université  de  Gôttingiie,-  n°'  i8  à  26,  1874, 
in-i2. 

Nouvelles  Annales  de  Matliématiques ;  janvier  1875;  in-S". 

Nouvelles  wéléoiologiques ,  publiées  par  la  Société  Météorologique; 
janvier  1875;   in-8". 

Proceedings  oftlie  London  matliematical  Society;  n°*  73  et  74,  «  875  ;  in-8°. 

Recueil  de  Médecine  vétérinaire;  n"  12,  1874;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie;  n"''  i  et  2,  1875-,  in-8°. 

Revue  agricole  et  horticole  du  Gers;  novembre  et  décembre  1874;   in-8°. 

Revue  bibliographique  universelle;  liv.  i,  1876;  in-8". 

Revue  bryo logique  ;  n"  i,  1875;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  n*"  1  et  2,  1875-,  in-8°. 

Revue  des  Sciences  naturelles;  i5  décembre  1874;  in-8". 

Revue  hebdomadaire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle;  n"^  45  à  48, 
1874;  in-8°. 

Revue  maritime  et  coloniale;  janvier  1875;  in-S". 

Revue  médicale  de  Toulouse;  n°  12,  1874;  iu-8"'. 

Société  d' Encouragement.  Comptes  rendus  des  séances;  séance  du  24  dé- 
cembre 1874;  séance  du  8  janvier  1875;  iti-8°. 

Société  des  Ingénieurs  civils;  n"  21,  1875;  in-4"'. 

Société  entomologique  de  Belgique;  n°*  7  et  8,  1875;  in-8°. 

Société  linnéenne  du  nord  de  la  France,  n°  3i,  1875;  in-8". 

The  Journal  of  the  Franklin  Institute;  décembre  1874;  in-8". 


COMPTES  KliNDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  15  FÉVRIER  1875. 

PRÉSIDENCE   DE   M.  FllEMV. 


MÉMOIRES  ET  COMMlJi\ICATU>I\S 

DES  MEMBRKS  ET   DES  CORRESPONDANTS  hV.  L'ACADÉMIE. 

M.  Faye,  on  présentant  à  l'Académie  la  Connaissance,  des  Temps  pour 
187G,  et  V Annuaire  du  Buieau  des  Lonyitudes  pour  fB^S,  s'exprime  comme 
il  suit  : 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  volume  de  la  Connaissance 
des  Temps  j)our  1876.  Celui  de  l'année  1877  paraîtra  dans  trois  mois.  Mal- 
gré les  difficultés  des  temps  que  nous  avons  traversés  et  l'exiguïté  de  nos 
ressources,  le  Bureau  des  Longitudes  doit  à  la  collaboration  de  notre  cou- 
frère  AL  Lœwy  d'avoir  pu  rapidement  porter  cette  publication,  qui  a  tou- 
jours été  un  service  public  de  la  plus  haute  importance,  au  degré  de  perfec- 
tion désirable. 

En  fait,  le  volume  actuel  a  une  étendue  double  de  celle  des  anciens.  Tout 
ce  qui  pouvait  abréger  le  travail  des  observateurs,  marins,  astronomes,  voya- 
geui's,  géodésieus,  a  été  f  lit.  Lesépliémériilcs  de  la  Lui'.e  en  particulier,  indis- 
pensables à  la  (lélermiualion  des  longitudes,  ont  reçu  une  extension  remar- 
quable. Désormais  on  y  peut  prendre,  presque  à  vue,  les  nombres  dont  on 
a  besoin  pour  le  calcid  des  lieux  de  cet  astre,  sans  plus  de  travail  que  |)our 
trouver  le  logarithme  d'un  nombre.  Les  étoiles  de  culmiualiou  huiaire  ont 
été  déterminées  par  les  meilleures  observations  modernes;   leurs  positions 

i;.  K.,  1875,  i"  Semcilrt.  {  l.  l.XXX,  N»  7.)  ^/| 


(  4>o  ) 

apparentes  calculées  pour  chaque  jour  où  l'observation  de  notre  satellite 
est  possible.  Les  éphémérides  des  planètes  ont  également  reçu  un  grand 
développement.  Enfin  notre  Recueil  contient  les  positions  apparentes  de 
trois  cents  étoiles  fondamentales,  calculées  de  dix  en  dix  jours,  et  de  dix 
étoiles  polaires,  calculées  jour  par  jour,  pour  faciliter  les  recherches  de 
haute  précision  en  Astronomie  et  en  Géodésie. 

»  C'est  ainsi  que  cette  publication,  née  en  France  il  y  a  deux  siècles, 
poursuivie  chez  nous  sans  interruption,  grâce  au  zèle  des  astronomes  qui 
ont  été  chargés  d'en  diriger  les  calculs,  et  imitée  successivement  par  tous 
les  pays  civilisés  en  recevant  de  plusieurs  d'entre  eux  une  extension  plus 
grande,  a  reçu  dans  ces  derniers  temps  tous  les  développements  désirables, 
et  n'a  plus  besoin,  d'ici  à  quelques  années,  que  d'être  maintenue  au  niveau 
actuel  par  le  concours  des  hommes  de.science  et  la  protection  de  l'État. 

»  Les  additions  à  la  Connaissance  des  Temps  de  1876  contiennent  une 
Note  de  M.  de  la  Roche-Poncié  sur  les  perfectionnements  apportés  à  noire 
grand  Dictionnaire  de  positions  géographiques,  un  Mémoire  tout  d'actualité 
(ie  M.  Puiseiix,  qui  servira  de  guide  pour  les  calculs  de  l'immense  quantité 
d'observations  capitales  que  nous  allons  voir  arriver  sur  le  récent  passage 
de  Vénus;  d'intéressantes  recherches  de  M.  Leveau  sur  la  planète  Hera, 
et  un  Mémoire  de  M.  Villarceau,  d'une  importance  toute  pratique,  sur 
la  détermination  des  longitudes  géographiques  au  moyen  des  culminations 
lunaires. 

»  J'ai  retardé  celte  présentation,  qui  aurait  dû  être  faite  il  y  a  deux 
mois,  dans  l'espoir  que  notre  vénéré  confrère  M.  Mathieu  la  ferait  lui- 
même,  comme  d'habitude.  C'est  pour  nous,  en  effet,  une  vive  satisfaction 
que  de  voir  le  doyen  de  la  science  européenne  prendre,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-onze  ans,  une  part  active  à  nos  travaux  :  aussi  tenons-nous  à  ce  qu'il 
continue  de  représenter  le  Bureau  des  Longitudes  devant  vous.  Mais  sa 
santé,  sans  être  compromise,  a  subi  quelque  atteinte  dans  ces  derniers 
temps.  C'est  même  là  ce  qui  explique  le  retard  de  notre  seconde  publica- 
tion, c'est-à-dire  de  VÀnnuaiie,  que  j'ai  également  l'honneur  de  présenter 
à  l'Académie.  Tous  les  calculs,  toutes  les  Tables  ont  été  revus  et  corrigés 
par  M.  Malliieu,  à  l'exception  d'une  feuille. 

»  Ce  petit  volume  contient,  en  outre,  une  Notice  dont  le  titre  est  :  Défense 
de  la  loi  des  tempêtes,  que  je  prendrai  la  liberté  de  recommander  à  l'atten- 
tion bienveillante  de  l'Académie.  Il  ne  s'agit  plus,  il  est  vrai,  d'Astrono- 
mie, mais  d'un  intérêt  pratique,  d'une  question  qui  touche  de  près  les  na- 
vigateurs;   à   ce  titre    même,  elle   toiiche    l'Acndéniie   font  autant   que  le 


(  ''.'I  ) 

Bureau  des  Longitudes,  et  c'est  ce  qui  m'encourage  à  vous  en  dire  quelques 
mots. 

"  J'ai  fâché  de  montrer  que,  si  la  Physique  a  rendu,  dans  ces  dernières 
années,  de  grands  services  à  l'Astronomie,  notre  science  à  son  tour  pouvait 
rendre  quelques  services  à  la  Physique.  D'ailleurs  la  question  traitée  inté- 
resse toutes  les  nations  maritimes.  La  France,  qui,  malgré  ses  désastres, 
possède  encore  une  puissance  navale  de  premier  ordre,  ne  saijrait  rester 
indifférente  à  cette  question,  l'une  des  plus  belles  et  des  plus  importantes 
(pie  la  science  puisse  aborder  aujourd'hui.  Je  sollicite  davance  toute 
l'indulgence  de  nos  confrères  pour  cette  tentative  de  soumettre  à  la  théorie 
les  grands  mouvements  de  notre  atmosphère.  « 

ivLECTRO-CHiMiE.  —  Nouvelles  recherches  sur  le  mode  cC inlervenlion  des  Jorces 
électrocajntlaires  dans  les  phénomènes  de   nutrition;    par  M.   Bkcquf.rei,. 

(Extrait.) 

«  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  se  compose 
de  trois  chapitres  dont  voici  les  titres  : 

»  Le  premier  chapitre  traite  de  l'endosmo.se  dans  ses  rapports  avec  les 
actions  électrocapillaircs. 

»  Le  deuxième,  de  nouvelles  recherches  sur  les  actions  électrocapil- 
laires dans  les  fonctions  organiques  de  l'homme  et  des  animaux. 

»  Le  troisième,  des  mêmes  actions  dans  les  végétaux,  et  notamment 
dnns  les  tubercules. 

»  Les  effets  d'endosmose,  qui  ont  été  le  sujet  de  recherches  importantes, 
par  Dutrochet,  Graham,  Liebig  et  autres,  varient  suivant  la  nature  des 
cloisons,  la  composition  des  liquides,  leur  action  réciproque,  leur  densité, 
la  température,  la  fiUialion,  la  diffusion,  les  courants  électrocapillaires  et 
cntiu  selon  les  dépôts  formés  sur  les  parois  des  espaces  capdiaires  et  sur 
lesquels  les  liquides  peuvent  réagir.  On  voit  donc  combien  sont  complexes 
les  phénomènes  d'endosmose;  quelques  exemples  le  prouveront  :  Dutrochet 
a  reconnu  qu'en  opérant  avec  une  cloison  d'origine  animale,  l'acide  ni- 
trique et  l'eau  distillée,  les  effets  varient  suivant  la  densité  de  l'aciile  jus- 
qu'à |jro(luire  des  effets  inverses,  pour  des  différences  assez  faibles  dans  la 
densité.  Il  a  observé  des  effets  semblables  avec  les  autres  acides.  Il  a  re- 
connu qu'en  opérant  avec  une  dissolution  acide  et  une  dissolution  alca- 
line, l'endosmose  allait  de  l'acide  vers  l'alcali;  ce  fait  est  exact  quand  il  ne 
se  produit  pas  de  réductions  métalliques  nu  d'autres  actions  chinn'ques. 

5./-,.. 


(    4I2) 

»  Grahrtm,  qui  a  substitiié  aux  dénominations  d'endosmose  et  d^exos- 
viosc  celle  d'osmose  positive  et  d'osmose  iiétjntive,  a  pris  pour  point  de 
«ii'pjirt  de  ses  recherches  la  diffusion  produite  quand  une  dissolution 
saline  ou  autre,  étant  en  contact  avec  l'eau,  tend  à  s'y  répandre,  même 
lorsque  les  deux  liijuides  sont  sépaiés  par  une  cloison  perméable,  jusqu'à 
ce  que  le  mélange  soit  achevé.  Il  compare  cet  effet  à  celui  qui  porte  les 
gaz  à  occuper  un  volume  plus  grand,  quand  l'espace  augmente. 

»  11  a  éludié  les  pouvoirs  osmotiques  dans  les  cloisons  de  terre  et  dans 
celles  d'origine  organique,  en  variant  les  conditions  expérimentales.  J'ai 
cnerché  à  expliquer  xnie  partie  des  effets  observés  en  faisant  intervenir 
les  actions  électrocapillaires  et  d'autres  causes  que  l'on  n'avait  pas  encore 
prises  ou  considération. 

»  Suivant  Graham,  l'osmose  est  due  à  des  actions  exercées  par  les 
liquides  sur  la  matière  albumineuse  de  la  membrane;  les  acides  se  portent 
vers  la  surface  externe,  les  bases  sur  la  surface  interne.  Sans  expliquer  com- 
ment s'effectue  le  transport  dans  les  espaces  capillaires,  il  se  borne  à  dire 
que  les  combinaisons  binaires  capables  de  déterminer  une  osmose  consi- 
dérable se  décomposunt  souvent  avec  in)e  grande  facilité,  en  un  élément 
acide  et  un  élément  alcalin  capables  d'agir,  chacun,  sur  l'une  des  faces  de 
la  membrane. 

»  J'ai  considéré  dans  ce  travail  l'endosmose  dans  ses  rapports  avec  les 
actions  électrocapillaires  :  j'examine  d'abord  quelle  est  la  force  qui  produit 
la  polarité  dont  parle  Graham;  cette  force  n'est  autre  que  les  courants 
électrocapill.àres  agissant  comme  force  chimique,  pour  produire  des  ré- 
ductions métalliques  ou  autres  actions  chimiques,  et  comme  force  méca- 
nique, poui-  tiansporter  les  liquides  et  les  substances  dissoutes  du  liquide 
qui  est  positif  au  liquide  qui  est  négatif  dans  la  réaction  chimique. 

»  Toutes  les  fois  que  l'action  électrochimique  est  puissante,  il  n'y  a  pas 
d't'udosmose,  soit  avec  les  cloisons  organiques  perméables,  soit  avec  les 
tubes  fêlés,  attendu  que  les  substances  dissoutes,  étant  décomposées  dans 
les  espaces  capillaires,  ne  se  diffusent  plus;  ou  voit  ])ar  là  que  les  effets  doi- 
vent vaiier  suivant  l'affinité  des  deux  liquides  l'un  pour  l'autre.  L'action 
chimique  et  l'action  mécanique  sont  complémentaires  l'une  de  l'autre; 
lorsque  l'action  chimique  est  très-faible  la  diifusion  l'emporte. 

»  Je  rapporte  Irente-quaire  expériences  osmouu'lricpies  faites  par  Gra- 
ham avec  l'eau  el  diverses  dissolutions,  et  une  cloison  organique,  davis  les- 
quelles il  a  déterminé  le  sens  et  la  hauteur  de  l'osmose;  sur  ces  trente- 
(jualre  dissolutions  vingt-sept  ont  donné  l'endosmose  dans  le  sens  du  cou- 


(4i3) 
rant  élecirocapillaire  allant  de  la  dissolution  qui  a  d(^gagé  de  réiectricité 
positive  à  celle  qui  a  pris  l'électricité  négative.  Les  sept  cas  (jui  fout  excep- 
tion  proviennent  d'une  des  causes  précitées;  on  voit  combien   les  eir<;ts 
produits  sont  complexes. 

»  J'ai  trouvé,  dans  une  autre  série  d'expériences,  avec  des  cloisons  de 
pa|)ier  parchemin  et  deux  dissolutions  salines  n'ayant  qu'une  force  élec- 
tromotrice  faible,  au  lieu  d'une  dissolution  et  de  l'eau,  coiinne  Grah!un 
l'avait  fait,  que  la  direction  de  l'endosmose  est  bien  celle  du  courant 
électrocapillaire  agissant  comme  force  mécanique;  les  produits  formés  qui 
sont  souvent  cristallisés  proviennent  d'une  double  décomposition.  Ces  ré- 
sultats mettent  bien  en  évidence  le  principe  indiqué,  que  lorsqu'il  n'y  a  ni 
réductions  métalliques,  ni  autres  actions  chimiques,  il  y  a  transport  de  li- 
quide du  liquide  positif  au  liquide  négatif  par  les  courants  électrocapil 
laires,  et,  par  conséquent,  endosmose. 

»  Graham  a  admis  que  les  espaces  capillaires  absorbaient  des  parties 
constituantes  des  liquides  transportés  par  endosmose,  et  qu'on  éprouve 
beaucoup  de  difficultés  à  les  enlever  par  le  lavage;  ces  esjjaces  se  com- 
portent alors  comme  le  charbon,  la  laine  et  la  soie  à  l'égard  des  matières 
colorantes;  poiu-  savoir  à  quoi  m'en  tenir  à  cet  égard,  j'ai  fait  les  expé- 
riences suivantes  avec  l'appareil  à  cloison  de  papier  parcheminé,  diverses 
dissolutions  salines  et  l'eau  distillée  colorée  par  le  tournesol,  le  curcuma, 
l'orseille,  etc.  L'endosmose  a  eu  lieu  de  l'eau  vers  la  dissolution,  mais 
celle-ci  ne  s'est  pas  colorée  :  la  matière  colorante  a  donc  été  absorbée  par 
les  pores  du  papier.  Ces  expériences  tendent  à  prouver  que,  dans  les  phéno- 
mènes électrocapillaires,  pareils  effets  peuvent  être  produits. 

»  3'ai  indiqué,  à  la  fin  du  premier  chapitre,  les  conditions  nécessaires 
pour  qu'd  y  ait  action  électrocapillaire  et  endosmose,  ou  bien  l'une  ou 
l'autre  : 

M  1°  Il  faut  qu'il  y  ait  en  présence  deux  liquides  différents,  réagissant 
chimiquement  l'ini  sur  l'autre  et  séparés  par  une  cloison  perméable  de 
nature  organique  ou  inorganique. 

))  2"  La  perméabilité  ne  doit  pas  être  telle,  pour  la  production  des  cou- 
rants éleclrocapillaires,  qu'il  y  ait  diffusion  ou  filtration;  car  il  se  produit 
alors  des  doubles  (léconq)ositions  donnant  lieu  à  des  composés  cristallisés  ou 
non  cristallisés,  selon  <pie  les  actions  sont  plus  ou  moins  lentes  à  se  former. 

»  3"  La  perméabilité  doit  provenir  d'une  action  capillaire  suffisante  pour 
faire  arriver  au  contact  les  deux  liquides  réagissant  chimicpuinent  l'un  sur 
l'autre,  de  manière  à  produire  un  dégagement  d'électricité  suifisant  pour 


(  4'4  ) 

qu'il  en  résulte,  le  long  des  parois  des  pores  de  la  cloison,  un  courant  dit 
élertrocnijillnire,  ayant  une  intensité  suffisante  pour  opérer  une  décomposi- 
tion élcctrociiiniique.  D'autres  liquides  arrivent  ensuite,  qui  sont  égale- 
ment décomposés,  ainsi  de  suite;  dans  ce  cas,  il  n'y  a  pas  de  diffusion  et 
|.ar  suite  d'endosmose,  puisque  la  cause  de  celle-ci  n'existe  plus;  mais  si 
les  dimensions  des  pores  sont  telles,  que  l'action  électrocapillaire  ne  soit 
pa*. suffisante  pour  décomposer  les  substances  tenues  en  dissolution,  il  y 
a  alors  diffusion  de  la  partie  excédante  qui  n'a  pas  été  décomposée.  Une 
iiartie  de  l'endosmose  est  due  aussi  à  l'action  du  courant  électrochimique 
agissant  comme  force  physique. 

)  Citons  un  exemple  :  Quand  on  opère  avec  une  dissolution  de  mono- 
sulfure de  sodium  et  une  autre  de  nitrate  de  cuivre,  avec  une  cloison  de 
papier  parchemin  dont  le  tissu  est  un  peu  relâché,  il  y  a  alors  de  légères  fil- 
Irations,  puis  formation  de  sulfure  noir  de  cuivre  des  deux  côtés,  et  dépôts 
de  cuivre  çà  et  là  sur  la  face  négative.  Dans  les  tubes  fêlés,  pareils  effets 
ont  lieu  lorsque  les  fêlures  ne  sont  pas  partout  semblables. 

»  4°  On  peut  donc  poser  en  principe  qu'il  n'y  a  de  diffusion  que  lors- 
que les  dissolutions,  du  moins  les  substances  qui  s'y  trouvent,  ne  sont  pas 
décomposées  en  totalité  par  les  courants  électrocapillaires. 

I)  5°  Dans  l'organisme,  les  conditions  nécessaires  pour  la  production 
des  actions  électrocapillaires  paraissent  être  remplies,  car  on  n'aperçoit  pas 
d'effets  de  diffusion  produisant  des  doubles  décompositions. 

»  6"  Quand  on  craint  que  les  liquides  n'altèrent  les  cloisons  organiques, 
il  faut  avoir  recours  aux  tubes  fêlés  ou  coupés  longitudinalement,  et  dont 
les  parties  séparées  sont  remises  en  contact  avec  le  plus  grand  soin. 

»  7°  La  puissance  des  courants  électrocapillaires  dépend  de  plusieurs 
causes  :  en  premier  lieu,  de  l'intensité  de  la  force  électromotrice  et,  par 
conséquent,  de  l'affinité  des  liquides,  puis  de  l'étendue  des  pores;  le  dia- 
mètre de  ces  dernières  doit  être  tel,  que  toute  l'électricité  dégagée  dans 
l'action  des  doux  liquides  soit  transformée  en  courant  électrocapillaire. 
Tous  les  liquides  doivent  être  conducteurs  de  l'électricité,  comme  ils  le 
sont  dans  l'organisme. 

»  Dans  le  second  chapitre,  je  rends  compte  des  résultats  obtenus  dans 
de  nouvelles  expériences  sur  l'existence  des  courants  électrocapillaircs  dans 
les  animaux  vivants  (i),  et  qui  font  suite  à  ceux  qui  ont  déjà  été  publiés  (aj. 


(i)  Ces  cxpcricnces  onl  clé  failes  avec  le  concours  de  M.  Daslie  et  l'ai<le  de  M.  GiitTont, 
(2)  Compicx  rendus  du  j  décembre  1874. 


(  4i5  ) 

M  Ces  courants  doivent  jouer  un  grand  rôle  dans  les  fonctions  organi- 
ques, attendu  que  les  appareils  qui  les  produisent  sont  formés  de  deux 
liquides  diiTtieuls,  séparés  par  une  membrane  perméable,  conditions  qui 
se  trouvent  réunies  dans  les  corps  organisés.  Mes  expériences  indiquent 
seulement  si,  dans  les  parties  explorées,  il  y  a  des  effets  de  réduction  ou 
d'oxydation;  elles  ont  porté  d'abord  sur  les  forces  électromotrices  pro- 
duites au  contact  du  sang  artériel  et  du  sang  veineux,  et  de  chacun  d^ces 
deux  sangs  avec  plusieurs  des  liquides  de  l'organisme.  Elles  mollirent  que 
l'un  el  l'autre  sont  négatifs  à  l'égard  de  ces  liquides  et  que  la  direction  des 
courants  est  telle,  par  conséquent,  que  les  parois  intérieures  des  capil- 
laires proprement  dits  sont  les  pôles  positifs,  et  les  parois  extérieures  en 
contact  avec  les  muscles  les  pôles  négatifs.  Il  résulte  de  cet  état  de  choses 
que  l'oxydation  a  lieu  dans  le  sang  et  que,  s'il  y  a  endosmose,  celle-ci  a 
lieu  vers  les  muscles. 

»  Il  est  principalement  question,  dans  ce  Mémoire,  de  la  force  électro- 
motrice  des  diverses  parties  d'un  muscle,  qui  est  composé  de  fibrilles  mus- 
culaires entourées  du  sarcolemme,  de  fibres  secondaires  formées  chacune 
de  fibrilles  et  entourées  également  d'une  enveloppe  perméable,  le  tout 
entouré  de  l'aponévrose,  qui  est  aussi  membrane  perméable. 

))  Dans  l'impossibilité  d'expérimenter  sur  deux  fibrilles  conliguës,  ou 
bien  sur  deux  fibres  secondaires  en  contact,  on  a  pris  plusieurs  muscles 
réunis  de  la  jambe  d'un  lapin,  dans  lesquels  on  a  fait  une  section  trans- 
versale, afin  de  soumettre  à  l'expérience  deux  parties  correspondantes  de 
chacun  d'eux. 

»  Les  forces  électromotrices  observées  sont  dues  à  la  différence  de  com- 
position des  liquides  qui  se  trouvent  entre  les  fibrilles;  mais,  comme  il 
existe  des  courants  intermédiaires,  dirigés  dans  un  sens  ou  dans  un  autre, 
il  en  résulte  qu'en  opérant  simultanément  sur  la  partie  centrale  d'un 
muscle  et  sur  la  partie  extérieure,  on  obtient  une  force  électromotrice 
égale  à  la  somme  de  forces  électromolrices  intérieures,  prises  chacune 
avec  leur  signe.  On  a  trouvé,  à  plusieurs  reprises,  que  la  partie  centrale 
du  muscle  touchant  à  l'os  est  négative  à  l'égard  des  parties  périphé- 
riques, ce  qui  prouve  que  la  première  s'oxyde  plus  que  la  seconde.  Dans 
le  INIémoire  inécédemment  cité,  on  avait  déjà  reconnu  que  l'intérirur 
d'un  muscle  était  négatif  par  rapport  à  la  périphérie.  Ou  ne  peut  aller 
au  delà,  vu  l'impossibilité  où  l'on  est  d'opérer  sur  deux  fibrilles  con- 
tiguës. 

»  L'albumine  étant  un  des  principes  constituants  les  plus  importants  de 
l'organisme,  j'ai  dû  chercher  le  rôle  qu'elle  joue  dans  son  contact  avec  le 


(  4.r.  ) 

sang  et  plusieurs  autres  liquides;  on  trouvera  ci-après  les  résultats  obtenus 
dans  plusieurs  séries  d'expériences  : 

Forces  électromotrices 

moyennes 

représentant  les  intensités 

des  com-anls. 

Âibumine  (blanc  d'oeuf)  avec  4  vol.  d'eau..      —   ) 

,.    ... .  J  DI,25 

Eau  distillée -h   ) 

Albumine  Ibidem) —  ) 

Eau  salée +  j 

Albumine  [idem) —  ) 

Eau  saturée  à  i8  degrés  Baume -4-  j                  '' 


Albumine  (idem) 

Vin 

Albumine  (idem) 
Acide  acétique. .  . 


2 


7 


I  10 


»  On  voit  par  ces  résultats  que  lorsqu'une  dissolution  albuniineuse  est 
séparée  par  une  cloison  perméable  de  l'eau  distillée,  de  l'eau  salée,  du  vin 
et  de  l'acide  acétique,  elle  est  constamment  négative;  il  en  résulte  alors 
des  courants  élecfrocapillaires  qui  tendent  sans  cesse  à  l'oxyder,  puisqu'elle 
se  trouve  sur  la  face  de  la  cloison  se  comportant  comme  électrode  positive; 
de  semblables  effets  doivent  élre  produits  sur  l'albiunine  des  tissus  quand 
on  introduit  ces  liquides  dans  l'estomac  ou  d'autres  parties  du  corps. 

»  Dans  le  troisième  chapitre  de  ce  Mémoire,  j'ai  exposé  la  suite  des  re- 
cherches commencées,  il  y  a  plusietns  années,  sur  l'existence  des  courants 
électrocapillaires  dans  le.s  végétaux  et  leur  mode  d'intervention  dans  les 
phénomènes  de  nutrition. 

»  J'ai  rapporté  d'abord  les  nouveaux  résultats  obtenus  dans  des  expé- 
riences ayant  pour  but  de  déterminer  la  distribution  des  courants  électro- 
capillaires  dans  ilivers  tubercules,  et  notamment  dans  les  pommes  de  terre. 
Notre  confrère  M.  Trécul  a  eu  l'obligeance  de  me  faire  tni  dessin  par- 
faitement exécuté  d'une  coupe  transversale  de  ce  tubercule,  et  sur  lequel 
son  organisation  est  indiquée  jusque  dans  les  plus  petits  détails.  Il  m'a  été 
possible  alors  d'indiquer  les  points  sur  lesquels  on  a  expérimenté  pour  con- 
naître la  direction  des  courants  électrocapiilaircs.  Ne  pouvant  entrer  dans 
aucun  détail  à  cet  égard,  sans  avoir  sous  les  yeux  la  (igure,  je  me  bor- 
nerai à  dire  que  dans  la  section  transversale  on  distingue  tpiatre  couches 
concentriques  princi|)al(s  A,  lî,  C,  E,  la  première  A  étant  celle  dti  centre  et  la 
dernière  E  l'épiderme.  Si  l'on  introduit  successivement  deux  aiguilles  de 
platine  dépolarisèes  l'une  tians  E  et  l'autre  dans  C,  puis  dans  1*^  et  B,  E  et 
A,  C  cl  15,  C  et  A,  on  obtient  l(!s  forces  èlectromolrices  représentées  par  les 
intensités  des  courants  correspondant  à  ces  points.  En  comparant  ensemble 


(  ^i'7  ) 
les  résultats,  on  voit  qn<'  la   partie  centrale  fin  tiiherrnlo  est  nôgjtlive  par 
rapport  à  l'épiderme,  et  par  conséqiiont  est  plus  oxydée  que  colle-ci,  comme 
cela  a  lien  dans  nn  muscle  et  dans  nn  assemblai^e  de  pinsienrs  muscles. 

»  Dans  la  pomme  de  terre,  en  mettant  en  communication  la  partie  in- 
térieure avec  l'épiderme,  on  la  résultante  des  forces  électromotrices  in- 
termédiaires provenant  du  contact  des  divers  liquides  contenus  dans  les 
tissus,  on  a  effectivement,  d'après  les  nombres  cités  dans  le  Mémoire, 

AE  =  EC  -+-  CB  H-  AB. 

»   En  prenant  les  valeurs  chacune  avec  leur  signe,  on  a 
ro,8  +  i6,5  —  io,25  =  17,5. 

»  Or  AE  a  donné  directement  par  l'expérience  21,  différence  3,5,  cpii 
ne  doit  pas  étonner,  vu  les  grandes  difficultés  que  présentent  les  détermi- 
nations expérimentales. 

»   D'un  autre  côté,  on  a 

BC -f- CE  =  BE,     d'où      i6,25  -+- 10,8  =  29. 

»  L'évaluation  directe  de  la  force  éleclroniotrice  a  donné  également, 
pour  BE,  le  nombre  29. 

»   D'autres  expériences  semblables  ont  confirmé  la  loi. 

»  On  voit  que  chacune  des  quatre  zones  principales  qui  constituent  une 
pomme  de  terre  jouit  de  propriétés  physico-chimiques  différentes,  comme 
les  différentes  parties  d'un  muscle. 

»  Désirant  connaître  les  actions  j)hysico-cliimiqucs  exercées  par  l'eau  et 
l'eau  salée  sur  les  tubercules  et  les  fruits,  j'ai  fait  plusieurs  séries  d'expé- 
riences qui  ont  conduit  aux  conséquences  suivantes  : 

»  L'eau  est  constamment  positive  et  le  fruit  ou  le  tubercule  négatif,  ce 
qui  indique  que  les  courants  électrocapillaires  ont  pour  effet  d'oxyder  Us 
parties  sous  la  peau  ou  l'épiderme;  avec  l'eau  salée,  c'est  l'inverse.  On  voit 
par  la  les  effets  qui  peuvent  être  produits  dans  les  corps  vivants,  par  l'in- 
troduction de  divers  liquides,  effets  qui  doivent  être  |)i  is  en  considération 
dans  les  applications  des  sciences  physico-chimiques  à  la  médecine. 

PHYSIQUE.  —  Siif  1(1  vrnfondeiir  et  la  snpeiiiositinii  des  couches  aimnnices 
dans  i acier.  Note  de  M.  J.  Jamix. 

«  Dans  la  séance  du  3o  décembre  1872,  j'ai  annoncé  à  l'Académie 
qu'une  lame  d'acier  aimantée  dans  un  sens  direct   pai-  im  courant    irés- 

1;.  K.,  1875,  I"  Srmeitrf.  (T.  LXXX,  N"  7.)  -'-• 


(  4>8  ) 
fort  est  neutralisée  par  un  courant  inverse  moins  intense.  Elle  n'est 
cependant  pas  à  l'état  naturel,  car  elle  reprend  son  aimantation  primitive 
par  un  courant  direct  même  faible,  tandis  qu'elle  n'en  reçoit  aucune  ou 
n'en  prend  qu'une  très-faible  par  l'effet  d'un  courant  inverse  plus  petit  ou 
plus  grand  que  celui  qni  l'a  neutralisée. 

»  J'ai  expliqué  ces  faits  en  admettant  que  l'aimantation  ne  pénètre  qu'à 
une  profondeur  limitée,  mais  qui  e.st  d'autant  plus  grande  que  le  courant 
est  plus  fort,  et  que  l'action  successive  de  deux  courants,  le  premier  éner- 
gique et  direct,  le  deuxième  faible  et  inverse,  superposent  deux  aimanta- 
tions contraires,  celle-là  profonde,  celle-ci  superficielle.  On  ne  constate 
que  la  différence.  Celle  explication  ayant  été  contestée  au  sein  de  l'Aca- 
démie, je  viens  la  défendre  par  des  épreuves  que  je  crois  décisives. 

»  Je  prends  d'abord  un  tube  d'acier  fermé  par  deux  bouchons  à  vis  de 
même  métal  (c'est  un  canon  de  fusil  chassepot).  J'y  introduis  un  cylindre 
d'acier  et  j'aimante  le  tout  dans  une  bobine  avec  un  courai:t  dont  j'aug- 
mente progressivement  l'intensité.  Tant  qu'il  est  faible,  il  n'agit  que  sur 
le  tube,  laissant  l'âme  à  l'état  naturel.  A  partir  d'inie  force  déterminée,  il 
donne  à  l'âme  une  aimantation  qui  croît  avec  cette  force  et  qui  finit  par 
être  égale  à  celle  qu'on  obtiendrait  si  le  tube  n'existait  point.  Il  est  doue 
proTivé  que  l'aimantation  pénètre  à  des  profondeurs  limitées  qui  croissent 
avec  l'intensité. 

1)  On  confirme  cette  conclusion  en  aimantant  préalablement  l'âme  à  nu 
et  à  saturation  par  un  courant  direct;  en  l'introduisant  ensuite  dans  le  tube 
et  en  soumettant  le  tout  dans  une  bobine  à  un  courant  intense  qu'on  aug- 
mente peu  à  peu.  Tant  qu'il  est  faible,  l'âme  garde  toute  son  aimantation; 
puis  elle  la  perd  progressivement  et  en  prend  ensuite  une  autre  qni  est 
inverse. 

»  Il  y  a  toujours  un  moment  où  l'ensemble  du  tidje  et  du  cylindre  inté- 
rieur ne  possède  aucun  magnétisme  apparent,  ne  peut  être  aimanté  par 
tm  courant  inverse,  tandis  qu'il  l'est  énergiquement  par  le  courant  de  sens 
direct  qui  a  produit  l'aimantation  de  l'âme;  mais,  si  l'ensemble  est  neutre, 
il  n'est  pas  à  l'état  naturel,  car,  en  séparant  les  deux  parties  du  système, 
ou  leur  trouve  dos  aimantations  différentes,  l'une  directe  sur  l'àme,  l'autre 
inverse  sur  le  tube;  elles  se  neutralisaient  par  leur  superposition.  C'est 
l'image  de  ce  qui  se  fait  dans  un  seul  morceati  d'acier  quand  il  a  subi  deux 
aimantations  contraires,  qui  se  superposent  et  se  neutralisent,  sans  pour 
cela  se  détruire. 

»   Je  vais  arriver  mainlenani  à  des  épreuves  plus  directes,  qui  consistent 


(  4«9  ) 
à  dissoudre  la  partie  extérieure  des  aimants  dans  l'acide  sidrnriquc  dilué; 
mais  ici  o»  rencontre  tout  d'abord  de  grandes  dilficidtcs.  I.es  barres 
d'acier,  si  bien  corroyées  qu'elles  soient,  ne  sont  point  homogènes  et  ne 
sont  point  également  attaquées  eu  leurs  diverses  parties.  On  voit  des  fibres 
se  dessiner,  des  sillons  se  creuser  et  la  surface  éprouver  toute  espèce  d'al- 
téralions.  On  peut  être  sûr  que  ces  irrégularités  de  l'aclion  chimique  révè- 
lent des  irrégularités  de  la  cohésion,  de  la  force  coercifive  et  de  la  constitu- 
tion de  l'aimant.  Généralement  la  dureté  du  mêlai  augmente  vers  le  centre 
et  la  coniluctibililé  magnétique  décroît  :  c'est  un  point  à  étudier.  Avant 
tout,  il  fallait  trouver  des  barreaux  honiogènes,  et  je  les  dois  à  la  complai- 
sance d'un  fabricant  distingué,  M.  du  Goujon,  qui  a  bien  voulu  me  pré- 
parer des  lames  laminées  à  froid  plusieurs  fois  de  suite,  après  des  recuits 
successifs.  Trempées  ensuite  et  à  peine  recuites,  elles  se  dissolvent  très- 
facilement  et  très-régulièrement  dans  l'acide  sulfurique  dilué  chauffé  à 
loo  degrés,  et  peuvent  être  amenées  jusqu'à  une  épaisseur  de  o""'",!  sans 
se  rompre,  sans  cesser  d'être  très-planes. 

»  Or,  si  l'on  aimante  une  de  ces  lames,  qu'on  la  plonge  dans  l'acide  et 
qu'on  la  retire  après  chaque  demi-heure  d'action,  pour  mesurer  son  épais- 
seur et  la  quantité  de  magnétisme  qu'elle  a  gardée,  on  trouve  que  celle-ci 
diminue,  ce  qui  devait  être.  Évidemment,  en  dissolvant  le  métal,  l'acide 
dissout  aussi  le  magnétisme  (jn'il  possédait.  Si  l'aimanlation  était  unifor- 
mément répandue  dans  toute  la  masse,  le  rapport  de  la  quantité  de  magné- 
tisme à  l'épaisseur  serait  constant;  or  il  ne  l'est  pas,  et  l'on  trouve  qu'il 
diminue  jusqu'à  zéro.  Les  deux  couches  magnétiques  qui  se  trouvent  au- 
dessous  des  deux  faces  de  la  lame  offrent  donc  des  intensités  variables, 
décroissant  de  la  surface  où  elle  est  maxima  jusqu'à  une  certaine  profon- 
deur où  elle  est  nulle. 

»  Ayant  ainsi  usé  de  chaque  côté  environ  o*^"',4i  ''  't'sta  un  noyau  sans 
aimantation  :  les  deux  couches  aimantées  étaient  donc  limitées  à  une  pro- 
fondeur de  o""",4. 

«  Cela  est  indépendant  de  l'épaisseur  primitive  de  la  lame.  Le  noyau  peut 
maintenant  être  réaimanté,  et  il  reprend  exaclement  la  même  sonune  de 
magnétisme  que  la  lame  primitive.  Celte  nouvelle  aimantation  peut,  à  son 
tour,  être  dissoute  comme  la  première,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'au  moment 
où  le  noyau  est  réduit  à  o""",/».  A  partir  de  ce  moment,  l'aimantation  le 
pénètre  dans  toute  sa  masse;  elle  y  est  uniforme  en  tous  les  points,  et  si 
on  l'use  de  nouveau,  il  garde  une  somme  d'aimantation  toujours  propor- 
lionuelle  à  soii  épnisseur. 

55.. 


(    420    ) 

»  Pour  montrer  que  l'épaisseur  des  couches  aimantées  croît  avec  l'in- 
tensité du  courant,  j'ai  aminci  à  l'avance,  mais  inégalement,  une  série  de 
lames,  et,  les  ayant  rangées  par  ordre  d'épaisseur,  je  les  ai  aimantées  toutes 
par  des  courants  d'intensité  croissante. 

»  Tant  qu'ils  étaient  faibles,  ils  donnaient  à  toutes  les  lames  le  même 
magnétisme,  parce  que  les  couches  aimantées  pénétraient  dans  chacune 
d'elles  à  une  profondenr  moindre  que  son  épaisseur  totale.  A  un  moment 
donné,  la  plus  mince  des  lames  se  trouva  saturée,  c'est-à-dire  pénétrée  en 
totalité  par  l'aimantation.  Son  épaisseur  était  alors  égale  à  la  profondeur 
des  couches.  Pour  un  courant  plus  fort,  on  vit  la  deuxième  lame  se  saturer 
à  son  tour,  et  ainsi  des  autres,  ce  qui  prouve  que  la  profondeur  des  couches 
atteint  successivement  l'épaisseur  entière  de  chaque  lame,  et  qu'elle  aug- 
mente, conséquemment,  avec  l'intensité. 

»  Mais,  aussitôt  que  l'épaisseur  des  lames  dépasse  une  certaine  limite  a, 
toutes  deviennent  identiques  et  prennent  une  sonuue  de  magnétisme  égale. 
Cela  prouve  que  les  couches  magnétiques  elles-mêmes  se  limitent  à  cette 
épaisseur  p.  qu'elles  ne  peuvent  jamais  dépasser. 

M  Celte  limite  est  très-variable  pour  les  divers  aciers;  elle  est  très- 
grande  pour  Cl  ux  qui  sont  mous  ou  recuits,  elle  diminue  quand  la  ri- 
chesse en  carbone  augmente  et  que  la  trempe  est  plus  forte.  J'ai  dit  qu'elle 
était  égale  à  o"',4  pour  les  lames  que  j'ai  étudiées;  mais  je  possède  des 
échantillons  où  elle  est  inférieure  à  ~  de  millimètre.  On  peut  dire  que 
c(!ux-ci  ne  prennent  qu'un  vernis  magnétique  à  leur  surface,  et  il  est  im- 
possible d'en  augmenter  l'épaisseur  par  une  plus  grande  intensité  de  cou- 
rant. 

»  Mais  si  la  profondeur  de  l'aimantation  diminue  quand  la  conduc- 
tibilité magnétique  décroît,  l'intensilé  du  magnétisme  va  en  augmentant. 
Il  en  résulte  que  la  quantité  d'aimantation  est  soumise  à  deux  causes  de 
variations  inverses,  la  profondeur  qui  augmente,  l'uitensité  qui  diminue 
quand  la  conductibilité  croît.  On  comprend  que  pour  chaque  acier  le 
maximum  dépend  de  la  trempe  et  aussi  de  l'épaisseiu-  du  barreau. 

))  Je  reviens  maintenant  à  l'expérience  que  j'ai  rappelée  en  connuençant; 
on  comprend  qu'une  aimanlalion  directe  à  saturation  ail  pénétré  à  la  j)ro- 
fondeur  limite  p.  (;t  (pi'on  puisse,  par  un  courant  inverse  moins  intense, 
«iétruire  ct  Ite  aimantation  jusqu'à  une  profondeur  |j.'  moindre  que  ij.,  y 
substituer  une  aimantation  contraire,  cl  laisser  dans  la  différence  fj.  —  /a' 
ce  (jui  se  trouvait  de  l'aiinanliitiou  |)rimitive.  I^e  meilleur  moyen  de  s'en 
assurer,  c'est  de  dissoudre  l'éjjaisseur  p.'.  On  retrouve  alors  et  l'on  met  en 


(    421    ) 

évidence  l'aimantation  première.  L'expérience  réussit  snr  toutes  les  lames, 
même  quand  elles  n'ont  que  i  millimètre  d'épaisseur. 

.)  Elle  peut  même  être  faite  d'une  façon  j)lus  concluante;  on  peut  ne 
plonger  dans  l'acide  que  l'une  des  moitiés  de  la  lame  pour  dissoudre  le 
magnétisme  extérieur  qui  s'y  trouvait;  et  quand  on  a  mis  à  découvert  l'ai- 
mantation contraire  qui  est  au-dessous,  la  lame  entière  offre  deux  pôles  de 
même  nom  à  ses  deux  extrémités  et  un  point  conséquent  à  l'endioit  où 
a  commencé  l'action  de  l'acide.  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de 
l'Académie  le  résultat  de  cette  expérience  concluante.  » 

M.  Faye  fait,  au  sujet  de  la  Communication  deJM.  Jamin,  les  remarques 
suivantes  : 

«  Ces  propriétés  si  remarquables  du  magnétisme,  dont  M.  Jamin  vient 
d'entretenir  l'Académie,  de  se  concentrer  à  la  superficie  des  aciers  Irès- 
coercitifs  sans  pénétrer  à  l'intérieur,  me  donnent  l'explication  d'un  phé- 
nomène que  j'ai  eu  déjà  l'occasion  de  signaler.  Il  y  a  quelques  années, 
dans  une  visite  que  je  fis  au  Dépôt  de  la  Guerre  pour  examiner  le  procédé 
d'aciération  des  planches  de  cuivre  employé  à  préserver  la  gravure  et  faire 
un  tirage  bien  plus  considérable  qu'autrefois,  sans  avoir  besoin  de  retou- 
cher les  planches,  le  colonel  d'Etat-Major,  qui  avait  su  tirer  si  bon  parti  du 
nouveau  procédé  pour  la  publication  de  la  Carte  de  France,  voulut  bien 
me  donner  quelques  morceaux  de  feuilles  de  cuivre  ainsi  aciérées,  sur  les- 
quelles le  dépôt  de  fer  avait  été  poussé  jusqu'à  -j^  de  millimètre  et  plus 
d'épaisseur.  Je  voulais  les  soumettre  à  diverses  expériences  d'aimantation. 
M.  Ruhnikorff,  dont  tous  les  hommes  de  science  apprécient  l'extrême  habi- 
leté et  l'inépuisable  complaisance,  voulut  bien  les  exécuter  avec  moi.  Nous 
trouvâmes  que  ces  couches  si  minces  d'acier  s'aimantaient  parfaitement  et 
prenaient  une  action  magnétique  assez  étonnante;  mais  comme  je  faisais 
alors  des  expériences  sur  la  soudure  directe  du  fer  sous  pression,  en  met- 
tant .simplement  en  contact  des  surfaces  bien  nettes  et  presque  polies,  dans 
une  atmosphère  non  oxydante,  j'en  profitai  pour  essayer  l'action  d'une  forte 
chaleur  sur  ces  nouveaux  aimants  de  cuivre  revêtus  d'une  pellicule  d'acier. 

M  Un  d'eux  fut  enfermé  dans  un  canon  de  fusil  avec  une  atmosphère 
d'hydrogène,  et  soumis  en  cet  état  à  un  feu  de  forge  porté  au  blanc  soudant. 
La  température  s'est  élevée  à  l'intérieur  jusqu'à  la  fusion  du  cuivre  rouge, 
car,  en  retirant  nos  bandes  de  cuivre  aciérées,  nous  y  trouvâmes  sur  les 
bords  des  gouttelettes  arrondies  de  cuivre,  là  où  auparavant  il  n'y  avait 
que  la  coupure  d'une  cisaille. 


(    422    ) 

»  Noire  aimant  refroidi  dans  le  canon  de  fusil,  et  présenté  ensuite  à  une 
aiguille  aimantée,  manifesta  une  ]iolarité  très-sensible,  qui  prouvait  que 
son  magnétisme  avait  résisté  à  la  chaleur  blanche.  Dautres  expériences 
m'ont  détourné  de  ce  sujet  ;  mais  je  restai  très-frappé  de  ce  pouvoir  énorme 
de  coercition  pour  le  magnétisme  d'une  couche  très-mince  d'acier  soutenue 
par  une  lame  de  cuivre.  Les  recherches  si  importantes  de  M.  Jamin  nous 
expliquent  ce  ])hénomène  en  montrant  que,  dans  des  pièces  épaisses  d'acier 
trèscocrcitif,  le  magnétisme  n'affecte,  en  réalité,  que  la  surface,  et  dispa- 
raît à  luie  profondeur  comparable  à  celle  sur  laquelle  j  ai  opéré.  Il  serait 
possible  peut-être  de  faire  ainsi  des  aimants  formés  de  couches  minces 
d'acier  aimanté,  alternant  avec  des  couches  minces  de  cuivre  et  possédant 
une  énergie  et  une  constance  impossibles  à  obtenir  par  des  masses  conti- 
nues, où  il  serait  impossible  de  faire  pénétrer  le  magnétisme  jusqu'au  cœur 
au  degré  de  saturation.  » 

NAVIGATION.  —  Communication  relative  à  la  question  de  l'unificulion 
du  loniiayc  des  navires;  par  M.  de  Lesseps. 

«  On  s'occupe  beaucoup  dans  ce  moment  en  Angleterre  de  l'unilication 
du  tonnage  des  navires,  soit  dans  des  Commissions  d'enquête  du  Parle- 
ment, soit  dans  des  réunions  de  commerçants  et  d'armateurs,  soit  dans 
des  Sociétés  scientifiques,  par  exemple  à  la  Société  des  Arts  de  Londres, 
présidée  par  le  prince  de  Galles. 

»  Si  j'entret.ens  l'Académie  de  ce  sujet,  c'est  sous  un  point  de  vue  scien- 
tifique, afin  de  rechercher  la  vérité. 

»  Colbert  avait  fait  régler  le  mesurage  des  navires  d'une  manière  aussi 
exacte  que  possible;  plus  tard  la  Convention,  sur  le  Rap|)ort  de  Legendre, 
avait  adopté  le  même  principe,  en  se  rapportant  au  système  métrique. 

»  En  i822  la  France  fit,  avec  les  Etats-Unis  d'Amérique,  un  traité  com- 
mercial eu  vertu  duquel  les  pavillons  des  deux  pays  étaient  traités,  dans 
leurs  rapports  réciproques,  sur  le  pied  d'égalité  d'après  leurs  papiers  offi- 
ciels de  bord. 

»  Peu  de  temps  après  cette  convention,  les  Américains  changèrent  leur 
mode  de  tonnage  de  façon  à  présenter  sur  leurs  papiers  olficicls  un  tonnage 
qui  leur  donnait  un  avantage  de  près  de  5o  jiour  loo  sur  les  papiers  de' 
bord  français.  L'Angleterre  et  les  autres  puissances  maritimes  imitèrent 
bientôt  le  système  américain.  La  France  résista  pendant  on/.o  ans;  mais 
enfin,  siu*  les  réclamations  incessantes  de  nos  conunerçants  et  de  nos  arma- 


(  4^3) 
teurs,  M.  Martin  (du  Nord),  ministre  du  commerce,  fit  un  Rapport  an  Roi 
dans  lequel  il  regrettait  de  sortir  des  caicids  do  Legendre,  qui  ne  s'éloi- 
gnaient pas  de  la  vérité  du  tonnage,  mais  il  proposait,  dans  l'intérêt  du 
conmierce,  d'adopter  pour  les  papiers  officiels  un  nouveau  tonnage  tout 
inexact  qu'il  était. 

»  C'est  justement  pour  obvier  aux  inconvénients  résultant  de  cette  dis- 
jîosition  que  l'on  cherche,  en  Angleterre  et  ailleurs,  à  rentrer  dans  un 
mode  de  mesur^ige  plus  rationnel  des  navires. 

»  Outre  la  solution  scientifique,  il  y  a  dans  cette  question  un  objet 
humanitaire;  car  on  attribue  la  perte  d'un  grand  nombre  de  navires  à  luie 
surcharge  exagérée  qui  met  en  danger  la  vie  des  équipages  et  des  passagers. 
En  effet,  du  moment  que  le  papier  officiel  indique  comme  capacité  des 
navires  un  tonnage  qui,  par  exemple,  donne  le  chiffre  de  looo  tonnes, 
tandis  que  le  navire  peut  en  charger  i5oo,  il  n'y  a  aucune  raison  pour  que 
cette  limite  ne  soit  pas  dépassée.  Ainsi  l'on  voit  tous  les  jours  des  navires, 
jaugés  ofticiellement  looo  tonnes,  qui  en  chargent  réellement  2000. 

»  Mon  but,  en  entretenant  l'Académie  de  cette  question,  n'est  point  de 
lui  demander  une  opinion  immédiate,  mais  uniquement  d'appeler  l'atten- 
tion et  les  études  de  ceux  de  nos  confrères  dont  la  compétence  et  l'in- 
fluence pourront  contribuer  à  l'éclairer,  lorsque  le  moment  viendra  de 
solliciter  l'opinion  de  l'Académie.  » 

M.  DupuY  DE  Lomé,  après  avoir  entendu  la  Communication  de  M.  de 
Lesseps,  demande  la  parole  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  En  entendant  notre  confrère  M.  de  Lesseps  inviter  les  Membres  de 
l'Académie  des  Sciences  à  s'occuper  de  la  question  de  la  mesure  du  tonnage 
des  navires  de  commerce,  je  n'aurais  eu  qu'à  me  joindre  à  son  invitation  et 
à  exprimer  le  désir  que  les  législateurs  des  diverses  puissances  maritimes 
puissent  arriver  le  plus  tôt  possible  à  une  mesure  uniforme  du  tonnage,  si, 
dans  son  exposé,  notre  confrère  n'avait  parlé  d'un  tonnage  exact  adopté 
par  la  législation  française  sous  Colbert,  tonnage  modifié  à  la  suite  du  tra- 
vail du  géomètre  Legendre,  mais  en  conservant  le  même  principe  d'cxacti- 
Itide,  puis  de  la  nouvelle  mesure  française  d'un  tonnage  inexact  adopté  à  la 
suite  d'un  Rapport  au  Roi  du  Ministre  M.  Martin  (du  Nord),  pour  rap- 
procher le  tonnage  français  du  tonnage  des  étrangers. 

»  Ces  locutions  d'un  toiuiage  exact  ou  d'un  tonnage  inexact,  stiivant 
telle  ou  telle  législation,  m'amènent  à  présenter  à  l'Académie  quelques 
considérations  à  ce  sujet. 


(  4  2/,  ) 

»  On  a  rlit  que  la  mesure  actuelle  du  tonnage  était  iiiexnrle^  parce  qu'il 
est  notoire  que  beaucoup  de  navires  ont  souvent  porté  un  nombre  de 
tonnes  de  poids  ou  d'encombrement  très-supérieur  au  cliiffre  du  tonnage 
inscrit  sur  leurs  papiers  de  bord. 

»  Ces  faits  particuliers,  auxquels  on  poiUTait  opposer  les  cas  où  les  na- 
vires sont  bors  d'état  de  prendre  un  nombre  de  tonnes  de  marchandises 
égal  au  chiffre  de  leur  tonnage  légal,  ne  sauraient  être  présentés  comme  des 
preuvfs  contre  la  convenance  ou  Véqitité  du  mode  adopté  poiu"  mesurer  le 
tonnage  légal,  qui  doit  servir  de  base  à  la  perception  des  droits  divers  im- 
posés sur  le  corps  du  navire. 

»  C'est  avec  intention  que  j'emploie  la  locution  de  mesure  équitable  l]h 
tonnage  au  lieu  de  celle  de  mesure  vraie;  le  mot  de  tonnage  vrai  étant  vide 
de  sens  si  l'on  veut  le  comparer  avec  la  faculté  si  variable  qu'a  le  même 
navire  de  porter  tel  ou  tel  nombre  de  tonnes  de  marchandises  soit  en  poids, 
soit  en  encombrement,  suivant  la  nature  de  ce  chargement  et  celle  du 
voyage  à  entreprendre.  Autant  il  est  facile  d'avoir,  par  un  procédé  géo- 
métrique quelconque,  la  mesure  exacte,  ou  aussi  approchée  qu'on  le  vou- 
dra, de  toutes  les  capacités  intérieures  d'un  navire,  autant  il  est  impossible 
d'en  conclure  autre  chose  que  la  faculté  moyeinie  qu'il  a  de  contenir  et 
de  porter  tel  ou  tel  nombre  de  tonnes  d'encombrement  et  de  poids  de  mar- 
chandises. Or  cette  faculté  moyenne  de  contenir  et  de  porter,  en  consé- 
quence des  capacités  intérieures,  est  cora|)rise  entre  des  limites  extrêmes 
trés-éloignées,  suivant  la  nature  des  marchandises  plus  ou  moins  encom- 
brantes, suivant  les  difficultés  de  la  navigation  dans  les  mers  que  le  navire 
fréquente,  suivant  la  longueur  des  traversées,  suivant  encore  le  poids  plus 
ou  moins  lourd  de  la  coque  de  ce  navire. 

»  Pour  parler  d'abord  du  bâtiment  à  voiles,  il  est  évident  que,  s'il  a  à 
faire  de  petites  traversées  dans  la  belle  saison,  i\  peut,  sans  imprudence, 
être  chargé  jusqu'à  ce  que  son  pont  soit  très-prés  de  la  surface  de  flottaison, 
et  que,  si  ce  même  navire  doit  faire  une  longue  navigation  qui  l'expose  aux 
éventualités  d'un  grand  voyage,  il  sera  nécessaire  de  ne  lui  donner  (|u'imi 
chargement  bien  plus  modéré,  en  même  fcmj)s  qu'il  faudra  faire  des  pré- 
lèvements plus  importants  pour  les  vivres  et  les  approvisioiuicmenls  divers 
sur  les  espaces  destinés  aux  marchandises  à  fret,  ainsi  que  sur  le  poids  total 
du  chargement.  Si  l'on  considère  le  bâtiment  à  vapeur  dans  lequel  l'in»- 
portance  variable  du  combustible  nécessaire  à  telle  ou  telle  traversée,  in- 
dépendannnent  des  autres  approvisionnements,  |)iend  une  part  si  giande 
dans  la  place  et   le  |)oids  réservés  au  chargement  total,   on  verra  que  la 


(  435  ) 

quantité  maxinuiin  de  maicliandises  que  peut  |u-en(lre  le  même  navire  à 
vapeur  varie  dans  des  proportions  énormes.  Par  exemple,  Ici  paquebot 
à  vapeur  doit  prendre,  pour  des  traversées  du  Havre  à  New-York,  plus 
de  I2O0  tonneaux  de  charbon  et  à  peine  600  tonnes  de  marchandises  à 
fret,  et  si  ce  même  navire  faisait  la  traversée  de  Marseille  à  Alger,  il  lui 
suffirait  de  se  munir  de  200  tonnes  de  chaibon  au  lieu  de  1200,  et  il 
pourrait  porter  iGoo  tonnes  de  marchandises  au  lieu  de  600.  Quel  rap- 
port exact  et  constant  peut-on  rechercher  entre  le  tonnage  légal  de  ce  na- 
vire et  sa  faculté  de  porter  tel  nombre  de  tonnes  de  marchandises? 

»  Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  le  tonnage  légal  est  une  mesure  de 
capacité  intérieure  servant  de  base  à  la  perception  des  droits  siu-  le  corps 
du  navire,  mesure  applicable  seulement  à  telles  ou  telles  parties  consa- 
crées aux  marchandises  et  aux  passagers,  en  laissant  en  dehors  les  espaces 
nécessaires  à  l'équipage,  aux  machines  et  aux  approvisionnements  de  toutes 
sortes.  Quant  à  l'imité  de  la  mesure  de  capacité,  qui  correspond  à  une 
tonne  de  tonnage,  elle  ne  peut  éîre  fixée  que  par  le  législateur,  qui, 
pour  être  équitahle,  doit  avoir  en  vue  une  moyenne  des  cliargements  pos- 
sibles et  si  variables,  suivant  la  nature  des  marchandises  et  des  voyages. 

»  On  ne  saurait  rattacher  à  la  mesure  du  tonnage  légal  les  clauses 
d'une  loi  de  police  maritime  en  vue  d'empêcher  les  capitaines  et  les  arma- 
teurs d'abuser  de  leurs  navires  en  les  chargeant  à  outrance,  quelquefois 
d'une  façon  pérdleuse  pour  les  équipages.  C'est  là  une  question  déli- 
cate, mais,  en  tout  cas,  bien  différente  de  celle  de  l'adoption  d'une  formule 
équitable  et  uniforme  pour  \q  tonnage  légal  à  inscrire  sur  les  papiers  du 
bord,  en  vue  de  la  perception  des  droits.  Dans  une  loi  de  police  de  ce 
genre,  on  serait  conduit  à  limiter  la  fraction  de  la  profondeur  totale  du 
navire  qui  pourrait  être  immergée  pour  telles  ou  telles  sortes  de  navi- 
gations. 

»  Je  ne  veux  pas  en  ce  moment  m'étendre  davantage  sur  ces  (juestions, 
qui  comportent  de  longs  développements.  Je  me  borne,  à  propos  de  la  Com- 
munication de  notre  Confrère,  aux  observations  qui  précèdent  relatives 
aux  locutions  de  tonnage  légal  exact  ou  inexact.  » 

M.  DE  Lesseps  ajoute  : 

Il  Je  me  borne  à  répondre  à  M.  Dupuy  de  Lônie  que  j'admets  parfaite- 
ment la  difficulté  d'arriver  à  une  exactitude  maihémalique;  mais  le  fait  que 
j'ai  tenu  à  constater,  c'est  que  l'on  a  dérogé  aux  calculs  de  Lcgeudre,  qui 
s'approchaient  le  plus  de  la  vérité,  et  qu'il  serait  utile  d'y  rentrer.    » 

C.  R.,1875,  i"  Semestre.  {-ï.  LXXX,  N"  7.)  56 


(  426  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

PHysiOLOGlIî  VÉGÉTALE.  —   Expériences  sur  l'absorption  par  tes  racines 
du  suc  du  Phytolacca  decandra;   par  M.  H.  Bâillon. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.) 

<■  Parmi  les  expériences  relatives  à  l'absorption  par  les  plantes  des 
liquides  colorés,  celles  qui  ont  le  plus  excité  la  curiosité  des  botanistes 
et  dont  on  a  tiré  le  plus  de  conséquences  pour  la  Physiologie  sont  sans 
doute  celles  dans  lesquelles  on  a  employé  le  suc  rouge  des  fruits  du  Phy- 
tolacca decandra.  L'état  actuel  de  cette  question  se  trouve  nettement  ré- 
sumé, dans  l'ouvrage  de  M.  Duchartre.,  en  ces  termes  : 

Il  Dans  les  rares  expériences  où  l'on  a  offert  une  infusion  colorée  à  tics  racines  vrai- 
ment intactes  ou  développées  dans  l'eau,  le  principe  colorant,  malgré  son  extrême  division, 
n'a  pas  été  absorbé  par  ces  organes...  Mais  l'un  des  faits  les  plus  remarquables  à  cet  égard 
est  celui  qui,  après  avoir  été  signalé  en  termes  trop  jieu  précis  par  Biot,  a  été  vérifié  plus 
léccmment  par  M.  Ungcr;  ce  fait  est  celui  de  Jacintius  à  fleurs  blanches  qui,  ayant  été 
arrosées  abondamment  avec  de  l'eau  rougie  au  moyen  du  suc  des  fruits  du  Pin  tolacca 
decandra,  ont  absorbé  le  principe  colorant.  La  teinte  rouge  due  à  cette  absor])tion  a  pu 
èlre  suivie  le  long  des  faisceaux  fîbro-vascuiaires;  elle  a  formé  des  lignes  nettement  tracées 
dans  les  divers  organes  de  ces  plantes  et  particulièrement  sur  les  folioles  blanches  de  leurs 
llcurs.  Il  est  difficile  de  s'expliquer  la  contradiction  qui  existe  entre  ces  diverses  exi)c'- 
riences,  bien  que,  dans  ce  dernier  cas,  un  oignon  enraciné  ne  puisse  être  comparé,  pour 
l'absence  de  solutions  de  continuité,  à  une  jeune  plante  venue  de  graines.  » 

M  ]^es  liquides  colorés  avec  lesquels  ou  expérimente  peuvent  être  des 
solutions  teintées,  ou  bien  devoir  leur  couleur  à  des  particules  solides, 
aussi  ténues  que  possible,  mais  tenues  en  suspension.  Si  l'absorption  se 
produisait  dans  ce  dernier  cas,  ou  pourrait  en  conchu'e,  connue  semblent 
le  faire  |)lusieiirs  physiologistes,  que  des  corpuscidos  colorés,  mais  trés- 
divisés,  ont  pu  être  absorbés  par  des  organes  végétaux  intacts;  mais  il  et'it 
fallu  sans  doute  conuiiencer  par  déterminer  la  constitution  physique  du 
suc  de  Phylolacca.  Or  sa  coloration  est  due  à  une  substance  dissoute  et 
non  à  lUie  matière  suspendue.  Son  absorption  par  des  racines  normales,  si 
elle  se  produisait,  ne  prouverait  donc  autre  chose  que  ce  qu'on  admet 
depuis  longtemps,  savoir  que  les  racines  absorbent  avec  l'eau  les  sub- 
stances qu'elle  tient  en  dissolution. 

»  Biot  n'a  pas  indiqué  exactement  de  quelle  façon  il  procédait  et  n'a  pu 
tirer  de  son  expérience  aucune  conséquence  pbvsiologique.  Il  y  a  lieu  toute- 


(  427  ) 
fois  i\p.  penser  qu'à  l'exeniplo  i\c  Ac  la  Raïsso,  donl  il  rappelait  les  obser- 
vations, il  opérait  presque  toujours  snr  des  fleurs  coupées.  Dans  de  pareilles 
conditions,  l'absorption  du  suc  de  Phylolacca  se  produit  très-souvent,  et 
quelquefois  même  avec  une  étonnante  rapidité.  Des  Jacinthes  blanches 
coupées,  dans  une  enceinte  à  20  degrés,  ont  pu,  en  une  demi-heure  et 
moins,  se  colorer  suivant  toutes  les  côtes  des  sépales.  Dans  une  atmo- 
sphère à  zéro,  l'absorption  de  la  couleur  rouge  a  été  de  trois  à  cinq  fois 
moins  rapide,  suivant  les  plantes  employées.  Une  tem])éralure  basse,  tout 
en  retardant  le  |)hénoniène,  ne  l'a  pas  empêché  de  se  produire  dans  les 
plantes  coupées  qui  l'auraient  présenté  dans  une  pièce  chauffée.  Mais  il  y 
a  des  portions  de  plantes  dont  la  section  n'a  pu,  dans  quelque  condition 
que  ce  fût,  admettre  la  substance  colorante  et  la  faire  monter  au  delà  du 
point  en  contact  avec  le  liquide  teinté. 

»  Peut-être  que  Biot,  de  même  que  de  la  i'aïsse,  a  coloré  des  Jacinthes 
blanches  en  rose,  eu  substituant  de  la  teinture  de  Phjtolacca  à  l'eau  dans 
laquelle  on  fait  pousser  ces  plantes  dans  des  carafes.  En  agissant  de  la  sorte, 
on  réussit  assez  souvent  à  colorer  les  fleurs  en  faisant  poser  sur  la  surface 
du  liquide  la  base  du  bulbe,  celui-ci  se  trouvant  en  contact  avec  la  tein- 
ture, soit  avant  tout  développement  de  racines,  de  feuilles  et  de  fleurs,  soit 
d'im  jour  à  l'autre,  à  une  époque  où  les  fleurs  sont  épanouies  et  où  l'on 
remplace  tout  d'un  coup  l'eau  ordinaire  par  le  suc  de  Phylolacca. 

»  Mais,  dans  toutes  les  expériences  où  l'on  prend  soin  de  ne  jamais  lais- 
ser la  surface  du  plateau  en  contact  avec  le  liquide  coloré,  et  où  les  racines 
seules  plongent  dans  ce  liquide,  la  coloration  ne  se  manifeste  pas.  Il  nous 
est  même  arrivé  de  |)longer,dans  le  suc  de  Phylolacca,  des  bulbes  ayant  des 
racines  de  quelques  centiniètres  de  longueur,  et,  à  l'aide  de  précautions 
convenables  pour  que  le  liquide  ne  s'altérâtpas  trop,  d'y  naaintenir  les  bulbes 
pendant  tout  le  temps  qu'ils  ont  mis  à  développer  leurs  feuilles  et  leurs 
fleurs,  et  ces  dernières  se  sont  épanouies  parfaitement  blanches,  sans  qu'une 
parcelle  de  la  matière  colorante  ait  été  absorbée. 

»  Ce  n'est  donc  pas  la  racine  intacte  de  la  Jacinthe  qui  peut  absorber  le 
suc  rouge  du  Phylolacca;  c'est  la  surface  cicatricielle  du  bulbe,  c'est-à-dire 
une  véritable  solution  de  continuité.  Et  toutefois,  point  bien  digne  d'être 
noté,  ce  n'est  pas  la  cicatrice  elle-même  qui,  à  son  état  normal,  semble 
absorber  la  matière  colorante.  Sans  doute,  son  tissu  est  constitué  de  telle 
façon  que,  si  le  contact  prolongé  d'iui  liquide  ne  le  désorganise  pas  plus  ou 
moins,  l'absorption  ne  peut  se  faire;  car  dans  un  certain  nombre  de  nos 
expériences,  avec  cette  surface  en  contact  continuel  avec  le  liquide  rouge, 

56.. 


(  42«  ) 

dans  des  biilljes  dont  l'entier  développement  tics  feuilles  et  des  fleurs  s'est 
fait  dans  une  carafe,  il  n'y  a  pas  même  eu  absorption  de  la  matière  colo- 
rante. 

))  Unger  a  répété  les  expériences  de  de  la  Baisse  et  de  Biot  dans  des  con- 
ditions toutes  particulières,  où  elles  réussissent  toujours  rapidement.  Alors 
que  les  Jacinthes  sont  fleuries,  dans  la  terre  d'un  |)ot  à  fleurs  ordinaire,  on 
place  celui-ci  sur  un  plat  creux,  dans  lequel  on  verse  graduellement  la  tein- 
ture de  Pliylolacca.  Mais  cette  expérience  ne  prouve  rien  pour  la  physio- 
logie des  racines  intactes,  attendu  que  le  liquide  coloré  monte  par  imbibi- 
tion  au  travers  de  la  terre  jusqu'à  la  cicatrice  du  plateau,  par  laquelle  il  est 
absorbé,  et  surtout  parce  que  les  racines  Irés-développées  qui  se  rassemblent 
dans  la  portion  inférieure  du  vase  s'altèrent  rapidement  au  contact  du  li- 
quide, et  que  celui-ci  pénètre  alors  par  les  solutions  de  continuité  de  leur 
surface  en  partie  putréfiée. 

»  Nous  ne  savons  comment  étaient  installées  les  expériences  à  résultats 
positifs,  telles  que  celles  qu'a  citées  de  Candolle  [PhysioL,  85),  et  qui  l'ont 
conduit  à  penser  que  Bischoff  «  se  tiompe  quand  il  croit  que  l'eau  colorée 
»  ne  pénètre  que  par  dos  solutions  tie  continuité  »,  parce  qu'il  l'a  «  vue 
»  en  particulier  pénétrer  par  les  spongioles  de  radicelles  nées  dans  l'eau  co- 
»  lorée  et  certainement  intactes  » .  Nous  ne  connaissons  pas  de  liquide  coloré 
duquel,  soit  qu'on  fasse  plonger  dans  sa  niasse  des  racines  de  plantes  en 
germination,  soit  qu'on  en  imbibe  des  éponges  sur  lesquelles  germent  des 
graines,  on  puisse  dire  qu'il  n'altère  pas  plus  ou  moins  le  tissu  de  ces 
jeunes  racines. 

»  Il  faudra,  d'ailleurs,  revenir  sur  cette  assertion  que  les  racines  intactes 
absorbent  forcément  avec  l'eau  les  substances  qu'elle  tient  en  dissolution. 
Le  suc  du  P/ij/o/acca  représentant  une  solution,  nous  avons  vu  des  bulbes 
qui  développent  normalement  leurs  racines,  leurs  feuilles  et  leurs  fleurs 
sur  un  flacon  de  ce  liquide  conven  iblement  renouvelé  pour  éviter  qu'en 
s' altérant  trop  lui-même  il  n'attaque  les  tissus  de  la  j)lante  avec  lesquels 
il  se  trouve  en  contact.  Ces  bulbes  prenaient  à  cette  masse  de  liquide  une 
grande  quantité  d'eau,  qui  fournissait  à  leur  évolution  ;  et  cependant,  dans 
les  cas  où  les  fleurs  demeuraient  parfaitement  blanches  et  où  aucune  par- 
celle de  matière  colorante  ne  pénétrait  dans  les  plantes,  il  faut  bien  ad- 
mettre que  l'eau  était  séparée,  par  dialyse,  de  la  substance  rouge  qu'elle 
tenait  en  solution,  et  que  plus  la  racine  absorbait  et  plus  la  teinte  du 
liquide  devenait  loncée.  Les  racines  ne  sont  donc  pas  seulement  des  or- 
ganes d'absorption  :  ce  sont  encore  des  instruments  dialyseius,  et  l'on  j)eut 


{  429  ) 
déjà  prévoir  le  rôle  que  joueront  les  faits  qui  précèdent  dans  l'explication 
des  phénomènes  physiologiques  dont  ces  organes  sont  le  siège,  et  peut-êlro 
aussi  dans  les  applications  indusiriellcs.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ACOUSTIQUE.  —  Sur  tes  notes  défectueuses  des  instruments  à  archet.  Mémoire 
de  M.  A.  DiEîï,  présenté  par  M.  Jainin.  (Extrait  par  i'autetu-.) 

(Ce  Mémoire  sera  soumis  à  l'examen  de  MM.  Le  Verrier,  Jamin,  Desains, 
auxquels  l'Académie  des  Beaux-Arts  sera  priée  d'adjoindre  un  de  ses 
Membres.) 

a  Ce  travail  a  pour  but  d"rip|)eler  l'attention  sur  une  pai ticubrité  très- 
étrange,  concernant  les  instruments  à  archet  en  général,  mais  plus  spéciale- 
ment le  violon  et  le  violoncelle;  nous  voulons  parler  des  notes  défectueuses 
de  ces  instruments,  notes  bien  connues  des  praticiens  et  des  luthiers  sous 
les  différents  noms  de  mauvaises  notes,  notes  dures  ou  liâtes  roulantes. 
Depuis  longtemps,  de  nombreuses  recherches  ont  été  faites  pour  corriger  la 
mauvaise  qualité  de  ces  noies,  mais  les  résultats  n'ont  jamais  été  satisfai- 
sants. Étant  parvenu  à  résoudre  cette  question,  qui  se  rattache  essentielle- 
ment à  la  science  de  l'acoustique,  je  demande  à  l'Académie  l'honneur  de 
soumettre  à  son  appréciation  le  système  que  je  propose  à  cet  effet. 

»  J'ai  obtenu,  d'une  façon  absolue,  la  rectification  des  notes  défec- 
tueuses, en  m'appuyant  sur  un  principe  acoustique  bien  connu  et  con- 
cernant l'affinité  qui  existe  entre  les  vibrations  des  sons,  lorsqu'ils  sont 
accordés  en  unissons  ou  en  octaves.  Le  problème  consistait  donc  à  trouver, 
dans  l'économie  de  l'instrument  qu'on  veut  rectifier,  une  partie  vibrante 
susceptible  de  pouvoir  être  accordée  à  l'unisson  ou  à  l'octave  de  la  note 
défectueuse.  A  cet  effet,  j'ai  recours  aux  cordes  mêmes  de  l'itistrument. 
On  sait  que  chaque  corde  est,  pour  ainsi  dire,  divisée  par  le  chevalet  en 
deux  parties  très-inégales  :  l'une,  qui  est  la  plus  longue,  occupe  l'espace 
qui  se  trouve  entre  le  sommet  du  chevalet  et  le  sillet  près  des  chevilles, 
c'est  la  partie  sonore  ou  principale,  mise  en  vibration  par  le  frottement  de 
l'archet  :  l'autre,  beaucoup  plus  courte,  qui  va  du  chevalet  au  cordier  où 
est  son  point  d'attache,  et  que  nous  nommerons  partie  accessoire  ou  pro- 
longement de  la  corde,  n'a  jamais  été  considérée,  jusqu'ici,  comme  pou- 
vant influer  sur  les  vibrations  de  l'instrument.  Or  ce  sont  précisément  ces 
parties  accessoires  des   cordes  qui   conlieinienl  les  éléments  suffisants  de 


(  43o  ) 
sonorité  pour  atteindre  le  but  que  je  me  propose,  car  elles  sont  susceptibles 
d'être  accordées  à  l'unisson  ou  à  l'octave  des  notes  défectueuses. 

»  Ce  résultat  s'obtient  par  deux  procédés  différents,  selon  la  corde  sur 
laquelle  on  veut  opérer  :  en  ce  qui  concerne  la  partie  accessoire  ou  pro- 
longement de  la  quatrième  corde  du  violon,  ainsi  que  de  la  deuxième  et  de 
la  première,  l'accord  s'effectue  au  moyen  de  mouvements  très-petits,  im- 
primés au  sommet  du  chevalet,  soit  en  avant,  soit  en  arrière,  suivant  que 
la  note  accessoire  demande  à  être  haussée  ou  baissée.  Quant  à  la  partie 
accessoire  de  la  troisième  corde,  elle  se  trouve  trop  longue  pour  produire 
le  son  exigé;  on  la  raccourcit  artificiellement,  au  moyen  d'une  très-petite 
pince,  ou  tout  autre  petit  appareil  analogue,  que  l'on  fixe  à  cette  partie  de 
la  corde,  par  une  vis  de  pression,  à  l'endroit  convenable,  pour  obtenir 
l'unisson  ou  l'octave  de  la  note  défectueuse. 

»  Tous  les  procédés  se  rattachant  à  l'application  du  système  proposé, 
tant  pour  le  violon  que  pour  le  violoncelle,  se  trouvent  expliqués  et  de- 
taillés  d'une  façon  précise  dans  le  Mémoire.  Les  résultats  que  j'ai  obtenus 
ainsi  sont  confirmés  par  de  nombreuses  expériences.  » 

PHYSIOLOGIR  PATHOI^OGIQUE.  —  Sur  la  présence  et  la  formation  des  vibrions 

dans  le  pus  des  abcès.  Note  de  M.  Albekt  Bf.rgeron,  présentée  par  M.  Gos- 

selin. 

(Commissaires  :  MM.  Cloquet,  Gosselin,  Sédillot.) 

«  Le  Rapport  que  M.  Gosselin  a  lu,  dans  la  séance  du  1 1  janvier  187.'), 
au  sujet  de  la  Communication  de  M.  Guérin,  intitulée  :  Du  rùk  pattiocjéiufpic 
des  ferments  dans  les  maladies  chirurgicales;  nouvelle  méthode  de  traitement  des 
amputés,  et  la  discussion  à  laquelle  prirent  part  MM.  Pasteur  et  Trécul, 
m'ont  engagé  à  présenter  à  l'Académie  le  résultat  de  mes  recherches  sur 
la  présence  des  vibrions  dans  le  pus  des  abcès  soustraits  au  contact  de  l'air, 
et  aussi  sur  l'importance  qu'on  peut  en  faire  découler  au  point  de  vue  cli- 
nique. C'est  à  l'hôpital  de  la  Charité,  dans  le  service  de  M.  Gosselin,  sur 
des  malades  qui  portaient  des  abcès  chauds  ou  froids,  mais  n'ayant  jamais 
été  en  communication  avec  l'air  extérieur,  que  j'ai  effectué  ces  recherches. 

»  Je  me  suis  placé,  autant  que  possible,  à  l'abri  des  causes  d'erreur,  et 
voici  quelles  ont  été  les  précautions  dont  je  me  suis  entouré  : 

»  Dans  mes  premières  recherches,  j'avais  choisi  comme  désinfectant  l'a- 
cide phénique;  mais,  reconnaissant  bientôt  que  cet  acide  endormait  les  mi- 
crozoaires  plutôt  qu'il  ne  les  tuait,  j'ai  employé  un  corps  plus  énergique, 


(  43'  ) 
l'hyposulfite  de  soude,  eu  solution  et  à  la  dose  de  lo  ])our  loo.  Je  l'ai  essayé 
au  microscope,  et  j'ai  constaté  que,  si,  à  une  préparation  renfermant  des 
vibrions  par  myriades,  on  ajoutait  une  goutte  de  la  solution,  on  faisait 
disparaître,  on  détruisait  en  grande  partie  les  animalcules,  tandis  que  ceux 
qui  restaient  devenaient  immobiles. 

»  Je  me  suis  servi  de  cette  solution  pour  laver  tous  mes  instruments,  et 
aussi  la  peau  des  malades,  au  niveau  des  abcès  que  l'on  allait  ouvrir.  Pour 
recueillir  le  pus,  j'ai  fait  usage  de  petits  tubes  en  verre,  préalablement 
plongés  dans  la  solution  d'hyposulfite  de  soude,  chauffés  ensuite  à  la 
lampe  à  alcool,  immédiatement  avant  que  l'incision  fût  pratiquée  et 
tout  à  côté  du  lit  du  malade.  Quelques  secondes  s'écoulaient  donc  à  peine, 
entre  le  moment  où  je  débarrassais  le  tube  des  germes  ou  ferments  qu'il 
pouvait  renfermer  encore,  et  celui  oîi  je  l'approchais  de  l'abcès  que  l'on 
devait  inciser;  le  bistouri,  chauffé  à  la  lampe  à  alcool,  avait  été  également 
trempé  dans  la  solution  d'hyposulfite  de  soude.  Une  fois  le  tube  rempli,  je 
le  bouchais  et  je  pratiquais  inmiédiatement  l'examen  microscopique  du 
pus  qu'il  renfermait.  J'ai  fait  usage  du  microscope  de  Nachet,  oculaire  n°  2 
et  objectif  n"  5.  Dans  tous  les  cas,  j'ai  contrôlé  mes  premiers  examens  à 
l'aide  de  la  lentille  à  immersion,  qui  va  jusqu'à  i4oo  diamètres,  en  ayant 
soin,  avant  chaque  expérience,  de  vérifier  Teau  distillée  dont  j'allais  me 
servir. 

)i  Les  observations  que  j'ai  recueillies  jusqu'à  ce  jour  sont  au  nombre 
de  dix-huit.  Je  les  ai  divisées  en  trois  séries,  au  point  de  vue  des  âges  et 
selon  que  les  abcès  étaient  chauds  ou  froids. 

»  Première  série  :  abcès  chauds,  chez  l'aduUe.  —  Chez  l'adulte  (de  vingt- 
deux  à  soixante  ans),  j'ai  trouvé  des  éléments  organisés,  mobiles  ou  immo- 
biles, dans  le  pus  de  sept  abcès  chauds,  qui  s'étaient  développés  spontané- 
ment ou  sans  plaie  appréciable  (dans  un  seul  cas,  il  y  avait  au  doigt 
indicateur  une  petite  écorclun-e,  et  l'abcès  siégeait  à  la  partie  supérieure 
(lu  bras,  tout  près  de  la  région  axillaire).  Ces  éléments  devaient  être  consi- 
dérés comme  des  microzoaires  ou  des  microphytes,  car  j'ai  constaté  la 
|)r('s(.'ncc  de  clia[)clels  reclilignes  ou  incurvés,  animés  de  mouvements  os- 
cillatoires, de  bâtonnets  transparents,  à  parois  régulières  et  parallèles, 
doués  de  mouvements  ondulatoires  de  translation,  souvent  très-rapides 
(vibrions),  et  de  granulations  réfringentes  mobiles,  isolées,  et  qui  m'ont 
semblé  être  ce  que  M.  Pasteur  appelle  des  kystes. 

»  Deuxihne  série  :  abcès  chauds  chez  l'enfant  et  chez  t'adolescenl.  —  Chez 
l'enfant  et  chez  l'adolescent  (jusqu'à  dix-huit  ans),  j'ai  examiné  le  pus  de 
(juatre  abcès  chauds,  sans  avoir  pu  y   découvrir  aucune  trace  des  micro- 


(  432  ) 
zoaires  dont  je  viens  de  signaler  l'existence,  ni  quoi  que  ce  fût  qui  pût 
être  rapporté  à  des  éléments  organisés. 

>.  Twisicme  série  :  abcès  froids  à  lous  les  âges.  —Dans  les  trois  âges  (enfance, 
adolescence,  âge  adulte),  le  pus  de  sept  abcès  froids  (coxalgie,  arthrites 
fongueuses  suppurées,  adénites  chroniques  suppurées,  abcès  ossifluents  à 
la  suite  de  carie  costale,  etc.,  etc.)  ne  renfermait  pas  trace  de  micro-orga- 
nismes, au  moment  de  leur  ouverture. 

»  Voici  les  conclusions  qui,  je  le  crois,  découlent  de  ces  trois  séries  d'ob- 
servations : 

»  I.  Les  vibrions  se  rencontrent  dans  le  pus  des  abcès,  sans  que  l'orga- 
nisme en  soit  toujours  profondément  affecté,  et  sans  qu'on  puisse  invoquer 
le  contact  avec  l'air  extérieur. 

»  II.  On  ne  saurait  admettie  non  plus  que,  dans  ces  cas,  les  vibrions 
puissent  pénétrer  dans  le  foyer  de  l'abcès  par  le  système  lymphatique  ou  le 
système  circulatoire  sanguin,  tous  deux  absolument  intacts. 

»  111.  Le  pus  des  abcès  chauds,  chez  l'adulte,  renferme  souvent  des 
vibrions;  s'il  en  renferme  chez  l'enfant,  cela  doit  être  plus  rare;  je  n'en  ai 
pas  d'exemple. 

»  IV.  Le  pus  des  abcès  froids,  chez  l'adulte  comme  chez  l'enfant,  n'en 
contient  jamais. 

))  V.  Les  vibrions  peuvent  être  considérés  comme  indiquant  un  état 
inflammatoire  sérieux,  et  une  certaine  tendance  à  la  décomposition  des 
humeurs  qui  les  renferment,  sans  exercer  cependant  le  plus  souvent  une 
action  toxique  sur  l'organisme. 

)i  VI.  Nous  sommes  loin  de  rejeter  l'intervention  possible  des  vibrions 
sur  la  pathogénie  de  l'infection  purulente,  et  nous  nous  fondons  précisé- 
ment sur  leur  absence  dans  le  pus  des  abcès  chauds  chez  les  enfants  pour 
expliquer  connnent,  dans  la  plupart  des  cas,  ceux-ci  se  trouvent  si  hcu- 
reuseniL-nt  à  l'abri  de  la  septicémie. 

»  VII.  Le  liquide  qui,  jusqu'à  présent,  me  semble  être  le  plus  approprié 
à  la  destruction  des  vibrions  est  la  solution  d'hyposuUîte  de  soude.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  un  appareil  de  disséminalion  des  Gregaiina  et  Stylorhyn- 
chus;  pliiisc  remnnpiublc  de  la  sporulation  dans  ce  dernier  genre.  Note  de 
M.  A.  SciiNKiDKR,  présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 
(Commissaires  :  MM.  de  Quatrefages,  Robin,  de  I^aca/e-Duthiors.) 

«  Au  cours  (le  la  révision  du  groupe  des  Grégarines,  que  j'ai  entreprise 
sur  les  conseils  et  sous  les  auspices  de  M.  de  Lacaze-Duthiers,  j'ai  ren- 


f  /,33  ) 
contré,  k  côté  de  nombreux  faits  de  détail  rectifiant  ou  complétant  les  no- 
tions déjà  acquises,  des  particularités  tout  à  fait  nouvelles  que  je  résumerai 
brièvement. 

»  Ces  observations  sont  détachées  de  la  première  partie  d'un  travail  sur 
le  groupe  des  Grégarincs,  dans  lequel  je  donne  la  description  et  Ihistoirc 
des  espèces  qui  habitent  les  Invertébrés  des  environs  de  Paris  et  les  Inver- 
tébrés marins  de  la  plage  de  Roscoff. 

»  Tout  le  monde  sait  que  les  Grégarines  parvenues  au  terme  de  leur  ac- 
croissement individuel  s'enkystent,  et  qu'aux  dépens  de  leur  contenu  se 
forment  un  nombre  considérable  de  corps  reproducteurs  désignés  sous  les 
noms  de  Pseudonavicclles  et  de  Psorospcrmées,  et  que  je  propose  d'appeler 
tout  simplement  des  spores,  par  une  application  de  la  nomenclature  géné- 
rale, voulant  exprimer  par  ce  terme  que  les  corps  en  question  n'ont  pas 
besoin  du  concours  d'un  élément  mâle  pour  entrer  en  évolution. 

»  D'après  les  données  existant  dans  la  science,  le  kyste  à  matiuité 
s'ouvre  par  rupture  du  tégument  et  met  en  liberté  les  spores.  Une  excep- 
tion très-remarquable  à  la  loi  générale  est  offerte  par  les  deux  genres 
Gregarina  et  Stylorhynclms.  Mais  le  mode  de  formation  de  cet  appareil 
m'avait  échappé,  et'  sa  constatation  importait  pourtant  au  plus  haut  point, 
tant  à  la  légitimation  de  la  découverte  qu'à  la  saine  interprétation  de  la 
disposition  organique  constatée.  J'ai  pu  suivre  depuis  la  formation  de 
cet  appareil  de  la  dissémination  avec  soin  ;  voici  comment  elle  s'accom- 
plit :  le  kyste  montre  de  bonne  heure,  dans  sa  zone  marginale  éclaircie, 
l'apparition  de  tubes  en  nombre  variable,  dirigés  chacun  suivant  le  sens 
d'un  rayon  du  kyste.  D'abord  sans  connexion  avec  la  paroi,  ils  s'y  ratta- 
chent ensuite  en  vertu  du  développement  centrifuge  et  s'y  soudent  enfin  par 
leur  extrémité  périphérique,  tandis  que,  par  l'extrémité  ojiposée,  ils  con- 
vergent vers  le  centre  du  kyste.  Ils  sont  constitués  par  une  membrane  an- 
hyste  et  prennent  naissance  au  sein  et  sans  doute  aussi  aux  dépens  d'une 
accumulation  de  granulations  qui  les  entourent  quelque  temps  encore 
après  leur  complète  formation,  figurant  autour  de  chacun  d'eux  une  sorte 
de  manchon.  Chacun  de  ces  tubes,  que  j'ai  nommés  sporoducles,  offre,  à  l'état 
de  complète  individualisation,  un  article  basilaire  court  et  large  par  lequel 
il  s'insère  à  la  face  interne  de  la  paroi  du  kyste,  et  un  article  terminal  grêle 
et  plus  ou  moins  long,  dont  l'extrémité  correspond  au  centre  du  kyste. 

.)  A  la  maturité  on  voit  les  sporoductes  se  dégager  avec  une  extrême 
rapidité  et  se  dresser  au  dehors  de  toute  leur  longueur.  Dans  les  cas  où 
quelque  obstacle  ralentit  le  phénomène  de  leur  érection,  on  en  peut  suivre 

C.  R.,  1875,  I"  Semestre.  (T.  I.XXX,  N"  1.)  ^7 


(  ^'^^  ) 

avec  facilité  le  mécanisme.  On  voit  alors  le  sporocUicte  se  dégager  succes- 
sivement en  vertu  il'inie  véritable  évagination,  l'article  basilaire  paraissant 
en  |)remier  lieu  et  l'extrémité  du  tnbc  en  dernier,  après  avoir  traversé 
loute  la  portion  déjà  sortie.  Ce  mécanisme  ne  peut  être  que  la  conséquence 
d'une  augmentation  de  pression  du  contenu  du  kyste,  sans  doute  corréla- 
tive d'un  changement  de  sa  densité  .moyenne  sous  l'influence  des  remar- 
quables modifications  que  ce  contenu  subit  au  cours  de  la  sporulation,  et 
la  même  cause  présiderait  aussi  à  l'expulsion  des  spores  à  travers  lesspo- 
roductes. 

»  Le  G.Slylorhynclius\c?,^.  SlyL  oblongntits  (naram.)  de  VOpatntin  sahu- 
hsitin]  offre  peut-être  des  phénomènes  plus  intéressants  encore.  Le  kyste, 
dérivant  d'enkystement  solitaire,  présente  un  contenu  d'abord  entier,  puis 
divisé  en  deux  masses  égales  par  un  plan  équatorial.  En  même  temps  que 
les  traces  de  celte  première  division  s'effacent  et  que  la  portion  granuleuse 
du  contenu  se  condense  sur  elle-même,  on  voit  paraître  un  grand  nombre 
de  sillons  secondaires  très-peu  profonds,  qui  subdivisent  en  lobes  et  lo- 
bules la  couche  la  plus  externe  du  contenu  granuleux.  De  la  surface  de 
chacun  de  ces  lobes  et  lobules  on  voit  perler  maintenant  les  spores  nais- 
santes; d'abord  complètement  homogènes  et  transparentes,  elles  reçoivent 
ensuite  quelques  granulations  avant  leur  complète  individualisation  et 
séparation  des  lobules. 

»  Une  fois  libres  de  toute  adhérence  avec  ceux-ci,  les  masses  sporigènes 
se  trouvent  situées  à  la  surface  d'un  volumineux  amas  central,  constitué 
aux  dépens  de  la  portion  non  utilisée  du  contenu  primitif.  Quittant  alors 
la  forme  régulièrement  sphérique,  chaque  masse  sporigène  s'allonge  suivant 
le  sens  d  un  rayon  du  kyste,  et  toutes  ensemble,  sous  forme  de  petits 
bâtonnets  fusiformes,  effilés  aux  extrémités  et  relativement  très-renflés  au 
milieu,  se  mettent  à  exécuter  pendant  quinze  à  dix-huit  heures  luic  série 
ininterrompue  de  mouvements  rapides  et  énergiques,  par  lesquels  leur 
extrémité  périphérique  s'infléchit  tour  à  tour  dans  un  sens  et  dans  l'autre, 
à  peu  près  comme  le  bras  dans  le  mouvement  de  la  mesiue  à  deux  temps, 
en  même  temps  que  le  corpuscule  se  raccourcit  et  s'allonge  et  que  les 
granulations  qu'il  renferme  sont  brassées  en  tous  sens  à  son  intérieur.  Le 
mouvement  de  chaque  corpuscule  est  indépendant  de  celui  de  son  voisin, 
et  ceux  qui  sont  complètement  isolés  dans  le  liquide  interposé  entre  le 
contenu  solide  du  kyste  et  sa  |)aroi  se  meuvent  comme  les  autres. 

»  Après  le  laps  de  temps  indiqué,  ce  grouillemcnl  de  toutes  les  masses 
sporigènes  cesse  subitement  :  chaque  corpuscule  revient  à  la  forme  splié- 


(  435  ) 
riqiie  ou  à  peu  près,  et  se  convertit  en  une  spore  définitive  par  la  production 
d'une  épaisse  paroi  à  sa  surface.  De  son  côtô,  le  volumineux  amas  central 
de  granulations  sur  lequel  reposent  les  spores  s'entoure  aussi  d'une  paroi 
propre  et  se  convertit  en  une  vésicule  incluse  dans  le  kyste  et  de  toutes 
j)arls  libre  d'adhérence.  Ce  yseiidoliysle,  comme  je  le  nomme,  est  à  mes  yeux 
un  agent  d'un  nouvel  ordre  de  la  dissémination  des  spores.  Par  son  accrois- 
sement ultérieur,  il  presse  en  effet  sur  les  spores  comprimées  entre  les 
surfaces  en  regard  des  deux  sphères,  détermine  la  rupture  du  tégument 
extérieur  et  partant  la  libération  des  corps  roproducteurs. 

»  Sur  une  trentaine  de  genres  que  j'ai  examinés,  l'existence  d'un  appareil 
lie  dissémination  ne  s'est  rencontrée  que  dans  les  deux  genres  précités.  Des 
genres  très-étroitement  alliés  aux  Gregarina  on  aux  Sljrtorhjnclnis  u'oH'veut 
plus  aucune  trace  des  dispositions  qui  caractérisent  ces  derniers;  comme 
d'autre  part  les  sporoductes  et  le  pseudokysle  ne  se  laissent  pas  ramener  à 
une  commune  expression  organique,  il  est  assez  difficile  de  décider,  dès 
maintenant,  quelle  valeur  il  faudra  attribuer  dans  la  caractéristique  du  type 
Grégarine  à  cenouvel  élément.  Mais  ce  qui  dès  aujourd'hui  me  paraît  certain, 
c'est  que  ce  nouvel  élément  ne  crée  aucune  homologie  entre  les  Grégarines 
et  les  végétaux  inférieurs  :  les  caractères  chimiques  des  parois  des  sporo- 
ductes et  du  pseudokyste,  aussi  bien  que  leur  mode  de  formation,  ne 
confirment  guère  la  similitude  extérieure  que  les  sporoductes  des  Greyarinn 
notamment  sembleraient  offrir  au  premier  abord  avec  les  tubes  émisseurs 
des  spores  de  quelques  Chytridiées.  » 

PHYSIQUtl.  —  Mémoire  sur  quelques  propriétés  mécaniques  de  la  vapeur  d'eau 
saturée;  par  M.  Cii.  Axtoixe.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Rcgnault,  Resal,  ïresca.) 

«  Entre  la  température,  la  tension  et  le  volume  de  la  vapeur  d'eau,  on 
peut  établir  quelques  relations  d'une  grande  sinqîlicité,  qui  peuvent  avoir 
une  utilité  pratique,  ne  fût-ce  que  connue  première  approximation. 

»  Eu  désignant  par  t  la  température  de  la  vapeur,  en  degrés  centi- 
grades; par />  la  force  élastique  maxima  delà  vapeur,  en  atmosj)hères; 
par  F  celte  même  force  élastique,  en  centimètres  de  mercure;  par  V  le 
volume  en  litres  d'un  kilogranuue  de  vapeur,  on  a  les  relations  suivantes  : 

(i)  /jV'-'==:3538, 

(2)  /jV=  135^6-  H- 55. 


y  _  (  __:_  j       ou     ^' '  ^ 


(  436  ) 
»  Si  l'on  compte  les  températures  à  partir  de  55  degrés  au-dessous  du 
zéro  correspondant  à  la  glace  fondante,  on  a,  en  désignant  par  T  ces  nou- 
velles températures, 

(3)  PV=i35T''-*«. 

»  L'élimination  de  V  entre  les  équations  (i)  et  (3)  donne 

(^)  ^=(735)'"'     *^'     F=  76  XP  =  (0,014175  XT)'-^': 

l'élimination  de  P  entre  les  équations  (1)  et  (3)  donne 

_,  -Il  000  \  ' 

V=  0,1317  (^^^j 

le  poids  ST  d'un  mèlre  cube  de  vapeur  est  donc 

s  =  1 00  X  r,  =  o,o6584  ( /  ■ 

V  '  \ioo/ 

u  En  étudiant  les  tensions  do  vapeurs,  autres  que  la  vapeur  d'eau,  qui 
ont  été  observées  expérimentalement  par  M.  Regnaull  (voir  tome  XXVI 
des  Mémoires  de  i Académie  des  Sciences),  on  reconnaît  qu'elles  peuvent  être 
pratiquement  représentées  par  des  formules  très-simples  : 

Pour  l'acide  carbonique,  par  la  formule F'  =  ( 0,020 184 T')'-- 

Pourréther F"  =  (0,013867!"  )'•- 

Pour  l'alcool  vinique F'"  =  (o,oi55oT"')''' 

Pour  le  chloroforme F"'^  (o,oi2883T"')''' 

à  la  condition  de  compter, 

Pour  l'acide  carbonique,  les  températures  T'  à  partir  de  208°  au-dessous  du  zéro  ordinaire. 

Pour  l'other .  .  .    T"  ..  i23" 

Pour  l'alcool  vinique T'"  ••  64"  » 

Pour  le  chloroforme T"  r  10"  » 

M.  A.  PicAKD  soumet  au  jugement  de  rAcadémie  un  Mémoire  portant 
pour  titre  «  Nouvelle  méthode  pour  établir  les  équations  de  l'élasticité 
d'un  corps  solide  ». 

(Commissaires:  MM.  Bonnet,  de  Saint-Venant,  Puiseux.) 

M.  M.  GiRAiti>,  délégué  (le  l'Académie,  adresse  une  Note  concernant  l'in- 
fluence du  froid  sur  le  Phylloxéra  hibernant. 

Des  insectes,  pris  dans  la  période  d'hibernation,  ont  été  placés  dans  des 
tubes  de  métal,  sur  les  racines  où  ils  étaient  fixés;  ils  ont  supporté  des  tem- 


(437  ) 

•pératiires  comprises  entre  6  et  lo  degrés  au-dessous  de  zéro,  sans  présenter 

d'antres  phénomènes  que  les  insectes  qui  étaient  placés  dans  l'air  extérieur. 

L'auteur  ne  croit  donc  pas  qu'on  doive  compter  sur  l'action  du  froid  do 

l'hiver,  comme  cause  de  destruction  du  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  A.  Desiocet  adresse  une  Note  relative  à  divers  perfectionnements 
apportés  à  la  machine  de  Holtz,  pour  en  assurer  le  fonclionnemcnl,  même 
par  les  temps  les  plus  humides. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bréguet.) 

M.  TrémAux  adresse  une  Note  relative  aux  faits  signalés  dans  une  Com- 
munication récente  de  M.  Menier,  et  aux  observations  présentées  par 
M.  Chevreul  à  propos  de  cette  Communication. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  la  Note  de  M.  Menier.) 

M.  E.  RouDAir.E  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  pourvoir  au  remplace- 
ment de  feu  M.  Élie  de  Beaumont,  dans  la  Commission  qui  a  été  nommée 
pour  examiner  son  Mémoire  sur  les  opérations  de  la  méridienne  de  Biskra. 

M.  Yvon  Villarceau  est  désigné  pour  faire  partie  de  cette  Commission. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instrcctio.\  publique  adresse  l'ampliation  d'un  dé- 
cret autorisant  l'Académie  à  accepter  le  legs  de  aSoo  francs  de  rente,  qui 
lui  a  été  fait  par  M.  CL  Gay,  pour  la  fondation  d'un  prix  annuel  do  Géo- 
gnqihie  physique. 

M.  le  Mi.mstre  de  l'Instruction  publique  autorise  l'Académie  à  prélever 
diverses  sommes  sur  les  reliquats  disponibles  de  la  fondation  Montyon, 
conformément  à  la  demande  qu'elle  lui  en  a  faite. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  E.  BoRXET  adresse  ses  remercîmenls  pour  la  distinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet  dans  la  dernière  séance  solennelle. 

M.  le  Seckétaire  perpétuel  communique  à  l'Académie  le  télégramme 
suivant,  reçu  par  M.  le  Président  de  la  Connnission  du  Passage  de  Vénus. 
Il  fait  connaître  I  insuccès  do  l'expétlition  de  (-ampbell  :   vue  avant  son 


(  4:38) 

entrée  sur  le  Soleil,  la  planète  n'a  pu  être  observée  au  moment  des  contacts.- 
En  prévision  de  ce  résultat  malheureux,  l'habile  chef  de  l'expédition 
avait  pris  les  dispositions  nécessaires  pour  effectuer  dans  cette  île,  si  peu 
connue,  des  observations  de  Physique  du  globe,  de  Météorologie  et  d'His- 
toire naturelle,  dont  la  science  tirera  grand  profit. 

Dans  les  premières  semaines  de  son  séjour  à  Campbell,  l'état  sanitaire  de 
l'expédition  ayant  été  un  peu  troublé,  l'assurance  qui  termine  la  dépêche 
sera  bien  reçue  des  familles  et  des  amis  des  membres  de  l'expédition. 

San  Francisco.  —  Dumas,  Sécrétai j  tlie  InslitiUe  Paris. 
«   Venus  seen  before  ingress  only,  no  contacts,  ail  well. 

»  Bouquet  de  la  Grye.  » 

PALliONTOLOGlE.  —  Sur  le  dépôt  quaternaire,  supérieur  à  la  brèche  osseuse 
de  Nice  proprement  dite,  ou  brèche  supérieure  de  Cuvier.  Note  de 
M.  E.  Rivière,  présentée  par  M.  Milne  Edwards.  (Extrait.) 

«  La  colline  du  Mont-du-Château,  de  Nice,  présente  an  bord  de  la  Mé- 
diterranée la  même  situation  que  les  Roches  rouges  ou  Baoussé-Roussé  de 
Menton,  la  même  situation  aussi  que  le  Baus-Rous  ou  cap  Roux  de  Beau- 
lieu,  et,  comme  ceux-ci,  elle  forme  une  avancée  dans  la  mer.  Avant  les 
travaux  qui  la  détruisirent  en  partie,  elle  était  également  sillonnée  de 
fentes  plus  ou  moins  larges,  de  cavernes  naturelles  de  3  à  4  mètres  d'ou- 
verture. Les  dépôts  d'ossements  que  l'on  y  avait  autrefois  rencontrés  avaient 
été  considéi'és  par  Cuvier  comme  appartenant  à  deux  brèches  osseuses  dis- 
tinctes :  l'une  inférieure,  ou  brèche  osseuse  proprement  dile;  l'autre  supé- 
rieure plus  récente,  de  laquelle  nous  nous  occupons  plus  spécialement  ici, 
comme  nous  paraissant  être  le  résultat  du  séjour  de  l'homme,  à  l'époque 
quaternaire,  dans  1rs  grottes  du  Mont-du-Cliâ(eau. 

»  Le  dépôt  inférieur  ou  brèche  osseuse  véritable  était  rouge  compacte, 
(rès-dur,  très-probablement  analogue  à  la  brèche  osseuse  que  les  travaux 
du  chemin  de  fer  de  Menton  à  Cents  ont  mise  à  nu,  dans  la  partie  du 
plateau  qui  s'étend  au-devant  de  la  troisième  caverne  des  Baoussé-Roussé. 
Dans  ce  dépôt,  étaient  cimentés  les  ossements  de  certiiins  animaux,  ainsi 
que  dis  coquilles  exclusivement  terrestres. 

»  Le  dépôt  supérieur,  moins  dur,  plus  friable,  d'un  brun  gris  ou  noirâtre, 
contenait  des  ossements  ])arfois  «  aussi  noirs  que  s'ils  eussent  été  brûlés  », 
et  des  coquilles  méditerranéeimes  dont  nous  parlerons  plus  loin.  J^es  os 
sont  libres  ou  seulement  agglutinés,  soit  de  matières  terreuses  brunes,  soi) 


(  439) 
de  cendres  et  de  charI)on,  et  recouveris  «  d'une  couche  stalaginitique  lé- 
»  gère  ».  La  pliip.ut  sont  brisés,  d'autres  sont  fendus  longiludiualement. 

»  C'est  dans  ce  dépôt  supérieur  noirâtre  que  fut  trouvée  la  portion  de 
luâclioire  humaine  dont  i)arlc  Cuvier,  et  qu'il  décrit  ainsi  :  «  Un  fragment 
>)  de  la  mâchoire  supérieure  où  l'on  voit  une  partie  du  bord  alvéolaire, 
»  avec  les  restes  de  trois  màchelières  et  l'alvéole  d'une  quatrième,  qui  esl  la 
M  dernière;  en  arrière,  il  reste  quelque  chose  des  ailes  ptérygoïdes.  Les 
»  dents  étaient  fort  usées  et  en  partie  cassées  ou  cariées,  avant  d'être  in- 
M  crustées  du  même  vernis  stalactitique  que  les  autres  ossements  d'ani- 
»  maux  ».  Malheureusement  il  ne  m'a  pas  été  possible,  malgré  toutes  les 
recherches  auxquelles  je  me  suis  livré,  de  retrouver  cette  pièce  importante 
pour  l'anthropologie,  qui  appartenait  autrefois  aux  collections  de  M.  Mes- 
nard-Lagroye. 

»  Les  ossements  d'animaux,  qui  proviennent  du  même  gisement  que 
cette  mâchoire  humaine,  sont  do  deux  sortes  : 

»  i"  Ceux  qui  ont  été  étudiés  par  Cuvier,  appartenant  à  deux  espèces  de 
Cerf,  qui  ne  sont  pas,  dit-il,  des  espèces  d'Europe,  et  à  un  Bœuf  de  grande 
taille,  probablement  le  Bos  primigcnius; 

»  2°  Les  ossements  faisant  partie  des  collections  du  Musée  d'Histoire  na- 
turelle de  Nice,  qui  appartiennent  aux  genres  suivants  :  llimmpolame,  re- 
présenté par  un  fragment  de  défense;  lîlùnoceros  ticlwrrliinus,  par  quatre 
dents  molaires;  Eleplins;  Sus, un  maxillaire  inférieur  brisé  et  de  nombreuses 
dents  molaires;  Clieval,  de  nombreuses  dents  aussi;  puis  des  dents  et  des 
ossements  brisés  de  Bœuf  et  de  Cerf;  une  molaire  d'Antilope;  quelques 
ossements  de  petits  Roiujeurs;  enfin  un  assez  grand  nombre  d'autres  os,  qui 
n'ont  pas  été  déterminés  jusqu'à  présent.  Toutes  ces  pièces  happent  forte- 
ment à  la  langue;  elles  sont  ejnpâtées  dans  une  brèche  de  cendres  et  de 
charbon,  cimentée  par  du  carbonate  de  chaux,  par  suite  plus  ou  moins 
dure  (i),  cendres  et  charbon  qui  viennent  à  l'appui  de  celte  thèse  que 
certaines  grottes  de  Nice  auraient  autrefois  servi  d'habitation  aux  peuplades 
quaternaires. 

»  Quant  aux  coquilles  marines,  toutes  méditerranéennes,  recueillies  dans 
le  même  gisement  de  Nice,  elles  appartiennent  aux  genres  Triton,  Trochus, 


(i)  Dans  les  grottes  de  Menton,  le  sol  est  meuble,  surtout  dans  Ir.  partie  centrale,  tandis 
qu'il  forme  une  véritable  brèche,  mais  de  même  couleur,  le  long  des  parois  et  dans  la  partie 
la  i>lus  reculée,  là  où  un  suintement  continu  d'eaux  chargées  de  principes  calcaires  cimente, 
plus  ou  moins,  ossements,  co(iuillcs,  cendres  et  silex  <|u'ellcs  rencontrent. 


(  44o  ) 

Haliotis,  l'atella,  Pcctcn  et  3J)-/j7ws^  dont  quelques-unes  ont  très-bien  pu  servir 
à  la  nourriture  de  l'homme.  M.  Mesnard-I.agroye  possédait  également  des 
patelles  provenant  du  même  dépôt  supérieur,  et  M.  Faujas  cite  aussi  un 
fragment  de  ]Monle  présentant  le  même  aspect  extérieur  que  la  mâchoire 
humaine.  Enfin  M.  Ph.  Génv  a  trouvé,  dans  cette  même  brèche  de  cendres 
et  de  charbon,  plusieurs  silex  taillés,  et  entre  autres,  dit-il,  «  un  fragment 
»  de  silex  ouvre,  comparable  aux  silex  taillés  des  grottes  de  Menton  ». 

»  D'après  l'ensemble  de  ces  faits,  on  doit,  selon  moi,  considérer  le  dépôt 
inférieur  rouge  des  grottes  du  Mont-du-Chàteau,  de  Nice,  comme  la  brèche 
osseuse  proprement  dite,  et  le  dépôt  supériotu"  comme  formé  par  des  accu- 
mulations de  détritus,  dues  à  des  peuplales  quaternaires,  analogues  à  celles 
que  j'ai  trouvées  à  Menton  et  à  Beaulieu  de  1870  à  1874- 

))  Les  animaux  dont  les  ossements  sont  originaires  du  même  gisement 
doivent  être  regardés  comme  contemporains  de  l'homme  dont  la  mâchoire 
a  été  décrite  par  Cuvier.  » 

BOTANIQUE.  —  Sur  un  fait  de  dimorpliisme  dans  la  famille  des  Gi-aminées. 
Note  de  M.  Eue.  Fournier,  présentée  par  M.  Cosson. 

«  Les  genres  Panicum  et  Paspalum  de  Linné  diffèrent  iniiquement  en  ce 
que  la  gl  unie  inférieure  des  Panicum  avorte  chez  les  Pn^/ja/tn»,  et  que  l'épillet 
possède  par  conséquent  une  pièce  de  moins.  Ce  caractère  est  très-net  et  semble 
ne  permettre  aucune  hésitation.  Il  existe  pourtant  certaines  espèces  bal- 
lottées de  l'un  à  l'autre  de  ces  genres,  selon  les  auteurs  qui  les  ont  étu- 
diées; certaines  de  ces  Graminées  étaient  même  d'abord  attribuées  par 
moi,  dans  des  observations  différentes,  tantôt  aux  Paspalum,  tantôt  aux  Pa- 
nicum. Cela  tient  à  un  fait  de  dimorphisme  non  encore  observé.  Les  épillels 
de  ces  plantes  sont  très-fréquemment  géminés,  et  alors  leurs  pédoncules 
sont  inégaux.  Chez  certaines  des  espèces  qui  font  le  sujet  de  cette  Note, 
l'épillet  inférieur  conserve  seul  les  caractères  des  Panicum,  et  l'épillet  supé- 
rieur, subissant  l'avortement  complet  de  la  glume  inférieure,  offre  ceux 
des  Paspalum.  Dans  d'autres  cas,  l'épillet  supérieur  offre  une  glume  infé- 
rieure très-rudimentaire,  tandis  que  cet  organe  est  très-développé  sur 
l'épillet  inférieur.  Ce  dimorphisme  se  relie  probablement  à  des  phéno- 
mèues  de  fécondation  croisée;  n'ayant  eu  à  ma  disposition,  pour  l'étudier, 
que  des  échantillons  d'herbier,  je  n'ai  pu  faire  de  recherches  physiologiques 
à  cet  égard. 

»  Il  est  certain  que  ces  faits  raj)prochent  étroitement  l'un  de  l'autre  les 


(  /|4.  ) 
gpnrrs  Pniiirurn  et  PctapaUnn,  qiip  ProsI  allnil  jusqu'à  |i!acor  dans  dos  trihiis 
Hiffi'ioDti'set  respectiveineiit  éloignées  dans  la  famille  des  Graminées,  et  l'on 
pourrait  penser  qu'ils  fendent  à  imposer  an  classificateiir  la  réunion  de  ces 
deux  genres,  déjà  très-nombreux  chacun  en  types  spécifiques.  I.e  genre 
Panicum,  qui  en  comprend  85o  dans  le  Sjnopsis  glumacearum  de  Sfeudel 
(i855),  a  été  trouvé  trop  compréhensif,  et  se  trouve  partagé,  dans  presque 
tous  les  travaux  publiés  sur  les  Graminées  depuis  (et  même  avant)  cette 
époque,  en  plusieurs  genres  dont  aucun  n'a  la  valeur  taxonomique  que 
consacre  ce  phénomène  de  dimorphisme.  Il  me  paraît  donc  plus  en  con- 
formité avec  l'état  de  la  science  de  considérer  le  groupe  qui  le  jjrésente 
comme  un  groupe  générique  nouveau  pour  lequel  je  propose  le  nom  de 
Dhnoi-phostnch^'s. 

»  Le  nouveau  genre  Dimarphoslachys  comprend  jusqu'à  présent  onze 
espèces,  toutes  de  l'Amérique  tropicale.  Dans  ce  groupe  rentrent  des  espèces 
déjà  connues,  mais  non  toujours  suffisamment  analysées,  le  Panicum  mono- 
stachyum  TIBK.jdont  un  éminent  agrostographe,  Trinius,  avait  déjà  dit  : 
Gliiina  iiiferior  niiiic  brevissimn,  miiic  floscnlis  siduhiplo  brcvior;  le  Paspnliim 
piloiwii^h'MJi..,  \e  Paspalum  Oajacensc,  Sieud.  et  le  P. /Jef/M/icu/a/t/m^  Poir. 
Les  autres  espèces  sont  nouvelles  pour  la  science. 

»  Il  est  à  remarquer  que  le  genre  Dimorplioslachys,  qui  forme  un  trait 
d'union  entre  les  Panicum  et  les  Paspalum,  établit  aussi  un  lien  naturel  entre 
la  tribu  des  Panicées  et  celle  des  Andropogonées,  dans  laquelle  l'épillet 
longuement  pédicellé  est  ordinairement  frappé  d'avorlement  complet  et 
congénital.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  la  découveiic  de  Batraciens  proprement  dits  dans  le 
terrain  piimaire.  Note  de  M.  A.  Gaitdrv,  présentée  par  ^I.  P.  Gervais. 

«  Jusqu'à  présent  les  Batraciens  des  types  actuels  semblaient  d'une  date 
géologique  assez  récente;  la  plupart  des  paléontologues  pensaient  que  ces 
animaux  n'avaient  pas  encore  été  trouvés  dans  des  terrains  plus  anciens  que 
le  terrain  tertiaire.  Il  y  avait  lieu  de  s'étonner  que  des  Vertébrés  d'une  or- 
ganisation aussi  peu  élevée  fussent  arrivés  si  tard  sur  la  terre;  ce  fait  était 
en  opposition  avec  la  plupart  de  ceux  (jue  la  Paléontologie  a  enregistrés. 

»  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  échantillons 
de  Batraciens  qui  viennent  d'être  découverts  dans  le  terrain  primaire.  L'un 
d'eux  m'a  été  communiqué,  il  y  a  plusieurs  mois,  par  M.  Loustau,  ingé- 
nieur au  chemin  de  fer  du  Nord  ;  il  avait  été  recueilli  par  M.  Roche  dans 

G.  R.,   1875,  1"  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  7.)  58 


(  442  ) 

les  schistes  bitumineux  de  l'étage  permien,  à  Igornay  (Saône-et-Lôire).  Il 
y  a  quelques  jours,  ÏM.  François  Deliile  m'a  apporté  une  plaque  sur  laquelle 
on  voit  sept  petits  Batraciens  qui  ressemblent  beaucoup  à  celui  d'Igornay; 
il  l'a  obtenue  à  Millery  (Saône-et-Loire);  comme  la  pièce  d'Igornay,  cette 
plaque  a  été  extraite  des  schistes  bitumineux  de  l'étage  permien. 

»  Je  propose  d'inscrire  les  Batraciens  d'Igornay  et  de  Millery  sous  le  nom 
dut  Salamandrelln  pelrolei,  pour  indiquer  qu'ils  ont  des  affinités  avec  les  Sala- 
mandres et  rappeler  qu'ils  ont  été  enfouis  dans  des  couches  d'où  l'on  tire 
du  pétrole.  Ils  sont  fort  petits;  l'individu  que  m'a  communiqué  M.  Loustau 
a  3o  millimètres  de  longueur,  depuis  le  bord  extérieur  du  uuiseau  jus- 
qu'à l'extrémité  de  la  queue,  et  le  plus  grand  des  individus  trouvés 
par  M.  Deliile  n'a  que  35  millimètres.  Malgré  leur  ténuité,  il  est  pro- 
bable qu'ils  étaient  adultes;  caries  têtes,  les  queues,  les  membres  des  di- 
vers sujets  ont  sensiblement  les  mêmes  proportions.  Les  têtes  sont  plus 
larges  que  longues;  elles  sont  triangulaires  et  très-aplaties;  comme  aucune 
d'elles  n'est  posée  sur  le  côté,  je  pense  que  cet  aplatissement  était  naturel 
et  ne  résulte  pas  seulement  de  la  compression  des  couches.  Les  orbites  sont 
très-grandes  et  allongées;  on  ne  voit  pas  de  place  pour  les  post-orbitaires 
et  les  sur-squameux,  si  développés  chez  les  Ganocéj^hales.  La  vertèbre  occi- 
pitale paraît  avoir  été  bien  formée  :  il  en  résulte  que  le  milieu  du  crâne  est 
bombé  eu  arrière,  au  lieu  d'être  concave  comme  chez  les  Ganocéphales.  Les 
vertèbres  ont  leur  ceutrum  ossifié;  j'en  compte  29  :  3  cervicales,  10  dorsales, 
8  lombaires  et  8  caudales  ;  ces  dernières  sont  très-réduites.  Les  vertèbres  cer- 
vicales et  dorsales  ont  des  côtes  arquées,  bien  plus  courtes  que  chez  les  Ga- 
nocéphales. Je  n'ai  pas  aperçu  d'indices  de  l'entosternum  et  des  épisternum, 
si  remarquableschez  les  Ganocéphales  et  les  Labyrinthodontes.  Les  membres 
de  devant  et  de  derrière  ont  à  peu  près  la  même  taille;  les  uns  et  les  autres 
portent  quatre  doigts.  Je  ne  vois  pas  de  traces  d'écaillés  qui  doivent  être 
attribuées  à  la  Salamandrella,  et  même  je  ne  distingue  autour  des  squelettes 
aucun  dépôt,  aucune  coloration  indiquant  une  peau  endurcie  qui  aurait 
persisté  plus  longtemps  que  les  autres  organes  mous. 

»  On  ne  |)eut  manquer  d'être  frappé  de  la  ressemblance  des  petits  Ba- 
traciens d'Igornay  et  de  Millery  avec  les  Salamandres  terrestres.  Cependant 
leur  tête  est  un  peu  plus  large;  les  os  de  leurs  membres  paraissent  avoir  eu 
leurs  extrémités  moins  bien  définies;  les  membres  de  derrière  sont  dirigés 
on  arrière,  comme  chez  les  animaux  nageurs.  Les  vertèbres  dorsales  et  lom- 
baires sont  plus  courtes  et  plus  nombreuses;  les  vertèbres  lombaires  ne 
portent  point  de  côtes;  la  queue  ne  représente  que  le  cinquième  de  la  Ion- 


{  /i43  ) 
gueur  totale  du  corps,   aii  lieu  que  dans  les  Salamandres  elle  en  égale 
presque  la  njoilié. 

»  La  Salamandretla  est  bien  distincte  des  Reptiles  du  terraiii  houillcr  cpii 
ont  été  décrits  sous  les  noms  de  LabyriiilhodonU-s ,  Gcmoccplidlts,  Microsnu- 
riens,  tels  que  Dtndrer peton,  Hylcrpelon,  JJylonoinits,  Parabalvaclats,  An- 
thracherpelon,  UrocordyUis,  Ceralerpeton,  Sauropleura,  Molgopliis,  etc.,  etc.; 
mais  elle  est  moins  éloignée  du  Rnniceps  [Pelion)  Lyelli  de  l'Oliio. 

»  Maintenant  que  l'existence  de  Batraciens  proprement  dits  dans  le  terrain 
primaire  semble  prouvée,  ou  ne  fera  pas  sans  doute  de  dlKiculté  pour  ranger 
li;  Haniceps  parmi  ces  animaux,  comme  IM.  Wyman  l'avait  proposé  en  i858. 
Il  est  probable  que  le  Raniceps  a  eu  la  peau  nue  et  qu'il  n'a  en  ni  ento- 
sternum,  ni  épisternum,  ni  post-orbitaire,  ni  sur-squameux.  Néanmoins  il 
ne  peut  appartenir  au  même  genre  que  les  fossiles  de  MM.  Loustau  et 
Dclille  ;  ses  vertèbres  sont  bien  plus  allongées;  ses  frontaux  sont  moins 
élargis,  le  sur-occipital  est  reporté  moins  en  arrière  et  ses  mandibules  se 
prolongent  davantage;  les  pièces  scapulaires  semblent  avoir  été  plus  déve- 
loppées; enfin  l'animal  de  l'Ohio  est  trois  fois  plus  grand. 

»  En  i844î  Hermann  de  Meyer  a  décrit,  sous  le  nom  à' Apateon  pedestris, 
une  empreinte  de  Reptile,  trouvée  dans  le  terrain  bouiller  de  Mùnster-Appel. 
Malgré  l'opinion  de  cet  babile  paléontologue,  je  pense  qu'elle  a  appartenu 
à  un  animal  du  groupe  des  Salamandres;  et,  s'il  était  permis  de  porter  un 
jugement  sur  luie  empreinte  aussi  vague  que  celle  de  l'Apateon,  je  serais 
disposé  à  croire  ce  fossile  identique  avec  la  Salamandretla  pelrolei.  Ainsi  l'on 
connaîtrait  de  vrais  Batraciens  dans  le  terrain  primaire  de  la  France,  des 
Etats-Unis  et  de  l'Allemagne. 

»  L'étage  des  scbistes  bitumineux  qui  renferme  la  Salamandrella  petrolei 
contient  aussi  des  restes  de  plantes,  de  nombreux  Coprolithes  et  des  Poissons 
[Palœoniscus];  M,  Loustau  m'a  communiqué  un  petit  Cruslacé  qui  en  pro- 
vient, une  série  de  vertèbres  bien  ossifiées  d'un  Reptile  encore  inconnu  et 
un  morceau  d'bumérus  ou  de  fémiu"  dont  la  taille  s'accorde  avec  celle  de 
Y Aclinodon  Froasurdi;  en  186G,  j'ai  présenté  à  l'Académie  ce  curieux  Rep- 
tile ganocépliale,  qui  avait  été  recueilli  également  dans  le  scbisle  bitumineux, 
à  Muse,  localité  peu  éloignée  d'Igoruay  et  de  Millery. 

!i  Pour  co'.upléter  !a  liste  des  Reptiles  primaires  trouvés  en  France,  je 
dois  rappeler  que  RL  Paul  Gervais  a  décrit,  sous  le  nom  <ï Aphelosauius,  un 
Reptile  dos  schistes  permiens  de  Lodève;  ce  savant  anatomibte  a  montré 
cpi'il  est  bien  distinct  des  Batraciens.  « 

58.. 


(  444  ) 

«  M.  P.  Gekvais  fait  connaître  à  l'Académie  qu'il  a  reçu  de  M.  Thomas^ 
vétérinaire  de  l'armée,  des  détails  au  sujet  d'une  espèce  de  grand  Bœuf, 
paraissant  être  le  Biibalus  anliquus  de  Diiveruoy,  dont  on  vient  de  décou- 
vrir des  ossements  fossiles  à  Djella  (Algérie),  et  il  montre  des  figures  de  ce 
grand  bœuf,  accompagnées  de  photographies  exécutées  par  les  soins  de 
M.  le  capilaiiic  de  Saint-Germain.  Le  Bubalus  anliquus  n'était  connu  que  par 
une  portion  de  crâne  découverte  auprès  de  Sélif,  localité  également  située 
en  Algérie.  » 

»  M.  P.  Gervais  met  ensuite  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  figures, 
qui  lui  ont  été  adressées  par  M.  le  D*^  Bleiclier,  de  pierres  taillées  dans  la 
forme  des  haches  préhistoriques  dites  d'Abbevillc  et  de  Saint- Aciieul.  Ces 
objets  proviennent  des  grottes  d'Ousidiui,  près  Tlemccn  (Algérie).  » 

«  M.  ftlÉKAY  adresse  à  l'Académie  une  rectification  à  la  Note  qu'il  lui  a 
communiquée  dans  la  séance  du  8  février  dernier.  11  a  reconnu  que  sa  dé- 
monstration du  théorème  fondamental  énoncé  au  ï\°  6  de  cette  Note 
n'épuise  pas,  comme  il  l'avait  supposé  d'abord,  tous  les  cas  imaginables 
Il  croit  donc  devoir  attendre  qu'il  ait  complété  ses  recherches,  avant 
d'adresser  à  l'Académie  le  Mémoire  détaillé  dont  il  a  annoncé  l'envoi.  » 

M.  CiiAPELAs  adresse  une  Note  relative  à  un  prétendu  bolide  qui  aurait 
été  aperçu  dans  la  soirée  du  lo  février. 

L'auteur  a  constaté  en  effet,  à  G  heures  du  soir,  luie  sorte  de  trait  de  feu, 
perpendiculaire  au  plan  de  l'horizon,  et  mesurant  environ  lo  degrés  en 
longueur:  il  est  resté  visible  j)endant  vingt  minutes  environ.  Mais,  quelques 
minutes  plus  tard,  le  vent  ayant  dissipé  les  vapeurs  accumulées  de  ce  côté 
du  ciel,  on  put  s'assiu'er  que  le  phénomène  lumineux  était  produit  j)ar  le 
bord  d'un  nuage,  qui  était  brillamment  éclairé  par  les  rayons  du  Soleil  des- 
cendu au-dessous  de  l'horizon. 

M.  E.  Delaiiaye  adresse  une  Note  relative  à  l'électricité  atmosphérique 
et  à  la  présence  de  l'hydrogène  dans  l'atmosphère. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  J.  B, 


(  445) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

OUVRACFS    REÇUS    DANS    LA    SKANCK    OU     l"'^    FjWrIKR     i8'j5. 

Des  forces  pliysico-chimiques  et  de  leur  intcivention  da)is  la  proiluciion  des 
phénomènes  naturels;  par  M.  IjEGQUEHEL,  de  l'Académie  des  Sciences.  Paris, 
typ.  Firmin  Didot,  iByS;  i  vol.  in-8°,  avec  atlas. 

Du  traitement  des  fistules  vésico-vac/inales  ;  par  M.  le  D''  Herrgott.  Paris, 
G.  Massoi),  1874;  in-4''-  [(Extrait  des  Mémoires  delà  Société  de  Chirurgie.) 
Présenté  par  M.  Sédillol,  pour  le  Concours  Moiityon,  Médecine  et  Chi- 
rurgie, 1875.] 

Jownal  des  Actuaires  français;  t.  III,  Paris,  Gauthier-Villars,  1874; 
I  vol.  in-H",  relié. 

Note  sur  un  cas  d'oblitération  de  la  veine  cave  injérieurc;  par  A.  Robin. 
Paris,  G.  Masson,  1875;  br.  in-S**.  (Présenté  par  M.  Gosselin.) 

Note  sur  un  cas  de  métopagie  compliqué  de  proencéphalie  observé  chez  le 
canard  domestique;  par  M.  H.  Gervais.  (Présenté  par  M.  P.  Gervais.) 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents;  novembre  1874. 
Paris,  Dunod,  1874? '"-8°. 

Séance  publique  annuelle  de  la  Société  centrale  d'Agriculture  tenue  le  di- 
manche i3  décembre  1874.  Paris,  veuve  Bouchard-Huzard,  1H74;  in-8°. 

Mémoires  et  compte  rendu  des  liavaux  de  la  Société  des  Ingénieurs  civils; 
juillet,  août  et  septembre  1874.  Paris,  E.  Lacroix,  1874;  in-8". 

Notice  sur  Eugène  Flacliat;  par  Léon  Malo.  Paris,  Société  des  Ingénieurs 
civils,  sans  date;  br.  in-8°. 

Les  climats  du  midi  de  la  France;  par  le  D''  DK  Pietha-Santa.  Paris,  Ha- 
chette et  C",  1874;  in-12.  (Présenté  par  M.  de  Lesseps.) 

Nivellement  de  précision  de  la  Suisse,  exécuté  par  la  Commission  géode- 
sique  fédérale  sous  la  direction  de  A.  HiRSCii  et  E.  Plantamour;  5'  liv.  Ge- 
nève, Bâle  et  Lyon,  A.  Georg,  1874;  in-4°. 

Recherches  statistiques  sur  ta  mortalité  à  Plancher- les- Mines  à  un  siècle  d'in- 
tervalle; par  le  D^  V.  PoULET.  Paris,  A.  Dclahaye,  1874;  br.  in-B".  (Renvoi 
au  Concours  de  Slali.stiipio,  1875.) 


(  446  ) 

Nuovi  studii  suite  conenti  délie  macchine  elettriclie  delprof,  Fr.  ROSSETTI, 
Venezia,  tip.  Grimakio,  1874;  !>••  i"-8°. 

Inlorno  alpoligoni  inscrilti  e  circoscritti  aile  coniche.  Nota  del  prof.  D.  CllE- 
LIM.  Bologiia,  tip.  Gamberini  e  Parmeggiani,  1870;  in-Zj". 

Congresso  nicteorolnyico  de  Fienna  de  Austria  cm  iSj'i.  lielatorio  do  con- 
sl/Acùo  J.-H.  Fradesso  da  Silveira.  Lisboa,  Imprenta  uacional,  1874; 
in-18. 

Ueber  den  Befruchtungsvorgang  bel  den  Basidiomycelen .  Programm  zuin 
Eintrill  in  die  pliilosopliische  Faculidt  und  den  Sénat  der  K,  Friedrich- Alexan- 
dcrs  Universilât  zu  Erlangen;  von  D'  Max.  Reess.  Erlangen,  Th.  Jacob, 
i875;br.  in-8°. 

Séparât- A bdruck  ans  den  Annalen  der  Physik  und  Cheinie ,  herausge- 
geben  zu  Berlin;  von  J.-C.  POGGENDORFF.  Inhalt,  Leipzig,  J.-A.  Bartli, 
1874;  br.  in-8°. 

Ouvrages   reçus  dans   la   séance  du   8  févrihr    i8^5. 

Astronomie  grecque  et  romaine;  /><:(?  Th. -H.  Martin,  Membre  de  l'Institut. 
Corbeil,  typ.  Crété  fils,  sans  date;  br.  in-4°.  (Extrait  du  Dictionnaire  des 
antiquités  grecques  et  romaines.) 

Sur  la  méthode  des  moindres  carrés.  Note  par  M.Faye,  Membre  de  l'Insti- 
tut. Paris,  sans  date;  Sa  pages  autographiées. 

Les  croiseurs,  la  guerre  de  course;  par  M.  DiSLEBE.  Paris,  Gauthier- 
Villars,  1875;  in-8°.  (Présenté  par  M.  Dupuy  de  Lôine.) 

L'OEuvre  agricole  de  M.  de  Béhague,  compte  rendu  d'une  visite  Jaite  par 
une  délégation  de  la  Société  centrale  d'Agriculture  de  France,  sur  le  domaine  de 
Dampierre,  appartenant  à  M.  de  Béhague,  membre  de  la  Société;  par  J.-A. 
Barral,  précédé  d'un  discours  et  d'un  tableau  par  M.  Chevreul.  Paris, 
G.  Masson,  1875;  in-i8.  (Présenté  par  M.  Chevreul.) 

Baréges  et  les  blessures  de  guerre;  par  le  D'  ÀRMllcux.  Toulouse,  imp.  jDou- 
ladoure,  1B74;  br.  in-S".  (Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey.) 

Revue  d'Artillerie;  .Y  année,  t.  V,  4*  livraison,  janvier  1876.  Paris 
et  Nancy,  Berger-Levrault,  1875;  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  général 
Morin.) 

Histoire  et  documents  inédits  sur  les  eaux  de  Saint- Pai doux.  Moulins,  iinp. 
Desrosiers,  i874;in-i8. 


(  447  ) 

Pnléontolocjie  française  ou  Desaiption  desjossiles  de  la  France,  contitiure  par 
une  rétiinonde  paléonloloijhtes  ;  3"  série  :  FécjéUntx,  terrain  jurassique;  liv.  i8  : 
Cycadées;  par  M.  le  Comte  de  Saporta.  Texte,  Ceuilles  19-20,  t.  II;  pi.  5o 
à  5/|,  t.  II.  Paris,  G.  Masson,  1875;  in-8°. 

La  pupille  considérée  comme  esthésiomètre;  par  \e  prof.  M.  SCHIFF,  traduc- 
tion de  l'italien  parle  D''Guichahd  deChoisity.  Paris,  J.-B.  lîaillière,  1875-, 
br.  in -8°. 

De  i adénopathie  Iracliéo-bronrliique  en  général  el  en  prniiculier  dans  la  scro- 
fule et  la  plithisicpulinonnire,  précédée  de  l'élude  topoijraphiqnc  des  ganglions 
tracliéo-hronchiques;  par  A.  BknÈTY.Varh,  A.  Delahaye,  1H74;  i  vol.  in-8°. 
(Adressé  par  l'auteur   au   Concours  Montyon ,  Médecine   et   Chirurgie, 
1875.) 

Le  Congrès  séricicole  international  de  Montpellier  el  les  doctrines  de  ses  prin- 
cipaux membres;  par  E.  DE  Masquard.  Paris,  librairie  agricole;  Lyon,  Mo- 
niteur des  soies,  1875  ;  br.  in-8°. 

Découverte  du  principal  el  véritable  mobile  de  la  matière,  basé  sur  ta  force 
centrifuge  des  corps  en  général  contradictoirement  au  système  d'attraction;  par 
A.  Deryaux.  Paris,  Renouard,  1874;  in-8°. 

Mémoire  sur  l'affection  typhique  du  cheval  ou  le  typhus  d'écurie  [fièvre 
typhoïde  des  auteurs);  par  J.-P.  MÉGNIN.  Paris,  Renou  et  Maulde,  1874; 
br.  in-8°. 

Mémoire  anntomique  et  zoologique  sur  un  nouvel  Acarien  de  la  famille  des 
Sarcoptides,  le  Tyroglyphus  rostro-serratus  el  sur  son  Ilypopus;  par  M.  MÉ- 
GNIN, Paris,  imp.  Martinet,  1873;  in-8°.  (Extrait  du  Journal  de  l'Analomie 
et  de  la  Physiologie  de  M.  Ch.  Robin.) 

Mémoiresur  les  Hypopes;  parM.  MÉGNIN.  Paris,  Gernier-Raillière,  1874; 
br.  in-8°.  (Extrait  du  Journal  de  i Anatomie  et  de  la  Physiologie  de  M.  Ch. 
Robin.) 

Les  Merveilles  de  l'Industrie;  par  L.  Figuier.  iS*"  série.  Paris,  Furne, 
JouvetetC'%  1875;  gr.  m-S°,  illustré. 

L'armée  scientifique  et  industrielle;  par  M.  L.  FIGUIER  ;  18"  annéo,  1874. 
Paris,  Hachette  et  C'*,  1875;  in-12. 

L'wnverso.  Lezioni  popolari  date  nelle  principali  città  d'Jlalia  da  quirico  fdo- 
panli.  Bologna,  G.  Monti,  1872-1874;  3  vol.  in-12. 

Brève  Catechismo  di  morale  e  di  religione  nalurale  e  divinn  <id  nso  délie  scuole 
etementari,  di  G.  GaLEO.  Torino,  lip.  del  giornale  il  Conte  di  Cavour,  1875; 
iiM8. 


(  448  ) 

Veber  den  Einjliis  des  Freilienn  Jusliis  von  Licbig  auf  die  Entwickhmg  der 
reinen  CItemie.  Eiiie  Denksclirift  von  D'  E.  ERLENMEYF.n.  Miiiiclien,  Veilag 
der  K.  K.  Akademie,  1874;  iii-4". 

Àbliandluncjcn  der  malhemaliscJi-phjsikalisclien ,  Classe  der  Konicjlisrh- 
Ba/erischen  Akademie  der  Wissenschajten  ;  eilften  Bandes.  Munchen;  1874; 
in-4°. 

Ouvrages  hkçus  dans  la  séance  nu    |5   fevrif.u    i8^5. 

Connaissance  des  lemps  ou  des  mouvements  célestes,  à  l'usage  des  astronomes 
et  des  navigateurs  pour  l'an  1876,  publié  par  le  Bureau  des  Longitudes.  Paris, 
Gauthier-Villars,  décembre  1874;  i  vol.  in-8",  relié. 

Annuaire  pour  l'an  1875,  publié  par  le  Bureau  des  Longitudes.  Paris, 
Gaulhier-Villars,  1876;  1  vol.  in-i8. 

Traité  pratique  de  la  détermination  des  drogues  simples  d'origine  végétale;  par 
G.  Planchon;  t.  II,  fascicule  2.  Paris,  F.  Savy,  1875-,  iii-8°.  (Présenté  par 
M.  Decaisne.) 

Guérit-on  la  phthisie?  Par  quels  moyens?  par  le  D'  R.  Le  Roy.  Paris, 
G.  Masson,  1875;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey  au  Con- 
conrs  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1875.) 

De  l'influence  des  milieux  sur  la  constitution  des  rares  humaines  et  particu- 
lièrement sur  les  mœurs;  par  M.  J.-A.-N.  Perier.  Paris,  typ.  A.  Hennuyer, 
1874;  iii-8'. 

Musci  Galliœ.  Herbier  des  mousses  de  France  ;  fa.&c'\cu\e  11  (n°^  5oi-55o); 
par  M.  T.  HuSNOT.  Cahan,  par  Atliis  (Orne),  chez  l'auteur,  1875;  in-4". 

Nouveaux  Mémoires  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou; 
t.  XIII,  formant  le  XIV''  de  la  collection,  liv.  4-  Moscou,  imp.  de  l'Uni- 
versité impériale,  1874;  in-4*'. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  Naluralisles  de  Moscou;  année  1873, 
n"  4;  année  1874,  n"'  1,  2.  Moscou,  Al.  Lang,  1874;  3  vol.  in-8''. 

Àcta    Universitatis  Lundensis.   Luruls   Universitatis  Ars-Skrifl.   Philosophi, 

sprakvetenskap  oclt   Ilislnria    1869,    1871,    1879,;   Mathcnmti/i  ocli  naturve- 

tensktq)  18G9  à  1872;    Thcologi    1870-1H71.   I.unds,    i8(j()  à    1873;  9  liv. 

in-4". 

(   A  suivre.  ) 


COMPTES  IIENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  22  FÉVRIER   IS7». 
PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADKMII  . 

ASTRONOMIE.  —  Observations  méridiennes  des  petites  planètes,  faites  à  iOb- 
seivatoire  de  Greenwieh  {transmises  par  L\htronome  royal,  M.  G.-B.  Airy) 
et  à  l'Observatoire  de  Paris,  pendant  le  quatrième  trimestre  de  l'année  1874, 
comiminiqiiées  par  M.  Le  Veuiuer. 

Coiioi'tioii  CoricclioM  I.iou 

Dates.  Temps  moyen         Ascension  clo  Distance  ilo  de 

1874.  lie  Paris.  droite.  l'épliomériilo.         polaire.        l'éplicmcride.  l'obser\ation. 

(S)  Hespkria. 

hmshms  s  "      i       i,  0 

Octobre,     i        10.47.3-)      9.3.37.21,41       +0,18        90.41.45,5      +    ■>.,i  Pans. 

G         10. 33.31       23.35.28,08       —0,07         .)i .    .>.i3,>.       —     1  ,3  Paris. 

7         10.29.19      23.34.j(,C9      -+-  o,iiS        91.  8.j8,<)      -t-     1,3  Paris. 

(tg)  Fueia. 
Octobre.     3        lu.  4.25      22.54.7,99  y5.  0.38,9  Paris- 

(9?)  Ègine. 
Oetobro.     3        10.ri.J7      23.3.41,26  97.4.53,7  Paris. 

(:.R.,i8-i,   i"^  Semestre.  (1.  L\X\,  Kofi.)  -*9 


{  45o  ) 


Correction 

Correction 

Lieu 

Dates. 

Temps  moyen 

Asoensioii 

do 

Distnneo 

de 

de 

187-i. 

(le  l'unis. 

droile. 

l'épliémiTide. 

1  LAciiÉsrs  ("). 

]>(ilairo.        1 

l'épliéméridc. 

l'oliscrvalion , 

Il         111       s 

Il      m      8 

.s 

Il      ,       ,^ 

^ 

Octobre . 

î 

lo.ag.iS 

23.19.31,63 

+20 , 1 2 

91 .5o. i3,6 

—  169,3 

Taris. 

-7 
é 

ii>.  1 1  .'il 

23. 17.    I ,02 

92.   0.37,9 

P.iris. 

8 

m.    -.   o 

23.16.25,62 

92.   3.   7,2 

Paris. 

(U)    PAnTHÉNOPE. 

Octobre . 

(■> 

12.35. a'} 

i-37-i9,77 

+  4,60 

88.10.25,0 

-  '0,9 

Paris 

8 

I2.2).47 

1.35.35,44 

+  4,70 

88.22.57,2 

-  '9,4 

Paris. 

lo 

12.  «S. 27 

1.33.48,59 

+  4,55 

88.35.16,6 

-  '0,9 

Greenwrh 

M) 

1 1 .41 .  |0 

i.aS. 12,84 

+  4,48 

89.26.17,1 

-  '1,4 

Greenwich 

27 

1 0 .  'j  i .  2G 

1.18.54,64 

+  4,61 

90 .   2 . 26 1 0 

-  23,5 

Paris. 

28 

10.49-43 

1.18.  6,82 

-t-  1,49 

go.   6. i3,2 

-  22,3 

Paris. 

3i 

10. 33. 38 

I .  i5. (9,5o 

+  4,37 

90. 16.25,0 

—  21 ,3 

Paris. 

(43)  Ariane. 

Octobre  . 

f) 

10.48.2 

23.59.41,01 

84.i5.5i,9 

Paris. 

8 

10,38.34 

23.48.   5,12 

81. 3o.  6,9 

Paris. 

@   BÉATRIX. 

Octobre  . 

(i 

12.27.56 

1.29.52,27 

+  0,47 

81.43.10,2 

-     ',2 

Paris. 

8 

1 2 . 1 S .  1 1 

1.27.58,01 

+  ",1fi 

®  HÉBÉ. 

81.50.34,1 

-     3,0 

Paris. 

Octobre  . 

8 

io.3f).4f) 

23.46.16,7 

(0 

(w)  Diane. 

112.49.43,4 

Paris. 

Octobre  . 

3i 

I 2 . I 5 . 39 

2.56.  6,53 

4-  4,02 

58.46.12,0 

-  28,8 

Paris. 

Nov 

4 

11.55.39 

a. 51.49, 55 

+  4,34 

58.51.11,9 

-  32,8 

Paris. 

'■> 

iT.5o.38 

2.5o.44,l7 

+   1 ,77 

58.53.  3,8 

—  3o,8 

Paris. 

9 

11.39.49 

2.46.19,66 

+  4,89 
©  Siwa. 

59.  2.37,4 

-  '8,9 

Greenwich, 

Nov 

4 

II.    1.19 

1.48.  o,3i 

(ÎO)   IlYfilE. 

84.  3.36,5 

Greenwich. 

Nov 

9 

II. 47. 21 

2.53.52,26 

—  I  l  ,06 

68.37.50,2 

-126,3 

Greenwich. 

lO 

II  .42.3(i 

2.53.   3,53 

—  ",'10 
(3)   JUNON. 

68.41.48,6 

-122,5 

Greenwich. 

Nov 

m 

II. 49. 38 

3.   0.   5,97 

+  8,38 

94.32.35,9 

—    19,' 

Greenwich. 

1 1 

IT .45.     0 

2.59.9.3,84 

+  8,4i 

94.40.19,7 

-   >7,4 

Greenwich. 

li 

11.35.14 

2.58.  o,3o 

+  8,35 

94.54.42,0 

-   M, 3 

Greenwich, 

'9 

II.  8.12 

2.54.   2,5l 

+  8,10 

95.28.33,5 

-   i5,i 

Greenwich, 

(■"y  Comparaison  avec  le  n"  2002  «les  Àstmnomische  Nachrichten. 


(  45.  ) 

Correction  Currcction            Ueii 

Dûtes.                Temps  iiioyoïi         Ascension                 de  Distancr                 de                       du 

1874.                      de  l'aiis.                droite.          répliéméride.  polaiiu.        1  e|>liciuéride.  robbervatiuii, 

(?)   P.VLL^S. 

Il      lu      !»           Il      m      it                       5  0      /       „                       ,f 

Nov II         ii.3ij.i4        2. J3. 37,41       —  1,4;  iiC.JJ.2i,.s      —     3, G    Grcenwicli. 

(T)  Vesta 

Nov 20        12.41.33        4.31.35,55      +0,40  75.24.48,4      —    2,3    Greenwicli. 

Dec 9        II.  0.38        4.11.19,93      +0,34  75.29.17,1       —     1,9    Greenwicli. 

17         10.27.38        4-  3.45,34      +0,33  75.23.43,8      —     1,8    Greeiiwich. 

19        10.18.    i        4-  '■>■•  3,55      +  o,3i  75.21.28,8      —     3,1     Giecnwich. 

0  ASTIIÉE  C). 

Dec 14         11.17.17        4.41.42,73      —10,64  76.16.49,0      4-  a4,5    Grecnwich. 

19        10.52.57        4-37.   i,5i      —10,62  76.14.35,8      —  10,7    GrueiiwicL. 

@  Elpis. 

Dec i4        12.22.17        5.46.53,70      +0,92  80.27.10,2      —     1,3    Greeiiwich. 

29  11.  0.17         j.33.  9,60      4-  0,78  80.14.53,1       4-     1,6    Paris. 

(mj  Teupsicuore  ('). 

Duc 3        u.i3.5o        4.  4.i3,99      +3,91  56.21.45,2      +91,9    Paris. 

9         10.53.44        3.58.23,62      +  2,56  56.32.58,8      —     7,3    Greenwicli. 

(^   POLVM.ME. 

Dec 29        12.43.52        7.17.   1,68      —  3,86  64.52.42,7      —    7,1    Paris. 

(4C;  Hestia  ('). 

Dec 29        12.18.  9        6.5i.i3,7o      +0,90  70.44-  8,5      +     i,\     Paris. 

30  12.1 3. 10        6. 5o.  10,78      +1,70  70.43.29,6      +   19,5    Paris. 

(49)  Palès. 

Dec 29        11.37.34        6.10.32,38      42,53  65.10.46,2      4   11,0    Paris. 

3o        11.32.42        6.  9.36,38      +  2,9!  65. 11. 53, 7      +  12,0    Paris. 

»  TolUcs  les  comparaisons,  à  l'exception  de  celles  concernant  Lachésis, 
se  rapportent  aux  t'phéniéridcs  du  Bcrlincr  Jahrlntcli. 

»  Les  observations  ont  été  laites,  à  Paris,  par  M.  Périgaud  et  par  M.  Fo- 
lain.  » 


(°)  Une  correction  de  ±34", 53  (valeiir  il'iui  tour  ilu  luicroniètrc)  doit  cUe  appliquée 
à  l'une  ou  l'autre  observation  de  dislance  polaire. 

(')  On  n'a  pu  décider  si  l'une  ou  l'aulrc  de  ces  deux  observations  se  rapporte  à  la  planète. 

59,. 


(  45a  ) 

cillMil':  niYSlOLOGlQUlc,  —  Nouvelles  ohsen'atioiis  sur  la  nature 
de  la  Jermentnlion  alcooU<iue;  piir  M.  L.  Pasteur. 

((  J'ai  |)ro[)os(',  il  y  a  une  quinzaine  d'années  environ,  une  explicalinn 
physiologique  nouvelle  de  la  fermentation, fort  différente  des  théories  par  les- 
quelles ou  avait  essayé  antérieurement  de  rendre  compte  de  ce  mystérieux 
phénomène.  Toutes  mes  études  subséquentes  n'ont  fait  que  me  confirmer 
dans  ma  manière  do  voir.  L'expression  la  plus  prochaine  des  faits  que  j'ai 
observés  peut  s'énoncer  en  ces  quelques  mots  :  la  fermentation  est  la 
conséquence  de  la  vie  sans  air,  de  la  vie  sans  gaz  oxygène  libre.  Plus  gé- 
néralement tout  être,  tout  organe,  toute  cellule  qui  a  la  faculté  d'accom- 
plir lui  travail  chimique,  sans  mettre  en  œuvre  du  gaz  oxygène  libre,  pro- 
voque aussitôt  des  phénomènes  de  fermentation.  En  d'autres  termes,  la 
fermentation  ne  serait  autre  chose  que  la  conséquence  d'un  mode  de  vie, 
d'un  mode  de  nutrition  ou  d'assimilation  qui  différerait  du  mode  de  vie  et 
de  nutrition  de  tous  les  êtres  ordinaires,  par  cette  circonstance  que  les 
combustions  produites  par  le  gaz  oxygène  libre,  et  d'où  dérivent  les  ma- 
nifestations de  la  vie,  sont  remplacées  par  la  chaleur  de  décomposition  de 
substances  où  l'oxygène  est  engagé  à  l'état  de  combinaison.  Ces  sub- 
stances sont  les  substances  âites  Jermentescibles. 

»  Cette  théorie  de  la  fermentation  me  fut  suggérée  par  les  résultats  de 
mes  recherches  sur  la  fermentation  butyrique,  et  principalement  par  la 
circonstance  que  le  ferment  butyrique  est  un  vibrion  qui  a  la  faculté  de  se 
multiplier  indéfiniment  à  l'abri  de  l'air. 

))  Un  jour,  en  répondant  à  des  critiques  de  M.  Licbig,  j'offris  de  pré- 
parer, en  sa  présence,  un  poids  de  vibrions  aussi  considérable  qu'on  pour- 
rait le  désirer,  sans  autre  matière  azotée  que  celle  qiù  serait  tirée  d'un  sel 
d'ammoniaque  et  de  produits  minéraux  cristallisés,  sans  autre  matière 
carbonée  que  celle  de  la  matière  fermenicscible;  enfin  j'affirmais  que 
tout  ce  travail  de  vie,  de  prolifération  de  vibrions,  ou  de  vie  poursuivie  de 
vibrions  déjà  formés,  s'acconij)lirait  sans  le  concours  de  la  moindre  quan- 
tité de  gaz  oxygène  libre.  M.  Liebig  refusa  d'assister  à  cette  saisissante  ex- 
périence et  à  d'autres  du  même  ordre,  devant  une  Commission  choisie 
dans  le  sein  de  l'Académie,  quoicpie  noire  Président,  qui  était  alors 
M.  Faye,  eût  déclaré  que  l'Académie  était  |)rête  à  faire  fous  les  frais  de 
l'expérience  dont  je  parle.  Je  suis  convaincu  que,  si  cette  expérience  avait 
été  faite,  la  discussion  à  laquelle  je  vais  me  livrer  n'aurait  pas  été  soulevée. 

»   I^a   théorie  nouvelle  de  la   fermentation,  dont  je  viens   de   rappeler 


(  453) 
l'expression  sommaire,  fut  accueillie  à  l'étranger  avec  une  grande  faveur; 
mais  elle  a  subi,  dans  ces  derniers  teinjis,  des  objections  expérimentales  sé- 
rieuses de  la  part  d'un  natiu-alisle  foit  liabile,  le  D'  Oscar  liroleid,  qui  dirige 
à  Wùrzboiug  un  grand  laboratoire  de  Physiologie  végétale.  Les  expériences 
du  D'  Brefeld  sont  délicatement  conduites  et  assez  probantes,  en  appa- 
rence, pour  qu'elles  aient  modifié  l'état  de  l'opinion  de  l'autre  côté  du 
Rhin,  au  sujet  de  la  théorie  que  j'avais  proposée  comme  explication  des 
phénomènes  de  fermentations  proprement  dites.  Voici  comment  s'exprime 
le  D'  Sacchs,  dans  la  quatrième  édition  de  son  Traité  de  l'hysiolocjie  végé- 
tale^ ouvrage  traduit  en  français  et  annoté  avec  un  talent  remarquable  par 
M.  Van  Tieghem  : 

«  Dans  l'opinion  île  RI.  Pasteur,  opinion  très-rrpandiic  depuis  ses  reclierches,  mais  que 
je  n'avais  jamais  partagée,  la  levùie  peut  vivre  dans  des  liquides  qui  ne  renferment  pas 
d'oxygène  libre  en  dissolution  :  elle  se  procure  alors  l'oxygène  nécessaire  à  sa  respiration  en 
détruisant  des  combinaisons  chimiques,  et  c'est  précisément  ainsi  qu'elle  provoipie  la  décom- 
i)osition  du  sucre  en  acide  carbonique,  alcool  et  plusieurs  autres  produits.  Mais  des  recher- 
ches récentes,  entreprises  à  l'Institut  botanique  de  Wiirzbourg,  par  M.  Brefeld,  prouvent 
que  cette  manière  de  voir  est  entièrement  dépourvue  de  fondement.  Pour  s'accroître,  les 
cellules  de  levure,  comme  toutes  les  cellules  végétales,  ont  besoin  d'oxygène  libre,  gazeux 
ou  dissous  dans  le  liquide,  » 

»  L'accroissement  de  la  leviire,  en  l'absence  du  gaz  oxygène  libre,  est 
impossible.  Telle  est,  en  effet,  la  contradiction  principale  soulevée  par 
M.  Brefeld  :  «  Non,  conclut  cet  observateur,  il  n'existe  pas,  sur  les  derniers 
»  degrés  de  l'échelle  organique,  une  classe  d'êtres  qui,  comme  le  pense 
»  M.  Pasteur,  soient  capables  de  vivre  d'oxygène  à  l'état  de  combinaison,  de 
»  se  nourrir,  de  se  midtiplier  dans  des  conditions  d'existence  absolinnent 
»  contraires  à  celles  qui  sont  communes  à  tout  le  reste  des  êtres  vivants.  » 

»  Le  travail  de  M.  Brefeld  a  paru,  au  mois  de  juillet  1873,  dans  les  Jn- 
ualcs  de  la  Société  physique  et  médicale  de  ïfiirzbowg.  En  1874,  IM.  Moritz 
Traiibc,  professeur  à  Breslau,  entreprit  des  recherches  analogues  à  celles 
de  M.  Brefeld,  et  également  dans  le  n)éme  but,  comme  il  le  dit  d'une  ma- 
nière expresse,  celui  de  réfuter  la  théorie  que  j'ai  proposée;  mais,  chemin 
faisant,  après  avoir  répété  mes  propres  expériences  sur  le  développement 
de  la  levi'ire  satis  gaz  oxygène  libre,  il  les  trouve  exactes  et  réfute  celles  de 
M.  Brefeld.  Toutefois,  il  tombe  d'accord  avec  ce  dernier  poin-  rejeter  mon 
opinion  sur  la  cause  de  la  fermentation,  parce  que,  d'après  ses  expériences, 
si  la  levure  peut  vivre,  comme  je  l'ai  affirmé,  sans  gaz  oxygène  libre,  elle 
ne  donne  lieu,  dans  celte  circonstance,  qu'à  un  commencement  de  fermen- 
tation, et  si  faible  même  qu'au  dire  du  D"^  Traube  ce  sont  les  corps  albu- 


(  454  ■) 
milieux  mélangés,  et  non  le  sucre,  que  la  levure,  à  l'abri  de  l'air,  emploie 
à  son  développement  :  «  On  ne  peut  donc  pas  admettre,  poursnit-il,  que 
»   la  décomposition  du  sucre,  à  l'abri  de  l'air,  soit  une  conséquence  de  la 
»   vie  sans  gaz  oxvirène  libre.  » 

»  En  résumé,  M.  lîrefeki  nie  i'ormellement  que  la  levure  puisse  vivre  sans 
air,  et  déclare  mes  expériences  erronées.  M.  Traube  assure,  au  contraire, 
qu'elles  sont  exactes  et  me  défend  sur  ce  point;  mais  tous  deux  repous- 
sent l'idée  que  la  vie  de  la  levure  puisse  avoir  lieu  au  moyen  du  sucre,  en 
l'absence  du  gaz  oxygène  libre. 

»  M.  Bref'eld  a  répondu  à  M.  Traube,  devant  la  Société  chimique  de 
Berlin,  en  maintenant  énergiquement  l'exactitude  de  ses  expériences  et  de 
ses  conclusions.  De  son  côté,  M,  Traube,  dans  une  nouvelle  Communica- 
tion, a  de  nouveau  défendu  ses  recherches  sans  aucune  réserve. 

»  Le  moment  est  venu  pour  moi  de  ni'expliquer  sur  mes  expériences  et 
sur  celles  des  deux  naturalistes  allemands. 

«  Comme  il  s'agit  d'une  discussion  très-sérieuse  et  sérieusement  con- 
duite, j'ai  dû  ne  pas  me  borner  à  reproduire  sans  changements  mes  ob- 
servations de  1861  et  des  années  suivantes.  Je  me  suis  efforcé  de  les  sim- 
plifier pour  les  rendre  plus  décisives  par  leur  clarté  et  leur  précision.  Aussi 
vais-je  pouvoir  montrer,  dans  une  seule  et  même  expérience,  que  M.  Brefeld 
est  dans  l'erreur,  et  que  l'expérience  particulière  sur  laquelle  M.  Traube  s'ap- 
puie pour  contredire  mon  opinion  est  également  tout  à  fait  inexacte.  Enfin 
le  même  dispositif  expérimental  me  servira  à  donner  le  pourquoi  des  inter- 
prétations erronées  de  mes  contradicteurs. 

»  Je  prends  un  ballon  de  verre  de  plusieurs  litres  de  capacité,  muni  de 
deux  tubulures,  l'une  étirée  à  la  lampe  et  recourbée,  devant  servir  de  tube 
abducteur  pour  les  gaz  dégagés  pendant  la  fermentation  ;  l'autre  droite,  à 
laquelle  est  soudé  un  robinet  de  verre  surmonté  d'un  petit  entonnoir  cy- 
lindrique. Le  ballon  est  rempli  d'eau  de  levure  sucrée  qu'on  fait  bouillir 
de  façon  à  chasser  tout  l'air  dissous,  pendant  que  le  tube  abducteur  plonge 
dans  la  même  solution  bouillante  et  dont  l'ébullition  peut  continuer  pen- 
dant le  refroidissement  du  ballon  et  du  liquide  qu'il  renferme.  Le  refroi- 
dissement du  ballon  étant  obtenu,  on  engage  l'extrémité  du  tube  abduc- 
teur dans  une  petite  cuve  pleine  de  mercure,  et  l'ensemble  est  transporté 
dans  une  éluve  à  la  température  de  20  ou  aS  degrés.  Des  expériences  di- 
rectes, faites  avec  le  carmin  d'indigo  décoloré  par  le  précieux  réactif  de 
M.  Scliiitzeiiberger,  l'hydrosulfite  de  soude,  ont  établi  que,  dans  ces  cir- 
constances, il  ne  reste  pas  trace  de  gaz  oxygène  dans  le  liquide  sucré.  Il 


(  /|55  ) 
s'agit  alors  de  mettre  en  levain  le  liquide  fermentescible  sans  exposer  ce 
dernier  an  contact  de  l'air.  A  cet  ciïet,  on  provoque  dans  le  petit  enton- 
noir la  fermentation  d'un  pen  de  moût  de  bière  ou  d'eau  de  levure  sucrée, 
avec  tous  les  soins  nécessaires  pour  que  cette  fermentation  soit  pure,  c'est- 
à-dire  pour  que  la  levijre  ne  renferme  pas  du  tout  de  germes  de  ferments 
étrangers.  Lorsque  la  fermentation  des  3  ou  4  centimètres  cubes  du  liquide 
sucré  est  bien  en  train,  on  tourne  la  clef  du  robinet  et  on  laisse  écouler 
quelques  gouttes  du  moût  en  fermentation  dans  le  liquide  du  ballon,  puis 
on  referme  aussitôt  le  robinet,  qui  reste  surmonté  d'une  bonne  partie  du 
liquide  fermentant.  Dans  ces  condition?,  la  levure  qui  n'a  été  ajoutée  au 
liquide  fermentescible,  absolument  privé  d'air,  qu'en  quantité  infiniment 
petite  et  impondérable,  se  développe,  en  conformité  de  mes  expériences 
antérieures  et  en  contradiction  de  celles  de  M.  Brefeld.  Le  poids  qu'on  en 
obtient,  la  quantité  de  sucre  décomposé  ne  dépendent  que  du  volume  du 
liquide  fermentescible.  J'ai  pu  réaliser  des  expériences  de  cette  nature,  par 
d'autres  dispositions  expérimentales,  sin-  plusieurs  hectolitres  de  moût  de 
bière.  Comme  je  l'ai  annoncé  déjà  dans  le  Bulletin  de  la  Société  chimicjue, 
séance  du  24  mai  i8Gr,  la  fermentation  a  plus  de  din-ée  que  les  fermenta- 
tions qui  ont  lieu  au  contact  de  l'air,  mais  elle  s'achève  complètement, 
contrairement  à  l'assertion  de  M.  Traube,  qui  prétend  que  la  fermentation 
à  l'abri  de  l'air  ne  fait  que  commencer  pour  s'arrêter  bientôt. 

»  Toutes  les  expériences  qui  me  sont  opposées  par  MM.  Brefeld  et 
Traube  sont  donc  entièrement  inexactes. 

»  Mais  comment  se  fait-il  que  ces  deux  physiologistes,  qui  ont  montré 
dans  leurs  recherches  longues  et  pénibles  un  vrai  talent  expérimental,  et 
qui,  je  puis  le  dire,  se  sont  acharnés  à  voir  juste,  se  soient  trompés  à  ce 
point  ?  La  même  expérience  que  je  viens  de  décrire  va  nous  en  fournir  des 
raisons  plausibles.  J'avais  eu  soin  de  faire  remarquer,  dans  mes  expériences 
de  1861,  que,  pour  mettre  en  levain  les  liquides  fermentescibles  privés 
d'air,  il  fallait  faire  usage  de  levure  jeune  :  en  effet,  que,  dans  notre  petit 
entonnoir  qui  surmonte  le  robinet  du  ballon,  on  laisse  la  fermentation 
s'achever  avant  de  mettre  en  levain  la  masse  du  liquide  fermentescible  du 
ballon,  et  l'on  verra  que  la  levure  semée  aura  une  peine  extrême  à  se  mul- 
tiplier dans  le  liquide  privé  d'air  :  voilà  la  circonstance  qui  a  induit  M.  Bre- 
feld en  erreur-,  il  doit  avoir  toujours  opéré  sur  une  levure  trop  vieille  pour 
ce  genre  d'études. 

»  Et  M.  Traube,  pourquoi  n'a-t-il  observé,  à  l'abri  de  l'air,  que  des 
commencements  de  fermentation,  et  non  des  fermentations  complètes? 


(  456  ) 
C'est  que,  vraiscniblal)lement,  il  n'avait  pas  à  sa  disposition  de  la  levure 
pure,  levure  qui  n'est  connue  que  depuis  mes  recherches  de  ces  dernières 
années.  Or  on  constate  que,  quand  la  levure,  semée  dans  des  milieux  sucrés 
privés  d'air,  n'est  pas  absoinment  pure,  au  bout  de  très-peu  de  temps  elle 
se  trouve  associée  à  des  ferments  étrangers  qui  compliquent  les  phéno- 
mènes, font  vieillir  la  levure  alcoolique  et  suspendent  son  développement. 

»  Je  ne  veux  pas  insister  davantage,  je  ne  veux  pas  m'arréter  à  montrer, 
en  conformité  parfaite  avec  la  théorie  que  j'ai  proposée,  que  la  plus  grande 
puissance  du  ferment  (je  ne  dis  pas  sa  plus  grande  rapidité  d'action,  ce  qui 
est  tout  autre  chose)  a  lieu  quand  le  ferment  agit  à  l'abri  de  l'air;  qu'au 
contraire  le  minimum  de  sa  puissance  se  manifeste  quand  il  utilise,  pour 
sa  vie,  le  plus  possible  de  gaz  oxygène  libre.  Ce  point  capital  n'a  pas  été 
abordé  par  mes  contradicteurs;  il  n'est  donc  pas  en  cause,  et  je  me  borne 
à  répéter,  en  terminant,  ce  que  je  disais  déjà  en  i86o  : 

«  L'acte  chimique  de  la  fermentation  est  essentiellement  un  phénomène  corréhitif  d'un 
acte  vital,  commençant  et  s'aiiétant  avec  ce  dernier;  il  n'y  a  jamais  fermentation  alcoolique 
proprement  dite  sans  qu'il  y  ait  simultanément  organisation,  développement,  nuiitiplication 
de  globules,  ou  vie  poursuivie,  continuée  de  globules  déjà  formés.  » 

»  J'ajoute  aujourd'hui,  comme  en  1861  :  la  fermentation  est  la  consé- 
quence de  la  vie  sans  gaz  oxygène  libre.  Otii,  il  existe  deux  sortes  d'êtres  : 
les  uns,  que  j'appelle  aérobies,  qui  ont  besoin  d'air  pour  vivre;  les  autres, 
que  j'appelle  anaérohies,  qui  peuvent  s'en  passer.  Ceux-ci  sont  les  ferments. 
Quoique  pouvant  vivre  sans  air  quand  on  leur  en  refuse  absolument,  ils 
peuvent  mettre  en  œuvre,  pour  les  besoins  de  leur  luitrition,  des  quantités 
variables  d'oxygène  libre  quand  ils  en  ont  à  leur  disposition,  et  ils  sont 
ferments  plus  ou  moins  puissants  dans  la  proportion  inverse  des  volumes 
de  gaz  oxygène  libre  qu'ils  peuvent  assimiler.  Quand  leur  vie  s'accomplit 
uniquement  à  l'ai'de  du  gaz  oxygène  libre,  ils  tombent  dans  la  classe  des 
êtres  aérobies,  c'est-à-dire  qti'ils  ne  sont  plus  ferments;  inversement,  et  je 
l'ai  déjà  annoncé  en  termes  formels  à  l'Académie  (séance  du  7  octobre  1872), 
quand  les  êtres  aérobies,  notannnent  toutes  les  moisissures,  sont  placés  dans 
des  conditions  de  vie  où  il  y  a  insuffisance  de  gaz  oxygène  libre,  ils  de- 
viennent ferments,  et  précisément  dans  la  mesure  du  travail  chimique  qti'ils 
accomplissent  sans  gaz  oxygène  libre. 

»  La  théorie  de  la  fermentation  est  fondée,  j'en  ai  la  pleine  confiance. 
Elle  sera  établie  mathématiquement  le  jour  oîi  la  science  sera  assez  avancée 
pour  mettre  en  rapport  la  quantité  de  chaleur  que  la  vie  de  la  levi'ne,  en 
l'absence  de  l'air,  enlève  pendant  la  décomposition  du  sucre,  avec  la  quan- 


(457  ) 
tité  de  chaleur  foiiniie  par  les  combustions  dues  au  gaz  oxygène  libre 
lorsque  la  vie  de  la  levure  s'effectue  dans  des  conditions  où  ce  gaz  est  fourni 
en  plus  ou  moins  grande  abondance.   » 

CHIMIE.  —  Du  riUliénium  et  de  ses  composés  oxycjénés;  par  MM.  H.  Saixte- 
Claire  DiiviLLE  et  II.  Debu.iy. 

«  Le  ruthénium  a  été  découvert,  en  i843,  par  M.  Clans,  professeur  à 
l'Université  de  Dorpat.  Depuis  cette  époque,  M.  Clans,  dont  nous  nous 
honorons  d'avoir  été  les  amis,  a  consacré  tout  son  temps  et  son  talent  d'ana- 
lyste à  produire  les  éléments  d'une  histoire  con)plète  du  ruthénium.  Cette 
monographie,  qui  est  un  modèle  d'exactitude  et  de  précision,  a  laissé  peu 
de  chose  à  faire  aux  savants  qui  se  sont  occupés  de  ce  métal. 

»  Cependant  JM.Fremy  a  découvert,  parle  grillage  des  osmiures  d'iridium, 
une  des  plus  belles  substances  que  nous  connaissions  :  c'est  l'oxyde  de  ru- 
thénium, RnO",  cristallisé  connue  l'oxyde  d'élain  en  prismes  quadratiques, 
possédant  toutes  les  qualités  d'une  véritable  gemme.  Ce  qu'U  y  a  de  remar- 
quable dans  cette  matière,  c'est  qu'elle  a  été  obtenue  par  la  volatilisation 
d'un  oxyde  d'un  métal  fixe  et  très-réfraclaire.  A  ce  point  de  vue,  le  ruthé- 
nium peut  être  comparé  très-exactement  à  l'antimoine. 

»  Depuis,  notre  illustre  associé,  M.  Wohier,  trouva  la  laurite,  sulfure  de 
ruthénium  en  cristaux  brillants,  qui  se  rencontre  dans  tous  les  osmiures 
d'iridium  et  dans  les  résidus  de  la  fabrication  du  platine.  Ce  fait  ex|)lique  la 
diversité  très-grande  de  leur  teneur  en  ruthéniun),  le  ruthénium  se  trou- 
vant en  grande  partie,  non  pas  combiné  avec  les  autres  métaux  île  la  mine 
de  platine,  mais  très-irrégulièrement  disséminé  à  l'état  de  sulfuri;  dans  la 
niasse  de  ces  résidus. 

»  Enfin  M.  Claus,  qui  ne  possédait  pas  dans  son  laboratoire  les  moyens  de 
produire  les  hautes  températures  que  le  chalumeau  à  gaz  oxygène  et  hy- 
drogène permet  d'utiliser  pom-  l'élude  des  matières  réfractaires,  nous  a 
laissé  le  soin  de  constater  quelques  propriétés  chimiques  et  physiques  du 
ruthénium.  On  les  trouvera  décrites  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique (3"=  série,  t.  LVI  etLXI;  1859-1861  ). 

»  Dans  ces  dernières  années,  ayant  à  notre  disposition  une  certaine 
quantité  de  ruthénium  et  de  ses  composés,  nous  en  avons  fait  une  élude 
spéciale,  dont  nous  demandons  à  l'Académie  de  lui  soumettre  les  princi- 
paux résultats. 

C   K,  167J,   i--'  5(.mcii;<.  (T.  L\XX,  N»  8.)  •  t'O 


(  458  ) 

»  Le  rulhéiiiuin  pur  fond  aussi  difficilement  que  l'iridium,  el,  dans  une 
atmosphère  oxydante,  brûle  avec  des  étincelles  très-brillantes,  une  flamme 
fuligineuse  et  une  odeur  d'ozone  très-prononcée  (i). 

»  Nous  avons  soumis  l'oxyde  de  ruthénium  à  l'action  de  l'oxvgène  dans 
un  lul)e  de  porcelaine,  chauffé  à  une  température  un  peu  supérieure  à  la 
tenij)érature  de  fusion  du  cuivre.  Nous  avons  ainsi  reproduit  les  cristaux  de 
M.  Fremy  en  échantillons  d'une  grande  beauté;  mais  ce  qui  nous  a  frap- 
pés, c'est  que  la  masse  entière  de  l'oxyde  s'est  transformée  en  cristaux  et 
qu'une  faible  partie  seulement  de  la  matière  a  été  transportée  par  sublima- 
tion hors  de  la  nacelle  qu'elle  remplissait. 

»  Cette  expérience  fait  rentrer  les  phénomènes  dans  la  catégorie  des  vola- 
tilisations apparentes  dont  MM.  Troost  et  Hautefenille,  M.  Ditte  et  nous- 
mêmes  nous  avons  donné  déjà  de  nombreux  exemples.  Nous  avons  expli- 
qué ces  faits  par  la  production  éphémère  d'une  combinaison  instable  qui 
se  dissocie  presque  en  même  temps  qu'elle  se  forme. 

»  L'acide  hyperrulhénique  (lluO'),  l'analogue  de  l'acide  osmique  et  qui 
a  été  découvert  par  M.  Claus,  est  une  substance  à  peine  connue  et  qui  pré- 
sente de  très-singulières  propriétés. 

»  L'acide  hyperriithéniqne  est  jaune,  très-régulièrement. cristallisé  et 
d'une  instabilité  telle  qu'il  nous  a  été  impossible  d'en  déterminer  la  forme. 
Il  fond  vers  4o  degrés  et  possède  à  loo  degrés  une  tension  de  va|)eur  qui 
paraît  considérable.  Nous  l'avons  préparé  par  l'action  du  chlore  sur  les 
ruthéniates  de  potasse,  de  soude  et  de  baryte  (a),  et  nous  en  avons  obtenu 
plus  de  aoo  grammes.  On  le  purifie  en  le  fondant  sous  l'eau  et  le  filtrant 
à  chaud  au  travers  de  fragments  de  chlorure  de  calcium. 

»  Nous  avons  introduit  1 5o  grammes  environ  d'acide  hyperruthénique 
dans  un  petit  appareil  dislillaloire  construit  entièrement  en  verre  soufflé  et 
soudé  :  nous  le  chauffions  lentement  dans  une  petite  chaudière  en  zinc 
remplie  d'une  dissolution  de  chlorure  de  calcium.  Jusqu'à  io5  ou  io6  de- 
grés, peu  de  matière  avait  passé  dans  le  récipient,  ce  qui  indique  que  le 
point  d'ébullition  n'est  pas  encore  atteint;  mais  à  io8  degrés  un  dégage- 


(i)  Eu  f]iicl(iiies  ininiites,  iG  grammes  de  ruthénium  ont  fondu  en  perdant  5  grammes^ 
transformes  en  fiimùc  d'oxyde. 

{2)  Dans  cette  préparation,  on  voit  souvent  se  former  de  iietits  eristaux  noirs,  jiaraissant 
rliomboedri(iues,  qui,  sous  l'action  du  chlore,  se  transforment  en  une  goutte  d'acide  hyper- 
ruthénique fondu,  en  dégageant  de  l'oxygène;  c'est  sans  doute  le  sel  d'un  acide  plus  oxy- 
géné encore  que  l'acide  liy|)erruthéni(iue  Uii-nième,  correspondant  à  un  aride  osmique 
suroxygéné  dont  M,  Fremy  admet  l'existence  dans  son  travail  sur  les  acides  de  l'osmium. 


(  4%  ) 

ment  de  gaz  un  peu  rapide  nous  mit  en  défiance  :  il  était  trop  lard.  Au 
moment  où  l'un  de  nous  tournait,  pour  le  fermer,  le  robinet  du  gaz  qui 
chauffait  l'appareil,  une  explosion  épouvantable  se  produisit.  Aucun  acci- 
dent ne  s'ensuivit,  à  cause  de  l'intensité  même  du  pliénomène.  Le  verre  fut 
brisé  en  fragments  tellement  petits  qu'ils  devinrent  inoffensifs  (i).  Le  labo- 
ratoire fut  immédiatement  rempli  d'une  fumée  noire,  comme  si  l'on  y  avait 
brûlé  une  grande  quantité  d'essence  de  térébenthine.  En  même  temps  une 
odeur  d'ozone  suffocante  se  répandit  partout  et  fut  constatée  par  les  per- 
sonnes que  le  bruit  de  l'explosion  avait  attirées  de  fort  loin.  Il  n'en  résulta 
d'incommodité  pour  aucune  d'elles;  d'où  il  faut  conclure  que,  grâce  sans 
doute  à  son  instabilité,  l'acide  hyperruthénique  n'est  pas  dangereux  comme 
l'acide  osmique.  Une  autre  sensation  qui  fut  éprouvée,  c'est  la  sensation 
de  chaleur  analogue  à  celle  que  M.  Boussingault  a  constatée  lorsqu'on 
plonge  la  main  dans  de  l'acide  carbonique.  Il  n'a  pu  y  avoir  de  doute  pour 
nous  à  cet  égard  :  car  l'accident  a  eu  lieu  pendant  un  jour  d'été.  Celle 
production  d'ozone  a  été  déjà  constatée  dans  les  précipitations  de  ruthé- 
nium par  M.  Wohler,  qui  a  consigné  cette  observation  importante  dans 
une  lettre  que  l'un  de  nous  a  reçue  depuis  longtemps. 

)>  M.  Houzeau  a  reconnu  l'odeur  spéciale  de  l'ozone  dans  l'acide  hyper- 
ruthénique que  nous  lui  avons  montré. 

»  Il  est  donc  établi  que  l'acide  hyperruthénique  se  décompose  en  pro- 
diùsant  de  l'oxygène  fortement  ozonisé. 

»  D'un  autre  côté,  si  l'on  prend  du  ruthénium,  qu'on  le  chauffe  au 
chalumeau  à  gaz  oxygène  et  hydrogène,  il  s'oxyde  rapidement  comme 
l'antimoine  au  feu  d'oxydation  du  chalumeau  ordinaire,  et  l'odeur  de  la 
vapeur  noire  qui  se  produit  est  exactement  l'odeur  de  l'ozone.  Les  mêmes 
phénomènes  se  manifestent  lorsque,  pour  en  chasser  le  ruthénium ,  on 
chauffe  l'iridium  impur  au  chalumeau  à  gaz  oxydants. 

»  Tout  ceci  bien  établi,  que  l'on  veuille  bien  se  rappeler  que  M.  Debray 
et  moi,  dans  les  mêmes  conditions  de  température  et  les  mêmes  circon- 
stances chimiques,  nous  avons  prodiùt  de  grandes  quantités  d'oxyde  d'ar- 
gent, lequel  cependant  a  la  propriété  de  se  décomposer  vers  200  degrés; 
que  Proust  avait  aussi  oxydé  de  l'argent  au  simple  chalumeau  à  bouche 
et  enfin  qu'on  a  trouvé  récemment  de  l'oxyde  d'argent  dans  les  fumées  de 


(i)  Il  est  probable  ciue  la  vapeur  seule  fit  explosion  :  car  nous  avons  pu  reirouver  dans 
les  eaux  projetées  du  bain-niaric  une  notable  partie  du  nilliéniuni  introduit  dans  le  Uibe 
distillatoirc  à  l'état  d'acide  hyperrutliéni(|uc. 

Go.. 


(  46o  ) 
condensation  des  fours  à  manche,  où  l'on  traite  le  plomb  argentifère  (i). 
Que  l'on  se  souvienne  encore  des  expériences  de  MM.Troost  et  Ilautefeuille 
sur  la  volatilisation  apparente  du  silicium,  des  résultats  si  ciu'ieux  obtenus 
par  M.  Ditte,  qui  a  fait  voir  les  hydrogènes  sélénié  et  tellure  existant  à 
haute  température,  et  donnant  à  une  température  moins  élevée  du  sélé- 
nium et  du  tellnre  cristallisés,  et  enfin  de  bien  d'autres  phénomènes  de  ce 
genre  que  nous  avons  publiés  nous-mêmes,  et  l'on  trouvera  moins  étrange 
la  seule  explication  que  nous  puissions  donner  des  phénomènes  semblables 
et  relatifs  à  l'acide  hyporruthéuique. 

H  L'acide  hypernuhénique,  qui  se  détruit  avec  explosion  à  io8  degrés, 
pourrait  se  former  aussi  aux  températures  les  plus  élevées,  même  pendant 
la  fusion  du  métal.  Une  fois  formé,  cet  acide  se  détruirait  à  une  tempéra- 
ture plus  basse,  et  cette  décomposition  serait  accompagnée  de  la  production 
de  l'ozone.  Cette  circonstance  prouverait  même  que  la  décomposition  finale 
s'achève  à  une  température  supérieure  à  io8  degrés,  mais  pas  de  beaucoup, 
pour  être  compatible  avec  l'existence  de  l'ozone. 

»  Ici  les  choses  se  passeraient  de  la  même  manière  que  dans  les  cas  de 
dissociation  les  plus  connus,  mais  en  sens  inverse.  Ce  serait  une  décom- 
position par  l'cfroidissement. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  de  l'acide  osmique.  Celui-ci,  quand  il  provient 
de  l'action  directe  qu'exerce  l'oxygène  sur  l'osmium  métallique,  se  main- 
tient à  î'état  de  vapeur,  sans  décomposition  ;  qu'il  se  produise  à  basse  tem- 
pérature ou  qu'il  résulte  d'un  grillage  effectué  à  des  températures  supé- 
rieures à  2000  degrés,  on  lui  trouve  toujours  son  odeur  caractéristique  et 
surtout  son  action  pernicieuse  sur  la  santé.  Cependant,  comme  l'acide 
hyperrutbénique,  l'acide  osmique  se  détruit  facilement,  sous  l'influence 
des  matières  organiques  :  sou  action  sur  l'économie  est  due  sans  doute  à 
l'absorption  d'un  corps  moins  oxygéné,  peut-être  l'acide  osmieux  de 
M.  Fremy. 

n  Le  ruthénium  est  une  matière  facilement  oxydable.  Lorsqu'il  a  été 
obtenu  par  réduction  de  son  oxyde  par  l'hydrogène,  il  se  transforme  en 
oxyde  dans  le  moufle,  et  il  ne  faudrait  pas  l'y  porter  à  une  température 
trop  élevée,  sans  quoi  on  en  perdrait  par  volatilisation.  Il  ne  se  réduit  pas 


(i)  Le  colonel  Caron  et  l'un  de  nous,  en  versant  de  l'amalgame  de  sodium  dans  du 
chlorure  de  calciiini  fortement  chaufic,  ont  vu,  à  la  suite  d'une  petite  explosion,  le  mer- 
cure se  (!(''gaj;eant  de  la  masse  fondue,  produire  ou  simuler  une  voriiaMe  condjustion  et 
rf|oiiili<'i-  (ont  .iiilour  (lu  crfusit  sous  foruie  d'oxyde  rouge  ou  précipité /;cr  ic. 


(  /j6i  ) 
par  1.1  chaleur  comme  l'oxyde  d'iridium.  Ses  propriétés  chimiques  sont 
telles,  qti'il  se  trouve  avec  l'iridium,  le  fer  et  même  le  platine  dans  la  plu- 
part des  précipités,  on  des  liqueurs  qui  contiennent  en  même  temps  les 
deux  premiers  métaux.  Dans  un  échantillon  de  platine  du  commerce, 
nous  en  avons  trouvé  de  petites  quantités,  il  est  vrai,  mais  apprécial)les  : 
oS'',  12  pour  I  kilogramme  de  matière. 

»  L'iridium  surtout  retient  le  ruthénium  avec  une  ténacité  désespérante. 
M.Matthey,  le  savant  et  habile  fahricant  de  Londres  qui,  dans  ces  derniers 
temps,  a  extrait  de  grandes  quantités  d'iridium  de  ses  résidus  de  platine, 
nous  écrivait  que  quatre  on  cinq  traitements  par  la  méthode  de  Clans  (i) 
ne  suffisaient  pas  toujours  pour  eu  enlever  les  dernières  traces  de  ruthé- 
nium. 

»  Aussi  nous  cherchons  en  ce  moment  un  nouveau  mode  de  séparation 
qui  nous  permette  d'isoler  sans  perte  le  ruthénium  à  l'état  de  matière 
volatile.  M.  A.  Damour  a  bien  voulu  se  joindre  à  nous  pour  épuiser  cette 
question  au  point  de  vue  des  méthodes  analytiques. 

»  Déjà  nous  avons  vu  avec  lui  que  l'oxyde  puce  de  plomb,  ou  acide 
plombique,  transformait  en  acide  hyperruthénique  le  ruthénium  mis  en 
dissolution  dans  l'acide  nitrique,  et  nous  espérons,  dans  peu  de  temps,  pré- 
senter à  l'Académie,  en  collaboration  avec  notre  savant  collègue,  un  sys- 
tème satisfaisant  d'analyse  pour  les  matières  ruthénifères.» 

GÉOLOGIE  —5ur  la  formation  contemporaine,  dans  la  source  thermale  de  Bour- 
bonne- les- Bains  [Haute-Marne],  de  diverses  espèces  minérales  cristallisées, 
notamment  du  cuivre  gris  antimonial  [te'traédrile),  de  la  pyrite  de  cuivre 
[cludliopyrile) ,  du  cuivre  panaché  [philippsite]  et  du  cuivi'e  sulfuré 
[chalkosine);  par  M.  Daubrée. 

«  Le  travail  d'aménagement  dont  les  sources  thermales  do  Rourbonne- 
les-Bains  (Haute-Marne)  sont  en  ce  moment  l'objet  vient  do  conduire  à  la 
découverte  de  faits  qui  offrent  de  l'intérêt  à  plusieurs  titres. 

»  Dans  le  but  de  pratiquer  un   sondage  dans  un  puisard  antique,   dit 

(i)  Nous  nous  servons,  dans  nos  attaques  ])ar  le  nitre  et  la  potasse,  de  creusets  d'or 
pur.  Cei)endant  il  se  dissout  un  peu  de  ce  métal;  mais  comme  on  pèse  le  creuset  avant  et 
après  chaque  opération,  on  se  rend  compte  de  la  quantité  d'or  très-minime  qu'on  ren- 
contre dans  la  matière.  D'ailleurs  l'or  se  sépare  bien  plus  facilement  des  métaux  du  pla- 
tine que  l'argent,  em|)loyé  habituellement.  L'aigent,  au  contraire,  vaut  mieux  pour  les 
attaques  à  la  baryte,  qui  altère  l'or  très-sensiblement. 


(  462  ) 
puisard  romain,  on  a  mis  à  sec  son  fond.  On  y  est  parvenu,  grâce  au  jeu  de 
pompes  puissantes,  ce  que  le  fort  jaillissement  de  la  source  avait  empêché 
de  faire  lors  des  travaux  exécutés  antérieurement,  en  1783  et  en  1857. 

»  Le  fond  du  puisard  était  recouvert  d'une  boue  argileuse  noirâtre,  ren- 
fermant, à  sa  partie  supérieure,  des  végétaux,  morceaux  de  bois,  noyaux 
de  fruits  et  noisettes.  Plus  bas,  cette  même  boue  contenait  des  milliers 
de  médailles  romaines,  de  bronze,  d'argent  et  d'or  (i),  ainsi  que  divers 
objets,  tels  que  statuettes,  bagues,  épingles. 

»  A  côté  de  cette  découverte  archéologique,  il  en  est  une  qui,  sans  frap- 
per tout  d'abord  autant  l'attention,  n'est  certes  pas  moins  remarquable. 
Au-dessous  du  niveau  où  abondaient  les  médailles  se  trouvait  une  couche 
formée  de  fragments  de  pierres,  principalement  de  grès.  Au  lieu  d'être 
restés  isolés  les  uns  des  autres,  ces  fragments  étaient  plus  ou  moins  cimen- 
tés par  des  substances  à  éclat  métallique  et  très-nettement  cristallisées. 

»  Frappé  de  l'intérêt  qu'offrait  celte  circonstance  pour  la  Minéralogie 
et  la  Géologie,  RI.  l'ingénieur  en  chef  des  Mines  Trautmann  jugea  opportun 
de  transmettre  une  suite  de  ces  échantillons  à  M.  le  Ministre  des  Travaux 
publics,  qui  me  les  a  communiqués  en  m'invitant  à  en  faire  l'examen.  Je 
me  fais  un  plaisir  de  remercier  ici  M.  Trautmann  des  indications  complé- 
mentaires qu'il  a  eu  l'obligeance  de  me  fournir  à  ce  sujet,  ainsi  que  M,  Ri- 
chard, attaché  aux  collections  de  l'École  des  Mines,  du  concours  qu'il  m'a 
prêté  pour  l'essai  de  plusieurs  de  ces  substances. 

))  Il  importe  tout  d'abord  de  remarquer  que  les  minéraux  métalliques 
dont  il  s'agit,  malgré  leur  ressemblance  avec  des  minéraux  appartenant  aux 
anciennes  périodes  géologiques,  se  sont  incontestablement  produits  après 
l'enfouissement  des  médailles  romaines  auxquelles  ils  sont  associés  :  car  ils 
ont  incrusté  et  enveloppé  un  certain  nombre  de  ces  médailles. 

»  Les  divers  échantillons  m'ont  fait  reconnaître  les  espèces  suivantes, 
qui  sont  quelquefois  toutes  rétmies  sur  un  seul  d'entre  eux  : 

»    1°  Chalkosine  (cuivre  sulfuré).  —  Elle  est  en  cristaux  très-nets,  qui 

(i)  Après  avoir  tamisé  cette  vase  avec  soin,  on  y  a  trouvé  4600  médailles,  dont  4  en  or, 
256  en  argent  et  le  reste  en  bronze  et  en  ciuvi't'.  Les  effigies  de  Néron,  Adrien,  Faustine  et 
Ilonorius  ont  été  reconnues  sur  plusieurs  d'entre  elles. 

Il  s'y  trouvait  aussi  des  blocs  de  pierre,  dont  un  ex-voto  avec  la  dédicace  ordinaire  de  la 
localité  :  Dco  Borvoni  et  Damonœ. 

Ces  objets,  pour  la  plupart,  paraissent  avoir  été  jetés  dans  le  puisard  comme  offrandes 
faites  par  les  malades  qui  voulaient  se  rendre  la  divinité  propice,  ou  la  remercier  des  succès 
obtenus  pendant  leur  traiteuicnt  thermal. 


(  463  ) 
ont  la  forme  de  tables  hexagonales,  bordées  dans  lonl  leur  pourtour  de 
bisenux.  Ces  cristaux  sont  parfois  ninciés  deux  à  deux,  en  croix,  suivant 
la  disposition  Iréquente  dans  les  cristaux  naturels.  Ils  sont  comparables 
à  ceux  de  Redruth  en  Cornouaiilcs,  connus  dans  toutes  les  collections,  pour 
la  netteté  de  leurs  formes  et  par  leur  éclat. 

»  Un  enduit  bleuâtre,  dans  lequel  on  distingue  au  microscope  des  la- 
melles hexagonales,  offre  les  caractères  d'un  sulfure  naturel  de  cuivre,  plus 
riche  en  soufre,  la  covelline. 

»  2°  Chalkopp'ile  (cuivre  pyriteux).  —  Cette  espèce  n'est  pas  seulement 
reconnaissable  à  sa  couleur  jaune  caractéristique,  mais  aussi  à  la  forme 
cristalline  en  octaèdres  ;  elle  s'est  aussi  déposée  sous  la  forme  mamelonnée. 

»  3°  Philippsile  [cuivre  panaché).  —  D'autres  parties,  fortement  irisées, 
affectent  la  forme  d'octaèdres  réguliers  et  de  cubes  à  faces  un  peu  courbes; 
appartiennent  certainement  à  la  philippsite  ou  cuivre  panaché,  dont  ils 
offrent  toutes  les  particularités. 

»  4°  TélraëdrUe  [cuivre  gris  antimoniai).  —  Les  cristaux  qui  se  sont 
formés  avec  le  plus  d'abondance  ont  la  forme  de  tétraèdres  réguliers, 
bordés  d'un  biseau  a,  .ai-,  non-seulement  ils  ont  la  forme  du  cuivre  gris, 
mais  ils  en  ont  l'éclat  et  les  autres  caractères. 

»  L'analyse  d'un  échantillon  cristallisé,  séparé  autant  que  possible  du 
cuivre  pyriteux  qui  y  adhérait  assez  fortement,  a  été  faite  au  bureau  d'es- 
sais de  l'École  des  Mines;  la  faible  quantité  de  matière  dont  on  pouvait 
disposer  n'a  permis  que  d'y  doser  les  corps  suivants  : 

Soufre 23,44 

Antimoine 26,40 

Arsenic traces  faibles 

Cuivre 4-^  )  '^'^ 

Fer 4  >  00 

Nickel traces  notables 

Étain traces  notables 

Total 97  )24 

»  La  densité  de  la  substance  u  été  trouvée  de  5, 137. 

»  C'est  donc  un  cuivre  gris  antimoniai  ou  tétraédrite  (panabase);  il  re- 
présente lui  type  à  peu  près  exempt  darseuic. 

»  La  tétraédrite  est,  soit  en  cristaux  isolés,  soit  en  croi'ites  cristallines; 
l'inie  de  ces  croûtes  atteint  de  2  à  3  millimètres  d'épaisseur. 

»  Déjà  le  cuivre  sulfuré  avait  été  obtenu  par  M.  Becquerel  dans  des 
réactions  lentes.  Des  cristaux  très-nets  do  cette  substance  avaient  d  ail- 


(  464  ) 
leurs  été  rencontrés  à  Plombières  dans  des  conditions  analogues  à  celles 
des  thermes  de  Bonrbonne,  c'est-à-dire  implantés  sur  un  robinet  romain 
en  bronze,  qui  était  plongé  dans  l'eau  minérale  (i). 

»  D'un  autre  côté,  quelquis  médailles  romaines,  extraites  du  bassin 
des  sources  de  Bagnères-de-Bigorre,  étaient  transformées  en  une  substance 
offrant  les  caractères  de  la  chaikopyrite,  mais  sans  cristallisation  détermi- 
nable  (a). 

»  Quant  à  la  ijhilippsite,  elle  n'avait  pas  encore  été  rencontrée  en  cris- 
taux bien  caractérisés,  comme  celle  de  Bourbonne.  Cette  dernière  riva- 
lise avec  la  pliilippsite  des  anciens  gisements,  qui  n'a  pas  ordinairement 
des  formes  plus  nettes. 

1)  Ce  que  la  découverte  de  Bourbonne-les-Bains  offre  de  plus  nouveau, 
c'est  la  formation  du  sulfure  double  de  cuivre  et  d'antimoine  constituant 
l'espèce  tétraédrite. 

»  De  menus  morceaux  de  bois  sont  disséminés  au  milieu  de  ces  cristalli- 
sations. Ce  bois  a  pris  une  teinte  d'un  brim  clair,  qui  se  rapproche  de  celle 
de  certains  lignites  où  la  structure  ligneuse  s'est  conservée.  Les  coques 
des  noisettes  qui  y  sont  associées  sont  également  brunies  (3). 

I)  Ces  divers  débris  végétaux  présentent  des  enduits  des  différentes  sub- 
stances métalliques  dont  il  vient  d'être  question. 

»  11  convient  encore  de  signaler  la  présence  de  très-nombreux  grains  de 
quartz  arrondis,  à  surface  hérissée  de  cristaux,  qui  sont  agglutinés  parles 
sulfures;  beaucoup  d'autres  consistent  en  cristaux  très-nets,  bipyramidaux, 
couqilets  et  isolés,  à  la  manière  des  Ityacinlhes  de  Coinpostetlc.  Les  uns  et 
les  autres  sont  parfois  appliqués  dans  quelques  géodes.  Il  est  de  ces  grains 
qui  ressemblent  à  ceux  que  l'on  rencontre  fréquennnent  dans  le  grès  bi- 
garré, inférieur  au  grès  des  Vosges  (4),  et  qui  sans  doute  préexistaient  ;  mais 
d'autres  grains  paraissent  plutôt  dus  à  une  cristallisation  contemporaine, 
aussi  bien  que  le  cuivre  gris  :  c'est  ce  que  j'espère  prochainement  éclaircir. 

»   Dès  qu'on  jette  un  coup  d'œil  sur  les  différents  minéraux  contempo- 

(i)  Ubicivatioiii  sur  te  iiulani(irjijlii.siiie  et  recherches  crpcniiuiitales  sur  quelques  ngc/its 
r/ui  ont  pu  le  produire.  [Anmtles  des  Mines,  S*' scrie,  t.  XII,  p.  21)4;  i85-]. —  Coinples  renilus, 

!'•     XI-V,    p.    n<J2). 

(2)  Formation  contemporaine  de  la  pyrite  cuivreuse  sous  l'action  d  'eaux  thermales  à  Ba- 
gnères-de-Bi'^orre.  [Bulletin  de  la  Sociale  géolngiquc,  2»  série,  t.  XIX,  p.  Szg;  1863  ) 

(3)  La  graine  de  la  noiseUe  a  moins  résisté  à  la  déconiposilion. 

(4)  Recherches  expérimentales  sur  la  fonnation  des  galets,  dessables  et  du  limon.  [.Jnntdcs 
des  Mines,  5'  série,  t   XII,  p.  55i  ;  iSS;.  —  Comptes  rendus,  l.  XLIV,  p.  997.) 


(  465  ) 
rains  dont  il  s'agit,  on  est  frappé  de  la  ressemblance  que,  dans  leur  dis- 
position géni'rale,  ils  prêsontent  avec  ceux  des  anciennes  t'poqiics.  Ainsi, 
par  la  maniùredont  ils  se  sont  précipités  au  milieu  des  fragments  pierreux, 
ils  rappellent  bien  les  brèches  à  ciment  métallique,  si  fréquentes  dans  les 
filons;  ils  ressemblent  également  aux  poudingues  à  galène  du  grès  bi- 
carré, du  Bleyberg,  près  Commern  en  Prusse,  et,  mieux  encore,  en  raison 
de  leurs  nombreux  débris  végétaux,  aux  poudingues  et  grès  cuprifères 
exploités  dans  le  pays  de  Perm,  en  Russie. 

»  Comment  se  sont  formées  ces  imitations  contemporaines  de  gîtes  mé- 
tallifères? 

»  On  sait  que  les  sources  thermales  de  Bourbonne-les-Bains  jaillissent 
du  grès  bigarré,  à  proximité  de  failles  en  rapport  avec  les  fractures  qui  ont 
ouvert  la  vallée  elle-même  et  laissé  d'autres  traces  dans  cette  région  de  la 
France.  La  température  de  l'eau,  à  son  émergence  dans  le  puisard  romain, 
est  voisine  de  60  degrés.  Les  substances  en  dissolution  qui  y  prédominent 
sont  des  chlorures  et  des  sulfates  à  base  d'alcalis,  de  chaux  et  de  magnésie, 
ainsi  que  des  bromures  et  des  carbonates  de  fer  et  de  chaux,  du  silicate 
alcalin  et  des  traces  d'arsenic  et  de  manganèse.  Le  |5oids  total  du  résidu  de 
l'évaporation  est  de  7  à  8  grammes  par  litre;  l'analyse  n'y  a  pas  signalé  la 
présence  de  sulfures  (i). 

»  Le  puisard  a  été  établi  sur  une  source  que  les  Romains  ont  captée  avec 
le  discernement  et  l'habileté  dont  de  nombreux  travaux  du  même  genre, 
exécutés  par  eux  de  toutes  parts,  dans  la  Gaule  et  ailleurs,  apportent  la 
preuve.  Sans  parler  du  soin  avec  lequel,  au  moyen  du  béton  et  de  ma- 
çonneries, ils  ont  isolé  la  source  dans  le  puits  où  elle  devait  s'élever,  je 
dirai  que  le  fond  de  ce  puits  est  formé  par  le  terrain  naturel,  c'est-à-dire 
par  les  argiles  bariolées  recouvrant  le  grès  bigarré  proprement  dit  et  sup- 
portant le  calcaire  du  muschelkalk.  La  soin-ce  s'élève  à  travers  ces  argiles 
qu'elle  a  en  partie  délayées  et  entraînées  avec  elle. 

»  La  couche  boueuse,  siège  des  réactions  chimiques,  et  recouverte  im- 
médiatement par  la  couche  à  médailles,  n'a  que  5  à  G  centimètres  d'épais- 
seur. Le  sondage  que  l'on  exécute  à  travers  le  fond  du  puisard  atteint  au- 
jourd'hui I  '1  mètres  de  profondeur,  mais  ne  rencontre  plus  de  sulfures 
cristallisés. 

»  Pour  expliquer  la  formation  des  minéraux  métalliques,  au  milieu  de 

(i)  Cepemlanl  il  s'cxlialc  de  temps  en  temps  des  bassins  des  traces  d'Iijdrogènc  sulfure 
qui  se  traliit  par  son  odeur. 

C.K.,  \i'/j,  t"Semest,e.  (T.  LXXX,  N»  8.)  Gl 


(  466  ) 
la  boue,  sous  l'influence  de  l'eau  minérale  qui  la  traverse  sans  cesse,  on 
est  amené  à  admettre  que  les  sulfates  en  dissolution,  sous  l'influence  des 
matières  végétales  qui  étaient  on  présence,  se  sont  en  partie  réduits  à 
létat  de  sulfures.  Cette  sorte  de  léduction,  dont  on  connaît  bien  d'autres 
exemples,  paraît  être  aidée,  conformément  à  la  loi  de  Berthollet,  par  la 
nature  insoluble  des  sulfures  métalliques  qui  en  sont  le  produit. 

»  Il  est  remarquable  que,  au  milieu  de  ces  ciixonstances  fortuites,  le 
sidfosel  complexe,  désigné  sous  le  nom  de  Uhraédrile,  se  soit  formé  avec  une 
netteté  si  parfaite,  appelant  l'antimoine  et  les  autres  éléments,  comme  par 
une  sélection  et  en  vertu  de  lois  d'équilibre.  Ce  minéral,  ainsi  que  la  chal- 
kopyrite,  la  philippsite  et  la  chalkosine,  produits  les  uns  à  côté  des  autres, 
dans  des  circonstances  de  composition  et  de  température  probablement 
assez  analogues,  apportent  des  exemples  de  la  grande  tendance  de  certaines 
combinaisons  natiu'elles  à  se  foruicr. 

»  La  présence  de  l'antimoine,  élément  essentiel  de  la  télraédrite,  est  de 
nature  à  surprendre;  car  ce  métal,  dont  on  a  reconnu  des  traces  dans  les 
sources  minérales  de  diverses  localités,  n'a  pas  été  signalé,  au  moins  jusqu'à 
présent,  dans  celles  de  Bourbonne-les-Bains. 

»  C'est  donc  très-vraisemblablement  aux  objets  enfouis  dans  le  puisard 
que  ce  métal  a  été  emprunté.  Les  Romains,  sans  connaître  l'antimoine  mé- 
tallique, employaient  plusieurs  de  ses  combinaisons,  par  exemple  le  sul- 
fure, pour  peindre  le  contour  des  yeux.  Aucune  substance  visiblement  an- 
timoniale n'a  été  mentionnée,  parmi  les  objets  découverts  dans  les  boues 
du  puisard  ;  mais  cet  antimoine  peut  avoir  été  fourni  par  certaines  mé- 
dailles. On  peut  le  supposer,  d'après  les  nombreuses  analyses  de  bronze 
antique  dont  on  est  redevable  à  M.  de  Fellenbergj  quelques-unes  y  men- 
tionnent l'antimoine  (dans  la  proportion  de  o,ooi  à  0,006).  La  présence 
de  l'antimoine  dans  quelques  minerais  de  cuivre,  et  notauunent  dans  le 
cuivre  gris,  rend  compte  de  ce  mélange,  aussi  bifU  que  de  l'existence  du 
cobalt  et  du  nickel  et  d'autres  métaux  accidentels  dans  les  mêmes  bronzes 
antiques. 

»  Parmi  les  modifications  qu'ont  subies  les  médailles  de  bronze  cor- 
rodées par  les  réactions  auxquelles  sont  dus  les  nouveaux  composés,  il 
est  une  épigénie  qui  ne  doit  pas  être  jjassée  sous  silence.  Tout  en  ayant 
perdu  la  netteté  de  son  relief,  la  médaille  a  conservé  sa  forme  générale. 
Tandis  que  sa  partie  interne  montre  encore  l'éclat  et  la  couleur  du  bronze, 
sa  partie  externe  se  compose  d'une  couche  blanche,  d'apparence  terreuse, 
que  l'examen  chimique  a  fait  reconnaître  comme  consistant  en  oxyde  d'é- 


(467  ) 
tain,  faiblement  coloré  en  vert  par  des  traces  de  sels  cuivrenx.  Il  s'est  donc 
produit  dans  ces  pièces  un  vi  ritable  départ,  en  raison  de  la  différence  des 
affinités  chimiques  des  métaux  qui  les  composaient  :  le  cuivre  est  entré  dans 
les  combinaisons  sulfurées,  tandis  que  i'élain  s'y  est  refusé  et  a  passé  à 
l'état  d'oxyde. 

»  Ce  contraste  rend  bien  compte  de  plusieurs  traits  caractéristiques  du 
gisement  de  l'étain,  qui,  on  le  sait,  s'est  toujours  déposé  à  l'état  d'oxyde  (i), 
lors  même  qu'à  côté  de  lui,  dans  les  mêmes  filons,  il  s'est  formé  des  com- 
binaisons sulfurées,  comme  le  mispickel.  Quanta  l'antimoine,  malgré  ses 
analogies  avec  I'élain,  il  en  diffère  dans  ces  produits  modernes,  parce  que, 
de  même  que  dans  les  gîtes  métallifères,  il  s'est  associé  de  préférence  au 
soufre. 

»  Des  médailles  d'argent,  disséminées  aussi  dans  la  brèche  à  sulfures 
métalliques,  n'ont  pas  été  attaquées,  comme  celles  de  bronze;  leur  relief 
et  leur  légende  sont  encore  très-reconnaissables.  Cela  explique  comment 
l'argent,  dont  on  connaît  l'affinité  pour  le  soufre,  n'a  pas  été  rencontré  à 
l'état  de  sulfure  parmi  les  combinaisons  métalliques  qui  nous  occupent. 
On  ne  l'y  a  pas  non  plus  trouvé  à  l'état  de  chlorure,  comme  aurait  pu  le 
faire  supposer  d'abord  l'abondance  des  chlorures  solubles  contenus  dans 
les  eaux  ambiantes. 

»  Enfin  l'absence  de  la  pyrite  de  fer  dans  les  échantillons  que  j'ai  reçus 
doit  aussi  être  mentionnée,  quoique  le  fer  ne  fasse  pas  défaut,  ainsi  que 
l'atteste  sa  présence  dans  le  cuivre  gris  antimonial. 

»  La  pyrite  cuivreuse,  bien  que  recouverte  souvent  par  le  cuivre  gris, 
s'est  parfois  aussi  superposée  à  sa  surface,  eu  enduits  minces,  comme  il  est 
arrivé  parfois  dans  les  filons.  L'ordre  de  succession  des  diverses  espèces 
ne  paraît  donc  pas  avoir  été  constant  dans  la  source  de  Bourbonne. 

))  On  remarquera  enfin  que  toutes  les  causes  d'actions  électrochi- 
miques étaient  réunies  dans  ces  nombreuses  pièces  de  métaux  différents, 
(jui  étaient  enfouies  dans  de  l'argile  et,  en  même  temps,  soumises  à  des  eaux 
chargées  de  dissolutions  salines  (2). 

»  L'ensemble  de  ces  actions  s'est  produit  depuis  environ  seize  siècles; 
mais  ce  temps  est  peut-être  beaucoup  plus  court  pour  chacun  des  dépôts 

(1)  La  combinaison  sulfurée,  dhe  prritr  (Vètnin,  est  d'une  rareté  telle,  qu'elle  doit  èire 
considérée  comme  tout  ;'i  fait  accidenlclle. 

(2)  Les  tubes  en  cuivre  rouge  par  lesquels  jaillissent  actuclltineut  les  sources  theriviales 
«le  Bourbonne  s'amincissent  graduellement,  par  suite  d'une  dissolution  extrêmement  lente. 

6r.. 


{  468  ) 
considérés  isolément,  parce  que  les  actions  ont  pu  se  déplacer,  c'est-à-dire 
s'arrêter  sur  certains  points  et  se  porter  sur  d'autres. 

»  Lorsqu'on  cherche  à  introduire  la  méthode  expérimentale  dans  la  re- 
production et  l'élude  des  phénomènes  géologiques,  ou  rencontre,  entre 
auires  difficultés,  celle  de  la  brièvelé  do  l'existence  de  l'homme,  si  courlo 
en  comparaison  des  longs  laps  de  temps  qui  ont  été  mis  à  contribution  dans 
la  formation  de  l'écorce  terrestre.  Heureusement  des  faits,  tels  que  ceux  dont 
il  s'agit,  viennent  suppléer  à  cette  impuissance  ;  car  ils  représentent  de  véri- 
tables expériences  de  démonstration,  instituées  pendant  vingt  fois  la  durée 
de  la  vie  humaine. 

»  Grâce  à  cette  durée,  nous  surprenons,  en  quelque  sorte  en  flagrant 
délit,  une  eau  minérale  ne  contenant  que  des  sels  neutres,  et  des  plus  ré- 
pandus, qui  a  produit  par  une  voie  indirecte  des  sulfures  simples  et  mul- 
tiples, offrant  tant  en  eux-mêmes  que  dans  leur  mode  d'association  une 
identité  frappante  avec  les  combinaisons  de  cuivre  les  plus  répandues.  Ces 
résultats  apportent  une  nouvelle  preuve  de  l'intervention  des  sources  mi- 
nérales lors  du  remplissage  des  filons  métallifères  appartenant  à  la  plus 
nombreuse  catégorie. 

»  Dans  l'exemple  que  nous  avons  sous  les  yeux,  il  semble  que  la  nature, 
revendiquant  ses  droits  sur  ce  que  l'industrie  humaine  avait  enlevé  à  son 
domaine,  se  soit  plu,  par  l'intermédiaire  de  l'eau  minérale,  à  reprendre 
son  bien  et  à  reconstituer  exactement  tous  les  minerais  que  l'exploitation 
du  mineur  lui  avait  ravis,  et  qu'ensuite  le  fourneau  du  métallurgiste  avait 
décomposés. 

»  A  mesure  qu'on  étudie  plus  comjilétement  les  sources  minérales  et 
les  opérations  varices  qu'elles  produisent,  la  part  très-considérable  qui  leur 
appartient  dans  beaucoup  de  formations  des  anciennes  époques  devient 
plus  manifeste  et  plus  précise.  L'action  de  ces  eaux  est  loin  d'être  uni- 
forme; elle  varie  non-seulement  suivant  leur  nature  propre,  mais  aussi 
suivant  celle  des  matériaux  qu'elles  rencontrent  dans  leur  trajet  et  qu'elles 
peuvent  mettre  en  œuvre,  conjointement  avec  les  substances  qu'elles 
tiennent  en  dissolution.  C'est  ainsi  que,  dans  l'intérieur  des  bétons  romains 
de  Plombières,  elles  ont  agi  tout  autrement  que  sur  les  substances  métal- 
liques de  Boiirbounc;  dans  le  tissu  même  de  ces  antiques  maçonneries, 
elles  ont  engendré  des  silicates  cristallins,  a|)parlenant  à  des  espèces  par- 
faitement déhnies  de  la  famille  des  zéolilhes  [i). 


(r)  Mémoire  précité  et  Expcricnccs  synthctiqucs  sur  le  mctamorp/tisnic  cl  sur  la  formalion 


(  469  ) 
))  Dans  l'une  et  l'aulrc  localité,  c'est  très-près  de  la  surface,  à  moins  de 
huit  mètres,  quese  sont  produites  des  élaborations  aussi  instructives,  et  aussi 
différentes  de  ce  que  nous  sommes  habitués  à  voir  dans  nos  laboratoires. 
Il  leur  a  suffi  d'une  température  bien  peu  élevée,  comparativement  à  celle 
qui  règne  plus  profondément.  D'ailleurs  les  fortes  pressions,  dont  les  expé- 
riences spéciales  ont  fait  reconnaître  la  puissance,  notamment  dans  la 
déconiposition  et  la  reconstitution  des  silicates,  sont  à  peine  intervenues 
dans  ces  deux  exemples.  De  quelles  actions  ne  serions-nous  pas  témoins 
s'il  nous  était  possible  de  descendre  plus  avant  dans  les  fêlures  des  roches 
qui  servent  de  canaux  d'ascension  aux  sources  thermales  !  Quoique  des 
obstacles  s'opposent  à  la  réalisation  de  ce  vœu,  nous  constatons  chaque 
jour  plus  clairement  coml)ien  doit  être  important  le  rôle  de  l'eau,  qui  im- 
bibe ou  traverse  les  roches,  dans  toutes  les  parties  de  la  croûte  du  globe, 
et  surtout  dans  les  régions  où  la  chaleur  terrestre,  eu  atteignant  un  degré 
élevé,  lui  fait  acquérir  des  propriétés  de  minéralisation  particulièrement 
énergiques.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  De  l'action  du  borax  dans  la  Jermentalioii 
cl  la  j)ittréfaclion.  Note  de  M.  J.-B.  Scuxetzler. 

(Commissaires  :  MM.  Dumas,   Pasteur,  ïrécul.) 

ti  Dans  la  discussion  scientifique  qui  eut  lieu  devant  l'Académie  entre 
IMM.  Pasteur  et  Frcmy,  sur  la  théorie  de  la  fermentation,  M.  Dumas  inter- 
vint, eu  établissant  qu'il  y  a  deux  sortes  de  ferments  :  ceux  dont  le  type  est 
la  levure  de  bière,  qui  vivent  et  se  multiplient  pendant  la  fermentation  ; 
ceux  dont  le  type  est  la  diastase,  qui  se  détruisent,  au  contraire,  pendant 
leur  action  (i). 

»  Eu  réservant  le  nom  de  forme  nia  t  ion  à  l'action  chimique  produite  par 
les  ferments  du  premier  type,  M.  Dumas  arrive  à  cette  conclusion,  que  la 
fermentation  est  un  phénomène  chimique  s'accomplissant  sous  l'influence 
nécessaire  de  la  vie  de  la  levure.  Après  avoir  étudié  l'action  d'un  grand 
nombre  de  substances  sur  la  levure,  l'illustre  chimiste  étudie  les  propriétés 

t/rs   ivc/ies  crhlallines.  —    Mrinoircs  des  Savuiits  ctraiigcrs  de   l'Jcadcinic  des   Sciences, 
t.  XVtl;  18G0.  —  Annales  des  Mines,  5°  si'ilc,  t.  XVI,  p.  l55  et  3<j3;  ibOo. 

(i)  Revue  des  Cours  scientifiques,  1872. 


(  470  ) 
du  borax.  Ce  corps  coagule  la  levure,  dissout  les  membranes  qui  restent 
en  suspension  dans  une  solution  non  filtrée  de  l.'lanc  d'œuf,  empêche 
l'interversion  du  sucre  par  1  eau  de  levure,  arrête  l'action  de  la  diastase  et 
paralyse  lasynaptase.  M.  Dumas  espère  que  l'étude  du  borax  conduira  à  des 
conséquences  de  la  plus  haute  importance. 

»  Les  observations  et  expériences  suivantes  ont  eu  comme  point  de  dé- 
part celte  Communication  de  M.  Dumas. 

M  I.  yÉclion  du  borax  sur  le  protoplasma  des  cellules  végétales.  —  i"  Des 
feuilles  d'Elodea  canadensis,  dans  les  cellules  desquelles  le  protoplasma  pré- 
sente un  mouvement  de  rotation  facile  à  observer,  furent  plongées  dans  luie 
solution  concentrée  de  borax.  Le  courant  plasmatique  continue  pendant 
quelques  minutes;  puis  il  se  ralentit  et  s'arrête  complètement.  Le  proto- 
plasma se  contracte,  se  retire  de  la  paroi  cellulaire  et  se  condense  en  une 
ou  deux  masses  arrondies  renfermant  des  graines  de  chlorophylle.  La 
matière  vivante  de  la  cellule  a  été  tuée  par  le  borax. 

))  2"  En  observant  la  sortie  des  spores  de  Vnucheria  clavata  dans  l'eau, 
j'ai  pu  constater,  dans  la  longue  cellule  tubuleuse  de  quelques  individus 
qui  n'avaient  pas  de  spores,  des  mouvements  de  contraction  du  proto- 
plasma  qui  se  différenciaient  en  boules  vertes  se  mouvant  dans  différents 
sens  dans  l'inlérieur  de  la  cellule.  Lorsque,  par  une  légère  pression,  le  pro- 
toplasma sort  de  la  cellule,  soit  en  boules,  soit  en  masses  informes,  on  y 
aperçoit  encore,  pendant  quelque  temps,  un  vif  mouvement  moléculaire. 

En  plongeant  des  Faucheria  fraîches  et  intactes  dans  une  solution  con- 
centrée de  borax,  le  protoplasma  se  coagule  et  se  retire  de  la  paroi  cellu- 
laire, qui  devient  parfaitement  hyaline. 

»  L'action  du  borax  produit  sur  les  globules  de  chlorophylle  une  action 
frappante  :  ils  se  contractent,  se  recourbent  et  prennent  la  forme  de  crois- 
sant. 

»  Les  spores  de  Faucheria,  sorties  de  la  cellule  mère,  exécutent  dans 
l'eau  de  r.ipides  mouvements  de  translation,  grâce  à  leurs  petits  cils  vibra- 
tiles.  Dans  une  solution  de  borax,  ces  mouvements  s'arrêtent  presque  im- 
médiatement; le  protoplasma  de  la  spore  se  contracte  et  se  transforme  en 
une  masse  finement  granuleuse  dans  l'intérieur  de  la  cellule. 

»  3°  J'ai  examiné  l'influence  d'ime  solution  de  borax  stu'  VOidium 
Tuckeri  qui  avait  envahi  des  raisins.  Dans  l'eau  pure  ou  observe  dans  l'in- 
térieur des  hyphes  et  des  spores  un  mouvement  moléculaire  indépendant 
des  courants  plasmatiques.  La  matière  renfermée  dans  les  cellules  du 
champignon  présente,  lorsqu'elle  se  répand  dans  l'eau  sous  l'influence 


(  47'  ) 
d'une  légère  pression,  ce  même  mouvement  moléculaire.  Sous  l'influence 
d'une  solution  do  borax,  les  spores  et  liyplics  de  l'oiditun  se  contractent; 
ces  dernières  se  tordent  et  leur  contenu  se  coa|^uie  en  une  masse  granu- 
leuse; le  champignon  est  tué.  Le  mouvement  moléculaire  de  la  matière 
sortie  des  cellules  continue  dans  la  solution  de  borax. 

»  C'est  de  la  même  manière  que  le  borax  produit  la  coagulation  du 
protoplasma  des  cellules  do  la  levure,  des  moisissures,  etc. 

»  II.  Atlioii  du  borax  sur  l'onjaiiisme  animal.  —  i°  Des  Infusoires,  des 
Rotiféres,  des  Entomostracés,  placés  dans  la  même  goutte  d'eau  à  laquelle 
on  ajoute  une  solution  concentrée  de  borax,  arrêtent  bientôt  leurs  mou- 
vements et  meurent.  On  aperçoit  distinctement  la  contraction  et  la  coa- 
gulation du  sarcode  des  Infusoires. 

»  2"  Des  larves  de  grenouilles,  rendues  très-transparentes  par  un  séjour 
prolongé  dans  l'obscurité,  placées  dans  la  solution  de  borax,  présentent 
des  contractions  convulsives  dans  les  fibres  nuisculaires  dt;  la  queue.  La 
circulation  du  sang,  si  facile  à  observer  chez  ces  animaux,  se  ralentit  peu 
à  peu,  le  plasma  du  sang  se  coagule,  et  en  moins  d'une  heure  l'animal  est 
mort . 

»  Les  observations  précédentes  montrent  que  le  borax  fait  cesser  les 
propriétés  par  lesquelles  se  manifeste  la  vie  du  protoplasma  végétal  et 
anima).  Si  la  fermentation  est  un  phénomène  chimique  qui  s'accomplit 
sous  l'influence  de  la  vie  de  la  levure,  le  borax  doit  nécessairement  agir 
contre  la  fermentation. 

«  \\\.  Action  du  buKix  sur  les  inalièresfermenlescibles.  —  i"  Au  mois  d'oc- 
tobre 1872,  je  plaçai  dans  une  solution  concentrée  de  borax  des  baies  de 
raisin  très-mûres,  de  même  qu'une  grappe  de  raisin  entière;  le  tout  fut 
placé  dans  un  flacon  bouché.  Le  liquide,  d'abord  incolore,  brunit  légère- 
ment ;  mais,  soit  les  baies  isolées,  soit  la  grappe  entière,  présentent  encore 
aujourd'hui  (février  1875)  le  même  aspect  qu'il  y  a  plus  de  deux  ans.  Il 
n'y  a  pas  eu  trace  de  fermeulalion. 

»  Cependant,  si  le  raisin  s'est  fort  bien  conservé,  il  n'est  pas  mangeable. 
Il  y  a  eu  diffusion  :  une  grande  partie  du  sucre  a  passé  à  travers  l'envi-loppe 
membraneuse  des  baies,  tandis  que  le  borax  a  pénétré  dans  l'intérieur, 
où  il  a  fait  coaguler  les  matières  albumineuses  des  cellules. 

»  J'ai  fait  la  même  expérience  avec  le  même  résultat  avec  des  groseilles. 
Lorsque  les  flacons  sont  bien  bouchés,  on  n'aperçoit  aucune  trace  de  moi- 
sissure; mais,  lorsque  l'air  a  libre  accès  ou  mémo  un  accès  limité,  il  se 
forme  des  moisissures  (//(«co/),  sans  ternientation  accompagnée  de  dégage- 
ment gazeux. 


(  472  ) 

»  Lorsque,  comme  contre-épreuve,  on  place  des  baies  de  raisin  dans  un 
flacon  bien  bouché,  rempli  d'enu  ordinaire,  il  y  a,  au  bout  de  quelque 
temps,  suivant  la  température,  fermentation  avec  dégagement  d'acide  car- 
bonique. 

»  2°  3o  centimètres  cubes  de  lait  frais  furent  placés  dans  une  éprou- 
vette  avec  i  gramme  de  borax.  La  crème  formait  bientôt  une  couche  assez 
épaisse  à  la  partie  supérieure.  Malgré  le  bouchon  qui  fermait  l'éprouvetle, 
il  se  formait  des  moisissures  sur  la  crème;  mais  le  reste  du  liquide  ne  su- 
bissait aucune  fermentation  acide  et  gardait  pendant  plusieurs  mois  l'as- 
pect d'un  lait  écrémé,  très-clair.  Plus  tard,  sous  l'influence  de  la  chaleur 
de  l'été,  le  liquide  devint  parfaitement  limpide,  tandis  qu'au  fond  de  l'é- 
prouvette  il  se  déposait  une  matière  blanche  molle,  la  caséine;  mais  ni  le 
liquide  ni  le  dépôt  solide  ne  présentait  de  saveur  acide;  ils  répandaient 
encore  au  bout  de  trois  mois  l'odeur  du  lait  frais. 

»  Du  lait  frais,  mis  sans  addition  de  borax  dans  une  éprouvette  très- 
bien  bouchée,  subit  la  fermentation  acide  au  bout  de  deux  à  trois  jours  : 
il  devient  tout  à  fait  épais  par  la  coagulation  de  la  caséine. 

))  3°  Un  fragment  de  cervelet  de  mouton  fut  saupoudré  de  borax.  Huit 
joTU's  après,  la  substance  dégageait  une  odeur  spermatique;  plus  tard,  il  y 
eut  dégagement  d'hydrogène  sulfuré  sans  qu'on  pût  observer  de  putréfac- 
tion proprement  dite,  La  matière,  après  avoir  présenté  pendant  plusieurs 
mois  une  consistance  molle,  devient  dure  et  presque  cornée,  sans  odeur 
désagréable. 

»  4°  Une  livre  de  viande  de  bœuf  fut  placée  dans  une  solution  concen- 
trée de  borax,  dans  une  boîte  de  fer-blanc,  sans  fermeture  hermétique.  La 
matière  colorante  rouge  du  sang  diffuse  dans  le  liquide  ambiant,  de  même 
qu'une  partie  des  substances  azotées  solubles  de  la  viand^.  Le  liquide 
prend  au  bout  de  quelques  semaines  une  coloration  brune  et  dégage  une 
odeur  assez  désagréable,  sans  qu'il  y  ait  putréfaction  de  la  viande.  Lorsque, 
après  avoir  enlevé  le  liquide,  on  lave  la  viande  à  l'eau  froide,  elle  présente 
bien  une  odeur  siii  genevis,  mais  qui  n'a  aucun  rapport  avec  celle  de  la 
viande  en  putréfaction. 

1)  Aujourd'hui,  après  plus  d'une  année  et  demie,  malgré  les  chaleurs  de 
l'été  de  1873  et  187/1,  cette  viande,  dont  le  liquide  ambiant  a  été  renou- 
velé trois  fois,  ne  présente  pas  la  moindre  odeur  de  putréfaction.  Sa  couleur 
est  jaunâtre;  mais  elle  est  molle  et  tendre  comme  de  la  viande  fraîche. 
Sortie  de  la  liqueur  préservatrice,  elle  se  maintient  dans  le  même  état  à 
l'air. 


(  473  ) 

0  5°  De  la  viande  de  bœuf,  de  veau  et  des  fragments  de  cervelle  de  mou- 
ton furent  placôs  dans  une  solution  de  borax  dans  un  bocal  licrtnétique- 
nient  fermé  et  rempli  du  liquide.  Ce  dernier  se  teignait  bientôt  en  rouge 
clair,  et  cette  couleur  se  maintenait  i)endant  |)lusieurs  mois  sans  altéra- 
tion. La  viande  ne  présentait  pas  la  moindre  odeur  désagréable,  aussi 
longtemps  que  l'accès  de  l'air  fut  empêché.  De  la  viande  placée  dans  l'eau, 
même  dans  .un  flacon  hermétiquement  bouché ,  pourrit  en  quelques 
jours. 

»  L'odeur  sui  generis  que  présente  au  contact  de  l'air  la  viande  conser- 
vée pendant  quelque  temps  dans  une  solution  de  borax  me  semble  prove- 
nir de  la  décomposition  des  matières  qui  résultent  de  la  métamorphose  des 
substances  qui  composent  soit  la  fibre  musculaire,  soit  le  plasma  intermus- 
culaire. 

»  Sans  vouloir  tirer  de  ce  qui  précède  une  application  à  la  conservation 
des  viandes  pour  l'usage  culinaire,  il  en  découle  une  autre  application, 
celle  de  la  conservation  des  préparations  anatomiques  par  des  solutions 
concentrées  de  borax  dans  des  bocaux  bien  fermés.  Il  eu  résulterait  évidem- 
ment une  grande  économie  sur  l'usage  de  l'alcool  employé  eu  pareil  cas. 

»  Comme  nous  avons  démontré  que  le  protoplasma,  c'est-à-dire  le  sub- 
stratum  vivant  des  organismes  inférieurs,  est  tué  par  le  borax,  on  pourrait 
probablement  utiliser  cette  substance  dans  le  traitement  des  plaies,  etc.  » 

CHIMIE.  —   Sur  iébidliiion  de  l'acide  suif  inique.  Note 
de  M.  Ad.  Bobierre.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Cahours.) 

«  L'ébullition  de  l'acide  sulfurique,  considérée  en  général  comme  une 
opération  difficile,  est  une  opération  des  plus  simples,  s'accomplissant  plus 
régulièrement  que  celle  de  l'eau,,  lorsqu'on  introduit  dans  la  cornue  qui  le 
renferme  une  suffisante  quantité  de  platine.  Je  crois  utile  d'indiquer  la 
disposition  que  j'emploie  d'ordinaire. 

»  Je  place  sur  un  fourneau  à  gaz,  dont  le  brûleur  est  à  petits  trous  (i), 
une  cornue  dont  la  panse  a  une  capacité  de  550  centimètres  cubes  en- 
viron. J'y  introduis  12  grammes  au  moins  de  platine  en  lames  minces,  puis 
320  centimètres  cubes  d'acide  sulfurique;  eu  chaulfant  graduellement, 
j'obtiens  une  ébullition  aussi  régulière,  aussi  tranquille  qu'il   est  possible 


(i)  Les  fourneaux  à  brûleui-s  Bunsen  offriraient  des  inconvénients. 

G.  R.,  1875.  1"  Semeurr.  (T.  LX.XX,    N»  0.)  ^^ 


(474  ) 
de  la  désirer,  et,  si  le  vase  comporte  l'introduction  d'un  thermomètre,  il 
est  facile  de  reconnaître  que  la  stabilité  de  la  colonne  mercurielle  est  re- 
marquable, ce  qui  n'arrive  pas  lorsque  la  tension  croissante  de  la  vapeur 
est  suivie  d'un  soubresaut.  » 

GÉOGRAPHIE  BOTANIQUE.  —  Végélalion  hivernale  des  Algues  à  Mosselbay 
[Spilzberg),  d'après  les  observations  faites  pendant  C expédition  polaire  sué- 
doise en  i8'72-i8y3.  Note  de  M.  Fr.  Kjellman,  présentée  par  M.  Du- 
charlre. 

(Commissaires  :  MM.  Decaisne,  Duchartre,  Cosson.) 

«  L'expédition  polaire  deM.  Nordenskiiild,  en  1872-1873,  était  chargée, 
entre  autres  choses,  d'étudier  les  animaux  et  végétaux  vivant  dans  la  mer 
pendant  la  période  de  l'année  où  les  régions  polaires  sont  plongées  dans 
une  obscurité  continue  et  où  la  température  de  la  mer  est  inférieure  à  zéro. 
Pour  ces  études,  il  devait  être  procédé  à  des  dragages.  Commencés  vers  la 
fin  d'octobre,  ils  ont  été  poursuivis  jusqu'au  milieu  d'avril.  Us  ont  été 
faits,  en  majeure  partie,  dans  une  mer  couverte  de  glace,  et,  pendant  tout 
l'hiver,  ils  ont  fourni,  non-seulement  des  animaux  de  types  variés,  mais 
encore  un  nombre  assez  grand  d'Algues  marines.  Voici,  en  peu  de  mots,  les 
conditions  dans  lesquelles  se  trouvaient  les  êtres  qu'ils  ont  permis  d'exa- 
miner. 

»  Mosselbay  se  trouve  par  79°  53'  de  latitude  nord  et  iG°4'  de  longi- 
tude est,  méridien  de  Greenwich.  Le  Soleil,  y  compris  la  réfraction,  y 
descend  au-dessous  de  l'horizon  le  20  octobre  pour  ne  reparaître  que  le 
21  février.  Toutefois  la  période  obscure  proprement  dite  ne  me  paraît  pas 
dépasser  trois  mois,  parce  que,  quelques  journées  après  la  disparition  du 
Soleil  comme  avant  sa  réapparition,  on  jouit,  pendant  au  moins  six  heures, 
d'une  lumière  diurne  suffisante  pour  permettre  de  distinguer  sans  peine 
les  objets  environnants.  Pendant  cette  période  d'obscurité,  les  ainores 
boréales  n'ont  eu  presque  toujours  qu'une  faible  intensité,  et  si  parfois 
elles  étaient  brillantes,  elles  n'avaient  qu'une  très-courte  durée. 

»  Dès  le  milieu  de  septembre,  la  température  de  la  mer  descendit  au- 
dessous  de  zéro.  Elle  resta  aux  environs  de  —  i  degré  C.  pendant  la  fin 
de  ce  mois  et  tout  celui  d'octobre.  Elle  s'éleva  légèrement  eu  novembre, 
quand  la  mer  s'ouvrit  au  nord  du  Spilzberg,  et  elle  varia,  pendant  ce 
mois,  entre  —  0°,  5  et  —  i  degré  G.  Ensuite,  de  la  fin  de  novembre  au  milieu 
d'avril,  elle  se  maintint  entre  —  1°,  5  et   —  i°,8.  La  température  de  l'air 


(  475  ) 
n't'tait  pas  relativement  basse  pour  une  latitude  si  septentrionale.  Les 
températures  moyennes  furent  les  suivantes  :  novembre  —  8°,  2  C;  dé- 
cembre, —  i4",5;  janvier,  —9°, 9;  février,  —20°,'].  L'épaisseur  de  la 
glace  varia  beaucoup  sur  la  mer;  pendant  la  dernière  partie  de  l'hiver, 
elle  fut  de  i'°,20  à  i^jSo,  beaucoup  plus  forte  encore  pour  les  glaçons 
flottants  qui  se  prenaient  dans  la  masse. 

»  La  nature  du  fond,  à  Mosselbay,  n'est  pas  favorable  aux  Algues,  si  ce 
n'est  autour  de  quelques  petits  récifs  ,  dans  le  golfe  même.  Le  fond  de 
l'ouverture  de  ce  golfe  était  occupé,  sur  5  à  6  milles  anglais  carrés,  par  un 
lit  de  Litliotliamnion  calcareum;  il  y  croissait  aussi  diverses  Floridées.  Les 
dragages  elfecttiés  aussitôt  après  notre  arrivée  fournirent  environ   trente 
espèces  d'Algues  marines  supérieures  qu'on  retrouva  pendant  tout  l'hiver 
avec  quelques  autres.  Mes  recherches  m'ont  montré  que  la  végétnlion  hiver- 
nale des  Algues  se  composait,  à  Mosselbn^,  des  mêmes  es/'ièces  que  celles  d'été  ou 
d'automne,  fait  d'autant  plus  intéressant  que,  sur  les  côtes  delà  Scandinavie, 
les  espèces  qu'on  trouve  ne  sont  pas  les  mêmes  au  printemps,  en  été  et  en 
automne.  Voici,  parmi  les  Algues  supérieures,  celles  qui  sont  les  plus  com- 
munes. CoRALLlNACE^  :  Litliotliamnioti  calcareum,  Eli.  et  Sol.  —  Flori- 
DEjE  :  Rhodomela  temiissimn,  Rupr.;  Polysiphonia  arctica,  J.  Ag.  ;  Delesseria 
sinuosa  (Good.  et  Woodw,),  Lam.  ;  Eutltnra  ci-istala{L.),  J.  Ag.  ;  Rhodymenia 
palmala  (L.),  Grev.  ;  Halosaccion  ramentaceum  (L.),  Kiitz.;  Phjlhphora  in- 
terrupta,  Grev.;  Plilota  serrata,  Kùlz;  Antitliamnion  Plumula  (Eli.),  Thur. 
—  FuCACE.E  :  Fucus  evanescens,  J.  Ag.  —  PriiEOZoosPORACE.E  :  Laminaria 
dinitata[L.);  L.  caperata,  Delap.;   L.   solidungula,  J.  Ag.  ;  Alnria  csculenta 
(L.),  Grev.;  Cltonlarin  flagelliformis  [FI.  dan.),  Ag.  ;  Pialfsia,  sp.  ;  Elacliista 
luhrica,  Rupr.;   Chœtopteris  pluinosa  [J^yngh.],  Kiitz.;  Sphacelaria  arctica; 
Pilayella  littoralis  (L.),  Kjellni.;  Dictyosiphon.,  sp.;  Dcsrnarestia  aculeata  (L.), 
Lam.;  D.  viridis  {FI.  dan.),  Lam.  —  ChlorozoosporaCE^  :  Ulva  lalissima 
(L.);  Conferva  melagonium,  Web.  et  Mohr;  Cladopliora  arcta(D\\\.),  Kiitz. 
»  Ces  Algues  se  présentent  en  hiver  sous  des  formes  qui  ne  sont  pas,  au 
point  de  vue  morphologique,  sensiblement  différentes  de  celles  de  l'été  et 
de  l'automne.  Chez  une  seule,  V Halosaccion  ramentaceum,  il  existe  une  dif- 
férence entre  les  individus  pris  en  été  ou  en  automne  et  ceux  qu'on  trouve 
en  hiver;  la  plupart  des  premiers  sont  riches  en  prolifications  qui  manquent 
aux  derniers.  Ces  proliHcations  ont  poiu'  mission  essentielle  de  développer 
des  tétraspores,  après  quoi  elles  tombent  et  sont  remplacées  par  de  nou- 
velles. Or  c'est  particulièrement  en  août,  septembre  et  octobre  que  se  pro- 
duisent ces  corps  reproducteurs. 

62.. 


(  47^  ) 
))  Dans  les  Algues  trouvées  pendant  l'hiver  à  Mosselbay,  l'activité  vitale 
ne  s'est  montrée,  ni  arrêtée,  ni  même  diminuée.  Je  rencontrai  alors  des 
plantes  germantes,  tant  de  Floridées  que  de  Fiicacées,  à  des  phases  diverses 
de  développement.  En  outre,  les  Algues  à  tronc  prolificateur  [Rliod/nieiiia 
pnlniaUi,  Delesseria  sinuosa,  PhyUojihora  iiiternipta)  portaient,  pendant  tont 
ce  temps,  des  prolifications,  soit  jeunes,  soit  bien  développées;  enfin  tous 
les  individus  de  diverses  espèces  que  j'ai  examinés  m'ont  montré  les  cellules 
des  points  végétatifs  de  leur  tronc  en  voie  de  se  diviser.  La  continuation  du 
développement  des  organes  reproducteurs  était  encore  plus  évidente.  Sur 
les  vingt-se|)t  espèces  énumérées  plus  haut,  vingt-deux  furent  trouvées,  en 
hiver,  munies  d'organes  reproducteurs  de  diverses  formes.  Quelques  espèces, 
comme  V ELtcliisla  lubrica,  portèrent  des  organes  reproducteurs  [)endant 
tout  l'hiver;  d'autres  les  eurent  pendant  la  majeure  partie,  ou  au  moins 
pendant  une  partie  plus  restreinte  de  cette  saison.  L'abondance  de  ces  or- 
ganes était  grande,  surtout  chez  quelques  espèces;  tel  est  le  Rlwdomela  tc- 
nuissima,  dont  le  tronc  se  montra,  à  une  certaine  époque,  littéralement 
rempli  de  sporocarpes,  d'anthéridies  et  de  stichidies.  Cette  abondance  n'é- 
tait pas  moindre  chez  diverses  Phœozoosporacées,  comme  le  Chœtopteris 
plumosa  et  les  Laminaires.  Les  Chlorozoosporacées  étaient  fort  peu  nom- 
breuses à  Mosselbay.  Chez  l'une  des  trois  que  j'ai  vues,  des  celhdes  du 
tronc  se  montraient  remplies  de  zoospores,  dont  toutefois  je  ne  pus  observer 
la  sortie.  C'est  néanmoins  un  fait  incontestable,  que  des  zoospores,  non- 
seulement  atteignaient  pendant  l'hiver  leur  parfait  développement,  mais 
encore  sortaient  de  la  cellu'e  mère.  Ainsi,  tous  les  individus  de  certaines 
Phœozoosporacées,  qui  furent  recueillis  par  la  drague  au  commencement 
de  l'hiver,  étaient  stériles,  tandis  que  ceux  qui  fin-ent  obtenus  au  milieu  ou 
vers  la  fin  de  cette  saison  offraient  des  cellules  à  zoospores,  quelques-unes 
avec  des  zoospores  parfaitement  développées,  d'autres  vides,  montrant 
l'ouverture  par  laquelle  s'était  effectuée  la  sortie.  Ainsi,  entre  autres,  le 
Cliœloplcris  plumosa,  qui  est  commun  à  Mosselbay,  manquait  d'organes  re- 
producteurs en  octobre  et  au  commencement  de  novembre,  tandis  que, 
peiulant  la  dernière  partie  de  ce  mois,  la  totalité  de  décembre  et  de  janvier 
et  la  première  moitié  de  février,  il  se  montra  muni  de  zoosporanges  à  une 
ou  plusieurs  cellules,  quelriues-uns  remplis  de  zoospores,  d'autres  vides  et 
en  voie  de  désorganisation.  Vers  la  fin  de  février,  les  capsules  à  zoospores 
devinrent  rares  chez  cette  espèce,  tandis  que  les  capsules  vides  redevinrent 
communes,  et,  dès  le  commencement  d'avril,  on  rencontra  de  nouveau  des 
exemplaires  absolument  stériles.  » 


(  477  ) 

CHIMIK  ORGANIQUE.  —  Étude  comparalive  des  gommes  et  des  mucilages. 
Note  tle  M.  Giiuid,  présentée  par  M,  Fromy. 

(Commissaires  :  MM.  Fremy,  P.  Thenard,  Cahours.) 

«  Dans  ce  travail,  dont  j'ai  Ihonneur  de  présenter  un  extrait  à  l'Aca- 
démie, je  me  suis  proposé  de  faire  une  étude  comparative  de  quelques  sub- 
stances gommeuses  qui  se  gonflent  dans  l'eau,  et  en  particulier  de  la  gomme 
adi'agante;  j'ai  voulu  surtout  faire  ressortir  les  différences  qui  peuvent 
exister  entre  ces  corps  et  les  gommes  proprement  dites.  Ces  recherches  ont 
été  exécutées  au  Muséum,  dans  le  laboratoire  de  chimie  de  M.  Fremy,  qui 
a  bien  voulu  m'encourager  par  ses  conseils. 

1)  On  sait  que  les  substances  gommeuses  sont  en  général  peu  connues; 
à  l'exception  de  la  gomme  arabique,  dont  M.  Fremy,  dans  un  travail  clas- 
sique, a  révélé  la  curieuse  composition,  l'étude  chimique  de  toutes  les 
autres  gommes  est  restée  incomplète.  Si  les  gommes  et  les  matières  orga- 
niques, qui  se  gonflent  dans  l'eau,  offrent  entre  elles  des  ressemblances 
physiques,  je  puis  avancer  qu'il  existe  entre  chacune  d'elles  des  différences 
chimiques  considérables,  et  que,  parmi  les  dernières,  on  peut  établir  des 
distinctions  très-nettes. 

')  Il  résulte  de  mes  recherches  que  les  substances  mucilagineuses  se  gon- 
flant dans  l'eau  peuvent  être  partagées  en  trois  groupes  distincts  : 

1)  Dans  le  premier  se  place  la  gomme  adragante,  caractérisée  par  la  pré- 
sence d'iui  corps  pouvant  donner  naissance  aux  composés  pcctiques. 

')  Au  deuxième  appnrtiennent  les  mucilages,  ne  contenant  pas  de  prin- 
cipes pectiques,  qui  sont  caractérisés  par  ce  fait  :  que  les  acities  les  plus 
faibles  les  rendent  insolubles  dans  l'eau;  je  citerai  le  mucilage  de  coing. 
Celui-ci  contient  en  outre  une  quantité  notable  de  cellulose  (20  pour  100 
du  poids  du  mucilage  sec),  que  l'on  isole  par  l'action  prolongée  à  chaud 
des  acides  ou  même  des  alcalis  concentrés. 

))  Le  troisième  comprend  les  corps  mucilagineux  privés  de  composés 
pectiques  comme  les  précédents,  et  qui  s'en  distinguent  par  le  caractère 
suivant  :  les  acides  étendus  ne  les  précipitent  |)as,  mais  les  transforment 
très-rapidement,  par  la  chaleur,  en  matière  comparable  à  la  dextrine  et  en 
une  substance  sucrée. 

»  Ces  différents  corps,  qui  font  l'objet  de  mes  recherches,  présentent 
deux  propriétés  communes  que  je  dois  signaler  : 

»   i"  Sous  l'influence  plus  ou  moins  prolongée  des  acides  étemius,  ils  se 


(  47»  ) 
transforment,  parla  chaleur,  en  un  siicie  différent  du  glucose  ordinaire; 
ce  sucre,  en  effet,  cristallise  facilement,  ne  fermente  pas  et  jouit  d'un  pou- 
voir réducteur  plus  énergique  que  le  glucose.  Ce  corps  doit  appartenir  à 
cette  classe  de  sucres  que  M.  Berlhelot  a  si  bien  étudiés,  et  qu'il  a  appelés 
galactoses. 

»  2°  Les  principes  gommeux,  qui  sont  compris  dans  les  deux  derniers 
groupes  principalement,  diffèrent  donc  par  tous  leurs  caractères  de  la 
gomme  arabique. 

1)  Cette  classification  une  fois  établie,  j'ai  entrepris  l'étude  successive  de 
ces  matières;  le  Mémoire  que  je  présente  aujourd'hui  est  principalement 
consacré  à  l'examen  chimique  d'une  des  plus  importantes,  qui  est  la  gomme 
adragante  :  les  propriétés  de  cette  substance  peuvent  être  résumées  dans 
les  propositions  suivantes  : 

))  1°  Cette  gomme  est  très-peu  soluble  dans  l'eau  froide;  elle  est  loin  de 
donner,  comme  on  l'avait  dit,  de  3o  à  5o  pour  loo  de  gomme  soluble;  le 
produit  filtré  est  un  mélange  de  différents  corps  et  n'est  pas  un  principe 
défini,  semblable  à  l'arabine. 

»  2°  Lorsqu'on  met  la  gomme  adragante  en  digestion  au  bain-marie 
avec  cinquante  fois  son  poids  d'eau,  au  bout  de  vingt-quatre  heures  environ 
toute  la  substance  gommeuse  est  transformée  en  gomme  soluble,  ayant 
perdu  la  propriété  de  se  gonfler  après  dessiccation  ;  cette  matière  nouvelle 
est  différente  de  l'arabine,  quoi  qu'on  eu  ait  dit  :  c'est  de  la  pectine. 

»  ^:^°  Soumise  à  l'action  de  l'eau  acidulée  (acide  i  pour  loo),  cette 
gomme  se  modifie  au  bain-marie  ou  bout  de  deux  à  trois  heures  ;  elle  âo- 
vienfentièrement  soluble,  le  nouveau  corps  qui  se  produit  est  principale- 
ment de  la  pectine,  [)récipitable  par  l'alcool,  mais  non  de  l'arabine,  comme 
on  l'avait  avancé.  La  quantité  de  glucose  formé  pendant  cette  action  cor- 
respond à  peine  au  dixième  de  la  matière  employée. 

»  J'ai  pu  constater  que  sous  ces  influences  la  gomme  adragante  se 
transformait  en  pectine,  soluble  dans  l'eau,  précipitable  par  l'alcool  et 
que  les  alcalis  changeaient  en  peclates  et  métapectates. 

»  Ces  expériences  démontrent  donc  que  la  gomme  adragante  contient 
plus  de  la  moitié  de  son  poids  d'un  principe  pectique  insoluble  dans  l'eau, 
qui  me  paraît  identique  avec  celui  que  M.  Fremy  a  désigné  sous  le  nom  de 
natosc,  et  qui  préexiste,  comme  on  le  sait,  dans  le  tissu  utriculaire  des 
fruits  et  ties  racines. 

»  Ces  premiers  faits  étant  une  fois  établis,  j'ai  pu  facilement  préparer, 
au  moyen  de  la  gomme  adragante,  des  quantités  considérables  d'acide 
pectique. 


(  479) 

D  Dans  ce  but,  je  fais  digérer  au  bain  marie,  jusqu'à  dissolution,  un 
[loids  de  gomme  adragante  avec  cinquante  fois  son  poids  d'eau  additionné 
de  I  pour  loo  d'acide  chlorhydriquo;  je  filtre,  j'ajoute  dans  la  liqueur 
un  excès  d'eau  de  baryte  :  le  précipité  qui  se  forme  peu  à  peu  est  du  pec- 
fale  de  baryte.  Lorsqu'il  a  pris  la  consistance  convenable,  je  le  lave,  je  le 
mets  en  suspension  dans  l'eau  et  je  le  traite  i)ar  un  excès  d'acide  chlor- 
liydriqiie  ou  acétique  qui  laisse  l'acide  pectique  à  l'état  de  précipité  pur. 
Il  résulte  de  déterminations  nombreuses  que,  par  celte  métbode,  on  peut 
retirer  de  la  gomme  adragante  environ  Go  pour  loo  d'acide  pectique. 

u  Résultats  analjtiques  obtenus  avec  l'acide  pectique  de  la  cjomme  adra- 
gante. —  I^s  expériences  suivantes  ont  été  faites  avec  de  l'acide  ne  laissant 
que  o8',oo35  de  résidu,  et  les  matières  ont  été  sécliées  constamment  à 

I20  degrés  : 

Composition  centésimale  de  l'acide  pectique. 

I.  n.  ni. 

c 4°'^-  4°»?*'  4o>82 

H..    5,3o  5,409  5,33 

0 54,18  53,891  53,85 

100,00  100,000  100,00 

Capacité  de  saturation  de  l'acide  pectique. 

I.  II.  III. 

,  Sel 0,344  o>443  0,4^4 

Pectate     '  Oxyde 0,118  o,i35  o,i32 

de  plomb,  j  Acide 0,226  o,3o8  0,292 

'         D'où  oxyde. .. .     3t,4p.  100  3o,4  p- 100  3i,i4p.  100 

,  Sel o,5o5                    0,532                    o,525 

Pectate     1  Oxyde 0,1189                   0,124                     0,124 

de  baryte.  J  Acide o,386i                    o,4o8                      o,4oi 

'         D'oii  baryte.  .  .  s3,54  p.  «oo         23,3  p.  100  23,6  p.  100 

Analyse  élémentaire  du  pectate  de  plomb. 

I.  n. 

c 4i)8o  4i>9 

H 5,5o  5,65 

o 52,70  52,45 

»  Les  résultais  analytiques  que  je  viens  de  donner  concordent  sensible- 
ment avec  les  nombres  obtenus  par  M.  Fremy  dans  ses  études  sur  l'acide 
pectique  retiré  des  fruits. 

0  Après  avoir  ainsi  reconnu  la  nature  du  composé  principal  contenu 
dans  la  gomme  adragante,  il  m'a  été  facile  d'apprécier  les  propriétés  des 


(  48o  ) 
principes  immédiats  qui  constituent  cette  substance,  et  même  d'en  déter- 
miner les  proportions.  Mes  analyses  m'ont  conduit  aux  résultats  suivants  : 

Composition  en  centièmes  de  la  gomme  adragante. 

Eau 20  pour  loo. 

Composé  pecti(]iie 60 

Gomme  soluble 8àio 

Cellulose 3 

Amidon 2  à  3 

Matières  niiiiérales 3 

Corps  azotés ■ traces. 

»  Ce  premier  travail  me  semble  donc  établir  assez  nettement  la  consti- 
tution chimique  de  la  gomme  adragante  et  les  différences  qui  séparent 
cette  substance  des  autres  gommes.  » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Élude  chimique  sur  te  petit-lait  de  Ludion  ; 
par  M.  F.  Garrigou.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bussy.) 

«  100  litris  ont  été  évaporés  dans  des  capsules  de  porcelaine  jusqu'à 
consistance  de  pâte.  Le  produit  ainsi  obtenu  a  été  calciné.  Les  cendres 
produites  ont  été  soumises  à  de  nombreux  lavages,  jusqu'à  cpuisenieni 
complet. 

»  L'analyse  a  été  faite  sur  les  eaux  de  lavages  ramenées  à  2  litres  et  sur 
le  résidu  insoluble.  Cette  manière  d'opérer  n'a  pas  permis  de  donner  le 
mode  de  combinaison  des  substances  entre  elles,  dans  le  petit-lait  lui- 
même,  mais  elle  a  permis  d'arriver  à  connaître  la  quantité  des  substances 
solubles  ou  insolubles. 

»  Voici  la  composition  de  ces  cendres  : 

Phosphate  île  cliaux  et  de  magnésie.  .  .  2, 189 

Phosphate  de  soude o,355 

Carbonate  de  soude i  ,040 

Chlorure  de  potassium 2,410 

Fluorure  de  potassium o  ,008 

Sulfate  de  potasse o,i65 

Silicate  de  potasse o,oo4 

Carbonate  de  potasse 0,664 

Silice 0,001 

Scsipiioxyde  de  fer .  .  0,0009 

Cuivre traces 

Plomb traces? 

Pertes  réelles  et  par  le  calcul  réunies.  .  0,017 

Total 6,858g 


(  48r  ) 
»  Je  n'ai  pns  cherché  la  quantité  de  sucre  contenue  dans  ce  petit-lait, 
parce  que  !e  Hquide  avait  fermenté  quand  il  a  été  transporté  au  iahoratoire, 
et  que  je  n'avais  pas  en  vue  de  la  déterminer.  » 

MIÎDFXINE.  —  Sur  un  cas  d'épiliiisie  Iniilc  par  le  sulfate  de  cuivre  ri  sur  la  pré- 
sence d'une  quantité  considérable  de  cuivre  dans  le  foie.  Note  de  MiM.  BofK- 
NEviLLE  et  YvoN,  présentée  par  M.  Cl.  Bernard.  (Extrait.) 

(Commissaires:  MM.  Cl.  Bernard,  Bussy.) 

«  Au  mois  de  mars  1874,  nous  avons  mis  phisieurs  malades  épiloptiqucs 
du  service  de  M.  Charcot,  à  la  Salpétrière,  au  traitement  par  le  sulfate  de 
cuivre  ammoniacal.  L'une  de  ces  malades  ingéra,  en  quatre  mois,  43  gram- 
mes de  ce  sel.  Les  résultats  acquis,  nu  bout  de  ce  temps,  étant  nuls,  le  sul- 
fate de  cuivre  fut  supprimé.  Trois  mois  plus  tard,  cette  malade  mourut  do 
tuberculose.  A  cette  époque,  l'attention  venait  d'être  appelée  sur  les  intoxi- 
cations par  les  sels  de  cuivre  :  dans  le  foie  de  deux  femmes,  victimes  d'un 
empoisonnement  de  ce  genre,  les  experts  avaient  constaté  la  présence  du 
cuivre.  Aussi,  avons-nous  profité  de  l'occasion  qui  nous  était  offerte  pour 
faire  pratiquer,  par  M.  Yvon,  l'analyse  chimique  du  foie  de  noire  malade. 

»  ...  "Voici  les  principales  conclusions  qui  résultent  de  notre  observation 
et  de  l'analyse  chimique  : 

»  L  Le  sulfate  de  cuivre  ammoniacal,  loin  de  diminuer  le  nombre  des 
accès,  l'a  au  contraire  augmenté.  La  dose  quotidienne  a  été  élevée  progres- 
sivement de  10  à  5o  centigrammes.  Les  seuls  accidents  que  nous  ayons  à 
signaler  sont  :  i"  des  vomissements,  tantôt  alimentaiics,  tantôt  composés 
(l'un  liquideglaireux  ayant  la  couleur  du  vert-de-gris,  caractère  qui  éveillait 
singulièrement  l'attention  des  autres  malades;  2°  des  coliques  et  de  la 
diarrhée  passagères. 

H  n.  L'autopsie  n'a  fait  découvrir,  dans  l'oslomac  et  dans  l'intestin, 
aucune  altération  susceptible  d'être  attribuée  au  sulfate  de  cuivre  (i). 

»  III.  L'analyse  chimique  du  foie  montre  que  cet  organe  contenait 
295  milligrammes  de  cuivre  métallique,  répondant  à  i^"',  i()6  de  sulfate  de 
cuivre.  C'est  là  une  quantité  que  l'on  doit  regartier  comme  d'autant  plus 
considérable  que,  depuis  trois  mois,  l'administration  du  médicament  était 


(1)  Nous  avons  également  constaté  celle  abs'.-iice  de  lésions  à  l'aulopsie  d'une  autre  ma- 
lade (lui  a  succomhé  îi  un  étui  de  mal  êpileptiquc,  tandis  qu'elle  était  encore  en  trailemrnt 
(voir  le  Progn's  lurdicnl,  \^-]\,  p.  557  <"'  ^l^)- 

C.R.,1875,  i"Sem?i(r<:.(T.  I.XXX,  H»  H.)  63 


(  48^  ) 
supprimrOjCtqiiP,  durant  ce  temps,  une  certaine  proportion  du  cuivre  a  di'i 
être  éliminée.  Cette  quantité  dépasse  de  j)lus  du  double  celle  qui  a  été  ren- 
contrée dans  les  cas  d'empoisonnement  auxquels  nous  avons  fait  allu- 
sion (i)  ».       / 

M.  C.-V.  Rii,Ev,  en  remerciant  l'Académie  de  l'envoi  qui  lui  a  été  fait, 
des  travaux  récemment  effectués  sur  le  Phylloxéra,  y  joint  l'expression  de 
son  admiration  pour  la  part  que  prend  l'Académie  elle-même  dans  la  di- 
rection de  ces  travaux  (2). 

MM.  J.  BRr.VFAUT,  A.  Créténier,  D.-J.  Hogan,  Vignacx,  G.  Peyras 

adressent  diverses  Communications  relatives  au  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

MM.  Bourgogne,  J.  Quissac,  Maillard  adressent  diverses  Communica- 
tions concernant  le  choléra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

M.  J.  Chamecix  adresse  une  Note  concernant  les  résultats  d'élevage  de 
vers  à  soie,  en  titilisant  les  grainages  américains. 

(Renvoi  à  la  Commission  de  Sériciculture.) 

MM.  Bacdrv  et  Roussel  adressent  une  Note  relative  à  un  tlienno-révéla- 
leur,  ou  avertisseur  en  cas  d'incendie. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bréguet.) 

(i  )  Affaire  Moreau  [Gnzettc  des  Trihunnii.r,  1 1  septembre  1874)-  Dans  un  foie,  les  ex- 
perts «luraient  trouvé  i?.o  milligrammes  de  enivre;  dans  un  autre,  80  milligrammes  seu- 
lement. 

(?)  M.  Uilcy  adresse  en  même  temps  quelques  rectifications  à  divers  passages  de  la  tra- 
duction qui  avait  été  faite,  pour  les  Comptes  rendus,  d'une  Lettre  adressée  par  lui  à  M.  Li- 
chtcnstein  (t,  LXXIX,  p.  i384)  : 

Page  i384,  ligne  28,  au  lieu  de  faite,   lisez  fait; 

ï  ligne  25,  au  lieu  de  tout  à  fait,  lisez  un  peu. 

Page  1387,  ligne  5,  au  lieu  de  ses,  Usez  ces; 

s  »  au  lieu  de  caryse  gnnimosa,  caryse  reniformis  et  caryae  fallax,   Usez 

caryae-gummosa,  caryse-reniformis  et  caryœ- fallax. 


{  483  ) 

CORRESPONDANCE . 

La  Société  Lixxée.nxe  de  Normandie  infonne  l'Acadcinie  qu'elle  vient 
d'ouvrir  une  souscription  destinée  à  élever  une  statue  à  feu  Elie  de  Bcau- 
monl,  l'un  de  ses  fondateurs.  Elie  exprime  l'espoir  que  les  Membres  de 
l'Académie  des  Sciences  voudront  bien  participer  à  l'houunage  rendu  à  la 
mémoire  de  l'illustre  savant  et  de  l'homme  de  bien  qu'ils  avaient  choisi 
pour  l'un  de  leurs  Secrétaires  perpétuels. 

Une  liste  de  souscriptions  sera  ouverte  au  Secrétariat. 

ASTKOiSOMlt:.  —  Observation  du  passage  de  Vénus  sur  te  Soleil. 

M.  le  Secrétaihe  perpétuel  communique  avec  une  grande  satisfaction 

la  dépèche  suivante  à  l'Académie  : 

«  Aden,  i6  février  i8'j5,  5  heures  soir. 

»  Messieurs  les  Ministres  de  la  Marine,  de  i Instruction  publique; 

Dumas j  à  l'Institut,  —  Paris. 

»  Trois  mois  mauvais  temps;   passage  assez  beau;  contacts   intérieurs 

excellents ,    contacts    extérieurs    nuageux  ;     nombreuses    photographies. 

D/ues  (i)  partie  pour  Cherbourg.  »  Mouchez.   » 

A  une  dépèche  de  félicitations  transmise  immédiatement  à  M.  le  com- 
mandant Mouchez,  il  répond  de  Suez,  le  24  au  soir,  pour  remercier  l'Aca- 
démie, et  il  ajoute  :  «  La  santé  de  tous  est  excellente  ». 

M.  Fleukiais  adresse  deux  plis  cachetés,  contenant  les  observations 
du  passage  de  Vénus  effectuées  par  la  mission  de  Pékin,  et  les  documents 
recueillis  au  moment  du  passage. 

Ces  deux  plis,  qui  sont  parvenus  à  l'Académie  par  deux  voies  différentes, 
seront  conservés  au  Secrétariat. 

M.  W.  Thomson  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie,  pour  le  juix 
Poncelet  qui  lui  a  été  décerné  dans  le  Concours  de  1873. 

OPTIQUE.  —  Sur  les  phénomènes  de  diffraction  produits  par  les  réseau.x 
circulaires.  Note  de  M.  J.-L.  Soret. 

«  Je  donne  le  nom  de  reseaux  circulaires  à  des  écrans  opaques,  percés 
d'une  série  d'ouvertures  présentant  la  forme  d'anneaux  concentriques. 

(i)  ^um  (lu  bàtiiiit'iil  (lui  a  trausportc  lu  matériel  ut  les  inutclols  atlacliés  à  l'expédition. 

G3.. 


(  484  ) 

»  Interposés  sur  le  passage  d'un  faisceau  de  rayons  lumineux,  ces  ré- 
seaux produisent  des  phénomènes  de  diffraction,  variables  suivant  les  re- 
lations qui  existent  entre  les  diamètres  des  anneaux  et  leurs  largeurs.  Je 
me  bornerai,  dans  celle  Note,  à  l'examen  d'un  cas  spécial,  donnant  lieu  à 
des  résultats  très-remarquables,  qui,  à  ma  connaissance,  n'ont  pas  encore 
été  décrits. 

»  Supposons  que,  sur  une  lame  de  verre,  on  trace  un  grand  nombre  de 
circonférences  concentriques,  dont  les  rayons  soient  proportionnels  aux 
racines  carrées  de  la  série  des  nombres  naturels.  La  première  circonférence 
ayant  un  rayon  arbitraire  a,  la  deuxième  aura  pour  rayon  a^2;  la  troisième, 
a^6;  la  «'""%  «y/«.  Par  un  procédé  quelconque,  on  recouvrira  d'une  sub- 
stance opaque  les  surfaces  comprises  entre  la  première  circonférence  et  la 
deuxième,  entre  la  troisième  et  la  quatrième,  entre  la  cinquième  et  la 
sixième,  etc.  Le  petit  cercle  central  sera  donc  transparent,  et  entouré 
d'une  série  d'anneaux  également  transparents  :  c'est  ce  que  j'appellerai, 
pour  abréger,  un  réseau  circulaire  jjositif.  Si,  au  contraire,  on  rend  opa- 
ques le  petit  cercle  central  de  rayon  a  et  les  anneaux  compris  entre  la 
deuxième  et  la  troisième  circonférence  ,  entre  la  quatrième  et  la  cin- 
quième, etc.,  on  aura  un  réseau  circulaire  négatif.  Les  propriétés  de  ces 
deux  sortes  de  réseaux  sont,  du  reste,  à  peu  près  les  mêmes. 

»  Faisons  tomber  normalement,  sur  un  de  ces  réseaux  positifs,  un  fais- 
ceau de  rayons  parallèles  et  homogènes,  provenant  d'un  point  lumineux 
infiniment  éloigné.  Appelons  axe  principal  la  droite  normale  au  plan  du  ré- 
seau, et  passant  par  le  point  lumineux  et  le  centre  des  anneaux  concen- 
triques. 

»  Il  est  évident,  en  premier  lieu,  que  les  vitesses  de  vibration,  envoyées 
par  tous  les  points  des  parties  transparentes  du  réseau,  arriveront  en  coïn- 
cidence de  phase  sur  un  écran  placé  à  une  dislance  infinie  dans  le  prolon- 
gement de  l'axe,  derrière  le  réseau;  par  conséquent,  si  l'on  regarde  à  l'œil 
nu,  ou  avec  une  lunette  dirigée  suivant  l'axe  princijjal,  on  verra  le  point 
lumineux,  comme  si  le  réseau  n'existait  pas,  sauf  en  ce  qui  concerne  l'in- 
tensité de  la  lumière. 

»  Considérons  maintenant  un  point  situé  siu-  l'axe  principal,  toujours 
derrière  le  réseau,  et  à  une  distance/,  du  centre  du  réseau,  donnée  par  la 

formule/,  =  -r'  X  étant  la  longueur  d'ondulation.  Il  est  facile  de  voir  qu'eu 
ce  point,  les  vitesses  de  vibration  envoyées  par  le  petit  cercle  central  arri- 
veront en  couicidence  de  phase  avec  celles  qui  sont  envoyées  par  tous  les 
anneaux  transparents,  ces  dernières  étant  en  relard  d'un  nombre  entier  de 


(  485  ) 
longueurs  d'ondulation.  Donc  ce  point  consliluoia  un  véritable  fuyer  réel 
du  [)oint  hunineux  (premier  foyer  réel).  C'est  là  une  conséquence  immé- 
diate de  la  théorie  élémentaire  dos  ondidations. 

»   Pour  un  autre  point  situé  également  sur  l'axe  principal,  plus  près  du 

réseau,   à   une  distance/o  =  ^i  on    aura  de  même,  théoriquement,  un 

deuxième  foyer  réel;  enfin,  on  aura  un   troisième,  un  quatrième  foyer 

réels,  etc.,  à  des  distances^j  =  ^'  /.  =  7T' Seulement,  si  les  largeurs 

relatives  des  anneaux  opaques  et  transparents  sont  bien  celles  que  nous 
avons  indiquées,  le  deuxième  foyer  et  les  autres  foyers  d'ordre  jjair  seront 
annidés;  car  chaque  anneau  est  formé,  dans  ce  cas,  d'un  nombre  égal  de 
zones  élémentaires  agissant  en  sens  contraire.  Pour  des  largeurs  relatives 
des  anneaux  différentes,  ces  foyers  d'ordre  pair  pourront  exister  et  d'antres 
dis|)araître. 

»  Ces  divers  foyers  réels  pourront  être  considérés  comme  les  centres 
d'ondes  paragéniques  sphériqnes  convergentes.  Entre  eux,  il  n'y  a  pas  de 
concentration  de  lumière  sur  l'axe,  si  les  anneaux  sont  suffisamment  nom- 
breux. 

»  De  l'autre  côté  du  réseau,  c'est-à-dire  du  côté  où  arrive  l'onde  plane 
incidente,  ou  aura  des  foyers  virtuels,  situés  sur  l'axe  à  des  distancesy,,y2i 
y3, Ces  pohits  seront  les  centres  d'ondes  paragéniques  sphériques  diver- 
gentes, les  vitesses  de  vibration  envoyées  par  les  plus  grands  anneaux  étant 
en  avance  d'un  nombre  entier  de  longueurs  d'ondulation  sur  les  vitesses 
provenant  des  anneaux  plus  petits  et  du  centre  du  réseau. 

»  Ainsi,  si  l'on  ne  tient  compte  que  du  premier  foyer  réel  et  du  premier 
foyer  virtuel,  les  autres  ayant  moins  d'inqîortance,  on  peut  dire  qu'un  de 
ces  réseaux  joue  à  la  fois  le  rôle  d'une  lame  à  faces  parallèles,  d'une  lentille 
convergente  et  d'une  lentille  divergente,  pour  la  lumière  émanant  d'un 
point  situé  à  une  distance  infinie  sur  l'axe  principal. 

>)  Il  en  sera  encore  de  même  pour  un  point  lumineux  situé  à  une  petite 
dislance  angulaire  de  l'axe  princi[)al,  sui-  un  axe  secondaire  passant  par  le 
centre  du  réseau.  Si  donc,  au  lieu  d'un  seul  point  lumineux,  on  a  un  objet 
lumineux,  on  devra  obtenir  des  images  de  cet  objet,  dont  l'une  sera  située 
à  l'infini,  une  autre  sera  réelle  et  placée  à  la  distancey,  derrière  le  réseau, 
une  autre  sera  viituelle  et  placée  à  la  distancey,,  en  avant  du  réseau;  en 
outre,  on  pourra  avoir  des  images  réelles  ou  virtuelles  d'un  ordre  plus  élevé. 

»  Des  raisonnements  analogues  conduiraient  aux  mêmes  résultats  pour 
les  rébcaux  circulaires  négatifs. 


(  486  ) 

»  J'ai  cherché  à  vérifier  par  l'expéricTice  ces  conséquences  delà  théorie, 
et  j'y  suis  parvenu  d'une  manière  démonstrative,  bien  que  les  réseaux  que 
j'ai  eni|)loyés  soient  loin  de  réaliser  une  perfection  qui,  on  le  comprendra, 
est  difficile  à  atteindre. 

»  Ces  réseaux  ont  été  obtenus  de  la  manière  suivante  :  on  a  fait  un  des- 
sin à  l'encre  de  Chine,  formé  de  196  cercles  concentriques  dont  les  rayons 
sont  proportionnels  aux  racines  carrées  des  nombres  naturels.  I.c  premier 
cercle  a  aS  millimètres  de  rayon  ;  le  plus  t^'rand  a,  par  suite,  35o  millimètres 
de  rayon.  On  a  noirci  les  anneaux  compris  entre  la  première  et  la  deuxième 
circonférence,  entre  la  troisième  et  la  quatrième,  etc.  On  a  fait  ainsi,  en 
noir  sur  blanc,  la  figure  d'un  grand  réseau  circulaire  positif,  ayant  98  an- 
neaux concentriques.  Le  dessin  a  été  reproduit,  par  photographie  sur  verre, 
à  des  réductions  variant  du  vingt-cinquième  au  centième,  les  clichés  étant 
positifs  ou  négatifs. 

»  Suivant  la  réussite  de  la  reproduction,  ces  clichés  m'ont  donné  des 
résultats  plus  ou  moins  bons,  constatés  par  les  expériences  suivantes  : 

»  I.  Un  faisceau  de  lumière  solaire  pénètre  dans  une  chambre  obscure, 
par  une  ouverture  de  forme  quelconque,  carrée  par  exemple;  on  [)lace  un 
verre  rouge  sur  cette  ouverture.  Puis  on  dispose,  aune  distance  convenable, 
une  lentille  coUimatrice  qui  rend  les  rayons  parallèles  et  donne  à  une 
grande  distance,  au  fond  de  la  salle,  une  image  agrandie  de  l'ouverture. 
Derrière  la  lentille  coUimatrice  on  place  un  réseau  circulaire  :  l'image  au 
fond  de  la  salle  subsiste;  elle  est  seulement  un  peu  moins  nette  et  entourée 
d'une  auréole,  ce  que  l'on  peut  attribuer  à  l'imperfection  du  réseau. 

))  On  place  un  écran  blanc  à  la  distance^,  correspondant  au  premier 
foyer  (i)  :  on  obtient  une  nouvelle  image  de  l'ouverture,  plus  petite,  assez 
vive  et  nette;  mais,  en  dehors  de  cette  image, l'écran  est  encore  éclairé,  ce 
qui  doit  être.  En  rapprochant  l'écran  du  réseau  à  la  dislanceyo,  on  observe 
encore  une  image  plus  petite,  très-peu  visible  avec  les  réseaux  au  vingt- 
cinquième,  dans  lesquels  la  proportion  des  clairs  et  des  obscurs  est  assez 
bien  gardée,  mais  bien  accentuée  avec  les  petits  réseaux  où  les  anneaux 
opaques  empiètent  sur  les  anneaux  transparents. 

))  A  des  distances  intermédiaires,  on  n'a  pas  d'image,  mais  une  simple 
tache  lumineuse. 

»  IL  On  répète  l'expérience  en  enlevant  le  verre   rouge,  c'est-à-dire 

(i)  Les  disLinccs  focales  principales  sonl  l'iiviron  tic  r",b  pour  le  lescaii  au  vinyt-ciii- 
«piièiiie,  ileoli',4  l»"»'' le  rcscaii  au  eiu(|uarilicuic. 


(  487  ) 
avec  la  Iiimièro  blanche.  Le  réseau  produit  l'effet  d'une  lentille  non  achro- 
matique et  très-dispersive.  A  la  distance  focale  convenable  pour  les  rayons 
rouges,  l'image  est  rouge,  assez  nette,  entourée  d'une  auréole  bleue;  en 
éloignant  l'écran,  l'image  passe  au  jaune,  au  vert,  et  enfin  au  bleu  avec  une 
auréole  rouge. 

»  III.  On  prend  ime  lunette  astronomique  ordinaire;  on  en  enlève  l'ob- 
jectif et  on  le  remplace  par  un  réseau  positif  ou  négatif;  on  vise  avec  la 
lunette  un  objet  lumineux,  tel  qu'une  bougie  ou  un  bec  de  gaz.  On  obtient 
une  image  renversée  de  la  flamme,  dans  un  champ  moins  éclairé;  elle  est 
sans  doute  bien  moins  nette  qu'avec  l'objectif  ordinaire,  mais  elle  est  par- 
faitement reconnaissable,  et  passe  du  rouge  au  bleu  quand  on  fait  varier  la 
mise  au  point.  En  raccourcissant  la  lunette,  on  obtient  la  deuxième  et  la 
troisième  image. 

»  Inversement,  on  forme  la  lunette  avec  l'objectif  de  verre,  mais  en 
remplaçant  l'oculaire  par  un  petit  réseau  circulaire  au  centième  :  l'image  est 
très-nette. 

»  On  peut  même  former  la  lunette  en  remplaçant  à  la  fois  l'objectif  et 
l'oculaire  par  des  réseaux;  mais  l'observation  est  difficile  et  l'image  sans 
netteté. 

))  IV.  On  peut  encore  former  des  lunettes  de  Galilée  avec  un  objectif 
ordinaire  et  un  réseau  circulaire  pour  oculaire,  ce  qui  montre  que  ce  der- 
nier joue  aussi  le  rôle  de  lentille  divergente. 

»  V.  Un  petit  réseau  seul  fonctionne  comme  une  loupe  pour  un  objet 
fortement  éclairé  :  par  exemple,  lorsqu'on  regarde,  par  transparence,  une 
photographie  sur  verre  à  une  distance  plus  petite  que  celle  de  la  vision 
distincte. 

»  Dans  ces  différents  cas,  l'image  plus  ou  moins  nette  se  détache  sur 
un  champ  lumineux.  J'ajoute  que  les  images  réelles  ou  virtuelles  peu- 
vent, sans  grande  difficulté,  se  voir  simplement  à  l'onil,  quand  on  regarde 
une  flamme  au  travers  d'un  réseau  circulaire  placé  à  une  distance  conve- 
nable. » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Injluence  de  la  pression  sur  ta  combustion. 
Note  de  M.  L.  Cau.letet. 

«  Dans  une  CommtuiicatioM  faite  à  l'Académie  en  i868(i),  M.  II.  Sainte- 
Claire  Deville  développait  lui  plan   complet  de   recherches   commencées 

(i)  Voir  Comptes  rendus,  t.  LXVII,  p.  1089, 


(  /|88  ) 
clans  son  laborotoiro  de  l'Ecole  Normale,  et  basées  sur  la  combustion  sous 
pression. 

M  Les  expériences  qui  font  l'objet  de  cette  Note  ont  été  entreprises 
d'après  les  principes  formulés  par  M.  Deville,  et  réalisées  non  plus  dans  un 
laboratoire  à  parois  de  fer  pouvant  contenir  l'opérateur  et  ses  instruments, 
mais  à  l'aide  d'appareils  qui,  s'ils  ne  permettent  d'arriver  à  des  mesures 
calorimétriques  précises,  ont  l'avantage  de  montrer  comment  se  modifient 
les  phénomènes  de  la  combustion  sous  des  pressions  qui  peuvent  être  por- 
tées à  3o  ou  35  atmosphères. 

»  Il  était  indispensable  pour  étudier  les  modifications  que  la  pression 
fait  subir  aux  rayons  lumineux,  calorifiques  et  chimiques,  émis  par  un 
corps  en  ignition,  de  pouvoir  entretenir  la  combustion  des  corps  à  étudier 
pendant  un  temps  assez  long,  et  de  disposer,  par  conséquent,  de  volumes 
d'air  comprimé,  s'élevantà  plusieurs  centaines  de  litres. 

»  Les  appareils  que  j'ai  employés  se  composent: 

»  De  pompes  et  de  réservoirs,  destinés  à  contenir  les  gaz  comprimés. 
Les  pompes  sont  à  cylindres  mobiles  et  à  pistons  fixes.  Une  couche  d'eau 
ou  de  glycérine  recouvre  les  cuirs  emboutis  et  refroidit  les  gaz  comprimés 
eu  même  temps  qu'elle  s'oppose  à  leur  retour.  Des  tubes  en  toile  recou- 
verte de  caoutchouc  permettent  de  diriger  les  gaz  sans  difficulté,  soit  dans 
l'appareil  de  combustion,  soit  dans  des  réservoirs  cylindriques  en  tôle,  qui 
ont  été  essayés  à  60  atmosphères. 

»  L'appareil-laboratoire  est  en  fer  frelté;  il  a  la  forme  d'un  cylindre 
creux  et  peut  résister  à  plus  de  3oo  atmosphères.  Quatre  ouvertiues  pra- 
tiquées vers  la  moitié  de  la  hauteur  du  cylindre  reçoivent  :  i"  le  tube  ab- 
ducteur des  gaz;  2°  le  robinet  de  pmge;  3°  le  tube  du  manomètre;  4°  enfin 
une  lunette  formée  de  glaces  épaisses,  qui  permet  d'observer  ce  qui  se 
passe  dans  l'appareil. 

»  Dans  l'espace  cylindrique  vide  qui  a  o™,  10  de  diamètre  et  un  voliune 
d'en-viron  4  litres,  il  est  facile  de  disposer  soit  des  lampes,  soit  les  substances 
dont  on  veut  étudier  la  combustion. 

»  L'occlusion  se  fait  au  moyen  d'une  feuille  de  caoulchouc,  sur  laquelle 
s'adapte  un  obturateur  métallique  à  vis,  dont  la  manœuvre  est  facilitée  par 
un  système  de  ciuitre-poids. 

»  Lorsqu'on  place  une  bougie  dans  l'appareil  que  j'ai  décrit,  on  con- 
state que  l'éclat  de  sa  flamme  augmente  avec  la  pression  de  l'air  introduit. 
La  base  de  la  flamme,  qui  à  l'air  libre  est  transparente  et  à  peine  colorée 
eu  bleu,  devient  blanche  et  très-lumineuse;  mais  bientôt  le  |)ii(ii()mène  se 


(  489  ) 
modifie,  des  nuages  épais  de  fumée  circulent  dans  l'appareil  et  s'échappent 
par  le  robinet  de  purge  (i). 

»  La  flamme  vue  à  travers  cette  fumée  est  rougeâtre,  et  lorsqu'on  met 
fin  à  l'oxpérionce,  on  trouve  que  la  mèche  a  fortement  charbonnc,  et 
que  la  combustion  est  devenue  incomplète,  puisqu'il  s'est  déposé  des 
quantités  considérables  de  noir  de  fumée,  provenant  sans  doute  de  la  dis- 
sociation des  gaz  carbures,  par  suite  de  l'élévation  de  la  température  de  la 
flamme. 

»  Dans  cette  expérience  la  chaleur  augmente,  mais  pas  assez  cependant 
pour  permettre  à  un  fil  de  fer  rougi  de  brûler.  L'éclat  de  la  flamme  du 
phosphore  ne  semble  pas  augmenter  sensiblement  sous  pression. 

»  Le  soufre  dans  ces  conditions  donne  une  flamme  plus  foncée,  plus 
vive  et  colorée  sur  ses  bords  en  jaune  rosé;  je  n'ai  jamais  trouvé  qu'il  se 
produisît  des  quantités  notables  d'acide  sulfurique. 

»  Le  potassium  brûle  avec  une  flamme  fort  brillante  et  colorée  en  vio- 
let; j'ai  placé  dans  l'appareil-laboratoire  un  petit  fourneau  rempli  de 
charbon  de  bois  allumé,  et,  en  portant  la  pression  de  l'air  introduit  à  25  at- 
mosphères, la  combustion  n'a  pas  semblé  plus  vive  qu'à  l'air  libre.  Une 
lampe  à  alcool,  dont  la  mèche  est  formée  seulement  d'un  fil  de  coton  et  qui 
ne  donne  à  l'air  libre  qu'une  flamme  à  peine  visible,  augmente  rapidement 
d'éclat,  à  mesure  que  la  pression  devient  plus  grande.  Vers  i8  ou  20  at- 
mosphères, la  lumière  qu'elle  émet  est  devenue  blanche,  brillante  et  aussi 
éclairante  que  celle  d'une  bougie.  Son  spectre  est  continu  et  plus  étendu 
qu'à  la  pression  ordinaire;  la  raie  D,  seule  visible,  semble  sensiblement 


élargie. 


»  Le  sulfure  de  carbone  donne  également  une  flamme  plus  brillante 
et  plus  lumineuse  qu'à  l'air  libre;  il  ne  produit  pas,  en  brûlant,  des  quan- 
tités sensibles  d'acide  sulfurique. 

»  En  plaçant  dans  l'appareil-laboratoire  du  zinc  et  de  l'acide  chlorhy- 
drique  étendu,  de  manière  à  obtenir  un  jet  d'hydrogène,  je  n'ai  pu  en- 
flammer ce  gaz  pour  étudier  sa  combustion.  J'ai  cherché  une  disposition 
d'appareil,  telle  que  l'hydrogène  produit  ne  fût  pas  refoulé  dans  le 
flacon  au  moment  de  l'admission  de  l'air  comprimé  ;  malgré  ces  disposi- 

(1)  La  inoJuclion  de  celle  fumée  ne  peut  être  attribuée  au  manque  iroxygéne,  car  l'air 
qui  s'échappe  par  le  robinet  de  piirye  entretient  nornialenicnt  la  combustion  d'une  autre 
bougie  disposée  sous  une  cloclie  à  la  suite  de  l'appareil. 

C.R.,i875,  i"5<rme«r(r.(T.LXXX,  ISofl.)  64 


(  490  ) 
lions,  l'expérience  n'a  pas  réussi,  sans  doute  à  cause  du  ralentissement  de 
l'attaque  du  zinc  par  l'acide  sous  pression  (i). 

».  En  résumé,  la  dissociation  des  gaz  carbures  de  la  bougie  et  l'aspect 
des  spectres  que  j'ai  examinés  démontrent  que  la  température  de  la  com- 
bustion a  augmenté  avec  la  pression,  sans  cependant  que  cet  accroisse- 
ment soit  nécessairement  très-grand. 

»  L'éclat  que  prend  la  flamme  de  l'alcool,  ainsi  que  la  coloration  de  la 
flamme  du  soufre  et  du  sulfure  de  carbone,  montre  quelle  intensité  peu- 
vent acquérir  les  rayons  lumineux  lorsque  la  pression  augmente.  J'ai 
établi  également  que  les  rayons  chimiques  prennent  une  activité  plus 
grande  avec  la  pression. 

»  A  cet  effet,  j'ai  réimi  au  fond  d'une  boîte  noircie,  que  je  pouvais 
placer  à  coulisses  devant  la  fenêtre  de  mon  appareil-laboratoire,  un  cer- 
tain nombre  de  tubes  aplatis  contenant  des  substances  phosphorescentes. 
Ces  corps  avaient  été  choisis  de  façon  à  donner  les  couleurs  du  spectre 
lorsqu'on  les  exposait  pendant  un  instant  aux  rayons  du  soleil.  J'ai  con- 
staté que  plusieurs  de  ces  pyrophores,  qui  n'étaient  pas  influencés  par 
une  flamme  donnée,  devenaient  lumineux  lorsque  la  pression  augmentait, 
et  que  ceux  qui  étaient  influencés  par  une  flamme  à  la  pression  ordinaire, 
prenaient  un  éclat  beaucoup  plus  grand  lorsque  cette  substance  brûlait 
sous  des  pressions  élevées.  » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Dosacje  de  l'acide  borique.  Note  de  M.  A.  Ditte. 

«  Pour  effectuer  directement  la  détermination  quantitative  de  l'acide 
borique,  deux  procédés  ont  été  indiqués  jusqu'ici  :  l'un,  fondé  sur  l'emploi 
des  carbonates  alcalins  anhydres,  entraîne  un  dosage  d'acide  carbonique, 
opération  toujours  délicate,  et,  de  plus,  H.  Rose  le  regarde  comme  «  un 

))   peu  compliqué,  exigeant  beaucoup  de  temps  et  beaucoup  de  dextérité 

»  Le  fort  boiusoufleaient  de  la  masse  par  la  calciuation  rend  ces  expé- 
w  riences  très-difficiles,  et  l'analyse  tout  à  fait  impossible  si  l'on  n'a  recours 
»  à  des  artifices  particuliers....  Cette  méthode  ne  peut  être  positivement 
»  employée  que  dans  des  cas  très-rares,  et  seulement  lorsque  la  dissolu- 
»  tien  ne  contient  avec  l'acide  borique  aucune  autre  matière  que  peut-être 
«   de  l'anunouiacjue.  «  (II.  Rosii,  /Jiial/se  (jitanlitiUiuc,  p.  (j4^>  94^,  94^-) 

»   Le  second  procédé  consiste  à  doser  l'acide  borique  au  moyen  de  l'hy- 

(i)  Comptes  raiilus,  t.  LXVIII,  p.  SgS. 


(  49'  ) 
(Irofliioborate  de  potasse.  Or,  dit  encore  H.  Rose  (p.  947))  «  "n  grand 
>i  nombre  d'expériences  ont  démontré  que,  lorsqu'on  suit  la  méthode  telle 
»  que  Berzelins  l'a  proposée,  il  est  impossible  de  déterminer  de  cette  ma- 
»  nièro  la  quantité  d'acide  borique  ».  I.a  modification  imaginée  par  Stro- 
meyer  ne  s'applique  qu'aux  borates  alcalins  :  elle  est  d'ailleurs  longue, 
compliquée,  exigeant  l'emploi  de  plusieurs  réactifs  (potasse,  acide  fluor- 
hydrique  exempt  de  fluorure  de  silicium,  acétate  de  potasse,  alcool);  de 
plus,  l'hydrofluoborate  de  potasse  ne  devant  pas  être  chauffé  au-dessus  de 
100  degrés,  la  pesée  exige  l'emploi,  toujours  quelque  peu  incertain,  d'un 
filtre  taré. 

»  La  méthode  que  je  vais  exposer  est  intimement  liée  à  celle  qui  m'a 
permis  de  préparer  des  borates  cristallisés  par  voie  sèche  {Comptes  rendus, 
t.  LXXVII,  p.  783  et  892).  Je  suis  parvenu  à  doser  rigoureusement  l'acide 
borique  au  moyen  d'un  sel  bien  défini  et  cristallisé.  La  méthode  ne  pré- 
sente ni  complications  ni  difficultés  sérieuses,  elle  paraît  s'appliquer  dans 
la  plupart  des  cas  et  ne  demande  en  général  que  peu  de  temps. 

»  Supposons  d'abord  qu'il  s'agisse  de  déterminer  l'acide  borique  con- 
tenu dans  une  dissolution  qui  le  contient  seul  ou  combiné  aux  oxydes 
alcalins.  On  ajoute  à  la  liqueur  un  peu  d'ammoniaque  pour  neutraliser 
l'acide  libre,  s'il  y  en  a,  puis  un  excès  dune  dissolution  saturée  de  chlo- 
rure de  calcium  pur.  Tout  l'acide  borique  se  trouve  alors  dans  le  borate 
de  chaux,  produit  sous  la  forme  de  précépité  gélatineux,  soluble  surtout  à 
chaud  dans  le  chlorure  de  calcium  en  excès.  La  matière  introduite  dans 
un  creuset  de  platine  peut  être  alors  évaporée  à  siccité,  sans  que  dans  ces 
circonstances  il  se  perde,  par  volatilisation,  la  moindre  trace  d'acide  bo- 
rique. Si  le  volume  de  la  liqueur  est  supérieur  à  celui  du  creuset,  on  l'y 
introduit  par  portions  que  l'on  évapore  successivement.  La  matière  étant 
sèche,  on  remplit  le  creuset  avec  un  mélange  à  équivalents  égaux  de  chlo- 
rures de  sodium  et  de  potassium  purs  et  cristallisés,  on  le  ferme  avec  son 
couvercle,  puis  on  chauffe,  modérément  d'abord,  afin  de  chasser  l'eau  que 
le  chlorure  de  calcium  retient  encore,  plus  fortement  ensuite,  de  manière 
à  fondre  le  mélange  salin.  Le  borate  de  chaux,  bien  moins  fusible,  se  ras- 
semble au  fond  du  creuset  en  une  matière  spongieuse  plus  ou  moins  agglo- 
mérée, se  dissout  partiellement  dans  la  masse  saline  fondue,  au  sein  de 
laquelle  il  se  trouve;  et,  si  l'on  maintient  le  fond  du  creuset  à  luie  tempé- 
rature plus  élevée  que  la  partie  supérieure,  le  borate  de  chaux  dissous  vient 
cristalliser  à  la  surface  du  liquide;  les  cristaux  empâtés  dans  du  chlorure 

64.. 


(  49^  ) 
solidifié  forment  un  anneau  qui  s'élève  le  long  des  parois  du  creuset,  juste 
au-dessus  de  cette  surface;  bientôt  tout  le  borate  est  transporté  dans  cet 
anneau,  il  n'en  reste  plus  au  fond  du  creuset. 

»  Le  précipité  primitif  n'a  pas  une  composition  constante;  il  peut  se  dis- 
soudre entièrement,  même  à  froid,  dans  un  excès  de  chlorure  de  calcium 
qui  sert  à  le  former;  l'eau  pure  elle-même  le  décompose.  Après  la  cristalli- 
sation, on  obtient  do  belles  aiguilles  transparentes  dont  la  composition 
correspond  exactement  à  la  formule  BoO%CaO.  Ces  cristaux  sont  inso- 
lubles dans  l'eau  chaude  comme  dans  l'eau  froide  ;  une  solution  concen- 
trée (au  dixième)  du  mélange  des  chlorures  alcalins  ne  les  altère  pas  à 
froid  ;  à  chaud,  elle  en  dissout  une  quantité  extrêmement  faible. 

»  On  peut  donc,  en  toute  sécurité,  traiter  par  l'eau  froide  la  matière 
refroidie  qui  se  sépare  du  creuset  d'un  seul  bloc  ;  l'anneau  contient  presque 
tout  le  borate  cristallisé,  dont  une  faible  partie  reste  cependant  disséminée 
dans  la  masse  saline  qui  l'avait  dissoute  pendant  la  fusion,  et  d'où  elle 
s'est  séparée  par  refroidissement.  Les  chlorures  se  dissolvent,  les  cristaux 
restent;  on  les  lave  sur  un  filtre,  puis  on  les  sèche;  avec  un  pinceau  léger 
on  les  détache  du  filtre,  et  il  ne  reste  plus  qu'à  les  peser. 

»  L'opération  ne  présente  aucune  difficulté;  toutefois,  dans  l'applica- 
lion,  il  ne  sera  pas  inutile  d'avoir  égard  aux  remarques  suivantes  et  de 
prendre  quelques  précautions  indispensables  :  on  doit,  avant  tout,  éviter 
avec  le  plus  grand  soin  de  fondre  le  borate  de  chaux  amorphe  qui  occupe 
le  fond  du  creuset.  Dans  ce  cas,  il  se  formerait  bien  encore  une  couronne 
de  cristaux  à  la  surface  du  liquide;  mais  une  partie  de  la  matière  fondue  se 
rassemblerait,  sous  la  forme  d'une  perle  transparente,  au  contact  de  la- 
quelle le  mélange  salin  dégage  constamment  des  bulles  de  gaz.  Il  est  alors 
impossible  de  tout  transformer  en  cristaux,  si  longtemps  que  l'on  continue 
à  chauffer.  Il  reste  toujours  au  fond  du  creuset  une  perle  vitreuse,  formée 
principalement  d'acide  borique,  avec  des  traces  de  chaux  et  des  quantités 
notables  de  potasse  et  de  soude.  La  proportion  de  l'acide  borique  y  étant 
toujours  considérable  par  rapport  à  celle  des  bases,  alors  même  que  la  vo- 
latilisation de  l'acide  borique  ne  se  produirait  pas  dans  ces  circonstances, 
ce  qui  est  au  moins  douteux,  l'analyse  de  cette  perle  serait  délicate  et  con- 
duirait bien  difficilement  à  un  dosage  exact  de  l'acide  borique. 

»  Il  est  donc  absolument  nécessaire  de  ne  pas  fondre  la  matière  amorphe, 
et  c'est  pourquoi  l'on  emploie  le  mélange  à  équivalents  égaux  de  chlorures 
alcalins,  qui  fond  à  bien  plus  basse  température  que  chacun  de  ces  chlo- 


(  493  ) 
riires  pris  isolément.  D'autre  part,  plus  la  température  du  fond  du  creuset 
est  élevée,  plus  rapide  est  le  transport  des  cristaux  à  la  surface.  Ainsi,  la 
température  an  fond  du  creuset  doit  être  aussi  élevée  que  possible,  tout  en 
restant  ihCerioure  à  celle  qui  correspond  à  la  fusion  du  borate  de  chaux. 
A  la  surface,  la  température  doit  cire  la  plus  basse  qui  pernielle  au  mé- 
lange de  rester  liquide;  car,  si  les  parois  du  creuset  sont  trop  chaudes  au 
point  où  l'anneau  se  produit,  celui-ci  se  détache,  descend  au  fond  du  creu- 
set, et  l'opération  est  à  recommencer. 

»  Le  chauffage  du  creuset  ne  peut  pas  se  faire  avec  un  brûleur  de  Bun- 
sen ordinaire  ni  avec  la  lampe  de  lîerzelius;  le  mélange  de  chlorures  fond 
bien,  mais  la  température  du  fond  du  creuset  est  trop  basse,  et  la  cristalli- 
sation s'effectue  avec  une  lenteur  qui  rend  l'opération  impraticable.  Il  est 
commode  de  se  servir  d'tine  lampe  à  gaz,  alimentée  d'air  par  un  soufflet  ou 
une  trompe  :  on  obtient  ainsi  facilement  la  température  nécessaire  au  fond 
du  creuset,  tout  en  n'en  chauffant  que  modérément  les  parois.  Il  est  à 
noter  que,  lorsqu'on  atteint  la  température  de  fusion  du  borate  de  chaux, 
la  volatilisation  des  chlorures  s'effectue  d'une  manière  très-sensible,  et  co 
seni  fait  de  l'apparition  des  vapeurs  avertit  que  l'on  chauffe  trop. 

»  La  formation  de  l'anneau  est  toujours  très-lente  quand  on  emploie 
seulement  un  mélange  de  chlorures  alcalins  ;  elle  est  notablement  accélérée 
par  l'addition  d'une  proportion  convenable  de  chlorure  de  calcium  ;  mais 
s'il  n'y  en  a  que  peu,  la  cristallisation  reste  lente,  et,  si  l'on  en  met  trop,  les 
cristaux  formés  sont  extrêmement  petits,  en  houppes  très-légères  et  diffi- 
ciles à  laver.  On  réussit  très-bien  quand  le  mélange  salin  contient  i  partie  de 
chloriu'e  de  calcium  desséché  pur,  pour  3  parties  du  mélange  à  équivalents 
égaux  de  chlorures  alcalins.  En  réglant  convenablement  le  feu,  ce  dont  on 
acquiert  bien  vite  l'habitude,  on  peut^  en  une  heure,  faire  cristalliser  la 
quantité  de  borate  de  chaux  qui  correspond  à  2jo  milligrammes  d'acide 
borique  anhydre. 

»  Les  nombres  qui  suivent  montrent  bien  que,  en  opérant  comme  il  vient 
d'être  dit,  on  retrouve  tout  l'acide  borique  employé  dans  la  somme  de 
borate  de  chaux  cristallisé  BoO%  CaO,  et  que,  par  suite,  la  méthode  con- 
duit à  des  résultais  d'une  exactitude  rigoureuse.  Les  nombres  de  la  pre- 
mière colonne  représentent  les  quantités  d'acide  borique  anhydre  qui  cor- 
respondent aux  poids  d'acide  borique  cristallisé  ou  de  borates  alcalins 
employés  : 


(494  ) 

Borate  dp  chaux 

Acide  borique  -™i~ —       ,» 

employé.  trouvé.  calcule. 

507  railligrammos 3^4  ^'ji 

84  jS         »  i5a  i5?. 

io3/)         »  188  187 

I24»7  °  23.4  225 

1  12  ,6  »  202  203 

28,15       •  5o  5o ,  7 

84,5         »  iS?.  i52 

»  Dans  une  procliaine  Communication,  j'indiquerai  comment  on  doit 
s'y  prendre  pour  appliquer  cette  méthode  quand  la  matière  à  analyser  n'est 
p.as  soluble  dans  l'eau.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  tes  microzjmas  et  les  bacléries,  à  propos  d'une 
remarque  de  M.  Balard.  Note  de  M.  A.  Béchamp.  (Extrait.) 

«  Après  avoir  présenté  à  l'Académie  une  Note  de  M.  Serve),  «  sur  la  nais- 
»  sance  et  l'évolution  des  bactéries,  dans  les  tissus  organiques  mis  à  l'abri 
»  de  l'air  »,  Note  dans  laquelle  sont  confirmées  certaines  des  expériences 
que  nous  avons  publiées,  M.  Estor  et  moi,  M.  Balard  s'est  exprimé  en  ces 
termes  (i)  : 

"  Je  ne  peux  pas  ni'empècher  de  rappeler  que  j'ai  vu,  récemment  encore,  dans  le  labo- 
ratoire de  M.  Pasteur,  des  ballons  contenant,  depuis  onze  ans,  du  sang  retiré  directement 
des  organes  d'un  animal  vivant.  Ce  sang,  depuis  cette  époque,  se  conserve  dans  des  vases 
effilés  ouverts,  et  dans  lesquels,  dès  lors,  l'air  peut  se  renouveler,  sans  qu'il  se  manifeste  de 
fermentation  putride  ou  qu'on  y  observe  des  bactéries.  La  matière  des  œufs,  extraite  par 
M.  Gayon  avec  les  soins  nécessaires,  et  conservée  dans  des  vases  du  même  ordre,  est  au- 
jourd'hui parfaitement  comestible,  même  après  un  intervalle  de  dix-huit  mois.  « 

»  Je  prie  l'Académie  de  me  permettre  de  m'expliquer  sur  la  portée  des 
preuves  que  M.  Balard  semble  invoquer  contre  l'existence  des  microzymas 
et  leur  propriété  d'évoluer  en  bactéries, 

»  Ainsi  que  M.  Fremy  le  faisait  naguère  observer  avec  raison,  pour 
M.  Pasteur,  tons  les  ferments,  et  les  bactéries  en  particulier,  ont  pour  ori- 
gine les  germes  de  l'air.  Si  donc,  dans  les  expériences  rappelées  par  M.  Ba- 
lard, il  ne  se  manifeste  pas  d'altération,  si  les  bactéries  sont  absentes,  c'est 
que  les  germes  en  question  ne  sont  pas  intervenus.  La  conséquence  logique 
de  la  remarque  de  M.  Balard,  c'est  que,  dans  le  sang,  dans  la  matière  des 


(i)  Complet  rendus,  t.  I.XXIX,  p.  1272,  3o  novembre  1874. 


(  495  ) 
œufs,  dans  le  foie,  dans  le  rein,  dans  les  muscles,  dans  les  glandes  en  gé- 
néral, dans  la  matière  nerveuse  d'un  animal  qui  vient  de  mourir,  il  n'y  a 
plus  rien  de  vivant,  rien  de  capable  d'évoluer  en  bactéries.  Telle  est,  dans 
sa  généralité,  la  conclusion  (jui  découle  des  faits  rappelés  par  M.  Ralard. 

»  Après  avoir,  même  avant  M.  Pasteur,  attribué  aux  germes  de  l'air  ce 
qui  légitimement  leur  appartient,  j'ai  essayé  de  démontrer  que  les  ferments 
peuvent  naître  d'une  autre  source.  En  i865,  j'ai  décrit  un  nouvel  orga- 
nisme, passé  inaperçu,  quant  à  sa  fonction,  des  chimistes  et  des  physio- 
logistes. En  effet,  les  uns  et  les  autres  signalaient  bien  les  granulations 
moléculaires  dans  les  cellules,  les  organes,  les  tissus  ou  les  fermentations, 
mais  sans  rien  leur  accorder  de  l'ordre  vital  dans  les  phénomènes  de  l'or- 
ganisation et  de  la  fermentation.  D'après  eux,  après  la  mort,  la  matière 
était  livrée  à  l'empire  des  seules  forces  chimiques.  Pour  moi,  depuis  i865 
et  auparavant  (dans  un  Mémoire  de  1807,  le  foit  est  déjà  constaté),  cer- 
taines granulations  moléculaires,  que  j'ai  nommées  microzymas,  sont  orga- 
nisées, vivantes  et  douées  de  toute  l'activité  des  ferments  figurés.  Or,  depuis 
[868,  nous  nous  efforçons,  M.  Eslor  et  moi,  de  démontrer  que  le  seul  élé- 
ment de  l'organisation  dont  la  vie  persiste  après  la  mort  est  le  microzyma, 
de  même  que,  pendant  la  vie,  c'est  lui  qui  apparaît  le  premier,  lorsqu'une 
cellule  ou  un  tissu  doit  naître.  Pour  démontrer  la  vitalité  indépendante 
des  microzymas  de  certains  tissus,  de  certaines  glandes  ou  de  certains  mi- 
lieux de  l'organisation,  nous  avons  f;dt  voir  qu'ils  agissent  comme  des 
fragments  figurés  et  qu'ils  peuvent  évoluer  en  bactéries,  en  passant  par 
certains  états  intermédiaires  que  nous  avons  décrits,  et  que  certains  au- 
teurs considèrent  à  tort  comme  des  espèces.  Dès  le  début  de  nos  recherches, 
nous  avons  montré  que  l'air  n'était  pour  rien  dans  l'apparition  des  bacté- 
ries au  sein  des  tissus  vivants  ou  morts,  soit  que  nous  nous  missions  à  l'abri 
de  ses  germes,  soit  que  nous  les  empêchassions  d'évoluer.  Or  l'expérience 
ingénieuse  de  M.  Servel  avait  précisément  pour  but  de  mettre  les  objets 
de  sou  expérimentation,  non-seulement  à  l'abri  de  ces  germes,  mais  dans 
un  milieu  capable  de  les  tuer. 

»  Qu'il  y  ait  des  fermentations  où  il  n'y  a  d'autre  ferment  figuré  que  le 
microzyma  (granulation  moléculaire  des  auteurs),  cela  n'est  pas  douteux. 
Que  certaines  granidations  des  animaux  et  des  végétaux  soient  des  micro- 
zymas, cela  n'est  pas  douteux  non  plus,  puisque  ces  granulations  molécu- 
laires agissent  comme  les  microzymas  des  fermentations.  Que  certaines 
granulations  moléculaires  des  animaux,  des  végétaux  et  des  fermentations 
soient  aptes  à  devenir  bactéries,  nous  ne  sommes  plus  seuls  à  le  soutenir. 


(  49«  ) 
après  l'avoir  démonlré.  Mais  non-seulement  les  microzymas  peuvent  engen- 
drer des  bactéries  et  édifier  des  cellules  :  la  transformation  inverse  peut  se 
produire.  Je  rappellerai,  à  ce  propos,  le  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de 
lire  à  l'Académie  eu  1871,  sur  la  régression  delà  levure  de  bière  en  micro- 
zymas et  en  bactéries.  La  levure  de  bière,  cette  cellule  si  résistante,  étant 
placée  dans  l'empois  de  fécule,  disparaît  et  se  résout  en  microzymas,  les- 
quels se  transforment;  des  vibrions,  des  amylobacters,  des  bactéries  appa- 
raissent, et  au  bout  de  quelque  temps  tout  cela  se  résout  de  nouveau  eu 
microzymas  (1).  De  même  toute  cellule  animale  peut  se  résoudre  en  micro- 
zymas, et  ceux-ci,  les  milieux  étant  convenables,  évoluer  en  bactéries,  pour 
revenir  au  microzyma.  On  parle  de  mort  de  vibrions,  de  bactéries  :  dans  la 
réalité,  il  y  a  simplement  régression.  Pour  M.  Balard,  d'après  M.  Pasteur, 
les  bactéries  ne  naissent  dans  un  milieu  que  parce  que  l'air  en  a  apporté 
les  germes.  Pour  M.  Estor  et  pour  moi,  ils  peuvent  avoir  une  autre  origine. 
»  Mais  les  faits  que  M.  Balard  a  rappelés,  et  que  je  ne  conteste  pas,  con- 
tredisent-ils ces  autres  faits?  C'est  ce  qu'il  faut  examiner. 

»  J'ai  déjà  répondu  à  l'objection   tirée  des  expériences  de  M.  Gayon 
(voir  Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  Gi3);  j'y  reviendrai.  En  attendant,  je 
demande  en  quoi  le  fait,  que  les  œufs  conservés  par  M.  Gayon  sont  restés 
comestibles,  prouve  qu'd  n'y  a  pas  eu  de  changement  dans   la  nature 
de  leur  matière?  Dans  tous  les  cas,  cela  ne  prouve  rien  contre  ce  qui  se 
passe  dans  le  foie  et  dans  d'autres  glandes.  D'ailleurs,  je  n'ai  jamais  dit  qu'd 
n'y  eût  qu'une  seule  espèce  de  microzymas,  et  nous  avons  montré,  M.  Estor 
et  moi,  que  le  même  microzyma  agissait  autrement  selon  les  milieux  ou 
il  est  placé.  M.  J.  Béchamp  publiera  même,  prochainement,  des  expé- 
riences desquelles  il  résulte  que  l'activité  des  microzymas  varie  avec  l'âge 
des  tissus  qui  les  contiennent  et  avec  la  nature  de  ces  tissus.  Les  micro- 
zymas du  jaune  d'oeuf,  dont  je  ferai  bientôt  connaître  les  propriétés  et  la 
composition,  n'évoluent  pas  en  bactéries  tant  qu'ils  restent  dans  leur  mi- 
lieu naturel,  et  difficilement  dans  des  milieux  artificiels.  Dans  mes  expé- 
riences sur  la  fermentation  spontanée  des  œufs  d'autruche  ou  de  poule,  j'ai 
fortement  insisté  sur  le  fait  qu'il  n'y  avait  pas  de  bactéries,  que  les  micro- 
zymas y  conservaient  leur  forme  et  leurs  autres  propriétés  générales,  et 
M.  Donné,  dont  la  compétence  est  si  grande,  n'y  a  jamais  vu  apparaître  de 
bactéries  non  plus.  ]Maissi,dans  leur  milieu  naturel,  ils  ne  sont  pas  capables 
de  se  transformer  en  bactéries,  lorsqu'ils  ont  changé  de  nature  et  de  fonc- 


i)    AniKilcs  (te  Chimie  et  de  Vltysiquc,  4"  série,  t.  XXIII,  |).   '[\'à;  1^71- 


(497  ) 
tion  pencliiiil  le  clé\elo|)|)ement  du  poulet,  si  celui-ci  vienl  ;'i  mourir  daus  sa 
coquille,  on  peut  voir,  daus  les  organes  centraux,  qui  sont  protégés  par 
plusieurs  barrières  contre  les  germes  de  l'air,  on  peut  voir,  dis-je,  les  mi- 
crozymas  évoluer  en  bactéries. 

))  Pour  ce  qui  est  du  sang,  j'ai  déjà  fait  remarquer  que  c'est  une  des 
matières  où  apparaissent  le  plus  difticilement  des  bactéries.  Le  poumon, 
qui  est  le  plus  directement  en  contact  avec  l'air,  est  le  viscère  qui  se  putréfie 
le  dernier  :  tous  les  médecins  légistes  savent  cela.  11  y  a  d'autres  tissus  que 
le  sang  qui  se  putréfient  difficilement  et  dans  lesquels  ne  naissent  pas  de 
bactéries.  Mais  eu  quoi  l'abscucé  de  l)actéi  ies  et  d'odeur,  dans  le  sang  con- 
servé daus  l'expérience  que  1\1.  Balard  m'oppose,  prouve-t-elle  qu'il  n'y  a 
pas  eu  de  cliangemeut  ?  En  quoi  cela  infirnie-l-il  d'autres  expériences,  aussi 
positives,  sur  d'autres  tissus  où  des  bactéries  se  développent? En  réalité,  le 
sang  peut  être  altéré,  bien  qu'on  n'aperçoive  ni  bactéries,  ni  fermentation 
putride.  Il  y  a  changement  nécessaire,  préciséuîent  parce  que  le  sang  con- 
tient des  éléments  vivants  :  microzymas  (admis  par  tous  les  histologistes 
aujourd'hui),  globules  blancs,  globules  rouges.  Mais  il  y  a  longtemps  que 
le  ï-avant  le  plus  compétent  pour  parler  du  sang  a  écrit  ceci  : 

«  Les  glol)iik's  clii  sang  se  comportent  comme  s'ils  constituaient  des  êtres  véritablement 
vivants,  capables  de  résister  à  l'action  dissolvante  du  sulfate  de  soude,  tant  que  leur  vie 
persiste,  mais  cédant  à  cette  action  dès  qu'ils  ont  succombé  à  l'asphyxie,  qui  résulte  pour 
eux  de  la  privation  de  l'air,  et  qui  se  manifeste  avec  une  singulière  rapidité,  soit  par  leur 
cliaugciiient  de  couleur,  soit  par  leur  prompte  dissolution  (i).  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sw  la  fermentation  butyrique  provoquée  par  lee 
vécjélaux  aquatKjuea  imniercjés  dans  l'eau  suciéc.  Note  de  M.  SciiOtzex- 
ui:r(;er,  présentée  par  M.  Balard. 

«  A  la  suite  de  ma  récente  Counnunicalion  sur  la  fermentation  butyrique 
provoquée  par  Yclodca  canadensis  immtîrgée  dans  l'eau  sucrée,  M.  Pasteur 
a  bien  voulu  me  faire  observer  que,  d'après  ses  expériences,  l'absence 
presque  complète  de  fermentation,  dans  le  liquide  séparé  de  la  plante,  tient 
à  ce  que  les  vibrions-ferments,  ne  trouvant,  dans  les  conditions  où  je  tn'étais 
|)lacé,  leur  aliment  azoté  et  minéral  qu'à  la  surlace  de  la  plante  et  non 
dans  le  liquide,  y  séjournent  de  préférence.  La  viscosité  du  liquide  sucré 


(i)  Dumas,  Rccitcnlics  iur  le  sang.  [Annales  de  Chimie  et  île  l'/ijiiijac,  J"  série,  t.  XVII, 
p.  452;  iB46.) 

C.  U,,  1873,  1"  Semeitrc.  (T.  LXXX,  ti«  ii.)  tJ5 


(498  ) 
expliquerait  la  difficulté  que  l'on  éprouve  à  les  détacher  de  la  surface  des 
feuilles.  Dans  ma  premièreNote,  j'ai  dit  que,  ne  me  jugeant  passuffîsamment 
pré|)aréaux  investigations  microscopiques  dos  ferments,  j'avais  été  conduit  à 
supposer  que  la  cause  de  la  fermentation  résidait  dans  la  plante  elle-même, 
par  le  fait  que  la  décomposition  du  sucre  est  arrêtée  dès  qu'on  décante  la 
solution  sucrée  de  dessus  les  plantes. 

D'après  ce  que  j'ai  pu  voir  au  laboratoire  de  I\I.  Pasteur,  avec  l'habile 
concours  de  M.  Gayon,  je  crois  devoir  adopter  l'interprétation  donnée  par 
M.  Pasteiu'  du  fait  que  j'avais  observé.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  les  espèces  méditerranéennes  du  genre  Eusyllis.  Note 
de  M.  A. -F.  Makion,  présentée  par  M.  E.  Blanchard. 

«  J'ai  signalé  récemment  sous  le  nom  d' Eusyllis  lainelligera,  un  Anné- 
lide  du  golfe  de  Marseille  se  rapportant  au  genre  remarquable  créé  par 
Malmgien  pour  quelques  Syllidiens  du  Spitzberg.  J'ai  pu  étudier  depuis 
plusieurs  individus  de  cette  espèce,  et  j'ai  reconnu  constamment  l'existence 
d'un  premier  cirre  ventral  lamelleux,  prenant  un  grand  développement  et 
contrastant  avec  les  organes  homologues  des  anneaux  qui  le  suivent.  Les 
serpes  des  soies  composées  sont  toutes  très-longues  et  d'une  forme  parti- 
culière. J'apprécie  d'autant  mieux  aujourd'hui  ces  caractères  différentiels, 
que  j'ai  sous  les  yeux  d'autres  Eusj ilis  bien  distincts  des  premiers,  et  qu'on 
ne  pourrait  séparer  de  V Eusyllis  monilicornis  de  Malmgren;  ils  proviennent 
des  régions  coralligènes  profondes. 

»  Ces  Vers  atteignent  une  longueur  de  lo  millimètres  et  possèdent  cin- 
quante segments  sétigères.  Le  lobe  céphalique  est  profondément  enchâssé 
dans  l'anneau  buccal  qui  s'avance  au-dessus  de  lui  en  formant  une  petite 
gibbosité  dorsale.  On  voit  deux  paires  de  taches  oculaires  principales  et  une 
paire  supplémentaire  de  petits  yeux  disposés  à  la  base  des  antennes  ex- 
ternes. Tons  les  ajjpendices  sont  irrégulièrement  articulés,  le  premier  cirre 
dorsal  atteint  une  longueur  considérable  :  il  est  souvent  enroulé  à  la  ma- 
nière des  organes  des  AutolyUis.  Les  deux  palpes  sont  très-développés  et 
soudés  par  leur  base.  Les  mamelons  pédieux  sont  tous  très-saillants,  et  ils 
portent  des  cirres  ventraux  ])inniformes.  I^e  cirre  ventral  du  premier  seg- 
ment est,  du  reste,  constamment  plus  peut  que  ceux  des  anneaux  suivants, 
tandis  que  nous  trouvons  une  disposition  inverse  chez  V Eusyllis  lamelli- 
ijcra.  La  trompe  occupe  les  cinq  premiers  zoonites;  les  denticules  qui  gar- 
nissent son  uuvirture  semblent  beaucoup  [)lus  grands  que  ceux  de  Y  Eusyt- 


(  499  ) 
Ih  Inmellicjera.  An  proventriciile  succède  nne  rrgion    incoloro  munie    (\o 
gliindes  en  T,  et  l'intestin  ne  présente  pus  d'étranglements  l)ien  profonds. 

.1  Tous  ces  caractères  concordent  avec  les  figures  et  avec  la  description  de 
Malmgren.  Chaque  pied  est  soutenu  par  un  fort  acicnle  crochu.  Les  soies 
composées  portent  des  serpes  bidentées  assez  courtes,  identiques  à  celles 
de  VEiisyllis  monilicornis  du  Spitzberg;  mais  je  trouve  au  milieu  d'elles  une 
mince  tige  recourbée,  terminée  par  deux  petites  pointes.  Cet  organe  existe 
dans  tous  les  pieds  :  il  est  bien  indépendant  des  soies  filiformes  dorsales 
qui  apparaissent  au  moment  de  la  maturité  sexuelle. 

»  Il  résulte  de  ces  observations  que  le  genre  Eiisyllis  est  représenté  sur 
les  côtes  de  Marseille  par  deux  formes  bien  distinctes.  L'une  est  peut-être 
spéciale  à  la  Méditerranée;  elle  n'a  été  signalée  encore  dans  aucune  autre 
mer.  L'autre  appartient,  au  contraire,  à  un  type  répandu  jusque  dans  les 
régions  arctiques.  On  voit  qu'il  suffit  de  recherches  attentives  pour  ac- 
croître le  nombre  des  espèces  communes  à  l'Océan  et  à  la  Méditerranée. 
J'ai  pu  m'assnrer  que  les  Hermelles  des  rivages  de  la  Provence  ne  diffèrent 
pas  de  celles  de  la  Manche  et  des  côtes  de  la  Scandinavie.  Le  Psamallie  cir- 
rliata  de  Saint-Vaast  existe  dans  les  graviers  coralligènes  de  IMontredon. 

»  Ces  faits  viennent  s'ajouter  à  ceux  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter 
récemment  à  l'Académie. 

»  On  ne  peut  donc  méconnaître  les  liens  qui  unissent  les  faunes  médi- 
terranéennes et  océaniques,  bien  que  l'autonomie  de  ces  faunes  soit,  du 
reste,  indiscutable.  » 

ZOOLOGlK.    -    Révision  des  Némaloides  du  (jolfc  de  Marseille.  Note 
de  M.  A. -F.  Mario.v,  présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

«  La  Note  récente  de  M.  Vil  lot,  sur  le  système  nerveux  périphérique  des 
Néniatoides,  me  détermine  à  ne  pas  différer  plus  longtemps  quelques  rec- 
tifications que  je  destinais  à  un  travail  général  sur  le  mode  île  distribution 
des  animaux  marins  du  golfe  de  .Marseille.  M.  Villot  signale,  dans  la  couche 
hypodermique  des  Nématoïdes  de  l'Océan  un  remarquable  réseau  nerveux 
identique  à  celui  qu'il  décrit  chez  les  Gordius.  Cette  intéressante  pid)lica- 
tioii  modifie  beaucoup  les  notions  que  nous  possédions  sur  l'appareil  sen- 
sitif  de  ces  petits  Helminthes.  Il  suffit  de  parcourir  les  importants  Mémoires 
de  Bastian  [PInlosopli.  Transact.,  p.  565,  i866.  —  Tamsacl.  of  llie  L.  Soe., 
i805,  |)art  II,  p.  83),  pour  reconnaître  combien  cette  question  demeurait 
indécise.  Je  compte  reprendre  moi-même  celle  étude  aualomique  sur  les 

(35.. 


(  5oo  ) 
espèces  de  l'étang  de  Berre,  et  mettre  à  prçfit  les  iiulicaiions  de  M.  Villot. 
11  convient,  on  effet,  de  déterniinv-^r  exactement  la  nainre  de  cet  anneau 
œsophagien  qne  F.aslian  rapporte  au  système  glandulaire.  Les  rectifications 
que  je  veux  présenter  ici  concernent  uniquement  la  systématique  des  es- 
pèces des  côtes  de  Marseille. 

»  Les  groupes  que  j'ai  proposés  autrefois  correspondent  exactement  à 
ceux  établis  par  Rastian.  Mes  genres  :  Àntphislenm,  Stenolaimus,  Heleroce- 
vhaliis,  Tlioracostoma,  Enoplostoma  sont  synonymes  des  genres  Symploco- 
slomn,  Anlicoma,  Phnnoderma,  Leptosomnliim,  Enoplus.  Il  est  difficile  de 
comparer  les  espèces  à  cuticule  striée  transversalement.  Je  reconnais  dans 
les  figures  de  Rastian  divers  ornements  tégumentaires  qne  j'ai  observés  sur 
les  Néniiloïdes  de  Marseille;  mais  les  armatures  buccales  et  péniales  sem- 
blent diffi'-rer  complètement,  bien  que  leurs  détails  ne  soient  pas  toujours 
très-nettement  représentés.  Les  genres  Lasiomilus,  Eur/stoma,  Necticonema. 
Rhnbdolodermn,  Acaulhophatjnx  peuvent  donc  être  conservés,  J'ajoute  que 
le  S/mplocosloma  longicoUis  (Rast.)  est  bien  le  même  Ver  que  j'ai  appelé 
Jmphisleum  aqUia  et  qui  ne  se  distingue  pas  de  \ Enoplus  tcinticnllis  d'E- 
borth.  De  même  YUeleroccphnlits  lalicoUis  (Mar.)  est  identique  avec  le 
Plianoderma  Cocksi  (Bast.),  dont  la  plaque  péniale  supplémentaire  n'est  pas 
représentée  dans  les  planches  de  la  monographie  des  Jnguillules. 

B  Je  n'hésilepas  à  rapporter  à  la  même  espèce  l'^/io/^/iK  tuhcrcidatus  (VE- 
berth.  Rastian  attribue  de  nouveaux  caractères  au  genre  Enoplus  de  Du- 
jardin,  dont  il  exclut  les  Vers  des  eaux  douces.  Ce  groupe  ainsi  délimité 
correspond  à  mon  genre  Enoplostoma.  V Enoplostoma  /a/^Hm  de  Marseille 
n'est  que  VEnoplus  communis  (Bast.)  des  côtes  d'Angleterre.  Il  est  impos- 
sible de  séparer  de  cette  espèce  les  Enoplus  mncroplillialmus  (Ebertb),  Du- 
jardinii  (Rast.),  pigmentosus  (Rast.).  Le  Thomcuslomn  rrliinodon  (Mar.)  est 
enfin  synonyme  du  Lcplosomatum  figuralum  (Bast.). 

D  II  est  évident  pour  moi  que  plusieurs  Nématoïdes  habitent  à  la  fois 
l'Océan  et  la  Méditerranée.  Les  quatre  espèces  que  je  viens  de  citer  (i), 
et  que  Rastian  a  observées  sur  les  rivages  des  Iles  Rritanniques,  sont 
très-communes  dans  le  golfe  de  Marseille.  Elles  vivent  au  milieu  des 
nlfues  de  la  côte  et  elles  résistent  même  aux  eaux  impures  du  port  d'A- 
renc.  Cette  grande  extension  géographique  est  encore  plus  surprenante  à 
propos  des  Nématoïdes  des  eaux  douces.  J'ai  pu  roceuillir  dans  les  mares 


(l)  Sfiii/i/ornMniiui  hngirnllis,    Vhnnndcimo    Cocksi,   KnopUis  cnnimiiiiis,   I.cptosumnlum 
fiç^aratum  . 


(  5o,  ) 

de  l.i  Toi  se,  aux  onvirons  d'Aix,  en  Provence,  le  Donlaimiis  slagnalis  (Duj.) 
et  le  Trilolnis  iwlluridiis  (Bast.)  des  étangs  de  l'Angleterre.  Peut-être  M.  Vil- 
lot  retrouvera-t-il  en  Bretagne  la  plupart  dos  espèces  signalées  dans  la 
IMéditerranc'e.  L'imperfection  ilc  quolqiios-nnes  dos  figures  do  Bastian  ne 
me  permet  pas  de  proposer  pour  plusieurs  Vers  une  identification  qu'il  est 
possible  do  prévoir.  » 

PHYSIOLOGIB.  —  Etudes  comparatives  sur  ihoiniue  cl  sur  les  animaux,  nu  point 
de  vue  des  signes  ophlliatmoscopiques  de  In  mort.  Note  de  M.  J.  Gayat, 
présentée  par  M.  Wuriz. 

«  On  avait' signalé  comme  constituant  \\n  signe  certain  de  la  mort  ré- 
cente :  i°la  tache  scléroticale  ;  i"  le  dépoli  et  les  plissements  de  la  cornée; 
3°  les  dimensions  de  la  pupille;  [f  les  phénomènes  vasculaires  de  la  rétine. 
J'ai  discuté  l'importance  de  plusieurs  de  ces  signes  qui  sont  reconnus  insuf- 
fisants ou  inconstants,  et  qui  peuvent  même  se  montrer  pendant  la  vio  dans 
certains  états  de  maladie.  Voici  les  conclusions  auxquelles  je  suis  arrivé  : 

11  i"  Sur  les  cadavres  du  dépôt  des  morts,  déjà  examinés  quelques  jours 
on  quelques  henres  avant  le  décès,  il  s'est  montré  un  signe  très-fréquent, 
mais  non  constant  :  ce  signe  consiste  dans  la  disparition  plus  ou  moins 
complète  des  vaisseaux  artériels  et  veineux,  au-devant  du  disque  papillaire, 
disparition  qui  se  limite  très-exactement  et  brusquement  à  ce  qu'on  est 
convenu  d'appeler  la  limite  scléroticale  de  la  papille.  Mais  la  disparition 
par  places  ou  l'étranglement  apparent  de  la  colonne  sanguine,  ainsi  que 
roflacoment  à  peu  près  complet  d'un  ordre  de  vaisseaux  (artères;  dans  le 
reste  du  cham|)  rétinien,  a  apparu  plus  rarement,  et  à  des  époques  plus 
variables  à  partir  du  iiiomont  do  la  mort.  Il  on  est  de  mémo  de  l'infiltration 
rétinienne,  qui  semble  respecter  l'emplacemont  de  la  macula.  Dans  bien 
des  cas,  d'ailleurs,  le  système  vasculaire  s'est  montré  normal,  six  et  sept 
heures  après  le  décès. 

«  2"  Sur  les  décapités  el  sur  les  animaux  sacrifiés  de  la  même  façon,  exa- 
imnés  à  des  époques  plus  ou  moins  rapprochées  de  la  mort,  il  se  |)roduit 
constamment,  an-devant  de  la  papille,  la  disparition  presque  toujours  com- 
plète des  deux  ordres  de  vaisseaux;  les  exceptions  partielles  semblent  de- 
voir être  rattachées  à  des  dispositions  anatomiques  spéciales.  En  outre, 
dans  le  reste  du  ch.nnp  rétinien,  ou  note  la  tlisparitiou,  do  la  périphérie 
vers  le  centre,  de  la  coloniu^  artérielle,  dont  le  calibre  dnninue  très-vite  et 
dont  ou  n'coiuiail  l'oniiilaremout  à  des  cordons  blanc  rosé. 


(  5o2  ) 

M  3°  Rarement  sur  le  trajet  des  artères,  plus  fréquemment  sur  le  trajot 
des  veines,  il  se  montre  des  interruptions  brusques,  des  étranglements 
de  la  colonne  sanguine,  qui  rappellent  parfois  les  plaques  graisseuses  ou 
exsudatives  recouvrant  les  mêmes  vaisseaux  chez  le  vivant. 

»  4°  A.  mesure  que  se  développent  ces  phénomènes,  la  rétine  est  envahie 
par  une  infiltration  parlant  du  centre,  d'où  lésuite  inie  teinte  opaline, 
presque  générale,  qui  empêche  d'étudier  les  modifications  du  système  vas- 
culaire  de  la  choroïde,  situé  plus  profondément.  Cette  infiltration  s'est 
développée  plus  rapidement  chez  les  décapités. 

»  5°  Je  crois  avoir,  le  premier,  observé  l'apparition  graduelle  d'une  pe- 
tite tache  rouge  à  l'emplacement  même  de  la  macula.  On  connaît  ce  fait  et 
sa  signification  chez  le  vivant  :  dans  les  cas  d'embolie  de  l'artère  centrale, 
en  effet,  les  vaisseaux  artériels  rétiniens  diparaissent  en  totalité  ;  les  di- 
verses couches  de  la  rétine  s'infiltrent,  et  comme,  dans  la  région  de  la  ma- 
cula, ces  couches  sont  moins  nombreuses  et  moins  susceptibles  d'infiltra- 
tion, la  coloration  rouge-rose  de  la  choroïde  continue  à  se  montrer  dans  le 
point  où  la  rétine  infiltrée  ne  la  masque  pas.  Dans  l'embolie  également,  il 
se  produit  parfois  des  étranglements  des  vaisseaux,  ou  plutôt  de  l'infiltra- 
tion, par  places,  de  leurs  parois. 

»  En  somme,  les  phénomènes  oculaires  invoqués  jusqu'ici  comme  signes 
de  la  mort  récente  me  paraissent  tous  être  soumis  à  l'action  des  causes 
extérieures,  telles  que  la  température  de  la  salie  de  dépôt,  la  saison  de 
l'année  et  le  genre  de  mort.  Aucun  ne  paraît  assez  constant,  soit  sous  le 
rapport  de  la  fréquence,  soit  relativement  à  l'époque  de  son  apparition 
à  partir  du  décès,  pour  pouvoir  être  regardé,  d'une  façon  utile,  comme 
un  signe  absolument  certain  de  la  cessation  récente  de  la  vie.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  De  Vutjlucnce  de  i alilaùon  sur  la  débâcle  des  glaces 
des  mers  polaires.  Note  de  M.  Cu.  Grad,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 
(Extrait.) 

«  La  fusion  des  glaces  pendant  l'été,  dit  l'auteur  en  se  résumant,  déter- 
mine chaque  année  dans  les  mers  polaires  une  immense  débâcle.  Des  passes 
navigables  et  dos  surfaces  d'eau  libre  se  forment  à  l'intérieur  des  glaces 
flottaiiles,  sous  l'influence  de  l'ablation,  dans  luie  mesure  variable  d'une 
année  à  l'autre,  variable  aussi  d'une  partie  à  l'autre  de  la  zone  polaire, 
suivant  que  l'action  directe  de  l'insolation  est  mieux  secondée  par  les 
courants  océaniques  et  des  tempêtes,  mais  en   augmenlant  d'étendue  au 


(  5o3  ) 
voisinage  des  pôles.  L'exislence  d'une  mer  libre  auloiir  du  pùlt;,  vers  la  fin 
de  l'été,  est  encore  indi(juée  par  la  propagation  des  marées  qui  se  dirigent 
du  nord  au  sud  du  canal  de  Robeson  au  Sinytli-Souud,  sur  la  cù'e  occi- 
dentale du  Groenland.  La  présence,  sur  cette  même  cùle,  de  bois  flottés 
appartenant  à  plusieurs  espèces  de  noisetiers  originaires  du  Japon  ou  des 
bords  du  fleuve  Amour,  dans  l'est  de  la  Sibérie,  démontre  aussi  l'existence 
de  courants  réguliers,  allant  des  côtes  du  Japon  au  canal  de  Smyth,  sur  la 
côte  occidentale  du  Groenland,  à  travers  une  mer  polaire  ouverte.  Les  mi- 
grations régulières  de  nombreuses  espèces  d'oiseaux  vers  le  pôle  parlent 
également  en  faveur  d'eaux  libres,  de  même  que  le  développement  plus 
considérable  de  la  végétation,  sur  les  deux  rives  du  canal  de  Robeson, 
prouve  un  climat  moins  rigoureux  vers  le  nord.  Bref,  si  les  obstacles  ren- 
contrés par  certaines  exjjéditions  envoyées  à  la  découverte  du  pôle  ont  fait 
croire  à  l'impossibilité  de  son  accès,  j)ar  suite  d'une  barrière  de  glaces  im- 
pénétrable, la  connaissance  plus  approfondie  des  lois  de  la  physique  du 
globe  et  un  examen  plus  attentif  des  faits  nous  permettent  de  regarder 
au  delà  de  cette  limite,  et  d'affirmer  l'existence  d'une  mer  polaire  libre, 
quoique  d'un  accès  plus  ou  moins  difficile  suivant  les  années.  » 

M.  J.  Vingt  adresse  à  M.  le  Président  la  Lettre  suivante,  concernant  le 
bolide  dont  l'existence  a  été  contestée  par  M.  Chapelas  : 

«  Le  dernier  numéro  des  Comptes  rendus  de  l'Académie  contient  un  ex- 
trait d'une  Note  de  j\L  Chapelas,  affirmant  que  le  piélcndu  bolide  du  lo  fé- 
vrier courant  n'était  qu'un  nuage  éclairé  par  le  Soleil  couchant. 

»  J'ai  reçu,  de  deux  abonnés  de  mon  journal  le  Ciel,  des  notes  sur  ce 
phénomène.  L'un,  à  Saint-Amand  (Cher)  donne  la  direction  ouest  pour 
celle  du  météore,  de  grandeur  plus  qu'ordinaire;  l'autre,  près  d'Aiguillon 
(Lot-et-Garonne)  donne  la  direction  nord,  pour  un  bolide  que  les  gens  du 
pays  comparaient  à  une  comète.  Ces  observations  ont  été  faites  à  l'heure 
indiquée  par  M.  Chapelas,  6  heures  et  quelques  minutes.  N'est-il  pas  im- 
possible ([u'uu  nuage  ait  été  vu  à  Paris,  à  276  et  à  676  kilomètres  au  sud- 
sud-ouest  de  Paris,  en  même  temps?  » 

M.  le  général  Morin,  en  présentant  la  sixième  livraison  du  tome  V  de  la 
«  Revue  d'Artillerie  »,  publiée  par  ordre  du  Ministre  de  la  guerre,  s'exprime 
comme  il  suit  : 

«  Parmi  les  questions  traitées  dans  ce  numéro  de  la  Revue  d'artillerie, 


(  5o4  ) 

on  se  bornera  à  citer  celles  qui  présentent  un  intérêt  scientifii-iue  ou  in- 
dustriel. 

»  Un  extrait  d'un  Mémoire  sur  la  fabrication  des  canons  en  acier  doux, 
dans  les  usines  du  lîocluiui,  en  Westpli;die,  contient  sur  cette  industrie 
des  renseignements  qui  peuvent  être  consultés  utilement  par  le  service  des 
fonderies  de  canons.  Ce  Mémoire  est  dû  à  M.  R.  Wille,  capitaine  dans  l'ar- 
tillerie allemande.  Le  traducteur  a  gardé  l'anonyme. 

»  On  trouve  aussi  dans  ce  numéro  la  suite  de  l'examen  comparatil,  fait 
par  M.  le  capitaine  Meyssonnier,  des  divers  procédés  employés  pour  la  con- 
servation des  bois.  L'auteur  y  met  en  évidence  les  avantages  et  l'économie 
que  l'Etat  trouverait  à  injecter  avec  des  substances  préservatrices  la  plu- 
part des  bois  débités  que  l'artillerie  emploie,  et  particulièrement  les  bois 
de  plate-forme. 

M  M.  le  capitaine  Siacci,  de  l'artillerie  italienne,  a  donné,  dans  ce  nu- 
méro de  la  Revue,  la  suite  de  son  importante  Noie  sur  les  principes 
du  tir. 

»  Enfin  une  Note  sur  les  canons  en  bronze  durci,  que  M.  le  général 
Uchatius,  de  l'artillerie  autrichienne,  appelle  bronze-acier,  signale  des  ré- 
sultats trés-remarquables,  obtenus  avec  les  bouches  à  feu,  traitées  par  le 
j)iocédé  de  cet  officier  général.  L'auteur  en  conclut  que  le  bronze,  ainsi 
modifié  mécaniquement  dans  ses  propriétés  de  résistance,  est  préférable  à 
l'acier  ;  mais  la  question  est  encore  l'objet  d'études  et  de  controverses,  sur 
lesquelles  les  expériences  ne  tarderont  sans  doute  pas  à  permettre  xm  juge- 
ment définitif.  » 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  I). 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 


SÉANCE  DU  LUNDI  1"  MARS  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUN ICATIOINS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

GÉOMÉTRIE.  —  Généralisation  de  la  théorie  des  normales  des  courbes 
qéométriqiies,  oli  l'on  sulisdtue  à  chaque  normale  un  faisceau  de  droites; 
par  M.   Ciiasi.es. 

«  Eli  terminant  mes  Communications  sur  la  théorie  des  axes  harmo- 
niques des  courbes,  dans  le  cours  de  l'année  [871  (1  ,  j'ai  tait  observer  que 
toutes  les  questions  où  se  trouve  quelque  condition  de  perpendicularilé  de 
deux  droites,  comme  dans  le  cas  des  normales  d'une  courbe,  les  théorèmes 
s'appliquent  au  cas  de  deux  droites  obliques  bous  un  angle  donné  (compté 
dans  un  sens  déterniiné),  et  en  outre  que  ces  théorèmes  s'étendent  aussi  à 
la  condition,  beaucoup  plus  générale,  où  les  droites,  au  lieu  de  faire  un 
an^le  donné,  doivent  passer  par  deux  points  correspondants  d'une  courbe 
unicursale.  De  la  sorte,  on  substitue  à  une  simple  droite,  normale  ou 
oblique  d'une  courbe,  un  faisceau  de  droites  partant  de  chaque  point  de 
la  courbe.  Ces  faisceaux  correspondent,  de  même  que  les  normales,  aux 
tanqentcs  de  la  courbe.  Voici  comment  :  que  l'on  ait  une  courbe  V,  dite 
uniciirs(dc,  dont  la  propriété  est  que  ses  points  se  déterminent  individuel- 


(l)  Comptes  rendus,  t.  LXXIV,  p.  ?.3. 

C.  R.,  iS'jS,  i"  Sf  meurt.  (T    LXXX,  Pi»  0.)  O" 


(  5o6  ) 
lement,  par  une  simple  construction  géométrique,  et  peuvent  ainsi  s'asso- 
cier un  à  un  dans  deux  séries  homogniphiqiics.  Que  cette  courbe  soit 
d'ordre  p.  Clhaque  tangente  d'nne  courbe  quelconque  U,„  rencontre  cette 
courbe  V  en  p  points  a,  auxquels  correspondent  p  points  a'  :  les  droites 
menées  du  point  de  contact  de  la  tangente  de  U,„  à  ces  p  points  a'  forme- 
ront le  faisceau  qui  remplacera  la  normale. 

»  J'appellerai  compagnes  des  tangentes  ces  droites  qui  partent  ainsi  de 
chaque  point  a  d'une  courbe  :  on  pourra  dire  aussi  compac/iies  du  point  a; 
et  ce  point  sera  le  pied  des  compagnes,  de  même  qu'il  est  le  pied  de  la  nor- 
male. Ces  droites,  considérées  dans  leur  ensemble,  seront  dites  aussi  les 
compagnes  de  la  courbe. 

»  Je  me  propose,  dans  ce  moment,  de  faire  connaître  les  propriétés 
principales  de  ces  compagnes  d'une  courbe.  Le  mode  de  démonstration  est 
uniforme,  et  repose  sur  le  principe  de  correspondance. 

»  Les  théorèmes  s'expriment  presque  toujours  par  une  fonction  de 
l'ordre  et  de  la  classe  de  la  courbe  générale  que  l'on  considère.  On  conçoit 
dès  lors  qu'ils  résisteraient  aux  méthodes  analytiques. 

§    I.    —     QOELQUES    PROPRIÉTÉS    PRÉLIMINAIRES    RELATIVES    A    LA    COURBE    SEULE 
DONT    ON    CONSIDÈRE    LES    COMPAGNES. 

»  L  Les  compagnes  d'une  courbe  U",,  enveloppent  une  courbe  de  la  classe 
p(m  -f-  n)  : 

IX,     mp      lU 

lU,     pn       IX 


p[m 


»  C'est-à-dire  :  Une  droite  IX  rencontre  U,„  en  ;«  points;  la  tangente 
en  chacun  de  ces  points  passe  par  p  points  a  de  V;  on  mène  des 
droites  lU  par  les  points  a',  ce  qui  fait  m  droites  lU.  Une  droite  lU 
coupe  V  en  /;  points  a';  par  les  p  points  u  on  mène  pn  tangentes 
de  U;;,,  et  par  les  points  de  contact  pn  droites  IX.  Il  existe  p[ni  h-  n)  coïn- 
cidences de  lU  et  IX.  Donc,  etc. 

»  Si  le  point  I  est  situé  sur  la  courbe  U,„,  en  un  point  multiple  d'ordre  v, 
on  reconnaît,  par  le  même  mode  de  démonstration,  que  : 

»  Le  nombre  des  compagnes  qui  passent  par  un  point  d'ordre  v  de  U,„  [autres 
que  celles  de  ce  point)  est  p(m  +  n  —  v). 

»  En  effet,  plaçant  le  point  I  au  point  multiple,  on  a 


IX,     (w-v)/>     lU 
IL,     pu  IX 


p{iii  -h  n  —  v). 


2/7. 


(  5o7  ) 

»  II.  Lemme.  —  Les  cordes  aoi'  qui  joignent  les  points  correspondauls  d'une 
courbe  unicursaleY  d'ordre  p  enveloppent  une  courbe  de  lit  classe  2(p  —  i). 

IX,     p     lU 
lU,     p     IX 

"  Il  y  a  deux  solutions  étrangères  dues  aux  droites  IX  menées  par  les 
doux  points  doubles  des  deux  divisions  homographiques,  où  a'  coïncide 
avec  «.  Donc  2[p  —  i). 

»  III.  Il  y  a  sur  U,„  anp  points  a  dont  une  des  compagnes  coïncide  avec  la 
tangente. 

»  En  effet,  les  cordes  aa'  de  V  enveloppent  une  courbe  de  la  classe 
2{p  —■  i);  il  y  a  donc  in{p  —  i)  cordes  tangentes  à  U,„.  Chacune  de  ces 
tangentes  a  une  compagne  coïncidant  avec  elle.  En  outre,  par  chacun  des 
deux  points  de  V  où  a'  coïncide  avec  «,  on  mène  ii  tangentes  de  U,„  dont 
chacune  a  une  compagne  coïncidant  avec  elle;  ce  qui  fait  2«  nouvelles 
solutions;  donc  2Tip. 

»  IV.  Sur  U,„  ///  a  p(m  +  n)  points  a'  dont  la  tangente  et  une  de  ses  com- 
pagnes divisent  un  segment  ef  dans  un  rapport  anharmonique  donné. 

»  Je  désigne  par  u  et  u'  deux  points  correspondants  relativement  au  seg- 
ment ej,  c'est-à-dire  faisant  avec  e  etj  le  rapport  anharmonique  donné. 
D'après  cela,  on  écrit 

p[m~\-  2n).  Donc,  etc. 

»  Corollaires.  —  a.  Si  le  segment  e/"  est  à  l'infini,  et  que  les  deux 
points  e,/^ soient  les  deux  points  circulaires,  le  théorème  prend  cet  énoncé: 

»  //  existe  sur  U,„  p(m  +  2n)  points,  où  l'une  des  compagnes  Jait  avec  la 
tangente  un  angle  de  grandeur  donnée  [compté  dans  un  sens  de  rotation  déter- 
miné). 

n  b.  Si  les  deux  points  e, y,  situés  à  l'infini,  appartiennent  à  deux  droites 
rectangidaires,  on  dira  qn'dj  a,  sur  U„,,  p(m  H-  2n)  points,  dont  une  des  com- 
pagnes fait  avec  la  tangente  un  angle  dont  la  bissectrice  est  parallèle  à  une  droite 
donnée. 

»  V.  Il )  a,  sur  U,„,  pn(m  -t-  n  —  4)  points  a,  qui  ont  une  compagne  tan- 
gente à  U„,  en  un  autre  point  a'. 

»  Appelant  a"  les  poinis  où  une  tangente  de  U,,,,  menée  d'un  point  a  de 

66.. 


X, 

rip, 

u,     np 

li 

«', 

u, 

p[m  ■+-  n) 

X 

(  5o8  ) 
la  courbe,  renconire  la  courbe  unicursale  V,  on  écrit 


a",     ti[in  —  a)a,     n[in  —  2)/?     a' 
«',      «,     n[n  —  2)p  a" 


pn[ni  -^-  n  —  4)-  Donc,  etc. 


»  VI.  Le  nombre  des  points  a  de  U,„,  dont  une  des  compagnes  est  oblique  à  ta 
courbe,  en  un  autre  point,  sous  un  awjle  donné,  est  p[(ni  +  n)(in  +  n  —  i)  —  11]. 

«',      ri(ni  -^-  H  —  i  n        a'   1      .,  ,,  n         n     -.^ 

„      ,  ,/  ,      p\[m  +  n){in -\- n  —  i)  —  n\.  Donc,  pAc. 

u,     {m-i-n){in  — i)p     a'   |  '  ^^  ^^  ^         -' 

n  VII.  Le  nombre  des  cordes  aa'  de  U,„,  qui  sont  des  compagnes  relatives  à 
leurs  deux  jioiuls  i\,  a',  est  -[11(201  4-  n  —  4)  —  d'];  d'  étant  le  nombre  des 
points  de  rebroussement  de  U„. 

»  11  s'agit  de  trouver  sur  V  un  point  a  d'où  partent  deux  tangentes  «a, 
a.a'  de  U,„  telles,  que  la  corde  de  contact  aa'  passe  par  le  point  a'.  Qu'on 
prenne  un  point  a',  et  que  de  son  correspond;uit  a  on  mène  les  tangentes 
donnant  lien  à  des  cordes  de  contact  qui  coupent  V  en  des  points  a':  il  faut 
que  l'un  de  ces  points  coïncide  avec  a'.  Ainsi  l'on  pose 


/•" 


2           ^ 

n{-i.m—  3)—^' 

a 

a" 
a! 

2                 /'' 

7ip{2m  4-  n  —  2). 


~  [[^m  +  n  —  l\)n  --  d']. 


»  VIII.  En  chaque  point  a  de\],„  on  mène  la  tangente  et  ses  compagnes,  et 
aux  points  où  ces  compagnes  rencontrent  ta  courbe  on  mène  tes  tangentes:  celles-ci 
rencontrent  ta  tangente  du  point  a  sur  une  courbe  de  l'ordre  p[n  (2  m-l-  n  —  4)— d'J . 

X,     ?ip{m  —  i)  u 

u,      7ip[m  -t-  «  —  i)     X 

»  Il  y  a  2fip-\-  pd'  solutions  étrangères  :  2«psont  dues  aux  2np  tan- 
gentes de  U,„,  dont  chacune  coïncide  avec  une  de  ses  compagnes,  et  pd 
aux  points  de  rebroussement  de  U„,.  Il  renie  p[n{im  -i-  «  —  4)  —  ^'J- 

»   On  peut  donner  au  théorème  cet  énoncé  : 

»  Le  lieu  d'un  point  d'oii  l'on  mène  à  une  courbe  U,„  deux  tangentes,  dont  la 
corde  de  contact  soit  une  compagne  de  l'un  des  points  de  contact,  est  une  courbe 
de  l'ordre  p[n  (2m  +  n  —  4)  —  d']. 


§  II.  —    Ue    chaque    point    d'une    COURBB    \Jm'    ON    MÈNE     LES    TANGENTES    DE    U„,  ;    THÉORÈMES 
RELATIFS    AUX    COMPAGNES    DE    CES    TANGENTES. 

»   IX.   De  cliague  point  de  U,,,-  on  mène  les  tangentes  de  U,„;  les  compagnes 


{  ^o9  ) 
des  points  de  contact  s'entrecoupent  sur  une  courbe  de  l'ordre 

-^^  [2p{m-i-n)  {n  —  i)  -  m-  l'], 

r  étant  le  nombre  des  tangentes  d'inflexion  de  U,„. 

jc,     p(ni 'h  n)in'(n  —  \)p     u\        ., 

,.  C^  2p-m'{m-\-  n  {n~  i). 

n,      p[m  +  n)m'[n  —  \)p     .r  j     ' 

»  Il  y  a  des  solutions  étrangères  de  deux  sortes  :  i°  pnun'  sont  dues  aux 
mm'  points  d'intersection  de  de-ix  courbes;  cl  2"  pni'l'  sont  ilues  aux 
t'  |ioints  d'inflexion  de  U„,.  Il  reste 

pni'  ï  1  p  [m  -h  n)  [n  —  1)  ~  m  —  f'J, 

coïncidences  de  «  et  x.  Mais  la  construction  étant  la  même  à  l'égard  «le  x 
et  de  «,  nue  même  coïncidence  entre  deux  fois  dans  ce  résultat  ;  le  nombre 
des  solutions  cherchées  est  donc  sous-double.  Donc,  etc. 

»  X.  De  cIkkjuc  point  de  U,,,'  on  mène  les  tangentes  de  U,„ ;  les  compagnes 
de  charpie  point  de  contact  rencontrent  les  compagnes  abaissées  des  autres  points 
de  contact  en  des  points  dont  le  lieu  est  une  courbe  de  l'ordre 

m'  p[n  —  i){im  +  Il  —  2)  [p[m+  n)  —  1]  —  m'  p\^i[m  —  i)  —  n~  d']. 

x^     p[ni  + Ti]m\n  ~\)p\m  + n  —  \)     n 
II,     p[m  +  n)  [m  —  i  )  m'  {n  —  1)  /)      x 

»  Il  y  a  m' p[n{2in  -\-  n  —  4)  ~~  ^'J  soliilions  étrangères  dues  à  pareil 
nombre  de  points  deU,,,-  d'où  l'on  mène  deux  tangentes  de  U„j  telles,  qu'une 
des  compagnes  de  l'une  passe  par  le  point  de  contact  de  l'autre  (VIII). 
Il  reste 

m'p{ji  —  i)(2/H  +  n  —  2)  [p  {m  -h-  n  —  i)  —  i]  —  m'p  [2 (m  —  i)  —  ii  —  d'. 

»  XI.  De  chacpte  point  de  U,„'  on  mène  les  langenles  de  U,„,  el  des  points  de 
contact  on  abaisse  les  compagnes;  ces  compagnes  s'entrecoupent  en  des  points 
dont  le  lieu  est  une  courbe  de  l'ordre 

-    2m'p[m  —  i)\ii—  i){in  +  n—  ^)[p[m-^-n)—  1] -1- »i'y;['2  (m  -  i)  —  «  — r/'  • 

.r,     p[m-\-n){m  —  i]m'[n  —  \)p[ni -\- n  ~  i)     u 
//,      p  [m  ■+-  ?i)  (/n  —  a)  m'  [n  —  i)  p  ('«  -i-  n  —  i)     x 

X  2p-  m'  [m  —  1)  («  —  i)  [m  +  n)  [m  -\-  n  —  1). 

»  U  y  a  des  solutions  étrangères  de  trois  sortes  : 

»  i"  in'pm[ni  -+-  «  —  i)  sont  dues  aux  m' ni  [)oiiits  d'intersection  de  \J„, 
el  U,„'  ; 


m 


'P^(ti  —  i){ni  +  n)[2m+n  —  2). 


(  5io  ) 

»  2°  m'p  [m  -\-  n  —  \)  t'  sont  dues  aux  tangentes  d'inflexion  de  U„, ; 

•-  3°  m'p\:i{n  —  i){m—  ■i){in-\- ji  —  i)  +  {jn  +  n  —  2)[2[m—  \)—  n  —  d'}  \ 
aux  points  de  U„/,  d'où  j)artent  deux  tangentes  de  U,„  dont  les  points  de 
contact  sont  sur  une  compagne  de  U„,  en  un  autre  point.  Le  nombre  total  des 
solutions  étrangères  est 

m'p\  [m  -\-  n  —  i)  n  —  i)  {im  —  2)  —  [2(171  —  i)  —  n  —  d']  \, 

après  que  l'on  a  remplacé  3m  +  t'  par  3«  +  d';  et  le  nombre  des  coïnci- 
dences divisé  par  2,  à  raison  de  l'identité  de  construction  relative  à  x  et  u, 
devient  l'ordre  de  la  courbe. 

»  XII.  De  chaque  point  de  U„,'  on  mène  les  tangentes  de  U,„  :  les  cordes  qui 
joignent  chaque  point  de  contact  aux  points  où.  les  compagnes  des  autres  points 
de  cofilact  rencontrent  U,„  enveloppent  une  courbe  de   la  classe 

m'p  [m  (ri  —  1  )  (  2  //z  +  /?  —  2  )  —  7z  (  2  /«  +  h  —  4  )  +  ^') . 
IX,     mm' (n  —  i)p{ni  —  1)  lU 

lU,     mp {m  +  71  ~  \) 771' [n  —  1  )     IX 

»  Il  y  a  7n' p[7i{im  -\-  71  —  [\)  —  r/']  solutions  élrangércs  dues  aux  points 
de  U„„  d'où  partent  deux  tangentes  de  U,„,  dont  le  point  de  contact  est  la 
compagne  d'un  des  deux  points  de  contact  (VII).  Il  reste,  etc. 

»  XIII.  De  chaque  point  d'une  cou/^be  U,„'  on  mène  tes  tangentes  de  U,„,  et 
des  points  deco7ilacton  abaisse  les  compagnes  :  les  cordes  qui  joignent  les  pieds 
des  compagnes  abaissées  de  chaque  point  aux  pieds  des  compagnes  abaissées  des 
aut/'es  poi7its  enveloppent  U7ie  courbe  de  la  classe 


m'pm{ji  —  i)(2/?i  4-  «  —  2). 


m  p 
2 


-J2(«  —  i)(/n  —  !)'■('"  +  «  —  1)  +  [n—  2(;«  —  i)  -+-  r/']{ 

■?.p-m'm{m  —  \)[n—  i)[m  ■+-  n 


IX,      mj) [m  ~  \)m' (n  —  i)p{ m  -\-  n  —  i 
lU,      mp[m  —  i)m' [n  —  ^)p{m  •+  n  —  i 


»  Il  y  a  des  solutions  étrangères  de  trois  sortes  :  1°  77i'p/7i[/n  -h  n  —  1), 
sont  dues  aux  compagnes  abaissées  des  771/n'  points  d'intersection  de  U,„ 

et  U„/. 

»  XIV.  De  chaque  poitit  de  U,„'  on  mène  les  tangentes  de  U,„  :  les  compa- 
gnes de  chacune  de  ces  tangentes  renconl/'cnt  les  aulics  tangentes  sur  une  cou/lie 
lie  l'o/dic  pm'(n  —  i)(m  -f-  an). 


JC,       ni7l'[7l  —  l)p  II 

n,     p'^ni  +  n)/7i'{/i -~  i)    a- 


/7i'p[Ti  —  i)(;?2  +  -^71).  Donc,  etc. 


m' pu  {il  —  i)  (am  +  n  —  2). 


(  5ii   ) 
»   XV.  De  citaijuc  point  de  U,,/  on  mène  les  tangentes  de  U„,,  et  du  point  de 
contact  de  rliaque  tangente  on  abaisse  les  compagnes  :  ces  compagnes  rencon- 
trent les  attires  tangentes  en  des  points  dont  te  lien  est  une  cotirbe  de  l'ordre 
in'p(n  —  i)  [(m  —  i)  (m  -H  n)  -H  11(111  4-  n  —  i)].] 

.«•,  nm'(n~  i)(in-\'n  — i)      u  n     ,, 

ni'p{ni  —  i)Y{m  —  \)[m+n)-\-n[m-\-n  —  i)].  Donc,  etc. 
n,  p{m-\-ii){m  —  i)m'{n  —  i)  .r 

»  XVI.  De  chaque  point  de  U,,,'  on  mène  les  tangentes  de  U,„,  et  du  point  de 
contact  de  chaque  tangente  on  abaisse  les  compagnes  :  les  tangentes  aux  pieds 
de  ces  compagnes  rencontrent  les  autres  tangentes  en  des  points  dont  te  lieu  est 
d'ordre  m'|)[  11(11  —  i) (2111  +  11  —  2)  —  11(2 m  -1-  n  —  4)  +  tl'],  *^'  <^((i»l'  le 
nombre  des  points  de  rebroussement  de  U„j. 

X,     }im'{ji— i)p[in -h  Ti  —  })     Il 
«,      iipini  —  i)m'{n  —  1)  x 

»  Il  y  a  iii'p[n{'2m  +  n  —  4)  —  ^'1  solutions  étrangères  dues  à  pareil 
nombre  de  points  de  U,„',  d'où  1  on  mène  à  U„,  deux  tangentes,  dont  la 
corde  de  contact  soit  une  compagne  de  l'un  des  points  de  contact  (I).  Il 
reste  m'pn  [{n  —  i)(2f«  +  «  —  2)  —  (2TO  -1-  ?z  —  4)  +  d']. 

»  XVII.  De  chaque  point  de  U,„'  oti  mène  les  tangentes  de  U„„  et  au  point 
de  contact  de  chaque  tangente  on  mène  les  compagnes  :  les  tangentes  aux  points 
oîi  ces  compagnes  coupent  U,„  rencontrent  tes  autres  tangentes  issues  du  point 
de  U„,'  sur  une  courbe  de  l'ordre 

m'p[n{n  —  i)  (a/w  +  «  —  2)  —  7^(2  w  +  7^  —  4)  -'1-  <Y']. 
>)  Ce  théorème  se  conclut  comme  réciproque  du  précédent. 

§  III.  —  De  chaque  point  d'une  courbe  U,,,»  on  mène  les  compagnes  de  U,„. 

»  XVIII.  De  chaque  point  d\itie  courbe\J,„f  on  mène  tes  compagnes  de  {],„  : 
/((  tangente  ati  piid  de  chaque  compagne  rencontre  tes  attires  compagnes  sur 
une  courbe  de  l'ordre  m'p(m  +  2n)  [p(m  ■+-  n)  —  i]. 

.1.-,     np  m'[p{in -h  n)  —  i|  , 

//?/;  /?(mH-«)-i](OT  -!-  2«).   Donc,  etc. 
u,     p[m  -i-  n]m  lp[m  -h  /i)  —  i  | 

»  XIX.  De  chaque  point  de  [],„'  on  at)aisse  tes  compagnes  de  U,„  :  tes  tan- 
gentes en  leurs  pieds  se  cotipent  deux  à  detix  sur  une  courbe  de  l'ordre 

— ^  [2w(/rt-t-  ri}{n  —  \)  —  m  —  l']. 

1)  Cela  est  une  conséquence  du  théorème  VIII. 


(    5l2    ) 

»  XX.  De  chaque  point  de  IJ,„/  on  abaisse  les  compagnes  de  U,„,  cl  aux  points 
nii  chacune  d'elles  coupe  U,„  on  mène  les  compagnes  de  ces  points  :  celles-ci 
rencontrent  les  autres  compagnes,  en  des  points  dont  le  lieu  est  une  courbe  de 
l'ordre  ni'p(in  —  i)  (2111  -h  n)  [|)(in  -t-  n)  —  i]. 

IX,      m  p[m  -(-  ii){m  —  \)[p{m  -^  n  —  i)  —  1] 


lU,      mp[m  ~  i)\p{m-^  n —  \) —  \'\m' 


m'p[m  —  1)  {2 w  -+-«)[/;(»(  -+-«  —  i)—  i]. 


')  XXI.  De  chaque  point  de  U„,'  on  mène  les  compagnes  de  U,„  :  la  tangente 
au  pied  de  chacune  d'elles  rencontre  tes  tangentes  des  points  oii  les  autres  coupent 
la  courbe,  sur  une  courbe  de  l'ordre 

m'p\{n  -i){im-^n—  2)[p{ni  -h  ?i)    -  i]  —  [2(w  — 1)  —  n  —  d']\, 
conséquence  du  théorème  IX.  » 

THERMOCHIMIE.  —  Sur  quelques  problèmes  de  mécanique  moléculaire  ; 

par  M.  Bkrtiielot. 

«  1.  Je  demande  la  permission  de  citer  certains  faits  nouveaux,  rela- 
tifs à  la  formation  directe  des  corps  dont  la  décomposition  peut  donner 
lieu  à  un  dégagement  de  chaleur:  ces  faits  me  paraissent  devoir  être  rap- 
prochés des  observations  remarquables  de  MM.  II.  Sainte-Claire  Deville  et 
Debray,  sur  l'acide  hyperruthénique  et  sur  l'oxyde  d'argent.  J'en  dé- 
duirai quelques  conséquences  générales  de  mécanique  moléculaire. 

»  2.  But)  rate  de  soude.  —Ce  sel  est  le  point  de  départ  de  mes  essais. 
Use  présente  sous  la  forme  de  cristaux  fins,  soyeux,  entrelacés,  d'iui  aspect 
gras  et  argentin  ;  c'est  un  hydrate  (i)  :  G"  H'  Na  0%  6H0.  Ce  sel  perd  toute 
son  eau,  soit  dans  l'étuve,  à  1 10  degrés,  soit  même  dans  le  vide  sec;  préci- 
sément comme  l'acétate  de  soude,  avec  lequel  il  présente  une  grande  ana- 
logie deforaude  et  de  propriétés.  Cette  perte  d'eau  paraît  s'opi'rer  en  deux 
phases,  surtout  dans  le  vide  froid.  En  elfet,  elle  se  ralentit  beaucoup  lors- 
qu'on arrive  au  dernier  équivalent  d'eau;  de  telle  sorte  que  j'ai  pu  isoler 
un  hydrate:  C^H'NaO'.HO  (2),  composé  dont  l'existence  distincte  va 
être  établie  par  des  épreuves  thermiques. 


(i)  Analyses  sur  luo  ])<iiiies  : 

Perte  dans  le  vide  sec  82,9.  Le  même  sel  a  roiuni  SO'Na  =:  43,8. 

D'après  la  lormiile  on  doit  avoir  :   Eau,   32,();   SO'Na:  43,2. 

Le  sel  séché  dans  le  vide  froid  donne  SO'JN'a  :     64,0.  Le  sel  séché  à  1 10  degrés  :  64,4. 

D'après  la  formule,  on  doit  avoir  :  SO'Na  =  64,4' 

(?,)   100  parties  fournissent  SO'Na  :^  Go, o;   théorie  :  59,7. 


(  5i3:) 

))  3.  Chaleurs  de  dissolution.  —  Le  plan  de  mes  recherches  me  conduisait 
à  mesurer  la  clialeur  de  dissolution  de  ces  divers  composés,  afin  d'en  dé- 
duire la  chaleur  de  formation  du  bulyrate  anhydre  et  de  ses  hydrates. 

.)  A  +6",  le  sel  (supposé  anhydre)  dissous  dans  120  parties  d'eau  : 


Cal 


C  ir  Na  0'  séché  à  1 1  o" dégage  -t-   4  j^? 

»  séché  à  froid  dans  le  vide         »  ->r  !^,i\ 

C*H"NaO',HO »  -<-  3,66 

C'H'NaO',6HO "  +3,44(i). 

»  4.  États  successifs  du  sel  dissous.— La  dissolution  du  bulyrate  de  soude 
dans  l'eau  s'opère  assez  vite,  bien  que  le  sel  se  mouille  mal;  mais  les  quan- 
tités de  chaleur  dégagées  ne  présentent  pas  le  même  degré  de  concordance 
que  dans  les  expériences  ordinaires  de  dissolution.  Il  semble  que  le  sel  dis- 
sous ne  prenne  pas  tout  d'abord  son  état  moléculaire  définitif.  Toutefois 
les  divergences  dues  à  cette  circonstance  ne  sauraient  surpasser  ±o,25: 
en  effet,  j'ai  pris  soin  de  ramener  toutes  les  liqueurs,  au  fur  et  à  mesure  de 
chaque  dissolution,  à  un  état  final  identique.  Il  suffit  d'y  ajouter  i  équi- 
valonl  tl'acide  clilorhydrique  étendu  (et  même  un  peu  plus)  :  le  bulyrate  de 
soude  est  ainsi  changé  entièrement,  ou  à  peu  près,  en  chlorure  de  sodium 
et  acide  butyrique  dissous.  Or  la  chaleur  dégagée  pendant  ce  changement 
final  a  varié  seulement  de  +  o,5i  (solution  préparée  depuis  plus  d'un 
mois)  à  +0,76  (sel  séché  à  1 10  degrés).  J'ajouterai  d'ailleurs  que  la 
limite  d'erreur  propre  à  ces  expériences  est  égale  à  dzo,iG;  ce  qui  est 
bien  voisin  des  variations  thermiques  observées  pendant  l'action  de  l'acide 
chlorhydrique.  Je  n'insisterai  donc  pas  autrement  sur  ces  variations. 

»  Observons  encore  que,  d'après  les  nombres  précédents,  le  bulyrate 
de  soude  anhydre  est  identique,  quel  que  soit  le  procédé  de  dessiccation; 
résultat  tout  pareil  à  celui  auquel  m'a  conduit  l'élude  de  l'acétate  de 
soude  [Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5*  série,  t.  IV,  p.  184).  Us  four- 
nissent aussi  l'exemple  intéressant  d  un  sel  trés-hydraté  (6  HO)  qui  se 
dissout  dans  l'eau  avec  un  dégagement  de  chaleur  considérable. 

0  5.  Forninlion  des  hydrates  cristallise'.^'.  —  Enfin  ces  nombres  permet- 
tent de  calculer  la  chaleur  dégagée  dans  la  combinaison  successive  de  l'eau 
avec  le  sel  anhydre,  pour  former  des  hydrates  cristallisés  : 

CMl'NaO'-l-  HO  liquide  =  C'H'NaO'.  HO  dégage  :-<- o, 58  } 
C'H'NaO',  HO  +  5U01iquide=C»H'NaO%GUO:  +  o,22  \ 

(1)  Ce  chiffre  varie  avec  la  concentration,  même  pour  des  liqueurs  déjà  étendues,  aUendu 
C.  R.,  1875,  1"  Semestre.  (T.  LX\X,  N»  0.)  (^7 


(5i4) 
On  voit  que  la  chaleur  dégagée  est  beaucoup  plus  grande  pour  le  premier 
équivalent  d'eau  que  pour  les  cinq  autres  réunis,  résultat  confoi'me  à  ceux 
que  fournit  l'étude  des  hydrates  successifs  des  bases  alcalines  {^Annales  de 
Chimie  et  de  Physique,  5*  série,  t.  IV,  p.  126.)  Il  prouve,  d'ailleurs,  que  le 
premier  hydrate  n'est  pas  un  simple  mélange  du  butyrate  anhydre  avec  le 
butyrate  le  plus  hydraté, 

»  Mais  le  rapprochement  de  ces  deux  chiffres  conduit  à  des  conséquences 
beaucoup  plus  importantes.  Rapportons,  en  effet,  la  combinaison  de  l'eau 
et  du  sel  à  un  même  état  des  corps  réagissants,  tel  que  l'état  solide,  afin 
de  rendre  cette  combinaison  comparable  avec  la  formation  des  autres  com- 
posés chimiques  :  il  suffira  sensiblement  de  retrancher  des  nombres  précé- 
dents la  chaleur  de  fusion  de  l'eau,  soit  +  0,715  par  chaque  équivalent  HO, 
combiné.  Nous  trouverons  que  le  premier  équivalent  d'eau  solide,  en  s'u- 
nissant  au  butyrate  de  soude  anhydre,  absorberait  —  0,1 35,  quantité  fort 
petite  et  qui  ne  sort  pas  des  limites  d'erreur  des  expériences;  mais  les 
5  autres  équivalents  réunis  absorberont  ensuite  -4- 0,22  —  3,57  = —  3,35; 
ou  bien  encore  les  6  équivalents  d'eau  réunis  4-  0,80  —  4>29  =  —  3,49> 

»  L'u/Hon  de  l'eau  solide  avec  le  but)  raie  de  soude  solide,  pour  former  un 
hydrate  cristallisé,  absorbe  donc  une  quantité  de  chalein-  considérable. 
C'est  là  un  fait  très-intéressant,  parce  qu'il  est  exceptionnel  dans  l'étude 
des  hydrates  salins  :  je  ne  l'avais  rencontré  qu'une  seule  fois  jusqu'ici, 
dans  l'étude  de  l'acétate  de  strontiane,  beau  sel  cristallisé  dans  le  système 
du  prisme  oblique  à  base  oblique,  CMl'SrO' +  |H0  (voir  Annales  de 
Chimie  et  de  Physique,  5*  série,  t.  IV,  p.  127);  mais  la  chaleur  absorbée 
était  très-petite,  et  les  conditions  de  système  cristallin  toutes  spéciales. 
Le  nouveau  résultat  est  bien  plus  décisif.  Il  montre,  et  c'est  là  un  résultat 
sur  lequel  j'appelle  l'attention,  que  la  formation  réelle  du  butyrate  de 
soude  hydraté,  envisagée  à  inie  température  à  laquelle  l'eau  est  liquide, 
c'csl-à-dire  au-dessus  de  zéro,  dégage  de  la  chaleur;  tandis  qu'elle  en  absor- 
berait à  une  température  à  laquelle  l'eau  est  solide,  c'est-à-dire  à  zéro  et 
au-dessous.  Réciproquement,  la  décomposition  de  ce  corps  en  eau  et  sel 
anhydre  devra  absorber  de  la  chaleur  au-dessus  de  zéro;  mais  elle  en  dé- 
gagera au-dessous;  c'est-à-dire  que  le  changement  d'étot  produit  par  un 
simple  abaissement  de  température  change  le  signe  thermique  de  la  com- 
binaison, laquelle  a  lieu,  d'ailleurs,  directement. 

que  la  dilution  du  butyrate  de  soude  dégage  de  la  chaleur.  Depuis  les  liqueurs  à  6  pour  100 
jusqu'aux  liqueurs  à  0,8  pour  100,  la  variation  est  de  i  septiùinc. 


(  5i5  ) 

»  6.  Je  ne  puis  m 'empêcher  de  rapprocher  ces  changements  de  signes, 
dans  la  chaleur  dégagée  pendant  la  combinaison  à  diverses  températures,  des 
changements  de  signes  relatifs  aux  transformations  isomériques  d'un  même 
élément,  phénomènes  d'ordre  chimique,  mais  qui  sont  également  assimi- 
lables aux  changemenls  d'état.  En  effet,  d'après  les  résultats  de  mes  expé- 
riences, le  soufre  octaédrique,  en  se  changeant  en  soufre  insoluble  solide 
{Annales  de  Chimie,  5*  série,  t.  IV,  p.  l\o,  et  4'  série,  t.  XXVI,  p.  468)  : 

»    1°  Dégage  de  la  chaleur  au-dessous  de  +  i8°; 

»  2°  Produit  un  phénomène  thermique  nul  vers  -{-  i8°; 

»  3"  Absorbe  de  la  chaleur  au-dessus  de  i8  degrés,  jusque  vers  le  point 
de  fusion  du  soufre  (ii3  degrés),  et  même,  suivant  toute  vraisemblance, 
dans  l'état  liquide,  jusque  vers  i6o  degrés. 

»  4°  A.  4-  i6o°,  au  contraire,  température  vers  laquelle  le  soufre  ordi- 
naire liquide  se  change  en  soufre  insoluble  liquide,  d'après  mes  expériences 
{Annales  de  Chimie,  3*^  série,  t.  XLIX,  p.  ^jG),  ce  changement  a  lieu  avec 
un  dégagement  de  chaleur  :  on  peut  le  conclure  des  expériences  de  M.  Ch. 
Sainte-Claire  Deville  sur  la  vitesse  de  refroidissement  du  soufre  fondu. 

M  Voilà  donc  l'exemple  d'un  changement  d'état  isomérique,  assimilable 
à  une  réaction  chimique  proprement  dite,  et  qui  donne  lieu  successivement 
à  un  dégagement,  à  une  absorption,  puis  à  un  dégagement  de  chaleur  sui- 
vant la  température,  ces  changements  étant  liés  à  la  varî^ation  inégale  que 
la  chaleur  spécifique  des  deux  soufres  éprouve  avec  la  température, 

»  Or  la  stabilité  du  soufre  insoluble  aux  diverses  températures  est  pré- 
cisément corrélative  avec  ces  changements  de  signes  dans  la  chaleur  que 
dégage  sa  transformation.  Il  se  forme  vers  i6o  degrés  et  au-dessus,  avec 
dégagement  de  chaleur;  il  se  conserve  indéfiniment  (plus  de  cinquante  ans 
d'après  mes  études)  vers  i8  degrés  et  au-dessous,  c'est-à-dire  aux  tempéra- 
tures auxquelles  sa  formation  aurait  lieu  avec  dégagement  de  chaleur.  Au 
contraire,  le  soufre  insoluble  se  détruit  spontanément  entre  i6o  et  1 8  degrés, 
c'est-à-dire  dans  les  limites  de  température  auxquelles  sa  destruction  donne 
lieu  à  un  dégagement  de  chaleur;  enfin  sa  destruction  est  d'autant  plus 
rapide  que  la  température  est  plus  élevée,  au  moins  jusqu'à  ii3  degrés. 
J'ajouterai  qu'elle  est  accélérée  par  le  contact  de  divers  corps,  tels  que 
l'hydrogène  sulfuré,  l'alcool  ou  les  alcalis,  conformément  à  ce  qui  arrive 
pour  les  réactions  exothermiques  en  général. 

»  La  stabilité  du  soufre  insoluble  demeure  doue  corrélative  au  signe 
de  la  chaleur  dégagée  pendant  la  réaction. 

»  7.  Quelque  mutation  d'état  analogue  dans  la  constitution  chimique  de 

67.. 


(  '!•(''  ) 
l'élément  carbone  me  semble  intervenir  lors  «le  la  plupart  des  combinaisons 
que  cet  élément  contracte  directement  avec  absorption  de  chaleur,  par 
exemple  avec  le  soufre  ou  avec  l'hydrogène.  Je  rappellerai  seulement  cer- 
tains faits  relatifs  au  sulfiu-e  de  carbone.  J'ai  observé  [Antmles  de  Cliimie  et 
de  Plijsiqiie,  4"  série,  t.  XVTII,  p.  169)  que  la  décomposition  du  sulftne  de 
carbone  en  ses  éléments  commence  ])récisément  aux  températures  aux- 
quelles ce  corps  lui-même  commence  à  se  former  par  la  combinaison  du 
soufre  et  du  carbone.  Ce  fait  étrange  est  facile  à  vérifier,  en  opérant  <!nns 
un  système  de  deux  tubes  de  porcelaine  concentriques  ;  le  sulfure  de  car- 
bone se  forme  dans  le  tube  extériem-,  tandis  que  la  vapeur  (]i\  même  corps 
se  détruit  au  même  moment  dans  le  tube  inti'rieiu'.  T>e  carbone  qui  rêsidle 
de  cette  destruction  n'est  pas  d'ailleurs  identique  avec  celui  qui  se  comhine 
au  soufre,  car  il  renferme  en  grande  c|uantité  un  graphite  particulier  (même 
Recueil,  t.  XIX,  p.  423).  Il  paraît  donc  probahie  que  le  carbone  passe  à  un 
état  isomérique  nouveau  en  se  combinant  avec  le  soufre,  et  cet  état  est  tel 
sans  doute  que  la  combinaison  consécutive  dégage  de  la  chaleur 

»  8.  Un  même  élément,  changeant  d'état  physique  ou  chimique  à  une 
certaine  température,  comme  il  arrive  au  soufre,  au  phosphore,  au  sélé- 
nium, etc.,  dégage  en  plus  (ou  en  moins),  en  s'unissant  avec  ini  autre  élé- 
ment, toute  la  chaleur  absorbée  (ou  dégagée)  dans  le  changement  d'état. 
Par  suite,  lui  composé  instable  ou  explosif  à  une  certaine  température 
peut  devenir  stable  à  une  température  plus  élevée. 

»  Le  changement  d'état,  au  lieu  d'être  traduit  par  une  brfisque  absorp- 
tion ou  dégagement  de  chaleur,  peut  aussi  représenter,  soit,  comme  ilans 
le  cas  i\\\  soufre  insoluble,  un  changement  graduel  dans  la  chaleur  .sjn'ci- 
fique  des  éléments,  soit  une  simple  inégalité  entre  la  chaleiu"  spécifique  du 
composé  résultant  et  la  somme  de  celles  des  cor|)s  composants.  De  telle 
sorte  que  les  travaux  calorifiques,  accumulés  pendant  un  certain  intervalle 
de  températinv,  finissent  par  renverser  le  signe  thermique  de  la  comhi- 
naison;  la  chaleur  dégagée  à  une  température  donnée  étant  une  intégrale 
définie,  dont  la  différence  des  chaleurs  spécifiques  est  la  différentielle.  J'ai 
exécuté  des  expériences  de  cette  nature  pour  la  dissohuion  et  la  précipi- 
tation [Ànnnies  de  Chimie  et  de  l'Iiysiqne,  5"  série,  t.  IV,  p.  29-37);  les 
mêmes  principes  s'applicpienl  évidemment  à  la  combinaison  chimique 
proprement  dite. 

»  Soit,  par  exemple,  la  formation  de  l'acide  sélénhydrique,  depuis  les 
éléments  II  -l-Se  =  HSe;  dans  leur  état  actuel,  cette  réaction  absorbe 
—  2,7  on  —  2,  I,  suivant  (pie  l'on  part  du  sélénium  rouge  ou  métallique, 


(l'nprrs  ÏM.  IlatililViiilIe.  Mais  cette  même  formalinii  vprs  moo  degrrs  tlnit 
dégager  de  la  cliaioiir,  rr;t|M'os  un  calcid  fondé  sur  les  chaleurs  spécifiques 
(en  admettant  celle  de  ilSe  =  HS  sons  le  même  volume,  celle  dernière  étant 
donnée  par  M.  Regnanlt);  on  le  voit  mieux  encore  en  tenant  compte  de  la 
chaleur  (le  va])orisatioii  du  sélénium.  La  fonnatiou  du  gaz  si  lénhydr  irpie 
absorbe  donc  de  la  chaleur  à  zéro  et  en  dég;ige  à  -!-  looo,  et  ce  renverse- 
ment du  signe  thermique  de  la  combinaison  doit  répondre  à  un  accrois- 
sement de  stabilité  avec  la  températiu-e;  ce  qui  rendrait  compte  des  cu- 
rieuses expériences  de  M.  Ditte. 

»  Dans  toutes  les  combinaisons  eÙ'ecluécs  po7^  s/nthèse  directe,  sans  l'in- 
tervention d'une  réaction  simuitauée  ou  d'une  énergie  étrangère,  ces  prin- 
cipes conlieinient,  à  mon  avis,  la  théorie  de  ces  singulières  décompositions 
par  refroidissement. 

»  9.  Mais  les  choses  peuvent  être  expliquées  d'une  autre  façon,  dans  les 
cas  où  l<i  combinaison  décomposable  par  refroidissement,  c'est-à-dire  à  une 
température  inférieure  à  celle  de  sa  lonnation,  se  produit  au  milieu  d'iuie 
autre  réaction  simultanée,  et  plus  généralement  avec  le  concours  d'une 
énergie  étrangère.  De  telles  combinaisons  ne  sont  pas  rares  en  Chimie,  et 
c'est  à  juste  lilre  que  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville  et  Debray  rappellent 
leurs  im|)ortantes  expériences  sur  la  formation  de  l'oxyde  d'argent  dans  la 
(lamme  oxyliydrique,  aussi  bien  que  la  formation  éphémère  d(î  ces  com- 
posés instables  qui  se  produisent  pour  disparaître  aussitôt,  en  donnant 
lieu  à  la  volatilisation  apparente  des  éléments  ou  des  composés  plus  sim- 
ples. Je  puis  citer  encore  à  l'appui  le  fait  suivant  :  le  bore  adamantin  ou 
carburé,  lorsqu'on  le  chauffe  fortement  dans  ini  courant  de  chlore,  donne 
lieu  à  des  cristaux  de  graphite,  en  apparence  sublimés,  et  qui  se  déposent 
à  une  certaine  distance  de  la  nacelle  :  ils  sont  dus  sans  doute  à  la  forma- 
tion temporaire  d'un  chlorure  de  bore  et  de  carbone,  cpii  te  décompose 
anssilôt.  Rappelons  aussi,  comme  exemple  de  mécanismes  analogues,  la 
j)rodnction  si  notable  de  l'acide  azotique  hydraté  dans  la  flamme  oxvhy- 
drique,  malgré  la  haute  température  de  cette  flamme,  opposée  à  la  basse 
température  à  laquelle  l'acide  azotique  se  détruit.  Telle  est  aussi  la  pro- 
duction des  carbures  d'hydrogène  condensés  qui  prennent  naissance  sous 
la  brusque  influence  de  la  température  du  rouge  vif,  même  du  rouge 
blanc,  et  de  la  températuie  de  la  porcelaine  fondante,  tenipératures  Irès- 
siqM'rii  ures  pourtant  à  celles  dont  l'action  prolongée  suffit  à  les  détruire 
(voir,  entre  autres,  Annales  de  Chimie,  4' série,  t.  XII,  p.  45). 

»  Dans  toutes  ces  réactions,  aussi  bien  que  dans  le  cas  du  soufre  iiiso- 


(  5i8) 
lubie,  l'utilité  d'un  relroidissement  brusque  pour  manifester  les  produits 
instables  ne  me  paraît  pas  due  à  quelque  action  moléculaire  spéciale,  ou 
provoquée  par  le  refroidissement  lui-même,  mais  plutôt  au  rôle  du  temps 
dans  les  actions  chimiques.  La  plupart  des  réactions  ne  s'accomplissent  pas 
instantanément,  même  lorsque  les  corps  sont  intimement  mêlés  et  main- 
tenus à  une  température  fixe,  à  laquelle  ils  finiront  à  la  longue  par  se 
transformer  intégralement.  J'ai  donné  ailleurs  de  nombreux  exemples,  et 
des  plus  décisifs,  de  cette  vitesse  diverse  des  réactions  chimiques,  dans  les 
cas  où  elles  dégagent  de  la  chaleur,  comme  dans  les  cas  où  elles  en  absor- 
bent. Telle  est  la  métamorphose  de  soufre  insoluble  en  soufre  octaédrique, 
presque  instantanée  au-dessus  de  1 13  degrés  ;  rapide  vers  loo  degrés,  mais 
de  plus  en  plus  lente,  à  mesure  que  l'on  se  rapproche  de  la  température 
ordinaire.  Telle  est  aussi  la  décomposition  exothermique  de  l'acide  for- 
mique  gazeux,  lequel  se  résout  complètement  en  produits  gazeux  vers 
260  degrés  ;  mais  la  réaction  exige  vingt-cinq  heures  pour  s'accomplir  en- 
tièrement. Elle  est  beaucoup  plus  rapide  à  3oo  degrés,  quoique  non  instan- 
tanée. Cependant  cet  acide  peut  être  soumis  à  une  température  effective 
de  3oo  degrés,  et  même  très-supérieure,  pendant  quelques  secondes,  sans 
éprouver  de  décomposition  appréciable.  Le  forniiate  de  baryte  se  détruit 
complètement  à  260  degrés  en  cent-vingt  heures;  tandis  qu'il  résiste  en 
partie  pendantquelques  minutesàune  température  réelle  de  5oo  degrés,  etc. 
On  conçoit,  dès  lors,  que  dans  une  réaction  donnée  on  puisse  voir  appa- 
raître des  produits  secondaires,  tels  que  les  carbures  pyrogénès,  l'oxyde 
d'argent,  l'acide  azotique,  formés  dans  des  conditions  incompatibles  avec 
leur  existence  prolongée.  Mais  c'est  à  une  double  condition  :  il  faut  faire 
intervenir  une  énergie  étrangère,  telle  que  celle  d'une  action  simultanée  ca- 
pable d'effectuer  une  combinaison  qui  n'aurait  pas  lieu  isolément  (1),  et  il 
faut  soustraire  aussitôt  cette  combinaison  par  un  refroidissement  brusque 
à  l'action  lentement  décomposante  de  la  haute  température  à  laquelle  la 
combinaison  a  été  formée.  » 


(1)  Souvent  mènie  les  conditions  où  cette  action  simultanée  se  produit  ont  aussi  pour 
effet  d'accroître  la  stabilité  du  nouveau  corps  :  c'est  ainsi  que  l'acide  azotique  bouillant,  en 
même  temps  qu'il  oxyde  le  soufre  fondu,  en  transforme  une  partie  en  soufre  insoluble  et 
assure,  par  son  contact,  la  stabilité  de  ce  dernier  à  1 15  degrés,  c'est-à-dire  à  une  tempéra- 
ture (jui  détruirait  presque  instantanément  le  soufre  insoluble,  s'il  était  isolé. 


(5i9) 

BOTANIQUE.  —  De  la  tiléorie  carpettaire  d'après  des  Tiliacées; 
par  M.  A.  Trécul. 

«  Le  système  fibrovasculaire  du  pédoncule  est  ordinairement  pentagonal 
au  bas  de  la  fleur  [Grewia  occidentalis,  Tilia  divers,  etc.),  ou  quadrangulaire 
{Sparmannia  af ricana)  ;  les  angles,  devenant  de  plus  en  plus  saillants  en  ap- 
prochant du  réceptacle,  émettent  chacun  un  faisceau  qui,  après  s'être  écarté, 
se  ferme  sur  sa  face  interne  et  forme  un  petit  cylindre  qui  peut  devenir 
très-ligneux  [Entelea  arborescens,  Grewia  occidentalis,  etc.),  et  dans  lequel 
les  groupes  vasculaires  sont  orientés  d'après  une  ligne  droite,  comme  dans 
un  petit  axe. 

»  Dans  les  Tilia,  chacun  des  cinq  faisceaux  basiiaires  ainsi  produits 
fournit  les  faisceaux  d'un  sépale,  un  ou  deux  faisceaux  pétalinset  ceux  d'un 
nombre  variable  d'étamines.  Pour  cela  un  segment  externe  de  chaque  fais- 
ceau basilaire  s'écarte  d'abord  et  va  au  sépale  qui  lui  est  opposé.  Avant  d'y 
arriver  il  se  divise  en  trois  branches  :  l'une  médiane  se  prolonge  dans  le 
milieu  du  sépale,  de  \  latérales,  dont  chacune  va  obliquement  à  la  ren- 
contre d'une  homo'  jue  qui  vient  du  faisceau  basdaire  voisin,  s'unit  avec 
elle  directement  <  m  par  l'intermédiaire  d'un  fascicule  oblique  ;  ces  deux 
branches  réunies  n'entrent  point  dans  un  pétale,  comme  cela  a  été  dit;  mais 
chacune  d'elles  monte  dans  le  côté  du  sépale  placé  au-dessus,  où  elle 
constitue  les  nervures  latérales,  avec  le  concours  d'un  ou  deux  rameaux 
qu'elle  a  émis  avant  d'arriver  à  ce  sépale. 

»  Chaque  pétale  des  Tilia  a  pour  base  un  ou  deux  faisceaux  qui  lui  sont 
propres.  Quand  il  en  a  deux,  ils  sont  comme  à  cheval  sur  l'intervalle  qui 
sépare  deux  des  cinq  faisceaux  basiiaires  décrits,  et  ils  s'insèrent  latéra- 
lement au-dessus  du  point  d'attache  des  faisceaux  qui  vont  au  calice.  Les 
deux  faisceaux  destinés  à  un  pétale  s'unissent  au-dessous  de  cehii-ci  en  un 
seul,  qui  se  ramifie  après  y  être  entré.  Mais,  le  plus  souvent,  chaque  pétale 
est  inséré  par  un  seul  faisceau,  l'un  des  deux  que  je  viens  de  signaler 
n'existant  pas.  Alors  les  faisceaux  d'insertion  des  cinq  pétales  sont  ordinai- 
rement dirigés  dans  le  même  sens,  soit  de  droite  à  gauche,  soit  de  gauche  à 
droite.  Très-rarement,  dans  la  même  fleur,  les  uns  viennent  de  droite  et  les 
autres  de  gauche;  très-rarement  aussi  certains  pétales  d'une  même  fleur 
n'ont  qu'un  faisceau  d'insertion,  tandis  que  les  autres  en  ont  deux. 

»  L'insertion  des  étamines  est  non  moins  remarquable.  Dans  quelques 
espèces,  il  y  a  des  étamines  de  deux  origines  [Tilia  plal/pli/lla,  niicro- 
phylla)  :    les  unes,  plus  nombreuses,  sont  insérées  au-dessus  du  point 


(    520    ) 

d'attache  des  faisceaux  pétalins  sur  les  faisceaux  sortis  des  angles  du  pen- 
tagone, tandis  que  les  autres  émanent  des  faces  de  celui-ci;  il  ne  sort  ordi- 
nairement de  cliaqiie  face  du  |)enlagone  qu'un  seul  faisceau  stainiiial,  mais 
ce  faisceau  se  bifurque  quelquefois  dans  le  T.  plalypliytla  et  donne  alors 
deux  étamines.  Dans  les  T.  aiiiericana,  pubescens,  lieterophylla,  ces  étaniines 
à  insertion  vascutaire  oppositipétale  n'existant  pas,  tous  les  faisceaux  sta- 
niinaux  convergent  vers  les  cinq  faisceaux  basilaires,  sur  lesquels  ils  sont 
fixés;  tous,  par  conséquent,  ont  une  insertion  oppositisépale.  A  la  place 
de  l'étamine  ou  des  étamines  opposées  à  chaque  pétale,  il  y  a  un  stami- 
node  pétaloïde.  Le  T.  covaUinn  est  très-instructif  sous  ce  rapport,  en  ce 
qu'il  présente  à  la  fois  des  fleurs  pourvues  de  staminodes  et  des  fleurs 
dans  lesquelles  chaque  staminode  est  remplacé  par  une  étamine  plus 
grosse  que  les  autres.  On  trouve  même  souvent  cette  étamine  transfor- 
mée à  des  degrés  divers  en  staminode  pétaloïde.  Le  filet  devenu  lamellaire 
|)orte  alors  sur  ses  bords  des  traces  de  l'anthère,  dont  les  loges  sont 
plus  ou  moins  conservées.  Chaque  staminode  comme  chaque  étamine  ne 
reçoit  qu'un  seul  faisceau,  qui  est  inséré,  comme  je  l'ai  dit,  sur  le  milieu 
de  la  face  correspondante  du  pentagone  réceptaculaire. 

»  Le  nombre  des  étamines  varie  beaucoup  dans  chaque  fleiu-,  suivant  les 
espèces.  Il  n'y  en  a  que  de  i4  à  26  dans  les  fleurs  tXuJ'iUa  miciophyila ; 
environ  l\o  dans  les  fleurs  du  T.  pubescens,  c'est-à-dire  8  dans  chaque 
groupe  à  insertion  oppositisépale;  il  y  en  a  10  à  12  dans  chacun  des  cinq 
groupes  du  /.  americana,  et  12  à  i5  dans  chaque  groupe  du  T.  helero- 
pliylla. 

»  Il  convient  d'ajouter  que,  dans  la  symétrie  de  la  fleur,  les  staminodes 
ou  les  étamines  qu'ils  représentent  forment  un  verticillc  particulier.  Il 
existe  en  effet  dans  chaque  fleur  5  sépales,  5  pétales  alternes  avec  ceux-ci, 
5  groupes  d'élamines  avec  insertion  oppositisépale  de  leurs  faisceaux, 
5  staminodes  alternes  avec  ces  5  groupes  d'étamines,  enfin  ordinairement 
5  carpelles  alternes  avec  les  staminodes  et  opposés  aux  sépales. 

»  Quand  chaque  fleur  possède  nu  nombre  de  carpelles  égal  à  celui  des 
sépales  et  des  pétales,  chaque  carpelle  est  oppositisépale,  et  pour  le  consti- 
tuer il  sort  des  angles  du  pentagone  réceptaculaire  un  fascicule  ou  deux 
qui,  sur  des  cou|)es  longitudinales,  se  montrent  parfois  insérés  sur  les 
faisceaux  angulaires  qui  ont  donné  ceux  des  sépales,  des  i)étales  et  des  éta- 
mines opposilisépales.  Ce  fascicule  ou  ces  fascicules  semblent  alors  n'être 
que  les  derniers  rameaux  émis  par  ces  faisceaux  basilaires.  D'autres  fois  ces 
fascicules  sont  insérés  plus  bas,  comme  dans  l'aisselle  des  faisceaux  basi- 


(    521     ) 

laires.  S'il  n'y  en  a  f|iriin  ilans  ch.ique  aisselle,  il  se  partage  plus  haut  en 
deux  [T.  fteU'rof)lt/ll(i,  etc.).  Ces  deux  fascicules  montent  parallèlement  à 
petite  distance  l'un  de  l'autre  dans  la  paroi  de  l'ovaire,  en  opposition 
avec  les  loges.  Ils  se  réunissent  au  sommet  de  l'ovaire  avant  d'en- 
trer dans  le  style,  et  représentent  la  nervure  médiane  des  carpelles. 
On  remarque  quelquefois  encore,  dès  l'époque  ovarienne  ou  seule- 
ment un  peu  plus  tard  dans  la  jeunesse  du  fruit,  quelques  autres 
fascicides  qui  se  détachent  du  réceptacle,  ou  même  de  la  hase  du  faisceau 
des  stanunodes,  et  qui  moulent  dans  les  parois  de  l'ovaire.  Dans  les  Tilia 
americana,  heterophylla  et  (  urallina,  on  en  aperçoit  deux  ou  trois  qui  sont 
opposés  à  chaque  cloison,  et  un  peu  plus  externes  que  les  couples  opposés 
aux  loges. 

»  Ce  qui  reste  de  chaque  face  du  pentagone  réceptaculaire  se  prolonge 
dans  l.i  région  centrale,  et  y  donne  lieu  d'ahord  à  un  faisceau  muni  de  deux 
groupes  vasculaires,  qui  un  peu  plus  haut  s'unissent  en  un  seul.  Ainsi  sont 
constitués  lescinq  faisceaux  placentaires,  qui  montent  en  opposition  avec  les 
cloisons  et  pénètrent  dans  le  style,  où,  avec  les  faisceaux  venus  de  la  pé- 
riphérie, ils  forment  uu  pentagone  qui  présente  un  faisceau  dans  chaque 
angle  et  uu  ou  deux  sur  chaque  face.  Ces  divers  faisceaux  vont  se  terminer 
dans  les  cinq  lobes  stigmatiques  en  s'unissant  plusieurs  ensemble.  Mais, 
dans  leur  course  à  travers  l'ovaire,  les  cinq  faisceaux  placentaires  qui,  au 
moins  dans  les  T.  heteropli/lln  et  pubesceiis,  ont  leurs  vaisseaux  tournés 
vers  le  centre  dans  toute  leur  longueur,  décrivent  une  courbe  dont  la  con- 
vexité est  dirigée  vers  l'extérieur,  et  ils  émettent,  chemin  faisant,  des  ra- 
meaux internes  et  des  rameaux  externes.  Les  internes  sont  très-grêles  et 
leur  étude  demande  beaucoup  d'attention.  Les  ims  fournissent  les  fais- 
ceaux des  ovules;  les  autres  insérés  un  peu  au-dessous  des  loges,  à  l'origine 
de  la  courbure,  vont  se  terminer  où  elle  finit  et  simulent  la  corde  des  arcs 
décrits  par  les  placentaires.  Ces  fascicules  internes  sont  reliés  les  uns  aux 
autres  (T'.  lieleroph)lla,  pubesceiis).  Les  rameaux  externes  des  placentaires 
sont  insérés  à  la  hauteur  des  ovules  et  plus  haut  ;  ils  montent  obliquement  à 
travers  les  cloisons  et  le  parenchyme  qui  couvre  les  loges,  en  se  bifurquant 
deux  ou  trois  fois  dans  le  plan  vertical  et  aussi  dans  le  plan  contraire  (/'. 
americana).  Leurs  rameaux,  disposés  en  sens  inverse  de  la  direction  qu'ils 
auraient  si  l'on  avait  affaire  à  des  feuilles  devenues  carpelles,  concourent, 
avec  les  faisceaux  qui  montent  du  réceptacle,  à  former  la  strate  fibrovas- 
culaire  et  réticulée,  qui  donne  au  péricarpe  sa  consistance  ligneuse. 

C.  K.,i875,  i"  Semestre.  Cl.  I.XXX,  N"  i).)  68 


(  5aa  ) 

a  Les  deux  faisceaux  longitudinaux  opposés  aux  loges,  représentant  la 
nervure  médiane  des  carpelles,  ne  font  point,  à  proprement  parler,  partie 
constituante  de  la  strate  fibrovasculaire;  ils  sont  plus  internes  qu'elle,  pla- 
cés à  quelque  dislance  et  envelopiiés  par  le  parenchyme  interne;  ils  en- 
voient seulement  à  celle  strate  des  rameaux  latéraux. 

»  Cette  strate,  qui  débute  dans  la  jeunesse  de  l'ovaire  par  une  couche 
génératrice  semblable  à  celle  de  la  tige  des  arbres  dicotylédones,  dans 
laquelle  les  cellules  se  nuiltiplient  de  même  en  séries  radiales,  se  partage 
en  deux  zones  bien  distinctes  :  la  plus  interne  est  formée  par  un  plexus  de 
faisceaux  tibrovasculaires  anastomosés  entre  eux  ;  la  plus  externe  est  com- 
posée d'une  midtitude  de  petits  groupes  de  cellules  scléreuses  étendues 
radialement,  qui  reçoivent  les  extrémités  de  fascicules  vasculaires  émanés 
du  plexus  placé  en  dedans.  Une  épaisse  couche  de  parenchyme  vert  enve- 
loppe le  tout,  et  est  elle-même  revêtue  par  un  épidémie  chargé  de  poils  à 
rameaux  rayonnants. 

>j  Du  système  fibrovasculaire  quadrangulaire  du  sommet  du  pédoncule 
du  SiKinnatmin  a/ricana  s'écartent  des  angles  quatre  faisceaux,  qui  montent 
au-dessous  du  milieu  des  sépales;  un  peu  plus  haut,  quatre  autres  faisceaux 
alternes  avec  les  premiers  sortent  de  l'iue,  montent  au-dessous  des  inter- 
valles des  sépales  et  s'y  bifurquent,  tandis  que  les  quatre  premiers  se  divisent 
en  trois,  dont  un  médian  qui  se  prolonge  dans  le  milieu  du  sépale  placé 
au-dessus,  et  deux  latéraux  qui  vont  au-devant  des  branches  de  la  fourche 
des  quatre  autres  faisceaux.  De  l'union  de  ces  branches  résultent  huit  ar- 
cades, dont  chacime  fournit  des  faisceaux  latéraux  aux  moitiés  correspon- 
dantes de  deux  sépales. 

»  Avant  de  se  bifurquer,  les  quatre  faisceaux  opposés  aux  intervalles 
des  sépales  émettent,  à  des  hauteurs  variables,  un  faisceauqui  se  prolonge 
dans  le  pétale  superposé  et  produit  sa  nervation.  Il  arrive  cependant  assez 
souvent  que  le  faisceau  destiné  à  un  pétale  s'insère  directement  sur  l'axe  : 
il  est  alors  comme  axillaire  du  faisceau  calicinal  correspondant. 

»  De  même  que  les  f;iisceaux  basilaires  des  pétales  sont  souvent  insérés 
sur  des  faisceaux  destinés  au  calice,  de  même  les  faisceaux  basilaires  simples 
des  groupes  d'élamiues  s'insèrent  fréquemment  sur  ceux  des  pétales.  Il  naît 
ainsi  lui  premier  verlicille  de  faisceaux  staminaux  oppositipétales;  mais,  un 
peu  plus  haut,  il  sort  directement  de  l'axe  d'autres  faisceaux  staminaux  qui 
sont  oppositisépales.  Les  uns  et  les  autres  se  divisent  en  rameaux  assez 
nombreux;  ceux  qui  sont  oppositipétales  se  partagent  chaciui  en  deux 
groupes,  <pii,  chacun  de  son  côté,  vont  se  joindre  au  groupe  oppositisépale 


(-ÏJBT) 
voisin.  Tous  ces  fascicules,  s'anastoraosaiit  entre  eux,  forment  un  plexus 
duquel  sort  chaque  groupe  d'étaujinesavec  ou  sans  anthères,  visible  à  Tex- 
térieur  et  opposilisé|)ale. 

»  Jusque-là  la  fleur  est  symétrique;  elle  a  quatre  srpales,  quatre  pétales 
alternes  avec  eux  et  quatre  groupes  d'élamines  alternes  avec  les  pétales.  I^c 
nombre  des  carpelles  étant  souvent  de  cinq  ou  six,  la  symétrie  est  troublée; 
mais  le  phénomène  qui  s'est  montré  pour  l'insertion  des  faisceaux  des 
pétales  et  des  étamines  se  rejjroduit  pour  celle  des  nervures  médianes  des 
car|)elles.  Celles-ci,  en  e(f(  t,  quoique  émanant  quelquefois  directement  de 
l'axe,  s'insèrent  bien  plus  souvent  sur  des  faisceaux  staniinaux,  non  pas 
seulement  sur  le  faisceau  basilaire  simple  d'un  groupe  d'étamines,  mais 
aussi  sur  un  des  rameaux  de  ces  basilaires. 

»  Après  l'émission  des  f;iisceaux  staminaux  supérieurs,  ce  qui  reste  de 
l'axe  se  dispose  en  un  cylindre  qui  se  prolonge  dans  le  centre  du  pistil,  où 
ses  faisceaux  s'anastomosent  près  de  la  ba;e  des  loges.  A  partir  de  ces  ana- 
stomoses, plusieurs  faisceaux  se  réj^artissent  dans  l'extrémité  en  coin  de 
chacune  des  cloisons,  d'oii  les  uns  montent  dans  les  ovules,  tandis  que 
d'autres  branches  des  faisceaux  placentaires  montent  dans  les  cloisons 
mêmes.  Au-dessus  de  l'insertion  des  ovules,  le  faisceau  placentaire  restant 
seul  a  ses  vaisseaux  tournés  vers  le  dehors  et  envoie,  à  travers  les  cloisons, 
de  nouveaux  rameaux  qui  rejoignent  les  nervures  médianes.  Les  faisceaux 
qui  parcourent  les  cloisons  se  prolongent  les  uns  dans  la  paroi  externe 
d'un  seul  carpelle,  les  autres,  se  bifurquant,  envoient  une  branche  dans  la 
paroi  dorsale  de  chacun  des  deux  carpelles  adjacents;  mais,  dans  la  fleur,  les 
faisceaux  transverses  débordent  à  peine  des  cloisons  dans  la  parni  externe. 
Ce  n'est  que  plus  tard  qu'ils  sont  en  relation  avec  les  nervures  médianes.  A 
l'époque  de  la  floraison,  chacune  de  celles-ci  est  seulement  bifurquée  dans 
sa  partie  supérieure,  et  chaque  branche  va  s'unir  avec  le  sommet  d'un  fais- 
ceau placentaire  différent,  qui  lui-même  est  en  rapport  avec  les  branches 
correspondantes  des  nervures  médianes  des  deux  carpelles  voisins.  Ni  les 
faisceaux  placentaires  ni  les  nervures  médianes  n'entrent  dans  le  style,  qui 
ne  reçoit  aucun  faisceau. 

»  Pendant  l'accroissement  du  jeune  fruit,  les  faisceaux  transverses  venus 
des  placentas  se  ramifient  dans  la  paroi  externe,  donnent  lien  à  lui  réseau 
à  petites  mailles  (pii  les  réunit  avec  la  nervure  médiane.  C'est  des  faisceaux 
composant  ce  réseau  que  partent  les  éléments  vasculaires  et  fibreux  que 
j'ai  signalés  antérieurement  dans  les  piquants  qui  garnissent  la  surface  du 
fruit.  Ces  piquants  se  terminent  par  une  longue  cellule  aiguë  à  parois  for- 

68.. 


(  524  ) 

tement  épaissies  ;  mais  leur  base  renflée  est  complexe.  Outre  les  vaisseaux 
et  les  fibres  ligueuses  qui  les  accompagnent,  une  couche  de  parenchyme 
vert  est  placée  sous  l'épitlerme,  qui  est  lui-même  hérissé  comme  celui  de 
l'ovaire  ou  du  fruit. 

»  L'ovaire,  en  effet,  porte  deux  sortes  de  poils  :  les  uns  sont  unicellu- 
laires,  à  parois  épaisses,  et  pointus;  les  autres,  renflés  au  sonniiet,  sont  com- 
posés de  cellules  superposées  et  en  partie  divisées  par  des  cloisons  verti- 
cales. 

»  Je  m'abstiens,  dans  ce  travail ,  de  parler  des  nombreuses  cellules 
gommeuses  répandues  dans  la  fleur  et  dans  le  péricarpe  des  Tiliacées  ;  mais 
je  mentionnerai  ici  la  répartition  de  cristaux  en  groupes  étoiles  dans  les 
cellules  internes  de  la  paroi  extérieure  des  loges  de  l'ovaire  du  Sparmannia; 
il  n'en  existe  pas  dans  les  cloisons  à  cet  âge. 

»  Le  fruit  de  VEiUcIca  arborescens,  sur  lequel  je  reviendrai  plus  tard,  a  la 
plus  grande  ressemblance  avec  celui  du  Spaimnnma. 

»  Il  est  à  peu  près  superflu  de  faire  remarquer  que  la  constitution  de  ces 
fruits  et  de  ceux  des  Tilia  ne  concorde  pas  du  tout  avec  la  structure  des 
feuilles;  mais  je  ne  terminerai  pas  sans  exposer  quelques  réflexions  que 
suggère  l'insertion  des  diverses  parties  de  la  fleur,  et  en  particulier  l'étou- 
nanle  insertion  de  la  nervure  médi^ine  des  car[)elies,  surtout  dans  \e  Spar- 
maimui,  V Enlelea  et  le  Grewia  occidentalis. 

»  Celte  insertion  f(niru!t  une  objection  puissante  contre  la  théorie  des 
feuilles  modifiées.  D'après  cette  théorie,  le  carpelle  élant  une  feuille,  les 
faisceaux  placentaires  n'en  seraient  que  des  nervures  latérales.  Cette  opi- 
nion ne  saurait  s'appliquer  aux  plantes  que  je  viens  de  nommer,  car  en  elles 
les  faisceaux  placentaires  sont  dans  la  prolongation  de  l'axe,  tandis  que  les 
nervures  médianes  ne  sont  que  rarement  insérées  sur  cet  axe. 

»  Dans  le  Spannmmin^  qui  vient  d'être  décrit,  les  nervures  médianes  des 
carpelles  sont  le  plus  souvent  insérées  surdcsjciisceaux  slaniinatix  ùusiLiires, 
qui  devront  être  regardés,  par  les  adversaires  de  l'avis  que  je  soutiens, 
comme  appartenant  à  des  Jeuitles  slaminales.  On  est  conduit  à  se  demander 
si  ces  faisceaux  slaminaux  basilaires  simples  sont  formés  par  la  base  d'au- 
tant de  feuilles  qu'ils  sont  surmontés  détamiues.  Si  chaque  étamine  repré- 
sente une  feuille,  que  de  difOcultés  n'éprouvera-t-on  pas  pour  les  répartir 
sur  l'axe  d'a|)rès  les  lois  delà  phyllotaxie?  Si  au  contraire  on  veut  pré- 
tendre, conformément  à  la  .symétrie  de  la  fleur,  que  chaque  gronj)e  ilêla- 
niines ,  qui  en  contient  de  trente-huit  à  cinquante-sept,  ne  représente 
qu'une  seide  feuille,  quelle  singulière  lèuille  n'aura-t-ou   pas?  Les  buta- 


(  5a5  ) 

nistes  ne  s'étant  guère  accordés  pour  expliquer  la  formation  d'une  étamine 
par  une  feuille,  comment  s'enleiidronl-ils  pour  expliquer  la  transformation 
d'une  feuille  en  cinquante  éfainiuos?  Il  ne  faut  pas  oublier  que  celte  pré- 
tendue feuille  s  complexe  serait  souvent  combinée  avec  le  prolongement 
inférieur  de  la  nervure  médiane  d'une  feuille  carpellaire.  De  plus,  cette 
feuille  staminale  aurait  trois  faisceaux  d'insertion ,  et  ces  trois  faisceaux 
ne  s'inséreraient  même  pas  tous  sur  l'axe  :  le  médian,  qui  est  le  supérieur, 
s'appuierait  seul  sur  cet  axe;  mais  les  deux  latéraux  s'inséreraient  chacun 
sur  le  faisceau  basilaire  d'un  pétale,  qui  lui-même  s'insère  tantôt  sur  un 
faisceau  hasilaire  latéral  du  calice,  tantôt  dans  l'aisselle  de  ce  faisceau. 
Que  de  difficultés  accumulées  pour  soutenir  une  théorie  inutile! 

»  Les  Tilici  eu  présenteraient  d'analogues,  puisque  chaque  groupe  d'éta- 
mines  oppositisépale  s'insère  sur  le  même  faisceau  basilaire  que  le  sépale 
voisin,  auquel  s'ajoutent  encore  un  ou  deux  faisceaux  pétalins.  En  outre, 
chez  ces  arbres,  chaque  groupe  de  faisceaux  staminaux  à  insertion  opposi- 
tiséprde  ne  représente  aussi  qu'une  pièce  du  verticilie,  et  de  chaque  groupe 
émanent  souvent  dix  ou  quinze  étamines.  Il  répugne  de  croire  que  ces 
quinze  étamines  soient  formées  par  une  feuille,  quand,  auprès  d'elles,  cha- 
cune des  cinq  étamines  du  verticilie  oppositipétale,  qui  ont  la  même  struc- 
ture [T.  corallina),  exigerait  une  feuille  entière  pour  se  constituer.  Puisque 
quinze  ou  cinquante-sept  étamines,  loiil  aussi  bien  qu'une  seule  de  même 
slruchiie,  peuvent  tenir  la  place  d'une  pièce  d'un  verticilie,  il  est  clair 
qu'une  étamine  n'est  pas  formée  par  une  feuille.  11  y  a  là  un  mode  de  la 
ramification,  et  c'est  tout. 

»  Je  ferai  remarquer  encore  que  rien  ne  prouve  mieux  la  vanité  de  la 
distinction  des  axes  et  des  apj)endices  que  les  faisceaux  basilaires  supports 
des  sépales,  des  pétales  et  des  étamines,  qui  ont  hi  coiistilulion  de  pelils  axes 
liyneux  avec  rayons  médullaires,  et  dont  tous  les  éléments  sont  symétrique- 
ment rangés  autour  d'une  ligne  droite.  Je  ne  puis  mieux  terminer  qu'en 
décrivant  leur  disposition  et  leur  lamification  dans  le  réceptacle  que  ter- 
mine le  fruit  du  Grewia  occidenlalis. 

y>  Un  peu  au-dessous  de  l'iiiserlion  des  sépales,  qui  sont  tombés,  il  s'é- 
carte de  l'axe  ligneux  du  pédoncule  cinq  faisceaux  qui  se  ferment  sur  leur 
face  interne,  et  qui  forment  comme  autant  de  petits  axes  très-ligneux,  mon- 
tant à  quelque  distance  autour  de  l'axe  fibrovasculaire  central,  |ilus  vo- 
lumineux. Chacun  de  ces  cinq  faisceaux  émet  une  branche  qui  se  divise  en 
trois  :  la  médiane  S(!  prolonge  directement  dans  un  sépale;  les  deux  laté- 
rales vont,  chacune  de  son  côté,  à  la  rencontre  de  la  branche  semblable 


(  526  ) 

venue  du  faisceau  subcalicinal  voisin,  et  elles  envoient  des  rameaux  dans 
le  côté  des  sépales  placés  au-dessus.  Ces  branches,  qui  marchent  l'une  vers 
l'autre,  s'unissent  et  donnent,  de  leur  point  de  jonction,  extérieurement  un 
faisceau  pétalin,  intérieurement  un  laisceau  ligneux  à  organisation  axile.Cinq 
nouveaux  faisceaux  de  cette  structure  sont  donc  produits  ;  ils  s'interposent 
aux  cinq  premiers,  et  montent  jusqu'au-dessus  du  disque  qui  partage  en  deux 
parties  le  réceptacle  du  Greivia,  Là  ces  cinq  faisceaux  se  divisent  et  leurs 
branches  aboutissent  à  des  cicatrices  staminales.  Los  cinq  autres  faisceaux, 
semblables  aussi  à  de  petits  axes  ligneux,  un  peu  plus  gros  que  les  derniers, 
montent  jusque  auprès  du  fruit  et,  chemin  faisant,  ils  envoient  également 
des  rameaux  à  des  cicatrices  staminales.  Au  bas  du  fruit  ces  cinq  faisceaux 
se  divisent;  leurs  branches,  distribuées  suivant  deux  arcs,  vont  constituer, 
avec  le  concours  des  rameaux  transverses  fournis  par  les  faisceaux  placen- 
taires, le  réseau  des  parois  périphériques  des  deux  carpelles,  qui  n'ont  rien 
de  la  structure  de  la  feuille. 

»  En  outre,  le  cylindre  ligneux  central  qui  monte  indivis  depuis  la  base 
du  réceptacle  se  partage  sous  le  fruit  en  quatre  faisceaux  placentaires,  for- 
mant aussi  comme  autant  de  petits  axes  ligneux  d'abord  c}  lindriques.  Un 
peu  plus  haut  ces  faisceaux,  en  s'unissant  deux  à  deux,  produisent  deux 
faisceaux  en  gouttières,  qui  peuvent  s'allier  par  les  bords,  et  du  dos  des- 
quels partent  des  rameaux  qui  traversent  les  cloisons.  Chose  singulière, 
chaque  faisceau  en  gouttière  est  lui-même  formé  par  une  zone  contournée 
de  cette  façon,  dont  les  vaisseaux  sont  orientés,  comme  si  chaque  gouttière 
formait  un  axe  particulier. 

»  Je  m'arrête  ici.  N'est-il  pas  évident  que  la  distinction  des  axes  et  des 
appendices  est  illusoire?  N'est-il  pas  prouvé  par  ce  qui  précède  que  les 
parties  de  la  fleur  et  les  feuilles  ne  sont  que  des  formes  de  la  ramification 
destinées  à  remplir  des  fonctions  diverses?  » 

MINÉUALOGIE   EXPÉRIMENTALE.  —  Expériences  sur  tiinilalion  artificielle 
du  platine  nalij  magnélipolaire;  par  M.  Daubkée. 

«  On  sait  que  certains  échantillons  de  platine  natif,  non-seulement 
agi.ssent  sur  l'aiguille  aimantée,  mais  encore  sont  magnétipolaires  à  la 
manière  de  véritables  aimants.  Rerzélius,  dans  un  Mémoire  sur  la  com- 
posilion  des  minerais  de  platine  (i),  a  signalé  celte  propriété  pour  quel- 

(i)  Poggenilorff 's  Aniialcn  t.  XIII,  p.  564;  '828. 


(  527) 
ques-unes  des  p«^pitos  de  Nischné-Tagilsk  (Oural)  qu'il  a  soumises  à  l'ana- 
lyse (i). 

»  Les  sables  aurifères  de  l'Oural  laissent,  à  la  fin  des  lavages  qu'on  leur 
fait  subir,  un  n'-sidu  dans  lequel  l'or  est  associe"-  à  des  substances  ferrugi- 
neuses, l'our  eu  séparer  ces  dernières,  au  moins  en  partie,  ou  se  sert  d'un 
fort  aimant  d'oxyde  de  fer  magnétique  naturel  provenant  de  la  mine  de 
Blagodat.  Or,  après  que  cet  aimant  n'agit  plus  aucunement,  un  aimant  de 
platine  natif  peut  encore  soutirer  des  giains  ferrugineux  en  quantité  très- 
notable.  Telle  est  l'observation  intéressante  qu'a  faite  notre  éminent  cor- 
respondant, M.  de  Rokscharow,  en  18G6,  lors  d'un  voyage  dans  l'Oural, 
eu  concluant  que  le  magnétisme  polaire  des  aimants  de  platine  surpasse 
beaucoup  en  intensité  celui  des  aimants  ordinaires  de  fer  oxyduié,  que  la 
nature  présente  (i). 

»  Diverses  analyses  ont  appris  que  les  grains  de  platine  doués  du  ma- 
gnétisme |sont  toujours  alliés  à  une  quantité  de  kr  très-notable  (12  à  19). 
Brcilliaupt,  ayant  remarqué  que  la  densité  de  ces  grains  ferreux  est  très- 
sensiblement  inférieure  à  celle  du  platine  ordinaire,  a  proposé,  dès  1826, 
d'en  faire  une  espèce  distincte,  sous  le  nom  de  Eisenplalin ;  cependant, 
après  avoir  mentionné  le  magnétisme  polaire  des  pépites  de  Nischné-Tagilsk, 
M.  Gustave  Rose  ajoutait  que  leur  teneur  en  fer  ne  paraît  pas  suffire  pour 
rendre  compte  de  cette  propriété,  et  il  supposait  que  l'iridium  qu'il  ren- 
ferme pourrait  y  contribuer  (3). 

»  M.  Jaunez  Sponville,  ingénieur  des  mines  et  usines  du  prince  Demi- 
doff,  a  eu  l'obligeance  de  me  rapporter  récemment  quelques  échantillons 
magnétipolaires  de  platine,  recueillis  aux  exploitations  qu'il  dirige  dans 
l'Oural,  près  de  Nischné-Tagilsk  (4)-  I^^  pépite  principale,  du  poids  de 
12  grammes,  présente  trois  axes  et  six  pôles  dont  on  peut  reconnaître  la 
situation,  soit  au  moyen  de  l'action  qu'ils  exercent  sur  l'aiguille  aimantée, 
soit  en  examinant  les  figures  qu'ils  font  naître  dans  de  la  limaille  de  fer 


(i)  Une  pépite  raagnétipolaire  du  poids  de  3"", 833  est  en  la  possession  de  S.  A.  I.  le 
duc  Nicolas  de  Leuchlenherg. 

(2)  riuUftin  de  l'Académie  impériale  de  Saint-Pétersbourg,  t.  VIII;  1866.  —  Matcrialen 
dcr  Minéralogie  Ilussliinds,  t.  V,  p.  180. 

(3)  Gustave  Rose,  Reise  nacli  Ural,  t.  II,  p.  38g.  Swanberg  parait  avoir  eu  la  même 
0|>inion  [Rumiiielsbrrg  lUintUvoerterbucli  der  Minéralogie,  1°  éilitioii,  p.  11). 

(4)  Les  plus  petits  grains  ne  pèsent  que  o*'',  35  ù  o"',  ogj  deux  autres,  qui  pèsent  environ 
2  grammes,  sont  hérissés  de  cristaux  mal  formés,  dont  la  configuration  rappelle  celle  du 
cube,  et  ressemblent  à  ceux  que  l'on  trouve  (piclquefois  engagés  au  milieu  du  fer  chromé. 


(  5^8  ) 
répandue  sur  une  feuille  de  papier,  selon  la  portion  de  la  pépite  qu'on  en 
approche. 

»  On  pouvait  se  demander  si  de  l'oxyde  magnétique  disséminé  dans  le 
platine  natif  ne  pouvait  pas  être  la  cause  de  cette  polarité.  La  pépite  prin- 
cipale ayant  été  polie  de  manière  à  présenter  une  face  trés-miroilante,  on 
traita  cette  dernière  par  l'acide  chlorhydrique  concentré,  qui  fut  sans 
action  à  froid  et  même  à  chaud.  Le  même  échantillon  étant  soumis  ensuite 
à  une  chaleur  rouge,  on  voit  apparaîtie  sur  la  face  polie  des  irisations  très- 
vives  :  des  zones,  de  couleurs  fort  différentes  et  séparées  par  des  contours 
tout  à  fait  nets,  sont  disposées  concentriqucment  autour  des  cavités  et  aspé- 
rités (le  l'échantillon.  Ces  bandes,  en  annonçant  que  la  substance  est  loin 
d'être  homogène,  montrent  en  outre  de  quelle  manière  les  divers  alliages 
s'y  sont  répartis.  Mais  on  n'y  remarque  n'en  qui  manifeste  une  structure 
cristalline,  comparable  à  celle  que  révèlent  si  nettement  les  figures  de  Vild- 
manstaedl  sur  les  fers  d'origine  météorique.  Enfin  l'eau  régale,  en  atta- 
quant cette  surface  polie,  y  fait  apparaître,  en  saillie,  de  petits  grains  d'un 
gris  d'acier,  qui  restent  inattaqués,  comme  le  ferait  de  l'osmiure  d'iridium. 

»  Les  pépites  de  platine  étant  des  alliages  très-complexes  des  métaux 
qui  appartiennent  au  gioupe  du  platine  et  de  plusieurs  autres,  il  convenait, 
pour  se  rendre  compte  de  la  cause  de  leur  polarité  magnétique,  de  procé- 
der par  la  synthèse.  C'est  ce  que  j'ai  fait,  en  profilant  de  l'installation  si 
bien  organisée  au  Conservatoire  des  arts  et  métiers  pour  la  fusion  du  pla- 
tine, grâce  à  l'extrême  obligeance  de  notre  savant  confrère,  M.  ïresca,  et 
à  celle  de  M.  Gustave  Tresca,  auquel  je  suis  redevable  d'un  concours 
aussi  habile  qu'empressé. 

»  Avant  de  former  directement  des  alliages,  j'ai  désiré  voir  si,  après  la 
fusion,  un  aimant  de  platine  conserve  sa  propriété  magnélipolaire.  Une 
pépite  de  cette  nature  étant  fondue  dans  un  creuset  de  chaux,  on  voit, 
pendant  qu'elle  est  en  pleine  liquéfaction,  en  jadlir  des  étincelles  dues, 
sans  doute,  à  la  condjustion  d'une  partie  de  son  fer.  En  même  temps,  à  la 
surface  du  bain  incandescent,  apparaît  une  pellicule  opaque  qui  s'y  ment 
rapidement,  rappelant  exactement  ce  qui  arrive  dans  la  coupellation  de 
l'argent;  mais,  au  lieu  de  l'oxyde  de  plomb,  c'est  de  l'oxyde  de  fer  cpii  se 
produit  ici,  et  qui  après  le  refroidissementt  orme  une  croûte  cristalline  sur 
une  partie  du  boulon  métalli(|ue.  Le  culot  ol)lenu,  après  une  fusion  pro- 
longée pendant  une  minute  environ,  était  encore  magnétique,  mais  plus 
faiblement  que  l'échantillon  primitif,  et  il  ne  présentait  plus  de  polarité;  il 
a  toutefois  repris  cette  dernière  propriété  sous  l'action  d'un  électro-aimant. 


(5^9) 
Le  changement  observé  à  la  suite  de  la  fusion  ne  résnile  sans  doute  que 
de  l'élimination  d'inie  partie    notable  du  ter  allié  au  platine,  par  suite  de 
l'oxydation. 

M  Les  fusions  dont  il  va  être  question,  de  même  que  cette  première,  ont 
eu  lieu  dans  un  creuset  de  chaux,  sous  l'action  du  chalumeau  alimenté 
par  le  gaz  d'éclairage  et  l'oxygène. 

»  En  vue  du  but  qu'il  s'agissait  d'atteindre,  on  a  fondu  du  platine  avec 
un  quart  de  son  poids  de  fer  (24  grammes  de  platine  et  6  grammes  de  fer). 
Le  platine  étant  en  pleine  fusion  on  y  a  ajouté  du  fil  de  fer  très-doux  (i), 
qui  avait  préalablement  été  réuni  et  tordu  comme  une  sorte  de  corde,  afin 
d'éviter  des  pertes  considérables,  à  cette  haute  tcMiipérature,  par  l'action  de 
l'oxvgène.  Aussitôt  que  ce  fil  pénètre  dans  le  platine  fondu,  il  est  instanta- 
nément dissous,  en  donnant  lieu,  comme  dans  le  cas  précédent,  d'une  part 
à  des  étincelles,  de  l'autre  à  une  scorification,  lors  même  que  la  substance 
ne  reste  en  fusion  qu'une  fraction  de  minute.  Sans  aucune  autre  prépa- 
ration que  celle  qui  vient  d'être  indiquée,  on  obtient,  après  refroidissement 
et  au  sortir  même  du  creuset,  un  bouton  manifestant  lui  magnétisme  po- 
laire très-prononcé. 

»  Dans  le  désir  de  l'étirer  sous  forme  de  barreau,  j'ai  essayé  de  le  faire 
forger;  mais  l'opération  n'a  pu  réussir  ni  à  froid  ni  à  chaud  :  l'alliage  s'est 
brisé  sous  le  marteau  en  fragments  grenus,  à  peu  près  comme  le  font  les 
pépites  naturelles  de  composition  analogue. 

»  Le  magnétisme  polaire  s'est  également  manifesté  dans  chaciui  des  frag- 
ments. Par  conséquent,  la  seule  présence  du  fer,  en  proportion  convenable, 
suffit  pour  rendre  compte  de  la  polarité  du  platine  natif. 

»  Afin  d'obtenir  l'alliage  magnétipolaire  sous  inie  forme  allongée,  on 
a  entaillé  dans  de  la  chaux  une  rainure  avec  un  couteau  bien  tranchant, 
de  manière  à  présenter  la  forme  d'ini  prisme  à  base  de  trapèze,  disposé 
horizontalement.  Après  moins  d'une  minute  de  fusion  dans  cette  raiinu-e, 
pendant  laquelle  se  sont  reproduits  les  faits  d'oxydation  précédemment 
indiqués,  on  a  obtenu  un  barreau  qui  agissait  non-seulement  sur  l'aiguille 
aimantée,  mais  aussi  présentait  des  pôles  énergiques  de  nom  contraire, 
lesquels  ont  persisté  après  qu'il  a  été  dégagé  de  l'enduit  scoriacé  et  ni.i^ué- 
tiquedont  il  était  recouvert.  Ces  pôles  étaient  au  nombre  de  quatre,  deux 
à  chacune  des  extrémités  du  barreau. 

(i)  Fil  lie  bobine  cieclrn-m.ignclique. 

C.  R.,  187a,  I"  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  0.)  Oc) 


(  53o  ) 

»  Cet  alliage  se  comporte  sous  le  marteau  de  même  que  le  premier. 
L'état  moléculaire  de  l'un  et  de  l'autre  se  rapproche  de  celui  des  pépites 
niagnétipolaires.  Leur  dureté  est  voisine  de  colle  de  l'apatite,  mais  un  peu 
inférieure. 

»  Dans  la  fusion  dont  il  vient  d'être  question,  non-seulement  du  fer  s'é- 
tait partiellement  oxydé,  mais  un  peu  de  platine  avait  probablement  dis- 
paru en  petites  grenailles.  Aussi,  au  lieu  de  calculer  le  fer  allié  par  l'aug- 
mentation de  poids,  était-il  plus  sûr  de  recourir  à  un  dosage  direct. 
L'analyse  qui  a  été  faite  au  bureau  d'essais  de  l'École  des  Mines,  sur  le 
produit  de  la  première  opération,  a  donné  : 

Fer ï6,87 

Platine 83, o5 

Total 99>92 

»  La  densité  est  de  i5,66  pour  le  premier  alliage  et  de  i5,7o  pour  le  se- 
cond; la  composition  de  ce  dernier  doit  donc  être  très-voisine  de  celle  qui 
vient  d'être  doiuiée.  Par  leur  proportion  de  fer  et  par  leur  densité,  ces  al- 
liages se  rapprochent  beaucoup  des  pépites  magnétipolaires  natiuelies, 
malgré  la  présence  des  métaux  étrangers  que  celles-ci  renferment  (i). 

»  Après  avoir  ainsi  reproduit  le  platine  magnétipolaire  semblable  à 
celui  que  présente  la  nature,  il  convenait  de  voir  comment  se  comportent 
des  alliages  d'iuie  teneur  plus  considérable  en  fer. 

»  Des  alliages  de  platine,  riches  en  fer,  ont  déjà  été  préparés,  il  y  a 
longtemps,  par  Faraday  et  Stodart,  mais  ces  savants  ont  passé  sous  silence 
la  manière  dont  les  alliages  qu'ils  ont  obtenus  agissent  sur  le  barreau 
aimanté. 

»  Un  alliage  où  j'avais  introduit,  sur  loo  parties,  99  de  fer  et  i  de  pla- 
tine, après  une  fusion  complète,  tout  en  étant  fortement  magnétique,  n'a 
pas  doinié  de  traces  de  polarité,  même  après  avoir  été  étiré  en  barreau. 
Deux  autres  alliages  de  platine  contenant,  l'iui  75  de  fer,  l'autre  5o  pour 
100  du  même  métal,  se  sont  comportés  à  peu  près  do  même  (2). 

»   J'ajouterai  qu'un  des  alliages  formés  par  Berthier  contient  i  équiva- 


(1)  De  Kokschahow,  ouvrage  précité,  tome  V,  p.  179-188.  Dans  <lcs  grains  niagnétiqrics 
<le  Nisclinc-Tagilsk,  M.  <le  Miichin  a  trouvé  17,13  pour  loo  clans  les  grains  de  teinte  noi- 
râtre, et  i5,88  pour  ceux  de  teinte  plus  blanche. 

(2)  Pour  ces  trois  fusions  au  creuset,  j'ai  eu  recours  à  l'obligeance  île  M.  le  L'-Colonel 
Caron. 


(  53i   ) 
lent  do  chacun  des  deux  métaux,  c'est-à-dire  78,4  de  platine  et  21, G  de 
f  er;  or  j'ai  constaté  que  cet  alliage,  conservé  au  laboratoire  de  l'École  des 
Mines,  bien  qu'imparfaitement  fondu,  est  également  maçnétipolaire. 

»  Ainsi,  quelque  prononcé  que  soit  le  pouvoir  magnétique  du  fer,  les 
alliage»  où  ce  métal  prédomine  n'ont  pas  acquis  la  polarité,  dans  les 
mêmes  conditions  que  l'alliage  obtenu  d'abord.  D'un  autre  côté,  il  résulte 
des  nombreuses  analyses  que  l'on  possède  que  le  platine  natif,  renfermant 
seulement  une  faible  proportion  de  fer,  n'est  pas  magnétipolaire. 

»  La  propriété  remarquable  dont  il  s'agit  paraît  correspondre  à  cer- 
taines proportions  de  fer  qui  ne  sont  pas  considérables. 

»  On  sait  que  les  minéraux  dits  magnétiques,  c'est-à-dire  qui  attirent 
les  deux  pôles  de  l'aiguille  aimantée,  peuvent,  à  la  suite  de  diverses  opé- 
rations, devenir  niagnétipolaires.  M.  Delesse  a  fait,  il  y  a  longtemps,  des 
expériences  de  ce  genre,  pour  des  minéraux  variés  (i).  En  ce  qui  concerne 
le  platine,  UNI.  Edmond  Becquerel  a  montré  qu'il  suffit  de  traces  de  fer  pour 
que  ce  métal,  sous  l'influence  de  pôles  énergiques,  acquière  aussi  la  pro- 
priété magnétique  (2). 

»  Mais,  d'après  les  expériences  que  je  signale  aujourd'hui,  la  polarité 
magnétique  apparaît  immédiatement,  d'une  manière  très-prononcée,  dans 
l'alliage,  au  moment  où  il  sort  du  creuset  suffisamment  refroidi,  et  cela, 
sans  passer  par  aucune  opération  spéciale,  par  aucune  touche.  Si  l'on  com- 
pare ce  fait  à  ce  que  l'on  sait  de  l'acier  fondu  dans  les  mêmes  circonstances, 
on  est  conduit  à  admettre  que  le  platine  allié  de  fer,  dans  des  proportions 
convenables,  devient  exceptionnellement  susceptible  d'acquérir,  en  quel- 
ques instants,  l'état  magnétipolaire.  Or  cet  état  ne  peut  s'acquérir  que  sous 
une  forte  induction  magnétique,  qu'il  était  très-naturel  d'attribuer  à  l'in- 
fluence du  globe. 

»  Pour  contrôler  cette  explication  et  voir  quelle  est  la  part  de  l'action 
inductrice  du  globe  sur  la  situation  des  pôles  qui  prennent  ainsi  naissance, 
j'ai  repris  la  dernière  expérience,  mais,  cette  fois,  en  disposant  le  petit  bar- 
reau, pendant  sa  fusion,  exactement  dans  le  plan  du  méridien  magnétique. 
Dès  qu'il  a  été  solidifié,  il  a,  de  plus,  été  placé,  encore  très-chaud,  pa- 
rallèlement à  l'aiguille  d'inclinaison,  jusqu'à  son  refroidissement  complet, 
qui,  en  raison  de  sa  petite  dimension  (i3  grammes),  a  eu  lieu  en  moins 
de  dix  minutes.  J'ai  alors  reconnu  que  le  barreau  présente,  vers  ses  deux 


(1)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3°  série,  t.  XXXII,  |>.  110;  i85i. 

(2)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3'  série,  t.  XXV. 

09. 


(  532  ) 
extréinilés,  deux  pôles  qui  agissent  Irès-énergiquement  et  sont  disposés 
exacleinent  connue  cenx  de  l'aignille  aimantée,  c'est-à-dire  que  l'extrémité 
tournée  vers  le  nord  magnétique  repousse  fortement  le  pôle  nord  de  l'ai- 
guille aimantée,  et  inversement  atlire  le  pôle  sud  de  cette  même  aiguille. 

»  Il  convenait  de  s'assurer  que  cette  disposition  des  pôles  n'est  pas  for- 
tuite; à  cet  effet,  j'ai  chauffé  au  rouge  ce  même  barreau,  mais  en  lui  don- 
nant une  situation  diamétralement  inverse  de  celle  sous  laquelle  il  avait 
acquis  ses  pôles.  Le  barreau  possède  alors  des  pôles  magnétiques  aussi 
énergiques  qu'avant  l'opération,  mais  exactement  renversés. 

»  Ces  faits  sont  analogues  à  celui  qu'a  signalé  M.  Sidot,  dans  d'ingé- 
nieuses expériences  (i),  où  il  a  produit  l'oxyde  et  le  sulfure  de  fer  n)a- 
gnétiques.  Ils  confirment  l'importance  que  l'action  générale  du  globe  doit 
avoir  eue  sur  la  disposition  des  pôles  dans  les  divers  minéraux  et  roches 
magnétiques,  au  moment  où  ces  minéraux  et  ces  roches  se  sont  formés, 
importance  qu'il  possède  encore  à  tout  instant. 

»  Le  fait  q\ii  forme  l'objet  principal  de  celte  Note  paraît  mériter  d'être 
étudié  au  moyen  d'un  plus  grand  nombre  d'expériences,  notamment  en  ce 
qui  concerne  les  circonstances  dans  lesquelles  naissent  les  pôles  et  le 
magnétisme  spécifique  de  divers  alliages  de  platine  et  de  fer,  comparati- 
vement à  des  aimants  naturels  ou  artificiels.  Les  résultats  pourraient  offrir 
de  l'intérêt  au  point  de  vue  de  la  théorie  et  peut-être  aussi  à  celui  de  l'ap- 
plication, dans  les  cas  où  l'on  désirerait  une  grande  inaltérabilité  dans  les 
aiguilles  ou  barreaux  aimantés.   » 

PHYSIQUE.  —  Noie  sur  le  magnétisme  ;  par  M.  Th.  dc  Moxcel. 

«  Les  intéressantes  expériences  dont  mon  savant  confrère,  M.  Jamin,  a 
exposé  les  résultats  à  l'Académie  dans  sa  séance  du  i5  février  dernier,  me 
rappellent  une  série  de  recherches  que  j'ai  faites  en  1862  sur  les  électro- 
aimants tubulaires  et  qui  confirment  pleinement  ses  idées  sur  la  pénétration 
limitée  de  l'aclion  magnélisantc. 

»  A  l'époque  où  j'ai  fait  ces  expériences,  les  savants  étaient  très-divisés 
sur  l'énergie  de  ces  sortes  d'électro-aimants,  comjjarée  à  celle  d'électro- 
aimants  à  noyaux  massifs  de  même  diamètre.  Les  uns  croyaient  qu'elle  était 
hi  même  dans  les  deux  cas;  d'autres  la  regardaient  comme  très-différente, 


(1)  Recherches  sur  la  polarité  magnétique  de  la  pyrite  de  fer  et  de  t'o.rjdc  correspundunt 
préparés  artificiellement  {Comptes  rendus,  l.  LXVII,  j).  i^S;  ib68). 


(  533  ) 
et  moi-même  j'avais,  quelques  années  auparavant  (en  i853),  trouvédes  ré- 
sultats très-contradictoires.  Je  résolus  d'élucider  cette  question,  et  je  fis 
construire  en  18G2,  avec  beaucoup  de  soin,  par  M.  C.aifie,  deux  noyaux 
d'électro-aimants  exactement  de  même  diamètre  et  do  même  longueur  et 
susceptibles  de  s'adapter  dans  la  bobine  magnétisante  de  ma  balance  ma- 
gnétique. L'un  de  ces  noyaux  était  massif,  l'autre  était  tubulaire,  mais  un 
cylindre  de  fer  qu'on  pouvait  introduire  à  l'intérieur  de  ce  dernier  permet- 
tait d'en  faire  un  noyau  massif.  Ces  deux  noyaux  étaient  détachés  d'un 
même  morceau  de  fer,  et  leurs  dimensions  étaient  :  7  centimètres  en  lon- 
gueur, i4  millimètres  en  diamètre,  et  l'épaisseur  du  tube  était  de  2  milli- 
mètres. La  bobine  magnétisante  était  enroulée  avec  du  fd  n°  iG  de  ^  de 
millimètre  de  diamètre,  et  celui-ci,  qui  fournissait  2800  spires,  avait  une 
longueur  de  228  mètres.  La  pile  employée  était  une  pile  de  Daniell  de 
20  éléments.  Or  voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  à  une  distance  attrac- 
tive de  I  millimètre. 

1°  Avec  le  noyau  creux 0:5  gramincs 

2"  Avec  le  noyau  massif 38  » 

3°  Avec  le  noyau  creux  muni  du  cylindre  intérieur 37  » 

»  Le  noyau  tubulaire  avait  donc,  pour  l'intensité  électrique  que  j'em- 
ployais, une  force  moindre  que  le  noyau  massif,  et  cette  supériorité  de  force 
se  maintenait  quand  j'adaptais  une  niasse  de  fer  au  pôle  opposé  à  celui  qui 
produisait  l'attraction.  Les  deux  forces  attractives  devenaient  en  effet  dans 
ce  dernier  cas  66  grammes  et  gS  grammes. 

»  Ayant  déjà  observé  que  l'étendue  des  surfaces  polaires  jouait  un  grand 
rôle  dans  les  attractions  magnétiques,  j'eus  l'idée  de  couper  l'extrémité  du 
cylindre  complémentaire  de  mon  noyau  tubulaire,  de  manière  à  en  déta- 
cher une  sorte  de  petit  bouchon  de  5  millimètres  seulement  d'épaisseur, 
que  je  fixaisà  l'une  des  extrémités  du  noyau  tubulaire,  à  l'aide  d'une  broche 
de  cuivre  qui  les  traversait  de  part  en  part.  Lorsque  ce  petit  bouchon  exis- 
tait seul  à  l'extrémité  polaire  appelée  à  fournir  les  attractions,  la  force 
attractive  à  i  millimètre  était,  comme  avec  le  noyau  massif,  Sy  grammes, 
et  l'introduction  de  la  seconde  partie  du  cylindre  de  fer,  qui  avait  65  milli- 
mètres de  longueur,  ne  changeait  en  aucune  façon  cette  force  attractive. 
Bien  plus  même,  en  retirant  le  bouchon  de  fer,  et  laissant  par  conséquent 
cette  seconde  partie  du  cylindre  éloignée  de  5  millimètres  de  l'armature,  la 
force  attractive  du  système  est  tombée  à  25  grammes,  c'est-à-dire  à  la  force 
qu'avait  déterminée  le  noyau  tubulaire  sans  l'adjonction  du  cylindre  inté- 
rieur de  65  millimètres. 


(  53.4  ) 

»  Il  n'y  avait  donc  plus  de  doute  à  avoir,  et  je  pouvais  conclure  de  ces 
expériences  que,  pour  la  force  magnétique  que  je  développais,  la  masse 
intérieure  du  noyau  magnétique  était  complètement  inutile,  sauf  dans  le 
voisinage  de  l'extrémité  polaire  provoquant  l'attraction,  où  clic  agissait, 
non  comme  masse  magnétique,  mais  comme  surface  polaire  plus  déve- 
loppée. 

»  Toutefois,  cette  question  de  surface  m'ayant  très-préoccupé,  je  voulus 
voir  si  une  bague  de  fer,  enveloppant  l'extrémité  polaire  de  mon  noyau 
tubulaire,  produirait  les  mêmes  résultats  avantageux;  mais,  à  mon  grand 
étonnement,  je  constatai  que  la  force,  au  lieu  d'être  plus  grande  que  celle 
du  noyau  tubulaire,  était  plutôt  un  peu  moindre,  et,  dans  ces  conditions, 
la  présence  du  bouchon  de  fer  ne  pouvait  plus  la  ramener  à  celle  dévelop- 
pée par  le  noyau  massif.  Il  m'était  donc  démontré  que,  pour  obtenir  le 
maximum  de  la  force  attractive,  il  fallait  que  les  surfaces  polaires  des 
noyaux  magnétiques  fussent  les  mêmes  que  celle  de  la  section  de  ces 
noyaux.  J'ai  donné,  dans  mon  Mémoire  présenté  à  l'Académie  en  1862, 
et  surtout  dans  mes  Recherches  sur  les  meilleures  conditions  de  construction 
des  électro-aimants,  p.  iio,  l'explication  de  ces  effets,  ainsi  que  celle  de  la 
projection  du  bouchon  de  fer  en  dehors  du  tube  au  moment  de  l'aimanta- 
tion de  ce  dernier,  quand  le  bouchon  était  libre  de  se  mouvoir  à  son  inté- 
rieur; je  n'y  reviendrai  donc  pas  en  ce  moment.  J'ajouterai  seulement 
qu'ayant  reconnu  que  l'action  efficace  des  électro-aimants  tabulaires  dépend 
de  [énergie  du  courant  aimantant/fâ\ais  établi  que  l'épaisseur  à  donner  aux 
électro-aimants  tubulaires  pouvait  être  déduite  de  la  relation 


c  =^  c 


1       x' 


c' représentant  le  diamètre  du  noyau  tubulaire,  c  celui  du  noyau  massif 
susceptible  de  s'aimanter  à  saturation  sous  l'influence  électrique  employée, 
X  le  diviseur  de  c'  pour  représenter  l'épaisseur  du  tube,  qui  se  trouve  ainsi 
rendue  fonction  du  diamètre.  Or  l'expérience  m'a  montré  que  cette  valeur 
de  X  pouvait  être,  sans  grand  inconvénient,  portée  jusqu'à  7.  M.  Hughes 
l'avait  fixée  à  4  pour  les  électro-aimants  télégraphiques  de  i  centimètre  de 
diamètre. 

»  Depuis  mes  expériences,  les  électro-aimants  tubulaires  à  bouchon  de 
fer  ou,  ce  qui  revient  au  même,  à  semelle  de  fer,  ont  été  fréquemment  em- 
ployés dans  les  applications  électriques.  Ils  ont  le  grand  avantage  de 
rendre  les  désaimantations  plus  promptes  à  s'effectuer;  ce  qui  tient  préci- 


(  1^35  ) 
sèment  à  ce  que  la  masse  inaclive  d'un  élecfro-aimant,  qiii  n'est  pas  entiè- 
rement pénétré  par  l'action  magnétisante,  réagit  comme  une  armature  en 
détcriiiinaiit  un  effet  de  condensation  intérieur  qui  augmente,  ainsi  (ju'on 
l'a  vu  dans  ma  dernière  Note,  l'inertie  magnéticpie.  A  ce  sujet,  je  dois 
entrer  dans  quelques  détails  dont  je  n'ai  pas  encore  parlé  dans  les  diffé- 
rentes Notes  sur  le  magnétisme  que  j'ai  envoyées  à  l'Académie,  et  pour  être 
plus  intelligible  je  n'envisagerai  pour  le  moment  qu'un  électro-aimant 
simple  à  deux  branches. 

»  Dès  l'année  i856,  j'avais  signalé  que  la  force  d'un  électro-aimant  qui 
n'a  pas  encore  servi  est  plus  considérable,  pour  une  force  électrique  don- 
née, que  celle  du  même  électro-aimant  qui  a  subi  préventivement  une  forte 
aimantation,  et  que,  pour  obtenir  de  ce  même  électro-aimant  une  force  à 
peu  près  égale  à  celle  qu'il  produisait  primitivement,  il  fallait  renverser 
le  sens  du  courant;  encore  cette  plus  grande  puissance  n'existait-elle  que 
pour  la  première  fermeture  du  courant.  J'avais  attribué  cet  effet  au  magné- 
tisme rémanent,  mais  sans  en  préciser  le  mode  d'action.  Depuis  j'ai  étudié 
la  question  plus  sérieusement  et  je  me  suis  assuré  qu'en  réalité  le  magné- 
tisme rémanent  même,  en  le  considérant  indépendamment  de  l'action 
condensante,  c'est-à-dire  après  un  premier  détachement  de  l'armature,  est 
beaucoup  moins  grand  qu'on  ne  le  croit  généralement;  je  pourrais  même 
dire  qu'il  est  presque  nul  et  réduit  à  celui  que  l'on  constate  dans  un  simple 
électro-aimant  droit  après  un  premier  détachement  de  l'armature. 

»  Pour  qu'on  puisse  se  faire  une  idée  bien  nette  du  phénomène,  il  faut 
considérer  que,  dans  un  système  magnétique  composé  d'un  électro-aimant 
à  deux  bobines  uni  à  son  armature,  les  actions  magnétiques  donnant  lieu 
à  la  condensation  dont  j'ai  si  souvent  parlé  se  produisent  d'une  manière 
double;  car  l'armature  se  trouve,  par  rapport  aux  deux  noyaux  recouverts 
parles  bobines  magnétisantes,  exactement  dans  les  mêmes  conditions  que  la 
traverse  qui  réunit  ces  noyaux,  et  qu'on  désigne  vulgairement  sous  le  nom 
de  culasse.  Par  conséquent,  s'il  y  a  une  condensation  magnétique  déterminée 
aux  surfaces  de  jonction  de  l'armature  et  des  pôles  de  l'électro-aimant,  il 
doit  également  s'en  produire  une  aux  surfaces  de  jonction  de  la  culasse  et 
des  deux  noyaux  magnétiques.  11  est  vrai  que,  quand  on  enlève  l'arma- 
ture, le  magnétisme  condensé  aux  extrémités  polaires  de  l'électro-aimant, 
se  trouvant  libre,  doit  diminuer  considérablement  l'action  des  polarités 
développées  dans  le  dernier  cas,  mais  cette  action  ne  peut  être  complète- 
ment annulée,  et  c'est  à  la  condensation  qui  subsiste  aux  surfaces  de  jonc- 
tion des  branches  de  l'électro-aimant  avec  la  culasse  qu'il  faut,  selon  moi, 


(  536  ) 
attribuer  en  grande  partie  l'action  magnétique  rémanente  que  l'on  constate 
après  un  premier  arracliemenl  de  l'armature,  et  qui  est  si  minime  avec  les 
électro-aimants  droits  n'ayant  qu'un  pôle  actif.  Cette  condensation  s'effectue 
toutefois  dans  des  conditions  assez  particulières  qu'il  est  intéressant  dexa» 
miner. 

0  Pour  qu'on  puisse  bien  se  pénétrer  des  effets  produits,  plaçons  dans 
le  voisinage  d'un  électro-aimant,  dépourvu  de  son  armature,  une  aiguille 
aimantée  suspendue  sur  un  pivot.  Naturellement,  cette  aiguille  dirigera 
vers  le  pôle  de  l'électro-aimant  le  plus  rapproché  d'elle  son  pôle  de  nom 
contraire.  Ce  sera,  je  suppose,  le  pôle  nord.  Plaçons  maintenant  l'aiguille 
dans  le  voisinage  de  la  culasse  de  l'éleclro-aimanl  vers  la  partie  qui  est 
en  contact  avec  la  branche  qui  a  provoqué  la  première  déviation  :  le  pôle 
de  nom  contraire  de  l'aiguille  va  se  trouver  immédiatement  attiré  vers  l'ex- 
trémité de  l'hélice  la  plus  rapprochée  de  la  culasse,  montrant  ainsi  qu'une 
polarité  nord  est  déterminée  en  ce  point;  mais,  si  l'on  vient  à  interrompre 
le  courant  à  travers  l'électro-aimant,  on  voit  immédiatement  l'aiguille 
tourner  sur  elle-même  et  présenter  (presque  avec  la  même  énergie),  à  cette 
partie  de  l'électro-aimant,  le  pôle  de  nom  contraire  à  celui  qui  avait  été 
attiré  au  moment  de  la  fermeture  du  courant.  Il  est  vrai  que  l'énergie  de 
cette  dernière  action  n'est  que  momentanée;  'elle  semble  même  s'évanouir 
pour  laisser  réapparaître  ensuite  moins  forte  la  polarité  alors  déterminée, 
et  c'est  cette  action  que  M.  d'Arlincourt  a  utilisée  d'une  manière  si  ingé- 
nieuse dans  ses  relais  translateurs;  mais  elle  montre  toujours  que  la  con- 
densation effectuée  aux  points  de  contact  de  la  culasse  avec  les  noyaux 
magnétiques  est  très-sensible  et  aussi  accentuée  dans  l'origine  que  celle 
qui  est  produite  aux  pôles  de  l'électro-aimant.  Voici  comment  on  peut  se 
rendre  compte  des  effets  précédents. 

»  Au  moment  de  l'aimantation,  les  extrémités  de  chaciui  des  noyaux  de 
l'électro-aimant  se  polarisent  dans  un  sens  différent.  Un  pôle  sud  se  déve- 
loppant, je  sii|)pose,  à  l'extrémité  libre  de  la  branche  de  droite,  un  pôle 
nord  se  produira  vers  la  culasse,  et  il  en  sera  de  même,  mais  en  sens 
inverse,  pour  l'autre  branche.  Les  fluides  magnétiques  de  la  culasse  qui 
sont  attiiés  vers  les  pôles  des  noyaux  en  contact  avec  elle  se  trouveront 
alors  dissinudés  aux  points  de  jonction,  et  les  fluides  magnétiques  repoussés 
manifesteront  seuls  leur  présence  extérieurement,  comme  si  les  deux  moi- 
tiés de  la  culasse  étaient  des  épanouissements  des  pôles  avec  lesquels  elles 
sont  en  contact  et  dont  l'action  est  alors  prépondérante.  Mais,  au  moment 
de  la  désaimantation  de  l'électro-aimant,  cette  dissiuudation  des  fluides 


(  •'■':^7  ) 
attirés  n'avant  plus  lien,  |)iiisqiio  les  polarités  des  cxtréiiiiles  liUres  des 
noyaux  ne  sont  phis  inaintennes,  ces  fluides  manifestent  leur  présence  en 
deliors  et  donnent  lieu  à  ce  renversement  de  polarités  cpie  nous  avons  con- 
staté. Toutefois  ce  renversement  de  polarités  doit  être  immédiatement  après 
sa  naissance  considérablement  atténué,  sinon  détruit  ;  car  le  courant  induit 
direct  qui  naît  alors  dans  les  bobines  magnétisantes,  et  qui  résulte  de  la 
désaimantation  des  noyaux,  se  trouve  être  de  même  sens  que  celui  qui 
avait  provoqué  l'aimantation  et  tend  à  rétablir  le  premier  effet,  c'est-à-dire 
à  inverser  de  nouveau  les  polarités;  mais,  comme  il  est  de  bien  moindre 
énergie  que  le  courant  voltaïque,  il  ne  produit  |)ar  le  lait  que  l'ainjulation 
momentanée  de  ces  polarités,  lesquelles  reparaissent  après,  s;ins  doute 
très-affaiblies,  mais  persistantes,  et  ce  sont  elles  qu'i  représentent  |)récisé- 
ment  ce  magnétisme  rémanent  qui  survit  aux  premiers  arrachements  de 
l'armature  dans  un  système  magnétique  fermé.  Pour  le  faire  disparaître,  il 
faut,  comme  pour  l'armatin-e,  détacher  la  culasse  de  l'électro-aiinaiU  et  la 
replacer  ensuite. 

»  A  première  vue,  on  pourrait  se  demander  pourquoi,  au  moment  île  la 
désaimantation,  l'action  du  magnétisme  dissimulé  de  la  culasse  exerce  par 
rapport  à  celui  des  noyaux  directement  magnétisés  par  l'hélice  une  action 
prépondérante,  mais  on  le  comprend  aisément  quand  on  considère  que  la 
culasse,  étant  en  contact  permanent  avec  les  deux  noyaux,  les  polarités 
qu'elle  présente  à  ses  deux  extrémités  se  trouvent  maintenues  par  leiu' 
réaction  sur  ces  noyaux  eux-mêmes,  qui  jouent  alors,  par  ra[)port  à  elle,  le 
rôle  d'armatures,  tandis  qu'il  n'en  est  pas  de  même  pour  ceux-ci,  dont 
l'une  des  polarités  est  rendue  libre  au  moment  des  désaimantations. 

»  n'a|)rès  ces  effets,  il  est  facile  de  comprendre  pourquoi  un  électro- 
aimant qui  n'a  pas  encore  servi  est  plus  énergique  au  moment  où  on  le 
surexcite  pour  la  première  fois  que  les  fois  subséquentes.  C'est  précisément 
parce  qu'il  se  développe,  après  la  première  action  magnétique,  une  con- 
densation qui  se  maintient  indéfiniment,  condensation  très-affaiblie,  il  est 
vrai,  par  rapport  à  celle  qui  se  produit  dans  un  système  magnétique  fermé, 
mais  qui  suftit  pour  fournir  luie  polarité  appréciable  et  qui  ne  peut  être 
considérée  comme  étant  entièrement  le  résultat  d'une  aimantation  iieiina- 
nente  de  certaines  particules  aciérées  du  fer.  l'.u-  la  même  raison  on  peut 
compremlre  pourcpioi  les  électro-aimants  lubulaires  qui  ne  sont  pas  pour- 
vus intérieurement  d'une  masse  magnétique  inutile  et  qui,  par  conséquent, 
ne  domient  pas  lieu  à  Un  ellet  de  condensation  du  genre  de  celui  dont  d 
vient  d'être  question,  (ournissent  des  alternatives  d'aimiiiilalion  et  (!e  dés- 

C.  R.,    1S7-.,   i"  Simnlre.  (1.  I.XXX,  iS"  0.)  7" 


(  538  ) 
aimantation  beaucoup  plus  rapides  que  les  électro-aimants  massifs.  Mais 
on  comprend  aisément   que  ces  avantages  ne   peuvent  exister  que  quand 
l'épaisseur  du  tube  est  en  rapport  avec  l'énergie  du  courant  qui  doit  l'ai- 
manter. 

»  Cette  propriété  du  magnétisme  de  ne  pouvoir  pénétrer  facilement 
toute  une  masse  magnétique  explique  facilement  la  loi  de  la  proportion- 
nalité des  forces  attractives  des  électro-aimants  aux  diamètres  de  leurs 
noyaux.  Cette  loi  est  plutôt  en  rapport  avec  leur  surface  qu'avec  leur  masse, 
et  elle  explique  la  force  considérable  que  j'ai  pu  développer  dans  un  électro- 
aimant  tubulaire  (sans  bouchon),  de  lo  centimètres  de  diamètre  de  noyau 
sur  ùo  centimètres  de  longueur  de  branches  et  i  centimètre  d'épaisseur  de 
tube.  Cet  électro-aimant  avec  un  simple  élément  de  Binisen  de  petit  modèle  et 
seulement  4B2  spires  de  fil  de  l^  millimètres  de  diamètre,  foiu-nissait  une  force 
attractive  de  160  kilogrammes.  Cette  force  augmentait  un  peu,  il  est  vrai, 
avec  5  éléments  Bunsen  convenablement  disposés,  mais  elle  n'augmentait 
pour  ainsi  dire  plus  avec  20  éléments,  parce  que  la  masse  magnétique 
n'était  plus  en  rapport  avec  l'énergie  électrique,  m 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Service  météorologique  des  ports. 

M.  Le  Vkrkier  expose  à  l'Académie  la  nouvelle  organisation  du  ser- 
vice météorologique  des  ports,  telle  qu'elle  fonctionne  à  partir  de  ce  jour, 
i"'  mars. 

Le  service  est  désormais  fait  deux  fois  par  jour,  le  matin  et  le  soir.  On 
estime  que  l'avis  du  soir  sera  particulièrement  utile  aux  bateaux  pécheurs. 

M.  le  Sfxrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  Seguin  aîné.  Correspondant  de  la  Section 
de  Mécanique,  décédé  à  Annonay,  le  24  février  iSyS,  dans  sa  quatre-vingt- 
neuvième  année. 

M.  Seguin  laissera  parmi  nous  d'unanimes  regrets.  Ses  travaux  de  pra- 
tique le  placent  au  rang  des  mécaniciens  les  plus  éminenfs  et  les  plus 
utiles.  La  profondeur  de  ses  conceptions  théoriques  doit  rendre  son  nom  à 
jamais  illustre.  Sans  esquisser  ici  l'histoire  d'une  carrière  si  glorieusement 
parcourue,  comment  ne  pas  rappeler  que  son  ingénieuse  disposition 
de  la  chaudière  des  locomotives  a  seule  rendu  la  production  de  la  vapeur 
assez  abondante  pour  permettre  la  marche  à  grande  vitesse  sur  les  chemins 
de  fer?  Disciple  de  l'illustre  MontgoUier  et  digne  de  toutes  ses  confidences 
scientifiques,  il  a  révélé  d'après  lui,  en  1839,  c'est-à-dire  quatre  ans  avant 


(539) 
la  première  publication  de  Robert  Mayer,  le  piincipe,  netlcment  altiruié,cle 
l'équivalence  delà  chaleur  et  du  travail;  l'Académie  nous  perinettia  de 
reproduire  ici  une  page  mémorable  de  son  livre  sur  l'influence  des  chemins 
de  fer  (i);  elle  suffirait  pour  placer  l'éminent  auteur  au  premier  rang  parmi 
les  fondateurs  de  cette  grande  théorie  : 

«  La  prcniiùre  idée  qui  frappe,  li)iscjiie  l'on  considère  la  liaison  des  plii-noniùiies  de  la 
gcnôralion  du  luouvemcnt  avec  la  produclion  de  la  chaleur,  c'est  ipie  la  quantilé  de  [>uis- 
sancc  iiucanique  que  ])eut  développer  une  niasse  donnée  de  vai)oiii-  est  relative  à  sa  diffé- 
rence de  densité  et  de  température,  en  la  considérant  dans  les  deux  étals  consécutifsoù  elle 
se  trouve  avant  et  après  la  produclion  du  mouvement;  je  crois  aussi  avoir  remarqué  qu'il 
existe  une  sorte  de  rapport  entre  la  quantité  de  chaleur  nécessaire  pour  la  faire  passer  de 
l'un  à  l'autre  de  ces  deux  états  et  la  quantité  de  force  produite.  Ceci  reviendrait  à  dire  que 
la  vai)eur  n'est  que  l'intermédiaire  du  calorique  pour  produire  la  force,  et  qu'il  doit  exister 
entre  le  mouvement  et  le  caloiiqiie  un  rapport  direct,  indépendant  de  l'intermédiaire  de 
la  vapeur  ou  de  tout  autre  agent  que  l'on  pourrait  y  substituer. 

»...  .  Examinons  ce  qui  se  passe  dans  la  machine  à  condensalion  ordinaire.  La  va- 
peur soulève  le  piston,  produit  la  quantité  de  force  déterminée  par  sa  tension  et  sa  tempé- 
rature, et  cède  immédiatement  après,  à  l'eau  de  condensation,  tout  le  calorique  dont  elle 
était  pourvue.  Supjjosons  que  sa  masse  soit  de  i  mètre  cube,  sa  tension  de  o"',-6  éyale  à 
celle  de  l'air;  son  poids  sera  de 

1^  =  0^588. 

1^00 

»  si  l'on  injecte  dans  le  cylindre  8''', 8a  d'eau  à  zéro,  ou  une  (juantilé  quinze  fois  ])lus  con- 
sidérable que  celle  qui  a  servi  à  produire  la  vapeur,  la  température  de  celte  eau  s'élèvera 
à  4o  degrés,  et  contiendra  alors  précisément  la  même  quantilé  de  calorique  qui  aurait  été 
nécessaire  pour  réduire  o'''',588  d'eau  en  vapeur  à  loo  degrés;  elle  pourra,  |)ar  conséquent, 
suffire  à  produire  un  effet  égal  à  celui  qui  avait  déjà  été  obtenu,  pourvu  toutefois  que  l'on  par- 
vienne à  concentrer  le  calorique  disséminé  dans  l'eau  de  condensation,  de  manière  à  éle- 
ver et  réduire  en  vapeur  à  loo  degrés  un  cpiinzième  de  sa  niasse,  ce  qui  est  tout  à  fail  con- 
forme à  la  théorie. 

»  On  pourrait  alors,  au  moyen  d'une  niasse  fini"  de  calorique,  obtenir  une  (piantilé  in- 
définie de  mouvement,  ce  qui  ne  peut  élic  admis  ni  |)ar  le  bon  sitis,  ni  par  une  saine  logique. 

•  Comme  la  théorie  actuellement  adoptée  conduirait  cependant  à  ce  résultat,  il  me  pa- 
raît plus  naturel  de  supposer  qu'une  certaine  quantité  de  caloricpie  dis])araJt  dans  l'acte 
même  de  la  production  de  la  force  ou  puissance  mécanique,  et  réciproquement;  et  que  les 
deux  phénomènes  sont  liés  entre  eux  par  des  conditions  qui  leur  assignent  des  relations 
invariables, 

»  Il  résulterait,  comme  conséquence  de  celte  manière  d'envisager  les  faits,  que  si  l'on 
fail  passer  direclcnienl  de  la  vapeur  d'eau,   de  la  cliaudièie  (pii  la  ]iroduit  à  travers  une 

(l)  De  V  lujlucnce  des  clicniins  de  fer  et  de  l'art  de  /es  Iraeer  cC  de  les  coiistruire;  [lar 
Seguiu  aîné.  Paris,  Cariliau-Ga'ury  et  Victor  Dalmoul;  i83y. 

"o.. 


(  5/,o  ) 

masse  il'i'au  ilans  laquellL-  elle  se  couili'iise,  colle  vapeur  élèvera  jikis  la  tenipcralure  de 
l'eau  que  si  on  la  faisait  servir  préalablement  à  mettre  en  jeu  une  machine  à  vapeur,  dans 
laquelle  elle  perdrait  une  jjarlie  de  son  ressort,  et  que  les  machines  à  vapeur,  en  général, 
ne  doivent  pas  produire  tout  l'effet  qui  est  indiqué  par  le  calcul  basé  sur  la  théorie  actuelle. 
»  Ce  dernier  point  est  mis  hors  de  doute  par  tous  les  liommes  qui  construisent  des  ma- 
chines on  qui  en  font  usage.  Quant  au  premier,  j'ai  fait,  pour  le  constater,  de  nombreuses 
expériences,  sans  jamais  aïoir  \)u  obtenir  de  résultats  assez  décisifs  ])our  être  cités  autre- 
ment (jue  coinnie  la  [)résoinj)tion  d'un  fait  qui  demande  un  plus  ample  examen.    » 

»   Ciloiis  enfin  la  |)iii\isc  sui\;mle  : 

«  La  nature  du  calorique  nous  étant  cnliorement  inconnue,  il  est  aussi  difficile  d'ad- 
mettre qu'il  est  ime  quantité  de  calorique  inhérente  à  la  nature  même  des  corps  en  fonction 
de  l'espace  qu'ils  occupent,  que  de  supposer,  comme  je  l'ai  fait,  que  la  force  mécanitjue 
qui  apparaît  pendant  l'abaissement  de  tempéiature  d'un  gaz,  comme  de  tout  autre  corps  qui 
se  dilate,  est  la  mesure  et  la  représentation  de  cette  diminution  de  chaleur.  >- 

»  Une  qtiestion  aussi  nettement  posée  ne  pouvait  manquer  d'èti'c  pio- 
cliaiticment  résolue,  et  les  assertions  prudentes,  mais  formelles,  de  Seguin 
mettaient  les  physiciens  en  demeure  de  procéder  aux  vérifications  qui  les 
ont  transformées  en  vérités  classiques  et  fondamentales  dans  la  science. 

»  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  également  à  l'Académie  la  perte 
qu'elle  a  faite  de  l'un  di'  ses  savants  Correspondants  potir  la  Section  d'As- 
tronomie, IM.Fi'iedrich-WilLem-Augtist  Aiijekinder,  Directeur  de  l'Observa- 
toire de  lîonn,  décédé  à  Bonn  le  17  février  iS^S.  Ses  beaux  et  incessants 
travaux  sur  l'Astroiiomie  slcllaire,  depuis  longtemps  devenus  classiques, 
sont  ailmirés  et  incessamment  considtés  dans  tous  les  Observatoires  de  l'Eu- 
rope.  » 

1\0M1\ATI0I\S. 

L'Académie  procède,  par  lu  voie  du  scrnliii,  à  la  nomination  d'tin  Cor- 
respondant, pour  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  en  remplacement 
di,'  Ci'ti  l'amiral  ije   Whangeli,. 

An  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  volants  étant  Sy, 

S.  IM.  don  Pedro,  empereur  du  Brésil,  obtient.    .  /|3  suffrages. 

I\I.  le  général  Sabine 7           » 

M.  Cialdi 2           » 

Il  y  a  cinq  billets  blancs. 

S.  M.  UON  Picuito,  a\anl  r'mn  l,i  niijurilé  absolue  des  suHrages,  est  pro- 
clamé Corie-pond  inl  de   rALadénnc. 


(  5/,.    ) 

Sa  MajosU',  informée  du  résultat  de  ce  scrutin,  a  fait  parvenir  à  l'Acadé- 
mie la  dépèche  suivante  : 

..   Rio,  le  3  mars  1875,  y''  55'°  du  soir. 

»   P;iris,  expédiée  moine  d:ilc-,  i  i""  10'"  du  soir. 

»   M.  Dumas,  Secrétaire  perpétuel  de  V Académie  des  Sciences,  Paris. 

»  Un  télégramme,  reçu  à  l'iuslant  du  Ministre  du  Brésil,  me  fait  vous 
prier  de  transmettre,  dès  à  présent,  tous  mes  remercîments  à  l'Académie  des 
Sciences,  pour  m'avoir  élu  son  IMembre  correspondant.  Je  ne  puis  voir  dans 
ce  choix  de  l'Académie  qu'un  témoignage  d'estime  pour  mon  pays,  et  je 
lui  en  suis  encore  plus  reconnaissant. 

»  D.  Pedro  secundo. 

»   Petropolis,  3  mars  iSyS.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

M.  Cabieu  donne  lecture  d'un  Mémoire  relatif  à  un  nouvel  engrais,  dont 
les  éléments  seraient  fourins  par  des  cendres  de  Méduses,  recueillies  sur  les 
côtes,  et  par  des  matières  fécales. 

(Commissaires  :  MM.  Peligot,  P.  Thenard.) 

M.  (>iiAPELAs  donne  lecture  d'une  Note  relative  à  sa  Commiuiication  du 
i5  février  dernier,  concernant  une  prétendue  observation  d'un  bolide,  le 
10  février,  à  10  heures  du  soir,  au  sud-ouest  de  Paris. 

L'auteur  maintient  ses  observations  précédentes,  sur  le  |)liénomène  (|ui 
a  été  observé  par  lui  pendant  vingt  minutes,  sans  nier  d'ailleurs  qu'un 
bolide  ait  pu  être  observé  dans  la  même  soirée. 

MÉMOIRES  PRÉSEIN  TES. 

GÉOMÉTRIE.  —  Solutions  cjéométiicjues  de  (quelques  problèmes,  relatifs  à  la 
théorie  des  sutfaces,  et  qui  dépendent  des  infiniment  petits  du  troisième  ordre; 
par  M.  A.  Manmieim. 

(Renvoi  à  la  Seclioii  de  Géométrie.) 

«   Les  (juestions  qui  dépendent  des  infiniment  petits  du  deuxième  ordif, 
dont  on  s'est  surtout  occupé  dans  la  théorie  des  surfaces,   sont  celles  qui 


(  542  ) 
concernent  la  courbure  de  ces  surfaces.  Euler  a  donné  une  relation  qui 
permet  de  calculer  le  rayon  de  courbure  d'une  section  faite  dans  une  sur- 
face par  un  plan  normal.  Meusnier  a  donné  le  moyen  de  construire  le 
rayon  de  courbure  d'une  section  oblique.  Enfin  Dupin  a  montré  comment 
on  détermine  la  tangente  à  la  courbe  de  contact  dune  surface  et  d'un 
cône  qui  lui  est  circonscrit. 

»  Lorsqu'on  veut  faire  un  pas  de  plus,  on  rencontre  des  questions  plus 
difficiles  et  qui  dépendent  d'infiniment  petits  du  troisième  ordre,  comme  : 
construire  le  rayon  de  courbure  de  la  développée  d'une  section  faite  dans 
une  surface;  construire  le  plan  osculateur  de  la  courbe  de  contact  d'une 
surface  et  d'un  cylindre  qui  lui  est  circonscrit,  etc. 

»  Pour  résoudre  ces  questions,  on  pouvait  chercher  à  suivre  la  voie 
d'Euler  et  de  Dupin  :  Euler  est  arrivé  à  sa  relation  par  la  voie  analytique 
et  Dupin,  au  moyen  de  cette  relation,  a  construit  son  indicatrice.  On  eût 
alors  été  conduit,  à  la  suite  de  ces  deux  géomètres,  à  établir  analyfique- 
ment  une  relation  qui  aurait  donné  lieu  à  une  indicatrice  du  troisième 
ordre  (i). 

»  Je  ne  me  suis  pas  engagé  dans  cette  voie  et,  pour  arriver  aux  solu- 
tions géométriques  que  je  vais  exposer,  j'ai  d'abord  traité  à  nouveau  les 
questions  qui  concernent  la  courbure  des  surfaces  (2).  C'est  ainsi  qu'en 
faisant  usage  de  normalies  j'ai  montré  comment  on  pouvait  construire  : 
i"  le  rayon  de  courbure  d'une  section  plane  d'une  surface  (3);  2°  le 
rayon  de  courbure  de  la  courbe  de  contour  apparent  d'une  surface  (4). 
J'ai  défini  pour  cela  la  coiubure  d'une  siuface,  autour  d'un  point,  en 
me  donnant  deux  certaines  droites,  que  j'ai  appelées  depuis  droites  Je 
courbure. 

))  Je  vais  poursuivre  une  marche  tout  à  fait  analogue.  J'emploie  tou- 
jours des  normalies,  et  je  définis  ce  qui  est  relatif  aux  éléments  du  troisième 
ordre  autour  d'un  point  d'une  surface,  en  me  donnant  les  droites  de  cour- 
bure des  nappes  de  la  développée  de  cette  surface,  ces  droites  satisfaisant 
du  reste  à  certaines  conditions  connues.  On  verra  avec  quelle  facilité  elles 

(1)  Qiiatil  au  ihcarùinc  de  MeusnlLT,  il  en  rùsullo  une  propriété  qui  se  généralise  ainsi  : 
Les  centres  de  courbure  des  diveloppces  de  toutes  les  sections  faites  dans  une  surface  par 
des  plans  passant  par  une  même  tangente  à  cette  surface,  et  qui  correspondent  au  point  de 
contact  de  cette  tangente,  sont  sur  une  ellipse.  (^Comptes  rendus,  5  février  187-.'..) 

(2)  Conijites  rendus,   16  février  1872. 

(3)  Comptes  rendus,  6  a\r\]  iS^^- 

(4)  Comptes  rendus,  27  avril  lS-]i\, 


(  ^k-i  ) 

se  prêtent  aux  constructions  que  nécessitent  les  problèmes  dont  je  vais 
m'occupcr. 

»  Je  conserve  des  noiations  déjà  plusieurs  fois  employées  :  (S)  est  la  sur- 
face donnée,  a  un  point  de  cette  surface  et  A  la  normale  en  ce  point.  Dans 
le  plan  d'une  des  sections  principales  en  a,  et  du  centre  de  courbure  b  de 
cette  section,  élevons  à  A  la  perpendiculaire  B;  dans  le  plan  de  l'autre  sec- 
tion principale,  élevons  du  point  c  la  perpendiculaire  C  :  B  et  C  sont  les 
droites  de  courbure  de  (S)  qui  correspondent  au  point  a. 

»  Désignons  par(B)  et  (C)  les  nappes  de  la  développée  de  (S).  La 
droite  B,  normale  à  (B)  au  pointa,  est  rencontrée,  je  suppose,  aux  points 
r/et  e  par  les  droites  de  courbure  D  et  E  relatives  à  la  nappe  (B).  Nous 
avons  de  même  pour  la  nappe  (C)  les  droites  de  courbure  G  et  H. 

»  Construire  les  Inngenles  aux  courbes  île  contact  d'une  normalie  à  (S)  avec 
les  nappes  de  In  développée  de  cette  surface. 

))  Par  le  point  a  de  (S)  menons  un  plan  quelconque  (F),  ce  plan  coupe 
cette  surface  suivant  une  courbe  F.  Prenons  F  pour  directrice  d'une  nor- 
malie à  (S).  Cette  surf;\ce  peut  être  considérée  comme  le  lieu  d'une  droite 
qui  rencontre  F  et  qui  touche  les  nappes  (B)  et  (C).  Pour  résoudre  le  pro- 
blème que  nous  nous  proposons,  nous  n'avons  alors  qu'à  employer  les 
constructions  que  j'ai  données  dans  mon  Étude  sur  le  déplacement  (chap.  II, 
§1)  pour  déterminer  la  tangente  à  la  courbe  de  contact  d'une  surface  ré- 
glée avec  l'une  de  ces  surfaces  directrices.  Voici  ces  constructions  :  cher- 
chons, par  exemple  ,  la  tangente  issue  du  point  b  à  la  courbe  de  con- 
tact de  la  normalie  avec  (B).  On  prend  le  point  ^'où  le  plan  (B,  E)  coupe  C, 
on  mène  la  droite  dcl';  on  construit  de  même  la  droite  ee'.  On  prend  les 
traces  de  ces  droites  sur  le  plan  normal  en  rt  à  F,  et  l'on  joint  ces  traces 
par  une  droite.  Cette  droite  rencontre  le  plan  (T),  tangent  en  a  à  (S),  en  un 
point.  De  ce  point,  on  mène  la  droite  A  qui  rencontre  B'  et  C  :  la  tangente 
cherchée  est  perpendiculaire  à  A,  et  comme  elle  est  dans  le  plan  tangent 
(A,  C)  à  la  nappe  (B),  elle  est  déterminée. 

»  La  tangente  conjuguée  de  la  tangente  que  nous  venons  de  construire 
est  une  même  droite,  soit  qu'on  la  cherche  par  rapport  à  la  normalie  ou 
par  rapport  à  (B).  Nous  pourrions  donc  obtenir  cette  droite  au  moyen 
d'une  construction  connue  (i),  en  faisant  usage  des  droites  de  courbure  D 
et  E;  mais  on  peut  l'obtenir  aussi  de  la  manière  suivante  : 

»  Les  droites  ce',  dd'  étant  déterminées  conune  nous  venons  de  le  dire, 

(i)   Comptes  rendus,  26  février  1872. 


(  54/i  ) 
on  preml  leurs  tracos  sur  le  plan  (T)  tangent  en  n  à  (Sj.  La  droite  qui  joint 
ces  traces  rencontre  la  normale  à  F,  qui  est  dans  le  plan  (T),  en  un  point  /. 
De  ce  point  on  mène  une  droite  L  qui  rencontre  B  et  C.  La  projection  de  li 
snr  le  plan  (A,  C)  est  la  tangeiite  conjuguée  cherchée.  En  projetant  L  sur 
le  plan  (A,  B)  on  a  aussi  la  tangente  conjuguée  en  c  de  la  tangente  à  la 
courbe  de  contact  de  la  normalie  avec  (C). 

»  Construire  aux  points  h  et  c  les  osymploles  des  indicatrices  de  la  nor- 
malie à  (S). 

»  Conservons  toujours  la  même  normalie.  D'après  ce  qui  précède,  nous 
connaissons  en  b  ini  système  de  diamètres  conjugués  de  l'indicatrice  de 
celte  normalie  en  ce  point  ;  mais  A  est  l'une  des  asymptotes  de  cette  indi- 
catrice :  il  nous  suffit  alors  de  prendre  l'harmonique  conjuguée  de  A  par 
rapport  à  ce  système  de  diamètres  conjugués  pour  avoir  l'autre  asymptote 
de  l'indicatrice  en  b. 

»   On  opérera  de  même  pour  le  point  c  (i). 

«  Construire  t'asrmplotc  de  l'indicatrice  d'une  normalie  en  un  point  de  la 
courbe  directrice  de  celte  surface. 

»  Cherchons,  par  exemple,  toujours  pour  la  même  normalie  à  (S),  l'a- 
symptote de  l'indicatrice  de  cette  surface  pour  le  point  a.  Le  plan  tangent 
en  rt  à  la  normalie  est  le  plan  déterminé  par  A  et  par  la  tangente  (it  à  F  ; 
ce  plan  est  perpendiculaire  au  plan'(T)  tangent  à  (S)  au  même  point  a.  Le 
plan  tangent  à  la  normalie  et  ce  plan  tangent  à  (S)  forment  un  dièdre  qui 
reste  toujours  droit  lorsqu'on  fait  varier  la  posilion  du  point  a  sur  F.  Le 
déplacement  de  ce  dièdre  sera  bien  défini  si  nous  ajoutons  cjue  son  arête  doit 
rester  tangente  à  F.  Pour  ce  déplacement,  les  faces  de  ce  dièdre  auront 
chacune  une  caractéristique  :  la  face  tangente  à  (S)  a  pour  caractéristique 
la  tangente  at  conjuguée  de  at;  la  face  tangente  à  la  normalie  a  pour  ca- 
ractéristique une  droite  que  l'on  construit  ainsi  (2)  :  par  fit  on  mène  un 
plan  perpendiculaire  à  (F);  par  rtr,  un  plan  perpendicidaire  au  plan  (T)  : 
ces  deux  plans  se  coupent  suivant  une  droite  dont  la  projection  sur  la  face 
tangente  à  la  normalie  est  la  caractéristique  cherchée,  c'est-à-dire  la  conju- 
guée de  «<.  Nous  avons  donc  au  point  a  |)our  la  normalie  un  système  de 


(i)  Il  résulte  de  lA  que  la  construclion  tics  asymptotes  des  indicatrices  en  //  et  c  ne  dépend 
«jiie  de  la  tangente  (it,  et  nous  retrouvons  alors  ce  tliéorènie  connu  :  Lorsque  les  courbes 
directrices  île  normalies  sonl  tnngenlcs  entre  elles  en  a,  ces  surfaces  sont  osculalrices  entre  elles 
aux  jjoinls  b  et  c, 

(2)  Voir  Etude  sur  le  (Irplacement,  lliéorèine  LUI. 


(  545  ) 
diamètres  conjugués  do  l'indicatrice  en  ce  point,  et  comme  A  est  une  asym- 
ptote de  cette  indicatrice,  il  suffit  de  prendre  l'Iiarnionique  conjuguée  de 
celle  droite,  par  r.ipport  à  ce  système  de  diamètres  conjugués  pour  avoir 
lasymplole  cherchée  (i). 

))  Construire  le  plan  osciilaleur  en  un  poinl  de  la  courbe  de  contact  d'une 
surface  et  d'un  cylindre  qui  lui  est  circonscrit. 

»  (S)  est  la  surface  donnée,  les  génératrices  du  cylindre  circonscrit  à  cette 
surface  sont  parallèles  à  la  tangenlo  nz.  Le  plan  oscnlateur  (F)  de  la  courbe 
de  contact  T  passe  par  la  tingcnle  conjuguée  rt/  à  ar.  La  normalie  à  (S) 
qui  a  r  pour  directrice  est  une  surface  qui  admet  un  paraboloide  oscula- 
leur  le  long  de  A,  puisque  ses  génératrices  sont  perpendiculaires  à  az. 
Connaissant  at,  nous  savons  construire  les  asymptotes  des  indicatrices  de 
la  normalie  aux  poinls  b  et  c;  notre  paraboloide  osculateiir  aura  pour 
directrices  ces  deux  droites  et  pour  plan  directeur  le  plan  perpendicu- 
laire à  a:.  Le  plan  {Aat),  qui  coupe  ce  paraboloide  suivant  A,  le  coupe 
en  outre  suivant  une  autre  droite,  asymptote  de  l'indicatrice  de  la  nor- 
malie en  a.  Nous  aurons  cette  droite  en  coupant  le  plan  [Aat)  par  un 
plan  mené  du  point  n  parallèlement  aux  deux  directrices  du  paraboloide. 
L'harmonique  conjuguée  de  at  par  rapport  aux  deux  asymptotes  de 
l'indicatrice  de  la  normalie  en  a  n'est  autre  que  la  tangente  conjuguée 
de  at.  Prenons  maintenant  le  dièdre  droit  dont  les  faces  sont  le  plan  iXat) 
langent  à  la  normalie  au  point  a  et  le  plan  (T).  Déplaçons  ce  dièdre 
de  façon  que  ses  faces  restent  tangentes  l'une  à  la  normalie,  l'autre  à  (S), 
son  arête  devant  rester  tangente  à  F.  Les  faces  de  ce  dièdre  auront  alors 
pour  caractéristiques  des  droites  que  nous  connaissons:  d'une  parla-,  et 
d'autre  part  la  tangente  conjuguée  de  at,  que  nous  venons  de  construire. 
En  menant  des  plans  perpendiculaires  à  ces  faces  respectivement  suivant 
leurs  caractéristiques,  ou  a,  par  l'intersection  de  ces  plans,  une  droite  qui, 
avec  a/,  détermine  un  plan  perpendiculaire  au  plan  osculaleur  (F)  cher- 
ché. Ce  plan  est  donc  déterminé.  » 


(i)  On  déduit  facilement  de  cette  construction  que  le  produit  de  la  tangente  de  l'angle 
compris  entre  les  deux  asymptotes  de  l'indicatrice  de  la  normalie  en  <i  pai-  la  tangente  de 
l'angle  compris  entre  tit  et  at  est  égal  au  double  de  la  tangente  de  l 'angle  que  (r)  fait  avec  (T). 
Faisons  remarquer  aussi  qu'il  n'inlervicnt  dans  celte  construction  <iue(r)et  les  éléments 
de  courbure  de  (S). 


C.R,,i8-;i,  i"  Jtmc;<r<-.  (T.  LXXX,  N'O.)  7' 


(  5/iG  ) 

MÉCANIQUE.  —  Sur  tes  modes  ci  équilibre  limite  les  plus  simples  que  peul  pré- 
senter un  massif  sans  cohésion  j or  tement  comprimé.  Note  de  M.  J.  Boussi- 
\ESQ,  présentée  par  M.  de  Saint- Venant. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

«  Dans  une  Note  insirée  aux  Comptes  renrfi/s  (séance  du  a3  mars  1874» 
t.  LXXVIII,  p.  786),  j'ai  montré  que  les  équations  de  l'équilibre  limite  d'un 
corps  souuiis  à  des  déformations  planes  deviennent  iutégrables,  soit  quand 
la  différence  des  deux  forces  principales  F,  F'  exercées  en  un  point  quel- 
conque est  constante,  soit  quand  le  poids  du  corps  peut  être  négligé  eu 
comparaison  des  pressions  qu'on  lui  applique.  Considérons  en  particulier 
une  masse  pulvérulente  fortement  comprimée,  dont  9  désignera  l'angle 
constant  de  frottement  intérieur,  et,  après  avoir  choisi  une  origine  fixe  O 
de  coordonnées  rectangles  x,  j,  prises  dans  le  plan  des  déformations,  ap- 
pelons :  p  lu  pression  moyenne  en  un  point  quelconque  M(x,jr)  ;  a  l'angle 
que  la  force  principale  la  plus  grande  F  (pression  minimum)  y  fait  avec 
l'axe  des  x  ;  ]3  une  variable  indépendante  liée  à  p  par  la  relation 

(1)  ^^^^^2p,ang=f^ 

Pa  désignant  une  constante  positive  quelconque;  enfin  j:,,  j-,  les  coordon- 
nées du  même  point  M  par  rapport  à  deux  axes  rectangulaires  des  x^  et 
des  J^  menés  à  partir  de  l'origine  O,  de  manière  que  le  premier  soit  paral- 
lèle à  la  direction  de  la  force  principale  la  plus  grande  exercée  eu  M,  le 
second  à  celle  de  l'élément  plan  qui  la  supporte.  Les  formules  (8)  et  (9)  de 
la  Note  citée  deviendront 


)^^..„,:.|)J,     J. 

=  e 

.iiangi  -  +  ï    (fa 

Ci) 

«  Pour  un  mode  ilonné  d'équilibre,  x,,  j  ,,  /3  et  par  suite,  d'après  (2), 
les  deux  dérivées  de  za  en  p  et  «  conservent  les  mêmes  valeurs  aux  divers 
points  du  massif  quand  on  change  la  direction  de  l'axe  des  x;  d'ailleurs  a 
ne  varie,  dans  une  telle  transformation,  que  d'iuie  quantité-constante  pour 
tout  le  massif.  Par  conséquent,  la  fonction  tû  reste  la  même  aux  divers 
points  lorsqu'on  fait  tourner  arbitrairement  les  axes  des  x  et  des  j"  autour 
de  l'origine.  Observons  de  plus  qu'aux  points  homologues  de  massifs 
semblables,  soumis  à  des  modes  d'équilibre  analogues,  rs  est  simplement 
|)roporlioniiel  au  rapport  «i  de  simililude  :  en  effet,  les  équations  (a)  et  (3j 
restent  satisfaites  en  y  remplaçant  tr,  a,,  j  ,  par  mrr,  nix,,  /«)  ,.  Si  l'on 


(  547  ) 
prend  en  particulier  m—dzi,  les  deux  massifs  correspondants  ne  dif- 
férent que  par  l'orientation;  car  une  rotation  de  i8o  degrés  ;nilour  de  l'ori- 
gine, effectuée  par  l'un  d'eux  sans  changpr  son  mode  d'équilibre,  le  rend 
identique  à  l'autre.  De  lotis  les  modes  d'équilibre  obtenus  en  multipliant  zs 
par  divers  facteurs  constants  m,  il  n'y  a  donc  de  réellement  distincts  que 
ceux  qui  correspondent,  jiar  exemple,  aux  valeurs  positives  de  m. 

»  On  peut,  au  lieu  des-coordonnées  rectangles  x,  j>-,  adopter  les  coor- 
données polaires  r,  0  données  para:  =  rcosô,  j'  =  rsin5,  ce  qui  permettra 
de  substituer  aux  formules  (2)  celles-ci  : 

(4)  -  =  "'•'"■"•*■>  [^  +  -«'(i-|)|;]- 

(5)  ,a„g(a_5)==_tang(^4-j)|. 

»  J'aurai  à  considérer,  en  \\n  point  quelconque  (r,  0),  l'élément  plan 
mené,  normalement  aux  jcj,  suivant  le  rayon  même  r:  sa  face  tournée  vers 
la  direction  qui  fait  l'angle  0  -h  90"  avec  les  jc  positifs,  supportera  une 
pression  dont  la  composante  normale  —  X  et  la  composante  tangentielle  F, 
évaluée  positivement  suivant  le  prolongement  du  rayon  /•,  vaudront 

-.  (   —  Dï,  —  p  +  (7COS2  (a  —  5)  =p  [i -f- sinip  COS2  («  —  5)], 

'  (  C  =  ^  sino  sin2  (a —  9). 

Cette  pression  sera  donc  inclinée  sur  la  normale  à   l'élément  plan  d'un 
angle  ayant  pour  tangente 

,  G  sinosinaf  a  —  9) 

(  7  )  =^  '- ^ —  • 

^''  — j)b  1 -i-sin^  C0S2(x  —  0) 

»  Bornons-nous  à  étudier  les  modes  d'équilibre  pour  lesquels  l'orien- 
tation de  la  pression  Uiiuima  est  la  même  aux  divers  points  d'un  même 
rayon  r  émané  du  pôle  O,  c'est-à-dire  pour  lesquels  Q  ne  dépend  que 
de  a.  Si  f\  F  désignent  deux  fonctions  arbitraires,  la  relation  (5)  montre 
que  l'on  doit  avoir  alors 

(8)  ^-^/'(«)'5  ""  --n/3-^./(«)]- 

»   Cette  valeur  de  —,  iransportéo  dans  (?>),  donne 

fia.)  -I ~ 

,    .                   F"[?4-/{«)1         -^    ^    ^^c-osy                    .                           i-+-r 
(O)  rzTF;. 7r~ri  =   ; — : —    ^^-  P<'>r  suite  une  const. , 

7  '  •■ 


(  548  ) 
(l'on  il  résulte  que  F'  cl  par  conséquent  F  ou  ts  sont,  à  |)art  un  facteur 


'■'';[?+A«)i 


constant,  de  la  formée""'  =  e™"-    t]/(a).  Une  telle  expression  de  sr 

change  d'ailleurs  (3)  en  ij/"(a)  cos-ip  =(c-— i)|(a),  équation  qui  s'intègre 
immédiatement.  Il  y  a  lieu  de  distinguer  deux  cas. 

»  i"  Cas  oh  la  valeur  absolue  de  c  est  moindre  que  i ,  —  Prenohs  c  =  sins, 
E  désignant  un  arc  compris  entre  ±:  90°,  et  appelons  /(,  tnie  constante  posi- 
tive :  en  dirigeant  convenablement  l'axe  des  x,  nous  pourrons  poser 


(10)  w  = /'o — -K/ ^e  "■•"■'     COS    

^      '  "  cos£  y    i-+-sine  \  cosy 

elles  formules  (5),  (7),  si  nous  appelons  a'  la  différence  a  —  0,  ou  que 

(il)  0  =  K  —  a\ 

deviendront 

tang  (  7  -I-  -  )                       „                 .        .        , 
(ra)  tang = f£ f  tan^a',    ■ — ^= r'^ ,• 

»  Observons  que  l'angle  a',  nul  pour  a  =  o,  grandit  sans  cesse,  avec 
continuité,  de  —ce  à  co  ,  quand  a  croit  lui-même  de  ~  ce  à  +  oo  .  On 
peut  donc  prendre  «',  à  la  place  de  a,  comme  variable  indépendante,  et 
la  différentiation  des  formules  (12),  (11)  donne 

iilu'        I  —  sinj           ,       i-4-sinE    .       ,             (sins  —  sinœ)  (cos2a'-)-sina.^ 
-—  :- : — •  cos'a'H . —  sin2a'=  l  —  ^^ —, 
d'j.         I  —  siny                  i-f-siritp                                            cos'ç 

^  \m   doL  (sins  —  sin(]))  (cos2a'+sin<p)       d   /    (^    \ 2sin!p(cos2K'-l- sin<))) 

•  dx'        (//.'  cos'y  dci'\—-)h)  (n-siiiçcos2a')" 

))  Quant  à  la  relation  (4),  elle  prend  la  forme  simple 


(i4)        —  1  — -T   -       .—COS- 1-  • ^^siii- 

^    '■'      \  /^/  /•-  \i  —  sin 


—  sino         qacoss  i+sin»     .    „arosE\         r-  dj. 

-COS- 1-  • ^^  Slll-^ =  -^  — ;■ 

£  cosy  i-t-sin£  cuby  /         /•-  ttj. 


»   2°  Cas  OU  la  valeur  absolue  de  c  esl  supérieure  à  l'unilc.  —  Alors  cette 

valeur  est  le  cosinus  hyperbolique  d'un  certain  arc  positif  s',  et  -!-  \Jc-  —  1 
est  le  sinus  hyperbolique  du  même  arc.  Si,  pour  abiéger,  on  désigne  par 
Cos,  Sin,  Tang,  Col  des  cosinus,  sinus,  tangentes,  colangcnlcs  hyperluo- 

liqiies,  (pie  ion  appelle  -    '    .  une  constante  réelle,  et  que  l'on  dirige  coai- 


(  549) 
venablemcnt  l'axe  des  x,  vs  sera  de  ruiie  des  deux  formes 


»   En  posant  encore  a  —  0  —  c/.'  ou  0  ~  a  —  a',  la  relation  (5)  devient 


(l6)  oa  ]    =-. ;=== 


tanga 


tani 


^(i-O 


Siiu' 


tanga' 


tani 


ri) 


Le  signe  de  r„  peut  d'ailleurs  être  choisi  de  manière  que,  pour  «  —  o,  on 
ait  a'=  o  dans  le  premier  cas  et  a.'—  90°  dans  le  second  cas  :  alors,  pour 

a'  croissant  de  —  arc  tang   v/— —  '^^g  (  ^  -)-  -  )    ;H-  le  même  arc  tangente, 

la  valeur  de  a  donnée  par  la  première  forme  ce  (16)  décroît  de  -+-  co  à 

—  00  quand  c  est  positif,  croît  de  —  oo  à  -+-  oo  quand  c  est  négatif;  puis, 

c'  continuant  à  croître  de  -:-  arctang    V /-— —  ta»g  (  "^  "^'  ~  )    à  ;:  —  le  même 

arc  tangente,  la  valeur  de  a  donnée  par  la  seconde  forme  de  (16)  croît  sans 
cesse  de  —  co  à  -r  00  si  c  est  >  o,  décroît  sans  cesse  de  -i-  oo  à  —  xi  si 
c  est  <  o.  Par  conséquent,  toutes  les  circonstances  que  présentent  les 
deux  modes  d'équilibre  considérés  s'obtiendront,  que  c  soit  >  o  ou 
<  o,  en  faisant  varier  en  tout  a'  dans  un  intervalle  égal  à  n,  savoir  :  de 

—  l'arc  tangente  considéré  ci-dessiis  à  n  —  lo  même  arc  tangente. 

»  L'équation  (16)  différentiée  donne  effectivement,  quel  que  soit  celui 
des  deux  modes  d'équilibre  que  l'on  considère, 


(■7)  S-= 


-cos-«'- 


sin-a'=  I  — 


(f  —  sin(p')  (cos2a'  -I-  sirKf) 


(t'A  i  —  s:u^  i-f-siny  cos-f 

et  le  second  membre  de  celle-ci  s'annule  bien,  en  changeant  de  signe,  pour 

les  valeurs  de  «'  qui  rendent  sa  tangente  égale  à  ±  i/'- tangf"  -!-  rj- 

On  déduit  immédiatement  de  (17) 

,   Qv  (10  dy.  /  d'j.'\  flx  (c — sinç)(cos2x'-i- siniji) 

^^^  lu'  "'  My  ~  Tu)  ~  a?  ^s^ 

Enfin  les  expressions  (i5)  de  ro  changent  la  formule  (4)  en  celle-ci  : 

dans  le  dernier  membre  de  laquelle  la  parenthèse  prend  —  ou  -\-  suivant 
que  la  forme  de  rz  est  la  [)remiére  ou  la  secoiule  (1  5)  :  /„  ayant  le  signe  de  c, 
le  second  membre  de  (191  est  positif,  conuni-  il  le  faut  |)our  que/j  lo  soit.  » 


(  55o  ) 

MI^CANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Construction  géométrique  des  moments  fléchissants 
sur  les  appuis  d'une  poutre  à  plusieurs  travées  solidaires.  Note  de  M.  G.  Fourkt, 
présentée  f>ai-  INI.  Resal. 

(Commissaires  :  MM.  Phillips,  Resal,  Rolland.) 

«  La  théorie  des  poutres  à  plusieurs  travées  solidaires  a  été,  comme  on 
sait,  l'objet  d'une  série  de  travaux  fort  importants,  qui  ont  eu  pour  résid- 
fat  d'établir  des  méthodes  élégantes  et  assez  simples  pour  le  calcul  de  ce 
genre  de  poutres.  Navier,  à  qui  l'on  doit  la  première  solution  du  problème, 
prenant  pour  inconnues  les  réactions  des  appuis,  avait  été  conduit  à  un 
système  d'équations  assez  pénible  à  résoudre,  pour  peu  que  le  nombre  des 
travées  dépassât  trois  on  quatre.  Plus  tard,  Clapeyron  eut  l'heureuse  idée 
de  prendre  pour  inconnues  les  moments  fléchissants  et  les  inclinaisons  de 
la  fibre  neutre  sur  les  appuis,  ce  qui  simplifia  notablement  le  problème. 
M.  Bertot,  reprenant  la  question  où  l'avait  laissée  Clapeyron,  obtint,  par 
l'élimination  des  inconnues  auxiliaires,  un  système  d'équations  du  premier 
degré  contenant  chacune  les  moments  fléchissants  sur  trois  appuis  consé- 
cutifs. Cette  relation  remarquable,  mise  en  relief  quelque  temps  après  par 
Clapeyron  lui-même,  et  généralisée  ensuite  par  M.  Bresse,  conduisit  à  inie 
solution  analytique  complète  de  la  question  des  poutres  à  plusieurs  travées. 
Cette  solution  a  été  développée  et  perfectionnée  dans  ses  moindres  détails 
par  de  nombreux  travaux,  dont  les  plus  importants  sont  dus  à  MM.  Bresse, 
Collignon  et  Piarron  de  Mondesir. 

»  La  détermination  analytique  des  moments  fléchissants,  déduite  de  la 
théorie  de  Clapeyron,  paraît  donc  peu  susceptible  de  nouveaux  progrès; 
mais  il  nous  a  semblé  intéressant  et  utile  d'avoir  une  solution  purement 
géoméiriquo  du  même  problème.  C'est  cette  solution  que  nous  allons  ex- 
poser brièvement  ici. 

»  Ayant  eu  l'occasion  dernièrement  d'appliquer  noire  méthode  à  un 
projet  de  pont  métallique  à  quatre  travées,  nous  avons  pu  constater  qu'elle 
présente  sur  la  méthode  analytique  l'avantage  d'être  plus  rapide  et  moins 
sujette  à  erreur.  Quant  à  l'approximation  qu'elle  fournit,  bien  qu'inférieure 
à  celle  que  donne  le  calcul,  elle  est  très-suffisaute  pour  les  besoins  de  la 
pratique. 

»  Nous  indiquerons  d'abord  une  méthode  de  fausse  position  fondée  sur 
le  lemme  suivant  : 

»  Lemme.  —  Lorsque  deux  points  M  et  N  se  meuvent  respectivement  sur  deux 
droites  (A)  et  (R),  de.  maniihe  que  leuis  distances  x  et  y  à  îles  origines  fixes  situées 


(  55.  ) 
sur  (A)  e<  (B)  soient  comlamment  liées  par  une  relation  linéaire 

ax  -+-  /3r  =  7, 
tes  positions  simultanées  des  deux  points  mobiles  déterminent  sur  (A)  el  (B)  des 
divisions  proportionne  lies;  et  si  ces  dernières  droites  sont  parallèles,  les  droites 
joignant  les  positions  correspondantes  des  deux  points  mobiles  concourent  en  un 

même  point  situé  à  des  distances  de  (A)  et  (B)  qui  sont  dans  un  rapport  égal  à 

»  Méthode  de  fausse  position.  —  Considérons  une  poutre  symétrique  par 
rapport  à  un  plan  vertical,  divisée  en  ?^  travées  solidaires  de  portées 
/,,  L,...,  /„,  et  reposant  librement  sur  «  +  i  appuis  de  niveau  Ao,  A,, 
A»,...,  A„.  Soient  p,,  Pî,--,  p,n  les  charges  par  mètre  courant  uniformé- 
ment réparties  sur  les  différentes  travées,  et  fx^'  f-'n  P-i>---7  l^-m  ^^^  moments 
fléchissants  sur  les  appuis.  Ces  moments  sont  liés,  comme  on  sait,  par  les 
Il  —  I  équations 

/,|^„  +  2:/,  -4-  /,)a.,  +  /3/J..  =\pJ\  +\P-Jl, 


(<) 


/,-^.,_,   4-  2[li  -+-  li^,  )'J.i  +   /,+  ,  /J.,+  ,  =--  {pilf  +    iPi+i  /-'h 


/3 


a  En  observant  que  p.o  et  |u.„  sont  nuls,  le  système  de  ces  n  —  1  équa- 
tions déterminerait  p.,,  p.2,  ..,  p-„-,-  Si,  laissant  a^  nul,  on  fait  varier  a,, 
les  valeurs  de  fjt,,,  p.3,...,  p„,  déduites  des  équations  (i)  et  portées  dans  un 
même  sens  sur  les  verticales  des  appuis  correspondants,  seront  telles  que 
les  droites  M, M,,  M0M3,...,  M„_,M„,  joignant  de  proche  eu  proche  les 
extrémités  des  ordonnées  obtenues,  pivoteront  chacune  autour  d'un  point 
6xe.  Les  ordonnées  de  ces  points  fixes  divisent  les  travées  correspondantes 
Aa  A,,  A3  Aj,...,  A„_,  A„  suivant  les  rapports  ^,,  &o,...,  o,,-.,,  déterminés  par 
les  relations 


/, 


(2) 


Pi-. 


p»-i 


-  2(/,  4-  /j)  -t-  Lp^  —  o,  d'où  p,  =  1   ~  -h  2, 

-  2(4  +  h)  +  /3P,  =  0,  fïo  =  ^a  -  ^ j  ^  -)-  2, 

•  ■  •  •  » 

--   2(/,-|-/,+  ,)  -T-  li+,f>,^0,  Pu  —  (2 ^V,—    +2, 

-  2(/„_,  4-  /„)  4-  /„|5„_,  =  O;  |S„_,  =  (  2 !-)^  4-  2 

\  p"->/    '" 


(  552  ) 

»  Ces  formules  donnent  immédiatement  chacun  des  rapports  p,,  pi-,...., 
p„-\i  ^n  fonction  de  celui  qui  le  précède,  et  permettent  par  suite  do  con- 
struire les  ordonnées  (Do),  (D^) ''D„)  des  pivots. 

»  Cela  fait,  prenons  à  volonté  |u,,  =  A,B,.  La  première  des  équations  (i) 
fournira  p.o  =  AoRa-  Eu  substituant  fj.,  et  p.,  dans  la  deuxième  équation, 

on  en  tirera  fXj  =  A3R0, On  arrivera  ainsi  finalement  à  une  valeur 

|u,,j  =  A„R„,  en  général  différente  de  zéro,  et  qui  serait  nulle  si  u.,  avait  été 
pris  égal  au  moment  fléchissant  sur  le  premier  appui.  Mais  comme,  lorsque 
fj.i  varie,  les  droites  R,  Ro,  RoRs,..-,  R„_,R„  pivotent  autour  des  points 
O2,  Oj,...,  0„,  où  elles  rencontrent  respectivement  les  verticales  (Dj), 
(D3),...,  (D„),  il  suffit,  pour  obtenir  les  valeurs  exactes  des  moments,  de 
joindre  A„0„  qui  coupe  A„_|R„.|  en  M„_,,  M„_,0„_,  qui  coupe  k„-^i^ii-î 
en  M„_2,  et  ainsi  de  suite.  Les  ordonnées  A,M,,  AoMo,...,  A„_|M„  ,  sont 
égales  aux  moments  cherchés. 

»  Méthode  directe.  —  On  parvient  à  une  construction  plus  directe  et 
plus  simple,  en  se  servant  d'une  interprétation  géométrique,  donnée  p;u- 
M.  Collignon  (i)  de  la  relation  existant  entre  les  moments  fléchissants  sur 
trois  appuis  consécutifs. 

»   Prolongeons  A,M,-  d'une  longueur  égale  à  elle-même  jusqu'en  M'  . 

»  Sur  les  milieux  deA,_i  A,  et  A,  A,^,,  élevons  les  ordonnéesB,P,  =  */),/,'-, 
B,.,.,  P,^,.,  =  ipi+,  ^,+, ,  et  soit  H,  le  point  de  rencontre  de  P,P,+,  avec  la  ver- 
ticale passant  par  le  milieu  de  A/_,  A,^.,.  La  relation  géométrique  équiva- 
lente à  la  i'"""  équation  (1)  consiste  en  ce  que  le  point  H,  est  en  ligne  droite 
avec  les  points  G,+i,  en  lesquels  M,_,  M'^  et  M'  M,+|  rencontrent  respec- 
tivement B,P,  et  B,^.,  P,vi . 

»  M.  Collignon  applique  cette  propriété  à  la  détermination  géométrique 
de  tous  les  moments  fléchissants  d'une  poutre,  après  avoir  calculé  tout 
d'abord  le  moment  fléchissant  sur  le  deuxième  appui.  On  évitera  ce  calcul 
préalable,  souvent  assez  laborieux,  en  conibinant  la  construction  de 
M.  Collignon  avec  la  méthode  de  fausse  position  indiquée  ci-dessus.  Mais 
on  peut  procéder  plus  simplement  en  se  servant  des  propriétés  suivantes. 

»  En  vertu  du  lemme  énoncé  plus  haut,  lorsque  M,  varie,  les  droites 
telles  que  M,_,  M-,  M'i_,  M,-  pivotent  respectivement  autour  de  points  fixes 
1/  et  J,,  dont  les  ordonnées  (E,)  et  (F,)  divisent  la  travée  A,_,  A,,  la  pre- 
mière suivant  le  rapport >  la    seconde  suivant  le   rapport   ^-^-   Le 


(1)  Résistance  des  malériaiix,  i'"  P;>rlic,  p.  254-  —  Théorie  clémentaiie  des  iwittres  droites, 
i"^  l'jitic,  p.  33. 


(  553  ) 
triangle  M^  G,G,+,  varie,  de  manière  que  ses  sommets  décrivent  trois  ver- 
ticales, par  conséquent  trois  droites  concourantes  à  l'infini,  et  que  ses 
trois  côtés  pivotent  chacun  autour  d'nn  point  fixe,  à  savoir  M, G,  autour 
de  I,,  IM,  G,_^.^  autour  do  J,^.,,  G,G,+,  autour  de  H,-.  Par  suite,  en  vertu 
d'nn  tJiéoréaie  bien  contui,  les  trois  points  I,,  J,_n  et  II,  sont  en  ligne 
droite.  D'autre  part,  pour  construire  I,,  connaissant  J,,  ou  prolonge  F,J, 
d'une  longueur  égale  à  elle-même  jusqu'en  J] .  Aj_,Ji  rencontre  la  verti- 
cale (E,)  au  point  I,.  De  ces  diverses  propriétés,  combinées  ensemble,  ré- 
sulte la  construction  suivante  : 

»  Les  verticales  (E)  et  (F)  étant  tracées,  et  les  points  II  déterminés,  on 
joint  AplI,,  qui  rencontre  en  Jj  la  verticale  (Fo).  On  prolonge  FjJj  d'une 
longueur  égale  à  elle-même  jusqu'en  Jj.  A,  Jj  rencontre  (Ej)  en  un  point  I2. 
On  joint  L  H.,  qui  coupe  en  J,  la  verticale  (F3).  On  prolonge  F3J3  d'une 

longueur  égale  à  clle-ménie  juscpTen  Jj.  A3  Jj  coupe  (£3)011  un  point  I3, 

En  continuant  ainsi,  on  obtient  finalement  un  point  J„  au-dessus  de 
la  «'""*  travée.  On  joint  A„  J„,  qui  rencontre  la  verticale  (A„+,)  en  un  point 
^'n-n  'el  que  A,,,,  M„_,  =  2/jl„_,  .  M„_,  T„_|  rencontre  la  verticale  (A„_j)  en 
un  point  M„_o,  tel  que  A„„,  M„_o  =  fx„_2.  M„_oJ„_2  rencontre  la  verticale 
(A„_3)  en  un  point  M,',, 3,  tel  que  A„_3  M'„_3  =  2(jt.„_3,....  On  obtient  ainsi, 
sur  les  verticales  des  appuis,  les  moments  fléchissants,  alternativement 
simples  et  doublés  Comme  vérification,  on  peut  construire  la  ligne  poly- 
gonale M„_|  M„_;M„_3  M„_j, .  ..,  qui  fournit,  comme  la  précédente,  les 
moments  alternativement  simples  et  doublés,  mais  dans  lui  ordre  inverse. 

»  lie  mai  que.  —  Les  deux  méthodes  exposées  dans  cette  Note  s'appli- 
quent, presque  sans  modification,  au  cas  d'une  poutre  reposant  sur  des 
appuis  à  des  niveaux  différents ,  et  supportant  des  charges  distribuées 
d'une  manière  quelconque.  Cette*  généralisation  résulte  de  ce  que,  dans 
ces  hypothèses,  ainsi  que  l'a  établi  AI.  Bresse  (i),  la  relation  entre  les  mo- 
ments fléchissants  sur  trois  appuis  consécutifs  subsislc,  au  terme  indépen- 
dant près.  » 

i\\TnOLOGUiK\VÈn\MK7iTXLE.  —  lic(lienltcS('Xi)éri>ncntales  surir  j)niicl)>eln.\i(iiie 
(lu  SiiThj  putréfié.  Note  de  M.  V.  Felïz,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

(Commissaires  :  MM.  Cl.  Bernard,  Robin.) 

«  J'ai  essayé  à  plusieurs  reprises  de  produire  la  septicémie  chez  les  chiens, 
en  leur  injectant  dans  les  veines  du  sang  putréfié  à  la  dose  de  1  à  3  cen- 


(i)  Mécanique  appliquée,  III'  Partie,  p.  (). 

C.  R  ,  i8;5,   i«-  Scraoxrc-.  (T.  LXXX,  K»  i).}  7^ 


(  554  ) 
tinièires  cubes,  siiivaiil  leur  poids  et  leur  taille.  Ces  expériences  prélimi- 
naires m'ont  démontré  que  les  animaux  inoculés  devenaient  malades,  et 
que  la  plupart  mouraient  du  troisième  au  huitième  jour.  Pendant  la  vie, 
j'observai  les  signes  suivants  :  augmentation  de  température  de  i  à  4  <'^" 
grés,  soif  intense,  perte  d'appélit,  diminution  très-rapide  du  poids,  diarrhée 
et  vomissements  bilieux,  hémorrhagies  intestinales,  hématuries  et  liéma- 
témèses;  ces  derniers  signes  se  présentaient  surtout  chez  les  chiens  qui 
mouraient,  et  étaient  accompagnés  d'accidents  convulsifs  épileptiformes. 
A  l'autopsie,  je  trouvai  toujours  des  taches  hémorrhagiques  intestinales, 
quelquefois  des  infarctus  pulmonaires,  rarement  du  sang  dans  la  vessie.  Le 
foieétait  toujours  fortement  hypérémié,  rempli  de  bile,  parfois  le  siège  d'une 
véritable  dégénérescence  graisseuse.  I.e  sang  était  modifié  :  des  granulations 
se  dissolvant  dans  l'éther  étaient  en  suspension  dans  le  sérum,  les  globules 
rouges  diffluents  en  voie  de  déformation,  l'hémoglobine  transsudait  et 
cristallisait  sous  le  microscope;  jamais  de  gaz  dans  le  sang. 

»  Fixé  sur  l'action  du  sang  putréfié,  j'entrepris  plusieurs  séries  d'expé- 
riences méthodiques,  dans  l'espoir  de  trouver  le  principe  toxique  du  sang 
et  de  déterminer  le  rôle  des  infiniment  petits  que  je  ne  suis  pas  parvenu 
à  isoler  jusqu'ici  des  liquides  putrides,  malgré  de  nombreuses  tentatives  de 
filtrage  à  travers  toute  espèce  de  filtres,  même  ceux  réputés  infaillibles  eu 
Allemagne  (charbon,  pierre-ponce  pilée,  sable  fin,  couches  multiples  de 
coton). 

»  Je  commençai  par  saigner  un  chien  normal;  je  laissai  le  sang  se  pu- 
tréfier dans  mon  laboratoire,  et  je  ne  m'en  servis  que  lorsqu'il  présenta  les 
signes  microscopiques  suivants  :  ratalinement,  déformation  et  moléculari- 
s.Uion  des  hématies,  nombre  infini  de  points  mobiles  ou  cocobactéries,  de 
bactéries  en  chaînettes  ou  d'une  jjièce,  de  membranes  zoogléiques,  de  vi- 
brions ou  de  spirilles.  Arrivé  à  cet  état,  je  le  divisai  en  six  parts  ;  la  pre- 
mière resta  exposée  à  l'air;  la  deuxième  fut  traitée  par  un  courant  d'air 
continu,  moyennant  un  vase  d'appel  dont  on  renouvelait  l'eau  jour  et 
nuit;  la  troisième  fut  soumise  à  une  pression  d'air  comprimé  à  5,  6,  ^"et 
8  atmosphères;  la  quatrième  fut  mise  au  contact  d'oxygène  pur  dans  des 
flacons  bien  bouchés  et  renversés  dans  l'eau  ;  la  cinquième  fut  traitée  par  un 
courant  d'oxygène  dans  un  appareil  installé  par  M.  Ritter,  et  la  sixième  fut 
placée  dans  le  tube  de  la  pom[)e  à  gaz  de  Gréhant,  ])our  qu'on  en  pût  tirer 
les  gaz  matin  et  soir  et  maintenir  le  sang  dans  le  vide. 

»  A ,  Le  sang  initial  fut  injecté  à  quehjues  jours  d'intervalle,  à  la  dose 
indiquée,  à  quatre  chiens,  qui  succombèrent  tous,  dans  l'espace  de  i.  à 
4  jours,  avec  les  signes  susindiqués. 


{  555  ) 
»  /}.  Le  sang  éventé,  dégageant  constamment  des  produits  ammoniacaux, 
comme  l'auliquait  le  réactif  de  Nesler  sur  lequel  passait  r;iir,  fut  injecté  à 
quatre  chiens  après  2/1,  48,  72  et  96  heures  d'éventement.  Ils  succombèrent, 
du  premier  au  quatrième  jour,  avec  les  mêmes  signes.  Le  sang  inoculé  dans 
la  veine,  examiné  chaque  fois  au  microscope,  n'a  jamais  présenté  de  modi- 
fications  dans  les  infiniment  petits,  et   il  ne  pouvait  èlre  différencié  du 


sang  uiitial 


»  C.  Le  sang  traité  par  l'air  comprimé  fut  injecté,  après  24,  4^,  96  et 
i44  heures  de  compression,  à  quatre  chiens,  qui  périrent  comme  les  précé- 
dents, présentant  les  mèmes^ésions  pendant  la  vie  et  après  la  mort.  L'exa- 
men microscopique  du  sang  ne  montre  pas  de  différence  sensible  avec  le 
sang  initial,  car  les  diverses  personnes  qui  ne  connaissaient  pas  les  prépa- 
rations se  trouvèrent  dans  l'impossibilité  de  les  séparer.  Pour  moi,  je  crois 
que  les  spirilles  et  les  vibrions  perdent  de  leur  activité.  Une  précaution  à 
prendre,  c'est  d'éviter  l'injection  immédiate  du  sang  comprimé,  autrement 
on  a  des  dégagements  de  gaz  dans  la  veine  et  des  accidents  d'embolies 
gazeuses  (notés  une  fois  dans  nos  expériences). 

»  D.  Le  sang  mis  en  contact  avec  l'oxygène  fut  injecté  à  sept  chiens 
après  I  minute,  6,  48,  72,  96,  120  et  216  heures.  Les  trois  premiers  pé- 
rirent comme  d'habitude;  les  quatre  autres  furent  malades  5  à  6  jours  et  se 
rétablirent  complètement.  Le  sang,  examiné  comparativement  au  sang 
initial,  indique  qu'après  un  long  contact  avec  l'oxygène  les  vibrions  et  les 
spirilles  se  modifient,  perdent  en  épaisseur  et  en  longueur,  et  deviennent 
très-paresseux;  nondjre  d'entre  eux  s'immobilisent  complètement.  Les 
points  mobiles,  les  chauiettes  et  les  membranes  zoogléiques  ne  paraissent 
pas  se  modifier. 

o  E.  Le  sang  traité  par  le  courant  continu  d'oxygène  fut  injecté  après 
36,  48,  72  et  96  heures.  Les  trois  premiers  succombèrent  avec  le  cortège 
symptomatique  habituel,  le  quatrième  a  survécu;  il  était  absolument  guéri 
au  bout  de  huit  jours.  Mêmes  observations  pour  l'examen  microscopique 
du  sang. 

»  F.  Le  sang  traité  par  le  vide  fut  inoculé  à  quatre  chiens  après  5  mi- 
nutes, 25,  72  et  120  heures.  Le  premier  et  le  quatrième  chien  succom- 
bèrent au  bout  de  deux  et  trois  jours,  le  deuxième  et  le  troisième  se  remirent 
après  quelques  jours  de  diarrhée.  Le  sang,  examiné  avec  soin,  se  modifie 
très-apparenunent  dans  ces  conditions  :  les  bactéries,  les  points  mobiles  et 
les  membranes  zoogléiques  s'imniobilisent,  les  vibrions  et  les  spirilles 
perdent  beaucoup  de  leur  vigueur,  rt>muent  beaucoup  moins,  si  bien  que, 

72.. 


(  556  ) 
de  prime  Hl)or(l,  on  dirait  une  cessation  de  vie;  il  n'en  est  cependant  rion, 
car  on  ne  larde  pas  à  voir  ces  vibrions  et  ces  spirilles  reprendre  du  mou- 
vement, siu'tout  après  quelques  instants  de  contact  avec  l'air. 

»  Conclusions.  —  Ces  expérieiices  démontrent  qui;  la  septicémie  peut 
être  développée  chez  le  chien  par  des  injections  intra- veineuses  de  sang 
putréfié. 

»  Les  courants  d'air  longtemps  continués  à  travers  le  sang  et  l'air  com- 
primé ne  j)araissent  avoir  d'action  ni  sur  les  qualités  toxiques  du  sang  pu- 
tréfié, ni  sur  les  infiniment  petits  qui  y  séjournent. 

»  Le  sang  longtemps  oxygéné  par  contact  ou  par  passage  de  ce  gaz  à 
l'état  de  pureté  semble  devenir  moins  toxique  et  se  différencier  du  sang 
initial  par  une  diminution  des  mouvements  des  vibrioniens  (vibrions  et 
spirilles). 

»  Le  sang  privé  de  gaz  et  laissé  dans  le  vide  un  certain  temps  parait 
perdre  également  de  son  pouvoir  toxique.  Les  cocobactéries,  les  bactéries, 
les  membranes  zoogléiques  s'immobilisent,  les  vibrions,  les  spirilles  perdent 
de  leur  agilité,  mais  il  n'y  a  pas  mort  réelle  des  infiniment  petits.  Le  prin- 
cipe toxique  ne  me  paraît  pas  être  un  gaz.  » 

ÉLECTROTHÉRAPIE.  —  De  l'emploi  de  l'électricité  dans  l'iléus,  daiis  i liydrocèle 
et  dans  ta  paralysie  de  ta  vessie.  Mémoire  de  M.  Mac.4Rio,  présenté  par 
M.  du  Moncel. 

(Commissaires  :  MM.  Cloquet,  Gosselin,  du  Moncel.) 

«  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  présenter-  à  l'Académie,  je 
traite  de  l'application  de  l'électricité  dans  trois  maladies  différentes  de 
siège  et  de  nature. 

»  Le  premier  cas  est  un  iléus,  observé  sur  un  habitant  de  Nice,  âgé  de 
soixante  et  onze  ans,  atteint  de  dyspepsie  et  de  constipation.  Une  seule 
application  de  l'appareil  d'iiuluclion  de  Gaiffe,  pendant  dix  minutes  au 
plus,  a  procuré  la  guérison  rapide  et  complète. 

»  Voici  maintenant  des  résultats  obtenus  en  a|ipliquant  l'électricité  au 
traitement  de  l'hydrocelc?,  d'après  la  méthode  de  M.  le  D'  Pètrequiii,  ex- 
cliiriirgien  en  chef  de  l'Ilùlel-Dieu  de  Lyon.  J'ai  tait  voir  quels  sont  les 
dangers  possibles  des  autres  méthodes  de  traitement.  L'électrisation  n'a 
aucun  de  ces  inconvénients. 

«  I,c  |)i<rnicr  cas  a  trait  à  une  hyilrocèlc  i\n  côté  ilioil,  ilie/.  un  iiialndc  do  soixanlc  ans, 
allcint  lie  c-\>lili'  clironirino  rt  do   n'tonlion    d'uilnc,  avoc  onjjorgcnunl   de   la  pi-oslato    ot 


(  ^'■'l  ) 

anémie.  SIk  séances  d'élcctrisation,  tic  ilix  minutes  tliaciine,  roduisirent  l'Iiydincélc  au  tiers 
(le  son  volume,  et  la  résorption  du  liquide  fut  complète. 

»  Le  deuxième  sujet  était  atteint  d'une  hydrocéle  très-volumineuse  à  droite,  datant  de 
plusieurs  mois.  Six  séances  électriques  de  dix  minutes  de  durée,  avec  l'appareil  électronié- 
dical  de  Legendre  et  Morin,  suffirent  pour  amener  la  résorption  complète  du  liquide.  La 
guérison  ne  s'est  pas  démentie. 

•  Dans  la  troisième  observation,  il  s'ayit  d'une  hydrocéle  en  bissac,  extrêmement  volu- 
mineuse, datant  de  plus  d'un  an,  cluz  un  sujet  âgé  de  quarante-six  ans.  La  tumeur  fut  réduite 
de  2  centimètres,  après  deux  séances,  avec  l'appareil  Legendre  et  Morin.  J'eus  ensuite  recours 
;\  l'électropuncture,  et  deux  séances  de  deux  à  trois  minutes  de  durée  suffirent  pour  amener 
une  complète  guérison.  Longtemps  après,  on  m'apprit  que  ce  malade  était  mort  et  que  l'Iiy- 
drocèle  avait  reparu;  mais  je  n'eus  point  de  détails. 

»  Enfin,  dans  la  quatrième  observation,  il  s'agit  d'une  hydrocéle  à  droite,  datant  de  plu- 
sieurs années,  et  guérie  par  une  séance  d'électropuncture  dans  l'espace  de  quarante-huit 
heures.  » 

»  L'électricité  peut  également  être  appliquée  avec  avantage  au  ti-aite- 
ment  des  paralysies  de  la  vessie.  On  sait  que  les  médications  ordinaires 
ont  souvent  peu  d'efficacité  contre  cette  grave  maladie,  surtout  quand  elle 
s'accompagne  de  complications  et  se  rencontre  chez  des  sujets  débilités 
ou  âgés.  Je  puis  citer  trois  cas  de  succès,  qui  m'ont  été  communiqués  par 
M.  Pétrcquin,  de  Lyon. 

»  Enfin,  l'électricité  petit  triotnpher  de  certaines  sortes  de  dyspepsies,  se 
produisant  dans  des  cas  tout  à  fait  particuliers  : 

«  Une  jeune  fille,  âgée  de  vingt-quatre  ans,  depuis  longtemps  vomissait  régulièrement, 
une  demi-heure  après  chaque  repas,  une  jiartie  des  aliments  qu'elle  avait  consommés.  Douze 
à  quinze  séances  d'élcctrisation,  de  dix  à  quinze  minutes  de  durée,  avec  l'appareil  électro- 
médical de  MM.  Legendre  et  Morin,  la  gueiirent  complètement;  la  guérison  ne  ^'est  pas 
démentie  depuis  douze  ans.  • 

MM.  II.  W^OKSSEN  et  B.  Corenwi.vder  soumettent  au  jugement  de 
l'Académie,  un  Mémoire  concernant  les  engrais  chimiques  de  la  bette- 
rave. 

De  nombrctises  expériences,  ('(fectuées  en  1873  et  1874,  les  auteurs 
concluent  que  reiii|)loi  dti  stiperphosphate  de  chaux  est  totijoiirs  avan- 
tageux, non-seulement  au  point  de  vue  dti  rendement  en  betteraves,  mais 
surtout  en  raisoti  de  lein-  qualité.  La  substittitioii  de  4oo  kilogrammes 
de  superphosphate  à  200  kilogrammes  de  nilrale  de  soude  a  donné,  sans 
atigmeiitation  de  dépetise,  un  accroissement  de  reiidetiieni,  et  surtout  îles 
betteraves  plus  riches  en  sucres,  et  |)Ossédant  un  coeKicient  salin  notable- 
ment plus  élevé. 


(  558  ) 
Le  sulfate  d'ammoniaque  paraît  également  plus  favorable  que  le  nitrate 
de  soude  à  la  production  du  sucre  dans  les  betteraves. 

Les  auteurs  p(Misent  que  les  fabricants  de  sucre  ont  tout  intérêt  à  exiger 
des  cultivateurs  que  la  plus  grande  partie  du  nitrate  de  soude  employé 
comme  engrais  soit  remplacé  par  du  superpbosphate  de  chaux.  L'usage 
immodéré  du  nitrate  de  soude  leur  paraît  constituer  aujourd'hui  un  véri- 
table danger  pour  ce  genre  de  cidture. 

(Commissaires  :  MM.  Peligot,  P.  Thenard,  H.  Mangon.) 

INL  W.  DE  Maximowitcii  soumet  au  jugement  l'Académie  une  théorie 
de  l'intégration  des  équations  aux  dérivées  partielles  du  second  ordre. 
(Renvoi  à  la  Commission  précédemment   nommée.) 

M.  P. -P.  Mestre  adresse  une  Note  relative  à  un  procédé  de  destruction 
du  Phylloxéra,  par  l'ensablement. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères  transmet  à  l'Académie  la 
copie  d'une  Lettre  adressée  par  M.  Janssen  à  M.  le  Ministre  de  France  au 
Japon,  pour  lui  faire  part  du  résultat  de  ses  observations  sur  le  passage  de 
Vénus. 

Les  détails  donnés  par  celte  lettre  sont  ceux  qui  sont  déjà  parvenus  à 
l'Académie. 

ASTRONOMIE.  —   Eléments  et  épliémérides  de  la  planète  (^. 
Noie  de  M.  H.  Renan,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  Ces  éléments  ont  été  calculés  an  moyen  de  trois  observations  équato- 

riales  faites  à  l'Observatoire  de  Paris,  les  1 3  et  27  janvier,  et  le  10  février 

1875. 

(Époque  :  1875,  iï'viici-  ?,f),o;  temps  moyen  ile  Greenwich.) 

M.=  97.43-'4o",'î  \ 

Q=3i8.58.44,«  U     ■  ,      «  r 

-.    ,  .  Eniniioxe  niovcn  de  1075,0. 

El  =  22.33.40,7   '  "  ' 

i    =  11.3?.  .44)5 

^   =   12.54.13,6 

^   =  795".  575 
log  a  =  0,4  32884 


(  559  ) 

Jiphcméride  pour  niuli  moyrn  ilr  Cirr/iifich. 

Ascension  droite 
1875.  apparente.  Déclinaison  apparente.  Ion  A. 

Mars    I g.55.24>o  +8.27.20  0,^075 

2 9.54.30,3  8.29.24  o,3o86 

3 9.53.37,0  8.31.3.7  0,3096 

4 9.52.44,5  8.33.2B  o,3iii 

5 9.51. 5a, 8  8.35.28  o,3i2i 

G 9'""-   ')0  8.37.25  o,3i34 

- 9.50.12,2  8 . 39 . 20  o , 3 1 46 

8 9.49.23,3  8.41. 12  o,3i63 

9 9.48.35,4  8.43.2  0,3175 

10 9.47.48,6  8.44.49  0,3190 

II 9-47-  ^>9  8.46.32  o,32o5 

12 9.46.18,3  8.48.12  0,3222 

i3 9.45.34,8  8.49.50  0,3237 

,4 9.44.52,5  8.51.24  0,3255 

i5 c)./{.\.ii  ,'î  8.52.54  0,3271 

i6 g. 43.31, 7  8.54.21  0,3290 

17 9.42.53,1  8.55.43  0,3307 

i8 9.42.15,9  8.57.    I  0,3326 

iq 9.41-39,9  8.58. i5  0,3344 

20 9-4i-   ^'3  8. 5g. 25  0,3364 

21 9.40.32,1  9.  o.3o  0,3383 

22 9-4o-  0'2  9-    '■^'  0,3404 

23 9.39.29,8  9.  2.29  0,3423 

24 9-39.  0,7  g.  3.22  0,3445 

25 g. 38  33,0  9-  4-IO  0,3465 

26 9.38.  6,4  g.  4-54  0,3486 

27 9.37.41,3  9.5.32  o,35o8 

28 g. 37. 17,5  g.  6.  6  o,353o 

29 9.36.55,2  g.  6.35  o,355i 

3o 9.36.34,3  9.   7.  o  0,3574 

3i 9.36.14, g  -t-9-   7-20  0,3596 

)i  D'après  une  observation  faite  à  Paris,  le  aS  février,  la  correction  de 
l'éphéméride  était,  ce  jour  là  : 

Ascension  droite.  ..  .      —6'  Distance  polaire..  .  .  —  o',  1.» 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  iinc  ntiilière  coloranle  powprc  dérivée  dit  cjanogène. 
Noie  de  M.  G.  1îo.\g,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 
«  Une   solution   aciili'   il'ini   sel    de  cuivre  traitée  par  du   cyaiiuie  de 
potassium  se  colore  en  rose;  cette  coloration  est  fugace,  elle  a  été  observée 


(  56o  ) 
par  Raïuinelsherg,  Rodgeis,  Ginelin  et  Mcillet.  Si,  dans  la  solution  de 
cuivre,  il  y  a  un  sel  de  fer,  la  liqueur  prend  une  belle  nuance  rouge  :  la 
matière  colorante  obtenue  en  présence  d'un  sel  de  fer  est  inaltérable  après 
purification.  Elle  renferme  du  fer  dissimulé  comme  dans  les  prussiates; 
elle  diffère  donc  de  celle  qui  a  été  étudiée  par  Meillet  et  considérée  par  ce 
chimiste  comme  de  la  murexide,  et  elle  jouit  de  quelqties-imes  des  pro- 
priétés de  la  matière  observée  par  Vauquelin  en  faisant  agir  l'acide  prus- 
sique  sur  l'oxyde  de  fer. 

»  Pour  jiréparer  cette  matière  colorante  à  l'état  de  pureté,  j'ajoute  à  une 
solution  acide  d'un  sel  de  cuivre  du  cyanure  de  potassium  jusqu'à  dis- 
parition complète  de  la  coloration  rose  décrite  par  les  auteurs.  Cotte  li- 
queur incolore,  abandonnée  à  elle-même,  fournit  des  matières  azulmiques; 
mais  si  on  la  traite  de  suite  par  un  sel  de  fer  acide  on  obtient  un  abondant 
précipité  do  bleu  de  Prusse  et  la  liqueur  se  colore  de  nouveau;  en  conti- 
nuant à  ajouter  du  sel  de  fer,  on  parvient  à  entraîner  la  majeure  partie  de 
la  matière  colorante  rouge.  Le  carbonate  d'ammoniaque  enlève  au  préci- 
pité du  cyanure  de  cuivre  et  le  principe  colorant.  Ce  dernier  est  entraîné 
avec  le  cyanure,  lorsqu'on  ajoute  un  acide  ;  ce  nouveau  précipité  traité  par 
l'acide  sulfliydrique  cède  à  l'eau  la  matière  colorante;  enfin  on  se  débar- 
rasse de  l'acide  sulfliydrique  en  excès  par  une  digestion  avec  du  carbonate 
de  plomb.  On  obtient  ainsi  une  solution  fortement  colorée  en  pourpre 
et  exemple  de  sels  étrangers. 

»  Les  sels  de  zinc,  de  cuivre,  de  mercure,  d'argent  précipitent  complè- 
tement la  matière  colorante  de  sa  solution  aqueuse;  les  sels  de  fer  et  de 
plomb  ne  la  précipitent  pas. 

»  Elle  jouit  de  la  propriété  de  se  combiner  aux  |)russiates. 

))  La  solution  colorée  a  une  réaction  acide;  cette  matieie  colorante 
chasse  l'acide  carbonique  des  carbonates. 

»  Le  précipité  rouge  obtenu  par  l'acétate  de  cuivre,  lavé  et  séché  à 
loo  degrés,  m'a  donné  à  l'analyse  la  composition  centésimale  suivante  : 

Carbone 24 , 3 1 

A/.oie -28 ,  o4 

Hydrogène 1 ,  88 

Fer i3,66 

Cuivre 'Tt^? 

Ox)'«''nc i4,44 

»  Ces  nombres  conduisent  à  la  lormule  CyMl*  O'EeCu,  que  je  ne  donne 
ici  que  pour  traduire  les  résultats  de  l'analyse. 


(  56i  ) 

)>  La  dissolution  colorée  après  saturation  par  l'ammoniaqno,  soumise  à 
l'évaporation  dans  le  vide,  donne  une  niasse  rouge  formée  de  cristaux  non 
détermiuablos. 

»  Les  alcalis  donnent  de  la  stabilité  à  cette  matière  colorante  ;  elle  résiste 
même  aux  alcalis  bouillants  et  concentrés.  L'acide  sulfureux  et  l'acide 
suKhydrique  sont  sans  action  sin-  elle.  L'acide  sulfurique  à  66  degrés  fait 
passer  sa  teinte  au  jaune;  mais  l'eau  rétablit  la  coloration  rouge  primi- 
tive. L'acide  azotique,  le  chlore,  l'oxyde  do  mercure  la  détruisent  rapide- 
ment. 

»  Celte  matière  colorante,  qui  est  d'un  beau  pourpre,  ne  teint  pas  di- 
rectement les  matières  textiles,  mais  elle  s'applique  facilement  en  solu- 
tions légèrement  acides,  sur  des  fibres  mordancées  avec  des  oxydes  métal- 
liques.  /) 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Dosdcje  de  l'acide  borique;  sa  sc'paralion  d'avec  la 
silice  et  le  fluor  [j).  Note  de  M.  A.  Ditte,  présentée  par  M.  H.  Sainte- 
Claire  Deville. 

«  Si  le  borate  que  l'on  veut  analyser  n'est  pas  soluble  dans  l'eau  et  ren- 
ferme d'autres  bases  que  les  alcalis,  on  le  dissout  à  froid  ou  à  une  douce 
chaleur  dans  l'acido  chlorhydrique  étendu;  ou  se  débarrasse  des  bases 
en  les  précipitant  par  les  méthodes  ordinaires  ,  tout  en  évitant  d'in- 
troduire des  matières  capables  de  donner  un  sel  insoluble  avec  le  chlorure 
de  calcium.  Les  carbonates  en  particulier,  chauffés  dans  le  mélange  salin, 
donneraient  du  carbonate  de  chaux  que  l'on  ne  pourrait  pas  séparer  des 
cristaux  de  borate.  Si  l'on  a  dû  recourir  aux  carbonates  alcalins  pour  pré- 
cipiter les  bases,  il  faut  d'abord  les  décomposer  par  l'acide  chlorhydrique, 
chauffer  légèrement  pour  chasser  l'acide  carbonique  sans  entrauier  d'acide 
borique,  ajouter  de  l'ammoniaque,  puis  la  solution  de  chlorure  de  calcium 
et  continuer  l'opération  comme  il  a  été  dit  plus  haut. 

»  La  méthode  est  applicable  à  la  détermination  de  l'acide  borique  que 
l'on  rencontre  dans  plusieurs  silicates.  Si  la  matière  est  facilement  décom- 
posablo  par  les  acides,  comme  c'est  le  cas  pour  la  datolithe  et  la  botryolithe, 
on  la  réduit  en  poudre  fine  et  on  la  décompose  par  l'acide  chlorhydrique 
en  la  maintenant  quelques  heures  en  contact  avec  lui  excès  de  cet  acide  à 
la  température  de  5o  à  60  degrés;  on  ajoute  alors  la  dissolution  saturée  de 


(1)  Voir  Comptes  rciulus,  séance  Jii  23  février  187'j. 

eu.,  iS^â,  i^ScmtJlre.  (T.  LXXX,  N''  ».)  7^ 


(  562  ) 
chlorure  de  calcium  et  de  l'ammoniaque  pour  saturer  les  acides  libres; 
lacide  borique  et  la  silice  passent  à  l'état  de  sels  de  chaux,  et  l'on  peut  éva- 
porer à  sec  sans  avoir  à  craindre  la  moindre  perte  d'acide  borique.  On  in- 
troduit alors  dans  le  creuset  le  mélange  des  chlorures  et  l'on  chauffe  gra- 
duellement jusqu'à  fusion.  La  majeure  partie  du  borate  de  chaux  cristallise 
et  se  réunit  en  anneau  à  la  surface,  tandis  que  le  silicate  de  chaux  reste  au 
fond  du  creuset.  Après  refroidissement  de  la  masse,  on  détache  l'anneau 
de  borate  de  chaux,  que  l'on  met  de  côté  ;  on  fond  de  nouveau  ce  qui  reste 
dans  le  creuset,  de  manière  à  faire  cristalliser  le  peu  de  borate  de  chaux  qui 
peut  rester  encore  mélangé  au  silicate,  puis,  au  bout  de  quelques  minutes, 
on  chauffe  le  fond  du  creuset  aussi  fortement  que  possible,  de  manière  à 
fritter  et  à  agglomérer  le  silicate  de  chaux.  Cela  fait,  on  traite  par  l'eau  froide 
l'anneau  et  la  masse  refroidie.  Tout  l'acide  borique  est  à  l'état  de  borate  de 
chaux  cristallisé,  mélangé  au  silicate  de  chaux  qui  se  présente  sous  la  forme 
de  petits  grains  à  demi  fondus,  quelquefois  de  très-petits  cristaux.  Le  tout 
est  très-facile  à  laver,  on  le  pèse  après  dessiccation. 

»  On  ne  peut  songer  à  séparer  le  borate  de  chaux  du  silicate  à  l'aide  des 
sels  ammoniacaux.  Ceux-ci,  et  en  particulier  le  nitrate  d'ammoniaque  eu 
dissolution  concentrée  dissolvent  à  froid,  mais  surtout  à  chaud,  et  avec  fa- 
cilité, le  borate  de  chaux  cristallisé  :  il  se  dégage  de  l'ammoniaque,  et  il  se 
forme  du  nitrate  de  chaux;  mais  le  silicate  de  chaux  est  soluble  dans  ces 
réactifs,  bien  moins  que  le  borate,  mais  assez  pour  rendre  impossible  par 
ce  procédé  la  séparation  des  deux  matières. 

»  Le  mieux,  quand  on  a  pesé  le  mélange  de  borate  et  de  silicate  de 
chaux,  est  de  le  traiter  à  chaud  par  l'acide  nitrique  et  d'évaporer  à  sec.  En 
reprenant  par  du  nitrate  d'ammoniaque  on  enlève  complètement  la  chaux 
que  l'on  peut  doser  dans  la  liqueur.  On  pèse  la  silice  après  lavage  et  calci- 
nation.  Connaissant  le  poids  du  mélange  de  borate  et  de  silicate,  le  poids 
de  la  chaux  et  celui  de  la  silice,  on  en  déduira  par  différence  le  poids  de 
l'acide  borique  que  renfermait  la  combinaison  primitive. 

»  Si  la  matière  à  analyser  n'est  pas  facilement  décomposable  par  les 
acides,  on  la  calcine  avec  du  carbonate  de  potasse  ou  de  soude  en  excès, 
on  traite  la  masse  calcinée  par  l'eau  chaude  chargée  d'im  peu  de  chlor- 
hydrate d'ammoniaque,  puis  on  évapore  à  sec.  On  reprend  par  l'eau  qui 
laisse  un  précipité  dans  lequel  on  retrouve  avec  les  bases  insolubles  une 
portion  de  la  silice;  la  lic[neur  filtrée  contient  encore  de  la  silice  et  tout 
l'acide  borique  de  la  matièrt.'.  On  lui  ajoute  de  l'acide  clilorliydrique  pour 
détruire  l'excès  des  carbonates  alcalins,  on  chauffe  légèrement  pour  chasser 


{  563  ) 
l'acide  carbonique;  enfin  l'on  ajoute  de  l'ammoniaque  et  du  chlorure  de 
calcium,  on  évapore  à  sec  et  l'on  continue  l'analyse  comme  au  cas  précé- 
dent. 

»  Quand,  dans  une  combinaison,  existe  un  fluorure  avec  de  l'acide  bo- 
rique ou  un  borate,  on  peut,  de  la  manière  suivante,  séparer  l'acide  bo- 
rique du  fluor.  Après  avoir  dissous  la  substance  dans  l'acide  chlorhydrique 
et  précipité  les  bases,  on  ajoute  un  excès  de  chlorure  de  calcium  et  d'am- 
moniaque, puis  on  évapore  à  sec.  On  chauffe  alors,  dans  le  mélange  de 
chlorures  alcalins,  le  borate  de  chaux  cristallisé;  le  fluorure  de  calcium, 
qui  tl'abord  s'est  précipité  sous  la  forme  d'une  masse  gélatineuse  et,  comme 
on  lésait,  extrêmement  difficile  à  laver,  devient,  après  la  calcination,  com- 
pacte et  dense,  de  telle  sorte  qu'après  refroidissement  le  contenu  du 
creuset  traité  par  l'eau  froide  abandonne  très-aisément  le  mélange  de  bo- 
rate de  chaux  et  de  fluorure  de  calcium  ;  on  le  pèse  après  l'avoir  lavé  et 
séché. 

»  Cela  fait,  on  traite  ces  deux  sels  par  du  nitrate  d'ammoniaque  concen- 
tré et  chaud  qui  dissout  entièrement  le  borate  de  chaux  et  laisse  le  fluo- 
rure de  calciiun  inaltéré;  on  pèse  ce  dernier  après  lavage,  et  son  poids  re- 
tranché de  celui  du  mélange  donne  la  quantité  de  borate  de  chaux  qu'il 
renfermait.  On  déduit  de  ces  nombres  le  poids  de  l'acide  borique  et  celui 
du  fluor,  avec  une  grande  exactitude. 

»  En  résumé,  qu'il  s'agisse  simplement  de  borates  ou  de  combinaisons 
contenant,  outre  de  l'acide  borique,  de  la  silice  ou  du  fluor,  on  arrive  tou- 
jours à  la  détermination  de  l'acide  borique  en  le  dosant  sous  la  forme  de 
borate  de  chaux  cristallisé.  La  même  méthode  pourra  être  appliquée  dans 
la  plupart  des  cas  où  l'on  a  à  doser  l'acide  borique;  il  me  paraît  d'ailleurs 
inutile  d'insister  sur  les  diverses  circonstances  particulières  que  chaque 
analyse  peut  présenter.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  déptacemenl  réciproque  des  acides  gras  volatils. 
Note  de  M.  II.  Lescœcr,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Liebig  a  fait  voir  (i)  que  les  acides  gras  volatils,  dans  leurs  déplace- 
ments réciproques,  n'obéissent  qu'en  partie  aux  lois  de  lîerthollet,  et  ces 
observations  ont  été  rappelées  dans  ces  derniers  temps  par  INI.  Berthelot  {■>.), 
qui  a  montré  que  les  lois  de  la  Thermochimie  suffisaient  à  expliquer  celte 


(  I  )   yliiri.  <lcr  Cliem.  u.  Plionii.,  t.  LXXI,  p.  35'). 
(2)   Coin  pif  s  rendus,  t.  LXXIX,  p.   i337. 


(  564  ) 
apparence  d'irrégularité.  L'acide  propioniqne  serait  déplacé  par  l'acide  bu- 
tyrique, celui-ci  par  l'acide  valérique  ;  puis  viendraient  l'acide  acétique  et 
en  dernier  lieu  l'acido  formique  qui  chasserait  de  leurs  combinaisons  tous 
les  autres.  Les  formiates,  en  effet,  dégagent  en  se  formant  plus  de  chaleur 
que  les  autres  sels  de  la  série  grasse  et  en  particulier  les  acétates  :  c'est  ce 
qui  déterminerait  le  sens  de  la  réaction. 

»  Néanmoins  M.  Duclaux  a  remarqué  qu'il  y  a  toujours  quelque  trace  de 
partage  de  la  base  entre  les  acides  employés.  J'ai  observé  de  mon  côté  que 
les  formiates  sont  décomposés  en  proportion  notable  par  l'acide  acétique, 
et  que  ce  déplacement  partiel  est  le  fait  d'un  véritable  équilibre  qui  s'établit 
entre  le  formiate  et  l'acide  acétique  d'une  part,  l'acétate  produit  et  l'acide 
formique  mis  en  liberté  de  l'autre,  équilibre  qui  rappelle  celui  des  réactions 
éthérées  dont  MM.  Berthelot  et  Péan  de  Saint-Gilles  ont  donné  les  lois. 

»  Si  l'on  introduit  dans  un  appareil  distillatoire  du  formiate  neutre  de 
soude  bien  sec  et  de  l'acide  acétique  monohydraté,  il  passe  à  la  distillation 
un  mélange  d'acide  acétique  et  d'acide  formique,  et  le  résidu  est  du  formiate 
de  soude  mêlé  d'acétate.  Dans  une  expérience  où  l'on  distillait  du  formiate 
de  soude  avec  dix  fois  son  poids  d'acide  acétique,  le  liquide  recueilli  ren- 
fermait près  des  trois  quarts  de  l'acide  formique  total. 

»  L'élévation  de  température  nécessaire  à  la  distillation  ne  paraît  pas  être 
la  cause  de  la  décomposition.  Ainsi  une  dissolution  faite  à  froid  de  formiate 
de  potasse  dans  un  excès  d'acide,  abandonnée  à  l'évaporation  spontanée,  a 
donné  de  l'acétate  de  soude  cohtcnant  fort  peu  de  formiate. 

»  Les  formiates  de  potasse,  de  soude,  de  baryte,  de  plomb  cl  en  général 
les  formiates  solubles  dans  l'acide  acétique  sont  décomposés  de  la  même 
manière.  Le  formiate  de  zinc,  qui  se  dissout  à  peine  dans  l'acide  acétique, 
ne  donne  que  des  traces  d'acide  formique. 

))  La  proportion  de  formiate  décomposé  varie  avec  la  quantité  d'acide 
acétique  employé;  c'est  ce  qui  résulte  d'une  série  d'évaporations,  dans 
lesquelles,  le  poids  de  formiate  de  soude  demeurant  constant,  on  a  fait  varier 
la  quantité  du  dissolvant  (acide  acétique  cristallisable).  Le  résidu  contenait 
d'autant  moins  de  formiate  que  la  proportion  du  dissolvant  était  plus  con- 
sidérable. La  décomposition  n'est  pourtant  point  proportionnelle  à  la  quan- 
tité d'acide  acétique  employé.  Par  exemple,  dans  l'évaporation  d'un  mélange 
de  lo  parties  de  formiate  de  soude  et  de  i6  parties  d'acide  acétique,  il 
y  aurait  à  peu  près  le  quart  de  l'acide  formique  chassé;  pour  lo  parties 
de  formiate  et  5o  parties  d'acide  acétique,  la  porportion  du  sel  décomj)osé 
serait  d'un  peu  plus  de  la  moitié  ;  elle  serait  de  ])rès  des  trois  quarts  pour 


(  565  ) 
loparliosdeforiniato  de  soude  dissous  dans  lo  parties  d'acide  cristallisable. 

»  Ces  résultats  suffiraient  à  élahlir  que  la  décomposition  qui  nous  occiqie 
n'est  point  \m  accident  du  au  mélange  de  l'acide  employé  avec  de  l'eau. 
D'ailleurs,  des  expériences  directes  nn'ont  démontre  que  la  présence  de 
l'eau  à  côté  de  l'acide  acétique  n'augmente  pas  la  décomposition  des  for- 
miates;  elle  la  diminuerait  plutôt  d'une  petite  quantité. 

»   En  résumé,  je  crois  avoir  établi  les  points  suivants  : 

»  1°  L'acide  acétique  peut  déplacer  l'acide  formique  de  ses  combinaisons 
en  quantité  quelquefois  considérable. 

»  2"  Le  déplacement  a  lieu  à  froid. 

»  3°  La  proportion  d'acide  formique  mis  en  liberté  varie  avec  l'excès  d'a- 
cide acétique  ajouté. 

M  4°  La  présence  de  l'eau  n'influe  pas  notablement  sur  le  phénomène.  » 

THERMO-CHIMIK.  —  Calcul  (les  moments  (rinerlie  mnxi)iium  des  molécules 
des  dérivés  clilorés  du  toluène.  Note  de  M.  G.  Kixniciis,  présentée  par 
M.  Berthelot. 

L'importance  des  moments  d'inertie  des  molécules  en  chimie  molécu- 
laire (*)  me  fait  espérer  que  l'Académie  daignera  recevoir  le  détail  du 
calcul  de  ces  moments  pour  les  dérivés  chlorés  du  toluène.  La  même  mé- 
thode de  calcul  est  évidemment  applicable  dans  une  foule  de  substitutions 
successives  dans  des  composés  à  deux  radicaux.  De  plus,  les  résultats  de  ce 
calcul  seront,  dans  une  Note  prochaine,  utilisés  pour  la  détermination  théo- 
rique des  points  d'ébullition  des  dérivés  chlorés  du  toluène. 

»  Si,  dans  le  toluène,  G"  IP  GW  —  92,  on  remplace  m  atomes  d'hydro- 
gène du  radical  phényle,  G^  H^=  77  =  a,  et  n  atomes  d  hydrogène  du  ra- 
dical méthyle,  GIP  =  ij  =  b,  par  autant  d'atomes  de  chlore,  il  résultera  le 
dérivé  chloré  nui  dont  la  masse  moléculaire  sera 

(i)  M,„„  =  a-\-  b  +  {m  +  n)  c 

où 

c  =  CI  -  H  ==  34,  5. 

»  Prenons  le  centre  de  l'anneau  de  phényle  pour  l'origine  O  des  trois  axes 
rectangulaires;  soient  p  le  rayon  des  carbones,  et  /•  celui  des  chlores  de  ce 
radical.  Menons  l'axe  des  Z  perpendiculaire  au  plan  de  cet  anneau,  et  l'axe 

(i)   Comptes  rendus,  t.  LXXIX,  p.  i3">7,  l4'>8,  ^'^']^>■,  1873. 


(  566  , 

des  X  par  l'atome  de  carbone  dninéthyle,  dont  la  distance  de  l'origine  soit 
R.  Soit  enfin 

(2)  R,:r.R{,  +  £\ 

la  distance  de  l'atome  de  chlore  qui  entre  le  premier  dans  le  méthyle,  vis- 
à-vis  du  phényle. 

»  Donc,  pour  l'axe  des  Z,  le  moment  d'inertie  !'„„  du  dérivé  mn  sera 

(3)  I'm«=  ^f'  +  ^R'  -^-t-r-.  m  4-  cR^  {n+  -a  -\-  £-) 

et  l'abscisse  ^  du  centre  de  gravité  de  la  molécule  sera  déterminée  par 

(4)  M,„„|  ^c^U-hn-\-i+'~m\- 

où  X  est  l'abscisse  du  centre  de  gravité  des  m  atomes  de  chlore  du  phé- 
nyle(*). 

»  Si,  comme  première  approximation,  on  néglige  x,  le  moment  d'inertie 
maximum  pour  l'axe  naturel  (parallèle  à  Z  et  à  la  distance^)  sera 

1  =  1'-  M.l-, 

dont  la  valeur  est,  d'après  les  équations  précédentes, 

(  5  )  !,„„  =  af-  -4-  h  R-  +  cr-  m  H-  cR- .  N,„„, 


ou 


(6) 


(   N,„„  =  n  +  a  £  -h  £^  --  _/;„„  (  -  -^  £   '-  "  j  ■ 

1     J mil  ■ 


1V1„„         y  m  4-  « 


(*) 


r,„„  —nf  -V  h  R-  -!-  cr'  /«  +  c  R  ;  -t-  (  n  —  I  )  c  R», 

ce  fini  est  (  3  )  ; 

M„,„Ç  :--  AR  -;    rR,-t-  («  —  I  )  f  R    '    ex.  m 

est  (4)-  Toutes  les  niitrrs  ronmilcs  sont  des  traiisfoinialions  de  celles-ci  <r;i|)r('s  l<-  principe  i.\e 
iiit'canicpie  i-lénicnlaire 

i--r— M.  ç^ 


(  567) 
»  Le  moment  d'inertie  maximum  du  toluène  se  trouve 

(7)  ï«"="«P'-^*^^'('''i^,)'    M-=92- 

»  Donc  l'accroissement  AI,„„  du  moment  maximum  d'inertie  de  la  mo- 
lécule de  toluène,  résultant  de  la  substitution  de  l'hydrogène  par  le  chlore, 
sera  -  I,„„  -  loo,  ou 

(8)  AU  -  c,^-  >n  +  cR^  (*  ^^  ^'r  N,„„)  • 

»  Pour  les  dérivés  chlorés  du  toluène,  on  trouve,  d'après  (6  ), 

m+nétant.        0123^3  07  8 

/■„„sera 0,37       0,27       0,9.1       0,17       o,i5       o,i3       0,11       0,10       0,09 

»  De  plus,  j'ai  trouvé  que  la  distance  des  atomes  d'hydrogène  du  car- 
bone est  à  très-peu  près  o,4  ;  l'unité  de  distance  atomique  iutra-moléculaire 
étant  toujours  (*)  celle  des  deux  carbones  dans  l'alcool  èthylique.  Donc  p 
étant  I  {voir  la  note  précitée),  /•=:  i,4;  R  sera  2,0;  R,  =  R -h  0,4  =  2,4, 
d'où  £  =  0,2,  et  par  conséquent,  d'après  (6), 

(6  bis)  N,„„  -n-h  0,44  -f,„„[n  -i-  o,635)^ 

dont  les  valeurs  numériques  sont  les  suivantes  : 

/«=  0                 1                 2  3                 4 

il  0,73  0,88  0,98  1,04  i,o()  i,i4 

2  0,98  1,28  I ,40  1,54  1,67  1,74 

3  1,19  1,46  1,72  '-99  2,12  2,25 

»  Comme  cr  —  69,  cR-  =  i38,  ^R^  =  Go,  np-  =  j-j  qi  —-  ~  o,i63, 

on  peut  calculer  les  valeurs  numériques  des  moments  d'inertie  des  corps 
dérivés  d'après  (5)  ou  (8). 

»  Si  l'abscisse  x  ne  peut  être  négligée,  il  huit  augmenter  ces  valeurs  de  I 
et  de  AI  par 

(9)  n„  =  — 6p.,„cR/HX, 

où 

b 

«  -)-  6  -! 

.  c  m    ,       X 

( '  °)  '^'"  =  n+^n^,  -^  6  •/'«''  R ' 

»  C'est  par  cette  valeur  que  se  distinguent  les  isomères  du  même  m. 
»  La  substitution  successive  des  atomes  de  chlore  produira  de  petites 


(*)  Voir  la  note  Comptes  rendus,  1878,  t.  LXXVI,  j).  iSgS. 


(  568  ) 
oscillations  de  l'inclinaison  de  l'axe  naturel  sur  l'axe  des  Z;  mais  dans  les 
applications  que  je  donnerai  de  ces  moments  d'inertie,  l'influence  de  ces 
perturbations  est  négligeable. 

»  Enfin  on  comprendra  que  celte  méthode  de  calcul  n'est  pas  restreinte 
au  cas  spécial  énoncé  en  tête  de  cette  Note.    » 

THERMOCriIMlE.  —  Elude  (les  quantités  de  chaleur  dégagées  dans  la  formation 
des  sels  de  potasse  de  cjuehjttes  acides  de  la  série  grasse.  Note  de  INI.  W.  Lou- 
GuiNiXE,  présentée  par  M.  Bertheiot. 

«  Cette  recherche  fait  suite  aux  travaux  entrepris  par  M.  Bertheiot  et 
par  moi  sur  la  chaleur  dégagée  dans  les  doubles  décompositions  des  chlo- 
rures, bromures,  iodures  et  anhydrides  des  acides  acétiques  et  butyriques; 
elles  ont  été  exécutées  par  les  mêmes  méthodes  générales. 

»  Malgré  toutes  les  précautions  prises,  je  n'ose  affirmer  que  la  précision 
absolue  des  nombres  que  je  vais  donner  surpasse  o'^''',4o  à  o*^'",5o,  eu  raison 
des  causes  d'erreurs  multipliées  qui  existent  dans  des  expériences  si  déli- 
cates :  les  unes  sont  d'ordre  purement  physique,  telles  que  la  mesure  des 
températures,  des  chaleurs  spécifiques,  etc.;  les  autres  sont  d'ordre  chi- 
mique, telles  que  la  pureté  rigoureuse  des  corps  employés,  qui  doit  être 
plus  grande  ici  que  dans  les  expériences  ordinaires  de  la  Chimie,  et  le  do- 
sage exact  des  corps  mis  en  expérience.  Mais  la  précision  relative  est  nota- 
blement plus  grande.  Voici  mes  résultats  : 

A.  —  Chaledb  dégagée  dans  l\  formation  du  butykate  de  potasse  ordinaire. 

Acide  préalablement  dissous i  mol.  :=  88  gr,  dans  7''',  104  d'eau. 

Potasse  préalablement  dissoute 1  mol.  =56  gr.  dans  9'",  7^7  d'eau. 

Cal  <' 

1.  162,589x88  =  14,308 f=i6,5i8 

2.  163,586x88  =  14,396 ;  =  16,845 

Moyenne 1 4*^°'  ?  352 . 

»  Soit  +14*^°',  3,  quantité  de  chaleur  dégagée  par  i  molécule  =  88  gr. 
d'acide  butyrique  étendu,  les  sels  étant  dissous  dans  17  litres  d'eau. 

))  Chaleur  dégagée  par  la  dissolution  dans  l'eau  de  l'acide  butyrique.  — 
88  grammes  d'acide  dissous  dans  'J*'\l6l^  d'eau  =  o'''',444  pour  88  grammes. 
Nous  avons  trouvé  jadis,  avec  M,  Bertheiot,  comme  moyenne  de  deux 
expériences,  -h  o'",5i5,  nombre  très-voisin. 

n.    —    CUALEUR  DÉGAGÉE   DANS  LA   l'ORMATlON  DE  l'iSOUUTÏRATK   DE  POTASSE. 

»  Dans  toutes  les  expériences,  même  potasse,  56  granmies  dissous  dans 
4'",5o8   d'eau,  88  grammes    d'acide  dissous,    |)remière  expérience   dans 


(  '^C>9  ) 
3'", 088,  deuxième  et  troisième  expérience  dans  3''',58o,  quatrième  et  cin- 
quième expérience  dans  3'", 078  d'eau. 

Cal  » 

1.   163,706x881-14,411 i6,524  — /  de  r.xpcrienrc. 

2.162,271x88:^14,280 l6,5S|r=/ 

3.162,438x88=14,295 16,320:^/ 

4.  i63,3i5x88  =  i4,37>. lô.iSgrrz^ 

5.  162,642X88  =  14,313.  16,443^^ 

Moyenne i4'-'",337        • 

•1  Soit  +  i4'^°'>3,  par  88  grammes  d'acide  dissous. 
»  Même  acide  non  dissous  préalablement  : 

Cal  o 

1.  171,195x88  =  15,065 15,920  =  ?  de  l'expérience. 

2.  171 ,915  X  88LTr  i5, 129 i6,556=« 

Moyenne i5'^",097 

»  Soit  i5  calories.  La  chaleur  dégagée  lors  delà  dissolution  dans  l'eau  de 
l'acide  isobutyrique,  déterminée  directement,  a  été  trouvée  de  -{-o*^",582 
pour  88  grammes  d'acide  (dissous  dans  3''S58o  d'eau).  En  retranchant  ce 
nombre  de  i5*^'",097,  on  obtient  pour  l'isobutyrate  de  potasse,  avec  l'acide 
dissous,  -4-  i/|*^°',5i5,  nombre  très-voisin  de  i4'"',337  trouvé  directement. 

C.  ^   Chaleur  dégaoéf.  n.\>s  la  formation  de  différents  valérates  df.  potasse. 

)>  a.  Acide  valérique  provenant  de  la  racine  de  valeriana  officinalis.  —  Non 
dissous  préalablement,  potasse  56  grammes  dans  à  peu  près  5'", G  d'eau  : 

Col  o 

1.  1 52, 4o5  X  102  =  15,545 16,600  =  <  do  l'expérience. 

2.  i5i  ,002  X  102  =  i5,4o2 1:^,626=^1  » 

3.  i5i,2o5  X 102  =  15,423 i3,i92=^f  » 

ï.     l5l,  746X102      :  15,47s 1  3,252-=/  u 

5.   i52, 102x102   -i5,5i4 r3,46o  =  ;  ■■ 

C.   i5o,322XJ02       i5,333 13,700  =  /  " 

Moyenne i5*^"',4f9 

)i  Soit  i.V"','},  par  102  grammes  d'acide  non  dissous. 

«   Cluileur  déijacjée  lors  de  la  dissolution  dans  l'eau  de  cet  acide  : 

Col  lit 

1.  --0,889  102  jjraniincs  d'acide  dans    8,686  d'eau. 

2.  -  1,084  '"*•  "  10,595       • 
Moyenne -!-  o''"',987  pour  10;».  grammes  d'acide. 

Ce  qui  donne  pour  la  quantité  de  chaleur  dégagée  par  l'acide  préalable- 
ment dissous:  i5''",4/Î9  -  0,987  =14'''", 462.  Soit    l-  1  V"/|-  Une  expérience 

c.  R.,  1875,  1"  Scmesli,.  (T.  I.XXX,    N»  9.)  7^1 


(  570) 
faite  avec  le  même  acide  préalablement  dissous  f  103  grammes  dans  3"*,  128 
d'eau,  5(')  grammes  de  potasse  dans  5'", G  à  peu  près)  m'a  donné 

i4i^°',6i8  X  102  =  14'^°', 445  pour  102  grammes  d'acide, 

nombre  ne  différant  pas  d'une  manière  appréciable  du  précédent. 
»   b.   Acide  oblentt  par  r oxydation  de  l'alcool  amyUcjue  : 

Premier  échantillon. 
"  Acide  non  dissons  préalalilement  ('")fi  grammes  de  potasse  dans  5'"', 6  à  peu  près,  lors  de 
la  première  expéiience,  dans  i''',44  <^'ins  les  deux  dernières). 

r.nl  o 

1.  i5o,?.52  X  109.  =  15,326 1 5, 3o2  =:?  de  l'expérience. 

2.  i5o, 780  X109.  =  15,375 14,764  =  «  » 

3.  i5i  ,069  X  10?. -^  i5,4<i9 i4,38o:=f  > 

Moyenne i  '"/''', 370 

■>  Soit  -t-  i5*^°',3  pour  102  de  cet  acide  non  dissous  préalablement. 

»  La  chaleur  dégagée  par  la  dissolution  dans  l'eau  de  cet  acide  a  été 
trouvée  égale  à  4-  o'^'^S^a  (pour  102  grammes  d'acide  dissous  dans  4''S89 
d'eau.  En  soustrayant  ce  nombre  de  iS'^'^S^o,  l'action  de  l'acide  valéria- 
nique  dissous  donne  1 5*^"',  870  —  0,672  =  14*^°', 698.  Soit  +  i4'^°',7  pour 
102  grammes  d'acide  dissous 

Dcn.rième  èchantillnn,  autre  provenance. 
»  Acide  non  dissous,  Sf)  grammes  de  potasse  dans  5''',r)3  d'eau. 

Cal  1) 

1.  i49,5o4  X  10?.  :=  I  5,  349 17  ,034  =  ' de  l'expérience. 

2.  149,918  X  102  =  15,29?. 16,608"/ 

Moyenne 1 5''"', 27 1 

"   Soit  -i-  i5'^"',2  pour  102  grammes  d'acide,  ce  qui  concorde. 

»  Même  acide  préalablement  dissous.  (Pour  les  deux  premières  expé- 
riences, 102  grammes  d'acide  dans  5'", 4'*»  pour  la  troisième  expérience 
dans  4''S^0  d'eau,  5G  grammes  de  potasse  dans  5'",93  d'eau). 

Cnl  (. 

1.  i44>'58x  102  —  14,714 16,626  —  ï  de  l'expérience. 

2.  i43,563xio:.,  =- i4,(i{3 i6,58{^--./' 

3.  §42, 24'- ^- 'o^  ~" '4 5^09    16,821:— f         i> 

Moyenne i4''"',6'2 

»  Soit  4-i4'"'iG  pour  ioc>.  grammes  d'acide  dissous,  nombre  très-voisin 
de  celui  trouvé  par  voie  indirecte  poin-  le  même  échantillon  d'acide, 
15,270  —  0,670  —  i4'"',6oo.  La  moyenne  définitive  entre  les  deux  échan- 
tillons est  14,679  ou  H-  14' "',6  pour  102  grammes. 


(  57-   ) 

D.   —   Chaleur   DtCACÉE  uans  la  formation  ud  sel  dk  potasse  de  l'acioe 

TRIMETHYLACÉTIQUE. 

.)   Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Boutlerow  cet  acide  trimétliylacétique. 
Acide  non  dissous  préalablement.  (56  grammes  de  potasse  dans  i'",24  d'eau.) 

•  C«l  0 

1.  i35,35oX  i02:^i3,8o6 16,824  =  <  de  l'expérience 

2.  i35,46oX  102  =  18,817 i6,o8o  =  ; 

Moyenne. .  .      iS*^"',  812  pour  102  grammes  d'acide  solide  réagissant. 

»  Ce  nombre  est  à  peu  piès  identique  avec  la  valeur  i3,9  obtenue  par 
M.  Berthelot  pour  l'acide  pivalique  de  M.  Friedel. 

Acide  préalablement  dissous.  (102  grammes  d'acide  dans  4'", 83  d'eau;  56  grammes 
de  potasse  dans  5'",  y3  d'rau.) 

1.  i36,329X  102  :  :  i3,yoG i5,  |4'  =  '  '^^  l'expérience 

2.  136,537X102  =  12,927 i5,568  =  /  » 

Moyenne...      13"^"', 916,  soit  i3*^'",<)pour  102  grammes  d'acide  dissous. 

»  Le  rapprochement  de  ces  deux  nombres  indiqtie  que  la  dissolution  de 
l'acide  triméthylacétique  solide  dans  l'eau  ne  produit  qu'un  phénomène 
thermique  extrêmement  faible.  Le  nombre  iB/jiG  est  voisin  d'ailleurs  du 
nombre  r3,6  trouvé  par  M.  Berlhelot  pour  l'acide  de  M.  Friedel;  la  dif- 
férence pourrait  être  attribuée  en  partie  à  la  pureté  des  acides,  en  partie 
aux  différences  de  température  et  aux  erreurs  d'observations. 

M   Les  conclusions  que  je  crois  pouvoir  tirer  de  ces  recherches  sont  : 
»    1°  Que  les  quantités  de  chaleur  dégagées  lors  de   la  formation   des 
sels  de  potasse  des  acides  de  la  série  grasse  semblent  croître  quand  on 
s'élève  dans  la  série  homologue.  En  effet, 


Col 


Pour  I  molécule  d'acide  formique,  M.  Berthelot  a  trouvé.     ...  -i-  i3,3 

u  acétique,  "  ...  -<-  i3,-( 

J'ai  trouvé,  pour  i  molécule  d'acide  butyrique ---14)3 

isobutyri(|ue -4-  i4,3 

valérique  de  la  valériane.  .  -(-  i4,4 

j  valérique  d'o.\ydation ...  .  -i-  i4,5 

»  Des  expériences  inédites  de  M.  Berthelot  conlirment  ce  résultat  géné- 
ral, sauf  de  petites  différences  dans  les  valeurs  numériques. 

«  2°  Les  deux  acides  butyriques  isomères  dégagent  à  peu  près  la  même 
quantité  de  chaleur,  soit  par  leur  dissolution  dans  l'eau  :  +0,48  et 
-H  G, 58  (isomère);  soit  par  leur  réaction  sur  la  potasse  :  +  i4)3- 

»   3°  Les  deux  acides  valérianiques,  de  la  valériane  et  d'oxydation,  dé- 

7.'... 


(  572  ) 
gagent  aussi  des  quantités  de  chaleur  peu  différentes  en  présence  do  l'eau  : 
+  0,99  (valériane)  et  ;  0,67  (oxydation).  Une  fois  dissous,  leur  action 
sur  la  potasse  dégage  -i-i4j4t't  -hi4)<J>  à  peu  près  le  même  nombre;  mais 
l'acide  trimétbylacélique  dégage,  en  se  combinant  à  la  potasse,  une  quan- 
tité de  chaleur  -\-  i3,9,  sensiblement  moindre  que  ses  isomères.  »  • 

PHYSIQUE.    -  Psjihiomèlre  évitanl  tout  calcul,  dit  hygrodeik,  de  M.  Lowe, 

présenté  par  M.  Tresca. 

M.  Tresca,  en  présentant  à  l'Académie  l'appareil  de  M.  Lowe,  s'exprime 
comme  il  suit  : 

«  On  connaît  l'échelle  psychroniétrique  de  M.  Prazmovski,  qui  permet 
d'obtenir  simplement,-  par  une  opération  analogue  à  celle  de  la  règle  à  cal- 
cul, les  différentes  données  psychroinétriqnes  qui  correspondent  à  une 
double  observation  du  thermomètre  sec  et  du  thermomètre  mouillé.  Cet 
iustrument  fort  commode  exige  cependant  une  certaine  habitude,  et  ne  ré- 
pond peut-être  pas  complètement  à  la  détermination  rapide  et  en  quelque 
sorte  continue  de  l'état  hygrométrique. 

»  M.  Lowe  s'est  proposé,  an  moyen  de  l'appareil  que  j'ai  l'honneur  de 
présenter  à  l'Académie,  de  satisfaire  plus  couramment  à  cette  détermina- 
tion dans  les  usines,  et  elles  sont  nombreuses,  dans  lesquelles  les  conditions 
hygrométriques  demandent  à  être  contrôlées  fréquemment. 

»  Il  a  réuni,  avec  les  deux  thermomètres,  sur  une  même  monture,  un 
tableau  graphique  qui  permet  à  l'observateur  de  trouver  rapidement  l'éva- 
luation dont  il  a  besoin. 

)  Poiu-  obtenir  la  proportion  de  saturation,  il  suffit  de  prendre  à  la 
main  le  petit  boulon  qui  se  trouve  sur  le  devant  de  l'instrument,  de  l'abais- 
ser ou  de  l'élever,  suivant  le  cas,  de  manière  que  le  curseur  coïncide,  sur 
l'échelle  graduée,  avec  l'indication  de  ce  thermomètre  sec,  de  tourner  en- 
suite le  bouton  à  droite  ou  à  gauche,  de  manière  que  le  second  curseur 
coïncide  avec  l'indication  du  thermomètre  humide.  L'instnnnent  est  alors 
dans  les  conditions  voulues  pour  faire  connaître,  par  la  position  de  l'ai- 
guille sur  le  cadran,  la  proportion  de  saturation,  le  point  de  rosée  et  le 
poids  absolu  de  la  vapeur. 

»  En  suivant,  jusqu'au  haut  du  cadran,  la  ligne  verticale  la  jilus  voi- 
sine de  la  pointe,  on  lit  directement  la  proportion  de  saturation.  En  sui- 
vant, jus(pi'à  la  droite  du  cadran,  l'oblique  qui  correspond  à  la  pointe  de 
l'aiguille,  on  lit  le  point  de  rosée.  On  trouve  enfin  sur  ces  lignes  inclinées 


(  573  ) 
la  valeur  eu   grains  et  dixièmes  de  grain  du  poids  de  l'tau  on  vapeur  qui 
existe  dans  un  pied  cube  d'air  et  la  force  élastique  de  cette  vapeur. 

»  La  disposition  de  cet  appareil  satisfait  ainsi  à  la  condition  de  fournir 
facilement  des  indications  précises  qu'il  suffit  de  savoir  lire  sur  un  lableau. 
Le  médecin  v  trouverait  certainement  des  indications  fort  intéressantes; 
les  industriels,  nos  fabricants  de  pianos,  entre  autres,  obtiendraient,  par 
son  emploi,  de  grandes  facilités  pour  l'exécution,  dans  les  meilleures  con- 
ditions bygrométriques,  de  leurs  opérations  les  plus  délicates.    » 

ANALYSK  CHIMIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  burette  pour  (es  essais  volurnétriques. 
Note  de  INI.  A.  Pixtuo.v,  présentée  par  M.  Tbenard. 

«  La  burette  est  rinsirunient  le  plus  indispensable  de  l'application  des 
niétbodes  d'analyse  vohunétrique  qui  tendent  à  se  répandre  de  plus  en  plus 
dans  les  laboratoires  de  Chimie  industrielle.  Bien  que  cet  instrument  ait 
déjà  pris,  entre  les  mains  des  chimistes  qui  s'en  sont  occupés,  des  formes 


bien  variées,  aucune  des  dispositions  adoj)lées  jusqu'ici  ne  m'a  paru  réunir 
toutes  les  conditions  de  solidité,  de  commodité  et  de  précision  que  l'on  est 
en  droit  de  demander  à  un  inslniiuciit  d'un  usage  aussi  journalier. 

»   La  burette  de  iMohr,  simple  tube  gradué,  facile  à  remplir  cl  à   net- 


(  574  ) 
toyer,  solidemeiit  fixé  sur  son  support  vertical  et  muni  d'un  tube  en  caout- 
chouc pressé  par  une  pince  en  cuivre,  est  certainement  un  instrument 
fort  commode  ;  mais  elle  ne  peut  recevoir  les  liquides  qui  attaquent  le 
caoutchouc,  t't  notamment  le  caméléon,  dont  on  fait  un  si  fréquent  usage 
dans  les  analyses  volumétriques.  Pour  obvier  à  cet  inconvénient,  on  a 
remplacé  le  tube  de  caoutchouc  et  l;i  pince  par  un  robinet  en  verre,  mais 
l'instrument  est  alors  devenu  fragile  et  plus  difficile  à  manier.  Je  suis 
arrivé  au  même  but  à  l'aide  de  la  disposition  représentée  par  la  gravure 
ci-jointe. 

»  La  burette  est  inclinée  sur  un  support  à  deux  branches  inégales,  sur 
lesquelles  elle  est  solidement  fixée.  Elle  communique  par  son  extrémité 
supérieure  avec  une  poire  en  caoutchouc,  pouvant  fonctionnera  volonté 
comme  aspirateur  et  comme  compresseur. 

»  Le  mécanisme,  des  plus  simples,  se  compose  d'une  vis  traversée,  dans 
toute  sa  longueur,  par  la  tige  creuse  d'im  champignon  métallique  qui 
vient  appliquer  sa  têle  sur  le  fond  de  la  poire  en  caoutchouc.  Une  tige 
de  laiton,  munie  d'un  anneau  dans  lequel  s'engage  le  pouce  de  l'opérateur, 
permet  de  comprimer  la  poire  par  simple  pression.  L'air  qu'elle  contient 
se  trouve  ainsi  expulsé.  En  plongeant  alors  le  bec  de  la  burette  dans  le 
*  liquide  dont  on  veut  le  remplir,  et  en  laissant  la  poire  revenir  sur  elle- 
même,  le  liquide  monte  par  aspiration  dans  la  burette.  Lorsqu'il  est  arrivé 
au  zéro  et  le  dépasse  même  un  peu,  on  laisse  rentrer  de  l'air  bulle  à  bulle 
jusqu'à  ce  que  la  poire  ait  repris  son  volume  primitif.  Il  est  alors  très-facile 
d'affleurer  le  liquide  au  zéro  en  com|jrimant  légèrement  la  poire  au 
moyen  de  la  vis. 

»  Ainsi  remplie  et  effleurée,  la  burette  peut  être  abandonnée  sans  qu'il 
s'en  écoule  une  goutte  de  liquide,  à  moins  que  la  fermeture  de  caoutchouc 
soit  incomplète.  Lorsqu'on  veut  procéder  à  un  essai,  il  suffit  de  presser 
sur  l'anneau  pour  faire  écouler  le  liquide.  En  cessant  de  presser,  on  laisse 
rentrer  de  l'air  dans  la  burette,  et,  en  procédant  ainsi  par  coups  de  piston 
successifs,  on  arrive  rapidement  à  vider  une  quantité  de  liquide  suffisante 
pour  approcher  du  ferme  de  l'opération.  On  se  sert  alors  de  la  vis  pour 
faire  écouler  le  liquide  goutte  à  goutte  jusqu'à  ce  que  la  réaction  carac- 
téristique soit  obtenue.  La  lecture  se  fait  alors  très-facilement  sur  l'échelle 
divisée  placée  à  la  partie  supérieure  de  la  bin-ette.  Il  est  bien  entendu  que 
le  tube  a  été  gradué  sur  le  support  même,  de  telle  sorte  que  chaque  espace 
représente  exactement  ^^7  de  centimètre  cube  de  liqueur.   » 


{  5:5  ) 

M.  Dpmas  ajoute  à  cette  Communication  la  remarque  suivante  : 

«  Lorsqu'on  veut  étudier  l'action  de  la  chaleur  sur  la  vapeur  d'iui  liquide 
volatil,  ou  l)ien  encore  lorsqu'on  veut  faire  agir  cette  vapeur  sur  un  corpi 
solide  chauffé,  on  emploie  ordinairement  un  appareil  distiilatoire  mis  en 
communication  avec  un  tube  de  porcelaine.  Mais,  l'ébuUition  du  liquide 
se  faisant  par  secousses  porte  dans  le  tube  des  bouffées  tantôt  trop  abon- 
dantes, tantôt  trop  rares  de  vapeur.  La  température  du  tube  do  porcelaine 
change  à  chaque  instant,  et  s'élève  ou  s'abaisse  brusquement.  La  va- 
peur se  trouvant  tantôt  en  excès  et  tantôt  en  défaut,  les  réactions  ne  sont 
pas  constantes,  et  l'on  obtient  des  produits  qui  ne.se  rapportent  pas  à  des 
phénomènes  nets. 

»  Dans  des  recherches  de  celte  nature,  M.  Dumas  s'est  servi  d'un  appa- 
reil contenant  de  l'air  comprimé,  mis  en  communication  avec  un  réservoir 
contenant  le  liquide  à  étudier,  que  la  pression  de  l'air  amenait,  goutte  à 
goutte,  dans  le  tube  de  porcelaine.  Les  gouttes  tombaient  dans  une  gout- 
tière de  platine,  se  convertissaient  en  vapeur,  et,  en  réglant  leur  arrivée, 
on  obtenait  une  action  continue,  régulière,  et  des  produits  constants. 

))  L'appareil  très-simple  de  M.  l'inchon  sera  de  la  plus  grande  utilité  en 
de  telles  occasions.  » 

L'Académie  reçoit  diverses  Communications  relatives  au  bolide  du  lo  fé- 
vrier dernier  : 

De  M.  F.  Carré,  une  Lettre  écrite  de  la  Nozaie,  près  de  Nemours  (Seine-et- 
Marne),  signalant  la  chute  d'un  bolide  à  5''3o™  du  soir,  dans  la  direction 
ouest-sud-ouest,  à  aS  degrés  au-dessus  de  l'horizon  :  le  sillon  lumineux 
laissé  après  lui  est  resté  rectiligne  pendant  une  minute  et  demie,  puis  il  s'est 
transformé  en  une  hélice  assez  régulière  :  le  phénomène  a  conservé  cet 
aspect  pendant  i5  minutes,  jusqu'à  6''i5'"  environ. 

De  ]NL  A,  Lemoi.ne,  une  Lettre  écrite  de  Saulx-Marchan,  près  de  Tliiéry 
(Seine-et-Oise  )  :  les  détails  qu'il  donne  sur  l'aspect  de  la  traînée  lumineuse, 
d'abord  rectiligne,  puis  se  contournant  en  tire-bouchon,  sont  presque  iden- 
tiques aux  précédents. 

De  M,  DK  Kerikiff,  une  Lettre  annonçant  que,  d'après  le  Journal  de 
Morlaix,  une  aérolithe  serait  tombé  à  Tîelle-Isle  en  mer,  vers  G  heures  (heure 
de  Paris). 

De  M.  ViNOT,  une  Lettre  annonçant  que,  d'après  ses  correspondants,  un 


(  576) 
I)oIide  serait  tombé,  à  celte  même  heure,  dans  une  prairie  voisine  du  port 
de  Doiihet  (île  d'Oléron)  :  l'auteur  fait  rem^irquér  que  cette  position  cor- 
respondrait bien  aux  directions  qui  avaient  été  signalées. 

M.  Lecoq  de  BoisBAUBRAx  écrit  de  Cognac  que,  «  le  1 1  février  au  matin, 
il  fut  prévenu  par  ses  ouvriers  qu'ils  avaient  vu  la  veille,  à  5''45'"  du  soir 
environ,  une  boule  de  feu  très-brillante,  grosse  comme  la  tête  d'un  homme, 
descendant  rapidement  et  perpendiculairement  sur  l'horizon,  et  laissant 
un  sillon  de  feu  si  lumineux  et  si  persistant,  qu'il  éclaira  la  campagne  pen- 
dant vingt  à  vingt-cinq  minutes. 

»  La  traînée  lumineuse  se  refoula  ensuite  lentement  sur  elle-même  et  se 
condensa  en  un  nuage  qui  fut  encore  visible  pendant  au  moins  une  demi- 
heure. 

>i  Les  directions  indiquées  sont  comprises  entre  l'ouest-nord-ouest  et  le 
nord-ouest.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  ,1.   R. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

OOVRAOES    REÇUS    DANS    L\    SÉANCE    DU     l5    FKVRIER     l8'j5. 

fsUITE.) 

Jslronomische  Nachikldcn,  begrûndet  von  IL-C.  ScdUM.vCHKa;  n°'  1777- 
1800,  1801-1824,  1825-1848,  1849-1872,  1873-1896,  1897-1920.  Alloua, 
Gustave  Esch,  1870  à  uSyS;  G  liv.  in-4". 

Abliandlutigcn,  hcrausgegeben  von  der  senckenhergischen  nattii forschenden 
Gesdhchajt;  neufer  lîandes,  crstes  und  zweites  Hcft.  Frankfurt,  A.-M.  Chris- 
tian Winter,  1873  ;  in-4°. 

Àbhandlungen  dei  knniglirlicii  GcseUschnfl  der  fFisscnsclinflen  zn  Gdllingcn  ; 
achtzehnter  Band  vom  Jiilire  1873.  Qiitlingen,  1873;  111-4° 

Schriflen  der  Universildl  zii  Kiel  ans  den  Jàlire  1873;  lîand  XX.  Kiel, 
B.-F.  Mohr,  1674;  in-4°. 

/Innalen  der  K.  K.  SlermvurU:  in  ll'ien;  drilter  Folge  zwciundewanzigster 
IJand,  Jahrgang  i872.Wieii,  1874;  in-8". 


(  577  ) 

Hfcdizinische  Jarbiiclier,  herniisgerjehen  von  der  K.  K.  Gesellsclinft  der  Ar-lr, 
redigirt  von  S.  Stiîicker;  Jalirg.mg  187'i,  II  Hcft,  111  und  IV  Hcf't.  Wieii, 
W.  Braiimuller,  1874;  2  liv,  in-8°. 

Jfirbiicher  der  K.  K.  centra l-anstall  fïtr  Meteoroloç/ie  und  Erdmngnetismus ; 
vnii  Cari  Jelinek  und  F.  Osnaghi;  neiie  Folge,  IX  Band,  Jahrgaiig  i8r2. 
Wien,  W.  Bramnuller,  1874;  in-4''' 

Die  Defecte  der  Sciteidewdnde  des  Herzem.  Pntologisch- Anatomische  Àblinnd- 
hiufjen;  von  D""  C.  Feiheriîn  de  Rokitanskv.  Wien,  C.  Braumûller,  1875-, 
in-4°. 

Denkscliriflen  der  Aaiserliclien  Akademie  der  fVissenscliaJten.  Malhemntiscli- 
naturwissenscliafllichc  Cl  isse;  dreitinddreissigster  Band.  Wien  ,  1874;  in-4°. 

Ouvrages  reços  dans  la  séanck  on  22  février   1875. 

Jiulleliii  de  l'Académie  de  .Médecine;  n°  7,  séance  du  16  février  1870. 
Paris,  G.  Masson,  1875;  in-8''.  (Ce nntnéro  renferme  une  Communication 
de  M.  Pasteur,  sur  la  génération  spontanée.) 

La  vigne  et  le  Phjtloxern;  par  J.  Brunfaut.  Paris,  A.  Lefèvre,  1875; 
in- 18.  (Renvoi  à  la  Commission.) 

Congres  viticole  de  Montpellier,  1874.  Fins  américains,  i"  Ivijiporl  de  la 
Commission  de  dégustation;  par  M.  J.  LeenfiaRDT-Pomier.  2"  Rapport  sur 
ta  composition  des  vins  américains  ;  par  MM.  Saintpierre  et  FOEX,  présen- 
tés à  la  Société  centrale  d'Agriculture  de  l'Hérault.  Montpellier,  imp. 
Ricateau,  1876;  br.  in-8°.  (Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

Les  vins  d'imitation  de  Cette  el  de  Mèze.  Communication  faite  au  Congres 
international  viticole  de  Montpellier  (séance  du  3o  octobre  1874);  }>ar  G. 
Saintimeiire.  Montpellier,  imp.  Ricateau,  1875;  br.  in-8''.  (Renvoi  à  la 
Commission  du  Phylloxéra.) 

Essai  de  statistique  médicale  suivi  d'observations  médico-chirurgicales  sur  les 

ambulances  créées  à  Angouléme  par  les  soins  de  l'administration  des  hospices  el 

hôpitaux  de  cette  ville  pendant  la  durée  de   la  guerre  de   1870-1 871;  par   le 

D"' A.  Tré.meau  de  Rociiebrune.  Paris,   F.  Savy,    1871;   in-4''.   (Adressé 

au. Concours  de  Statistique,  1875.) 

(  A  suivre.  ) 


c.R.,iS:r..  1"  s-m*iirj.(T.  Lxxx,  n-o.)  7-^ 


FÉVRIER    1875. 


(  5-8  ) 


Observations  métkorologiqdiiJ  |  ii 


2 

3 

4 
5 
6 

7 
8 

9 

10 


i3 
'4 

i5 

iC 

'7 

]8 

'9 


23 

3| 


2  S 


(0 


766,6 
G2,8 
54,2 

r)5,2 

63,0 

6'|,2 

57,2 
59,8 
:')7,3 
57,6 
6., 4 
57,7 
58,  o 
Co,5 
Go,  5 
G6,3 
■i7i4 
■<1 ,  ' 
J4,9 

54,3 

J4,9 
54,8 

49.0 
38,8 
/|.i,5 

4'!>y 

,',6,2 


TBERUOMETRES 

du  Jardin. 


;») 


-3,3 

-2,6 

0,4 

1,8 
-0,8 
-1,1 

0,1 
-1,6 
-3.4 

(«) 
-5,6 

-3,2 

>," 
0,5 

5,4 

1,8 

1,3 

0,2 

-2,0 

-3,7 

-',7 

-3,7 

-6,7 

-2,1 

-0,8 

',1 
■>,'.) 
2,' 


ta 
B 

0 

a 

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c 
c 
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0 

0 

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0 
0,8 

6,1 

1,8 

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7.4 

3,9 

4,'i 

■',7 

3,8 

2.7 

5,6 

3,4 

2,1 

6,3 

2,6 

2,4 

4,5 

2,3 

1,6 

-0,3 

-2,5 

-2,5 

0,4 

-1,5 

-1,5 

(*) 

n 

-2,0 

0,0 

-2,8 

-2,9 

2,4 

-0,4 

-0,2 

6,5 

3,8 

3,5 

5  ,1 

2,9 

3,2 

10,2 

6,3 

5,9 

6,0 

3,9 

4,3 

5,1 

3,2 

3,<, 

4,' 

2,2 

1.6 

1,5 

-0,3 

-0,8 

0,7 

-1,5 

-.,3 

,,6 

-0 , 1 

-0,6 

3,1 

-0,3 

-0,9 

2,3 

-2,2 

-2," 

7-6 

2,8 

2,9 

7,0 

3,1 

3,6 

■0,4 

5,8 

6,0 

5,1 

4,0 

3.5 

4,3 

3,2 

3,2 

-  a 


0,2 
-1,6 
-2,3 
-2,0 
-2,8 

-6,9 
-5.9 
-6,4 
-7,3 
--'1,6 
-0,9 
-1 .2 
■,5 
-0,2 
-1,5 

-2,9 
-5,3 

-5,9 
-5,3 
-5,7 
-7>o 
-2,  ' 
-1.5 
0,8 
-1,8 
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0 

29,6 

2 

25,8 

3 

5,0 

10 

16, 9 

5 

21,2 

6 

25,1 

6 

'2,9 

9 

34,2 

4 

4,0 

10 

8,3 

7 

'0,7 

9 

7,9 

10 

6,8 

10 

10,6 

10 

i5,o 

7 

6,0 

10 

7,5 

10 

1  i,  ' 
23,8 

7 

9,8 

10 

8,6 

9 

3o,9 

3 

32,. 

4 

18,5 

9 

10,7 

7 

21,9 

10 

4,8 

10 

4.0 

10 

thermûulthes 

du  sol. 


0 

0 

(9) 

(ro) 

0 

0 

2,0 

3,5 

2,4 

3,0 

3,5 

3,2 

4,5 

3,7 

2,4 

3,2 

4,8 

3,. 

1,7 

3,2 

•',' 

2,7 

-2,6 

2,0 

•0,1 

',7 

•'.9 

1,5 

-2,1 

1,3 

5,. 

1,3 

3,8 

1,5 

6,7 

3,. 

4.5 

3,7 

5,0 

3,6 

4,0 

3,3 

■  ,4 

2,5 

■1,0 

',9 

0,1 

',7 

',7 

,,6 

0.4 

.,5 

4,4 

1,5 

5,. 

2,1 

6,6 

2,9 

4,' 

3,8 

3,7 

3,7 

{■■) 


6,1 

5,9 
5,6 
5,5 

3,4 
5,3 

5,2 

5,1 

5,0 
4,8 

4,7 
4,5 
4,3 

4,2 

4,' 

4.2 

4,3 
4,4 
4,5 
4.Î 
4,3 

4,3 

4,' 
4,0 

3,9 
3,9 
3,9 
4,0 


(" 


njm 
3,9 
4.3 
5,6 

4,4 
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4,4 
4,6 
3,1 

3,6 
3,1 

3,n 
4,' 

5,'l 
5,3 

6,4 

5,2 

4,6 

4,2 

3,5 
3, G 

4,0 

3,5 

3,4 
5 ,0 
5,2 

5,2 

5,3 

5,7 


(,3) 


«9 
80 
82 
81 

«9 
81 

87 


89 
92 
92 
9' 
84 
81 
82 
83 
86 
90 
82 
85 
88 
88 
74 
90 
95 


mm 


1,3 
0,2 
0,0 
0,9 

1,5 


0,0 
o,'i 


1,8 
',7 


2,  ' 
0,6 


(■:■) 


mm 
.,6 

0,9 


0,9 
',' 
0,7 
0,6 
0,8 

0,7 
o,N 
0,5 

o 
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1,2 
0,8 

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0,5 

■ 
0,6 
1 ,2 
0,8 
0,6 
2  ,2 
0 ,  j 
0,3 


(■r,) 


(1)  Miniina  barométriques  :  le  4,  0  4'' 30™  du  matin,  753,0  (peu  de  variations  depuis  la  veille  à  3  heures  soir);  le  17,  à  S*"  i5™' 
du  matin,  756,2;  le  24,  vers  4  heures  du  soir,  738,2;  le  26,  vers  4''  '5"'  du  soir,  740,8. 

(■))  (3)  a  minima,  A,  maxima,  non  atteints  :  la  température  variant  d'une  nianièrc  continue. 

(5)  (lO)  (il)  (12)  (|3)  Moyennes  des  oliservations  trihoraircs.  —  (6)  La  température  normale  est  déduite  de  la  coiirlie  rectifiée  des 
températures  moyennes  de  soixante  années  d'observation.  —  (7)  Les  degrés  actinoniétriiiucs  sont  ramenés  ;i  la  constante  solaire  100.  i 


(  579) 


FAITES  A  l'Observatoire  de  Montsolris. 


FÉVRIER  1875. 


I1ACNÉT18HB    TBRRESTIlE. 

VËSTS. 

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REMARQUES. 

• 

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(i'j! 

(,o) 

(") 

(") 

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('») 

1 

•i7'!23,'5 

65.°33,'3 

i,93i3 

4,6397 

ESE 

km 

0,8 

„ 

Givre  matin  et  soir. 

1 

a/,,0 

33,0 

9333 

64 1 4 

SSE 

2,3 

i> 

Givre  le  matin. 

3 

.>5,o 

3o,9 

9333 

6406 

SW-NW 

7,9 

" 

Pluie  froide  et  Une  vers  midi. 

.'. 

2^,2 

3o,6 

9253 

6445 

N\W-NNE 

6,3 

» 

Brouillard  le  matin,  gelée  blanche  le  soir. 

5 

î:i,7 

3i,6 

9338 

64  3y 

NNW-NNE 

■',7 

NNE 

Gouttes  de  pluie  fine  et  rosée  le  soir. 

6 

3  'l  ,  3 

59,3 

9">47 

6393 

AVNW 

8,6 

NW 

Givre  le  matin. 

; 

7 

■|'|,0 

3i,3 

9350 

645s 

SàENE 

9,4 

Tariable. 

Neige  en  petits  flocons  pendant  la  matinée. 

' 

8 

2'), 7 

33,4 

9330 

64,3 

E  à  NNE 

■4,9 

» 

Givre  le  matin. 

1 

9 

*     -^3,/, 

34,8 

9339 

6535 

EfNE 

13,3 

NE 

Bares  et  légers  flocons  de  neige  3|irc8  midi. 

i 

10 

*       24jO 

33,3 

9228 

6464 

ENE 

,5,5 

NE 

Rares  ol  légers  flocons  de  neige  le   matin. 

t 

1 1 

♦       3.,  5 

•     33,5 

*  9227 

6469 

NE  puis  SSW 

6,3 

» 

Givre  le  matin  et  légers  flocons  de  neige. 

13 

*       33,. 

*      33,0 

*  931D 

6395 

S  à  WSW 

)8,3 

SSW 

Neige  le  matin,  puis  verglas  et  pluie  fine;  bourrasques 

i:i 

•     33,7 

*     39,0 

*  9220 

63i8 

WKWkENE 

4,7 

» 

lîrouillard  le  matin. 

'i 

33,2 

29,2 

9333 

633 1 

Si  SW 

9,5 

w 

(iouttes  de  pluie  fine  par  intervalles. 

1  3 

33,8 

3o,G 

9237 

6406 

sw  à  N  et  ^E 

■2,4 

N 

Pluie  très-fine  le  matin,  rosée  le  soir. 

i6 

33,5 

29,7 

9249 

6409 

NE-NNW 

10,0 

WE  h  wsw 

Halo  lunaire  complet  et  bien  marqué. 

'7 

^3,9 

28,6 

9330 

6379 

NNW-NE 

25,7 

NNE 

Pluvieux  toute  la  journée;  rafales  du  NNO. 

i8 

■■!3,9 

J9,' 

9254 

64o3 

NNE 

30,8 

NNE 

Grêle  de  conrte  durée  après  midi. 

'9 

•_.:i,3 

29, S 

93/,6 

6404 

NNE 

18,6 

NNE 

>» 

30 

33,6 

3o,8 

9243 

642G 

NNW 

5,8 

ENE-SE 

Rares  flocons  de  neige  vers  minuit. 

31 

2Î,9 

3o,8 

9343 

6426 

NE 

9,4 

SE-.\E 

Neige  continuelle  et  à  demi-fondue. 

23 

3.',,  8 

33,3 

9337 

6455 

E 

16, C 

1> 

» 

33 

33,0 

33,3 

9338 

6 ',61 

EASE 

8,9 

ESE-S 

» 

2'l 

.3,. 

3o,3 

923 1 

63S3 

SE  à  SW 

■  5,7 

S 

Conlinuellcment  pluvieux. 

30 

•     A,l 

29,3 

9334 

636 1 

SSW  a  SE 

10,3 

S 

Neige  avant  le  jour  suivie  do  pluie  rai,rès-midi. 

30 

*     30,9 

*    29,1 

•  9336 

6335 

SE 

•i|)    2 

S 

Pluvieux  le  soir  et  bonne  brise  du  SE  après-midi. 

^7 

'     .<5,3 

*     3i,  I 

♦  9185 

6395 

NI  NE 

8,4 

N 

Pluvieux  dans  l'après-midi  et  le  soir. 

38 

•       23,4 

33,7 

*  9333 

6435 

NE 

8,2 

» 

Brouillard»  et  bruine  le  soir. 

(.5 

)  Les  jou 

rs  de  gelée,  l'évap 

oration  est  mesurée  p; 

r  la  pe 

sée  d'un  pla 

téau  de  terre  humide. 

(■S 

à3i)   • 

Perturbations.  Val 

ours  rapportées  au  pa 

Villon  II 

lagnèticpic. 

(■> 

0(3.',)     L 

2  signe  \V  indique 

l'ouest,  conformémeu 

t  à  la  d 

écisior»  de  I 

a  conférence  internationale  de  Vienne. 

(» 

!)  Vitesse 

s  maxîma  :  le  12, 

37   kilomètres  entre   i 

1  heure 

s   malin  et  r 

nidi;  le  17,  39  kilomètres  entre   5  et  6  heures  du  malin 

« 

le  g 

(i,  30  kilo 

mètres  vers  ab  So^ 

"  du  soir. 

(   58o  ) 
Moyennes  Aoraires  et  moyennes  mensuelles  (Février  i8^5). 
6*' M.     9'' M.     Midi.     3'>  S.      G*"  S.     'J^S. 


Déclinaison  magnétique '7°-f- 

Inclinaisoii             »           6j°  -t- 

Force  magnétique  totale 4  >-+- 

Composante  horizontale i  ,-+■ 


Minait. 

9 


32,1  11,"]  27,3  25,5  23,9  21, s  2], 

32,0  3 1,2  3o,3  29,4  3o,4  3 1,3  3 1,8 

6470  6 ',37  G351  6320  G3;3  6427  G'ijg 

9246  9242  9219  9216  9226  9)37  9240 

mm  mm  mm  mm  mm  mm  mm 

liaromètre  réduit  h  o" 755, 40  755,81  755,66  755, 03  755,24  755,38  755,35 

Pression  de  l'air  sec 75i  ,16  75i,5i  761, 19  75o,53  750,74  75o,93  750,92 


Tension  de  la  vapeur  en  millimètres 4i24 

État  hj(;roiiiétrique . .    90,3 

o 

Thermomètre  du  jardin  ., -0,01 

»  »  (moy.  du  10  au  28). . . .  0,26 

Thcrmom.  électrique  à  ao™.(moy.  du  10  au  28).  0,28 

Thermomètre  noirci,  dans  le  vide. -0,53 

Degré  actinométrique  («) 0,00 

Thermomètre  du  sol.  Surface -o,5o 

n  à  c"", 02  de  profondeur. . .  1,10 

M  à  o"*,i(>  i>  ...  1 ,64 

»  à  o'",20  M  ...  3,56 

»  k  o"',3o  »  ...  3,34 

»  à  i'",oo  "  ...  4 167 

mm 


Cdomètroà  i'",8o 3,8 

Pluie  moyenne  par  heure 0,63 


4,3o 

86,5 

o 

0.79 

1,01 

0,94 
5,53 
18, 12 
0,67 
I  ,o3 
1,57 

3,5l 
2,3, 

4,65 
uim 
0,8 

0,27 


4.47 
78,3 
o 
2,80 

2,86 

2,54 

12, o3 

33,36 

3,,4 

1,45 

1,64 

2,48 

2,26 

4-63 

mm 

0,2 

0,07 


4>49 
75,0 

o 
3,56 

3,43 
3,26 
10,75 
25,72 
3,07 
■,93 
1,86 
3,5o 

2,27 

4,G3 

mm 

0.7 

0,23 


4,5o 
80,9 
o 
3,5o 

2,4l 
2,3l 

• ,  00 
0,00 

0,99 
I  ,Si 
3,01 
2.59 
2,3o 
4,63 
mm 
2,8 

0,93 


4,45 
86,3 
o 

.,37 

'.39 
1,43 


0,14 

1,58 

1,99 
3,68 
2,35 
4,62 
mm 
■')' 
0,70 


4,43 

90>' 
o 
0,63 

0,71 

0,80 


-0,  la 

1,38 

',90 
3,66 
3,36 
4,62 

m  ni 


.'7 


Êvaporation  moyonue  par  heure 

Vitesse  moy.  du  vent  en  kilom.  par  heure  {6). 
Pression  moy.  du  vent  en  kilog.  par  heure. . . 


observations  interrompues  pendant  les  gelées. 


io''"',2   io'"n,9  i3'-'",4   13""",.')  i2'''",G  10'' 


o''"',S 


17.33,8 

65.3i , 1 

4,6412 

1,9233 

mm 

755, 4» 

751,00 

4,4i 
84.9 

O 

1,48 
1,56 

,,48 

5,96 

,5,24 

0,87 

1,44 

1,80 
2,57 

2,32 

4,64 

mm 
t.   10,9 

t.    23,0? 

i|i>™,5 


Heures. 


Déclinais 


1 
1"  matin 1723,2 

2       24,6 


5 
6 
7 
8 

y 

10 

11 

Midi 


25,2 
24,8 

23,5 
22, 1 
21,3 
21 ,4 
22,7 
24,6 

26,4 

37,3 


Pi-ession. 

mm 

755,4 > 

55,44 

55,45 
55,43 

55,39 

55,41 

55, 5o 
55,66 
55,81 
55,89 
55,84 
55,66 


Moyennes  horaires. 


Tempérât. 


o,4l 
o,3i 

0,30 

0,  10 

0,02 

-0,01 

c,09 
0,33 

0,79 
1,43 
3, 12 

3,80 


Heures, 
l*"  soir 


3  » 

4  » 

5  . 
•6  .. 

7  . 

8  .. 

9  .. 
Il)  • 
11  .. 
Minuit. 


Déclinais. 

o     ( 

1727,2 
26,5 
25,5 
24,6 
24,1 
23,9 
23,5 

32,7 
21,8 


2  1.9 


Pression. 

mm 
755,40 
55  ,17 
55,03 
55,01 
55, 1 1 
55,2'| 
55,35 
55,40 
55, 3S 
55,35 
55,33 
55,36 


Thermomètres  de  l'abri  (Moyennes  du  mois.) 

Des  mininia -1",  1  des  maxima 4"'>^  Moyenne 

Tliermomètres  <ic  ta  surface  du  soi. 
Dos  ininima -3°,  i  dos  maxima 7°,  9  Moyenne 

Températures  moyennes  diurnes  par  prntades. 
o  o 

1875.  Janv.  3i  à  févr.  !^ 2,2        Févr.  10  à   li o,3         Févr 

»       Févr.     5  à  févr.  9 0,4  » 


Tempérât, 
o 

3,3i 
3,58 
3,56 
3,43 

a, 94 
3,5o 
3,08 
1 ,70 
.,37 
'.09 
0,83 
0,62 


'.7 


10  a  14. 

i5  il   19. 


0,3 

3,8 


20  a  34 

35  h  mars  i . . 


a.  4 


-0,4 
3,6 


(fl)  Ramené  à  la  constante  solaire  100. 

(i)  Résultais  fournis  par  l'anémomètre  enregistreur  placé  à  20  mètres  de  hauteur. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  8  MARS  187o. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


M.  le  Président,  après  la  lecture  du  procès-verbal,  prend  la  parole  en 
ces  termes  : 

a  Un  grand  malheur  frappe  l'Académie;  la  perte  douloureuse  qu'elle 
vient  de  faire  nous  est  annoncée  par  la  Lettre  que  je  vais  lui  lire  : 

«  Monsieur  le  Président,  nous  avons  la  douleur  de  vous  faire  part  de  la 
»  mort  de  notre  bien-aimé  père,  M.  Mathieu,  le  doyen  de  votre  Académie; 
»  veuillez  annoncer  à  vos  confrères  cette  perte  cruelle  et  leur  dire  que 
»  jusqu'à  son  dernier  jour  notre  vénéré  père  a  songé  à  tous  ses  confrères 
»  et  s'est  intéressé  à  tous  leurs  travaux.  Agréez,  monsieur  le  Président, 
»   l'hominage  de  notre  profond  respect. 

»  Charles  Mathieu.     Paul  Laugier.  » 

»  Plusieurs  discours  ont  été  prononcés,  ce  matin,  sur  la  tombe  de 
M.  Mathieu;  les  regrets  de  l'Académie  ne  pouvaient  pas  trouver  d'inter- 
prètes plus  autorisés  ni  de  voix  plus  sympathiques  que  celles  que  vous 
avez  entendues  pour  rappeler  les  mérites  de  notre  illustre  confrère. 

»  Quant  à  nous,  messieurs,  nous  n'oublierons  jamais  cette  vie  si  belle  et 
si  bien  remplie  du  vénérable  doyen  de  celle  Académie;  nous  nous  rappel- 
lerons que  dans  sa  quatre-vingt-douzième  année,  comme  M.  Faye  nous  le 
disait  récemment  avec  une  émotion  qu'il  nous  faisait  partager,  M.  Mathieu 

C.R.,i87D,  i" Semestre.  {T.  LWX.fio  10.)  7^ 


(  583  ) 
adressait  à  l'Académie  ÏÀnnuaire  du  Bureau   des  Longitudes  pour  l'année 
1875,  dont  tous  les  calculs,  cette  fois  encore,  avaient  été  revus  par  lui. 

»  En  tête  de  cet  Anmiabe,  qu'il  aurait  présenté  lui-même  si  les  forces 
ne  l'avaient  pas  trahi,  se  trouve  un  avertissement  signé  de  son  nom.  Ce 
devait  être,  hélas!  son  dernier  travail;  c'est  ainsi  qu'il  vous  adressait  ses 
adieux. 

»  La  mort  de  M.  Mathieu  laissera  à  l'Académie  une  impression  longue 
et  profonde;  nous  conserverons  toujours  le  souvenir  de  celte  belle  exis- 
tence, entièrement  dévouée  à  la  science,  et  de  ce  noble  caractère  qui  a  su 
toujours  allier  l'indépendance  et  la  fermeté  de  l'honnête  homme  à  la  bien- 
veillance, à  la  simplicité  et  à  la  modestie  du  savant. 

»  Pour  rendre  hommage  à  une  si  belle  vie,  et  en  signe  de  deuil,  j'ai 
l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  de  lever  immédiatement  la  séance.  » 

Après  celte  allocution  de  M.  le  Président,  M.  D.-O.-J.  Brocii,  corres- 
pondant de  l'Académie  des  Sciences,  prononce  les  paroles  suivantes  : 

«  Monsieur  le  Président, 

»  L'Académie  des  Sciences  m'a  fait  dernièrement  l'honneur  de  me 
nommer  son  Membre  correspondant.  Permet tez-moi  de  vous  répéter  ici 
verbalement  tous  mes  remercîments  pour  cette  nomination,  considérée  par- 
tout comme  l'honneur  le  plus  grand  que  le  monde  scientifique  puisse  offrir. 

»  Permettez-moi  encore,  Monsieur  le  Président,  de  faire  le  premier  em- 
ploi du  droit  que  cette  nomination  me  donne  de  demander  la  parole  dans 
cette  Assemblée  pour  exprimer  devant  elle,  au  nom  de  mes  confrères  de 
la  Commission  internationale  du  mètre,  leurs  sentiments  au  sujet  de  la 
perte  qu'eux  aussi  ont  faite  par  la  mort  de  M.  Mathieu,  leur  président. 

»  M.  Mathieu  était  le  lien  vivant  entre  la  première  introduction  du  sys- 
tème métrique  et  les  efforts  qu'on  a  faits  depuis  et  qu'on  fait  encore  pour  le 
faire  accepter  comme  le  système  universel  des  poids  et  mesures.  Il  avait 
participé  à  tous  les  travaux  qui  se  sont  produits  à  cet  égard  dans  le  monde 
savant,  dans  les  Assemblées  législatives  et  dans  les  Commissions  qui  s'en 
sont  occupées.  Quoique  son  âge  ne  lui  permit  plus  de  prendre  part  aux 
travaux  de  détail,  il  prenait  encore  part  aux  délibérations  générales,  et  il  ex- 
primait devant  nous,  avec  toute  la  verve  de  la  jeunesse,  son  désir  de  pouvoir 
encore  donner  ses  soins  à  une  question  dont  il  n'avait  jamais  cessé  de  s'oc- 
cuper, à  laquelle  il  était  entièrement  dévoué,  et  de  voir  encore  avant  sa 
mort  l'acceptation  universelle  du  système  métrique. 


(  58'^  ) 

»  Cela  ne  lui  a  pas  été  donné;  mais  je  suis  sûr  que  quand,  comme  nous 
l'espérons  bien,  les  efforts  de  la  Commission  actuelle  internationale  du 
mètre  aboutiront  au  but  de  sa  convocation,  on  se  rappellera  toujours  que 
M.  Mathieu  a  été  son  premier  président. 

))  Nous,  les  membres  de  cette  Commission,  nous  nous  associons  tous  aux 
paroles  si  éloquentes  prononcées  devant  sa  tombe,  et  nous  prenons  part  de 
tout  notre  cœur  à  la  douleur  que  l'Académie  des  Sciences  ressent  par  sa 
perte.  » 

ASTRONOMIE.    —  Observations  du  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil. 

M.  Fleuiuais  adresse  de  Pékin,  à  la  date  du  5  janvier,  le  détail  complet 
des  observations  effectuées  à  cette  station. 

Retenu  par  l'état  du  fleuve  qui  ne  permet  pas,  avant  le  dégel,  l'embar- 
quement du  matériel,  il  occupe  les  loisirs  forcés  qute  lui  fait  cette  situation 
à  quelques  opérations  dont  la  Science  pourra  tirer  parti.  La  triangulation 
de  Pékin  lui  a  paru  utile  à  effectuer;  elle  est  terminée.  Des  observations 
chronométriques  propres  à  rattacher  quelques  points  des  environs  à  l'ob- 
servatoire de  Pékin  sont  en  ce  moment  l'objet  de  ses  études,  conjointement 
avec  M.  Lapied,  qui  lui  a  prêté  le  plus  utile  concours  dans  toute  la  suite 
de  ses  travaux. 

M.  Mouchez  envoie,  à  la  date  du  i3  décembre,  le  résumé  de  ses  obser- 
vations; un  paquet  spécial  en  contient  le  détail  complet.  L'arrivée  pro- 
chaine de  M.  Mouchez  lui  permettra  de  rendre  compte  bientôt  lui-même  à 
l'Académie  des  difficultés  qu'il  a  rencontrées  et  vaincues  pour  l'installation 
de  son  observatoire  et  des  chances  qui  l'ont  favorisé  le  jour  du  passage. 

MM.  Bouquet  de  la  Grye  et  André  ont  donné  également  des  nouvelles 
de  leurs  expéditions  respectives.  Le  premier  de  ces  missionnaires  de  l'Aca- 
démie est  en  route  pour  rentrer  à  Paris.  Le  second,  n'ayant  pu  observer 
qu'un  seul  contact  interne,  a  jugé  nécessaire  de  prolonger  son  séjour  à 
Nouméa,  pour  6xer  par  l'observation  de  nouvelles  culminations  lunaires  la 
longitude  de  son  observatoire  d'une  manière  précise. 


76. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  lo  MARS  187a. 

PUÉSIDENCE  DE  M.  FUEMY. 


MÉMOIRES  ET  C0M3IUi\ICAT10NS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIR. 

M,  le  Président  de  l'ïxstitct  invite  l'Académie  à  désigner  l'un  de  ses 
Membres  pour  la  représenter,  comme  lecteur,  dans  la  prochaine  séance 
trimestrielle  qui  aura  lieu  le  mercredi  7  avril  iS'^S. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  que  le  tome  XXI  du 
«  Recueil  de  Mémoires  des  Savants  étrangers  »  est  en  distribution  au  Secré- 
tariat. 

ÉLECTROCHIMIE.   —   Qunliiènie  Mémoire  sur   les  actions  électrocapillaires 
et  l'intensité  des  forces  qui  les  produisent;  par  M.  Iîecquerel.  (Extrait.) 

«  L'expérience  suivante  met  en  évidence  la  puissance  des  courants  élec- 
trocapillairc's.  On  applique  sur  chacune  des  faces  de  la  cloison  perméable 
d'un  appareil  éicctrocapillaire,  fonctionnant  avec  une  dissolution  métal- 
lique, et  une  autre  de  monosulfure  alcalin,  une  lame  mince  de  platine 
percée  d'iu)  grand  nombre  de  petites  ouvertures.  Ces  lames  constituent  les 
électrodes  des  couples,  attendu  <prelles  sont  en  contact  avec  les  parois 
humides  des  cloisons  servant  de  conducteurs;  on  fixe  sur  la  face  extérieure 
de  chacune  des  lames  un  fil  de  même  métal,  que  l'on  met  en  communica- 


(  586  ) 

tion  avec  un  galvanomèlre  très-sensible;  l'aiguille  aimantée  n'est  pas 
déviée,  ce  qui  prouve  que  toute  l'électricité  dégagée  dans  la  réaction  des 
deux  liquides  est  transformée  en  courant  électrocapillaire  sans  qu'il  y  ait 
de  courant  dérivé,  effet  que  l'on  n'observe  pas  avec  les  courants  vollaïques 
qui  traversent  des  liquides.  La  conséquence  à  en  tirer  est  que  le  courant 
électrocapillaire,  résultant  de  la  réaction  des  deux  dissolutions  l'une  sur 
l'autre,  produit  une  action  chimique  équivalente  à  cette  réaction. 

»  Si  l'on  ne  peut  former  une  pile  avec  de  semblables  couples,  il  est  pos- 
sible néanmoins  de  doubler  l'action  chimique  d'un  seul  couple  en  opérant 
comme  il  suit  :  on  introduit  dans  le  tube  cloisonné  avec  une  bande  de 
papier  parchemin  et  contenant  une  dissolution  métallique  de  nitrate  de 
cuivre,  par  exemple,  une  lame  de  platine  qu'on  applique  sur  la  face  de 
la  cloison,  puis  un  autre  tube  également  cloisonné  et  contenant  une  dis- 
solution de  monosulfure  de  sodium,  et  dont  la  cloison  s'applique  également 
sur  la  lame  de  platine;  si  l'on  plonge  les  deux  tubes  ainsi  accouplés  dans 
une  éprouvetle  remplie  de  monosulfure,  il  se  dépose  évidemment  sur  la 
lame  de  platine  intermédiaire  une  quantité  double  de  cuivre,  les  deux 
couples  agissant  simultanément. 

»  Voici  une  autre  manière  d'opérer,  qui  permet  de  renforcer  l'action 
du  couple  de  celle  d'un  courant  voltaique  :  on  prend  l'appareil  dont  les 
deux  faces  de  la  cloison  sont  recouvertes  chacune  d'une  lame  de  platine 
perforée,  et  l'on  met  en  communication  la  face  négative  avec  le  pôle  négatif 
d'une  pile  à  sulfate  de  cuivre,  composée  de  plusieurs  éléments,  et  l'autre 
avec  le  pôle  positif;  l'action  chimique  du  courant  électrocapillaire  s'ajoute 
évidemment  à  celle  provenant  de  la  pile. 

»  J'ai  montré  quels  étaient  les  rapports  existant  entre  les  deux  courants 
sous  le  rapport  des  actions  chimiques  produites.  Il  suffit  pour  cela  de  faire 
passer  un  courant  dans  un  appareil  éloctrocapillaire,  chargé  avec  une 
dissolution  de  nitrate  de  cuivre  seulement,  à  l'aide  de  deux  lames  :  l'une 
de  cuivre,  l'autre  de  platine,  la  première  en  communication  avec  le  pôle 
positif  d'une  pile,  l'autre  avec  le  pôle  négatif;  au  moyen  de  cette  disposi- 
tion, la  face  de  la  cloison,  en  présence  de  l'électrode  positive,  ne  donne 
aucune  trace  de  dépôt  de  cuivre;  mais,  povn-  peu  qu'il  y  ait  des  traces 
de  ce  métal  sur  la  cloison,  par  suite  d'une  action  électrocapillaire,  il  en 
résulte  aussitôt  un  dépôt  de  cuivre  abondant,  effet  semblable  à  celui  qui 
est  produit  quand  on  place  un  conducteur  métallique  entre  les  deux  élec- 
trodes d'une  i)ile  servant  aune  décomposition  élcclrochimique.  3'explique 
les  effets  négatifs  produits  dans  le  premier  cas,  en  disant  qu'il  n'existe  pas 


(  587) 
de  courant  électrocapillaire,  le  courant  de  la  pile  traversant  la  cloison  per- 
méable coiinne  si  elle  remplaçait  le  liquide. 

M  11  est  possible  de  faire  intervenir  l'action  des  courants  voltaiques  avec 
deux  dissolutions  différentes,  en  opérant  avec  une  dissolution  do  chlorure 
de  chrome,  une  dissolution  de  monosulfure  de  sodium,  par  exemple,  une 
pile  de  huit  éléments  à  sulfate  de  cuivre,  une  cloison  en  papier  parchemin 
et  deux  lames  de  platine,  l'une  étant  l'électrode  positive  et  plongeant  dans 
la  dissolution  métallique,  l'autre,  l'électrode  négative,  étant  en  contact 
avec  la  dissolution  alcaline;  il  se  forme  sur  la  face  négative  de  la  cloison  du 
couple  un  dé|>ôt  noir  à  l'état  cristallin  présentant  çà  et  là  des  lames  carrées  : 
l'analyse  prouve  que  ce  produit  est  un  sesquioxyde  hydraté  de  chrome. 

»  Le  perchlorure  de  fer  donne  également  sur  la  face  négative  un  dépôt 
noir  cristallin  de  sulfure  de  fer  hydraté. 

»  L'acétate  de  plomb  et  le  nitrate  de  cuivre  donnent  des  dépôts  de 
cuivre  métallique  brillants;  les  sels  d'argent,  des  sulfures  de  ce  métal,  etc. 

»  Ces  effets  ont  été  expliqués  en  montrant  que  deux  courants  intervien- 
nent dans  les  actions  produites,  lesquels  dépendent  de  ce  que  le  soufre  pro- 
venant de  la  décomposition  du  monosulfure  par  la  pile,  lorsqu'il  traverse  la 
membrane  pour  se  rendre  au  pôle  positif,  sulfure  le  métal  qui  est  déposé 
sur  la  face  négative,  quand  il  a  pour  ce  dernier  une  grande  affinité. 

»  J'ai  examiné  ensuite  quels  étaient  les  effets  produits  en  substituant  une 
dissolution  de  potasse  à  celle  de  monosulfure  de  sodium.  Voici  quelques- 
uns  des  résultats  obtenus  :  on  a  pris  une  éprouvette  contenant  une  disso- 
lution de  potasse  caustique,  dans  laquelle  on  a  introduit  une  lame  de 
plomb  en  communication  avec  le  pôle  négatif  de  la  pile,  puis  un  tube 
cloisonné  contenant  une  dissolution  de  nitrate  de  plomb  en  communica- 
tion avec  le  pôle  positif;  il  s'est  formé  peu  à  peu  de  belles  arborisations  de 
plomb  métallique  sur  la  surface  négative  de  la  cloison,  en  même  temps 
qu'une  certaine  quantité  d'oxyde,  Ou  n'a  que  de  l'oxyde  de  plomb  sans 
employer  la  pile. 

»  Eu  opérant  de  même  avec  le  nitrate  de  cuivre,  sans  se  servir  de  la  pile, 
on  obtient  sur  la  face  de  la  membrane,  du  côté  du  nitrate,  un  dépôt 
d'oxyde  bleu  de  cuivre  cristallisé,  tloué  de  la  double  réfraction. 

»  On  obtient  le  même  résultat  en  appli([uant  sur  la  membrane,  du  côté 
du  nitrate,  une  rondelle  de  |)laline,  et  de  l'autre  une  rondelle  de  zinc 
percée  de  petites  ouvertures;  on  a  eu  également  l'oxyde  bleu  cristallisé  : 
dans  ce  cas,  le  couple  voltaïque  fonctionne  concurremment  avec  le  couple 
éleclroca[)illaire. 


{  588  ) 

»  En  soumettant  à  l'expérience  d'autres  sels  métalliques  et  les  carbonates 
alcalins,  on  a  obtenu  différents  résultats.  J'en  rapporterai  un  seul  :  avec  le 
nitrate  de  cuivre  et  le  carbonate  de  potasse,  il  s'est  déposé  sur  la  face  de  la 
cloison  en  contact  avec  la  dissolution  alcaline  du  carbonate  bleu  bvdraté, 
en  cristaux  doués  de  la  double  réfraction  :  le  bicarbonate  a  donné  le  même 
résultat. 

»  Le  couple  à  gaz  oxygène  est  formé  de  deux  liquides  :  l'acide  nitrique 
et  une  dissolution  concentrée  de  potasse  caustique,  séparés  par  une  cloison 
de  papier  parchemin  enroulé  en  spirale,  traversé  par  un  61  de  platine;  le 
courant  résultant  de  la  réaction  des  deux  liquides  l'un  sur  l'autre  agit  de 
telle  sorte,  comme  force  chimique,  qu'il  se  dégage  de  l'oxygène  sur  le  bout 
du  fil  en  contact  avec  la  potasse,  et  de  l'acide  hypoazotique  sur  l'autre. 
J'ai  cherché  quels  devaient  être  les  effets  produits  en  sidjslituant  à  l'acide 
nitrique  une  dissolution  méta!li{|ue  ou  autre.  J'ai  obtenu  les  résultats 
suivants  :  i°  avec  des  dissolutions  de  perchlorure  de  fer  et  de  potasse, 
quelques  heures  après,  on  a  observé  un  dégagement  continu  de  gaz  sur 
la  partie  de  la  tige  plongeant  dans  la  dissolution  de  potasse; 

»   2°  Avec  le  chlorure  de  cuivre,  il  en  a  été  de  même; 
•  »   3°  Avec  le  chlorure  de  chrome,  dégagement  de  gaz  oxygène  à  peine 
sensible;  avec  les  acides  sulfurique  et  chlorhydrique,  pareils  effets  ont  été 
produits. 

»  On  a  montré  par  des  expériences  nombreuses  que  les  actions  électro- 
capillaires sont  d'autant  plus  marquées  que  la  force  électromotrice  est  plus 
considérable:  ainsi,  en  opérant,  par  exemple,  avec  une  dissolution  de  nitrate 
de  cuivre  additionnée  de  49  fois  son  volume  d'eau  et  une  dissolution  de  mo- 
nosulfure saturée,  on  n'a  plus  qu'une  simple  dilfusion  et  une  production  de 
sulfure  de  cuivre,  tandis  qu'avec  la  dissolution  concentrée  on  a  une  grande 
quantité  de  cuivre  réduit. 

»  J'ai  cherché  ensuite  quels  étaient  les  effets  produits  en  substituant,  dans 
le  couple  à  gaz  oxygène,  à  la  cloison  de  papier  une  éponge  de  platine  plus 
ou  moins  comprimée  :  les  effets  produits  sont  complexes,  j'en  rapporterai 
quelques-uns.  Avec  la  dissolution  de  potasse  et  l'acide  nitrique,  séparés  par 
la  cloison  capillaire  ou  par  la  fêlure  d'iui  tid)e,  il  n'y  a  pas  de  dégagement  de 
gaz;  cela  tient  au  mode  de  fonctionnement  des  cloisons  ca|)illaires,  qui  dif- 
fère de  celui  des  couples  voltaïques;  avec  les  cloisons  les  éléments  sont  sé- 
parés ;  s'ils  ont  une  forte  affinité  pour  les  composés  dissous,  ils  se  recom- 
binent immédiatement  avec  ces  derniers  ;  il  ne  peut  en  résulter,  comme 
je  l'ai  montré,  aucune  action  chimique  apparente. 


(  589) 

I)  Les  dpongcs  de  platine  agissent  comme  conducteur  métallique  con- 
tinu, attendu,  d'une  part,  que  les  grains  de  métal  sont  toujours  en  contact 
en  quelques  points  ;  de  l'autre,  parce  qu'il  existe  des  pores  physiques  entre 
ces  grains,  qui  donnent  lieu  à  des  actions  électrocapillaires. 

»   Voici  quelques-uns  des  effets  obtenus  : 

»  1°  La  formation  de  fluorures  de  calcium  en  tubercules  cristallins 
sur  la  face  d'une  cloison  en  contact  avec  une  dissolution  de  chlorure  de 
calcium,  qui  est  séparée  d'une  dissolution  de  fluorure  d'ammonium  par 
ladite  cloison. 

»  2°  Eu  opérant  avec  le  monosulfure  de  sodium  au  lieu  de  potasse  et 
l'acide  nitrique,  l'oxygène,  qui  a  une  grande  affinité  pour  les  éléments  du 
monosulfure,  se  combine,  d'une  part,  avec  le  soufre,  de  l'autre,  avec  le  so- 
dium, tandis  que  l'acide  hypoazotique  devient  libre. 

M  J'ai  mulliplié  les  expériences  sur  les  actions  chimiques  produites  par 
les  actions  éleclrocapillaires,  dans  des  conditions  très-différentes,  attendu 
que  ces  actions  étant  très-complexes,  surtout  dans  la  nature  organique,  on 
ne  saurait  avoir  trop  de  points  de  comparaison  pour  étudier  une  des  ques- 
tions les  plus  délicates  des  sciences  physico-chimiques  dans  leurs  applica- 
tions. 

CHIMIE.  —  Sur  les  alliages  de  platine  et  de  fer.  Note 
de   M.  H.  Saixte-Claihe  Deville. 

«  La  très-intéressante  Communication  de  M.  Daubrée,  sur  l'alliage  ma- 
gnétique et  polaire  de  platine  et  de  fer,  m'a  rappelé  quelques  faits,  qui 
viennent  confirmer  les  principales  conclusions  de  notre  savant  confrère  et 
que  je  crois  utile  de  publier  en  mon  nom  et  au  nom  de  M.  Dehray. 

»  En  analysant  le  platine  iridié  par  une  méthode  que  nous  publierons 
bientôt,  on  arrive  à  réunir  l'iridium  et  le  fer  à  l'état  d'oxydes  intimement 
mélangés. 

»  En  traitant  cette  matière  par  un  courant  d'hydrogène,  l'oxyde  d'iri- 
dium se  réduit  à  la  température  ordinaire,  et  à  partir  de  200  à  3oo  degrés 
jusqu'à  400  ou  600  degrés,  le  fer  devient  métallique;  mais  alors  les  métaux 
se  trouvent  alliés;  car  si  on  les  met  en  digestion  avec  de  l'acide  chlorhy- 
driqiie,  c'est  à  peine  si  l'on  obtient  quelques  bulles  d'hydrogène  et  la  disso- 
lution d'un  peu  de  fer,  lors  même  que  ce  mêlai  existe  dans  l'alliage  en  pro- 
portion de  Y^j. 

»  Ainsi  le  fer  et  l'iridium  s'allient  à  une  très-basse  température,  et,  sans 

C.  R.,1875,   t"  Semeitre.  (T.LXXX,  No  10.)  77 


(  590) 
eu  avoir  une  preuve  aussi  manifeste,  nous  pouvons  affirmer  qu'il  en  est  de 
même  pour  le  fer  et  pour  le  platine. 

»  Dans  ces  conditions,  il  me  paraît  évident  que  l'alliage  ne  peut  être  ho- 
mogène, et  si,  dans  la  nature,  le  platine  ferrifère,  qui  constitue  le  minerai, 
s'est  ainsi  formé,  M.  Daubrée  a  eu  parfaitement  raison  d'en  suspecter  l'ho- 
mogénéité. Seulement  il  faut  bien  se  rappeler  que  les  agents  qui  n'attaquent 
pas  le  platine  et  qui  attaquent  seulement  le  fer  ne  permettent  pas  de  sé- 
parer celui-ci  dès  qu'il  s'est  allié  au  platine.  La  même  observation  s'ap- 
plique aux  alliages  triples  de  platine,  d'iridium  et  de  fer,  que  l'on  rencontre 
dans  la  nature  ou  dans  les  produits  de  l'industrie. 

»  Dans  son  Mémoire,  M.  Daubrée  cite  l'opinion  de  Breithaupt,  qui  admet 
l'existence  de  minerai  de  platine  pouvant  contenir  i4  à  19  pour  100  de  fer. 
Je  ferai  à  ce  sujet  quelques  observations. 

»  Quand  on  lit  avec  attention  tout  ce  que  Berzelius  a  écrit  sur  le  platine 
et  les  métaux  qui  l'accompagnent,  on  est  frappé  de  l'admirable  précision 
de  tous  les  résultats  qu'il  a  obtenus  et  de  la  connaissance  parfaite  qu'il 
avait  acquise  de  toutes  les  propriétés  de  ces  métaux.  Ainsi,  il  parle  des 
propriétés  magnétiques  et  même  magnéticopolaires  du  minerai  de  platine, 
(lu  fer  natif  qui  s'y  trouve  et  qui  est  presque  entièrement  soluble  dans 
l'acide  nitrique.  Toutes  ses  analyses  de  cette  matière  portent  l'empreinte 
d'une  exactitude  remarquable,  exactitude  qui  ne  sera  suffisamment  appré- 
ciée que  par  les  personnes  qui  ont  répété  ses  expériences.  Et  bien,  Berzelius 
trouve  une  seule  fois  12,98  poiu*  100  de  fer  dans  un  minerai  magnétique 
de  l'Oural,  et  beaucoup  moins  dans  les  cinq  auti-es  matières  qu'il  a  étu- 
diées! M.  Debray  et  moi  avons  analysé  des  échantillons  de  minerais  pro- 
venant de  toutes  les  localités  où  l'on  a  découvert  le  platine,  et  jamais  nous 
n'avons  trouvé  plus  de  12  pour  100  de  fer  (i). 

»  M.  le  général  de  Rachette  nous  avait  donné  en  iSSg  deux  belles  pépites 
de  platine  natif  :  l'une  a  été  déposée  par  nous  à  l'École  des  Mines,  et  l'autre, 
pesant  1 10  grammes,  a  été  fondue  et  affinée.  Elle  a  produit  88  grammes  d'un 
platine  très-ductile,  ce  qui  indiquait  à  peine  5  à  6  pour  100  de  fer  dans  la 
pépite  elle-même.  J'émets  donc  formellement  le  doute  qu'un  minerai  de 
de  j)laline  puisse  contenir  à  l'état  d'alliage  19  pour  100  de  fer;  aussi 
M.  Daubrée  a-t-il  bien  fait  d'essayer  sur  dos  pépites  polies  l'action  des 
réactifs  qui  démontrent  si  bien  l'hétérogénéité  des  aéroiithes.  Il  a  eu  bien 

(1)  Nous  avons  fait  près  de  vingt  analyses  de  ces  minerais;  on  en  trouve  douze  réunies 
dans  un  tableau  dts  .innales  de  Chimie  et  de  Physique,  4'  série,  t.  LXI,  ]).  449- 


(  59'  ) 
raison  de  soupçonner  la  présence  du  fer  oxydulé  magnétique  dans  les 
pépites.  Seulement  l'acide  chlorhydrique  employé  par  lui,  comme  réactif, 
ne  pouvait  être  d'aucune  utilité,  attendu  que  son  action  est  nulle  tout  aussi 
bien  sur  le  platine  allié  que  sur  le  fer  oxydulé,  surtout  quand  celui-ci  est 
titanifère,  comme  c'est  ici  le  cas.  S'il  reprend  ces  expériences,  il  fera  bien 
d'ajouter  à  l'acide  chlorhydrique  un  peu  d'iodure  de  potassium  ou  d'acide 
iodhydrique  (méthode  de  M.  Damour),  qui  réduisent  l'oxyde  de  fer  et  le 
rendent  soluble  dans  les  acides.  On  obtiendrait  le  même  résultat  en  plon- 
geant la  surface  de  la  pépite  dans  du  bisulfate  de  potasse,  qui  n'attaquerait 
que  le  fer  oxydulé  ou  le  fer  pur,  s'il  y  en  a  (i).  Le  fer  allié  au  platine  résistera 
au  moins  pendant  longtemps. 

»  Bien  des  raisons  auraient  pu  faire  penser  que  le  minerai  de  platine 
accompagné  quelquefois  de  fer  natif  à  peu  près  pur  pouvait  être  une  ma- 
tière météorique;  mais  M.  Boussingault  a  trouvé  en  Amérique  le  platine  en 
place  (2),  et  l'on  a  tout  lieu  de  croire  qu'en  Sibérie  il  vient  d'une  serpentine; 
néanmoins  les  méthodes  d'analyse  immédiate  des  météorites,  appliquées  à 
luie  substance  magnéticopolaire,  donneraient,  ce  me  semble,  des  résultats 
d'une  grande  importance. 

»  Une  dernière  observation  :  M  Daubrée  a  fondu  des  alliages  de  fer  et  de 
platine  au  Conservatoire.  Je  suppose  que  c'est  dans  les  appareils  et  par  la 
méthode  que  M.  Debray  et  moi  avons  publiée  depuis  longtemps.  Dans 
ce  cas,  la  comparaison  de  cette  opération  avec  une  coupellation  est  parfai- 
tement exacte.  Nous  l'avons  faite,  M.  Debray  et  moi,  en  maintes  circon- 
stances; mais  il  faut,  pour  la  rendre  complète,  y  ajouter  quelque  chose.  Le 
platine  que  l'on  fond  est  analogue  à  l'argent  contenant  du  plpmb  et  de 
l'antimoine.  Le  fer  s'oxyde  comme  le  plomb,  et  l'oxyde  magnétique  ainsi 
produit  se  fond,  mais  en  s'unissant  presque  tout  de  suite  à  la  chaux  du  four 
pour  produire  une  sorte  de  spinelle  ou  ferrite  de  chaux  qu'absorbent  les 
parois  du  four.  Celles-ci  ne  sont  donc  pas  inactives  comme  dans  la  coupel- 
lation de  l'argent.  Enfin  l'osmium  et  le  ruthénium,  comme  l'antimoine, 
produisent  des  oxydes  volatils,  qui  s'échappent  sous  forme  de  fumée  d'acide 
osmique  ou  d'oxyde  de  ruthénium. 


(  I  )  Il  faut  aussi  tenir  compte  de  la  présence  du  fer  chromé. 

(2)  Le  platine  se  trouve  avec  l'or  dans  les  mines  de  Sariln  Rosa  de  Osos\,  à  10  lieues 
nord-est  de  Medelin.  Le  platine  et  l'or  se  trouvent  dans  des  liions  qui  traversent  une  syénito 
altérée.  Ces  fdons  sont  formés  d'oxyde  de  fer  hydraté  [pacos),  de  quartz  et  d'argile  jaune 
(azufra).  Boussingault,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  2'  série,  t.  XXXII,  p.  209. 


(  592  ) 

»  On  peut  même  aller  plus  loin  et  coupeller  dans  le  chlore  le  platine  qu'il 
est  très- difficile  de  dépouiller  de  fer.  Nous  réalisons  cette  opération  , 
M.  Debra}^  et  moi,  et  nous  en  donnerons  les  résultats  dans  une  prochaine 
Communication. 

»  Le  platine  chauffé  vers  1200  à  i5oo  degrés  dans  le  chlore  se  transporte 
sous  la  forme  de  cristaux  brillants  dans  toutes  les  parties  chaudes  de 
l'appareil  (  i  ).  C'est  encore  là  un  phénomène  de  volatilisation  apparente  qui 
explique  la  méthode  si  élégante  donnée  par  M.  Cloëz  pour  obtenir  du  platine 
cristallisé,  et  l'observation  intéressante  de  M.  Baudrimont  qui  fait  aussi 
cristalliser  le  platine  dans  la  vapeur  de  perchlorure  de  phosphore.  » 

THERMOCHIMIE.  —  Recherches  sur  (es  acides  gras  et  leurs  sels  alcalins; 

par  M.  Berthelot. 

<>  Les  recherches  que  je  vais  exposer  ont  porté  sur  les  cinq  premiers 
acides  de  la  série  grasse  :  lormique,  C^H^O*;  acétique,  C^H^O*;  propio- 
nique,  C^H^O*;  butyrique,  C^H'O*;  valérianiqiie,  C'°H*»0*.  Je  me  suis 
attaché  à  opérer  sur  des  acides  et  sur  des  sels  parfaitement  purs  et  définis  : 
condition  facile  à  réaliser  pour  les  acides  formique  et  acétique,  mais  qui 
présente  beaucoup  plus  de  difficultés  pour  les  trois  autresacides.  Le  degré  de 
pureté  des  corps  dont  j'avais  besoin,  dans  ces  expériences  délicates,  est  en 
effet  bien  plus  grand  que  dans  les  expériences  ordinaires  de  la  Chimie  orga- 
nique, où  la  présence  des  corps  homologues  et  de  composition  voisine 
introduit  souvent  dans  les  corps  réputés  purs  10  pour  100  et  davantage 
de  matières  étrangères,  sans  que  l'analyse  centésimale  eu  accuse  le  mé- 
lange, et  parfois  même  sans  que  l'expérimentateur  soit  conduit  à  le  soup- 
çonner. 

«  Je  vais  examiner  d'abord  la  formation  des  sels  des  acides  gras  dans  l'état 
de  dissolution  et  dans  l'état  solide;  puis  je  chercherai  à  définir,  par  des 
expériences,  le  degré  de  stabilité  des  sels  de  ces  acides  en  présence  de  l'eau; 
enfii)  je  terminerai  par  l'étude  de  leurs  déplacements  réciproques. 

!•  —  Formation  des  sels  ckas  dans  l'état  dissous. 

»   1.  Je  comparerai  les  sels  de  soude,  de  baryte  et  d'ammoniaque. 
J'ai  trouvé,  entre  8  et  i  o  degrés  : 


(  I  )  Une  partie  du  fer,  de  l'iridiuiii,  du  iliodiuiii  et  en  yeuéi-al  des  impuretés  dti  platliu , 
sescpaïc  à  l'cl.'t  de  chlorures  volatils. 


(593 

Acide  formique  (i) C=H'0'  (i<'i=  2'•')-^ 

»           cnpo'(i*'i=r  2'")^ 

Acide  acétique C'H'0'(i'^i=  2.'")- 

»                 C'II'0'(i^'J=2'")- 

C'H'0'(i'^i=2'")- 

Acide  propionique  (•.'  >  . .  C'H'O*  (  1*^1=:  4'")  ^ 

Acide  butyrique  (3) C'H'O' (i*"!  =  4"')  H 

Acide  valérique  (4) CH'^O' (i'i  =  5"') 

>.                C"H"'0'(i"i=5"') 

Acide  de  la  valériane CH'^O*  (i^=  4"') 


) 

■ISaO(i"i=2'")., 
'  BaO  étendue.. .  , 
•  AzH'(ri=2'"). 
-NaO  ^^'''^=:2'") 
-BaO  étendue. .  . . 


I- 


-BaO  étendue 

-NaO(i'*i=4"').. 

-|-NaO(i'^i=5'-'). 
-t-AzH^(i'*i=2'''). 
-t-AzH'(i'i=2"'). 


dégage 


en 
i3,38 

.3,43 

11,90 
i3,3j 

.3,40 

11,90 
i3,4o 
i3,66 
13,98 

12,7 

12,6 

(i)  Voici  les  expériences. 

Formiate  de  soude  ri  10  degrés  : 

(  C'HNaO'(i'^i=4'")-l-HCl(i'*'ï=2'") dégage     +0,66  !___ 

I  NaCI  (i"i=4'") -+-C=H=0'{rî=2i") .  +0,02)       ~"'—      *''  4- 

Or  N,  pour  HCl  =  i4,02  à  10°     d'où     N=i3,38. 

j  C'HNaO*(i'"i==4'i')+C'H<0'{i''i=2'")...      dégage     -H  0,08  )  _ 

I  C'H'NaO\i'î=4'")-t-C=H»0«(i«i=::2"')...  »  -l-o,i2|       "~     '  — "+"•^'°^■ 

Or  N,  pour  C*H'0«  =  i3,33     d'où     N  =  i3,37. 

Les  nombres  i3,38  et  i3,37  pour  le  formiate  de  soude  concordent  parfaitement.  Ils  sont 
un  peu  plus  forts  (|ue  le  nombre  donné  aux  Annales,  5"  série,  t.  IV,  p.  yo  ;  ce  dernier  étant 
moins  exact,  par  suite  d'une  faute  de  calcul  commise  dans  la  réduction  des  donnucs  des  ex- 
périences à  la  même  température,  spécialement  en  ce  qui  concerne  l'union  de  l'acide  clilor- 
liydrique  avec  la  soude.  Cette  même  faute  de  calcul  a  diminué  de  o,3  à  0,4  environ  tous 
les  nombres  donnes  pour  les  forniiates  alcalins. 

Formiate  de  baryte  à  i  o  degrés  : 

I  C'HBa0'(i«i  =  4i")  +  HCl(i'i=2'") +0,90  |  ^  _  ^^  ^^^  _  o  84 

1  BaCl  (i'i  =  4'i») -I- C'H'0*(i'^i=2'") -t-o,o6|  ' 

Or  N,  pour  HCl  =  14,20  à  10"     d'où     N=-(-i3,4<3. 

D'autre  part,  j'ai  encore  trouvé,  à  lo  degrés  : 

C'HBaO«(i'^=:4'") -f-S0'U(i"^^i=:2''') -f-  5,4o 

SO'H        (i*i=:4''')-<-BaO   ii''i  =  5'",5] 4-18, 83 

D'où     C^H'O'     (  i"i=  2"') -♦- BaO  étendue h-i3,43, 

ce  qui  concorde  avec  la  valeur  +i3,46. 

Toutes  les  liqueurs  précédentes  ont  été  préparées  au  moyen  dos  sels  cristallisés,  dcliuis  et 
préalablement  analysés,  remarque  qui  s'applique  aussi  aux  cliiffres  qui  vont  suivre. 

(2)  (3)  (4)  Voir  ces  notes  à  la  page  suivante. 


(  594) 
t  2.  Il  résulte  de  ces  nombres  que  la  formation  des  sels  neutres  que  les 
acides  gras,  depuis  l'acide  formique  jusqu'à  l'acide  valérique,  forment  avec 

(2)  Propionate  de  baryte.  —  J'ai  trouvé,  à  10  degrés  ; 

|c«H'0'(i"!  =  4'") +  C'H'BaO'(i"i  =  4"') +0,12)  ,—  +  0,04. 

Or     N,  =  1 3, 4o  pour  l'acide  acétique;     d'où     N  =  i3,44' 

On  a  négligé,  dans  ce  calcul,  de  très-petites  chaleurs  de  dilution  (ou  plus  exactement  la 

différence  entre  les  chaleurs  de  dilution  de  l'acétate  et  du  propionate  de  baryte,  ramenés 

de  8  litres  à  4  litres  par  équivalent,  celte  différence  étant  prise  avec  le  signe  contraire). 

D'autre  part, 

C«H'BaO'(i^i=  II'")      +S0<H(i'i  =  2i"),.  ..      +5,46 

D'où     C«H'0'      (i'i=    5'",5)  +  BaO(5"',5) -+-13,37. 

J'ai  pris  la  moyenne  de  i3,44  et  13,87,  *°''  i3,40' 

(3)  Butyrate  de  soude.  —  J'ai  trouvé,  à  8°,  5  : 

j  C'H'NaO*(i''i  =  8'")-t-C*H'0'(r'i  =  4'")...      +o,ool  _  . 

j  C*H'NaO'(i'^i  =  8'")-|-C'H'0«(i^i  =  4'")...     -+- o,4o  j  '"~"^°''*°' 

Or    N,  =  1 3, 33  (acide  acétique);     d'où     ]\  =  i3,73.     On  a  aussi 

jC<'H'JNaO'(i'i  =  4"')-+-C'H=0'(i"i  =  4'")...      +0,00)  _  , 

|C'HKaO'(i'^'i  =  4''')  +  C»H'0'(i'^i  =  4i")...     +0,24!         J^.  — +0,24. 

Or     N,  =  i3,38  (acide  formique);   d'où     N  =  i3,G2. 

On  néglige  ici  de  très-petites  chaleurs  de  dilution.  On  a  encore 

(C'H'NaO<(i'i  =  8'")-)-HCl      (i-^i  =  2I").. .  .      +o,54)     ^^^_         , 
(NaCl         (i*i=:8'")-(-C«H'0*(i''i  =  2'i')....      +o,i5)  ^'~      "'  ^' 

Or     N,  ^  i4, 08  (acide  chlorhydrique);     d'où     N=  18,69. 
J'ai  pris  la  moyenne  des  nombres  13,78;  18,69  ®'  i3,63  ;  soit  i3,68. 

(4)  Valérianate  de  soude  (acide  d'oxydation).  —  J'ai  trouvé,  à  8",5  : 

lC'°U»NaO'(i'-i=4''')-hC*  II' 0'(i"i  =  5'")..  .      +o>oo|^_Ty_  0 

je  H'NaO'(i"-'i=4'")-+-C'»H'°0'(i''i:^5"')...      +  0,81  j  J^c  — +  o,»i. 

Or     N,  =  i3,33;     d'où     N=  14,14. 

Eli  tenant  compte  des  petites  chaleurs  de  dilution  négligées,  ce_ nombre  est  ramené  à  -f-i4)03, 

I  C"'H'NaO*(i'^i=io''')-l-C'' U«  0'(i"i=:5>").  .     +0,2^  )  _ 

|C«U'Na0'(i'"i  =  io'i')  +  C"'II'»0'(r^'i  =  5'")..      -+-o,53)  J>.  — +  o,2b. 

Or     N,  =  1 3, 66  (acide  butyrique);     d'où     N=  18,92. 

La  moyenne  des  valeurs  i4,o3  et  18,92  est  ■+■  18,98. 

J'ai  aussi  mesuré  celte  valeur  directement,  au  moyen  de  la  soude  et  de  l'acide  libre,  el 
j'ai  trouvé  i4>2;  nombre  que  je  regarde  comme  moins  exact,  à  cause  des  imerliiiides  que 


(  595  ) 
une  même  base,  dans  l'état  de  dissolutions  étendues,  dégage  des  quantités 
de  chaleur  très-voisines.  Elles  sont  à  peu  près  identiques  pour  les  trois 
acides  forniique,  acétique  et  propionique  ;  l'acide  butyrique  dégage  un 
peu  plus  de  chaleur  (-+- o, 3  environ)  et  l'acide  valérique  encore  davan- 
tage (-1-0,6).  Cette  remarque  est  conforme  aux  résultats  généraux  obtenus 
par  M.  Louguinine,  et  que  j'ai  communiqués  de  sa  part  à  l'Académie  dans 
la  dernière  séance  (i). 

»  3.  Cependant  les  écarts  thermiques  que  j'ai  observés  entre  le  butvrate 
ou  le  valérate  et  les  sels  de  l'acide  acétique  ou  forniique  varient  beaucoup 
avec  la  concentration,  la  chaleur  de  dilution  des  premiers  sels  étant  plus 
grande  que  celle  des  autres.  Par  exemple,  la  formation  du  butyrate  de 
soude,  rapportée  à  a  litres  de  liqueur  pour  un  équivalent  C'H'NaO*, 
dégage  +i3,4o;  tandis  que  cette  même  formation  rapportée  à  12  litres 
dégage  +  i^,']5  d'après  mes  expériences. 

»  4.  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  différences  entre  les  chaleurs  de  formation 
des  deux  sels,  rapportées  à  une  concentration  équivalente,  permettent, 
comme  je  le  montrerai  bientôt,  d'étudier  les  déplacements  réciproques 
des  acides  gras  dans  leurs  sels  dissous. 

»  5.  J'ajouterai  encore  que  les  deux  acides  valérianiques  isomères, 
obtenus,  l'un  par  l'oxydation  de  l'alcool  amylique,  l'autre  avec  la  valériane, 
dégagent  sensiblement  la  même  quantité  de  chaleur  en  s'unissant  à  l'am- 
moniaque :  résultat  également  conforme  à  ceux  de  M.  Louguinine  sur  les 
acides  valériques  et  butyriques  isomères,  ainsi  qu'à  ceux  que  j'ai  observés 
il  y  a  quelque  temps  sur  l'acide  trimélhylacétique. 

))  Au  point  de  vue  de  la  fonction  acide,  les  divers  acides  isomères  ne  se 
distinguent  donc  guère,  c'est-à-dire  qu'ils  effectuent  à  peu  près  le  même 
travail  en  se  combinant  avec  une  même  base  dans  l'état  de  dissolution, 
remarque  qui  s'applique  également  à  toute  la  série  des  acides  homologues, 
depuis  l'acide  forniique  jusqu'à  l'acide  valérianique. 


laisse  le  dosage  absolu  de  l'acide  valérianique  dissous.  Il  se  rapporte  d'ailleurs  à  une  liqueur 
un  peu  plus  concentrée,  ce  qui  explique  une  partie  de  la  différence. 

yalérianate  d'ammoniaque.  —  Les  mesures  ont  été  jiriscs  directement,  au  moyen  de 
l'ammoniaque  et  de  l'acide  étendus.  Un  excès  d'ammoniaque  porte  la  chaleur  dégagée  ù 
-\-  i3,o. 

(i)  Les  écarts  entre  les  nombres  absolus  de  ce  savant  et  les  miens  sont  faibles  d'ailleurs 
et  de  l'ordre  des  erreurs  de  sos  propres  expériences,  lesquelles  n'ont  ])as  été  faites  «lansdes 
conditions  aussi  rigoureusement  comparables  que  les  miennes. 


(  596  ) 

IT.  —  Formation  des  SRts  cras  n\xs  l'ktat  sotinp.. 

»  1.  Mais  la  combinaison  chimique,  à  mon  avis,  doit  être  étudiée  dans 
l'état  solide,  de  préférence  à  l'état  dissous  :  les  différences  entre  la  stabilité 
des  composés  se  traduisent  alors  par  des  écarts  thermiques,  que  l'état 
dissous  fait  disparaître  en  ramenant  toutes  les  formations  salines  à  luie 
uniformité  trompeuse.  En  outre,  les  quantités  de  chaleur  dégagées  dans  l'état 
solide  ne  varient  guère  avec  la  température,  ou  plutôt  elles  varient  beau- 
coup plus  lenteuient  que  dans  l'état  liquide.  J'ai  développé  ailleurs  cette 
théorie  [annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5*^  série,  t.  IV,  p.  1 8  et  74)  :  je 
vais  en  faire  l'application  aux  sels  des  acides  gras. 

»  A  cette  fin,  j'ai  mesuré  les  chaleurs  de  dissolution  des  sels  étudiés  plus 
haut,  dans  l'état  anhydre  et  dans  l'état  d'hydrates  définis  (i).  J'ai  aussi  me- 
suré la  chaleur  de  fusion  des  acides  formique  et  acétique  ;  malheureuse- 
ment les  trois  acides  supérieurs  ne  sont  pas  connus  dans  l'état  solide,  l'.n 
raison  de  celte  circonstance,  j'ai  dû  comparer  la  formation  de  leurs  sels 
par  les  acides  liquides,  ce  qui  est  moins  satisfaisant. 

»  2.  Voici  le  tableau  des  quantités  de  chaleur  dégagées  par  les  divers  sels 
que  j'ai  étudiés,  ces  corps  étant  formés  d'après  l'équation 

C^''H="  +  RO,HO  =  C'"H=«-'  RO'  +  H^0='  ; 

j'y  ai  joint  quelques  benzoates  pour  étendre  le  champ  des  comparaisons. 

(  I  )  Les  formiates,  acétates,  triniéthylacélale,  benzoates  avant  été  donnés  ailleurs  { An- 
nales de  Chimie  cl  de  Physique,  5"  série,  t.  IV,  p.  79),  je  nie  bornerai  aux  autres  sels  : 

Propionate de  baryte,  séché  il  l'ctuve  :  loo'' donnent  SO'Ba  =  82,70182,9;  théorie,  82,5. 

Dissohuion  :  C'II'BaO'  (iPsel  -+-  80P  eau)  à  1 1  degrés  dégage  -t-  3*^"', 435. 

Btilyrate  de  soude  [voir  ce  volume,  p.  5i2). 

Valérate  de  snude,  C"lI°NaO*,  3H0  :  100  parties  donnentSO'Na  =  47'3;  tliéorie,  47  »o. 
Le  même  sel,  séché  à  l'étuve  :  SO'Na  =  58,0;  théorie,  57,3. 

Dissolution  :  C'H'NaO'  (ir  sel  -+■  looi"  eau)  à  9  degrés  «légage -^  7,35 

CH'NaO",  3H0  (iP  sel  -+- 80P  eau)  à  9  degrés -t-4,?.o 

T^alcraie  d'ammoniaque  cristallisé,  O'WO',  KzW  :  100  parties  donnent  AzH':=i3,3; 
théorie,  i4,?i 

Dissolution  :  (iP  sel  -f  i  loP  eau)  dégage  -I-  3,  7  i  à  1 1  degrés, 

Trivali'rate  d'ammoniaque,  C"H"'0\  AzH"  -f-  ?C"H  «0'. 

C'est  un  sel  bien  cristallisé,  qui  se  vend  dans  le  commerce  pour  l'usage  de  la  pharniiicie, 

L'analyse  a  donné 

Acide  en  excès G3,?.  ;  Ar-IT  :  5,2 

La  théorie  indique 63,  i     et     5,3 

O  sel.  mis  en  présence  d'une  petite  quantité  d'eau,  se  sépare  en  sel  neutre  qui  se  dissoul 


(  'ÏQ?  ) 

TABLtAU    DE    LA    FORMATION    THEEMIQUE    DES    SELb    SOLlUKb. 

Tous  les  corps  Acid«t  lii|iiide 

solides.  et  eau    liquide. 

Sels  de  soucie. 

Foriniate,  CIlNaO' +22,6  H- 23,5 

Acétate,  C H' NaO' +  i8,3  -t- 19,0 

Butyrate,  C'd'NaO' »  H-  18, 3 

Valérianate,  C'Il'NaO' .            »  -I-  i5,9 

(Benzoate,  C'H'NaO' +  17,4.) 

Sels  de  potasse. 

Formiate,  C'HKO' +25,8 

Acétate,   C'IPRO'   +2,1,9 

Triraéthylacétate,  C'"H'KO'. .  .  -f-  20,5 

(Benzoate,  C'H'KO" +22,5.) 

Sels  tic  bar)  le. 

Foriniate,  C'HBaO' + '9)0  -*" '9>9 

Acétate,  C'H^BaO' -t- i5,2  ^- «5,9 

Propionate,  C'H^BaO' »  -t-i7>3 

Sels  d'ammoniaque. 

Acide  liquide  +  AzH'gaz=  sel  solide. 

Formiate,   C'H'O'.AzH^ +23,3 

Acétate,  C'H'O',  AzH' +20,6 

Valérate,  Cm^O', AzH' +  17,5 

Sels  acides. 

»  Ajoutons  encore  la  formation  des  deux  sels  suivants,  comme  exemple 
de  sels  acides,  composés  dont  la  formation  avec  dégagement  de  chaleur, 
règle,  à  mon  avis,  les  déplacements  réciproques  des  acides  gras,  en  l'ab- 
sence de  l'eau,  et  même  à  l'état  de  dissolutions  aqueuses. 


et  en  acide  libre  qui  surnage  ;  en  présence  d'une  quantité  d'eau  suffisante,  il  se  dissout  en- 
tièrement. Celte  dissolution  (iP  sel  +  iooP  eau)  à  7  degrés  absorbe  —  0,08;  quantité  qui 
peut  être  regardée  comme  nulle,  étant  comprise  dans  l'ordre  des  erreurs  d'expériences. 
Comme  vérification,  j'ai  ajouté  à  la  liqueur  un  e.xcés  très-notable  d'ammoniaque,  ce  qui  a  dé- 
gagé :  +26,1.  Or  2C"'H"'0' dissous,  en  présence  d'un  excès  de  AzU^  dégagent  i3,oX  2. 
J'ai  donné  ailleurs  [Annales,  loco  cicato)  les  chaleurs  de  fusion  et  de  dissolution  Jcs  acides 
formique,  acétique,  butyrique.  Pour  l'acide  vaiérique  j'adopte  lu  chaleur  de  dissolution 
+  0,7  donnée  j)ar  M.  Louguinine.  Quaut  à  l'acide  piopionique,  j'ai  cru  pouvoir  adupler 
+  0,5,  valeur  intermédiaire  à  celles  des  acides  acétique  et  butyrique,  qui  comprennent 
entre  eux  l'acide  propiouique.  Toutes  ces  valeurs  changent  un  peu  avec  la  température. 

(:.R.,i80    I"  Semeiir/-.  (T.  LXXX,  N»  10.)  7^ 


(598) 

Triacêtate  de  soude  cristallisé  :  C'H'NaOS  aC^H^O'. 

3C'n*0'  liq.  +  Na 0, HO  solide  =  triacêtate -f-H^O'  liq.,  dégage.  .      +28,7 
aC'H'O*  liq.  4-  C'H'NaO' solide  =  triacêtate  solide,  dégage "*-    9)7 

Trivalératc  d'ammoniaque  cristallisé  :  C'E^O'.  AzH',  aC^H^O'  : 

3C"'H'»0' liq.  +  AzH'gazrr  trivalérale,  dégage -1-23,7 

2C'»H'°0'  liq, +G'»H'»0',AzH»solide  =  trivalératesolide,  dégage.     -I-    6,3 

»  3.  La  chaleur  de  formation  dans  l'état  solide  des  sels  neutres  formés 
par  une  même  base  avec  la  série  des  acides  gras  est,  comme  on  le  voit, 
du  même  ordre  de  grandeur.  En  outre,  elle  est  beaucoup  plus  faible  que 
la  chaleur  de  formation  des  sels  des  acides  forts,  tels  que  les  azotates 
(AzO^Na  :  H- 35,8  par  exemple),  les  sulfates  (SO'Na  :  4- 35,7  depuis 
l'acide  liquide,  ou  +3/|,7  tous  corps  solides),  et  même  les  oxalates 
(+  26,5  tous  corps  solides).  L'acide  formique  cependant,  le  plus  riche  en 
oxygène  de  tous  les  acides  gras,  donne  lieu  à  un  dégagement  de  chaleur 
plus  considérable  que  tous  les  autres  dans  la  formation  de  ses  sels.  Les 
acides  acétique,  propionique,  butyrique,  valérique,  triméihylacétique  sont 
bien  plus  rapprochés  sous  ce  rapport. 

»  4.  Cependant  on  peut  remarquer  que  la  chaleur  de  formation  des  sels 
solides  diminue  en  général,  à  mesure  que  l'équivalent  de  l'acide  organique 
s'élève.  Celte  diminution  dans  la  chaleur  de  formation  est  corrélative  avec 
une  diminution  de  stabilité.  On  sait,  en  effet,  que  les  sels  des  acides  gras,  à 
mesure  que  l'équivalent  de  l'acide  s'élève,  éprouvent  plus  facilement  un 
conmîencement  de  décomposition  sous  l'influence  de  l'eau  qui  les  dissout, 
surtout  si  l'on  y  ajoute  le  concours  d'un  acide  faible,  tel  que  l'acide  carbo- 
nique :  l'odeur  que  les  butyrates  et  surtout  les  valérianates  exhalent  au 
contact  de  l'air  est  due  à  cette  cause.  L'élévation  de  température  l'exalte, 
et  la  distillation  en  manifeste  les  effets  en  donnant  lieu  à  ces  légères  sépa- 
rations d'acide  acétique  volatilisé  que  M.  Dibbits  a  étudiées  dans  les  der- 
niers temps.  C'est  à  la  même  cause,  se  prononçant  de  plus  en  plus  avec 
l'accroissement  de  l'équivalent,  que  j'attribue  la  décomposition  facile 
qu'éprouvent  sous  l'influence  de  l'eau  les  savons,  c'est-à-dire  les  sels  de 
potasse  et  de  soude  formés  par  les  acides  gras.  Il  suffit  de  rappeler  à  cet 
égard  les  travaux,  classiques  depuis  tant  d'années,  de  M.  Chevrcul  sur  la 
formation  des  bistéarates  et  des  bimargarates  alcalins.  Je  reviendrai,  du 
reste,  sur  ce  sujet  dans  une  prochaine  Conununication,  qui  sera  relative 
aux  déplacements  réciproques  des  acides  gras  dans  leurs  dissolutions  sa- 
lines. » 


(  599) 
THERMOCHIMIE.  —  Sur  l'acide  acétique  anhydre;  par  AI.  Berthelot. 

«  J'ai  fait  de  nouvelles  expériences  pour  mesurer  la  chaleur  dégagée 
pendant  la  transformation  de  l'acide  acétique  anhydre  en  acide  hydraté. 
J'ai  opéré  avec  un  échantillon  d'anhydride  rectifié  à  point  fixe,  parfaite- 
ment pur,  et  dont  j'ai  vérifié  la  pureté  par  l'essai  alcalimélrique  d'un 
poids  connu  de  cet  acide  anhydre  dissous  dans  la  soude.  En  faisant  celle 
expérience,  j'ai  observé  que  la  métamorphose  n'est  pas  instantanée,  même 
après  que  l'acide  a  été  complètement  dissous.  L'anhydride  dissous  existe 
donc  quelque  temps  en  présence  de  l'eau  et  même  en  présence  delà  soude. 

»  Toutefois,  l'hydratation  est  beaucoup  plus  rapide  en  présence  d'un 
alcali  qu'en  présence  de  l'eau  ;  car  elle  s'effectue  en  deux  ou  trois  minutes 
dans  le  premier  cas,  tandis  qu'elle  exige  plus  d'une  heure  dans  le  second. 
Ces  faits  prouvent  que  la  fixation  des  éléments  de  l'eau  sur  un  anhydride, 
même  dissous,  n'est  pas  toujours  immédiate.  Ils  rappellent  ceux  que  j'ai 
observés  avec  le  bisulfate  de  potasse  anhydre,  S-O'K.  [Annales  de  Chimie 
et  de  Physique,  4®  série,  t.  XXX,  p.  444-) 

»  Mes  anciennes  expériences  thermiques  (1869)  sur  l'acide  acétique 
anhydre  ayant  eu  lieu  par  la  simple  action  de  l'eau,  elles  avaient  exigé 
une  correction  très-notable  pour  la  perte  de  chaleur  par  refroidissement, 
circonstance  qui  m'a  engagé  à  les  répéter  en  présence  de  la  soude.  J'ai 
obtenu  : 

C*H'0'  -f-  NaO(i'-i:=  4'"):+  2o'^"',27  et  +  2o,3i;en  moyenne  -4- 20'^°', 29. 

L'action  de  l'acide  sur  la  soude,  à  ce  degré  de  concentration  et  à  la  même 
température,  dégageant  +  i3,33,  il  en  résulte  que  l'hydratation  de  l'acide 
acétique  anhydre  en  présence  de  beaucoup  d'eau  dégage 

20,29  —  i3,33  =  +  6,95. 

»  Les  anciennes  expériences  faites  avec  l'eau  pure  avaient  donné  +6,4. 
Le  nouveau  chiffre  me  paraît  ])lus  exact,  parce  qu'il  ne  comporte  aucune 
correction. 

»  D'après  ce  chiffre,  la  réaction 

'C*H'0^  liq.  +  HO  =  C*H*0*  liq.     dégage     -t-  6*^»',  55.  « 


78.. 


(  6oo  ) 

ZOOLOGIE.  —  Note  sur  l'origine  des  vaisseaux  de  ta  tunique  chez  les  Ascidies 
simples.  Note  de  M.  de  Lacaze-Dcthieks. 

«  On  a  fort  différemment  interprété  la  nature  de  la  tunique  des  Ascidies; 
je  parle  de  cette  couche  épaisse,  semblable  à  du  cartilage  qui,  chose  re- 
marquable, renferme  un  principe  chimique  offrant  les  caractères  de  la 
cellulose.  Si  je  définis  la  chose  dont  il  A'a  être  question,  c'est  que,  tantôt 
elle  reçoit  le  nom  de  tunique,  tantôt  celui  de  manteau.  Autrefois  on  s'en- 
tendait sur  la  signification  de  ces  mots;  aujourd'hui  il  peut  y  avoir  con- 
fusion, quoique  ces  deux  parties  soient  fort  différentes. 

»  Tout  ce  qui  touche  à  l'histoire  de^  Ascidies  est  aujourd'hui  fort  impor- 
tant, puisque,  d'après  des  théories  qui  me  semblent  loin  d'être  démontrées, 
on  veut  éloigner  ces  animaux  des  mollusques  pour  en  faire  le  Phylum  an- 
cestral  des  Vertébrés. 

»  Dans  les  comparaisons  morphologiques  que  l'on  tente  de  faire  entre 
une  Ascidie  et  un  Acéphale,  une  chose  arrête,  ou  du  moins  embarrasse, 
c'est  la  prodigieuse  vascularité  que  présente  l'enveloppe  cellulosique  ex- 
terne de  la  tunique  de  quelques  espèces.  Comment,  en  effet,  comparer  les 
coquilles,  corps  durs  à  l'apparence  quelquefois  cristalline,  à  une  masse  sou- 
vent remarquablement  cellulaire  et  riche  en  capillaires,  à  ce  point  que  les 
tissus  sont  colorés  par  les  globules  du  sang. 

»  Partisan  de  la  parenté  des  Ascidies,  non  avec  les  Vertébrés,  mais  avec 
les  Mollusques,  j'ai  souvent  été  embarrassé  par  cette  richesse  extraordi- 
naire des  réseaux  capillaires  de  la  couche  cellulosique  de  la  vraie  tunique 
ou  enveloppe  externe. 

»  Il  me  semble  aujourd'hui  que  cet  embarras  n'existe  plus  et  qu'il  est 
possible  de  s'expliquer  le  fait. 

»  C'est  dans  l'étude  des  êtres  aberrants  de  forme  et  de  disposition  orga- 
nique, que  l'on  trouve  ordinairement,  avec  beaucoup  plus  de  diffîculié  il 
est  vrai,  mais  aussi  bien  jjIus  sûrement,  les  relations  morphologiques  les  plus 
sérieuses,  les  plus  valables,  quand  une  fois  on  a  pu  parvenir  à  découvrir  le 
lien,  souvent  caché  et  difficile  à  reconnaître,  qui  les  unit  aux  êtres  norma- 
lement et  régulièrement  développés  :  c'est  ce  qui  s'est  présenté  dans  l'un 
des  types  qui  tait  l'objet  de  longues  études  poursuivies  à  Roscoff  depuis 
longtemps,  et  que  je  continue  dans  le  laboratoire  dont  j'ai  eu  l'honneur 
d'entretenir  l'Acadéniic. 

»    L'embryon  d'une  Molgulide,  que  j'avais  étudiée  comme  type,  a  pré- 


L. 


(  6o.   ) 
sente  cette  double  exception  à  la  règle  générale,  qu'il  est  privé  de  queue 
natatoire  et  qu'il  est  aveugle.  Ce  fait  bizarre  et  inattendu  m'avait  beau- 
coup intrigué,  et  naturellement  j'ai  multiplié  mes  recherches  sur  cet  être 
aberrant. 

»  L'animal  a-t-il  perdu  quelque  chose  à  n'avoir  point  de  queue  locomo- 
trice et  point  d'œil?  Cela  est  possible;  mais  en  tout  cas  il  a  acquis  en  re- 
tour  une  prodigieuse  facilité  d'adhérence  à  tout  ce  qui  le  touche. 

»  Dès  qu'il  naît,  il  se  fixe  et  s'attache  à  tout  ce  qui  est  à  sa  portée,  à 
la  coque  même  d'où  il  vient  de  sortir,  ce  qui  a  conduit  à  de  singu- 
lières méprises,  car  on  a  cru  que  la  coque  d'où  il  sort  était  destinée  à  h; 
nourrir. 

»  Cette  condition  permet  d'étudier,  sans  qu'il  soit  masqué  par  les  méta- 
morphoses ordinaires  dans  le  cas  où  les  larves  sont  urodèles,  l'accroissement 
de  la  tunique  et  du  manteau. 

»  Lorsque  la  larve  va  sortir  de  la  coque  de  l'œuf,  elle  offre  deux  couches 
bien  nettement  distinctes  :  l'une  externe,  franchement  cellulaire,  à  cellules 
placées  côte  à  côte,  comme  les  éléments  d'un  épithélium  pavimenteux; 
c'est  la  couche  périphérique  que  l'on  nomme  Vectoderme  et  qui,  à  cette 
époque  déjà,  représente  très-exactement  le  manteau,  et  une  masse  blasté- 
mique  interne  destinée  par  l'évolution  ultérieure  à  produire  les  viscères. 

»  Quand  l'éclosion  a  lieu,  l'embryon  s'échappe  en  passant  comme  à  la 
filière  par  une  fissure  de  la  coque,  et  tout  de  suite  l'on  voit  grandir  autour 
de  lui  une  couche  transparente,  hyaline,  présentant  quelques  noyaux,  la- 
quelle produit  sur  l'œil,  la  sensation  d'une  pellicule  soulevée  par  un  liquide 
incolore.  Cette  couche  est  la  tunique  dont  l'origine  semble  élre  une  sorte 
d'excrétion  à  la  surface  des  cellules  du  manteau,  qu'on  voit  toujours,  qui 
ne  changent  pas  de  place  pendant  l'évolution,  et  cela  absolument  comme 
à  la  face  interne  de  certains  conduits  excréteurs  on  voit  se  déposer  une 
couche  chitineuse,  sans  qu'où  puisse  rapporter  la  formation  à  une  autre 
cause  qu'à  une  sécrétion,  à  une  exsudation. 

»  MM.  Hertwig  et  C.  Semper,  après  beaucoup  d'autres,  ont  longuement 
discuté  sur  la  nature  histologique  de  cette  matière;  ils  ne  sont  pas  d'accord 
sur  le  fait  de  savoir  si  cette  partie  extérieure  du  corps  est  de  nature  con- 
jonctive ou  de  nature  interceUulaire.  Cela  importe  peu  ici.  Quelle  que  puisse 
être  l'opinion  au  point  de  vue  des  théories  de  l'histogenèse,  sans  le 
moindre  doute,  on  peut  voir  et  reconnaître  que  les  vaisseaux  ont  luie  ori- 
gine très-spécialement  distincte  de  la  tunique  elle-même. 

»  J'aurai,  du  reste,  moi-même  l'occasion  de  revenir  sur  cette  question 


(  6o2   ) 

de  la  nature  histologique  de  la  tunique  dont  l'intérêt  est  prouvé  par  les 
discussions  mêmes  auxquelles  elle  a  donné  lieu. 

»  Lorsque  la  jeune  Molgulide  vient  de  sortir  de  sa  coque,  on  voit  son 
corps,  ovoïde  il  n'y  a  qu'un  instant,  prendre  maintenant  une  forme  angu- 
leuse et  offrir  dans  certaines  positions  l'apparence  d'un  tricorne  analogue 
à  celle  de  quelques  grains  de  pollen  bien  connus  des  botanistes.  Chacun 
des  angles  obtus  s'allonge  et  semble  être  formé  par  la  couche  cellulaire 
externe  du  globe  embryonnaire  par  l'ectoderme  qui  le  coiffe,  et  refoule 
devant  lui  la  couche  hyaline  de  matière  cellulosique.  On  croirait  alors 
que  l'ectoderme,  qui  est  le  véritable  manteau  futur,  pousse  des  prolonge- 
ments dont  les  extrémités  sont  unies  par  une  ligne  de  contour  des  plus  dé- 
licates, ligne  qui  n'est  que  la  limite  de  la  couche  cellulosique  de  la  vraie 
tunique  dont  la  substance,  encore  peu  épaisse,  est  pénétrée  par  le  prolon- 
gement palléal  arrivant  jusqu'à  sa  limite. 

»  En  montrant  ces  embryons  à  des  personnes  qui  n'étaient  point  pré- 
venues, elles  me  disaient  :  voilà  l'embryon  encore  enfermé  dans  sa  coque 
nue;  c'était  le  jeune  animal  dont  la  tunique  extrêmement  délicate,  à 
noyaux  à  peine  visibles,  n'était  appréciable  que  par  son  contour  ou  limite. 

»  En  suivant  le  développement  de  cet  embryon,  on  voit  bientôt  que  ces 
appendices  sont  précisément  les  origines  des  innombrables  villosités  qui 
couvriront  l'adulte,  et,  chose  fort  remarquable,  qui  prouve  bien  la  réalité 
de  l'opinion  soutenue  ici,  sur  beaucoup  d'individus  on  remarque  que  les  vil- 
losités, après  avoir  pris  un  certain  degré  de  développement  et  être  devenues 
très-saillantes  en  dehors  de  la  ligne  de  contour,  se  vident,  c'est-à-dire  que 
la  partie  centrale,  celle  qui  dépend  du  manteau,  celle  qui  les  a  produites, 
rentre  et  abandonne  le  l'evêtement  qu'elle  s'était  fait  avec  la  tunique  qui 
reste  saillante  et  qui  n'est  plus  alors  une  villosité  complète.  Maintes  fois  j'ai 
vu  le  tissu  du  manteau,  l'ectoderme,  prolongé  au  centre  d'une  saillie  de  la 
tunique,  revenir  en  dedans  et  laisser  vide  la  villosité  qu'il  avait  produite 
d'abord,  la  poussant  en  dehors  par  son  allongement. 

»  Bien  que  la  tunique  soit  produite  par  l'ectoderme  ou  manteau,  il  n'en 
est  pas  moins  certain  que  l'indépendance  de  l'un  et  de  l'autre  est  facile  à 
constater. 

»  Dans  l'adulte,  la  couche  externe  du  manteau,  celle  qui  est  en  rapport 
avec  la  face  interne  de  la  tunique,  est  couverte  d'un  épithélium  pavimen- 
teux  parfaitement  évident;  après  l'action  des  liquides  conservateurs  ou 
durcissants,  elle  s'isole  avec  la  plus  grande  facilité  de  la  face  interne  de  la 
tunique,  sous  l'influence  de  la  moindre  traction. 


(  6o3  ) 

»  Il  en  est  de  même  des  vaisseaux  qui  pénètrent  la  tunique  ou  couche 
externe  cartilagineuse.  Toutes  les  fois  qu'on  prépare  de  grosses  Ascidies  et 
que  pour  en  faire  l'anatomie  on  enlève  le  corps  avec  soin,  on  est  assuré  de 
voir  suivre  les  gros  troncs  des  vaisseaux  qui  sortent  des  canaux  de  la  tu- 
nique. Quand  on  fait  des  coupes  minces  dans  celles-ci,  on  voit  de  même  si 
les  animaux  ont  été  immergés  dans  l'acide  chromique  ou  autres  liquides 
durcissants,  que  les  parois  des  vaisseaux  capillaires  se  sont  rapprochées  du 
centre  de  la  cavité  où  ils  sont  logés,  et  se  sont  séparées  de  la  tunique  tout 
comme  le  manteau. 

»  Or  c'est  dans  la  partie  centrale  de  ces  prolongements  de  la  couche 
cellulaire  du  manteau  formant  les  viilosités,  comme  il  vient  d'être  dit,  que 
se  développent  les  capillaires,  par  un  travail  histogénésique,  auquel  est  due 
en  même  temps  la  production  des  globules  du  sang. 

»  11  est  surtout  intéressant  de  comparer  ce  qui  se  passe  chez  l'adulte 
avec  ce  qu'on  observe  dans  les  viilosités  de  l'embryon  ;  pour  cela  on  n'a 
qu'à  enlever  dans  le  premier  des  viilosités,  qu'on  a  soigneusement  débarassées 
du  sable  qu'elles  portent,  et  l'on  rencontre  presque  certainement,  vers  leur 
base,  soit  sur  la  tunique,  soit  sur  leur  côté,  si  elles  ne  sont  pas  trop  longues, 
c'est-à-dire  trop  anciennes,  des  bourgeons  claviformes  qui  sont  des  rameaux 
vasculaires  naissants. 

»  Chacun  de  ces  appendices  claviformes  est  recouvert  par  une  couche  de 
la  tunique,  qui  présente  des  noyaux  plus  nets  et  plus  accusés  que  chez  l'em- 
brvon.  Au  milieu  se  trouve  un  amas  cellulaire,  dont  les  éléments,  d'abord 
peu  distincts,  se  partagent  ensuite  en  couches  dont  la  position  est  parfaite- 
ment limitée  extérieurement.  Ils  forment  un  épithélium  pavimenteux,  à 
éléments  gros  et  bien  distincts;  à  l'intérieur  ils  s'unissent  et  produisent  une 
lame  mince  destinée  à  partager  en  deux  le  canal  central;  mais  cette  lame  ne 
va  point  jusqu'au  sommet,  elle  s'arrête  assez  loin  de  l'extrémité  de  la  mas- 
sue, pour  qu'une  communication  persiste  toujours  entre  les  capillaires 
dépendant  du  système  afférent  ou  du  système  efférent. 

»  De  même  dans  l'embryon  de  la  très-jeune  Molgulide,  le  prolonge- 
ment cellulaire  du  manteau  ou  de  l'ectodei'me  renferme,  en  dedans  de  lui, 
une  masse  blastématique  qui  se  partage  et  produit  la  cloison,  ainsi  que  des 
globules  du  sang. 

»  Ainsi,  que  ce  soit  chez  l'adulte,  que  ce  soit  chez  l'embryon,  toujours 
la  couche  palléale  est  distincte  de  la  couche  de  la  tunique,  histologiquement 
et  génésiquement  parlant.  Il  me  paraît  donc  tout  naturel  déconsidérer  la  tu- 
nique comme  tout  à  fait  distincte  des  vaisseaux  qui  la  parcourent,  de  même 


(  6o4  ) 
qu'il  faut  considérer  les  vaisseaux  comme  des  prolongements  du  manteau 
ayant  pénétré  dans  la  couche  cellulosique  primitive  externe. 

»  La  présence  d'un  réseau  sanguin  dans  la  tunique  n'offre  plus  de  dif- 
ficulté morphologique,  et  le  rapprochement  de  l'Acéphale  et  du  Tunicier 
ne  me  paraît  plus  irréalisable,  au  point  de  vue  des  conditions  organi- 
ques dépendant  de  la  circulation.  On  s'explique  tout  naturellement  le 
fait  en  admettant  la  pénétration  dans  la  couche  externe  d'un  prolongement 
de  la  couche  sous-jacente.  » 

GÉOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Formation  contemporaine  dans  la  source  ther- 
male de  Bourbonne-les-Bains  [Haute- Marne)  de  diverses  espèces  minérales, 
galène,  ancjlésite,  pyrite  et  silicates  de  la  famille  des  zéolitlies,  notamment  la 
chabasie.  Seconde  Note  de  M.  Daubréë. 

«  Dans  une  Communication  toute  récente  (x),  j'ai  signalé  la  formation, 
par  la  source  thermale  de  Bourhonne-Ies-Bains,  de  diverses  espèces  miné- 
rales cristallisées  :  cuivre  gris  antimonial  (tétraédrite),  pyrite  de  cuivre 
(chalkopyrite),  cuivre  panaché  (philippsite)  et  cuivre  sulfuré  (chalkosine). 

»  La  continuation  des  travaux  de  captage  vient  de  conduire  à  d'autres 
faits.  Dans  de  nouveaux  échantillons  que  M.  ïrautmanu,  ingénieur  en  chef, 
et  M.  Bigaud,  ingénieur  ordinaire  des  Mines,  m'ont  adressés  avec  un  em- 
pressement dont  je  tiens  à  les  remercier,  j'ai  reconnu  des  espèces  que  les 
premiers  ne  contenaient  pas  et  que  je  demande  à  l'Académie  de  lui  faire 
connaître. 

»  Galène  et  ancjlésite  (plomb  sulfaté).  —  Un  fragment  de  plomb  (2)  rencon- 
tré au  fond  du  puisard  était  intimement  associé  à  deux  substances  bien  dis- 
tinctes. 

»  L'une,  d'un  blanc  un  peu  jaunâtre,  très-lourde  et  parsemée  de  par- 
celles de  plomb  métallique,  consiste  en  sulfate  de  plomb.  Çà  et  là  on  y  dis- 
tingue des  cristaux  incolores  doués  de  l'éclat  adamantin  et  de  forme  octaé- 
drique,  qui  sont  de  l'anglésite  (plomb  sulfaté).  Ce  sulfate  est  sans  doute  dû 
à  l'action  de  l'eau  minérale  sur  le  plomb  métallique. 

»  L'autre,  à  éclat  métallique,  de  teinte  bleuâtre,  a  une  structure  cris- 
talline et  présente  çà  et  là  des  géodes  tapissées  de  petits  cristaux  cubiques  : 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXXX,  p.  461  (22  février  1876). 

(2)  Ce  morcp.iLi,  qui  n'est  qu'un  fragment,  a  8  centimètres  de  longueur  sur  2  centimètres 
d'épaisspur. 


(  6o5  ) 
c'esl  de  la  galène,  tant  grenue  que  cristallisée.  Elle  forme  des  enduits  sui 
le  sulfate,  par  la  réduction  duquel  elle  paraît  avoir  pris  naissance. 

»  Quant  au  plomb  lui-même,  il  est  aigre  et  cassant;  un  essai  y  a  fait  con- 
stater la  présence  de  l'antimoine.  Ce  plomb  impur  peut  donc  avoir,  aussi 
bien  que  certains  bronzes,  fourni  de  l'antimoine  aux  cristaux  de  cuivre 
gris  qui  se  sont  produits  dans  le  voisinage  (i). 

»  Limonile.  —  Des  morceaux  de  fer  et  de  chaînes  qui  garnissaient  des 
pieux  ont  été  entièrement  changés  en  limonite,  parfois  mamelonnée;  mais 
cette  sorte  de  transformation  est  si  fréquente  qu'elle  n'est  mentionnée  ici 
que  pour  mémoire. 

»  Calcite  (chaux  carbonatée).  —  Du  carbonate  de  chaux  en  rhomboè- 
dres très-aigus  tapisse  des  géodes  avoisinant  une  pièce  de  bois  (a). 

»  Pyrite  (bisulfure  de  fer).  La  pyrite  de  fer,  dont  j'ai  signalé  l'absence 
à  côté  des  diverses  combinaisons  sulfurées  du  cuivre,  s'est  rencontrée, 
mais  à  un  niveau  inférieur,  au  fond  du  bassin,  dans  les  argiles  que  le 
sondage  traverse. 

»  Ce  sondage,  exécuté  dans  le  but  d'atteindre  plus  profondément  l'émer- 
gence de  la  source,  pénètre  dans  les  argiles  supérieures  du  grès  bigarré. 
Parmi  les  débris  pierreux  que  la  sonde  en  a  rapportés,  il  est  des  galets  et 
des  fragments  consistant,  pour  la  plupart,  en  quartz  de  plusieurs  variétés 
de  structure  et  de  couleur  :  quartz  hyalin  grenu  et  cristallin,  blanc,  gris 
ou  rouge,  avec  géodes,  et  traversé  par  quelques  veines  de  jaspe  (3);  d'au- 
tres sont  des  fragments  anguleux  de  grès  bigarré.  Quelques-uns  de  ces 
fragments  divers  sont  recouverts  d'une  couche  très-mince  d'un  vit  éclat 
métallique  de  couleur  jaune,  qui  est  de  la  pyrite.  Cet  enduit  n'atteint  pas 
1  millimètre  sur  les  échantillons  que  j'ai  entre  les  mains. 

»  Cette  pyrite,  par  la  manière  dont  elle  s'est  appliquée,  rappelle  tout 
à  fait  celle  qui  a  été  rencontrée  dans  le  bassin  de  plusieurs  sources  ther- 
males que  l'on  a  eu  occasion  de  faire  fouiller,  notamment  à  Aix-la-Chapelle 
et  à  Bourbon-Lancy.  Ce  sont  visiblement,  de  même  que  les  sulfures  cui- 
vreux associés  aux  médailles,  des  dépôts  formés  par  l'eau  minérale  sur  son 
trajet.  Ici  c'est  l'oxyde  de  fer  naturellement  mélangé  aux  argiles,  qui  paraît 


(i)  Notice  précitée,  p.  466. 

(2)  Une  de  ces  pièces  de  bois  tout  à  fait  brunie  porte  un  enduit  mince,  d'un  jaune  d'oi', 
qui  a  les  caractères  d'un  dépôt  galvanoplastique  :  c'est  du  cuivre  pyritcnx. 

(3)  Du  quartz  à  divers  états,  tels  que  les  fragments  dont  il  s'agit,  se  rencontre  parfois 
dans  les  étages  du  trias,  et  particulièrement  .1  la  base  du  grès  bigarré. 

C.  R.,  187^,  I"  Semestre.  (T.  LXXX,  N"  10.)  79 


(  GoG  ) 
avoir  passé  à  l'état  de  suUiae,  par  suite  de  la  réduction  des  sulfates  tenus 
en  dissolution. 

»  Tantôt  cet  enduit  pyriteux  est  uni  comme  un  miroir;  tantôt  il  est  hé- 
rissé de  petits  cristaux  enchevêtrés,  montrant  de  toutes  parts  des  faces  en 
forme  de  triangle  équilatéral. 

»  Cliabasie.  —  Le  béton  qui  formait  le  radier  des  galeries  romaines, 
dans  lesquelles  coulait  l'eau  thermale,  est  formé  par  des  fragments  de  bri- 
ques disséminés  dans  la  chaux. 

»  Les  boursouflures  causées  dans  les  briques  par  la  cuisson  ne  sont  pas 
toujours  restées  vides;  quelquefois  elles  sont  tapissées  de  cristaux  inco- 
lores, ayant  la  forme  d'un  rhomboèdre  voisin  du  cube  et  les  autres  carac- 
tères de  la  chabasie;  souvent  les  cavités  ont  été  enduites  d'un  dépôt  blanc 
et  mamelonné  ou  même  tout  à  fait  remplies  de  cette  substance  qui  est 
un  silicate  hydraté. 

»  Dans  la  chaux  même  du  béton  se  rencontrent  de  petits  cristaux,  tout 
à  fait  limpides  et  incolores,  ayant  la  forme  de  prismes  droits  rectangulaires. 
En  attendant  que  l'on  puisse,  malgré  leur  petitesse,  en  déterminer  la  na- 
ture avec  certitude,  on  ne  fait  que  les  mentionner  et  les  rapprocher  des 
cristaux  d'aspect  analogue  trouvés,  à  Plombières,  aussi  dans  la  chaux  du 
béton,  et  qui  consistent  en  harmotome  à  base  de  chaux  ou  christianite  (i). 

»  Les  zéolithes  de  Bourbonne  se  rencontrent  dans  des  bétons  tout  à  fait 
semblables  à  ceux  où  elles  se  sont  formées  à  Plombières  (a)  et  à  Luxeuil  (3), 
et  placées,  comme  ces  derniers,  de  manière  à  être  imbibées  et  traversées 
pendant  des  siècles  par  l'eau  thermale.  11  est  certain  que  ces  silicates  n'exis- 
taient pas  d'abord  dans  le  béton  et  qu'ils  s'y  sont  produits  ultérieurement 
par  une  réaction  opérée  sur  la  brique  ou  sur  la  chaux,  dans  les  conditions 
qui  ont  été  antérieurement  exposées. 

»  Il  n'est  pas  inutile  de  rémarquer  que  l'eau  de  Bourbonne  diffère  nota- 
blement de  celle  de  Plombières  par  sa  composition,  et  qu'elle  tient  par 

(i)  Quant  au  béton  qui  forme  le  fond  du  puisard,  les  échantillons  que  j'en  ai  reçus  ne 
renfermaient  pas  de  zéolithes.  Il  convient  toutefois  d'ajouter  que  te  béton,  au  lieu  de  bri- 
ques, contient  des  fragments  de  calcaire  compacte  et  de  grès,  substances  moins  favorables 
à  cette  formation. 

(?)  Formation  contemporaine  des  zéolithes  h  Plombières  (^Comptes  rendus,  t.  XLVÎ, 
p.  1806;  iS58)  ;  —  Annales  des  Mines,  5'  série,  t.  XII,  p.  227  ;  Bulletin  de  la  Société  géo- 
logique, 1^  série,  t.  XVI,  p.  562. 

(3)  Zéolithes  formées  j/ar  les  eauj:  thermales  de  Lit.reuil.  [Bulletin  de  la  Société  géolo- 
gique, 2' série,  t.  XVIII,  \u  108;  1860.) 


(  6o7  ) 
litre  7  à  8  grammes  de  sel  au  lien  de  o^'',3.  Cette  différence  n'a  pas  empêché 
les  zéolithes  de  prendre  naissance  dans  l'un  et  l'autre  milieu. 

»  Il  a  été  jusqu'à  présent  impossible  de  reproduire  par  des  expériences 
directes,  au  moins  à  une  température  aussi  peu  élevée,  la  plupart  des 
espèces  minérales  qui,  dans  la  source  de  Bourbonne-les-Bains,  manifestent 
une  disposition  si  prononcée  à  se  former.  En  nous  permettant  d'assister  à 
une  répétition  contemporaine  de  diverses  élaborations  des  anciennes  pé- 
riodes, la  nature  semble,  par  les  exemples  instructifs  qu'elle  nous  propose, 
nous  inviter,  une  fois  de  plus,  à  introduire  la  voie  expérimentale  dans 
l'étude  de  beaucoup  de  faits  de  la  Minéralogie  et  de  la  Géologie.   » 

BOTANIQUE.   —   Sur  un  mode  particulier  d'excrétion  de  ta  gomme  arabique 
produite  par  /'Acacia  Verek  du  Sénégal.  Note  de  M.  Ch.  Martins. 

«  Adanson,  Lamarck,  Guillemin,  Perottet  et  Ach.  Richard  ont  successi- 
vement décrit  et  figuré  l'arbuste,  appelé  Verek  par  les  indigènes,  qui  four- 
nit la  gomme  arabique  du  Sénégal.  Tous  les  voyageurs  sont  d'accord  pour 
attribuer  l'exsudation  de  la  gomme  à  l'action  des  vents  secs  du  désert  qui, 
soufflant  en  automne  et  en  hiver,  déterminent  le  fendillement  des  écorces 
ramollies  par  les  pluies  d'août  et  de  septembre  j  mais  il  est  une  autre  cir- 
constance qui  favorise  l'excrétion  delà  gomme  :  c'est  le  développement  sur 
V Acacia  Verek  d'une  plante  parasite  du  genre  Lorantlms,  analogue  à  notre 
Gui.  M.  Béranger-Féraud,  médecin  en  chef  de  la  Marine,  avait  déjà  signalé 
ce  fait  dans  le  Moniteur  du  Sénégal  du  i5  juillet  1873.  Sur  ma  demande,  il 
eut  la  bonté  de  m'envoyer  un  certain  nombre  de  branches  à' Acacia  re- 
cueillies par  M.  Boéhas,  médecin  de  la  Marine,  chargé,  en  1872,  du  ser- 
vice de  santé  au  poste  de  Dagana,  situé  à  102  kilomètres  de  l'embouchure 
du  Sénégal.  Lfes  échantillons  proviennent  tous  d'inie  forêt  de  Gommiers, 
qui  s'étend  sur  la  rive  droite  du  Sénégal,  entre  le  fleuve  et  le  lac  Cayar. 
M.  Boéhas  n'a  pu  les  couper  lui-même,  mais  ils  lui  ont  été  rapportés 
parles  Maures  Trarza,  qui  récoltent  la  gomme  :  elle  appartient  à  la  variété 
blanche  fendillée,  que  Guibourt  a  décrite  sous  le  nom  de  gomme  du  Sénégal 
du  bas  du  fleuve. 

»  Sur  seize  branches  que  j'ai  reçues,  il  y  en  a  huit  où  l'exsudation  s'est 
faite,  tantôt  sur  des  parties  non  ramifiées,  dans  d'autres  cas  au  niveau  d'iuie 
bifurcation.  La  gomme  exsudée  le  long  d'une  branche  a  l'aspect  vermicu- 
laire;  celle  qtii  est  au-dessou?  au  niveau  ou  au-dessus  d'inic  bifurcation 
se  présente  sous  forme  de  boules  ovalaires  à  surface  mamelonnée.  Sur  huit 

79" 


(  6o8  ) 
autres  branches,  on  est  frappé  de  voir  que  la  gomme  a  exsudé  près  d'un 
empâtement  qui  est  la  base  d'une  plante  parasite  greffée  sur  Vy4cacia  f^erek. 
Cette  plante  se  distingue  de  celui-ci,  en  ce  que  ses  ramifications  sont  li- 
gneuses, mais  sans  épines,  de  couleur  brune  rougeâtre  à  l'extérieur  et  à 
l'intérieur,  et  présentent  des  cicatrices  de  feuilles  opposées,  tandis  que  les 
branches  de  V^cacia  sont  épineuses,  jaunâtres  extérieurement  et  intérieu- 
rement, avec  des  cicatrices  de  feuilles  alternes.  Quelques  feuilles,  quelques 
fleurs  et  quelques  fruits  détachés  m'ont  permis  de  reconnaître,  dans  ce 
parasite,  un  Loranlhus  que  je  crois  nouveau  et  que  je  désignerai  sous  le 
nom  de  Lorantlius  senegalensis.  Il  se  rapproche  d'une  autre  espèce  sénéga- 
lienne,  le  Loranlhus  pentagonia,  D.  C,  mais  il  diffère  beaucoup  du  Lorantlius 
Acaciœ,  Zucc,  rapporté  par  Schubert  de  Palestine.  Cette  dernière  espèce 
appartient  au  groupe  Symphyanthus,  D.  C,  tandis  que  le  nôtre  rentre  dans 
la  section  Scurrula,  D.  C. 

»  C'est  à  la  base  de  l'empâtement  entre  lui  et  le  bois  de  V Acacia  que 
l'exsudation  gommeuse  a  lieu,  et,  dans  mes  échantillons,  elle  est  plus  abon- 
dante que  celle  qu'on  remarque  sur  les  branches  exemptes  de  parasite. 

»  Ln  présence  de  ces  faits,  on  se  demande  si  le  parasite  favorise  seule- 
ment ou  s'il  détermine  la  sécrétion  de  la  gomme.  Son  action  est  peut-être 
purement  mécanique;  en  effet,  entre  l'empâtement,  souvent  fort  épais,  qui 
forme  la  base  du  Lorantlius  et  la  branche  d'Acacia,  on  remarque  un  inter- 
valle, en  forme  de  sillon,  à  travers  lequel  la  gomme  s'est  fait  jour  au 
dehors  :  c'est  donc  une  voie  préparée  par  la  nature  jouant  le  rôle  d'une 
incision  artificielle,  qui  produirait  probablement  le  même  effet.  D'un  autre 
côté,  je  constate  que  le  parasite,  formant  un  sous-arbrisseau  ligneux  très- 
ramifié  avec  des  rameaux  ayant  quelquefois  o™,4o  de  longueur,  semble 
affaiblir  la  vitalité  de  Ig  branche  sur  laquelle  il  est  implanté;  celle-ci  est 
souvent  d'un  diamètre  moindre  au-dessus  qu'au-dessous  de  l'empâtement. 
Sur  une  branche,  on  constate  même  que  la  végétation  au-dessus  de  l'em- 
pâtement  se  réduit  à  deux  minces  brindilles,  et  c'est  le  parasite  lui-même 
qui  continue  et  termine  la  branche  du  sujet.  Dans  ces  cas,  l'exsudation  de 
la  gomme  aurait  pour  cause  un  état  de  souffrance  analogue  à  celui  de  nos 
Cerisiers,  de  nos  Pruniers  et  de  nos  Abricotiers,  qui  ne  sécrètent  notre 
gomme  indigène  [Guinmi  iiostras)  que  lorsqu'ils  sont  vieux  ou  souffreteux. 
Des  observations  directes,  faites  par  un  botaniste  dans  les  bois  de  Gom- 
miers, pourraient  seules  résoudre  la  question.  Le  gouverneur  du  Sénégal 
rendrait  un  vérit.ible  service  à  la  Science  et  au  Commerce  s'il  accordait  une 
escorle  suffisante  à  im  de  nos  médecins  de  la  Marine  pour  qu'il   ])uisse 


(  6o9  ) 
explorer  les  taillis  qui  sont  sur  la  rive  droite  du  Sénégal,  en  face  des  postes 
de  Dc-^ana,  Podor,  Salde,  Matam,  Bakel  et  Médine.  Un  Maure  intelligent 
pourrait  servir  de  guide,  car  ces  indigènes  connaissent  le  parasite  et  dési- 
gnent sous  le  nom  de  tabb  le  fruit  qui,  déposé  sur  les  branches  d'Jcacia, 
donne  naissance  au  Loranlhus  senecjalensis.    » 

RAPPORTS. 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Rapport  sur  les  mesures  proposées  pour  prévenir,  eu 
France^  l'invasion  des  Doryphores ,  insectes  américains  (jiii  altaijuent  la 
pomme  de  terre. 

(Commissaires,  MM.   les  Membres  des  Sections  d'Économie  rurale 
et  de  Zoologie,  M.  Milne  Edwards  rapporteur.) 

«  Par  une  Lettre  en  date  du  1 8  janvier  dernier,  M.  le  Ministre  de  l'Agri- 
culture et  du  Commerce  a  appelé  l'attention  de  l'Académie  sur  les  ravages 
produits  en  Amérique  par  le  Dorypiiora  decemlineata,  et  sur  le  danger  de 
l'introduction  de  cet  insecte  en  France.  M.  le  Ministre  a  exprimé  aussi  le 
désir  de  connaître  l'avis  de  l'Académie  sur  les  mesures  législatives  pro[)0- 
sées  pour  prévenir  cette  importation  désastreuse,  et  l'examen  de  ces  ques- 
tions a  été  renvoyé  aux  Sections  d'Économie  rurale  et  de  Zoologie. 

»  Pour  bien  juger  du  danger  que  le  Doryphore  peut  faire  courir  à  l'agri- 
culture française,  il  est  nécessaire  de  prendre  en  considération,  d'une  part, 
les  ravages  causés  par  cet  insecte  dans  son  pays  natal,  d'antre  part,  sa  ma- 
nière de  vivre  et  de  se  propager.  Mais  votre  rapporteur  croit  inutile  d'en- 
trer dans  des  détails  à  ce  sujet,  car  très-récemment  l'un  et  l'autre  de  ces 
points  ont  été  traités  avec  non  moins  de  clarté  que  de  précision  par  notre 
savant  confrère  M.  Blanchard  dans  un  Rapport  adressé  à  la  Société  cen- 
trale d'Agriculture  de  France  et  rendu  public  par  la  voie  de  la  presse.  En 
effet,  nous  n'aurions  rien  d'important  à  ajouter  au  travail  de  M.  Blan- 
chard, et  votre  Commission  a  été  unanime  à  partager  l'opinion  de  ce  zoo- 
logiste. Laissant  donc  de  côté  celte  partie  de  l'Histoire  naturelle  et  écono- 
mique du  Dorypiiora,  nous  nous  bornerons  à  examiner  les  deux  questions 
posées  par  M.  le  Ministre  :  savoir  jusqu'à  quel  point  l'invasion  du  Dory- 
piiora esta  redouter  pour  nous;  et,  en  prévision  de  ce  malheur,  con- 
vient-il de  prohiber  l'importation  des  pommes  de  terre  ptovc^iant  de  pays 
infestés  ? 


(  6io  ) 
»  Le  Dorjpliora  decemlineala  n'est  pas  une  Mouche  comme  le  supposent 
quelques  publicistes,  mais  un  Coléoptère  de  la  famille  des  Chrysoméliens.  11 
appartient  à  un  genre  qui  est  propre  au  nouveau  monde,  et  son  existence 
aux  Etats-Unis  est  connue  des  entomologistes  depuis  fort  longtemps;  mais 
c'est  depuis  peu  d'années  qu'il  s'est  multiplié  au  point  d'attirer  l'attention 
des  cultivateurs.  Il  n'est  pas  démontré  que  son  apjiarition  en  grand  nombre, 
dans  les  contrées  où  il  cause  aujourd'hui  des  dégâts  considérables,  soit  la 
conséquence  d'émigrations  progressives  des  régions  occidentales  de  l'Amé- 
rique vers  l'Atlantique,  et  ne  dépende  pas  du  développement  des  circon- 
stances biologiques  favorables  à  sa  multiplication  sur  place.  Mais,  quoi  qu'il 
en  soit  à  cet  égard,  il  nous  paraît  peu  probable  que  ce  Coléoptère  arrive 
en  Europe  et  s'y  acclimate.  Si  le  Dorjpliora  était,  comme  le  Phylloxéra, 
un  insecte  à  peine  visible  à  l'oeil  nu  et  vivant  fixé  sur  les  tubercules  des  So- 
lanées  comme  ce  dernier  vit  sur  les  racines  de  la  vigne,  son  importation 
avec  les  pommes  de  terre  apportées  d'Amérique  par  les  bâtiments  du  com- 
merce serait  fort  à  ciaindre;  mais  c'est  un  gros  Coléoptère,  ayant  environ 
I  centimètre  de  long,  et  il  ne  se  fixe  jamais  sur  ces  tubercules  :  c'est  sur  les 
feuilles  de  la  pomme  de  terre  et  de  quelques  autres  plantes  qu'il  vit 
lorsqu'il  est  à  l'état  de  larve  ;  c'est  là  aussi  qu'il  subit  ses  métamorphoses, 
et  c'est  aux  dépens  de  ces  parties  du  végétal  qu'il  se  nourrit  lorsqu'il  est 
à  l'état  parfait.  Quand  le  froid  arrive  et  que  les  fanes  se  flétrissent,  il 
descend  en  terre  et  y  reste  engourdi  jusqu'au  retour  de  la  belle  saison  ; 
mais  pendant  l'hiver  il  n'attaque  pas  les  tubercules,  et,  au  printemps  ainsi 
qu'en  été,  c'est  seulement  en  dévorant  les  parties  vertes  de  la  plante  qu'il 
en  détermine  la  mort.  Ce  ne  serait  donc  qu'empâtés  dans  des  mottes  de 
terre  adhérentes  accidentellement  à  des  pommes  de  terre  et  transportées 
avec  celles-ci  à  bord  des  navires  à  destination  de  nos  ports,  que  des  Dory- 
phores pourront  arriver  en  France,  et  il  faudrait  aussi  un  singulier  concours 
de  circonstances  pour  que  les  individus  débarqués  ainsi  sur  nos  quais  pus- 
sent trouver  à  proximité  les  conditions  d'existence  nécessaires  à  leur  multi- 
plication. Les  craintes  manifestées  à  ce  sujet  en  Suisse,  en  Belgique,  en 
Allemagne  et  dans  quelcjues  autres  parties  de  l'Europe  nous  paraissent 
exagérées;  mais,  ainsi  que  notre  confrère  M.  Blanchard  l'a  déjà  dit  dans  son 
judicieux  Rapport,  aucun  naturaliste  n'oserait  affirmer  que  les  Doryphores 
ne  puissent  être  transportés  en  Europe  avec  les  pommes  de  terre  expédiées 
des  États-Unis,  et  ne  pourraient  ainsi  s'acclimater  chez  nous  où  leur  pré- 
sence serait  probablement  non  moins  désastreuse  cpi'elle  l'est  en  Américpie; 
par  conséquent  votre  Connnission  ne  voudrait  pas,  à  l'exemple  du  bureau 


(  6ii  ) 
du  coimiierce  en  Ai)gleterre,  se  prononcer  contre  l'adoption  des  mesures 
prohibitives  destinées  à  préserver  de  ce  fléau  l'agriculture  française,   déjà 
cruellement  éprouvée  par  l'importation  du  Phylloxéra. 

»  Si  l'interdiction  de  l'entrée  des  pommes  de  terre,  de  provenance  sus- 
pecte, devait  causer  de  grandes  pertes  à  notre  commerce  maritime,  ou  dimi- 
nuer notablement  nos  ressources  alimentaires,  votre  Commission  aurait 
hésité  à  se  prononcer  en  faveur  de  la  mesure  proposée  ;  mais  la  quantité 
de  ces  produits  importés  en  France  est  peu  considérable.  Nous  en  expor- 
tons beaucoup  et  nous  n'en  tirons  que  peu  de  l'étranger.  Les  inconvénients 
résultant  de  cette  prohibition  ne  semblent  pas  devoir  être  graves,  et  la  pru- 
dence veut  que  la  perspective  d'une  gène  légère  ne  nous  fasse  pas  reculer 
devant  l'application  de  mesures  propres  à  nous  préserver  d'un  mal,  incer- 
tain il  est  vrai,  mais  dont  les  effets  pourraient  être  ruineux  pour  le  pays 
tout  entier. 

»  Nous  pensons  donc  qu'il  convient  de  ne  rien  négliger  pour  sauvegar- 
der de  ce  côté  les  intérêts  de  notre  agriculture.  Il  nous  paraît  probable  que 
dans  peu  d'années  le  fléau,  dont  l'Amérique  souffre  tant  en  ce  moment,  se 
sera  apaisé,  et  d'ailleurs  l'expérience  du  laisser-passer,  qui  va  se  pratiquer 
sur  une  grande  échelle  en  Angleterre,  ne  tardera  pas  à  nous  éclairer  sur  le 
degré  d'utilité  des  mesures  prohibitives.  D'ailleurs,  si  des  mesures  de  ce 
genre  étaient  adoptées  en  France  comme  elles  l'ont  été  en  Belgique,  en  Hol- 
lande et  dans  quelques  autres  parties  de  l'Europe,  elles  pourraient  être 
temporaires  seulement. 

»  En  résumé,  votre  Commission  adopte  donc  les  conclusions  formulées 
précédemment  par  notre  confrère  M.  Blanchard,  et  elle  a  l'honneur  de 
vous  proposer  d'émettre  un  avis  favorable  aux  mesures  prohibitives  indi- 
quées par  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce,  savoir,  l'inter- 
diction temporaire  de  l'importation  des  pommes  de  terre  provenant,  soit 
des  États-Unis  d'Amérique,  soit  des  pays  où  pareille  interdiction  n'aura  pas 
été  prononcée.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  LUS. 

M.  Fremv,  Président  de  l'Académie,  adresse  au  commandant  Mouchez 
les  paroles  suivantes  : 

«  Au  retour  du  voyage  si  long  et  si  périlleux  que  vous  avez  entrepris 
par  dévouement  à  la  science,  l'Académie  est  heureuse  de  vous  soidiailer 
la  bienvenue. 


(6.2) 

»  Je  ne  vous  parlerai  pas  des  dangers  que  vous  avez  courus  dans  l'ac- 
coniplissenient  de  votre  mission,  p.irce  que  vous  appartenez  à  un  corps 
dans  lequel  le  courage  n'est  qu'une  habitude,  et  le  patriotisme  une  tradi- 
tion qui  ne  se  dément  jamais. 

»  L'Académie  pressent  déjà  l'intérêt  qui  s'attache  aux  résultats  scienti- 
fiques que  vous  apportez;  elle  attend  vos  Communications  avec  l'impa- 
tience la  plus  vive  et  la  plus  sympathique. 

»  Nous  savons  que  le  temps  n'a  pas  favorisé  également  nos  courageux 
voyageurs  :  la  science  fera  la  part  de  ce  qui  revient  à  chacun  et  tiendra 
compte  des  obstacles  qui  se  sont  produits  au  moment  des  observations. 

»  Quant  à  nous,  qui  sommes  en  présence  des  mêmes  courages  et  des 
mêmes  dévouements,  nous  adressons  les  mêmes  félicitations  à  tous  ceux 
qui  ont  si  bien  soutenu  le  drapeau  de  la  France  dans  ce  grand  concours 
scientifique  des  nations  civilisées  :  si  nous  pouvions  avoir  des  préférences, 
elles  seraient  acquises  à  ceux  dont  les  efforts  n'ont  pas  été  complètement 
couronnés  de  succès. 

»  Je  suis  certainement  l'interprète  de  l'Académie  entière  en  déclarant 
ici  que  tous  ceux  qui  ont  pris  part  à  cette  mémorable  expédition,  comman- 
daiils,  savants  et  marins,  ont  bien  mérité  du  pays.  » 

M.  Mouchez  répond  : 

«  Je  remercie  vivement  M.  le  Président  pour  les  paroles  bienveillantes 
qu'il  vient  de  m'adresser;  la  haute  approbation  de  l'Académie  sera,  pour 
mes  collaborateurs  et  pour  moi,  la  plus  grande  et  la  plus  honorable  des 
récompenses.  » 

ASTRONOMIE.  —  Observation  du  passage  de  Vénus  effectuée  à  l'île  Saint-Paul. 
Phénomènes  optiques  observés  aux  environs  des  contacts.  Communication 
de  M.  Mouchez, 

«  Les  renseignements  détaillés  sur  l'observation  du  passage  de  "Vénus 
me  paraissant  être  ceux  qui  offrent  aujourd'hui  le  plus  pressant  intérêt, 
j'ai  cru  devoir  renvoyer  à  une  Communication  ultérieure  tout  ce  qui  con- 
cerne notre  installation  matérielle  sur  l'île,  ainsi  que  les  très-importants 
travaux  des  divers  membres  de  la  mission;  et,  en  attendant  que  la  Commis- 
sion du  passage  de  Vénus  juge  convenable  de  publier  le  Rapport  que  j'ai 
eu  l'honneur  de  lui  adresser  le  jour  même  du  passage,  j'espère  que  l'Aca- 
démie recevra  avec  intérêt  quelques  renseignements  sur  les  circonstances 
atmosphériques,  aussi  heureuses  qu'inespérées,  au  milieu  desquelles  nous 


(  6i3  ) 
avons  fait  notre  observation,  et  sur  les  phénomènes  optiques  qui  se  sont 
manifestés  aux  environs  des  contacts. 

»  Je  donnerai  d'abord  quelques  indications  générales  sur  le  climat  des 
îles  Saint-Paul  et  Amsterdam. 

»  La  grande  hauteur  et  l'isolement  d'un  îlot  au  milieu  de  l'Océan  ont 
pour  effet  constant  de  favoriser  la  formation  des  nuages,  d'attirer  et  de  re- 
tenir ceux  qui  passent  dans  son  voisinage,  et  de  troubler  l'équilibre  des 
conditions  atmosphériques  dans  une  étendue  beaucoup  plus  grande  qu'on 
ne  serait  porté  à  le  croire.  Ces  faits  sont  bien  connus  des  marins  qui  re- 
connaissent toujours  l'approche  d'une  île  aux  massifs  de  nuages  qui  se 
montrent  à  l'horizon  bien  longtemps  avant  que  l'île  elle-même  n'appa- 
raisse. 

»  Outre  ces  conditions  éminemment  défavorables,  l'île  Saint-Paul  nous 
présentait  encore  une  circonstance  toute  particulière  qui  rendait  nos  chances 
tellement  mauvaises,  que  je  ne  serais  certainement  pas  resté  sur  cette 
îlot  si  j'avais  eu  la  possibilité  de  m'établir  sur  Amsterdam. 

»  On  sait,  en  effet,  que  Saint-Paul  est  un  cratère  de  volcan  dans  lequel 
la  mer  a  pénétré  par  une  petite  brèche  du  côté  de  l'est.  Les  parois  à  pic  du 
cratère  forment  un  bassin  circulaire  de  260  mètres  de  hauteur  sur  1000  ou 
1200  mètres  de  diamètre.  Ces  parois  sont  encore  chaudes  en  beaucoup 
d'endroits,  et  à  mer  basse  on  rencontre  de  nombreuses  sources  d'eau 
thermales  qui  élèvent  sensiblement  la  température  de  la  mer  jusqu'à  une 
assez  grande  distance  des  bords;  enfin,  quand  bien  rarement  paraît  le  So- 
leil, il  a  encore  pour  effet  d'échauffer  très-rapidement  le  fond  de  ce  bassin 
abrité  des  vents  du  large.  Toutes  ces  causes  réunies  produisent  une  évapo- 
ration  constante  et  fort  active  au  fond  de  ce  cratère,  qu'on  ne  saurait  mieux 
comparer  qu'à  une  vaste  chaudière.  Quand  les  vapeurs  arrivent  au  niveau 
des  crêtes,  elles  sont  condensées  par  les  vents  froids  du  large  et  entre- 
tiennent ainsi  des  bancs  de  brume  permanents  au-dessus  de  l'île;  par  temps 
calme  ou  vent  modéré,  ce  dôme  de  nuages  était  souvent  tellement  cir- 
conscrit aux  bords  du  cratère,  qu'on  apercevait  le  ciel  bleu  et  le  Soleil 
briller  tout  autour  de  nous  à  quelques  centaines  de  mètres  de  notre  île, 
pendant  que  notre  zénith  était  absolument  couvert  jusqu'à  une  hauteur 
de  25  ou  3o  degrés. 

»  L'atmosphère  restait  d'ailleurs  si  peu  transparente  entre  les  nuages 
qu'il  m'était  impossible  de  voir  de  jour,  avec  un  excellent  équatorial  de 
8  ponces,  des  étoiles  au-dessous  de  la  deuxième  grandeur,  et  la  nuit  avec 

C.K.,1875,  i«f  Jemcsfre.  (T,  L\XX,  N"  10.)  8o 


(  6.4) 
une  lunette  méridienne  de  7  à  8  centimètres,  des  étoiles  au-dessous  de  la 
cinquième  grandeur. 

»  Pendant  les  coups  de  vent,  Irès-fréquents  jusque  vers  le  i  5  novembre, 
tout  l'horizon  était  couvert,  le  ciel  brumeux  et  pluvieux,  avec  les  vents  de 
sud-est  et  nord-est. 

»  Les  coups  de  vent  de  nord-ouest  donnaient  des  grains  de  pluie  avec 
de  fréquentes  éclaircies  de  ciel  bleu  transparent. 

»  Enfin  les  coups  de  veut  du  sud-ouest  donnaient  des  grains  de  grêle 
continuels,  mais  avec  des  éclaircies  très-courtes  et  d'une  grande  pureté. 

»  Pendant  les  trois  mois  que  nous  sommes  restés  à  Saint-Paul,  nous 
n'avons  pas  eu  un  seul  joiu'  de  temps  entièrement  découvert;  les  plus 
longues  séries  de  ciel  bleu  sans  nuages  n'ont  jamais  duré  plus  de  trois  à 
quatre  heures,  et  elles  ont  été  fort  rares.  Elles  avaient  lieu  généralement 
dans  l'après-midi,  depuis  2  heures  jusqu'au  moment  où  le  Soleil  cessait 
d'éclairer  le  fond  du  cratère. 

»  Telles  étaient  les  déplorables  conditions  atmosphériques  qui  nous 
étaient  faites  et  qui  rendaient  extrêmement  minimes  nos  chances  de  succès. 
Un  seul  espoir  nous  soutenait,  c'était  l'opinion  de  nos  pauvres  pêcheurs 
malgaches,  qui  nous  affirmaient  qu'il  y  avait  toujours  une  embellie  le  jour 
de  la  nouvelle  Lune;  j'avais  déjà  vu  ce  fait  signalé  dans  les  rapports  cjue 
les  capitaines  de  pêche  m'avaient  expédiés  sur  le  climat  de  Saint-Paul, 
avant  mon  départ  de  France.  Les  deux  nouvelles  Lunes  précédentes  d'oc- 
tobre et  de  novembre  avaient  vérifié  cette  règle  d'une  manière  très-remar- 
quable. Cette  singulière  confirmation  d'une  expérience  en  laquelle  j'avais, 
du  reste,  une  certaine  confiance  me  donnait  quelque  espoir  poiu'  le  9  dé- 
cembre, jour  de  nouvelle  Lune. 

»  Mais,  dès  le  6,  le  temps  prit  mauvaise  apparence;  le  baromètre,  qui 
était  à  670,  commençait  à  descendre;  le  ciel  était  sombre  dans  toute  l'é- 
tendue de  l'horizon. 

»  Le  7,  la  baisse  du  baromètre  continuait,  il  tombait  à  757;  le  temps 
empirait,  le  vent  soufflait  très-frais  du  nord-ouest,  puis  sautait  au  sud-est, 
amenant,  comme  d'babitude,  pluie  et  brume  épaisse. 

»  Le  8,  la  veille  du  passage,  la  baisse  du  baromètre  continue  (à  760); 
la  pluie  est  torrentielle  et  incessante,  la  mer  fort  grosse;  une  goélette  de 
pêche,  nouvellement  arrivée  sur  rade,  casse  ses  ancres  et  est  emportée  par 
le  mauvais  temps;  une  brume  épaisse  enveloppe  toute  l'île,  nous  cachant 
les  parois  opposées  du  cratère.  Je  ne  puis  trouver  un  seul  moment  favo- 
rable, pendant  toute  cette  journée,  pour  faire  la  dernière  répétition  gêné- 


(  6i5  ) 
raie  de  l'observation  avec  tout  le  personnel  à  son  poste;  la  pluie  est  trop 
forte  et  trop  continuelle.  Cependant,  bien  que  tout  me  paraisse  absolument 
et  irrévocablement  perdu,  nous  n'en  continuons  pas  moins  tous  nos  pré- 
paratifs, et  nous  terminons  à  minuit  la  préparation  de  nos  deux  cents  à 
deux  cent  cinquante  plaques  daguerriennes,  que  nous  ne  pouvions  polir  et 
sensibiliser  qu'au  dernier  moment. 

»  Quand  nous  nous  couchons  à  minuit,  la  pluie  est  toujours  aussi  forte, 
le  ciel  aussi  sombre,  et  nos  cabanes  résistent  avec  peine  à  la  violence  de  la 
tempête.  Bar.,  y^Q- 

»  La  règle  des  Malgaches  me  paraissait  cette  fois  bien  malheureusement 
compromise,  lorsque,  vers  3  heures  du  matin,  le  vent  sauta  du  nord-est 
au  nord-ouesl,  produisant  subitement  une  grande  amélioration  de  temps; 
la  pluie  cesse,  le  voile  sombre  qui  couvrait  le  ciel  se  déchire,  de  grosses 
masses  de  brume  et  de  nuages  très-bas,  chassés  par  une  forte  brise,  passent 
continuellement  sur  notre  zénith,  laissant  fréquemment  voir  le  ciel.  I,e 
baromètre  remontait  à  751;  î»u  lever  du  Soleil,  nous  courons  aux  instru- 
ments; les  derniers  préparatifs  sont  vivement  terminés,  et  à  6'' 3o'",  une 
demi-heure  avant  le  premier  contact,  chacun  est  à  son  poste,  entièrement 
prêt  à  remplir  sa  tâche,  bien  définie  et  étudiée  d'avance. 

»  J'étais  à  l'équatorial  de  8  pouces.  M.  Turquet,  lieutenant  de  vaisseau, 
qui  a  une  grande  habitude  des  observations,  était  à  l'équatorial  de  (3  pouces; 
enfin  j'avais  confié  à  M.  C.  Velain,  très-exercé  au  maniement  des  micro- 
scopes, une  petite  hmette  astronomique  de  3  pouces  avec  laquelle  il  avait 
été  s'établir  sur  le  sommet  de  l'ile;  il  s'était  plusieurs  jours  à  l'avance  bien 
exercé  au  maniement  de  cette  lunette;  MM.  Cazin  et  Rochefort  étaient  à 
la  photographie. 

»  Le  premier  contact  hit  à  peu  près  complètement  manqué;  quand  dans 
une  éclaircie  j'aperçus  une  première  très-petite  échancrure  sur  le  point  du 
disque  solaire  indiqué  par  le  fil  du  micromètre,  elle  était  déjà  lui  peu  trop 
grande  pour  me  permettre  d'estimer  avec  assez  d'exactitude  l'heure  du 
contact. 

»  J'ai  commencé  immédiatement  la  mesure  des  distances  des  cornes, 
opération  qui  me  paraît  susceptible  d'une  très-grande  précision,  mais  qui  a 
été  contrariée  par  de  fortes  rafales  agitant  la  lunette,  un  peu  trop  faible- 
ment'montée  potu'  sa  grande  dimension.  Les  difficultés  des  transborde- 
ments qu'elle  devait  subir  n'avaient  pas  permis  au  constructeur  de  lui  don- 
ner une  suffisante  stabilité  pour  des  mesures  si  déhcates. 

»   A  mesure  que  Vénus  entrait  sur  le  Soleil,  les  nuages  devenaient  de 

80.. 


(6.6) 
plus  en  plus  rares,  le  ciel  plus  transparent,  les  images  d'une  trés-granfle 
netteté.  Un  quart  d'heure  environ  ;iprès  le  premier  contact,  quand  la 
moitié  de  la  planète  était  encore  hors  du  Soleil,  j'aperçus  subitement  fout 
le  disque  entier  de  Vénus,  dessiné  par  une  pâle  auréole,  plus  brillante  dans 
le  voisinage  du  Soleil  qu'au  sommet  de  la  planète. 

»  Pour  bien  constater  que  je  n'étais  pas  le  jouet  d'une  illusion  sur  ce 
phénomène  inattendu,  je  renversai  immédiatement  de  i8o  degrés  le  cercle 
de  position  du  micromètre,  et  je  mesiu'ai  le  diamètre  de  Vénus,  encore  en 
partie  hors  du  Soleil,  et  je  le  trouvai  identiquement  égal  au  diamètre  per- 
pendiculaire à  la  ligne  de  centres;  c'était  donc  bien  réellement  le  disque 
entier  très-net  de  la  planète  que  je  voyais. 

»  Mais,  à  mesure  qu'approchait  le  deuxième  contact,  les  deux  parties 
extrêmes,  plus  visibles  de  l'auréole  avoisinant  le  Soleil,  tendaient  à  se  réunir 
en  enveloppant  d'une  plus  vive  lumière  le  segment  encore  extérieur  de  la 
planète,  et  cette  réunion  anticipée  des  cornes  par  un  arc  de  cercle  lumi- 
neux était  rendue  plus  complète  encore  par  un  petit  rebord  très-brillant  de 
lumière  terminant  l'auréole  sur  le  disque  de  Vénus.  Prévoyant  dès  lors  qu'il 
y  aurait  une  très-grande  difficulté,  sinon  une  impossibilité  absolue,  d'ob- 
server le  contact  géométrique,  je  changeai  vivement  le  verre  de  couleur 
bleu  pâle  pour  en  prendre  un  plus  foncé  à  l'aide  dutpiel  j'espérais  éteindre 
cette  auréole  et  ces  lueiu-s  accidentelles,  mais  ce  fut  inutilement;  l'auréole 
restant  toujours  visible,  je  fus  obligé  de  reprendre  le  verre  primitif. 

»  Dans  de  semblables  conditions,  je  dus  prendre  connue  heure  du  con- 
tact non  pas  la  réunion  des  deux  cornes  ou  contact  géométrique,  mais  bien 
le  moment  où  le  disque  du  Soleil  ne  me  parut  plus  déformé  par  la  lumière 
brillante  qui  enveloppait  la  planète  au  point  de  contact.  J'ai  noté  une 
différence  de  temps  très-sensible  entre  l'instant  où  j'ai  cru  que  ce  coiUact 
pouvait  avoir  lieu  et  celui  où  j'ai  acquis  la  certitude  qu'il  avait  eu  lieu. 

»  Cette  observation  me  paraît  donc  comporter  beaucoup  moins  d'exac- 
titude que  celle  des  contacts  intérieurs  du  Soleil  et  de  la  Lune  dans  les 
éclipses  totales  ou  annulaires  que  j'ai  eu  l'occasion  d'observer. 

»  Dans  ces  éclipses,  en  effet,  il  m'a  toujours  semblé  possible  de  déter- 
miner, avec  la  précision  d'une  fraction  de  seconde,  le  moment  de  la  rup- 
ture ou  de  la  formation  de  l'anneau,  lundis  que  dans  les  contacts  de  Vénus, 
on  se  trouve  en  présence  de  phénomènes  lumineux  apparents  ou  réels  assez 
compliqués,  puisqu'ils  peuvent  donner  lieu  soit  à  des  ligaments  noirs  qui 
prolongent  ou  retardent  le  deuxième  contact,  soit  à  une  auréole  brillante 
qui  réunit  les  cornes  avant  le  contact. 


(  6.7  ) 

»  La  comparaison  de  deux  observations  affectées  chacune  d'une  de  ces 
causes  d'erreurs  produirait  donc  une  erreur  double  sur  le  résidtat. 

»  Je  dois  m'empresser  d'ajouter  que  mon  collaborateur  M.  Turcpiet,avec 
un  excellent  équalorial  de  6  pouces,  n'a  pas  vu  l'auréole,  et  qu'il  croit 
avoir  obtenu  des  contacts  d'une  grande  précision. 

»  Mais  sil'observationdescontacfs  meparaitn'avoir  pas  toujonrsla  préci- 
sion qu'on  pouvait  espérer,  l'extrême  netteté  des  images  et  la  marche  assez 
rapide  des  diverses  phases  pendant  que  la  planète  traverse  l'un  ou  l'autre 
bord  du  Soleil,  me  donnent  la  confiance  la  plus  absolue  dans  les  mesures 
micrométriques  faites  dans  de  bonnes  conditions  et  surtout  dans  les  photo- 
graphies; je  ne  doute  pas  que  ce  dernier  procédé  ne  donne  la  solution 
complète  du  problème  avec  toute  l'exactitude  désirable. 

»  Pendant  presque  toute  la  durée  du  passage,  le  disque  de  la  planète 
m'a  paru  d'un  noir  très-foncé,  ayant  cependant  une  très-légère  teinte  vio- 
lette, tandis  qu'une  auréole  d'un  jaune  également  très-pâle  l'entourait  sur 
le  disqiu;  du  Soleil. 

»  La  photographie  a  fonctionné  pendant  toute  la  durée  du  passage;  nous 
avons  obtenu  un  peu  plus  d'épreuves  que  ne  l'avait  demandé  la  Commis- 
sion, parce  que,  craignant  l'incertitude  du  temps^  j'avais  recommandé  à 
M.  Cazin  d'en  faire  le  plus  grand  nombre  possible  en  opérant  continuelle- 
ment sans  autre  temps  d'arrêt  que  ceux  occasionnés  par  les  nuages. 

»  Comme  il  n'y  avait  nulle  fatigue  à  craindre  pour  les  opérateurs,  que 
toutes  les  plaques  étaient  prêtes  et  facilement  manœuvrées  sans  aucune 
crainte  d'erreur  possible,  je  ne  voyais  aucune  nécessité  de  perdre  ime  si 
rare  occasion  d'obtenir  des  documents  toujours  utilisables.  Il  fallait,  d'ail- 
leurs, tenir  compte  de  la  perte  d'un  certain  nombre  d'épreuves,  soit  par 
le  peu  de  visibilité  accidentelle  du  Soleil,  soit  par  défaut  de  préparation  de 
la  plaque. 

»  Il  a  été  obtenu  44^  épreuves  daguerriennes  et  ili2  sur  collodion,  dont 
il  faut  défalquer  67  épreuves  dagueriiennes  et  29  au  collodion  mal  venues; 
il  reste  donc  un  total  de  489  épreuves  utilisables  qui  pourront  subir  l'opé- 
ration des  mesures  micrométriques  auxquelles  on  va  très-prochainement 
procéder  sous  la  direction  spéciale  de  M.  Fizeau. 

»  Laissant  à  des  personnes  plus  compétentes  le  soin  d'expliquer  le  phé- 
nomène de  l'auréole,  je  me  bornerai  à  exposer  l'impression  qu'elle  m'a 
produite  :  elle  m'a  paru  absolument  indépendante  de  la  planète,  elle  se  com- 
portait comme  le  ferait  une  atmosphère  solaire  très-pâle  sur  laquelle  se 
projetterait  l'écran  noir  de  la  planète  et  qui  deviendrait  visible  i)ar  con- 


(  6.8  ) 
traste;  l'épaisseur  de  cette  atmosphère  pouvant  devenir  visible  aurait  à 
peu  près  aS  à  3o  secondes  de  hauteur,  puisqu'à  la  sortie  comme  à  l'entrée 
elle  n'a  été  visible  que  sur  la  moitié  du  disque  de  Vénus,  tandis  que  j'at- 
tribuerai volontiers  à  l'atmosphère  de  Vénus  la  très-mince  bande  très-bril- 
lante bordant  la  planète  et  se  fondant  dans  l'auréole  près  du  deuxième  con- 
tact. Elle  complétait  le  disque  du  Soleil  en  le  déformant  par-dessus  le  petit 
segment  encore  extérieur  de  la  planète. 

»  Le  troisième  contact  a  été  observé  également  dans  d'excellentes  con- 
dilio"ns  de  ciel  très-pur,  entre  les  nuages,  avec  les  mêmes  phénomènes  qu'au 
deuxième,  mais  en  sens  inverse.  Alors  le  ciel  a  commencé  de  nouveau  à  se 
couvrir.  A  ii''3o'",  le  quatrième  contact  a  été  observé,  fort  douteux;  les 
éclaircies  devenaient  plus  rares. 

»  Enfin  à  midi  il  m'a  été  encore  possible  d'observer  le  passage  du  Soleil 
au  méridien  à  travers  les  nuages  pour  régler  nos  chronomètres. 

»  Mais,  quelques  minutes  après,  la  pluie,  la  brume,  le  vent  recommen- 
çaient comme  la  nuit  précédente,  le  baromètre  restant  toujours  très-bas;  la 
tempête  n'était  pas  terminée,  elle  avait  été  seulement  suspendue  pendant  les 
cinq  heures  de  la  durée  du  passage,  elle  dura  encore  trente  six  heures;  ce 
ne  fut  que  le  1 1  que,  le  baromètre  étant  remonté  à  765,  le  temps  s'embellit 
définitivement  et  nous  permit  de  faire  quelques  observations  méridiennes 
pour  régler  nos  pendules  et  nos  chronomètres. 

»  Nos  pêcheurs  malgaches  s'étaient  montrés  bons  météorologistes  en  nous 
soutenant  par  l'espoir  d'une  embellie  le  jour  de  la  nouvelle  Lune. 

»  La  Dives,  qui  était  revenue  de  l'île  de  la  Réunion  pour  prendre  le  per- 
sonnel et  le  matériel  de  la  mission,  était  mouillée  à  4oo  mètres  de  notre 
observatoire;  le  capitaine  Bourguignon-Duperré,  son  état-rnajor  et  son  équi- 
page, seuls  témoins  de  nos  péripéties,  avaient  suivi  avec  anxiété  les  diverses 
phases  de  notre  observation.  Aussitôt  qu'elle  fut  terminée,  la  Dives  hissait 
en  tête  de  ses  mâts  le  pavillon  national  et  saluait  de  cinq  coups  de  canon 
le  succès  si  inespéré  de  la  mission  française  de  l'île  Saint-Paul.  » 


(  6i9  ) 


MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

GÉOMÉTRIE.  —  Solutions  géométriques  de  nouveaux  problèmes  relatifs  à  la  théo- 
rie des  surfaces  et  qui  dépendent  des  infiniment  petits  du  troisième  ordre,- 
par  M.  A.  MANNuem. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

«  Conservons  les  notations  employées  dans  ma  dernière  Communication  : 
r  est  la  section  faite  dans  S)  par  un  plan  cpielconqne  (r)  issu  d'un  point 
a  de  cette  surface;  A  est  la  normale  en  ce  point  à  (S);  b  et  c  sont  les  centres 
de  courbure  principaux  de  (S)  situés  sur  cette  normale. 

»  J'ai  montré  comment  on  pouvait  construire  aux  points  a,  b,  c  les 
asymptotes  des  indicatrices  de  la  normalie  à  (S)  qui  a  pour  directrice  V.  En 
prenant  ces  droites  comme  directrices  d'iui  hyperboloïde,  nous  avons  tout 
de  suite  l'hyperboloïde  osculateur  de  cette  normalie  le  long  de  A.  Nous 
savons  donc  :  construire  V hyperboloïde  osculateur  d'une  normalie  le  long  d'une 
génératrice  de  cette  surface. 

»  Pour  un  point  quelconque  m  de  A,  nous  pouvons  construire  la  direc- 
trice (*)  de^cet  hyperboloïde,  et  comme  celte  droite  est  l'asymptote  de  l'in- 
dicatrice de  la  normalie,  en  ce  point  nous  savons  aussi  :  construire  i asym- 
ptote de  l' indicatrice  d'une  normalie  en  un  point  quelconque  de  cette  surface. 

»  Appliquons  cela  au  problème  suivant  : 

»  Construire  le  plcui  osculateur,  en  un  point  m,  de  la  trajectoire  orthogonale  [m) 
des  génératrices  d'une  normalie. 

))  Nous  conservons  toujours  la  normalie  dont  T  est  la  directrice.  Pour 
le  point  m,  nous  connaissons  les  deux  asymptotes  de  l'indicatrice  de  cette 
surface.  Nous  pouvons  alors  déterminer,  par  rapport  à  la  normalie,  la  tan- 
gente conjuguée  de  la  tangente  en  m  à  ('«). 

»  En  employant  alors  une  construction  identique  à  celle  dont  j'ai  déjà 
fait  usage  pour  déterminer  le  plan  osculateur  de  la  courbe  de  contact  d'une 
surface  et  d'un  cylindre  qui  lui  est  circonscrit,  on  obtient  le  plan  oscula- 
teur de  (m). 


(')  Je  désigne  ainsi  iiiie  tlroite  de  l'Iiyperboloiilc  du  même  système  (lue  les  U'ois  direc 
triées  issues  de  a,  b,  c. 


(    620    ) 

»  Proposons-nous  maintenant  de  : 

»  Construire  le  rajon  de  courbure  de  la  développée  de  la  section  T,  faite  dans 
une  svrface par  un  plan  quelconque  (F). 

>)  Projetons  orthogonalement  sur  le  plan  (F)  l'hyperboloïde  oscillateur 
le  long  de  A  de  la  norinalie  à  (S),  dont  F  est  la  directrice.  La  courbe  de 
contour  apparent  de  cet  hypeiboloide  est,  au  centre  de  courbure  «  de  F, 
osculatrice  de  la  développée  de  celte  courbe.  Nous  sommes  ainsi  amenés  à 
construire  le  rayon  de  courbure  en  a  de  la  conique,  contour  apparent  de 
cet  hyperboloïde.  Cette  conique  est  déterminée  :  elle  passe  au  point  a,  sa 
tangente  en  ce  point  est  la  normale  acf.  à  F;  enfin  elle  est  tangente  aux  pro- 
jections sur  (F)  des  directrices  de  l'byperboloïde  issues  des  points  a,  b,  c. 

M  Cherchons  d'abord  à  construire  le  rayon  de  courbure  en  un  pointa  d  une 
conique,  connaissant  la  tangente  en  ce  point  à  la  courbe  el  trois  autres  points  b, 
c,d{'). 

»  La  droite  cb  rencontre  en  e  la  tangente  en  a,  qui  est  donnée;  la  droite  cd 
rencontre  la  même  tangente  au  point  /.  En  désignant  par  p  le  rayon  de 
courbure  de  la  conique  pour  le  point  a,  on  a 

^  ae       a/       ■2p  \tang/«f/        tang  6ae  / 

))  On  trouve  facilement  cette  relation  en  faisant  usage  du  théorème  de 
Carnot. 

»  Au  moyen  de  cette  formule,  on  peut  construire  p  de  différentes  ma- 
nières. 

»   Voici  maintenant  la  solution  de  ce  problème  : 

»  Construire  le  rayon  de  courbure  d'une  conique  en  un  point  de  cette 
courbe,  connaissant  la  tangente  en  ce  point  et  trois  autres  tangentes. 

»  Désignons  par  A,  r>,  C,  D  (**)  les  quatre  tangentes  données,  para  le 
point  de  contact  de  A  avec  la  conique,  par  p  le  rayon  de  courbure  de  cette 
courbe  en  a,  par  /3  et  o  les  angles  sous  lesquels  on  voit  du  point  a  les 
côtés  B  et  D  du  quadrilatère  formé  par  les  quatre  tangentes  données,  par 
b  e\.  d  les  points  de  rencontre  de  A  avec  B  et  D. 


(*)  Ces  notations  sont  particulières  ;i  ce  problème,  et  n'ont  aucun  rapport  avec  celles  qui 
viennent  d'être  employées  précédemment. 

(**)  Le  quadrilatère  ACCtt  est,  je  suppose,   convexe;  les  notations  sont  spéciales  à  ce 
problème  parliculier  et  nu  se  rapportent  pas  aux  notations  précédentes. 


{621) 

»  On  a 

^   '  aO         ad        p   \t*'>"SP         tang(îy 

»  On  arrive  facilement  à  cette  relation  en  transformant  la  relation  (i) 
par  polaires  réciproques,  le  cercle  osculateur  de  la  conique  étant  pris 
pour  cercle  directeur. 

»  On  peut  construire  |3  au  moyen  de  la  relation  (2);  on  a  alors,  d'après 
ce  qui  précède,  le  rayon  de  courbure  de  la  développée  de  T. 

»  Avant  d'aller  plus  loin,  voici  une  autre  application  de  la  relation  (2)  : 

»  Construire  le  plan  osculateur  de  la  courbe  de  contact  de  (S)  et  d'un  cône 
qui  lui  est  circonscrit. 

»  Reprenons  les  notations  rappelées  au  commencement  de  cette  Note  : 
désignons  par  s  le  sonmiet  du  cône  circonscrit  à  (S).  La  courbe  de  con- 
tact a,  je  suppose,  pour  tangente  en  son  point  a  la  droite  at.  J'appelle  (T) 
le  plan  osculateur  de  cette  courbe  de  contact  T.  L'hyperboloïde  oscu- 
lateur de  la  nornialie  à  (S),  dont  T  est  la  directrice,  contient  trois  nor- 
males de  (S)  infiniment  voisines.  Il  résulte  de  là  que  le  cône  supplémen- 
taire du  cône  directeur  de  cet  hyperboloïde  et  dont  le  sommet  est  en  s  est 
osculateur  le  long  de  as  du  cône  circonscrit  à  (S).  Si  l'on  mène  alors  au 
point  rt  im  plan  perpendiculaire  à  as,  la  trace  de  ce  cône  supplémentaire 
sur  ce  plan  est  une  conique  dont  on  connaît  en  a  la  tangente  et  le  centre 
de  courbure.  On  connaît  aussi  deux  tangentes  de  cette  conique  :  ce  sont 
les  traces,  sur  le  plan  de  cette  courbe  des  plans  menés  de  s  perpendicu- 
lairement aux  directrices  de  l'hyperboloïde,  issues  des  points  b  et  c. 

»  Cette  conique  est  donc  déterminée  et  par  suite,  d'après  ce  que  j'ai  dit, 
le  cône  directeur  de  l'hyperboloïde.  Nous  pouvons  alors  déterminer  la  di- 
rectrice de  cet  hyperboloïde  qui  passe  en  a  et  ensuite  le  plan  (r)  demandé. 

»   Revenons  à  notre  problème  : 

»  Construire  le  rajon  de  courbure  de  la  développée  de  T  (deuxième  solu- 
tion). 

»  Appelons  p  le  centre  de  courbure  de  la  section  laite  dans  (S)  par  le 
plan  {Aat).  La  projection  de  [i  sur(r)  est  le  centre  de  courbure  a  de  F. 
Par  la  droite  a/3  menons  un  plan  parallèle  à  at.  Ce  plan  est  normal  au 
point  /3  à  l'hyperboloïde  osculateur  de  la  normalie  dont  T  est  la  direc- 
trice. 

»  Désignons  par  p  le  rayon  de  courbure  de  la  section  faite  par  ce  plan 
dans  cet  hyperboloïde,  par  r  le  rayon  de  courbure  de  la  dévelop|)ée  de  T. 

c.  R.,  1S75,  I"  Semestre,  {T.  LXXX,  N"  10.)  "' 


•  (    622    ) 

On  sait  que  le  produit  des  rayons  de  courbure  p  et  r  est  égal  au  produit  des 
rayons  de  courbure  principaux  de  l'hyperboloïde  au  point  (i.  D'après 
cela,  pour  déterminer  /-,  nous  devons  chercher  le  produit  de  ces  rayons  de 
courbure  principaux,  ainsi  que  le  rayon  p. 

»  Il  est  facile  de  voir  que  ce  produit  des  rayons  de  courbure  princi- 
paux est  égal  au  carré  du  produit  qu'on  obtient  en  multipliant  fl/3  par  la 
colangente  de  l'angle  zat. 

))  Le  rayon  p  étant  le  rayon  de  courbure  de  la  section  normale  faite  dans 
l'hyperboloïde  parle  plan  qui  contient  aj3  est  facile  à  construire;  car  ou 
connaît  la  tangente  en  /3  à  cette  section,  ainsi  que  les  trois  points  de  cette 
courbe,  qui  sont  les  traces  sur  son  plan  des  trois  directrices  connues  de 
l'hyperboloïde.  En  employant  la  relation  (i),  on  peut  calculer  ou  construire 
p  et  par  suite  on  a  r. 

»  Construire  le  rayon  de  courbure  de  la  développée  de  la  section  normale 
faite  dans  ( S  )  par  le  plan  [kat). 

»  Ce  cas  particulier  est  intéressant,  parce  que  la  connaissance  du  centre 
de  courbure  de  cette  courbe  entraîne  la  connaissance  du  centre  de  cour- 
bure de  la  développée  d'une  section  quelconque  faite  dans  (S)  par  un  plan 
mené  par  at  :  puisque  tous  ces  centres  de  courbure  sont  dans  un  même 
plan,  qui  coniient  «T. 

»  Désignons  par  S  la  section  faite  dans  (S)  par  le  plan  [kat).  L'asym- 
ptote de  l'indicatrice  en  a  de  la  normalie  à  (S),  dont  S  est  la  directrice,  est 
maintenant  la  droite  a^  elle-même.  En  opérant  comme  précédemment,  on 
doit  prendre  la  section  faite  dans  l'hyperboloïde  osculateur  de  cette  nor- 
malie par  un  plan  issu  de  ]3  et  perpendiculaire  à  A'.  La  conique  résultant 
de  cette  section,  devant  passer  par  la  trace  de  at  sur  son  plan,  a  un  point 
à  l'infini  sur  sa  normale  en  |3;  en  tenant  compte  de  cette  remarque,  l'ex- 
pression de  p  d'après  (i)  est  très-simplifiée.  La  solution  s'achève  comme 
précédemment. 

»  Construire  les  rayons  de  courbure  principaux  en  un  point  quelconque  m 
dune  normalie. 

))  Nous  connaissons,  d'après  ce  qui  précède,  les  asymptotes  de  l'indica- 
trice en  m.  En  prenant  les  bissectrices  des  angles  formés  par  ces  droites,  on 
a  la  direction  des  lignes  de  courbure  de  la  normalie  en  m.  Il  suffit  alors,  par 
ces  bissectrices,  de  mener  des  plans  normaux  à  la  normalie  et  de  détermi- 
ner au  moyen  de  la  relation  (i)  les  rayons  de  courbure  de  ces  sections  nor- 
males pour  avoir  les  rayons  de  courbure  principaux  demandés.  » 


l  6:.3) 

MÉCANIQUE.  — 5«r  les  modes  d'équilibre  limite  les  plus  simples  que  peut  présenter 
un  massif  sans  cohésion  fortement  comprimé,  application  au  cas  d'une  masse 
sablonneuse  qui  remplit  l'angle  dièdre  compris  entre  deux  jdcms  rigides,  mobiles 
autour  de  leur  intersection.  Note  de  M.  J.  Boussinesq,  présentée  par 
M.  de  Saint-Venant. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

«  Une  Note  insérée  au  Compte  rendu  du  i"  mars  traite  des  modes  les 
plus  simples  d'équilibre  limite  que  comporte  une  masse  pulvérulente  for- 
tement comprimée,  lorsqu'on  ne  s'occupe  que  des  équations  indéfinies  d'un 
pareil  équilibre.  Je  me  propose  de  montrer  aujourd'hui  que  les  formules 
que  j'ai  obtenues  résolvent  le  problème  de  l'équilibre  limite  d'une  masse 
sablonneuse  serrée  entre  deux  plans  rigides  se  coupant  sous  un  angle 
quelconque. 

»  Considérons  actuellement  la  formule  (i8)  et  les  deux  dernières  (i3), 

en  tenant  compte  de  ce  que  le  rapport  ^  conserve  constamment  le  même 
signe  dans  chaque  mode  d'équilibre  :  leur  comparaison  montre  que  les 
deux  dérivées  -^j  7"/(~x)  changent  de  signe  aux  mêmes  moments  ou 
pour  les  mêmes  valeurs  de  a',  savoir,  pour  celles  qui  sont  de  la  forme 

(.o)  a'=.in±[l-^l), 

i  désignant  un  nombre  entier  quelconque.  A  ces  moments,  s'il  s'agit  des 

modes  d'équilibre  représentés  par  (12)  et  (i4),  l'angle  — ^  devient 


a  COSô  .        ,     /  îf 

21)  =«7:±    7  + 

^       '  cosy  \4 

et  l'on  a  par  suite 

(a2)        5  «"  «  -  «  =  '^  (^^^,  -  '  )  ±  -^  Lsin(9o"  +  0^in(9o"+y)J- 

S'il  s'agit,  au  contraire,  des  modes  d'équilibre  représentés  par  (16)  et  (19), 
a',  ne  variant  en  tout  que  dans  un  intervalle  égal  à  n,  ne  devient  que  deux 

fois  delà  forme  (20) .  Lorsque  c  est  >  i ,  ou  que  arc  tang  1  y  ^"^rî  "^^"S  (i  "^  2)  J 
est  <  ^  4-  ^,  ces  deux  valeurs  particulières  de  a'  sont 

(23)  a'=sou|  +  |,     soit7T-(j  +  |): 

81.. 


(  624  ) 
elles  sont  toutes  les  deux  relatives  au  second  des  modes  d'équilibre  que 
représente  la  formule  (i6),  et  alors,  d'après  cette  même  formule  (16), 

où  l'on  aura  c  =  Cose',  les  valeurs  de  — ?  simultanées  à  celles  faS)  de  «', 

'  cosy  \      I  •> 

seront 

,     ,.  aSins'  .  s'  .  e' 

(2a)  =    soit 1      soU   -\ : 

^       '  cosy  1.  2     - 

les  valeurs  correspondantes  de  S  égalent  en  conséquence 

^        '  1  ■}.     |_sin(90° — (f  Sm£  J 

la  première  de  celles-ci  est  supérieure  et  la  seconde  inférieure  à  —  90°. 
Lorsque  c  est  <  —  1 ,  les  deux  valeurs  de  a'  qui  annulent  la  dérivée  de  Q  sont 

(^6)  .-=p(^-|-^): 

elles  sont  relatives  au  premier  mode  d'équilibre  représenté  par  (16);  de 
plus,  c  égalant  alors  —  Cose,  les  valeurs  correspondantes  de ^  ne  dif- 
fèrent pas  des  deux  (24),  et  celles  de  ô  égalent,  par  suite, 
,     -,                           Q__j-    2    r  (90°  + y) s^l 

^     ' ''  t:oS^  L.sin(i)o"  —  ly)  Sllis'J' 

la  première  est  encore  plus  grande  que  la  seconde. 

»  Les  valeurs  (20),  (23)  ou  (26)  de  a',  rendant  le  rapport  — — =•  alterna- 
tivement maximum  et  minimum,  lui  donnent  une  valeur  absolue,  tangç, 
l>récisément  égale  au  coefficient  de  frottement  de  terre  sur  terre.  Si  donc 
ou  mène,  à  partir  de  l'origine  O  et  normalement  aux  xy,  des  plans  incli- 
nés sur  l'axe  polaire  d'angles  ayant  précisément  les  valeurs  correspondantes 
(22),  (a5)  ou  (2^)  de  0,  la  condition  bien  connue,  qui  est  spéciale  aux 
parois  solides  rugueuses,  se  trouvera  satisfaite  d'elle-même  sur  toute  l'éten- 
due de  cbacun  de  ces  plans.  Concevons,  par  suite,  deux  parois  pareilles, 
mobiles  tout  au  plus  autour  de  leur  intersection,  et  qui,  coïncidant  avec 
deux  consécutifs  de  ces  plans,  comprendraient  entre  elles  le  massif  sablon- 
neux :  l'expression  considérée  (10)  ou  (i5)  de  w  représentera  évidemment 
un  de  ses  modes  d'équilibre  limite,  et  même,  si  l'on  donne  successivement 
à  c  diverses  valeurs,  tous  les  modes  d'équilibre  limite  possibles,  dans  les- 
quels l'inclinaison  a'  de  la  pression  minima  en  cbaquo  point  siu*  le  rayon  /■, 


(  625  ) 
mené  de  l'origine  au  même  point,  est  invariable  tout  le  long  rie  chaque 
rayon  ou  ne  dépend  que  de  l'angle  polaire  Q. 

»  L'expression  f  lo)  de  ts  ne  fait  ainsi  connaître,  pour  ime  valeur  donnée 
de  £,  que  l'équilibre  de  deux  massifs  distincts,  savoir  de  ceux  qu'on  ob- 
tient en  faisant  varier  a',  dans  un  intervalle  total  égal  à  tt,  d'abord  entre 

::p  |î  4-  1  j  ,  ensuite  entre-  q:  [^  —  |j  •  En  effet,  quand  a!  croît  de  in, 
Q  croît  de  la  quantité  constante  in  (7^  —  ')'  ^t  T',  donné  par  (i4),  ne 
change  pas;  d'où  il  suit  qu'en  faisant  varier  a!  de  /;:  —  (7  +  ^)  ^ 
^/  _j_  I  jt:  _  I  ^  4-  1 1,  les  deux  massifs  en  équilibre  qu'on  serait  amené  à 

considérer  ne  différeraient  des  deux  précédents  que  par  une  orientation 
différente  autour  du  pôle  O.  Les  formules  (a6)  et  (aS)  montrent  aussi  que  la 
double  expression  (i5)  de  w  ne  représente,  pour  une  valeur  donnée  de  s', 
que  deux  équilibres  distincts,  obtenus  également  en  faisant  varier  «',  pour 

l'un  entre  zpf^  -1-  ^j,  pour  l'autre  entre  ^  =F  (7  —  f  )  ' 

»  Dans  tous  ces  modes  d'équilibre,  la  dérivée— 71  constamment  positive, 

M 
reçoit  des  valeurs  égales,  ainsi  que  -p  et  p,  quand  on  donne  à  la  variable  a' 

deux  valeurs  équidistantes  de  sa  moyenne  zéro  ou  90  degrés  :  le  massif  est 
donc  statiquement  symétrique  par  rapport  à  son  plan  bissecteur,  ou,  si  l'on 
considère  seulement  une  coupe  suivant  le  plan  des  xj-,  par  rapport  à  son 
axe,  bissectrice  de  l'angle  A  que  forment  ses  deux  faces.  Mais  les  modes  ob- 
tenus en  faisant  varier  a'  de  part  et  d'autre  de  zéro  diffèrent  de  ceux  qui  le 
sont  en  faisant  varier  a'  de  part  et  d'autre  de  90  degrés,  en  ce  que,  aux  divers 
points  de  Vaxe  du  massif,  l'inclinaison  a',  sur  cet  axe,  de  la  pression  minima 
est  nulle  dans  les  premiers,  égale  à  90  degrés  dans  les  seconds  :  aux  divers 
points  de  l'axe,  les  pressions  sont  donc  minima,  et  il  y  a  dilatation,  le  long 
de  cet  axe  dans  les  premiers  modes;  elles  sont  au  contraire  maxima,  et  il  y 
a  contraction,  le  long  du  même  axe  dans  les  seconds. 

»   Si  l'on  compare  les  valeurs  (i3)  et  (18)  de  —  et  de  -77  (  3^)'  on  re- 


dx'  d'j!  \  — 3Ly 

connaît  que  ces  deux  dérivées  ont  ou  n'ont  pas  le  même  signe,  suivant 
que  c  est  >  ou  <^  sin  ^.  Dans  le  premier  cas,  la  pression  exercée  par  le 
massif  sur  les  plans  solides  qiii  le  limitent  latéralement  est  dirigée  vers  leur 
intersection,  et  la  masse  pulvérulente  tend  à  se  porter  vers  celle-ci  ou  est 
sur  le  point,  en  se  détendant  latéralement,  d'écarter  les  deux  plans  de  ma- 


(  626  ) 

nière  à  accroître  leur  angle  A.  Dans  le  second  cas,  au  contraire,  la  masse 
pulvérulente  est  sur  le  point  de  s'éloigner  de  l'intersection  des  plans  so- 
lides, qui  tendent  à  se  rapprocher  en  réduisant  leur  angle  A.  On  distinguera 
très-simplement  un  équilibre  limite  par  détente  latérale  d'un  équilibre  limite 
par  resserrement  latéral,  en  affectant  du  signe  moins,  dans  ce  dernier  cas, 
l'angle  des  deux  plans,  ou  en  supposant  A  négatif.  Grâce  à  cette  conven- 
tion, on  trouvera,  au  moyen  de  (22),  (aS)  et  (27),  que,  pour  toute  valeur 
de  £  et  e',  les  massifs  en  équilibre  limite,  avec  dilatation  le  long  de  l'axe,  que 

représentent  les  formules  (10)  et  (i5)  lorsque  «'  y  varie  entre  qr  (  ^  +  -  j» 
ont  pour  angles  A 

(28)     A  =:soitCOSffl       .    ,       „ 4 -, 7. ^    '  SOltCOSffi H^ ^L^    , 

'^       '  f  Lsin(9o''-t- e)       sin(9o''-l-<f)J  'LSins        sln^9o°^-(j))J 

tandis  que  les  massifs,  en  équilibre  limite  avec  contraction  le  long  deiaxe, 
que  représentent  les  mêmes  formules  quand  a'  y  varie  entre  -  zp  (^  —  î  J , 

ont  pour  angles  A 

,      ,     ,             .              r    (qo°— ç)             (90°— e)  "1        .               r   (90"— (p)  e'  1 

2Q)    A  =  SOltCOSffl      -^, --^—    .    ■;       „ -.   b  soit  COSO     -^, ^— ^  — ?r—     • 

\   ^'  '  \jm{ç)0°  —  i/)       sin(90°— £)J  '  |_sin(90''  — y)        SinsJ 

»  Quand  t'  décroît  de  oo  à  zéro,  et  que  t  grandit  de  —  90°  à  90°,  les 
deux  valeurs  (28)  de  A  croissent  sans  cesse,  avec  continuité,  la  se- 
conde de  —  (90°4-  y)  à  —  [(90°  -\-  (f)  —  sin  (90°  +  9)],  la  première  de 
—  [(90"  -\-  9)  —  sin  (90°  +  (j))]  à  00  ;  en  même  temps,  la  première  des  va- 
leurs (29)  de  A  croît  de  même  de  —  oo  à  (90°  —  9)  —  sin  (90° —  9),  tan- 
dis que  la  seconde  décroît  de  (90°  —  9)  à  (90°  —  9)  —  sin  (90°  —  9). 
Ainsi,  un  massif  admet  un  mode  d'équilibre  unique,  avec  dilatation  le  long  de 
l'axe,  ou  n'admet  pas  du  tout  d'équilibre  pareil,  suivant  que  son  angle  A  est  ou 
n'est  pas  supérieur  à  —  (90°  —  9)  5  *'  admet  im  mode  d'équilibre  unique,  avec 
contraction  le  long  de  l'axe,  ou  n'en  admet  pas,  suivant  que  son  angle  A  est  ou 
n'est  pas  inférieur  à  90°  —9.  Si  l'angle  A  du  massif  est  connu,  les  valeurs 
qu'il  faudra  attribuer  au  paramètre  caractéristique  s  ou  e'  pour  que  les 
expressions  (10)  ou  (i5)  de  ts  représentent  ses  modes  d'équilibre  s'obtien- 
dront en  résolvant  par  rapport  à  s  ou  à  s' les  équations  transcendantes  (28) 
ou  (29),  dont  une,  ou  deux  au  plus,  admettront  chaque  fois  une  racine 
réelle,  d'ailleurs  unique. 

»  Les  relations  (i/j)  et  (19)  montrent  que  la  pression  moyenne  p  aug- 
mente ou  diminue,  lorsque  la  dislance  r  au  sommet  grandit,  suivant  que  c 
est  >  ou  <  sin9,  c'est-à-dire  suivant  que  l'équilibre  limite  est  produit /;nr 


(  627  ) 
délente  latérale  ou  par  resserrement  latéral.  En  étudiant  les  variations  de  la 
dérivée  de  a.  en  a',  on  reconnaît  aussi  que,  à  égale  distance  /•  du  sommet, 
p  croît  en  allant  de  l'axe  aux  deux  bords  quand  il  y  a  dilatation  le  long  de 
l'axe,  et  décroît  au  contraire  quand  il  y  a  contraction  le  loncj  de  l'axe.  » 

MÉCANIQUE.  —  Mémoire  sur  des  formules  de  perturbation;  par  M.  Emile 
Mathieu.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoyé  a  la  Section  de  Géométrie.) 

«  Poisson,  après  avoir  donné  ses  formules  générales  de  perturbation 
dans  le  XV  Cahier  du  Journal  de  C Ecole  Polytechnique.,  les  applique  au 
mouvement  d'un  corps  solide  qui  tourne  autour  d'un  point  fixe  et  sur  le- 
quel n'agissent  que  des  forces  perturbatrices;  il  trouve  ainsi,  page  336, 
des  formules  toutes  semblables  à  celles  qui  sont  relatives  à  la  perturbation 
du  mouvement  d'une  planète,  ou  plus  généralement  du  mouvement  d'un 
point  attiré  par  un  centre  fixe.  Dans  ces  formules,  les  constantes  relatives 
au  plan  de  l'orbite  sont  remplacées  par  celles  qui  déterminent  la  position 
du  plan  dit  invariable,  qui  est  fixe  quand  le  corps  n'est  sollicité  par  au- 
cune force,  mais  qui  se  déplace  par  suite  de  la  perturbation. 

»  La  parfaite  analogie  de  deux  systèmes  de  formules  provenant  de  ques- 
tions si  différentes  a  attiré  l'attention  de  Jacobi  ^(tome  III  de  ses  Œuvres, 
page  27g).  Après  avoir  embrassé,  par  une  même  analyse,  les  deux  pro- 
blèmes précédents,  pour  montrer  qu'ils  sont  réductibles  aux  quadratures, 
il  motitre  que  les  six  constantes  arbitraires  devenues  variables  satisfont  à 
six  équations  canoniques.  Il  développe  ensuiteseulementles  calculs  indiqués 
parle  point  attiré  par  un  centre  fixe,  et  retrouve  la  signification  des  deux 
constantes  conjuguées  à  l'axe  du  plan  invariable  et  à  sa  projection  sur  l'axe 
des  z;  mais,  si  l'on  applique  ces  mêmes  calculs  au  mouvement  d'un  corps 
solide  autour  d'un  point  fixe,  on  est  conduit  à  des  opérations  beaucoup 
plus  compliquées  que  ne  le  nécessite  la  question  en  elle-même,  et  il  paraît 
difficile  de  déterminer,  par  ce  moyen,  la  signification  de  ces  deux  con- 
stantes. D'ailleurs  même,  la  démonstration  obtenue  ainsi,  cessant  d'être  la 
même  que  pour  le  premier  problème,  ne  saurait  être  préférée  à  celle  de 
Poisson,  qui  est  moins  compliquée  que  ne  le  serait  la  première. 

))  D'après  cela,  il  m'a  semblé  utile,  pour  la  philosophie  de  la  science,  de 
chercher  à  démontrer  entièrement,  par  la  même  analyse,  les  deux  systèmes 
de  formules  de  perturbation,  et,  en  cherchant  à  reconnaître  quels  sont  les 


(  628  ) 
liens  communs  aux  deux  questions,  je  suis  arrivé  à  un  théorème  général 
qui  renferme  la  démonstration  de  ces  deux  systèmes  de  formules. 

»  Imaginons  un  système  quelconque  de  points  matériels  pour  lequel  la 
fonction  de  forces  ne  change  pas  par  un  déplacement  des  trois  axes  rectan- 
gulaires de  coordonnées  autour  de  l'origine;  supposons  aussi  que  ces 
points  puissent  être  assujettis  à  des  liaisons,  pourvu  que  les  équations  de 
condition  qui  en  résultent  ne  changent  pas  par  la  même  transformation  de 
coordonnées;  de  sorte  que  le  principe  des  forces  vives  et  les  trois  intégrales 
des  aires  ont  lieu.  Quoique  la  position  relative  des  points  du  système 
change,  on  peut  se  représenter,  à  chaque  instant,  ce  système  et  les  trois  axes 
principaux  d'inertie  qui  y  sont  relatifs;  désignons  sous  le  nom  d'équaleur 
le  plan  qui  passera  par  deux  de  ces  axes  principaux,  et  considérons  la 
trace  A  de  l'équateur  sur  le  plan  invariable.  Désignons  par  a  l'angle  de 
cette  trace  A  avec  une  droite  fixe  menée  par  l'origine  dans  le  plan  inva- 
riable; l'origine  des  angles  a  étant  arbitraire,  on  peut  regardera  comme 
s' ajoutant  à  une  constante  arbitraire  —g  dans  les  intégrations;  mais 
nous  compterons  a  à  partir  de  la  ligne  des  nœuds  (nous  appelons  ainsi  la 
trace  du  plan  invariable  sur  le  plan  des  Jc,  y),  et  alors  g  désignera  la  dis- 
tance angulaire  d'un  point  du  plan  invariable  à  cette  ligne  des  nœuds. 

»  Désignons  par  a  la  longitude  du  nœud,  comptée  à  partir  d'une  droite 
fixe  située  dans  le  plan  desx,  y;  par  h  la  constante  des  forces  vives;  par  k 
l'axe  du  plan  invariable;  par  |3  sa  projection  sur  l'axe  des  s,  et  par  x  la  con- 
stante qui  s'ajoute  au  temps  t. 

»  Enfin  supposons  que  les  équations  différentielles  du  problème  soient 
intégrées  et  qu'on  ajoute  des  forces  perturbatrices;  exprimons  la  fonction 
perturbatrice  ii  au  moyen  de  t  et  des  constantes  arbitraires  introduites  par 
l'intégration,  parmi  lesquelles  se  trouvent  /z,  p,  k,  t,  a,  g  ;  alors  on  aura  les 
six  équations  canoniques 


(«) 


»  Ces  équations  canoniques  ne  permettent  pas  de  déterminer  en  général 
les  six  quantités  h,  t,...,  parce  que  il  dépend  d'autres  éléments;  mais  ces 
quantités  sont  entièrement  déterminées  dans  les  deux  problèmes  dont  nous 
avons  d'abord  parlé.  Dans  le  cas  d'un  corps  attiré  par  un  centre  fixe,  le 


,lh  _  du 

dt  ~  T'' 

dt  _ 
di  ~' 

da 
-dh' 

da.          da 

dt   ~   ^' 

dt 

dn 

rfX       da 
Tt  ~  dg' 

d,'  _ 
dt 

da 
~  Tk' 

(629    ) 

plan  invariable  devient  celui  de  l'orbite,  et  l'on  peut  prendre  pour  g  la  dis- 
tance du  périhélie  à  la  ligne  des  nœuds;  on  a  des  formules  connues  de  per- 
turbation. Dans  le  cas  d'un  corps  solide  qui  tourne  autour  d'un  point  fixe, 
sollicité  seulement  par  des  forces  perturbatrices,  on  a  des  formules  qui  re- 
viennent à  celles  de  Poisson  citées  ci-dessus.  Enfin,  dans  le  cas  le  plus  gé- 
néral, si  les  six  éléments  h,  t,...  varient  très-peu,  on  pourra  les  calculer 
avec  une  grande  approximation  pendant  un  temps  considérable,  à  l'aide  de 
quadratures  déduites  de  ces  formules.  Supposons,  par  exemple,  qu'un 
corps,  en  s'approchant  de  notre  système  planétaire,  vienne  à  le  troubler,  les 
formules  (a)  permettront  de  calculer  le  déplacement  du  plan  invariable. 

»  Les  considérations  qui  m'ont  permis  d'établir  les  formules  [a)  m'ont 
conduit  aussi  à  des  conséquences  relatives  à  l'abaissement  des  équations 
de  la  Dynamique. 

»  Supposons  in  corps  réduits  à  des  points  qui  s'attirent  mutuellement; 
on  peut  d'abord,  d'après  la  transformation  de  Jacobi,  les  remplacer  par 
m  —  I  corps,  et  je  montre  que  le  système  des  équations  de  leur  mouvement 
peut  être  ramené  à  2{3m  —  5)  équations  canoniques.  Le  principe  des  forces 
vives  en  sera  encore  une  intégrale,  et,  en  éliminant  dt,  on  pourra  dire  que 
le  système  des  équations  est  de  l'ordre  Gm  —  i  2.  Supposons,  en  particulier, 
que  l'on  ait  trois  corps  seulement,  et  l'on  peut  reconnaître  sans  faire  de 
choix  de  variables,  sanscalcids,  et  seulement  par  la  considération  de  prin- 
cipes généraux,  que  le  Problème  des  trois  Corps  peut  être  ramené  à  un  sys- 
tème d'équations  différentielles  du  sixième  ordre.  C'est  une  question  sur 
laquelle  je  poiurai  revenir  dans  un  autre  article.    » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Elude  micwgmphique  de  la  fabrication  du  papier; 
par  M.  Aimé  Girard.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Decaisne,  Fremy,  Chatin.) 

«  L'étude  des  fibres  végétales  a  déjà  préoccupé  plus  d'un  observateur, 
et  les  travaux  accomplis  dans  cette  direction  par  M.  Alcan  et  par  M.  Vétil- 
lart  sont  aujourd'hui  classiques;  mais,  jusqu'ici,  les  recherches  de  cette 
nature  ont  eu  pour  objectif  principal  les  applications  de  ces  fibres  aux  arts 
textiles;  leur  emploi  en  papeterie  n'a  été,  à  ma  connaissance,  l'objet  d'au- 
cun travail  d'ensemble.  C'est  cependant  à  des  états  tout  différents  qu'elles 
se  présentent  aux  appareils  de  la  filature  ou  de  la  papeterie,  et,  d'autre 
part,  le  nombre  des  fibres  végétales  utilisées  pour  la  fabrication  du  papier 
est  beaucoup  plus  grand  que  celui  des  fibres  employées  à  la  fabrication 
des  tissus.  Ces  considérations  m'ont  conduit  à  f;ùre  des  matières  végétales 

G.  U.,   iR;-),  1"  Semestre.  (T.  I.XXX,  N»  10.)  '^^ 


(  63o  ) 
que  le  fabricant  de  papier  fait  entrer  dans  la  composition  de  ses  pâtes,  une 
étude  détaillée  :  c'est  le  résumé  succinct  de  cette  étude  que  j'ai  l'honneur 
de  présenter  à  l'Académie. 

»  J'ai  déterminé,  sous  le  microscope,  la  forme,  les  dimensions,  les  carac- 
tères particuliers  de  chacune  de  ces  fibres  ;  puis,  pour  fixer  les  résultats  ob- 
tenus, je  les  ai,  sous  le  microscope  même,  reproduits  par  la  photographie. 

»  Enfin  j'ai  pu  préciser  les  conditions  que  doit  remplir  une  fibre  pape- 
tière  de  bonne  qualité. 

»  1°  On  se  préoccupe  beaucoup,  en  général,  de  la  longueur  des  fibres 
destinées  à  la  fabrication  du  papier  ;  cette  préoccupation  n'a  pas  de  raison 
d'être.  La  pâte  finie,  en  effet,  raffinée,  est  formée  de  tronçons  mesurant  tan- 
tôt de  -(%  à  -pij  de  millimètre  :  c'est  le  raffiné  court  ;  tantôt  de  t  millimètre  à 
i"'™,5  :  c'est  le  raffiné  long.  Rarement  cette  longueur  est  dépassée.  Or  il 
n'est  aucune  fibre  végétale  dont  lu  longueur  ne  soit  au  moins  égale  à  celle 
que  je  viens  d'indiquer  ;  toutes  les  fibres  végétales  sont  donc  assez  longues 
pour  fournir  du  papier. 

»  2°  Mais  une  considération  extrêmement  importante,  c'est  que  la  fibre 
soit  mince,  allongée;  que  le  rapport  de  sa  longueur  à  son  diamètre,  en  un 
mot,  soit  considérable.  Ce  rapport,  dans  la  fibre  recoupée  et  roulée  à  la 
raffineuse,  doit  être  de  5o  au  minimum. 

»  3°  La  fibre  doit,  en  outre,  être  élastique,  et  enfin  elle  doit  pouvoir  se 
contourner  sur  elle-même  avec  facilité;  c'est  à  ce  prix  seulement  que  le 
feutrage  donne  à  la  feuille  de  la  solidité. 

»  4°  P«i''  contre,  la  ténacité  de  la  fibre  dont  on  se  préoccupe  souvent  n'a 
qu'une  importance  secondaire.  Lorsqu'une  feuille  de  papier  se  déchire,  en 
effet,  les  fibres  ne  se  rompent  presque  jamais;  elles  échappent  entières  en 
glissant  entre  leurs  voisines. 

»  Ces  principes  posés,  j'ai  rangé  provisoirement,  et  en  attendant  des 
études  nouvelles,  les  principales  matières  employées  à  la  fabrication  du 
papier  en  cinq  classes  différentes,  dont  j'indique,  en  détail,  dans  le  Mémoire 
joint  à  cette  Communication,  les  caractères  distinctifs;  ces  cinq  classes 
peuvent  être  ainsi  définies  : 

»  1°  FlBRILS  RONDES  FRANCHEMENT  NERVDRlîES.  —  Dans  cette  claSSe  OU 
ne  peut  guère  ranger  que  deux  sortes  de  fibres  :  celles  du  chanvre  et  du  lin. 

»  2°  Fibres  rondes  lisses  ou  faiblement  nervurées.  —  Je  range  dans 
cette  classe  le  sparte,  les  jutes,  le  phormium,  le  palmier  nain,  enfin  le  hou- 
blon et  la  canne  à  sucre. 

»  3°  Matières  fibro-celluleuses.  —  On  ne  compte,  dans  cette  classe, 
qu'une  seule  matière  :  c'est  la  pâte  obtenue  en  soumettant  la  paille  de 


(63i  ) 
seigle  ou  de  blé  à  l'action  de  lessives  caustiques  marquant  4  degrés  ou 
5   degrés  B.,  et  portées  sous  pression  à  la  température  de  i3o  à  i45  de- 
grés pendant  six  heures.  Elle  est  nettement  caractérisée  par  la  coexistence 
dans  le  produit  lessivé  de  fibres  et  de  cellules. 

»  4°  Fibres  plates.  —  On  trouve  dans  cette  classe  les  fibres  de  coton, 
celles  extraites  du  bois  par  procédé  chimique,  c'est-à-dire  par  l'action  de 
lessives  caustiques  marquant  lo  degrésB.,  et  chauffées  à  i85  degrés  C.  sous 
pression,  celles  de  l'agave,  du  mûrier  à  papier  et  enfin  du  bambou. 

»  5°  Matières  imparfaites.  —  Pour  terminer  la  liste  des  matières  vé- 
gétales employées  à  la  fabrication  du  papier,  il  convient  de  citer  la  pâte 
obtenue  par  la  mouture  mécanique  du  bois.  Ce  ne  sont  pas  des  matières  fi- 
breuses à  proprement  parler,  mais  bien  des  faisceaux  de  fibres  encore  adhé- 
rentes entre  elles,  quelquefois  en  petit  nombre  ;  d'autres  fois,  au  con- 
traire, en  nombre  considérable  et  constituant  alors  de  véritables  bûchettes 
courtes  et  larges.  Dans  l'un  comme  dans  l'autre  cas,  d'ailleurs,  l'élément 
séparé  mécaniquement  du  bois  est  non  pas  une  fibre  élastique,  mais  un 
fragment  rigide,  incapable  de  se  contourner,  de  donner,  par  conséquent, 
un  feutrage  solide  et  dont  l'introduction  dans  les  papiers  d'usage  ne  peut 
jM'oduire  que  des  résultats  imparfaits.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Action  du  sulfate  d'ammoniaque  dans  la  culture 

de  la  betterave.   Note  de  M.  P.  L.4grange.  (Extrait.) 

(Commissaires:  MM.  Peligot  et  Thenard.) 

«  Résumé  :  i°  Le  sulfate  d'ammoniaque  paraît  être  un  engrais  très-favo- 
rable à  la  culture  de  la  betterave;  il  en  augmente  la  richesse  en  sucre  et 
donne  à  la  pulpe  une  plus  grande  valeur. 

M  2°  Ce  sel  semble  être  facilement  décomposé  par  la  betterave,  qui  s'assi- 
mile l'amuioniaque  de  préférence,  tandis  que  les  alcalis  et  les  carbonates 
alcalins  et  alcalino-terreux  de  la  terre  végétale  neutralisent  l'acide  sulfu- 
rique  au  fur  et  à  mesure  de  sa  mise  en  liberté  par  le  travail  de  la  nutrition 
de  la  plante,  qui  agit  alors  comme  un  véritable  et  admirable  réactif.   » 

LITHOLOGIE  MICROGRAPHIQUE.  —  Nodules  à  ivollastonite,  pyroxène  fassnïtc, 
grenat  mélanitedes  laves  de  Santorin.  Note  de  M.  F.  Fouqdé,  présentée  par 
M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

(Commissaires:  MM.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée,  DesCloizeaux.) 

M  Ces  nodules  sont  de  deux  espèces,  les  uns  creux,  les  autres  pleins. 
»  Les  premiers  sont  rugueux  et  au  plus  de  la  grosseur  du  poing.  Leur 

8a  . 


(  632  ) 

partie  périphérique  forme  une  croûte  complètement  close  ou,  au  con- 
traire, percée  d'ouvertures.  L'intérieur  est  rempli  d'un  lacis  de  très-petits 
cristaux.  Parmi  ces  cristaux  on  distingue  : 

»  1°  Des  prismes  de  wollastonite,  dont  la  longueur  atteint  jusqu'à  4  mi'- 
limètres,  tandis  que  la  largeur  dépasse  rarement  o™'",3,  et  l'épaisseur  o""",02. 
Ces  prismes,  vus  au  microscope,  sont  incolores  et  transparents.  La  face  la 
plus  développée  est  presque  toujours  la  base  p;  l'allongement  a  lieu  paral- 
lèlement à  l'arête  pk,  et  l'angle  des  arêtes  pg,  et  pk,  est  souvent  modifié 
par  l'arête  inclinée  pe,  (i).  Les  inclinaisons  de  matière  étrangère  y  font  fré- 
quemment défaut;  cependant  il  n'est  pas  rare  d'y  voir  de  petites  cavités 
à  gaz  et  des  inclusions  solides.  Ces  cavités  et  ces  inclusions  sont  arrondies 
ou  polygonales;  leur  diamètre  est  au  plus  de  o^^jOi  ào™™,02. 

»  2°  Des  cristaux  de  pyroxène,  verts,  affectant  la  forme  de  la  fassaïte  et 
implantés  surtout  le  long  des  arêtes  allongées  des  prismes  de  wollastonite. 

»  3°  Des  globules  jaune  verdâtre,  un  peu  troubles,  offrant  rarement 
des  contours  polygonaux  bien  accusés.  Ces  corps  n'exercent  aucune  action 
sur  la  lumière  polarisée.  Ils  se  dissolvent  facilement  dans  les  acides.  Ils 
sont  surtout  implantés  sur  le  milieu  des  faces  p  de  la  wollastonite. 

»  4°  Un  minéral  jaune  clair,  transparent,  très-bien  cristallisé  sous 
forme  de  lamelles  carrées,  tronquées  parfois  par  des  arêtes  inclinées  de 
i35  degrés  par  rapport  aux  arêtes  du  carré.  Ces  cristaux  sont  isolés  ou  dis- 
posés en  groupements  de  nombreux  individus.  Ils  sont  criblés  d'inclusions 
irrégulières,  constituées  par  une  matière  solide  translucide,  de  couleur  sou- 
vent foncée.  Ils  sont  solubles  dans  les  acides  et  sans  action  sur  la  lumière 
polarisée.  Relativement,  ils  sont  peu  abondants.  On  les  trouve  surtout  au 
point  d'implantation  des  prismes  de  wollastonite.  Leur  diamètre  est  au  plus 
de  o'"™,6.  La  matière  qui  les  constitue  est  un  silicate  calcaire  et  sodique, 
contenant  du  chlore. 

»  4"  Des  grenats  mélanites  en  dodécaèdres  rhomboïdaux  très-régulière- 
ment développés.  On  les  trouve  seulement  dans  certains  échantillons.  Ils 
sont  ordinairement  portés  sur  un  faisceau  saillant  de  prismes  de  wollasto- 
nite ou  logés  dans  leurs  interstices.  Leur  diamètre  est  d'environ  ^  milli- 
mètre. Ils  sont  fusibles  en  un  verre  noir  non  buUeux,  lentement  attaquables 
par  l'acide  chlorhydrique.  Us  résistent  très-bien  à  l'action  momentanée  de 
l'acide  fluorhydrique.  Au  microscope,  on  voit  qu'ils  sont  transparents, 
bruns,  verdâtres,  très-homogènes. 


(i)  Le  minéralogiste  Hesseiiibcrg,  ayant  eu  à  sa  disposition  des  cristaux  ])lus  volumineux, 
0  pti  déterminer  plusieurs  autres  faces  de  modification. 


(  633  ) 

»  Les  nodules  de  la  seconde  espèce  sont  soudés  à  la  lave,  qui  les  en- 
veloppe et  les  pénètre.  Ils  sont  d'un  jaune  vert  clair,  parsemés  de  quelques 
taches  blanches  et  de  veines  grises.  Ils  ressemblent  à  des  morceaux  cal- 
caires, mais  ils  ne  dégagent  pas  d'acide  carbonique  au  contact  des  acides. 
La  matière  principale  de  ces  nodules  est  constituée  par  un  mélange  des 
éléments  signalés  dans  les  nodules  creux,  à  l'exception  du  grenat  qui  fait 
défaut.  Les  cristaux  de  wollastonite  et  les  globules  troubles  jaune  verdàtre 
dominent  dans  ce  mélange.  Ils  y  sont  associés  sans  ordre  déterminé  et  en 
proportions  variables. 

»  Certaines  taches  blanches  sont  dues  à  de  petites  agglomérations  de 
cristaux  de  wollastonite;  d'autres  sont  produites  par  des  grains  de  quartz 
irrégulièrement  conformés,  dont  les  plus  gros  ont  au  plus  i  millimètre  de 
diamètre.  Ces  grains  sont  d'un  blanc  un  peu  laiteux.  Les  réactions  qu'ils 
présentent  au  chalumeau,  la  manière  dont  ils  se  comportent  avec  l'acide 
fluorhydrique,  leurs  apparences  à  l'examen  microscopique  ne  laissent  au- 
cun doute  sur  leur  nature.  Ils  agissent  vivement  sur  la  lumière  polarisée  et 
renferment  un  grand  nombre  d'inclusions  gazeuses  ou  solides,  mais  au- 
cune inclusion  liquide. 

»  Les  veines  grisâtres  qui  traversent  les  nodules  sont  formées  par  la 
lave  de  la  roche  ambiante  ;  cette  lave  est  profondément  modifiée,  ainsi  que 
celle  qui  entoure  directement  les  nodules.  Les  cristaux  de  feldspath,  de 
pyroxène  et  de  fer  oxydulé  y  sout  bien  moins  nombreux  que  dans  la  lave 
ordinaire  de  cette  éruption;  ils  sont  clair-semes  au  milieu  d'une  matière 
amorphe,  transparente,  sans  action  sur  la  lumière  polarisée.  Leurs  faces 
sont  connne  rongées,  principalement  près  des  bords.  La  matière  amorphe 
est  remplie  de  petites  inclusions  gazeuses  ou  solides,  ces  dernières  diverse- 
ment colorées,  quelques-unes  avec  bulles  de  gaz  de  mobilité  douteuse.  Ces 
inclusions  sont  pour  la  plupart  sans  action  sur  la  lumière  polarisée. 

Wollastonile 

fendillée  Wollaslonile  Wollastonite        Moyenne 

Wollastonite          et  avec  associée  associée               des 

très-              quelques  à  la  au  grenat      cinq  analyses         Oxygène 

limpide.          inclusions.  fassaite.  mélanite.     de  wollastonite.  correspondant. 

Silice 40,2  45,-'>  43,9  43,7  43)6  45,o               24." 

Chaux 4i,8  43,0  4i,3  42,3  43,3  42,1                 11,8  j   1^  ,, 

Magnésie 1,0  0,8  2,0  1,9  2,0  1,6                  o,G  j 

Alumine 7,1  7,2  9,5  8,6  8,1  8,1                   3,7»     ,^^. 

Fc'C 2,9  2,8  2,5  2,5  3,3  2,8                 0,8) 

99,5  99,3  99,2  iuo,9  99,3  99,6 

Poids  spécifique.  2,910  2,906  2,915  2,913  2,920  2,913 

K;ipport  moyen  des  quantités  d'oxyc^'nc. . .     Si  :  R  :  U  =  3,;)  :  2  :  0,7. 


(  634  ) 
M  La  perte  par  calcination  est  en  moyenne  0,8  pour  100;  elle  est  due  en 
majeure  partie  à  un  dégagement  de  chlorure  de  sodium  qui  paraît  im- 
prégner la  surface  des  cristaux.  Matière  jaune  verdâtre 

(mélange 
de  globules  troubles       Matière  amorphe 
et  de  cristaux  de  la  lame 

Grenat  miilanilc.  Pyroxène  fassaïte.  de  wollaslonite).         en  veines  grises 

. — ^ - ^ —  ■ ^ — ■       Moyenne  de  trois  analyses  dans 

Oxygène.  Oxygène.  avec  écarts  faibles.  les  nodules. 

Silice 35,6  19,0  46,8  24,9  35,6  60,8 

Alumine 12, •!  5,-j  )  ro,i  /|,6  i5,8  16, 5 

Fe=0' 16,8  3,3)9)0  10,4  FeO  2,1   \  4,4  2,9 

CaO 33,3  9,3  1  2/1,9  7,1?  11,9  41,1  3,9 

MgO 1,2  0,5  P'**  6,8  2,7)  1,8  0,9 

NaO 0,0  0,0  0,3  7,4 

KO 0,0  0,0  0,0  1,5 

99,1  99.0  99.0  99.9 

Poids  spécifique.     3,33o  3,a53  2,85o  2,55o 

Rapports  La    matière   l'oud 

Rapports  des  proportions  d'oxygène.  des  proportions  d'oxygène,     gu    un   verre   noir. 

Si  :  R  :  R  =  2,1  :  I  :  1,1                        Si  :  R  =  2  ;  0,96         en  perdant  2,6  pour 
Calculé. . .     2  ;  1  :  I  Calculé 2:1       100. 

»  Les  conclusions  suivantes  ressortent  de  ces  analyses  : 

0  1°  La  wollastonite  et  le  pyroxène  fassaïte,  qui  lui  est  associé,  sont  l'un 
et  l'autre  très-riches  en  alumine,  et  cependant  ce  sont  des  minéraux  bien 
cristallisés,  très-purs.  L'alumine  n'y  peut  provenir  de  la  présence  d'un  mi- 
néral étranger,  accidentellement  renfermé  dans  ceux-ci.  Elle  y  est  réelle- 
ment à  l'état  d'élément  chimique  intégrant.  Du  reste,  il  est  à  remarquer  que 
sa  formule  chimique  est  analogue  à  celle  du  pyroxène  et  de  la  wollaslo- 
nite (m Si),  si  on  la  considère  comme  composée  par  l'union  de  deux  oxydes 
d'aluminium  Àl  et  Al.  L'absence  d'isomorphisme  de  ces  minéraux  isolés 
ne  constitue  pas  un  obstacle  absolu  à  leur  union. 

»  2"  Les  globules  jaune  verdàtre  et  les  cristaux  jaune  clair  isotropes, 
qui  accompagnent  la  wollastonite  et  forment  avec  elle  la  matière  des  no- 
dules pleins,  sont  plus  basiques  encore  que  la  wollastonite. 

»  3°  Les  grenats  ne  sont  pas  manganésifères.  Ils  ne  contiennent  pas 
d'alumine  en  excès  par  rapport  à  ce  qu'exige  leur  formule  ordinaire.  A  ce 
point  de  vue,  ils  forment  un  contraste  frappant  avec  la  wollastonite  et  la 
fassaïte  qui  leur  sont  associées. 

»  4°  La  matière  amorphe  de  la  lave  en  contact  intime  avec  les  nodules 
de  wollastonite  diffère  très-peu,  par  sa  composition,  de  la  lave  commune  de 
l'éruption,  malgré  les  profondes  modifications  physiques  qu'elle  a  subies. 
Elle  est  seulement  plus  riche  en  chaux,  dont  elle  contient  3,9  pour  100,  au 


(  635  ) 
lieu  de  i,3  que  possède  cette  dernière.  Le  fer  y  est  aussi  à  un  degré  plus 
avancé  d'oxydation. 

»  5°  L'abondance  de  la  chaux  dans  tous  ces  silicates  et  la  présence  du 
quartz  dans  les  nodules  semblent  démontrer  qu'ils  doivent  leur  origine  à  des 
blocs  de  calcaire  siliceux,  qui  se  sont  trouvés  emprisonnés  dans  la  lave  en 
fusion  et  charriés  par  elle,  » 

CHIRURGIE.  —  Du  traitement  de  l'obslraction  intestinale  au  début,  par  l'aspiration 
des  gaz.  Note  de  M.  Démarquât,  présentée  par  M.  Larrey. 

(Commissaires  :  MM.  Cloquet,  Larrey,  Gosselin.) 

«  L'obstruction  intestinale  est  une  maladie  assez  commune,  contre  la- 
quelle le  chirurgien  et  le  médecin  sont  souvent  impuissants.  M.  Nélaton  avait 
eu  recours  avec  succès,  dans  un  certain  nombre  de  cas,  à  la  gastro-entéroto- 
mie;  mais  celte  opération  est  fort  grave  par  elle-même,  et  elle  n'est  point  à  la 
portée  de  tous  les  chirurgiens  :  ajoutons  que  souvent  elle  fut  suivie  de  re- 
vers. Le  but  de  notre  éminent  collègue,  en  la  pratiquant  de  bonne  heure, 
était  de  faire  cesser  la  fympanite  et  de  rétablir  le  cours  des  matières  in- 
testinales. Le  mouvement  péristal tique  de  l'intestin  une  fois  rétabli,  on 
a  vu  quelquefois  l'obstruction  intestinale  cesser  et  le  malade  guérir. 

))  Je  me  suis  demandé  si  l'on  ne  pourrait  point  arriver  au  même  résultat 
en  ayant  recours  à  un  procédé  opératoire  plus  facile  et  à  la  portée  de  tous 
les  médecins.  Qu'arrive-t-il,  quand  un  obstacle  vient  à  s'opposer  brusque- 
ment au  cours  des  matières  intestinales  ?  Les  gaz  s'accumulent  dans  la 
partie  supérietn-e  de  l'intestin,  une  tympanite  se  manifeste;  en  même  temps 
que  surviennent  des  nausées  et  des  vomissements,  les  anses  intestinales  se 
paralysent  par  excès  de  distension.  Si  donc,  au  début  du  mal,  quand  aucune 
péritonite  locale  ou  générale  n'est  encore  survenue,  on  vient  faire  cesser  la 
tympanite,  en  enlevant  artificiellement  les  gaz,  on  voit  quelquefois  se  rétablir 
les  mouvements  de  l'intestin  et  avec  eux  disparaître  l'obstacle.  Trois  fois, 
depuis  quelques  années,  j'ai  eu  recours  à  ce  procédé,  et  j'ai  vu  guérir  les 
malades. 

»  En  résumant  le  dernier  fait  qui  s'est  passé  sous  nos  yeux,  dans  mon 
service  d'hôpital,  je  vais  indiquer  le  mode  opératoire  suivi. 

«  Un  jeune  homme  de  vingt  ans  entre  dans  mon  service  le  jeudi  aS  février  avec  tous  les 
signes  d'une  obstruction  intestinale  dont  le  début  remontait  au  mardi  23  :  nausées,  vomis- 
sements niuqueux,  tympanite  considérable,  insomnie,  suffocation  par  refoulement  du  di.i- 


(  636  ) 

phragme.  Le  26,  à  la  visite  du  matin,  l'état  du  malade  s'était  encore  aggravé.  Sans  hésiter,  je 
fais,  avec  le  trocart  capillaire  de  l'appareil  du  D''  Potain,  quatre  ponctions  intestinales,  deux  à 
droite  et  deux  à  gauche,  et,  faisant  l'aspiration  des  gaz  intestinaux  à  l'aide  du  vide  fait  dans  un 
grand  bocal,  nous  enlevons  ainsi  une  grande  quantité  de  gaz  :  le  ventre  s'affaisse  aussitôt, 
le  malade  se  trouve  soulagé;  immédiatement  après  cette  opération,  on  entend  les  mou- 
vements des  gaz  dans  l'intestin,  grâce  au  rétablissement  péristaltique  de  ce  dernier.  I.e  ma- 
lade est  mieux  dans  la  journée  :  il  ne  peut  supporter  l'application  de  la  glace  sur  l'abdomen, 
mais  il  prend  sans  vomir  un  peu  de  bouillon  et  du  calomel  à  dose  fractionnée.  La  nuit  du 
26  au  27  a  été  moins  mauvaise  que  les  deux  précédentes.  Le  27,  au  matin,  la  tympanite 
persiste,  on  voit  les  anses  intestinales  se  dessiner  sous  les  parois  de  l'abdomen  ;  de  nouveau, 
je  fais,  avec  un  trocart  capillaire,  quatre  nouvelles  ponctions;  j'enlève,  comme  la  veille, 
une  grande  quantité  de  gaz  et  de  matières  intestinales  liquides  :  vers  2  heures  de  l'après- 
midi,  fout  accident  avait  cessé.  « 

»  Il  n'est  point  de  médecitî  qui,  au  début  du  mal,  ne  puisse  recourir  à 
un  pareil  mode  opératoire  et  arrêter  dans  sa  marche  une  maladie  souvent 
mortelle.  » 

M.  MicHAL  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  portant  pour 
titre  «  Détermination  du  résultat  de  plusieurs  observations;  mesure  de  la 
précision  du  résultat  ». 

L'auteur  se  propose  d'appliquer  quelques  règles  du  calcul  des  probabi- 
lités aux  résultats  obtenus  dans  diverses  séries  de  recherches  expérimen- 
tales :  il  a  résumé  ces  règles  et  en  a  fait  une  première  application  aux  ex- 
périences faites  par  M.  Dumas  pour  déterminer  l'équivalent  chitnique  de 
l'hydrogène.  Il  compte  les  appliquer  également  à  la  détermination  de  la 
vitesse  de  la  lumière  par  les  expériences  de  M.  Cornu,  dès  qu'il  aura  les 
données  de  ces  expériences  à  sa  disposition. 

(Commissaires  :  MM.  Le  A'^errier,  Faye,  Fizeau.) 

M.  Larpent  adresse  une  Note  concernant  ses  recherches  relatives  à  la 
marche  à  contre-vapeur,  et  prie  l'Académie  de  comprendre  ces  recherches 
parmi  les  pièces  destinées  au  Concours  du  prix  de  Mécanique. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  E.  Regmeu  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  portant 

pour  titre  :  «  Nouveaux  procédés  hydrostatiques  de  déplacements  com|ien- 

satetu's  ». 

(Commissaires:  MM.  Morin,  Phillips,  Tre.sca.) 


(  637  ) 
M.  P.  Trémaux  adresse  une  Note  intitulée  «  Expressions  réelles  de  la 
force  vive  et  conditions  spéciales  de  la  force  de  pesanteur  et  de  la  force  ca- 
lorifique M. 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Resal. ) 

M.  L.  Berthout  adresse  une  Note  relative  à  la  découverte  d'un  gisement 
de  fossiles,  dans  la  plaine  d'Écouché,  arrondissement  d'Argentan  (Orne). 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

M.  A.  Nettee  adresse  une  Note  relative  à  l'injection  de  l'eau  dans  la 
cavité  péritonéale,  comme  traitement  de  la  péritonite. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Gosselin.) 

M.  J.-B.  ScHNETZLER  adressc  une  Note  concernant  l'importation  pro- 
bable du  Phylloxéra,  depuis  plusieurs  années,  dans  le  nord  de  la  Suisse 
par  les  cépages  américains. 

M.  DE  Saint-Trivier  adresse  une  Note  relative  à  des  expériences  effectuées 
pour  la  destruction  du  Phylloxéra,  par  le  déchaussement  des  ceps  jus- 
qu'aux racines  principales,  au  commencement  du  mois  de  janvier.  Les 
pluies  abondantes  et  les  gelées  semblent  avoir  tué  l'insecte;  on  a  trouvé  la 
base  des  ceps  couverte  d'individus  morts.  L'auteur  attend  l'arrivée  de  la 
belle  saison  pour  savoir  si  le  Phylloxéra  a  réellement  disparu  des  vignes 
ainsi  traitées. 

MM.  H.  Jacquinot,  M.  Sitler,  Hemmerich,  Séjournât,  Prcnneadd, 
C.  Zenker,  J.  Andero,  D.  Guadagxixi,  du  Closel,  Rohart,  Guédon  adres- 
sent diverses  Communications  relatives  au  Phylloxéra. 

Toutes  ces  pièces  sont  renvoyées  à  l'examen  de  la  Commission. 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  de  l'Instrcction  publique  adresse  un  projet  de  médaille 
commémorative  du  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil,  composé  par  M.  Oudiné. 

Cette  pièce  est  mise  sous  scellé  et  renvoyée  à  la  Commission  adminis- 
trative. 

C.R.,  iS'jS,  1"  Semestre.  (T.  LXXX,  N"  10.)  ^^ 


(  638  ) 

M.  le  Ministre  des  Tbavacx  publics  adresse  un  exemplaire  du  Rapport 
de  la  Commission  chargée  de  proposer  les  mesures  à  prendre  pour  remédier 
à  l'infection  de  la  Seine  aux  environs  de  Paris. 

M.  le  Directeur  général  des  Douanes  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de 
l'Institut,  le  Tableau  général  des  mouvements  du  cabotage  en  1873. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  ouvrage  de  MM.  Dupont  et  Bouquet  de  ta  Gr/e,  intitulé  :  «  Bois 
indigènes  et  étrangers  »  ; 

2°  Un  Traité  élémentaire  de  Minéralogie,  par  M.  F.  Pisani; 
3°  Une  nouvel  le  édition  du  «Traité  élémentaire  de  Chimie»  àeW.L.Troost; 
l\°  Des  «  Expériences  toxicologiques  et  agronomiques,  relatives  à  l'épiam- 
pélie  phylloxérique  »,  par  M.  j4.  Baudrimont ; 

S"  Des  «  Recherches  sur  les  altérations  spontanées  des  œufs  »,  par  M.  U. 
Gayon. 

GÉOMÉTRIE.  ~5ur  certaines  perspectives  gauches  des  courbes  planes  algébriques. 
Note  de  M.  Halphen,  présentée  par  M.  de  la  Gournerie. 

«  On  doit  à  M.  Nother  la  proposition  suivante,  qui  est  d'une  grande  im- 
portance dans  les  théories  se  rattachant  aux  fonctions  abéliennes  :  J  toute 
courbe  plane  atgébiique  on  peut  Jaire  correspondre  point  par  point  d'autres 
courbes  qui  ne  possèdent  que  des  singularités  ordinaires.  [Gùlt.  Nadir.,  1871.) 
»  Voici  une  proposition  nouvelle  qui  comprend  la  précédente  : 
»  Théorèmk.  —  Toute  courbe  plane  algébrique  est  la  perspective  d'une  courbe 
gauche  n'ayant  qu'un  point  singidier,  et  telle  qu'en  ce  point  toutes  les  branches 
aient  des  tangentes  distinctes. 

»  Je  démontre  ce  théorème  en  formant  les  équations  de  la  courbe  gauche, 
comme  je  vais  l'expliquer. 

»  Soient  a,  b  les  coordonnées  d'un  point  singulier  de  la  courbe  repré- 
sentée par  l'équation  T  (jt,  ;-)  =  o.  Pour  une  valeur  de  x  infiniment  voi- 
sine de  a,  cette  équation  admet  plusieurs  racines  y  infiniment  voisines 
de  b.  Ces  racines  forment,  en  général,  plusieurs  systèmes  circulaires. 
Soit  «  le  nombre  des  racines  comprises  dans  l'un  d'eux.  Si  je  pose  a:—n  =  ^", 


(639) 
ces  n  racines  constituent  une  seule  et  même  fonction  uniforme  deÇ,  qui  se 
représente  par  une  série  ^"(^),  procédant  suivant  les  puissances  entières  et 
positives  de  Ç.  Je  prends,  dans  i,  l'ensemble  de  ses  premiers  termes,  en 
nombre,  pour  le  moment  indéterminé,  et  je  désigne  le  polynôme  ainsi 
formé  par/(^).  Je  désigne  par  F(?)  le  reste  de  la  série;  en  sorte  que  le 
système  circulaire  considéré  est  représenté  par 

(i)  ^  =  «  +  ?",     j=.;ff?)=/(5)  +  F(?). 

»  Soient  maintenant  w  une  racine  primitive  A^'^'"*  de  l'unité,  et  9(|)  un 
polynôme  entier.  Je  définis  une  fonction  u  par  l'équation 

(2)  "-2- r  ïï 

»  Cette  fonction  «est,  comme  on  le  voit,  rationnelle  en  x  et  j. 

»  Soit  maintenant  un  second  système  circulaire  relatif,  soit  au  même 
point  singulier  que  le  précédent,  soit  à  un  autre.  Je  le  représente  par  des 
équations  analogues  à  (i),  savoir  : 

(3)  ^  =  fl,  +  r,    j  =  .f.  (?)=/,(?)  + F,  (?). 

Au  moyen  d'un  nouveau  polynôme  entier  f,,  je  définis,  par  une  équation 
analogue  à  (2),  une  nouvelle  fonction  rationnelle  «,,  relative  au  système 
circulaire  (3).  Je  fais  la  même  opération  pour  chaque  système  circulaire. 
J'ai  ainsi  introduit,  pour  chacun  d'eux,  un  polynôme  entier  ç,,  et  défini 
une  fonction  rationnelle  «,.  Je  considère  maintenant  la  somme 

U  =  w  +  »,  +  //2  4- .  .  .  . 

La  fonction  rationnelle  U  jouit  de  la  propriété  suivante,  que  j'énonce  seu- 
lement, et  dont  la  démonstration  est  facile  : 

))  Lemme.  —  En  substituant,  dans  \J,àxetj-  successivement  les  systèmes 
de  valeurs  (i),  (3),...,  on  obtient  des  fonctions  uniformes  de  B,  :  tes  développe- 
ments de  ces  fonctions  suivant  les  puissances  croissantes  de  §  coïncideront  res- 

vectivemenl  avec  ceux  de^-^t    trH\  '  •  •  •  '  iusqu'à  un  terme  de  rang  aussi  élevé 

au  on  voudra,  sous  la  condition  que  l'on  ait  pris,  dans  chaque  série  et,,  pour 
composer  citaque  polynôme  Ji,  un  nombre  de  termes  assez  grand,  incds  toujours 
fini. 

»   Pour  l'objet  actuel,  il  suffira   de  faire  coïncider  respectivement  les 

83.. 


(  64o  ) 
lieux  premiers  termes  de  chaque  couple  de  développements  correspon- 
dants. 

»  Soit  maintenant  V  une  autre  fonction  rationnelle,  exactement  définie 
comme  U,  mais  au  moyen  de  polynômes  (}<,,  différents  des  polynômes  cpi. 
De  plus,  le  degré  de  chaque  polynôme  i]',  devra  surpasser  de  «,•  unités  celui 
du  polynôme  correspondant  y,-.  Cela  étant,  je  dis  que  :  si  la  courbe 
H  [a-,  )■)  :=  o    n'offre    aucune  particularité   à   l'infini,    la     courbe    gauche 

T  {jc,j-)  =  o,  z  =  77  «'«  qu'un  point  singulier,  que  ce  point  est  à  l'infini   sur 

l'axe  des  z,  et  que  chacune  des  branches  qui  passent  en  ce  point  a  une  asjmplote 
distincte, 

1)  En  effet  :  i°  aux  valeurs  infinies  de  x,  y  répondent  des  branches  infi- 
nies de  la  courbe  gauche;  en  raison  des  degrés  respectifs  de  <]/{  et  o,,  ces 
branches  répondent  à  des  points  simples  et  ont  des  asymptotes  à  distance 
finie;  2"  les  valeurs  finies  de  j:,  j  qui  rendent  V  infini  rendent  en  même 
temps  infinie  la  fonction  U,  et  l'on  voit  aisément  qu'elles  laissent  à  z  des 
valeurs  finies;  3°  à  chaque  système  de  valeurs  finies  de  j:  et  de  ^  qui  an- 
nulent U  répond  une  branche  infinie  de  la  courbe  gauche,  avec  une  asym- 
ptote distincte  parallèle  à  l'axe  des  z  :  ces  branches  se  croisent  au  point  sin- 
gulier unique  de  la  courbe  gauche;  4°  ^i  tous  les  autres  points  simples  de 
la  courbe  plane  répondent  des  points  simples  de  la  courbe  gauche;  5°  aux 
points  singuliers  de  la  courbe  plane  répondent  des  points  simples  de  la 
courbe  gauche.  Cette  dernière  propriété  peut  se  démontrer  comme  il 
suit. 

M  Dans  l'expression  de  z,  je  substitue  à  j:*  et  jr  les  valeurs  (i).  D'après  le 
lemme,  les  deux  premiers  termes  des  développements  de  U  et  V  sont  res- 

peclivement  les  mêmes  que  dans  les  développements  de  p— :  et  de  |rrY-- 

Donc  les  deux  premiers  termes  du  développement  de  z  sont  les  mêmes 

que  dans  le  développement  de  ^4^'  En  raison  de  l'indétermination  des  po- 

lynômes  9  et  ij»,  le  développement  de  z  commence  par  c  -H  a^,  c  et  a  étant 
deux  constantes  entièrement  arbitraires.  Il  me  suffit  que  «  ne  soit  pas  nul 
pour  conclure  que  ^  est  une  fonction  luiiforme  de  a,  et  que,  par  suite,  les 
valeurs  de  x  et  j",  infiniment  voisines  de  a  et  b,  qui  satisfont  aux  équa- 
tions (i),  sont  des  fonctions  uniformes  de  z.  Donc  au  système  circulaire  (i) 
répond,  sur  la  courbe  gauche,  un  point  simple  dont  la  coordonnée  z  est 
égale  à  la  constante  arbitraire  c.  Je  répète  le  même  raisonnement  pour  les 
autres  systèmes  circulaires,  et  je  vois  qu'il  me  suffit  de  prendre  toutes  les 


(  t34i  ) 
constantes,  telles  que  c,  différentes  entre  elles,  pour  que  la  courbe  gauche 
satisfasse  à  toutes  les  conditions  énoncées. 

»  Pour  arriver  maintenant  au  théorème  énoncé  au  début  de  cette  Note, 
je  suppose  que  j'aie  pris  des  coordonnées  homogènes,  et  que  Jc\  j^  z  ne  dé- 
signent plus  des  coordonnées,  mais  les  rapports  de  trois  des  coordonnées 
homogènes  à  la  quatrième.  La  coiube  plane  n'est  plus  soumise  à  aucune 
restriction.  Quant  à  la  courbe  gauche,  dont  la  courbe  plane,  au  lieu  d'être 
la  projection,  est  maintenant  la  perspective,  son  point  singulier  luiique  est 
placé  au  point  de  vue.  Elle  satisfait  aux  conditions  énoncées  dans  le  théo- 
rème ci-dessus,  qui  se  trouve  ainsi  démontré. 

»  Voici  maintenant  une  conséquence.  Soit  p.  l'ordre  de  multiplicité  du 
point  singulier  sur  la  courbe  gauche,  M  son  degré,  m  celui  de  la  courbe 
plane.  Ou  a  manifestement  M  =  m  +  ,a.  Nous  pouvons  facilement  aussi 
trouver  la  classe  de  la  courbe  gauche.  Remarquons  que,  si  n  est  le  nombre 
des  branches  de  la  courbe  plane  comprises  dans  un  des  systèmes  circulaires, 
la  courbe  gauche,  au  point  correspondant,  a  avec  sa  tangente  un  contact 
d'ordre  [?i  —  i).  Il  en  résulte  aisément  que,  la  classe  de  la  courbe  plane 
étant  cet  celle  de  la  courbe  gauche  C,  on  a 

C  =  c  +  2/j.  +  I(7i  —  i)  =  c  +  ap.  H-  N  —  T, 

N  désignant  la  somme  des  ordres  de  multiplicité  de  tous  les  points  singu- 
liers de  la  courbe  plane,  et  T  le  nombre  total  des  systèmes  circulaires  for- 
més par  les  branches  de  la  courbe  en  ces  points.  L'élimination  de  [j.  conduit 
à  la  relation 

C  -   2  ?,ï  =  c  —   2  /7Z  +  N  —  T. 

»  La  perspective  de  la  courbe  gauche,  faite  d'un  point  de  vue  quel- 
conque, est  une  courbe  plane,  de  degré  M  et  de  classe  C,  n'ayant  que  des 
singularités  ordinaires.  Donc,  si  p  est  son  genre,  on  a  C  ~  2M  =  2(/>  —  i). 
Or  cette  courbe  et  la  primitive  se  correspondent  point  par  point.  Donc/^  est 
le  genre  de  la  courbe  primitive,  et  l'on  a 

"^ip  —  i)  —c  —  im  -\-  "^  —  T. 

Je  retrouve  ainsi  la  formule  qui  donne  immédiatement  le  genre  de  toute 
courbe  plane  algébrique,  et  que  j'ai  déjà  démontrée  par  une  méthode  très- 
différente,  dansuueprécédenteCommunication(Com/;<e5renc/u5,  t.LXXVIil, 
p.  i833).  .. 


(  642  ) 

GÉOMÉTRIE.  —  Propriétés  de  courbes  tracées  sur  les  surfaces. 
Note  de  M.  Ribaccodr. 

«  J'ai  l'intention  de  faire  connaître  dans  cette  Note  quelques  propriétés 
concernant  certaines  séries  de  courbes  tracées  sur  une  surface.  L'un  des 
théorèmes  est  une  généralisation  d'une  proposition  très-simple  de  M.  Bel- 
trami;  un  autre  résulte  de  l'emploi  des  droites  osculatrices  à  une  normalie 
déterminée.  M.  Mannheini  vient  de  montrer  que  ces  droites  jouent  un  rôle 
important  quand  on  considère  les  éléments  du  troisième  ordre  :  le  théo- 
rème en  question  en  donne  une  preuve  nouvelle. 

»  Dans  ce  qui  suit,  je  suppose  la  surface  de  référence  (A)  rapportée  à 
ses  lignes  de  courbure  (u),  (f  ),  et  les  équations  analytiques  rapportées  au 
trièdre  instantané  AX,  AY,  AZ,  tel  que  AX  et  AY  soient  les  tangentes 
des  [i>)  et  (m),  AZ  la  normale  à  (A). 

»  En  désignant  par  9  l'angle  que  fait  en  chacun  de  ses  points  une 
courbe  S  avec  AX,  l'équation  du  plan  normal  est 

(i)  X  cosç  +  Ysin(j5  =  o; 

posant 

T  =  V-  —  cos'j  T—  +  sui  ç)     " 


ds  '    fg(h  '  Jgdu 

où  T  est  la  courbure  géodésique  de  S;  R,,  Ro  désignant  les  rayons  de  cour- 
bure principaux. 

»   La  caractéristique  du  plan  (1)  est  déterminée  par 

(2)  i  +  Z    — — +  — ^    -t- (Xsmç)  — Ycos9)T  =  o. 


i  +  Z( 

'COS-'p            SUl-'çj 

\    B,       '       H, 

Posons  enfin 

^'  =  ^°^'y.7i(il:)  +  ^'"'?,^(s;) 


+  3cos^fflsino-^(  — 1  +  3sin^G  coso  -A,  ,  „ 

^         •  gdi>\B.,/  '  •  Jdu\R, 

mes  formules  générales  donnent  pour  la  caractéristique  du  plan  (2) 

(z[$-3Tsinycos.(l--i-)]  +  (Xsin.-Ycosç.)^ 


(  643  ) 
»  Éliminant  X  et  Y  entre  (i),  (2),  (3),  on  a  pour  le  Z  du  centre  de  la 
sphère  osculatrice  à  S 


(4) 


Zr$  -  3Tsinycosp(^  -  ^)1 

»  Le  coefficient  de  Z  égalé  à  zéro  donne  l'équation  différentielle  d'une 
section  plane  quelconque;  il  en  est  qui  méritent  une  étude  particulière  : 
ce  sont  celles  que  suroscule  leur  cercle  osculateur.  Le  Z  est  alors  indé- 
terminé, de  sorte  que 


rfT  sinocnsra  /  i  i  \    /ros'o 


sin'mN 


Tds  T  \R,         R, 

(5)  STsinç)  cos'j  (^  —  j|-j  =  <t>. 

»  Les  centres  de  courbure  géodésique  des  sections  swoscul^es  forment  dans  le 
plan  tangent  une  courbe  du  troisième  degré  tangente  à  l'origine  à  AX  et  AY, 
qui  présente  cette  particularité  que  ses  trois  points  d'inflexion  sont  sur  la  droite 
qui  joint  les  centres  de  courbure  géodésique  des  lignes  de  courbure  :  cette  courbe 
passe  par  les  centres  de  courbure  de  la  section  de  (A)  par  son  plan  tangent. 

»  En  égalant  $  à  zéro,  on  obtient  les  courbes  tangentes  aux  sections 
normales  surosculées  par  des  cercles  (considérées  par  M.  de  la  Gournerie); 
leur  équation  peut  s'écrire 

et  sous  cette  forme  on  voit  qu'e/Zes  se  correspondent  sur  les  surfaces  pa- 
rallèles. 

»  On  remarque  que,  dans  l'équation  (4).  les  éléments  du  troisième  ordre 
disparaissent  si 

I  cos'tp         sin-œ 

z  +  V  +  -Rr  =  ^' 

»   On  retombe  alors  sur  (5),  d'où  résultent  ces  deux  propositions  : 

M  La  recherche  des  courbes  tracées  sur  (A),  dont  les  sphères  osculatrices  sont 
tangentes  à  (A),  ne  dépend  que  d'une  équation  du  second  ordre  (propriété  déjà 
établie  par  M.  Darboux,  qui  le  premier  a  signalé  ces  lignes). 

»  Si  l'on  trace  sur  (A)  une  courbe  dont  toutes  les  sphères  osculatrices  lui  soient 
tangentes,  chacun  des  plans  osculateur  s  de  cette  courbe  coupe  (A)  suivant  une 
section  surosculée  par  un  cercle. 

»  Je  montrerai  ailleurs  comment,  à  l'aide  des  éléments  du  premier  ordre 


(  644  ) 
de  la  développée,  ou  à  l'aide  d'une  conique  auxiliaire  ayant  un  caractère 
géométrique  propre,  onpeut  construire  "le  lieu  des  centres  de  courbure 
géodésique  des  sections  siirosculées. 

»  L'équation  (5)  permet  de  trouver  une  généralisation  d'un  élégant 
théorème  de  M.  Beltrami.  Considérons  en  effet  une  courbe  1,  telle  que  la 
courbure  des  sections  normales  tangentes  soit  constante  (les  asymplotiques 
correspondent  au  cas  où  la  courbure  est  nulle);  si  l'on  différentie  l'expres- 
sion de  cette  courbure,  on  trouve  pour  la  courbure  géodésique  de  2 

2T,  sinycosç  f-^  —  ^j  =$; 

comparant  avec  (5), 

3T  =  2T,. 

»  Le  rayon  de  courbure  géodésique  d'une  courbe  1  à  courbure  normale  con- 
stante est  les  -|  du  rayon  de  courbure  géodésique  de  la  section  plane  surosculée 
par  un  cercle  ayant  même  tangente. 

»  Si  la  courbe  1  est  asymptotique,  la  section  surosculée  devient  la  sec- 
tion de  la  surface  par  son  plan  tangent,  dont  le  cercle  osculateur,  tout  en 
ne  surosculant  point  la  section,  a  quatre  points  communs  avec  elle;  dans 
ce  cas  notre  théorème  coïncide  avec  celui  de  M.  Beltrami. 

»  Ceci  donne  quelque  intérêt  à  l'étude  des  courbes  2,  et  il  n'est  pas  inu- 
tile d'indiquer  qu'elles  s'intègrent  complètement  sur  la  surface  cyclide.  Je 
terminerai  cette  Note  par  une  construction  géométrique  directe  du  centre 
de  courbure  géodésique  des  courbes  à  courbure  normale  constante. 

»  Déterminons  d'abord  les  droites  osculatrices  à  la  normalie  le  long  d'une 
courbe  S;  portons  sur  AZ  une  longueur  Ç  variable  ;  ds  désignant  l'élément 
de  S,  la  droite  qui  joint  les  extrémités  des  segments  infiniment  voisins  a  une 

direction  variable  avec  —  •  Cherchons  les  équations  de  la  conjviguée  : 

»  L'équation  du  plan  tangent  à  la  hauteur  Ç  est,  pour  la  normalie, 

Xsin  9  (i  -h  --A  =  Y  coscpfi  +  ^  y 

»  Je  déduis  de  mes  formules,  pour  la  caractéristique, 


(  645  ) 

On  trouvera  le  —  correspondant  à  la  droite  osculatrice  en  exprimant  que 

la  conjuguée  coïncide  avec  la  tangente  au   lieu   de  l'extrémité  du  seg- 
ment Ç, 

Le  terme  en  T  disparaît  si  Ç  correspond  à  l'un  des  centres  de  courbure 
principaux;  donc  : 

»  Toutes  les  nonnalies  tangentes  entre  elles  ont  mêmes  droites  osculatrices 
aux  centres  de  courbure  principaux  de  (A).  Ces  deux  droites  percent  le  plan 
tangent  à  (A)  en  deux  points.  L'équation  de  la  droite  qui  les  joint  se  dé- 
duit sans  peine  de  (7)  et  (8);  elle  est 


asinepcosep 


fe-ïï;)=^°' 


»  On  trouvera  son  intersection  avec  la  normale  à  S,  en  posant 

sin  <p        ,,         cos  nf 

où  T,  désigne  l'inverse  du  segment  compté  sur  cette  normale  depuis  A. 
Substituant,  on  retrouve  l'équation  (6),  d'où  résulte  cette  proposition  : 

»  Soit  une  tangente  AT  à  (A)  :  que  l'on  mène  aux  centres  de  courbure  prin- 
cipaux les  droites  osculatrices  aux  iwrmalies  tangentes  à  AT,  que  l'on  joigne 
leurs  traces  sur  le  plati  tangent  en  k,  la  droite  ainsi  obtenue  contient  le  centre 
de  courbure  géodésique  de  la  courbe  à  courbure  normale  constante  tangente 
à  AT. 

»  Cette  droite,  lorsque  9  varie,  enveloppe  une  conique.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  diffraction,  propriétés  focales  des  réseaux. 
Deuxième  Note  de   M.  A.  Cornu. 

«  A  l'occasion  de  la  Communication  très-intéressante  de  M.  Soret,  je  de- 
manderai à  l'Académie  la  permission  de  résumer  quelques  recherches  con- 

C.  R  ,  187  j,   i"  Semestre.  (T.  LXXX,  N"  10.)  ^4 


(  646  ) 
duisant  à  des  résultats  analogues,  mais  plus  généraux,  et  confirmant  en  ce 
qu'ils  ont  de  commun  ceux  du  savant  professeur  de  Genève. 

»  Le  point  de  départ  de  mes  études  est  la  recherche  de  la  cause  d'un 
phénomène  particulier  que  présentent  souvent  les  réseauxutilisés  en  optique 
pour  la  mesure  des  longueurs  d'onde  lumineuses.  On  sait  qu'un  faisceau 
de  rayons  parallèles  tombant  normalement  sur  un  réseau  donne,  outre  le 
faisceau  prolongé,  une  série  de  faisceaux  déviés  suivant  les  angles  dont  les 
sinus  varient  comme  les  multiples  de  la  longueur  d'onde  lumineuse.  Ces 
faisceaux  observés  au  foyer  d'une  lunette  donnent  les  spectres  de  divers 
ordres,  et  même  les  raies  si  le  réseau  est  suffisamment  parfait. 

»  La  théorie  indique  que  les  faisceaux  ainsi  diffractés  doivent  être  com- 
posés de  rayons  parallèles.  Or  il  arrive  que  des  réseaux  en  apparence  très- 
réguliers,  définissant  les  raies  avec  une  netteté  parfaite,  présentent,  ainsi 
que  l'a  observé  et  décrit  M.  Mascart,  la  singularité  suivante  :  les  spectres 
de  divers  ordres,  déviés  d'un  côté  du  faisceau  central,  sont  formés  par  des 
faisceaux  convergents  et  ceux  qui  sont  déviés  du  côté  opposé  par  des 
faisceaux  divergents.  Ayant  entrepris  un  long  travail  sur  le  spectre  ultra- 
violet, je  me  préoccupai  de  cette  cause  d'erreur,  craignant  qu'elle  ne  con- 
stituât luî  motif  sérieux  pour  rejeter  les  réseaux  dans  la  mesure  des 
longueurs  d'onde  :  heureusement,  comme  on   va  le  voir,  il  n'en  est  rien. 

»  Après  avoir  cherché  inutilement  la  cause  de  ce  phénomène  dans  diverses 
imperfections  des  traits  des  réseaux,  je  fus  amené  par  une  observation  for- 
tuite à  la  véritable  explication  :  une  épreuve  photographique  d'anneaux 
colorés,  obtenue  dans  mes  expériences  sur  l'étude  optique  de  l'élasticité, 
avait  été  laissée  par  hasard  près  du  porle-lumière  d'une  chambre  obscure; 
la  réflexion  de  la  lumière  du  dehors  me  fit  apercevoir  sur  les  anneaux 
hyperboliques  des  irisations  particulières,  dont  le  maximum  de  netteté  pa- 
raissait en  dehors  du  plan  de  la  surface  striée.  J'en  conclus  immédiatement 
la  formation  d'un  foyer  réel  par  diffraction  avec  dispersion  des  couleurs. 

»  Je  fus  conduit  à  me  jioser  et  à  résoudre  le  problème  que  voici  : 

»  Suivant  quelle  loi  doit-on  T'épartir  les  traits  d'un  réseau  pour  que  les  ondes 
cylindriques  émanées  d'une  ligne  lumineuse  parallèle  aux  traits  et  diffractées  par 
chacun  d'eux  soient  concordantes  suivant  une  même  droite  également  parallèle 
aux  traits  du  réseau? 

»  Considérons  une  section  par  un  plan  perpendiculaire  aux  traits  du 
réseau  et  des  lignes  lumineuses,  pour  ramener  la  question  à  la  Géométrie 
plane,  et  supposons,  pour  simplifier  la  démonstration,  que  la  source  F'  et 


(  647  ) 
le  foyer  F  soient  sur  une  même  perpendiculaire  FOF'  au  plan  du  réseau. 
Appelons  x^jc,,...,  x„  jr„+,  la  distance  de  chacun  des  traits  Tq,  T, , . . . ,  T„_^, 
au  pied  O  de  la  perpendiculaire  FOF'.  Soient  c?„  l'angle  OFT„  et  <?„  l'angle 
OF'T„;-la  condition  de  concordance  au  point  F  consiste  en  ce  que  les  che- 
mins F'T„F  et  F'T„+,F  diffèrent  d'un  nomhre  entier  k  positif  ou  négatif  de 
longueurs  d'onde.  Cette  différence  comprend  deux  ternies  de  même  forme  : 

( j:„h-i  —  x„)  sin  o„  =  s,      ( .r„_^,  —  .r„)  sin  §„  =  i' ,     avec     s  +  e'  =  AX, 

si  les  points  F  et  F'  sont  de  part  et  d'autre  du  réseau. 

»   D'autre  part,  la  tangente  trigononiétrique  de  5„  est  égale  au  quotient 

de  -  (x„+i  -h  Xn)  par  OF  ou  D;  de  même,  pour  fX, , 


(jr„+,  -\-  x„)  =  aDtangc?,,,     J"„+,  -h  x„  —  ^D'tangiî;,. 

Si  les  déviations  §„,  o„  sont  assez  petites  pour  qu'on  puisse  négliger  la  dif- 
férence de  leurs  cosinus  avec  l'iuiité,  on  aura,  en  éliminant  les  5, 

(j^;,+x  -  K  '  (5  +  57)  =  2  A'X. 

»  La  condition  cherchée  est  donc  que  la  différence  des  carrés  des  dis- 
tances des  traits  à  la  droite  FF'  soit  constante. 

M  Cette  loi  de  répartition  des  traits  consécutifs  est  précisément  celle  des 
diamètres  ou  des  rayons  consécutifs  x„+,,  x„  des  anneaux  colorés  formés 
par  une  surface  de  rayon  R  sur  un  plan  (ou  par  deux  surfaces  convena- 
blement choisies),  à  l'aide  d'une  liuuière  monochromatique  de  longueur 
d'onde  quelconque  ),', 

»  Cette  coïncidence  dans  la  loi  de  distribution  des  traits  et  des  anneaux 
explique  le  phénomène  que  j'ai  observé  sur  une  épreuve  photographique. 
»   L'identification  des  deux  équations  conduit  à  la  formule 

1,1         9.    ,  >       .,       .         ,1         I        I 
f:  4-  7^  =  -  A  -,     identique  a     — I — 7  =  -r^ 
u       u        a.     X  '■  p      p       j 

formule  classique  des  lentilles. 

»  Cette  démonstration  s'applique  évidemment  au  cas  d'une  onde  sphé- 
rique  et  de  traits  circulaires,  et  au  cas  où  la  ligue  joignant  la  source  lumi- 
neuse et  le  foyer  serait  très-légèrement  oblique  sur  le  plan  du  réseau.  On 
en  conclut  l'énoncé  suivant  : 

»    Un  reseau  plan  dont  les  traits  recliliijnes  ou  circulaires  seraient  distribués 

84- 


(G48  ) 
suivant  la  loi  (la  diamètres  des  anneaux  colorés  formés  sous  l'incidence  normale, 
entre  une  surface  plane  et  une  surface  cylindrique  ou  sphérique  de  rajon  R, 
jouit  des  propriétés  d'une  lentille  cylindrique  ou  sphérique  qui  aui'ait  une  série 
dejoyers  principaux  réels  ou  virtuels  en  ligne  droite  avec  le  centre  des  anneaux; 
leurs  distances  au  réseau  sont  des  sous-mulliples  des  nombres  entiers  positifs  ou 
négatifs,  correspondant  aux  ordres  des  spectres  de  diffraction.  La  dislance  focale 
principale  de  premier  ordre,  la  plus  grande  de  toutes,  est  pour  la  lumière  simple 
de  longueur  d'onde  1'  qui  a  produit  les  anneaux  colorés,  et  égale  à  la  moitié  du 
rayon  R;  pour  une  lumière  de  longueur  d'onde  différente  X,  elle  est  multipliée 
par  le  rappoil  de  X'  à  X. 

»  Ce  résultat  comprend,  comme  cas  particuliers,  tous  les  cas  étudiés  par 
M.  Soret;  je  n'insisterai  donc  pas  sur  les  propriétés  de  ces  systèmes  op- 
tiques et  les  applications  qu'on  en  peut  tirer.  Je  me  contenterai  d'indiquer 
ici  les  conséquences  relatives  à  l'emploi  des  réseaux  proprement  dits,  tels 
qu'on  les  emploie  pour  la  mesure  des  longueurs  d'onde. 

»  On  remarquera,  comme  corollaire  de  ce  théorème,  que  ces  propriétés 
subsistent,  même  pour  luie  portion  incomplète  du  système  de  traits  définis 
plus  haut.  C'est  précisément  le  cas  des  réseaux  usités  en  optique.  Malgré 
tout  le  soin  qu'on  apporte  à  les  construire,  il  arrive  presque  toujours  que 
les  traits,  au  lieu  d'être  équidislants,  présentent,  sur  une  portion  plus  ou 
moins  considérable  du  réseau,  des  erreurs  systématiques  régulières.  Je  ne 
veux  pas  parler  ici  des  variations  périodiques  qui  constituent  les  défauts 
les  plus  ordinaires  des  réseaux  imparfaits  :  elles  proviennent  généralement 
d'un  défaut  de  la  vis  qui  a  servi  à  leur  division,  et  causent  un  trouble  qui 
empêche  d'apercevoir  les  raies  avec  netteté.  J'ai  en  vue  les  erreurs  systé- 
matiques qui  produisent  un  changement  de  foyer  sans  altérer  la  netteté  des 
images;  toute  variation  progressive  et  continue  dans  la  loi  de  la  distance 
des  traits  peut  s'écrire  sous  l'une  des  deux  formes 

j„  ■=  a  +  bn  -v-  cfï-  -h...,     n  —  a  -^  /3r„  +  yj;  +  ..., 

lesquelles  sont  équivalentes  si  les  coefficients  c  et  7  sont  très-petits,  c'est- 
à-dire  si  les  traits  sont  presque  équidistants.  Il  est  évident  que  la  seconde 
peut  être  identifiée  avec  la  condition  analytique  exprimée  plus  haut.  Les 
mêmes  conclusions  s'appliquent  donc  entièrement  à  ce  cas,  et  l'on  trouve  : 

M  1"  Que  les  spectres  de  divers  ordres  ont  des  distances  focales  sous-mulliples 
des  nombres  entiers  i,  2,  3,...,  k; 

»   2°   Que  ces  foyers  sont  en  ligne  droite  avec  le  centre  idéal  du  réseau; 

»   3"  Que  ces  foyers  sont  réels  pour  les  valeurs  positives  de  k,  c'est-à-dire  pour 


(  649  ) 
les  speclrcs  difjractés  d'un  côte  du  faisceau  central,  et  virtuels  pour  les  valeurs 
négatives,  c'est-à-dire  pour  les  spectres  déviés  du  côté  opposé. 

»  Malgré  la  simplicité  de  celte  démonstration,  j'ai  tenu  à  faire  des  véri- 
fications numériques.  A  cet  effet,  j'ai  commencé  par  obtenir  une  épreuve 
photographique  d'anneaux  colorés  formés  entre  une  surface  plane  et  la 
surface  légèrement  bombée  d'une  lame  de  quartz,  par  flexion  sous  un  poids 
convenable;  les  anneaux,  d'abord  elliptiques,  deviennent  rectilignes  avant 
de  passer  à  la  forme  hyperbolique.  On  obtient  ainsi  des  franges  rectilignes 
disposées  suivant  la  loi  des  anneaux.  Deux  petites  épreuves  obtenues  sur 
glace  ont  donné  le  phénomène  dans  toute  sa  netteté.  Le  produit  RX'—  o"""i,49 
a  été  calculé  par  la  mesure  micrométrique  des  dix  franges  centrales,  et  la 
distance  focale  principale  calculée  par  la  formule  2/AX=  RX'  a  donné  pour 
la  lumière  de  la  soude  (X'=  o""',ooo588)/=:  ZiiG  millimètres;  l'observa- 
tion  directe  a  donné  4oo  millimètres. 

»  J'ai  construit  successivement  trois  réseaux,  en  calculant  la  position 
de  chaque  trait,  qu'on  traçait  ensuite  sur  noir  de  fumée  ou  sur  vernis,  à 
l'aide  d'une  machine  à  diviser.  A  cet  effet,  j'ai  réduit  en  tables  la  formule 


r«  =  looyn , 


ri 

lOuO 


qui  donne  pour  a/ X  la  valeur  lo,  d'où  l'on  conclut,  en  prenant  pour  X  la 
longueur  d'onde  de  la  lumière  de  la  soude,  /  =  8™,  5o3. 

»  Voici  le  résumé  des  mesures  des  distances  focales  des  spectres  des  divers 
ordres  obtenus  avec  ces  trois  réseaux,  dont  les  distances  des  traits  sont  des 
multiples  ou  sous-multiples  des  nombres  de  la  table.  Ces  distances  focales 
ont  été  déduites  des  variatioiis  du  tirage  d'une  bonne  lunette  employée  à 
observer  ces  spectres.  Ces  observations  remontent  au  mois  de  mai  1871. 

Spectres  de  gauche.  Spectres  de  droite. 

i^''  ordre.      i^  ordre.  i'"'' ordre.      a''  ordre, 

m  m 

Is'°  1.         (Observé »  8,27  7i7^  " 

(100  traits).   (Calculé »  8,5o  8,5o  >- 

«"2.          (  Observé »  3,88 

(200  traits).   (  Calculé »  4)^^  "  " 

N"  3.         (Observé 7,7')  16,62  15,78  7,96 

(i 00  traits).   I  Calculé 8,5o  17,00  17,00  8,'')o 

M  J'aurais  désiré  attendre  pour  obtenir  des  vérifications  plus  précises  et 
indiquer  diverses  autres  applications  de  ce  phénomène;  j'ai  préféré  donner 
ces  résultais,  malgré  leur  imperfection,  pour  me  réserver  le  droit  de  conti- 
nuer ces  recherches.  » 


(  65o  ) 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  fonction  mctgnélisanle  de  l'acier  trempe. 
Note  de  M.  Bouty,  présentée  par  M.  Jamin. 

«  Le  moment  magnétique  d'une  aiguille  aimantée  peut  toujours  être 
considéré  comme  le  produit  de  deux  facteurs,  dont  l'un  exprime  la  quantité 
de  magnétisme  contenue  dans  l'aiguille,  ou,  si  l'on  veut,  la  puissance  de 
chaque  pôle,  tandis  que  l'autre  facteur  est  égal  à  la  distance  des  deux 
pôles.  D'après  le  conseil  de  M.  Jamin,  je  me  suis  préoccupé  de  déterminer 
séparément  ces  deux  éléments  distincts,  et  d'étudier  à  part  la  variation  de 
chacun  d'eux  quand  on  change  les  conditions  de  l'aimantation.  Voici  le 
principe  de  la  méthode  que  j'emploie  : 

))  On  vérifie  aisément  que  les  moments  magnétiques  j"  d'une  série  d'ai- 
guilles de  longueur  x  différente,  aimantées  dans  les  mêmes  conditions, 
peuvent  être  représentés  par  une  formule  telle  que 

(i)  j  ^  m{a.-  -  d), 

pourvu  que  leur  longueur  soit  supérieure  à  une  certaine  limite  /.  Dans 
toutes  ces  aiguilles  la  quantité  de  magnétisme  est  constante  et  égale  à  m,  et 

la  distance  des  pôles  aux  extrémités  est  constante  aussi  et  égale  à  -•  Si  l'on 

vient  à  briser  ces  aiguilles  et  qu'on  retire  de  leurs  milieux  divers  fragments 
de  longueur  supérieure  à  une  autre  limite /'•</,  leurs  moments  ^' sont 
représentés  par  la  formule 

(2)  f=m{x'-^); 

la  quantité  de  magnétisme  est  la  même  que  dans  l'aigaille  mère,  mais  les 
pôles  sont  plus  voisins  des  extrémités,  ô  étant  toujours  plus  petit  que  d. 
Ces  faits,  presque  évidents  a  priori^  ont  été  soigneusement  vérifiés  par  l'ex- 
périence. 

»  Supposons  maintenant  que  l'on  veuille  déterminer  m  et  d  pour  une 
aiguille  donnée.  On  détermine  d'abord  son  moment  magnétique  j-,  puis 
on  la  réduit  par  l'ablation  des  deux  bouts  sur  une  longueur  suffisante,  et 
l'on  détermine  de  nouveau  le  moment  magnétique  j-'.  On  sait  (*)  que,  dans 
les  aiguilles  de  rupture  de  même  diamètre,  la  quantité  ô  est  constante, 
quelle  que  soit  l'intensité  de  l'aimantation;  sa  valeur,  connue  d'avance, 
est  par  exemple  6°"",  5  dans  les  aiguilles  de  o°"",553  de  diamètre.  De  plus 


(*)  Voir  Études  sur  le  magnétisme,  ch.  III  [Annales  de  l'École  Normale,  iS^S). 


(65i   ) 
on  peut,  par  des  ruptures  successives,  raccourcir  le  fragment  primitif,  et 
fixer  ainsi  autant  de  points  que  l'on  voudra  de  la  droite  représentée  par 
l'équation  (2)  :  on  obtiendra  la  quantité  de  magnétisme  avec  beaucoup 
d'exactitude. 

»  La  détermination  de  d  est  à  beaucoup  près  moins  précise,  puisqu'on 
n'a  pour  fixer  sa  valeur  qu'une  seule  observation,  celle  qui  se  rapporte  à 
l'aiguille  mère,  et  que  d'ailleurs  d  est  toujours  une  quantité  assez  petite. 
Cependant,  en  multipliant  les  observations  et  prenant  des  moyennes,  on 
parvient  à  des  résultats  satisfaisants. 

»  J'ai  étudié  par  ce  procédé  la  manière  dont  varient  la  quantité  de  ma- 
gnétisme et  la  distance  des  pôles,  quand  on  aimante  par  un  passage  à  tra- 
vers une  même  spirale  des  aiguilles  de  o™™,  553  de  diamètre,  trempées  très- 
dur,  et  qu'on  fait  varier  l'intensité  du  courant. 

»  Quantités  de  magnétisme.  —  Les  résultats  obtenus  sont  représentés  en 
moyenne  par  le  tableau  suivant,  dans  lequel  les  nombres  des  deux  colonnes 
sont  exprimés  en  unités  arbitraires  : 

Intensité  du  courant.  Quantité  de  magnétisme. 

3 A  peine  sensible 

5 0,12 

7 "îSi 

9 '.°9 

13, 2,11 

i3,8 2,89 

1  .'j 3 ,  35 

18 5,65 

23 I  '  1^6 

28 '7  190 

36 ?3,oo 

40 •  24,00 

5o 25 ,90 

co 28,90 

»  Plusieurs  physiciens,  entre  autres  Stoletow  (*)  et  Rowland  (**),  se  sont 
préoccupés  récemment  de  déterminer  ce  qu'ils  appellent  \a  fonction  magné- 

TT 

Usante  de  diverses  sortes  de  fer  ou  d'acier.  C'est  le  rapport  —de  la  quantité 
de  magnétisme  H  développée  d'une  manière  soit  temporaire,  soit  perma- 


(*)  Stoletow,  P/iilosop/iical  Magazine,  ^an\\er  iS^S. 
(**)  RowLAXD,  Ibid.,  août  1873. 


(  652  ) 
nente  dans  l'unité  de  volume  de  la  substance  prise  sous  la  forme  d'un  cy- 
lindre de  dimensions  transversales  infiniment  petites  par  rapport  à  sa  lon- 
gueur, à  la  force  F  qui  développe  ce  magnétisme  en  agissant  dans  le  sens 
de  l'axe  du  cylindre.  La  manière  la  plus  nette  de  représenter  cette  fonction 
consiste  à  construire  une  courbe  dont  les  ordonnées  sont  les  quantités  H, 
et  les  abscisses  les  forces  F.  D'abord  concave  vers  les  ordonnées  positives, 
cette  courbe  présente  ensuite  un  point  d'inflexion  et  s'approche  asympto- 
tiquement  d'une  parallèle  à  l'axe  des  abscisses. 

»  Les  nombres  contenus  dans  le  tableau  précédent  sont  proportionnels 
à  F  et  à  A.  La  courbe  qu'Us  fournissent  présente  les  mêmes  caractères  géné- 
raux que  celles  de  Stoletow  et  de  Rowland,  mais  avec  des  allures  plus  roides  : 
concavité  vers  les  H  positifs  pour  de  faibles  valeurs  de  F  fortement  pronon- 
cée, inflexion  si  longue  que  sur  une  portion  notable  de  son  étendue  la 
courbe  se  confond  physiquement  avec  une  ligne  droite  ;  en  un  mot,  aspect 
d'une  ligne  brisée  dont  on  aurait  arrondi  largement  les  angles  obtus,  tels 
sont  les  résultats  que  m'a  donnés  la  construction  de  la  nouvelle  courbe.  Ils 
confirment  les  faits  découverts  par  des  méthodes  absolument  différentes 
pour  le  fer,  en  même  temps  qu'ils  caractérisent  la  manière  d'être  particu- 
lière de  l'acier  trempé  très-roide,  et  qu'ds  apportent  une  vérification  inat- 
tendue aux  idées  théoriques  que  j'ai  présentées  ailleurs  à  ce  sujet  (*). 

))  Dans  l'impossibilité  où  je  me  trouve  d'effectuer  des  mesures  absolues, 
j'ai  dû  me  borner  à  comparer  les  résultats  de  Rowland  aux  miens,  de  la 
manière  indiquée  par  le  tableau  suivant.  C  est  l'abscisse  à  l'origine  de  la 
tangente  au  point  d'inflexion,  C  l'abscisse  du  point  où  cette  tangente  ren- 
contre l'asymptote  à  la  courbe;  L  le  maximum  de  raimantation.  Toutes 
les  ordonnées  sont  exprimées  en  fonction  de  C,  toutes  les  abscisses  en  fonc- 
tion de  L. 

Fer  d'après  Rowland  (**).  Acier  trempé. 

Abscisses.  Ordonnées.  Abscisses.         Ordonnées. 

Abscisse    C    et   ordonnée    correspoii- i  „^  ^o^^  /•  o  ^  rr 

,    ,            ,  ï  t,q7oC,         o.boiL,         a.faooCi         o.'tqdL, 

dante  de  la  courbe )       -"  ' -^ 

Ordonnée  correspondant  à  l'abscisse  C.  »  o,iooL,  »  o,iooLi 

Coordonnées   du   point  d'infle.xion.  .  .      ija'jiC,         Oja^SL,  ijGG^Cj         o,4i4Li 

Longueur  de  la  partie  rectiligne  de  la  \ 

courbe  (différence  des  abscisses  ex-     0, 190  C,  »  o,5oc)Ci  u 

trêmes) ' 


(*)  Études  sur  li:  mngnêtisnic,  chap.  IV. 

(**)  Nombre  déduits  de  mesures  prises  sur  une  copie  de  la  courbe  de  Rowland. 


(  653  ) 

»  L'intervalle  de  C  à  C  pourrait  être  nommé  intervalle  de  l'aimantalion 
rapide;  dans  ces  limites,  écartées  de  0,9730,  pour  le  fer,  de  1,60862 
pour  l'acier  trempé,  la  quantité  de  magnétisme  croît  à  partir  du  yj  de 
sa  valeur  maximum  jusqu'à  une  fraction  de  cette  valeur  voisine  de|  pour 
le  fer  et  de  |  pour  l'acier.  La  détermination  en  valeur  absolue  de  C,  de  C 
et  des  ordonnées  correspondantes  fournirait  une  bonne  comparaison  des 
pouvoirs  magnétiques  des  divers  aciers,  fers,  etc.,  en  même  temps  qu'elle 
fixerait  les  limites  qu'il  serait  absurde  de  ne  pas  atteindre  ou  peu  écono- 
mique de  dépasser  dans  l'intensité  des  courants  employés  à  aimanter. 

»  Dans  une  prochaine  Communication,  j'indiquerai  les  résultats  relatifs 
à  la  distance  des  pôles,  ainsi  que  les  changements  éprouvés  par  la  quantité 
de  magnétisme  ou  par  la  dislance  polaire,  quand  on  répète  le  passage  de 
l'aiguille  que  l'on  aimante  à  travers  la  spirale  magnétisante.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  délennination  de  la  quantité  de  magnétisme  d'un  aimant. 
Note  de  M,  R.  Bloxdlot,  présentée  par  M,  Jamin. 

«  Il  y  a  longtemps  qu'on  a  eu  l'idée  d'instituer  une  méthode  d'explo- 
ration magnétique  fondée  sur  la  production  de  courants  induits.  Dès  1849, 
M.  Van  Rees  publiait  dans  les  Annales  de  Pocjgendorjf  {*)  le  résultat  de  re- 
cherches sur  la  distribution  du  magnétisme,  exécutées  par  un  procédé 
dont  voici  le  principe  :  on  a  une  bobine  très-aplatie  dans  le  sens  trans- 
versal, et  dont  le  fil  est  relié  à  un  galvanomètre;  le  barreau  à  explorer  est 
introduit  dans  l'intérieur  de  celte  bobine  jusqu'à  un  point  déterminé  de 
celui-ci;  cela  fait,  on  le  retire  vivement  jusqu'à  une  grande  distance  :  un 
courant  d'induction  prend  naissance,  lequel  fait  dévier  d'un  certain  angle 
l'aiguille  du  galvanomètre. 

»  M.  Van  Rees  pose  une  simple  proportionnalité  entre  l'intensité  du 
courant  et  le  magnétisme  inducteur,  d'où  il  suit  que  le  courant  observé 
est  une  mesure  pour  la  somme  des  magnélismes  libres  sur  lesquels  glisse 
la  bobine,  et  il  conclut  d'ime  relation  connue  que  la  somme  des  magné- 
tismes  libres  sur  lesquels  glisse  la  bobine  esl  égale  au  magnétisme  vrai  à  la 
place  à  partir  de  laquelle  celle-ci  est  tirée. 

»  Plus  tard,  en  1861,  dans  un  Mémoire  dont  un  extrait  se  trouve  éga- 
lement dans  les  Jnnales  de  Pogcjendoijj  (**),  ]\L  Rotblauf  traite  le  même 

(*)  Vam  Rees,  Pngg.  Ann.,  Ed.  LXXIV,  p.  217, 

(**)  K.  RoTULAUF,  Bcstini.  d.  niagnet.  Vcithcil.  miltelst  Magnet-Induclion ,  ibid., 
Bd.  XVI,  p.  592. 

C.R.,  1875,  i"£emejjre,  (T.LXXX,  N°  10.)  ^^ 


(  654  ) 
sujet;  son  Mémoire  commence  par  un  examen  critique  du  travail  de  M.  Van 
Rees  :  la  théorie  de  celui-ci  est  fautive  en  deux  points;  le  principal  grief 
contre  elle  est  qu'elle  suppose  que  l'on  expérimente  avec  une  bobine  formée 
d'une  seule  circonvolution  et  que  l'on  suppose  que  les  points  situés  au-des- 
sous de  cette  bobine  sont  les  seuls  qui  agissent  par  induction.  Nous  ren- 
voyons pour  les  détails  de  cette  critique  au  Mémoire  de  M.  Rothlauf  (*). 
Enfin,  dans  ces  derniers  temps,  M.  Gaugain  a  repris  à  son  tour  la  méthode 
de  Van  Rees  et  en  a  fait  le  fondement  des  recherches  qu'il  poursuit  avec 
succès  sur  le  magnétisme. 

»  Il  nous  a  paru  intéressant  d'examiner,  au  point  de  vue  théorique,  la 
méthode  de  M.  Van  Rees,  de  rechercher  la  signification  exacte  des  nombres 
qu'elle  donne,  et  de  traiter  en  particulier  un  cas  où,  quoiqu'elle  soit 
généralement  inexacte,  son  application  n'en  traîne  aucune  erreur  appréciable. 

»   La  première  impulsion  mesurée  représente,  par  rapport  au  courant 

induit,  l'intégrale  /      idt,  i  désignant  l'intensité  variable  du  courant,  et  t 

le  temps,  dont  les  limites  sont  t^  et  /, . 

»  Reportons-nous  à  la  théorie  des  courants  d'induction  donnée  par 
Neumann. 

»  Si  l'on  a  un  pôle  fixe  P  et  un  circuit  fermé  B  se  déplaçant  par  rapport 
à  ce  pôle,  il  se  proiluit  dans  le  circuit  un  courant  d'induction  dont  le  sens 
est  tel  qu'il  est  inverse  au  sens  du  courant  qui  donnerait  au  circuit  le 
mouvement  qu'il  a  en  réalité  (loi  de  Lenz). 

»  Soit  ds  un  élément  du  circuit  :  cet  élément  est  le  siège  d'une  force 
électromotrice  eds.  Si  le  circuit  B  était  parcouru  par  un  courant  d'inten- 
sité m  en  mesures  absolues,  ds  serait  soumis  de  la  part  du  pôle  P  à  une 
certaine  force.  Soit  y  la  composante  de  cette  force  suivant  la  direction  du 
mouvement;  la  loi  élémentaire  doiuiée  par  Neumann  est  la  suivante  : 

eds  =  —  iv/, 
V  désignant  la  vitesse  de  l'élément  ds,  et  t  étant  une  constante. 

»  Considérons  ce  qui  se  passe  dans  le  temps  dt  pour  le  circuit  tout 
entier.  Soit  R  la  résistance  de  ce  circuit;  le  courant  élémentaire  produit 
sera,  d'après  la  loi  de  Ohm, 

idt  =  —  -Ivydt, 
le  signe  ^  s'élendant  à  tout  le  circuit  B. 


Voir  aussi  G.  Wiedemaxn,  Die  Lelirc  vnn  Gahanismus,  t,  II,  p.  32  1,  en  note. 


(V. 


(  655  ) 

»  Mais  on  a  f  =  —-,dw  représentant  l'élément  de  la  trajectoire  tle  ds; 
donc 

ce  qui  donne  l'énoncé  suivant  : 

»  Le  courant  différentiel  est  éqal,  à  im  facteur  près,  à  la  somme  des  travaux 
élémentaires  des  forces  que  le  pôle  subit  de  la  part  des  éléments  d'un  courant  r 
supposé  parcourant  le  circuit  B. 

»  Si  nous  intégrons  entre  les  limites  correspondantes,  il  vient 
(A)  f'idi=-L   r'27rf, 

»  Il  en  résulte  que,  pour  un  circuit  donné,  l'impulsion  première  du 
galvanomètre  est  proportionnelle  au  travail  qu'il  faudrait  effectuer  pour 
produire  le  mouvement  relatif  du  pôle  et  du  circuit  supposé  parcouru  par 
le  courant  i . 

»  Si  nous  voulons  passer  au  cas  de  l'aimant  vrai,  il  suffit  de  considérer 
un  nombre  quelconque  de  pôles,  et  l'on  voit,  par  luie  suite  de  somma- 
tions, que  le  théorème  s'applique  dans  le  cas  d'une  distribution  quelconque 
comme  dans  le  cas  d'un  pôle  unique. 

»  Nous  avons  maintenant  à  évaluer  le  travail  en  fonction  des  données 
de  l'expérience. 

))  Soient  V  le  potentiel  par  rapport  au  circuit  d'un  pôle  quelconque  P,  et 
[j.  le  magnétisme  de  ce  pôle;  le  travail  pour  passer  d'un  état  à  l'autre  du 
système,  en  n'ayant  égard  qu'à  ce  pôle,  est  égal  à  la  variation  correspon- 
dante de  la  quantité  fxV,  soit  p.  (V,  —  Vo).  Nous  aurons  donc,  en  substituant 
dans  l'équation  (A)  : 

le  signe\  s'étendant  ici  à  tous  les  pôles  de  la  distribution  (*). 

»  Cette  relation,  en  général  très-compliquée,  se  simplifie  dans  un  cas 
spécial,  comme  nous  allons  le  faire  voir. 

»  Considérons  le  potentiel  V  d'un  pôle  P;  on  sait  que  ce  potentiel  a  pour 
valeur  eu  mesures  absolues  l'ouverture  du  cône  sous  lequel  le  pôle  P  voit 


(*)   Cette  équation  concorde  avec  le  calcul  donné  par  G.  Wiedemann.  Ouvrage  cité,  t.  III, 
p.  80. 

85.. 


(  656  ) 
le  courant.  Si  donc  le  circuit  B  part  de  l'infini  négatif  pour  atteindre  le 
pôle  et  s'en  éloigner  ensuite  jusqu'à  l'infini  positif,  le  potentiel  varie  de  la 
quantité  ^n. 

')  Il  en  résulte  que,  dans  les  conditions  de  déplacement  ci-dessus  indi- 
quées, V,  —  V„  est  une  quantité  constante  et  égale  à  4^^  pour  tous  les 
pôles;  en  conséquence,  on  peut  la  mettre  en  facteur,  ce  qui  donne 


J'idt^-  ^l^n^lJ.  =  -  j47îM, 


en  désignant  par  M  le  magnétisme  total  de  la  distribution. 

))  Dans  un  aimant  long,  le  magnétisme  peut  être  considéré  comme  réuni 
dans  le  voisinage  des  extrémités;  par  conséquent,  si  l'on  place  la  bobine  sur 
la  partie  moyenne  d'un  tel  aimant,  pour  retirer  ensuite  celle-ci  jusqu'à  une 
grande  distance,  on  se  trouve  sensiblement  dans  les  conditions  de  la  théorie 
précédente.  Il  en  résulte  que  la  quantité  du  courant  peut  servir  à  mesurer 
le  magnétisme  total  de  la  moitié  d'un  barreau,  pourvu  que  celui-ci  ne  soit 
pas  trop  court,  c'est-à-dire  que  sa  distance  polaire  ne  soit  pas  plus  petite 
que  8  à  lo  centimètres. 

»  On  voit  aussi  que  le  courant  est  indépendant  du  diamètre  de  la  bo- 
bine, pourvu  que  ce  diamètre  soit  une  petite  fraction  de  la  longueur  du 
barreau.  Cette  dernière  proposition  a  été,  du  reste,  vérifiée  expérimentale- 
ment par  Faraday  et  Lenz,  et  plus  récemment  par  M.  Gaugain.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Théorie  des  tempêtes;  réponse  à  M.  Faye.  Note  de 
M.  H.  Peslin,  présentée  par  M.  Cli.  Sainte-Claire  Deville. 

«  V  Annuaire  pour  l'an  1875,  publié  parle  Bureau  des  Longitudes,  ren- 
ferme une  Notice  scientifique  intitulée  :  Défense  de  la  loi  des  tempêtes.  L'au- 
teur, M.  Faye,  se  propose  de  défendre  les  lois  énoncées  par  Piddington,  Reid 
et  Redfieid  contre  les  critiques  dont  elles  sont  aujourd'hui  l'objet;  et,  comme 
ces  critiques  lui  paraissent  dériver  d'une  idée  théorique  fausse,  d'un  pré- 
jugé, que  les  siècles  ont  légué  aux  marins  et  aux  météorologistes,  il  a  entre- 
pris de  détruiicle  préjugé,  de  démontrer  l'inanité  de  la  théorie  ancienne 
et  de  la  remplacer  par  une  théorie  nouvelle,  que  l'étude  des  phénomènes 
solaires  lui  a  inspirée. 

»  Nous  avons,  dans  un  Mémoire  couronné  en  1868  par  l'Association 
scientifique  de  France,  appliqué  au  développement  de  la  théorie  ancienne 
les  principes  de  la  dynamique  des  fluides  et  de  la  théorie  mécanique  de  la 


(657) 
chaleur;  nous  devons  donc  nous  croire  intéressé  dans  le  débat  soulevé  par 
M.  Faye,  quoique  notre  nom  n'y  ait  pas  été  prononcé. 

»  La  Notice  de  jM.  Faye  a  pour  objet  de  défendre  les  lois  des  lenipêles  : 
voyons  donc  si  la  théorie  nouvelle  les  défend  mieux  que  l'ancienne.  Ces 
lois  se  réduisent  à  doux  ;  i°  le  mouvement  de  l'air  autour  du  centre  de  la 
tempête  est  circulaire;  2"  le  sens  de  la  gy ration  est  constant  dans  chaque 
hémisphère. 

»  I.  C'est  à  la  loi  du  mouvement  circulaire  que  s'adressent  les  cri- 
tiques récentes.  M.  Meldrum  et  divers  météorologistes,  se  basant  sur  l'étude 
des  cartes  des  tempêtes,  publiées  en  si  grand  nombre  depuis  dix  ans,  pré- 
tendent que  la  loi  n'est  qu'approximative,  et  qu'au  mouvement  circulaire, 
qui  est  toujours  prédominant,  se  joint  un  mouvement  centripète  faible, 
mais  constant,  et  facile  à  reconnaître  au  milieu  des  irrégularités  que  pré- 
sente la  direction  des  vents.  La  théorie  ancienne,  dite  de  Vaspiration,  rend 
aisément  compte  du  mouvement  centripète;  elle  attribue  le  mouvement 
circulaire  autour  du  centre  d' aspiration  à  l'influence  de  la  rotation  ter- 
restre. La  théorie  nouvelle  assimile  les  tempêtes  et  cyclones  aux  tourbil- 
lons qui  se  développent  dans  les  cours  d'eau,  lorsque  les  filets  voisins  pré- 
sentent des  vitesses  inégales.  < 

n  Les  cyclones  ou  tempêtes,  dit  JI.  Faj'c  (page  5o2),  sont  des  mouvements  gyratoires  cir- 
culaires à  vitesse  croissant  vers  le  centre,  nés  dans  les  courants  supérieurs  aux  dépens  de 
leurs  inégalités  de  vitesse,  se  propageant  vers  le  bas  dans  les  couches  inférieures,  malgré 
leur  état  de  calme  parfait  ou  indépendannnent  des  vcnls  qui  y  régnent.  » 

»  L'air  entraîné  dans  le  tourbillon  a  un  mouvement  descendant;  M.  Faye 
prend  soin  de  rappeler  les  observations  qui  ont  mis  depuis  longtemps  hors 
de  doute  le  mouvement  descendant  pour  les  tourbillons  des  cours  d'eau. 
Ainsi  l'air  du  tourbillon  se  renouvelle  ;  entrant  par  les  régions  supérieures, 
il  est  rejeté  dans  l'atuiosphère  tranquille  par  les  régions  inférieures;  mais, 
dès  lors,  je  ne  conçois  pas  comment  le  mouvement  de  l'air  observé  à  la  sur- 
face de  la  terre  peut  être  rigoureusement  circulaire  ;  il  doit  être  divergent  : 
le  mouvement  rigoureusement  circulaire,  s'il  existe,  ne  peut  exister  qu'à 
une  certaine  altitude  dans  l'atmosphère,  et  nous  n'avons  pas  d'observa- 
tions faites  à  celte  altitude.  Ainsi,  dans  la  théorie  nouvelle  comme  dans 
l'ancienne,  les  diagrammes  circulaires  représentant  la  direction  des  vents 
à  la  surface  de  la  terre  ne  peuvent  être  l'expression  complète  de  la  réalité. 

»  IL   Passons  à  la  deuxième  loi  des  tempêtes  : 

«  Lorsqu'on  s'est  avisé  de  comparer  entre  eux  les  résultais  partiels  obtenus  sur  tout  l'Iié- 


(  658  ) 

misphère  nord,  depuis  le  golfe  du  Bengale  jusqu'à  la  mer  des  Antilles,  en  passant  par  la 
Chine  et  le  Japon,  on  s'est  aperçu  que  la  gyration  s'y  était  accomplie  dans  le  même  sens, 
toujours  et  partout  de  droite  à  gauche,  en  sens  inverse  des  aiguilles  d'une  montre  »  fpage  4 1 3). 

»  Cette  constance  du  sens  de  la  gyration  sur  tout  un  hémisphère  est 
facile  à  expHqucr  dans  la  théorie  ancienne  ;  le  mouvement  circulaire  autour 
du  centre  d'aspiration  étant  dû  à  la  rotation  terrestre,  c'est  le  sens  de  cette 
rotation  qui,  sur  chaque  hémisphère,  détermine  le  sens  de  la  gyration  de 
la  tempête.  Dans  la  théorie  nouvelle,  voici  comment  la  deuxième  loi  des 
tempêtes  est  expliquée  : 

«  Quant  au  sens  de  rotation  des  cyclones,  il  résulterait  de  ce  que,  dans  ces  courants  for- 
tement recouibés,  la  vitesse  va  en  diminuant  transversalement  de  la  rive  concave  à  la  rive 
convexe  »  (page  5o8). 

))  Il  s'agit  ici  des  grands  courants,  plus  ou  moins  isolés,  en  lesquels  se  di- 
vise la  nappe  des  contre-alizés  supérieurs,  et  sur  les  hords  desquels  naissent 
les  tourbillons  cjui,  cyclones  près  de  l'équateur,  deviennent  tempêtes  à  nos 
latitudes.  L'explication  qui  précède,  et  qui  est  la  seule  que  nous  ayons 
trouvée  dans  la  Notice,  demanderait  à  être  développée.  Un  courant  a  né- 
cessairement deux  rives,  oîj  la  vitesse  s'annule,  et  un  axe,  où  la  vitesse 
atteint  son  maximvim  ;  la  vitesse  décroît  de  l'axe  à  la  rive  concave,  aussi  bien 
que  de  l'axe  à  la  rive  convexe. 

»  D'autre  part,  dans  nos  cours  d'eau,  au  moins,  le  tourbillon  naît  et  se 
développe  sur  une  rive  ou  sur  l'autre,  mais  il  n'embrasse  pas  toute  la  lar- 
geur du  cours  d'eau,  d'une  rive  à  l'autre;  sur  les  deux  rives,  les  sens  degyra- 
tion  des  tourbillons  sont  nécessairement  opposés,  comme  les  sens  de  la 
variation  des  vitesses  des  filets  fluides.  Pourquoi  les  grands  courants  atmo- 
sphériques n'obéissent-ils  pas  aux  mêmes  lois  ?  Quelle  est  cette  influence  de 
la  concavité  ou  de  la  convexité  des  rives,  qui  n'a  pas  été,  que  je  sache,  si- 
gnalée pour  les  courants  de  nos  fleuves? 

))  J'ajouterai  quelques  mots  sur  un  autre  point  où  la  théorie  nouvelle  me 
paraît  très-faible  :  c'est  la  question  de  l'origine  de  la  pluie.  La  pluie  est  le 
phénomène  physique  le  plus  remarqtiable  qui  accompagne  les  mouveiuents 
tournants  de  l'atmosphère;  comment  la  théorie  de  M.  Faye  en  rend-elle 
compte?  Je  n'ai  trouvé  dans  la  Notice  aucun  éclaircissement  à  cet  égard 
pour  ce  qui  concerne  la  tempête  et  le  cyclone  ;  poiu'  la  trombe,  voici  ce  que 
j'y  trouve: 

o  Dans  l'air,  la  chaleur  décroît  notablement  vers  les  couclies  élevées.  De  plus,  l'iiumidilé 
de  l'air  est  susceptihie  de  condensation  pour  un  abaissement  de  température  souvent  très- 


(  (^59  ) 

faible.  Dès  lors,  l'air  froid  des  hautes  régions,  entraîné  peu  à  peu,  par  un  mouvement  tour- 
billonnaire,  dans  les  couclies  basses  et  humides,  détermine  tout  autour  de  la  trombe  la  for- 
mation d'un  léger  brouillard.  Celui-ci  lui  sert  d'enveloppe  extérieure  ou  de  gaîne,  en  dessine 
plus  ou  moins  nettement  les  contours  et  la  rend  visible  par  son  opacité.  Sans  doute  l'air 
descendant  subit  une  pression  croissante  et  se  réchauffe  peu  à  peu;  mais  il  reste  en  retard 
sur  la  température  ambiante,  et  il  suffit  que  ce  retard  atteigne  le  point  de  rosée  du  milieu 
général,  pour  que  la  gaîne  nébuleuse  se  produise  aussitôt   »  (page  496)- 

»  Si  M.  Faye  avait  fait  le  calcul  du  degi'é  de  réchauffement  dû  à  la  pres- 
sion croissante,  ce  qui  est  facile  par  les  principes  de  la  théorie  mécanique 
de  la  chaleur,  il  aurait  reconnu  que  l'air  descendant  n'est  pas  en  retard 
sur  la  température  ambiante,  mais  bien  en  avance,  et  qu'il  lui  est,  jiar  suite, 
impossible  de  condenser  la  vapeur  de  l'almosphère  ambiante.  Dans  l'air 
descendant,  la  température  croît  à  raison  de  i  degré  par  10 1  mètres  de 
hauteur  verticale  parcourue,  et  la  loi  de  décroissance  des  températures 
dans  l'atmosphère  terrestre  est  toujours  moins  rapide,  d'après  les  nom- 
breuses observations  recueillies  dans  tons  les  pays.  Du  reste,  cette  loi 
de  décroissance  moins  rapide  des  températures  est  une  condition  néces- 
saire de  la  stabilité  de  l'équilibre  atmosphérique,  ainsi  que  je  l'ai  fait  voir 
dans  le  Mémoire  déjà  cité. 

»  En  résumé,  je  ne  vois  guère  comment  la  théorie  de  M.  Faye  peut  expli- 
quer la  production  de  la  pluie  qui  accompagne  d'une  manière  conslante 
les  tempêtes  et  les  cyclones;  d'autre  part,  elle  ne  me  paraît  pas  mieux  s'ac- 
corder que  l'ancienne  théorie  avec  l'énoncé  primitivement  donné  à  la  pre- 
mière loi  des  tempêtes,  et  elle  me  paraît  fort  mal  justifier  la  seconde  loi.  Je 
ne  crois  pas  qu'elle  soit  destinée  à  supplanter  l'ancienne  théorie  et  à  rassu- 
rer les  marins  contre  les  entreprises  des  météorologistes  qui,  continuant  à 
étudier  les  diagrammes  fournis  par  l'observation,  espèrent  donner  aux  lois 
des  tempêtes  mie  précision  chaque  jour  croissante. 

»  Il  me  resterait  à  répondre  aux  critiques  adressées  à  l'ancienne  théorie, 
à  celle  dite  de  V  aspiration  ;  je  le  ferai  dans  une  autre  Communication,  si 
M.  Faye  veut  bien  préciser  les  points  sur  lesquels  il  entend  porter  le 
débat.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Observations  de  M.  Fa\e  sur  les  critiques  de  M.  Peslin. 

«  On  aurait  bien  tort  de  conclure,  des  premiers  mots  de  l'auteur,  que 
j'aurais  critiqué  son  Mémoire  sans  le  citer.  Cela  n'est  pas  dans  mes  habi- 
tudes. La  vérité  est  que  je  me  suis  adressé  à  une  opinion  déjà  ancienne  et 
très-répandue  qui  remonte  àFrancklin.  M.  Peslin  paraît  l'avoir  adoptée; 


(  66o  ) 
ses  idées  sont  analogues,  sinon  identiques,  à  celles  de  M.  Espy,  modifiées 
ou  plutôt  corrigées  par  M.  Reye.  Par  exemple,  l'objection  que  M.  Peslin 
m'adresse  sur  la  prétendue  impossibilité  qu'une  masse  d'air  se  meuve  de 
haut  en  bas  tout  en  conservant  dans  son  mouvement  une  température 
inférieure  à  celle  des  couches  traversées  se  trouve  textuellement  dans  le 
Mémoire  de  M.  Espy  et  dans  le  Rapport  qui  a  été  fait  en  1841  sur  cette 
théorie,  par  une  Commission  composée  de  MM,  Arago,  Pouillet  et  Ba- 
binet  (i).  J'ai  déjà  discuté  ces  idées  devant  l'Académie,  y  compris  l'objec- 
tion reproduite  par  M.  Peslin,  avant  d'écrire  la  Notice  Sur  la  loi  des  tempêtes 
qui  vient  de  paraître  dans  V Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes  pour  1875. 
Ces  discussions  pour  et  contre  ont  paru  tout  au  long  dans  les  Comptes 
rendus.  Je  pourrais  donc  me  croire  dispensé  de  revenir  sur  les  mêmes  argu- 
ments; mais,  comme  la  question  intéresse  la  sécurité  de  nos  marins,  je  me 
suis  promis  de  ne  décliner  aucune  discussion  pour  peu  qu'elle  offrît  de 
chances  de  manifester  plus  clairement  la  vérité.  Or  c'est  ce  qui  ne  peut 
manquer  d'arriver  avec  un  adversaire  compétent  comme  M.  Peslin,  s'il  veut 
bien  prendre  pour  base  les  faits  eux-mêmes  et  reléguer  au  second  plan  les 
objections  théoriques  comme  celle  qu'il  vient  d'emprunter  à  M.  Espy. 

»  Puisque  M.  Peslin  m'invite  à  préciser  les  points  sur  lesquels  il  serait 
utile  de  porter  le  débat,  je  vais  le  faire  avec  toute  la  netteté  dont  je  suis 
capable  : 

»  1°  Les  cyclones,  hurricanes,  typhons,  tornados  et  trombes  sont,  de 
l'aveu. de  tous,  des  phénomènes  d'un  seul  et  même  ordre  mécanique  aux- 
quels s'applique  le  même  genre  d'explication. 

»  2°  Mais  l'œil  pouvant  embrasser  les  deux  derniers  phénomènes  dans 
leur  ensemble,  tandis  que  les  premiers  sont  beaucoup  trop  vastes  pour  que 
l'observateur  puisse  les  saisir  directement,  c'est  sur  les  deux  derniers  que 
la  discussion  doit  porter  tout  d'abord,  du  moins  si  l'on  consent,  comme  je 
n'ai  cessé  de  le  réclamer,  à  prendre  les  faits  pour  base. 

»  3°  La  plupart  des  météorologistes  attribuent  ces  phénomènes  à  une 
aspiration  verticale  dont  ils  commencent  par  supposer  fort  gratuitement 
l'existence.  Grâce  à  un  certain  état  statique  de  l'atmosphère,  cette  aspira- 
tion, suivant  eux,  s'entretiendrait  pour  ainsi  dire  d'elle-même  et  finirait 
par  développer  des  effets  mécaniques  d'une  puissance  étonnante.  Suivant 
eux  la  gyratiou  si  caractéristique  n'y  serait  qu'accessoire  :  elle  proviendrait 
simplement  de  la  réaction  du  sol,  animé  de  sa   lente  rotation  diurne,  sur 

(i)   Com/Jtes  rendus,  t.  XII,  p.  zjSi. 


(66i  ) 
les  couranls  horizontaux.  Cette  réaction,  qui  change  d'une  quarantaine  de 
degrés  la  direction  des  alizés  inférieurs  sur  leur  long  parcours,  ferait  dé- 
crire plusieurs  circonférences,  dans  l'espace  de  quelques  mètres  et  dans 
l'intervalle  de  quelques  secondes,  à  l'air  de  ces  prétendus  courants  hori- 
zontaux dont  aucun  observateur  n'a  senti  la  présence.  Ceux-ci  converge- 
raient violemment  de  tout  côté  vers  l'orifice  inférieur  de  la  trombe  ou  du 
tornado  pour  jaillir  ensuite  verticalement,  par  cet  étroit  orifice,  jusqu'à 
la  région  des  nuages,  sous  forme  d'une  colonne  entourée  de  vapeurs  con- 
densées par  le  refroidissement  et  évasée  par  le  haut. 

»  4°  Je  soutiens  au  contraire  que  l'origine  commune  de  tous  ces  phéno- 
mènes se  trouve  dans  les  courants  supérieurs,  dont  la  marche  des  nuages 
accuse  nettement,  à  nos  yeux,  la  puissance  et  la  direction,  et  nullement 
dans  les  couches  basses  où  règne  presque  toujours  un  calme  complet,  non 
pas  sans  doute  à  l'endroit  précis  que  la  trombe  atteint  à  un  instant  donné 
et  où  elle  travaille,  mais  tout  autour.  Sur  ce  point  capital  si  facile  à  con- 
stater, si  fréquemment  dénoncé  par  les  observateurs,  et  qui  prête  si  peu  à 
l'illusion,  totis  les  témoignages  concordent.  Cela  n'empêche  nidlement  les 
théoriciens  de  l'aspiration  de  placer  des  courants  violents  dans  ces  couches 
immobiles  au  sein  de  ce  calme  parfait  que  la  trombe  ou  le  tornado  ne 
fait  que  troubler  un  instant  dans  sa  course  rapide.  Jamais  on  n'a  vu  dans  la 
science  un  pareil  oubli  des  faits  :  indifférence  étrange  qui  ne  s'explique  que 
par  l'influence  d'un  préjugé  très-ancien  et  très-répandu  dont  j'ai  été  con- 
duit à  retracer  l'histoire  dans  V Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes  pour 
1875,  et  qui  a  amené  les  météorologistes  à  remplacer  les  faits  par  des 
théories  sur  la  stabilité  ou  l'instabilité  de  l'équilibre  atmosphérique. 

»  5°  Si  M.  Peslin  veut  bien  accepter  le  témoignage  des  faits,  et  s'il  parvient 
à  prouver  que  les  faits  donnent  raison  à  ce  que  je  nomme  hardiment  un 
préjugé  anti-scientifique,  je  m'empresserai  de  reconnaître  publiquement 
mon  erreur,  car  il  s'agit  ici  d'une  cause  sacrée  qu'il  n'est  pas  j)crmis  de 
compromettre  par  un  amour-propre  mal  placé.  La  vie  de  nos  marins  et 
la  sécurité  de  notre  commerce  sont  sérieusement  intéressées  à  ce  que  la 
science  ne  se  méprenne  pas  plus  longtemps  sur  la  nature  de  ces  formi- 
dables phénomènes. 

)>  6°  Quant  à  la  théorie  que  j'ai  proposée  moi-même,  elle  disparaîtrait  p?r 
cela  seul  que  M.  Peslin  aurait  prouvé,  par  les  faits,  la  vérité  dudit  préjugé. 
Dans  le  cas  contraire,  je  veux  dire  si  M.  Peslin  ne  peut  en  prouver  la 
vérité  par  les  faits,  qui  sont  le  juge  en  dernier  ressort  et  qui  devraient  l'être 
déjà  en  première  instance,  ma  théorie  se  substituera  naturellement  à  l'opi- 

G.  R.,  1875,  I"  Semestre.  (T.  LXXX,    N"  10.)  86 


(  662  ) 

nion  ancienne,  dans  l'esprit  même  de  mon  savant  contradicteur,  et  alors 
je  serai  heureux  de  mettre  à  profit  ses  critiques  pour  la  corriger  ou  la  j 

perfectionner.  C'est  à  ce  moment  que  nous  pourrons  utilement  examiner 
les  points  faibles  qu'il  m'y  signale  sur  la  naissance  des  mouvements  gyra- 
toires  dans  les  courants  supérieurs,  ou  sur  la  production  des  pluies  abon- 
dantes qui  accompagnent  les  cyclones  dans  leur  partie  antérieure. 

»  Tel  est  le  cadre  où  je  tiendrais,  pour  ma  part,  à  concentrer  tout  d'abord 
la  discussion.  » 

ASTRONOMIE,  —  Etoiles  doubles  dont  le  mouvement  relatif  s'effectue  en  ligne 
droite,  et  est  dû  à  une  différence  de  mouvements  propres.  Note  de  M.  Flam- 
marion, pi  ésentée  par  M.  Faye. 

«  Dans  la  révision  générale  que  je  viens  de  faire  des  étoiles  doubles,  j'ai 
été  conduit  à  partager  ces  systèmes  en  classes,  qui  n'ont  aucun  rapport 
avec  celles  de  W.  Herschel  et  de  W.  Struve  (celles-ci  n'étant  qu'une  dis- 
tinction relative  aux  dislances  angulaires  des  composantes),  mais  qui  sont 
fondées  sur  la  nature  même  de  ces  différents  systèmes.  J'ai  eu  l'honneur, 
récemment,  de  signaler  à  l'attention  de  l'Académie  le  type  représenté  par 
la  61*^  du  Cygne,  dont  les  composantes,  tout  en  étant  associées  physique- 
ment et  animées  d'un  mouvement  propre  commun  et  considérable,  ne 
gravitent  pas  l'une  autour  de  l'autre,  mais  se  déplacent  relativement  en 
ligne  droite.  Il  me  paraît  convenable  de  réserver  spécialement  aux  étoiles 
de  ce  type,  dont  j'ai  trouvé  plusieurs  exemples  remarquables,  le  nom  de 
systèmes  stellaires.  Aujourd'hui  je  présenterai  à  l'Académie  des  étoiles 
doubles  dont  le  mouvement  relatif  s'opère  également  en  ligne  droite,  mais 
qui  sont  formées  d'astres  non  associés,  réunis  fortuitement  sur  le  même 
rayon  visuel,  et  qui  passent  l'un  devant  l'autre  en  vertu  d'une  différence  de 
mouvements  propres.  Ce  sont  des  couples  optiques  bien  déterminés,  que 
nous  pouvons  désigner  définitivement  sons  le  nom  de  groupes  de  perspective. 
Ils  sont  beaucoup  plus  nombreux  que  les  «  systèmes  stellaires  »,  mais  moins 
nombreux  que  les  couples  dont  les  composantes  sont  restées  relativement 
fixes  depuis  leur  découverte.  Le  mouvement  constaté  en  ligne  droite  pro- 
vient ordinairement  du  mouvement  propre  de  l'étoile  la  plus  brillante, 
déterminé  d'ailleurs,  derrière  laquelle  la  petite  restant  fixe  paraît  marcher 
en  sens  contraire  (les  mesures  micrométriques  étant  rapportées  à  la  plus 
brillante  supposée  fixe);  mais  ce  mouvement  provient  aussi  parfois  de  celui 
de  la  plus  petite.  Eu  valeur  absolue,  il  représente  d'ailleurs  la  différence 
des  deux.  Ajoutons  enfin  que  la  translation  du  système  solaire  dans  l'espace 


& 


sa 


W      X  27CO  C->-Oie 


(  s»™  - 1  ■■  ) 


65'  iG7 


Di  min:  en.  l 


Etoiles  doubles  qui  marchent  en   ligne  droite. 

1309,       /\ 


3°0- J-S 


se* 


'■'-('^    "•  2  ''^ 


,1S72 


>  JuTolil  Cheval. 
jl,=  0"2liB 


S  2708     Cjgne 
79-9? 


I  1263   Lynx. 

7,0-7.5 

(2".»5  =  1"1 

^•0"706 


90  ' 


""■0-: 


amin.rr.lS02.0S 

d  ra.s 


% 


A|B 


a.  635 


■u 


Z  2120   Hercule. 
7Î-9Î 

ji.'  0','151 


si'f  su     a 


7S7.t./?tT?.°... 


■U 


(664  ) 
se  réfléchit  dans  ces  variations  de  perspectives.  Ces  couples  sont  particu- 
lièrement intéressants  au  point  de  vue  de  la  direction  et  de  la  valeur  des 
nouveaux  mouvements  propres  que  leur  analyse  met  ainsi  en  évidence. 

»  Voici,  comme  exemples,  sept  de  ces  couples,  que  je  choisis  au  milieu 
d'un  grand  nombre,  comme  types  bien  caractérisés,  et  pour  chacun  des- 
quels j'ai  construit  une  figure  spéciale,  qui  montre  mieux  que  toute  espèce 
de  calcul  le  mouvement  recliligne  et  ses  conséquences. 

»  1°  Vêga.  —  L'une  des  deux  positions  observées  par  Herschcl  est  certainement  erronée. 
Au  premier  abord,  il  semblerait  que,  si  c'est  la  mesure  de  1782  qui  est  bonne  et]celle  de  1792 
qui  est  fausse,  le  mouvement  pourrait  être  orbital.  Il  n'y  a  aucune  indication  sur  le  caialoi;ue 
d'Herscliel  qui  puisse  nous  guider  dans  notre  choix.  D'autre  part,  si  l'on  omet  cette  mesure 
pour  conserver  celle  de  1  792,  et  si  l'on  mène  une  ligne  par  la  moyenne  des  positions  ob- 
servées, on  trouve  une  ligne  droite,  de  part  et  d'autre  de  laquelle  les  positions  oscillent  dans 
des  écarts  )iarfaitement  compatibles  avec  les  erreurs  d'observation  de  ce  couple  si  difficile. 
On  se  décide  en  faveur  de  cette  dernière  hypothèse,  si  l'on  comiiare  à  cette  ligne  la  direction 
du  mouvement  propre  de  Véga,  déterminé  directement.  On  a  pour  ce  mouvement  séc.  : 
Aacos5  =  -t-  20", 3;  ûiî  =  -1-  2g", q.  Celte  direction  est  précisément  de  sens  contraire  à 
celle  du  compagnon,  avec  une  vitesse  sensiblement  égale.  Nous  devons  donc  considérer  le 
compagnon  comme  relativement  immobile  derrière  Véga,  qui  passe  devant. 
»  La  vitesse  annuelle  conclue  est  de  o",35o. 

»  2°  5  du  Petit  Clwi'al.  —  Depuis  la  première  mesure  de  cette  étoile  double,  en  1781,  le 
compagnon  s'est  déplacé  de  53  degrés  et  de  i3  secondes.  Le  mouvement  est  recliligne  et 
dû  au  mouvement  propre  de  S,  du  moins  en  grande  partie;  car  on  peut  voir  sur  la  figure 
que  les  deux  lignes  sont  presque  parallèles,  sans  l'être  tout  à  fait.  La  différence  est  de  4  de- 
grés. Il  semble  donc  qu'en  même  temps  que  S  marche  vers  i65  degrés  du  nord  l'étoile 
lointaine  s'éloigne  lentement  vers  l'est.  La  vitesse  du  mouvement  propre  annuel  conclu  est 
de  o",->88.  S  du  Petit  Cheval  est  elle-même  un  système  binaire  rapide  et  serré,  dont  le  plan 
passe  par  le  Soleil  et  gît  dans  la  direction  10" —  190°,  indiqué  sur  la  figure.  Mais,  comme 
on  le  voit,  ce  n'est  pas  un  système  ternaire. 

»  3"  1263  s  Lyiij:.  —  Lorsque  W.  Struve  découvrit  la  duplicité  de  cette  étoile,  en  1826, 
la  distance  était  inférieure  à  4  secondes,  et  rapidement,  sous  les  yeux  mêmes  de  l'observa- 
teur, elle  s'accrut  avec  une  telle  vitesse  qu'en  i835  elle  atteignait  déjà  dix  secondes.  Il  calcida 
la  première  formule  de  son  mouvement  :  2",749  +  (' —  i832,o5).  o",69i,  et  recom- 
manda de  suivre  cette  étoile  pour  s'a.ssurer  si  le  système  est  oi)ii(]ue  ou  physique.  Il  parais- 
sait toutefois  préférer  le  système  physique  ;  «  Ut  ex  splendore  et  vicinitate  prob.ibilius  videtur 
»  systema  corporum  allractione  inter  se  nexorum  ».  On  voit  par  la  figure  qu'en  projetant 
toutes  les  observations  continuées  jusqu'à  ce  jour  le  mouvement  rectiligne  est  absolument 
affirmé.  Ce  sont  donc  deux  étoiles  qui  ne  se  connaissent  pas.  Quoique  de  grandeurs  presque 
égales,  la  plus  brillante  est  beaucoup  plus  près  de  nous  que  l'autre.  On  a,  pour  son  mou- 
vement propre  séc.  :  Aacos-î^;  —  34", 6;  Aiî  =: — 56", 6.  Il  faut  que  les  deux  étoiles 
soient  assez  éloignées  l'une  de  l'autre  pour  ne  pas  s'être  influencées  en  passant  ainsi  sur  le 
même  rayon  visuel.  La  distance  angulaire  minimum  a  eu  lieu  en  1822,08,  à  l'jSg.  Le  mou- 
vement projjrc  conclu  =  o  ",  706. 

»  Ce(te  étoile  est  la  même  que  17  161  Lalande,  observée  en  1796,  et  non  consignée  comme 


(  665  ) 

double,  quoique  la  distance  ait  été  alors  de  1 8  secondes.  (Dans  ce  catalogue,  la  grandeur  9,5 
est  singulièrement  trop  fiiible.) 

w  4"  iSiGs  Drngon.  —  Nous  avons  ici  le  cas  contraire  à  celui  de  la  précédente.  Le 
compagnon  s'est  rapproché  de  plus  en  plus  depuis  1790,  époque  de  la  plus  ancienne  ob" 
servation  (due  à  Lalande  et  seulement  approximative),  est  descendu  de  29 secondes  ;i  2", 60 
en  i855,  puis  a  continué  sa  marche  et  se  trouve  déjà  aujourd'hui  à  8  secondes.  Ce  mouve- 
ment n'appartient  pas  à  l'étoile  secondaire,  mais  :i  la  primaire,  dont  le  mouv.  pr.  séc.  cal- 
culé directement  se  traduit  par  Aa  cosrJ  =  —  ^i" ,&;  Ao  =  -f-  1 1",4'  Ce  couple  est  classé  à 
tort  par  Chanibers  [Monthly  Notices)  dans  les  vraies  binaires.  C'est  incontestablement  un 
groupe  de  perspective,  dont  les  composantes,  très-éloignées  l'une  derrière  l'autre,  ne  se  con- 
naissent pas.  Le  mouvement  propre  conclu  est  assez  fort  :  o",4o4  (Fig.  :  2""", 5  =  i"). 

»  5"  2708  2  Cygne.  —  Nous  avons  un  très-grand  nombre  d'observations  de  cette  belle 
étoile  double  colorée.  A  =  ■j'^  jaune  d'or  ;  B  =-  8,5  bleue;  couleurs  complémentaires,  mais 
réelles.  La  ligne  passant  par  la  moyenne  de  toutes  les  observations  est  une  ligne  droite. 
Lord  Wrotlesley  conclut  dans  son  catalogue  de  i855  que  le  mouvement  n'est  pas  rectiligne; 
cependant  il  l'est  certainement.  Les  deux  composantes  qui  ont  été  mesurées  à  9",  56  en 
1823  sont  actuellement  à  21".  La  vitesse  annuelle  conclue  de  ces  comparaisons  est  de  o", 255. 
Le  mouv.  de  A  :  Aacos'î  =  +  19", 3  tl'^S  =  —  i']",'],  correspond  au  déplacement  observé 
Nous  avons  donc  ici  encore  un  groupe  de  perspective,  d'autant  plus  intéressant  qu'il  nous 
montre  que  les  couleurs  des  étoiles  doubles,  considérées  jusqu'ici  comme  le  caractère  optique 
spécial  des  systèmes  binaires,  ne  leur  est  pas  exclusivement  réservé,  et  qu'il  y  a  des  étoiles 
simples  colorées  en  bleu.  J'ai  réuni  un  grand  nombre  d'exemples  analogues,  qui  montrent 
que  les  idées  acceptées  sur  cette  coloration  caractéristique  (John  Herschel,  Ilumboldt, 
Arago,  etc.)  doivent  être  modifiées. 

»  La  distance  minimum  a  eu  lieu  en  lygS.  Ce  couple  est  passé  sous  les  yeux  d'Herschel 
en  1792,  et  il  l'a  consigné  comme  étant  de  sa  deuxième  classe,  c'est-à  dire  entre  4"  et  8", 
ce  qui  correspond  bien  avec  la  (igure  que  j'ai  conclue  de  l'ensemble  des  observations. 

»  6"  2760  S  Cygne. —  Tandis  que  l'angle  varie  à  peine,  la  distance  a  diminué  depuis  1825 
de  i4"  à  9".  Le  mouvement  s'effectue  en  ligne  droite.  Est-ce  un  système  binaire  dont  le 
plan  passe  par  le  Soleil  ?  Rien  n'autorise  encore  à  le  supposer.  La  vitesse  est  sensiblement  uni- 
forme, de  o"  1 16  par  an,  et  la  ligne  parcourue  est  parfaitement  droite.  La  distance  minimum 
arrivera  en  1950,  à  i",  14. 

))  7°  2120  2  Hercule.  —  Cette  étoile  peut  servir  d'intermédiaire  entre  les  groupes  de  per- 
spective et  les  systèmes  binaires.  L'hypothèse  d'un  mouvement  rectiligne  satisfait  aux  obser- 
vations; mais  on  pourrait  aussi  faire  passer  par  elles  l'arc  d'ellipse  AB  (voir  la  figure),  et 
supposer  (jue  le  plan  de  l'orbite  passe  par  le  Soleil.  Ce  cciuple  est  le  plus  serré  de  tous  ceux 
de  cette  liste,  et  il  y  a  probabilité  en  faveur  de  la  binarité;  toutefois  je  l'ai  associé  aux 
précédentes,  à  cause  de  l'apparence  du  mouvement  rectiligne  et  sensiblement  uniforme.  Le 
plus  grand  ra|iprochement  a  eu  lieu  en  i85o,  à  2",  34.  Les  deux  composantes  sont  orangé 
et  bleu  olive,  peut  être  par  contraste. 

»  A  ces  étoiles  doubles,  dont  les  cinq  premières  peuvent  être  considérées 
comtne  Ijpei  absolus  des  groupes  de  perspective,  je  pourrais  en  ajouter  ici 
quarante  autres  qui  sont  dans  le  même  cas,  mais  ont  été  moins  assidinnent 
observés,  tels  que  :  Mira  Ccti,  dont  le  compagnon  éloigné  a  été  observé 


(  666  ) 
dès  i683,  est  passé  à  sa  distance  minimum  en  1744»  ^t  s'éloigne  en  ligne 
droite  avec  un  mouvement  annuel  de  o",  SaS  dû  à  Mira  Ceti  ;  2Î  i25,  dont 
l'étoile  B  suit  un  mouvement  rectiligne  de  o",  464»  exactement  parallèle  et 
contraire  au  mouvement  propre  de  A  ;  2i;  142,  couple  dans  lequel  le  mou- 
vement propre  appartient  à  B  (o", 229);  l\i  Bélier,  quadruple  optique  : 
l'étoile  A  passe  devant  trois  autres  étoiles  plus  éloignées  et  relativement 
fixes;  22877,  A  jaune,  B  bleue,  belles  couleurs;  rectilignes  néanmoins  : 
jx  =  o", ii3;  £  du  Bélier  :  les  deux  étoiles  ont  dû  se  rencontrer  vers  l'an- 
née 1800  et  s'éclipser,  caria  distance  des  centres  est  descendue  à  o",i  (pour- 
rait être  dans  le  même  cas  que  2  2120),  etc.,  etc.;  mais  les  exemples  discu- 
tés et  représentés  graphiquement  plus  haut  suffisent  pour  caractériser  les 
étoiles  doubles  de  cette  classe,  les  groupes  de  perspective.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Identité  des  dérivés  bromes  de  l'hjdrure  d'éthjlène  tétra- 
broiné  avec  ceux  du  perbromure  d'acétylène.  Note  de  ÏM.  E.  Bourgoin, 
présentée  par  M.  Berthelot. 

«  J'ai  démontré,  dans  un  Mémoire  précédent,  que  lorsque  l'on  fait  réa- 
gir le  brome  sur  l'acide  bibromosuccinique  on  obtient  finalement  un  car- 
bure brome  cristallisé,  l'hydrure  d'éthylène  tétrabromé,  isomérique  avec 
le  perbromure  d'acétylène  (i).  J'ai  fait  voir  ensuite  que  ce  dernier  composé, 
traité  par  le  brome,  donne  du  perbromure  d'acétylène  brome,  identique 
avec  le  bibromure  d'éthylène  tribromé  de  M.  Reboul.  Cette  identité  se  con- 
çoit aisément,  puisque  les  deux  produits  tirent  leur  origine  d'un  seul  et 
même  corps,  l'acétylène. 

»  Il  était  intéressant,  d'autre  part,  d'examiner  si  le  dérivé  brome  de 
l'hydrure  d'éthylène  tétrabromé,  répondant  à  la  formule  C*HBr^,  est  iso- 
mérique ou  identique  avec  le  perbromure  d'acétylène  brome. 

»  L'expérience  a  été  faite  en  chauffant  en  vase  clos  le  mélange  suivant  : 

Hydrure  d'éthylène  tétrabromé. .      16  grammes. 
Brome ....        1'',  5 

»  Bien  que  très-soluble  dans  le  brome,  l'hydrure  d'éthylène  tétrabromé 
est  aussi  difficilement  attaqué  que  le  perbronnire  d'acétylène.  En  effet, 
après  cinquante-deux  heures  de  chauffe  à  160  degrés,  il  s'est  dégagé  d'a- 
bondantes vapeurs  d'acide  bromhydrique  à  l'ouverture  des  tubes,  et  ce- 
pendant la  réaction  n'était  pas  complète;  ce  résultat  n'a  été  obtenu  qu'en 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXXIV,  p.  874,  et  t.  LXXIX,  p.  gSS. 


(667  ) 
chauffant  de  nouveau  les  tubes  à  la  même  température  pendant  trente-six 
heures. 

»  Le  produit  ainsi  préparé  s'est  dissous  presque  en  totalité  dans  l'alcool 
troid.  A  l'évaporation  spontanée,  il  s'est  déposé  des  cristaux  prismatiques, 
que  l'on  a  obtenus  à  l'état  de  pureté  en  les  faisant  cristalliser  de  nouveau 
dans  l'alcool  froid. 

»  Ces  cristaux  entrent  en  fusion  à  56",  5,  à  2  degrés  seulement  au-dessus 
du  corps  dont  ils  dérivent.  Ils  possèdent  les  propriétés  et  la  composition  du 
perbromure  d'acétylène  brome:  o,436  ont  fourni  0,089  d'acide  carbonique 
et  0,017  d'eau. 

»  Ces  nombres  donnent,  en  centièmes  : 

Expérience.  Théoiie. 

Carbone 5,5^  C* 5,64 

Hydrogène.    ...        o,43  H o,a5 

Brome «  Br'... 94>" 

»  Dans  une  autre  série  d'essais,  l'hydrure  d'éthyléne  tétrabromé  a  été 
chauffé,  pendant  trois  jours  environ,  avec  du  brome  en  excès  et  de  l'eau,  à 
la  température  de  175  degrés. 

»  Le  produit  de  la  réaction  ne  s'est  plus  dissous  que  partiellement  dans 
l'alcool  froid.  La  partie  indissoute  était  peu  soluble  dans  l'éthcr,  Irès-so- 
luble  dans  le  sulfure  de  carbone  ;  ce  dernier  véhicule  a  fourni  des  cristaux 
tabulaires,  infusibles,  se  dédoublant,  vers  200  degrés,  en  brome  et  en  éthy- 
lène  perbromé.  Lorsque  l'on  opère  dans  une  petite  ampoule  close  et  que 
l'on  refroidit  brusquement  la  masse,  celle-ci  reste  liquide;  sous  l'influence 
des  rayons  solaires,  le  brome  entre  de  nouveau  en  combinaison,  ce  qui  re- 
produit le  corps  primitif.  Ce  corps  est  du  sesquibromure  de  carbone,  qui 
prend  naissance  d'après  l'équation  suivante  : 

C"  H^  Br^  +  4  Br  =  2  HBr  -!-  C  Br«. 

»  Il  résulte  des  expériences  qui  précèdent  que  l'hydrure  d'éthyléne  té- 
trabromé et  le  perbromure  d'acétylène  donnent,  en  présence  du  brome, 
les  mêmes  produits  de  substitution.  » 

THERMOCHIMIE.  —  Sur  les  quanlilés  de  clinleitr  dégacjées  dans  la  décomposition 
des  chlorures  de  quelques  acides  de  la  série  grasse.  Note  de  M.  W.  Lougui- 
NiNE,  présentée  par  M.  Berthelot. 

«  Ces  recherches  forment  la  suite  de  travaux  entrepris,  il  y  a  quelques 
années  déjà,  par  M.  Berthelot  et  moi.  Elles  ont  été  faites  par  les  méthodes 


(  668  ) 

connues;  seulement,  comme  j'ai  employé  des  solutions  de  potasse  plus 
concentrées  que  j~,  j'ai  déterminé  les  chaleurs  spécifiques  des  liquides 
résultant  de  l'expérience.  Tous  les  chlorures  que  j'ai  étudiés  ont  été  pré- 
parés par  moi-même,  à  l'aide  de  deux  méthodes  différentes  :  i°  par  l'action 
de  3  molécules  de  PCI'  sur  i  molécule  d'acide;  2°  d'après  la  méthode  de 
M.  Bouttlerow,  qui  consiste  à  faire  réagir  d'abord  du  perchlorure  de  phos- 
phore sur  une  portion  de  l'acide,  ce  qui  donne  du  chlorure  acide  et  du 
POCI',  et  à  mélanger  dans  la  même  cornue  le  produit  de  cette  première 
réaction  avec  du  sel  de  soude  sec  du  même  acide.  Cette  méthode  permet, 
par  conséquent,  d'éviter  la  préparation  spéciale  de  POCl'.  Tous  ces  chlo- 
rures ont  été  soigneusement  purifiés  et  analysés,  et  je  me  suis  assuré  qu'ils 
ne  contenaient  pas  de  phosphore.  J'ai  étudié  plusieurs  échantillons  de 
chaque  substance  pour  connaître  la  cause  d'erreur  provenant  des  différents 
degrés  de  pureté.  Les  corrections  pour  le  refroidissement,  dans  des  réac- 
tions qui  duraient  quelquefois  dix  minutes,  ont  été  calculées  d'après  la 
formule  donnée  par  M.  Pfaundier;  ces  corrections  n'ont  jamais  dépassé—; 
de  l'élévation  de  température  observée. 

I.  —  Chaleur  dégagée  dans  la  décomposition  du  chlorure  butyrique 
(acide  de  fermentation). 

Premier  échantillon.    —  Potasse  à  3,4  ['our  loo 49  j^^     49  >55     5o  ,20     ^(j  ,3c) 

Moyenne  49*^^', 74  iiourC'H'OCl  =  loôs^S. 
•  Température  des  expériences.     i8'',38     17", 27     i6°,43     i5°,83 

Deuxième  échantillon.  —  Potasse  34,2  pour  100 49  i^'^     49  j^^ 

Moyenne  49C»', 36  pour  C*H-OCI=  \o&^,5. 
»  Température  des  expériences.      18", 3o      i7°!92 

Troisième  échantillon.  —  Même  potasse 49  >02     49  >49 

Moyenne  49<^^',  26  pour  C<  H'  O  Cl  =  i  oG^"-,  5. 
u  Température  des  expériences.      18°, 76     18",! 

Moyenne  définitive  pour  les  trois  éclianiillons.  .  .      -\-  49''"',52. 

»  Le  chlorure  de  butyrile  ne  se  décompose  que  très-lentement  par  l'eau, 
et  les  expériences  que  j'ai  faites  à  ce  sujet  ne  m'ont  pas  donné  de  résidtats 
satisfaisants;  je  les  cite  néanmoins.  J'ai  obtenu  H-  ai*^'', 70,  +  22*^°', 08, 
moyenne  —  21*^°', 89  pour  io6s%5  de  C'II'OCI  décomposés  par  l'eau.  Pour 
comparer  à  ce  nombre  le  résultat  des  expériences  faites  avec  la  potasse,  il 
faut  soustraire  de  ce  dernier  :  1°  la  chaleur  de  combinaison  de  HCl  à  la 
potasse  —  +  13,700;  2°  de  l'acide  butyrique  à  la  potasse,  1 4,355.  Chaleur 


(  669) 
dégagée  par  l'action  de  l'eau  sur  le  chlorure  butyrique  : 

Cal 

Voie  directe 21 ,8g 

»      indirecte 21,46 

Moyenne. .  .  ai^-'^GS. 

»  De  ce  nombre  nous  déduisons  :  1°  chaleur  de  dissolution  dans  l'eau 
de  H  Cl  gazeux  =—  17^^°',  42;  2"  dissolution  dans  l'eau  de  l'acide  buty- 
rique —  o*^''',444-  Nous  ajoutons  :  3"  chaleur  de  vaporisation  de  l'eau  à 
zéro  =  io'^'\c)  et  nous  obtenons  le  nombre  -+  i4'^°'.  75,  quantité  de  chaleur 
dégagée  dans  la  réaction 

C'H^OCl  (hquide)  +  H^O  (gazeux)  =  C*H«0^  (liquide)  +  HCl  (gazeux). 

II.  —  Chaleur  dégagée  dans  la  décomposition  i>ar  la  potasse  du  chlorube  isobCttrique. 

Premier  échantillon  : 

Potasse  à  5,3  pour  100 +48,52      ^8  ,5()      4^  j77       4^565      4^)68 

Températuredes  expériences..  iS^.Sg       i5°,32       i5°,o7       i5°,88       i4°);4 

Moyenne  48C'",64  pour  C*H'0C1  =  loô^SS. 
Deuxième  échantillon  : 

Potasse  à  5  pour  100 +47,81       4?  »9'^       4?  >62       4^  'Oi 

Température  des  expériences..  16°, 6         i5°,62       16°, 53       17", 26 

Moyenne  47^^"',  84  pourC'H'OCl=  loG^^S. 

La  moyenne  des  deux  séries  donne,  pour  la  chaleur  dégagée  dans  la  décomposition  par  la 

potasse  de  106^'', 5  de  chlorure  isobutyrique..  .      -+■ /^H'^'^^^S 
Décomposition  de  ce  chlorure  parl'eau 48,23  —  i3,7  —  i4  ,34  (*)  =  20*^^',  19 

))  Une  expérience  directe  n'a  pu  être  faite,  à  cause  de  la  lenteur  avec 
laquelle  le  chlorure  d'isobutyrile  est  décomposé  par  l'eau. 

+  20,19—  '7>43  (chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  de  HCl  gazeux) 

—  0,582  (chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  de  l'acide  isobntyrique  liquide) 

+  10,90  (chaleur  de  vaporisation  de  l'eau  à  zéro). =  13*-°', 08, 

chaleur  dégagée  dans  la  réaction  suivant  l'équation 

C'H'OCl  (liquide)  +  H^O  (gazeux)  =  C'H'O^  (liquide)  +  HCl  (gazeux). 

III.  —  Chaleur  dégagée  dans  la  décomposition  de  différents  chlorures  valériques. 
»    1°  Chlorure  de  r acide  de  la  valériane  : 

Potasse  à  3,89  pour  100 48,4^       48,i4       4^  i^'       48,^4 

Moyenne  48*^'",3i  pour  C"U'0C1  =  i20«',5. 


(*)  Chaleur  de  formation  de  l'isobutyrate  de  potasse. 

C.R.,  1875,  1"  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  10.)  87 


(  670  ) 

Température  des  expériences '     i5°,o8       i5",45       iÇfA^       '9°)37 

48,32  —  13,70  (chaleur  de  formation  deKCl) 

—  14,45  (chaleur  de  formation  de  C'H»KO')     =2oC=',i7, 

chaleur  dégagée  dans  la  décomposition  de  ce  chlorure  par  un  excès  d'eau. 

»  Une  expérience  directe  a  été  impossible,  le  chlorure  de  valéryle  ne 
se  décomposant  par  l'eau  qu'avec  une  grande  lenteur. 

20,17  ""  '7>43  (chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  de  HCl  gazeux) 

—  o,g8  (chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  de  l'acide  valérique  liquide) 

-I-  10, g  (chaleur  de  vaporisation  de  l'eau  à  zéro) =:  I2''''',66, 

quantité  de  chaleur  dégagée  dans  la  réaction 

C^H'OCl  (liquide)-t-    H^O  (gazeux)  =  C'H'»0^  (liquide)  +  HCl  (gazeux). 

»   2°  Chlorine  de  valéiy le.  —  Acide  provenant  de  l'oxydation  de  l'alcool. 

Potasse  à  6  pour  100  à  peu  près..     48  )97       48  ;94       ^9  ,o5       49  ,06 
Température  des  expériences.  ..  .      12°, 27        12°, 84       12°, q3       i4°,20 

Moyenne  =  49' 01, 

chaleur  dégagée  dans  la  décomposition  de  ce  chlorure  (  1206'',  5)  par  la  potasse. 

49,01  —  13,70 — i4, 68  (chaleur  de  formation  de  C'H'KO^  avec  cet  acide)  =20*^'"', 63, 
dégagées  dans  la  décomposition  de  ce  chlorure  valérique  par  l'eau. 

20,63  —  17,43  (chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  de  HCl  gazeux) 

—  0,672  (dissolution  dans  l'eau  de  cet  acide  valérique) 

4-  10,  g  (chaleur  de  vaporisation  de  l'eau  à  zéro) =.  i3^''',43, 

chaleur  dégagée  dans  la  décomposition  de  ce  chlorure  selon  l'équation 

C^H'OCl  (liquide)  +  H-0  (gazeux)  =  C^H'°0^  (liquide)  +  HCl  (gazeux). 

»  3°  Chlorure  de  l'acide  trimétlij^lacétique.  —  Je  ne  possédais  que  5  grammes 
de  ce  chlorure  que  je  devais  à  l'obligeance  de  M.  Bouttlerow;  j'ai  pu  l'uti- 
liser pour  trois  expériences. 

Potasse  à  4  pour  100 ^n  ,60       4'  ,49       4'   ,98 

TempéraUire  des  expériences..  .      16", 5i       17°,  38       16°, 72 
Moyenne  =:  42*'°',  02, 

chaleur  dégagée  dans  la  décomposition  par  la  potasse  de  I2oE'',  5  de  ce  chlorure. 

42,02 —  13,70  (chaleur  de  formation  de  HCl) 

—  i3,g2  (chaleur  de  formation  du  triméthylacétate  de  potasse).  ...      =^  14*'°', 4°, 

dégagées  dans  la  décomposition   de  ce  chlorure  par  l'eau.  L'expérience  directe  n'a  pas  été 
possible,  le  chlorure  ne  se  décomposant  par  l'eau  que  lentement. 


(  671   ) 

14,40 —  '7' 4^0  (chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  de  H  CI  gazeux) 

+  0,1 04  (chaleur  absorbée  lors  de  la  dissolution  dans  l'eau  de  l'acide  solide) 

-4-10,9  (chaleur  de  vaporisation  de  l'eau  à  zéro) :=8'-''', o4, 

dégagées  lors  de  la  décomposition  du  chlorure  triméthylacétique  suivant  l'équation 
C'H'OCl  (liquide)  -f- Il  Cl  (gazeux)  =  C='0"'02  (solide) -+- H  Cl  (gazeux). 

»  Il  résulte  de  ces  recherches  : 

))  1°  Que  les  quantités  de  chaleur  dégagée  dans  la  décomposition  des 
chloriu'es  acides  d'après  l'équatiou 

C''H'"-'0C1  (liquide)  +  H'O  (gazeux)  =  C"H"'0'  (liquide)  4-  HCl  (gazeux) 
décroissent  quand  on  s'élève  dans  la  série  des  homologues,  à  partir  de  l'acide 
acétique,  jusqu'aux  acides  valériqiies,  du  moins  à  ceux  qui  ont  été  étudiés 
par  moi.  En  effet,  pour  le  chlorure  acétique,  cette  quantité  de  chaleur  est 
-j-  17*^'', 5o;  chlorure  butyrique  de  fermentation  +14^°', 73;  chlorure 
isobutyrique  -h  i3,o8;  chlorure  valérique  de  la  valériane  +  12,66;  chlo- 
rure valérique  d'oxydation  -f-i3,43;  chlorure  triméthylacétique  -1- 8*^''',o4. 

»  2°  Les  chlorures  isomères  dégagent  en  se  décomposant,  d'après  l'équa- 
tion indiquée  plus  haut,  des  quantités  de  chaleur  différentes. 

»  3°  Nous  ne  pouvons  comparer  le  chlorure  triméthvlacélique  à  ses  iso- 
mères, car  nous  ne  connaissons  pas  la  chaleur  latente  de  fusion  de  l'acide 
solide  qui  se  dégage  dans  la  réaction  suivant  l'équation  citée  plus  haut.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  De  l' amylogène  ou  amidon  soluble. 
Note  de  M.  L.  Boxdonxeac. 

«  On  considère  comme  amidon  soluble,  tantôt  le  produit  colorable  en 
bleu  pur  par  l'iode,  ou  amylogène,  tantôt  im  produit  colorable  en  rouge  ou 
violet,  se  formant  sous  l'influence  des  acides  étendus.  Les  travaux  de 
M.  Musculus  semblent  confirmer  cette  dernière  manière  de  voir. 

»  En  étudiant  le  mode  de  préparation  de  cette  substance  colorable  en 
ronge,  nous  avons  remarqué  qu'en  desséchant  dans  les  mêmes  conditions,  à 
la  température  ambiante,  le  sirop  avant  et  après  la  formation  du  dépôt,  en 
reprenant  ensuite  par  l'eau  froide,  le  premier  se  dissont  entièrement,  tandis 
que  le  dépôt  du  second  reste  insoluble.  Cette  insolubilité  indique  que  cette 
substauce  ne  se  forme  que  dans  les  liqueurs  concentrées  et  qu'elle  n'existe 
pas  dans  la  matière  première,  puisqu'il  y  en  aurait  une  quantité  assez 
considérable  pour  devenir  insoluble  par  la  dessiccation  ;  ce  qui  n'a  pas  lieu. 
D'autre  part,  les  dextrines  de  torréfaction  devraient  en  être  coustituées 
presque  entièrement,  tandis  que  ces  produits  en  fournissent  à  peine. 

87.. 


(  672  ) 

»  Toujours  est-il  que  celte  substance  ne  se  forme  jamais  dans  un  sirop 
se  colorant  en  rouge  pur,  mais  toujours  lorsqu'il  se  teint  en  violet,  ce  qui 
indique  la  présence  de  l'amylogène. 

»  L'amylogène  préparé  par  divers  procédés  possède  toujours  les  mêmes 
propriétés  chimiques  indiquant  de  l'amidon  soluble,  mais  en  tenant  compte 
de  son  état  physique. 

»  Obtenu  par  les  acides  étendus,  les  alcalis,  l'eau  sous  pression,  etc.,  il 
devient,  par  dessiccation,  translucide  et  à  cassure  conclioïde,  complètement 
insoluble  dans  l'eau  froide  et  bouillante;  mais,  divisé  mécaniquement  avec 
une  lime  fine,  il  se  dissout  en  très-grande  quantité  à  froid  et  à  chaud;  il  est 
toujours  dissous,  mais  plus  ou  moins  rapidement,  suivant  sa  cohésion,  par 
la  soude  et  le  chlorure  de  zinc. 

»  Lorsqu'on  le  prépare  au  moyen  de  la  soude  caustique,  avec  neutra- 
lisation par  un  acide,  on  remarque  nettement  l'action  de  la  cohésion. 
L'amylogène  ainsi  formé  précipité  par  l'alcool,  en  évitant  toute  pression 
pendant  l'agitation,  se  dissout  dans  une  petite  quantité  d'eau  froide;  mais, 
si  l'on  comprime  simplement  ce  précipité  entre  les  doigts,  la  solubilité,  qui 
était  très-grande  avant,  devient  très-faible  à  chaud  et  presque  nulle  à  froid. 

«  Par  l'action  de  la  soude  et  des  sels  neutres,  il  se  forme  bien  de  l'amy- 
logène et  non  de  l'empois,  car  ces  solutions  soumises  à  la  réfrigération 
( —  i5°)  ne  laissent  aucun  dépôt  par  la  fonte  de  la  glace. 

))  L'expérience  de  Payen  tendant  à  démontrer  que  l'amylogène  est  tenu 
en  suspension  et  non  en  solution  dans  l'eau  de  l'empois  fdiré,  en  éliminant 
celte  dernière  par  les  radicelles  d'un  bulbe  de  jacinthe,  peut  être  inter- 
prétée d'une  tout  autre  manière;  les  radicelles  agissent,  non  pas  comme 
filtre  très-fin,  mais  bien  comme  dialyseur,  et  l'on  comprend  que,  si  l'amylo- 
gène ne  se  dialyse  pas,  la  concentration  de  la  liqueur  finit  par  devenir  telle, 
qu'elle  est  obligée  d'en  abandonner  une  partie,  laquelle  est  alors  inso- 
luble, comme  il  arrive  toutes  les  fois  que  l'amylogène  se  précipite  d'une 
de  ces  solutions  concentrées.  L'amylogène  ne  passe  pas  à  la  dialyse  ; 
après  dix  jours,  les  eaux  d'exosmose  n'en  renfermaient  pas  la  moindre 
trace  :  on  peut  le  considérer  comme  le  type  des  colloïdes. 

»  L'action  de  la  soude  et  des  sels  neutres  peut  être  facilement  inter- 
prétée. Le  grain  d'amidon  est  formé  de  couches  concentriques,  séparées  les 
unes  des  autres  par  une  membrane  cellulosique.  Or  ces  réactifs  agissent 
pour  nous  sur  celte  membrane,  en  la  contractant,  puis  la  déchirant,  et 
l'amidon  mis  en  contact  direct  avec  l'eau  s'y  dissout. 

»  Une  expérience  ancienne  vient  confirmer  cette  manière  de  voir.  La 


(673) 

fécule  dont  les  grains  sont  les  plus  gros,  triturée  dans  un  mortier  avec  de 
l'eau,  s'y  dissout  en  partie,  ce  qui  provient  de  la  déchirure  de  l'enveloppe 
cellulaire  et  de  la  mise  en  contact  direct  de  l'amidon  avec  l'eau.  Aussi,  pour 
nous,  la  matière  amylacée  des  grains  organisés  est  solubledans  l'eau  froide 
et  son  insolubilité  apparente  n'est  due  qu'à  son  enveloppe  de  cellulose.   » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.   —  Nole  sur  une  nouvelle  jnétliode  de  dosage 
par  les  liqueurs  titrées;  par  M.  F.  Jean.  (Extrait.) 

«  Mettant  à  profit  les  réactions  signalées  par  M.  F.  Weil,  je  suis  arrivé 
à  combiner  une  méthode  de  titrage,  analogue  à  celle  d'Auguste  Streng, 
qui  est  applicable  au  dosage  des  nitrates,  chlorates,  iodales,  chlorites, 
hypochlorites,  etc.;  du  fer,  du  plomb,  du  manganèse,  de  l'étain,  du  co- 
balt, du  nickel,  du  cyanoferride  de  potassium,  et  à  l'essai  des  oxydes  de 
manganèse,  du  minium,  du  sel  d'étain,  de  la  soudure  des  plombiers  et  des 
bronzes. 

»  Cette  méthode  du  titrage  repose  sur  les  réactions  suivantes  :  lorsque, 
dans  une  solution  acide  de  prolochlorure  de  cuivre,  on  ajoute  un  corps 
susceptible  de  dégager  du  chlore  ou  de  passer  à  un  degré  inférieur  d'oxyda- 
tion, il  se  forme  une  quantité  de  deutochlorure  de  cuivre  équivalente  au 
corps  chlorurant  ou  réduit,  quantité  qu'il  est  facile  de  déterminer  à  l'aide 
d'une  solution  titrée  de  protochlorure  d'étain. 

»  Connaissant  la  quantité  de  deutochlorure  formée,  il  est  très-simple 
d'en  déduire  la  quantité  de  nitrate,  de  chlorate  ou  de  peroxyde  qui  y  cor- 
respond; les  diverses  réactions  peuvent,  en  effet,  être  représentées  par  les 
équations  suivantes  : 

Pour  les  nitrates AzO'-+-  3HC1  +  3Cu'Cl  =  AzO-  +3HO  +  6CiiCl; 

>,     les  chlorates.  . CIO'  +  5IIC1  +  6Cu-Cl  =  5H0  -I- laCnCl  ; 

.     leschlorites CIO'  -)-  3H  Cl -f- 4Cii'Cl  =:  3H0  +  8CiiCi; 

»     les  hypochlorites  .  .  CIO    +    H  CI -)- aCu'Ci  =    II0  +  4CuCl; 

»     lesperoxydes M^Cl'+Cu'CI  =2MCI+2CuCI; 

..     lesbioxydes MO-'    +2CIH+     Cii^CI  =:  2HO  4-  aCuCl. 

»  Pour  éviter  l'inconvénient  d'avoir  plusieurs  liqueurs  titrées  et  simpli- 
fier les  calculs,  je  préfère  déterminer  empiriquement  la  quantité  de  deuto- 
chlorure formée  aux  dépens  du  protochlorure  de  cuivre,  par  un  poids 
connu  de  nitrate,  chlorate,  etc.   » 


(  ^l^  ) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  chimiques  sw l'absorption  de  V ammoniaque  de 
i air  par  la  terre  volcanique  de  la  solfatare  de  Pouzzoles.  Note  de  M.  S.  de 
Lu€A,  présentée  par  M.  Berthelot.  (Extrait.) 

«  Quoique  plusieurs  expériences  soient  encore  en  voie  d'exécu- 
tion, il  me  semble  que  dès  à  présent  les  résultats  obtenus  autorisent  à  for- 
muler les  conclusions  suivantes  : 

»  1°  La  terre  de  la  solfatare  de  Pouzzoles,  qui  se  trouve  au  voisinage 
des  fumerolles  secondaires,  par  l'action  de  l'air  et  de  l'humidité,  absorbe 
l'ammoniaque  de  l'atmosphère. 

»  2°  L'absorption  de  l'ammoniaque  est  due  à  la  transformation  préa- 
lable du  soufre  et  de  l'arsenic,  sous  l'influence  de  l'air  et  de  l'humidité, 
en  matières  acides,  lesquelles  changent  l'ammoniaque  en  sels  ammonia- 
caux, et  ceux-ci,  dans  les  conditions  ordinaires,  sont  fixes  et  solubles. 

»  3°  En  dehors  de  l'humidité  et  à  l'état  sec,  les  acides  du  soufre  et  de 
l'arsenic  ne  se  forment  pas,  et  par  conséquent  l'ammoniaque  n'est  pas 
absorbée  par  la  terre  de  la  solfatare. 

»  4°  Ces  expériences  paraissent  avoir  quelque  importance  pour  l'agri- 
culture, car  une  matière  poreuse,  telle  que  la  terre  volcanique  de  la  solfa- 
tare de  Pouzzoles,  réduite  en  pondre,  est  capable,  par  les  éléments  qu'elle 
contient,  de  fixer,  sous  l'influence  de  l'humidité,  l'ammoniaque  de  l'atmo- 
sphère, et  de  donner  naissance  à  des  matières  azotées  assimilables  parles 
plantes,  d'une  manière  lente  et  progressive,  comme  il  convient  à  la  marche 
naturelle  de  la  végétation  (i).  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Réponse  à  deux  Communications  de  M.  Bêcha  m  p 
relatives  aux  altérations  spontanées  des  œufs;  par  j\L  U.  Gayon. 

«  Dans  deux  Notes  insérées  aux  Comptes  rendus  (séances  du  27  janvier  et 
du  21  juillet  iS'^S),  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  connaître  à  l'Académie  les 
principaux  résultats  auxquels  m'ont  conduit  de  nombreuses  observations 
sur  les  altérations  spontanées  des  œufs. 

(i)  La  terre  tie  la  solfatare  prise  au  voisinage  des  fumerolles  secondaires,  où  la  tempé- 
rature s'élève  à  97  degrés  environ,  contient  les  corps  suivants  :  soufre,  sulfure  de  fer,  sul- 
fure d'arsenic,  acide  sulfiu-iipie,  acide  pliospliorique,  acide  nitrique,  silice,  alumine,  oxyde 
de  fer,  ammoniaque,  chaux,  magnésie,  potasse  et  soude  venant  des  tracliytes,  trace  de  man- 
ganèse. 


(  «75  ) 
»  Depuis  leur  publication,  M.  Béchamp,  rappelant  d'anciennes  observa- 
tions, s'est  exprimé  ainsi  : 

Il  Quant  au  mélange  du  blanc  et  du  jaune  de  l'œuf,  M.  Donné  et  moi  avons  fiiit  remar- 
quer qu'il  n'est  pas  facile  d'en  obtenir  la  fermentation;  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que 
jamais,  ni  M.  Donné,  ni  moi,  n'y  avons  vu  ni  bactéries,  ni  vibrions,  ni  moisissures,  ni  autre 
chose  d'organisé.  J'affirme  de  nouveau  qu'il  n'y  a,  normalement,  dans  le  mélange,  avant 
et  après  la  fermentation,  que  des  microzymas...  »  [Comptes  rendus,  séance  du  8  sep- 
tembre 1873. ) 

»  Dans  mes  expériences  sur  la  fermentation  spontanée  des  œufs  d'autruche  ou  de  poule, 
j'ai  fortement  insisté,  dit  encore  M.  Béchamp,  sur  le  fait  qu'il  n'y  avait  pas  de  bactéries,  que 
les  microzymas  y  conservaient  leur  forme  et  leurs  autres  propriétés  générales,  et  IM.  Donné, 
dont  la  compétence  est  si  grande,  n'y  a  jamais  vu  apparaître  de  bactéries  non  plus.  » 
[Comptes  rendus,  séance  du  22  février  18^5.) 

»  Je  ne  puis  laisser  passer  sans  réponse  l'assertion  deux  fois  reproduite 
de  mon  savant  contradicteur;  en  conséquence,  j'affirme  aussi  que  dans 
tous  les  œufs  pourris  que  j'ai  examinés,  c'est-à-dire  dans  plusieurs  cen- 
taines, j'ai  toujours  trouvé  des  bactéries  ou  des  vibrions,  et  que  je  n'ai  pas 
rencontré  à  ce  fait  une  seule  exception, 

)»  J'ai  indiqué  ailleurs  (1)  divers  procédés  qui  permettent  d'observer  à 
coup  svir  ces  petits  organismes  dans  les  oeufs  pourris.  » 

MÉDECINE  EXPÉRIMENTALE.  —  Recherches  sur  les  effets  de  la  ligature  du  canal 
cholédoque  et  sur  l'état  du  sang  dans  les  ictères  malins.  Note  de  MM.  V.  Feltz 
et  E.  RiTTER,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  Les  auteurs  démontrent,  par  une  série  de  neuf  expériences  de  ligature 
du  canal  cholédoque,  que  le  sang  s'altère  plus  ou  moins,  par  suite  de  la  ré- 
sorption des  sels  biliaires  et  de  leur  rétention  plus  ou  moins  longue  dans  le 
sang.  Les  globules  du  sang  deviennent  diffluents,  l'hémoglobine  transsude, 
cristallise  même-,  des  granulations  graisseuses,  en  quantité  notable,  et  des 
cristaux  de  cholestérine  s'accumulent  dans  le  sérum.  L'altération  du  sang 
varie  av"fec  les  quantités  d'acides  biliaires  que  l'analyse  chimique  y  dé- 
montre. Le  symptôme  jaunisse  ne  dépend  pas  des  sels  biliaires  ni  de  leur 
transformation,  mais  de  la  rétention  des  matières  colorantes. 

»  La  résorption  des  sels  biliaires  a  une  limite,  car  la  sécrétion  biliaire 
elle-même  diminue  une  fois  que  la  dilatation  des  canaux  et  canalicules  de 

(l)  Thèse  présentée  à  la  Sorbonne,  ayant  pour  titre  :  Recherches  sur  les  altérations  spon- 
tanées des  œufs  ;  18^5. 


(  676  ) 

sécrétion  est  considérable  et  que  l'épithélium  de  ces  canaux  tombe  en  dé- 
générescence granulo-graisseuse,  sous  l'influence  de  la  grande  augmenta- 
tion de  pression  intra-canaliculaire.  Cette  modification  delà  sécrétion  ex- 
plique la  rareté  des  accidents  nerveux  et  hémorrhagiques  dans  les  ictères 
par  rétention.  Sous  ce  rapport,  il  y  a  inie  grande  différence  entre  les  ic- 
tères par  acholie  et  les  ictères  par  polycholie  ou  supersécrélion  biliaire. 
Les  auteurs  ont  pu  produire  une  seule  fois,  par  la  rétention  artificielle  de 
la  bile,  les  accidents  graves  de  l'ictère  malin,  et,  dans  ce  cas,  ils  ont  trouvé 
dans  le  sang  une  quantité  de  sels  biliaires  variant  entre  —^-f,  et  j^r^. 

»  En  se  plaçant  sur  le  terrain  clinique  et  en  comparant  les  ictères  patho- 
logiques à  ceux  qu'ils  ont  pu  produire  artificiellement,  soit  par  des  injec- 
tions biliaires,  soit  par  la  ligature  du  canal  cholédoque,  les  auteurs  arrivent 
à  admettre  qu'il  y  a  dans  tout  ictère  un  moment  où  la  présence  des  sels  bi- 
liaires dans  le  sang  ne  peut  être  mise  en  doute,  et  que  les  accidents  nerveux 
ou  hémorrhagiques  des  ictères  malins  dépendent,  en  grande  partie,  des 
proportions  des  sels  biliaires  accumulés  dans  le  sang. 

»  Comme  conclusion  générale  de  toutes  leurs  données  expérimentales  et 
cliniques,  ils  établissent  d'une  manière  certaine  que  la  résorption  des  sels 
biliaires  joue  le  principal  rôle  dans  tous  les  cas  d'ictère  grave.  L'intoxica- 
tion du  sang  est  la  caractéristique  de  tous  les  états  dits  bilieux,  quelles  que 
soient,  du  reste,  les  lésions  multiples  des  organes  splanchniques  qui  leur 
donnent  naissance  ou  qui  en  dépendent. 

»  Ce  sont  les  modifications  morphologiques  et  chimiques  du  sang  que 
l'on  doit  rechercher  à  l'avenir  dans  tous  les  ictères  graves  et  même  dans  la 
fièvre  jaune  ;  les  auteurs  ont  l'intime  conviction  que  l'on  arrivera  ainsi  à 
démontrer  rigoureusement  que  tout  état  bilieux  malin,  de  quelque  nature 
qu'il  soit,  a  sa  raison  d'être  dans  l'accumulation  d'une  quantité  trop  con- 
sidérable de  sels  biliaires  dans  le  sang,  qui  agissent  comme  destructeurs  des 
hématies.  » 

ZOOLOGIE.  —  Observations  sur  les  mœurs  de  l'Heloderma  horridum  (i), 
Wiecjmann,  par  M.  F.  Sumichrast.  Note  de  M.  Bocourt,  présentée  par 
M.  Em.  Blanchard. 

«  Dans  une  intéressante  Notice  sur  quelques  Reptiles  du  Mexique,  pu- 
bliée dans   la  Bibliothèque  universelle  et   Pievue  suisse  [Àrch.  Se.  phys.  et 

(i)  ff'iegmann  Isis,  1829;  id.  Herp.  rna.r.,  i834,  PI.  Cette  espèce  est  devenue  le  type  de 
la  famille  des  Hclodcrmidœ.  Gray  (  Cat,  spcct.  Liz.  Coll.  Brit.  mus.  i8^5,  p.  3  et  l^). 


(677  ) 
mil  ,  18G4,  t.  XTX),  M.  Siimichrast  dit,  en  parlant  de  l'Héloderme 

»  Ce  singulier  Satiricn  alteint  chez  quelques  individus  i'",'^o  de  longueur, 
sivement  la  zone  chaude  qui  s'étend  du  revers  occidental  de  la  C.ordillièie  jusqu'aux  ri- 
vai;es  de  l'océan  Pacifique;  il  n'a  jamais  été  rencontré,  à  ma  connaissance,  sur  la  cote  du 
golfe  mexicain.  Ses  conditions  d'existence  le  confinent  dans  les  loi  alités  sèches  et  chaudes, 
telles  que  les  cantons  de  Jamitepec,  Juchitan,  Tehuaiitepec,  etc.   » 

»  Il  est  d'autant  plus  difficile  d'observer  les  mœurs  de  l'Héloderme  que 
cet  animal,  grâce  à  la  vie  sédentaire  que  lui  imposent  ses  habitudes  semi- 
nocturnes,  échappe  à  une  investigation  suivie.  Ajoutons  que  la  frayeur  ex- 
trême qu'il  inspire  aux  indigènes  n'a  pas  peu  contribué  à  laisser  son  his- 
toire dans  l'obscurité.  La  démarche  de  ce  Reptile  est  excessivement  lente 
et  embarrassée,  ce  qu'expliquent  du  reste  le  peu  de  longueur  et  l'épaisseur 
relative  des  membres,  aussi  bien  que  le  manque  de  flexibilité  des  articu- 
lations. Chez  les  individus  très-vieux  ou  chez  les  femelles  avant  la  ponte, 
le  ventre  acquiert  un  grand  développement  et  traîne  sur  le  sol,  diffor- 
mité qui  ne  laisse  pas  d'ajouter  encore  à  l'aspect  repoussant  de  cet  être 
bizarre. 

»  L'Héloderme  est  un  animal  terrestre  dans  toute  l'acception  de  ce  mot, 
et  son  organisation  est  en  rapport  intime  avec  son  genre  de  vie.  Sa  queue, 
arrondie  et  pesante,  ne  pourrait  en  aucune  manière  lui  servir  d'instrument 
de  natation,  et  ses  doigts  couris  et  épais  ne  sauraient  lui  permettre  de 
grimper  aux  arbres.  Aussi  n'est-ce  point  dans  le  voisinage  immédiat  des 
rivières  ou  dans  l'épaisseur  des  forêts  qu'il  faut  chercher  ce  Reptile,  mais 
plutôt  dans  les  endroits  secs,  à  la  lisière  des  bois  ou  dans  les  anciens  défri- 
chements, dont  le  sol  est  couvert  de  débris  végétaux,  de  troncs  pourris  et 
de  graminées.  Pendant  la  saison  sèche,  de  novembre  en  mai,  on  rencontre 
très-rarement  ce  Reptile,  qui  ne  se  laisse  voir  avec  quelque  fréquence  que 
dans  les  temps  de  pluies. 

»  Le  corps  de  l'Héloderme  exhale  ordinairement  une  odeur  forte  et  nau- 
séabonde, dont  l'intensité  augmente  à  l'époque  où  les  deux  sexes  se  recher- 
chent pour  l'accouplement.  Quand  l'animal  est  irrité,  il  s'échappe  de  sa 
gueule  une  bave  gluante  et  blanchâtre,  sécrétée  par  des  glandes  salivaires 
très-développées.  Si  on  le  frappe  dans  ce  moment  de  colère,  il  finit  par  se 
renverser  sur  le  dos,  ce  qui  fait  dire  aux  Indiens,  comme  un  précepte  à 
suivre  en  pareille  circonstance,  qu'il  faut  toujours  attaquer  le  Escorpioii  (i)  01 

(1)  On  applique  généralement  ce  nom  au  Mexitpic  it  au  Guatemala  à  tons  les  Sauriens 
dont  la  morsure  est  considérée  conmie  venimeuse. 

C.r..,i87r.,   i«r  Semestre.  (T.  l.XXX,  N»  U).)  °° 


(678  ) 

face,  parce  quil  pique  en  arrière.  Cette  manœuvre  singulière,  que  l'Hélo- 
tlorme  répète  presque  chaque  fois  qu'il  est  menacé,  est  accompagnée  de 
sifflements  profonds,  aspirés  avec  force  du  gosier,  et  d'une  sécrétion  abon- 
dante de  la  salive  gluante  dont  nous  avons  parlé. 

))  Les  indigènes  considèrent  la  morsure  de  l'Héloderme  comme  excessi- 
vement dangereuse  et  la  redoutent  à  l'égal  de  celle  des  Serpents  les  plus 
venimeux.  On  m'a  cité,  à  l'appui  de  cette  prétendue  propriété  malfaisante, 
un  grand  nombre  d'accidents  survenus  à  la  suite  de  morsures.  J'aurais 
désiré  pouvoir  faire  à  cet  égard  quelques  expériences  concluantes;  malheu- 
reusement tous  les  exemplaires  que  j'ai  pu  me  procurer  pendant  mon  séjour 
dans  les  contrées  qu'il  habite  étaient  tellement  maltraités  que  la  chose  de- 
venait impossible.  Sans  donner,  du  reste,  le  moindre  crédit  aux  récits  que 
j'ai  recueillis  des  indigènes,  je  ne  suis  pas  absolument  éloigné  de  croire  que 
la  bave  visqueuse  qui  s'écoule  de  la  gueule  de  l'animal  dans  les  moments 
d'excitation  ne  soit  douée  d'une  àcreté  telle  qu'elle  ait  pu,  introduite  dans 
l'économie,  y  occasionner  des  désordres  dont  la  gravité  aura  été  sans  doute 
fort  exagérée. 

»  A  la  fin  de  l'année  dernière,  j'ai  reçu  de  M.  F.  Sumichrast  de  nou- 
velles Notes,  datées  du  i*"''  février  1874»  relatives  à  un  envoi  de  Reptiles 
provenant  de Tehuantepec;  j'en  détache  une  otà  se  trouvent  consignés  les  ré- 
sultats d'expériences  sur  les  effets  produits  par  la  morsure  d'un  jeune  Hélo- 
derme. 

«  Je  suis  porté  à  croire  que  la  croyance  populaire  qui  attribue  à  l'Héloderme  des  pro- 
priétés venimeuses  n'est  point  sans  fondement.  Je  fis  mordre  une  poule  sous  l'aile  par  un 
individu  encore  jeune  et  qui,  depuis  longtemps,  n'avait  pris  aucune  nourriture.  Au  bout 
de  quelques  minutes,  les  parties  voisines  de  la  blessure  avaient  pris  une  teinte  violette;  les 
plumes  de  l'oiseau  étaient  hérissées,  tout  son  corps  éprouvait  un  tremblement  convulsif;  il 
ne  tarda  pas  à  s'affaisser  sur  lui-même;  au  bout  d'une  demi-heure  environ,  il  était  élendu 
comme  mort,  et  de  son  bec  entr'ouvert  s'échappait  une  bave  sanguinolente.  Aucun  mou- 
vement ne  semblait  indiquer  l'existence,  si  ce  n'est  une  légère  secousse  qui  agitait  de  temps 
à  autre  l'arrière  de  son  corps.  Au  bout  de  deux  heures  la  vie  sembla  renaître  peu  à  peu, 
l'oiseau  se  releva  sur  le  ventre,  sans  toutefois  se  tenir  debout  et  ayant  toujours  les  yeux 
fermés.  Il  demeura  ainsi  près  de  douze  heures,  au  bout  desquelles  il  linit  par  s'affaisser  de 
nouveau  sur  lui-même  et  expira. 

"  Un  gros  chat  que  je  fis  mordre  à  l'une  des  pattes  de  derrière  ne  mourut  point  ;  mais, 
immédiatement  après  avoir  été  mordue,  la  patte  enfla  considérablement,  et  pendant  plu- 
sieurs heures  le  chat  ne  cessa  de  pousser  des  miaulements  qui  indiquaient  une  vive  dou- 
leur; il  ne  pouvait  se  tenir  debout  et  resta  pendant  toute  une  journée  étendu  à  la  ni(''me 
l)lace  sans  pouvoir  se  relever  et  complètement  hébété.  Depuis  ce  jour,  il  est  d'une  maigreur 
extrême  et  ne  montre  aucune  activité. 


(  679) 

>■  Quoique  ces  expériences  soient  insuffisantes  pour  prouver  que  la  morsure  de  l'IK-lo- 
derrae  est  véritablement  venimeuse,  elles  nie  paraissent  assez  concluantes  pour  faire  ad- 
mettre qu'elle  ne  laisse  pas  de  causer  de  très-rapides  et  profonds  désordres  dans  récoiioniic 
des  animaux  qui  en  sont  l'objet.  La  cannelure  que  l'on  observe  aux  dents  de  ce  Reptile 
n'offre-t-elle  pas  une  analogie  réelle  avec  le  système  dentaire  des  Ophidiens  venimeux,  dont 
J'HiModerme  se  rapproche  encore  par  la  mollesse  de  mouvement  tpii  caractérise  ces  Serpents, 
organises  pour  saisir  leur  proie  à  l'allut  et  non  à  la  course? 

»  Je  ne  doute  pas  que  des  expériences,  faites  avec  des  individus  adultes  et  nouvellenienl 
pris,  ne  produisent  des  effets  beaucoup  plus  terribles  que  ceux  qu'ont  pu  occasionner  la 
morsure  d'un  individu  jeune  et  aIRùbli  par  une  captivité  de  près  de  trois  semaines.  • 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  faune  lielmintholocjique  des  cèles  de  la  Bretagne  (Roscoff), 
Note  de  M.  A.  Villot,  présentée  par  M.  deQuatrefages. 

i<  Les  conditions  d'iiabitat  d'un  ver  parasite  ne  se  bornent  pas  à  son 
hôte,  ni  niêtne  à  la  série  d'Iiôtes  qui  peuvent  normalement  ou  accidentelle- 
ment l'héberger:  elles  comprennent  en  réalité  celles  de  l'hôte  lui-mètne  ou 
des  hôtes  successifs.  Les  conditions  d'habitat  du  parasite  se  confondent 
souvent,  il  est  vrai,  avec  celles  de  l'hôte  qui  le  nourrit,  de  sorte  que  l'on 
peut  conclure  de  la  présence  de  l'un  à  l'existence  de  l'autre  dans  un  pays 
donné;  mais  c'est  une  question  de  savoir  si,  dans  toutes  les  régions  du 
globe,  le  même  parasite  a  toujours  le  même  hôte  ou  la  même  série  d'hôtes. 
Or  je  ne  crains  pas  d'affirmer  que,  dans  la  plupart  des  cas,  il  ne  saurait  en 
être  ainsi.  Parmi  les  causes  qui  tendent  constamment  à  modifier  l'habitai 
des  vers  parasites  se  placent  en  première  ligne  les  migrations  que  penvent 
effectuer  leius  hôtes.  Les  oiseaux,  par  exemple,  en  accomplissant  leurs 
longs  voyages,  si  singulièrement  périodiques,  doivent  être,  pour  les  nom- 
breux Helminthes  qu'ils  nourrissent,  de  merveilleux  agents  de  dissémination; 
mais  celle-ci  n'a  pas  seulement  pour  effet  d'agrandir  singulièrement  l'aire 
de  chaque  espèce  et  d'augmenter  le  nombre  des  êtres  qui  peuvent  devenir 
ses  hôtes,  elle  doit  avoir  aussi  pour  résultat  de  changer  ceux-ci  et  de  donner 
lieu  à  des  mutations,  à  des  substitutions  d'espèces,  de  genres,  ou  même  de  fa- 
milles, qui  méritent  au  plus  haut  degré  de  fixer  l'attention  des  observateurs. 
L'oiseau  voyageur  dépose  un  peu  partout,  mêlés  à  ses  excréments,  les  oeufs 
innombrables  d'Échinorhynqnes  et  de  Cesto'ides  que  recèle  son  intestin- 
d'où  il  résulte  que  la  ponte  d'un  seul  de  ces  parasites  pourra  être  répartie 
sur  une  surface  très-grande,  sous  des  latitudes  diverses,  et  par  conséquenî 
dans  des  conditions  de  milieu  très-différentes.  Les  embi^yous  qui  sortironl 
de  ces  œufs  feront  donc  partie  de  faunes  diverses  et  auront  nécessairement 
à  choisir  des  hôtes  parmi  des  êtres  bien  différents.  Un  même  Helmintde 

88.. 


(  68o  ) 
pourra  donc,  dans  des  pays  différents,  vivic  et  se  déveluj)j)cr  dans  des 
hôtes  différents;  et  si  l'on  songe  qne  certains  vers  parasites  doivent  passer 
successivement  dans  trois  ou  quatre  hôtes  avant  d'arriver  à  l'état  adulte, 
on  se  convaincra  de  l'étendue  et  du  nombre  des  modifications  que  com- 
porte leur  habitat,  eu  égard  à  celte  cause  de  variations.  Il  ne  faut  point  se 
le  dissiuuiJer,  les  questions  relatives  à  l'habitat  des  Helminthes  sont  fort 
complexes.  Pour  connaître  l'histoire  complèle  d'un  seul  de  ces  êtres,  il  ne 
suffit  pas  d'avoir  suivi  la  série  de  ses  migrations  et  de  ses  métamorphoses, 
il  faut  encore  l'avoir  suivi  dans  les  diverses  régions  du  globe,  et  savoir 
comment  il  se  comporte  dans  chacune  d'elles.  On  comprend  dès  lors  l'in- 
térêt qui  s'attache  à  toute  étude  sérieuse  de  la  faune  helminthologique 
d'une  contrée,  et  combien  il  est  à  désirer  que  des  travaux  de  ce  genre 
soient  entrepris  dès  aujourd'hui.  Il  y  a  là  sans  doute  tout  un  ordre  d'ob- 
servations nouvelles  à  faire,  de  faits  curieux  à  découvrir,  et  la  solution 
de  bien  des  problèmes  que  les  helminthologistes  ont  jusqu'ici  vainement 
cherché  à  résoudre.  Tel  est  du  moins  le  but  cjue  je  me  suis  proposé  en  com- 
mençant une  série  de  recherches  sur  les  Helminthes  libres  ou  parasites  des 
côtes  de  la  Bretagne.  J'espère  contribuer  ainsi  à  la  Faune  des  côtes,  de  Fiance 
dont  M.  le  professeur  de  Lacaze-Duthiers  a  si  heureusement  conçu  le  plan, 
et  pour  l'exécution  de  laquelle  il  fait  généreusement  appel  aux  jeunes  natu- 
r,i listes  de  notre  pays. 

»  Mes  observations,  en  1874,  ont  porté  principalement  sur  les  Néma- 
tuïdes  marins  et  les  vers  parasites  des  oiseaux  de  rivage.  Je  ne  parlerai  au- 
jourd'hui que  des  premiers,  réservant  les  seconds  pour  une  prochaine 
Communication. 

»  Les  Nématoïdes  marins  sont  si  abondants  à  Roscoff  qu'il  m'a  été  facile, 
en  une  seide  campagne,  d'en  recueillir  vingt  et  une  espèces.  Dix  étaient 
déjà  connues.  Ce  sont  :  Leplosomalum  /iguralum ,  lîast.  ;  Leplosomatutn 
Zolœ,  Mar.;  Leplosotnalum  gracile,  Bast.;  Enoplus  coininunis,  Bast.;  Eary- 
sloina  tenue,  Mar.;  Plianoderma  Cocksi,  Bast.;  Oncltolaimus  vulgaris,  Bast.; 
Oncltolaiinusfuscus,  Bast.;  Oncliolaiinus  glaber,  Bast.;  Jnlicoma  limalis,  Bast. 
Onze  sont  nouvelles  (i).  Parmi  celles-ci,  quatre  appartiennent  au  genre 
Leplosomalum,  deux  au  genre  Enoplus,  une  au  genre  Jnticoma,  une  au 
genre  Plianoderma,  une  au  genre  Spira,  une  au  genre  Chromodora,  une 
enfin  à  un  genre  nouveau,  caractérisé  par  une  armature  céphalique  coni- 


(  1  )  Le  Méiiioirf,  acrompaj^nc  de  (igures  noiiibicuscs,  uii  tes  espèces  se  trouvent  décrites, 
va  pur.ulie  dans  les  Archives  de  Zoologie  ex/-<;rinuiilatc  de  !\1.  de  Liicazc-Dulhiei'S. 


(  ^8'  ) 
posée  (le  deux  disques  laléraux,  de  ibrine  ovale,  et  aii([ucl  j'ai  donné  le 
iioiii  (le  Discophora. 

»  Cette  liste,  si  incoiiijilète  qu'elle  soit  encore,  nous  permet  d(^j;i  de 
comparer  la  faune  liehninlhologique  de  la  Manche  à  celle  de  la  Méditer- 
ranée, étudiée  par  Eberth  et  M.  Marion,  et  à  celle  de  la  Baltique,  que 
M.  Bûtschli  vient  de  nous  faire  connaître.  Sur  les  vingt  et  une  espèces  que 
j'ai  observées  à  Roscoff,  cinq  [Leptosomatwn  figuratum,  LcptosomaUim  Zoh, 
Eiioplus  coiniminis,  Eiiiystoma  tome,  Phanoderma  Cocksi)  se  trouvent  aussi 
dans  la  Méditerranée;  deux  [Leplosotnnlum  fkjurahim,  Enopkts  communis) 
vivent  à  la  fois  dans  la  Méditerranée,  dans  la  Manche  et  dans  la  Baltique. 
Ces  nombres  ne  doivent  certainement  pas  être  considérés  comme  l'expres- 
sion exacte  de  la  réalité;  mais  ils  suffisent  pour  nous  montrer  que  chaque 
mer  est  caractérisée  par  une  forte  proportion  d'espèces  cpii  lui  sont  pro- 
pres, et  que  les  espèces  dont  l'habitat  est  le  plus  étendu  sont  en  même 
temps  les  plus  communes,  conformément  à  la  règle  générale. 

)■  Je  n'ajouterai  rien,  pour  le  moment,  aux  faits  nouveaux  que  contient 
ma  précédente  Note  relativement  à  l'organisation  des  Nématoïdes  marins; 
je  publierai  prochainement  sur  ce  sujet  un  Mémoire  circonstancié,  où  les 
observations  de  tous  mes  devanciers  seront  soigneusement  discutées;  mais 
je  puis  dire  dès  aujourd'hui  que,  par  leurs  caractères  essentiels,  les  Néma- 
toides  marins  ressemblent  aux  Nématoïdes  parasites,  et  qtie  rien  ne  parait 
justifier  jusqu'à  présent  le  sous-ordre  et  les  deux  familles  que  M.  Marion 
voulait  établir  pour  eux.  » 

t'ALi';0!NrOLOGlE.  —    Observations  criliques  sur  ta  classification  des  Poljpien 
palézoujues  ;  par  M.  G.   Dollfus. 

K  L'examen  comparatif  des  animaux  inférieurs  des  terrains  anciens,  avec 
les  espèces  analogues  actuellement  vivantes,  chaque  jour  mieux  connues, 
conduit  à  une  révision  de  la  classification  des  Polypiers,  Zoanlhaires,  Ru- 
gueux, Tabulés  et  Tubulés,  telle  que  l'ont  établie  MM.  Mdne  Edwards  et 
J.  Haime. 

«  Il  résulte  de  l'étude  microscopique  de  ces  animaux  et  de  l'hypothèse 
de  leur  filiation  naturelle  que,  si  la  classification  des  Polypiers  Rugueux 
|)eiit  demeurer  jiresque  sans  changement,  celle  des  Tabulés  et  des  Tubulés 
nécessite  ini  remaniement  coaqilet. 

»  De  la  division  des  Rugueux  (Actinozoaires)  on  peut  faire  deux  classes  : 

»    i"  Celle  ([ui  comprend  les  espèces  à  système  cloisonnaire  irrégulier. 


(  682  ) 
loujoius  libres,  spéciales  aux  terrains  paléozoïques,  avec  ou  sans  plan- 
chers (Zaphrentitiens  et  Cyathaxonieiis)  ; 

»  2°  Celle  qui  renferme  les  types  à  système  cloisonnaire  régulier  (Cya- 
thophylliens),  à  mode  de  groupement  variable  (Monoasirées,  Disastrées, 
Polyastrées),  types  qui  ne  se  distinguent  des  Zoanthaires  apores  que  par  la 
|)résence  de  planchers,  puisqu'on  doit  abandonner  le  caractère  télraméral 
du  groupement  des  cloisons,  qui  n'est  justifié  ni  par  son  développement 
originel  ni  par  sa  spécialité  ;  types  répandus  surtout  dans  les  terrains  an- 
ciens, mais  non  pas  spéciaux. 

o  Parmi  les  Tabulés,  le  groupe  des  Héliolitieiis  (Héliolites,  Lyellia,  Pro- 
pora)  à  cœnenchyme  cellulaire  et  poreux,  à  planchers  et  à  cloisons  rudi- 
mentaires,  est  sans  nul  doute  le  représentant  ancien  des  Milléporiens 
actuels  [Héliopora,  Millepora,  Serialopora)  dont  il  a  lous  les  caractères,  eu 
passant  par  l'intermédiaire  des  Pocilloporiens  {Pocillopora,  Axopora,  Polj- 
tremacis);  et  l'on  sait  qu'il  faut  considérer  aujourd'hui  les  Milléporiens 
comme  des  Hydrozoaires.  Le  groupe  des  Tubuleiix  dressés,  nommés  Syrin- 
goporiens  [S/ringopora,  Fletcheria,  Hatjsites),  auquel  il  faut  joindre  les 
Thécostégitiens  encroûtants  [Thecostecjiles-Conastecjiies)  et  les  Auloporiens 
rampants,  qui  constituent  les  Zoanthaires  tubulés,  peut  correspondre  ou 
aux  Bryozoaires  du  groupe  des  Hippothoa  et  des  Idmoiiea,  ou  aux  Alcyo- 
naires  tubuliporides  (Actinozoaires),  ou  bien  à  l'un  et  à  l'autre  de  ces 
ordres,  suivant  la  présence  ou  l'absence  de  planchers  ;  mais  la  forme 
essentiellement  tubuleuse  exclut  toute  autre  comparaison. 

)>  Le  groupe  des  Chœtétiniens  [Steltipora,  Monticulipora,  Chœtetesj 
Cavales,  Dania,  Beaumontia,  Labecina,  Dekaya)  à  murailles  perforées,  à 
planchers  horizontaux,  sans  cloisons,  offre  une  parenté  étroite  avec  les 
Bryozoaires  jurassiques  du  groupe  des  Hcteropora  et  des  Bryozoaires  crétacés 
nommés  Radiopora;  ce  rapprochement,  admis  d'une  façon  inconsciente  par 
les  anciens  auteurs,  a  été  soupçonné  par  J.  Haime,  lorsqu'il  découvrit,  en 
i855,  l'existence  méconnue  jusqu'alors  de  vrais  planchers  chez  certains 
Bryozoaires  tubulinés  jurassiques.  On  sait  maintenant  qu'ils  existent  aussi 
chez  les  Radipora. 

n  Le  groupe  des  Favositiens  {alvéolites,  Favosiles,  Roemeria,  Emmonsia, 
Michelinia)  possède,  quant  aux  planchers  et  à  la  disposition  générale,  les 
mêmes  rapports  que  le  groupe  précédent  avec  les  Bryozoaires  tubulinés 
[Cycloslomaln),  et  ses  murailles  perforées  ne  sont  point  sans  équivalent  chez 
les  Bryozoaires;  les  pores  qu'on  y  observe  sont  les  mêmes  que  les  pores 
intercellulaires  de  certains  Eschares  ei  Lépraliens,  et  de  quelques  Tubuleux 


(  683  ) 
{Fungella-Heteroporella).  La  présence  de  quelques  rares  stries  angulaires 
murales  ne  saurait  embarrasser  :  elle  peut  être  la  conséquence  du  groupe- 
ment polygonal  très-serré  des  individus,  et  on  la  remarque  chez  quelques 
Bryozoaires. 

»  Le  groupe  des  Dendroporiens  [Dendropora,  Trachipora),  encore  insuf- 
fisamment connu,  viendrait  peut-être  se  placer  dans  le  voisinage  des  Bryo- 
zoaires du  type  Ilornera,  avec  lequel  il  possède  des  analogies  frappantes  de 
formes. 

»  Les  Fenestrelliens,  seuls  Bryozoaires  anciens  reconnus  jusqu'ici,  ne 
seraient  donc  plus  isolés,  quoique  leurs  affinités  réelles  avec  les  Enlalopom 
et  les  Bererdcia  soient  loin  d'être  aussi  étroites  que  l'a  cru  A.  d'Orbi- 
gny.  Si  l'on  mentionne  maintenant  que  l'opinion  générale  est  aujourd'hui 
unanime  à  considérer  les  Graptolites  comme  des  Sertulariens  (Hydrozoaires) 
et  les  Réceptaculites  comme  des  Spongiaires,  voisins  des  Venlriculites,  on 
verra  que  les  divers  ordres  des  animaux  inférieurs  ont  eu  leurs  représen- 
tants normaux  avant  les  périodes  crétacée  et  jurassique. 

»  La  faune  paléozoïque  n'apparaît  plus,  surtout  pour  les  Polypiers,  dans 
un  isolement  complet;  elle  se  relie  naturellement  à  celle  des  époques  sui- 
vantes; les  Polypiers  tabulés,  en  particulier,  ne  forment  plus  une  masse 
hétérogène  de  types  spéciaux  et  variés,  dans  laquelle  toutes  les  espèces  mal 
connues  et  incomprises  venaient  s'accumuler.  >> 

MÉTÉOROLOGIE.—  Observation  du  bolide  du  lo  février,  à  Segonznc  (^Charente). 
Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Dcmay. 

«  Segonzac  (Ciiarente  ),  le  ii  mars  1875. 

1)  Vers  5''45'",  par  un  temps  froid  et  nuageux,  plusieurs  personnes  ont 
vu  en  même  temps  que  moi,  à  Segonzac,  un  glohe  de  feu  qui  est  tombé 
presque  perpendiculairement  dans  le  nord-ouest,  faisant  avec  l'horizon  un 
angle  de  85  degrés  environ,  se  dirigeant  de  droite  à  gauche. 

1)  Ce  météore  a  laissé  derrière  lui  une  traînée  lumineuse,  d'une  écla- 
tante blancheur,  qui  a  persisté  dans  les  nuages  pendant  plus  de  dix  mi- 
nutes, avec  la  même  intensité;  puis  sa  teinte  est  devenue  plus  sombre 
et  a  présenté  une  coloration  grisâtre;  les  nuages  en  mouvement,  malgré 
le  calme  qui  semblait  régner  dans  l'atmosphère,  ont  brisé  la  ligne  droite 
du  sillon  lumineux,  en  lui  faisant  prendre  une  ligne  ondulée.  C'est  pro- 
bablement cette  dernière  phase  du  phénomène  qu'a  })u  observer  M.  Cha- 
pelas. 


(  684  ) 
»  Ce  méléore  a  été  observé  à  ia  Rochelle,  dans  la  direclion  du  sud-ouest, 
ce  qui  fait  tomber  le  bolide,  ou  dans  l'île  d'Oléron,  ou  entre  cette  île  et  le 
continent,  ou  en  pleine  mer.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  ExpUailion  de  la  Irajecloiie  du  bolide  observé  te  lo  février 
1875.  Noie  de  AI.  Martin  de  Brettes,  présentée  par  M.  Daubrée. 

«  La  singularité  de  la  trajectoire  apparente  du  bolide  observé  le  10  fé- 
vrier 18^5  a  donné  lieu  à  des  discussions  qui  ont  fait  mettre  en  doute  son 
apparition.  La  trajectoire  était  une  courbe  sinueuse,  dont  l'amplitude  des 
sinuosités  croissait  à  mesure  qu'elle  se  rapprochait  de  l'horizon. 

»  Cette  trajectoire  singulière  peut  s'expliquer,  par  la  mécanique  ration- 
nelle, dans  le  cas  particulier,  mais  possible,  où  le  bolide  aurait  reçu  un 
mouvement  de  rotation  très-rapide  autour  d'un  axe  très-voisin  d'un  prin- 
cipal qui  coïnciderait  avec  le  plus  grand  de  l'ellipsoïde  central  d'inertie  et 
un  mouvement  de  translation  incliné  sur  cet  axe. 

»  Dans  ce  cas,  le  bolide  se  comportera  connue  un  projectile  oblong  qui 
serait  lancé  d'un  point  de  l'espace  contre  la  ttrre  et  pénétrerait  dans  son 
atmosphère. 

»  La  résistance  de  l'air  dans  le  plan  passant  par  l'axe  du  bolide  et  la  di- 
rection du  mouvement  de  translation  du  centre  de  gravité  donnera  nais- 
sance :  i"  à  une  force  déviatrice  qui  sera  située  dans  ce  plan  et  tendra  à 
dévier  le  centre  de  gravité  du  côté  de  l'extrémité  antérieure  du  bolide;  2°  à 
un  couple  situé  dans  ce  plan,  qui,  par  sa  combinaison  avec  le  couple  de  la 
rotation  initiale,  déterminera  un  mouvement  conique  de  l'axe  du  bolide 
autour  de  sa  trajectoire  si  elle  est  rectiligne,  ou  de  la  corde  de  cette  trajec- 
toire si  sa  courbure  est  peu  prononcée. 

»  Ce  mouvement  conique  sera  de  même  sens  que  la  rotation  initiale,  ou 
de  sens  contraire,  selon  que  le  centre  des  pressions  de  l'air  sera  en  avant  ou 
en  arrière  du  centre  de  gravité  ;  de  sorte  que  l'azimut  de  l'axe  du  bolide  et, 
par  conséquent,  celui  de  la  force  déviatrice  varieront  continuellement. 

n  La  projection  du  mouvement  du  centre  de  gravité  du  bolide,  sur  un 
plan  perpendiculaire  à  la  direction  de  la  translation,  en  vertu  de  cette  force 
déviatrice  variable  en  direction  et  aussi  en  intensité,  sera,  comme  il  est  fa- 
cile de  s'en  assurer,  une  courbe  spiraloïde  dont  les  rayons  vecteurs  croîtront 
avec  le  temps,  tant  que  la  vitesse  de  rotation  sera  suffisante  pour  empêcher 
le  renversement  du  bolide. 

»   Le  mouvement  absolu  du  bolide  dans  l'espace  résidtera  de  ce  mouve- 


(  685  ) 

ment  relatif  spiraloïde  et  du  mouvement  de  translation.  La  trajectoire  sera 
donc  une  hélice  conique,  dont  les  spires  iront  en  croissant  et  auront  le 
même  sens  que  la  rotation  initiale  ou  lui  sens  contraire,  selon  les  positions 
relatives  des  centres  de  pression  et  de  gravité. 

»  La  perspective  de  cette  hélice  conique,  ou  la  trajectoire  apparente 
du  bolide,  sera  une  courbe  sinueuse  dont  les  sinuosités  croîtront  avec  le 
temps. 

»  Nous  avons,  pour  plus  de  simplicité,  supposé  que  la  translation  du 
centre  de  gravité  était  recliligne  ou  peu  courbe.  Si  la  courbure  était  très- 
prononcée,  on  partagerait  la  trajectoire  de  translation  en  plusieurs  arcs 
très-peu  courbes,  dont  chacun  donnerait  lieu  à  une  trajectoire  partielle, 
qui  serait  une  hélice  conique. 

»  La  trajectoire  totale  serait  une  hélice  conique  dont  l'axe  serait  courbe, 
et  sa  perspective,  ou  la  trajectoire  apparente,  une  courbe  sinueuse  dont 
l'axe  serait  généralement  courbe.  » 

M.  Neyrenecf  adresse,  par  l'entremise  de  M.  du  Moncel,  une  nouvelle 
Note  sur  la  combustion  des  mélanges  détonants. 

Dans  le  cas  où  le  son  produit  est  unique,  les  stries  qui  se  forment  sur  la 
paraffine  sont  régulières  et  perpendiculaires  à  l'axe  du  tube.  Dans  le  cas  où 
l'on  n'a  qu'un  mélange  de  sons  discordants,  les  stries  sont  inclinées  et  for- 
ment plusieurs  systèmes.  Avec  de  longs  tubes,  on  peut  n'obtenir  qu'un 
bruit  confus,  et  les  parois  du  tube  sont  tapissées  de  stries  très-épaisses, 
visibles  surtout  du  côté  de  l'extrémité  fermée. 

M.  d'Abbadie,  en  présentant  à  l'Académie,  de  la  part  de  l'auteur,  les 
«  Observations  microséismiques  »  faites  à  Florence,  en  1873,  par  le 
P.  DerleHi^  religieux  barnabite,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Les  séismes,  ou  tremblements  de  terre,  sont  des  phénomènes  plus  fré- 
quents qu'on  no  le  croit,  et  la  science  n'est  pas  encore  parvenue  à  les  pré- 
voir; comme  plusieurs  secousses  passent  inaperçues  à  cause  de  leur  peu 
d'intensité,  divers  savants  d'Italie  ont  eu  l'idée  d'étudier  celles  qui  sont 
microscopiques.  Le  V.  Bertelli  est  l'un  des  premiers  qui  ait  abordé  celte 
voie  nouvelle  de  recherches.  Il  donne  les  résultats  de  ses  55oo  observa- 
tions faites  dans  une  année  sur  des  pendules  suspendus  librement  et  observés 
dans  plusieurs  azinuits  au  moyen  de  microscopes  fixes.  Il  s'attache  d'abord 
à  réfuter  ceux  qui  ont  voulu,  mais  toujours  vaguement,  expliquer  les  phé- 

C.R.,  iS'j'j,  ;"■  Semestre.  fT.  LXXX,  N"  10.)  ^Q 


(  686  ) 
noniènes  par  des  courants  d'aîr,  des  mouvements  thermiques,  etc.,  on  par 
des  chocs  accidentels  dans  le  voisinage  de  l'observatoire.  Plusieurs  de  ces 
objections  ne  peuvent  s'appliquer  aux  observations  que  j'ai  faites  dans  le 
même  but  au  moyen  d'une  sorte  de  pendule  optique,  c'est-à-dire  la  réflexion 
d'un  point  fixe  dans  un  bassin  de  mercure  situé  à  lo  inètres  en  contre-bas. 
Renvoyée  de  là  un  peu  en  dehors  de  la  verticale,  l'image  de  ce  point  était 
observée  en  distance  et  en  azimut  au  moyen  d'un  microscope  muni  d'un 
micromètre. 

»  Mes  résultats,  communiqués  en  1872  à  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  Sciences,  dans  son  congrès  de  Bordeaux,  ont  pleinement 
établi  la  réalité  des  petits  mouvements  signalés  parleP.  Bertelli.  En  publiant 
par  décades  la  courbe  de  l'intensité  microséismique  pour  totite  l'année,  ce 
savant  trouve  qu'elle  ne  concorde  ni  avec  la  courbe  tliermométrique,  ni 
avec  les  phénomènes  des  marées,  ni  avec  les  distances  ou  les  positions,  soit 
du  Soleil,  soit  de  la  Lune.  11  en  est  autrement  de  la  courbe  barométrique. 
Dans  la  plupart  des  cas,  l'intensité  des  mouvements  microséismiques 
augmente  avec  l'abaissement  de  la  colonne  barométrique,  comme  si,  dit  le 
P.  Bertelli,  les  masses  gazeuses  emprisonnées  dans  les  couches  superfi- 
cielles du  globe  terrestre  s'écliapp  lient  plus  aisément  quand  le  poids  de 
l'atmosphère  diminue.  Celte  explication  s'appuie  aussi  sur  l'observation 
d'un  puits  à  Bologne,  où  l'eau  s'élève  quand  le  baromètre  baisse.  Du  reste, 
la  concordance  entre  les  courbes  barométrique  et  microséismique  ne  se 
manifestant  pas  dans  tous  les  cas,  l'auteur  attribue  à  plus  d'une  cause  les 
mouvements  du  pendule  qu'il  a  étudiés.  Dans  les  vrais  séismes,  ce  mouve- 
ment est  ce  qu'il  appelle  étoile,  c'est-à-dire  qu'il  a  lieu  dans  plusieurs 
azimuts  successifs. 

I)  Les  oscillations  de  la  verticale,  observées  parle  P.  Bertelli  à  Florence, 
sont  confirmées  |)ar  des  observations  du  même  genre  faites  par  M.  le  comte 
Malvasia,  à  Bologne,  et  par  j\L  de  Rossi,  qui  observe  assidûment  plusieurs 
pendules  suspendus  dans  les  grottes  de  Rocca  di  Papa,  près  Rome,  avec  des 
conditions  exceptionnelles  de  tranquillité  et  de  stabilité.  Le  i4  janvier  der- 
nier, on  y  notait  des  oscillations  du  pendule  tellement  fortes  qu'elles  étaient 
visibles  à  l'œil  nu,  et  à  la  même  heiue  on  en  constatait  de  pareilles  à  Flo- 
rence et  à  Bologne.  Ces  phénomènes  peuvent  donc  se  ])résenter  simultané- 
ment dans  une  vaste  région,  et  il  est  à  désirer  qu'à  l'exemple  des  savants 
italiens  on  les  observe  eu  divers  lieux  de  la  Fiance.  Il  est  perm.is  d'espérer 
qu'on  acquerrait  ainsi  des  notions  au  moins  plus  précises  sur  les  causes 
encore  si  mvstérieuses  des  tremblements  de  terre.  » 


(687  ) 
»  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  rappelle,  à  ce  sujet,  que  depuis  très- 
longteaips  M.  le  baron  Prost,  ancien  officier  supérieur  du  Génie,  à  Nice,  a 
constaté  des  faits  semblables,  dans  plusieurs  Notes  qui  ont  été  communi- 
quées à  l'Académie  par  M.  Élie  deBeaumont,  et  en  partie  imprimées  dans 
les  Comptes  rendus. 

M.  Daubrée,  en  présentant  une  série  de  Mémoires  sur  l'étude  micro- 
scopique des  roches,  les  uns  de  M.  IVIohI,  les  autres  de  M.  Boricky,  ajoute 
l'observation  suivante  : 

«  Les  travaux  de  M.  Mohl ,  de  même  que  ceux  de  M.  Boricky,  sont 
essentiellement  descriptifs.  Ce  sont  pour  la  plupart  des  monographies  dé- 
taillées et  minutieuses  de  roches  volcaniques  anciennes,  et  principalement 
de  basaltes  et  de  phonolithes.  La  Hesse,  la  vallée  inférieure  du  Mein ,  la 
Rauhe  Alp,  la  Saxe  ont  été  successivement  étudiées  à  ce  point  de  vue  par 
M.  Mohl.  Les  études  de  M.  Boricky  ont  été  limitées  à  la  Bohème.  Chacun 
de  ces  deux  auteurs  a  eu  recours  à  des  analyses  chimiques,  mais  généra- 
lement à  des  analyses  d'ensemble,  d'où  ils  auraient  tiré  des  résultats  certai- 
nement peu  concluants,  s'ils  n'avaient  en  même  temps  pratiqué  les  méthodes 
d'étude  nouvelles,  fondées  sur  l'observation  des  caractères  microscopiques 
des  roches. 

»  C'est  par  milliers  que  l'on  compte  les  préparations  microscopiques  qui 
figurent  dans  leurs  collections.  Les  publications  qu'Us  ont  données  se 
recommandent  par  la  précision  des  détails  contenus  dans  le  texte  et  par 
l'exécution  des  planches  qui  en  facilitent  la  lecture. 

))  Le  résultat  principal  de  ces  travaux  est  la  connaissance  exacte  des 
diversités  que  présentent,  dans  leur  composition  minéralogique,  une  foule 
de  roches  confondues  précédemment  sous  une  même  dénomination.  Des 
minéraux,  tels  que  la  néphéline,  la  noséane,  considérés  jusqu'en  ces  derniers 
temps  comme  purement  accidentels  dans  les  roches  volcaniques,  ont  été 
reconnus  comme  éléments  essentiels  d'un  très -grand  nombre  d'entre 
elles.  Ainsi  la  néphéline  a  été  trouvée  par  M.  Boricky  dans  les  basaltes  de 
soixante-quatorze  localités  distinctes  de  la  Bohême,  et  par  M.  Mijhl  dans 
ceux  de  cent  quatorze  localités  de  la  Saxe. 

»  Ce  genre  d'études  apportera  prochainement  des  changements  consi- 
dérables aux  classifications  des  roches  adoptées  jusqu'à  ce  jour.  » 

«  M.  CiiASLEs  présente,  de  la  part  de  M.  iS,  Robeiis,  une  Note  extraite  du 

89- 


(  688  ) 
Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  Lomlres,  du  i3  novembre  1873  :  «  On 
the  expression  of  tlie  length  of  the  aie  of  a  Carlesian  by  Elliptic  Functions  ». 
C'est  au  sujet  de  la  Communication  de  M.  Genocchi,  du  i5  janvier  der- 
nier, 5»;-  la  rectification  des  ovales  de  Descartes,  que  M.  S.  Roberts  adresse 
cette  Note,  tout  en  reconnaissant  pleinement  la  parfaite  indépendance  et 
la  forme  intéressante  du  travail  de  M.  Genocchi.  » 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

Ouvrages  heçus  dans  la  séance  on  22  févrieh   1876. 

fsUlTE.) 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  cl  documents;  décembre  1874- 
Paris,  Dunod,  1875;  in-8''. 

Du  psoriasis  de  la  langue  et  delà  muqueuse  buccale;  par  Ch.  Mauiuac. 
Paris,  A.  Delahaye,  1870;  in-S".  (Présenté  par  M.  Ch.  Robin,  pour  le  Con- 
cours Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1875.) 

Le  choléra  asiatique  et  son  traitement;  par  le  D''  BOURGOGNE  fils.  Bruxelles, 
H.  Manceaux,  1874;  br.  in-8°. 

Examen  critique  du  Rapport  de  M.  le  D''  Ilérard  et  des  discussions  soulevées 
à  r Académie  de  Médecine  de  Paris.,  ù  propos  de  l'identité  du  choléra  asiatique 
avec  CCI  taincs  fièvres  paludéennes  pernicieuses,  et  de  l'action  thérapeutique  du 
tannale  de  ipnnine.  Concours  du  prix  Barbier  en  1871;  par  le  D'' BOURGOGNE 
fils.  Bruxelles,  H.  Manceaux,  1875;  in-S".  (Ces  deux  ouvrages  sont  adres- 
sés par  l'auteur  au  Concours  Bréant,  1875.) 

Monographie  des  Dragonneaux  [genre  Gordius,  Diijardin)  ;  par  A.  ViLLOr; 
1*'' et  2*  fascicule.  Sans  lieu  ni  date;  2  br.  iu-8".  (Extrait  des  Archives  de 
Zoologie  expérimentale.) 

Bulletin  de  la  Société  d' Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe;  2"  et  3"  tri- 
mestre de  1874.  Le  Mans,  imp.  Monnayer,  1874;  in-8°. 


(689) 

Histoire  des  progrès  de  la  Géographie,  de  1857  à  iS'jli;  par  E.  CORTAMBERT. 
Paris,  iinp.  P.  Dupont,  1876  ;  in-8".  (Extrait  du  Complément  de  In  Géogra- 
phie de  Malte-Brun.) 

Observations  sur  In  digitaline  cristallisée;  par  II.  BONNEWYN.  Bruxelles, 
H.  Manceaux,  1874;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Wurlz.) 

Revue  d'Artillerie;  3*  année,  t.  V,  5^  livraison,  février  1875.  Paris 
et  Nancy,  Berger-Levrault,  1875;  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  général 
Morin.) 

Quatrième  Mémoire  sur  les  Foraminifères  du  système  oolithique ,  etc.  ; 
par  M.  O.  Terquem.  Paris,  F.  Savy,  1874;  in-8°.  (Présenté  par  M.  Blan- 
chard. ) 

Forza  e  materia,  osservazioni  critiche  dell  doit.  G.  AlNTiNORl.  Piacenza, 
lip.  G.  Tedeschi,  1872;  br.  in-8°. 

Sulle  variazioni  periodiche  e  non  periodiche  délia  temperatura  nel  clima  di 
Milano.  Memoria  di  G.  Celoria.  Milano,  Napoli,  Pisa,  Ulrico  Hoepli, 
1874;  in-4°. 

Annuario  délia  Societa  dei  Naturalisti  in  Modena,  redazione  dcl  Segretario 
Paolo  RiccARDi  ;  série  IP,  anno  VHP,  fascicoli  terzo  e  quarto.  Modena, 
P.  Toschi,  1874;  in-8^ 

Studi  teorico-pratici  sulla  coxalgia;  per  Giovanni  Eboli.  Napoli,  1874; 
br.  in-8°. 

Studi  fisici  sulle  comète  del  1874.  Nota  del  P.  A.  Secchi.  Roma,  tip.  délie 
Scienze  matemaliche  e  fisiche,  1874;,  in-4''. 

Studi  fisici  fatli  ail'  Osservalorio  del  Collegio  Romano  sulle  comète  di  Tem- 
pel  11'^  e  Coggia  III"  nel  1874-  Seconda  Comunicazione  del  P.  A.  Secchi. 
Roma,  tip.  délie  Scienze  matematiche  e  fisiche,  1875;  in-4°.  (Ces  deux  ou- 
vrages sont  extraits  des  Àtti  dell' Accademia  pontificia  de'  Nuovi  Lincei.) 

HiStoria  de  dos  hombres  nifios,  etc.;  por  D.-J.  MoreNO-Fernandez.  Se- 
villa,  R.  Tarasco,  1875;  br.  in-8°. 

Publications  périodiques  reçoes  pendant  le  mois  de  février    i8'j5. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  février  1875;  iii-8°. 
Annales  de  Gynécologie  ;  février  1876;  in-S". 

Annales  de  la  Société  d' Hydrologie  médicale  de  Paris;  liv.  2  et  3,  187J; 
in- 8°, 


(f^90  ) 

Annales  de  l'Obseivaloire  inéléorologique  de  Bruxelles;  r\°  i,  iSyà;  iu-4". 

Annales  industrielles  ;  liv.  6  à  9,  iS^S;  in-4°. 

Association  Scientifique  de  France;  liv.  des  7,  i4,  21,  28  février  1875; 
in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse  ;  février  1875;  in-8". 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  n°  i3,  iB^S; 
in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique  ;  n'>  12,  1874;  n°  i",  1870;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Réunion  des  Officitr^s ;  n"^  6  k  Ç),  1875;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  Botanique  de  France  ;  Compte  rendu,  11°  3,  1875; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  février 
«875;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France;  t.  II,  février  1875. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  ;  janvier,  février  1875;  in-8*'. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  janyier,  iéwiev  i8j5; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  t.  II,  1 874  ;  n**  6,  1 875  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  octobre  à  décembre  1875*, 


in-8°. 


Bulletin  des  séances  de  la  Société  entomologique  de  France;  n°*  44;  4^, 
1875;  in-8''. 

Bulletin  général  de  Thérapeutique;  n"'  des  i  5  et  28  février  1875-,  in-8°. 

Bullettino  meteorologico  dell'  Osservatorio  del  R.  Collegio  Carlo  Alberto, 
n"*  4,  5,  1875;  in-4°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n"*  i3  à  26,  1875;  in-4°. 

Gazette  médicale  de  Bordeaux;  n°^  3,  4^  i^']^;  in-B". 

Gazette  médicale  de  Paris;  n"^  ^  à  g,  1875;  in-4'*. 

Iron;!}"^  108  à  iir,  1875-,  in-4''. 

Journal  d'Agriculture  pratique;  n°^  5  à  g,  1875;  in-B". 

Journal  de  l'Agriculluie;  n°*  3o4  à  307,  1875;  in-8°. 

Journal  de  la  Société  centrale  d'Horticulture;  janvier  iH'j 5;  in-8°. 

Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  n"'*  3,  4>  1875;  in-4". 


(  691  ) 
Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées  ;  décembre  1874?  in-4°. 
Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  février  187.5;  in-S". 
Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie:  février  iSyS;  in-8°. 
Journal  de  Phjsique  théorique  et  appliquée  ;  février  1876;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n°*  3,  4>   1875; 
in-8°. 

Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  n°^  4^  à  47»  1875  ;  in-folio. 

Journal  de  Zoologie;  par  M.  P.  Gervais,  n°  6,  iS'jS;  in-8°. 

L'Abeille  médicale;  n'"'  6  à  9,  1875;  in-4". 

L'Art  médical;  février  1875;  in-8°. 

La  France  Médicale;  n°Mo  à  18,    iSyS;  111-4". 

La  Médecine  contemporaine;  n"^  3,  4?  5,  1875-,  111-4". 

La  Nature;  n"'  88  à  92,  1875;  in-S". 

La  Tempérance;  n°  /^,  1875;  in-8". 

La  Tribune  médicale  ;  n°^  338  à  34 1,  1875;  iii-8°. 

Le  Canalde  Suez;  n°*  112  et  i  f5,  1875;  in-4°. 

L'École  de  Médecine;  u"  5'],  187$;  in-8°. 

Le  Gaz;  n°  8,  1875;  in-4°. 

L  Imprimerie  ; 'yAiwïer  1876;  111-4°. 

Le  Messager  agricole;  jnn\ie.r,  février  1875;  in-H". 

Le  /Moniteur  de  la  Photographie  ;  11°"  3  à  5,  1876;  111-4"- 

Le  Moniteur  vinicole ;  n"Mo  à  17,  1873;  In-folio. 

Le  Mouvement  médical;  n"^  5  et  8,  1875;  in-4". 

Le  Progrès  médical;  3"  année,  n"  6  à  q,  1875;  ln-4°. 

Le  Rucher;  3"  année,  n"'  i,  2,  1873  ;  in-8". 

Les  Mondes;  n"'  5  à  9,  1876;  in-8". 

Magasin  pittoresque;  février  i8-'5;  in-8°. 

Marseille  médical  ;  12"  année,  n°"  i,  2,  1875-,  in-8°. 

Matériaux  pour   l'histoire  positive  et  philosophique   de   l'homme;  t.  VI, 
I"  et  2*=  liv.,  1875;  in-8". 

Memorie  délia  Societa  degli  Spettroscopisli  zVn/i'a/i!;  décembre  1874;  in-4". 
Moniteur  industriel  belge;  n"^  33  à  35,  1875;  in-4°. 

Monthly ...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d' Astronomie  de  Londres; 
janvier  1870;  ln-8". 


(  692  ) 

Montpellier  médical....  Journal  mensuel  de  Médecine;  n"  2,  1875;  in-8". 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques;  février  187 5;  in-S". 

Nouvelles  météorologiques^    publiées    par    la    Société    météorologique; 
février  1875;  in-8°. 

Recueil  de  Médecine  vétérinaire  ;  t.  II,  11°  i,  1875;  in-8°. 
Répertoire  de  Pharmacie;  n°^  3,  4j  '875;  in-S". 
Revue  bibliographique  universelle;  2*liv.,  1875;  in-S". 
Revue  des  Eaux  et  Forêts;  février  1875;  in-H". 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  n"*  3  à  5,  1875;  in-8°. 
Revue  hebdomadaire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle  ;  ii°*  i  à  5,  1875; 
in-8°. 

Revue  maritime  et  coloniale;  février  1875;  in-S". 

Revue  médicale  de  Toulouse;  9®  année,  n°'  i  et  2,  1875;  in-8°. 

Revue  médicale  et  pharmaceutique  du  Midi;  n°  2,  1876;  in-8''. 

Société  d' Encouragement.  Comptes  rendus  des  séances;  n°*  2  et   3,  jan- 
vier 1875;  in-8''. 

Société  des  Ingénieurs  civils;  n°*  (  à  4,  1870;  in-4°. 

Société  linnéenne  du  nord  de  la  France;  n"*  32,  33,  1875;  in-8°. 

The  american  Journal  of  Sciences  and  Arts;  février  1875;  in-8°. 

The practical Magazine;  février  iS-jS;  grand  in-8°. 


ERRATA. 

(Séance  du  i"  mars  1875.) 

Page  55 1,  ligne  i4,  nu  lieu  ih:  /,  [/o+2('i-l-/i),u.|  +  A,"i,  l'^e~  Apo+ 2('i-+-'j)/J'i  +  Af'i- 
»  ligne  ?.^  ,  nu  lieu  île  A„_|A„,   lisez  A„A„_, . 

»  ligne  32,  au  lieu  île  j   lisez  — —1   et  nu  lieu  de  pi,,  lisez  p,-. 

p,-.  p,-, 

Page  552,  ligne  6,  au  lieu  de   n:i=z  A^R,,  lisez  [/j  =  A3R3. 

»  ligne  a4  »  ""  '"'"  '^^  avec  les  points  Gi+, ,  lisez  avec  les  points  G,  et  0/+, . 

i>  ligne  34)  nu  lieu  de  A,_,A,,   lisez  A,A,_,. 

Page  553,  ligne  iG,  au  lieu  de  (A„+,),  lisez  (A„_,). 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES, 


—  I  liit^^^-i^ 


SÉANCE  DU  LUNDI  22  MARS  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOmES  ET  COMMUNICATÏOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHILOSOPHIE  DES  SCIENCES.  —  Éludes  (les  procédés  de  l'esprit  humain  dans  la 
recherche  de  l'inconnu,  ci  l'aide  de  i observation  et  de  V expérience,  etc.;  par 
M.  Chevreul. 

DEUXIÈME  MÉMOIRE   :    l'eNSEIGNEMENT  DEVANT  l'ÉTUDE  DE   LA  VISION  ET" DE  LA  LOI 
DU  CONTRASTE  SIMULTANÉ  DES  COULEURS.   (Extrait.) 

Introduction. 

«  Quel  est  le  but  de  ces  études?  C'est  l'examen  de  la  manière  dont  l'en- 
tendement humain  procède  pour  découvrir  la  vérité  dans  l'inconnu;  c'est 
de  montrer  la  difficulté  d'observer  et,  de  là,  la  conséquence  de  soumettre 
l'induction  suscitée  par  l'observation  d'un  phénomène,  soit  que  ce  phéno- 
mène se  passe  dans  la  nature  libre,  soit  qu'il  se  passe  dans  une  circon- 
stance particulière  imaginée  sous  le  nom  d' expérience  par  l'observateur 
lui-même,  à  un  contrôle  indiqué  par  la  méthode  scientifique. 

»  Or,  à  mon  sens,  cette  induction,  déduite,  soit  de  l'observation  d'un 
phénomène  Ubre  ou  de  l'observation  d'un  phénomène  produit  par  une  ex- 
périence, doit,  autant  que  possible,  être  soumise  à  une  expérience  nouvelle 
qui  est  suscitée  par  la  niélhode  a  POSTERIORI  expérimentale. 

»  La  conclusion  de  ce  préambule  est  donc  de  diminuer  les  difficultés 

C,  R.,  [875,  i^rSem^lre.  (T.  LXXX,  NO  1!.)   '  9° 


(  694  ) 
que  présente  la  recherche  de  l'inconnu,  en  signalant  les  obstacles  dont  il 
faut  triompher  avant  d'arriver  à  la  vérité,  et  d'indiquer  le  contrôle  à  pra- 
tiquer pour  savoir  si  l'an  n  trouvé  l'erreur  ou  la  vérité. 

»   Où  cette  manière  de  voir  m'a-t-elle  conduit? 

»  A  donner,  dans  le  premier  Mémoire  de  ces  études,  la  grammaire  devant 
la  science  [Compte  rendu  de  la  séance  du  i4  de  septembre  i8'74j  t.  LXXIX); 

;i   Quelques  définitions  générales  de  mots  relatifs  : 

»  i"  A  la  base  de  nos  connaissances,  au  mot  fait  :  fait  simple  et  fait  com- 
plexe; 

»  2°  A  des  opérations  générales  de  l'esprit  :  Vanaljse  et  la  synthèse,  et  à 
la  distinction  des  deux  mots  appliquée  par  la  Chimie  à  des  corps  tombant 
sous  nos  sens,  différant  par  là  même  de  l'analyse  et  de  la  synthèse  mentales 
appliquées  à  des  mots  exprimant  des  abstractions  et  non  plus  des  ctioses 
concrètes  comme  les  espèces  chimiques; 

»   3°  Enfin  à  la  définition  delà  méthode  A  posteriori  expérimentale. 

»  La  manière  de  voir  sous  l'influence  de  laquelle  ces  études  sont  dirigées 
m'a  conduit  naturellement  à  donner  une  attention  toute  particulière  au 
sens  de  la  vue,  si  intimement  lié  au  langage  le  plus  précis  de  la  pensée, 
ainsi  que  le  témoignent  les  mots  voir,  prévoir,  apercevoir,  etc.,  etc. 

»  Le  deuxième  Mémoire  a  pour  objet  de  développer  les  connaissances  qui 
se  rattachent  à  deux  circonstances  de  la  vision. 

))  Le /?o!S(ème,  bien  plus  long  que  les  deux  premiers,  reproduira  l'étude 
de  la  vision  dans  ce  qu'elle  a  surtout  d'important  relativement  à  l'expli- 
cation de  plusieurs  phénomènes  concernant  l'affaiblissement  de  l'entende- 
ment causé  par  l'âge. 

DEUXIÈME  MÉMOIRE  :    L 'ENSEIGNEMENT    DEVANT    l' ÉTUDE  DE  LA  VISION  ET  DE  LA  LOI 
DU  CONTRASTE  SIMULTANÉ  DES  COULEURS.   (E.Xlrait.) 

»  Deux  faits  de  vision  auxquels  ce  Mémoire  est  consacré  ressortissent  de 
deux  circonstances  fort  différentes. 

§  I.  —  Premier  fait. 

»  Le  premier  fait  concerne  la  vision  d'une  image  qui  n'est  point  compli- 
quée ;  elle  présente  un  contour  très-distinct  et  deux  couleurs  unies  seu- 
lement. 

»  On  croit  généralement  qu'en  la  regardant  avec  attention  quelques  in- 
stants on  la  voit  distinctement  dans  toutes  ses  parties.  Là  est  l'erreur;  vous  ne 
voyez  dans  cette  circonstance  distinctement  que  quelques  parties  seule- 


(695) 
ment.  Pense-t-on  que  cette  proposition  soit  l'expression  dogmatique  de  la  mé- 
thode A  PRIORI? 

»  On  se  tromperait.  Voici  comment  j'ai  été  conduit  à  la  reconnaître 
a  posteriori,  en  fait. 

M  Bien  peu  de  personnes  savent  comment  mon  livre  De  la  loi  du  contraste 
simultané  des  couleurs  a  été  composé  ;  combien  d'expériences  ont  été  faites 
sur  les  exemples  de  vision  qui  y  sont  décrits.  On  ignore  généralement  que  ces 
exemples  n'étaient  pas  observés  par  moi  seulement,  mais  par  trois,  quatre 
et  souvent  cinq  artistes  tapissiers  des  Gobelins,  exercés  dès  l'enfance  à  voir 
des  couleurs,  et  que  la  rédaction  des  jugements  n'était  définitive  que  quand 
nous  étions  d'accord. 

))  Tl  se  présenta  une  seule  fois  un  cas  de  dissidence  considérable  à  mon 
sens  :  je  me  trouvai  seul  de  mon  avis,  pendant  trois  jours  consécutifs,  dans 
le  jugement  porté  sur  la  vision  d'une  bordure  de  papier  peint,  représentant 
des  faisceaux  de  feuilles  de  rosier,  interrompus  de  distance  à  distance  par 
des  couronnes  de  roses;  bordure  que  l'on  plaçait  successivement  sur  des 
fonds  de  couleurs  unies  différentes,  y  compris  le  blanc  et  le  noir. 

))  Le  quatrième  jour,  le  désaccord  du  jugement  fut  expliqué;  c'est  que, 
loin  de  voir  trois  choses  distinctes,  je  n'en  voyais  qu'une,  comparée  à  une 
autre  seulement.  Il  en  était  de  même  de  mes  collaborateurs,  mais  avec  cette 
différence,  que  nous  comparions  une  même  couleur  à  une  couleur  diffé- 
rente. 

»  Ce  désaccord  ainsi  expliqué  me  parut  trop  important  dans  le  jugement 
que  nous  portions  d'une  même  chose  comparée  à  une  autre,  que  je  cherchai 
pendant  plusieurs  années  une  seule  image  peu  complexe,  propre  à  mettre 
la  proposition  que  j'ai  exposée  en  évidence.  Je  l'ai  décrite  dans  une  Lettre 
à  M.  Villemain,  en  l'appliquant  à  V ombrelle-enseigne  des  marchands  de  pa- 
rapluies, composée  de  huit  secteurs  égaux,  alternativement  rouges  et 
blancs.  Je  la  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie,  convaincu  que  dans  l'assem- 
blée quelques-uns  des  spectateurs  apercevront  successivement  trois  images 
différentes. 

i>  Première  image.  —  Je  promène  une  baguette  sur  le  contour  de  l'om- 
brelle, en  disant  :  Vous  voyez  une  ombrelle-enseigne  formée  de  quatre  sec- 
leurs  alternativement  rouges  et  blancs. 

»  Deuxième  image.  —  Je  promène  la  baguette  sur  les  limites  des  sec- 
teurs rouges,  en  disant  :  Vous  voyez  luie  croix  de  Malte  rouge  sur  un  fond 
blanc. 

))   Troisième  image.  —  Je  promène  la  baguette  sur  une  même  image  que 

90.. 


(  696) 

la  précédente,  placée  dans  une  position  différente  de  la  première,  en  di- 
sant :  Vous  voyez  une  croix  de  Malte  blanche  sur  un  fond  ronge. 

»  En  définitive,  dans  la  première  image  vous  ne  voyez  d'une  manière  dis- 
tincte que  le  contour. 

»  Dans  la  deuxième,  vous  ne  voyez  que  les  secteurs  rouges  distincts, 

»   Enfin  dans  la  troisième,  les  secteurs  blancs  seulement. 

))  Loin  de  moi  la  prétention  de  croire  que  tous  les  spectateurs  verront  ce 
que  je  dis  ;  il  me  suffira  que  quelques-uns  le  voient,  ou  que  leur  désir  de 
savoir  comment  ils  voient  ce  qu'on  ne  leur  a  jamais  enseigné  les  conduise 
à  répéter  les  observations  que  je  viens  de  présenter. 

»  Une  fois  ces  observations  de  vision  bien  comprises,  les  conséquences 
qui  en  découlent  n'ont-elies  pas  une  importance  incontestable  pour  qui 
veut  se  rendre  compte  de  la  diversité  des  jugements  que  nous  portons  sur 
les  mêmes  objets,  lors  même  que  la  passion  n'intervient  pas,  qu'il  y  a  in- 
différence parfaite  de  la  part  des  spectateurs  à  voir  en  eux  quelques  parties 
plutôt  que  d'autres.  C'est  en  cela  que  je  cite  une  pensée  de  Pascal,  toute 
différente  de  la  mienne,  en  ce  que  l'auteur  fait  intervenir  la  volonté  des 
personnes  à  ne  voir  que  certaines  parties  d'une  image  complexe  qui  leur 
plaisent,  tandis  qu'elles  ne  veulent  pas  voir  d'autres  parties  qui  ne  leur 
plaisent  pas. 

))  La  proposition  que  je  soumets  en  ce  moment  aux  personnes  qui, 
comme  moi,  étudient  les  choses  du  monde  extérieur  au  point  de  vue  de 
nos  sens  et  de  la  faculté  intellectuelle  logique  de  nous  rendre  compte  de  ce 
que  nous  observons,  a  donc  pour  objet  que  notre  faculté  d'observer  est 
bien  plus  limitée  qu'on  ne  le  pense  généralement,  précisément  par  le  fait 
de  voir  une  croix  blanche  sur  un  fond  rouge,  ou  une  croix  rouge  sur  un 
fond  blanc,  au  lieu  de  voir  d'une  manière  tout  à  fait  distincte  toutes  les 
parties  d'une  ombrelle  plane. 

»  Ainsi  n'arrive-til  pas  fréquemment  des  dissidences  d'opinions,  quant 
aux  ressemblances  des  personnes,  par  la  raison  que  les  unes  comparent 
entre  elles  les  parties  supérieures  de  plusieurs  visages,  par  exemple,  tandis 
que  les  autres  comparent  les  parties  inférieures  de  ces  mêmes  visages,  sans 
se  préoccuper  si  les  comparaisons  concernent  bien  les  mêmes  objets. 

»  Cette  proposition  ne  justifie-t-elle  pas  le  précepte  de  Buffon  en  Histoire 
naturelle  :  Iljaut  voir  beaucoup  et  revoir  souvenl?  et  j'ajoute  :  après  quelque 
intervalle  de  temps,  afin  d'éviter  de  prendre  l'habitude  de  ne  voir  toujours 
que  les  mêmes  choses,  sans  se  rendre  compte  si  l'on  en  voit  l'ensemble 
ou  quelques  parties   seulement.  Que  de  discussions  seraient   évitées  ou 


(^97  ) 
seraient  moins  fréquentes  si,  avant  de  les  commencer,  on  s'accordait  sur 
les  points  que   chacun   se  propose  de  discuter!  Et  c'est  surtout   ici  que 
Vanaljse  et  la  sj  nthcse  mentales  doivent  intervenir  avant  le  débat. 

§  II. —   Deuxième  fait, 

»  Ce  fait  se  rapporte  à  un  passage  des  Mémoires  du  duc  de  Saint-Simon, 
lorsque,  en  1721,  il  était  à  Madrid  à  la  cour  de  Philippe  V  avec  la  mission 
de  demander  la  main  de  l'infante  pour  le  jeune  roi  Louis  XV,  et  de  pro- 
poser le  mariage  d'une  fille  du  régent  avec  le  prince  des  Asluries. 

»  Je  reproduis  textuellement  le  passage,  objet  de  mes  observations  : 

ce  La  première  fois  que  je  le  vis  (le  duc  d'Alliiiqiierque,  12°  de  nom),  ce  fut  dans  une 
porle  de  l'appartement  de  la  reine,  à  mon  audience  de  cérémonie.  J'aj>erçus  devant  moi, 
tout  contre,  un  petit  lionime  trapu,  mal  Làti,  avec  un  liabit  grossier  sang  de  bœuf,  les 
boutons  de  même  drap,  des  chc^'ciix  verts  et  gras  qui  lui  battaient  les  éj)aules,  de  gios  pieds 
plats  et  des  bas  gris  de  ]wrteur  de  chaise.  Je  ne  le  voyais  que  par  derrière  et  je  ne  doutai 
pas  un  moment  que  ce  ne  fût  le  porteur  de  bois  de  cet  appartement;  il  vint  à  lourner  la 
tète  et  me  montra  un  gros  visage  rouge,  bourgeonné,  à  grosses  làvres  et  à  nez  épaté  :  mais 
ses  cheveux  se  dérangèrent  par  ce  mouvement  et  me  laissèrent  apercevoir  un  collier  de  la 
Toison.  Cette  vue  me  surprit  à  tel  point  que  je  m'écriai  tout  haut  :  n  Ah  !  mon  Dieu,  qu'est- 
»  ce  que  cela?  «  Le  duc  de  Liria,  qui  était  derrière  moi,  jeta  les  mains  à  l'instant  sur  mes 
épaules,  et  me  dit  :  «  Taisez-vous,  c'est  mon  oncle....  » 

»  J'ai  reproduit  ce  passage  pour  mettre  en  évidence  la  perspicacité  de 
l'esprit  d'observation  du  duc  de  Saint-Simon,  de  l'historien  qui  s'éleva  si 
haut  dans  l'étude  des  courtisans  de  la  cour  de  Louis  XIV  et  des  honimes 
de  son  gouvernement.  Il  témoigne  que  le  grand  écrivain  ne  pensait  j)as 
que  sa  tâche  devait  s'arrêter  aux  qualités  morales,  mais  s'étendre  encore 
au  physique,  au  teint,  à  la  couleiir  des  cheveux  ou  même  au  costume 
soigné  ou  négligé,  distingué  ou  commun,  et  aux  manières  de  l'homme  du 
monde  ou  de  l'honuiie  vulgaire.  Evidemment  ce  n'était  qu'en  remplissant 
ces  conditions  qu'il  pensait  faire  revivre  ses  personnages  et  les  faire  con- 
naître à  ses  lecteurs  futurs. 

»   Le  duc  d'Albuquerque,  12"  de  nom,  avait-il  les  cheveux  veiU  ? 

»  Je  ne  le  pense  pas,  d'après  ce  que  dit  l'illustre  historien  qui  les  vit  siu' 
un  habit  rouge  sang  de  bœuf. 

))  Il  y  a  plus,  je  ne  doute  pas  que  si  le  duc  de  Saint-Simon  et'it  appliqué 
son  esprit  si  profondément  perspicace  et  observateur  a  l'étude  des  phéno- 
mènes du  ressort  de  la  philosophie  naturelle,  indubitablement,  à  mou 
sens,  il  eitt  fait  ce  raisonnement  :  les  cheveux  verts  sont  rares  ;   la  couleur 


(698  ) 

de  l'habil  n'aiirait-elle  pas  quelque  influence  sur  la  vision  ?  Or,  pour  s'en 
assurer,  il  aurait  placé  soit  des  cheveux  gris,  soit  des  cheveux  blanchâtres, 
soit  même  des  fils  gris  sur  des  fonds  de  couleurs  diverses,  et  alors  il  se  se- 
rait convaincu  qu'une  couleur  vue  entourée  d'une  autre  ne  paraît  plus  à 
l'observateur  de  la  couleur  qu'elle  avait  lorsqu'on  la  voyait  isolée  sur  un 
fond  blanc  et  comparativement  sur  des  fonds  de  couleurs  diverses. 

»  En  disposant,  par  exemple,  des  cheveux  identiques,  parallèlement, 
de  manière  à  se  présenter  à  la  vue  comme  un  petit  ruban  sur  un  fond 
rouge,  et  qu'à  côté  des  cheveux  identiques  aux  premiers  eussent  été 
placés  sur  un  fond  blanc,  il  eût  jugé  les  premiers  verts  relativement  aux 

seconds. 

Sur  un  fond  orangé  ils  eussent  paru  bleuâtres; 

Sur  un  fond  jaune  »  violâtres; 

Sur  un  fond  vert  »  rougeâtres  ; 

Sur  un  fond  bleu  »  orangés; 

Sur  un  fond  violet  »  d'un  jaune  verdâtre, 

et  enfin  sur  un  fond  noir,  ils  eussent  perdu  de  leur  couleur  en  pi^nant 
du  blanc. 

»  Voilà  ce  que  le  duc  de  Saint-Simon  aurait  pu  faire  sans  aucune  con- 
naissance scientifique;  mais,  avec  le  sens  si  éminemment  juste  et  obser- 
vateur dont  il  a  fait  preuve  dans  ses  écrits,  il  aurait  tiré  cette  conséquence  : 

»  Une  couleur  unie,  vue  sur  une  grande  étendue,  est  appréciée  sous 
l'aspect  absolu. 

j)  Vue  juxtaposée  à  une  autre  et,  mieux  encore,  vue  au  centre  d'une 
surface  beaucoup  plus  étendue,  d'une  couleur  différente  de  la  sienne,  elle 
est  vue  sous  Vospect  relatif,  et  la  sensation  qu'on  en  reçoit  alors  diffère  de 
l'effet  qu'elle  produirait  regardée  sous  Vas'pect  absolu. 

»  Maintenant,  expliquer  la  raison  de  ces  faits  d'après  une  loi  etit  été 
impossible,  car  ce  n'est  que  depuis  la  découverte  de  la  loi  du  contraste 
simultané  des  couleurs  que  l'explication  a  pu  être  donnée. 

»  La  découverte  de  cette  loi  date  de  1828;  elle  se  compose  de  deux 
articles  :  l'un  est  relatif  aux  couleiu's  juxtaposées,  et  le  second  à  la  hauteur 
de  ton,  c'est-à-dire  de  leur  intensité  à  partir  du  blanc,  le  zéro  ton,  jusqu'au 
noir  qui  en  est  le  maximinu.  L'expression  de  contraste  simultané  eiil  jusliûée 
par  le  fait  que  les  couleurs  se  présentent  aussi  différentes  que  possible; 
toutes  les  deux  perdent  ce  qu'elles  ont  d'analogue,  et  la  plus  claire  pa- 
raissant plus  claire,  et  la  plus  foncée  plus  foncée  qu'elles  ne  le  sont  réelle- 
ment; elles  s'éloignent  donc  au  lieu  de  se  ra|)procher. 


(  699  ) 

))  Or  l'article  de  hi  loi  portant  sur  la  couleur  proprement  dite  exprime 
que  la  couleur  complémentaire  de  l'une  s'ajoute  à  la  couleur  de  l'autre. 

»  Or,  la  couleur  complémentaire  d'une  couleur  étant  celle  qui  neutra- 
lise celle-ci,  l'expression  est  la  même  que  si  l'on  disait  de  deux  couleurs 
juxtaposées  A  et  B  :  A  perd  ce  qu'elle  a  de  B,  et  B  perd  ce  qu'elle  a  de  A. 

»  Conséquemment  E  retranché  de  A  équivaut  à  l'addition  de  sa  com- 
plémentaire G  à  A. 

»  Et  A  retranché  de  B  équivaut  à  l'addition  de  sa  complémentaire  C 
àB. 

Dé  m  on  s  t ration . 

»  Supposons  deux  cartes  n*^  i  de  couleur  A,  et  n°  2  de  couleur  B,  dixième 
ton  de  leurs  gammes  respectives.  En  même  temps  qu'elles  réfléchissent  de 
la  lumière  colorée,  elles  réfléchissent  de  la  lumière  blanche;  en  les  regar- 
dant séparément,  vous  voyez  chacune  d'elles  sous  V aspect  absolu,  c'est- 
à-dire  de  leurs  couleurs  réelles.  Admettons  qu'une  petite  quantité  de  la 
lumière  hlanche  de  la  carte  n**  i ,  A,  est  égale  à  la  couleur  B  +  C  sa  com- 
plémentaire, et  qu'une  petite  quantité  de  la  lumière  blanche  de  la  carie 
n°  2,  B,  est  égale  à  la  couleur  A  +  C  sa  complémentaire.  Il  est  évident 
qu'en  juxtaposant  les  cartes  n°'  i  et  2,  si  A  perd  B,  la  complémentaire  C 
modifiera  la  couleur  A,  et  si  B  perd  A,  la  complémentaire  C  modifiera  la 
couleur  B,  conformément  à  la  loi  du  contraste. 

»  Si  l'on  opère  sur  des  rayons  colorés  du  Soleil,  le  mélange  des  rayons 
de  lumière  mutuellement  complémentaires  donne  de  la  lumière  blanche. 

»  Si  l'on  opère  sur  des  poussières  de  couleurs  complémentaires,  le  mé- 
lange donne  du  gris,  du  brun  ou  du  noir. 

»  Il  est  évident  maintenant  que  deux  couleurs  complémentaires  ne  peu- 
vent être  définies  que  l'une  par  l'autre. 

»  Quant  au  contraste  de  ton,  d'une  carte  blanche  et  d'une  carte  noire, 
la  juxtaposition  fait  paraître  la  première  plus  blanche  et  la  seconde  plus 
noire. 

»  Il  ne  me  parait  pas  superflu  de  rappeler  que  la  couleur  considérée 
comme  propriété  susceptible  d'être  envisagée  sous  Vaspecl  absolu,  le  lelatij 
et  le  corrélatif,  ne  pût  se  prêter  à  ces  trois  distinctions  qu'une  dizaine  d'an- 
nées après  que  j'eusse  envisagé  des  propriétés  physiques,  des  propriétés  chi- 
micpies  et  des  propricle's  onjanolcplicjucs  sous  ces  trois  aspects  en  1818,  à 
l'article  corps  du  10"  volume  du  Dictionnaire  des  Sciences  nalui elles,  p.  5i  i  et 
suivantes. 


(  700  ) 
Propriétés  physiques  : 

Le  magnétisme  présente  deux  états  corrélatifs,  le  boréal  et  l'austral. 
L'électricité  présente  deux  états  corrélatifs,  le  positif  et  le  négatif. 
Propbiétés  chimiques  : 

Vaffinitc  mutuelle  des  acides  et  des  alcalis,  l'acidité  et  l'alcalinité,  sont  deux  pro- 
priétés corrélatives. 
L'affinité  mutuelle  des  corps  simples,  la  propriété  comburante  et  la  propriété  com- 
bustible, sont  deux  propriétés  corrélatives. 

Propriétés  orcanoleptiques  : 

Les  sensations  du  cliauil  tt  du  froid  sont  corrélatives. 

Enfin  la  couleur  envisagée  relativement  à  deux  couleurs  dites  complémentaires  sont 
corrélatives  l'une  de  l'autre. 

»  Il  faut  distinguer  parmi  les  propriétés  corrélatives  celles  qui  se  neu- 
tralisent nuituelienient,  connue  les  magnélismes,  les  électricités,  l'acidité  et 
l'alcalinité,  les  couleurs  complémentaires,  des  propriétés  corrélatives  qui 
ne  se  neutralisent  pas,  comme  le  froid  et  le  chaud. 

»  Enfin  je  ne  doute  pas  que  l'élude  approfondie  des  corps  sur  l'éco- 
nomie animale  ne  conduise  à  la  distinction  de  corps  antagonistes  sus- 
ceptibles de  se  netitraliser,  dont  l'étude  approfondie  ne  soit  aussi  profi- 
table à  la  science  des  corps  vivants  qu'à  la  pratique  médicale.  » 

THERMOCHIMIE.  —  Slabililé  des  sels  des  acides  gras  en  présence  de  l'eau, 
et  déplacement  réciproque  de  ces  acides;  par  M.  Berthelot. 

I.   —  Stabilité  des  sels  alcalins  des  acides  gras. 

«  Les  sels  alcalins  des  acides  gras,  mis  en  présence  de  l'eau,  se  com- 
portent comme  des  composés  intermédiaires  entre  les  sels  des  acides  forts, 
tels  que  les  chlorures  et  les  azotates  alcalins,  que  l'eau  ne  décompose  pas 
d'une  manière  appréciable  ;  et  les  sels  des  acides  faibles,  tels  que  les  car- 
bonates, les  sulfures,  les  borates,  que  l'eau  décompose  partiellement,  en 
raison  de  sa  masse  et  avec  tendance  à  la  formation  simidtanée  d'un  sel 
acide  (bicarbonate,  sulfhydrate,  etc.)  et  de  base  libre.  Ce  rapprochement 
entre  les  acides  gras  et  les  acides  faibles  s'accentue  davantage  à  mesure 
que  leur  équivalent  s'élève,  depuis  l'acide  formique,  presque  aussi  énergique 
que  les  acides  minéraux  puissants,  jusqu'à  l'acide  valérianique,  dont  les  sels 
neutres  se  changent  aisément  eu  sels  acides  par  l'évaporation,  et  jusqu'aux 
acides  sléarique  et  margarique,  dont  les  sels  alcalins  (savons)  sont  si  facile- 
ment décomposés  par  l'eau  froide  en  base  libre  et  bisels.  • 


{  70'  ) 
»   Voici  mes  expériences,  faites  entre  7  et  10  degrés,  et  dans  lesquelles  j'ai 
étudié  l'influence   exercée  sur  les  sels  gras  dissous  par  un  excès  des  diver 
composants  de  la  liqueur,  savoir  :  l'eau,  la  base  et  enfin  l'acide  libres. 


Chaleur 
Sels.  mise 

enjeu  =â 

C'HNaO"(i'''i  =:  2'") 

-h  2'''  eau -t-o,o3 

Dilution  plus  grande,    insensib. 


1°  Influence  de  l'eau  (dilulion). 
Acide. 


C'H^NaO'(ri  z=  oii') 

4-  2'"  eau +o,o3 

Dilution  plus  grande,   insensib. 


C»H'NaO'(i'^i=i''S6) 

-t-  i''',6eau +o>'9 

C'H'NaO'(ri  —  2''') 

-H  2'''  eau +0, 16 


-4-0,  I  I 


G«H'NaO'(r'i  =4ii' 

-1-  2'''  eau 

C'H'NaO'(i"''>  =  6'*') 

+  6"' eau -+-0,08 

Au  delà,  non  mesurable 


C"H'NaO'(i''''=4'") 


C'"H»NaO'(i'''  — tJ'") 

H-  6'"'  eau 

Au  delà,  non  mesurable 


-G,  18 
-0,04 


Chaleur 

mise 
enjeu =:  5 . 

C'H^0'liq.4-eau 

=  i''' 4-0, 08 

C'H'O' (!''''=  i'*') 

-j-  1'"  eau  ....  -1-0,02 
C'H'0'(i'^'<i=2''') 

+  2''' eau  ....  H-o,oi 
Dil  ut.  plus  grande  insensib. 

C'H'0'liq.-f  eau 

=  i'" -+-0,38 

C<H'0'(i"i=i'i') 

-h  i'''eau  ....  4-o,o3 
C'H'0'(i'^'J=2'") 

H-  2'''  eau.  .  . .  -i-o,oi 
Dilut.  plusgrande  insensib. 

C'H«OMiq.-+  eau 

=:l''' 4-0,58 

C»H»0'(i"i=iii<) 

-I-  1'" -l-o,  19 

-t-  2''' eau. ...  -f-o,  10 
C»H»0'(i'=i=4''') 

-I-  4'''  eau.  ...  -1-0,08 
C'H»0^(i'^-'i=i8'") 

-t-  4'"  eau.  .  . .  -1-0, o5 
Au  delà,  non  mes. 


Base. 

NaO   (l''"!   - 


Chaleur 

mise 

en  jeu  :=(?'. 


,1U) 


...    — o,i4 

NaO  (i-'i    =    2''') 

-t-  2'"  eau —0,04 

NaO   (  l'^i   =    4'") 

-f-4'''eau —0,02 

Dilution  plusgrande     insensib. 

Sels  de  baryte. 
C'HBaO'(i>'i=2'") 

+  4'"  eau -1-0,07 

C'H'BaO<(i«i  =  3''') 

-1-  2'''  eau -1-0,  1 5 


C'»H"'OMici.-f-eaii 

:zz4      (Lougulnlne) 

C"'H'»0'(i''''=4'") 


eau. 


-0,67 
-o,i3 


»  D'après  ces  nombres,  la  dilulion  de  tous  les  sels  alcalins  des  acides 
gras  dégage  de  la  chaleur;  il  en  est  surtout  ainsi  pour  le  butyrate  et  le  valérate 
de  soude,  même  déjà  fort  étendus.  La  chaleur  de  combinaison  N,  de  l'acide 
et  de  la  base,  dissous  à  volumes  et  à  équivalents  égaux,  peut  être  calculée 

i;.U.,  1875.  \-<^  Scmcitre.   (T.  LXXX.  N°    li.)  9' 


(  702  ) 
d'après  la  formule  rigoureuse 

N  -N,  =  A-  ($+  5'). 

Elle  ne  varie  pas  sensiblement  pour  le  formiate  et  l'acétate,  au  moins  de- 
puis I  équivalent  de  sel  dissous  dans  4  litres;  mais  elle  varie  notablement 
pour  le  valérate  et  le  butyrate.  Quand  on  passe  de  i  équivalent  de  butyrate 
de  soude  dissous  dans  2  litres  à  i  équivalent  dissous  dans  4  litres,  N  di- 
minue de  —  o,  i5;pour8  litres,  nouvelle  diminution  de  —0,12;  pour 
12  litres,  —  0,08  :  soit  en  tout  —  o,  35  depuis  2  litres.  Ce  sont  là  des  va- 
riations bien  plus  fortes  que  pour  les  sels  formés  par  les  acides  forts. 

2°  Influence  d'un  excès  de  base. 
Action  de  la  base 
sur  le  sel  dissous.  Chaleur  dégagée.  Action  de  l'eau  pure. 

C'HNaO'[i"i==4'")^ii\aO(i-'-i==2"t)...,  +o,o55  +0,00 

C*H'NaO<(i''i  =  2ii')-4-±NaO(i^i=2'")....  +0,07  -t-o,oo 

C'H»NaO<(ri  =  -îii.)  +i  NaO  (1^1=  2'-')..  .  .  +0,10  +  o,o3  -  0,04  =  -  0,01 

C'H^NaO'(r<i=4'i«)4-iNaO(i^i=4>i')..    .  -^  0,27  +  o,o4  -  0,01  =  +  o,o3 


+  0 

o55 

+  0 

07 

4-0, 

10 

-t-  0 

27 

+  0 

28 

+  0 

,20 

4-  0 

,24 

C'H']\aO'(i^i=4"')+  'NaO(ri=4i")....  +0,28  -f- o,  16  -  o,o4  =  +  o,  12 
(C'»H''NaO'(i'^-!=4'")-)-iNaO(i*i=4'")....  +0,20  +  0,02  -  0,01  n=  +  0,01 
i  C'»H»NaO«(i'"i=z  4'") -^  iNaO  (1^1=^4'").    ..      4-0,24      +  o,  10  -  0,04  =  + 0,06 

»  On  voit  que  tous  les  sels  neutres  de  soude,  mis  en  présence  d'un  excès 
de  base,  dégagent  une  nouvelle  quantité  de  chaleur.  Cette  quantité  est 
peu  considérable,  comme  on  devait  s'y  attendre,  la  décomposition  du  sel 
neutre  par  l'eau  étant  évidemment  très-faible;  mais  elle  surpasse  notable- 
ment les  erreurs  d'expérience  ;  elle  surpasse  aussi  l'action  de  l'eau  pure, 
c'est-à-dire  la  somme  des  deux  quantités  de  chaleur  qui  se  dégageraient,  si 
l'on  étendait  d'une  part  la  solution  du  sel  avec  i  volume  d'eau  pure  égal 
à  celui  de  la  solution  alcaline;  et,  d'autre  part,  la  solution  alcaline  avec 
I  volume  d'e.ui  pure  égal  à  celui  de  la  solution  saline;  ce  que  montre  la 
dernière  colonne  du  tableau  (action  de  l'eau  seule). 

»  Ce  qui  vient  surtout  appuyer  mon  interprétation,  c'est  que  la  chaleur 
dégagée  se  développe  tout  d'abord  par  l'addition  d'une  petite  quantité 
de  base  :  condition  dans  laquelle  la  petite  quantité  de  sel  neutre  que  l'eau 
avait  pu  séparer  en  acide  et  base  tend  à  se  reconstituer  presque  intégra- 
lement. Une  plus  grande  quantité  de  base  ne  produit  pas  d'effet  ultérieur 
très-appréciable  :  elle  offre  d'ailleurs  l'inconvénient  de  modifier  bien  da- 
vantage la  nature  du  dissolvant. 

»  J'ajouterai  enfin  que  la  chaleur  dégagée  jiar  un  excès  de  base  est  no- 
tablement plus  grande  pour  le  butyrate  et  le  valérate,  que  pour  l'acétate  et 


(  7o3) 
le  formiate;  ce  qui  montre  que  la  décomposition  du  sel  neutre  augmente 
avec  l'équivalent  de  l'acide  gras  qui  le  constitue. 


3"  Action  d'un  excès  d'acide. 


C=HNaO*(ri  =  4'") 

+  '-  C'H=0'(i'-i=  •->.''<}.  . 

C'HNaO'  (i"i  =  2i") 
\       +  I  C=H'0'(i''i  =  2''').  . 
/  C'H'NaO'(i''i  =  4''') 
\       4-iC'H'0«  (i''i=  2'").  . 
j  C'H'NaO«(i'i=r2'") 
1      +  I  C'H*0'  (1^1=  2'").  . 
/  C'H'NaO<(i*<i=4"') 
l       +|C'H«0'{i*i  =  4'").  , 
]  C'H'NaO'  (i'^i  =  4"') 
I      4-fC'H»0' (i'^i=4'")., 

/  C«H'NaO'(i'i  =  4''') 

\       +1  jC'H'O' (i"i  =  3i''.  , 
C'°H»NaO*(i"i  =  6'^') 

+  {  C'»H'°0'(r'i  =  51'') 
C"'H'NaO*(i''i  =  io"') 

+  1  C'°H"'0'(i'i  =  5'''! 
C"'H'NaO'(i'*i  =  4'") 

-+-  C'E^O*  (i''i  =  5'''). 


+  o,i3 
+  0,12 

-+■  O,  125 

-f-  0,04 
+  0,08 

+  0,19 

+  o,3i 
+  o,36 

-+-0,57 

H-  0,59 
+  0,29 


soit  pour  C'H'O'.    +0,78 

»  +  o ,  a4 

»  4-  o,  125 

soit  poiirC'H*0'.    4-  0,24 

»  +0,08 

soit  pour  C"  H» 0'.    +0,76 

»  +0,41 

soit  pour  CH'^O*.  +  2,32 
-+-0,29 


Artion  de  l'eau  seule. 
+  0,00 

+  0,02 

+  0,04 
-f-  0,00 

+  o,o3  +  0,01  T=i  +  0,04 
+  o,o5  -f-  o,o3^  4-  0,08 

+  0,l2-|-0,o6=+0,l8 

+  0,19  +  0, 06  =4-0,  25 
+  0,01  +o,o3=  +  o,o4 

+  0,11   +0,IC  =  +  0,2I 


»  A  l'inspection  de  ces  nombres  on  voit  aussitôt  que  l'addition  d'un 
excès  d'acide  à  un  sel  gras  alcalin  a  poiu'  effet  d'accroître  la  chaleiu-  déga- 
gée, précisément  comme  pour  les  acides  faibles  en  général.  Cet  accroisse- 
ment surpasse  dans  tons  les  cas  et  les  erreurs  d'expérience  et  l'action  de  l'eau 
seule  sur  les  deux  dissolutions  employées.  La  cbaleur  dégagée  est  surtout 
sensible  et  décisive  lorsqu'on  ajoute  un  petit  excès  d'acide,  une  plus  grande 
quantité  de  la  liqueur  acide  modifiant  davantage  le  dissolvant. 

»  La  chaleur  va  en  augmentant  du  formiate  et  de  l'acétate  au  butyrate  et 
au  valérianate,  précisément  comme  avec  un  excès  de  base. 

))  Enfin,  et  cette  remarque  est  très-importante,  la  chaleur  dégagée  par 
l'addition  d'un  faible  et  même  excès  d'acide  ou  de  base,  tel  que  \  d'équi- 
valent, n'est  pas  la  même,  l'acide  dégageant  en  général  plus  de  cha- 
leur que  la  base.  Cet  excès  est  surtout  marqué  pour  le  valérate,  dont  l'équi- 

91.. 


(  7o4  ) 
valent  est  le  plus  élevé.  Il  y  a  là,  ce  me  semble,  l'indice  de  quelque 
chose  de  plus  que  la  simple  décomposition  d'un  sel  neutre  en  base  et  acide 
libres  par  l'action  de  l'eau;  car  un  même  excès  d'acide  ou  de  base  devrait 
produire  à  peu  près  le  même  effet  pour  compléter  la  régénération  du  sel 
neutre. 

M  Je  pense  que  ce  nouveau  phénomène  traduit  la  formation  d'une  certaine 
dose  de  sel  acide,  de  l'ordre  des  formiates,  acétates  ou  valérates  acides  qui 
peuvent  être,  en  effet,  isolés  par  l'évaporalion,  soit  en  présence  d'un  excès 
d'acide  (préparation  industrielle  de  l'acide  acétique  cristallisable),  soit 
même  avec  les  sels  neutres  (valérates  acides  d'ammoniaque  et  autres).  J'ai 
déjà  eu  l'occasion  d'invoquer  la  formation  de  ces  sels  acides  pour  expliquer 
le  déplacement  d'une  petite  quantité  d'acide  chlorhydrique  dans  la  réac- 
tion de  l'acide  acétique  sur  le  chlorure  de  sodium  [Annales  de  Chimie, 
4*  série,  t.  XXX,  p.  482).  Elle  joue  également  un  rôle  dans  les  difficultés 
que  l'on  rencontre,  si  l'on  veut  décomposer  entièrement  un  équivalent 
d'acétate  de  soude  par  un  équivalent  d'acide  sulfurique,  à  moins  d'élever 
la  température  jusqu'au  degré  de  dissociation  de  l'acétate  acide. 

»  Cependant,  en  présence  de  beaucoup  d'eau,  le  sel  acide  ne  se  forme  pas 
en  dose  considérable,  comme  le  prouvent  les  résultats  négatifs  obtenus  par  la 
méthode  des  deux  dissolvants  et  aussi  le  peu  d'influence  thermique  exer- 
cée par  un  grand  excès  d'acide.  Ici  encore  une  petite  quantité  d'acide,  agis- 
saut  sur  un  grand  excès  relatif  de  sel  neutre,  donne  tout  d'abord  naissance 
à  la  dose  presque  entière  du  sel  acide  qui  peut  subsister  en  présence  de  la 
masse  d'eau  qui  le  dissout;  de  même  que,  dans  le  cas  des  équilibres  éthé- 
rés,  l'action  chimique  tend  à  devenir  proportionnelle  à  la  plus  petite  des 
masses  mises  en  présence,  lorsque  cette  masse  est  très-petite  par  rapport 
à  toutes  les  autres  (voir  Annales  de  Chimie,  3*  série,  t.  LXVIII,  p.  SSg  et 
354). 

II.   —     DÉPLACEMENTS    RÉCIPROQUES    UES    ACIDES    GRAS. 
Acides. 
Formiqueet       (  C'HNaO'(i''i=  4'")  ^„|      l  C*H=NaO*(i'^i=  4'")       '  ^^^ 

acétique...!        -+- C<H'0'(i"î=  a''') +0,08  (        +  C^H^O'(i^'î=  a"')..  .  .      +0,1?. 

C'H'NaO*(i''i=4''') 

+  C'H'0'(i''i=4''') -4-0,00 

C"H'NaO«(t'i=2'") 

Formiqncet        1   CMiNaOMi^''=4'")  1        -+- ^  CarOUi''^  2'")  •  ■      +0,06 

butyrique..    (        -h  C''H'0*(i'''i=  4'") +  0,24   '|  On  ajoute  àcederniermélange 

-^  iC'H'0'(i*i=  2'")  .  .      —0,06 
Puis  encore 

+  iC'II'0'(l'1=2''')  .  .        4-  0,00 


(  7o5) 

Formiqueet       (  C'HNaO*(i'^^i-  2''')  )       +  |C'H'0'(  i"i=  a'^'). .  .      +o,of 


valérique...    (        +  vC"'H'»0'(i*i=  5'").  . .      -+-0,21    j  Onajouteàcederniermélange 

+  iC'H-0*(i'i=?.'i')...      —0,24) 

iC»H'NaO*(i'i=8i'') 
-l-C'H'0<(ri=4'")  .  .  .      +0,00 
C»H'NaO'(i'^'i=4"') 
+  |C'a'0^{i'5i=4''') . .    +0,08 

!C"'H'NaO'(i*i=4''') 
-+-C'H'0'(i'^''=5'") +0,00 
C"H»NaO'(i''i=2'") 
-f- |C<H'0^(t"i==  2"^). .  .      +0,01  \ 
On  ajouteàcedpinier  mélange  ( 

+  iOH'0'(i"i=2'i')...      —0,09) 
Butyrique  et       (  C»H'NaO"(i'^i=  10'")  1  C"'H'NaO'(r''i=io''') 

valérique...    |       -+- C'»H'°0'(i'^i=  5''') -4-0,53  |       -t- C'H»0*(i'i=  5'")  .  . .      -t-0,27 

»  La  conclusion  générale  qui  se  dégage  des  chiffres  de  ce  tableau,  c'est 
le  déplacement  réciproque  des  acides  gras  dans  leurs  sels  dissous.  Ce  dé- 
placement est  surtout  net  lorsqu'on  fait  agir  sur  le  sel  neutre  d'un  acide 
une  petite  quantité,  un  i  d'équivalent  par  exemple,  de  l'acide  ant;igonisle; 
dans  ces  conditions,  il  y  a  toujours  dégagement  de  chaleur,  précisément 
comme  si  l'on  ajoutait  à  un  sel  neutre  une  petite  quantité  de  l'acide  qu'il 
renferme  déjà.  Ce  dégagement  de  chaleur  est  dû  à  deux  actions,  tantôt  de 
même  signe,  tantôt  de  signe  contraire,  savoir  :  1°  le  déplacement  de  l'un  des 
acides  par  l'autre,  proportionnellement  à  la  plus  petite  des  masses  mises  en 
présence;  et  2°  la  formation  simultanée  d'un  sel  acide  par  l'acide  déplacé 
qui  réagit  sur  l'excès  de  son  sel  neutre.  Ces  deux  actions  sont  de  même  signe 
lorsqu'on  fait  agir  une  faible  dose  d'acide  valérique  ou  butyrique  sur  le  for- 
miate  ou  sur  l'acétate,  ciiconstance  dans  laquelle  on  observe,  en  effet,  le 
maximum  de  chaleur  dégagée.  Elles  sont  de  signe  contraire  dans  les  dépla- 
cements inverses,  circonstance  dans  laquelle  la  formation  d'une  petite  dose 
de  sel  acide  dégage  plus  de  chaleur  que  le  déplacement  d'une  petite  frac- 
tion d'un  acide  par  l'autre.  Enfin,  dans  le  cas  des  formiateso[)posés  à  l'acide 
acétique  ou  des  acétates  opposés  à  l'acide  formique,  le  déplacement  réci- 
proque ne  produit  pas  d'effet  thermique  sensible,  et  tout  se  réduit  à  la 
chaleur  dégagée  parla  formation  du  sel  acide,  laquelle  siu'passe  d'ailleurs 
de  beaucoup  les  effets  que  produirait  l'addition  d'un  même  volume  d'eau 
pure. 

»  Voilà  ce  qui  arrive  lorsqu'on  ajoute  une  petite  quantité   d'un  acide 


(7o6  ) 

gras  à  la  dissolution  du  sel  neutre  d'un  autre  acide  gras.  Si  l'on  accroît  la 
dose  de  l'acide  additionnel,  le  déplacement  continue  encore  à  se  faire, 
quoiqu'en  proportion  décroissante;  mais  la  formation  ultérieure  du  sel 
acide  (ou  des  sels  acides)  cesse  d'être  appréciable,  comme  il  résulte  des  faits 
exposés  plus  haut  ;  par  suite  l'effet  thermique  se  réduit  à  peu  près  entièreuient 
au  déplacement  réciproque.  Il  donne  nécessairement  lieu  à  un  dégagement 
de  chalein-,  quelle  que  soit  la  proportion  de  l'acide  additionnel,  dans  le  cas 
où  l'on  traite  un  formiate  ou  un  acétate  par  l'acide  butyrique  ou  valérique. 
Mais,  dans  le  cas  où  l'on  oppose  un  butyrate  ou  un  valérate  à  des  doses 
croissantes  d'acide  formique  ou  acétique,  plusieurs  effets  se  succèdent,  de 
signe  contraire,  savoir  :  i°  le  déplacement  partiel  avec  formation  propor- 
tionnelle de  sel  acide,  effets  dont  la  somme  est  un  dégagement  de  chaleur; 
2°  un  nouveau  déplacement,  dans  lequel  la  formation  du  sel  acide  n'est 
presque  plus  sensible,  et  dont  l'effet  thermique  principal  est  une  absorption 
de  chaleur  (voir,  dans  le  tableau,  valérate  de  soude  •"  +  j  -+-  i  acide  formi- 
que; butyrate  de  soude  :  -H  |- -I-  |  acide  formique,  etc.);  3°  le  partage  de  la 
base  entre  les  deux  acides  ne  se  modifie  plus  ensuite  que  lentement,  quand 
la  proportion  relative  des  deux  acides  approche  de  l'égalité.  Par  suite  le 
dernier  effet  thermique  résulte  de  la  compensation  des  deux  effets  con- 
traires, le  déplacement  qui  absorbe  de  la  chaleur  et  l'action  de  l'eau  (qui 
dissolvait  l'acide  additionnel)  sur  le  sel  gras  contenu  dans  la  liqueur,  action 
qui  dégage  de  la  chaleur.  En  raison  de  cette  conpensation,  le  dernier  effet 
thermique  est  sensiblement  nul,  et  il  en  est  de  même  de  l'effet  total  qui 
résulte  de  la  somme  de  ces  trois  phénomènes  successifs. 

»  Cette  analyse  délicate  des  effets  produits  par  l'action  réciproque  des 
deux  acides  gras,  opposés  à  dose  graduellement  croissante,  était  indispen- 
sable pour  rendre  compte  des  variations  singulières  observées  dans  le  signe 
de  la  chaleur  dégagée;  elle  montre  qu'il  y,  a  dans  tous  les  cas  partage  et 
quel  en  est  le  mécanisme. 

)i  Quant  à  la  proportion  relative  de  ce  partage,  les  nombres  observés  sont 
trop  faibles  pour  permettre  un  calcul  bien  précis;  mais  elle  ne  parait  pas 
éloignée  d'un  partage  égal,  sauf  quelque  prépondérance  à  l'avantage  des 
acides  butyrique  et  valérique,  sans  doute  parce  que  leurs  sels  acides  sont 
les  plus  stables  en  présence  de  l'eau. 

»  En  résumé,  toutes  ces  expériences  fournissent  des  indications  con- 
cordantes et  qu'il  me  paraît  légitime  d'interpréter  par  le  partage  de  la 
base  entre  les  deux  acides  gras  mis  en  présence  joint  avec  la  formation 
des  sels  acides.   C'est  cette  même  formation  des  sels  acides  (simples   et 


(  707  ) 

même  doubles),  laquelle  est  bien  plus  nette  eu  l'absence  de  l'eau,  qui 
me  paraît  déterminer  les  déplacements  d'acide  formique  par  l'acide 
acétique  dans  les  formiates  anhydres,  conformémeut  aux  expériences  de 
M.  Lescœur. 

»  Eu  présence  de  l'eau,  comme  eu  son  absence,  la  formation  des  sels 
acides  règle  le  phénomène,  parce  qu'elle  donne  lieu  à  un  dégagement  de 
chaleur  qui  l'emporte  sur  toutes  les  autres  réactions;  c'est  ce  que  montre 
aisément  le  calcul  de  la  formation  des  sels  acides  et  des  sels  neutres  rappor- 
tée à  l'état  solide,  d'après  les  nombres  de  ma  dernière  Note.  I/explication 
des  faits  observés  est  donc  précisément  la  même  que  pour  les  déplace- 
ments d'acide  sulfuriqiie  dans  les  sulfates  alcalins  par  les  acides  chlorhy- 
drique  et  azotique;  ce  déplacement  ayant  lieu  en  l'absence  de  l'eau,  comme 
en  sa  présence,  et  pour  les  mêmes  motifs  thermiques  (voir  Annales  de  Chi- 
mie et  Physique,  4^  série,  t.  XXX,  p.  5i8). 

»  Mais  dans  le  cas  des  sels  gras  acides,  comme  dans  celui  des  bisulfates, 
il  convient  de  tenir  compte  de  leur  état  de  décomposition  partielle.  Si  les  sels 
acides  formés  par  les  acides  gras  étaient  absolument  stables,  soit  en  |)ré- 
sence  de  l'eau,  soit  sous  l'influence  de  la  distillation,  leur  formation  s'ac- 
complirait intégralement  dans  tous  les  cas,  et  le  partage  de  la  base  aurait 
lieu  précisément  dans  des  rapports  équivalents  très-simples.  Mais  les  sels 
gras  acides,  aussi  bien  que  les  bisulfates,  et  même  à  un  degré  plus  avancé, 
subissent,  de  la  part  de  l'eau  qui  les  dissout,  ou  de  la  chaleur  qui  les  dis- 
socie à  l'état  anhydre,  une  décomposition  partielle.  Or  les  sels  acides  ne 
sauraient  intervenii' dans  les  réactions  qu'eu  raison  de  la  proportion  réelle 
de  ces  sels  qui  est  susceptible  de  subsister  dans  les  conditions  de  l'expé- 
rience :  de  là  résultent  des  équilibres  multiples  dont  je  viens  de  signaler 
le  principe.  Ce  sont  ces  mêmes  équilibres,  modifiés  par  la  température  et 
par  la  formation  de  certains  hydrates  définis,  précisément,  comme  dans  les 
déplacements  réciproques  des  hytiracides  [Comptes  rendus,  t.  LXXVII, 
p.  !3i3-3i5),  qui  règlent  les  déplaceuieuts  réciproques  des  acides  gras  par 
distillation.  » 


GÉOLOGIE.  —  Association,  dans  l'Oural,  du  platine  nalij  à  des  roches  à  base 
de  péridot  ;  relation  d'origine  qui  unit  ce  métal  avec  le  Jer  chromé;  par 
M.  Daibuée. 

Il   Le  platine  abondamment  répandu,  à  l'état  de  pépites  ou  de  grains 
isolés,  dans  les  terrains  de  transport  de  certaines  régions  de  l'Oural  n'a 


(  7o8) 
pas  encore  été  rencontré  en  place,  c'est-à-dire  dans  les  roches  qui  le  con- 
tenaient originairement.  Il  a  été  détaché  de  cette  matrice  par  les  tritura- 
tions et  les  charriages  auxquels  sont  dus  les  dépôts  de  gravier  et  de  sable 
où  on  l'exploite  aujourd'hui. 

»  Toutefois  les  recherches  qui  ont  été  faites  sur  ce  sujet  par  plusieurs 
géologues,  particulièrement  par  Gustave  Rose  et  M.  Le  Play  (i),  ont  rendu 
très-probable  que  c'est  dans  la  serpentine  que  ce  métal  élail  d'abord  dis- 
séminé, au  moins  dans  la  contrée  de  Nischné-Tagilsk.  Le  grand  nombre 
de  galets  de  serpentine  accompagnant  le  platine  ont  conduit  à  cette  con- 
clusion, que  confirme  aussi  l'abondance  du  fer  chromé,  minéral  du  do- 
maine de  la  serpentine.  D'ailleurs  le  platine  est  lui-même  souvent  engagé 
dans  le  fer  chromé,  et  enfin  il  n'est  pas  sans  exemple  que  des  grains  de 
ce  métal  aient  été  trouvés  dans  la  serpentine. 

»  M.  Jaunez-Sponville,  qui  a  bien  voulu,  à  ma  prière,  faire  soigneuse- 
ment rechercher  dans  les  exploitations  qu'il  dirige  aux  environs  de  Nischné- 
Tagilsk,  des  échantillons  contenant  le  platine  encore  fixé  dans  sa  gangue, 
m'en  a  remis  récemment  quelques-uns  qui  sont  instructifs  pour  cette  ques- 
tion. D'ailleurs  j'en  avais  antérieurement  reçu  de  M.  l'Académicien  d'Eich- 
wald  d'autres  représentant  des  roches  dans  lesquelles  le  platine  n'est  pas 
disséminé,  mais  qui  sont  particulièrement  caractéristiques  des  brèches 
et  conglomérats  où  l'on  exploite  ce  métal,  dans  la  même  contrée  de 
Nischné-Tagilsk.  Le  ciment  de  la  brèche  est  du  carbonate  de  chaux  ma- 
gnésien ;  parmi  de  nombreux  cristaux  octaédriques  et  grains  de  fer 
chromé,  on  distingue  des  grains  de  platine  logés  entre  les  fragments  pier- 
reux. 

»  Roche  de  (Hallage,  avec  peridol,  serpentine  el  fer  chromé,  intimenent  as- 
sociée au  platine.  —  Un  gros  galet,  d'un  vert  foncé  et  du  poids  de  près  de 
2  kilogrammes,  porte  en  quelques  points  de  sa  surface  des  indices  de  pla- 
tine, qui  est  reconnaissable  à  sa  couleur,  son  éclat,  ainsi  qu'à  son  inalté- 
rabilité par  l'acide  nitrique.  Mais  un  examen  plus  attentif  a  fait  constater 
que  ce  platine,  au  lieu  d'appartenir  à  des  veines  traversant  l'échan- 
tillon, représente  seulement  un  enduit  superficiel  du  métal  :  c'est  une 
simple  trace  qui  peut-être  a  été  produite  par  le  frottement  énergique  de 
pépites,  comme  colle  que  laisse  lui  crayon  sur  une  feuille  de  papier.  En 

(l)  Gustave  Rose,  Jicise  niich  Urnl,  t.  II,  p.  42G  et  5\i;  1842-  —  Le  Play,  Comptes 
rendus,  t.  XIX,  p.  853;  i844- Qi'antnu  platine  des  environs  de  Kuschwitiblt  (district  de  Goro- 
Blajiodat),  G.  Rose  suppose  (ju'il  provient  du  porphyre  diorilique.  (T.  I,  p.  339.) 


(  709  ) 

effet,  cet  enduit  métallique  disparaît  complètement  sous  l'aclion  de  l'eau 
régale. 

»  D'aillsiu's,  la  présence  du  platine  a  été  recherchée,  dans  ce  caillou, 
au  Bureau  d'essais  de  l'École  des  Mines,  d'abord  par  voie  sèche,  puis  par 
voie  humide,  et  les  deux  résultats  ont  été  négatifs. 

»  Toutefois,  comme  la  roche  présentait  de  l'intérêt  à  cause  de  son  asso- 
ciation au  platine,  on  en  a  fait  l'analyse  quantitative,  qui  a  donné  les  ré- 
sultats suivants  : 

Silice 4?  >^o 

Chaux 1 1 ,  3o 

Magnésie 26 ,00 

Profoxyde  de  fer  (dosé  à  l'état  de  peroxyde) 7)6o 

Alimiine 3, 00 

Perte  par  calcination 4i3o 

99)  80 
»  Coupée  en  tranches  minces  et  examinée  au  microscope,  la  roche  dont 
il  s'agit  se  montre  composée  en  grande  partie  d'une  masse  très-clivable, 
chatoyante,  dont  les  caractères  optiques  annoncent  la  diallage.  Un  autre 
minéral  en  grains  transparents,  moins  clivable,  à  surface  rugueuse,  con- 
siste en  péridot;  des  veines  de  serpentine  traversent  le  tout.  Enfin  quel- 
ques petits  grains  noirs  de  fer  chromé  y  sont  disséminés.  Ces  caractères 
|)hysiques  correspondent  bien  à  la  composition  élémentaire  qui  vient 
d'être  signalée. 

»  La  brèche  platinifère  renferme  aussi  des  fragments  d'un  vert  d'herbe, 
d'une  roche  analogue  à  ce  galet,  mais  encore  mieux  caractérisée.  On  y  dis- 
tingue très-nettement  la  diallage,  reconnaissable  à  ses  propriétés  optiques 
(rouge  extérieur,  bleu  intérieur,  pour  la  bissectrice  négative),  avec  de 
nombreuses  inclusions  rectilignes,  très-allongées  et  orientées  parallèle- 
ment à  trois  directions,  qtii  correspondent  aux  clivages  de  la  substance. 
Des  grains  de  péridot  sont  disséminés  au  milieu  de  cette  diallage,  et  le 
tout  est  traversé  par  des  veinules  de  serpentine. 

»  Roche  de  péridol  et  de  serpentine  avec  fer  chromé,  dans  laquelle  le  platine 
est  encore  fixé.  —  Dans  un  autre  galet  où  le  platine  se  montre  évidem- 
ment fixé,  ce  métal  est  en  petits  cristaux  mal  formés  et  associé  à  des  grains 
de  fer  chromé  parfois  cristallisés.  La  gangue  pierreuse  qui  renferme  les 
uns  et  les  autres,  aies  caractères  d'une  serpentine;  mais  si  l'on  en  examine 
au  microscope  des  tranches  minces,  on  reconnaît,  au  milieu  de  la  ser- 
pentine proprement  dite,  de  nondjreux  grains  transparents,  biréfringents, 

C.R.,  1875,  l'f  Semcs/;f.  (T.  LXXX,  fi»  11.)  9^ 


(  7IO  ) 
agissant  fortement  sur  la  lumière  polarisée  et  offrant  les  caractères  op- 
tiques  du   péridot  (dispersion    très-faible  {p  <C  v  pour  la  bissectrice  po- 
sitive). Il  s'y  rencontre  çà  et  là  des  lamelles  de  diailage. 

»  Une  roche  semblable  à  cette  gangue  du  platine  se  retrouve  en  abon- 
dance parmi  des  fragments  de  la  brèche  platinifère,  avec  la  différence  que 
le  péridot  y  est  souvent  plus  abondant,  au  point  de  former  environ  la 
moitié  du  volume.  La  serpentine  forme  de  petites  veines  qui  traversent,  en 
tous  sens,  les  fragments  anguleux  de  péridot;  celte  disposition,  qui  est 
comparable  à  celles  de  certains  marbres-brèches,  se  reconnaît  avec  le 
faible  grossissement  d'une  loupe.  Çà  et  là  le  péridot  a  même  conservé  sa 
forme  cristalline. 

»   L'analyse  de  l'un  de  ces  échantillons  a  donné  : 

Eau  chassée  :  à  1 20  degrés 4  >  o 

»  au  rouge  vif 1  o  j  7 

/  Magnésie 26 , 2 

.  I  Protoxyde  de  fer  (dose  à  l'état  de  peroxyde)  et  alumine 

i^arties  solui)les        1       ,  1       •  *  i  »  •  -  \         * 

{        cette  dernière  en  très- petite  quantité) iQj2 

dans  1  acide  nitrique.  1     ,  '  '  '       .  ^ 

'  Cliaux 0,3 


Soude 0,1 

„      .      .       ,  ,  ,         [  Résidu  blanc  léger,  presque  entièrement  composé  de 
Parties  insolubles     \        .,.  o    '  1        1  r 

,        ,,    . ,       .    .  {      silice 3b  ,6 

dans  1  acide  nitrique.  1           ,          ,  „ 

[  Fer  chrome o ,  b 

99' 7 

»  Si  les  caractères  optiques  n'étaient  pas  concluants  par  eux-mêmes,  on 
reconnaîtrait,  par  la  nature  attaquable  de  la  substance  et  par  la  prédomi- 
nance de  la  magnésie,  que  le  minéral  transparent  ne  peut  être  que  du 
péridot. 

))  Ainsi  on  est  en  droit  de  conclure  que,  dans  la  contrée  de  Nischné- 
Tagilsk,  la  roche-mère  du  platine  consistait  en  péridot,  lequel  est  plus 
ou  moins  transformé  en  serpentine  et  accompagné  de  diailage,  minéral 
qui  prédomine  dans  d'autres  parties  de  la  roche. 

»  Relation  d'origine  du  platine  natif  avec  le  fer  chromé  qui  t'enveloppe.  — 
Un  des  compagnons  du  platine  dans  sa  gangue,  le  fer  chromé,  mérite  l'at- 
tention. 

»  On  sait  que,  dans  la  contrée  de  Nischné-Tagilsk,  ce  minéral  est  très- 
fréquemment  et  très-abondamment  associé  au  platine;  non-seulement  il  se 
présente  en  cristaux  et  en  grains  dans  les  alluvions  platinifères,  mais  aussi 
il  incruste  souvent  les  pépites.  Dans  certains  cas,  le  platine  lui-même  est 
disséminé  au  milieu  de  morceaux  plus  ou  moins  volumineux  de  fer  chromé. 


(  7"  ) 
Alors,  comme  l'a  remarqué  Gustave  Rose,  le  platine  est  ordinairement 
anguleux  et  même  cristallisé  (i)  ;  c'est  ce  que  témoigne  l'un  des  échantil- 
lons que  je  viens  de  déposer   dans  la  collection  de  l'École  des  Mines, 
comme  les  précédents  dont  j'ai  parlé. 

))  Quelle  que  soit  la  différence  de  leur  constitution  chimique,  une  asso- 
ciation aussi  constante  de  ces  deux  minéraux  n'est  sans  doute  pas  fortuite; 
elle  paraît  être  significative,  comme  je  vais  essayer  de  le  montrer,  et  servir 
de  témoin  à  des  réactions  par  lesquelles  a  passé  originairement  la  gangue 
du  platine. 

»  Quand  on  fond  au  contact  de  Tair  du  platine  allié  à  du  fer,  on  voit 
aune  très-haute  température  le  fer  s'oxyder  avec  rapidité  et  se  transformer 
en  partie  en  étincelles,  en  partie  en  une  scorie  magnétique.  Ainsi  que  j'ai 
eu  l'occasion  de  l'observer,  soit  sur  des  alliages  artificiels,  soit  sur  des 
pépites  naturelles  de  platine  très-ferrifère,  dans  les  expériences  où  j'ai 
produit  artificiellement  le  platine  magnétipolaire,  après  une  sorte  d'affi- 
nage, le  platine  reste  comme  un  noyau  dans  la  scorie,  formée  aux  dépens 
du  fer  qui  lui  était  primitivement  allié,  à  peu  près  comme  il  se  présente 
dans  le  fer  chromé  de  la  nature. 

M  Ces  produits  d'expériences  offrent  une  autre  analogie  avec  les  échan- 
tillons naturels;  car  le  platine  qui  est  ainsi  associé  au  fer  chromé  paraît  se 
distinguer  du  platine  des  autres  gisements,  par  la  forte  proportion  de  fer 
métallique  auquel  il  est  allié.  C'est  ainsi  que  le  platine,  très-riche  en  fer 
et  doué  du  magnétisme  polaire,  ne  paraît  avoir  été  rencontré,  au  moins 
jusqu'à  présent,  qu'en  compagnie  du  fer  chromé  (i). 

»  Le  chrome  étant,  comme  le  fer,  très-oxydable,  on  peut  donc  se  rendre 
compte  de  cette  relation  entre  le  platine  et  le  fer  chromé,  en  supposant 
que  les  trois  corps,  platine,  fer  et  chrome,  étaient  d'abord  à  l'état  métal- 
lique, puis  que,  en  présence  d'une  certaine  quantité  d'oxygène  et  à  une 
température  élevée,  il  s'est  produit  un  départ  des  métaux  les  plus  oxydables. 


(1)  Reise  nach  Ural,  t.  II,  p.  386.  —  De  Kokscharow,  Materialen  zur  Minéralogie  Russ- 
lands,  t.  V,  p.  1  7g. 

(2)  Dans  les  nombreuses  analyses  de  minerais  de  plaline  que  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville 
et  Debray  ont  publiées  à  l'occasion  de  leurs  belles  recherches  sur  ce  métal  [Annales  de 
Chimie  et  de  Physique,  3'  série,  t.  LVI),  ces  savants  n'ont  pas  trouvé  un  contenu  en  fer 
dépassant  12  pour  100.  D'après  ces  analyses,  comme  dans  celles  que  l'on  doit  à  Berzélius,  à 
Osann,  à  INI.  de  Blucliin,  les  minerais  de  Nichné-Ta{^ilsk  se  distinguent  par  leur  forte  teneur 
en  fer.  M.  de  Muchin  annonce  y  avoir  trouvé  jusqu'à  17,1 3  et  même  18,93  dans  des  grains 
noirs  préalablement  traités  par  de  l'acide.  (De  Kokscharow,  Ouvrage  précité,  t.  V,  p.  186.) 

92.. 


(  7>2  ) 
Toutefois,  malgré  la  rapidité  avec  laquelle  le  fer  s'oxyde  dans  ces  circon- 
stauces,  une  partie  très-notable  de  ce  fer  est  restée  à  l'état  métallique  :  la 
scorification  a  été  incomplète.  Cela  peut  faire  supposer,  soit  que  l'oxygène 
était  en  quantité  insuffisante,  soit  que  cet  oxygène  n'a  agi  que  pendant  un 
temps  très-court. 

»  Dans  le  but  de  contrôler  expérimentalement  cette  supposition,  j'ai  de 
nouveau  eu  recours  au  puissant  procédé  de  coupellalion  dans  la  chaux, 
dont  on  est  redevable  à  M.\I.  Henri  Sainte-Claire  Deville  et  Debray,  et  à 
du  platine  en  fusion  j'ai  ajouté  un  alliage  de  fer  et  de  chrome.  Le  fer  et  le 
chrome  sont  passés  à  l'état  d'oxydes,  mais  sans  que  ces  oxydes  aient  formé 
une  combinaison  comme  dans  le  fer  chromé,  puisqu'ils  sont  restés  solubles 
dans  les  acides.  On  n'a  pas  mieux  réussi  en  opérant  sur  un  alliage  des 
trois  métaux  (platine,  lo;  fer,  3;  chrome,  2)  que  l'on  a  soumis  au  cha- 
lumeau oxyhydrique  en  n'oxydant  que  très-lentement  et  en  maintenant  la 
substance  à  l'état  pâteux.  Çà  et  là  se  montrent  des  cristaux  transparents 
et  verdâtres  qui  sont  peut-être  du  chromate  de  chaux;  quelques-uns  des 
grains  de  platine  sont  magnétiques. 

»  Les  formes  sous  lesquelles  le  platine  s'est  isolé  au  milieu  de  la  scorie 
oxydée  dans  la  première  expérience  méritent  d'èlre  signalées.  Parmi  des 
grains  dont  la  forme  tuberculeuse  rappelle  celle  des  pépites  naturelles,  il 
en  est  d'autres  offrant  à  leur  surface  une  réticnlation  dendritique,  suivant 
deux  directions  perpendiculaires;  d'autres  enfin  sont  hérissés  de  petits  cris- 
taux cubiques.  Ce  dernier  fait  est  à  rapprocher  de  cette  circonstance,  que 
le  platine  engagé  dans  le  fer  chromé  est  ordinairement  cristallisé. 

»  On  pouvait  encore  comprendre  l'association  des  métaux  aux  combi- 
naisons oxydées  par  une  hypothèse  inverse  de  la  scorification  et  supposer 
que  du  platine,  s'étant  trouvé  en  présence  du  fer  chromé  et  d'un  réductif, 
aurait  pris  à  cette  dernière  combinaison  du  fer  pour  lequel  il  a  une  forte 
affinité.  Mais  on  a  fondu,  à  plusieurs  reprises,  dans  un  creuset  brasqué  et 
avec  un  mélange  de  charbon,  du  fer  chromé  et  du  platine,  sans  que  ce 
dernier  ait  annoncé,  par  un  état  magnétique,  la  présence  du  fer.  Ce  résul- 
tat a  été  également  négatif,  quand  du  péridot  a  été  ajouté  comme  fondant 
et  comme  pouvant  lui-même  fournir  du  fer  dans  ces  conditions.  Cette 
seconde  supposition  paraît  donc  avoir  moins  de  fondement  que  la  pre- 
mière. 

»  Ainsi  l'association  du  platine  et  du  fer  chromé  se  présente  comme 
si  dans  les  masses  profondes  dont  provient  le  platine  il  s'était  produit  une 
scorification  partielle. 


(  7'3) 

»  Traits  multiples  de  ressemblance  entre  les  roches  de  platine  et  certainesroches 
mcléoritiques.  —  Cette  scorification  serait  tout  à  fait  analogue  à  celle  par  la- 
quelle j'ai  cherché  à  expliquer,  en  m'appuyant  aussi  sur  des  expériences,  la 
formation  des  roches  météoritiqucs,  dans  lesquelles  le  fer  est  également,  en 
partie  à  l'état  métallique,  en  partie  à  l'état  oxydé  (i).  En  chauffant  et  en 
oxydant  incomplètement  les  corps  dominants  des  météorites,  du  fer,  du 
magnésium  et  du  silicium  préalahleinent  combinés,  j'ai,  en  effet,  obtenu  du 
fer,  tant  à  l'état  métallique  qu'à  l'état  de  silicate  de  protoxyde  qui,  avec 
l'oxyde  de  magnésium,  a  constitué  du  péridot  en  partie  cristallisé. 

))  Comme  autre  Irait  d'analogie,  il  importe  d'observer  qu'ordinairement 
les  roches  météoritiques  à  base  de  péridot  contiennent  aussi  du  fer  chromé  ; 
elles  ressemblent  donc  minéralogiquement  à  la  gangue  du  platine  de  l'Ou- 
ral. La  ressemblance  que  j'avais  déjà  signalée  autrefois  (2)  trouve  une 
confirmation  remarquable  et  se  complète  par  la  présence  du  péridot  que 
nous  venons  d'y  reconnaître.  Le  rapprochement  est  particulièrement  frap- 
pant pour  la  météorite  tombée  à  Chassigny  (Haute-Marne),  qui,  d'après 
l'analyse  très-exacte  de  M.  Damour,  se  compose  presque  entièrement  de 
péridot,  auquel  se  joint  du  fer  chromé  dans  la  proportion  de  4  pour  100  (3). 
La  ressemblance  entre  cette  roche  cosmique  et  la  roche  terrestre  qui  nous 
occupe  s'étend  jusqu'à  l'aspect  et  la  texture. 

)i  Toutefois  il  existe  entre  ces  deux  roches  celte  différence,  que  la  gangue 
du  platine  de  Nischné-Tagilsk  s'est  transformée  et  qu'elle  a  subi  une  hy- 
dratation dans  laquelle  la  serj)entine  s'est  produite  aux  dépens  du  péridot, 
tandis  que  dans  la  météorite  de  Chassigny  ce  minéral  est  resté  inaltéré. 

»  Tels  sont  les  traits  multiples  et  inattendus  de  similitude,  tant  dans  la 
constitution  minéralogique  que  dans  le  mode  possible  de  formation,  qui 
rapprochent  certaines  météorites  de  la  gangue  du  platine  à  péridot  et  fer 
chromé:  de  même  que  dans  les  roches  cosmiques  qui  nous  représentent 
les  parties  intérieures  de  corps  célestes  brisés,  nous  trouvons  dans  les  masses 
profondes  et  platinifères  du  globe  les  caractères  d'une  scorification,  mais 
qui  est  restée  très-incomplète. 

»  En  dehors  de  toute  hypothèse,  un  autre  fait  sur  lequel  j'ai  appelé  l'at- 
tention, il  y  a  près  de  dix  ans,  ressort  chaque  jour  davantage  :  c'est  l'im- 


(i)   Comptes  rendus,  I.  LXII,  p.  G^o  et  suivantes;  1866.  —  Jnnalcs  des  Mi/ies,  (>'  série, 
t.  XUI,  p.  4'  et  suivantes;  18G8. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LXII,  p.  67a.  —  Annales  des  Mines,  G'' série,  t.  XIII,  p.  5o. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  LV,  p.  Sy  1 . 


{  7i4  ) 
porlance  que  doit  avoir  le  péridot  dans  les  régions  profondes  de  notre 
globe,  de  inènie  que  dans  les  roches  cosmiques  dont  les  météorites  nous 
apportent  des  éclats.    » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  les  variations  ou  inégalités  périodiques  de  la  température 
(dixième  Note)  :  Période  du  vingtième  jour  dodécuple;  par  M.  Ch.  Sainte- 
Claike  Deville. 

«  Tous  les  phénomènes  de  la  nature  inorganique  sont  soumis  à  des  lois 
déterminées,  et  la  recherche  de  ces  lois  constitue  l'un  des  plus  grands  pro- 
blèmes de  la  science.  Mais  la  formule  d'une  loi  générale  a  toujours  été  pré- 
cédée par  des  énoncés  purement  empiriques  n'exprimant  qu'une  vérité 
approximative.  Il  semble,  au  premier  abord,  qu'un  accueil  particulièrement 
bienveillant  soit  dû  à  ceux  qui,  dans  un  ordre  de  connaissances  encore 
privé  de  ces  premières  lueurs,  précurseurs  de  la  lumière,  se  livrent,  presque 
sans  guide,  aux  travaux  de  statistique,  d'où  sortiront  un  jour  les  formules 
empiriques;  à  ces  pionniers  qui  défrichent  avec  une  ardeur  persévérante  et 
passionnée  le  champ  dont  les  meilleurs  fruits  sont  probablement  réservés 
à  leurs  successeurs.  Il  n'en  est  rien  cependant;  ils  trouvent  autour  d'eux 
peu  de  faveur  et  peu  d'encouragement  ;  heureux  quand  ils  ne  recueillent 
pas  le  sarcasme  en  même  temps  que  l'incrédulité. 

»  La  Météorologie  est  une  de  ces  sciences  qui  cherchent  encore  leur  pre- 
mier point  d'appui;  mais  elle  a  déjà  ses  deux  leviers,  la  méthode  statique 
et  la  métriode  dynamique.  J'ai  déhni  ces  deux  modes  de  procéder  dans 
une  Communication  qui  remonte  à  plusieurs  années  (i).  La  dernière  de  ces 
deux  méthodes,  inaugurée  dans  ce  siècle  par  des  travaux  de  premier  ordre 
sur  les  conditions  de  gyration  et  de  transport  des  grands  tourbillons  at- 
mosphériques, émeut  et  passionne  aujourd'hui  un  grand  nombre  de  per- 
sonnes, parmi  les  savants  comme  parmi  les  hommes  du  monde;  elle  a 
quelque  chose  de  séduisant,  parce  que,  sans  études  spéciales  approfondies, 
et  par  la  simple  comparaison  des  courbes  se  succédant  d'un  jour  à  l'autre, 
elle  peut  conduire  à  la  prévision  des  mouvements  principaux  de  l'atmo- 
sphère. Mais  si,  dans  chaque  cas  particulier,  elle  permet  d'annoncer  avec 
une  certaine  probabilité  l'arrivée  d'une  bourrasque  ou  d'une  dépression 
barométrique  et,  dans  chaque  tourbillon  mobile,  le  sens  du  déplacement 
de  la  colonne  d'air,  c'est  à  la  méthode  statique  seule  qu'il  est  réservé  de 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXXI,  séance  du  i4  novembre  1870. 


donner  un  jour  la  loi  du  retour  de  ces  tourbillons  et  par  conséquent  le 
moyen  de  les  prévoir  longtemps  à  l'avance,  d'en  construire  en  quelque 
sorte  les  tables.  Cette  prévision,  d'un  ordre  plus  général,  se  rattache  aux 
lois  empiriques  qui  règlent  les  variations  périodiques  des  éléments  météoro- 
logiques :  température,  pression  barométrique,  état  hygrométrique,  etc.  (i). 
On  ne  doit  donc  point  s'étonner  de  ce  que  certains  esprits,  sans  nier  l'in- 
contestable utilité  des  résultats  immédiats  dus  à  la  méthode  dynamique, 
ne  se  laissent  pas  détourner  des  études  de  longue  haleine  qu'ils  ont  entre- 
l^rises,  en  suivant  patiemment  l'autre  mode  de  discussion.  Cette  considéra- 
lion  me  fait  espérer  que  l'Académie  nie  permettra  d'appeler  de  nouveau 
son  attention  sur  les  phases  périodiques  de  la  température,  en  présentant 
les  résultats  sous  une  foi-me  un  peu  différente  de  celle  que  j'avais  adoptée 
dans  mes  précédents  Mémoires. 

»  Je  voudrais  d'abord,  en  peu  de  mots,  préciser  le  point  où  je  suis  par- 
venu de  mes  études,  indiquer  le  chemin  qu'il  me  reste  encore  à  parcourir, 
et  définir  l'objet  particulier  de  la  nouvelle  série  de  Notes  que  je  commence 
aujourd'hui. 

»  Comme  je  viens  de  le  dire,  le  but  de  mes  recherches  est  de  découvrir 
si,  par  la  discussion  des  observations  météorologiques,  dont  nous  com- 
mençoiis  à  posséder  vui  assez  grand  nombre,  et  qui,  depuis  ces  dernières 
années  prennent  un  caractère  de  précision  et  de  coniparabilité  qu'elles  ne 
présentaient  pas  autrefois,  il  est  possible  d'établir  empiriquement  les  retours 
périodiques  d'influences  semblables  ou  analogues  dans  les  phénomènes  de 
l'atmosphère. 

»  L'une  des  plus  grandes  difficultés  du  problème  gît  dans  le  nombre  et 
la  diversité  même  de  ces  phénomènes.  Comment,  en  effet,  trouver  une  loi 
unique  qui  régisse  les  variations  de  la  température,  de  la  pression  baromé- 
trique, de  l'humidité  atmosphérique,  de  la  sérénité  du  ciel,  des  quantités 
de  pluie,  de  la  direction  des  vents  et  de  leur  intensité,  etc.  ?  La  question, 
abordée  dans  toute  sa  complexité,  serait  manifestement  insoluble. 

M   "Voici  comment  j'ai  tourné  la  difficulté. 

(i)  M.  de  Tastes,  qui  a  attaqué,  par  son  côté  général,  les  problèmes  des  grands  mouve- 
ments de  l'atmosplièrc  et  a  obtenu  des  prévisions  à  longue  échéance,  encore  vagues  à  la 
vérité,  n'est  parvenu  à  ce  remarquable  résultat  qu'en  combinant  les  deux  méthodes. 

M.  Renou,  dans  son  beati  travail  sur  la  périodicité  des  grands  hivers,  a  einployé  pure- 
ment la  méthode  statique. 

Il  ne  peut  être  non  plus  question  des  travaux  théoriques,  tels  que  les  intéressants  Mémoires 
de  M.  Peslin  sur  les  cvclones. 


(7>6) 

»  J'ai  cherché  parmi  les  éléments  climalériqnes  celui  qu'il  était  le  plus 
important  d'étudier  en  lui-même.  Je  n'ai  point  hésité  un  instant.  La  tempé- 
rature de  l'air  était,  de  tous  ces  éléments,  celui  qui,  à  mes  yeux,  devait 
avoir  une  influence  prépondérante  en  même  temps  qu'il  se  prêtait,  par 
l'ancienneté  relative  des  observations  therniométriques,  à  une  discussion 
plus  longue  et  plus  complète.  J'ai  donc,  depuis  i853,  abordé  la  question 
par  ce  côté.  J'ai  entretenu,  pour  la  première  fois,  de  ces  études  la  Société 
météorologique  en  i854,  et  l'Académie  des  Sciences  en  i865;  mais,  en 
même  temps,  dans  des  travaux  partiels  je  recherchais  si  les  premiers  indices 
de  périodicité,  que  me  dévoilaient  les  phénomènes  ihermoniétriques,  ne  se 
trouveraient  pas  dans  des  rapports  déterminables  avec  les  variations  éprou- 
vées simultanément  par  les  autres  éléments  météorologiques.  Je  crois  avoir 
établi  suffisamment  l'existence  de  ces  rapports  dans  plusieurs  Notes  ou 
Mémoires  publiés,  soit  dans  les  Comj'tes  rendus  de  l'Académie,  soit  dans 
V Annuaire  de  la  Société  météorologique. 

»  Une  seule  de  ces  comparaisons  a  été  poussée  assez  loin  :  c'est  celle  qui 
rapproche  les  variations  périodiques  de  la  température  et  celles  de  la 
pression  atmosphérique.  Dans  une  Note  insérée  aux  Comptes  rendus  (i),  j'ai 
montré  :  i"  que  les  courbes  barométriques  et  thermométriques  d'un  même 
lieu  présentent  sensiblement  les  mêmes  inflexions,  se  succédant  dans  le 
même  ordre  ;  2°  que  les  inflexions  semblables  ne  sont  pas  synchroniques, 
et  que  l'on  peut  considérer  les  indications  de  l'un  des  insirumenis  comme 
étant  toujours  ou  en  avance,  ou  en  retard  sur  celles  de  l'autre  ;  3°  que  la 
quantité  de  cette  avance  ou  de  ce  retard  n'est  pas  constante  ;  de  sorte  que, 
pour  amener  les  deux  courbes  à  présenter  des  ondidations  parallèles,  il  faut 
déplacer  l'une  par  rapport  à  l'autre  d'une  quantité  variable,  dont  la  moyenne 
diffère  peu  de  deux  ou  trois  jours  (2). 

«  Plus  tard,  soit  dans  les  Nouvelles  météorologiques,  soit  dans  le  Bulletin 
quotidien  de  l'Observatoire  météorologique  de  Montsouris  (juin  1869  à 
juin  1872),  j'ai  complélé  graphiquement  celte  démonstration,  en  suivant 
pas  à  pas  les  deux  courbes  pendant  deux  années  entières,  sans  négliger  un 
seul  jour  (3). 


(i)  T.  LXVII,  séance  du  i4  septembre  i8C\8. 

(2)  Un  jeune  et  savant  ingénieur,  M.  Sartiaux,  ignoiant  nos  travaux  sur  ce  sujet,  est  arrivé 
aux  mêines  conclusions,  en  discutant  une  année  d'observations  faites  à  Senlis  [Rapport  de 
la  Commission  météorologique  du  département  de  l'Oise,  i873-l8'j4)'  J'^i  'léjà  signalé  à 
l'Académie  tout  l'intérêt  cjue  présente  cette  publication,  faite  sous  les  ausjiices  du  Conseil 
général  de  l'Oise. 

(3)  Dans  le  Bulletin  de  Montsouiis,  j'étais  même  parvenu  à  suivre  les  phéno«iènes  de 


(  7'7  ) 

»  Je  veux  encore  citer  deux  Notes  (i),  datis  lesquelles  j'établissais,  par 
des  témoignages  irrécusables,  que  les  grands  mouvements  de  l'atmosphère 
à  la  surface  de  l'Europe  sont,  à  des  époques  déterminées  de  l'année,  liés 
aux  variations  périodiques  de  la  température  signalées  aux  mêmes  époques; 
enfin  un  petit  travail,  très-postérieur  (2),  où  je  montre  le  retour  pério- 
dique des  phénomènes  électriques  de  l'atmosphère  (orages  et  aurores 
boréales). 

»  Du  moment  qu'il  m'était  démontré  par  ces  recherches  préliminaires 
qu'il  existe,  entre  les  variations  de  la  température  de  l'air  et  celles  des 
autres  phénomènes  atmosphériques,  des  relations  certaines  qu'il  serait 
toujours  possible  de  déterminer  ultérieurement,  je  pus  admettre,  sans 
hésitation,  que  la  connaissance  des  lois  de  variation  pour  la  température 
amènerait  nécessairement  à  la  connaissance  des  autres  lois  de  variation,  et 
je  fus  plus  que  jamais  encouragé  à  m'occuper  presque  exclusivement  des 
premières. 

))  Avant  de  reprendre  ce  sujet  dans  la  présente  Note,  résumons  briève- 
ment les  faits  acquis. 

»  Au  point  de  vue  astronomique,  on  trouve  deux  grandes  divisions  na- 
turelles du  temps  :  le^'our  et  Vannée,  comprenant  365  jours  et  une  fraction 
de  jour  un  peu  supérieure  à  \.  Le  retour  périodique  des  solstices  et  des 
équinoxes  permet  encore  de  diviser  l'année  en  quatre  portions,  un  peu  iné- 
gales, dont  la  durée  moyenne  est  de  91  {jours. 

»  A  ces  divisions  naturelles  de  l'année  les  besoins  civils  ont  ajouté  des 
subdivisions  arbitraires  ;  on  a  partagé  l'année  en  douze  mois  et  le  jour  en 
vingt-quatre  heures.  Cette  dernière  subdivision  a  l'avantage  de  partir  d'un 
zéro  bien  déterminé,  le  point  de  midi  ou  de  la  culmination  du  Soleil.  On 
aurait   obtenu  quelque  chose  d'analogue  pour  les  mois,  si  l'on  avait  pris 

plus  près  encore,  ayant  remarqué  que,  dans  les  huit  heures  (i,  4>  7>  'o  —  i,  i,  7,  10)  d'ob- 
servations qui  y  étaient  faites,  il  y  a  une  combinaison  de  quatre  heures  consécutives,  qui, 
aussi  bien  pour  la  température  ([ue  pour  la  pression,  donne  une  moyenne  diurne  égale  à 
celle  des  quatre  autres  heures;  de  sorte  que  je  pouvais  comparer,  dans  mes  courbes,  la 
variation  de  ces  deux  phénomènes  de  douze  en  douze  heures.  Le  parallélisme,  en  pareil  cas, 
devient  encore  plus  frappant.  Il  est  évident  que,  en  tenant  compte  des  variations  diurnes 
de  la  température  et  de  la  pression,  on  pourrait  ainsi  suivre,  d'heure  en  heure,  les  indica- 
tions comparatives  des  deux  instruments. 

(i)   Comptes  rendus,  t.  LXII,  séances  des  i4  mai  et  18  juin  1866. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LXXIV,  séance  du  26  février  1872. 

C.  R,,  itt75,   1"  Semettre.  (T.  LXXX,  IS»  H.)  9^ 


(  7«8  ) 
pour  premiers  jours  des  quatre   saisons,  à  trois  mois  inégaux,  les  deux 
jours  de  solstice  et  les  deux  jours  d'équinoxe. 

»  Au  point  de  vue  météorologique  et,  en  particulier,  au  point  de  vue 
des  températures  de  l'air,  on  retrouve  immédiatement  l'influence  prépon- 
dérante des  condilions  astronomiques,  c'est-à-dire  des  positions  relatives 
de  la  Terre  et  du  Soleil  et  de  l'obliquité  variable  des  rayons  solaires.  Et  cela 
doit  être,  car  il  est  manifeste  que  l'influence  du  foyer  solaire  l'emporte 
incomparablement  sur  toutes  les  autres  sources  directes  de  chaleur  qui 
peuvent  concourir,  avec  le  rayonnement  de  l'espace,  à  déterminer  la  tem- 
pérature de  la  Terre  et  celle  de  son  atmosphère. 

»  Mais,  pour  connaître  dans  ses  détails  les  deux  variations,  diurne  et 
annuelle,  de  la  température  dans  un  lieu  donné,  il  faut  encore,  à  ces  consi- 
dérations purement  théoriques  ou  astronomiques,  ajouter  l'influence  des 
conditions  terrestres  ou  physiques,  telles  que  l'altitude,  la  forme,  le  relief 
et  la  composition  du  sol,  son  état  de  boisement  ou  de  nudité,  la  position 
insulaire  ou  continentale,  la  distance  à  la  mer,  le  voisinage  d'un  courant 
marin  chaud  ou  froid,  etc. 

»  Ces  diverses  conditions  modifient  profondément  les  courbes  théoriques 
qui  représenteraient  la  température  moyenne  d'un  lieu,  si  l'on  ne  tenait 
compte  que  des  conditions  astronomiques.  On  peut  dire  que  le  plus  grand 
titre  de  M.  de  Humboldt  à  la  reconnaissance  des  météorologistes  est  d'avoir 
réalisé,  par  la  considération  des  lignes  isothermes,  le  premier  essai  de  coor- 
dination de  ces  pertubations  ou  de  ces  inégalités  dues  aux  conditions  ter- 
restres. Assurément,  et  bien  que,  depuis  ses  mémorables  travaux,  l'étude  de 
ces  corrections  ait  fait  de  grands  progrès,  il  y  a  encore  immensément  à 
faire  avant  de  connaître,  avec  une  véritable  précision,  la  moyenne  tempé- 
rature et  les  variations  diurne  et  annuelle  de  cette  température  pour  un 
nombre  suffisamment  étendu  de  stations  terrestres.  Néanmoins  la  voie  est 
tracée,  et  je  pense  que  dès  maintenant,  pour  un  certain  nombre  de  loca- 
lités, le  calcul  pourrait  aborder  avec  succès  les  lois  de  ces  deux  ordres  de 
variations,  utilisant,  dans  chaque  cas,  les  constantes  numériques  déter- 
minées par  l'observation. 

»  C'est  ici  que  vient  se  placer  la  série  entière  des  considérations  que  j'ai 
cherché  à  introduire  dans  la  science. 

»  Je  suppose,  en  effet,  que  l'on  se  soit  proposé  de  déterminer  la  loi  des 
variations  de  la  température  moyenne  de  chacun  desjoursde  l'année  pour 
une  station  où  les  observations  se  font  de  longue  date.  La  première  pensée 
sera  de  se  procurer  le  plus  grand  nombre  possible  d'années  d'observations, 


(  719  ) 
de  calculer,  pour  chaque  jour,  la  moyenne  qui  en  résulte  et  tle  construire 
la  courbe.  On  peut  ensuite  chercher  à  représenter  celte  courbe  par  une 
formule  empirique,  analogue  à  celles  que  Bessel,  Forbes,  Quetelet,  Plan- 
tamour,  Karlinsky,  etc.,  ont  proposées  pour  diverses  stations,  et  construire 
la  courbe  théorique  ou  moyenne,  qui  est  une  sinussoïde;  mais  ce  serait 
une  erreur  de  s'imaginer  que,  si  l'on  possédait  un  nombre  très-considérable 
d'années,  on  finirait  par  faire  coïncider  sensiblement  chaque  ordonnée 
moyenne  vraie  avec  l'ordonnée  correspondante  de  la  courbe  théorique. 
On  se  convaincra  aisément  que  si,  à  mesure  qu'on  discute  un  plus  grand 
nombre  d'années,  l'écart  moyen  positif  ou  négatif  devient  de  plus  en  plus 
faible,  il  se  fixe  de  plus  en  plus  sûrement  sur  des  dates  déterminées;  enfin 
que  ces  écarts  ou  anomalies  apparentes  tendent  à  se  reproduire  pério- 
diquement et  à  affecter  des  ordonnées  équidistantes  sur  la  courbe.  Cela 
prouve  que  ces  écarts  ne  résultent  nullement,  comme  on  pouvait  le  penser, 
de  circonstances  accidentelles,  dont  l'influence  s'annule  avec  le  nombre 
des  observations,  mais  proviennent  de  causes  naturelles  qu'on  n'a  pas  le 
droit  d'éliminer.  Cette  conclusion  devient  plus  frappante  encore  lorsque, 
discutant  chaque  année  isolément,  on  constate  la  régularité  avec  laquelle 
se  coordonnent,  autour  de  chacun  de  ces  maxima  ou  de  ces  minima, 
les  nombres  avoisinants.  Il  en  résulte  que  la  courbe  des  températures 
moyennes  d'un  lieu  donné  n'est  pas  plus  une  sinusoïde  que  l'orbite  d'une 
planète  n'est  une  ellipse,  et  qu'elle  subit,  comme  cette  dernière,  des  iné- 
galités ou  des  perturbations,  dont  quelques-unes  au  moins  sont  périodiques. 

»  Telle  est  la  considération  nouvelle  que  j'ai  cherché  à  introduire  dans 
la  science  par  les  nombreux  Mémoires  que  j'ai  présentés  depuis  dix  ans, 
et  qui  résument  vingt-deux  ans  de  travail. 

»  Voici  maintenant  quelle  a  été  ma  manière  d'opérer. 

»  Pour  simplifier  le  problème,  j'ai  réduit  (ce  qui  n'a,  dans  cette  première 
approximation,  aucun  inconvénient)  l'année  astronomique  de  trois  cent 
soixante-cinq  jours  à  une  année  angulaire  de  trois  cent  soixante  jours, 
dont  chacun  était  sensiblement  séparé  de  ses  deux  voisins  par  un  degré  de 
longitude  héliocenlrique;  puis  j'ai  été  amené,  par  les  recherches  exposées 
dans  mes  précédents  Mémoires,  à  diviser  successivement  cette  année, 
d'abord  en  quatre  périodes  de  quatre-vingt-dix  jours,  puis  en  douze  pé- 
riodes de  trente  jours,  puis  en  trente-six  périodes  de  dix  jours  ([).  Je  crois 


(i)  Je  ne  levienilrai  pas  sur  les  détails  de  ces  divisions  successives,  que  j'aisuffisamment 
résumés,  je  pense  [Comptes  rendus,  t.  LXXI,  p.  696). 

y3.. 


(    720    ) 

avoir  démontré  par  la  statistique  l'existence  de  ces  période,  en  considé- 
rant dans  mes  divers  Mémoires,  soit  lui  grand  nombre  d'années  d'une 
même  localité,  soit  la  même  année  observée  dans  un  grand  nombre  de 
stations,  soit  enfin,  séparément,  chaque  année  étudiée  dans  chaque  loca- 
lité. 

»  Parti  d'une  de  ces  périodes  (la  plus  simple,  la  période  quadruple),  qui 
m'était  signalée  par  les  anomalies  de  température  des  Saints  de  glace  de  fé- 
vrier et  de  mai,  de  la  Vierge  d'août  el  de  Vêlé,  de  la  Saint-Martin,  placées 
sensiblement  à  quatre  intervalles  égaux  dans  l'année,  je  me  suis  vu  suc- 
cessivement obligé,  par  la  nature  même  du  phénomène,  à  considérer  la 
symétrie  des  retours  périodiques  comme  de  plus  en  plus  concentrée.  Je 
donnais  ainsi,  en  quelque  sorte,  une  formule  générale,  dans  laquelle  il 
n'y  avait  qu'à  substituer  dans  chaque  cas  particulier;  mais  je  ne  puis  me 
dissimuler  que  ce  travail  de  concentration,  auquel  j'étais  entraîné  malgré 
moi,  appliqué  à  l'exposition  de  mes  idées,  y  a  forcément  introduit  une 
certaine  obscurité.  Mon  but,  dans  ces  nouvelles  Notes,  est  de  dissiper,  si 
je  puis,  cette  obscurité,  eu  suivant  une  marche  inverse  de  celle  qui  a  do- 
miné dans  mes  précédents  travaux.  Je  vais  prendre  à  part  une  de  mes  pé- 
riodes dodécuples,  c'est-à-dire  douze  retours  périodiques  corrélatifs  d'une 
même  année;  mais,  au  lieu  de  concentrer  en  un  seul  nombre  la  moyenne 
température  des  douze  dates  qui  se  correspondent  dans  les  douze  mois 
angulaires,  je  vais,  au  contraire,  examiner  successivement,  pour  chaque 
mois,  l'oscillation  qu'il  présente  dans  celte  partie  de  son  cours.  Parmi  les 
trois  oscillations  mensuelles,  je  choisirai  naturellement  celle  qui  donne  le 
n)inimum  moyen  le  plus  bas  dans  mes  trente  jours  dodécuples,  le  vingtième; 
ou,  si  l'on  veut,  l'oscillation  qui,  dans  les  mois  civils,  s'étend,  en  moyenne, 
du  septième  au  dix-septième  jour. 

B  Dans  une  prochaine  séance,  je  commencerai  l'étude  détaillée  de  cette 
perturbation  dodécuple  par  celle  du  mois  de  novembre,  et  j'aborderai  ainsi 
successivement  au  même  point  de  vue  chacun  des  onze  autres  mois. 

»  En  terminant,  je  ferai  remarquer  que  j'ai  omis  volontairement  de  traiter 
aujourd'hui  deux  points  importants  :  la  cause  probable  des  variations  pério- 
diques que  je  signale,  et  le  parti  pratique  qu'on  peut,  dès  maintenant,  tirer 
de  mes  recherches.  Je  me  réserve  de  revenir  ultérieurement  avec  détails  sur 
ces  deux  sujets.  Je  me  bornerai  ici  à  constater  ce  qui  suit  : 

»  En  ce  qui  tient  au  point  de  vue  pratique,  on  voit  tout  de  suite  que  la 
loi  du  retour  périodique  des  anomalies  thermiques  donne  d'abord,  à  deux 
ou  troisjours  près,  la  date  de  cette  anomalie;  et,  en  second  lieu,  que  l'examen 


72  1      ) 

comparatif  des  courbes  tin  baromètre  et  du  therraoïiièlre  fixera  cette  date 
avec  une  précision  presque  absolue. 

»  Quant  aux  causes  probables  de  ces  inégalités,  il  me  suffira  de  rappeler 
que,  agrandissant  le  point  de  vue  théorique,  indiqué  successivement  par 
Ad.  Erman  et  Petit  pour  les  anomalies  de  la  température  observées  en  fé- 
vrier, mai,  août  et  novembre,  j'ai  admis  que  les  oscillations  périodiques 
annuelles  de  la  température  étaient  principalement  dues  aux  variations 
dans  les  propriétés  du  milieu  que  doivent  traverser  les  rayons  solaires  pour 
atteindre  la  Terre;  ou,  si  l'on  veut,  que  lespreniiers  termes  de  la  série,  au 
moyen  de  laquelle  on  représentera  un  jour  ces  inégalités  périodiques,  se- 
ront des  fonctions  de  ces  variations,  liées  à  l'apparition  périodique  de  sub- 
stances cométaires.  Je  n'ai,  d'ailleurs,  cessé  de  faii'e  remarquer  que,  quelle 
que  soit  la  valeur  de  cette  hypothèse,  elle  ne  peut  en  rien  influer  sur 
l'exactitude  des  résultats  numériques  ou  graphiques  que  je  déduis  de  mes 
recherches  statistiques.   » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant, pour  la  Section  de  Mécanique,  en  remplacement  de  feu 
M.  Fairbairn. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  Sa, 

M.  Boileau  obtient 43  suffrages. 

M.   Bazin 8  » 

Il  y  a  un  billet  blanc. 

M.  Boileau,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
Correspondant  de  l'Académie. 

MÉMOIRES  LUS. 

M.  Feemy,  Président  de  l'Académie,  adresse  à  M.  Bouquet  de  la  Grye  les 
paroles  suivantes  : 

«  L'Académie  savait  que  pour  commander  dignement  une  expédition 
scientifique  comme  celle  qui  vous  a  été  confiée  il  fallait  avoir  un  courage 
à  toute  épreuve  et  une  décision  assez  rapide  pour  profiter  des  avantages  qui 
se  présentent  ou  pour  éviter  les  obstacles  imprévus. 


(    722    ) 

))  Vous  venez  de  prouver,  Monsieur,  que  vous  possédiez  au  plus  haut 
degré  ces  qualités  si  rares  et  si  précieuses. 

»  Au  moment  du  passage  de  Vénus,  voyant  que  la  planète,  aperçue 
avant  son  entrée  sur  le  Soleil,  ne  pouvait  pas  être  observée  dans  ses  con- 
tacts, vous  n'avez  pas  hésité  à  changer  immédiatement  votre  plan  de 
campagne;  et,  grâce  aux  sages  dispositions  que  vous  aviez  prises  en  prévision 
de  cet  événement,  vous  avez  fait  porter  vos  observations  sur  les  points  qui 
intéressent  la  Physique  du  globe,  la  Météorologie  et  les  sciences  natu- 
relles. C'est  ainsi  que  l'expédition  de  l'île  Campbell,  loin  d'être  perdue 
pour  la  science,  lui  sera  éminemment  utile  :  le  général  qui  sauve  son  armée 
parune  mesure  habile  et  prudente  n'agit  pas  autrement,  et  vous  savez  quede 
pareilles  actions  ont  toujours  illustré  ceux  qui  les  accomplissent. 

»  L'Académie  rend  donc  pleinement  hommage  à  vos  généreux  efforts  et 
au  dévouement  patriotique  qui  vous  a  fait  accepter  un  poste  dont  vous 
connaissiez  mieux  que  personne  toutes  les  difficultés  en  votre  qualité 
d'ingénieur  hydrographe  de  la  marine. 

»  Veuillez  dire,  en  notre  nom,  à  vos  courageux  et  savants  collaborateurs, 
que  nous  recevrons  avec  reconnaissance  les  travaux  qu'ils  nous  apportent  ; 
leur  intérêt  sera  rehaussé  encore  par  les  conditions  dans  lesquelles  ils  ont 
été  exécutés. 

»  Adressez  aussi  toutes  nos  félicitations  aux  braves  marins  qui  vous 
accompagnaient  :  nous  les  connaissons  depuis  longtemps  ces  hommes  éner- 
giques et  nous  les  avons  vus  à  l'œuvre  ;  ce  sont  eux  qui,  au  moment  de  nos 
cruelles  éprevives,  nous  donnaient  l'exemple  de  l'abnégation,  de  la  discipline 
et  du  courage. 

»  Soyons  fiers  de  cette  noble  association  de  la  Marine  et  de  la  Science  : 
c'est  elle  qui  sera  l'honneur  et  la  cause  du  succès  de  la  belle  expédition 
scientifique  qui  a  été  si  heureusement  patronnée  par  le  Gouvernement 
français,  par  le  Bureau  des  Longitudes  et  par  l'Académie  des  Sciences.  » 

M.  BouQCET  DE  LA  Grte  répond  : 

a  Je  remercie  M.  le  Président  des  éloges  qu'il  veut  bien  accorder  à  la 
mission  de  l'île  Campbell,  éloges  dont  il  n'est  que  juste  de  reporter  une 
bonne  partie  sur  mes  collaborateurs,  MM.  Hatt  et  CourrejoUes,  ainsi  que 
sur  leD'  Filhol,  notre  naturaliste,  qui  poursuit  encore  en  Nouvelle-Zélande 
ses  fructueuses  explorations.  » 


(  7=3  ) 

ASTRONOMIE.  —  Sur  les  documents  scientifiques  recueillis  à  l'île  Campbell^  par 
la  mission  envoyée  'pour  observer  le  passage  de  Vénus.  Communication  de 
M.  Bouquet  de  la  Gkye. 

«  Lorsque,  l'an  dernier,  je  promettais  ici  même  de  me  donner  de  tout 
cœur  au  passage  de  Vénus,  tout  fier  que  j'étais  d'être  votre  missionnaire  à 
l'île  Campbell,  je  savais  que  les  chances  de  voir  le  passage  étaient  très- 
faibles. 

»  Si  je  partais  néanmoins  avec  confiance,  c'est  que  j'avais  déjà  l'espoir 
d'adoucir  les  déboiresd'vm  insuccès,  en  recueillant  de  nombreuses  observa- 
tions de  physique  générale.  Aujourd'hui,  où  je  dois  avouer  que  nous  n'ap- 
portons aucun  chiffre  nouveau  pour  la  détermination  de  la  parallaxe,  je 
puis  annoncer  aussi  que  notre  mission  n'a  point  été  absolument  stérile,  el 
que  les  documents  récoltés  peuvent  composer  le  bagage  scientifique  d'une 
mission  spéciale. 

»  Nous  devons  pourtant  considérer  comme  un  vrai  malheur  de  n'avoir 
point  eu  de  circonstances  atmosphériques  favorables  le  9  décembre,  car 
il  était  difficile  d'être  mieux  préparés  que  nous  l'étions. 

»  Tous  les  instruments  étaient  réglés  et  montés  depuis  longtemps,  et, 
dans  toutes  les  cases  du  village  que  nous  avions  fondé,  l'électricitécirculait, 
se  prêtant  à  tous  les  enregistrements. 

»  En  dehors  des  grands  instruments,  trois  nouvelles  lunettes  ayant  été 
montées  équatorialement  à  l'île  Campbell,  cinq  observateurs  pouvaient 
noter  les  instants  des  contacts.  Les  équations  personnelles  de  tous  avaient 
été  déterminées  au  moyen  d'un  instrument  de  passage  artificiel,  fait  égale- 
ment à  l'île  Campbell.  Tous  ces  instruments,  les  grands  comme  les  moin- 
dres, donnaient  d'ailleurs  des  images  d'unô  pureté  admirable. 

»  Le  malin  du  passage,  le  temps  était  loin  d'être  favorable  :  à  4  heures 
une  brise  du  nord-est  amenait  avec  elle  des  bancs  de  brume,  qui  parfois 
descendaient  jusqu'à  terre;  la  brise  tombait  ensuite,  et  la  brume  se  chan- 
geait en  pluie  fine.  Jusqu'à  10  heures,  nous  passâmes  par  ces  alterna- 
tives, puis  il  sembla  que,  sous  l'influence  de  la  chaleur  solaire,  le  temps 
allait  se  lever.  A  midi,  on  eut  le  passage  du  Soleil  à  quelques  fils  de  chacune 
des  deux  lunettes  méridiennes.  Entre  midi  et  i  heure,  des  trouées  dans  les 
nuages  permirent  de  voir  le  disque  du  Soleil  :  il  se  présentait  avec  une  net- 
teté remarquable,  netteté  qui  persistait  en  employant  les  plus  forts  grossis- 
sements ;  nous  étions  donc  sûrs  d'avoir  des  contacts  splendides,  et,  comme 
le  vent  commençait  à  souffler  et  qu'une  variation  de  deux  quarts  dans  sa 


(  724  ) 
direction  devait  suffire  pour  balayer  les  nuages,  nous  avions  encore  un 
grand  espoir. 

»  A  I  heure  le  Soleil  paraissait  encore;  c'était  cinq  minutes  avant  l'en- 
trée.Deux  minutes  plus  tard,  je  poussai  un  cri  en  apercevant,  en  dehors  du 
point  du  disque  où  elle  devait  s'effectuer,  une  masse  noire  à  bords  coton- 
neux, entourée  d'une  faible  auréole.  C'était  Vénus,  se  peignant  sur  l'atmo- 
sphère coronale;  puis,  au  moment  où  le  vrai  contact  allait  se  produire, 
un  nuage  plus  épais  survint  :  il  dura  plus  d'un  quart  d'heure. 

»  Une  éclaircie  se  produisit  ensuite,  lorsque  Vénus  était  à  moitié  enga- 
gée dans  le  disque  du  Soleil.  La  planète  et  le  bord  du  Soleil  me  parurent 
alors  encore  d'une  admirable  netteté  de  contours,  pas  de  réfraction  anor- 
male aux  uitersections  ;  la  moitié  de  la  planète  se  projetait  d'autre  part  sur 
le  disque,  sans  auréole;  malheureusement  cette  éclaircie  ne  dura  que  vingt 
secondes,  le  temps  de  prendre  une  double  distance  au  bord  interne. 

»  Puis  ce  fut  fini  ;  les  bancs  de  brume  s'épaissirent,  et,  malgré  l'enlevage 
de  la  couche  d'argent  du  grand  objectif,  il  me  fut  impossible,  jusqu'à  la 
fin  du  passage,  d'apercevoir  le  disque  du  Soleil. 

»  L'Académie  sait  que  ces  mauvaises  chances  ont  été  communes  à  quel- 
ques-uns des  observateurs  qui  étaient  près  de  nous.  A  Christchurch  (Nou- 
velle-Zélande), le  major  Palmer,  qui  avait  monté  une  magnifique  station, 
a  été  encore  plus  malheureux,  s'il  est  possible;  aux  îlesChatham,  les  Améri- 
cains n'ont  pas  eu  non  plus  de  bonheur;  seul  le  professeur  Peters,  à  Queen- 
stown,  dans  l'intérieur  de  l'île,  a  pu  joindre  à  deux  contacts  une  longue 
série  d'épreuves  photographiques. 

»  Il  me  reste  à  indiquer  ce  que  nous  rapportons  comme  palliatif  de 
notre  insuccès. 

»  Les  observateurs  des  deux  lynettes  méridiennes  ont  profité  de  toutes  les 
éclaircies  qui  se  sont  produites  pendant  quatre-vingt-douze  nuits  (et  l'un  des 
tleux  les  a  toutes  passées  au  pied  de  sa  lunette)  pour  prendre  des  passages  ou 
des  hauteurs  d'astres.  La  longitude  et  la  latitude  de  la  station  en  ressortiront 
avec  une  approximation  suffisante.  Celte  longitude  sera  donnée,  d'un  autre 
côté,  par  quatre  transports  de  temps  effectués  par  la  Fire.La  triangulation  de 
l'île  a  été  faite;  le  plan  topographique  de  la  baie,  dont  nous  occupions  une 
petite  anse,  levé  à  grande  échelle.  Le  magnétisme  a  été  étudié,  dans  ses  prin- 
cipales manifestations  ;  la  variation  diurne,  notamment,  a  été  observée 
d'heure  en  heure  pendant  trois  mois.  Il  en  a  été  de  même  de  la  pression 
atmosphérique  de  la  température,  etc. 

»  Nous  rapportons  les  courbes  de  cent  soixante  marées;  elles  présentent, 


(  7'*-'  ) 
;t  titre  normal,  les  ondulations  secondaires  qui  n'existent  cheznotis  qu'en 
coups  de  vent  :  le  ras  de  marée  est  le  type  constant  de  l'état  de  la  nier  à 
Campbell,  comme  le  coup  de  vent  est  le  type  de  son  état  météorologique. 
L'inlensilé  de  la  pesanteur  a  été  aussi  l'objet  d'études  suivies. 

»  Ces  dernières  observations,  ainsi  du  reste  que  l'étude  des  niveaux  de 
nos  lunettes  méridiennes,  nous  ont  mis  sur  la  voie  d'un  fait  curieux. 
Non-seulement  l'ile  Campbell  est  sujette  à  des  tremblements  de  terre, 
mais  elle  accuse  des  mouvements  lorsque  la  grande  houle  vient  se  briser 
sur  la  côte. 

)>  Je  pensai  qu'il  était  intéressant  d'étudier  ce  nouveau  phénomène. 
L'instrument,  qui  fut  vile  construit,  se  composait  d'un  fil  d'acier  suppor- 
tant un  poids  auquel  était  soudée  une  aiguille;  chaque  mouvement  du 
poids  était,  au  moyen  d'un  levier,  amplifié  a4o  fois;  en  faisant  passer  un 
courant  électrique  dans  ce  pendule  multiplicateur,  qui  se  terminait  à  la 
partie  inférieure  par  une  cupule  en  étain  amalgamé,  on  pouvait  enregistrer 
des  oscillations  régulières  de  -—^  de  millimètre.  Je  me  propose  de  répéter 
ici  ces  observations  avec  un  pendule  possédant  un  pouvoir  amplifiant 
beaucoup  plus  grand,  pour  essayer  d'inscrire  les  variations  du  fil  à 
plomb. 

))  Je  noterai  enfin,  comme  un  des  principaux  résultats  de  la  mission,  les 
collections  recueillies  par  notre  naturaliste  M.  Filhol. 

»  Comme  il  est  encore  éloigné  de  la  France,  je  puis  dire,  sans  blesser 
sa  modestie,  qu'il  était  difficile  de  trouver  quelqu'un  qui  put,  comme  il  l'a 
fait,  réiuiir  en  si  peu  de  temps  un  pareil  monde  d'objets  d'Histoire  natu- 
relle. Vingt-deux  caisses  énormes  ont  été  mises  par  ses  soins  à  bord  de  In 
Vire:  elles  serviront  à  donner  les  éléments  d'une  monographie  complète  de 
l'île.  » 

MÉMOIRES  i>UESEi\TES. 

GÉOMÉTRli^.  —  Noie  à  l'occasion  de  la  Communication  faite  par  M.  Ribati- 
cour  dans  la  séance  précédente  ;  par  M.  Maxnheim. 

(Renvoi  à  la  section  de  Géométrie.) 

«  J'ai  déjà  résolu  géométriquement  un  certain  nombre  de  problèmes 
qui  dépendent  des  infiniment  petits  du  troisième  ordre  (*). 

(*)   Comptes  rctulus,   y"'  et  i5  mars  iS^S. 

n.R.,  1X75,   I"  Scmritre.    (T.  I.XXX,  N»   M.)  Q4 


(  7^6  ) 

))  La  Note  que  M.  Ribaucour  vient  de  présenter  à  l'Académie  me  donne 
l'occasion  d'en  résoudre  de  nouveaux  du  même  genre.  Le  travail  actuel  for- 
mera donc  en  quelque  sorte  un  complément  à  mes  dernières  Communica- 
tions. 

»  Je  conserverai  toujours  les  mêmes  notations.  (S)  est  une  surface  don- 
née, a  un  point  de  cette  surface  ;  A  la  normale  en  ce  point  ;  è  et  c  les  cen- 
tres de  courbure  principaux  qui  sont  sur  A;  at  est  une  tangente  en  a  à  (S). 

»  M.  Ribaucour  appelle  courbe  à  courbure  normale  constante  une  courbe 
2  tracée  sur  (S),  telle  que  les  sections  normales  à  cette  surface  et  tangentes 
à  celte  courbe  ont,  aux  points  où  elles  touchent  2,  des  rayons  de  courbure 


égaux. 


»  Proposons-nous  le  problème  suivant  : 

»  Construire  le  plan  osculalcur  de  la  courbe  à  courbure  normale  constante 
qui  est  tangente  à  nt. 

>>  Appelons  I  cette  courbe,  (2)  son  plan  osculaleur  en  a,  a  le  centre  de 
courbure  de  2  correspondant  au  point  a.  La  perpendiculaire  au  plan  (2) 
élevée  du  point  a.  est  l'axe  de  courbure  de  2.  Cette  droite  rencontre  A  au 
point  |3  et  le  plan  (T),  tangent  en  a  à  (S),  au  point  y  :  p  est  le  centre  de 
courbure  de  la  section  faite  dans  (S)  par  le  plan  (  Arti)  et  7  est  le  centre  de 
courbure  géodésiquc  de  2. 

1)  D'après  la  définition  de  2,  les  rayons  de  courbure  des  sections  nor- 
males à  (S)  et  tangentes  à  2  sont  égaux  à  a^.  Les  points  tels  que  /3  sont 
alors  sur  une  courbe  (|3)  trajectoire  orthogonale  des  génératrices  de  la  nor- 
malie  à  (S)  dont  2  est  la  directrice. 

»  Le  plan  normal  en  a  à  2  est  tangent  à  cette  normalie  au  ooint  p;  le 
plan  normal  à  2,  infiniment  voisin  de  celui-ci,  touche  la  normalie  en  un 
point  de  (j3),  infiniment  voisin  de  |3.  La  droite  d'intersection  de  ces  deux 
plans  normaux,  c'est-à-dire  l'axe  de  courbure  |3a  est  donc  la  tangente  con- 
juguée par  rapport  à  la  normalie  de  la  tangente  en  /3  à  (p).  L'asymptote  de 
l'indicatrice  de  la  normalie  au  point  /3  et  la  droite  A  forment  avec  ces  tan- 
gentes conjuguées  un  faisceau  harmonique.  Et  comme  ay  est  parallèle  à 
l'une  des  droites  de  ce  faisceau,  elle  est  partagée  en  parties  égales  par  les 
trois  autres. 

))  D'ajtrès  cela,  on  obtiendra  sur  le  plan  (T)  la  trace/  de  l'asymptote  de 
l'indicntrice  au  point  1*3  en  jirolongeant  a-j  d'iuie  longueur  y/  égale  à  «y. 

))  Considérons  le  long  de  A  un  hyperboloïde  osculateur  de  la  normalie 
à  (S),  dont  2  est  la  directrice.  Nous  savons  construire  les  directrices  de 
cet  hyperboloïde  issues  de  h  et  de  c;  appelons  b'  et  c'  les  traces  de  ces  di- 


(  7'^7  ) 

rectrices  sur  le  plan  (T).  La  trace  de  rhyperboloïde  sur  ce  plan  (T)  est  une 

conique  tangente  en  a  à  at,  qui  passe  par  les  points  b\  c',  /,  el  qui  a  pour 

centre  de  courbure  le  point  7(*). 

»  Les  droites  ab'  et  ac'  sont  perpendiculaires  l'une  à  l'antre,  et  si  l'on 

appelle  /  le  point  de  rencontre  de  b'  c'  et  de  a  y,  on  sait  que   l'on  doit 

avoir  {**) 

I  I  I 

ni         nj         9.  «  7  ' 

mais  aj  =  aay;  on  a  donc  al  ^^  (Vj. 

»  Ainsi  la  droite  b' c'  contient  le  centre  de  courbure  y. 
»  Nous  obtenons  ainsi  ce  théorème  de  M.  Ribaucour  : 
»   Les  asymploles  des  indicatrices  aux  points  b  et  c  des  normalies,  dont  les 

directrices  sont  tangentes  à  at,  ont  pour  traces  sur  le  plan  (T)  des  points  b' ,  c\ 

tels,  que  la  droite  b' c'  qui  les  joint  contient  le  centre  de  courbure  r/éodésiquc  de 

la  courbe  à  courbure  nornude  constante  tangente  à  at. 

))  Il  résulte,  de  ce  que  nous  venons  dédire,  une  construction  de  y;  la 
droite  |3y  est  alors  déterminée,  et,  par  suite,  le  plan  osculateur  [1)  qui  lui 
est  perpendiculaire. 

»  Mener  ])ar  at  un  plan  tel,  que  la  section  qu'il  détermine  dans  (S)  soit  sur- 
osculée  par  un  cercle  au  point  a  ('*")• 

»  Désignons  par  &j  le  centre  de  courbure  de  la  section  demandée.  L'axe 
de  courbure  de  celte  section  rencontre  A  au  point  [3  et  le  plan  (T)  au 
point  ô,  qui  n'est  autre  que  le  centre  de  courbure  géodésique  de  la  section 
que  nous  cherchons. 

"  Considérons  cette  section  comme  la  directrice  d'une  normalie  à  (S). 
Puisque  co  est  le  centre  d'un  cercle  snrosculateur,  il  y  a  trois  normales  in- 
finiment voisines  qui  passent  en  ce  point  oj.  Il  y  a  donc  alors  trois  généra- 
trices infiniment  voisines  appartenant  à  la  normalie,  qui  rencontrent  l'axe 
de  couibure  oj[i.  Il  résulte  de  là  que  cet  axe  de  courbine  est  l'asynqjtote 
de  l'indicatrice  de  la  normalie  au  point  p.  Considérons  l'hyperboloïde  os- 
culateur de  cette  normalie  le  long  de  A.  Sa  trace  sur  (T)  est  une  conique 
tangente  en  a  à  at,  qui  passe  par  les  points  b'  et  o'  dont  j'ai  parlé  précé- 


lar 


(*)   Le    plan   (T)   est    normal  à  cet  liypciboloule,  et  la  section    obli(|iie   faite   pa 
a  pour  centre   de  coiirbiue  a,   pied   de  la  perpendiculaire  7a.   En   vertu  du   tliéoréine  de 
Meusnier,  7  est  donc  bien  le  centre  de  courbure  de  la  trace  de  Ibyperboloide  sur  (T)  . 

(**)   Cela  réstdte  aussi  de  la  relalion  (i;  de  ma  dernière  Communicaliun  (i5  mars  1875). 

(**')   Voir  Tniité  de  Gcoiiu'-lric  dcscii/ilivc  de  M.  de  la  Gourneiie,  [Y  l'arlie,  p.  ()6. 

n'j.. 


(  72«  ) 
demment,  el  qui  pnsse  par  le  point  §;  en  outre,  â  doit  être  le  centre  de 
courbure   de   cette   courbe  pour  le  point   a,   en   vertu  du  théorème  de 
Meusnier. 

»  En  appelant  toujours  y  le  point  où  b'c'  coupe  a  5,  on  a  la  relation 


d'où 


I  I    _      I 


a-j  =  ^ai 


En  tenant  compte  du  théorème  précédent,  nous  avons  cette  généralisation 
du  théorème  de  Beltrami,  que  l'on  doit  à  M.  Ribaucour  : 

M  Le  rayon  de  courbure  géodésique  d'une  courbe  1  à  courbure  normale  con- 
stante est  les  I  du  rayon  de  courbure  gcodésique  de  la  section  plane  surosculée 
par  un  cercle  ajanl  même  tangente. 

»  11  résulte  aussi  de  ce  que  nous  venons  de  dire  que  le  point  y  étant  dé- 
terminé au  moyen  de  la  droite  b'c',  on  a  tout  de  suite  le  point  5  et,  par 
suite,  l'axe  de  courbure  |3t?  de  la  section  cherchée  : 

n  Comtnnre  le  centre  de  courbure  de  l'une  des  brancbes  de  la  section  faite 
dans  (S)  par  son  plan  tangent  (T). 

))  Considérons  celte  courbe  cotnme  la  directrice  d'une  normalie.  E'hy- 
perboloïde  osculateiu'  de  cette  normalie  le  long  de  A  contient  la  per|)en- 
diculaire  au  plan  (T)  issue  du  centre  de  courbure  s  cherché.  La  trace  de  cet 
hyperboloide  sur  le  plan  (T)  est  une  conique,  tangente  en  rt  à  la  section 
faite  dans  (S)  par  le  plan  (T),  qui  passe  par  b"  et  c"  (analogues  aux  points  b' 
et  c'  considérés  précédemment)  et  par  le  point  î.  Eu  outre  î  est  le  ceuire 
de  courbure  de  cette  courbe  correspondant  au  point  a.  En  appelant  k  le 
point  où  b"c"  rencontre  cn,  on  a 


d'où 


I  1   1 

ti/,  az         "iai 


ak  =  ^  rt£. 


Nous  connaissons  k  (*)  ;  par  suite,  £  est  déterminé. 

).   Revenons  à  la  section  menée  par  at,   et  qui  est   surosculée  par  un 
cercle,  On  peut  dire  que  cette  section  a  une  développée  dont  le  rayon  de 


(*)  On  peut  remarquer  (|iic  /  est  le  ccnUc  de  courbure  de  la  lijjnc  asymploliciue  tanyeiilc 
eu  a  à  la  couibe  dont  le  cenlie  do  courbure  est  i. 


(  729  ) 
courbure  est  nul.  La  normale  ao)  est  alors  l'axe  de  déviation  (*)  de  cette 
section. 

»  Le  plan  déterminé  par  noy  et  par  az,  tangente  conjuguée  de  at  par 
rapport  à  (S),  est  \e  jAnn  de  dcviation  correspondant  à  la  diix'Ction  al  ('*). 

»  Nous  savons  alors  construire  ce  plan  au  moyen  de  u,  et,  par  suite, 
nous  pouvons  déterminer  le  plan  qui  contient  les  centres  de  courbure  des 
développées  des  sections  faites  dans  (S)  par  des  plans  menés  par  at.  Nous 
avons  ainsi  une  troisième  solution  de  ce  problème  : 

»  Construire  le  rajon  de  courbure  de  la  développée  d'une  section  faite  dans  (S) 
par  un  plan  mené  par  at. 

»  Mes  Commiuiications  des  i''  et  i5  mars  1875,  qui  traitent  de  questions 
intéressantes  qui  n'avaient  pas  encore  été  aboi  dées,  et  ma  Conununication 
d'aujourd'hui  me  paraissent  montrer  que  de  nombreux  problèmes,  déj)en- 
daiit  des  infiniment  petits  du  troisième  ordre,  peuvent  se  résoudre  mainte- 
nant par  la  voie  géométrique  avec  une  grande  facilité.  » 

ANALYSli.   —   Note  sur  les  éifuations  différentielles  linéaires  du  second  ordre; 

par  M.  Moutard. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

<'  L  Parmi  les  équations  différentielles  ordinaires,  que  l'on  rencontre  le 
plus  habituellement  dans  la  Physique  mathématique,  un  grand  nombre 
peuvent  se  ramener,  par  un  changement  des  variables,  aux  trois  formes 
équivalentes 


l(j.-)-hIr 


J> 


(3)  ^-H<.  =  X+/,', 

où  X  désigne  la  variable  indépendante,  //  un  paramètre  arbitraire,  X  une 
fonction  donnée  de  .r,  indépendante  de  //,  et  enfin  j,  ;  et  /  des  fonc- 


(*)  Voir  le  beau  Mémoire  de  M.  Transon  :  Rcclierrhcs  sur  la  courbure  des  lignes  et  des 
rfaccs. 

(**)  V. 
troisième 


^     f     I.J..    t^   U...II*   i....  ...v^..  »-  v.»^  i.. .    .....li^uii  .    x.i,  i.fi(,f  I /€(..!    jiti     lit    Luiifi/ttfe  fit.»   Utilités   (t    ilt» 

irfaccs.  [Journal  de  M.  Liouville,  i'''  série,  t.  VI.) 

(**)  Voir  le  Mé iiv  (le  M.  Transon  ilcjà  chi:  L't  Mee/u  relies  gèoiiielrnjues  sur  le  eontue/  du 

oisiènie  ordie  de  deux  surfaces.  [Comptes  rendus,  i8  n)ars  i8t2.) 


(  73o  ) 
tions  inconnues  de  x  et  de  h,  liées  par  les  relations 

j  =  e''-"- z,      t  =-  --  =  ~—-h/i. 

•^  y  clx  z  il.r 

»  Les  cas  fort  restreints  où  l'on  est  parvenu  à  intégrer  les  équations  qui 
peuvent  se  ramener  à  ces  trois  types,  sous  forme  finie,  toulen  laissant  la  va- 
leur de  h  nrbilraire,  me  paraissent  tous  réductibles  à  celui  où  X  =  — — ?, — , 

Il  étant  un  nombre  entier  (*). 

>)  J'ai  réussi  à  étendre  ces  cas,  d'une  manière  assez  notable,  en  trouvant 
le  moyen  de  calculer,  par  voie  de  récurrence,  la  valeur  la  plus  générale  de  ). 
pour  laquelle  l'équation  (2)  admet  comme  intégrale  particulière  un  poly- 
nôme entier  et  rationnel  de  degré  n,  par  rapport  au  paramètre  h. 

»  Ce  résultat  se  déduit   naturellement  d'une   proposition  relative  aux 

équations  aux  dérivées  partielles  de  la  forme  — ^  r=X^.T,^)r,  démontrée 

dans  un  travail  encore  inédit,  dont  l'Académie  a  ordonné  en  1870,  sur  le 
Rapport  de  M.  Bertrand,  l'insertion  aux  Mémoires  des  Savants  étrangers; 
mais  à  cause  de  son  caractère  élémentaire,  il  me  paraît  utile  de  l'établir 
par  une  analyse  directe.  Je  me  bornerai  dans  cette  Note  à  exposer  cette 
analyse,  me  réservant  d'en  étudier  plus  tard  quelques  applications. 

»  II.  Pour  établir  l'équation  de  condition  à  laquelle  doit  satisfaire  ).,  je 
considérerai  l'équation  (2)  sous  une  forme  un  peu  généralisée,  savoir 

,     ,  (t'z  i      J  d\(i!ia\    dz  . 

où  ^  désigne  comme  X  une  fonction  de  la  seule  variable  x. 

"    La  substitution  directe  de  z  =  AjA"  4- A, //""'  +...  + A„,  oùA„etA„ 


(*)  Dans  lin  Mémoire,  inséré  aux  Transactions  phUosophiqucs  pour  l'année  i8'8,  (|iii 
a  valu  il  son  auteur  la  médaille  de  la  Société  royale  de  Londres,  M.  Harjjreave  étudie  avec 
détail  et  signale,  comme  renfermant  Us  |diis  remarquables  des  équations  différentielles  du 
second  ordre,  susceptibles  d'être  entièrement  intégrées,  l'équation 

d'-u  r,       //  +  !        ij^'lrilr/re       V  9.i('«  +  i)  /         //+ iX  J/'i'a:)       ^l/"(•r^ 

dx'  |_  ./•  ^j\X^\d.r.  .,■  \  -^     /+(-^)         'K-'OJ 

laquelle  est  réductible  à 


I    d'y         u[n  ■ 
y  f/.r'  X 

|iar  la  transformation 


+  ld. 


y  =  ^[x)x"^'à'n. 


(  7'-5>   ) 
sont  supposés  différents  de  zéro,  montre  immédiatement  que  si  cette  valeur 

dK  I 

de  z  vérifie  l'équation  (rt),  A„  est  une  conslaiite  '"t  -^  =  -  A„),. 

"   Si  donc  on  pose 

r,  est  un  polynôme  au  plus  dn  degré  ?/  —  r ,  par  rapport  à  h  ;  mais,  d'autre 
part,  on  tire  successivement  des  équations  [a]  et  (è), 

<lz,  /,  (/loyciA 

ic]  Z  =  — ^  +  2U'  + 


(ix  \  dx 

et,  en  écrivant 

d-  logo> 


dx- 


[d)  >.,=). 

,       ,  rf'z,  /,  d\o':^rs\\  dz,         ^ 

(^')  d?.-^^y'-^-d7-)d~x-^'^'--=''^ 

l'équation  (c)  montre  que  z  est  par  rapport  à  h  d'un  degré  snpérienr  au 
pins  d'nne  unité  à  z,,  et,  par  conséquent,  ponr  que  l'équation  (n)  admette 
pour  solution  un  polynôme  du  degré  n,  par  rapport  à  //,  '\\faiit  et  il  suffi l 
que  l'équation  {(t,)  admette  pour  solution  un  polynôme  de  degré  h  —  i. 
))   Si  donc  on  pose,  en  général, 

(dp)  >.;,+,  =  A/, -— , 

on  aura  aussi 

et 

,  .  d'zp^,         f    ,         d\og^X,.,...\A  <h,^  _ 

(«z-^. )       -^n^  +  \2h-\ —      j  ^^  - k,,^, .,,+, - o. 

Il  résulte  de  li'i  que  la  condition  nécessaire  et  suffisante  cherchée  consiste 
en  ce  qne  A„  soit  nul  identiquement  et  soit  la  première  des  quantités  X, 
),i, .  . .,  Xp  qui  s'annule.  Lorsqu'elle  est  remplie,  on  peut  prendre  z„=--  \ ,  et 
les  équations  (c^)  donnent  alors  snccessivement  z„_,,  z„_o,  et  finalement  z. 
»  En  choisissant  arbitrairement  la  fonction  X„_|,  les  équations  (r/p)  per- 
mettent de  calculer  successivement  X„_2,  >„_3,.  .,  X  et  -—  >  et  l'on  obtient 
ainsi  avec  une  fonction  arbitraire  le  type  le  plus  général  des  équations  de 


(  7'^^  ) 
Ja  forme  {a)  qui  ndmellpiit  comme  intégrale  particulière  un  polynôme  en- 
tier et  rationnel  de  degré  n  par  rapport  à  //. 

))   III.    Le  problème  qni  fait  l'objet  de  celte  Note  se  trouve,  par  ce  qui 
précède,  ramené  à  Tintégration  de  l'équalion   d'ordre  2/î,  1„=o,   dans 

l'hypothèse  où  -ry  =  o.  Cette  intégration  peut  être  effectuée  par  voie  de 

récurrence.  Concevons,  en  effet,  que  l'on  ait  trouvé  une  valeur  de  X  pour 
laquelle  X„  s'annule  identiquement. 

»   L'équation h  2h  -^  —  Xs  =  o  admettra  inie  intégrale  de  la  forme 

•  di:'  dx  " 

z  -=  Y{x,  h)  =  h"  +  A,  //"-'  +  A,  h"--  +  . . .  +  A„, 
et,  par  suite,  son  intégrale  générale  sera 

z  =  aY{x,  li)  +  be---'''=Y[x,  -  h), 

rt  et  i  étant  les  constantes  arbitraires,  et  A,,  A,,...,  A„  des  fonctions  de  x, 
que  l'on  calcule  aisément  au  moyen  des  dérivées  logarithmiques  de  X, 

))   Cela  posé,  soit  fait  Ç  =:  -^  -i-  (7^  —  t)z,  t  désignant  ime  fonction  de  x, 

indépendante  de  /?,  que  nous  laissons  provisoirement  indéterminée.  Il  est 
clair  que  si  l'on  peut  choisir  t  de  manière  que  Ç  vérifie  une  équation  de  la 

forme  (2),  —  4-  2//  -j-,  —  f-Z  =  o;  celle-ci  admettra  pour  solution  un  po- 
lynôme, en  général  de  degré  u  +  i  par  rapport  à  /;,  et,  par  suite,  p.  sera 
une  solution  de  l'équation  X„+|  =  o. 

"   Or  de  'Ç=  ~-k-  [h  —  t)z  on  tire  facilement 

d'I  ,  de  /.  dx  \  .,         fiCk  d-x  d- 

-T-.   +  2h- [k—   2—  ]€,  =  [-. —   —  2T  — 

dx^  dx  \  dx  I  \d.)-  d.i-  ax 

»  En  conséquence,  ])ourvu  que  l'on  ait 

d'r  dr  d\ 

-,--    H-  2T--  r=   —, 
dx-  d.i:  dx 

OU,  ce  qui  revient  au  même,  en  désignant  par  k  une  constante,  pourvu  que 
T  vérifie  l'équation  --^  -+-  t-  =  X  -4-  A'\  que  nous  savons  intégrer,  la  fonction 
p.  =  X  —  2  ^  sera  une  solution  de  l'équation  X,,.^,  =  o.  Celte  valeur  de  ^, 


(  733 
renfermant  évidemment  deux  constantes  arbitraires  qui  n'entrent  pas  dans 
X,  fournit  l'intégrale  générale  de  l'équation  1,,+,  —  o,  quand  X  désigne  l'in- 
tégrale générale  de  X    ^  o.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  De  la  quantité  cC oxygène  que  peut  absorber  le  sang  aux  diverses 
pressions  barométriques.  Note  de  M.  P.  Bert,  présentée  par  M.  Ci. 
Bernard. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  J'ai  indiqué,  dans  des  Notes  antérieures,  la  quantité  d'oxygène  que 
contient  le  sang  artériel  chez  des  animaux  soumis  à  des  pressions  infé- 
rieures (voir  Comptes  rendus,  8  juillet  1872)  ou  supérieures  [Ibid., 
26  août  1872)  à  celle  de  l'action  de  l'atmosphère.  Il  m'a  paru  intéressant  de 
rechercher,  non  plus  seulement  ce  que  contient  réellement  le  sang,  mais  ce 
qu'il  peut  absorber,  dans  des  expériences  in  vitro,  avec  une  agitation  prolon- 
gée jusqu'à  saturation.  Ce  sont  les  résultats  des  expériences  entreprises  dans 
ce  but  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie. 

»  Elles  ont  été  faites  avec  du  sang  de  chien  défdjriné,  introduit  dans  un 
grand  flacon  de  verre  ou  dans  un  récipient  de  métal,  suivant  qu'il  s'agis- 
sait de  décompression  ou  de  compression,  et  agité  énergiquement,  par  le 
jeu  d'une  machine  à  eau,  pendant  une  demi-heure  dans  l'air  condensé  ou 
raréfié.  Les  échantillons  prélevés  avant  et  après  l'agitation  étaient  soumis, 
dans  la  pompe  à  mercure,  à  la  double  influence  du  vide  et  de  la  chaleur  de 
100  degrés,  pour  l'extraction  rapide  et  complète  des  gaz. 

»  1°  Diminution  de  pression.  —  Les  analyses  consignées  dans  ma  Note 
du  8  juillet  1 87a  avaient  montré  que,  lorsqu'un  animal  est  soumis  à  l'action 
de  l'air  progressivement  raréfié,  son  sang  s'appauvrit  graduellement  eu 
oxygène,  suivant  une  proportion  assez  rapidement  décroissante.  Le  tracé  C 
du  graphique  ci-contre,  dans  lequel  les  pressions  sont  mesurées  sur  l'axe 
des  abscisses  et  les  quantités  d'oxygène  sur  celui  des  ordonnées,  exprime 
la  moyenne  de  mes  nombreuses  expériences,  moyenne  pour  laquelle  j'ai 
pris  comme  point  de  départ,  à  la  pression  normale,  la  proportion  de  20  vo- 
lumes d'oxygène  pour  100  volumes  de  sang. 

»  Or  les  expériences  classiques  de  M.  Fernet  ont  introduit  dans  la  science 
cette  donnée,  que  la  plus  grande  partie  de  l'oxygène  du  sang  est  indépen- 
dante de  la  pression  barométrique,  et  se  trouve  par  conséquent  retenue  par 
ui>e  véritable  affinité  chimique.  Il  semblait  qu'il  y  eût  contradiction  entre 
ces  résultats  et  ceux  que  j'avais  obtenus.  Je  résolus  d'éclaircir  ce  point. 

c.  R.,  187J,  ,"  Srmesire.  (T.  I.XXX,  N"  H.)  9^ 


(  734) 

»  Mais,  tout  d'abord,  les  expériences  de  M.  Fernet  avaient  été  mainte- 
nues dans  des  limites  de  dépression  fort  étroites,  puisque  la  plus  basse  pres- 
sion était  encore  de  647  millimètres.  Je  commençai  donc  par  reprendre 
cette  étude,  mais  en  poussant  la  dépression  jusqu'au  voisinage  du  vide. 
Les  résultats  moyens  des  analyses  sont  reproduits  au  graphique  par  le 
tracé  A. 

»  La  conclusion  de  M.  Fernet  se  trouvait  donc  vérifiée,  même  pour  des 
dépressions  bien  plus  fortes  que  celles  qu'il  avait  employées,  et  jusqu'à  une 


pression  (8  cenliraètres)  incompatible  avec  la  vie;  au  delà  seulement,  la 
proportion  de  l'oxygène  diminue  rapidement;  mais  ceci  n'a  pour  le  phy- 
siologiste qu'un  intérêt  secondaire. 

»  Ainsi  la  contradiction  signalée  plus  haut,  et  qu'exprime  si  nettement 
l'écart  énorme  des  graphiques  C  et  A,  subsistait  en  prenant  un  caractère 
de  généralité  plus  grand  que  ne  l'indiquaient  les  expériences  mêmes  de 
M.  Fernet. 

»  Je  considérai  alors  que  ces  expériences  et  celles  dont  je  viens  de  parler 
avaient  été  faites  à  la  température  de  16  degrés  environ,  et  il  me  parut  né- 
cessaire de  me  rapprocher  davantage  des  conditions  réalisées  chez  l'animal 


(  735  ) 
vivant.  Je  recommençai  donc  mes  analyses,  en  agitant,  cette  fois,  le  flacon 
au  sein  d'un  liquide  où  la  température  s'élevait  à  4o  degrés.  J'obtins  ainsi 
le  tracé  B,  intermédiaire  aux  deux  autres,  mais  encore  fort  distant  du 
tracé  C. 

»  L'écart  des  deux  tracés  B  et  C  s'explique  aisément,  par  celte  considéra- 
lion  que  dans  le  conflit  de  l'air  avec  le  sang,  à  l'intérieur  des  poumons,  il  est 
impossible  qu'il  s'opère  une  agitation  assez  parfaite  pour  arriver  à  saturer 
le  sang  de  tout  l'oxygène  qu'il  pourrait  absorber. 

»  Il  résulte  de  ces  faits  que  l'appauvrissement  en  oxygène  du  sang  d'un 
individu  placé  sous  une  faible  pression  dépend  à  la  fois  de  l'insuffisance 
du  brassement  aéro-sanguin  intra-pulmonaire  et  de  la  moindre  capacité 
du  sang  pour  l'oxygène.  Si  donc  on  supposait  que,  par  une  gymnastique 
respiratoire  impossible  à  réaliser,  du  reste,  cet  individu  parvînt  à  saturer 
son  sang  d'oxygène  sous  la  pression  à  laquelle  il  se  trouve,  il  serait  encore 
beaucoup  an-dessous  de  ce  qu'il  aurait  possédé  à  la  pression  normale.  En 
un  mol,  Vanoxyhémie,  qui  amène  le  mal  des  tnonlagnes,  a  toul  à  la  fois  une 
raison  purement  physico-chimique  et  des  raisons  physiologiques. 

))  2°  Jugmenlalion  dépression.  —  Voici,  à  titre  d'exemple,  les  résultats 
d'une  expérience  complète  : 

s  100  centimètres  cubes  de  sang,  agites  avec  l'air  à  la  pression  normale,  contenaient 
i4,o  d'oxygène;  agités  à  6  atmosphères,  ils  en  contenaient  19,2;  à  12  atmosphères,  26;  à 
18  atmosphères,  3i ,  i. 

»  La  discussion  des  nombres  ainsi  obtenus  amène  à  conclure  que,  ait- 
dessus  de  la  saturation  par  une  atmosphère  d'air,  l'oxygène  en  surcroît 
que  la  pression  peut  introduire  dans  le  sang  s  y  trouve  exclusivement  à 
l'état  de  dissolution  dans  le  plasma,  et  suit  la  loi  de  Dalton.  Le  tracé  qui 
exprime  ces  résultats  est  donc  une  ligne  droite. 

M  Cette  droite  s'élève  l^eaucoup  plus  rapidement  que  celle  qui  repré- 
sente la  quantité  d'oxygène  existant  dans  le  sang  des  animaux  vivants  sou- 
mis à  la  compression.  L'instiffisance  de  l'agitation  intra-pulmonaire  produit 
encore  ici  l'effet  que  nous  avons  signalé  plus  haut. 

»  De  cet  ensemble  de  faits  se  tire  la  conséquence  générale  suivante  : 
))   Il  existe  luie  combinaison  de  l'oxygène  avec  l'hémoglobine  qu'on  ob- 
tient par  l'agitation  du  sang  et  de  l'air  à  la  pression  normale,  et  à  laquelle 
un  excès  de  pression  ne  peut  rien  ajouter.  Cette  combinaison  reste  stable 
à  la  teuipérature  de  16  degrés,  sous  des  dépressions  croissantes  jusqu'à  un 

95.. 


(  736  ) 
huitième  d'atmosphère  environ  ;  mais,  à  la  température  du  corps  des  mam- 
mifères, elle  se  dissocie  progressivement  au  fur  et  à  mesure  que  la  pression 
diminue.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  i embvjOLjénie  du  Lamellaria   perspicua.   Note 
de  M.  A.  GiARD,  présentée  par  M.  de  Quatrefages. 

(Commissaires  :  MM.  de  Quatrefages,  de  Lacaze-Duthiers,  Gervais.) 

«  Les  recherches  récentes  relatives  à  l'embryogénie  des  Gastéropodes 
pectinibranches  ont  porté  sur  un  très-petit  nombre  de  types  :  Paludina  vi- 
vipara  (Leydig),  Caljplrœa  sinensis  (Stepanoff  et  Salensky),  Purpura  lapitlus 
(Seienka).  Il  n'était  donc  pas  inutile  d'entreprendre  l'étude  du  développe- 
ment d'un  groupe  assez  anormal,  celui  des  Sigarelidœ. 

»  Le  Lamellaria  perspicua  pond  à  Vimereux  pendant  les  mois  de  février 
et  de  mars.  Ce  Mollusque  creuse  sou  nid  dans  les  colonies  d'Ascidies  com- 
posées dont  il  fait  sa  noumiure  {Leploclinum  maculosum  et  Pohclinum  suc- 
cineum).  Le  nid  a  été  vu  et  décrit  par  Hennedy  et  Peach.  J'ajouterai 
seulement  que  l'opercule  transparent  qui  le  ferme  montre  des  stries  circu- 
laires, conceniriques,  indiquant  que  la  femelle  tourne  sur  elle-même  pen- 
dant ia  ponte,  comme  le  font  aussi  un  grand  nombre  de  Mollusques  nudi- 
branches.  Chaque  capsule  renferme,  outre  les  œufs  normaux,  un  certain 
nombre  d'œufs  rudimenlaires,  qui  servent  plus  tard  à  la  nourriture  des 
embryons.  L'oeuf  ovarien  présente  une  membrane  vitelline;  l'oeuf  pondu 
en  est  complètement  dépourvu.  Son  contenu  est  formé  surfout  de  globules 
graisseux,  qui  ne  laissent  plus  apercevoir  la  vésicule  germinative.  Au  mo- 
ment où  le  fractionnement  va  commencer,  une  tache  d'un  blanc  mat  appa- 
raît sur  la  surface  de  l'œuf,  pour  disparaître  bientôt  après.  Il  n'a  pas  été 
possible  d'observer  la  sortie  de  corpuscules  polaires. 

»  L'œuf  se  fractionne  en  deux  parties,  dont  l'une  plus  grosse  se  divise 
à  son  tour  en  deux,  puis  en  trois.  Ou  a  alors  quatre  sphères,  dont  une 
grosse,  celle  des  deux  sphères  primitives  qui  ne  s'est  pas  encore  divisée,  et 
trois  plus  petites.  Ces  quatre  sphères  sont  disposées,  non  en  croix,  mais  en 
tétraèdre,  comme  quatre  boulets  formant  une  pile.  Dans  la  p;irtie  située 
entre  les  points  de  contact  des  quatre  sphères,  chacune  d'elles  donne  nais- 
sance à  une  cellule  beaucoup  plus  petite,  à  protoplasma  finement  granuleux. 
Ainsi  s'opère  la  séparation  du  vitellus  plastique  et  du  vitellus  nutritif.  Les 
sphérules  plastiques  ont  un  noyau  et  un  nucléole,  et  elles  ne  tardent  pas  à 
se  multiplier  rapidement,  tandis  que  le  nombre  des  grosses  sphères  nutri- 


(  7^7  ) 
tives  augmente  au  contraire  avec  une  extrême  lenteur.  Les  sphérules  plas- 
tiques ne  forment  pas  seulement  un  amas  en  un  point  de  l'œuf,  comme 
cela  a  été  décrit  et  figuré  autrefois  chez  le  Vermet  ;  elles  envahissent  et  re- 
couvrent tout  le  vitellus  nutritif,  pour  constituer  l'exoderme.  Les  sphères 
nutritives,  dont  le  fractionnement  s'est  continué  moins  rapidement,  don- 
nent naissance  à  l'endoderme.  Tout  ce  processus  rappelle  de  très-près  ce 
qui  a  été  observé  chez  certains  vers,  notamment  chez  VEuaxes,  par 
Kov^^alevsky . 

»  Après  la  segmentation,  la  première  modification  qui  se  produit  est  un 
épaississement  de  l'exoderme,  en  un  point  voisin  de  celui  où  ce  feuillet  s'est 
refermé  en  dernier  lieu  [Prostoma).  Cet  épaississement  se  couvre  de  cils  vi- 
bratiles  et  se  creuse  d'une  cavité  (vésicule  céphalique).  En  même  temps,  la 
bouche  définitive  se  constitue  par  une  invagination  de  l'exoderme  située  au 
tiers  antérieur  de  l'embryon,  au-dessous  delà  vésicule  céphalique.  Le  renfle- 
ment céphalique  ne  tarde  pas  à  se  diviser  en  trois  lobes,  un  lobe  médian  et 
deux  lobes  latéraux,  formant  une  sorte  de  trèfle  ouvert  par  le  bas,  au  point 
où  se  trouve  l'ouverture  buccale.  Le  lobe  médian  est  couvert  de  cils  vi- 
bratiles  très-fins,  les  lobes  latéraux  sont  bordés  d'une  rangée  de  grandes 
cellules  cylindriques,  pourvues  de  cils  beaucoup  plus  longs.  L'embryon 
tourne  rapidement  sur  lui-même  dans  le  mucus  qui  remplit  le  nid.  Il  ab- 
sorbe les  œufs  rudimentaires  et  même,  sur  le  porte-objet,  les  matières  pro- 
venant de  la  diffluence  des  embryons  voisins.  Des  cellules  se  détachent  du 
feuillet  exodermique  dans  le  lobe  médian  et  envoient  des  prolongements 
qui  les  relient,  d'une  part  à  ce  feuillet,  d'autre  part  à  l'invagination  œsopha- 
gienne :  c'est  le  premier  rudiment  du  feuillet  moyen  qui  produira  le  système 
vasculaire. 

»  Les  lobes  latéraux  prennent  bientôt  un  développement  considérable 
et  se  rejoignent  pour  former  un  collier  cilié,  irrégulièrement  quadrangu- 
laire,  dont  les  parties  latérales  se  bifurquent  et  se  contournent  plus  tard  en 
voiles  élégamment  pigmentés.  On  ne  voit  pas  trace  de  tentacules. 

B  Le  pied  dérive  d'un  épaississement  de  l'exoderme  situé  sons  la  bou- 
che. Cet  épaississement  est  cilié  à  son  extrémité  libre;  le  système  nerveux 
apparaît  sous  forme  d'un  renflement  de  l'exoderme  situé  de  chaque  côté 
au  point  de  jonction  des  lobes  latéraux  avec  la  vésicule  céphalique;  les  deux 
renflements  se  rapprochent  plus  tard  de  la  ligne  médiane  et  sont  réunis 
par  une  commissure  de  plus  en  plus  courte;  les  yeux  naissent  à  l'angle  infé- 
rieur de  ces  renflements,  aux  dépens  de  l'exoderme,  leur  développement 
marche  parallèlement  à  celui  des  centres  nerveux  sus-œsophagiens;  au  mo- 


{  738) 
nienl  deréclosion,  ils  renferment  deux  vésicules  réfringentes.  Les  otocystes 
apparaissent  à  la  base  du  pied,  au  moment  de  la  formation  de  celui-ci  et 
avant  l'existence  de  tout  organe  nerveux;  leur  paroi  est  composée  de  cel- 
lules très-petites,  dérivant  de  l'exoderme. 

»  Dès  que  l'estomac  se  différencie  aux  dépens  de  l'endoderme,  sa  cavité 
et  la  lumière  de  l'œsophage  sont  tapissées  de  cils  vibraliles  très-délicats. 
Au  même  stade  on  voit,  du  côté  droit  de  l'embryon,  un  amas  arrondi  de 
grosses  cellules,  qui  formera  le  rein.  Le  reste  des  sphères  endodermiques 
non  différenciées  est  refoulé  à  l'extrémité  inférieure  de  l'embryon,  et  donne 
naissance,  non  pas  au  foie,  qui  vient  de  l'estomac,  mais  probablement  aux 
organes  génitaux.  Je  n'ai  pu  suivre  ni  la  formation  de  ces  derniers  organes, 
'    ni  celle  de  la  glande  anale,  très-développée  chez  le  Lamellarin  adulte. 

»  La  cavité  du  manteau  se  forme  par  un  développement  fort  rapide  du 
bourrelet  sécréteur  de  la  coquille.  Le  contour  palléal  est  pigmenté  en  brun 
et  en  jaune.  La  partie  dorsale  du  manteau  est  finement  ciliée.  Au-dessus 
du  tube  digestif  et  le  long  de  la  partie  inférieure  du  pied,  on  trouve  des 
sinus  contractiles,  première  indication  du  système  circulatoire. 

..  L'invagination  préconcliylienne,  dont  l'importance  générale  chez  les 
Mollusques  a  été  signalée  pour  la  première  fois  par  Ray-Lankester,  n'est 
pas  aussi  accentuée  chez  le  LamcUaria  que  chez  certains  Nudibranches 
[Dendronolus  arborescens,  Goniodoris  iwdosa),  où  j'ai  eu  l'occasion  de  l'ob- 
server. On  voit,  à  la  partie  inférieure  de  l'embryon,  au  stade  où  la  vésicule 
céphalique  commence  à  se  différencier,  l'exoderme  se  creuser  très-légère- 
ment et  laisser  libre  une  mince  cuticule,  qui  est  le  rudiment  de  la  première 
coquille.  Le  bourrelet  qui  borde  cette  invagination  remonte  peu  à  peu  le 
long  de  l'embryon,  à  la  façon  d'une  onde  liquide  qui  se  propage,  en  même 
temps  que  le  fond  de  l'invagination  reprend  sa  forme  et  sa  position  primi- 
tive. L'épaisseur  du  bourrelet  tient  l'embryon  écarté  de  la  coquille  et,  les 
cellules  exodcrmiques  continuant  leur  sécrétion,  il  se  forme  une  seconde 
coquille  intérieure  à  la  première,  mais  intimement  appliquée  contre  le 
corps  de  l'endjryon.  La  première  coquille  a  une  forme  nautiloïde,  et  pré- 
sente deux  carènes  dorsales  et  deux  latérales;  elle  ressemble  à  une  coquille 
d'Jllmtta.  La  seconde  coquille  est  plus  simple  et  se  rapproche,  par  son 
aspect,  de  celle  de  la  Carinaire  ou  des  embryons  de  Nudibranches.  Ces 
deux  coquilles  sont  réunies  par  leurs  ouvertures  à  l'aide  d'une  très-mince 
mendjrane.  Elles  ont,  l'une  vis-à-vis  de  l'autre,  les  mêmes  rapports  et  la 
même  signification  que  la  cuticule  nauplieinie  des  embryons  de  Cirrhi- 
pèdes  et  la  cuapace  ^W'hclnzœa  renfermée  sous  cette  cuticule.  Je  ne  pense 


(739) 
pas  que  la  seconde  coquille  soit  l'origine  de  la  coquille  calcaire  du  Lamel- 
laria  adulte.  Je  n'ai  pu  m'assurer  de  ce  fait  par  l'observation  directe,  car 
les  embryons  nautiloïdes,  après  avoir  nagé  quelques  jours  dans  les  aqiui- 
riums,  meurent  sans  subir  d'autre  transformation. 

»  L'embryogénie  du  Lamellaria  s'accomplit  dans  \\n  temps  assez  long 
(deux  ou  trois  semaines).  Les  larves  difflueut  avec  une  grande  rapidité, 
quand  on  les  tire  du  mucus  qui  les  baigne.  L'acide  azotique  m'a  rendu  de 
très-grands  services  dans  ces  recherches  assez  délicates.   » 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  De  l' influence  du  système  nerveux  sur  la  respiration 
chez  un  insecte,  le  Dytiscus  marginalis.  Noie  de  M.  E.  Faivue,  présentée 
par  M.  Cl.  Bernard.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  de  Quatretages,  de  Lacaze-Duthiers.) 

«  Dans  la  séance  du  i"''  octobre  1860,  nous  avons  présenté  à  l'Académie 
un  travail  dans  lequel  nous  établissions  que,  chez  le  Dytisque  à  l'état  par- 
fait, le  ganglion  mélathoracique  préside  à  l'excitation  et  à  l'entretien  des 
mouvements  respiratoires,  que  les  ganglions  abdominaux  sont  incapables 
])ar  eux-mêmes  d'entretenir. 

»  En  1864,  M.  Baudelot  a  fait  connaître  à  l'Académie  le  résultat  d'ex- 
périences analogues,  exécutées  sur  des  larves  de  Libellules,  et  il  a  constaté, 
dans  ces  conditions,  que  la  séparation  du  métathoracique  d'avec  les  gan- 
glions abdominaux  n'al)olit  point  les  mouvements  respiratoires.  Il  croit 
être,  d'après  ces  faits,  autorisé  à  révoquer  en  doute  les  conséquences  de 
nos  observations. 

»  Aussi  désireux  de  savoir  si  nous  n'avions  pas  commis  quelque  erieiu- 
que  de  rechercher  la  raison  des  résultats  contradictoires  obtenus,  nous 
avons  repris,  depuis  plusieiu's  années,  nos  premières  investigations. 

»  Nous  avons  donné  luie  attention  particulière  au  |)rocédé  opératoire; 
celui  auquel  nous  nous  arrêtons  désormais  consiste  à  mettre  à  découvert 
les  ganglions  mésothoracicpies  et  métathoraciques,  en  écartant  le  prothorax 
du  u'iésothorax,  en  incisant  la  membrane  intermédiaire,  en  enlevant  la 
pièce  triangulaire  située  en  avant  et  entre  les  pattes  mésolhoraciques. 
Exécutée  avec  soin  et  lenteur,  cette  opération  permet,  après  l'ablation  du 
tissu  cellulaire  et  de  quelques  volumineuses  trachées^  de  bien  distinguer 
les  deux  centres  nerveux;  on  peut  alors,  soit  les  séparer,  soit  enlever,  ou 
seulement  détruire  par  section,  dans  sa  plus  grande  partie,  le  centre  niéla- 


(    7'!0    ) 

thoraciqiie,  le  séparer  ainsi,  comme  l'apprend  l'autopsie,  du  premier  abdo- 
minal qui  lui  est  joint. 

»  Cette  section,  en  même  temps  qu'elle  sépare  les  centres  abdominaux 
des  centres  thoraciques,  entraîne  la  paralysie  des  ailes  inférieures  et  des 
pattes  natatoires;  on  reconnaît  qu'elle  a  été  convenablement  exécutée 
lorsque  l'excitation  directe  de  ces  parties  paralysées  cesse  de  provoquer 
des  mouvements  respiratoires  ;  dans  les  conditions  normales,  ces  mouve- 
ments sont,  au  contraire,  très-aisément  déterminés  par  des  excitations  sem- 
blables; l'autopsie  ne  laisse  d'ailleurs  pas  de  doutes  sur  la  destruclion  du 
centre  métathoracique. 

»  Lorsqu'on  opère  de  cette  manière,  les  mouvements  respiratoires 
cessent  de  s'exéciUer,  ils  sont  abolis;  les  ganglions  abdominaux,  bien  que 
séparés  et  intacts,  se  montrent  impuissants  à  les  provoquer,  à  les  entre- 
tenir. Ce  n'est  pas  cependant  que  ces  centres  aient  perdu  leur  action 
propre;  on  en  a  la  preuve,  et  par  les  mouvements  partiels  et  intermittents 
que  les  lames  exécutent  parfois,  quelque  temps  encore,  et  surtout  par 
l'effet  des  excitations  portées  sur  les  lames  on  les  anneaux  de  l'abdomen  : 
on  peut  ainsi  provoquer,  par  le  jeu  d'actions  réflexes,  quelques  mouve- 
ments respiratoires  partiels  et  de  peu  de  durée. 

»  Tandis  que  la  respiration  cesse  par  suite  de  la  destruction  du  méta- 
thoracique, elle  n'est  pas  abolie  lorsqu'on  s'est  borné  à  séparer  le  méso- 
thoracique  du  métathoracique. 

»  Tels  sont  les  faits  expérimentaux  qui  ne  permettent  pas  de  mécon- 
naître le  rôle  du  ganglion  métathoracique,  dans  la  production  et  le  main- 
tien des  mouvements  respiratoires;  ce  même  résultat  semble  d'ailleurs 
indiqué,  d'un  côté,  par  l'intime  association  de  l'acte  respiratoire  avec  le 
vol  et  la  natation,  d'autre  part,  par  l'origine  commune,  sur  le  métathora- 
cique, des  nerfs  des  ailes  inférieures  et  des  pattes  natatoires. 

»  Que  la  respiration  soit  liée  au  vol,  dépendante  de  l'exécution  d'un 
certain  ensemble  de  mouvements  natatoires,  c'est  ce  que  démontre  l'in- 
fluence si  facilement  exercée  sur  ces  mouvements  par  l'excitation  des  ailes 
ou  des  pattes  natatoires;  c'est  ce  que  prouvent  l'observation  directe  du  vol 
et  celle  du  mécanisme  par  lequel  l'insecte  remonte  incessamment  à  la  sur- 
face de  l'eau,  et,  prenant  une  direction  particulière,  reçoit  l'air  en  nature 
sous  ses  élylres. 

»  L'élude  de  ces- relations  fonctionnelles  fait  bien  comprendre  que  le 
même  centre  nerveux  qui  préside  aux  mouvements  des  ailes  de  la  seconde 
paire   et  des  pattes  natatoires  soit   également,    si    l'on   peut   s'exprimer 


(  7^1'   ) 
ainsi,  Ip  nipttpiir  en  retivre  de  la  respiration  si  intinienipiit  iii'p  à  ces  moiive- 
iiients. 

»  Telles  sont  nos  observations  et  expériences  mnltipliées,  sur  le  Dytisque 
à  i'élat  adulte  :  d'une  part,  M.  Baudclot  ne  les  a  point  ré|)élées  sur  le  même 
insecte  adulte;  d'autre  part,  en  opérant  |)articulièrcment  siii-  des  larves  de 
Libellide,  ce  savant  observateur  s'est  |)lacé  dans  ties  conditions  bien  tlif- 
férentes  des  nôtres;  il  n'est  ]ias  étonnant,  dès  lors,  qu'il  ait  pu  aitiver  à 
d'antres  résultats. 

»  Les  larves  de  Libellules  ne  sont  point  organisées  pour  le  vol;  elles  ne 
sont  pas  conformées  pour  vivre  à  la  fois,  comme  le  Dytisque,  à  l'air  et 
dans  l'eau;  elles  n'ont  point,  comme  lui,  pour  l'exécution  des  mouvements 
respiratoires,  des  stigmates  abdominaux  et  des  lames  mobiles  sur  chaque 
arceau  de  l'abdomen  des  élytres,  sons  lesquelles  elles  emmagasinent  l'air 
en  nature,  air  qu'elles  ne  vont  point  chercher  hors  du  liquide,  en  exé- 
cutant des  mouvements  natatoires  spéciaux;  essentiellement  aquatiques, 
ces  larves  respirent  en  faisant  parvenir  l'eau  dans  leur  cavité  intestinale,  à 
l'intérieur  de  laquelle  sont  disposées  des  branchies;  c'est  par  l'air  en  dis- 
solution dans  cette  eau  que  leiu'  resjiiiation  s'etléclue.  Celte  étrange  respi- 
ration intestinale  et  l'appareil  par  lequel  elle  s'effectue  ont  depuis  long- 
temps fixé  l'attention  des  observateurs  ;  récenunent  encore,  M.  Oustalet  en 
a  fait  l'objet  d'un  intéressant  travail.  Rien  de  semblable  chez  les  Dytisques. 

»  Ces  résultats  obtenus  chez  les  larves  de  libellule  ne  sauraient  con- 
duire logiquement  à  infirmer  ceux  que  l'on  obtient  expérimentalement 
chez  les  Dytisques;  ils  prouvent  seulement,  et  c'est  là  le  fait  qu'il  nous  a 
semblé  utile  de  mettre  en  lumière,  en  revenant  sur  ce  sujet,  que  chez  des 
insectes  placés,  en  ce  qui  concerne  l'appareil  et  le  mécanisme  respiratoire, 
dans  de  toutes  autres  conditions  physiologiques,  l'action  des  centres  ner- 
veux sur  cette  importante  fonction  peut  s'exercer  d'une  manière  diffé- 
rente. » 

PHYSI()UE.  ~  Sur  un  nouveau  (jalvanosvope  électronu'dicdl. 
Note  de  M.  J.  î^îorin.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.   Bréguet.) 

«  Lorsqu'on  applique  les  courants  continus  à  la  lhéra[)eutique,  l'emploi 
du  galvanomètre  ordinaire  a  l'inconvénient  d'exiger  un  réglage  préalable, 
ce  qui  exige,  de  la  part  de  l'opérateur,  du  soin  et  de  l'habitude.  J'ai  con- 
struit un  (jnlvanoscope  cleclro-médkal  :^n\  n'a  point  cet  incouvéiiient. 

r..  R.,i87ri,  1"  S,;m-stre.{-\\  I.XXX,  ^''   1 1.)  9<) 


(  74:^  ) 

»  Il  se  compose  d'un  électro-aimant  ordinaire  à  deux  branches,  placé 
verticalement,  la  semelle  en  l'air;  une  aiguille  aimantée  est  suspendue,  par 
un  de  ses  pôles,  au-dessus  de  la  semelle  de  fer;  elle  traverse  celle-ci  par  une 
large  ouverture  pratiquée  à  cet  efiet  ;  le  pôle  inférieur  libre  descend  jus- 
qu'au niveau  de  la  partie  inférieure  des  hélices  de  l'électroaimant,  entre 
lesquelles  il  a  la  faculté  d'osciller.  Cette  aiguille  est  assez  longue  pour  tr.i- 
verser  la  semelle  de  l'électroaimant  à  la  hauteur  de  son  point  neutre,  ce 
qui  rend  nulle  eu  cet  endroit  toute  action  réciproque.  Si  l'on  vient  à  faire 
circuler  un  courant  dans  l'électro-aimant,  les  deux  pôles  agissent  dans  la 
même  direction  sur  le  pôle  libre  de  l'aiguille  aimantée,  et  celui-ci  se  déplace 
vers  une  des  hélices  selon  la  direction  du  courant. 

»  Cet  instrument,  comme  on  le  voit,  n'a  pas  besoin  d'orientation,  il 
suffit  de  le  placer  à  peu  près  verticalement;  sa  sensibilité  peut  être  extrême  : 
elle  dépend  d'une  relation  entre  le  diamètre  du  fer,  la  résistance,  la  lon- 
gueur et  l'épaisseur  des  hélices,  de  la  dislance  entre  celles-ci,  et  enfin  du 
poids  et  de  la  longueur  de  l'aiguille  aimantée.  Dans  l'emploi  que  je  fais  de 
ce  galvanoscope,  je  me  sers,  comme  corps  aimanté,  d'une  aiguille  à  coudre 
de  5  centimètres  de  longueur  :  c'est  la  grande  dimension  de  l'instrument. 

»  Les  effets  que  j'ai  obtenus  par  l'emploi  de  courants  très-faibles  m'au- 
torisent à  penser  qu'on  pourrait  employer  cette  disposition  pour  la  con- 
struction de  relais,  soit  poiu'  la  télégraphie,  soit  pour  tout  autre  appareil 
susceptible  d'utiliser  un  courant  local.    » 

M.  L.  Hugo  adresse  une  Note  relative  à  la  «  base  scientifique  du  sys- 
tème décimal  et  métrique.  » 

(Commissaires  :  MM.  Chasles,  Hermite,  Bonnet). 

M.  li.-X.  Raimbert  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Larrey,  pour  le  Con- 
coi;rs  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  un  Mémoire  intitulé  :  «  Du  trai- 
tement du  charbon  chez  l'homme,  par  les  injections  sous-cutanées  de 
liquides  antivirulents.  » 

(Renvoi  à  la  Commission). 

M.  B.vitoT  adresse,  pour  le  concours  du  j)rix  Barbier,  un  Mémoire  sur 
un  appareil  à  extension  coutiiuie  et  graduée  pour  le  traitement  des  fractures 
de  la  jandje. 

(Renvoi  à  la  Coiiunission). 


(  743  ) 

M.Churchill  adresse  divers  dociinieiits  relatifs  au  traitement  du  cho- 
léra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant). 

MM.  Crpssard,  Molins  adressent  des  Couniiunications  relatives  au 
Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission). 

COURESPONDAIVCE. 

M.  José  da  Silva  31endes-Leal,  Ministre  de  Portugal,  adresse  à  l'Aca- 
démie la  Lettre  suivante  : 

(i  Le  Gouvernement  de  Sa  Majesté  Très-Fidèle  m'a  fait  parvenii'  quelques 
copies  photolithographiques  de  la  Lettre  originale  de  Manoel  Godinho  de 
Heredia,  dans  laquelle  ce  cosmogrophe  portugais  indique  clairement  que 
mes  compatriotes  ont  été  les  premiers  à  faire  la  découverte  de  l'Australie 
(Terre  de  l'Or). 

»  Autorisé  à  faire  la  distribution  de  ces  exemplaii-es  jiarmi  les  Sociétés 
scientifiques  et  les  Établissements  littéraires  qu\  pourraient  avoir  intérêt  à 
connaître  la  teneur  d'un  document  aussi  imporlatil,  je  suis  heureux  de 
mettre  à  votre  dis|)osilion  six  exemplaires  de  la  Lettre  précitée.    » 

M.  BoussiNGAiiLT.  —  «  L'Acadénilc  m'a  remis  une  des  copies  de  la  Lettre 
de  Manoel  Godinho  de  Heredi;i.  Avant  de  donner  lecture  de  la  traduction 
que  j'en  ai  faite,  avec  le  concoins  de  mon  ami  M.  Calderon,  je  dois  |)ré- 
venir  que  j'ai  rendu  les  noms  géogra[)hiques.So/;- et  Sahbo,  qu'on  ne  trouve 
pas  sur  les  cartes  françaises,  par  ceux  de  Solor  et  de  Saboul. 

»   Voici  la  traduction  de  ce  document  : 

-.   111""=  Sr, 

a  A  l'ariivée  des  navires,  on  m'a  assuré  que  V.  S.  111.  é|)roHvait  quelque  douleur;  c'est 
pourquoi,  en  fidèle  serviteur,  je  nie  suis  présenté  à  vos  palais  pour  vous  faire  mes  condo- 
léances au  sujet  de  la  mort  de  don  Vasco  de  Gama,  que  Dieu  reçoive  dans  sa  gloire  éternelle, 
mais  chaque  fois  je  n'ai  pu  y  entrer,  V.  S.  étant  complètement  renfermée  et  recueillie,  ainsi 
(pi'il  était  vrai. 

»  Malgré  cela,  je  souhaite  à  votre  S.  d'être  aussi  heureuse  et  prospère  qu'elle  l'est  on 
désire  de  l'être,  et  j'ai  vu,  ce  ijue  j'espérais,  l'iieureux  retour  des  navires  et  des  gens  de 
Portugal  ([ui  sont  venus  encore  à  temps  pour  l'eutrcpiise  d'or. 

»  Et,  comme  cette  entreprise  concerne  V.  S.  lit.  i)lus  que  moi,  je  n'ai  pas  l)esoin  de  dé- 
montrer comme  quoi  le  i3  stplcmbre  est  repncpie  la  ])lus  favorable  aux  navires  pour  entre- 

,)6.. 


(  744  ) 

pr(  lulic  le  voyage  de  Malacra,  de  même  qu'il  y  a  lieu  <le  favoriser  cette  affaire  de  décou- 
verte. Cerlainement  V.  S.  III.  l'entend  bien  de  la  sorte,  elle  qui  est  très-bien  au  fait  de  tout 
cela;  par  conséquent  tlle  voudra  bien  faire  tout  ce  qui  sera  nécessaire,  si  elle  croit  qu'il 
convient  de  faire  cette  découverte  d'or,  et  je  me  tiendrai  ])rét,  ou  ne  le  serai  ])oint  suivant 
son  désir  paternel. 

•  Je  ne  |)uis  cependant  niVnipèclici'  d'exposer  à  V.  S.  III.  que  le  but  ou  le  succès  de  la 
découverte  d'or  dépend  aussi  de  la  connaissance  du  temps  qu'il  lait  dans  la  mer  d'or; 
car,  en  dehors  de  celle  connaissance,  on  s'ex])ose  à  subir  les  jjIus  mauvais  temps  du  monde. 

»  Pour  plus  de  clarté,  il  faut  savoir  que  dans  ladite  mer  d'or  il  régne  des  tempêlcs  hi- 
vernales de  niars  à  juillet. 

»  Les  choses  étant  ainsi,  et  appareillant  à  la  mousson  de  septembre,  je  puis  être  à  Ma- 
lacca  tout  novembre  et  décembre,  faire  un  voyage  jus(|u'à  Sohr?  d'où  je  puis  aller  en  cha- 
loupe? à  Timor  et  de  là  à  Saboul;  hiverner  dans  quelqu'une  de  ces  îles  où  je  prendrai  mes 
informations  sur  l'or,  et  au  mois  d'août  et  septembre  suivant,  avec  l'aide  de  Dieu  lout- 
puissant,  entreprendre  l'heureuse  découverte  de  l'île  d'or. 

"  lN"a|)pareillant  qu'à  la  mousson  d'avril,  il  faudrait  aloi's  séjourner  à  Rlalacca  les  mois 
de  juin,  juillet,  août,  septembre,  octobre  et  novembre,  et  ne  paitir  qu'en  décembre  pour 
Snliir  ? 

»  Veuillez  donc  ordonner  ce  qui  conviendra  le  mieux  à  S.  BI.  le  roi  de  Portugal  et  à 
V.  S.  m.,  car  je  ne  suis  que  votre  huudjle  serviteur  et  un  instrument  pour  eflectuer  cette  dé- 
couverte d'or  à  laquelle  me  pousse  ma  conscience  qui  ne  me  laisse  de  répit,  parce  (|iie  Dieu 
doit  me  favoriser,  et  à  cette  fin  je  supplie  V.  S.  111.  de  vouloir  bien  lixer  son  choix  sur  ma 
personne  jiour  une  pareille  faveur,  vous  qui  pouvez  tant  dans  celte  affaire,  priant  Dieu  de 
vous  donner  sauté  et  longue  vie  pour  le  bonheur  de  l'Inde  orientale  et  de  vos  serviteurs 

u   J.    M.   GoDlNHO  DK   EliEDIA.     " 

»  Il  résulte  de  ce  cloctiraent  que  Godinho  de  Heredia  proposait  au  l\Ii- 
iiislre  dti  Koi  de  Portugal  de  diriger  une  expédition  qui,  partant  deMalacca, 
relâcherait  à  l'île  de  Solor,  d'où,  en  temps  opportun,  elle  pourrait  gagner 
Timor  et  de  là  Saboul,  où  elle  hivernerait  dans  quelqu'tinc  des  îles  de  celte 
baie,  peut-être  Savn  (?)  et  que,  après  avoir  pris  des  inlorinations,  elle  entre- 
prendrait la  découverte  de  l'Ile  de  l'Or. 

))  La  dislance  qui  sépare  la  baie  de  Saboid  de  la  terre  de  Van  Dieineu 
n'est  que  de  3  degrés  en  latitude,  mais  il  est  assez  surprenant  de  voir  les 
marins  portugais  désigner  l'exlrémilé  sud  de  l'Australie  sotis  le  nom  de  la 
Terre  de  l'Or,  quand  on  sait  que  la  découverte  des  riches  gisements  aurifères 
de  cette  contrée  ne  remonte  pas  ati  delà  de  l'année  1848.    « 

Î\I.  DK  Lesseps. —  «  A  l'occasion  de  la  très-intércssnnie  Commiuiication 
faite  à  l'Académie,  je  tlemande  la  permission  de  prendre  la  parole. 

»  Celte  Commtinicalion  est  d'accord  avec  des  recherches  faites  en  drr- 
nier  lieu  sur  les  populations  de  l'Australie,  que  l'on  croit  avou'  eu  la  même 


(  745  ) 
origine  que  les  h;ibi(ants  du  sud  de   l'Inde.  Les  rapporls  de   l'Inde  avec 
l'Australie  n'avaient  donc  pas  dû  échapper  aux  observations  des  premiers 
conquérants  européens  de  la  péninsule  indienne. 

»  Je  crois  que,  tout  en  remerciant  le  Ministre  de  S.  M.  le  roi  de  Por- 
tugal de  sa  bienveillanle  Communication,  il  serait  utile  pour  la  science 
géographique  de  lui  demander  de  faire  connaître  les  documents  impor- 
tants qui  doivent  se  trouver  dans  les  Archives  de  Lisbonne  sur  les  anciennes 
descriptions  de  l'Afrique. 

»  Plus  d'un  siècle  avant  la  découverte  du  cap  de  Bonne-Espérance,  des 
pèlerins  portugais  de  retour  de  la  Palestine  avaient  raconté  qu'il  se  trou- 
vait à  Jérusalem  nu  couvent  de  moines  éthiopiens  sujets  d'un  prince  chré- 
tien résidant  au  cœur  de  l'Afrique  et  dont  l'empire  s'étendait  des  bords 
de  la  mer  Rouge  et  de  l'océan  Indien  jusqu'au  rivage  Atlantique.  On  avait 
ajouté  que  plusieurs  de  ces  moines  venaient  fréquemment  à  Alexandrie, 
dont  le  patriarche  avait  seul  le  privilège  d'envoyer  un  évéque  dans  leur 
pa3s.  On  appela  en  Europe  ce  jirnice  chrétien  \e  prêtre  Jean. 

"  Le  prince  Henri,  fils  de  Jean  P'",  roi  de  Portugal,  savant  géographe, 
étudiait  les  moyens  de  doubler  le  fameux  promontoire  qu'on  appelait  alors 
le  cap  desTem[)étes  et  qui,  dans  la  légende  populaire,  était  défendu  par  le 
géant  Adamasior. 

»  Le  prince  Henri  avait  à  combattre  les  préjugés  de  toute  la  nation;  mais 
l'histoire  lui  avait  appris  que  le  projet  auquel  il  songeait  avait  été  déjà  exé- 
cuté, d'abord  par  les  Phéniciens  pendant  que  Nécos  régnait  en  Egypte,  en- 
suite par  Endoxe  sous  Ptolémée  Lallyrus. 

»  En  même  temps  qu'il  expédiait  des  navires  chargés  de  tenter  le  [lériple 
de  l'Afrique,  !e  roi  de  Portugal  envoya  par  l'Egypte  deux  ambassadeurs  au 
prèU'e  Jean. 

»  L'un  de  ces  ambassadeurs,  Pedro  Covillan,  après  beaucoup  d'aven- 
tures, arriva  enfin  dans  les  États  du  roi  d'Abyssinie,  nommé  Alexandre,  qui 
le  garda  à  sa  cour.  Covillan  eut  dès  lors  une  correspondance  très-suivie 
pendant  de  longues  années  avec  le  roi  de  Portugal;  il  l'engageait  à  pour- 
suivre avec  vigueur  la  découverte  d'un  passage  par  le  sud. 

»  Ce  fut  d'après  les  renseignements  de  Covillan  que  l'expédition  de  Bar- 
thélémy Diaz  approcha  du  cap  sans  toutefois  pouvoir  le  dé[)asser,  à  cause 
de  la  révolte  de  ses  équipages,  qui  l'obligea  à  lelourner  en  Portugal. 

))  l\lais  enfin,  et  toujours  sur  les  dociuncnts  et  les  cartes  envoyés  par 
Covillan,  Vasco  de  Cauia,  après  avoir  apaisé  la  rébellion  de  ses  in.ilelols, 
reconnut  et  tloidjla  le  i^  juillet  i497  le  cap  des  Tempêtes. 


(  746  ) 

»  Plus  tard,  lors  de  l'envahissement  des  côtes  de  l'Abyssinie  parles  Mu- 
sulmans, un  prêtre  portugais,  nommé  Juan  Bermndes,  fut  envoyé  par  le 
roi  d'Abyssinie  pour  réclamer  le  secours  du  roi  de  Portugal,  et  vers  i54i 
il  obtint  un  ordre  royal  invitant  le  vice-roi  desTndes  à  expédier  4oo  sol- 
dMts  portugais  à  Massouah,  pour  défendre  l'Abyssinie  contre  l'invasion 
turque. 

»  Cette  mission  fut  confiée  au  dernier  frère  de  Vasco,  don  Etienne  de 

Gama. 

»  Don  Etienne  périt  dans  un  combat,  mais  ses  compagnons  continuèrent 
à  résider  en  Abyssinie.  Ils  y  fondèrent  des  églises,  et  certainement  les  ar- 
chives de  Lisbonne  doivent  posséder  des  documents  qui  peuvent  four- 
nir des  renseignements  précieux  siu'  l'Afrique,  que  peut-être  les  Portugais 
connurent  mieux,  il  y  a  quelques  siècles,  que  nos  géographes  modernes.  » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  température  relative  des  diverses  régions  du  Soleil. 
Première  partie  :  les  noyaux  noirs  des  taches.  Note  de  M.  Langley, 
Directeur  de  l'Observatoire  d'Allegheny,  U.-S.,  présentée  par  M.  Faye. 

«  Eu  1845,  le  professeur  Henry  découvrit  que  l'ombre  d'une  tache  du 
Soleil  renvoie  moins  de  chaleur  que  la  surface  générale.  Dans  l'année  iSSa, 
et  postérieurement,  le  R.  P.  Secchi  ajouta  que  la  chaleur  des  bords  du 
disque  était  enviion  la  moitié  de  celle  du  centre;  qu'il  dérive  plus  de 
chaleur  des  régions  équatoriales  du  Soleil  que  de  celles  qui  sont  plus  rap- 
prochées des  pôles,  et  que,  pour  un  point  donné,  le  degré  de  diminution 
de  la  chaleur,  du  centre  au  bord,  comme  il  l'a  déterminé,  est  parfaitement 
d'accord  avec  celui  de  la  lumière,  déterminé  par  Bouguer. 

»  Ces  assertions  sont  d'une  importance  majeure,  et  elles  paraissent 
avoir  été  généralement  acceptées  sans  qu'aucun  observateur  les  ait  véri- 
fiées. Il  semblait  donc  qu'avant  de  commencer  une  recherche  projetée  sur 
les  températures  relatives  du  Soleil,  un  nouvel  examen  de  ce  qui  a  déjà  été 
fait  ne  serait  pas  superflu.  Ce  nouvel  examen  s'est  trouvé  très-intéressant, 
mais  aussi  a-t-il  nécessité  un  long  travail;  car,  avec  les  investigations  colla- 
latérales,  il  a  occupé  une  partie  considérable  de  mon  attention  durant  les 
quatre  dernières  années.  J'ai  d'abord  tenté  de  n'employer  aucune  image 
qui  eût  été  formée  par  des  lentilles  de  verre.  Au  prix  de  beaucoup  de  tra- 
vail j'ai  construit  et  moulé  lui  télescope  d'ai)rès  le  système  de  Foucault, 
mais  avec  des  lentilles  grossissantes  de  sel  gemme.  Après  essai,  j'ai  trouvé 
à  cela  des  désavantages  pratiques  qui  me  l'ont  fait  nsettre  de  côlé  pour  le 


(  l'M  ) 
réfracteur.  Quoique  je  ne  considère  pas  cet  instrument  comme  le  meilleur 
en  théorie,  j'ai  été  conduit  à  l'adopter,  par  suite  des  facilités  que  donne  un 
grand  instrument  équatorial,  elles  résultats  que  je  présente  ici  ne  doivent 
pas  être  considérés  comme  aussi  absolus  que  s'ils  eussent  été  obtenus  sur 
un  spectre  thermal  complet,  comme  celui  sur  lequel  j'espère  bientôt  ré- 
péter ces  recherches.  Cependant  l'emploi  du  réfracteur  a  un  important 
avantage  accessoire  :  il  met  à  même  de  comparer  immédiatement  ces  ré- 
sultats avec  ceux  déjà  cités,  qui  ont  été  obtenus  par  le  même  moyen. 

»  J'ai  employé  une  grande  partie  de  mon  temps  à  des  expériences  in- 
dispensables pour  trouver  une  méthode  perfectionnée.  Dans  l'espoir  qu'il 
pourra  être  de  quelque  utilité  à  d'autres,  je  vais  décrire  brièvement  l'ap- 
pareil maintenant  employé.  Les  instruments  adoptés  pour  les  mesures 
définitives  sont  des  thermopiles  à  éléments  extrêmement  petits,  dont  la 
construction,  bien  que  recommandée  depuis  longtemps  par  Melloni,  n'a 
été  accomplie  que  récemmment,  en  raison  des  difficultés  mécaniques 
dues  à  la  fragilité  du  bismuth  et  de  l'antimoine.  Dans  celles  qui  m'ont 
servi  dernièrement,  la  face  expose,  dans  vui  cercle  de  moins  de  o™,oo4 
de  diamètre,  des  parties  de  seize  paires  d'éléments.  La  pile  est  reliée  à  lui 
galvanomètre  à  réflexion,  du  modèle  de  sir  William  Thompson.  Celui-ci 
est  placé  sur  un  support  solide  dans  une  chambre  obscure,  et  les  indica- 
tions sont  lues  tout  haut  par  un  assistant  placé  à  portée  de  la  voix  de 
l'observateur.  Une  telle  combinaison  possède  une  extrême  sensibilité,  et 
le  galvanomètre  se  trouvera,  en  dépit  dos  précautions  ordinaires,  enre- 
gistrer des  radiations  étrangères,  ce  qui  rend  indistincts  quelques-uns  des 
phénomènes  plus  délicats  que  nous  recherchons.  J'ai  trouvé  que  l'on  peut  à 
peu  près  vaincre  ces  difficultés  en  enfermant  la  pile  dans  un  cylindre  creux 
à  parois  noircies,  elle-même  étant  entourée  d'eau  à  une  température  con- 
stante, de  sorte  qu'elle  ne  reçoive  d'autres  radiations  que  celle  de  son 
cylindre  et  celle  du  Soleil,  pendant  une  période  déterminée.  Cependant 
cette  disposition  masque  la  pile  à  la  vue  et  s'accorde  à  peine  avec  une  autre 
condition  d'exactitude,  qui  exige  que  la  position  de  la  face  de  cette  pile 
dans  l'iuiage  solaire  puisse  en  tout  temps  être  vérifiée  avec  précision.  Ces 
conditions  sont  |)resque  incompatibles;  je  les  ai  néanmoins  remplies  par 
un  moyen  qui  donne  à  de  telles  mesures  presque  toute  l'exactitude  à  la- 
quelle on  peut  atteindre  dans  un  laboratoire. 

»  La  pile  était  constamment  placée  dans  l'axe  optique  de  la  lunette  d'un 
équatorial  ayant  o™,  33  d'ouverture.  L'image  du  Soleil,  par  des  moyens  opti- 
ques convenables,  pouvait  être  amplifiée  considérablement  jusqu'à  l'échelle 


(.  748  ) 
de  4  mètres  pour  le  diamètre  solaire,  bien  que  j'en  employasse  plus  géné- 
ralement une  d'environ  o™,  60  de  diamètre.  La  pile,  quoique  complète- 
ment renfermée  dans  un  double  cylindre,  pouvait  être  placée  dans  toutes 
les  parties  de  l'image  (rendue  stationnaire  parle  régulateur  de  l'équatorial), 
avec  une  erreur  probable  de  position  moindre  que  i  seconde.  Cette  image 
était  projetée  siu'  une  surface  plane,  bornée  par  un  très-grand  cercle  de 
position,  auquel  était  attachée  une  échelle  radiale  à  parties  égales.  De  cette 
manière,  la  position  de  la  pile  par  rapport  aux  pôles  et  à  l'équateur  du 
Soleil  pouvait  èlre  déterminée  par  des  moyens  analogues  à  l'emploi  du  mi- 
cromètre de  j)osition  ordinaire  et  d'une  précision  peu  inférieure.  A  cet 
appareil  j'en  avais  ajouté  un  autre  qui,  pour  des  objets  spéciaux,  a  donné 
de  meilleurs  résultats.  C'étaient  deux  petites  thermopiles,  aussi  égales  que 
possibles,  jointes  l'une  à  l'autre  et  aussi  au  galvanomètre,  de  manière  à 
pouvoir  être  placées  dans  toutes  les  positions,  dans  l'image  solaire  fixe,  tout 
en  faisant  partie  du  même  circuit,  leurs  faces  se  trouvant  à  des  distances 
variables,  mais  toujours  équidistantes  de  l'axe  optique;  de  sorte  que,  si  l'une 
des  faces  était  dans  une  position  plus  chaude  que  l'autre,  l'aiguille  indi- 
quait le  sens  et  la  quantité  de  la  différence.  Il  était  clair,  dès  les  pre- 
mières expériences  avec  la  double  pile,  que  la  radiation  de  la  tache  était  en 
général  moindre  que  celle  d'une  aire  égale  de  la  photosphère,  ce  qui  véri- 
fiait aisément  et  pleinement  l'observation  fondamentale  de  Henry;  mais, 
dans  cet  examen,  je  découvris  un  corollaire  que  je  vais  exposer,  et  qui  m'a 
conduit  à  un  intéressant  résultat. 

M  Du  fait  connu  de  la  diminution  de  la  lumière  vers  les  bords,  celui 
de  la  diminution  proportionnelle  de  la  chaleur  semble  une  conséquence  si 
naturelle,  que  ce  fut  avec  surprise  que  j'observai,  dès  mes  premières  expé- 
riences, que  lorsque  l'une  des  thermopiles  était  placée  dans  le  noyau  noir 
d'une  tache,  et  l'autre  dans  la  photosphère,  près  des  bords  du  Soleil,  où  la 
lumière  est  encore  brillante,  la  déclinaison  galvanométrique  était  très-faible, 
ce  qui  indiquait  que  ce  dernier  point  n'était  guère  plus  chaud  que  l'ombre 
relativement  noire  de  la  tache.  Avec  de  plus  grandes  images  et  un  appareil 
perfectionné,  je  trouvai  que,  dans  un  anneau  complet  de  la  surface  solaire, 
la  photosphère  encore  brillante  donnait  près  du  bord  absolument  moins 
de  chaleur  que  le  noyau  noir  des  taches.  Il  me  fallut  beaucoup  de  temps 
poiu- établir  ce  fait  d'une  manière  incontestable,  car  cet  intéressant  phé- 
nomène ne  peut  être  bien  observé  qu'à  moins  de  |  minute  d'arc  du 
limbe,  et  des  précautions  particulières  devaient  être  prises  pour  empê- 
cher qu'aucune   vacillation  de  l'image  n'affectât  les  mesures.  L'observa- 


(  749  ) 
tion  fut  aussi  répétée  avec  des  thermopiles  spéciales,  faites  exprès  avec 
des  fils  de  métaux  autres  que  les  éléments  ordinaires  de  bisniulli  et  d'anti- 
moine, et  offrant  si  peu  de  surface  qu'ils  n'occupaient  qu'une  faible  por- 
tion (le  l'ombre,  ce  qui  permettait  de  vérifier  plus  facilement  qu'aucun 
déplacement  accidentel  ni  aucune  vacillation  de  l'image  ne  les  exposait  à  la 
chaleur  de  la  pénombre.  Enfin  ces  résultats  furent  comparés  avec  ceux  d'un 
procédé  indépendant,  que  je  ne  donne  pas  ici,  et  les  observations  i)Our- 
suivies  sur  toutes  les  parties  de  la  circonférence  :  j'en  enregistrai  et  analysai 
cent,  sans  rencontrer  une  seule  exception  à  la  règle. 

»  Il  m'a  semblé  que  cela  rendait  évidente  une  ihermochrose  dans  l'atmo- 
sphère solaire,  d'un  degré  remarquable,  mais  inaperçue  jusqu'ici.  Four 
montrer  que  ceci  est  une  loi  générale,  indépendante  de  toute  hypothèse 
sur  les  taches,  et  qu'on  peut  faire  reposer  sur  des  observations  qui  ne  se 
reportent  pas  à  ces  taches,  je  donnerai  incessamment  les  résultats  d'une 
recherche  d'un  autre  genre  qui  comprend  l'objet  en  question,  mais  qui  en 
implique  aussi  d'autres  très-importants.  » 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Nole  sur  la  théorie  des  poutres  droites  continues; 

par  M.  Maurice  Levy. 

«  §  1.  —  M.  Fouret  a  donné  récemment  (*)  un  procédé  graphique  poiu- 
construire  les  moments  fléchissants  sur  les  appuis  d'une  poutre  droite  con- 
tinue. Je  me  sers  depuis  plusieurs  années,  pour  déterminer  la  résistance 
de  ce  eenre  de  pièces,  d'un  procédé  qui  se  prête  également  bien  au  calcul 
et  aux  méthodes  graphiques,  et  qui  offre  peut-être  quelque  intérêt  en  ce 
qu'il  convient  non-seulement  au  cas  habituel  des  poutres  librement  placées 
sur  leurs  appuis,  mais  aussi  à  celui  où  l'un  des  appuis  extrêmes  ou  les 
deux  seraient  encastrés,  et  en  ce  qu'il  repose  sur  un  théorème  qui  permet 
do  résumer  en  peu  de  mots  cette  importante  théorie,  à  laquelle  les  derniers 
travaux  de  M.  Bresse  ont  donné  un  si  grand  caractère  de  simplicité  théo- 
rique et  pratique. 

M  Lemme.  —  Quel  que  soit  le  nombre  des  appuis  d'une  poutre,  cl  les  appuis 
extrêmes  étant  ou  non  encastrés,  si  l'on  commît  le  moment Jléchissnnt  en  un  seul 
point  U  de  Inptiècc,  il  existe,  dans  chacune  des  deux  travées  coiiti(]uës  à  celte  cjui 
contient  le  point  U,  un  point  V  dont  le  moment  Jléchissant  peut  être  déterminé 
comme  si  la  poutre  était  à  deux  travées  seulement. 


(*)   Comptes  rendus,  \i.  55o  de  ce  volume. 

O.K.,  187J,   i"i<rmtji;£.  (T.  I.XXX.  N"  II.";  97 


(  75o  ) 

»  Pour  démontrer  cette  proposition,  au  lieu  de  partir,  coniuie  on  le  fait 
généralement,  de  la  relation  établie  par  Clapeyron,  entre  les  moments 
fléchissants  sur  trois  appuis  consécutifs,  j'observe  qu'il  doit  nécessaire- 
ment exister  une  relation  analogue  entre  le  moment  fléchissant  sur  un 
appui  et  les  moments  fléchissants  en  deux  points  quelconques,  pris  chacun 
dans  l'une  des  deux  travées  contiguës  à  cet  appui. 

M  Soient  donc  K  un  appui;  Mj,  le  moment  fléchissant  sur  cet  appui;  U  et  V 
deux  points  pris  à  volonté,  chacun  dans  l'une  des  deux  travées  contiguës 
à  l'appui  K;  soient  M„  et  M,,  les  moments  fléchissants  aux  points  U  et  V; 
u  et  V  leurs  distances  à  l'appui  K. 

)i  Entre  les  trois  moments  fléchissants  M^,  M„,  M,,,  ou  établit,  sans  dif- 
ficulté, la  relation  suivante,  où  a  etb  sont  les  longueurs  des  deux  travées 
limitrophes  de  l'appui  R,  p  et  </  les  charges  par  mètre  courant  qu'elles 
supportent  : 

M„  -  +  M,  -  +  (5u  4-  3i  -  -  -  -W„  =  Ç'  (2U  -a)+'-^(2i'-  l>). 

»  Si  l'on  sup[)ose,  eu  particulier,  que  les  points  U  et  V  coïncident  avec 
les  deux  appuis  voisins  de  l'appui  K,  c'est-à-dire  si  l'on  fait  u=^  a^v  ^^  b,  on 
retrouve,  comme  cela  doit  être,  l'équation  de  Clapeyron. 

»  Admettons  maintenant  qu'on  connaisse  le  moment  fléchissant  M^  au 
point  U;  l'équation  ci-dessus  ne  peut  pas  fournir  le  moment  fléchissant  au 
point  V  si  ce  point  est  pris  au  hasard,  parce  qu'elle  contient  les  deux  indé- 
terminées JM(,  et  M^;  mais,  si  le  point  V  est  choisi  de  façon  que  son  ab- 
scisse V  soit  définie  par  la  relation  purement  géométrique  et  indépendante  des 
charges 

(a)  3a  4-  .v; =  o, 

alors  M^  disparaît  de  l'équation,  qui  se  réduit  à 

et  fournit  le  moment  fléchissant  au  point  particulier  V,  défini  par  l'équa- 
tion (rt),  ce  qui  démontre  la  proposition  énoncée. 

))  Ainsi,  connaissant  le  moment  fléchissant  au  point  U,  la  recherche  du 
moment  fléchissant  au  point  V  ne  dépend  que  de  la  résolution  de  deux 
équations  du  premier  degré  à  deux  inconnues,  et  cela  quel  que  soit  le 
nombre  des  travées,  et  quand  bien  même  les  travées  extrêmes  seraient  en- 
castrées. 


(  75'   ) 

»  Les  points  U  et  V,  dont  les  abscisses  sont  liées  par  la  relation  géomé- 
trique {a),  sont  ce  que  j'appellerai  défi  points  correspondants. 

«  Observons  que,  quand  bien  même  le  point  Y,  correspondant  à  un 
point  donné  U,  tomberait  en  dehors  de  la  travée  dont  il  est  censé  faire 
partie,  c'est-à-dire  quand  bien  même  l'équation  {n)  fournirait  une  valeur 
v>Z>,  la  valeur  trouvée  pour  M^  n'en  ferait  pas  moins  connaître  un  point 
de  la  courbe  des  moments  fléchissants  que  l'on  cherche;  seulement  ce 
point  n'appartiendrait  pas  à  la  portion  de  l'arc  de  cette  courbe  dont  on  a 
besoin  en  thèse  finale. 

»  S  2.  —  De  la  connaissance  du  moment  fléchissant  au  point  V  on  peut 
de  même,  par  la  résolution  d'un  système  de  deux  équations  seulement  du 
premier  degré,  passer  à  la  connaissance  du  moment  fléchissant  en  un  point 
déterminé  de  la  travée  voisine  de  celle  qui  contient  le  point  V,  et  ainsi  de 
suite,  de  sorte  qu'on  peut  énoncer  le  théorème  suivant  : 

n  Théorème.  —  Quel  que  soit  le  nombre  n  des  appuis  d'une  poutre,  et  les 
appuis  extrêmes  étant  ou  non  à  encastrement,  si  l'on  connaît  le  moment  flé- 
chissant en  un  seul  point  U  de  la  pièce,  on  peut  trouver  le  montent  fléchissant 
en  un  point  de  chacune  de',  n  —  i  travées  autres  querelle  qui  contient  le  point  U, 
par  la  réi,oliilion  de  n  systèmes  composés  chacun  de  deux  équations  seulement  du 
premier  degré  à  deux  inconnues. 

«  De  là  la  méthode  suivante  pour  déterminer  les  moments  fléchissants 
dans  une  poutre  continue  encastrée  ou  non  à  ses  extrémités,  tontes  les  fois 
qu'on  connaît  les  moments  fléchissants  en  deux  de  ses  points  non  corres- 
pondants U  I  et  U2  : 

.1  1°  Connaissant  le  moment  fléchissant  au  point  U,,  le  théorème  précé- 
dent fournit  le  moment  fléchissant  en  un  point  de  chacune  des  n  travées 
de  la  poutre  ; 

»  1°  Connaissant  le  moment  fléchissant  en  un  point  Uj,  on  obtient  de 
même  le  moment  fléchissant  en  un  second  point  de  chaque  travée; 

»  3"  Connaissant  le  moment  fléchissant  en  deux  points  de  chaque  tra- 
vée, on  le  connaît,  comme  on  sait,  en  tout  autre  point. 

I)  §  3.  application  aux  poutres  librement  appuyées  à  leurs  extrémités.  — 
On  coimaît  le  moment  fléchissant  aux  deux  extrémités  de  la  poutre;  ces 
moments  sont  nuls.  La  méthode  du  paragraphe  précédent  s'applique  donc 
immédiatement.  Les  deux  |)oints  de  chaque  travée,  liétinis  i)ar  l'équa- 
tion (a), coïncident,  dansée  cas  particulier,  avec  les  sommets  des  faisceaux 

97  • 


(  75^  ) 
de   droites   considérés  pour  la  première   fois  par  M.  Bresse  et   dont  les 
points  pivotants  de  M.  Foiiret  sont  nn  corollaire. 

M  Cns  ou  la  poulie  est  encastrée  à  l'une  de  ses  extrémités  et  librement  ap- 
puyée sur  l'autre.  —  On  connaît  le  moment  fléchissant  à  l'extrémité  libre- 
ment appuyée  :  ce  moment  est  nul;  il  suffit  donc,  pour  appliquer  la  mé- 
thode, de  trouver  le  moment  fléchissant  en  un  autre  point  de  la  pièce.  Je 
dis  qn'on  peut  le  trouver  a  priori  en  un  point  de  la  travée  de  rive  encastrée. 
En  effet,  si  M  est  le  moment  fléchissant  en  nn  point  de  celte  travée  dont 
l'abscisse  est  .r,  et  si  j  désigne  l'ordonnée  de  la  fibre  déformée  en  ce 
point,  on  a  la  relation  connue 

où  £  est  une  constante;  or,  si  p'  est  la  charge  par  mètre  courant  sur  cette 
travée,  M  est  exprimé  par  une  fonction  du  second  degré  de  la  forme 

—  p'  —  -h  Ax  -l-B; 

donc,  en  vertu  de  (c),  ij  sera  une  fonction  du  quatrième  degré  en  x, 

dont  le  premier  terme  est  — y—;  mais,  si  /  est  la  longueur  de  la  travée  et 

si  l'on  prend  le  point  d'encastrement  pour  origine  des  coordonnées,  l'or- 
donnée j'  devra  s'annuler  pour  x  =  o,  a:  =  Z,  et  en  outre,  puisqu'il  y  a 

encastrement,  on    doit   avoir  ^  =  o   pour  x  =  o;  ces  trois  conditions 

montrent  que  l'expression  de  ej  contient  le  facteur  du  troisième  degré 
x^  (/  —  x);  donc  on  aura 

,j=x-{l-x)(^^-^ay 

a  étant  une  indéterminée.  En  différentianf  deux  fois  de  snite,  on  dédin't  de 
1.1,  pour  £  — -^  ou  M, 

M  =  ^(/-  2X)   +   2«(/-   3x). 

»  Cette  formule  ne  fournit  pas  le  moment  flécliissant  en  un  point  quel- 
conque de  la  travée,  puisqu'elle  contient  l'indélerininée  a;  mais,  pour  le 

point  parlicidicr  .r  =  ^i  cette  indéterminée  disparaît,  et  l'on  a 


[d)  M  =  '-^ 


36' 


(  75-^  ) 
résultat  remarquable  en  co  qu'il  est  indépendant  de  la  solidarité  entre  la 
première  travée  et  les  antres. 

»  On  connaît  donc  ici  le  moment  fléchissant  :  i°  à  rexiiémilé  librement 
appuyée  ;  2"  au  tiers  de  la  longueur  de  la  travée  encastrée,  compté  à  |iar- 
tir  du  point  d'encastrement,  et,  par  suite,  on  peut  appliquer  la  méthode 
indiquée  au  §  2. 

))  3°  Poutre  encaslréc  à  ses  deux  extrémités.  —  La  formule  (c/)  fait  con- 
naître le  moment  fléchissant  au  tiers  de  la  longueur  de  chacune  des  deux 
travées  extrêmes,  compté  à  partir  du  point  d'encastrement;  la  même  mé- 
thode est  donc  applicable. 

»  On  voit  que,  par  cette  méthode,  tout  le  problème  est  ramené  à  la  résolu- 
tion d'un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  fois  de  deux  équations  seulement  du 
premier  degré  à  deux  inconnues,  à  savoir,  les  équations  (a)  et  (/;).  Donc,  pour 
résoudre  le  problème  graphiquement,  il  suffit  de  savoir  construire  ces  deux 
équations,  ce  qui  ne  peut  évidemment  offrir  aucune  difficulté;  l'équa- 
tion [a),  où  il  s'agit  de  déterminer  t',  ti  étant  donné,  exige  simplement  la 
construction  de  deux   troisièmes  pioportionnelles,  l'une  pour  trouver  la 

1.  n'  .  Il  .  b-         , 

ligne  —5  connaissant  a  et  u,  1  antre  pour  trouver  i',  connaissant  —  et  o. 

»  Ayant  t',  il  reste  à  construire  l'équation  du  premier  degré  (h)  à  une 
seule  inconnue  M,,,  c'est-à-dire  à  effectuer  une  des  opérations  graphiques 
les  plus  simples.  » 

ALGÈBFiE.  —  Sur  l'équation  du  cinquième  deyré.  Note  de  M.  Briosciii. 

«  M.  Hermite,  dans  son  important  travail  Sur  l'équation  du  cinquième 
degré  (Paris,  Gauthier-Villars,  1866),  a  considéré  cerlaines  expressions  des 
racines  oc,,,  jc,,  oc^,  X3,  x^  d'une  équation  du  cinquième  degré  qu'il  dé- 
signe par  Fv,  G,;,  Hv  Ces  quantités,  qui  ont  une  grande  importance  dans 
les  recherches  de  M.  Hermite,  sont  les  suivantes  : 

F  =  (oi)(o4)(32)+(o2)(o3)(i4), 
G=.(oi)(o2)(43)-+-(o3)(o4)(ia), 
H=(oi)(o3)(42)  +  (oa)(o4)(3i), 

en  posant  [rs)  ^n  x^  —  x^.  On  représente  par  F.,,  G,,,  11,^  ce  que  deviennent 
respectivement  ces  quantités,  en  ajoutant  aux  indic  s  des  racines,  pris  sui- 
vant le  module  5,  le  nombre  v. 

»   M.  Hermite  a  étudié  dans  son  Mémoire  les  fonctions  qui  résultent  de 


(  754  ) 
la  multiplication   des  quantités  F  ou  des  quantités  H;  relativement  à  l'ex- 
pression 

W  =  «f,GG,  G,  G,  G,, 

il  a  énoncé  (page  71)  une  propriété  très-remarquabh^  ;  mais  il  a  déclaré  en 
même  temps  ajourner  l'étude  de  cette  nouvelle  espèce  de  fonctions. 
1)   Si  l'on  désigne  par  u  l'expression 

/.  =  «=(o.j(i2)(23)(34)(4o)  =  r7,^(oia34), 

la  propriété  remarquée  par  M.  Hermite  peut  s'énoncer  de  la  manière  sni 
vante.  Si,  en  prenant  comme  point  de  départ  l'expression 

puW  -h  qii, 

on  forme  l'équation  du  sixième  degré  qui  a  le  mémegroupe  que  l'équation 
du  multiplicateur  dans  la  transformation  des  fonctions  elliptiques,  équa - 
tion  à  laquelle,  comme  il  est  connu,  on  peut  donner  la  forme 

(1)   {z  —  n'f  —  4a{z  —  ay  -h  loh  {z  —  ny  —  l\c{z  —  a)  -\-  5b-  —  ^irtc  —  o; 

le  coefficient  a  qui  est  du  second  degré  relativement  aux  indéterminées  p, 
q  ne  contient  pas  le  terme  en  pq. 

))  On  peut  démontrer  que  cette  propriété  est  susceptible  d'une  grande 
extension,  parce  qu'à  chaque  fonction  y'z  des  racines  jr„î  ■^n -^ij-^^si-^'i  q"i 
a  la  propriété  d'être  racine  d'une  équation  de  la  forme  (i),  correspondent 
deux,  et  seulement  deux,  fonctions  des  racines  Xo,  x,,..  ,  a:,,  qui  ont  la 
propriété  signalée  par  M.  Hermite.  En  effet,  en  indiquant  par  f{z)  le  pre- 
mier membre  de  l'équation  (i),  on  a,  pour  une  racine  quelconque  z, 

r,/      ■    dz  <lf  ,fi      \   dz  <lf 

fi'-^7r,  +  i  =  ^^   /(^)*  +  f  =  «5 

I  1         A  d/      df  ,  1  1  '      o 

par  conséquent  les  polynômes  -~i  —étant  des  degrés  o,  i  en  r-,  on  aura 

(^)  SS  =  "'     Sï^°' 

la  notation  2£  s'étendant  aux  racines  de  l'équation  y  (z)  =  0.  Or  on  sait 
que,  si  la  fonction  \/z  a  la  propriété  indiquée  plus  haut,  la  même  propriété  a 
lieu  relativement  à  ses  dérivées  prises  par  rapport  aux  coefficients  <t,  h.  c; 
on  sait  de  plus  qu'entre  \z  et  ces  dérivées  existe  une  relation  linéaire  et  que 
toute  fonction  entière  de  \z  qui  jouit  de  cette  propriété  peut  s'exprimer 
en  fonction  linéaire  des  dérivées  de  \/z  par  rapport  aux  coefficients  «,  ft,  c. 


(  7^5  ) 
En  consi-quciice,  si  1  on  considère  l'expression 

on  aura  une  équation  en  Z  de  la  forme  (i),  qni  sera  la  plus  générale  de 
celte  espèce  ;  mais,  en  désignant  par  A,  B,  C  les  coefficients  de  cette  équa- 
tion, on  aura  évidennnent 


ioA=.o..;;^+V=S(ï)'+'-^S('-^)' 

yd  yz  d  Jz  V     /~  '^  \i^  V     '" 


et,  à  cause  des  relations  (2),  les  coefficients  de  pq,  pr  sont  égaux  à  zéro, 
c'est-à-dire   que   l'expression   de  A    ne  contient  pas  les   termes  en  pq  et 

en  pr.  Les  quantités  ^—-^, —^  sont  par   conséquent    de    la    même  espèce 

que  la  fonction  uW  considérée  par  M.  Hermite  et  sont  les  seules  qui  pour 
chaque  fonction  \jz  puissent  exister. 

M  Cela  posé, je  vais  déterminer  quelle  est  la  relation  entre  la  quantité  z/W 
considérée  par  M.  Hermite  et  les  deux  dérivées  d'une  certaine  fonction  y'z 
qui  ont  la  même  propriété. 

»   Soit 
(3)  (rt„,  a,  a,,  a,,  a-,,  a,){.T,  1)^  =  0 

l'équation  du  cinquième  degré  dont  les  racines  sont   x^,  .r,,  ..,a",,.  En 
posant 

a,  =       ^0^5  —  3rt,rt.,  -t-  artort;, , 
«2  =  2(a,  ^5  —  ^a.,a,,  +  Srt,), 

—  2^0  =  ao«2  —  2rt,ai  +  rtofZo.      —  2/3,  =  rtiao  —  2a. a,  -+-  a^u^, 

—  1^-2  =  rtotto  —  art;,  a,  +  a.;a,„      —  2j3.,  =  r/ja.j  —  2rto«i  +  rt^a^, 

enfin 

on  a,  pour  les  invariants  des  degrés  quatrième,  huitième,  douzième  de  la 
forme  (3),  les  valeurs  suivantes: 

h  ._-  5'{u,oc.,  -  c/.'i).     i  =  Ô5^(a„7,  -  2a,  7,  +  ^,7*),     /  ^  5'-(7„7.  -  7;), 
et,  en  indiquant  par  0  le  produit  des  dillèrences  des  racines  nndtiplié  par 


(  l^G  ) 


al,  on  a 


5'^==  /?»-  (28/. 

Or  j'ai  démontré  dans  ma  Noie  du  25  novembre  i858,  snr  la  méthode  de 
M.  Kronecker,  qu'en  désignant  par  u  la  fonction  des  racines  o^o,  jr,,a-j,... 

qui  se  déduit  de  u  par  la  substitution  (  ^  j(mod.  5),  l'expression 

où  fx)  =  o(v  5  ~  0»  doiuie  pour  z  six  valeurs  qui  sont  racines  d'une  équa- 
tion de  la  forme  (i).  I>es  valeurs  des  coefficients  a,  b,  c  sont  dans  ce  cas 

ainsi  les  coefficients  rt,  6,  c  sont  des  fonctions  des  invariants  //,  5,  y, 
et  ce  dernier  n'entre  que  dans  les  valeurs  de  h  et  de  c.  Par  conséquent 

l'expression  -p  sera  une  fonction  linéaire  de  -rr-'  -7-  et  aura  la  propriété 

de  la  fonction  correspondante  qu'on  déduit  de  la  quantité  m  W  de  M.  Her- 
mile.  J'ajoute  que  les  deux  fonctions  ne  diffèrent  que  d'une  constante,  ce 
que  je  vais  démontrer. 

»  Dans  ce  but,  je  dois  par  avance  exposer  ici  certains  résultats  qui  ap- 
partiennent à  la  théorie  des  formes  binaires,  sur  lesquelles  je  reviendrai 
dans  une  autre  occasion.  Pour  le  moment  je  me  borne  à  énoncer  qu'en 
désignant  par 

H  =  ■//„,  //,,-••,  I>,){J'-,  ij° 

lecovariant  hessien  de  la  forme  binaire  (3),  et  en  indiquant  par  M,  N  les 
symboles  d'opération 

M  =  /?„—+  //,  —  -I-...  -4-  //j  -p  , 

ita„  (tel,  (ta., 

on  a  les  résultats  suivants  : 

M(/i)  =  8.5^'/^„      M(5)  =  o,     M(y)  =  ^(7//o- SS/io), 

N(/0  =  8.5V,,      N(&)  =  o,     N(/j  =  |(7//. -5^/^), 


(  757  ) 
dans  lesquels  les  expressions 

/(,  =  «o/îo  —  2«,/3|    -+-«(,(5.,,       /,  =  «2/3,  —  aa, /3_,    -\- (/.^,[i,, 
"h  =  Po/^  -  2,?,/„/,  +  fi,  Il      m,  =  ^jJ-\  -  i^.,lj,  A~  PJI 

sont  les  coefficients  des  deux  covariants  du  cinquième  et  du  treizième  de- 
gré de  la  forme  binaire  (3). 

»  Cela  posé,  en  indiquant  par  y(x)  le  premier  membre  de  l'équation  (3) 
on  démontre  bien  facilement  que,  pour  une  racine  quelconque Xo,  j^,  ,..., 
on  a 

(A,,  h,,...,  /<J(.r,  i)^=       ^,^'{x)[xrf(x)-So'{x)], 

et  en  conséquence,  pour  une  racine  de  l'équation  (p{x),  on  a 

M(.r)  =  Yij[n^x^  -+-  3a,  .r-  +  3r/o.r  +  «3), 

JS(jr)  =-  Y^(rti, x*  +  5rt,  x'  +  gaaX-  -h  'ja^x  -+■  2aj,).  » 

ANALYSE.  —  Classification  des  intégrales  cubatrices  des  volumes  terminés  par  des 
surfaces  algébriques.  Définition  géométrique  des  surfaces  capables  de  cubature 
algébrique.  Mémoire  de  M.  BIax.  Marie.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Hermite,  Bonnet,  Puiseux.) 

«  Ne  pouvant  aborder  dans  cet  extrait  toutes  les  questions  traitées  dans 
mon  Mémoire,  je  me  bornerai  au  point  le  plus  saillant. 

»  Pour  qu'une  surlace  algébrique  puisse  être  cubée  algébriquement,  il 
faut  évidemment  que  toutes  ses  sections  planes  soient  quarrables  algébri- 
quement. Or,  pour  qu'une  courbe  algébrique  de  degré  m  soit  quarrable 

1      '  U     •  .         ■\      r  1  >  (  /"  —   I  )   (  '"  —  2  ) 

algébriquement,  il   faut  que  cette  courbe  présente  ^ '— pouits 

doubles,  ce  qui  résulte  des  travaux  de  M.  Clebsch,  et  que  toutes  ses  asym- 
ptotes la  coupent  chacune  en  trois  points  situés  à  l'infini,  ce  que  j'ai  éta- 
bli clans  mon  Mémoire  intitulé  :  Classification  des  intégrales  quadralrices  de^ 
courbes  algébriques. 

T.  1  ■  1  1  >  r  ■  (">  —    '  )  (  '"  —  -  ) 

»   Pour  que  toutes  les  sections  planes  a  une  surrace  aient 

points  doubles,  il  faut  que  cette  surface  présente  une  ligne  double  de  degré 

C.  R.,    iS-,r>,   i'-'  Sc-me'ire.  {H.\\\,  \^"  li.)  9^ 


{  758  ) 

(ot  —  l)(ffj  —  2)       _,  ...  ,  .  ,  , 

•  Cette  condition  s  exprimera  par  des  équations  en  quanti- 
tés finies  que  l'on  sait  former. 

>)  Quant  aux  autres  conditions,  elles  s'expriment  par  des  équations  aux 
différences  partielles  du  second  ordre  dont  il  s'agissait  d'obtenir  les  inté- 
grales générales,  ce  à  quoi  je  suis  parvenu,  ce  qui  me  permet  de  formuler 
le  type  le  plus  général  des  équations  des  surfaces  algébriques  capables  de 
cubalure  algébrique. 

»   Soient 
(A)  (p  [x,  y,  s)  4-  (]>  (:r,  ;-,  z)  +  i[x,  y,  z)  +  .  .  .  =o 

l'équation  la  plus  générale  de  degré  02,  décomposée  en  groupes  de  termes 
homogènes;    [a,  /3,   i]   une   solution    de    l'équation    <p  (.r,  j-,  z)  =  o,    et 

°  =  —  —  —  -  les  équations  d'une  asymptote  de  la  surface,  on  obtien- 
dra la  condition  qui  doit  lier  j^o  et  j"o,  en  faisant  dans  (A)  x  =  x^  +  up, 
y  =  }  0  +  /3/3,  2  =  p,  et  exprimant  que  l'équation  en  p  a  une  seconde  ra- 
cine infinie.  La  substitution  donne 

de  sorte  que  la  condition  cherchée  entre  j"o  et  1  ^  est 

(«)  ^\%^  J»  ?'?  +  '^  {'^-^  l'3.  0  =  o, 

qui  représente  une  ligue  droite. 

M  La  condition  pour  que  l'asymptote  rencontrât  la  surface  en  un  troi- 
sième point  situé  à  l'infini  serait 

[a]     xl  9I,  +-jl  9".+  2X„j„  '^+  2.r„  '];',  4-  ly,']/.  +  iy^  (a,  /3,  i)  --=  o, 

d'où  l'on  voit  que,  parmi  les  asymptotes  parallèles  à  ini  rayon  infini,  il  y 
en  aura  généralement  deux  qui  rencontreront  la  surface  en  trois  points  si- 
tués à  l'infini. 

»  On  exprimera  que  toutes  les  asymptotes  remplissent  cette  nouvelle 
condition  en  éliminant  a\,  entre  (a)  et  (/;)  et  annulant  les  trois  termes  de 
l'équation  du  second  degré  en  ^^i,  qu'on  aura  obtenus.  On  trouve  ainsi 

(  B)  ©',  9';  -f-  o\,il  —  2  f%  '/„  9;  =  o, 

(C)  [9:.. 9;  -  9:,9l  ]  ij^ (a,  (3,  1)  -  f,  yl  9;  +  1;  (p'^  =  o, 


(  759  ) 
Ce  sont  ces  trois  équations  qu'il  s'agit  d'intégrer.  Or  la  première,  qui  se 
rapporte  exclusivement  à  la  fonction  (f,  exprime  que  le  cône  lieu  des 
rayons  infinis  menés  de  l'origine  est  un  système  de  ni  phns.  En  effet, 
l'équation  de  ce  cône  est  (j)[-t,j-,  z)  r=  o,  de  sorte  que  ^(x,  ;■,  i)  =^  o  est 
l'équation  de  la  section  de  ce  cône  par  le  planz=  i.  Or,  pour  exprimer 

que  cette  section  est  composée  de  droites,  il  faudrait  exprimer  que  -^  est 

nul  en  un  quelconque  de  ses  points  :  c'est  ce  qu'exprime  l'équation  (B). 
En  effet,  l'équation  f  {x,  j,  \)  =  o  donne  d'abord 

,   dr 
et  ensuite 

qui  se  réduit  à  l'équation  (B)  quand  on  remplace -j-  par  sa  valeur. 

»  Par  conséquent,  la  fonction  155  doit  être  le  produit  de  m  facteurs  li- 
néaires et  homogènes  en  Jc,j-,  z. 

))  En  second  lieu,  l'équation  (C)  exprime  que  toutes  les  asymptotes  sont 
effectivement  contenues  dans  m  plans.  En  effet,  toutes  les  asymptotes  infi- 
niment peu  inclinées  les  unes  sur  les  autres  sont  déjà  parallèles  à  un  uiéme 
plan,  car  une  asymptote  variable  de  direction  d'une  manière  continuenet 
saurait  en  tout  cas  changer  de  plan  directeur  qu'en  prenant  momentané- 
ment la  direction  de  l'intersection  de  son  ancien  plan  directeur  avec  l'un 
des  [m  —  1)  autres,  de  sorte  que,  si  la  trace  sur  le  plan  desjc/du  plan  lieu 
des  asymptotes  parallèles  à  la  direction  [a,  |3,  i]  ne  change  pas  quand  on 
fait  varier  infiniment  peu  a  et  |3,  toutes  les  asymptotes  parallèles  à  un 
même  plan  directeur  seront  elles-mêmes  dans  un  même  plan.  Or  c'est  pré- 
cisément l'invariabilité  de  cette  trace 

{a)  JCf[  -hjf\  +4;(a,  p,  1)  =  0 

qu'exprime  l'équation  (C).  En  effet,  si  l'on  fait  croître  a  de  da  et  p  de  d^ 
dans  l'équation  de  cette  droite,  elle  devient 

■ar  (?'.  +  9I.  'Ix  -+-  flf  r/p  )  4-  j  (  ^;  -f-  f^,  c/p  4-  (pl^  (lu) 
-^  (];(«,  /3,  i)  +  f„  (la  -+-  (};  d^  =  o, 

et  si  l'on  veut  exprimer  que  les  deux  droites  coïncident,  il  faudra  exprimer 
que  les  accroissements  des  coefficients  sont  proportionnels  aux  anciennes 

98.. 


(  76o) 
valeurs  de  ces  coefficients.  On  trouve  ainsi 


OU,  en  remplaçant-^  par r  > 


du. 


i'  I  '  I  '      Ta 


c'est-à-dire  précisément  les  équations  (B)  et  (C). 

M  Quant  à  l'équation  (D),  il  est  inutile  d'en  chercher  la  traduction,  puis- 
qu'elle exprime  que  chacune  des  asymptotes  coupe  la  surface  en  un  troi- 
sième point  silué  à  l'infini  :  elle  doit  exprimer  que  chacun  des  m  plans 
asymptotes  coupe  la  surface  suivant  une  courbe  de  degré  [m  —  3)  seule- 
ment. 

»  L'équation  d'une  surface  capable  de  cubature  algébrique  doit  donc 
rentrer  dans  le  type 

X  [h,nX  +  B,„j  +  C,„i  -4-  !),„)  -f-  <!)„,_,  (x,  j,  z)  =  o, 

•l'm-s  désignant  un  polynôme  complet  de  degré  (m  —  3). 

»  Mais  ces  conditions,  jointes  à  celles  qui  découleraient  de  ce  que  la  sur- 
face doit  présenter  une  ligne  double  de  degré  ~ 1  ne  suffiraient 

pas  encore,  parce  que  les  sections  par  des  plans  parallèles  aux  m  olans 
asymptotes  n'étant  plus  que  du  degré  (m  —  i),  leurs  asymptotes  ne  les 
couperaient  qu'en  deux  points  à  l'infini.  La  condition  complémentaire  à 
introduire  montre  que  les  m  plans  asymptotes  ne  sauraient  être  quel- 
conques les  uns  par  rapport  aux  autres. 

))  En  appliquant  la  méthode  aux  surfaces  du  troisième  ordre,  on  trouve 
que,  en  dehors  des  surfaces  qui  auraient  partie  de  leurs  plans  asymptotes  à 
l'infini,  les  seules  qui  soient  capables  de  cubature  algébrique  sont  les  cy- 
lindres à  base  de  foluun  et  à  base  de  trèfle, 


conjugués  l'un  de  l'autre.  » 


3  m 


(  7«'   ) 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  la  théorie  des  procédés  d'aimantation; 
par  M.  J.-HI.  Gaugain. 

«  Les  procédés  d'aimantation,  connus  sous  le  nom  de  métltodes  de  la 
simple  et  de  la  double  touche,  se  trouvent  décrits  dans  tous  les  Traités  de 
Physique,  mais  généralement  on  les  présente  comme  des  procédés  pure- 
ment empiriques  et  je  ne  crois  pas  qu'on  ait  cherché  à  se  rendre  compte 
des  circonstances  qui  concourent  k  leur  efficacité  ;  j'ai  pensé  que  je  pour- 
rais venir  à  bout  d'analyser  ces  circonstances,  en  me  servant  de  la  méthode 
des  courants  de  désaimantation  que  j'ai  employée  dans  toutes  mes  re- 
cherches antérieures,  et  je  vais  indiquer  les  résultats  auxquels  je  suis 
arrivé. 

»  Le  procédé  de  la  simple  touche,  dont  je  m'occuperai  d'abord,  con- 
siste à  frotter  un  certain  nombre  de  fois  le  barreau  que  l'on  veut  aimanter 
avec  le  même  pôle  d'un  aimant  que  l'on  fait  mouvoir  toujours  dans  le 
même  sens.  Pour  me  rendre  compte  de  l'effet  que  doit  produire  une  telle 
friction,  il  m'a  paru  nécessaire  de  recliercher  avant  tout  quelle  est  la  dis- 
tribution du  magnétisme  dans  un  barreau  qui  a  été  mis  simplement  en  con- 
tact par  un  de  ses  points  avec  le  pôle  d'un  aimant  :  cette  distribution  varie, 
d'abord  avec  la  position  du  point  de  contact  et  ensuite  avec  l'angle  que  for- 
ment entre  eux  l'aimant  et  le  barreau. 

))  Supposons,  en  premier  lieu,  que  l'aimant  et  le  barreau  AB  soient  pla- 
cés sur  la  même  ligne  dans  le  prolongement  l'un  de  l'autre,  et  que  le  con- 
tact ait  lieu  entre  l'extrémité  A  du  barreau  et  l'une  des  faces  polaires.  Dans 
ce  cas  le  courant  de  désaimantation  va  en  diminuant  lorsqu'on  s'avance 
de  Avers  B;  sa  valeur  maxima  correspond,  sinon  au  point  de  contact 
même  du  barreau  et  de  l'aimant,  du  moins  à  un  point  très-voisin  de  ce 
contact.  Lorsque  l'aimant  est  mis  de  côté,  le  barreau  conserve  une  portion 
de  son  magnétisme,  mais  la  distribution  de  ce  magnétisme  n'est  plus  tout  à 
fait  celle  que  je  viens  d'indiquer;  à  partir  de  l'extrémité  A,  le  courant  de  dés- 
aimantation va  en  augmentant  d'abord  jusqu'à  une  certaine  limite,  puis  il 
décroît.  La  distance  de  l'extrémité  A  au  point  M,  qui  correspond  à  la  va- 
leur maxima  du  courant  de  désaimantation,  varie  dans  le  même  sens  que 
cette  valeur,  et  celle-ci  dépend  de  la  longueur  et  de  la  trempe  du  bar- 
reau. 

»  Dans  une  série  d'expériences  j'ai  comparé  quatre  barreaux  d'acier 
fondu  deSheffield,  de  lo  millimètres  de  diamètre,  dont  les  longueurs  res- 
pectives étaient  Zji,  91,  191  et  347  millimètres;  ces  barreaux  ayant  reçu  la 


(  76^  ) 
même  trempe  (une  trempe  aussi  dure  que  possible)  ont  été  aimantés  de  la 
même  manière,  c'est-à-dire  en  mettant  l'une  de  leurs  extrémités  en  contact 
avec  le  même  pôle  d'un  même  aimant;  puis  j'ai  tracé  leurs  courbes  de  dés- 
aimantation, et  j'ai  trouvé  que  les  valeurs  maxima  du  courant  de  désai- 
mantation étaient  : 

Pour  le  barreau  de    4i""° 3,6 

9' 7.5 

»  191 9,0 

347 7,0 

u  J'ai  répété  les  mêmes  expériences  après  avoir  recuit  les  barreaux  au 
rouge  naissant,  et  j'ai  trouvé  que  les  valeurs  maxima  du  courant  de  désai- 
mantation étaient  alors  : 

Pour  le  barreau  de    4'""' 3,5 

»                  91 11,5 

•                 191 21,0 

»                347 20,0 

»  On  voit  que  l'aimantation  maxima  croît  avec  la  longueur  du  barreau, 
jusqu'à  une  certaine  limite,  et  que  cette  limite  est  plus  élevée  pour  les 
barreaux  recuits  que  pour  les  barreaux  trempés;  on  peut  remarquer  aussi 
que  l'influence  du  recuit  est  beaucoup  plus  considérable  dans  le  cas  des 
barreaux  longs  que  dans  celui  des  barreaux  courts.  Tandis  que  l'aimanta- 
tion maxima  du  barreau  de  /\i  millimètres  n'a  point  été  sensiblement  mo- 
difiée par  le  recuit,  celle  du  barreau  de  gt  millimètres  a  été  augmentée 
de  5o  pour  100,  celle  du  barreau  de  191  millimètres  a  été  doublée  et  au 
delà,  et  enfin  celle  du  barreau  de  347  millimètres  a  été  presque  triplée. 

))  Tous  ces  résultats  me  paraissent  se  rattacher  a  un  principe  que  j'ai 
indiqué  dans  ma  Note  du  7  septembre  1874»  '1°  75,  et  qui  consiste  en  ce 
que  les  tranches  successives  d'un  barreau  réagissent  les  unes  sur  les  autres 
de  la  même  manière  qu'une  armature  réagit  sur  le  barreau  contre  les  pôles 
duquel  elle  est  appliquée.  Bien  qu'on  ne  connaisse  pas  la  loi  de  cette  réac- 
tion, on  conçoit  bien  qu'elle  doit  augmenter  entre  certaines  limites  avec  le 
nombre  des  tranches  entre  lesquelles  elle  s'exerce  et  qu'elle  doit  augmenter 
aussi  quand  la  force  coercitive  de  l'acier  diminue. 

»  Maintenant  supposons  que  l'aimant  soit  placé  perpendiculairement 
au  barreau,  et  admettons  d'abord  qu'il  le  touche  en  son  point  milieu. 
Dans  ce  cas  la  courbe  qui  représente  la  distribution  du  magnétisme  per- 
manent dans  le  barreau  d'acier  après  l'éloiguement  de  l'aimant  est  tout  à 


(  7C3  ) 
fait  de  même  forme  que  celle  qui  représente  la  distribution  du  magnétisme 
temporaire  dans  un  barreau  d'acier  ou  de  fer  doux  soumis  à  l'influence 
actuelle  d'un  aimant.  Pour  donner  une  idée  de  la  forme  de  cette  courbe, 
j'indique  dans  le  tableau  suivant  quelques-uns  des  nombres  obtenus  dans 
une  série  d'expériences;  les  ordonnées  ^  sont  les  courants  de  désaiman- 
tation correspondant  aux  divers  points  du  barreau,  les  abscisses  x  sont  les 
dislances  de  ces  points  au  point  milieu  ;  elles  sont  considérées  comme  po- 
sitives à  droite  du  point  milieu  et  comme  négatives  à  gauche. 

X  y 


X 

y 

o 

0 

-r-   20 

+  3,5 

-\'      40 

-1-  5,0 

H-   ()0 

~v   5,5 

-1-   80 

-1-  4,0 

-1-  100 

H-  3,5 

—  20 

—  3,2 

-  40 

-  4-'- 

-  60 

~   4,8 

—  20 

-  4,-^ 

—  100 

-  4,0 

»  La  courbe,  comme  ou  le  voit,  coupe  l'axe  des  x  à  l'origine  des  coor- 
données et  se  compose  de  deux  branches  à  peu  près  symétriques,  l'une 
positive,  l'autre  négative. 

1)  Lorsque  l'aimant,  restant  toujours  perpendiculaire  au  barreau  AB,  le 
partage  en  deux  parties  inégales,  de  manière,  par  exeuiple,  que  la  partie 
droite  MB  soit  la  plus  courte,  le  point  d'intersection  de  la  courbe  et  de 
l'axe  des  x,  c'est-à-dire  le  point  d'aimantation  nulle  ne  coïncide  plus  avec 
le  point  de  contact  M;  il  se  trouve  rejeté  à  droite  de  ce  point;  l'aimanta- 
tion négative  envahit  graduellement  la  partie  la  plus  courte  du  barreau  MB 
à  mesure  que  celle-ci  dimiiuie  de  longueur,  de  telle  sorte  que,  quand  cette 
longueur  se  trouve  réduite  à  5  ou  6  centimètres,  l'aimantation  est  néga- 
tive dans  toute  l'étendue  du  barreau. 

»  Il  y  a  dans  ce  résultat  quelque  chose  d'assez  remarquable  ;  car,  si  au 
lieu  de  considérer  le  magnétisme  permanent  on  considère  le  magnélisme 
temporaire,  on  trouve  que  la  courbe  qui  représente  ce  dernier  magnétisme 
ne  se  modifie  pas,  quand  on  déplace  le  point  de  contact,  de  la  même 
manière  que  la  courbe  qui  appartient  au  magnétisme  permanent.  Lorsque 
le  point  de  contact  de  l'aimant  et  du  barreau  se  trouve  à  5  ou  6  centimètres 
de  l'extrémité  droite,  le  point  où  la  courbe  du  magnélisme  temporaire 
coupe  l'axe  des  x  se  trouve  bien  un  peu  rejeté  à  droite,  mais  de  quelques 
millimètres  seulement,  et  la  courbe  reste  formée  de  deux  branches,  l'une 
positive,  l'autre  négative.  Or  nous  venons  de  voir  que,  dans  les  conditions 
indiquées,  la  courbe  du  magnétisme  permanent  ne  se  compose  plus  que 


(  764  ) 
il'une  seule  branche  et  qu'elle  est  toute  négative  ;  il  résulte  de  là  que  pour 
certains  points  du  barreau  l'aimantation  permanente  est  négative  quand 
l'aimantation  temporaire  est  positive,  ce  qui  veut  dire  que  l'aimant  déve- 
loppe, lorsqu'il  est  présent,  une  aimantation  positive  en  certains  points  du 
barreau  d'acier  et  que,  quand  on  l'éloigné,  il  laisseces  mêmes  points  aimantés 
négativement  d'une  manière  permanente. 

»  Ce  fait,  qui  paraît  étrange  au  premier  abord,  trouve  son  explication 
dans  le  principe  que  j'ai  rappelé  tout  à  l'heure.  Lorsque  le  point  de  contact 
M  est  au  milieu  du  barreau,  la  réaction  mutuelle  des  deux  parties  MB  et 
MA  a  pour  effet  de  diminuer  plus  ou  moins  l'aimantation  de  chacune  de  ces 
parties  dans  le  voisinage  du  point  M;  mais  la  courbe  du  magnétisme  reste 
symétrique  ;  quand  au  contraire  le  point  de  contact  M  partage  le  barreau 
en  deux  parties  inégales,  la  plus  longue  est  la  plus  fortement  aimantée,  et  sa 
réaction  devient  prédominante:  le  point  d'aimantation  nulle  se  trouve 
déplacé  et  rejeté  du  côté  de  la  branche  la  plus  courte.  Les  choses  se  passent 
absolument  comme  dans  le  cas  où  l'on  réunit  deux  barreaux  aimantés  dis- 
tincts par  leurs  pôles  de  même  nom.  Si  les  deux  barreaux  sont  inégalement 
aimantés,  le  point  où  l'aimantation  du  système  est  nulle  se  trouve  rejeté  à 
une  dislance  plus  ou  moins  grande  du  point  de  contact  du  côté  du  barreau 
le  plus  faible.  « 

CHIMIE.  —  Sur  l'équilibre  moléculaire  des  solutions  d'alun  de  chrome; 
par  M.  Lecoq  de  Boisbaudran. 

«  J'aieurhonneurdecommimiquerà  l'Académie,  le  21  décembre  i8'74(0> 
les  résultats  d'expériences  sur  les  changements  spontanés  de  volume 
qui  se  manifestent  quand  on  conserve  les  solutions  verte  ou  bleu  d'ahui 
chromo-potassique.  J'avais  étudié  la  contraction  de  l'alun  vert  à  volume 
constant,  la  température  seule  variant. 

»  Les  courbes  que  je  soumets  aujourd'hui  à  l'Académie  représentent  la 
dilatation  de  la  solution  préparée  à  froid  et  la  contraction  de  la  solulion 
récemment  bouillie,  lorsqu'on  maintient  les  liqueurs  à  des  températures 
fixes.  Les  dilatations  et  contraclions  sont  exprimées  en  cent-millièmes  des 
volume. 

»  Expérience  n°  40G.  —  Dans  un  a))parLii  assez  semblable  à  un  thermomètre,  j'introduis 
une  solution  récemment  préj)arée  à  froid  et  eonlenant  :  alun  de  chrome  cristallisé,  i  partie; 


(l)  Com/Jlcs  rendus,  t.  LXXIX,  p.  \u^ç^\. 


(  765  ) 

eau,  8  parties;  puis  je  place  le  tout  dans  un  bain  maintenu  à  lo  degiés. 


Temps  écoules 
depuis  l'instant  approché 
de  la  dissolution. 
h      m 

o,35,3o.    . . . 

1 .06 

1 .25,3o  ... 

■•47 

2.  Sa 

3.38,. 


Dilatations 

en  cent-millièmes 

du  volume. 

0,3 

0,5 
0,6 
0,7 
1,0 
1,3 


Temps  écoulés 
depuis  l'instant  approché 
de  la  dissolution, 
h       III 
4.21 


5.14. 


7.53.... 

9.27 ,3o. 
10.58.... 
11.58.... 


Dilatations 

en  cent-millièmes 

du  volume. 


.,8 
2,2 

2,5 

2,7 
2,9 


a   Dans  un  second  dilatomètre,  j'introduis  une  solution  contenant  également  ;  alun  de 


chrome,  i  partie;  eau,  8  jiarlies;  mais  récemment  bouillie  pendant 
vapeurs  entraînées.  L'appareil  est  maintenu  à  11  degrés. 


Temps  écoulés 
depuis  l'instant  approché 
du  refroidissement  (1). 
h      m 
0.35 

0.45 

1.48 

2.45 


Contractions 

en  cent-millièmes 

du  volume. 

5,1 

6,3 

12,2 

"5,7 


Temps  écoulés 
depuis  l'instant  approché 
du  refroidissement, 
h     m 
4.05 

5.16 

8.16 

I I . 16 


avec  reflux  des 


Contractions 
en  cent-millièmes 
du  volume. 

20,5 

3o,  1 
35,4 


i 

■J  r  ■- 

' 

\ 

^- 

^ Aluii. 

.  dilah 

Bleu 

xio 

\ 

" 

■  C- 

3 

S 
S 

3 
3    ) 

s., 
§ 

s 

/ 

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P. 

f  5  - 

P 

^ 

l^ 

"  ■ 

AKm 

Bleu 

Temps    e 

n  'he 

ures 

\ 

\ 

1 

§ 

\ 

\ 

j  "\^ 

A      J    __  ■ 

1. 

25    — . 

"  i    ^^  i 

i    . 

^0 

1    '    1  T^ 

^ 

\ 

" 

;           ;      i 

"-"^^^ 

____^ 

Alun'Verl 

1           -i          7>           'î          5          G           7           3           y          10         11          12         13     -    14      1 

(i)  Afin  d'obtenir  une  dissolution  rapide,  le  sel  avait  été  pulvérisé  et  tamisé.  Le  moment 
précis  de  la  dissolution  de  la  masse  moyenne  du  sel  est  assez  difficile  à  saisir;  mais,  les  trans- 
formations étant  relativement  lentes  au  sein  des  liqueurs  étendues,  une  erreur  qui  attein- 

C.R.,  1875,  i"  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  H.)  99 


(  7^6) 

))  On  voit  que  la  contraction  de  la  solution  récemment  bouillie  est  douze 
à  treize  fois  plus  grande  que  la  dilatation  de  la  liqueur  préparée  à  froid. 
Cela  montre  que  l'équilibre  moléculaire  propre  à  la  température  de  l'ex- 
périence est  beaucoup  plus  éloigné  de  celui  qui  existe  pendant  l'ébullition 
que  de  l'état  de  choses  (irréalisable  en  fait)  pour  lequel  il  y  aurait  unique- 
ment du  sel  violet  dans  la  liqueur.  L'observation  des  changements  de  cou- 
leur avait  déjà  conduit  à  la  même  conclusion. 

»  Par  suite  de  la  disjiosilion  spéciale  des  appareils,  la  solution  faite  à 
froid  a  dû  être  maintenue  à  i  o  degrés  au  lieu  de  1 1 .  Ce  léger  écart  de  tem- 
pérature n'a  pu  modifier  qu'insensiblement  les  dilatations  assez  faibles 
qui  ont  été  observées,  et  l'on  peut,  sans  erreur  appréciable,  comparer  la 
courbe  relative  à  l'ahin  bleu  avec  celle  qui  se  rapporte  à  l'alun  vert,  comme 
si  les  deux  tracés  avaient  été  obtenus  à  la  même  température. 

»  La  forme  de  la  courbe  donnée  par  la  solution  bleue  se  dessine  plus 
nettement  si  l'on  en  multiplie  les  ordonnées  par  dix.  Malgré  les  irrégularités 
provenant  de  la  petitesse  des  quantités  observées,  il  est  visible  que  la  di- 
latation de  l'alun  bleu  suit  une  marche  analogue  à  celle  de  la  contraction 
de  l'alun  vert. 

»  Je  ne  considère  point  les  nombres  donnés  ci-dessus  comme  étant 
d'une  exactitude  tellement  rigoureuse,  qu'on  les  doive  définitivement  adop- 
ter ;  je  pense  néanmoins  qu'ils  s'éloignent  peu  de  la  vérité,  et  surtout  qu'ils 
sont  très-sensiblement  proportionnels  entre  eux.   » 

THERMOCHIMIE.  —  Sur  la  délerminalion  despoints  d'ébullition  des  dérivés  chlorés 
du  toluène.  Note  de  M.  G.  Uinrichs,  présentée  par  M.  Berthelot. 

«  Les  dérivés  chlorés  du  toluène,  assez  nombreux  et  assez  bien  connus, 
forment  une  pierre  de  touche  de  toutes  les  lois  des  points  d'ébullition  U). 
Les  faits  observés  ne  peuvent  certainement  pas  s'exprimer  par  les  lois  de 
Kopp.  La  table  ci-dessous  donne  les  valeurs  des  points  d'ébullition,  c'est- 


drait  une  on  deux  minutes  ne  modifierait  pas  sensiblement  le  tracé  de  la  courbe.  Il  y  a 
également  une  petite  incertitude  sur  l'instant  exact  du  refroidissement  de  la  solution  verte. 
Les  portions  des  courbes  qui  correspondent  aux  premières  trente-cinq  minutes  ont  été  cal- 
culées au  moyen  de  la  variation  des  ordonnées  le  long  du  reste  des  courbes,  et  contrôlées 
par  comparaison  avec  le  tracé  obtenu  dans  une  autre  expciience,  où  peu  de  minutes  seule- 
ment s'étaient  écoulées  entre  l'origine  des  temps  et  la  première  observation.  Il  ne  peut  donc 
avoir  de  ce  cbef  que  des  erreurs  insignifiantes. 


(  7^7  ) 
à-dire  des  valeurs  de  t  observées  (*),  m  étant  le  nombre  d'atomes  de  chlore 
substitués  dans  le  phényle  G^H%  et  n  le  nombre  d'atomes  de  chlore  sub- 
stitués dans  le  méthyle   €H%  d'après   la   formule   théorique  du   toluène 


n 

=  0 

1 

2 

3 

0 

1 1 1 

176 

205 

2l4 

1 

.57* 

2l4 

234* 

245^ 

2 

196 

24. 

257 

273 

3 

235 

273 

281 

3o8 

k 

271 

296 

3o6 

3i6 

5 

ÛOl 

326 

334 

? 

.Af, 

=  ',nn- 

3 

^'.  =  ',„. 

1 

2 

65 

94 

io3 

0 

57 

77 

88 

56 

45 

61 

77 

85 

38 

46 

73 

124 

25 

35 

45 

160 

25 

33 

? 

190 

»  L'étoile  indique  les  para-dérivés  des  isomères  de  même  composition  mn. 
D'après  un  principe  de  ma  Mécanique  moléculaire  (**),  le  point  d'ébuUi- 
tion  t  est  fonction  F  du  moment  d'inertie  maximum  1  de  la  molécule 

(i)  /-F(i); 

donc 

(2)  A^  =  «AI-/3(AI/  +  ..., 

où  a  et  p  sont  les  valeurs  numériques  des  fonctions  dérivées  de  (i)  pour 
des  valeurs  données  de  I. 

M  Pour  une  première  ajjproximation,  négligeons  |3  ;  alors  la  benzine, 
/  =  81°,  et  le  toluène,  f  =  11 1°;  d'où  résulte  Ai  =  So".  Ces  chiffres  suf- 
firont pour  déterminer  a;  car  la  formule  (7)  de  la  Note  précédente  donne 
AI  =:  5o;  ce  qui  fait  pour  (2) 

(3)  A/  =  o,6oAI. 

»  La  valeur  de  AI  se  résout  d'après  la  formule  (8)  de  la  Note  précé- 
dente en  AI,  dépendant  de  R,  et  en  AIj  dépendant  de  r,  ou  bien 

(4)  Ai  :=  Al,  H- AI,, 
ou 

(5)  AI  =  !,„„  -  \,„o  =  cR-  (  -  rr-  4-  N,„„)  =  9,8  4-  i38N,„„, 


et 

(6)  AL  =  !,„„  —  Joo  =  ci'- m  =  69/rt. 

(*)  C.  ScHORLEMMER,  Lekrbucl)  der  Knhlenstoff-Fcrbindungen,  p.  f\nr>.;  1871. 
(**)   Principles  of  ('hciiiistry  and  molcciitnr  Afecanics,  p.    124;    ■'^74-    (Voir    Comptes 
rendus,  t.  LXXVI,  p.  1409;  1873.) 

99- 


(  768) 
»   D'après  (3)  on  aura 

où  K,„  sera  fonction  de  m  à  cause  du  deuxième  terme  de  (2);  la  valeur 
initiale  de  K  pour  m  —  o  devrait  être  0,6  x  i38  =  82°, 8.  Mais  les  con- 
slantes  théoriques  n'étant  que  des  approximations,  il  vaut  mieux  en  fixer 
les  valeurs  plus  précises  d'après  les  observations,  ce  qui  donne 

il') 

[  K,„  rrz  8  I  —  a^-^ni  -+-  2^111^. 

»  Les  erreurs,  ou  bien  les  corrections  qu'il  faut  appliquer  aux  valeurs 
calculées  d'après  (7')  pour  reproduire  les  valeurs  observées  données  ci-des- 
sus sont  très-petites,  excepté  au  cas  du  dérivé  02  : 

Valeur  (le  m,  0  1  2  3  /|  5  Corrections. 

[1 o,o  +1,8  — o,2  fi(*)  — o,6_  -t-o,8\ 

n  =  l  1 +6,5  — 0,6  —  i,o  o,o  —  1,1  —  o,8>     (leA^, 

(  3 — O)'  +o,2  +  a,o  6(*)  +0,8           ?        ) 

/„ 8i  56             4o  26             18             16 

o  —  2                o  }             o  +3            (le  ^^ 

"  La  signification  géométrique  de  la  loi  (7)  ou  (7')  est  que  les  valeurs 
de  A/| ,  prises  comme  ordonnées,  forment  sur  les  valeurs  N,„„,  prises  comme 
abscisses,  un  système  de  lignes  droites,  passant  toutes  par  le  même  point 
6  degrés  de  l'axe  des  températures  A^,  et  dont  les  tangentes  d'inclinaison 
sont  fonction  de  m.  Comme  les  valeurs  N,„„  sont  une  fonction  assez  com- 
pliquée des  poids  atomiques  exprimant  les  moments  d'inertie,  les  points 
d'ébullition  sont  fonction  simple  des  moments  d'inertie  et  non  du  poids 
moléculaire. 

B  La  formule  (6)  devient,  d'après  (3),  A/^  —  4i°,/j/«,  dont  il  faut  re- 
trancher une  valeur  Km'-  d'après  (2),  soit 

(8)  /,„„  -  /„„  =  A^r=Zi,«,4m  --  Km^ 

Les  observations  sont  rendues  très-exactement  par 

(8')  A/.,  ==  /^8°/«  -  2°m- 


(*)   Voir  ci-dcssiis. 


(  1^9  ) 
pour  m  —  o,  1,4  et  5;  pour  m  =  a  il  faut  corriger  la  valeur  calculée  de 
—  3*^  et  pour  m  =  3  de   —  2°,  quantités  assez  petites  pour  des  points 
d'ébullition  de  200  à  a/io  degrés. 


200° 


^c".    t". 

\  *     . 

V    ■', 

+     +  +• 

-f-p-t-C 

*    X        ' 

'■-  *  -/ 

rtL  :  H' 

iî       P. 
--f-.'-^—^-i-a> 


»  La  valeiu"  de  la  constante  R  peut  même  être  calculée,  si  à  la  benzine 
et  au  toluène  on  a  joint  le  mésitylène  CH'fGH'j^  qui  bout  à  iG3  degrés, 
et  dont  le  moment  d'inertie  excède  celui  de  la  benzine  de 

AI=z3(GH')R-  =  3.iJ.2-  =  i8o, 

On  trouve  alors,  par  (2), 

(3')  At  =  §Al 

d'où  (6)  donnera 

(8")  A/,  =  /,„„  -  /„„  =  46"/»  -  4,76 m-, 

formule  qui,  dans  le  calcul  de  la  valeur  des  constantes,  s'approcbe  autant 


1000 


(  77»  ) 
que  possible  de  (8')  ovi  des  faits,  vu  la  grande  difficulté  de  déterminer  la 
valeur  précise  du  petit  coefficient  j3  de  (2). 

»  Les  valeurs  différentes  des  points  d'ébullition  des  isomères  du  même 
symbole  mn  dépendent  de  x,  d'après  la  formule  (9)  de  la  Note  précé- 
dente; quand  jt  est  négatif,  le  point  d'ébullition  de  l'isomère  sera  aug- 
menté. Les  déviations  rt  =  +  5°  et  è  =  -1-  iS",  dans  la  Table  ci-dessus, 
montrent  que  les  composés  3 1  et  33  ne  sont  pas  comparables  aux  composés 
para  de  i  n,  ce  que  les  expériences  chimiques  ultérieures  devront  confirmer. 
Cette  remarque,  probablement,  est  applicable  aux  corrections  de  K„  et 

de  A*2- 

»  En  conclusion,  nous  avons  pour  tous  les  composés  mn,  dont  la  valeurs 
est  à  peu  près  la  même, 

{9)  ^,„„  = /,„+ A/,  +  AC,, 

où  too  —  I  ii°A<,  est  calculé  d'après  (7'),  et  A^,  d'après  (8'),  formules  dont 
la  forme  et  même  la  valeur  des  constantes  ont  été  déduites  des  équations  générales 
de  la  Mécanique  moléculaire,  et  dont  la  variable  caractéristique  est  le  moment 
d'inertie  maximum  des  molécules.   » 

M.  Des  Cloizeacx,  en  présentant  à  l'Académie  un  instrument  construit 
par  M.  Laurent,  sur  les  indications  de  M.  Jannetlaz,  s'exprime  ainsi  : 

«  M.  Jannettaz a  publié,  en  1874,  dans  le  tome  LXXVIII  des  Comptes  ren- 
dus,unel!io\e  sur  l'Emploi  d'un  prisme  biréfringent  pour  la  détermination  des  axes 
des  ellipses.  Cette  détermination  est  surtout  utile  lorsqu'on  veut  connaître  la 
direction  que  les  axes  des  ellipses  de  conductibilité  thermique  affectent, 
dans  les  corps  cristallisés,  par  rapport  à  une  arête  ou  un  axe  cristallogra- 
phique  situé  dans  leur  plan.  Une  des  solutions  les  plus  simples  du  pro- 
blème relatif  à  la  direction  et  à  la  longueur  relative  des  axes  des  ellipses  est 
fournie  par  la  lunette  que  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie, et  qui  a  été  construite  par  M.  Laurent,  sur  les  indications  de  M.  Jan- 
nettaz. 

1)  Le  principe  de  cette  lunette,  qui  ne  grossit  pas  plus  de  deux  fois,  re- 
pose sur  le  dédoublement  de  l'ellipse  au  moyen  d'un  prisme  biréfringent 
de  spath  d'Islande  déjà  employé  dans  certains  microscopes,  et  permettant 
de  mesurer  des  angles  plans.  Pour  une  position  quelconque  de  la  section 
principale  du  prisme,  la  droite  qui  joint  les  points  d'intersection  des  deux 
images  de  la  courbe  et  celle  qui  joint  leurs  centres  sont,  en  général,  obli- 


(  77'  ) 
ques  l'une  à  l'antre  ;  elles  deviennent  rectangulaires  quand  cette  section 
principale  est  parallèle  à  un  des  axes  de  l'ellipse. 

»  Un  fil  placé  au  foyer  de  l'oculaire  fournit  aussi  deux  images  qui  peu- 
vent se  déplacer,  à  l'aide  d'une  vis  micrométrique,  perpendiculairement  à 
la  section  principale  du  spath;  l'une  d'elles,  choisie  arbitrairement,  seit,  par 
sa  coïncidence  avec  les  deux  points  de  croisement  des  deux  images  de  la 
courbe,  à  assilrer  le  parallélisme  de  la  section  principale  avec  un  des  axes 
de  l'ellipse.  En  notant,  sur  un  cercle  divisé,  la  position  qu'un  index  y  oc- 
cupe lorsque  cette  section  principale  est  successivement  amenée  à  être  pa- 
rallèle à  un  axe  de  l'ellipse  et  à  la  ligne  cristallographique  servant  de  re- 
père, on  obtient  la  distance  angulaire  des  deux  droites. 

»  Quant  à  la  longueur  des  axes  de  l'ellipse,  elle  se  détermine,  pour  cha- 
cun d'eux,  en  amenant  d'abord  la  section  principale  du  prisme  biréfringent 
à  être  parallèle  au  fil ,  de  sorte  que  ses  deux  images  se  confondent  en  une 
seule.  Le  déplacement  de  cette  image,  parallèlement  à  la  section  principale 
et  aux  tangentes  communes  aux  deux  courbes,  donne  la  longueur  de  l'axe 
normal  à  ces  tangentes  au  moyen  de  la  rotation  de  la  vis  micrométrique  qui 
sert  à  le  produire.  » 

A  5  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  6  heures.  J.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQITE. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du    i"''  mars   i8^5. 

Statistique  des  services  de  médecine  des  hôpitaux  de  Ljon  ;  par  le  D''  Mayet, 
avec  le  concours,  pour  les  tableaux  et  les  tracés  graphiques,  de  M.  Du- 
CHAMP;  l'^année,  1872,  i^"^  fascicule.  Lyon,  H.  Georg;  Paris,  J.-B.  Dailliére, 
1874;  in-8°.  (Présenté  par  M.  Ch.  Robin  pour  le  Concours  de  Statistique, 
.875.) 

Du  point  apophysaire  dans  les  névralgies  et  de  l'irrilalion  spinale;  par  le 
D'  Armaingaud.  Paris,  A.  Delahaye,  1872;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Ch. 
Robin  pour  le  Concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1875.) 

Note  sur  îles  fouilles  faites  dans  quelques   dolmens  de  l'arrondissement  de 


(  772  ) 
Saint-Jffriqtie  [Avejron);  par  M.  E.  LalaNNE.  Exoslose  du  tibia  produite  par 
une  flèche  en  silex;  par  M.  E.  Baudrimont.  Bordeaux,  imp.  veuve  Cadoret, 
1875;  br.  in-8°. 

Notice  explicative  de  rappaieil  thermo-régulateur  de  A.  Soyez.  Paris,  typ. 
Lahure,  1874;  br.  in-8'. 

Notice  sur  le  Pliylloxera  vastalrix  ;  par  P.  TOCHON.  Chambéry,  imp,  Mé- 
nard,  iSyS;  br.  iii-8°.  (Renvoi  à  la  Commission.) 

archives  néerlandaises  des  Sciences  exactes  et  naturelles,  publiées  par  la  5o- 
ciété  hollandaise  des  Sciences  à  Harlem,  et  rédigées  par  E.-V.  von  Baumhauer  ; 
t.  IX,  liv.  4,  5.  La  Haye,  Martinus  Nijiioff,  1874;  2  liv.  in-B". 

Révision  des  espèces  insulindiennes  de  la  famille  des  Synancéoides ;  par 
P.  Bleeker.  Harlem,  les  béritiers  Loosjes,  1874;  in-4°. 

On  the  osteology  and  peculiarities  ofthe  Tasmanians,  a  race  of  man  recentlj 
become  extincti  b/J.  Barnakd-Davis.  Haarlem  ,  de  erven  Loosjes,  1874; 
in-4°. 

Montldy  Report  of  the  department  oj  Agriculture  for  january  1875.  Was- 
hington, government  printing  Office,  1874;  br.  in-8°. 

The  philoiophy  of  voice  :  shoiving  the  rigld  and  xvrong  action  of  voice  in 
speech  and  song;  by  Ch.  LuNN.  London,  Paris,  Madrid,  Baillière,  1874; 
in-i8,  carlonné, 

Technologia  rural  ou  arles  chimicas,  agricolas  e  florestaes ;  porJ.-J.  Fer- 
REIRA-Lapa.  Lisboa,  typ.  da  Academia,  1871;  2  vol.  in-8°. 

Memoria  da  Jcademia  real  das  Sciencias  de  Lisboa,  Classe  de  Sciencias  ma- 
thematicas,  physicas  e  naturaes;  nova  série,  t.  IV,  p.  H.  Lis!)oa,  typ.  da  Aca- 
demia, 1870;  in-4°. 

Curso  de  Meteoroloqia ;  por  A. -A.  DE  PiNA-YiDAL.  Lisboa,  typ.  da  Acade- 
mia, 1869;  in-S". 

Jornal  de  Sciencias  malhematicaSf  physicas  e  naluracs,  publicado  sob  os 
auspicios  da  Àcadcmia  real  das  Sciencias  de  Lisboa;  t.* III,  IV.  Lisboa,  typ. 
da  Academia,  1 871-1873;  2  vol.  in-S". 

Précis  de  Thcrmométiie  clinique  générale;  par  le  D"^  P,-F.  Da  Co.STA 
Alvarenga,  tr.idiiit  du  portugais  par  le  D""  L.  Papillaijd  (Henri-Almès). 
Lisbonne,  imp.  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  1871;  in-8°. 

(  A  suivre.  ) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  29  MARS  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Mémoire  sur  les  observations  de  température  faites  au 
Jardin  des  Plantes,  pendant  l'année  météorologique  18741  «f^ec  les  ther- 
momètres électriques,  sous  un  sol  gazonné  et  dénudé;  par  MM.  Becqcerel 
et  Ed.m.  Becquerel.  (Extrait.) 

«  On  a  commencé  à  établir  au  Jardin  des  Plantes,  depuis  i863,  des  ap- 
pareils thermo-électriques  avec  lesquels  on  observe  avec  une  grande  exac- 
titude, plusieurs  fois  par  jour,  la  température  au-dessus  du  sol,  d'une  part, 
jusqu'à  20  mètres,  et  au-dessous  jusqu'à  36  mètres,  de  5  mètres  en  5  mètres; 
et,  d'autre  part,  à  o'^.oS,  o'",io,  o™,2o,  o'",3o  et  o^jôo,  sous  un  sol  dé- 
nudé et  un  autre  semblable  couvert  de  gazon.  On  observe  en  même  temps 
les  températures  maxima  et  minima  au  nord,  dans  l'air,  et  dont  on  déduit 
les  moyennes  diurnes,  auxquelles  on  rapporte  les  autres  températures. 

»  Dans  le  Mémoire  dont  nous  ne  donnons  ici  qu'un  extrait  se  trouvent 
toutes  les  observations  faites  à  6  et  à  9  heures  du  matin  et  à  3  heures  du 
soir,  pendant  l'année  météorologique  1874,  c'est-à-dire  du  i*''  décem- 
bre 1873  au  i*^'' décembre  1874 

»  Le  tableau  I  ci-après  contient  les  températures  moyennes  des  maxima 
et  des  minima  de  l'air  au  nord; 

»  Le  tableau  II,  les  moyennes  de  t  mètre  à  36  mètres  au-dessous  du  sol 
au  bas  desquelles  se  trouvent  les  moyennes  de  1873; 

G.  R.,  1873,  i"  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  12.)  tOO 


(  774  ) 
»  Le  tableau  III,  les  températures  au-dessus  des  deux  sols,  l'un  ga- 
zonné  et  l'autre  dénudé,  à  la  même  profondeur; 

»  Le  tableau  IV,  les  différences  entre  ces  mêmes  températures. 


Tableau  I.  —    Température  de 

Thermométrographe. 


Moyennes 
Mois.  des 

maxima. 

Décembre  1873.  .  .        6,32 

Janvier  1874-  ••■        7>7*5 

Février 7  )97 

Mars 1 1  ,3i 

Avril '7  >o4 

Mai.. . 17, 1 5 

Juin 23, g5 

Juillet 27  ,94 

Août 23,43 

Septembre 21 ,65 

Octobre 16,18 

Novembre 9>44 

Moyenne. .  i5,85 


Moyennes 

des 
mininia. 

0,82 

1,57 
0,69 

3,o5 

6.97 
6,85 

12,69 

16,09 

i3,23 

12,  i5 

7,3o 

2,87 


Moyennes 

des  maxima 

et  des  niinima. 

3,57 

4,66 

4,33 

7, .8 
12,00 
12,10 
18,32 
22,01 
18,33 
16,90 

ï'>;4 

6,i5 


l'air. 

Thermomètres  h  max. 

Moyennes      Moyennes 
des  des 


7,02 


,43 


6,25  0,85 

7,81  I , 60 

8,01  0,75 

10,63  3,02 

17,38  6,85 

17,60  6,70 

24,22  12,34 

28,04  i5,6g 

23,85  12,93 

•^'^yS  "1,79 

16,67  7 1 22 

9,56  2,82 

16,00  6,88         11,44 


Moyennes 

des  max. 

et  des  min. 

3,55 

4.70 
4,38 
6,82 

12,11 

12,  i5 
18,28 
21,86 
18,39 
16,88 

ii>94 
6, 19 


Tableau  II. 


Mois.  

Dé«.  1873.  .  12,55 

Janv.    1874.  12,57 

Fév 12,60 

Mars 12,60 

Avril 12,60 

Mai 12,60 

Juin 12,60 

Juin 12,60 

Aoi'it 12,60 

Sept 12,60 

Oct 12,60 

Nov 12,60 

Moyennes  \ 

annuelles  >  12,59 
de  1874.    ) 

Moyennes  ] 

annuelles    /  i2,5i 

de  1873.    ) 


Moyennes  mensuelles. 
Profondeurs. 


Si™ 
I  2  ,5o 
12,53 

12,55 

I2,5o 
12,47 

12,45 

12,5o 
I2,5o 
12, 5o 

12,48 

12,45 
12,45 


26™ 
12,38 
12,38 

12,47 
12,52 

12,67 
12,75 

12,  75 

12,77 

12,80 
12,70 

12,5o 
12  ,42 


12,45 
12,43 

12,40 
12,40 
1 2, 33 

12,3o 


iG"» 


2  l™ 

12,47  '2,42 

12,43  12,38 

12, 4o  12,42 

12,4o  I2,4o 

1 I ,42  12,42 

12,45  12,38 


12,32 

12, 3o 
12  ,3o 
12,  3o 
12,20 
12,  l5 


12,49  '2 '^9  '2,4f'  12,33 


12,45 
12,45 

12,45 

ij>. ,  3o 

12,12 
12,07 
1  1  ,93 
I  I  ,90 
,.,93 
11,95 
12,02 
12, o5 


i3,25 
12,88 
12,55 
11,80 
11 ,37 
1 1 ,20 
1 1 ,40 
1 1 ,65 
12,22 
1 2,82 
i3,i5 
i3,38 


10, 3o 
9,65 
7,3o 

6,97 
8,46 
10,92 
13,19 
i5,55 
16,69 
16,53 
15,57 


Temp. 
moyenne 
de  l'air. 

3,57 

4,66 
4,33 
7,18 
12,00 
12,10 
18,32 
22,01 
18,33 
16,90 

i.,74 
6,i5 


i3  i2,3o  I I ,98  1 I ,44 


12,46        12,54        '2, 4"         12,41         l2,3o        12,39        '',82 


1  773  j 

»  On  voit  que  de  26  à  36  mètî'es  la  température  est  à  peu  près  con- 
stante; les  différences  ne  portent  que  sur  les  centièmes  de  degré,  diffé- 
rences qui  peuvent  être  négligées  dans  les  observations  de  ce  genre. 

»  En  discutant  les  observations,  on  a  vu  qu'à  i  mètre  les  maxima  et  les 
minima  annuels  ont  lieu  aux  mêmes  époques  que  dans  l'air,  ainsi  qu'à 
26' mètres,  comme  on  l'avait  constaté  précédemment.  On  avait  vu  qu'il  en 
était  de  même  à  16  mètres;  mais,  pendant  l'année  1874,  cet  état  de  choses 
n'est  pas  aussi  marqué  que  les  années  précédentes.  Voici  comment  on  se 
rend  compte  de  cette  différence  d'effet  :  En  consultant  la  carte  hydrologique 
de  M.  Delesse,  on  voit  qu'à  16  mètres  on  commence  à  pénétrer  dans  la 
nappe  d'eau  souterraine  qui  alimente  les  puits  du  Jardin  des  Plantes.  Cette 
nappe  s'écoule  sans  cesse  vers  la  Seine;  elle  reçoit  directement  les  eaux 
atmosphériques,  et  la  température  doit  participer,  par  conséquent,  de 
celle  de  l'air.  A  26  mètres  se  trouve  la  deuxième  nappe  souterraine  qui 
repose  sur  l'argile  plastique,  nappe  puissante,  attendu  qu'elle  repose  sur 
des  couches  imperméables;  elle  est  alimentée  par  les  eaux  pluviales  ainsi 
que  par  les  eaux  coulant  à  la  surface  du  sol,  dans  les  endroits  où  affleure 
l'argile  plastique. 

M  Le  tableau  III  contient  les  moyennes  des  observations  faites  sous  le 
sol  dénudé  et  sous  le  sol  couvert  de  gazon. 


Mois. 


Tableau  III. 

Sol  couvert  d'herbes. 

Profondeur. 

o'",o5    o'",io   o'".2o    o^jSo    o^.Go 


Sol  dénudé  et  sablé. 
Profondeur. 


Moy. 
du 


Dec. 

(  6  h    matin. 

4 .  10 

,'i,.>4 

5,  ,0 

5,46 

6,39 

3,33 

5,63 

3,27 

3,86 

5,39 

1873. 

(  3  h.  soir. 

',,25 

4,5, 

4,98 

5,45 

6,. 36 

3,23 

3,12 

3,57 

3,76 

5,55 

Moyenne..  . 

4,17 

4,50 

5,04 

5,45 

6,37 

2,78 

2,87 

3,57 

3,8, 

5,35 

3,57 

Janv. 

(   6  h.  matin. 

3,63 

3,86 

4,'q 

4.3i 

4,76 

2,82 

3,05 

3,42 

4.7> 

4,49 

1874. 

(  3  h.  soir. 

3,93 

3,9'l 

4." 

4,36 

k,H 

4 ,20 

3,82 

3,58 

3,68 

4,5, 

Moyenne.. . 

3,7s 

3,90 

4,  ,5 

4,33 

4,80 

3,5i 

3,42 

3,5o 

4,19 

4,5o 

4,fir, 

Fév. 

(  G  h.  malin. 

3,0.') 

3,29 

3,68 

3,85 

4,43 

2,21 

2,58 

3,08 

3,39 

4,22 

(  3  h.  soir. 

3,.So 

3,44 

3,61 

3,9> 

4,46 

4-59 

3,88 

3,37 

3,36 

4.24 

Moyenne.. . 

3,27 

3,36 

3,04 

3,88 

4.44 

3,40 

3,23 

3,2J 

3,. 37 

4,53 

4,33 

Mars . 

\   6  h.  matin. 

5,48 

5,70 

5,84 

5,72 

5,69 

4.67 

5,25 

5,99 

6,3, 

6,32 

(   3  h.  soir. 

6,3, 

6,00 

5,78 

5,74 

5.73 

9,3i 

7.98 

6,54 

6,16 

6,34 

Moyenne.. . 

5,81) 

5,S5 

5,81 

5,73 

5,7t 

C,99 

6,Gi 

6,20 

6,  .3 

6,33 

7.>S 

j  fi  h.  matin. 

10,45 

10,-3 

10,75 

10,37 

9,66 

9,20 

9  •98 

1 , ,  00 

11,27 

10, .50 

(  3  h.  soir. 
Moyenne..  . 

12,35 

11,48 
1 1 , ,  0 

10,76 

10,75 

10,34 
,0,35 

9.77 

9.7' 

,6,40 
15,80 

,4,63 

,5,26 

,1,21 

10,64 

i,,3S 

12, 3i 

n  ,63 

11,34 

10,60 

,3,00 

100.. 

(  776) 


Mois. 
Mai. 

1874. 


Juin. 


Juin. 


Août. 


Sept. 


Oct. 


Sol  couvert  d'herbes. 
Profondoiir. 

o™,o5  o"'.io  o"i,20  on',30  o™,6o 

9  h.  soir,  i2,53  i3,ii  i3,33  i3,u  i3,^5 

3      11  1 5 . 1 5  I  .^ ,  1 6  1 3 ,  2f)  1 3 ,  o6  1 2 ,  5o 

Moyenne...  i3,85  i3,G3  i3,3i  i3,o8  12,^7 

6  h.  matin.  iS,33  18,76  18,91  iS,58  17,33 

3  h.  soir.  î'j^g  19,99  18,88  18, ^5  17,38 

Moyenne...  19,80  19,37  18,89  18, 5i  17, 35 

6  h.  matin.  21, i3  21,61  2i,S'(  21,55  20,42 

3  h.  soir.  2Î,27  22,92  21,83  21, .'|2  20,47 

Moyenne...  25,70  22,26  21,83  21,48  20,44 

6  h.  matin.  18,39  'S>94  '9. -'19  '9iJ9  i9i'i3 

3  h.  soir.  20,43  19,77  '9.4'  '9i4o  19, ji 

Moyenne...  19,41  19,35  19, '|5  19,49  19,42 

6  h.  malin.  16, o3  iG,45  16,92  17,08  17,35 

3  h.  soir.  17,32  17,04  16,94  17,10  17,40 

Moyenne...  16,67  'G, 74  16, gS  17,09  17,87 

6  h.  matin.  ii,63  12,21  12,90  i3,26  14, i5 

3  h.  soir.  12, 55  12,48  12,75  i3,i5  i4,io 


Sol  dénudé  et  sablé. 

Profondeur. 

o°',o5    o™,io    o»>,2o    o™,3o  oni.Go 

10,28     11,12     12,42     12,89  12,45 

17,60     i5,8i      i3,68     12, 8r  12,47 

i3,94     i3,46     i3,o5     12,85  12,46 

16,67     17,71     19,03     19,36  18, 38 

24,76    22, G8     20,29     iQi^g  '8,37 

20,71     20,19     "9)66     19,32  18,37 

19,85     20,96     22,36    22,72  21,48 

28,95      26,46      23,67      32,37  21, SJ 


Moy. 
du 


iS,3a 


24,^0   23,71   2j,0l   22,54   21, 5l   22,01 

16,10     17,12     18,54     i9>24     19.10 
23,54     21,68     19,63     19,05     19.09 


19,82     19,40     19,08     19,14     19,09 

14,35     i5,o5     16,18     iG,3i     16,96 
19,81     18,23     16, 86     16,75     16,95 


18,33 


iG,83     16,64     16,52     16, 63     16,95     16,90 
9,5o     10,23     11,24     11,87     ''2197 

12,60       12,02        11,57        '1.76       12,9'| 


Moyenne.. . 

12,09 

.2,34 

12,82 

l3,20 

14, 12 

1 1 ,0J 

11,12 

I  1  ,  |0 

II, Si 

12,95 

'  <  < 

-4 

6  II.  matin. 
Aov. 

6,7. 

7. '9 

7i9Î 

8,41 

9,62 

4.9> 

5,26 

5,98 

6,73 

8,25 

3  11.  soir. 

7  ,00 

7. '9 

7.74 

8,29 

9,50 

6,20 

6, 10 

6,14 

6,61 

8,09 

Moyenne. . . 

6,85 

7. '9 

7,83 

8,35 

9,56 

5 ,55 

5,68 

6,oG 

6,67 

8,17 

6, 

,i5 

Moyennes  de  l'année. 

II  ,65 

1 1,63 

11,70 

«I)?'! 

11,81 

11,81 

11,55 

11,39 

11,48 

11,70 

II  : 

,43 

Tableau  IV. 

Différences  entre  les  températures  des  deux  sols, 
l'un  couvert,  l'autre  dénudé 


Mois. 

Décembre  187  3. 
Janvier  18^4  •  •  • 

Février 

IMars 

Avril 

Mai 

Juin 

Juillet 

Aoiit 

Septembre 

Octobre 

Novembre 

Moyenne. . . . 


h  om,o5  de 

lirol'ondeur. 

à  o'",io  de 

profonc 

leur. 

à  6  h.,  matin. 

il  3  h.,  soir. 

à  6  h.,  ïiiatin. 

h  3  h.,  soir. 

0 

0 

0 

0 

-^   '.77 

+ 

1,02 

-+-  '.9' 

-+- 

'.^9 

-H   O580 

- 

0,27 

H-    0,84 

-t- 

0,12 

H-  0,84 

— 

'.09 

+  0,71 

— 

0,44 

+  0,81 

— 

3,00 

+  0,45 

— 

1,98 

-1-     I  ,22 

— 

4,o5 

H-   0,75 

— 

3,i5 

^-  2,27 

— 

2,45 

+   '.99 

— 

1,65 

+  4,66 

— 

3,49 

+   I  ,o5 

— 

2,69 

+  1,28 

— 

4,68 

-i-  0 ,  65 

-- 

1,54 

+  2,29 

— 

3,11 

-1-   1 ,83 

— 

1,68 

-+-  1,68 

— 

■'99 

-t-  2, 10 

— 

'."9 

+  2,1 3 

— 

i,o5 

+   1.98 

-h 

0,46 

-h  0,18 

-+- 

0,80 

-4-   1,93 

-4- 

1,09 

I  ,00 


.93 


+   i,5o  —  0,94 


(  777  ) 

»  Ces  résultats  montrent  qu'à  une  profondeur  de  o™,o5,  dans  l'un  et 
l'autre  sol,  la  température  a  été  plus  élevée  à  6  heures  du  matin,  en 
moyenne,  de  i°,  5o  sous  le  sol  gazonné  que  sous  le  sol  dénudé;  à  3  heures, 
c'est  l'inverse;  la  température  a  été,  en  moyenne,  de  —  i°,95  en  faveur  du 
sol  dénudé.  A  o™,io,  il  en  est  encore  de  même;  la  température  est  égale- 
ment plus  élevée  à  6  heures,  sous  le  sol  couvert,  que  sous  l'autre;  la 
moyenne  est  de  même  de  i°,5o.  A  3  heures  du  soir,  c'est  aussi  l'inverse; 
on  voit  donc  que,  sous  un  sol  couvert  de  gazon,  la  température  s'abaisse 
moins  que  sous  un  sol  dénudé,  tandis  que  le  contraire  a  lieu  sous  l'in- 
fluence solaire.  On  en  aura  une  nouvelle  preuve  dans  les  observations  sui- 
vantes : 

»  Dans  le  mois  de  décembre  1871,  comme  nous  l'avons  déjà  rapporté 
(^Mémoires  de  l'Académie,  t. XXXVIII,  p.  aSi),  quand  la  température  de  l'air 
s'est  abaissée  jusqu'à  i4  degrés  au-dessous  de  zéro,  on  a  observé  les  tem- 
pératures suivantes  à  o'°,o5,  o™,io  au-dessous  du  sol  gazonné  couvert  de 
neige  et  du  même  sol  dénudé  couvert  également  de  neige  : 

A  o'",o5,  sol  gazonné  A  o'^iio  sol  dénudé 

couvert  de  neige.  coufcr!  de  neige. 

G  heures  3  heures  G  heures  3  heures  Température 

Décembre  1871.  ilu  matin.  du  soir.  du  matin.  du  soir.  de  l'air. 

o  û  a  o  o 

8 +0,70  I  — 0,65  — 0,45  —    8,0 

9 4-0,60  I  —  1)70  —  1,00  —  14,5 

10 +0,60  I  —  1 , 70  —  1 ,3o  —11,7 

11 -I-  o,65  I  —  I  ,go  —  0,70  —    3,1 

»  On  voit  que  sous  un  sol  gazonné,  à  o™,o5  et  o'°,  lo  de  profondeur, 
quand  la  température  de  l'air  est  au-dessous  de  zéro  dans  l'air,  même  à 
—  i4  degrés,  elle  est  au-dessus  de  zéro,  tandis  qu'elle  est  au-dessous  de  zéro 
lorsque  le  sol  est  dénudé;  que  le  sol  gazonné  a  toujours  eu,  à  6  heures  du 
matin,  une  température  au-dessus  de  zéro,  et  qu'elle  a  été  en  augmentant 
successivement  jusqu'à  o"",  Go,  tandis  que  sous  le  sol  dénudé  elle  a  été 
quelquefois  au-dessous  de  zéro,  comme  on  le  voit  sur  la  colonne  des 
températures  diurnes. 

»  Ces  exemples  montrent  l'influence  qu'exerce  un  sol  gazonné  sur  la 
température  jusqu'à  o'^jGo  de  profondeur.  On  voit  par  là  que  les  observa- 
tions recueillies  en  1874  conduisent  aux  mêmes  conséquences  que  celles 
des  années  précédentes. 

»  Sous  le  sol  gazonné,  la  température,  jusqu'à  plusieurs  décimètres 
au-dessous  de  la  surf;ice,  est  plus  élevée  à  6  heures  du  matin  qu'à  3  heures 


(  778  ) 
du  soir  que  sous  le  sol  dénudé;  à  3  heures,  le  contraire  a  lieu,  tandis  que 
la  température  moyenne  annuelle  est  à  peu  près  la  même  sous  les  deux 
sols. 

»  Cet  état  de  choses  peut  être  de  quelque  utilité  pour  la  physiologie  vé- 
gétale et  les  cultures;  car  on  voit  qu'il  n'est  pas  indifférent  de  placer  les 
racines  craignant  la  gelée  dans  un  sol  gazonné  ou  dénudé  :  aussi  un  ça- 
zonnage  léger  peut  empêcher  des  graines  et  des  racines  de  plantes  ou  d'ar- 
brisseaux de  geler. 

»  Les  appareils  destinés  à  donner  la  température  de  la  terre  jusqu'à 
36  mètres  au-dessous  du  sol  sont  établis  de  telle  sorte  qu'ils  n'éprouveront 
aucune  altération  pendant  un  très-grand  nombre  d'années  ;  on  pourra  donc 
s'assurer  si  dans  l'avenir  la  température  des  diverses  couches  de  terre  jus- 
qu'à cette  profondeur  a  éprouvé  ou  non  des  changements. 

)>  Dans  l'intérêt  de  la  physique  terrestre,  il  serait  à  désirer  que  l'on  put 
établir,  à  une  profondeur  plus  grande,  un  appareil  semblable,  a6n  de  sa- 
voir jusqu'à  quel  point  la  température  de  la  croûte  terrestre  éprouve  ou 
non  des  changements  dans  sa  constitution,  à  la  suite  des  temps,  soit  par 
l'effet  d'un  refroidissement  lent,  soit  par  la  seule  difficulté  et  la  grande 
dépense  qu'exigerait  un  puits  foré.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Recherches  sur  les  betteraves  à  sucre; 
par  MM.  E.  Fremy  et  P.-P.  Dehéraix. 

«  L'extension  que  prend  en  France  la  culture  de  la  betterave  à  sucre 
appelle  naturellement  l'attention  des  chimistes  et  des  agronomes  sur  les 
variations  que  présente  la  composition  de  cette  racine, 

»  Cette  composition  est-elle  influencée  soit  par  la  nature  de  la  graine 
d'où  proviennent  les  racines,  soit  parle  mode  de  culture,  soit  par  la  nature 
du  sol  dans  lequel  les  betteraves  se  développent?  Si  ces  différentes  causes 
agissent  simultanément,  quelle  part  faut-il  faire  à  chacune  d'elles?  Telles 
sont  les  questions  que  nous  avons  voulu  aborder  dans  ce  travail. 

»  Nous  savons  que,  dans  cette  recherche,  nous  arrivons  après  beau- 
coup d'autres  observateurs  ;  mais  le  sujet  est  assez  vaste  et  assez  difficile  pour 
laisser  place  encore,  pendant  longtemps,  à  tous  ceux  qui  veulent  l'étudier. 

»  Dans  la  suite  de  ses  intéressantes  publications  sur  les  betteraves, 
M.  Peligot  a  montré  déjà  toute  l'importance  qu'il  faut  attacher  au  choix 
judicieux  de  la  graine;  ou  sait  en  outre  que  M.  Viollette  a  fait  connaître 
récemment  les  soins  qu'on  apporte  dans  notre  région  septentrionale  à  la 


(  779  ) 
culture  de  la  betterave  pour  graines  et  les  avantages  qu'on  en  retire. 
Néanmoins  les  plaintes  incessantes  des  fabricants,  sur  la  pauvreté  en  sucre 
des  betteraves  que  leur  fournissent  les  cultivateurs,  semblent  démontrer 
que  le  mode  de  culture  qui  est  suivi  exerce  peut-être  sur  la  richesse  sac- 
charine des  racines  une  influence  considérable,  et  que,  s'il  n'est  pas  possible 
d'obtenir  de  bonnes  betteraves  en  cultivant  de  mauvaises  graines,  il  peut 
se  faire  aussi  que  de  bonnes  graines  mal  cultivées  donnent  des  betteraves 
peu  sucrées. 

»  Laissant  donc  de  côté  la  question  de  la  sélection  des  graines,  qui  est 
étudiée  en  ce  moment  avec  tant  de  soin  et  de  succès  par  plusieurs  observa- 
teurs habiles,  nous  nous  sommes  proposé  particulièrement,  dans  le  travail 
dont  nous  présentons  aujourd'hui  l'extrait  à  l'Académie,  d'examiner  l'in- 
fluence qu'exercent,  sur  le  développement  de  la  betterave,  le  sol  qui  la  porte 
et  les  engrais  qui  la  nourrissent.  Ici  encore  nous  rencontrons  les  recherches 
récentes  de  MM.  Corenwinder,  Pagnoul  etThurot,  dont  nous  nous  empres- 
sons de  reconnaître  l'importance. 

»  Nous  n'avons  pas  la  prétention  d'avoir,  dans  une  première  année 
d'études,  parcouru  à  beaucoup  près  le  programme  que  nous  avions  arrêté. 
Cependant  nos  premiers  résultats,  tout  incomplets  qu'ils  sont  encore, 
nous  ont  paru  de  nature  à  6xer,  pendant  quelques  instants,  l'attention  de 
l'Académie. 

»  Pour  éviter  toutes  les  incertitudes  que  présente  la  culture  en  pleine 
terre  et  pour  faire  la  part,  dans  nos  recherches,  de  l'influence  du  sol  et  de 
celle  des  engrais  que  nous  voulions  employer,  nous  avons  composé  nos 
sols  d'une  manière  sfnlliétique^  en  faisant  usage  d'éléments  dont  la  com- 
position nous  était  connue,  procédé  de  recherches  que  les  travaux  de 
M.  Boussingault  ont  rendu  classique. 

»  Ncus  avons  installé  dans  le  jardin  d'expériences  du  Muséum  un  grand 
nombre  de  tonneaux  destinés  à  contenir  nos  sols  artificiels,  que  nous  avons 
formés  de  sable  pur,  de  calcaire  et  d'argile  exempte  de  potasse.  Ces  dif- 
férents corps  ont  été  analysés  avec  soin  :  ce  sont  eux  qui  servent  à  la  Manu- 
facture des  glaces  de  Saint-Gobain,  soit  à  la  fabrication  du  verre,  soit  à  la 
confection  des  creusets. 

»  Ces  matières  ont  été  employées  seules  ou  à  l'état  de  mélange;  en  outre, 
nous  avons  toujours  eu  le  soin  de  placer  au  fond  de  nos  tonneaux  une 
couche  assez  épaisse  de  graviers  siliceux  permettant  l'écoulement  des  eaux. 
Ces  graviers  étaient  même  disséminés  souvent  dans  nos  sols  artificiels  pour 
leur  donner  plus  de  perméabilité. 

»  D'autres  tonneaux  ont  été  remplis  d'une  terre  arable,  d'excellente  qua- 


(  78o  ) 
lilé,  que  nous  avons  fait  venir  du  département  de  l'Aisne;  enfin  des  expé- 
riences comparatives  s'exécutaient  en  pleine  terre,  soit  dans  les  carrés  du 
Muséum,  soit  dans  les  terres  de  Grignon. 

»  Dans  les  cultures  limitées  faites  en  tonneaux,  nous  avons  toujours  eu 
le  soin  de  soumettre  les  sols  à  un  arrosage  abondant  et  régulier,  et,  pour 
éviter  que  l'eau  ne  séjournât  au  fond  des  tonneaux,  nous  avons  percé 
ceux-ci  latéralement  d'un  grand  nombre  de  trous. 

»  Les  engrais  que  nous  avons  essayés  tantôt  seuls,  tantôt  à  l'état  de 
mélange,  sont  le  sulfate  d'ammoniaque,  l'azotate  de  potasse,  l'azotate  de 
soude,  le  chlorure  de  potassium,  le  chlorure  de  sodium,  le  superphosphate 
de  chaux,  le  guano,  la  corne  râpée  et  le  fumier.  Dans  quelques  expérien- 
ces, les  engrais  ont  été  ajoutés  immédiatement  au  sol;  mais,  dans  d'autres, 
on  les  a  introduits  peu  à  peu  en  suivant  les  progrès  de  la  végétation. 

»  On  voit,  par  cet  exposé,  que  les  observations  que  nous  présentons 
cette  année  sont  presque  indépendantes  des  questions  qui  se  rapportent  à 
la  sélection  des  graines. 

»  Les  graines  que  nous  avons  employées  pour  nos  cultures  du  Muséum 
nous  ont  été  données  par  un  agriculteur  distingué  du  département  de 
l'Aisne^  qui  est  en  même  temps  fabricant  de  sucre  de  betterave  :  ces  mêmes 
graines  cultivées  en  Picardie  ont  produit  des  betteraves  contenant  de  ii  à 
i3  pour  loo  de  sucre. 

»  Dans  les  tonneaux  qui  contenaient  des  sols  artificiels  et  des  engrais  chi- 
miques solubles,  la  levée  fut  très-irrégulière;  des  expériences  exécutées 
dans  des  pots  plus  petits  nous  firent  voir  qu'en  effet  des  dissolutions  de 
sulfate  d'ammoniaque  ou  de  sel  de  potasse,  contenant  2  grammes  de  sel  par 
litre,  empêchaient  la  levée  de  graines  de  betterave  semées  dans  des  sols 
artificiels  dépourvus  d'humus.  Il  n'en  fut  pas  de  même  dans  une  bonne 
terre  arable. 

»  Partout  oii  des  manques  se  produisirent,  des  betteraves  provenant  de 
pépinières  en  pleine  terre  furent  repiquées  dans  des  sols  artificiels,  puis 
éclaircies  peu  à  peu,  de  telle  sorte  qu'il  n'est  resté  que  trois  betteraves  dans 
chaque  tonneau. 

»  Presque  toutes  les  betteraves  furent  arrosées  avec  de  l'eau  de  la  Ville; 
quelques-unes  cependant  reçurent  de  l'eau  distillée  pendant  toute  la  durée 
de  la  végétation,  lorsque  nous  voulions  nous  mettre  à  l'abri  de  l'influence 
des  sels  qui  existent  dans  l'eau  ordinaire;  dans  quelques  essais  enfin,  nous 
avons  cultivé  des  betteraves  dans  de  l'eau  contenant  des  engrais  chimiques 
entièrement  solubles. 

»  Le  premier  fait  intéressant  qui  ressort  de  nos  expériences,  c'est  qu'il 


(  7«'   ) 
est  possible  trnhtruir  des  beltoraves  pesniit  de  700  à  800  grammes  dons  des 
sols  artificiels  qui  ne  contenaient  pas  dMmmiis.  Ces  sols,  formés  tantôt  de 
s.ible  pur,  tantôt  de  calcaire  pur,  tantôt  d'un  mélange  de  sable,  de  calcaire 
et  d'argile,  n'ont  reçu  que  des  engrais  chimiques. 

»  Il  résulte  de  cette  observation  que  V humus  17  est  pas  indispensable  nu  dé- 
veloppement de  la  betlernve,  et  que,  dans  les  conditions  de  nos  expériences, 
le  sol  paraît  agir  comme  un  simple  support. 

»  Ces  faits  s'accordent  avec  ceux  qui  ont  été  constatés  souvent  par  M.  G. 
Ville;  nous  ajouterons  même  qu'en  employant  à  poids  égaux,  dans  nos  sols 
artificiels  et  dans  une  bonne  terre  de  Picardie,  les  engrais  chimiques  conve- 
nablement choisis,  il  nous  est  arrivé  quelquefois  d'obtenir  de  phis  grosses 
betteraves  dans  les  sols  artificiels  que  dans  une  terre  riche  en  humus.  Il  est 
bien  entendu  que  nous  ne  parlons  ici  que  des  expériences  faites  dans  nos 
tonneaux  et  sur  des  betteraves  soumises  à  un  arrosage  abondant  et  régulier; 
nous  sommes  bien  loiii  de  vouloir  étendre  ces  résultats  nu  delà  de  nos  essais, 
et  de  chercher  à  diminuer  le  rôle  capital  cpie  jouent  dans  la  terre  arable 
les  malières  idmiques,  les  composés  azotoearbonés  si  bien  étudiés  par 
M.  Thenard,  et  dont  les  propriétés  hygrométriques  sont  si  précieuses  pour 
maintenir  les  sols  non  irrigués  dans  un  élat  d'humidité  convenable. 

»  L'influence  des  engrais  chimiques  sur  le  développement  et  le  poids  des 
betteraves  ressort  nettement  des  observations  suivantes. 

»  Un  de  nos  toruieaux,  contenant  un  sol  stérile,  n'avait  reçu  aucun  engrais 
et  était  arrosé  à  l'eau  distillée.  Les  betteraves  s'y  sont  développées  d'une 
manière  bien  incomplète  :  an  moment  de  la  récolte,  elles  ne  pesaient  que 
25  grammes;  celles  qui  sont  veiuies  dans  les  mêmes  conditions,  mais  qui 
ont  été  arrosées  avec  de  l'eau  ordinaire,  |iesaient  35  grammes;  le  même  sol, 
contenant  du  superphosphate  de  chaux  et  du  sel  marin,  a  produit  des  bette- 
raves dont  le  poids  s'est  élevé  à  ffC)  granunes;  la  subslilution  du  chlorure 
de  potassium  au  sel  marin  a  porté  le  poids  des  belteraves  à  78  grammes. 
Ici  l'influence  de  la  potasse  sur  le  développement  de  la  betterave  paraît  sen- 
sible :  nous  avons  confirmé  ce  fait  intéressant  en  cultivant  des  betteraves 
dans  un  sol  stérile  ne  contenant  comme  engrais  que  du  siqierphosphate  tie 
chaux  et  arrosé  avec  de  l'eau  distillée.  Le  poids  des  betteraves,  dans  ce  cas, 
n'a  pas  dépassé  53  grammes. 

»  Ces  faits  démontrent  d'une  manière  évidente  que  l'azote  est  indispen- 
sable au  développement  de  la  betterave,  et  qu'en  l'absence  d'un  engrais 
azoté  dans  le  sol  les  belteraves  restent  à  l'état  rudimenlaiie;  mais  toutes 
nos  expériences  établissent  aussi  que  les  résultats  sont  bien  différenis  Inrs- 

C.R.,  1875,    l"''  Sen,r.<lr,!.  f  T.  I.X  X  X  ,    ?«  "    I  2  .^  "" 


(  7^0 
qu'aux  ongrais  minoraux  contenant  de  l'acide  phosphoriquc,  de  la  potasse 
et  de  la  chaux,  on  ajoute  des  substances  azotées. 

»  En  cultivant  des  betteraves  dans  un  sol  artificiel  contenant  du  sul- 
fate d'ammoniaque  ou  de  l'azotate  de  soude,  nous  avons  obtenu  des  bette- 
raves dont  le  poids  s'est  élevé  à  34^  grammes;  l'addition  du  superphos- 
phate de  chaux  et  du  chlorure  de  potassium  a  porté  le  poids  des  racines 
à  yoo  et  800  granunes. 

»  Notre  but  n'était  pas  seulement  d'étudier  l'influence  qu'exercent  les 
engrais  sur  le  poids  des  betteraves,  mais  aussi  d'apprécier  les  causes  qui 
peuvent  faire  varier  dans  les  racines  la  proportion  du  sucre.  Cette  ques- 
tion est  d'une  grande  importance,  non-seulement  au  point  de  vue  des 
intérêts  agricoles  du  pays,  mais  aussi  sous  le  rapport  de  la  physiologie  vé- 
gétale; il  s'agit,  en  effet,  de  rechercher  s'il  est  possible,  en  modifiant  la 
nature  de  l'alimentation  d'une  plante,  de  faire  varier  la  proportion  d'un 
principe  immédiat  qu'elle  sécrète. 

»  Nous  avons  donc  déterminé  avec  le  plus  grand  soin,  dans  de  nom- 
breuses analyses,  les  proportions  de  sucre  contenues  dans  nos  betteraves 
nourries  dans  un  sol  artificiel,  de  composition  connue  et  dont  la  fécondité 
n'était  déterminée  que  par  des  engrais  chimiques. 

»  Nous  pensions  que  le  problème  ainsi  posé  pouvait  être  facilement  * 
résolu;  mais  nous  avons  rencontré,  dans  cette  partie  de  notre  travail,  une 
difficulté  très-sérieuse  :  en  analysant  les  betteraves  venues  dans  le  même 
tonneau  et  sous  les  mêmes  influences,  nous  avons  reconnu  qu'elles  présen- 
taient souvent,  dans  leur  richesse  saccharine,  des  différences  très-notables; 
il  nous  est  arrivé,  par  exemple,  dans  un  tonneau  contenant  du  sable  pur 
et  arrosé  avec  une  dissolution  au  millième  d'azotate  de  potasse  et  de  super- 
phosphate de  chaux,  d'obtenir  trois  betteraves  contenant  5,o  —  8,9  —  9,4 
pour  100  de  sucre.  Dans  un  autre  tonneau,  qui  avait  reçu  au  commence- 
ment de  la  campagne  ini  mélange  d'azotate  de  soude,  de  superphosphate  de 
chaux  et  de  chlorure  de  potassium,  les  trois  betteraves  récoltées  contenaient 
12,6  —  i5,9  et  18,2  pour  100  de  sucre. 

»  Des  faits  de  même  nature  se  constatent  du  reste  dans  la  grande  cul- 
ture :  en  analysant  les  betteraves  que  nous  avions  obtenues  dans  les  carrés 
du  Muséum,  nous  avons  trouvé  des  racines  renfermant  de3à9pourioo  de 
sucre;  celles  de  l'Ecole  de  Grignon  nous  ont  donné  des  nombres  variant 
de  9,4  à  18,8  pour  100  de  sucre. 

»  Ces  différences  dans  la  richesse  saccharine  des  betteraves  sont  elles 
dues  aux  variations  de  la  graine  ou  bien  à  l'action  inégale  des  engrais  qui 


(  7«:^  ) 

ont  été  absorbés  d'une  manière  irrégulièrePNous  devons  avouer  que  sur  ce 
point  notre  opinion  n'est  pas  encore  faite,  et  que  dans  nos  expériences  de 
celte  année  nous  ne  trouvons  pas  d'indication  précise  sur  la  nature  de  l'en- 
grais qui,  dans  la  betterave,  peut  augmenter  la  production  du  sucre. 

»  Mais  si  sur  ce  point  nous  devons  être  d'une  grande  circonspection,  il 
est  un  fait  capital  que  nous  pouvons  faire  ressortir  ici  et  qui  résulte  de  nos 
recherches,  c'est  que  dans  des  sols  sans  humus,  c'est-à-dire  sans  matière 
organique  azotée  et  par  la  seule  action  des  engrais  chimiques,  nous  sonunes 
arrivés  non-seulement  à  produire  des  betteraves  d'un  poids  normal  mais 
aussi  d'une  richesse  saccharine  allant  jusqu'à  i8  pour  loo. 

»  Jj'irnporlance  de  ce  résultat,  au  point  de  vue  de  la  culture,  n'échappera 
à  personne,  et  nous  chercherons  cette  année  à  régulariser  ce  qui  s'est  pro- 
duit l'année  dernière,  dans  nos  expériences,  d'une  manière  accidentelle. 

»  INous  arrivons  maintenant  au  point  le  plus  saillant  de  notre  travail  :  il 
se  rapporte  à  l'élude  des  circonstances  qui  peuvent  amoindrir,  dans  une 
betterave,  la  production  du  sucre. 

))  Nous  avons  dit  que  nos  betteraves  ont  été  cidtivées  non-seulement 
dans  des  sols  artificiels,  mais  aussi  dans  les  carrés  du  Muséum.  En  analysant 
les  betteraves  venues  dans  ce  terrain,  qui  nous  paraissait  très-fertile  et  qui 
recevait  depuis  longtemps  des  quantités  considérables  de  fumier,  nous 
avons  constaté  que  nos  racines  étaient  très-pauvres  en  sucre.  Des  bet- 
teraves qui  nous  ont  été  envoyées  du  déparlement  du  Nord  et  qui  s'étaient 
développées  dans  un  terrain  comparable  à  celui  du  Muséum  nous  ont  donné 
le  même  résultat. 

1)  L'idée  nous  vint  alors  de  rechercher  s'il  n'existerait  pas  une  relation 
entre  la  quantité  d'azote  contenue  dans  le  sol  ou  dans  la  betterave  et  la 
proportion  de  sucre  que  présente  cette  racine;  et  si  une  betterave  qui  se 
développe  dans  un  sol  fortement  fumé  et  ayant  à  sa  disposition  une  quan- 
tité exagérée  d'engrais  azoté,  n'aurait  pas  une  tendance  à  former  des  sub- 
stances albumineuses  plulôl  que  du  sucre. 

»  Ainsi,  dans  un  tonneau  qui  a  donné  trois  betteraves  différentes  conte- 
nant 5,  8,  9  et  9,5  pour  roo  de  sucre,  nous  avons  constaté  que  la  racine  qui 
ne  renfermait  que  5  poiu'  loode  sucre  était  beaucoup  plus  azotée  que  les 
autres  :  elle  contenait  environ  deux  fois  plus  d'azote  que  celle  qui  avait 
donné  9,5  pour  100  de  sucre. 

»  Cette  observation  a  été  confirmée  par  l'analyse  d'un  grand  nombre  de 
betteraves  obtenues  au  Muséum  ou  recueillies  soit  à  l'École  de  Grignon, 
soit  dans  le  département  de  l'Aisne  et  dans  celui  du  Nord. 

loi.. 


(  iH  ) 

»  Sans  vouloir  donner  eiicoie  à  ce  principe  nue  piécision  absolue,  nous 
|)ouvons  (lire  cependant  qu'il  résidle  de  nos  observations  que  les  betteraves 
qui  contiennent  moins  de  lo  |30ur  loo  de  sucre  donnent  souvent  à  l'analyse 
deux  fois  plus  d'azote  que  celles  qui  arrivent  à  une  richesse  saccharine  de 
i5  à  i6  pour  loo.  Nous  avons  constaté,  en  outre,  que  les  betteraves  les 
moins  sucrées  étaient  celles  qui  se  développaient  dans  un  sol  très-azoté; 
la  terre  du  Muséinn  qui  a  fourni  ties  betteraves  Ires-pauvres  en  sucre  ren- 
fermait à  peu  près  huit  fois  plus  d'azote  combiné  que  celle  de  Grignon  qui 
a  donné  des  belter.ives  d'une  richesse  exceptionnelle. 

"  Si  ces  premières  observations  se  trouvent  confirmées  par  celles  que 
nous  allons  suivre  cette  année,  ou  arrivera  à  une  conclusion  très-inatten- 
due :  c'est  que,  contrairement  à  l'opinion  généralement  admise,  si  les  bet- 
teraves qui  se  développent  dans  certains  teirains  sont  |)eu  sucrées,  ce  n'est 
pas  parce  que  ces  terrains  ont  été  appauvris  par  des  cultures  répétées,  c'est, 
an  contiaire,  parce  que,  sous  l'influence  d'abondanles  fumures,  ils  sont  de- 
venus trop  nches  en  azote. 

M  La  pratique  agricole  semble  du  reste  confirmer  le  principe  que  nous 
venons  d'établir;  car  aujourd'hui  les  fabricants  de  sucre  ne  se  contentent 
pas  de  fournir  de  bonnes  graines  aux  cultivateurs,  ils  leur  interdisent  aussi 
l'eiiiiiloi  de  certains  engrais  riches  en  azote.  Si  les  substances  azotées  em- 
ployées dans  une  mesure  convenable  sont  indispensables  au  dévelop|)ement 
de  la  betterave,  on  peut  dire  aussi  qu'un  excès  semble  nuire  à  la  produc- 
tion du  sucre. 

J'ai  confirmé,  les  laits  (jue  nous  avons  observés  pendant  cette  première 
campagne  nous  permettent  de  poser  les  conclusions  suivantes  : 

»  i"  hes  betteraves  peuvent  arrivera  un  développement  normal  dans 
un  sol  absolument  privé  d'humus,  à  la  condition  d'être  arrosées  régulière- 
nienl  et  de  recevoir  des  engrais  reniermanl  de  l'azote,  de  l'acide  phosplio- 
rique,  de  la  chaux  et  de  la  potasse. 

M  2"  Si  nous  ne  considérons  que  le  développement  de  la  betterave,  la 
forme  sons  laquelle  l'azote  est  employé  parait  presque  indifférente;  l'azotate 
desonde,  l'azotate  de  potasse,  le  sidfate  d'ammoniaque,  la  matière  organi- 
que azotée  exercent  tous  une  action  manifeste. 

»  3°  Les  betteraves  cultivées  dans  un  sol  artificiel  agissant  comme  un 
suj)porl  et  alimentées  par  des  engrais  chimiques  convenablement  choisis 
peuvent  contenir  juscju'à  18  pour  loo  de  sucre. 

»  4"  La  nature  chimiciue  du  sol  ne  parait  |)as  exercei  d'influence  sensi- 
ble sur  le  devilo|)pemi'nt   des  betterave»;    nous  avons  obtenu  les  mêmes 


(  785  ) 
résultats  dans  des  sols  formés  de  silice  pure,  de  calcaire  ou  d'un  mélange  de 
silice,  de  calcaire  et  d'argile. 

»  5°  Les  faits  que  nous  avons  observés  cette  année  établissent  que  les 
betteraves  riches  en  sucre  sont  pauvres  en  matières  albumineuses,  tandis 
que  les  betteraves  qui  contiennent  une  forte  proportion  de  substance  azo- 
tée renferment  peu  de  sucre.  Si  donc  il  est  important,  dans  la  culture  de 
la  betterave,  de  choisir  avant  tout  une  graine  de  bonne  nature,  il  faut  sa- 
voir aussi  qu'on  peut  obtenir  de  mauvaises  betteraves  lorsque  les  bonnes 
graines  sont  semées  dans  un  sol  qui  contient  une  proportion  exagérée  d'en- 
grais azotés. 

»  En  terminant,  nous  sommes  heureux  de  dire  ici  que,  dans  le  cours 
de  nos  expériences,  M.  Decaisne  a  bien  voulu  nous  aider  constamment  de 
ses  bons  conseils,  qui  ont  pris  le  caractère  d'une  véritable  collaboration.  » 

MlNÉKALOGlli.  —  Note  sur  l'éléinenl  pyroxénique  de  la  roche  associée 
an  platine  de  l'Oural;  par  M.  Des  Cloizuaux. 

«  Depuis  que  notre  confrère  JM.  Daubrée  a  publié  son  intéressante 
Communication  Sur  l'association  du  platine  nalij  à  des  roches  de  péridot,  je  suis 
parvenu  à  isoler  de  l'un  des  galets,  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie  dans  sa 
dernière  séance,  des  grains  laminaires  du  minéral  qui  en  foraie  la  partie 
dominante  et  qui  a  été  désigné  sous  le  nom  de  dinllage. 

»  J'ai  donc  pu  étudier  les  caractères  cristallograpliiqiies  et  optiques  de  ce 
minéral,  beaucoup  mieux  que  cela  ne  m'avait  été  possible  sur  des  lamelles 
enchâssées  dans  les  plaques  très-minces,  coupées  au  hasard  pour  montrer  la 
structure  de  la  roche.  Quelques-unes  de  ces  lamelles  s'étaient  trouvées 
polies  parallèlement  à  la  forme  h*  du  pyroxène,  et  elles  avaient  montré  au 
microscope  polarisant  un  système  d'anneaux  excentré,  qui,  rapporté  à  la 
bissectrice  néyatiue,  était  traversé  à  /jS  degrés  du  plan  de  polarisation  par 
luie  hyperbole  bordée  de  bleu  à  l'intérieur  et  de  rouge  à  l'extérieur.  Ces 
caractères,  joints  à  la  composition  résultant  de  l'analyse  faite  au  bureau 
d'essais  de  l'Ecole  des  Mines  et  à  la  structure  lamellaire  de  la  substance, 
paraissaient  donc  justifier  son  rapprochement  de  la  diallage,  si  souvent 
associée  dans  la  nature  à  la  serpentine.  Mais  les  grains  cristallins,  une  fois 
isolés  du  galet  dont  il  a  été  question  plus  haut,  m'ont  offert  mi  clivage  ou 
des  plans  de  séparation  très-faciles  suivant  la  base  et  deux  autres  clivages 
assez  nets,  quoique  moins  faciles,  suivant  les  faces  verticales  du  |jrisme 
primitif  du  pyroxène. 


(786  ) 

»  Les  lamelles  minces  qu'on  en  extrait,  parallèlement  à  la  base,  sont 
transparentes,  d'un  vert  pâle  et  très-peu  dichroites  ;  le  système  d'anneaux 
qu'elles  montrent  dans  l'air,  au  microscope  polarisant,  correspond  à  un  axe 
plus  rapproché  de  la  bissectrice  aiguë  posiVwe  que  de  la  bissectrice  négative, 
et,  autour  de  l'hyperbole  qui  le  traverse,  on  a  du  bleu  à  l'extérieur,  du 
jaune  à  l'intérieur.  Dans  l'huile,  on  parvient  quelquefois  à  apercevoir  les 
anneaux  correspondant  au  second  axe,  et  l'écartement  apparent  des  deux 
axes  y  est  approximativement  de  7 1  à  72  degrés  pour  les  rayons  rouges.  Or, 
ces  phénomènes  optiques  et  la  très-grande  facilité  à  se  séparer  en  lames 
minces  suivant  la  base  constituent  précisément  les  caractères  propres  aux 
variétés  laminaires  du  pyroxène  connues  sous  les  noms  de  saliUte,  ataiite, 
miissite,  liédenhergite.  La  fusion  au  chalumeau  ne  produisant  d'ailleurs 
qu'un  grain  faiblement  magnétique,  il  semble  résulter  des  observations 
précédentes  que  l'élément  pyroxénique  qui  prédomine  dans  la  roche  de 
péridot,  serpentine  et  fer  chromé,  associée  au  platine  de  Nischné-Tagilsk, 
est  en  réalité  une  saldile  ferrilëre.  » 

M.  Bous.siXGAULT  donuelecture  d'un  Mémoire  portant  pour  titre  :  «  Ana- 
lyses comparées  du  biscuit  de  gluten  et  de  quelques  aliments  féculents  ». 

MM.  P.Thenar»,  BouiLL.AiJD,  Chevreul  prennent  la  parole  à  l'occasion 
de  cette  Communication. 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant, pour  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  en  remplacement 
de  M.   P.   Gervais,  élu  Membre  de  l'Académie. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  4'» 

M.  Joly  obtient 28  suffrages. 

M.  Marion 8  » 

M.  Favre 4  » 

11  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  JoLV,  ayant  réuni    la   majorité  absolue  des  suffrages,  est  |)roclamé 


e 


âlu. 


(  787  ) 

L'Acaflémie  procède,  par  la  voie  du  scrulin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  concours  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  à  décerner  en  iS'^^S.  (Etudier  l'élasticité  des  corps 
cristallisés  au  double  point  de  vue  expérimental  et  théorique.) 

MM.  Puiseux,  Bertrnnd,  Bonnet,  Hermite,  Fizeau  réunissent  la  majorité 
des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont 
MM.  Chasles  et  Jamin. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  décerner  le  prix  Poncelet  pour  l'année  1875. 

MM.  Chasles,  Puiseux,  Rolland,  Hermite,  Phillips  réunissent  la  majorité 
des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont 
MM.  de  Saint- Venant  et  Bertrand. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  déjuger  le  concours  pour  le  prix  de  Mécanique 
de  la  fondation  Montyon  (année  1875). 

MM.  Phillips,  général  Morin ,  Rolland,  Tresca  et  Resal  réunissent  la 
majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de 
voix  sont  MM.  de  Saint-Venant  et  Yvon  Villarceau. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Plumey  poiu'  l'année 
1875. 

MM.  Dupuy  de  Lôme,  amiral  Paris,  amiral  Jurien  de  la  Gravière,  Rol- 
land et  Tresca  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après 
eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  le  général  Morin  et  Resal. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Lalande  (Astronomie) 
pour  l'ainiée  187$. 

MM.  Taye,  Le  Verrier,  Lœwy,  Liouville  etJanssen  réunissent  la  majorité 
des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix 
sont  MM.  Puiseux  et  Yvon  Villarceau. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Fourneyrou  pour 
l'aïuiée  1875. 

MM.  Rolland,  Resal,  Phillips,  Morin  et  Tresca  réunissent  la  majorité 
des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  do  voix 
.sont  MM.  de  Saint-VenaiU  et  Diqniy  de  Lôme. 


(  788  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

CHIMIE.  —    Sur    In    dissolution    de   l' hydrogène  dans  tes  métaux ,    et  la 
décomposition  de  l'eau  par  le  fer.  Note  de  MM.  L.  Troost  et  P.  IIau- 

TEFEl'lLLE. 

(Commissaires  :  MM.  Chevreul,  Regnault,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Dans  des  recherches  antérieures  sur  les  alUages  métalliques  formés 
par  l'hydrogène  (i),  nous  avons  indiqué  les  caractères  qui  permettent  de 
distinguer  ces  combinaisons  définies  des  dissolutions  d'hydrogène  dans  les 
métaux.  Nous  avons  vu  qu'à  côté  du  potassium,  du  sodium  et  du  palla- 
dium qui  peuvent  se  combiner  à  l'hydrogène,  il  est  d'autres  métaux  qui 
dissolvent  simplement  ce  gaz.  Le  nombre  de  ceux  qui  jouissent  de  cette 
dernière  propriété  paraît  être  considérable. 

M  Nous  allons  voir  le  fer,  le  nickel,  le  cobalt  et  le  manganèse,  que  l'en- 
semble de  leurs  propriétés  chimiques  réunit  en  un  groupe  naturel,  pré- 
senter de  grandes  analogies  dans  la  manière  dont  ils  se  comportent  en 
présence  de  l'hydrogène  aux  diverses  températures.  La  facilité  avec  laquelle 
ils  absorbent  ou  abandonnent  le  gaz  hydrogène  dépendant  beaucoup  de 
leur  état  physique,  il  est  nécessaire,  pour  se  rendre  compte  des  différences 
observées,  d'étudier  ces  métaux  successivement  eu  lingots,  en  lames  de 
peu  d'épaisseur  et  à  l'état  pulvérulent. 

»  I.  Nickel.  —  Un  lingot  de  nickel  pur,  fondu  dans  la  chaux,  a  été 
soimiis,  pendant  vingt-quatre  heures,  à  la  fem[)érature  du  rouge,  à  l'action 
d'un  courant  de  gaz  hydrogène,  et  refroidi  ensuite  lentement  dans  ce  gaz. 
Le  volume  de  l'hydrogène  qu'on  a  pu  en  extraire  dans  le  vide,  au  rouge,  a 
été  4-  du  volume  du  métal. 

»  Des  lames  de  nickel,  obtenues  en  décomposant  par  la  pile  le  sulfate 
double  de  nickel  et  d'ammoniaque,  ont  été  chauffées  dans  le  vide  à  200  de- 
grés; elles  abandonnaient  4o  fois  leur  volume  d'hydrogène  (2). 

»  Ces  lames  chauffées  ensuite  dans  un  couran*  d'hydrogène  jusque  vers 


(i)   Comptes  rendus,  t.  LXXVItl,  p.  686  et  Scj. 

(2)  Le  gaz  analysé  ne  nous  a  |>as  fourni  de  qnantités  sensililos  d'a/.ole.  Drs  lanips  piépa- 
rées  de  la  même  manière,  puis  lavées  et  dissoutes  dans  l'acide  thlorhydrique,  ont  fourni  des 
traces  d'ammoniaque. 


(  7«9  )  - 
200  degrés  et  refroidies  lentement  dans  ce  gaz  ont  absorbé  16  fois  leur 
volume  d'hydrogène,  qu'elles  ont  abandonné  dans  le  vide  à  200  degrés. 

»  Clés  mêmes  lames  placées  pemlanl  vuigt-qualre  heures  au  pôle  né- 
gatif d'iui  voltamètre  ont  absorbé  environ  10  fois  leur  vt)liuue  d'hy- 
drogène (i). 

»  Le  nickel  pulvérulent  a  été  obtenu  en  réduisant  par  l'hydrogène  à 
3oo  degrés  de  l'oxyde  de  nickel  ou  un  mélange  d'oxyde  de  nickel  et 
d'alumine.  Le  nickel  ainsi  préparé  est  pyrophorique,  connue  l'a  montré 
Magnus  (2).  Dans  le  vide,  il  abandonne  déjà  à  la  température  ordinaire 
une  certaine  quantité  d'hydrogène;  mais,  pourchasser  complètement  ce 
gaz,  il  faut  chauffer  jusqu'au  rouge  sombre  :  le  volume  total  du  gaz  aban- 
donné est  environ  100  fois  le  volume  du  métal. 

«  Soumis  à  l'action  d'un  courant  de  gaz  hydrogène  au  rouge  sombre,  il 
réabsorbe  un  volume  d'hydrogène  sensiblement  égal  a  celui  qu'U  avait 
abandonné. 

»  Le  métal  est  encore  pyrophorique  après  l'expulsion  de  l'hydrogèue. 

»  IL  Cobalt.  —  Un  lingot  de  cobalt  pur,  fondu  dans  la  chaux,  a  été 
soumis  pendant  vingt-quatre  heures  à  la  température  du  rouge,  dans  un 
courant  de  gaz  hyd»ogene,  et  refruidi  ensuite  lentement  dans  ce  gaz.  I^e 
volume  de  l'hydrogène  qu  ou  a  pu  en  extraire  dans  le  ville,  au  rouge,  a  été 
seulement  -^  de  celui  du  métal. 

»  Des  lames  de  cobalt  obtenues  en  décomposant  par  la  pde  le  sulfate 
double  de  cobalt  et  d'ammoniaque  ont  été  chauffées  dans  le  vide  à  -200  de- 
grés; elles  abaudouuaient  35  fois  leur  volume  d'iiytlrogène  (3). 

»  Ces  lames  chauffées  ensuite  dans  un  courant  d'hydrogène  jusque  vers 
200  degrés,  et  refroidies  lentement  dans  ce  gaz,  ont  absorbé  24  fois  leur 
volume  d'hydrogène,  qu'elles  ont  abandonné  dans  le  vide  à  200  degrés. 

»  Ces  mêmes  lames  placées  pendant  vingt-quatre  heures  au  pôle  négatif 
d'un  voltamètre  ont  absorbe  7  fois  leur  volume  d'hydrogène. 

(1)  M.  Raoult  a  constaté  (Comptes  rendus,  t.  I^XIX,  p.  826)  que  le  nickel  poreux  impur, 
que  l'on  trouve  en  pains  cubiques  dans  le  commerce,  placé  à  rélectrodc  néfjutive  d'un  vol- 
tamètre, absorbe  i65  volumes  d'hydroyène,  (ju'il  abandonne  peu  à  peu  la  température 
ordinaire.  Ces  mêmes  cubes  recouverts  galvaniqucment  d'une  couche  de  nickel  pur  ne  lui 
ont  pas  paru  dégager  une  quantité  de  gaz  appréciable. 

(2)  Magnus,  Annales  tle  Chimie  et  de  P/iysit/uc,  2°  série,  t.  XXX,  p.   n)3. 

(3)  Le  gaz  analysé  n'a  pas  fourni  de  (piaiililé  sensible  d'arme.  Des  laiiicb  préparées  de  la 
même  manière,  puis  lavées  et  dissolues  dans  l'aciile  cidoiliyili  upie,  mit  fnuiiii  des  liaces 
d'auunoniaque  comme  le  nickel. 

C.  R.,  iS-i.  1»'  ^emtsiK.  (T.  LXXX,    N^l'i.'  '02 


(  790  ) 

»  Le  cobalt  pyropliorique  perd  son  hydrogène  dans  le  vide  encore  plus 
facilement  qnc  le  nickel.  Au  lieu  de  faire  le  vide,  on  peut  chasser  le  gaz 
condensé  en  mettant  le  métal  dans  un  petit  ballon  mimi  d'un  tnbe  à  déga- 
gement et  rempli  d'eau  privée  d'air.  On  chauffe  à  loo  degrés:  tout  le  gaz 
se  dégage  en  quelques  heures.  Le  volume  du  gaz  ainsi  recueilli  est  environ 
loo  fois  le  volume  du  métal.  Le  cobalt  est  d'ailleurs  encore  pyrophoriquc 
après  l'expulsion  complète  de  l'hydrogène. 

»  Soumis  à  l'action  d'un  courant  d'hydrogène,  au  rouge  sombre,  il 
réabsorbe  un  volume  d'hydrogène  égal  à  celui  qu'il  avait  abandonné. 

»  in.  Fer.  —  Nous  avons  précédemment  établi  (i)  que  i  kilogramme 
de  fer  doux  en  lingot  peut  dissoudre  vers  800  degrés  et  abandonner  ensuite 
dans  le  vide,  à  la  même  température,  20  centimètres  cubes  d'hydrogène, 
soit  \  de  son  volume.  Dans  les  mêmes  conditions,  i  kilogramme  de 
foilte  grise  au  bois  dissout  88  centimètres  cubes  de  gaz  hydrogène,  soit 
plus  de  la  moitié  de  son  volume  (2). 

"  On  sait  que  le  fer  obtenu  en  décomposant  par  la  pile  le  chlorure  de 
fer  en  présence  du  sel  am.mouiac  dégage,  lorsqu'on  le  plonge  dans  l'eau 
chaude,  de  l'hydrogène  en  même  temps  qu'une  petite  quantité  d'ammo- 
niaque, ainsi  que  l'ont  constaté  MM.  Meidinger  (3)  et  ^rœmer  (4).  Dans  ces 
derniers  temps,  M.  Cailletet  (5)  a  pu  obtenir  de  cette  façon  un  volume 
d'hydrogène  égal  à  260  fois  celui  du  métal. 

"  Le  fer  pyropliorique  obtenu  en  réduisant  àbasse  température  soit  le 
sesquioxyde  de  fer  sevd,  soit  un  mélange  d'oxyde  de  fer  et  d'alumine  (pré- 
cipités de  leurs  chlorures  par  l'ammoniaque),  abandonne  comme  le  nickel  et 
le  cobalt  pyrophoriques,  tout  son  hydrogène  dans  le  vide,  et,  comme  ces 
métaux,  il  conserve  la  propriété  de  s'enflammer  à  froid  dans  l'air. 

»  Quant  au  vohune  d'hydrogène  que  peut  fixer  le  fer  pyrophorique,  sa 
détermination  présente  des  difficultés  spéciales.  Le  mêlai  perd  à  froid  dans 
le  vide  une  partie  du  gaz  qu'il  avait  absorbé.  L'emploi  de  l'eau  bouillie, 
qui  nous  avait  réussi  pour  obtenir  l'hydrogène  dissous  dans  le  nickel 
ou  le  cobalt  pyrophorique,    a  donné  avec  le  fer   des  résultats  complé- 

(i)   Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p.  662. 

(2)  Nous  avons  constaté  depuis  qu'un  fil  cl'archal,  durcissant  légèrement  par  la  trempe, 
dissout  au  rouge  à  peu  près  \  de  son  volume  d'hydrogène;  le  même  fil  après  cémentation  a 
pu  dissoudre  i  de  son  volume  de  ce  gaz.  La  solubilité  dugaz  hydrogène  dans  l'acier  augmente 
donc  avec  la  leneurde  ce  dernier  en  carbone. 

(3)  Dingl.  Polytcch.  Journ.,  t.  CLXIII,  p.  283. 

(4)  Arcli.  Pharm.,  2*^  série,  t.  CV,  p.  284. 

(5)  Comptes  rendus,  t.  LXXX,  p.  319. 


(  79'  ) 
teiuent  cliffôrents.  En  effet,  le  fer  pyrophorique  provenant  delà  réduction 
d'un  mélange  d'oxyde  de  fer  et  d'alumine  mis  avec  de  l'eau  privée  d'air  dans 
un  petit  ballon  muni  d'un  tube  à  dégagement  nous  a  donné,  lorsqu'on  a 
chauffé,  un  dégagement  continu  d'hydrogène  :  i  gramme  de  fer  pyropho- 
rique dégageait  ainsi  lo  centimètres  cubes  degaz  par  heure,  et  le  dégagement 
a  continué  jusqu'à  ce  que  le  fer  ait  été  à  peu  prés  complètement  oxydé. 
L'eau  était  donc  décomposée  vers  99  degrés  par  le  fer  très-divisé. 

»  Le  fer  pyrophorique  provenant  de  la  réduction  à  basse  température 
de  l'hydrate  de  sesquioxyde  de  fer  seul  décompose  l'eau  avec  une  rapidité 
presque  égale  à  celle  du  métal  mélangé  à  l'alumine. 

»  Quant  au  fer  pulvérulent  moins  divisé  que  l'on  obtient  en  réduisant 
par  l'hydrogène  le  sesquioxyde  de  fer  qui  résulte  de  la  calcination  de  l'azo- 
tate de  fer,  il  décompose  aussi  l'eau  vers  99  degrés;  mais  la  décomposition 
se  fait  beaucoup  plus  lentement.  Le  fer  réduit  du  commerce  et  le  fer  spon- 
gieux obtenu  par  la  pile  se  conduisent  comme  ce  dernier  (i). 

»  Ne  pouvant  déterminer  par  immersion  dans  l'eau  bouillante  le  volume 
du  gaz  condensé  dans  le  fer  pyrophorique,  nous  avons  essayé  de  le  déter- 
miner en  maintenant  le  fer  dans  l'eau  froide;  mais  ici  encore  nous  avons 
eu  à  constater  la  décomposition,  quoique  plus  lente,  de  l'eau,  (i  gramme 
de  fer  pyrophorique,  maintenu  dans  l'eau  privée  d'air  et  à  i5  degrés,  a  dé- 
gagé régulièrement  de  l'hydrogène  pendant  deux  mois.) 

»  En  résumé,  le  fer,  le  nickel  et  le  cobalt  absorbent  directement  le  gaz 
hydrogène,  sans  qu'on  puisse  affirmer  qu'il  y  ait  combinaison  :  c'est  ce 
que  nous  avions  déjà  constaté  pour  le  lithium  et  le  thallium. 

»  Le  fer,  le  nickel  et  le  cobalt  pyrophoriques  condensent  une  plus  grande 
quantité  de  gaz  que  les  métaux  compactes;  mais  ce  gaz  se  dégage  complète- 
ment avant  le  rouge,  et  les  métaux  dépouillés  d'hydrogène  continuent  à  être 
pyrophoriques:  cette  propriété  ne  tient  donc  pas  à  la  présence  de  l'hydro- 
gène condensé. 

»  Enfin  le  fer  tres-di visé  présente  une  propriété  qui  ne  se  retrouve  ni  dans  le 
nickel,  ni  dans  le  cobalt;  il  décompose  l'eau  lentement  à  la  température 
ordinaire,  et  rapidement  aux  environs  de  100  degrés.  Ce  métal  se  rapproche 
ainsi  du  manganèse  dont  nous  ferons  connaître  prochainement  quelques 
propriétés  nouvelles.  » 


(i)  La  vapeur  d'eau  sous  des  tensions  comprises  entre  5  et  aS  millimètres  est,  de  même, 
décomposée  yiav  le  fer  à  la  température  de  100  deyrés,  ainsi  que  cela  résulte  d'expéiiences 
de  M.  11.  Sainte-Claire  Deville. 


102.- 


(  792  ) 

CHIMIE.  —  Êqnilihre  chimique  enlre  les  qaz  :  iode  et  hydrogène. 
Noie  de  M.  G.  Lemoine.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Dumas,  H.  Sainte-Claire  Deville,  Fremy,  Berthelot.) 

«  L'étude  de  la  dissociation,  si  approfondie  depuis  les  travaux  de 
M.  H.  Sainte-Claire  Deville,  offre  encore  une  véritable  lacune.  Presque 
toutes  les  déterminations  ont  été  faites  sur  les  systèmes  non  homogènes  : 
dans  les  expériences  classiques  de  M.  Debray,  le  carbonate  de  chaux  solide 
se  décompose  en  chnnx  et  en  acide  carbonique  gazeux.  On  ne  connaît  point 
encore  les  lois  de  la  dissociation  des  systèmes  homogènes  où  un  composé 
gazeux  se  dédouble  en  deux  éléments  gazeux  sous  l'influence  seule  de  la 
chaleur  (i).  L'équilibre  tend  alors  à  s'établir  entre  les  deux  actions  inverses 
de  la  chaleur  cl  de  l'affinité,  dont  l'une  détruit  et  l'autre  reforme  le  com- 
posé. Comment  la  température  et  la  pression  influent-elles  toutes  deux 
soit  sur  la  limite,  soit  sur  la  vitesse  de  la  réaction  ? 

»  J'ai  choisi  un  sujet  aussi  simple  que  la  théorie  pût  le  concevoir,  la  dé- 
composition de  l'acide  iodhydrique.  M.  Hautefeuille  a  montré,  par  des  in- 
dications numériques  importantes,  qu'il  y  a  là  une  véritable  dissociation 
{Comptes  rendus,  iSmars  1867).  J'ai  repris  cette  question,  et  j'en  ai  fait  une 
étude  méthodique,  analogue  à  celle  que  j'ai  publiée  sur  le  phosphore. 

»  Expériences.  —  Pour  préciser  l'influence  de  la  température  et  de  ii 
pression,  de  nombreuses  séries  de  déterminations  étaient  nécessaires.  Les 
températures  ont  été  celles  de  44^,  35o  et  265  degrés,  obtenues  par  le 
soufre  ou  le  mercure  bouillant  et  par  de  grands  bains  d'huile  convena- 
blement réglés.  Pour  chaque  température,  on  parlait  soit  de  l'acide  iodhy- 
drique, soit  de  l'iode  ou  de  l'hydrogène  à  équivalents  égaux.  Les  pressions, 
dans  ce  dernier  cas,  variaient  méthodiquement  entre  5""",!  et  o''"°,2.  La 


(i)  M.  Rimsen  cti\T.  Berlhelot  ont  trouvé  que  l'équilibre  chimique  entre  certains  gaz  varie 
par  sauls  brusques  quanti  on  change  la  température  et  la  pression  (hydrogène  et  oxygène: 
acétylène);  mais  les  expériences  ont  été  faites  avec  l'étincelle  électrique,  dont  l'action  toute 
Incale  n'est  point  comparable  à  celle  de  la  chaleur.  Des  variations  continues  ont  été  obte- 
nues par  M.  rSertlielot  dans  ses  recherches  sur  l'élhérificalion  ;  mais,  dans  ce  cas,  l'équilibre 
s'établit  entre  la  tendance  de  l'alcool  et  de  l'acide  à  s'unir  et  la  décomposition  de  l'éther  par 
l'eau  éliminée  :  il  y  a  presque  double  décomposition.  Enfin  cinq  expériences  citées  par 
M.  Hautefeuille  sen)bleraient  indiquer  <pie  la  dissociation  de  l'acide  iodhydrique  est  plus  com- 
plète quand  la  pression  nugrnenlf  ;  mais  l'action  de  la  chaleur  n'a  certainement  pas  duré 
assez  longtemps. 


(  79^  ) 
durée  Hes  expériences  a  été  d'ime  heure  à  iiii  înois,  en  chauffant  jour  et 
nuit  sans  interruption.  Nons  calculerons  partout  le  rapport  Je  l'hydrogène 
libre  à  l'hydrogène  total  introduit:  si,  en  partant  de  l'acide  iodhydrique, 
ce  rapport  est  0,200,  c'est  que  les  20  pour  100  de  ce  gaz  ont  été  décom- 
posés. 

))  Chaque  expérience  comprend  trois  opérations  :  1"  fermeture  d'un  bal- 
lon de  verre,  scellé  à  la  lampe  dans  des  conditions  déterminées  de  tempé- 
rature et  de  pression;  2°  chauffage  à  température  constante  et  refroidisse- 
ment brusque  pour  saisir  l'état  chimique  actuel  du  gaz;  3°  ouverture  du 
ballon  sur  une  dissolution  saline  (sel  marin)  :  l'acide  iodhydrique  se  dis- 
sout; on  mesure  le  gaz  restant,  on  dose  l'hydrogène  libre  avec  l'eudio- 
mètre  de  M.  Regnault. 

Proportion  de  gaz  non  combinés  à  ht  tempi^ralitre  dr  35o  degrés. 


Pression  ^  /j'^"",'* 
Hydrogène  et  indo 


Pression  =  ^'''"\;i. 
i"  Hydrogène  ot  iode 
(coorhe  descendanle  }  ; 
a"  Acide  iodhydrupie 
(  courbe  moiit.mle  ) 


Pression  =^  r'"",ii 
Hydrogène  et  iodo 


Les  loiignotirs  horizontales  représentent  le  temps  en  jours.  Les  longueurs  verticale?,  le 
rapport  de  rhydrogène  libre  à  Vhydrogène  introduit  (ïiydrogène  libre  persistant,  si  ron 
part  de  l'iode  et  de  l'hydrogène;  mis  en  liberté,  si  l'on  part  de  l'acide  iodhydrique). 

»  Résultats.  —  On  voit,  par  la  chaleur,  s'effectuer  progressivement  et  la 
combinaison  de  l'hydrogène  avec  la  vapeur  d'iode  et  la  décomposition  de 
l'acide  iodhydrique.  Les  deux  systèmes  inverses  tendent  vers  luie  seide  et 
même  limite  :  l'équilibre  se  produit  donc  lentement  entre  les  deux  actions 
contraires  de  la  chaleur  et  de  l'affinité;  mais,  ainsi  que  cela  a  lieu  dans  les 
phénomènes  d'éthérification,  la  vitesse  de  la  réaction  et  la  grandeur  fie  la 
limite  varient  à  la  fois  avec  la  température  et  avec  la  pression. 

»    1°  La  vitesse  de  la  réaction  dépend  par-dessus  tout  de  la  température 


(  794  ) 
Pour  atteindre  l'équilibre,  il  faut  compter  par  heures  à  /|/|o  degrés,  par 
jours  à  35o  degrés,  par  mois  à  iGH  degrés.  Ainsi  à  aGS  degrés,  en  chauffant 
jour  et  nuit  pendant  un  mois,  on  décompose  l'acide  iodhydrique,  mais 
seulement  les  2  pour  100  de  la  masse  et  sans  que  la  limite  soit  atteinte; 
en  chimie  minérale,  on  n'a  guère  mesuré  de  réactions  aussi  lentes. 

»  La  vitesse  de  la  réaction  varie  aussi  beaucoup  avec  la  pression  propre 
au  mélange  de  vapeur  d'iode  et  d'hydrogène,  c'est-à-dire  avec  le  rappro- 
chement des  molécules  de  ces  deux  corps.  Dans  les  gaz  très-condensés,  la 
combinaison  a  lieu  plus  vite  :  c'est  ce  que  montrent  nettement  les  courbes 
relatives  à  la  température  de  35o  degrés. 

»  2°  La  grandeur  de  la  limite  varie  également  avec  la  température  et  avec 
la  pression,  mais  d'une  manière  très-restreinte.  La  décomposition  augmente 
un  peu  avec  la  température  :  les  0,19  de  l'acide  iodhydrique  se  dissocient 
à  35o  degrés;  les  0,21  à  /^/^o  degrés  (pression  de  2""", 5). 

»  L'influence  de  la  pression  sur  la  grandeur  de  la  limite  n'a  été  étudiée 
d'une  manière  bien  suivie  qu'à  44o  degrés,  car  à  cette  température  seule- 
ment l'équilibre  est  suffisamment  rapide.  Les  différences  constatées 
semblent,  toute  discussion  faite,  un  peu  supérieures  aux  erreurs  d'expé- 
riences. Ainsi,  quand  la  pression  devient  dix  fois  plus  grande,  passant  de 
o''"",  5  à  5""",  I ,  la  limite  de  décomposition  varie  de  o,23  à  0,20.  Le  rappro- 
chement des  molécules  rend  donc  la  décomposition  un  peu  moins  com- 
plète; mais  la  différence  est  à  peine  sensible,  du  moins  dans  les  variations 
de  pression  accessibles  à  l'expérience. 

»  Ces  divers  résultats  me  paraissent  importants  pour  l'interprétation  lo- 
gique de  plusieurs  phénomènes  chimiques,  et  spécialement  pour  l'expli- 
cation physique  du  rôle  des  corps  poreux  dans  les  réactions.  Je  reviendrai 
sur  cette  question,  ainsi  que  sur  d'autres  expériences  qui  se  rattachent  à 
celles  qui  sont  rapportées  ici. 

H  J'ai  exécuté,  moi-même,  toutes  ces  déterminations  à  l'Ecole  Polytech- 
nique, dans  le  laboratoire  de  M.  Fremy.  » 

CHIMIE  iNDOSTlUlîLLE.  —  De  C  essai  des  élaiiUKjes  coiUenanl  du  plomb  ; 
procédé  d'essai  rapide.  Note  de  M.   Foudos. 

(Commissaires  :  MM.  Balard,  Peligot.) 

K  En  continuant  mes  études  sur  les  poteries  d'étain,  j'ai  trouvé  un 
procédé  d'essai  des  étamages  plombifères  qui  permet  d'expérimenter  di- 
rectement  sur    les   vases  élamés  sans   les  mettre  hors  de  service,  si  l'on  a 


(  795  ) 
soin  d'opérer  avec  précauliou.  Ce  procédé  a  une  certaine  analogie  avec 
le  mode  d'essai  des  matières  d'or  par  la  pierre  de  touche;  il  est  aussi  ra- 
pide et  ne  présente  guère  plus  de  difficultés  dans  son  application.  Voici  en 
quoi  il  consiste. 

0  On  dépose,  avec  un  tube  trempé  dans  l'acide  nitrique  pur,  une  couche 
légère  d'acide  sur  une  partie  quelconque  de  l'étamage,  en  choisissant  de 
préférence  une  place  où  l'étain  se  trouve  en  couche  un  peu  plus  épaisse  : 
l'action  de  l'acide  se  produit  à  froid  ;  les  deux  métaux,  étain  et  plomb,  sont 
attaqués,  et  il  se  forme  de  l'oxyde  stannique  et  du  nitrate  de  plomb.  Au 
bout  de  quelques  minutes,  on  chauffe  légèrement,  pour  terminer  la  réaction 
et  faire  disparaître  les  dernières  traces  d'acide  (on  peut  du  reste  chauffer 
immédiatement  après  avoir  dé[)Osé  l'acide),  on  laisse  refroidir;  alors,  on 
touche  la  tache  pulvérulente  produite  par  l'acide  avec  un  tube  trempé  dans 
une  solution  à  5  pour  loo  d'iodure  de  potassium  :  l'iodure  est  sans  action 
sur  l'oxyde  d'étain,  et  il  donne,  en  réagissant  sur  le  nitrate  plombique,  de 
l'iodure  de  plomb  jaune,  qui  sert  à  caractériser  les  sels  de  ce  métal.  Ce  pro- 
cédé d'essai  est  très-sensible  et  accuse  la  présence  d'une  quantité  minime 
de  plomb.  Aussi  ne  faut-il  pas  considérer  comme  étamage  plombifère,  ou 
du  moins  comme  étauiage  additionné  de  plomb,  celui  qui  fournit,  dans  cet 
essai,  une  teinte  légèrement  jaunâtre  ou  d'un  gris  jaunâtre,  car  ce  carac- 
tère peut  être  obtenu  avec  des  étamages  à  l'étain  fin,  attendu  que  ce  der- 
nier renferme  souvent  des  traces  de  plomb. 

»  J'ai  obtenu  une  coloration  jaune  en  opérant  sur  une  lame  d'étain  qui 
ne  contenait  que  i  pour  loo  de  plomb;  la  coloration  jaune  est  plus  intense 
lorsque  l'étain  renferme  une  plus  grande  quantité  de  plomb. 

»  Dans  ce  procédé  d'essai,  il  est  utile  de  prendre  quelques  précautions  : 
on  nettoie  le  vase,  quand  il  a  déjà  servi,  pour  eidever  une  légère  couche 
graisseuse  qui  se  trouve  à  la  surface  et  qui  pourrait  nuire  dans  l'essai;  on 
ne  touche  que  légèrement  avec  l'acide  nitrique,  en  ayant  soin  d'expérimen- 
ter là  où  la  couche  d'étain  offre  une  certaine  épaissein-,  afin  que  I  acide 
n'attaque  que  la  surface  de  l'étamage  et  ne  pénètre  pas  jusqu'au  métal 
étamé,  ce  qui  présenterait  deux  inconvénients,  celui  de  mettre  peut-être 
le  vase  hors  de  service,  et  celui  d'introduire,  dans  les  prodtiits  de  la  réac- 
tion, un  sel  de  fer  ou  de  cuivre,  qui  modifierait  plus  ou  moins  la  réaction 
de  l'iodure  de  potassium  en  mettant  de  l'iode  en  liberté. 

»  Lorsque  le  vase  est  étamé  extérieurement,  c'est  sur  cette  partie  que 
l'on  doit  faire  l'essai. 

»  J'ai  déjà  appliqué  ce  procédé  d'essai  à  un  certain  nombre  de  vases  éta- 


(  796  ) 
mes,  et  j'ai  pu  constater  que  les  étamages  contiennent  souvent  une  quantité 
notable  de  plomb,  contrairement  à  l'ordonnance  de  police  du  1 5  juin  1862, 
qui  exige  que  les  étamages  soient  faits  à  l'étaiii  fin, 

»  Je  me  propose  de  poursuivre  cette  étude,  qui  me  paraît  avoir  une 
grande  importance  au  point  de  vue  de  la  sanlé  publique,  et  j'espère  pou- 
voir adresser  prochainement  à  l'Académie  le  résultat  de  mes  oi)servalions.  » 


HVGIIÎINE  PUBLIQUE.  —    J\ole  relative   à   Hnfluence   des   racines  des  végélaux 
vivants  sur  la  pnlréfaction;  par  M.  Jeaxnel.   (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Boussingault,  Peligot  et  ïhenard.) 

«  Le  projet  d'assainir  et  d'utiliser  les  eaux  des  égouts  de  Paiis,  en  les 
répandant  sur  2000  hectares  de  cultines  maraîchères,  aux  portes  de  Paris, 
a  causé  des  appréhensions  à  quelques  hygiénistes.  On  s'est  demandé  si  la 
presqu'île  de  Gennevilliers,  recevant  chaque  jour  l'énorme  apport  de 
240000  mètres  cubes  d'eaux  putrides,  ne  deviendrait  pas  un  dangereux 
foyer  d'infection  et  ne  menacerait  pas  la  sanlé  des  populations,  à  Genne- 
villiers même,  à  Argenteuil,  à  Colombes,  à  Clichy,  à  Courbevoie,  etc.,  et 
même  jusqu'à  Paris,  dont  les  quartiers  nord-ouest  sont  à  2  kilomètres 
seulement  des  terrains  irrigués. 

»  Cette  grave  question  paraît  résolue  par  la  pratique.  Les  habitants  des 
villages. les  plus  rapprochés,  les  cidtivateurs  qui  vivent  sur  le  sol  fertilisé 
par  les  eaux  d'égouts  ne  sont  sujets  à  aucune  des  maladies  qu'on  serait 
porté  à  redouter  (fièvres  paludéennes,  affections  typhiques). 

M  Cette  immunité  résidte  de  ce  que  les  végétaux  sont  de  puissants 
agents  d'assainissement.  Sans  doute;  mais  comment  agissent-ils?  Le  fait  de 
l'assainissement  des  terrains  marécageux,  des  cimetières,  etc.,  par  les  vé- 
gétaux est  incontestable,  mais  il  est  purement  empirique  :  la  démonstration 
scientifique  n'en  a  pas  été  fournie  jusqu'à  présent. 

»  M'étant  proposé  de  reconnaître  l'influence  des  racines  des  végétaux 
vivants  siu"  les  liquides  putréfiés  et  infects,  j'ai  institué  des  expériences 
qui  m'ont  conduit  aux  conclusions  suivantes  : 

»  1°  Les  racines  des  plantes  en  végétation  ont  pour  effet  d'arrêter 
la  putréfaction  des  matières  organiques  tenues  en  suspension  ou  en  disso- 
lution dans  l'eau. 

»  2"  Les  racines  des  végétaux  vivants  fonctionnent  comme  sources 
d'oxygène,  puisque,  sous  leur  influence,  les  bactéries  et  les  monades,  fer- 


(  797  ) 
ments  anaérobies  de  la  putréfaction,  disparaissent  et  sont  remplacés  par  les 
infusoires  aérobies  qui  vivent  dans  les  eaux  relativement  salubres. 

M  3°  L'expérience  directe  confirme  donc  l'opinion  vulgaire,  qui  attribue 
aux  végétaux  la  propriété  d'assainir  le  sol  imprégné  de  matières  animales 
en  putréfaction.  » 

GÉOLOGIE,  —  Sur  les  iniils  nntiirels  du  calcaire  grossier; 
par  M.  Stan.  Meunier, 

(Commissaires  :  MM.  Ch.  Sainte-Claire  Ueville,  Daubrée,  Des  Cloizeaux.) 

«  Les  géologues  étudient  depuis  de  longues  années  les  accidents  dési- 
gnés sous  le  nom  de  j)uits  naturels^  et  un  grand  nombre  d'hypothèses  ont 
été  imaginées  pour  en  expliquer  l'origine.  Nous  citerons  spécialement  un 
Mémoire  de  INL  Le  Blanc,  publié  en  1842  dans  le  Bulletin  de  la  Sociélé  géo- 
logique, parce  qu'il  traite  des  puits  du  calcaire  grossier  des  portes  mêmes 
de  Paris,  puits  sur  lesquels  notre  attention  s'est  particulièrement  portée. 
Nous  les  avons  étudiés  surtout  dans  les  carrières  ouvertes  sur  le  petit  co- 
teau qui  porte  le  fort  d'Ivry,  et  nous  en  avons  observé  d'autres  ailleurs, 
par  exemple  entre  Valmondois  et  l'Isle-Adam.  Ce  sont  toujours  des  cavités 
cylindriques  très-profondes,  dont  il  arrive  souvent  de  ne  pas  trouver  le 
fond,  et  dont  l'intérieur  est  rempli  de  graviers  mélangés  de  sable  et  d'ar- 
gile rouge.  On  remarque  toujours  que  la  paroi  calcaire  est  profondément 
corrodée  et  comme  pourrie;  d'un  autre  côté,  les  puits  sont  comme  dou- 
blés d'tuie  enveloppe  d'argile  fine,  de  couleur  rouge  très-foncée,  qui  consti- 
tue une  espèce  de  satbaude.  Comme  conclusion  des  études  dont  les  puits 
naturels  ont  été  l'objet,  dans  le  Mémoire  cité  plus  haut,  l'auteur  émet  l'avis 
que  ce  sont  des  canaux  d'éjection  qui  ont  émis  successivement  les  éléments 
des  terrains  parisiens,  et  qui  plus  tard  sont  devenus  absorbants  comme  ils 
le  sont  aujourd'hui.  Cette  opinion  est  également  celle  de  M,  Melleville  et 
de  plusieurs  autres  géologues.  Cependant,  telle  n'est  pas  la  manière  de 
voir  de  tous  les  savants  qui  ont  étudié  les  acciilents  qui  nous  occupent. 
D'Archiac,  de  Senarmont  et  beaucoup  d'observateurs  anglais  admettent 
au  contraire  que  les  puits  ont  été  creusés  par  les  eaux  ruisselant  à  la 
surface. 

»  Nous  avons  pensé  que  l'observation  pure  et  simple  n'est  pas  suffisante 
pour  résoudre  un  problème  de  cette  nature,  et  que  la  forme  même  des  ca- 
vités, tout  irrégulière  qu'elle  soit,  doit  dépendre  en  partie  du  sens  suivant 

C,R.,l875,  i"Semej(re.(T.LXXX,  N»  12.)  K^-^ 


(  798) 
lequel  a  eu  lieu  l'attaque  de  la  roche  calcaire.  Dans  des  expériences  va- 
riées, des  blocs  de  calcaire  furent  soumis  à  l'action  de  l'eau  acidulée  à 
divers  degrés  et  arrivant  sous  des  pressions  inégales,  tantôt  par-dessus  et 
tantôt  par-dessous.  Des  puits  furent  toujours  creusés  ainsi,  mais  de  formes 
essentiellement  différentes,  selon  les  cas,  et  se  rapportant  à  deux  types 
principaux,  tellement  nets,  qu'on  reconnaît  à  la  première  vue  s'ils  ont  été 
forés  par  un  jet  ascendant  ou  par  un  jet  descendant.  Dans  le  premier  cas, 
on  obtient  une  cavité  conoïde,  dout  la  pointe  est  dirigée  en  haut,  et  qui 
conserve  cette  forme  lors  même  que  la  perforation  des  blocs  a  été  com- 
plète. Avec  un  jet  descendant,  au  contraire,  la  cavité  est  grossièrement  cy- 
lindrique et  présente,  dans  ses  irrégularités,  les  analogies  les  plus  intimes 
avec  les  cavités  naturelles. 

»  En  présence  de  ce  résultat,  il  ne  paraît  pas  possible  d'hésiter  plus  long- 
temps, et  de  penser  encore  que  les  puits  aient  été  creusés  par  des  eaux  gey- 
sériennes. 

»  Pour  ce  qui  est  du  remplissage,  il  y  a  néanmoins  lieu  de  distinguer 
entre  les  différents  éléments  qui  y  contribuent.  Les  graviers,  le  sable  et 
l'argile  rouge  paraissent  avoir  trois  origines  tout  à  fait  différentes. 

»  1°  Les  graviers  proviennent  du  diluvium,  ainsi  qu'on  l'a  dit  déjà,  et  la 
disposition  de  leurs  lits  montre,  dans  quelques  cas,  comment  le  forage  des 
puits  a  été  progressif  et  lent. 

»  2°  En  ce  qui  concerne  le  sable,  on  reconnaît  qu'il  représente  nettement, 
dans  une  foule  de  points,  le  résidu  même  de  la  dissolution  du  calcaire. 
Dans  les  expériences  citées  plus  haut,  nos  puits  forés  en  dessus  étaient 
toujours  remplis,  à  la  partie  inférieure,  d'un  sable  quartzeux  très-pur,  iden- 
tique (à  la  matière  colorante  près,  simplement  mélangée)  au  sable  des  puits 
naturels  d'Ivry  :  c'est  ce  que  l'examen  microscopique  a  confirmé.  A  cet 
égard,  on  peut  remarquer,  eu  passant,  qu'ime  bonne  partie  au  moins  des 
sables  moyens  doit  résulter  de  la  dénudation  du  calcaiie  giossier,  à  laquelle 
certains  fossiles  eux-mêmes  ont  pu  résister,  comme  on  l'observe  souvent 
dans  les  couches  inférieures  des  sables  dits  de  Beauchamp,  par  exemple  à 
Anvers  (Seine-et-Oise).  Si  nous  insistons  sur  ce  point  accessoire  de  nos 
éludes,  c'est  qu'il  nous  paraît  de  nature  à  rendre  compte  de  certains  faits 
inexpliqués  jusqu'ici,  et,  pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  de  l'origine  des 
sables  quartzeux  de  Rilly-la-Montagne.  M.  Hébert,  cherchant  à  l'expliquer, 
disait  en  i853  : 

«  Si  l'on  me  domand.iit,  à  défaut  d'une  opinion  positive,  une  hypothèse  de  nature  à  ex- 
pliquer ce  dépôt  si  singulier,  je  dirais  que  la  silice  de  la  craie  de  Meudon  et  du  calcaire  piso- 


(  799  ) 

litliique  me  paraît  tout  aussi  difficile  à  bien  comprendre.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'il  arrivait 
de  la  silice  dans  la  mer  crayeuse,  qu'il  en  arrivait  dans  celle  de  la  craie  supérieure  dont 
notre  calcaire  pisolithique  est  un  produit.  Pourquoi,  lors  de  l'émersion  de  ce  dernier  et  des 
dépressions  que  celte  éniersion  a  laissées  à  la  surface  du  sol,  les  eaux  qui  sont  restées  dans 
ces  dépressions,  ou  qui  s'y  sont  réunies  d'une  façon  quelconque,  ne  se  seraient-elles  point 
chargées  de  silice,  résidu  peut-être  de  celte  silice  crayeuse  dont  le  dépôt  aurait  affecté  la 
forme  que  nous  voyons  dans  les  sables  de  Rilly?  Ce  sable  n'est  pas  cristallisé,  soit;  mais 
nous  ignorons  dans  quelles  conditions  il  s'est  déposé  :  ces  conditions  pouvaient  s'opposer  à 
.  l'état  cristallin.   i> 

»  Nous  sommes  arrivés,  au  conlraire,  à  voir  dans  ces  sables  un  simple 
produit  de  dénudalion.  Voici  comment  M.  Hébert  admet  que  le  dépôt  des 
sables  de  Rilly,  dont  l'épaisseur  n'est  guère  supérieure  à  7  mètres,  a 
été  accompagné  d'une  dénudation  de  100  mètres  des  roches  plus  anciennes, 
c'est-à-dire  surtout  de  celles  qui  font  partie  du  terrain  de  calcaire  pisoli- 
thique. Or,  ayant  examiné  de  très-près  la  constitution  minéraiogique  des 
marnes  à  poissons  du  mont  Aimé,  nous  y  avons  reconnu,  en  abondance, 
l'existence  de  petits  grains  quartzeux,  rigoureusement  identiques  à  ceux  qui 
constituent  le  sable  de  Rilly.  En  dissolvant  ces  grains  dans  un  acide,  ou 
simplement  en  les  soumettant  à  la  lévigation,  on  isole  un  sable  qu'il  est 
impossible  de  distinguer  du  produit  naturel. 

»  3*^  Enfin,  pour  l'argile  rouge,  la  question  d'origine  paraît  plus  difficile. 
Remarquons  cependant  que  cette  argile  est  identique  à  elle-même  dans  tous 
les  puits  observés  autour  de  Paris;  qu'elle  est  de  plus  en  plus  pure,  à  mesure 
qu'on  l'étudié  daqs  des  régions  plus  profondes,  de  façon  que  certaines  ra- 
mifications étroites  des  puits  la  contiennent  à  un  état  qui  rappelle  les 
lithomarges  des  filons  ;  enfin  qu'elle  paraît  fournir  à  l'analyse  les  mêmes 
résultats  que  l'argile  rouge  nettement  geysérienne  qui  accompagne  la 
phosphorite,  par  exemple  :  Penduré  (Lot-et-Garonne),  et  réservons  la  ques- 
tion de  son  origine  pour  une  étude  spéciale.   » 

PHYSIQUE.  —  Noie  sur  les  rapports  existant  entre  la  nature  des  aciers 
et  leur  force  coercitive;  par  MM.  Tkève  et  Dukassier. 

(Commissaires  :  MM.  Boussingault,  H.  Sainte-Claire  Deville,  Fremy,  Jamin.) 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  nouveau  travail  sur  le 
magnétisme,  que  j'ai  pu  mener  à  bonne  fin,  grâce  à  la  collaboration  des 
usines  du  Creusot.  M.  H.  Schneider,  directeur  de  ces  usines,  ayant  bien 
voulu  s'associer  à  l'œuvre  que  j'avais  en  vue,  je  me  mis  en  rapport  avec 

io3.. 


(  8oo  ) 
M.  L.  Durassier,  ingénieur-chef  des  travaux  chimiques.  Au  bout  de  quel- 
ques mois,  M.  Durassier  m'a  fait  parvenir  cinq  catégories  d'aciers,  à  teneur 
en  caibone  rigoureusement  dosée  par  la  méthode  si  élégante  de  M.  Bous- 


suigault. 


»  Déterminer  d'une  manière  précise  la  quantité  de  magnétisme  que  peut 
emmagasiner  tel  ou  tel  de  ces  aciers,  plus  ou  moins  riche  en  carbone;  dé- 
terminer, en  même  temps,  l'influence  de  trempes  diverses  sur  ces  mêmes 
aciers  :  tel  est  le  double  but  que  je  m'étais  proposé  d'atteindre. 

»  Pour  cela,  M.  Durassier  voulut  bien  me  préparer  quinze  barreaux 
d'acier,  répartis  en  cinq  séries  diversement  carburées  de  trois  barreaux, 
dont  chacun  devait  recevoir  une  trempe  particulière. 

»  Nous  convînmes  de  tremper  :  à  l'eau  froide,  à  lo  degrés;  à  l'eau  bouil- 
lante, à  loo  degrés;  à  l'huile,  à  lo  degrés,  après  avoir  porté  les  barreaux 
à  une  température  sensiblement  uniforme,  variant  de  767  à  800  degrés, 
mesurée  au  moyen  du  pyromètre  électrique  de  M.  C.-W.  Siemens. 

))  Voici  le  Tableau  de  répartition  de  ces  quinze  aciers. 


0 

c 

s    s 

£    •? 

■S'    1 

DÉSIGNATIONS. 

ACIERS 

poi'los  à  767  degrés 

et 

trempés  à  l'eau 

h  10  degrés. 

ACIERS 
portés  a  Soo  degrés 

et  trempés 

à  l'eau  bouillante 

à  100  degrés. 

ACIERS 

portés  ;i  776  degrés 

et 

trempés  à  l'huile 

il  ]  0  degrés. 

158 

Aciers  à  o,()5o  p.    100 
(le  caibone. 

A, 

47 

A. 

44 

A, 

92 

Aciers  à   o,55o  p.    100. 

45 

I', 

3o 

37 

83 

Aciers  à  o,5oo  p.    100. 

42,5 

3o 

37 

75 

Aciers  à  o,:i5o  p.    100. 

33,5 

23 

29 

42 

Aciers  à  o,25o  p.    100. 

i3 

10 

12 

))  Dès  que  je  fus  en  possession  de  ces  barreaux,  je  les  aimantai  à  satu-' 
ration,  et,  avec  le  concours  de  notre  constructeiu-  de  boussoles,  M.  Du- 
moulin-Froment, je  déterminai  leur  force  magnétique  par  la  méthode  des 


(  Soi   ) 
déviations  en  usage  dans  ses  ateliers.  Les  chiffres  placés  en  dessous  des 
lettres  majuscules  du  tableau  indiquent  le  maximum  de  déviation  obtenu 
ainsi. 

»  Le  barreau  A,,  dosé  à  0,950  pour  100  de  carbone  et  trempé  à  l'eau 
froide,  a  donné  un  maximum  de  déviation  représenté  par  47.  Le  barreau 
Ao,  contenant  la  même  teneur  en  carbone,  mais  trempé  à  l'eau  bouillante, 
a  donné  l\f\.  Le  barreau  A3,  contenant  encore  0,950  de  carbone,  comme 
les  deux  premiers,  mais  trempé  à  l'huile  à  10  degrés,  a  donné  [\i.  Voilà  un 
cas  de  l'influence  de  la  trempe. 

»  Passons  maintenant  à  l'influence  de  la  teneur  en  carbone,  et  prenons 
deux  barreaux  A,  et  E,,  trempés  tous  deux  à  l'eau  froide  à  10  degrés.  Le 
barreau  A,,  dosé  à  0,950  pour  100,  donne47.  Le  barreau  E,,  doséà  o,25o 
pour  100  seulement,  ne  donne  que  i3. 

»  On  peut  parcourir  ainsi  l'échelle  des  teneurs  en  carbone;  et,  pour 
marquer  d'une  façon  plus  nette  les  résultats  obtenus,  j'ai  dressé,  sur  le 
conseil  de  M.  Dumas,  trois  courbes  coirespondant  aux  trois  trempes  em- 
ployées. J'ai  l'honneur  de  les  soumettre  à  l'Académie.  L'influence  de  la 
trempe  y  est  manifeste. 

»  Au  haut  de  l'échelle  en  carbone,  le  genre  de  trempe  ne  paraît  pas 
avoir  une  action  tiès-marquée.  Les  équivalents  magnétiques  47,  44»  43 
diffèrent,  en  effet,  bien  peu  l'un  de  l'autre.  Si  l'on  descend  l'échelle,  celte 
action  se  manifeste  plus  vivement. 

))  Quant  à  l'influence  de  la  teneur  en  carbone,  elle  ressort  d'une  façon 
assez  nette,  c'est-à-dire  qu'au  maximum  de  carbone  correspond  le  maximum 
magnétique.  Mais  on  remarque  aussi  un  point  de  rebroussement  commun 
aux  trois  courbes,  et  commençant  à  l'équivalent  en  carbone  83,  lequel 
répond  à  o,5oo  pour  100,  ce  qui  indique  que  la  force  coercitive  gagne  fort 
peu  dans  des  aciers  portés  au-dessus  de  o,5oo  à  o,55o  pour  100  do  car- 
bone. 

»  Ainsi  pour  o,55o  pour  100  de  carbone,  on  a  45,  3o,  37.  La  trempe  à 
l'eau  froide  reprend  ses  avantages  et  les  conserve  jusqu'au  bas  de  l'échelle, 
c'est-à-dire  o,25o  pour  100,  point  auquel  ils  s'évanouissent. 

»  Si  donc  les  aiguilles  de  boussoles  (aux  proportions  forcément  si  res- 
treintes) ^doivent  être  fabriquées  de  façon  à  renfermer  la  plus  grande  dose 
possible  de  carbone,  évaluée  à  i,i5o  pour  100,  proportion  des  aciers  à 
outils,  il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  aimants  destinés  aux  machines 
magnéto-électriques,  auxquels  une  teneiu'  de  carbone  de  o,5oo  pour  100 
semble  suffire. 


(    802    ) 

»  La  similitude  que  l'on  constate  entre  les  courbes  magnétiques  et  les 
courbes  d'élasticité  de  tous  ces  aciers  diversement  carbures  prouve  que, 
si  le  carbone  donne  de  l'élasticité  aux  aciers,  il  leur  donne  aussi  la  capacité 
magnétique.  » 

M.  Decharme  adresse  une  Note  relative  à  un  nouveau  moyen  de  pro- 
duire des  vibrations  sonores  et  des  interférences  sur  le  mercure. 

I.e  procédé  indiqué  par  l'auteur  consiste  dans  l'emploi  d'un  courant 
d'air,  dans  un  tube  étroit  dont  l'extrémité  vient  affleurer  à  la  surface  du 
mercure.  Les  conditions  de  l'expérience  étant  convenablement  réglées,  on 
obtient  des  sons  musicaux,  et,  à  la  surface  du  liquide,  des  ondes  au  moyen 
desquelles  on  peut  produire  des  interférences,  des  concamérations  fixes  et 
symétriques,  etc. 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Desains.) 

M.  F.  Garrigou  adresse  les  résultats  de  nouvelles  recherches  sur  les 
eaux  minérales  des  Pyrénées. 

(Commissaires:  MM.  Peligot,  Bussy,  P.  Thenard.) 

M.  Peaccellier  adresse,  pour  le  Concours  du  prix  Poncelet,  un  Mémoire 
sur  l'application  des  systèmes  articulés  dits  «  à  liaison  complète  »  aux  arts 
et  aux  sciences  d'observation. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  J.-J.  Cazenave  adresse  une  «  Histoire  abrégée  des  sondes  et  des  bou- 
gies urétro-vésicales  employées  jusqu'à  ce  jour  ». 

(Commissaires  :  MM.  Larrey,  Gosselin.) 

M.  de  Molon,  à  propos  d'une  Communication  récente  de  M.  Menier,  rap- 
pelle les  observations  qu'il  avait  publiées  lui-même,  sur  la  nécessité  de  la 
division  des  nodules  de  phosphate  de  chaux,  pour  rendre  leur  emploi 
efficace  en  Agriculture. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  J.  Tardres  adresse  une  Note  relative  à  la  réflexion  de  la  lumière. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Desains.) 


(  8o3  ) 
M.    Maillard  adresse   une  nouvelle  Note  relative  au  traitement    du 

choléra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.  ) 

MM.  B.    Dcr.As ,  A.  Mornard  ,  Barthélémy  ,  A.  Bouteille  ,  Dupocx 

adressent  diverses  Communications  relatives  au  Phylloxéra. 

(  Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.  ) 

CORRESPONDAIVCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Une  Brochure  de  M.  F.-X.  Diri\  intitulée  «  Guide  pratique  pour  con- 
stater les  falsifications  du  lait  »  ; 

2°  Une  brochure  de  MM.  P.  Truchot  et  G.-E.  Fredet  sur  «  la  lithine 
dans  les  eaux  minérales  de  Royat  ». 

M.  le  MiNisTRB  des  Affaires  étrangères  transmet  à  l'Académie  une 
Lettre  du  consul  de  France  au  Cap  de  Bonne-Espérance,  l'informant  de 
l'arrivée  à  Table-Bay  des  Membres  de  la  Commission  chargée  par  le  gou- 
vernement des  États-Unis  d'observer,  aux  îles  Rerguelen,  le  passage  de 
Vénus  sur  le  Soleil.  Ces  observations  ont  généralement  réussi,  ainsi  que 
celles  de  la  mission  anglaise  qui  se  trouvait  également  aux  îles  Rerguelen. 

M.  le  Ministre  des  Travaux  purlics  adresse,  pour  la  bibliothèque  de 
l'Institut,  un  exemplaire  du  Rapport  de  M.  Belgrnnd,  contenant  le  résumé 
des  observations  faites  pour  le  service  hydrométrique  du  bassin  de  la  Seine 


en 


1873 


M,  Boileau,  élu  Correspondant  pour  la  Section  de  Mécanique,  adresse  ses 
remercîments  à  l'Académie. 

MM.  Sivel,  Crocé-Spinelli,  G.  et  A.  Tissandier,  Jobert  annoncent  à 
l'Académie  le  succès  de  l'ascension  aérostatique  entreprise  par  eux  les  aS 
et  24  mars,  sous  les  auspices  de  la  Société  française  de  navigation  aérienne, 
et  avec  le  concours  de  l'Académie.  Les  aéronautes  ont  séjourné  vingt-deux 
heures  quarante  minutes  dans  l'atmosphère.  Ils  comptent  communiquer 
prochainement  à  l'Académie  les  résultats  de  leurs  expériences  et  de  leurs 
observations. 


(  8o4) 

HiSTOinE  DE  LA  SCIENCE.  —  Poiir  compléter  les  informations  relatives  à 
Srilomon  de  Caus,  M.  Dumas  place  sous  les  yeux  de  l'Académie  la  copie 
d'un  document  qui  existait  dans  les  Archives  de  la  Ville  de  Paris,  où  il  avait 
été  découvert  p;ir  M.  Read. 

Extrait  du  i-egistrn  des  délibérations  du  Bureau  île  la  T'ille  de  Paris,  pour  l'an  1621. 

0  Le  Prévost  des  IMarclians  et  Eschevins  de  la  Ville  de  Paris  qui  ont  veu  les  meinoires  et  pro- 
positions présentées  au  Roy  et  a  Nos  Seigneurs  de  son  conseil  par  Salomon  de  Caulx,  Ingénieur 
de  Sa  Majesté  affin  de  luy  estrefaict  bail  pour  quarante  ans  du  nettoyement  des  boues  de  ceste 
ville  moyennant  la  somme  de  soixante  mil  livres  tournoys  par  an  qui  est  le  pris  que  l'on  en 
donne  a  présent  et  vingt  mil  livres  aussy  par  an  de  resconipense,  en  quoy  faisant  il  s'oblige 
de  faire  a  ses  fraiz  et  despens  une  eslevalion  de  quarante  poulces  d'caue  a  jirendre  dans  la 
rivière  et  la  faire  conduire  en  plusieurs  endroicis  de  la  ville.  Scavoir  dans  trois  moys  au 
cimetière  Saint  Jehan,  trois  moys  après  dans  la  rue  Saint  Martin,  trois  autres  moys  après 
dans  la  rue  Saint  Denys,  et  dans  autres  moys  après  dans  la  rue  Saint  Honoré,  les  dictz  mé- 
moires a  nous  renvoyez  par  nos  dictz  Seigneurs  du  conseil  pour  en  donner  advis  à  Sa  Ma- 
jesté. 

)i  Remonstrent  à  Sa  SLijesté  et  à  nos  dictz  Seigneurs  du  conseil  quil  est  très  nécessaire  de 
donner  ordre  au  nettoyement  des  boues  et  immondices  de  ceste  dite  ville  et  faulxbourgs  et 
rechercher  toutes  sortes  d'inventions  pour  la  tenir  plus  nette  que  par  le  passé;  et  a  ceste  fin 
sont  d'advis  soniz  le  bon  plaisir  de  Sa  Majesté  et  de  nos  dictz  Seigneurs  du  conseil  d'entendre 
aux  propositions  du  dit  de  Cnulr,  a  la  charge  expresse  de  faire  a  ses  frais  et  despens  des 
fontaines  par  voyer  en  certains  lieux  de  ceste  dite  ville  par  ou  il  fera  passer  les  dictz  qua- 
rante poulces  d'eaue  assavoir  a  la  rue  Saint  Anthoine  proche  la  croix  Sainte  Catherine  dans 
le  cimetière  Saint  Jehan  a  la  croix  Saint  Jacques  de  la  Boucherie,  a  la  rue  aux  Hours  a  la 
rue  de  l'Homme  armé  au  hault  de  la  rue  nenfve  Saint  Medericq,  une  près  les  Rillettes,  une 
près  Saint  Jacques  de  l'Hospital  a  la  place  aux  Chats  a  la  rue  de  Bethisy  au  pont  Alex  au 
coing  de  la  rue  du  Coq  et  de  Saint  Thomas  et  trois  dans  la  cousture  du  Temple  et  terres 
voisines  commancées  a  bastir  et  une  preslc  Temple  en  Saint  Martin,  le  tout  pour  la  commodité 
du  publicq.  Lesquelles  fontaines  le  dit  de  Caulx  sera  tenu  de  nettoyer  bien  et  deuement  touttes 
les  boues  et  immondices  qui  ne  pourront  estre  escoulées  tant  dans  ceste  ville  faulxbourgs 
que  esgouts  et  a  ceste  fin  avoir  par  luy  une  grande  quantité  de  chevaulx  et  tomberaulx  pour 
enlever  et  transporter  touttes  les  dites  boues  et  immondices  qui  ne  pourront  esire  escoullées 
par  les  dites  caues  que  doresnavant  il  ne  puisse  rccepvoir  les  deniers  destinez  an  payement 
du  dit  nettoyement  (ju'il  ne  rapporte  des  diclz  Prévost  des  Marchands  et  Eschevins  comme 
la  Ville  sera  nette  et  en  bon  estât.  En  quoy  faisant  ils  bailleront  place  au  dit  de  Caulx  proche 
la  rivière  vers  l'arcenal  ou  ailleurs  qui  sera  jugé  le  plus  proche  pour  faire  le  pavillon  qu'il 
entend  faire  pour  l'eslevation  des  diclz  quarente  poulces  d'eaue. 

»  Fait  au  Bureau  de  la  Ville  le  mardy  trentiesme  jour  de  mars  mil  six  cens  vingt  ung. 

»  Signé  :  d'Amours  du  Buisson.  J.  Goujon.   » 

Salomon  de  Caus  est  mort  à  Paris  en  1626. 


(  8o5  ) 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  quelques  conséquences  d'un  théorème  général  relatif  à  un 
implexe  et  à  un  sjstèmc  de  surfaces.  Note  de  M.  G.  Fouret,  présentée  par 
M.  Chasles. 

«  L'étude  des  implexes  el  des  systèmes  généraux  de  surfaces  conduit  à 
des  résultats  également  utiles,  qu'on  l'envisage  au  point  de  vue  delà  Géo- 
métrie pure,  ou  au  point  de  vue  de  ses  applications  à  l'Analyse.  Considérés 
comme  mode  de  représentation  de  certaines  équations  aux  dérivées  par- 
tielles, les  implexes  et  les  systèmes  de  surfaces  pourront,  dans  certains  cas, 
fournir  l'expression  analytique  de  l'intégrale  générale  de  ces  équations. 
Nous  sommes  arrivé  à  intégrer  de  la  sorte  une  classe  assez  étendue  d'équa- 
tions aux  dérivées  partielles  du  premier  ordre  dont,  à  notre  connaissance, 
on  n'avait  pas  encore  obtenu  l'intégrale.  Nous  espérons  être  en  mesure 
assez  prochainement  de  publier  ce  travail. 

))  Considérés  comme  êtres  purement  géométriques,  les  implexes  et  les 
systèmes  de  surfaces  constituent  en  quelque  sorte  des  types  très-généraux, 
dont  on  peut  faire  dériver  un  nombre  presque  indéfini  de  types  secon- 
daires, n'ayant  souvent  aucun  lien  apparent,  comme  les  surfaces  algé- 
briques, les  réseaux  de  surfaces,  les  congruences  de  droites,  etc.  La  notion 
des  implexes  établit  ce  lien  et  rattache  les  unes  aux  autres  des  propriétés 
à  première  vue  très-différentes,  en  en  faisant  de  simples  corollaires  d'un 
même  théorème  beaucoup  plus  général.  Ainsi  ressort  une  fois  de  plus  le 
caractère  propre  des  méthodes  de  la  Géométrie  moderne,  qui,  suivant  les 
termes  de  M.  Chasles  (*),  est  de  «  pénétrer  jusqu'à  l'origine  des  ventés  et  de 
»  mettre  à  nu  la  chaîne  mystérieuse  qui  les  relie  entre  elles,    » 

»  La  présente  Communication  a  pour  objet  un  théorème  d'une  grande 
généralité  sur  les  implexes  et  les  systèmes  de  surfaces,  que  nous  démon- 
trerons et  dont  nous  tirerons  ensuite  un  certain  nombre  de  conséquences 
presque  immédiates. 

M  Théorème  L  —  Le  lieu  des  points  de  contact  des  sui faces  d'un  implexe 
(9,  y)  avec  les  surfaces  d'un  système  (a,  v,  p)  est  utie  surface  de  l'ordre 
(a  -h  v)  ^  +  IJ.0. 

»  L'enveloppe  des  plans  tangents  communs  correspondants  est  une  surface  de 
la  classe  (v  +  p)  9  -+-  p5. 

»  Il  suffit  évidemment  de  démontrer  l'une  des  deux  parties  du  théorème, 
la  seconde  par  exemple;  car  l'autre  s'en  déduira  aussitôt  en  verlu  du 

(')  Rapport  sur  les  progrès  (le  la  Géométrie^  p.   80. 

C.R.,i8-j5,  i«r  Semestre,  (.T.  LXXX,  N"  12.)  '  o/j 


(  8o6  ) 

principe  de  dualité.  Cherchons,  à  cet  effet,  le  nombre  des  plans  tangents  à 
l'enveloppe  qui  passent  par  une  droite  quelconque  D. 

»  Le  lieu  des  points  de  contact  des  plans  tangents  menés  par  D  aux  sur- 
fiaces  de  l'iraplexe(ô,  (p)  est  une  surface  (S)  de  l'ordre  ô  +•  y,  dont  5  nappes 
se  croisent  suivant  D  (*).  D'autre  part,  le  lieu  des  points  de  contact  des 
mêmes  plans  avec  les  surfaces  du  système  (;j.,  v,  p)  est  une  courbe  C 
d'ordre  v  -+-  p  qui  coupe  D  en  v  points  (**).  Le  nombre  total  des  points 
d'intersection  de  (S)etde  C  est  par  conséquent  égal  à  (ô  +  9)  (v  -h p)  (***). 
Or  ces  points  sont  évidemment  les  points  de  contact  de  deux  surfaces  ap- 
partenant l'une  à  l'implexe,  l'autre  au  système,  à  l'ejcception  de  ceux  qui 
sont  situés  sur  D.  Ces  derniers,  au  nombre  de  v,  sont  multiples  d'ordre  d  et 
comptent  ensemble  pour  vô.  Par  suite  l'enveloppe  cherchée  est  une  surface 
de  classe  (9  +  y)  (v  +  p)  —  vO  =  (vp)  y  +  pQ. 

»  CONSiîQUENCES.  —  Dans  le  cas  où  l'implexe  se  réduit  à  une  surface  du 
in"^'"^  ordre,  et  le  système  à  une  courbe  plane  ou  gauche  du  p"'""'  ordre,  on 
a  6  ^  o,  ip  =  tu,  |x  =  o,  V  =  o,  p  =  p,  et  l'on  retrouve  ce  théorème  bien 
connu  sur  lequel  nous  venons  de  nous  appuyer  dans  la  démonstration  |)ré- 
cédente,  à  savoir  qu'wne  surface  du  m^^'"^  ordre  et  une  courbe  plane  ou  gauche 
du  p""""  ordre  se  coupent  en  mp  points  {"")■ 

»   On  retrouverait  pareillement  la  propriété  corrélative. 

»  Le  système  (p.,  y,  p)  restant  quelconque,  si  l'implexe  se  réduit  à  une 
surface  du  m""""  ordre,  la  seconde  partie  du  théorème  I  donne  l'énoncé 
suivant  : 

»  Thi<:orÈme  IL  —  L'enveloppe  des  plans  tangents  aux  surfaces  d'un  système 
([J.,v,  p),  aux  points  oii  celles-ci  coupent  une  même  surface  du  »;""'"<■  ordre,  est 
une  surface  de  la  classe  m[v  +  p). 

))   On  obtient  de  même  la  propriété  corrélative  qui  suit  : 

»  Théorème  IIL  —  Le  lieu  des  points  de  contact  des  surfaces  d'un  système 
[p.,  V,  p)  avec  les  plans  tangents  d'une  surf  ne  de  n"''"^  classe  est  une  surjace  de 
degré n(^\}.  H-  v). 

(*)  Comptes  rendus,  t.  LXXIX,  p.  689. 

(**)  Comptes  rendus,  t.  LXXX,  p.  170.  Généralisation  d'un  théorème  donné  par  M.  de 
Jonquières,  t.  LVIII,  p.  567. 

(**')  Voir  une  démonstration  géométrique  de  ce  théorème  [Bulletin  de  lu  Société  mathé- 
inati<iue,  t,  I,  p.  128). 

(****)  Voir  une  démonstration  géométrique  de  ce  théorème  (  £«//t'?/«  de  ta  Société  mathé- 
matique, t.  I,  p.  258). 


(8o7  ) 
»  Dans  le  cas  où  l'iniplexe  se  résout  en  une  congruence  de  droites  [9,  tp), 
le  théorème  I  devient  : 

»  Théorème  IV.  —  Le  lieu  des  points  de  contact  des  surfaces  d'un  système 
{jj.,  V,  p)  avec  les  droites  d'une  congruence  [Q,  9)  {*)  est  une  surface  de  iordre 
{[Ji+  v)d  -h  p.a>. 

»   L'enveloppe  des  plans  tangents  correspondants  est  une  surface  de  la  classe 

(v  -H  p)cp  -+-  pd. 

n  En  particulier  : 

»  Théorème  V.  —  Le  lieu  des  points  de  contact  des  surfaces  d'un  système 
(/x,  V,  p)  avec  les  droites  s' appuyant  sur  deux  courbes,  planes  ou  gauches,  de 
degrés  p  et  q,  Cp  et  C^,  est  une  surface  de  l'ordre  (ap.  +  v)/3f/. 

»  On  voit  de  plus  immédiatement  que  le  lieu  a  p.  nappes  se  croisant  sui- 
vant chacune  des  courbes  Cp  et  C^. 

»  Si  l'iniplexe  est  formé  de  sphères  ayant  leur  centre  sur  une  courbe  C^ 
de  degré  p,  on  a.  6  =  <p  =  p,  et  le  théorème  I  donne  l'énoncé  suivant  : 

M  Théorème  VI.  —  Le  lieu  des  pieds  des  normales  menées  par  les  divers  points 
d'une  courbe  de  degré  p,  Cp,  aux  surfaces  d'un  système  [p.,  v,  p),  est  une  surface 
de  iordre  [2p.  +  v)p,  dont  p.  nappes  se  croisent  suivant  Cp. 

»  L'enveloppe  des  plans  tangents  correspondants  est  une  surface  de  la  classe 
(v  +  2p)p. 

»  Le  système  {ix,  v,  p)  peut  consister  en  un  faisceau  de  surfaces  du 
jj^ième  ordre .  alors  a  =1,  v  =  2  (m  —  i),  ^  =  3(7W  —  i)%  et  l'on  obtient  le 
théorème  suivant  : 

»  Théorème  VIT.  —  Le  lieu  des  points  de  contact  des  surfaces  d'un  implexe 
[Q,  (f)  avec  les  surfaces  d'un  faisceau  du  m'"'"^  ordre,  sans  singularités,  est  une 
surface  de  l'ordre  [im  —  i)Q  -\-  y,  dont  Q  nappes  se  croisent  suivant  la  courbe 
fondamentale  du  faisceau. 

»  Dans  le  cas  où  l'implexe  est  formé  de  sphères  ayant  leur  centre  sur 
une  courbe  plane  ou  gauche  de  degré  p,  Cp,  le  dernier  théorème  donne 
le  suivant  : 

»  Théorème  VIII.  —  Le  lieu  des  pieds  des  normales  abaissées  des  divers  points 
d'une  courbe  plane  ou  gauche  de  degré  p,  Cp,  sur  les  surfaces  d'un  faisceau  algé- 
brique du  771'"'"^  ordre,  sans  singularités,  est  une  surface  de  degré  imp,  qui 

(*]  Le  théorème  XXI,  sur  les  congruences,  île  ma  Communication  du  21  septembre  der- 
nier {Comptes  rendus,  t.  LXXIX,  p.  698)  avait  déjà  été  donné  auparavant  par  M.  Halphen 
[Bulletin  de  la  Société  mathématique,  t.  I,  p.  255  ). 

104.. 


(  8o8  ) 
contient  comme  ligne  simple  la  courbe  Cp,  et  dont  p  nappes  se  croisent  suivant 
la  courbe  fondamentale  du  faisceau. 

»  En  particulier  : 

»  Théorème  IX.—  Le  lieu  des  pieds  des  nornmtes  abaissées  des  divers  points 
d'une  droite  D  sur  les  surjaces  d'un  faisceau  algébrique  du  m"''"'^  ordre,  sans 
singularités,  est  une  surface  de  degré  2m,  qui  contient  la  droite  D  et  la  courbe 
fondamentale  du  faisceau. 

»  Ce  théorème  se  démontre  aisément  d'une  manière  directe,  à  l'aide 
d'une  rotation  infiniment  petite  du  faisceau  autour  de  la  droite  D. 

»  L'intersection  complète  de  la  surface  du  lieu  (VIII)  avec  chacune  des 
surfaces  du  faisceau  est  de  degré  2m- p.  Eu  en  déduisant  la  courhe  fonda- 
mentale du  faisceau,  qui  est  de  degré  m^  et  qui  compte  p  fois  dans  l'inter- 
section, il  reste  une  courbe  de  degré  nrp;  par  suite  : 

»  Théorème  X.  —  Le  lieu  des  pieds  des  normales  abaissées  des  divers  points 
d'une  courbe  d'ordre  p,  Cp,  sur  une  surface  algébrique  du  m'^'"''  ordre,  est  une 
courbe  d'ordre  m- p,  qui  rencontre  Cp  aux  nip  points  d'intersection  de  cette 
courbe  avec  la  surface. 

»  En  remplaçant  la  courbe  Cp  par  une  droite,  on  retrouve  un  théorème 
que  M.  Mannheim  a  donné  dans  ces  dernières  années,  et  dont  il  a  déduit 
diverses  conséquences  relatives  aux  normales  et  aux  normalies  d'une  sur- 
face (*). 

»  Du  théorème  VIII  on  déduit  encore  facilement  le  suivant  : 

»  Théorème  XI.  —  Le  lieu  des  pieds  des  droites  twrmales  aux  swf  aces  d'un 
faisceau  du  m'""^  ordre.,  sans  singularités,  et  s  appuyant  sur  deux  courbes  Cp  et 
Cy,  d'ordres  respectivement  égaux  à  p  et  à  g,  est  une  courbe  d  ordre  3  m- pq, 
qui  rencontre  chacune  des  courbes  Cp  et  Cq  en  zmpq  points. 

»   En  particulier  : 

1)  Théorème  XII.  —  Le  lieu  des  pieds  des  droites  normales  aux  surjaces 
d'un  faisceau  du  m"'""^  ordre,  sans  singularités,  et  s'appuyant  sur  deux  droites 
fixes,  est  une  courbe  d'ordre  3/k*,  qui  rencontre  chacune  des  droites  fixes  en 
2ni  points. 

»  Nous  pourrions  pousser  plus  loin  ces  déductions  ;  mais  les  exemples  qui 
précèdent  nous  paraissent  suffire  pour  montrer  la  fécondité  des  théorèmes 
du  genre  de  celui  que  nous  avons  énoncé  en  commençant,  et  que  nous 
avons  démontré  avec  une  si  grande  simplicité.  » 

(*)    Comptes  rendus,  t.  LXX,  j).   loaS. 


(  «09) 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  unc  méthode  de  calcul  des  pcrtuvhalions  absolues 
des  comètes.  Note  de  M.  Hcgo  Gylden,  présentée  par  M.  llermitc. 

«  Dans  tous  les  cas  où  la  solution  du  Problème  des  trois  Corps  peut  être 
effectuée  au  moyen  des  développements  suivant  les  puissances  et  produits 
des  forces  perturbatrices,  la  difficulté  principale  est  ramenée  à  l'évaluation 
des  deux  quadratures  consécutives,  dont  la  première  peut  être  mise  sous  la 
forme 


«  ^•=/(^r' 


Dans  cette  formule,  on  a  désigné  par  s  l'anomalie  excentrique  du  corps 
troublé  (la  comète);  par  <I>  une  somme  des  fonctions  trigonométriques  de 
£,  ainsi  que  de  l'anomalie  excentrique  s'  de  la  planète  troublante,  ces  fonc- 
tions multipliées  par  certains  coefficients  numériques,  et  enfin  par  (A) 
la  distance  mutuelle  des  deux  corps.  Eu  l'exprimant  comme  une  fonction 
de  £  et  de  e',  on  peut  donner  à  (A)  la  forme  suivante  : 

(A)^  =       a,  -+-  ht  C0S2  +  c,  sin£  h-  r/,  cosie 

—  («2  -1-  h^  cos£  H-  Cn  sins)  cose' 

—  («3  H-  Z'j  cos£  -i-  C3  sine)  sins'  -H  a^  cos2£', 

rt|,  b,,. ..  étant  des  coefficients  invariables  dépendant  des  éléments  ellipti- 
ques. Pour  effectuer  l'intégration  de  l'équation  (i),  on  est  porté  à  développer 
!a  puissance  (A)""  en  série;  mais,  le  résultat  obtenu  decette  manière,  les  ano- 
malies £  et  e'  étant  considérées  comme  argument,  ne  jouit  pas  d'une  con- 
vergence suffisante,  le  minimum  de  (A)  n'étant  pas  au-dessus  d'une  cer- 
taine limite.  Au  contraire,  l'orbite  du  corps  troublé  étant  fortement 
excentrique  et  le  minimum  de  la  distance  mutuelle  d'une  certaine  petitesse, 
les  séries  en  question  seraient  presque  tout  à  fait  impraticables  pour  le 
calcul  numérique.  Pour  éviter  cet  inconvénient,  M.  Hansen  a  inventé  la 
méthode  des  partitions,  communiquée  dans  un  Mémoire  couronné  par 
l'Académie  des  Sciences  de  Paris.  Nous  rappellerons  en  peu  de  mots  son 
principe.  Dans  les  diverses  portions  de  l'orbite  de  la  comète,  on  introduit 
de  nouvelles  variables  au  lieu  de  £,  de  sorte  que  la  partie  de  (A)-  dépen- 
dant d'une  telle  variable  soit  bien  moindre  que  l'autre  partie.  Désignons 
ces  deux  parties  par  E  et  D,  de  sorte  qu'on  ait 

(A)-  =  D-t-E; 

on  peut,  en  effet,  par  des  substitutions  convenables,  rendre  le  rapport  -^ 


(  8io) 
aussi  petit  qu'on  le  désire.  Cependant,  par  suite  des  opérations  indiquées, 
savoir  :  substitutions  des  nouvelles  variables,  dites  anomalies  partielles^ 
dans  l'expression  de  dY,  on  est  conduit  à  y  introduire  aussi  l'angle 
c'=  c'g  —  |j.Co  +  iJ.2tnn  comme  variable;  l'expression  dans  laquelle  on  a 
désigné  par  Cp  et  Cq  les  anomalies  moyennes  correspondant  à  l'origine  du 
temps,  par  p.  le  rapport  des  moyens  mouvements,  et  enfin  par  m  un  entier 
signifiant  le  nombre  de  révolutions  du  corps  troublé  écoulées  dans  le  même 
temps.  Au  moyen  d'une  anomalie  partielle  et  de  la  variable  discontinue  c', 
on  est  en  état  d'éliminer  l'anomalie  s.'. 

»   On  est  facilement  convaincu  que  le  développement  de  (A)""",  suivant 
les  multiples  de  l'anomalie  partielle,  sera  très-convergent  à  mesure  qu'on 

fera  le  rapport   ~  petit;  cependant  la  couvergence  suivant  l'argument  c' 

peut  être  d'une  extrême  lenteur,  comme,  en  effet,  on  a  eu  occasion  de 
le  voir  dans  l'exemple  calculé  par  M.  Hansen  dans  le  Mémoire  mentionné 
ci-dessus.  11  paraît  donc  d'une  importance  extrême  de  trouver  des  mé- 
thodes par  lesquelles  on  puisse  développer  la  puissance  (A)~"  de  ma- 
nière que  la  couvergence  suivant  les  deux  variables  soit  très-rapide.  Voici 
un  moyen  qui  s'appuie  sur  l'introduction  d'une  intégrale  elliptique  comme 
argument  au  lieu  de  c'. 

»  En  désignant  par  nig,  m,,...,  «,,...  des  fonctions  de  l'anomalie  par- 
tielle, on  obtient  pour  (A)-  l'expression  suivante  . 

[A]-  =  lUg  +  m,  cosc'h-  m^  cosac'+  .  ,  . 
+  71,  sinc'-t-   rio  sin  2c'+  .  .  .  . 

»  On  peut  remarquer  que  les  fonctions  /«„,  111,,...  sont  soumises  à  des 

variations  d'autant  plus  petites  qu'on  a  fait  le  module  du  rapport  -  peu 

sensible;  en  outre,  les  coefficients  m^  et  «o  sont  du  premier  ordre  par  rap- 
port à  l'excentricité  de  la  planète  troublante,  ^3  et  n^  du  deuxième  ordre, 
et  ainsi  de  suite.  L'expression  précédente  de  (A)-'  peut  être  transformée  de 
la  manière  suivante.  Soient  x  et  j  deux  fonctions  de  l'anomalie  partielle, 
déterminées  de  manière  que  les  termes  dépendant  de  l'argument  2  c'  dispa- 
raissent dans  le  produit  (1  -(-  x  cosc'  -\- j  sine')  (A)-;  on  obtient,  en  intro- 
duisant les  notations  (i  -f-  x  cosc'  +  j  sine')  (A)-  =  T,  -F  Tj, 

T,  =  m\  H-  1n^  cosc' -7-  «',  sine', 

T2  =  /M'3  cps3c'  •  l-  m^  cos  4c'  -h  .  .  .  +  ri^  sin  3 c'  +  lî^  sin  4  c'  -i- .    .  , 


(8ii  ) 
un  résultat  de  la  forme 

(A)"""=^  (i -I-  arcosf'-f-j;' sine')'    — 


I        II    1, 

_t;         t; 

n 

2.4 

T? 

■■] 


»  Les  fonctions  :retjr  étant  du  premier  ordre  et  To  du  deuxième,  tous 
les  développements  par  rapport  à  l'argument  c'  convergeront  rapidement 

n  n 

à  l'exception  de  ceux  de  T,  %  T,"  ,. . .  .  Nous  nous  réservons  d'exposer, 
dans  une  prochaine  Note,  le  moyen  par  lequel  on  obtient  des  séries 
nouvelles  jouissant  d'une  convergence  rapide,  même  dans  les  cas  les  plus 
difficiles.  » 

THÉORIE  DES  NOMBRES.  —  Sur  les  résidus  de  septième  puissance. 
Note  du  P.  Pépin,  présentée  par  M.  Hermite. 

«  On  sait  que  Jacobi  a  fondé  la  théorie  des  résidus  cubiques  sur  la  dé- 
composition du  quadruple  des  nombres  premiers,  dont  la  division  par  3 
donne  i  pour  reste,  en  la  somme  d'un  carré  et  du  triple  d'un  autre  carré 
divisible  par  g;  de  sorte  que,  ce  quadruple  étant  mis  sous  la  forme 

la  valeur  à  laquelle  se  réduit  le  rapport  —i  suivant  un  module  donné  q, 

permet  d'assigner  la  classe  à  laquelle  appartient  le  module  q  parmi  les 
résidus  ou  les  non  résidus  cubiques  pour  le  nombre  premier  p.  Comme  tous 
les  nombres  premiers  dont  la  division  par  7  donne  i  pour  reste  peuvent 
se  mettre  sous  la  forme  ^  =  L"  +  7M%  il  est  naturel   de  se  demander  si 

la  connaissance  de  la  valeur  à  laquelle  se  réduit  le  rapport  j-^)  suivant  un 

module  q,  pourrait  servir  à  déterminer  la  classe  à  laquelle  ap[jartient  ce 
module  parmi  les  résidus  ou  les  nou-résidus  de  septième  puissance  rela- 
tivement au  nombre  premier  p,  ou  encore,  dans  le  cas  où  cela  n'aurait  pas 
lieu,  s'il  existe  quelque  facteur  complexe  du  nombre  p  pour  lequel  on 
puisse  établir  des  lois  de  réciprocité  analogues  à  celles  qui  sont  fondées, 
dans  la  théorie  des  résidus  cubiques,  sur  la  considération  du  facteur  com- 
plexe LdzSy/—  iM.  Telle  est  la  question  que  je  me  suis  proposée;  je 
donne  ici  les  principaux  résultats  de  mes  recherches. 

»  Quoique  la  première  partie  de  cette  question  ait  été  résolue  négative- 
ment, j'énoncerai  néanmoins  une  règle  simple   poiir  calculer,  au  moyen 


(8,2    ) 

des  Tables  d'indices  de  Jacobi  [Canon  arillimeticus),  les  deux  nombres  L,  M 
qui  vérifient  l'équation 

p  =:r  'JV;  -h  I  r=  Ij-  +  7  M". 

))  Au-dessous  des  nombres  2,  3,  4,--)  P  ~ 'i  inscrivez  leurs  indices 
réduits  à  leurs  résidus  minima  positifs  suivant  le  module  7;  ajoutez  à 
chaque  indice  le  double  de  celui  qui  le  précède  immédialement,  et  con- 
servez le  premier,  celui  de  2,  tel  qu'il  est  ;  enfin  réduisez  toutes  ces  sommes 
suivant  le  module  7,  et  comptez  combien  de  ces  résidus  sont  égaux  à  zéro, 
à  1  ou  à  3;  si  l'on  désigne  par  a  le  nombre  de  ceux  qui  sont  égaux  à  zéro, 
par  b  ou  par  c  le  nombre  de  ceux  qui  sont  égaux  à  i  ou  à  3,  on  aura 

21^=2(7  — b  —  C,      2M  =  b — c, 

»  La  seconde  partie  de  la  question  posée  a  été  résolue  affirmativement. 
La  fonction  E,  ,  de  Cauchy  donne,  dans  la  théorie  des  résidus  de  septième 
puissance,  des  théorèmes  tout  semblables  à  ceux  que  nous  avons  énoncés, 
dans  une  Note  précédente,  pour  les  résidus  de  cinquième  puissance. 

»  Soit  p  une  racine  primitive  de  l'équation  a'  —  i  =  o.  Désignons  par  «,■ 
le  nombre  des  termes  de  la  suite 

2,  6,  12,.,.,  /(/-m),...,  (/j  —  2);/)  —  i) 

dont  les  indices,  relativement  au  nombre  premier  /j  et  à  la  base  i,  sont  de 
la  forme  "joc  -h  i;  on  aura 

1^1,1  =^  ?ip)  =  f!„  -^  a,p  +  a.,p-  -h...^  a,,p\ 

et  cette  fonction  o{p)  vérifiera  l'équation  ç)(p)(p(p~'    — /j. 
»   Posons 


T(p'r?(p') 


L—  3v—  3  M 


Ce  rapport  ij>(p)  joue  ici  le  même  rôle  que  le  rapport ^  dans  la 

L  4-  3  V—  3M 
théorie  des  résidus  cubiques. 

»  Considérons  d'abord  un  autre  nombre  premier  de  même  forme 
ç  =  7^'+  I  ;  désignons  par  g  une  racine  primitive  de  </  prise  comme  base 
d'un  système  d'indices,  et  posons  g^'^Es^  (mod.  q).  Le  nombre  /3  sera  une 
racine  primitive  de  la  congruence  a'  —  i  hï;  o  (mod.  q). 

»  Enfin  nous  disons  qu'un  nombre  appartient  à  la  classe  (/)  pour  le  mo- 
dule p  et  la  base  t  lorsque  son  indice  est  de  la  forme  'jx  +  /,  en  remar- 
quant que  la  mention  de  la  base  est  inutile  pour  la  classe  (o),  c'est-à-dire 


(8i3  ) 
pour  les  résidus  de  septième  puissance.  Cela  posé,  notre  loi  de  récipro- 
cité pour  les  deux  nombres  premiers  p  —  "jv;  -^  i  et  q  =  'jq'  -h  i  est  expri- 
mée par  le  théorème  suivant  : 

»  Théorème  I.  —  Si  le  nombre  q  appartient  à  In  classe  (/)  relativement  au 
module  p  et  à  la  base  t,  dont  on  a  fait  usa<je  pour  le  calcul  de  la  fonction  ;R,_,, 
ta  valeur  de  l'expression  <f  (jS)  (mod.(/)  appartient  aussi  à  la  classe  [i)  relative- 
ment au  module  q  et  à  la  base  g. 

n  En  faisant  i  =  o,  on  a  le  théorème  suivant  : 

»  Théorème  II.  —  Le  nombre  q  est  résidu  ou  non-résidu  de  septième  puis- 
sance relativement  au  module  p,  suivant  que  la  valeur  de  l'expression  >f((3) 
(mod.  q)  est  elle-même  un  résidu  ou  un  non-résidu  de  septième  puissance  pour 
te  module  q. 

»  Il  existe  aussi  une  réciprocité  de  septième  ordre  entre  un  nombre  pre- 
mier p  de  la  forme  7^7  -f-  i  et  un  autre  nombre  premier  q  =  'jq'  —  i  ;  mais 
elle  repose,  comme  dans  la  théorie  des  résidus  cubiques,  sur  la  considé- 
ration des  racines  imaginaires  de  la  congruence  .x**'  —  i  eh^o  (niod.  q).  Il 
existe  pour  cette  congruence  des  racines  primitives  dont  les  diverses  puis- 
sances donnent  pour  résidu,  suivant  le  module  q,  toutes  les  autres  racines. 
Prenant  l'une  d'elles  pour  base,  on  peut  distribuer  toutes  les  racines  en 
sept  classes,  en  rangeant  dans  une  même  classe  [i)  celles  dont  les  indices 
divisés  par  7  donnent  le  même  reste  /.  Toutes  ces  racines  sont  comprises 
dans  la  formule/-}- g  y/—  7  et  vérifient  la  condition/^  +  7g^L-i^i  (mod.  q). 
Soit  X  =y  -t-  g  V  —  7  la  racine  primitive  choisie  comme  base  d'un  système 
d'indices  et  posons  X^'s^p  (mod.  q).  La  fonction  4'(/5)  étant  toujours  le 
rapport  défini  précédemment,  Hi^~*)  ^^*  une  racine  delà  congruence 
x'"''  —  I  iEs  o  (mod.  q}.  Désignons  par  /  son  indice  et  par  (/)  le  reste  de  la 
division  de  cet  indice  par  7;  (y)  sera  la  classe  du  rapport  i}(/3)  relative- 
ment au  nombre  9  et  à  la  base  X.  La  réciprocité  de  septième  ordre  qui  existe 
entre  les  deux  nombres  premiers  p  el  q  est  exprimée  par  l'égalité  (y)  =  (/), 
c'est-à-dire  : 

))  Théorème  III.  —  Si  l'on  désigne  par  "k  la  racine  primitive  choisie  comme 
base  d'un  système  d'indices  pour  la  congruence  x""^'  —  i  sh  o  (  mod.  ^),  et  qu'on 
pose  x'''  ^^  /3  (mod.  q)^  ']^[^j~^)  est  une  racine  de  la  congruence  x""''  —  i  ;s  o 
(mod.q)  cl  appartient  à  une  classe  dont  l'indice  est  le  même  que  celui  de  la 
classe  à  laquelle  appartient  le  nombre  q  relativement  au  module  p  et  à  la  base  t. 

y,  Si  l'on  fait  (/)  —  (o),  on  obtient  le  ihéorème  suivant  : 

))  Théorème  IV.   —Le  nombre  q  est  résidu  de  septième  jiuissance  ou  non 

C.R.,  1875,  t"  Semescrc.  (T.  LXXX,  W'  12.)  'O^ 


(  814  ) 
résidu,  relativement  au  module  p,  suivant  que  l'expression  (j^dS)  (mod.ç)  est 
elle-même  résidu  ou  non  résidu  de  septième  puissance  pour  le  module  q. 

»  Le  caractère  de  septième  ordre  du  nombre  2  est  exprimé  par  le  théo- 
rème suivant 

»  Théorème  V.  —  Les  coefficients  du  polynôme  R,  j  =  ip  (js)  sont  tous  pairs 
à  l'exception  d'un  seul.  Soit  a^  le  coefficient  impair;  la  classe  (ï)  à  laquelle  ap- 
partient le  nombre  2  relativement  au  nombre  p  sera  déterminée  par  la  con- 
gruence  r^3e  (mod.  7). 

»  On  conclut  de  là  que  le  nombre  2  est  résidu  ou  non  résidu  de  septième 
puissance,  relativement  au  nombre  premier  p,  suivant  que  dans  le  facteur 
complexe  (j)  (^),  défini  plus  haut,  le  coefficient  (7o  est  impair  ou  pair.  On 
trouvera  aussi  les  nombres  premiers  'jzs  -h  \ ,  dont  2  est  résidu  de  septième 
puissance,  en  posant 

et  en  cherchant  ceux  des  produits    'p{p)<p[f>''')    qui  se  réduisent  à  des 
nombres  premiers. 

»  Du  reste,  ce  théorème  n'est  qu'un  cas  particulier  d'un  théorème  plus 
général,  où  7  est  remplacé  par  un  nombre  premier  impair  quelconque  7i,  et 
où  p  désigne  un  nombre  premier  dont  la  division  par  n  donne  i  pour  reste. 
Les  nombres  entiers  non  multiples  de  p  peuvent  se  distribuer  en  n  classes, 
par  rapport  à  une  racine  primitive  t  de  p  ;  on  rapporte  à  une  même  classe  (/) 
tous  ceux  dont  les  indices  divisés  par  ti  laissent  le  même  reste  /.  Si  l'on 
désigne  par  p  une  racine  primitive  de  l'équation  jo"—  1  —  o,  et  qu'on 
pose 


H— I 


5  =  1 

les  coefficients  «„,«,,  fio,...,  «„_,  seront  tous  pairs  à  l'exception  d'un  seul. 
Soit  «e  le  coefficient  impair.  La  classe  (/)  à  laquelle  appartient  le  nombre  2, 
relativement  au  nombre  /j  et  à  la  base  i,  est  déterminée  par  la  congruence 

/hes e(mod.7i). 

»  Le  caractère  de  septième  ordre  du  nombre  3  est  vraiment  remarquable 
par  sa  simplicité;  il  se  déduit  de  la  seule  considération  des  coefficients  de 
notie  fonction  R,, ,. 

»  Théorème  VI.  -  Soil  [i)  la  classe  à  laquelle  appai lient  le  nombre  3  parmi 


(8i5  ) 

les  résidus  ou  les  non  résidus  de  septième  puissance  relativement  ou  module  p 
et  à  la  base  t.  Cette  classe  (/)  sera  déterminée  de  l'une  des  deux  manières  sui- 
vantes, selon  les  deux  cas  que  peut  offrir  la  division  par  3  des  coefficients 
ag,  a,,  a^,...  a^  de  ç  [p).  Il  peut  arriver,  en  effet,  que  l'un  de  ces  coefficients 
soit  seul  à  donner  l'un  des  trois  restes  0,1,2;  ou  bien  quilj  ait  quatre  coeffi- 
cients donnant  un  même  reste,  tandis  que  les  trois  autres  donneront  l'un  des 
deux  autres  restes. 

»  Dans  le  premier  cas,  soit  a^  le  coefficient  seul  compris  dans  l'une  des 
trois  formules  3Z,  3Z-Hi,3Z+2;  la  classe  [i)  du  nombre  3  sera  détermi- 
née par  la  congruence 

i  ==  2e  (mod.  7). 

»  Dans  le  second  cas,  désignons  par  s  la  somme  des  indices  des  quatre 
coefficients  dont  la  division  par  3  donne  un  même  reste  o,  i  ou  2  ;  la 
classe  (/)  du  nombre  3  sera  déterminée  parla  congruence 

i^^  [\s  (moJ.  7).  » 

ALGÈBRE.  —  Sur  l'équation  du  cinquième  deqré  (*).  Note  de  M.  Brioschi. 

«  Appliquant  les  résultats  établis  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  pré- 
cédente, fonctions  u,  u,  on  trouve 


(6) 


si  l'on  pose,  pour  abréger, 


*y»       'yi  ry*        ry^  /yi        --w>  f)f        ly         ___      'V'        'Y*       \ 

0   - — '■  CIq  [  OC  Q  OC  j  OL  2     \      Oi  ^  OC  2  OC ^   ~~r~   OC  ^  OC  3  <  *  ^      i^"  CL  ^  (^  ^  «^  0       "  •-*'  4  -^  ^  »-*  ( 

»  Ces  fonctions  r,  p  et  les  autres  r„,  /,,...  ;  po?  pi  v»  qu'on  déduit  d'elles 
par  la  substitution  (  ,-3  ^  )  (mod.  5),  ont  la  propriété  l'emarquable  sui- 
vante : 


[*)  Voir  Comptes  rendus,  séance  du  22  mars. 


(7) 


(  8i6) 
par  laquelle  on  obtient  les  deux  relations 

plrii'"—  ry.pii"'==  ^[ii"ô{iU  —  «.)  +  «T(wo  -  "2)  -+-  ""îi'U  -  "3) 

+  «"(«^a  -  "4)  +  i'"î{ii,  -  «0)], 

»  Enfin,  si  l'on  se  rappelle  que 

lu-  =h  —  3c?,     2y=  =  h  h-  3c?, 
on  aura,  en  opérant  avec  M,  N, 

2m=  =  5V4V0,         2n;^=~5^4Vo, 


^^^  (  2/51^-^-5' 4'/,     2p=  =  5*4'/., 

et,  par  conséquent,  en  posant  m  =  2  dans  les  relations  (7),  on  aura 

8.5*(/oC?  +  Z,  7')  —  nl{n,  —  7<,)  -l-^i^(7/o  —  "2)  +■ . .  ■ -h  ui{ii,  —  ?/„). 

»  Or  l;i  quantité  W  considérée  par  M.  Hermite  est  identique  à  l'expres- 
sion du  second  membre  de  cette  dernière  relation  (*);  on  aura  ainsi 

W=8.5V/„/5  +  /,r), 
ou,  à  cause  des  équations  (6), 

mW  =  2.4'5»[/,  M(î/)-/oN(h)], 
et,  en  indiquant  par  P  l'opération  Z,  M  —  Z^N,  on  aura  enfin 

mW  =  2.4^5^P(î<)     et  semblablement     uW  =  —  a.4'5»P(t;), 
»  Les  équations  (5)  donneront  les  trois  suivantes  : 
(9)        P(Z/)  =  o,     P(c?)-o,     P(;)  =  i5-(/„7«,  -Z, /»„)=.  |,J, 

J  étant  l'invariant  du  dix-buitième  degré,  et  l'expression  y  "  =  "  +  wu 
donne 

mais  \Jz  étant  fonction  de  a,  Z;,  c  et  par  conséquent  de  Ii,  0,  j,  on  aura 

p(vi)  =  f  PW  +  f  p(S)+f  P(/), 

(*)  M.  llermito  a  eu  la  bonté  de  nie  faire  connaître  celle  identité  dans  une  lettre  d'oc- 
tobre 18G6. 


(  8.7  ) 
ou,  d'après  les  égalités  (9), 

»  La  relation  qui  existe  entre  l'expression  '-j^  et  celle  dont  M.  Hermite  se 

proposait  l'étude  dans  son  travail  de  18G6  étant  démontrée  de  ceJte  ma- 
nière, je  passe  à  la  considération  d'une  seconde  fonction  qui  a  quelque 
analogie  avec  la  précédente,  parce  qu'elle  s'obtient  en  opérant  sur  \/z 
avec  le  symbole  Q  =  m,  M  —  ni^'N.  On  a  évidemment 

par  conséquent  la  quantité  Z  donnée  par  la  relation 

v'Z  =  W^  +  v5P(Vi)  +  ÇQ(vz), 

dans  laquelle  ^,  r,,  Ç  sont  trois  indéterminées,  sera  racine  d'une  équation 
de  la  forme  (i). 

»  Pour  déterminer  la  valeur  du  coefficient  A  de  l'équation  en  Z,  je  rap- 
pelle que,  en  désignant  par  a,  7,   /,  m  les  covariants    quadratiques  et 

linéaires  (**), 

a  =  («„,«,,  «2)  (a?,  7-)-,     /  =  /,x^l,r, 

et  posant 

p.=  hi  —  3/,      V  =  {{hj  —  /"), 

n  =  Iiv  —  iu.,     -  ~  iv  —  JiJ., 


(*)  On  peut  observer  que 

2ru'  =      i5'(2/(=—  2ï/i5  +  3.9(î')/„  — }4*5"/«„, 
Ipu'=:—  i5'(2/(-—  2l/i(î-t-  29^')/,  -!-|4.'5"w,, 
de  sorte  qu'on  aura 

B(p2rtt«—  r2pa«)  =  }5»(2/i'—  21  Aiî  +  29^')P(k)  —  ^■5"Q{u); 

par  conséquent  la  nouvelle  fonction  Q(v/s)  se  déduit  de  celles  qu'on  obtient  en  posant 
/n  =  6  dans  les  relations  (7).  Évidemment  les  fonctions  V{\Jz),  Q(\fz)  sont  les  seules  de 
cette  espèce. 

(**)  Annali  di  Matemntica,  série  II",  vol.  P.  —  Siilln  rnpprcsentazionc  tipica  ilclle  furme 
binarie,  Memoria  dei  signori  Clebsch  e  Gordaii.  —  Théorie  der  Bimircn  algcbmischcn  For- 
men,  von  A.  Clebsch,  p.  369;  Leipzig,  1872. 


(8i8  ) 
d'où  résulte 

J°  =  2  iu.'j  —  h-j"  —  yfj.=  —  ^t  —  vff, 
Q-"  +  4  /j.=  V  =  -  hi\     Gz  4-  4  p-v=  =  -  /J%     T=  +  4v'  -^  -  ;J% 
on  a  les  relations 

J^a^i5«(5'«p-'«'  4^2.5«.c/w-4fAvZ-), 

De  ces  dernières  et  des  suivantes  : 

lr"-u-  =  ir-v'-  =  loha,  -  4'.  ^^ •/„,         Ir^  ^  4  •  5^ «„, 
2rpfr  =  :£/-pu'  =  -io/i«,  +  4\5=.7,,     2rp  =  -  4.  5-.a,, 
2^^^^=  =  2p=•J==^Io/^«,-4^5^7„         2p==  =  4-5^«2, 
on  déduit  que 

l{in,r-T-ni„p)-u-  =  l{in,r -i~  mop)-u^  =  —  ^,v{hix  —  32  v), 
2(/, r  +  l,p)  [m,  r  +  m,p)  ir  =  1(1,  r-^/„p)  {m,  r  +  m,p)  y=  =  -  |p,  (^a-Sat), 

^(A  /■  +  Z„  P)  ('«,'•  +  '«„  p)  =-   ^  <7, 

et  en  observant  que,  à  cause  des  relations  (8),  on  a 

I{l,r  +    /,,p)u-  =  —  l{l^r   +   /„p)y=  =  o, 

2(/?i,7--t-;K„p)tt'z=  -  I.{m,r-^~in^p)v-=  ^'j, 
on  obtient 

A  =  ^  [(A  -  3aV^)  1^  +  32JSÇ  +  5(Mv3^  -  aS-zjÇ  -  4MvÇ^)], 
ayant  posé  S'.vî,  5'^Ç  au  lieu  de  v;,  Ç  et 

M  --^;  {h  +  40^/5)  ,a  -  32V,     S  --=  {li  +  49^5)  ^  -  32t. 
Enfin,  en  écrivant  JS  au  lieu  de  ^,   MÇ  au  lieu  de  Ç,  on  aura 

A=  ■  \jj  =  [(/i  -  3(^s/5)?'^  +  32MSÇ  +  5MKC']  +  5M(-/3  -  SCj^l, 

2  y  5  (  '  "  \  -  j    y 


(  «19  ) 
la  quantité  R  étant 

»  On  voit  que  le  coefficient  A  ne  contient  que  les  carrés  des  trois  indé- 
terminées I,  -fi  —  (?Ç,  'Ç,  et  le  produit  ^Ç.  » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  ta  température  relative  des  diverses  régions  du  Soleil. 
Deuxième  partie:  Région  équatoriale  et  régions  polaires.  Note  de  M.  Lan- 
GLEY,  présentée  par  M.  Faye. 

«  Laplace  a  montré  qu'on  peut  déterminer  l'épaisseur  de  l'atmosphère 
du  Soleil  en  comparant  l'intensité  de  la  lumière  au  centre  de  son  disque 
apparent  avec  celle  des  autres  parties,  et  qu'on  peut  aussi,  par  le  même 
moyen,  connaître  la  proportion  de  la  lumière  interceptée  par  cette  atmo- 
sphère. S'appuyant  sur  l'observation  de  Bouguer,  à  savoir  que  la  lumière, 
vers  les  trois  quarts  de  la  distance  du  centre  au  bord,  est  à  celle  du  centre 
comme  73  ',  100,  et  sur  certaines  suppositions  relatives  aux  lois  delà  radia- 
tion que  les  progrès  de  la  Physique  expérimentale  ont  peut-être  modifiées 
depuis,  il  arrive,  comme  on  le  sait,  à  cette  conclusion  que  la  lumière  du 
Soleil  serait  douze  fois  plus  grande  si  cet  astre  était  dégagé  de  son  atmo- 
sphère. L'insuffisance  des  données  diminue  la  valeur  de  ce  résultat  parti- 
culier; cependant  la  méthode  de  l'illustre  géomètre  peut  nous  conduire 
encore  à  des  conclusions  d'un  intérêt  extrême,  puisque,  sans  la  connaissance 
du  pouvoir  d'absorption  de  l'atmosphère  solaire  pour  la  chaleur  rayon- 
nante, il  semble  impossible  d'obtenir  aucune  détermination  digne  de  foi 
de  la  chaleur  absolue  de  sa  surface. 

»  J'ai  employé  la  méthode  suivante.  Faites  mouvoir  une  thermopile  par- 
faitement abritée  sur  une  échelle  graduée,  le  long  d'un  rayon  quelconque 
d'une  image  fixe  du  disque  solaire  ;  pour  plus  de  clarté,  plaçons  d'abord 
ce  rayon  sur  le  demi-grand  axe  de  l'ellipse  suivant  laquelle  se  projette 
l'équateur  solaire.  Au  moyen  de  l'échelle,  on  choisit  sur  ce  rayon  un  cer- 
tain nombre  de  points  entre  le  centre  et  le  bord.  On  expose  d'abord,  pour 
un  temps  défini,  la  pile  à  la  radiation  du  centre  de  l'image,  et  l'on  vérifie  le 
galvanomètre.  Ensuite  (et  le  plus  vite  possible)  on  transporte  la  thermopile 
au  premier  point  marqué  sur  le  rayon,  et  là  on  l'expose  pendant  le  même 
laps  de  temps.  Si  l'on  suppose  la  radiation  constante  dans  ce  court  inter- 
valle, en  divisant  le  second  nombre  trouvé  par  le  premier,  on  obtient  une 
fraction  qui  exprime  le  rapport  de  la  chaleur  qui  a  traversé  l'atuiosphère 


(    820    ) 

solaire  en  ce  point  à  celle  du  centre.  On  compare  ainsi  séparément 
chacun  des  points  choisis  sur  le  rayon  avec  le  centre,  et  l'on  répète  les 
observations  jusqu'à  ce  que  l'effet  des  erreurs  accidentelles,  causées  parles 
légères  mais  incessantes  perturbations  de  notre  propre  atmosphère,  soit 
réduit  à  telle  limite  que  l'on  désire.  Supposons  maintenant  qu'un  nombre 
égal  de  comparaisons  au  centre  et  aux  points  correspondants  du  rayon 
•  aient  été  exécutées,  non  plus  pour  la  chaleur,  mais  pour  la  lumière  par  les 
méthodes  photométriques.  Ayant  le  rapport  de  la  chaleur  et  de  la  lumière, 
comparées  en  chaque  point  du  rayon  solaire  à  celles  du  centre,  ainsi  ex- 
primé par  une  série  de  fractions,  on  peut,  par  la  méthode  de  Laplace, 
obtenir,  de  l'une  ou  l'autre  série,  la  profondeur  de  l'atmosphère  solaire  et 
le  montant  de  son  absorption.  S'il  n'y  a  pas  d'absorption  élective,  les  séries 
seront  identiques.  Si  la  chaleur  est  plus  absorbée  que  la  lumière,  la  com- 
paraison de  ces  séries  mettra  le  fait  en  évidence,  et  la  discussion  fournira 
d'autres  informations  sur  la  nature  de  l'absorption  élective. 

u  Cette  comparaison  de  la  chaleur  a  confirmé  l'observation  générale  du 
P.  Secchi  que  la  radiation  de  la  chaleur  va  en  décroissant  du  centre  aux 
bords  du  Soleil;  mais  le  nombre  et  la  précision  de  mes  mesures  m'ont  per- 
mis, en  outre,  d'étudier  d'une  manière  très- approchée  la  loi  de  cette  dimi- 
nution, de  montrer  que  la  chaleur  est  moins  absorbée  que  la  lumière,  et 
que  l'absorption  principale  de  celle-là  se  confine  à  une  couche  extrême- 
ment mince  près  de  la  photosphère.  Ainsi,  à  une  distance  du  centre  égale 
aux  trois  quarts  d'un  rayon,  je  ne  trouve  pas  que  la  proportion  de  la  cha- 
leur émise  soit  d'accord  avec  celle  de  la  lumière,  telle  que  l'a  déterminée 
Bouguer  :  elle  (la  chaleur)  est  notablement  plus  grande,  et  cette  différence 
croit  vers  les  bords,  où  elle  devient  très-marquée. 

))  D'où  il  suit,  ce  me  semble,  que  cette  action  ihermochroïque  particulière, 
déjà  signalée  dans  ma  première  Note,  ne  se  confine  pas  aux  taches,  mais 
est  une  loi  générale  de  l'atmosphère  solaire. 

»  Dans  l'absence  actuelle  de  tache  de  grandeur  convenable,  je  n'ai  pas 
encore  déterminé  la  proportion  de]  la  lumière  du  noyau.  Sir  W.  Herschel  a 
trouvé  qu'elle  n'est  que  les  m'u^  de  celle  de  la  photosphère,  et,  bien  que 
les  taches  diffèrent  entre  elles  sous  ce  rapport,  il  y  a  une  évidence  indé- 
pendante qui  montre  que  son  estime  peut  servir  de  première  approxima- 
tion. En  l'employant  à  ce  titre  avec  mes  calculs  propres  sur  la  chaleur, 
je  trouve  que  nous  recevons  du  noyau  relativement  noir  d'une  tache  au 
moins  cinquante  fois  plus  de  chaleur  que  de  lumière.  Ce  résultat  remai*- 
quable  a  été  vérifié  par  deux  méthodes  indépendantes  que  je  ne  détaille 
pas  ici. 


(    821    ) 

»  Pour  plus  de  clarté,  j'ai  supposé  que  les  observations  des  radiations 
thermiques  comparatives  avaient  été  faites  sur  un  rayon  fixe  de  l'image  so- 
laire. Si  maintenant  on  suppose  que  ce  rayon  tourne  jusqu'à  ce  qu'il  soit 
dans  l'axe  solaire  de  rotation  (et  ainsi  de  suite),  et  qu'on  répèle  toutes  les 
observations  dans  ces  nouvelles  positions,  on  aura  évidemment  obtenu  le 
moyen  de  décider  si  la  radiation  varie  de  l'équateur  aux  pôles  comme  sur 
le  rayon  équatorial,  ou  si,  comme  on  l'a  généralement  cru  jusqu'ici,  elle 
diminue  avec  les  latitudes  solaires  croissantes. 

»  Le  P.  Secchi  a  assuré  que  cette  différence  s'élève  à  -^  du  tout,  même 
en  comparant  la  chaleur  équatoriale  à  celle  du  3o^  parallèle  solaire,  nord 
ou  sud  ;  et  ce  fait  supposé  a  conduit  à  des  conclusions  qui  réagissent  direc- 
tement sur  nos  idées  de  la  circulation  et  même  de  la  constitution  du  Soleil. 
Mes  observations  préliminaires  n'ayant  pas  réussi  à  me  faire  retrouver  cette 
différence,  j'ai  senti  qu'il  était  nécessaire  non-seulement  de  multiplier  les 
observations,  mais  encore  de  les  répéter  par  des  méthodes  indépendantes 
de  celle  que  je  viens  de  décrire. 

»  Je  n'ai  trouvé  aucune  différence  systématique  semblable,  ni  de  l'ordre 
de  grandeur  précité,  ni  d'un  ordre  excédant  l'erreur  probable  de  mes  me- 
sures, erreur  déterminée  par  plus  de  cent  observations  faites  avec  soin.  Il 
est  théoriquement  possible  qu'il  y  ait  de  faibles  différences  systématiques 
de  chaleur,  variant  comme  quelque  fonction  de  la  latitude  solaire,  et  peut- 
être  pourront-elles  être  rendues  sensiblespar  de  nouvelles  observations  plus 
étendues;  mais  il  paraît  certain  qu'il  n'existe  maintenant  aucune  différence 
pareille  à  celle  qui  a  été  annoncée  en  i852. 

»  Remarquons  ici  que  l'astronome  distingué  sur  les  rapports  duquel  la 
croyance  à  la  différence  supposée  s'appuie  depuis  longtemps  a  lui-même 
fait  observer,  en  l'annonçant,  qu'elle  ne  pouvait  être  regardée  comme 
un  fait  acquis  à  la  science  avant  qu'une  longue  série  d'observations  in- 
dépendantes ne  l'ait  confirmée,  restriction  qu'il  n'est  que  juste  de  rap- 
peler ici. 

»  Ces  résultats  partiels  d'une  recherche  encore  en  progrès  à  l'Observa- 
toire d'Allegheny  n'ont  été  donnés  ici  qu'avec  l'imperfection  inévitable 
d'iui  extrait;  ils  seront  complétés  par  l'énoncé  numérique  de  quelques- 
unes  des  lois  de  l'absorption  relative  de  la  chaleur  et  de  la  lumière,  aus- 
sitôt que  la  réduction  des  nombreuses  observations  sur  lesquelles  ces  lois 
reposent  aura  été  achevée.  On  y  trouvera,  j'espère,  le  moyen  de  calculer 
avec  une  grande  approxiuiation  l'absorption  totale  de  celte  atmosphère  et, 

G.  R.,  1875,  !«>■  Sem«(r(?.  (T.  LXXX,  NO  j'i.)  '  06 


(     822     ) 

par  suite,  un  des  éléments  indispensables  à  l'étude  de  la  température  abso- 
lue de  la  surface  solaire,  but  auquel  tendent  finalement  les  recherches 
actuelles.  » 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  un  théorème  de  Géomélrie.  Note  de  M.  Lagcerre, 
présentée  par  M.  O.  Bonnet. 

«  Dans  l'avant-dernier  numéro  des  Comptes  rendus,  M.  Ribaucour  a 
donné  cette  élégante  proposition,  démontrée  depuis  géométriquement  par 
M.  Mannheim  :  «  Le  rayon  de  courbure  géodésique  d'une  courbe  2  à  courbure 
»  normale  constante  est  les  ^  du  rayon  de  courbure  géodésique  de  la  section 
»  plnne  2',  ayant  même  tangente  et  surosculée  par  un  cercle.  » 

»  Considérons  sur  une  surface  quelconque  deux  courbes  1  et  1'  se  tou- 
chant au  point  M.  Soient  p  et  /•  le  rayon  de  courbure  et  le  rayon  de  torsion 
de  la  courbe  2  au  point  M;  zs  l'angle  que  fait  en  ce  point  le  plan  osculateur 
à  la  courbe  avec  la  normale  à  la  surface;  désignons  par  des  lettres  accen- 
tuées les  valeurs  des  mêmes  quantités  relatives  à  la  courbe  2'. 

»  Portons  enfin  sur  chacune  des  deux  courbes,  à  partir  du  point  M,  une 
même  longueur  infiniment  petite  cls. 

»  On  aura  d'abord,  en  vertu  d'une  expression  donnée  par  M.  Ossian 
Bonnet  de  la  torsion  géodésique, 

(i)  du ^  —  dzs' y: 

puis,  en  vertu  d'une  relation  que  j'ai  donnée  {Bulletin  de  la  Société  phi lo- 
mathique,  t.  Vil,  p.  5i), 

■(2)  tang^  i^dr.  -  2^)  +  J  ^P-  =  tangz.'  (rfz.' -  ^fj  +1^, 

ou  encore,  en  introduisant,  relativement  à  la  première  courbe,  le  rayon  R 
de  la  section  normale  à  la  surface  et  tangente  en  M  à  2, 

(2  bis)     -  i  ^  +  I  tang  v^  (^drô  -  -'^  =  tang  tô'  (^fe'  -  ^  '^  j  +  i  ± . 

)'  Supposons  maintenant  que  2  soit  une  courbe  à  courbure  normale 
constante  et  2'  la  courbe  plane  ayant  même  tangente  et  surosculée  par  un 
cercle  ;  on  aura  évidemment  r/R  =  o,    dp'  =  o    et    r'=  oo  . 

»  Les  équations  (i)  et  (2  bis)  deviennent  alors 

dzô -=  dzs'     et     I  tang  v;  idzs  —'—\  =  tang  zs'  dis'; 


as 

ds' 

I 
r 

r 

~  7 

(  823  ) 

d'où 

tang  st'  =  ^  tang  vs^ 

formule  qui  est  l'expression  analytique  du  théorème  ci-dessus  énoncé. 

M.  OssiAN  Bonnet  présente,  à  propos  de  cette  Note,  les  remarques 
suivantes  : 

«  La  formule  (2)  qui  complète,  de  la  manière  la  plus  heureuse,  la  re- 
lation (i)  que  j'ai  donnée  en  1848,  dans  mon  premier  Mémoire  Sur  la  théo- 
rie générale  des  surfaces,  me  paraît  d'une  très-grande  importance.  Elle  fait 
immédiatement  connaître,  par  exemple,  la  relation  qui  existe  entre  les 
éléments  du  troisième  ordre,  relatifs  à  deux  courbes  osculatrices  tracées 
sur  la  même  surface.  Supposons,  en  effet,  que  les  deux  courbes  1  et  1' 
soient  osculatrices;  nous  aurons  w  =  w',  p  =  p',  et  la  relation  (2)  don- 
nera, en  tenant  compte  de  (i) 

ds  dp  ds  dn'  us  as 

tangw -r  -  =  tangw-  ^    —  >     ou —  =  —  p  tangw. 

<->         r  a  '-'        r  p  '■  iw 

Ce  résultat  est  la  traduction  algébrique  de  celte  généralisation  du  théo- 
rème de  Meusnier,  énoncée  par  M.Mannheim  :  Étant  donnée  une  série  de 
courbes  tracées  sur  une  même  surface  et  osculatiices  en  un  point  a,  les  rectifiantes 
des  développées  par  le  plan  de  ces  différentes  courbes  aux  points  correspondant 
au  point  a  concourent  en  un  même  point.  Il  ne  sera  pas  inutile  d'ajouter  que 
la  relation  (2)  a  été  donnée  par  M.  Laguerre  en  1870,  tandis  que 
M.  Mannheim  n'a  énoncé  son  théorème  qu'en  1872.   » 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  l'erreur  de  la  formule  de  Poncelet  relative  à  l'évaluation 
des  aires.  Note  de  M.  Chevilliet,  présentée  par  M.  Resal. 

a  On  sait  que  cette  erreur,  dont  on  ignore  le  sens,  est  moindre  en  valeur 
absolue  que 

Soit  Y  =j\x)  l'équation  de  la  courbe  ;  si  l'on  remplace 

par  leurs  développements  suivant  les  puissances  de  h,  l'expression  précé- 

106.. 


(  824  ) 
dente  devient 

-  I  jn/(X)  -/(^r„)]  -  ^^  [/"(X)  +/'(x„)] 

+  T:^t/"'(x)-/";(^„)]-..| 

»  Pour  /i  suffisamment  petit,  elle  est  sensiblement  le  triple  de  l'erreur 
de  la  méthode  des  trapèzes 

-  ^  [/(X)  -/(^o)]  +  ^  [/"(X)  -/"(^o)]  -  •  •  -, 

donnée  par  la  formule  d'Euler;  mais  ce  n'est  là  qu'une  limite  supérieure. 
En  réalité  : 

»  I .  Si  les  termes  qui  suivent  le  premier  sont  négligeables,  les  erreurs 
de  la  méthode  des  trapèzes  et  de  la  formule  de  Poncelet  sont  égales  et  de 
même  sens. 

»  2.  Quand  on  modifie  la  formule  de  Poncelet  comme  M.  Piobert  et 
M.  Parmentier  ont  été  conduits  à  le  faire,  l'erreur  se  réduit  à 

c'est-à-dire  qu'elle  s'abaisse  au  troisième  ordre. 

»  Les  formules  nécessaires  pour  établir  ces  propositions  permettent  de 
retrouver  très-simplement  l'expression  de  l'erreur  de  la  formule  de 
Simpson,  que  nous  avons  obtenue  l'année  dernière  d'une  manière  directe. 

Analyse. 

»  Erreur  de  l'aire  circonscrite.  —  La  surface  de  la  courbe  entre  les  or- 
données jo  et  Js  est,  en  désignant  par  F(x)  une  intégrale  quelconque  de 

cl  celle  du  trapèze  circonscrit  correspondant 

a  —  2hf{x„  -h  h)  —  2Îlf{Xo)  +  ^  /'(^o)  -'r  ^f'i^o)  -h  ■■■; 
par  conséquent 

"  -  «  =  3/  (^n)  -1-  y/"  (^0)  -I-  -jî^y"(^r„)  +  .  ,  ., 
et,  si  l'on  fait  la  somme  de  toutes  les  égalités  semblables  relatives  aux  au- 


(  825  ) 
très  éléments, 

U  -  A  =  ^2/"(^0 -+- y  ^/"W +-^^/'^' W +■- 
en  posant,  pour  abréger, 

mais  la  formule  d'Euler  donne,  en  y  remplaçant  h  par  2//, 

h  v/(.r)  =  \  [F(X)  ~  F(x„)]  -  ^[/(X)  -j\x,)] 

+  |[/'(X)  -/'(^o)]  -  ^[/"(X)  -f"{oc)]  +  ... 

»  En  portant  les  valeurs  de  h2j"{x),  hl/"'{x),...,  tirées  de  cette  for- 
mule dans  l'expression  de  U  —  A,  et  réduisant  les  termes  semblables,  on 
trouve 

(0        u  -  A  =  I  [/'(X)  ~f{x,)]  -  ^  [/'"(X)  -y"'(.r„)]  +.... 

»  Erreur  de  l'aire  inscrite.  —  Soit  A'  l'aire  de  la  figure  inscrite,  on  sait 
que 

A  "  A'  =  g  (j,  -  r„  +  j)-2„-,  -  r^n) 

=  -;j/'[/'(x)-y'(^«)-i^[/"(x)+/"(x„)]+...j-, 

par  suite, 

(u-A'=-fi/'(X)-y'(.ro)  +  ^[AXjH-/"(^o)] 

(2)  ' 

(  -|^[/'"(x; -/"(-„  14-.... 

»  Erreur  de  la  formule  de  Poncelet.  —  En  égalant  les  moyennes  arith- 
métiques des  deux  membres  des  équations  (i)  et  (2),  on  a  l'erreur  de  la 
formule  de  Poncelet 

(3)  U  -  ^  =  ■-  ^  [/'(X)  -f{x,)]-i-  I  [/"(X)  -f'{x,)]  -..., 

qui,  pour  des  valeurs  de  h  suffisamment  petites,  ne  diffère  pas  sensiblement  de 
celle  de  la  mélliode  des  trapèzes. 

»  Les  résultats  différents  que  l'on  obtient  quand  cette  condition  n'est 
pas  satisfaite  s'expliquent  facilement  par  l'influence  des  termes  négligés. 


(  826  ) 
»  Erreur  de  la  formule  de  M.  Parmentier.  —  Si  l'on  élimine  h^  entre  les 
équations  (i)  et  (2),  on  trouve 

(4)     U  -  ^A^'  =  ^  [/"(X)-/"(x„)]  -  ^[/"(X)-/"'(:r„)]  +.... 


Or 


^A+A^A 


2S, 


]^ 


ainsi,  par  un  léger  changement,  qui  ne  complique  pas  la  formule,  l'erreur 
s'abaisse  du  second  ordre  au  troisième. 

»  Erreur  de  la  formule  de  Simpson.  —  A  désignant  toujours  la  somme 
des  trapèzes  circonscrits,  si  A"  est  celle  des  trapèzes  inscrits  compris  entre 

,        ''  A  +  A' 
les  mêmes  ordonnées,  - — 5 —  est  identique  à  la  formule  de  Simpson,  comme 

on  peut  facilement  le  vérifier. 

»  Or  U  —  A  est  donné  par  l'équation  (i),  U  —  A"  par  la  formule  d'Euler. 
En  ajoutant  ces  deux  expressions  après  avoir  multiplié  la  première  par  2, 
puis  divisant  le  résultat  par  3,  on  trouve 

U  -  ^--  =  -  -^  [/'"(XJ  -y"'(^«)J  ^-  tIiI  f/^(^)  -/^(^o)]  —  . 

))  Le  premier  terme  du  second  membre  représente  par  conséquent  l'er- 
reur de  la  formule  de  Simpson,  aux  quantités  près  du  sixième  ordre,  et 
non  pas  seulement  du  cinquième,  comme  nous  l'avons  dit  [Comptes  rendus ^ 
séance  du  29  juin  i8'74)-» 

OPTIQUE.  —  Double  réflexion  intérieure  dans  les  cristaux  biréfringents 
uniaxes;  par  M.  Abria.  (Extrait.) 

«  Les  directions  des  rayons  réfléchis  et  réfractés  à  la  surface  de  sépara- 
tion de  deux  milieux  monoréfringents  ou  biréfringents  peuvent  être  déter- 
minées à  l'aide  d'une  construction  générale  et  très-simple,  à  laquelle  con- 
duit la  théorie  des  ondes.  La  loi  de  la  réflexion  totale  qui  en  résulte  n'a 
été,  à  ma  connaissance,  l'objet  d'aucune  vérification  expérimentale.  Je  me 
suis  proposé,  dans  ce  travail,  de  comparer  la  théorie  avec  l'observation, 
dans  le  cas  où  la  surface  réfléchissante  appartient  à  un  biréfringent  uniaxe. 

»  Un  rayon  venant  du  vide  et  tombant  sur  la  surface  d'un  prisme  bi- 
réfringent se  divise  généralement  en  deux,  lesquels,  éprouvant  la  réflexion 
totale  sur  la  seconde  face,  donnent  naissance  chacun  à  deux  autres  rayons; 


(  827  ) 
la  lumière  se  divise  en  définitive  en  quatre  faisceaux  émergents,  que  l'on 
peut  désigner  par  OO',  OE',  EO',  EE'. 

»  Le  calcul  permet  de  déterminer  les  angles  de  chaque  rayon  avec  la  face 
d'émergence,  et,  par  suite,  ceux  qu'ils  forment  entre  eux.  L'observation 
donne  ces  mêmes  angles.  La  comparaison  des  angles  calculés  et  mesurés 
donne  un  contrôle  de  la  théorie. 

))  J'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie,  dans  la  séance  du 
3o  novembre  dernier,  les  résultats  de  quelques  mesures  prises  sur  un  prisme 
de  quartz,  dont  l'axe  était  |)arallèle  à  l'une  des  faces  et  perpendiculaire  aux 
arêtes.  Les  expériences  nouvelles  contenues  dans  mon  travail  ont  été  faites 
avec  deux  prismes,  l'un  de  quartz,  l'autre  de  spath,  taillés  d'une  manière 
quelconque. 

»  Sur  plus  de  cinquante-deux  mesures,  il  y  a  accord  satisfaisant  entre  le 
calcul  et  l'observation.  Ainsi,  par  exemple,  les  angles  de  00',  EE'  ont  varié, 
pour  le  quartz,  de  zéro  à  trente  minutes  et  ont  offert  les  différences  sui- 
vantes : 

Calcul.  Observations. 

Il'l3"  lo'io" 

29.57  So.io 

»  Ceux  de  OE',  EO',  dans  la  même  substance,  ont  donné,  suivant  les 
faces  d'incidence  et  d'émergence  : 


Calcul. 

Observations 

49'  5o" 

5o'  20" 

I^lS.    5 

1°  iq.  10 

I  .37.23 

1 .37.30 

»  Les  angles  des  rayons  entre  eux  sont  plus  considérables  dans  le  spath. 
Voici  quelques-unes  des  valeurs  obtenues  : 


Angles  de  00',  EE' 

Angles  de  OE',  EO' .  .  . 

»  Les  calculs,  quoique  difficiles,  exigent  seulement  de  l'attention,  sur- 
tout dans  le  cas  du  spath  ;  dans  celui  du  quartz,  certaines  quantités  peuvent 
être  négligées  sans  inconvénient.    » 


Calcul. 

Observations 

o°27' 

0°  22' 

8.i5 

8.  9 

11.41 

.,.43 

.6.4y 

16.48 

27  ,25 

27.29 

(  828  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —    Recherches  stir   le  groupe   urique; 
Note  de  M.  E.  Grimaux,  présentée  par  M.  Cahours. 

«  Dans  des  recherches  entreprises  pour  réaliser  la  synthèse  des  composés 
iiriques,  j'ai  réussi  à  obtenir  l'acide  parabanique,  comme  produit  de  dé- 
doublement des  uréides  pyruviques.  Une  réaction  semblable  ne  pouvait  me 
conduire  à  la  synthèse  des  corps  du  groupe  alloxanique,  l'acide  acétone- 
carbonique,  véritable  homologue  de  l'acide  pyruvique,  n'étant  encore 
connu  qu'à  l'état  d'éther. 

»  Il  m'a  donc  fallu  recourir  à  un  autre  procédé,  et  ce  sont  les  pre- 
miers résultats  de  ce  travail,  incomplet  encore,  que  j'ai  l'honneur  de  com- 
muniquer à  l'Académie,  pour  prendre  date  et  me  permettre  de  poursuivre 
ces  recherches. 

))  L'acide  aspartique  étant  un  acide  amidé,  Vacide  amido-succinique^  il 
était  probable  qu'il  se  combinerait  à  l'urée  avec  élimination  d'ammoniaque, 
comme  le  font  le  glycocoUe,  l'éthylglycocolle,  etc.,  et  que  l'on  obtiendrait 
ainsi  un  acide  malyluréique  G' H°Az-0'  qui  pourrait,  par  oxydation  directe 
ou  indirecte,  se  convertir  soit  en  alloxane  C'H'Az^O',  soit  en  un  corps  du 
même  groupe,  tel  que  la  malonylurée,  la  bromomalonylurée,  etc. 

»  Guidé  par  ces  vues  théoriques,  j'ai  fait  réagir  sur  l'urée,  non  pas  l'acide 
aspartique,  mais  son  amide,  l'asparagine.  L'amide  malyluréique  qui  prend 
naissance  par  l'action  réciproque  de  ces  corps  s'obtient  en  chauffant,  pen- 
dant six  à  huit  heures  à  laS  degrés,  un  mélange  de  2  parties  d'asparagine 
avec  I  partie  d'urée.  Sa  formation  s'explique  au  moyen  de  l'équation 

C*H'Az=0^  +CH"Az=0  =  C'H»Az^O^  +  H=0  + AzH'. 

Asparagine.  Orée.  Amiile  malyluréique. 

»  Bouillie  avec  de  l'acide  chlorhydrique,  cet  amide  se  dédouble  en  sel 
ammoniac  et  acide  nudykiréique 

CMPAzH:)', 

qui  se  dépose  à  mesure  que  la  liqueur  se  refroidit. 

»  L'acide  malyluréique  se  présente  sous  la  forme  de  prismes  terminés  par 
des  biseaux,  blancs,  brillants,  presque  insolubles  dans  l'alcool,  solubles 
dans  4  parties  d'eau  bouillante,  fondant  avec  décomposition  entre  21 5  et 
220  degrés.  Les  analyses  lui  assignent  la  formule 


(  829  ) 

»  La  solution  rougit  le  pnpier  de  tournesol  ;  tous  ses  sels  sonlsolubles, 
excepté  le  sel  d'argent. 

»  Le  sel  de  baryum,  obtenu  par  l'action  de  l'acide  sur  le  carbonate  de 
baryum  et  concentration  de  la  solution  dans  le  vide,  se  présente  sous  l'as- 
pect d'une  poudre  blanche  amorphe,  renfermant  à  loo  degrés 

(C«n5Az=0^)-Ba,  H=0. 

»  Traité  à  l'ébullition  par  l'acide  azotique  ordinaire,  il  n'est  que  faible- 
ment attaqué;  par  l'action  prolongée  de  l'acide  azotique  fumant  il  se  con- 
vertit en  un  corps  niiré,  se  colorant  en  jaune  par  les  alcalis,  cristallisant 
en  lames  rectangulaires  et  se  décomposant  à  i8o  degrés  avec  explosion. 

»  L'acide  malyluréique  étant  représenté  par  la  formule  de  constitution 

suivante  : 

CO^n 
I 

CH      —  AzH 

I  I 

CB'         CO 

I  I 

CO      -AzH 

on  comprend,  d'après  cette  formule,   la    possibilité  de  le  convertir   par 
oxydation  en  malonylurée  (acide  barbiturique) 


CO  - 

AzH 

CH' 

CO 

OU  en  alloxane,  mésoxalylurée 


CO  —  AzH 

CO  — AzU 
I  I 

CO      CO 

I  I 

CO  — AzH. 


»  J'avais  espéré,  par  l'action  de  l'acide  azotique,  obtenir  le  dérivé  nitré 
de  la  malonylurée  (acide  diliturique);  mais  le  corps  nitré  ainsi  préparé,  et 
que  j'ai  signalé  plus  haut,  diffère  par  ses  propriétés  de  l'acide  diliturique. 

»  J'ai  eu  recours  alors  à  l'action  du  brome  en  présence  de  l'eau. 

»  Dans  ces  conciitions.  la  réaction  est  complexe  et  donne  naissance  à 
plusieurs  corps  différents,  dont  quelques-uns  ont  pu  être  convertis  en  com- 
posés du  groupe  alloxanique. 

))  Lorsqu'on  chauffe  à  loo  degrés  3  p;uties  de  brome  avec  i  partie 
d'acide  malyluréique  et  5  parties  d'eau,  le  brome  a  disparu  complètement 
après  vingt  heures.  Les  tubes  sont  remplis  de  cristaux  d'un  corps  A,  que 

C.  R.,  iS'jf,,  r"  Semestre,   (T.  LXXX,  N°  12.)  IO7 


(  83o  ) 
l'on  recueille  par  filtration  à  la  trompe.  La  solution  évaporée  au  bain-marie 
dégage  de  l'acide  bromhydrique  et  laisse  un  résidu  qu'on  lave  avec  quelques 
centimètres  cubes  d'eau  froide;  on  réserve  cette  solution  B.  La  portion  non 
dissoute,  qui  était  primitivement  en  solution  à  la  faveur  de  l'acide  bromhy- 
drique, est  reprise  par  une  grande  quantité  d'eau  bouillante.  Il  se  sépare 
pendant  le  refroidissement  un  corps  très-peu  soluble  C,  qui  forme  une 
poudre  blanche  ;  les  eaux  mères  fortement  concentrées  fournissent  un 
troisième  corps  D,  facilement  soluble,  cristallisant  en  petits  prismes  mal 
déterminés. 

»  Une  première  étude  de  ces  divers  composés  m'a  donné  les  résultats 
suivants  : 

»  Le  corps  A,  purifié  par  une  nouvelle  cristallisation  dans  l'eau  bouil- 
lante, se  présente  sous  la  forme  de  paillettes  légères  d'un  éclat  nacré.  Sa 
composition  est  exprimée  par  la  formule 

C»H'Br«Az'0^ 

Un  peu  soluble  dans  l'alcool  et  dans  l'éther,  il  se  dissout  dans  35  parties 
d'eau  à  loo  degrés.  Il  fond  en  se  détruisant  à  aSo  degrés.  Par  l'ébullition 
avec  de  l'eau  de  baryte,  il  fournit,  entre  autres  produits,  du  bromure  et  de 
l'oxalate.  Il  n'est  pas  attaqué  par  l'acide  azotique  bouillant. 

»  Le  corps  C  ne  se  dissout  que  dans  4oo  parties  d'eau  à  l'ébullition,  il 
est  insoluble  dans  l'alcool;  il  forme  de  petites  paillettes  mal  déterminées, 
réunies  en  une  poudre  blanche  ou  faiblement  colorée,  présentant  à  l'état 
humide  des  reflets  chatoyants.  Il  renferme 

C''H*Br'Az^O\ 

11  se  détruit  par  la  chaleur  sans  fondre.  L'acide  azotique  le  convertit  en  un 
dérivé  nitré.  Chauffé  avec  l'eau  de  baryte,  il  donne  un  sel  de  baryum  in- 
soluble, qui  se  colore  en  violet;  ce  sel  de  baryum  présente  ime  réaction 
intéressante.  Quand  on  le  traite  à  chaud  par  un  peu  d'acide  azotique  et 
qu'on  évapore  à  sec,  le  tout  prend  une  couleur  rouge  qui  augmente  par 
l'addition  d'ammoniaque  et  offre  alors  la  couleur  caractéristique  de  la 
murexide. 

»  On  s'est  assuré  de  l'identité  de  cette  matière  colorante  avec  la  mu- 
rexide, au  moyen  des  réactions  suivantes  qui  servent  à  caractériser  ce 
corps.  La  couleur  rouge  passe  au  bleu  par  la  potasse;  la  solution  est  préci- 
pitée en  jaune  par  les  sels  de  zinc  (formation  de  purpurate  de  zinc).  Addi- 
tionnée de  sublimé  corrosif  et  d'acétate  de  soude,  elle  précipite  du  pur- 


(83i  ) 
purate  meicurique  rouge,  tandis  que  la  liqueur  est  décolorée.  11  est  donc 
probable  que  le  sel  de  baryum,  rose-violet,  insoluble  dans  l'eau,  soluble 
dans  l'acide  acétique,  obtenu  par  l'action  de  la  baryte  sur  le  corps  C,  est 
du  dialurate  de  baryum.  C'est  un  point  que  je  m'occupe  de  vérifier,  de 
même  que  j'ai  à  isoler  les  autres  termes  de  ce  dédoublement  intéressant. 

»  Quant  au  corps  D,  retiré  des  eaux  mères  du  précédent,  il  forme  de 
petits  prismes  solubles,  donnant  avec  l'acide  azotique  un  dérivé  nitré 
jaune,  en  aiguilles.  Les  analyses  lui  assignent  la  formule 

C'HMU'AzH)'. 

»  J'ai  signalé  plus  haut  une  solution  B.  Celle-ci  renferme,  indépendam- 
ment de  l'acide  oxalique  et  du  bronuire  d'ammonium,  un  corps  très-soluble 
dans  l'eau  et  l'alcool,  qui  n'a  pas  encore  été  isolé  à  l'élat  de  pureté,  mais 
qui  se  transforme  facilement  en  murexide  par  l'action  successive  de  l'acide 
azotique  et  de  l'ammoniaque.  Pour  observer  cette  réaction,  il  suffit  d'opé- 
rer comme  dans  la  recherche  de  l'acide  urique. 

»  L'identité  de  la  matière  colorante,  préparée  dans  ces  conditions  avec 
la  murexide,  a  été  constatée  à  l'aide  des  caractères  indiqués  plus  haut  : 
action  delà  potasse,  des  sels  de  zinc,  de  l'acétate  mercurique,  etc. 

»  Tels  sont  les  premiers  résultats  d'un  travail  que  je  poursuis  dans  le 
but  d'étudier,  d'une  façon  complète,  les  dédoublements  des  divers  coips 
obtenus  et  d'isoler  les  dérivés  (acide  dialurique,  alloxane)  qui  fournissent 
la  murexide. 

»  Ces  recherches  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  Schùtzenberger,  à 
la  Sorbonne.  » 

ZOOLOGIE.  —  Jmphipodes  du  golfe  de  Marseille.  Note  de  j\L   J.-D.  Catta, 
présentée  par  M.  Milne  Edwards.  (Extrait.) 

»  Grâce  aux  ressources  offertes  par  le  laboratoire  des  Hautes  Études, 
installé  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Marseille,  j'ai  pu  me  livrer  à  l'étude 
des  Crustacés  inférieurs  qui  peuplent  les  eaux  de  notre  golfe  :  je  con- 
signe ici  les  quelques  résultats  obtenus  relativement  aux  Amphipodes. 

»  —  En  résumé,  des  Amphipodes  normaux  sont  déjà  représentés,  dans 
le  golfe  de  Marseille,  j^ar  une  trentaine  de  genres,  dont  un  au  moins  nou- 
veau, et  par  soixante-dix  à  soixante-quinze  espèces  différentes. 

»  Six  espèces  nouvelles  et  deux  variétés,  de  formes  surtout  adriatiques, 
donnent  pour  ainsi  dire  la  physionomie  de  la  faune  locale. 

107.. 


(  832  ) 

»  Quant  aux  espèces  déjà  connues,  deux  appartiennent  exclusivement 
à  la  mer  Noire,  une  à  l'Adriatique,  trois  aux  îles  Britanniques;  trois  autres 
se  retrouvent  en  Angleterre  et  en  Scandinavie,  cinq  à  Naples  et  dans  l'Adria- 
tique; deux  seulement  existent  à  la  fois  dans  ces  deux  dernières  stations  et 
dans  les  mers  du  Nord. 

»  Nul  doute  que,  si  la  faune  italienne  était  mieux  connue,  ses  liens  ne 
parussent  beaucoup  plus  nombreux  avec  celle  de  notre  golfe.  » 

GÉOLOGIE.  —  Dépôts  salins  des  laves  de  la  dernière  éruption  de  Santnrin,  Note 
de  M.  F,  FocQUÉ,  présentée  par  M.  Charles  Sainte-Claire  Deville. 

«  Au  milieu  des  laves  de  la  dernière  éruption  de  Santorin,  particulière- 
ment sur  celles  qui  appartiennent  à  l'un  des  centres  éruplifs  apparu  sous 
la  forme  d'un  îlot  distinct,  et  désigné  sous  le  nom  û'Jphroëssa,  on  trouvait, 
en  1867,  des  accumulations  considérables  de  dépôts  salins,  le  plus  sou- 
vent d'une  blancheur  éclatante.  Le  lieu  principal  de  ces  dépôts  était  une 
fente  à  peu  prés  rectilignc,  longue  de  plusieurs  mètres,  large  d'environ 
10  centimètres,  qui  se  voyait  entre  les  laves,  à  une  hauteiu'  d'environ 
35  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  D'après  les  renseignements 
donnés  par  les  gens  du  pays,  on  avait  remarqué  ces  amas  de  sels  dès  le 
mois  de  mai  18G6,  alors  que  les  laves  contiguës  étaient  encore  à  mie  très- 
haute  température.  La  sécheresse  habituelle  du  climat,  la  forme  étroite  de 
la  fente  expliquent  la  conservation  de  ces  mélanges  salins,  dont  plusieurs 
offraient,  d'ailleurs,  l'apparence  extérieure  et  la  compacité  de  matières 
fondues. 

»  Lorsqu'on  traite  ces  mélanges  salins  par  l'eau  froide,  on  en  dissout 
seulement  une  portion.  La  partie  soluble  est  formée,  en  majeure  partie,  de 
chlorure  de  sodium,  auquel  est  associé  constamment  une  petite  propor- 
tion de  sulfate  de  souile.  Sur  sept  échantillons  analysés  quanlitativemcnt, 
six  contenaient  dans  cette  portion  une  petite  quantité  de  bicarbonate  de 
magnésie,  et  le  septième,  privé  de  bicarbonate  de  magnésie,  renfermait 
du  carbonate  de  soude.  Du  chlorure  de  magnésium  a  été  trouvé  dans  trois 
échantillons. 

»  La  partie  insoluble  est-composée  de  carbonate  neutre  de  magnésie, 
associé  parfois  avec  un  sulfate  basique  d'alumine,  de  traces  d'oxyde  de  fer 
hydiaté  et  de  sulfate  de  chaux. 

»  Aucun  échantillon  n'a  offert  de  traces  d'iode,  de  brome,  ni  de  sels  de  ])o- 
tasse,  bien  que  les  recherches  de  ces  sidistances  aient  été  opérées  sur  1  cen- 


(  833  ) 

tiinètre  cube  d'eau  mère,  résultant  de  l'évaporation  de  120  grammes  de 
matière  saline  eu  dissolution. 

»  On  ne  peut  admettre  que  les  sels  de  potasse  aient  disparu  de  tels  mé- 
langes par  l'effet  de  l'humidité  atmosphérique;  car,  dans  ce  cas,  le  chlo- 
rure de  magnésium  en  aurait  été  également  absent.  Une  siinple  évaporation 
de  l'eau  de  la  mer  ne  peut  donc  expliquer  la  formation  de  ces  dépôts.  Il 
faut  nécessairement  admettre  qu'ils  ont  été  amenés  des  profondeurs  du 
sol  par  les  mêmes  ouvertures  qui  ont  donné  issue  aux  laves,  ou  au  moins 
que  la  lave  incandescente  a  joué  un  rôle  chimique  actif  dans  leur  pro- 
duction. 

»  11  est  à  remarquer,  néanmoins,  que  ces  dépôts  sont  plus  riches  en 
produits  magnésiens  que  ceux  qui  sont  habituellement  recueillis  dans  les 
fumerolles  des  volcans.  On  doit  noter  aussi  que  la  présence  du  chlorure 
de  magnésiimi  intact  semble  exclure  l'hypothèse  du  contact  avec  un  mi- 
lieu à  très-haute  température. 

»  La  réunion  de  ces  données  en  apparence  contra  il  ictoires  peut  cepen- 
dant être  expliquée  à  l'aide  de  la  théorie  de  Gay-Lussac,  c'est-à-dire  par 
une  réaction  de  l'eau  de  la  mer  sur  la  lave  en  fusion.  En  effet,  la  nature 
éminemment  sodique  des  laves  de  Santorin  explique  la  disparition  des  sels 
de  potasse  dans  les  produits  volatilisés,  la  potasse  de  ces  sels  étant  fixée 
par  la  lave  au  contact  de  laquelle  elle  se  trouve  en  présence  de  la  vapeur 
d'eau,  à  la  température  de  l'incandescence,  tandis  que  la  soude  et  la  ma- 
gnésie échappent  à  celte  fixation  complète  à  cause  de  leur  proportion  ini- 
tiale plus  considérable.  Quant  au  chlorure  de  magnésium,  il  est  vrai  qu'il 
ne  peut  être  volatilisé  en  nature,  en  présence  de  la  vapeur  d'eau  ;  mais  la 
magnésie  caustique,  entraînée  par  les  gaz  et  les  vapeurs  volcaniques,  re- 
produit facilement,  après  son  dépôt  à  la  surface  des  laves,  soit  du  bicar- 
bonate de  magnésie,  soit  du  chlorure  de  magnésium,  car  elle  se  trouve 
alors  exposée  à  l'action  du  dégagement  d'acide  carbonique  et  d'acide 
chlorhydriqne,  qui  s'opère  par  les  mêmes  fissures,  et  rencontre  alors  des 
conditions  de  température  favorables  à  la  production  des  combinaisons 
salines. 

»  Une  infiltration  de  l'eau  de  la  mer  dans  les  profondeurs  du  volcan, 
une  altération  au  contact  de  la  lave  incandescente  éprouvée  par  les  sels 
qui  étaient  en  dissolution  dans  l'eau  infillrée,  une  modification  (les  sels  vo- 
latilisés ou  entraînés  par  les  vapeurs  après  leur  retour  au  contact  de  l'atmo- 
sphère, telles  sont  donc  les  actions  successives  qui  peuvent  servir  à  rendre 
compte  des  phénomènes  observés. 


(  834  ) 
»  Les  résultats  numériques  consignés  dans  le  tableau  suivant  sont  la 
base  des  considérations  présentées  ci-dessus. 

Mélanges  snlins  composés  d'un  agrégat  de  cristau.r  très-petits  et  s'offrant  sous  forme 

de  masses  poreuses. 

Matière                                            N"  1.  N»  2.  N"  3.  N"  4.  N"  5. 

/  Bicarbonate  de  magnésie 2,2  1,4  i,4  iji  o,4 

Partie     j  Chlorure  de  magnésium 2,1  0,0  0,0  0,0  2,8 

soluble.   J   Sulfate  de  soude 5,5  i  ,2  0,6  0,1  1,9 

Chlorure  de  sodium 78,8  74,2  95,4  88,7  86,6 

Carbonate  de  magnésie i5,5  21, 5  2,i  8,7  8,3 

.       .  Alumine  et  Fe'O^ o,5  0,9  o,3  0,7  traces 

,  ,,     <  Acidesulfuriquecombinéàralumine  ) 
insoluble.)               ,.,-,.        1     j    r  o.4         o>8         0,2         0,7 

/     et  peut-être  a  1  oxvde  de  fer )  ' 

l  Sulfate  de  chaux. traces      traces      traces      traces         » 

100,0      100,0      100,0     100,0      100,0 

Matière  n"  6         Matière  n°  7 
(compacte,  (compacte, 

d'un  blanc  laiteux),    translucide). 

/  Bicarbonate  de  magnésie o,3  0,0 

l  Chlorure  de  magnésium 4j5  0,0 

Partie  soluble.. .  .    (  Sulfate  de  soude 1,7  i  ,6 

Chlorure  de  sodium 81 ,4  9^,0 

Carbonate  de  soude 0,0  0,7 

„      .    .       ,   ,,        (   Carbonate  de  magnésie 12,1  2,7 

Partie  insoluble. .  ,      .  .,        ,.    .  ' 

(   Alumine  Fe'O' et  acide  sulfurique.  ..  .        traces  0,0 

100,0  100,0 

»  Les  propriétés  physiques  et  chimiques  des  sels  qui  figurent  dans  ce 
tableau  ne  permettent  pas  une  autre  interprétation  qualitative  des  données 
immédiates  de  l'analyse.  » 


M.  Cii.  Sainte -Claire  Deville,  en  présentant  ce  nouveau  travail  de 
M.  Fouqiié  sur  les  produits  de  l'éruption  de  Santorin,  ajoute  les  remarques 
suivantes  : 

«  Tout  semble  indiquer,  comme  l'auteur  le  fait  observer,  que  les  fume- 
rolles qui  ont  donné  ces  produits  ont  dû  appartenir,  au  moins  eu  partie, 
à  la  phase  primitive  de  l'éruption  ;  néanmoins,  en  examinant  leur  compo- 
sition, ou  peut  présumer  qu'elles  se  sont  fait  jour  pendant  un  temps  assez 
long  et  sous  des  intlucnces  variables.  La  matière  n°  7,  par  exemple,  est 
trés-analogiie  aux  dépôts  des  Jumerollcs  sèches  de  l'éruption  du  Vésuve,  en 


(  835  ) 
i855,  analysés  par  moi  (i);  la  matière  n°  6  et  surtout  les  matières  n°'  1  à  5 
s'en  éloignent  davantage  par  la  proportion  de  plus  en  plus  grande  des 
sels  insolubles  et  par  la  présence  du  carbonate  neutre  de  magnésie  et  d'un 
sous-sulfate  d'alumine.  Je  ne  puis  voir,  comme  M.  Fouqué,  dans  ces  der- 
niers produits,  que  l'action  postérieure  des  acides  carbonique  et  sulfurique 
sur  la  substance  de  la  lave.  Je  puis  affirmer  que  les  fumerolles  primitives 
des  éruptions  du  Vésuve,  étudiées  par  moi,  déposaient  des  sels  neutres 
blancs  et  entièrement  solubles  dam  reau.  Ce  n'est  qu'idtérieurement,  et 
lorsque  les  vapeurs  passaient  à  la  phase  chlor lijdro-sulfureuse,  qu'on  com- 
mençait à  constater  dans  leurs  dépôts  des  sels  métalliques  et  des  substances 
insolubles,  provenant  manifestement  de  l'altération  consécutive  de  la  roche. 

»  L'absence  des  sels  de  potasse  est  remarquable  :  nous  trouvions  au  Vé- 
suve, M.  Scacchi  et  moi,  de  petites  quantités  de  sulfate  de  cette  base,  dans 
les  produits  des  fumerolles  primitives. 

»  L'abondance  du  carbonate  de  magnésie  dans  ces  produits  est  un  tait 
intéressant,  et  que  je  crois  nouveau.  Il  me  rappelle  les  concrétions  mame- 
lonnées de  carbonate  de  magnésie  que  j'ai  recueillies,  à  la  Guadeloupe,  à  la 
surface  d'une  lave  très-ancienne,  antérieure  à  la  découverte  des  Antilles, 
et  dont  j'ai  donné  aussi  l'analyse  (2).  Dans  ce  dernier  cas,  les  eaux  pluviales 
avaient  évidemment  entraîné  les  sels  solubles  qui  avaient  pu  accompagner 
le  carbonate  de  magnésie. 

»  L'autorité  de  M.  Fouqué  en  ces  matières  est  assez  bien  établie  pour 
me  permettre  de  réserver  mon  opinion  sur  l'appui  qu'il  pense  trouver  dans 
son  nouveau  travail  pour  l'ancienne  théorie  des  infiltrations  des  eaux  de 
la  mer,  rajeunie  par  Gay-Lussac  et  adoptée  par  MM.  Abich,  Fouqué  et  plu- 
sieurs autres  vulcanistes  distingués. 

»  Le  principal  argument  en  faveur  de  cette  opinion  se  trouvait  dans  les 
analogies  de  nature  et  de  proportion  que  l'on  observait  entre  les  acides  et 
les  bases  des  produits  volcaniques  et  les  sels  contenus  dans  l'eau  de  mer. 
Mais  si,  pour  expliquer  la  présence  d'une  quantité  considérable  de  carbo- 
nate de  magnésie  (jusqu'à  22  pour  loo),  de  sulfate  d'alumine  et  de  fer,  en 
même  temps  que  la  disparition  de  la  potasse,  il  faut  avoir  recours  à  une 
série  de  transformations  successives  des  éléments  primitifs  de  l'eau  de  mer, 


(1)  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  2°  série,  t.  XIII,  p.  620. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  2'  série,  t.  V,  p.  66.  Outre  le  carbonate 
de  magnésie,  très-compacte,  la  substance  contient  i  ,'jo  pour  100  d'eau;  0,70  de  silice  et 
0,24  d'alumine,  avec  traces  de  sesquicxyde  de  fer. 


(  836  ) 
on  ne  voit  plus  l'avantage  de  cette  hypothèse,  et  l'on  peut  se  demander, 
comme  le  font  d'autres  géologues,  si  l'eau  de  la  mer,  au  lieu  de  fournir  les 
éléments  gazeux  et  solides  des  émanations,  n'est  pas,  au  contraire,  le  résidu, 
ïecin  mère  de  toutes  les  réactions  engendrées,  sur  la  substance  des  roches 
éruptives,  par  les  émanations  que  ces  roches  entraînent  et  amènent  avec 
elles  des  profondeurs. 

»  Je  soumets  ce  second  point  de  vue  au  savant  et  habile  expérimenta- 
teur, dont  je  viens  de  présenter  le  travail,  en  lui  faisant  d'ailleurs  remar- 
quer que,  si  l'hypothèse  de  l'infiltration  des  eaux  de  la  mer  offre  déjà  des 
difficultés  au  point  de  vue  chimique,  elle  rencontre,  pour  certaines  bouches 
volcaniques,  trés-éloignées  des  rivages,  des  objections  plus  fortes  encore.   » 

M.  Ch.  SAi.vTE-CLAinE  Deville,  en  présentant  à  l'Académie  les  obser- 
vations météorologiques  faites  à  Baréges  (laSa  mètres),  à  la  station  Plan- 
tade  (^336  mètres)  et  au  sommet  du  pic  du  Midi  (2877  mètres),  ajoute  les 
remarques  suivantes  : 

((  Dans  la  séance  du  10  novembre  1 873,  j'appelais,  pour  la  première  fois, 
l'attention  de  l'Académie  sur  la  belle  entreprise  de  la  fondation  d'un  Obser- 
vatoire météorologique  au  sommet  du  pic  du  Midi  de  Bigorre.  On  sait  que 
la  Commission  permanente,  chargée  de  mettre  ce  projet  à  exécution,  a 
commencé  par  établir  une  station  à  5oo  mètres  environ  plus  bas,  au  col  de 
Sencours.  La  Société  météorologique  de  France  s'était  empressée,  dès  le 
début,  de  fournir  aux  observateurs  la  série  entière  des  instruments  néces- 
saires, ainsi  que  l'abri  (modèle  Monisouris),  qui  devait  les  protéger.  Je 
suis  chargé  |)ar  la  Commission  d'offrir  à  l'Académie  les  deux  fascicules 
qui  résument  les  observations  faites  eu  ce  point,  à  Baréges  et  au  sommet 
du  pic  (i),  dans  l'été  et  l'automne  de  1873  et  du  1^'' août  au  i3  dé- 
cembre 1874,  H  midi  53  minutes  (t,  m.  de  Paris)  par  les  soins  de  la  Com- 
mission ;  mais  on  a  reconnu  que  la  station  du  col,  en  même  temps  qu'elle 
est  moins  favorable  à  l'exactitude  des  résultats  que  ne  le  serait  le  sommet 
du  pic,  offre  aussi,  par  suite  de  la  disposition  des  lieux,  un  séjour  plus 
pénible.  Une  souscription  est  donc  organisée  pour  obtenir  les  3oooo  francs, 
jugés  nécessaires  pour  l'installation  d'un  Observatoire  à  la  cîme  du  pic. 
Nous  espérons  que  le  public  scientifique  se  rendra  à  l'appel  de  nos  coura- 

(1)  Outre  cette  observation  dite  simultanée,  on  fait  à  l'hôtellerie  de  Sencours,  plusieurs 
Ibis  par  jour,  des  observations  ré^'ulièrcs,  aux  heures  recommandées  par  la  Société  météo- 
rologique de  France. 


(  837) 
geux  compatriotes  des  Hautes-Pyrénées,  et  que  le  Conseil  d'État  ne  tardera 
pas  à  reconnaître,  comme  établissement  d'ntilité  publique,  la  Sociclé  Ra- 
mond,  et  lui  permettra  ainsi  d'acquérir  le  terrain  nécessaire  et  de  construire 
le  pavillon-observatoire.  » 

M.  Resal,  en  présentant  à  l'Académie  une  nouvelle  publication  de  la 
Société  des  Ingénieurs  civils  de  la  Grande-Bretagne,  s'exprime  comme  il 
suit  ; 

«  Cette  Société,  dont  le  siège  est  à  Londres,  a  eu  cette  année  l'heureuse 
idée  de  fonder  une  publicalion  spéciale  (^/65frflc<s  of  papers  in  Joreujn  Trans- 
actions and  periodicals),  qui  a  pour  objet  de  réunir  des  extraits  des  prin- 
cipaux Mémoires  publiés  par  des  ingénieurs  étrangers. 

»  La  Société  m'a  chargé  d'offrir  à  l'Académie  le  premier  numéro  de 
cette  publication,  qui  présente,  à  tous  égards,  le  plus  grand  intérêt.  Les 
analyses  des  Mémoires  sont  tellement  nettes  et  complètes,  que  l'on  se  fait 
avec  la  plus  grande  facilité  une  idée  du  travail  de  chaque  auteur. 

»  Il  serait  bien  désirable  que  l'exemple  donné  par  !a  Société  anglaise  fût 
suivi  en  France. 

))  Je  suis  heureux  de  constater  que  plus  de  la  moitié  des  Mémoires 
analysés  dans  l'opuscule  dont  il  s'agit  sont  dus  à  des  Français.  » 

M.  Chasles  présente  à  l'Académie  luie  Note  de  M.  Genocclii,  motivée 
par  la  Communication  récente  de  M.  S.  Roberts,  relative  à  l'expression 
des  arcs  des  ovales  de  Descaries  en  fonction  de  trois  arcs  d'ellipse,  ques- 
tion sur  laquelle  M.  S.  Roberts  pensait  avoir  la  priorité. 

«  M.  Genocchi,  dans  sa  Communication  du  1 1  janvier  dernier,  qui  avait 
donné  lieu  à  celle  de  M.  S.  Roberts,  n'avait  pas  rappelé  son  Mémoire  de 
1864,  Inlorno  alla  rellificazione  e  aile  proprietà  délie  causticité  secondarie, 
inséré  dans  les  Annali  di  Malemalica  de  Tortolini  (t.  VI,  1864,  p.  97-123), 
dans  lequel,  entre  autres  questions,  il  parvient  à  l'expression  analytique 
de  l'arc  d'ovale,  d'où  il  conclut  que  :  un  arco  d'ovale  si  riduce  alla  somma 
di  tre  archi  d'ellissi  (p.  108).  On  voit,  en  outre,  dans  ce  Mémoire  que 
M.  Genocchi  avait  déjà  annoncé  dès  i855  ce  résultat  important  de  la  théorie 
des  fonctions  elliptiques  :  «  La  rellificazione  délie  ovali  di  Carlesio  col  mezzo 
»  di  Ire  archi  d' e  Hisse  fu  da  me  annunziata  senza  dimoslrazione  nel  i855  in  un 
»  fascicolo  del  Giornale  lelterario  di  Torino  il  Cimento  (volume  VI,  fasci- 
»    cola  7).    » 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  D. 

C.  R.,  1875,  i^'  Semestre.  (T.  LXXX,  N°  52.)  '°^ 


838  ). 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du    i'"'  mabs   1875. 
(sL-nE.) 

Le  scoperte  delFusinieri,  cenni  slorici  con  illuslrazione  di  alcuni  suoi  instru- 
menli  conservati  nel  miiseo  civico  di  Viceuza,  pubblicazione  df  G.  Nardi.  Vi- 
cenza,  tip.  nazionale  Paroni,  iS^S;  in-8°. 

SuUa  nalrolile  [savite)  e  analcima  di  Poinaja  [coin,  di  Santa-Luce).  Nota  di 
Ant.  d'Achiardi,  letta  ail'  adiinanza  del  3i  magcjio  1874-  Sans  lieu  ni  date; 
opuscule  in-S".  (Esiratto  dagli  Atli  délia  Societa  toscana  di  Scienze  na- 
turali.  ) 

Siilla  coiwersione  di  una  roccia  argillosn  in  serpentino.  Nota  di  Ant. 
d'Achiardi.  Roma,  tip.  Barbera,  1874;  in-8°,  (Esfratto  dal  Bolletlino  del 
R.  Comitalo  geologico.) 

Suite  calcarle  lenticolare  e  grossolana  di  Toscana.  Nota  di  Ant.  d'Acuiardi. 
Sans  lieu  ni  date;  opuscule  in-8°. 

Osservazioni  siilla  fisiologia  del  parvago  Jatte  neW  uomo  vivenle  ;  del  dottor 
P.  Malerra.  Napoli,  ufficio  délia  redazione  e  amministrazione  del  gior- 
nale  il  Morgagny,  1874;  br.  in-8°. 

Alti  delt  Accademia  pontificia  de  Niiovi  Lincei,  conipilati  dal  Segretnrio  ; 
anno  XXVIII,  sessione  i"  del  20  dicembre  1874.  Rouia,  1876;  in-4°. 

Ouvrages  reçus  dans   la  séance  du    i5  mars   i874' 

Géodésie  d' Ethiopie  ou  triangulation  d  une  partie  de  la  liante  Ethiopie,  exé- 
cutée selon  des  méthodes  nouvelles;  par  A.  d'Abbadie,  Membre  de  l'Iustilut, 
vérifiée  et  rédigée  par  R.  Radau.  Paris,  Gautliier-Villars,  1878;  in-4°,  relié, 
avec  cartes  collées  sur  toile. 

Notice  sur  la  marine  à  vapeur  de  guerre  et  de  commerce  depuis  son  origine 
jusqu'en  1874;  par  L.-E.  Bertin.  Paris,  Dunod,  1876;  in-8",  relié. 

Notice  sur  les  teirains  paléozovpies  du  département  de  l'Hérault;  par 
M.  Graff.  Lyon,  imp.  H.  Storck,  1874;  br.  iu-S". 

Matériaux  pour  servir  à  la  description  du  terrain  crétacé  en  France;  pai 
M.  Hébert.   Description  du  bassin  d'Uchaux;  par  MM.  Héeeht  et  ROUCAS. 


(  839) 

Appendice  paléontoloyujue  ;  par  MM.  HÉBERT  et  Munier-Chalmas.  Paris, 
G.  Masson,  1875;  iii-8^ 

Éiudes  jmléonloloijkjiies  sur  les  dépôts  jurassiques  du  bassin  du  Rhùne  ;  par 
Eiig.  DUMOUTIER.  i'"  partie  :  Infra-lias;  2"  partie  :  Lias  inférieur:  '6^  partie  : 
Lias  mojen;  4^  partie  :  Lias  supérieur.  Paris,  F.  Savy,  1 864- 1874;  4  vol. 
in-8°. 

Traité  élémentaire  de  Minéralogie  ;  par  M.  F.  PiSANi,  précédé  d'une  pré- 
face par  M.  Des  Cloizeaux.  Paris,  G.  jMasson,  1875;  in-12. 

Les  bois  indigènes  et  étrangers;  par  MM.  A.  DuPOl^T  et  BOUQUET  DE  L.v 
Grye.  Paris,  J.  Rothschild,  1875  ;  i  vol.  in-8''. 

Revue  de  Géologie  pour  les  années  1871  et  18'] 2;  par  M.  Delesse  et  M.  de 
Lapparent;  t.  XI.  Paris,  F.  Savy,  1875;  in-8°. 

Annales  télégraphiques  ;  3^  série,  t.  II,  janvier,  février  1876.  Paris,  Dunod, 
i875;in-8°. 

Le  Phylloxéra  au  Congrès  de  Montpellier;  par  le  D'  Coste.  Salins,  Billet, 
1875;  br.  in-S".  (Renvoi  à  la  Coininission.) 

Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences.  Etudes  sur  la  verticale; 
par  M.  d'Aebadie,  Membre  de  l'Institut.  Bordeaux,  imp.  Gounouilhou, 
sans  date  ;  br.  in-8°. 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents;  janvier  1876.  Paris, 
Dunod,  i875;iu-8°. 

Annales  des  Mines  ou  Recueil  de  Mémoires  sur  l'exploitation  des  mines; 
t.  VI,  5«  liv.  de  1874.  Paris,  1874;  in-8°. 

Table  générale  et  alphabétique  des  matières  contenues  dans  les  volumes 
LXXllP  à  LXXXV^  inclusivement  du  Bulletin  général  de  Théiapeutique. 
Paris,  Doin,  1875;  in-4°. 

Faune  gallo-rhénane  ou  Species  des  insectes  qui  habitent  la  Fi-ance,  la  Bel 
gique,  la  Hollande,  le  Luxembourg,  la  Prusse  rhénane,  le  Nassau  et  le  Valais 
par  A.  Fauvel.  Coléoptères,  liv.  i  à  5.  Caen,  Le  Blanc-Hardel,  1868-187/1 
5  liv.  in-8°. 

A.  Fauvel.  Annuaire  entomologique  pour  1873,  1874,  1876.  Caen,  chez 
l'auteur;  Paris,  L.  Buquet,  1874,   1875-,  3  vol,  in-i8. 

Recherches  sur  ianntomie  et  la  phjsiologie  du  cœur;  par  le  D'  Mai'c  SÉE. 
Paris,  G.  Masson,  1873;  in-4°.  (Présenté  par  M.  Gosselin  pour  le  Concours 
Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1875.) 


(  84o  ) 

Clinique  chirurgicale  de  l' Hôtel- Dieu  de  Lyon;  par  A.-D.  Valette.  Paris, 
J.-B.  Baillière,  1875;  in-8°.  (Présenté  par  M.  Gosselin.) 

Exposé  de  la  théorie  des  intérêts  composés  et  des  annuités  d'après  un  ouvrage 
de  M.  Fédor  Thoman;  par  M.  F.  Lefoht,  suivi  des  Tables  logarithmiques  cal- 
culées; par  M.  F.  Thoman.  Paris,  Diinod,  1874?  iii-8°,  relié. 

Observations  de  Pulkova,  publiées  par  Otto  Struve  ;  vol.  VI  :  Observations 
faites  au  cercle  méridien.  Saint-Pétersbourg,  imp.  de  l'Académie  impériale 
des  Sciences,  1870;  in-4°. 

Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg  ;  7^  sé- 
rie, t.  XIX,  n°  10  et  dernier;  t.  XXI,  n°^  6à  11.  Saint-Pétersbourg,  1873- 
1874;  7  liv.  in-4°. 

Bulletin  de  l' Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg  ;  t.  IX, 
n°'4,  5;  t.  XX,  n°  i.  Saint-Pétersbourg,  1874;  3  liv.  in-4°. 

Die  Zeitbestimmung  vermitlelst  des  tragbaren  Durchgangsinstruments  im 
Verticale  des  Polarsterns;  von  W.  DoLLEN  ;  zweite  Abhandlungen.  Saint- 
Pétersbourg,  1874;  in-4''. 

Mélanges  mathématiques  et  astionomiques  tirés  du  Bulletin  de  l'Académie 
impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg  ;  t.  V  :  Observations  des  satellites  de 
Jupiter,  faites  en  Bussie  dans  les  années  1872  et  1873,  et  rassemblées  par 
M.  S.  Glasenapp.  Saint-Pétersbourg,  1874;  iu-S". 

Jahresltericht  am  27  nuii  1874  dem  Comité  der  Nicolai-Hauptsternwarte 
abgestattet  vom  Director  der  Stermvarte.  Saint-Pétersbourg,  1874;  ui-8". 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  AVRIL  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE.  —  Sur  un  cas  singulier  d'aimantation; 
Note  de  M.  J.  Jamin. 

«  Je  dois  à  la  complaisance  de  M.  Bertrand  de  m'avoir  fait  connaître  un 
cas  singulier  d'aimantation  que  Galilée  a  observé  et  qu'il  a  décrit  dans  une 
Lettre  adressée  en  1607  à  Curzio  Picchena.  Il  s'agit  d'une  pierre  d'aimant 
tout  à  fait  extraordinaire  : 

Il  Elle  était  si  puissante  qu'en  approchant  la  pointe  d'un  cimeterre  à  une  distance  égale 
à  l'épaisseur  d'une  piastre  d'argent,  on  ne  pouvait  plus  le  retenir,  et  nicnie  qu'une  per- 
sonne solide  appuyant  le  cimeterre  contre  sa  poitrine  ne  pouvait  résister  à  l'entraînement. 
J'y  ai  découvert  un  autre  effet  admirable  et  que  je  n'ai  jamais  rencontré  dans  aucun  autre 
aimant  ;  un  même  pôle  attire  et  repousse  le  même  morceau  de  fer.  A  la  distance  de  4  ou 
5  doigts  au  moins,  il  attire  le  morceau  de  fer;  mais,  à  la  distance  de  i  doigt,  il  le  repousse. 
Si  l'on  place  le  morceau  do  fer  sur  une  table  et  qi\"on  mette  l'aimant  très-près,  le  morceau 
de  fer  s'ocarle  et  fuit  devant  l'aimant  qu'on  pousse  derrière  lui;  mais,  si  l'on  retire  l'ai- 
mant, au  moment  où  la  distance  devient  de  4  doigts,  le  morceau  de  fer  est  attiré  et  suit 
l'aimant  qu'on  éloigne,  mais  il  n'approche  pas  à  plus  de  i  doigt.    » 

»  La  pierre  fut  achetée  par  le  Grand-Duc  :  Galilée  put  l'étudier  à  loisir, 
et  il  résulte  de  ses  expériences  ultérieures  que  le  morceau  de  fer,  dont  il  est 

C.R.,  1875,  i^Semeslre.  (T.  LXXX,  N»  13.)  IO9 


(  842  ) 
précédemment  question,  était  de  l'acier  aimanté,  car  la  pierre  attirait  le 
fer  doux  à  toute  distance  et  soulevait  6  livres  de  cette  substance.  En  résumé, 
elle  avait  la  propriété  d'attirer  de  loin  et  de  repousser  de  près  le  même 
pôle  d'un  barreau  d'acier.  Elle  a  malheureusement  été  perdue. 

»  La  suite  de  mes  recherches  m'a  fait  rencontrer,  sans  la  chercher,  une 
aimantation  toute  pareille  et  qui  n'a  rien  de  mystérieux. 

»  Je  rappellerai  d'abord  qu'on  peut  aimanter  un  barreau  d'acier  à  satu- 
ration par  un  courant  très-énergique,  et  donner  à  l'une  des  moitiés  une 
aimantation  australe  que  j'appellerai  positive,  qui  pénètre  jusqu'au  cœur 
même  du  barreau.  Cela  fait,  je  soumets  ce  même  barreau  à  un  courant 
inverse  d'abord  très-faible,  puis  croissant,  qui  détermine  luie  aimantation 
boréale  ou  négative,  limitée  d'abord  à  la  surface  extérieure  et  pénétrant 
ensuite  à  des  profondeurs  croissantes,  tout  en  laissant  subsister  des  couches 
positives  au-dessous  d'elle.  L'effet  observé  n'est  que  la  différence  des 
actions  exercées  à  l'extérieur  par  les  deux  aimantations  suj)erposées.  Il  est 
d'abord  positif,  puis  nul  et  enfin  négatif.  Je  m'arrête  quand  ce  change- 
ment de  signe  est  opéré. 

»  Je  dissous  ensuite  l'acier  dans  un  acide,  et  il  est  évident  que  j'enlève 
ainsi,  peu  à  peu,  les  couches  extérieures  boréales  ou  négatives  pour  mettre 
au  jour  les  strates  sous-jacents  austraux;  que  l'aimantation  observée, 
d'abord  négative,  diminue,  s'annule  et  change  de  signe.  Ces  résultats  ont 
été  déjà  communiqués  à  l'Académie. 

»  Il  me  reste  à  ajouter  que  les  couches  australes  ne  sont  pas  découvertes 
partout  en  même  temps.  Elles  commencent  par  percer  à  l'extrémité,  sur- 
tout aux  aiêtes  et  aux  coins,  comme  des  sommets  très-aigus,  très-limités. 
Elles  y  ont  une  grande  tension,  mais  leur  moment  magnétique  est  petit, 
parce  qu'elles  occupent  une  très-petite  surface.  En  même  temps  règne  une 
couche  boréale  non  interrompue  depuis  l'extrémité  jusqu'à  la  ligne  moyenne  : 
c'est  le  reste  des  couches  extérieures  que  l'érosion  n'a  point  enlevées.  L'in- 
tensité y  est  presque  nulle  en  chaque  point  ;  mais,  la  surlace  étant  très- 
grande,  la  quantité  et  le  moment  de  ce  magnétisme  boréal  sont  considé- 
rables, plus  considérables  que  la  quantité  et  le  moment  des  sommets  aus- 
traux qui  percent  à  l'extrémité  même;  d'où  il  suit  que  cette  moitié  du 
barreau  se  tourne  vers  le  sud  comme  si  ces  sommets  n'existaient  pas. 

»  Approchons  peu  à  peu  le  pôle  austral  ou  nord  d'un  aimant  ordinaire; 
tant  qu'il  sera  loin,  il  subira  l'effet  prédominant  des  couches  boréales  de 
notre  barreau  et  sera  attiré;  mais,  si  on  l'approche  contre  l'extrémité  même, 
il  se  trouvera  à  très-petite  distance  des  pointes  australes  qui  occupent  cette 


(  843  ) 
extrémité;  leur  effet  l'emportera,  et  il  y  aura  répulsion  :  ainsi,  attraction  à 
distance,  répulsion  au  contact,  c'est  le  cas  de  la  pierre  de  Galilée;  et,  ce 
qui  n'est  pas  moins  curieux,  au  contact,  répulsion  des  extrémités  qui  se 
dirigent  vers  les  pôles  contraires  de  la  Terre,  attraction  des  extrémités  qui 
se  tournent  du  même  côté.  A  une  distance  suffisante,  le  sens  des  actions  a 
changé  et  tout  rentre  dans  l'ordre  habituel.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  la  théorie  de  l'aspiration  avec  des  remarques 
sur  la  nouvelle  Note  de  M.  Pesiin  ;  par  M.  Faye. 

«  Les  partisans  de  cette  hypothèse  recherchent,  depuis  quarante  ans, 
comment  une  atmosphère  immobile  pourrait  bien  fournir  du  travail  moteur 
à  un  cyclone  au  moyen  de  l'ascension  des  masses  d'air  qui  le  traversent 
et  de  la  condensation  d'une  partie  de  la  vapeur  d'eau  contenue  dans  cet 
air.  Dans  cet  énoncé,  on  voit  déjà  l'influence  d'une  idée  préconçue. 

»  Cette  idée  préconçue  dérive  d'un  préjugé  très-ancien  dont  j'ai  retracé 
l'histoire  dans  VAniwaire  du  Bureau  des  Longitudes  pour  iS^S,  préjugé 
d'après  lequel  les  trombes  et  les  tornados  seraient  des  organes  d'aspiration 
capables  de  transporter,  non-seulement  l'air  inférieur,  mais  l'eau  des  fleuves 
ou  des  mers  jusque  dans  la  région  des  nuages. 

»  Pour  donner  après  coup,  à  cette  idée  préconçue  de  l'aspiration,  une 
sorte  de  base  scientifique,  M.  Espy  a  calculé  qu'une  masse  d'air  prise  dans 
les  régions  supérieures  et  transportée  telle  quelle  dans  les  couches  basses 
y  prendrait,  par  la  compression  plus  forte  qu'elle  subirait,  une  température 
supérieure  à  celle  du  milieu  ambiant  :  il  n'y  aurait  doncnicondensation  de 
vapeur,  ni  développement  de  force  motrice,  tandis  que  le  contraire  aurait 
lieu,  en  général,  pour  une  masse  d'air  qu'on  supposerait  ascendante.  Dans 
ce  cas,  il  y  aurait  production  de  force  vive  et  par  suite  on  trouverait  là  une 
provision  sans  cesse  renouvelée  de  travail  moteur  pour  alimenter  l'énorme 
consommafion  qu'en  font  les  grands  mouvements  gyratoires.  Ces  calculs  de 
M.  Espy,  modifiés  et  corrigés  par  MM.  Pesiin  et  Reye  (de  l'Université  de 
Strasbourg),  supposent  connue  la  loi  du  décroissement  de  la  chaleur  dans 
l'atmosphère  immobile  ;  ils  sont  purement  statiques,  je  veux  dire  que  la 
température  de  la  masse  d'air  considérée  et  les  pressions  qu'elle  supporte 
sont  calculées  en  dehors  de  l'état  de  mouvement  dont  on  ne  tient  nul 
compte  (i). 

(i)  On  y  tient  compte  tie  rhumidité,  mais  non  dus  cristaux  de  glace  qui  sont  si  souvent 
mêlés  aux  grands  courants  supérieurs. 

109.. 


(  844  ) 

»  Quoi  qu'il  en  soit  et  quelle  que  soit  la  quantité  de  force  vive  que  l'as- 
cension supposée  de  l'air  développe  dans  l'atmosphère  immobile,  l'analyse 
du  D'  Reye  et  de  M.  Peslin  ne  saurait  en  indiquer  l'emploi.  Il  faudrait 
pour  cela  que  la  Mécanique  rationnelle  pîit  fournir  les  équations  com- 
plètes du  mouvement  tourbillonnaire  progressif:  alors  seulement  ou  serait 
en  état  de  suivre  une  molécule  quelconque  dans  son  trajet  et  d'assigner 
théoriquement  les  lois  observables  du  phénomène.  Dans  le  silence  complet 
de  la  science,  la  tentative  que  nous  venons  d'indiquer  manque  de  base  : 
force  est  donc  de  recourir  aux  faits. 

»  Or  il  y  a  deux  classes  de  faits  :  les  uns  nets  et  précis,  ce  sont  ceux  que 
nous  offre  l'étude  des  petits  cyclones  que  l'observateur  embrasse  d'un 
coup  d'œil,  et  qui  accomplissent  toutes  leurs  fonctions  dans  l'étendue  du 
champ  de  la  vue;  les  autres,  relatifs  aux  grands  cyclones,  sont  infiniment 
moins  déterminés;  pour  s'en  servir,  il  faut  avant  tout  les  coordonner,  et 
pour  cela  on  se  trouve  forcé  de  recourir  à  quelque  hypothèse.  Dès  lors  la 
marche  à  suivre  est  toute  tracée  :  comme  les  petits  cyclones  (trombes,  tor- 
nados)  et  les  grands  (typhons,  ouragans)  sont  essentiellement  de  même 
nature  mécanique,  ils  doivent  évidemment  recevoir  le  même  genre  d'ex- 
plication ;  il  est  donc  naturel  de  commencer  par  les  seuls  phénomènes  dont 
l'ensemble  soit  accessible  à  l'observation. 

»  M.  Peslin  n'est  pas  de  cet  avis;  il  préfère  s'adresser  aux  faits  moins 
gênants  et  bien  plus  élastiques  des  grands  cyclones,  où  l'observateur  ne 
saisit  à  chaque  instant  que  des  détails  locaux  et  ne  peut  guère  mieux  juger 
de  l'ensemble  que  le  soldat  qui,  dans  une  bataille,  ne  connaît  que  les  mou- 
vements de  sa  compagnie;  et  encore  je  ne  vois  pas  qu'il  en  ait  jamais  fait 
usage. 

»  M.  Peslin  accepte  les  prémisses  qui  précèdent,  car  vraiment  il  saute 
aux  yeux  que  tous  les  cyclones,  depuis  la  trombe  jusqu'aux  ouragans,  sont 
constitués  par  un  mouvement  gyratoire;  mais  il  repousse  la  conséquence. 
Il  voudrait  faire  de  ces  phénomènes  deux  classes  distinctes  ayant  chacune 
sa  théorie  spéciale,  afin  d'être  en  droit  d'écarler  les  faits  précis  où  il  pressent 
peut-être  quelque  contradiction  radicale.  Il  m'objecte  qu'on  n'a  jamais  vu 
une  trombe  grossir  jusqu'à  devenir  une  tempête  ou  même  un  petit  cyclone. 
Il  y  aurait  donc  là,  suivant  lui,  une  solution  de  continuité  dans  la  série 
des  mouvements  gyratoires  :  cette  lacune  ne  permettrait  pas  d'appliquer 
le  même  genre  d'explications  à  ces  deux  phénomènes  météorologiques 
que  tous  les  observateurs,  dit-il,  ont  distingués  l'un  de  l'autre.  D'ailleurs, 
ajoute-t-il,  les  faits  relatifs  aux  trombes  et  aux  tornados  sont  rares,  mal 


(  845  ) 
connus  et,  de  l'aveu  de  M,  Faye  lui-même,   mal   observés.  Conclusion  : 
M.  Peslin  est  donc  en  droit  de  décliner  la  discussion  dans  les  termes  où  je 
l'ai  posée  d'après  son  invitation  formelle. 

»  Examinons  une  à  une  ces  assertions.  D'abord,  je  n'ai  jamais  dit  que 
les  observations  des  trombes  et  des  tornados,  dont  j'ai  tiré  un  si  bon  parti, 
fussent  mal  faites.  J'ai  seulement  fait  remarquer  qu'en  les  appréciant  il  fal- 
lait tenir  compte  des  préjugés  de  l'observateur  et  distinguer  soigneusement 
les  faits  observés  des  impressions  que  le  témoin  prévenu  y  mêle  parfois  à 
son  insu.  Cette  règle-là  est  partout  de  mise,  même  en  Mathématiques;  je 
viens  justement  d'en  donner  un  exemple  à  propos  de  la  théorie  mathéma- 
tique et  des  calculs  de  M.  Peslin  et  du  D"^  Reye. 

»  Quant  aux  faits,  loin  d'être  rares,  comme  le  croit  M.  Peslin,  ils  abon- 
dent. Peu  de  phénomènes  météorologiques  ont  été  aussi  bien  décrits  que 
les  trombes.  Plusieurs  ont  été  l'objet  d'enquêtes  officielles  très-minu- 
tieuses, d'où  il  suffit  d'écarter  certaines  traces  assez  visibles  de  préoccu- 
pations théoriques.  Nous  avons,  pour  les  trombes,  le  Catalogue  de  Pelticr 
qu'on  pourrait  doubler  aujourd'hui  à  l'aide  de  descriptions  nouvelles, 
éparses  dans  nos  Recueils.  Pour  les  tornados,  j'ai  moi-même  reproduit  une 
série  d'observations  capitales,  recueillies  aux  États-Unis.  Évidemment, 
M.  Peslin,  préoccupé  de  ses  propres  travaux  théoriques  sur  les  tempêtes 
tournantes,  n'a  pas  donné  aux  phénomènes  dont  il  s'agit  ici  une  attention 
suffisante. 

»  Bien  plus,  mon  savant  adversaire  affirme  que,  dans  la  pensée  des  mé- 
téorologistes, ce  sont  des  phénomènes  distincts,  séparés  par  une  lacune 
qui  ne  permet  pas  de  les  soumettre  au  même  mode  général  d'explication  ; 
mais  c'est  justement  le  contraire,  et  il  me  sera  facile  de  le  prouver  par  des 
citations  péremptoires.  Commençons  par  le  Rapport  souvent  rappelé  de  la 
Commission  de  i84i.  En  voici  le  début  : 

B  L'Académie  nous  a  chargés,  MM.  Aiago,  Pouillet  et  moi,  de  lui  l'aiie  un  Rapport  sur 
les  observations  et  les  théories  de  M.  Espy,  qui  ont  pour  objet  les  météores  aériens  connus 
sous  les  noms  lï ouragans,  de  trombes,  de  tornados....  Le  mouvement  de  l'air  dans  le  mé- 
téore en  question,  tornado,  trombe  s'il  est  violent  et  peu  étendu,  ouragan  [storm)  s'il  em- 
brasse plusieurs  degrés  de  la  surface  du  globe,  est  toujours  convergent....  Les  trombes  sont 
de  petits  tornados,  et  la  force  de  ces  météores  est  telle,  dans  la  partie  sud  et  est  des  Etats- 
Unis,  que....  Nous  adopterons  le  mot  technique  de  tornado  pour  désigner  le  météore  en 
question,  quelles  que  soient  son  étendue  et  son  intensité.  » 

»  Ce  mot  n'a  pas  prévalu,  mais  bien  le  mot  cyclone  proposé  antérieure- 
ment par  Piddington.  Mais  ce  mot  nouveau  a  exactement  la  même  siguifi- 


(  846  ) 
cation  dans  la  pensée  de  son  auteur,  c'est-à-dire  qu'il  s'applique  indiffé- 
remment aux  trombes  et  aux  cyclones. 

M  Piddington,  en  effet,  a  beaucoup  insisté  sur  ce  fait,  que  de  la  plus  petite 
trombe  aux  tornados  et  de  ceux-ci  aux  plus  grands  cyclones  il  y  a  une 
série  continue  de  phénomènes  identiques,  au  fond  du  moins,  n'offrant  pas 
d'autre  différence  essentielle  au  point  de  vue  mécanique  que  la  dimension. 

»  Cette  opinion,  reçue  il  y  a  quarante  ans  en  France,  en  Angleterre  et 
aux  États-Unis,  est  aussi  celle  des  hydrographes  et  des  marins  français  qui 
ont  le  plus  et  le  mieux  étudié  les  tempêtes  à  notre  époque.  Ainsi  M.  Keller 
a  donné  pour  titre  à  son  ouvrage  de  1861  :  Des  ouragans,  tornados,  tjphons 
et  tempêtes,  et  il  a  bien  soin  d'ajouter  dans  le  texte,  pour  ne  pas  oublier  les 
trombes  : 

«  ...  Cette  cause  suffit  pour  donner  naissance  à  la  colonne  gyratoire  d'un  ouragan  ou 
d'un  typhon,  comme  elle  suffit  pour  former  les  trombes.  » 

»  M.  Bridet  pense  exactement  de  même  en  1869  : 

«  Ces  ouragans  ne  sont  que  de  vastes  trombes  dont  le  diamètre  considérable  ne  nous  per- 
met pas  d'apercevoir  l'ensemble.  » 

»  La  théorie  qu'il  leur  applique  est  évidemment  la  même  pour  tous  les 
cyclones  grands  ou  petits. 

»  Il  est  inutile  de  pousser  plus  loin  ces  citations,  il  faudrait  citer  tous  les 
météorologistes,  sauf  M.  Dowe.  Maintenant,  pour  quel  motif  M.  Peslin,  qui 
adopte  leurs  opinions,  se  sépare-t-il  d'eux  sur  ce  point  capital?  Le  voici  :  il 
fait  remarquer  qu'on  n'a  jamais  vu  de  trombe  se  transformer  en  cyclone  (i). 
Autant  voudrait  soutenir  que  les  petits  tourbillons  de  nos  cours  d'eau  sont 
d'une  autre  espèce  que  les  grands,  par  cela  seul  qu'on  n'a  pas  vu  jusqu'ici, 
faute  d'occasion  sans  doute,  un  de  ces  petits  tourbillons  de  quelques  déci- 
mètres d'ouverture  devenir  un  grand  mouvement  tournant,  capable  d'en- 
gloutir un  homme  ou  même  une  embarcation. 

1)  Tout  en  essayant  d'établir  que  la  question  est  mal  posée  et  qu'il  a  le 
droit  de  décliner  la  discussion,  M.  Peslin  veut  bien  pourtant  dire  quelques 
mots  des  trombes,  afin   de  concilier  ces  phénomènes  avec  la  théorie  de 

(i)  Le  mo\  jamais  est  de  trop.  Piddington  cite  à  ce  snjet  un  cas  assez  bien  observé  par  un 
équipage  français,  en  i8o4,  où  une  simple  trombe  paraît  avoir  été  le  dcbut  d'une  tempête 
qui  a  duré  quatorze  heures  et  a  causé  plusieurs  naufrages.  Il  en  est  probablement  de  même 
de  l'ouragan  d'Antigna,  en  1837  («"'•pilaine  Sevnioiir).  Enfin  les  cyclones  débutent  parfois 
par  de  grands  tornados  de  quelques  lieues  seulement  de  diamètre  auxquels  on  donne  le  nom 
de  tornado-cy clone.    • 


(  «47  ) 

l'aspiration.  Pour  cela  il  m'emprunte,  dit-il,  un  théorème  de  Mécanique 
que  j'ai  cité  comme  étant  également  applicable  aux  tourbillons  soit  liquides, 
soit  gazeux.  Pour  les  premiers,  aucun  doute  n'est  possible  :  le  mouvement 
gyratoire  est  descendant;  mais,  quand  il  s'agit  des  seconds,  M.  Peslin  veut 
qu'ils  soient  ascendants.  C'est  commode  pour  sa  thèse,  mais  peu  démon- 
stratif. On  voit  cependant  fort  bien  comment  le  tourbillonnement  se  pro- 
duit dans  les  cours  d'eau  :  tous  les  hydrauliciens  sont  d'accord  là-dessus, 
et  il  est  non  moins  évident  que  la  même  cause  produira  le  même  effet  dans 
les  Jleuves  gazeux  ;  mais,  si  vous  renversez  le  mouvement,  si  vous  le  sup- 
posez ascendant,  vous  faites  commencer  la  gyralion  par  le  petit  bout,  là 
où  le  tourbillon  atteint  le  sol  et  l'affouille,  là  où  cesse  précisément  le  cou- 
rant et  même  le  fluide,  et  alors  le  théorème  n'a  plus  de  sens,  car  le  phé- 
nomène lui-même  n'a  plus  de  raison  d'être.  Comment  se  fait-il  que  les 
météorologistes,  placés  en  face  des  mouvements  tournants  de  l'atmosphère, 
n'aient  jamais  songé  qu'il  s'en  produit  aussi  dans  les  cours  d'eau  et  qu'ils 
avaient  à  espérer,  de  la  longue  pratique  des  hydrauliciens,  des  informa- 
tions précieuses  sur  le  sujet  de  leiu's  recherches? 

»  En  secQjid  lieu  M.  Peslin  cite,  comme  M.  Reye,  les  petits  tourbillons 
de  poussière  qu'on  voit  quelquefois  sur  nos  roules  :  il  affirme  qu'ils  sont 
ascendants;  mais  sur  quelle  observation  précise  base-t-il  cette  affirmation? 

»  Enfin,  au  lieu  de  placer  le  mouvement  gyratoire  dans  l'entonnoir  des 
trombes,  comme  cela  a  lieu  justement  pour  ces  petits  tourbillons  où  la 
poussière  soulevée  et  finalement  entraînée  rend  visible  la  gyration  interne 
de  l'air,  et,  comme  cela  a  lieu  également  dans  tous  les  tourbillons  des 
cours  d'eau,  il  affirme  que  le  tourbillonnement  est  extérieur  à  cet  enton- 
noir. Il  aurait  bien  dû,  à  ce  sujet,  consulter  le  second  théorème  de  Méca- 
nique que  j'ai  cité,  aussi  bien  que  le  premier  :  il  y  aurait  vu  que  la  surface 
limite  d'un  tourbillon  affecte  précisément  cette  forme  d'entonnoir. 

»  De  telles  affirmations,  improvisées  sans  doute,  ont  grand  besoin,  on 
en  conviendra,  d'être  contrôlées  par  les  faits.  J'ose  recommander  les  faits  à 
mon  savant  antagoniste,  c'est  le  seul  moyen  que  nous  ayons  de  démêler  la 
vérité  dans  un  sujet  si  complexe  et  de  contrôler  notre  propre  jugement, 
si  prompt  à  errer  lorsqu'il  n'est  pas  guidé  par  une  science  déjà  faite;  mais, 
si  je  tiens  à  l'épreuve  des  faits,  je  ne  refuserai  pas  pourtant  de  suivre 
M.  Peslin  sur  le  terrain  des  théories  hypothétiques. 

»  Prenons  donc  ce  sujet  sous  sa  forme  la  plus  élevée,  telle  que  M.  Peslin 
et  M.  le  D''  Reye  nous  la  présentent.  Voici  d'abord  comment  le  premier 
s'exprime  dans  son  intéressant  Mémoire. 


(  848  ) 

«  La  puissance  mécanique  de  la  tempête  s'use  à  mesure  qu'elle  se  propage  par  l'effet  des 
résistances  que  la  surface  terrestre  et  celle  des  mers  opposent  aux  mouvements  de  l'air;  il 
faut  donc,  pour  que  la  tempête  conserve  son  intensité,  qu'elle  crée  sur  son  passage  et  s'assi- 
mile de  nouvelles  forces  vives;  il  faut  que  la  propagation  de  la  tempête  dans  l'atmosphère 
donne  lieu  au  développement  d'un  travail  moteur  équivalent  aux  travaux  résistants  dont 
nous  constatons  l'existence. 

»  C'est  à  ce  point  de  vue  que  je  vais  essayer  de  compléter  la  théorie  des  tempêtes;  je  vais 
chercher  quelles  conditions  doivent  être  remplies  pour  que  le  mouvement  de  l'atmosphère, 
déterminé  par  la  tempête,  donne  naissance  à  un  travail  moteur. 

»  Le  mouvement  tournant  est  le  plus  violent  des  mouvements  de  l'air,  celui  que  les  ob- 
servations constatent  le  ])lus  nettement;  mais  il  n'est  pas  le  seul  :  il  doit  y  avoir  en  outre  un 
mouvement  vers  l'axe  du  tourbillon  et  un  mouvement  parallèle  à  cet  axe.  Le  tourbillon 
qui,  dans  sa  marche,  déploie  une  force  mécanique  sans  cesse  renaissante,  qui  verse  une  pluie 
indéfiniment  renouvelée  sur  les  contrées  qu'il  traverse  successivement,  ce  tourbillon  a  besoin 
de  s'alimenter  d'air  nouveau.  Il  doit  le  prendre  aux  parties  de  l'atmosphère  qui  entrent  suc- 
cessivement dans  son  cercle  d'action  en  vertu  de  son  mouvement  de  progression  ;  il  doit 
aspirer  l'air  d'un  côté  et  le  rejeter  de  l'autre  côté.  Par  oîi  se  fait  l'aspiration?  Est-ce  par  les 
parties  hautes  ou  les  parties  basses  de  l'atmosphère?  » 

»  El  M.  Peslin  se  décide  pour  les  parties  basses  sans  avoir  examiné  ini  seul 
fait,  en  se  contentant  du  calcul  de  M.  Espy  cité  plus  haut.  Qtîel  dommage 
que  M.  Peslin  n'ait  pas  remarqué  que  ces  mêmes  phrases  s'appliquent  exac- 
tement, identiquement  aux  tourbillons  des  cours  d'eau!  Il  aurait  proba- 
blement adopté  la  conclusion  opposée,  car  ici  le  doute  n'est  plus  de  mise, 
la  gyration  est  évidemment  descendante. 

»  M.  le  D''  Reye  dit  la  même  chose  en  d'autres  termes  (i): 

«  Pourrait-on  croire  que  les  cyclones  parcourent  ces  espaces  énormes  (plusieurs  milliers 
de  milles)  en  cinq  ou  six  jours,  tout  en  fournissant  un  travail  continuel  de  plusieurs  cen- 
taines de  raillions  de  chevaux-vapeur,  sans  posséder  un  moyen  quelconque  de  renouveler 
leur  force  vive?  Un  cyclone  ne  ressemble  pas  à  un  cerceau  solide  qui  roule  sur  le  sol  n'ayant 
à  surmonter  que  la  résistance  de  l'air,  insignifiante  pour  lui,  et  le  frottement  de  roulement. 
Un  cyclone  se  compose  d'air  qui  peut  s'échapper  de  tous  côtés  et  qui,  en  vertu  d'une  gy- 
ration rapide,  doit  effectivement  s'en  écha]iper  si  aucune  force  exiérieure  ne  le  retient  ou  ne 
le  renouvelle.  L'espace  au  travers  duquel  un  tel  cyclone  se  meut  vers  le  N.-O.  est  lui-même 
plein  d'air  tout  aussi  pesant  ou  même  plus  dense  que  le  sien;  il  lui  oppose  une  résistance 
d'autant  plus  grande  que  le  cyclone  est  plus  grand  lui-même;  et,  si  cet  air  est  entraîné  dans 
le  cercle  d'action  du  météore,  il  y  faut  une  dépense  de  travail  mécanique  que  le  cyclone  ne 
pourrait  fournir  au  moyen  d'une  provision  antérieure.  » 

»  L'auteur  calcule  ensuite  l'énorme  dépense  de  force  de  l'ouragan  de 

(i)  Die  Wirhehturmc,  Tonuidos  iind  Weltcrsàidcn,  par  le  D''  Reye,  professeur  à  l'Uni- 
versité de  Strasbourg. 


(849) 
Cuba  pendant  trois  jours,  et  montre  qu'elle  est  aisément  couverte  par  l'équi- 
valent mécanique  de  la  chaleur  rendue  libre,  grâce  à  la  condensation  de  la 
vapeur  d'eau  qui  provient  des  couches  inférieures  aspirées  de  bas  en  haut 
par  le  tourbillon.  Il  estime  que  celte  force  est  au  moins  quinze  fois  plus 
grande  que  tout  ce  que  peuvent  fournir,  dans  le  même  laps  de  temps,  tous 
les  moulins  à  vent,  moulins  à  eau,  machines  à  vapeiu-,  locomotives,  hommes 
et  animaux  du  monde  entier.  Il  s'agit,  en  effet,  de  3gc)5o  millions  de  kilo- 
grammètres  par  seconde.  C'est  l'équivalent  du  nombre  de  calories  qui 
deviennent  libres  par  la  condensation  de  iSBogo  kilogrammes  de  vapeur 
d'eau  par  seconde,  nombre  énorme  en  apparence,  mais  bien  faible  en  réa- 
lité, car  l'air  inférieur  aspiré  par  le  cyclone  contient  de  trente-trois  à  qua- 
rante-cinq fois  plus  de  vapeur  d'eau,  lorsque  son  point  de  rosée  est  par  i5 
ou  20  degrés  du  thermomètre  de  Celsius.  «  Sous  ce  rapport  donc,  ajoute 
»  M.  Reye,  mon  explication  des  tempêtes  tourbillonnaires  (c'est  aussi  celle 
»   de  M.  Peslin)  répond  à  toutes  les  exigences.  » 

))  C'est,  on  le  voit,  sous  une  forme  plus  moderne  et  plus  correcte,  la 
théorie  même  de  M.  Espy,  qui  trouvait  dans  des  calculs  analogues  une 
explication  si  satisfaisante  des  averses  de  pluie  dont  les  cyclones  sont  ac- 
compagnés. Aujourd'hui  on  rapproche  ces  condensations  de  la  quantité 
de  chaleur  qui  s'en  dégage,  et  celle-ci  du  travail  mécanique  accompli  par 


ouragan. 


»  Mais  aujourd'hui,  comme  en  i84o,  au  temps  de  M.  Espy,  on  oublie 
une  chose  que  tous  les  calculs  de  Physique  ou  de  Thermodynamique  ne 
donnent  pas,  c'est  de  faire  marcher  le  cyclone.  Le  cyclone-type  de  MjM.  Espy, 
Peslin  et  Reye  ne  marche  pas.  L'air  inférieur  où  il  puise  incessamment  ses  ma- 
téiiaux  et  où  il  renouvelle  sa  force  vive  est  immobile  ou,  s'il  est  en  mouve- 
ment, suit  une  direction  toute  différente  de  celle  de  l'ouragan.  Si  vous  y 
placez  quelque  part  un  centre  d'aspiration,  et  si  vous  disposez  de  l'équi- 
libre atmosphérique  et  de  la  chaleur  dégagée  par  la  vapeur  d'eau  conden- 
sée de  manière  à  alimenter  la  force  aspirante,  vous  déterminez  bien  un 
afflux  convergent  par  en  bas  (du  moins  si  la  tempête  était  environnée 
d'une  enveloppe  résistante  comme  le  tuyau  d'une  cheminée)  et  ensuite  un 
mouvement  vertical  ascendant  plus  ou  moins  rapide,  mais  où  trouvez-vous 
une  composante  horizontale  quelconque?  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que 
toutes  les  trombes,  tous  les  tornados,  tons  les  cyclones  marchent  d'un 
mouvement  assez  rapide  dans  un  milieu  immobile,  et  que  cela  ne  peut  avoir 
lieu  ou  durer  indéfiniment  en  vertu  d'une  impulsion  première. 

»  Ce  n'est  pas  tout,  quoique  ce  soit  déjà  trop.  Dans  un  pareil  système 

C.  R.,  1875,  I"  Semenie.  (T.  LXXX,  N»  13.)  I  I  O 


(  85o  ) 

où  l'aspiration  verticale  fait  fonction  de  cause  déterminante  et  où  l'on  ne 
rencontre  plus  en  dehors  de  celle-là  que  la  lente  rotation  terrestre,  il  ne 
peut  se  produire  qu'un  afflux  convergent  vers  le  centre  d'aspiration  :  le 
mouvement  gyratoire  n'est  que  secondaire;  la  théorie  le  donne  si  peu 
que  M.  Mohn  ne  lui  assigne  qu'une  fraction  assez  petite  de  la  circonférence, 
un  quart  de  tour,  je  crois.  D'autres  météorologistes  accordent  quelques 
tours  tout  près  du  centre,  sans  pouvoir  d'ailleurs  rattacher  à  leur  théorie 
la  concession  qu'ils  font  aux  faits.  Eh  bien,  c'est,  au  su  de  tout  le  monde, 
le  contraire  qui  a  lieu.  Le  mouvement  circulaire  est  d'une  violence  extrême, 
tandis  que  le  mouvement  convergent  n'a  jamais  été  senti,  jamais  signalé; 
il  n'est  indiqué  que  par  les  théoriciens  qui  en  cherchent  péniblement  les 
traces  dans  les  diagrammes  des  tempêtes,  dans  les  directions  qu'affectent 
les  arbres  abattus  par  les  tornados  et  surtout  dans  leur  imagination, 

»  Enfin  la  résultante  finale  devrait  être  un  énorme  courant  ascendant 
s'élevant  du  sein  de  ce  cyclone  jusqu'aux  hautes  régions  de  l'air.  Or  jamais 
on  n'a  signalé  dans  ces  mouvements  de  l'air  la  moindre  composante  ver- 
ticale. 

»  Voilà  la  théorie  de  l'aspiration;  si  elle  est  peu  d'accord  avec  les  phé- 
nomènes qu'elle  devrait  représenter  (et  ici  je  lui  ai  fait  beau  jeu,  car  il  ne 
s'agit  ni  de  trombes  ni  de  tornados),  c'est  que  les  météorologistes  se  sont 
placés,  ce  me  semble,  dès  le  début,  en  dehors  de  la  question.  Ils  ont  cher- 
ché la  force  motrice  dans  un  milieu  immobile,  lorsqu'il  n'y  a  qu'à  lever  la 
tête  pour  la  trouver  dans  les  régions  supérieures.  Là,  en  effet,  coulent  de 
puissants  fleuves  d'air  qui  la  fournissent  amplement  et  la  font  parvenir 
jusqu'au  sol  par  des  mouvements  gyratoires  identiques  à  ceux  de  nos  cours 
d'eau.  » 

MÉTALLURGIE.  —  Sur  la  limite  de  la  carburation  du  fer. 
Note  de  M.  Boussingaclt. 

«  La  bienveillance  avec  laquelle  l'Académie  accueillit,  il  y  a  quelques 
mois,  la  Communication  que  j'eus  l'honneur  de  lui  soumettre  sur  la  trans- 
formation du  fer  en  acier,  m'autorise  à  lui  donner  lecture  d'un  cha- 
pitre du  Mémoire  que  je  suis  à  la  veille  de  publier.  J'y  traite  lui  sujet 
d'un  certain  intérêt  au  point  de  vue  théorique,  celui  de  la  limite  de  la  car- 
buration. 

»  Le  carbone  se  rencontre  en  proportions  fort  variables  dans  les  fers 
carbures;  il  rentre  généralement  pour  i  à  2  millièmes  dans  le  fer  en  barres, 


(  85i  ) 
pour  4  à  7  millièmes  dans  les  aciers  doux,  pour  lo  à  i5  millièmes  dans  les 
aciers  durs.  Dans  les  fontes,  cette  proportion  est  ordinairement  de  2  à 
4  centièmes,  très-exceptionnellement  5  centièmes.  Cette  limite  maxima  se- 
rait une  présomption,  pour  croire  à  un  composé  défini,  si  les  résultats 
fournis  par  l'analyse  n'étaient  pas  à  rejeter  pour  la  plupart,  parce  que  les 
fontes  renfermant  souvent  du  manganèse  en  notable  quantité,  toujours  du 
silicium,  du  phosphore,  du  soufre,  quelquefois  même  du  chrome,  il  de- 
vient dès  lors  impossible  de  déduire  nettement  le  rapport  existant  entre  le 
poids  du   fer  et   celui   du  carbone. 

»  Dans  la  question  de  savoir  si  le  carbone  et  le  fer  forment  une  combi- 
naison fixe,  on  ne  doit  accepter  comme  éléments  de  la  discussion  que  des 
observations  faites  sur  des  composés  dans  lesquels  il  n'entre  autre  chose 
que  du  carbone  et  du  fer  pur  ou  approchant  de  l'état  de  pureté. 

»  D'habiles  métallm-gistes  ont  carburé  le  fer,  soit  en  réduisant  le  ses- 
quioxyde,  soit  en  fondant  le  métal  réduit  dans  du  noir  de  fumée,  dans  du 
charbon  de  bois,  dans  du  charbon  pur,  dans  du  graphite  de  Ceyian.  Les 
expériences  ont  été  exécutées,  pour  la  plupart,  dans  le  laboratoire  de 
M.  Percy  :  c'est  là  une  garantie  de  leur  exactitude.  En  voici  le  résumé  : 

Fer.  Carbone  total. 

Dick 95 ,  80  4  )  20 

95,66  4,34 

Hochstatter 95,85  ^,^5 

95,13  4,87 

Sefstrôiii 95,66  4534 

Weston 95 ,  5o  ^,5o 

Moyenne g5,6o  4  A^ 

»  Karsten  chercha  à  démontrer  que  le  fer  carburé  au  maximum  con- 
tient o,o5i  de  carbone.  Ses  observations  ont  porté  sur  une  fonte  blanche 
très-lamelleuse  des  forges  deMûssen,  principauté  de  Siegen, 

»  Pour  diminuer  les  difficultés  inhérentes  au  dosage,  Karsten  transforma 
la  fonte  blanche  en  fonte  grise,  afin  de  n'avoir  surtout  à  déterminer  que 
du  graphite 

12  3 

Fer,  par  différence 94>95  94>90  94^7^ 

Carbone  total 5,o5  5, 10  5 


TO 


ino,oo     100,00      100,00 

M.  Percy  a  fait  remarquer  avec  raison  que  dans  les  fontes  spéciilaires 

1 10.. 


(  852  ) 

semblables,  quant  à  l'aspect,  à  la  fonte  de  Miissen,  on  trouve  ordinaire- 
ment 4  pour  loo  de  manganèse,  et  qu'on  ne  dit  nulle  part  que  la  fonte 
employée  fut  exempte  de  ce  métal  ;  il  n'aurait  pas  fait  mention  des  résul- 
tats obtenus  par  Karsten,  si  ce  métallurgiste  éminent  n'en  eût  déduit  cette 
conséquence  que  la  fonte  blanche  lamelleuse,  au  maximum  de  carburation, 
est  une  combinaison  définie,  qu'on  peut  représenter  par  Fe^C. 

Fer 94,92 

Carbone 5 ,  08 


100,00 
M  En  comparant  la  composition  de  plusieurs  fontes  grises  à  celle  de  la 
fonte  lamelleuse,  Karsten  arrive  à  cette  conclusion,  que   la  fonte  grise 
contiendrait  moins  de  carbone  que  la  fonte  blanche,  o,o4  moyenne  de 
cinq  analyses. 

»  Je  n'ai  pas  trouvé  une  différence  bien  prononcée  entre  le  carbone  de 
la  fonte  blanche  et  celui  de  la  fonte  grise  obtenue  à  l'air  chaud.  Voici  quel- 
ques dosages  : 


Fontes  blanches  manganésiféres  do  Follonica  (Toscane) 

»  »        de  Elia  (Pyrénées-Orientales) 4» 00 


Fontes  grises  de  Ria  (Pyrénées-Orientales)  air  chaud.  . 
Fonte  truitée       »  »  


Carljone 

Carbone 

combiné. 

Graphite. 

total  (1). 

4,06 

traces 

4,06 

4,00 

0,00 

4,00 

4,26 

0,00 

4.26 

4,06 

0,06 

4,  12 

0,70 

3,3o 

4,00 

4,00 

indice 

4,00 

»  Dans  ces  fontes,  on  le  voit,  la  proportion  de  carbone  se  rapproche 
beaucoup  de  celle  du  fer  carburé  en  creuset  brasqué;  est-ce  à  dire  que, 
dans  certaines  conditions,  elle  ne  pourrait  pas  être  dépassée?  Non  sans 
doute  ;  ainsi  on  a  signalé  jusqu'à  0,06  de  carbone.  Acceptant  ce  chiffre,  on 
conçoit  fiu'un  fer  en  fusion,  saturé  de  carbone,  en  laisse  échapper  à  l'état 
de  graphite  par  l'effet  des  variations  de  température.  En  réalité  ce  graphite, 
quoique  adhérent,  n'appartiendrait  plus  à  la  masse  d'oîi  il  serait  sorti, 
et  si  le  métal  reste  en  contact  avec  la  brasque,  la  saturation  sera  mainte- 
nue, parce  qu'il  reprendra  le  carbone  qu'il  aura  laissé  échapper;  on  aurait 
alors  du  fer  carburé  au  maxinunu  sur  lequel  seraient  entés  des  cristaux  de 
gra|jhile. 

»  Dans  luie  expérience  que  j'ai  faite  sur  de  la  fonte  grise  de  Ria,  il  s'est 

(i)  Los  fontes  avaient  été  obtenues  au  charbon  de  bois. 


(  853  ) 
produit  ce  qu'on   pourrait  nommer  une  sursaturation  apparente  du  fer 
par  le  carbone. 

»  Une  plaque  de  fonte  a  été  mise  dans  une  caisse  de  four  à  cémenter, 
où  elle  est  restée  un  mois  durant. 

))  Les  dosages  ont  indiqué,  dans  loo  de  fonte  : 

Avant  la  cémentation,  carbone  total 4'05 

Après  la  cémentation 5,07 

Carbone  acquis 1 ,  07. 

La  fonte  avait  pris  par  la  cémentation  une  teinte  presque  noire;  sa  cassure 
présentait  de  nombreuses  facettes  au  milieu  desquelles  on  distinguait  des 
cristaux,  des  lamelles  de  graphite  d'un  grand  éclat. 

»  Avant  de  faire  connaître  les  expériences  exécutées  dans  les  aciéries  de 
Jacob  Holtzer,  pour  déterminer  le  maximum  de  carburation,  je  rappellerai 
sommairement  les  propriétés  générales  de  la  fonte,  afin  de  voir  si  nous  les 
retrouverons  dans  un  métal  fortement  carburé,  et  différant  des  produits 
des  hauts  fourneaux  en  ce  qu'il  n'y  entre  autre  chose  que  du  fer  et  du 
carbone. 

»  Les  fontes  blanches  lainelleuses  proviennent  de  minerais  manganési- 
fères;  l'ampleur,  l'éclat  argentin  de  leurs  facettes  dépendent  surtout  de  leur 
teneur  en  manganèse,  variant  communément  de  2  à  7  pour  100  ;  elles  sont 
dures,  cassantes  à  ce  point  qu'on  peut  les  pulvériser.  Les  minerais,  alors 
même  qu'ils  contiennent  peu  de  manganèse,  fournissent  encore,  suivant 
l'allure  du  haut  fourneau  et  particulièrement  par  des  coulées  froides,  de  la 
fonte  blanche  grenue. 

»  Les  fontes  blanches  contiennent  le  carbone  à  l'état  combiné,  du 
moins  pour  la  plus  grande  partie.  Les  fontes  grises  doivent  leur  aspect  à 
du  graphite  disséminé;  elles  sont  produites  dans  les  fourneaux  à  allures 
chaudes  :  le  carbone  y  est  à  deux  états,  combiné  et  libre.  Quand  on  les 
dissout  dans  un  acide,  elles  donnent  un  résidu  graphiteux. 

»  La  fonte  blanche  est  plus  fusible  que  la  fonte  grise  ;  elle  acquiert  une 
consistance  pâteuse  avant  d'être  liquéfiée.  Tout  au  contraire,  la  fonte  grise 
entre  en  fusion  instantanément,  elle  est  ou  solide,  ou  liquide.  Fondue  et 
refroidie  rapidement,  elle  conserve  tout  ou  presque  tout  son  carbone  à 
l'état  combiné.  Refroidie  lentement,  on  assure  qu'elle  se  change  en  fonte 
grise,  une  partie  du  carbone  se  séparant  à  l'état  de  graphite. 

»  La  fonte  grise  liquéfiée  et  refroidie  promptement  passe  à  l'état  de  fonte 
blanche,  le  graphite  se  combinant  au  métal  :  aussi  arrive-t-il,  lorsqu'on  la 


(  854  ) 
coule  sur  un  corps  bon  conducteur,  dans  une  lingotière,  que  la  partie  soli- 
difiée subitement  au  contact  du  métal  froid  devient  de  la  fonte  blanche, 
tandis  qu'au-dessus  de  la  zone  touchant  le  moule  et  qui  a  subi  une  sorte 
de  trempe,  le  métal  conserve  les  caractères  de  la  fonte  grise.  Celte  modifi- 
cation se  manifeste  alors  même  qu'on  agit  sur  de  grandes  masses.  Une  cha- 
botte  du  poids  de  06000  kilogrammes,  fondue  par  M.  J.  Holtzer  dans  l'usine 
d'Unieux,  avait  sa  superficie  convertie  en  fonte  blanche. 

»  La  transformation  d'une  fonte  blanche,  dans  laquelle  le  carbone  est 
invisible  parce  qu'il  est  combiné,  en  fonte  grise,  dans  laquelle  on  aperçoit 
le  carbone,  parce  qu'il  est  libre,  doit,  ce  me  semble,  être  attribuée  à  ce  que 
le  fer,  à  une  température  élevée,  s'unit  au  carbone,  soit  en  s'y  combinant, 
soit  en  le  dissolvant. 

»  La  combinaison  est  d'autant  plus  vraisemblable  que,  d'un  côté,  il  est 
établi  qu'à  un  haut  degré  de  chaleur  le  fer,  dans  un  contact  prolongé  avec 
du  charbon  de  bois  maintenu  en  excès,  ne  fixe  qu'une  quantité  limitée  de 
carbone,  et  de  l'autre,  qu'en  s'associant  à  un  corps  absolument  réfractaire, 
il  forme  un  composé  fusible  à  un  degré  de  beaucoup  inférieur  à  celui  de  sa 
fusion  lorscju'il  est  pur.  Il  est  vrai  que,  par  un  abaissement  graduel  dans  la 
température,  le  fer  carburé  au  maximum  (fonte)  et  fondu  abandonne  du 
carbone  qui  apparaît  à  l'état  de  graphite  dans  la  masse  refroidie.  Il  y  a  là, 
il  faut  bien  le  reconnaître,  de  l'analogie  avec  ce  qui  a  lieu,  quand  un  sel  est 
séparé  d'une  dissolution  chaude  et  saturée  en  voie  de  refroidissement,  ou 
mieux  encore  dans  la  précipitation  du  silicium  graphitoïde  du  zinc  avec 
lequel  il  était  uni  pendant  la  fusion. 

»  Quelle  que  soit,  au  reste,  l'opinion  à  laquelle  on  s'arrête  sur  l'état  du 
carbone  dans  le  fer  carburé  fondu,  combinaison  en  proportion  définie  ou 
solution  saturée,  toujours  est-il  que,  par  le  fait  de  l'apparition  du  graphite 
durant  le  refroidissement,  le  composé  ou  la  dissolution  est  appauvri  de  tout 
le  carbone  devenu  libre. 

»  Tout  porte  donc  à  croire  que  dans  le  fer  carburé  en  fusion  la  totalité 
du  carbone  est  combinée  au  métal,  et  que  c'est  pendant  l'abaissement  de  la 
température  qu'une  partie  de  ce  carbone  est  mise  en  liberté.  Il  ne  faudrait 
pas  en  tirer  la  conséquence  que  le  fer  carburé  au  maximum  n'existe  qu'à 
l'état  liquide,  puisqu'il  suffit  que  la  solidification  soit  rapide  pour  qu'il  n'y 
ait  pas  séparation  de  graphite.  La  masse  métallique  solide  est  alors  homo- 
gène, analogue  par  la  couleur,  la  dureté,  la  fragilité  à  la  fonte  blanche;  tout 
le  carbone  est  combiné  au  fer  comme  il  l'était  jiendant  la  fusion.  Il  n'en  est 
pas  ainsi  quand  par  un  refroidissement  lent  il  y  a  apparition  de  graphite  : 


(  855  ) 
la  masse  métallique  devenue  solide  ne  possède  plus  une  constitution  homo- 
gène; il  s'y  trouve  cette  fois  du  carbone  en  combinaison,  du  carbone  libre 
et  très-probablement  du  fer  pur,  à  moins  d'y  admettre  avec  Karsten  des  po- 
lycarbures  dont  l'existence  est  fort  contestable. 

))  C'est  pour  corroborer  les  idées  que  je  viens  d'émettre  sur  la  nature  des 
fers  carbures,  qu'on  institua  à  Unieux,  dans  l'usine  Hoitzer,  une  expérience 
sur  la  combinaison  du  fer  avec  le  carbone,  et  pour  laquelle,  très-heureuse- 
ment, on  put  disposer  d'un  fer  de  Suède  exempt  de  manganèse  et  appro- 
chant de  l'état  de  pureté,  puisqu'il  s'y  trouvait  0,9961  de  métal. 

»  I.  Dans  un  creuset  brasqué  n"  2,  on  a  mis  10  kilogrammes  de  fer  en 
fragments,  en  ayant  soin  de  remplir  les  intervalles  avec  du  charbon  de  bois. 

»  II.  Dans  un  creuset  brasqué  n°  1,  10  kilogrammes  de  fer  ont  élé  dis- 
posés comme  dans  le  creuset  n°  2. 

»  Les  creusets  furent  placés  dans  un  four  Siemens.  Une  plaque  de  fonte 
à  surface  nette  et  bordée  d'une  fretle  de  lingotière  avait  été  disposée  pour 
recevoir  le  métal  en  fusion. 

»  La  coulée  du  creuset  n°  2  eut  lieu  après  trois  heures  cinquante  minutes 
de  feu,  la  matière  était  très-liquide  ;  solidifiée,  elle  avait  une  épaisseur  de 
10  à  i4  millimètres,  divisée  en  deux  zones  à  peu  près  égales,  sans  séparation 
bien  tranchée  ;  la  zone  inférieure,  trempée  par  le  contact  de  la  plaque  de 
fonte,  était  blanche.  La  zone  supérieure  présentait  une  teinte  gris  foncé,  un 
grain  fin.  Sur  quelques  points,  les  deux  zones  en  se  pénétrant  prenaient 
l'apparence  d'une  fonte  truitée. 

»  La  coulée  du  creuset  n"  1  fut  faite  après  neuf  heures  dix  minutes  de 
four.  La  coulée  d'une  épaisseur  de  i3  à  i5  millimètres  était  séparée  en  deux 
parties  parfaitement  limitées.  La  zone  inférieure  trempée  était  blanche,  elle 
avait  environ  le  tiers  de  l'épaisseur  de  la  zone  supérieure,  grenue  et  d'un 
gris  foncé. 

»   Dans  le  fer  carburé  n°  1,  on  a  dosé  : 

Fer. 

Dans  la  masse q5,qo 

Dans  la  zone  blanche.        95,99 
Dans  la  zone  grise.  . .        95,22 

»  Ainsi,  dans  les  fusions  opérées  à  l'usine  d'Unieux,  aucun  des  fers  car- 
bures au  maximum  n'était  exempt  de  graphite,  c'est  dans  la  zone  blanche 
trempée  11°  1  qu'on  en  a  trouvé  le  moins,  m^oo-  En  négligeant  cette  faible 
quantité,  en  la  supposant  unie  au  métal,  celte  zone  blanche  aurait  presque 


Carbone 

Carbone 

combiné. 

Graphite. 

lotal. 

2,10 

2,00 

4,10 

3,585 

0,4.5 

4,01 

2,67 

2,H 

4,78 

(  856  ) 
la  composition  théorique  Fe^C,  i  équivalent  de  carbone  combmé  à  5  équi- 
valents de  fer;  et  le  fer  carburé  n°  1 ,  coulé  à  une  température  des  plus  in- 
tenses, a  exactement  la  composition  Fe^C. 

Fer 95,90 

Carbone 4>  '" 

100,00 

»  El  cependant  une  moitié  seulement  du  carbone  est  combinée,  l'autre 
moitié  est  libre,  c'est  du  graphite.  La  totalité  du  carbone  était  sans  aucun 
doute  unie  à  la  totalité  du  fer  dans  le  carbine  en  fusion;  la  dissociation 
d'une  partie  du  composé  Fe'C  aurait  commencé  pendant  l'abaissement  de 
la  température.  Si  donc  la  zone  blanche  trempée  n°  1  a  conservé  la  com- 
position Fe^'C  qu'elle  avait  à  l'élat  liquide,  c'est  que  le  refroidissement  a 
été  subit,  et  que,  par  conséquent,  les  molécules  de  graphite  n'ont  pas  eu  le 
temps  de  se  réunir  en  vertu  de  l'affinité  qui  les  attire  l'une  vers  l'autre 
lorsque  la  masse  métallique  approche  de  la  consistance  visqueuse. 

»  La  dissociation  ayant  pour  indice  l'apparition  du  graphite  a  dû  s'ac- 
complir dans  tous  les  fers  carbures  où  l'on  trouve  ce  carbone,  et,  comme  il 
ne  saurait  y  avoir  dans  le  métal  refroidi  i  équivalent  de  carbone  libre  sans 
qu'il  y  ait  en  même  temps  5  équivalents  de  fer  libre,  il  en  résulte  qu'après 
la  solidification  il  est  permis  de  le  considérer  comme  un  mélange  de  fer 
carburé,  Fe'^C,  de  graphite  et  de  fer.  Il  serait,  en  effet,  peu  naturel  de  sup- 
poser que  la  masse  où  le  graphite  est  disséminé  fût  formée  d'un  ou  plusieurs 
polycarbures;  autant  vaudrait  admettre  que  le  fer  et  le  carbone  se  combi- 
nent en  toutes  proportions,  ce  qui  serait  sans  précédent  en  Chimie,  et  d'au- 
tant plus  singulier  qu'il  est  établi  par  les  expériences  que  j'ai  fait  connaître 
que,  quelle  que  soit  l'intensité  de  la  température,  le  fer  ne  prend  qu'une 
quantité  limitée  de  carbone.  Ainsi  ce  métal,  qui  s'unit  quelquefois  à  tttoTTô 
et  moins  de  ce  combustible,  ne  pourrait  pas  en  prendre  plus  de  jh) 
à  — 6- 

»  Quelle  que  soit,  au  reste,  la  probabilité  de  l'existence  d'un  composé 
Fe^C,  on  ne  saurait  l'accepter  définitivement  qu'autant  qu'on  serait  par- 
venu à  l'isoler. 

»  Rien  de  plus  curieux  que  ces  changements  dans  la  nature  du  fer  car- 
buré au  maximum  opérés  par  des  effets  de  température  :  la  foule  grise 
transformée  en  fonte  blanche  par  l'union  de  carbone  libre  et  de  fer  libre, 
et  réciproquement  la  fonte  blanche  métamorphosée  en  fonte  grise  par  la 
mise  en  liberté  du  carbone  et  du  fer. 


(857) 

a  Les  occasions  d'observer  la  transformalion  de  la  fonte  blanche  en  fonte 
grise  ne  sont  pas  fréquentes  dans  les  forges;  aussi  ai-je  cru  faire  une  chose 
utile  en  instituant  à  l'usine  Jacob  Holfzer  un  essai  pour  opérer  cette  trans- 
formation, en  agissant  sur  une  forte  quantité  de  métal,  afin  de  rendre  le 
refroidissement  de  la  niasse  fondue  le  plus  lent  possible. 

»  A  4  heures  du  soir,  deux  creusets  contenant  chacun  1 5  kilogrammes 
de  fonte  blanche  lamelleuse  de  Ria  ont  été  placés  dans  un  four  Siemens 
dans  lequel  on  fondait  de  l'acier.  A  7  heures,  comme  on  devait  mettre 
hors,  on  fit  fermer.  Le  refroidissement  fut  assez  lent  pour  que  trente-six 
heures  après  la  fermeture  les  creusets  fussent  encore  ronge-cerise  obscur; 
le  refroidissement  dura  cinquante  heures.  On  brisa  les  creusets,  dans  cha- 
cun desquels  on  trouva  vme  masse  bien  homogène,  surmontée  d'une  couche 
de  laitier  vert  jaunâtre  de  35  millimètres  d'épaisseur.  Les  deux  masses 
cassées  au  pilon  présentaient  toutes  les  apparences  d'une  fonte  grise,  gre- 
nue, assez  malléable  et  d'une  grande  ténacité. 

))  Voici  les  résultats  des  dosages  : 

Fonte  blanche.  Fonte  grise. 

Carbone  combiné. .. .        3, 800  )        _  0,660  )    _    ,, 

„       ,-,  i,ooo  „        3,442 

Graphite 0,000  )  2,783  ) 

Silicium 0,000  0,660 

Soufre 0,100  0,020 

Phosphore 0,075  0,080 

Manganèse 2,585  i  ,75o 

Fer 9'^,935  93.945 

99'9i5  99>^97 

»  En  comparant  ces  résultats,  on  voit  que  la  quantité  de  phosphore  est 
la  même  clans  les  deux  fontes.  La  grise  ne  renferme  que  le  |  du  soufre  de 
la  blanche.  Il  y  a  moins  de  carbone  et  plus  de  silicium  dans  la  fonte  grise. 
Ce  qu'il  y  a  de  remarquable,  c'est  que,  durant  la  transformation  de  la  fonte 
blanche  en  fonte  grise,  plus  d'un  tiers  du  manganèse  a  disparu.  Ce  fait  parut 
si  singulier  que  l'on  crut  devoir  le  vérifier  par  plusieurs  dosages.  Il  est  vrai- 
semblable que  le  manganèse  manquant  a  passé  dans  le  laitier  vert  formé  à 
la  surface  de  la  fonte  pendant  la  fusion.  L'analyse  de  la  fonte,  avant  et  après 
sa  transformalion  en  fonte  grise,  a  donné  : 

Carbone.  Silicium. 

Fonte  blanche 3, 800  o,4'-o 

Fonte  grise 3)442  0,660 

Différence —  o ,  358  ■+■  o ,  240 

C.R.,  1875,"!"  Semeitre.  (T.  I.XXX,  N»  lô.)  I  '  ^ 


(  858 

»  Dans  la  fonte  grise,  j~^  de  carbone  auraient  été  remplacés  par 
2  1^  millièmes  de  silicium,  venant  certainemnnt  du  creuset  ou  du  laitier  dis- 
séminé dans  les  fontes  de  première  coulée  ;  la  silice,  à  une  haute  tempé- 
rature, en  présence  du  fer,  devient  en  effet  un  comburant  du  carbone. 

))  Ces  recherches  sur  la  carburation  sont  une  nouvelle  preuve  que,  dans 
la  cémentation ,  le  carbone  a  surtout  pour  origine  le  carbone  fixe  du 
charbon  de  bois.  Au  reste,  la  possibilité  de  l'union  des  deux  corps  solides, 
fer  et  carbone,  en  contact  à  une  haute  température,  n'est  plus  en  question 
depuis  la  mémorable  expérience  de  Clouet,  si  élégamment  reproduite  par 
M.  ]\Iargueritfe,  et  dans  laquelle  le  fer  est  changé  en  acier  en  se  combinant 
au  diamant;  expérience  décisive  à  mon  avis,  bien  que,  en  réalité  Clouet  ait 
obtenu  de  l'acier  fondu  ;  c'est  que  la  fusion  d'un  fer  carburé  est  toujours 
précédée  d'une  pénétration  de  carbone  dans  le  métal  solide.  C'est  ainsi  que 
le  platine  et,  comme  je  l'ai  constaté  tout  récemment,  l'iridium,  le  palladium, 
maintenus  au  rouge  dans  une  brasque  pouvant  fournir  du  silicium  sont  d'a- 
bord cémentés  par  ce  métalloïde,  avant  de  donner,  par  l'intervention 
d'une  chaleur  suffisamment  intense,  des  régules  fondus  de  siliciures  (i). 

»  C'est  précisément  ce  qui  arrive  quand  le  fer  est  chauffé  dans  de  la 
poiulre  de  diamant,  dans  du  graphite,  dans  du  charbon  de  sucre,  ou  dans 
du  noir  de  fumée  fortement  calciné  :  ici  encore  la  carburation  précède  la 
fusion,  et  dans  ces  conditions  elle  a  lieu  sans  le  concours  de  gaz  combus- 
tibles, » 

MÉnECiNE.  —  Documents  pour  servir  à  t' histoire  de  la  cjlycosurie ; 

par  M.  Andral. 

«  Les  intéressantes  Communications  relatives  à  la  glycosurie,  faites  à 
l'Académie  dans  sa  dernière  séance,  m'ont  donné  la  pensée  de  lui  sou- 
mettre, à  titres  de  documents,  quelques  faits  que  m'a  fournis  l'analyse 
de  84  cas  relatifs  à  cette  maladie,  dont  j'ai  gardé  les  observations  écrites. 
Je  n'ai  pas  tenu  compte  d'autres  que  je  n'avais  confiés  qu'à  ma  mémoire. 

»  La  glycosurie,  dans  ces  84  cas,  n'a  pas  atteint  indistinctement  tous 
les  âges  :  au  moment  où  je  commençais  à  observer  les  malades,  deux  seu- 
lement avaient  moins  de  6  ans  (3  et  5  ans),  trois  avaient  de  lo  à  20  ans, 
douze  de  20  à  3o  ans,  vingt  de  3o  à  4°  ans,  vingt  aussi  de  4o  à  5o  ans, 
treize  de  5o  à  60  ans,  douze  de  60  à  70  ans,  un  ^3  ans  et  un  ■yS. 

(1)  De  l'iridium  préparé  par  M.  Henri  Sainte-Claire  Devillea  donné,  parla  fusion  dans  la 
brasque,  un  culot  sphérique  très-régulier;  le  poids  du  métal  avait  augmenté  de  0,07. 


(859) 

»  D'où  il  suivrait  que  la  glycosurie,  très-rare  avant  l'âge  de  20  ans,  le 
deviendrait  moins  de  20  à  3o  ans,  acquerrait  son  maximum  de  fréquence 
entre  4o  et  5o  ans,  s'observerait  encore  assez  souvent  de  5o  à  70  ans,  et, 
après  cet  âge,  ne  serait  plus  qu'une  exception,  ce  qui  voudrait  dire  que  la 
plus  grande  fréquence  de  cette  maladie  coïnciderait  avec  l'époque  de  la  vie 
où  les  forces  organiques  ont  leur  plus  grande  activité  ;  mais  ces  âges  ne 
sont  pas  ceux  où  le  diabète  avait  débuté  :  je  n'ai  pu  en  être  certain  que 
sur  60  des  84  malades,  et  j'ai  trouvé  que  chez  eux  le  diabète  avait  fait  sa 
première  apparition  dans  12  cas  avant  3o  ans,  dans  l\o  entre  3o  et  60  ans, 
et  dans  8  entre  60  et  80  ans. 

»  La  répartition  n'a  pas  été  égale  entre  les  deux  sexes  :  il  y  avait,  en  effet, 
52  hommes  et  Sa  femmes. 

»  Parmi  ces  84  cas,  plusieurs  peuvent  servir  à  montrer  l'influence 
du  système  nerveux  sur  la  production  ou  sur  l'aggravation  de  la  maladie. 
Dans  plusieurs  de  ces  cas,  en  effet,  on  voit  l'urine  se  charger  tout  à  coup 
de  plus  de  glycose  à  la  suite  d'un  grand  trouble  moral:  ainsi,  sous  cette 
influence,  une  urine  qui  ne  contenait  que  20  grammes  de  sucre  par  litre 
en  offrit  96  vingt-quatre  heures  plus  tard  ;  dans  des  cas  plus  rares,  la  pre- 
mière manifestation  des  accidents  diabétiques  suivit  de  très-près  une  sem- 
blable cause. 

»  Une  femme  devint  glycosurique  après  avoir  respiré  continuellement 
pendant  plusieurs  mois  une  telle  quantité  d'éther  qu'elle  en  était  souvent 
dans  une  sorte  d'ivresse  ;  une  autre  femme  le  devint  après  avoir  éprouvé 
longtemps  divers  troubles  de  la  sensibilité  qui  se  traduisaient  alternative- 
ment par  des  anesthésies  partielles  et  des  névralgies  multiples;  un  homme 
avait  été  épileptique  avant  d'être  diabétique;  un  autre,  après  avoir  été  long- 
temps paraplégique.  Une  lésion  traumatique  précéda  la  glycosurie  dans 
deux  cas  :  dans  l'un  d'eux,  le  malade  avait  reçu  un  coup  violent  sur  la 
partie  inférieure  de  l'occiput;  dans  l'autre,  une  chute  avait  eu  lieu  où  la 
nuque  avait  été  fortement  coutuse;  c'est-à-dire  que  dans  ces  deux  cas  les 
parties  de  l'axe  cérébro-spinal  qui  durent  ressentir  l'influence  du  trauma- 
tisme étaient  bien  près  de  celles  dont  la  lésion,  dans  les  expériences  de 
M.  Cl.  Bernard,  amène  du  sucre  dans  l'urine.  La  lésion  nerveuse  devait 
aussi  en  être  voisine  dans  trois  autres  cas  où  j'ai  vu  la  glycosurie  survenir 
chez  des  individus  dont  les  seuls  membres  supérieurs  étaient  paralysés, 
sans  que  la  sensibilité  fût  altérée. 

»  Dans  ces  84  cas,  j'en  trouve  tin  seul  où  la  production  du  diabèle  ait 
suivi  un  défaut  de  nourriture  :  c'était  chez   un  enfant  de  3  ans,  qu'une 

I  I  !.. 


(  86o  ) 

femme  mercenaire  avait,  m'assura-t-on,  laissé  presque  mourir  de  faim.  Je 
trouve  3  cas  seulement  où  les  diabétiques,  avant  de  le  devenir,  s'étaient  ex- 
clusivement nourris  de  pain  et  de  pommes  de  terre.  Pour  quelques  autres, 
c'était  encore  là  la  nourriture  principale,  à  laquelle  ils  ajoutaient  de  temps 
en  temps  du  fromage  et  un  peu  de  viande;  mais,  en  définitive,  ces  cas 
étaient  en  petit  nombre,  et  j'ajouterai  ici  que,  pendant  les  longues  années 
où  j'ai  suivi  des  malades  dans  les  diverses  classes  de  la  société,  dans  les 
hôpitaux  et  hors  des  hôpitaux,  j'ai  rencontré  un  plus  grand  nombre  de 
diabétiques  parmi  les  personnes  aisées  que  paraù  les  pauvres.  Or  une  des 
différences  entre  ces  deux  classes  est  celle  do  l'alimentation,  souvent  insuf- 
fisante et  en  grande  partie  végétale  dans  la  seconde,  proportionnée  aux  be- 
soins de  l'économie,  les  dépassant  souvent,  et  en  grande  partie  animale 
dans  la  première.  J'ai  d'ailleurs  plus  d'une  fois  constaté  que  des  diabétiques, 
avant  de  le  devenir,  avaient  été  remarquables  par  la  force  de  leur  constitu- 
tion, et  que  plusieurs  avaient  eu  un  grand  embonpoint.  Quel  que  soit  donc 
le  trouble  intime  qui  amène  dans  le  sang  et  consécutivement  dans  l'urine 
un  excès  de  sucre,  il  semblerait  que,  dans  plus  d'un  cas  du  moins,  cette 
hyperglycémie  et  cette  glycosurie,  loin  de  traduire  une  diminution  de  l'ac- 
tivité nutritive,  en  manifesteraient  l'exagération.  Cette  pensée,  qui  est  celle 
de  M.  Cl.  Bernard,  trouverait  son  appui  dans  un  autre  fait  remarquable, 
à  savoir  la  disparition  du  sucre  de  l'urine  dans  les  derniers  temps  de  l'exis- 
tence des  diabétiques,  comme  je  m'en  suis  assuré  plus  d'une  fois. 

»  J'ai  parlé  tout  à  l'heure  des  troubles  nerveux  qui  peuvent  précéder  le 
diabète.  Dans  les  84  cas  que  j'analyse,  on  en  voit  plusieurs  où  d'autres 
troubles  l'ont  aussi  précédé,  bien  que,  dans  le  plus  grand  nombre  de  ces 
cas,  le  diabète  soit  survenu  au  milieu  d'un  bon  état  de  santé.  Ainsi,  avant 
d'être  glycosuriques,  4  sujets  avaient  été  dyspeptiques,  8  avaient  été  re- 
connus phthisiques,  5  étaient  asthmatiques,  3  avaient  une  affection  orga- 
nique du  cœur,  2  avaient  eu  des  coliques  néphrétiques,  3  autres  devinrent 
diabétiques  dans  la  convalescence  de  fièvres  typhoïdes,  et  enfin  un  à  la 
suite  d'une  attaque  de  choléra.  Ainsi  donc,  soit  que  les  forces  vitales  soient 
exubérantes  ou  en  défaut,  comme  cela  a  eu  lieu  dans  cette  dernière  ,série 
de  cas,  le  diabète  peut  se  produire,  et  la  circonstance  organique  inconnue 
qui  lui  donne  naissance  semblerait  agir  itidépendamment  de  ces  deux 
conditions. 

»  Une  maladie  qui  vient  compliquer  le  diabète  peut  le  faire  momenta- 
nément disparaître  :  c'est  ce  que  j'ai  vu  chez  un  homme  qui  n'eut  plus  de 
sucre  dans  l'urine  tant  qu'd  fut  sous  le  coup  d'une  angine  fébrile,  et  chez 


(  86.  ) 
une  femme  pendant  qu'elle  fut  en  proie  à  une  dyssenterie  grave.  La  cause 
en  fut-elle  la  modification  du  mouvement  nutritif  pendant  la  fièvre,  ou  la 
suspension  de  l'alimentation? 

»  Mes  observations  m'ont  montré  plusieurs  cas  de  diabète  soit  héré- 
ditaires, soit  atteignant  dans  une  même  famille  plusieurs  enfants,  dont  le 
père  et  la  mère  n'avaient  point  été  diabétiques.  J'ai  noté  2  cas  dans  les- 
quels des  pères  albuminuriques  donnèrent  naissance  l'un  à  un  fils  diabé- 
tique, et  l'autre  à  une  fille  également  diabétique.  Du  reste,  je  ne  crois  pas 
qu'il  y  ait  l'affinité  qu'on  pourrait  supposer  entre  ces  deux  maladies,  at- 
tendu que  dans  les  84  cas  de  glycocurie  qui  font  la  base  de  ce  travail,  il 
n'y  en  avait  que  3  où  l'urine  contînt  de  l'albumine  en  même  temps  que  du 
sucre. 

»  On  sait  que  la  densité  de  l'urine  est  plus  considérable  dans  la  glyco- 
surie que  dans  aucune  autre  maladie.  Toutes  les  fois  que  l'urine  contenait 
plus  de  20  grammes  de  sucre  par  litre,  j'ai  vu  l'aréomètre  marquer  plus 
de  io3o,  se  tenir  dans  un  grand  nombre  de  cas  entre  loSa  et  io38,  sou- 
vent aussi  entre  ce  dernier  chiffre  et  1042,  offrir  ensuite  moins  de  cas  de 
1042  à  1045,  et  une  fois  marquer  1047,  ce  qui  a  été  pour  moi  le  maximuin 
observé.  Je  crois  pouvoir  conclure  d'observations  comparatives  à  cet  égard 
que,  lorsque  la  densité  de  l'urine  est  de  plus  de  io36,  on  peut  affirmer 
l'existence  de  la  glycosurie. 

»  La  quantité  de  sucre  a  varié  dans  nos  84  cas  entre  6  et  100  grammes 
par  litre,  et,  comme  les  malades  rendaient  en  vingt-quatre  heures  plusieurs 
litres  d'urine,  il  y  en  eut  un  qui  expulsa  dans  un  nycténiéron  480  grammes 
de  sucre,  un  autre  720  grammes,  un  autre  800.  Il  faut  bien  admettre  en 
pareil  cas  que  ce  ne  sont  pas  seulement  les  aliments  féculents  qui  fournirent 
de  telles  quantités  de  glycose.  Des  analyses  successives  m'ont  d'ailleurs 
montré  qu'en  dehors  de  l'influence  de  tout  traitement  la  quantité  de 
sucre  de  l'urine  peut  varier  beaucoup  à  des  époques  très-rapprochées,  et 
qu'elle  peut  même  disparaître  et  revenir  alternativement.  C'est  dans  ce  der- 
nier cas  surtout  qu'il  peut  arriver  que  la  glycosurie  persiste  pendant  un 
grand  nombre  d'années,  sans  que  la  santé  en  soit  gravement  altérée,  tandis 
que  chez  d'autres  le  diabète  a  presque  la  marche  d'une  maladie  aiguë. 
Je  l'ai  vu  entraîner  la  mort  cinq  semaines  à  peine  après  son  début. 

»  La  circulation  générale,  sauf  les  cas  de  complication,  ne  m'a  pas 
présenté  de  trouble  notable.  Je  n'ai  pas  vu  le  pouls  battre  moins  de  56  fois 
par  minute,  et  il  était  le  plus  souvent  entre  60  et  80.  Mais,  à  l'inverse  de 
la  grande  circulation  ,   les  circulations  capillaires  étaient    fréquemment 


(  862  ) 

troublées.  Il  m'a  semblé  que  c'était  plus  souvent  que  dans  d'autres  affec- 
tions chroniques  que,  dans  le  diabète,  les  gencives  étaient  rouges  et  gon- 
flées, que  les  conjonctives  s'injectaient,  que  la  peau  se  couvrait  de  plaques 
érythémateuses,  que  le  sang  s'accumulait  dans  les  capillaires  pulmonaires, 
d'où  résultaient  ces  congestions  passives  du  poumon,  cause  fréquente  de 
la  mort  des  diabétiques.  Oserai-je  attribuer  toutes  ces  congestions  à  l'espèce 
de  difficulté  qu'éprouverait  le  sang  chargé  de  sucre  à  traverser  les  capil- 
laires, ou  dépendent-elles  d'un  défaut  d'action  des  nerfs  vaso-moteurs?" En 
fin  de  compte,  ne  représentent-elles  que  des  hypothèses  ces  expressions 
de  sang  trop  épais  ou  trop  fluide  auquel  naguère,  trop  facilement  et  sans 
preuves,  on  rattachait  beaucoup  d'états  morbides?  Et  si  je  pose  cette  ques- 
tion, c'est  qu'elle  me  paraît  abordable  par  les  recherches  combinées  de  la 
clinique,  de  la  Physiologie  expérimentale  et  de  la  Chimie.  Que  si  on  la 
résolvait  par  l'affirmative,  on  arriverait  à  cette  conséquence  qu'il  y  a  un 
ordre  d'hypérémies  qui  peut  avoir  sa  raison  d'être  dans  le  sang  lui-même. 

»  4  'Is  nos  84  diabétiques  ont  eu  des  gangrènes  :  les  pieds  et  le  bas  des 
jambes  en  étaient  le  siège  dans  trois  de  ces  cas.  Dans  l'un  d'eux,  j'ai  exa- 
miné après  la  mort  les  parties  gangrenées,  et  j'ai  trouvé  les  arlères  qui  s'y 
rendaient  oblitérées  par  des  caillots  dont  l'aspect  indiquait  l'ancienneté. 
Dans  le  quatrième  cas,  c'était  le  lobe  inférieur  du  poumon  droit  qui  était 
transformé  à  son  centre  en  un  détritus  gangreneux.  Je  regrette  que  les 
vaisseaux  n'aient  point  été  examinés. 

»  Les  différentes  humeurs  m'ont  présenté  sans  exception  leur  réaction 
naturelle,  et  si  l'on  a  dit  que  dans  le  diabète  la  salive  avait  été  trouvée 
acide,  d'où  l'on  a  déduit  une  théorie  de  cette  maladie,  c'est  parce  qu'on  ne 
l'a  pas  examinée  séparée  du  mucus  buccal  qui,  lui,  est  ordinairement  acide. 

»  Bien  que  les  extrémités  soient  souvent  froides  ou  au  moins  fraîches  chez 
les  diabétiques  avancés,  je  n'ai  jamais  trouvé  la  température  axillaire  au- 
dessous  de  36  degrés,  et  le  plus  communément  elle  se  maintenait  aux  envi- 
rons de  37  degrés. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  d'une  manière  passagère  qu'on  peut  voir  le  gly- 
cose  disparaître  de  l'urine.  Cinq  fois,  dans  nos  84  cas,  j'ai  cessé  de  l'y 
trouver  pendant  un  temps  assez  long  pour  que  j'aie  pu  croire  à  la  guérison 
définitive  de  la  glycosurie,  et  cela  d'autant  plus  que,  de  ces  5  malades, 
4  reprirent  assez  promptement  et  conservèrent  tous  les  attributs  de  la  santé. 
Le  cinquième  ne  gagna  guère  à  la  disparition  de  sa  glycosurie,  qu'il  avait 
gardée  un  an,  car  peu  après  il  commença  à  avoir  des  accidents  épileptiques 
qui  persistèrent. 


(  863  ) 

»  Chez  les  glycosuriques  dont  j'ai  pratiqué  l'autopsie,  j'ai  trouvé  con- 
stamment un  état  congestif  des  plus  prononcés  du  foie  et  des  reins,  que  j'ai 
regardé  comme  le  résultat  consécutif  d'un  surcroît  d'activité  fonctionnelle 
de  ces  deux  organes.  J'ai  été  frappé  en  outre  de  deux  faits  que  j'ai  consta- 
tés dans  le  plus  grand  nombre  des  cas.  L'un,  c'était  une  induration  singu- 
lière de  la  rate,  dont  le  parenchyme  desséché  ne  laissait  échapper  à  l'in- 
cision ou  à  la  pression  aucune  goutte  de  liquide  ;  l'autre,  c'était  la  présence 
de  granulations  tuberculeuses  à  l'état  naissant  dans  le  parenchyme  pulmo- 
naire. Vu  le  peu  de  développement  de  ces  corps,  je  suis  porté  à  penser 
qu'ils  s'étaient  produits  postérieurement  à  la  glycosurie,  sous  l'influence  de 
la  débilitation  qu'elle  avait  entraînée. 

»  Le  traitement  généralement  suivi  dans  ces  84  cas  a  consisté  dans 
l'usage  des  boissons  alcalines  et  dans  un  régime  alimentaire  formé 
principalement,  mais  non  exclusivement,  de  substances  animales,  aux- 
quelles j'ajoutais  quelques  légumes  herbacés  et  du  pain  ordinaire.  Pen- 
dant ce  traitement,  le  sucre  a  disparu  chez  un  très-petit  nombre  sans  se 
reproduire;  chez  d'autres,  il  a  disparu  aussi,  mais  pour  revenir;  chez 
d'autres  enfin,  il  est  resté  aussi  abondant,  et  a  même  été  en  augmentant. 
Lorsqu'il  en  était  ainsi,  j'ai  essayé  de  rendre  absolue  l'abstinence  des  fé- 
culents; j'ai  nourri  les  malades  exclusivement  avec  des  substances  animales 
en  m'assurant  bien  que  ce  régime  était  strictement  observé,  et  cependant 
le  sucre  a  continué  à  exister  dans  l'urine.  Ce  régime  ne  peut  pas  être  d'ail- 
leurs indéfiniment  suivi,  attendu  qu'au  bout  d'un  certain  temps  les  ma- 
lades en  éprouvent  im  tel  dégoût  qu'il  faut  bon  gré  malgré  y  renoncer  ; 
mais  voici  un  fait  remarquable  :  chez  un  malade  dont  l'urine  pendant  ce 
régime  avait  contenu  une  proportion  de  plus  en  plus  considérable  de 
glycose,  et  successivement  i5,  20,  3o,  44»  49  g''amnies  par  litre,  cette 
urine  vint  à  en  contenir  moins  et  revint  progressivement  au  chiffre  pri- 
mitif de  1 5  grammes,  dès  que  je  laissai  prendre,  avec  de  la  viande,  des 
œufs,  du  lait,  un  peu  de  pain  et  de  légumes;  mais  cet  heureux  change- 
ment ne  hit  pas  durable;  le  régime  restant  ce  que  je  viens  de  dire,  le  gly- 
cose augmenta  de  nouveau,  et  finit  par  s'élever  au  chiffre  de  54  grammes. 
Un  autre  malade,  soumis  comme  le  précédent  à  im  régime  exclusivement 
animal,  n'en  garda  pas  moins  dans  son  urine  82  grammes  de  sucre  par 
litre.  Ces  faits  ne  sont  d'ailleurs  que  confirmatifs  des  résultats  obtenus  par 
M.  Cl.  Bernard,  qui,  chez  des  animaux  nourris  de  substances  albuminoides, 
a  trouvé  une  quantité  considérable  de  sucre  dans  le  sang  des  veines  sushé- 
patiques.  Ainsi  les  forces  chimico-vitales  de  l'organisme  peuvent  vraisem- 


(  H64) 
blablement  transformer  en  sucre  toute  substance,  organique  elle-même, 
qu'il  reçoit  ou  qui  le  compose.  Elles  ont  cette  puissance  dans  l'état  physio- 
logique suivant  une  mesure  qui  leur  est  imposée  par  les  lois  de  l'économie, 
et,  dans  l'étal  pathologique,  leur  suractivité  déployée  dans  un  certain  sens 
fait  le  diabète,  comme  elle  fait  chez  d'autres  une  surabondance  de  graisse. 
Quel  est  maintenant  le  trouble  préexistant  qiii  produit  cette  exagération  de 
la  fonction  glycogénique?  Part-il,  dans  le  diabète  qu'observe  la  clinique, 
du  système  nerveux,  comme  il  en  part  manifestement  dans  les  expériences 
de  M.  Cl.  Bernard  ?  Quelques-uns  des  faits  rapportés  dans  ce  Mémoire  fe- 
raient pencher  vers  cette  opinion;  mais  le  plus  grand  nombre,  sans  lui  être 
contraires,  ne  la  fortifient  pas.  Des  investigations  ultérieures  montreront- 
elles,  chez  les  diabétiques,  une  altération  des  cellules  nerveuses  dans  cette 
paroi  du  quatrième  ventricule  dont  certains  points  piqués  chez  un  animal 
le  rendent  diabétique?  C'est  à  chercher;  mais  admettre  dès  à  présent  que 
chez  l'homme  le  diabète  est  le  résultat  constant  d'une  lésion  nerveuse,  ce 
serait  affirmer  ce  que  les  faits  n'ont  pas  encore  appris. 

»  Dirai-je,  en  terminant,  qu'il  y  a  quelques  années  on  avait  essayé  de 
déduire  des  faits  connus  alors  une  théorie  du  diabète  qui,  semblant  rendre 
plus  claire  le  mécanisme  de  sa  production,  avait  rationnellement  conduit 
à  un  traitement  qu'un  instant  on  put  croire  infaillible;  mais  cette  théorie, 
où  la  question  de  la  pathogénie  du  diabète  et  de  son  traitement  était  ré- 
duite à  une  pure  question  de  Chimie,  ne  put  se  soutenir  devant  les  faits 
qui  retendirent  tout  à  coup,  en  montrant  que  le  problème  à  résoudre  n'était 
pas  là  tout  entier.  En  y  faisant  intervenir,  par  l'expérimentation,  l'action 
nerveuse,  la  Physiologie  a  déplacé  en  même  temps  qu'elle  a  agrandi  le 
champ  des  recherches  ;  mais  nous  venons  de  voir  que,  pour  ce  qui  re- 
garde la  maladie  qui,  chez  l'homme,  s'appelle  le  diabète,  les  résultats  de  ces 
recherches  expérimentales  n'ont  pas  encore  eu  chez  lui  leur  vérification 
complète.  La  science  a  donc  besoin  qu'à  ce  point  de  vue  et  à  beaucoup 
d'autres  on  ajoute  aux  faits  qu'elle  possède  de  nouveaux  faits  observés  avec 
cette  minutie  de  détails  qui  seule  peut  les  rendre  utiles.  Elle  en  a  besoin 
pour  qu'une  systématisation  des  faits  relatifs  au  diabète  puisse  être  tentée, 
et  qu'on  en  puisse  déduire  une  théorie  viable.  Voilà  pourquoi  j'ai  publié 
ces  quelques  documents.  » 

M.  Van  Beneden  fait  hommage  à  l'Académie,  par  l'entremise  de  M.  de 
Quatrefages,  d'un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Les  Commensaux  et  les 
Parasites  dans  le  règne  animal  ». 


(  865  ) 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  parla  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  physiques  à  décerner  en  1875.  {Faire  connaître  les  cliangements 
qui  s'opèrent  dans  les  organes  intérieurs  des  Insectes  pendant  la  métamorphose 
complète.  ) 

MM.  Milne  Edwards,  Blanchard,  de  Lacaze-Duthiers,  de  Quatrefages, 
Ch.  Robin  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après 
eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Gervais  et  Boussingault. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  décerner  le  prix  Barbier  pour  l'année  1875. 

MM.  Gosselin,  Chatin,  Bussy,  baron  Larrey,  Cl.  Bernard  réunissent  la 
majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus 
de  voix  sont  MM.  Andral  et  Bouillaud. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  décerner  le  prix  Desmazières  pour  l'année  1875. 

MM.  Trécul,  Duchartre,  Brongniart,  Chatin,  Tulasne  réunissent  la  ma- 
jorité des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de 
voix  sont  MM.  Decaisne  et  Cosson. 

L'Académie  procède,  parla  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  décerner  le  prix  Thore  pour  l'année  1875. 

MM.  Blanchard,  Brongniart,  Duchartre,  Trécul,  Milne  Edwards  réu- 
nissent la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu 
le  plus  de  voix  sont  MM.  Tulasne  et  Decaisne. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  pour  le  grand  prix  de  Méde- 
cine et  Chirurgie  à  décerner  en  1873.  [Application  de  l'électricité  à  la  théra- 
peutique.) 

MM.  Gosselin,  Bernard,  Bouillaud,  Andral,  Sédillot,  baron  Larrey,  Bec- 
querel père,  baron  Cioquet,  Edm.  Becquerel  réunissent  la  majorité  des 
suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont 
MM.  Du  Moncel  et  Jamiu. 

G.  R.  ,1875,  \"  Semestre.  (  T,  L\XX,  N»   13.)  '  '  ^ 


(  866  ) 
L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  décerner  le  prix  Savigny  pour  l'année  1875. 

MM.  de  Lacaze-Duthiers,  Milue  Edwards,  de  Quatrefages,  Blanchard, 
Gervais  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux, 
ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Ch.  Robin  et  d'Abbadie. 

MÉMOIRES  LUS. 

AÉKOINAUTIQUE.  —  Ascension  scientifique  de  lonque  durée;  par  MM.  Sivel, 
Crocé-Spinelli,  a.  et  G.  Tissandier  et  Jobert. 

(Commissaires  :  MM.  Becquerel,  Dumas,  Regnault,  Fizeau, 
Dupuy  de  Lôme,  Hervé  Mangon.) 

«  La  Société  française  de  navigation  aérienne  a  organisé  deux  ascensions 
aérostatiques  :  l'une  de  longue  durée,  qui  vient  d'être  exécutée  par  nous, 
l'autre  à  grande  hauteur,  qui  sera  faite  prochainement.  La  Société,  dont 
nous  sommes  membres,  est  convaincue,  en  effet,  que,  pour  entreprendre  en 
ballon  des  études  météorologiques  complètes,  il  y  a  nécessité  de  séjourner 
longtemps  dans  l'atmosphère,  afin  de  se  rendre  compte  des  modifications 
importantes  que  subissent  les  courants  aériens  sur  un  long  parcours,  ou  d'y 
rester  peu  de  temps,  mais  en  s'élevant  alors  à  de  grandes  altitudes,  pour 
étudier  d'une  façon  précise  la  superposition  des  vents. 

»  L'Académie  a  bien  voulu  donner  son  précieux  concours  à  ces  deux 
ascensions,  et  nous  l'en  remercions  vivement. 

M  L'aérostat  le  Zénith,  que  nous  montions,  a  18  mètres  de  diamètre  et 
cube  3ooo  mètres.  Son  propriétaire,  M.  Sivel,  qui  l'a  mis  à  la  disposition 
de  la  Société  de  Navigation  aérienne,  l'a  fait  très-léger  et  très-imperméable. 
11  supportait  une  nacelle  de  2"",  80  de  longueur  sur  i'",6o  de  largeur,  grand 
espace,  nécessaire  pour  faire,  dans  des  conditions  avantageuses,  des  obser- 
vations à  l'aide  d'un  grand  nombre  d'instruments  que  nous  avions  em- 
portés et  dont  plusieurs  étaient  nouveaux.  En  outre  des  baromètres  ther- 
momètres, hygromètre  à  point  de  rosée,  psychromètre,  boussole,  lunettes, 
loupe,  dont  on  doit  toujours  se  munir  dans  un  voyage  aérien  scientifique, 
nous  possédions  des  lampes  Davy  pour  l'éclairage  nocturne,  deux  beaux 
spectroscopes,  prêtés  par  M.  Duboscq,  un  électroscope  avec  un  long  fil  de 
cuivre  de  200  mètres,  un  instrument  à  faire  le  point  de  M.  A.  Penaud,  à 
l'aide  duquel  il  fut  lacile  de  déterminer  la  vitesse  du  vent.  Nous  citerons 


(  867  ) 
aussi  un  appareil  destiné  à  l'absorption  de  l'acide  carbonique,  constrnit 
par  MM.  Hervé  Mangon  et  G.  Tissandier.  A  l'aide  d'un  aspirateur,  M.  Tis- 
sandier  a  fait  passer  une  première  fois  no  litres  d'air  et  une  seconde  fois 
66  litres  d'air  dans  des  tubes  remplis  de  pierre  ponce,  imprégnée  de  po- 
tasse caustique,  exempte  de  carbonate.  L'acide  carbonique,  ainsi  recueilli, 
d'après  les  principes  de  la  méthode  Regnault,  a  été  dégagé  à  l'état  gazeux. 
Les  dosages  ne  sont  pas  encore  complètement  terminés,  mais  M.  G.  Tis- 
sandier donnera  dans  une  prochaine  Note  les  résultats  obtenus.  Mention- 
nons encore  un  guide-rope  très-fin,  de  1200  mètres,  dont  M.  Sivel  avait  eu 
l'idée.  L'extrémité,  en  glissant  sur  le  sol,  s'inclinait  et  faisait  connaître 
notre  direction  en  empêchant  les  mouvements  de  gyration  de  l'aérostat. 

»  Nous  devions,  en  outre,  emporter  deux  ballons-sondes,  imaginés  par 
M.  Sivel  :  l'un  de  6  mètres  de  diamètre  était  gonflé  au  gaz  de  l'éclairage; 
l'autre  de  2",  5o  était  rempli  d'air.  Ces  deux  ballons,  retenus  au  bout  d'mie 
perche  horizontale  à  4oo  mètres  de  la  nacelle,  devaient  indiquer  les  vents 
relatifs  supérieurs  et  inférieurs.  Un  anémomètre  très-sensible  de  MM.  Crocé- 
Spinelli  et  Redier  eût  fait  connaître  la  vitesse  relative  du  vent  qui  entraînait 
la  sonde  supérieure,  souvent  cachée  aux  observateurs  par  l'aérostat.  Mal- 
heureusement un  vent  très-violent  au  départ  rendit  impossible  l'emploi  de 
ce  système  que  nous  nous  réservons  d'utiliser  ultérieurement. 

»  Nous  avons  pu  tracer,  avec  la  plus  rigoureuse  exactitude,  le  diagramme 
ci-joint  de  l'ascension,  en  reconnaissant  les  localités  sur  le  sol,  en  faisant  le 
point  et  en  compulsant  à  notre  retour  les  quatre-vingt-sept  imprimés  qui, 
lancés  de  la  nacelle,  ont  été  renvoyés  à  Paris  avec  des  indications  com- 
plètes, et  dont  l'usage  a  été  particulièrement  recommandé  par  M.  Jobert. 
Pendant  toute  la  dnrée  du  voyage,  M.  Albert  Tissandier  a  retracé  les  scènes 
aériennes  qui  présentaient  un  intérêt  réel  :  déformations  du  Soleil  et  de  la 
Lune  par  la  réfraction,  halo,  etc. 

»  Partis  de  l'usine  à  gaz  de  la  Villette,  le  23  mars  à  6^10^  du  soir,  nous 
opérâmes  notre  descente  le  lendemain  24  mars  à  5  heures  du  soir  à  Mon- 
plaisir,  non  loin  du  bassin  d'Arcachon,  après  un  séjour  dans  l'atmosphère 
de  vingt-deux  heures  quarante  minutes. 

»  Pendant  la  nuit,  la  température  se  maintint  au-dessous  de  zéro,  entre 
—  1°  et  —  A^^S,  l'aérostat  oscillant  entre  700  et  iioo  mètres.  A  terre,  il 
gelait  également,  et  la  température  y  était  généralement  inférieure.  Une 
buée  couvrait  le  sol  sur  une  épaisseur  de  5oo  à  600  mètres,  et  son  opacité 
variait,  sans  toutefois  nous  cacher  la  vue  du  sol. 

»  Au-dessus  de  l'aérostat  s'étendaient  des  cirrhus.  Très-faibles  et  très-bas 

1 12.. 


Diagramme  de  l'ascension  du  23-?4  niars  iS^S. 


INDRE    ET  LOIBE 


DEUX-  SEVRES  i  CHARENTE  INF 


Halo  lunaire  et  croix  lumineuse  obsrrvés  à  boni   du   ballon  le  Zi'nilli ,   le   il\   mars    i8;5. 
(  R.ssins  d'après   nature  de  M.   Allierr  Tissandicr.  ) 


Halo  et  ci-oix  il  a  ris  Icui"  développement  coin  pli't  (^_>_j  mars,  j''  i  j"*  du  malin  ;  al  lit  ode  i  loo  iiieties) 


Commencement  du  phénomène  à  /('' ^o™  ''"  malin.  Fin  du  phénomène  ii  5'' 35'"  du  matin. 


(  870  ) 

sur  l'horizon  an  départ,  ils  s'élevèrent  dans  la  nuit  et  devinrent  assez  in- 
tenses, pour  donner  naissance  peu  de  temps  avant  le  lever  du  Soleil  à  un 
magnifique  halo  et  à  une  croix,  représentés  par  les  dessins  ci-joints.  La  Lune 
s'entoura  d'abord  d'un  petit  cercle,  puis  la  croix  prit  naissance.  Une  demi- 
heure  après,  une  ellipse  reliant  les  branches  de  cette  croix,  vint  compléter 
le  phénomène.  Le  halo  était  dans  tout  son  éclat  au  lever  du  Soleil  qui  se 
présenta  à  l'état  fragmenté.  L'ellipse  disparut,  et  les  branches  de  la 
croix  plus  persistantes  s'évanouirent  en  diminuant  peu  à  peu  de  longueur. 
Cette  succession  d'aspect  dura  environ  une  heure.  Les  cirrhus,  très-abon- 
dants jusqu'à  10  heures  du  matin,  s'abaissèrent  à  l'horizon  en  donnant 
l'aspect  d'une  chaîne  de  montagnes  aux  pics  neigeux.  A  midi,  ils  avaient 
disparu,  pour  se  montrer  de  nouveau  à  4  heures.  La  présence  de  ces  cir- 
rhus permet  de  supposer  l'existence  dans  les  régions  élevées  d'un  courant 
aérien  humide  venant  de  la  mer;  nos  autres  observations  confirment  cette 
conjecture. 

»  Au  départ,  le  vent  soufflait  du  nord-est  et  nous  conduisait  sur  la  Ro- 
chelle, mais  nous  espérions  que  le  vent  ouest  modéré,  dont  nous  connais- 
sions l'existence  par  un  télégramme  envoyé  de  l'Observatoire  de  Toulouse, 
nous  écarterait  de  la  mer.  Nos  prévisions  se  réalisèrent.  Après  la  traversée 
de  la  Loire,  le  vent  tendit  à  tourner,  et  c'est  poussé  dans  la  direction  du 
sud-sud-ouest  que  l'aérostat  effectua  la  traversée  de  la  Gironde.  Après  Les- 
parre,  nous  planons  au-dessus  des  landes  de  la  Gironde,  et  nous  rencon- 
trons aussitôt  un  vent  nord-ouest  qui  soufflait  à  terre,  pendant  que  le 
nord-nord-est  supérieur  très-ralenti  continuait  à  s'avancer  au-dessus;  ces 
deux  courants  superposés  nous  permettent  de  tirer  des  bordées,  car  il  nous 
est  impossible  de  rester  dans  le  courant  inférieur  humide  et  froid,  tandis 
que  le  courant  supérieur  est  très-sec  et  chaud.  La  vitesse  du  courant  nord- 
nord-est  dans  les  landes  de  la  Gironde  ne  dépassait  pas  3  mètres  à  la  se- 
conde, tandis  que  le  vent  inférieur  dont  la  vitesse  s'est  accrue  jusqu'au 
moment  de  l'atterrissage  était  d'abord  de  7  mètres,  pour  atteindre  ensuite 
près  de  12  mètres.  Le  courant  nord-ouest  en  augmentant  de  vitesse  dimi- 
nuait d'épaisseur. 

•)  Le  diagramme  montre  que  le  ballon  suivait  les  proéminences  du  sol 
et  s'élevait  de  lui-même  poussé  par  un  vent  ascendant  quand  il  passait  au- 
dessus  d'une  colline.  Ce  fait  est  surtout  rendu  manifeste  par  son  passage  à 
600  mètres  au-dessus  de  plusieurs  monticules.  L'aérostat  s'est  en  outre  fré- 
quemment éloigné  d'une  direction  en  ligne  droite.  Le  tracé  met  encore  en 
évidence  des  variations  très-appréciables  dans  la  vitesse  du  vent,  qui  fait 


(  871  ) 
environ  5  mètres  à  la  seconde  pendant  la  nuit,  lo  mètres  au  lever  du  jour, 
et  qui  diminue  de  vitesse  dans  les  hautes  régions,  contrairement  à  ce  qui  a 
lieu  le  plus  habituellement. 

»  Les  faits  électriques  sont  intéressants.  Les  feuilles  d'or  de  l'électroscope 
ne  se  dévièrent  pas  pendant  la  nuit,  mais  elles  s'écartèrent  de  o™,o6  à  o'^,o'j 
au  lever  du  Soleil.  Puis  l'électricité  devint  moins  accusée  jusqu'au  passage 
de  la  Gironde,  où  une  déviation  subite  de  o"',o6  se  combina  avec  une  élé- 
vation marquée  de  température.  Entin,  dans  la  suite  du  voyage,  les  dévia- 
tions électriques  devinrent  très-faibles  et  même  nulles. 

»  Les  observations  spectroscopiques  ont  été  faites  par  M.  Crocé-Spinelli. 
Elles  ont  pleinement  confirmé  les  observations  hygrométriques.  Quand  le 
Soleil  et  la  Lune  ont  été  au-dessous  de  l'horizon,  les  spectroscopes  ont 
montré  les  bandes  de  la  vapeur  d'eau  exlrèmement  accusées.  Aussitôt  que 
ces  deux  astres  se  sont  élevés  de  quelques  degrés  seulement  sur  l'horizon, 
les  bandes  sont  devenues  infiniment  plus  faibles  et  ont  fini  même  par  être 
très-peu  visibles,  ce  qui  démontrait  que  la  quantité  de  vapeur  d'eau  dans 
les  régions  supérieures  était  très-peu  considérable. 

»  Pendant  la  durée  de  la  nuit  on  observa  six  étoiles  filantes,  dont  l'une 
d'elle  a  offert  une  longue  traînée  d'un  bleu  intense. 

»  Quatre  pigeons  voyageurs  fournis  par  M.  Cassier  furent  lancés  entre 
9  heures  et  1 1  heures  du  matin.  Aucun  n'est  revenu  à  Paris. 

»  La  température  buccale  resta  constante  pendant  la  durée  du  voyage, 
mais  le  pouls  chez  les  voyageurs  s'était  sensiblement  ralenti  peu  de  temps 
avant  l'atterrissage  qui  s'effectua  heureusement,  grâce  au  système  de  frot- 
teursà  pression  progressive  de  M.  Sivel.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Le  Mammouth  à  Monl-Doi  l^lUe-el-V Haine) . 
Note  de  M.  Sirodot. 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  de  Quatrefages,  Daubrée,  Gervais.) 

«  J'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  les  résultats  généraux  de 
fouilles  exécutées  à  Mont-Dol,  dans  un  gisement  quaternaire  offrant  tous 
les  caractères  d'une  station  humaine  remontant  à  l'époque  de  VElepItas 
priinitjenius.  Les  débris  du  Mammouth  s'y  trouvent  accumulés  en  quantité 
prodigieuse;  les  pièces  recueillies  représentent  un  minimum  d'au  moins 
soixante  Éléphants. 

»  La  préparation  des  pièces  composant  le  système  dentaire  étant  ter- 
minée, j'ai  réuni  les  échantillons  les  plus  remarquables  pour  être  soumis 


(  87a  ) 

à  l'examen  de  juges  compétents.  Cette  collection  représente  le  système 
complet  des  molaires  aux  différents  âges,  avec  des  variations  aussi  remar- 
quables que  nombreuses.  On  y  trouvera  des  échantillons  dont  l'émail 
plissé  rappelle  si  exactement  la  disposition  caractéristique  chez  VEIephas 
indiens,  qu'il  faut  admettre  que  cette  espèce  vivante  est  déjà  représentée  à 
Mont-Dol. 

))  Cette  collection  permettra  d'établir  les  rapports  qui  peuvent  exister 
entre  YEleplias  primigenius  et  VEIephas  indicus;  elle  permettra  surtout  de 
compléter  et  de  rectifier  les  travaux  de  de  Blainville  et  de  Falconuet  sur  la 
dentition  des  Eléphants  vivants  et  fossiles.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ANALYSE.   —  Relation  entre  les  m  périodes  cycliques  de  la  quadratrice  d'une 
courbe  algébrique  de  degré  m.  Note  de  M.  Max.  Marie. 

(Commissaires  :  MM.  Ossian  Bonnet,  Puiseux.) 

«  J'ai  démontré,  dans  mon  Mémoire  intitulé  :  Classification  des  intégrales 
quadralrices  des  courbes  algébriques,  que  si  les  résidus  relatifs  à  {m  —  1), 
asymptotes  d'une  courbe  de  degré  m,  venaient  à  s'annuler,  le  m""""  s'annu- 
lerait aussi;  ou  que  les  m  périodes  cycliquesde  la  quadratrice  d'une  courbe 
de  degré  m  sont  liées  entre  elles  par  une  relation  telle  que,  si  (ni  —  i) 
d'entre  elles  s'annulaient,  la  m'''""^  s'annulerait  également. 

»  Celte  proposition  permettait  de  préjuger  que  les  m  périodes  cycliques 
devaient  être  liées  entre  elles  par  une  relation  linéaire. 

»  Cette  relation,  au  reste,  était  déjà  connue,  dans  le  cas  particulier  des 
courbes  unicursales.  M.  Herniite  a  démontré,  en  effet,  d'après  M.  Clebsch, 
je  pense,  que,  dans  ce  cas  particulier,  la  somme  des  m  périodes  cycliques 
est  nulle. 

»  Il  est  facile  de  voir  que  la  même  relation  lie  entre  elles  les  m  périodes 
cycliques  de  la  courbe  la  plus  générale  du  degré  m. 

I)  En  effet,  soit 

l'équation  d'une  courbe  de  degré  tn.  Pour  avoir  le  résidu  relatif  à  l'asym- 
ptole  j=  a,  X  -h  l>,  =  tangw,  .r  -h  b,,  il  faudra  d'abord  rendre  l'axe  desj 


(  873  ) 

parallèle  à  cette  droito,  et  niotlrc  ensuite  l'équation  do  la  coin  ho  sons  la 
forme 

M  (x' +  ^) ;■'"'-' +  (Na;'=  + P. r'  +  Q)j"''-= +..,=.  n, 

ce  qui  donnera,  pour  le  rosidu, 

//b,\'             b, 
M  (  y      _  N  -^  +  Q 
fdx'=  2  71  v'—  1  sin  a,       ^"'' — —Jll 

»  Les  formules  de  transformation  seront 

X  =  x' 4- j^''cos«i      et     j"  =  jj'sina,, 
de  sorte  que  l'équation  de  la  courbe  deviendra 

( —  a^x'  —  />,)[j-'(sina,  —  «,  cosc<,)  —  n.^x'  —  l'-i\... 
X  [?''(sinai  —  rt,„cosa,)  —  a^x'  —  h,„] 

4-  Çm-oîj'sina,,  x'  +  j''cosa,  )  4-  ...  =0. 
M  sera  évidemment  égal  à 

—  rti  (sin«,  —  a-i  cos«,)(sina,  —  a^  cosa,)...(sina|  —  rt,„cosa,  ), 
ou,  en  mettant  en  évidence  le  facteur  cos'"  'a,, 

—  a,  cos'"-'«,((7,  —  «o)((7,  -  n^)...{n,  —  a,„). 

»   Quant  aux  termes  en  r"""',  une  partie  en  proviendra  du  produit 

[—  a^x' —  /^i  )  ^  >'(sina,  —  rtj  cos  a,  )  —  rt,>x'  —  /^oj ... 
X  [r'(sina,  —  (7„,  cosa,)  —  n„,x'  —  h,,,]. 

Mais  cette  partie,  contenant  en  facteur  ( —  (7,  a'  —  A,),  s'évanouira  lorsqu'on 
fera  x'  ^=- '-■■.  le  seul  terme  eu  v""-^  à  considérer  proviendra  donc  de 

î),„_2(j'siua,,  a''+  7'cosa,). 

Soit 

?,«-2(j,  J;')  =  Ao  r'"~'  +  A,  r"'"''.r  +  . .  .  +  A,„_2, 

!p,„_2(j?'sina,,  .r' 4- 7' cos  a,  )  prendra  la  forme 

A„(j' sin «,)'"-=  4-  A,'r'siu«,)"'-»(.r'  +  7-'cosa,) 
4-  A, (y  sin  a,)"'~'{x'  +y'  cosa,  )-  +  ..., 

C.  R.,  1S75,  !"■  5<-mfjfrc.  (T.  LXXX,  M"  \7> ^  I  '    > 


(  874  ) 
et  le  terme  en  j'"'~-  aura  évidemment  pour  coefficient 

AoSin'"~-«,  +  A,  sin'""^  «,  cosa, 

+  Aosin'"""!;!:,  cos-a,  +  ...  +  A,„_2  cos"'~^a,, 

c'est-à-dire 

cos"'-=a,y,„_.,(<7,,  i). 

»  Par  conséquent,  le  résidu  est 

aTry/— ly„_,(a|,  l) 

les  autres  s'exprimeraient  par  des  formules  analogues. 

»  Cela  posé,  une  fonction  algébrique  entière  de  degré  (m  —  i)  est  dé- 
terminée par  les  résultats  de  {m  —  i)  substitutions  :  on  a  identiquement 

/        .  ■!  _  fm-A"'^  i){z  —  a,){z  —  a,)..  .{z  —  a„,_,) 
fm-2\Zi   <) —  } 7-, ; ; ; 

(«1—  «i)!»!—  Os).  •  .(«I  —  rtm-i  ) 

fm-ija-i,  i)(z  — «i)(z  —  a,).  .  .(z  — a„_i) 
(o,  —  a,)(«2— r?,).  .  .(Oî— «,„_,) 


ym_!(«»,-.,  i)(~  —  "i){^~  a,).  .  .{z  —  «„_j) 


(fim-<  —  «I  )(«»,-!  —  n,).  .  .(«„_,  —  a,„. 

»  Il  en  résulte,  en  remplaçant  z  par  a,„, 

„         /^       ,\  fm-7{a„  x][a„—  a,){a„—  a,).  ..{a„—a„_, 

_,    ?m-2("2,  i)(a„  —  a,)(a„  — «3).  .  .(«m— o, 


(a,  —  at){a,  —  «j). .  .  (a, —  nm_i) 
+ 

y;n-î(<'^,-i,  l)(am—  ai)(a„  —  O;).  .  .(a„—  n,,,--,) 
(«„_, —  a, )(«„_,  —  a,).  .  .(a„_i  —  flm-i) 

ou  en  multipliant  les  deux  termes  de  la  première  fraction  par  [a,  —  «m)» 
les  deux  termes  de  la  seconde  par  (^o  —  a,,,)  et  ainsi  de  suite,  divisant  les 
deux  membres  par  (<?,„  —  fl,)(«,„  —  «,)...  (n,,,  —  «,„_,  )  et  faisant  tout  passer 
dans  le  premier  membre, 

y ?--'(^i.i) _Q 

»  Ainsi  la  somme  des  m  résidus  est  toujours  nulle.    » 


(  «75  ) 

ANALYSE.  —  Recherches  sur  les  covarinnls.  Noie  de  M.  C.  Jokdan, 
présentée  par  M.  Chasles. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

«  Parmi  les  diverses  méthodes  employées  dans  la  théorie  des  invariants, 
l'une  des  plus  fécondes  est  sans  aucun  doute  la  représentation  symbolique 
introduite  dès  l'origine  par  M.  Cayley,  et  adoptée  depuis,  sous  une  nota- 
tion différente,  par  les  géomètres  allemands.  Nous  allons  la  rappeler  briè- 
vement. 

»  Posons,  pour  abréger,  a,  x,  4-^2X2  =  a^.,  a,  h^  —  «2^1  =  ('^^)'  ^* 
considérons  un  système  de  foiuies  Innanea  A,  i!,  C,...  ayant  respective- 
ment pour  ordres  a,  /3,  y,...  M.  Clebsch  a  montré  que  tout  covariant  de 
ce  système  de  fonctions  peut  être  représenté  par  une  somme  de  termes  de 
la  forme 
(1)  K  {ab/"  {ac)"  {Iw  ^..rt:7/c',,..., 

où  K  est  une  constante,  et  a,  h,  c,...  des  symboles  dont  chacun  corres- 
pond à  l'une  des  formes  A,  B,  C,...,  et  6gure  dans  l'expression  (i)  autant 
de  fois  qu'il  y  a  d'unités  dans  l'oi  dre  de  cette  forme. 

M  Pour  faire  le  calcul  du  covariant  représenté  par  l'expression  (i),  on 
effectuera  les  multiplications  indiquées.  Cela  fait,  supposons,  pour  fixer  les 
idées,  que  le  symbole  a  corresponde  à  la  forme  A.  L'expression  (i)  sera  ho- 
mogène et  d'ordre  a  en  ci,,  a.,;  on  v  remplacera  a°;,  fl°  '«,,...,  par  les  coef- 
ficients Aq,  a,,...  de  la  forme  A.  On  opérera  de  même  pour  les  autres  sym- 
boles h,  c Le  covariant  ainsi  obtenu  aura  son  degré,  par  rapport  aux 

coefficients,  égal  au  nombre  des  symboles  r?,  ^';  c,...,  et  son  ordre  par  rap- 
port aux  variables  sera  r  -}-  s  -h  t  -+- 

))  Chacune  des  formop  A,  B,  C,...  pouvant  être  représentée  dans  l'expres- 
sion (i)  par  un  nombre  quelconque  de  symboles,  les  covariants  sont  en 
nombre  infini.  Mais  M.  P.  Gordan  a  démontré  que  tous  peuvent  s'expri- 
mer en  fonction  entière  d'un  nombre  limité  de  covariants  indépendants. Son 
analyse  peut  être  résumée  comme  il  suit  : 

»  i"  Si  le  théorème  est  vrai  pour  deux  systèmes  de  formes  A,  B,  G,..» 
et  A',  B',...,  considérés  isolément,  il  sera  vrai  pour  le  système  A,  B,  G,..., 
A',  B',...  ;  car  les  covariants  de  ce  nouveau  système  résultent  des  combi- 
naisons (Uherschiebinujcii)  des  covariants  de  ces  systèmes  partiels,  et  celles 
de  ces  combinaisons  qui  fournissent  des  covariants  non  décomposables  en 
covariants  plus  simples  sont  en  nombre  limité. 

I  I  3.. 


(  «7(^  ) 

»   Il  suffit  donc  (l'établir  le  théorème  pour  une  forme  unique  A. 

»   2°  Or  il  est  évident  si  A  est  linéaire. 

»  3°  D'autre  part,  supposons  le  théorème  vrai  pour  les  formes  de  de- 
gré a  —  I,  il  sera  vrai  pour  celles  d'ordre  a.  Eu  effet,  les  covariants  d'une 
forme  A  d'ordre  a  résultent  des  combinaisons  de  deux  sortes  particulières 
de  covariants  : 

>)   Les  uns,  W,   dans  l'expression  symbolique  desquels  ne  figure  aucun 

déterminant  avec  un  exposant  supérieure  -• 

»  Les  autres,  M,  dans  lesquels  chaque  symbole  figure  dans  un  détermi- 
nant affecté  d'un  exposant  >  -• 

»  Mais  on  déduit  de  l'hypothèse  admise  que  les  covariants  irréductibles 
de  l'espèce  W  sont  en  nombre  limité;  de  même  pour  ceux  de  l'espèce  M, 
et  l'on  en  conclut  que  leurs  combinaisons  ne  fourniront  qu'un  nombre  li- 
mité de  covariants  irréductibles. 

»  Quelque  ingénieuse  que  soit  celle  démonstration,  quelque  fondamen- 
tal que  soit  le  résulat  obtenu,  il  reste  encore  beaucoup  à  faire  pour  com- 
pléter cette  théorie.  Bien  que  l'existence  d  une  limite  soit  établie,  il  serait 
assez  difficile  de  lui  assigner  une  valeur,  même  très-éloignée  de  la  réalité. 
A  plus  forte  raison  est-il  nécessaire  de  recourir  à  des  considérations  nou- 
velles pour  établir  un  système  de  covariants  irréductibles  débarrassé  de 
formes  superflues.  Ce  travail  a  été  exécuté  par  M.  Gordan  pour  les  formes 
du  sixième  degré;  mais  au  delà  la  complication  devient  très-grande. 

»  Ces  difficultés  sont  dues  à  la  grande  variété  de  formes  symboliques 
différentes  que  peut  revêfii-  un  covariant.  On  a,  en  effet,  l'identité 

(2)  ((jl')c,r  +  {bc)a^  +  {ca)h_i.  =  o, 

au  moyen  de  laquelle  ou  peut  transformer  rexiyesbion  (1)  de  bien  des 
manières  différentes.  Eu  outre,  si  plusieurs  symboles  correspondent  à  une 
même  forme  A,  on  pourra  les  permuter  entre  eux  sans  rien  changer  au 
résultat. 

»  Nous  avons  entrepris  récemment  l'étude  de  ces  transformations.  Bien 
que  ces  recherches  ne  soient  pas  terminées,  nous  pouvons  déjà  énoncer 
quelques-uns  des  résultats  auxquels  elles  nous  ont  conduits. 

»  Lemme.  —  Soieiït  A,  B,  C  trois  formes  dont  les  degrés  or,  /3,  y  soient  au 
moins  égaux  an;  n^  b,  c  Us  symboles  de  ces  trois  formes.  Les  divers  covariants 
rcjjrr^riilt's  par  rcxi>ression 

{abY[bc]'[ca)"~  v-^ a^-"^" [>{-'- "  c\ 


(«77  ) 
lorsqu'on  /fait  varier  ij.  cl  v,  s'expriment  tous  en  fonction  entière  des  covariants 

oit  p  est  un  entier  variable  compris  entre  les  limites  zéro  cl  ^• 

»  Théorème.  —  Soient  A,  B,  C,  D,...  des  formes  d'ordre  écjal  ou  supérieur 
à  a;  les  covariants  W  de  M.  Gordan,  relatifs  à  ce  sjstème  de  formes,  seront 
donnés  p^r  l'expression 

{abY^{bcy<{c,lp{(le)"^{e/p{fgy-'. . .  flr^'. .    , 

oii  la  double  suite  d'exposants  p.,,  p...,,  [X-.,....,  v,,  Vo,  V3,..  satisfait  aux  conditions 
suivantes  : 

p.,  =  ^,      p.,  =  p.,  -  V,,     IJ.3 .:  [U  -  V,,  ... , 


»  En  outre,  le  nombre  des  symboles  a,  b,  c,...  [dcgté  du  covarianl)  ne 
pourra  dépasser  la  limite  \/6a. 

»  On  voit  que  cette  limite  est  déjà  assez  resserrée. 

M  Nous  avons  entrepris  une  étude  analogue  sur  les  covariants  M  et  sur 
leurs  combinaisons  avec  les  covariants  W;  mais  ce  nouveau  travail,  plus 
difficUe  que  le  précédent,  n'étant  pas  encore  arrivé  à  sa  forme  définitive, 
nous  en  remettrons  l'exposition  à  une  prochaine  occasion.  Nous  nous  bor- 
nerons à  en  détaclier  le  théorème  suivant,  qui  complète,  dans  une  certaine 
mesure,  celui  de  M.  Gordan  : 

»  Théorème.  —  Soient  A,  B,  C,  D...  de>  fermes  en  nombre  illimité,  mais 
dont  l'ordre  ne  dépasse  pas  une  certaine  limite  a.  Les  covariants  irréductdiles 
de  ce  sjstème,  bien  qu'en  nombre  illimité,  appartiennent  à  un  nombre  de  types 
limité,  et  leur  degré,  ainsi  que  leur  ordre,  reste  renfermé  dans  certaines  li- 
mites. » 

MÉCANIQUE.  —  Sur  les  applications  des  théories  générales  de  la  Dynamique 
au  mouvement  d'un  corps  déforme  variable.  Mémoire  de  M.  H.  Durrande, 
présenté  par  M.  Resal.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  le  général  Morin,  Puiseux,  Resal.) 

«  Lorsqu'au  lieu  d'un  solide  invariable  on  considère  un  système  de 
points  matériels  tellement  liés  entre  eux,  qu'au  même  instant  les  projec- 


(  878) 
lions  des  vitesses  de  ces  points  sur  les  axes  soient  des  fonctions  linéaires  de 
leurs  coordonnées,  les  coefficients  variant  avec  le  temps,  on  peut  se  de- 
mander quelle  influence  la  déformation  d'un  pareil  système  peut  exercer 
sur  son  mouvement  général.  J'ai  déjà  étudié  cette  question,  au  point  de  vue 
de  la  Cinématique  pure,  dans  deux  Mémoires  insérés  aux  Annales  scienti- 
fiques de  l'École  Normale  (i),  et  dans  des  Notes  publiées  dans  les  Comptes 
7'endus  (2). 

»  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  au  ju- 
gement de  l'Académie,  j'examine  ce  que  deviennent,  dans  l'ijypotbèse  pré- 
cédente, les  six  équations  générales  de  la  Dynamique. 

»  J'ai  dû  tout  d'abord  me  préoccuper  de  la  variation  des  moments 
d'inertie,  et  j'ai  été  amené  à  considérer,  outre  les  sommes  de  la  forme 
A  =  Im  (/*+  z^),  auxquelles  je  réserve  le  ULin  de  moments  d'inertie  et  de 
rotation,  les  parties  :  B  =  -/mj%  C  =  Imz-,  qui  sont  maintenant  séparées 
et  accompagnées  des  coefficients  de  la  déformation.  Chaque  direction  au- 
tour d'un  point  est,  en  effet,  caractérisée  en  général  par  un  coefficient  de 
déformation  qui  est  la  dérivée  logarithmique,  par  rapport  au  temps,  d'un 
rayon  vecteur  quelconque  pris  sur  cette  direction,  et  un  coefficient  quel- 
conqueest  liéà  trois  coefficients  principaux  par  une  loi  identique  à  celle  qui 
lie  un  moment  d'inertie  aux  trois  momenfs*principaux. 

»  L'étude  du  mouvement  d'un  système,  tel  que  celui  que  j'indique,  au- 
tour d'un  de  ses  points,  peut  se  faire,  comme  pour  le  mouvement  d'un 
solide,  au  moyen  de  la  considération  de  l'ellipsoïde  central.  Celui-ci,  indé- 
pendamment de  son  mouvement  général,  se  transforme  homographique- 
ment,  et  n'est  plus  assujetti  qu'à  toucher,  par  l'extrémité  de  son  diamètre 
coïncidant  avec  l'axe  de  rotation,  un  plan  parallèle  au  plan  du  couple  ré- 
sultant des  quantités  de  mouvement.  Si,  de  plus,  on  suppose  que  le  corps 
ne  soit  soumis  à  aucune  force  extérieure,  ce  plan  tangent  conserve  une 
direction  fixe,  mais  sa  dislance  à  l'origine  varie. 

a  La  force  vive  totale  du  système  se  compose  de  la  force  vive  de  rota- 
tion et  de  la  force  vive  de  déformation  qui  varient  en  sens  contraire. 

»  Un  cas  très-intéressant,  car  il  se  rapproche  beaucoup  des  faits  d'ob- 
servation, est  celui  où  l'on  suppose  une  déformation  sphérique  ou  isotrope, 
c'est-à-dire  un  coefficient  de  déformation  ayant  la  même  valeur  dans  toutes 

(i)   Annales  scientifiques  de  l'École  Normale  sapcneure,  2°  série,   t.  II,  p.  815   t.   III, 
|>.  i5i. 

(:>.)  Comptes  rendus,  novembre  1871,  mai  et  novembre  1872,  avril  1874. 


(  «79  ) 
les  directions  autour  de  l'origine.  Je  montre  que  la  question  peut  entière- 
ment se  traiter  comme  s'il  s'agissait  d'un  solide  invariable,  dès  que  le  pa- 
mètre  unique  de  déformation  est  connu  en  fonction  du  temps.  La  déter- 
mination analytique  de  la  vitesse  angulaire  et  de  ses  composantes  se  ramène 
à  une  quadrature  dépendant  des  fonctions  elliptiques. 

»  L'ellipsoide  central  reste  semblable  à  lui-même  en  se  dilatant  ou  se 
contractant,  et  touche  un  plan  parallèle  au  plan  invariable,  et  dont  la  dis- 
tance à  l'origine  varie  proportionnellement  à  la  lacine  carrée  de  la  force 
vive  de  rotation.  Le  lieu  des  axes  instantanés  dans  le  corps  est  un  cône  du 
second  degré  identique  à  celui  que  l'on  trouve  pour  le  cas  d'un  solide,  et 
il  en  est  de  même  du  cône,  lieu  des  axes  du  couple  résultant  dans  le 
corps. 

Il  Cela  tient  simplement  à  ce  que  les  moments  principaux  d'inertie  varient 
proportionnellement  à  eux-uièmes,  tandis  que  la  force  vive  de  rotation  varie 
en  raison  inverse  de  ces  moments. 

»  On  obtient  avec  une  grande  simplicité,  en  partant,  à  la  vérité,  d'une 
hypothèse  sur  la  loi  du  déplacement,  des  résultats  qui  ne  manquent  pas 
d'intérêt  par  la  comparaison  qu'on  en  peut  faire  avec  plusieurs  faits  d'ob- 
servation, tels  que  l'aplatissement  polaire  d'une  masse  molle  animée  d'un 
mouvement  de  rotation  autour  d'un  axe  principal,  la  diminution  de  vitesse 
angulaire  occasionnée  par  le  renflement  équatorial,  etc.   » 

PHYSIQUE.  —  Sur  les  quantités  de  magnétisme  et  sur  la  situation  des  pôles  dans 
les  aiguilles  minces.  Note  de  M.  E.  Bouty,  présentée  par  M.  Jamin. 

(Commissaires  :  MM.  Edm.  Becquerel,  Jamin.) 

«  Dans  une  Note  antérieure  (*),  j'ai  indiqué  la  méthode  que  j'emploie 
pour  déterminer  séparément  la  quantité  de  magnétisme  et  la  distance  des 
pôles  dans  des  aiguilles  longues  et  de  petit  diamètre,  aimantées  réguliè- 
rement. J'ai  établi  que,  quand  on  fait  varier  la  force  magnétisante,  la  quan» 
tité  de  magnétisme,  d'abord  presque  insensible,  croît  ensuite  rapidement 
et  presque  uniformément  dans  un  intervalle  (deCàC)  que  j'ai  nommé 
intervalle  de  l' aimantation  rapide,  puis  se  rapproche  d'une  manière  plus 
lente  de  sa  limite  supérieure  L.  Si  l'on  construit  une  courbe  en  prenant 
pour  abscisses  les  forces,  pour  ordonnées  les  quantités  de  magnétisme,  et 
que  l'on  répète  cette  construction  pour  des  aiguilles  de  diamètre  différent 


(*)  Voir  Comptes  rendus,  séance  du  i5  mars. 


(  88o  ) 
(mais  toujours  inférieur  à  un  uiilliinèlre),  les  ordonnées  correspondant  à 
une  même  abscisse  varient  proportionnellement  au  carré  du  diamètre.  La 
fonction  magnétisante,  rapportée  à  l'unité  de  volume,  demeure  donc  inva- 
riable et  se  trouve  évaluée  en  unités  arbitraires  au  moyen  des  ordonnées 
de  l'une  quelconque  de  ces  courbes,  comme  nous  l'avons  admis  précé- 
demment. 

))  Dislance  des  pèles  aux  extrémités.  —  Celle-ci  décroît  à  peu  près  unifor- 
mément quand  on  fait  croître  la  force  magnétisante  jc  à  partir  de  zéro,  et 
se  trouve  représentée  dans  des  limites  très-étendues  par  une  formule  telle 
que 

(i)  ^  =  «D(.-/,x); 

D  représente  le  diamètre  de  l'aiguille,  d  la  double  distance  d'un  pôle  à 
l'extrémité  la  plus  voisine;  a  et  p  sont  des  constantes.  Pour  de  très-grandes 
valeurs  de  x,  la  formule  (i)  cesse  de  s'appliquer,  et  r/ s'approche  rapide- 
ment d'une  limite  inférieure  !^  —  2C/.D  qui,  avec  la  quantité  maximum  de 
magnétisme  L,  définit  ce  qu'on  appelle  la  saturation. 

»  L'intervalle  dans  lequel  la  formule  (i)  est  applicable  comprend  et 
dépasse  largement  dans  les  deux  sens  l'intervalle  de  l'aimantation  rapide, 
sans  que  celle-ci  soit  caractérisée  par  rien  de  particulier,  en  ce  qui  con- 
cerne la  situation  des  pôles;  de  forts  courants  qui  accroissent  à  peine  l'ai- 
mantation comme  quantité  ont  encore  pour  effet  de  refouler  les  pôles 
vers  les  extrémités  de  l'aiguille  d'une  manière  aussi  efficace  que  les  cou- 
rants plus  faibles  qui  produisent  la  presque  totalité  de  l'aimantation.  Il  me 
paraît  difficile  de  ne  pas  attribuer  ces  faits  à  l'influence  de  l'aimantation 
temporaire  qui  précède  et  détermine  l'aimantation  permanente;  on  sait,  en 
effet,  que  celle-là  augmente  encore  d'une  manière  presque  uniforme  quand 
celle-ci  est  déjà  voisine  de  la  limite  qu'elle  ne  peut  dépasser. 

»  En  résiuné,  si  l'on  désigne  par  f  (.r)  la  fonction  magnétisante  perma- 
nente de  l'acier  que  l'on  emploie,  le  moment  magnétique  d'une  aiguille  de 
longueur  /,  très-grande  |)ar  rapport  à  son  diamètre  D,  aimantée  par  une 
force  magnétique  j",  sera  représenté  par  la  formule 

(2)  j="-^^{a-)[l-  2aD{i-px)], 
jusqu'à  des  valeurs  dej  très-voisines  de  sa  limite  supérieure  Y 

(3)  Y=''^L{l-2ocD). 


(  S8r  ) 
Pour  des  aiguilles  de  o""",553  de  diamètre,  la  limite  inférieure  de  la  dis- 
tance d'un  pôle  à  l'extrémité  voisine  correspondant  à  x  =  o  est  7°"",  55; 
sa  limite  supérieure  est  2""',75.  Il  en  résulte  pour  a  et  a  les  valeurs  abso- 
lues suivantes  : 

a  —  i3,65, 

»  Répétition  du  passacje  à  la  spirale.  —  J'ai  indiqué  autrefois  (')  que, 
quand  on  répète  le  passage  d'une  aiguille  dans  la  spirale  magnétisante,  son 
moment  magnétique  augmente  de  manière  à  être  représenté  par  la  formule 

(4)  J  =  A-?, 

où  A  et  B  sont  des  constantes  dépendant  de  l'intensité  de  la  force  magné- 
tisante, et  où  Ti  indique  le  nombre  des  passages.  Il  était  intéressant  de 
chercher  si  l'augmentation  du  moment  magnétique  considérée  j)rovenait 
d'un  simple  changement  dans  la  distribution  du  magnétisme,  c'est-à-dire 
d'iui  déplacement  des  pôles  vers  les  extrémités,  ou  s'il  y  avait  là  une  véri- 
table augmentation  de  la  quantité  de  magnétisme  permanent  conservée  par 
l'aiguille. 

»  La  méthode  déjà  employée  ci-dessus  m'a  permis  de  résoudre  cette 
question  d'une  manière  satisfaisante.  J'ai  trouvé  que  la  quantité  de  magné- 
tisme et  la  situation  des  pôles  changent  à  la  fois  dans  ces  circonstances, 
mais  cette  dernière  d'une  manière  très-peu  sensible.  La  formule  (4)  s'ap- 
plique très-bien  aux  quantités  de  magnétisme  considérées  isolément. 

"   Si  l'on  fait  croître  l'intensité  de  la  force  magnétisante  x  à  partir  de 

zéro,  le  rapport      _      de  la  quantité  de  magnétisme  limite  à  la  quantité 

correspondant  au  premier  passage  décroît  et  tend  vers  zéro;  mais  ce  qu'il 
y  a  de  remarquable,  c'est  que,  si  l'on  cherche,  au  moyen  de  la  courbe  qui 
représente  la  fonction  magnétisante,  quelle  devrait  être  l'intensité  x'  de  la 
force  magnétique  pour  produire  la  quantité  A  après  un  seul  passage  à  la 

spirale,  on  trouve  pour  le  rapport  —  une  valeur  sensiblement  constante. 

Le  tableau  suivant  se  rapporte  à  des  aiguilles  de  o""",553  de  diamètre. 


(*)  Voir  Comptes  rendus,  séance  du  37  murs  iy74- 

C.  K.,    1875,   1"  Semestre.  (T.  LXXX,  M»  lô.)  1  \  [\ 


(  882  ) 


\. 

A  — B 

X 

1,28 

1,280 

l  ,080 

3,49 
6,76 

1,246 

i,i65 

1,075 

I ,o58  \ 

12,19 
17,50 

I ,  i5o 
1 ,  1 15 

I ,o55  f  Moyenne 

1,061  1   i,o63 

>>077  ) 

I  ,  n  2 

1 ,  102 

1,075 

21  ,37 

'3,49 
24,45 

25  ,  I  I 

i,oS5 
i,o58 
I  ,o36 

I  ,  025 

Me 

)V('nne 

■   1,0-77 

Constante  x.  \  —  B. 

10 I  ,00 

l4 2,80 

18 5,80 

22 10,60 

26 i5, 70 

3o '9ï7o 

34 22,20 

38 23,60 

42 24, 5o 


M  La  valeur  du  rapport  r  varie  très-peu  avec  le  diamètre  des  aiguilles, 
que  nous  supposons  toujours  inférieur  à  i  millimètre.  On  a  essayé  de  dé- 
terminer exactement  la  valeur  de  ce  rapport,  et  pour  cela  on  n'a  dû  faire 
concourir  au  calcul  pour  les  diverses  aiguilles  que  les  valeurs  les  plus  cer- 
taines, celles  qui  sont  déduites  d'observations  faites  dans  l'intervalle  de 
l'aimantation  rapide.  Les  valeurs  de  r  ainsi  déterminées  sont  demeurées 
comprises  entre  1,060  et  i,o65. 

»  En  ce  qui  concerne  le  déplacement  des  pôles,  il  était  naturel  de  sup- 
poser qu'il  correspond  exactement  à  l'accroissement  de  la  quantité  de  ma- 
gnétisme, c'est-à-dire  que  l'aimantation  finale  est  en  tout  point  identique  à 
celle  que  produirait  directement  la  force  magnétique  x'. 

»  L'expérience  a  vérifié  cette  prévision,  et  cela  d'une  manière  très-satis- 
faisante, eu  égard  à  la  petitesse  des  déplacements  à  mesurer.  Ceux-ci  dans 
les  cas  les  plus  favorables  n'excèdent  pas  o""",3  à  o'"'",4-   » 

Pll\Sl(lVE.  ~  Propriétés pli/sicjues  des  lames  decollodion.  Note  de  M.  E.  Gripon, 

présentée  par  M.  Jamin. 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Jamin.) 

«  Si  l'on  verse  sur  une  plaque  de  verre  bien  nette  une  couche  de  collo- 
dion,  on  peut  séparer  du  verre,  après  la  dessiccation,  une  lame  de  collodion, 
transparente,  très-mince,  et  la  tendre  ensuite  sur  un  cadre.  Cette  membrane, 
à  surface  polie,  réfléchit  la  lumière  à  la  façon  du  veri-e;  elle  la  polarise  soit 
par  réflexion,  soit  par  transmission.  L'angle  de  polarisation  maximum  est 
de  33^35'  compté  à  partir  de  la  surface,  ou  5G°25'  si  l'on  part  de  la  nor- 
male. 


(  883  ) 

»  On  en  déduit,  d'après  la  loi  de  Brewster,  pour  indice  de  réfraction  du 
collodion,  «=  i,5io8. 

>)  Il  est  un  peu  plus  petit  que  celui  du  crown-glass. 

»  On  peut,  à  l'aide  de  cet  indice  et  en  observant  le  déplacement  des 
franges  d'interférence  produit  par  une  telle  membrane,  en  calculer  l'épais- 
seur :  on  l'a  trouvée,  pour  les  membranes  expérimentées,  inférieure  à 
o""",oi;  les  nombres  varient  de  o""", 0081  à  o""",oo88. 

»  Sous  cette  faible  épaisseur,  la  membrane  de  collodion  laisse  passer  une 
forte  proportion  de  la  chaleur  rayonnante. 

»  En  prenant  pour  sources  de  chaleur  tantôt  la  flamme  d'une  lampe  à 
modérateur,  tantôt  celle  d'une  bougie  placée  au  foyer  d'un  réflecteur  mé- 
tallique et  maintenue  à  une  hauteur  constante,  on  a  trouvé  que  la  membrane 
laissait  passer  0,91  de  la  chaleur  lumineuse  incidente.  Si  l'on  prend  pour 
source  un  vase  noirci  plein  fléau  bouillante,  la  proportion  de  chaleur  inci- 
dente qui  est  transmise  n'est  plus  que  0,70. 

))  Si  l'on  entrelient  à  5o  degrés  l'eau  du  vase,  il  ne  passe  plus  que  o,5o 
de  la  chaleur  incidente,  le  nombre  ne  change  pas  sensiblement  si  l'on 
abaisse  à  20  degrés  la  température  de  la  source. 

»  Ainsi,  sous  cette  faible  épaisseur  de  o™'",oi,  le  collodion  se  montre 
d'autant  moins  diathermane,  que  la  température  de  la  source  s'abaisse. 

»  Deux  lames  de  collodion  étant  placées  sur  le  trajet  du  flux  de  chaleur 
qui  émane  du  vase  à  100  degrés,  la  chaleur  transmise  est  o,583;  la  pre- 
mière transmet  les  0,70  de  la  chaleur  incidente,  la  seconde  les  o,83  de  la 
chaleur  qui  a  traversé  la  première. 

»  On  peut  former  des  piles  polarisantes  avec  des  lames  de  collodion. 
Elles  peuvent  servir  et  pour  la  lumière  et  pour  la  chaleur.  Cependant  on  ne 
saurait  recevoir  sans  précaution  la  lumière  solaire  sur  de  pareilles  piles  : 
les  lames  se  brisent  par  l'excès  de  tension  qu'elles  subissent  alors.  On  les 
forme  en  collant  des  lames  de  collodion  sur  de  petites  lames  de  zinc  dé- 
coupées en  forme  de  cadres,  en  les  superposant  et  les  inclinant  de  30^35'  sur 
la  direction  des  rayons. 

1)  Elles  ont  une  transparence  bien  supérieure  aux  piles  de  mica  qui 
sont  ordinairement  employées  dans  l'étude  de  la  chaleur.  Si  elles  sont 
plus  fragiles  que  celles-ci,  elles  sont  aussi  d'une  réparation  facile. 

..  En  plaçant  sur  le  trajet  de  la  chaleur  deux  piles  de  collodion  de  six 
lames,  on  trouve  que  les  piles  croisées,  dont  les  plans  d'incidence  sont  per- 
pendiculaires, ne  laissent  passer  que  les  o,G6  de  la  chaleur  transmise  par 
les  piles  parallèles. 

114.. 


(  884  ) 

»  En  plaçant  une  pile  de  neuf  lames  devant  un  prisme  do  Nicol  et  en  no- 
tant les  déviations  du  galvanomètre  lorsque  la  section  principale  du  prisme 
est  parallèle  ou  perpendiculaire  au  plan  de  polarisation  de  la  |)ile,  on  trouve 
que  la  chaleur  polarisée  compose  les  0,6  à  0,7  du  faisceau  transmis. 

»  La  f;icilité  avec  laquelle  chacun  peut  construire  ces  piles,  leur  dia- 
thermanéité  relativement  grande,  supérieure  à  celle  du  mica  surtout  pour 
la  chaleur  obscure,  justifieraient,  je  crois,  leur  emploi  dans  l'étude  de  la 
chaleur  rayonnante.    » 

CHIMIE.  —  Sur  ta  Jormation  de  l'acide  iodiqiie  dans  les  Jlamines  iodées. 

Note  de  M.  G.  Salet,  présentée  par  M.Wurtz. 

(Commissaires  :  MM.  Wurtz,  Cahours.) 

«  L'iode,  volatilisé  dans  la  flamme  de  l'hydrogène,  colore  la  zone  oxy- 
dante de  celle-ci  en  vert  et  donne  un  spectre  particulier.  Ce  spectre  est 
caractéristique  de  l'iode;  mais  il  ne  m'a  pas  semblé  qu'il  dût  être  attribué 
à  ce  métalloïde  à  l'état  de  liberté  (i). 

»  J'ai  cherché  à  extraire  de  la  flamme  le  composé  qui  la  colore,  et,  à 
l'aide  d'un  dispositif  déjà  employé  par  moi  dans  des  cas  analogues,  j'ai 
réussi  à  isoler  une  quantité  assez  notable  d'acide  iodique. 

))  Voici  comment  se  fait  l'expérience.  Un  courant  de  gaz  hydrogène, 
chargé  d'une  petite  quantité  de  gaz  iodhydrique,  brûle  à  l'extrémité  d'un 
ajutage  de  platine;  un  serpentin  en  tube  de  platine,  de  i  millimètre  de 
diamètre,  s'enroule  autour  de  la  flamme  de  façon  à  n'en  toucher  que  la 
périphérie  :  il  est  d'ailleurs  constamment  refroidi  à  l'intérieur  par  un  cou- 
rant d'eau,  comme  le  tube  chaud  froid  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.  Ce 
serpentin  fonctionne  à  l'inverse  des  condensateurs  ordinaires;  l'eau  prove- 
nant de  la  combustion  ruisselle  à  sa  surface  et  s'accumule  en  gouttes  à  sa 
partie  inférieure  pour  s'écouler  enfin  dans  une  fiole  disposée  pour  la  rece- 
voir. Au  bout  d'un  quart  d'heure,  on  a  recueilli  assez  d'eau  synthétique 
pour  pouvoir  y  chercher  l'acide  iodique  avec  les  réactifs  usités.  On  l'agite 
avec  un  globule  de  mercure,  on  y  verse  une  solution  d'amidon;  puis,  après 
avoir  constaté  que  l'addition  d'un  peu  d'acide  sulfurique  ne  produit  |)as 
de  coloration,  on  y  fait  passer  une  petite  quantité  de  gaz  sulfureux;  au 
bout  d'un  instant,  la  liqueur  devient  bleue  (2).  En  évaporant  directement 

(i)  On  obtient  le  même  spectre  avec  les  flammes  carbonées.  Voir  Annales  de  Chimie  et 
de  Physique,  4"  série,  t.  XXVIII,  p.  33. 
(2)   La  précipitation  de  l'iode  de  l'acide  iodique  par  l'acide  sulfureux  présente  certaines 


(  885  ) 

une  cinquantaine  de  grammes  île  la  même  eau,  ou  a  obtenu  un  résidu 
d'acide  iodique  pesant  67  milligrammes,  qu'on  a  transformé  en  iodate 
d'argent  et  ensuite  en  iodure  par  calcinalion.  La  perle  de  poids  a  été  cou- 
forme  à  celle  indiquée  par  la  théorie. 

»  L'ackle  iodique,  qui  commence  à  se  décomposer  à  3oo  degrés,  peut 
donc  se  former,  à  une  température  bien  plus  élevée,  sous  l'influence  de 
l'oxygène  particulièrement  actif  qui  existe  dans  la  zone  oxydante  des 
flammes.  C'est  là  un  nouvel  exemple  de  ces  phénomènes  d'oxydation  par 
entraînement,  dont  l'explication  paraît  aujourd'hui  devoir  être  cherchée 
dans  la  structure  de  la  molécule  d'oxygène.  Celle-ci,  composée  de  deux 
atomes,  est  rompue  par  le  fait  de  l'union  d'un  de  ces  atomes  avec  l'hydro- 
gène; le  second,  libre  un  instant,  peut  alors  se  porter  sur  des  systèmes 
atomiques  voisins,  et  donner  ainsi  naissance  à  de  l'ozone,  à  de  l'acide  azo- 
tique, à  de  l'eau  oxygénée,  ou  enfin,  d'après  mes  expériences,  à  de  l'acide 
sulfurique  et  à  de  l'acide  iodique,  s'il  existe  du  soufre  ou  de  l'iode  dans  la 
flamme.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  substitution  du  mercure  à  V hydrogène  dans 
la  créatine.  Note  de  M.  R.  Excel,  présentée  par  M.  Wuriz. 

(Commissaires:  MM.  WurIz,  Cahours.) 

«  J'ai  fait  connaître,  il  y  a  quelque  temps,  des  combinaisons  de  la  créa- 
tine avec  les  oxydes  d'argent  et  de  mercure  [Comptes  rendus,  t.  LXXVIII, 
p.  1 707)  ;  mais  l'instabilité  de  ces  composas  ne  m'avait  pas  permis  d'en  faire 
l'analyse. 

»  Je  suis  arrivé,  après  de  nombreux  essais,  à  obtenir  la  combinaison  de 
créatine  avec  l'oxyde  de  mercure,  à  l'état  de  pureté.  Pour  cela,  il  m'a  suffi 
de  préparer  cette  combinaison  à  une  température  comprise  entre  zéro  et 
5  degrés.  La  réduction,  qui  s'opère  si  aisément  entre  i5  et  20  degrés  déjà, 
n'a  pas  lieu  à  une  température  plus  basse,  et,  une  fois  la  substance  lavée  et 
grossièrement  desséchée,  on  peut  la  porter  à  gS  degrés  sans  qu'elle  s'al- 
tère. La  dessiccation  complète  en  est  donc  assez  facile. 

»  Je  rappellerai  en  deux  mots  comment  j'obtiens  cette  combinaison.  A 
une  solution  de  créatine  additionnée  d'un  léger  excès  de  potasse  et  refroi- 

particularités  dignes  d'être  étudiées.  Si,  après  l'addition  de  chaque  bulle  de  ynz  sulfureux, 
on  agite  la  solution,  on  ohlient  une  liqueur  paiTaitenient  incolore,  cpii,  au  Iwut  d'un  cer- 
tain temps,  devient  subitement  bleue  dans  toute  sa  masse. 


(  886  ) 

die  à  zéro,  j'ajoute  une  solution  également  à  zéro  de  sublimé  corrosif.  Il  se 
forme  un  précipité  blanc.  Je  continue  l'addition  de  sublimé  corrosif  jus- 
qu'à ce  que  le  précipité  jaune  d'oxyde  de  mercure  commence  à  se  former 
et  ne  disparaît  plus  que  lentement.  Je  m'arrête  alors.  Je  laisse  déposer  le 
précipité,  je  décante  le  liquide  surnageant,  et  je  m'assure,  en  ajoutant  un 
peu  de  sublimé  corrosif,  qu'il  y  a  encore  de  la  créatine  en  solution.  Dans 
ce  cas,  on  n'obtient  encore  qu'un  précipité  blanc  et  pas  d'oxyde  de  mer- 
cure. Le  précipité  est  alors  jeté  sur  un  filtre,  lavé,  desséché  sous  le  vide  de 
la  machine  pneumatique,  puis  dans  un  courant  d'air  sec  à  80  ou  90  de- 
grés. 

>'  La  substance  ainsi  obtenue  est  blanche,  très-facilement  soluble  dans 
l'acide  chlorhydrique  étendu.  En  neutralisant  la  solution  chlorhydrique,  le 
précipité  se  reforme.  L'acide  acétique  étendu  la  dissout  moins  facilement. 

»  Pour  doser  le  mercure  qu'elle  renfei-me,  je  l'ai  mise  en  suspension 
dans  un  peu  d'eau,  et,  après  avoir  ajouté  quelques  gouttes  d'acide  chlorhy- 
drique, j'ai  fait  passer  un  courant  d'acide  sulfhydrique.  Le  sulfure  de  mer- 
cure recueilli  sur  un  filtre  taré  fut  pesé.  Voici  les  résultats  obtenus  : 

Poids  Je  la  substance  Poids  du  sulfure  de  mercure 

analysée.  pour  loo. 

0,826 70,23 

1,232 70)41 

0,643 70,1 

»  Les  combinaisons  possibles  me  semblaient  être  les  suivantes  : 

(C'Az'H»0^)'Hg. 
(OAz^H«0')>Hg  +  IIgO, 
(C'Az'H''0')'Hg-t-2HgO. 

»  Ces  combinaisons  exigeraient  respectivement  en  sulfure  de  mercure, 
la  première  5o, 43  pour  100;  la  deuxième,  68,64  pour  100;  la  troisième, 
88,1 1  pour  100. 

11  Je  n'avais  évidemment  affaire  ni  à  la  première  ni  à  la  troisième  de  ces 
combinaisons.  D'un  autre  côté,  les  quantités  de  sulfure  de  mercure  trou- 
vées étaient  constamment  supérieures  à  celles  qu'exigerait  la  formule 
(C*Az^H'0=)-Hg  +  HgO. 

)i  II  était  possible  que  la  matière  sur  laquelle  avaient  porté  les  analyses 
renfermât  un  peu  d'oxyde  de  mercure  à  l'état  de  mélange,  malgré  la  pré- 
caution que  j'avais  prise  de  constater  qu'après  la  précipitation  du  composé 
il  y  avait  encore  de  la  créatine  en  dissolution  dans  le  liquide.   En  effet, 


(  8H7  ) 
l'oxyde  de  mercure  une  fois  formé  se  dissout  plus  difficilement  dans  la 
créatine.  Je  crus  donc  devoir  recommencer  luie  nouvelle  série  d'analyses, 
en  ayant  soin  de  débarrasser  ma  substance  de  l'oxyde  de  mercure  qui  pou- 
vait la  souiller.  Pour  cela,  je  la  traitai  par  un  peu  d'acide  acétique  qui 
dissout  immédiatement  l'oxyde  de  mercure  et  ne  dissout  qu'une  petite 
quantité  du  précipité  blanc.  Lorsque  la  combinaison  de  créatine  et  d'oxyde 
de  mercure  renferme  de  l'oxyde  de  mercure  à  l'état  de  mélange  et  qu'on 
la  traite  par  un  peu  d'acide  acétique  étendu,  il  est  facile  de  constater  la 
présence  de  l'oxyde  de  mercure  qui  s'y  trouvait  mélangé.  En  effet,  la  li- 
queur filtrée  donne,  lorsqu'on  la  neutralise  avec  de  la  potasse,  un  préci- 
pité jaune  d'oxyde  de  mercure.  Si,  au  contraire,  la  substance  est  pure, 
cette  liqueur  ne  donne,  lorsqu'on  la  neutralise,  qu'un  précipité  blanc.  J'ai 
pu  m'assurer  ainsi  que  la  substance  que  j'avais  analysée  ne  renfermait  pas 
d'oxyde  de  mercure.  Du  reste,  deux  analyses  du  précipité  blanc,  préalable- 
ment lavé  avec  un  peu  d'acide  acétique  étendu,  m'ont  donné  une  moyenne 
de  70,32  pour  100  de  sulfure  de  mercure.  De  fait,  outre  les  trois  combinaisons 
qui  me  semblaient  possibles,  il  y  en  a  une  quatrième  à  laquelle  je  n'avais 
pas  songé  tout  d'abord  :  c'est  la  combinaison  C  Az'H'O'Hg,  dans  laquelle 
deux  hydiogènes  de  la  créatine  sont  remplacés  par  i  atome  de  mercure. 
Cette  combinaison  exige  70,60  pour  100  de  sulfure  de  mercure,  quantité 
excessivement  voisine  de  celles  trouvées  dans  les  analyses.  C'est  donc  à  cette 
dernière  combinaison  que  j'avais  aff  lire.  La  formule  rationnelle  me  semble 
être  la  suivante  : 

^  AzH         HAz  '' 

CH^AzHClI'  CIP.AzHCH^ 

COO  OOC 

Ha 

»  En   effet,  la  cyanamide  traitée   par   l'azotate   d'argent   ammoniacal 

donne  un  composé  C^        °.  Lorsque  la  cyanamide  s'ajoute  à  elle-même 

pour  donner  naissance  à  la  dicyanamide,  il  n'y  a  plus  qu'un  d'hydrogène 
qui  soit  remplaçable  par  de  l'argent.  Je  suis  porté  à  croire  que,  lorsque  la 
cyanamide  s'ajoute  au  métliylglycocolle  pour  former  la  créatine,  il  n'y  a  de 
même  plus  qu'un  d'hydrogène  de  la  cyanamide  qui  soit  remplaçable  \y<\v 
des  métaux.  Le  second  hydrogène  remplacé  appartient  au  groupe  acide 
COOH  du  méihylgiycocolle 


(  888  ) 

»  En  traitant  une  dissolution  de  dicyanamide  par  du  sublimé  corrosif  et 
de  la  potasse,  on  obtient  également  un  précipité  blanc  comme  avec  la  créa- 
line.  Enfin  la  glycocyamine  se  comporte  aussi,  lorsqu'on  la  traite  par  du 
sublimé  corrosif  et  un  peu  de  potasse,  comme  la  créaline.  Lorsqu'on  traite 
la  glycocyamine  en  excès  par  de  l'azotate  d'argent  et  qu'on  y  ajoute,  goutte 
à  goutte,  de  la  potasse,  on  obtient,  comme  avec  la  créatine,  un  précipité 
blanc,  soluble  dans  un  excès  de  potasse.  La  cyanamide,  traitée  de  même, 
donne  un  précipité  blanc,  insoluble  dans  un  excès  de  potasse. 

»  Je  m'occupe  maintenant  d'analyser  les  combinaisons  dont  je  viens 
de  parler.  Elles  compléteront  le  présent  travail  et  me  permettront,  je  l'es- 
père, quelques  considérations  sur  la  structure  moléculaire  des  produits 
d'addition  de  la  cyanamide,  » 

CHIMIE.  —  De  l'inégalité  d'action  des  divers  isomorphes  sur  une  même  solution 
sursaturée.  Note  de  M.  Lecoq  de  Boisbacdraiv. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  On  admet  que  la  cristallisation  d'une  solution  sursaturée  est  indis- 
tinctement provoquée  par  les  différents  isomorpbes  du  corps  qui  a  servi  à 
préparer  la  liqueur.  Je  considère  cependant  comme  théoriquement  impos- 
sible la  rigoureuse  égalité  d'action  de  cristaux  ayant  même  fonction  chi- 
mique, même  forme  géométrique  et  mêmes  angles,  mais  dont  les  volumes 
moléculaires,  les  densités,  la  composition  chimique  ou  les  autres  pro- 
priétés, ne  seraient  plus  identiques.  Je  pense  que  deux  isomorphes  n'a- 
gissent d'une  f;tçon  identique,  sur  les  solutions  sursaturées,  qu'au  delà 
d'iuie  certaine  concentration  en  dessous  de  laquelle  les  deux  germes  offrent 
des  divergences  comparables  à  celles  que  j'ai  signalées  entre  les  différentes 
faces  d'un  même  cristal  (i). 

»  Expérience.  —  Le  4  novembre  18G8,  un  octaèdre  d'alun  chromo- 
potassique, recouvert  d'une  couche  assez  épaisse  d'alun  alumino-ainmo- 
niacal,  fut  introduit  dans  une  solution  saturée  de  ce  dernier  sel  (rendu 
basique  afin  de  donner  naturellement  de  l'alun  cubique).  La  liqueur  fut 
alors  très-lentement  étendue,  soit  au  moyen  d'additions  successives  d'eau, 
soit  par  suite  des  augmentations  spontanées  de  la  température.  11  y  eut 
érosion  du  cristal  et  arrondissement  de  ses  angles,  surtout  autour  des 
pointes  où  les  facettes  cubiques  perdirent  la  netteté  de   leurs  contours; 


(i)  Coiiijjlcs  rendus,  séante  du  13  iiclobro  l8'^4i  ]'•  866. 


(  889) 
enfin,  en  juillet  18G9,  l'octaèdre  intérieur  d'alun  de  chrome  apparut  au 
centre  de  plusieurs  des  facettes  cubiques  (i)  et,  malgré  sa  plus  grande  so- 
lubilité, se  trouva  bientôt  en  saillie  de  plusieurs  milliinèlies,  tout  en  con- 
servant le  premier  poli  de  ses  faces  (2).  Des  arêtes  entières  de  l'octaèdre 
intérieur  furent  plus  tard  mises  à  nu  sans  perdre  leur  netteté. 

M  (  a) .  L'alun  de  chrome  ne  parait  pas  se  dissoudre  d'une  manière  appréciable 
dans  une  solution  simplement  saturée  d'alun  aluinino-ammoniacal  [solution 
basi(pie)  (3). 

»  [h).  L'alun  de  chrome  ne  se  dissout  même  pas,  ou  ne  se  dissout  qu'insensible- 
ment,  dans  telle  solution  assez  étendue  pour  corroder  lentement  l'alun  alumino- 
ammoniacal,  moins  soluble  cependant. 

»  La  solution  ayant  ensuite  été  très-graduellement  concentrée,  un  no- 
table dépôt  eut  lieu  sur  les  faces  octaédriques  de  l'alun  blanc.  Quant  aux 
parties  nues  de  l'octaèdre  d'alun  de  chrome,  absolument  rien  ne  se  déposa 
à  leur  surface. 

»  (c).  L'alunde  chrome  ne  s'accroît  pas  par  ses  faces  octaédriques  dans  une  li- 
queur pouvant  encore  déposer  de  l'alun  alumino-ammoniacal  sur  les  faces 
octaédriques  de  ce  dernier  sel. 

»  [d).  Les  actions  [sur  tme  solution)  de  deux  isomorphes  ayant  mêmes  fonctions 
chimiques  et  étant  géométriquement  égaux  ne  sont  pas  identiques,  puisque  la  sur- 
saturation ne  cesse  pas  indistinctement  au  contact  de  l'un  ou  de  l'autre. 

»  (  e).  Dans  les  phénomènes  de  dissolution  et  de  cristallisation,  le  volume  mole- 
culaire,  la  densité,  la  composition  chimique,  la  distribution  relative  des  atomes 
simples  ou  composés,  dans  la  molécule,  et  toutes  les  autres  causes  de  dissem- 
blance, possèdent  leurs  influences  spéciales.  D'une  façon  générale,  on  peut  dire 


(i)  L'attaque  de  l'alun  blanc  était  un  peu  plus  marquée  au  contact  même  de  l'alun  de 
chrome;  aussi  chaque  petite  pyramide  de  sel  violet  s'éievait-elle  au  centre  d'une  dépres- 
sion, occupant  le  milieu  des  faces  cubiques  de  l'alun  blanc. 

(?.)  S'il  y  a  eu  dissolution  d'alun  de  chrome,  elle  a  été  d'une  lenteur  extraordinaire, 
puisqu'une  épaisse  couche  d'alun  alumino-aramoniacal  a  été  enlevée  au  contact  de  l'alun 
violet,  sans  que  celui-ci  ait  été  sensiblement  attaqué,  bien  qu'exposé  pendant  de  longs 
mois  à  l'action  d'un  liquide  qui  rongeait  lentement  l'alun  blanc,  et  pendant  plusieurs 
années  à  l'action  d'un  liquide  s'écartant  fort  peu  en  deçà  et  au  delà  du  point  de  saturation 
relatif  à  l'alun  alumino-ammoniacal, 

(3)  Dans  une  solution  simplement  saturée  d'alun  alumino-ammoniacal  no/i  basique,  un 
cristal  d'alun  chromopotassique  se  dissout.  M.  Henri  Sainte-Claire  Deville  avait  déjà  ob- 
servé ce  fait  en  opérant  avec  la  solution  d'alun  ordinaire.  Je  reviendrai  sur  ce  phénomène, 
qui  m'a  présenté  des  particularités  intéressantes. 

C.R.,i875,  i"  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  13.)  1  l5 


(  890  ) 

que  jamais  deux  corps  non  absolument  identiques  n'offriront  des  réactions  phy- 
siques ou  chimiques  strictement  les  mêmes,  quelque  voisines  qu  elles  soient  dans 
certains  cas. 

»  (/).  Les  changements  d'état  éprouvent,  pour  leur  accomplissement,  une  ré- 
sistance particulière  qui  fait  notamment  qu'entre  la  concentration  nécessaire  pour 
qu'un  cristal  [ou  une  espèce  de  face)  cesse  de  se  dissoudre  et  celle  pour  laquelle 
ce  cristal  [ou  cette  espèce  de  face)  commence  à  s'assimiler  de  la  matière,  il  y  a 
une  marge  dont  l'étendue  est  moins  restreinte  qu'on  aurait  peut-être  été  en  droit 
de  l'imaginer. 

»  Je  mis  enfin  à  nu  par  érosion  (i)  des  portions  considérables  des  faces 
octaédriqnes  de  l'alun  de  chrome;  après  quoi  je  concentrai  très-lentement 
la  liqueur.  Il  se  forma  un  dépôt  d'alun  blanc  de  -p^  à  ^  de  millimètre, 
mais  ne  s'étendant  point  uniformément  sur  l'alun  de  chrome;  il  n'eut  lieu 
que  par  places,  laissant  complètement  libre  une  bonne  part  de  la  surface  de 
l'alun  de  chrome.  La  cristallisation  se  fit  à  peu  près  comme  sur  une  paroi 
inerte,  ne  portant  de  germes  isomorphes  que  çà  et  là. 

»  J'avais  autrefois  défini  la  solubilité  d'un  corps  (2)  :  «  la  quantité  que 
»  prend  le  dissolvant  dans  des  conditions  physiques  déterminées  (tempé- 
»  rature,  pression,  etc.),  en  présence  d'un  excès  du  corps  et  du  corps  seul 
»  dont  on  cherche  à  connaître  la  solubilité.  » 

»  Dans  l'expression  d'une  solubilité,  il  faut  en  outre  avoir  égard  : 
1°  an  sens  dans  lequel  a  varié  la  concentration  de  la  liqueur  après  l'addition 
d'un  excès  de  la  substance  solide  (désursaturation  d'une  solution  con- 
centrée ou  saturation  d'une  liqueur  étendue);  2"  indiquer  le  système  de 
faces  (3)  auquel  se  rapporte  la  solubilité;  3°  noter  l'espèce  d'isomorphe  em- 
ployé. » 


(i)  La  résistance  de  l'alun  de  chrome  à  l'érosion  est  encore  assez  grande,  car  j'ai  seule- 
ment obtenu  un  commencement  de  dissolution  des  pointes  et  de  quelques  parties  des  arêtes, 
en  ajoutant  d'un  coup  3  grammes  d'eau  à  environ  48  centimètres  cubes  d'eau  mère 
déjà  à  peine  saturée  relativement  à  l'alun  alumino-ammoniacal. 

(2)  Comptes  rendus,  ■j  juin  i86g,  p.  i33i. 

(3)  Comptes  rendus,  1 2  octobre  1 874,  p.  866. 


(  890 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  un  nouveau  procédé  de  dessalement  appliqué  aux 
terrains  salés  du  midi  de  la  France.  Note  de  M.  A.  Joannon,  présentée 
par  M.  Peligot. 

(Commissaires  :  MM.  Peligot,  Daubrée,  Thenard.) 

«  Tout  le  littoral  de  la  Méditerranée,  d'Arles  à  Porl-Vendres,  présente 
de  vastes  surfaces  presque  entièrement  improductives. 

»  Ces  terres,  provenant  en  général  de  riches  alluvions,  ont  cependant  en 
elles  tous  les  principes  d'une  végétation  vigoureuse;  mais  la  présence  du 
sel  marin  suffit  pour  paralyser  ces  éléments  et  réduire  le  sol  à  l'état  stérile. 
))  En  effet,  les  terres  des  bords  de  la  Méditerranée  gardent  leur  salure 
avec  une  singulière  ténacité;  tandis  qu'en  Hollande  ou  dans  le  nord  de  la 
France  les  surfaces  conquises  sur  l'Océan  deviennent  rapidement  suscepti- 
bles de  culture,  dans  notre  Midi  au  contraire,  dans  le  delta  du  Rliône,  par 
exemple,  des  milliers  d'hectares,  lavés  pendant  des  siècles  par  les  eaux  du 
ciel  et  les  crues  du  Rhône,  se  présentent  encore  aussi  salés  qu'au  jour  de 
leur  émersion. 

»  Rendre  ces  vastes  espaces  à  l'Agriculture,  ajouter  ainsi  à  la  France 
presque  la  valeur  d'un  département,  créer  d'immenses  ricliesses  fourra- 
gères dans  une  région  qui  en  est  presque  entièrement  dépourvue,  per- 
mettre l'établissement  de  vignobles  sur  des  terrains  où  ils  pourront  être 
défendus  contre  toutes  les  attaques  du  Phylloxéra,  améliorer  d'une  ma- 
nière notable  l'état  sanitaire  d'une  zone  généralement  insalubre,  tels  sont 
les  résultats  qu'on  pourrait  ol)tenir  par  la  suppression  du  sel. 

»  Ce  problème,  posé  depuis  longtemps,  me  paraît  avoir  reçu  sa  solution. 
J'indiquerai  d'abord  les  procédés  employés,  puis  les  résultats  obtenus. 

»  I.  Procédés  de  dessalement.  —  Les  terrains  à  améliorer  sont  drainés,  dé- 
foncés à  une  grande  profondeur  (5o  centimètres  environ),  puis  couverts 
d'eau  douce.  L'eau  filtre  au  travers  des  terres  en  dissolvant  le  sel  qu'elles 
contiennent,  puis  va  s'écouler  par  les  drains.  Cette  opération  doit  être 
poursuivie  avec  submersion  continue  pendant  trois  mois  au  moins  et  cinq 
au  plus,  suivant  la  nature  du  sol  ;  après  ce  délai,  la  couche  comprise 
entre  le  niveau  des  drains  et  la  surface  du  champ  se  trouve  dessalée. 

»  Tels  sont  les  moyens  très-simples,  comme  on  le  voit,  que  j'ai  employés 
d'abord  en  18G0  comme  essai  et  sur  une  petite  échelle  dans  le  delta  du 
Rhône,  puis  en  grand  et  sur  une  surface  de  plus  de  100  hectares  dans  ma 
propriété  de  Tournebelle,  près  Narbonne  (Aude). 

ii5.. 


(892  ) 

M  J'indiquerai  maintenant  quels  ont  été  les  résultats  de  l'opération. 

»  II.  Résullats  obtenus.  —  La  propriété  de  Tournebelle,  située  entre  deux 
étangs  salés,  présente  une  surface  généralement  plane,  avec  quelques  dé- 
pressions ou  cuvettes.  Elle  dispose  d'une  quantité  d'eau  douce  considé- 
rable. 

»  Lorsque  j'ai  acheté  cette  terre  en  1862,  il  y  existait  : 

»  Quelques  cultures  de  blé  peu  rémunératrices  dans  les  parties  les  plus 
élevées  voisines  du  canal  d'arrosage; 

»  Plusieurs  lots  de  prés  au  centre  de  la  propriété. 

»  Le  reste,  c'est-à-dire  les  trois  quarts,  n'était  qu'un  maigre  pâturage 
mêlé  de  plantes  salines.  D'assez  grandes  surfaces  ne  portaient  même  que 
des  salicoi's  [Salicornia  fniticosa  et  autres). 

»  Tous  ces  terrains  étaient  salés;  les  prés  eux-mêmes,  composés  de  ro- 
seaux pour  une  moitié,  présentaient  cette  particularité  qu'ils  ne  végétaient 
que  très-tard  au  printemps,  et  qu'après  la  première  coupe,  en  dépit  de  tous 
les  arrosages,  ils  se  refusaient  à  pousser  de  nouveau  avant  les  premières 
fraîcheurs  de  l'automne.  La  dose  de  sel  variait  suivant  les  saisons  et  suivant 
les  lieux.  Dans  les  terrains  qui  ne  portaient  que  du  salicor,  elle  a  paru  os- 
ciller entre  i  |  et  2  pour  100  à  5  centimètres  au-dessous  de  la  surface. 

»  Le  drainage  fut  appliqué  a  cette  vaste  étendue;  les  drains  furent  posés 
à  un  écartement  de  10  mètres  et  à  une  profondeur  de  i  mètre  partout  où 
les  niveaux  le  permirent 

»  Chaque  lot  de  terre,  après  le  départ  des  draineurs,  était  défoncé  par  le 
passage  successif  de  deux  charrues  à  une  profondeur  qui  a  été  en  moyenne 
de  5o  centimètres  et  a  souvent  atteint  60;  puis,  afin  de  rendre  toutes  les 
parties  du  sol  plus  pénétrables  à  l'eau  douce,  les  mottes  étaient  brisées  par 
des  labours  plus  superficiels  et  émiettées  par  le  rouleau  Croskill. 

»  Enfin  l'eau  était  introduite  sur  le  champ,  qui  restait  submergé  pendant 
une  période  de  trois  à  cinq  mois,  suivant  la  résistance  du  sel. 

»  On  aurait  pu  craindre  que  l'opération  ne  laissât  les  terres  épuisées  par 
ce  lavage  prolongé;  l'expérience  a  prouvé  qu'il  n'en  était  rien:  le  sol  a 
paru  au  contraire  plutôt  enrichi  par  les  limons  et  les  substances  fertilisantes 
apportés  par  les  eaux  de  dessalement. 

»  A  peine  asséchés,  les  100  hectares  ont  été  labourés  de  nouveau,  fumés 
et  ensemencés  en  luzerne.  La  végétation  a  été  magnifique  sur  un  grand  tiers 
de  la  propriété,  ordinaire  sur  un  deuxième  tiers,  maigre  sur  un  tiers  seule- 
ment. 

M  La  végétation  plus  pauvre  de  ce  dernier  tiers  doit  èlre  attribuée  à  la 


(893  ) 
nature  du  sol  extrêmement  compacte  qui  aurait  exigé  un  traitement  spécial. 

))  Quant  au  ressalement  il  n'est  pas  à  craindre;  le  sel,  comme  il  a  été 
constaté  à  Tournebelle,  disparaîtra  même  à  de  plus  grandes  profondeurs  si 
l'irrigation  continue  à  être  employée  pour  les  cultures  qui  succéderont  au 
dessalement. 

»  Pour  le  produit,  il  me  suffira  de  dire  que  le  bénéfice  net  des  deux 
années  les  plus  favorisées  a  été  de  89297  francs  en  1 870  et  de  43  000  francs 
en  1871.  Or,  au  moment  où  je  l'achetai,  la  propriété  était  affermée  pour  la 
somme  de  8700  francs  et  le  fermier  ne  s'y  enrichissait  pas. 

»  Aujourd'hui,  certaines  parties  de  ces  luzernières,  étant  gagnées  par 
les  herbes ,  ont  été  défoncées  et  ont  reçu  de  la  vigne  sur  les  26  hectares 
et  des  cultures  légumières  sur  2  hectares.  Le  reste  porte  encore  de  la 
luzerne,  qui  sera  remplacée  par  la  vigne  à  mesure  d'épuisement. 

»  Résumé.  —  Il  résulte  de  l'expérience  qui  précède  que  par  un  procédé 
très-simple,  moyennant  une  dépense  modérée  (1000  à  1200  francs  par  hec- 
tare), des  terres  improductives  peuvent  être  amenées  à  l'état  de  terres  de 
première  classe. 

»  Cette  amélioration ,  assurée  sur  les  sols  légers  ou  de  consistance  moyenne, 
comme  ceux  qui  forment  lapins  grande  partie  du  domaine  de  Tournebelle, 
pourrait,  je  le  crois,  à  l'aide  d'une  modification  facile,  être  obtenue  aussi 
sur  les  terres  argileuses  et  fortes. 

j)  Les  conséquences  agricoles  de  cette  application  peuvent  être  appré- 
ciées, si  l'on  veut  bien  songer  que  du  Rhône  à  Port-Vendres  plus  de 
200000  hectares  sont  ou  entièrement  ou  presque  entièrement  stérilisés 
par  la  présence  du  sel. 

»  Les  conséquences  sanitaires  ne  seraient  pas  moins  heureuses  si  l'on 
arrivait  à  employer  les  mêmes  procédés  pour  l'assèchement  et  la  mise  en 
culture  des  marécages  plus  ou  moins  salés  qui  vicient  l'air  de  toute  cette 
partie  de  nos  côtes.   » 

ZOOLOGIE.  —  Analomie  dun  Ijpe  remarquable  du  groupe  des  Némertiens 
(Drepanophorus  spectabilis).  Note  de  M.  A. -F.  Mariox,  présentée  par 
M.  Blanchard. 

(Commissaires  :  MM.  Blanchard,  Robin.) 

B  Dans  son  Mémoire  sur  les  Némertiens,  M.  de  Quatrefages  a  signalé, 
sous  le  nom  de  Cerebratulus  speclabitis,  une  curieuse  espèce  à  laquelle  il 
attribue  une  trompe  munie  d'une  plaque  denticulée.  La  position  et  les 


(  894  ) 
rapports  de  cette  étrange  armature  ne  sont  malheureusement  pas  indiqués 
avec  certitude  par  le  savant  français;  aussi  Mac  Intosh  a-t-il  récemment  mis 
en  doute  la  vérité  de  cette  assertion,  bien  que  le  professeur  Grube  nit  écrit, 
en  citant  dans  l'Adriatique  le  Cerebralulus  spectabilis  :  «  Proboscide  fatcicula 
denlkulala  instructa.  »  11  est  vrai  que  le  zoologiste  de  Breslau  n'a  donné  que 
quelques  indications  rapides  sur  ce  remarquable  Némertien.  J'ai  recueilli 
dans  le  golfe  de  Marseille  quelques  vers  de  cette  espèce,  et  je  puis  affirmer 
l'exactitude  de  la  description  de  M.  de  Quatrefages.  Je  me  suis  assuré  de  plus 
queKeferstein  a  étudié  le  même  animal  à  Saint-Waast-la-Hougue.  LeBorlasin 
si)lendida  des  Unlersuchungen  iiber  niedere  Seelhiere  n'est  qu'un  Cerebratidus 
spectabilis,  dont  l'armature  de  la  trompe  n'a  pas  été  reconnue.  Je  dois  citer 
enfin  un  Mémoire  récent  de  M.  Hubrecht,  que  je  n'ai  pu  consulter  qu'au  mo- 
ment où  mes  recherches  étaient  achevées.  Le  naturaliste  d'Ulrecht  a  observé 
à  Naples  quelques  Cerebralulus  spectabilis  pour  lesquels  il  établit  le  genre  Dre- 
panophorus.  La  partie  anatomique  de  ce  Mémoire  écrit  en  hollandais  est 
malheureusement  incomplète  :  aussi  dois-je  m'empresser  de  signaler  les  ré- 
sultats que  j'ai  obtenus.  Le  plus  grand  individu  que  j'aie  examiné  atteignait 
une  longueur  de  68  millimètres.  J'ai  pu  comprendre  la  disposition  exacte 
des  téguments  en  opérant  sur  des  individus  vivants.  Je  crois  à  l'existence,  au- 
dessous  de  l'hypoderme,  d'une  couche  basilaire  anliyste.  Les  fibres  muscu- 
laires annulaires  sont  très-déliées  et  diffèrent  totalement  des  faisceaux  longi- 
tudinaux. Ceux-ci  ont,  sur  une  section  transverse,  cette  apparence  pennée, 
signalée  par  Schneider  et  par  Claparède  dans  la  musculature  des  Lombrics  et 
de  quelques  Annélides  cliétopodes. 

»  L'appareil  vasculaire  de  ce  Némertien  offre  la  surprenante  particularité 
de  contenir  des  globules  elliptiques,  légèrement  aplatis  et  d'une  couleur 
rouge  identique  à  celle  des  globules  du  sang  de  l'homme.  Leur  grand  dia- 
mètre est  égal  à  o'"",oi.  On  voit  à  leur  centre  une  portion  plus  foncée,  sans 
qu'il  soit  possible  toutefois  de  distinguer  les  éléments  d'une  véritable 
cellule.  Lorsqu'on  déprime  une  partie  du  corps,  ces  cor|)uscules  s'accu- 
mulent dans  certaines  régions  du  système  circulatoire  et  forment  des  amas 
d'un  rouge  intense.  On  peut  suivre  du  reste  les  oscillations  des  globules  en 
observant  un  jeune  animal  par  transparence.  Ces  corps  sont  mis  en  mou- 
vement par  un  liquide  incolore,  au  sein  duquel  ils  flottent  sans  direction 
constante.  On  trouve  un  vaisseau  dorsal  médian  et  deux  vaisseaux  latéraux 
situés  à  la  face  ventrale.  Au-dessous  des  ganglions  nerveux  le  vaisseau  dorsal 
se  bifurque  et  s'anastomo.se  avec  les  deux  troncs  latéraux  qui  se  relèvent, 
suivent  le  bord  postérieur  des  ganglions  supérieurs  et  se  prolongent  pour 


(  895  ) 
constituer  l'anse  céphalique.  Le  canal  dorsal  donne  naissance  à  des  anses 
transverses  régulièrement  espacées.  Chacune  de  ces  branches  se  continue 
jusque  sur  le  flanc  de  l'animal,  puis  se  recourbe  vers  la  face  ventrale  et 
vient  s'ouvrir  dans  le  vaisseau  latéral.  Il  existe,  par  conséquent,  de  nom- 
breuses ramifications  capillaires,  exceptionnelles  chez  les  Némertes,  mais 
rappelant  la  disposition  signalée  par  M.  Blanchard  dans  le  Cerebratulus  li- 
gitricus. 

))  La  trompe  est  très-développée  et  l'animal  la  projette  d'ordinaire  au 
moindre  contact.  Les  papilles  de  la  région  extraversile  sont  couvertes  de 
petits  corps  ovoïdes  pédoncules.  Le  bulbe  seudjle  relativement  étroit;  son 
armature  ne  se  laisse  reconnaître  que  très-difficUement.  Elle  consiste  en 
une  plaque  recourbée,  granuleuse  et  jaunâtre,  correspondant  au  manche 
du  stylet  des  Némertiens  armés  ordinaires  et  portée  sur  une  masse  hyaline 
représentant  le  muscidar  setling  des  Omrnalopléens.  Plusieurs  petites  pointes 
sont  enchâssées  sur  la  carène  de  cette  plaque,  qui  est  munie  de  deux  fais- 
ceaux de  muscles  spéciaux.  Ces  pointes  sont  en  tout  identiques  à  celle  du 
stylet  des  Némertiens  Enopla.  J'en  compte  tantôt  neuf,  tantôt  vingt  sur 
une  seule  plaque.  Le  nombre  varie  avec  l'âge  des  individus.  On  distingue 
enfin  de  chaque  côté  du  bulbe  huit  ou  dix  vésicules  styligènes,  contenant 
quatre  ou  cinq  pointes,  munies  d'un  anneau  basilaire  et  semblables  à  celles 
qui  hérissent  la  plaque  médiane.  Il  est  intéressant  de  remarquer  que  cette 
multiplicité  des  vésicules  styligènes  concorde  avec  le  grand  nombre  de 
petits  dards  appartenant  à  l'armature  principale. 

»  On  ne  peut  hésiter  à  reconnaître  que  la  structure  de  cette  trompe  né- 
cessite l'établissement  d'un  genre  particulier  dans  la  section  des  Némer- 
tiens armés.  J'adopte  le  nom  de  Drepanophorus  proposé  par  M.  Hubrecht. 
Ce  Némertien  ne  doit  certainement  pas  demeurer  parmi  les  Cerebratulus 
inermes;  mais  je  ne  puis  accepter  les  diverses  espèces  admises  par  le  savant 
d'Utrecht.  Je  ne  vois  parmi  les  vers  de  Marseille,  malgré  quelques  diffé- 
rences de  coloration  dépendant  de  l'âge,  qu'une  forme  bien  caractérisée 
et  à  laquelle  il  convient  de  conserver  le  terme  spécifique  imposé  par  M.  de 
Quatrefages.  L'extension  géographique  du  Drepanophorus  semble  du  reste 
assez  grande.  Il  n'est  rare  ni  en  Sicile,  ni  dans  le  golfe  de  Naples;  Grube 
l'a  recueilli  dans  l'Adriatique;  il  habite  les  régions  coralligènes  profondes 
du  golfe  de  Marseille,  et  son  existence  dans  l'Océan  est  mise  hors  de  doute 
par  les  figures  du  Mémoire  de  Referstein.   » 


(  896) 

BOTANIQUE.  —  Tumeurs  produites  sur  les  bois  des  Pommiers  par  le  Puceron 
lanigère.  Noie  de  M.  Ed.  Prillieux  ,  présentée  par  M.  Duchartre. 

(Commissaires  :  MM.  Decaisne,  Duchartre,  Blanchard.) 

«  On  sait  que  certaines  sortes  de  Pucerons  causent  aux  organes  des  végé- 
taux sur  lesquels  ils  vivent  des  déformations  singulières.  Au  nombre  des 
espèces  qui  produisent  les  altérations  les  plus  dommageables  aux  plantes, 
on  doit  placer  le  Puceron  lanigère  qui,  venu  probablement  d'Amérique 
comme  le  Phylloxéra,  attaque  les  rameaux  des  Pommiers,  y  fait  naître  des 
nodosités,  des  tumeurs  souvent  très-volumineuses  et  produit  ainsi  l'épui- 
sement et  le  rapide  dépérissement  des  arbres. 

»  Les  Pucerons  lanigères  s'établissent  en  général  à  la  partie  inférieure 
des  branches,  sur  le  côté  qui  est  tourné  vers  le  sol,  de  telle  façon  qu'ils  se 
trouvent  abrités,  soit  contre  la  chaleur,  soit  contre  la  pluie,  par  la  branche 
même.  Pendant  les  froids  de  l'hiver,  ils  se  cachent  dans  les  crevasses  de  l'é- 
corce,  surtout  dans  les  fentes  qui  pénètrent  à  l'intérieur  des  renflements 
que  leur  présence  a  fait  naître. 

»  Là  où  les  Pucerons  sont  fixés,  ils  enfoncent  leur  trompe  perpendicu- 
lairement à  travers  l'écorce,  dans  les  tissus  de  la  tige  où  ils  puisent  leur 
nourriture.  Quand  on  tue  subitement  les  Pucerons  en  immergeant  dans 
l'éther  le  rameau  qui  les  porte,  on  peut,  à  l'aide  de  coupes  fines,  observer 
dans  les  tissus  les  trois  stylets  sétiformes  que  l'animal  a  enfoncés  jusque  dans 
la  zone  cambiale. 

»  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie,  je  me 
suis  particulièrement  proposé  d'étudier  la  structure  des  tumeurs  qui  se 
produisent  sur  les  rameaux  du  Pommier,  par  suite  des  attaques  du  Puceron 
lanigère,  et  de  rechercher  quelle  est  l'origine  des  tissus  pathologiques  qui 
les  composent,  et  par  quelle  série  de  transitions  on  peut  rattacher  les  élé- 
ments des  tumeurs  à  ceux  d'une  tige  normale. 

»  Si,  pour  prendre  le  cas  le  plus  simple,  on  examine  une  jeune  pousse 
non  attaquée  par  les  Pucerons,  on  y  observe,  de  l'extérieur  à  l'intérieur,  un 
épidémie  dont  les  cellules  se  multiplient  par  des  cloisons  transversales 
parallèles  à  la  surlace,  et  qui  donne  ainsi  naissance  à  un  périderme  de  plu- 
sieurs assises,  puis  un  parenchyme  dense  formé  de  cellules  à  parois  assez 
épaisses  et  qui  contiennent  de  la  matière  verte.  Au  delà  est  un  parenchyme 
plus  lâche,  à  cellules  contenant  outre  la  matière  verte  de  nombreux  cris- 
taux; à  la  partie  interne  de  cette  couche  se  trouvent  des  faisceaux  de  fibres 


(  «97  ) 
libériennes  disposés  en  cercle,  puis  au  delà  la  zone  d'accroissement  située 
à  la  limite  de  l'écorce  et  du  bois. 

B  Le  bois  est  formé  de  fibres,  de  cellules  ligneuses  entremêlées  sans 
ordre  apparent  et  de  vaisseaux.  Les  fibies  ont  des  parois  épaisses,  les  cellules 
ligneuses  des  parois  relativement  assez  minces,  bien  que  ponctuées.  Les 
cellules  ligneuses  contiennent  de  la  fécule.  Le  bois  est  traversé  par  des 
rayons  médullaires  de  i-3  cellules  d'épaisseur  ponctuées  et  contenant  de 
la  fécule. 

»  Au  centre  de  la  tige  est  une  moelle  formée  de  cellules  de  deux  sortes  : 
les  unes  plus  grandes  et  à  parois  minces,  les  autres  plus  petites  à  parois 
épaisses  et  fortement  ponctuées;  ces  dernières  sont  disposées  en  files  lon- 
gitudinales au  milieu  des  autres.  Ce  sont  elles  qui  contiennent  la  fécule. 

»  Si  l'on  compare  à  une  tige  normale  ainsi  constituée  une  pousse  sur  la- 
quelle les  Pucerons  se  sont  fixés  et  où  se  montre  déjà  un  commencement 
de  renflement,  on  voit  du  premier  coup  d'œil,  sur  une  coupe  transver- 
sale, que,  du  côté  où  se  trouvaient  les  Pucerons,  la  couche  ligneuse  est 
profondément  altérée  dans  sa  structure  et  dans  son  aspect.  Au  lieu  d'être 
opaque,  dure  et  résistante,  elle  est  devenue  transparente,  verdàtre,  molle  et 
presque  pulpeuse.  Quant  à  l'écorce,  elle  n'est  pas  sensiblement  modifiée, 
du  moins  tant  que  la  tumeur  naissante  n'atteint  qu'un  faible  volume;  la 
couche  ligneuse  seule  subit  cette  modification  pathologique  spéciale  qui 
s'étend  jusqu'à  une  profondeur  plus  ou  moins  grande,  parfois  même  jus- 
qu'à la  moelle,  mais  occupe  rarement  en  largeur  le  quart  de  la  circonfé- 
rence, 

M  La  masse  de  la  tumeur,  formée  ainsi  au  milieu  du  bois,  est  tendre  et 
pulpeuse;  elle  est  composée  de  cellules  à  parois  minces,  disposées  en  files 
rayonnantes  allant  du  bois  sain  ou  de  la  moelle  vers  l'écorce.  Souvent  les 
files  parallèles  de  cellules  se  séparent  des  files  voisines  et  laissent  entre 
elles  des  vides  en  forme  de  fentes  profondes  qui  traversent  la  tumeur.  Les 
cellules  sont  le  plus  souvent  allongées  dans  la  direction  radiale,  là  où  le 
développement  du  tissu  pathologique  a  été  le  plus  actif.  11  serait  bien 
difficile  de  rattacher  le  tissu  de  la  tumeur  ainsi  constitué  aux  éléments 
anatomiques  normnux  du  bois,  si  l'on  ne  trouvait,  à  la  limite  de  la  tumeur, 
des  transitions  entre  la  structure  normale  et  l'état  pathologique. 

»  Au  voisinage  de  la  tumeur,  le  bois,  tout  en  offrant  à  peu  près  l'aspect 
ordinaire,  ne  contient  plus  de  fibres  ligneuses;  les  vaisseaux  ne  sont  pas 
modifiés,  mais  toutes  les  fibres  sont  remplacées  par  des  cellules  à  parois 
modérément  épaisses,  ponctuées  et  contenant  de  la  fécule.   Ainsi,  à  la  pre- 

C.  R.,   187:.,    i"  Scmeslre.il.  LXXX,  N°  15.)  I  '6 


(  898  ) 

mière  phase  de  la  transformation,  les  fibres  ligneuses  se  divisent  pour 
donner  naissance  à  des  cellules  et,  à  part  les  vaisseaux  encore  inaltérés,  le 
bois  n'est  plus  formé  que  de  cellules.  Il  présente  alors  une  ressemblance 
frappante  avec  le  tissu  que  j'ai  vu,  dans  les  arbres  fruitiers  à  noyau,  se 
former  dans  les  points  où  doit  s'établir  un  foyer  de  production  de  gomme 
{Comptes  rendus,  t.  LXXVIII,  janvier  1874).  La  seconde  phase  de  la  forma- 
tion de  la  tumeur  comprend  l'hypertrophie  de  tous  les  éléments  cellu- 
laires et  la  dislocation  des  vaisseaux  qui  eux-mêmes  se  résolvent  en  cellules. 
Cette  croissance  anomale  des  tissus  se  fait  dans  une  direction  rayonnante. 
Les  files  de  cellules  ligneuses,  primitivement  droites  et  allongées  dans  le 
sens  de  la  tige,  deviennent  sinueuses;  les  cellules,  au  lieu  de  demeurer 
dans  le  prolongement  les  unes  des  autres,  s'inclinent  et,  suivant  la  crois- 
sance des  rayons  médullaires,  penchent  vers  l'extérieur.  On  peut  encore, 
pendant  quelque  temps,  distinguer  les  cellules  qui  tirent  leur  origine  des 
fibres  transformées  de  celles  qui  appartiennent  aux  rayons  médullaires; 
puis  bientôt  toute  différence  s'efface,  par  suite  de  la  multiplication  de  toutes 
ces  cellules  et  de  leur  croissance  continue  dans  la  direction  rayonnante. 
Entraînés  par  l'hypertrophie  du  tissu  ligneux  dont  ils  no  peuvent  suivre 
l'extrême  croissance,  les  vaisseaux  se  rompent;  les  cellules  élémentaires 
qui  les  constituaient  se  dissocient,  tout  en  se  gonflant  souvent  elles-mêmes 
d'une  façon  assez  notable,  et  on  les  voit  réunies  par  petits  groupes  ou 
même  tout  à  fait  isolées  au  milieu  du  parenchyme  de  la  tumeur. 

»  Les  cellules  élémentaires  des  vaisseaux  désagrégés  présentent  toujours 
le  même  système  de  ponctuations;  mais  on  y  peut  reconnaître  en  outre,  à 
une  disposition  spéciale  de  réticulations,  les  places  où  les  cellules  succes- 
sives se  joignaient  quand  elles  étaient  réunies  en  un  tube,  et  qui  formaient 
des  cloisons  intérieures  dans  le  vaisseau  primitif.  Les  éléments  des  vaisseaux 
sont  pour  ainsi  dire  spontanément  disséqués  et  se  montrent  aussi  nettement 
isolés  que  s'ils  avaient  été  dissociés  à  l'aide  des  procédés  de  macération 
qu'emploient  les  anatomistes. 

»  A  la  périphérie  de  la  tumeur,  au  voisinage  de  l'écorce,  on  voit  des 
faisceaux  vasculaires  qtii  sont  demeurés  à  peu  près  intacts.  Ils  forment  une 
sorte  de  réseau  sinueux  à  la  surface  de  la  masse  de  tissu  hypertrophié,  qui 
se  montre  ainsi  complètement  développée  dans  l'intérieur  même  du  bois. 
A  l'extérieur  de  ce  réseau  vasculaire  superficiel  se  trouve  encore  parfois  une 
zone  d'accroissement  qui  pourra,  sous  l'action  irritante  des  piqûres  des  Pu- 
cerons, donner  à  son  tour  naissance  à  une  tumeur  qui  se  développera  sur 
la  précédente  ;  mais  le  plus  souvent  il  n'en  est  pas  ainsi  :  l'hypertrophie 


(  «99  ) 
excessive  et  toute  locale  du  système  ligneux  déchire  l'écorce  qui  recouvrait 
la  place  tuméfiée.  Ou  peut  voir  très-nettement,  sur  les  jeunes  pousses  atta- 
quées par  les  Pucerons,  l'écorce  ainsi  fendue  sur  une  longueur  plus  ou  moins 
grande;  entre  les  deux  lèvres  de  la  fente  apparaît  le  tissu  tuméfié  qui  se 
trouve  directement  exposé  aux  attaques  réitérées  des  insectes.  Quand,  à  la 
fin  de  l'année,  la  végétation  s'arrête  et  que  le  froid  se  fait  sentir,  les  tissus 
jeunes  et  délicats  de  la  tumeur  meurent  le  plus  souvent,  se  dessèchent  et  se 
désorganisent,  et  ainsi  se  forme  un  creux  profond  qui  pénètre  de  l'extérieur 
jusqu'au  cœur  de  la  branche  ;  mais,  quand  la  végétation  se  réveille  au  prin- 
temps, il  doit  se  faire  autour  de  cette  plaie,  conmie  de  toute  plaie  faite  sur 
une  branche,  un  bourrelet.  Du  jeune  tissu  se  forme  donc  à  portée  des  Pu- 
cerons qui  ont  passé  l'hiver  dans  les  fentes  des  vieilles  tumeurs  et  dans  les 
crevasses  de  l'écorce;  ils  y  enfoncent  leur  trompe  et  y  font  naître  de  nou- 
velles tumeurs  qui,  en  se  développant  et  se  pressant  les  unes  les  autres,  mais 
sans  se  confondre,  produisent  en  somme  ces  gros  renflements  mamelonnés, 
à  l'intérieur  desquels  les  Pucerons  trouvent  un  abri  assuré,  taudis  que  les 
tumeurs  élémentaires  renaissant  d'année  en  année  fournissent  constamment 
aux  générations  successives  de  Pucerons  une  pâture  toujours  nouvelle.  » 

PHYSIOLOGIE  ANIMALE,  —  Sur  les  bruits  du  cœur.  Note 
de  M.  Dezautière. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bouilland.) 

«  Le  travail  sur  les  bruits  du  cœur  communiqué  récemment  à  l'Acadé- 
mie me  fournit  l'occasion  défaire  connaître  qu'il  existe  une  manière  bien 
plus  simple  de  se  rendre  compte  de  ces  bruits  et  d'expliquer  la  cause  qui 
les  produit. 

»  Il  a  été  fait  bien  des  suppositions  sur  les  bruits  du  cœur  :  les  uns  les 
attribuaient  au  choc  de  l'organe  contre  les  parois  de  la  poitrine  ;  les  autres 
à  un  mouvement  de  recul  du  même  organe.  Des  machines  fort  ingénieuses 
ont  été  inventées  pour  démontrer  le  mouvement  de  recul.  Bien  d'autres 
explications  ont  été  données:  toutes  en  attribuaient,  il  est  vrai,  l'origine  au 
cœur,  mais  d'une  manière  pour  ainsi  due  détournée,  secondaire.  Ainsi 
l'organe,  dans  un  mouvement  qu'il  exécuterait,  frapperait  la  paroi  thora- 
cique  correspondante,  et  de  ce  choc  naîtrait  le  bruit  connu.  I^ar  consé- 
quent, tout  en  attribuant  l'origine  du  bruit  au  cœur,  ce  bruit  serait  pro- 
duit par  l'intermédiaire  'd'un  autre  corps:  c'est  ce  que  j'appelle  un  bruit 
secondaire,  indirect.  Il  serait  alors  difficile  de  savoir  si  le  bruit  appartient 

ii6.. 


(  90O  ) 
au  cœur,  ou  aux  côtes,  ou  aux  deux  à  la  fois,  et  quelle  est  la  part  afférente 
à  chacun  d'eux  dans  la  production  du  phénomène. 

))  Mais  pourquoi  la  nature  aurait-elle  compUqué  une  action  qui  peut 
être  simplifiée?  Dans  quel  but  aurait-elle  fait  appel  à  la  participation  de 
plusieurs  éléments  quand  un  seul  suffit? 

))  Le  bruit  du  cœur  doit  être  le  résultat  simple  d'une  fonction  que  l'or- 
gane remplit  comme  les  fonctions  des  autres  organes  sont  remplies  :  celte 
fonction,  c'est  la  contraction.  La  contraction  violente  du  cœur  est  l'origine 
du  bruit  :  c'est  le  battement  du  cœur.  S'il  y  a  deux  bruits  ou  deux  batte- 
ments, c'est  qu'il  y  a  deux  contractions  dans  l'organe.  Les  bruits  ne  pour- 
raient s'expliquer  par  les  chocs  contre  la  paroi  thoracique  sans  admettre  ce 
qui  n'existe  pas. 

»  Il  est  parfaitement  admissible  a  priori  qu'une  violente  contraction  soit 
l'origine  d'un  bruit,  mais  on  peut  acquérir  la  preuve  de  ce  fait  par  des 
expériences  très-simples. 

»  Si,  quand  on  est  couché,  et  par  un  silence  convenable,  on  applique 
son  oreille  sur  son  avant-bras,  le  poing  étant  fortement  serré,  si,  dis-je,  on 
serre  violemment  le  poing  et  à  plusieurs  reprises  comme  si  on  voulait  le  fer- 
mer davantage,  on  produit  dans  les  muscles  de  l'avant-bras  une  contrac- 
tion violente,  et  l'oreille  perçoit  très-bien  les  bruits  produits  par  celte 
contraction. 

»  Les  bruits  qu'on  produit,  la  bouche  étant  fermée,  les  maxillaires  en 
contact,  ressemblent  à  s'y  méprendre  aux  bruits  du  cœur.  Toutes  les  fois- 
que  dans  cette  situation  on  contracte  violemment  les  masséters,  comme 
pour  augmenter  le  rapprochement  des  mâchoires,  ces  bruits  s'effectuent 
tl'une  manière  très-distincte. 

»  Il  ne  peut  donc  y  avoir  de  doute.  Le  bruit  du  cœur  ou  le  battement 
du  cœur  est  donc  bien  le  bruit  de  la  contraction  elle-même.  Pour  le  pro- 
duire, aucun  autre  agent  que  la  contraction  ne  donne  son  concours.  Le 
mouvement  de  la  fibre  musculaire  qui  se  contracte  produit  bien  l'électri- 
cité, la  chaleur,  et  même  la  lumière  {Comptes  rendus,  séance  du  25  janvier 
1875)  pourquoi  ne  produirait-elle  pas  aussi  le  bruit  ? 

»  La  difficulté  n'est  pas  là  :  elle  consiste  à  déterminer  rigoureusement 
quelle  est  l'origine  du  deuxième  bruit  du  cœur,  considéré  ordinairement 
comme  le  deuxième  temps. 

A  l'époque  où  j'étudiais  l'Anatomie,  à  l'École  de  Médecine,  il  y  a  bien 
trente-cinq  ans,  j'ai  été  frappé  de  la  différence  de  construction  des  ventri- 
cules et  des  oreillettes,  différence  qui  nie  faisait  douter  de  l'identité  de 


(  9°'  ) 
leurs  altribiUions.  On  croyait  alors,  et  l'on  croit  encore  aujourd'hui  que  les 
oreillettes  se  contractent  et  que  cette  contraction  ou  ce  batteujent  constitue 
le  second  temps.  Je  ne  suppose  pas  qu'il  existe  un  seul  médecin,  ou  natura- 
liste, ou  physiologiste,  qui  n'ait  conçu  les  mêmes  doutes. 

»  Si  les  ventricules,  avec  la  structure  que  nous  leur  connaissons,  ont  pour 
fonction  de  se  contracter,  les  oreillettes,  avec  leur  tissu  flasque  et  d'une 
nature  diamétralement  opposée,  doivent  nécessairement  avoir  une  fonction 
contraire.  Or,  le  contraire  de  la  contraction,  c'est  la  dilatation.  La  contrac- 
tion des  oreillettes,  au  reste,  n'est  pas  nécessaire.  Le  sang,  par  son  propre 
poids,  ne  peut-il  descendre  tout  naturellement  dans  les  ventricules?  Mais 
non-seulement  la  contraction  n'est  pas  nécessaire,  mais  elle  est  encore  dan- 
gereuse et  même  incompatible  avec  la  vie  en  ce  qu'elle  refoulerait  le  sang 
dans  les  veines  caves  et  dans  les  veines  pulmonaires. 

»  J'ai  dit  tout  à  l'heure  que  les  oreillettes  étaient  plutôt  faites  pour  la 
dilatation  que  pour  la  contraction;  leur  fonction  principale  est  de  servir 
de  réservoirs  au  sang,  qui  s'accumule  là  pour  alimenter  les  ventricules.  Leur 
action  est  toute  passive. 

»  Le  second  bruit  du  cœur  ne  peut  donc  être  produit  par  la  contraction 
des  oreillettes. 

»  Il  n'y  a  que  le  ventricule  droit  qui  puisse  le  produire  :  c'est  à  lui  qu'on 
doit  le  rapporter.  C'est  la  contraction  du  ventricule  droit  qui  est  l'origine 
du  deuxième  temps.  Au  lieu  d'être  simultanés,  les  jets  de  sang  produits 
par  la  contraction  des  ventricules,  et  qui  s'échappent  par  l'aorte  et  par  l'ar- 
tère pulmonaire,  sont  alternatifs. 

))  Quand,  iiendant  près  de  quarante  ans,  on  a  l'esprit  dirigé  presque 
sans  cesse  sur  une  question,  que  presque  tous  les  jours,  pour  l'élucider, 
on  étudie  les  bruits  du  cœur,  on  doit  avoir  acquis  une  certaine  habileté 
dans  l'auscultation  de  cet  organe.  Eh  bien  !  j'affirme  qu'une  oreille  exercée 
ne  trouvera  pas  de  différence  dans  la  position  des  lieux  d'où  parlent  les 
bruits  :  c'est  au  même  point  qu'ils  sont  entendus  dans  le  même  plan  hori- 
zontal. Si,  ce  qui  a  lieu,  les  oreillettes  et  les  ventricules  ne  sont  pas  au 
même  niveau,  comment  peut-on  attribuer  aux  premières  le  deuxième 
bruit? 

»  Nous  savons  que  chez  le  fœtus  la  contraction  des  ventricules  chasse, 
à  gauche,  le  sang  par  l'aorte  et  à  droite  le  sang  par  le  canal  artériel.  Si  les 
contractions  des  deux  ventricules  sont  simultanées,  le  sang  arrivera  en 
même  temps  et  au  niveau  de  l'orifice  du  canal  artériel  par  l'aorte  et  dans 
l'orifice  par  ce  canal.  Les  contractions  simultanées  des  deux  ventricules 


(  902  ) 
amèneront  le  sang  simultanément  des  deux  côtés  vers  l'orifice  du  canal  ar- 
tériel. Le  plus  gros  flot  empêchera  le  plus  petit  de  déboucher;  le  torrent 
de  l'aorte  retiendra  dans  le  canal  artériel  le  sang  chassé  par  le  ventricule 
droit;  mais,  si  les  contractionsventriciilaires  sont  alternatives,  tout  s'exécute 
et  se  comprend  avec  la  plus  grande  facilité. 

»  Telles  sont  les  questions  qu'il  faut  désormais  envisager,  et,  en  attendant 
les  développements  que  j'espère  produire  bientôt,  j'exprime  l'opinion  con- 
tenue dans  le  résumé  suivant  : 

»  Les  bruits  du  cœur  sont  produits  par  la  contraction  rapide,  violente 
des  ventricules,  toute  contraction  rapide  et  violente  produisant  un  bruit. 

»  C'est  un  bruit  à  priori  et  non  pas  à  posteriori,  si  l'on  peut  s'exprimer 
ainsi,  primitif  et  non  pas  consécutif,  comme  on  le  croit. 

»  La  structure  des  oreillettes  ne  peut  permettre  la  contraction.  D'ailleurs 
la  contraction  des  oreillettes  n'est  pas  nécessaire  :  le  sang  descend  naturel- 
lement dans  les  ventricules  par  l'effet  de  son  propre  poids.  La  contraction 
des  oreillettes  serait  dangereuse  en  ce  qu'elle  pourrait  refouler  le  sang  dans 
les  veines  caves  et  dans  les  veines  pulmonaires. 

»  Le  second  temps  est  produit  par  la  contraction  du  ventricule  droit.  » 

MM.  SciiNETZLER,  Pelletrac,  Chase,  Nodev,  Chapéugn,  Delfac  adresscnt 
diverses  Communications  relatives  au  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  Petreqcin  adresse  à  l'Académie,  par  l'entremise  de  M.  du  Moncel, 
trois  brochures  et  une  Note  sur  l'application  de  la  galvano-punclure  au 
traitement  des  anévrismes. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Concours  de  Médecine  et  Chirurgie.) 

M.  Jacquet  adresse  un  Mémoire  sur  l'usage  de  la  table  de  Pythagore 
pour  un  chiffre  quelconque. 

(Commissaires:  MM.  Hermite,  O.  Bonnet.) 

M.  Tridon  adresse  une  Note  sur  les  moyens  de  faire  des  observations 
télescopiques  et  d'obtenir  des  épreuves  photographiques  à  l'intérieur  d'une 
cloche  à  plongeur  aérostatique. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 


(9o3) 

CORRESPOIVDAIVCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  ouvrage  de  M.  E.  Fernet,  portant  pour  titre  :  «  Cours  de  Phy- 
sique pour  la  classe  de  Mathématiques  spéciales  »; 

2°  Une  brochurç  de  M.  Petermann  «  sur  la  présence  du  cuivre  dans  le 
genièvre,  les  vinasses  elles  fumiers  ». 


ASTRONOMIE.  —  Lumière  zodiacale,  observée  à  Tontonse,  en  février  et  en 
mars  iS^S.  Note  de  M.  Gruey,  présentée  par  M.  Puiseux. 

«  L'Académie  a  bien  voulu  insérer  dans  ses  Comptes  rendus  (i)  les  ob- 
servations de  la  lumière  zodiacale  faites  par  moi  à  l'Observatoire  de  Tou- 
louse, versl'équinoxe  d'automne  de  1874,  du  16  septembre  au  12  novembre. 
Je  devais  dès  lors  surveiller  attentivement  le  retour  de  la  lumière  aux 
approches  de  l'équinoxe  du  printemps  de  iSyS.  Ce  retour  ne  se  fit  pas  long- 
temps attendre.  Sur  la  fin  de  janvier,  nous  remarquions  tous  les  soirs, 
M.  Perrotiu  et  moi,  vers  l'ouest,  une  lueur  d'abord  indécise,  puis  bientôt 
nettement  définie  :  c'était  la  lumière  zodiacale  avec  tous  ses  caractères.  Je 
priai  aussitôt  M.  J.  Edouard  de  préparer,  d'après  l'Atlas  de  Dien,  une  carte 
céleste  sur  laquelle  j'ai  tracé  régulièrement,  à  partir  du  i"  février,  le  con- 
tour lumineux  chaque  fois  qu'il  s'est  présenté  avec  une  netteté  suffisante. 
Pour  fixer  ce  contour,  je  me  tenais  à  l'abri  de  toute  lumière  artificielle, 
ordinairement  entre  7  et  8  heures  du  soir,  temps  civil  du  lieu. 

»  Voici  le  résumé  de  mes  observations  sur  les  limites  et  l'aspect  phy- 
sique du  phénomène  : 

■  Limite  sud. 


Limite  nord. 


1.  Sommet  entre  >j  et  p  Poissons, 

au  quart  de  r,p- 

2.  Passe  un  peu  au  nord  de  y  Pé- 

gase. 

3.  Rencontre  a  Pégase. 

4.  Traverse  la  partie  sud  du  po- 

lygone de  Pégase. 


i"  février,  7  heures  soir. 

1.  Sommet  entre  rt  et  p  Poissons, 

au  quart  de  rjp^ 

2.  Passe  un  peu  au  sud  de  a  Pois- 

sons. 

3.  Traverse  le  pentagone  des  Pois- 

sons en  se  dirigeant  sur  x  de 
ce  pentagone. 


Remarques. 


1.  Ciel  beau;  contour  net. 

2.  Couleur    blanche,     pareille    à 

celle  de  la  voie  lactée 

3.  Intensité  supérieure  à  celle  de 

la  voie  lactée;  assez  forte 
pour  masquer  les  petites 
étoiles. 

4.  Éclat  continu;  sans  variations. 


(1)  Séance  du  3o  novembre  1874. 


s; 


^2 


"C 

S: 


N 


Limite  nord. 


1.  Sommet  entre  ^  et  p  Poissons, 

presque  au  milieu  de  ijp- 

2.  Traverse  c./  Pégase ,  au  tiers  a 

partir  de  a. 

3.  Traverse  la  partie  sud  du  po- 

lygone de  Pégase. 


1.  Ç  lîéllcr. 

2.  £  Rélier. 

3.  ■/  Bélier. 
H.  V  Pégase. 


(  9o5  ) 

Limite  sud. 

2  février,  'j''3o"'  soir. 

1.  Sommet  entre  ij  et  p  Poissons, 

presque  au  milieu  de  >7p« 

2.  Passe  par  w  Poissons. 

!î.  Traverse     le     pentagone     des 
Poissons,  entre  ^  i  et  x,  •/. 


5  février,   ■j   heures  soir. 

1.  Ç  Bélier. 

2.  £  Bélier. 

3.  Milieu  de  ~/  Bélier. 
l\.  Ç  Poissons. 


8  février,  'j''3o'"  soir. 


I. 

Point  milieu  entre  Pléiades  et 

I. 

Point  milieu  entre  Pléiades  et 

ï  Bélier. 

Ç  Bélier. 

2. 

V  Bélier. 

2. 

S  Bélier. 

3. 

Entre  v.  et  ;3  Bélier  (plus  près 

3. 

Tz  Bélier. 

de  a). 

-"l- 

0  Poissons. 

k- 

X  Poissons. 

Kcmarques. 


1.  Ciel  un  peu  vaporeux.  Contour - 

moins  net  que  le  i*^  février, 
quoique  très-visible. 

2.  Couleur  blanche. 

3.  Quelques     variations     d'éclat 

assez  fortes,  paraissant  dues 
à  celles  des  vapeurs. 

4.  Intensité   égale  à  celle  de  la 

voie  lactée. 

1.  Ciel  très-beau.  Contour  net. 

2.  Le  sommet  lumineux  est  formé 

d'un  filet  très-mince,  allongé 
de  Ç  Bélier,  jusqu'au  milieu 
de  Çy  Bélier. 

3.  Couleur  blanche,  comme  celle 

de  la  voie  lactée. 

4.  Intensité  égale  à  celle  de  la  voie 

lactée.  Sans  variations. 

1.  Ciel  nuageux  i»  l'horizon,  jus- 

qu'à une  hauteur  égale  au 
quart  environ  de  celle  de  la 
lumière  zodiacale. 

2.  Couleur  blanche. 

3.  Intensité  plus  faible  que  celle 

de  la  voie  lactée  ;  sans  va- 
riations. 


25  février  à  8''3o°',  et  27  février  à  8  heures  soir. 


1.  u  Taureau. 

2.  Pléiades. 

3.  c  Mouche. 

4.  Entre  o  et  y  Poissons. 

5.  Traverse   le  carré  de  Pégase, 

vers  ^  et  V. 


;-  r.  Point  symétrique  de  y  Taureau 
,  •        par  rapport  à  «£  Taureau. 

2.  f^  Taureau. 

3.  Pléiades. 

4.  c  Mouche. 

5.  Milieu  de  tu  Poissons. 


1.  \>  Taureau. 

2.  I  Baleine  (un  peu  au  nord  de). 

3.  y  Poissons. 


28  février  à  8  heures  soir. 

1.  Point  symétrique  deyTaureau, 

par  rapport  il  ai  Taureau. 

2.  S  Hyades. 

3.  jut  et  ^  Baleine. 


Du   i'^''  au  t)  mars. 
Le  mois  de  mars,  généralement  pluvieux  à  Toulouse,  parait  devoir 
C.R.,  i8:5,  i"SemeiIro.  (T.  LXXX,   M"  15.) 


1.  Ciel  très-beau.  Contour  très- 

net. 

2.  Belle    couleur   blanc   cendré, 

analogue  à  celle  de  la  voie 
lactée;  mais  plus  foncée  et 
plus  intense. 

3.  Aucune  variation  d'éclat. 

1.  Ciel    très-beau;    contour    net 

jusqu'à  9  heures.  Quelques 
vapeurs  à  9  heures. 

2.  Couleur     blanche,     laiteuse, 

splondide  jusqu'à  9  heures; 
devenant  rougeàtre  à  9  h. 

3.  Intensité  supérieure  à  celle  de 

la  voie  lactée,  masquant  les 
petites  étoiles  et  s'opposant 
à  la  recherche  des  comètes. 

l'être,  cette  année  encore,  plus  qu'à 
117 


(  9^6  ) 

l'ordinaire.  Le  4,  la  lumière  zodiacale  présentait  les  mêmes  circonstances  que  le  28  février.  J'ai  pu  la 
revoir  à  travers  d'épaisses  vapeurs  les  jours  suivants;  les  9  et  10  le  dessin  du  contour  devenait  possible  et 
a  été  tracé  sur  la  carte. 

q  et  10  mars  à  8  heures  soir. 


1.  Sommet  au  yV  de  k?  Taureau. 

2.  u  Taureau. 

3.  b  Mouche. 

!\.  a.  Triangle  (un   peu  au  nord 
de). 


I .  Sommet  aux  ^  de  aÇ  Taureau. 
1.  K,  y  Taureau. 
3.  /  Taureau. 

5.  it.,\  Tète  de  Baleine  (au  sud 
de). 


I.  Ciel  très-beau.  Le  10  la  Lune 
commence  à  gêner  l'obser- 
vation. 

0.  Lumière  blanche. 

3.  Intensité  constante. 


»  Le  ciel,  depuis  le  lo  mars,  est  entièrement  couvert;  il  ne  faut  plus 
compter  sur  de  bonnes  conditions  pour  observer  la  lumière  zodiacale  qui 
ne  tardera  pas,  d'ailleurs,  à  se  coucher  presque  avec  le  Soleil  et  à  noyer 
son  sommet  dans  la  voie  lactée.  Toutefois  elle  restera  encore  longtemps  vi- 
sible; l'année  dernière,  MM. Tisserand  et  Perrotin  l'ont  vue  dans  les  premiers 
jours  d'avril  très-rapprochée  de  l'horizon. 

»  Quelques  physiciens  ont  repris  récemment  l'étude  des  propriétés  opti- 
ques de  la  lumière  zodiacale,  à  l'aide  d'instruments  nouveaux  et  particu- 
lièrement délicats;  on  voit  que  le  climat  de  Toulouse  serait  très-favorable 
à  ce  genre  de  recherches. 

»  Nos  deux  séries  d'observations  n'ont  pas  été  obtenues  dans  des  condi- 
tions entièrement  identiques.  A  l'équinoxe  d'automne,  la  lumière  zodia- 
cale et  l'éclairage  de  la  ville  sont  diamétralement  opposés  relativement  à 
l'Observatoire;  ils  sont  dans  la  même  direction  à  l'équinoxe  du  printemps. 
Notre  seconde  série  pourrait  donc  paraître  moins  bonne  que  la  première. 
Mais  l'éclairage  de  la  ville  n'est  pas  aussi  nuisible  qu'on  pourrait  le  croire 
à  priori;  d'une  intensité  assez  faible,  son  effet  est  encore  atténué  par  un 
éloignement  de  plus  d'un  kilomètre  et  par  une  ceinture  de  montagnes  do- 
minant la  ville.  Au-dessus  de  cette  ceinture  noirâtre,  et  s'nppuyant  sur 
elle,  la  lumière  zodiacale  brille  dans  le  ciel  à  une  grande  hauteur,  tandis 
qu'au-dessous  oscillent  vaguement  et  sans  forme  les  lueurs  de  la  ville. 
Enfin  toute  illusion  paraîtra  impossible,  si  l'on  remarque  que  la  lumière 
observée  obéit,  dans  toutes  ses  parties,  au  mouvement  diurne,  et  qu'après 
son  coucher  l'éclairage  de  Toulouse  ne  donne  absolument  rien  qui  lui  soit 
comparable.  » 


(  907  ) 

MÉCANIQUE  CÉLESTK.  —  Sur  une  mélliode  de  calcul  des  perturbations  absolues 
des  comètes  (*).  Note  de  M.  Huoo  Gylden,  présentée  par  M.  Hermite. 

«  Pour  arriver  aux  séries  plus  convergentes  que  nous  nous  sommes  pro- 
posé d'obtenir,  nous  considérerons  la  fonction 

T„  =  Mo  +  M,  cosc  -r  N,  sine', 
Mj,  M,  et  N,  étant  des  valeurs  numériques  de  /«'„,  m\  et  ti\,  correspondant 
à  une  valeur  quelconque  de  l'anomalie  partielle.  Le  rapport  -   étant  peu 

sensible,  on  aperçoit  aisément  que  les  différences  77i'„  —  M„,  m\-~M,  et 
7i\  —  N,  sont  aussi  de  petites  quantités.  Supposons  maintenant 

-=/cosF,      _  =  -/smF; 

nous  aurons  siir-le-cbamp 

T„  =  M4i+ycos(c-'+F)], 

équation  qui  peut  être  mise  sous  la  forme 


ou  bien 

où  l'on  a  fait 


To=  7^[i  +  ^f^>  cos(c'+  F)  -f-  kll 


T,  =  m„^\±^[i  -  k^-  siu^C  +  FY], 


,           ik^             ,            I  —  \/i  —  X- 
/  '^  r^  '       "  I  ^^  ,  • 


»  On  aperçoit  maintenant,  en  jetant  un  coup  d'œil  sur  l'expression 
de  T,|,  qu'on  obtient  des  séries  rapidement  convergentes,  même  pour  des 
valeurs  de  k  près  de  l'unité,  en  supposant 

2K 
|(c'  -+-  F)  =  am  • —  a-,    mod.  A, 

en  désignant  par  R  l'intégrale  complète  de  première  espèce. 

»  Quant  à  l'expression  T, ,  de  laquelle  T„  doit  être  regardée  comme  un 
cas  particulier,  nous  la  mettons  aisément  sous  la  forme 

T|  =     '""  ,     [  -+-  2/1  cos  (  aam  —  o"  +  A)  +  /M, 


(*)  Voir  Comptes  rendus,  séance  dit  29  mars  1875. 

117. 


(  9o8  ) 
en  désignant  par  /,  et  par  A  deux  fonctions  de  l'anomalie  partielle,  dont  la 
première  ne  diffère  jamais  beaucoup  du  modide  A",  et  A  est  toujours  com- 
prise entre  des  limites  voisines  de  zéro. 

»  On  peut,  par  des  procédés  purement  analytiques,  démontrer  à  l'égard 
de  cette  expression  que  ses  puissances  négatives  se  développent  par  rapport 
à  X  avec  une  convergence  remarquable,  toutes  les  fois  qu'on  doit  supposer 
/,  à  peu  près  égal  à  A,  et  A  une  quantité  très-petite.  Cependant,  ces 
procédés  n'étant  pas  assez  courts,  je  ferai  seulement  remarquer  que 
la  convergence  en  question  est  déjà  constatée  par  des  applications  numé- 
riques. 

»  Nous  revenons  maintenant  à  l'intégrale  (i),  où  la  fonction  <I>  peut 
aussi  être  développée  suivant  les  multiples  de  l'anomalie  partielle,  ainsi 
que  de  x.  Cette  intégrale  devient  alors 


■/"■("■ 


x)  ^w, 


où  l'on  a  désigné  par  ^'{u,  x)  une  fonction  de  l'anomalie  partielle  w  et 
de  a:,  laquelle  peut  être  supposée  mise  sous  forme  d'une  série  trigonomé- 
trique. 

»  Pendant  chaque  révolution  du  corps  troublé,  la  variable  x  reste 
constante,  mais  sa  valeur  change  d'une  révolution  à  l'autre.  Au  contraire, 
la  variable  w  est  soumise  à  des  variations  continues,  mais  ces  variations 
sont  précisément  les  mêmes  dans  toutes  les  révolutions.  On  peut  donc  effec- 
tuer l'intégration  demandée,  les  limites  d'intégration  étant  étendues  à  un 
nombre  indéterminé  de  révolutions,  en  décomposant  la  fonction  <I)(m,  or) 
en  plusieurs  parties,  dont  chacune  correspond  à  une  révolution  déter- 
minée. On  obtient  de  cette  manière  un  résultat  delà  forme 


"  t^,  J  01, 


où  wo  et  w,  signifient  les  limites  de  co  correspondant  aux  points  de  sépa- 
ration, et 

en  désignant  par  H  l'angle  |(F  +  c'o  —  p.Co). 

»  Pour  obtenir  enfin  les  perturbations  absolues,  il  faut  encore  effectuer 
une  opération,  consistant  à  réunir  les  divers  termes  dont  la  soanue  con- 
stitue la  fonction  T.  Pour  ce  but  on  peut  se  servir  d'un  théorème  donné 


(  909  ) 

dans  un  Mémoire  présenté  à  l'Académie  des  Sciences  de  Suède  (*).  L'énoncé 
est  celni-ci  : 

»  Soit  u  une  fonction  d'une  variable  t,  de  sorte  qu'on  a 

M  =  (p(fxi); 

soient  déplus  u^=(f{o),  m,  =  9  (jjiti),.  .  .,  u,  =  (f{sin:);  on  demande  une 
expression  analytique  de  la  somme 

comme  fonction  de  Ui,/{h)  désignant  une   fonction  périodique  de  u  ou 
de  t.  La  solution  de  ce  problème  conduit  à  la  formule 

X  (X**'  +  2  X<'''  COS  2  <  +  2  X','''  COS  4  ^  4-  .   .   .  )  ^^, 

OÙ  l'on  a  désigné  par  Z»''''  les  coefficients  du  développement  du  produit 

('-7;)('-ï)--['-[^l' 

et  par  X',';'  la  fraction 

(— 0*.i'.3'.5'...(2//— r)' 


[(2«)^  — l^][(-2«)'— 3^].  .  .[{2r/y  —  {i/i-  l)'] 

Par  l'application  de  ce  théorème  on  parviendra  de  dilierentes  manières  au 
but  proposé.   » 

MÉTALLURGIE.  —   Sur  les  fontes  manganésifères  ;  par  MM.  L.  Troost 

et  P.  Hautefeuille. 

«  Les  fontes  manganésifères  [spiecjeleisen]  présentent  dans  leur  coulée, 
au  sortir  du  haut  fourneau,  des  pariiculdrités  qui  les  distinguent  immédia- 
tement des  fontes  de  fer  ordinaire. 

»  En  effet,  tandis  que  les  fontes  ordinaires  lancent  des  étincelles  et  ne 
dégagent  que  par  intermittence  quelques  bulles  gazeuses  pendant  le  refroi- 
dissement du  métal,  les  fontes  manganésifères  préparées  avec  des  minerais 
purs  émettent,  depuis  leur  sortie  du  haut  fourneau  jusqu'au  moment  de 
leur  solidification,  une  si  grande  quantité  de  gaz  combustible  qu'une  nappe 
gazeuse  brûle  d'une  manière  continue  au-dessus  du  métal  litpiide. 

(*)  Tome  II,  n"  1. 


(  9'"  ) 

»  Pendant  la  solidification  lo  dégagement  se  fait  par  jets  nombreux. 

))  La  nappe  gazeuse  et  les  jets  brûlent  comme  du  gaz  hydrogène;  ils  ne 
présentent  nullement  l'aspect  des  flammes  qui  contiennent  de  l'oxyde  de 
carbone. 

»  On  peut  reproduire  en  petit  ces  phénomènes  dans  des  conditions  où 
ils  sont  facilement  observables;  dans  un  four  à  réverbère  en  chaux,  disposé 
comme  pour  la  fusion  du  platine,  et  dont  la  sole  est  portée  préalablement 
au  i-ouge  vif  par  la  flamme  du  chalumeau  à  gaz  d'éclairage  et  oxygène,  on 
introduit,  fragment  par  fragment,  200  grammes  environ  de  spiegeleisen, 
en  maintenant  la  flamme  réductrice.  Quand  la  fusion  complète  a  été  ob- 
tenue et  que  le  métal  est  très-chaud,  on  ajoute  100  grammes  de  spiegel- 
eisen; la  matière  ainsi  ajoutée  fond  avec  rapidité  sans  s'affiner  sensible- 
ment. Si  l'on  découvre  alors  le  bain  qui  est  très-chaud  et  très-fluide,  il 
paraît  aussi  brillant  que  de  l'argent;  il  est  parcouru  par  une  flamme  légère 
à  peine  lumineuse  qu'on  aperçoit  très-bien  eu  plaçant  l'oeil  dans  le  plan  du 
four.  De  temps  en  temps  le  bain  émet  quelques  bulles  de  gaz  qui  rident  la 
surface  et  dont  la  flamme  ne  se  distingue  pas  de  celle  de  la  nappe  gazeuse 
qui  brûle  d'une  manière  continue  à  quelques  millimètres  au-dessus  du  mé- 
tal liquide.  Au  moment  de  la  solidification  on  observe  un  véritable  ro- 
chage  avec  dégagement  abondant  de  gaz  hydrogène  (i). 

»  La  fonte  manganésifère  retient  encore  après  sa  solidification  une  quan- 
tité de  gaz  hydrogène  bien  supérieure  à  celle  que  conserve  la  fonte  ordi- 
naire. Ainsi,  en  chauffant  dans  le  vide  à  800  degrés  environ  5oo  grammes 
de  chacune  de  ces  deux  fontes,  on  a  obtenu  les  résultats  suivants  : 

Fonte  au  bois.      Spiegeleisen. 

....  "  " 

Acide  carbonique 0,6  0,0 

Oxyde  de  carbone 2,8  0,0 

Hydrogène... 12, 3  27  jO 

Azote i,o  2,5 

16,7  29,5 

»  Le  manganèse  carburé,  que  l'on  obtient  en  réduisant  son  oxyde  par 
le  charbon  dans   un  creuset  de  chaux,   absorbe  également,  quand  on  le 

(i)  Le  même  bain,  après  un  affinage  assez  prolongé,  pour  lui  faire  perdre  par  oxydation 
la  majeure  partie  de  son  manganèse,  présente  des  phénomènes  tout  différents  et  qui  se 
rapprochent  de  ceux  que  l'on  observe  dans  la  coulée  des  fontes  ordinaires.  Pendant  le  re- 
froidissement du  métal  liquide,  on  ne  voit  pas  la  nappe  gazeuse  incandescente  que  nous  si- 
gnalons plus  haut  :  on  n'observe  que  quelques  jets  de  gaz,  qui  se  produisent  surtout  au  mo- 
ment de  la  solidification,  et  ces  jets  brûlent  avec  la  flamme  bleue  de  l'oxyde  de  carbone. 


(9-'   ) 
chauffe  au  rouge  et  qu'on  le  laisse  refroidir  clans  un  couranl  d'hydrogène, 
une  quantité  de  ce  gaz  plus  grande  que  n'en  dissout  le  fer  contenant  la 
même  quantité  de  carbone  (i). 

»  Ou  voit,  d'après  ces  résultats,  que  la  présence  du  manganèse  dans  les 
fontes  augmente  beaucoup  la  solubilité  de  l'hydrogène  dans  le  métal  et 
diminue  ou  annule  même  celle  de  l'oxyde  de  carbone.  » 

CHIMIE.  —  Recherches  sur  le  carbone  de  lajonle  blanche.  Note  de 
MiVI.  P.  SchCtzenberger  et  A.  Bourgeois,  présentée  par  M.  Balard. 

«  Beaucoup  de  physiologistes  admettent  que  le  carbone  mis  en  liberté 
pendant  la  décomposition  de  l'acide  carbonique  par  les  parties  vertes  des 
plantes,  sous  l'influence  de  la  lumière  solaire,  s'unit  à  l'état  naissant  à  l'eau, 
pour  former  un  hydrate  de  carbone.  De  cet  hydrate  primordial  dérive- 
raient, par  des  transformations  ultérieures,  les  nombreux  composés  orga- 
niques élaborés  par  les  végétaux. 

»  Cette  théorie  trouverait  un  appui  solide,  s'il  était  possible  d'isoler  le 
carbone  d'une  combinaison  par  une  réaction  à  basse  température  et  de 
constater,  dans  ce  cas,  la  formation  d'un  hydrate  de  carbone. 

»  Les  carbures  métalliques,  et  notamment  la  fonte  blanche,  se  prêtent 
seuls,  jusqu'à  présent,  à  des  tentatives  de  cette  nature.  Bien  qu'il  ne  soit 
pas  possible  d'assimiler  le  carbone  de  la  fonte  à  celui  de  l'acide  carbo- 
nique, il  nous  a  semblé  intéressantderecherclier  sons  quel  le  forme  le  carbone 
s'élimine  du  carbure  du  fer  lorsqu'on  évite  l'action  d'une  température 
élevée. 

»  En  traitant  de  la  fonte  par  de  l'iode  en  présence  de  l'eau,  M.  Eggertz 
avait  déjà  obtenu  un  résidu  charbonneux  qui,  séché  à  loo  degrés,  con- 
tenait : 

Carbone %)6g 

Eau 22 ,  5o 

Iode 1 6 ,  o 

»  Dans  ce  cas,  il  paraît  évident  que  le  carbone  naissant  s'unit  à  l'eau; 


(i)  La  détermination  du  volume  de  l'hydrogène  absorbe  se  fail  dans  le  vide  sec.  On  ne 
peut  songer  à  employer  l'eau  privée  d'air,  car  on  sait  que  le  manganèse,  même  compacte,  la 
décompose  à  la  température  ordinaire,  comme  le  fait  le  fi'r  pyrophoriqiie  Irès-divisé.  Nous 
avons  en  effet  établi  [Comptes  rcinlits,  t.  l.XXX,  p.  788)  (jue  ce  fer  pyrophorique,  [irivc, 
par  le  vide  au  rouge,  de  l'hydrogène  condensé,  décompose  l'eau  à  i5  degrés. 


(    9'2    ) 

mais  la  présence  simultanée  de  l'iode  dans  la  combinaison  vient  compli- 
quer le  phénomène  et  obscurcir  les  conclusions  que  l'on  peut  en  tirer. 

»  Poiu-  éviter  cet  inconvénient,  nous  avons  opéré  de  la  manière  sui- 
vante : 

»  La  fonte  blanche  pulvérisée  grossièrement  est  traitée  à  froid  par  une 
quantité  suffisante  d'une  solution  de  sulfate  de  cuivre,  comme  pour  le  do- 
sage du  carbone  dans  le  procédé  de  Ullgren.  Le  cuivre  carbonifère  qui 
reste  est  lavé,  |Miis  traité  à  froid  par  un  excès  d'une  solution  moyennement 
concentrée  de  perchlorure  de  fer,  adilitionnée  d'acide  chlorhydrique. 

»  Le  cuivre  s'y  dissout  très-rapidement;  il  reste  une  matière  pulvéru- 
lente, brun  noir,  peu  volumineuse,  qui,  convenablement  lavée  à  l'eau  et 
à  l'acide  chlorhydrique  et  séchée  à  loo  degrés,  a  donné  à  l'analyse,  pour 
loo  de  matière  : 

Carbone 64 ,  oo 

Eau 26 , 1 

Cendre  siliceuse 8,1 

Matières  non  déterminées 1,8 

100  grammes  de  la  même  fonte  fournissent  par  notre  méthode  7^"^,  i35  de 
résidu  noir  sec  (moyenne  de  six  analyses,  dont  quatre  ont  donné  7^',i4  c' 
deux  ont  donné  '^^'',12). 

»  Le  poids  du  graphite  cristallisé  a  été  trouvé  égal  à  1,2  pour  100 
du  résidu  charbonneux,  et  le  dosage  du  carbone  combiné,  par  le  pro- 
cédé de  M.  Boussingault ,  conduit  à  G3,i  de  carbone  pour  100  du  même 
résidu. 

»  La  somme  du  graphite  et  du  carbone  combiné  est  égale  à  64,3,  nombre 
très-rapproché  de  celui  fourni  par  la  combustion,  64,00.  On  peut  donc 
admettre  que,  dédiiclion  faite  du  silicium  et  de  quelques  impuretés  dont  le 
poids  ne  dépasse  pas  1,8  pour  100,  le  résidu  charbonneux  est  constitué  par 
un  hydrate  de  carbone,  offrant  les  rapports  G"  :3H'0.  Ces  rapports  entre 
le  carbone  et  l'eau  combinée  sont  constants  dans  les  produits  fournis  par 
diverses  fontes  blanches  :  ils  sont  aussi  ceux  du  composé  iodé  d'Eggertz;  ils 
rattachent  ce  produit  ou  liydrale  cjrapliitique  à  la  série  de  l'acide  graphitique 
(G"H*0''  ou  Gr'H'ô'^)  de  Brodie,  ainsi  qu'à  l'oxyde  hydrographitique  de 
M.  Berthelot  (1). 

(i)  Nous  rappellerons  que  M.  Brodie  :i  supposé  que  dans  les  dérivés  du  graphite  le  car- 
bone existe  avec  le  poids  atomique  33  =  Gr,  Gr'=:  G'.  Ce  poids  atomique  est  en  rap- 
port avec  le  poids  spécifique  du  graphite. 


(  9i3) 

»  Chauffé  à  une  fcmpérature  de  aSo  degrés,  il  perd  brusquement  de  l'eau 
sans  se  boursoufler. 

»  I/acide  nitrique  ordinaire  l'atlaque  énergiquement  à  chaud  et  le  trans- 
forme inlcgi-alement^  avec  dégagement  de  vapeurs  uiireuses,  en  une  sub- 
stance rouge  brun,  amorphe,  soluble  ilans  l'acide  nitrique,  l'alcool,  les 
alcalis,  l'ammoniaque,  soluble  aussi  dans  l'eau  pure,  mais  précipitable  par 
l'addition  de  sels  neutres.  La  solution  ammoniacale,  dont  on  a  expulsé 
l'excès  d'ammoniaque  par  l'ébullition,  précipite  par  les  sels  métalliques  des 
composés  colorés  en  brun  clair. 

»   Ce  corps  a  donné  à  l'analyse 

I.  II. 

Carbone 52,i3  52,41 

Hydrogène 3 ,  47  3 ,  58 

Azote 2,76  » 

»  Chauffé  dans  un  tube,  il  se  décompose  en  dégageant  une  odeur  prus- 
sique  prononcée  eten  laissant  un  résidu  noir  que  l'acide  azotique  transforme 
de  nouveau  en  produit  rouge  brun. 

»  Les  nombres  précédents  conduisent  à  la  formule  : 

G»^H"(Az0')O"     ou     Gr»H'^(Az0')O"   (i). 

»  Nous  pensons  pouvoir  fonder  siu'  ces  faits  une  méthode  très-simple  et 
très-cxpéditive  de  dosage  du  carbone  combiné  et  du  graphite  dans  la  fonte. 

))  En  effet,  la  solution  nitrique  de  l'hydrate  graphitique  étant  évaporée 
à  sec  au  bain-marie,  et  le  résidu  étant  repris  par  l'alcool,  on  dissout  l'acide 
nitrographitoïque,  et  il  reste  un  mélange  de  silice  et  de  graphite  cristal- 
lisé. » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Théorie  des  tempêtes.  Réponse  à  M.  Paye.    Note 
de  M.  H.  Pesi-in,  présentée  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Je  suivrai  dans  ma  réponse  l'ordre  des  propositions  énoncées  par 
M.  Faye  dans  la  Note  du  i5  mars  dernier,  et  je  chercherai  à  préciser  les 
points  sur  lesquels  je  suis  en  désaccord  avec  mon  illustre  adversaire. 

»  1°  Je  reconnais  que  les  cyclones  et  les  trombes  sont  des  phénomènes 
du  même  ordre  mécanique;  mais  je  n'accepte  pas  la  conclusion   que  le 

(i)  Ce  cori>s,  que  nous  proposons  d'appeler  acide  iiUiographilnïquc,  doit  ('lie  identitpic 
avec  la  substance  rouge  qui  se  forme,  d'après  Eggerlz,  lorsqu'on  attaque  la  fonte  par  l'acide 
nitri(iue. 

C.R.,  1H75.  i"Semei(n..  (T.  l.XXX,    N"  15.)  "8 


(  9'4) 

même  genre  d'explication  doit  être  appliqué  à  ces  deux  phénomènes  météo- 
l'ologiques,  que  tous  les  observateurs  ont  distingués.  Les  météorologistes 
ont  pu  suivre  sur  la  surface  du  globe  des  cyclones  qui,  sortant  des  mers 
équatoriales,  sont  devenus  tempêtes  dans  les  régions  tempérées;  ils  en  ont 
conclu  que  la  tempête  et  le  cyclone  sont  les  deux  aspects  du  même  phéno- 
mène météorologique,  variant  suivant  la  latitude.  Mais  jamais,  que  je  sache, 
on  n'a  vu  une  trombe  grossir  jusqu'à  devenir  une  tempête  ou  même  un 
petit  cyclone;  la  transition  manque,  et  j'ajouterai  que,  si  l'on  adopte  les 
idées  de  M.  Faye,  il  est  bien  singulier  qu'elle  manque,  et  que,  dans  notre 
pays,  où  les  tempêtes  sont  si  fréquentes,  les  trombes  soient  si  rares. 

»  Pour  faire  toucher  du  doigt  à  M.  Faye  le  danger  de  son  raisonnement, 
je  lui  citerai  un  autre  phénomène  météorologique  qu'il  a  dû  observer  sou- 
vent ;  la  trombe  de  poussière.  Le  phénomène  est  certainement  du  même 
ordre  mécanique  que  la  trombe  proprement  dite  observée  par  les  marins; 
mais  ici  le  mouvement  de  l'air  est  rendu  très-net  par  la  poussière  en 
suspension,  et  il  est  évidemment  ascensionnel.  M.  Faye  croit-il  que  la 
force  en  jeu  dans  les  deux  phénomènes  soit  la  même?  De  ce  que  je  vois 
l'air  monter  dans  la  trombe  de  poussière,  m'autorise-t-il  à  conclure  que  le 
mouvement  suivant  l'axe  ne  peut  être  qu'ascendant  dans  la  trombe  vue 
en  mer? 

»  1°  Je  reconnais  que  la  trombe  et  le  tornado  présentent,  au  point  de 
vue  de  l'observation,  un  avantage  considérable  sur  les  autres  mouvements 
tournants  de  plus  vaste  diamètre,  tels  que  la  tempête  et  le  cyclone  :  le  phé- 
nomène peut  être  contemplé  dans  son  ensemble.  Mais,  d'autre  part,  leur 
étude  au  point  de  vue  scientifique  présente  deux  difficultés  spéciales,  à  sa- 
voir la  violence  du  phénomène  et  sa  rareté  dans  la  zone  tempérée.  La 
trombe,  à  tort  ou  à  raison,  fait  peur  au  navigateur;  et,  si  beaucoup  l'ont 
vue,  pas  un  n'a  cherché  à  s'en  rapprocher,  à  sortir  de  la  zone  tranquille  qui 
l'entoure.  Nous  avons  peu  de  relations  entièrement  dignes  de  foi  d'un  phé- 
nomène qui,  toujours  et  partout,  a  agi  vivement  sur  l'imagination  du  spec- 
tateur; M.  Faye  ne  le  contestera  pas,  lui  qui,  faisant  V Histoire  d'un  préjugé 
nautique,  rap|)elle  combien  d'observateurs  de  tous  les  temps  et  de  tous  les 
pays  ont  cru  voir  et  certifient  avoir  vu  le  mouvement  ascendant  de  l'eau  et 
de  sa  vapeur,  suivant  l'axe  de  la  trombe.  Nous  avons  surtout  bien  peu  de 
faits  constants  sur  les  vents  qui  l'accompagnent;  nous  ne  possédons  aucune 
carte  tant  soit  peu  complète  des  directions  qu'affectait  le  courant  d'air 
autour  d'une  des  trombes  connues;  il  n'est  pas  certain  que  les  lois  des  tem- 
pêtes leur  soient  applicables,  et,  par  exemple,  que  leur  sens  de  gyration  soit 


(  9'S  ) 
constant  dans  chaquo  hémisphère.  (Voir  la  note  de  la  page   5o8,  dans  la 
Notice  de  Y  Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes.) 

»  Cela  posé,  si  nous  voulons  prendre  les  faits  pour  base  de  la  discussion, 
et  si  notre  objectif  est  d'étudier  les  lois  des  tempêtes  pour  en  découvrir  la 
théorie,  je  crois  que  nous  sommes  tenus  d'aborder  le  problème  directement 
et  d'étudier  les  cartes  des  tempêtes.  Je  ne  puis  admettre  que  nous  prenions 
pour  éléments  principaux  de  la  discussion  les  faits  relatifs  à  un  phénomène 
distinct,  bien  rarement  observé  par  les  savants,  et,  d'après  M.  Faye  lui- 
même,  presque  toujours  mal  observé. 

»  3°  et  4°-  Ce  qui  précède  me  donne  le  droit  de  décliner  le  débat  dans 
les  termes  dans  lesquels  M.  Faye  le  propose;  mais,  néanmoins,  j'examinerai 
les  objections  qu'il  adresse  à  la  théorie  de  l'aspiration,  telle  qu'elle  a  été 
appliquée  à  l'explication  de  la  trombe. 

»  M.  Faye  croit  que  les  observateurs  ont  mal  observé,  aveuglés  par  un 
préjugé  qui  remonte  à  travers  les  siècles  historiques  jusqu'aux  fondateurs 
des  religions  anciennes,  et  il  prétend  l'établir  par  les  principes  de  la  Méca- 
nique. La  théorie  de  l'aspiration  ne  rend  pas  compte  de  la  coexistence  de 
la  gyration  violente  qui  caractérise  la  trombe  et  du  calme  parfait  observé 
dans  les  couches  basses  tout  à  l'entour  ;  elle  fait  décrire  à  la  molécule  d'air 
entraînée  vers  le  centre  d'aspiration  une  trajectoire  singulière,  contraire 
aux  lois  de  la  Mécanique:  telles  sont,  si  j'ai  bien  compris,  les  deux  diffi- 
cultés principales  sur  lesquelles  M.  Faye  appelle  la  discussion. 

»  La  première  est  facile  à  lever.  M.  Faye  a  cité  dans  sa  Notice  le  théorème 
de  Mécanique  qui  explique  la  violence  de  la  gyration  dans  les  tourbillons 
de  nos  rivières  :  la  vitesse  du  mouvement  gyratoire  croît  en  raison  inverse 
de  la  distance  à  l'axe,  la  vitesse  angulaire  de  la  gyration  en  raison  inverse 
du  carré  de  la  distance  (voir  p.  4^8).  Ce  théorème  est  applicable  à  tous  les 
mouvements  des  fluides  complètement  symétriques  autour  d'un  axe  ;  ainsi 
il  peut  être  appliqué  dans  l'hypothèse  de  l'aspiration  aussi  bien  que  dans 
celle  du  tourbillon  se  propageant  de  haut  en  bas.  Il  est  aisé  d'en  conclure 
que  si,  par  exemple,  la  vitesse  de  gyration  est  de  a  mètres  par  seconde  à 
5oo  mètres  de  distance  de  l'axe,  elle  sera  de  20  mètres  par  seconde  à 
5o  mètres  de  l'axe,  de  5o  mètres  par  seconde  à  20  mètres  de  l'axe.  Ces  der- 
niers chiffres  me  paraissent  répondre  à  toutes  les  exigences  do  l'observation. 
»  Quant  au  sens  de  la  gyration  et  à  l'influence  de  la  rotation  terrestre, 
je  pourrais  rappeler  l'expérience  d'un  physicien  qui  a  cru  la  mettre  en 
évidence,  même  dans  le  mouvement  gyratoire  que  prend  un  liquide  s'écou- 
lant  |)arle  fond  d'un  baquet  ciîculaire;  mais  je  suis  ibrt  disposé  à  admettre 

118.. 


(9'6) 
que,  si  la  trombe  a  un  faible  diamètre,  diverses  causes  accidentelles  [jeuvent 
faire  varier  le  sens  de  la  gyration,  qui  ne  provient  dans  aucun  cas  de  la 
réaction  du  sol,  animé  de  sa  lente  rotation  diurne,  sur  les  courants  horizontaux. 

»  La  seconde  difficulté  ne  nous  paraît  pas  beaucoup  plus  sérieuse.  Ce 
que  nous  voyons  de  la  trombe,  ce  n'est  pas  toute  la  masse  d'air  en  mou- 
vement, c'est  la  partie  de  cette  masse  rendue  opaque  par  la  précipitation  de 
la  vapeur  d'eau.  Dans  l'ordre  d'idées  que  nous  soutenons,  c'est  la  partie  de 
la  trombe  où  l'air  s'élève,  et  où  l'élévation  au-dessus  du  niveau  primitif 
est  déjà  suffisante  pour  que  le  point  de  saturation  ait  été  dépassé,  par 
suite  du  refroidissement  dû  à  l'ascension.  Ainsi  l'air  en  mouvement 
n'est  pas  obligé  de  passer  par  le  col  rétréci  qui  nous  paraît  constituer  la 
partie  inférieure  de  la  trombe;  il  entoure  toute  la  trombe  apparente  d'une 
gaîne  invisible,  animée  d'un  mouvement  de  gyration  rapide,  et  dont  le  dia- 
mètre est  beaucoup  plus  grand  que  celui  que  nous  apercevons.  Il  est  aisé 
d'en  conclure  que  la  trajectoire  décrite  par  la  molécule  d'air  n'est  pas 
l'angle  droit  formé  par  l'intersection  d'une  ligne  borizontale  et  d'une  ligne 
verticale,  que  M.  Faye  nous  a  représentée  dans  sa  Notice  (p.  ^6/i,Jig.  9): 
c'est  une  hélice,  en  tout  semblable  à  celle  que  la  molécule  d'eau  décrit  dans 
le  tourbillon  de  nos  rivières.  C'est  la  courbe  même  de  la  théorie  tourbil- 
lonnaire,  mais  parcourue  de  bas  en  haut  au  lieu  de  l'être  de  haut  en  bas, 
comme  le  veut  mon  illustie  adversaire. 

»  Je  crois  avoir  répondu  à  toutes  les  questions  qui  me  sont  adressées  par 
M.  Faye,  dans  la  Note  du  i5  mars  dernier.  Pour  me  résumer,  je  dirai  que 
l'objet  de  la  Notice  de  V Annuaire  du  Buieau  des  Longitudes  est  la  défense 
de  la  loi  des  tempêtes;  et  que,  pour  les  diverses  raisons  que  j'ai  énumérées 
plus  haut,  je  crois  qu'il  convient  de  concentrer  le  débat  sur  les  faits  relatifs 
aux  tempêtes.  Si  M.  Faye  veut  bien  me  le  permettre,  j'appellerai  son  atten- 
tion sur  celui  qui  me  paraît  être  le  nœud  de  la  question,  sur  le  phénomène 
de  la  pluie.  Une  pluie  abondante  accompagne  invariablement  la  tempête 
et  le  cyclone;  réciproquement,  il  n'y  a,  pour  ainsi  dire,  pas  d'exemple  d'une 
pluie  violente,  couvrant  une  vaste  étendue,  qui  n'ait  pu  être  rattaché  à  une 
dépression  barométrique  notable  et  à  un  mouvement  tournant  de  l'atmo- 
sphère. Il  y  a  donc  entre  les  deux  phénomènes  une  connexion  étroite,  que 
toute  théorie  des  tempêtes  doit  chercher  à  expliquer;  je  le  prie  de  me  dire 
comment  la  sienne  en  rend  compte.   » 


(  9'7  ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Des  courants  supérieurs  de  l'aUnosplière  dans  leurs  relations 
avec  les  lignes  isobaromélriques.  —  Note  de  M.  IIildebraxd  Hildebrands- 
soN,  piésenlée  par  M.  Ch.  SaiiUe-Claire  Deville.  (Extrait.) 

«  L'examen  d'un  grand  nombre  de  cartes  synoptiques  montre  que  l'air 
se  meut  en  spirale  vers  le  centre  d'un  minimum  barométrique,  et  que  la  ro- 
tation autour  de  ce  centre  se  fait,  dans  l'iiémisphère  nord,  en  sens  inverse 
de  celui  des  aiguilles  d'une  montre.  Cet  examen  fait  voir,  au  contraire,  que 
le  vent  s'éloigne  d'un  maximum,  en  même  temps  qu'il  s'établit  une  rota- 
tion dont  le  sens  est  contraire  à  celui  de  la  précédente.  Donc  on  peut  con- 
clure que  l'air,  autour  du  centre  d'une  tempête,  a  une  composante  ascen- 
dante; que,  par  conséquent,  il  monte  et,  parvenu  aune  certaine  hauteur, 
s'éloigne  du  centre  dans  toutes  les  directions.  Parvenue  aux  régions  des 
maxima,  cette  nappe  supérieure  descend  et  alimente  d'air  les  courants  infé- 
rieurs divergents.  C'est  ce  qui  est  admis  par  la  plupart  des  météorologistes 
modernes,  en  particulier  par  MM.  Buchan,  Mohn,  Loomis,  Peslin,  Reye 
et  Clément  Ley. 

»  D'autres  savants,  néanmoins,  sont  arrivés  par  des  considérations  théo- 
riques à  envisager  les  choses  d'une  manière  tonte  différente.  M.  Marié- 
Davy  admet  que,  dans  les  cyclones,  l'air  se  trouve  refoulé  du  centre  à  la 
circonférence  par  l'effet  de  la  rotation,  et  qu'une  forte  aspiration,  dans  la 
direction  de  l'axe,  y  appelle  l'air  des  régions  situées  au-dessus  du  disque 
tournant.  M.  Faye  cherche  aussi  à  démontrer  l'existence  d'un  mouvement 
de  haut  en  bas,  au  moins  dans  les  tourbillons  de  petit  diamètre  :  trombes, 
tornados,  etc. 

»  Ici,  comme  partout  dans  les  sciences  physiques,  la  voie  la  plus  sûre 
est  d'observer  ce  qui  se  passe  dans  la  nature  :  rechercher,  |)ar  exemple, 
avec  précision  le  mouvement  des  courants  d'air  dans  les  régions  les  plus 
élevées.  De  telles  observations  sont  souvent  possibles,  grâce  à  ces  précipi- 
tations de  cristaux  déglace  qui  constituent  les  nuages  les  plus  élevés,  les 
cirrhus,  et  dont  la  marche  indique  la  direction  du  courant  d'air  dans 
lequel  ils  se  trouvent.  M.  Clément  Ley  a  publié  620  observations  faites 
par  lui-même  sur  les  mouvements  des  cirrhus,  et  il  a  trouvé  qu'en  cjénénd 
les  courants  supérieurs  de  l'atmosphère  s  éloignent  des  minima  et  convergent 
vers  les  maxima  barométriques.  J'ai  pensé  qu'il  serait  important  de  pousser 
plus  loin  ces  recherches,  et  je  suis  parvenu  à  recueillir  à  Upsal,  de  toutes 
les  parties  de  la  Suède,  des  renseignements  sur  la  marche  des  cirrhus.  Nous 
recevons,  en  outre,  de   M.   Iloffmeyer,  directeur  de  l'Institut  météorolo- 


(9t8) 
gique  de  Danemark,  des  observations  semblables  faites  dans  les  quatre 
phares  de  ce  pays,  et  de  M.  Renoii  celles  qu'il  recueille  lui-même  au  parc 
Saint-Maur,  près  de  Paris.  Les  observations  ainsi  recueillies  sont  divisées 
en  deux  parties,  selon  qu'elles  sont  prises  avant  ou  après  2  heures  du  soir. 
Les  premières  sont  seules  encore  utilisées  pour  la  carte  synoptique  du 
matin. 

»  Je  donne  ici  seulement  la  discussion  ou  plutôt  les  résultats  sommaires 
de  la  discussion  des  observations  faites  le  28  janvier  1874.  Ce  sont  :  i"  une 
grande  carte  synoptique,  empruntée  au  bel  Atlas  des  cartes  synoptiques 
journalières  de  M.  Hoffmeyer;  2°  trente-deux  petites  cartes,  ne  présentant 
que  les  lignes  isobares  et  des  flèches  indiquant  les  directions  des  vents  supé- 
rieurs flans  la  région  des  cirrhus. 

»  La  discussion  de  la  grande  carte  amène  aux  conclusions  suivantes. 
Le  28  janvier  18741  de  fortes  pressions  se  montrent  sur  le  nord-ouest  de 
l'Europe,  et  le  baromètre  indique  780  millimètres  de  pression  à  Valentia. 
De  l'autre  côté,  une  bourrasque  a  son  centre  sur  l'intérieur  de  la  Russie. 
Son  influence  se  fait  sentir  sur  la  Suède,  la  Pologne,  la  Hongrie  et  la  Tur- 
quie. Les  flèches  rouges  indiquent  sur  la  carte  l'existence  d'un  courant 
d'air  dans  les  régions  les  plus  hautes  de  l'atmosphère.  Sur  la  côte  du  golfe 
de  Bothnie,  la  direction  générale  de  son  mouvement  est  du  nord,  sensi- 
blement parallèle  à  celle  des  isobares  et  du  vent  inférieur.  Sur  la  partie 
méridionale  de  la  Suède,  il  tourne  au  nord-est,  et,  sur  le  Danemark,  il  est 
perpendiculaire  aux  isobares.  Par  conséquent,  c/«h5  ces  hautes  régions^,  l'air 
s'éloigne  du  7ninimutn  et  converge  vers  le  maximum  barométrique. 

»  Ne  pouvant  donner  ici  la  discussion  des  trente-deux  petites  cartes  qui 
se  rapportent  à  un  pareil  nombre  de  jours  de  l'année  1874,  je  me  borne  à 
citer  les  conclusions  suivantes,  qu'on  peut  tirer  du  simple  examen  de  ces 
cartes  particulières  : 

»  1°  Tout  près  du  centre  d'une  dépression  ou  minimum  barométrique, 
les  courants  supérieurs  se  meuvent  à  peu  près  dans  une  direction  parallèle 
aux  isobares  et  aux  vents  inférieurs; 

»  2°  A  mesure  qu'on  s'éloigne  du  centre,  ils  sont  plies  en  dehors  et 
déviés  à  droite  des  vents  inférieurs; 

»  3°  Sur  les  régions  des  maxima,  ils  convergent  vers  leur  centre  en  cou- 
pant les  isobares  à  peu  près  à  angles  droits. 

»  La  comparaison  des  vents  supérieurs  aux  vents  de  la  surface,  pour 
888  observations  des  mouvements  des  cirrhus  chaque  malin  des  huit  mois 
de  janvier-août,  amène  à  cette  conséquence  que  les  courants  supérieurs  de 


(  919  ) 
l'atmosphère  s'éloignent  des  minima  et  convergent  vers  les  maxima  baromé- 
triques. 

■»  J'ai  recherché  aussi  les  relations  entre  les  bandes  de  cirrhus  et  les  iso- 
bares, et  la  discussion  des  127  observations  journalières  m'amène  à  con- 
clure que  les  bandes  de  cirrhus  sont,  dans  les  régions  des  niaximn,  le  plus 
souvent  orientées  dans  une  direction  à  peu  près  perpendiculaire  aux  iso- 
bares, et,  au  contraire,  dans  celles  des  minima,  sensiblement  parallèles  aux 
lignes  isobarométriques. 

»  En  définitive,  je  crois  avoir  démontré,  dans  le  travail  dont  je  présente 
à  l'Académie  une  bien  courte  analyse,  que  l'air  s'éloigne  des  centres  des  mi- 
nima et  converge  vers  les  centres  des  maxima  dans  les  régions  les  plus  hautes  de 
l'atmosphère.  On  sait  que  c'est  l'inverse  qui  a  lieu  près  de  la  surface  ter- 
restre. Par  conséquent,  un  minimum  doit  nécessairement  être  le  siège  d'un 
courant  d'air  ascendant.  Jrrivé  à  une  grande  hauteur,  cet  air  s'éloigne  partout 
du  centre  de  la  dépression  et  se  déverse  en  nappe  uniforme  au-dessus  des  régions 
des  maxima,  oîi  il  s'abaisse  graduellement  vers  la  terre  en  courants  descendants. 
De  cette  manière,  il  s'ejfectue  sans  cesse  une  circulation  verticale  entre  la  sur- 
face terrestre  et  les  limites  supérieures  de  l'atmosphère.  Le  principal  agent  de 
cette  circulation  doit  être  la  différence  de  température  et  d'humidité  entre 
l'air  plus  ou  moins  échauffé  de  la  surface  et  l'air  des  régions  les  plus  éle- 
vées, où  il  règne  une  sécheresse  et  un  froid  excessifs.  » 

OPTIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Nouvelle  formule  destinée  à  calculer  la  force  ré- 
fringente ou  le  numéro  des  lunettes  de  presbjte.  Note  de  M.  Monoyer,  pré- 
sentée par  M.  de  Quatrefages.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Aucune  règle  fixe  n'a  présidé  jusqu'à  ce  jour  au  choix  des  lunettes 
de  presbyte.  On  trouve  bien,  dans  les  Traités  de  Physique,  une  formule 
pour  calculer  le  numéro  des  verres  de  ces  lunettes,  mais  cette  formule  n'a 
jamais  été  sanctionnée  par  l'usage,  car  elle  fournit  des  valeurs  numéri- 
ques qui,  soumises  au  contrôle  de  l'expérience,  sont  reconnues  tout  à  fait 
impropres  à  corriger  la  presbytie.  Aussi,  en  pratique,  ophthalmologistes  et 
opticiens  préfèrent-ils  avec  raison  procéder  par  voie  d'essais  successifs,  en 
prenant  pour  le  premier  essai  le  verre  qui  leur  est  indiqué  dans  un  tableau 
ou,  en  regard  de  chaque  âge,  est  inscrit  le  numéro  que  l'observation  de 
nombreux  cas  a  noté  comme  étant  le  plus  généralement  recherché.  L'em- 
ploi de  cette  table  suppose  implicitement  que  la  diminution  du  pouvoir  ac- 
commodatit  a  suivi  sa  marche  normale  et  régulière  en  rapport  avec  l'ac- 


(    920    ) 

croissement  de  l'âge;  mais  si,  sous  l'influence  d'une  cause  perturbatrice 
quelconque,  l'acconimotlalion  ne  possède  pas  le  degré  de  force  que  com- 
porle  l'âge  du  presbyte,  la  table  en  question  ne  peut  même  plus  servir  à 
diiiger  les  premiers  essais,  et  la  méthode  des  tâtonnements  devient  la  seule 
et  unique  ressource  du  praticien  réduit  à  n'avoir  d'autre  guide  que  le  ha- 
sard. Il  en  est  encore  de -même  lorsque  la  presbytie  vient  s'ajouter  à  quel- 
que anomalie  de  la  réfraction  fixe  (hypermétropie  ou  myopie)  :  en  pa- 
reil cas,  ni  la  formule  des  Traités  de  Physique,  ni  les  données  empiriques 
de  la  Table  physiologique  ne  sont  d'aucun  secours.  A  cet  égard,  M.  Don- 
ders  a  formulé  une  règle  défectueuse,  quand  il  a  conseillé  de  faire  la 
somme  algébrique  des  verres  correcteurs  de  la  presbytie  et  de  l'amétropie. 

»  En  étudiant  attentivement  les  données  qui  servent  de  base  à  l'établis- 
sement de  la  formule  des  Traités  de  Physique,  nous  avons  découvert  les 
causes  qui  empêchent  cette  formule  de  fournir  des  valeurs  numériques 
suffisamment  d'accord  avec  les  résultats  empiriques;  ces  causes  sont  au 
nombre  de  deux  :  i"  on  calcule  la  longueur  locale  de  la  lentille  correctrice 
dans  l'hypothèse  que  ce  verre  aura  pour  effet  de  reporter  iniiuelleineiU  au 
puitclani  jtroximutn  l'objet  situé  à  une  distance  qui  est  plus  rapprochée  et  en 
rapport  avec  la  petitesse  des  détails  à  distinguer;  cela  revient  à  exiger  du 
presbyte  que,  regardant  à  travers  ses  lunettes,  il  adapte  sa  vue  à  la  distance 
de  son  point  le  plus  rapproché  de  la  vision  distincte;  que,  par  conséquent, 
il  mette  en  réquisition  la  totalité  du  pouvoir  accommodatif  dont  il  est  ca- 
pable. La  fonction  visuelle  s'exercant  dans  ces  conditions  ne  tarde  pas  à 
provoquer  l'apparition  de  symptômes  d'asthénopie  accommodative,  de 
fatigue  oculaire,  de  douleurs  sus-orbitaires,  etc.  ;  2°  on  ne  prend  en  consi- 
dération que  le  pimctum  pi'oximiim  ;  on  ne  tient  aucun  compte  du  punctum 
remolum  ni,  par  suite,  île  la  grandeur  du  pouvoir  accommodatif;  de  telle 
sorte  que  l'ancieiuic  formide  ne  convient  pas  dans  la  presbytie  simple  et 
qu'elle  peut  encore  moins  convenir  pour  le  presbyte  amétrope. 

»  [.es  causes  d'erreur  que  nous  venons  de  signaler,  nous  les  avons  évi- 
tées, en  introduisant  dans  l'établissement  de  notre  nouvelle  formule  la 
condition  suivante  :  choisir  une  lentille  correctrice  qui  reporte  l'image 
virtuelle,  non  pas  à  la  distance  du  punctum  pruxinnim,  mais  à  une  distance 
plus  grande  et  telle  que  le  presbyte,  accommodant  sa  vue  pour  cette  dis- 
tance, emploie  seulement  une  portion  du  pouvoir  acconnnodatif  dont  il 
est  doué.  Par  ce  moyen,  nous  tenons  compte  de  tous  les  éléments  qui 
peuvent  exercer  quelque  influence  sur  le  choix  des  lunettes  de  presbyte; 
nous  avons  ainsi  obtenu  une  formule  |)arfaitement  rationnelle,  applicable 


(  92[   ) 
à  tous  les  cas  et  permettant  de  calculer  avec  une  extrême  précision  la  force 
réfringente  de  la  lentille  qui  corrige  la  presbytie  de  la  manière  la  plus  satis- 
faisante. 

»  Notre  nouvelle  formule  est 


I        i        .1  I 

d  r  a         f 

ou,  en  renversant  l'ordre  des  termes, 

I  ,111 

/  a         r  d 

»  Nous  représentons  par  r  la  distance  du  point  le  plus  éloigné  de  la  vision 
distincte  ou  punclum  remotum,  par  -  le  pouvoir  accommodatif  de  l'œil  con- 
sidéré, par  k  une  traction  plus  petite  que  l'unité  et  indiquant  la  portion  du 
pouvoir  accommodatif  -,  dont  l'œil  doit  faire  usage  quand  il  se  sert  de  la 

lentille  de  ioycvf,  pour  voir  distinctement  un  objet  situé  à  la  distance  d. 

»  Nous  nous  bornons  ici  à  transcrire  la  nouvelle  formule;  nous  en  don- 
nerons la  démonstration  et  nous  la  discuterons  en  détail  dans  un  travail 
plus  étendu,  que  nous  publierons  sur  ce  sujet;  nous  examinerons  alors  les 

transformations  qu'on  peut  lui  faire  subir,  en  y  remplaçant,  soit  -par  sa 
valeur  en  fonction  de  ret  du  punclum  ptoximum  p,  soit  -  par  sa  valeur  tirée 

de  l'équation  du  pouvoir  accommodatif,  ou  bien  encore  en  substituant 
aux  fractions  leurs  valeurs  équivalentes  exprimées  en  dioptries  métriques. 

»  Les  quantités  d  et  k  sont  des  constantes  que  nous  avons  eu  soin  de 
laisser  jusqu'ici  dans  l'indétermination,  afin  de  conserver  à  notre  équation 
son  caractère  absolu  de  généralité;  mais  il  est  bien  évident,  d'une  part, 
qu'on  ne  peut  appliquer  la  formule  sans  donner  au  préalable  à  ces  con- 
stantes des  valeurs  numériques  déterminées,  d'autre  i)art  que  c'est  à  l'ex- 
périence seule  à  nous  faire  connaître  les  nombres  qui  conviennent  le  mieux. 
En  attendant  que  nous  soyons  parfaitement  renseignés  à  cet  égard,  nous 
avons  choisi  pour  d  une  valeur  de  aS  centimètres,  et  pour  le  coefficient 
d'accommodation  A-  la  fraction  ^;  ces  valeurs  numériques  étant  introduites 
dans  notre  équation  fournissent  des  résultats  qui  m'ont  paru  satisfaisants, 
et  qui,  d'ailleurs,  s'éloignent  peu,  pour  les  presbytes  emmétropes,  des  va- 
leurs empiriques  reconnues  bonnes  dans  la  majorité  des  cas. 

»  Cependant,  qu'on  le  remarque  bien,  car  c'est  là  un  point  capital  sur 

C.R.,i8;5,  i"  Spmej(ie.(T.  I.XXX,  iN"  15.)  II9 


(    922    ) 

lequel  je  ne  saurais  trop  insister,  les  valeurs  numériques  ci-dessus  indiquées 
pour  de[  k  ne  sont  proposées  qu'à  titre  essentiellement  provisoire;  l'obser- 
v;Uion  ultérieure  montrera  si  elles  peuvent  être  conservées  telles  quelles, 
ou  si  elles  doivent  être  modifiées;  mais,  quoi  qu'il  advienne,  ces  modifica- 
tions de  valeurs  numériques  ne  porteront  aucune  atteinte  à  la  formule  elle- 
même,  laquelle  n'en  restera  pas  moins  parfaitement  exacte  et  applicable 
dans  toutes  les  circonstances.  » 

M.  HiRscH  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté,  déposé  par  lui  le 
3  octobre  1873,  et  inscrit  sous  le  n"  2769. 

Ce  pli,  ouvert  en  séance  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  contient  une 
Note  intitulée  :  «  Application  de  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur  aux 
machines  à  air  chaud  » 

L'auteur  donne  le  résumé  suivant  de  son  travail  : 

«  Résumé.  —  1°  Les  machines  à  gaz  permanents  peuvent  être  rendues 
beaucoup  plus  avantageuses  que  les  macliines  à  vapeur  actuelles. 

)>  2°  L'emploi  des  régénérateurs  de  chaleur  permet  d'atteindre  un  coef- 
ficient économique  égal  à  celui  du  cycle  de  Carnot,  sans  dépasser  les  li- 
mites pratiques  de  pression  et  de  volume. 

»  3°  Pour  donner  de  bons  résultats,  il  convient  qu'une  machine  à  air 
chaud  marche  à  des  températures  élevées,  ce  qui  conduit  à  l'emploi  des  ma- 
tériaux réfractaires. 

»   4°  Le  combustible  doit  être  brûlé  dans  le  cylindre  même. 

»  En  dehors  de  ces  principes,  nous  rappelons  les  dispositions  sommaire- 
ment décrites  dans  ce  Mémoire,  savoir  :  régénérateur  à  aiguilles  réfrac- 
taires; garnitures  réfractaires  du  piston  et  du  cylindre;  générateurs  de 
pressions  simples  ou  multiples,  machines  soufflantes;  machines  directes, 
avec  cylindre  alimentaire  et  cylindre  moteur  attelés  sur  un  même  arbre, 
ce  qui  permet  d'obtenir  de  hautes  pressions.  » 

M.  Demoget  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté  déposé  par  lui  le 
12  janvier  1873,  et  inscrit  sous  le  n"  2718. 

Ce  pli,  ouvert  en  séance  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  contient  la  des- 
cription d'un  nouvel  appareil  magnéto-électrique.  Cette  description  est 
accompagnée  d'un  dessin  de  la  machine. 

M.  le  général  Morin,  en  présentant  à  l'Académie  la  6*  livraison  du  tome  V 


(  923  ) 
delà   «  Revue  d'Artillerie  »,  publiée  par  ordre  du  Ministre  de  la  Guerre, 
-s'exprime  comme  il  suit  : 

»  Entre  autres  articles  intéressants,  cette  livraison  de  la  Revue  d Arlillerie 
contient  une  Note  de  M.  le  capitaine  André  sur  l'application  des  méthodes 
géométriques  de  quadrature  à  la  détermination  des  volumes,  des  poids, 
des  centres  de  gravité  et  des  moments  d'inertie  des  solides  de  révolution, 
dont  on  connaît  seulement  le  profil  générateur. 

»  Cette  application,  faite  à  des  projectiles  des  artilleries  française  ou  étran- 
gère, a  fourni  des  résultats  dont  l'exactitude  est  suffisante  pour  la  détermi- 
nation de  ces  éléments,  indispensal)les  dans  les  calculs  de  balistique.  » 

La  séance  est  levée  à  6  heures  et  demie.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

OOVRACES    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU     23    MARS     1876. 

Compte  tendu  des  séances  de  la  Société  médicale  d'émulation  de  Montpellier 
(1873- 1874);  par  le  D'  J.  Grasset.  Montpellier,  typ.  Boehm  et  fils,  1874-, 
br.  in-8°. 

Qaelrpies  nonibres  caractérislirptes  relatifs  à  la  température  de  Bruxelles.  Note 
de  M.  Ern.  Quetelet.  Bruxelles,  1876;  opuscule  in-8''.  (Extrait  des  Bulle- 
tins de  l'Académie  royale  de  Belgique.) 

Considérations  générales  sur  la  détermii^ation ,  sans  calcul,  de  l'ordre  d  un 
lieu  géométrique  ;  par  L.  Saltel.  Bruxelles,  F.  Hayez,  1875;  hr.  in-8°. 

Sur  r allure  des  couches  du  terrain  cambrien  de  l'Jrdenne,  et  en  particulier 
sur  la  disposition  du  massif  devillien  de  Grand-Halleux  et  sur  celle  de  l' liyalophp-e 
de  Mairu  près  Deville  [département  des  Ardennes);  par  G.  Dewalque.  Sans 
lieu  ni  date;  opuscule  in-8°.  (Extrait  des  Annales  de  la  Société  géologique 
de  Belgique.) 

Sur  la  corrélation  des  formations  cambriennes  de  la  Belgique  et  du  pays  de 
Galles;  par  G.  Dewalque.  Bruxelles,  imp.  F.  Hayez,  1874;  opuscule  in-8''. 
(Extrait  des  Bulletins  de  l'Académie  roj aie  de  Belgique.) 

Rapport  de  M.  G.  Dewalque   sui    un  Mémoire  envoyé  au  Concours  de  la 

i  19 


(  924  ) 
classe  des  Sciences  de  1874,  en  réponse  à  la  question  suivante  :  «  Faire  con- 
naître, notamment  au  point  de  vue  de  leur  composition,  tes  roches  plutoniennes, 
ou  considérées  comme  telles,  de  la  Belgique  et  de  V Ardenne  française  ». 
Bruxelles,  imp.  F.  Hayez,  1874;  br.  in-8°.  (Extrait  des  Bulletins  de  V Acadé- 
mie royale  de  Belgique.) 

Des  caractères  essentiels  qui  différencient  les  phénomènes  chimiques,  phy- 
siques et  physiologiques  des  phénomènes  psychologiques.  Mémoire  envoyé,  en 
septembre  1872,  au  Congrès  de  Bordeaux;  parf.  DE  Parseval-Grandmaison. 
Paris,  E.  Tlioriii  ;  Lyon,  Josserand,  1878;  br.  in-S". 

La  phlhisie  en  Algérie  ;  par  le  D''  Feuillet.  Alger,  Peyront,  Tissier  et 
Jourclan,  1874;  in-8''. 

Menton  sous  le  rapport  climatologique  et  médical;  par  le  D'  J.-F.  Farina. 
Paris,  O.  Doin,  1875;  in- 12. 

Procès-verbaux  des  séances  de  la  quatrième  conférence  géodésique  internatio- 
nale pour  la  mesure  des  degrés  en  Europe,  et  de  sa  commission  permanente,  réunies 
à  Dresde  en  septembre  \9i']l\,  rédigés  par  les  Secrétaires  de  la  Commission  per- 
manente, G.  Bruhns  et  A.  HiasCH.  Neuchâtel,  imp.  Borel,  1874;  in-4". 

Question  sociale  et  découverte  d'un  soleil  appelé  moteur  lumière  ;  par  Fayol. 
Paris,  typ.  Blanpain,  1875;  br.  in-S". 

P.  GONTlER.  Le  schiste.  Son  utilité  en  agriculture  comme  engrais  et  guano. 
Caen,  imp.  E.  Valin,  1874;  in-8''. 

F.  Stenfort.  Les  plus  belles  plantes  de  la  mer.  Paris,  chez  l'auteur,  1874  ; 
in-8°;  relié.  (Adressé  au  Concours  Thore,  1875.) 

Expériences  toxicologiques  et  agronomiques  relatives  à  Pépiampélie  pliylloxé- 
rique ;  par  A.  Baudrimont.  Bordeaux,  imp.  Gounouilhou,  1874;  br.  in-8°. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

Traité  technique  d'histologie;  par  h.  Ranvier  ;  fascicules  i,  2.  Paris, 
F.  Savy,  1875;  2  liv.  in-8°  (Présenté  par  M.  Cl.  Bernard). 

Dépôt  des  cartes  et  plans  de  la  Marine,  n°  532  :  Météorologie  nautique. 
Vents  et  courants,  toutes  générales.  Extrait  des  Saiiing  directions  de  Mauiy 
et  des  travaux  les  plus  récents;  /;a/'MiM.  Cli.  Ploix  et  Caspari.  Paris,  Impri- 
merie nationale, 1874;  in-4°. (Présenté  parM.  l'amiralJuriende  la  Gravière.) 

The  Cape  catalogue  0/  i  i  69  stars,  deduced  from  observations  at  tlic  royal 
Observatory,  Cape  of  Good-Bope,  i856  to  1861,  reduced  to  the  epoch  1860, 
under  ihe  superintendence  o/E.-J.  Stone.  Cape  ïown,  Saul  Salomon  and  C°, 
187^;  in-S",  relié. 


(  92^  ) 

AslronomicaL  and  magnelical  and  meteorological  Observations  niade  al  llie 
royal  Observalorj  Greenwkh  in  ihe  jenr  1872  :  under  tlie  direction  of  sir 
J.-B.  AïKY.  London,  G.-E.  Eyre  and  W.  Spottiswoode,  1874;  in-4°. 

Note  on  the  expression  of  the  leni/tli  of  tlie  arc  of  a  cartesinn  bj  elliptic  fane- 
lions,  hy  Samuel  ROBERTS.  Sans  lieu  ni  date  ;  opuscule  in-S**.  (Extracted  from 
the  Proceedimjs  of  the  London  malliemalical  Society.  )  (  Présenté  par 
M.  Cliasles). 

Report  of  ihe  proceedings  of  the  conférence  on  maritime  Meteorology  iieUi 
in  London^  1874.  Protocols  and  appendices.  London,  J.-D.  Potter  and 
E.Stanford,  1875;  in-8°. 

Annuario  délia  Sociela  dei  Naiaralisti  in  Modena,  redazione  dcl  Segretnrio 
Paolo  KicCARDi  ;  série  IP,  anno  1X°,  fasc.  I.  Modena,  P.  Tosclii,  1875; 
in-8''. 

Norme per Tarchiviodel municipio di  Milano.  Milano,  lip.P.  Agnelli,  1874; 
grand  in-8°. 

Annali  dell'  Vniversila  loscana;  t.  XII  et  XIII.  Pisa,  tip.  Nistri,  1872- 
1878;  2  vol.  grand  in-8°. 

Annali  dei  regii  Jstituli  lecnico  e  di  marina  mercantile  di  Livorno;  t.  I,  II, 
1871-1873.  Livorno,  tip.  Meucci,  1873-1874;  2  vol.  in-S*^. 

Corso  di  Ab/ebra  complementare ;  per  l'ingegnere  R.-F.  PiSAlNi.  Napoli,  tip. 
deU'Unione,  1870;  in-8°.  (Communiqué  par  M.  Garcin  de  Tassy.) 

Metodo  oltico  per  misurare  le  grossczze  minime.  Nota  dei  prof.  G.  Govi. 
Torino,  Stamperia  reale,  1872;  opuscule  in-S". 

G.  Govi.  Sulla  supposta  origine  cosmica  délie  aurore  polari.  Roma,  tij). 
Botta,  1873;  opuscule  in-i 2. 

Una  Lellera  inedila  dei  principe  Leopoldo  de  Medici,  jondnlore  dell'  Âcca- 
demia  dei  Cimenlo  al  padre  G.-B.  Riccioli,  con  brève  illuslrazione  di  G.  Govi. 
Torino,  Stamperia  reale,  1873-,  opuscule  in-8". 

Di  alcune  miove  camere  lucide.  Nota  di  G.  Govi.  Torino,  Stamperia  reale, 
1873;  br.  in-8°. 

Rapport  sur  l' utilité  des  Tables  de  logarithmes  à  plus  de  sept  décimales  à  pro- 
pos il'un  projet  de  M.  Edward  Sang;  par  G.  Govi.  Turin,  Imprimerie  royale, 
1873;  br.  in-8°. 

Osservazioni  microsismiche  faite  al  collegio  alla  Qiierce,  presso  Firenze,  dal 
P.  D.-T.  BliRTELLl,  B',  neir  anno  mctcorico  1873,  e  riposta  ad  idcunc  obbie- 


(  926  ) 

zioni  intomo  aile  medesime.  Roma,  tip.  délie  Scienze  matfmatiche  e  fisiche, 
187/J;,  in-4°.  (Estratto  dagli  Jtti  deli  Accademia  pontificin  de  ^MOvi  Lincei.) 
Ahhandluiujen  dei  kônir/ltsclien  Gesellschaft  det  TFissenschaften  zii  Gôttingen; 
iieunzehnler  Band  voin  Jahre  1874-  Gotlingen,  1874;  in-4°. 

Ouvrages  reçus  pendant  la  séance  dd  29  mars   iS^S. 

Sur  les  mouvements  généraux  de  l'atmosphère  ;  par  M.  Peslin.  Paris,  imp. 
Gauthier-Villars,  sans  date;  111-4°.  (Extrait  du  Bulletin  de  l'Association  scien- 
tifique de  France,  n°  67,  t.  III.) 

Sur  la  relation  entre  les  variations  du  baromètre  et  les  grands  courants  atmo- 
sphériques, avec  Note  additionnelle;  par  M.  Peslin.  Sans  lieu  ni  date;  opus- 
cule in-4°,  autographié. 

(Ces  deux  ouvrages  sont  présentés  par  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 
Rapports  de  la  Commission  météorologique  1873- 1874,  imprimés  par  ordre 
du  Conseil  général  de  l'Oise.  Seiilis,  typ.  Er.  Payen,  1874;  in-4''.  (Présenté 
par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

Thèses  présentées  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  par  },l.  Ulysse  Gayon. 
i'®  thèse  :  Recherches  sur  les  altérations  spontanées  des  œufs;  2"  ihèse  :  Pro- 
positions données  par  la  Faculté.  Paris,  Gauthier-Villars,  187$;  in-4°. 

Notice  sur  une  nouvelle  passe  navigable  établie,  en  1870,  dans  le  barrage  de 
Port-à-T Anglais;  par  M.  BouLÉ.  Paris,  Dunod,  1873;  iii-8°.  (Adressé  par 
l'auteur  au  Concours  Fourneyron,  1875.) 

Adolphe  Quetelet.  Biographie  lue  en  séance  publique  de  la  Classe  des 
Sciences  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  le  16  décembre  1874;  par  Ed. 
Mailly.  Bruxelles,  F.  Hayez,  1874;  br.  ii)-8". 

Mémoires  couronnés  et  autres  Mémoires  publiés  par  l'Académie  royale  de 
Médecine  de  Belgique j  collection  in-8°,  t.  ill,  1"  fascicule.  Bruxelles, 
H.  Manceaux,  1876;  in-8°. 

Guide  pratique  pour  constater  les  falsifications  du  lait;  par  F.-X.  DiPR.  Pon- 
toise,  imp.  Putel,  1875;  hr.  in-S". 

De  l'oxygène  comme  antidote  du  phosphore;  par  le  prof.  Thiernesse  et  le 
D''  Casse.  Bruxelles,  H.  Manceaux,  1875  ;  Lr.  in-8". 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents;  février  1875. 
Paris,  Dunod,  1  875  ;  in-8". 


(  9^7  ) 
Comptes  rendus  de  la  Cominissiu)i  des  maladies  régnantes,  faits  à  la  Société 
médicale  des  hôpitaux  de  Paris;  par  le  D'  Er.  Besnuch;  8^  Cascicule,    1874. 
Paris,  F.  Malteste,   iSyS;  iii-8°. 

Les  Merveilles  de  l'Industrie;  par  L.  FicuiER;  nf  série  :  ta  Teinture. 
Paris,  Fnrne,  Jouvet  et  C'",  1875-,  gr.  in-8°,  illustré. 

Pic  du  Midi  de  Biyorre.  Ohservatiotis  météoroloijiques  [fin  de  la  campagne 
de  1874).  Bagiières,  iinp.  Cazenave,  1870;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Ch. 
Sainte-Claire  Deville.) 

Observatoire  du  pic  du  Midi.  Ascensions  et  observations  faites  au  pic  pen- 
dant l'hiver  1873-1874.  Résumé  des  observations  [juin  et  juillet  i874).  Sans 
lieu  ni  date;  br,  in-8°.  (Présenté  par  M.  Cli.  Sainte-Claire  Deville.) 

De  la  liihine  dans  les  eaux  minérales  de  Royat  et  dans  les  principales  sources 
thermales  d' Auvergne  ;  pur  P.  TKUCHOTet  G.-E.  Fredet.  Paris,  A.  Delahaye, 
1875;  in-8». 

Etude  micrographique  de  la  fabrication  du  papier;  par  M.  Aimé  GiRARD. 
Agrandissement,  5o  diamètres.  Album  de  neuf  planches  photographiées. 
Sans  lieu  ni  date;  in-4°. 

Observations  faites  à  l'Observatoire  magnétique  et  météorologique  de  Hel- 
singjors,  imprimées  aux  frais  de  la  Société  des  Sciences  de  Finlande;  t.  "V. 
Helsingfors,  1873;  in-4". 

//  miasma  palustre.  Osset~vazioni  dei  dottori  M.  Lanzi  e  G.  Terrigi.  Roma, 
tip.  Paravia,  i875;in-4°. 

Su  gli  ultimi  avanzamenti  delV  Astronomia  ftsica ,  e  in  particolare  sulle 
macchie  solari.  Lettura  del  P.  A.  Segchi.  Roma,  tip.  A.  Befani,  1875; 
br.  in- 18°. 

Di  un  nuovo  strumento  meteorologico-geodetico-astronomico,  il  dieterosco- 
pio,  diG.  LuviNi.  ïoriuo,  stamp.  Paravia,  1874;  opuscule  in-8°. 

Del  dieteroscopio.  Seconda  Comraunicazione  di  G.  LuviNl.  Torino,  stamp. 
Paravia,  1874;  in-8''. 

Equazione  d'equilibrio  di  una  massa  gassosa  sotlo  l'azione  délia  sua  elasticita 
edellaforzacentrifugadiG.  LuviNi.  Torino,  stamp.  Paravia,  1875;  in-8°. 

Proposta  di  una  sperienza  che  pub  risolvere  in  modo  decisivo  la  questione  : 
se  l'etere  neli  interno  dei  corpi  sia  con  (piesli  collegato  e  li  segua  ne'  loro 
movimenti  totalmentc,  parzialmente  o  punlo  ;  per  G.  LuviNl.  Torino,  stamp. 
Paravia,  1875-,  br.  iu-8°. 


(  928  ) 

Sulla  delerminazione  délie  tensioni  e  délie  piessioni  ne'  sistemi  elastici ;  per 
L.-F.  Menabrea.  Roma,  coi  tipi  del  Salvincci,  1875;  in-4". 

^Iti  delta  reale  Accademia  dei  Linrei,  compilati  dal  Secjrelario;  t.  XXVI, 
anno  XXVI,  sessione  V,  VI,  VII,  VIII.  Roma,  coi  tipi  del  Salvincci,  187/4  ; 
in-4°. 

Analisi  dei  tre  maggiori  terremoli  ilaliani  avvemtti  nel  1874,  in  ordine  spe- 
cialmenle  aile  fraUure  del  siiolo.  Memoria  del  cav.  prof.  Michele-Stefano  DE 
ROSSI.  Roma,  tip.  délie  Scienze  matematiclie  e  fisiche,  1875;  in-4°.  (Es- 
tratto  dagli  Aui  dell'  Accademia  pontificia  de'  Nuovi  Lincei.) 

Descripcion  y  analisis  de  los  aerolitos  que  cajeron  en  el  distrito  de  cangas  de 
Onis  [Àslurias),  el  dia  6  de  diciembre  de  186G;  j>or  D.  Jose-Ramon  DE 
LuANCO.  Madrid,  imp.  Fortanet,  1874;  in-8°. 

Abslrncts  oj  papers  in  foreign  transactions  and  periodicals.  London, 
W.  Clowes  and  Sons,  1875;  in-8''.  (Présenté  par  M.  Resal.) 

Proceedings  of  tlie  rojal  geographical  Society;  vol.  XIX,  n°  r.  London  , 
1875;  in-8". 

TIte  phannaceuticat  Journal  and  Transactions;  december  1874,  january 
1875.  London,  Churchill,  1874-1875;  2  liv.  in-8*'. 

Department  of  the  Interior.  Bulletin  of  tlie  United-States.  Geological  and 
geographical  survey  of  the  terrilories ;  second  séries,  n°  i.  Washington,  go- 
vernment  printing  Office,  1875;  in-S". 

Journal  oj  the  chemical  Society  ;  november,  december  1874,  january  1875. 
London,  van  Voorst,  1874- 187 5;  3  liv.  in-8°. 

Die  Basalte  und  Phonolithe  Sachsens  mikroskopisch  untersucht  und  beschrie- 
/)en;  yo/i  D' Heinrich  MÔHL.  Dresden,  Blochmann  et  Sohn,  1873;  111-/4°, 
avec  planches. 

Publications  péaiodiques  reçoes  pendant  le  mois  de  mars   iS^S. 

Annales  de  Chimie  el  de  Physique;  mars  187$;  in-8°. 
Annales  de  Gynécologie;  mars  1875;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d' Hydrologie  médicale  de  Paris;  4*  hv.,  1875; 
in -8°. 

Annales  de  l'Observatoire  météorologique  de  Bruxelles;  n°  2,  1876:  in-4". 
Annales  des  Conducteurs  des  Ponts  et  Chaussées;  février  iStS;  in-8°. 


(  920  ) 

Annales  industrielles;  liv.  lo  à  i3,  iSyS;  in-4°. 

Annales  médico-psychologiques  ;  mars  iSyS;  in-8°. 

Association  française  contre  l'abus  du  tabac;  n°  i,   iSyS;  in-8°. 

Association  Scientifique  de  France;  liv.  des  7,    i4,   21,   28  mars   1875-. 
iu-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  mars  iSyS;  in-8". 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  n"*  i,  2,  iS^S; 
in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  n°  2,  1875;  in-S". 

Bulletin  de  la  Réunion  des  Officiers;  n"^  11  à  i4,  1875-,  111-4". 

Bulletin  de  la  Société  académique  d' Agriculture^  Belles-Lettres,  Sciences  et 
Arts  de  Poitiers;  n°^  igt  à  194;  1875;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  Botanique  de  France;  Revue  bibliogrnphique  E, 
1875;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  {pour  l'Industrie  nationale;  mars 
1875;  in-4°. 

Bulletin  du  Cercle  horticole  du  Gers;  janvier  1875;  in- 8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  mars  1875;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  mars  1876;  in-8° 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  n°  2,  1875;  in-8°. 

Bulletin  de  ta  Société  industrielle  de  Mulhouse  ;  janvier  1875*,  in-8''. 

(  A  suivre.  ) 


ERRATA. 

(Séance  du  29  mars  1875.) 

Page  784,  ligne  24»  '"'^  ''^"  '^^  J'i»i  confirmé,  les  faits  que  nous  avons  observés  pen- 
dant cette  première.  .  .  ,  lisez  En  résumé ,  les  faits  que  nous  avons  observés  pendant  cette 
première. . .  . 


C.  R.,  1875,  i"-  Semestre,  (T.  LXXX,  >«  iô.)  '  20 


(    930) 

■ 

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Mars  1875 

Observations 

METEOROLOGIQDEl 

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3,5 

2,6 

-î,8 

2,6 

39.0 

■,2 

5,4 

6,3 

3,2 

60 

a 

3,8 

227 

4,0    ! 

■9 

59,3 

--',9 

6,2 

'.7 

3,2 

-3,3 

2,9 

10,2 

2,6 

4,9 

6,2 

5,0 

86 

0,0 

2,  ■ 

» 

5,0    -, 

■20 

56,6 

-1,1 

G, 8 

2,9 

3,3 

-1,3 

3.1 

i,,3 

3,0 

5,0 

G,. 

3.7 

G, 

» 

3,6 

42. 

5,0    i 

2t 

57.. 

-0,6 

5,5 

2,5 

1,8 

-1,9 

.,6 

16,6 

0.7 

4,7 

6,0 

3,1 

6. 

0,0 

4,2 

.. 

4,0    : 

23 

57,5 

-4,6 

6,7 

',1 

2,3 

-4.5 

2,3 

25,7 

2,0 

4.2 

5,9 

4,2 

78 

0,1 

2,0 

', 

0,0    , 

23 

Gi ,  1 

0,0 

6,1 

3,. 

1,7 

—  )  ,  2 

'.7 

33,9 

.,3 

4,6 

5,8 

3,2 

62 

.. 

3,8 

iSi5 

3,0    ■ 

5'l 

65,4 

-4,9 

7,7 

■,4 

2,4 

-4,6 

2.9 

43,0 

.,G 

4.2 

5.7 

2,6 

53 

.) 

3,0 

. 

0,0    j 

'i5 

G6,G 

'>7 

l3,2 

7,5 

G, G 

-0,6 

7.2 

'4.7 

6,6 

5,0 

5,6 

4,9 

66 

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1 ,2 

iûG4 

0,0    ' 

■2  G 

G3,7 

>,i 

,G,3 

8.7 

8,1 

0,7 

8,7 

45,5 

6,2 

6,0 

5,7 

4,5 

59 

» 

3,2 

955 

4,0 

^7 

58,5 

0,5 

i3,3 

6,9 

5,9 

-■,7 

6,. 

20,6 

4,9 

6,4 

5,8 

5,0 

73 

0,0 

2,7 

450 

4,5     ' 

•2S 

58,1 

2,1 

8,4 

5,3 

3,9 

-3,9 

3,4 

23,9 

3,3 

6,2 

5,9 

4,4 

74 

1,5 

2,8 

198 

5,5 

29 

6G,. 

-0,3 

9,8 

4,8 

6,0 

-2,0 

6,0 

36,. 

6,5 

5,7 

6,0 

4.5 

65 

.> 

3,8 

927 

4,5 

3u 

6G,2 

4,8 

",9 

8,4 

7,9 

-0,3 

7,8 

20,1 

7,8 

6,4 

6,. 

4.8 

63 

» 

4,0 

97' 

2.0 

3i 

67,0 

4,5 

",9 

8,2 

8,3 

-0,3 

8,0 

'9,5 

7,4 

6,9 

6,2 

5,4 

6/ 

» 

5,0 

278 

3,0 

( 

)  niinima  baron 

ictiiques  :  le  6,  751"'™, 4  à  9 

leures  du  soir; 

le  9,  757'»"',  8 

à  11  heures  du  matin;  le  .2 

749™"*)-   ^1   2 

h  3o'" 

ilu 

soir,  mais  peu  d 

e  variations  tout  le  jour;  le  2!" 

,  756"^"», 2  à  5^ 

45™  du  matin 

,  hausse  très-rapide  ensuite. 

(5 

)  (7)  (9)  ('0)  (. 

)  (12)  (i3)  (16)  Moyennes  des 

observations  tri 

loi'aires.  —  (6) 

La  température  normale  est  ( 

Léduile  de  la  c 

ourbe 

rect 

ifiée  des  tem|jér 

atiires  moyennes  de  soixante 

années  d'obser 

vation.  —  (8)  B 

loyenne  des  cinq  observation 

3.  Les  degrés  ac 

tino  - 

raél 

riques  sont  ram 

3nés  à  la  constante  solaire  100. 

(  93i  ) 


(FAITES    A    l'ObSERVATOîRE    DE    MONTSOURIS. 


Mars  1875. 


I 

2 

3 

4 

5 
6 

7 
8 

9 

10 

II 

13 

i3 

■1 
i5 
i6 

'7 
i8 

■9 

20 
21 
22 

23 
2/( 
25 
26 

27 

28 
59 

3o 
3i 


MAGNETISME    TERRESTRE 

{moyennes  diurnes). 


(18) 


*i7-2'i.7 

22,3 

23,8 
23,9 
23,5 
23,7 
23,5 
24,4 

25,2 

25,5 
25,4 
23,7 
a4,5 
23,5 
23,9 
22,0 
23,3 
23,4 
23,7 
23,5 
24,0 

23,  o 
23,0 
î!2,7 

23,5 

23,6 
.2,4 
22,6 
23,0 
22,  1 


(■n) 


'65.32,0 
32,3 
35,2 
34,5 
33,9 
33,7 

'       33,0 

29,8 

3o,  I 
3o,8 
32,6 
34,2 
32,6 
3i,3 
3i  ,0 

*  3o,4 
3o,o 
3i,8 

'  34,8 
34,0 
33,8 
35,7 

34,9 
34,5 
33,6 

3i,7 
32,5 
32,6 
33,7 
33,5 
33,7 


C     o 


(>») 


'i,925o 
9255 
925i 
9253 
9253 
9260 

'  9267 
9268 
9275 
928. 
9270 
9260 
9262 
9262 
9272 
9284 
9287 
92S1 
9271 

9294 
9283 
9281 
9300 
92S7 
9293 
931 1 

9314 
9332 
9323 
9326 
9328 


(Ji) 


4)64/9 
65oo 
6576 
6560 
6543 
6554 
6520 
6457 
6483 
65i8 
6:i46 
6568 
6526 
6487 
65û3 
65i4 
6509 
6548 
66i3 
6645 
66i3 
6664 
6687 
6643 
663 1 
6618 
6G49 
6696 
6706 
6709 

C/'g 


0 

si 

a  a 
=  0 

1  » 

a 

0 

C 

il 

1  s 

2   0 

(") 

(  ?:i) 

NNE 

km 
12,2 

NNE 

i5,3 

ENE 

'■)7 

ESE 

9.7 

E 

5,6 

SSE  à  SSW 

,7,6 

SSW 

24,2 

sw 

22,6 

SWà  N 

20,1 

ENE 

16,5 

EiNE 

25,, 

E 

2. ,5 

ENE 

10, 1 

NE 

12,8 

NNW 

9,C 

NW  à  SW 

10,3 

NW  à  NE 

20,0 

NE 

24,7 

NW 

11,8 

NWàN 

.3,8 

N 

20,7 

NNW 

..,4 

NE 

22,9 

NE  à  NW 

8,2 

variable. 

5,5 

SSW 

7,3 

WNW 

10,6 

NNW 

'9,5 

N 

•5,7 

n;ne 

12,7 

NNE 

19,6 

c 

-C3 

0 

'U 

~     0 

0 

Ë  = 

3 

(''.) 

{  7. S  ) 

N 

10 

» 

6 

NE 

10 

ESE 

8 

ESE 

2 

SSW 

10 

SW 

9 

WNW  à  SW 

9 

W 

j 

» 

2 

E 

0 

» 

7 

SE 

8 

» 

6 

)l 

I 

WNW 

10 

NW 

10 

NE 

4 

NW 

10 

NNW 

10 

NNE 

5 

N 

7 

N 

4 

.> 

0 

,. 

8 

variable. 

I 

NW  à  SW 

6 

NNW 

S 

N 

9 

» 

10 

NNE 

9 

REMARQUES. 


Légers  Uocons  de  neige  par  inlervalles. 

Flocons  de  neige  le  matin. 

Gelée  blanche  avant  l'aurore. 

Traces  de  rosée  le  matin. 

Rosée  matin  et  soir.  Belle  journée. 

Continuellement  pluvieux. 

Id.     Le  vent  a  pris  de  l'intensité  le  soir. 


Rosée  le  matin. 

Beau  temps,  bonne  brise  soutenue. 

Petite  pluie  fine  vers  minuit. 

Gouttes  de  pluie  le  matin. 

Cirrus  nombreux  et  traces  de  halo  le  soir. 

Gelée  blanche  le  matin,  rosée  le  soir. 

Brumeux. 

Brumeux. 

Nombreux  cirrus.  Gelée  blanche  vers  minuit. 

Givre  le  matin;  pluvieux  l'après-midi. 

Brouillard  le  matin. 

Gelée  blanche  matin  et  soir;   pluvieux  avant  midi 

Gelée  blanche  le  matin;  pluvieux  le  soir. 

Id.     le  soir;  bonne  brise  depuis  la  veille  il  9"  s. 
Givre  le  matin.  Beau  temps  jusqu'à  9  heures  soir. 

» 
Faible  rosée  matin  et  soir.  Beau  temps. 
Gelée  blanche  le  matin,  puis  faible  bruine. 
Pluvieux  le  matin,  puis  giboulées;  grésil  et  neige. 


Rosée  le  matin;  botine  brise  soutenue. 


(i5)  Les  jours  de  gelée,  l'évaporation  est  mesurée  par  la  pesée  d'un  plateau  de  terre  humide. 
(18  à  21)   *  Perturbations.  Valeurs  rapportées  au  pavillon  magnétique. 

(22)  (24)   Le  signe  W  indique  l'ouest,  conformément  à  la  décision  de  la  conférence  internationale  de  Vienne. 

(23)  Vitesses  maxima  :  le  7,  35  kilomètres  de  8  heures  du  soir  à  minuit  (la  moyenne  est  restée  de  26""", i  jusqu'au  lendemain 
soir,  3  heures).  Le  17,  au  soir,  elle  18  au  matin,   rafales  de  3o  kilomètres.  Le  28,  28  kilomètres  de  11  heures  m.  ii  6  heures  s. 


(  932  ) 

Moyennes  horaires  et  moyennes  mensuelles  (Mars  1875). 

e^M.    d^'M.  Midi.  3^  S.  e^s.  y^s. 

I                  I  r  I  t                  t 

Déclinaison  magnétique 17°-!-       21,4       20,1  28, /5  26,9  23,0  21, 3 

Inclinaison            »           65°-i-      34,2      33,5  32,3  3i,8  3i,5  32,4 

Force  magnétique  totale 4i-f-       6673       6599  65o5  6487  65i8  6576 

Composante  horizontale i,-t-       93o3       9281  9237  9256  9272  9285 

Électricité  de  tension  (1).. ..  y. ..  - 191         222  44-  ^-9  498         726 


Minuit.    Moyenoes. 


21 ,0 
33,2 
6622 

9294 
386 


i53,37  752,92  753,20  753,42  753,55 


mm  mm  mm  mm  mm  mm         mm 

lîaromètre  réduit  à  0° 757,96  758,39  758,25  757,68  758, o3  758, 5i  758,58 

Pression  de  l'air  sec 753, 18  753,42  ' 

Tension  de  la  vapeur  en  millimètres 4,78       4,97 

État  hygrométrique 85,8       75,2 

o  o 

Thermomètre  du  jardin 2 ,  28       4,70 

Ihermomètre  électrique  5  20  mètres 2,26       4,46 

Degré  actinométrique Oi4o     ■'7,84 

6,04 

3,62 

4,39 

5,29 

4,97 
5,52 
mm 
0,2 

0,07 


Thermomètre  du  sol.  Surface 0,87 

3,74 
4,61 


a  C 
à  0' 
à  0 
à  o™,3o 
à  i^jOO 


,02  de  profondeur.. 

,10  » 

,20 


Udomètre  à  i"",  80 

Pluie  moyenne  par  heure 

Évaporation  moyenne  par  heure 

Vitesse  moy.  du  vent  en  kilom.  par  heure  (2). . 
Pression  moy.  du  vent  en  kilog.  par  heure. . . . 


5,44 
5,06 

5,52 

mm 

0,0 


1,»o 
60,3 
o 

7,76 

7,38 

49.7' 
91G7 
5,28 
4,69 
5,21 
4,88 
5,54 
mm 
1,5 

o,5o 


4,76 

55,3 

o 

8,74 

8,43 

34,62 

9.27 
G, 36 
5,34 
5,36 

4-89 
5,54 

nmi 

1,5 

o,5o 


4,83 
62,5 

O 

7,i5 

7.29 
0,67 
5,33 
6,02 
5,7' 
5,64 

5,02 

5,56 
mm 


0,09 
73,0 
o 
5,40 

5,53 

U 

3,74 
5,46 
5,64 
5,86 
5,21 
5,57 

mm 
1,1  2,6 

0,37     0,87 


5,o3 

79)7 
o 

4,01 

4,10 

» 

2,3o 

4,87 
5,40 

5,82 
5,26 
5,58 

mai 
'i7 
0,57 


observations  interrompues  pendant  les  gelées. 


km 
12,44 


km 
i3, 12 


kui 


km 
'7-4' 


km 
16, 4o 


km 
i5,o8 


17.23,5 

65.32,8 

4,658o 

I ,9282 

379 

758,21 
753,33 

4,88 

72, 1 
0 

5,3o 

5,26 

24,65 

4,54 

4,98 

5, 10 

5,53 

5,06 

5,55 

mm 

t.     8,6 


84,3 
Um 
i5,  i3 


Heures. 

l''  matin 

2 

3 

4 

5 

6 

7 

8 

9 
10 
11 
Midi. 


Déclinais.    Pression. 


Moyennes  horaires 
Température 

l  50' 


/  22  ,6 
24,4 

25,6 

25,4 

23,8 

21,4 

'9,4 
18,8 

20,  I 
22,9 
26,1 
28,5 


mm 
758,52 
58, 40 
58,24 
58,  oS 
57,97 
57,96 
58 ,06 

58,22 

58,39 
58,46 
58,42 
58,25 


3,43 
2,75 
2,35 

',94 
2,01 

2,28 
2,87 
3,70 

4,70 
5,89 

6,84 

7,75 


3,61 
3, 10 
2,62 
2  ,26 
2, 12 
2  ,26 

2,74 

3,5o 

4,47 

5,52 
6,53 
7.39 


Heures, 
l**  soir. .. 


Déclinais.    Pression. 


Température. 


3 

4 

5 

G 

7 

8 

9 
1U 
11 
Minuit 


'7 -'9,3 
28,6 
26,9 
25  , 1 
23,8 

23,0 
22,6 
22,  I 
21,3 
20,5 
20,3 
21,1 


757,95 
57,96 
57,68 
57,70 

57,83 
58, o3 
58,23 
58,39 
58, 5 1 
58,57 
58, 60 
58,58 


e,;,2 
8,86 
8,74 
8,40 
7,80 
7,i5 

6,47 
5,89 
5,40 
4,87 

4,52 

4,01 


8,01 
8,37 
8,43 
8,24 
7,83 
7,59 
6,68 
6,09 
5,53 
4,93 
4,57 
4,10 


Thermomètres  de  l'abri  (Moyennes  du  mois.) 

Des  minima i°,3  des  maxima 9°,9  Moyenne 5°, 6 

Tlierinomètres  de  la  surface  du  sol. 
Des  minima -o°,7  des  maxiraa 15°, 6  Moyenne 7°, 5 

Températures  moyennes  diurnes  par  pentadvs. 


1875.  Mars  2  à 


6. 
1 1 . 


3,3 
9,5 


Mars   12  il 


16. 

21  . 


6,3 
^,9 


Mars  22  à  24. 
»      27  à  3i . 


4,2 
6,4 


(i)  Unité  de  tension,  la  millième  partie  de  la  tension  totale  d'un  clément  DanicU  pris  égal  à  28. 700. 
(2)  Résultats  fournis  par  l'anémomètre  enregistreur  placé  h  20  mètres  de  hauteur. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  12  AVRIL  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMIMUIVICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Comparaison  des  premières  observations  du  passage  de  Vénus; 
par  M.  PuisEux.  Lettre  adressée  à  M.  Dumas,  Président  de  la  Com- 
mission. 

•   Paris,  le  ii  avril  1875. 

»  La  Commission  du  passage  de  Vénus,  en  mettant  à  ma  disposition, 
vendredi  dernier,  le  journal  de  la  mission  de  l'île  Saint-Paul,  m'a  donné 
la  possibilité  de  comparer  les  nombres  obtenus  par  M.  Mouchez  avec  ceux 
que  M.  Fleuriais  a  observés  à  Pékin  et  qui  ont  déjà  été  publiés  dans  les 
Comptes  rendus  de  l'Académie.  Vous  avez  pris,  Monsieur,  un  si  giand  inté- 
rêt à  cette  question  de  la  parallaxe,  et  vous  avez  si  efficacement  contribué 
à  la  réalisation  des  expéditions  projetées,  que  j'ai  la  confiance  devons  être 
agréable  en  vous  communiquant,  dès  à  présent,  le  résultat  auquel  conduit 
la  combinaison  de  ces  deux  stations. 

»  Les  données  qui  ont  servi  de  base  au  calcul  sont  les  suivantes  : 

Pékin,  (Observateur  :  M.  Fleuriais.) 

Heures  des  coiilacts 
en  temps  moyen  du  lieu. 
Il        ni      s 

!*'■  contact  inlérienr.  ..  .      22.    o.    o   1 

.     .  •   .     ■  r        /-   !   Comptes  rcnilus,  t.  LXXX,  p,  82. 

2' contact  intent'iir.  ..  .        i.5o.i5   j  ' 

Longitude  admise 7.36.34  E. 

C.R.,  1875,  i'''  Semestre.  (T.  L\XX,  N<^  l'î.)  121 


(  9M  ) 

Ile  Saint-Paul,  (Observateur  :  M.  Mouchez.) 

Heures  des  contacts 

en  temps  moyen  du  lieu. 

h        m        s 

i"contact  intérieur lo.Sq.    a, 5  )    , 

.     ,  .  n      T      „        \  Journal  de  la  Mission. 

2"  contact  inteneur ii .    S.    b,\    ) 

Longitude  admise 5.    0-44    K- 

»  En  partant  de  ces  données  et  en  faisant  usage  des  Tables  du  Soleil  et  de 
Vénus  de  M.  Le  Verrier,  je  trouve,  pour  la  parallaxe  solaire  moyenne, 
8",8'79,  ou,  en  se  bornant  au  chiffre  des  centièmes,  8",  88.  Cette  valeur 
diffère  bien  peu,  comme  on  voit,  du  nombre  8",86,  auquel  conduisent  les 
déterminations  de  la  vitesse  de  la  lumière  effectuées  par  MM.  Foucault  et 
Cornu,  et  qui  est  aussi  la  moyenne  des  valeurs  déduites  par  M.  Le  Verrier 
de  la  théorie  des  perturbations  planétaires  (i).  La  valeur  définitive  ne 
pourra  être  conclue,  bien  entendu,  que  de  l'ensemble  des  données  astro- 
nomiques et  photographiques  recueillies  par  les  diverses  missions  fran- 
çaises et  étrangères  ;  mais  ce  premier  résultat,  si  rapproché  du  nombre 
que  les  astronomes  s'accordaient  généralement  à  regarder  comme  le  plus 
probable,  est  de  nature  à  donner  confiance  dans  le  succès  de  la  campagne 
scientifique  à  laquelle  nos  marins  et  nos  astronomes  ont  pris  une  si  large 
part. 

»  Afin  qu'on  puisse  juger  du  degré  de  précision  du  nombre  8",  879  rap- 
porté ci-dessus,  je  transcris  l'expression  de  la  correction  qu'il  devrait  su- 
bir par  suite  des  erreurs  inconnues  dont  les  données  du  calcul  pourraient 
être  affectées. 

»  J'appelle  a  et  b  les  corrections  des  heures  de  contact  observées  à  Pékin, 
a'  et  b'  celles  des  heures  de  contact  observées  à  Saint-Paul,  c  et  c'  celles 
des  longitudes  admises  pour  les  deux  stations,  ces  six  corrections  étant  ex- 
primées en  secondes  de  temps.  Je  représente,  en  outre,  par  a  le  produit  de 
l'excès  de  l'ascension  droite  de  "Vénus  sur  celle  du  Soleil  par  le  cosinus  de 
la  déclinaison  du  Soleil,  et  je  désigne  par  /3  l'excès  de  la  déclinaison  de  Vé- 
nus sur  celle  du  Soleil.  Ces  nombres,  a  et  p,  calculés  à  l'aide  des  Tables, 
peuvent  avoir  besoin  de  corrections,  dont  j'indique  les  valeurs  (exprimées 
en  secondes  d'arc)  par  ôa  et  of-li  ;  on  doit  les  considérer  comme  constantes 

(1)  M.  Cornu  a  remarqué  [Comptes  rendus,  t.  LXXIX,  p.  i364)  que,  si  l'on  adoptait, 
pour  la  constante  de  l'aberration,  le  nombre  20", aï  de  Bradley  au  lieu  du  nombre  20", 445 
de  Struve,  qui  a  généralement  prévalu,  la  combinaison  de  cette  constante,  avec  la  vilesse 
"  expérimentale  de  la  lumière,  conduirait  à  une  parallaxe  précisément  égale  à  8", 88,  et  qu'on 
la  retrouverait  encore  en  employant,  au  lieu  de  la  constante  de  l'aberration,  l'équation  de 
la  lumière  473',2,  déterminée  par  Delambre. 


(935) 
pendant  la  durée  du  passage.  Cela  posé,  la  valeur  de  la  parallaxe  solaire 
moyenne,  conclue  des  observations  de  MM.  Mouchez  et  Fleuriais,  a  pour 
expression 

8", 879  —  o",oo59rt  +  o",oo6i  h  +  o",oo53rt'  —  o",oo56/>' 
—  o",ooo2  c  -H  o",ooo!36-'  —  o",oo2  oa  —  o",oo9  o|5, 

»  On  voit  que,  à  moins  de  supposer  aux  corrections  inconnues  rt,ô,a',etc., 
des  grandeurs  invraisemblables,  l'influence  de  chacune  d'elles  en  particu- 
lier sur  le  chiffre  des  centièmes  de  seconde  de  la  parallaxe  sera  à  peine 
sensible.  » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  le  dernier  numéro  des  «  Memorie  dei  Spettroscopisti 
italiani  »  ;  par  M.  Faye. 

«  Dans  le  cours  des  longs  débats  que  mes  recherches  sur  les  taches  so- 
laires ont  fait  naître,  j'ai  eu  l'heureuse  occasion  de  citer  un  Mémoire  de 
M.  Langley  :  On  the  minute  structure  of  the  photosphère^  dont  l'importance 
a  été  immédiatement  reconnue  par  tous  les  astronomes  engagés  dans  cette 
discussion.  M.  Langley  concluait  que  ses  longues  et  patientes  observations 
étaient  finalement  favorables  à  ma  théorie,  en  ce  qu'elles  manifestaient 
dans  les  taches  du  Soleil  l'intervention  persistante  d'une  action  cyclonique 
incontestable.  Le  P.  Secchi  répondit  alors,  assez  magistralement,  que 
M.  Langley  changerait  d'avis  sur  ma  théorie  lorsqu'il  aurait  plus  longtemps 
observé  le  Soleil. 

»  Je  lis  dans  le  dernier  numéro  des  Memorie  la  riposte  de  M.  Langley, 
et  je  tiens  à  la  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie.  Après  avoir  montré  en 
quoi  ses  observations  ne  s'accordent  ni  avec  les  idées  de  M.  E.  Gautier, 
ni  avec  celles  du  P.  Secchi,  mais  témoignent  plutôt  en  faveur  d'une  action 
gyratoireou  cyclonique,  le  savant  directeur  de  l'Observatoire  d'Allegheny 
ajoute  : 

a  Étant  un  des  rares  astronomes  qui  ont  employé  de  puissants  instruments  dans  le  champ 
de  recherches  où  le  P.  Secchi  a  pris  une  si  jjrande  part,  je  suis  peut-être  plus  en  état  que 
tout  autre  d'apprécier  ses  éminentes  qualités  d'observateur.  Cependant,  lorsqu'il  affirme  que 
de  plus  lonjjues  études  m'amèneront  à  changer  d'opinion  sur  la  théorie  de  M.  Faye,  je  dois 
faire  remarquer  que  les  idées  émises  par  moi  ne  l'ont  pas  été  à  la  légère,  ni  sur  des  bases 
assez  faibles  pour  être  aisément  modifiées,  car  elles  résultent  de  plusieurs  années  d'observa- 
tions faites  avec  un  instrument  supérieur  à  celui  du  P.  Secchi.  Avant  d'adopter  des  conclu- 
sions différentes  de  celles  que  soutient  un  observateur  de  ce  mérite,  j'étais  certainement 
tenu  de  vérifier  les  bases  sur  lesquelles  je  me  suis  a]i|)uyé;  mais  si  les  faits  obseivés  uj'ont 
conduit  et  me  conduisent  encore  à  ces  conclusions,  je  me  sens  rassuré  par  la  pensée  qu'au- 

lai.. 


(936) 

ciine  prédilection  personnelle  pour  une  hypothèse  quelconque  n'a  pu  ni'exposer,  dans  le 
choix  et  rinter])rétation  des  faits,  à  une  de  ces  déviations  (bùis)  inconscientes  contre  les- 
quelles le  talent  le  plus  reconnu  n'est  pas  toujours  une  garantie  suffisante.  » 

)>  Dans  les  remarques  que  le  P.  Secclii  fait  à  la  suite  de  cette  déclara- 
lion  catégorique,  il  affirme  que  j'ai  accusé  ses  dessins  d'être  des  dessins  ima- 
ginaires, tandis  que  M.  Langley  amait  donné  raison  à  ces  mêmes  dessins 
tant  pour  les  faits  que  pour  l'explication  qu'ils  comportent.  Ces  assertions 
ne  sont  pas  exactes  :  le  P.  Secchi  n'a  trouvé  dans  aucun  de  mes  écrits 
l'expression  qu'il  me  prête.  Celte  méprise  tient  à  une  confusion  d'idées 
que  j'ai  déjà  signalée  dans  ma  Lettre  à  la  Société  des  Spectroscopistes  ita- 
liens [Comptes  rendus,  1874,  t.  LXXIX,  p.  549),  et  sur  laquelle  il  est  inu- 
tile de  revenir.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Résullats  des  observations  faites  en  Suède  sur  les  courants 
supérieurs  de  l'atmosphère;  par  M.  Faye. 

«  M.  Ch.  Deville  a  cité  lundi  dernier  un  récent  Mémoire  de  M.  Hilde- 
brandsson,  comme  une  preuve  péremptoire  contre  ma  tliéorie  des  cyclones. 
Cette  opinion  de  notre  savant  confrère  me  faisait  un  devoir  d'examiner  de 
plus  près  ce  travail  où  je  n'avais  remarqué,  à  première  vue,  qu'un  nouveau 
procédé  d'observation  très-intéressant,  mais  trop  incomplètement  pratiqué, 
malgré  le  zélé  concours  des  stations  météorologiques  de  la  Suéde,  pour 
conduire  à  des  résultats  positifs.  Je  pensais  seulement  que  ce  système  nié- 
rilait  d'être  généralisé  et  surtout  d'être  appliqué  dans  des  contrées  plus  fa- 
vorablement situées  que  la  presqu'île  Scandinave  pour  l'étude  des  cou- 
rants supérieurs  et  des  mouvements  cycloniques  qui  en  dérivent. 

»  Une  lectiu'e  plus  attentive  et  l'examen  des  cartes  à  l'appui  m'ont  fait 
voir  que  les  observations  dont  il  s'agit,  loin  de  contredire  mes  idées  comme 
le  croit  M.  Ch.  Dcville,  viennent  au  contraire  leur  apporter  une  confir- 
mation frappante  en  étendant  aux  régions  des  cirrlius  la  constatation  du 
mouvement  gyratoire  qu'on  n'avait  jusqu'ici  observé  qu'à  la  surlace  du 
sol.  Mais,  pour  bien  ilégager  ce  résultat,  enchevêtré  dans  les  liypolhèses 
régnantes,  il  faut  au  préalable  entrer  dans  quelques  explications. 

»  Distinguons  d'abord  entre  la  théorie  des  cyclones  proprement  dite  et 
celle  des  couranis  généraux  de  l'atmosphère  que  les  météorologistes  étu- 
dient à  l'aide  de  leurs  cai  tes  synoptiques  des  vents  et  des  pressions.  Ils  ont 
obtenu,  pour  la  seconde  théorie,  lesileux  résultats  suivants  : 

»  1°  Entre  un  maximum  et  un  minimtun  de  pression  barométrique,  les 
vents  soufflent  perpendiculairement  à  la  ligue  qui  joint  ces  points,  par  con- 
séquent dans  le  sens  des  isobares. 


(93?  ) 

»  2"  Enti'e  un  maximum  et  un  minimum  de  pression  barométrique,  les 
vents  vont  du  premier  au  second  dans  le  sens  de  la  droite  qui  joint  ces  deux 
points,  c'est-à-dire  perpendiculairement  aux  isobares. 

»  De  ces  deux  assertions  passablement  contradictoires,  la  seconde  est 
celle  qu'adopte  M.  Hildebrandsson.  Dans  les  régions  supérieures,  d'après 
lui  et  M.  Clément  Ley,  ce  serait  l'inverse  qui  aurait  lieu  :  l'air  marcherait 
des  minima  aux  maxima.  L'auteur  en  déduit  cette  conséquence  curieuse, 
que  les  grands  mouvements  de  l'atmosphère  sont,  au  fond,  des  courants 
verticaux  soit  ascendants,  soit  descendants  ;  que  si  l'on  n'a  guère  considéré 
jusqu'ici  que  les  courants  horizontaux,  c'est  par  erreur,  car,  au  fond, 
ceux-ci  sont  de  simples  effets  d'un  ordre  tout  à  fait  inférieur  de  petitesse, 
effets  dont  l'existence  n'est  même  pas  prouvée  d'une  manière  incontestable 
par  les  cartes  synoptiques. 

»  Je  ne  m'étonne  ni  de  ces  contradictions  ni  de  la  singularité  de  ces 
idées  :  c'est  une  conséquence  toute  naturelle  du  préjugé  qui  les  inspire. 
En  voici  pourtant  une  autre  qui  m'a  particulièrement  frappé.  Certains 
météorologistes  croient  avoir  démontré  que  de  l'air  descendant  des  hautes 
régions  jusqu'à  nous  serait  nécessairement  plus  chaud  d'une  vingtaine 
de  degrés  que  les  couches  inférieures  de  l'atmosphère.  M.  Hildebrands- 
son déduit  le  contraire  de  ses  observations.  Dès  lors  je  serais  curieux 
d'apprendre  ce  que  devient,  à  ses  yeux,  l'argument  théorique  de  MM.  Espy 
et  Peslin  en  faveur  de  la  théorie  de  l'aspiration.  Enfin  l'auteur  suédois 
s'empresse  de  généraliser  ses  conclusions  :  suivant  lui  les  maxima  et  les 
minima,  c'est-à-dire  le  beau  temps  et  le  mauvais  temps,  sont  produits, 
les  uns  et  les  autres,  par  des  mouvements  gyratoires  ;  seulement  les  cyclones 
du  beau  temps  sont  descendants,  tandis  que  les  cyclones  qui  amènent  le 
mauvais  temps  sont  ascendants.  Quant  à  leur  mouvement  de  translation, 
il  ne  s'en  occupe  pas. 

»  Tel  serait  donc  le  résultat  final  des  belles  cartes  synoptiques  que  pu- 
blient les  météorologistes.  En  constatant  ces  résultats  étonnants,  je  suis 
tout  surpris  de  lire  en  tète  de  l'intéressant  Mémoire  que  M.  Ch.  Deviile  vient 
de  présenter  à  l'Académie  la  maxime  suivante  (i)  : 

«  La  Philosophie  naturelle  étant  affaire  d'expérience,  les  hypothèses  n'y  doivent  être 
u  comptées  pour  rien.  »  (Newton.) 


(i)  Hypothèses  enini  iii  Pliilosophia,  cpia-  circa  expérimenta  versatur,   pro  niliilo  sunt 
habendae. 


(  938  ) 
»  Heureusement ,   à  côté    de    ces  hypothèse ,   on  trouve  dans  ce  Mé- 
moire des  faits  entièrement  nouveaux  et  une  autre  conclusion  bien  digne 
de  fixer  l'attention  des  hommes  de  science.  M.  Hildebrandsson  la  formule 
ainsi  : 

«  Tout  près  des  centres  de  dépression,  les  courants  supérieurs  se  meuvent  à  peu  près 
dans  une  direction  parallèle  aux  isobares  et  aux  courants  inférieurs.  » 

»  En  d'autres  termes,  la  gyration  qui,  dans  les  cyclones,  n'avait  été  con- 
statée qu'en  bas  se  retrouve  en  haut,  dans  la  région  des  cirrhus,  avec  les 
mêmes  caractères  géométriques.  Laissez  de  côté  les  figures  théoriques  où 
l'auteurchercheàaccommoder  ce  grand  phénomène, qu'il  vient  de  constater, 
à  son  système,  ou  plutôt  au  préjugé  régnant,  car  ces  figures  vous  en  don- 
neraient une  idée  fausse  -,  mais  considérez  les  cartes  qu'il  publie,  et  en  par- 
ticulier la  première,  celle  du  20  mars  1874-  Vous  verrez  dans  celle-ci  deux 
cyclones  à  la  fois,  l'un  en  Russie,  l'autre  en  Suède,  juste  sur  les  observa- 
toires associés  pour  l'observation  des  cirrhus.  Celui-ci  a  donc  été  observé, 
et  l'on  y  a  vu  les  vents  supérieurs  circuler  tout  autour  du  centre  de 
dépression  dans  le  sens  direct,  tout  comme  dans  les  diagrammes  circulaires 
des  ouragans. 

»  Il  s'en  faut  que  les  autres  cartes  soient  toutes  aussi  significatives;  le 
plus  souvent  les  cyclones  étaient  déjà  bien  loin  lorsque  le  ciel  s'est  décou- 
vert assez  pour  permettre  d'observer  les  cirrhus,  ou  bien  la  même  carte 
présente  à  la  fois  plusieurs  cyclones.  Celle  du  12  mars  nous  en  montre  quatre 
passant  à  la  fois  sur  l'Europe.  C'est  bien  plutôt  dans  les  pays  chauds  que 
le  système  d'observation  des  cirrhus,  si  heureusement  organisé  en  Suède, 
en  Norvège  et  en  Danemark,  rencontrera  les  courants  réguliers  où  naissent 
les  orages,  qui  vont  ensuite  expirer  au  nord  en  se  segmentant  d'une  manière 
si  frappante. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut  tirer,  ce  me  semble,  du  Mémoire  que  je 
viens  d'analyser  brièvement  cette  conclusion,  que  la  Météorologie  est  dé- 
sormais enrichie  d'un  nouveau  système  d'observations  simultanées  très-dif- 
ficile assurément,  mais  riche  en  promesses  pour  l'avenir,  et  que  les  pre- 
miers résultats  obtenus  dans  cette  voie,  loin  de  constituer,  comme  on  l'a 
dit,  une  preuve  de  l'erreur  de  ma  théorie,  lui  sont  bien  plutôt  favorables 
en  montrant  que,  dès  les  régions  supérieures,  les  cyclones  qui  parcourent 
le  globe  depuis  l'équiiteur  jusqu'aux  limites  de  la  zone  tempérée,  existent 
tout  formés  au  sein  des  vastes  courants  supérieurs  de  l'atmosphère.  Dès 
lors  il   est   naturel   d'en    conclure,   comme  pour  les  cours  d'eau,  qu'ils 


(  939) 
amènent  jusqu'en  bas  et  épuisent  sur  le  sol  une  partie  notable  de  la  force 
vive  de  ces  courants.  Ces  discussions  montrent  bien  d'ailleurs  que  l'étude 
des  phénomènes  solaires  aura  rendu  un  service  réel  à  la  Météorologie,  si  je 
parviens,  comme  je  l'espère,  à  délivrer  cette  science  du  préjugé  dont  j'ai 
esquissé  l'histoire  dans  VJnmiaire  du  Bureau  des  Longitudes  pour  1876  et 
dont  le  poids  se  fait  sentir  si  lourdement  sur  presque  toutes  ses  concep- 
tions. » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sw  les  variations  ou  inégalités  périodiques  de  la  tempéra- 
ture (onzième  Note)  ;  période  du  vingtième  jour  dodécuple.  Novembre; 
par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

«  J'ai  expliqué  dans  ma  dixième  Note  (séance  du  22  mars)  (i)  le  but 
que  je  me  propose  d'atteindre  dans  la  nouvelle  série  de  Mémoires  que  je 
désire  soumettre  à  l'Académie,  qui  est  d'étudier  une  à  une  chacune  des 
douze  oscillations  de  la  température  qui  se  manifestent  moyennement  du 
septième  au  dix-septième  jour  dechaciui  des  mois  de  l'année  civile,  et  dont 
le  minimum  moyen  tombe  au  vingtième  de  mes  trente  jours  dodécuples. 
Ainsi  que  je  l'ai  montré  dans  mes  précédentes  Notes,  les  points  d'inflexion, 
se  déplaçant  légèrement,  en  Europe,  avec  les  localités,  et  oscillant  aussi 
avec  les  années  autour  d'un  jour  moyen,  on  ne  peut  rigoureusement  étu- 
dier chacune  de  ces  inégalités  de  la  température  que  pour  une  même  année, 
considérée  dans  le  même  lieu.  Néanmoins  l'unité  de  lieu  peut  être  con- 
servée non-seulement  avec  une  exactitude  suffisante,  mais  même  avec  un 
véritable  avantage,  lorsqu'à  une  station  isolée  on  substitue  la  moyenne 
de  plusieurs  stations,  dont  les  positions  sont  assez  voisines  pour  qu'on 
puisse  regarder  leur  climat  comme  sensiblement  le  même.  On  élimine 
ainsi,  en  partie,  les  erreurs  d'observation  et  les  anomalies  dépendant  des 
circonstances  locales. 

»  Je  me  suis  donc  décidé,  pour  conserver  l'unité  de  temps,  à  choisir  l'an- 
née quia  commencé  au  i" novembre  1874,  c'est-à-dire  au  moment  même  où 
j'entreprenais  mon  travail  et  qui  ne  finira  qu'en  novembre  1875  ;  pour  l'unité 


(i)  La  nécessité  de  présenter  mes  résultats  sous  une  forme  moins  abstraite  m'engagea 
renvoyer  à  une  autre  époque  la  publication  de  ma  neuvième  Note,  destinée  à  mettre  en  évi- 
dence l'existence  de  la  période  déceindiume  ou  tridodécuple.  La  présente  Note  ne  s'appuie 
nullement  sur  celte  conclusion  ;  mais  je  l'ai  déjà  inditpiée  et  ajjpliquée  dans  mes  trois  Notes 
relatives  aux  phénomènes  physiologiques  [Comptes  rendus,  t.  LXXI).  Je  me  borne  à  donner 


(  94o  ) 
des  lieux,  à  étudier  séparément  :  i"  les  stations  voisines  de  Paris  ;  a"  dans 
le  midi  de  la  France,  les  stations  de  Toulouse,  Perpignan  et  Marseille;  3°  les 
stations  du  réseau  météorologique  algérien,  qui  me  parviennent  avec  une 
parfaite  régularité.  Cependant,  et  pour  montrer  que  le  caractère  autono- 
mique  des  lieux  et  des  années  n'enlève  point  leur  allure  générale  commune 
aux  courbes  correspondant  à  la  même  série  de  jours,  je  discuterai,  pour 
les  deux  premiers  mois  seulement,  novembre  et  décembre  (le  travail  eût 
été  trop  considérable  pour  être  présenté  à  l'Académie,  si  j'avais  étudié  ainsi 
les  douze  mois),  cinq  années  consécutives,  les  cinq  dernières,  1870,  1871, 

ici,  dans  le  diagramme  ci-dessous,  un  exemple  des  concordances  que  peut  présenter  la  dis- 
cussion d'un  grand  nombre  d'années  d'observations  à  ce  point  de  vue. 


moyenne 


1D<"4 
10°3 
10°2 

lO-l 
ICO 


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5  p 


Dans  ce  diagramme,  la  première  courbe  résulte  d'un  travail  que  vient  de  publier 
M.  Ernest  Quettlet,  dijrnc  continuateur  des  travaux  de  son  père;  les  deux  suivantes,  des 
documents  imprimés  dans  VAnituairc  de  la  Société  iiictéorolngiqite  de  France  :  la  dernière 
est  empruntée  à  l'une  des  trois  iNotes  que  je  viens  de  citer. 


(  <»4i  )      . 

1872,  1873,  1874?  dans  quatre  stations  très-distantes  en  Europe:  Upsal, 
Paris,  Perpignan  et  San  Fernando  (près  Cadix)  (i).  Dans  cette  partie  préli- 
minaire de  mon  travail,  j'examinerai  successivement  :  1"  la  moyenne  des 
cinq  années  observées  séparément  dans  les  quatre  stations  ;  2°  chaque 
année  observée  à  la  fois  dans  les  quatre  stations. 


Novembre  _  (1820, 1871.1872.1813.187*) 


»  Le  premier  diagramme  réunit  les  quatre  courbes  dont  chaque  ordon- 
née représente  respectivement,  pour  San  Fernando,  Perpignan,  Paris  et 
Upsal,  la  moyenne  des  températures  moyennes  observées,  à  la  même  date 
de  novembre,  pendant  les  cinq  années  1870,  1871,   1872,  1873  et   1874- 

»   On  voit  d'un  seul  coup  d'oeil  que,  bien  qu'on  ait  ainsi  négligé  les 


(i)  Je  (lois  la  Communication  de  ces  nombres  à  l'obligeance  tle  MM.  Iliklcbrandsson, 
Renou,  Fines  et  Pujazon. 

C,  R.,  1875,  i«f  Semestre.  (T,  tXXX,  N»  14.)  '  22 


(  942  ) 
variations  relatives  aux  années,  ces  quatre  courbes  offrent  toutes  un  abais- 
sement considérable  de  la  température  moyenne,  dont  la  date  tombe  entre 
le  12  et  le  1 5  du  mois,  et  dont  les  écarts  atteignent  de  5  à  7  degrés.  La 
courbe  moyenne,  ponctuée,  coïncide  presque  exactement  avec  la  courbe 
de  Paris,  qui  occupe,  en  effet,  une  position  moyenne  en  latitude. 

»  Le  seul  accident  qui  semble  troubler  la  régularité  de  ces  courbes  est 
le  relèvement  du  i4  à  Perpignan.  Par  cela  même  que  cette  inflexion  résulte 
de  la  moyenne  de  cinq  ans,  il  n'est  pas  accidentel,  et  il  doit  être  dû  soit  à 
des  circonstances  locales,  soit  à  une  cause  assez  générale  ;  et  cette  dernière 
conclusion  sera  rendue  probable  par  la  fréquence  avec  laquelle  on  verra 
cette  inflexion  se  reproduire  dans  les  exemples  que  nous  citerons  dans  la 
suite  de  cette  Note. 

»  Pour  m'en  assurer,  j'ai  construit,  dans  le  petit  diagramme  suivant,  la 
courbe  correspondant  au  même  intervalle  et  observée  à  Marseille,  située 


Température         Novembre  „.    (1870,1871.1872.1873.1874) 

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presque  à  la  même  latitude  que  Perpignan,  mais  dans  des  conditions  phy- 
siques assez  différentes.  Ou  voit  que  le  même  accident  s'y  reproduit,  plus 
légèrement  et  un  jour  plus  tôt.  La  courbe  moyenne  des  deux  localités  fiiit 
disparaître  presque  entièrement  cette  irrégularité  apparente  et  maintient  un 
minimum  presque  constant  du  \i  au  i5. 

»  Le  troisième  diagramme  fait,  en  quelque  sorte,  abstraction  des  varia- 
tions qui  dépendent  des  lieux,  en  réunissant  successivement,  pour  les  cinq 
années  considérées,  les  quatre  ordonnées  de  la  température  moyenne,  ob- 
servées à  la  même  date  dans  les  quatre  stations. 

»  L'examen  de  ce  diagramme  montre  de  suite  que  la  variation  avec 
l'année  est  d'un  ordre  supérieure  la  variation  avec  le  lieu;  car,  bien  que 


(  943  ) 
chaque  courbe  présente  un  minimum   très-net,   ce  minimum   a  pu  arri- 
ver, en    1873,  deux  jours  et  demi  environ  plus  tôt  qu'en  1871.  J'aurai 

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ultérieurement  à  rechercher  la  loi  de  ces  variations  avec  l'année,  à  me 
demander  s'il  existe  un  cycle  d'années  qui  ramène  les  mêmes  influences 


{  944  ) 
aux  mêmes  jours.  Pour  le  moment,  nous  devons  constater  seulement  que 
l'influence  de  ces  variations  avec  le  temps  l'emporte  de  beaucoup  sur  les 
variations  dépendant  du  gisement  des  stations,  bien  qu'elle  ne  fasse  pas 
disparaître  le  retour  régulier  du  phénomène. 

»  Parmi  les  cinq  années  représentées  dans  ce  diagramme,  la  première 
(1870)  présente  une  courbe  assez  différente  de  celle  des  quatre  autres 
années  ;  mais  on  peut  s'assurer  que  cette  irrégularité  apparente  n'est  que  la 
reproduction  de  ce  que  nous  venons  de  remarquer  pour  les  cinq  années 
observées  à  Perpignan.  C'est  un  relèvement  qui  porte  sur  le  douzième  jour, 
au  point  même  où  devrait  se  trouver  le  minimum.  Comme  cette  inflexion 
dans  la  courbe  résulte  de  la  discussion  de  quatre  stations  différentes,  elle 
ne  peut  être  accidentelle,  et  elle  devra  s'expliquer  plus  tard;  mais  j'ai  fait 
pour  elle  un  petit  travail  de  comparaison,  analogue  à  celui  qui  portait  sur 
la  courbe  de  Perpignan.  J'ai  calculé,  pour  trois  stations  autrichiennes 
(Cracovie,  Bude  et  Vienne),  les  moyennes  températures  du  G  au  i5  no- 
vembre 1870,  et  j'ai  réuni  dans  le  petit  diagramme  ci-dessous  la  courbe  qui 

Novembre  1870 

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en  résulte  avec  celle  des  quatre  stations  d'Upsal,  Paris,  Perpignan  et  San 
Fernando.  En  examinant  ces  deux  courbes,  on  voit  qu'elles  se  décomposent 
chacune  en  deux  portions:  la  première  (du  6  au  10)  identique  dans  les 
deux  courbes;  la  seconde  (du  11  au  i/|)  en  retard  d'un  jour  pour  les  sta- 
tions orientales,  de  sorte  que  le  parallélisme  se  retrouverait,  si  l'on  avançait 
d'un  jour  les  ordonnées  des  stations  autrichiennes.  La  courbe  moyenne, 
ponctuée,  présente  un  maximum  le  i  \  (^ Saint-Martin),  entre  deux  minima, 
placés  le  9  et  le  i3,  inflexion  qui,  je  le  répète,  n'a  rien  d'accidentel  (i). 


(i)  Cette  inflexion,  comme  les  inflexions  analogues  que  nous  allons  retrouver  dans  la 


(  945  ) 
»  Dans  le  cas  où  les  quatre  stations  choisies  à  des  latilmlos  si  diverses  ne 
paraîtraient  pas  démontrer  suffisamment,  pour  une  même  année,  la  solidarité 
de  ce  mouvement  de  la  température  en  Europe,  j'ai  représenté  dans  une 
même  courbe  l'oscillation  de  novembre  1873  (la  dernière  année  que  les 
documents  publiés  me  permettent  de  discuter  assez  complètement),  dans 


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quarante-deux  stations  appartenant  à  l'Europe,  aux  Acores  et  à  l'Afrique 
occidentale  et  groupées  de  la  manière  suivante  : 

»  1,  Saint-Louis  (Sénégal);  2,  Reggio,  Syracuse,  Palerme;  3,  San  Fer- 
nando, San  Miguel  (Acores);  4,  dix  stations  italiennes,  maritimes  ou  sub- 
maritimes savoir:  Naples,  Ancône,  Livourne,  Chioggia,  Venise,  Gènes,  San 
Remo,  Cosenza,  Rome  et  Florence;  5,  dix  stations  ilaliennes,  montagneuses 
ou  submontagneuses,  savoir  :  Valdobbia,  petit  Saint-Bernard,  Vigevano, 
Alexandrie,  Volpeglino,  Mondovi,  Moncalieri,  Plaisance,  Lodi  et  Sienne; 
6,  Genève  et  grand  Saint-Bernard;  7,  Perpignan,  Marseille  et  Toulouse; 
8,  Paris  (quatre  stations)  et  Prague;  9,  Bruxelles,  Utrecht,  Copenhague  et 
Slonyhurst.  La  moyenne  des  neuf  courbes  est  représentée  par  la  courbe 
ci-dessus,  dans  laquelle  le  minimum  absolu  porte  nettement  sur  les  12  et 
i3  novembre. 

))  Si  l'on  compare  cette  courbe  à  celle  de  novembre  1873,  dans  le  troisième 
diagramme,  on  trouve  que,  dans  celte  dernière,  le  minimum  est  avancé  d'un 
jour  et  porte  sur  les  1 1  et  12.  Cela  vient  de  ce  que  la  station  septentrionale 
d'Upsal  y  figure  pour  un  quart,  tandis  que  dans  la  courbe  ci-dessus  je  n'ai 
point  fait  entrer  de  station  septentrionale,  n'ayant  pu  encore  me  procurer 


suite  de  ce  travail,  me  paraît  correspondre  à  une  période  de  cinq  jours,  plus  effacée  que 
les  périodes  à  long  terme,  mais  qui,  ne  contenant  qu'un  seul  maximum  et  un  seul  minimum 
et  condensant  en  cinq  ordonnées  la  caractéristique  thermique  d'une  année,  doit  servir  effi- 
cacement à  chercher  le  retour  périodique,  s'il  existe,  des  années  analogues. 


(  946  ) 
les  observations  de  novembre  iS'yS  pour  un  certain  nombre  de  ces  sta- 
tions (i).  Or,  j'ai  déjà  fait  remarquer  dans  mes  précédentes  Notes  que  ces 
oscillations  semblaient  souvent  se  propager  du  nord  au  sud,  ou  plutôt  du 
nord-nord-ouest  au  sud-sud-est. 

»  Au  reste,  on  peut  voir  que  cette  courbe  présente,  dans  ses  maxima 
(5,9,i5),  comn;e  dans  ses  minima  (■y, 12, 17),  la  période  de  cinq  jours  ou 
sexdodécuple,  dont  j'ai  parlé  plus  haut. 

»  Il  ne  me  reste  plus  qu'à  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  les  résultats 
de  l'oscillation  de  la  mi-novembre  1874  pour  les  trois  régions  que  je  veux 
considérer. 

»  La  courbe  de  Paris  résulte  de  la  moyenne  de  quatre  stations  :  le  parc 
Saint-Maur,  l'Observatoire  de  Montsouris,  l'Observatoire  privé  de  M.  Seyti, 
au  grand  Montrouge  et  celui  de  M.  le  D''  Bérigny,  à  Versailles. 

»  La  courbe  de  Toulouse,  Perpignan  et  Marseille  est  construite  au  moyen 
des  documents  qui  me  sont  communiqués  par  MM.  Tisserand,  Fines  et 
Stéphan. 

»  Les  trois  courbes  d'Algérie  comprennent  les  stations  suivantes  : 

))  Littoral  :  Hôpital  du  Dey,  à  Alger;  phare  de  Caxine  ;  Staoueli  ;  Kar- 
guentah,  près  Oran  ;  lell:  Medeah,  Saïda,  Batna,  Aumale;  Steppes  etSahara  : 
Djelfa,  Laghouat,  Géryville,  Biskra,  Tougourl. 

»  On  peut  être  surpris  de  la  ressemblance  de  ces  trois  dernières  courbes 
lorsqu'on  songe  à  la  distance  qui  sépare  les  stations  littorales  et  les  sta- 
tions du  désert,  comme  Tougourt,  Laghouat  et  Géryville.  Leur  courbe 
moyenne,  ponctuée,  est  presque  identique  avec  la  courbe  du  littoral. 
Toutes  trois  présentent  plus  ou  moins  nettement  la  division  en  deux  por- 
tions distinctes:  la  première,  offrant  une  oscillation  peu  accentuée  du  5 
au  12;  la  seconde,  qui  représente  la  grande  oscillation  de  novembre, 
du  12  au  ry. 

»  La  première  petite  oscillation  est  dissimulée  dans  la  moyenne  des  trois 
stations  du  midi  de  la  France,  mais  elle  est  représentée  à  Paris  par  le  brusque 
abaissement  du  9  ;  quant  à  la  grande  oscillation,  elle  est  tellement  manifeste 
dans  les  trois  groupes  de  stations   qu'il  serait  inutile  d'insister  sur  elle. 


(i)  Il  en  est  de  même  et  plus  encore  des  stations  extra-européennes.  Je  ne  rechercherai 
donc  qu'à  la  fin  de  cette  série  de  Notes  comment  les  douzes  périodes  que  j'y  considère  se  sont 
fait  sentir,  en  1873,  dans  des  localités  situées  d'une  façon  très-diverse  sur  la  surface  du 
globe. 


.  (  947   ) 
En  Algérie,  les  minima  portent  surtout  sur  les  i3,  i4  et  i5;   dans  le  midi 


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de  la  France  et  autour  de  Paris,  sur  les  12,  i3,  i4  et  i5;  mais,  tandis  que 
h  minimum  absolu  tombe  le  i4  dans  les  deux  régions  méridionales,  il 


(  94«  ) 
arrive  le  12  autour  de  Paris  (i).  Les  trois  courbes  de  Paris,  du  midi  de  la 
France  et  de  l'Algérie  sont  tellement  analogues  que  leur  moyenne,  qui  ter- 
mine le  diagramme,  diffère  à  peine  de  chacune  d'elles,  et  qu'elle  offre  en- 
core, du  5  au  i4,  mi  écart  de  4  j  degrés  en  température  moyenne. 

»  Cette  première  étude  démontre  donc  que  l'oscillation  de  la  mi-novembre, 
en  1874  , s'est  étendue  avec  une  grande  régularité  depuis  le  nord  de  l'Eu- 
rope jusqu'au  sud  de  l'Algérie,  sur  une  étendue  de  3o  degrés  en  latitude  ; 
que  les  basses  températures  ont  porté  partout  sur  les  12,  i3,  i4et  1 5,  et  que 
le  minimum  absolu  a  varié  entre  le  12  et  le  i5.  >> 

M.  Cahours,  en  présentant  le  troisième  volume  de  son  Traité  de  Chimie 
otrjanique,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  le  troisième  et  dernier  volume  de 
la  nouvelle  édition  de  mou  Traité  de  Chimie  organique  élémentaire,  dont  je 
me  bornerai  à  donner  une  analyse  succincte. 

»  Le  premier  Chapitre  est  consacré  à  l'étude  des  alcools  triatomiques  et 
presque  exclusivement  à  celle  de  la  glycérine  qu'on  peut  considérer  comme 
le  type  de  cette  classe  de  composés.  Après  en  avoir  fait  connaître  le  mode 
de  préparation,  sa  reproduction  synthétique  et  les  principales  propriétés, 
j'examine  quelques-uns  de  ses  éthers  et  plus  particulièrement  les  corps  gras 
qui  s'y  rattachent  d'une  manière  si  étroite.  Je  termine  enfin  ce  Chapitre  par 
une  esquisse  rapide  de  la  fabrication  des  savons  et  des  bougies  stéariques. 

»  Après  un  examen  sommaire  des  phénols  triatomiques  qui  font  l'objet 
du  second  Chapitre,  je  passe  très-rapidement  en  revue,  dans  trois  Chapitres 
successifs,  les  alcools  tétratomiques,  pentatomiques  et  hexatomiques.  A 
l'occasion  de  ces  derniers  j'entre  dans  quelques  détails  sur  la  mannite  qui 
en  est  le  représentant  le  plus  important. 

»  Dans  le  Chapitre  suivant,  j'indique  sommairement  le  mode  d'extraction 
des  huiles  essentielles,  j'en  décris  les  propriétés  générales,  et,  après  avoir  fait 


(i)  A  Upsal,  la  granfle  oscillation  est  longue  et  donne  les  nombres  suivants 

i4   -3,97 

i5 —5,10 

16    +0,16 


10 +  5 ,  gS 

II —0,9.4 

!■?. —  2,52 

1 3 —2,12 


Le  niininuim  tombe  donc  le  i5,  et  il  y  a  un  ccait  de  11  degrés  dans  les  températures 
moyennes. 


(  949  ) 
une  étude  détaillée  du  camphre  dont  les  fonctions  ne  sont  pas  encore  suffi- 
samment définies  pour  qu'on  puisse  le  classer  d'une  manière  définitive,  je 
procède  à  l'examen  des  substances  résineuses. 

»  Dans  le  Chapitre  qui  fait  suite,  je  traite  avec  détails  des  radicaux 
organométalliques,  composés  intéressants,  à  l'étude  desquels  j'ai  consacré 
plusieurs  années,  et  j'insiste  plus  particulièrement  sur  le  cacodyle  et  les 
stannéthyles. 

»  Passant  ensuiteà  l'histoire desamides que  je  trace  assez  rapidement, j'ar- 
rive à  celle  des  alcalis  organiques  que  j'étudie  d'une  manière  aussi  détaillée 
que  le  comporte  un  ouvrage  de  cette  nature.  J'examine  d'abord  le  mode  d'ex- 
traction des  alcaloïdes  nalurels;  je  passe  ensuite  en  revue  les  méthodes  si 
ingénieuses  de  Zinin,  de  Wurlz  et  d'Hofmann,  qui  permettent  de  faire 
dériver  de  l'ammoniaque  une  série  de  bases  analogues  qui  en  retracent  les 
propriétés  fondamentales,  et  j'étudie  d'une  manière  spéciale  comme  type  de 
ces  curieux  composés  l'aniline,  si  remarquable  par  les  matières  colorantes 
nombreuses  et  variées  auxquelles  elle  donne  naissance,  lesquelles  joignent 
au  mérite  d'une  beauté  et  d'un  éclat  incomparables  celui  d'un  bon  marché 
relativement  extraordinaire. 

»  Je  fais  suivre  logiquement  l'étude  de  ces  corps  de  celle  de  l'urée  nor- 
male et  des  urées  composées,  et  j'examine  ensuite  dans  trois  Chapitres 
successifs  les  uréthanes,  les  éthers  allophaniques  et  les  uréides  qui  s'y 
rattachent  si  étroitement. 

»  Dans  les  trois  Chapitres  qui  suivent  je  passe  en  revue  les  principes 
immédiats  ternaires  les  plus  im|)ortants  des  végétaux,  tels  que  la  cellulose, 
l'amidon,  les  gommes,  les  composés  pectiques,  les  sucres,  les  gluco- 
sides,  etc.,  me  bornant  à  indiquer,  sans  entrer  dans  aucun  détail,  ce  qui 
serait  en  dehors  du  cadre  de  cet  ouvrage,  les  applications  dont  ils  sont 
susceptibles. 

))  Enfin  dans  le  dernier  Chapitre,  je  traite  des  principes  immédiats  du  sang, 
de  l'oeuf,  de  la  chair,  de  la  bile,  de  l'urine.  J'en  décris  le  mode  de  prépa- 
ration, les  propriétés  principales,  et  je  fais  connaître  sommairement  les 
métamorphoses  qui  naissent  du  contact  de  quelques-uns  d'entre  eux  avec 
les  réactifs.  » 


C.R.,  1875,  i"' Semestre.   (T.  LXXX,  N»  14.) 


(95o) 


NOmNATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nominalion  d'un  Cor- 
respondant, pour  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  en  remplace- 
ment de  feu  M.  Chnzallon. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  44» 

M.  le  général  Sabine  obtient 4'^  suffrages. 

M.  Gould 2  » 

Il  v  a  deux  bulletins  blancs. 

M.  le  général  Sabine,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
proclamé  élu. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  pour  les  prix^  de  Mé- 
decine et  Chirurgie  de  la  fondation  Montyon  (année  1875). 

MM.  Cl.  Bernard,  baron  Cloquet,  Sédillot,  Gosselin,  Andral,  Bouillaud, 
baron  Larrey,  Ch.  Robin,  Bouley  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les 
Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Milne 
Edwards  et  de  Quatrefages. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  pour  le  prix  Godard 
(année  iSyS). 

MM.  Gosselin,  Cl.  Bernard,  Robin,  Andral,  Sédillot  réunissent  la  ma- 
jorité des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de 
voix  sont  MM.  Bouillaud  et  baron  Larrey. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  sera  chargée  déjuger  le  Concours  pour  le  prix  de  Physio- 
logie expérimentale  de  la  fondation  Montyon  (année  iS^S). 

MM.  Cl.  Bernard,  Ch.  Robin,  Milne  Edwards,  de  Lacaze-Duthiers,  Bou- 
ley réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont 
obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Andral  et  de  Quatrefages. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 


(  9'>'  ) 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  pour  le  prix  Chaussier 
(année  1875). 

MM.  Andral,  Bouillaud,  Cl.  Bernard,  Gosselin,  baron  Cloquât  réunis- 
sent la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le 
plus  de  voix  sont  MM.  Sédillol  et  baron  Larrey. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  pour  le  prix  des  Arts 
insalubres  de  la  fondation  Montyon  (année  iS^S). 

MM.  Pehgot,  Boussingault,  Chevreul,  Dumas,  Bussy  réunissent  la  ma- 
jorité des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de 
voix  sont  MM.  Hervé  Mangon  et  Wurtz. 

RAPPORTS. 

CHIRURGIE.   —   Rapport  sur  un    Mémoire  de  M.   J.   Hennequin,    inlilulé  : 
«  De  ['allongement  du  fémur  dans  le  traitement  de  ses  fractures  ». 

(Commissaires  :  MM.  le  baron  J.  Cloquet,  Bouillaud,  Sédillot  rapporteur.) 

«  L'Académie  nous  a  chargés  de  lui  faire  un  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  le  D'"  Hennequin,  ayant  pour  titre  :  De  i allongement  du  fémur  dans  le 
traitement  de  ses  fractures . 

»  M.  Hennequin  croit  avoir  démontré,  par  le  raisonnement  et  l'expéri- 
mentation :  1°  que  le  meilleur  mode  de  traitement  à  employer  dans  les 
fractures  siégeant  au-dessous  des  trochanters  est  l'extension  continue; 
2^  que  le  membre  inférieur  doit  être  tenu  en  abduction  modérée  et  en 
rotation  en  dehors;  3"  que  la  cuisse  doit  reposer  sur  un  plan  horizontal  et 
la  jambe  faire  avec  elle  un  angle  de  120  degrés  environ. 

»  Les  fractures  diaphysaires  du  fémur,  les  seules  dont  se  soit  occupé 
M.  Hennequin,  sont  très-fréquentes,  et  l'épaisseur  des  parties  molles,  la 
puissance  des  muscles  et  la  difficulté  de  trouver  des  points  d'appui  pour 
l'extension  et  la  contre-extension  en  rendent  les  consolidations  régulières 
fort  difficiles,  malgré  d'innombrables  appareils,  chaque  jour  perfectionnés 
par  les  ressources  de  la  Mécanique  et  les  progrès  de  la  Physiologie  et  de  la 
Pathologie  chirurgicales. 

»  Si  les  guérisons  chez  les  enfants,  sans  raccourcissement,  sont  très- 
communes,  elles  sont  exceptionnelles  chez  les  adultes,  et  aucun  chirurgien 
expérimenté  ne  s'engagerait  à  les  obtenir. 

ta3.. 


(95^) 

»  M.  Hennequiti  n'a  pas  hésité,  cependant,  à  annoncer  que  non-seule- 
ment il  pouvait  rendre  à  la  cuisse  sa  longueur  dans  les  fractures  diaphy- 
saires,  par  son  appareil  à  extension  continue,  mais  qu'il  devait  se  mettre  en 
garde  contre  un  excès  de  longueur,  plus  à  craindre  encore  qu'un  raccour- 
cissement. 

»  Ce  résultat  imprévu  était  de  nature  à  exciter  une  vive  attention,  et  il 
importait,  avant  tout,  d'en  constater  la  réalité. 

»  M.  Hennequin  a  joint  à  son  Mémoire  un  tableau  de  trente-deux  cas 
de  fractures  de  la  cuisse,  traitées  par  son  appareil,  dont  il  m'a  montré  de 
nombreuses  applications  dans  les  hôpitaux,  et  il  a  rapporté  cinq  observa- 
tions comme  exemples  et  preuves  de  l'allongement  des  os  fracturés. 

))  Deux  sont  relatives  à  un  véritable  allongement,  ou  allongement 
absolu. 

»  Les  trois  autres  n'offrent  que  des  allongements  secondaires  ou  recti- 
ficateurs,  en  ce  sens  que  le  membre,  raccourci  de  plusieurs  centimètres  à 
la  suite  d'une  ancienne  fracture,  a  pu  recouvrer  une  partie  de  sa  longueur 
pendant  le  traitement  d'une  nouvelle  solution  de  continuité. 

»  Une  distinction  capitale  méritait  d'être  établie  entre  ces  observations. 

))  Rendre  à  un  membre  sa  longueur  normale,  c'est  le  ramener  à  ses  pro- 
portions naturelles,  qu'on  méconnaît  en  les  dépassant;  et  si  dans  le  premier 
cas  les  éléments  qui  concourent  à  la  régularité  des  formes  et  des  fonctions 
sont  en  faveur  du  chirurgien,  ils  lui  sont  contraires  dans  le  second. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  l'os  fracturé  qui  doit  être  allongé,  mais  des 
tissus  fdjreux,  très-résistants;  et  si  l'on  y  réussissait,  on  n'aurait  fait  que 
remplacer  une  difformité  par  une  autre  plus  fâcheuse. 

»  La  possibilité  de  l'allongement  absolu  des  os  fracturés  repose  théori- 
quement sur  quelques  faits  d'ostéites,  de  nécroses,  d'hyperostoses  et  d'os- 
téosarcômes,  sans  réelles  analogies  avec  des  fractures  où  les  os  sont  sains 
et  où  la  conlractilité  musculaire  est  restée  enlièie. 

»  Le  premier  exemple  d'allongement  absolu  cité  par  M.  Hennequin 
était  d'un  demi-centimètre  et  ne  pouvait  faire  preuve,  de  l'aveu  de  l'auteur, 
en  raison  de  l'impossibilité  de  constater  d'une  manière  irrécusable  une  si 
faible  différence,  à  moins  d'un  examen  nécroscopique  dont  il  n'a  fourni 
aucun  exemple. 

»  Le  second  fait  d'allongement  ne  serait  pas  douteux,  s'il  était  de  deux 
ou  trois  centimètres,  connne  l'a  supposé  un  de  nos  confrères  dont  l'expé- 
rience et  l'autorité  sont  hors  de  doute;  mais  le  malade,  qui  avait  subi  une 
rupture  accidentelle  d'un  premier  cal  en  voie  de  formation,  avait  gardé 


(953  ) 
l'appareil  trois  mois,  n'avait  pas  encore  marché,  n'a  pu  être  retrouvé  et 
son  histoire  n'a  été  ni  recueillie  ni  publiée. 

■)  Nous  regrettons  qu'une  observation  aussi  exceptionnelle  n'ait  pas  été 
mise  à  l'abri  de  toute  objection. 

»  Le  seul  poids  du  corps  suffit  à  déformer  un  cal  récent,  quand  les  ma- 
lades se  lèvent  et  se  servent  trop  tôt  de  leur  membre,  et  il  eîu  été  néces- 
saire de  constater  les  effets  d'un  exercice  prolongé. 

»  M.  Hennequin  a  discuté  la  possibilité  de  l'élongation  des  os  par  l'irri- 
tation de  la  face  diaphysaire  des  cartilages  d'ossification;  mais  le  blessé 
avait  quarante-cinq  ans  et  ces  cartilages  étaient,  comme  il  l'a  fait  remar- 
quer, depuis  longtemps  ossifiés. 

»  Dans  un  cas  de  résection  coxo-fémorale  pratiquée  avec  succès  sur  un 
enfant,  j'ai  admis  la  possibilité  d'obtenir,  par  des  mouvements  rationnel- 
lement dirigés,  le  rétablissement  d'une  partie  du  volume  et  de  la  longueur 
des  parties  atrophiées,  et  je  ne  doute  pas  de  l'utilité  de  ce  genre  de  traite- 
ment pendant  le  jeune  âge  et  dans  des  conditions  d'accroissement  qui  sont 
connues. 

»  Les  résultats  les  plus  favorables  signalés  par  M.  Hennequin  ont  été 
fournis  par  les  blessés  dont  un  premier  raccourcissement,  plus  ou  moins 
considérable,  fut  diminué  par  le  traitement  d'une  deuxième  ou  d'une  troi- 
sième fracture. 

»  Ici  aucun  doute  n'était  possible.  Les  parties  ont  été  plus  ou  moins 
ramenées  à  leur  longueur  par  la  disparition  des  courbures  irrégnlières  du 
membre,  l'allongement  possible  des  anciens  cals,  en  partie  peut-être  en- 
flammés et  ramollis,  et  l'écartement  des  nouveaux  fragments,  quelque  diffi- 
cile qu'on  le  suppose,  puisque  les  tissus  environnants  sont  restés  généra- 
lement intacts  et  y  font  obstacle.  La  rupture  des  cals  difformes  est  une  opé- 
ration usuelle  et  offre  des  conditions  assez  comparables. 

»  L'appareil  de  M.  Hennequin  ayant  été  décrit  dans  un  travail  (i)  publié 
en  1869,  nous  nous  bornerons  à  signaler  les  avantages  qu'il  présente  sur 
celui  de  Ferdinand  Martin. 

B  La  multiplication  des  points  d'appui  évite  des  pressions  trop  persis- 
tantes, et  la  substitution  de  bandes  élastiques  graduées  à  des  tiges  et  à 
des  attelles  fixes  permet  de  varier  les  forces  extensives  de  deux  à  neuf  kilo- 

(i)  Quelques  considérations  sur  l'c.rtcnsinn  continue.  Mémoire  couronné  parla  Faculté  de 
Médecine  de  Paris  (Prix  Barbier).  Paris,  186g. 


{  954  ) 
grammes.  C'est  l'application  aux  fractures  des  bandes  élastiques,  si  heureu- 
sement employées  dans  le  traitement  des  luxations. 

»  La  contre-extension  porte  sur  l'arcade  pubienne,  l'ischyon  et  la  fosse 
iliaque  externe,  et  l'extension  sur  les  condyles  du  fémur  et  perpendicu- 
lairement sur  le  mollet. 

»  Les  hydarthroses  du  genou  nous  ont  paru  presque  constantes  et  pour- 
raient être  prévenues  par  des  genouillères  élastiques  et  des  intermittences 
d'extension,  en  partie  bornée  aux  condyles  fémoraux. 

»  L'allongement  absolu  du  fémur  fracturé,  point  capital  de  ce  travail, 
ne  nous  semble  pas  démontré  et  réclame  de  nouvelles  preuves;  mais  l'ap- 
pareil, dans  les  fractures  des  adultes  et  des  vieillards,  employé  avec  de 
grandes  précautions  pour  éviter  la  mortification  du  mollet,  a  donné  de 
beaux  succès  et  ajoute  aux  ressources  de  la  Chirurgie. 

»  Nous  proposons,  en  conséquence,  d'engager  M.  Hennequin  à  pour- 
suivre ses  recherches  sur  les  conditions  et  le  mécanisme  des  allongements 
des  os  fracturés,  et  de  déposer  honorablement  son  Mémoire  aux  archives 
de  l'Académie.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

RIÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MÉCANIQUE.  —  Éludes  sur  l'entraînement  de  l'air  par  un  jet  d'air  ou  de  vapeur; 

par  M.  F.  DE  Romilly. 

(Commissaires  :  MM.  Rolland,  Tresca,  Resal.) 

a  Dans  la  Communication  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  à  l'Académie, 
au  sujet  de  l'entraînement  de  l'air  par  un  jet  d'air  ou  de  vapeur  (i8  jan- 
vier 1875),  j'ai  décrit  les  effets  du  jet  lancé  dans  l'orifice  récepteur  (i). 
Voici  maintenant  les  effets  du  jet  lancé  sur  la  paroi  latérale  du  récepteur. 

»  I.  —  Si,  avec  le  récepteur  à  mince  paroi,  on  éloigne  le  lanceur  de  quelques  millimètres 
seulement  du  récepteur  et  qu'on  l'excentre  suivant  le  rayon,  c'est  lorsque  le  lanceur  dirige 
son  jet  toujours  parallèlement  à  l'axe,  non  plus  dans  l'orifice  récepteur,  mais  en  de/tors  sur 
la  paroi  même  où  l'orifice  est  percé  que  se  trouve  le  maximum  de  pression,  maximum  qui 

(i)  Venturi  avait  trouvé,  pour  l'écoulement  de  l'eau  par  un  ajutage,  le  même  angle  de 
divergence,  ce  qui  indique  pour  ces  deux  cas  si  différents  une  similitude  dans  la  direction 
des  fluides  au  moment  du  passage  par  l'orifice  de  l'ajutage.  Il  est  aussi  remarquable  que  ce 
soit  avec  ce  même  ajutage  formant  entrée  d'un  récipient  clos  que  l'on  a  le  maximum  de 
pression  avec  l'air  entraîné. 


(955) 

dépasse  le  double  de  la  pression  obtenue  en  lançant  le  jet  dans  l'intérieur  de  l'orifice.  Ainsi, 
la  projection  sur  un  plan  parallèle  des  deux  orifices  lanceur  et  récepteur  donne,  au  mo- 
ment du  maximum,  deux  cercles  extérieurement  tangents.  La  grandeur  absolue  de  l'effet 
après  le  bord  croît  très-peu  avec  la  distance  du  lanceur  au  récepteur,  de  sorte  que  sa  supé- 
riorité sur  l'effet  du  jet  lancé  à  l'intérieur  ne  persiste  pas,  car,  l'effet  du  jet  dans  l'orifîce 
grandissant  rapidement  avec  l'éloignement,  il  se  trouve  que,  après  une  certaine  distance  où 
ces  deux  effets  sont  égaux  et  où  il  y  a  alors  deux  maxima  égaux,  l'elfet  du  jet  dans  l'orifice 
devient  prédominant.  Voici  comme  exemple  les  courbes  faites  avec  lanceur  de  i  millimètre 
de  diamètre,  à  i  atmosphère  et  récepteur  de  o,oi6  de  diamètre  [fig.  i). 

>)  On  voit  que,  avec  le  récepteur  de  o  ,oi6,  ce  n'est  qu'à  o  ,020  de  distance  qu'on  a  égalité 
des  deux  maxima.  Avec  des  récepteurs  de  diamètres  moindres,  les  effets  sont  de  même  na- 
ture, et,  à  mesure  que  le  récepteur  décroît,  les  courbes  sont  plus  accentuées  et  l'égalité  des 
deux  maxima  a  lieu  plus  tôt.  Il  est  du  reste  facile  de  rendre  sensible  cette  tangence  ;  lors~ 
qu'on  a  obtenu  le  maximum  par  excentration,  on  avance  normalement  le  lanceur  vers  le 
récepteur  :  il  vient  buter  sur  la  paroi,  et  le  jet  est  arrêté. 

»  Cette  manœuvre,  comme  toutes  celles  des  expériences  précédentes  et  suivantes,  exige 
que  le  lanceur  soit  fixé  sur  une  base  pouvant,  par  une  glissière,  se  mouvoir  vers  le  récep- 
teur, cette  base  portant  elle-même  une  autre  glissière  pour  le  mouvement  latéral. 

»  Cet  cjfet  de  bord  est-il  particidier  au  récepteur  à  mince  paroi  ?  Pour  généraliser  le 
phénomène,  il  suffit  de  l'étudier  avec  les  autres  récepteurs  de  forme  intérieure  différente.  Si 
donc  on  prend  un  récepteur  conique,  celui  de  ^  degrés  et  de  8  millimètres  de  diamètre  par 
exemple,  pourvu  à  sa  petite  section  tournée  vers  le  lanceur  d'une  surface  latérale  plane 
continuant  la  surface  de  section  de  l'orifice  (j^^.  2),  on  reconnaît,  en  partant  de  l'axe: 
1°  que  le  maximum  est  sur  l'axe,  et  qu'à  partir  de  l'axe  il  y  a  diminution  (Note  précé- 
dente) ;  3"  qu'au  moment  où  le  lanceur  franchit  le  bord,  il  y  a  minimum  très-accusé,  puis 
augmentation  de  pression  considérable  et  brusque  lorsque  le  bord  est  franchi  [Jlg.  3).  C'est 
un  second  maximum,  inférieur  ici  au  maximum  central,  mais  très-marqué,  et  même,  en 
valeur  absolue,  supérieur  au  même  effet  avec  Torifice  en  mince  paroi  de  même  diamètre. 
Après  ce  maximum,  il  y  a  diminution  graduelle. 

>   Même  effet  avec  l'ajutage  cylindrique.  Avec  le  divergent,  l'effet  est  très-effacé. 

•  Ainsi,  l'effet  de  bord  est  générai,  mais  seul,  l'orifice  à  mince  paroi  donne  l'effet  de  bord 
supérieur  à  l'effet  du  jet  lancé  à  l'intérieur  <le  l'orifice. 

»  II.  —  Autre  phénomène  qui  n'existe  pas  avec  le  récepteur  à  mince  paroi,  mais  avec  le 
conique  et  le  cylindrique  :  ni  la  grandeur,  ni  la  position  du  second  maximum  ne  sont  les 
mêmes  quand  on  fait  glisser  le  lanceur  de  l'axe  vers  le  bord  et  le  franchissant,  que  lorsque 
l'on  revient  en  sens  contraire  vers  l'axe.  Le  point  du  maximum  est  plus  excentré  quand  on 
s'éloigne  de  l'axe,  moins  excentré  quand  on  revient  vers  l'axe.  De  même  du  minimum  très- 
accusé  qui,  dans  l'aller,  précède,  et  dans  le  retour,  suit  le  maximum.  Ce  déplacement  en 
sens  contraire  agit  comme  si  le  jet  avait  une  sorte  d'inertie  qui  retarderait  le  moment  du 
saut  brusque,  dans  l'un  ou  l'autre  sens  [fig.  4-)  En  s'éloignant  de  l'axe,  on  a  le  plus  fort 
minimum;  en  s'en  rajjprochant,  le  plus  fort  maximum.  C'est  le  même  phénomène  avec  d'autres 
valeurs  et  à  une  place  différente.  Par  ces  deux  chemins  contraires,  on  arrive  en  excentrant 
doucement  à  un  minimum  ou  à  un  maximum  instable  qui,  une  fois  atteint,  disparaît  aussitôt. 
Comme  l'instabilité  va  croissant  à  mesure  que  l'on  approche  de  ce  point  d'instabilité  extrême. 


Fi'i;.  I.  —  Demi-grandeur. 


Fig.  2.  —  Demi-grandeur. 


Fig.  3.  —  Pressions, 
échelle  i. 


de  bord. 


Distance  =    O.OOl 


Dislance  =  o,oi. 


Dispositions  générales. 

Lanceur:  o^.ooi  diamètre.  —  Distance  entre  lan- 
ceur et  récepteur  écrite  sous  cliaque  figure. 

Centre  de  l'orifice  récepteur  correspondant  au 
zéro  sur  l'abscisse. 

Excenlrations  sur  abscisses.  Elles  sont  toutes  de 
grandeur  réelle. 

Pressions  et  aspirations  surordonnées,  en  hauteur 
d'eau.  Quelques-unes  reduites(To(/;i  chaque  ligure). 
■•^—  Sens  de  l'excentration. 


des 
O^'ures. 


Dispositions  PAnTicuLiÈREs. 
Récepteurs 
Diamètres 
O-n.OlG 
o'n.OoS 


o"',oo4 
o"',ooS 
o"',ooS 
o'ii.noS 


Formes. 
I\Iince  paroi. 
Conique, 
(^.onique. 
Mince  paroi. 
Coiîique. 
Mince  paroi. 


Pressions 

au  lanceur 

on  atmosphères. 


-j  atmosph. 
\  atmosph. 
1  atmosph. 
I  atmosph. 
1  atmosph. 
1  atmosph. 


(  95?  ) 

en  s'arrétant  un  peu  avant  d'y  atteindre,  on  a  un  autre  point  singulier,  ou  point  de  facile 
variation,  et  dont  l'expérience  suivante  fera  ressortir  les  propriétés  :  on  glisse  une  mince 
feuille  de  métal  ou  une  carte  entre  le  lanceur  et  le  récepteur  et,  suivant  qu'on  l'cnléve  en  la 
tirant  vers  l'axe  ou  vers  le  bord  du  récepteur,  on  a  :  vers  l'axe,  le  maximum  ;  vers  le  bord, 
le  minimum.  On  peut  agir  aussi  en  soufflant  sur  le  jet,  mais  c'est  moins  net.  On  peut  faire 
passer  la  carte  entre  le  lanceur  et  le  récepteur,  ou  la  faire  glisser  sur  le  récepteur,  ou  même 
sur  le  petit  orifice  lanceur.  Si  l'on  s'arrêtait  un  peu  avant  ou  après  ce  point  de  facile  varia- 
tion, on  retomberait  toujours  sur  la  même  pression,  de  quelque  côté  qu'on  retirât  la  carte. 
»  A  mesure  qu'on  éloigne  le  lanceur  du  récepteur,  le  point  du  maximum  d'effet  de  bord 
a  une  faible  tendance  à  s'écarter  :  très-près,  on  n'a  pas  la  tangence  absolue  ;  plus  loin,  on  y 
atteint;  plus  loin,  on  la  dépasse.  Mais  ces  dilTérences  sont  très-petites,  et  la  suite  de  ces 
maxima  est  presque  une  droite  normale  à  la  surface  du  récepteur.  Ainsi,  avec  un  lanceur 
de  2  millimètres  de  diamètre,  à  \  atmosphère,  et  un  récepteur  de  0,0 1 6  à  mince  paroi, 
quand  ils  sont  ;i  la  distance  de  i  millimètre,  la  tangence  n'est  pas  absolue,  et  à  3  millimètres 
elle  est  dépassée. 

»  III.  —  Lorsqu'on  se  sert  d'un  lanceur  et  d'un  récepteur  pourvus  tous  deux  de  parois 
latérales  parallèles,  on  a,  le  bord  franchi,  non  plus  une  pression,  mais  une  aspiration.  Celte 
aspiration  se  produit  jusqu'à  une  grande  dislance  entre  le  lanceur  et  le  récepteur;  comme 
exemple  ;  un  lanceur  de  i  millimètre  de  diamètre  à  i  atmosphère  jieut  être  éloigné  de  plus 
de  I  centimètre  d'un  récepteur  de  8  millimètres  de  diamètre  sans  que  l'effet  d'aspiration 
soit  anéanti.  En  le  rapprochant,  l'aspiration  augmente  et  dépasse  en  valeui'  absolue  la  pres- 
sion maximum  obtenue  à  la  même  distance  lorsque  le  jet  pénètre  dans  le  récepteur.  Cette 
différence  en  faveur  de  l'aspiration  peut  s'élever  à  près  du  triple  de  la  pression  [fg-  5). 
>'  Le  lieu  du  maximum  de  cette  aspiration  est  situé,  pour  les  dislances  rapprochées,  au 
point  même  oîi  se  trouvait,  par  l'effet  de  bord,  le  maximum  de  pression  avec  lanceur  sans 
paroi  parallèle.  Cependant  l'aspiration  n'efface  l'effet  de  bord  que  pour  les  dislances  très- 
proches.  Le  maximum  d'aspiration  s'écarte  à  mesure  que  la  dislance  entre  les  ajutages 
augmente,  tandis  que  l'elfel  de  bord  s'obtient  toujours  avec  une  excentralion  à  peu  près 
identique.  Déjà,  à  1  millimètres  de  dislance  entre  l'ajutage  conique  de  4  millimètres  de  dia- 
mètre, on  a  en  premier  lieu  l'effet  de  bord  et  un  peu  plus  loin  l'effet  d'asjjiraiion  [fg.  6). 
»  IV.  —  Lorsque  la  distance  entre  les  ajutages  est  moindre  que  ~  millimèlre,  qu'ils  sont 
presque  au  contact,  la  pression,  lorsque  le  jet  pénètre  dans  le  récepteur,  augmente  très- 
rapidement  avec  la  diminution  de  distance  (puisque  au  contact  on  doit  avoir  la  pression 
même  du  lanceur),  et  alors  l'excentnition,  le  bord  dépassé,  produit  non  plus  une  aspiration, 
mais,  après  un  minimum  bien  accusé,  un  second  maximum  de  pression  qui  dépasse  en  va- 
leur absolue  l'aspiration  des  cas  précédents;  puis  l'effet  de  l'excentralion  s'éteint  en  donnant 
une  suite  de  minima  et  de  maxima  de  moins  en  moins  accusés. 

«  Entre  cette  très-petite  distance  où,  en  dépassant  le  bord,  on  n'a  que  des  pressions,  et 
celle  où  l'on  a  seulement  l'aspiration,  se  trouve  une  distance  intermédiaire  où,  le  bord 
franchi,  on  a  d'abord  une  aspiration  et,  en  excentrant  plus  loin,  une  pression  {fîg-  '])■ 

»   Voici  donc,  en   s'éloignanl  du   récepteur,  la    succession   des   effets  d'excentration  : 

1°  (pres<pie  au  contact)  pression  sur  toute  la  paroi,  quelle  (pie  soit  l'excentralion;  2°  (un 

peu  plus  éloigné)  aspiration,  puis  pression  en  excentrant  davantage;  3"  (vers   i  millimètre 

de  distance)  aspiration  pour  toute  excentralion  ;  4°  (vers  2   à  3  millimètres)  pression  par 

C.  R.,  187  j,  i"  Semestre.  CT.  LXXX,  IS»  Ui.)  '  ^4 


(  958  ) 

effet  du  bord,  puis  aspiration;  5"  disparition  de  l'aspiration,  continuation  de  la  pression 
par  lefict  de  bord;  6°  disparition  de  l'effet  de  bord  dans  l'effet  général. 

»  Il  arrive  aussi,  quand  à  très-petite  distance  il  n'y  a  pas  parallélisme  absolu,  qu'en 
excentrant  d'un  côté  du  récepteur  on  a  le  phénomène  de  pression,  et  du  côté  diamétrale- 
ment opposé  celui  d'aspiration. 

»  Je  veux  rappeler  ici  l'expérience  de  Griflith  et  de  Clément  Desormes  sur  la  fixation  par 
aspiration  d'un  disque  plan  approché  d'une  paroi  plane  percée  d'un  orifice  par  où  s'é- 
chappe de  l'air  ou  de  la  vapeur.  Dans  ce  cas,  c'est  au  bord  du  disque  qu'ils  ont  trouvé 
que  l'aspiration  avait  surtout  lieu,  mais  les  données  sont  différentes  de  celles  de  ce  Mémoire. 

»  V.  ^ —  L'effet  de  bord  et  l'aspiration  croissent  avec  la  section  du  lanceur  et  la  pression 
de  l'air  lancé  et  en  proportion  inverse  de  la  section  du  récepteur. 

»  VI.  —  L'effet  de  bord  ne  se  produit  que  lorsque  le  récepteur  forme  l'entrée  d'un 
récipient  clos.  Il  n'existe  pas  pour  l'entraînement  dans  un  récipient  ouvert,  et  le  gazomètre 
qui  mesure  la  quantité  d'air  qui  passe  par  le  récepteur  s'emplit  de  plus  en  plus  lentement, 
à  mesure  que  l'on  dépasse  le  bord  par  l'excentration.  Quant  à  l'effet  d'aspiration  dû  au 
parallélisme  des  surfaces,  il  se  manifeste  également,  que  le  récipient  soit  clos  ou  qu'il  soit 
ouvert.  » 

PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Sw^  un  nouveau  corps  qu'on  trouve  dans  iurine 
après  l'ingestion  d'hydrate  de  cldoral.  Note  de  MM.  Mcsculcs  et  de  Mermé. 
(Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Cl.  Bertiard,  Wurtz.) 

«  On  peut  se  demander  comment  et  sous  quel  état  sont  rejetées  les 
substances  étrangères  introduites  dans  l'organisme.  On  a  formé  trois 
groupes  : 

»  1°  Les  substances  qui  traversent  l'organisme  sans  être  altérées, 
comme  la  créatine,  l'acétamide,  etc.,  que  l'on  retrouve  intactes  dans 
l'urine; 

»  2"  Les  substances  qui  sont  décomposées  et  dont  on  retrouve  les 
produits  de  décomposition  dans  le  sang,  la  salive  ou  l'urine  :  telles,  par 
exemple,  la  leucine  et  leglycocolle,  qui  fournissent  de  l'urée; 

»  3°  Les  substances  qui  se  combinent  chimiquement  avec  un  produit 
de  l'organisme  et  passent  ainsi  dans  l'urine.  Le  type  de  ce  groupe  est 
l'acide  benzoïque,  qui,  en  se  combinant  avec  le  glycocoUe,  est  éliminé  à 
l'état  d'acide  hippurique. 

»  Quel  est  le  sort  du  chloral  quand  il  a  passé  dans  le  sang? 

»  D'après  Liebreich,  ce  corps  appartiendrait  au  deuxième  groupe;  il 
serait  décomposé  par  le  sang  en  acide  formique  et  chloroforme,  et  ce  se- 
rait à  ce  dernier  produit  qu'il  devrait  son  action  narcotique. 

»  Bouchut  a  avancé  le  premier  que  le  chloral  traverse  l'organisme  sans 


(  9^9  ) 
être  altéré.  M"*  Tomaszewicz,  au  laboratoire  de  M.  Hermann,  à  Zurich, 
a  démontré  la  présence  dans  l'orine  d'une  petite  quantité  de  chloral  et 
l'absence  complète  de  chloroforme.  Récemment  Feltz  et  Ritter  ont  trouvé, 
dans  l'urine  de  chiens  empoisonnés  par  le  chloral,  du  chloral,  du  sucre 
et  une  autre  substance  organique  que  ces  savants  n'ont  obtenue  qu'en 
trop  faible  quantité  pour  en  faire  l'analyse. 

»  Nous  avons  examiné  l'urine  rendue  par  des  malades  qui  prenaient 
4  à  5  grammes  d'hydrate  de  chloral  par  jour  :  ces  urines  avaient  mie  réac- 
tion acide  très-prononcée.  Elles  réduisaient  la  liqueur  cupropotassique  et 
elles  montraient  une  rotation  à  gauche  du  plan  de  polarisation,  d'autant 
plus  forte  que  la  dose  de  chloral  était  plus  élevée. 

»  De  l'urine  fraîche  a  été  précipitée  par  l'acétate  neutre  de  plomb,  puis, 
après  filtration,  par  le  sous-acétate  de  plomb  et  enfin  par  le  sous-acétate 
et  l'ammoniaque.  Ces  différents  précipités  plombiques  ont  été  décomposés 
par  l'hydrogène  sulfuré. 

»  Le  polarimètre  montra  que  le  corps  que  nous  cherchions  se  trouvait 
le  plus  abondamment  dans  le  précipité  de  sous-acétate  de  plomb. 

»  La  substance,  obtenueen  quantité  très-faible,  était  soluble  dans  l'éther 
alcoolisé.  Nous  avons  alors  agité  de  l'urine  préalablement  évaporée  avec 
un  mélange  d'éther  et  d'alcool  :  l'éther,  décanté  et  évaporé,  laissa  un 
résidu  sirupeux  assez  abondant,  mais  qui  n'avait  aucun  pouvoir  rota- 
toire.  Comme  nous  pouvions  avoir  affaire  à  un  acide  rendu  insoluble 
dans  le  véhicule  employé,  par  suite  de  sa  combinaison  avec  une  base, 
nous  avons  ajouté  à  l'urine,  avant  de  la  traiter  par  l'éther,  d'abord  de 
l'acide  acétique  :  le  résultat  fut  encore  négatif.  Avec  un  acide  minéral  fort 
(acide  chlorhydrique  ou  sulfurique),  nous  obtînmes,  par  l'évaporation  de 
l'éther,  un  résidu  qui  possédait  un  fort  pouvoir  rotatoire  à  gauche.  C'est 
cette  dernière  méthode  que  nous  avons  employée  pour  isoler  le  corps. 

»  Nous  avons  d'abord  formé  le  sel  de  potasse  et  obtenu  luie  belle  poudre 
blanche  composée  de  cristaux  microscopiques.  Une  solution  au  centième 
de  ce  sel,  examinée  dans  le  tube  de  20  centimètres  du  saccharîmètre  de 
Soleil,  tourne  de  5  degrés  à  gauche,  ce  qui  correspond  sensiblement  à 
[«]  =  —  60.  Les  urines  obtenu(  s  avec  une  dose  de  4  à  5  grammes  d'hy- 
drate de  chloral  donnaient  directement  une  déviation  de  5  degrés  et  même 
de  6  degrés.  Elles  contenaient  donc  de  loà  12  granunes  de  celte  substance 
par  litre. 

»  Nous  avons  obtenu  l'acide  libre  en  groupes  de  cristaux  isolés  en 
forme  d'étoile  et  ressemblant  sous  le  microscope  à  la  tyrnsine.  Les  cris- 

124.. 


(96o) 
taux  séchés  sur  l'acide  sulfurique  concentré  pendant  plusieurs  jours  ont 
fourni  à  l'analyse  élémentaire  : 

Carbone 3i,6o 

Hydrogène 4  1^6 

Chlore 26,70 

»  L'acide  ne  cristallise  bien  que  s'il  est  complètement  exempt  de  pro- 
duits azotés.  Cet  acide  est  très-soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool,  moins 
dans  l'éther  alcoolisé  et  à  peu  près  insoluble  dans  l'éther  pur.  Il  rougit 
fortement  le  papier  bleu  de  tournesol  et  décompose  les  carbonates  avec 
effervescence.  Il  n'est  pas  déplacé  par  l'acide  acétique.  A  l'ébullition,  il 
réduit  les  solutions  alcalines  de  cuivre  et  debismutb,  ainsi  que  lessels  d'ar- 
gent; il  décolore  le  sulfate  d'indigo.  Il  tourne  le  plan  de  la  lumière  pola- 
risée à  gauche  comme  son  sel  de  potasse. 

»  Nous  avons  pu  obtenir  à  l'état  cristallin  un  sel  de  potassium,  un  sel 
de  sodium  et  un  sel  de  cuivre.  Nous  avons  obtenu  un  sel  de  baryum 
amorphe.  Tous  ces  sels  sont  solubles  dans  l'eau  et  insolubles  dans  l'alcool 
absolu.  Nous  n'avons  obtenu  qu'une  combinaison  insoluble  dans  l'eau  : 
c'est  en  précipitant  l'acide  avec  le  sous-acétate  de  plomb. 

»  La  chaleur  décompose  l'acide  rapidement  :  il  jaunit  déjà  à  100  degrés. 
Chauffé  avec  une  solution  de  potasse,  il  brunit  en  dégageant  une  odeur 
de  caramel  et  en  cédant  son  chlore  à  la  potasse. 

»  Sa  solution,  traitée  par  la  méthode  de  M"'' Tomaszewicz,  ne  donne 
pas  de  chloroforme,  de  sorte  que  celui  que  l'on  retire  directement  de 
l'urine  provient  réellement  d'un  peu  de  chloral  inaltéré;  mais  la  moyenne 
partie  du  chloral,  ou  plutôt  un  reste  de  ce  corps,  est  évidemment  combinée 
avec  une  substance  tirée  de  l'organisme  et  est  éliminée  sous  cette  forme  par 
l'urine.  Nous  pensons  donc  que  le  chloral  doit  être  rangé  avec  l'acide 
benzoïque  dans  le  troisième  groupe,  et  nous  proposons  de  donner  provi- 
soirement à  l'acide  que  nous  avons  trouvé  le  nom  û'acide  itrocltloialique.  » 

M.  A.  BoniiîRRE  adresse  une  Note  sur  les  inexactitudes  que  peut  pré- 
senter le  dosage  de  l'azote  dans  l'analyse  des  matières  azotées  employées 
comme  engrais.  Il  montre  que,  dans  l'analyse  des  tourteaux,  on  peut  à 
volonté,  selon  (jue  l'on  opère  leur  combustion  dans  telle  ou  telle  condition, 
dissocier  une  portion  plus  ou  moins  forte  de  l'ammoniaque  dégagée.  Les 
pertes,  dans  les  exemples  cités,  s'élèvent  jusqu'à  24  pour  100  de  l'azote  ren- 
fermé dans  l'engrais.  Pour  les  éviter,  il  faut  ne  pas  opérer  dans  de  tro|)  longs 


(  96i  ) 
tubes,  siibslitiier,  toutes  les  fois  qu'on  le  pourra,  le  gaz  au  charbon  de  bois 
et  enfin  mener  l'opération  rapidement,  alors  même  que  la  liqueur  sulfurique 
serait  un  peu  brunie  par  la  distillation  de  matières  goudronneuses. 

(Commissaires  :  MM.  Boussingault,  Peligot.) 

M.  BoBiERRE  adresse  en  outre  une  Note  sur  l'emploi  d'un  petit  appareil 
appelé  cherche -plomb,  permettant  de  reconnaître  la  présence  du  plomb 
dans  un  étamage  suspect,  par  le  contact  avec  l'acide  acétique  cristallisable 
et  avec  l'iodure  de  potassium. 

(Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  M.  Balard.) 

M.  E.  PÉTioN  adresse  une  Note  dans  laquelle  il  propose  un  nouveau 
moyen  pour  la  conservation  des  bois.  Il  s'agirait  de  soumettre  d'abord  le 
bois  à  l'action  prolongée  de  la  fumée  et  de  le  recouvrir  ensuite  d'une  couche 
de  goudron  ou  d'un  lait  de  chaux. 

(Commissaires  :  MM.  Decaisne,  Thenard.) 

M.  G.  Helzxem  adresse  à  l'Académie  une  Note  sur  un  insecte  vivant, 
comme  le  Phylloxéra,  sur  des  racines.  Il  se  fixe  sur  VJbies  balsamea  et  sur 
YJbies  Frnseri.  La  Note  est  accompagnée  d'une  petite  caisse  renfermant  des 
racines  d'Jbies  balsamea  recouvertes  d'un  grand  nombre  d'insectes  vi- 
vants. 

(Commissaires  :  MM.  de  Quatrefages,  Blanchard.) 

M.  L.-V.  TuRQUAN  adresse  un  Mémoire  sur  l'intégration  des  équations 
aux  dérivées  partielles  du  second  ordre  et  des  ordres  supérieurs. 

(Commissaires  :  MM.  Hermite,  Bonnet,  Puiseux.) 

M.  3Iayet  prie  l'Académie  de  comprendre  parmi  les  ouvrages  présentés 
pour  le  prix  de  Statistique  (fondation  Montyon)  la  statistique  des  services 
de  médecine  des  hôpitaux  de  I^yon,  qu'il  a  déjà  offerte  à  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  de  Statistique.) 

M.  R.  DE  WouvES,  à  l'occasion  des  recherches  de  M.  Charles  Sainte-Claire 
Deville,  rappelle  à  l'Académie  qu'il  a  présenté,  à  la  séance  du  20  décembre 
18'yo,  un  Mémoire  intitulé  «  De  la  périodicité  du  temps.  » 

(Celte  Communication  est  renvoyée  à  l'examen  de  M,  Ch.  Sainte-Claire 
Deville.) 


(  960 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Insti- 
tut, le  tome  XXX  (3*^  série)  du  «  Recueil  des  Mémoires  de  Médecine,  de 
Chirurgie  et  de  Pharmacie  militaires  ». 

M.  le  3I1NISTRE  DES  Travaux  publics  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de 
l'Institut,  un  exemplaire  de  la  Carte  hydrologique  du  département  de 
Seine-et-Marne,  par  M.  Delesse. 

M.  Cazuv  adresse  ses  remercîments  pour  la  récompense  qui  lui  a  été  dé- 
cernée dans  la  dernière  séance  publique  de  l'Académie. 

M.  TÉoFiLACTOFF,  profcsseur  à  l'Université  Saint-Wladimir  de  Rief,  pré- 
sente à  l'Académie,  par  l'entremise  de  M.  Paul  Gervais,  les  Cartes  géolo- 
giques de  la  ville  et  du  gouvernement  de  Rief,  qu'il  vient  de  terminer. 

OPTIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  un  ophtliatmoscope  à  trois  observateurs. 
Note  de  M.  F.  3Ionoyer,  présentée  par  M.  de  Quatrefages. 

«  Dans  ce  nouvel  ophthalmoscope,  le  faisceau  des  rayons  lumineux  qui 
concourent  à  la  formation  de  l'image  du  fond  de  l'œil  soumis  à  l'obser- 
vation est  divisé  en  trois  portions  sensiblement  égales,  par  le  moyen  de 
deux  prismes  à  réflexion  totale  placés  derrière  la  fenêtre  de  forme  ovale  et 
allongée  transversalement  qui  occupe  le  centre  du  miroir  réflecteur.  Les 
deux  prismes  sont  disposés  de  manière  à  laisser  libre  la  partie  médiane 
de  la  fenêtre  et  à  recueillir,  sur  les  côtés,  chacun  environ  un  tiers  du  fais- 
ceau qui  traverse  cette  région  transparente  du  miroir;  les  deux  pinceaux 
lumineux  interceptés  sont  renvoyés  par  les  faces  hypoténuses  des  prismes 
latéralement,  l'un  à  droite,  l'autre  à  gauche,  dans  une  direction  perpen- 
diculaire à  l'axe  du  faisceau  primitif;  quant  aux  i-ayons  qui  passent  dans 
l'intervalle  ménagé  entre  les  arêtes  des  deux  prismes,  ils  constituent  un 
pinceau  médian  qui  continue  sans  déviation  sa  route  en  ligne  droite.  Le 
faisceau  lumineux,  ainsi  détriplé  par  un  artifice  semblable  à  celui  qui  le 
dédouble  dans  l'ophthalmoscope  binoculaire,  fournit  du  même  fond  de  l'œil 
trois  images,  visibles  sinuiltanément  par  trois  personnes. 

»  En  regard  de  la  face  d'émergence  de  chaque  prisme  se  trouve  adaptée 


(963) 
une  petite  lunette  astronomique  à  oculaire  positif  simple,  laquelle  a  pour 
but  et  pour  effet  beaucoup  moins  d'amplifier  l'image  visée  par  elle  que  de 
procurer  à  chacun  des  observateurs  latéraux  la  faculté  de  se  mettre  au  point, 
tout  en  maintenant  entre  les  tètes  des  trois  personnes  qui  observent  simul- 
tanément des  distances  suffisantes  pour  qu'elles  ne  se  gênent  pas  mutuel- 
lement. Entre  les  deux  prismes  et  au  niveau  de  la  fenêtre,  un  support  en 
forme  de  fourche  à  ressort  reçoit  l'oculaire  ou  verre  correcteur  destiné  à 
l'observateur  médian. 

»  Le  système  des  prismes  est  porté  par  une  tige  munie  d'ime  articula- 
tion qui  permet  des  mouvements  d'inclinaison  en  avant  ou  en  arrière.  Les 
deux  prismes  sont  mobiles,  chacun  séparément  autour  d'un  axe  parallèle  à 
leurs  arêtes.  Enfin  le  miroir  est  rattaché  à  la  monture  des  prismes  par  une 
double  articulation  semblable  à  celle  qui  relie  les  pièces  correspondantes 
de  l'ophthalmoscope  binoculaire  de  Giraud-Teulon,  et  qui  rend  ledit  mi- 
roir mobile  à  la  fois  autour  d'un  axe  horizontal  et  autour  d'un  axe  vertical  ; 
il  peut,  en  outre,  être  élevé  ou  abaissé  à  volonté.  Cet  ensemble  de  mouve- 
ments procure  la  faculté  de  régler  l'ophthalmoscope  de  manière  à  satisfaire 
à  tontes  les  exigences  de  la  pratique. 

»  L'appareil,  quant  au  reste  du  dispositif,  est  construit  à  l'imitation  de 
l'ophthalmoscope  de  M,  A.  Sichel,  dont  au  fond  il  représente  une  simple 
modification.  Comme  ce  dernier,  il  donne  à  volonté  l'image  réelle  ou  vir- 
tuelle, mais  il  offre,  sur  celui  de  notre  confrère,  plusieurs  avantages,  entre 
autres  les  suivants  : 

»  1°  Il  augmente  de  un  le  nombre  des  personnes  qui  peuvent  observer 
simultanément. 

»  2°  Il  permet  aux  trois  observateurs  de  voir  commodément  et  tout  à 
leur  aise,  sans  que  leurs  têtes  se  gênent  mutuellement. 

»  3°  Chaque  observateur  peut  se  mettre  au  point,  et  l'appareil  dans  son 
ensemble  est  plus  facile  à  manoeuvrer. 

»  Il  convient  de  faire  remarquer  que  les  lunettes  employées  renversent 
l'image  observée,  en  sorte  que  les  deux  observateurs  placés  latéralement 
voient  renversé  ce  que  l'observateur  médian  voit  droit^  et  vice  versa.  On  évi- 
terait facilement  le  renversement  des  images  latérales,  en  substituant  aux 
lunettes  astronomiques  de  petites  lunettes  de  Gahlée  dont  l'oculaire  néga- 
tif redresserait  l'image  renversée  par  l'objectif.   » 


(  964  ) 

THERMOCHIMIE.  —  Etude  calorimétiique  sur  les  carbures  de  Jer  et  de 
manganèse.  Note  de  MM.  L.  Troost  et  P.  Hautefeuille,  présentée 
par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Le  fer  et  le  manganèse  chauffés  avec  du  charbon  se  chargent  d'une 
proportion  variable  de  carbone.  Les  produits  obtenus  sont  bien  connus  et 
bien  décrits,  pour  le  fer  du  moins  :  grâce  aux  travaux  de  M.  Boussingault, 
on  a  dans  l'emploi  du  bichlorure  de  mercure  une  méthode  d'analyse  à  la 
fois  élégante  et  très-exacte,  qui  permet  de  distinguer  avec  certitude  le  car- 
bone uni  au  fer  du  graphite  disséminé  dans  le  métal.  Mais  le  carbone 
est-il  dissous  dans  le  fer,  ou  estil  combiné  avec  ce  métal?  C'est  une  ques- 
tion que  l'analyse  seule  ne  peut  trancher.  L'emploi  du  calorimètre  ayant 
permis  à  SL  Berthelot  de  résoudre  des  questions  analogues,  nous  avons 
entrepris  des  déterminations  calorimétriques  sur  le  fer  pur  et  sur  le  fer 
plus  ou  moins  carburé;  nous  avons  examiné  de  même  le  fer  plus  ou  moins 
riche  en  silicium,  en  soufre  et  en  phosphore.  Le  manganèse,  dont  l'emploi 
industriel  se  généralise,  exigeait  une  étude  analogue  que  nous  avons  éten- 
due au  nickel  et  au  cobalt,  pour  multiplier  le  nombre  des  termes  de  com- 
paraison. 

»  Le  bichlorure  de  mercure  humide  attaquant  ces  différents  produits, 
nous  avons  employé  ce  réactif  dans  le  calorimètre  pour  les  amener  à  un 
état  final  comparable  (i). 

»  L  Fer  carburé.  —  Nous  avons  opéré  sur  une  fonte  au  bois  très-pure. 
Une  partie  a  été  coulée  en  coquille  pour  obtenir  un  refroidissement  brus- 
que; une  autre  abandonnée  à  un  lent  refroidissement.  On  obtient  ainsi  : 
1°  une  fonte  blanche,  cassante  comme  du  verre,  contenant  4  pour  loo  de 
carbone  combiné;  2°  une  fonte  grise  à  grains  fins,  contenant  2,8  pour  100 
de  carbone  combiné  et  0,9  pour  100  de  carbone  à  l'état  de  graphite. 

»  I  gramme  de  cette  fonte  blanche  dégage,  lorsqu'on  la  traite  par  le  bi- 
chlorure de  mercure,  861  calories. 

»    I  gramme  de  celte  fonte  grise  dégage,  dans  les  mêmes  conditions, 

(i)  Le  calorimètre  employé  est  le  thermomètre  à  calories  de  M.  Favre,  placé  dans  une 
cave  à  température  sensiblement  constaïUe.  Les  matières  sont  limées  ou  pulvérisées  au  mo- 
ment même  i!e  l'expérience,  mélangées  à  sec  avec  f\o  fois  leur  poids  de  bichlorure  de  mer- 
cure, puis  ])Iacées  dans  le  moufle  en  |)latine  du  calorimètre.  L'addition  de  lo  centimèlres 
cubes  d'eau  cl  l'emploi  d'un  agitateur  peruiettcnt  de  déterminer  la  réaction  dans  un  temps 
assez  court  pour  les  observations  calorimétriques. 


(965  ) 
845  calories.  La  chaleur  de  chloniration  de  la  fonte  blanche  est  donc  plus 
grande  que  celle  de  la  fonte  grise. 

»  L'attaque  de  i  gramme  de  fer  à  peu  près  exempt  de  carbone  dégage 
seulement  827  calories. 

»  De  ces  données  on  déduit  la  chaleur  de  chloruration,  aux  dépens  du 
bichlorure  de  mercure,  d'un  même  poids  de  fer  plus  ou  moins  carburé  (i). 

Clialctir  dcgagce. 

I  gramme  tle  fer  contenant  des  traces  de  carbone .      827  calories 

i8'',o4o  de  fonte  giise  (contenant  i  gramme  de  fer) 879        >> 

i^'',o4i  de  fonte  blanche  (contenant  i  gramme  de  fur),.  ......      89(1        » 

»  Ces  résultats,  obtenus  en  expérimentant  sur  des  métaux  préparés  avec 
soin,  afin  d'éviter  les  perturbations  qu'apporle  la  présence  du  silicium, 
du  soufre  ou  du  phosphore,  établissent  que  les  fontes,  si  on  les  considère 
comme  des  combinaisons,  appartiennent,  à  la  température  ordinaire,  à  la 
catégorie  des  composés  constitués  avec  absorption  de  chaleur  à  partir  de 
leurs  éléments. 

M  II  serait  plus  naturel  de  les  considérer  comme  de  simples  dissoltitions. 
Nous  allons  voir  que  le  manganèse  se  conduit  différemment  :  qu'il  forme 
avec  le  carbone  des  combinaisons  avec  dégagement  de  chaleur  comme  les 
composés  les  plus  stables  de  la  Chimie. 

1)  IL  Carbure  de  manganèse.  —  Le  manganèse  préparé  en  réduisant 
l'oxyde  rouge  par  le  charbon  dans  un  cretiset  de  chaux  peut  être  obtenu 
plus  ou  moins  carburé.  Ces  carbures,  traités  par  le  bichlorure  de  mercure, 
dégagent  des  quantités  de  chaleur  très-différentes,  suivant  la  teneur  en 
carbone. 

»  Un  carbure  contenant  4,8  pour  100  de  carbone  dégage  beaucoup  plus 
de  chaleur  qu'une  fonte  blanche  aussi  riche  en  carbone. 

»  Nous  avons  trouvé  pour  sa  chaleur  de  chloruration,  aux  dépens  du  bi- 


fi)  Les  quantités  de  chaleur  fournies  à  l'appareil  permettent  immédiatement  des  compa- 
raisons ;  cependant,  pour  rapprocher  aisément  nos  résultats  de  ceux  qu'on  pourrait  ob- 
tenir par  une  autre  méthode  d'attaque,  nous  avons  dû  fixer  la  chaleur  de  chloruration  du 
bichlorure  de  mercure.  Cette  donnée  fondamentale  a  été  déduite  de  la  comparaison  dos 
chaleurs  de  chloruration  du  zinc  par  l'acide  chlorhydrique  et  le  bichlorure  de  mercure.  Le 
nombre  que  nous  avons  déduit  de  nos  expériences  en  partant  du  calomel  précipité  est  ai  800. 
M.  Berthelot  [Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p.  i5i7),  en  faisant  réagir  le  chlore  gazeux  sur 
le  calomel,  a  trouvé  que  la  transformation  de  ce  sel  en  bichlorure  dissous  s'accompagne  d'un 
dégagement  de  20000  à  22600  calories. 

C.R.,  1875,  i^' Semestre.  (T.  LXXX,  N»  i4.)  '  25 


(966) 
chlorure  de  mercure,   1190  calories;  tandis  qu'un  autre  carbure  préparé 
de  la  même  manière  et  contenant  5,8  pour  100  de  carbone  dégage,  dans 
les  mêmes  circonstances,   loio  calories,    i  pour  100  de  carbone  en  plus 
abaisse  donc  la  chaleur  de  chloruration  de  180  calories. 

»  Enfin  le  carbure  obtenu  en  maintenant  le  manganèse  en  fu.sion  dans 
un  creuset  de  charbon  fournit  un  culot  contenant  6,7  pour  100  de  car- 
bone (i). 

»  Ce  carbure  saturé  de  charbon  est  difficilement  attaqué  par  le  bichlo- 
rure  de  mercure;  il  dégage  encore  moins  de  chaleur  que  les  deux  carbures 
précédents  :  260  calories  seulement  par  gramme. 

»  La  perte  de  chaleur  considérable,  analogue  à  celle  qui  accompagne  la 
production  des  combinaisons  les  mieux  caractérisées,  nous  paraît  de  nature 
à  faire  admettre  que  ces  deux  corps  sont  combinés. 

»  La  composition  centésimale  de  ce  carbure  répond  à  une  formule  ato- 
mique simple  Mn'C. 

»  Enfin  nous  avons  pu  obtenir,  en  soumettant  ce  métal  très-carburé  à  un 
lent  refroidissement,  de  véritables  solides  de  clivages. 

»  in.  L'industrie  prépare  aujourd'hui  des  produits  cristallins  (ferro- 
manganèses  du  commerce)  contenant  du  fer,  du  carbone  et  une  forte  pro- 
portion de  manganèse.  Nos  expériences  calorimétriques  ont  porté  sur  trois 
séries  d'échantillons,  contenant  le  manganèse  et  le  fer  à  très- peu  près 
dans  les  rapports  de  Mn-Fe',  Mn-Fe^,  Mn-Fe,  la  proportion  de  carbone 
variant  entre  6,2  et  6,7. 

»  Les  quantités  de  chaleur  dégagées  par  i  gramme  de  ces  trois  produits 
sont  307,  289  et  43 1  calories,  lorsqu'on  les  attaque  par  le  bichlorure  de 
mercure. 

))  Si  l'on  calcule  la  chaleur  de  chloruration  en  partant  du  carbure  de 
manganèse  Mn'C  et  du  fer  le  plus  carburé  (2),  on  obtient  des  nombres 
beaucoup  plus  grands  que  ceux  déduits  des  expériences.  Ces  ferroman- 
ganèses  sont  donc  constitués  avec  dégagement  de  chaleur,  et  par  suite 
on  doit  les  considérer  comme  encore  plus  stables  que  le  carbure  de  man- 
ganèse. 

))  En  résumé,  les  déterminations  calorimétriques  semblent  établir  : 


(i)  Ce  carbone  est  en  totalité  il  cet  état  particulier  qui  lui  permet  de  brûler  facilement  à 
l'air  si  on  l'isole  par  le  bichlorure  de  mercure. 

(2)  Ce  carbure  aurait,  d'après  les  dernières  reclierrlies  de  M.  Bonssingault  [Comptes 
rendus,  t.  LXXX,  p.  85o),  une  composition  correspondant  à  Fe^C. 


(967  ) 

»  1°  Que  les  fers  carbures  sont  constitués  avec  absorption  de  chaleur  à 
partir  de  leurs  éléments.  Ce  fait  classe  les  fontes  dans  la  catégorie  des 
corps  explosifs  ou  dans  celle  des  dissolutions; 

»  2°  Que  le  manganèse  et  le  caibone  s'unissent  en  dégageant  beaucoup 
de  chaleur.  Sous  ce  rapport  le  carbure  de  manganèse  Mn'C  est  compa- 
rable aux  composés  les  plus  stables  de  la  Chimie  minérale  ; 

»  3"  Que  les  combinaisons  du  fer,  du  manganèse  et  du  carbone  s'ac- 
compagnent également  d'un  grand  dégagement  de  chaleur.  Les  ferroman- 
ganèses  sont  donc  des  combinaisons  véritables.  » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  les  matières  opliquemeîU  actives,  autres  que  le 
(jlucose,  qui  existent  normalement  dans  le  vin  et  le  caractérisent.  Note  de 
M.  A.  Béchamp. 

«  Lorsqu'un  vin  décoloré  est  convenablement  concentré  et  débarrassé 
du  tartre,  il  fournit  une  solution  qui  dévie  tantôt  à  gauche,  tantôt  à  droite 
et  tantôt  ne  dévie  pas  le  plan  de  polarisation.  C'est  à  l'explication  de  ces 
particularités  que  la  présente  Note  est  consacrée. 

»  Il  y  a  quelques  années,  j'ai  publié  (i)  sur  l'extrait  du  vin  un  travail 
duquel  il  résulte  que  ce  produit  contient  une  substance  dextrogyre,  ne 
réduisant  pas  ou  difficilement  le  réactif  cupropotassique,  mais  devenant 
capable  d'en  opérer  aisément  la  réduction,  quand  on  la  fait  bouillir 
avec  l'acide  sulfurique  étendu.  Le  sens  et  l'intensité  de  son  pouvoir  rota- 
foire  m'avaient  porté  à  la  regarder  comme  analogue  à  la  dextrine  des 
ligneux.  Un  examen  plus  attentif  ne  permet  pas  de  la  confondre  avec  une 
dextrine  et  conduit  à  la  considérer  comme  un  élément  caractéristique 
du  vin. 

))  La  substance  précédente  étant  séparée,  ce  qui  reste  dévie  aussi  tantôt 
à  gauche,  tantôt  à  droite,  ou  ne  dévie  pas.  Dans  les  trois  cas  pourtant,  le 
produit  réduit  la  liqueur  cupropotassique,  et  cela  à  la  manière  du  glucose, 
avant  la  température  de  l'ébullition.  Ces  faits  s'expliquent  aisément  :  en 
effet,  le  vin  naturel  non  altéré  par  la  tourne  contient  une  autre  substance 
dextrogyre,  qui  se  confond  aisément  avec  le  sucre  de  raisin  par  son  pou- 
voir réducteur,  mais  s'en  distingue  par  le  sens  de  sa  rotation  et  parce 
qu'elle  ne  fermente  pas  avec  la  levure  de  bière. 

»  Je  vais  exposer  la  méthode  d'analyse  qui  a  permis  d'isoler  les  deux 

■    (l)  Comptes  rendus,  t.  LIV,  p    ii48;   1862. 

125.. 


(  968  ) 
substances  dotit  il  s'agit.  Pour  abréger,  j'appellerai  l'une  matière  dexiro- 
(jyre  A,  l'autre  matière  dextrorjyre  B. 

»  Matière  dexliocjyre  A.  —  C'est  la  substance  soluble  dans  l'eau,  qui 
reste  mêlée  au  tartre,  lorsqu'on  épuise  l'extrait  d'un  vin  décoloré  succes- 
sivement par  l'éther  alcoolisé  et  par  l'alcool  à  85  degrés,  et  que  j'ai  signalée 
dans  le  travail  que  je  rappelais  plus  haut;  mais,  au  point  de  vue  d'une  ana- 
lyse plus  complète  du  vin,  il  convient  d'opérer  de  la  manière  suivante  : 

»  Le  vin  est  distillé  au  bain  de  chlorure  de  calcium  (pour  éviter  la  sur- 
chaulfe)  et  réduit  à  la  moitié  de  son  volume  (chms  une  expertise,  celte 
opération  peut  être  conduite  de  manière  à  doser  l'alcool).  Le  résidu  de  la 
distillation  est  ensuite  concentré  à  l'étuve,  à  une  température  non  supé- 
rieure à  60  degrés.  Lorsque  le  liquide  est  ramené  à  environ  le  -j^  du  volume 
du  vin  employé  et  que  la  majeuie  partie  de  la  crème  de  tarlre  a  cristallisé, 
on  jelte  sur  un  filtre  et  on  lave  avec  de  l'alcool  à  [\o  ou  5o  degrés.  Tout  le 
liquide  filtré  est  ensuite  traité  par  2  à  3  volumes  d'alcool  à  90  degrés,  tant 
qu'il  se  forme  un  précipité  floconneux. 

»  Le  précipité  est  recueilli  sur  un  filtre  et  lavé  avec  de  l'alcool  à  80  de- 
grés. Même  lorsque  le  vin  est  très-rouge,  ce  traitement  fournit  une  matière 
presque  décolorée;  celle-ci,  bien  essorée,  sauf  une  quantité  variable  de 
matière  minérale  contenant  du  phosphate  de  chaux,  se  redissout  aisé- 
ment dans  l'eau.  Le  volume  de  la  solution  étant  connu,  la  quantité  de  ma- 
tière organique  qu'il  contient  se  détermine  en  desséchant  à  100  degrés  et 
incinérant  ensuite  une  fraction  de  sa  totalité.  J'ai  dosé  ainsi  cette  matière 
dans  plusieurs  espèces  de  vins  de  l'Hérault,  préparés  par  moi  dans  ce  but 
eu  1874,  et  dont  la  fermentation  avait  été  poussée  de  façon  à  détruire  la 
totalité  du  sucre.  Voici  quatre  de  ces  dosages  : 

Vins  de  iS-j/i-  Matière  dextrogyi'e  A  par  litre. 

AiamoQ 0)95 

Alicante 1,00 

Carignane , i  >  o4 

OEillade. 0,91 

M  Tous  les  vins  que  j'ai  examinés  contenaient  la  même  matière,  mais 
dans  d'autres  proportions.  Les  vins  blancs  en  contiennent  moins  que  les 
rouges;  les  vins  vieux  moins  que  les  nouveaux.  M.  Thenard  a  bien  voulu 
me  faire  envoyer  des  vins  de  Bourgogne  sur  lesquels  j'ai  constaté  les  mêmes 
faits. 

»  La  substance  dont  il  s'agit  est  neutre,  solide,  infusible,  non  volatile  et 


(  969  ) 

sans  saveur.  Elle  constitue  quelque  chose  de  complexe  et  de  variable. 
D'abord  il  y  a  des  cas  où  elle  ne  réduit  pas  le  réactif  cupropolassique, 
d'autres  où  elle  opère  cette  réduction,  mais  autrement  que  le  glucose.  Dans 
tous  les  cas,  elle  forme  avec  ce  réactif  un  précipité  floconneux  qui  s'agglo- 
mère par  la  chaleur.  Elle  supporte  une  température  de  120  degrés  sans 
s'altérer.  Le  pouvoir  rotatoire  aussi  a  été  trouvé  variable. 

Matière  du  vin  de  Caiignane  de  1874;  réiluisant  le  réactif  cupropolassique  : 

[a];  =  88",  7/. 
Matière  du  vin  Terret-Bourret  de  1878,  ne  réduisant  pas  le  réactif  cupropolassique  : 

Matière  d'un  vin  blanc  commercial  de  1874,  ne  réduisant  pas  : 

[a],  =  480,0/. 

»  Les  matières  non  réductrices,  bouillies  pendant  longtemps  avec  l'acide 
sulfurique  étendu,  acquièrent  toujours  la  propriété  de  réduire  et  se  com- 
portent alors,  à  ce  point  de  vue,  comme  le  glucose. 

»  Je  continue  l'étude  de  ce  produit,  car  il  contient  un  principe  essen- 
tiellement caractéristique  du  vin  dont  on  pourra  se  servir  pour  trancher 
certaines  questions  relatives  aux  falsifications  de  ces  liquides. 

»  Matière  dextrog)^reB.  —  La  solution  alcoolique  séparée  delà  matière  A 
est  distillée,  pour  expulser  l'alcool,  toujours  au  bain-marie.  Le  résidu 
refroidi  est  traité  par  un  excès  d'eau  de  baryte,  jusqu'à  ce  que  le  mélange 
devienne  franchement  alcalin.  Le  volumineux  précipité  qui  se  forme  étant 
séparé  et  bien  lavé,  toutes  les  liqueurs  sont  réunies  et  précipitées  par  l'ex- 
trait de  Saturne.  Si  l'on  a  eu  soin  de  maintenir  le  milieu  alcalin  par  la 
baryte,  le  précipité  plombique  contient  toute  la  matière  B.  Ce  précipité, 
bien  lavé,  est  décomposé  par  l'hydrogène  sulfuré.  La  solution  obtenue  est 
à  réaction  fortement  acide  :  il  faut  la  concentrer  à  l'étuve,  sur  des  assiettes, 
à  une  température  qui  ne  doit  pas  atteindre  60  degrés;  autrement  le  mé- 
lange noircit.  Lorsque  le  produit  évaporé  a  acquis  la  consistance  du  miel, 
il  est  repris  par  l'alcool  à  gS  degrés  C.  Il  se  fait  une  solution  et  il  se  sépare 
une  masse  qui  tantôt  se  réduit  en  poudre,  tantôt  reste  molle.  C'est  le  pro- 
duit insoluble  qui  contient  la  matière  B.  Après  l'avoir  bien  épuisée  par 
l'alcool,  il  faut  la  redissoudre  dans  l'eau  et  traiter  la  solution  par  l'acide 
sulfurique  étendu,  en  quantité  strictement  nécessaire  pour  enlever  la  ba- 
ryte qu'elle  retient  habituellement.  La  nouvelle  liqueur  est,  à  son  tour, 
évaporée  à  l'étuve,  comme  ci-dessus,  et  de  nouveau  traitée  par  l'alcool,  etc. 
Le  dernier  résidu  insoluble  est  la  matière  B.  Cette  substance  paraît  être 


(  970  ) 
un  acide  :  elle  rougit  fortement  le  papier  de  tournesol.  Sa  saveur  est  acide, 
avec  quelque  chose  de  spécial  qui  rappelle  celle  du  vin  privé  d'alcool.  H 
me  paraît  démontré  qu'elle  contribue  à  l'acidité  totale  du  vin  et  à  sa  sa- 
veur. Lorsqu'elle  est  pure,  elle  se  dessèche  en  une  masse  gommeuse,  un 
peu  ambrée,  sans  aucune  trace  de  cristallisation;  dans  cet  état,  elle  peut 
être  chauffée  à  80  degrés  sans  s'altérer  ;  mais  au-dessus  elle  brunit,  se  bour- 
soufle et  noircit.  Elle  réduit  le  réactif  cupropotassique,  exactement  dans 
les  mêmes  conditions  que  le  glucose,  c'est-à-dire  que  la  réduction  com- 
mence déjà  avant  70  degrés  (i).  Son  pouvoir  réducteur  est  moindre  que 
celui  du  sucre  de  raisin.  Son  pouvoir  rotatoire  a  été  déterminé  pour  les 
vins  suivants  : 

o 

Vin  de  Carignane,  1874.  Matière  dextrogyre  B ..  .  [a]y  =  43,i7/^ 

»    d'Aramon              »                       »                   ...  =4'57    /^ 

1)    blanc                     »                     »                  ...  =38,2    ^ 

»    Terret-Bourret,  1873.                 »                   ...  =4'i9    /" 

»  Il  paraît  cependant  que  l'âge  d'un  vin  peut  influer  sur  l'intensité  de 
ce  pouvoir.  La  matière  extraite  d'un  vin  de  Bourgogne,  1868  (pinot  noir 
et  gamay  gris)  avait  pour  pouvoir  rotatoire  [a]j  =  20° ,  5 Z' ,  possédant 
d'ailleurs  toutes  les  autres  propriétés  de  la  matière  réductrice  B.  Quant  à 
la  quantité,  j'en  ai  trouvé,  par  litre,  05^92  dans  le  vin  de  Carignane, 
o^^gô  dans  le  Terret-Bourret  et  o8',98  dans  le  vin  de  Bourgogne  qui  vient 
d'être  signalé. 

»  Telles  sont  les  deux  matières  dextrogyres,  l'une  nécessairement  réduc- 
trice, que  j'ai  isolées  du  vin.  Il  y  en  a  d'autres  :  ce  n'est  que  lorsqu'on  est 
parvenu  à  les  éliminer  que  l'on  obtient  enfin,  après  la  séparation  de  la 
glycérine,  des  liqueurs  qui  dévient  à  gauche,  comme  cette  partie  du  sucre 
de  raisin  qui,  d'après  l'observation  de  M.  Dubrunfaut,  est  la  dernière  dé- 
truite par  la  fermentation. 

»   En  résumé,  lorsque  le  mélange  dont  je  parlais  en  commençant  : 

»  1°  Dévie  à  gauche,  c'est  que  la  quantité  du  sucre  incristallisable  est 
plus  que  suffisante  pour  compenser  la  rotation  à  droite  des  matières  dex- 
trogyres; 

(i)  Le  réactif  cupropotassique  est  un  réactif  infidèle  :  lorsqu'il  y  a  trop  peu  de  glucose 
ou  de  matière  B  pour  une  grande  quantité  de  réaclif,  la  réduction  i)eut  ne  pas  s'opérer, 
même  à  l'ébuUition.  Si,  au  contraire,  le  glucose  ou  la  matière  B  sont  en  quantité  presque 
suffisante  pour  la  réduction  totale,  elle  coninieiice  déjà  à  65  degrés. 


(  971  ) 

»  2°  Dévie  à  droite,  c'est  que  la  quantité  de  lévulose  est  trop  faible 
pour  opérer  la  compensation  des  matières  dextrogyres,  ou  qu'il  est  entière- 
ment détruit: 

»  3''  Ne  dévie  pas,  c'est  que  les  matières  dextrogyres  sont  exactement 
compensées  par  la  lévulose,  ou  que  la  tourne  a  fait  disparaître  toutes  les 
matières  actives. 

»  On  voit,  par  ce  qui  précède,  quel  est  le  genre  de  difficultés  qu'il  faut 
vaincre  pour  doser  le  sucre  dans  le  vin.  Ni  le  saccharimètre,  ni  le  réactif 
cupropotassique  ne  sont  des  moyens  sûrs.  Jusqu'ici  la  fermentation  seule 
m'a  paru  efficace  et  à  l'abri  des  causes  d'erreur.  J'aurai  l'occasion  d'y 
revenir.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  préparation  de  réthylène  perchloré. 
Note  de  M.  E.  Bourgoin,  présentée  par  M.  Berthelot. 

«  La  préparation  du  bromure  de  chloréthose  m'a  conduit  à  étudier  com- 
parativement les  procédés  qui  ont  été  successivement  indiqués  pour  obte- 
nir l'éthylène  perchloré. 

))  On  sait  que  ce  liquide  a  été  découvert  par  Faraday,  en  faisant  passer 
des  vapeurs  de  sesquichlorure  de  carbone  dans  un  tube  de  porcelaine 
chauffé  au  rouge  sombre  et  rempli  de  fragments  de  verre.  Ce  procédé  est 
défectueux,  soit  parce  que  les  vapeurs  échappent  en  partie  à  la  décompo- 
sition, soit  parce  que  le  sesquichlorure  se  régénère  partiellement  dans  les 
parties  froides  de  l'appareil. 

»  M.  Regnault  a  proposé  d'ajouter  le  sesquichlorure  par  petites  por- 
tions à  une  solution  alcoolique  légèrement  chauffée  de  sulfure  de  potas- 
sium saturé  d'hydrogène  sulfuré,  de  distiller  et  de  précipiter  la  liqueur 
alcoolique  par  l'eau.  Le  rendement  est  faible  ;  il  se  forme  simultanément 
une  substance  organique  extrêmement  fétide,  ce  qui  rend  en  outre  l'opé- 
ration très-désagréable. 

»  Le  procédé  de  Geuther,  qui  consiste  à  réduire  le  sesquichlorure  à 
l'aide  de  l'acide  sulfurique  étendu  et  du  zinc  granulé,  ne  m'a  pas  donné 
de  résultat  satisfaisant. 

»  Voici,  par  contre,  im  moyen  fort  simple,  d'une  application  très-facile 
et  qui  donne  d'excellents  résultats. 

»  On  dissout  à  chaud  le  sesquichlorure  de  carbone  dans  le  double  de 
son  poids  d'aniline  commerciale.  On  chauffe  le  mélange  dans  une  cornue 
à  la  température  de  170  degrés;  on  recueille  le  produit,  qui  distille  lente- 


(  972  ) 
ment  et  goutte  à  goutte,  dans  un  récipient  qu'il  est  à  peine  nécessaire  de 
refroidir.  L'action  commence  immédiatement,  et  le  liquide  prend  rapide- 
ment une  belle  coloration  rouge.  Néanmoins  l'opération  est  assez  longue; 
car,  quand  on  opère  sur  5oo  grammes  de  produit,  elle  exige  environ  six 
heures  pour  être  terminée. 

))  Le  liquide  distillé  est  de  l'élhylène  perchloré  contenant  en  dissolu- 
tion de  l'aniline  et  du  sesquichlorure  de  carbone.  Pour  le  priver  de  ce 
dernier  corps,  on  y  ajoute  son  poids  d'aniline,  et  l'on  distille  à  une  tem- 
pérature comprise  entre  i3o  et  i/^S  degrés.  Au  moyen  d'un  lavage  à  l'acide 
sulfiirique  étendu,  on  enlève  aisément  la  petite  quantité  d'aniline  qu'il 
rcuforme.  Il  ne  reste  plus  qu'à  le  dessécher  sur  du  chlorure  de  calcium 
fondu. 

»  La  cornue  contient  un  liquide  fortement  coloré,  qui  se  prend  en  masse 
parle  refroidissement  et  qui  n'est  autre  chose  que  du  rouge  d'aniline.  La 
réaction,  qui  donne  naissance  à  l'éthylène  perchloré,  est  donc  analogue 
à  celle  qui  a  fourni  primitivement  la  fuchsine  au  moyen  du  bichlorure 
d'étain. 

»  En  suivant  exactement  les  indications  qui  précèdent,  on  obtient  sensi- 
blement le  rendement  théorique. 

))  Ainsi  préparé,  l'élhylène  perchloré  n'est  pas  tout  à  fait  pur,  car  son 
point  d'ébuUition  n'est  pas  absolument  fixe.  Cependant  la  presque  totalité 
passe  vers  lai  degrés,  en  mettant  toutefois  de  côté  les  premières  et  les  der- 
nières portions  qui  se  condensent  dans  le  récipient.  Le  liquide  qui  a  servi 
à  faire  cette  détermination  avait  été  traité  par  l'aniline  à  trois  reprises  dif- 
férentes, afin  de  le  priver  des  traces  de  sesquichlorure  de  carbone  qu'il  pou- 
vait encore  contenir. 

M  On  s'explique  aisément,  d'après  cela,  pourquoi  les  savants  ne  sont  pas 
d'accord  sur  ce  point  d'ébuUition  :  M.  Regnault,  par  exemple,  indique 
122  degrés,  tandis  que  Geuther  ne  donne  que  ii6°,y. 

»  J'ai  obtenu  de  l'éthylène  perchloré  parfaitement  pur  en  traitant  par 
l'aniline  du  bromure  de  chloréthose  bien  cristallisé.  La  réduction,  qui 
est  plus  facile  que  celle  du  sesquichlorure,  s'effectue  entre  il\o  et  ï5o  de- 
grés. 

»  Préparé  par  cette  nouvelle  méthode,  l'éthylène  perchloré  a  une  odeur 
élhérée  qui  rappelle  celle  du  chloroforme.  Il  bout  exactement  à  121  de- 
grés. Sa  densité  à  zéro  est  égale  à  ijGSgS.  » 


(  973  ) 

THERMO-CHIMIE.  —  Etude  des  quantités  de  chaleur  dégagées  dans  la  décom- 
position par  ieau  des  bromures  de  quelques  acides  de  la  série  grasse.  Note 
de  M.  W.  LouGuiNiNE,  présentée  par  M.  Berthelot. 

«  Ces  expériences,  de  même  que  celles  que  j'ai  faites  sur  les  chlorures 
de  quelques  acides  gras,  font  suite  à  un  travail  publié  par  M.  Berthelot  et 
par  moi,  il  y  a  quelques  années;  elles  ont  été  exécutées  et  calculées 
d'après  les  méthodes  que  j'ai  indiquées  dans  mon  précédent  Mémoire. 
Tous  les  bromures  qui  ont  servi  dans  ces  recherches  ont  été  préparés  par 
moi  (en  faisant  réagir  3  molécules  d'acide  sur  i  molécule  de  PhBr'),  soi- 
gneusement purifiés  et  analysés.  J'ai  opéré,  autant  que  cela  m'a  été  pos- 
sible, sur  plusieurs  échantillons  de  bromure  de  différents  degrés  de  pureté. 
Tous  les  bromures  étudiés  par  moi  ne  sont  décomposés  par  l'eau  que 
très-lentement;  j'ai  donc  été  obligé  d'avoir  recours,  pour  les  décomposer, 
à  des  solutions  de  potasse  que  j'ai  prises  à  différents  degrés  de  concen- 
tration, de  manière  à  faire  terminer  la  réaction  dans  le  courant  de  quel- 
ques minutes  (cinq  à  dix  minutes)  pour  tous  les  bromures  employés. 

CHALEUR    DÉGAGÉE    DANS     LA     DÉCOMPOSITION    DU    BROMURE    BUTTRIQUÉ    (  PROVENANT    DE    l'aCIDE 
DE    fermentation)    PAR    LA    POTASSE    A    5    POUR     100. 

»  Ce  bromure  avait  été  étudié  par  M.  Berthelot  et  par  moi  dans  nos 
premières  expériences;  nous  n'avions  fait  du  reste  que  deux  expériences, 
une  avec  de  l'eau,  qui  a  duré  près  d'une  heure  et  dont  le  résultat  a  dû 
subir  une  correction  de  ^  par  l'effet  du  refroidissement,  et  une  autre  avec 
de  la  potasse  étendue.  Les  résultats  obtenus  présentaient  le  bromure  buty- 
rique comme  une  exception  dans  la  série  des  bromures  des  acides  gras 
que  j'ai  étudiés  ;  c'est  pourquoi  j'ai  cru  utile  de  reprendre  l'étude  de  ce 
corps.  Je  n'ai  pu  en  préparer  qu'une  quantité  assez  restreinte,  mais,  l'ana- 
lyse m'ayant  donné  des  garanties  de  sa  pureté,  je  communique  les  résultats 
des  expériences  faites  sur  la  décomposition  de  ce  corps  par  la  potasse. 
L'analyse  de  ce  bromure  a  donné  :  Br  trouve  53,2 1;  théorie  52,98  ~. 

Sor^i.oyo       5o*''",428       5o''"l,202 
t:=:       l6°,9                l6%5                16°, 58 
Moyenne  5o'-"',233  pour  i5i  gramnips  de  ce  broimire. 
5o'^'",233  —  14*^^', 35o  (chaleur  do  formation  du  butyratc  de  jiotasse) 
—  i3^'''',5oo  (chaleur  de  formation  de  KBr) ...    =  22'-'",  383 

dégagées  dans  la  décomposition  du  bromure  butyrique  par  l'eau,  nombre  notablement  in- 
férieur à  celui  trouvé  dans  nos  premières  e.vpériences  (27'''''). 

C.  R,,  1875,  1"  Semettie.  (T.  LXXX,  N»  1-5.)  I  ^6 


(  974  ) 
»   L'écart  tient  sans  doute  à  la  pureté  des  produits. 

22''''',383  —  20'^"'  (chaleur  dégagée  lors  de  la  dissolution  dans  l'eau  de  HBr  gazeux) 

—  o*'°',444  (chaleur  dégagée  dans  la  dissolution  dans  l'eau  de  l'acide  butyrique  liquide) 
-+-  io''''',goo  (chaleur  absorbée  dans  la  vaporisation  de  l'eau  à  zéro. . .      =  -f-  i2'^°',839 

dégagées  lors  de  la  décomposition  du  bromure  butyrique  par  l'eau,  suivant  l'équation 
C'H'OBr  (liquide)  -I-  H=0  gazeux  =  C<H'0=  liquide  +  HBr  gazeux. 

CHAIEUR    DÉGAGÉE    DANS    LA    DÉCOMPOSITION    DU    BKOMUKE    ISOB€TYRIQDE. 

Premier  échantillon. 
»  Br  trouvé  53, 18  pour  100;  théorie  52, 98  pour  100;  potasse  à  4)5  pour  100. 
5oC»i,33o      5o^'",53i       SoC'i.GgS      50="',  568      5o(:»',2ii 
/=    i5°,54  i5°,57  iS",  16  i5'',7i  iS^j^ô 

Moyenne  =  5o*^°',468, 
pour  i5i  grammes  de  ce  bromure  décomposé  par  la  potasse. 

Deuxième  échantillon. 

»  Br  trouvé  53,20  pour  100;  théorie  52, 98  pour  100;  potasse  à  5,32  pour  100. 

5o<=''',75i       5oC»i,834      5oC»i,594 
t=    i4°,95  150,44  i5'',54 

Moyenne  =:  5o'''',  733, 

pour  i5i  grammes  de  ce  bromure  décomposé  par  la  potasse. 

Troisième  échantillon, 
»  Br  trouvé  52,59  pour  100;  théorie  52,98  pour  100;  potasse  à  5,32  pour  100. 
5o«"",389      5oC=i,433      5o''''\36g 
t—    i5'>,43  i5",62  15°,  68 

Moyenne  =  5o*''',  397, 
pour  i5i  grammes  de  ce  bromure  décomposé  par  la  potasse. 

Moyenne  des  trois  séries  5o''''',533, 
pour  i5i  grammes  de  bromure  isobutyrique  décomposé  par  la  potasse. 

So''''',  533  — 14*""')  337  (chaleur  de  formation  de  l'isobutyrate  de  potasse) 

—  i3,5oo  (chaleur  de  formation  du  bromure  de  potassium) =:  22'^''',6g3 

dégagées  dans  la  décomposition  du   bromure  isobutyrique  par  l'eau    (i5i   grammes  de 
bromure). 

22''"',6g3  —  20^°'  (chaleur  de  dissolution  de  HBr  gazeux  dans  l'eau) 

—  o'^"',58o  (chaleur  dégagée  lors  de  la  dissol.  dans  l'eau  de  l'acide  isobutyrique  liquide) 
+  10*^°', 900  (chaleur  absorbée  dans  la  vaporisation  de  l'eau  à  zéro.  .  .)     =:  -f-  i3'"',oi3 

dégagées  dans  la  réaction  suivant  l'équation 

C'H'OBr  (liquide)  +  H' O  (gazeux)  =  C*  H"  0' (liquide)  +  HBr  (gazeux). 


(  975  ) 

CHALEUn    DÉGAGÉE    DANS    LA    DÉCOMPOSITION    DU    BROMURE    VALÉRIQUE    PROVKMAMT 
DE    l'acide    d'oxydation    DE    l'aLCOOL    DE    FERMENTATION. 

Premier  échantillon, 
.1   Br  trouvé  48,20  pour  100;  théorie  48)49  PO"""  'o**»  potasse  à  5,32  pour  100. 
5oC=i,44i       5oC''i,749      5oC'>i,259      5oC»i,546      5oC'",44o 
t=    15°, 19  i5°,o3  i5°,82  i5°,26  i5°,54 

Moyenne  =  Se''", 487, 
pour  i65  grammes  de  ce  bromure  décomposé  par  la  potasse. 

Deuxième  échantillon. 
»  Br  trouvé  48,96  pour  100;  théorie  48,49  pour  100;  potasse  à  4,75  pour  100. 
5oC=i,479      5o''»',677      5oC'",576      5oC'>',729 
t=    18°,  18  16°, o3  i5°,87  i5°,62 

Moyenne  :=  5o'°', 614, 
pour  i65  grammes  de  ce  bromure  décomposé  par  la  potasse. 

Moyenne  des  deux  séries  50*'"', 55 1, 
pour  i65  grammes  de  bromure  de  valéryle. 

5oC''',55i  —  14''''', 680  (dégagées  dans  la  formation  du  valérate  de  potasse  corresp.) 

—  i3'^''',5oo  (chaleur  dégagée  dans  la  formation  de  KBr  dissous).  . .      ^22*'*',370 
dégagées  lors  de  la  décomposition  par  l'eau  de  i65  grammes  de  ce  bromure  de  valéryle. 

2.2''°',  370 —  20*'''', 000  (chaleur  dégagée  dans  la  dissolution  de  HBr  gazeux  dans  l'eau) 

o*^^'  ,670  (chaleur  dégagée  lors  de  la  dissol.  de  cet  acide  valcrique  liquide  dans  l'eau) 

+  io''"',qoo  (chaleur  absorbée  lors  de  la  vajiorisation  de  l'eau  à  zéro).       =  i2*'^',6oo 
dégagées  dans  la  décomposition  de  ce  bromure  de  valéryle,  suivant  l'équation 

C'H'OBr  (liquide) +  H'0  (gazeux  )  =C'H"'0=  (liquide)  -+-  HBr  (gazeux). 

CHALEUR    DÉGAGÉE    DANS    LA    DÉCOMPOSITION    DU    BROMURE    VALÉRIQUE   ( PRÉPARÉ   AVEC    l'aCIDE 

DE    LA    valériane). 

«  Br  trouvé  48,38  pour  100;  théorie  48,49  pour  'oo;  potasse  à  5,33  pour  loo. 
5oC='i,632       5o'»',54o       5oC"',747 
t—    i6",o4  i5',3S  i5°,76 

Moyenne  =  5o''"',64o, 
pour  i65  grammes  de  bromure  décomposé  par  la  potasse. 

50*'"', 640  —  i4''"'i4*j3  (chaleur  dégagée  dans  la  formation  de  ce  valérate  de  potasse) 

—  i3^''',5oo  (chaleur  dégagée  dans  la  formation  de  KBr  dissous).  ...      =  22''"', 670 

dégagées  dans  la  décomposition  par  l'eau  de  i65  grammes  de  bromure. 

—  22'"' ,670  —  20*'"', 000  (chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  de  HBr  gazeux) 

—  o'^''',ogo  (chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  de  cet  acide  valérique  liquide) 

-4-  10' "',900  chaleur  absorbée  dans  l'évaporalion  de  l'eau  à  zéro). .  .      =  i2'^''',58o 

I  aC. 


(  976  ) 

dégagées  dans  la  décomposilion  de  ce  bromure  valérique,  suivant  l'équation 

DH'OBr  (liquide)  +  H'O  (gazeux)  =  C' H" 0=  (liquide)  +  H Br  (gazeux). 

»  Les  conclusions  que  je  crois  pouvoir  tirer  de  ces  expériences  sont: 
»    1°  Que  la  quantité  de  chaleur  dégagée  dans  la  décomposition  par 
l'eau  des  bromures  d'acides  gras  étudiés  par  moi,  suivant  l'équation 

G«H=«-'OBr  (liquide)  +H=0  (gazeux)  =C"H=«0=  (liquide)  +HBr(gazeux), 

est  sensiblement  constante  quand  on  monte  dans  la  série  des  bromures  à 
partir  du  bromure  acétique.  En  effet,  d'après  les  expériences  faites  par 
M.  Berlhelot  et  par  moi,  ce  nombre  pour  le  bromure  acétique  est 
+  i3*^",8oo.  J'ai  trouvé  pour  le  bromure  butyrique -H  la^^^jS/jo;  isobu- 
tyrique -f-  i3"^'",oi3;  bromure  valérique  d'acide  d'oxydation  +  i2^°',6oo; 
bromure  valérique  (acide  de  la  valériane)  12^",  58o.  Il  y  a  peut-être  ici  quel- 
que indice  d'une  décroissance,  mais  moins  rapide  que  pour  la  série  des 
chlorures. 

»  2°  Les  quantités  de  chaleur  sont  moindres  pour  les  bromures  que  pour 
les  chlorures  correspondants;  les  différences  entre  ces  quantités  de  chaleur 
décroissent  du  reste  à  mesure  que  l'on  monte  dans  la  série  homologue. 
Pour  montrer  ce  fait  plus  clairement,  je  crois  utile  de  condenser  dans  une 
petite  table  les  résultats  de  mes  expériences  sur  la  chaleur  dégagée  dans  la 
décomposition  des  chlorures  et  bromures  des  quelques  acides  que  j'ai  étu- 
diés. 

»  Chaleur  dégagée  dans  la  décomposition  : 

Diff. 

Cal  _  Cal  _Cal 

Chlorure  acétique  :  17, 5oo  ;  bromure  acétique  :          1 3 ,  800 

))         butyrique:  l4,75o;           »        butyrique:        12,840 

).         isobuiyrique  :  i3,o8o;          »       isobutyrique:  i3,oi3 

»          valérique  (oxyde)  :  i3,43o;           ><        valérique:        12,600 

»         valérique  (valériane)  :  12,660;           »        valérique:        i2,58o 


3,  700 
1 ,910 
0,067 
o  ,83o 
0,080 


CHIMIE.  —  Dosage  de  l'acide  carbonique  de  l'air,  à  boni  du  ballon  le  Zénith. 
Note  de  M.  G.  Tissandier,  présentée  par  M.  Hervé  Mangon. 

«  L'appareil  habituellement  employé  potir  doser  l'acide  carbonique  au 
moyen  des  pesées  ne  peut  pas  être  avantageusement  employé  en  ballon. 
Nous  avons  eu  recours  à  une  disposition  nouvelle,  dont  M.  Hervé  Mangon 
nous  a  suggéré  l'idée,  d'après  le  principe  de  la  méthode  de  M.  Regnault. 

»  Notre  ai)pareil  consiste  en  deux  tubes  cylindriques  de  verre,  fermés 


(  977  ) 
à  la  lampe  à  leur  partie  inférieure  et  munis  d'un  bouchon  à  leur  partie 
supérieure.  Leur  hauteur  est  de  o™,  38,  leur  diamètre  de  o'",o3.  Ces  tubes 
sont  remplis  de  pierre  ponce  lavée  et  calcinée,  imbibée  d'une  solution  de  po- 
tasse caustique,  précipitée  par  le  chlorure  de  baryum  et  parfaitement  exempte 
d'acide  carbonique.  L'air  extérieur,  appelé  à  l'aide  d'un  aspirateur  à  retour- 
nement, était  prélevé  à  6  mètres  au-dessous  de  la  nacelle,  à  l'extrémité 
d'un  mince  tuyau  formé  par  des  tubes  à  gaz,  reliés  à  l'aide  de  caoutchouc. 
L'air  traversait  d'abord  un  tube  en  U,  rempli  de  coton,  destiné  à  arrêter 
les  parcelles  de  sable  servant  de  lest,  qui  eussent  pu  contenir  du  carbonate 
de  chaux  ;  il  arrivait  à  la  partie  inférieure  du  premier  tube  à  potasse,  qu'il 
traversait  de  bas  en  haut,  et  s'engageait  de  la  même  manière  dans  le  second 
tube.  En  circulant  dans  ces  deux  tubes,  l'air  était  complètement  dépouillé 
d'acide  carbonique.  A  la  sortie  de  l'appareil,  il  passait  dans  un  flacon 
témoin  contenant  une  solution  de  baryte  caustique,  qui  est  restée  limpide 
pendant  toute  la  durée  des  expériences.  L'aspirateur  contenait  22  lilres 
d'eau,  additionnée  d'un  tiers  d'alcool  destiné  à  empêcher  la  congélation 
du  liquide  par  le  froid. 

»  La  première  expérience  a  été  commencée  le  23  mars  à  8"^  45™  du  soir, 
à  l'altitude  de  890  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Elle  a  duré  jus- 
qu'à lo''  7™.  Dans  cet  espace  de  temps,  nous  avons  fait  passer  dans 
nos  premiers  tube's  iio  litres  d'air,  en  retournant  cinq  fois  l'aspirateur. 
.L'aérostat  est  resté  sensiblement  sur  l'horizontale;  sa  hauteur  n'a  varié  que 
de  100  mètres  environ. 

»  La  seconde  expérience  a  été  faite  le  24  mars,  de  3'' 35™  à  4'' 3o™  du 
matin.  Pendant  tout  ce  temps,  l'aréostat  a  plané  à  l'altitude  de  1000  mètres. 
La  pression  barométrique  est  restée  presque  absolument  constante.  Par 
suite  de  quelques  dispositions  à  donner  à  l'appareil,  nous  n'avons  pu  faire 
passer  dans  nos  seconds  tubes  que  66  litres  d'air. 

»  Après  ces  expériences,  qui  se  sont  exécutées  dans  les  conditions  les 
plus  favorables,  les  tubes  à  potasse  ont  été  rapportés  à  terre  parfaitement 
intacts,  grâce  à  un  emballage  minutieux. 

»  M.  Hervé  Mangon  et  moi  nous  avons  déterminé  la  proportion  d'acide 
carbonique  qu'ils  contenaient,  en  séparant  le  gaz  de  la  façon  suivante. 
Les  tubes  à  pierre  ponce  potassique  ont  été  munis  à  leur  partie  supérieure 
d'un  entonnoir  où  l'on  a  versé,  par  portions  successives,  de  l'acide  sulfu- 
rique  étendu  d'eau,  qui  décomposait  le  carbonate  de  potasse  formé.  L'acide 
carbonique  isolé  était  chassé  à  travers  un  tube  à  dégagement  dans  une 
longue  éprouvette  de  verre  graduée,  remplie  de  mercure  et  retournée  sur  une 


(  978  ) 
cuve  à  mercure.  On  a  chauffé  l'appareil  jusqu'à  l'ébullition,  afin  de  dé- 
gager les  dernières  traces  de  gaz.  On  a  enfin  mesuré  le  volume  de  l'acide 
carbonique  recueilli  dans  le  tube  gradué,  en  l'absorbant  par  la  potasse 
caustique.  T>es  corrections  de  pression,  de  température,  etc.,  ont  été  faites 
avec  grand  soin,  et  les  lectures  ont  été  exécutées  à  l'aide  du  cathétomètre. 
Voici  les  résultats  de  nos  dosages  : 

Volume  d'acide  carbonique 
Altitude.  pour  loooo  d'air 

à  zéro  et  à  ^Go""™. 

800  à  8go  mètres 2 ,  4o 

1 000  mètres 3, 00 

»  Cette  différence  de  2, 4  à  3,  o  est  dans  les  limites  de  variation  des  expé- 
riences exécutées  à  terre. 

»  On  sait  que  la  proportion  d'acide  carbonique  existant  dans  un  même 
volume  d'air,  à  la  surface  du  sol,  est  en  moyenne  : 

D'après  Thenard 4 ;00 

»       Th.  de  Saussure 4>  '^ 

»        M.  Boussingault 4)°° 

»        M.  Triichot .  4  >  09 

»        M.  Schulze 2,qo 

»       M.  Henneberg 3, 20 

»  Au  sommet  du  Puy-de-Dôme,  à  i446  mètres  d'altitude,  M.  Truchot  a 
trouvé,  pour  loooo  d'air,  un  volume  d'acide  carbonique  de  2,o3. 

M  Nos  résultats  semblent  indiquer  que  la  proportion  d'acide  carbonique 
existant  dans  l'air  décroît  avec  l'altitude  ;  mais,  pour  arriver  à  des  conclu- 
sions certaines,  il  est  nécessaire  d'exécuter  des  dosages  à  des  hauteurs  plus 
considérables.  Nos  expériences  seront  prochainement  continuées  ,  dans 
le  cours  d'une  ascension  aérostatique  à  grande  hauteur,  que  nous  prépa- 
rons avec  MM.  Crocé-Spinelli  et  Sivel. 

»  Nous  ajouterons  que  la  méthode  d'analyse  employée  par  nous  à  bord 
du  Zénith  a  été  préalablement  étudiée  à  la  surface  du  sol,  et  que  nous 
avons  déterminé,  par  de  nombreuses  opérations  préparatoires,  les  condi- 
tions de  fonctionnement  de  l'appareil.  » 

«  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  le 
général  Chanzy,  gouverneur  général  de  l'Algérie,  les  trois  premières 
livraisons  (décembre  iSyS-août  i8'74)  de  la  deuxième  partie  du  Bulletin 
mensuel  du  service  météorologique  algérien  (autographié).  Les  dernières 
livraisons  donnent  les  observations  faites  en  seize  stations  du  réseau  :  le 


(  979  ) 
mois  de  février  1875  en  compte  aujouid'iuii  vingt-quatre,  fonctionnant 
régulièrement,  et  tout  fait  espérer  qu'avant  la  fin  de  la  présente  année  les 
trente-cinq  stations  du  réseau  complet  seront  entièrement  organisées.  La 
première  partie  du  Bulletin  mensuel  contiendra  un  court  historique  de  l'é- 
tablissement du  service  météorologique  actuel  et  les  détails  relatifs  à  chaque 
station  en  particulier. 

»  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  ajoute  que  tous  les  calculs  ont  été  refaits 
à  Paris,  sous  ses  yeux,  et  toutes  les  épreuves  corrigées  par  lui-même.  Les 
données  numériques  résultant  des  observations  sont  d'ailleurs  imprimées 
dans  tous  leurs  détails,  seule  manière  d'en  rendre  la  publication  sérieusement 
utile  à  la  discussion.  » 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COmTE  SECRET. 

La  Section  de  Géométrie,  par  l'organe  de  son  doyen,  M.  Chasles,  pré- 
sente la  liste  suivante  de  candidats,  pour  la  nomination  d'un  membre,  en 
remplacement  de  M.  Bertrand,  élu  Secrétaire  perpétuel. 

En  première  ligne M.   Bouquet. 

_     ,       .,       ,.  (M.  Darboux, 

En  deuxième  Itqne  et  par  \  ,,  ^ 

,        ;  /    ;  ,  .  {M.  Jordan, 

ordre  alphabétique.  .  .   |  ,,  ^ 

\  M.  JLaguerre. 

En  troisième  ligne,  par   l   M.  Mannheim, 

ordre  alphabétique .   .    \   M.  Moutard. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  trois  quarts.  J.  B. 


(  9^0  ) 


BUIXETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

PUDLICATIONS    PÉEIODIQCES    BEÇOES    PENDANT    LE    MOIS    DE    MARS     iStS. 

(suite.) 

Bullelin  de  la  Société  Linnéenne  de  Paris;  n"  5,  iSyS;   in-S". 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  centrale  d'Acjiiculture  de  France;  n°  12, 
i874;in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  entomologique  de  France;  n"^  4G  à  48, 
1875;  in-8''. 

Bulletin  de  Statistique  municipale;  juillet  1874;  i»-4°- 
Bulletin  du  Comice  agricole  de  Narbonne;  n°'  2,  3,  1875;  in-8°. 
Bulletin  général  de  Thérapeutique;  n*"  des  i5  et  3o  mars  1875;  in-S". 
Bullelin  mensuel  de  la  Société  des  Agriculteurs  de  Fi'ance;  n°  3,  1875; 
in-8°. 

Bulletlino  meteorologico  dell'  Osservatorio  del  B.  Collegio  Carlo  Alberto, 
n°6,  1876;  in-4°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°^27  à  4f,  1875;  in-4''- 

Gazelle  médicale  de  Bordeaux;  11°^  637,  1875;  in-8*'. 

Gazelle  médicale  de  Paris;  n°*  10  à  i4,  1876;  in-4°. 

7roH;  11°'  112,  ii3,  ii5,  116,  1875;  in-4°. 

Journal  d' Agriculture  pratique  ;  n°Moà  i3,  1876;  in-8''. 

Journal  de  l'Agriculture;  \\°^  3o8  à  3ii,  1875;  in-8°. 

Journal  de  la  Société  centrale  d'Horticulture;  février  187$;  in-8°. 

Journal  de  r Éclairage  au  Gaz;  n°*  5  à  7,  1875;  inVj". 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées;  janvier,  février  1875; 
in -4°. 

Journal  de  Médecine  de  l'Ouest;  t.  VIII,  4"  trimestre,  1874;  in-8''. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire  ;  mars  1875;  in-S". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  mars  1876;  in-S". 

Journal  de  Physique  théorique  et  appliquée;  mars  1876;  in-S". 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n°'  5,  G,   1875; 
in-8''. 


(  98'   ) 
Journal  des  Fabricants  de  Sucre,-  n°*  48  à  62,  1875  ;  in-folio. 
Journal  de  Zoologie;  par  M.  P.  Gervais,  t.  IV,  n"  i,  iSyS;  in-8". 
Kaiserliche...   Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne;  n°M  à  6; 
1875;  in-8". 

L'Abeille  médicale;  n°"  10  à  i4,  1875;  in-4°. 
V  Art  dentaire  ;  mars  1875;  in-8°. 
V Art  médical;  mars  1876;  in-8°. 
La  France  Médicale;  n^Mg  à  28,   1875;  in-4°. 
La  Médecine  contemporaine  ;  n°^  6,  7,  1875  ;  in-4°. 
La  Nature;  n"'  g'i  à  96,  1875;  iu-S". 
La  Tribune  médicale;  n°^  342  à  345,  1876;  in-8°. 
Le  Canal  de  Suez;  n°^  117,  118,  1875;  in-4°. 
L'École  de  Médecine;  n°  58,  61,  62,  1875  ;  in-8°. 
Le  Gaz;  n°  9,  1875;  in-4°. 
L'Imprimerie;  murs  1875;  in-4°. 
Le  Messager  agricole;  mars  1875;  in-8°. 
Le  Moniteur  de  la  P holographie  ;  n""  6,  7,  1875;  in-4". 
Le  Moniteur  vinicole;  n°'  18  à  28,  1875-,  in-folio. 
Le  Mouvement  médical;  n°"  10  et  i4,  1875;  in-4°. 
Le  Progrès  médical;  n°*  10  à  i4,  1875;  in-4''. 
Le  Rucher  du  Sud-Ouest;  n°  3,  1870  ;  in-8°. 
Les  Mondes;  n°'  10  à  i3,  1875;  in-8°. 
Magasin  pittoresque;  mars  1875;  in-8°. 
Marseille  médical;  n°  3,  1875;  in-8''. 

Matériaux  pour   l'histoire   positive   et  philosophique   de    l'homme;    t.  V, 
liv.  Il,  12,  1875;  in-8°. 

Memorie  délia  Societa  degli  Spettroscopisti  italiani ;  jaiwier  i8n5;  in-4°. 
Monalsbericht  der  Koniglich  Preussischen  Akademie  der  îVissenschaften  zu 
Berlin;  novembre,  décembre  1874;  in-S". 

Moniteur  industriel  belge;  n°'  36  à  38,  1875-,  in-4°. 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d'Astronomie  de  Londres, 
février  1873;  in-8'*. 

G.  R.,  1S75.  I"  Semcitre.  (T.  LXXX,  W^  14.)  I27 


(982) 
Montpellier  médical....  Journal  mensuel  de  Médecine;  n°  3,  iS'jB;  in-8". 
Nachrichten....   Nouvelles  de  l' Université  de  Gùttimjue;  n"*  i  à  7,  iS'^ô; 
in-i2. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques  ;  mars  1875;  in-S". 

Nouvelles  météorologiques,  publiées  par  la  Société  météorologique; 
mars  1875;   in-8°. 

Recueil  de  Médecine  vétérinaire  ;  n**  2,  1876  ;  in-8°. 

Rendiconto  délia  R.  Jccademia  délie  Scienze fisiche  e  mntematiche ;  Napoli, 
décembre  1874  et  janvier  1876;  in-4°. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  n°*  5,  6,  1875;  in-S". 

Revue  agricole  et  horticole  du  Gers;  mars  1870;   in-8'^. 

Revue  bibliographique  universelle;  3*liv.,  1875;  in-8°. 

Revue  bryologique ;  n°  2,  187$  ;  in-8''. 

Revue  des  Sciences  naturelles;  11°  4»  1^75;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale;  n°^6,  7,  1875;  in-8°. 

Revue  hebdomadaire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle  ;  n"^  6  à  12,  1875; 
in-8°. 

Revue  maritime  et  coloniale;  mars,  avril  1875;  in-8°. 

Revue  médicale  de  Toulouse;  n°  3,  1875;  in-8°. 

Revue  scientifique;  n°*  38  à  4o,  1875;  in-4°- 

Société  d' Encouragement.  Comptes  rendus  des  séances  ;  n°^  4?  5,  1876;  iii-8°. 

Société  des  Ingénieurs  civils;  n"'^  5,  6,  1870;  in-4°. 

Société  entomologique  de  Belgique;  11°  9,  1876;  in-8°. 

Société  linnéenne  du  nord  de  la  France ;u°  34,  1875;  in-8°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  nu   5  avril    iS^S. 

Ponts  et  Chaussées.  Service  hjdrométi  ique  du  bassin  de  la  Seine.  Résumé  des 
observations  centralisées  pendant  l'année  1873;  par  M.  G.  Lemoine,  sous  la  di- 
rection de  M.  E.  Belgrand.  Versailles,  imp.  E.  Aubert,  1874;  br.  in-8°. 

Ponts  et  Chaussées.  Service  hy^drométrique  du  bassin  de  la  Seine.  Obser- 
vations sur  les  cours  d'eau  et  la  pluie,  centralisées  pendant  l'année  1873; 
pai  M.  Belgiund  et  IM.  G.  Lemoine.  Versailles,  imp.  E.  Aubert,  1874; 
in-folio. 


(  9^3  ) 

L<i  véijétalion  du  (jlohe,  d'après  sa  disposition  suivant  les  climats.  Esquisse 
d^iine  géographie  comparée  des  plantes;  par  A.  GrisEBACH,  ouvrage  traduit 
(le  l'allemand  par  P.  DE  TCHIHATGIIEF;  t.  I,  i"  fascicule.  Paris,  Guérin 
et  C'%  1873;  in-S". 

Les  commensaux  et  le  sparasiles  dans  lerègne  animal;  par  P.-J.  Vain  Beneden. 
Paris,  Gerrner-Baillière,  1875;  in-8",  relié.  (Présenté  par  M.  P.  Gervais.) 

Cours  de  Phjsique  pour  la  classe  de  Matltématicjues  spéciales;  par  E.  FeuneT; 
i"  fascicule,  pages  i  à  262.  Paris,  G.  Masson,  1875;  in-8°. 

De  la  spontanéité  de  la  matière  dans  les  manifestations  physiques  et  vitales  ; 
par  G. -S.  Stanski.  Paris,  J.-B.  Baillière,  1B72;  in-8",  relié. 

De  la  contagion  dans  tes  épidémies,  etc.;  par  le  D'  StanSKI.  Paris. 
J.-B.  Baillière,  1870;  in-8°,  relié. 

Les  conclusions  du  Congrès  sanitaire  international  de  Vienne  et  les  commen- 
taii'es  de  M.  Fauvel devant  la  logique;  parG.-V.  StainsKI.  Paris,  A.  Delahaye, 
1876;  in-S",  relié. 

(Ces  trois  ouvrages  sont  adressés  par  l'auteur  au  Concours  Montyon, 
Médecine  et  Chirurgie,  1875.) 

Revue  d' Ai'tillerie ;  3*  année,  l.  V,  6"^  livraison,  mars  1875.  Paris  et 
Nancy,  Berger-Levrault,  1875;  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  général  Morin.) 

De  l'alimentation  inorrjanique  de  l'homme  et  des  animaux;  par  Alvaro  Rey- 
NOSO;  i"  fascicule.  Paris,  E.  Leroux,  1876;  in-8°. 

Jnnalcs  de  la  Société  des  Sciences  industrielles  de  Ljon;  1874,  n''  6.  Lyon, 
1875;  in-S". 

Nouveau  procédé  de  taille  de  la  vigne;  par  J.-B. -G.  PiCOT.  Paris,  chez 
l'auteur  et  chez  A.  Goin,   1875;  in-18. 

Nouveau  Dictionnaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie  pratiques,  publié  sous 
la  direction  du  D'  Jaccoud  ;  t.  XX  :  LACR-LUX.  Paris,  J.-B.  Baillière  et 
fils,  1875;  in-8^ 

Mémoires  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences,  Belles -Lettres  et  Arts 
d'Orléans;  t.  XVI,  n°  4,  1874,  4*=  trimestre.  Orléans,  imp.  de  Puget  , 
1876;  in-8^ 

La  médecine  des  ferments;  par  M.  le  D'' Déclat  ;  11°'  i  à  4-  Paris,  187^1- 
1875;  4  n"'  in-4°. 

Faculté  de  Médecine  de  Nancy.  Cours  d'ophthalmologie.  Discours  d'inaugu- 
r'alion  prononcé,  le  ic)  février  1873,  j>iir  M.  JMONOYER ,  recueilli  jjar 
A.  Stoeber.  Paris,  Berger-Levrault,  1874;  in-8". 


(  984  ) 

Resiilts  of  astronomical  and  meteotological  obsewations  inade  at  llie  Rad- 
cliffe  Obseiuntory,  Oxford,  in  the  jear  1872,  under[tlie  superinlendence  of 
the  rev.  Robert  Main;  vol.  XXXII.  Oxford,  James  Parker,  1870;  in-8°, 
relié. 

Repty  lo  the  charges  made  bj  S.-B.  BuCKLEY,  Slale  Geologist  oj  Texas,  in 
his  officiai  Report  of  iS-j/^,  against  D'  B.-F.  Smumard  and  A.  R.  ROESSLER. 
New-York,  1875;  br.  in-S". 

On  the  theor-y  of  ventilation  :  an  attempt  to  establish  a  positive  basisfor  the 
calculation  of  the  aniount  of  fresh  air  required  for  an  inhabited  air-space;  hy 
F.  DE  Chaumont.  Sans  lieu  ni  date;  opuscule  in-8°.  (From  the  Proceedings 
ofthe  royal  Society ,  n°  i58,  1875.)  [Présenté  par  M.  le  général  Morin.] 

Riassunlo  délie  osservnzioni  nieteoriche  eseguile  nelle  stazioni  pressa  aile  Alpi 
italiane  neW  anno  1872-73,  raccolte  sotto  In  direzione  del  P.  F.  Denza.  To- 
rino,  tip.  Camilla  e  Bertolero,  sans  date;  br.  in-8°. 

Sulla  distribuzione  délia  pioggia  in  Italia  neW  anno  meteorico  1871-72. 
Memoria  del  P.  F.  Denza.  Torino,  tip.  Camilla  e  Bertolero,  sans  date; 
br.  in-8°. 

Osservatorio  di  Moncalieri.  Il  Congresso  internazionale  dei  meteorologisti 
riunito  a  Vienna  dal  7.  al  16  settembre  1873.  Reiazione  del  P.  F.  Dekza. 
Torino,  tip.  Giuseppe,  1874;  in-12. 

Osservazioni  délia  declinazione  magnetica  fatte  ad  Aosta,  Moncalieri  e  Fi- 
renze  in  occasions  dell'  eclisse  di  Sole  del  26  maggio  1873.  Nota  ilel  P.  F. 
Denza,  barnabita.  Roma,  tip.  délie  Scienze  matenialiche  e  fisiche,  1873; 
in-^".  (Estratto  dagli  Atti  dell'  Accademia  pontificia  de'  Nuovi  Lincei.) 

Zeitschrift  des  Kôniglich  Preussischen  stalistichen  Bureaus,  redigirt  von  des- 
sen  director  D"^  Ernst  Engel;  vierzebnter  Jahrgang,  1874,  Heft  IV.  Berlin, 
1874;  in-4°. 


ERRATA. 

(Séance  du  5  avril  1875.) 

Page  900,  ligne  11,    au  lieu  de  contre  la  paroi  thoracique  sans  admettre  ce  qui  n'existe 
pas,  lisez  contre  la  paroi  thoracique  sans  admettre  deux  rencontres,  ce  qui  n'existe  pas. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

^E   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  19  AVRIL  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FRE.MY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Fremy,  Président  de  l'Académie,  prononce  les  paroles  suivantes  : 

«  J'ai  essayé,  il  y  a  quelques  jours,  d'interpréter  les  pensées  de  l'Aca- 
démie, lorsque  j'ai  adressé  des  félicitations  aux  intrépides  voyageurs  qui 
ont  été  soutenir  avec  tant  d'éclat,  dans  les  pays  les  plus  éloignés,  l'honneur 
de  la  Science  française. 

»  Mais  aujourd'hui,  en  i^résence  de  la  catastrophe  lamentable  qui  nous 
enlève  d'une  manière  si  cruelle  deux  hommes  pleins  d'ardeur  et  de  cou- 
rage, qui,  eux  aussi,  s'étaient  dévoués  à  la  Science,  la  voix  me  manque,  je 
l'avoue,  et  je  sens  que  mes  paroles  ne  rendront  que  bien  faiblement  la  dou- 
leur que  nous  éprouvons. 

»  Cependant,  qu'd  me  soit  permis  de  dire  ici,  au  nom  de  l'Académie, 
que  Crocé-Spinelli  et  Sivel  se  sont  conduits  en  braves  soldais  de  la  Science, 
qu'ils  ont  sacrifié  leur  vie  dans  l'espoir  d'étendre  nos  conquêtes  scienti- 
fiques, et  qu'ils  sont  morts  au  champ  d'honneur. 

»  Le  pays,  je  n'en  doute  pas,  saura  reconnaître  dignement,  et  pour  leur 
mémoire  et  pour  leurs  familles,  un  si  noble  dévouement.  Quant  à  nous, 
inscrivons  avec  une  profonde  tristesse,  mais  aussi  avec  un  sentiment  d'or- 
gueil national,  les  noms  de  Crocé-Spinelli  et  de  Sivel  sur  la  liste  glorieuse 
des  martyrs  de  la  Science.  » 

C.K.,1875,  i»r.ycme«re.(T,  I.\XX,  No  13.)  I  28 


(  986) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  a  reçu  de  M.  Janssen  la  dépêche  suivante  : 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  M.  Dumas,  à  Paris. 

t   Singapore,  ï6,  après  midi. 

))  Éclipse  observée.  Temps  non  absolument  pur.  Résultats  concernant 
particulièrement  l'atmosphère  de  la  couronne  confirmant  ceux  de  1871. 

»  Janssen.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Réponse  aux  remarques  présentées,  dans  la  dernière  séance, 
par  M.  Faye;  par  M.  Cii.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Absent,  lundi  dernier,  au  moment  où  M.  Faye  a  présenté  ses  remar- 
ques sur  le  travail  soumis  à  l'Académie  par  M.  Hildebrandsson,  je  désire 
répondre  aujourd'hui,  en  quelques  mots,  à  ces  réflexions. 

))  En  ce  qui  me  concerne,  je  ferai  observer  à  notre  savant  confrère  que 
je  n'ai  nullement  cité  le  Mémoire  de  M.  Hildebrandsson,  non  plus  que 
cenx  de  M.  Peslin,  «  comme  nne  preuve  péremptoire  contre  sa  théorie  des 
))  cyclones.  »  Ces  travaux  étant,  comme  le  reconnaît  M.  Faye,  intéressants 
et  consciencieux,  je  me  suis  fait  un  devoir  de  les  signaler,  sur  la  demande 
de  leurs  auteurs,  à  l'attention  de  l'Académie  ;  mais  j'ai  eu  soin,  dès  le  début 
de  celte  discussion,  de  ne  point  faire  intervenir  dans  le  débat  mes  opinions 
personnelles.  La  raison  en  est  simple  :  c'est  que,  si  je  trouve  dans  les 
objections  de  M.  Peslin  des  arguments  très-sérieux  contre  la  théorie  du 
cour;int  descendant,  je  ne  puis  me  dissimuler  qu'il  y  a  aussi,  jusqu'à  pré- 
sent du  moins,  des  parties  faibles  dans  la  théorie  opposée  :  la  verve  et  le 
talent  avec  lesquels  M.  Faye  s'acquitte  de  son  rôle  de  critique  ne  laissent, 
d'ailleurs,  dans  l'ombre  aucune  de  ces  défectuosités. 

»  En  définitive,  la  question  est  des  plus  ardues.  Par  le  fait,  il  y  a  peu  ou 
point  d'observations  directes  et  suivies  du  phénomène  en  lui-même,  et  il 
n'est  pas  évident  que  les  lois  empruntées  soit  à  la  mécanique  des  liquides, 
soit  à  celle  des  solides,  s'appliquent  à  ces  singuliers  mouvements  de  l'air. 

»  La  seule  opinion  personnelle  que  je  me  permettrai  d'exprimer  ici,  c'est 
un  doute  très-prononcé  sur  l'assimilation  des  cyclones  et  des  tempêtes  à 
tous  les  petits  mouvements  tourbillonnants  et,  en  particulier,  aux  trombes 
marines.  Un  séjour  de  quntre  années  dans  les  contrées  intertropicales 
m'a  permis  d'observer  un  assez  grand  nombre  de   ces   derniers  phéno- 


(  987  ) 

mènes,  et  ils  me  paraissent  offrir  des  caractères  tout  particuliers,  qui  les 
éloignent  des  grands  mouvements  de  l'atmosphère. 

»  En  ce  qui  louche  M.  Hildebrandsson,  j'ai  dit  seulement,  contre  l'as- 
sertion opposée  de  M,  Faye,  que  son  travail  avait  bien  pour  but  de  con- 
trôler la  valeur  des  deux  théories  en  présence,  et  l'on  peut  s'assurer,  par  la 
lecture  de  sa  courte  Note,  de  l'exactitude  de  mon  affirmation.  J'ajoute  que 
le  reproche  que  lui  adresse  notre  confrère  d'avoir  fait,  en  quelque  sorte, 
un  cercle  vicieux,  en  «  enchevêtrant  ses  résultats  dans  les  hypothèses 
»  régnantes  »,  ne  me  semble  point  fondé.  Les  trente-trois  cartes  que  con- 
tient le  travail,  très-apprécié  d'ailleurs  par  M.  Faye,  du  savant  directeur 
de  l'Observatoire  météorologique  d'Upsal,  ne  présentent  absolument  que 
les  données  de  l'observation  (lignes  isobares  et  direction  des  cirrhus),  sans 
les  altérer  par  suite  d'une  idée  théorique.  Je  crois  donc  qu'il  avait  parfai- 
tement le  droit  de  donner  à  son  Mémoire  l'épigraphe  qu'il  a  empruntée  à 
Newton.  M.  Faye  peut  assurément  lui  contester  l'exactitude  de  ses  conclu- 
sions en  faveur  de  la  théorie  du  courant  ascendant  :  c'est  affaire  de  discus- 
sion ;  mais  la  méthode  de  M.  Hildebrandsson  me  paraît  rigoureuse  et  ne 
mériter,  en  aucune  façon,  la  fin  de  non-recevoir  qu'on  pourrait  lui  opposer, 
si,  en  effet,  elle  avait  fait  fléchir  les  faits  devant  une  idée  préconçue. 

»  Je  voudrais,  en  terminant,  faire  observer  à  notre  confrère  qu'en  lui 
accordant  même,  comme  il  l'espère,  qu'il  parvienne  à  «  délivrer  la  Météo- 
»  rologie  du  préjugé  dont  il  a  esquissé  l'histoira  dans  V Annuaire  du  Bureau 
))  des  Longitudes  »,  il  se  ferait  une  idée  bien  fausse  de  l'étendue  de  la  Météo- 
rologie s'il  pensait  que  «  le  poids  de  ce  préjugé  se  fait  sentir  lourdement  sur 
»  presque  toutes  ses  conceptions.  »  La  théorie  des  cyclones  n'est  qu'une 
faible  partie  des  études  du  météorologiste  ;  elle  se  rattache  aux  grandes  lois 
qui  régissent  tous  les  éléments  de  l'atmosphère  et,  s'il  m'était  permis  de 
formuler  ici  quelque  chose  qui  ressemblât  de  loin  à  tous  les  reproches  qu'on 
adresse  à  mes  confrères  en  Météorologie,  j'oserais  affirmer  que  jamais  les 
astronomes,  ni  les  mécaniciens  ne  parviendront  à  rendre  compte  des  grands 
mouvements  de  l'atmosphère,  tant  qu'ils  se  borneront  à  les  considérer 
d'une  façon,  en  quelque  sorte,  abstraite,  en  les  isolant  des  circonstances 
générales  et  déterminables  du  milieu  où  ils  se  produisent.  Parmi  les  météo- 
rologistes, les  uns  observent  patiemment  les  phénomènes.  Les  moyens  d'ob- 
servation sont  encore  très-imparfaits;  mais,  en  France,  du  moins,  et  si 
l'Administration  supérieure,  sagement  inspirée,  sait  maintenir  ce  qui  a 
été  jusqu'ici  accordé  d'autonomie  à  la  Météorologie,  ces  moyens  d'obser- 
vation continueront  à  faire  les  progrès  qu'on  y  peut  constater  depuis  un 

128.. 


(  988  ) 
petit  nombre   d'années,    et,  avant  peu,   nous   aurons  un   bon   système 
d'observations. 

»  D'autres  météorologistes  se  bvrent,  patiemment  aussi,  à  la  discussion 
sérieuse  des  observations  qui  peuvent  subir  cette  épreuve,  et  ils  espèrent 
arriver  un  jour  à  la  déterniinalion  empirique  des  lois  qui  président  à  la 
variation,  suivant  les  temps  et  suivant  les  lieux,  de  tous  les  phénomènes 
almosphériques  et,  par  conséquent,  des  mouvements  généraux  de  l'atmo- 
sphère. C'est  alors  surtout  qu'ils  devront  tenir  compte  des  secours  que  les 
mécaniciens  pourront  leur  apporter  pour  la  connaissance  de  ces  grands 
phénomènes,  et  pour  réaliser,  d'une  manière  complète,  la  belle  maxime  de 
Newton.   » 

MÉTIlOROLOGIE.    —  Sur  la  trombe  des  Hayes  (Fendôinois),  3  octobre  1871, 
et  sur  les  ravages  quelle  a  produits;  par  M.  Faye. 

«  Dans  le  court  séjour  que  je  viens  de  faire  à  Vendôme,  j'ai  reçu  de 
M.  Noue),  professeur  de  Physique  au  lycée,  des  renseignements  très-inté- 
ressants sur  ce  météore.  M.  Nouel  est  allé  étudier  sur  les  lieux,  à  peu  de 
distance  au  sud  de  Vendôme,  les  traces  laissées  sur  le  sol  par  son  passage; 
il  a  recueilli  les  témoignages  et  rédigé  pour  le  Bulletin  de  la  Société  archéo- 
logique du  Fendàmois  une  Notice  très-intéressante  qui  a  paru  en  i%'j2. 

»  Il  est  bien  à  désirer  que  l'attention  des  hommes  de  science  se  porte 
de  plus  en  plus  sur  ces  terribles  météores,  à  cause  de  lein'  infime  con- 
nexion avec  les  tempêtes,  ouragans  et  cyclones.  Si,  sur  terre,  il  n'y  a  aucun 
moyen  d'éviter  leurs  désastreux  effets,  il  est  permis  pourtant  d'en  atténuer 
les  conséquences  par  un  système  d'assurances  bien  conçu;  mais  celui  ci 
ne  saurait  être  équitabiement  réglé  tant  que  le  public  et  les  compagnies 
confondront  les  mouvemenls  gyratoires  avec  ceux  de  l'électricité,  et  don- 
neront au  mol  foudre  les  acceptions  les  plus  incohérentes. 

»  M.  Nouel  rattache  les  phénomènes  du  3  octobre  à  l'état  orageux  qui 
a  traversé  là  France,  du  i^''  au  4  octobre,  en  venant  comme  d'habitude  du 
golfe  de  Gascogne  dans  la  direction  sud-sud-ouest,  avec  des  déviations 
locales  allant  par  exemple  près  de  Lorient,  à  l'ouest-nord- ouest.  Dans  le 
Vendômois,  l'orage,  le  3,  venait  de  l'O.  i2°N.,  et  telle  est  aussi  la  direction 
suivie  par  la  trombe. 

»  D'après  M.  Boucher,  instituteur  aux  Hayes,  c'est  sur  les  5  heures 
du  soir  que  les  premiers  nuages  ont  commencé  à  apparaître  à  l'horizon  des 
Hayes,  occupant  la  région  comprise  entre  l'ouest  et  le  nord-ouest.  Ces 


(  9«9) 
nuages,  d'un  fond  Irès-noir,  amoncelés  les  uns  sur  les  autres,  semblaient 
èlre  agités  dans  tous  les  sens,  se  déroulant  comme  les  vagues  de  l'Océan  au 
milieu  de  la  tempête;  les  éclairs  en  zigzags,  accompagnés  d'un  tonnerre 
affreux,  les  sillonnaient  dans  tous  les  sens.  Le  baromètre,  à  Veudùine,  mar- 
quait 743  millimètres.  Néanmoins  un  des  faits  les  plus  remarquables,  qui 
résulte  du  témoignage  de  tous  les  habitants,  c'est  qu'après  le  passage  de 
la  trombe  le  plus  grand  calme  régna  dans  l'atmosphère. 

»  Ces  premières  constatations  de  JNI.  Nouel  ont  une  importance  extrême, 
en  ce  qu'elles  vérifient,  une  fois  de  plus,  ce  qui  résulte  d'ailleurs  si  clairement 
de  tout  ce  que  nous  savons  d'autre  part  sur  ces  trombes,  à  savoir  que  les 
trombes  sont  un  simple  détail  local  d'iui  mouvement  orageux  très-vaste 
qui  vient  envahir  les  régions  supérieures  de  l'atmosphère,  et  donne  lieu  çà 
et  là  à  d'autres  phénomènes  analogues,  tels  que  la  chute  de  la  grêle,  des 
averses  abondantes  accomjiagnées  de  coups  de  tonnerre,  etc.  Les  trombes 
se  forment  donc  dans  les  courants  supérieurs  qui  amènent  l'orage,  bien 
loin  de  prendre  naissance  dans  l'atmosphère  inférieure  où  régnait  le  calme 
avant  le  passage  du  météore  et  où  le  calme  se  rétablit  aussitôt  après.  L'idée 
des  météorologistes  qui  attribuent  la  formation  des  nuages  orageux  à  l'as- 
cension de  l'air  humide  entraîné  en  haut  par  la  trombe  est  aussi  éloignée 
que  possible  de  la  vérité  ou  plutôt  de  l'évidence. 

»  J'appelle  l'attention  de  l'Académie  sur  la  carte  que  je  dois  à  M.  Nouel  : 
on  y  voit  la  marche  de  la  trombe  depuis  sa  première  apparition  au  village 
de  la  Ribochère  jusqu'à  sa  disparition,  49  kilomètres  plus  loin,  au  nord 
de  Blois,  près  de  Saint-Bohaire.  11  y  a  quelque  incertitude  sur  les  heures, 
en  sorte  qu'il  est  difficile  de  déterminer  exactement  la  vitesse  du  météore; 
mais  M.  Nouel,  d'après  les  indices  qu'il  a  recueillis  avec  soin,  pense  qu'elle 
doit  avoir  été  de  10  à  i5  lieues  à  l'heure  dans  le  sens  de  O.  12°  N.  vers 
E.  12°  et  plus  tard  20°  S. 

»  Dans  l'intervalle  la  trombe,  après  avoir  ravagé  le  village  des  Haycs, 
s'est  relevée  et  a  cessé  d'atteindre  le  sol  :  elle  l'a  rejoint  plus  tard  au  sud 
de  Sainl-Amand,  en  un  point  situé  sur  le  prolongement  de  la  trajectoire 
première;  puis  elle  a  dévié  quelque  peu,  et,  après  une  sorte  de  crochet,  elle 
a  repris  sa  première  marche,  mais  en  inclinant  un  peu  plus  vers  le  sud. 
Sa  trajectoire  complète  est  donc  à  peu  près  (à  8  degrés  près)  en  ligne  droite, 
sauf  un  léger  zigzag  vers  son  milieu. 

»  Les  ravages  de  cette  trombe  ont  été  considérables  ;  arbres  cassés  ou 
renversés  par  centaines,  toitures  enlevées  et  disparues,  maisons  en  partie 
détruites,  granges  presque  entièrement  rasées,  mares  vidées  en  un  instant, 


(  99°  ) 
gerbes  enlevées  et  dispersées,  débris  de  toute  sorte  transportés  au  loin  et 
semés  sur  son  passage.  Au  village  des  Hayes,  situé  au  bout  de  la  première 
trajectoire,  la  trombe  qui  allait  de  l'ouest  à  l'est  avec  la  vitesse  d'un  train 
express,  en  obliquant  un  peu  vers  le  sud,  a  pris  en  écharpe  une  rue  dirigée 
du  nord  au  sud  et  a  produit  presque  instantanément  des  désastres  consi- 
dérables. Sept  maisons  ont  été  en  partie  détruites,  trois  granges  rasées. 
Dans  une  de  ces  maisons,  en  pierres  de  taille,  la  toiture  a  entièrement  dis- 
paru, sans  laisser  de  traces  (i)  ;  cinq  rangées  de  pierres  de  taille  de  200  kilo- 
grammes chacune  ont  été  enlevées;  le  dégât  ne  s'est  arrêté  qu'au  niveau  du 
rez-de-chaussée.  Quant  à  la  grange,  également  en  pierres  de  taille,  attenante 
à  la  maison,  il  n'en  est  guère  resté  que  l'angle  par  lequel  elle  se  reliait  à 
cette  maison.  A  20  mètres  en  arrière,  au  nord  de  cette  grange  démolie,  est 
une  maison  parfaitement  intacte.  Ses  habitants  ont  donc  pu  voir  de  bien 
près  les  effets  les  plus  terribles  de  l'ouragan  sans  éprouver  le  moindre 
dommage.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  peut-être  c'est  que,  au  dite  de 
tous  les  habitants,  après  le  passage  de  la  trombe,  le  plus  grand  calme 
régnait  dans  l'atmosphère. 

»  Ce  fait,  signalé  à  plusieurs  reprises,  avec  une  insistance  bien  naturelle, 
par  le  savant  physicien,  se  retrouve  dans  toutes  les  descriptions  des  trombes 
et  des  tornados.  C'est  au  milieu  du  calme  inférieur,  alors  que  les  hautes 
régions  sont  la  proie  d'une  agitation  intense,  que  les  trombes  arrivent, 
passent  comme  un  train  express,  exécutent  leurs  ravages  en  un  clin  d'œii 
et  laissent  le  calme  après  elles.  On  se  demande  par  quel  artifice  de  raison- 
nement les  météorologistes  parviennent  à  renverser  les  choses,  et  à  faire 
dépendre  ces  phénomènes  rapides  de  l'équilibre  plus  ou  moiiis  instable  de 
ces  couches  inférieures  dont  le  calme  est  partout  signalé  par  ces  mots  : 
Calme  avant  le  passage  de  la  Irombe,  calme  après,  calme  tout  aiiloiirj  tandis 
que  les  mouvements  supérieurs  frappent  tous  les  yeux. 

»  Aspects  du  météore.  —  Ainsi  qu'il  résulte  du  dire  de  plusieurs  témoins 
oculaires,  la  trombe  se  présentait  comme  une  colonne  de  vapeur  sombre 
descendant  des  nuages  jusqu'au  sol,  animée  d'un  mouvement  gyratoire  et 
sillonnée  d'éclairs  avec  tonnerre.  Un  habitant  de  Saint- Amand,  qui  a  vu  la 

(i)  Ici  M.  Nouel  cite  plusieurs  cas  où  le  versant  des  toits  qui  se  trouvait  à  l'opposite  de 
la  marche  du  météore  a  été  seul  enlevé.  On  voit  là  un  effet  de  l'aspiration.  C'est  assurément 
un  effet  mécanique  fort  singulier;  mais  il  n'a  aucun  rapport  avec  la  cause  qu'on  lui  assigne, 
car  celle-ci  produirait  plutôt  son  effet  sur  le  versant  qui  se  trouve  attaqué  le  uremier.  M.  Nouel 
signale  aussi,  avec  uneitisistance  très-légitime,  certains  points  qui,  au  milieu  des  plus  grands 
ravages,  ont  été  absolument  épargnés.  Je  n'en  ai  point  l'explication. 


(  99»  ) 
trombe  passer  au  sud  du  bourg  (non  atteint),  la  décrit  comme  une  traînée 
noirâtre  descendant  d'un  nuage  de  même  teinte  :  elle  ressemblait,  dit-il,  à 
un  serpent  pendu  par  la  queue,  et  dont  la  tète  tourYioierait  à  terre. 

»  Trajet.  —  De  la  Ribochère  aux  Hayes,  lo  kilomètres  en  ligne  droite. 
Des  Hayes  à  Saint-Arnoult,  la  trombe  ne  touche  plus  terre,  mais  trans- 
porte et  laisse  tomber  des  débris,  ardoises  et  voiiges,  icS  kilomètres.  (Ce- 
pendant je  pense  que  la  trombe  a  touché  terre  dans  l'intervalle,  au  sud 
de  Saint-Arnoult,  car  des  arbres  ont  été  brisés,  et  à  la  hauteur  de  Prunoy 
un  ansie  de  srange  a  été  enlevé.)  La  trombe  a  touché  terre  de  nouveau 
au  sud  de  Saint-Amand,  à  i8  kilomètres  des  Hayes,  et,  après  un  crochet 
vers  Lancé,  elle  a  parcouru,  de  Lancé  à  Pray,  de  Pray  à  Villeruche  et  de 
Villeruche  à  Saint-Bohaire  un  espace  de  21  kilomètres. 

»  Largeur.  —  A  la  hauteur  de  la  Ribondière,  un  peu  avant  la  vallée  de 
la  Cendrine,  la  trombe  avait  son  niaximum  de  largeur.  M.  Barbereau,  curé 
de  Huisseau,  qui  a  visité  ce  point,  l'estime  à  près  de  5oo  mètres.  Aux 
Hayes,  sa  largeur  était  de  i5o  mètres.  A  la  seconde  apparition  à  Saint- 
Amand,  elle  n'avait  que  4^5  mètres;  mais  à  Pray,  où  elle  a  fait  des 
ravages  presque  aussi  violents  qu'aux  Hayes,  M.  Nouel  lui  assigne 
i5o  mètres. 

»  Sens  de  la  rolalion.  —  J'ai  pu,  dit  M.  Nouel,  le  déterminer  avec  certi- 
tude en  un  point,  dans  un  petit  vallon  qui  précède  les  Hayes,  à  l'ouest.  Le 
sens  était  de  droite  à  gauche,  c'est-à-dire  en  sens  contraire  des  aiguilles 
d'une  montre. 

»  Vitesse.  —  D'après  des  renseignements  dont  M.  Nouel  ne  peut  ga- 
rantir qu'en  partie  l'exactitude,  la  distance  des  Hayes  à  Pray  (27  kilomètres) 
aurait  été  franchie  en  une  demi-heure  :  c'est  près  de  i4  lieues  à  l'heure. 
Quoiqu'il  en  soit,  tous  les  récits  des  habitants  s'accordent  pour  dire  que  la 
destruction  des  maisons  et  des  arbres  leur  a  paru  presque  instantanée.  Et, 
en  effet,  avec  une  vitesse  de  translation  de  i5  mètres  par  seconde,  le  dia- 
mètre entier  de  la  trombe  devait  passer  en  dix  secondes  sur  un  point  central 
de  la  trajectoire  :  tous  les  ravages  ont  donc  dû  s'accomplir  en  dix  secondes 
au  plus;  après  quoi  le  calme. 

»  Vitesse  de  rotation.  —  En  comparant  les  points  où  la  vitesse  de  transla- 
tion s'ajoutait  à  la  vitesse  de  rotation,  et  ceux  où  elle  se  retranchait  de 
celle-ci,  M.  Nouel  n'a  pu  découvrir  de  différence  bien  sensible  dans  les 
effets  du  passage  de  la  trombe.  Il  en  conclut  que  la  vitesse  de  translation 
(de  10  à  i5  mètres  par  seconde)  doit  avoir  été  une  fraction  bien  petite  de 
la  vitesse  de  rotation  :  il  cite  entre  autres  un  gros  chêne  de  Montrouveau, 


(  992  ) 
arraché  et  transporté  à  5  mètres  de  distance,  avec  une  motte  gigantesque,  à 
rebours  de  la  direction  suivie  par  la  trombe. 

M  Rôle  de  t'électricilé.  —  M.  Nouel  incline  vers  la  théorie  électrique  de 
Peltier;  mais  il  est  obligé  de  reconnaître  que,  sur  tout  le  parcours  de  la  Ri- 
bochère  aux  Hayes,  aucune  trace  de  chute  de  tonnerre  n'a  été  observée. 
Sur  la  seconde  branche  il  n'a  rien  trouvé  de  semblable  à  Pray,  bien  que 
l'expert  chargé  de  la  vérification  des  dégâts  ait  cru  reconnaître  les  traces  de 
deux  coups  de  foudre. 

»  11  suffit,  selon  moi,  de  réfléchir  un  instant  aux  indications  de  cet  ex- 
pert pour  mettre  en  doute  ses  conclusions. 

))   Finalement,  M.  Nouel  conclut  : 

«  Si  l'électricité  joue  un  rôle  capital  dans  la  formation  tle  la  trombe,  il  n'en  est  pas  de 
même  pour  les  effets  désastreux  qui  accompagnent  son  passage,  car  la  vitesse  prodigieuse 
de  l'air  du  tourbillon  suffit  pour  expliquer  l'intensité  des  effets  mécaniques  <le  cette  trombe 
sans  qu'il  soit  nécessaire  d'en  chercher  la  cause  dans  des  agenis  étrangers.  « 

»  Néanmoins  les  compagnies  d'assurances  de  BJois  et  du  Mans  ont  con- 
senti libéralement  à  rembourser  les  dégâts  de  celte  trombe,  en  les  considé- 
rant comme  causés  par  \Afoudre. 

»  Après  avoir  cité  les  faits,  voyons  maintenant  les  conséquences.  La 
mienne,  c'est  que  la  troirdje  s'est  formée  au  sein  d'un  mouvement  tournant 
bien  plus  vaste,  d'un  grand  orage  qui  passait  sur  la  France,  et  qu'elle  a 
marché  avec  cet  orage  dans  le  même  sens  et  avec  la  même  vitesse,  sauf  une 
déviation  locale  à  laquelle  on  doit  bien  s'attendre  dans  ces  grands  mou- 
vements tournants.  La  région  inférieure  était  tranquille,  tandis  que  l'orage 
marchait  au-dessus,  troublant  passagèrement  le  calme  inférieur  bientôt 
rétabli,  La  trombe  s'est  propagée  de  haut  en  bas,  à  la  manière  des  tour- 
billons de  nos  cours  d'eau,  et  a  atteint  le  sol  en  deux  régions,  semblable  à 
une  corne  d'abondance  la  pointe  en  bas,  ou  à  un  serpent  tenu  en  haut  par 
la  queue.  Partout  où  elle  a  atteint  le  sol,  elle  l'a  ravagé  par  son  mouvement 
gyratoire;  par  moments  elle  se  relevait  un  peu  et  cessait  de  l'atteindre;  mais 
elle  suivait  évideuunent  le  courant  supérieur  de  l'orage,  car,  malgré  les  pla- 
teaux parcourus  et  les  vallons  franchis,  elle  se  retrouvait  toujours  sur  la 
même  ligne  quand  elle  redescendait  siu'  le  sol.  Il  n'y  a  rien  là  de  pltis,  au 
point  de  vue  mécanique,  que  dans  les  cours  d'eau  où  se  forment  des  tour- 
billons qui  descendent  jusqu'au  fond  et  affouillent  le  sol  circulairement, 
puis  finissent  par  disparaître  après  avoir  épuisé  sur  le  sol  une  partie  delà 
force  vive  du  cours  d'eau  dont  ils  suivent  la  marche. 

»  Dira-t-on,  comme  les  météorologistes  dont  je  combats  l'opinion,  que 


(993  ) 
cette  trombe  a  pris  naissance  au  contraire  dans  la  couche  immobile  infé- 
rieure, au  ras  du  sol,  grâce  à  quelque  foyer  d'aspiration  accidentellement 
formé  dans  cette  couche;  que  l'air  inférieur,  ainsi  aspiré,  convergeait  vio- 
lemment de  tous  côtés  vers  ce  foyer  et  s'élevait  ensuite  chaud  et  humide 
en  colonne  ascendante;  que  la  condensation  des  vapeurs,  ainsi  aspirées, 
engendrait  les  nuages  qui  en  couronnaient  l'extrémité  supérieure  évasée  et 
alimentait  la  pluie  qui  accompagnait  ou  suivait  le  phénomène,  et  que,  si  la 
trombe  marchait  avec  tant  de  rapidité,  c'est  que  les  accidents  du  sol  ven- 
dômois  rendaient  l'aspiration  plus  aisée  d'un  côté  que  de  l'autre;  que  si 
les  ravages  sont  dus,  d'après  les  témoignages  et  l'enquéle  d'un  savant  phy- 
sicien, à  une  gyration  violente,  il  n'en  faut  pas  moins  conclure  que  le  mou- 
vement de  l'air  était  convergent  vers  la  base  de  celte  colonne  d'aspira- 
tion, etc.?  Je  répondrai  que,  malgré  mon  respect  pour  les  opinions  d'autrui, 
je  ne  saurais  ici  leur  reconnaître  un  caractère  scientifique,  lorsque  j'y  vois 
si  clairement  la  trace  d'un  préjugé  qui  fausse  les  plus  Simples  raisonne- 
ments. 

»  Et  maintenant  je  me  retourne  vers  M.  Peslin,  et  je  lui  dirai  :  voilà  ce 
que  j'entends  par  une  discussion  basée  sur  des  faits.  Ce  que  nous  venons  de 
décrire  est  un  petit  cyclone  dont  le  diamètre  n'a  pas  dépassé  5oo  mètres, 
et  nous  pourrions  citer  par  centaines  d'autres  exemples  tout  aussi  probants  ; 
mais  nous  examinerons  ensuite  de  même  une  vingtaine  de  tornados  aussi 
bien  étudiés  et  d'un  diamètre  dix  ou  vingt  fois  plus  considérable;  puis 
d'autres  de  quelques  lieues,  auxquels  on  donne  le  nom  de  toi  nado-cf  clone  ; 
puis  enfin  des  cyclones  beaucoup  plus  grands,  et  nous  retrouverons  partout 
les  mêmes  caractères  mécaniques,  à  savoir  une  colonne  verticale,  animée 
d'un  double  mouvement  de  rotation  et  de  translation,  à  travers  une  atmo- 
sphère étrangère  à  ces  mouvements.  Pourrez-vous,  en  passant  en  revue  ces 
grands  et  terribles  phénomènes,  qui  ne  diffèrent  essentiellement,  suivant 
moi,  que  par  les  dimensions,  assigner  le  point  précis  où  le  mouvement 
gyratoire  se  renverse  et,  au  lieu  de  naître  dans  les  courants  supérieurs  pour 
descendre  sur  le  sol,  change  du  tout  au  tout  et  prend  naissance  dans  l'air 
immobile  d'en  bas  poin-  monter  vers  les  régions  supérieures? 

»  Pour  moi,  je  suis  disposé  à  suivre  jusqu'au  bout  la  discussion  que 
mon  savant  adversaire  a  soulevée;  car  il  me  semble  que,  la  ^Météorologie 
ayant  en  grande  partie  pour  objet  l'étude  de  ces  grands  mouvements  gyra- 
toires  de  ratmosjjhère,  celte  science  doit  être  avant  tout  débarrassée  de 
ces  hypothèses  qui  entravent  ses  progrès  depuis  si  longtemps.  » 

G,  R.,  1875,  i«f  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  13.)  I  29 


(  994  ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Cliitie  de  poussière  observée  sur  une  partie  de  la  Suède 
et  de  ta  Norvège,  dans  la  nuit  du  29  au  3o  nmrs  iS^S,  d'après  des  Commu- 
nications de  MM.  Nordenskiôld  et  Kjerulf;  par  M.  Daubrée. 

«  M.  Nordenskiôld  a  bien  voulu  me  faire  parvenir  de  Stockholm,  le 
2  avril,  le  télégramme  suivant  :  «  Poussière  grise  vitreuse,  fibreuse,  tombée 
»  avec  neige  ici  le  3o  mars;  quelques  grammes  ramassés  ».  Si  je  n'ai  pas 
fait  part  immédiatement  de  ce  fait  à  l'Académie,  c'est  que  j'attendais  une 
explication  complémentaire  sur  ce  sujet. 

»  D'un  autre  côté,  M.  Kjerulf,  professeur  à  l'Université  de  Christiania, 
vient  de  m'adresser  un  échantillon  de  cette  même  poussière,  qui  a  été 
recueillie  également  sur  la  neige  par  M.  le  D"^  Rars,  en  ajoutant  qu'elle  est 
tombée  dans  la  nuit  du  29  au  3o  mars  en  Norvège,  depuis  Sondmôre  et  la 
vallée  de  Romsdal  à  l'ouest  jusqu'à  Tryssil  (direction  de  Stockholm)  vers 
l'est. 

»  J'ni  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  cet  échantillon  :  c'est  une 
poussière  grise,  extrêmement  fine,  dans  laquelle  on  reconnaît,  au  moyen 
du  microscope,  des  grains  fragmentaires  et  transparents,  les  uns  incolores, 
les  autres  plus  ou  moins  colorés  en  jaune  brunâtre.  La  plupart  sont  très- 
nettement  striés  et  fibreux;  ils  sont  en  outre  criblés  de  bulles,  qui  sont 
parfois  arrondies,  le  plus  souvent  allongées,  suivant  une  même  direction, 
pour  un  même  fragment.  Ce  sont  des  fragments  de  ponce  bien  caractérisés. 
Il  est  peu  de  grains  qui  atteignent  yu  de  millimètre  dans  leur  plus  grande 
dimension  ;  beaucoup  n'ont  que  j^  à  ~-^  de  millimètre. 

»  Ces  petits  fragments  n'exercent  aucune  action  sur  la  lumière  polarisée. 
On  y  distingue  toutefois  quelques  cristaux  extrêmement  minces,  de  forme 
prismatique,  d'environ  ^  à  -5%  de  millimètre,  avec  une  largeur  moyenne 
de  TTnriï  '^^  millimètre,  terminés  à  leurs  extrémités  par  une  troncature 
unique  ou  par  deux  facettes  obliques.  Ils  résistent  à  une  ébuUition  pro- 
longée dans  l'acide  chlorhydrique,  de  même  que  la  matière  vitreuse  qui 
les  enveloppe.  Le  barreau  aimanté  enlève  à  la  poussière  de  petits  grains  de 
fer  oxydulé  en  cubo-octaèdres  d'environ  j^  de  millimètre. 

»  En  traitant  5  décigrammes  de  la  poussière  en  question  par  l'acide  fluor- 
hydrique  concentré  suivant  l'excellent  procédé  de  M.  Fouqué  ,  on  a  obtenu 
un  résidu  pesant  au  plus  i  à  2  milligrammes,  c'est-à-dire  moins  de  4  nfil- 
lièmes  du  poids  total  de  la  ponce.  Ce  résidu  est  entièrement  composé  de 
cristaux  fort  nets,  parmi  lesquels  domine  le  pyroxène,  avec  une  belle 
couleur  verte,  soit  en  cristaux  simples,  soit  en  cristaux  remarquablement 


(  995  ) 
groupés.  Ces  derniers  sont  associés  parallèlement  entre  eux,  de  manière 
que  les  extrémités  de  ces  sortes  de  faisceaux  présentent  des  dentelures,  sui- 
vant des  dispositions  élégantes  et  variées.  Outre  les  cristaux  de  pyroxène, 
on  reconnaît  des  cristaux  feldspathiques  qui  sont  légèrement  attaqués, 
ainsi  que  des  cristaux  incolores,  en  prismes  très-obliques,  dont  la  nature 
n'a  pas  été  déterminée.  Le  fer  oxydulé  bien  cristallisé  qui  se  montre  éga- 
lement dans  le  résidu  est  souvent  implanté  sur  les  cristaux  de  pyroxène. 

»  De  nombreux  exemples  témoignent  du  transport  dans  l'atmospbère, 
jusqu'à  de  grandes  distances,  de  cendres  volcaniques,  de  sables  et  de  pous- 
sières diverses,  telles  que  les  cendres  provenant  d'incendies.  Je  me  bor- 
nerai à  rappeler  le  sable  qui  s'est  abattu  le  7  février  i863  sur  la  partie 
occidentale  des  îles  Canaries,  et  qui  avait  été,  selon  toute  probabilité,  trans- 
porté du  Sahara  sur  plus  de  Sa  mvriamètres  (i).  Plus  récemment,  la  cendre 
de  l'incendie  de  la  ville  de  Chicago  est  arrivée  aux  Açores  le  quatrième 
jour  après  le  commencement  de  la  catastrophe  (2);  en  même  temps,  on 
avait  senti  une  odeur  empyreumatique  qui  avait  fait  dire  aux  Açoriens  que 
quelque  grande  forêt  brûlait  probablement  sur  le  continent  américain. 

»  Dans  le  cas  qui  nous  occupe,  la  poussière  recueillie  est  incontestable- 
ment d'origine  volcanique  et  a  la  plus  grande  ressemblance  avec  certaines 
poussières  ponceuses  d'Islande,  notamment  la  ponce  de  Hrafftinurhur.  Il 
est  donc  très-possible  qu'elle  provienne  d'une  éruption  de  cette  île  :  si  des 
nouvelles  ultérieures  confirment  cette  supposition,  cette  pluie  de  poussière 
volcanique  sera  à  assimiler,  quant  à  la  provenance,  à  d'autres  dont  l'Eu- 
rope a  déjà  été  témoin.  Ainsi  l'on  sait  que  le  célèbre  brouillard  sec  qui,  en 
1783,  couvrit  pendant  trois  mois  presque  toute  l'Edrope,  après  avoir  d'a- 
bord paru  à  Copenhague,  où  il  persista  cent  vingt-six  jours,  avait  pour 
cause  une  éruption  de  l'Islande,  ainsi  qu'on  l'apprit  plus  tard  (3).  En  sep- 
tembre 1845,  un  transport  de  même  origine,  mais  beaucoup  moins  consi- 
dérable, fut  observé  aux  îles  Shetland  et  aux  Orcades  (4).  » 

(1)  Comptes  rendus,  t.  LVII,  p.  363. 

(2)  M.Foiuiué,  à  qui  je  dois  cette  Communication,  a  vu  cette  cendre  qui  avait  été  recueillie 
à  Fayal  par  le  consul  américain  M.  Dabney. 

(3)  Charles  Martins,  Nature  et  origine  des  différentes  espèces  de  brouillards  secs  (journal 
V Institut,  ig  février  i85i). 

(4)  D'après  une  obligeante  communication  de  M.  Des  Cloizeaux,  qui  a  lui-même  vu  cette 
poussière  aux  Orcades  en  revenant  d'Iblandc,  on  avait  remarqué,  dés  le  a  septembre,  à  bord 
des  bâtiments  arrivant  d'Islande  et  sur  la  mer,  une  poussière  rouge  qu'on  avait  d'abord  ])rise 
pour  de  la  cendre  de  tourbe.  Dans  la  nuit  du  -ï  au  3  septembre,  il  en  était  tombé  une  giande 

129.. 


(  996  ) 

NOMINATIOXS. 

L'Académie  procède,  parla  voie  du  scrutin,  à  !a  nomination  d'un  Membre 
dans  la  Section  de  Géométrie,  en  remplacement  de  M.  Berlmnd,  élu  Secré- 
taire perpétuel. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  volants  étant  60, 

M.  Bouquet  obtient 3i   suffrages. 

M.  Mannheim 24  » 

M.  Jordan 5  » 

M.  BoiTQUET,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président  de  la  Répu- 
blique. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  Concotu's  du  prix  Lacaze  (Physique) 
pour  1875.  Cette  Commission  doit  se  composer  de  la  Section  de  Physique 
et  de  trois  Membres  élus  au  scrutin  par  l'Académie. 

MM.  H.  Sainte-Claire  Deville,  Rcgnault  et  Bertrand  réunissent  la  majorité 
des  suffrages.  Les  membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix,  sont 
MM,  Phillips  et  Janssen. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  du  prix  Ijacaze  (Chi- 
mie) pour  1875.  Cette  Commission  doit  se  composer  de  la  Section  de  Chi- 
mie et  de  trois  Membres  élus  au  scrutin  par  l'Académie. 

MM.  Peligot,  Berthelot  et  Boussingault  réunissent  la  majorité  des  suf- 
frages. Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix,  sont 
MM.  Dumas  et  H.  Sainte-Claire  Deville. 

f|iiantité  aux  environs  delCirkwall  (Orcades).  Un  article  du  Journal  de  Kaithness  du  12  sep- 
tembre la  regardait  comme  de  la  cendre  volcanique  provenant  d'Islande.  Ce  n'est  toutefois 
que  par  les  premières  nouvelles  de  mai  1 846  qu'on  sut  que  les  habitants  de  Reikiavik  avaient 
constaté  l'éruption  et  la  coulée  de  lave  de  l'Hcda  du  2  septembre  i845,  Il  est  probable  que 
la  pluie  de  cendres  avait  dû  commencer  au  moins  le  i""'  septembre,  puisqu'elle  avait  pu  par- 
courir la  distance  de  plus  de  800  kilomètres,  qui  sépare  la  côte  sud  d'Islande  des  Orcades. 


(  997  ) 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  du  prix  Lacaze  (Phy- 
siologie) pour  1875.  Cette  Commission  doit  se  composer  de  lu  Section  de 
Chimie  et  de  trois  Membres  élus  au  scrutin  par  l'Académie. 

MM.  Milne  Edwards,  Robin,  de  Quatrefages  réunissent  la  majorité  des 
suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix,  sont 
MM.  Brongniart  et  de  Lacaze-Dulhiers. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  du  prix  de  Statistique 
de  la  fondation  Montyon  potir  l'année  iS^S. 

MM.  Bienaymé,  Boussingault,  delà  Gournerie,  Puiseux  et  général  Morin 
réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  ob- 
tenu le  plus  de  voix,  sont  MM.  Dumas  et  Hervé  Mangon. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  du  prix  Bordin  de 
l'année  iSyS.  (^Etudier  comparativement  la  structure  des  téguments  de  la  graine 
dans  les  végétaux  angiospermes  et  gymnospermes.) 

MM.  Brongniart,  Duchartre,  Chatin,  Decaisne  et  Trécul  réunissent  la 
majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de 
voix,  sont  MM.  ïulasne  et  Naudin. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  sera  chargée  déjuger  le  Concours  du  prix  Serres  de  l'an- 
née 1875. 

MM.  C!.  Bernard,  Ch.  Robin,  Andral,  de  Lacaze-Duthiers  et  Milne 
Edwards  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux, 
ont  obtenu  le  plus  de  voix,  sont  MM.  Bouillaud  et  de  QuatreAiges. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  du  prix  Gegner  de  l'année 
1875. 

MM.  Dumas,  Chasles,  Bertrand,  Chevreul  et  général  Morin  réunissent  la 
majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de 
voix,  sont  MM.  Becquerel  père  et  1'.  Thcnard. 


(998  ) 


MEMOIRES  LUS. 

GÉOLOGIE.  —  Observations  effectuées  à  l'île  Saint-Paul,  par  M.  Ch.Vélain, 
délégué  à  la  mission  de  l'Académie. 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  Decaisne,  Ch.  Sainte-Claire  Deville, 

Daubrée,  Des  Cloizeaux.) 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie  les  principaux 
résultats  des  recherches  relatives  à  l'Histoire  naturelle,  faites  aux  îles  Saint- 
Paul  et  Amsterdam,  par  les  naturalistes  attachés  à  la  mission  chargée  d'aller 
observer  le  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil. 

»  L'ile  Saint-Paul  est  tout  entière  de  formation  volcanique  :  sa  forme 
si  caractéristique  suffit  à  elle  seule  pour  l'indiquer.  C'est  un  vaste  cratère 
large  de  i  200  à  i3oo  mètres  que  remplissait  autrefois  la  lave  incandescente, 
et  qui  ne  saurait  mieux  se  comparer  dans  la  nature  actuelle  qu'au  célèbre 
volcan  du  Mauna-Loa  dans  l'île  Hawaï.  Une  large  brèche  qui  s'est  produite 
dans  sa  paroi,  par  suite  d'un  effondrement  vers  l'est,  a  permis  à  la  mer  d'y 
pénétrer  et  d'y  former  ainsi  un  véritable  lac  intérieur,  dont  la  tranquillité 
contraste  singulièrement  avec  l'agitation  continuelle  des  flots  à  l'extérieur. 

»  L'histoire  de  ce  volcan  comprend  trois  périodes  bien  distinctes  :  dans 
la  première,  les  produits  éruptifs  sont  acides  et  vitreux,  ils  se  composent  de 
tufs  ponceux,  de  ponces  et  d'obsidiennes  dont  les  éruptions  sous-marines 
ont  été  accompagnées  et  suivies  d'émission  de  roches  trachytiques  parti- 
culières. Dans  la  deuxième,  l'île  prend  la  forme  que  nous  lui  voyons  aujour- 
d'hui et  les  produits,  dolériles,  basaltes  et  laves,  sont  cristallisés  et  basiques. 
Le  pyroxène,  l'olivine  et  le  feldspath  y  sont  en  cristaux  plus  ou  moins  appa- 
rents au  milieu  d'une  pâte  compacte.  Le  feldspath,  qui  est  triclinique,  y 
semble  d'autant  plus  développé  que  la  roche  est  relativement  plus  récente. 
Enfin  la  troisième  période,  qui  appartient  à  l'époque  actuelle,  est  marquée 
d'abord  par  des  phénomènes  geysériens  intenses  qui  ont  amené  des  masses 
considérables  de  silice  et  dont  le  premier  effet  a  été  de  modifier  singulière- 
ment les  roches  préexistantes,  puis  par  un  ralentissement  graduel  de  l'acti- 
vité volcanique,  qui  ne  se  traduit  plus  maintenant  que  par  des  sources 
thermales  et  des  dégagements  gazeux  abondants. 

»  Ces  derniers  phénomènes  se  manifestent  surtout  dans  la  partie  nord  du 
cratère  et  manquent  absolument  dans  le  sud;  ils  semblent  concentrés  sur 


(  999  ) 
la  paroi  intérieure  au  niveau  du  balancement  des  marées  et  ne  peuvent 
s'observer  facilement  que  dans  les  basses  eaux.  C'est  ainsi  qu'à  l'angle  de 
la  jetée  du  nord  le  sol  abandonné  par  la  mer  prend  rapidement  à  la  surface 
une  température  de  5i  degrés  C,  et  l'eau,  qui  de  tous  côtés  sourd  à  travers 
les  galets,  est  à  71  degrés.  Un  thermomètre  enfoncé  dans  le  sol  marque 
86  degrés,  La  température  de  la  mer  sur  le  littoral  est  en  moyenne,  à  marée 
basse,  de  36  degrés  et  de  20  degrés  à  marée  haute. 

»  Les  sources  thermales  sont  nombreuses  et  abondantes;  leur  tempéra- 
ture varie  de  38  à  90  degrés.  Je  me  suis  attaché  à  les  étudier  chacune  en 
particulier;  je  me  propose  de  remettre  prochainement  à  l'Académie  les 
analyses  de  ces  eaux  que  j'ai  rapportées,  avec  celles  des  dégagements  ga- 
zeux qui  les  accompagnent. 

»  Au  fond  du  cratère,  dans  l'ouest,  les  phénomènes  de  chaleur  sont 
encore  plus  marqués  :  là,  sur  une  large  bande  qui  se  dirige  obliquement 
vers  le  sommet,  le  sol  est  chaud  et  laisse  échapper  de  nombreuses  vapeurs; 
il  s'y  forme  une  très-grande  quantité  de  silice  gélatineuse.  A  quelques  cen- 
timètres de  la  surface,  la  température  s'élève  à  104  degrés  et  ne  paraît  pas 
augmenter  sensiblement  quand  on  s'enfonce  plus  profondément.  Mais 
cette  température  n'est  pas  fixe  :  le  1 1  novembre,  en  effet,  j'ai  été  fort 
surpris  de  trouver  fondu  l'étamage  des  appareils  que  j'avais  laissés  conti- 
nuellement en  expérience  pour  mesurer  la  quantité  de  vapeur  d'eau  dé- 
gagée dans  ces  espaces  chauds.  J'ai  cherché  à  me  rendre  compte  des 
accroissements  de  température  qui  pouvaient  ainsi  se  produire,  et  je  les  ai 
trouvés  en  relation  directe  avec  les  marées.  J'avais  suspendu  dans  un  trou 
profond  de  2  mètres,  creusé  à  8  ou  10  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer,  des  fils  métalliques  et  des  alliages  divers  :  à  la  grande  marée  du 
24  novembre,  les  fils  d'élain  ont  été  fondus  :  la  température  avait  donc 
atteint  218  degrés. 

»  De  l'acide  carbonique  et  de  l'azote  s'y  dégageaient  avec  inie  quantité 
considérable  de  vapeur  d'eau,  dans  des  proportions  que  je  pourrai  donner 
prochainement.  J'ai  recueilli,  en  effet,  une  grande  quantité  de  ces  gaz 
parles  procédés  de  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  avec  les  instruments 
qui  m'avaient  été  confiés  par  le  laboratoire  de  Géologie  du  Collège  de 
France. 

M  L'île  d'Amsterdam,  située  à  20  lieues  dans  le  nord  de  Saint-Paul,  était 
moins  connue,  on  peut  même  dire  qu'elle  était  restée  jusqu'à  présent  com- 
plètement inexplorée,  les  rares  voyageurs  qui  y  avaient  atterri  n'ayant  pu 
pénétrer  dans  l'intéiieur  à  cause  de  la  végétation.  Plus  heureux  que  nos 


(    lOOO    ) 

devanciers,  nous  avons  pu  séjourner  sur  l'île  et  l'explorer  d'une  façon 
presque  complète. 

))  Amsterdam  est,  comme  Saint-Paul,  d'origine  absolument  volcanique, 
mais  sa  forme  est  toute  différente.  C'est  une  terre  haute,  présentant  vers 
l'ouest  des  falaises  verticales  de  5oo  à  Goo  mètres,  tandis  qu'elle  s'infléchit 
au  contraire  vers  l'est,  sous  une  pente  peu  rapide.  Sa  forme  générale  est 
rectangulaire,  sans  pointes  saillantes,  sauf  celle  de  la  Recherche,  qui,  située 
dans  le  nord-ouest,  se  compose  de  coulées  de  laves  compactes,  disposées 
en  gradins  successifs.  Dans  l'ouest,  un  éboulement  a  séparé  de  l'ile  un  ro- 
cher abrupte  formé  de  grandes  colonnades  basaltiques  ;  ce  roc,  le  d'En- 
trecasteaux,  encore  relié  par  une  langue  de  terre  peu  élevée,  circonscrit 
une  petite  crique  dont  l'accès  est  malheureusement  défendu  par  des  lignes 
de  brisants  qui  s'étendent  assez  loin  au  large. 

»  Des  falaises  à  pic,  hautes  de  aS  à  3o  mètres,  régnent  tout  autour  de 
l'île;  ces  falaises,  formées  de  coulées  basaltiques,  puis  de  laves  alternant 
avec  des  scories,  la  rendraient  inaccessible,  si  elles  ne  s'abaissaient  sensi- 
blement dans  le  nord-est  sur  un  espace  de  3oo  à  4oo  mètres.  Une  des  der- 
nières coulées,  descendue  jusqu'à  la  mer,  forme  là  une  sorte  de  jetée  natu- 
relle dont  les  embarcations  peuvent  s'approcher  par  les  temps  calmes;  il 
est  alors  facile  avec  un  peu  d'adresse  de  sauter  à  terre  et  de  pénétrer  dans 
l'intérieur. 

»  Le  sol  extrêmement  tourmenté  de  cette  île,  et  surtout  une  végétation 
épaisse,  sont  autant  d'obstacles  sérieux  qui  rendent  les  excursions  extrême- 
ment pénibles.  Depuis  3o  mètres  environ  d'altitude  jusqu'à  près  de  3oo, 
des  holepis  {I.  nodosa)^  atteignant  parfois  la  hauteur  d'un  homme,  et  si 
serrés  qu'on  a  peine  à  les  écarter,  forment  une  bande  qui  ne  peut  être 
franchie  qu'au  prix  des  plus  grandes  fatigues.  Il  nous  fallut  plus  d'un  jour 
pour  la  traverser  et  poiu'  gagner  des  coulées  de  lave  qui  nous  aidèrent  à 
dépasser  une  nouvelle  zone  de  végétation  composée  de  grandes  Fougères 
et  de  Graminées,  où  se  trouve  surtout,  groupé  par  petits  bouquets,  un 
arbre  de  la  famille  des  Rhamnées,  le  Philica  nitida,  qui  croît  également  en 
abondance  dans  les  hauts  de  la  Réunion. 

»  Au  delà  on  ne  rencontre  plus  dans  les  dépressions,  dans  les  sillons 
des  laves  et  souvent  même  jusque  sur  les  pitons,  que  des  Mousses,  des 
Sphaignes  avec  des  Lycopodcs  et  des  Fougères  variées  ;  la  végétation 
prend  alors  tni  caractère  tout  à  fait  tourbeux,  qu'elle  conserve  jusqu'au 
sommet. 

»  Dans  toute  la  partie  est,  les  pentes  d'Amsterdam  sont  formées  de 


(    lOOI    ) 

grandes  coulées  de  laves  denses,  très-feldspalhiqiies,  qui  se  creusent  de 
longues  galeries  effondrées  par  place,  el  donnent  lieu  à  des  successions  de 
cavernes  des  plus  pittoresques,  dont  les  voûtes  peuvent  atteindre  jusqu'à 
3o  mètres  d'élévation.  Par  de  larges  fissures  dirigées  vers  le  nord-est,  les 
laves  se  sont  épanchées  sur  les  flancs  du  volcan  :  souvent  des  cônes  de 
scories,  élevés,  très-remarquables  sont  venus  s'aligner  sur  ces  fentes  en 
donnant  eux-mêmes  lieu  à  de  petites  coulées.  Ces  cônes  de  scories,  pro- 
duits secondaires  des  éruptions,  sont  nombreux  :  quelques-iuis  sont  d'une 
fraîcheur  telle,  qu'ils  semblent  êlre  d'une  formation  toute  récente. 

»  Au  sommet  d'Amsterdam,  trois  grandes  chaussées  basaltiques  donnent 
lieu  à  autant  de  plateaux  marécageux  parsemés  de  petits  lacs  d'eau  douce. 
Un  de  ces  plateaux,  plus  étendu  que  les  autres  et  d'une  horizontalité  par- 
faite, supporte  tui  magnifique  cône  de  scories,  haut  de  28  mètres,  et  de 
forme  absolument  géométrique;  à  son  extrémité  nord,  un  vaste  cratère 
d'explosion,  large  de  3oo  mètres,  profond  de  plus  de  100,  creusé  directe- 
ment dans  le  sol,  et  que  rien  ne  semble  faire  soupçonner  quand  on  est 
placé  à  quelque  distance,  vient  indiquer  qu'iuie  des  dernières  phases  de 
l'activité  volcanique  de  l'île  a  dû  être  une  action  explosive  intense;  dans 
l'ouest  de  ce  cratère  une  grande  accumulation  de  blocs  projetés,  arrachés 
au  massif  ancien  de  l'Ile,  témoignent  encore  de  la  violence  de  cette  érup- 
tion. 

M  Anciennement  le  sommet  de  l'île  devait  être  occupé  par  un  vaste 
cratère  central  dont  les  portions,  restées  debout,  forment  maintenant  les 
points  les  plus  élevés  de  l'île  (de  85o  agio  mètres),  et  limitent  au  sud  et 
à  l'ouest  les  plateaux  que  je  viens  d'indiquer. 

»  Toute  activité  volcanique  est  maintenant  éteinte  à  Amsterdam  ;  je  n'y 
ai  retrouvé  nulle  part  la  trace  de  ces  phénomènes  geysériens  si  manifestes 
à  Saint-Paul,  nulle  part  l'indication  de  sources  thermales  ni  de  dégage- 
ments gazeux.  Je  suis  cependant  porté  à  croire  cette  île  plus  récente  que 
Saint-Paul;  les  éruptions  sous-marines  et  la  masse  trachytique  de  cette 
dernière  s'étaient  déjà  fait  jour  quand  les  laves  basaltiques  d'Amsterdam 
sont  apparues. 

»  Ces  deux  îles,  quoique  Irès-rapprochées  l'une  de  l'autre,  paraissent 
être  cependant  deux  foyers  éruptifs  bien  distincts  :  leurs  produits  sont  tout 
à  fait  différents.  Elles  ont  surgi  séparément,  au  sein  de  l'Océan,  à  une  date 
qu'il  est  difficile  de  préciser,  mais  qui  doit  être  relativement  récente.  Toute 
faune  terrestre  actuelle  ou  ancienne  y  fait  absolument  défaut.  Malgré  des 

C.  R.,   i8;5,  I"  Semestre.  (  T.  LXXX,  N»  IS.)  I  3o 


(     I002    ) 

recherches  actives  aussi  bien  dans  les  tourbes  épaisses  de  Saint-Paul  que 
dans  les  marais  et  les  cavernes  d'Amsterdam,  nous  n'avons  rien  trouvé  de 
cette  ancienne  faune  antarctique  dont  les  débris  sont  souvent  abondants 
dans  diverses  îles  de  l'héinisphère  austral,  dans  le  groupe  des  îles  Masca- 
reignes,  par  exemple  :  c'est  encore  là  une  preuve  de  leur  isolement  et  de 
leur  peu  d'ancienneté. 

y>  Inhabitées  et  inhabitables,  ces  deux  îles  ne  sont  que  la  patrie  ou  le  re- 
fuge d'un  nombre  considérable  d'oiseaux  de  mer  appartenant  aux  genres 
et  aux  espèces  suivantes  :  Aptenodytes  chrysocoma,  Stercorarius  antnr-cticus, 
Diomedea  exidans,  melatioplirys,  clilororhyncha  et  fuUginosa ,  Ossifraga  gignn- 
tea,  Daption  capensis,  Pr'ion  vittnius,  divers  autres  Pétrels  et  un  Sterne. 

»  M.  Lantz,  conservateur  du  musée  de  la  Réunion,  qui,  sur  la  demande 
du  gouverneur  de  cette  colonie,  était  venu  séjourner  à  Saint-Paul,  a  pré- 
paré des  collections  considérables  de  ces  oiseaux. 

»  Les  Otaries,  Otaria  Delalnndei^  vivent  à  Saint-Paul  et  surtout  à  Amster- 
dam en  troupeaux  nombreux. 

»  Les  Cétacés  abondent  autour  de  ces  îles  ;  des  vertèbres  cervicales  que 
j'ai  recueillies  à  Amsterdam  indiquent  une  baleine  de  grande  taille,  plus 
voisine  du  Caparea  antipodum  que  de  Vaustralis. 

»  L'étude  de  la  faune  marine  des  deux  îles  était  d'un  grand  intérêt  au 
point  de  vue  de  la  Zoologie  géographique.  Ce  sujet  a  été  l'objet  des  préoc- 
cupations constantes  de  M.  le  D"^  Rochefort,  qui  s'est  attaché  surtout  à  l'é- 
tude des  animaux  à  tissus  délicats,  Nudibranches,  Ascidies  simples  et 
composées,  Actiniaires,  etc.,  si  abondants  à  Saint-Paul,  mais  dont  la  con- 
servation était  difficile.  Nous  présenterons,  en  notre  nom  commun,  un 
aperçu  général  de  cette  faune.  Je  me  contenterai  de  citer  aujourtlhui, 
parmi  les  faits  les  plus  saillants,  la  présence  dans  les  deux  îles  de  deux  Gas- 
téropodes pulmonés,  dont  l'un,  Siphonaria  Macpillivrayi,  est  spécial,  tandis 
que  l'autre,  Mnrinuin  inqra,  Philippi,  se  trouve  dans  l'île  de  Tristan  d'A- 
cunha,  de  l'autre  côté  du  cap;  celle  d'un  Bracliyopode  de  la  famille  tles 
Mégerles,  le  genre  Â'r«(/S5/n^,  Davidson,  vivant  en  abondance  dans  le  cra- 
tère de  Saint-Paul,  entre  le  niveau  de  la  haute  et  basse  mer. 

»  Dans  les  premiers  jours  de  novembre,  un  raz  de  marée  a  jeté  sur  la 
chaussée  du  nord  un  Calmar  du  groupe  des  Onimastrèphes,  qui  ne  mesu- 
rait pas  moins  de  '^™,  i5,  de  l'extrémité  du  cornet  à  celle  des  bras  tentacu- 
laires. 

»  En  attendant  la  description  que  nous  devons  en  donner,  sous  le  nom 
d' Arcliitlieulhis  Mouchezi,  j'ai  l'honneur  de  placer  sous  les  yeux  de  l'Acadé- 


(   ioo3  ) 

mie  un  bras  tentaculaire,  le  bec  et  le  pharynx  de  ce  Céphalopode  gigan- 
tesque. 

»  Enfin  M.  de  l'Isle  s'est  spécialement  voué  aux  recherches  de  Bota- 
nique. Malgré  les  circonstances  défavorables  où  nous  nous  trouvions,  sur- 
tout à  Amsterdam,  il  a  réuni  des  collections  importantes,  qui  serviront  à 
déterminer  la  flore  de  ces  îles. 

»  Pendant  la  traversée,  j'ai  eu  occasion  de  faire,  au  point  de  vue  géolo- 
gique, quelques  observations  intéressantes;  j'espère  présenter  prochaine- 
ment à  l'Académie  une  esquisse  géologique  de  i'ile  de  la  Réunion,  que  j'ai 
pu  parcourir  complètement,  grâce  à  M.  de  Lormel,  gouverneur  de  la  colo- 
nie, qui  a  bien  voulu  faciliter  mes  excursions  ;  puis  des  travaux  sur  les  ro- 
ches granitoïdes  des  îles  Seycheiles  et  sur  des  gisements  de  phonolithes 
aux  environs  d'Aden. 

u  Je  ne  peux  pas  terminer  ce  Rapport  sans  remercier  vivement  M.  le 
commandant  Mouchez,  au  nom  de  mes  compagnons  et  au  mien,  de  la 
bienveillante  sollicitude  qu'il  nous  a  toujours  témoignée.  C'est  lui  qui  nous 
a  encouragés  par  son  exemple  et  soutenus  sans  cesse  par  son  énergie  :  c'est 
à  lui  que  tout  le  succès  de  notre  mission  doit  être  rapporté.  » 

A 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.  —  Deuxième  Note  sur  la  théorie  des  procédés  d'aimantation; 

par  M.  J.-M.  Gaugaix. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  J'ai  considéré,  dans  une  précédente  Note  (séance  du  22  mars),  la  dis- 
tribution du  magnétisme  qui  s'établit  dans  un  barreau  d'acier  AB  lorsque 
ce  barreau  est  mis  en  contact,  par  un  de  ses  points  seulement,  avec  le  pôle 
d'un  aimant,  et  j'ai  indiqué  comment  la  courbe  de  désaimantation  se  mo- 
difie lorsqu'on  déplace  le  point  de  cont.ict  M.  La  forme  de  cette  courbe 
indique,  dans  chaque  cas,  la  polarité  du  barreau.  Supposons  que  le  pôle  de 
l'aimant  employé  soit  un  pôle  austral  et  que  ce  pôle,  placé  d'abord  dans  le 
voisinage  de  l'extrémité  B,  s'en  éloigne  graduellement.  Tant  que  la  distance 
MB  ne  dépasse  pas  une  certaine  limite,  le  barreau  ne  présente  pas  de  point 
conséquent,  l'extrémité  A  est  australe,  l'extrémité  B  boréale;  lorsque  le 
pôle  de  l'aimant  est  arrivé  en  un  certain  point  K,  on  voit  apparaître  un  pôle 
double  boréal  :  les  deux  extrémités  du  barreau  sont  alors  toutes  deux  aus- 

i3o.. 


(  ioo4  ) 
traies;  à  mesure  que  le  barreau  s' avance  vers  A,  le  magnétisme  de  l'extrémité  B 
augmente,  celui  de  A  diminue.  Enfin,  quand  le  barreau  franchit  un  certain 
point  K',  le  point  conséquent  disparaît,  l'extrémité  A  reste  australe,  et  l'ex- 
trémité B  devient  boréale  :  c'est  cette  polarité  qui  persiste  lorsque  l'aimant 
est  mis  de  côté.  Il  résulte  de  cette  analyse  que,  lorsqu'on  frotte  le  barreau 
avec  l'aimant  depuis  B  jusqu'à  A,  comme  on  a  coutume  de  le  faire  quand 
on  emploie  le  procédé  de  la  simple  touche,  l'action  de  l'aimant  n'est  utile 
qu'autant  qu'il  se  trouve  entre  le  point  R  et  l'extrémité  A  ;  tant  que  le  point 
de  contact  reste  placé  entre  B  et  K,  l'action  de  l'aimant  est  inutile,  sinon 
nuisible,  puisque  le  magnétisme  qu'elle  développe  doit  être  détruit  ultérieu- 
rement. D'après  cela,  il  y  aurait  avantage  à  faire  partir  la  friction  du  point  K, 
au  lieu  de  frotter  le  barreau  dans  toute  sa  longueur.  J'ai  reconnu  en 
effet,  par  des  expériences  directes,  que  l'on  augmente  notablement  l'ai- 
mantation des  parties  voisines  de  B  eu  limitant  la  friction  comme  je  viens 
de  l'indiquer.  La  position  du  point  que  j'ai  désigné  par  R  varie  avec  un 
certain  nombre  de  circonstances.  Dans  une  de  mes  séries  d'expériences,  où 
j'ai  employé  des  barreaux  faiblement  trempés  de  lo  millimètres  de  dia- 
mètre et  347  millimètres  de  longueur,  la  distance  du  point  R  à  l'extrémité 
du  barreau  était  de  120  millimètres. 

»  En  comparant  entre  elles  les  courbes  qui  représentent  la  distribution 
du  magnétisme  pour  chacune  des  diverses  positions  de  l'aimant,  il  est  aisé 
d'apercevoir  que,  lorsqu'on  aimante  un  barreau  par  le  procédé  de  la  simple 
touche,  l'aimantation  doit  être  beaucoup  plus  forte  du  côté  où  la  friction 
finit  que  du  côté  où  elle  commence  :  c'est,  en  effet,  ce  que  l'expérience 
confirme;  si,  après  avoir  mis  de  côté  l'aimant,  on  trace  la  courbe  de  désai- 
mantation du  barreau,  on  trouve  que  le  point  le  plus  élevé  de  cette  courbe, 
au  lieu  d'être  placé  au  milieu  du  barreau,  se  trouve  rejeté  du  côté  où  s'est 
terminée  la  friction  et  qu'à  distances  égales  des  extrémités  du  barreau  toutes 
les  ordonnées  sont  plus  grandes  de  ce  côlé  que  du  côté  opposé. 

»  Quand,  au  lieu  de  faire  marcher  le  pôle  de  l'aimant  d'un  bout  du  bar- 
reau à  l'autre,  on  limite  son  excursion  de  la  manière  que  j'ai  indiquée  plus 
haut,  l'inégalité  des  aimantations  qui  correspondent  aux  deux  extrémités 
du  barreau  se  trouve  atténuée;  mais  elle  est  encore  considérable,  et  la  mé- 
thode de  la  simple  touche  reste  toujours  une  méthode  imparfaite,  qui  ne 
peut  être  api^liqnée  qu'à  des  barreaux  de  très-petite  dimension  ;  il  est  tou- 
jours préférable  d'employer  la  méthode  de  la  louclie  séparée,  qui  ne  présente 
pas  l'inconvénient  que  je  viens  de  signaler,  et  l'on  peut  toujours  le  faire 
lors  même  que  l'on  n'a  à  sa  disposition  qu'un  seul  aimant;  dans  ce  cas, 


(  ioo5  ) 
on  frotte  alternativement  les  deux  moitiés  du  barreau  que  l'on  veut  aiman- 
ter, l'une  avec  le  pôle  austral,  l'autre  avec  le  pôle  boréal  de  l'aimant  dont 
on  dispose. 

»  La  considération  des  courbes  de  désaimantation,  dont  j'ai  parlé  tout  k 
l'heure,  conduit  encore  à  une  remarque  qui  me  parait  offrir  quelque  inté- 
rêt. Lorsque  le  point  de  contact  M  de  l'aimant  et  du  barreau,  placé  d'abord 
au  milieu  du  barreau,  se  rapproche  de  l'extrémité  A,  l'aimantation  maxima 
de  la  partie  MB  va  d'abord  en  augmentant,  mais  elle  ne  croît  pas  indéfini- 
ment à  mesure  que  le  point  M  s'avance  vers  A;  après  avoir  atteint  un 
maximum,  sa  valeur  subit  une  certaine  rétrogradation.  Ce  fait  me  paraît 
dépendre,  comme  tous  ceux  qui  précèdent,  de  la  réaction  mutuelle  qui 
s'établit  entre  les  tranches  d'un  même  barreau.  Si  l'on  oppose  par  leurs 
pôles  de  même  nom  deux  barreaux  inégalement  aimantés,  et  si  la  diffé- 
rence des  aimantations  dépasse  une  certaine  limite,  l'aimantation  du  plus 
énergique  des  deux  barreaux  se  trouve  renforcée  dans  le  voisinage  du  con- 
tact, et  elle  l'est  d'autant  plus  qu'il  y  a  plus  d'inégalité  entre  les  aimanta- 
tions des  barreaux  ;  d'autre  part,  la  réaction  diminue  entre  certaines  limites 
avec  la  longueur  du  barreau  le  plus  faible  :  il  résulte  de  là  que,  dans  l'expé- 
rience qui  nous  occupe,  l'aimantation  de  la  partie  MB  tend,  d'un  côté,  à 
augmenter  lorsque  le  point  M  se  rapproche  de  A,  parce  que  l'inégalité  entre 
les  aimantations  des  parties  MA,  MB  augmente,  et  que,  d'un  autre  côté,  elle 
tend  à  diminuer,  parce  que  la  longueur  de  MA  diminue.  Il  est  sans  doute 
impossible,  sans  le  secours  du  calcul,  de  déterminer  la  position  du  point 
de  contact  qui  correspond  à  la  valeur  maxima  de  l'aimantation  ;  mais  on 
conçoit  très-bien  que,  pour  obtenir  celte  valeur,  il  ne  faille  pas  placer  le 
contact  à  l'extrémité  même  du  barreau.  S'il  n'existe  pas,  comme  je  le  crois, 
de  théorie  mathématique  qui  permette  de  déterminer  à  l'avance  les  réactions 
des  diverses  parties  d'un  barreau,  les  faits  que  je  m'occupe  de  recueillir 
pourront,  je  l'espère,  être  de  quelque  utilité  aux  savants  qui  établiront  cette 
théorie. 

»  J'ai  supposé  jusqu'ici  que  l'aimant  était  perpendiculaire  au  barreau; 
ce  n'est  pas  la  position  qu'on  a  coutume  de  lui  donner,  et  il  nous  reste  à 
voir  comment  les  résultats  se  modifient  suivant  l'angle  que  forment  entre 
eux  le  barreau  et  l'aimant.  J'ai  d'abord  considéré  le  cas  où  l'aimant,  plus 
ou  moins  incliné,  touche  le  point  milieu  du  barreau,  et  j'ai  déterminé,  eu 
premier  lieu,  la  distribution  du  magnétisme  temporaire,  c'est-à-dire  du 
magnétisme  développé  pendant  le  contact  du  barreau  et  de  l'aimant.  La 
courbe  qui  représente  cette  distribution  n'est  plus  symétrique,  comme  dans 


(  ioo6  ) 
le  cas  où  l'aimant  est  perpendiculaire  au  barreau.  Si  l'aimant  est  incliné 
du  côté  des  abscisses  négatives,  le  point  où  la  courbe  coupe  l'axe  des  jc  se 
trouve  rejeté  de  ce  côté,  c'est-à-dire  du  côté  de  l'angle  aigu,  à  une  certaine 
distance  du  point  de  contact,  et  cette  distance  est  d'autant  plus  grande 
que  l'inclinaison  est  plus  forte.  En  outre  l'ordonnée  maxinia  de  la  branche 
positive  correspondant  à  l'angle  obtus  est  plus  grande  que  l'ordonnée 
niaxima  de  la  branche  négative  correspondant  à  l'angle  aigu,  et  le  rapport 
de  ces  deux  ordonnées  est  d'autant  plus  grand  que  l'aimant  est  plus  for- 
tement incliné. 

»  Lorsque  l'aimant  vient  à  être  éloigné  du  barreau,  celui-ci  conserve 
une  portion  de  son  magnétisme;  mais  la  distribution  de  ce  magnétisme 
persistant  n'est  plus  représentée  par  une  courbe  exactement  de  même  forme 
que  celle  qui  se  rapporte  au  magnétisme  temporaire;  l'envahissement  de 
la  partie  négative  du  barreau  par  le  magnétisme  positif  s'étend  beaucoup 
plus  loin,  pour  une  même  inclinaison  du  barreau,  dans  le  cas  du  magné- 
tisme permanent  que  dans  le  cas  du  magnétisme  tem[)oraire.  Lorsque  l'ai- 
mant est  suffisamment  incliné,  la  courbe  du  magnétisme  permanent  ne 
coupe  plus  du  tout  l'axe  des  x;  elle  n'a  plus  de  branche  négative,  bien 
que  cette  branche  subsiste  dans  le  cas  du  magnétisme  temporaire.  Ce  fait 
est  tout  à  fait  analogue  à  un  autre  fait  que  j'ai  cité  à  la  fin  de  ma  précé- 
dente Note  et  s'explique  de  la  même  manière,  c'est-à-dire  par  la  réaction 
mutuelle  des  parties  du  barreau  qui  ont  reçu  des  aimantations  de  signes 
contraires. 

»  Je  viens  de  dire  que,  lorsque  l'aimant  est  incliné  du  côté  des  abscisses 
négatives,  l'ordonnée  maxima  de  la  branche  positive  de  la  courbe  du  ma- 
gnétisme permanent  est  toujours  plus  grande  que  l'ordonnée  maxima  de 
la  branche  négative;  il  importe  d'ajouter  que,  dans  le  cas  supposé,  l'or- 
donnée maxima  de  la  branche  positive  est  aussi  plus  grande  que  l'une  ou 
l'autre  des  ordonnées  maxima  qui  appartiennent  à  la  courbe  symétrique 
que  l'on  obtient  quand  l'aimant  est  perpendiculaire  au  barreau;  au  con- 
traire, l'ordonnée  maxima  de  la  branche  négative,  dans  le  cas  de  l'aimant 
incliné,  est  toujours  plus  petite  que  l'une  ou  l'autre  des  ordonnées  maxima 
de  la  courbe  symétrique.   » 


(   I007  ) 

PHYSIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  source  de  magnétisme.  Note  de  M.  Donato 
ToMMASi,  présentée  par  M.  Desains. 

(Commissaires  :  MM.  Edm.  Becquerel,  Jamin,  Desains.) 

«  Lorsqu'on  fait  passer  un  courant  de  vapeur  d'eau  sous  une  pression 
de  5  à  G  atmosphères  à  travers  un  tube  de  cuivre  ayant  2  à  3  millimètres 
de  diamètre  et  roulé  de  spirale  autour  d'un  cylindre  de  fer,  celui-ci  s'ai- 
mante si  bien  qu'une  aiguille  en  fer,  placée  à  quelques  centimètres  de 
distance  de  V aimant-vapeur,  est  attirée  vivement  et  reste  magnétisée  pen- 
dant toute  la  durée  du  passage  du  courant  de  vapeur  d'eau  à  travers 
le  tube  de  cuivre.  » 

CHIMIE.  —  Sur  l'incgnle  solubilité  ries  diverses  faces  ciun  même  cristal. 
Note  de  M.  Lkcoq  de  Boisbacdran. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  J'ai  déjà  signalé  (i)  l'indépendance  des  faces  cristallines  vis-à-vis  d'un 
dissolvant,  les  formes  simples  se  comportant,  à  certains  égards,  comme 
autant  de  modifications  polymorphiques  d'un  même  corps.  Il  résulte  de  ce 
principe  que  les  courbes  de  solubilité  des  différents  ordres  de  faces  ne  sont 
point  nécessairement  parallèles,  d'où  résultent  des  changements  possibles 
de  signe  des  solubilités  relatives  de  deux  faces  lorsque  les  conditions  phy- 
siques varient. 

»  Voici  une  expérience  propre  à  démontrer  l'indépendance  des  faces 
cristallines  :  lui  octaèdre  d'aliui  alumino-ammoniacal  [iB  millimètres  de 
diamètre),  portant  de  petites  facel  tes  cubiques,  fut  placé  dans  une  solution 
basique  du  même  sel;  la  liqueur  fut  longtemps  maintenue  à  l'état  de  très- 
légère  sursaturation.  On  avait  soigneusement  mesuré  les  diamètres  du 
cristal  (distance  entre  les  centres  des  facettes,  cubiques).  Après  quelque 
temps,  le  poids  s'était  accru  de  |  environ  et  les  facettes  cubiques  avaient 
acquis  une  étendue  relativement  considérable.  Malgré  cette  assimilation 
de  substance,  les  distances  entre  les  centres  des  faces  cubiques  n'avaient 
pas  varié. 

»  Le  dépôt  de  matière  s'était  donc  uniquement  effectué  sur  les  faces  octaé- 
driques  :  il  avait  été  nul  sur  les  faces  cubiques.  Ainsi  la  solution  était  sursaturée 


(i)  Comptes  rendus,  ii  octobre  1874,  p-  SGfi. 


(  ioo8  ) 

relativement  aux  faces  oclaéihiques,  mais  non  relativement  aux  faces  cubiques. 

M  L'inégale  solubilité  des  diverses  faces  d'un  même  cristal  permet  d'expli- 
quer le  fait  suivant  :  quand,  après  avoir  mutilé  un  cristal, on  le  replace  dans 
une  eau-mère  qui  ne  lui  abandonnait  presque  rien,  on  sait  que  la  cassure 
se  sépare  et  que  le  cristal  revient  assez  rapidement  à  son  ancienne  forme. 

»  Ce  phénomène  s'explique  très-simplement,  je  ci'ois,  en  considérant 
que  les  nouvelles  faces  mises  à  lui  par  la  cassure  sont  toujours  plus  stables 
(s'assimilent  plus  facilement  la  matière  dissoute)  que  les  faces  du  cristal 
intact;  car  c'est  là  précisément  la  cause  de  l'existence  de  ces  dernières  et  ce 
qui  s'est  opposé  à  leur  oblitération  pendant  la  formation  du  cristal.  Le  fait 
peut  s'exprimer  ainsi  :  Tout  cristal  prend  la  forme  pour  lacjuelle  la  quantité 
de  matière  qui  subit  le  changement  d'état  est  im  mininium. 

»  Si  donc  la  liqueur  n'est  que  strictement  saturée  par  rapport  aux  faces 
du  cristal  intact,  elle  sera  inévitablement  sursaturée  relativement  aux  faces 
de  la  cassure,  lesquelles,  s'assimilant  seules  de  la  matière,  s'oblitéreront.  Le 
cristal  peut  ainsi  se  reparer  sans  qu'aucune  substance  se  dépose  sur  les  faces  in- 
tactes. Un  cristal  se  reconstituerait,  même  dans  une  liqueur  légèrement  plus 
étendue  que  celle  qui  n'abandonne  plus  rien  aux  anciennes  faces,  lesquelles 
d'ailleurs  ne  se  dissoudraient  pas  en  vertu  de  leur  résistance  au  change-, 
ment  d'état  (i). 

»  On  voit  que  la  régénération  d'un  cristal  mutilé  n'est  pas  liée  à  l'exis- 
tence d'un  certain  rapport  entre  les  vitesses  d'accroissement  des  faces,  rap- 
port qui  entraînerait  la  nécessité  d'un  dépôt  de  substance,  moins  rapide 
mais  non  pas  nul,  sur  les  faces  intactes. 

»  Un  simple  changement  de  concentration  suffit  à  intervertir  les  stabi- 
lités relatives  de  deux  systèmes  de  faces;  on  rentre  par  là  dans  le  cas  des 
vitesses  variables  d'accroissement,  d'où  résulte  fréquemment  une  forme 
définitive  différente  de  celle  que  revêt  d'abord  le  cristal.  Ainsi,  dans  une 
solution  froide,  notablement  sursaturée,  d'alun  alumino-ammoniacal  ba- 
sique, on  obtient  assez  rapidement  des  octaèdres  limpides  sans  facettes  cu- 
biques. Si  l'on  place  alors  ces  octaèdres  dans  une  liqueur  suffisamment 
étendue,  le  dépôt  n'a  plus  lieu  que  sur  les  faces  octaédriques  et  le  cube  se 
complète. 

»  Dans  ce  cas,  les  couches  successives  sont  parallèles  aux  faces  octaé- 
driques; elles  le  seraient  aux  faces  cubiques  si  le  cristal  s'était  dès  le  com- 
mencement développé  dans  une  liqueur  faiblement  sursaturée. 

(i)  Voir  Comptes  rendus,  5  avril  iSyS,  p.  8qo. 


(   '009  ) 

»  Si,  pendant  la  durée  de  l'accroissement,  il  existe  des  faces  cubiques, 
octaédriques,  doilécaédriques,  etc.  (ce  qui  arrive  souvent),  le  cristal  est 
composé  de  parties  dont  les  couches  successives  sont  respectivement  pa- 
rallèles à  ces  ordres  de  faces.  Bien  que  la  disposition  des  files  molécvdaires 
soit  constante,  l'ordre  dans  lequel  les  dépôts  successifs  ont  eu  lieu  influe 
quelquefois  sur  les  propriétés  physiques,  telles  que  la  transparence;  car  les 
différentes  f  ices  ne  s'alignent  pas  toutes  avec  une  égale  facilité.  La  présente 
remarque  me  paraît  devoir  contribuer  à  expliquer  le  fait  connu  de  la  trans- 
parence plus  grande  qu'offrent  parfois  les  cristaux  suivant  certaines  direc- 
tions. 

»  Dans  la  préparation  de  cristaux  limpides,  on  devra  chercher  à  faire 
accroître  par  les  faces  convenables,  ce  qu'on  obtiendra  sans  doute  assez 
souvent,  soit  en  variant  la  nature  ou  la  concentration  des  solutions,  soit 
même  en  pratiquant  des  sections  artificielles,  dont  le  remplissage  ultérieur 
s'opérera  dans  des  conditions  favorables  à  la  transparence.  » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Note  sur  les  bronzes  du  Japon; 
par  M.  E.-J.  Maumené. 

(Commissaires  :  MM.  Balard,  Peligot.) 

«  On  a  reçu  du  Japon,  dans  ces  derniers  temps,  des  bronzes  dont  la 
composition  présente  de  l'intérêt.  Leur  origine  est  établie  d'une  manière 
précise;  ils  proviennent  de  monuments  publics,  de  temples  et  d'habitations 
où  régnait  un  grand  luxe,  attesté  par  les  dimensions  de  la  plupart  des 
pièces  importées;  ils  ont  été  détruits  pendant  la  grande  lutte  politique  et 
religieuse,  terminée  depuis  peu  d'années. 

»  Nous  avons  eu  l'occasion  d'analyser  ces  bronzes;  voici  les  résultats  les 
plus  saillants  : 

N"  1.  N"  2.  N"  3.  N"  4. 

Cuivre 86,38  80,91  88,70  92,07 

Étain ï  )94  7>55  2,58  i,o4 

Antimoine 1,61  o,44  0,10  » 

Plomb 5,68  5,33  3,54 

Zinc 3,36  3, 08  3,71  a, 65 

Fer 0)67  1,43  1,07  3,64 

Mang.nnèse »  trace  »  » 

Acide  silicique 0,10  0,16  0,09  o,o4 

Soufre i>  o ,  3 1  »  » 

Perte 0,26  0)79  0,21  o,56 

100,00  100,00  100,00  100,00 

C.R.,  18-75,  i"  Semestre.  ;(.T.  LXXX,  N»  JS.)  '  -^  I 


(     lOlO    ) 

»  Les  alliages  complexes  ainsi  formés  sont  tous  d'une  texture  grenue,  hui- 
leuse vers  la  face  intérieure,  pleine  vers  la  face  extérieure,  dont  la  lime  polit 
facilement  de  grandes  étendues  et  montre  la  nuance  vraie.  Cette  nuance 
est  sensiblement  violette  dans  le  cas  où  l'antimoine  est  abondant,  rouge 
quand  c'est  le  fer,  etc.  Tous  les  échantillons  ont  été  coulés  sous  une  épais- 
seur assez  faible,  de  5  à  12  millimètres,  et  le  moulage  a  été  bien  rempli. 

»  Il  paraît  démontré  par  les  analyses  que  ces  alliages  n'ont  pas  été  faits 
avec  des  métaux  purs,  mais  avec  les  minéraux  entiers.  On  doit,  il  me 
semble,  considérer  ces  bronzes  comme  résultant  de  l'emploi  direct  de  pyrite 
cuivreuse  et  de  galène  antimoniale,  mêlées  de  blende;  la  calcination  n'en 
a  pas  été  toujours  complète,  témoin  le  soufre  trouvé  dans  le  n"  2. 

»  Les  alliages  antiques,  grecs,  romains,  gaulois,  etc.,  présentent  des 
indices  de  même  genre  ;  mais,  si  je  ne  me  trompe,  on  n'avait  pas  encore 
observé  d'aussi  grandes  complications  et  des  preuves  si  claires  de  la  sim- 
plicité du  travail  métallurgique. 

»  J'ai  été  secondé  dans  ces  recherches  par  MM.  Gardrat  et  Mabille,  du 
laboratoire  de  la  maison  Cail.  » 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Sur  le  rôle  exercé  par  les  sels  alcalins  sur  la  végétatioiï 
de  la  betterave  et  de  la  pomme  de  terre.  Note  de  M.  Pagnoul,  présen- 
tée par  M.  Peligot. 

(Commissaires  :  MM.  Peligot,  Thenard,  Hervé  Mangon.) 

«  J'ai  entrepris,  il  y  a  cinq  ans,  en  créant  le  champ  d'expériences  de  la 
station  agricole  du  Pas-de-Cilais,  des  recherches  sur  la  végétation  des 
plantes  cultivées  dans  le  nord  de  la  France  et  particulièrement  sur  la  bette- 
rave et  sur  la  pomme  de  terre. 

»  I^e  champ  consacré  à  ces  études  est  parfaitement  isolé  de  tout  abri 
et  de  toute  plantation  ;  le  sol  en  est  argilo-siliceux  et  renferme  i5  pour  100 
de  calcaire  ;  il  est  divisé  en  parcelles  de  20  mètres  carrés. 

M  Pour  la  betterave,  j'ai  cru  pouvoir  formuler,  dès  l'année  1869,  quel- 
ques résultats  qui  n'ont  fait  que  se  confirmer  depuis  :  1°  les  betteraves 
sont  d'autant  plus  riches  en  sucre  qu'elles  sont  tenues  plus  rapprochées; 
2°  les  racines  contiennent  d'autant  moins  de  matières  salines  qu'elles 
i-enferment  plus  de  sucre;  3°  la  y^roportion  des  chlorures  fournis  par  les 
cendres  est  d'autant  plus  grande  que  ces  sels  sont  plus  abondants  dans  le 
sol  et  dans  les  engrais  employés;  4°  la  proportion  des  autres  sels  alcalins 
contenus  dans  la  racine  dépend  non  pas  de  la  richesse  du  sol  et  des  engrais 
en  matières  salines,  mais  bien  de  leur  ricliesse  en  azote. 


(   loii    ) 

»  Je  crois  utile  de  présenter  aujourd'hui  ces  résultats,  à  cause  de  leur  in- 
térêt pratique  et  parce  qu'ils  ne  font  d'ailleurs,  en  partie,  que  confirmer  les 
conclusions  des  récents  travaux  de  M.  Peligot;  ces  expériences  seront  con- 
tinuées dans  la  même  voie,  afin  d'apporter  à  ces  faits  de  nouveaux  éclair- 
cissements et  de  nouvelles  vérifications. 

»  Pour  la  pomme  de  terre,  les  expériences,  cette  année,  ont  été  faites 
particulièrement  dans  le  but  de  rechercher  les  influences  spéciales  de  la 
potasse  et  de  la  soude  à  l'état  de  sels  divers  et  surtout  à  l'état  de  chlorures. 
Ce  sont  surtout  les  résultats  de  ces  dernières  expériences,  complètement 
d'accord  avec  les  faits  constatés  par  M.  Peligot,  qui  m'ont  paru  présenter 
assez  d'intérêt  pour  m'autoriser  à  les  soumettre  au  jugement  de  l'Académie. 

»  Quatre  parcelles  du  champ  ont  été  consacrées  à  ces  essais  ;  chacune  a 
reçu  5o  kilogrammes  d'azote,  4oo  kilogrammes  de  phosphate  acide  de 
chaux  et  200  kilogrammes  de  sulfate  de  chaux. 

»  En  plus,  la  parcelle  n°  1  a  reçu  3^5  kilogrammes  de  nitrate  de  soude  et 
3oo  kilogrammes  de  sulfate  de  la  même  base  ;  la  parcelle  n"  2,  4oo  kilo- 
grammes de  nitrate  de  potasse  et  3oo  kilogrammes  de  sulfate  de  potasse;  la 
parcelle  n°  3,  3oo  kilogrammes  de  sel  marin  et  aSo  kilogrammes  de  sulfate 
d'ammoniaque;  la  parcelle  n°  4,  la  même  quantité  de  ce  dernier  sel  et 
3oo  kilogrammes  de  chlorure  de  potassium. 

»  On  voit  que  ces  quatre  parcelles  ont  reçu  les  mêmes  proportions  de 
phosphate  de  chaux,  de  sulfate  de  chaux  et  d'azote,  et  que  la  différence 
ne  porte  que  sur  les  alcalis  qui  ont  été  introduits  à  l'état  de  sels  divers  sur 
les  deux  premières,  à  l'état  de  chlorures  sur  les  deux  autres. 

»  11  faut  noter  en  outre  que  la  parcelle  1  n'avait  reçu  depuis  trois  ans  que 
des  sels  de  soude,  nitrate  et  sulfate,  que  la  parcelle  2  pendant  ces  trois  an- 
nées n'avait  reçu  que  des  sels  de  potasse,  et  que  de  fortes  proportions  de  chlo- 
rure de  sodium  avaient  été  introduites  pendant  cette  période  sur  la  parcelle  3. 

»  Voici  le  tableau  des  résultats  obtenus  : 


S 

RENDEMENT 

CARBONATE 

CHLORURE 

SDLFATE 

SELS 

TOTAL 

j 

u 

POTASSE 

s 

ENGUAIS. 

qolDtaux 

a: 

i 

potassium 

potasse 

totale. 

a. 

l'hectare. 

pour  100. 

puur  100. 

pour  100. 

divers. 

solDbles. 

1 

A  la  soude.  . . . 

235 

o,5oi 

0,072 

0,180 

0, 12G 

0,879 

0,556 

9 

A  la  potasse. . . 

286 

0,700 

o.iiG 

0,202 

0,236 

l.îj'l 

0,740 

» 

Au  chlorure  de 

sodium 

23:1 

0,368 

0,295 

0,  iSg 

0,1 13 

o,9i5 

0,575 

4 

Au  chlorure  de 

„ 

potassium.... 

200 

0,559 

0,2ll5 

0,i57 

0, 180 

1,110 

0,672 

i3i.. 


(     IOI2    ) 

»  Les  conclusions  suivantes  peuvent  se  déduire  de  ces  résultats  : 

»  1°  Les  sels  de  potasse  sont  favorables  au  rendement  dont  la  moyenne 
est  en  effet  de  2'j3  quintaux  sur  les  deux  parcelles  à  la  potasse,  et  de  aSo 
seulement  sur  celles  qui  ont  reçu  de  la  soude. 

»  2°  Les  nitrates  et  les  sulfates  alcalins  sont  plus  favorables  que  les  chlo- 
rures et  le  sulfate  d'ammoniaque;  le  rendement  moyen  est  en  effet  de  2G0 
sur  les  parcelles  aux  nitrates,  et  de  242  avec  le  sulfate  d'ammoniaque  et  les 
chlorures. 

»  3°  Les  ceudres  obtenues  avec  les  tubercules  de  ces  quatre  parcelles 
7ie  contenaient  aucune  trace  de  soude;  en  effet,  la  potasse  totale  déterminée 
directement  avec  le  chlorure  de  platine  donne  dans  les  quatre  essais  un 
poids  plus  grand  que  la  somme  des  poids  nécessaires  à  la  constitution  des 
carbonates,  chlorure  et  sulfate.  Cet  excédant  de  potasse  contribue  donc  à 
former  la  partie  désignée  sous  le  nom  de  sels  solubles  divers  et  représente 
à  peu  près  la  totalité  de  ces  sels  à  l'état  de  phosphate.  L'acide  phospho- 
rique  n'a  pas  été  dosé,  mais  sa  présence  a  été  facilement  constatée.  La 
soude  ne  peut  donc  remplacer  la  potasse  dans  la  pomme  de  terre,  et  les 
racines  de  cette  plante  ne  peuvent  s'assimiler  que  la  seconde  de  ces  bases 
en  excluant  complètement  la  première. 

»  4°  Le  rôle  des  chlorures  est  surtout  remarquable;  la  plante  en  prend 
d'autant  plus  qu'on  en  met  davantage  dans  le  sol.  Ce  fait,  démontré  de- 
puis cinq  ans  par  un  grand  nombre  d'expériences  sur  la  betterave  où  la 
proportion  des  chlorures  peut  varier  de  i  à  5o,  se  trouve  vérifié  aussi  pour 
la  pomme  de  terre.  Les  deux  parcelles  qui  n'ont  pas  reçu  de  chlorures 
n'en  fournissent,  en  effet,  dans  les  cendres  qu'une  moyenne  de  0,094 
pour  100  de  tubercules,  tandis  que  les  deux  autres,  où  les  chlorures  sont 
entrés  dans  la  composition  de  l'engrais,  en  donnent  0,254. 

»  Nous  croyons  devoir  surtout  appeler  l'attention  sur  ce  fait  fort  remar- 
quable que  la  parcelle  qui,  depuis  trois  ans,  n'a  reçu  qu'un  grand  excès  de 
chlorure  de  sodium,  sans  potasse,  est  celle  qui  contient  le  plus  de  chlorure 
de  potassium.  L'absorption  des  chlorures  s'opère  donc  très-l;icilement  par 
la  plante;  mais  il  paraît  s'effectuer,  sous  l'influence  de  la  vie  végétale,  une 
double  décomposition  destinée  à  exclure  la  soude  pour  lui  substituer  la 
potasse. 

»  5°  On  remarquera  encore  que  le  plus  faible  rendement  en  tubercules 
correspond  aux  cendres  les  plus  pauvres  en  carbonate  de  potasse  et  les 
plus  riches  en  chlorure,  ce  qui  indique  que  l'absorption  des  chlorures  se 
fait  sans  profit  pour  la  jjlante,  et  que  ces  sels  ne  jouent  aucun  rôle  utile 
dans  la  vie  végétale. 


(   ioi3  ) 

»  Le  rendement  vient  cependant  en  seconde  ligne  sur  la  parcelle  qui  a 
reçu  du  chlorure  de  potassium;  mais  on  y  trouve  aussi  plus  de  carbonate 
de  potasse. 

»  On  pourrait  expliquer  ces  faits  en  admettant  que  le  chlorure  de  po- 
tassium s'introduit  librement  dans  la  plante  sans  subir  aucune  transfor- 
mation; mais  que  le  chlorure  de  sodium  se  trouve  décomposé,  par  un  phé- 
nomène d'endosmose,  à  travers  les  spongioles  des  racines  et  que  le  chlore 
seul  est  absorbé  pour  s'unir  immédiatement  au  potassium  dont  les  affinités 
sont  plus  énergiques.  On  comprendrait  ainsi  que  le  chlorure  de  sodium, 
en  déterminant  dans  le  végétal  la  formation  d'une  plus  grande  quantité  de 
chlorure  de  potassium,  affaiblisse  par  cela  même  la  proportion  des  autres 
sels  de  potasse  à  acides  organiques,  destinés  à  faire  partie  constituante  du 
végétal  et  à  jouer  un  rôle  physiologique  plus  ou  moins  important. 

»  Le  chlore  enlèverait  donc  une  partie  du  potassium  destiné  à  la  forma- 
tion des  principes  organiques  nécessaires  au  développement  de  la  plante,  et 
l'on  pourrait  peut-être  comprendre  ainsi  l'influence  stérilisante  attribuée, 
depuis  longtemps  déjà,  à  un  grand  excès  de  sel  marin,  influence  qui  ne 
pourrait  se  manifester  sur  les  plantes,  telles  que  la  betterave,  capables  d'ab- 
sorber ce  sel  sans  décomposition,  mais  qui  se  produirait  sur  les  plantes, 
telles  que  la  pomme  de  terre,  qui  ne  peuvent  admettre  le  chlore  dans  leurs 
tissus  sans  opérer  la  séparation  et  l'élimination  du  sodium. 

»  6°  Les  résultats  que  j'ai  obtenus  depuis  plusieurs  années  m'ont  conduit 
à  introduire  le  chlorure  de  potassium  dans  les  formules  d'engrais  pour  bet- 
teraves, et  ce  sel  est  aussi  recommandé  par  M.  Georges  Ville;  on  voit,  d'ail- 
leurs, d'après  les  résultats  ci-dessus,  qu'il  n'a  pas  été  sans  influence  sur  le 
rendement  des  pommes  de  terre  en  tubercules.  Cependant  le  chlorure  de 
potassium  se  retrouve  dans  les  cendres  tel  qu'il  a  dû  être  absorbé  par  les 
racines  et  ne  semble,  en  conséquence,  jouer  aucun  rôle  dans  la  vie  de  la 
plante. 

»  On  pourrait  concilier  ces  deux  observations,  en  apparence  contra- 
dictoires, en  admettant  que  le  chlorure  de  potassium  et  le  nitrate  de 
soude  subissent  dans  le  sol  une  double  décomposition,  semblable  à  celle 
que  l'on  utilise  dans  l'industrie  pour  préparer  le  salpêtre,  et  qu'ils  peuvent 
ainsi  fournir  à  la  plante  de  la  potasse  à  l'état  de  nitrate,  c'est-à-dire  dans 
un  état  qui  lui  permet  de  prendre  part  à  la  formation  des  tissus. 

»  Une  partie  de  la  potasse  introduite  dans  le  sol  à  l'état  de  chlorure  se- 
rait donc  absorbée  sous  cette  forme,  sans  effet  utile  pour  la  plante,  tandis 
qu'une  autre  partie  transformée  en  nitrate  agirait  seule,  d'une  manière  ef- 


(  ioi4  ) 

ficace,  en  produisant  tout  à  la  fois  un  accroissement  dans  le  rendement  et 
dans  la  proportion  des  carbonates  alcalins,  comme  cela  a  été  constaté  sur 
la  parcelle.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  De  l'équivalence  des  alcalis  dans  la  betterave. 
Note  de  MM.  P.  Champion  et  H.  Pellet. 

(Commissaires  :  MM.  Boussingault,  Peligot,  Thenard.) 

«  M.  Dubrunfaut  a  constaté  que  le  titre  alcalimétrique  des  cendres  de 
mélasse  est  sensiblement  constant. 

»  En  soumettant  au  calcul  un  grand  nombre  d'analyses  de  cendres  de 
betteraves  et  de  salins  de  provenance  et  de  composition  variables  nous 
avons  remarqué  que  non-seulement  les  carbonates  alcalins  sont  saturabies 
par  une  quantité  constante  d'acide  sulfurique,  mais  que,  de  plus,  la  tota- 
lité de  la  soude  et  de  la  potasse  contenues  dans  les  cendres  à  l'état  de  phos- 
phate, sulfate,  chlorure  et  carbonate,  correspond  à  un  même  poids  d'acide. 
Il  en  est  de  même  pour  les  cendres  des  feuilles,  avec  un  même  mode  de 
culture,  mais  en  faisant  varier  les  proportions  de  potasse  et  de  soude  con- 
tenues dans  les  engrais.  Quelques  savants  ont  admis  que  la  soude  et  la 
potasse  peuvent  se  substituer  partiellement  l'une  à  l'autre  dans  certaines 
limites  (i). 

»  Ces  diverses  considérations  nous  ont  amenés  à  penser  que  la  substitu- 
tion de  la  .soude  à  la  potasse  devait  avoir  lieu  suivant  les  équivalents 
chimiques  de  ces  corps,  et  que  la  loi  des  équivalents  qui  régit  toute  com- 
binaison chimique  s'appliquait  aussi  aux  réactions  multiples  qui  s'accom- 
plissent dans  les  végétaux  pendant  leur  développement.  Comme  suite  à  ce 
qui  précède,  il  était  logique  de  supposer  en  même  temps  que  la  chaux  et 
la  magnésie  pouvaient  se  remplacer  suivant  la  même  loi,  en  raison  de  l'ana- 
logie que  présentent  ces  deux  alcalis. 

»  Cette  double  hypothèse  a  été  con6rmée  par  la  comparaison  d'analyses 
françaises  et  étrangères,  présentant  entre  elles  des  différences  considérables 
quant  à  la  composition  des  cendres. 

»  Dans  un  Mémoire  que  nous  publierons  prochainement,  nous  démon- 
trerons que,  quelle  que  soit  la  richesse  saccharine  des  betteraves,  un  même 
poids  de  sucre  correspond  d'une  manière  très-générale  à  un  poids  constant 
de  substances  minérales  contenues  dans  le  végétal  complet  (racines  et 

(i)  Isidore  Pierre,  Walkoff,  G.  Ville,  H.  Jouiie,  etc. 


(    lOI J    ) 

feuilles).  Ce  résultat  s'applique  à  la  culture  normale;  mais  dans  le  cas  où, 
par  suite  de  la  nature  des  engrais  employés,  le  rapport  entre  la  soude  et  la 
potasse  s'éloigne  du  rapport  moyen,  le  poids  des  cendres  correspondant  à 
un  même  poids  de  sucre  variera  proportionnellement  aux  équivalents  de  la 
soude  et  de  la  potasse.  Il  en  sera  de  même  pour  la  chaux  et  la  magnésie. 
Toutefois  nous  devons  ajouter  que,  lorsqu'on  met  les  betteraves  en  présence 
d'un  excès  de  certains  sels,  il  peut  y  avoir  absorption,  par  les  radicelles,  de 
substances  salines  qui  sont  introduites  mécaniquement  sans  participer  à  la 
composition  de  la  betterave,  comme  l'ont  démontré  les  importantes  re- 
cherches de  M.  Peligot  sur  l'absorption  des  chlorures  alcalins. 

»   Il  y  aurait  lieu  de  tenir  compte  de  ce  fait  dans  quelques  cas  anormaux 
où  la  loi  que  nous  avons  établie  paraîtrait  en  défaut. 

Quantités  calculées  d'acide  sulfurique  nécessaires  pour  saturer  les  bases  contenues 
dans  les  cendres  de  betteraves  d'Allemagne  [^racines  et  feuilles)  (i). 


-J 
B 

H 

< 
ai 

«1 

t- 

0 

H 

< 

< 

H 
0 
H 

ta 
b3 

5 

ce 

S 

.J 
■J 

B 

•    u 

u. 

0 

Acule  sulfurique  correspon. 
danl  à  la  potasse 

93,28 

55, p7 

149,25 

68,68 

57,83 

126,51 

83. 78 

5o,88 

i34,66 

103,45 

59,36 

162,81 

«       à  la  soude 

18, 46 

4S,,3 

en,  59 

43,3i 

29,15 

71,46 

16, 5i 

22,96 

3o,47 

64, 5o 

30,96 

95,46 

«       h  la  chaux 

52,80 

75,36 

128,06 

17,61 

29,82 

47,43 

19,02 

23,00 

42,02 

23,56 

3l,24 

56, 80 

o       à  la  magnésie   

Acide  sulfurique  total 

j3,oo 

96,00 

I 19,00 

17,20 

35,20 

52,  4o 

28,00 

16,80 

4 '1,80 

24,00 

36,00 

60,00 

.87,5:i 

2,5,36 

462,90 

145,80 

l52,00 

297,30 

:47,3. 

ii3,64 

260,90 

217,51 

,57,56 

375,07 

Poids   des  cendres   totales 
(sansCC) 

231  ,3 

291,2 

J42,7 

196,5* 

200,0* 

396,5* 

193,0 

162,0 

355,0 

293,5» 

207,5* 

5oi,o* 

Acide  sulfurique  pour  satu- 

rer tous  les  alcalis  conte- 

Ih,^' 

90,0 

78,0 

74  >o 

76,0 

75,3 

76,0 

70,0 

73,5 

747O 

75,0 

74,6 

nus  dans  looefde  cendres. 

Rapport  entre  la  potasse  et 
la  soude 

7.7 

1,3 

» 

2,4 

3,0 

n 

7.7 

3,3 

1) 

3,4 

2,9 

D 

Rapport  entre  la  chaux  et 
la  magnésie 

..> 

0,7s 

„ 

I  ,0 

0,84 

» 

0,67 

1,3 

» 

1 ,06 

0,87 

» 

(*)  Nous  avons  ajouté  le 

poids  moyen  d'osytle  de  1er 

aux  analyses  cl 

ans  les( 

quelles  cet  élément  n'avait  pas  été 

déterminé. 

»  MM.  Rohlrausch   et  Petermann  ont  cherché  à  déterminer  l'influence 


(1)  Les  analyses  correspondant  au  tableau  sont  extraites  de  l'ouvrage  de  M.  Walkoff 
(p.  43,  édition  1874,  t.  I)  d'après  MM.  Bretschneider ,  Wolf,  Karmrodt,  Fulhing.  Les 
quantités  de  cendres  correspondent  à  une  récolte  de  3oooo  kilograninus  de  racines  par  hec- 
tare, sans  indication  de  la  richesse  saccharine. 


(   ioi6  ) 

de  la  potasse,  à  l'état  de  phosphate  et  de  carbonate,  sur  la  culture  de  la 
betterave  [Stammer,  2"  supplément,  p.  8).  Les  betteraves  étaient  cultivées 
dans  du  sable  auquel  on  avait  ajouté  les  substances  minérales  et  azotées 
(nitrates  et  ammoniaque)  dans  les  proportions  correspondant  à  peu  près 
à  la  composition  des  cendres  de  la  plante. 

»  En  calculant  d'après  leurs  analyses  les  quantités  d'acide  sulfurique 
pouvant  saturer  les  bases  contenues  dans  les  cendres  des  racines,  on  ar- 
rive à  des  résultats  qui  s'accordent  complètement  avec  les  précédentes. 
Exemple  : 

Moyenne  de  huit  analyses. 

Acide  sulfurique  correspondant  à  la  potasse  )  , 

,  ,  ,         4o>9 

»  »  a  la  soude     )  -r    '^' 

»  »  à  la  chaux 6,ti 

»  »  à  la  magnésie 1 2 ,92 


60,53 

»  Les  cendres  contenaient,  en  moyenne,  19,4  pour  100  d'acide  carbo- 
nique. Soit  : 

Acide  sulfurique  nécessaire  pour  saturer  toutes  les  bases  contenues  dans 

100  grammes  de  cendres  sans  acide  carbonique 74)9 

Moyenne  des  analyses  consignées  dans  le  tableau 74)6 

»  Si  l'on  calcule,  d'après  les  mêmes  analyses,  les  quantités  d'un  alcali 
quelconque  pouvant  saturer  les  acides  phosphorique,  sulfurique,  ainsi  que 
le  chlore,  contenus  dans  les  cendres  des  mêines  betteraves,  on  arrive  aux 
résultats  suivants  : 

1°  Culture  arec  addition  de  phosphate  de  potasse, 

1 

Acide  phosphorique 22 ,58 

•>       sulfurique 2, '^2 

»       chlore i  ,80 

Quantité  de  potasse  correspondante 20, 3 

Moyenne 20,  i 

2°   Culture  nrec  addition  de  carbonate  de  potasse 

Acide  phosphorique 16, 4i 

»        sulfurique 4  f^l 

»       chlore '  )84 

Quantité  de  potasse  totale  correspondante.  18,6 

Moyenne 

»  La  différence  entre  les  deux  moyennes  que  nous  venons  d'indiquer 


0 

3 

4 

i4,o5 

15,95 

16,49 

3,42 

2.99 

3,01 

4,33 

5,04 

4,26 

«9)1 

20,7 

20,0 

.3,87 

12,86 

13,95 

4-7' 

3,21 

3,96 

2,57 

4,55 

3,06 

18,0 

18,2 

'7)9 

18, 

1 

(  IOI7  ) 
n'est  qu'apparente  :.  en  effet,  en  se  reportant  aux  analyses  de  ces  savants, 
on  voit  que  la  quantité  d'acide  carbonique  n'est  pas  la  même  dans  les  deux 
cas.  Soit  une  différence  de  i,3,  correspondant  à  2^%'j  de  potasse,  qui, 
ajoutés  à  i8,i,  donnent  un  total  de  20,8.  Les  résultats  sont  donc  sensi- 
blement les  mêmes. 

»  Il  résulte  de  la  comparaison  de  ces  chiffres  que,  dans  chaque  série 
d'expériences,  les  acides  phosphorique  et  sulfurique  et  le  chlore  se  sont 
remplacés  mutuellement  suivant  leurs  équivalents  respectifs. 

w  Comme  confirmation  du  remplacement  des  bases  suivant  leurs  équi- 
valents respectifs,  nous  ajouterons  que,  d'après  nos  essais,  le  quotient 
salin  (c'est-à-dire  le  poids  des  cendres  rapporté  à  100  grammes  de  sucre) 
des  jus  de  betteraves  cultivées  en  présence  des  sels  de  soude  et  de  magnésie 
est  plus  faible  que  lorsqu'on  emploie  comme  engrais  la  potasse  et  la 
chaux. 

»  Dans  un  prochain  Mémoire,  nous  montrerons  que  ta  loi  de  la  substi- 
tution des  bases  suivant  leurs  équivalents  n'est  pas  un  fait  particulier  à  la 
betterave,  mais  qu'il  en  est  de  même  pour  un  grand  nombre  de  végétaux, 
tels  que  le  froment  (grain  et  paille),  orge  (grain),  maïs,  haricot,  pois, 
moutarde,  lin,  etc. 

»  Ne  peut-on  pas,  par  induction,  supposer  que  celte  loi  soit  applicable 
à  tout  le  règne  végétal  ?  Tel  sera  l'objet  de  nos  recherches  ultérieures.   » 


PALÉONTOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  ta  découverte  de  deux  types  nouveaux 
de  Conifères  dans  tes  schistes  permiens  de  Lodève  [Hérault),  Note  de 

M.    G.  DE  SaPORTA. 

(Commissaires  :  MM.  Brongniart,  Decaisne.) 

«  Les  graines  à  l'état  silicifié,  signalées  par  M.  A.  Brongniart  dans  le 
terrain  houiller  de  Saint-Etienne,  ont  dernièrement  démontré  l'existence, 
à  cette  époque  reculée,  de  toute  une  série  de  Conifères  plus  ou  moins  rap- 
prochés de  nos  Taxinées.  Ces  mêmes  types  se  sont  prolongés  jusque  dans 
le  permien,  ainsi  que  le  prouve  la  présence  dans  ce  dernier  terrain  d'une 
foule  de  graines  congénères  de  celles  de  l'âge  carbonifère,  figurées  par 
Geinitz  et  par  Goeppert.  Toutefois  les  rameaux  et  les  feuilles,  qui  seuls  pou- 
vaient nous  révéler  la  physionomie  et  la  forme  extérieure  de  ces  Conifères 
primitifs,  nous  demeuraient  presque  entièrement  inconnus.  En  fait  de  tiges 
et  de  feuilles,  il   n'a  été  question  jusqu'ici  que  des  seuls  Cordailes.  Il  est  à 

C.  R,,  1S75,  1"  Semestre.  (T.  LXXX,  N"  IS.)  I  32 


(   ,o,8) 

croire  cependant  que  la  diversité  de  structure,  si  remarquable  dans  les 
graines  décrites  par  M.  Brongniart,  se  retrouvait  dans  le  port  et  les  organes 
foliacés  des  arbres  auxquels  ces  graines  se  rapportaient.  Je  trouve  une  con- 
firmation de  cette  dernière  pensée  dans  la  découverte  de  deux  types  nou- 
veaux et  très-singuliers  de  Conifères,  due  à  M.  Charles  de  Grasset,  qui  a 
bien  voulu  me  confier  les  échantillons  originaux  recueillis  par  lui  dans  les 
schistes  permiens  de  Lodève.  J'ai  longtemps  hésité  à  me  prononcer  à  leur 
égard,  tellement  la  nature  des  deux  empreintes  semblait  problématique; 
mais  un  examen  attentif  accompagné  de  dessins  a  levé  pour  moi  tous  les 
doutes  :  ce  sont  les  résultats  de  ces  examens  que  je  soumets  à  l'Académie. 

«  La  première  des  deux  espèces  est  constituée  par  un  raineau  mutilé  aux 
deux  extrémités,  mais  intact  sur  une  longueur  d'environ  i5  centimètres. 
Ce  rameau,  le  long  de  la  partie  conservée,  est  garni  de  feuilles  nombreuses, 
alternes,  déjetées  assez  confusément  sur  les  côtés  et  affectant  ainsi  une  dis- 
position distique  un  peu  vague;  ces  feuilles  atténuées  en  un  long  pétiole  à 
la  base  sont  visiblement  décurrentes  sur  la  tige  par  cette  partie  qui  ne 
montre  à  l'endroit  de  l'insertion  ni  rétrécissement,  ni  articulation  apparente 
avec  le  coussinet  médiocrement  saillmt  qui  la  supporte.  En  examinant 
attentivement  celles  des  feuilles  dont  le  contour  est  le  plus  intact,  on  voit 
que  It'ur  pétiole,  au-dessus  de  la  partie  décurrente,  mesure  une  étendue  de 
3  centimètres  environ  pendant  laquelle  il  conserve  une  épaisseur  égale 
d'environ  3  millimètres  :  au  dessus,  le  pétiole  s'élargit  insensiblement  pour 
former  le  limbe,  et  les  nervures  bien  visibles  qui  le  parcourent  longitudi- 
nalementcommencent  à  s'étaler  en  se  subdivisant  par  dichotomie.  Le  limbe 
en  coin  allongé  et  relativement  étroit,  auquel  donne  lieu  cette  expansion 
du  pétiole,  se  divise  d'abord  en  deux,  puis  chacun  des  deux  premiers  seg- 
ments en  deux  autres  dont  les  extérieurs  sont  généralement  bilobés  au 
sommet.  La  marge  supérieure  du  limbe  paraît  tronquée  et  présente  à  la 
loupe  de  petits  festons  auxquels  viennent  se  rendre  et  se  terminer  brus- 
quement les  sididivisions  dernières  des  nervures  ramifiées  dichotomes.  Il 
est  impossible  de  ne  pas  être  frappé  de  l'analogie  de  ces  feuilles  avec  celles 
du  Ginkgo  biluba,S.,  type  très-isolé  dans  la  nature  actuelle,  mais  qui,  d'après 
les  recherches  récentes  de  M.  le  professeur  Heer,  paraît  avoir  eu  des  repré- 
sentants en  Europe  et  à  l'intérieur  du  cercle  polaire  arctique  dès  l'époque 
jurassique.  Eu  même  temps,  les  feuilles  du  végétal  de  Lodève,  que  je  pro- 
pose de  nommer  Ginkgophjllum  Grasseti,  ont  une  ressemblance  évidente 
avec  des  empreintes  jurassiques,  d'une  attribution  très-énigmatique,  com- 
parées tantôt  aux  Schizœa,  tantôt  rapprochées  des  Marsilia  :  je  veux  parler 


(  loig  ) 
des  Jeanpaulia  Mûnsteriana,  Presl  {Baiera  dichotoma,  F.  Brauii),  des  schistes 
rhétiens  de  Fraiiconie.  Il  faut  remarquer  aussi  une  ressemblance,  au  moins 
égale,  avec  le  Zonariles  digitatus,  Bvongn .,  des  schistes  cuivreux  deMansfeld, 
rangé  avec  doute  parmi  les  Algues,  et  dont  M.  Schimper  a  fait  ressortir  l'ana- 
logie avec  les  Jeanpaulia.  Quoi  qu'il  en  soit  de  la  valeur  réelle  de  ces  der- 
niers rapprochements,  l'empreinte  que  je  viens  de  décrire  confine  évidem- 
ment au  Ginkcjo,  dont  elle  diffère  par  la  forme  allongée  de  ses  feuilles  et 
l'insertion  des  pétioles  siw  des  coussinets  déciu'rents. 

»  Le  second  spécimen  de  Lotlève  est  bien  plus  étrange  :  il  consiste  en  une 
branche,  très-nettement  terminée  pai'  un  bourgeon  à  son  extréuiitésupérieure, 
qui  porte  une  ramification  latérale  solitaire,  presque  aussi  épaisse  que  le 
rameau  principal  et  s' écartant  de  celui-ci  sous  un  angle  d'environ  45  degrés. 
L'épaisseur  de  la  branche  mère  est  de  5  millimètres  à  sa  base  qui  est  mutilée, 
et  de  4  millimètres  seuleinent  vers  la  naissance  du  rameau  secondaire. 
Celui-ci  mesure  d'abord  une  épaisseur  de  3™™, 5,  puis  de  3  millimètres  seule- 
ment ;  il  est  conservé  sur  une  étendue  de  i5  centimètres.  De  son  côté,  la 
branche-mère,  après  l'émission  de  ce  rameau,  se  prolonge  encore  sur  une 
longueur  de  5  à  6  centimètres  ;  puis  elle  finit  brusquement,  surmontée  par 
un  bourgeon  écailleux  entouré  de  feuilles.  Les  feuilles  constituent  par  leur 
forme  la  grande  singidarité  de  ce  type.  Elles  sont  espacées,  décurrentes  à 
la  base,  bien  distinctes,  mais  difficiles  à  suivre,  à  cause  de  leur  terminaison  en 
aiguilles  fines  et  longues.  Subdivisées  en  segments  étroits  à  l'aide  de  dicho- 
tomies successives,  elles  rappellent  à  l'esprit  au  premier  abord  celles  de 
certaines  Protéacées  des  genres  Pelrophila^  hopoijon  et  Hakea.  Au-dessus 
d'une  base  décurrente  ou  coussinet,  chacune  de  ces  feuilles  s'écarte  de  la  tige 
sous  un  angle  de  45  degrés.  Large  à  cet  endroit  de  3  millimètres  à  3™'", 5, 
probablement  de  consistance  cartilagineuse,  elle  laisse  pourtant  entrevoir  la 
trace  de  plusieurs  nervures  longitudinales  :  a[)rèsun  espace  d'environ  1*^,5, 
la  feuille  se  partage  en  doux  segments  déjà  plus  étroits,  ceux-ci  à  leur  tour 
en  deux  autres,  et  l'un  de  ces  derniers,  l'extérieur  de  chaque  paire,  se 
subdivise  encore.  Les  segments,  au  nombre  de  quatre  à  six,  produits  par 
ces  subdivisions,  sont  conformés  à  peu  près  comme  les  aiguilles  de  nos  pins  ; 
ils  sont  étroits  et  uninervés  ;  leur  longueur  excède  parfois  i  décimètre, 
mais  d'autres  fois  ils  sont  beaucoup  plus  courts.  En  effet,  tant  sur  le  rameau 
latéral  que  sur  la  partie  du  rameau  principal  situé  au-dessus  du  point  d'où 
part  la  ramification,  les  feuilles  que  je  viens  de  décrire  se  transforment  en 
simples  écailles,  ou  bien  elles  se  bifurquent  simplement,  en  sorte  que  l'on 
observe  tous  les  passages  des  unes  vers   les  autres.  On  distingue  encore  à 

j32.. 


(     I020    ) 

l'aisselle  de  plusieurs  de  ces  feuilles  des  pédoncules  supportant  un  bourgeon 
écailleux  obtus,  qu'il  est  naturel  de  considérer  comme  représentant  des  in- 
florescences en  voie  de  développement.  Ces  derniers  organes  auraient  de  la 
ressemblance  avec  ceux  des  Plijllocladus  ;  quant  aux  feuilles,  il  n'en  existe 
pas  que  l'on  puisse  leur  comparer  dans  aucune  cotiifère  vivante,  mais  leur 
analogie  avec  les  empreintes  problématiques,  figurées  par  Lindley,  sous  le 
nom  de  Solenites  ?  furcatus  (i)  et  nommées  dernièrement  Jeanpauiia  Lind- 
leyana^  par  Schimper,  est  tellement  étroite  que  l'on  est  autorisé  à  admettre 
que  nous  avons  sous  les  yeux  le  rameau  de  l'une  des  espèces  dont  les  em- 
preintes de  Scarborough  réprésentent  les  feuilles  à  l'état  isolé.  Cette  consta- 
tation est  certainement  fort  curieuse  ,  quand  on  songe  aux  conjectures  de 
toutes  sortes  auxquelles  l'attribution  des  Jeanpauiia  a  donné  lieu  successi- 
vement. Je  suis  disposé,  d'après  ce  qui  précède,  à  considérer  le  second  des 
deux  spécimens  permiens  de  Lodève  comme  dénotant  un  type  de  Conifères 
depuis  longtemps  éteint,  bien  plus  éloigné  de  notre  Ginkgo  que  le  premier, 
mais  s'y  rattachant  cependant  encore  par  le  mode  de  partition  de  ses  feuilles 
et  ayant  fait  partie,  à  titre  de  genre  distinct,  de  la  même  tribu,  celle  des 
Salisburiées.  A  raison  des  anomalies  qu'elle  présente  et  de  la  laciniure  des 
organes  foliacés,  je  propose  d'appliquer  à  l'espèce  permienne  la  dénomi- 
nation de  Trichopitys  heteromorpha.  » 

M.  Bkoxgxiakt,  à  l'occasion  de  la  Communication  précédente,  fait  les 
observations  suivantes  : 

«  La  Notice  de  M.  de  Saporta  sur  quelques  empreintes  fort  remar- 
quables des  schistes  permiens  de  Lodève,  qu'il  rattache,  je  crois,  avec  rai- 
son, à  des  Conifères  voisines  des  Taxinées  et  surtout  du  genre  Gingko, 
m'engage  à  faire  connaître  à  l'Académie  des  observations  de  M.  Grand'Eury 
sur  des  plantes  fossiles  du  terrain  houiller  de  Saint-Etienne,  fort  analogues 
à  celles  décrites  par  M.  de  Saporta,  quoiqu'elles  en  diffèrent  sans  doute 
génériquement.  Ces  végétaux  singuliers  ne  paraissent  pas  avoir  été  signalés 
par  les  nombreux  savants  qui  se  sont  occupés  de  la  flore  houillère  ;  ils 
seront  décrits  et  figurés  dans  le  grand  travail  de  M.  Grand'Eury,  qui  s'im- 
prime en  ce  moment  dans  le  Recueil  des  Mémoires  des  Savants  étrangers;  mois 
je  crois  intéressant  pour  la  science  et  pour  l'auteur  de  faire  connaître  en 
ce  moment  les  principaux  traits  caractéristiques  de  ces  fossiles,  tels  que 
M.  Grand'Eury  me  les  indique  dans  plusieurs  de  ses  lettres;  j'en  rappor- 

(i)  Foss.  FI.  Brit,,  l,  i>l.  209. 


(   ro2i  ) 
terai  ici  textuellement  quelques  passnges,  et  j'ajouterai  que  M.  Grand'Eury 
m'en  avait  déjà  entretenu  souvent  avant  la  date  de  la  première  des  lettres 
dans  laquelle  il  est  question  de  ce  sujet,  et  qu'il  a  adressé  de  nombreux 
échantilions  de  ces  fossiles  au  Muséum. 

«  Saint- Etienne,  1 1  juillet  1874.  —  Je  me  préoccupe  des  empreintes  de  tiges  avec  feuilles 
deux  fois  bifuiquées.  Après  nouvel  examen,  je  ne  vois  pas  que  re  puisse  être  autre  chose 
que  des  branclies  et  rameaux  de  quelques  Dicotylédones.  En  effet,  à  l'aisselle  de  beaucoup 
de  feuilles  on  aperçoit  des  espèces  de  petits  bourgeons,  à  la  vérité  très-peu  nets,  mais 
néanmoins  assez  distincts.  Je  suis  décidé  à  mettre  ces  empreintes  parmi  les  Phanérogames 
gymnospermes,  à  la  suite  des  ff  alchia,  sous  un  nom  que  je  voudrais  trouver  plus  harmo- 
nieux que  Dicranophyllum.  (C'était  le  nom  que  nous  avions  adopté  dans  nos  conversations 
précédentes,)  Ces  débris  sont  assez  communs  :  je  me  propose  de  les  étudier  d'une  manière 
toute  spéciale  ;  de  petits  carpolithes  paraissent  leur  appartenir;  j'en  ai  trouvé  à  Ronchamp, 
à  Epinac,  à  Brassac,  etc.  Je  crois  que  ce  sont  des  restes  de  plantes  arborescentes  bien 
curieuses  avec  leurs  longues  feuilles  denses,  deux  fois  bifurquées. 

»  Saint-Èlienne,  \"  août  1874-  —  Les  Dicranophyllum  me  préoccupent  beaucoup  ;  ils 
forment  évidemment  un  genre  nouveau  de  plantes  houillères  ;  j'en  connais  certainement 
deux  espèces,  celle  type,  dont  vous  avez  plusieurs  échantillons,  et  une  autre  à  feuilles  très- 
variables  de  largeur,  des  branches  jusqu'aux  derniers  rameaux,  et  une  seule  fois  bifurquée 
vers  l'extrémité  libre.  Les  derniers  rameaux  ressemblent  un  peu  à  certains  ff'alchia  ;  les 
plus  petites  feuilles  n'y  paraissent  plus  distinctement  bifurquées,  mais  le  mode  de  ramifica- 
tion est  tout  à  fait  différent  ;  ces  plantes  assez  communes  portent  souvent  des  espèces  de 
petits  bourgeons  à  l'aisselle  des  feuilles  et,  il  m'a  semblé  aussi  parfois,  des  graines  pédoncu- 
lées,  le  tout  d'une  manière  assez  analogue  aux  Cephalotaxus,  si  je  ne  me  trompe.  Ces 
plantes  fossiles  paraissent  avoir  formé  des  arbustes;  elles  m'intéressent  beaucoup,  et  je  tâche- 
rai de  découvrir  leur  système  de  reproduction  que  je  crois  double,  c'est-à-dire  composé  de 
bourgeons  mâles  et  de  graines  solitaires,  encore  comme  dans  les  Taxinées;  aussi  je  placerai 
la  description  de  ces  arbrisseaux  après  les  Cordaites,  avant  les  JJ'alchia. 

»  Saint-Étienne,  3o  octobre  1874.  —  Je  nie  suis  beaucoup  occupé  des  Dicranophyllum, 
que  je  désignerai  par  le  nom  plus  simple  de  Eotaxitcs.  Ces  végétaux  sont  abondants  dans 
l'étage  des  Cordaites;  il  y  en  a  des  quantités  à  Montet-aux-Moines,  près  Moulins,  et  à  Saint- 
Éloi-en-Combrailles;  il  y  en  a  deux  espèces,  celle  que  vous  connaissez  et  une  autre  à  feuilles 
])!us  larges  une  seule  fois  bifurquées,  même  pas  toujours,  et  parcourues  par  quatre  ou  cinq 
nervures  égales,  d'une  manière  analogue  aux  Cordaites.  Il  y  a  même  des  Cordaites  qui  pré- 
sentent la  division  organique  et  non  par  fissuration  des  feuilles  une  ou  deux  lois  successive- 
ment. Je  suis  maintenant  sûr  que  les  Éotaxites  sont  des  feuilles  de  plantes  dicotylédones. 
L'écorce  perd  rapidement  les  caractères  de  la  surface. 

»  Saint-Étienne,  i5  décembre  1874.  — J'ai  eu  occasion  d'augmenter  beaucoup  ces  jours 
derniers  ce  que  je  savais  des  Éotaxites  à  feuilles  bifurquées;  ce  sont  des  plantes  plus  com- 
munes que  je  ne  l'avais  supposé;  j'en  ai  trouvé  des  branches  avec  des  ramifications  o|)po- 
sées  ou  par  étages.  Les  feuilles  sont  coriaces,  fibreuses  et  nerveuses,  les  bourgeons  axillaires 
ne  sont  pas  rares;  des  graines  triangulaires  fort  petites  paraissent  bien  leur  appartenir  et 
être  nées  à  l'aisselle  des  feuilles,  de  même  que  les  fleurs  mâles,  sans  modification  de  la  plante, 


(    I022    ) 

sans  inflorescence.  Ce  sont  des  végétaux  très-intéressants,  et  je  m'étonne  qu'il  n'en  ait  pas 
encore  été  fait  mention.  » 

»  On  voit  combien  ces  végétaux  singuliers  ont  été  l'objet  de  recherches 
attentives  de  la  part  de  M.  Grand'Eury  depuis  plus  d'une  année.  S'il  in- 
siste beaucoup  dans  sa  correspondance  sur  leur  nature  phanérogamique 
et  leur  analogie  avec  les  Conifères  taxinées,  c'est  qu'à  l'origine,  et  d'après 
quelques  feuilles  isolées,  on  avait  cru  leur  reconnaîlre  des  rapports  avec 
des  Fougères,  telles  que  les  Schizea  et  particulièrement  le  Schizea  dicholoma, 
tan  lis  que  l'ensemble  de  ses  observations  le  conduisait,  au  contraire,  à 
un  résultat  conforme  à  celui  que  M.  de  Saporta  admet  pour  les  fossiles  du 
terrain  permien  de  Lodéve  qu'il  vient  de  faire  connaître.  » 

M.  J.  François  adresse  une  Communication  sur  les  émanations  hydro- 
thermales et  salines  des  stations  thermales  du  Caucase.  Il  a  rencontré  une 
grande  variété  d'eaux  minérales  :  des  eaux  hydrosulfurées  analogues  à 
celles  d'Aix-la-Chapelle  et  d'Uriage,  des  eaux  ferrugineuses,  des  eaux  alca- 
lines bicarbonatées,  sulfatées,  chlorurées,  bromo-iodées,  rappelant  Vichy, 
Vais,  Carlsbad,  Kissingen,  Marienbad,  etc.  ;  des  eaux  sulfureuses  sodiques 
ressemblant  fort  à  celles  de  Ludion  et  de  Cauterets,  des  eaux  sodiques 
magnésiennes  aussi  remarquables  que  celles  de  Pullna. 

Quelques  mois  de  travaux  l'ont  conduit,  par  l'application  de  procédés 
spéciaux,  à  la  découverte  de  nouvelles  sources  et  à  l'accroissement  consi- 
dérable du  débit  des  sources  anciennes.  Aux  stations  de  Piatigorsk  et  de 
Geleznovodsk,  le  débit  a  été  porté  de  43 1600  à  964210  litres  par  vingt- 
quatre  heures.  L'auteur  espère  obtenir,  par  l'emploi  de  ses  méthodes,  des 
résultats  plus  considérables  encore. 

(Commissaires  :  MM.  Chevreul,  Daubrée,  Belgrand.) 

MM.  F.  Châtelain,  Chaperon,  Correch,  Destrac,  A.  Févret,  L.  Gans, 
E  I^Îecrice,  Mourgcés,  F.  Plachxer,  Potier,  J.  Ross,  F.  Rocquette, 
S.  ZiNNO  adressent  diverses  Communications  relatives  au  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  J.  LiCHTENSTEiN  adrcsse  une  Note  sur  l'insecte  que  M.  Holzner  (i)  a 
signalé  sur  les  racines  de  V Abies  halsamea  et  de  l'Jbies  Fiaseri.  La  cessation 
de  la  maladie,  quand  on  enlève  les  pucerons,  et  la  rechute  de  l'arbre  coïn- 


1)  Dans  le  dernier  Compte  rendu,  au  lien  de  Helznem,  il  faut  lire  Holzner. 


(    I023    ) 

ciflant  avec  le  retour  de  l'insecte  paraissent  prouver  que  l'on  est  ici  en 
présence  d'un  fait  complètement  analogue  à  ce  qui  se  passe  pour  le  Phyl- 
loxéra delà  vigne. 

Cet  insecte,  étudié  par  M.  Holzner,  est  un  Aphidien  qui  paraît  venir  d'Amé- 
rique, comme  les  deux  Abies  dont  il  attaque  les  racines. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  A. -H.  Courtois  adresse,  pour  le  Concours  du  prix  Fourneyron,  un 
Mémoire  sur  la  spirale  centrifuge  et  sur  quelques-unes  de  ses  applications 
industrielles. 

(Renvoi  à  la  Commission). 

M.  Graxjon  adresse  une  Note  sur  un  moyen  d'augmenter  le  son  rendu 
par  une  cloche  en  la  composant  de  deux  cloches  concentriques. 

(Commissaires  :  MM.  Jamin  et  Desains.) 

CORRESPOIVDANCE. 

M.  JoLY,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  d'Anatomie  et  de  Zoo- 
logie, adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

M.  le  général  Sabine,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  de  Géo- 
graphie et  Navigation,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Théorie  des  tempêtes.  Réponse  à  M.  Paye.  Note 
de  M.  H.  Pesli.v,  présentée  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 
(Extrait.) 

«  Je  suivrai  dans  ma  réponse  l'ordre  adopté  par  M.  Paye  dans  la  Note 
du  5  avril  dernier. 

»  I.  M.  Paye  commence  par  rejeter  en  bloc  tous  les  calculs  de  ses 
adversaires  : 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  et  quelle  que  soit  la  quantité  de  force  vive  que  l'ascension  supposée 
de  l'air  développe  dans  l'atmosphère  immobile,  l'analyse  du  D''  Reye  et  de  RI.  Peslin  ne 
saurait  en  indiquer  l'emploi.  ...» 

»  Et  plus  haut  : 

«   Ces  calculs.  .  .  sont  purement  statiques,  je  veux  dire  que  la  température  de  la  masse 


(     I024    ) 
d'air  considérée  et  les  pressions  qu'elle  supporte  sont  calculées  en  dehors  de  l'état  de  mou- 
vement dont  on  ne  tient  nul  compte.  » 

»  Il  y  aurait  évidemment  beaucoup  de  choses  à  répondre  à  M.  Faye. 
La  Dynamique  des  fluides  indique  comment  on  doit  tenir  compte  du  mou- 
vement du  fluide  et  de  son  influence  sur  la  pression  ;  de  même  la  Thermo- 
dynamique donne  le  moyen  de  calculer  les  variations  de  la  température 
dues  au  mouvement  ;  ce  serait  à  M.  Faye  de  montrer  dans  quel  passage  de 
nos  calculs  nous  avons  oublié  les  règles  de  la  science;  puis,  si  nous  ne 
pouvons  pas  arriver  aux  intégrales  complètes  du  mouvement  de  la  molé- 
cule d'air  dans  la  tempête,  les  résultats  que  nous  obtenons  n'en  sont  pas 
moins  dignes  d'attention,  s'ils  sont  rigoureux;  mais,  s'il  faut  en  venir  à 
discuter  le  principe  même  qui  sert  de  base  à  la  statique  et  à  la  dynamique 
des  fluides,  le  principe  de  l'égalité  de  pression  en  tous  sens,  notre  contro- 
verse n'a  plus  de  limites;  en  tout  cas,  elle  perd  tout  intérêt  pour  les  météo- 
rologistes. 

»  Je  me  contenterai  donc  de  dire  à  M.  Faye  que,  lui  aussi,  il  invoque 
les  théorèmes  de  la  mécanique  des  fluides,  et  que  ces  théorèmes  supposent 
le  principe  de  l'égalité  de  pression  en  tous  sens.  Je  lui  démontrerai  que 
son  théorème  II  cesse  d'être  vrai,  du  moment  que  l'on  tient  compte  des 
composantes  tangentielles  de  la  pression  qui  se  développent  entre  les  filets 
contigus  animés  de  vitesses  différentes. 

»  Quant  à  son  théorème  I  (page  4^8),  qu'il  me  reproche  de  ne  pas  con- 
sulter, je  lui  avouerai  que  je  ne  l'ai  pas  compris.  J'avoue  que  je  ne  puis 
imaginer  une  masse  fluide  en  gyration,  animée  d'un  mouvement  hélicoïdal 
descendant  qui  aboutit  à  une  pointe  conique.  Pour  ma  part,  je  ne  puis  con- 
cevoir un  tourbillon,  une  trombe,  un  cyclone  sans  l'entonnoir  de  sortie 
correspondant  exactement  à  l'entonnoir  d'entrée;  et,  si  la  courbe  méri- 
dienne de  la  surface,  qui  sert  de  limile  entre  le  tourbillon  et  le  milieu  im- 
mobile, présente  sa  concavité  vers  le  bas  jusqu'à  la  section  de  rayon  mini- 
mum, elle  me  paraît  présenter  sa  convexité  vers  le  même  sens  dans  toute 
la  branche  inférieure, 

M  II.  M.  Faye  revient  ensuite  sur  la  distinction  que  j'établis  entre  les 
trombes  et  les  tempêtes,  et,  sur  ma  demande  de  concentrer  la  discussion 
sur  le  terrain  des  faits  relatifs  à  la  tempête  : 

«  D'abord  je  n'ai  jamais  dit  que  les  observations  des  trombes  et  des  tornades,  dont  j'ai 
tiré  un  si  bon  parti,  fussent  mal  faites  ;  j'ai  seulement  fait  remarquer  qu'en  les  appréciant  il 
fallait  tenir  compte  des  préjugés  de  l'observateur.  .  . .  Peu  de  phénomènes  météorologiques 
ont  été  aussi  bien  décrits  que  les  trombes.    » 


(  loaS  ) 
»  11  est  vrai  que  M.  Faye  pense  qu'on  peut  tirer  bon  parti  de  ces  maté- 
riaux à  l'aide  de  la  critique,  «  dont  il  vient  justement  de  doiuier  un  exemple 
»  à  propos  de  la  théorie  mathématique  et  des  calculs  de  M.  Peslin  et  du 
»  D'  Reye  ».  Mais  comment  ne  voit-il  pas  que  nous  ne  serons  jamais 
d'accord  sur  les  limites  de  cette  critique  si  délicate?  Je  prends,  par  exemple, 
le  fait  qui  lui  paraît  le  plus  incompréhensible,  l'ascension  de  l'eau  dans 
le  tourbillon.  Je  lui  dirai  que,  précisément  parce  que  l'ascension  de  l'eau 
est  un  fait  très-singulier,  je  suis  porté  à  croire  que  chacun  des  observateurs 
ne  l'a  accepté  qu'après  avoir  bien  regardé. 

»  Je  chercherai  à  interpréter  cette  observation  par  une  illusion  du  sens 
de  la  vue,  et  je  supposerai  qu'elle  s'élève  sous  forme  de  gouttes  très-serrées, 
comme  celles  du  jet  d'eau  qui  nous  paraît  continu;  mais,  quant  à  l'exis- 
tence de  la  colonne  d'eau  qui  s'élève  du  sein  de  la  mer,  quant  au  sens  as- 
cendant de  son  mouvement,  je  soutiendrai  que  je  ne  connais  aucun  fait 
qui  m'autorise  à  y  voir  une  illusion,  et  que,  dès  lors,  je  suis  tenu  d'accepter 
ces  faits  pour  aussi  valables  que  les  autres  faits  certifiés  par  les  mêmes  ob- 
servateurs. 

»  Si  M.  Faye  se  donne  le  droit  de  trier  parmi  les  faits  vus  par  le  même 
observateur,  ses  adversaires  prendront  les  mêmes  libertés,  et  dès  lors  la 
discussion  scientifique  nous  paraît  impossible.  Le  mieux,  puisqu'il  s'agit  de 
la  tempête,  c'est  de  laisser  de  côté  les  faits  relatifs  à  la  trombe. 

))  III.  M.  Faye  ne  veut  pas  admettre  surtout  que  j'aie  le  droit  de  consi- 
dérer la  trombe  et  la  tempête  comme  «  des  phénomènes  distincts  «.  Il  me 
dit  que  tous  les  météorologistes  croient  le  contraire  et  me  cite  le  Rapport 
de  la  Commission  de  1841  et  les  livres  plus  récents  de  Piddington,  Keller 
et  Bridet.  Parmi  les  ouvrages  publiés  dans  le  cours  des  dernières  années 
sur  la  Météorologie,  j'en  ai  trouvé  bien  peu  où  les  idées  de  Peltier  sur  l'o- 
rigine électrique,  sinon  de  toutes,  du  moins  de  certaines  trombes  ne 
fussent  pas  acceptées.  Dans  un  ouvrage  de  Keller,  daté  de  iSSg,  l'auteur 
attribue  aux  trombes  une  origine  électrique  et  donne  pour  les  ouragans 
une  explication  purement  mécanique;  dans  la  Physique  de  Pouillet,  l'un 
des  Membres  de  la  Commission  de  1841,  on  trouve  les  trombes  distinguées 
des  ouragans.  Je  crois  donc  pouvoir  dire  que  M.  Faj-e  se  trompe  et  que 
ses  citations  ne  sont  pas  «  pérem[)toires  ». 

«  M.  Peslin  accepte  les  prémisses  qui  précèdent,  car  vraiment  il  saule  aux  yeux  que  tous 
les  cyclones,  depuis  la  trombe  jusqu'aux  ouragans,  sonl  constitués  par  un  mouvement  gy- 

C.R.,1875,  i^'-Semcsutf.  (T.  L\XX,  K"  lli.)  ï  33 


(     I026    ) 

ratoire;  mais  il  repousse  la  conséquence.  Il  voudrait  faire  de  ces  phénomènes  deux  classes 
distinctes  ayant  chacune  sa  théorie  spéciale,  afin  d'être  en  droit  d'écarter  les  Hiits  précis  où 
il  pressent  peut-être  quelque  «   contradiction  radicale  >>. 

»  M.  Faye  a  raison,  je  redoute  les  conclusions  qu'il  tire  parfois  de  ses 
prémisses.  J'ai  lu  dans  la  Notice  de  V Annuaire  du  Bureau  des  longitudes 
pour  1875   : 

«  Il  y  a  des  tourbillons  de  quelques  centimètres,  de  quelques  mètres,  de  dizaines  et  de 
centaines  de  mètres.  Dans  nos  mers  il  y  a  des  gyrations  bien  plus  grandes  encore;  il  en  est 
même  de  colossales  (p.  Soi).   » 

»  Et  je  me  suis  dit  que,  si  j'acceptais  la  prémisse  que  le  gulf-stream  est 
un  tourbillon,  M.  Faye,  en  vertu  des  deux  théorèmes  de  sa  mécanique  des 
fluides,  resterait  maître  de  me  faire  avouer  que  les  spires  successives  de  cet 
immense  courant  d'eau  chaude  vont  en  s'enfoncant  successivement  les 
unes  sous  les  autres,  avec  une  vitesse  croissante,  jusqu'à  la  pointe  conique 
qui  affouille  le  fond  de  l'Atlantique. 

»  Pour  montrer  à  M.  Faye  le  danger  de  ses  raisonnements  a  priori,  en 
vertu  desquels  tous  les  tourbillons  sont  descendants,  je  lui  avais  précé- 
deinment  cité  le  fait  du  mouvement  ascendant  de  l'air  dans  les  tourbillons 
de  poussière.  Je  l'ai  vu,  comme  il  a  dû  le  voir  lui-même. 

M   Voici  une  citation  que  j'emprunte  à  Liais  [Espace  céleste)  : 

«...  Je  vis  une  colonne  de  poussière  animée  d'un  mouvement  gyratoire  à  une  cinquantaine 
de  mètres  ;\  gauche  du  sentier  que  nous  suivions,  et  je  remarquai  que  cette  colonne  se  di- 
rigeait vers  le  chemin,  qu'elle  allait  traverser,  un  peu  en  avant  de  moi.  Je  pressai  alors  ma 
monture  pour  me  trouver  à  la  rencontre  du  tourbillon  que  je  parvins  à  traverser.  Je  tenais 
à  la  main  un  petit  parasol  blanc...  Dès  que  je  me  trouvai  sur  la  limite  de  la  colonne,  je  sentis 
ce  ^drdioX  fortement  entraîné  vers  t'axe  du,  météore,  et  soulevé  avec  violence.  En  voulant  le 
retenir,  je  faillis  être  renversé  de  cheval  et  je  ne  le  retirai  que  déchiré.  » 

»  En  résumé,  je  demande  que  le  débat  soit  circonscrit  dans  le  domaine 
de  la  tempête,  et  je  crois  être  en  droit  de  le  réclamer,  par  les  raisons  déve- 
loppées dans  ma  Note  du  5  avril  dernier.  Je  demande  en  plus  à  l'Aca- 
démie la  permission  de  répondre,  dans  une  dernière  Communication,  aux 
objections  que  M.  Faye  adresse  à  notre  théorie  des  cyclones.   « 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Note  Sur  l'acide  dextrocjjre  du  vin; 
,  par  M.  E.- J.  Maumené. 

«  L'existence  dans  les  vins  d'un  acide  dextrogyre,  signalée  par  M.  Bé- 
chanip  dans  la  dernière  séance,  est  une  première  confirmation  de  la  décou- 
verte que  j'ai  faite  :  1"  de  la  formation  de  cet  acide  par  l'o.xydation  du  sucre, 


(     '027    ) 

oxydation  qui  peut  être  graduée  à  volonté  dans  l'emploi  du  permanganate 
de  potasse  (i);  2°  de  l'existence  de  cet  acide  dans  le  vin,  annoncée  par  le 
passage  suivant  de  mon  Traité  lltéojique  et  pratique  du  travail  des  vins  : 

«  J'ai  extrait  au  moins  en  partie  cet  excédant  d'acide  inconnu,  et  j'ai  lieu  de  croire  qu'il 
est  l'un,  au  moins,  des  deux  acides  dont  je  vais  parler.  » 

»  Dans  les  dix-sept  lignes  qui  suivent,  je  rappelle  la  formule  résultant 
des  premières  indications  de  ma  théorie,  le  moyen  de  séparer  les  deux 
acides  par  l'acétate  neutre  et  l'acétate  basique  de  plomb,  ce  que  j'avais  fait 
connaître  dans  ma  première  Communication  à  l'Académie  (2).  J'ajoute  : 

1  L'évaporation  des  deux  acides,  mêlés  ou  séparés,  présente  un  grand  nombre  de  faits 
tout  semblables  à  ceux  qu'on  observe  dans  l'évaporation  du  résidu  des  vins.  » 

»  L'acide  que  M.  Béchamp  vient  d'isoler  dans  un  grand  nombre  de  vins 
est  l'acide  trigénique, ye  crois;  c'est  lui  qui  présente  les  caractères  indiqués 
par  cet  habile  chimiste  :  précipitation  par  l'acétate  basique  de  plomb,  dé- 
composition par  simple  évaporation,  saveur  acide  avec  quelque  chose  de 
spécial  qui  rappelle  celle  du  vin  privé  d'alcool,  force  acide  très-prononcée, 
pouvoir  dextrogyre.  M.  Béchamp  peut  s'en  assurer  en  neutralisant  par  le 
carbonate  de  soude  et  faisant  sécher  dans  le  vide;  au  degré  de  concentra- 
tion convenable,  le  sel  se  sépare  en  plaques  cristallines,  dont  les  cristaux 
enchevêtrés  ne  laissent  pas  facilement  reconnaître  leur  forme,  mais  pré- 
sentent la  formule  que  j'ai  indiquée  (3). 

»  M.  Béchamp  reconnaît,  comme  moi,  que  le  vin  renferme  d'autres 
acides  (4).  Il  trouvera  bientôt  l'acide  hexépique,  dont  le  sel  de  potasse  est 
peu  soluble,  les  cristaux  orthorhombiques,  et  dont  la  précipitation  a  lieu 
par  l'acétate  neutre  de  plomb,  et  mieux  par  l'azotate  de  protoxyde  de 
mercure.  Je  n'ai  pas  encore  signalé  ce  dernier  fait.    » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Du  rôle  des  microzymas  dans  la  fermentation 
acide,   alcoolique  et  acétique  des  œufs.  Réponse  à  M.  Gayon;  par 

M.  A.   BÉCHAMP. 

«  Dans  une  Communication  récente  [Comptes  rendus,  t.  IjXXX,  p.  674), 
M.  Gayon,  après  avoir  rapporté  ma  conclusion   répétée,  que,   dans  cer- 

(1)  Bulletin  de  la  Société  chimique,  t.  XXII,  p.  2. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LXXV,  p.  85. 

(3)  Traité  du  tramit  des  vins, 

(4)  Traité  du  travail  des  vins,  2'  édition,  p.  5ii. 

l33.. 


(     I028    ) 

taines  altérations  spontanées  des  œufs,    il  n'existe  que  des  microzyinas 
sans  bactéries,  ni  vibrions,  ni  moisissures,  etc.,  s'est  exprimé  ainsi  : 

«  Je  ne  puis  laisser  passer  sans  réponse  l'assertion  flenx  fois  reproduiie  de  mon  savant 
contradicteur.  En  conséquence,  j'affirme  aussi  que,  dans  tous  les  œufs  pourris  que  j'ai  exa- 
minés, j'ai  toujours  trouvé  des  bactéries  ou  des  vibrions,  et  que  je  n'ai  pas  rencontré  à  ce 
fait  une  seule  exception.  » 

»  Il  serait  puéril  et  peu  respectueux  envers  l'Académie  de  venir  ici  op- 
poser inie  affirmation  à  une  autre  affirmation.  Si  je  prie  l'Académie  de  me 
permettre  de  défendre  une  nouvelle  fois  la  théorie  du  microzyma,  c'est 
qu'à  mes  yeux  cette  théorie  est  devenue  nécessaire,  et  que,  si  elle  n'était 
fondée,  il  faudrait  l'imaginer.  M.  Gayon  lui-même  va  me  fournir  les  élé- 
ments de  ma  démonstration. 

»  M.  Gayon  fait  déi'iver  toutes  les  altérations,  par  lui  constatées,  de  fer- 
ments introduits  dans  l'œuf,  soit  pendant  que  celui-ci  chemine  et  achève 
de  se  constituer  dans  l'oviducte,  soit  par  pénétration  à  travers  les  pores 
de  la  coquille,  c'est-à-dire,  en  somme,  de  causes  accidentelles. 

»  Une  première  remarque  découle  de  la  conclusion  de  M.  Gayon,  c'est 
qu'il  n'y  a  pas  d'altérations  spontanées  des  œufs;  la  seconde,  c'est  que,  à 
son  point  de  vue,  il  a  tort  d'appeler  spontanées  les  altérations  qu'il  a  étu- 
diées :  elles  sont  accidentelles,  et  elles  le  sont  toutes,  puisque  la  cause  pro- 
vocatrice est,  selon  lui,  étrangère  à  la  nature  et  à  la  constitution  histolo- 
gique  de  l'œuf. 

))  Cela  posé,  je  ne  nie  pas  qu'il  ne  puisse  exister  des  altérations  par  des 
agents  venus  du  dehors  :  c'est  précisément  parce  que  je  prévoyais  qu'un  jour 
on  m'opposerait  l'intervention  possible  de  ferments  étrangers  que  dans  la 
Note  de  1868  j'ai  dit  à  dessein  : 

«  L'œuf  porte  en  lui-même,  normalement,  la  cause  de  cette  fermentation,  et  c'est  sans 
doute  dans  le  jaune  que  réside  cette  cause.  » 

»  Je  n'ai  pas  l'habitude  de  me  hâter  de  publier;  si  j'ai  attendu  dix  an- 
nées avant  de  me  prononcer  sur  la  nature  des  granulations  moléculaires 
des  fermentations,  ce  n'est  qtuî  plus  tard,  après  avoir  varié  et  contrôlé  les 
expériences,  que  j'ai  attribué  aux  graïuilations  moléculaires  du  jaune  d'œuf 
la  fonction  des  microzyinas.  C'est  parce  cpie  j'avais  de  nombreux  et  puissants 
motifs  de  considérer  les  |)ublicalions  de  M.  Gayon  comme  n'infirmant  pas 
mes  conclusions  que  j'ai  fait  les  réponses  qu'il  a  visées. 

»  J'ai  eu  l'honneur  de  promettre  à  l'Académie  une  étude  des  microzy- 
mas  du  jaune  d'œuf.  Je  la  lui  communiquerai  prochainement,  lorsqu'elle 


(     1029    ) 

me  paraîtra  assez  cligne  de  lui  être  présentée.  Cette  étude,  difficile  et 
longue,  comportait  celle  de  plusieurs  matières  albuminoïdes  nouvelles, 
dont  l'une  est  exceptionnellement  intéressante.  Les  microzyiiias  du  jaune 
d'œuf  sont  plus  compliqués  dans  leur  composition  que  le  jaiuie  lui-même 
ne  le  paraissait  avant  mes  observations,  et  je  suis,  en  vérité,  tous  les  jours 
plus  surpris  que  l'on  s'occupe  de  recherches  sur  ces  objets  délicats,  sans 
avoir,  au  préalable,  une  connaissance  suffisante  des  matériaux  que  l'on 
met  en  œuvre.  Pour  moi,  c'est  seulement  après  avoir  constaté  l'activité  in- 
dividuelle des  microzymas  du  jaune  à  l'état  libre,  que  j'ai  conclu  à  leur 
activité  dans  l'œuf.  Or  si  l'on  considère  comment  l'ovule  (ce  qui  sera  le 
jaune)  se  développe  dans  la  vésicule  de  Graaf  (le  calice  chez  les  oiseaux), 
et  avec  quel  soin  il  y  est  protégé  contre  les  accidents  du  genre  de  ceux 
qu'invoque  M.  Gayon,  on  comprendra  qu'au  moment  d'arriver  dans  l'ovi- 
ducte,  rien  d'étranger  ne  peut  y  avoir  pénétré.  J'ai  fait  des  expériences  nom- 
breuses et  variées  pour  m'assurer  que  la  mince  pellicule  qui  le  limite  est 
un  obstacle  infranchissable  pour  les  vibrions,  bactéries,  etc.  ;  enfin,  grâce 
à  la  méthode  que  j'applique,  j'ai  pu  constater  l'activité  comme  ferment  de 
ces  microzymas  du  jaune,  sans  les  voir  évoluer  en  bactéries,  etc.,  ce  qui 
ne  veut  pas  du  tout  dire  qu'on  ne  puisse  mettre  ces  mêmes  microzymas 
dans  quelque  situation  où  cette  évolution  soit  capable  de  s'accomplir.  L'im- 
portant à  noter,  c'est  cette  activité  individuelle  qu'il  est  si  aisé  de  constater. 
Je  ferai  voir  aussi  que  les  granulations  moléculaires  du  jaune  ne  sont  pas 
un  produit  accidentel,  mais  par  quel  mécanisme  ils  sont  engendrés  dans 
l'ovule  depuis  que  son  diamètre  a  moins  de  i  millimètre  jusqu'au  mo- 
ment où  il  se  détache  du  calice,  et  quel  rôle  considérable  joue  dans  leur 
formation  ce  qu'on  a  appelé  les  spliéndes,  cellules  ou  globules  vitelliiis. 

»  Sans  doute,  et  je  le  reconnais  volontiers,  tout  cela  pourrait  être  exact 
dans  ces  termes,  et  ne  plus  l'être  quand  il  s'agit  de  la  fermentation  acide, 
alcoolique  et  acétique  de  tout  l'œuf.  Au  fond,  c'est  de  tout  cela  qu'il  s'agit 
entre  M.  Gayon  et  moi. 

»  En  fait,  j'ai  annoncé,  ce  qui  assurément  était  alors  nouveau  autant 
qu'inattendu,  mais  une  conséquence  de  la  théorie  du  microzyma,  que  le 
genre  d'altération  découvert  ou  provoqué  par  M.  Donné  était  corrélatif 
d'une  production  d'alcool,  d'acide  acétique,  d'acide  carbonique,  etc.  J'ai 
eu  soin  de  noter  que  les  matières  grasses,  les  matières  albiuninoïdes  ne 
prenaient  point  part  à  la  décomposition,  mais  que  le  sucre  disparaissait 
complètement. 

»  M.  Gayon  a-l-il  trouvé  autre  chose  dans  ce  genre  d'altération  ?  Non; 


(  io3o  ) 
mais,  sans  l'avouer  ou  sans  le  dire,  il  l'a  confirmé.  Il  y  a  pourtant  quelque 
confusion  entre  nous.  C'est  peut-être  pour  cela  que  M.  Gayon  ne  peut  pas 
m'entendre. 

»  M.  Gayon  parle  d'œiifs  pourris.  J'ai  eu  la  précaution,  pourtant,  de 
bien  faire  remarquer  que  l'altération  provoquée  par  M.  Donné  n'était  pas 
la  putréfaction,  et  que  le  mélange  fermenté,  spumeux,  était  à  réaction 
acide.  M.  Gayon  lui-même  a  été  forcé  de  distinguer  ce  cas  particulier; 
seulement,  au  lieu  de  le  désigner  comme  moi  (fermentation  alcoolique  et 
acétique),  il  V uppeWe  fei-mentation  acide  :  dénomination  d'autant  plus  mau- 
vaise que,  le  plus  souvent,  le  jaune  d'œuf  est  à  réaction  acide  et  que  le 
mélange  avec  le  blanc  l'est  quelquefois.  Le  changement  de  nom,  toute- 
fois, n'a  pas  d'autre  importance,  si  ce  n'est  de  faire  croire  aux  personnes 
qui  ne  se  renseigneront  pas  suffisamment  qu'il  s'agit  de  deux  phéno- 
mènes différents  :  il  est  toujours  regrettable  d'encombrer  la  science  de  dif- 
ficultés inutiles. 

))  Mais  enfin,  dans  cette  altération  particulière,  M.  Gayon  a-t-il  trouvé 
des  bactéries,  des  vibrions  ou  autres  ferments  figurés  qu'on  eût  spécifiés 
avant  mes  recherches  et  celles  qui  me  sont  communes  avec  M*  Estor?  Non, 
aucun.  Il  a  trouvé  quelque  chose  qui  n'est  rien  de  tout  cela,  ce  dont  je 
parlais  dans  ma  réponse  à  M.  Balard,  un  état  intermédiaire  entre  le  micro- 
zyma  et  la  bactérie,  qu'il  n'a  pas  osé  nommer,  ni  autrement  spécifier  qu'en 
donnant  d'une  manière  vague  ses  dimensions  et  en  nous  apprenant  qu'il 
l'a  trouvé,  soit  sur  les  membranes,  soit  dans  la  masse  intérieure  elle-même, 
M.  Gayon  veut  bien  m'apprendre  qu'il  a  «  indiqué  ailleursdivers  procédés 
))  qui  permettent  d'observer  à  coup  sûr  ces  petits  organismes  dans  les  œufs 
»  pourris  » .  Il  s'agit  là  de  l'emploi  de  l'acide  acétique  et  de  la  potasse  caus- 
tique. PourquoiM.  Gayon  laisse-t-il  croire  que  j'ai  négligé  ce  moyen  d'inves- 
tigation? Sans  doute  il  n'y  a  dans  leur  emploi  rien  de  nouveau,  ni  pour 
M.  Gayon,  ni  pour  moi.  Mais  enfin,  dans  notre  Mémoire  sur  les  granula- 
tions moléculaires  du  foie  [ComjAes  rendus,  t.  LXVI,  p.  421  ;  1868),  nous 
disions,  M.  Estor  et  moi  : 

«  Ils  (les  microzynias  du  foie)  sont  insolubles  dans  l'acide  acétique  et  dans  la  potasse  au 
dixième,  ce  qui  exclut  leur  nature  albumineuse  et  graisseuse.  » 

»  Et  plus  tard  [Comptes  rendus,  t.  LXXV,  p.  962,  187a),  dans  notre  Mé- 
moire sur  le  rôle  des  microzymas  pendant  le  développement  embryonnaire, 
nous  disions  encore  : 

»  Avant  rincubation,  dans  tout  l'œuf,  et  pendant  l'incubation,  liors  de  l'embryon,  ils 


(  io3i   ) 

disparaissent  sous  l'influence  de  l'acide  acétique  et  de  la  potasse.  Dans  l'embryon,  ils  ré- 
sistent généralement  à  l'acide  acétique,  et  à  un  moment  donné,  dans  certains  centres,  aussi 
à  la  potasse.  » 

»  Pour  soutenir,  comme  je  l'ai  fait,  qu'il  n'y  avait  dans  l'altération  que 
j'ai  étudiée  ni  vibrions  ni  bactéries,  je  m'étais  entouré  de  toutes  les  pré- 
cautions qu'une  si  formelle  affirmation  exigeait.  Dans  mes  études  micro- 
graphiques j'ai  fait  usage  de  tous  les  réactifs  connus. 

»  Il  y  a  du  reste,  dans  la  Thèse  de  M.  Gayon,  une  expérience  que  j'ai 
faite  également  et  que  j'ai  variée  :  c'est  celle  où  un  ojuf,  placé  dans  une 
atmosphère  confinée,  a  subi  une  fermentation  qui  a  fait  disparaître  le 
sucre,  et  où  il  n'a  pas  vu  non  plus  d'éléments  figurés,  ni  à  l'extérieur,  ni 
à  l'intérieur  de  l'œuf.  M.  Gayon  rapproche  avec  raison  cette  expérience 
de  celles  où  des  fruits  subissent  la  fermentation  alcoolique  et  acétique, 
sans  apparition  de  ferments  figurés  autres  que  les  microzymas  normaux  de 
ces  fruits.  J'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  le  Mémoire  ci-joint  comme 
preuve  à  l'appui.  Il  a  pour  titre  :  Sur  le  blessissement  des  sorbes  et  sur  la 
cause  productrice  de  (alcool  quon  j  découvre^  et  il  a  été  inséré,  l'an  dernier, 
dans  la  Revue  des  Sciences  naturelles  de  Dubrueil. 

M.  Gayon  a  donc  confirmé,  chimiquement  et  micrographiquement,  mon 
travail  sur  le  genre  d'altération  réellement  spontanée  que  j'ai  étudié  en 
i865  et  publié  en  1868;  il  n'y  a  trouvé,  si  ce  n'est  accidentellement,  ni 
vibrions  ni  bactéries.  Et  maintenant,  loin  de  partager  son  opinion  et  d'at- 
tribuer aux  ferments  étrangers  le  genre  d'importance  qu'il  leur  accorde, 
je  pense  qu'il  y  a  là  quelque  chose  de  semblable  à  ce  que  j'ai  signalé  déjà 
lorsque  je  disais  : 

«  Dans  les  expériences  où  l'on  inocule  des  bactéries  aux  végétaux,  il  est  probable  que  ce 
ne  sont  pas  ces  bactéries  qui  se  multiplient  :  elles  ne  font  que  provoquer  un  changement 
de  milieu,  qui  devient  favorable  à  l'évolution  en  bactéries  des  microzymas  normaux  [Comptes 
rendus,  t.  LXVIII,  p.  466;  1869).  » 

))  Le  rôle  principal  resterait  toujours  aux  granulations  moléculaires  pro- 
pres de  l'œuf;  le  phénomène  chimique  fondamental  (production  d'alcool, 
d'acide  acétique,  d'acide  carbonique,  etc.)  restant  le  même  n'est  que  fai- 
blement modifié  par  la  présence  des  ferments  accidentels.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  les  effets  thérapeutiques  de  l'oxygène. 
Note  de  M.  Tamin-Despalle. 

«  Hier  18  avril,  vers  1  heures  de  l'après-midi,  iM.  L...,  député,  fut 
atteint  d'une  congestion  cérébrale  grave,  avec  chute  et  paralysie  de  tout  le  côté 
droit  du  corps. 


(     I032    ) 

»  Le  pouls  était  à  82  pulsations,  la  face  vultueuse,  et  l'estomac  contenait 
luie  notable  quantité  d'aliments.  Le  déjeuner  avait  eu  lieu  une  demi-heure 
avant  faccident.  Je  ne  crus  devoir  ni  saigner,  ni  appliquer  de  sangsues,  ni 
administrer  (le  vomitif.  J'ordonnai  des  inhalations  d'oxygène  pur,  à  l'aide 
d'un  inhalateur  prêté  par  M.  Limousin.  Dès  les  premières  aspirations,  M.  L... 
déclara  se  sentir  beaucoup  mieux.  Le  mouvement  et  la  sensibilité  revinrent 
peu  à  peu  dans  le  côté  paralysé. 

»  A  6  heures,  quelques  frissons  suivis  d'une  abondante  émission  d'iu-ine, 
bâillement  répétés,  éructations.  A  7  heures,  M.  L...  pouvait  se  tenir  debout, 
le  mal  était  conjuré.  Il  avait  été  consommé  environ  10  litres  d'oxygène  pur. 

»  Je  pense  que  ce  moyen  thérapeutique  mérite  d'être  signalé  à  l'atten- 
tion de  l'Académie  et  à  celle  des  praticiens.  » 

ETHNOLOGIE.  —  Sur  un  abri-sépulture  des  anciens  Atéoules  d'Àknanh,  île 
d'Ounga,  archipel  Shumagin  [Alas/ia),  Note  de  M.  Alph.-L.  Pixaut, 
présentée  par  M.  de  Quatrefages. 

<c  J'étais,  le  3o  septembre  1871,  au  port  Delareff,  où  je  continuais  mes 
recherches  parmi  les  Aléoutes  qui  habitent  la  partie  la  plus  méridionale 
d'Ounga,  la  plus  grande  et  la  plus  importante  de  l'archipel  du  Shumagin. 
Un  vieillard  nommé  Lazare,  qui  m'avait  été  indiqué  comme  un  des  na- 
turels les  plus  aptes  à  me  fournir  les  renseignements  ethnographiques, 
linguistiques,  etc.,  que  je  recueillais  principalement,  me  fit  savoir  qu'il 
comiaissait,  à  peu  de  distance  du  village  abandonné  d'Aknanh,  un  abri- 
sépulture  des  anciens  Aléoutes  que  le  fanatisme  des  premiers  missionnaires 
russes  n'avait  su  découvrir,  malgré  sa  proximité  du  port  Delareff.  Nous 
nous  rendîmes  à  Aknaùh,  et,  nous  dirigeant  vers  le  nord-nord-est,  en  sui- 
vant pendant  i  kilomètre  environ  la  crête  de  la  falaise,  nous  arrivons  en 
un  point  où  un  éboulement  considérable  avait  pratiqué  une  large  brèche. 
Nous  descendons  avec  des  précautions  infinies,  et,  arrivés  à  5o  mètres  en- 
viron au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  nous  nous  trouvons  en  présence  de 
deux  énormes  rochers  détachés  en  partie  de  la  falaise  et  arc -boutés  l'un 
sur  l'autre.  C'est  dans  l'abri  formé  par  ces  deux  rochers  que  les  anciens 
Aléoutes  avaient  établi  la  sépulture  dont  j'ai  l'honneur  d'entretenir  l'Aca- 
démie. Cet  abri  mesurait  4"",  70  de  long;  il  avait  a"",  5o  à  l'entrée,  et  son 
plafond  s'abaissait  à  i  mètre  vers  le  fond,  où  se  voyait  une  large  fente  lais- 
sant suinter  l'eau  en  assez  grande  quantité.  Le  sol  était  couvert  de  frag- 
ments plus  ou  moins  volumineux  de  la  roche  détachés  de  la  voûte.  En 
déblayant  avec  soin,  nous  mîmes  bientôt  au  jour  les  restes  de  quatre  indi- 


(  io33  ) 
vidus.  Chaque  corps  avait  été  placé  sur  un  lit  de  mousse  encore  fort  re- 
connaissable,  d'une  longueur  moyenne  de  i™,  60  à  i",  65,  et  séparé  de 
celui  de  la  sépulture  voisine  par  un  cadre  de  bois.  Deux  sujets  occupaient 
le  fond  de  l'abri;  ils  étaient  couchés  l'un  à  côté  de  l'autre;  un  troisième 
était  à  leurs  pieds  ;  du  quatrième  il  ne  restait  que  des  débris  informes. 
Tout  ce  qui  avait  été  exposé  à  l'air  dans  cette  sépulture  avait  beaucoup 
souffert.  La  plupart  des  objets  déposés  à  côté  des  morts  étaient  profondé- 
ment altérés  et  impossibles  à  conserver.  J'ai  pu  cependant  y  recueillir  un 
certain  nombre  de  pièces  intéressantes.  Jetés  çà  et  là  dans  les  différentes 
parties  de  l'abri,  gisaient  des  fragments  de  grands  masques  de  bois  sculptés 
et  peints  dont  les  meilleurs  ont  été  reproduits  sur  les  planches  que  je  mets 
sous  les  yeux  de  l'Académie.  Ces  masques,  qui  servaient  aux  danses  fu- 
nèbres, étaient  brisés  après  la  cérémonie  pour  laquelle  on  les  avait  exé- 
cutés, et  jetés  dans  la  sépulture.  Avec  les  masques  destinés  aux  acteurs 
de  la  cérémonie  funèbre  s'en  trouvaient  d'autres  qui  avaient  dû  servir  à 
un  autre  usage.  C'était  un  rite  chez  les  anciens  Aléoutes  de  poser  sur  la  face 
du  mort  un  masque  représentant  une  figure  huniaim^  ou  animale  (un  des 
masques  d'Aknanh  représente  une  tête  de  lion  de  mer)  pour  que,  dans  le 
trajet  que  l'âme  du  défunt  était  supposée  faire  pour  se  rendre  dans  l'ouest, 
où  est  située  la  demeure  des  âmes,  ils  ne  pussent  pas  être  effrayés  ou  dé- 
tournés de  leur  route  par  les  mauvais  esprits  qu'ils  rencontreraient  en  che- 
min. Le  lit  de  mousse  contenait  en  nombre  considérable  des  copies  eu 
bois  peint  de  tout  l'attirail  industriel  des  Aléoutes  avant  l'occupation 
russe;  harpons,  flèches,  couteaux,  grattoirs,  etc.  On  remarquera  que, 
dans  cet  arsenal,  qui  ne  comprenait  absolument  que  des  imitations  d'ou- 
tils et  d'instruments,  les  sculptures  représentent  presque  exclusivement 
des  instruments  de  pèche.  Tout  porte  à  croire,  en  effet,  que  la  sépulture 
d'Aknanh  est  une  de  ces  sépultures  spécialement  consacrées  à  la  classe 
des  pécheurs  de  baleines.  La  pèche  ou  plutôt  la  chasse  de  ces  Cétacés 
était,  avant  l'arrivée  des  Russes,  le  propre  de  certains  hommes  privilé- 
giés et  redoutés.  Ou  ne  pouvait  entrer  dans  la  corporation  qu'après  toute 
une  série  d'épreuves  initiatrices,  dans  le  détail  desquelles  je  n'ai  pas  à  en- 
trer ici.  Le  baleinier  était  enterré  à  part,  loin  des  villages,  dans  les  anfrac- 
tuosités  des  rochers  ou  dans  les  grottes  des  falaises,  tandis  que  les  Aléoutes 
qui  ne  faisaient  point  partie  de  cette  sorte  d'aristocratie  du  courage  et  de  la 
force  étaient  ensevelis  liés  dans  leur  vêtement  de  peau,  soit  dans  la  hutte 
qu'ils  avaient  habitée  et  que  l'on  détruisait  ensuite,  soit  dans  un  des  com- 

C.  R.,  1875,  I"  Semestre.  (T.  LXXX,    N»  IS.)  1  34 


(   'o34  ) 
partiments  [jupan)  de  leur  demeure,  que  l'on  murait  pour  pouvoir  conti- 
nuer à  habiter  le  reste. 

»  Les  corps  de  l'abri  d'Aknanh  avaient  été  couchés,  tandis  que  ceux  des 
simples  Aléoutes  sont  ordinairement  enterrés  dans  l'attitude  repliée,  la  tête 
sur  les  genoux  ramenés  sur  la  poitrine  et  les  bras  fixés  autour  des  jambes. 
Je  n'ai  trouvé  à  Aknanh  aucun  vestige  qui  rappelât  les  enveloppes  de  peau 
de  phoque  ou  de  lion  de  mer  [lavlak)  qui  étaient  en  usage  chez  les  Aléoutes 
ordinaires. 

))  Les  deux  crânes  que  j'ai  déposés  dans  les  galeries  du  Muséum  d'His- 
toire naturelle  sont  des  plus  caractéristiques  :  la  taille  des  deux  sujets  aux- 
quels ils  ont  appartenu  pouvait  atteindre  i'",6o.  » 

HYDROLOGIE.  —  M.  Ch.  Champoisead  adresse  de  Galatz,  par  l'entremise 
de  M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères,  le  tableau  suivant  des  prises  et 
des  débâcles  du  Danube. 


Tableau  des  prises  et  des  débâcles  du  Danube  à  Galatz,  pendant 
les  quarante  dernières  années. 


Nombre  de  jours 

Années. 

Dates  des  prises. 

Dates  des  débâcles. 

qu'ont  duré  les  prises 

1836 

i4  janvier 

8  février 

24  jours. 

1837 

7  février 

28  février 

22 

1838 

2g  décembre 

3  mars 

65 

1839 

24  décembre 

i3  mars 

80 

1840 

12  janvier 

2  février 

21 

18il 

17  décembre 

21  mars 

94 

1842 

26  décembre 

9  mars 

74 

1843 

Pas  de 

prise. 

1844 

12  janvier 

27  février 

45 

1845 

28  décembre 

28  janvier 

25 

1846 

Pas  de 

prise. 

1847 

12  janvier 

1 3  février 

28 

1848 

2  janvier 

1   mars 

58 

1849 

1  janvier 

22  février 

52 

1830 

5  janvier 

4  mars 

58 

1851 

I  février 

25  février 

24 

185-2 

Pas  de 

prise. 

1833 

Pas  de 

prise. 

1854 

Pas  de 

prise. 

1855 

(  29  janvier 
\  18  février 

1 5  février  ) 
26  février  ) 

25 

1856 

16  décembre 

27  janvier 

42 

(  io35  ) 


Annoes. 

1857 
1838 
1839 
1860 
1861 
1862 
1863 
1864. 

1865 

1866 
1867 
1868 
1869 
1870 
1871 
1872 
1873 

1874. 
1873 


Dates  des  prises. 

i4  février 

5  janvier 

i3  janvier 

1 1   janvier 

i6  décembre 

7  décembre 

4  janvier 
3.7  décembre 
i6  février 
16  décembre 

] 

27  décembre 
24  janvier 

5  février 
i4  février 
23  décembre 

I  janvier 

4  mars 
\  12  janvier 
)  10  février 


Pas  de  prise 


Pas  de  prise 


Nombre  de  jours 

Dates  des  débâcles. 

qu'ont  duré  les  prises. 

6 

mars 

20 

i5 

mars 

69 

1 1 

février 

29 

27 

février 

46 

17 

mars 

92 

3 

février 

58 

22 

février 

49 

3i 
9 

janvier  ) 
mars      j 

57 

18 

janvier 

33 

1 

mars 

65 

12 

février 

'9 

1 

mars 

23 

a6 

février 

12 

I 

mars 

68 

Pas  de  prise. 


60 


23  février  ) 
12  mars      j 
25  janvier 
le  Danube  est  encore  pris  à  5o  centimètres 
d'épaisseur  le  25  mars  1875. 


M.  WoiLLEz  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté  déposé  par  lui  le 
18  décembre  i854,  et  inscrit  sous  le  n"  1469. 

Ce  pli  est  ouvert  en  séance  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel  ;  il  contient 
une  Note  ayant  pour  titre  :  <i  De  la  reproduction,  sur  le  poumon  du  ca- 
davre, des  bruits  pulmonaires  perçus  pendant  la  vie  par  l'auscultation  ». 


La  séance  est  levée  à  5  heures. 


D. 


io36  ) 


BCIXETIX    BIBLIOGRAPHIQUE. 

Ouvrages  reçus  pendant  la  séance  dd  12  avril  iS^S. 

Service  météorologique  de  i Algérie.  Bulletin  mensuel  publié  sous  tes  auspices 
de  M.  le  (jénéral  Chanzy,  gouverneur  général;  i"  année,  décembre  iS^S,  dé- 
cembre 1874.  Paris,  au  Secrétariat  de  la  Société  météorologique  de  France, 
1875;  in-4°,  autographié.  (Présenté  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

De  l'application  de  la  galvano-punclure  au  traitement  des  anévrismes  ; 
par  J.-E.  PÉTREQUIN.  Paris,  imp.  Vrayet  de  Siircy,  sans  date;  opus- 
cule in-S". 

Clinique  chirurgicale  de  l'Hôtel-Dieu  de  Lyon,  ou  Compte  rendu  de  la  pra- 
tique chirurgicale  de  cet  hôpital  pendant  six  armées;  par  J.-E.  PÉTREQUIN. 
Paris,  J.-B.  Baillière,  i85o;  br.  in-8°. 

Mémoire  sur  une  nouvelle  méthode  pour  guérir  certains  anévrismes  sans  opé- 
ration sanglante  à  l'aide  de  la  galvano-puncture ;  par  J.-E.  PÉTREQUIN.  Paris, 
imp.  Eain  et  Thunot,  sans  date;  br.  in-S". 

(Ces  trois  derniers  ouvrages  sont  adressés  par  l'auteur  au  Concours 
Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1875.) 

Sur  les  observations  pluviométriques  faites  dans  le  sud-ouest  de  la  France 
[Aquitaine  et  Pyrénées),  suiiout  de  1861  à  1 870  ;  par  V.  Raulin.  Sans  lieu  ni 
date;  i  vol.  in-8°. 

Mémoire  sur  la  pulvérisation  des  engrais  et  sur  les  moyens  d'accroître  la  fer- 
tilité des  terres;  par  M.  Menier.  Paris,  Gauthier-Villars,  1875;  br.  in-8°. 
(Extrait  des  Annales  de  Chimie  et  de  Physique.) 

R'ippoj't  sur  les  travaux  du  Conseil  central  d'hygiène  publique  et  de  salu- 
brité de  la  ville  de  Nantes  et  du  dépar'lement  de  la  Loire-Inférieure  pendant 
l'année  1 870,  sidvi  du  Rapport  sur  les  imdadies  qui  ont  régné  en  1 870,  adressé  à 
M.E.  Pascal.  Nantes,  imp.  veuve  Mellinet,  1871  ;  in-8°. 

Traité  de  Chimie  générale  élémentaire;  par  M.  A.  Cahours  :  Chimie  or- 

garnque.    Leçons  professées  à   l'École   Polytechnique;   3*  édition,    t.    III. 

Paris,  Gaulhier-Villars,  1875;  1  vol.  in-i8. 

(  A  suivre.  ) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIEI^CES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  2G  AVRIL  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  puhuque  adresse  l'anipliation  du  décret 
par  lequel  le  Président  de  la  Répu!>!iqiie  approuve  l'élection  de  M.  Bou- 
qitel  à  la  place  laissée  vacante,  dans  la  Section  de  Gébmétrie,  par  la  nomi- 
nation de  M.  Berlrand  aux  fonctions  de  Secrétaire  perpétuel. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Bolqi'et  prend  place  parmi  ses 
confrères. 

AÉROSTATION.   —  Sur  les  ascensions  à  grande  hauteur.   T.ettre  de  M.  Faye 
à  M.  Fremy,  président  de  l'Académie. 

«   Tours,  le  22  avril  i8^5. 

»  Les  paroles  généreuses  que  vous  avez,  prononcées,  dans  la  dernière 
séance  à  laquelle  j'assistais  par  occasion,  sur  le  sort  de  ces  deux  victimes 
dont  le  monde  savant  déplorÇ  si  amèrement  la  perte  me  suggèrent  une 
pensée  que  vous  soumettrez  à  l'Académie,  si  vous  l;i  jugez  vraie  et  oppor- 
tune à  la  fois  :  c'est  que  l'Académie  ne  doit  pas  permettre  que  des  hommes 
énergiques,  intelligents,  dévoués,  race  précieuse  et  rare  en  tout  pays  et  en 
tout  temps,  à  notre  époque  surtout,  continuent  à  jouer  leiu-  existence  dans 
CCS  ascensions  à  longue  portée. 

C.R.,|R7S,  i"'  S.-mrstre.Cr.  I.XXX,  N"  J(î.)  '35 


(  io38  ) 

»  Déjà,  par  les  ascensions  de  M.  Glaisher,  on  pouvait  soupçonner  que 
la  nature  impose  une  limite  très-nette  à  notre  audace,  celle  de  la  syncope 
ou  de  l'évanoiiissemeiit,  résultat  fatal  d'une  ascension  rapide  où  nos  or- 
ganes ne  peuvent  se  préparer  ni  s'habituer  peu  à  peu  à  l'influence  de  la 
diminution  de  pression.  Qu'importent  alors  les  plus  sages  précautions  ac- 
cumulées contre  le  froid  ou  la  rareté  de  l'oxygène,  si  la  syncope  com- 
mence par  déprimer  et  finit  bientôt  par  annuler  les  facultés  de  l'observa- 
teur? Et  que  peuvent  valoir,  près  de  cette  limite,  les  observations  délicates 
qu'il  s'agit  de  recueillir  dans  les  hautes  régions  sur  la  constitution  de 
l'atmosphère?  Par  le  sacrifice  de  leur  vie,  les  aéronautes  du  Zénith 
ont  mis  en  évidence  cette  vérité  :  qu'il  n'y  a  rien  à  tenter  au  delà  d'une 
limite  très-rapprochée  de  7000  à  8000  mètres.  Je  propose  donc  à  l'Académie 
de  fixer,  d'après  cette  douloureuse  expérience,  l'altitude  extrême  au  delà 
de  laquelle,  toute  ascension  ayant  un  but  scientifique,  serait  interdite  mo- 
ralement et  ne  saurait  être  accueillie  par  notre  Compagnie. 

»  Dans  ma  pensée,  l'altitude  extrême  de  7000  mètres  répond  à  tous  les 
besoins  sérieux  de  la  science  actuelle.  L'atmosphère  s'étend  à  plus  de 
28  lieues  au  delà;  car  l'observation  des  étoiles  filantes,  dont  le  point 
d'inflaunnation  extrême  se  trouve  vers  120  kilomètres  de  hauteur, 
assigne  une  trentaine  de  lieues  d'épaisseur  à  la  couche  aérienne  qui  en- 
toure notre  globe.  Mais,  de  ces  3o  lieues,  les  deux  premières  ont  seules 
de  l'importance,  et  ce  n'est  pas  l'exploration  de  i  kilomètre  de  plus  ou  de 
moins  qui  pourra  influer  sérieusement  sur  les  progrès  de  la  science.  Or,  ce 
kilomètre  de  plus,  c'est  l'anéantissement  temporaire  de  nos  facultés  etpeut- 
étre  la  mort. 

»  Imaginer  que,  grâce  à  des  ascensions  multipliées  et  sagement  réglées, 
nous  connaissions  bien  la  loi  du  décroissement  en  hauteur  des  tempéra- 
tures et  des  densités,  celle  de  l'humidité  et  la  variation  si  intéressante  de 
la  tension  électrique,  la  composition  chimique  de  l'air,  la  succession  des 
courants,  etc.,  jusqu'à  7000  ou  8000  mètresde  hauteur,  c'est-à-dire  dans  la 
partie  de  beaucoup  la  plus  influente  de  l'atmosphère,  ou  sera  conduit  à 
étendre,  par  extrapolation,  ces  lois  aux  couches  inexplorées,  et  dans  cette 
extension  plus  ou  moins  hypothétique  on  ne  pourra  éviter  quelque  erreur; 
mais  cette  erreur  aura  d'autant  moins  d'influence  que  l'on  aura  mieux  dé- 
terminé les  éléments  relatifs  à  la  dernière  couche  et  qu'on  s'y  sera  ménagé 
la  possibilité  de  fixer  expérimentalement  des  données  décisives  pour 
le  reste  de  l'atmosphère.  Je  m'explique  :  le  baromètre  et  le  spectroscope 
nous  permettent  de  sommer,  en  une  couche  quelconque,  la  pression  et 


(  'o39  ) 
l'humidité  de  toutes  les  couches  situées  au-dessus;  et  l'observation  des 
derniers  cirrhus,  qui  seraient  invisibles  en  bas,  donnera  quelque  idée  des 
derniers  mouvements  que  nous  puissions  désirer  de  connaître  clans  l'atmo- 
sphère. Mais  pour  ces  déterminations  extrêmes  il  importe,  avant  tout,  que 
l'observateur  reste  en  pleine  possession  de  ses  facultés.  Des  observations 
faites  en  danger  de  mort,  ousous  riininincnce  d'un  évanouissement,  ne  sau- 
raient servir  utilement  la  science. 

»  Pour  ma  part,  je  crois  que  ce  nec  plus  ultra  scienliBque,  s'il  était  posé 
par  l'Académie,  serait  pleinement  accepté  par  les  aéronautes  de  tous  les 
pays,  et  surtout  par  les  amis  des  sciences  qui  encouragent  et  patronnent 
leurs  utiles  expéditions.  Il  restera  encore  bien  assez  de  périls  à  affronter 
pour  plaire  à  ces  âmes  intrépides,  pour  qui  le  danger  n'est  qu'un  attrait 
de  plus.  » 

ANALYSE  CHIMIQUE.  —  Sur  la  reconnaissance  de  l'alcool  ordinaire 
mélangé  avec  l' esprit-de-bois;  par  M.  Berthelot. 

«  Il  est  peu  de  problèmes  de  science  pure,  si  petits  qu'ils  soient,  qui 
demeurent  sans  application  dans  la  pratique  des  arts  et  de  l'industrie.  C'est 
ainsi  que  la  question  purement  théorique  de  l'analyse  des  alcools  méthy- 
lique  et  éthylique  mélangés  a  pris,  depuis  une  dizaine  d'années,  un  intérêt 
considérable,  par  suite  de  la  présence  simultanée  de  ces  deux  alcools  dans 
beaucoup  de  produits  livrés  au  commerce.  Je  n'ai  pas  à  examiner  ici  pour- 
quoi et  comment  ces  deux  alcools,  qui  ne  se  produisent  ensemble  dans  au- 
cune réaction  connue,  se  trouvent  associés  aujourd'hui  si  fréquemment 
dans  des  matières  commerciales;  mais,  en  fait,  il  est  devenu  difficile  de 
se  procurer  de  l'esprit-de-bois  privé  d'alcool  ordinaire,  et  l'alcool  ordi- 
naire, à  son  tour,  n'est  pas  toujours  absolument  exempt  de  toute  trace  d'al- 
cool méthylique.  Il  en  résulte  de  grandes  difficultés  dans  la  préparation 
des  dérivés  méthyliques  purs,  soit  pour  les  besoins  de  la  science,  soit  pour 
les  besoins  de  certaines  industries,  telles  que  la  fabrication  des  matières  co- 
lorantes. De  là  résultent  deux  problèmes  d'analyse  : 

»    1°  Reconnaître  la  présence  de  l'alcool  ordinaire  dans  l'esprit-de-bois; 

))  2°  Reconnaître  la  présence  de  l'alcool  méthylique  dans  l'alcool  or- 
dinaire. 

»  Ce  dernier  problème  semble  résolu  par  la  méthode  élégante  que 
MM.  Riche  et  Bardy  ont  présentée  aujourd'hui  à  l'Académie  (i);  mais  je 

(i)  Voir  plus  loin,  p.  1056. 

i35.. 


(  'f>/l<)  ) 

crois  utile  de  donner  ici  In  solution  pratique  du  premier  problème,  solution 
que  j'expose  depuis  seize  ans  dans  mes  cours,  et  que  j'ai  eu  occasion  de 
communiquer  à  plusieurs  chimistes,  qui  en  ont  tiré  le  meilleur  parti  (i). 
Ce  j)rocédé  peut  être  appliqué  fructueusement,  soit  à  l'examen  des  alcools 
niéthyliques  du  commerce,  soit  à  l'examen  des  produits  alcooliques  mé- 
langés avec  l'esprit-de-bois  véritable,  qui  pourraient  être  présentés  à  l'oc- 
troi sous  le  nom  trompeur  d'esprit-de-hois. 

»  Le  procédé  est  fondé  sur  les  réactions  classiques  de  l'alcool  méthy- 
lique,  telles  que  MM.  Dumas  et  Peligot  nous  les  ont  fait  connaître  :  il  con- 
siste à  chauffer  le  mélange  suspect  avec  2  fois  son  volume  d'acide  sulfu- 
rique  concentré.  Dans  ces  conditions,  l'alcool  méthylique  fournit  de  l'éther 
méthylique  gazeux,  entièrement  absorbable  par  l'eau  ou  par  l'acide  sul- 
furique  concentré;  tandis  que  l'alcool  ordinaire  [U'odiiit  de  l'éthylène,  gaz 
presque  insoluble  dans  l'eau  et  dans  l'acide  sulfurique  concentré  (au  moins 
par  le  fait  d'une  expérience  de  courte  durée);  au  contraire,  l'éthylène 
peut  être  caractérisé  et  dosé  en  le  faisant  absorber  par  le  brome. 

»  En  opérant  avec  les  précautions  ordinaires  des  analyses  gazeuses,  on 
|3eut  reconnaître  ainsi  la  présence  de  ralcool  ordinaire  dans  un  esprit-de- 
bois,  même  lorsque  la  proportion  de  l'alcool  ordinaire  s'élève  seulement  à 
I  ou  1  centièmes.  L'acétone  et  les  in)puretés  normales  de  l'esprit-de-bois 
véritable  peuvent  fournir,  dans  les  mêmes  conditions,  de  l'acide  carbo- 
nique, de  l'oxyde  de  carbone,  mais  non  de  l'éthylène  (2).  » 

TiiEl^MODYNAMiQUE.  —  Du  cycle  fictif  correspondant  au  fonctionnement  des 
machines  thermiques  à  cjlindre  ouvert,  et  mise  en  évidence  de  ce  cycle  et  du 
poids  de  substance  motrice  formant  te  corps  travailleur.  Note  de  M.  A.  Le- 

DIEC. 

«  Les  machines  à  feu  peuvent  ne  comporter  qu'un  seul  et  même  réci- 
pient, renfermant  un  certain  poids  de  substance  motrice  toujours  le 
même,  qui,  en  se  dilatant  et  en  se  contractant  successivement,  produit  le 

(1)  Voir  BuUeti?i  de  In  Société  chimique  de  Paris,  o."  série,  t.  XI,  p.  354;  '869. 

(2)  L'acétone  donne  en  outre^quelques  millièmes  de  propylcne  et  d'hydrure  de  propy- 
lène  [Chimie  organique  fondée  sur  la  synthèse,  t.  I,  p.  62);  niais  le  propylène  est  absoil)é 
j)ar  l'acide  sulfiiririue,  et  l'iiydruie  de  piopvlùne  est  insoluble  dans  le  brome  :  la  présence 
de  ces  deux  gaz  ne  saurait  donc  troubler  la  reconnaissance  de  l'éthylène,  outre  que  la  |)ro- 
portion  en  est  si  faible  qu'elle  passerait  inaperçue,  même  avec  des  mélanges  très-riches  en 
acélone. 


(  >o4i  ) 

mouvement  de  l'organe  moteur.  Mais  ce  cas  est  tout  à  fait  exceptionnel,  et 
ne  se  rencontre  même  que  dans  la  machine  à  air  chaud  de  Sfirling. 

»  En  principe,  les  machines  à  feu  en  usage  dans  l'industrie  comportent 
trois  récipients  distincts  :  la  snbstance  motrice  s'échanffe  dans  le  premier^ 
travaille  dans  le  deuxième  et  va  se  refroidir  dans  le  Iroisième. 

»   Le  récipient  où  a  lieu  le  travail  s'appelle  en  général  le  cjtinclre. 

»  Le  récipient  où  s'échaulfe  la  substance  motrice  se  nonuiie  le  générn- 
leur.  Quelquefois,  comme  dans  le  premier  type  de  machine  à  air  chaud 
d'Ericsson,  le  premier  récipient  n'est  qu'un  réservoir,  et  le  cylindre  où  tra- 
vaille la  substance  motrice  sert  en  même  temps  de  générateur.  Dans  tous 
les  cas,  le  troisième  récipient,  c'est-à-dire  celui  où  a  lieu  le  refroidissement, 
s'appelle  le  réfrigérant  ou  le  condenseur.  —  Dans  les  machines  où  l'évacua- 
tion s'opère  à  l'air  libre,  le  réfrigérant  doit  être  considéré  comme  formé  de 
ce  milieu,  et  dès  lors  comme  renfermant  une  masse  indéfinie  de  substance 
motrice  à  la  température  et  à  la  pression  de  l'atmosphère. 

»  Nous  désignerons  les  machines  thermiques  à  récipient  uniijiie  sous  le 
nom  de  machines  à  cjlindre  fermé;  et  celles  à  récipients  distincts,  sons  le 
nom  de  machines  à  cylindre  ouvert, 

»  On  peut  évidemment  réaliser  un  cycle  quelconque  avec  une  machine 
à  cjimdre  fermé.  Il  faut  alors  démontrer  qu'avec  une  machine  à  cylindre 
ouvert  on  est  à  iiièmc  d'obtenir  un  fonctionnement  où  les  choses 
peuvent  être  ramenées  au  cas  d'un  cycle  quelconque  opéré  dans  un 
cylindre  fermé.  En  d'autres  termes,  bien  que  les  machines  à  (jlindre 
ouvert  ne  décrivent  pas  en  réalité  de  cycle,  suivant  la  définition  stricte  du 
mot,  il  faut  établir  qu'elles  peuvent  en  ré?i\\ser  fictivement  un  quelconque. 

»  Au  point  de  vue  pratique,  il  est  surtout  intéressant  de  traiter  la  réci_ 
proque  de  cette  question,  c'est-à-dire  de  déterminer  le  cycle  réel  ou  fictif 
de  toute  machine  thermique  travaillan!  dans  des  conditions  données. 

»  Lorsque  la  machine  est  à  cjlindre  fermé,  et  par  suite  que  le  corps  tra- 
vailleur est  un,  le  cycle  est  réel;  et  sa  mise  en  évidence  n'offre  aucune  diffi- 
culté, comme  cela  se  voit  pour  la  machine  de  Stirling.  Mais  dans  les 
machines  à  cjiindre  ouvert  il  n'en  est  plus  ainsi.  Le  corps  travailleur  cesse 
d'être  un,  et  a  son  poids  qui  varie  dans  le  cours  d'une  allée  et  venue  du 
piston.  Bien  plus,  la  température  peut  ne  pas  être  la  même  dans  toute  la 
masse  du  corps.  Cela  se  rencontre  dans  les  machines  à  air  chaud  avec  régé- 
nérateur de  chaleur,  où  les  porlions  de  gaz  situées  de  jiart  et  d'autres  de 
ce  dispositif  possèdent  des  températures  différentes  ,  et  cependant  font 
partie  du  corps  travailleur,  puisqu'elles  fonctionnent  simultanément.  Il  en 


(     I042    ) 

est  de  même  dans  les  machines  à  vapeur  qui  travaillent  pendant  la  période 
d'introduction  avec  de  la  vapeur  surchauffée  ;  caria  température  que  pos- 
sède le  fluide  dans  le  surchauffeur  et  le  cvlindre  est  différente  de  celle  qu'il 
a  dans  le  générateur;  et  néanmoins  pendant  ladite  période,  la  masse  mo- 
trice comprend  tout  le  fluide  renfermé  aussi  bien  dans  la  chaudière  et  le 
surchauffeur  que  dans  le  cylindre.  D'ailleurs,  pour  toutes  les  machines 
dont  il  s'agit,  lors  de  la  période  d'évacuation,  la  pression  de  la  substance 
motrice  du  cylindre  est  bien  égale,  au  moins  sensiblement,  à  celle  du  fluide 
contenu  dans  le  réfrigérant;  mais  la  température  des  deux  substances  est 
en  général  très-différente,  et  néanmoins  c'est  bien  leur  ensemble  qui  tra- 
vaille pendant  ladite  période.  Il  est  dès  lors  indispensable,  pour  élucider  le 
fonctionnement  de  toute  machine  a  cjlindre  ouvert,  de  ramener  les  choses 
au  cas  d'un  corps  travailleur  un  et  de  température  sans  cesse  uniforme 
dans  toute  sa  masse,  fonctionnant  dans  une  machine  à  cylindre  fermé, 
dont  le  cycle  réel  représente  en  définitif  le  cycle  fictif  de  la  machine  consi- 
dérée. 

»  Si  l'on  ne  suit  pas  cette  marche,  il  est  impossible  de  mettre  nettement  en 
relief  les  cycles  des  machines  à  feu  en  général,  et,  entre  autres,  d'établir 
avec  une  évidence  suffisante  pourquoi  l'emploi  de  la  vapeur  surchauffée 
ne  procure  pas  comme  rendement  calorifique  ce  qu'il  paraît  devoir  donner 
au  premier  abord.  Nous  verrons  que  cela  tient  à  l'imperfection,  pendant  sa 
première  période,  du  cycle  fictif  correspondant  au  fonctionnement  avec 
cette  vapeur. 

»  En  tout  état  de  cause,  l'assimilation  à  un  cycle  du  fonctionnement  de 
toute  machine  thermique  à  cylindre  ouvert,  en  d'autres  termes  la  détermi- 
nation du  cycle  fictif  correspondant  à  ce  fonctionnement  est  en  général 
possible. 

»  Les  ouvrages  de  Thermodynamique  publiés  jusqu'ici  ne  donnent  aucun 
développement  ni  même  aucune  indication  sur  l'importante  question  dont 
il  s'agit.  Il  n'est  pas  douteux  que  celte  omission  n'ait  beaucoup  contri- 
bué à  écarter  de  l'étude  de  cette  science  les  praticiens,  qui,  n'y  trouvant 
aucune  donnée  sur  les  cycles  fictifs  des  machines  réelles,  ne  sont  pas  en 
mesure  de  se  rendre  compte  en  quoi  la  connaissance  des  cycles  en  général 
est  utile,  et  abandonnent  bien  vite  des  livres  où  tout  se  passe  pour  eux 
dans  ini  monde  idéal. 

»  Pour  mettre  en  évidence  dans  une  machine  thermique  à  cylindre  ouvert 
le  cjc/e  ^cti/ correspondant  à  son  fonctionnement,  il  est  nécessaire  d'exa- 
uûner  les  trois  cas  généraux  qu'on  est  appelé  à  rencontrer  dans  lesappli- 


(  <o43  ) 
cations.  Il  faut  d'ailleurs  ne  s'occuper  que  de  ce  qui  se  passe  sur  une 
des  faces  du  piston,  en  notant  que,  dans  les  machines  dites  à  double  effet, 
les  phénomènes  analogues  qui  se  produisent  du  côté  de  la  seconde  face  du 
piston  constituent  un  cycle  d'autant  plus  identique  avec  celui  relatif  à  la 
première  face  que  la  machine  est  réglée  plus  semblablement  aux  deux 
bouts  du  cylindre. 

»  Le  premier  cas  concerne  toutes  les  machines  fonctionnant  avec  une 
vapeur  saturée,  sèche  ou  humide,  et  dans  lesquelles  l'introduction  a  lieu  à 
température  constante.  Le  deuxième  cas  est  relatif  aux  machines  fonc- 
tionnant avec  de  la  vapeur  surchauffée,  se  produisant  en  contact  avec  de 
la  vapeur  saturée.  Enfin  le  troisième  cas  se  rapporte  aux  machines  à  air 
ou  à  gaz. 

»  En  examinant  en  particulier  chacun  de  ces  cas,  on  prouve  facilementque 
ledit  cjc le  fictif  est  en  t^énéral  représenté  par  le  cycle  réel  d'une  machine  à 
cylindre  fermé,  consommant  la  même  quantité  de  chaleur  et  produisant  le 
même  travail,  tout  en  fonctionnant  entre  les  mêmes  limites  de  température. 
Il  faut  d'abord  remarquer,  à  cet  effet,  que  dans  la  machine  réelle  toute  la 
chaleur  dépensée  à  chaque  coup  de  piston  se  trouve  exclusivement  em- 
ployée à  échauffer  et  à  dilater,  avec  ou  sans  changement  d'état,  le  fluide 
d'alimentation,  considéré  à  la  température  et  à  la  densité  qu'il  possède 
lors  de  son  entrée  dans  le  générateur  ou  le  réservoir,  et  dont  le  poids  est 
évidemment  égal  à  celui  du  fluide  introduit  dans  le  cylindre  à  chaque  coup 
de  piston.  Tout  le  reste  de  la  masse  fluide  contenue  dans  ledit  générateur 
ou  réservoir  n'est  en  réalité  qu'un  stock,  qui,  une  fois  le  régime  de  marche 
établi,  a  sa  quantité  de  chaleur  totale  demeurant  constante,  bien  que  sa 
température  et  sa  densité  puissent  varier,  surtout  pendant  la  période 
d'introduction. 

»  Dès  lors,  le  corps  travailleur  un  de  la  machine  idéale  doit  en  principe 
avoir  pour  poids  celui  du  fluide  introduit  à  chaque  coup  de  piston  dans  le 
cylindre  moteur  de  la  machine  réelle;  et  le  volume  qu'il  occupe  au  début 
du  cycle  dans  le  cylindre  fermé  doit  être  égal  au  volume  du  poids  du  fluide 
d'alimentation  considéré  à  la  densité  et  à  la  température  qu'il  possède  lors 
de  son  entrée  dans  le  générateur  ou  le  réservoir  de  la  machine  réelle.  Il 
suit  de  là  incidemment  que  la  course  du  piston  de  cette  dernière  machine 
se  trouve  surpasser  la  course  du  piston  de  la  machine  idéale  de  la  quantité 
correspondant  à  ce  volume. 

»  Une  fois  admis  les  points  précédents  communs  aux  trois  cas  susmen- 
tionnés, il  n'y  a  plus  qu'à  traiter  le  reste  de  la  question  sur  chacun  d'eux  en 


(  io44  ) 

particulier.  Cette  étude  peut  se  faire  d'une  manière  tout  ;i  fait  élémentaire  à 
l'aide  des  diagrammes  représentatifs  des  Iravaux  produits.  C'est  cette  mé- 
thode que  nous  avons  suivie  dans  notre  Traité  de  Thermodjnamicjue  pra- 
tique actuellement  sous  presse,  et  auquel  nous  renverrons  le  lecteur  pour 
le  complément  de  démonstration  dont  il  s'agit. 

u  Elle  nous  conduit,  entre  autres,  à  établir  que,  dans  le  cycle ^c/î/des 
machines  à  vapeur  surchauffée,  la  ligne  de  transformation  du  volume  et  de 
la  pression  du  corps  travailleur  concernant  la  première  période  du  cycle, 
est  une  ligne  d'égale  pression;  mais  cette  ligne  n'est  isothermique  que  sur  la 
longueur  qui  correspond  à  la  vaporisation  dudit  corps.  Sur  le  reste  de  son 
parcours,  chaque  point  correspond  à  des  températures  différentes  et  qui 
vont  en  augmentant.  On  conçoit  tout  de  suite  d'après  cela  qu'avec  la  vapeur 
surchauffée,  si  le  cycle  est  plus  avantageux  au  point  de  vue  de  la  limite 
supérieure  de  température,  il  est  au  contraire  désavantageux  sous  le  rap- 
port de  son  espèce.  Il  résulte  de  là  que,  somme  toute,  l'emploi  de  cette 
vapeur  donne  peu  ou  point  de  bénéfice,  y  compris  même  les  avantages 
d'ordre  physique  inhérents  à  son  état.  » 

VITICULTURE.  —  Sur  les  résultats  des  expériences  faites  par  la  Commission  de 
la  maladie  de  la  vigne  dn  département  de  i Hérault,  en  i8y/|.  Traitement 
des  vignes  malades.  Note  de  M.  Mares. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  l'ensemble  des  résultats  que 
la  Commission  de  l'Hérault  a  obtenus  en  1874  sur  les  vignes  en  expé- 
rience du  domaine  de  las  Sorès. 

»  Au  mois  d'octobre  dernier,  au  moment  de  la  réiuiion,  à  Montpellier, 
des  Congrès  internationaux  de  sériciculture  et  de  viticultiue,  la  Commis- 
sion a  publié  une  brochure  accompagnée  de  plans  et  de  tableaux  dans  les- 
quels sont  résumés  les  résultats  pratiques  de  ses  essais.  Elle  les  signalait 
ainsi  à  l'attention  des  membres  du  Congrès  et  les  invitait  à  venir  les  étu- 
dier sur  le  teri'ain. 

1)  L'Académie  a  reçu  ces  brochures  et  ces  tableaux,  mais  elle  n'a  pas  en- 
core eu  coirununication  du  complément  des  travaux  de  la  Commission  qui 
comprend  cent  douze  applications  nouvelles,  parmi  lesquelles  figurent  des 
essais  dont  le  but  est  de  s'assurer  à  nouveau  de  l'efficacité  des  mélanges 
de  sulfure  de  potasse  et  de  sulfure  de  chaux  avec  le  fumier  de  ferme,  le 
guano,  le  sulfate  d'annaoniaque,  etc.,  de  l'action  du  sulfure  de  caibone 
au   moyen  d'emplois  variés,  susceptibles  d'en  provoquer  un  dégagement 


(   m/,,',  ) 
lent  et  constant  do  vapeurs,  à  une  certaine   profondenr  au  pied  des  ceps. 

»  Le  catalogue  de  ces  expériences,  accompagné  des  coefficicnis  affectés 
aux  ceps  conservés  comme  témoins  et  à  ceux  qui  ont  reçu  un  traitement 
a  été  relevé.  Il  forme  le  cahier  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie. Elle  aura  donc  sons  les  yeux  l'ensemble  des  applications  pratiques 
faites  à  las  Sorès  en  18741  pour  combattre  le  Phylloxéra. 

»  Ces  applications,  qui  s'étendent  à  quatre  parcelles  successivement  occu- 
pées depuis  l'année  1872,  couvrent  plus  de  2  hectares,  et  se  sont  élevées, 
en  1874,  au  nombre  de  aSa. 

»  La  surface  mise  en  expérience,  en  1875,  s'est  encore  augmentée  de 
■|  hectare,  sur  lequel  ont  été  appliqués  les  procédés  nouveaux  renvoyés  à 
la  Commission  depuis  l'été  de  1874. 

»  Les  applications  les  plus  anciennes  (1872)  sont  celles  de  la  vigne  du 
sud,  au  nombre  de  5i  :  ce  sont  encore  celles  dont  les  résidtats  sont  le  plus 
accusés,  parce  qu'elles  ont  été  plus  réitérées  et  que  la  durée  de  leur  action 
sur  les  ceps  a  été  plus  longue. 

»  Viennent  ensuite  les  essais  de  1873,  qui  comprennent  les  procédés 
appliqués  pour  la  seconde  fois  dans  la  vigne  sud,  et  ceux  qui  furent  installés, 
pour  la  première  fois,  dans  la  vigne  nord,  seconde  parcelle  occupée  par 
la  Commission. 

»   En  somme  le  nombre  des  essais  s'éleva,  en  1873,  à  i4o. 

»  Eu  1874,  ime  nouvelle  vigne,  celle  de  la  Chapelle,  a  reçu,  pour  la  pre- 
mière fois,  112  applications.  Cette  vigne,  encore  remarquable  par  sa  vi- 
gueur, est  cependant  parsemée  de  Phylloxéras  à  peu  près  partout,  et  des 
points  d'attaque  commencent  à  s'y  dessiner  principalement  dans  les  par- 
ties basses. 

»  La. maladie  ne  l'a  pas  encore  assez  affaiblie  pour  que  les  applications 
de  1874  soient  suivies  de  résultats  comparatifs  bien  saillants,  et  elle  a  donné 
dans  toutes  ses  parties  une  récolte  considérable.  Les  effets  des  traitements 
ne  deviendront  guère  apparents  qu'en  1870,  après  la  seconde  application 
faite  pendant  l'hiver  d'où  nous  sortons. 

»  Dans  le  Plantier  du  Pin,  les  essais  les  plus  variés  de  sulfure  de  carbone, 
que  j'ai  mentionnés  plus  haut,  ont  tous  échoué,  et  les  ceps  traités  y  sont 
morts  en  grand  nombre. 

»  Ce  travail  considérable  a  été  fait,  comme  précédemment,  par  MM.  Du- 
rand et  Jeaiinenot,  professeurs  à  l'École  d'Agriculture  de  Monti)ellicr.  Les 
mêmes  méthodes  ont  été  suivies  en  1872,  1873,  1874,  ce  qui  permet  d'a- 
voir des  résultats  comparables;  niais,  à  mesure  que  les  applications  s'éten- 

C.R.,  l87f),  l'-r  Srmescre.   (T.  LXXX,  N»  l(i.)  •  ^^ 


(   >o46  ) 
dent,  le  travail  augmente,  les  difficultés  s'accroissent,  et  il  a  fallu  aux  deux 
secrétaires  de  la  Commission  de  nouveaux  efforts  pour  mener  à  bien  une 
enlreprise  aussi  longue  et  aussi  difficile. 

»  Les  résultats  de  l'année  1874  ont  été  formulés  parla  Commission  ainsi 
qu'il  suit  : 

<i  Reprenant  et  complétant  les  termes  dont  elle  s'est  servie  en  1878,  la  Commission  se 
croit  autorisée  à  déduire  des  résultats  obtenus  en  1874  T'c»  sans  faire  disparaître  le  Phyl- 
loxéra, les  mélanges  d'engrais  riches  en  potasse  et  en  matière  azotée,  surtout  quand  certains 
d'entre  eux  présentent  des  propriétés  insecticides,  tels  que  les  mélanges  dans  lesquels  entrent 
les  sidfures  alcalins  et  terreux,  les  sels  d'été  des  salines,  la  suie,  les  cendres  végétales,  l'am- 
moniaque, la  chaux,  ont  produit  de  bons  effets  sur  les  vignes  malades,  en  activant  leur  végé- 
tation, en  auguientant  leur  production  et  en  |jermettanl  à  leur  fructification  de  s'accomplir.  » 

»  L'Académie  a  certainement  apprécié  déjà  l'importance  de  ces  con- 
clusions ;  qu'elle  me  permette  de  les  accompagner  de  quelques  considé- 
rations : 

1)  Les  expériences  de  1874  placent  la  question  du  Phylloxéra  sur  un 
terrain  nouveau^  en  mettant  eiî  évidence  que  des  vignes  malades,  dont  la 
végétation  et  la  fructification  étaient  fort  affaiblies,  et  qui  auraient  péri 
si  on  les  eût  abandonnées  à  elles-mêmes,  ainsi  que  cela  résulte  du  détail 
des  expériences,  ont  pu  se  reconstituer  sous  l'influence  de  traitements  re- 
nouvelés pendant  deux  ou  trois  années  consécutives,  et  malgré  la  présence 
du  Phylloxéra  qui  n'a  pas  disparu. 

»  En  admettant  qu'on  ne  puisse  pas  parvenir  à  exterminer  le  Phyllo- 
xéra, à  en  empêcher  la  propagation,  problème  dont  la  solution  est  encore 
à  l'étude  et  dont  il  ne  faut  pas  désespérer,  les  résultats  obtenus  par  la  Com- 
mission permettent  avec  raison  d'espérer  qu'on  finira  par  trouver  le 
moyen  de  vivre  avec  ce  nouvel  ennemi  de  la  vigne,  comme  on  vit  avec 
l'oïdium,  et  qu'on  poiu-ra  résoudre  ainsi  la  question  si  grave  de  la  conser- 
vation de  notre  viticulture. 

»  C'est,  à  mes  yeux,  le  fait  le  plus  important  qui  résulte  des  expé- 
riences faites  en  1874  par  la  Commission,  sur  les  vignes  phylloxérées; 
mais  elles  ont  encore  lai  caractère  qui  mérite  d'être  signalé,  celui  d'avoir 
mis  en  évidence  jusqu'à  présent,  par  une  série  d'applications  comparatives 
des  plus  variées,  faites  en  plein  vignoble  pendant  plusieurs  années,  sur  des 
vignes  malades,  les  moyens  par  lesquels  on  peut  combattre  les  ravages  du 
Phylloxéra.  Elles  visent  moins  à  l'invention  qu'à  l'indication  d'un  en- 
semble de  moyens  rationnels  qu'on  peut  réaliser  par  une  toule  de  procé- 
dés différents.  C'est  ainsi  qu'elles  démontrent  que,  pour  réussir  à  com- 
battre la  maladie  de  la  vigne,  plusieurs  conditions  sont  nécessaires,  telles 


(  'o47  ) 
que  l'emploi  d'engrais  appropriés,  la  continuité  et  la  durée  d'action  fies 
Iraitements,  l'utilité  de  l'intervention  de  certains  agents  qu'on  trouve  tou- 
jours au  premier  rang,  dans  les  procédés  les  plus  efficaces,  tels  que  la  po- 
tasse, le  soufre,  les  composés  azoti's  ammoniacaux.  Aussi  ces  expériences 
sont-elles  devenues  le  point  de  départ  d'une  foule  d'inventions  proposées 
pour  combattre  le  Phylloxéra. 

»  Si  je  rapproche  les  résultats  obtenus  à  las  Sorès  des  recherches  que 
je  poursuis  depuis  plusieurs  années,  je  trouve,  dans  les  procédés  qui  ont 
donné  les  meilleurs  résultats,  une  réaction  fondamentale  qui  paniit  les 
relier  par  un  caractère  commun,  et  qui  peut  jeter  un  jour  tout  particulier 
sur  les  questions  d'application  pratique  et  économique  :  c'est  le  dégage- 
ment prolongé,  pour  ainsi  dire  constant,  pendant  la  période  de  végétation 
de  la  vigne,  de  carbonate  d'ammoniaque  ou  de  carbonate  et  de  suif  hydrate 
d'ammoniaque. 
»   Exemples  : 

»  Le  mélange  de  fumier  de  ferme,  de  cendres  végétales,  de  sel  am- 
moniac; 

»   Le  même  mélange,  dans  lequel  la  chaux  remplace  le  sel   annnoniao; 
M   La  suie,  qui  renferme  toujours  des  cendres  riches  en  carbonate  de  po- 
tasse et  des  sels  ammoniacaux; 

»   Le  sulfin-e  de  potasse  mélangé  aux  urines  on  au  purin  de  (uuiier; 
"   Les  urines  putréfiées  employées  seules; 

»  Le  mélange  de  sels  d'été  des  salines  sulfatisés,  de  tourteaux  de  colza, 
de  sulfate  de  fer,  répandus  sur  un  sol  très-calcaire; 

).  Les  mélanges  de  carbonate  de  potasse  ou  de  sulfure  de  potasse,  ou 
de  marcs  de  soude  (sulfure  de  chaux)  avec  le  sulfate  d'aiiunoniaque,  le 
guano  du  Pérou,  le  fumier  de  ferme. 

»  D'un  autre  côté,  si  l'on  prend  du  marc  de  soude,  du  sulfure  de  po- 
tasse, des  cendres  végétales  ou  du  salin  de  potasse,  et  qu'on  les  mélange 
avec  du  fumier  de  ferme,  du  guano  du  Pérou,  du  sulfate  d'ammoniaque, 
en  les  tenant  légèrement  humectés,  ces  mélanges  donnent  lieu,  à  l'air  libre, 
à  un  dégagement  continu  de  carbonate  et  de  sulfhydrate  d'anunoniaque. 
Plusieurs  d'entre  eux,  que  j'ai  en  expérience  depuis  plus  de  six  semaines, 
ne  cessent  de  répandre  des  vapeurs  ammoniacales,  et  en  répandront  long- 
temps encore. 

»  En  1873  et  187/1,  '^'^  iriélanges  tjtu^  je  signale,  appliqués  en  grande  cul- 
ture, soit  chez  M.  Léon  M.irès,  soit  chez  moi-même,  dans  des  terrains  très- 
variés,  ont  don  né  d'incon  test  ables-résul  ta  ts  au  point  de  vue  delà  cous(r  va  tion 
des  vignes.  Sans  vouloir  ei!  tirer  encore  des  conclusions  qui  pourraient  être 

i36. 


(  1048  ) 
prématurées,  j'en  trouve   la  confirmation  dans  des  expériences  que  j'ai 
commencées  depuis  deux  ans,  sur  des  ceps  plantés  dans  des  vases  de  di- 
verses dimensions,  depuis  ceux  d'une  capacité  de  lo  litres  jusqu'à  ceux  de 
1  lo  litres  environ.  J'observe  que,  dans  ces  vases,  les  sujets  phylloxérés  par 
un  morceau  de  racine  garni  d'insectes  et  enterrés  au  collet  de  la  vigne  se 
couvrent  de  Phylloxéras  et  finissent  par  se  rabougrir  ;  que  cet  effet  d'infec- 
tion est  beaucoup  plus  rapide  dans  les  petits  vases  que  dans  les  grands; 
que  les  ceps  résistent  beaucoup  mieux  dans  les  grands  que  dans  les  autres; 
que  dans  les  petits  vases   un  des  sujets  pris  pour  point  de  comparaison  et 
abandonné  à  lui-même  est  mort  en  avril  i  8j5,  sans  pouvoir  pousser,  après 
avoir  végété  passablement  en   1873,6!  assez  misérablement  en  1874;  que 
dans  les  autres  vases,  traités  séparément,  en  mars  1874,  par  du  sulfure  de 
potasse,  du  sulfate  de  potasse,  du  carbonate  de  potasse,  par  un  mélange  de 
sulfure  de  potasse  et  de  sulfate  d'ammoniaque,  les  uns  et  les  autres  à  raison 
de  20  grammes  par  vase,  et  additionnés  de  fumier,  la  végétation  est  devenue 
|)ius  forte  en  1874,  tout  en   restant  encore  plus  faible  que  d;ins  les  vases 
non  infestés  gardés  comme  témoins;   que  le  début  de   la  végétation,  en 
1875,  s'annonce  dans  les  vases  Iraités,  avec  une  force  et  une  vigueur  si  re- 
marquables, que  je  ne  doute  pas  du  rétablissement  des  vignes  phylloxérées 
et  très-infestées  qui  y  sont  plantées. 

»  Ces  expériences,  l'une  dans  le  laboratoire  sur  les  agents  employés, 
l'autre  sur  des  sujets  infestés  soit  en  pleine  vigne,  soit  confinés  dans  un 
petit  volume  de  ferre,  me  paraissent  démonstratives  en  se  corroborant  réci- 
proquement. 

»  L'emploi  des  sidfocarbonates  alcalins  au  moyen  desquels  on  réussit  à 
faire  périr  le  Phylloxéra  dans  les  profondeurs  du  sol,  combiné  avec  celui 
des  engrais  potassiques,  ammoniacaux  et  sulfurés,  dont  l'action  favorable 
sur  la  vigne  est  si  bien  constatée,  me  paraît  de  nature  à  assurer  la  solution 
du  problème  de  la  maladie  de  la  vigne. 

»  De  nombreuses  expériences  faites  dans  la  voie  que  je  signale  auront 
lieu  en  1H75,  et  tout  porte  à  espérer  qu'elles  feront  faire  un  pas  décisif  à  la 
question.  » 

VITICULTURE.  —  Note  sur  l'emploi  des  suljocarbonales  alcalins 
contre  le  Phjlloxera;  par  M.  Dumas. 

«  Après  la  Communication  de  M.  Henri  Mares,  notre  savant  Corres- 
pondant, et  comme  complément  de  sa  pensée,  je  prie  l'Académie  de  me 
permettre  un  court  exposé  des  résultats  obtenus  à  Cognac  et  de  leurs 
consé(]uences. 


(  'o4e  ) 

«  Les  observations  et  les  expériences  etfectuées  dans  le  cours  de  l'année 
dernière,  à  la  station  viticole  de  Cognac,  avaient  conduit  M.  le  professeur 
Mouillefert,  délégué  de  l'Académie,  à  la  conclusion  suivante,  au  sujet  des 
sulfocarhonates  dont  j'avais  signalé  l'efficacité  contre  le  Phylloxéra  : 

«  Les  sulfocnrbonates  alcalins  sont  [es  substances  les  plus  énergiques  contre  le 
»  Phylloxéra  qui  aient  été'  proposées  jusqu'ici,  et  méritent,  par  conséquent, 
»  la  plus  grande  attention  des  personnes  intéressées  cm  rétablissement  de  nos 
»   vignes.    » 

»  Lorsque  j'ai  proposé  l'emploi  de  ces  sels,  je  m'étais  assuré  que  les 
substances  minérales  ou  organiques  qu'ils  peuvent  rencontrer  dans  le  sol 
n'agissaient  pas  sur  eux,  que  l'acide  carbonique  les  décomposait  en  don- 
nant naissance  à  un  dégagement  d'acide  sulfhydrique  et  de  sulfure  de  car- 
bone vénéneux  pour  l'insecte  ;  que  tout  animal  placé  dans  le  voisinage  de 
ces  sels  solides  ou  dissous  ne  tardait  point  à  périr;  enfin,  que  leur  dissolu- 
tion suffisamment  affaiblie  n'agissait  pas  sensiblement  sur  des  plantes  dont 
les  racines  en  étaient  baignées. 

»  Des  expériences  variées  soit  au  laboratoire,  soit  sur  des  ceps  pris  au 
milieu  des  vignes  de  grande  culture,  effectuées  à  la  station  de  Cognac  par 
les  soins  de  M.  Mouillefert  et  de  M.  Max.  Cornu,  ayant  démontré  que  les 
dissolutions  de  sulfocarhonates  alcalins  tuent  le  Phylloxéra,  sans  nuire  à  la 
vigne,  j'ai  fait  poursuivre  la  fabrication  en  grand  de  ces  sels  par  divers 
manufacturiers.  Tandis  qu'on  les  employait  sur  une  large  échelle  à  Cognac, 
j'ai  fait  essayer  leur  application  sur  les  vignes  malades  dans  diverses  loca- 
lités. 

»  La  saison  étant  favorable  pour  tenter  l'effet  de  ces  sels,  qu'il  convieiit 
de  mettre  en  usage  au  printemps  ou  à  l'automne,  il  paraît  utile  d'appeler 
en  ce  moment  sur  eux  l'attention  des  vignerons.  L'emploi  qui  en  a  été  fait 
établit  que  la  vigne  n'en  souffre  pas  et  que  sa  végétation  en  est  au  con- 
traire activée.  Le  Phylloxéra  dispai-aît  partout  où  la  solution  de  sul- 
focarbonate  a  pu  pénétrer.  Le.^  pluies  favorisent  cette  pénétration,  le 
sel  étant  soluble  et  sa  solution  plus  dense  que  l'eau.  L'expérience  prouve 
d'ailleurs  que  les  sulfocarhonates  alcalins  peuvent  séjourner  plusieurs 
semaines  dans  le  sol  sans  être  détruits  et  qu'ils  peuvent  attendre, 
en  conséquence  ,  qu'une  pluie  favorable  vienne  les  délayer  et  les 
porter  au  contact  des  r.icines  phylloxérées  ou  du  moins  à  leur  proxi- 
mité. 

»  Les  sulfocarhonates  n'étant  pas  des  sels  commerciaux,  il  a  été  né- 
cessaire d'en  provoquer  la  lahricaliou.  Leur   prix   est   donc  encore    plus 


(  io5o  ) 
élevé  qu'il  ne  le  sera  lorsqu'ils  deviendront  l'objet  d'un  commerce  im- 
portant, comme  ils  pourront  l'être  i)lus  tard.  Toutefois,  en  raison  de  leur 
extrême  énergie,  il  en  faul  si  ])eu  pour  agir  efficacement,  qu'on  doit,  dès 
à  présent,  considérer  leur  application  comme  ayant  un  caractère  vérita- 
blement pratique. 

»  En  effet,  s'il  s'agit  de  circonscrire  et  d'arrêter  les  progrès  du  Phylloxéra 
dans  un  pays  où  il  vient  de  faire  sa  première  apparition,  il  suffira  de  traiter 
quelques  centaines  de  ceps,  constituant  la  première  tache  et  ses  alentours. 
Il  est  certain  que,  pour  des  circonstances  de  cette  nature,  et  en  s'y  pre- 
nant à  temps,  la  dépense  ne  peut  pas  dépasser  loo  francs  pour  le  sulfocar- 
bonate,  et  que  la  main-d'œuvre  nécessaire  pour  en  faire  l'application  reste 
absolument  insignifiante. 

»  S'il  s'agit  de  renouveler  une  plantation  de  vignes  dans  une  contrée  en 
proie  au  Phylloxéra,  il  sera  absolument  nécessaire  de  faire  au  moins  deux 
applications  de  sulfocarbonate  par  an,  l'une  au  printemps,  l'autre  à  l'au- 
tomne; mais  la  faible  extension  des  racines,  pendant  les  trois  premières 
années,  rend  si  faible  la  quantité  de  sulfocarbonate  nécessaire  pour  les  at- 
teindre toutes,  que  la  dépense  s'élèverait  à  peine  à  5o  ou  60  francs  par 
hectare  pour  la  première  année,  tout  au  plus  au  double  pour  la  deuxième, 
et  au  triple  pour  la  troisième,  donnant  une  moyenne  de  100  à  120  francs 
par  hectare,  jusqu'au  moment  où  la  vigne  commence  à  produire. 

»  A  l'égard  des  vignes  âgées,  généralement  atteintes  et  placées  dans  un 
pays  infesté,  il  n'y  a  pas  lieu  de  leur  faire  subir  un  traitement  assez  éner- 
gique pour  tuer  tous  les  Phylloxéras  ;  ce  serait  une  dépense  inutile,  puisque 
les  vignes  voisines  rendraient  bientôt  leur  mal  aux  ceps  momentanément 
guéris.  Il  faut  donc  se  contenter  de  faire  vivre  la  vigne  en  présence  de  son 
ennemi,  jusqu'à  ce  que  par  une  action  d'ensemble,  croissant  chaque  an- 
née, on  ait  purgé  toute  la  contrée.  La  marche  à  suivre,  absolument  con- 
forme d'ailleurs  à  celle  que  conseille  le  Comice  de  l'Hérault,  consiste  à 
marier  l'emploi  des  fumures  à  celui  du  poison.  Dans  ces  conditions,  on  peut 
considérer  comme  nécessaire  et  suffisante  une  dépense  en  sulfocarbonate 
qui  atteindra,  au  plus,  de  100  à  i  5o  francs  par  hectare.  Quant  à  la  main- 
d'œuvre,  elle  sera  presque  nulle,  puisqu'il  y  aura  tout  avantage  à  appliquer 
le  sulfocarbonate  en  même  temps  que  le  fumier,  c'est-à-dire  à  verser  le 
sulfocarbonate  au  fond  du  trou  autour  ilu  cep  et  le  fumier  par-dessus, 
dès  que  l'absorption  du  sulfocarbonate  par  le  sol  sera  complète.  Si,  au  lieu 
d'exagérer  la  dose  de  fumier  ou  d'engrais,  comme  on  est  forcé  de  le  fidrc, 
quand  on  compte  sur  lui  seul  pour  faire  équilibre  à  l'action  des  Phylloxéras, 
on  détruit  une  grande  partie  de  ces  derniers  par  le  sulfocarbonate,  on  arri- 


(   io5i   ) 
vera  à  une  véritable  économie,  la  quantité  de  fumier  ou  d'engrais  à  cui- 
ployer  pouvant  être  singulièrement  réduite. 

»  Dans  le  cas  dont  il  s'agit,  l'indication  à  observer  consiste  donc  à  faire 
usage  à  la  fois  d'engrais  suffisants  et  d'insecticides  sûrs.  Parmi  les  en- 
grais, chacun  devra  choisir  selon  les  circonstances  et  les  ressources  locales. 
Parmi  les  insecticides,  l'expérience  signale,  comme  les  plus  énergiques,  le 
coaltar  et  les  sulfocarbonafes  dont  il  s'agit  en  ce  moment, 

»  Les  principes  exposés  dans  cette  Note,  déjà  développés  dans  des 
publications  antérieures  de  la  Commission  du  Phylloxéra,  commencent  à 
être  compris  et  appréciés  par  les  propriétaires  de  vignes.  C'est  à  eux  qu'il 
appartient  de  leur  donner  les  perfectionnements  pratiques  dont  ils  sont 
susceptibles;  mais  les  expériences  et  les  applications  déjà  réalisées  ayant 
démontré  que  les  vignes  traitées  à  l'automne  se  comportent  très-bien  en 
ce  moment,  on  peut  regarder  les  effets  des  sulfocarbonates  comme  suffisam- 
ment démontrés,  au  double  point  de  vue  de  leur  innocuité  pour  la  vigne 
et  de  leur  action  toxique  sur  le  Phylloxéra. 

»  Les  premières  expériences  à  ce  sujet  datent  de  plus  de  deux  ans.  On 
ne  s'est  donc  pas  pressé  de  conclure.  On  a  d'abord  fait  usage  du  sulfo- 
carbonate  de  potassium,  et  l'on  a  essayé  ensuite  comparativement  le  sulfo- 
carbonate  de  sodium,  qui  jouit  de  la  même  activité  et  qui  est  même  plus 
efficace  à  poids  égal,  tout  en  coiitant  moins  cher.  On  a  déjà  mis  en  expé- 
rience près  de  3ooo  kilogrammes  de  ces  deux  sels. 

))  Aujourd'hui,  on  est  en  droit  d'affirmer  que  les  sulfocarbonates  alca- 
lins constituent  un  poison  sûr  contre  le  Phylloxéra;  qu'ils  n'exercent  pas 
d'action  nuisible  sur  la  vigne;  que  leur  application  n'est  pas  assez  coû- 
teuse pour  que  le  vigneron  ne  puisse  y  avoir  recours,  même  dans  les  cas 
presque  désespérés,  et  qu'elle  peut  se  montrer  entièrement  efficace  avec 
une  dépense  sans  importance,  lorsqu'on  opère  au  début  de  la  maladie  ou 
pour  la  préservation  des  jeunes  plants.   » 

»  La  présence  du  IMiylloxera  détermine  dans  la  vigne  un  état  maladif, 
dont  les  analyses  de  M.  Boutin  et  les  miennes  ont  donné  la  mesure;  il  im- 
porte donc,  conformément  aux  conclusions  du  Comice  de  l'Hérault,  d'as- 
socier à  l'emploi  des  sulfocarbonates  ou  d'un  autre  insecticide  sûr,  celui 
des  engrais  convenablement  choisis.  » 

NAVIGATION.   —  Sur  tes  mélhodes  à  employer  pour  le  maintien  des  ports. 
Noie  de  M.  Fkkd.  de  Lesseps. 

«  L'Académie  des  Sciences  a  reçu  de  plusieurs  officiers  supérieurs  de 
la  iMarine  italienne,  entre  autres  de  M.  le  capitaine  de  vaisseau  Cialdi,  des 


(   io52  ) 

Mémoires  intéressants  sur  les  méthodes  à  employer  pour  le  maintien  des 
ports  et  particulièrement  d'un  i)orl  de  récente  création,  celui  de  Port-Saïd. 

»  Je  crois  le  moment  venu  de  faire  part  à  l'Académie  de  mes  observa- 
tions sur  les  questions  qui  lui  ont  été  soumises. 

1)  M.  Alexandre  Layalley,  en  prenant  cette  année  la  présidence  de  la 
Société  des  Ingénieurs  civils,  a  fait  un  historique  de  la  transformation  et 
des  perfectionnements  récents  de  la  marine  commerciale;  il  a  ensuite 
exposé  l'état  d'infériorité  relative  où  se  trouvent  la  plupart  de  nos  ports  de 
mer  et  leur  insuffisance  pour  recevoir  ces  grands  paquebots  et  ces  trans- 
ports gigantesques  qui  tendent  à  monopoliser  le  commerce  au  long  cours. 

»   Cet  éminent  ingénieur  s'est  exprimé  ainsi  : 

n  Depuis  longtemps  le  peu  de  profondeur  des  passes  de  nos  ports,  l'ensablement  de  leurs 
entrées,  excitaient  les  plaintes  du  coniiiiercc  maritime.  Ces  jilainles  sont  devenues  plus  vives, 
l'état  est  ap|>aiu  plus  grave  depuis  que  les  bâtiments  ont  considérablement  augmenté  leur 
longueur  et  leur  tonnage  pour  transporter  plus  économiquement,  et  ont  acquis  un  tirant 
d'eau  inusité  jusqu'à  ces  dernières  années. 

»  Moins  favorablement  situés  que  ceux  d'autres  pays,  presque  tous  nos  ports  de  com- 
merce sont  ouverts  sur  des  plages  de  sable  ou  de  galets,  à  l'embouchure  des  rivières  dont 
le  delta  s'accroît  sans  cesse  en  obstruant  l'entrée  des  ports. 

»  Le  sable,  les  galets  soulevés  par  les  lames  sont  transportés  par  les  courants  parallèle- 
ment au  rivage;  ils  se  déposent  là  où  il  y  a  ralentissement  de  vitesse,  dans  les  anses,  les 
baies,  les  embouchures  des  rivières,  aux  apports  desquelles  ils  s'ajoutent. 

»  Sur  quelques  points  les  travaux  f;ùts  pour  améliorer  la  navigation,  dans  le  coiu'S  infé- 
rieur des  rivières,  ont  aggravé  la  situation  des  ports  situés  à  l'embouchure. 

»  Ces  rivières  endiguées  ne  reçoivent  plus,  quand  la  mer  monte,  d'aussi  grandes  quan- 
tités d'eau,  et,  quand  la  mer  baisse,  il  ne  s'écoule  plus  la  masse  d'eau  qui,  avant  l'cndigue- 
ment,  agissait  comme  chasse  et  déblayait  l'embouchure. 

»  On  peut  en  dire  autant  de  ceux  de  nos  ports  à  marée  qui  autrefois,  dans  leur  état 
naturel,  étaient  déblayés,  en  descendant,  par  l'énorme  quantité  d'eau  qui,  à  mer  haute, 
avait  rempli  les  vallées  et  les  dépressions  dans  lesquelles  presque  tous  sont  situés.  Peu  à 
peu  la  profondeur  de  ces  bassins  naturels  s'est  réduite;  leurs  bords  ont  été  resserrés  par  la 
main  de  l'homme  pour  faire  place  à  des  constructions.  Les  chasses  ont  été  ainsi  affaiblies 
peu  à  peu;  la  profondeur  et  la  largeur  des  chenaux  ont  diminué,  leur  section  se  mettant 
nécessairement  en  rapport  avec  la  quantité  d'eau  qui  les  balaye  pendant  le  jusant. 

»  Telle  est  sans  doute  une  des  causes  qui  ont  concouru  à  faire  disparaître  queicpies-uns 
de  nos  anciens  ports,  à  diminuer,  pour  tous,  la  profondeur  du  chenal  d'accès.  Sur  plu- 
sieurs points  l'ingénieur  est  venu  rétablir,  du  moins  en  partie,  les  bassins;  mais  l'expé- 
rience paraît  démontrer  que  les  moyens  employés  jusqu'ici  pour  combattre  le  mal  sont  in- 
suffisants, puisque  ce  mal  s'accroît  sur  beaucoup  de  points.  Ils  le  sont  d'autant  plus  qu'il 
ne  s'agit  plus  seulement  d'entretenir  la  profondeur  des  chenaux,  mais  encore  de  l'aug- 
menter. » 

»  Après  cet  exposé,  M.  Lavalley  se  demande  si,  pour  donner  à  l'entrée 


(  io53  ) 

de  nos  ports  la  profondeur  que  réclame  la  nouvelle  marine,  il  n'y  a  pas 
d'autre  moyen  que  de  créer  de  nouveaux  bassins  de  chasse,  constructions 
dispendieuses  et  longues  à  établir,  ou,  sur  certains  points,  de  diriger  les 
courants  naturels  par  des  jetées  submersibles  ou  non;  enfin,  s'il  ne  con- 
viendrait pas  mieux,  en  présence  des  grosses  sommes  qu'exigent  ces  tra- 
vaux d'art  et  de  leur  insuffisance,  de  draguer  tout  simplement  les  matières 
que  les  courants  et  les  lames  apportent. 

»  Les  dragues  à  vapeur  et  à  godets,  qui  ont  déjà  servi  à  creuser  ou  à 
curer  l'intérieur  des  ports  et  des  bassins,  ne  pourraient-elles  pas,  avec  cer- 
taines modifications,  être  employées  dans  des  conditions  suffisamment 
économiques  et  d'une  manière  plus  efficace  que  les  bassins  de  chasse  à 
l'approfondissement   des   passes  et  à  leur  entrelien   permanent? 

n  L'expérience,  ajoute-t-il,  prouvera  peut-être  qu'à  moindres  frais  ces  engins  méca- 
niques peuvent  tenir  lieu  de  constructions  fort  dispendieuses  et  dont  le  succès  est  toujours 
incertain.  » 

»  Telle  est  la  question  posée  :  j'ai  cru  devoir  la  soumettre  à  l'Académie 
dans  tous  ses  développements,  vu  son  importance  pour  notre  commerce, 
pour  les  finances  de  l'État  et  des  départements  qui  sont  prêts  à  s'imposer 
de  lourds  sacrifices,  afin  de  donner  ou  de  rendre  à  nos  ports  la  prospé- 
rité qui  est  près  de  les  abandonner. 

»  Cette  expérience  de  dragage,  nous  avons  commencé  à  la  faire,  à  titre 
d'essai,  à  l'embouchure  du  chenal  d'entrée  de  Port-Saïd,  tète  du  canal  de 
Suez,  et  ma  Communication  a  principalement  pour  but  de  vous  rendre 
compte  des  résultats  de  notre  expérience. 

»  Le  chenal  d'entrée  de  Pord-Saïd,  ouvert  dans  une  plage  sablonneuse 
et  protégé  par  deux  jetées,  se  trouve  précisément  dans  la  situation  des 
entrées  de  nos  ports  qui  ont  à  lutter  contre  les  sables  ou  les  galets,  avec 
cette  seule  différence  que,  le  long  de  la  côte  du  golfe  de  Péluse  où  il  est 
situé,  les  courants  et  par  suite  les  apports  sont  presque  toujours  dirigés 
dans  le  même  sens,  de  l'ouest  vers  l'est,  sous  l'impulsion  du  grand  courant 
littoral  méditerranéen  et  sous  celle  des  vents  doiuinants. 

»  En  raison  de  cette  situation,  le  chenal  de  Port-Saïd,  qui  d'ailleurs 
n'est  pas  situé  à  l'embouchure  d'un  fleuve  et  ne  subit  que  l'influence  d'inie 
marée  de  3o  centimètres,  a  été  principalement  défendu  du  coté  ouest  par 
une  jetée  plus  longue  et  plus  forte  que  celle  de  l'est. 

»  Les  ingénieurs  de  notre  Commission  scientifique  internationale  de  i856 
avaient  décidé  que  cette  jetée,  d'une  longueur  de  3ooo  mètres,  formée  de 
blocs  artificiels  de  mortier  de  sable,  d'un  volume  de  lo  mètres  cubes, 
atteindrait  les  fonds  de  9  mènes. 

C.  R.,  1K75,  1'^  Semestre.  (T.  LXXX,  ti"  16.)  * ''9 


(  io54  ) 

M  En  exécutant  leur  projet,  jusqu'à  une  distance  de  25oo  mètres,  nous 
savions  qu'au  bout  d'un  certain  temps  une  partie  des  sables  accumulés 
dans  l'angle  formé  par  la  jetée  et  le  rivage  pourrait  cheminer  le  long  de 
la  jetée,  tourner  le  musoir  et  se  déposer  dans  les  eaux  plus  calmes  de  l'in- 
térieur du  chenal. 

))  Pour  obvier  à  ce  résultai  prévu,  il  fallait,  à  un  moment  donné,  allon- 
ger la  jetée  ou  enlever  les  apports.  Le  moment  d'adopter  l'un  des  deux 
systèmes  était  arrivé.  Après  un  mùr  examen,  et  tout  en  nous  préparant  à 
augmenter  la  jetée  de  l'ouest,  dont  le  prolongement  entre  dans  nos  devis 
éventuels  pour  une  somme  importante,  nous  avons  d'abord  essayé  le  dra- 
gage, regardé  par  quelques-uns  de  nos  ingénieurs  comme  pouvant  actuelle- 
ment suffire  au  maintien  de  l'équilibre  à  l'entrée  du  chenal. 

»  Sur  une  côte  plate  et  à  peine  déclive,  comme  celle  du  delta  du  Nil, 
le  long  de  laquelle  les  courants  acquièrent,  par  les  jours  de  tempête,  une 
grande  intensité,  les  apports  remués  par  les  brisants  et  les  limons  plus 
légers  tenus  en  suspension  voyagent  en  suivant  toutes  les  sinuosités  que  les 
accidents  de  la  plage  font  prendre  à  ces  courants. 

))  Avec  un  vent  légèrement  frais,  la  vitesse  du  courant  à  l'extrémité  de 
la  grande  jetée  de  Port-Saïd  atteint  facilement  2  kilomètres  à  l'heure,  et, 
lorsqu'd  se  produit  une  tempête  pendant  deux  ou  trois  jours,  la  vitesse 
dépasse  6  kilomètres. 

»  On  comprend  facilement  que  la  masse  liquide  en  mouvement,  ren- 
contrant la  jetée  et  se  trouvant  rétrécie  par  elle,  acquière  une  plus  grande 
vitesse  au  musoir;  puis,  s'épanouissant  après  cet  obstacle  et  formant  des 
remous  dans  la  zone  abritée  par  la  jetée,  y  laisse  s'arrêter  ou  se  déposer  une 
partie  des  alluvions  qui  avaient  pu  être  entrahiées  jusque-là. 

"  Afin  d'obtenir  renlèvemeut  de  pareils  a[)ports,  dont  la  formation  ten- 
dait à  réduire  les  profondeurs  nécessaires  en  tète  du  chenal,  nous  avons 
résolu  d'appliquer  les  dragages  directs,  employés  habituellement  dans  des 
eaux  intérieures,  et  nous  avons  commandé  un  engin  destuié  à  fonctionner 
au  milieu  de  l'agitation  des  vagues. 

»  Une  puissante  drague,  à  formes  marines,  construite  en  1873,  au  prix 
de  700000  francs,  par  les  forges  et  chantiers  de  la  Méditerranée,  a  été  pla- 
cée, au  mois  de  septembre  de  la  même  année,  à  l'embouchure  du  chenal 
d'entrée  et  a  creusé,  en  dehors  des  jetées,  en  prolongement  de  ce  chenal, 
une  fouille  d'environ  800  mètres  de  longueur  sur  200  mètres  de  largeur,  et 
d'une  profondeur  maxima  de  i™,5o.  C'était,  croyons-nous,  la  première  fois 
qu'un  semblable  travail  était  exécuté  en  dehors  de  tout  abri,  et  il  y  avait 


(  io55  ) 
lieu  d'espérer  que,  si  cette  fouille  venait  à  être  remblayée  en  partie  sous 
l'action  de  la  mer,  elle  le  serait  aussi  aux  dépens  des  régions  environnantes. 
»  L'expérience  a  confirmé  nos  prévisions;  les  fonds  de  l'entrée  entre 
les  deux  jetées  se  sont  trouvés  égalisés  après  les  gros  temps  de  l'hiver,  en 
laissant  subsister  une  vaste  dépression  d'une  profondeur  d'eau  encore  supé- 
rieure à  la  i^rofondeur  primitive  qui  existait  avant  le  dragage;  c'est-à-dire 
que  c'était  la  substance  même  des  fonds  de  la  rade  environnant  la  fouille 
qui  avait  contribué,  pour  la  majeure  partie,  à  la  combler  et  à  niveler  le 
terrain,  eu  laissant,  par  suite,  une  plus  grande  profondeur  d'eau  dans  toute 
cette  région,  comme  effet  utile  définitif  du  travail  de  la  drague. 

»  Notre  drague,  en  huit  mois  de  marche  environ,  avait  donc  créé  une 
sorte  de  réservoir  d'une  capacité  suffisante  pour  emmagasiner  non-seule- 
ment la  quantité  de  sables  entraînés  par  les  courants  au  musoir  de  la  jetée, 
et  qui  auraient  exhaussé  la  barre,  mais  encore  une  certaine  proportion  des 
matières  environnantes  antérieurement  fixées. 

»  Si  cette  expérience,  dont  les  résultais  seront  successivement  constatés 
avec  un  grand  soin,  continue  à  réussir,  elle  démontrera  la  possibilité  d'en- 
tretenir, dans  un  état  constant  d'équilibre,  l'embouchure  des  ports  placés 
dans  les  mêmes  conditions  que  Port-Saïd  et  d'augmenter  leur  profondeur 
sans  difficultés  sérieuses. 

»  Les  dragages  doivent  être  évidemment  renouvelés  tous  les  ans  ;  mais 
ils  ne  paraissent  pas  avoir  l'importance  qu'on  aurait  pu  craindre.  En  effet, 
mal^^ré  les  conditions  généralement  considérées  comme  défavorables  dans 
lesquelles  se  trouve  filacé  Port-Saïd,  nous  estimons  que,  chaque  année, 
cinq  à  six  mois  au  plus  de  travail  de  notre  drague  marine  suffiront  à  main- 
tenir la  rade  en  état  d'équilibre  et  à  assurer  d'une  manière  continue  les 
profondeurs  nécessaires  à  la  navigation.  Ce  travail  correspond  à  un  déblai 
d'environ  looooo  à  iSoooo  mètres  cubes  et  n'entraîne  pas  une  dépense 
annuelle  de  plus  de  200000  francs,  le  cube  extrait  étant  revenu  en  moyenne 
à  i^',  40  le  mètre  et  pouvant  atteindre  2  francs,  en  y  comprenant  l'amortis- 
sement du  matériel. 

»  Dans  nos  ports  de  France,  plus  favorablement  situés  et  à  l'embouchure 
desquels  les  apports  sont  bien  moins  considérables,  la  dépense  serait  évi- 
demment moins  élevée  et  resterait  dans  tous  les  cas  très-inférieure  à  ce  que 
coûtent  en  intérêts  du  capital  de  construction,  entretien  et  surveillance,  les 
travaux  d'art,  bassins  de  chasse  ou  autres,  érigés  pour  déblayer  les  passes. 
»  Il  y  a  lieu  de  considérer,  en  outre,  que  le  système  de  déblais  par  dra- 
gages ne  peut  jamais  compromettre  l'avenir  d'un  port,  comme  pourraient 

.37.. 


(  io56  ) 
le  faire  des  conslriiclions  maritimes  étendues  venant  modifier  profondé- 
ment le  régime  de  sa  plage.  Les  dragages  paraissent  devoir  permettre  de 
limiter  la  longueur  des  jetées  à  celle  qui  est  strictement  nécessaire  pour 
protéger  le  chenal  ouvert  artificiellement  à  travers  la  plage. 

»  Quant  aux  conditions  auxquelles  doit  satisfaire  une  drague  marine, 
elles  sont  naturellement  indiquées  par  les  épreuves  qu'elle  a  à  subir  de  la 
mer:  un  tel  engin  doit  avoir  beaucoup  de  stabilité,  des  organes  très- 
robustes,  une  coque  à  formes  marines  tout  à  fait  différentes  de  celles  qui 
fonctionnent  habituellement  dans  des  eaux  tranquilles,  deux  hélices  mues 
par  des  machines  indépendantes,  qui  permettent  à  l'appareil  d'évoluer 
facilement  et  de  rentrer  rapidement  dans  le  port  en  cas  de  tempête;  enfin 
son  échelle  à  godets  doit  être  suffisamment  inclinée  en  travail  pour  que  les 
mouvements  verticaux  de  levée  et  de  descente  que  les  lames  impriment  à 
la  coque  n'occasionnent  pas  de  chocs  dans  les  points  d'attache  de  cette 
élinde. 

»  La  question  de  l'emploi  de  dragues  à  vapeur  puissantes  et  perfection- 
nées pour  l'amélioration  de  nos  ports  ne  pouvait  pas  échapper  à  l'atten- 
tion d'un  Ministre  des  Travaux  publics  aussi  éclairé  et  aussi  compétent  que 
M.  Caillaux.  J'apprends  que  ce  système  va  être  appliqué  au  port  de  l)un- 
kerque. 

»  L'exemple  de  ce  qui  est  expérimenté  à  Port-Saïd  |)ourra  être  utile- 
ment consulté  :  c'est  dans  ce  but  que  je  me  suis  permis  d'en  entretenir 
l'Académie  des  Sciences.  » 

ZOOLOGIE.  —  Noie  accompagnant  la  présentation  du  3*  volume  des  «  Archives 
de  Zoologie  expérimentale  »  ;  par  M.  de  Lacaze-Buthiers. 

«  L'Académie  a  bien  voidu  accepter,  il  y  a  quelque  temps,  les  deux 
premiers  volumes  de  mes  archives  de  Zoologie  expérimentale  :  je  la  prie 
aujourd'hui  de  recevoir  le  troisième. 

»  Ce  volume  renferme  de  longues  Monographies  et  des  Notes  sur  diffé- 
rents sujets;  les  travaux  faits  dans  mon  laboratoire  de  Roscoff  s'y  trouvent 
naturellement  réunis  ;  mais,  comme  il  a  paru  en  grande  partie  en  1874,  les 
rechei'ches  faites  dans  la  campagne  dernière  ne  s'y  trouvent  pas  :  elles  seront 
dans  le  4''volume,  dont  le  premier  numéro  est  sous  presse. 

»  Je  n'appellerai  l'attention  de  l'Académie  que  sur  une  observation  qui 
m'est  personnelle,  ayant  encore  à  présenter  deux  travaux  faits  dans  mon 
laboratoire  par  deux  naturalistes,  MM.  Perrier  et  Villot,  qui  ont  recueilli 


{  io57  ) 
beaucoup  d'observations  à  Roscoff,  et  qui  sont  dans  la  meilleure  voie  des 
études  zoologiques. 

»  J'ai  déjà  eu  l'iionnenr  d'entretenir  l'Académie  de  l'une  des  espèces 
d'Ascidies  simples  qui  a  été  l'objet  de  longues  études  de  ma  part,  et  qui  m'a 
fourni  des  observations  bien  curieuses  :  je  veux  parler  d'une  Molgulide  qui 
vit  dans  le  sable,  en  quantité  prodigieuse,  à  Roscoff,  dans  les  parages  des 
Roches  Rolea  et  Carec-ar-Bleis  de  Per'haridi.  Aux  mois  de  juillet  et  août,  il 
est  des  points  où,  plongeant  au  hasard  les  mains  dans  ces  grèves  assez 
meubles  pour  le  permettre  dans  les  points  indiqués,  on  rapporte  autant 
d'individus  qu'on  en  peut  saisir.  L'animal  ressendjle  à  un  petit  œuf  de 
sable  et  vit  libre  et  enfoui  dans  la  plage. 

»  Trois  années  de  suite,  n'étant  dans  la  localité  qu'en  passant,  j'avais  vu, 
après  de  forts  coups  de  vent  de  l'est  et  une  mer  franchement  établie  dans 
cette  direction,  la  Molgulide  disparaître  brusquement,  et  cela  d'une  grande 
marée  à  l'autre.  J'avais  conclu  d'abord  qu'elle  était  entraînée  par  les  mou- 
vements de  la  lame  et  les  courants  vers  les  grandes  profondeurs  :  la  conclu- 
sion était  naturelle,  et,  malgré  quelques  objections  que  je  me  faisais  à  moi- 
même,  j'en  étais  encore  à  cette  opinion  lorsque  le  laboratoire  a  été  créé  ;  j'ai 
voulu  la  vérifier,  et  j'ai  fait  des  dragages  :  je  n'ai  rien  trouvé;  j'ai  alors  suivi 
l'animal  d'une  manière  assidue  et  continuelle. 

))  La  larve  n'est  point  vagabonde  :  en  sortant  de  l'œuf,  elle  s'attache  atout; 
sa  mère  vivant  dans  le  sable  la  rejette  à  la  surface  de  la  grève,  et  elle,  qui 
n'est  pas  aussi  grosse  qu'une  petite  tête  d'épingle,  s'attache  et  reste  ainsi 
sur  le  lieu  de  sa  naissance.  La  mère  meurt  et  disparait  brusquement  vers  la 
fin  d'aoï'it  et  le  commencement  de  septembre  :  c'est  une  destruction  géné- 
rale, on  ne  la  retrouve  plus  dans  les  localités  où  quelque  temps  auparavant 
elle  abondait. 

»  Vers  le  milieu  de  marsdecetteannée,en  arrivantà  Roscoff,  j'ai  recherché 
laMolgidide;  je  l'ai  trouvée  en  nombre  immense  sur  les  grèves,  mais  imper- 
ceptible et  grosse  à  peine  comme  une  tète  d'épingle.  L'animal  est  transparent 
et  délicat,  on  ne  le  voit  pas  quand  on  le  cherche  ;  il  faut  découvrir  et 
recueillir  les  grains  de  sable  au  nombre  de  deux,  trois  ou  quatre,  qui  parais- 
saient unis.  En  plaçant  ces  petitesagglomérations  dans  l'acide  chromique,  on 
voit  bientôt  apparaître  les  tissus  du  jeune  et  très-petit  animal. 

»  Déjà,  Tannée  dernière,  au  mois  de  septembre,  la  Molgulide  avait, 
comme  les  cinq  ou  six  années  précédentes,  disparu  ;  à  l'une  des  grandes 
marées  du  mois  d'octobre,  pendant  mon  absence,  M.  Villot,  attaché  au  la- 
boratoire,  avait  sia-  ma  recommandation  fait  rechercher  les  jeunes  em- 


(  io58  ) 
bryons  venant  de  la  ponte  de  juillet,  et  le  marin  Charles  Marty,  garçon  de 
JMboratoire,  avait   fort  intelligemment  découvert  et  recueilli,  comme  il  le 
faisait  avec  moi  ce  mois  de  mars,  des  embryons  qu'on  ne  reconnaît  qu'à 
l'accolement  de  quelques  grains  de  sable. 

»  Je  n'ai  désiré  signaler  ce  faitque  pour  en  tirer  un  enseignement  et  mon- 
trer combien  sont  utiles  les  études  longuement  poursuivies,  aidées  par  la 
méthode  expérimentale  et  con)bieii  on  doit  juger  souvent  avec  trop  de  rapi- 
dité de  la  répartition  géographique  des  animaux  dans  des  voyages  rapides, 
dans  des  observations  faites  en  courant,  ou  dans  l'examen  de  collections 
étudiées  par  des  hommes  qui  ne  sortent  pas  de  leur  cabinet;  combien  il 
doit  y  avoir  d'êtres  dans  les  mêmes  conditions  que  celui  dont  il  est  ici 
question. 

»  Sûrement,  si  l'étude  de  notre  Molgulide  n'avait  été  aussi  longuement, 
aussi  assidûment  suivie,  on  n'aurait  pu  se  douter  de  ce  fait  biologique  qui 
ne  se  rencontre  pas  chez  beaucoup  d'autres  espèces  d'Ascidies,  même  fort 
voisines,  et  jamais,  à  coup  sûr,  on  n'aurait  songé  à  chercher  des  Ascidies 
aussi  petites  dans  de  vastes  étendues  de  grève.  Cela  est  si  vrai  que  les 
embryons  d'une  autre  Molgulide  jouissant  du  même  caractère  si  remar- 
quable, que  j'ai  découvert  (absence  de  queue),  étudiés  isolément  et  sans 
avoir  été  suivis  suffisamment,  ont  été  considérés  comme  des  œufs  agglu- 
tinés entre  eux  par  une  substance  muqueuse,  ainsi  que  cela  se  voit  chez  les 
Gastéropodes.  C'est  la  tunique  même  de  l'embryon  qui  a  été  prise  pour 
une  mucosité. 

»  Sans  un  laboratoire  permanent  où  les  observations  peuvent  se  conti- 
nuer dans  les  meilleures  conditions  et  se  poursuivre  longtemps ,  on  ne 
peut  arriver  qu'à  des  notions  isolées,  utiles  sans  doute,  mais  ne  pouvant 
plus  suffire  aujourd'hui.  C'est  en  cela  que  le  laboratoire  de  Zoologie 
expérimentale  deBoscoff  est  appelé,  je  l'espère,  à  rendre  de  vrais  services 
à  la  Zoologie  française. 

»  Je  ne  puis  terminer  sans  saisir  cette  occasion  de  remercier  notre  illustre 
Secrétaire  perpétuel,  M.  Dumas,  qui  a  bien  voulu  se  faire  mon  interprète 
auprès  de  notre  Commission  administrative  que  je  remercie  de  même,  et 
a  obtenu  que  la  collection  com|)lète  des  Comptes  rendus  de  i /icadémie  des 
Sciences  soit  donnée  au  laboratoire  de  Roscoff  :  ce  sera  là  une  i-essonrce 
précieuse  pour  nos  études,  et  tous  mes  collaborateurs  se  joindront  à  moi 
pour  exprimer  leiu-  vive  reconna!s.sance  à  TAcadémie  qui  leur  aura  fourni 
un  si  précieux  moyen  de  recherches  bibliogra|)liiques.  » 


(  loSg  ) 
i\I.  Daitbhée  rappelle  que  clans  la  séance  précédente,  en  signalant  la 
cliiite  de  poussière  récemment  observée  en  Norwége  et  en  Suède,  il  avait 
supposé,  d'après  un  exauien  minéralogique,  que  cette  poussière  provenait 
d'une  éruption  volcanique  d'Islande.  Aujourd'hui  même,  certains  jour- 
naux français  (t)  apprennent,  en  effet,  qu'une  grande  éruption  vient  d'a- 
voir lieu  dans  le  nord-est  de  cette  île,  non  loin  de  Mvvatn;  sienalée  dès  le 
mois  de  décembre  dernier,  elle  continuait  encore  en  février.  L'origine  at- 
tribuée à  celte  poussière  se  trouve  donc  confirmée  par  celle  nouvelle, 
que  la  saison  d'hiver  n'a  pas  permis  de  recevoir  plus  tôt. 

NOmiVATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  de  cinq  Membres,  qui  sera  chargée  de  présenter  une  question 
de  grand  prix  des  Sciences  mathématiques  à  décerner  en  187G. 

MM.  Chasles,  Puiseux,  Morin,  Hermite  et  Faye  réunissent  la  majorité 
des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont 
MM.  Bertrand  et  Fizeau. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  de  cinq  Membres,  qui  sera  chargée  de  présenter  une  question 
de  prix  Bordin  (Sciences  mathématiques)  à  décerner  en  187G. 

MM.  Fizeau,  Puiseux,  Hermite,  Dupuy  de  Lôme,  Becquerel  père  réu- 
nissent la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu 
le  |>lus  de  voix  sont  MM.  Rolland  et  Chasles. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  de  cinq  Membres,  qui  sera  chargée  de  présenter  une  question 
de  grand  prix  des  Sciences  physic[ues  à  décerner  en  1877. 

MM.  Milne  Edwards,  Blanchard,  Cl.  Bernard,  Brongtiiart  et  de  Qiiatre- 
fages  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont 
obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  DesCloizeaux  et  Duchartre. 

1/ Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  de  cinq  Membres,  qui  sera  chargée  de  présenter  une  question 
de  prix  Bordin  (Sciences  physiques)  à  décerner  en  1877. 


'i)   Journal  officiel  du  26  avril. 


(   io6o  ) 
MM.  Milne  Edwards,  Diichartre,  Fremy,  Chevreul  et  Brongniarl  réu- 
nissent la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu 
le  plus  de  voix  sont  MM.  Peligot  et  Boussingaullt. 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  L ascension  à  grande  hauteur  du  ballon  le  Zénith; 

par  M.  G.  TissANDiER.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  TilM.  Cl.  Bernard,  Thenard,  Berthelot,  Jamin,  Becquerel, 

Fremy,  Dupuy  de  Lôme,  H.  Mangon.) 

«  Le  jeudi  i5  avril  iS^S,  à  ii'^SS™  du  matin,  l'aérostat  le  Zénith  s'é- 
levait  de  terre  à  l'usine  à  gaz  de  la  Villette.  Crocé-Spinelli,  Sivel  et  moi 
avions  pris  place  dans  la  nacelle,  emportant  le  matériel  nécessaire  à  nos  ob- 
servations. A  3''3o",  après  avoir  dépassé  deux  fois  l'altitude  de  8000  mètres, 
Sivel  et  Crocé-Spinelli  ont  été  trouvés  inanimés  dans  la  nacelle.  Il  ap- 
partient à  leur  compagnon  de  voyage,  échappé  au  trépas,  de  fermer  un 
instant  son  cœur  à  la  douleur  pour  rapporter  les  faits  recueillis  dans  le 
cours  de  l'a-scension. 

»  Voici  le  résultat  complet  des  lectures  thermométriques  : 


Heures.  Altitudes.  Temp"""^'. 


'  40'" 
,  ,5,,, 


à  terre -hi^° 

792  mètres -1-8 

1267 H-  8 

3200 -f-     I 

3698 4-2 

4387 O 


Iteures.       Altitudes.  Temples. 

,   „       (  4700 O 

(  0210 —  5 

,     ^    l  56oo.  .  .• ...  —  5 

i''  o5"' 

(  6700 —  8 

!70oo ...  — 10 

74of> •  — II 

8000 X. 


I)  Nous  avons  déterminé  à  l'aide  d'un  thermométrograplie  la  tempéra- 
ture intérieure  du  ballon.  A  53oo  mètres,  le  gaz  de  l'aérostat  était  de  23  de- 
grés; l'air  extérieur  au  contraire,  de  —  5°.  Le  therniométrographc  resta 
dans  le  ballon  au  delà  de  8000  mètres.  Retrouvé  intact  après  la  descente, 
il  marquait  23  degrés.  , 

»  Ces  laits  nouveaux  expliquent  l'ascension  rapide  du  navire  aérien 
dans  les  hautes  régions.  Ils  expliquent  encore  pourquoi  l'aérostat  descend 
si  vite,  quoiqu'il  arrive  dans  des  couches  d'air  de  plus  en  plus  denses.  Les 
températures  de  celle.s-ci  croissent  de  haut  en  bas,  tandis  que  celle  du 
ballon  reste  à  peu  près  constante,  ce  qui  tend  à  faire  diminuer  sans  cesse 
la  force  ascensionnelle. 


(  io6i   ) 
»  Voici  les  observations  physiologiques  que  nous  avons  recueillies  : 

Heures.  Altitude. 

i2'>48"'  4^02  mètres..  Tissamlier,  no  pulsations  à  la  minute. 

la*"  55'"  52  lo Cfocé,  température  buccale,  37'',5o. 

l'ioS"'  53oo Crocé,   i?,o  pulsations  à  la  minule. 

i''o5"'  53oo Tissandier,  nombre  d'inspirations  déterminées  par  Crocé  :  26. 

Id.  id.  Sivel,  1 55  pulsations  à  la  minute. 

Id.  id.  id.     température  buccale,  37°, 90. 

»  Les  observations  spectroscopiques  ont  été  exécutées  par  Crocé- 
Spinelli;  les  résultats  obtenus  ne  me  sont  pas  connus.  Crocé  cependant 
s'est  écrié  au  delà  de  5ooo  mètres  :  il  y  a  déjà  absence  complète  des  bandes 
de  la  vapeur  d'eau. 

))  L'atmosphère  offrait  le  i5  avril  ini  état  particulier.  A  45oo  mètres 
nous  fûmes  au  niveau  d'une  nappe  de  légers  cirrhus.  A  7000  mètres  la 
nacelle  était  entourée  d'un  vaste  cercle  de  cirrhus  plus  compactes,  qui  of- 
fraient l'aspect  de  masses  solides  cristallisées.  A  7600  mètres  le  ciel  m'ap- 
paraissait  avec  sa  nuance  bleue  habituelle. 

»  Jusqu'à  7000  mètres,  aucun  de  nous  n'a  ressenti  d'une  façon  alar- 
mante l'influence  de  la  dépression  atmosphérique.  A  65oo  mètres,  Crocé  et 
Sivel  étaient  pâles,  et  ce  dernier,  d'un  tempérament  sanguin,  fermait  par 
moment  les  yeux.  Mais  à  7000  mètres  nous  avons  respiré  à  plusieurs  re- 
prises l'air  à  70  poin-  100  d'oxygène  préparé  par  M.  Limotisin,  d'après  les 
proportions  indiquées   par  M.  Bert,  et  le  gaz  vital  nous  a  ranimés. 

»  Vers  l'altitude  de  7600  mètres,  nous  étions  immobiles  dans  la  nacelle 
et  certainement  engourdis.  C'est  à  cette  hauteur  que  Sivel  vida  trois  sacs 
de  lest  pour  atteindre  et  dépasser  l'altitude  de  8000  mètres,  suivant  le 
programme  que  nous  nous  étions  tracé  à  l'avance. 

»  D'après  mon  souvenir,  aujourd'hui  très-net,  l'état  d'engourdissement 
oîi  l'on  se  trouve  à  celte  altitude  est  particulier.  Le  corps  et  l'esprit  s'affai- 
blissent peu  à  peu,  sans  c[u'on  en  ait  conscience.  On  ne  souffre  en  aucune 
façon  ;  on  ne  pense  plus  au  péril  du  voyage  :  on  monte  et  l'on  est  heureux 
de  monter.  Le  vertige  des  hautes  régions  ne  semble  pas  être  un  vain  mot. 
Je  ne  lardai  pas  à  me  sentir  si  faible  que  je  ne  pus  même  pas  tourner  la  tète 
pour  regarder  mes  compagnons.  Bientôt,  je  veux  saisir  le  tube  à  oxygène, 
mais  il  m'est  impossible  de  lever  le  bras.  Mon  esprit  cependant  est  encore 
très-lucide.  Je  considère  toujours  le  baromètre,  les  yeux  fixés  sin-  l'aiguille 
qui  arrive  au  chiffre  de  280  qu'elle  dépasse  rapidement.  Je  veux  m'écrier  : 
«  Nous  sommes  à  8000  mètres.  )>  Mais  ma  langue  est  paralysée.  Tout  à  coiqi 

on.,  1875,  t"- Semesire.    (T.  LXXX,  N'    !0.1  ' ''^ 


(  io62  ) 

je  ferme  les  yeux  et  Je  tombe  inerte,  perdant  absolument  le  souvenir.  Il 
était  environ  i''3o™. 

»  A  2'' S",  je  me  reveille.  Le  ballon  était  en  descente.  J'ai  vidé  un  sac  de 
lest  pour  atténuer  la  vitesse,  et  j'ai  pu  écrire  sur  mon  carnet  quelques  lignes 
qui  me  donnent  la  pression  3i5  (7059  mètres),  la  température  —  8°:  il 
était  je  crois  2'' 20™.  Mais  un  tremblement  me  saisit  et  je  m'affaisse  de  nou- 
veau. Le  vent  de  bas  en  haut  était  violent  et  dénotait  une  descente  préci- 
pitée. Quelques  minutes  après,  Crocé-Spinelli  se  réveille  à  son  tour,  me 
secoue  par  le  bras  et  me  fait  observer  qu'il  faut  jeter  du  lest.  Il  en  jette  lui- 
même.  Le  ballon  imperméable,  très-chaud,  est  remonté  encore  une  fois 
dans  les  hautes  régions  qu'il  avait  quittées.  Il  eût  fallu  tirer  la  soupape, 
mais  aucun  de  nous  n'eut  la  force  de  le  faire.  Je  perdis  connaissance  une 
deuxième  fois. 

»  A  3''3o'",  je  me  suis  ranimé  à  l'altitude  de  6000  mètres.  Crocé-Spinelli 
et  Sivel  avaient  cessé  de  vivre.  Tous  deux,  Sivel  surtout,  avaient  la  figure 
noire,  les  yeux  à  demi  fermés  et  ternes,  la  bouche  entr'oiiverte,  crispée, 
ensanglantée,  les  lèvres  enflées,  les  mains  froides. 

»  La  descente  a  eu  lieu  à  Ciron  (Indre),  à  4  heures,  à  25o  kilomètres  de 
Paris,  à  vol  d'oiseau,  après  un  séjour  dans  l'atmosphère  de  4*"  25"".  D'après 
les  questionnaires  lancés  de  la  nacelle,  et  renvoyés  au  siège  de  la  Société  de 
Navigation  aérienne  par  ceux  qui  les  ont  ramassés  à  terre,  je  me  suis  assuré 
que  le  Zéniih  n'a  pas  dévié  de  sa  route;  le  vent  soufflait  en  ligne  droite,  et 
sa  direction  était  constante  jusqu'à  l'altitude  de  8000  mètres. 

»  Après  avoir  rapidement  retracé  l'histoire  de  l'ascension,  j'arrive  aux 
deux  points  qui  ont  si  vivement  préoccupé  l'attention  du  monde  savant. 
Quelle  est  la  hauteur  maximum  atteinte  par  l'aérostat?  Quelle  est  la  cause 
de  la  mort  de  Crocé-Spinelli  et  de  Sivel? 

»  La  première  question  peut  être  aujourd'hui  considérée  comme  résolue, 
par  l'ouverture  des  tubes  barométriques  témoins  imaginés  par  M.  Janssen 
et  déjà  employés  par  Sivel  et  Crocé-Spinelli  lors  de  leur  ascension  de  1874, 
à  7300  mètres.  Ces  tubes,  de  o™,5o  de  hauteur,  de  i  à  2  millimètres  de 
diamètre  intérieur,  sont  remplis  de  mercure.  Ils  sont  recourbés  à  leur 
partie  inférieure,  qui  se  termine  par  une  ouverture  capillaire.  Sous  l'in- 
fluence de  la  dépression,  le  mercure  s'échappe  en  gouttelettes.  Les  tubes 
placés  dans  de  la  sciure  de  bois  sont  contenus  dans  une  boîte  scellée  au 
départ,  et  qui  doit  être  rapportée  intacte.  Au  retour,  la  quantité  de  mer- 
cuie  qu'ils  contiennent  permet  de  déduire  la  dépression  qu'ils  ont  subie. 

»  L'opération,  en  ce  qui  concerne  l'ascension  du  Zénith,  a  été  faite  dans 


(  io63  ) 
le  laboratoire  de  Physique  de  la  Sorboiine,  en  présence  et  avec  le  concours 
de  MM.  Berthelot,  Janiin,  Hervé  Mangon.  Les  tubes  que  j'ai  rapportés  ont 
été  placés  sous  la  machine  pneumatique  avec  un  baromètre.  On  fait  pro- 
gressivement le  vide  jusqu'à  ramener  la  colonne  de  mercure  à  l'extrémité 
courbée  du  tube  dans  les  conditions  où  elle  devait  se  trouver  au  moment 
où  nous  avons  atteint  la  plus  grande  hauteur.  Un  tube  avait  été  cassé, 
quelques  autres  avaient  éprouvé  des  accidents  ou  fonctionné  mal;  mais  il 
y  en  a  deux  dont  la  marche  a  été  régulière,  et  qui  nous  ont  fourni  des  ré- 
sultats concordants.  Ils  tendent  à  établir  que  la  plus  faible  pression  était 
de  264  à  262  millimètres,  ce  qui  porte  la  hauteur  maximum  à  854o  mètres 
et  à  8600  mètres  (correction  faite  de  la  pression  à  la  surface  du  sol). 

»  Le  baromètre  anéroïde  que  j'avais  emporté  a  été  également  vérifié 
sous  la  machine  pneumatique,  et  nous  avons  reconnu  qu'il  donnait  des 
indications  exactes,  après  l'ascension  comme  avant.  Comme  au  moment  de 
mon  anéantissement  à  8000  mètres  l'aiguille  de  ce  baromètre  passait  rapi- 
dement sur  le  chiffre  de  la  pression  28  (8002  mètres),  j'ai  la  persuasion 
que  nous  avons  atteint  celte  altitude  de  8G00  mètres  dès  la  première  ascen- 
sion. Après  la  première  descente,  Crocé-Spinelli  et  très-certainement  Sivel 
vivaient.  Ils  ont  été  frappés  de  mort,  quand  le  ballon  a  atteint  une  se- 
conde fois  les  niveaux  élevés  qu'il  venait  de  quitter,  mais  qu'il  n'a  pas  dû 
dépasser,  son  volume  et  son  poids  ne  lui  permettant  certainement  pas  de 
monter  plus  haut. 

»  Il  ne  me  semble  pas  douteux  que  la  mort  de  mes  infortunés  compa- 
gnons est  la  conséquence  de  la  dépression  atmosphérique  et  de  leur  double 
et  long  séjour  dans  les  régions  de  l'air  raréfié.  I/air  particulièrement  sec 
n'a  peut-être  |)as  été  sans  exercer  encore  une  funeste  influence. 

»  On  se  demandera  quelle  est  la  cause  de  mon  salut.  Je  dois  la  vie  pro- 
bablement à  mon  tempérament  lymphatique,  peut-être  à  un  évanouisse- 
ment plus  complet,  sorte  d'arrêt  des  fonctions  respiratoires. 

»  J'ajouterai  que  les  rares  ascensions  en  hauteur  précédentes  sont  loin 
de  l'altitude  que  nous  avons  atteinte  :  Gay-Lussac,  en  1804,  a  été  à 
7004  mètres;  Roberlson  et  Lhoest,  en  i8o3,  à  7400  mètres;  Barrai  et 
Bixio,  en  i852,  à  7016  mètres;  Welsh,  la  même  année,  à  6990  mètres.  On 
voit  que  tous  ces  voyages  ont  eu  pour  limite  les  hauteurs  de  7000  à 
7400  mètres,  que  l'on  peut  considérer,  selon  nous,  comme  les  bornes  de 
l'atmosphère  respirable. 

»  Notre  maître  et  ami,  M.  Glaisher,  en  1862,  est  monté  à  l'allitude  de 
8838  mètres;  là  il  s'est  évanoui  et  a  failli  perdre  la  vie.  Quant  à  la  hauteur 

i38.. 


(   "o64   ) 
de  I  I  ooo  niétios  qu'il  suppose  avoir  atteinte  au  delà,  elle  nous  paraît  très- 
contestable;  il  ne  la  déteraiine  que  par  une  proportion  algébrique  dont  les 
éléments  incertains  sont  déduits  de  la  vitesse  de  l'aérostat  à  la  montée  et 
à  la  descente. 

»  J'ai  la  persuasion  que  Crocé-Spinelli  et  Sivel  vivraient  encore,  malgré 
leur  séjour  prolongé  dans  les  hautes  régions,  s'ils  avaient  pu  respirer  l'oxy- 
gène. Ils  auront,  comme  moi,  sidiitement  perdu  la  faculté  de  se  mouvoir; 
mais  ces  nobles  victimes  ont  ouvert  à  l'investigation  scientififiue  de  nou- 
veaux horizons.  Ces  soldats  de  la  science,  en  mourant,  ont  montré  du 
doigt  les  périls  de  la  roule,  afin  que  l'on  sache,  après  eux,  les  prévoir  et  les 
éviter.  » 

MÉMOlilES  i*liÉSE.\^TES. 

GliOMÉTHlE.  —  Sur  une  exlension  analjlicjue  du  princijje  de  correspondance 
de  M.  Chasies.  Note  de  M.  L.  Saltel. 

(Commissaires  :  MM.  Chasies,  Bonnet,  Puiseux.) 

«  Dans  le  Mémoire  intitulé  Considérations  générales  sur  la  détermination, 
sans  calcul,  de  l'ordre  d'un  lieu  géométrique,  nous  avons  montré  comment  la 
détermination  de  ce  nombre,  dans  le  cas  où  le  lieu  est  défini  par  la  variation 
de  deux  courbes  ou  suifaces,  résulte  immédiatement  de  la  solution  de  ce 
problème  : 

»  Une  droite  A  contient  un  point  O  pris  pour  origine  et  deux  séries  de 
jioints  S|,  S2,  dont  la  liaison  est  telle  que,  prenant  arbitrairement  un  point  Q, 
à  une  dislance  du  point  O,  représentée  par  p,  ou  fJo{'),  il  conesponde  pour 
l\nilre  sér  ie  un  nombre  constant  de  points  c/..,  ou  a,  (**  ).  On  demande  le  nombre  N 
de  points  P,  situés  à  dislance  finie,  tels  que,  supposant  confondu  en  l'un  d'eux 
un  point  de  l'une  des  deux  séries,  ce  point  coïncide  avec  l'un  des  points  corres- 
pondants de  l'autre  série. 

))  Dans  le  cas  particulier  où  les  séries  sont  telles  que,  étant  supposé  à 
l'infini  le  |)oint  Q,  les  points  correspondants  restent  à  distance  finie,  la 
réponse  est  N  =  a,  4-  «;,  elle  constilue  le  principe  de  correspondance  de 
M.  Chasies. 

(*)  Si  le  poini  Q  appartient  à  la  pieiiiière  série,  la  lettie  p,  désigne  la  distance  de  ce  point 
au  point  O;  si  ce  point  appartient  à  la  seconde  série,  celte  distance  est  représentée  par  pj. 

(**)  Si  le  point  Q  app.iiljenl  à  la  première  séi'ie,  on  a  «j  j  si  ce  point  appartient  à  la  seconde, 
on  a  a,. 


(  io65  ) 
»  Voici  un  théorème,  auquel  nous  donnerons  le  nom  rie  principe  de  cor- 
respondance analjticjite,  qui  donne  une  solution  assez  simple  dans  une  mul- 
titude de  cas  : 


»   Théorème.  —  Si,  parmi  les  diverses  limites  du  rapport  (  —  ]  )  pour  p^  infini, 

il  nj  en  a  pas  d'égales  à  l'iinilé,  le  nombre  N  est  cc/al  au  nombre  des  valeurs 
nulles  ou  non  nulles,  mais  finies  de  ce  rapport,  plus  le  nombre  des  valeurs  nulles 


du  rapport  (i-ij  pour  p,  infini  (*). 

»  Cette  Note  ayant  été  rédigée  uniquement  en  vue  de  prendre  date,  nous 
nous  bornerons  pour  aujourd'hui  à  faire  connaître  l'application  de  ce 
principe  à  la  détermination  immédiate  du  nombre  des  solutions  finies 
communes  à  un  système  de  deux  équations  à  deux  inconnues  incomplètes 
d'un  ordre  quelconque,  et  dont  les  coefficients  peuvent  être  assujettis  à 
des  relations  arbitraires,  pourvu  que  les  deux  courbes  représentées  par  les  deux 
équations  n'aient  pas  d'autres  directions  asymptoliques  communes  que  les  deux 
axes  coordonnés. 

»  Exposition  de  la  méthode.  —  Considérons  le  système  des  deux  équa- 
tions 

(i)  ?,(x^,/P./".  =  o, 

(2)  9,(x'-'.,;-P.)"'-.=  o, 

dont  les  degrés  sont  respectivement  /«,,  nu,  et  dans  lesquelles  les  plus 
hauts  exposants  des  inconnues  sont  («,,  /S,),  («o,  /3,).  Mettons  dans  la  pre- 
mière de  ces  équations  la  lettre  |3,  à  la  place  de  j^,  et  dans  la  seconde  la 
lettre  j32  à  la  place  de  cette  même  lettre,  il  vient 

(3)  9,(x«.,p^;)  =  o, 

(4)  (p,{x^^,  p'i)  =  o. 

Si  l'on  attribue  à  p,  une  valeur  particulière,  il  en  résulte,  à  cause  de  l'équa- 

(*)  On  se  renJ  iinniécUatement  compte  de  ce  théorème  si   l'on  remarque   qu'il  y  a  néces- 
sairement entre  p,  et  p,  une  relation  algébrique  de  la  forme/(p'',  p°=)  =  o. 

Nota.  —  Si,  supposant  à  l'infini  le  point  Q,  considéré  comme  appartenant  à  la  seconde 

série,  tous  les  points  correspondants  sont  situés  à  dislance  finie,  les  a,  valeurs  <ln  rapport  — 

sont  évidemment  toutes  nulles;  il  en  est  de  même  pour  les  a,  valeurs  du  rapport  —  pour 

P' 
(3,  infini;  donc,  dans  ce  cas,  d'après  ce  théorème,  on  a  bien  N  =  a,  4-  «i,  ce  qui  s'accorde 
avec  le  résultat  déjà  connu. 


(  io66  ) 
tion  (3),  a,  valeurs  pour  x,  et  par  suite,  en  vertu  de  l'équalioii  (4), 
a,  jSj  valeurs  correspondantes  pour  jOj;  de  même,  si  l'on  attribue  à  p^  une 
valeur  particulière,  il  en  résulte,  à  cause  de  l'équation  (4),  «2  valeurs 
pour  X,  et  par  suite,  en  vertu  de  l'équation  (3),  «2(3)  valeurs  correspon- 
dantes pour  p,.  Si  donc  on  convient  de  porter  sur  une  droite  A  des  lon- 
gueurs égales  aux  valeurs  de  p,,  p^,  on  obtiendra  deux  séries  de  points 
correspondants.  Il  est  d'ailleurs  évident  que  le  nombre  N  des  coïncidences, 
situées  à  distance  finie,  marque  le  nombre  des  solutions  finies  du  système 
proposé  par  rapport  à  jr.  La  question  que  nous  avions  en  vue  est  donc 
ramenée,  en  vertu  du  principe  de  correspondance  analytique,  à  trouver  le 

nombre  des  solutions  finies  du  rapport  —  pour  p^  infini,  et  le  nombre  des 

pi 

solutions  du  rapport  —  pour  p,  infini.  Il  est  manifeste  que,  si  l'on  sait  cher- 

cher  les  diverses  solutions  du  rapport  —  pour  p.-,  infini,  la  même  marche 
conduira  à  la  détermination  des  diverses  solutions  que  présente  le  rap- 
port —  pour  p,  infini.  Proposons-nous  donc  de  déterminer  :  i°  le  nombre 

des  valeurs  finies  non  nulles  du  rapport  —  pour  p,  infini;  2°  le  nombre 
des  valeurs  nidles  de  ce  rapport;  3°  le  nombre  des  valeurs  infinies  de  ce 
même  rapport.  Pour  cela  posons —  =  p',  —  =  x',  il  vient 

P^  p3 

(5)  ?,[(a:'p2rs(p.p')P']  =  o, 

(6)  çp2[(-^>2)%P^J  =  o. 

»  Remarquons  que,  lorsque  po  a  une  valeur  arbitraire  finie,  l'équation  (6) 
donnant  a,  valeurs  pour  x',  il  en  résulte,  à  cause  de  l'équation  (5),  qu'il 
y  a  en  général  aj^,  valeurs  finies  correspondantes  du  rapport  p  .  La  ques- 
tion est  donc  de  savoir  ce  que  deviennent  ces  «o/^i  valeurs  pour  p„  infini, 
c'est-à-dire  de  trouver  :  i°  le  nombre  de  ces  valeurs  qui  deviennent  finies 
non  nulles;  2°  le  nombre  de  ces  valeurs  qui  deviennent  nulles;  3°  le  nombre 
de  ces  valeurs  qui  deviennent  infinies.  D'un  autre  côté,  puisqu'on  connaît 
la  composition  de  l'équation  (5),  il  est  évident  qu'il  suffit  pour  cela  de 
connaître  les  ordres  d'infiniment  grands  des  diverses  valeurs  de  x'  qui 
deviennent  infinies  pour  p,  infini.   Ainsi,  comme  il  ne  peut  évidemment 

jamais  arriver  que,  parmi  les  diverses  valeurs  de  —  pour  pj  infini,  il  y  en 

ait  d'égales  à  l'unité,  puisque,  par  hypothèse,  les  courbes  représentées  par 


(  '067  ) 

les  équations  (1)  et  (2)  n'ont  pas  d'autres  directions  asyiiiptotiqnes  com- 
munes que  les  axes  coordonnés,  on  peut  bien  conclure  que  cette  méthode 
conduira  toujours  à  la  solution  de  la  question  proposée,  si  l'on  sait  résoudre 
ce  nouveau  problème  : 

»  Phoblème  préliminaire.  —  Etant  donnée  une  équation  'p(j?,p)'"=o 
du  detjré  m  entre  deux  variables  x,  p,  trouver  les  ordres  d'infiniment  grands  des 
valeurs  de  x  qui  deviennent  infiniment  qrandes  lorsque  p  devient  infini. 

»  La  solution  suivante  se  déduit  facilement  des  considérations  exposées 
par  Lagrange  dans  un  Mémoire  de  l'Académie  de  Berlin,  année  1776; 
mais,  qu'on  nous  permette  de  le  dire,  nous  l'avions  entièrement  formulée, 
par  nos  propres  recherches,  avant  d'avoir  eu  connaissance  du  travail  de 
ce  grand  géomètre.  C'est  seulement  en  parcourant,  depuis  peu,  le  Traité 
de  Calcul  différentiel  de  Lacroix  que  nous  avons  pu  nous  rendre  compte  de 
la  possibilité  d'arriver  à  la  même  règle  en  s'appuyant  sur  des  résultats  déjà 
connus.    » 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  courbes  d'ordre  n  à  point  multiple  d'ordre  n  —  i. 
Note  de  M.  B.  Niewenglowski. 

(Commissaires  :  MM.  Chasles,  Bonnet,  Puiseux.) 

«  Dans  le  troisième  numéro  de  la  Nouvelle  Correspondance  mathématique 
on  trouve  cette  proposition,  extraite  des  Archives  de  Grunert,  à  savoir, 
que  :  les  cubiques  unicursales  sont  des  cissoïdes,  c'est-à-dire  des  courbes 
déduites  d'une  conique  comme  la  cissoïde  de  Dioclès  est  déduite  du  cercle. 
J'ai  généralisé  ce  théorème  de  la  manière  suivante  : 

»  Considérons  une  courbe  et  une  droite  AB  quelconque.  Sur  un  rayon 
vecteur  issu  d'un  point  fixe  O  et  rencontrant  la  courbe  eu  P,  la  droite 
en  Q,  portons,  dans  le  sens  PQ,  une  longueur  OM  égale  au  segment  PQ. 
On  peut  appeler  le  lieu  du  point  M  une  cissoïde  de  la  courbe  donnée,  par 
rapport  au  point  O  et  à  la  droite  AB  que  nous  appellerons  Yorigine  et  la 
base. 

■)  Supposons  que  la  courbe  donnée  soit  d'ordre  ti,  et  ait  en  O  un  point 
multiple  d'ordre  »  — i  ;  alors,  toute  sécante  menée  par  l'origine  la  coupe 
en  un  seul  point  différent  de  O.  Toute  base  rencontre  la  courbe  en  n  points 
réels  ou  imaginaires,  et  les  n  droites  réelles  ou  imaginaires  qui  les  joignent 
à  l'origine  sont,  comme  on  le  voit  aisément,  autant  de  tangentes  au  lieu 
du  point  M,  et  il  n'y  en  a  pas  d'autres  passant  par  le  point  O.  En  outre, 
une  droite  quelconque  menée  par  l'origine  rencontre   ce   lieu  en  n-h-  i 


(   io68  ) 

points  dont  n  sont  confondus  en  O.  Donc,  ki  cissoïde  d'une  courbe 
d'ordre  Ji  ayant  un  point  multiple  d'ordre  ti  —  i,  pris  pour  origine,  est 
une  courbe  d'ordre  «  +  i,  dont  l'origine  est  un  point  multiple  d'ordre  ?i. 

Il  Cela  posé,  considérons  une  conique  passant  par  un  point  O  qui  sera 
l'origine,  et  ime  base. 

»  La  cissoïde  de  la  conique,  relative  à  cette  base,  est  une  cubique  ayant 
en  O  un  point  double.  Prenons  une  seconde  base,  différente  de  ta  première 
et  conservons  la  même  origine.  La  cissoïde  de  la  cubique  précédente,  re- 
lative à  la  seconde  base  est  une  quartique  dont  l'origine  est  un  point 
triple.  On  peut  la  regarder  comme  une  cissoïde  seconde  de  la  conique  par 
rapport  aux  deux  bases  données.  De  même,  avec  une  troisième  base,  on 
obtiendra  pour  cissoïde  de  la  quartique,  par  rapport  au  point  O,  une 
courbe  du  cinquième  ordre,  ayant  en  O  un  point  quadruple,  et  qu'on 
peut  regarder  comme  une  cissoïde  troisième  de  la  conique  par  rapport  aux 
trois  bases.  Eu  continuant  de  la  sorte,  et  prenant  chaque  fois  une  nouvelle 
base,  mais  conservant  toujours  la  même  origine,  on  arrive  à  une  courbe 
d'ordre  ?i  dont  l'origine  est  un  point  d'ordre  n  —  i,  et  qui  est  la  cissoïde 
d'ordre  n  —  2  de  la  conique  par  rapport  aux  «  —  2  bases. 

»  On  peut  aisément  trouver  l'équation  cartésienne  de  cette  courbe.  Soient 

ax-  +  bjcj  -\-  cj-  -t-  dx  -h  ey  =  0     et     p^x  +  17,  ;•  +  /•,  =  o, 
l^.x  +  (/o  jr  +  /-n  =  o,  .  .  .  ,     /j„_o X  +  7„^2  y  =  r„_.,  =  o 

les  équations  de  la  conique  et  des  n —  2  bases.  Si,  pour  abréger,  on  pose 
B/,  =  p/,x  -h  (]k  Y-,  l'équation  demandée  sera 

Y  {ax-  +  bxj  +  CJ-)  B,  B,.  .  .  B„_2 

(■)      +{-^r-'{cix^-  +  bxr+cf-)B,B,...K-.[^-~  +  '^-..) 

[  +  ( -  i)"B,  B,.  .  .  B„_,  {<{x  4-  er)  =  o. 

»   Cette  équation  conduit  à  des  conséquences  intéressantes. 

))  Les  asymptotes  de  la  conique  sont  des  asymptotes  de  la  courbe 
d'ordre  n,  ou  sont  les  symétriques  de  deux  de  ses  asymptotes,  par  rap- 
port au  point  multiple,  suivant  que  n  est  pair  ou  impair.  Les  autres  asym- 
ptotes sont,  si  n  est  pair, 

/),.r  +  7,  j  —  7-,  =  o,      /;2.r-+-7oj+ro=  o,     p^x  +  q.,j  —  i\  =  o,.  . , 

et,  si  n  est  impair, 

p^x  +  (J,J  -+-  r,  =  o,     p^x  -^  ci„jr  ~  r.  =  o,      p.,x  4-  i/^J  +/';,=  o,  ..  ., 


(  '^69  ) 
c'est-à-dire  que  les  bases  de  rang  pair  sont  asymptotes,  et  celles  de  rang 
impair,  symétriques  chacune  d'une  asymptote,  par  rapport  au  point  mul- 
tiple, si  n  est  pair,  l'inverse  ayant  lieu  quand  ii  est  impair. 

1)  L'ordre  dans  lequel  on  emploie  toutes  les  bases  dont  le  rang  est  de 
même  parité  est  indifférent. 

))  Si  une  courbe  d'ordre  n  a  ini  point  multiple  d'ordre  n—  i,  aucune 
de  ses  asymptotes  ne  peut  passer  par  ce  point;  donc,  dans  l'équalion 
donnée  plus  liant,  on  peut,  sans  diminuer  In  généralité,  faire 


et  d'ailleurs,  la  transformation  n'a  aucun  sens  si  une  base  passe  par  l'ori- 
gine. On  voit  donc  que  l'équation  renferme  2«  paramètres;  par  suite,  on 
pourra  l'identifier  avec  celle  d'une  courbe  quelconque  d'ordre  n  ayant  un 
point  multiple  d'ordre  7i  —  i. 

»  Donc,  toute  courbe  d'ordie  n,  unicursale  à  point  multiple  d' ordre  ti  —  i, 
est  une  cissoïdc  d'ordre  n  — 2,  c'est-à-dire  peut  être  engendrée  au  moyen 
d'une  conique  et  de  n  —  2  bases,  d'après  le  mode  que  nous  avons  indiqué. 

»  Exemple.  —  Deux  droitesrectangulaires  étant  données,  on  considère  les 
hyperboles  asymptotes  à  l'une  d'elles  et  touchant  l'autre  en  un  point  fixe. 
Le  lien  du  point  de  rencontre  de  la  seconde  asymj)tote  a*ec  la  droite  joi- 
gnant un  foyer  au  pomt  commun  aux  deux  droites  rectangulaiies,  ces  deux 
droites  étant  prises  pour  axes,  a  pour  équation 

(2)  y^  —  6x-  ;  '  —  3jr''  >•  —  zdj''  —  id x''  -+-  l\dji-  j-  —  o. 

C'est  donc  une  courbe  placée  dans  les  conditions  que  nous  venons  d'étu- 
dier. Elle  doit  donc  être  cissoïde  d'une  quartiquc,  cissoïde  seconde  d'une 
cubique,  et  enfin  cissoiile  troisième  d'une  conique.  Ou  trouve,  pour  les 
équations  de  ces  courbes  et  celles  des  bases  coriespondantes, 

;■''  —  3x''  —  G.T-^-  —  %dx'^y  +■  f  dj'  =  o, 
base  :     j;   h-  -|r/  =  o, 

[f  -  x'  (3  -  a  VS)]  (y  -  x sjï ^^sjî)  +  |r/(  3 -  2v 3)  x'' 

+  |-c/y  3  +  -2  v'3-^J'  ""  1(1  y-  ~  o, 
base  :     j  +  x  y  3  -f-  2  v'3  -h  ^  (i^  =  o, 

y-  +  x-(2v3—  3)  +  \dy  =^  o, 
bast-  :     j   —  X  Y  3  +  2  y  3  —  -^  d  ^^  o. 

C.  K.,  il>70,  i"  Se„,^itre.{\.  LXXX,  iN"  lU.,.  '   '9 


(  loyo  ) 

»  La  conique  est  une  ellipse;  ses  asymptotes  sont  imaginaires.  La 
courbe  étudiée  a  aussi  deux  asymptotes  imaginaires;  les  autres  sont  don- 
nées par  les  équations 


j  +  fr/=o,    jr  +  ^\/3  +  2v/3-|r/  =  o,     j_^y/3+2V3-|r/=o, 

résultats  conformes  à  la  théorie.  Enfin  on  vérifie  encore  que  l'équation  du 
cinquième  degré  (2)  peut  se  mettre  sous  la  forme  (i).  » 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —Sur  le  développement  de  la  fonction  perturbatrice  suiva7ït 
les  multiples  d'une  intégrale  elliptiijue.  Note  de  M.  Hugo  Gylde»,  présentée 
par  M.  Puiseux. 

(Commissaires  :  MM.  Hermite,  Bonnet,  Puiseux,  Lœwy.) 

«  On  sait  que  la  fonction  perturbatrice,  ainsi  que  ses  dérivées,  contient 
des  puissances  réciproques  et  impaires  de  la  distance  entre  deux  corps  cé- 
lestes. En  employant  les  arguments  ordinaires,  les  développements  de  ces 
puissances  donnent  naissance  à  des  séries  peu  convergentes,  toutes  les  fois 
que  cette  distance  ne  surpasse  pas  une  certaine  limite.  Pour  les  rendre  plus 
convergentes,  du  moins  par  rapport  à  l'une  des  deux  variables  dont  dépend 
la  fonction  perturbatrice,  on  y  introduit  des  anomalies  partielles  dont 
chacune  correspond  à  une  portion  déterminée  de  l'orbite  troublée.  En 
supposant  très-petite  l'excentricité  de  l'orbite  du  corps  troublant,  on  sera 
donc  conduit,  pour  les  termes  les  plus  grands  du  carré  de  la  distance  mu- 
tuelle, à  l'expression 

( I  )  T,  =  ;»'(,  +  /n'j  cos  c'  -H  «',  sin  c\ 

»/„,  7?i',  et  72',  désignant  des  fonctions  de  l'anomalie  partielle,  qiii  ne  sont 
pas  soumises  à  des  variations  considérables,  et  c'  l'anomalie  moyeime  du 
corps  troublant  à  l'instant  où  l'anomalie  moyenne  du  corps  troublé  a  une 
valeur  déterminée. 

»  Dans  l'expression  (i)  nous  introduisons 


^  =  $cos(F-hA),     ^  =-0sin(F-4- A), 


F  étant  supposé  invariable,  mais  0,  ainsi  que  A,  désignant  des  fonctions  de 
l'anomalie  partielle  dont  la  première  ne  puisse  jamaissurpasser  l'unité.  Nous 
introduisons  maintenant  une  nouvelle  variable  déterminée  par  l'équation 

ait 

c' -^-  F  — -  2 am  —  3c\     mod .  A, 


(   '07'  ) 
R  ilésignaiit  l'intégrale  elliptique  complète  de  première  espèce  ;  nous  par- 
venons ainsi  à  la  formule 

(2)  T,  =  /;/o    I  4-  $cos  (  a  am  —  a;  +  A  j    > 

que  nous  nous  proposons  de  développer  suivant  les  multiples  dex. 

»  Désignons  par  A-.  le  module ^  -,  et  par  K,  l'intégrale  complète 

,                 .           ,       ,        2R                2R,  1 

correspondante;  soient,  de  plus,  — jc  =  a,  2X  =  u,;  on    a,   par  la 

théorie  des  fonctions  elliptiques, 

(i  —  k;)  sin  am«, 

sni  2  am  u  =  ; ) 

Aainui —  AiCosamH, 

('i  —  A')cosam«,  , 

cos  2  am  n  =  —^ —, A ,  ; 

^amu,  —  /,cosam«i 

en  introduisant  ces  valeurs  dans  l'expression  (2),  on  obtient 

-f  = '- I  (i  —  A-,  OcosA)AamM. 

/«„        AaniK, —  /,cosamtt|  |  ^  ' 

—  [A,  (1  —  A,OcosA) 

—  (f  —  A-^)$cosA]cosamî<, 

—  (i  —  A^)Osin  Asinam?«,  |; 

d'où  l'on  tire,  en  ayant  égard  aux  relations  bien  connues, 


Aamu,  =      "     — '—, 
Aam  (K,  —  a,  ) 

cosam(Ki  —  «,) 

sui  am  u,  —  - — ~ r , 

Aam  (Kl —  II,) 


J  i  —  A]  sin  am  (K,  —  « , 

cosam?^,  = 


Aain(K,  —  II,) 
—  X,  <l)cosA  ( 


I  —  /.isinani  (K, 


A,  —  ^ j^ sinamfK,  —  u.) 

y/i— ,?-^  <Iisin  A  ,„  > 

— r-^ cosamfK,  —m,) 

I —  A,*  cos  A  ^  ' 


Si,  dans  cette  expression,  nous  introduisons  deux  fonctions  nouvelles,  <î>, 
et  A,,  définies  par  les  relations 


(3) 


—  '^i  +  ^ r4 r  =  *î'<  ^os  A  ,, 

I  —  A'i'î'COS  A  ' 


J  i  —  X  ;  <l>sin  A 

■'     .    ^   =:$,sm  A,, 

139.. 


(  i"7''-  ) 
nous  ohlonons 

(4  —  —  1-^—77^ ;    1  +  <I>,sio    ;im(K,  -  u,)  —  A,     , 

expression  dont  les  puissances  négatives  se  développent  en  séries  sensible- 
ment plus  convergentes  que  celles  de  l'expression  primitive  (2).  En  effet, 
les  relations  précédentes  donnent  siu'-le-champ 

ff,2  _  {^^  —  >î>cosA)=-l-  (i  —  >î-;)<J>2sinA= 
*  (i  —  /■,<!)  cosA) 

ce  qui  montre  que  les  valeurs  numériques  de  0,  sont  sensiblement  plus 
ppfites  que  celles  de  $,  tant  que  la  différence  A-,  —  <I)cosA  aura  des 
valeurs  peu  sensibles,  $  étant  supposée  prés  de  l'unité  et  A  comprise  entre 
des  limites  voisines  de  zéro.  Pour  ce  fait,  on  doit  supposer  le  module  /c,  à 
peu  près  égal  à  «^cosA,  sans  être  forcé  d'attribuer  à  ce  module  une 
valeur  déterminée  d'une  manière  rigoureuse.  Au  contraire,  il  suffit  que  la 
valeur  de  A,  ne  soit  pas  beaucoup  plus  petite  que  $,  et  par  conséquent  elle 
peut  être  choisie  presque  à  volonté  entre  de  certaines  limites.  Par  cette 
raison,  on  peut  adopter  pour  A-,  une  valeiu-  constante,  quoique  $  et  A 
soient  des  variables;  et,  en  outre,  chose  qui  est  d'une  haute  importance, 
rien  n'empêche  d'employer  la  même  valeur  dans  la  plupart  des  orbites  co- 
métaires  différentes.  Une  grande  partie  des  calculs  numériques  sera  donc 
commune  en  |ilusieurs  cas  différents,  et  peut  être  effectuée  d'avance. 

»   L'expression  (3)  peut  être  transformée  par  des  opérations  tout  à  fait 
analogues  aux  précédentes.  En  effet,  posant 


2K, 

am  —  I 2  X  I  =  -  —  2  am  M , 

TT      \  2 


on  obtient 

T,  I —  ^-i*',  cosA  r  *  /  '  »    \  )• 

-r  = -. — T 7- T   r  +  0,  cos(2ani«    +  Ailf, 

m ^  1  —  A,  suiam(K.|  —  «,)'-  '  ^  '  '^J' 

c'est-à-dire  une  expression  qui,  sauf  le  premier  facteur,  est  précisément 
de  la  première  forme  que  l'expression  (2),  et,  par  suite,  on  peut  faire 
usage  des  transformations  indiquées  plus  haut.  Par  de  tels  moyens,  on 
parviendra  très-rapidement  à  un  résultat  dont  la  forme  est 

iTi   (i  —  ^'i»)' cosA)  (i  —  /,*,  cosAj)  (1  —  /-jtiJî  cosAj) . . . 

"'0        ['  —  ^1  sinaiii(K.,—  «,)J  [i  — Xj  sin  am  Kj  —  «',)j  [1  —  ^3sinam{14.3  —  «"  )]•  •  • 
X  |[l  H-  (0,  COs[2Jf  +  (A)]j-, 

en  désignant  par<I'_,,  'l'j,..,  (<1>)  et  An,  A^,,.. .,  (  A)  les  valeurs  consécutives 


(   ro73    ' 
qui  s'obtiennent  à  l'aide  des  équations  (3),  en  y  employant   les  modules 
^.,  A3 

»  Ce  point  établi,  le  développement  des  fonctions  ( -=r)  ,  n  étant   entier, 

ne  présentera  plus  de  difficultés.  Cependant  on  doit  traiter  séparément  le 
facteur 

n  n 

[i  —  A",  sinam(K,  —  «i)]'['  —  AoSinam  (Ko  —  "'2)]  •  •  • 
et  le  facteur  j 

n 

ji  +  ((I))cos[2x   4-  (A)]|    '. 

>  Le  développement  du  premier  s'obtient  à  l'aide  de  la  théorie  des 
fonctions  elliptiques;  celui  du  second,  par  le  mode  généralement  employé 
dans  les  calculs  ordinaires  des  perturbations;  le  résultat  cherché  sera  enfin 
obtenu  par  une  multiplication  de  deux  séries  trigonométriqnes.  » 

ACOUSTIQUE.— il'»/'  les  perceptions  binawiculaires.  Note  de  M.F.-P.Le  Roux, 

présentée  par  M.  Jamin. 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Edm.  Becquerel,  Jamin.) 

«  Quand  deux  lumières  de  couleurs  différentes  viennent  frapper  une 
même  rétine,  au  même  point  ou  en  des  points  extrêmement  voisins,  il  en 
résulte  luie  sensation  unique  différente  de  celles  qu'aurait  produites 
l'une  ou  l'aulre  des  lumières  si  elle  eût  agi  seule;  c'est  là  la  combinaison 
des  sensations  monoculaires.  Si  l'une  de  ces  lumières  vient  frapper  un  œil 
et  l'autre  le  second,  il  peut  y  avoir  encore  combinaison  de  ces  sensations 
binoculaires,  et  l'impression  qui  en  résulte  est,  autant  qu'on  en  peut  juger, 
la  même  que  celle  qui  résulte  de  la  combinaison  des  mêmes  sensations 
lorsqu'elles  sont  monoculaires.  Cette  combinaison  binoculaire  des  couleurs 
a  d'ailleurs  été  réalisée  de  plusieurs  maiiièr(>s;  mais  il  est  important  de  faire 
remarquer  qu'elle  ne  réussit  pas  également  bien  à  tous  les  observateurs  : 
le  fait  toutefois  est  incontesté. 

»  Je  me  suis  posé  depuis  longtemps  la  question  analogue  pour  le  sens 
de  l'ouïe  :  de  quelle  manière  les  sensations  binauriculaires  peuvent-elles 
se  combiner?  A  priori  on  pouvait  se  répondre  qu'elles  ne  devaient  pas  le 
faire  comme  les  vibrations  elles-mêmes  qui  constituent  les  sons.  En  effet, 
les  mouvements  vibratoires  provenant  d'un  centre  d'ébranlement  arrivent 
à  chacune  des  ileux  oreilles  avec  une  différence  de  phase  qui  est  variable 


(  '07'i  ) 
avec  la  position  de  la  tête;  si  donc  les  sensations  des  pulsations  binauricu- 
laires  se  comi)osaient  d'une  manière  équivalente  à  la  composition  méca- 
nique des  vibrations,  la  perception  éprouverait  des  variations  d'intensité 
considérables.  Une  telle  variabilité  dans  l'aiulition  serait  certainement  si 
gênante  qu'elle  n'aurait  pu  passer  jusqu'ici  inaperçue. 

»  On  peut  d'ailleurs  facilement  soumettre  cette  question  à  l'expérience  : 
prenons  deux  diapasons  de  même  puissance,  accordés  à  l'unisson,  et  fai- 
sons vibrer  simultanément  chacun  d'eux  en  le  plaçant  immédiatement 
contre  une  oreille.  Les  phases  pouvant  être  quelconques,  si  les  sensations 
binauriculaires  se  combinaient  comme  se  composent  les  vibrations,  il  y 
aurait  des  cas  où  le  son  se  trouverait  presque  complètement  anéanti; 
c'est  ce  que  l'expérience  ne  montre  pas.  Avec  deux  sons  très-voisins,  les 
battements  m'ont  semblé  disparaître,  et  c'est  aussi  la  conclusion  à  laquelle 
sont  arrivés  MM.  Terquem  et  Boussinesq  dans  leurs  intéressantes  recher- 
ches sur  la  théorie  des  battements  entre  deux  sons  qui  n'ont  pas  la  même 
intensité.  Tout  cela  peut  se  résumer  en  disant  que  les  sensations  auricu- 
laires sont  toutes  positives. 

))  Mais  le  point  capital  sur  lequel  je  désire  attirer  l'attention  par  cette 
Note  est  un  phénomène  très-remarquable  d'où  l'on  peut  tirer  une  explica- 
tion inattendue  de  certains  faits  regardés  jusqu'ici  comme  extraordinaires. 

»  Dès  les  premières  expériences  que  je  fis  sur  le  sujet  dont  il  vient  d'être 
question,  je  fus  frappé  de  l'énorme  disproportion  que  je  remarquais  entre 
les  effets  produits  par  une  sensation  monauriculaire  ou  par  la  même  sen- 
sation devenue  binauriculaire.  Avec  les  deux  diapasons  égaux  placés  contre 
chacune  des  oreilles,  j'ai  en  quelque  sorte  la  tête  remplie  d'un  volume 
considérable  de  son  qui  produit  une  sensation  toute  particulière. 

»  J'ai  été  alors  amené  à  faire  l'expérience  que  voici  :  on  prend  deux 
diapasons  à  l'unisson,  de  dimensions  assez  considérables  pour  que  leurs 
vibrations  ne  s'éteignent  pas  trop  rapidement,  on  commence  par  laisser  la 
vibration  de  l'un  d'eux  devenir  à  peu  prés  inappréciable,  ce  que  l'on  con- 
state en  le  faisant  aller  et  venir  dans  le  voisinage  d'une  oreille  :  si  alors  on 
approche  de  l'autre  oreille  le  second  diapason  en  pleine  vibration,  les  va- 
riations d'intensité  correspondant  aux  allées  et  venues  du  premier  devien- 
nent immédiatement  perceptibles. 

»  On  pourrait  se  faire  ime  image  de  la  loi  de  ces  phénomènes  en  suppo- 
sant que  l'intensité  de  la  perception  afférente  a  une  oreille,  la  droite  par 
exemple,  pourrait  être  représentée  par  une  expression  de  la  forme  D  =  (i  g'', 
dans  laquelle  tl  et  g  réprésenteraient  les  intensités  des  sensations  que  perce- 


(  I075  ) 
vraient  pour  les  mêmes  intensités  de  sons  les  oreilles  droite  et  gauche  si 
elles  étaient  seules  impressionnées,  el  p  un  certain  nombre  positif.  On  en 
dirait  autant  pour  l'oreille  gauche. 

))  L'hypothèse  p  —  i  explique  l'égalisation  des  perceptions  des  deux 
oreilles,  quoiqu'elles  doivent  évidemment  être  à  chaque  instant  frappées 
d'une  manière  inégale  par  un  même  son.  Dans  la  même  hypothèse,  étant 
donnée  une  sensation  monauriculaire  s,  commune  aux  deux  oreilles,  l'ef- 
fet binauriculaire  serait  représenté  par  2 s-;  cela  fait  concevoir  facilement 
l'effet  considérable  dû  à  la  simultanéité  de  l'audition  de  deux  diapasons 
égaux. 

»  Ces  expériences  m'ont  donné  d'une  façon  tout  à  fait  inattendue  la  clef 
de  certains  phénomènes  paradoxaux.  On  cite  des  gens  qui  ne  pouvaient 
entendre  un  interlocuteur  avec  une  oreille  que  pendant  qu'on  leur  battait 
du  tambour  à  l'autre.  Il  y  avait  de  longues  années  que  je  cherchais  l'expli- 
cation d'un  effet  singulier  que  j'avais  éprouvé  :  je  me  trowvais  un  jour  dans 
une  rue  peu  fréquentée  el  en  compagnie  de  mon  regretté  maître  H.  deSenar- 
mont;  quelqu'un  l'ayant  accosté,  je  traversai  la  rue  et  je  m'éloignai  beau- 
coup plus  loin  qu'il  ne  fallait  pour  ne  pouvoir  rien  saisir  de  la  conversa- 
lion  ;  cependant,  au  moment  où  vint  à  passer  près  de  moi,  à  grande  vitesse, 
un  petit  omnibus  vide,  dont  les  vitres  relevées  menaient  un  grand  fracas, 
je  pus  percevoir  distinctement  plusieurs  mots. 

»  Voici  comment  je  fais  rentrer  ces  effets  singuliers  dans  le  principe 
expérimental  formulé  ci-dessus  :  les  bruits  des  tambours,  du  fracas  des 
vitres,  etc.,  sont  composés  d'une  grande  quantité  de  sons  simples  très-in- 
tenses; ceux-ci  impressionnant  fortement  une  oreille  peuvent  faciliter  pour 
l'autre  la  perception  d'autres  sons  beaucoup  plus  faibles,  mais  liés  aux  pre- 
miers par  l'unisson  ou  peut-être  même  par  d'autres  rappoi  ts  simples. 

»  Voici  plusieurs  années  que  je  répète  ces  expériences  sur  moi-même  et 
sur  les  personnes  qui  veulent  bien  s'y  prêter;  les  résultats  me  paraissent 
généraux,  quoiqu'il  y  ait  des  inégalités  individuelles  manifestes. 

»  Je  laisse  aux  physiologistes  le  soin  de  proposer  une  explication  de  ces 
phénomènes;  je  dirai  seulement  que  je  retrouve  leurs  analogues  dans  l'étude 
des  perceptions  relatives  à  des  sensations  d'une  autre  nature;  je  crois  qu'on 
pourrait  classer  les  uns  et  les  autres  sons  le  titre  commun  de  phénomène 
d'attention  et  de  mémuire  des  sem,  sujet  que  je  demande  la  permission  de 
reprendre  dans  une  Counnunication  idtérieure. 

"  Je  me  suis  occupé  aussi  des  sensations  monaunculaires  successives  el 
alternatives;   il  ni  a  semblé  que  leur  etfet  ne  différait  pas  sensiblement  de 


(  1076  ) 

celui  des  mêmes  sensations  perçues  par  une  même  oreille.  Autrement  dii, 
un  air  dont  les  notes  successives  viennent  frap[)er  alternativement  l'une  et 
l'autre  oreille  me  paraît  produire  le  même  effet  que  s'il  est  entendu  à  la 
manière  ordinaire.  Je  me  réserve  d'ailleurs  de  poursuivre  ce  sujet  avec  des 
moyens  plus  perfectionnés  que  ceux  que  j'ai  pu  employer  jusqu'ici.  » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Recherche  el  doscu/c.  de  l'alcool  méth/liqae  en  pré- 
sence de  l'alcool  vinique.  Note  de  MM.  Alf.  Riche  et  Ch.  Bardy,  pré- 
sentée par  M.  Peligot. 

(Commissairps  :  MM.  Peligot,  Fremy,  Cahonrs.) 

«  L'élévation  considérable  des  droits  sur  l'alcool  rend  de  jour  en  jour 
la  fraude  plus  active  et  plus  ingénieuse,  et  celte  fraude  ne  se  traduit  pas 
seulement  par  des  supercheries  de  toute  espèce  en  vue  de  dissimuler  la 
présence  de  ce  liquide,  mais  encore  par  l'adjonction  d'autres  substances  et 
par  l'emploi  pour  la  consommation  intérieure  d'alcool  dénaturé  pour  les 
besoins  de  l'industrie. 

»  Jusqu'à  ces  années  dernières,  la  dénaturation  était  effectuée  par  l'ad- 
dition d'huiles  essentielles;  aujourd'hui,  elle  se  fait  avec  l'esprit-de-bois 
du  commerce  dont  on  ajoute  un  neuvième  au  volume  de  la  liqueur  alcoo- 
lique. Il  était  logique  de  penser  que,  en  raison  de  son  odeur  forte  et  très- 
désagréable,  ce  liquide  ne  pourrait  pas  être  introduit  dans  un  alcool  destiné 
à  la  consommation.  Or  il  n'en  est  rien,  car  nous  avons  eu  entre  les  mains 
un  alcool,  devant  être  employé  en  pharmacie,  qui  renfermait  de  l'esprit- 
de-bois,  et,  comme  ce  n'est  probablement  pas  un  exemple  isolé,  nous  avons 
pensé  qu'il  ne  serait  pas  sans  intérêt  de  faire  connaître  la  méthode  par  la- 
quelle nous  l'avons  décelé. 

»  L'esprit-de-bois  qui  sert  à  une  pareille  falsification  est  fabriqué  en 
grand  dans  l'industrie  à  un  prix  peu  élevé  pour  la  fabrication  de  certaines 
couleurs  de  l'aniline;  il  est  connu  sous  le  nom  de  méthylène  ;  il  marque 
98  degrés  à  l'alcoomètre,  et  son  odeur  et  son  goût  sont  tellement  faibles 
qu'on  ne  peut  le  reconnaître  lorsqu'd  entre  pour  une  faible  proportion 
dans  une  liqueur  alcoolique. 

»  Lorsqu'on  distille  un  mélange  renfermant  10  à  i5  pour  100  d'alcool 
méthylique  dans  de  l'alcool  ordinaire,  on  parvient,  en  agissant  sur  de 
grandes  quantités,  à  séparer  par  des  distillations  fractionnées  une  faible 
proportion  de  liquide  distillant  au-dessous  de  '78  degrés.  Nous  avons 
d'abord  cherché  à  reconnaître  l'alcool  méthylique  dans  ce  premier  produit 


(  I077  ) 
en  le  transformant  en  oxalate  de  inéthyle,  c'est-à-dire  par  la  méthode 
donnée  par  MM.  Dumas  et  Peligot  dans  leur  beau  travail  sur  l'esprit-de- 
bois;  mais  nous  n'y  avons  pas  réussi  par  suite  de  la  circonstance  suivante  : 
lorsqu'on  opère  avec  de  l'alcool  méihyliqiie,  on  obtient  avec  une  grande 
facilité  les  cristaux  il'oxalate,  lors  même  qu'on  n'a  à  sa  disposition  que  des 
traces  de  matière,  tandis  que  s'il  est  accompagné  d'une  notable  proportion 
d'alcool  vinique,  les  cristaux  d'oxalate  de  méthyle  sont  dissous  dans  l'oxa- 
late  d'éthyle,  ou  même  ces  deux  éthers  s'unissent  pour  former  des  com- 
posés mixtes  qui  affectent  l'état  liquide. 

»  Quand  le  mélange  renferme  de  5  à  lo  pour  loo  d'alcool  métliylique, 
la  distillation  ne  sépare  pas  de  liquide  bouillant  au-dessous  de  78  degrés  : 
ce  serait  donc  le  cas  d'un  alcool  dénaturé  dans  lequel  on  rechercherait  la 
présence  de  l'esprit-de-bois. 

»  Nous  avons  songé  que  l'on  arriverait  peut-être  à  la  solution  du  pro- 
blème au  moyen  des  produits  colorés,  différant  par  la  nuance  et  par  la 
stabilité  que  donnent  l'éthylaniline  et  la  méthylaniline  par  leur  oxydation 
ménagée,  et  nous  croyons  y  être  parveiuis  pleinement.  Voici  le  mode 
opératoire  qu'il  est  indispensable  de  suivre  avec  rigueur, 

»  On  introduit  dans  un  petit  ballon  10  centimètres  cubes  de  l'alcool 
avec  i5  grammes  d'iode  et  2  grammes  de  phosphore  rouge,  et  l'on  distille 
immédiatement  en  recueillant  le  produit  dans  3o  à  4o  centimètres  cubes 
d'eau.  L'iodure  alcoolique  précipité  dans  le  fond  du  liquide  est  séparé  au 
moyen  d'un  entonnoir  qu'on  bouche  avec  le  doigt,  et  recueilli  dans  un 
ballon  contenant  6  centimètres  cubes  d'aniline.  Le  mélange  s'échauffe;  on 
aide  la  réaction  en  maintenant  le  vase  pendant  quelques  minutes  dans  de 
l'eau  tiède,  et  on  la  modère  au  besoin  par  de  l'eau  froide  s'il  se  déclarait 
une  vive  ébullition. 

»  Au  bout  d'une  heure,  on  verse  de  l'eau  très-chaude  dans  le  ballon 
pour  dissoudre  les  cristaux  formés,  et  l'on  porte  le  liquide  à  l'ébuilition 
pendant  quelques  minutes  jusqu'à  ce  que  le  vase  ne  contienne  plus  qu'un 
liquide  clair.  On  ajoute  à  cette  liqueur  une  solution  alcaline  qui  met  en 
liberté  les  alcaloïdes  sous  forme  d'une  huile  que  l'on  force  à  remonter  dans 
le  col  du  ballon  par  une  quantité  d'eau  suffisante. 

»  L'oxydation  de  l'alcaloïde  peut  être  réalisée  par  le  bichlorure  d'élain, 
par  l'iode  et  par  le  chlorate  de  potasse,  ou  mieux  encore  ])ar  un  mélange 
indiqué  par  M.  Hofniann,  qui  est  formé  de  100  granuncs  do  sable  quartzeux, 
de  2  grammes  de  chlorure  de  sodium  et  de  3  grammes  de  nitrate  de  cuivre. 
On  en  prend  10  grammes  sur  lesquels  on  fait  couler  i  centimètre  cube  du 

C.R.,  iS^â,  i"SemeHrc.  (T.  LXX\.  N»  10)  '^O 


(  '078  ) 

liquide  huileux  que  l'on  y  incorpore  avec  soin  au  moyen  d'un  agitateur  on 
verre,  et  l'on  introduit  ce  mélange  dans  un  lidje  en  verre  de  2  centimètres 
de  diamètre  que  l'on  maintient  à  90  degrés  au  bain-marie  pendant  huit  à 
dix  heures.  Nous  faisons  cette  opération  très-simplement  en  mettant  ces 
tubes  le  soir  dans  un  bain  d'eau,  recouvert  de  paraffine,  dont  la  température 
reste  rigoureusement  constante  par  l'emploi  du  régulateur  de  M.  Schlre- 
sing.  Le  lendemain  matin,  on  épuise  cette  matière  dans  le  tube  même  par 
trois  traitements  à  l'alcool  tiède  que  l'on  jette  sur  un  filtre  et  que  l'on 
amène  au  volume  de  100  centimètres  cubes. 

»  L'alcool  pur  donne  une  liqueur  présentant  nue  teinte  bois  rougeâtre. 
L'alcool  renfermant  i  pour  100  de  méthylène  donne  une  solution  mani- 
festement violette  à  côté  de  la  précédente.  A  2,5  pour  100  d'alcool  méthy- 
lique,  la  nuance  est  d'un  violet  très-accentué  qui  se  fonce  considérablement 
s'il  y  a  5  et  lo  pour  100  de  ce  dernier  alcool. 

»  En  comparant,  dans  des  tubes  de  même  calibre,  ces  liqueurs  à  des  types 
obtenus  par  le  même  moyen  avec  des  mélanges  synthétiques  en  propor- 
tions connues  que  l'on  conserve  dans  des  flacons  bouchés,  on  arrive  à  dé- 
terminer, non-seulement  s'il  y  a  ou  s'il  n'y  a  pas  d'alcool  méthylique, 
mais  encore  à  préciser  la  proportion,  comme  nous  nous  en  sommes  assurés 
en  priant  diverses  personnes,  et  notamment  M.  Peligot,  de  nous  donner 
des  mélanges  divers  renfermant  des  proportions  d'alcool  méthylique  infé- 
rieures à  10  pour  100. 

»  On  y  arrive  encore  au  moyen  des  appareils  colorimétriques  qui  ser- 
vent dans  l'industrie  pour  l'essai  des  noirs  de  raffinerie;  mais  on  atteint  ce 
but  d'une  façon  absolument  siire  en  se  servant  des  solutions  colorées  pour 
teindre  ou  imprimer  de  la  laine. 

»  La  teinture  se  fait  en  ajoutant  à  5  centimètres  cubes  de  la  solution 
95  centimètres  cubes  d'eau.  On  verse  5  centimètres  cubes  de  ce  nouveau 
liquide  dans  une  capsule  de  porcelaine  ou  dans  un  vase  de  Bohème  conte- 
nant 4oo  centimètres  cubes  d'eau  place  sur  un  bain-marie  bouillant.  On  y 
introduit  un  fragment  de  mérinos  blanc  non  soufré  de  i  décimètre  carré; 
au  bout  de  cinq  minutes  on  ajoute  de  nouveau  5  centimètres  cubes  et  après 
une  demi-heure  on  retire  l'étoffe,  on  la  lave  et  on  la  laisse  sécher. 

»  L'étoffe  est  sensiblement  blanche  s'il  n'y  a  que  de  l'alcool,  et  elle  pré- 
présente des  tons  violets  très-inégalement  accentués  s'il  y  a  i,  2,5,  5, 
10  pour  100  d'alcool  méthylique,  que  l'on  compare  aux  types  préparés  en 
même  temps  avec  les  licpiides  synthétiques. 

»   Le  plus  simple  serait,  pour  une  personne  ayant  à  faire  fréquemment 


(   '079  ) 
ces  essais,  de  préparer  avec  le  méthylène  employé  pour  la  dénaturalioii  un 
type  avec  lo  pour  loo  de  ce  liquide,  90  d'alcool  vinique,  et  d'y  ajouter 
des  quantités  croissantes   d'ini   type  obtenu   avec  de  l'alcool  vinique  jus- 
qu'à ce  qu'on  arrive  à  la  même  nuance. 

»  On  réussit  tout  aussi  bien  en  opérant  par  impression;  à  cet  effet,  on 
ajoute  à  5  centimètres  cubes  du  liquide  5  centimètres  cubes  d'eau  et 
10  grammes  d'eau  gommée  à  5oo  granunes  de  gomme  par  litre.  On  ap- 
plique ce  mélange  sur  une  petite  planche  de  bois  avec  un  pinceau,  et  l'on 
imprime  la  couleur  sur  de  la  mousseline  blanche  par  pression.  On  laisse 
sécher,  puis  on  expose  pendant  vingt  minutes  à  de  la  vapeur  d'eau  l'étoffe 
placée  dans  du  papier  à  filtre,  on  la  lave  et  on  la  laisse  sécher. 

M  Des  opérations  de  teinture  de  cette  sorte,  très-faciles  à  réaliser,  peuvent 
rendre  service  dans  un  grand  nombre  de  cas,  et  nous  nous  en  servons  fré- 
quemment pour  nous  assurer  si  des  sucres  apportés  à  l'expertise  légale  et 
colorés  doivent  leur  nuance  à  la  matière  naturelle  qui  se  forme  dans  la 
cuisson  des  jus  ou  si  on  les  a  colorés  artificiellement  avec  des  matières 
colorantes  de  la  liouille,  fraude  qui  se  commet  assez  fréquemment  aujour- 
d'hui, parce  que  la  valeur  des  sucres  est  déterminée^  non  pas  à  l'analyse 
chimique,  mais  d'après  leur  nuance. 

»  On  prend  8  à  10  grammes  de  sucre,  on  les  agite  pendant  une  dizaine  de 
minutes  avec  quelques  centimètres  cubes  d'alcool  additionné  d'un  peu 
d'ammoniaque;  on  décante  le  liquide,  on  l'évaporé  presque  à  sec  au  bain- 
marie,  on  reprend  par  un  peu  d'eau  et  l'on  maintientpendant  quelques  mi- 
nutes dans  le  liquide  bouillant  un  fragment  de  mérinos  blanc;  si  la  cou- 
leur est  naturelle,  l'étoffe  ne  se  colore  pas  sensiblement,  tandis  qu'avec  les 
couleurs  dérivées  de  la  houille  elle  prend  une  teinte  jaune  ou  brune  très- 
accusée.  Cet  essai  n'exige  qu'une  demi-heure  au  plus. 

»  Ces  recherches  ont  été  faites  au  laboratoire  des  commissaires  experts 
du  Gouvernement  au  Ministère  de  l'Agriculture  et  du  Commerce.  » 

PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Sur  le  sjHroscope,  appareil  destiné  à  l'étude  de 
l'auscultation,  de  ranatomie  et  de  la  physiologie  du  poumon.  Note  de 
M.  WoiLLEz,  présentée  par  M.  Gosselin. 

(Commissaires  :  MM.  Cl.  Bernard,  Bouillaud,  Gosselin.) 

«  L'instrument  auquel  je  donne  le  nom  de  spiroscope,  conçu  dans  le 
principe  pour  reproduire  sur  le  poumon  du  cadavre  les  bruits  d'aus- 
cultation,  peut  aussi   être  utilisé  pour  l'étude  des  mouvements  respira- 

l/jO.. 


(  io8o  ) 

toires  de  cet  organe  et  l'étude  de  ses  conditions  anatomiques  et  physio- 
logiques. 

»  Cet  instrument  d'expérimentation,  dont  je  dois  l'habile  confection  à 
M.  Collin,  se  compose  d'un  grand  manchon  en  cristal  pouvant  largement 
contenir  un  des  poumons  ou  les  deux  poumons  à  la  fois.  Ce  manchon  est 
muni  d'un  couvercle  très-bien  clos,  que  traverse  verticalement  un  tube  sur 
lequel  on  fixe  intérieurement  le  poumon  par  son  conduit  respiratoire.  A 
la  base  de  l'appareil,  il  existe  un  soufflet  cylindroïde  que  l'on  meut  infé- 
rieurement  à  volonté  pour  faire  le  vide  par  aspiration  dans  l'intérieur  du 
manchon.  Quand  on  tire  en  bas  le  soufflet,  l'air  extérieur  pénètre  aussitôt 
dans  le  poumon  en  subissant  l'action  de  la  pesanteur  atmosphérique  exté- 
rieure. 

»  Pendant  que  cette  dilatation  a  lieu,  on  peut,  à  l'aide  d'une  palette 
dont  le  manche  mobile  traverse  le  couvercle,  rapprocher  le  poumon  de  la 
paroi  du  manchon  de  cristal  et  pratiquer  l'auscultation  avec  l'oreille  ap- 
pliquée sur  le  point  correspondant  à  ce  contact.  Enfin  un  support  en  bois 
percé  d'une  ouverture  qui  correspond  au  soufflet  complète  l'appareil. 

»  Dans  toutes  les  expériences  faites  précédemment  pour  reproduire  les 
bruits  d'auscultation  sur  le  cadavre,  on  avait  adopté  un  principe  défec- 
tueux :  c'était  la  propulsion  forcée  de  l'air  dans  les  cavités  aériennes  du 
poumon  à  l'aide  d'un  soufflet,  et  d'où  résultait  comme  conséquence  la 
dilatation  de  ces  cavités.  Or,  physiologiquement,  c'est  le  contraire  qui  a 
lieu  et  que  l'on  doit  chercher  à  imiter;  ce  sont  les  cavités  aériennes  qui  se 
dilatent  d'abord,  et  la  pénétration  de  l'air  par  le  fait  de  la  pesanteur  at- 
mosphérique n'est  que  la  conséquence  corrélative  de  cette  dilatation. 

»  Le  spiroscope  reproduit  ces  conditions  fondamentales  des  mouve- 
ments respiratoires  :  il  appelle  l'air  en  effet  dans  les  cavités  aériennes  en  les 
dilatant,  et  ne  l'y  pousse  pas  de  force. 

»  Voici  les  principales  conclusions  expérimentales  que  m'a  fournies 
jusqu'à  présent  le  spiroscope  : 

M  1°  A  peine  la  tendance  au  vide  est-elle  produite  dans  le  manchon  de 
cristal  par  la  plus  légère  traction  du  soufflet,  que  l'on  voit  la  dilatation  du 
poumon  s'effectuer,  d'abord  au  niveau  de  lobules  isolés,  puis  dans  toute 
l'étendue  de  l'organe,  i  litre  à  i  |  litre  d'air  est  la  quantité  suffisante 
pour  cette  première  dilatation  générale. 

»  1°  Cette  première  dilatation  opérée,  si  l'on  pratique  des  tractions  et 
des  propulsions  sur  le  soufflet,  de  façon  à  imiter  le  jeu  respiratoire,  on 
voit  le  poumon  se  distendre  généralement  et  également  dans  toutes  ses 


(   io8i   ) 
parties,  puis  revenir  sur  Iiii-inême,  on  montrant  les  fines  vésicules  pulmo- 
naires distendues  et  pressées  les  unes  à  côté  des  autres  à  la  surface  de  l'or- 
gane. 

»  3° La  plus  légère  traction  sur  le  soufflet  suffit  alors  pour  que  la  disten- 
sion générale  de  l'organe  se  produise,  ce  qui  explique  la  facilité  de  l'hé- 
matose, même  dans  les  mouvements  respiratoires  les  plus  bornés  qui  ont 
lieu  pendant  la  vie,  dans  le  sommeil  par  exemple. 

»  /i"  Un  poumon  sain,  de  plus  en  plus  distendu,  peut  être  dilaté  par  plus 
de  5  litres  d'air,  et  ne  se  rompt  nulle  part,  malgré  les  efforts  de  traction 
manuelle  lesplus  énergiques, ce  qui  démontre  que  la  dilatation  de  l'organe 
est  égale  partout,  et  que  son  élasticité  est  trop  grande  pour  être  satisfaite 
pendant  la  vie  par  les  inspirations  les  plus  énergiques.  On  a  calculé  en  effet 
que  chaque  poumon  vivant  conlenait  au  plus  2|  litres  d'air  dans  les  plus 
fortes  inspirations,  tandis  qu'il  en  pénètre  5  litres  (le  double)  avec  le  spi- 
roscope  après  la  mort. 

»  5"  Le  poumon  à  peu  près  exsangue  du  cadavre  étant  ausculté  pendant 
la  pénétration  de  l'air  dans  son  intérieur,  on  constate  que  cette  pénétration 
a  lieu  sans  aucun  bruit,  semblable  ou  non  au  bruit  vésiculairc  normal  qui 
se  produit  chez  l'homme  vivant. 

»  Ce  résultat  négatif  a  lieu  même  lorsqu'on  réti'écit  l'ouverture  extérieure 
de  pénétration  de  l'air,  de  manière  à  former  une  veine  fluide  favorable  à 
la  production  des  vibrations. 

»  Mais  si  l'on  injecte  dans  l'artère  pulmonaire  lioo  grammes  seulement 
d'une  solution  de  gélatine  au  dixième  et  qu'on  laisse  refroidir,  on  obtient 
ensuite,  par  l'auscultation  spiroscopique  du  poumon,  le  bruit  vésiculaire 
comme  dans  l'état  normal.  Un  poiunon  resté  congestionné  après  la  mort 
donne  aussi  les  mêmes  résultais  positifs.   , 

»  Ces  faits  démontrent  que  la  production  du  bruit  vésiculaire  de  la  res- 
piration ne  peut  avoir  lieu  qu'avec  une  compacité  du  poumon  semblable;! 
celle  qu'il  présente  pendant  la  vie,  et  qui  fait  défaut  au  poumon  exsangue 
du  cadavre. 

»  6°  Je  ne  dirai  rien,  dans  celte  Note,  des  résultats  encore  incomplets  que 
j'ai  obtenus  dans  les  cas  de  lésions  pathologiques  du  poumon.  Je  ferai 
seidement  remarquer  que  le  spiroscope  peut  être  rempli  d'eau,  et  que  l'on 
soumet  alors  facilement  le  poumon  à  une  respiration  artificielle  analogue 
à  celle  qu'il  exécute  dans  les  épaiichements  pleurétiques  et  dans  le  pneumo- 
thorax. 

»   7°  Au  point  de  vue  de  l'étude  anatomique  du  poimion,  on  obtient, 


(     I082    ) 

avec  le  spiroscope,  la  distension  la  plus  parfaite  que  l'on  puisse  désirer 
pour  dilater  et  dessécher  le  poumon. 

»  De  plus,  on  injecte  facilement,  par  aspiration  et  d'une  manière  par- 
faite, l'arbre  aérien  avec  des  liquides  coagulables  ou  avec  des  liquides  dont 
l'action  chimique  peut  faciliter  l'étude  histologique  des  éléments  de  la 
muqueuse  in tra-pulmonaire. 

»  8°  La  physiologie  obtient  aussi  de  l'emploi  du  spiroscope  la  démon- 
stration de  ce  fait  qu'une  dilatation  permanente,  comme  celle  éprouvée 
parle  poiunon  par  suite  de  la  tendance  du  vide  qui  existe  dans  la  plèvre, 
est  indispensable  au  jeu  facile  de  la  respiration,  par  suite  de  la  béance  des 
vides  aériens.  Le  spiroscope  montre  en  effet  que  la  pénétration  immédia- 
tement générale  de  l'air  n'a  lieu  dans  le  poumon  que  lorsqu'il  a  été  préala- 
blement distendu  par  l'air  dans  une  certaine  mesure. 

»  9°  Cet  instrument  donne  au  physiologiste  une  preuve  nouvelle  de  la 
grande  élasticité  et  de  la  résistance  du  tissu  pulmonaire  sain.  Il  peut  four- 
nir aussi  un  mode  de  recherches  précises  sur  la  quantilé  d'air  inspiré  né- 
cessaire au  renouvellement  complet  de  cehii  que  contient  le  poumon.  Cet 
organe  étant  rempli  en  quantité  déterminée  de  gaz  hydrogène  sulfuré,  par 
exemple,  il  sera  facile,  en  le  remplaçant  par  de  l'air  atmosphérique,  de  cal- 
culer ce  qu'il  en  faut  pour  que  la  substitution  des  deux  gaz  soit  com- 
plète. 

»  10°  Enfin  il  y  a  une  question  dont  l'importance  ne  saurait  échapper 
à  personne,  celle  du  meilleur  traitement  à  appliquer  aux  noyés  ou  aux 
asphyxiés,  qui  pourrait  être  mieux  résolue  que  par  le  passé  en  mettant  à 
profit  le  principe  sur  lequel  est  basé  le  spiroscope. 

»  La  facilité  avec  laquelle  l'air  extérieur  pénètre  dans  la  profondeur  des 
voies  aériennes  des  poumons  lorsque,  au  lieu  de  les  insuffler,  on  fait  d'a- 
bord dilater  ces  organes,  comme  le  démontre  le  spiroscope,  semble  prouver, 
en  effet,  que  le  meilleur  moyen  de  rétablir  la  respiration  chez  les  asphyxiés 
serait  l'aspiration  extérieure  pratiquée  sur  les  parois  thoraciques  pour  ob- 
tenir leur  dilatation,  et  siu'  l'abdomen  pour  agir  de  même  sur  le  dia- 
l)hragme.  La  solution  du  problème  ainsi  posé  est  parfaitement  réalisable, 
comme  j'espère  le  démontrer.  « 


(   i(>83  ) 

PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Sur  Jiii  nouvenu  procédé  pour  compter  les  cjlobules 

du  sancj.  Note  de  MM.  G.  Hayem  et  A.  IVachet,  présentée  par  M.  Gos- 

selin. 

(Commissaires,  MM.  Cl.  Bernard,  Bouilland,  Gosselin.) 

«  La  numération  des  globules  du  sang,  faite  à  l'aide  du  microscope, 
est  un  j)robIème  d'une  grande  importance,  tant  au  point  de  vue  physiolo- 
gique qu'au  point  de  vue  clinique. . 

Il  II  a  déjà  fait  l'objet  de  recherches  fort  ingénieuses;  mais  les  procédés 
qui  ont  été  jusqu'à  présent  rais  en  usage  nous  ont  paru  peu  pratiques  ou 
incorrects. 

»  En  étudiant  avec  soin  les  différents  éléments  de  ce  problème  et  en 
nous  rendant  compte  de  la  nécessité  d'éviter  les  erreurs  dues  aux  phéno- 
mènes de  capillarité  qui  se  produisent  dans  certains  appareils,  nous  avons 
été  conduits  à  imaginer  une  méthode  nouvelle. 

»  Nous  faisons,  comme  lous  les  observateurs  qui  nous  ont  précédés,  un 
mélange  de  sang  et  de  sérum,  aussi  homogène  que  possible,  c'est-à-dire 
dans  lequel  on  peut  admettre  qu'il  existe  une  répartition  égale  des  éléments 
globulaires.  Mais  comme  il  est  impossible,  ou  tout  au  moins  peu  pratique, 
de  compter  les  éléments  contenus  dans  la  masse  entière  du  mélange,  il 
fallait  trouver  un  moyen  à  la  fois  simple  et  correct  de  circonscrire  une 
partie  mathématiquement  déterminée  de  ce  mélange  sans  altérer,  par  les 
manœuvres  de  l'opération,  la  répartition  des  globules. 

»  Nous  croyons  avoir  atteint  ce  but  à  l'aide  de  l'appareil  suivant. 

»  Il  se  compose  essentiellement  d'une  cellule  formée  par  une  lamelle  de 
verre  mince,  perforée  à  son  centre  et  collée  sur  une  lame  de  verre  porle- 
objet  parfaitement  plane.  La  lamelle  de  verre  perforée  a  été  rodée  avec  de 
l'émeri  fin  sur  un  plan  métallique  de  façon  à  n'offrir  qu'une  épaisseur 
déterminée.  On  sait  qu'en  surveillant  cette  opération  à  l'aide  du  sphéro- 
mètre  on  peut  obtenir  cette  épaisseur  avec  une  exactitude  absolue. 

»  On  a  donc  ainsi  une  cavité  dont  la  profondeur  est  maihématiquement 
connue.  En  déposant  au  centre  de  cette  cellule  une  goutte  du  mélange 
sanguin  et  en  recouvrant  immédiatement  cette  goutte  d'une  lamelle  de 
verre  très-plane,  qui  vient  reposer  sur  les  bords  de  la  cellule,  on  obtient 
ainsi  une  lame  de  liquide  à  surfaces  parallèles  et  dont  l'épaisseur  est 
connue. 

»  Si  l'on  a  soin  de  bien  placer  la  goutte  du  liquide  à  examiner  au  milieu 
de  la  cellule  et  de  ne  pas  la  prendre  assez  volumineuse  pour  qu'elle  rem- 


(   io84  ) 
pHsse  la  cavité  tout  entière,  on  évitera  de  la  sorte  le  soulèvement  de  la 
petite  lamelle  parle  liquide,  cl  la  goutte  s'aplatira  sans  que  la  dissémina- 
tion régulière  des  globules  soit  altérée. 

»  El)  plaçant  aux  angles  de  la  lamelle  à  recouvrir  un  peu  de  liquide  vis- 
queux, de  la  salive  par  exemple,  on  ferme  la  préparation  d'iuie  manière 
suffisante  pour  empêcher  le  glissement  de  cette  lamelle  et  l'évaporation  de 
la  goutte. 

))  Supposons  maintenant  que  la  hauteur  de  la  cellule  soit  de  |  de  milli- 
mètre (c'est  la  hauteur  qui  nous  a  paru  être  la  plus  convenable),  il  est  facile, 
à  l'aide  d'un  oculaire  quadrillé,  de  compter  les  globules  du  sang  dans 
l'étendue  de  ^  de  millimètre  carré. 

»  On  obtient  ainsi  le  nombre  des  globules  contenus  dans  un  cube  de 
j  de  millimètre  de  côté,  et  une  simple  multiplication  donne  celui  que  ren- 
ferme I  millimètre  cube  de  sang  pur. 

»  La  glace  de  notre  oculaire  quadrillé  porte  un  carré  dont  le  côté 
acquiert,  au  trait  d'affleurement  marqué  sur  le  tube  du  microscope,  la 
valeur  de  |  de  millimètre.  Ce  grand  carré  est  divisé  en  seize  carrés  égaux, 
et  au  milieu  de  chacun  d'eux  on  a  tracé  des  lignes  réciproquement  per- 
pendiculaires n'arrivant  pas  jusqu'aux  bords.  Cette  disposition  rend  facile 
et  rapide  la  numération  des  globules. 

»  Celle-ci  doit  être  faite  dans  quatre,  cinq  ou  six  points  différents  de  la 
préparation,  en  évitant  de  choisir  les  bords  au  niveau  desquels  il  se  pro- 
duit quelquefois  une  modification  légère  dans  l'égale  répartition  des  glo- 
bules. 

»  Pour  faire  le  mélange  sanguin,  nous  employons  simplement  deux 
pipettes  parfaitement  graduées  :  l'une  destinée  à  prendre  le  sang  et  l'autre 
le  sérum. 

»  Comme  liquide  additionnel ,  nous  préférons  aux  sérums  artificiels  les 
sérosités  naturelles,  telles  que  le  liquide  de  la  cavité  amniotique  de  la 
vache,  et  surtout  la  sérosité  des  épanchements  hydropiques  qui  se  pro- 
duisent chez  l'homme  dans  certains  cas  pathologiques. 

»  Le  sérum  puis  le  sang  sont  déposés  dans  une  petite  éprouvette  de  verre, 
et  le  mélange  s'effectue  à  l'aide  d'un  petit  agitateur  ayant  la  forme  d'une 
palette.  Cet  agitateur  reçoit  entre  les  doigts  un  mouvement  rapide  de  va- 
el-vient,  qui  ne  tarde  pas  à  disséminer  les  globules  du  sang  d'une  manière 
très-uniforme  dans  toute  la  masse  du  liquide.  » 


(  io85  ) 

VITICULTURE.  —  Pays  vignobles  alleints  par  le  Phylloxéra  en  1874. 
Note  de  M.  Dkclacx. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Vers  le  nord,  la  maladie  se  généralise  aux  environs  de  Vienne,  à 
Sainl-Romain-en-Gal,  Sainte-Colombe,  Ampuis.  Elle  apparaît  à  Soucieu-en- 
Jarrest  et  Brignais,  au  sud  de  Lyon,  et  au  nord  de  celte  ville  à  Villié- 
Morgon,  et  à  Vaux-Renard,  chez  M.  de  Saint-Trivier.  Ces  deux  derniers 
vignobles,  situés  eu  plein  Beaujolais,  sont  à  20  lieues  en  moyenne  du 
gros  de  l'invasion.  De  pareils  bonds  sont  jusqu'ici  tout  à  fait  inusités  dans 
l'histoire  du  Phylloxéra.  Son  apparition  en  Suisse,  sur  les  bords  du  lac  de 
Genève,  n'est  pas  due  en  effet  à  des  avant-gardes  venues  de  France,  et 
provient,  comme  on  sait,  de  l'introduction  de  vignes  américaines  sur  cer- 
tains points  de  la  région  atteinte  maintenant. 

»  Le  Phylloxéra  apparaît  aussi  à  Sury-le-Conital,  aux  environs  de  Mont- 
brison,  dans  la  vallée  de  la  Loire,  et  semble  avoir  utilisé,  pour  y  arriver  de 
la  vallée  du  Rhône,  la  dépression  existant  au  niveau  de  Rive-de-Gier  et  de 
Saint-Étienne,  dans  la  chaîne  montagneuse  qui  sépare  les  deux  vallées. 

»  C'est  par  un  passage  pareil,  au-dessus  de  collines  peu  élevées  formant 
ligne  de  faîte,  que  l'on  peut  expliquer  son  apparition  à  Curel  et  à  Noyers, 
aux  environs  de  Sisteron,  où  il  a  été  vu  par  M.  O.  Bouteille.  La  vallée  du 
Jabron  n'est  séparée  en  ces  points  de  celle  de  l'Arvèze  que  par  des  mon- 
tagnes de  très-faible  hauteur,  et  le  mistral  va  de  l'une  à  l'autre. 

»  Dans  tout  le  pâté  montagneux  qui  s'étend  entre  la  vallée  de  l'Isère  et 
celle  de  la  Durance  la  maladie  est  arrivée  jusqu'aux  extrêmes  limites  de  son 
domaine,  et  l'extension  considérable  qu'a  prise  la  tache  dans  celte  direction 
ne  se  traduit  dans  la  réalité  que  par  l'envahissement  d'un  petit  nombre 
d'hectares  de  vignes,  qui  sont  rares  dans  ces  régions  et  ne  sont  même  cul- 
tivées en  certains  points  que  dans  les  expositions  favorables,  et  comme 
vignes  d'agrément. 

»  La  vallée  de  llsère,  à  peu  près  indemne  jusqu'ici,  commence  à  être 
atteinte.  Des  points  d'attaque  existent  aux  environs  de  Saint-Marcellin,  à 
Saint-Hilaire-du-Rosier,  Saint-Laitiers,  Chevrières  et  Beauvoir. 

»  Vers  le  sud-est,  dans  celle  région  bien  abritée  qui  s'étend  entre  1  Es- 
lerel  et  la  mer,  les  points  d'attaque  de  l'an  dernier,  aux  environs  de  Dra- 
guignan,  ont  pris  de  l'extension,  mais  lentement.  Il  en  existe  un  nouveau 
au  Revest,  un  autre  àTaradeau. 

C.  R,,i875,  i"  SemeHre,  (T.LXXX,  N°  IC.)  ï4l 


(  io86  ) 
»  Enfin,  au  sud-ouest,  l'Hérault  commence  à  être  assez  fortement  atteint, 
et,  en  dépit  de  la  belle  récolte  de  l'an   dernier,  les  progrès  de  la  maladie 
doivent  exciter  l'appréhension.  Un  point  d'attaque,  relevé  par  M.  G.  Bazille, 
a  apparu  au  delà  de  la  rivière  d'Hérault,  aux  environs  de  Lunas.    » 

M .  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  une  Note  de  M .  O.  Vau- 
veii  relative  au  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  Barot  adresse,  pour  le  Concours  des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie (fondation  Montyon),  un  Mémoire  sur  un  appareil  à  extension 
continue  et  graduée  pour  les  fractures  de  la  jambe. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  E.  Lantier  adresse  une  Note  sur  un  appareil  destiné  à  opérer  le  la- 
vage des  plaies  à  trajet  profond.  Cet  appareil  a  été  employé  avec  succès 
pendant  le  siège  de  Paris.  La  description  est  accompagnée  d'une  photo- 
graphie. 

(Commissaires  :  MM.  Sédillot,  Gosselin,  Larrey.) 

MM.  B.  Alciator,  Ch.  Bardenat,  Limousin,  Tallendeau,  J.  Guimbelot 

adressent  des   Communications  relatives  à  la   catastrophe  du  ballon   le 
Zéiiilh. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

M,  Laoarigue  adresse  une  Note  sur  l'emploi  de  la  vapeur  adaptée  aux 
remorqueurs  servant  à  la  traction  sur  les  canaux. 

(Commissaires  ;  ]MM.  Paris,  Dupuy  de  Lôme,  Belgraud.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Cor- 
respondance : 

1°  Une  Table  de  logarithmes  de  M.^i.  Liicchesini ; 

2°  Une  Notice  biographique  sur  le  D"^  Desruelles,  ancien  professeur  au 
Val-de-Gràce. 


(  io87  ) 

«  M.  DcMAS  fait  connaître  à  l'Académie  la  perte  considérable  que  les 
sciences  viennent  d'éprouver  en  la  personne  de  M.  Anton.  ScnnoTTER, 
Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences  de  Vienne. 

»  Pendant  quarante  années  consacrées  au  professorat  ou  à  des  recherches 
personnelles,  M.  Schrotter  s'est  montré  l'un  des  plus  éminents  interprètes 
de  la  Science  et  l'un  des  plus  féconds  expérimentateurs.  Son  nom  demeure 
attachéà  l'une  des  plus  brillantes  découvertes,  celledu  phosphore  amorphe. 
L'Académie,  en  lui  accordant  à  cette  occasion  un  de  ses  prix  annuels,  avait 
voulu  marquer  à  la  fois  l'importance  de  cet  événement,  au  point  de  vue 
de  l'hygiène  publique,  et  son  extrême  intérêt  au  point  de  vue  de  la  philoso- 
phie naturelle.  On  ne  saurait  oublier,  en  effet,  les  doutes  qui  s'élevèrent  de 
toutes  parts  lorsque"  M.  Schrotter  fit  connaître  le  phosphore  rouge,  iden- 
tique par  sa  nature  avec  le  phosphore  ordinaire  et  différent  de  celui-ci  par 
toutes  ses  propriétés.  M.  Schrotter  avait  réalisé,  au  sujet  du  phospliore,  ce 
que  la  nature  a  fait  seule  jusqu'ici  au  sujet  du  charbon,  qu'elle  nous  ofh'e 
tantôt  sous  forme  de  diamant,  tantôt  sous  celle  de  graphite.  La  voie  qu'il 
a  ouverte  dans  ces  transformations  dimorphiques  des  corps  simples  reste 
encore  à  parcourir.  » 

CHIMIE.  —  Sur  la  précipitation  de  l'argent  par  te  protoxyde  d'uranium.  Note 
de  M.  IsAMBERT,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Lorsque  des  oxydes  métalliques  agissent  sur  les  dissolutions  des  sels 
d'argent,  l'action  consiste  le  plus  ordinairement  en  une  précipitation  d'oxyde 
d'argent;  cependant  il  peut,  dans  certains  cas,  se  produire  lui  précipité 
d'argent  métallique.  Ebelmen  a  montré  que  l'urane  donne  dans  la  dissolu- 
tion d'azotate  d'argent  un  dépôt  de  métal  exactement  comme  le  ferait  le 
cuivre,  i  équivalent  d'urane  remplaçant  i  équivalent  d'argent  sans  qu'il  y 
ait  dégagement  de  gaz.  Cette  propriété  semblait  en  contradiction  avec  les 
notions  générales  de  la  science,  depuis  que  M.  Peligot  a  démontré  que 
l'urane  est  le  protoxyde  d'un  nouveau  métal,  l'uranium. 

»  En  répétant  avec  soin  l'expérience  d'Ebelmen,  on  trouve  que  le  résultat 
final  est  complètement  exact.  Ainsi,  pour  ne  citer  qu'une  seule  expérience, 
iS'',9i4  d'urane  a  précipité  is',52i  d'argent,  alors  que  la  formule  donne 
i^'',5i99;  mais,  si  le  fait  est  d'une  exactitude  absolue,  il  n'en  est  plus  de 
même  de  l'explication.  L'urane  ou  protoxyde  d'uranium  étant  projeté  dans 
la  dissolution  bien  neutre  d'azotate  d'argent  et  agité  rapidement,  on  voit  se 
former  un  précipité  volumineux;  en  même  temps  le  protoxyde  se  dissout  et 
la  liqueur  devient  verte;  en  continuant  à  agiter,  on  ne  tarde  pas  à  voir  cette 

i4i.. 


(  io88  ) 
teinte  disparaître  pour  faire  place  à  la  couleur  jaune  qui  caractérise  les 
dissolutions  des  sels  de  sesquioxyde  d'uranium.  A  ce  moment  aussi  le  pré- 
ci|>ilé  diminue  de  volume  et  change  entièrement  d'aspect  :  c'était  de  l'oxyde 
d'argent  qui  s'était  précipité  en  premier  lieu;  après  cette  transformation,  il 
ne  reste  plus  que  de  l'argent  métallique.  La  réaction  que  l'on  représente 
ordinairement  de  la  manière  suivante  : 

AgOAzO'+  U=0==:  Ag-4-U=0'AzO= 
doit  donc  se  dédoubler,  et  l'on  a 

1°  aUO  +  2AgOAzO'=  2U0Az0'^+ aAgO, 

2°  2U0Az0=+  aAgO  =  U=0' Az0^4- AgOAzO=+ Air. 

»  Et  en  effet,  au  début,  on  observe  que  la  dissolution  se  colore  en  vert 
par  suite  de  la  présence  d'un  sel  de  protoxyde  d'uranium;  ce  n'est  que 
plus  tard  que  ce  sel  se  change  en  sel  de  sesquioxyde  aux  dépens  de  l'oxyde 
d'argent. 

»  Une  vérification  résulte  de  l'action  de  l'uraniinn  à  l'état  métallique 
sur  l'azotate  d'argent;  il  se  précipite  dans  cette  réaction  de  l'argent;  en 
même  temps  il  reste  dans  la  dissolution  de  l'azotate  de  sesquioxyde  d'ura- 
nium; 2  équivalents  d'uranium  précipitent  dans  ce  cas  3  équivalents 
d'argent. 

»  Ces  réactions  ne  sont  du  reste  pas  isolées,  et,  si  les  oxydes  anhydres, 
comme  le  protoxyde  de  fer,  sont  sans  action  sur  la  dissolution  d'azotate 
d'argent,  même  à  la  température  de  l'ébuUition,  le  protoxyde  hydraté 
donne  immédiatement  un  précipité  d'argent  avec  production  de  sesqui- 
oxyde de  fer. 

»  Celte  propriété  des  protoxydes,  capables  de  former  facilement  un 
oxyde  supérieur  et  de  précipiter  l'argent  de  ses  dissolutions,  existe  dans 
leurs  sels  :  c'est  ainsi  que  le  sulfate  et  même  le  carbonate  de  protoxyde 
de;  fer  se  comportent  comme  réducteurs  vis-à-vis  des  dissolutions  de  sels 
d'argent. 

»  Parmi  les  protoxydes  anhydres,  qui  sont  dans  les  mêmes  conditions,  il 
en  est  un  cependant  qui  agit  à  peu  près  comme  l'oxyde  d'uranium  :  c'est  le 
protoxyde  de  molybdène,  qui  réduit  aussi  les  sels  d'argent,  mais  avec  forma- 
tion d'acide  molybdique.  L'oxyde  salin  d'm-anium,  U^O*,  est  également 
capable  de  précipiter  l'argent  de  ses  dissolutions;  mais  l'action  est  bien  plus 
lente  que  pour  le  protoxyde,  et  il  serait  ici  complètement  impossible  de 
reconnaître  les  deux  phases  que  nous  avons  distinguées  dans  le  cas  du  prot- 
oxyde. 


(   io89  ) 
»   Le  fait  de  la  précipitation  de  l'argent  métallique  par  certains  oxydes 
est  donc  simplement  le  résultat  de  l'action  réductrice  de  certains  sels  de 
protoxyde  sur  l'oxyde  d'argent.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  i ociion  du  platine  et  du  palladium  sur  les  hydro- 
carbures de  la  série  benzénique.  Note  de  M.  J.-J.  Coquilliox,  présentée 
par  M.  Wurtz. 

((  Dans  une  première  série  d'expériences,  j'ai  indiqué  que  les  vapeurs  de 
toluène  en  présence  d'un  fil  de  platine  incandescent  et  de  l'oxygène  de 
l'air  donnaient  comme  résultat  d'oxydation  de  petites  quantités  d'hydrure 
de  benzoïle  et  de  l'acide  benzoïque;  j'ai  expérimenté  dans  les  mêmes  con- 
ditions sur  les  autres  carbures  de  la  série  benzénique.  Chacun  de  ces  car- 
bures, benzine,  toluène,  xylène  et  cumène  provenant  du  goudron  de 
houille  a  été  obtenu  par  distillation  fractionnée  et  pris  entre  les  limites 
les  plus  rapprochées  de  son  point  d'ébullition.  La  benzine  a  pu  être  obte- 
nue très- pure  par  deux  cristallisations  à  froid.  Mes  expériences  m'ont 
donné  les  résultats  suivants  :  avec  la  benzine  et  le  toluène,  la  quantité 
d'hydrure  de  benzoïle  est  trè^•-faible,  l'acide  benzoïque  prédomine;  avec 
le  xylène  et  le  cumène,  on  peut  obtenir  des  quantités  appréciables  d'hy- 
drure de  benzoïle  qui,  du  reste,  ne  tarde  pas  à  se  changer  en  acide  ben- 
zoïque. 

»  L'appareil  que  j'ai  employé  consistait,  comme  dans  le  cas  du  toluène, 
en  un  tube  vertical  au  milieu  duquel  était  fixée  la  spirale  de  platine  et  où 
arrivait  le  mélange  d'air  et  de  vapeurs;  ce  tube  était  relié  à  des  barbo- 
teurs  à  eau  qui  eux-mêmes  communiquaient  avec  un  aspirateur.  C'est  dans 
les  barboteurs  à  eau  que  l'on  pouvait  par  évaporation  obtenir  de  petits 
cristaux.  Ce  sont  ces  cristaux  que  j'ai  soumis  à  l'analyse  après  les  avoir 
fait  cristalliser  dans  l'alcool  :  ils  m'ont  donné  constamment  de  l'acide  ben- 
zoïque. Je  me  contente  de  citer  l'une  de  ces  analyses  : 

Mailère  employée o  ,284 

CO' o,7r4 

HO 0,124 

OU,  en  centièmes  : 

C'*H'0-. 

C G8,5  68,8 

H 4  >*^2  4  j9 ' 

»  li'analyse  des  produits  gazeux  m'a  fourni  de  l'acide  carbonique  et  de 


{  logo  ) 

l'oxyde  de  carbone;  l'oxygène  de  l'air  était  réduit  de  moitié  environ: 

Avant  Pli 89 

Après 78 

Après  KO 74 

Après  Cil  Cl  acide 70 

d'où 

0=9,      C'0'=--li,      CH)'=4. 

»  Ainsi  chacun  des  carbures  de  la  série  benzénique  sous  l'influence  d'un 
oxydant,  le  platine,  et  de  la  chaleur  se  dédouble  et  donne  en  majeure 
partie  de  l'acide  benzoïque.  Ces  faits  vont  justifier  les  travaux  de  M.  Ber- 
thelot,  d'une  part,  et  la  théorie  de  M.  Rekulé  d'autre  part.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  loi  (les  variations  diurnes  et  annuelles 
de  la  température  dans  le  sol.  Note  de  M.  Peslix,  présentée  par 
M.  Daubrée. 

«  Soit,  sur  une  verticale,  T  la  température  au  bout  du  temps  t,  pour  le 
point  situé  à  la  profondeur  x.  Si  l'on  appelle  K  le  coefficient  de  conducti- 
bilité du  sol  et  c  sa  chaleur  spécifique  rapportée  à  l'unité  de  volume,  l'équa- 
tion différentielle  du  mouvement  de  la  chaleur  sera 


(y.'^  dt\  dx  = '\  {cT  dx)dt 

\      dx        j  dt  '  ' 


ou  bien,  en  posant  -  =  — 5 

dT  _  K    ^^T  _  I       d--1 
{\\  dt  c     dj.'         1 


d     ~ 


;:)■ 


»  Les  variations  de  température  que  nous  voulons  étudier  sont  pério- 
diques; j'ai  donc  dû  chercher  à  développer  l'intégrale  suivant  les  lignes 

trigonométriques  des  multiples  de  27r-  [0  étant  la  période).  J'ai  trouvé 

que  la  forme  la  plus  commode  pour  notre  objet  de  l'inlégrale  élémentaire 
était 

—  /"  —  /  X 

T,„  =  A,„e      "cos    m- 1  —  ///'- 


»   Cette  intégrale  se  déduit  de  l'intégrale  connue 


—  ;i  -  H t 

T„  =  C„e     "    ' 


(   I09'   ) 

en  posant 

..î  

—  =  ///-  y/  —  r ,      d'où     H  ^^  in{i  -^  \/  —  i  ) . 

On  a  alors 

T   =  C  p      "    ^  "^ 


ou 


T„  =  C„  e      "    cos  (  7>r  t  —  m-\-\-\l —  i  sin  (  //r  t  —  m  -  j  U 

et  il  est  aisé  de  vérifier  que  chacun  des  deux  termes  de  T„  satisfait  isolément 
à  l'équation  différentielle  précédente. 

»  Ainsi  l'intégrale  la  plus  générale  de  l'équation  différentielle  (i)  peut 
s'écrire  sous  la  forme 

(2)  T  =  2A,„e~"'''cos  {ni^t  -  m  -"), 


expression  qui,  pour  ;r  =  o,  se  réduit  à 

(3)  T„.=  2A,„cos(7M-^0- 

«  Donc,  si  l'on  connaît  la  loi  des  variations  diurnes  et  annuelles  de  la 
température  à  la  surface  du  sol,  et  si  l'on  peut  la  représenter  par  une  série 
trigonométrique,  il  sera  aisé  d'en  déduire  la  série  trigonométrique  qui  re- 
présente la  loi  des  variations  de  la  température  pour  une  profondeur  quel- 
conque. Il  suffira  de  passer  de  chaque  terme  de  la  première  série,  mis  sous 
la  forme  AmCos(7?î"<),  au  terme  correspondant  de  l'intégrale  (2),  ce  qui  est 
facile. 

>)  Je  prendrai  pour  exemple  le  cas  le  plus  simple;  je  supposerai  que  la 
loi  des  variations  de  la  température  à  la  surface  du  sol  est  représentée  par 
la  sinusoïde 


(4)  To  =  /^  +  7  cos  an 


t  —  t., 


[Q  étant  ia  période  et  t„  l'instant  du  maximum). 
»  Nous  avons  alors  pour  le  premier  terme 

772  ^  o, 
pour  le  second 

7ra     ==  --  ) 


ît,  si  nous  posons  a  =  «  4  / — -,  la  formule  qui  donne  la  loi  des  tempéra- 


(  loga  ) 
tures  T  à  la  profondeur  x  deviendra 

(5)  T  =  p-i-  qe~~^cos  [2:1  (^')  -  l]  ■ 

»  Nous  retrouvons  ainsi  les  lois  qui  ont  été  déduites  de  l'expérience,  à 
savoir  : 

»  i"  Que  l'amplitude  des  variations  de  la  température,  soit  27e  ' ,  dé- 
croît en  progression  géométrique  quand  la  profondeur  x  croît  en  pro- 
gression arithmétique; 

»  2°  Que  le  retard  du  maximum  de  température,  soit  ->  croît  propor- 
tionnellement à  la  profondeur  x. 

))  3°  Que,  si  la  période  change,  les  profondeurs  correspondant  à  une 
même  réduction  de  l'amplitude  des  variations  de  température  croissent 
proportionnellement  à  la  racine  carrée  de  la  période,  par  exemple  dans  le 
rapport  de  i  à  19,11  =:  \J365,  quand  on  passe  des  variations  diurnes  aux 
variations  annuelles. 

))  Mais  la  formule  (5)  donne,  en  outre,  une  relation  simple  entre  le  re- 
tard du  maximum  de  température  et  la  décroissance  de  l'amplitude  de  la 
variation  thermométrique.  Par  exemple,  elle  nous  apprend  qu'à  la  profon- 
deur où  les  instants  du  maximum  et  du  minimum  sont  intervertis,  c'est-à- 
dire  où  -  =  7T,  l'amplitude  de  la  variation  thermométrique  est  réduite  dans 

le  rapport  de  i  à  e''^  23,i4;  de  même  qu'à  la  profondeur  où  le  retard  du 
maximum  est  le  douzième  de  la  période  (soit  un  mois  pour  les  variations 
annuelles,  2  heures  pour  les  variations  diurnes)  l'amplitude  de  la  va- 
riation thermométrique  est  réduite  dans  le  rapport  de  1  à  e'  —  1,688. 

»  Nous  avons  constaté  que  cette  dernière  loi  se  vérifie  également  très- 
bien  sur  les  observations  publiées,  soit  anciennement  par  Quetelet,  soit 
plus  récemment  par  MM.  Becquerel  et  Marié-Davy. 

»  Les  chiffres  moyens  les  plus  probables  tirés  de  la  comparaison  de  notre 
formule  avec  l'ensemble  des  observations  sont  les  suivants  : 

»  1°  Pour  les  variations  diurnes,  le  coefficient  de  réduction  de  l'ampli- 
tiule  correspondant  à  o",io  de  profondeur  est  1,80,  et  le  retard  du  maxi- 
mum est  de  2*"  1 5'°. 

).  2°  Pour  les  variations  annuelles,  le  coefficient  de  réduction  de  l'ampli- 
tude correspondant  à  1  mètre  de  profondeur  est  i  ,36,  et  le  retard  du  maxi- 
mum est  de  1 8  secondes. 


(  I093  ) 
»  Il  est  probable  que   ces  chiffres  sont  sujets  à  de  légères  variations, 
dépendant  de  l'état  du  sol  et  de  la  répartition  des  pluies.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  la  théorie  des  tempêtes.  Note  de  M.  Cousté. 

«  1.  La  baisse  barométrique  est  le  signe  certain  de  l'approche  d'un  cy- 
clone ;  elle  a  son  maximum  au  centre  même  de  l'ouragan.  M.  Faye  admet 
ces  faits  dans  sa  Notice  insérée  dans  VJnnuaire  du  Bureau  des  Longitudes.  Lo- 
giquement c'est  reconnaître  que,  dans  l'intérieur  du  cyclone,  il  y  a  aspi- 
ration ou  courant  ascendant;  car  qui  dit  baisse  barométrique  dit  dépression  ou 
diminution  du  poids  de  la  colonne  d'air.  Que  la  dépression  soit  statique, 
c'est-à-dire  qu'elle  résulte  d'une  raréfaction  de  l'air  au  repos,  ou  qu'elle 
soit  dynamique,  c'est-à-dire  qu'elle  soit  produite  par  le  mouvement  d'une 
masse  d'air,  l'effet  sera  le  même  :  afflux  d  air  vers  le  point  où  la  pression  est 
moindre  ;  car  dans  un  fluide  l'équilibre  de  pression  tend  toujours  à  se  ré- 
tablir. 

»  M.  Faye  exprime  le  doute  qu'on  puisse  appliquer  le  «  principe  sta- 
»  tique  de  l'égalité  de  pression  dans  les  mouvements  gyratoires,  surfout 
»  quand  ils  ont  lieu  sur  une  vaste  échelle  a.  Un  doute,  sans  preuves  à  l'ap- 
pui, est  de  nulle  valeur  dans  une  argumentation  qui  est  du  domaine  des 
sciences  exactes.  Conçoit-on,  d'ailleurs,  qu'un  principe  soit  subordonné  à 
une  considération  de  quantité? 

»  L'auteur  de  la  Notice  conteste  le  courant  ascendant,  par  cette  considé- 
ration que  ce  courant  ne  pourrait  exister  sans  une  enveloppe  faite  «  d'un 
corps  solide  »,  qui  isolerait  le  météore  d'avec  le  milieu  ambiant.  Si  l'ob- 
jection élait  fondée,  elle  s'appliquerait  aussi  bien  à  l'une  qu'à  l'autre  des 
hypothèses;  car  toutes  les  deux  supposent  une  gaîiie,  imperméable  par 
rapport  à  l'air  extérieur,  accessible  à  cet  air  uniquement  par  le  bas  (dans 
l'hypothèse  du  courant  ascendant),  et  ouverte  par  les  deux  bouts  (dans 
l'hypothèse  du  courant  descendant).  Or  cette  enveloppe  existe  dans  les 
conditions  de  la  première  hypothèse;  non  pas,  il  est  vrai,  composée  d'un 
corps  solide  (cela  n'est  pas  nécessaire,  et  d'ailleurs  ne  répondrait  pas  aux 
besoins  du  phénomène),  mais  organisée  de  manière  à  empêcher  l'introduc- 
tion de  l'air  ambiant  par  la  surface  latérale  et  à  ne  l'admettre  que  par  le 
bas.  Je  regrette  de  n'en  pouvoir  donner  ici  la  preuve,  faute  d'espace;  mais 
on  la  trouvera  exposée  avec  détails  dans  mon  Mémoire  présenté  à  l'Acadé- 
mie à  la  séance  du  i4  décembre  1874. 

»   2.   On  peut  encore  opposer  à  l'hypothèse  du  courant  descendant  un 

C.R.,1875,  ."r  Semestre,  (T.  LXXX,  N»  10.)  '^2 


(  I094  ) 
argument  émis,  si  je  ne  me  trompe,  par  M.  Peslin.  C'est  qiie,  si  l'air  des 
cyclones  était  refoulé  de  haut  en  bas,  comme  il  serait  puisé  dans  les  régions 
supérieures  et  ne  contiendrait,  par  conséquent,  presque  pas  de  vapeur 
d'eau;  que  d'ailleurs,  en  passant  aux  couches  inférieures,  il  augmenterait 
notablement  en  température,  ces  météores  apporteraient  sur  leur  parcours 
la  sécheresse  et  une  chaleur  accablante,  tandis  que  généralement  ils  refroi- 
dissent l'atmosphère  et  amènent  d'abondantes  pluies. 

»  L'illustre  auteur  de  la  Notice  applique  aux  trombes  et  aux  cyclones  les 
résultats  qu'il  croit  avoir  constatés  par  l'observation  et  l'expérience  dans 
les  tourbillons  liquides.  L'observation  a  consisté  à  examiner  oculairement 
ce  qui  se  passe  quand  un  nageur,  un  glaçon  charrié  par  le  cours  d'eau, 
une  embarcation,  sont  saisis  par  un  tourbillon.  Ces  corps,  dit  l'auteur,  sont 
entraînés  vers  le  fond,  en  décrivant  une  hélice  conique,  et  l'on  obtient  des 
effets  semblables  dans  les  tourbillons  qu'on  détermine  artificiellement  dans 
mie  masse  d'eau  tranquille  :  qu'on  jette  dans  le  creux  de  ces  tourbillons  de 
la  poussière  opaque  ou  une  couche  d'huile,  on  verra  les  grains  de  poussière 
et  les  globules  d'huile  descendre  jusqu'au  fond  en  décrivant  des  hélices 
coniques. 

»  Il  conclut  de  ces  faits  :  i°  que  les  molécules  liquides  décrivent  elles- 
mêmes,  en  gyrant  autour  de  l'axe,  des  hélices  coniques;  2°  que,  puisqtie 
ces  molécules,  en  se  rapprochant  de  l'axe,  augmentent  de  vitesse  angulaire 
en  raison  inverse  du  carré  de  la  distance,  il  y  a,  vers  le  bas  du  cône,  con- 
centration des  forces  vives  disséminées  dans  le  tourbillon  :  et  telles  se- 
raient l'origine  et  la  mise  en  oeuvre  de  la  puissance  mécanique  des  trombes 
et  des  cyclones. 

»  L'autein'  s'est  trompé,  je  crois,  dans  ces  observations  et  expériences;  il 
a  examiné  avec  les  yeux  là  où  il  fallait  procéder  par  le  raisonnement  basé  sur 
les  principes  de  la  Mécanique. Le  raisonnement  lui  auraitdit:  i"que,dans  un 
fluide  homogène  et  incompressible  qui  gyre  autour  d'un  axe  vertical,  il  n'y 
a  aucune  force  qui  puisse  altérer  la  symétrie  des  hélices  décrites  par  les 
diverses  molécules  du  fluide,  ni  faire  varier  la  distance  de  celles-ci  par  rap- 
port à  l'axe;  que,  en  conséquence,  les  hélices  sont  et  restent  cylindriques  ; 
2°  que,  si  le  tourbillon  est  de  forme  conique,  cela  vient  non  pas  de  ce  que 
les  molécules  décriraient  des  hélices  coniques,  mais  de  ce  qu'il  y  a  des 
écoulements  latéraux  de  fluide  en  vertu  de  la  force  centrifuge  combinée 
avec  la  force  tangentielle  de  gyration  ;  3°  que,  quant  aux  corps  immergés, 
ils  décrivent  effectivement  des  hélices  coniques;  mais  c'est  en  vertu  de  la 
différence  de  densité  entre  eux  respectivement  et  le  liquide.  Ainsi,  m  étant 
la  masse  du  corps,  m'  celle  du  liquide  qu'il  déplace,  p  sa  distance  à  l'axe, 


(  logS  ) 

w  sa  vitesse  angulaire,  il  sera  à  chaque  instant  sollicité  par  une  force  cen- 
trifuge OT/3ci>-  et  par  une  force  centripète  m' pcù-.  Suivant  que,  clans  la  ré- 
sultante [nï —  /?i)(Sa>^,  m' —  m  sera  positif  ou  négatif,  le  corps  tendra  à 
être  expulsé  du  tourbillon  en  décrivant  une  hélice  conique  évasée  vers  le 
bas  (ce  sera  le  cas  du  nageur,  plus  dense  que  l'eau),  ou  bien  il  sera  porté 
vers  l'axe  en  décrivant  une  hélice  conique  se  rétrécissant  vers  le  bas  (ce 
sera  le  cas  du  glaçon,  de  l'embarcation  si  elle  est  légère,  de  la  poussière, 
de  l'huile). 

»  Je  ne  saurais,  par  suite,  admettre  les  conclusions  de  la  Notice  en  ce 
qui  concerne  la  force  mécanique  dans  les  trombes  et  les  cyclones.  A  sup- 
poser que  le  courant  fût  descendant  dans  ces  météores,  il  n  y  aurait  pas,  je 
crois,  concentration  de  forces  vives  au  bas  du  cône,  et  ils  seraient  sans 
puissance  mécanique. 

»  D'après  l'auteur  de  la  Notice,  les  cyclones  puisent  leur  mouvement  de 
translation  dans  l'alizé  supérieur  qui  les  engendre,  et  qui,  rétrogradant  vers 
l'ouest,  dans  la  région  des  calmes,  reprend  le  mouvement  direct  vers  l'est, 
décrivant  des  espèces  de  paraboles  dont  les  sommets  sont  disséminés  à  quel- 
ques degrés  de  latitude  des  tropiques. 

»  Or:  1°  la  rétrogradation  vers  l'ouest  de  l'alizé  supérieur,  due  au  retard 
(dans  la  rotation  diurne)  que  les  couches  chaudes  de  la  zone  torride  éprou- 
vent en  s'élevant,  est  extrêmement  faible.  En  faisant  le  calcul,  on  trouve 
une  vitesse  de  rétrogradation  d'environ  o™,  i4  par  seconde;  donc  les  cy- 
clones, s'ils  étaient  transportés  par  l'alizé,  auraient,  dans  la  première 
branche  de  la  parabole,  une  vitesse  de  translation  très-faible  :  ils  mettraient 
55o  jours  pour  aller  du  cap  Vert  au  cap  Hatteras,  espace  qu'ils  franchissent 
réellement  en  i5  jours  environ. 

»  2°  A  la  limite  intérieure  de  l'alizé,  c'est-à-dire  vers  le  5*ou  9"  ou  1 1*  de- 
gré de  latitude  nord  (suivant  la  saison)  et  le  2*  ou  3"  de  latitude  sud,  la 
vitesse  rétrograde  se  compose  avec  la  vitesse  de  l'alizé,  qui  est  au  moins 
de  2"°,  3  par  seconde  {petite  brise  en  terme  de  marine)  de  beaucoup  supé- 
rieure; la  direction  de  la  résultante  fait  donc  un  très-petit  angle  avec  la 
direction  générale  dudit  alizé.  11  s'ensuit  que  les  sommets  des  paraboles 
seraient  très-pointus,  et  seraient  en  outre  situés  très-près  des  limites  ci- 
dessus  indiquées.  Or,  en  fait,  les  sommets  présentent  des  ronds  variables  et 
généralement  d'iai  assez  grand  rayon  ;  en  second  lieu,  ils  sont  situés  entre 
les  27'=  et  35*^  degrés  de  latitude  nord  (voir  la  carte  des  ouragans  de  Kedheld 
et  de  Reid)  et  entre  les  20*  et  3o*  degrés  de  latitude  sud  (voir  la  carte  de 
Piddington). 

142.. 


(  1096  ) 

»  3°  Si  les  trombes  et  les  cyclones  étaient  transportés  par  un  courant  agis- 
sant à  leur  extrémité  supérieure,  comme  le  veut  la  Notice,  la  résistance 
qu'ils  recevraient  du  milieu  ambiant  formerait,  en  un  certain  point  de  la 
longueur  de  la  colonne  vers  le  bas,  une  force  qui,  avec  la  force  de  trans- 
lation, déterminerait  un  couple,  dont  l'effet  serait  de  coucher  promptement 
la  colonne  sur  une  ligne  horizontale  à  la  hauteur  de  l'alizé;  par  suite,  ces 
météores  n'auraient  pas  de  durée,  à  supposer  qu'ils  pussent  se  développer. 

»   En  résumé,  d'après  la  théorie  que  je  combats  : 

»  1°  Plusieurs  faits  essentiels,  admis  par  tout  le  monde,  sont  inexplica- 
bles, notamment  la  baisse  barométrique  dans  les  cyclones  et  le  refroidis- 
sement et  les  pluies  abondantes  qu'ils  occasionnent. 

»  2°  Les  trombes  et  les  cyclones  manqueraient  de  puissance  mécanique, 
de  vitesse  de  translation  et  de  durée;  leur  effet  sur  l'atmosphère,  à  supposer 
même  qu'ils  puissent  s'y  développer  assez,  serait  à  peu  près  aussi  éphémère 
que  celui  d'un  bolide  qui  la  traverse. 

»  Je  ne  remplirais  qu'une  faible  partie  des  devoirs  que  la  vérité  impose, 
si,  après  avoir  démontré  l'insuccès  de  ceux  qui  l'ont  cherchée,  je  ne 
m'efforçais  de  tracer  de  mon  mieux  la  voie  qui  peut  conduire  jusqu'à 
elle.  Aussi  ai-je  commencé  par  cette  dernière  partie  de  ma  tâche;  elle  lait 
l'objet  du  Mémoire  mentionné  ci-dessus,  présenté  à  l'Académie  le  i4  dé- 
cembre 1874-  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Obsewations  sur  les  altérations  spontanées  des  œujs. 
Réponse  ci  M.  A.  Béchamp.  Note  de  M.  U.  Gayon,  présentée  par  M.  Pas- 
teur. 

«  Je  prie  l'Académie  de  me  permettre  de  revenir  un  instant  sur  quelques- 
luis  des  résultats  que  j'ai  eu  l'honneur  de  lui  communiquer,  dans  diverses 
circonstances,  sur  les  altérations  spontanées  des  œufs.  Je  désire  préciser 
les  points  sur  lesquels  nous  différons,  M.  Béchamp  et  moi. 

»  Au  moment  où  j'ai  commencé  mon  travail,  il  existait,  dans  la  science, 
des  études  de  M.  Donné  sur  la  putréfaction  des  œufs  (i)  et  une  Note  de 
M.  Béchamp  sur  l'examen  détaillé  du  contenu  de  deux  œufs  d'autruche, 
que  lui  avait  remis  M.  Donné,  et  qui  avaient  éprouvé  une  altération  spé- 
ciale, différente  de  la  putréfaction,  altération  caractérisée  par  la  produc- 

(i)  Le  dernier  Mémoire  de  M.  Donné  est  iniiliilé:  Note  sur  la  putréfaction  des  œufs  et  sur 
les  produits  organisés  qui  en  résultent,  {Comptes  rendus,  t.  LXV,  p.  602  ;  1867.) 


(  I097  ) 
tion  d'alcool,  d'acide  acétique,  d'acide  butyrique,  d'hydrogène,  d'acide 
carbonique  et  d'hydrogène  sulfuré  (i). 

»  Ce  qu'il  importe  de  noter,  c'est  que  M.  Béchamp  et  M.  Donné  assurent 
n'avoir  jamais  rencontré  soit  dans  les  oeufs  pourris  proprement  dits,  soil 
dans  les  œufs  à  fermentation  acide,  la  moindre  trace  d'organismes  micro- 
scopiques, bactéries  ou  vibrions. 

»   M.  Donné  dit  très-positivement  : 

«  Dans  aucun  cas,  et  quel  que  fût  le  degré  de  putréfaction  auquel  l'œuf  fût  arrivé,  pulrc- 
faction  qui  allait  souvent  jusqu'à  répandre  l'odeur  la  plus  fétide  ;  dans  aucun  cas,  cette  ma- 
tière décomposée  n'a  offert  la  moindre  trace  d'êtres  organisés  du  règne  végétal  ou  du  règne 
animal  ;  pas  la  plus  petite  moisissure,  pas  une  seule  monade,  ni  un  seul  vibrion,  rien  enfin 
d'organisé,  d'animé  ou  de  vivant  ne  s'est  montré  au  sein  de  la  matière  examinée  avec  le 
plus  grand  soin  au  microscope.  '>  (Combles  rendus,  t.  LXV,  p.  602  ;  1867.) 

»  De  son  côté,  M.  Béchamp  dit  dans  sa  Note  [Comptes  rendus,  t.  LXVII, 
p.  523,  18G8): 

«.  L'examen  microscopique  ne  révèle  pas  autre  chose  dans  la  masse  fermcntée  que  ce  que 
M.  Donné  m'y  avait  montré,  au  moment  de  me  remettre  l'œuf,  savoir  un  amas  de  granula- 
tions moléculaires.   » 

»  Et  plus  loin  : 

K  Si  maintenant  on  fait  abstraction  de  l'hydrogène  sulfuré  et  de  l'ammoniaque,  qui  sont 
évidemment  des  ternies  accessoires  de  la  réaction,  nous  avons,  dans  ces  expériences,  tous 
les  caractères  de  la  fermentation  alcoolique  et  butyrique,  et,  comme  on  ne  remarque  dans 
sa  masse  rien  qui  ressemble  à  un  ferment  organisé  connu,  RI.  Donné  a  eu  raison  de  s'écrier  : 
a  Ainsi,  voilà  une  matière  animale  très-compliquée,  renfermant  tous  les  éléments  de  l'or- 
»  ganisation  la  plus  élevée.  .  ,  .  qui  se  putréfie,  qui  entre  en  décomposition,  qui  fermente 
B  sans  donner  naissance  à  aucun  être  organisé  et  sans  l'intervention  d'aucun  agent  connu 
i)  de  fermentation.  «  IMais  la  matière  ne  se  transforme  pas  d'elle-même.  Quelle  est  donc  la 
cause  de  cette  fermentation  remarquable  ?.  . .  .  » 

»   M.  Béchamp  répond  à  cette  question  : 

«  L'oeuf  porte  en  lui-même,  normalement,  la  cause  de  cette  fermentation,  et  c'est  sur- 
tout dans  le  jaune  que  réside  cette  cause.  Un  autre  travail  montrera  que  j'aurais  pu  intituler 
cette  Note:  »  Des  microzymas  de  l'œuf  considérés  comme  organismes  producteurs  d'alcool 
»  et  d'acide  acétique.   » 

o  En  conséquence,  non-seulement  M.  Béchamp  assure  n'avoir  pas  ren- 
contré d'organismes,  mais  il  imagine  une  hypothèse  nouvelle  pour  rendre 
compte  de  leur  absence. 

(t)  Sur  la  fermentation  alcoolique  et  acétique  spontanée  des  œufs.  [Comptes  rendus, 
t.  LXVII,  p.  523;  18G8.) 


(  logS  ) 

»  Cela  posé,  je  rappelle  que,  dans  le  travail  étendu  que  j'ai  publié  sous 
le  titre  :  Recherches  sur  les  altérations  sponUmées  des  œujs,  j'ai  étudié  longue- 
ment la  putréfaction  proprement  dite  des  œufs  et  montré  les  organismes 
qui  la  déterminent.  Je  rappelle  que  j'ai  rencontré  également  le  genre  d'al- 
tération acide  signalé  par  M.  Béchamp,  et  que,  dans  ce  cas,  comme  dans 
le  précédent,  il  y  a  corrélation  entre  l'altération  dont  il  s'agit  et  la  pré- 
sence d'êtres  microscopiques  déterminés. 

))  Si  M.  Béchamp  le  désire,  je  suis  prêt  à  lui  montrer,  dans  les  cas  qu'il 
a  décrits  et  sur  des  œufs  qu'il  me  soumettrait  lui-même,  les  organismes  qui 
ont  échappé  à  son  observation.  Il  n'est  donc  point  nécessaire  d'imaginer 
une  théorie  nouvelle  pour  rendre  compte  de  l'absence  d'organismes,  puis- 
que ceux-ci  existent. 

))  M.  Béchamp  veuttirer  un  argument  (i)  de  l'expérience  suivante  que  j'ai 
citée  en  Note  dans  mon  Mémoire  :  Un  œuf  a  été  placé  dans  une  éprouvette 
pleine  de  mercure  et  abandonné  à  la  température  moyenne  de  iS  degrés, 
c'est-à-dire  dans  des  conditions  nouvelles,  toutes  spéciales,  très-différentes 
de  celles  où  s'altèrent  d'ordinaire  les  œufs.  Il  s'est  produit  une  sorte  de 
fermentation  alcoolique  avec  disparition  du  sucre  et  dégagement  de  quel- 
ques centimètres  cubes  d'acide  carbonique,  sans  production  de  cellules  de 
leviire  ou  de  ferments  organisés  ;  mais  il  n'y  a  aucune  analogie  entre  ce 
phénomène  et  la  fermentation  acide  dont  parle  M.  Béchamp.  Tout  diffère: 
conditions  de  l'expérience,  couleur,  odeur,  réaction  chimique  ;  il  est  im- 
possible de  les  confondre,  comme  il  est  impossible  de  confondre  la  fermen- 
tation intérieure  des  fruits,  découverte  par  MM.  Lechartier  et  Bellamy, 
avec  la  fermentation  lactique  ou  acétique.  » 

ZOOLOGIE.   —  Sur  la  jaune  helminthologique  des  cô  es  de  la  Bretagne. 
Note  de  M.  A.  Villot,  présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  Les  plages  de  Roscoff,  si  riches  en  animaux  inférieurs  et  si  pittoresque- 
ment  accidentées,  offrent  aux  oiseaux  de  rivage  un  gîte  facile  et  luie  nourri- 
ture aussi  abondante  que  variée.  Ceux-ci,  en  effet,  y  sont  fort  nombreux  et 
jouent  certainement  un  rôle  important  dans  l'économie  de  la  faune.  Les 
espèces  que  l'on  rencontre  le  plus  communément  sont  les  suivantes  :  Tringa 
canutus,  Tringa  alpina,  Charadrius  hialicula,  Pluvialis  apricarius,  Calidris  are- 
naria,  Slrcpsilas  interpres,    Totanus  calidris,  Limosa  rufa,  Numenius  arquala, 

(i)   Comptes  rendus,  séance  du  ig  avril  18^5. 


(  1099  ) 
Niimenim  phœopus,  Hœmatopus  ostralec/iis,  Ardea  cinerea,  Lanis  ridibundus, 
Carbo  cormoranus,  Sierna  paradisea,  Sterna  hirundo,  Sterna  minuta,  Sterna 
fissipes,  Uria  troile,  Fralercula  arctica.  La  plupart  de  ces  oiseaux,  surtout 
les  plus  petits,  nourrissent  une  foule  d'Helminthes,  qu'il  est  facile 
de  se  procurer  et  que  j'ai  pu  examiner  à  l'état  de  vie.  Leur  étude,  au 
point  de  vue  de  l'habitat,  m'a  déjà  fourni  tout  un  ensemble  de  faits,  qui 
confirment  pleinement  les  considérations  générales  de  ma  précédente 
Note. 

»  Je  citerai  d'abord  trois  espèces  de  Némaloïdes  :  Ascaris  spiculigera, 
Rudolphi;  Ascaris  /îceieroura,  Creplin;  Spiroptera  aculeata^  Creplin.  U Asca- 
ris spiculigera  avait  été  trouvée  par  Creplin  dans  le  tube  digestif  du  Guillemot 
troile,  et  c'est  là  aussi  que  je  l'ai  moi-même  rencontrée  à  Roscoff  ;  mais 
elle  a  été  signalée  dans  beaucoup  d'autres  oiseaux  marins  (Plongeons, 
Grèbes,  Harles,  Pingouins,  Goélands,  Pélicans,  Cormorans).  UAscaris 
hœleroura  n'est  point  rare  dans  l'intestin  du  Pluvier  doré.  Quant  au  Spi- 
roptère  épineux,  on  le  trouA^e  abondamment  dans  le  proventricule  du 
Bécasseau  variable. 

B  Les  Échinorhynques  sont  très-inconstants  dans  leur  habitat;  mais  ils 
sont  aussi,  malheureusement,  très-difficiles  à  caractériser.  Le  Sanderling 
des  sables  et  le  Tourne-Pierre  vulgaire,  chez  lesquels  on  ne  connaissait 
encore  aucun  Acanthocéphale,  m'ont  fourni  deux  espèces  probablement 
nouvelles.  Celle  du  Sanderling  a  le  corps  ovale,  frès-renflé  et  régulièrement 
plissé  en  travers;  celle  du  Tourne-Pierre  se  distingue,  au  contraire,  par  un 
corps  très-long,  linéaire,  armé  de  piquants  dans  sa  partie  antérieure  et  par 
une  trompe  très-courte.  Une  espèce  voisine  de  cette  dernière,  mais  encore 
plus  allongée,  habite  l'intestin  de  la  Mouette  rieuse;  c'est  peut-être  VEchi- 
norhjnchuslinearis,Westr[Mnh.  J'ai  souvent  recueilli  VEchinorhpwhus  infla- 
tus,  Creplin,  dans  le  Pluvier  à  collier;  et  dans  le  Bécasseau  variable,  VEclii- 
norhynchus  poljmorphus ^  Bremser,  qui  est  très-commun  chez  les  Canards. 
D'autre  part,  V Echinorhynchus  striatus,  Goeze,  qui  vit  ordinairement  dans 
l'intestin  des  Échassiers ,  et  particulièrement  dans  celui  des  Hérons,  se 
trouve,  à  Roscoff,  dans  un  Palmipède  totipalme,  le  Cormoran  ordinaire. 
Cet  Échinorhynque,  dont  on  ne  possédait  encore  que  deux  mauvaises 
figures,  se  distingue  de  tous  ses  congénères  par  ses  formes  étranges  et  son 
mode  de  fixation.  La  partie  antérieure  de  son  corps,  qui  est  très-renflée  et 
hérissée  de  piquants,  devient,  lorsque  la  trompe  est  rétractée,  une  véritable 
ventouse,  à  l'aide  de  laquelle  il  se  fixe  sur  les  parois  de  l'intestin.  En  cet 
état,  il  ressemble  à  certains  Distomes  épineux,  tels  que  le  Distoma  ferox, 


(    IIOO   1 

Zeder,  qui  habite  également  l'intestin  des  Hérons,  et  avec  lequel  on  pour- 
rait le  confondre  à  première  vue. 

»  Les  Cestoïdes  sont  nombreux  aussi  et  non  moins  intéressants.  Les 
espèces  se  rapportant  au  genre  Tœnia  peuvent  se  répartir  en  deux  groupes 
nettement  caractérisés  par  la  grandeur  relative  des  crochets  dont  leur 
trompe  est  armée.  Le  Tœnia  crassirostris,  Krabbe,  et  le  Tœnia  filum,  Goeze, 
ont  des  crochets  très-courts  et  sont  d'ailleurs  faciles  à  distinguer.  Le  pre- 
mier se  trouve  dans  le  Pluvier  à  collier;  le  second,  dans  le  Bécasseau  va- 
riable. Les  espèces  à  grands  crochets  sont  moins  tranchées  et  moins  faciles 
à  reconnaître.  Le  Tœnia  retirostris,  Krabbe,  vit  dans  l'intestin  du  Tourne- 
Pierre  vulgaire;  le  Tœnia  nyrnphœa,  Schrank,  forme  très-voisine  de  la  pré- 
cédente, paraît  propre  au  Courlis  corlieu;  le  Tœnia  ericelonim,  Krabbe, 
ne  se  trouve  que  dans  le  Pluvier  doré;  le  Tœnia  inversa,  Rudolphi,  tapisse 
pour  ainsi  dire  l'intestin  de  la  Guifette  fissipède.  Une  espèce  très-com- 
mune, qui  est  peut-être  le  Tœnia  lœvirjata,  Rudolphi,  mais  qui  pourrait 
bien  aussi  être  nouvelle,  se  développe  indifféremment  dans  le  Courlis  cor- 
lieu,  le  Sanderling  des  sables,  le  Tourne-Pierre  vulgaire,  le  Bécasseau  va- 
riable et  la  Maubèche  canut.  Le  genre  Opiiryocot/le,  établi  par  Friisen  1 869, 
est  représenté  à  Roscoff  par  deux  espèces.  V  Oplir/ocot)le  proteus,  Friis,  se 
trouve  dans  le  Bécasseau  variable  et  le  Sanderling  des  sables,  aussi  bien 
que  dans  le  Pluvier  à  collier.  L'autre  espèce  est  nouvelle  et  vit  dans  l'in- 
testin de  la  Barge  rousse. 

»  Les  parasites  des  Cétacés  du  sous-ordre  des  Cétodontes  ont  été,  dans 
ces  derniers  temps,  recueillis  avec  soin  ;  mais  il  est  probable  que  l'on 
est  encore  loin  de  les  connaître  tous.  Dans  un  Dauphin  ordinaire,  dissé- 
qué au  laboratoire  de  Roscoff,  le  21  juin  1874,  "ous  avons  trouvé,  à  la 
base  des  nageoires  pectorales ,  entre  le  lard  et  les  muscles,  un  Ver  sin- 
gulier, que  je  n'ai  pu  déterminer  et  dont  je  donnerai  prochainement  la 
description.  Ce  curieux  parasite  me  paraît  voisin  des  Pscudalius,  mais  il 
diffère  certainement  de  toutes  les  espèces  de  ce  genre  que  l'on  connaît 
actuellement.  Le  même  Dauphin  contenait  .dans  son  estomac  une  quantité 
prodigieuse  A'/ïscaris  simplex ,  Rudolphi,  à  tous  les  degrés  de  dévelop- 
pement. 

»  Je  signalerai  aussi,  comme  se  trouvant  à  Roscoff,  deux  Cercaires  iné- 
dites, dont  les  Rédies  vivent  dans  les  Mollusques  marins.  L'une,  découverte 
par  M.  le  professeur  de  Lacaze-Duthiers,  est  parasite  de  la  Calyplrœa  sinen- 
sis,  et  se  distingue  par  sa  queue,  qui  est  munie  de  deux  expansions  mem- 
braneuses, latérales,  régulièrement  plissées  en  travers.  L'autre,  qui  res- 


(    ..o.    ) 
semble    beaiicoiip  à    deux   Cercaires    décrites  par    Mûller   (C.  setifera  et 
C.  e(egans),  est  parasite  de  la  Nassa  reticulaln. 

»  Il  reste  maintenant  à  étudier  les  migrations  et  les  métamorphoses  de 
toutes  ces  espèces.  Le  sujet  est  sans  doute  bien  attrayant,  mais  il  exige 
beaucoup  de  méthode,  de  circonsi)ection,  et  une  longue  série  d'observa- 
tions. Ce  sera,  cette  année,  le  but  principal  de  mes  recherches.  Quelques 
essais  que  je  viens  de  faire  dans  cette;  voie,  sur  les  Vers  parasites  dos  oi- 
seaux, n'ont  pas  été  infructueux,  et  j'espère  pouvoir  bientôt  communiquer 
à  l'Académie  les  résultats  obtenus.  » 

ZOOLOGlli.  —  Sur  un  nouveau  type  inlerniédiaire  du  sous-enibianclicnient  des 
Fers  (Polygordius?  Schneider).  Note  de  M.  Edm.  Piîkrieu,  présentée  par 
M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  L'étude  des  types  intermédiaiies  prend  une  importance  de  plus  en 
plus  grande,  à  mesiu'e  que  l'on  connaît  davantage  l'organisation  des  êtres 
constituant  les  grands  groupes  primordiaux  du  règne  animal.  Le  nombre 
de  ces  types,  autrefois  fort  restreint,  s'étend  chaque  join*  davantage,  à  me- 
sure que  les  moyens  d'investigation  et  le  nombre  des  naturalistes,  voués  à 
l'étude  de  l'organisation  des  animaux,  devient  plus  grand.  Le  sous-em- 
branchement des  Vers  s'est  montré  à  cet  égard  particulièrement  fécond, 
tellement  qu'à  côté  des  grandes  classes  que  tout  le  monde  connaît  il  a  fallu 
créer  en  quelque  sorte  de  petites  classes  destinées  à  recevoir  des  êtres 
encore  complètement  isolés  dans  la  nature  actuelle,  tels  que  les  Sagitla, 
les  Balanoqlossus,  les  Putj-gordius  et  bien  d'autres  encore.  J'ai  eu  la  bonne 
fortune  de  trouver  à  Roscoff,  dans  les  produits  des  dragages  organisés 
d'une  manière  spéciale  par  M.  de  Lacaze-Duthiers  à  son  laboratoire  de  Zoo- 
logie expérimentale,  un  de  ces  types  intermédiaires,  très-voisin  sans  doute 
des  animaux  singuliers  pour  lesquels  llathke  et  ensuite  Schneider  ont  créé 
les  genres  lîamphogordiui  et  Pol/gordim,  plus  semblable  aux  Polygordius 
par  son  extrémité  postérieure,  et  que  je  désignerai,  pour  éviter  la  création 
de  noms  génériques  nouveaux,  sous  le  nom  de  Polygordius  Villoli.  Je  choisis 
ce  nom  spécifique  en  mémoire  du  beau  travail  de  M.  Villot  sur  les  Gordius, 
dont  Schneider,  dans  la  phrase  suivante,  a  si  singulièrement  rapproché 
les  animaux  dont  il  s'agit  : 

«  On  lient  dire  (juc  les  Polygordius  sont  des  Gurdius  annelés,  dans  le  même  sens  ijue 
les  Lombrics,  les  Eunices,  les  Uernielies  peuvent  être  considérés  comme  des  Jsciuis  annc- 
lés  [gegliederte).    » 

t;.  R.,  1S75,  i"  Semeurs.  (T.  LXXX,  N»  IG.)  *4>J 


(      I I 02    ) 

»  Cola  n'implique  pas,  comme  on  voit,  une  parenté  bien  intime.  Cepen- 
(liint  l'auteur  de  la  Monographie  der  Neinatoden  emploie  des  expressions 
qui  pourraient,  à  cet  égard,  induire  en  erreur,  notamment  lorsqu'il  parle 
du  Polygordius  comme  d'un  Helminthe,  sans  prévenir  autrement  que  dans 
un  tableau  de  classification  que  ce  qu'il  nomme  Helminthes  c'est  le  sous- 
embranchement  ou,  comme  disent  les  transformistes,  la  souche  tout  en- 
tière des  Fers. 

«  En  fait,  le  Poljgordiiis  que  nous  avons  étudié  à  Roscoff  se  distingue 
des  anmiaux  voisins  par  sa  taille,  qui  dépasse  i  décimètre,  tandis  que  les  Po- 
Ijgordim  lacleus  et  purpureus  de  Schneider  n'atteignent  qu'une  dizaine  de 
millimètres.  Le  diamètre  de  notre  animal  n'est  guère  que  de  i  millimètre 
dans  la  région  moyenne  du  corps;  il  s'amincit  vers  la  région  antérieure 
qui  se  termine  en  se  bifurquant  de  manière  à  donner  naissance  à  deux 
petites  cornes,  longues  de  i  millimètre  environ  et  un  peu  écartées  à  leur 
base;  le  corps  s'amincit  également  en  arrière  où  il  se  termine  en  pointe 
obtuse,  qui  nous  a  paru  dépourvue  des  papilles  caractéristiques  du  Poly- 
gordius parpuieus.  La  couleur  de  notre  espèce  est  d'un  rouge  de  chair  plus 
foncé,  chez  la  femelle,  plus  clair  et  comme  lactescent  chez  le  mâle,  du 
moins  vers  l'époque  de  la  maturité  sexuelle.  Les  sexes  sont,  en  effet,  sé- 
parés chez  ces  animaux  comme  chez  la  plupart  des  Némertiens  et  des 
Annélidc's,  dont  ils  se  rapprochent  à  beaucoup  d'égards  sans  pouvoir  en- 
trer cependant  dans  aucun  des  deux  groupes.  L'agilité  de  ces  Vers  est 
extrême;  leur  région  céphalique  est  constamment  en  mouvement,  et  ils 
s'enfoncent  et  cheminent  avec  une  aisance  remarquable  dans  le  sable 
grossier  où  ils  vivent  et  où  on  les  trouve  en  compagnie  du  Dentale  et  de 
VAmphioxiis,  à  des  profondeurs  d'où  la  drague  ramène  aussi  des  Terebra- 
tulina  ciiput  serpenlis.,  des  Sokisier  papposus,  des  Pahnipes  menbranaceus  et 
notamment  une  charmante  espèce  de  Zoanthe  qui  vient  malencontreuse- 
ment infirmer  un  résultat  un  peu  prématurément  avancé  devant  l'Aca- 
démie dans  ces  derniers  temps.  Malgré  leur  grande  vivacité,  les  Poljgordius 
Villoli  sont  des  animaux  des  plus  fragiles;  ils  se  brisent  avec  ime  grande 
facilité  et  souvent  s[)ontanément  lorsqu'on  essaye  de  les  conserver  en  cap- 
tivité, où  l'on  n'arrive  bientôt  à  ne  plus  avoir  qu'un  faible  tronçon  de  l'ex- 
trémité antérieure.  Cette  propriété  est  en  rapport  avec  le  cloisonnement  de 
leur  cavité  générale. 

»  Extérieurement,  le  corps  ne  paraît  pas  annelé,  la  bouche  est  infère, 
un  peu  éloignée  de  l'extrémité  antérieure  du  corps  et  de  forme  triangu- 
laire; on  peut  considérer  comme  un  lobe  céphalique  la  partie  du  corps 


(  iio3  ) 
qui  se  prolonge  au  devant  d'elle.  Les  yeux  manquent,  mais  il  existe  de 
chaque  côté,  à  peu  près  à  la  hauteur  de  la  bouche,  une  fossette  vihratile  de 
forme  ovale  et  dont  le  grand  axe  est  vertical.  Ces  fossettes,  le  voisinage 
immédiat  de  la  bouche  et  une  petite  partie  de  l'extrémité  postérieure  sont 
les  seules  parties  extérieures  du  corps  qui  présentent  des  cils  vibratiles. 
Par  ce  caractère,  les  Poljgordius  s'éloignent  des  Némertiens  comme  ils 
s'éloignent  des  Annélides  par  l'absence  complète  de  soies  locomotrices. 

»  La  cuticule  est  épaisse  et  présente,  comme  chez  la  plupart  des  Annélides, 
un  double  système  de  stries  notablement  inclinées  l'une  sur  l'autre,  et  à 
l'entre-croisement  d'un  assez  grand  nombre  desquels  on  voit  l'orifice  d'un 
tube  perforant  la  cuticule,  et  qui  n'est  autre  que  le  tube  excréteur  de  pe- 
tites glandes  claires,  diversement  contournées  et  situées  dans  la  couche 
sous-jacente  qui  correspond  à  l'hypoderme  des  Annélides.  Sur  des  coupes 
transversales  il  m'a  semblé  voir  la  cuticule  striée  comme  si  elle  était  formée 
d'un  certain  nombre  de  couches  superposées.  L'Aj/jor/erme,  outre  les  glandes 
qu'il  contient,  est  nettement  décomposable  en  belles  cellules  polyédriques 
et  nucléées.  Au-dessous  de  l'hypoderme  se  trouve  une  couche  de  muscles 
transverses  dont  les  fd^res  annulaires  parfaitement  distinctes  sont  disposées 
sur  un  seul  plan.  Suivant  Schneider,  cette  couche  manquerait  chez  les 
Poljgordius  qu'il  a  étudiés,  et  c'est  sur  ce  fait  qu'il  base  le  rapprochement 
qu'il  a  proposé  entre  les  Poljgordius  et  les  Nématoïdes.  Au-dessous  de  la 
couche  musculaire  se  trouvent  les  muscles  longitudinaux  disposés  en  minces 
lamelles  rayonnantes,  atteignant  presque  l'intestin  et  ne  ressemblant  en 
rien  aux  faisceaux  musculaires  de  la  plupart  des  Annélides  et  des  Lombrics. 
Il  y  a  là,  en  effet,  quelque  chose  qui  rappelle  un  peu  ce  que  l'on  voit 
chez  divers  Nématoïdes;  mais  c'est  là  le  seul  point  de  rapprochement 
qu'il  soit  possible  de  trouver  entre  les  animaux  qui  nous  occupent  et  les 
Vers  parasites.  Sur  une  coupe  transversale,  on  voit  tout  le  long  de  la  ligne 
médiane  ventrale  un  épaississement  qui  paraît  au  premier  abord  continu 
avec  l'hypoderme,  mais  qu'une  analyse  plus  minutieuse  montre  avoir  une 
constitution  plus  complexe.  J'ai  des  raisons  de  penser  que  c'est  là  le  sys- 
tème nerveux,  mais  ce  point  réclame  encore  quelques  recherches.  Du  som- 
met de  cet  épaississement  partent  obliquement  deux  cloisons  symétriques 
par  rapport  au  plan  vertical,  inclinées  à  80  degrés  l'une  sur  l'autre  et 
aboutissant  latéralement  aux  téguments.  Ces  cloisons  s'étendent  dans  toute 
l'étendue  de  l'anneau,  et,  comme  une  autre  cloison  verticale  relie  l'intestin 
aux  téguments  le  long  de  la  ligne  médiane  dorsale,  la  cavité  générale  se 
trouve  partagée  plus  ou  moins  complètement  en  quatre  chandjres  longitu- 

i/i').. 


(  i<o4  ) 

flinales.  Des  cloisons  verticales,  transversales,  la  décomposent  en  outre 
en  anneaux  parfaitement  séparés  les  uns  des  autres  et  identiques  aux  an- 
neaux des  Annélides. 

»  Le  lube  digestif  ne  présente  aucun  appendice  glandulaire  spécial,  il  n'y 
a  ni  trompe  ni  gésier,  seulement  au  voisinage  de  la  bouche  deux  plis  latéraux 
longitutlinaux  jouant  le  rôle  de  lèvre.  Il  s'étrangle  en  passant  au  travers  des 
cloisons  interannulaires,  de  manière  à  présenter  cet  aspect  moniliforme  si 
fréquent  chez  les  Annélides.  Dans  cette  région  il  est  entouré  comme  d'une 
sorte  de  sphincter  musculaire  dépendant  de  la  cloison.  Ailleurs,  il  présente 
les  couches  musculaires  longitudinales  et  transversales  ordinaires.  Son  épi- 
thélium  interne,  de  couleur  verte,  est  très-fortement  vibratiledans  toute  son 
étendue,  de  la  bouche  à  l'anus.  L'a|)pareil  circulatoire  se  compose  d'un  vais- 
seau dorsal  sebifurquant  antérieurement  à  la  hauteur  des  fossettes vibratiles, 
mais  émettant  en  outre  un  peu  plus  bas  deux  branches  obliques  se  dirigeant 
en  avant  et  venant  rejoindre  les  branches  verticales  résultant  de  la  bifurcation. 
Dans  chaque  anneau,  le  vaisseau  dorsal  émet  une  anse  latérale;  toutes  ces 
anses  m'ont  paru  aboutira  un  vaisseau  ventral  médian.  L'appareil  vascu- 
laire  du  Poljgordius  Filloli  serait  donc  plus  compliqué  que  celui  de  ses 
congénères  où  le  vaisseau  ventral  n'existe  pas  et  où  les  anses  latérales  se 
terminent  en  cœcum. 

»  Les  éléments  génitaux  se  développent  sur  les  parois  du  corps  et  des 
cloisons  longitudinales  dans  tous  les  anneaux  qui  suivent  les  quatre  ou 
cinq  premiers.  Ils  sont  libres  dans  la  cavité  générale,  où  l'on  voit  chez  les 
maies  flotter  et  s'agiter  les  queues  des  spermatozoïdes  comme  une  sorte  de 
revêtement  vibralile,  alors  que  les  tètes  sont  encore  réunies  en  un  même 
groupe  soudé  lui-même  aux  parois  de  la  cavité.  Les  tètes  des  spermatozoïdes 
sont  pointues  à  leur  pôle  opposé  à  la  queue,  elles  se  renflent  ensuite  en 
sphère,  puis  s'élargissent  un  peu,  de  manière  à  former  une  sorte  de  disque 
du  centre  duquel  part  la  queue.  Des  s|)ermatozoïdes  de  cette  forme  ont 
été  figurés  chez  quelques  Annélides.  Les  œufs  ont  un  vilellus  de  couleur 
orangée  et  souvent  plusieurs  taches  germinatives.  C'est  à  eux  que  la  femelle 
doit  sa  teinte  rougeâtre  plus  prononcée  que  celle  du  mâle.  L'évacuation 
des  produits  de  la  génération  se  fait  par  l'intermédiaire  d'organes  seg- 
mentaires  peu  rephés  sur  eux-mêmes  et  vibratiles  dans  toute  leur  étendue. 

»  Par  ces  divers  caractères,  le  Polryonllus  nUoli  .se  rapproche  beau- 
coup, comme  on  voit,  des  Annélides;  mais  l'absence  de  soies  locomotrices, 
la  présence  de  fossettes  vibratiles  de  chaque  côté  de  la  tète  tendraient  à  le 
faire   rapprocher  des  Némertiens  d'où  l'excluent  à  leur  tour  l'absence  de 


(  ,,o',  ) 
cils  vibratiles  sur  les  téguments  et  la  noltelé  du  cloisonnement.  Jo  ne  vois 
aucun  caractère  qui  permette  de  rapprocher  d'une  manière  quelque  peu 
nette  le  Pnlygordiits  Villoli  des  Nématoïdes.  Je  me  propose,  du  reste,  de 
re|)rendre  prochainement  les  recherches  que  j'ai  commencées  sur  ce  type 
intéressant;  leurs  résultats  paraîtront  dans  les  Archives  de  Zoologie  expéri- 
mentale de  M.  le  professeur  de  Lacaze-Duthiers.  » 

BOTANIQUE.  —  Sur  l'ornementation  des  fibres  ligneuses  striées  et  leur  asso- 
ciation aux  fibres  ponctuées  ordinaires  dans  le  bois  de  certains  genres  de 
Conifères.  Note  de  M.  G.  de  Saporta,  présentée  par  M.  Brongniart. 

«  J'ai  été  conduit,  par  la  recherche  des  caractères  propres  à  distinguer 
les  bois  fossiles,  à  examiner  de  près  l'ornementation  des  fibres  ligneuses 
du  bois  des  Conifères  sous  un  grossissement  assez  fort  pour  permettre  d'en 
saisir  tous  les  détails.  Cette  ornementation  consiste  en  ce  que,  en  laissant 
de  côté  les  anomalies  et  aussi  le  parenchyme  ligneux,  associé  çà  et  là,  mais 
toujours  en  quantité  restreinte,  aux  cellules  fibreuses,  celles-ci  ont  leur 
paroi  occupée,  tantôt  par  des  ponctuations  aréolées,  tantôt  par  des  stries 
soit  spirales,  soit  transversales,  et  donnant  lieu  à  des  anneaux,  à  des 
rayures,  à  des  fentes,  à  des  bourrelets  et  à  des  ciselures  plus  ou  moins 
variées  selon  les  espèces.  La  présence  des  fibres  striées,  annulaires  ou  spi- 
rales, et  leur  association  aux  fibres  ponctuées,  ont  été  depuis  longtemps 
signalées  comme  caractérisant  le  bois  des  Taxées,  mais  cette  même  asso- 
ciation est  loin  d'être  inconnue  chez  les  Conifères  proprement  dits. 
M.  Gœppert  l'a  formellement  reconiui  dans  sou  Ouvrage  sur  les  Conifères 
fossiles  (i).  Je  ne  sais  si  d'autres  auteurs  s'en  sont  également  occupés,  mais 
comme  la  figure,  donnée  par  Gœppert,  de  ces  fibres  striées  est  fort  gros- 
sière, j'ai  pensé  qu'il  ne  serait  pas  iiuitile  d'y  revenir,  d'autant  plus  qu'il 
m'a  semblé  qu'on  était  loin  d'avoir  tué  de  l'étude  de  ces  particularités  tout 
le  parti  dont  elle  est  susceptible. 

»  Dans  l'intérieui'  même  du  groupe  des  Taxées,  les  stries  des  fibres 
ligneuses  ne  revêtent  pas  le  même  aspect  dans  les  trois  genres.  Entre  les 
TaxuseX  les Ceplialotaxus  la  différence  est  assez  faible;  mais  elle  est  plus  mar- 
quée entre  le  bois  de  ces  deux  genres  et  celui  des  Torreya,  dans  lequel  les 
stries  affectent  la  forme  de  bandelettes  transversales,  étroites  et  sinueuses 
ou  même  repliées  en  zigzag,  de  manière  à  rappeler  l'aspect  de  l'ornenieu- 
tation  vermiculée  des  pilastres  d'architecture.  Ces  détails   ne  sont  bien 


(l)   Monn^r.  cl.  fnss.  Conif.,   p.  ^5  et  4'^,    ^^h.  11,  fîg.  4  cl  )>nssim. 


(   I to6  ) 

visibles,  il  est  vrai,  que  sous  des  grossissements  de  Zjoo  fois;  mais  alors 
ils  deviennent  fort  nets  et  frappent  par  la  délicatesse  extrême  de  leurs  con- 
tours. 

»  Les  fibres  striées,  dès  que  l'on  quitte  les  Taxées,  ne  se  montrent  dans 
le  bois  des  autres  Conifères  que  d'une  façon  irrégulière,  sauf  pourtant 
chez  la  plupart  des  Abiélinées,  comme  je  le  dirai  bientôt.  Sans  révoquer 
en  doute  leur  existence  possible  et  même  probable,  à  titre  de  rareté  et 
d'exception,  je  ne  les  ai  pourtant  observées  ni  chez  les  Podocarpus,  ni  chez 
les  Araucariées,  ni  dans  le  bois  des  Séquoïées  et  Taxodiéesqui  présentent 
d'ailleurs  d'autres  caractères  différentiels  sur  lesquels  je  n'ai  pas  à  insister 
ici.  J'ai  eu  beaucoup  de  peine  à  en  trouver  des  exemples  chez  les  Cupres- 
sinées,  dont  j'ai  cependant  examiné  à  ce  point  de  vue  beaucoup  de  genres. 
J'ai  découvert  seulement  quelques  fdn-es  légèrement  striées  en  spirale, 
mais  présentant  en  même  temps  des  ponctuations  irrégulières,  dans  un 
bois  de  cinq  à  six  ans  de  Cliamœcjparis  Lawsoniana ,  Pari.  J'en  ai  égale- 
ment rencontré,  conformées  à  peu  près  de  même,  dans  une  tige  de  Scia- 
dopitjs  verlicillata ;  mais,  dans  un  bois  de  deux  ans  du  Cunninghamin  sinen- 
sis,  R.  B.,  les  fibres  striées  se  sont  monti'ées  en  abondance,  sous  un  aspect 
sensiblement  pareil  à  celui  qu'elles  ont  chez  beaucoup  d'Abiétinées,  par- 
ticulièrement chez  les  Àbies  proprement  dits  (^/.  Pinsapo,  Boiss.).  Sous  ce 
rapport,  comme  sous  plusieurs  autres  relatifs  à  la  structure  du  liber  et  à 
l'emplacement  occupé  par  les  canaux  résineux,  le  Cunningliamia  se  sépare 
fort  nettement  des  Séquoïées  pour  se  rapprocher  des  Abiétinées,  et  les  ca- 
ractères aiiatomiques  servent  très-heureusement  de  correctif  à  ceux  qui 
seraient  exclusivement  tirés  de  la  morphologie  des  organes  fructifica- 
teurs. 

))  C'est  siulout  en  abordant  les  Abiétinées  que  j'ai  été  frappé  du  rôle 
considérable  dévolu,  dans  la  partie  ligneuse  des  figes,  aux  fibres  striées  en 
spirale  ou  transversalement.  Cependant  il  faut  encore  ici  établir  des  dis- 
tinctions. 

«  Les  fibres  striées  m'ont  paru  très-rares  dans  les  Tsiuja  ;  il  m'a  fallu  les 
rechercher  avec  soin  pour  en  trouver  quelques  exemples  dans  le  Tsiiga  Bni- 
noniana,  Carr.,  et  encore  les  stries  étaient  déformées  et  passaient  presque 
immédiatement  à  des  ponctuations.  Chez  les  Abies  et  les  Pseudo-Tsiiga,  au 
contraire,  les  fibres  striées,  rayées  ou  mouchetées  sont  très-fréquentes. 
J'en  ai  observé  des  variétés  curieuses  dans  le  bois  du  Pieudo-Tsuga  Dougla- 
sii,  Carr.,  une  entre  autres,  constituée  par  des  étranglements  disposés  à  des 
distances  régulières,  donnant  à  la  fibre  l'apparence  d'une  colonne  torse  ou 


(  '">7  ) 
d'un  pilier  relevé  en  bossiiges.  Il  en  est  à  peu  près  de  mciue  chez  les  Cednts, 
Larix  et  Picca.  On  trouve,  dans  fous  ces  genres,  des  fibres  striées  de  deux 
sortes,  associées  quelquefois  en  très-grand  nombre  aux  fibres  ponctuées, 
ou  même  se  substituant  à  elles.  Les  unes  offrent  des  traits  spiraux,  les  au- 
tres sont  rayées  en  travers  et  revêtent  l'aspect  des  vaisseaux  rayés  ou  même 
scalariformes.  J'ai  rencontré  ces  dernières  particulièrement  répandues  dans 
le  bois  du  Picea  rnorinda,  Link,  et  le  Larix  europœa,  de  son  côté,  m'en  a  of- 
fert de  toutes  semblables.  Ces  différences  n'ont  rien  de  caractéristique  pour 
chaque  genre,  mais  elles  sont  souvent  sensibles  quand  on  passe  d'une  es- 
pèce à  une  autre,  et  notre  Picea  ordinaire  [Picea  exce/scr,  Link)  m'a  offert, 
à  côté  des  fibres  à  stries  spiralées,  d'autres  fibres,  non  plus  rayées  en  tra- 
vers, connue  celles  du  Picea  rnorinda,  mais  encadrées  longitudinalement 
de  ciselures  délicates,  analogues  à  l'ornement  nommé  oves  en  architecture. 

»  Le  bois  des  Pinus  proprement  dits  aurait  exigé  des  recherches  pour 
lesquelles  le  temps  m'a  fait  défaut.  J'ai  seulement  étudié  à  ce  point  de  vue 
les  espèces  de  la  section  Sirobus,  entre  autres  le  P.  excelsa,  Wall.  Les  fibres 
striées  ne  sont  pas  rares  dans  ce  dernier  bois,  seulement  les  stries  sont  tel- 
lement fines  ou  effacées  qu'elles  sont  à  peine  visibles;  en  sorte  que  la  pa- 
roi de  la  fibre,  vue  sous  un  grossissement  de  quatre  cents  fois,  se  montre  à 
peu  près  lisse  et  comme  plissée.  Cette  paroi  présente  encore  des  fentes  obli- 
quement sinueuses  qui  paraissent  se  diriger  en  sens  inverse  des  stries.  En 
examinant  le  bois  des  Pinus  de  la  section  Taeda  (P.  sabiniana,  Dougl.),  je 
n'ai  plus  retrouvé  cette  même  apparence  de  fibres,  qui  m'était  devenue  fa- 
milière ;  mais  des  cellules  fibreuses,  sillonnées  obliquement  d'une  façoii 
très-nette  et  marquées  cà  et  là  de  rides  tuberculeuses. 

i>  Il  est  évident  qu'une  étude  patiente  et  l'emploi  de  dessins  exacts, 
ainsi  qu'une  revue  opérée  sur  un  très-grand  nombre  d'espèces,  seraient  né- 
cessaires pour  que  l'on  ftit  fixé  sur  la  valeur  réelle  des  caractères  que  peu- 
vent fournir  les  fibres  striées  en  long  ou  en  travers  des  Conifères.  Nul 
doute,  cependant,  que  cette  étude  ne  conduisît  à  des  résultats  remplis 
d'intérêt.  J'ai  voulu  seulement  mentionner  ici  les  impressions  nées  d'obser- 
vations rapides  et  par  cela  même  superficielles,  mais  qui  m'ont  offert  un 
attiait  véritable,  à  la  condition  d'employer  des  grossissements  suffisants 


(    iioH  ) 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  dépôts  glaciaires  de  la  vallée  inférieure  du  Teeli.  Noie 
de  M.  E.  TuuTAT,  présentée  par  M.  de  Qiiatrefages.  (Extrait.) 

«  Dans  la  seconde  partie  de  mon  Essai  sur  les  Pyrénées,  j'ai  cherché  à 
reconstituer  les  anciens  glaciers  de  ces  montagnes,  et  j'ai  indiqué  d'une 
manière  sommaire  les  points  du  versant  nord  de  la  chaîne  où  l'on  peut  re- 
connaître des  dépôts  glaciaires.  Dans  cette  énumération,  je  n'ai  pas  distin- 
gué de  dépôts  d'âges  différents. 

»  Jusqu'alors  en  effet  (juin  1874))  d'un  bout  à  l'autre  du  massif  central 
des  Pyrénées,  le  plus  riche  en  dépôts  glaciaires,  je  n'avais  pu  observer  la 
moindre  variation.  Mais,  dans  l'opinion  de  quelques  géologues,  il  y  au- 
rait eu  deux  périodes  glaciaires  dans  les  Pyrénées,  et  la  plus  ancienne 
remonterait  à  l'époque  tertiaire. 

»  Les  dépôts  glaciaires  de  la  chaîne  centrale  arrivent  rarement  à  re- 
couvrir les  couches  tertiaires,  et  jamais  ils  ne  rencontrent  les  termes  les 
])lus  élevés  de  la  série.  Il  ne  restait  donc  qu'une  seule  condition  pouvant 
entraîner  quelques  modifications  dans  les  dépôts  glaciaires  :  c'était  de 
trouver  en  contact  le  pliocène  et  le  glaciaire. 

«  En  mars  1875,  j'ai  pu  rencontrer  des  points  de  contact  entre  le  plio- 
cène et  le  glaciaire.  Mes  observations  ont  porté  sur  la  partie  inférieure  de 
la  vallée  du  Tech,  En  face  du  village  du  Boulou  s'étend  une  magnifique 
moraine,  moraine  des  Trompettes,  dernier  reste  du  dépôt  gigantesque  qui 
barrait  la  vallée,  et  que  les  eaux  du  Tech  ont  peu  à  peu  démantelé  en  pro- 
duisant des  coupes  naturelles  d'une  netteté  parfaite. 

»  Une  coupe  relevée  en  face  du  moulin  de  Roué  (usine  à  talc)  montre 
les  dépôts  glaciaires  reposant  sur  des  marnes  bleues  fortement  relevées  vers 
le  nord-nord-ouest,  et  se  reliant  aux  dépôts  pliocènes  de  Nidolères  et  de 
Banyols. 

»  Si  l'on  remonte  le  cours  du  Tech  jusqu'au  village  de  Boulou,  on  se 
trouve  en  présence  d'un  escarpement  de  prés  de  3o  mètres  d'élévation, 
tout  entier  composé  de  matériaux  de  transport  ;  les  marnes  bleues  n'appa- 
raissent pas  en  ce  point.  Ce  dépôt  est  composé  de  deux  parties  assez  nette- 
ment séparées.  En  bas,  fragments  à  angles  vifs,  la  plupart  granitiques, 
presque  tous  décomposés  quand  leurs  dimensions  sont  restreintes;  enfin 
coloration  générale  blanchâtre.  Dans  les  parties  supérieures,  au  contraire, 
coloration  générale  roiigeâtre,  granités  intacts,  angles  plus  émoussés;  mais, 
dans  le  haut  comme  dans  le  bas,  gros  blocs  irrégulièrement  posés  et  cail- 


(    n"9  ) 
loux  rayés,  Ei)fiii,  dans  les  deux  parties,  des  bandes  de  boues  donnent  une 
apparence  de  stratification  à  la  masse  tout  entière  et  en  facililent  l'étude. 

»  Cette  coupe  marche  est-ouest,  mais  un  coude  brusque  de  la  rivière 
ramène  sa  direction  nord-sud  et  permet  ainsi  d'étudier  ce  dépôt  dans  deux 
directions  perpendiculaires.  Dans  cette  seconde  partie,  la  portion  inférieure 
du  dépôt  est  fortement  relevée;  et  cela  dans  la  même  direction  que  les 
marnes  bleues  des  Trompettes.  Ce  relèvement  ne  pouvait  être  accidentel, 
car  son  orientation  le  reliait  aux  couches  pliocénes.  Effectivement  mes  re- 
cherches m'ont  fait  voir  dans  le  ravin  inférieur  de  Nidolères  les  couches 
relevées  du  glaciaire  ancien  supportant  les  marnes  bleues  fossilifères  de  Nidolères, 
marnes  dont  l'âge  est  parfaitement  connu  et  qui  appartiennent  au  pliocène. 
Il  me  semble  dès  lors  impossible  de  refuser  aux  Pyrénées  deux  époques 
glaciaires.  Mais  si,  dans  le  massif  du  Canigou,  par  suite  du  mouvement  post- 
pliocène, il  est  facile  de  distinguer  deux  périodes  glaciaires,  en  l'absence 
même  des  couches  pliocènes,  il  reste  à  trouver  d'autres  caractères  distinc- 
tifs,  car  il  semble  établi  que,  depuis  le  dépôt  des  couches  miocènes,  rien 
n'est  venu  déranger  l'horizontalité  des  terrains  récents  qui  viennent  s'ap- 
puyer sur  les  dernières  pentes  des  Pyrénées. 

»  Enfin  la  position  du  glaciaire  ancien  de  Nidolères,  au-dessous  des 
marnes  pliocènes,  nous  oblige  à  regarder  comme  tertiaire  la  première  époque 
glaciaire  des  Pyrénées.   » 

ASTRONOMIE.  —  M.  J.  VixoT  adresse  à  l'Académie  les  principales  diffé- 
rences qui  existent  pour  le  lever  et  le  coucher  des  planètes,  Mercure,  Vé- 
nus, Mars,  Jupiter  et  Saturne,  entre  les  résultats  qu'il  a  calculés  ponr  son 
Journal  du  ciel  et  ceux  qu'a  publiés  Y  Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes, 

Dates.  Annuaire.       Journal  du  ciel, 

b        m  11        m 

i'"'  mars   1875.  .  .  lever  de  Mercure.  .  .  5.24  ™-  6.?4  "'• 

"            ...  couclier       «         ...  3.55  s.  5.55  s. 

!"■  juin lever             »         ...  5. 10  m.  5 .  17  m. 

!'='■  août lever            »         ...  3.5g  ni.  2.5g  m. 

!'''■  février coucher  de  Vénus  .  .  i  .87  s.  i  .33  s. 

i*''  avril ).                 ..        ..  2.52S.  2.34s. 

1"  mai lever                «       ..  3.o3  ni.  3.37  m. 

21   juin coucher            «        ..  5.36  s.  5.56  s. 

II   août lever                »       ..  3.42  m.  3.36  m. 

i"  novembre....  lever                »       ..  g. 43  m.  7.22  m. 

21   septembre....     lever  de  Mars 2.55s.  2.58s. 

21   février coucher  de  Jupiter.  g.o4  m.  q.  1 1  s. 

C.R.,1875,  i"  Semestre.  {T.  LXXX,  N"   16.)  '44 


(   '"O   ) 


Dates. 


Anniiahe. 

Journal  du  ciel. 

Il        m 

7  06  S. 

h       m 

7  .o3  s. 

4'^^  ^- 

4.24  s. 

.  3.44  s. 

2.44  s. 

.    n  .24  m. 

1 1  .27  m. 

.    10.47  in- 

10. 5o  m. 

1 1   avril lever                » 

1"  octobiv lever  de  Saturne. 

2 1   octobre 

I  I    décembre.  .  .  .  ■• 

21  "  ....  -  " 

M.  Crampel  adresse  une  Note  sur  un  moyen  de  rétablir  la  concordance 
entre  l'année  civile  et  l'année  solaire.  Il  s'agirait  de  supprimer  le  jour  com- 
plémentaire jîendant  les  neuf  ou  dix  années  bissextiles  qui  vont  suivre.  On 
ramènerait  ainsi  sans  trouble  le  i"  janvier  au  22  décembre  dans  l'espace 
de  quarante  années,  qui  se  trouveraient  être  consécutivement  chacune  de 
365  jours. 

M.  L.  Hugo  signale  une  erreur  géographique  dans  le  tableau  des  Cor- 
respondants étrangers  de  l'Académie  des  Sciences,  publié  par  l'yl /ma/iac/i 
national  (1874)-  On  a  donné  pour  résidence  à  M.  Otto  Struve  Pultowa  au 
lieu  de  Puikowa. 

M.  W.-A.  Ross  infora)e  l'Académie  qu'il  va  publier  prochainement  un 
ouvrage  où  seront  discutés  les  titres  scientifiques  de  Lavoisier,  tels  que 
M.  Wurtz  les  a  exposés  dans  son  Dictionnaire  de  Chimie,  et  où  il  établira  la 
part  qui,  suivant  lui,  revient  à  l'Angleterre  et  à  l'Ecosse  dans  les  décou- 
vertes attribuées  au  savant  français. 

M.  Chasles,  en  faisant  hommage  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  le  prince 
Boncompagni,  des  livraisons  de  septembre, octobre,  novembre  et  décembre 
1 874  du  Bullettino  di  Bibliocjrafia  e  di  Storia  délie  scienze  malematiche  ejisiche, 
s'e.\prime  comme  il  siùt  : 

»  Les  trois  premiers  et  une  partie  du  quatrième  de  ces  fascicules  renfer- 
ment une  Notice  historique  de  M.  Antoine  Favaro,  fort  intéressante,  sur  les 
fractions  continues,  du  xiii''  au  xvii"  siècle.  A  la  suite  se  trouve  une  compa- 
raison de  deux  méthodes  pour  la  détermination  approximative  des  quantités 
irrationnelles  du  ly  Sigismond  Gùnther,  traduite  de  l'allemand  par  le 
D"^  Afonse  Sparagua.  Celte  dernière  livraison  et  celle  d'octobre  renferment 
des  annonces  très-étendues  de  toutes  les  publications  scientifiques  en  di- 
verses langues.  » 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts.  J.  B. 


(    1 1 1 1 


BULLETIN    BiBLIOGRAPHIQUE. 

Ouvrages  reçus  pkndakt  la  séance  du  it.  avril  1875. 

(sunE.) 

Annales  des  Fonts  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents;  mars  1875. 
Paris,  Dnnod,  1875;  in-8°. 

Recueil  de  Mémoires  de  Médecine,  de  Ctiiriircjie  et  de  Pharmacie  militaires; 
3^série,  t.  XXX.  Paris,  V.  Rozier,  1874-,  in-8". 

Assainissement  des  régions  chaudes  et  insalubres  ;  par  R.  Carlotti.  Ajaccio, 
Peretti,  1875;  in-8°. 

Mémoires  et  compte  rendu  des  travaux  de  hi  Société  des  Ingénieurs  civils; 
octobre,  novembre,  décembre  1874.  Paris,  E.  Lacroix,  1875;  ii)-8°. 

Sur  un  mode  particulier  d'excrétion  de  la  gomme  arabique,  produite  par 
/'Acacia  verek  du  Sénégal;  pai  M.  Ch.  Martins.  Montpellier,  typ.  Boehm, 
1875;  br.  ui-8°. 

OCYBAGES    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU     I9    AVRIL    1875. 

Abrégé  des  éléments  de  Géologie;  par  sir  Charles  Lyell,  traduit  par 
M.  J.  GlNESTOU.  Paris,  Garnier  frères,  1875;  in-12. 

La  vigne  à  l'école  du  Phylloxéra.  Théorie  rationnelle  de  viticulture.  x\vi- 
gnon,  J.  Roumanille,  1876;  br.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences,  Belles- Lettres  et  Arts 
d'Orléans;  t.  XVII,  n"'  i  et  2.  Orléans,  impr.  de  Puget  et  C'%  1876; 
in-8°. 

Sur  le  blessissement  des  sorbes  et  sur  la  cause  productrice  de  l'alcool  cpi'on  y 
découvre;  parM.  A.  Béchamp.  Montpellier,  typ.  Boehra,  1875  ;  br.  in-8". 

Dei  fenomeni  osmolici  e  délie  funzioni  di  assorbimento  nello  organisme  ani- 
male. Memoria  del  D"^  F.  Pacini.  Firenze,  tip.  Cenniniana,  1873;  in-8°. 

Dei  fenomeni  e  délie  funzioni  di  trasudamento  neli  organismo  nnimale.  Me- 
moria del  D"^  F.  Pacini.  Firenze,  tip.  Cenniniana,  1874  ;  in-8°. 

(Ces  deux  ouvmges  sont  adressés  par  l'auteur  aux  Concours  des  prix 
Lacaze,  1875.) 


(   m*  ) 

La  luce  e  gli  organi  Itiminosi  di  olciini  Anellidi.  Memoria  di  P.  Pancebi. 
Napoli,  stamp.  de  Fibreno,  187/i;  in-8°.  (Présenté  par  M.  de  Quatrefages.) 

Reqislerfûr  die  Monntsberichte  der  kônigl.  Preuss.  Akademie  der  TVissenclinf- 
ten  zu  Berlin,  vom  Jalire  iSSg  bis  iS^S.  Berlin,  G.  Vogt,  1875;  in-8°. 
(2  «exemplaires.) 

Uehm^die  Wnsserabnahme  in  den  Quellen,  Fliissen  und  Strômen  bei  gleichzei- 
tiger Steigening der Hocliwdsser  in  den  Cullurldndeim;  von  G.WEX.Wien,  Wald- 
heim,   1873;  in-4°. 

Asironomische  Miltheilumjen  von  \y  Rudolf  WoLF;  XXXVII  Vorlaùfige, 
Bemerkungen  iiber  einige  in  Arbeit  begriffene  Untersiicbiingen,  etc.  Sans  lieu 
ni  date;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Faye.) 

On  tlie  comparison  of  certain  théories  of  sotar  structure  with  observation  ;  by 
S. -P.  Langley.  Allegheny,  1874;  in-4°.  (From  the  American  JournaloJ 
Sciences  and  Arts,  vol.  IX,  march  1875.)  [Présenté  par  M.  Faye.] 


ERRATA. 

(Séance  du  19  avril  1875.) 
Page  ioo4,  ligne  3,   tiu  lieu  de  A,   lisez  B,   et  ligne  4>   ""  ''s"  '^^  B>   '"^^  ^- 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  o   MAI  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADl'.MIK. 

Lettre  de  S.  M.  Don  Pedro  d'Alcantara,  Empereur  du  Brésil, 
à  MM.  les  Secrétaires  perpétuels. 

Il  Rio,  27  mars  1875. 

»  Je  viens  de  recevoir  votre  Communication  du  i^'  de  ce  mois. 

»  Pour  la  seconde  fois,  je  remercie  l'Académie  des  Sciences  de  m'avoir 
élu  son  Membre  correspondant. 

)>  Ce  choix  ne  peut  vraiment  s'expliquer  que  par  la  pensée,  si  chère  à 
tout  cœur  brésilien,  de  vouloir  témoigner  dans  ma  personne  de  l'estime  de 
l'Académie  pour  des  savants  de  mon  pays  qu'elle  n'a  pas  été  à  même  de 
connaître. 

w  Elle  avait  déjà  montré  cette  sympathie  pour  le  Brésil,  quand  elle  m'ac- 
cueillait avec  tant  de  bienveillance  dans  quelques-unes  de  ses  séances,  qui 
seront  toujours  parmi  mes  meilleurs  souvenirs,  et  je  puis  l'assurer  d'une 
affection  encore  plus  vive,  si  c'est  possible,  pour  les  sciences,  quoique  ma 
position  me  permette  seulement  d'encourager  ceux  qui  leur  rendent  des 
services. 

))  Je  tâcherai  de  communiquer  à  notre  Académie  les  travaux  qtie  l'on 
aura  faits  dans  mon  pays,  qui  a  eu  le  bonheur  de  commencer  son  exis- 
tence indépendante  après  que  le  vôtre  avait  donné  un  élan  si  puissant  à 
l'humanité.  » 

C,  R.,  1876,   i"  Semestre.  (.T.  LXXX,  M"  17.)  l45 


(  iîï4) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  analyse  une  Lettre  par  laquelle  M"®  Poncelel 
fait  connaître  à  l'Académie  son  désir  de  joindre  au  prix  Poncelet  un  exem- 
plaire complet  des  Œuvres  du  général.  Elle  met,  dans  ce  but,  à  la  disposi- 
tion de  l'Académie  la  somme  de  loooo  francs,  qui  a  paru  nécessaire  et 
suffisante,  soit  pour  permettre  la  distribution  annuelle  des  ouvrages  du 
général  Poncelet  en  ce  moment  dans  le  commerce,  soit  pour  assurer  leur 
réimpression  à  mesure  que  les  éditions  actuelles  viendront  à  s'épuiser. 

M.  le  Président  se  fait  l'interprète  des  sentiments  de  reconnaissance 
de  la  Science  pour  cette  libéralité  nouvelle  de  la  digne  compagne  de  l'il- 
lustre général  qui  laisse  au  milieu  de  ses  confrères  des  regrets  si  légitimes 
et  un  souvenir  si  profond.  Le  don  que  M"*'  Poncelet  ajoute  à  son  ancienne 
fondation  n'était  pas  nécessaire  pour  perpétuer  la  mémoire  de  l'auteur  du 
célèbre  Cours  de  Mécanique  appliquée  et  de  tant  d'antres  productions  re- 
nommées; mais  il  contribuera  à  propager  sa  doctrine,  et  l'Académie  le 
reçoit  avec  respect. 

RAPPORTS. 

TECHNOLOGIE.  —  Rapport  sur  un  appareil  à  titrer  r alcool  des  vins, 
présenté  par  M.  Malligand. 

(Commissaires  :  MM.  Dumas,  Desains,  Thenard  rapporteur.) 

Introdcction. 

«  L'alcool  constitue  dans  les  vins  communs  la  part  la  plus  précieuse  de 
leur  valeur  :  un  mode  de  titrage  à  la  fois  sûr,  rapide  et  simple  offre  donc 
un  intérêt  commercial  d'autant  plus  grand  que,  depuis  la  construction  de 
nos  voies  ferrées  et  l'accroissement  de  la  richesse  publique,  la  production 
et  la  consommation  des  vins  communs  se  sont  accrues  dans  d'immenses 
proportions. 

))  Jusqu'ici,  c'est  en  distillant  une  fraction  variant  du  tiers  à  la  moitié 
d'un  petit  volume  de  vin  (loo  à  600  centimètres  cubes)  et  en  déterminant 
le  degré  aréométrique  du  produit  distillé  qu'on  estime  (les  labiés  de  Gay- 
Lussac  aidant)  la  quantité  d'alcool  contenu  dans  un  vin. 

»  On  ne  peut  dire  que  le  procédé  soit  inexact;  mais,  à  voir  les  précau- 
tions minutieuses  qui  sont  prises  aux  caves  de  la  reine,  à  Londres,  par  des 
expérimentateurs  nombreux,  exercés  et  munis  des  appareils  les  mieux 
étudiés,  on  peut  affirmer  qu'il   ne  peut  donner  que  des  résultats  incobé- 


(  '"5) 
rents  dans  des  mains  qui  n'ont  pas  le  moindre  sentiment  des  précautions 
inhérentes  à  toute  opération  de  mesure. 

«  Il  ne  faut  donc  pas  être  étonné  de  la  défiance  que  cette  méthode  excite 
chez  nos  négociants  et  nos  producteurs,  ni  du  désir  exprimé  par  eux,  de- 
puis longtemps  déjà,  devoir  s'en  substituer  une  autre  qui,  fût-elle  au 
fond  moins  exacte,  donne,  dans  les  mains  du  même  opérateur  et,  a  fortiori, 
d'opérateurs  divers,  des  résultats  constants. 

»  Tabarié,  en  1829,  et  l'abbé  Vidal,  il  y  a  trente  ans,  furent,  sinon  les 
premiers,  au  moins  des  premiers  qui  essayèrent  de  résoudre  le  problème. 
L'abbé  Vidal  partit  de  ce  principe  :  qu'un  vin  commence  à  bouillir  à  une 
température  d'autant  moins  élevée  qu'il  contient  plus  d'alcool. 

»  Son  appareil  consistait  dans  une  bouillotte  contenant  le  vin  à  essayer, 
dans  lequel  trempait  le  réservoir  d'un  thermomètre  à  cadran  ;  sous  la 
bouillotte  était  une  lampe  à  alcool  servant  à  la  chauffer,  et  sur  le  cadran 
étaient  marqués  les  degrés  alcooliques  correspondant  aux  différents  points 
d'ébuUition  d'une  eau  alcoolisée  depuis  zéro  jusqu'à  60  degrés. 

»  L'Académie,  dans  sa  séance  du  16  octobre  1848,  donna  son  appro- 
bation à  l'instrument  de  Vidal,  à  la  suite  d'un  Rapport  de  Despretz,  dont 
nous  extrayons  les  passages  suivants  : 

«  La  température  d'ébuUition  d'un  vin  ou  d'un  liquide  spiritueux  raélé  à  une  matière 
étrangère  n'est  pas  constante  comme  celle  de  l'eau,  de  l'alcool  absolu  ou  de  tout  autre  liquide 
homogène,  mais  elle  reste  constante  pendant  un  certain  nombre  de  secondes  quand  Pébulli- 
tion  est  commencée;  c'est  cette  température  qu'il  faut  saisir,  ce  qui  n'offre  pas  de  difficulté 
quand  on  a  l'habitude  de  ces  manipulations.  Néanmoins  il  est  prudent  de  répéter  l'opéra- 
tion, afin  de  prendre  la  moyenne.  Sans  cette  précaution  on  n'aurait  pas  de  certitude  com- 
plète. 

»  L'ébullioscope  de  M.  Vidal  et  celui  de  M.  County,  quand  ils  sont  bien  réglés  et  confiés 
à  des  mains  exercées,  nous  paraissent  propres  à  donner,  avec  une  approximation  de  un  ou 
deux  centièmes,  la  richesse  alcoolique  des  vins  et  des  liquides  spiritueux,  altérés  par  une 
matière  étrangère.  » 

))  Ces  deux  phrases  suffisent  pour  faire  comprendre  à  l'Académie  l'in- 
succès de  l'appareil  de  Vidal,  dont  le  principe,  malgré  des  raisons  théoriques 
sur  lesquelles  nous  reviendrons  plus  tard,  est  relativement  excellent. 

»  La  main  de  l'opérateur  doit,  en  effet,  être  exercée;  le  moment  de  l'ob- 
servation ne  dure  que  peu  de  secondes,  et,  si  nous  comprenons  bien  la 
pensée  du  rapporteur,  il  n'ost  exact  qu'à  i  ou  2  degrés  près.  C'était  à  cor- 
riger ces  trois  défauts  qui/fallait  travailler. 

»  M.  Malligand,  très-honorablement  connu  sur  la  place  de  Paris  comme 
négociant  en  vins,  n'est  ni  un  chimiste  ni  un  physicien  :  c'est  avant  tout  un 

145.. 


(  ni6) 
homme  charitable,  et  c'est  à  sa  charité  que  nous  devons  le  précieux  instru- 
ment que  l'Académie  nous  a  chargés  d'examiner. 

))  "Vers  i863,  en  effet,  l'abbé  Vidal  mourut,  ne  laissant  pour  tout  héri- 
tage à  sa  vieille  sœur  que  son  inutile  appareil  et  sa  profonde  misère. 
M.  Malligand,  averti,  secourut  immédiatement  la  pauvre  femme;  mais  en 
même  temps,  comprenant  mieux  qu'un  autre  toute  l'importance  de  la  solu- 
tion poursuivie  par  Vidal,  et  ne  voyant  alors  que  peu  de  difficultés  pour 
compléter  son  œuvre,  il  espéra  les  résoudre  promptement  et  créer  ainsi 
des  ressources  à  M"""  Vidal.  Malheureusement  cela  dura  douze  ans  et  la 
mort  emporta  M"^  Vidal  au  moment  où  le  but  venait  d'être  atteint.  Comme 
par  un  pieux  hommage,  l'instrument  porte,  avec  celui  de  M.  Malligand, 
les  noms  du  frère  et  de  la  sœur. 

»  Ce  fut  M.  Jacquelain,  le  répétiteur  zélé  de  l'École  Centrale,  dont  toute 
la  vie  a  été  dévouée  aux  industriels,  qui,  le  premier,  critiqua  utilement  l'in- 
strument de  Vidal.  Cet  appareil  laissait,  en  effet,  dégager  dans  l'atmosphère 
les  vapeurs  provenant  de  l'ébuUition  du  vin,  qui  ainsi,  se  détitrant  rapide- 
ment, donnait  à  peine  le  temps  de  déterminer  le  degré  où  il  commence  à 
bouillir. 

»  Ce  fut  ensuite  M.  Wiesnegg,  qui  a  doté  nos  laboratoires  de  tant  d'in- 
génieux appareils,  qui  modifia,  de  la  façon  la  plus  heureuse,  le  mode  de 
chauffage. 

»  MM.  Alvergniat  frères,  les  habiles  souffleurs,  construisirent  enfin  le 
thermomètre,  pièce  remarquable  par  sa  sensibilité  et  le  choix  de  la  lige, 
dont  le  calibrage  est  presque  mathématiquement  exact  sur  toute  la  lon- 
gueur. 

»  Le  choix  des  collaborateurs  a  donc  été  parfait,  et  l'on  doit  en  féliciter 
M.  Malligand. 

Desckiption  de  l'appaeeil. 

»  L'instrument  compte  huit  pièces  principales,  dont  nous  allons  donner 
la  nomenclature  et  la  description  : 

»  1°  Le  pied  est  une  sorte  de  champignon  renversé,  dont  la  tige,  longue 
de  8  à  9  centimètres,  supporte  l'appareil. 

»  2"  La  bouillotte  est  un  tronc  de  cône  renversé  ayant  3  centimètres  de 
diamètre  à  la  partie  inférieure,  4*^,2  en  gueule  et  ïl\  centimètres  de  hauteur. 
Elle  est  fixée  sur  la  tige  du  pied  et  son  grand  axe  en  forme  en  quelque 
sorte  le  prolongement. 

))  Cette  bouillotte  est  chauffée  à  l'aide  d'un  thermosiphon  qui  seul  reçoit 
la  chaleur  de  la  lampe. 


(  >i'7  ) 

»  Ce  thermosiphon  se  compose  d'un  tube  de  laiton  de  7  à  8  milUmètres 
de  diamètre  intérieur,  courbé  en  cercle  et  dont  les  deux  extrémités  viennent 
se  souder  au  bas  de  la  bouillotte  à  deux  hauteurs  sensiblement  inégales. 
Le  diamètre  du  cercle  formé  par  le  thermosiphon  est  d'environ  10  centi- 
mètres. 

»  3"  La  lampe  est  une  lampe  à  alcool  ordinaire  en  laiton,  et,  pour  en 
régler  la  flamme^  sa  mèche  en  coton  est  saisie  dans  un  tube  en  toile  métal- 
lique. 

»  Cette  lampe  se  place  sous  le  thermosiphon  au  point  le  plus  éloigné  de 
la  bouillotte,  et  elle  ne  le  chauffe  que  sur  une  très-petite  partie  de  la  circon- 
férence (12  à  i4  millimètres);  enfin,  pour  mieux  restreindre  encore  l'action 
de  la  flamme  et  aussi  la  proléger  des  courants  d'air,  le  bout  de  la  mèche 
est  engagé  sous  une  petite  hotte  à  travers  laquelle  passe  le  cercle  du  thermo- 
siphon. Cette  petite  hotte  est  surmontée  d'une  cheminée  qui  active  le  tirage. 

»  4°  Comme  nous  l'avons  dit,  dans  l'appareil  Vidal  les  vapeurs  dues  à 
l'ébullition  du  liquide  s'échappent  dans  l'atmosphère,  el,  par  suite,  le  vin  se 
dégraduant  rapidement,  on  n'a  que  quelques  secondes  pour  en  lire  le  titre. 
Dans  l'appareil  Malligand,  au  contraire,  les  vapeurs  condensées  faisant 
sans  cesse  retour  au  liquide  en  ébullition,  le  titre  se  maintient  pendant  au- 
tant de  minutes  que  naguère  de  secondes,  ce  qui  donne  bien  plus  que  le 
temps  nécessaire  pour  observer. 

»  Pour  obtenir  ce  résultat,  il  faut  nécessairement  que  la  bouillotte  soit 
close  par  un  couvercle  mobile  qui  permette  de  la  fermer  quand  on  opère, 
et  de  l'ouvrir  quand,  après  avoir  opéré,  on  veut  changer  le  liquide. 

»  Ce  couvercle  est  tout  simplement  une  plaque  épaisse  de  laiton  qui  se 
visse  sur  la  bouillotte  et  lui  sert  de  bouchon.  Cette  plaque  est  percée  de 
deux  trous,  l'un  central,  par  où  passe  la  tige  du  thermomètre,  l'autre 
excentrique  et  taraudé,  sur  lequel  se  visse  le  tube  du  réfrigérant  à  l'inté- 
rieur duquel  se  condensent  les  vapeurs. 

»  5°  Le  réfrigérant  se  compose  de  deux  tubes  concentriques,  l'un  de 
6  k']  millimètres  de  diamètre  intérieur,  et  qui  se  visse  sur  le  trou  du  cou- 
vercle dont  nous  venons  de  parler,  l'autre  de  4  centimètres  environ,  qui 
parle  bas  est  relié  au  premier. 

»  L'anneau  formé  par  les  deux  tubes  reçoit  l'eau  froide  destinée  à  la 
condensation.  Quant  au  tube  central,  après  avoir  traversé  le  couvercle, 
il  vient,  afin  de  faciliter  la  rentrée  de  la  vapeur  condensée,  s'ouvrir  en  bec 
de  flûte  à  la  partie  supérieure  de  la  bouillotte. 

»  G"  Le  thermomètre  ressemble,  pour  le  principe,  à  tous  les  thermo- 


(  tii8  ) 
mètres  à  mercure  ;  seulement,  pour  lui  donner  plus  de  sensibilité,  le  ré- 
servoir en  est  assez  spacieux  pour  que  chaque  degré  ait  de  lo  millimètres 
à  ii"°,5  de  longueur. 

)>  Comme  nous  l'avons  précédemment  dit,  la  tige  de  ce  thermomètre 
sort  par  un  trou  central  pratiqué  dans  le  couvercle;  mais,  quand  elle  a 
dépassé  ce  point  de  3  à  4  centimètres,  elle  se  courbe  subitement  à  angle 
droit  et  passe  ainsi  de  la  verticale  à  l'horizontale.  C'est  dans  cette  dernière 
partie  seulement  que  le  thermomètre  donne  les  indications  utiles. 

»  Elles  sont  comprises  entre  zéro  alcoolique,  correspondant  au  point 
d'ébullition  de  l'eau  sous  la  pression  du  moment,  jusqu'à  aS  degrés.  Ce- 
pendant, pour  se  soutenir,  ce  thermomètre  n'est  pas  seulement  fixé  avec 
du  lut  au  point  où  la  tige  traverse  le  couvercle,  il  est  encore,  par  sa  par- 
tie horizontale,  solidement  attaché  à  une  forte  règle  en  cuivre  posée  sur 
champ  et  rivée  au  couvercle. 

»  Enfin,  pour  être  protégés  des  chocs  auxquels  ils  sont  fréquemment  ex- 
posés, le  réservoir  et  la  portion  de  la  tige  qui  en  est  le  plus  rapprochée 
sont  entourés  d'un  tube  de  cuivre  percé  latéralement  de  nombreux  trous 
qui  donnent  accès  au  liquide  dans  lequel  le  réservoir  doit  être  toujours 
plongé. 

»  Ce  tube  est  d'ailleurs,  par  sa  partie  supérieure,  solidement  vissé  à  la 
face  inférieure  du  couvercle. 

»  7"  Le  thermomètre  ne  marque  pas  les  températures,  il  n'indique  que 
les  degrés  alcooliques.  Ces  degrés,  d'ailleurs  fort  différents  de  longueur, 
ne  sont  pas  inscrits  sur  la  tige  thermométrique,  mais  sur  une  réglette 
parallèle  à  cette  même  tige  et  qui  est  appliquée  à  glissement  contre  la  règle 
principale  qui  sert  de  support  au  thermomètre. 

»  Cette  disposition  est  due  à  ce  que,  le  zéro  alcoométrique  correspon- 
dant au  degré  d'ébullition  de  l'eau,  il  faut,  chaque  fois  que  le  baromètre 
varie,  ramènera  ce  point  le  zéro  alcoométrique. 

»  8°  Pour  aider  à  raccorder  le  point  d'ébullition  de  l'eau  ou  des  li- 
quides alcooliques  que  l'on  veut  titrer  avec  les  degrés  marqués  sur  la 
réglette,  M.  Malligand  a  établi  un  petit  curseur  qui,  étant  amené  au  point 
où  le  mercure  s'arrête,  marque  sur  la  réglette  le  degré  alcoolique  qui  y 
correspond. 

»  Tel  est  l'instrument  de  M.  Malligand.  Voyons  maintenant  à  le  faire 
fonctionner. 


(  "19  ) 

Do    FONCTIONNEMENT    DE    l'xPPAREIL. 

»  1°  On  verse  dans  la  bouillotte  de  l'eau  ordinaire  jusqu'au  niveau  d'un 
trait  qui  y  est  marqué  intérieurement. 

»  2°  On  visse  le  couvercle. 

»  3°  On  ajoute  le  réfrigérant  préalablement  rempli  d'eau  froide. 

»  4°  On  allume  et  l'on  met  la  lampe  en  place.  Au  bout  de  dix  minutes, 
l'eau  étant  en  pleine  ébullition,  on  amène  le  curseur  au  droit  du  point  où  le 
mercure  s'est  arrêté,  et  l'on  vérifie  si  ce  point  reste  stable.  Alors  on  fait  glisser 
la  réglette  de  façon  à  faire  correspondre  la  ligne  marquée  zéro  avec  le  point 
d'ébuilition,  et  on  la  fixe  solidement  en  forçant  sur  l'écrou  à  oreille  destiné 
à  cet  usage. 

»  Cela  fait,  on  démonte  aussitôt  l'appareil,  on  jette  l'eau  de  la  bouillotte, 
on  la  lave  avec  un  peu  du  vin  à  titrer,  puis  on  la  remplit  de  ce  même  vin, 
comme  tout  à  l'heure  d'eau,  et  l'on  recommence,  sauf  qu'on  ne  touche  plus 
à  la  réglette.  Quand  l'ébullition  est  bien  déterminée,  on  ramène  alors  le 
curseur  au  point  où  le  mercure  s'est  arrêté  dans  le  thermomètre,  et  on  lit  le 
chiffre  que  ce  même  curseur  indique  sur  la  réglette  :  c'est  le  titre  du  vin. 

»  Il  est  inutile  de  dire  qu'à  chaque  changement  de  liquide  il  faut  néces- 
sairement renouveler  l'eau  froide  du  réfrigérant;  mais  il  est  indispensable 
de  faire  observer  qvie  le  mercure  dans  le  thermomètre  n'est  pas  absolument 
fixe  :  il  oscille.  Ces  oscillations  sont  dues  à  ce  que  la  vapeur  condensée  ne 
revient  que  par  saccades  régulières  à  la  bouillotte.  Or,  si  faible  que  soit 
l'abaissement  de  température  dû  à  chaque  rentrée,  le  thermomètre  est 
assez  sensible  pour  marquer  chaque  pulsation  qui  en  est  la  conséquence. 

))  Les  limites  de  ces  pulsations  sont  d'ailleurs  très-restreintes  et  sans  intérêt 
commercial  :  dans  les  bas  degrés,  elles  ne  dépassent  pas  i  millimètre  et  elles 
n'atteignent  pas  ~  millimètre  dans  les  hauts  degrés,  ce  qui,  en  raison  delà 
longueur  relative  de  chacun,  n'altère  pas  les  résultats  de  -^  de  degré  compté 
sur  le  dernier. 

»  Eu  somme,  un  titrage  de  vin  ne  dure  pas  plus  d'une  demi-heure,  le 
temps  de  la  détermination  du  zéro  compris ,  et  il  ne  demande  pas  plus 
de  100  centimètres  cubes  de  liquide. 

Première  série  d'expériences. 

»  Jusqu'ici  nous  n'avons  parlé  de  l'ébullioscope  que  pour  en  dire  l'ori- 
gine, le  décrire  et  en  faire  l'éloge  à  priori;  il  nous  reste  à  montrer  que  cet 
éloge  est  mérité. 


(   II30   ) 

»  Le  point  d'ébullition  d'un  liquide  varie  avec  la  nature  et  la  quantité 
des  matières  fixes  ou  volatiles  qu'il  tient  en  dissolution. 

»  Le  vin  est  un  liquide  de  cette  espèce  :  par  conséquent,  lorsque  l'on 
part  de  son  point  d'ébullition  pour  en  déterminer  le  titre  alcoolique,  on  a 
raison  de  se  méfier  du  résultat.  Cependant,  avant  que  l'Académie  eût  été 
saisie  de  la  question,  des  commerçants  et  des  producteurs  extrêmement 
sérieux  s'étaient  déjà  favorablement  prononcés;  deux  faits  les  avaient 
frappés  :  c'étaient,  d'une  part,  le  retour  constant  du  titre  quand  on  opère 
avec  le  même  vin,  et,  d'autre  part,  le  retour,  sauf  dans  le  cas  spécial  des 
vins  de  liqueur,  à  un  titre  toujours  proportionnel  quand  on  coupe  ces 
mêmes  vins  soit  avec  de  l'eau,  soit  avec  un  autre  vin  dont  le  titre  a  été 
préalablement  déterminé. 

a  Nous  avons  été  plus  sévères  que  ces  intelligents  intéressés,  car  nous 
avons  exagéré,  dans  le  sens  le  plus  défavorable,  les  conditions  où  l'ébuUio- 
scope  sera  jamais  placé,  et  nous  avons  déterminé  ainsi  les  limites  extrêmes 
des  erreurs  entre  lesquelles  il  oscille. 

»  Les  vins  de  pineau  sont,  par  certaines  années,  plus  chargés  que  tous  les 
autres  en  sels,  en  couleur,  en  acides  et  en  ces  matières  souvent  visqueuses 
dont  M.  de  Vergnette,  d'une  part,  et  M.  Pasteur,  de  l'autre,  ont  fait  une  si 
savante  étude.  Par  conséquent,  d'après  les  données  reçues,  des  vinasses 
ultérieurement  alcoolisées  de  ces  sortes  de  vins  devaient,  plus  que  tous  les 
vins  du  monde,  être  rebelles  à  déceler  leur  titre  réel  à  l'ébullioscope. 

»  La  difficulté  était  de  préparer  des  vinasses  de  cette  nature  sans  altérer 
aucun  des  principes  du  vin  qui  devait  les  fournir.  A  cet  effet  un  appareil, 
dû  à  M.  A.  Thenard,  propre  à  évaporer  rapidement  dans  le  vide,  et  à  moins 
(le  l^o  degrés,  les  liquides  les  plus  altérables,  nous  vint  grandement  en  aide. 
22  I  litres  de  vin  de  pineau  du  genre  de  ceux  que  nous  venons  de  dire,  et 
provenant  des  vignes  de  l'un  de  nous,  furent  ainsi  réduits  au  cinquième 
de  leur  volume  :  or  la  vinasse  qui  en  provint  resta  si  limpide,  si  brillante,  si 
riche  en  couleur,  que  nul  vin  ne  lui  était  comparable  pour  la  beauté;  mais 
pour  le  goût,  c'est  autre  chose  :  elle  était  exécrable  par  son  acidité  et  sur- 
tout son  astringence,  et,  quoique  ne  contenant  pas  de  sucre,  sa  densité, 
après  la  cristallisation  du  tartre  en  excès,  monta  de  996  a  io34  :  c'était  bien 
évidemment  là  le  liquide  qu'il  nous  fallait  pour  fixer  les  limites  extrêmes 
que  nous  cherchions. 

»  Deux  séries  parallèles  et  identiquement  graduées,  et  de  seize  flacons 
chacune,  furent  alors  préparées. 

»  Pour  les  constituer,  on  fit  d'abord  un  premier  mélange  de  i  volume 


(     I'2I     ) 

d'alcool  à  96  degrés  et  de  4  volumes  d'eau  d'une  part,  et  autant  de  vinasse 
d'autre  part  :  c'est  ce  que  nous  appelons  plus  bas  la  liqueur  n°  16;  puis 
on  coupa  et  recoupa  ce  premier  mélange  avec  de  l'eau  ou  de  la  vinasse, 
comme  l'indique  le  tableau  ci-dessous  : 

Tableau  I. 

N»  16  =  4  liq.  neutre  +  I  alcool  (i)  N"    6  =  i  n"    8 -h  i  n°  4 

N"    8  ==  I  n"  10  4-  I  liq.  neutre  N°    3  =  i  n"    4  4-  i  n°  2 

N"    4  =  I  n"    8  +  1  liq.  neutre  N°   5  =  1  n°    6  +  i  n"  4 

N"    2  =  I  n"    4  +  1  liq.  neutre  N"    7  =  i  n°    8  +  i  n"  6 

N"    1  =  1  n"    2+1  liq.  neutre  N"    9  =  i  n"  10  +  i  n"  8 

N"  12  =  I  n"  16  +  1  n°  8  N°  11  =  1  n"  12  +  i  n»  10 

N"  14  =  I  n"  16  +  I  n"  12  N°  13  =  i  n»  14  +  i  n»  12 

N°  10  =  I  n°  12  +  I  n"  8  N"  15  =  i  n"  16  +  i  n°  14 

»  On  soumit  alors  le  tout  à  l'ébullioscope,  en  ayant  soin  de  faire  alterner 
un  numéro  de  l'une  des  séries  avec  celui  qui  lui  correspondait  dans  la  série 
parallèle.  Le  tableau  II  résume  les  résultats  obtenus  (2)  : 

Tableau  11. 

Différence      Différence  entre      Différence 
Titre  calculé  entre  le  titre  trouvé  entre 

sur  celui  Titre  Titre  le  titre  trouvé      de  la  vinasse     le  titre  trouvé 


Numéros 

de  l'alcool 

de  l'eau 

de  la  vinasse 

et  le  titre 

et  le  titre 

et  le  titre 

des 

employé  (9G"). 

alcoolisée 

alcoolisée 

calculé. 

trouvé  de  l'eau 

calculé. 

liqueurs. 

Eau  ou  vinasse. 

(expérience). 

(expérience). 

Eau  alcoolisée. 

alcoolisée. 

Vinasse  alcoolisée. 

16. 

..       19,528(3) 

19,480 

ig,6io 

-0,048 

+0,  i3o 

+0,082 

15... 

18,807 

18,270 

i8,55o 

— 0,037 

+0,280 

+0,243 

14.    . 

..        17,087 

17,140 

17,290 

+  o,o53 

+0,  i5o 

+o,2o3 

(1)  On  appelle  ici  liqueur  neutre  l'eau  ou  la  vinasse. 

(2)  Pour  ne  pas  se  laisser  intluencer  par  des  chiffres  connus  à  l'avance,  puisqu'on  opérait 
sur  des  liqueurs  normales,  on  a,  dans  ces  expériences,  substitué  à  la  réglette  graduée  en 
degrés  alcoométriques  (voir  la  description  de  l'instrument)  une  règle  divisée  en  demi-milli- 
mètres, et  ce  n'est  que  quand  les  expériences  furent  achevées  qu'on  traduisit  en  degrés 
alcoométriques  les  résultats  obtenus  en  demi- millimètres. 

On  substitua  également  au  curseur  une  lunette  à  fils  croisés. 

(3)  L'alcool  employé  marquant  96  degrés,  le  titre  apparent  de  la  liqueur  n°  16,  d'oîi 

96» 
dérivent  toutes  les  autres  (voir  le  tableau  I),  n'était  donc  que  de  =^  =  i9'',20  au  lieu  de 

19°, 528  que  nous  marquons  ici;  mais  l'instrument  est  si  sensible  qu'il  nous  a  fallu  cou)|)lcr 
avec  la  contraction,  qui  est  i'^'^,75  pour  un  mélange  de  80  volumes  d'iau  et  de  20  volumes 
d'alcool  absolu.  Pour  l'établir  avec  de  l'alcool  à  96  degrés,  nous  avons  admis  que  dans 
d'aussi  étroites  limites  elle  pouvait  être  considérée  comme  proportionnelle,  c'est-à-dire  de 
i",68  pour  100,  En  faisant  entrer  cet  élément  dans  le  calcid,  le  titre  19",  20  a  dû  être 
alors  remonté  à  ig",  528. 

C.  R.,   1835,  \"  Semestre.  (T.  LX.\X,  N"  17.)  14^ 


(     1122    ) 

DiUerencc  Diiïi'ieiice  entre     DitTc/rence 

Tilie  calculé  entre  le  litre  trouvé  entre 

sur  celui  Titre  Titre  le  litre  trouvé      de  la  vinasse      le  titre  trouvé 

Numéros  de  Talcool  de  l'eau         de  la  vinasse         et  le  titre  et  le  titre  et  le  titre 

des  employé  (96'  ).       alcttolisée         alcoolisée  calculé.  trouvé  de  l'eau        calculé, 

liqueurs.       Eau  ou  vinasse,   (expérience),    (expérience).    Eau  alcoolisée.       alcoolisée.       Vinasse  alcoolisée. 

13 i5,866  15,900  16,100  4-0,034  +0,200  +0,234 

12 14,646  14, 586  i4)7o8  —0,060  +0,112  +0,062 

11 i3,425  13,3^0  i3,44o  fo,o55  +0,070  +o,oi5 

10 I?.  ,2o5  12,240  12,240  +o,o35  0,000  +o,o35 

9 10,984  10,960  10,960  —0,024  0,000  — 0,024 

8 9>7*34  9>746  9>742  — o,oi8  —  o,oo4  — o,o2< 

7 8,543  8,5io  8,370  — o,o33  — o,i4o  — 0,173 

6 7,323  7,3oo  7,i3o  — 0,023  — 0,170  — 0,193 

5 6,102  G, 110  5,8îo  -i-0,008  —0,270  — 0,262 

4 41^*^2  4»93o  4i*^4o  +0,048  — 0,290  —0,242 

3 3,661  3,700  3,410  +0,039  — 0,290  — o,25i 

2 2,44i  2,5oo  2) 170  +0,059  — o,33o  — 0,271 

1 1,220  1,260  o,g4o  +o,o4o  — 0,320  —0,280 

»   L'étude  de  ce  tableau  amène  aux  conclusions  suivantes  : 

»  1°  Avec  l'eau  alcoolisée,  l'instrument  oscille  entre  +  0,06  de  degré, 
et  —  0,06  de  degré  (0,059);  ^'  donne  donc  dans  les  deux  sens  la  vérité 
à  ^  de  degré  près  :   les  aréomètres  sont  loin  d'avoir  une  telle  précision. 

»  2°  La  vinasse  depuis  zéro  jusqu'à  9°, 742  abaisse  le  litre  apparent  de 
l'alcool;  mais  de  9°, 742  à  i2'',2o5  le  titre  apparent  concorde  avec  le  titre 
réel,  pour  se  disjoindre  ensuite  en  changeant  de  signe  jusqu'à  20  degrés. 

»  Cette  anomalie,  qui  renverse  toutes  les  données  jusqu'ici  reçues,  se  re- 
produit constamment  avec  les  vins  sucrés  :  on  verra  plus  loin  combien  il 
est  facile  de  tourner  cette  difficulté. 

»  3*^  Avec  ia  vinasse  alcoolisée,  l'ébullioscope  oscille  entre  —  o,33o, 
ou  I  de  degré  en  moins,  et  +  0,280,  ou  yû  '^^  degré  en  plus. 

»  Par  conséquent,  maigre  les  conditions  ultra-défavorables  où  nous 
l'avons  placé,  l'instrument  de  M.  Malligand  l'emporte  déjà  sur  tous  les 
autres  (1). 


(1)  En  1862,  lors  de  l'Exposition  universelle  de  Londres,  un  des  commissaires  de  l'Aca- 
démie étant  allé  remercier  sir  Ogilvie,  alors  vérificateur  en  chef  des  douanes  anglaises  jjour 
le  service  des  boissons,  d'avoir  fortement  conliibiiéà  faire  admettre  au  droit  faible  les  vins 
français  titrant  moins  de  i4",o4>  celui-ci  répondit: 

«  Ne  vous  y  trompez  pas  !  Si  nous  vous  avons  accordé  ce  titre  quand  vous  ne  nous  de- 
mandiez que  i4°,5o,  c'est  afin  de  nous  permettre  d'être  justes  et  sivères  ;  car,  malgré  tous 
les  soins  que  nous  prenons,  une  erreur  de  \  degré  est  si  vite  commise  qu'il  nous  faut  bien  celle 
marge  pour  nous  prononcer  avec  quelque  sûreté.    » 

Un  pareil  mot  dans  la  bouche  d'un  tel  homme  vaut  tout  un  jugement. 


(     .123    ) 
Deuxième  séeik  d'expériences. 

I)  On  a  remarqué  qu'entre  9°, 742  et  i2"^,2o5  les  deux  séries  concordent 
à  peu  de  chose  près  :  il  était  donc  important  de  rechercher  si,  en  mélan- 
geant les  deux  licjueurs,  eau  et  vinasse  alcoolisées,  en  proportions  calculées 
pour  ramener  le  titre  entre  ces  limites,  l'ébuilioscope  donnerait  le  titre 
exact. 

»  Voici  le  tableau  de  cette  série  d'expériences;  les  liqueurs  sont  celles 
qui  ont  servi  pour  le  tableau  II;  elles  ont  toujours  été  mélangées  en  vo- 
liunes  égaux. 

Tableau  lll  (i). 
Moyenne 
Composition 
des 
mélan(jes. 

N"  16,  eau. 
N°     h,  vinasse. 
N°     4,  eau. 
N°  16,  vinasse. 
N°  14-,  eau. 
N°     6,  vinasse. 
N°     6,  eau. 
N"  14-,  vinasse. 
N»  12,  eau. 
N°     8,  vinasse. 
N»     8,  eau. 
N°  12,  vinasse. 
N"  16,  eau. 
N"     2,  vinasse. 
IN°  12,  eau. 
N°     6,  vinasse. 
N°     4-,  eau. 
N°  14,  vinasse. 
N"  14,  eau. 
N°     2,  vinasse. 
N"     2,  eau. 
N°  14,  vinasse. 
N"  12,  eau. 
N°     4,  vinasse. 
N°     4,  eau. 
N"  12,  vinasse. 


Moyenne 

(îes  titres  calculée 

J'après  le  tableau  II, 

col.  3  et  /,. 

Titres 

donnés 

par  l'ébuilioscope. 

Titres 
calculés 
tableau  11,  col.  a. 

Différences. 

1      12,060 

12,282 

I2,2o5 

+0,027 

12,270 

12,232 

» 

+0,027 

j     i2,i35 

12,232 

» 

+  0,027 

12,295 

12,228 

» 

+  0,023 

j     '2, ,64 

12,2^0 

'- 

+0,o35 

1     12,227 

12,282 

» 

+0,027 

1     10,825 

10,935 

10,984 

— o,o5i 

1     10,858 

I I ,004 

(i 

+0,020 

1     11,110 

10,950 

» 

—0,034 

}      9, «55 

9'77o 

9 '764 

+0,006 

j      9,895 

9'77o 

» 

-1  0,006 

9,ii3 

9.792 

» 

-1  0,028 

9'8i9 

9'792 

» 

+  0,028 

(i)  Ici,  comme  ailleurs,  on  n'a  pas  fait  de  choix;  toutes  les  expériences  sont  rapportées. 
Si  on  ne  les  a  pas  inultipiiées  davantage,  c'est  que  la  matière  a  nianciué.  On  ne  pouvait,  en 
effet,  au  début  prévoir  iju'on  serait  entraîné  daus  une  étude  de  celte  nature,  et  il  a  fallu  se 
contenter  d'opérer  avec  les  flacons  qui  contenaient  encore  suffisamment  de  liquide. 


(    II24    ) 

»  Dans  ce  tableau,  il  faut  remarquer  combien  les  moyennes  calculées  sur 
les  données  des  expériences  consignées  au  tableau  11^  colonnes  3  et  4» 
s'écartent  les  unes  des  autres  pour  se  rapprocher  et  presque  se  confondre 
dans  la  présente  série  d'expériences. 

»  Il  faut  observer  aussi  combien  les  chiffres  obtenus  sont  près  de  ceux 
que  donne  le  calcul.  (Tableau  11,  colonne  2.) 

»  Il  démontre  enfin  qu'on  peut  toujours  obtenir,  à  moins  de  ~j  de  degré 
près,  le  titre  exact  d'un  vin,  si  rebelle  qu'il  paraisse  à  le  déceler  à  l'ébullio- 
scope;  il  suffit,  en  effet,  d'en  détertniner,  par  une  première  ébuUition,  le  titre 
approximatif,  puis,  après  l'avoir  mélangé  en  proportion  connue  avec  de 
l'eau  ou  une  liqueur  alcoolique  normale,  qui  le  ramène  entre  lo  et  12  de- 
grés, d'en  reprendre  une  seconde  fois  le  titre. 

»  Ces  compensations  ont  nécessairement  attiré  notre  attention,  et  bientôt 
nous  avons  reconnu  que,  s'il  est  des  substances  qui,  telles  que  la  crème  de 
tartre,  abaissent  à  l'ébullioscope  le  titre  a[)parent  de  l'alcool,  il  en  est 
d'autres  qui,  ainsi  que  le  sucre  interverti,  l'élèvent  très-sensiblement. 

»  Tout  autorise  donc  à  soupçonner  que  même  les  vins  de  table  con- 
tiennent des  substances  de  cet  ordre;  avec  les  vins  de  liqueur,  le  phénomène, 
ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin,  prend  de  fortes  proportions. 

))  C'est  pour  la  Chimie  et  la  Physique  un  nouveau  et  intéressant  sujet 
d'études;  déjà  l'un  de  nous  l'a  abordé,  et  il  peut  annoncer  qu'après  certains 
traitements  cette  propriété  se  perd  complètement,  sans  qu'il  puisse  jus- 
qu'ici en  soupçonner  la  raison. 

Teoisième  siRiE  d'expériences. 

»  Pour  des  esprits  habitués  à  remonter  aux  causes  d'un  phénomène  et  à 
en  fixer  les  limites,  le  Rapport  pourrait  s'arrêter  là  et  conclure  avec  sûreté; 
mais  il  sera  lu  et  commenté  par  un  si  grand  nombre  de  personnes  qui  se 
défient  des  méthodes  scientifiques,  que  l'Académie  nous  permettra  de  con- 
tinuer. 

»  Les  vins  de  pineau,  si  inférieurs  qu'ils  soient  à  l'occasion,  ne  s'achètent 
que  pour  leur  goût  et  leur  bouquet  ;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  beau- 
coup d'autres  vins,  et  particulièrement  de  ceux  du  Midi,  où  la  teneur  en 
alcool  est  généralement  d'une  importance  si  capitale,  qu'il  en  est  peu  dont 
on  ne  relève  le  titre. 

»  Il  était  donc  important  de  démontrer  qu'avec  eux,  ou  plutôt  avec  leur 
vinasse,  l'ébullioscope  donne  d'aussi  bons  lésultats  qu'avec  les  pineaux. 

»   Le  vin  sur  lequel  nous  avons  opéré  est  du  vin  de   Lézignan,  dans 


(    1125    ) 

l'Aude,  de  l'année  iSj3,  et  d'une  valeur  de  21  francs  l'hectolitre,  nu  et  sur 
place;  mais,  au  lieu  de  le  réduire  au  cinquième,  comme  le  vin  de  pineau, 
nous  ne  l'avons  évaporé  qu'au  tiers  (i). 

»  Bien  que  tout  aussi  limpide  cette  vinasse  se  distinguait  de  celle  du 
pineau  p.ir  des  caractères  très-tranchés;  sa  coideur,  tout  aussi  intense, 
était  de  ce  violet  bleuâtre,  qui  fait  appeler  petit  bleu  le  vin  des  cabarets  de 
Paris.  Le  tartre  qu'elle  a  laissé  déposer  était,  toute  mesure  gardée,  moins 
abondant  et  sali  par  des  matières  noirâtres  qui  en  dérobaient  les  formes 
cristallines,  enfin  elle  avait  un  goût  de  doucin  (terme  technique  de  la  Bour- 
gogne), qui  démontrait  sa  pauvreté  en  tannin  et  en  ces  matières  sapides,  qui 
donnent  un  si  grand  caractère  aux  vins  du  Bordelais. 

»  Comme  précédemment,  ces  vinasses  furent  alcoolisées  à  des  degrés 
divers,  mais  suivant  l'échelle  naturelle,  et  l'on  tint  compte  de  la  contrac- 
tion de  l'alcool. 

»  Enfin,  à  la  règle  divisée  en  demi-millimètres  on  substitua  la  réglette 
de  M.  Malligand,  divisée  en  degrés  alcooliques  (voir  la  description  de  l'in- 
strument. 

»  Voici  le  tableau  qui  résume  ces  expériences  : 

Tableau  IV. 

Degrés  accusés 
Degrés  calculés.  par  l'ebulliuscopi*.  Différences. 

o  o 

5(2) 4>95  4.85  —  o,o5      —  0,1 5 

6  ...... .       6,00  5,95  »  —  o,o5 

7 6, 98  7,00  0,02  o 


,00  0,01 


8 7,99  « 

9 .       9,10  9» 00  0,10 

10  10,00         10, 00  " 


(i)  Pour  être  bien  assuré  que  les  vinasses  ne  retenaient  pas  trace  d'alcool,  on  a  toujours 
eu  soin  de  les  couper  avec  leur  volume  d'eau  et  de  les  ramener  ensuite  à  leur  volume  pri- 
mitif. Ainsi  les  4'''»  5  de  vinasse  qui  ont  figuré  dans  la  première  série  d'expériences  ont  été 
portés  à  9  litres  par  addition  d'eau,  puis  ramenés  à  4'''j5. 

Les  5  litres  de  vinasse  provenant  de  i6''S6oo  de  vin  du  Midi,  qui  figurent  dans  cette 
troisième  série,  ont  été  portés  à  lo  litres  par  addition  d'eau,  puis  ramenés  à  5  litres. 

(2)  Bien  que  l'échelle  de  l'ébuUioscope  aille  de  zéro  à  sS  degrés,  on  l'a  resserrée  ici  entre 
5  et  20  degrés,  parce  que,  d'une  part,  il  n'y  a  pas  de  vins  marchands  au-dessous  de  7  de- 
grés, et  que,  de  l'autre,  il  est  toujours  prudent,  dès  qu'un  vin  dépasse  18  degrés,  de  le  re- 
couper avec  son  voliiuie  d'eau.  Dans  ces  expériences,  on  n'a  cependant  recoupé  aucune 
vinasse;  mais  il  ne  faut  pas  prendre  pour  règle  ce  qui  n'a  été  ((u'iine  épreuve. 


(  \ii6  ) 

Degrés  accusés 
Degrés  calculés.  par  l'cbullioscope. 

o  u 

11 II, lO      II  ,02 

12 12,00    "  105 

13 i3,io    i3,oo 

14 l4,02      l4,  lO 

IS i5,o2  i5,oo 

16 i6,i2     ..   (i) 

17 17  lOo  17  )Oo 

18 18,00  18,00 

19 igjOo  19,00 

20 20,00  20 ,00 


Différences. 

0,10 

-1- 

0  ,oa 

» 

— 

o,o5 

0, 10 

u 

0,02 

+ 

0,10 

0,02 

u 

0,12 

h 

70", 

liq. 

•4  } 

55", 

liq 

18  i 

63", 

liq. 

"  } 

62", 

liq. 

.3  S 

6.", 

liq. 

7   1 

57", 

liq. 

'9l 

61", 

liq. 

M 

60", 

liq. 

-3) 

42", 

liq. 

8  \ 

49". 

liq. 

16  1 

24", 

liq. 

20  ) 

63", 

liq. 

•I   } 

62", 

liq. 

.2  i 

Mélanges  de  ces  mêmes  liquides  (2). 

Titre  calculé.  Titre  trouvé.  Différence, 
o                                     • 

15,76  l5,85  +  0,09 

11,49  "»37  —  0.12 

12,79  12,70  —  0,09 

9,47  9,43  —  0,04 

13,95  13,91  —  0,04 

1 1 ,  49  1 1 ,  5o  -+-  o ,  o  I 


(i)  Nous  avons  supprimé  ici  une  expérience  comme  trop  incorrecte;  le  chiffre  obtenu 
a  été  i6°,4o  au  lieu  de  16  degrés.  Cette  erreur  ne  doit  pas  venir  de  l'observateur,  puisque, 
opérant  sur  des  liqueurs  normales  et  graduées  par  degrés  exacts,  il  devinait  nécessairement 
le  titre  qu'il  devait  obtenir.  Il  faut  donc  l'attribuer  soit  à  une  mauvaise  préparation,  soit  à 
l'instrument.  Il  est  probable  qu'il  s'est  produit  dans  la  colonne  de  mercure  une  petite  rup- 
ture dont  on  ne  s'est  pas  aperçu,  rupture  qui,  en  raison  du  mode  de  construction  du  thermo- 
mètre, a  disparu  d'elle-même  à  l'expérience  suivante.  Bien  que,  sur  près  de  trois  cents  expé- 
riences, ce  cas  ne  se  soit  produit  que  cette  fois,  il  démontre  que,  pour  obtenir  la  certitude, 
il  est  bon  de  se  répéter  et  même  d'opérer  avec  deux  instruments,  qui  alors  se  contrôlent 
l'un  l'autre  :  il  n'est  pas  dans  la  science  et  l'industrie  de  déterminations  de  mesures  qui 
échappent  à  celle  règle  de  prudence. 

(2)  Ces  mélanges,  ainsi  que  ceux  qui  suivent  et  sont  du  même  genre,  ont  eu  pour  but 
de  dérouter  les  opérateurs.  Ils  n'étaient  faits  et  livrés  qu'au  moment  de  l'expérience,  et 
sans  que  rien  portât  la  trace  de  leur  constitution  qui,  à  cet  instant,  n'ét.iit  même  pas  cal- 
culée. 


(  "27  ) 

»  Il  n'est  plus  nécessaire  d'insister  sur  la  concordance  pratique  de  ces 
résultats;  la  plus  grande  erreur  est  de  g  de  degré,  ou  de  12*^,5  par  hectolitre, 
si  l'on  ne  tient  compte  que  du  degré  alcoolique  et  qu'on  le  fixe  à  i  franc. 

»  Mais  ce  qui  doit  surprendre,  c'est  la  concordance  dans  les  litres  élevés. 
11  est,  en  effet,  difficile  de  croire  que  si  l'on  n'eût  réduit  qu'au  tiers  au  lieu 
du  cinquième  le  vin  de  pineau,  les  titres  apparents  eussent,  à  tous  les  de- 
grés, aussi  bien  concordé  avec  les  titres  réels,  et  l'on  ne  peut  se  défendre 
de  soupçonner  que  les  vins  communs  du  Midi  diffèrent  très-sensiblement 
des  vins  de  pineau,  non  pas  seulement  dans  les  rapports  des  matières  qui 
les  constituent,  mais  encore  dans  la  nature  de  ces  mêmes  matières. 

»  L'ébullioscope,  et  un  procédé  pour  concentrer  les  vinasses  sans  les 
décomposer,  faciliteront  singulièrement  la  poursuite  de  cette  intéressante 
étude. 

Quatrième  série  d'expérieivces. 

»  Cette  fois  nous  avons  abandonné  la  vinasse  et  opéré  avec  un  vin  dont 
nous  avons  fait  varier  le  titre  en  y  ajoutant  soit  de  l'alcool,  soit  de  la 
vinasse.  C'est  le  vin  de  pineau  qui  nous  avait  fourni  la  vinasse  des  ta- 
bleaux 1  et  II  que  nous  avons  employée. 

»  Dans  une  première  série  d'expériences,  nous  avons  fait  usage  de  la 
règle  divisée  en  demi-millimètres;  dans  les  autres,  c'est  celle  de  l'ébullio- 
scope, gradué  en  degrés  alcooliques,  qui  nous  a  servi. 

Tableau  F. 

Titre  relevé  Différence  Titre  relevé  Différence 

en  demi-                    avec  à  la  rè(;le                             avec 

Titre  calculé  du  vin.          millimètres.  le  calcul.  alcoométrique.  le  calcul. 

o  o 

5 4»954  -o,o46  4,99                     — o,oi 

6 5,982  — 0,018  6,00 

7 6i977  — 0,023  6,90                     — 0,10 

8 7)994  — 0,006  8,00 

9 9>OII  -1-0,011  9)02    -f-O,02 

10,02  (vin  naturel).. .        10,020  io,o4   10,02   10, o4  -+-0,02 

II 10,925  — 0,075  11,00 

12 11,923  — 1))077  12,08       12,10  -)-o,io 

i3 i2,g44  —  O,o56  i3,oo 

i4 '3,927  — 0,078  '4jO° 

i5 14,955  — 0,045  i5,oo 

16 15,989  —0,011      16, i5  16,20      -f-0,20 

17 17,025  -t- 0,025  i7)00 

18 i8,oi4  -1-0,014  18, o5        4-0, o5 

19 19,011  -4-0,011  '9îOO 

ao 19,987  4-o,oG3  20, o5         -t-o,o5 


(     1128    ) 

Mélanges  de  ces  mêmes  liqueurs. 

Titre  calculé.  Titre  trouvé.  Diflërence. 

5o",      liq.      5    j  »  » 

5o«,      liq.      6    t  '^  ^'^  " 

5o«,      liq.    10   ) 

r   ,„        ,•  î  10, 50  10, 5o  u 

OO'"^,      liq.    II    ) 

5o«,      liq.    12   ) 

r  ec      r         c  i3,5o  i3,45  —  o,o5 

OO'^S      liq.     l5   ) 

5o",     liq.      7  ) 

r    .r        1-  o  10,00  Q,07  —    0,l3 

5o"%     hq.    i3   )  ^      '  ' 

63%  liq.  lo 

4,-,  liq.  .7  î  '^'9Î^  '^'°°                          +    °'°' 

63",  liq.  10  ) 

52-  liq.  .8  1  ■^•^°  '^''°                            +    "''^ 

67",  liq.  10  j  ,      _  ,      . 

57",55o,  liq.  19  j  "^''^  '4,05                    +  o,,o 

5o",      liq.      n    ) 

r    „        r  /    1  I I ,5o  II ,5o  » 

00'^'=,     liq.    14   ) 

5o",     liq.    16  ) 

^  10,00  10, o5  -f-  o,o5 

5o",      liq.    20    )  ' 

»  Dans  ce  tableau,  qui  compte  45  titrages,  ou  ne  trouve  qu'une  erreur 
(le  I  de  degré  (n°  16.  Diff.  —  0,011  +  0,200  =  0,211),  qui  doit  tenir  à 
une  mauvaise  préparation  ;  les  coïncidences  sont  d'ailleurs  fréquentes. 

Cinquième  série  d'expériences. 

»  Ces  expériences  ont  eu  pour  but  de  voir  si  avec  un  même  vin  les  mêmes 
chiffres  se  répétaient.  Ces  titrages  ont  été  faits  à  diverses  époques  et  avec 
deux  instruments. 

Tableau  VI. 

Noms  des  vins.  i"''  titrage.  2'  titrage.  3''  titrage.     Différence  maiima. 

000 
Vin  de  Givry 10,02  10, o4  10,02  0,02 

Bordeaux 10, 33  10, 33  10, 45  0,12 

Cher 1 1 ,00  10,95  io>95  o,o5 

Montagne  (raidi) 10, 3o  10, 3o  10,  i5  o,i5 

Roussillon 12,90  '">94  12, 85  o>09 

Coupage ''190  11,80  ''jQO  0,10 

Narbunne 12,60  12, G5  12,70  o,io 

Entre-deux-mcrs  (blanc).  11, i5  11, i3  11, i5  0,02 

Bas  Médoc 11  ,o5  1 1  ,o5  1 1 ,00  o,o5 

Bergerac îi>4o  n,3o  11, 32  0,10 

Tournas 9»58  9)65  9>6o  0,07 

Chinon 11,1 5  11, o5  ii,o5  0,10 


{   i'29  ) 
»   La  plus  grande  différence,  qui  est  de  —^  de  degré,  reste  bien  dans  la 
limite  de  l'erreur  de  -^  en  plus  et  autant  en  moins  que  nous  avons  pré- 
cédemment constatée.  (Tableau  II,  colonne  5.) 

Sixième  série  d'expériences. 

»  On  a  recherché  dans  ces  expériences  si  en  coupant  un  vin  avec  de 
l'eau  on  retombait  sur  un  titre  proportionnel  à  celui  précédemment  accusé 
par  le  vin  essayé  pur  :  les  coupages  se  sont  tous  faits  à  volumes  égaux  de 
vin  et  d'eau. 

Tableau   VU. 

Vins  Vins 

Noms  des  Tins  et  provenances.  titrés  purs,     coupés  (i).      Difleiences. 

Givry,  1868  (Thenard) 10, 85  10,90  -1-0, o5 

Givry,  1872  >i  10,02  9i9°  —  0,12 

Montrachct,  1870  (Thenard) i4î45  i4i4o  —  o,o5 

Langeais,  1870.  Touraine  (M.  Frion) 12,20  12, 3o  +0,10 

Fondetles,  1873.        •  .  10,20  10, 3o  +0,10 

Sainle-Radégonde,  1867 10, 85  10  ,80  —  o  ,o5 

Bordelais,  1874  (comte  de  Valmonl)  .  .    . 11  ,70  '  •  ,74  +  o,o4 

Sarrazac,  1874.  Lot.  Plan  de  pineau  (M.  de  la  Gorse).  11,20  11, 3o  -+-o,io 

Serrignac,  1873.  Gard  (M.  de  Castelnau) g, 65  9,5o  —  o,i5 

Bouet.  Hérault.  >  9>65  9î5o  — o,i5 

Bergerac  (chambre  syndicale) ii  ,3o  1 1  ,32  +0,02 

Roussillon  »  i2,85  12,90  -t-o,o5 

14  » '7,' 5  '7j2o  +o,o5 

*  13  »  i3,6o  i3,3o  —  o,3o 

*  16  •  i4>75       i4>4o       —0,35 

*  17  »  i4i3o         13,90         — o,4o 

»  Ce  tableau  démontre  que  dans  la  plupart  des  cas,  méiue  quand  ou 
opère  sur  des  vins  très-riches,  l'essai  direct  peut  suffire;  mais  qu'il  est  ce- 
pendant des  vins,  tels  que  les  trois  derniers  échantillons  inscrits  au  tableau, 
où  le  titrage  après  coupage  est  absolument  nécessaire.  L'habitude  de  ce 
genre  d'opération  l'indique  presque  toujours  par  avance  et  avec  sûreté. 
Généraleiueut,  en  effet,  les  vins  qui  doivent  être  recoupés  sont  sucrés  ou 
très-hauts  en  couleur;  aussi,  à  la  simple  inspection,  avions-nous  reconnu 
que  les  trois  échantillons  marqués  d'une  étoile  ne  devaient  piis  être  titrés 
purs. 


(i)   Les  titres  obtenus  n'ont  été  évidemment  que  moitié  de  ceux  inscrits  à  cotte  colonne, 
et  c'est  pour  rendre  la  comparaison  plus  facile  que  nous  avons  double  les  cliiflrcs. 

i:.R.,i87i,  i"  Semcitrc.  (T.  LXXX,  N»  17.)  '47 


(   n3o  ) 

Septième  stRiF.  d'expériences. 

»  Dans  cette  série,  nous  avons  éludié  les  vins  de  liqueurs.  Voici  le  ta- 
bleau qui  résume  nos  expériences  : 

Tableau  VIU. 

I  vol.  vin,       1  vol.  vin,       i  vol.  vin,     Différence 
Noms  et  provcn.'inces  des  vins.  Vin  ]nir.       i  vol.  eau.      avol.eau.      3  vol.  eau.      maxiraa. 

o 

Slarossan  (Hérault),  M.  Daure] ...  .      i4,?.o  i?,,66         i?.,3o  12,3,4  ' '9*^ 

Moscatel   de  Sethubal   (Portucal),  )  ^  n  ft-  n  a 

^           ^    "\      19,60  18,00  17,55  17,60         2,o5 

M.  de  Fonseca )        -^ 

Malaga,  M.  Pilhan 20,45  18,70  18, 36  18,20         2,25 

Ténériffe,  rapporté  par  le  lieutenant  )  ^  r  1   ^        f  r 

'^'  '  ?o,5o  PO, 00  20,10  ig,go(i)    0,04 

de  vaisseau  Lamarque-Thenard.  ) 

FrontÎL'nan  muscat,  1872  (chambre  )         ,  or  t- 

°                    '       /     \  \      14,00  12,80  12, bq  12,72  i,5i 

syndicale) ) 

Vermouth,   V<iiry,     Pratel    et    C""]       o  /-  /■  c 

'          /.'  18,20  17,60  17,60  »  0,60 

(cliambre  syndicale) ) 

»  Ici,  ou  le  voit,  nous  ne  jouons  plus  sur  la  seconde  décimale,  mais  sur 
les  unités,  et  les  erreurs  peuvent  s'élever  jusqu'à  i4  pour  loo  de  l'alcool 
total.  Heureusement  que  le  coupage  fournit  un  procédé  aussi  radical  que 
sûr  pour  les  annuler;  il  faut  donc  s'imposer  la  loi  d'en  user  du  moment 
qu'il  y  a  le  moindre  doute. 

HOITIÈME    SÉRIE    d'eXPÉRIENCES. 

»  Le  tableau  suivant  résume  les  expériences  que  nous  avons  faites  avec 
des  vins  d'abord  titrés,  puis  mélangés  ensemble  et  titrés  à  nouveau.  Les 
coupages  se  sont  tous  faits  à  volumes  égaux.  (Les  vins  qui  ont  été  ainsi 
traités  figurent  dans  le  tableau  VIL) 

Tableau  IX. 

Titre  Titre 

Noms  des  vins.  moyen.         du  mélange.     Différence. 

Givrv,   1868 ]  ,  _,  . 

„.    '       o  '0)1'  10, 35         — 0,06 

Giviy,  1072 ) 

Givry,   1868 I  f,  _  „ 

^.„.„,,       ,             ,.    ,  1  ■      12,225  12, 3o         -t-0,075 

ft"  13  (chambre  syndicale) \  ' 

Givry,  1872 )  ,,_  ,^  ,  ^ 

„  .        ,     '          ,         .„,  \      10,435  10,45  +o,oi5 

Sainle-Uadegonde,    1667 ) 

(1)  C'est  le  vin  de  Ténériffe  qui  donne  la  moindre  erreur;  ce  vin  est  en  effet  très-sec, 
tandis  que  les  muscats  sont  très-sucrés  ;  mais  pourquoi  le  malaga  (jui  l'est  beaucoup  moins 
donne-l-il  une  aussi  grande  différence?  Il  y  a  donc  d'autres  matières  que  le  sucre  et  la 
couleur  qui  augmentent  le  titre  apparent. 


(   "S.   ) 

Titre  Tilin 

Noms  des  vins.  moyen.         du  mélange.      Différence. 

Givry ,   i8n2 ) 

„,  f,~  'lO.II  lO.IO  — o,oi 

Fondettcs,    1873 ) 

Givry,   t868 J  ^  ,^  ^ 

_      ,              „   „  J      10, 5o  10,45  — o,o5 

Fondettps,    1878 j  ^ 

Givry,  i868 }  ^ 

Bordelais  (Valmont) 1      " '^"^  "'  " 


FondetU's,  1873 

Sainte-Radegonde,    1867 

Givry,   1868 

Sainte-Radegonde,    1867 

Langeais,  1870 ...    ) 

Sainte-Radegonde,    1867 | 

Givry,   1868 } 

Langeais,  1870 \ 

Langeais,   1870 ) 

Fondettes,   1878 I 

Givry,  1872 i 


Langeais,   1870. 


>      10,555  10, 5o  — 0,025 

io,8:'.5  [0,72  — 0,125 

I 

I I ,525  r ( ,5o  — 0,02 

I I ,5o  7  1 ,45  — o,o5 

I I ,20  I I , t5  — o,o5 

I I , I I  I I ,o5  — 0,06 


»  Ce  tableau  démontre  qu'avec  tles  mélanges  de  vins  non  sucrés  les  ré- 
sultats se  maintiennent  dans  les  étroites  limites  précédemment  indiquées. 

Neuvième  série  d'expériences. 

»  Ces  expériences  ont  eu  pour  but  de  nous  assurer  si  les  instruments 
construits  par  M.  Malligand  étaient  comparables  entre  eux. 

»  Nous  nous  sommes  alors  adressés  à  la  Chambre  .syndicale  du  com- 
merce en  gros  des  vins  et  spiritueux  du  département  de  la  Seine,  qui  aus- 
sitôt a  nommé  une  commission  composée  de  son  président,  M.  Célerier,  de 
MM.  Porte,  Valentin  (Eugène),  Mathieu  et  Jarlot  rapporteur. 

»  Son  premier  soin  a  été  de  nous  adresser  quinze  échantillons  de  vins  que 
d'une  part  nous  avons  titrés  dans  notre  laboratoire  avec  les  deux  instru- 
ments mis  par  M.  Malligand  à  notre  disposition  et  que,  de  son  côté,  la 
chambre  syndicale  a  titrés  avec  quatre  autres  appareils  appartenant  soit  à 
elle,  soit  à  des  négociants. 

»  Toutes  les  mesin-es  pour  rendre  ce  double  contrôle  aussi  sérieux  que 
possible  furent  si  bien  prises  que  nul  ne  coiunit  les  noms  et  les  titres  des 
vins  essayés  qu'à  l'ouverliu-e  des  plis  cachetés  qui  à  cette  occasion  furent 
échangés  entre  la  chambre  syndicale  et  nous. 

»  Le  tableau  suivant  résume  les  expériences. 

.47- 


(     Il32    ) 

Tableau    X. 

Titre  trouvé  Titre  trouvé  par 

Noms  des  vins,  parla  le  commissaire         Différences. 

Chambre  syndicale,     de   l'Académie. 

Vin  du  Cher,  1874 11,00  10,95  —  o,o5 

Vin  de  Montaigne  (Midi),  1874.  ■■•  ■  10, 3o  10, 3o  » 

\in  de  Roussillon,  1873 l3,oo  '2,94  —  0,06 

Vin  de  coupage,  1873 11  ,90  1 1 ,80  —  0,10 

Vermouth  (Noisy-Prat  et  C'') «7,65  17,60  —  o,o5 

Vin  de  Muscat  Frontignan,  1872 12,75  '2,69  —  0,06 

Vin  du  Narbonnais,   1874 12,75  12, 65  —  o,  10 

Vin  blanc  d'Entre-deux-niers,  1872.  .  11,10  11,  i3  +  o,o3 

Vin  du  bas  Medoc,  1874 11  ,o5  i  i  ,o5  » 

Vin  de  Bergerac,  1874 11, 3o  11, 3o  » 

Vin  de  Tournus,  1874 9,65  9»65  » 

Vin  de  Chinon 1 1 ,  o5  1 1 ,  o5  » 

N"  15 i3,4o  i3,3o  —0,10 

N»  16 i4,5o  14,40  —0,10 

N"  17 13,95  13,90  —  o,o5 

»  A  la  vue  de  ces  résultats  nous  ne  pûmes  cacher  notre  étonnement,  qui 
devint  plus  grand  encore  quand  MM.  les  commissaires  de  la  chambre 
syndicale  nous  déclarèrent  qu'ils  n'avaient  jamais  entendu  dire  qu'un 
ébullioscope  de  M.  Malligand  donnât  des  résultats  différents  d'un  autre. 
Nous  apprécions  tous  ici  les  artistes  habiles  et  consciencieux  ;  sous  ce  rap- 
port, M.  Malligand   mérite  encore  toutes  les  sympathies  de  l'Académie. 

Résumé. 

»   En  résumé,  l'ébullioscope  Malligand  a  démontré: 

«  1"  Que  si  la  plupart  des  matières  fixes  et  sohibles  retardent  le  point 
d'ébiiUition  d'iui  liquide  alcoolisé,  il  en  est  cependant  qui  l'abaissent  sen- 
siblement. 

»  2"  Que  ces  matières  se  trouvent  toujours  réunies  dans  le  vin,  mais  en 
proportions  diverses. 

»  3°  Qu'en  s'en  tenant  aux  vins  de  table  dont  la  fermentation  est  achevée, 
ces  matières  sont  assez  bien  compensées  pour  que  le  point  d'ébullition  cor- 
responde à  celui  de  l'eau  alcoolisée  au  même  degré. 

»  [\°  Qu'avec  les  vins  de  liqueurs  et  ceux  dont  la  fermentation  est  ina- 
chevée le  degré  d'ébullition  est  avancé,  mais  qu'en  recoupant  ces  vins  avec 
de  l'eau  en  quantité  convenable,  on  fait  toujours  disparaître  cetle  anomalie. 

»   5"  Que  dans  les  plus  mauvaises  conditions  on  ne  commet  pas  une  er- 


(  ii33  ) 
reur  de  plus  de  |  de  degré,  et  que  dans  la  majorité  des  cas  on  est  sur  du 


vuigtieriie. 


»  6°  Que  l'opération  est  facile  et  rapide. 

»  7°  Que,  par  suite  des  soins  donnés  à  la  graduation,  les  instruments 
construits  jusqu'ici  et  dont  le  nombre  dépasse  cent  sont  comparables  entre 
eux. 

»  En  conséquence,  votre  Commission  déclare  que  l'ébullioscope  de 
M.  Malligand  fournit  le  meilleur  procédé  coniui  jusqu'ici  pour  titrer 
l'alcool  dans  les  vins,  et  elle  conclut  à  ce  que  l'Académie  vote  des  rcmercî- 
ments  à  son  auteur  et  l'insertion  de  son  Mémoire  au  Recueil  des  Savants 
étrangers.    » 

»  Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  PIlÉSEiMES. 

PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  les  phénomènes  produits  dans  les  liquides  par  des 

courants  électriques  de  haute  tension.  Note  de  M.  G.  Pj.axté. 

^Commissaires  :   MM.    Edm.  Becquerel,   Desains,    du   Moncel.) 

«  La  pile  secondaire  que  j'ai  fait  connaître  précédemment  (i)  m'a  per- 
mis d'étudier  avec  facilité  les  phénomènes  produits  dans  les  liquides  par 
des  courants  électriques  de  haute  tension.  Ces  phénomènes  assez  com- 
plexes ont  été  déjà  étudiés  avec  des  piles  ordinaires  par  Davy,  Hare, 
]\[ackrell,  Grove,  Gassiott,  de  la  Rive,  Despretz,  Quet,  Van  (1er  Willi- 
gen,  etc.;  mais  la  nécessité  de  monter  une  pile  puissante  pour  les  observer 
a  été  un  obstacle  à  ce  que  leur  analyse  pût  être  très-approf'ondie. 

»  Les  courants  fournis  par  les  batteries  secondaires  que  j'emploie  sont, 
il  est  vrai,  temporaires  ;  ils  ont,  néanmoins,  une  durée  suffisante  pour  pou- 
voir suivre  dans  tous  leurs  détails  les  effets  produits  par  le  passage  de  l'é- 
lectricité dans  des  corps  imparfaitement  conducteurs,  tels  que  les  liquides 
des  voltamètres;  de  plus,  les  expériences  peuvent  être  renouvelées  en  re- 
chargeant les  appareils,  et  l'intensité  du  courant,  décroissant  lentement  à 
mesure  que  la  décharge  s'opère,  loin  d'être  un  inconvénient,  met  successi- 
vement sous  les  yeux  de  l'observateur  une  série  de  phases  diverses  qui 
écliapperaient  avec  un  coiu'ant  constant  ou  exigeraient  des  changements 
continuels  dans  la  disposition  des  éléments. 


[i)   Comptes  rendus,  t.  L,  1860;  t.  LXVI,  1868;  t.  LXXIV,  1879;  t.  LXXVII,  1S73. 


{   ii34  ) 

»  I/étiicle  de  ces  phénomènes  présente,  d'ailleurs,  tin  intérêt  d'autant 
plus  grand  qu'ils  se  passent  «  à  ce  point  de  rencontre  des  deux  pouvoirs  qui 
))  exercent  l'empire  le  pitts  direct  sur  les  éléments,  la  force  électrique  et  la  force 
»  chimique  »,  et  où  «  il  semble  que  se  trouvent  réunies  toutes  les  solutions  pour 
»  tous  les  problèmes  de  l'industrie  humaine  (  i  )  ».  En  suivant,  en  effet,  le  pas- 
sage de  courants  d'une  tension  variable  dans  les  liquides,  ou  assiste,  pour 
ainsi  dire,  à  la  lutte  entre  le  flux  électrique  et  l'attraction  moléculaire 
jointe  à  l'affinité  chimique,  tendant  à  retenir  unies  les  molécules  métalli- 
ques des  électrodes  ou  les  éléments  du  corps  liquide  contenu  dans  le  volta- 
mètre. Si  le  flux  électrique  a  une  grande  tension,  les  effets  mécaniques  et 
calorifiques  dominent  :  l'attraction  moléculaire  est  vaincue  la  première,  les 
électrodes  sont  désagrégées,  fondues  ou  volatilisées.  Si  la  tension  est  un  peu 
moindre,  les  électrodes  sont  le  siège  de  phénomènes  lumineux  produits 
par  le  vide  et  les  vapeurs  raréfiées  alentour;  le  liquide  ne  mouillant 
presque  pas  les  électrodes  est  à  peine  décomposé.  Si  la  tension  décroît  en- 
core, les  principaux  phénomènes  calorifiques  et  lumineux  disparaissent  et 
la  décomposition  chimique  se  manifeste;  et  comme,  d'autre  part,  le  cou- 
rant traverse  alors  d'une  manière  plus  complète  le  liquide,  l'intensité  ap- 
paraît plus  grande  dans  le  circuit.  C'est  ce  que  l'on  peut  démontrer  d'une 
manière  frappante  par  l'expérience  qui  suit  : 

»  On  fait  passer  le  courant  de  décharge  de  deux  batteries  se- 
condaires, composées  chacune  de  vingt  couples  à  lames  de  plomb,  dans 
un  voltamètre  à  eau  acidulée  par  l'acide  sulfurique  et  à  fils  de  platine. 
Le  fil  positif  est  seul  plongé  d'avance.  On  a  mis  également  dans  le  circuit 
un  fil  de  platine,  tendu  à  l'air  libre,  de  o™,8o  environ  de  longueur,  et 
de  yt;  ''e  millimètre  de  diamètre.  Dès  qu'on  plonge  le  fil  de  platine  négatif, 
il  se  produit  une  gaîne  de  lumière  autour  de  ce  fil,  et  sans  dégagement 
de  gaz  sensible;  le  fil  positif  ne  dégage,  de  son  côté,  qu'une  très-petite 
quantité  de  gaz.  Le  fil  de  platine  tendu  à  l'air  libre  ne  rougit  point;  mais, 
si  l'on  abandonne  l'expérience  à  elle-même,  au  bout  de  deux  à  trois  mi- 
nutes, la  gaîne  lumineuse  disparaît,  un  dégagement  de  gaz  abondant  se 
manifeste  aux  deux  pôles,  et  le  fil  de  platine  rougit  au  même  instant  dans 
toute  sa  longueur. 

»  Les  phénomènes  variés  qui  se  produisent  avec  divers  métaux  ou  di- 
vers liquides,  suivant  que  tel  ou  tel  pôle  est  plongé  le  premier  ou  le  se- 
cond, et  qui  ont  été  observés  avec  beaucoup  d'exactitude   par  M.  Van  der 

(2)   Dumas,  Bulletin  de  la  Socit'tt^  d'Eneouragenient,  t.  XIII,  p.   |53;  l866.- 


(  r,35  ) 
Willigen  (i),  à  l'aide  d'une  pile  de  Bunsen  de  4o  éléments,  se  reproduisent 
facilement  avec  des  batteries  secondaires,  et  je  crois  pouvoir  résumer  la 
règle  qui  préside  à  ces  phénomènes,  en  disant  que,  dans  les  conditions 
dont  il  s'agit,  rélectrode  qui  offre  la  plus  grande  surjace  immergée  donne  son 
signe  au  liquide  du  voltamèlre. 

))  Afin  de  mettre  encore  mieux  en  évidence  ces  divers  effets  et  d'autres 
qui  tendent  à  se  manifester,  j'emploie  actuellement  une  série  de  dix  batteries 
secondaires,  dont  le  courant  de  décharge  équivaut  à  celui  de  3oo  élé- 
ments de  Bunsen  associés  en  tension,  et  rougit  un  fil  de  platine  de 
lo  mètres  de  longueur  sur  -^  de  millimètre  de  diamètre.  Ces  dix  batteries 
se  chargent  avec  deux  couples  de  Bunsen,  en  une  heure  environ,  ce  qui 
permet  de  répéter,  dans  l'espace  d'une  journée,  un  certain  nombre  d'ex- 
périences. 

»  Lorsqu'on  décharge  ces  batteries  dans  un  voltamètre  à  eau  acidulée 
dont  le  fil  positif  est  immergé  à  l'avance,  l'approche  du  fil  négatif  au  con- 
tact du  liquide  en  détermine  la  fusion  ou  la  volatilisation  avec  une  sorte 
d'explosion  et  une  flamme  diversement  colorée,  suivant  la  nature  du  métal 
qui  constitue  l'électrode.  Si  le  liquide  ne  contient  que  des  traces  d'acide, 
de  manière  à  éviter  la  fusion  complète  du  métal,  il  se  produit  une  série 
continue  d'étincelles  accompagnées  d'une  bruyante  crépitation  analogue 
à  celle  des  appareils  d'induction,  et  ces  étincelles  peuvent  se  prolonger,  eu 
décroissant  peu  à  peu  d'intensité,  pendant  plusieurs  minutes. 

»  Mais,  parmi  les  nombreux  phénomènes  produits  par  la  décharge  de 
ces  batteries,  je  signalerai  surtout,  à  cause  d'une  analogie  remarquable, 
celui  qui  résulte  de  l'immersion  de  l'électrode  positive  dans  une  solution 
saturée  de  chlorure  de  sodium.  En  plaçant  le  voltamètre  sur  un  support 
muni  de  crémaillères,  auxquelles  sont  reliés  les  fils  de  platine,  de  manière 
à  les  introduire  avec  précaution  dans  le  liquide,  le  fil  négatif  étant  plongé 
à  l'avance  de  i  millimètre,  si  l'on  amène  le  fil  positif  au  contact  du  liquide, 
on  voit  se  former  autour  de  ce  fil,  avec  un  bruissement  assez  fort,  un 
petit  globe  lumineux  d'une  sphéricité  parfaite;  en  soulevant  le  fil  de  pla- 
tine, le  diamètre  du  globule  augmente  de  manière  à  acquérir  près  de  i  cen- 
timètre; en  immergeant  le  fil  plus  profondément,  le  globule  prend  un 
rapide  mouvement  gyratoire,  et,  quand  il  a  acquis  une  certaine  vitesse,  il 
se  détache  comme  attiré  par  l'autre  électrode,  et  disparaît  en  déterminant 
une  explosion  et  une  flanmie  au  pôle  négatif.  Ce   globule  n'est   pas  ga- 


(i)  Annales  de  Poggendurff,  t.  XCIII,  p.  285. 


(  I I 36  ) 
zciix,  car  on  a  vu  que  la  décomposition  de  l'eau  peut  à  peine  se  produire 
dans  ces  conditions;  c'est  un  globule  de  liquide  dans  un  état  sphéroïdal 
particulier,  illuminé  par  le  flux  éleclrique  qu'il  renferme;  et,  comme  il  est 
presque  isolé,  par  cet  état  sphéroïdal,  du  reste  du  liquide,  il  doit  natu- 
rellement se  trouver  chargé,  de  Mième  que  le  fil  auquel  il  adhère,  d'élec- 
tricité positive. 

»  Si,  au  lieu  de  plonger  le  fil  métallique  au  milieu  du  liquide,  on  le  rap- 
proche des  parois  du  vase  en  verre,  il  se  produit  un  tourbillon  lumineux 
et  le  long  du  verre  un  sillon  brillant  qui  prend  une  forme  sinusoïde  ou  en 
zigzag  arrondi,  serpente  de  part  et  d'autre  de  l'électrode  jusqu'à  3  ou 
4  cenlimèlres  de  distance,  et,  arrivé  dans  le  voisinage  de  l'électrode  né- 
gative, détermine,  comme  précédemment,  une  explosion  ou  une  bruyante 
étincelle  avec  flamme  à  l'extrémité  de  cette  électrode.  Aussitôt  après,  il  se 
reforme  ini  nouveau  sillon,  et  ainsi  de  suite,  pendant  quelques  minutes 
avec  des  explosions  intermittentes  au  pôle  négatif. 

»  Ces  globules  lumineux,  chargés  d'électricité,  animés  d'un  mouvement 
gyraloire,  produisant  un  sillon  en  zigzag  et  se  résolvant  par  une  explosion 
ou  une  bruyante  étincelle,  semblent  offrir  une  image  réduite  des  phéno- 
mènes de  foudre  globulaire,  dont  l'origine  est  restée  encore  inconnue  jus- 
qu'ici. 

»  Les  cas  de  foudre  globulaire  ont  été  surtout  observés  à  la  fin  des 
orages,  alors  que  l'électricité  atmosphérique  s'écoule  facilement  vers  le 
sol  en  traversant  un  air  saturé  d'humidité  par  une  pluie  abondante.  Or 
les  machines  électriques  ne  permettant  pas  de  produire  un  écoulement 
visible  d'électricité  au  sein  d'un  air  humide,  on  comprend  qu'il  soit  dif- 
ficile d'imiter,  avec  l'oleclricité  statique,  les  apparences  de  la  foudre  glo- 
bulaire, et  que  cela  devienne  possible  à  l'aide  de  l'électricité  dynamique. 
On  peut,  en  effet,  considérer  la  portion  d'atmosphère  humide  où  apparaît 
la  foudre  globulaire  comme  un  vaste  voltamètre  dont  une  électrode  serait 
formée  par  un  niinge  très-bon  conducteur,  et  l'autre  électrode  par  un 
point  du  sol,  voltamètre  dans  lequel  toutefois  l'eau  serait  à  peine  dé- 
composée et  où  les  phénomènes  calorifiques  et  luaùneux,  signalés  plus 
haut,  joueraient  le  principal  rôle.  Sans  doute  les  éclairs  en  boule  ne  sont 
point  des  sphères  de  liquide,  ils  doivent  être  néanmoins  formés  d'une  ma- 
tière pondérable  chargée  d'électricité,  et  l'on  conçoit  que  la  grande  ten- 
sion de  l'électricité  de  l'atmosphère  produise,  avec  de  l'air  humide  ou 
de  la  vapeur  d'eau,  ce  que  l'électricité  dynamique  produit  avec  un  liquide 
salin. 


(  "37  ) 
»  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  expériences  peuvent  aider  à  la  solution  de  la 
question  ;  car,  de  même  qu'on  ralentit  la  cluite  des  corps  pour  en  étudier 
les  lois,  de  même  on  ralentit  ici,  |)ar  l'interposition  d'un  voltamètre  et 
par  l'emploi  d'une  électricité  de  moyenne  tension,  la  rapidité  de  la  dé- 
charge électrique.  L'électricité  d'induction  semblerait  également  indiquée 
dans  ce  but,  et  M.  le  comte  du  Moncel  a  observé,  en  effet,  avec  la  bobine 
de  Ruhmkorff,  des  étincelles  terminées  en  boule;  mais,  pour  bien  distin- 
guer les  tendances  si  différentes  des  flux  positif  et  négatif,  les  courants  vol- 
laïques  de  sens  continu  me  paraissent  préférables  aux  courants  de  sens 
alternatifs  des  appareils  d'induction,  et  les  phénomènes  que  je  viens  de 
décrire  me  portent  à  croire  que,  s'il  était  possible  de  déterminer  un  jour 
le  signe  électrique  des  globes  fulminants,  on  les  trouverait  invariablement 
chargés  d'électricité  positive.  » 

OPTIQUE  PHYSIOLOGIQUE.   —   Echelle  t)-pographique  décimale  pour  mesurer 
Vacuité  de  la  vue.  Note  de  M.  Monoyer,  présentée  par  M.  A.  de  Qua- 

Irefages.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Edm.  Becquerel.) 

«  1°  La  nouvelle  échelle  comprend  lo  numéros  ou  échelons;  la  plupart 
des  autres  n'en  comprennent  que  7. 

B  2°  Les  dimensions  des  caractères  qui  composent  les  divers  numéros 
de  mon  échelle  ont  été  calculées  de  manière  que  l'ensemble  des  10  numé- 
ros représente  la  série  complète  des  dixièmes  d'acuité  visuelle  de  i  à  10  ou 
0,1  à  I. 

»  3°  Chacun  de  mes  numéros  correspond,  par  conséquent,  à  un  nom- 
bre exact  de  dixièmes  de  l'acuité  normale  prise  comme  unité,  ce  nombre 
étant  donné  par  le  rang  que  le  numéro  occupe  dans  l'échelle;  l'intervalle, 
entre  deux  numéros  consécutifs,  est  donc  constant  et  égal  à  y^  de  l'acuité 
normale;  il  n'y  a  point  de  lacune.  Dans  toutes  les  autres  échelles,  l'inter- 
valle est  variable. 

»  4°  Mon  échelle  fait  ainsi  connaître,  sans  aucune  manœuvre  ni  calcul 
auxiliaires,  l'acuïté  visuelle  avec  une  approximation  constante  de  ~;  en 
même  temps,  la  fraction  décimale  a  remplacé  la  fraction  ordinaire. 

»  On  pourrait  aisément,  si  on  le  désirait,  pousser  l'approximation  jus- 
qu'aux centièmes;  il  suffirait,  dans  ce  but,  de  faire  varier  par  demi-déci- 
mètres, jusqu'à  la  limite  de  45  centimètres,  la  dislance  do  l'échelle  à  l'œil 
dont  on  mesure  l'acuité  visuelle. 

G    R.,   1S7O,    1"'  Semeitie.{1.  LXXX,  N»  17.)  14^^ 


(  ii38  ) 

»  B°  Les  indications  qui  précèdent  suffisent  pour  montrer  que  le  prin- 
cipe qui  a  servi  de  base  à  la  construction  de  la  nouvelle  échelle  consiste 
uniquement  dans  l'application  du  système  décimal  à  la  mesure  de  l'acuité 
visuelle;  ainsi  se  trouve  justifiée  la  qualification  de  décimale  que  j'ai  donnée 
à  mon  échelle  typographique. 

»  6"  L'échelle  décimale  est  construite  pour  la  distance  de  5  mètres. 

»  7°  A  l'exemple  d'un  confrère  américain,  M.  Green,  auteur  d'une 
échelle  typographique  dans  laquelle  le  principe  d'une  progression  régu- 
lière a  été  appliqué,  non  pas  au  degré  de  l'acuité  visuelle,  mais  fort  inu- 
tilement aux  dimensions  des  lettres,  j'ai  adopté  les  caractères  dits  antiques  : 
ce  genre  de  lettres  majuscules  se  prête  mieux  que  les  égyptiennes  aux  exi- 
gences multiples  et  souvent  opposées  de  l'esthétique,  de  l'uniformité  des 
rapports  géométriques,  d'une  égale  facilité  à  être  reconnus,  etc.;  il  a  sur 
les- classiques  ordinaires  l'avantage  d'être  formé  de  traits  d'égale  épaisseur 
d.ms  toutes  leurs  parties.    » 

PHYSIQUE.  —  Observations  sur  la  nouvelle  source  de  magnétisme  signalée 
par  M.  D.  Tommasi.  Note  de  M.  Maumené. 

(Renvoi  à    l'examen    de   M.    Edm.    Becquerel.) 

«  L'expérience  importante  de  M.  Donato  Tommasi  me  paraît  devoir 
être  interprétée  par  une  considération  très-différente  de  celle  de  l'auteur. 
La  chaleur  n'agit  pas  là  de  manière  à  constituer  une  «  nouvelle  source  de 
magnétisme  ».  Elle  produit  de  l'électricité,  un  courant  thermo-électrique, 
et  c'est  ce  courant  qui  développe  le  magnétisme  observé.  Le  courant  est 
produit  par  la  différence  des  températures  entre  la  surface  intérieure  de  la 
spirale  de  cuivre  traversée  par  la  vapeur  et  la  surface  extérieure  exposée  à 
l'air. 

»  M.  D.  Tommasi  doit  renverser  le  courant  et  par  suite  les  pôles,  en 
faisant  agir  la  chaleur  de  manière  à  chauffer  les  surfaces  extérieures  et  en- 
tretenir les  surfaces  extérieures  plus  froides.  Il  suffit,  pour  cela,  de  loger  la 
spirale  dans  une  boîte  métallique  où  il  ferait  passer  de  la  vapeur,  et  en 
même  temps  de  faire  couler  de  l'eau  par  l'intérieur  de  la  spirale. 

»  La  clialeur  dissipe  le  magnétisme,  comme  on  le  sait  :  il  paraît  impos- 
sible de  la  faire  servir  par  elle-même  à  le  développer;  mais  l'expérience 
remarquable  de  mon  habile  confrère  s'explique  tout  naturellement  par 
l'interprétation  que  j'ai  cru  devoir  soumettre  à  l'Académie.   » 


(  "39  ) 

CHIMIE  or.GANlQUE.  —  Eludes  sur  le  sucre  inverti; 
parM.  E.-J.  Macmené. 

(Commissaires   :    MM.  Peligot,   Theiiard,   Mangon.) 

«  Le  sucre  inverti,  comme  l'ont  montré  toutes  mes  expériences,  ne  peut 
être  obtenu  doué  de  propriétés  constantes  (constantes  en  apparence),  si 
l'on  ne  met  les  soins  les  plus  minutieux  à  produire  l'inversion  dans  les 
conditions  strictement  identiques  :  même  quantité  d'eau,  d'acide,  de  cha- 
leur, de  temps,  non-seulement  pendant  la  préparation  proprement  dite  ou 
pendant  le  temps  d'action  de  l'acide,  mais  même  pendant  les  opérations 
consécutives,  neutralisation,  traitement  par  le  noir,  évaporation.  Le 
moindre  changement  dans  ces  nombreux  détails  amène  une  différence 
sensible,  parfois  très-considérable,  dans  le  résultat  définitif. 

»  Je  ne  désire  pas  m'appesantir  sur  ce  point  :  je  ne  crois  pas  nécessaire, 
même  pour  les  personnes  dont  l'opinion  demeure  encore  hésitante,  de 
donner  les  détails  de  nombreuses  expériences  faites  sur  l'inversion.  Je  dirai 
seulement  en  peu  de  mots  :  le  sucre  inverti  préparé  dans  les  conditions 
rigoureuses  indiquées  tout  à  l'heure  se  dédouble  ou  plutôt  se  détriple,  sous 
l'influence  des  alcalis,  en  produits  variables.  La  grande  cause  de  variation 
est  la  température  :  l'espèce  de  l'alcali,  sa  quantité  ne  manquent  pas  d'exer- 
cer une  grande  influence;  mais  la  chaleur  exerce  une  action  dominante. 
Si  l'on  veut  produire  la  décomposition  du  sucre  inverti  d'une  manière  tant 
soit  peu  régulière,  il  faut  surtout  opérer  très-rigoureusement  dans  les  mêmes 
conditions  de  température,  pendant  toute  la  durée  de  la  préparation,  jus- 
qu'à l'achèvement  complet.  11  est  nécessaire  d'opérer  dans  la  glace  fon- 
dante et  de  maintenir  zéro  de  température  d'un  bout  à  l'autre  des  opéra- 
lions.  Les  évaporations  dans  le  vide  peuvent  être  faites  à  -+-  3o°;  mais  il 
faut,  surtout  pour  le  chjiariose,  éviter  des  différences  de  température  no- 
tables, etc.,  etc.  Même  avec  des  précautions  infinies,  il  est  presque  iin|)os- 
sible  de  faire,  avec  une  même  quantité  de  sucre  candi,  des  quantités  con- 
stantes de  glycose,  chylariose,  etc.,  surtout  doués  d'un  |)ouvoir  rotatoire 
constant.  On  peut  observer  des  différences  de  résultat  complètement  inat- 
tendues, et  l'on  acquiert  de  plus  en  plus  la  preuve  de  l'instabilité  molécu- 
laire du  sucre  inverti,  depuis  le  moment  où  Tniversion  commeiue,  c'est- 
à-dire  où  le  sucre  normal  C^^H-^0--  perd  de  son  pouvoir  optique,  jusqu'à 
la  fin  de  cette  inversion,  la  transformation  en  produits  où   l'on   n'observe 

i48.. 


(  'i4o  ) 

plus  aiiciiiie  variation  el  où  l'on  observe  le  troisième  retour  à  zéro.  Le  pre- 
mier pass.ige  en  ce  point  a  lien  pendant  l'inversion  première^  celle  de 
loo  degrés  /^jusqu'à  38  degrés  (ou  même  4o  degrés)  \  ;  plus  tard,  on  le 
sait  (Piiol  et  Sonbeiran),  cette  inversion  est  suivie  d'une  seconde  qui  ramène 
de  38  on  4o  degrés  \  jusqu'à  3o  degrés  environ  /".  C'est  une  suite  naturelle, 
et  l'inversion  que  je  nomme  seconde  porte  là  seulement  un  nom  d'ordre  : 
elle  résulte  d'une  modification  moléculaire  du  chylariose  qui  perd  son 
pouvoir  ^N(j,  compense  de  moins  en  moins  le  pouvoir  /"  du  glycose,  et  le 
laisse  donner  d'abord  un  deuxième  zéro,  puis  une  nouvelle  rotation  /". 
Cette  rotation  ne  devient  pas  celle  du  glucose  pur,  parce  qu'à  un  certain 
point  le  mélange  du  glycose  et  du  cbylariose  déjà  modifié  paraît  subir  une 
action  mutuelle  puissante  où  les  pouvoirs  des  deux  corps  peuvent  dispa- 
raître plus  ou  moins  rapidement  et  d'une  manière  complète.  Le  pi'emier 
effet  est  une  nouvelle  marche  vers  zéro,  et  l'on  y  arrive  alors  pour  la  troi- 
sième fois. 

»  II  est  donc  impossible  de  considérer  le  sucre  inverti  comme  une  espèce 
chimique  à  une  époque  quelconque.  C'est  un  mélange  en  proportions  va- 
riables de  glycose  et  de  chylariose  avec  une  quantité  plus  ou  moins  forte 
de  sucre  neutre.  Ce  dernier,  dont  l'existence  est  évidemment  inévitable.,  joue 
un  rôle  dans  les  phénomènes  si  complexes  de  l'inversion  dont  je  viens  de 
donner  le  résumé  le  plus  simple  possible,  et  ce  rôle,  on  pourra  s'en  faire 
une  idée  par  le  fait  nouveau  et  très-remarquable  dont  je  vais  parler. 

»   J'ai  obtenu  facilement  du  sucre  neutre  parle  moyen  suivant  : 

»  5oo  grammes  de  miel  de  Narbonne,  très-blanc,  ont  été  traités  par 
I  litre  d'alcool  rectifié  à  90  degrés;  à  l'aide  d'une  douce  chaleur  tout  se  dis- 
sout ;  mais  le  liquide,  abandonné  au  refroidissement  jusqu'à  zéro  ou  très- 
pi'ès,  laisse  séparer  une  couche  pesante  de  116  centimètres  cubes,  Ires-peu 
colorée.  L'addition  de  3  voliunes  d'eau  et  la  filtration  pour  séparer  quel- 
ques flocons  jaunes  de  cire  donnent  un  liquide  presque  absolument  inco- 
lore, facile  à  examiner  dans  les  saccharimètres.  Ce  liquide  marque  zéro. 

»  Si  on  le  chaufle,  on  peut  lui  donner  un  pouvoir  rotatoire  sensible  :  on 
l'a  réduit  à  88  grammes  de  sirop  très-épais,  c'était  donc  une  solution  très- 
riche  ;  les  88  grammes  dissous  et  mis  à  179'^'=, 5  [)our  avoir  à  peu  près 
3  X  16,35  dans  100  centimètres  cubes  n'ont  plus  donné  zéro,  mais  3  ou 
peut-èlre  4  degrés  /".  Je  regarde  comme  très-])robablement  dû  à  la  chaleur 
ce  changement  moléculaire,  tout  faible  qu'd  soit. 

»  J'ai  traité  ce  sucre  neutre  |)ar  la  chaux,  dans  le  but  de  comparer  l'ac- 


(  04.  ) 

tion  à  celle  du  sucre  inverti  pris  dans  son  ensemble,  et  le  résultat  me  paraît 
digne  de  toute  l'attention  des  chimistes. 

>'  86  centimètres  cubes  des  179^,5  ou  32^',o5  de  sirop  cuit  ont  été  dé- 
layés avec  16  grammes  de  CaO,  HO,  et  3oo  à  35o  cenlimèlres  cubes  d'eau 
distillée  à  une  température  voisine  de  zéro  ,  en  prenant  les  précautions 
connues  pour  bien  mêler  et  ne  pas  exposer  à  une  élévation  de  température 
notable.  11  y  a  eu  prise  en  masse  au  bout  de  4o  à  5o  secondes;  on  a  jeté 
sur  un  filtre  et  lavé  le  dépôt  égoulté  avec  a5  à  3o  centimètres  cubes  d'eau 
seulement. 

»  Le  liquide  est  jaune  (rappelant  l'acide  chlorhydrique  commercial). 
Un  courant  d'acide  carbonique  en  excès  donne  un  abondant  dépôt  de 
carbonate  coloré  en  beau  bleu,  le  plus  beau  que  j'aie  observé  dans  toutes 
les  opérations  de  ce  genre  avec  le  sucre  candi  inverti,  les  jus  de  canne,  de 
betterave,  etc.,  où  on  l'observe  toujours,  mais  plus  ou  moins  rabattu  de 
noir,  de  rouge.  Par  le  filtre  on  sépare  un  liquide  de  la  nuance  du  quartz 
enfumé  clair,  nuance  facile  à  enlever  par  un  peu  de  noir  lavé,  en  deux  ou 
trois  filtrations  à  froid.  Le  volume  de  ce  liquide  incolore  étant  36o  centi- 
mètres cubes,  on  lui  a  trouvé  le  pouvoir  de  8°/^  à  +10".  Par  évapora- 
tion  dans  le  vide,  il  a  donné  23  grammes,  soit  un  peu  plus  de  moitié  des 
426',  o5,  approximativement,  parce  que,  malgré  toute  mon  attention,  le 
degré  de  cuisson  n'a  pas  une  valeur  absolue. 

»  Le  composé  resté  sur  le  filtre  a  été  divisé  en  deux  parties,  afin  de 
multiplier  les  détails  d'analyse.  Mes  expériences  antérieures  ayant  montré 
la  solubilité  de  ce  chylariosate  dans  l'eau  pure,  j'ai  versé  peu  à  peu  de 
cette  eau  dans  le  filtre,  jusqu'à  réception  de  gSo  centimètres  cubes,  liquide 
filtré.  Ces  gSo  centimètres  cubes,  traités  par  CO",  donnent  un  carbonate 
trés-blauc  et  marquant  5°\,  soit  47°, 5  poiu'  le  volume  100.  La  partie 
demeurée  insoluble,  délayée  avec  le  filtre  dans  de  l'eau  pure,  carbonatée, 
filtrée,  a  donné  700  centimètres  cubes  absolument  incolores,  marquant 
i3°'"^,  soit  91  degi-és  pour  le  volume  100.  Les  deux  liqueurs  évaporées  dans 
le  vide  ont  laissé  ig'^%2  de  sirop,  ce  qui  s'accorde  aussi  bien  que  possible 
avec  les  deux  données  précédentes  :  2Z  +  19,2  =  42,2,  au  lieu  de  42, o5. 

»  Ces  résultats  peuvent  se  traduire  par  le  tableau  suivant  : 

Br  o 

4?.  ,o5  de  sirop  neutre  ou  marquant       1        /  au  plus 

donnent  28,00  sirop  dextrogyre  »  20,44/'       »       }  lô^^SS  dans  loo''' 

et  19)2     sirop  lévogyre  »  118,87'^        » 


(    "42    ) 

»  Ainsi  les  19,2  présentent  une  rotation  à  ganche  six  fois  plus  grande 
que  la  rotation  à  droite  des  23  grammes,  malgré  la  présence  d'un  peu 
de  liquide  dextrogyre.  Le  sucre  neutre  est  donc  un  produit  très-peu 
stable. 

»  Je  termine  par  une  remarque  dont  l'importance  pratique  sera  frap- 
pante pour  tout  le  monde,  je  l'espère.  Il  y  a  peu  de  corps  aussi  difficiles  à 
brûler  que  le  sucre  normal.  On  aurait  de  la  peine  à  croire  que  le  sucre 
inverti  bri^ile  plus  facilement  :  c'est  pourtant  ce  qui  a  lieu  sans  aucune 
comparaison.  La  détermination  des  cendres  pour  l'étude  des  sucres  bruts 
est  une  opération  des  plus  aisées  quand  on  produit  l'inversion  d'abord, 
et  avant  d'ajouter  l'acide  concentré  qui  ne  la  produit  pas.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Sw  la  décomposition  des  corps  gras  neutres.  Mémoire 
de  M.  J.-C.-A.  Bock,  de  Copenhague.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Chevreul,  Berthelot.) 

«  La  décomposition  des  corps  gras  neutres  a  lieu,  industriellement,  par 
trois  procédés  différents  :  i"  la  saponification  calcaire  ;  2*^  le  traitement 
acide  suivi  d'une  distillation  à  la  vapeur  surchauffée;  3"  le  traitement  par 
l'eau  sous  pression  (système  autoclave). 

»  Jusqu'ici  la  décomposition  directe,  rationnelle  et  complète,  au  moyen  de 
l'acide  sidfurique  et  sans  passer  par  la  distillation,  a  été  regardée  comme 
chose  impossible. 

»  En  voici  la  cause  :  la  difficulté  que  présente  le  dédoublement  des  corps 
gras  neutres  en  général  doit  être  attribuée  à  la  présence  du  tissu  cellulaire 
des  corps  gras.  Ce  tissu,  en  effet,  se  trouve  disséminé  dans  toute  la  masse 
des  corps  gras,  qu'ils  soient  d'origine  animale  ou  végétale,  non-seulement 
sous  la  forme  de  membranes  perceptibles  à  la  simple  vue,  mais  encore  sous 
la  forme  d'éléments  d'une  extrême  petitesse,  qui  souvent  ne  peuvent  être 
aperçus  qu'au  microscope  et  forment  alors  autour  de  chaque  globule  gras 
une  enveloppe  continue  qui  le  protège.  Pour  les  corps  gras  d'origine 
végétale,  ce  tissu  est  formé  de  véritable  cellulose,  mélangée  d'un  peu  de 
résine,  d'albumine  végétale,  etc.,  tandis  que,  pour  les  corps  gras  animaux, 
il  est  formé  par  des  corps  albumineux,  gélatineux,  fibrineux.  De  là  les 
difficidtés  et  les  inégalités  qu'on  a  rencontréesjusqu'ici  dans  le  dédoublement 
au  moyen  de  l'acide  sulfurique  ;  c'est  à  l'albumine  coagidée  que  doivent 
être  attribuées  les  unes  et  les  autres,  albumine  coagulée  qui,  tant  au  point 


(  ii43  ) 
de  vue  chimique  qu'au  point  de  vue  mécanique,    présente  une  grande 
résistance. 

»  Dans  la  saponification  calcaire,  ces  corps  se  dissolvent  sous  l'influence 
de  la  chaux  caustique  au  moment  de  l'enipâtage,  et  c'est  ce  qui  explique 
la  nécessité  où  le  manufacturier  se  trouve  d'employer  un  grand  excès  de 
cette  base,  soit  i4  ou  xôpour  loo  au  lieu  de  9. Le  tissu  précipité  se  retrouve 
masqué  dans  le  sulfate  de  chaux  après  la  décomposition  du  savon  calcaire. 

»  Quant  au  système  dit /jnrf^«/i7/r(/(0/?,  l'interprétation  qu'on  en  a  donnée 
jusqu'ici  doitétre  considérée  comme  inexacte.  L'acidification,  telle  qu'on  la 
pratique,  ne  produit  aucun  dédoublement,  et,  au  cours  de  cette  opération, 
on  ne  voit  pas  seformer,commeon  l'acru,  d'acides  doubles,  sulfostéariques, 
sulfomargariques,  etc. 

o  L'acidification  n'est  qu'une  opération  préalable  qui  a  pour  but  de 
rendre  possible  la  décomposition  postérieure  du  corps  gras,  en  brûlant, 
carbonisant,  rendant  poreux  le  tissu  des  enveloppes  albumineuses.  On  peut 
s'en  convaincre  aisément  en  lavant  à  froid  le  produit  de  l'acidification,  pro- 
duit que  l'on  retrouve,  après  ce  lavage,  absolument  neutre  et  n'ayant  subi 
aucun  dédoublement. 

»  Lorsque,  dans  ce  système,  on  lave  ensuite  (c'est  l'expression  tech- 
nique) les  matières  acidifiées  à  l'eau  bouillante,  sous  le  prétexte  d'en  élimi- 
ner l'acide  sulfurique,  le  véritable  dédoublement  commence  ;  mais  c'est 
seulement  sous  l'action  de  la  vapeur  surchauffée  et  de  la  distillation  que  ce 
dédoublement  s'achève.  M.  Payen,  dans  les  derniers  temps  de  sa  vie,  avait 
admis  ma  manière  de  voir  à  ce  sujet. 

»  Dans  les  méthodes  par  distillation  à  la  vapeur  surchauffée  et  par  chauf- 
fage sous  pression,  c'est  l'élévation  de  la  température  qui  détermine  la 
désorganisation  des  enveloppes  albumineuses.  On  sait  que  l'albumine  se 
dissout  dans  l'eau  chauffée  à  j  5o  degrés  C. 

»  Le  procédé  nouveau  que  j'ai  établi,  et  qui  est  parfaitement  rationnel 
et  direct,  se  divise  en  trois  opérations  : 

»  1°  Acidification  rationnelle,  c'est-à-dire  n'ayant  pour  but  que  de  car- 
boniser, de  déchirer,  de  rendre  perméables  les  enveloppes  albumineuses. 

»  2°  Le  corps  gras,  ayant  été  pour  ainsi  dire  dcsliabillc  par  l'opération 
précédente,  se  laisse  alors  dédoubler  par  l'acide  étendu  d'eau.  Pour  con- 
trôler la  décomposition  qui  est  progressive,  on  prélève  de  temps  en  temps 
sur  la  niasse  des  échantillons  dont  l'aspect  cristallin  varie  avec  son  état 
d'avancement.  La  proportion  d'acide  nécessaire  pour  obtenir  un  résultat 


(  ii44  ) 

complet  est  précisément  celle  qu'indique  la  loi  des  équivalents,  soit  environ 
5  pour loo. 

»  3°  La  couleur  des  acides  gras  obtenus  est  plus  ou  moins  brune,  mais 
elle  ne  leur  est  pas  propre  ;  elle  appartient  aux  enveloppes  carbonisées  sus- 
pendues dans  la  masse  et  qui  ne  se  précipitent  pas,  parce  que  leur  poids 
spécifique  est  le  même  que  celui  du  milieu  dans  lequel  ils  nagent;  ce  fait 
reconnu,  il  devenait  facile  d'éviter  toute  distillation  :  c'est  à  quoi  je  par- 
viens en  faisant  bouillir  ce  produit  avec  un  composé  d'oxygène,  cédant  ai- 
sément son  oxygène,  comme,  par  exemple,  le  permanganate  de  potasse  ou 
raéme  simplement  l'acide  sulfurique.  Dans  ces  conditions,  la  carbonisation 
du  tissu  albumiiieux  devient  plus  complète,  son  poids  spécifique  augmente, 
il  devient  précipitable  et  se  laisse  alors  éliminer  par  les  lavages  à  l'eau. 

»  Les  acides  gras  lavés  sont  parfaits,  blonds  et  clairs,  faciles  à  presser,  et 
leur  point  de  fusion  est  de  3  ou  4  degrés  plus  élevé  que  celui  des  acides 
fournis  par  les  autres  méthodes. 

»  La  mise  en  oeuvre  du  procédé  tout  entier  n'exige  que  des  cuves  ou- 
vertes et  de  la  vapeur  ordinaire  à  3  ou  4  atmosphères  :  le  rendement  est 
presque  théorique.  La  glycérine  est  belle,  et  l'on  ne  perd  pas  la  plus  petite 
quantité  de  corps  gras.  Le  point  de  fusion  de  l'acide  stéarique  obtenu  par 
ce  procédé  varie  entre  58  et  6o  degrés  C.  » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  un  nouvel  appareil  pour  la  fabrication  continue 
des  supi'rpliosphales  de  chaux.  Note  de  M.  P.  Thibault,  présentée  par 
M.  Peligot, 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Arts  insalubres.) 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  des  Sciences  le  dessin  d'un 
appareil  destiné  à  fabriquer  le  superphosphate  de  chaux  et  les  divers  en- 
grais à  base  d'acide  phosphorique  soluble.  J'ai  installé  cet  appareil  dans 
l'usine  de  M.  Michelet,  où  il  fonctionne  depuis  deux  ans;  il  peut  produite 
en  moyenne  3oooo  kilograuunes  de  superphosphate  par  journée  de  tra- 
vail. 

»  Il  se  compose  de  deux  chaînes  à  godets,  l'une  en  cuir,  garnie  de 
godets  en  bois,  qui  sert  à  élever  le  phosphate  de  chaux  pulvérisé,  l'autre  en 
gutla-percha,  portant  des  godets  de  même  matière,  qui  monte  l'acide  sid- 
furique.  Ces  deux  élévateurs  sont  commandés  par  des  cônes  différentiels, 
montés  sur  un  même  arbre  de  couche,  ce  qui  permet  de  leur  donner  des 


(   I  i/|5  ) 
vitesses  variables,  lout  en  conservant  entre  le  débit  des  godets  iid  rapport 
constant. 

1)  I.a  poudre  et  l'acide  viennent  se  déverser  dans  un  niélangcnr  hori- 
zontal en  fonte,  dont  les  palettes  contournées  en  hélice,  forcent  le  mélange 
pâteux  à  s'écouler  par  l'intermédiaire  d'un  tuyau  en  bois  doublé  de  plomb, 
dans  des  chambres  en  briques  ayant  chacune  20  mètres  cubes  de  capacité; 
il  y  a  quatre  de  ces  chambres.  L'orifice  de  sortie  dn  nialaxeur  se  trouvant 
au-dessus  du  point  d'entre-croisement  des  murs  de  séparation,  on  peut 
conduire  le  mélange  successivement  dans  chacune  des  chambres,  en  faisant 
tourner  le  tuyau  autour  d'un  axe  vertical.  I^our  retirer  le  superphosphate 
fabriqué,  chacune  des  chambres  est  munie  d'une  ouverture  latérale,  fermée 
par  une  porte  en  bois,  doublée  de  plomb,  qui  pendant  le  travail  est  main- 
tenue en  place  par  des  vis  de  pression. 

»  Les  vapeurs  acides  qui  se  produisent  dans  le  mélangeur  et  dans  les 
chambres  sont  dirigées,  par  des  conduits  munis  de  registres,  clans  un  cy- 
lindre en  tôle  plombée,  rempli  de  fragments  de  coke,  arrosés  par  un  filet 
d'eau  continu.  Un  aspirateur  à  ailettes  force  les  gaza  tiaverser  cette  co- 
lonne et  les  rejette  au  dehors  par  la  cheminée  de  l'usine. 

»  A  l'aide  de  l'appareil  que  je  viens  de  décrire  on  peut  transformer  en 
superphosphates  les  phosphates  minéraux,  les  poudres  d'os,  le  noir  de 
sucrerie,  les  guanos,  etc. 

»  Dans  ces  divers  cas  le  phosphate  et  l'acide  sont  parfaitement  mélangés; 
on  réalise  en  même  temps  une  économie  considérable  de  main-d'œuvre  par 
suite  d'un  travail  mécanique  et  continu. 

»  Mais  cette  disposition  présente  un  avantage  sur  lequel  je  demande  la 
permission  d'insister,  c'est  la  possibilité  d'enlraîner  et  d'absorber  com/j/e7e- 
ment  les  vapeurs  acides  qui  se  dégagent  au  moment  de  l'attaque  des  phos- 
phates par  l'acide  sulfurique. 

»  Ces  vapeurs,  quelle  que  soit  la  nature  des  matières  premières  em- 
ployées, sont  toujours  fort  gênantes,  souvent  même  nuisibles  aux  ouvriers 
on  aux  personnes  qui  y  sont  exposées.  Cet  effet  n'a  rien  de  surprenant  si  l'on 
examine,  comme  je  l'ai  fait,  les  liquides  qui  viennent  se  condenser  dans 
l'épurateur  à  coke  ou  dans  les  tuyaux  d'aspiration. 

»  Les  apatites  de  Canada,  les  phosphorites  d'Espagne,  les  nodules  des 
Ardennes  renferment  tous  de  la  silice  et  des  quantités  souvent  considérables 
de  fluorure  de  calcium  :  aussi  dégagent  ils,  au  moment  de  l'attaque  par 
l'acide  sulfurique,  de  V acide  fhwrhydriqite  et  tlu  fluorure  de  silirliiin.  Onoi- 

C.R.,  i8'6,  i<='-.Sem'-5i.o.  (T.LXXX,  N"  17.)  '49 


(  i'46  ) 
que  l'acide  siilfurique  employé  n'ait  qu'un  degré  assez  faible  de  concen- 
tration (53  degrés  B. ),  la  formation  du  fluorure  de  silicium  est  nettement 
établie  par  ce  fait,  que  les  parois  des  cliambies  et  les  coiiduils  d'aspiration 
sont  à  la  fin  de  chaque  opération  couverts  d'un  dépôt  très-abondant  de  si- 
lice et  les  tuyaux  en  tôle  rapidement  perforés  par  suite  de  l'attaque  du 
métal  par  l'acide  fluosilicique.  Le  liquide  condensé  soumis  à  l'évaporation 
a  laissé  déposer  des  cristaux  de  fluosilicate  ferreux  (FeSiFI"  +6H-0). 

»  J'ai  déjà  montré,  daus  ma  précédente  Communication  [Comptes  rendus 
de  i Académie  des  Sciences,  loaoùt  1874)5  que  les  phosphates  du  Lot  et  les 
phosphates  de  Cocerès(Estramadure)  contenaient  de  l'iode  qui  se  dégage  en 
partie  au  moment  de  l'attaque  de  ces  phosphates  par  l'acide  sulfurique  et 
que  ces  produits,  condensés  dans  mon  appareil,  pouvaient  contenir  jusqu'à 
8  grammes  d'iode  par  litre. 

»  Ces  phosphates  ne  sont  pas  les  seuls  qui  renferment  des  composés  iodés: 
M.  Reinsch  en  a  trouvé  dans  les  phosphates  d'Amberg  (Bavière).  Il  y  a 
quelques  jours,  j'ai  constaté  également  la  présence  de  l'iode  en  quantité  re- 
lativement considérable,  dans  les  nodules  de  Bellegarde  (Ain),  exploités  à 
la  perte  du  Rhône. 

))  En  dehors  de  ces  gaz,  il  se  dégage  toujours,  au  moment  du  mélange  de 
l'acide  sulfurique  et  des  phosphates,  de  la  vapeur  d'eau  et  de  l'acide  carbo- 
nique, de  l'acide  sulfhydrique  lorsqu'on  traite  les  noirs  révivifiés  un  grand 
nombre  de  fois,  des  composés  d'une  odeur  très-désagréable  lorsqu'on 
traite  des  guanos  ammoniacaux,  etc. 

»  Tons  ces  composés  incommodes  ou  insalubres  sont  condensés  au  moyeu 
de  la  disposition  d'appareils  que  je  viens  d'indiquer.  Je  me  propose  d'en 
faire  une  étude  complète,  que  j'aurai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie 
dans  quelque  temps.    » 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Action  des  alcalins  sur  la  composition  du  sang. 
Recherches  expérimentales  sur  la  prétendue  anémie  alcaline.  Note  de  M.  Z. 
PuPiER,  présentée  par  M.  Cl.  Bernard. 

(Commissaires  :  MM.  x^ndral.  Cl.  Bernard,  Bussy.) 

«   On  a  attribué  aux  alcalins  la  propriété  d'appauvrir  le  sang. 
"    Deux  circonstances  sont  à  distit)guor  cliniquemcnt  : 
»    1°  A  l'état  physiologique  ou  dans  le  cas  de  simples  troubles  fonction- 
nels, l'emploi  des  alcali'is  ne  produit  pas  d'anémie; 


(  "47  ) 

»  1°  Cette  altération  du  sang  consécutive  à  la  médication  alcaline  n'ap- 
paraît qu'avec  une  lésion  interstitielle. 

»  Pour  vérifier  la  première  proposition,  nous  avons  eu  recours  à  des  ex- 
périences sur  l'homme,  le  chien,  le  poulet,  le  lapin.  Les  analyses  ont  été 
faites  avec  l'appareil  Malassez. 

»  1.  M.  Z.,  âgé  (le  quarante-sept  ans,  absorbe  depuis  vingt-huit  ans  la  dose 
quotidienne  de  iGàaogrammes  minimum  de  bicarbonate  de  soude  anhydre. 
Les  seules  interruptions  du  médicament  correspondent  aux  périodes  acci- 
dentelles de  maladies  aiguës,  cinq  semaines  en  i86i,  trois  mois  en  i868. 

»  Les  tentatives  de  suspension  n'ont  jamais  réussi.  Notons  celle  particu- 
larité; le  sel  devient  instinctivement  répulsif  dès  que  le  moindre  malaise 
fébrile  est  ressenti.  Loin  d'offrir  les  signes  décrits  de  l'anémie  alcaline, 
M.  Z.  conserve  tous  les  attributs  d'une  santé  plutôt  pléthorique.  La  nu- 
mération conslale  en  effet  une  proportion  très-forte  d'hématies  5,4o6ooo. 

»  M.  Malassez  ne  conclut  pas  à  ime  moyenne  générale  de  globules  ronges, 
il  conseille  d'individualiser;  pourtant,  d'après  ses  recherches  personnelles 
qui  accusent  4?5ooooo  à  l'état  de  santé,  ce  nombre  est  considéré  comme 
voisin  du  chiffre  normal. 

»  L'observation  que  nous  venons  de  citer  montre  le  sang  humain  enri- 
chi dans  son  élément  le  plus  vital  par  l'usage  du  bicarbonate  de  soude  pris 
à  fortes  doses  et  longtemps  prolongées. 

»  2.  Un  chien  en  observation  depuis  deux  mois  est  rais  en  expérience 
du  i/j  février  1874  au  5  avril  1875. 

»  L'analyse  préliminaire  du  sang  indique  4,239000  : 

Poids  de  l'animal ^860 

Tempénilure 89  j 

»  Le  i"  mars,  le  régime  alcalin  consiste  en  eau  des  Célestins  (Vichy)  ser- 
vant de  boisson  et  d'assaisonnement  à  la  soupe.  Après  un  mois  il  a  été 
consommé  17  litres,  soil  87  grammes  de  bicarbonate  de  soude.  A  cette  date 
la  numération  indique  5,910000  : 

Poids 4935 

Température 3g  ^ 

L'animal  remis  à  l'eau  ordinaire  est  examiné  de  nouveau  vingt  jours  après. 
Numération  4, 480000  : 

Poids 49>^o 

Température 89^ 

'49  • 


(  ii48) 

»   L'expérience  se  poursuit  en  alternant  le  régime. 

»  Interruption  de  six  semaines  motivée  par  une  maladie  parasitaire  des 
oreilles.  L'animal  est  soumis  tout  l'été,  à  Vichy,  au  régime  alcalin;  les  ana- 
lyses reprises  au  4  octobre  donnent  pour  conclusions  :  chez  le  chien,  avec 
les  eaux  alcalines,  augmentation  de  toutes  les  hématies  dans  toutes  les  nu- 
mérations mises  en  regard  de  celles  du  régime  ordinaire.  Tendance  générale 
à  l'élévation  du  poids  et  de  la  température. 

))  Ménie  résultat  pour  les  globules  rouges  chez  une  chienne  observée 
quelque  temps  après  la  parturition  et  dont  le  sang  contenait  une  propor- 
tion très-grande  de  globules  blancs. 

»  3.  Deux  paires  de  poulets,  chacune  de  couvée  différente,  sont  mises 
en  expérience  du  i8  septembre  1874  au  6  avril  iSyS,  de  manière  que 
l'effet  produit  sur  chaque  animal  soit  contrôlé  par  l'effet  obtenu  chez  son 
congénère. 

n  Nous  opérons  comme  précédemment;  voici  les  conclusions  :  chaque 
poulet  étudié  isolément  présente  des  résultats  moins  réguliers  que  le 
chien,  mais  le  poulet  qui  prend  l'eau  alcaline  donne  à  l'analyse  de  son 
sang  un  chiffre  toujours  plus  élevé  de  globules  rouges  que  son  congénère 
traité  par  l'eau  ordinaire. 

»  4.  Deux  lapins  d'une  même  portée,  âgés  de  quatre  mois,  sont  soumis 
successivement  à  l'ingestion  de  l'eau  alcaline  au  moyen  d'une  pipette. 

»  Chez  l'un  d'eux,  la  dose  quotidienne  de  5  centimètres  cubes  amène 
chaque  fois  des  troubles  graves.  Elle  est  maintenue  vingt  jours  dans  le  but 
de  provoquer  l'anémie  alcaline.  Nous  croyons  surprendre  cet  accident  en 
cherchant  à  produire  une  hémorrhagie  avec  des  incisions  dans  l'oreille; 
elle  a  lien,  mais  nous  réservons  l'explication  de  sa  cause,  qui  pourrait  dé- 
pen  !re  de  la  section  de  filets  nerveux  vasculaires. 

»  Une  seconde  expérience  est  faite  avec  2  centimètres  cubes,  qui  pa- 
raissent tolérés  du  7  mais  au  10  avril. 

-)   I^es  mêmes  différences  se  révèlent,  quoique  moins  tranchées. 

»  Il  y  a  augmentation  des  globules  rouges,  du  poids,  de  la  température 
chez  l'animal  au  régime  alcalin. 

»  Le  lapin  ne  boit  pas,  un  régime  de  grains  secs  lui  fait  rechercher  l'eau 
ordinaire;  dans  ce  cas  nous  avons  constaté  à  plusieurs  reprises  qu'il  refuse 
absolument  l'eau  alcaline. 

»  En  résumé,  les  alcalins  pris  en  dehors  des  maladies  organiques  ne 
produisent  |)as  d'anémies,  leur  action  tend  plutôt  à  augmenter  le  nombre 


(  >i49  ) 
des  globules  rouges,  à  élever  la  température  et  le  poids  du  sujet,  à  favo- 
riser les  phénomènes  trophiques. 

»  Dans  les  cas  de  lésion  interstitielle,  ils  entraîneraient  vers  l'anémie  en 
développant  l'évolution  morbide. 

»  On  peut  donc  concilier  les  faits  en  apparence  contradictoires  de  l'ob- 
servation clinique,  et  conserver  aux  alcalins  leur  action  univoque. 

»  D'une  part,  ils  activent  le  fonctionnement  physiologique;  de  l'autre, 
ils  stimulent  le  processus  pathologique.  » 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  Etudes  expérimentales  sur  tes  mouvements  rota- 
toires  de  manège  chez  un  insecte  [le  Dyliscus  marginalis)  et  le  rôle,  dans  leur 
production,  des  centres  nerveux  encéplialiques.  Mémoire  de  M.  E.  Faivre, 
présenté  par  M.  Cl.  Bernard.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  de  Physiologie  expérimentale.) 

«  L'étude  spéciale  des  mouvements  rotatoires  qu'on  peut  déterminer  chez 
les  insectes,  consécutivement  aux  lésions  de  l'encéphale,  n'a  été  faite,  à 
notre  connaissance,  par  aucun  observateur.  Depuis  longtemps  notre  atten- 
tion a  été  appelée  sur  ces  manifestations  intéressantes  à  un  double  point  de 
vue  :  leur  production  chez  les  animaux  supérieurs  et  chez  l'homme  lui- 
même,  leurs  relations  intimes  avec  les  fonctions  de  l'encéphale. 

»  La  première  question  que  nous  nous  sommes  posée  est  celle  de  sa- 
voir si  les  mêmes  effets  rotatoires  peuvent  être  produits  par  la  lésion  d'au- 
tres ganglions  de  la  chaîne  nerveuse. 

»  Vainement  nous  avons  tenté  l'expérience,  soit  en  excitant  directement 
l'un  de  ces  centies,  soit  en  n'agissant  qu'après  avoir  séparé  l'encéphale  du 
reste  de  la  chaîne  nerveuse  ;  nous  avons  facilement  alors  provoqué  l'exci- 
tation des  pattes  correspondant  au  côté  lésé,  nous  ne  sommes  point  jjar- 
venu  à  produire  une  rotation  véritable,  la  rotation  que  caractérise  une 
impulsion  coordonnée,  imprimée  à  toutes  les  pattes,  par  laquelle  l'insecte 
décrit  un  mouvement  de  manège  fiital,  d'une  certaine  continuité,  par  le  jeu 
d'un  mécanisme  attractif  et  répulsif. 

»  La  séparation  de  l'encéphale  d'avec  le  reste  de  la  chaîne  nerveuse 
provoque  et  manifeste  l'activité  des  ganglions;  après  cette  opération,  l'in- 
secte s'agite,  meut  ses  pattes  sous  l'influence  d'actions  directes  ou  léflexes; 
mais  cette  agitation  est  désordonnée,  sans  harmonie,  l'excitation  et  la  coor- 


(   ii5o  ) 
dinatioii  d'ensemble  font  défaut;  pas  de  progression  direcle  et  continue, 
pas  de  manifestations  rotatoires. 

»  Fixé  sur  le  rôle  de  l'encéphale  dans  la  production  dos  mouvements 
rotatoires,  nous  nous  sommes  proposé  de  déterminer,  à  cet  égard,  l'action 
de  ses  diverses  parties. 

»  Nous  savions,  par  des  études  antérieures,  qu'une  lésion  pratiquée  sur 
un  des  côtés  du  ganglion  sous-œsophagien,  le  reste  de  rencé[)hale  étant 
d'ailleurs  intact,  provoque  une  rotation  en  sens  inverse  de  la  partie  lésée; 
nous  n'avions  point  étudié  les  lésions  de  ce  centre  consécutivement  à  l'a- 
blation du  sus-œsophagien. 

»  Qu'on  pratique  cette  ablation  et  qu'on  blesse  sur  un  des  côtés  le  gan- 
glion sons-œsophagien,  on  obtiendra  des  mouvements  de  manège  en  sens 
inverse  par  répulsion  active  des  pattes  du  côté  lésé;  il  n'en  sera  plus  de 
même  si  la  lésion  a  été  produite  après  ablation  des  pattes  correspondant 
au  côté  lésé.  En  pareil  cas,  s'il  se  fût  agi  de  la  blessure  d'un  lobe  sus-œso- 
phagien du  même  côté,  on  eût  obtenu  facilement  une  rotation  attractive  de 
sens  inverse;  la  même  opération,  consécutive  à  la  lésion  unilatérale  du 
sous-œsophagien,  donne  lieu  à  des  effets  opposés;  l'insecte  tourne  alors 
répulsivement  dans  le  sens  de  la  lésion,  et  la  rotation  est  permanente. 

»  C'est  un  résultat  remarquable  et  constant  qu'après  l'ablation  du  sus- 
œsophagien,  si  d'ailleurs  il  est  intact,  on  ne  puisse  obtenir  par  les  lésions 
du  sous-œsophagien  d'un  côté,  et  la  section  des  pattes  du  même  côté,  la 
rotation  attractive ,  mais  seulement  les  rotations  répulsives  et  constantes. 
Si,  pendant  que  s'exécutent  ces  mouvements  rotatoires,  on  sépare  le  sous- 
œsophagien  du  reste  de  la  chaîne  nerveuse,  l'excitation  et  la  coordination 
d'ensemble  des  pattes  étant  abolies,  les  mouvements  de  manège  cessent 
brusquement. 

»  Reste  à  étudier  les  mouvements  rotatoires  qu'on  peut  déterminer, 
soit  par  l'ablation  totale  du  ganglion  sus-œsophagien,  soit  par  la  lésion 
d'un  de  ses  lobes.  En  faisant  expérimentalement  cette  étude,  un  premier 
résultat  nous  a  frappé. 

»  La  production  marquée,  par  le  fait  de  la  blessure  d'un  des  lobes,  de 
mouvements  rotatoires  en  manège,  exécutés  par  le  mécanisme  attractif  des 
pattes,  nous  avons  pu  constater  qu'il  existe  deux  modes  de  cette  rotation 
|)ar  attraction,  l'un  en  sens  inverse  de  la  lésion,  l'autre  dans  le  sens  de  la 
lésion  elle-même. 

»   On    détermine   aisément    le  premier    mode  de    rotation    attractive. 


(  "5i  ) 
lorsque,  après  avoir  pratiqué  sur  l'uu  des  lobes  une  lésion  profonde,  on  fait 
l'ablation  des  pattes  du  côté  U^sé;  les  pattes  restantes  exécutent  alors  d'é- 
nergiques mouvements  d'attraction,  déterminant  d'une  manière  constante, 
fatale,  la  rotation  de  manège  en  sens  inverse  de  la  lésion;  nous  avons  in- 
sisté déjà  dans  un  précédent  travail  sur  les  pliénoniènes  qui  accompagnent 
ce  mouvement  attractif  et  nous  complétons  cette  étude  dans  notre  Mé- 
moire. 

»  Lorsqu'on  a  provoqué  une  rotation  comme  celle  dont  il  s'agit,  on  peut 
la  faire  brusquement  cesser  par  l'ablation  du  lobe  sain  pratiquée  dès  les 
premières  manifestations  du  mouvement  attractif. 

»  Ce  fait  expérimental,  ra|)proché  de  l'impossibilité  de  provoquer  par  le 
seid  sous-œsophagien  la  rotation  attractive,  montre  que  ce  mode  de  rota- 
tion dépend  spécialement  du  lobe  sus-œsophagien. 

»  Si,  au  lieu  de  léser  profondément  l'un  des  lobes,  on  se  borne  à  une  exci- 
tation superficielle  et  réitérée,  on  détermine  une  autre  forme  de  rotation 
attractive,  la  rotation  dans  le  sens  de  la  lésion. 

»  Cette  manifestation  est  d'ordinaire  passagère,  de  peu  de  durée,  à  moins 
qu'elle  ne  soit  réitérée  et  accompagnée  de  l'ablation  des  pattes  correspon- 
dant au  côté  intact;  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  rotation  en  sens  in- 
verse de  la  lésion;  celle-ci  est  plus  facile  à  obtenir,  elle  est  permanente,  elle 
est  fatale,  c'est-à-dire  qu'on  tenterait  vainement  de  modifier  la  direction 
de  l'insecte  entraîné  dans  ce  sens,  en  lui  opposant  des  obstacles;  ou  il  les 
franchit,  ou,  faisant  des  efforts  pour  les  franchir,  il  tombe  en  perdant  l'é- 
quiUbre,  ou  il  s'arrête,  mais  il  ne  saurait  modifier  sa  direction  normale;  il 
est  clair  qu'il  n'a  plus  l'aptitude  à  changer  de  sens. 

»  Ainsi  la  lésion,  soit  superficielle,  soit  profonde,  d'un  des  lobes  peut 
mettre  en  jeu,  par  l'action  des  pattes  andjulatoires,  deux  mécanismes  diffé- 
rents, réalisant  tantôt  la  rotation  répulsive  et  tantôt  la  rotation  attractive. 

»  Pour  mieux  comprendre  les  phénomènes  rotaloires  et  les  troubles 
fonctionnels  dont  ils  sont  l'expression,  nous  avons  particulièrement  étudié 
les  effets  de  l'ablation  totale  de  l'un  des  lobes,  à  la  suite  de  nombreuses 
expériences. 

»  Nous  sommes  arrivé  à  mettre  en  évidence  les  trois  faits  suivants,  qui 
fourniront  des  indications,  et  sur  le  rôle  des  lobes,  et  sur  la  nature  des 
troubles  rotatoires  que  leur  lésion  peut  entraîner. 

»  Privé  d'un  de  ses  lobes  cérébraux,  l'insecte  exécute,  pendant  des  heures 
entières,  des  mouvements  de  manège  sans  changer  sa  direction;  il  tourne 


(     Il52    ) 

alors  constamment,  fatalement  dans  le  même  sens,  le  sens  inverse  de  la 
lésion. 

»  Chaque  lobe  jouit  de  la  propriété  de  provoquer,  d'une  manière  plus 
spéciale,  la  direction  attractive  du  côté  correspondant  et  par  les  pattes  de 
son  côté;  la'  rotation  attractive,  en  sens  direct  de  la  lésion,  dans  le  cas 
d'excitation  superficielle  d'un  lobe,  la  rotation  attractive  en  sens  inverse, 
consécutive  à  l'ablation  des  pattes  et  à  la  blessure  profonde  du  lobe  du 
même  côté,  conduisent  avec  plusieurs  des  faits  précédemment  énoncés  à 
cette  conséquence  légitime. 

»  L'influence  de  chaque  lobe  à  l'état  d'isolement  s'exerce  sur  les  pattes 
du  même  côté  et  non  sur  les  pattes  ambulatoires  de  sens  inverse  :  c'est  ce 
dont  témoignent  une  série  d'expériences  parmi  lesquelles  nous  citerons  les 
suivantes  : 

»  Qu'on  détermine  une  rotation  par  la  piqûre  adroite  du  sous-resopha- 
gien  et  section  des  pattes  du  côté  lésé,  la  rotation  s'exécutera  par  attrac- 
tion sous  l'influence  du  lobe  correspondant  aux  pattes  intactes;  ce  lobe 
enlevé,  elle  cessera  aussitôt;  qu'on  irrite  alors  le  lobe  réservé,  on  ne 
parviendra  pas  à  changer  la  répulsion  définitive,  on  se  bornera  à  l'accé- 
lérer. 

))  Qu'on  opère  la  section  des  trois  pattes  d'un  côté  et  l'ablation  du  lobe 
correspondant  aux  pattes  de  sens  inverse,  lesquelles  détermineraient,  sons 
son  influence,  la  rotation  attractive;  la  répulsion,  le  lobe  étant  enlevé, 
succède  à  l'attraction;  elle  s'accélère  par  les  piqûres  du  lobe  intact,  mais 
on  ne  parvient  pas,  sous  cette  dernière  influence,  à  mettre  de  nouveau  en 
jeu  le  mécanisme  attractif;  le  lobe  intact  ne  saurait,  par  son  action  sur  les 
pattes  inverses,  réaliser  ce  changement  de  sens. 

»  Puisque,  après  la  blessure  profonde  ou  l'ablation  d'un  lobe,  après  l'a- 
blation totale  du  sus-œsophagien,  les  changements  de  direction  de  l'insecte 
cessent  d'avoir  lieu,  puisque,  l'anitnal  intact,  lors  méu)e  qu'il  serait  privé 
de  vision,  peut  au  contraire  changer  de  direction,  éviter  ainsi  les  obstacles 
qu'on  lui  oppose,  il  s'ensuit  que  c'est  au  centre  sus-œsophagien  qu'il  faut 
rapporter  la  faculté  directrice  de  l'insecte,  et  que  l'intégrité  des  lobes  en  est 
la  condition  nécessaire. 

»  Si  cette  intégrité  vient  à  faire  défaut,  par  lésion  profonde  ou  ablation 
de  l'un  deux,  des  rotations,  soit  attractives,  soit  répulsives  sont  déterminées; 
elles  sont  fatales  dans  leurs  manifestations,  et  le  pouvoir  particulier  de 
chaque  lobe  sur  les  pattes  de  son  côté  est  mis  en  évidence. 


(  II 53  ) 

»  Après  l'ablation  du  sus-œsophagien,  s'il  n'a  été  pratiqué  sur  ce  centre 
aucune  lésion  antérieure,  on  ne  donne  plus  lien  à  ces  rotations  attractives 
qui  semblent  particulièrement  liées  aux  troubles  de  la  fonction  directrice. 

»  On  provoque  seulement  des  rotations  répulsives,  fatales  conséquences 
de  l'excitation  des  pattes  du  côté  lésé. 

»  Enfin,  après  la  séparation  du  sous-œsophagien  d'avec  les  autres  centres 
ganglionnaires,  on  n'obtient  plus  de  monvenients  rotatoires;  les  mouvements 
locomoteurs  d'ensemble  ne  se  produisent  plus  :  chaque  centre  exerce  sur  les 
pattes  correspondantes  une  action  isolée. 

»  Ainsi  l'analyse  expérimentale  nous  a  montré  les  mouvements  rota- 
toires de  manège  liés  aux  lésions  de  l'encéphale,  les  mouvements  rotatoires 
attractifs  se  rattachant  spécialement  aux  lésions  du  sus-œsophagien. 

))  Elle  nous  a  permis  de  provoquer  à  volonté  des  manifestations  rota- 
toires déterminées,  elle  nous  a  conduit,  par  l'étude  de  ces  troubles  fonction- 
nels à  quelques  données  sur  le  rôle  des  parties  de  l'encéphale  chez  l'insecte, 
dont  le  système  nerveux  fait,  depuis  plus  de  vingt  ans,  l'objet  de  nos 
études.  » 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  adresse,  par  l'entremise  de  M.  le  Ministre 
de  l'Instruction  publique,  un  projet  de  poudrières  souterraines  munies  de 
cheminées.  Avant  qu'on  donnât  suite  à  ce  projet,  il  serait  utile  de  savoir 
si  ces  cheminées  n'exposeraient  pas  les  magasins  à  être  frappés  de  la  foudre. 

La  Note  est  renvoyée,  ainsi  que  la  planche  qui  l'accompagne,  à  une 
Commission  composée  de  MM.  Becquerel,  général  Morin,  Jamin,  Berthelot, 
Desains. 

M.  J.  François,  inspecteur  général  des  Mines,  adresse,  par  l'entremise 
de  M.  le  Ministre  des  Travaux  publics,  un  Mémoire  sur  la  genèse  des  eaux 
minérales  et  des  émanations  salines  des  groupes  du  Caucase,  sur  le  méta- 
morphisme des  terrains  par  les  eaux  thermo-minérales  et  sur  l'actualité  des 
phénomènes  métamorphiques  au  groupe  de  Piatigorsk  (galerie  Tobieff). 

(Commission  précédemment  nommée  :  MM.  Chevreul,  Daubrée,  Belgrand.) 

M.  A.  BoBiERRE  adresse  un  Mémoire  ayant  pour  objet  des  recherches 
sur  la  volatilisation  de  l'azote  du  guano  péruvien. 

(Commissaires  :  MM.  Boussingault,  Peligot,  Thenard.) 

C.R.,  1875,  i"SemeJire.  (T.  LXXX,    N»  17.)  '  5o 


(  ii54  ) 

'  MM.  Barreacd,  J.-B.  Capel,  Creissac  aîné,  F.  Erb,  A.  Gautier, 
Ed.  de  Géxérès,  R.  Hetlesoteh,  Ch.  Hue,  Mazade,  J.  Michel,  È.  Morel, 
L.  Petit,  V.  Rousse,  Vignial,  C.  Zenker  adressent  diverses  Communica- 
tions relatives  au  Piiylloxera. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

MM.  B.  Alciator,  R.  Ash,  Baudin,  L.  Bo\donneau,  Toselli,  de  Zaleski 

adressent  diverses  Communications  relatives  à  l'aérostation. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  Stratizopoulo  adresse  un  Mémoire  sur  des  perfectionnements  à  ap- 
porter au  télescope. 

.    (Commissaires  :  MM.  Jamin,  Lœwy,  Desains.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  Ouvrage  de  M.  J.  Rabuleau  :  «  Éléments  d'Urologie  ou 
analyse  des  urines,  des  dépôts  et  calculs  urinaires.  » 

ASTRONOMIE.  —  Lettre  de  M.  Galle,  directeur  de  l' Observatoire  de  Breslau, 
touchant  la  détermination  de  la  parallaxe  solaire  par  les  observations  de  la 
planète  Flore  (communiquée  par  M.  Le  Verrier). 

«  Breslau,  le  29  avril  1875. 

»  Peut-être  sera-t-il  venu  à  votre  connaissance,  par  les  Communications 
contenues  dans  les  ii"'  2012  et  2033  des  Aslronomische  Naclirichten,  que 
l'essai  de  détermination  de  la  parallaxe  solaire  au  moyen  d'une  des  petites 
planètes  (|iroposé  par  moi  eu  1872)  a  été  effectué,  à  l'égard  de  la  planète 
Flore  en  1873,  par  des  observations  correspondantes  dans  plusieurs  Obser- 
vatoires de  l'hémisphère  boréal  et  de  l'hémisphère  austral.  A  ces  observa- 
tions ont  pris  part  sur  l'hémisphère  austral  :  l'Observatoire  du  Cap  de 
Ronne-Espérance  (M.  Stone),  de  Melbourne  en  Australie  (M.  Ellery)  et  de 
Cordoba  dans  la  République  Argentine  (M.  Gould);  sur  l'hémisphère  bo- 
réal :  les  Observatoires  de  Botiikamp  jirès  de  Riel  (M.Vogel  et  M.  Lohse), 
de  Clinton  dans  l'Amérique  septentrionale  (C.-H.-F,  Peters),  de  Dublin 
(M.  Brûiuiow),  de  Leipzig  (M.  Borgen),  de  Lund  (M.  Moller  et  M.  Dunér), 


(  1.55  ) 

de  Moscou  (M.  Bredechin),  de  Parsonstown  (Lord  Rosses  Observatory , 
M.  Copeland),  d'Upsal  (M.  H.  Schullz)  el  de  Washington  (M.  Hall). 

»  Selon  le  sommaire  des  calculs  se  fondant  sur  ces  observations,  qui  a 
été  publié  au  n°  2033  des  Astr.  Nachtichten,  j'avais  fixé  la  valeur  de  la  pa- 
rallaxe solaire  qui  en  résulte  a  n  ^=  8",  87g. 

»  Mais,  pendant  l'impression  du  Mémoire  en  question,  j'ai  reçu  encore 
des  lettres  de  Melbourne,  concernant  quelques  observations  douteuses,  et 
j'ai  été  ainsi  en  état  d'ajouter  dans  ce  cas  et  aussi  pour  quelques  autres 
Observatoires  de  petites  corrections,  par  lesquelles  le  résultat  déjà  men- 
tionné est  légèrement  changé.  Suivant  81  observations  correspondantes 
entre  l'hémisphère  austral  et  l'hémisphère  boréal  (4i  étoiles  de  comparaison 
au  nord  de  la  planète,  4o  au  sud),  le  résultat  définitif,  pour  la  parallaxe  so- 
laire déduite  des  observations  de  la  planète  Flore  en  18^3,  doit  être  fixé 
maintenant  à  71  =  8",  8^3,  avec  une  très-petite  incertitude,  je  crois,  dans 
les  centièmes  de  seconde.  De  96  observations  correspondantes,  i5  ont  dû 
être  exclues  à  cause  de  quelques  déviations  trop  considérables,  provenant 
de  quelques  imperfections  des  instruments  australs.  Cependant,  même 
en  supposant  que  les  i5  observations  ne  soient  pas  exclues,  le  résultat 
reste  à  peu  près  le  même,  c'est-à-dire  n  =  8", 878,  bien  que  ce  soit  jusqu'à 
un  certain  degré  par  hasard. 

»  Je  m'occupe  maintenant  de  la  composition  d'un  Mémoire  plus  dé- 
taillé, contenant  les  observations  et  les  calculs,  et  en  peu  de  temps  j'espère 
avoir  l'honneur  de  pouvoir  vous  en  offrir  une  copie. 

»  Le  résultat  des  observations  de  la  planète  Flore,  déjà  mentionné 
(7r  =  8",873),  présente  une  conformité  surprenante  avec  celui  qui  a  été 
trouvé  l'année  passée  à  l'Observatoire  de  Paris  par  M.  Cornu,  par  ses  me- 
sures nombreuses  et  très-exactes  de  la  vitesse  de  la  lumièi'e  [n  =  8", 878), 
si  l'équation  de  la  lumière  donnée  par  Delambre  est  admise  :  la  différence 
ne  s'élève  qu'à  o",oo5.  De  même  le  résultat  ne  s'éloigne  de  votre  parallaxe, 
dérivée  des  perturbations  de  la  planète  Mars,  que  de  o",oo7  [Comptes 
rendus,  t.  LXXV,  p.  169,  t:  =  8", 866).  Si  l'on  emploie  l'aberration  des 
étoiles  pour  la  détermination  de  la  vitesse  de  la  lumière,  l'accord  est 
moindre  et  la  déviation  de  la  parallaxe  solaire  devient  plus  considérable 
(;:  =^  8",797)  que  ne  semblent  pouvoir  le  comporter  les  expériences  de 
M.  Cornu  ou  la  détermination  géométrique  de  la  |iarallaxe  de  la  planète 
Flore. 

»  L'étude  de  l'ensemble  des  observations  de  cette  planète  et  l'exécution 
des  calculs  m'ont  convaincu  qu'en  employant  la  méthode  proposée  (des  dif- 
férences en  déclinaison  entre  la  planète  et  luie  étoile  fixe  observées  au  mi- 

t5o.. 


(   ii56  ) 

ci'oinètre  filaire  d'un  équatorial),  la  valeur  de  la  parallaxe  solaire  peut 
être  enfermée  dans  des  limites  très-resserrées.  Le  désavanlagede  la  distance 
plus  grande  des  petites  planètes  est  compensé  par  le  grand  avantage  d'un 
pointé  plus  exact  et  de  la  bissection  extrêmement  sûre  de  ces  points  lumineux 
semblables  aux  étoiles  fixes.  L'état  atmosphérique  même  a  peu  d'influence 
sur  de  pareilles  observations.  Les  observations  de  Vénus  et  de  Mars  sont 
beaucoup  plus  pénibles,  eu  égard  au  diamètre,  à  la  phase,  à  l'irradia- 
tion, etc.;  et,  déplus,  dans  les  passages  de  Vénus,  par  l'indécision  des 
bords  du  Soleil,  si  la  hauteur  du  Soleil  n'est  pas  grande.  Une  très-bonne 
occasion  |)oin'  un  essai  de  cette  espèce  s'offrira  aux  mois  de  septembre  et 
d'octobre  de  cette  année  par  l'opposition  de  la  planète  Eurydice,  qui  aura 
lieu  à  celte  époque,  et  j'ai  l'intention  de  |)roposer  une  répétition  de  ces 
observations  aux  astronomes,  si  la  coopération  était  possible  à  l'un  ou  à 
l'autre  des  observatoires  australs. 

»  Aujourd'hui  je  lis  dans  un  journal  allemand  que  M.  Pniseux  a  tiré  des 
observations  françaises  du  passage  de  Vénus  à  Pékin  et  à  l'île  Saint-Paul, 
pour  la  parallaxe  solaire,  le  résultat  8", 879,  ce  qui  doime  un  autre  accord 
très-remarquable  avec  le  résultat  de  M.  Cornu  et  le  résultat  tiré  des  ob- 
servations de  Flore.   » 

ASTRONOMIE.  —  Lettre  de  M.  Pausa.  Elémenls  de  la  planète  (^  Adria. 
(Communiquée  par  M.  Le  Verrier.) 

«  Pola,  28  avril  1875. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  communiquer  les  éléments  de  la  planète  (3 
Adria,  déduits  des  observations  de  Pola.  23  février,  1 1  et  27  mars  iSyS. 

Époque  i8t5,  25  mars,  12  heures.   Temps  moyen  de  Berlin. 

0      f       ,1 
M  =:  3o3.    9.27 ,3 

M   =r  248. 25. 44)" 

Q  =333.43.50,5 
/  =    1 1 . 23.55,0 
?  =     4.55.44,7 
log«  =  0,443026 
p  ==768",.  88 

T(>in]is  moyen  de  Berlin.  k  S  'oR  ^ 

o        ,         „  0         / 

1875,  avril  3o,5 9.37. 12, 3  -H  1 1 .25,9  o, 34^1 3 

mai      4,5 9.39.33,8  -^-  1 1  .    4,8  o,355i8 

»  )>        8,5 g. 41.59, 7  -(-10.42,9  0,36446 

»         u      12,5 g.  44 -44,"  -h  10.1  g,  8  0,37359 

»  >■      16,5 9.47.45,5  -H    9.55,4  0,38252 


(1,57) 

ASTRONOMIE.  —  Nole  de  M.  Perhotix,  Irammise  par  le  Directeur  de  V Observa- 
toire de  Toulouse,  comprenant  des  éléments  et  une  éphéméride  de  la  planète  @ 
Tulosa.  (Comiiuiiîiqiiée  par  M.  Le  Verrier.) 

a  J'ai  l'honneur  de  comnniniqner  à  l'Académie  les  éléments  de  la  pla- 
nète ©  Tolosa,  découverte  le  19  mai  187/1,  à  l'Observatoire  de  Toulouse. 
Ces  éléments  ont  été  comparés  à  sept  observations  équatoriales,  dont  quatre 
faites  à  l'Observatoire  de  Paris,  les  trois  autres  à  celui  de  Marseille.  La  pla- 
nète reviendra  à  son  opposition  le  20  novembre  de  cette  année  ;  elle  sera 
en  ce  moment  assez  belle,  environ  de  onzième  grandeur;  une  éphéméride 
que  j'ai  calculée  pour  cette  époque  permettra  de  l'observer.  La  comparaison 
avec  les  observations  et  l'éphéméride  se  trouvent  dans  le  tableau  suivant  : 

Époque  :  18^5,  octobre  21,0,  C.  moyen  de  Paris. 

M=  85°.  28'.  45",  8 
cï  =3io .   0.41  )8  ^ 
•   Q=  55.   8.    3,0  V  équinoxe  moyen  de  1875,0 
i  =z     3.17.    1,3) 
y  ==     7 . 4 1 . 56 , 3 
log  a =  0,3806001 
fi  ;=  1)53",  o3o 

Comparaison  avec  les  observations. 

Observ.-Calcul. 

1874.  '      ~.  ^*     "   J 

Paris.  Juin       i5 +4)8  —    '.3 

Marseille.  20 —  0,2  -\-  0,6 

21 —   0,8  H-0,f) 

22 -h  2,8  —0,1 

Paris.  Juillet     2 -h  4>8  —    '>o 

6 -1-3,1  —  0,4 

17 -t-  3,8  —   0,6 

Éphéméride  pour  o  heure.  Temps  moyen  de  Paris. 
1875 


Octobre       21  . 

23. 
25. 

27. 

29. 

Octobre       3i  . 


cension  droite 

Déclinaison 

apparente. 

apparente. 

locâ. 

Il       m     a 

0       / 

4.14.12 

-1-20. 5o, 5 

0,1917 

12.59 

5o,o 

0,1884 

I  1  .  37 

49' 2 

0, i852 

10.    9 

48,1 

0,1823 

8.34 

46,7 

0,1796 

(1.53 

45,0 

0,1771 

(   ii58  ) 

Ascension  droite 
1875.  apparentp. 

Il         ui       s 

Novembre    2 4     5.    7 

4 3.i5 

6 4.    1.18 

8 3.59.17 

10 57 .  12 

12 ...  55.  5 

14 52.55 

16 50.43 

i8 48. 3i 

20 46.18 

22 44  •  5 

24 41.54 

26 3i) .  44 

28 37.37 

Novembre  3o 35.33 

Décembre     2 33.32 

4 3i.36 

6 29.44 

8 27.58 

10 26. 18 

12 24.43 

14 23.  i5 

16 21.54 

18 20. 39 

Décembre  20 3. 19.31 

GÉOMÉTRIE.  —  Sut  une  nouvelle  définilion  géoniclrique  des  courbes  d'ordre  n  à 
point  multiple  d'ordre  n  —  1.  Note  de  M.  G.  Fouret,  présentée  par 
M.  Chasies. 

«  La  Note  communiquée  par  M.  Niewenglowski,  à  la  dernière  séance  de 
l'Académie,  concernant  ime  nouvelle  définition  remarquable  des  courbes 
d'ordre  n  à  point  multiple  d'ordre  n  —  i  (  '  )'  "^^'^  suggéré  quelques  obser- 
vations qu'il  m'a  paru  intéressant  de  faire  connaître.  Je  transformerai  d'a- 
bord légèrement  l'énoncé  des  résultats  donnés  par  M.  Niewenglowski,  la 
démonstration  restant  d'ailleurs  à  très-peu  de  chose  près  la  même. 

M  Considérons  une  conique  C,  un  point  fixe  O  sur  celle  conique,  et  n  —  2 
droites  D,  distribuées  (F une  manière  quelconque  sur  son  plmi.  Sur  chaque  trans- 

(  I  )  Voir  page  1067  du  même  volume. 


Déclinaison 

apparente. 

logA. 

+  20.43,0 

0 , 1 7  5o 

40,7 

0,1731 

38,2 

0,1715 

35,4 

0, 1702 

32,3 

0 , 1 692 

29,0 

o,i685 

25,5 

0, 1682 

21,8 

o,i68i 

'7.9 

0,1684 

"3,9 

0, 1690 

9,8 

0, 1700 

5,5 

0,1713 

+  20.    1,3 

0, 1780 

-f-19  57,0 

0 , 1 749 

52,7 

0,1772 

48,5 

0 , 1 798 

444. 

0,1827 

404 

o,i858 

36,6 

0 , 1 892 

33,0 

0, 1980 

29-7 

0,1969 

26,6 

0,2010 

23,7 

0,2o54 

21 ,2 

0 , 2 I 00 

+  19.19,0 

0,2148 

(  "  59  } 
versole  passant  par  O  constniisojis,  à  partir  de  ce  point,  un  rajon  vecteur  qui 
soit  la  somme  algébrique  des  rayons  vecteurs  déterminés  sur  la  transversale  par  la 
conique  C  et  par  les  droites  D.  Le  lieu  des  points  obtenus  est  une  courbe  d'ordre  n, 
ayant  un  point  multiple  d'ordre  n  —  i  en  O,  et  ayant  pour  asymptotes  les  deux, 
asymptotes  de  la  conique  et  les  n  —  i  droites  D. 

«  La  réciproque  de  ce  théorème  est  surtout  remarquable.  Elle  consiste, 
ainsi  que  M.  Niewenglowski  l'a  établi,  en  ce  que  toute  courbe  du  n""™*  ordre 
ayant  un  point  multiple  d^ ordre  n  —  i  est  susceptible  d'un  pareil  mode  de  géné- 
ration. 

»  Toutefois,  au  point  de  vue  de  la  Géométrie  pure,  ce  mode  de  généra- 
tion ne  s'applique  réellement  qu'aux  courbes  ayant  au  moins  n  —  2  asym- 
ptotes réelles.  On  obtient  une  description  graphique  de  ces  courbes  abso- 
lument générale,  en  remarquant  que  l'on  peut  substituer  à  un  couple 
d'asymptotes  de  la  courbe  du  n""'""  ordre  une  conique  admettant  ces  deux 
asymptotes  et  passant  par  le  point  multiple;  c'est  ce  que  nous  allons 
établir. 

»  Imaginons  sur  un  même  plan  une  courbe  du  p'''"^  ordre  A,  ayant  en  O 
un  point  nuiltiple  d'ordre  p  —  i,  et  une  conique  B.  Une  droite  quelconque 
passant  en  O  rencontrera  chacune  de  ces  deux  courbes  en  un  seul  point  : 
soient  a  et  b  les  deux  points.  En  portant  sur  la  transversale,  à  partir  du 
point  O,  Om  =  On  +■  Ob,  on  obtiendra  un  certain  lieu  qui  sera  d'ordre 
/j  +  2,  et  aura  en  O  un  point  multiple  d'ordre  p  -h  i.  En  effet,  la  conique 
symétrique  de  B  par  rapport  à  O,  ayant  en  ce  point  p  —  i  points  communs 
avec  A,  rencontre  cette  courbe  en  p -\- 1  autres  points  qui,  joints  à  O, 
donnent  les  tangentes  en  O  au  lieu  cherché.  Toute  transversale  issue  de 
ce  point  rencontre  donc  le  lieu  en  p -h  2  points,  dont  p  -+-  i  sont  con- 
fondus en  O.  Quant  aux  asymptotes  de  cette  courbe,  on  voit  immédiate- 
ment que  ce  sont  les  p  asymptotes  de  A  et  les  deux  asymptotes  de  B. 

»  D'après  cela,  considérons  dans  le  plan  m  coniques  C  passant  par  un  même 
point  Oetq  droites  D,  et  supposons  que  im  +  q  ^=  n.  Sur  chaque  transversale 
passant  par  O  construisons,  à  partir  de  ce  point,  un  rayon  vecteur  qui  soit  la 
somme  algébrique  des  rayons  vecteurs  détermiiïés  sur  la  transversale  par  les  m 
coniques  C  et  par  les  q  droites  D.  Le  lieu  des  points  obtenus  est  une  courbe 
d  ordre  2in  -\-  q  =  n,  ayant  un  point  multiple  d'ordre  n  —  i  en  O,  et  ayant 
pour  asymptotes  les  2  m  asymptotes  des  m  coniques  C  et  les  q  droites  D. 

»  Réciproquement,  toute  courbe  dit  «'"""  ordre  à  point  multiple  d'ordre 
n  —  I  est  susceptible  d'un  paieil  mode  de  génération,  et  cela,  en  général,  de 
plusieurs  manières. 


(   ii(Jo  ) 

»  On  peut  donner  de  ce  fait  une  démonstration  purement  géométrique. 

»  Supposons,  pour  fixer  les  idées,  que  la  courbe  A  considérée  ait 
o.m  asymptotes  imaginaires  et  n  —  iin  =  q  asymptotes  imaginaires  réelles. 
Les  2m  asymptotes  imaginaires  étant  conjuguées  deux  à  deux,  nous  pou- 
vons construire  m  coniques  réelles  passant  par  le  point  multiple  O  de  A, 
et  ayant  respectivement  pour  asymptotes  les  m  couples  d'asymptotes  ima- 
ginaires conjuguées  de  cette  courbe  :  chacune  de  ces  coniques  se  trouve 
déterminée  par  un  de  ses  points,  son  centre  et  les  directions  de  deux  dia- 
mètres conjugués.  Or  les  m  coniques  ainsi  déterminées  et  les  q  asymptotes 
réelles  permettent  de  construire,  suivant  la  définition  donnée  plus  haut, 
une  courbe  A'  de  degré  n  =  ^m  -h  q,  ayant  pour  point  multiple  d'ordre 
n  —  I  le  point  O,  et  pour  asymptotes  les  7i  asymptotes  de  A.  Or  une  courbe 
de  degré  n^  à  point  multiple  d'ordre  n  —  i,  est,  comme  on  sait,  complète- 
ment déterminée  par  la  connaissance  de  son  point  multiple  et  de  ses 
71  asymptotes  :  la  courbe  A'  ne  saurait  donc  différer  de  A. 

»  Le  raisonnement  qui  précède  ne  suppose  nullement  que  les  2m  asym- 
ptotes associées  par  couples  soient  toutes  imaginaires;  seulement,  si  plusieurs 
couples  sont  réels,  on  peut  composer  le  groupe  des  7?i  coniques  reelles  de 
plusieurs  manières. 

»  Remarquons  aussi  que,  dans  le  cas  où  toutes  les  asymptotes  de  la 
courbe  du  n''"'"  ordre  sont  réelles,  on  peut  construire  cette  dernière  en 
se  servant  uniquement  de  ses  Ji  asymptotes  :  la  conique  employée  par 
M.  Niewenglowski  n'est  plus  nécessaire. 

»  Sans  nous  étendre  sur  les  conséquences  du  nouveau  mode  de  géné- 
ration des  courbes  du  n'"""  ordre  à  point  multiple  d'ordre  n  —  i,  nous 
pouvons  remarquer  qu'il  en  résulte  une  construction  fort  simple  de  leur 
tangente,  la  sous-normale  étant  la  somme  algébrique  des  sous-normales  des 
droites  et  des  coniques  auxiliaires  qui  servent  à  définir  la  courbe.  Le  rayon 
de  courbure  se  construit  aussi  très-aisément.    » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Théorème  sur  les  covariants; 
par  M.  C.  Jordan. 

«  Soient  A„,  B„,...  des  formes  binaires  d'ordre  «,  en  nombre  c[uel- 
coiique;  A„_|,  1(„_|,...  des  formes  d'ordre  ?i  ~  r,  etc.  Soient  enfin  C  im 
covariant  du  système  de  ces  formes;  O  l'ordre  de  C  par  rapport  aux  va- 
riables; cl„  son  degré  total  par  rapport  aux  coefficients  de  A„,  B,,,...; 
c/„_i  son  degré  par  rapport  aux  coefficients  de  A,,.,,  V>„-,,  etc. 


(  '161   ) 
On  aura  le  théorème  suivant  : 

Théorème.  —  Si  le  covarianl  C  n'est  pas  exprimable  en  fomlion  entière  de 
f avariants  plus  simples,  on  aura  nécessairement,  pour  limiter O,  r/„,  ^„_,,..., 

les  inéijalités  suivantes  : 

0<S, 


Pn'^!,,  +  P„-i  (l>-,  4-  . . .  <  2  S 


^'"  +  Z^  +  ...  +  /^ 

/2  —  I  I 

S  désignant  l'expression 

n\/6n  -r  («  —  i)  \/6  (n  —  i)4-  ...  -4-  v^6,  ■• 

C /'«,  Pn-ii---i  Pi  étant  des  constantes,  déterminées  de  proche  en  proche  au 
moyen  des  relations  suivantes  : 

_  =  =3  =9o/V 

/^—   I,.--)    P2(X>  2/J2[J.+  M        P2(i-I>   -/'21J.V5        /V>   2         2u.' 

»  On  en  conclut  immédiatement  que  si  les  f ormes  A„,B„,...;  A„_,,  B„_,,... 
sont  en  nombre  limité,  le  nombre  des  covariants  indépendants  C  sera 
limité,  proposition  fondamentale  découverte  par  M.  P.  Gordan.   » 

PHYSIQUE.  —  Action  des  aimants  sur  les  gaz  raréfiés  renfermés  dans  des  tubes 
capillaires  et  illuminés  par  un  courant  induit  (i);  par  M.  J.  Cuai'tard. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

«  Les  modifications  spectrales  produites  par  l'action  des  aimants  sur  la 
lumière  d'induction  traversant  les  gaz  raréfiés  sont  soumises  à  des  lois 
assez  complexes;  aussi  n'est -il  possible  de  les  formuler  qu'à  la  suite 
d'expériences  variées  et  longtemps  prolongées.  M.  Trêve,  dans  une  Note 
publiée  aux  Comptes  rendus  (séance  du  3  janvier  1870),  avait  bien  indiqué 
quelques  faits  se  rapportant  à  ce  genre  de  phénomènes  et  concluait  en  ces 
termes  :  «  Coloration  et  décoloration  des  gaz  sous  l'action  du  magnétisme, 
»  dans  les  parties  capillaires  des  tubes  qui  les  renferment  »;  mais  les  ex- 
périences du  savant  officier  étaient  peu  nombreuses,  elles  ne  portaient  que 
sur  un  petit  nombre  de  gaz,  et  du  reste  ne  semblaient  se  rattacher  que  très- 
indirectement  aux  recherches  qu'il  avait  entreprises  alors.  Le  sujet  m'a 
semblé  assez  intéressant  pour  être  l'objet  de  nouvelles  études;  j'ai  l'hon- 
neur d'en  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie  un  rapide  résumé. 

»   Conditions  d'expériences.  —  Sans  revenir  sur  les  dispositions  expéri- 

(i)  Comptes  rendus,  16  novembre  i8'j4)  P-  '123. 

C.R., 1875,  1"  Semestre. (T.  LXXX,  N»  17.)  l5l 


(     Il62    ) 

mentales  indiquées  dans  ma  première  Note,  j'analyserai  en  peu  de  mots 
celles  qui  m'ont  permis  d'étendre  et  de  préciser  en  même  temps  mes  nou- 
velles expériences  ;  ce  sont  :  la  nature,  la  température  :  la  pression  du  gaz; 
la  tension,  le  sens,  l'origine  du  courant  induit;  l'action  de  l'aimant  par  la 
forme  des  pôles,  l'énergie  et  le  sens  de  l'aimantation,  la  distance  des  arma- 
tures, la  position  axiale  ou  équatoriale  du  tube  renfermant  le  gaz  (i). 

»  i"  Les  gaz  ou  substances  raréfiées  sur  lesquelles  mes  expériences  ont 
porté  sont  :  l'hydrogène,  l'azote,  l'oxygène,  l'acide  carbonique,  l'oxyde  de 
carbone,  l'hydrogène  bicarboné,  le  soufre,  le  sélénium,  l'iode,  le  brome, 
le  chlore,  l'acide  sulfureux,  le  fluorure  de  silicium,  le  bichlorure  d'étain. 
Tous  sont  loin  d'offrir  des  modifications  aussi  prononcées,  ainsi  que  je  l'in- 
diquerai tout  à  l'heure;  les  corps  de  la  famille  du  chlore  sont  ceux  qui 
réussissent  le  plus  sûrement  et  qui  produisent  les  plus  brillants  résultats. 

M  2°  L'élévation  de  température  diminue  l'effet  produit  par  l'aimant; 
on  s'en  assure  en  laissant  passer  le  courant  induit  pendant  quelque  temps 
au  sein  du  tube:  la  chaleur  qui  en  résulte  ne  tarde  pas  à  affaiblir  et  parfois 
à  rendre  inactive  l'influence  magnétique. 

»  3°  La  pression  du  gaz  intervient  dans  l'action  de  l'aimant,  à  tel  point 
qu'avec  le  même  corps  il  est  possible,  selon  le  cas,  d'obtenir,  soit  la  cessa- 
tion subite  du  courant  induit,  soit  une  modification  notable  dans  l'appa- 
rence lumineuse,  soit  enfin  la  permanence  de  la  teinte  primitive. 

»  4°  En  variant  la  tension  du  courant  induit  on  peut  obtenir  des  effets 
analogues  à  ceux  qui  résultent  de  la  variation  de  pression  du  gaz;  les  mo- 
difications lumineuses  magnétiques  sont  en  général  d'autant  plus  tranchées 
que  la  tension  primitive  est  plus  faible. 

»  5"  Les  phénomènes  restent  les  mêmes  lorsque  le  courant  induit  est 
emprunté  à  une  machine  de  Holtz  ou  à  une  bobine  d'induction  de 
Ruhmkorff. 

»  6"  Le  sens  du  courant  induit,  comme  aussi  celui  de  l'aimantation, 
donne  des  effets  assez  identiques;  cependant  certains  corps  semblent  subir 
une  influence  plus  énergique  au  moment  où  l'on  renverse  le  courant. 

»  7°  La  forme  des  armatures  doit  être  considérée  surtout  au  point  de 
vue  de  la  surface;  celle-ci  devra  être  plane,  et  telle  que  le  tube  capillaire 
soit  embrassé  sur  la  plus  grande  partie  de  sa  longueur. 

»   8"  Il  est  évident  que  les  phénomènes  seront  d'autant   plus  accusés 

(i)  La  forme  de  mon  appareil  iw  m'a  pas  permis  jusqu'à  présent  de  comparer  les  effets 
résultant  de  ces  deux  dispositions. 


(  ii63  ) 
que  l'aimantation  sera  plus  énergique;  on  la  détermine  ordinairement  à 
l'aide  d'une  pile  de  12  a  i5  éléments  Bunsen,  grand  modèle, 

»  9°  I/action  de  chaque  pôle  isolément  est  très-faible;  ce  n'est  que  sous 
l'influence  simultanée  des  deux  pôles  que  les  phénomènes  acquièrent  leur 
maximum  d'intensité. 

»  10"  Enfin  l'action  diminue  rapidement  avec  la  distance;  on  s'en 
assure  en  éloignant  peu  à  peu  le  tube  à  ^  centimètre  environ  des  pôles; 
au  delà  de  cette  limite,  l'influence  de  l'aimant  cesse  de  se  manifester. 

»  Conclusions.  —  1°  Le  résultat  qui  doit  être  noté  tout  d'abord  est  un 
accroissement  de  résistance  de  la  part  du  courant  induit  sous  l'influence 
de  l'aimant.  Cette  résistance  est  quelquefois  telle,  que  le  courant  peut  être 
subitement  interrompu  au  moment  où  l'aimant  entre  en  action.  Ce  fait  est 
mis  en  évidence  de  la  manière  suivante  :  on  prend  un  tube  formé  de  deux 
parties  conununiquant  entre  elles  et  présentant,  l'une  un  étranglement, 
l'autre  une  longueur  et  un  diamètre  différents.  La  partie  capillaire  est  dis- 
posée entre  le  pôle  de  l'électro-aimant,  après  quoi  on  lance  le  courant  de  la 
bobine.  Tant  que  l'aimant  est  inactif,  la  lumière  circule  uniformément 
dans  les  deux  tubes;  elle  est  subitement  arrêtée  dans  le  plus  court  et  le 
plus  étroit,  au  moment  où  celui-ci  est  soumis  à  l'action  de  l'aimant.  L'effet 
peut  être  produit  avec  le  chlore,  l'iode,  le  soufre,  le  sélénium. 

»  2°  Cette  cessation  de  la  lumière  induite  par  l'aimant  peut  être  déter- 
minée avec  le  même  gaz  dans  deux  cas  bien  distincts,  soit  lorsque  le  vide 
a  été  poussé  assez  loin  pour  que  le  courant  d'induction  se  trouve  voisin  de 
la  limite  qui  ne  lui  permet  plus  de  jaillir,  soit,  au  contraire,  lorsque  la 
tension  du  gaz  est  suffisante  |îour  que  l'étincelle  atteigne  le  voisinage  de 
la  même  limite. 

))  3°  Sous  l'influence  magnétique,  le  filet  linnineux,  lorsqu'il  persiste, 
éprouve  dans  les  tubes  capillaires  un  rétrécissement  qui  peut  quelquefois 
s'apercevoir  à  sim[)le  vue.  Ce  rétrécissement  produit  une  augmentation  de 
résistance  assez  énergique  parfois  pour  être  accompagné  d'un  changement 
de  teinte  du  tube,  ou  même  d'une  modification  dans  le  spectre.  Chez  cer- 
tains gaz,  tels  que  l'hydrogène,  l'azote,  l'acide  carbonique,  l'influence  de 
la  part  de  l'aimant  est  peu  sensible,  et  les  modifications  observées  rentrent 
dans  le  système  des  raies  primitives. 

»  4"  Ce  rétrécissement,  ou  ce  changement  de  teinte  du  filet  lumineux, 
ne  s'étend  pas  à  plus  de  -^  centimètre  des  pôles;  aussi,  en  prenant  im  tube 
d'une  longueur  suffisante,  peut-on,  pendant  que  l'aimantation  a  lieu,  et  en 
cliangeant  la  hauteur  du  speciroscope,  apercevoir  successivement  le  spectre 

i5t.. 


(  ii64  ) 
normal  (celui  qui  est  produit  par  la  lumière  hors  du  champ  magnétique) 
et  le  spectre  modifié  par  le  voisinage  de  l'aimant. 

»  5°  Pour  bien  juger  de  l'action  de  l'aimant,  il  faut  faire  en  sorte  que  le 
spectre,  au  début,  n'ait  pas  un  éclat  considérable;  aussitôt  que  le  courant 
passe  dans  l'électro-aimant,  on  voit  apparaître  les  raies  dans  toute  leur 
splendeur.  Le  phénomène  réussit  particulièrement  et  donne  les  résultats 
les  phis  nets  avec  le  chlore,  le  brome,  le  chlorure  d'étain,  le  fluorure  de 
silicium,  l'acide  sulfureux. 

»  6'^  Des  mesures  directes  ont  prouvé  que,  pour  ces  derniers  corps,  les 
raies  nouvelles  développées  dans  cette  circonstance  sont  distinctes  de  celles 
qui  caractérisent  le  spectre  normal  du  même  gaz  traversé  jiar  un  courant 
induit  suffisamment  énergique  et  hors  de  portée  d'un  aimant.   » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  solubiUlé  du  nilrale  de  soude  el  sa  combinaison 
avec  l'eau.  Note  de  M.  A.  Ditte,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire 
Deville. 

«  D'après  Marx  les  nombres  qui  suivent  représentent  à  diverses  tempé- 
ratures la  sohdjilité  du  nitrate  de  soude  dans  l'eau  : 

o 

100  parties  d'eau  à   —     6  dissolvent     63,  i   parties  de  nitrate  de  soude 
»,  o  »  8o , o  » 

"  -l-     lO  »  22,7  " 

»  +     l6  »  55,0  a 

n  + 1  '  9  "  2 1 8 ,  o  » 

"  -+-121  »  244)8  » 

»  Les  Traités  de  Chimie  se  bornent  à  dire  poin-  la  plupart  que  loo  par- 
lies  d'eau  à  iG  degrés  en  dissolvent  3!^  de  nitrate  de  soude  sans  indiquer 
l'origine  de  ce  nombre  qui  diffère  beaucoup  du  précédent.  Les  réstdtats 
de  Marx  paraissent  bien  singuliers,  non  qu'il  soit  impossible  que  le  nilrale 
de  soude  présente  à  zéro  un  maximum  de  solubilité,  les  exemples  analogues 
ne  sont  pas  rares;  mais  ce  qui  est  anormal,  c'est  qu'une  même  quantité 
d'eau  dissolve  des  quantités  de  sel  si  différentes  à  zéro  et  aux  tempéra- 
tures voisines.  S'il  en  était  ainsi,  une  dissolution  satin-ée  à  zéro  devrait  dé- 
poser les  cristaux  pour  peu  que  la  température  vînt  à  varier  dans  un  sens 
ou  dans  l'autre. 

»  Or  il  ne  se  produit  rien  de  semblable.  Si  l'on  chauffe  la  dissolu- 
lion,  non-seulement  elle  ne  dépose  aucini  cristal,  mais  elle  n'est  plus  sa- 
turée el  dissout  du  nitrate  de  soude  qu'on  y  ajoute;  si  l'on  refroidit  on 


(  ii65  ) 
n'observe  pas  davantage  de  cristallisation;  on  peut  agiter  la  liqueur,  y 
laisser  tomber  des  cristaux  de  nitrate  tout  en  abaissant  sa  température 
jusque  vers  —  iS"  sans  qu'elle  perde  sa  transparence  :  ce  n'est  qu'à 
—  i5°,  7  que  des  crislaux  commencent  à  se  former.  Ce  ne  sont  point  d'ail- 
leurs les  rhomboèdres  ordinaires  ni  les  prismes  de  nitrate  de  soude  :  ce 
sont  de  petites  lames  micacées  très-minces,  formées  d'aiguilles  très-déliées, 
placées  les  unes  à  côté  des  autres.  Quand  la  cristallisation  a  lieu  à  l'abri  de 
toute  agitation,  il  se  produit  parfois  de  gros  rhomboèdres  assez  aigus;  leurs 
faces  sont  couvertes  de  stries  dont  six  principales  semblent  être  également 
inclinées  l'iuie  sur  l'autre  à  partir  du  centre  de  la  face,  tandis  que  les 
autres  sont  disposées  régulièrement  autour  des  premières.  Ces  stries  princi- 
pales sont  aussi  visibles  le  plus  souvent  sur  les  petites  lames  qui  se  pro- 
duisent dans  la  liqueur  agitée.  Entre  —  i6°  et  —  20°  la  dissolution  se 
change  en  une  masse  solide  cristallisée. 

»  On  peut  abaisser  à  —  16", 5  la  température  de  la  liqueur  en  opérant 
avec  précaution;  mais  alors  il  suffit  d'y  introduire  une  de  ces  lames  cris- 
tallines pour  en  voir  immédiatement  apparaître  beaucoup  d'autres  sem- 
blables. 

»  La  dissolution,  saturée  à  zéro,  renferme  66,7  parties  de  nitrate  de 
soude  pour  100  d'eau;  comme  elle  ne  dépose  rien  entre  zéro  et  —  i5  de- 
grés, elle  conserve  dans  cet  intervalle  une  composition  constante.  Refroidie 
à  —  i4  degrés,  et  mise  en  contact  avec  un  excès  de  nitrate  cristallisé,  elle 
n'en  dissout  ni  n'en  dépose,  et  la  liqueur,  séparée  des  cristaux,  se  comporte 
exactement  comme  la  dissolution  saturée  à  zéro.  Il  semblerait  donc  que  la 
solubilité  du  nitrate  de  soude  serait  invariable  entre  zéro  et  —  i5  degrés, 
ce  qui  serait  bien  surprenant,  eu  égard  à  la  grande  solubilité  de  ce  sel. 

»  Cette  dissolution  refroidie  n'est  pas  sursaturée  de  nitrate  de  soude, 
puisque  l'addition  de  parcelles  de  celte  substance  ne  détermine  aucune 
cristallisation;  d'autre  part,  on  sait  que,  si  l'on  refroidit  au-dessous  de  zéro 
une  dissolution  saline,  il  s'en  sépare  de  la  glace  sensiblement  pure.  Or  ceci 
n'a  pas  lieu  dans  le  cas  actuel,  même  si  l'on  ajoute  des  fragments  de  glace 
à  la  liquenr,  et,  par  suite,  celle-ci  ne  renferme  pas  d'eau  en  surfusion. 

»  Enfin  les  crislaux  qui  se  forment  à  —  i5°,7  fondent  à  celle  même  tem- 
pérature, et,  pendant  toute  la  durée  de  la  fusion,  un  thermomètre,  plongé 
dans  la  masse,  reste  stationnairc.  On  peut,  avec  précaution,  refroidir  le 
liquide  jusqu'à  —  17  degrés  sans  qu'il  cristallise;  mais  l'addition  d'nn  cris- 
tal provenant  d'un  tube  plus  froid  provoque  immédiatement  la  cristallisa- 
tion de  la  substance,  et  les  cristaux  obtenus  fondent  à  —  i5",7. 


(  ii66  ) 

»  Ainsi  une  dissolution  de  nitrate  de  soude,  saturée  à  zéro,  ne  se  com- 
porte pas  comme  une  dissolution  quand  on  la  refroidit;  elle  ne  change  pas 
de  composition  quand  la  température  s'abaisse  et  ne  contient  cependant 
pas  de  nilrate  en  sursaturation  ni  d'eau  en  surfusion.  Quand  elle  se  soli- 
difie, les  cristaux  qu'elle  donne  sont  bien  différents  de  ceux  du  nitrate  de 
soude  ordinaire;  enfin  ceux-ci  présentent  un  point  de  fusion  constant, 
caractère  qui  n'appartient  qu'aux  combinaisons  définies.  Au  contact  d"uu 
excès  de  nitrate  de  soude,  l'eau  à  zéro  s'y  est  entièrement  combinée,  et  l'on 
est  alors  en  présence,  non  plus  d'une  dissolution,  mais  d'un  hydrate  de 
nitrate  de  soude,  liquide  entre  zéro  et  —  15,7,  solide  au-dessous  de  cette 
dernière  limite.  Cet  hydrate  contient,  dans  loo  parties,  liO,oï  de  nitrate 
et  59,99  d'eau  (66,99  ^^  ^^'  P^uv  100  d'eau);  sa  composition  répond  à  la 
formule  AzO%  NaO,  14HO. 

»   La  densité  de  cet  hydrate  à  l'état  liquide  est  i  ,357  ^  zéro. 

»  Une  solution  saturée  à  une  température  supérieure  à  zéro  ne  se  com- 
porte plus  de  même;  dès  qu'où  la  refroidit,  elle  laisse  déposer,  spontané- 
ment ou  quand  on  lui  ajoute  une  parcelle  de  nitrate  de  soude,  des  petits 
rhomboèdres  ordinaires,  d'autant  pUis  nombreux  que  la  température  ini- 
tiale est  plus  élevée.  I^a  liqueur,  arrivée  à  zéro  et  séparée  des  cristaux  dé- 
posés, se  comporte  comme  on  l'a  dit  plus  haut.  C'est  donc  à  partir  d'une 
température  fort  voisine  de  zéro  qu'on  a  affaire  non  plus  à  une  dissolution 
de  nitrate  de  soude,  mais  k  une  combinaison  de  cette  matière  avec  l'eau. 

»  Au-dessus  de  zéro  la  solubilité  du  nitrate  de  soude  varie  régulière- 
ment, sans  rien  offrir  de  remarquable.  La  courbe  figurative  de  la  solubi- 
lité entre  zéro  et  08  degrés  s'écarte  peu  d'une  ligne  droite,  comme  l'indique 
le  tableau  suivant  : 


100  parties  d'eau 

à  0 

dissolvent  66,69  Parties  de 

nitrate  de  soude, 

» 

2 

» 

70'97 

» 

» 

4 

u 

71,04 

D 

'. 

8 

1> 

75,65 

U 

» 

10 

n 

76,31 

» 

u 

i3 

» 

7y,oo 

U 

» 

i5 

» 

80,60 

D 

» 

r8 

i> 

83,62 

» 

» 

21 

U 

85,73 

11 

M 

26 

» 

90,33 

n 

f> 

29 

» 

92,93 

1* 

» 

36 

» 

99.39 

» 

» 

5i 

» 

ii3,63 

1) 

U 

68 

» 

125,07 

w 

(  ii67  ) 
»  Ainsi  donc  le  nitrate  de  soude  peut,  comme  celui  de  lithine,  con- 
tracter à  basse  température  (au-dessous  de  +  io°  pour  le  nitrate  de  li- 
thine) combinaison  avec  l'eau.  Le  nitrate  de  potasse  ne  présente  rien  de 
semblable  ;  sa  dissolution,  saturée  à  zéro,  ne  contient,  pour  loo  d'eau,  que 
i3,3  de  sel  (Gay-Lussac).  Quand  on  la  refroidit  à  —  a**,  par  exemple, 
elle  se  remplit  d'aiguilles  qui  présentent  la  forme  habituelle  des  cristaux 
de  nitrate  de  potasse,  et  leur  nombre  augmente  à  mesure  que  la  tempéra- 
ture s'abaisse  davantage.  Si  l'on  plonge  dans  un  même  mélange  réfrigérant 
à  —  i3°  ou  —  14"  deux  tubes  contenant  des  solutions  saturées  à  zéro, 
l'une  de  nitrate  de  soude,  l'autre  de  salpêtre,  cette  dernière  est  devenue, 
au  bout  de  quelques  instants,  une  masse  solide,  dure  et  compacte,  tandis 
que  l'autre  reste  liquide,  malgré  l'agitation  et  la  présence  de  cristaux  de  ni- 
trate de  soude  dans  le  tube  qui  la  contient.  Le  point  de  fusion  de  l'hydrate 
AzO%NaO,  i4HO  étant  inférieur  à  la  température  du  mélange  réfrigérant 
employé,  il  reste  liquide  dans  ces  circonstances.  C'est  là  une  expérience 
bien  facile  à  répéter  dans  un  cours  et  qui  montre  d'une  manière  très-nette 
la  façon  toute  différente  dont  se  comportent  les  deux  dissolutions,  consi- 
dérées quand  on  les  refroidit  simultanément  au-dessous  de  zéro.  » 

CHIMIE.  —  Note  sur  la  propriété  décolorante  de  l'ozone;  par  M,  A.  Boillot. 

«  En  attendant  la  fin  des  nouvelles  expériences  que  je  poursuis  en  ce 
moment,  pour  en  communiquer  les  résultats  à  l'Académie,  je  crois  pouvoir 
dès  à  présent  formuler,  ainsi  qu'il  suit,  une  des  conséquences  les  plus  im- 
portantes auxquelles  ces  expériences  m'ont  déjà  conduit  : 

»  L'une  des  propriétés  les  plus  saillantes  de  l'ozone,  surtout  à  cause 
des  applications  dont  elle  est  susceptible,  est  le  pouvoir  décolorant  de  ce 
corps.  L'ozone,  en  effet,  agit  sur  les  substances  animales  et  végétales  en  les 
décolorant. 

»  Les  effets  de  blanchiment  attribués  au  chlore  sont  dus  à  la  formation 
de  l'ozone;  voici  comment  :  L'ozone  employé  directement  agit  comme 
agent  d'oxydation,  en  s'emparant  de  l'hydrogène  de  la  substance  avec  la- 
quelle il  est  en  contact;  il  en  résulte  un  effet  de  décoloration,  si  cette  sub- 
stance est  colorée. 

»  En  faisant  agir  le  chlore  sur  une  matière  végétale  ou  animale,  ce  corps 
décompose  une  certaine  quantité  d'eau  pour  s'emparer  de  son  hydrogène 
et  former  de  l'acide  chlorhydrique;  l'oxygène  piovenant  de  cette  réaction 
est  transformé  en  ozone  qui,  à  son   tour,  s'empare  de   l'hydrogène  con- 


(  ii68  ) 
stitiiant  la  matière  soumise  à  l'épreuve,  laquelle  perd  sa  couleur,  si  elle  en 
a  une.  Soit  que  l'ozone  agisse  directement  tout  formé,  soit  que  ce  corps  ré- 
sulte de  l'action  du  chlore,  l'explication  des  effets  observés  est,  au  fond, 
la  même  :  c'est  l'ozone  qui  agit  comme  agent  oxydant  et  décolorant.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  — 5ur  les  caractères  du  gl/cocolle.  Note  de  M.  R.  Engel, 

présentée  par  M.  Caliours. 

«  Le  glycocolle  se  reconnaît  à  trois  caractères  : 

»  1°  Bouilli  avec  une  solution  concentrée  de  potasse  ou  de  baryte,  le 
glycocolle  donnerait  une  coloration  rouge  de  sang. 

»  Celte  réaction  ne  permettrait  pas,  d'après  certains  auteurs ,  de  con- 
fondre le  glycocolle  avec  beaucoup  d'autres  substances;  néanmoins  je  n'ai 
jamais  pu  la  reproduire. 

))  Les  deux  autres  réactions,  citées  dans  les  traités  de  Chimie,  ne  suf- 
fisent pas  pour  caractériser  le  glycocolle.  Ces  réactions  sont  les  suivantes  : 

»  2"  Le  glycocolle,  traité  par  du  sulfate  de  cuivre,  puis  par  de  la  po- 
tasse, empêche  la  précipitation  de  l'oxyde  de  cuivre.  On  obtient,  dans  ce 
cas,  une  belle  coloration  bleue.  Ce  fait  est  attribué  à  Horsford;  mais 
M.  Boussingault  avait  antérieurement  constaté  que  le  glycocolle  dissout 
l'oxyde  de  cuivre  et  avait  donné  la  formule  du  glycocollale  de  cuivre. 

«  3"  Le  glycocolle  réduit  à  froid  et  mieux  à  chaud  l'azotate  mercu- 
reux. 

»  A  ces  deux  dernières  réactions,  j'ajouterai  les  deux  suivantes.  Isolée, 
chacune  de  ces  réactions  ne  prouve  pas  que  le  corps  qui  la  donne  est  du 
glycocolle;  mais  l'ensemble  des  quatre  me  paraît  tout  à  fait  caractéristique 
de  cette  substance. 

1°  Le  glycocolle  donne,  avec  le  perchlorure  de  fer,  une  coloration  rouge 
intense.  L'acide  acétamique  se  coinporte  donc  avec  le  perchlorure  de 
fer,  comme  les  acétates  alcalins.  Celte  coloration  disparaît  sous  l'influence 
des  acides;  elle  reparait  lorsqu'on  neutralise  avec  précaution,  par  de  l'am- 
moniaque, l'acide  ajouté. 

»  2°  On  sait  que,  lorsqu'on  traite  l'aniline  par  un  peu  de  phénol,  puis 
par  un  excès  d'hypochlorite  de  sodium,  on  obtient  une  belle  coloration 
bleue  (Jacquemin,  Comptes  rendus,  3o  juin  i8'^3).  Cotton  ^Bulletin  de  la 
Société  chimique,  t.  XXI,  p.  8;  187/4)  ^  constaté  que  l'ammoniaque  se  com- 
porte en  présence  du  phénol  et  d'un  excès  d'hypochlorite  comme  l'aniline. 


(  "69  ) 
Ce  fait  avait  déjà  été  signalé  parM.Berthelot  (/?^/jer<oiVe  de  Chimie  appliquée, 
p.  a84;  iSSg).  La  coloration  obtenue  avec  l'aniline  est  infiniment  plus 
intense.  D'une  façon  générale,  l'ammoniaque,  la  méthylamine,  l'éthylaniine 
(Jacquemin),  la  phénylamine  donnent,  lorsqu'on  les  traite  par  du  phénol 
et  un  excès  d'hypochlorite,  une  coloration  verte  ou  bleue.  Or  les  glyco- 
coUes  sont  à  la  fois  des  aminés  et  des  acides  :  aussi  suffit-il  de  traiter  un  peu 
de  glycocolle  en  solution  par  une  goutte  de  phénol,  et  d'ajouter  au  mélange 
de  l'hypochlorite  de  sodium  pour  obtenir,  après  quelques  instants,  une 
belle  coloration  bleue. 

»  Ces  quatre  réactions  sont  du  reste  très-sensibles.  Il  m'a  suffi  de  dis- 
soudre 25  milligrammes  de  glycocolle  dans  8  centimètres  cubes  d'eau,  et 
de  diviser  cette  solution  en  quatre  parties  égales,  pour  obtenir  les  quatre 
réactions  dont  j'ai  parlé.  Les  phénomènes  de  coloration  étaient  très-intenses 
et  la  réduction  de  l'azotate  mercureux  très-nelte;  on  pourrait  donc  carac- 
tériser une  quantité  beaucoup  moindre  de  glycocolle  en  opérant  sur  quel- 
ques gouttes  seulement,  au  lieu  d'employer  pour  chaque  réaction  2  centi- 
mètres cubes  de  la  solution,  comme  je  l'ai  fait.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  De  l'action  du  fer  sur  la  nutrition.  Note  de  M.  Rabcteau. 

«  Les  chlorures  alcalins,  notamment  le  chlorure  de  sodium,  agissent 
d'une  manière  remarquable  sur  cette  fonction,  puisqu'ils  augmentent  con- 
sidérablement la  production  et  l'élimination  de  l'urée. 

»  Il  m'a  paru  intéressant  de  faire  des  recherches  du  même  ordre  sur  les 
effets  du  protochlorure  de  fer,  sel  dont  j'avais  déjà  étudié  l'absorption  et 
le  mode  d'élimination. 

»  Pour  cela  j'ai  fait  sur  moi-même  l'expérience  suivante,  qui  a  été  divi- 
sée en  trois  périodes  de  cinq  jours  chacune,  pendant  lesquelles  j'ai  suivi  un 
régime  aussi  identique  que  possible,  avec  cette  différence  que,  pendant  la 
seconde  période,  j'ai  pris  chaque  jour  12  centigrammes  de  protochlorurc 
de  fer.  Le  médicament  a  été  ingéré,  à  la  dose  de  6  centigrammes,  quelques 
moments  avant  les  deux  principaux  repas. 

Volume 
dos  iirinos. 

Du  3i  mars  au  5  avril  (sans  médi- 

»  ^  ce 

camcnt) '3i9 

Du  5  au  10  avril  (sous  l'influence 

du  protochlorure  de  fer laSo 

Du  loau  i5  avril  (sans médicameni).  laaS 

C.R.,  iS^r),  11-"-  Semestre.   (T.  LXXX,  N"  17.)  '5a 


Matériaux 

î(lî!c. 

soliilos. 

Urée. 

,37 

Br 
49,91 

Br 
.8,07 

,59 

52, 5i 

20,7.3 

,49 

5.,  74 

l8,?.2 

(  H70) 

')   On  voit  que  : 

»  1°  Les  urines  ont  été  éliminées  à  peu  près  en  égale  quantité  pendant 
les  trois  périodes,  d'où  il  résulte  que  le  sel  en  question  n'agit  guère  sur 
l'excrétion  urinaire,  du  moins  lorsqu'il  est  pris  aux  doses  précitées;  cepen- 
dant la  quantité  des  urines  a  été  un  peu  moindre  pendant  la  seconde 
période. 

»  2°  L'acidité  des  urines  a  notablement  augmenté.  Ce  fait,  qui  n'avait  pas 
encore  été  signalé,  me  paraît  présenter  quelque  intérêt  :  il  vient  expliquer 
et  justifier  l'emploi  des  ferrugineux  dans  la  gravelle  jihosphatique  et  dans 
l'oxalurie,  où  l'on  savait  déjà  que  ces  agents  ijroduisaient  de  bous  résultats. 
La  dissolution  de  l'oxalatede  chaux  peut  avoir  lieu  en  faible  quantité  dans 
une  luine  normalement  très-acide,  ainsi  que  je  m'ensuis  assuré. 

»   3°  Le  poids  des  matériaux  solides  a  été  un  peu  plus  considérable. 

»  4°  L'urée  a  augmenté  d'un  peu  plus  de  lo  pour  loo.  Le  protochlorure 
de  fer  active  par  conséquent  la  nutrition,  lors  même  qu'il  est  pris  à  des 
doses  très-modérées  (i).    » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  De  t'aclion  de  quelques  composés  sur  la  germina- 
tion des  graines  [biomure  de  camphre^  borate,  silicate  et  arséniate  de  soude). 
Note  de  M.  E.  Heckel,  présentée  par  M.  Ducharlre. 

«  M.  Vogel  a  récemment  rappelé  l'attention  des  physiologistes  sur  les 
résultats  curieux  des  expériences  entreprises  en  1798  par  Benj.  Smith  et 
Barton  concernant  la  propriété  singulière  et  inexpliquée  qu'exerce  le 
camphre  sur  les  végétaux  et  il  a  confiruié  ces  résultats  dans  leur  ensemble. 
Cet  observateur,  en  traitant  des  graines  de  Lepidium  saliinan,  de  Baphanus 
sntiviis  n)ajor,  i]e  Pisum  sativum  et  de  quelques  autres  plantes,  placées  entre 
deux  feuilles  de  papier  buvard  humectées  par  une  solution  de  camphre,  a 
remarqué  que  ces  semences  germent  bien  avant  coHcs  qui  ont  été  mainte- 
nues dans  les  conditions  ordinaires.  Fort  de  ces  doiuiées  nouvelles  et 
m'appuyant  sur  le  fait,  bien  connu  depuis  les  travaux  de  Gœppert,  de  l'ac- 
tion du  brome,  en  tant  qu'agent  capable  de  hâter  la  germination  des 
graines,  je  me  suis  demandé,  dans  le  courant  de  quelques  recherches  tou- 
chant l'action  de  certains  composés  chimi(|ues  sur  la  faculté  germinalive, 
si  le  bromure  de  camphre,  que  l'on  considère  tantôt  comme  une  combi- 


(i)  l'onrowski  ^de  Saint-Pétersbourg)  avait  déjà  constaté,  sous  l'influence  de  la  médication 
ferrugineuse,  l'élévation  de  la  torapérature  animale  liée  à  l'augmentation  de  l'urée. 


(  'I?'  ) 

naison  définie  du  brome  avec  le  camphre  (le  brome  y  remplaçant  i  équi- 
valent d'hydrogène),  tantôt  comme  une  simple  association  des  mêmes  com- 
posants sous  le  nom  de  camphre  brome,  présenterait,  au  point  de  vue 
biologique  qui  m'occupe,  la  somme  des  propriétés  dont  sont  doués  les 
corps  qui  le  forment,  ou  si  l'entité  chimique  nouvelle  manifesterait  une 
attitude  propre  assez  accentuée  pour  permettre  une  différenciation,  soit  par 
l'intensité,  soit  par  la  modalité  de  l'action,  entre  le  corps  et  ses  composants 
simplement  associés. 

»  Dans  ce  but,  dès  les  premiers  jours  d'avril,  j'ai  institué  les  expériences 
suivantes,  qui  jusqu'ici  ont  porté  seulement  sur  les  graines  de  Raplmmis 
salivas,  que  j'ai  l'intention  d'étendre  à  d'autres  semences,  mais  qui  me  pa- 
raissent déjà  assez  concluantes  pour  qu'il  me  semble  intéressant  de  les 
faire  connaître. 

»  Entre  plusieurs  petites  plaques  de  ouate  doubles  imbibées  d'eau,  j'ai 
enfermé  pour  chaque  expérience  vingt  graines  de  Radis  et  j'ai  eu  soin  de 
faire  agir  toutes  mes  substances  sur  ces  graines  sous  les  mêmes  conditions 
de  chaleur  et  d'humidité.  Dans  un  premier  double  de  ouate  j'avais  placé 
o^',5o  de  camphre  ordinaire  finement  pulvérisé,  dans  un  second  oS'',5o  de 
bromure  de  camphre  également  réduit  en  poudre,  dans  un  troisième  arrosé 
d'eau bromée  oS'',5o  decamphre  également,  dans  un  quatrième  des  graines 
exclusivement  arrosées  d'eau  bromée,  dans  un  cinquième  enfin  des  graines 
entourées  de  oS'',5o  de  bromure  de  potassium  concassé;  dans  un  sixième  et 
un  septième  paquet  les  graines  étaient  arrosées  d'eau  chlorée  et  d'eau  iodée. 
Incidemment  je  dois  dire  ici  que  j'ai  confirmé,  en  répétant  ces  essais,  les 
expériences  de  Gœppert  relatives  à  l'action  activante  du  chlore,  du  brome 
et  de  l'iode.  Ces  trois  corps  hâtent  incontestablement  la  germination  et  avec 
une  intensité  décroissante  en  allant  du  chlore  à  l'iode.  C'est  ainsi  que  l'eau 
iodée  a  produit  la  germination  en  cinq  jours  en  moyenne,  l'eau  bromée  en 
trois  et  l'eau  chlorée  eu  deux,  alors  que  dans  les  conditions  normales  il  n'a 
pas  fallu  moins  de  sept  à  huit  jours  pour  avoir  le  même  résultat. 

»  L'action  du  bromure  de  camphre  a  été  plus  rapide:  en  trente-six  heures 
les  radicules  étaient  saillantes.  Dans  le  double  de  ouate  camphré  le  phé- 
nomène avait  demandé  entre  quatre  et  cinq  jours.  Dans  le  troisième  paquet 
(camphre  et  eau  bromée)  les  semences  ont  germé  une  première  fois  avec 
trente  heures  de  retard  sur  le  bromure  de  camphre,  une  seconde  fois  avec 
vingt-six  heures,  une  troisième  fois  avec  trente-six  heures.  Quant  au  bro- 
mure de  potassium,  il  est  resté  sans  eflet,  quoique  dissous  dans  l'eau:  la 
germination  s'y  est  produite  en  même  temps  qu'avec  l'eau  ordinaire.  Ces 

162.. 


(  U72  ) 
expériences  plusieurs  fois  répétées  ayant  donné  des  résultats  toujours  iden- 
tiques, j'ai  dû  en  conclure  que  le  bromure  de  camphre  jouit  d'une  action 
plus  considérable  que  la  somme  des  deux  corps  dont  il  se  compose  pris 
isolément  ou  agissant  de  conserve.  Il  faut  dès  lors  reconnaître  que  l'action 
du  bromure  de  camphre,  au  point  de  vue  de  la  germination,  ne  se  ressent 
pas  absolument  de  la  décomposition  rapide  dont  il  est  l'objet  en  brome  et 
en  camphre  et  qu'il  agit  aussi  sous  son  état  de  combinaison.  Je  dois  faire 
remarquer  encore  que  cette  substance  agit  sans  être  dissoute.  M.  Vogel  a 
employé  le  camphre  en  solution;  le  même  dissolvant  eût  pu  être  employé 
pour  le  bromure  de  camphre  qui  est  insoluble  dans  l'eau,  mais  sans  utilité, 
puisque  j'ai  obtenu  les  mêmes  résultats  avec  les  deux  corps  simplement 
pidvérisés.  11  faut  donc  admettre  qu'ils  agissent  en  se  vaporisant. 

))  En  étendant  mes  recherches  à  la  série  du  bore  et  du  silicium,  j'ai  trouvé 
que  les  borates  et  silicates  alcalins  employés  à  faible  dose  (oB'',25  pour 
20  grammes  d'eau)  retardent  la  germination  de  un  à  trois  jours  et  qu'à  des 
doses  un  peu  plus  fortes  (o^^Go  pour  20  grammes  d'eau)  le  phénomène  est 
suspendu. 

»  L'acide  arsénieux  et  les  arséniates  solubles  arrêtent  la  germination  et 
tuent  l'embryon  à  des  doses  relativement  très-faibles(os%25  pour  go  grammes 
d'eau).  )> 

AÉROSTATION.  —  Nole  sur  une  ascension  aérostatique; 

par  M.  W.    DE    FONVIELLE. 

«  Une  récente  catastrophe  ayant  attiré  l'attention  des  aéronautes  sur 
les  dangers  qui  peuvent  accompagner  certaines  entreprises  intéressantes  au 
point  de  vue  scientifique,  MM.  Jules  Duruof,  Mariolt  et  moi,  nous  avons 
exécuté  une  ascension  à  l'usine  à  gaz  de  la  Villette,  le  2  mai  courant,  dans 
l'intention  de  les  élucider.  Nous  sommes  partis  à  i''25"'  du  soir,  et  nous 
avons  effectué  notre  descente  à  7'' 10™  du  soir,  à  Creney,  dans  les  envi- 
rons de  Troyes,  département  de  l'Aube.  Nous  ne  nous  sommes  élevés  qu'à 
38oo  mètres,  parce  que  nous  avons  rencontré  des  nuages  chargés  de  neige, 
qui  ont  ajouté  au  ballon  un  poids  notable;  nous  devions,  en  outre, 
prendre  soin  de  conserver  un  poids  de  lest  plus  que  suffisant  pour  des- 
cendre sans  aucune  secousse. 

»  Nous  avions  disposé,  autour  de  l'appendice,  des  cages  d'oiseaux  et  de 
cobayes,  destinés  à  éprouver  les  effets  du  courant  gazeux,  qui  peuvent 
s'ajouter  à  ceux  de  la  dépression  et  plus  foudroyants,  comme  il  paraît  ré- 
sulter d'expériences  auxquelles  nous  avons  assisté  avant  notre   départ, 


(  M73  ) 
expériences  faites  par  M.  le  D'  Liouville,  dans  le  laboratoire  de  la  clinique 
de  l'Hôtel-Dieu.  L'orifice  du  ballon  ayant  été  incliné,  par  suite  d'un  gon- 
flement opéré  en  temps  de  pluie,  le  courant  gazeux  a  débordé  du  côté  de 
la  moindre  hauteur  de  toile;  aussi  avons-nous  constaté  la  mort  de  l'oi- 
seau dont  la  cage  avait  été  placée  dans  celte  région.  Les  autres,  ainsi  que 
les  cobayes,  sont  restés  indemnes  (i). 

»  L'ascension  a  été  si  habilement  graduée  par  M.  Duruof  que  M.  Mariott, 
qui  montait  pour  la  première  fois  en  ballon,  n'a  éprouvé  qu'un  sentiment 
de  bien-être.  Dans  les  périodes  où  la  descente  était  un  peu  vive,  il  ressen- 
tait cependant  de  l'assourdissement  et  une  douleur  assez  notable  dans  les 
oreilles.  Je  crois  qu'il  est  possible  de  parer,  par  une  manœuvre  muscu- 
laire, à  cet  inconvénient,  qui  tient  à  ce  que  l'air  de  la  membrane  du 
tympan  ne  se  met  pas  immédiatement  en  équilibre  de  pression  avec  l'air 
extérieur. 

»  Une  pincée  de  duvet  jetée  de  temps  en  temps  permet  de  reconnaître 
la  direction  du  sillage  de  l'aérostat,  car  elle  paraît  indiquer  la  verticale 
qu'occupait  le  ballon,  de  sorte  qu'elle  s'écarte  si  on  la  laisse  en  arriére,  et 
semble  se  précipiter  sur  l'aérostat  si  on  la  jette  en  avant.  Celte  remarque 
est  due  à  M.  Duruof. 

»  Il  y  avait  au  moins  quatre  couches  de  nuages  dont  l'épaisseur,  vers 
4  heures,  était  au  moins  de  5ooo  mètres,  et  qui  commençait  à  600  mètres 
du  sol.  La  seconde  couche  allait  dans  la  direction  du  sud-ouest,  tandis 
que  la  première  et  la  seconde  avaient  la  même  direction  ouest.  La  neige 
était  composée  de  fines  aiguilles  prismatiques  non  ramifiées  ressemblant  à 
du  crin  coupé. 

»  Lors  de  la  descente,  nous  avons  aperçu  la  terre  teinte  en  rouge 
du  côté  de  l'ouest.  En  descendant  encore,  la  teinte  de  la  terre  a  disparu; 
alors  le  ciel  est  devenu  pourpre  comme  dans  un  coucher  de  soleil 
ordinaire. 

»  A  3ooo  mètres,  le  soleil  étant  à  l'horizon  du  nuage  qui  se  terminait 
à  celte  altitude,  nous  avons  aperçu  à  la  fois  deux  ombres  du  ballon  :  celle 
du  haut  était  allongée,  immense  et  droite  ;  celle  du  bas  était  renversée, 
mais  non  déformée.  Les  deux  ombres  étaient  entourées  d'une  immense 
auréole.  Un  peu  plus  haut,   nous  avons  vu  à  la  fois  trois  auréoles  :  une 

(i)  Pour  nous,  quoique  nous  élevant  lentement,  nous  avons  tous  les  trois  parraitenient 
senti  le  gaz,  à  cinq  hauteurs  différentes  :  85o  mètres,  1200,  2200,  2600  et  2G80  mètres; 
mais  nous  n'en  avons  pas  éprouvé  d'effets  sérieu.\. 


(  II74  ) 
autour  du  ballon,  une  autour  de  la  nacelle,  et  enfin  une  autour  du  ballon 
et  de  la  nacelle.  Dans  toutes  ces  auréoles,  le  rouge  était  en  dedans. 

»  Voici  les  principales  observations  faites  sur  la  marche  des  tempéra- 
tures : 

»  A  a*"  24™,  altitude  i45o  mètres,  le  thermomètre  à  boule  noircie  dans 
le  vide  passe  de  -f-  19°,  8  à  +  21",  5;  air  extérieur,  +  12  degrés  à  l'ombre. 

»  A  4''3/i'",  altitude  3i5o  mètres,  en  une  minute,  le  thermomètre  à  boule 
noircie,  exposé  au  Soleil,  passe  de  -i-  8°,5  à  +  9", 4j  l'air  extérieur  étant 


à  —  I  degré  à  l'ombre. 


»  A  4''47"'>  altitude  3  i5o  mètres,  le  thermomètre  à  boule  noircie  passe 
en  une  minute  de  +  10°,  i  à  +  10°,  7;  à  l'ombre  —  3  degrés. 

))  Vers  5  heures,  à^aoo  mètres,  température  miniina  observée  à  l'ombre, 
—  4  degrés;  même  altitude,  le  thermomètre  à  boule  noircie  passe  en  une 
minute  de  +  7  degrés  à  +  9°,  8;  ombre,  —  1  degrés. 

»  A  5*"  18"° ,  altitude  33oo  mètres,  le  thermomètre  à  boule  noircie 
passe  de  +  7°,  3  à  -l-  8",  8  en  une  minute;  à  l'ombre,  —  c  degré.  Ther- 
momètre à  alcool  coloré  en  rouge,  +  7°,  i,  exposé  trois  minutes  au  Soleil. 

»  Altitude,  35oo  mètres,  —  3  degrés  à  l'ombre;  thermomètre  à  alcool 
coloré  en  rouge,  -t-  10  degrés  au  Soleil. 

M  5''26"':  altitude,  3o8o  mètres;  Soleil  si  peu  vif  qu'on  peut  le  fixer, 
ciel  tout  à  fait  bleu  ;  thermomètre  à  boule  noircie  :  de  +  4  degrés  à 
+  7°,  5,  en   une  minute  au  Soleil,  altitude,  2800  mètres;  ombre,  zéro. 

»  5''45'"  :  altitude,  285o  mètres;  au  Soleil,  -+-  i  degré;  thermomètre 
rouge,  à  l'ombre,  —  2  degrés;  en  une  minute,  boule  noircie,  de  +  i", 5  à 
2°,75. 

»  5''55'"  :  altitude,  2900  mètres;  boule  noircie  de  +  4",  5  à  -+-  7°,  5  en 
une  minute,  alcool   rouge,  -f-  7",  2;  ombre,  zéro. 

»  6''9™:  altitude,  34oo  mètres;  le  thermomètre  à  boule  noircie  passe 
en  une  minute  de  H-  3°  à  +  5", 2;  alcool  coloré,  au  Soleil,  -h  10  degrés; 
de  +  5**,  5  à  +  7°,  5  en  une  minute,  boule  noircie  de  +  8°,  5  à  +  10°,  5. 

»   Par  mesure  de  prudence  nous  avions  emporté  une  machine  à  commo- 
tions électriques  :  nous  n'avons  pas  eu  à  nous  en  servir. 
;  »  Nous  ferons  connaître  ultérieurement  différentes  autres  observations 
concernant  cette  ascension.  « 


(  '175  ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sw  une  chute  (le  météoriles  tombées  dans  VEiat  d'Ioivn. 
Extrait  d'une  Lettre  flo  M.   G.   Hixrichs  à  M.   Eertiielot. 

«  ...  La  chute  de  météorites  de  lowa  Coiinty  de  l'État  d'Iowa,  12  fé- 
vrier 1875,  ne  peut  être  comparée  qu'avec  les  grandes  chutes  de  Rnyahinya 
(1866),  d'Orgueil  (1866)  et  de  l'Aigle  (i8o3).  On  a  ramassé  jusqu'à  pré- 
sent beaucoup  de  pierres  et  de  fragments  dans  le  lowa  Township  du  County 
susdit  ;  mais  par  malheur  un  amateur  astronome  en  a  offert  des  prix  extraor- 
dinaires... C'est  surtout  grâce  à  divers  amis  de  la  science  et  à  l'aide  de 
M.  John  P.  Irish,  éditeur  du  journal  quotidien  tlie  Press,  que  j'ai  pu  me 
procurer  les  25  kilogrammes  que  je  destine  comme  don  aux  musées  de 
l'Europe,  et  spécialement  au  Muséum  de  Paris.  On  a  ramassé  déjà  plus  de 
100  kilogrammes  de  fragments;  mais,  d'après  les  calculs  de  l'ingénieur 
Ch.  Irish,  on  n'a  trouvé  jusqu'ici  que  les  morceaux  d'une  portion  minime  du 
météore.  La  pièce  que  j'envoie  au  Muséum,  en  même  temps  que  la  présente 
lettre,  est  aussi  parfaite  que  possible,  la  croûte  complète,  etc.:  je  l'envoie 
comme  expression  de  mes  obligations  multiples  envers  les  savants  fran- 
çais. J'adresserai  prochainement  l'analyse  chimique  de  cette  météorite 

Elle  me  paraît  appartenir  au  groupe  des  sporadosidères  oligosidères,  d'après 
la  classification  de  M.  Daubrée...  » 

«  M.  Daubkée,  à  la  suite  de  cette  Communication,  remarque  que  la  mé- 
téorite dont  il  s'agit  a  été  très-justement  classée  par  M.  le  professeur  Hin- 
richs.  Elle  offre,  comme  d'ordinaire,  la  structure  globulaire,  est  riche  en 
suifiu-e  de  fer  ou  troïlite  et  appartient  à  un  type  déjà  représenté  par  un 
certain  nombre  d'autres  chutes,  particulièrement  par  celle  de  Vouillé  du 
i3  mai  i83i  et  celle  d'Aumale  (Algérie)  du  25  août  i865. 

»  M.  Daubrée  demande  à  présenter  ici,  au  nom  du  Muséum,  l'expres- 
sion de  ses  vifs  remercîments  pour  l'acte  tout  spontané  de  générosité  par 
lequel  M.  Hinrichs  a  bien  voulu  enrichir  la  collection  de  météorites  de  cet 
établissement.   » 

M.  Bacdrimont  adresse  des  observations  relatives  aux  ascensions  aéro- 
statiques très-élevées  et  indique  des  moyens  qui  permettraient  d'éviter  une 
partie  des  dangers  qu'elles  présentent. 

L'auteur  résume  ainsi  ses  observations  : 

«  Lorsque  l'homme  s'élève  à  une  grande  hauteur  dans  l'atmosphère,  il 
se  trouve  soumis  à  l'action  de  plusieurs  causes  qui  sont  toutes  dangereuses, 


(  "76) 
et  l'asphyxie  produite  par  la  diminution  de  l'oxygène  n'est  pas  la  prin- 
cipale cause  des  graves  accidents  qu'il  peut  éprouver  dans  les  ascensions 
aérostatiqiies.  Plusieurs  aéronautes  ont  pu,  en  effet,  y  résister,  comme 
Gay-Lussac,  MM.  Barrai  et  Bixio,  qui  ont  observé  directement  la  nature 
des  cirrhus,  MM.  Glaisher,  Coxwell  et  M.  Tissandier,  qui  a  résisté  aux 
dangers  de  la  terrible  ascension  du  Zénith,  lorsque  ses  deux  compagnons 
ont  succombé. 

»  Peut-être  serait-il  convenable  de  soumettre  à  une  expérience,  dans 
des  appareils  du  même  ordre  que  ceux  de  M.  Bert,  les  individus  qui  se 
proposent  de  faire  une  ascension  aérostatique  très-élevée,  afin  de  savoir  si 
leur  constitution  leur  permettrait  d'en  supporter  les  conséquences. 

»  Dans  tous  les  cas,  il  serait  convenable  de  les  renfermer  dans  une  en- 
ceinte spéciale,  munie  de  tous  les  éléments  accessoires  et  indispensables, 
qui  puisse  les  mettre  à  l'abri  de  la  variation  de  la  pression,  de  l'abaisse- 
ment de  la  température,  de  la  dessiccation  complète  de  l'air  et  de  la  trop 
grande  diminution  de  l'oxygène. 

»  Il  est  possible  et  même  facile  d'obtenir  tous  ces  résultats.  » 

MÉTÉOROLOGIE. —  Note  sur  des  courants  de  directions  différentes  dans  le  ciel; 

par  M.  CiiAPELâs. 

«  Le  résumé  de  nos  observations  météorologiques,  le  3o  avril,  donne 
une  pression  barométrique  de  754°"", 68  à  midi,  par  une  température  de 
■+-  21°,  ciel  serein,  vent  N.-E.  faible.  Vers  a  heures  de  l'après-midi,  nous 
observonsla  marche  d'un  léger  filet  de  cirrhus,  sadirectionO.-S.-O.  à  S.-O., 
cours  très-vif  (le  vent  indiqué  par  la  girouette  est  toujours  N.-E.). 

»  I.e  lendemain  i^mai,  pression  barométrique  752""",68;  belle  mati- 
née; vapeurs  épaisses  à  l'horizon,  temps  lourd,  chaleur.  A  10  heures  du 
matin,  cumulus  d'un  gris  ardoisé,  têle  d'orage  à  l'horizon,  soleil  blafard. 
Les  vents  et  les  nuages  marchent  S.-O.,  comme  l'indiquait  la  veille  la  direc- 
tion des  cirrhus.  A  i''3o'",  forte  bourrasque,  pluie  abondante  quise  continue 
une  partie  de  la  soirée,  nombreux  éclairs.  Les  vents  et  les  nuages  au  soir 
étaient  remontés  au  N.-O. 

»  Cette  première  observation  montre  clairement  :  1°  la  superposition 
des  deux  courants  S.-O.  et  N.-E.;  1°  l'abaissement  progressif  de  ce  cou- 
rant S.-O.  qui,  vingt-quatre  heures  après,  devient  le  vent  régnant  à  la  sur- 
face du  sol,  et  apporte  avec  lui  les  produits  météoriques  qu'il  comporte. 

»  Une  deuxième  observation  est  relative  à  la  marche  d'un  ballon  passant 


(  "77   ) 
hier  soir,  2  mai,  à   7   heures   au-dessus  de  Paris,  poussé   par  un  vent 
O.-N.-O.  à  N.-O.  très-cahne. 

»  L' aérostat,  après  avoir  plané  quelques  instants  au-dessus  du  Luxem- 
hourg,  opère  une  descente  rapide;  mais,  arrivés  à  5o  mètres  environ  au- 
dessus  des  maisons,  les  aéronautes  continuent  leur  voyage  dans  une  direc- 
tion diamétralement  opposée  à  celle  qu'ils  avaient  suivie  tout  d'abord.  11 
est  bien  évident  que  le  ballon  flottant  dans  un  courant  N.-O.  était  entré 
en  descendant  dans  le  courant  S.-E.  à  S.-S.-E.  qui  soufflait  alors  à  la  sur- 
face du  sol.  Il  y  avait  donc  encore  superposition  de  deux  courants  de 
directions  différentes.  » 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  6  heures  et  demie.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

Ouvrages  reçus  dans   la  séance  du  26  avril   1875. 

Archives  de  Zoologie  expérimentale  et  générale,  publiées  sous  la  direction 
de  M.  H.  DE  Lacaze-Duthiers;  t.  III,  1874.  Paris,  Reinwald,  187.^; 
I  vol.  in-8'',  relié. 

Revue  d'Artillerie  ;  t.  VI,  i'^  livraison,  avril  1875.  Paris  et  Nancy, 
Berger-Levrault,  1876;  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  général  Morin.) 

Notice  biographique  sur  le  D""  Desruelles,  ancien  chirurgien  principal  d'ar- 
mée, professeur  au  Val-de-Grâce.  Paris,  A.  Parent,  sans  date  ;  br.  in-8°.  (Pré- 
senté par  M.  le  Baron  Larrey.) 

Société  centrale  cl' Agriculture,  d' Horticulture  et  d'Acclimatation  de  Nice  cl 
des  Alpes-Maritimes;  janvier,  février,  mars  1875.  Nice,  1875;  in-8". 

Journal  d'Agriculture  de  la  Côle-d'Or,  publié  par  la  Société  d'yJgricullurc 
et  d'Industrie  agricole  du  département;  année  1874,  4*  trimestre.  Dijon, 
imp.  Darantière,  1875;  br.  iu-8°. 

Note  sur  la  température  de  l'hiver  de  1874- 1875;  />ar  M.  E.  QUETELET. 
Bruxelles,  imp.  Ilayez,  1875;  br.  in-S". 

C.R.,  1875,  l'fSemcjIre.  (T.  LXXX,  N°  17.)  l  53 


(  II?»  ) 

Note  sur  la  présence  du  cuivre  dans  le  genièvre,  les  vinasses  et  les  fumiers; 
par  M.  A.  Petermann.  Bruxelles,  imp.  Hayez,   iSyS  ;  br.  in-8°. 

Sur  les  couleurs  accidentelles  ou  subjectives:  par  M.  J.  Plateau.  Bruxelles, 
imp.  F.  Hayez,  iS'yS;  br.  in-8°. 

Remarques  sur  la  théorie  des  courbes  et  des  surfaces;  par  M.  E.  Catalan. 
Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8°. 

Sur  le  traitement  d'une  difformité  congénitale  de  la  lèvre  supérieure;  par  M.  le 
professeur  Dolbeau  et  M.  le  D''  Félizet.  Paris,  O.  Doin,   1874;  br.  in-S". 

J.  FoURNET.  Problèmes  de  Psychologie  à  propos  de  M illie-Chrisline .  Nou- 
veau principe  de  psjchologie.  Loi  dhinilé  finale  par  la  consubstantialité.  Paris, 
E.  Donnaud,  iS'jli;  br.  iu-8°. 

Notice  sur  la  machine  dynamo-électrique  et  magnéto-électrique  à  courants 
continus,  système  Loiilin.  Paris,  E.  Ducretet,  sans  date;  opuscule  in-8°. 

De  la  congestion  et  de  l'apoplexie  rénales  dans  leurs  rapports  avec  l'Iiémor- 
rliagie  cérébrale;  par  M.  le  D""  Aug.  Ollivier.  Paris,  P.  Asselin,  187/i  ; 
br.  in-8°. 

De  l'apoplexie  pulmonaire  unilatérale  dans  ses  rapports  avec  l'hémorrliagie 
cérébrale;  par  le  D""  Aug.  Ollivier.  Paris,  P.  Asselin,  1873  ;  br.  in-8°. 

Etude  sur  certaines  modifications  dans  la  sécrétion  urinaire,  consécutives  à 
l'hémorrliagie  cérébrale;  parle  D''  Aug.  OLLIVIER.  Paris,  G.  Alasson,  187^); 
br.  in-8°. 

(Ces  trois  brochures  sont  adressées  par  l'auteur  au  Concours  Montyon, 
Médecine  et  Chirurgie,  1875.) 

De  quelques  propriétés  mécaniques  de  la  vapeur  d'eau  sursaturée,  avec  Notes 
complémentaires;  par  M.  Ch.  ANTOINE.  Brest,  1875;  grand  in-8°,  auto- 
graphie. 

C.-M.  Mathey.  Indicateur  sur  l'application  de  la  f  rce  du  vent  à  la  vapeur. 
Sans  lieu  ni  date  ;  opuscule  grand  in-8''. 

Meinorie  dcl  reale  Istituto  veneto  di  Scienze,  Lettere  edÂrti;  t.  XVII,  p.  II, 
III;  t.  XVIII,  p.  I,  II.  Venezia,  1874-1875;  4  fasc.  in-4''. 

Atti  (tel  reale  Istituto  veneto  di  Scienze,  Lettere  ed  Àrli;  t.  II,  disp.  7,  8, 
9,  10;  t.  III,  (lisp.  I,  1,  3,  4>  5,  G,  7,  8,  9,  10.  Venezia,  1872-1874  ;  i4  ''v. 
in-8». 

A.  LUCCIIESINI.  Tauole  dei  logarithmi  comuni  a  sette  cifre  dccimali  dei  nu- 
mer  i  da  I  a  108000.  Firenze,  G.  Civelli,  1875;  in-8''. 


(  '179  ) 

TJna  causa  di  cinque  mitioni  rivendicala  che  per  trent'  anni  disperata  neW  aj- 
fascinarnenlo  dei  Iribunati;  per  F.  Testoni.  Berna,  1874  ;  iii-8°. 

Bulleltino  di  Bibliocjrajin  e  di  Storia  délie  Scienze  maternatiche  e  fisiche, 
pubblicato  da  B.  Boncompagni  ;  t.  VII,  settembre,  ottobre,  novembre,  di- 
cenibre  1874-  Borna,  tipog.  délie  Scienze  maternatiche  e  fisiche,  1874; 
4  liv.   in-4''.  (Présenté  jiar  M.  Cliasles.) 

Àlincaiacjiie  naidico  para  1876,  calculado  de  orden  de  la  superioridad  en  el 
Observatoiio  de  marina  de  la  ciudad  de  San  Fernando.  Barcelona,  N .  Ramirez, 
1875;  in-S". 

Ptoceediiujs  oftlie  royal  cjeocjraphical  Society;  vol.  XIX,  n"  11.  London, 
1873;  in-8". 

Monlhlj  Report  of  tlie  Department  of  Agriculture  for  february  and  iiianli 
1875.  Washington,  government  printing  Oftice,  1875;  in-8". 

Memoirs  of  the  royal  astronomical  Society;  \o\.  XL,  1874-1875.  London, 
1874;  in-4". 

Transactions  of  the  royal  Society  of  Edinburcjh;  vol.  XXVII,  part  II.  Edin- 
burgh,  1874  ;  in-4"- 

Proceedimjs  of  the  royal  Society  of  Edinburgh,  session  1873-1874-  Edin- 
burgh,  1874;  in-B". 

The  phnnnaceutical  Journal  and  Transactions  ;  february,  mardi  1875. 
London,  Churchill,  1875;  2  liv.  in-B". 

TIte  qwirterlj  Journal  of  the  geological  Society;  february  1875,  n°  121. 
London,  Longmans,  1873;  in-8". 

Journal  of  the  royal  geological  Society  of  Ireland ;  vol.  IV ,  part  I.  Londun, 
Dublin,  1874;  m-8°. 


Publications  pÉaioDiQUES  heçdes  pendant  le  mois  «'avkil   1875. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  avril  1875-,  in-8°. 

Annales  de  Gynécologie  ;  avril  1876;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d' Hydrologie  médicale  de  Paris;  5*  et  6®  liv.,  1875; 
in-8°. 

Annales  de  V Observatoire  méléorologique  de  Bruxelles;  i\°  3,  187S;  in-4". 

Annales  industrielles;  liv.  i4  à  18,  1875;  in-4''. 

i53.. 


(  ii8o  ) 

Association  Scientifique  de  France;  n°'  des  l^,    ii,    i8,   25|  avril   1875; 
in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  avril  1876;  iii-8'^. 

Bulletin  de  la  Réunion  des  Officiers;  n°*  i5  à  18,  1875;  10-4°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  avril 
1875;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale;  4"  liv.  avec  atlas,  1875; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photograpliie;  avril  iSyS;  in-8° 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  11°  3,  1 875  ;  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  centrale  d' agriculture  de  France;  n°  1, 

1875;  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  enlomologique  de  France;  n"  !i8,   1875; 
in-8°. 

Bulletin  du  Comice  agricole  de  Narbonne;  n°^  4>  'S^S;  111-8". 
Bulletin  général  de  Thérapeutique;  11°'  des  i5  et  3o  avril  1873;  {11-8°. 
Bulletin  mensuel  de  la  Société  des  Agriculteurs  de  France;  n°*  4  et  5,  1875; 
in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n"'42  à  5i,  1875;  in-4''. 

Gazette  médicale  de  Bordeaux;  n°  8,  1875;  in-8°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  11°'  i5  à  18,  1875;  in-4°- 

lron;n°''  117  à  120,  1875;  in-4°. 

Journal d' Agriculture  pratique;  11°'*  i  4  i't  17,  1875;  in-8°. 
Journal  de  l'Agriculture;  n*"*  3 12  à  3 16,  1875;  in-8*'. 
Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  11°  8,  1875;  in-4". 
Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées  ;  mars  1876;  in-4°. 
Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  avril  187,5;  iii-S". 
Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  avril  1875;  in-8°. 
Journal  de  Phjsique  théorique  et  appliquée  ;  avril  1875;  in-8°. 
Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n°^'],  8, 1875;  in-8°. 
Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  16^  année,  n"**  1,2,  3,  1875;  in-folio. 
Kaiserliche...   Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne  ;  n°'  7  à  10; 
1875;  in-8°. 


(  •>««  ) 

L'Abeille  médicale;  n°^  )5  à  i8,  1875;  in-Zi". 

VJéronaute;  avril  1875;  in-8°. 

UJrl  dentaire;  avril  1875;  ii)-8°. 

VJrl  médical;  avril  1875;  in-8°. 

La  France  Médicale;  n"'  29  à  35,   1875;  111-4°. 

La  Médecine  contemporaine;  liv.  8,  1875;  in-4". 

La  Nature;  n°*  97  à  100,  1875;  in-8°. 

La  Tribune  médicale  ;  n°*  346  à  349,  '•^7^5  111-8°. 

L'École  de  Médecine;  n°  63  à  65,  1875  ;  in-8°. 

Le  Gaz;  n°  10,  1875;  in-4'*. 

Le  Messager  agricole;  avril  1875;  in-S". 

Le  Moniteur  de  la  Pholograptne ;  liv.  8,  1875;  iii-4°. 

Le  Moniteur  vinicole;  n°*  29  à  32,  34,  35,  1875;  in-folio. 

Le  Mouvement  médical;  11°  16,  1875;  iii-4°. 

Le  Progrès  médical;  liv.  i5  à  18,   1875;  in-4°. 

Le  Rucher;  n°  4,  1875  ;  in-8°. 

Les  Mondes;  liv.  i4  à  17,  1875;  iii-8°. 

Magasin  pittoresque;  avril  1875;  in-S". 

Marseille  médical;  n°  4,  1875;  iii-S". 

Matériaux  pour  l'histoire  positive  et  philosophique  de   l'homme;  t.  VI, 

liv.  3,  1875;  111-8°. 

(  A  suivre.  ) 


ERRJTJ. 

(Séance  du  12  avril  1875.) 
Page  958,  ligne  18,  au  lieu  de  MJI.  Musculus  et  de  Mermé,  lisez  MM.  Muscdlds  et  d% 

MÉRING. 

Page  960,  ligne  26,  au  lieu  de  moyenne  pariie,  lise:i  majeure  partie. 


(     Il82    ) 


Avril  1875. 


Observations  météorologiques 


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4,8 

1  04  1 

6,7 

52 

2,  I 

6,0 

732 

7,6 

8i 

0,1 

2,0 

52 

5,6 

69 

" 

3,4 

391) 

3,7 

5i 

» 

7,4 

5o 

3.4 

45 

» 

0,9 

2'|G 

4,0 

43 

.. 

4,3 

898 

4,9 

45 

'. 

4,' 

600 

G,4 

56 

'> 

4,7 

joG 

G,  2 

55 

» 

4 , 7 

39S 

6,5 

54 

n 

4,0 

772 

(1)  Minima  barométriques  :  le  5,  à  3'"  30""  soir,  742'ï"",o;1o7,  vers  1 1  heures  malin,  741'"'",  o;  le  22,  à  3  heures  soir,  748"" "',5. 

(fi)  La  température  normale  est  déduile  delà  courbe  rectifiée  des  températures  moyennes  de  soixante  années  d'observation.— 
(5)  (7)  (9)  (10)  (il)  ('2)  (i3)  (iG)  Moyennes  des  observations  Irihoraires.  —  (8)  Moyenne  des  cinq  observations.  Les  dejrés  aclino- 
métriques  sont  ramenés  à  la  constante  solaire  100. 


(  ii83  ) 


FAITES    A    l'ObSEUVATOIRE    DE    3l0NTS0rRIS. 


Avril  1875. 


MAGNÉTISME 

TERRESTRE 

VENTS 

(moyennes  dinrnes). 

a  ao 

0 

a 

a 
0 

2 

nièlres. 

ir. 

ui 
a 

T. 

U 

2 

c 
■a 

r- 

0 

ca 
■a 

K 

REMARQUES. 

o 

"3 
a 

11 
- 1 

0 

a 
0 

c   tu 

i|l 

a!   c 

°  s  jr 

ras 

=  s  &• 

lll 

l,H) 

(•■}) 

('0) 

(Jl) 

(") 

(71) 

('1' 

(?5} 

(  ;C  ) 

1 

0         , 
17.21,8 

0          1 

Gj.33.8 

■,9334 

4,6737 

KNE 

21,1 

4, '9 

l\^'E 

10 

Gouttes  de  pluie  dans  la  matinée. 

1 

2  1  ,G 

33,8 

9338 

6747 

NNE 

l5,3 

2,21 

N 

7 

» 

3 

21,5 

3o,7 

9335 

6647 

WSW 

8,8 

0.74 

n 

7 

Halo  le  matin. 

4 

*   26,0 

28,7 

9344 

6610 

WSW 

i3,5 

1,72 

WSW 

6 

» 

Tj 

22,  I 

3o,G 

934s 

G673 

ssw 

28,1 

7,44 

SW 

8 

FMuvieux  le  soir. 

r, 

21,8 

29,9 

A 

» 

.sw 

.5,0 

2,12 

sw 

6 

Abondante  rosée  le  matin.    (     Premières 

j 

A 

3o,o 

'• 

» 

s  à  WNW 

■3,9 

1,82 

WSW 

9 

Continuellement  pluvieu.x.   (  hirondelles. 

S 

)t 

3o,8 

)] 

,, 

S  à  E 

8,6 

0,71 

s  à  ENE 

8 

Pluie  par  intervalles. 

0 

• 

3, ,4 

» 

très-variable. 

5.4 

0,28 

SE 

7 

Brouillard  le  matin.  A  G^  iS™,  violente  averse. 

TO 

» 

3o,i 

» 

)> 

KE 

17.9 

3,o3 

ENE 

8 

Pluvieux  le  soir. 

1  1 

2.j,/i 

2S,7 

.. 

» 

Sa  EiNE 

■2,4 

.,45 

SE  h  NE 

4 

Rosée  le  matin. 

l-.l 

2G,2 

28,4 

» 

» 

N 

24,5 

5,66 

N 

9 

lionne  brise  soutenue. 

ri 

26,4 

29. > 

» 

.. 

NE 

28,8 

7,83 

NE 

3 

Bonne  brise  soutenue. 

'1 

2Ô,3 

29.9 

» 

» 

NE 

■  4,6 

2,02 

» 

0 

n 

i5 

2i,5 

3o,7 

.. 

.. 

NNE 

1 5 , 6 

2,3o 

» 

0 

Très-vaporeux,  halos. 

iG 

22,3 

3o,5 

.. 

.. 

NNE 

12,0 

i,3G 

N 

I 

Rosée  assez  forte  le  matin,  halos. 

'7 

23,9 

3o,o 

» 

rt 

NE 

10,9 

.,14 

» 

0 

„ 

iS 

24,, 

28,2 

„ 

„ 

Eà  S 

8,6 

0,71 

„ 

0 

Rosée  matin  et  soir. 

'9 

22,8 

28,0 

i> 

„ 

SSE 

4,6 

0,21 

„ 

1 

Rosée  le  soir  et  traces  de  halo. 

in 

24,3 

37-9 

» 

,, 

SE 

•î>9 

0,3 '1 

» 

0 

Rosée  le  matin. 

■J  I 

23,5 

2S,. 

„ 

„ 

WSW 

10,3 

1 ,00 

\\^ 

;, 

Pluvieux  le  soir  et  grain  orageux. 

12 

11 

27, G 

» 

» 

n;ne 

9,5 

0,86 

» 

10 

Continuellement  pluvieux. 

i3 

■2J,2 

39.2 

» 

» 

NNE 

.3,4 

1,70 

Eà  N 

7 

" 

A 

23,4 

32,0 

» 

■■ 

NNE 

22.8 

4,9' 

E 

0 

Quelques  légersnuagos.  Bonne  brise  soutenue. 

35 

21 ,0 

32.4 

» 

» 

NNE 

'7.1 

2,75 

tt 

0 

» 

0.6 

'    20,2 

32,3 

•,,93,8 

4,6602 

E 

«.7 

0,43 

NW 

- 

Cirrus  épais  du  NO;  halos  et  parhelics. 

■>-, 

•j3,6 

32,4 

9'y'' 

6607 

Nvv 

5,5 

0,29 

N 

4 

» 

•i>i 

23,1 

32,2 

928, 

65^0 

NW 

9,9 

'->,9^ 

NW 

5 

Rosée  le  soir. 

5ff 

•1,5 

3., 3 

9301 

65Si 

N 

9.1 

0,78 

WSW 

I 

Rosée  le  matin. 

:i., 

'-'!•' 

3i  ,0 

93 10 

ejg'i 

N 

6,6 

0,42 

WSW 

r 

Rosée  le  matin.  Cirrus  du  SO. 

V. 

Siibstituti 

on  de  nouveaux  appareils  a 

ux  anciens. 

(>9 

à  21)  Va 

leurs  rapportées  au  pavillo 

n  magnétique 

.  *  Perturbatio 

ns. 

(23 

)(25)  Le 

signe  W  indique  l'ouest, 

conformémen 

à  la  décision 

de  la  confér 

ence  internationale  de  Vienne. 

(23 

)(2',)    Vi 

tesses  maxima  :  le  5,   f\%^^ 

,5.  Le  g,  à  G*"  I 

5"»  soir,  28''™, 

j  (coups  de 

vent  durant  vingt  minutes). 

(  ii84  ) 

Moyennes  horaires  et  moyennes  mensuelles  (Avril  1875). 
G'' M.     Oh  M.     Midi.     Z^S.      G*"  S.     Qh  S. 


Déclinaison  magnétique  (du  1 1  au  Bc.) 

Inclinaison  »  60° 

Force  magnétique  totale » 

Coraposanle  horizontale » 

Électricité  de  tension  (1) 5o5 


+    3i  ,0      3o,7      3i ,0      3i ,0 


290 


/,6', 


09, C  29,8 

»  » 

0  a 

I9G  460 


Minuit.    Moyennes. 

17.23,9(3 
3o,i       C5.3o,4 


602 


44^ 


Baromètre  réduit  à  0" 75C,  14  756,33  765,77  755, 01  755, o3  755,68 

Pression  de  l'air  sec 750,96  750,87  760,68  760, 17  760, 12  760,66 


Tension  de  la  vapeur  en  millimètres 6,(7 

État  hygrométrique 77,6 

u 

Thermomètre  du  jardin 6,24 

Thermomètre  électrique  a  20  mètres 6,74 

Degré  actinométrique 11,01 

Thermomètre  du  sol.  Surface 3,96 


à  c^iOî  de  profondeur, 
il  o^.io  » 

à  o'",20  » 

il  o^.So  » 

à  i^iOO  u 


7,jo 
9.09 

10,25 

9.;5 
8,52 
mm 
Udomètre  ii  i"",  80 0,8 

Pluie  moyenne  par  heure o,i3 

Évaporation  moyenne  par  heure  (2) o,oS 

Vitesse  moy.  du  vent  en  kilom.  par  heure 10,87 

Pression  moy.  du  vent  en  kilog.  par  mètre  carre.  1,11 


5,46 

59,1 

o 
10,47 

10,42 
61,68 

"3,79 
8,64 
8,90 

10,01 

9>70 
8,55 
Dura 
3,1 

1  ,o3 

0,12 

11,71 

1 ,3i 


5,09 
43,6 

O 

14,26 

i3,5o 

70,27 

19,55 

11,11 

9.6" 

9.94 

9,58 

8,68 

mm 

0  ,0 

0,00 
0,26 
16,02 

2,4-i 


Heures. 

!*•  matin 

2  » 

3  .1 

4  » 

5  .. 

6  » 

7  .. 

8  » 

9  » 

10  » 

11  n 
Midi 


Déclinais.    Pression. 

mm 
>i  765,76 

66,71 
»  55,73 

»  55,83 

65,97 
»  56,1 3 

»  66,27 

»  56,35 

66,33 

i>  56,22 

■>  56, o3 

65,77 


Moyennes  horaires. 

Température. 


6,77 
5,63 

4,64 
4,11 

4,4s 

5,24 

6,81 

8,65 

10,47 

12, o5 

i3,3o 

14,26 


7.'Î9 
6,34 
6,32 
4,54 
4,86 

5,74 
7.17 
8,82 
10,42 
11,73 


Heures. 

l**  soir. .. 

2  » 

3  ., 

4  .. 

5  » 
G      » 

7  » 

8  » 

9  .. 

10  .. 

11  .. 
Minuit.. . 


38,3 


4,9' 

4 '1,3 


i5,53  i3,36 

14,98  13,67 

62,62  12,62 

19,14  10,57 

12,46  11,93 


10,70 
10,24 

9,64 

8,61 

mm 

0,0 

0,00 
0,22 

i5,9i 
2,40 


1 1  ,23 

10,70 

9.87 

8,63 

mm 

0,0 

0,00 

0,33 

i5,3i 

2,23 


5,o3 

65,7 

O 

10, o3 
10,73 

6,19 

10, 5i 
11,02 
Il  ,01 

10,  i4 

8,G4 

mai 

3,6 
1,20 

o,"9 

l3,22 

i,C5 


766,81 
760,63 
5,18 
65,4 
0 
7,80 

8,52 

» 

4,04 

■0,49 
1 1 ,00 
10,26 
8,66 
mm 
2,6 

0,87 

o,  i3 

11,56 

1,27 


Déclinais.     Pression. 

mm 
»  755,49 

»  55,22 

»  55,01 

54,90 
54,91 
»  55, o3 

«  55,24 

65, '1 8 
55, 6S 
55,81 
55,85 
55,81 


i3,5o 
Thermomètres  de  l'abri  (Moyennes  du  mois.) 

Dos  minima 3°, 8  des  maxima i7°iO  Moyenne, 

Tiiermomètres  de  tu  surface  du  soi. 
10,0  des  maxima 37", 9  Moyenne 

Températures  moyennes  diurnes  par  pentades. 
0 
..     8,5 

..     7>' 


755,69 

760,60 

5,09 

57.7 

0 
10,17 

10,36 

41,60 

9,53 

9,25 

10,11 

10,47 

9.87 

8,60 

mm 

i.      10,1 

l.  i35,o 

i3,i8 

1,6} 


Température. 


'4,98 
16,43 
i5,d3 
16,22 

'4,47 

i3,36 
12,12 

10,97 
10, o3 

9.29 
8,62 

7,80 


14, 13 
'4,69 
14,98 
14,95 
14, 5i 
13,67 
12,63 
11,60 
10,72 
10,01 
9,34 
8,52 


Des  minima . 


1875.  Avril  i  à 
»      6  a 


100,4 


,^u 


Avril   M  à  i5 9,0 

»      16  ;\  20 12,8 


Avril  21 

■a      26 


3n. 


10,3 

i3,5 


(1)  Unité  de  tension,  la  millième  partie  de  la  tension  totale  d'un  élément  Daniell  pris  égal  à  28700. 

(2)  En  centièmes  de  millimètre  et  pour  le  jour  moyen. 

(3)  Basé  sur  des  déterminations  absolues  faites  hors  la  ville. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  10  MAI  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  qu'il  a  appris,  par  l'ambassade  des 
Pays-Bas,  l'envoi  du  diplôme  de  Docteur  honoraire  de  l'Université  de 
Leyde  à  trois  Membres  de  l'Académie  des  Sciences  :  MM.  Milne  Edwards, 
Regnanlt,  Des  Cloizeaux. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  substitution,  par  approximation,  entre  des 
limites  déterminées,  du  rapport  des  variables  d'une  fonction  homogène 
de  deux  variables  à  une  autre  fonction  homogène  du  même  degré;  par 
M.  H.  Resal. 

«  Soit  F(x,  /)  une  fonction  homogène  de  x,  j  du  degré  m;  proposons- 
nous  de  déterminer  deux  coefficients  indéterminés,  «,  /3  d'une  fonction 
homogène  du  même  degré  F,  (x,  j'),  de  manière  que  les  erreurs  relatives 

se  trouvent  partagées  dans  les  meilleures  conditions  entre  les  limites  supé- 

Y 

rieuro  U„  et  inférieure  A-,  du  rapjjort  -• 

O.K..  1875,  \'^  SeiPfitrt.   (T.  LXXX,  N»  18.)  '54 


(  ii86  ) 
»  Nous  pouvons  mettre  F  et  F,  sous  la  forme 

F(^,j)  =  x"yQ, 
et  l'on  a  par  suite 

(,) 


/(^ 


»  Nous  poserons  -  =  tangS,  ou,  dans  certaines  circonstances,  -  =  sin  5  ; 
dans  les  deux  cas,  e  prendra  la  forme 

(a)  e  =  cf{6)-i. 

»  Nous  pouvons  considérer  e  comme  étant  l'excès  du  rayon  vecteur  de 
la  courbe  représentée  par  l'équation  polaire 

égal  sur  le  rayon  à  l'unité  de  la  circonférence  ayant  le  pôle  O  pour  centre. 

»  Soient  0,  et  6^  'es  valeurs  de  0  correspondant  aux  limites  k,  et  k^. 

»  Les  termes  dans  lesquels  nous  avons  posé  le  problème,  nous  devons 
l'avouer,  sont  assez  vagues,  et  peu  susceptibles  d'une  définition  analy- 
tique. 

»  Pour  les  préciser,  il  nous  faut  avoir  recours  à  une  espèce  de  senti- 
ment sur  la  manière  dont  les  erreurs  relatives  seront  le  mieux  parta- 
gées, en  vue  de  rendre  aussi  petite  que  possible  la  plus  grande  valeur 
absolue  de  e. 

»  La  solution  suivante  se  présente  naturellement  à  l'esprit  pour  déter- 
miner les  coefficients  a  et  /3  : 

»  Exprimer  que  les  deux  erreurs  relatives  extrêmes  sont  égales  et  de  même 
signe,  et  égales  et  de  signes  contraires  an  maximum  ou  au  minimum  que  prend  la 
fonction  e  entre  6  =  9,  et  0  =  0^. 


»   Applications.  —  i"  F  (x,/)  =  \/x'  +j- ,  F,  (.r)  =  aj  +  |3.r. 

y 
»  En  posant  -  =  lang  0,  nous  aurons 

(3)  p  =  u  sin5  +  |Scos5, 

équation  qui  représente  un  cercle  passant  par  le  pôle  zéro. 


(  i>87  ) 
»  Soient  0'  la  valeur  de  0  pour  laquelle  p  est  maximum  ou  minimum; 
A|,  Ao,  A'  les  points  du  cercle  ci-dessus  correspondant  aux  angles  Q,,  (î,, 
ô' ;  B|,  Bj,  B'  les  points  de  la  circonférence  d'un  rayon  égal  à  l'unité, 
situés  respectivement  sur  les  mêmes  rayons  vecteurs  cpie  les  précédents. 
Nous  devons  exprimer  que 

A,B,  =  A,Bo, 
A,B|  =  -A'B'; 

la  question  se  réduit  alors  à  un  simple  problème  de  Géométrie,  dont 
j'ai  donné  la  solution  dans  les  Mémoires  de  la  Société  mathématique  de 
France  (  187/1),  ^'  ^'^'"  '^quelle  je  n'ai  pas  à  revenir. 

»  I.cs  expressions  de  a  et  /3  auxquelles  je  suis  arrivé  ne  s'accordent  avec 
celles  de  Poncelet  (qui  le  premier  a  traité  la  question,  mais  en  partant 
d'autres  considérations)  que  dans  le  cas  particulier  où  /i\,=:c»;  toutefois 
nous  arrivons  tous  deux,  dans  le  cas  général,  à  la  même  limite  supérieure 
de  l'erreur  relative  :  de  sorte  que  les  deux  formules,  qui  donnent  e,  sont 
aussi  avantageuses  l'une  que  l'autre. 

).   2°  F  (x,  r)  =    ^    '       ,  F,  (x,  y)  =  — ^• 

»  En  continuant  a  poser  -  =  tang^,  nous  aurons 

I 

"         asinô  -(-  p  cosô 

équation  d'une  droite  qui  doit  nécessairement  être  parallèle  à  la  corde  B,  B^. 
»  Si  l'on   désigne  par  a  la  distance  du  point  O  à  cette  droite  et  par  2£ 
l'angle  BoOB,,  on  doit  avoir 


d'oii 


a 

a  = 1  ; 

COS£ 


I  —  tang-  -• 


—  tanc'  - 
"  2 


La  figure  donne 

II 

'  cos(9  —  9,  —  s)        sin(9,  +  s)sin9  +  cos(fl,  +  e)  cose' 

sin(9, -4-e)         ^ cos(9, -he) 


par  suite 

sin(9, -4-e)         „ 
a=  — '■ f)      p  = 


tang'  -  I  —  taiii!-- 

2  2 


154.. 


(  ii88  ) 
Quant  à  l'erreur  relative  maximum 

elle  a  la  même  valeur  que  dans  la  question  précédente. 


»  3°  F(x,  J-)  —  \Jx-  —  J',  F,(x,  jr)  =  rxx  -+-  fi/. 
0  En  posant  —  =  sin5,  on  a 

a  sin  9  +  fi 

e  =  ■ —     ,    '  —  1. 
cos6 

Si  l'on  exprime  que  les  valeurs  de  e  sont  égales  pour  5  =  5,,  5  =  Sjî  on 

trouve 

.     (9..+ s,) 

sin — 

cos9i  —  cosG 


sinÔjCOsS, — cosÔisinS,  "        (9,  —  9,) 

cos 


La  valeur  e,„  de  e  pour  Q  =^  Q^  ou  ô  =  ôj  peut,  par  suite,  se  mettre  sous  la 
forme 

,(0.-+-9,) 


cos  = 


cos  i 


Le  maximum  ou  le  minimum  de  e  correspond  à 


cos 


et,  en  exprimant  qu'il  est  égal  et  de  signe  contraire  à  la  valeur  e,„  de  e  pour 

6  =  5,,  on  trouve 

(9,-0,) 

2  cos 


0.)         / 

1-  Vcos9,  cos92 


par  suite 


a  =; 


(9- +  9,)  , 

s— 1-  Vcos6,cos9i 


cos 

2 


(6, +  9,)  ^ (9, +  8,1 

2  ces i/cos9,  cos  9-  —  cos 


(9, +  0,1  , I (9, +  0,) 

cos- +  v/cos9|  cosO,  vcos9,  cos 9,  -f-  cos 

2  2 


(  ii89) 
Dans  le  cas  de  k,  ^  o,  k^  :=  { ,  on  trouve 

(',„  —  0,0209, 

approximation  dont  on  pourra  se  contenter  dans  bien  des  circonstances. 

»   Poncelet  a  aussi  traité  cette  question;  mais  il  n'est  pas  parvenu  à  nos 
résultats,  parce  qu'il  a  pris  un  autre  point  de  départ. 


»  Les  formules  (A)  et  (C)  sont  encore  applicables  à  ce  cas;  au  lieu  de  la 

formule  (B),  on  a  la  suivante  : 

(9,-6,) 
cos 

I  2 

''"'  ^  p         (9. +  9.)  ~  '  • 
cos 


Enfin,  en  opérant  comme  plus  haut,  on  trouve 

P=       - 


cos  ^ 

2  2 


1  .     (6.-1-9,) 
a  =; sin 

2  1 


(9, 
3  cos  ^ — 


v''-'os9,cos6.        cos  ^^^-^tiil  I  ' 

r    '    + L-_i, 

V^cos6,  cos6,        co5^^L±A) 
V^cos6,  cos9,        (.os(ii±Ji] 


ASTRONOMIE.  —  Lellre  sur  la  distribution  de  la  température  à  la  surface  du  Soleil 
et  les  récentes  mesures  de  M.  Lancjley  ;  par  M.  Faye. 

«  M.  Langley ,  en  présentant  son  important  Mémoire  à  l'Académie  {Comptes 
rendus,  t.  LXXX,  p.  746  et  819),  a  fait  remarquer  que  ses  résultats  influent 
directement  sur  les  idées  que  nous  pouvons  nous  faire  de  la  conslitulion 
physique  du  Soleil.  Préoccupé  de  ses  propres  mesures,  l'autour  ne  s'est  pas 
attaché  à  développer  ces  conséquences.  Je  vais  lâcher  de  suppléer  à  son 
silence  et  de  donner  à  ce  sujet  de  brèves  explications. 

»  La  température  de  la  photosphère  est-elle  partout  la  même  (1),  ou  bien 
y  a-t-il,  conune  sur  notre  globe,  une  zone  équatoriale  plus  chaude  que  les 


(1)  Il  ne  s'agit  ici  que  de  ses  variations  parfaitement  mesurables,  et  nullement  de  sa  valeur 
absolue  si  difficile  à  déterminer. 


(   "90  ) 
régions  polaires?  Laissant  de  côté  les  hypothèses,  nous  dirons  :  c'est  ici 
une  question  de  fait  qu'on  peut  résoudre  de  deux  manières  : 

»  1°  En  étudiant  directement  et  en  comparant  les  radiations  thermiques 
en  diverses  régions  de  la  photosphère  ; 

»  2°  En  étudiant  les  courants  superficiels  de  cette  même  photosphère. 

)i  Au  premier  coup  d'œil,  le  premier  moyen  semble  être  le  plus  facile; 
mais,  si  l'on  se  reporte  un  instant  au  Mémoire  où  M.  Langley  a  décrit  ses 
appareils  et  ses  procédés,  on  verra  combien  de  difficultés  se  rencontrent 
dans  celte  voie.  A  la  vérité,  la  peine  que  M.  Langley  a  prise  pour  les  sur- 
monter est  largement  compensée  par  la  netteté  et  l'importance  des  résultats. 

)>  L'autre  méthode  est  non  moins  décisive.  Une  différence  constante  de 
température  entre  l'équateur  et  les  régions  polaires  du  Soleil  déterminerait, 
de  l'équateur  aux  pôles,  une  circulation  analogue  à  celle  de  notre  atmo- 
sphère, laquelle  est  due  à  réchauffement  constant  de  notre  zone  équato- 
riale  par  le  Soleil.  Si  l'étude  des  courants  de  la  photosphère  montre  qu'il 
existe  sur  le  Soleil  des  mouvements  horizontaux  de  ce  genre,  il  y  aura  tout 
lieu  d'admettre  que  le  Soleil  est  plus  chaud  à  l'équateur  qu'aux  pôles, 
quelle  qu'en  puisse  être  la  cause. 

»  Ces  deux  procédés  ont  été  appliqués  l'un  et  l'autre  à  l'étude  de  cette 
question  ;  mais,  chose  étrange,  ils  ont  conduit  à  des  conclusions  diamétra- 
lement opposées.  D'une  part,  en  effet,  le  P.  Secchi  croyait  avoir  établi,  il  y 
a  une  vingtaine  d'années,  par  des  comparaisons  basées  sur  l'emploi  de  la 
pile  thermo-électrique,  que  l'équateur  du  Soleil  est  plus  chaud  que  les  ré- 
gions polaires.  Il  n'avait  pu,  il  est  vrai,  faire  intervenir  ces  régions  polaires 
elles-mêmes  et  s'était  vu  forcé  de  se  limiter  à  une  trentaine  de  degrés  de 
part  et  d'autre  de  l'équateur;  mais,  ayant  déjà  trouvé  ■—  de  différence  entre 
ces  parallèles  et  l'équateur,  il  pensait  que  cette  différence  devait  s'accentuer 
encore  plus  vers  les  pôles  ;  par  suite,  elle  devait  déterminer  sur  cet  astre 
des  courants  allant  des  pôles  à  l'équateur  ou  inversement. 

»  D'autre  part,  les  astronomes  avaient  étudié,  avec  une  infatigable  persé- 
vérance et  une  extrême  précision,  la  circulation  superficielle  de  la  photo- 
sphère ;  mais,  au  lieu  de  mouvements  dirigés  vers  les  pôles  ou  vers  l'équa- 
teur, comme  on  aurait  dû  s'y  attendre  d'après  les  mesures  thermiques  du 
P.  Secchi,  ils  trouvèrent  qu'elle  s'opérait  parallèlement  à  l'équateur  !  J'en  ai 
conclu,  avec  une  entière  confiance,  malgré  les  mesures  ébauchées  par  le  sa- 
vant astronome  romain,  qu'il  ne  devait  pas  y  avoir  de  différence  persistante 
bien  appréciable  de  température  entre  l'équateur  et  les  pôles. 

»   Toutefois,  quand  les  questions  se  produisent  ainsi,  en  public,  com- 


(  "9>  ) 
pliquées  d'assertions  contradictoires,  le  monde  scientifique  hésite  à  se  pro- 
noncer :  il  attend  des  faits  nouveaux  ou  des  études  plus  complètes.  C'est 
précisément  là  ce  que  le  Mémoire  de  M.  Laugley  nous  apporte.  Ce  long 
travail  de  mesures  précises  montre  que  le  phénomène  annoncé  il  y  a  vingt 
ans  par  le  P.  Secchi  n'existe  pas.  La  température  mesurée  dans  toutes  les 
directions  sur  le  disque  solaire  n'accuse  pas  d'autres  variations  que  celle 
qui  provient  pour  nous  de  l'extinction  progressive  vers  les  bords,  due  à 
l'interposition  de  la  chromosphère,  sans  indiquer  la  moindre  prépon- 
dérance en  faveur  des  régions  équatoriales;  et  cette  fois  l'auteur  ne  s'est 
pas  arrêté  à  3o  degrés  de  latitude  :  il  a  poussé  ses  mesures  jusqu'aux  deux 
pôles,  grâce  à  la  perfection  de  ses  piles  thermo-électriques  et  à  la  puis- 
sance supérieure  de  sa  lunette  parallactique. 

»  Voilà  donc  désormais  l'accord  rétabli  entre  ces  deux  grands  faits,  à 
savoir,  l'uniformité  générale  de  la  température  à  la  surface  du  Soleil  et 
l'absence  de  tout  courant  entre  l'équateur  et  les  pôles.  A  ces  deux  faits  il 
(auI  en  joindre  un  troisième  non  moins  capital,  je  veux  parler  de  ces  cou- 
rants puissants  qui  sillonnent  la  photosphère  parallèlement  à  l'équateur, 
en  sorte  que  les  mouvements  gyratoires  qui  y  prennent  naissance  doivent 
être  entraînés  parallèlement  à  l'équateur,  ainsi  que  cela  a  lieu  effective- 
ment pour  les  taches. 

«  Évidemment  ces  phénomènes  sont  'en  relation  intime  avec  la  consti- 
tution physique  du  Soleil  et  doivent  déterminer  nos  idées  sur  ce  sujet. 
C'est  là  ce  que  M.  Langley  a  voulu  dire  dans  son  Mémoire.  Tant  qu'on 
s'est  borné  à  rechercher  de  vagues  analogies  avec  la  Terre  pour  deviner  ce 
qui  se  passe  sur  le  Soleil,  on  n'a  pu  arriver  à  rien,  parce  que  l'analogie  ne 
réside  pas  là  où  on  la  cherche,  c'est-à-dire  dans  luie  zone  torride  et  des 
calottes  polaires  froides  comme  sur  la  Terre,  dans  des  vents  alises  comme 
sur  la  Terre,  dans  des  nuages  voguant  au  sein  d'une  vaste  atmosphère 
comme  sur  la  Terre,  etc.  L'analogie  est  dans  les  lois  mécaniques  qui  sont 
les  mêmes  sur  le  Soleil  et  sur  notre  globe,  mais  qui,  agissant  sur  le  Soleil 
dans  d'autres  conditions  physiques  qu'il  faut  avant  tout  étudier  longue- 
ment, produisent  des  résultats  tout  différents  de  ceux  auxquels  s'attendent 
les  partisans  des  hypothèses  et  des  vieux  préjugés. 

»  Engagé  dans  une  longue  discussion  que  je  ne  puis  suivre  pour  le 
moment,  il  me  sera  permis  du  moins  de  faire  remarquer  à  l'Académie  que 
ces  phénomènes  grandioses  dont  je  viens  de  parler  sont  précisément  ceux 
qui  servent  de  base  à  ma  théorie.  Celle-ci,  à  laquelle  se  rattache  fort 
simplement   l'explication,   vainement   cherchée   jusqu'ici,   de   l'entretien 


(  '192  ) 
de  la  radiation  solaire  et  de  sa  merveilleuse  constance,  montre  quel  rôle 
les  mouvements  gyratoires  si  négligés  ou  si  mal  compris  jouent  dans  la 
nature.  Elle  ramène  ceux  du  Soleil,  ceux  de  notre  almosjjhère  et  ceux  de 
nos  cours  d'eau  à  un  type  commun,  défini  géométriquement,  dont  l'étude 
expérimentale  et  théorique  doit  constituer  tôt  ou  tard  un  complément  de 
la  Mécanique  générale,  complément  bien  nécessaire,  car  c'est  à  son  ab- 
sence qu'il  faut  attribuer  en  Aslronouiie  et  en  Météorologie  le  règne  des 
hypothèses  et  des  préjugés  les  plus  étonnants.  Du  moins  on  doit  com- 
mencer à  voir,  ce  me  semble,  que  les  confiraialions  arrivent  peu  à  peu  à 
cette  théorie,  à  mesure  que  les  faits  sont  plus  sérieusement  étudiés.  » 

BOTANIQUE.  —  Observations  siii^  les  Pondanées  de  la  Nouvelle-Calédonie  ; 

par  M.  Ad.  Brongmart. 

«  L'élude  des  Palmiers  de  la  Nouvelle-Calédonie,  dont  j'ai  communiqué 
les  principaux  résultats  à  l'Académie  en  1873  (séance  du  11  août  1873), 
m'avait  conduit  à  examiner  d'autres  Monocotylédones  arborescentes  de  ce 
pays,  les  Pandanées,  et  dés  le  mois  d'avril  de  cette  année  j'annonçais  à  la 
Société  botanique  (séance  du  18  avril  1873),  que  l'étude  de  ces  plantes 
m'avait  conduit  à  reconnaître  que  le  mode  d'agrégation  des  fruits  et  l'in- 
florescence mâle  me  paraissaient  fournir  des  caractères  génériques  de  pre- 
mière valeur.  Espérant  recevoir  des  matériaux  plus  complets  pour  l'étude 
de  ces  végétaux,  j'ai  attendu  jusqu'à  présent  pour  faire  connaître  les  ré- 
sultats déjà  obtenus;  mais  ces  compléments  tardant  à  me  parvenir,  je  pense 
qu'en  publiant  ce  que  j'ai  pu  observer  j'attirerai  l'attention  des  voyageurs 
sur  ces  plantes  remarquables  et  qu'on  en  obtiendra  peut-être  ainsi  des 
matériaux  utiles  pour  la  science. 

»  Le  genre  Paudanus,  fondé  par  Linné  {Sitppl.,  p.  42/1),  d'après  les  indi- 
cations données  par  Forskael,  Forster  et  Rumphius,  sur  une  espèce  qu'il 
a  nommée  Pandanus  odoratissimus,  est  devenu  le  centre  d'un  groupe  nom- 
breux d'espèces  ,  toutes  rattachées  génériquement  à  ce  premier  type. 
Elles  en  avaient,  en  effet,  le  mode  de  végétation  et  les  caractères  généraux, 
mais  elles  offraient  des  différences  très-nombreuses  auxquelles  ou  n'avait 
pas  donné  une  importance  suffisante  par  suite  de  l'état  très-imparfait  des 
collections  en  ce  qui  concernait  ces  arbres  monocotylédones,  la  plupart 
n'étant  représentés  que  par  des  fruits  souvent  mal  conservés,  sans  feuilles 
ni  fleurs. 

»  Notre  ancien  confrère  Gaudichaud,  après  en  avoir  observé  plusieurs 


(     M9^    ) 

espèces  pendant  ses  longs  voyages,  entreprit  une  étude  approfondie  des 
matériaux  réunis  dans  les  collections  de  Paris;  de  très-belles  figures  pu- 
bliées dans  V Allas  botanique  du  voyage  de  In  Bonite  représentent  les  fruits 
qu'il  avait  étudiés  dans  les  collections  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  de 
Delessert  et  de  Webb,  et  qu'il  avait  classés  dans  des  genres  distincts  et 
nombreux. 

»  Malheureusement  pour  ces  plantes,  comme  pour  tant  d'autres  figurées 
dans  ce  superbe  atlas,  aucun  texte  n'a  été  publié,  et  les  caractères  sur 
lesquels  ces  genres  ont  été  établis  ne  sont  pas  exprimés  par  des  phrases 
distinctives.  On  peut  cependant  les  constater  d'après  les  figures  très-fidèles 
qui  représentent  ces  divers  genres. 

»  Nous  croyons  que  ce  serait  manquer  de  justice  que  de  ne  pas  admettre 
la  nomenclature  de  Gaudichaud  toutes  les  fois  que  les  caractères  qu'il  a 
signalés  dans  ses  figures  sont  faciles  à  reconnaître. 

»  Depuis  cette  publication,  quelques  savants,  s'appliquant  plus  spéciale- 
ment à  l'élude  des  plantes  asiatiques,  auxquelles  appartiennent  la  plupart 
des  Pandanées,  ont  cherché  a  établir  des  coupes  dans  ce  grand  genre,  soit 
comme  sections,  soit  comme  genres  distincts  :  tels  sont  les  travaux  de 
MM.  Miquel,  de  Vrièse  et  Rurz.  Je  ne  puis  ici  discuter  les  résultats  de 
leurs  études,  et  je  veux  me  borner  à  quelques  observations  que  m'ont 
fournies  les  espèces  recueillies  à  la  Nouvelle-Calédonie,  en  ce  qui  concerne 
soit  les  fruits  de  ces  plantes,  soit  les  fleurs  mâles  qui  présentent,  dans  quel- 
ques-unes de  ces  espèces,  une  organisation  très-différente  de  celle  qui  leur 
était  assignée  jusqu'à  ce  jour. 

»  Quant  aux  fruits,  on  a  généralement  distingué  les  Pandamis  à  ovaires 
et  à  carpelles  isolés,  et  ceux  à  carpelles  ou  nucules  agrégés  en  phalanges, 
pour  employer  l'expression  de  R.  Brown  et  de  Griffils,  ou  en  sjncarpium, 
suivant  le  terme  employé  par  d'autres  auteurs;  mais  ces  phalanges  me  pa- 
raissent être  le  résultat  de  deux  dispositions  très-diverses.  Dans  les  vrais 
Pandamis  (P.  odoratissimus  et  espèces  voisines)  ainsi  que  dans  les  Finsonia 
de  Gaudichaud,  qui  n'en  diffèrent  peut-être  pas  génériquement,  ces  nucules 
sont  réunies  en  un  cercle  assez  régulier  autour  de  quelques-unes  qui  oc- 
cupent le  centre  de  la  phalange;  elles  sont  toutes  dirigées  vers  ce  centre, 
comme  on  peut  le  reconnaître  à  la  direction  des  stigmates  et  à  l'insertion 
des  graines  dans  les  nucules. 

»  Dans  d'autres  espèces,  les  phalanges  aplaties,  comprenant  générale- 
ment un  nombre  moindre  de  carpelles,  montrent  ces  carpelles  disposés  en 
un  seul  rang,  ayant  tous   leur  stigmate  dirigé  vers  le  sommet  de  l'inflo- 

C.  R.,  187J,  .er.ç^;^^ïfr^,  (T.LXXX,  N»  18.-)  ^   ^^ 


(  J'94) 
rescence  générale  ou  cephalium  :  c'est  le  caractère  que  présente  le  Barrotia 
tetmdon  de  Gaudicliaud,  que  je  considère  comme  le  type  de  ce  genre.  Les 
Barrotia  diodon  et  monodon  du  même  auteur  ont  une  organisation  très-dit- 
férente,  les  dents  qui  les  terminent  surmontant  un  stigmate  simple  qui  cor- 
respond à  un  carpelle  isolé  et  monosperme.  C'est  la  première  de  ces  espèces, 
Pandanns  furcalus ,  Roxb.,  qui  a  servi  de  type  au  genre  Rickia,  établi  par  de 
Vrièse,  et  qui  me  paraît  devoir  être  maintenu;  quant  au  Barrotia  tetrodon, 
que  je  désignerai  sous  le  nom  de  Barrotia  Gaudichaudii,  ses  fruits  sont  com- 
posés de  phalanges  de  deux  à  trois  carpelles,  surmontées  d'autant  de  stig- 
mates dressés,  formant  ainsi  deux  ou  trois  dents  et  non  quatre. 

»  Ce  genre  Barrotia  me  paraît  avoir  des  espèces  assez  nombreuses  à  la 
Nouvelle-Calédonie.  Elles  seraient  au  nombre  de  six,  en  effet,  si  l'on  y 
place  deux  espèces  qui  s'éloignent  des  autres  par  quelques  caractères;  ce 
genre  est  remarquable  non-seulement  par  ses  fruits,  mais  aussi  par  la  struc- 
ture de  ses  fleurs  mâles  qui  différent  à  beaucoup  d'égards  de  celles  déjà 
connues  dans  cette  famille. 

»  Les  vrais  Pandanus,  dont  les  fleurs  mâles  ont  souvent  été  observées 
soit  sur  des  échantillons  spontanés,  soit  dans  nos  serres,  présentent  des 
inflorescences  mâles  composées  d'épis  nombreux  naissant  à  l'aisselle  de 
grandes  bractées,  qui  dépassent  ordinairement  les  épis  eux-mêmes  ;  ceux-ci 
portent  des  élamines  nombreuses,  dont  les  filets  sont  réunis,  vers  leur 
base,  deux  ou  trois  ensemble  en  un  pédicelle  commun  ;  le  genre  Bickia  ou 
Pandanus  farcatus,  dont  la  fleur  mâle  a  été  bien  décrite  et  figurée  par  Mi- 
quel  [Amilecla  botanica  indica,  pars  II,  p.  lo,  tab.  II),  n'en  diffère  que 
par  des  pédicelles  plus  longs  portant  des  étamines  réunies  en  plus  grand 
nombre. 

»  Un  échantillon  en  fleurs  et  en  fruits  du  Pandanus  monticola,  Miill., 
que  le  Muséum  a  reçu  de  M.  Millier  lui-même,  et  qui  appartient  de  la 
manière  la  plus  évidente  au  genre  Fisquetia  de  Gaudichaud,  ne  présente 
aussi  dans  ses  fleurs  mâles  que  de  faibles  modifications:  l'inflorescence  géné- 
rale et  la  disposition  des  étamines  diffèrent  très-peu  de  celle  des  vrais  Pan- 
danus. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  des  Barrotia  et  des  Brjantia  de  Gaudichaud, 
ainsi  qu'on  va  le  voir  par  l'étude  des  espèces  de  ces  deux  genres  qui 
croissent  à  la  Nouvelle-Calédonie,  dont  nous  allons  nous  occuper  spécia- 
lement. 

»  La  flore  delà  Nouvelle-Calédonie  comprend,  en  effet,  des  Pandanées 
se  rapportant  à  trois  genres  bien  distincts  : 


(  1-95  ) 

»    1°  Les  vrais  Pfln(i^((/ius  représentés  par  deux  espèces. 

»  L'une,  qui  ne  me  paraît  pas  différer  du  Pandanus  odorotissimus,  à  très- 
gros  cephalium  sphérique,  formé  d'un  assemblage  de  plialanges  ou  syii- 
carpium  de  sept  à  dix  ovaires  ou  nucules  soudés,  disposés  en  deux  rangées, 
l'une  extérieure,  de  cinq  à  sept,  et  l'autre  intérieure,  de  deux  à  trois,  dont 
les  sommets  peu  saillants,  arrondis,  sont  cependant  bien  distincts. 

»  L'autre,  à  capitules  ou  cephalium  moins  gros  (lo  à  12  centimètres  de 
diamètre),  composés  de  phalanges  comprenant  un  moindre  nondjre  d'o- 
vaires, se  rapproche  beaucoup,  ainsi  que  l'avait  admis  M.  Vieillard,  d'une 
des  formes  du  Pandanus  pedunculalus,  R.  Br.,  communiquée  par  M.  Mûller 
comme  croissant  dans  l'Australie  tropicale. 

»  2°  Les  Banotia.  Leurs  cepiiaiium  n'ont  plus  la  forme  sphérique  de 
celui  des  vrais  Pandanus;  ils  sont  elliptiques  ou  même  Irès-allongés,  leur 
longueur  dépassant  souvent  trois  fois  leiu'  largeur,  et  présentant  ordinaire- 
ment une  forme  de  prisme  trièdre  à  angles  obtus  et  arrondis.  I^es  ovaires, 
dans  les  espèces  types,  sont  réunis  deux,  trois  et  même  quatre  à  cinq  en 
une  seule  rangée  transversale,  surmontés  de  stigmates  dressés  formant  une 
série  de  lobes  ou  dents,  dont  la  surface  sligmatique  occupe  une  des  faces 
et  est  dirigée  vers  le  sommet  du  cephalium. 

M  Quatre  espèces  bien  distinctes  offrent  cette  organisation  du  fruit,  et 
l'une  d'elles  [Barrotia  nltisshna  —  Pandanus  allissimus,  Panch.,  in  coll.)  pré- 
sente une  inflorescence  mâle  très-différente  de  celle  des  vrais  Pandanus. 

M  Une  autre  espèce  semble  s'éloigner  des  précédentes  par  ses  phalanges 
composées  d'un  plus  grand  nombre  d'ovaires  disposés  sur  deux  rangs,  et 
dont  les  stigmates  paraissent  se  regarder,  autant  qu'on  peut  en  juger  sur 
des  fruits  adultes  où  ces  organes  sont  en  partie  effacés;  mais  cette  espèce 
i^BaiTolia  macrocarpa,  Pandanus  macrocarpus?  Vieill.,  PL  utiles  de  la  Nouv. 
Caléd.,  p.  24)  présente  une  inflorescence  mâle  tout  à  fait  semblable  à  celle 
du  Barrotia  altissima  et  confirme  sa  position  dans  ce  genre. 

»  Une  dernière  espèce  s'éloigne  des  précédentes  par  ses  ovaires  simples, 
isolés,  mais  surmontés  d'un  stigmate  dressé,  unilatéral,  très-analogue  à 
celui  des  espèces  précédentes;  des  échantillons  plus  complets  seraient  né- 
cessaires pour  fixer  avec  certitude  sa  position  générique. 

»  Quant  à  l'inflorescence  mâle  observée  sur  deux  espèces,  Barrotia  altis- 
sima et  macrocarpa,  elle  me  paraît  fournir  un  des  caractères  essentiels  de 
ce  genre  :  elle  consiste  en  un  épi  simple  terminant  un  rameau  allongé, 
flexueux,  portant  de  grandes  bractées  espacées,  jaunâtres  à  l'élat  sec,  parais- 
sant d'une  texture  moins  sèche  que  les  feuilles,  très-lisses,  à  nervures  très- 

i55.. 


(  "96  ) 
fines;  l'épi  mâle  lui-inême  offre  un  axe  cylindrique,  charnu,  continu,  sans 
bractées  spéciales  à  sa  base  ni  dans  son  étendue,  d'environ  i5  à  20  milli- 
nièlres  de  diamètre  sur  3o  à  40  centimètres  de  long,  tout  couvert  de  disques 
arrondis  ou  elliptiques,  ou  un  peu  hexagonaux  par  suite  de  leur  contiguïté 
dans  la  jeunesse,  supportés  par  une  sorte  de  stipe  charnu  qui  s'élargit 
j)our  constituer  ce  disque  terminal  en  forme  de  tête  de  clou .  Vers  le  sommet 
de  ce  su|)port  charnu,  et  surtout  du  côté  supérieur,  autant  que  j'ai  pu  le 
constater,  et  dans  la  partie  qui  s'élargit  pour  former  le  disque  terminal 
se  trouvent  insérées  lui  grand  nondare  d'élamines  presque  réfléchies  dont 
les  filets,  très-courts  et  distincts,  se  terminent  par  une  anthère  linéaire 
acuminée,  s'ouvraut  par  deux  fentes  opposées,  comme  celles  des  autres 
Pandanées. 

»  La  dispo.^^ition  de  ces  disques  rappelle  un  peu,  en  beaucoup  plus  grand, 
les  épis  des  Equisetum ;  on  voit  qu'elle  n'a  aucun  rapport  avec  l'inflores- 
cence mâle  observée  jusqu'à  ce  jour  dans  les  autres  Pandanées  et  confirme 
la  distinction  du  genre  Barrotia.  Comme  je  l'ai  dit,  quatre  autres  espèces 
dont  on  n'a  pas  encore  observé  les  fleurs  mâles  doivent  sans  doute  rentrer 
dans  ce  genre;  je  les  décrirai  ailleins  avec  plus  de  détail. 

»  3°  Les  Bryanliii  constituent  un  genre  établi  par  Gaudichaud  sur  une 
seule  espèce,  \eB.  b idj r op liora  [Gaud.  Bonite^  pi.  20),  d'après  un  fruit  pro- 
venant des  collections  de  l^abillardière,  mais  dont  l'origine  première  est 
inconnue. 

»  Deux  des  Pandanées  de  la  Nouvelle-Calédonie  paraissent  rentrer  dans 
ce  genre,  quoiqu'elles  jirésentent  dans  la  forme  de  leur  stigmate,  comparé 
à  celui  de  l'espèce  type,  des  différences  assez  notables,  qui  permettent 
d'en  former  une  section  spéciale,  que  je  désignerai  sous  le  nom  de  Lopho- 
sticjina. 

»  Leurs  cephalium,  très-volumineux,  sont  ellipsoïdes  ou  plutôt  ovoïdes 
(longueur,  3o  cenlunètres;  largeur,  18  centimètres)  dans  une  des  espèces 
(B.  viscida);  très-allongées,  cylindroïdes  (longueur,  ^5  centimètres;  largeur, 
10  centimètres),  ou  plutôt  obtusément  prismatiquesà  trois  faces  dans  l'autre 
[B.  obloiuja,  Pandanus  minda?  Vieill.)(')'  Dans  toutes  les  {\ç\\\  ils  sont  com- 
posés d'un  nombre  considérable  de  nucules  simples,  prismatiques,  hexago- 
nales,   terminées  par  une  surface  plane  comme   tronquée,  dont  le  bord, 

(1)  Je  n'ai  pas  conservé  le  nom  de  ini'ula  à  cette  espèce,  quoiqu'elle  ait  été  désignée  par 
M,  Pancher  sous  ce  nom,  comme  étant  le  Pandanus  minda  de  Vieillard,  la  description  don- 
née par  M.  Vieillard  de  son  P.  niinda  ne  pouvant  pas  s'appliquer  au  genre  Bryanlia. 


(  "97  ) 
dirigé  vers  le  sommet  du  cephalium,  porte  un  stigmate  dressé  formant  une 
sorte  de  languette  saillante  dont  la  face  externe  est  occupée  par  la  surface 
stigmatique.  Dans  le  type  de  ce  genre,  Bryanlia  bidjrrophora,  le  stigmate  est 
également  unilatéral,  mais  il  se  présente,  comme  l'indique  la  figure  de 
Gaudichaud,  sous  forme  d'un  petit  disque  arrondi,  sessile,  au-dessous  du 
sommet  tronqué  des  nucules.  Malgré  cette  différence  très-prononcée,  je 
n'ai  pas  osé  séparer  génériquement  les  espèces  de  la  Nouvelle-Calédonie 
tant  que  les  autres  caractères  de  la  plante  qui  a  servi  de  type  à  ce  genre  ne 
seront  pas  mieux  connus. 

»  Les  deux  espèces  qui  nous  occupent  ne  diffèrent  évidemment  que 
par  des  caractères  spécifiques;  elles  sont  parfaitement  identiques  dans  tous 
les  points  essentiels  de  leur  organisation.  L'une  d'elles  nous  montre  sur 
un  échantillon  recueilli  par  M,  Pancher  l'inflorescence  mâle,  malheureu- 
sement très-altérée  par  la  conservation  en  herbier  d'organes  très-charnus. 
On  peut  cependant  y  reconnaître  luie  structure  très-différente  de  celle  des 
vrais  Pandamis  et  des  genres  analogues,  ainsi  que  de  celle  indiquée  ci- 
dessus,  dans  les  Barrolia. 

»  Comme  dans  ceux-ci,  l'inflorescence  mâle  paraît  terminer  im  rameau 
trigone  de  3  à  4  décimètres  de  long,  portant  un  certain  nombre  de  feuilles 
florales,  espacées,  marquées  de  nervures  très-nombreuses  et  très-pronon- 
cées et  se  terminant  par  un  sommet  triquètre  à  arêtes  finemenj;  dentées. 
Le  spadix,  qui  fait  suite  à  ce  rameau,  quoique  brisé,  devait  avoir  environ 
3  décimètres  de  long  ;  il  paraît  avoir  été  charnu,  anguleux  et  donner  nais- 
sance à  des  divisions  dressées,  également  charnues  et  anguleuses,  sans  in- 
dices de  bractées  à  leur  origine;  toutes  les  parties  semblent  continues; 
les  angles  ou  sortes  de  crêtes  de  ce  spadix  et  de  ses  divisions  se  prolongent 
en  mamelons  ou  pédicelles  charnues,  coniques,  qui  paraissent  porter  à 
leur  extrémité  atténuée  de  nombreuses  élamines  à  anthères  oblongiies,  ses- 
siles  ou  brièvement  pédicellées.  L'altération  de  ces  organes  ne  nous  a  pas 
permis  de  mieux  apprécier  leur  disposition;  mais  il  est  évident  qu'il  y  a  là 
une  structure  très-spéciale  qui  confirme  la  distinction  générique  de  ces 
plantes.  L'espèce  type  de  ce  genre  présentera-t-elle  dans  son  inflorescence 
mâle  les  mêmes  caractères,  de  manière  à  confirmer  la  réunion  de  ces  es- 
pèces dans  un  même  genre?  C'est  ce  que  de  nouvelles  recherches  pour- 
ront seules  décider. 

»  J'ai  voulu,  dans  cette  Note,  montrer  non-seulement  l'importance,  déjà 
signalée  par  Gaudichaud,  de  l'examen  attentif  des  fruits  des  Paiidanus, 


(  "98) 
surtout  en  ce  qui  concerne  la  forme  et  la  disposition  des  stigmates,  mais 
aussi  celle  de  leurs  fleurs  mâles,  beaucoup  plus  variées  qu'on  ne  l'avait 
cru  jusqu'à  présent,  n 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Locomolive  à  patins  de  M.  Fortin-Herrmann  ; 

Note  de  M.  Tresca. 

(Commissaires  :  MM.  Morin,  Tresca,  Resal.) 

«  M.  Fortin-Herrmann,  petit-fils  de  l'éminent  constructeur  d'instruments 
de  précision,  a  inventé  un  système  de  machine  locomotive  qu'il  a  fait  exé- 
cuter, sur  des  données  nouvelles,  avec  l'aide  de  M.  Bouvet,  chef  du  bureau 
des  études  de  ses  ateliers;  dans  cette  machine  qui  a  fonctionné  sur  le 
chemin  de  fer  de  l'Est,  le  déplacement  se  produit,  non  par  des  roues  mo- 
trices, mais  par  de  véritables  pieds  articulés  qui  prennent  successivement 
leurs  points  d'appui  sur  le  sol.  Deux  de  ces  pieds  agissent  sur  le  châssis 
d'avant,  deux  autres  à  l'arrière-train  de  la  machine;  ils  sont  pressés  sur  le 
sol  par  l'action  de  la  vapeur,  et  une  machine  horizontale  détermine  en 
ordre  convenable  les  oscillations  des  bielles  qui  font  suite  à  ces  pieds  et  qui 
entrauîent  la  machine  elle-même  dans  le  sens  longitudinal. 

»  Les  expériences  faites  au  chemin  de  l'Est  ont  démontré  qu'en  char- 
geant seulement  les  patins,  garnis  de  semelles  en  caoutchouc,  de  i  kilo- 
gramme par  centimètre  carré,  on  pouvait  obtenir  une  adhérence  égale  aux 
■^5  centièmes  du  poids  de  la  machine  motrice. 

»  Les  moyens  ordinaires  limitent  cette  adhérence  aux  20  centièmes  de 
ce  poids,  de  sorte  que  l'emploi  des  patins  permet  de  traîner,  soit  sur  les 
routes  ordinaires,  soit  sur  des  rails,  un  train  quatre  fois  plus  lourd  que  par 
les  moyens  actuels. 

»  Les  frais  de  traction  de  ce  train  restent  les  mêmes  pour  la  même  in- 
clinaison de  la  route;  mais  l'augmentation  de  l'adhérence  permet,  soit  de 
diminuer  dans  une  grande  proportion  le  poids  mort  de  la  locomotive,  soit 
à  égalité  de  poids  mort  de  parcourir  une  voie  plus  accidentée. 

»  Eu  égard  à  la  diminution  de  poids  de  la  locomotive,  il  y  a  quelque 
raison  de  croire  que  le  travail  dépensé  pour  sa  propre  propulsion  ne  serait 
pas  notablement  plus  grand  que  dans  les  conditions  habituelles  de  la  pra- 
tique des  chemins  de  fer. 

»  Eu  égard  à  l'augmentation  du  coefficient  d'adhérence,  le  système  de 
M.  Fortin-Herrmann  agrandit  dans  une  grande  proportion  le  domaine  des 


(  '199  ) 
machines  routières  et  permet  même  leur  cheminement  sur  des  terrains  non 
consolidés;   sur  les  routes  ordinaires,  il  fournit  le  moyen  de  circuler  avec 
des  charges  réellement  utiles,  sur  des  rampes  de  lo  centimètres  par  mètre, 
absolument  inabordables  avec  les  machines  routières  actuelles. 

»  Les  diagrammes  des  efforts  de  traction  relatifs  à  la  locomotive  du 
poids  de  1 5  ooo  kilogrammes,  soutenue  en  partie  par  quatre  roues,  suffisent 
pour  démontrer  que  le  coefficient  de  traction  atteint  et  dépasse  la  limite 
que  nous  avons  indiquée. 

»  Il  serait  intéressant  d'en  faire  constater  l'exactitude  par  une  Commis- 
sion devant  laquelle  ces  expériences  pourraient  être  renouvelées. 

1)  Depuis  la  construction  de  cette  machine  de  i5  tonnes,  M.  Fortin- 
Herrmann  a  modifié,  d'une  manière  heureuse,  les  dispositions  mécaniques 
des  différents  organes;  le  modèle  en  action  qui  est  mis  sous  les  yeux  de 
l'Académie  pourra  être,  sous  ce  point  de  vue,  examiné  avec  intérêt. 

»  Dans  ce  modèle,  le  nombre  des  pieds  a  été  augmenté,  et  leurs  mouve- 
ments relatifs  sont  réglés  de  manière  que  quatre  d'entre  eux  battent  le  trot 
pendaut  que  les  deux  autres  marchent  l'amble  ;  l'action  est  ainsi  plus  con- 
tinue, et  la  stabilité  de  la  machine  se  trouve  assurée,  sans  qu'il  soit  néces- 
saire de  la  munir  de  roues  latérales.  La  direction  en  alignement  ou  suivant 
une  courbe  donnée  est  d'ailleurs  obtenue  en  réglant  à  la  mesure  conve- 
nable l'angle  des  axes  des  deux  châssis  qui  constituent  la  locomotive. 

»  La  locomotive,  essayée  au  chemin  de  fer  de  l'Est,  parcourt  seulement 
7  à  8  kilomètres  à  l'heure;  on  estime  que  la  nouvelle  disposition  permettrait 
d'atteindre  17  à  20  kilomètres.   » 

MÉCANIQUE.  —  Sur  la  loi  de  ta  détente  pratique  dans  les  machines  à  vapeur. 

Note  de  M.  A.  Ledieu. 

«  Pour  prévoir  le  travail  d'une  machine  à  vapeur  à  construire  ou  pour 
déterminer  parle  calcul,  c'est-à-dire  sans  se  servir  de  l'indicateur,  le  tra- 
vail d'une  machine  construite,  on  sait  que  le  point  le  plus  important  est 
d'apprécier  le  travail  produit  pendant  la  détente. 

»  Or  ce  travail  dépend  expressément  de  la  loi  suivant  laquelle  l'expan- 
sion s'opère,  soit  de  la  courbe  de  transformation  du  volume  et  de  la  pres- 
sion durant  cette  période.  La  courbe  en  question  varie  non-seulement 
selon  que  la  détente  a  lieu  avec  ou  sans  addition  de  chaleur  externe,  mais 
encore  suivant  la  manière  dont  se  fait  cette  addition.  Si  l'on  ne  connaît  ni 
la  quantité  de  chaleur  ajoutée,  ni   le  mode  suivant  lequel  s'effectue  lad- 


(     I200    ) 

jonction,  il  est  absolument  impossible  d'établir  une  équation  exacte  de 
ladite  courbe.  C'est  malheureusement  ce  dernier  cas  qui  se  présente  dans 
les  machines  à  vapeur  :  les  parois  des  cylindres  jouent  toujours  ici  le  rôle 
de  magasins  et  de  distributeurs  de  calorique,  et  l'intervention  de  la  cha- 
leur des  parois  modifie  profondément,  et  d'ailleurs  d'une  façon  variable 
d'une  machine  à  l'autre,  la  loi  de  la  détente.  D'un  autre  côté,  il  surgit  dans 
chaque  machine  une  foule  d'influences  individuelles  qui  ne  permettront 
jamais  de  poser  cette  loi  d'une  manière  absolue. 

»  Nous  avons  étudié  sur  les  diagrammes  relatifs  à  tous  les  principaux 
types  actuels  de  machines  marines  les  courbes  qui  représentent  le  plus 
approximativement  la  variation  de  la  pression  P  en  fonction  du  volume  V 
pendant  la  détente.  Celte  étude,  dont  on  trouvera  le  développement  dans 
notre  Traité  des  nouvelles  machines  mannes  (sous  presse),  a  porté  sur  six 
compound,  de  2800  à  600  chevaux  indiqués,  appartenant  au  cuirassé  Ma- 
rengo,  à  la  corvette  Infernet,  aux  paquebots  France,  Ànndyr,  Êtoile-dii- 
Chili  et  Henri  IV.  M.  Hiiin,  ingénieur  du  génie  maritime,  détaché  à 
l'usine  des  Forges  et  Chantiers  de  la  Méditerranée,  s'est  livré  de  son  côté 
à  un  semblable  examen  sur  un  bon  nombre  d'appareils  sortant  de  cette 
importante  usine,  et  ses  conclusions  sont  conformes  aux  nôtres.  D'ailleurs, 
il  y  a  déjà  quelques  années,  la  question  avait  été  étudiée,  quoique  sur  une 
échelle  très-restreinte,  par  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  (voir  Bul- 
letin de  cette  Société,   avril  et  mai  1867). 

))  De  l'ensemble  de  ces  investigations  il  résulte  que,  avec  des  enveloppes 
à  vapeur  bien  disposées  et  une  légère  surchauffe  du  fluide  à  sa  sortie  de  la 
chaudière,  le  fonctionnement  étant  ordinaire  ou  au  Woolf,  la  courbe  qui 
rend  le  mieux  compte  de  la  détente  de  la  vapeur  d'eau  est  l'hyperbole 
équilatère  ayant  pour  équation 

PV  ^  constante. 

»  En  d'autres  termes,  dans  les  machines  réputées  bonnes  au  point  de 
vue  de  la  consommation  du  combustible,  l'expansion  suit  la  loi  de  Mariotte, 
abstraction  faite  toutefois  des  températures  qui  vont  en  diminuant  et  qui 
du  reste  n'ont  rien  à  faire  avec  la  courbe. 

)i   Dans  les  machines  de  Woolf,  si  le  réchauffement  extérieur  du  cylindre 
admetteur  est  très-actif,  la  courbe  de  détente  relative  à  ce  cylindre  devient     • 
à  peu  près 

pyo.s  _  constante. 

»  Les  différences  entre  les  courbes  de  détente  adiabatiqiie  de  la  vapeur 


(     I20I     ) 

d'eau  saturée  et  ses  courbes  de  dclente  pratique  doivent  surtout  être  attri- 
buées à  i'actiou  des  parois  de  cylindre  pour  réchauffer  le  fluide,  ou  mieux 
pour  évaporer  ses  particules  liquides  ou  prévenir  leur  formation.  Il  ré- 
sulte de  là  que  les  pressions  se  trouvent  plus  élevées  qu'elles  ne  le  seraient 
autrement.  On  peut  aussi  voir  une  cause  de  ces  différences  dans  les  chan- 
gements de  propriété  que  la  vapeur  est  susceptible  d'éprouver  par  suite 
des  matières  grasses  employées  pour  le  lubrifiage  et  qui  viennent  se  mêler 
avec  elle. 

»  Toutefois,  il  importe  de  remarquer  que  de  la  vapeur  peut  donner  lieu 
à  luie  même  ligne  de  transformation  de  volume  et  de  pression,  bien  qu'elle 
ne  soit  pas  soumise  aux  mêmes  conditions  calorifiques  extérieures,  pourvu 
qu'on  la  considère  dans  deux  états  différents  d'humidité.  Il  suit  de  là  que 
l'expansion  peut,  tout  en  s'opérant  adiabatiquement,  se  faire  à  très-peu 
près  suivant  la  loi  de  Mariette,  lorsque  la  vapeur  se  trouve,  au  dctnit  de  la 
détenle^  à  lui  grand  degré  d'aquosité.  Il  résulte,  en  effet,  de  cette  circon- 
stance que,  dans  la  formule  empyrique  PV  =  constante,  que  Zeunor  donne 
pour  représenter  la  courbe  de  la  détente  adiabalique  de  la  vnpeiu'  d'eau, 
l'exposant  r,  qui  varie  avec  le  degré  d'humidité  de  cette  vapeur  au  début  de 
l'expansion,  devient  très-peu  différent  de  l'unité,  et  que  la  courbe  adiaba- 
lique se  confond  à  peu  de  chose  près  avec  une  hyperbole  équilatère. 

»  Les  pressions  sont  donc  ici,  comme  dans  la  supposition  d'un  réchauf- 
fement extérieur,  plus  élevées  que  celles  qui  correspondent  à  la  détente 
adiabatique  d'une  vapeur  sèche;  seulement  la  chaleur  qui  produit  cet  effet, 
au  lieu  d'être  due  à  une  cause  externe,  provient  présentement  des  parti- 
cules d'eau  entraînées  qui  ont  une  grande  action  eu  égard  à  leur  cha- 
leur spécifique  élevée. 

»  Le  dernier  cas  considéré  ne  saurait  se  rencontrer  que  dans  les  appareils 
très-inférieurs  comme  consommation  de  combustible  fonctionnant  dans  les 
conditions  suivantes  :  i°  avec  de  la  vapeur  extrêmement  humide,  d'au- 
tant qu'il  y  a  alors  pendant  l'évacuation  des  refroidissements  internes  con- 
sidérables (i)  qui  amènent  une  liquéfaction  importante  de  la  vapeur 
d'admission  dont  le  degré  d'aquosité  se  trouve  ainsi  augmenté;   2"  avec 


(i)  Nous  ne  saurions  trop  attirer  l'attention  du  lecteur  sur  rinipoitanle  (lucstion  des 
refroidissements  internes  des  cylindres  à  vapeur.  Nous  comptons  traiter  à  fond  cette  ques- 
tion dans  de  prochains  articles.  Mais  nous  tenons  à  rappeler  dès  à  présent  que  c'est  l'aniiral 
Paris  qui,  avec  sa  reinanjuable  connaissance  des  machines,  a  signalé  le  premier,  il  y  a  vinyt 
ans,  le  rôle  considérable  des  refroidissements  en  question. 

C.R.,1875,  i"Semestre.(T.L\\\,  N»  IS.)  I  56 


(     1202    ) 

des  cylindres  sans  chemise  à  vapeur,  mais  recouverts  de  substances  mau- 
vaises conductrices  de  la  chaleur;  car,  en  pareille  hypothèse,  les  parois  de 
ces  récipients  peuvent  être  considérés  comme  adiabatiques,  attendu  qu'elles 
n'ont  pas  le  temps  de  céder  au  fluide  pendant  la  détente  une  portion  va- 
lable de  leur  calorique. 

»  Zeuner  n'admet  que  cette  raison  pour  expliquer  les  faits  qui  nous 
occupent.  Cette  opinion  est  trop  exclusive;  car,  parmi  les  appareils  à  va- 
peur dont  les  diagrammes  concordent  sensiblement  avec  la  loi  de  Mariette, 
la  plupart  appartiennent  à  la  première  catégorie  signalée  ci-dessus,  où, 
eu  égard  à  la  surchauffe  de  la  vapeur  introduite  et  à  l'action  des  enve- 
loppes, il  n'y  a  pas  possibilité  de  supposer  que  le  refroidissement  du  fluide 
par  les  parois  du  cylindre  pendant  la  période  d'introduction  lui  fasse 
atteindre  le  degré  d'aquosité  voulue  pour  que  la  valeur  de  r  s'écarte  très- 
peu  de  l'unité. 

»  Lorsque  les  machines  ne  remplissent  pas  l'une  ou  l'autre  des  condi- 
tions extrêmes  dont  nous  venons  de  parler,  et  qu'elles  constituent  dès  lors 
des  appareils  moyennement  bons  au  point  de  vue  de  la  consommation  du 
combustible,  les  choses  se  passent  à  peu  près  comme  si  les  parois  du  cy- 
lindre étaient  imperméables. 

M  II  importe  d'ajouter  que  la  dépense  de  vapeur  déduite  des  diagrammes 
relevés  à  l'indicateur  n'est  qu'une  dépense  apparente  qu'il  faut  augmenter 
de  la  consommation  provenant  du  fait  de  la  liquéfaction  plus  ou  moins 
intense  de  la  vapeur  d'admission  pour  obtenir  la  dépense  réelle.  Cette  re- 
marque, jointe  à  ce  qui  précède,  explique  comment  deux  diagrammes  re- 
levés sur  des  machines  où  la  vapeur  possède  un  degré  d'aquosité  tout  à  fait 
différent,  et  où  le  cylindre  est  soumis  à  un  réchauffement  extérieur  pareil- 
lement différent,  peuvent  présenter,  sur  leur  étendue  qui  correspond  à  la 
détente,  deux  portions  de  courbes  identiques,  et  peuvent  même  presque 
se  confondre  en  entier,  quoique  les  consommations  de  combustible  pré- 
sentent des  écarts  considérables. 

»  Tout  bien  examiné,  il  faut  établir  en  principe  que  la  loi  à  admettre 
pour  calculer  le  travail  de  la  détente  dépend  de  l'espèce  de  la  machine.  Le 
mieux  est  de  se  reporter  à  des  appareils  similaires,  sur  lesquels  on  a  relevé 
des  diagrammes  à  l'indicateur,  et  de  déduire  de  ces  diagrammes  la  courbe 
de  transformation  de  volume  et  de  pression  la  plus  probablement  applicable 
au  cas  considéré. 

»  Faute  de  pareilles  indications,  c'est  encore  la  loi  de  Mariotte  qui  donnera 
les  meilleurs  résultats,  particulièrement  avec  les  bonnes  machujes,  telles 


(  ic»o3  ) 
qu'on  les  dispose  aujourd'hui  pour  prévenir  les  refroidissements  intérieurs. 
C'est  là  une  concordance  bien  singulière  que  cette  loi,  adoptée  dès  le  début 
des  machines  à  vapeur  sérieuses  par  une  analogie  erronée  avec  la  détente 
isothermique  des  gaz,  et  qui  ne  donnait  alors  que  des  résultats  peu  exacts, 
à  cause  justement  du  manque  de  perfection  de  ces  machines,  soit  devenue, 
lorsque  les  appareils  ont  été  notablement  améliorés,  l'expression  la  plus  rap- 
prochée de  la  réalité  des  faits. 

»  C'est  ce  qui  explique  que  les  constructeurs  la  conservent  précieuse- 
ment, malgré  les  instances  de  la  plupart  des  auteurs  de  Thermodynamique. 
Ces  auteurs,  perdant  de  vue  les  données  de  la  pratique,  et  admettant,  à  priori 
et  sans  plus  ample  informé,  que  l'expansion  a  lieu  adiabatiqnement  dans  les 
machines  à  vapeur,  prétendent  que  les  règles  enseignées  partout  jwiir  le  calcul 
du  travail  de  la  délente  doivent  être  abandonnées  comme  étant  en  contradiction 
avec  la  nouvelle  théorie  de  la  chaleur.  Il  y  a  là  une  erreur  d'appréciation  contre 
laquelle  on  ne  saurait  trop  réagir.  Les  règles  enseignées  doivent  ètie  expliquées 
autrement  et  mieux  commentées,  voilà  tout;  car  il  se  trouve  justement 
qu'elles  sont  encore  les  moins  défectueuses. 

»  Toutefois,  l'application  de  la  loi  de  Mariotte  exige  expressément  que 
l'on  tienne  im  compte  exact  de  tous  les  volumes  occupés  à  chaque  instant 
par  la  vapeur  qui  se  détend  ;  en  d'autres  termes,  on  ne  doit  pas  se  borner  à 
prendre  pour  ces  volumes  ceux  quisont  décrits  par  le  piston;  maisil  fautleur 
ajouter  la  capacité  des  espaces  neutres  du  cylindre,  et  de  plus,  dans  les 
fonctionnements  à  détente  variable,  les  portions  de  boîtes  à  tiroir  qu'oc- 
cupe le  fluide  aux  premiers  moments  de  la  fermeture  de  l'organe  d'expan- 
sion avant  que  le  tiroir  soit  fermé.  Il  est  à  peine  besoin  d'ajouter  que, 
dans  le  fonctionnement  au  Woolf,  les  volumes  à  considérer  comprennent 
par  moment  le  réservoir  intermédiaire  ainsi  qu'une  portion  plus  ou  moins 
importante  du  cylindre  ou  des  cylindres  voisins.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

M.  Fremy,  Président  de  l'Académie,  s'exprime  en  ces  termes  : 

«  Avant  de  donner  la  parole  à  M.  Fleuriais,  chef  delà  mission  de  Pékin, 
je  suis  heureux  de  rappeler  que  l'Académie  adresse  aujourd'hui,  pour  la 
troisième  fois,  ses  félicitations  aux  intrépides  voyageurs  qui,  clans  les  ex- 
péditions du  passage  de  Vénus,  ont  donné  la  mesure  du  dévouement,  de 

i5b.. 


(  •'■i<»4  ) 
l'intelligence  et  du  courage  que  notre  cher  pays  peut  attendre  de  ceux  qui 
sont  appelés  à  le  représenter  et  à  le  servir. 

»  La  mission  de  Pékin  a  été  confiée  exclusivement  à  des  officiers  de  ma- 
rine :  l'importance  des  documents  qu'elle  rapporte  prouve,  une  fois  de 
|)lus,  tout  ce  que  la  science  obtient  lorsqu'elle  confie  ses  intérêts  à  un 
corps  comme  celui  de  la  marine,  dans  lequel  ou  trouve,  si  heureusement 
alliées,  les  connaissances  du  savant  et  les  qualités  du  soldat,  w 

M.  Fleuriais  répond  : 

K  Je  remercie  vivement  M.  le  Président  pour  les  gracieuses  paroles  qu'il 
vient  de  prononcer. 

»  La  mission  de  Pékin  n'avait  pas  à  craindre  les  difficultés  dont  ont  eu 
à  souffrir  les  expéditions  du  sud.  Le  témoignage  de  satisfaction  que  l'Aca- 
démie veut  bien  nous  adresser  est,  pour  mes  collègues  et  pour  moi,  une 
récompense  bien  au-dessus  des  travaux  exécutés.  » 

ASTRONOMIE.  —  Documents  recueillis  par  la  n^ission  envojée  à  Pékin  pour 
obsewer  le  passage  de  Vénus.  Communication  de  M.  Fleuriais. 

«  J'ai  remis  avant-hier  entre  les  mains  de  M.  le  Président  de  la  Com- 
mission du  passage  de  Vénus  le  registre  des  observations  astronomiques 
faites  à  Pékin  pendant  la  durée  du  séjour  de  la  mission,  ainsi  que  les 
épreuves  photographiques,  au  nombre  de  cent  cinquante,  obtenues  pen- 
dant le  courant  du  j)hénoméne. 

»  Les  observations  astronomiques  consignées  dans  le  registre  sont 
relatives,  bien  entendu,  non-seulement  à  l'observation  proprement  dite  du 
passage,  mais  aussi  à  la  détermination  de  la  position  géographique  de  Pé- 
kin et  à  la  triangulation  de  ses  principaux  sommets. 

»  Les  détails  techniques,  intéressant  le  placement  des  instruments  et  leur 
lectification,  et  les  valeurs  numériques  des  résultats  seront  probablement 
l'objet  d'une  publication  prochaine. 

»  Je  viens  donc  simplement  aujourd'hui  vous  donner  un  aperçu  rapide 
des  principales  circonstances  du  voyage  que  je  viens  d'accomplir. 

»  Nous  sommes  partis  de  Paris  le  i"  juillet  1874,  emportant  avec  nous 
les  instruments  qui  nous  avaient  été  confiés  par  l'Académie.  I>e  matériel 
se  composait,  comme  vous  le  savez,  d'une  lunette  équatoriale  de  8  pouces 
d'ouverture,  dune  seconde  lunette  équatoriale  de  6  pouces,  de  l'appareil 


(     l'ioS    ) 

photographique  de  MM.  Fizeau  et  Cornu  et  d'une  série  d'instruments  de 
nioiudre  dimension,  tels  que  lunette  méridienne  portative,  chronomètres, 
théodolite,  etc.,  fournis  par  le  Dépôt  de  la  Marine. 

»  Les  matériaux  propres  à  la  construction  d'un  observatoire  devant  se 
trouver  en  Chine,  je  n'avais  compris  dans  nos  bagages  qu'une  certaine 
quantité  de  ces  toiles  dites  à  bâche,  que  je  destinais  à  former  les  fonds  des 
panneaux  volants  des  cabanes  d'observation. 

»  J'étais  accompagné  de  jM.  Blarez,  lieutenant  de  vaisseau,  et  de  M.  La- 
pied,  enseigne  de  vaisseau.  Le  ministre  avait  bien  voulu,  en  outre,  adjoindre 
à  la  mission,  en  qualité  d'aide,  le  quartier-maître  de  timonerie  Huet,  dont 
j'avais  pu  apprécier  le  dévouement  et  l'aptitude  spéciale  dans  une  précé- 
dente mission. 

»  Embarqués  à  Marseille,  le  5  juillet,  sur  le  paquebot  des  Messageries 
maritimes  l\4nadyv,  nous  sonunes  arrivés  à  Shanghaï  le  i6  août. 

»  Sur  ce  point,  la  mission  reçut  de  M.  Godeaux,  consul  général  de 
France,  l'hospitalité  la  plus  complète.  Cette  circonstance,  jointe  à  l'extrême 
complaisance  de  M.  Hennequin,  directeur  du  service  des  Messageries,  rendit 
tout  facile. 

»  De  Shanghaï  à  Tien-tsin,  le  trajet  eut  lieu  à  bord  du  sleamer  améri- 
cain Paoutincj.  Sur  ce  navire,  le  capitaine  interprétant  de  la  façon  la  plus 
large  les  instructions  de  M.  Forbes,  directeur  de  la  Com|3agnie  Russel,  fit 
veiller  à  l'embarquement  et  au  débarquement  du  matériel  avec  un  soin 
que  je  ne  peux  comparer  qu'à  celui  qui  fut  mis  dans  ces  opérations  à  bord 
de  VAnadyr. 

»  Le  25  août,  àTche-foo,  M.  deOeofroy,  ministre  de  France  en  Chine, 
me  renouvelait  verbalement  en  termes  pressants  l'offre  déjà  faite  du  libre 
usage  du  jardin  de  la  légation  de  France  à  Pékin  pour  la  construction  de 
l'observatoire  futur. 

»  M.  le  commandant  Lespes  donnait  en  même  temps  au  capitaine  de 
la  canonnière  la  Couleuvre  l'ordre  de  nous  aider  dans  la  mesure  complète 
des  ressources  du  bâtiment. 

»   Le  27  août,  le  Paouling  mouillait  à  Tien-tsin. 

»  A  partir  de  ce  point  commençaient  seulement  les  difficultés,  si  tou- 
tefois ce  mot  peut  être  employé. 

»  Mais  là  aussi,  comme  à  Marseille,  comme  à  Shanghaï,  comme  par- 
tout, nous  trouvions  dans  l'accueil  qui  nous  était  fait  non-seulement  le 
plus  extrême  bon  vouloir,  mais  aussi,  ce  qui  est  inappréciable  dans  les  longs 
voyages,  la  cordialité  la  plus  affectueuse.  Et  c'est  là,  Messieurs,  un  carac- 


(     I206    ) 

fère  particulier  des  relations  dans  les  villes  de  l'extrême  Orient,  caractère 
sur  lequel  ma  reconnaissance  personnelle  me  fait  un  devoir  d'insister. 

»  A  Tien-tsin,  M.  Diilon,  consul  de  France,  et  le  R.  P.  Deleinasure 
constituaient,  en  quelques  heures,  une  escadrille  de  quatre  jonques  destinée 
à  servir  au  transport  du  matériel  et  du  personnel,  et  le  29  août  nous  ap- 
pareillions pour  remonter  le  Peï-ho. 

M  La  navigation  se  fit  à  la  cordelle  et  à  la  voile,  excepté  au  départ  de 
Tien-tsin  et  aux  approches  de  Pékin,  points  sur  lesquels  l'encombrement 
inouï,  produit  par  la  réunion  d'un  nombre  incalculable  de  bateaux  de 
rivière,  oblige  à  n'avancer  que  mètre  à  mètre,  à  coups  de  perche  quelque- 
fois, à  force  de  bras  et  de  jambes  le  plus  souvent. 

»  Inutile  d'ajouter  que  dans  ces  dédales  on  n'avance  qu'au  milieu  d'un 
concert  de  cris  aigus  et  d'injures  heureusement  impossibles  à  comprendre. 

»  Après  de  nombreux  échouages  sans  gravité,  l'escadrille  arriva  àTung- 
châo,  ville  fortifiée,  distante  de  aS  kilomètres  environ  de  la  capitale. 

»  Des  gendarmes  d'escorte,  des  chevaux,  un  guide  avaient  été  envoyés 
au-devant  de  nous  par  M.  de  Roquette,  secrétaire  de  la  légation. 

»  Je  me  rendis  de  suite  à  Pékin. 

»  Dès  mon  arrivée,  je  constatai  que  le  jardin  de  la  légation  convenait 
parfaitement  aux  opérations  à  effectuer;  mais  les  glaces  devaient  nous 
couper  la  route  du  retour.  C'était  une  hospitalité  de  six  mois  à  accepter 
ou  à  refuser. 

»  Un  sentiir.ent  de  discrétion  facile  à  concevoir  me  fit  hésiter  longtemps. 
Je  finis  cependant  par  céder  devant  les  instances  de  M.  le  comte  de  Roche- 
chouart,  qui,  deux  mois  plus  tard,  devait  prendre  la  gérance  des  affaires, 
et  devant  celles  de  M.  de  Roquette. 

»  La  supériorité  du  terrain  offert  était  d'ailleurs  incontestable,  surtout 
au  point  de  vue  de  la  nationalité  du  sol.  C'est  d'ailleurs  cette  dernière  con- 
sidération qui  me  décida,  à  la  même  époque,  à  décliner  les  offres  non 
moins  pressantes  de  M^"^  Laplace,  évêque  de  Pékin. 

M  Avec  une  bien  grande  joie,  Messieurs,  j'ai  appris  que  vous  n'aviez  pas 
attendu  mon  retour  pour  adresser  des  remercîments  aux  personnes  dont 
le  concours  indirect  a  tant  contribué  au  succès  de  la  mission. 

»   Tung-cliào  est  relié  à  Pékin  [)ar  trois  voies  : 

'I   L'une,  à  travers  les  terres,  était  défoncée  par  les  dernières  inondations. 

)'  La  deuxième,  dallée  sur  toute  sa  longueur,  a  dû  être  magnifique  ;  mais 
les  dalles  sont  aujourd'hui  disjointes,  et  les  dénivellations  dépassent  sou- 
vent 30  centimètres.  Aucun  ressort  de  voiture  ne  résisterait. 


(     '207    ) 

»  La  troisième  est  un  canal  à  écluses,  mais  sans  portes  et  sans  prise 
rl'eau,  d'où  la  nécessité  d'un  transfert  successif  des  fardeaux  d'allégé  en 
allège. 

»  Pour  un  matériel  aussi  délicat  que  le  nôtre,  un  seul  procédé  de  trans- 
port était  applicable...,  le  transporta  bras.  Heureusement  les  Chinois  ont 
élevé  ce  mode  à  la  hauteur  d'un  art. 

1)  i5o  coolies  divisés  par  escouades,  chaque  escouade  marchant  au  pas 
cadencé  sur  un  rythme  chanté  par  un  chef,  transportèrent  en  vingt- 
quatre  heures  tout  le  matériel. 

»  Nous  avons  surveillé,  parce  que  c'était  notre  devoir,  mais  celte  pré- 
caution était  bien  inutile.  Les  entrepreneurs,  en  Chine,  sont  responsables 
pécuniairement,  et,  chose  à  noter,  ils  payent  sans  discussion. 

n   A  l'ouverture  des  caisses,  les  instruments  étaient  intacts. 

«  Ce  qui  a  lieu  pour  les  transports  a  également  lieu  pour  les  construc- 
tions. Tout  se  fait  à  l'entreprise. 

i>  Vous  savez  déjà.  Messieurs,  par  mes  lettres  antérieures,  les  heureuses 
circonstances  qui  ont  accompagné  la  construction  de  l'observatoire.  En 
défonçant  le  jardin,  on  rencontra  les  assises  d'anciennes  fondations.  L'étude 
du  sol  permit  de  trouver  des  points  d'assiette  d'une  extrême  solidité  pour 
tous  les  instruments  importants. 

M  La  direction  du  méridien  déterminée,  les  axes  des  instruments  mar- 
qués, trente  maçons  élevèrent  en  quatre  jours  les  six  piliers  nécessaires;  les 
corps  étaient  en  briques,  les  sommets  étaient  recouverts  par  des  dalles  de 
granit  taillées  et  nivelées. 

»  Autour  des  piliers,  de  nombreux  charpentiers  construisirent  une 
vaste  cabane,  divisée  en  trois  chambres  distinctes. 

»  La  plus  grande,  située  au  sud,  abrita  les  équatoriaux;  les  deux  autres 
furent  réservées  à  l'instrument  des  passages  et  à  l'appareil  photographique. 

»  La  construction  de  l'observatoire  a  été  achevée  le  19  septembre.  Les 
instruments  étaient  établis  le  26. 

I)  A  Pékin,  je  n'avais  pas  beaucoup  à  redouter  des  intempéries  du  cli- 
mat si  à  craindre  pour  les  stations  de  l'hémisphère  sud. 

»  Les  obstacles  sérieux  résidaient  uniquement  dans  la  violence  des  froids 
à  venir  et  dans  la  fréquence  de  nuages  de  poussière  assez  intenses  pour 
cacher  quelquefois  le  Soleil. 

»  Or  froid  et  poussière  sont  les  grands  ennemis  des  instruments  de  pré- 
cision, surtout  de  ceux  destinés  à  mesurer  le  temps. 

»  En  conséquence,  je  n'hésitai  pas  à  placer  les  chronomètres,  pendule, 


(     I208    ) 

chronographe,  piles  clans  une  chambre  chauffée  et  toujours  close,  située 
à  3o  mètres  de  l'observatoire. 

»  M.  Bréguet  avait  bien  voulu,  sur  ma  demande,  admettre  et  adopter 
sur  le  chronograplie  qui  m'était  destiné  une  disposition  spéciale  se  prêtant 
à  l'enregistrement  simultané  du  temps  et  de  trois  signaux  distincts. 

»  Chacun  des  instruments  fut  relié  électriquement  à  l'une  des  plumes. 
Cette  disposition  eut  tout  le  succès  que  j'attendais  d'elle  ;  d'une  part,  pour 
les  observations  relatives  spécialement  au  passage  de  Vénus,  elle  donna  un 
contrôle  mathématique  des  différentes  heures,  en  s'opposant  à  toute 
influence  d'un  observateur  sur  l'autre;  d'autre  part,  elle  permit  d'observer 
les  passages  de  lune  et  d'étoiles  pendant  des  nuits  où  la  température,  infé- 
rieure à  —  i5°,  rendait  impossible  l'usage  du  carnet  et  du  crayon. 

»  Les  observations  relatives  à  la  détermination  de  la  position  géogra- 
i)hique  ont  commencé  le  i""^  octobre.  Le  nombre  de  déterminations  isolées 
de  la  longitude,  faites  par  M.  Lapied  et  par  moi,  s'élève  au  chiffre  de  Sa; 
le  nombre  des  séries,  relatives  à  la  fixation  de  la  latitude,  au  chiffre  de  i8. 
La  longitude  obtenue  est  bien  probablement  certaine  à  i%5  de  temps;  la 
latitude  à  o",5  d'arc. 

»  Pendant  que  la  série  des  observations  astronomiques  régulières  était 
entreprise,  M.  Blarez,  qui  avait  dirigé  dans  les  moindres  détails  le  mon- 
tage de  l'appareil  photographique,  obtenait  de  fort  belles  épreuves  répon- 
dant au  programme  dicté  par  l'Académie.  Tout  était  donc  en  bonne  voie 
lorsqu'un  cruel  événement  vint  nous  accabler  d'une  légitime  douleur. 
^ï.  Blarez  fut  subitement  atteint  d'une  grave  maladie,  qui,  pendant  plu- 
sieurs jours,  mit  sa  vie  en  danger. 

»  Les  soins  de  M.  Dugat,  médecin  de  la  légation,  triomphèrent  enfin  de 
l'intensité  du  mal  et  firent  prévoir  pour  l'avenir  une  complète  guérison; 
mais  déjà  il  nous  était  déujontré  que  notre  pauvre  camarade  ne  pourrait 
concourir  à  nos  communs  travaux.  Je  dois  ajouter  que  M.  Blarez,  espérant 
toujours  se  rétablir,  voidut  restera  Pékin  jusqu'à  l'issue  du  phénomène. 

»  Cependant  il  fallait  aviser.  A  mon  grand  regret,  je  décidai  que  l'équa- 
torial  de  6  pouces  serait  abandonné  provisoirement,  et  que  M.  Lapied  s'oc- 
cuperait uniquement  du  grand  appareil  photographique,  dont  les  résul- 
tats à  venir  étaient  beaucoup  trop  importants  pour  pouvoir  être  négligés. 

»  Plusieurs  de  vous,  Messieurs,  ont  vu  les  épreuves  obtenues;  elles  sont 
le  meilleur  témoignage  que  je  puisse  donner  de  la  rapidité  avec  laquelle 
M.  Lapied  a  su  se  préparer  au  maniement  de  l'appareil. 

»  Telles  étaient  nos  dispositions  lorsque  j'appris  la  nomination  au  com- 


(     '209    ) 

mandement  de  la  Couleuvre  de  l'un  de  mes  anciens  camarades  d'école, 
M.  Bellanger,  dont  l'aptitude  m'était  connue.  Je  me  hâtai  de  lui  écrire  pour 
demander  sa  coopération.  M.  Bellanger,  après  en  avoir  reçu  l'autorisation 
de  l'amiral  Krantz,  commandant  la  division  navale  de  Chine,  promit  son 
concours. 

»  Huit  jours  avant  le  phénomène,  il  arrivait  à  Pékin  pour  s'habituer  à  la 
manœuvre  du  6  pouces,  et,  le  9  décembre,  il  obtenait  les  quatre  contacts. 
»  Le  mois  de  novembre  fut  employé  à  des  expériences  de  toute  nature 
et  à  des  répétitions  fréquentes. 

»  La  grande  mission  américaine  était  installée  dans  l'est  de  la  ville. 
B  Dès  le  début,  les  meilleures  relations  s'étaient  établies  entre  M.  Watson 
et  moi.  Chacun  de  nous  relia  son  observatoire  à  l'autre  par  des  triangula- 
tions indépendantes,  lesquelles  concordèrent  à  i'",5o. 

»  Des  ^échanges  d'heures  faits  également  entre  les  deux  observatoires 
ne  laissèrent  qu'une  incertitude  de  o',  i5. 

»  Quant  aux  latitudes,  ramenées  par  triangulation,  elles  étaient  égales 
ào",i. 

»  Enfin  arriva  le  9  décembre. 

»  Dans  la  nuit  du  8  au  9,  le  quartier-maître  Huet,  le  mécanicien  Serein 
et  deux  aides  chinois,  adroits  comme  ils  le  sont  tous,  avaient  opéré  le  po- 
lissage de  iGo  plaques  daguerriennes.  A  minuit,  M.  Lapied  terminait  l'io- 
dage  de  la  dernière  plaque. 

»  Le  9,  le  Soleil  se  leva  radieux  au  milieu  d'une  atmosphère  cahne  et 
pure. 

»  Voici  maintenant.  Messieurs,  en  quelques  mots,  l'historique  de  cette 
journée  si  impatiemment  attendue  : 

»   I>e  matin,  à  8  heures,  observation  de  la  Polaire  (passage  inférieur). 
»   8''3o°'.  La  partie  sud  du  ciel  se  couvre  de  brumes  blanches,  le  Soleil 
disparaît;  le  zénith  reste  dégagé. 

»  9  heures.  Observation  du  passage  d'Arcturus. 
»  9''  i5™.  Le  Soleil  reparaît  éclatant. 

»  9''3o'°.  Premier  contacl.  —  Le  disque  est  net  et  sans  ondulation.  Les 
photographies  viennent  bien. 

»   De  9'' 30™  à  10  heures.  De  légères  brumes  courent  sur  le  Soleil. 
10  heiwes.  Les  brumes  sont  très-légères.  Deuxième  contact.  —  Ondula- 
tions insignifiantes.  Au  6  pouces,  M.  Bellanger  aperçoit  un  léger  ligament. 
Au   8  pouces,  je  ne  vois  que   quelc[iies   franges.  Los  |)holographies  sont 
nettes. 

U.K.,  1875.    i"'  Seincilic.  (1.1. XXX,  ft"  !«.;  1  ^7 


(     I2IO    ) 

»  De  I  o  à  1 1  heures.  Le  disque  du  Soleil  se  noie  dans  des  nuages  blancs. 
Les  observations  sont  toujours  très-faciles  aux  équatoriaux.  Les  photogra- 
phies deviennent  très-pâles. 

»  De  1 1  heures  à  i  heure  soir,  ciel  complètement  couvert,  tout  semble 
perdu. 

»    I  heure  soir.  Brise  du  nord. 

»    i''3o"'.  Le  ciel  est  bleu.  Ondulations  sensibles. 

»  i''5o'".  Le  disque  est  échitanl.  Troisième  contact.  —  Franges  plus 
marquées  qu'au  deuxième  contact.  M.  Bellanger  et  moi  croyons  cependant 
pouvoir  affirmer  le  contact  à  4  secondes. 

»   Les  photographies  n'exigent  plus  1  exposition  au  brome. 

»  2''  1 5'°.  Le  vent  revenu  au  sud  ramène  les  nuages.  Le  Soleil  commence 
à  être  envahi. 

»  2'' 18™.  Quatrième  contact.  —  Observation  bonne  et  facile,  quoique 
naturellement  toujours  douteuse. 

»   2''20™.   Le  Soleil  a  disparu. 

»   2''3o'".  Observation  du  passage  d'Altaïr. 

»  2''5o'".  Bourrasque  de  nord-nord-ouest.  Ouragan  de  poussière.  On 
ne  voit  pas  à  dix  pas. 

»   3''4'ï'".  Le  calme  se  fait,  le  ciel  est  pur. 

»  Voilà,  Messieurs,  quelle  fut  la  singulière  série  d'alternatives  qui,  en 
quatre  heures,  nous  fît  passer  par  des  émotions  bien  diverses. 

»  Certes,  la  véritable  chance  aurait  été  d'avoir  un  ciel  parfaitement  pur, 
mais,  puisque  la  nouvelle  Lune  devait  amener  partout  des  i)crturbations 
atmosphériques,  je  dois  considérer  comme  une  faveur  providentielle  le 
fait  qui  nous  a  permis  de  voir  le  Soleil  au  moment  des  phases  importantes 
du  phénomène. 

»  En  résumé,  le  nombre  seul  des  photographies  a  souffert,  et,  quant  aux 
contacts,  M.  Bellanger  et  moi  croyons  pouvoir  affirmer  qu'un  ciel  plus  ré- 
gulièrement dégagé  n'aurait  en  lien  augmenté  la  précision  des  heures  ob- 
tenues. 

»  Je  ne  dois  pas  ici  oublier  de  dire  que  M.  Scherzer,  chancelier  inter- 
prète, M.  Dugat,  médecin  de  la  légation,  M.  Vapereau,  professeur  au  lycée 
de  Pékin,  avaient  teiui  à  honneur  de  participera  l'observation,  soit  en 
surveillant  les  boîtes  à  mercure,  soit  en  notant,  à  litre  de  contrôlé,  sur  des 
chronomètres  différents,  les  instants  des  tops  donnés  sur  les  boutons  élec- 
triques. 

»  Avant  le  départ  de  l'expédition,  on  avait  émis  quelques  doutes  sur  la 


(     '211     ) 

nature  de    l'accueil  que   la  mission  recevrait  du    gouvernement  chinois. 

»  Sous  ce  rapport,  les  renseignements  que  j'ai  à  donner  sont  bien  con- 
traires aux  craintes  que  l'on  était  peut-être  en  droit  de  concevoir. 

î>  Dans  le  courant  de  novembre,  chose  curieuse  pour  ceux  qui  connais- 
sent le  caractère  réservé  des  grands  dignitaires  chinois,  S.  A.  le  prince  Kong 
n'avait  pas  dédaigné  de  venir  à  l'observatoire,  accompagné  des  membres 
du  Tsang-li-Yamen,  pour  constater,  par  ses  propres  yeux,  que  les  instru- 
ments européens  permettent  de  voir  les  étoiles  et  les  planètes  en  plein 
jour. 

»  Pendant  toute  la  durée  du  passage,  le  grand  mandarin  Chung-ho,  le 
même  qui  fut  envoyé  en  France  à  l'occasion  des  massacres  de  Tien-tsin, 
ne  quitta  pas  de  vue  les  instruments  et  dressa  procès-verbal,  par  ordre  de 
l'empereur,  de  toutes  les  phases  du  phénomène. 

»  Enfin,  quelques  jours  après  le  9  décembre,  les  impératrices  douai- 
rières me  firent  demander,  par  l'intermédiaire  du  prince  Kong  et  de  M.  le 
comte  de  Rochechouart,  une  photographie  du  passage.  Je  dois  vous  avouer, 
Messieurs,  que,  sur  le  conseil  du  ministre,  je  n'ai  pas  cru  devoir  refuser. 

»  Une  visite  en  grande  pompe  à  l'observatoire  chinois,  où  se  trouvent 
encore  en  parfait  état  les  magnifiques  instruments  établis  par  les  anciens 
jésuites,  une  lettre  de  remercîment  et  un  souvenir,  dont  la  valeur  ne  réside 
que  dans  la  présence  du  chiffre  impérial,  ont  constitué  la  réponse  à  notre 

envoi. 

M  II  ne  me  reste  plus,  Messieurs,  que  quelques  mots  à  dire. 

»  La  maladie,  puis  la  mort  de  l'empereur,  en  rendant  imprudent  l'é- 
loignement  des  Européens  de  la  capitale,  réduisirent  les  excursions  pro- 
jetées au  seul  voyage  de  la  Grande-Muraille.  Comme  positions  géographiques 
extérieures  à  la  ville,  nous  ne  rapportons  donc  que  celles  de  Nankao,  de 
Yang-fan  et  de  Tien-tsin. 

»  Mais,  en  revanche,  pendant  les  deux  mois  de  loisir  forcé  que  nous 
donnait  la  fermeture  de  la  rivière,  M.  Lapied  put  se  livrer  complètement 
au  lever  du  plan  de  la  ville. 

»  Ce  travail,  facile  en  Europe,  a  demandé  à  Pékin  beaucoup  d'adresse 
et  de  prudence.  Ce  n'est  qu'en  payant  les  gardiens  des  Murailles,  et  en  te- 
nant souvent  ses  instruments  cachés,  que  M.  Lapied  a  pu  mener  à  bonne 
fin  sou  travail. 

»  Quelques  azimuts  astronon)iques,  quelques  pointés  observés  séparé- 
ment par  lui  et  par  moi,  permettent  d'en  affirmer  l'exactitude. 

»  Il  résulte  de  ce  plan  que  la  ville  de  Pékin  (villes  lartare  et  chinoise 

157.. 


f 


(     I2I2    ) 

réunies),  a  8473  mètres  de  longueur  dans  le  sens  nord-sud  sur  une  largeur 
moyenne  de  7000  mètres. 

»  La  mvu-aille,  formant  enceinte  continue,  a  33  kilomètres  de  tour.  Sa 
section  est  de  i3  mètres  de  hauteur  sur  i5  de  largeur;  des  bastions  de 
12  mètres  sur  12  mètres  les  uns,  de  aS  mètres  sur  aS  mètres  les  autres, 
sont  échelonnés  de  100  en  100  mètres. 

»  Neuf  doubles  portes  monumentales  donnent  accès  dans  la  ville  tar- 
tare. 

»  Les  coordonnées  géodésiques  de  toutes  les  portes  et  de  tous  les  monu- 
ments sont  conservées  dans  le  registre  d'observation. 

»  Prévenu  le  26  février  qu'enfin  l'embouchure  du  Peï-ho  se  débarrassait 
des  glaces  qui  en  fermaient  l'accès  depuis  le  20  décembre,  nous  nous  déter- 
minâmes, M.  Lapied  et  moi,  à  nous  rendre  à  Tien-tsin  par  la  route  de 
terre,  en  accompagnant  nos  instruments  qui  furent,  ainsi  que  nous-mêmes, 
embarqués  sur  le  navire  américain  Chanse. 

»  Arrivés  à  Shanghaï,  le  g  mars,  nous  prîmes  passage,  le  19,  à  bord  du 
paquebot  français  l'Hoo(jly,  Ce  navire  nous  a  débarqués  à  Marseille  le 
i*"^  mai.    » 

ZOOLOGIE.  —  Observations  sur  l'époque  de  In  disparition  de  la  faune  ancienne 
de  iUe  Rodricjues;  par  M.  Alpii.-Milne  Edwards.  (Extrait.) 

(Renvoi  à   la  Section   d'Anatomie  et  de   Zoologie.) 

«  La  connaissance  imparfaite  que  nous  avons  de  la  faune  ancienne  de 
l'île  Rodrigues  et  les  faits  inattendus  révélés  par  l'étude  paléontologique 
des  ossements  recueillis  dans  les  cavernes  de  cette  île  donnent  une  impor- 
tance réelle  à  tous  les  renseignements  authentiques  que  l'on  peut  trouver 
dans  les  récits  des  anciens  voyageurs  sur  les  productions  de  cette  terre. 
François  Léguât  séjoin-na  à  Rodrigues  de  1691  à  1693,  et  il  publia  des  ob- 
servations très-curieuses  sur  tout  ce  qu'il  y  avait  vu  :  il  en  signala  les 
plantes  et  les  animaux.  La  plupart  de  ses  assertions  ont  été  confirmées  par 
les  découvertes  paléontologiques  faites  récemment,  et,  daiis  plusieurs  Mé- 
moires que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  j'ai  fait  connaître 
les  caractères  zoologiques  de  quelques  oiseaux  mentionnés  par  Léguât  et 
dont  l'espèce  a  complètement  disparu.  Mais  à  quelle  époque  a  eu  lieu 
cette  extinction?  A  quelle  cause  est-elle  due?  Nous  n'avions,  pour  résoudre 
ces  questions,  aucun  guide  certain.  Nous  connaissons  aujourd'hui  un  autre 
document  d'une  grande  valeur  qui  complète  jusqu'à  un  certain  point  les 


(   ..>3  ) 
indications  données  pni- Léguât  ot  (lui  est  de  près  de  t|uaranle  ann<'es  pos- 
•tériour  au  récit  de  ce  dernier  voyageur. 

»  Ce  document  manuscrit  se  trouve  au  ministère  de  la  m;ii  ine,  sous  le 
nom  de  Relation  de  l'Ue  Rodrigue  ;  il  y  a  été  découvert  par  M.  Rouillard, 
magistrat  à  l'île  Maurice,  qui  avait  entrepris  clans  ces  archives  des  études 
d'un  ordre  spécial.  Je  fus  informé  de  ce  fait  par  M.  Alfred  Newton  (i),  pro- 
fesseur à  l'Université  de  Cambridge,  et  il  me  pria  de  faire  quelques  re- 
cherches dans  les  archives  du  ministère,  afin  de  fixer  l'époque  où  ce  docu- 
ment a  été  écrit,  car  il  ne  porte  aucinie  date,  aucun  nom  d'auteur,  et  il 
se  trouve  relié  avec  d'autres  pièces  manuscrites  dans  le  tome  XII  de  la 
Correspondance  de  illede  France,  année  1760.  Celte  date  était-elle  exacte, 
et  peut-on  conclure  de  cette  Relation  que  les  oiseaux  dont  il  est  question 
vivaient  encore  en  1760,  c'est-à-dire  il  y  a  à  peine  plus  d'un  siècle? 

»  J'ai  pu  me  convaincre  que  ce  document  est  plus  ancien  que  les  pièces 
auxquelles  il  a  été  réimi,  et  si  je  n'ai  pu  en  découvrir  l'auteur,  j'ai  pu  en 
fixer  l'époque.  En  effet,  j'ai  trouvé  dans  le  tome  I"  de  la  Correspondance 
générale  un  ancien  inventaire  des  Rapports  et  des  Lettres,  de  17 19  à  1732, 
renfermés  dans  les  cartons  du  ministère  avant  qu'ils  ne  fussent  réunis 
et  reliés  en  volumes.  Dans  cette  énumération  se  trouve  mentionnée  notre 
Relation  de  l'île  Rodrigue,  intercalée  entre  des  pièces  datant  de  1729  et 
d'autres  de  1730  et  1731.  Son  numéro  d'inventaire  correspond  exactement 
à  celui  qui  existe  sur  la  Relation  elle-même.  C'est  le  n°  i  du  carton  29. 
Cette  indication  permet  donc  d'établir  d'une  manière  exacte,  sinon  l'é- 
poque où  ce  Rapport  a  été  écrit,  du  moins  celle  où  il  a  été  transmis  à  la 
Compagnie  des  Indes.  Il  est  donc  postérieur  à  1730,  et  c'est  par  erreur 
qu'il  a  été  réuni  à  la  Correspondance  de  1760. 

»  Je  ferai  aussi  remarquer  que,  d'après  l'inventaire  dont  je  viens  de  par- 
ler, le  carton  n°  29  devait  contenir  aussi  une  délibération  dn  Conseil  (de  la 
Compagnie  des  Indes)  du  20  juillet  fjiS,  pour  prendre  possession  de  l'île 
Diego-Ruys,  c'est-à-dire  de  Rodrigues.  Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  qu'à  la 
suite  de  cette  délibération  la  Compagnie  chargea  un  de  ses  officiers 
d'aller  étudier  les  ressources  de  cette  île  et  de  chercher  s'il  y  avait  lieu  d'y 
faire  un  établissement.  Notre  Relation,  transmise  quatre  ans  après,  semble 
répondre  parfaitement  à  des  questions  de  cet  ordre.  L'auteur  inconnu 
de  ce   Rapport  donne  d'abord  tous  les  renseignements  nécessaires  pour 

(i)  M.  A..  Newton  a  présenté  à  la  Société  xoologic[ue  de  Londres,  dans  sa  séance  du 
1 5  janvier,  <iuelcjues  extraits  de  cette  relation. 


(     I2l/,    ) 

rendre  le  débarquement  facile;  il  indique  tous  les  îlots  et  les  récifs, 
puis  passe  en  revue  les  productions  animales  et  végétales  et  n'oublie  pas 
l'examen  du  sol  et  de  ses  qualités  arables. 

))  Cette  relation  nous  permet  de  constater  que,  quarante  années  après  le 
départ  de  Léguât,  la  faune  de  Rodrigues  comptait  encore  tous  les  types  or- 
nithologiques  si  intéressants  signalés  par  ce  voyageur  et  que  leur  extinction 
est  postérieure  à  cette  date.  Elle  nous  donne  aussi  des  détails  sur  les  mœurs, 
les  formes  et  les  couleurs  de  plusieurs  espèces  dont  j'avais  recoiniu  l'exis- 
tence et  les  affinités  zoologiqnes  d'après  leurs  seuls  ossements,  et  elle 
confirme  les  résultats  auxquels  j'étais  arrivé. 

»  Il  y  est  successivement  question  des  Solitaires,  des  oiseaux  que  j'ai 
fait  connaître  sous  le  nom  à' Erylhromachus  Leguati,  cVÂrden  megacephala, 
de  Alhene  murivora  et  de  Necropsiltacus  rodericanus  (i). 

))  La  Relation  dont  il  vient  d'être  question  indique  nettement  que  la 
faune  ornithologiqiie  de  Rodrigues  n'a  pas  subi  de  modifications  notables 
pendant  la  première  partie  du  xvill^  siècle,  puisque  les  espèces  citées  par 
Léguât  existaient  encore  en  lySo;  nous  savons,  au  contraire,  que,  lorsque 
l'astronome  Pingre  s'arrêta  dans  cette  île  en  1761,  les  5o/i7rt(Vc5  y  étaient 
devenus  tellement  rares  que  ce  savant  n'en  parle  que  par  oui-dire,  n'ayant 
pu  les  observer  lui-même.  J'ajouterai  qu'il  ne  donne  aucune  indication 
sur  les  autres  oiseaux  terrestres.  Il  y  a  donc  lieu  de  penser  que  l'extinction 
de  ces  espèces,  commencée  probablement  à  l'époque  du  séjour  de  Léguât, 
a  marché  avec  luie  rapidité  toujours  croissante  et  a  dû  atteindre  son  maxi- 
mum entre  1730  et  1760. 

»  Les  documents  réunis  au  ministère  de  la  marine  ne  laissent  guère  de 
doute  à  ce  sujet,  et,  grâce  à  eux,  non-seulement  nous  pouvons  assister  pour 
ainsi  dire  à  la  destruction  de  l'un  des  animaux  qui  autrefois  était  d'une 
abondance  extrême  à  Rodrigues,  je  veux  parler  des  Tortues  terrestres, 
mais  encore  nous  rendre  bien  compte  des  causes  de  leur  disparition. 

))  IjCS  causes  qui  ont  amené  leur  extinction  sont,  suivant  toutes  proba- 
bilités, celles  qui  ont  aussi  anéanti  les  oiseaux. 

»  Nous  voyons,  dans  les  Rapports  adressés  à  la  Compagnie  des  Indes  et 
conservés  dans  les  archives  du  ministère  de  la  marine,  que  l'ile  Rodrigues 
était  considérée  comme  une  sorte  de  magasin  d'approvisionnement  non- 
seulement  pour  l'île  de  France  et  l'île  Bourbon,  mais  aussi  pour  les  navires 


(i)  Les  parties  de  cette  Relation  où  il  est  question  île  l'Histoire  naturelle  seront  publiées 
dans  les  Annales  des  Sciences  naturelles. 


(    I2r5  ) 

qui  fréquentaient  ces  parages.  On  venait  régulièrement  y  chercher  des  Tor- 
tues. Déjà,  en  172G  ou  1727,  M.  Lenoir,  pendant  sa  visite  à  l'île  de  France, 
écrivait  au  conseil  de  la  Compagnie  des  Indes. 

«  Il  ne  faut  pas  souffrir  que  les  vaisseaux  allant  aux  Iniles  et  en  revenant  aillent  sans 
discrétion  dépouiller  les  îlots  voisins  des  Tortues  de  terre,  et  il  faut  défendre  aux  capitaines 
d'envoyer  leurs  chaloupes  en  prendre  sans  que  le  commandant  de  l'isle  n'en  soit  j)iévenu, 
et  du  nombre  qu'elles  en  rapporteraient  (i).  » 

»  La  viande  de  boucherie  manquait  souvent  à  l'ile  de  France,  et  nous 
voyons  peu  à  peu  s'organiser  lui  service  régidier  d'approvisionnement  à 
Rodrigues.  Les  différents  gouverneurs  envoyaient  fréquemment  des  na- 
vires qui  revenaient  chargés  de  Tortues  et  qui  n'avaient  pas  d'autres  desti- 
nation. En  1737,  M.  de  la  Boiudonnais  ordonnait  des  expéditions  de  ce 
genre;  mais  il  n'en  tenait  pas  lui  compte  exact,  et  nous  ne  pouvons  juger 
de  leur  importance.  Au  contraire,  M.  Desforge-Boucher,  dans  ses  Rapports 
adressés  à  la  Compagnie  de  1759  à  1760  énumère  non-seulement  les  na- 
vires qu'il  emploie  à  ce  service,  mais  aussi  le  nombre  de  Tortues  recueillies 
et  rapportées  par  chacun  d'eux.  Quatre  petits  bâtiments,  la  Mignonne, 
l'Oiseau,  le  Voilant  et  la  Pénélope  étaient,  à  cette  époque,  presque  unique- 
ment affectés  à  ces  transports,  et  un  officier  résidait  à  Rodrigues  pour  les 
surveiller.  Je  ne  puis  reproduire  ici,  faute  d'espace,  les  extraits  du  journal 
du  gouverneur  Desforge-Boucher,  où  il  est  parlé  de  ces  expéditions;  il  me 
suffira  de  dire  que,  d'après  le  relevé  que  j'ai  fait  du  compte  probablement 
incomplet  qu'il  tenait  de  ces  arrivages,  il  fit  enlever  de  Rodrigues;  en 
moins  de  dix-huit  mois,  plus  de  3oooo  Tortues  terrestres.  Lorsque  l'on 
réfléchit  à  la  faible  étendue  de  cet  îlot,  on  ne  peut  s'étonner  que  ces  ani- 
maux, si  communs  autrefois,  aient  complètement  disparu;  malgré  leur 
fécondité,  ils  ne  pouvaient  résister  à  de  tels  moyens  de  destruction. 

»  Ce  que  nous  constatons  pour  les  Tortues  a  dîi  se  passer  aussi  poiu' 
les  oiseaux  terrestres;  il  est  évident  que  les  matelots  ne  devaient  pas  se  faire 
faute  de  les  poursuivre  et  de  les  tuer.  Ces  espèces,  dont  les  ailes  peu  déve- 
loppées rendaient  la  capture  facile,  en  même  temps  que  la  délicatesse  de 
leur  chair  les  faisait  rechercher,  devaient  s'éteindre  rapidement.  Poiu- 
expliquer  leur  extinction,  il  n'est  donc  pas  nécessaire  d'invoquer  des  chan- 
gements dans  les  conditions  biologiques.  L'action  de  l'homme  a  amplement 
suffi,  elle  s'est  exercée  là  sans  entraves  et  avec  plus  de  facilité  que  partout 

(i)  Documents  manuscrits  rcunib  sous  le  titre  de  Code  de  Vile  de  France,  i55()  à  1768. 
[Archives  de  la  Marine. ) 


(     I2l6    ) 

ailleurs;  elle  se  continue  sur  beaucoup  d'autres  points  du  globe,  et  dès 
aujourd'hui  on  peut  prévoir  l'époque  où  beaucoup  d'oiseaux  aptères,  de 
grands  Cétacés,  et  certaines  espèces  de  Plioques  et  d'Otaries  auront  été 
anéantis  par  l'homme.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Mémoire  sur  des  formules  de  perturbation  ; 
par  M.  E.  Mathieu.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  d'Astronomie.) 

«  Poisson,  après  avoir  donné  ses  formules  générales  de  perturbation 
dans  le  XV*  Cahier  du  Journal  de  l'Ecole  Polytechnique^  les  applique  au 
mouvement  d'un  corps  solide  qui  tourne  autour  d'un  point  fixe  et  sur 
lequel  n'agissent  que  des  forces  perturbatrices;  il  trouve  ainsi,  page  336, 
des  formules  toutes  semblables  à  celles  qui  sont  relatives  à  la  perturbation 
du  mouvement  d'une  planète  ou  plus  généi-alement  du  mouvement  d'un 
point  attiré  par  un  centre  fixe.  Dans  ces  formules  ies  constantes  relatives 
au  plan  de  l'orbite  sont  remplacées  par  celles  qui  déterminent  la  position 
du  plan  dit  rnvarialile,  qui  est  fixe  quand  le  corps  n'est  sollicité  par  aucune 
force,  mais  qui  se  déplace  par  suite  de  la  perturbation. 

»  La  parfaite  analogie  de  deux  systèmes  de  formules  provenant  de  ques- 
tions si  différentes  a  attiré  l'attention  de  Jacobi  (t.  III  de  ses  OEuvres, 
p.  279).  Après  avoir  embrassé  par  une  même  analyse  les  deux  problèmes 
précédents  pour  montrer  qu'ils  sont  réductibles  aux  quadratures,  il  montre 
que  les  six  constantes  arbitraires,  devenues  variables  par  les  perturbations, 
satisfont  à  six  équations  canoniques.  Il  développe  ensuite  seulement  les 
calculs  indiqués  pour  le  point  attiré  par  un  centre  fixe,  et  il  trouve  la  signi- 
fication des  deux  constantes  conjuguées,  l'une  à  l'axe  du  j)lan  invariable, 
c'est-à-dire  à  la  constante  du  second  membre  de  l'équation  des  aires  rela- 
tive à  ce  plan,  et  l'autre  à  la  projection  de  cet  axe  sur  une  perpendiculaire 
à  un  plan  fixe  pris  pour  plan  des  3C,j.  Mais,  si  l'on  applique  ces  mêmes  cal- 
culs au  mouvement  d'un  corps  solide  autour  d'un  point  fixe,  on  est  conduit 
à  des  opérations  beaucoup  plus  coin|)liquées  que  ne  le  nécessite  la  question 
en  elle-même,  et  il  paraît  difficile,  ensuivant  cette  marche,  de  déterminer 
la  signification  de  ces  deux  constantes.  D'ailleurs,  la  démonstration  oble- 
luie  ainsi  cessant  d'être  la  même  que  pour  le  i^rcmicr  problème,  il  n'y 
aurait  plus  de  raison  de  la  préférer  à  celle  qui  a  été  donnée  par  Poisson. 


(     I2I7    ) 

»  D'après  cela,  il  m'a  semblé  utile,  pour  la  philosophie  de  la  Science, 
de  chercher  à  démontrer  entièrement  par  la  même  analyse  les  deux  systèmes 
de  formules  de  perturbation,  et,  en  cherchant  à  reconnaître  quels  sont  les 
liens  communs  aux  deux  questions,  je  suis  arrivé  à  un  théorème  général 
qui  renferme  la  démonstration  de  ces  deux  systèmes  de  formules. 

»  Imaginons  un  système  de  points  matériels  pour  lequel  aient  lieu  le 
principe  des  forces  vives  et  les  trois  intégrales  des  aires.  Quoique  la 
position  relative  des  points  du  système  varie,  on  peut  se  représenter  à 
chaque  instant  ce  système  et  les  trois  axes  principaux  d'inertie  qui  y  sont 
relatifs;  désignons  sous  le  nom  d'équateur  le  plan  qui  passera  par  deux  de 
ces  axes  principaux  et  considérons  la  trace  A  de  l'équaleur  sur  le  plan 
invariable;  désignons  par  g  l'angle  de  cette  trace  A  avec  une  droite  fixe 
menée  par  l'origine  dans  le  plan  invariable;  l'origine  de  l'angle  g  étant  ar- 
bitraire, on  peut  regarder  (7  comiries'ajoutant  à  une  constante  arbitraire  —  g. 

»  Appelons  ligne  des  iiœitds  la  trace  du  plan  invariable  sur  le  plan  fixe 
des  X,  y.  Désignons  par  a  la  longitude  du  nœud  comptée  à  partir  d'une 
droite  fixe  tracée  par  l'origine  des  coordonnées  dans  le  plan  des  x,j',  par 
h  la  constante  des  forces  vives,  par  A  l'axe  du  plan  invariable,  par  |3  la  pro- 
jection de  cet  axe  sur  l'axe  des  s  et  par  t  la  constante  qui  s'ajoute  au 
temps  t. 

»  Convenons  maintenant  de  compter  l'angle  o-  à  partir  de  la  ligne  des 
nœuds;  alors  g^  désignera  aussi  la  distance  angulaire  d'un  point  fixe  du 
plan  invariable  à  cette  ligne  des  nœuds. 

»  Enfin  supposons  que  les  équations  différentielles  du  problème  soient 
intégrées  et  que  l'on  veuille  examiner  comment  les  équations  du  mouvement 
doivent  être  modifiées,  quand  aux  forces  que  l'on  a  examinées  il  s'ajoute 
des  forces  perturbatrices;  exprimons  la  fonction  perturbatrice  O  au  moyen 
de  t  et  de  constantes  arbitraires  parmi  lesquelles  se  trouvent  h,  [j,  A',  t,  a,  g. 
Alors  toutes  les  constantes  deviendront  variables  par  suite  de  la  perturba- 
tion, et  les  valeurs  variables  des  six  quantités  précédentes  satisferont  aux 
six  équations  canoniques  suivantes  : 


(«) 


»  Ces  équations  canoniques  ne  permettent  pas  de  déterminer  en  général 

C.  K.,  1875.  i«^r  Semestre.  (T.  L\XX,  N"  iH.)  l  58 


dh       da 
'dt   ~  7k  ' 

dz   _ 

dt  ~ 

da 
~dh' 

dx        da 
dt    ^  d^' 

dt 

da 

dk         da 

dF^d^' 

dt 

da 
~  Tïh' 

(    I2l8    ) 

les  six  quantités  A,  t,  . . . ,  parce  que  û  renferme,  outre  ces  quantités,  encore 
d'autres  éléments.  Mais  ces  six  quantités  sont  entièrement  déterminées  par 
ces  équations  dans  les  deux  problèmes  dont  nous  avons  déjà  parlé.  Dans  le 
cas  d'un  corps  attiré  par  un  centre  fixe,  le  plan  invariable  devient  celui  de 
l'orbite,  et  l'on  peut  prendre  pour  ^  la  distance  du  périhélie  au  nœud  as- 
cendant; on  a  ainsi  des  formules  qui  se  transforment  immédiatement  en 
celles  que  les  astronomes  em|)loient.  Dans  le  cas  d'un  corps  solide  qui 
tourne  autour  d'un  point  fixe,  sollicité  seulement  par  des  forces  perturba- 
trices, on  a  des  formules  qui  reviennent  à  celles  de  Poisson,  citées  ci- 
dessus. 

»  Enfin,  dans  le  cas  le  plus  général,  si  les  six  éléments  h,  t, ...  varient 
très-peu,  on  pourra  les  calculer  avec  une  grande  approximation  pendant 
un  temps  assez  considérable,  à  l'aide  de  quadratures  déduites  de  ces  for- 
mules. Supposons,  par  exemple,  qu'un  corps,  en  s'approcliant  de  notre 
système  planétaire,  vienne  à  le  troubler,  les  troisième,  quatrième  et  cin- 
quième formules  [a)  permettront  de  calculer  le  déplacement  du  plan  inva- 
riable.   » 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  quelques  propriétés  des  courbes  algébriques. 
Note  de  M.  Lasuerre,  présentée  par  M.  Resal, 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

«  1 .  Une  courbe  de  ii""""  classe  peut  être  considérée  comme  une  courbe 
d'ordre  «  [n  —  i).  Étant  donnée  une  telle  courbe  K"=  C"<"~'',  les  polaires 
des  divers  ordres  d'un  point  M  du  plan  relativement  à  C"'"~''  dépendent, 
en  général,  nou-seuleineut  des  points  de  contact  des  tangentes  que  l'on 
peut  mener  du  |)oint  M  à  la  courbe,  mais  encore  des  singularités  de  la  courbe. 
Il  est  remarquable  que  la  droite  polaire  du  point  M  ne  dépende  que  des 
points  de  contact;  on  a  en  effet  la  proposition  suivante  : 

»  Théouème  I.  —  Si,  d'un  point  M  pris  dans  le  plan  d'une  courbe  de 
n"'"'^  classe  K"  =  C"'"~'',  on  mène  tes  n  tangentes  à  la  courbe,  et  si  l'on  consi- 
dère les droites  qui  joignent  deux  à  deux  les  points  de  contact,  la  droite 

polaire  de  M  relativement  à  C"*"~''  est  la  droite  polaire  du  même  point  relati- 
vement  aux  droites  considérées. 

2 

»   Démonstration  (').  —  Soient  w  =  ux  4-  vj"  -h  wz  ™  o l'équation  d'une 


{')  J'emploie  ici  les  noialions  dont  je  me  suis  servi  dans  mon  Mémoire  sur  l' application  de 


(    '219    ) 

droite  D  du  plan  ; 

(i)  U  =  (rt,  ^,  c, . ..)  =  0 

l'équation  mixte  de  R"  et  II  =  (a.  /3,  y,-  •  •)  l'équatiou  mixte  de  la  polaire 
de  la  droite  de  l'infini  relativement  à  R".  L'équation  mixte  de  la  polaire  de 
D  relativement  à  R"  est  (F.  B.^  u°  4)  uV.^—  vU ,  -1-  0)11  =  o;  si  l'on  élimine 
X  et  p.  entre  cette  équation  et  l'équation  (i),  on  obtient  l'équation  T  =  o 
des/i  [n  —  i)  tangentes  menées  à  R"  aux  points  de  rencontre  de  cette  courbe 
et  de  D.  Si,  en  posant  pour  abréger  X— |  —  x  et  Y  =  ri  —  f  CE,  et  ri  dési- 
gnant les  coordonnées  courantes),  on  remplace,  dans  le  résultant  T,  u,  v  et 
w  respectivement  par  p.,  —  X  et  XY  —  p.X,  l'expression  T'  ainsi  obtenue 
étant  égalée  à  zéro  donne  1  équation  mixte  des  points  de  contact  des  n  tan- 
gentes menées  du  point  (x,  j-)  à  la  courbe.  Enfin,  si  l'on  forme  le  discri- 
minant de  T',  ce  discriminant  sera  un  carré  parfait  R^  et  l'équation  R  =  o 

représentera  les  -^ droites  mentionnées  dans  l'énoncé  du  théorème.  Il 

faut  maintenant  former  l'équation  de  la  droite  polaire  du  point  [jc,  )■)  re- 
lativement à  la  courbe  R  =  o,  ou,  ce  qui  est  la  même  chose,  relativement  à 
la  courbe  R-  =0;  et  je  remarque  d'abord  qu'il  suffit  de  calculer  dans  le 
discriminant  R-  le  terme  constant  et  les  termes  du  premier  degré  en  X  et 
en  Y,  en  négligeant  les  termes  du  second  degré. 

»  Le  résultant  T,  quand  on  y  néglige  les  termes  en  w  d'un  degré  supé- 
rieur au  premier,  est  simplement  U(--  v,  u)  -+-  «un( —  v,  71),  comme  on 
le  voit  facilement  en  se  servant  de  la  formule  élémentaire  qui  donne  la  dé- 
composition  d'une   fraction  rationnelle   en  fractions  simples;  on    déduit 

de  là 

T'=  U(X,  pî  +  «(XY  -  fjiX)n(X,  p.), 
ou 

T'^  {a,h,c,...)+  [/luY,  (/i  -i)/3Y  -  «X,  [fi  ~  2)vX--  a/BX,...]; 

d'où,  en  négligeant  toujours  les  puissances  de  X  et  de  Y  supérieures  à  la 
première  et  en  appelant  A  le  discriminant  de  U  [égalé  à  zéro  il  donne  l'é- 
quation de  C"'"-"J 

R^  =.  A  +  nuY  ^1  +  [{n  -  ,)fiY  -  «X]  f^  +  •  ^.  ; 
d'où  encore,  en  se  rappelant  que  n  =  o  représente  la  polaire  de  la  droite 

la  théorie  des  fotmes  binaires  à  la  Géométrie  analytique.  [Journal  de  Mathématiques,  3'  s6- 
rie,   t.  V.) 

.  58 


(     I220    ) 

de  l'infini  et  en  employant  une  formnle  donnée  dans  le  Mémoire  déjà  cité 
{F.B.,  nM3), 

dx  dy 

la  polaire  du  point  [x,  j)  relativement  à  R^  est 

ou,  en  vertu  du  théorème  connu  sur  les  fonctions  homogènes, 

^d\  d\         ^  d\ 

^  dx  dy         '  dz 

1)   La  proposition  est  donc  démontrée. 

»  2.  Si  la  courbe  de  «'^'"^  classe  K"  est  une  courbe  C"  d'ordre  inférieur  à 
n(n  —  i),  le  théorème  précédent  lui  est  applicable  en  la  considérant  comme 
une  courbe  d'ordre  ii[ii  —  i)  obtenue  en  adjoignant  à  C"  ses  t  tangentes 
doubles  (chacune  d'elles  étant  comptée  deux  fois)  et  ses  i  tangentes  d'in- 
flexion (chacune  d'elles  étant  comptée  trois  fois). 

»  On  peut  donc  énoncer  la  proposition  suivante  : 

»  Théorème  II.  —  Etant  donnée  une  courbe  de  n"^'""  classe  et  du  même 
ordre  R"  =  C",  possédant  l  tangentes  doubles  et  i  tangentes  d'injlexion,  si  l'on 
désigne  respectivement  par  D,  I,  T  et  A.  les  droites  polaires  d'un  point  M  du 
plan  relativement  à  la  courbe  C"^ ,  à  l'ensemble  des  tangentes  doubles,  à  l'ensemble 
des  tangentes  d'infcxion  et  à  l'ensemble  des  droites  qui  joignent,  deux  à  deux, 
les  points  de  conluct  des  tangentes  menées  du  point  M  à  R",  In  droite  A  est  lu 
polaire  du  point  M  relativement  au  triangle  formé  par  les  droites  D,  T  ell,  ces 
droites  étant  supposées  de  poids  proportionnel  aux  nomb/es  m,  o.t  et  M. 

»  En  d'autres  termes,  si  par  le  point  M  on  mène  une  sécante  quelconque 
rencontrant  respectivement  les  droites  D,  T,  I  et  A  aux  points  d' ,  i! ,  ï  et  5', 

on  a  la  relation 

n[n  —  I  )  m  it  3  ?' 

■  + 


RU'  Mrf'         Ut'        M/' 

»  3.  En  particulier,  si  la  courbe  considérée  se  décompose  en  deux 
courbes  distinctes,  on  obtient  la  proposition  suivante  : 

1)  TuÉOliÈMlî  III .  —  Etant  données  deux  courbes  quelconques  de  classe  n  et  n' , 
R"  et  R"',  la  droite  polaire  d'un  point  quelcowpie  M  du  plan,  relativement  à 
leurs  nn'  tangentes  communes,  est  la  droite  polaire  du  même  point  relativement 
aux  nn'  droites  qui  joignent  les  points  de  contact  des  tangentes  menées  de  M.  à  R" 
aux  points  de  contact  des  tangentes  menées  de  M  à  R"'. 


(     I22I    ) 

))  Si  la  courbe  K"'  se  réduit  à  un  point  P,  on  obtient  le  théorème  suivant  : 
»  Si  l'on  considère  les  tangentes  menées  d'un  point  P  à  une  courbe  de 
pleine  (.(gg^g  j^"^  /^  droite  polaire  d'un  point  quelconque  M  du  plan,  relative- 
ment à  l'ensemble  de  ces  tangentes,  est  la  droite  polaire  du  même  point  relati- 
vement aux  droites  qui  joignent  au  point  P  les  points  de  contact  des  tangentes 
à  R"  issues  du  point  M. 

»  Si,  en  particulier,  on  suppose  que  les  droites  issiies  du  point  P  soient 
isotropes,  on  retrouve  ce  théorème  que  j'ai  déjà  donné  dans  ma  Note  Sur  la 
détciminntion  du  rayon  de  courbure  des  lignes  planes.  [Bull,  de  la  Sociclë 
phil.,  1867.) 

>)  Si,  d'un  point  M,  on  mène  les  n  tangentes  à  une  courbe  de  classe  n,  le 
centre  haimonique\du  point  M,  relativement  aux  n  points  de  contact,  est  le  même 
que  le  centre  harmonique  du  même  point  relativement  aux  fi  foyers  réels  de 
la  courbe. 

»  4.  Si  la  courbe  donnée  est  une  courbe  de  troisième  classe  R'  =C°, 
on  voit  que  la  polaire  d'un  point  M,  relativement  à  C°,  est  la  polaire  de 
ce  point  relativement  au  triangle  formé  par  les  points  de  contact  des  tan- 
gentes issues  de  M. 

»  Si  M  est  sur  la  cayleyenne  de  K',  ces  points  sont  en  ligne  droite;  donc 
cette  droite  est  la  polaire  de  M  relativement  à  C,  d'où  ces  conséquences  : 

»  La  liessienne  de  R'  est  l'enveloppe  des  droites  polaires,  relativement  à  C', 
des  points  de  la  cajleyenne  f/eR'. 

))  Une  droite,  tangente  en  M  à  K',  coupe  G"  en  quatre  points  distincts  de  M  ; 
les  trois  pôles  de  M,  relativement  à  ces  quatre  points,  sont  les  points  oit  la  droite 
coupe  la  cayleyenne. 

»  5.  On  déduit  de  !a  théorie  des  polaires  réciproques  une  série  de  théo- 
rèmes analogues  aux  précédents  et  relatifs  aux  pôles  d'une  droite  par 
rapport  à  une  courbe  donnée.  Il  est  inutile  de  les  énoncer;  leur  consi- 
dération, néanmoins,  est  indispensable,  notamment  dans  l'application  des 
propositions  précédentes  à  la  théorie  des  surfaces  algébriques.  » 

PHYSIOLOGIE.—  Sur  les  effets  toxiques  de  l'écorce  de  Manconc.  Note  de 
MM.  Gallois  et  Hardy,  présentée  par  M.  Cl.  Bernard. 

(Commissaires  :  MM.  Balard,  Cl.  Bernard.) 

«  L'écorce  de  Mancône,  qui  est  employée  par  diverses  peuplades  de 
l'Afrique  tropicale  à  empoisonner  les  flèches  et  à  préparer  des  liqueurs 


(     1222    ) 

d'épreuve,  qui  sont  administrées  aux  criminels,  se  présente  sous  forme  de 
morceaux  aplatis,  irréguliers,  d'un  brun  rougeâtre,  à  surface  inégale.  Elle 
est  dure,  fibreuse,  inodore,  et  détermine  deviolenls  éternuments  quand 
on  la  pulvérise.  Cette  écorce  est  fournie  par  un  arbre,  V Eryli ophlœum 
guineense,  qui  appartient  à  la  grande  famille  des  Légumineuses,  à  la  sous- 
famille  des  Césalpiniées,  et  à  la  série  des  Dimorphandrées.  Cet  arbre,  à 
tronc  cylindrique  rectiligue,  peut  atteindre  3o  mètres  et  plus  de  hauteur, 
2  mètres  do  diamètre,  et  les  habitants  du  pays  le  désignent  sous  le  nom 
de  Tnli. 

»  La  petite  quantité  de  cette  écorce  dont  nous  avons  pu  disposer  ne 
nous  a  pas  permis  jusqu'ici  d'en  extraire  un  alcaloïde  cristallisé;  mais 
nous  avons  concentré  la  matière  active  sous  un  très-petit  volume,  et  nous 
avons  pu  avec  elle  tenter  quelques  expériences  physiologiques,  dont  voici 
les  principaux  résultais. 

»  Nous  avons  injecté  la  solution  toxique  sous  la  peau  de  grenouilles,  de 
cobayes  et  de  jeunes  chats,  et  chez  tons  ces  animaux  nous  avons  observé, 
au  bout  de  quelques  minutes,  un  phénomène  constant  :  c'est  le  ralentisse- 
ment, puis  la  cessation  des  battements  du  cœur,  qui  s'arrête  en  systole. 
Quand  le  cœur  a  cessé  de  battre,  on  observe  encore,  sur  le  cobaye,  quel- 
ques mouvemenis  respiratoires,  qui  se  produisent  à  des  intervalles  de  plus 
en  plus  éloignés,  puis  la  mort  a  lieu. 

»  Sur  la  grenouille,  le  ventricule  nous  a  paru  s'arrêter  presque  toujours 
avant  les  oreillettes,  et  cesser  de  répondre  avant  elles  à  l'action  du  cou- 
rant électrique.  Sur  le  cobaye,  le  phénomène  inverse  a  été  observé.  Du 
reste,  dans  tous  les  cas,  le  cœur  cesse  promptement  d'être  sensible  au  cou- 
rant de  la  pile,  tandis  qu'au  contraire  la  contractilité  persiste  longtemps 
dans  les  muscles  de  la  vie  de  relation,  soit  qu'on  les  galvanise  directement, 
soit  qu'on  galvanise  les  nerfs  qui  les  animent. 

»  Cependant,  si,  chez  une  grenouille,  on  arrête  la  circulation  en  prati- 
quant la  ligature  du  cœur,  on  observe  que  ses  muscles  conservent  leur 
contractilité  plus  longtemps  que  ceux  de  la  grenouille  dont  le  cœur  a  été 
arrêté  par  le  poison  de  l'écorce  de  Mancône  ;  ce  qui  prouve  que  ce  poison 
n'est  pas  tout  à  fait  dépourvu  d'action  sur  le  système  musculaire  de  la  vie 
de  relation. 

»  Dès  que  le  cœur  a  cessé  de  battre,  si  on  l'arrose  directement  avec  une 
solution  de  sulfate  d'atropine,  ou  bien  qu'on  injecte  cette  même  solution 
sous  la  peau,  on  ne  réussit  point  à  réveiller  les  battements  du  cœur.  Nous 
avons  injecté  du  sulfate  d'atropine  sous  la  peau  d'un  cobaye,  presque  ans- 


(    1223    ) 

sitôt  après  lui  avoir  administré  du  poison  de  VEtjthroplilœum,  dans  l'es- 
poir de  suspendre  ou  au  moins  d'atténuer  les  effets  de  ce  dernier,  et  dans 
ce  cas  encore  l'influence  du  sulfate  d'atropine  nous  a  paru  insignifiante  ou 
nulle.  » 

ZOOLOGIE.  —  Observations  faites  sur  les  divers  Phjlloxeras. 
Note  de  M.  Lichtenstein. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  J'ai  laissé,  l'année  passée,  en  novembre,  les  insectes  ailés  de  plusieurs 
espèces  se  posant  sur  les  feuilles  de  chênes  kermès  et  y  déposant  \espupes, 
d'où  sort;nent  les  insectes  sexués  qui  s'accouplaient  et  déposaient  un  seul 
œuf.  Cet  œuf  a  passé  l'hiver  sans  changement,  et  je  n'ai  pas  pu  encore  en 
voir  éclore  un. 

»  Mais,  à  côté  de  la  génération  ailée,  il  est  resté  sur  les  vignes  et  sur  les 
chênes  une  génération  aptère,  qui  a  aussidéposé  despupesà  insectes  sexués, 
qui  ont  produit  des  œufs  d'hiver  libres  ou  enkystés  dans  la  mère.  Voici  ce 
qu'ils  produisent,  ou  du  moins  ce  que  je  vois  aujourd'hui  sur  les  végé- 
taux atteints  par  les  Phylloxéras. 

»  18  avril.  —  Phylloxéra  Rileji,  Court  sur  l'écorce  du  chêne.  Un  seul 
exemplaire. 

»  21  avril.  —  Phylloxéra  vastalrix.  L'œuf  d'hiver  a  dû  éclore  très-rapi- 
dement, car,  le  1"'  novembre,  les  pucerons  très-petits  étaient  immobiles  sur 
les  racines.  Ils  sont  restés  ainsi  sans  changement  jusqu'au  21  avril;  ce  jour- 
là  ils  ont  commencé  à  muer,  et  il  est  sorti  de  ces  pucerons  d'hiver,  qui 
étaient  bruns,  des  pucerons  jaune  clair,  qui,  huit  jours  après  la  mue,  ont 
pondu  et  pondent  encore.  Ceux-là  n'ont  pas  besoin  de  beaucoup  de  nour- 
riture, car  ils  pondent  sur  une  racine  coupée  depuis  six  mois.  J'ai  observé, 
sur  d'autres  Coccidiens  de  la  vigne,  ce  même  phénomène  de  ponte  sans 
nourriture,  question  dont  je  ne  m'occuperai  pas  aujourd'hui. 

»  6  mai.  —  PhjUoxera  quetcùs.  Sortant  des  crevasses  et  des  bourgeons, 
ce  Phylloxéra  se  rend  sur  les  feuilles;  là,  après  avoir  mué,  il  pique  la  ner- 
vure, ordinairement  celle  du  milieu,  à  i  ou  2  centimètres  de  distance  du 
bord.  Sous  l'effet  de  cette  piqûre,  le  bout  de  la  feuille  se  replie  et  s'ap- 
plique contre  la  face  inférieure  en  enfermant  complètement  le  Phylloxéra, 
qui  se  met  à  pondre  et  s'entoure  d'un  tas  énorme  d'œufs.  La  mère  fonda- 
trice est  remarquable  par  la  brièveté  de  ses  antennes  et  de  son  rostre. 

»  Cela  écrit,  j'ai  connaissance  d'un  travail  de  M.  Balbiani,  dont  je 
n'avais  vu  que  la  première  partie,  et  je  trouve  que  l'observation  de  l'ha- 


{    1224   ) 

bitat  de  la  mère  fondatrice  du  Phylloxéra  quercûs  a  déjà  été  signalée  par 
ce  savant,  dans  l'annexe  que  je  lis  aujourd'hui  pour  la  première  fois 
[Mémoires  de  l'Académie,  t.  XXII,  n°  14). 

»  Je  suis  heureux  d'être  tout  à  fait  d'accord  avec  le  savant  délégué  de 
l'Académie,  dans  mes  observations  actuelles. 

»  7  mai.  —  Phjlloxera  Balbiani.  Très-rare  (vu  l'époque  sans  doute); 
se  montre  tout  à  fait  au  bout  des  rameaux  du  querciis  coccifera,  se  tient 
dans  l'aisselle  des  feuilles  ou  même  contre  la  tige.  Il  a  mué  et  sa  dépouille 
est  près  de  lui  (comme  chez  tous  les  autres,  du  reste),  mais  il  ne  pond  pas, 
ou  du  moins  il  n'y  a  pas  encore  trace  d'œufs.  Cette  espèce  est  remar- 
quable par  ses  énormes  tubercules  cylindriques  et  sphériques  au  bout. 

»  Je  vais  m'appliquer  à  suivre  ces  études  en  gardant  des  spécimens  de 
ces  divers  insectes  dans  tous  leurs  états,  et  j'aurai  Ihonneur  de  faire  con- 
naître à  l'Académie  tout  ce  qui  me  paraîtra  pouvoir  l'intéresser.  » 

M.  le  Ministre  de  l'Instrcctiox  publique  transmet  à  l'Académie  une 
Lettre  adressée  du  Cap,  par  M.  Lanen,  à  M.  le  Ministre  des  Affaires  étran- 
gères. 

«  Ville  du  Cap,  le  23  février  1875. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  transmettre  un  article  d'un  journal  de  Cape- 
Town  qui  contient  des  renseignements  intéressants  sur  la  faune  et  la 
flore  de  l'île  Kerguélen.  Ces  renseignements  sont  dus  au  D'' Ridder,  natu- 
raliste attaché  à  l'expédition  américaine  qui  a  été  chargée  d'observer,  de 
cette  île,  le  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil. 

»  Il  résulte  des  recherches  de  ce  savant  qu'il  n'existe  sur  l'île  Ker- 
guélen qu'un  seul  oiseau  qui  n'ait  pas  les  pâlies  palmées  :  c'est  le  Shealh- 
bill  ou  Chionis  alba,  qui  se  nourrit  de  coquillages  et  d'herbes  marines  laissés 
sur  le  rivage  à  la  marée  basse.  En  revanche,  les  oiseaux  aquatiques  y  sont 
très-nombreux.  La  Sarcelle  aux  ailes  vertes  [Green  ivinged)  s'y  trouve  en 
grande  abondance;  elle  est  d'un  goût  exquis.  Parmi  les  oiseaux  de  mer, 
on  remarque  dix-sept  espèces  de  Pétrels,  deux  d'Albatros,  trois  de  Pin- 
gouins, une  Poule  de  mer  très-grosse,  sorte  de  Lestris  calharractes  qui ^  bien 
que  palmipède,  ne  se  nourrit  que  d'oiseaux  et  d'œufs. 

»  Les  Insectes  sont  très-peu  nombreux.  On  trouve,  sur  les  feuilles  du 
chou,  des  Diptères  qui  sont  dépourvus  d'ailes  et  des  Acridiens  rouges.  Les 
seuls  animaux  invertébrés  pourvus  d'ailes  que  le  D'' Ridder  ait  découverts 
sont  des  Escarbots  de  différentes  espèces.  Il  n'a  vu  ni  Hyménoptères,  ni 
Iléiuiplères,  ni  Diptères. 


(    r225   ) 

»  II  îi'existe  ni  Reptiles  ni  Batraciens,  mais  beaucoup  de  Crustacés  et 
quelques  Gastéropodes. 

»  On  n'a  découvert  dans  les  lacs  de  Kerguélen  qu'un  seul  poisson.  Il 
semble  appartenir  à  la  famille  des  Morues,  mais  il  est  de  petite  dimension. 

»  La  classe  des  Mammifères  est  à  peine  représentée  «à  Kerguélen,  Le 
seul  Mammifère  non  amphibie  qui  s'y  rencontre  est  la  Sotu'is  ordinaire, 
qui  aura  été  sans  doute  apportée  par  quelque  navire.  Quant  aux  Mammi- 
fères amphibies,  Phoques,  Éléphants  de  mer,  Léopards  de  mer,  Lions  de 
mer,  etc.,  qui  y  abondaient  autrefois,  ils  ont  été  tellement  chassés  par  les 
baleiniers  américains,  qu'ils  sont  devenus  fort  rares. 

»  La  flore  de  l'île  Kerguélen  est  pauvre,  mais  originale;  quelques-unes 
des  plantes  qui  y  croissent  ne  se  rencontrent  nulle  part  ailleurs,  entre 
autres  le  Lyallia  kerguelensis,  seule  espèce  d'un  genre  dont  la  classification 
est  encore  incertaine;  le  Colobanthas  kerguelensis,  le  Triodin  kerguelensis.  Le 
Chou  et  le  Thé  de  Kerguélen  [Pringlea  anliscorbulica  et  Acœna  affuiis)  offrent 
aux  navigateurs  un  remède  précieux  contre  le  scorbut.  Le  D'  Kidder  a  dé- 
couvert quelques  plantes  qui  ne  sont  pas  décrites  dans  l'ouvrage  que  publia 
le  D'  Hooker  à  la  suite  de  son  exploration  de  1839  à  i84i-  Il  rapporte  de 
Kerguélen  vingt-huit  caisses  de  spécimens  botaniques. 

»  Le  rév.  M.  Faton  et  le  D''  Naumann,  naturalistes  attachés,  l'un  à 
l'expédition  anglaise,  l'autre  à  l'expédition  allemande,  recueilleront  sans 
doute  une  collection  plus  complète,  car  ils  prolongeront  leur  séjour  de 
plusieurs  mois  encore. 

»  La  superficie  de  cette  île  est  environ  de  100  milles  de  long  sur  4o  de 
large.   » 

M.  Garxier  adresse  une  Note  sur  l'emploi  de  la  glycérine  dans  le  traite- 
ment de  la  glycosmie.  M.  Schultzen,  de  Dorpat,  avait  établi  par  ses  recher- 
ches que  la  glycérine,  associée  ou  non  à  l'acide  tartrique  et  prise  à  la  dose 
de  20  à  5o  grammes  par  jour,  constitue  un  puissant  adjuvant  au  régime 
alimentaire  spécial  adopté  dans  la  glycosurie.  L'auteur  de  la  Note  a  fait 
usage  personnellement  de  glycérines  épurées  et  les  a  rendues  supportables 
en  les  mêlant  à  une  certaine  quantité  d'alcool  et  de  substances  aromatiques 
(menthe,  oranges  amères,  anis).  L'emploi  de  la  glycérine  lui  a  réussi,  ainsi 
qu'à  plusieurs  autres  malades. 

(Commissaires;  MM.  Andral,  BouiUaud,  Bussy.) 

C.  K.,  1S75,   i"  Scmcnre.    (I.  I.XXX,  M"   10.)  l  5^ 


(     1226    ) 

M.  E.  DccHEMiiï  présente  à  l'Académie,  par  l'entremise  de  M.  du  Moncel, 
le  nouveau  modèle  qu'il  a  adopté  pour  sa  boussole  circulaire.  La  puissance 
magnétique  de  cette  boussole  en  accroît  la  fixité  et  rend  les  déviations 
locales  moins  fortes  que  sur  toute  autre.  Ces  résultats  ont  été  confirmés  par 
des  expériences  faites  à  bord  du  Duchaffaud,  depuis  le  i"  novembre  1H74 
jusqu'au  i5  mars  iSjS. 

(Commissaires  :  MM.  Bréguet,  du  Moncel.) 

M.  A.  Perrin  adresse  une  réclamation  de  priorité,  relativement  à  l'emploi 

des  électro-aimants  formés  de  tubes  de  fer  concentriques  présentés   par 

M.  Camacho. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bréguet.) 

M.  E.  Garimonû  adresse  pour  le  concours  du  prix  Chaiissier  une  mono- 
graphie intitulée  :  «  Traité  théorique  et  pratique  de  l'avortement  considéré 
au  point  de  vue  médical,  chirurgical  et  médico-légal  ». 

(Renvoi  au  Concours  du  prix  Chaussier.) 

M.  MiALHE  adresse  un  Mémoire  intitulé  :  «  Recherches  silt*  la  digestion, 
l'assimilation  et  l'oxydation  organique  ou  vitale  ». 

(Renvoi  au  concours  de  Physiologie  expérimentale.) 

M.  A.  Bracheï  adresse,  pour  les  concours  du  prix  Trémont  cl  du  prix 
Gegner,  plusieurs  Mémoires  sur  l'optique  géométrique  et  sur  divers  objets 
de  mécanique  appliquée. 

(Renvoi  aux  Commissions.) 

M.  Pellet  fait  connaître  les  bons  effets  qu'il  a  obtenus,  dans  le  traitement 
de  la  vigne,  de  l'emploi  du  sulfure  de  potassium  et  du  sulfate  d'ammoniaque 
mêlés  à  la  cendre  de  bois  de  sarments.  Il  a  opéré  sur  8000  à  gooo  ceps,  qui 
sont  en  ce  moment  en  très-bon  état. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  ViLLEDiEii  adresse  une  Note  dans  laquelle  il  signale  l'emploi  avanta- 
geux contre  le  Phylloxéra  de  la  vase  du  Rhône,  à  laquelle  il  ajoute  des  sels 
alcalins  et  du  sulfate  d'ammoniaque. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 


(     '227    ) 

M.  GoDETadrosse  la  composition  du  mélange  qu'il  emploie  pour  com- 
battre le  Phylloxéra  :  sulfure  de  potassium  y^,  salpêtre  -^,  poudre  d'os  jL 
Les  doses  sont  de  3o  à  5o  grammes  pour  i  o  litres  d'eau,  et  le  liquide  est  versé 

sur  les  vignes. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

Le  Conseil  général,  de  l'Héraclt  adresse  à  l'Académie  une  Note  de 
M.  Monestier  sur  l'emploi  qu'il  se  propose  de  faire  de  l'anide  sulfureux 
contre  le  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

MM.  B.  Alciator,  Biémobjt,  J.  Chaillon,  J,-C.  Crussard,  B.  Dugat, 
Dcpoux,  ËGGER,  EsTRUc,  J.  Gallois,  A.  Jaussand,  Lecoq,  Marchand,  A. 
AIoRNARD,  Perris,  E.  Risler,  DE  RosTAiNG,  SoucHON,  ViGNiAL  adressent  di- 
verses Communications  relatives  au  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  A. -S.  Flecken  adresse  une  Note  en  allemand  accompagnée  de  figures 
sur  la  direction  des  aérostats. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

La  Commission  nommée  pour  l'examen  du  projet  de  poudrières  souter- 
raines munies  de  cheminées,  adressé  par  M.  le  Ministre  de  la  Guerre,  se 
compose  des  Membres  de  1*  Section  de  Physique,  auxquels  est  adjoint 
M.  le  général  Morin. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Un  Dictionnaire  des  altérations  et  falsifications  des  substances  alimen- 
taires, médicamenteuses  et  commerciales,  avec  l'indication  des  moyens  de 
les  reconnaître;  4*  édition,  par  M.  A.  Chevalier  en  collaboration  avec 
M.  E.  Bmtdrimont.  (Renvoi  à  la  Commission  des  Arts  insalubres.) 


159. 


(     1228     ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —   Théorie  des  tempêtes.  Réponse  à  M.  Faye, 
Note  de  M.  Pesli\. 

«  Il  nous  reste  à  répondre  anx  objections  adressées  à  notre  théorie  des 
tempêtes.  M.  Faye  les  énonce  ainsi  : 

»  1°  I^e  cyclone-type  de  MM.  Espy,  Peslin  et  Reye  ne  marche  pas. 
2°  Le  mouvement  gyratoire  n'est  que  secondaire  dans  leur  théorie;  d'après 
les  faits,  il  est  d'ime  violence  extrême.  3°  Jamais  on  n'a  signalé  dans  ces 
mouvements  de  l'air  la  moindre  composante  verticale. 

»  Il  est  aisé  de  répondre  à  ces  objections;  si  elles  étaient  fondées,  la 
ihéorie  de  l'aspiration  serait  abandonnée  depuis  longtemps. 

M  I.  Progression  de  (a  tempête.  —  La  marche  de  la  tempête  résulte  de 
deux  mouvements  composants  :  i°  le  mouvement  général  de  l'atmosphère 
dans  laquelle  elle  se  développe;  2°  le  mouvement  propre  de  la  tempête 
dans  cette  atmosphère.  Ce  n'est  pas  dans  un  milieu  immobile  que  se  déve- 
loppe le  cyclone  ou  la  tempête,  mais  le  plus  souvent  dans  le  courant  équa- 
torial,  dont  la  vitesse  est  fort  notable.  Quant  au  mouvement  propre,  la 
théorie  qui  rend  compte  de  la  force  vive  de  la  tempête  par  la  différence 
des  températures  que  présentent  à  même  altitude  l'air  ascendant  et  l'air 
tranquille  ambiant,  cette  théorie,  dis-je,  l'explique  aisément  par  les  dif- 
férences que  présente  cette  force  vive  sur  les  divers  bords  de  la  tempête. 
Sur  le  bord  que  l'air  chaud  et  humide  du  sud-ouest  alimente,  la  vitesse  est 
plus  grande,  le  poids  de  la  colonne  d'air  ascendant  est  moindre  que  sur 
le  bord  alimenté  par  l'air  venant  du  nord-est.  Le  centre  de  la  tempête  se 
déplace  à  raison  de  ces  inégalités,  qui  tendent  constamment  à  se  repro- 
duire autour  d'une  quelconque  de  ses  positions,  et  qui  ne  devraient  pas 
exister  pour  un  cyclone  immobile.  Je  renvoie  M.  Faye  aux  Mémoires  de 
M.  Mohn,  qu'il  cite.  (Notice,  p.  4740 

»  II.  Mouvement  qyraloire.  —  J'essayerai  de  donner  une  explication  élé- 
mentaire des  effets  de  la  lente  rotation  terrestre.  Pour  simplifier,  que  M.  Faye 
veuille  bien  admettre  que  le  centre  de  la  tempête  est  au  pôle  et  que  son 
rayon  est  de  lo  degrés  terrestres  (dimension  fréquente  en  hiver,  exemple  : 
i4,  i5  janvier;  i",  i8,  20  février  i865,  etc.)  (i);  que,  par  suite,  l'air 
qui  l'alimente  part  du  parallèle  de  12  degrés,  pour  faire  son  ascension 
sur  le  parallèle  moyen  de  4  degrés.  La  vitesse  de  sa  gyration  autour  du 
pôle  était,  sur  le  parallèle  de  12  degrés,  celle  due  à  la  rotation  terrestre, 

(i)   ^tlei.i  des  mouvements  généraux  tie  l'atmosphère.  Observatoire  impérial. 


(     1229    ) 

à  savoir  q6  mètres  par  seconde.  Lorsqu'il  arrive  sur  le  parallèle  de  f\  degrés, 
je  trouve,  en  appliquant  le  théorème  II  de  M.  Faye,  qu'elle  est  devenue 

06""-^ — ;-  ^=  286™,  et  retranchant  la  vitesse  de  la  rotation  terrestre  sur  le 

^         SI  114" 

parallèle  de  4  degrés,  soit  Sa  mètres,  j'ohtiens  255  mètres  pour  valeur  de 
la  vitesse  apparente  du  mouvement  gyratoire  sur  ce  parallèle.  Si  l'on  veut 
passer  du  pôle  à  la  latitude  de  45  degrés,  en  conservant  les  mêmes  dimen- 
sions pour  la  tempête,  la  Mécanique  montre  que  le  coefficient  de  réduc- 
tion à  appliquer  est  sin45°  ^=  0,707,  et  le  chiffre  de  254  mètres  est  rem- 
placé par  celui  de  180  mètres.  L'un  et  l'autre  nous  paraissent  suffisants 
pour  expliquer  la  violence  extrême  du  mouvement  circulaire. 

»  III.  Mouvement  ascendant.  —  La  question  du  mouvement  ascendant 
est  la  plus  délicate;  si  elle  était  résolue  par  l'observation  directe,  le  débat 
actuel  serait  sans  objet. 

»  Il  est  facile  de  comprendre  pourquoi  l'observation  directe  ne  donne 
pas  de  résultats,  non  plus  à  l'appui  de  la  théorie  de  M.  Faye  qu'à  l'appui 
de  la  nôtre.  La  surface  terrestre  est,  pour  le  fluide  atmosphérique,  une 
paroi  fixe  que  ses  molécules  ne  peuvent  quitter  pour  laisser  le  vide  der- 
rière elles  :  dans  tous  les  problèmes  de  l'Hydrodynamique,  on  admet  que 
la  vitesse  du  fluide  est  parallèle  k  la  paroi,  le  long  de  celle-ci. 

»  Mais,  si  la  preuve  directe  manque,  les  preuves  indirectes  sont  nom- 
breuses. Au  mouvement  ascendant  doit  correspondre  un  mouvement  con- 
vergent par  le  bas,  divergent  parle  haut.  Le  mouvement  convergent  a  été 
établi  par  les  recherches  de  nombreux  météorologistes,  et  récemment  par 
celles  de  M.  Meidrum,  que  M.  Faye  cite  {Notice,  p.  43o);  le  mouvement 
divergent  par  le  haut  vient  de  l'être  par  les  observations  sur  les  cirrhus  de 
M.  Hildebrand  Hildebrandsson,  Avant  cette  démonstration  expérimentale, 
deux  faits  que  j'avais  discutés  dans  mon  Mémoire  de  1868  m'avaient  paru 
trancher  la  question;  ce  sont  :  1°  la  pluie  qui  accompagne  la  tempête; 
2°  la  température  normale  et  le  degré  d'humidité  élevé  du  vent  de  la  tem- 
pête. 

»  J'avais  établi  que,  si  le  mouvement  était  descendant,  comme  le  veut 
aujourd'hui  M.  Faye  :  i''  d  n'y  aurait  pas  de  pluie;  2"  le  vent  de  la  tempête 
serait  très-chaud  et  très-sec,  et  présenterait  à  un  degré  éminent  les  carac- 
tères qui  distinguent  le  vent  dit  du  fœhn  en  Suisse.    » 


(    I23o    ) 

CHIMIE.  —  Sut  la  présence  de  V acide  sulfiitique  anhydre  dans  les  produits  gazeux 
de  la  combustion  de  la  pyrite  de  fer.  Note  de  M.  A.  Schecber-Kestner, 
présentée  par  M.  Fremy. 

«  Les  famées  blanches  qui  accompagnent  l'acide  sulfureux  produit  par 
la  combustion  des  pyrites  ont  été  attribuées  à  de  l'acide  sulfurique  dû  au 
concours  de  l'acide  sulfureux  de  l'air  et  de  l'humidité  renfermés  dans  la 
pyrite;  mais  ces  vapeurs  se  forment  avec  une  égale  facilité  avec  la  pyrite 
sèche  et,  lorsqu'on  les  examine  de  plus  près,  on  reconnaît  qu'elles  se  con- 
densent difficilement  et  qu'elles  sont  composées  principalement  d'acide 
sulfurique  anhydre  à  la  formation  duquel  l'humidité  ou  l'eau  n'ont  pas 
contribué.  Il  devient  dès  lors  intéressant  de  rechercher  comment  l'acide 
anhydre  a  pu  prendre  naissance. 

»  L'acide  sulfureux  produit  par  la  combustion  du  sulfure  de  fer  dans 
les  fours  à  pyrites,  quelle  que  soit  du  reste  leur  forme,  est  en  contact  pro- 
longé avec  des  parois  très-chaudes  de  maçonnerie,  ou  de  pyrites  imparfai- 
tement ou  complètement  brûlées.  Il  en  résulte  que  l'acide  sulfurique 
anhydre  ne  peut  se  former  que  par  la  décomposition  de  l'acide  sulfureux 
lui-même,  soit  par  son  oxydation,  les  deux  phénomènes  étant  provoqués 
par  la  grande  chaleur  à  laquelle  les  gaz  sont  exposés. 

»  Une  expérience  directe  m'a  prouvé  que  la  décomposition  de  l'acide 
sulfureux  n'a  pas  lieu,  même  à  une  température  plus  élevée  que  celle  des 
fours  à  pyrites.  Sa  dissolution  dans  l'eau  se  décompose  facilement,  quand  on 
la  chauffe  vers  200  degrés  dans  un  tube  scellé,  en  acide  sulfurique  et  en 
soufre  qui  se  précipite,  mais  le  corps  gazeux  résiste.  C'est  donc  à  l'oxy- 
dation de  l'acide  sulfureux  qu'il  faut  attribuer  la  présence  de  l'acide  sul- 
furique anhydre. 

»  Le  gaz  sulfureux  se  trouvant  mélangé,  dans  les  fours  à  pyrites,  avec 
de  grandes  quantités  d'air,  on  est  naturellement  tenté  de  supposer  que  la 
température  élevée  à  laquelle  ces  gaz  sont  exposés  favorise  la  combi- 
naison de  l'oxygène  de  l'air  avec  l'acide  sulfureux.  Afin  d'établir  ce  point, 
j'ai  fait  passer  de  l'acide  sulfureux,  mélangé  de  son  double  volume  d'air,  à 
travers  un  tube  de  platine  de  l\o  centimètres  de  longueur,  et  chauffé  au 
rouge. 

M  Les  gaz,  avant  d'arriver  au  tube,  traversaient  une  dissolution  de  chlo- 
rure  de  baryum,  devant  servir  de  témoin  de  l'absence  d'acide  sulfurique 
avant  leur  passage  à  travers  le  tube.  Une  dissolution  de  chlorure  de  baryum 
que  les  gaz  traversaient  après  leur  sortie  du  tube  est  restée  parfaitement 


(     12^1      ) 

limpide;  je  n'ai  reiiiaïqué  aucune  vapeur  blanche,  par  conséquent  il  n'y  a 
pas  eu  trace  de  i'orniation  d'acide  sulfurique  anhydre;  il  ne  restait,  pour 
expliquer  l'oxydation  de  l'acide  sulfureux,  que  l'intervention  de  l'oxygène 
de  l'oxyde  fcrrique  déjà  formé  par  la  combustion  du  soufre  de  la  pyrite. 
Les  expériences  qui  suivent  prouvent,  eii  effet,  que  l'oxydation  de  l'acide 
sulfureux  se  fait  aux  dépens  de  l'oxygène  de  l'oxyde  ferrique. 

))  L'appareil  a  été  monté  comme  précédemment  :  un  tube  de  platine, 
chauffé  au  rouge  et  traversé  par  le  gaz  qui  barbottait  avant  son  entrée  dans 
le  tube,  et  après  sa  sortie  dans  une  dissolution  de  chlorure  de  baryum, 
de  manière  à  éviter  toute  erreur  d'observation.  Dans  une  première  expé- 
rience, le  tube  a  été  rempli  de  fragments  de  pyrites  brûlées,  préalablenient 
calcinées  à  l'air,  de  façon  à  les  désulfurer  de  la  manière  la  plus  com- 
plète, et  l'on  y  a  fait  passer  un  courant  d'acide  sulfureux  sec  et  j)Ur.  Il  ne 
s'est  pas  formé  de  traces  d'acide  sulfurique;  la  dissolution  du  chlorure  de 
baryum  est  restée  limpide;  les  gaz  ne  contenaient  pas  de  Vapeurs  blan- 
ches; mais  il  n'en  a  plus  été  de  même  lorsque  j'ai  remplacé  l'acide  sul-- 
fureux  pur  par  un  mélange  de  ce  gaz  avec  son  double  volume  d'air.  En 
passant  sur  l'oxyde  ferrique  porté  au  rouge,  le  mélange  gazeux  se  charge 
de  vapeurs  blanches  qui,  en  traversant  le  second  ballon  de  dissolution 
barytique,  y  produisent  un  précipité  de  sulfate  de  baryum. 

»  L'expérience  réussit  également  bien  avec  l'acide  sulfureux  humide  ou 
avec  le  gaz  desséché.  Lorsque  la  température  n'a  pas  été  trop  élevée,  les 
fragments  d'oxyde  ferrique  retiennent  un  peu  de  sulfate  ferrique. 

»  Il  résulte  donc  de  ces  expériences  que  l'acide  sulfurique  anhydre  des 
gaz  des  fours  à  pyrites  provient  de  l'oxydation  de  l'acide  sulfureux  par 
l'oxygène  de  l'air,  en  présence  de  l'oxyde  ferrique  porté  à  une  haute  lem"- 
pérature,  et  qu'il  faut  le  concours  des  trois  corps  à  la  fois  pour  que  l'acide 
anhydre  puisse  se  former.  C'est  un  nouvel  exemple  des  remarquables  pro- 
priétés oxydantes  de  l'oxyde  ferrique,  qui  sert,  pour  ainsi  dire,  de  trans- 
port d'oxygène  entre  l'air  et  la  substance  oxydable,  propriété  que  M.  Kuhl- 
inann  a  fait  connaître  il  y  a  quelques  années  (i). 

»  La  présence  de  l'acide  sulfurique  dans  les  gaz  de  la  combustion  des 
pyrites  explique,  dans  une  certaine  mesure,  le  manque  d'oxygène  qui  a  été 
observé  dans  ces  gaz,  au  moment  où  ils  sont  dirigés  dans  les  chambres  de 
plomb,  pour  la  fabrication  de  l'acide  sulfurique.  Lorsqu'on  fait  l'analyse 
de  ces  gaz,  on  n'y  trouve  jamais  une  quantité  d'oxygène  suffisante  pour  re- 


(i)  Comptes  rendus,  t.  XLIX,  p.  aSy,  ^iB  et  968. 


(    1232    ) 

présenter,  avec  l'acide  sulfureux  qu'ils  contiennent  et  l'oxygène  qui  s'est 
fixé  sur  le  fer  de  la  pyrite,  tout  l'oxygène  de  l'air  qui  a  servi  à  alimenter  la 
combustion  du  sulfure  de  fer. 

»  Voici,  comme  exemple,  la  comparaison  entre  la  composition  que  j'ai 
trouvée  à  un  échantillon  des  gaz  d'un  four  à  pyrites  (i)  et  la  composition 
que  le  calcul  lui  assignerait,  en  partant  d'une  teneur  de  4,34  pour  loo 
d'ijcide  sulfureux. 

Trouvé.  Calculé. 

Acide  sulfureux 4)34  4 '34 

Oxyjjène ii,i8  i5,4i 

Azote 84,48  8o,25 

100, OO  IO0,OO 

»  L'analyse  du  gaz  a  été  faite  sur  la  cuve  à  mercure,  par  le  système  de 
M.  Bunsen,  en  absorbant  l'acide  sulfureux  par  une  balle  de  potasse  et 
l'oxygène  par  une  balle  de  papier  mâché  trempé  dans  le  pyrogalfate.  De 
nombreuses  analyses  faites  avec  l'ingénieux  appareil  de  M.  Orsat  ont  con- 
duit au  même  résultat.  Toutefois  des  dosages  directs  de  l'acide  sulfurique 
anhydre  renfermé  dans  les  gaz  ne  m'ont  pas  conduit  à  des  résultats  aussi 
considérables  que  ceux  qui  semblent  ressortir  de  l'analyse  des  gaz  ci- 
dessus.  En  faisant  traverser  les  gaz  des  fours  à  pyrites,  avant  leur  circu- 
lation dans  les  conduites,  par  une  dissolution  titrée  d'iode,  disposée  de 
telle  manière  que  tous  les  produits  acides  y  restent,  et  en  dosant  dans 
cette  dissolution  l'acide  sulfurique  total  ainsi  que  la  diminution  du  titre, 
on  obtient,  parle  calcul,  les  quantités  respectives  d'acide  sulfureux  et  sul- 
furique renfermés  dans  les  produits  gazeux.  L'expérience,  ainsi  établie, 
fait  reconnaître  qu'ils  renferment  de  l'acide  sulfurique  anhydre  en  quan- 
tités telles  qu'il  représente  2  à  3  pour  100  de  l'acide  sulfureux  total  qui 
s'est  formé  par  la  combustion  de  la  pyrite.  Comme  on  le  voit,  ce  chiffre, 
tout  en  n'étant  pas  sans  importance,  est  loin  de  correspondre  aux  résultais 
de  l'analyse  des  gaz  citée  plus  haut.  Je  me  propose  de  reprendre  l'étude  de 
cette  question.  » 


(1)  Ce  gaz  est  pauvre  en  acide  sulfureux;  généralement  les  gaz  de  la  combustion  des 
pyrites  en  renferment  davantage  (de  6  à  8  pour  100);  mais  cela  ne  modifie  en  rien  les  ré- 
sultats du  calcul. 


(    r233  ) 

PALÉONTOLOGIK.  —  Siii  les  lujn'des  quaternaires  de  Jarvillc,  j>rès  de  Nancy. 

Note  de  M.  P.  Fmche. 

((  Les  dépôts  charbonneux  connus  sous  les  noms  de  loitrbières,  forêts 
enfouies,  tignites,  renfermés  dans  les  couches  appartenant  aux  époques 
quaternaire  et  actuelle,  ont  été  l'objet  à  l'étranger,  en  Angleterre,  en  Dane- 
mark et  en  Suisse  principalement,  de  travaux  considérables  qui  ont  révélé 
des  faits  importants,  relatifs  aux  changements  survenus  dans  la  végétation 
entre  la  période  tertiaire  et  ce  que  nous  voyons  de  nos  jours;  en  même 
temps,  les  ossements,  les  débris  d'industrie  humaine  trouvés  au  milieu  des 
restes  végétaux,  fournissaient  des  renseignements  précieux  sur  les  modifi- 
cations de  la  faune  européeiuie,  sur  les  races  anciennes  d'animaux  domes- 
tiques, enfin  sur  l'histoire  des  races  humaines  qui  se  sont  succédé  sur  le  sol. 

»  En  France,  ces  dépôts  ont  été  étudiés  en  général,  à  bien  peu  d'excej)- 
tions  près,  d'une  façon  très-sommaire,  sans  vues  d'ensemble,  tantôt  jiar  les 
géologues,  tantôt  par  les  archéologues  ;  il  en  est  résulté  que  plusieurs  faits 
intéressants  ont  été  négUgés  ou  imparfaitement  mis  en  lumière.  J'ai  cherché 
à  combler  cette  lacune  au  moins  pour  la  région  orientale  de  notre  pays. 

»  Un  travail  semblable  exige  des  recherches  répétées  sur  le  terrain,  de 
nombreuses  déterminations,  et  par  suite  n'est  pas  l'oeuvre  d'un  jour;  mais 
aujourd'hui,  après  plusieurs  années  d'étude,  il  me  semble  utile  de  résumer 
les  résultats  obtenus  dans  une  publication  préliminaire,  me  réservant  de 
les  exposer  plus  tard  d'une  façon  complète. 

»  La  Note  que  je  présente  aujourd'hui  à  l'Académie  se  rapporte  à  des 
lignifes  quaternaires  de  Jarville,  aux  environs  de  Nancy,  et,  dans  une  pro- 
chaine Communication,  je  lui  soumettrai  mes  observations  stu-  les  toiu-- 
bières  du  bassin  de  la  Seine  en  Champagne,  sur  celles  de  la  Lorraine,  de 
l'Alsace  et  de  la  Franche-Comté. 

»  Les  lignites  de  Jarville  forment  luie  couche  mince  reposant  sur  les 
marnes  et  argiles  du  lias,  surmontée  par  une  couche  puissante  de  graviers 
quaternaires  à  Elepltas  priinigenius,  provenant  des  alluvions  ancieiuies  de  la 
Meurthe.  Mis  à  nu,  il  y  a  vingt-cinq  ans,  par  les  travaux  du  chemin  de  fer 
de  Paris  à  Strasbourg,  ils  furent  rapidement  recouverts,  et  je  n'ai  pu  les 
étudier  en  place;  mais  de  noinbreux  échantillons  recueillis  et  déposés  au 
Musée  de  la  faculté  des  Sciences  de  Nancy  ont  été  mis  généreusement  à 
ma  disposition.  Que  mon  vénérable  maître  et  ami  M.  le  doyen  Godron, 
auquel  ce  travail  doit  aussi  de  précieux  renseignements,  et  M.  le  prolesseur 
I^elbos,  veiullent  bien  recevoir  ici  l'expression  de  ma  reconn;iissance. 

O.K.,iS73,  t^'  Scmcsirv.CV.  I.KXX,  N"   IS.)  '  ^'^' 


(   1234  ) 

Il  Les  lignites  de  Jarville  ont  déjà  été  l'objet  d'une  Cominuuicaliou  et 
d'une  discussion  au  Congrès  scientifique  de  Nancy,  en  i85o;  mais  je  crois 
pouvoir  dire  que,  les  importantes  questions  relatives  à  l'époque  quater- 
naire n'étant  pas  encore  nettement  posées  à  cette  époque,  ces  travaux 
n'ont  pas  eu  de  résultats  scientifiques  bien  positifs. 

»  Les  échantillons  que  j'ai  pu  examiner  sont  formés  d'une  matière  char- 
bonneuse brune,  très-analogue  à  nos  tourbes  actuelles,  portant  encore 
fréquemment  des  morceaux  de  l'argile  siliceuse  sur  laquelle  elle  reposait 
et  complètement  pétrie  de  débris  animaux  et  surtout  végétaux.  Une  partie 
d'entre  eux,  les  os,  les  plus  gros  fragments  de  bois  spécialement  et  quel- 
ques cônes,  avaient  déjà  été  isolés.  J'ai  été  assez  heureux  pour  en  retirer 
beaucoup  d'autres  dans  un  état  de  conservation  qui  m'a  le  plus  souvent 
permis  la  détermination.  Tous  les  bois  ont  été  soumis  à  l'examen  micro- 
scopique ;  ceux  de  plusieurs  Conifères  montrent  très-netlement,  par  suite 
de  l'altération  qu'ils  ont  subie,  la  structure  spiralée  de  leurs  fibres  li- 
gneuses, fait  intéi-essant  déjà  signalé  par  M.  G.  Rraus  et  qu'il  importe,  pour 
éviter  des  erreurs,  de  ne  pas  négliger  dans  les  déterminations  semblables. 

»   Voici  quel  a  été  le  résultat  de  mes  investigations  : 


»  Mammifères:  Equus ;  ossements,  dents  d'un  individu  de  forte  taille,  ne  différant  pas 
sensiblement  de  notre  cheval  commun  [Equus  caballus). 

»  Insectes  (i)  :  Agonum!  gracile,  Sturm  (plusieurs  débris  d'élytres)  ;  Bembidium  !  riiti- 
dulum  ?  Rlarsli  (plusieurs  débrisj  ;  Bembidium  obtusum!  Sturm  (élytres,  tliorax);  Bembi- 
dium, Sp.  (débris  de  thorax)  ; 

»   Patrnbus  cxcavatus,  Payk.  (deux  thorax)  ; 

a    Mo/io/iyc/iiis pseudouciiri,  Falir.    insecte  presque  entier). 

»  Adimonia ?  [vhtvcs  d'affinité  douteuse,  paraissant  appartenir  cependant  aux  Chryso- 
niélines). 

VÉGÉTAUX. 

1)  Dicotylédones.  —  liubus  (une  graine).  Sjnuntliérècs  (achaine  non  déterminé,  rappe- 
lant ceux  des  Anthémis).  Betulit  (bois,  écorce,  probablement  le  B.  pubescens,  Ehrh.).  Jlnus 
viridus  Z.  (cônes  et  une  samare).  Feuille  d'une  espèce  indéterminée. 

).  WoNocoTYLÉDONES.  —  Eljfia  spicata,  Schrad.  (achaines).  C} péracécs  [rhxiômc).  Espèces 
diverses  (feuilles  indéterminées;. 

■>  Gymnospermes.  —  Pinus  montnna.  Du  Roi  (un  cône),  des  morceaux  de  bois,  de  l'c- 
corce,  une  (graine,  une  feuille?  appartenant  au  genre,  doivent  probablement  se  rapporter 
aussi  à  cette  espèce. 


(i)  Je   dois  ces  délerniiDations   difficiles  à   ramilié   de    I\I.    Mathieu,   sous-direclcur   de 
l'F.role  forestière. 


(1235  ) 

u  Lnrix  curnpœa,  D.  C.  (bois,  rameaux,  ramilles,  racines,  cônes,  graines,  feuilles,  le  tout 
en  abonilancc. 

»  Picca  t'xcehtt,  Link.  Race  à  cônes  petits,  présentant  des  écailles  arrondies  [Ahics  tite- 
diuxiiiia,  Nylandcr). 

»  Piriiis  otwonUi,  Antoine,  habitant  l'extrême  nord  en  Laponie,  Finlande,  etc.  ((|uelques 
cônes,  graines,  un  chaton  mâle,  extrémité  de  tige  avec  son  écorce,  verticilles,  ramilles, 
racines). 

»   Junipcrus?  [hors). 

y    Taxas?  (feuille,  bois?) 

»  AcoTYLÉDONES.  —  HjlocomHLm  l  splcnde/is PJiiWen.  (dé])ris  de  tiges  et  feuilles  mal  con- 
servés). 

•   Spltœiin.  Sur  une  écorce. 

»  Quelques  fragments  d'écorce  et  de  bois  incontestablement  carbonisés 
sembleraient  indiquer  la  présence  de  riiomine;  mais,  bien  qu'ils  appar- 
tiennent aux  espèces  dont  l'existence  a  été  constatée  dans  le  lignite  et  qu'ils 
semblent  s'y  trouver  natiu-ellenient,  ils  sont  trop  peu  importants  pour  que, 
en  l'absence  siu-tont  d'une  étude  sur  place,  on  puisse  être  très-affirmalif  à 
cet  égard. 

»  De  l'ensemble  des  débris  végétaux  trouvés  à  Jarville  il  résulte  qu'à 
l'époque  oîi  ils  se  sont  déposés  cette  localité  était  couverte  par  une  forêt 
constituée  comme  le  sont  aujourd'hui  en  plaine  celles  de  la  Suède  septen- 
trionale, de  la  Finlande,  du  nord  de  la  Russie,  de  la  Sibérie  ou,  dans  les 
montagnes  de  l'Europe  centrale,  celles  des  plus  hautes  Alpes,  de  la  Savoie 
et  du  Dauphiné. 

»  Si  on  la  compare  aux  autres  forêts  datant  soit  de  la  fin  du  pliocène, 
soit  de  l'époque  quaternaire  dont  la  nature  nous  a  été  révélée,  notamment 
par  les  importants  travaux  de  Heer  sur  les  lignites  de  la  Snisse,  le  forest-bed 
de  Norfolk,  et  de  de  Saporta  sur  les  tufs  de  Provence,  on  est  frappé  de  son 
caractère  bien  plus  boréal,  puisqu'elle  est  constituée  par  des  bouleaux, 
aunes  verls,  épicéas,  mélèzes,  pins  de  montagne.  Il  semble  dès  lors  qn'il 
faille  rapporter  le  temps  oii  les  arbres  qui  la  composaient  ont  vécu  non  à 
une  époque  de  réchauffement  relatif,  comme  cela  est  généraleiuent  admis 
pour  ces  dernières,  mais  bien  à  une  période  de  grande  extension  des  gla- 
ciers. Est-ce  à  la  première  ou  à  la  seconde,  étant  admis,  comme  le  soutien- 
nent la  plupart  des  géologues  aujourd'hui,  qu'il  y  en  ait  eu  deux;  c'est  ce 
qu'il  est  fort  difficile  de  décider  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances 
sur  les  terrains  quaternaires  en  Lorraine.  Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  dernier 
point,  les  lignites  de  Jarville  notis  offrent  un  grand  intérêt,  j)uisqu'ils  nous 
fournissent  luie  preuve  rigoureuse  de  la  présence  dans  les  plaines  de  l'Ku- 

l()0.. 


(  1236  ) 

rope  centrale,  à  l'époque  quaternaire,  il'espèces  npparteuaiil  à  la  (ois  à  la 
fldie  des  hiuites  montagnes  de  cette  région  et  à  celle  du  Nord  ;  sous  l'in- 
fluence du  cliatigemenl  de  climat  qui  a  suivi,  elles  se  sont  réfugiées  dans 
ces  deux  stations  aujourd'hui  disjointes,  où  nos  grandes  espèces  ligneuses 
ont  conservé  de[uiis  ces  temps  si  reculés  une  constance  de  caractères  des 
plus  remarquables. 

»  L'.'s  insectes  appartiennent  également  à  des  espèces  septentrionales  et 
surtout  recherchant  les  localités  humides,  comme  celle  où  devait  se  trouver 
cette  forêt  quaternaire.  La  présence  du  cheval  n'est  point  inexplicable  dans 
un  semblable  milieu,  et  un  crâne  de  marmotte  provenant  d'un  dépôt  qua- 
ternaire voisin  de  Nancy,  conservé  aussi  dans  les  collections  de  la  Faculté 
des  Sciences,  vient  corroborer  les  résultats  fournis  par  l'étude  de  la  flore 
de  Jarville.    » 

M.  d'Abbadie,  en  présentant  à  l'Académie,  de  la  part  de  l'auteur,  les  pre- 
miers résultais  des  observations  sur  les  mouvements  microscopiques  des 
pendules  librement  suspemlus,  faites  par  M.  de  Rossi,  s'exprime  comme  il 
suit  : 

«  Fondateui'  de  la  publication  périodique  intitulée  Bulletin  du  vulcnnisme 
italien^  M.  de  Rossi  observe  au  microscope,  lui-même  ou  par  ses  aides,  des 
pendules  placés  dans  les  grottes  de  Rocca  di  Papa,  à  plus  de  700  mètres 
d'altitude,  dans  Rome  même,  et  enfin  à  2  milles  de  cette  ville,  dans  ses  cata- 
combes, où  les  appareils,  situés  à  18  mètres  au-dessous  de  la  surface  du  sol, 
sont  soumis  à  luie  temjiérature  presque  invariable. 

M  Comme  résultat  de  plus  de  six  mille  observations,  l'auteur  trouve  que 
des  pendules,  quoique  dilférant  par  les  longueurs,  accusent  simultanément 
les  mêmes  périodes  de  mouvement  ou  de  repos,  bien  que  les  temps  des 
maxima  varient  d'iui  pendule  à  l'autre.  M.  de  Rossi  confirme  mon  annonce 
des  sautes  de  la  verticale  ou  changements  dans  la  direction  de  cette  ligne, 
tantôt  subits  même  dans  les  grandes  oscillations,  tantôt  progressifs  et  à 
longues  périodes.  Il  a  constaté  par  ses  appareils  des  passages  rapides  du 
repos  à  l'agilalion.  Ces  sautes  sont  plus  fortes  en  Italie  que  je  ne  les  ai 
observées  au  pied  des  Pyrénées  où,  dans  ses  grands  écarts,  l'image  de  mes 
fils  doit  disparaître,  ainsi  cjue  je  l'ai  d'ailleiu-s  remarqué  plus  d'urie  fois. 

»  Dans  les  observations  romaines,  on  a  constaté  que  les  pendules  peuvent 
rester  immobiles  pendant  les  séismes  à  soubresauts,  et  qu'il  n'y  a  jamais  un 
accord  contemporain  de  mouvements  entre  deux  pendules  voisins  qui 
différent  jiar  leurs  dimensions.  Quant  à  la  cause  de  ces  phénomènes,  M.  de 


(  i^^v  ) 
Rossi  écarte  l'hypothèse  des  accicleiils  locaux  en  faisant  l'argiiniont  pé- 
reinploire  qu'aucune  cause  connue,  sauf  x\n  mouvement  général  du  sol, 
ne  saurait  expHquer  le  fait  qu'une  agitation  extraordinaire  des  pendules  a 
été  constatée  en  même  temps,  tant  à  Rome  qu'à  Florence  et  Bologne,  les 
i/j  et  3i  janvier  et  7.5  février  derniers.  Les  oscillations  des  pendules  ont 
augmenté  et  diminué  sous  l'œil  de  l'observateur  et  se  sont  même  arrêtées  à 
i'im|5roviste  pour  recommencer  ensuite  avec  des  trémoussements,  comme 
si  une  main  invisible  avait  arrêté  les  pendules  pour  leur  rendre  bientôt  ces 
mouvements  extraordinaires.  Cdlnmencées  le  i4  janvier  dans  le  plan 
N.-N.-O.  et  S.-S.-E.,  avec  une  amplitude  de  37",  les  oscillations  ont  atteint 
ensuite  83"  dans  l'O.-S.-O.  et  E.-N.-E.  pour  tmir  dans  le  sens  O.  et  E., 
avec  des  écarts  de  i3o"  ou  42". 

»  Seize  pages  de  tableaux  terminent  ce  Mémoire.  Ils  donnent,  avec  les 
heures  des  observations,  l'état  de  trois  pendules  à  Rocca  di  Papa,  l'état 
relatif  du  baromètre,  l'indication  des  tremblements  de  terre  contempo- 
rains, enfin  la  concordance  des  résultats  obtenus  à  Florence,  à  Bologne, 
et  quelquefois  au  Vésuve.  Ces  données  confirment  jusqu'à  présent  la  loi 
empirique  des  savants  italiens,  selon  laquelle  les  tremblements  de  terre  sur- 
viennent pendant  ou  après  un  état  de  repos  constaté  dans  les  pendules. 
Par  contre,  leur  grande  agitation  présagerait  l'immunité  prochaine  de  tout 
séisme  désastreux.  Celte  règle  vient  d'être  vérifiée  à  Bologne,  le  6  du  mois 
actuel,  par  M.  le  comte  Malvasia,  dans  une  secousse  assez  forte  pour  faire 
sonner  les  cloches.  Elle  était  étotlée,  et  son  soubresaut  ou  mouvement  de 
haut  en  bas  atteignit  un  écart  de  7  millimètres,  Il  n'y  eut  point  alors  de 
saute  dans  la  direction  de  la  verticale. 

n  Ln  Géologie,  la  Géodésie  et  même  l'Astronomie  seront  influencées  pur 
les  lésultats  de  ces  études.  Elles  prendront  mi  nouvel  essor  quand  on  leur 
aura  appliqué  l'appareil  enregistreur  de  M.  Bouquet  de  la  Grye.  Ce  savant 
a  constaté  l'exisleuce  des  microséismes  dans  l'hémisphère  austral  et  nous 
autorise  à  admettre  qu'ils  existent  sur  toute  la  surface  du  globe  terrestre.  » 

M.  le  baron  L-aurev  présente,  de  la  part  de  M.  Maher,  ancien  Directeur 
du  service  de  santé  de  la  Marine,  un  manuscrit  intitulé  :  Contribution  à  In 
Statistique  médicale  de  Rochefort,  faisant  suite  au  Livre  de  l'auteur,  déjà 
offert,  de  sa  part,  à  l'Académie  et  proposé  pour  le  concours  de  Statistique. 
(Renvoi  au  concours  de  Statistique.) 

M.  Lafittk,  à  l'occasion   d'iuie   récente  Communication  de   M.    Dien, 


(  1238  ) 
adresse  (|uelques  remarques  sur  le  rôle  de  la  partie  de  la  corde  du  vio- 
lon comprise  entre  le  chevalet  et  le  cordier.  Cette  partie,  qu'il  appelle  la 
petite  corde,  rend  un  son  propre  très-voisin  d'une  des  notes  de  la  grande 
corde  ou  de  l'un  de  ses  harmoniques  :  il  se  produit  alors  xui  effet  analogue 
aux  battements.  L'auteur  se  propose  de  faire  des  expériences  en  réduisant 
la  longueur  de  la  petite  corde.  Il  allongera  la  grande  corde  qui  fixe  le  cor- 
dier au  bouton,  de  manière  à  amener  le  cordier  à  i  centimètre  du  chevalet. 

M.  ViKLET  d'Aoust  adresse,  à  l'occaston  de  la  catastrophe  du  Zénith, 
une  Lettre  dans  laquelle  il  insiste  sur  le  danger  du  passage  trop  rapide  dans 
des  couches  d'air  de  densités  variables.  Il  fait  remarquer  que,  dans  les 
ascensions  sur  les  montagnes,  les  organes  ont  le  temps  de  se  modifier  con- 
venablement pour  supporter  les  différences  successives  des  pressions.  Dans 
une  ascension  qu'il  a  faite  en  avril  i853,  au  Popocatepelt,  à  54oo  mètres, 
il  n'a  éprouvé  qu'un  peu  de  lassitude  dans  les  membres  et  une  respiration 
plus  rapide. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts.  J.   B. 


RVIXETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


PUDLICATIONS    PÉRIODIQUES    REÇDES    PENDANT    LE    MOIS    d'aVHIL     i8'j5. 

(SDITE.) 

Memorie  délia  Societa  degli  Spettioscopisli  italiani;  février  iS^S;  in-4°. 

Moiialsbericlu  der  Kôniglich  Preussischen  Akademie  der  JVissenschaften  zu 
Bel  lin  ;  janvier  1875;  in-S". 

Moniteur  industriel  belge;  n°'  ^o,  4i,  1875;  in-4°. 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d' Astronomie  de  Londres, 
mars  1870;  in-8°. 

Montpellier  médical —  Journal  mensuel  de  Médecine;  liv.  4,  1875;  in-8". 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques  ;  avril   1875;  in-8". 

Recueil  de  Médecine  vétérinaire  ;  liv,  3,  4?  1875;  m-S". 

Répertoire  de  Pharmacie;  liv.  7,  8,9,  1876;  in-8°. 


(  '2:^9  ) 

Revue  bibliographique  universelle;  liv.  4>  'f^yS;  in-8". 
Revue  de  Thérapeutique  médico-cliirurgicale ;  n*"*  8,  9,   iHyS;  in-H". 
Revue  hebdomadaire  de  Chimie  scientifique  et  i)tdusiricllr  ;   11"  i3,    iH'yS; 
in-8°. 

Revue  scientifique;  n'^^  ^li  à  44,  i^^S;  in-4". 

Société  d'Encouragement.  Comptes  rendus  des  séances  ;  w'^  6 ,  1875;  iii-8°. 

Société  des  Ingénieurs  civils;  n"  7,  iS^:");  in-4''- 

Société  entomologique  de  Belgique;  n""  10,  11,  1876;  ii)-8". 

Société  linnéenne  du  nord  de  la  France;  11"  35,  1875;  iii-8". 

OrVRlGKS    nEÇlJS    dans    la    SÉANCK    du     3    MAI     iS'jS. 

Recueil  de  Mémoires  et  observations  sur  l'hygiène  et  la  médecine  vétérinaires 
militnires,  publié  par  ordre  du  Ministre  Secrétair'e  d'Etat  au  département  de  la 
Guerre;  t.  XX.  Paris,  J.  Diimaine,  1873;  i  vol.  in-8°. 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents;  avril  1875.  Paris, 
Dunod,  1875;  in-8°. 

Appendu  e  au  compte  rendu  sur  le  service  du  recrutement  de  l'armée.  Statis- 
tique médicale  de  l'armée  pendant  l'armée  1873.  Paris,  Imprimerie  nationale, 
1875^0-4°.  (2  exemplaires.) 

Cours  professés  à  l'Ecole  des  Mines  de  Paris;  par  M.  J.  CallON  ;  i'^  partie  : 
Cours  de  machines,  t.  I,  II.  Paris,  Diinod,  1873;  a  vol.  in-8°,  avec  atlas 
in-4°. 

Cours  professés  à  l'Ecole  des  Mines  de  Paris;  par  M.  J.  Gallon  ;  2*  partie  : 
Cours  d'exploitation  des  mines,  t.  I,  II.  Paris,  Diinod,  1874;  2  vol.  in-8°, 
avec  atlas  in-4°. 

(Ces  denx  ouvrages  sont  présentés  par  M.  Daubrée.) 

Eléments  d'urologie  ou  Analyse  des  urines,  des  dépôts  et  calculs  urinaires; 
par  A.  Rabdteau.  Paris,  Lauwereyns,  i875;in-ia. 

Guide  pratique  aux  eaux  minérales,  aux  bains  de  mer  et  aux  stations  hiver-- 
nales;  par  le  D""  Constantin  James;  9*  édition.  Paris,  G.  Massoii,  1875; 
I  vol.  in- 12,  relié.  (Présenté  par  M.  Cl.  Bernard.) 

Minutes  oj  proceedings  of  llic  Institution  of  civil  Engineers;  ivitli  other  selec- 


(     124o    ) 

led  (tiid  abslriicled  papers  ;  \o\.  XXXIX,  session  187/1-1875,  part  I.  Londoi), 
Great  George  street,  1876;  in-8",  relié. 

United-Stales  coasl  suivej  Report,  1874.  Appendix.  Tid(\i  researches;  by 
W.  Feiîrel.  Washington,  Government  printing  Office,    1874;  i"-4"j  '^l't'- 

Uniled-Slales  coasl  survey.  Discussion  oj  tides  in  Boston  hardor,  prepared  by 
W.  Ferrel.  Sans  lieu  ni  date;  in-4°. 

lUusiiated  Catalogue  of  tlie  Muséum  of  comparative  Zoolof//,  al  Haward  Col- 
lège; n°  VIII  :  Zoolocjical  results  of  the  Hassler  expédition.  I.  Ecltini,  cririoids 
and  corals ;  by  Alex.  AgasSIZ  and  L.-F.  DE  POURTALÈS.  Cambridge,  Uni- 
versity  press,  1874;  in-4°. 

lllustrated  Catalogue  of  the  Muséum  of  comparative  Zoology  al  Harvard 
Collège;  n"  VII  :  Revision  oJ  the  Ecliini ;  by  Alex.  Agassiz  ;  part  IV.  Cam- 
bridge, Universily  press,  1874;  in-4''. 

Proceedings  oj  the  ameiican  Jcademy  of  Arts  and  Sciences;  new  séries, 
vol.  I;  whole  séries,  vol.  IX,  from  may  1873  to  niay  1874.  Boston, 
J.  Wilson  and  Son,  1874;  in-S". 

Smilhsonian  miscellaneous  collections;  vol.  XI,  XII.  Washington,  piiblished 
by  the  Smithsonian  Iiistitntion,  1874;  2  vol.  in-8°. 

Smithsoniun  contributions  toknowledge;  vol.  XIX.  Washington,  publisbed 
by  the  Smithsonian  Institution,  1874;  in-4°. 

Tlie  american  Ephemcris  and  naulical  Almanac  for  the  y  car  1877.  Bureau 
of  navigation,  Washington,  1874;  in-8°. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES, 


SÉANCE  DU  LUNDI  17  MAI  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


aiÉMOIRES  ET  CO^ÏMUÎMÎCATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  SECRÉTAinE  PERPÉTUEL  fait  connaître  à  l'Académie  la  perte  considé- 
rable que  les  sciences  viennent  d'éprouver  en  la  personne  de  l'un  de  ses 
plus  éminents  Correspondants,  M.  Thiiret.  Ses  découvertes,  si  originales  et 
si  fécondes,  sur  le  mode  de  reproduction  des  Algues,  objet  de  la  plus  vive 
attention  du  monde  savant,  l'avaient  placé  au  rang  le  plus  élevé  parmi  les 
naturalistes  de  notre  époque. 

M.  Fbemy,  Président  de  l'Académie,  s'exprime  en  ces  termes  : 

«  L'Académie  entière  s'associe  aux  paroles  qui  viennent  d'être  pronon- 
cées par  notre  honorable  Secrétaire  perpétuel  à  l'occasion  de  la  mort  de 
M.  G.  Tliuret. 

»  On  doit  au  savant  éminent  que  nous  perdons  des  travaux  nombreux 
qui  ont  exercé  une  influence  considérable  sur  les  progrès  des  sciences  na- 
turelles. 

»  La  Section  de  Botanique  allait  consacrer  de  nouveau  toute  leur  im- 
portance, en  proposant  de  décerner  à  RI.  G.  Thuret  le  prix  biennal  pour 
ses  belles  recherches  sur  la  fécondation  des  Algues. 

»  S'il  ne  nous  a  pas  été  permis  de  rendre  à  M.  G.  Thuret  cet  hommage 

C.  R.,  1875,  I""-  S<:mestre.  (T.  LXXX,  N»  10.)  '  G  I 


(     J2/|a    ) 

si  bien  ii)érité,  disons  ici,  en  nous  faisant  l'interprète  de  l'Académie,  que  le 
coup  funeste  qui  nous  frappe  enlève  à  la  France  une  de  ses  gloires  scienti- 
fiques les  plus  pures.   » 

M.  Brongniart,  doyen  de  la  Section  de  Botanique,  demande  la  parole  : 

«  L'Académie  appréciera  facilement  la  douleur  que  la  Section  de  Bota- 
nique a  éprouvée  en  apprenant  la  perte  si  imprévue  qui  vient  de  la  frapper. 

n  L'importance  et  la  précision  des  belles  découvertes  de  M.  Thuret  sur 
divers  points  de  la  Botanique,  et  particulièrement  sur  la  fécondation  des 
Algues,  que  notre  Secrétaire  perpétuel  vient  de  si  bien  rappeler,  jointes  à 
l'aménité  de  son  caractère,  lui  avaient  valu  l'estime  et  l'affection  de  tous 
ses  confrères.  Son  âge  pouvait  nous  faire  espérer  encore  bien  des  années 
consacrées  à  l'étude  de  la  nature. 

»  Une  circonstance  spéciale  ajoute  encore  à  nos  regrets.  Les  Membres 
de  la  Section  de  Botanique  sont  si  profondément  convaincus  de  la  liante 
valeur  des  travaux  de  M.  Thuret,  qu'ils  n'avaient  pas  hésité,  dans  une  ré- 
cente réunion,  à  le  présenter  de  nouveau  aux  suffrages  de  l'Académie  pour  le 
prix  biennal  à  décerner  cette  année,  se  fondant  à  cet  égard  non-seulement 
sur  ses  anciennes  découvertes,  qui  lui  avaient  presque  fait  obtenir  ce  prix 
en  i865,  mais  plus  spécialement  sur  ses  nouveaux  travaux  concernant  les 
Algues  floridées,  publiés  en  1867,  travaux  qui  ne  sont  pas  moins  impor- 
tants que  les  précédents  et  qui  l'avaient  conduit  à  des  résultats  tout  nou- 
veaux pour  la  physiologie  de  la  fécondation.  » 

ASTRONOMIE.  —  Observations  méridiennes  des  petites  planètes,  faites  à  l'Obser- 
vatoire de  Greenwicli  [transmises  par  l'astronome  royal,  M.  G.-B.  Airy  (')] 
et  à  l'Observatoire  de  Paris,  pendant  le  premier  trimestre  de  r année  iSyS, 
communiquées  par  M.  Le  Verrier. 


Dates. 

Temps  moyen 
de 

Ascension 

Correction 
de 

Dislance 

Correction 
de 

Lieu 
de 

1875. 

Paris. 

droite.              I 

'épliéraéride. 
Cérès  ("). 

polaire. 

l'éphémér. 

l'observât. 

Junv.  5 

h         m        S 

11.24.    9 

Il         ni      s 

6.24,40,74 

+  8^,75 

61' 

>       '       « 
.17.27,8 

—    '9"'^ 

Paris. 

6 

I  I. 19.  12 

6.23. 39,43 

+  8,86 

61 

. l3.22,7 

—    20, 1 

Paris. 

(*)  M.  Airy  fait  remaniuer  que  le  temps,  exceptionnellement  défavorable  pendant  les 
trois  mois,  n'a  |)ermis  d'effeclucr  qu'un  très-petit  nombre  d'observations  à  Greenwich. 
(**)  Comparaison  avec  le  Nmitical  Alnia/inc. 


(   1243  ) 


Temps  moyen 
Dates.                 de 

Ascension 

Correction 
de 

Distance 

Correction         Lieu 
de                   de 

1875. 

Paris. 

droite. 

l'éphéméride, 

polaire. 

l'éphémér.   l'observât. 

Janv. 

i3 

b        ni       5 

10.54. n 

h         m      s 

6. 16. 49:58 

H-  8,/i6 

0       /       // 
60.47.34,4 

—   22,8  Greenwicli 

i5 

10    44.31 

6.i5.   1,70 

+  8,43 

60 . 4 I •  7,3 

—  23,3  Greenwich 

20 

10. 20.45 

6.10.54,79 

+  8,37 

60.26.45, I 

—  22,6  Greenwich 

21 

10.    6.46 

6.10.  9,98 

+  8,3o 

60.24. 10,8 

—  22,5  Paris. 

22 

10.     2.    6 

6.  9.26,58 

+  8,38 

60.21  4°i4 

—  22,9  Paris. 

22 

10. II .25 

6.  9.26,12 

-i-  8,22 

60.21 .3g, 2 

—  23,0  Greenwich 

28 

9-44-  4 

6.  5.39,80 

+  7.92 
@  Hestia. 

60.  8.28,7 

—  22,9  Greenwich 

Janv. 

5 

11.43.14 

6.43.49,25 

-+■  0.94 

70.33.42,8 

-+-      2,7  Paris. 

6 

11.38. 16 

6.42.46,87 

+  0,97 

70.32.  9,0 

-1-      1,0  Paris. 

i5 

11.   3.23 

6.33.56,47 

-+-  0,42 

(49)   Palès. 

70.18.13,1 

-+-      1,4  Greenwich 

Janv. 

5 

.1.   3.44 

6.  4- '2,57 

+    2,90 

65 . 19. 12,3 

-t-    i4,o  Paris. 

6 

10.58.57 

6.   3.21,46 

-+-   2,69 
(59)  Elpis. 

65.20.25,4 

-t-     8,8  Paris. 

Janv. 

5 

10.27. '^ 

5.27.38,25 

» 

79.59.  8,4 

•'       Paris. 

(S)    POLYMNIE. 

Janv. 

6 

12.  4.19 

7.  8.54,63 

-h    I ,01 
@   Thémis. 

64.39.    1,7 

—     8,9  Paris. 

Janv. 

26 

12.52. 18 

9-15.52,85 

-1-0,11 

72.47.32,6 

—      1  ,6  Paris. 

27 

12.47.35 

9.15.  4j6o 

+   0,  10 

72.43.52,7 

—      1,0  Paris. 

3o 

12.33. 20 

9. 12.37 ,22 

^   0, 1 1 

72.32.47,9 

—      1,4  Paris. 

Févr. 

I 

12.23.48 

9. 10.57 '4^ 

—   0,07 

72.25.25,5 

—      1,5  Paris. 

4 

12.   9.30 

9.  8.26,36 

—    0, 10 

72.14.31,9 

-1-     0,6  Paris. 

5 

12.   4.44 

g.    7.36,02 

—  0,01 

72. 10. 55, 1 

—      0,7  Paris. 

22 

10. 44 -42 

8.54.22,59 

u 

.. 

«         Paris. 

25 

10. 3o.5g 

8.52.26,83 

@    ASIA. 

71 . 1 1 .3o,8 

«         Paris. 

Janv 

,  26 

1 I .46.23 

8.  9.46,36 

—  o>39 

79.    1.18,5 

-+-     0,7  Paris. 

27 

11.41.28 

8.  8.47,68 

—   0,37 

78.572.6,7 

0,0  Paris. 

3o 

I 1 .26.47 

8.  5.53,66 

—  o,5i 

78.45.35,9 

-+-      0  ,4  Paris. 

Févr 

.    I 

1 1 .  17  .   2 

8.  4.   0,37 

-  0,34 

78.37.25,5 

—     3,6  Paris. 

4 

11.    2. 3o 

8 .    1 . 1 5 , 06 

—    0,36 

78.25.   8,6 

+     2,9  Paris. 

5 

10.57.40 

8.   0. 21 ,39 

-  0,48 

78.20.53,9 

—      1,2  Paris. 

161 . 


(  1244  ) 


Correction 

Correction         Lieu 

Dates. 

Temps  moyen 

Ascension 

de 

Distance 

de                  de 

187. 

). 

de  Paris. 

droite. 

réphéméride. 

polaire. 

l'éphémér.     l'observât. 

(15)    EuNOMlA. 

Il       m      s 

b        m       s 

s 

0      ,        „ 

,/ 

Janv. 

27 

i2.55.5i 

9.23.22,01 

+   7. «3 

82.   o.3o,3 

-1-  45,3  Paris. 

3o 

12.41.  2 

.  9.20.20,66 

+  7 '82 

81.59.18,8 

+  46,4  Paris. 

Févr, 

I 

12.3t.  8 

9.18.18,34 

+  7>98 

81. 58.    3,4 

+  4^)6  Paris. 

4 

12. 16. 16 

9. i5. i3,52 

+  7>89 

81.55.37,6 

+  4^)9  Paris. 

5 

12. 1 1 .  ig 

9. i4- 12, g8 

+  8,00 

81 .54.39,7 

4-  46,6  Paris. 

22 

10.48.18 

8.57.58,58 

+  7>83 

81.31.28,2 

4-  45,2  Paris. 

25 

10.34.    5 

8.55.33,16 

+  7,73 

» 

»         Paris. 

[iS)  Melpomène 

Févr. 

4 

12.45.36 

9.44.38,68 

-+-  2,91 

79.10.59,7 

0  ,0  Paris. 

5 

12.40.42 

9.43.40,32 

+  3,08 

79.    1.53,0 

—      1,1  Paris. 

22 

I I . I 7 . 3o 

9.27.  t5,28 

-H  3,25 

76.28. i3, 1 

—      2,4  Paris. 

25 

II.  3.  5 

9.24.38,54 

4-   3,42 

76.   3.   2,1 

—     2,1  Paris. 

Blars 

5 

io.25.3t 

9.18. 3o,o3 

(S)  Aurore. 

75.    i.iS,8 

»         Paris, 

Févr. 

4 

i2.3o. 19 

9.29.18,79 

-i3,35 

@    HÉRA. 

65.55.25,3 

—    16,5  Paris. 

Févr. 

22 

I 2 . I 2 . 56 

io.22.5o,85 

+    0,11 

77.18.17,3 

-t-     0,5  Paris. 

25 

11.58.38 

10. 20. 19,87 

+  0,11 

76.59.  6,7 

-t-     0,4  Paris. 

Mars 

5 

I I . 20 . 38 

10. 13.46, 63 

+  o,o5 

76. 10.33,5 

—     2,1  Paris. 

@  Félicité. 

Févr. 

22 

11.35.45 

9.45.33,77 

—  8,3i 

67.37.42,0 

—  5i ,  1  Paris. 

25 

11.21.   0 

g. 42. 36,65 

-  8,12 

67.36.31,7 

—  48,5  Paris. 

Mars 

5 

10.42.80 

9. 35. 22, 12 

)    SOPHROSYNE 

Paris. 

Févr. 

25 

I I . 59 .  0 

10.20.42,65 

—55,33 

75.  5.55,6 

—541 ,2  Paris. 

Mars 

5 

I I . 19. i5 

10. 12, 22,98 

-55,  o5 
©  Iris. 

75.   3.38,7 

—  523,0  Paris. 

Mars 

5 

12.25.     7 

1 I . 18.25,93 

-+-  7>o6 

95.    1.14,9 

+    10,8  Paris. 

9 

12. 14.52 

11.14.35,38 

+   7,35 

94.37.19,3 

-f-     9,4  Greenvricli 

10 

13.     9.59 

11 . 13.37,96 

+   7.3i 

g4.3i.   3,1 

+     5,4  Greenwicli 

23 

10.57.54 

n.    1.56,33 

+   7.34 

93.  6. i5,5 

+    II,  5  Paris. 

26 

10.43.43 

10.59. 33 ,4 I 

+  7>24 

92.46.31,2 

-f-    10,1  Paris. 

2.7 

I 0 . 3g .    2 

10.58.48,0g 

H-    7,37 
@  Alceste, 

92.40.   1,4 

+   10,4  Paris. 

Mars 

5 

I 3 . 34 . 5o 

11.28.   8,5g 

+  '4>99 

88.i5.i3,2 

+  84,6  Paris. 

Dales.       Temps  moyen 
1875.  de  Paris. 


Mars     9 

23 

26 

37 

Mars  23 
26 
27 

Mars   26 

27 

Mars  26 

27 

Mars  26 
27 

Mars  26 
27 

Mars  26 
27 

Mars   26 

27 


9.20 


1.34.39 
1 .20. 16 
I. 15.28 


7-47 
3.    2 


2.16.   4 
2. II. 18 

2. 18.57 


Ascension 
droite. 


(     1245    ) 

CorrecUon 

de 

l'éphéniéride. 


Correction         Lieu 
Distance  de  de 

polaire.  l'éphémcr.     l'observai. 


11.24.49194       +15,09  87. 49-22, o  +  86,1  Greenwicli 
11.13.24,40                            86.18.    1,8  Paris. 

11.11.10,27  85. 5g. 32,8  Paris. 

o.5o,4o       11.10.27,22  85.53.36,1  Paris. 

@  Phocéa. 

II. 38. 48, i3       -1-3,88  108. 10.58,6  +     2,7  Paris. 

11.36.11,56        +   4)00  107.33.46,2  +      1,5  Paris. 

11,35.20,14        +   3,98  107.20.56,9  -I-      0,6  Paris. 

(47)    ACLAÏA. 

12.23.50,92     —  o,o5     92.52.45,2  —    4'4P3'''S' 

12.23.    1,06       —  0,1 4       92.48.54,3  —     3,1  Paris. 

^63)  Calypso. 

12.32.    9,42        —   4'S'        87.20.11,9  —   25,9  Paris. 

12.31.18,89       —  4)4^       87.13.12,4  —   23,8  Paris. 

(m)  Alexandra. 

12.35.    2,64       +    1,26  110.57.11,9  +     5,8  Paris. 

2.14.   4       12.34.    5,18       +   ■  ;27  II 0.55. 3 1,0  -4-   10,0  Paris. 

(TÎ)  Clïtia. 

I.  12.39        11.28.33,67        — '4'<54       85.48.49,1  —   59,9  Paris. 

I.   7.55       11.27.45,94       — i^jOi       85.444'i*^  —  61,2  Paris. 

@  Clio  (*). 

1.58. 21        I2.i4'23,23       +i5,i6  101.43.   3,0  -f-  77,0  Paris. 

1.53.20       12.13.17,81       -1-10,92  101.39.24,9  +  92,6  Paris. 

@    HÉLÈNE. 

i.36.5o        11.52.49,02        -1-7,96       94.40.28,2  4-  80,2  Paris. 

1.31.58       11. 5i. 52, 18       +7,93       94.37,21,6  4-8o,6Paris. 


»  Toutes  les  comparaisons,  à  l'exception  de  celles  concernant  Cérès,  se 
rapportent  aux  éphémérides  du  Beiiiner  Jahrbuch.  Les  observations  ont  été 
faites,  à  Paris,  par  MM.  Périgaud  etFolain.  » 


*)  On  n'a  pu  décider  si  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  observations  se  rapporte  à  la  pla- 
nète. 


(  1^46  ) 

GÉOLOGIE.  —  Observations  sur  une  Note  de  M.  Trutal  relative  à  un  dépôt 
pliocène  des  Pjrénées-Orienlaks ;  par  M.  Leybierie. 

«  Je  viens  de  prendre  connaissance,  dans  les  Comptes  rendus  (séance 
du  19  avril  dernier),  d'une  Note  dans  laquelle  M.  Trutat  rapporte  à 
l'époque  pliocène  un  dépôt  de  transport  qui,  suivant  lui,  aurait  une 
origine  glaciaire.  Ce  dépôt  reposerait,  d'une  part,  d'une  manière  concor- 
dante sur  une  assise  remarquablement  inclinée  de  marne  bleue,  élé- 
ment caractéristique  du  terrain  marin  pliocène  qui,  dans  le  bassin  de 
Perpignan,  a  été  exceptionnellement  relevé  à  une  époque  postérieure  à  celle 
du  terrain  tertiaire  le  plus  récent,  et,  d'un  autre  côté,  il  reparaîtrait  en 
certains  points  sous  la  marne;  de  sorte  qu'il  y  aurait  entre  les  deux  ordres 
de  dépôts  une  sorte  d'alternance  qui  prouverait  leur  contemporanéité. 

»  Il  semble  qu'il  serait  naturel  de  conclure,  en  présence  de  ce  fait  dont 
je  ne  conteste  pas  l'exactitude,  que  l'ensemble  du  terrain  dont  il  s'agit 
constitue  une  seule  formation  marine  dont  les  assises  auraient  varié  dans 
leur  comoosition  sous  l'empire  de  circonstances  qui  ont  produit  des  effets 
semblables  dans  beaucoup  de  terrains  apjîartenant  à  diverses  époques; 
mais  telle  n'a  pas  été  la  conséquence  que  l'auteur  de  la  Note  a  cru  pou- 
voir tirer  de  son  observation.  Tout  plein  de  l'idée  que  les  anciens  glaciers 
ont  joué  un  grand  rôle  dans  les  Pyrénées,  il  leur  attribue  la  formation  de 
la  partie  grossière  de  ce  dépôt  pliocène,  laissant  seulement  au  domaine  de 
la  mer  les  marnes  qui  constituent  l'élément  le  plus  fin  et  le  plus  homogène, 
souvent  coquillier,  du  même  dépôt.  Ainsi  il  y  aurait,  d'après  lui,  dans  les 
Pyrénées  deux  époques  glaciaires,  dont  l'une  daterait  des  derniers  temps 
tertiaires. 

»  Ayant  eu  l'occasion  de  voir  les  lieux  dont  parle  M.  Trutat,  dans  une 
campagne  géologique  que  je  fis  en  1861  dans  les  Pyrénées-Orientales,  j'ai 
consulté  mes  souvenirs  et  mes  notes,  et  j'y  ai  trouvé  l'indication  de  plu- 
sieurs faits  qui  pourraient  venir  à  l'appui  de  l'opposition  que  je  fais  en  ce 
moment  à  la  manière  de  voir  de  M.  Trutat.  L'un  de  ces  faits,  consigné  dans 
un  croquis  que  j'ai  sous  les  yeux,  consiste  dans  la  superposition,  au  village 
de  Maureillas,  assez  loin  du  débouché  du  Tech,  dans  la  plaine,  d'un  amas 
de  cailloux  roulés,  sur  une  assise  pliocène  régulièrement  stratifiée,  sous  une 
inclinaison  d'environ  3o  degrés.  Cette  assise  est  composée  de  sable  grossier 
mêlé  d'argile  avec  intercalation  de  veines  et  de  strates  parallèles  de  cailloux 
généralement  petits,  quel([uefois  assez  gros,  et  repose  probablement  sur  les 
marnes  bleues  qui  se  montrent  souvent,   dans  la  contrée,  dans  le  lit  des 


(  >247  ) 
ruisseaux.  Quant  au  dépôt  supérieur,  manifestement  discordant  relative- 
ment au  premier,  ce  n'est  qu'un  agglomérat  de  gros  cailloux  roulés  dans 
lequel  quelques  ligues  sableuses  indiquent  une  position  à  peu  près  hori- 
zontale. 

»  S'il  y  a  quelque  chose  de  glaciaire  dans  cette  localité,  ce  ne  peut  être 
que  ce  dernier  amas,  qui  est  évidemment  quaternaire;  mais,  comme  ce  dé- 
pôt grossier,  qui  n'est  en  relation  d'ailleurs  avec  aucune  vallée,  fait  partie 
d'une  ceinture  qui  borde  le  pied  des  montagnes  autour  de  la  plaine  dilu- 
vienne de  Perpignan  et  qui  savance  près  d'Argelès-sur-Mer  jusqu'à  la  Mé- 
diterranée, il  me  paraît  beaucoup  plus  probable  qu'il  doit  être  considéré 
comme  un  diluvium  marin. 

»  Je  dirai,  à  l'occasion  de  la  Note  de  M.  Trutat,  d'une  manière  générale, 
que,  sous  l'empire  d'une  sorte  de  mode,  on  a  beaucoup  exagéré,  suivant 
moi,  l'importance  des  phénomènes  glaciaires  dans  les  Pyrénées.  Sans  doute 
i!  y  a  eu,  dans  les  vallées  de  notre  versant  français,  des  amas  de  glace  et  de 
neiges  qui  ont  pu  pousser  leurs  moraines  loin  des  points  où  régnent  actuel- 
lement les  neiges  perpétuelles;  mais  l'eau  a  eu  aussi  une  grande  part  dans 
la  formation  de  ces  dépôts  clysmiens,  et  l'on  ne  saurait,  dans  tous  les  cas, 
raisonnablement  lui  refuser  une  action  exclusive  dans  les  vallées  de  plaine 
dites  d'érosion,  et  notamment  dans  la  formation  de  ces  larges  et  belles  ter- 
rasses qui  s'étendent  à  gauche  de  la  Garonne. 

))  Il  y  a  là  deux  ordres  de  faits  qui  doivent  être  étudiés  comparativement 
pour  être  bien  appréciés.  C'est  d'ailleurs  un  sujet  d'études  trés-délicat,  et 
j'avoue  qu'il  est  souvent  difficile,  lorsqu'on  cherche  à  se  rendre  compte 
des  dépôts  de  transport  relatifs  à  une  vallée,  de  faire  la  part  exacte  de 
chacun  des  deux  agents  qui  ont  coutiibué  au  phénomène.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  vessie  natatoire  du  Caranx  trachurus,  et  sur  la  fonction 
hjdrostatique  de  cet  organe.  Note  de  M.  A.  Moreac. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Anatomie  et  de  Zoologie,  à  laquelle  M.  Cl.  Ber- 
nard est  prié  de  s'adjoindre.) 

n  Je  désire  faire  connaîtie  mie  disposition  anatomique  propre  au  pois- 
son nommé  Caianx  <rrtc/i»r»s  (Sinchard,  sur  la  côte  ouest  de  Bretagne), 
disposition  qui  en  fait  le  représentant  d'un  type  de  poissons  dont  la  vessie 
natatoire  constitue  un  appareil  hydrostatique  perfectionné. 


(  1248  ) 

»  Un  canal  existe  dans  l'épaisseur  de  la  paroi  dorsale  de  la  vessie  nata- 
toire du  Caranx  et  fait  communiquer  la  cavité  de  cet  organe  avec  l'exté- 
rieur. L'ouverture  vésicale  en  est  située,  sur  la  ligne  médiane  du  corps,  au 
niveau  de  la  septième  côte;  elle  a  l'aspect  d'un  croissant  dont  le  bord  libre 
et  concave  regarde  en  arrière,  est  légèrement  épaissi  et  constitué  par  un 
tissu  cellulo-fihreux.  Cette  sorte  de  valvule  forme  l'entrée  d'im  canal  aux 
parois  délicates  qui  longe  le  côté  droit  de  l'aorte  jusqu'au  niveau  de  la 
partie  antérieure  de  la  vessie  natatoire;  là,  il  forme  im  coude  et  s'onvre 
aussitôt  à  l'extérieur  dans  une  feule  que  présente  la  muqueuse  de  la  cavité 
branchiale.  Le  point  précis  de  cette  ouverture  est  donné  par  la  rencontre 
d'une  droite  parallèle  à  l'axe  du  corps  passant  parle  centre  de  la  pupille, 
et  d'un  plan  perpendiculaire  à  l'axe  et  passant  par  l'angle  supérieur  que 
fait  l'opercule  avec  la  peau  dn  dos. 

»  Voici  comment  j'ai  été  conduit  à  chercher  ce  canal  :  j'avais  placé  des 
poissons  de  mer  de  différentes  espèces  dans  un  grand  bocal  dont  j'aspirais 
l'air  extérieur.  Les  Caranx,  poissons  doués  d'une  vessie  natatoire,  conser- 
vaient pendant  la  décompression  la  liberté  de  leurs  mouvements.  Je  re- 
marquai qu'ils  perdaient  par  les  ouïes  de  fines  bulles  d'air. 

M  Pensant  qu'ils  pouvaient  posséder  un  canal  aérien  très-fin,  caché  dans 
le  hile,  je  fis  sur  un  poisson  de  cette  espèce  la  ligature  en  masse  de  tous  les 
organes  qui  le  constituent.  La  petite  plaie  recousue,  le  poisson  nageait 
facilement,  et  il  offrit  encore  le  même  dégagement  de  bulles  fines  quand 
la  diminution  de  pression  fut  reproduite.  Les  bulles  d'air  ne  sortaient  ja- 
mais par  la  bouche,  mais  toujours  par  les  ouïes  et  du  côté  droit. 

»  J'ai  placé  sous  la  machine  pneumatique  quelques-uns  de  ces  poissons, 
morts  depuis  un  ou  deux  jours;  ils  étaient  maintenus  au  fond  d'un  bocal 
plein  d'eau.  Quand  la  dilatation  de  la  vessie  aérienne  commençait  à  se 
produire  sous  l'action  de  la  machine,  on  voyait  des  bulles  d'air  s'échapper 
par  l'orifice  situé  dans  la  cavité  branchiale  du  côté  droit.  11  suffit  donc 
que  la  pression  extérieure  ne  fasse  plus  équilibre  à  la  pression  intérieure 
pour  que  le  poisson  soit  délivré,  même  sans  effort,  de  l'excès  de  gaz  qu'il 
possède. 

o  Un  grand  nombre  de  poissons  possèdent,  comme  ou  le  sait,  un  canal 
aérien  qui  fait  communiquer  la  vessie  natatoire  avec  la  bouche  en  s'insé- 
rant  sur  le  tube  digestif  en  un  point  plus  ou  moins  élevé,  et  qui  permet, 
comme  je  m'en  suis  assuré  chez  les  Cyprins,  à  l'air  dégluti  de  pénétrer 
dans  la  vessie  natatoire.  Le  canal  que  j'étudie  sur  le  Caranx  ne  commu- 
nique pas  avec  le  tube  digestif  et,  par  suite,  ne  peut  faire  pénétrer  dans 


(  1249  ) 
la  vessie  natatoire  l'air  dégluti;  en  outre,  il  prend  son   origine  dans  la 
paroi  dorsale  au  lieu  de  sortir,  comme  le  canal  aérien,  de  la  face  ventrale 
de  la  vessie  natatoire. 

»  II.  Weber,  sur  le  Clupœa  Harengus,  et  plus  tard  Brcschet,  sur  le  Clupœa 
Jlosa,  ont  décrit  deux  culs-de-sac  ou  prolongements  de  la  vessie  natatoire, 
se  portant  à  l'oreille  interne.  Ces  deux  anatomistes  les  ont  trouvés  sans 
orifice  externe  et  les  ont  considérés  comme  représentant  la  trompe  d'Eiis- 
lachi  des  animaux  à  respiration  aérienne.  Ils  se  distinguent,  en  outre,  du 
canal  du  Caranx  par  leur  disposition  symétrique  et  géminée,  enfin  par 
leur  origine  située  à  la  partie  antérieure  au  lien  d'être  à  la  région  moyenne 
et  dorsale  de  la  vessie  natatoire. 

»  Les  anatomistes,  s'appuyant  surtout  sur  des  caractères  tirés  du  dévelop- 
pement, ont  considéré  la  vessie  natatoire  comme  l'homologue  du  poumon; 
tout  en  m'appuyant  sur  leurs  travaux,  je  dois  ici  faire  voir  que  la  vessie 
natatoire  remplit  une  fonction  hydrostatique,  et  que  l'on  peut  constater  et 
suivre  dans  les  différentes  espèces  les  modifications  de  structure  de  cet 
organe  en  rapport  avec  cette  fonction. 

»  Or,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances  ichthyologiques,  le  Caranx 
Irachurus  est  la  plus  complète  expression  du  type  offrant  un  appareil 
hydrostatique  perfectionnné.  En  effet  il  possède  des  corps  rouges  très-déve- 
loppés,  et  j'ai  constaté  que  le  travail  de  formation  de  l'air  se  faisait  très- 
rapidement  chez  lui.  Il  possède  un  canal  de  sûreté  dont  il  se  sert  pour 
conjurer  le  danger  des  ascensions  rapides  et  suppléer  à  la  lenteur  de  l'ab- 
sorption des  gaz  de  la  vessie  natatoire.  Enfin  il  est  privé  du  canal  aérien, 
vestige  d'une  partie  essentielle  de  l'organe  pulmonaire. 

»  Moins  parfaits,  au  point  de  vue  hydrostatique,  viennent  ensuite  les 
Perches,  les  Labres,  etc.,  poissons  à  vessie  close,  possédant  les  organes  im- 
portants de  la  fonction  hydrostatique,  les  corps  rouges. 

M  Par  la  présence  simultanée  des  corps  rouges  et  du  canal  aérien,  le 
genre  Murœna  forme  la  transition  entre  les  poissons  chez  lesquels  domine 
une  structure  en  rapport  avec  la  fonction  hydrostatique  et  ceux  dont  la 
vessie  natatoire  rappelle  l'appareil  pulmonaire  par  un  plus  grand  nombre 
de  caractères. 

»  Les  Salmoués,  certains  Clupœa,  les  Cyprins,  etc.,  privés  de  corps 
rouges  et  possédant  un  canal  aérien,  se  rapprochent  du  type  des  animaux 
à  respiration  aérienne. 

»  On  peut  ainsi  constituer  une  série  dont  je  ne  donne  pas  tous  les 
termes;  je  pense  que  ces  indications  suffisent  ici. 

C.  R.,    1875,  1"  Sc-mestr».  (T.  LX.XX,  N»  19.)  l6a 


(  laSo  ) 

))  Je  n'ai  pas  besoin  de  rappeler  que  le  poisson  s'adapte  à  toutes  les  hau- 
teurs, non  par  une  action  mécanique  de  ses  muscles  sur  la  vessie  natatoire, 
mais  en  changeant  la  quantité  d'air  contenue  dans  l'organe.  [Comptes 
rendus,  t.  LXXIX,  p.  lagS  et  i5  17  ;  t.  LXXVIII,  p.  542  et  737.) 

»  Je  dois  faire  remarquer  cependant  que  le  travail  actuel,  qui  établit  la 
présence  d'un  canal  essentiellement  propre  aune  fonction  hydrostatique, 
canal  qu'il  conviendra  de  chercher  sur  d'autres  espèces,  confirme  les  con- 
clusions de  mes  précédents  Mémoires. 

»  J'ai  fait  à  Concarneau  et  au  laboratoire  de  Physiologie  générale  du 
Muséum  les  expériences  et  les  recherches  anatomiques  relatives  au  pré- 
sent travail.  » 

aiÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  les  ferments  chimiques  et  physiologiques; 

par  M.  A.  Mùntz. 

(Commissaires:  MM.  Dtnuas,  Boussingault,  Pasteur,  Trécul.) 

«  La  différence  qui  existe  entre  les  ferments  doués  de  vie  et  les  ferments 
consistant  en  une  substance  azotée  non  organisée  est  établie  depuis  long- 
temps. M.  Dumas  a  appliqué  à  ces  derniers  la  qualification  très-caracté- 
ristique de  ferments  non  reproductibles  ;  ils  n'ont,  en  effet,  rien  de  ce  qui 
caractérise  l'être  vivant:  ils  ne  sont  pas  aptes  à  se  multiplier,  non  plus  que 
toute  autre  substance  chimiquement  définie. 

»  La  dénomination  commune  qu'on  applique  à  ces  deux  classes  d'a- 
gents de  transformation  ne  peut  donc  se  justifier  que  par  la  similitude  de 
leur  mode  d'action  sur  les  matières  aptes  à  snhir  leur  influence. 

»  Il  est  quelquefois  difficile,  en  présence  de  certaines  transformations, 
de  décider  s'il  y  a  intervention  ou  non  d'êtres  organisés,  et  l'observation 
microscopique  ne  permet  pas  toujours  de  trancher  cette  question.  On  com- 
prend, en  effet,  qu'il  puisse  exister  des  organismes  vivants  qui,  soit  par 
leur  petitesse,  soit  par  leur  ressemblance  avec  des  corpuscules  inorganisés, 
soit  par  la  valeur  de  leur  indice  de  réfraction,  échappent  à  l'œil  du  mi- 
crogra|jhe. 

»  Il  y  a  iHi  caractère  qui  établit  quelquefois  une  différence  entre  ces 
deux  sortes  de  fermentations,  caractère  cependant  Irès-încertain  :  les  fer- 
ments doués  de  vie  ont  leur  maximum  d'action  situé  à  une  température 
variant  de  aS  à  4o  degrés  ;  tandis  que  la  généralité  des  ferments  chimiques 


(   laSr   ) 
a  ce  maximum  situé  sensiblement  plus  haut,  à  une  température  où  la  vie 
ne  se  manifeste  plus  que  difficilement. 

»  Un  certain  intérêt  s'attachant  à  la  distinction  de  ces  deux  ordres  de 
phénomènes,  confondus  sous  le  nom  de  Jeinicnlalions,j'a\  cherché  un  agent 
qui  permit  de  les  distinguer  nettement.  Le  chloroforme  remplit  entière- 
ment les  conditions  voulues  :  il  empêche  absolument  toute  fermentation 
concomitante  de  la  vie  ;  il  est  absolument  sans  influence  sur  les  fermenta- 
tions d'ordre  chimique. 

»  1°  200  centimètres  cubes  de  lait,  additionnés  de  5  centimètres  cubes 
de  chloroforme,  restent  depuis  quatre  mois  sans  se  cailler;  aucun  orga- 
nisme ne  s'y  manifeste.  (Le  beurre  s'est  en  partie  dissous  dans  le  chloro- 
forme et  s'est  précipité  au  fond  avec  lui.) 

u  2°  200  centimètres  cubes  d'urine  fraîche,  additionnée  de  2  centi- 
mètres cubes  de  chloroforme,  restent  depuis  deux  mois,  à  une  température 
de  25  à  3o  degrés,  sans  subir  la  fermentation  ammoniacale  ;  aucun  orga- 
nisme n'y  apparaît. 

»  3°  10  grammes  de  sucre  de  canne,  dissous  dans  200  centimètres  cubes 
d'eau,  en  présence  de  craie,  de  fromage  et  de  3  centimètres  cubes  de  chlo- 
roforme, ne  manifestent  pas,  au  bout  de  quatre  mois,  la  fermentation  lac- 
tique ;  aucun  organisme  ne  prend  naissance  dans  la  liqueur. 

»  4°  De  la  chair,  de  la  gélatine,  de  l'empois  d'amidon,  d'autres  sub- 
stances très-altérables,  en  présence  de  l'eau  et  d'une  petite  quantité  de  chlo- 
roforme, se  conservent  depuis  plus  de  trois  mois,  malgré  la  température 
d'environ  3o  degrés  à  laquelle  ils  sont  soumis.  Aucun  être  vivant,  ni  ani- 
mal, ni  végétal,  ne  se  trouve  dans  les  liquides. 

»  5°  La  fermentation  alcoolique  des  sucres,  en  présence  de  la  levure  de 
bière,  est  complètement  arrètt  e  à  p;irtir  du  moment  où  le  chloroforme  est 
mis  en  contact  avec  les  dissolutions. 

»  Les  fermentations  concomitantes  de  la  vie  ne  se  manifestent  donc  pas 
en  présence  du  chloroforme. 

»  Au  contraire,  les  fermentations  chimiques  ne  sont  ni  entravées  ni 
même  ralenties  par  la  présence  du  même  agent. 

»  1°  2  grammes  d'orge  germée  sèche,  contenant  originairement  o^^oS  de 
glucose  (i),  ont  été  mis  en  contact  avec  4o  centimètres  cubes  d'eau  et  5  cen- 
timètres cubes  de  chloroforme  :  au  bout  de  cinquante  heure.-;,  il  s'était 


[i)  Dosé  par  la  liijucui'  de  Feliling. 

(62. 


(     1202    ) 

formé  o^'', 52  de  glucose.  Dans  une  expérience  parallèle,  sans  chloroforme, 
il  s'était  développé,  dans  le  même  temps,  oe'',54  de  glucose. 

)i  2°  lo  grammes  de  tourteau  d'amandes  amères,  contenant  originaire- 
ment os',oo6  d'acide  cyanhydrique  (i),  ont  été  mis  en  contact  avec  3oo  cen- 
timètres cubes  d'eau  et  5  centimètres  cubes  de  chloroforme  :  au  bout  de 
soixante-dix  heures  il  s'était  développé  o'^'',o32  d'acide  cyanhydrique.  Dans 
une  expérience  parallèle,  sans  chloroforme,  il  s'était  également  développé 
o6'',o32  d'acide  cyanhydrique. 

»  3'^  De  l'empois  d'amidon  très-liquide,  contenant  originairement,  pour 
loo  centimètres  cubes  environ,  o^',oi5  de  glucose,  a  été  mis  en  contact 
avec  de  la  salive  et  du  chloroforme  en  grande  quantité  :  après  quinze  heures, 
il  s'était  formé,  pour  loo  de  liquide,  o^'^,i20  de  glucose.  Le  même  empois, 
sans  chloroforme,  a  donné,  avec  la  salive,  dans  le  même  temps,  o^^iio 
pour  loo  de  glucose. 

»  4°  De  la  farine  de  graine  de  moutarde,  qui  ne  contenait  que  des  traces 
d'essence,  mise  en  contact  avec  de  l'eau  et  du  chloroforme,  a  développé 
une  odeur  aussi  forte  que  celle  de  la  farine  qui  était  avec  l'eau  pure. 

))  5°  loo  centimètres  cubes  d'une  dissolution  de  sucre  de  canne  à 
5  pour  loo  marquait  au  saccharimètre  33, o  à  droite.  Additionnée  de 
3  grammes  de  levure  et  de  5  gouttes  de  chloroforme,  cette  liqueur,  sans 
dégager  une  bulle  d'acide  carbonique,  s'est  intervertie  à  peu  près  complè- 
tement au  bout  de  quarante-huit  heures.  En  effet  elle  marquait,  au  bout 
de  ce  temps,  9,5  à  gauche.  Dans  cette  expérience,  la  levure  a  donc  pro- 
duit son  action  chimique,  l'interversion,  due  à  une  matière  soluble  qu'elle 
renferme  et  qui  a  la  plus  grande  analogie  avec  la  diastase  et  ses  congé- 
nères; elle  n'a  pas  produit  la  fermentation  alcoolique,  qui  est  un  acte  phy- 
siologique, c'est-à-dire  concomitant  de  la  vie. 

»  Ces  exemples  suffisent  pour  montrer  qu'il  est  possible  d'établir,  au 
moyen  du  chloroforme,  une  distinction  très-nette  entre  les  fermentations 
d'ordre  chimique  et  les  fermentations  d'ordre  physiologique. 

»  Cette  propriété  me  permettra,  je  l'espère,  d'aborder  sous  un  point  de 
vue  nouveau  l'étude  des  viius  et  des  autres  matières  d'origine  animale  qui 
sont  aptes  à  jeter  des  désordres  dans  l'organisme  vivant.  On  pourra,  eu 
effet,  faire  la  distinction  entre  les  virus  qui  paraissent  agir  à  la  manière  de 
la  diastase  et  de  ses  analogues  et  les  liquides  altérés  produisant  les 
symptômes  de  la  septicémie,  qu'on  croit  devoir  attribuer  à  des  animalcules. 


(i)  Dosé  pur  le  procède  de  M.  Diiiynel. 


(  1253  ) 
les  vibrions.  Il  sera  possible  aussi  de  faire  la  part  de  l'intervention  des 
êtres  organisés  dans  ces  fermentations  ou  transformations  curieuses  que 
M.  Berthelot  a  décrites  (i). 

))  Dans  le  cours  de  ces  recherches,  je  n'ai  pas  étudié  d'une  manière  spé- 
ciale les  symptômes  d'anesthésie  chez  les  organismes  inférieurs.  La  levure 
de  bière  anesthésiée  pendant  plusieurs  heures  n'a  jamais,  après  qu'on  l'eut 
soustraite  à  l'action  du  chloroforme,  paru  reprendre,  avec  la  mémo  inten- 
sité, son  action  sur  les  matières  sucrées.  Le  ferment  lactique  a  paru  plus 
susceptible  de  reprendre  son  fonctionnement  ordinaire.  Un  contact  pro- 


longe amené  la  mort. 


))  Je  continue  ces  recherches  dans  l'ordre  d  idées  indiqué  dans  le  pré- 
sent travail.    » 

chimie;  physiologique.  — £'.vpt7ie«cc5ef  observations  relatives  à  la  fcrmenlatiun 
visqueuse;  par  M.  A.  Bacbrimont. 

(Commissaires  :  MM.  Frcmy,  Pasteur,  Trécul.) 

«  Ayant  été  chargé  par  la  douane  de  Bordeaux  d'examiner  un  sucre  en 
grains  cristallins,  venant  de  la  Réunion,  j'ai  observé  les  faits  qui  vont  être 
exposés. 

»  loo  grammes  de  ce  sucre  ayant  été  dissous  dans  de  l'eau  distillée,  je 
m'aperçus,  vingt-quatre  heures  après,  que  la  dissolution  était  devenue 
très-visqueuse.  J'attendis  encore  vingt-quatre  heures,  et  la  viscosité  ne  fit 
qu'augmenter.  De  l'alcool  fut  alors  ajouté  à  lîi  liqueur  :  elle  se  troubla,  et 
peu  à  peu  il  se  fit  un  dépôt.  La  liciueur  alcoolique  tenait  le  sucre  eu  disso- 
lution, c'est-à-dire  qu'il  n'y  avait  point  assez  d'alcool  pour  le  précipiter. 
Elle  fut  décantée  et  soumise  à  la  filtration,  qui  s'opéra  avec  une  grande 
facilité.  Le  précipité  fut  lavé  avec  de  l'alcool,  recueilli  et  desséché  dans 
une  étuve,  dont  la  température  n'atteignait  pas  loo  degrés.  La  liqueur 
alcoolique  fut  soumise  à  l'évaporation  dans  la  même  étuve,  et  elle  laissa 
pour  résidu  de  forts  cristaux  de  sucre,  transparents  et  d'iuie  couleiu"  légè- 
rement briuiâtre,  sans  qu'il  fût  possible  d'y  observer  aucune  autre  chose. 
Le  li([uide  dans  lequel  le  sucre  avait  été  cristallisé  s'était  complètement 
évaporé  sans  laisser  le  moindre  résidu  de  matière  étrangère. 

»  Ce  fait  m'ayant  paru  fort  intéressant,  puisqu'il  avait  pour  conséquence 
que  le  sucre  n'avait  été  nullement  altéré  par  la  prétendue  fermentation  vis- 

(  I  )    Annales  de  Chimie  cl  de  l'Iiysique,  Z'  série,  t.  Lj  j).  332  et  3G9. 


(  1254  ) 

queuse,  j'ai  répété  la  même  expérience,  avec  cette  seule  différence  que  l'al- 
cool chargé  de  sucre  fut  mis  en  présence  d'une  petite  quantité  de  noir  ani- 
mal très-pur  et  soumis  à  la  filtration.  La  liqueur  fut  ensuite  évaporée  dans 
une  étuve  :  elle  donna  de  magnifiques  cristaux  de  sucre,  absolument  inco- 
lores et  dans  lesquels  il  était  impossible  de  distinguer  xm  corps  étranger 
quelconque.  Il  convient  d'ajouter  que,  comme  précédemment,  la  dessic- 
cation avait  été  complète. 

»  On  peut  conclure  de  ces  expériences  que  la  fermentation  visqueuse, 
au  moins  lorsqu'elle  commence  à  se  manifester,  n'est  nullement  due  à  une 
altération  du  sucre,  mais  simplement  à  un  développement  tout  spécial  du 
ferment  qu'il  renferme. 

»  Ayant  une  trop  faible  quantité  de  ce  produit  pour  en  faire  une  ana- 
lyse complète,  je  me  suis  borné  à  la  détermination  de  la  quantité  de  ma- 
tière minérale  et  de  celle  de  l'azote  qu'il  contenait. 

»  La  cendre  ou  la  matière  minérale  contenue  dans  le  ferment  n'attei- 
gnait que  o,oo5,  soit  un  demi-centième.  Cette  cendre,  traitée  par  l'acide 
azotique,  n'a  laissé  qu'un  léger  résidu  insoluble,  qui  était  probablement 
siliceux.  La  quantité  de  l'azote  a  été  o,  o55. 

»  Le  ferment  qui  détermine  la  prétendue  fermentation  visqueuse  est 
donc  un  produit  azoté,  mais  bien  moins  riche  en  azote  que  les  matières 
albuminoïdes  qui  sont  l'origine  de  la  plupart  des  ferments  connus. 

»  Ayant  voulu  comparer  des  sucres  au  point  de  vue  de  l'origine  et  du 
ferment  qu'ils  peuvent  contenir,  pensant  d'ailleurs  que  la  présence  de 
l'azote  suffirait  pour  signaler  l'existence  de  ce  dernier,  j'en  ai  analysé  plu- 
sieurs d'origines  différentes  :  les  sucres  de  betterave  raffinés,  du  nord  de  la 
France,  ne  m'ont  point  donné  l'indice  de  la  présence  de  l'azote;  des  sucres 
de  canne,  et  notamment  ceux  de  la  Réunion,  m'en  ont  donné  jusqu'à  0,002  5. 

»  Cette  quantité  d'azote  représenterait  0,04*)  de  ferment  si  le  sucre  ne 
contenait  pas  d'autre  produit  azoté.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Nole  sur  la  théorie  des  cyclones;  par  M.  de  Tastes. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Faye.) 

«  On  lit  dans  les  Comptes  rendus  {n°  16,  p.  1094,  Note  de  M.  Cousté) 
le  raisonnement  suivant  que  l'auteur  dit  emprunter  à  M.  Peslin,  qui  lui- 
même,  d'après  M.  Faye,  l'aurait  emprunté  à  M.  Espy  : 

a  Si  l'air  des  cyclones  est  nfuaU:  de  liant  en  bas,  comme  il  serait  puisé  dans  les  régions 
supérieures  et  ne  contiendrait  pas  de  vapeur  d'eau;  que  d'ailleurs,  en  passant  aux  couches 


(   ia55  ) 

inférieures,  il  augmenterait  notablement  de  température,  ces  météores  apporteraient  sur  leur 
parcours  la  sécheresse  et  une  chaleur  accablante,  tandis  que  généralement  ils  refroidissent 
l'atmosphère  et  amènent  d'abondantes  pluies.  » 

»  A  ceux  que  cette  assertion  pourrait  surprendre  et  qui  hésiteraient  à 
croire  que  l'air  glacial  des  hautes  régions  de  l'atmosphère,  amené  au  niveau 
du  sol,  deviendrait  pour  nous  une  source  accablante  de  chaleur,  on  dé- 
montre non-seulenient  la  réalité  de  cet  échauffenient,  mais  on  le  mesure 
avec  précision  :  «  Dans  l'air  descendant,  leur  dit-on,  la  température  croît  à 
»  raison  de  i  degré  par  loi  mètres  de  hauteur  verticale  »  (i);  d'où  il  suit 
que  l'air  pris  à  8080  mètres  d'altitude  et  à  une  température  de  (  —  10"), 
étant  amené  à  la  surface  du  sol,  éprouverait  une  élévation  de  températiue 
de  80  degrés,  et  nous  arriverait  |)ar  conséquent  à  70  degrés,  ce  qui  serait 
en  effet  on  ne  peut  plus  accablant. 

«  Hâtons-nous  donc  de  chercher  par  quel  mécanisme  nous  pourrions 
faire  descendre  jusqu'à  nous  ces  couches  supérieures  qui  renferment  à  l'insu 
du  vulgaire  de  pareils  trésors  de  chaleur.  Tenterons-nous  de  les  refouler  par 
le  moyen  d'un  gigantesque  briquet  à  air?  Le  procédé  paraîtra  peu  pra- 
tique ;  il  n'est  pas  beaucoup  plus  faciU-,  sans  doute,  de  procéder  par  voie 
d'aspiration;  mais  alors  ces  mêmes  principes  de  la  Thermodynamique, 
qu'invoquent  MM.  Peslin  et  Cousté,  nous  montrent  que  l'air  glacial  des 
hautes  régions,  attiré  par  voie  d'aspiration  vers  la  surface  du  sol,  nous  arri- 
verait beaucoup  plus  glacial  encore.  Si  le  procédé  par  lequel  nous  pourrions 
réaliser  cette  aspiration  est  tout  aussi  chimérique  et  au-dessus  de  notre 
portée  que  le  procédé  de  refoulement,  il  n'est  pas  au-dessus  des  moyens 
dont  dispose  la  nature  et  qu'elle  met  en  œuvre  dans  la  production  des 
cyclones.  Les  arguments  invoqués  par  ces  savants  météorologistes  contre 
le  mouvement  descendant  de  l'air  dans  les  cyclones  et  contre  l'opinion 
émise  par  M.  Faye  dans  la  Notice  de  V Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes 
se  retournent  contre  eux,  et  viennent  prêter  un  puissant  secours  à  la  doc- 
trine de  leur  éminent  adversaire. 

»  .Te  n'aurais  certainement  pas  la  présoDiption  de  venir  défendre  devant 
l'Académie  les  opinions  d'un  de  ses  membres  les  plus  illustres  qui,  mieux 
que  personne,  est  en  mesure  de  les  soutenir;  mais  la  cause  que  INL  Faye 
assigne  à  la  production  des  mouvements  tournants  étant  précisément  celle 
que  j'ai   indiquée  dans   plusieurs  publications   antérieures  à  la  Notice  de 

(i)  iM.  Pkslin,  Comptes  rendus,  n"  10,  p.  G5(). 


(  1256  ) 
V Annuaire  (i),  je  mo  trouve  implicitement  engagé  dans  le  débat,  et  j'ai  le 
droit  de  répondre  en  mon  nom  personnel  aux  critiques  dont  cette  opinion 
a  éîé  l'objet. 

»  Les  objections  soulevées  par  M.  Peslin  reposent  sur  une  comparaison 
tirée  du  mouvement  de  l'eau  dans  un  canal  rectiligne  indéfini,  où  la  vitesse 
du  courant  va  croissant  des  deux  bords  vers  le  milieu.  Dans  de  pareilles 
conditions,  je  reconnais  avec  lui  qu'il  n'y  a  pas  de  raison  pour  que  les 
tourbillons  se  produisent  plutôt  sur  une  rive  que  sur  une  autre,  et  que  le 
sens  de  la  rotation  doit  être  inverse  sur  les  deux  bords  du  courant  ;  mais, 
dans  des  courants  aériens  se  produisant  sur  de  vastes  portions  d'une  sur- 
face sphérique  comme  celle  de  la  Terre,  il  n'existe  ni  conrants  rectilignes 
ni  courants  indéfinis.  Ces  fleuves  aériens  parcoiu-ent  d'immenses  circuits 
dans  lesquels  la  largeur  du  courant  est  une  fraction  variable,  mais  tou- 
jours considérable,  du  rayon  du  circuit  lui-même.  Dans  ces  conditions,  la 
vitesse  de  translation  des  filets  gazeux  situés  près  de  la  rive  concave  ou 
extérieure  est  beaucoup  plus  grande  que  celle  des  filets  de  la  rive  convexe 
ou  intérieure,  et  c'est  sur  la  première  seulement  que  se  manifestent  ces 
mouvements  tournants  dont  le  sens  de  rotation  est  facile  à  prévoir.  Les 
tourbillons  gazeux  n'occupent  pas  d'ailleurs  toute  la  largeur  du  courant; 
mais  leur  diamètre  est,  relativement  aux  dimensions  du  fleuve,  beaucoup 
plus  grand  que  celui  des  tourbillons  liquides,  car  le  rayon  de  ces  enton- 
noirs est  d'autant  plus  grand  que  la  densité  du  fluide  est  plus  faible.  Quant 
à  l'influence  de  la  concavité  ou  de  la  convexité  des  rives  de  nos  fleuves  sur 
la  production  des  tourbillons,  influence  qui  ,  d'après  M.  Peslin,  n'aurait 
jamais  été  signalée,  je  prends  la  liberté  de  la  lui  signaler  très-positivement. 
Quand  une  rivière  rapide  et  profonde  décrit  une  courbe  de  petit  rayon,  le 
courant  est  presque  nul  sur  la  rive  convexe  intérieure,  et  son  maximum  de 
vitesse  est  à  peu  de  distance  de  la  rive  concave  extérieure,  où  de  nombreux 
et  violents  tourbillons  se  produisent;  le  sens  de  la  rotation  de  ces  tour- 
billons est  celui  qu'affecterait  une  roue  liorizontale  assujettie  à  rouler  sur 
celte  rive  d'amont  en  aval. 

»  Je  suis  cerles  loin  de  considérer  la  formation  des  mouvements  tournants 
de  l'atmosphère  comme  suffisamment  expliquée  par  le  frottement  de  deux 

(i)  Comptes  rendus,  g  février  1874,  p.  f\^&.  Voici  on  (luels  termes  je  ni'exiirimais 
alors  :  «  Les  mouvcmenls  touillants  dont  ce  fleuve  (iecoiii'ant  équatoiial  )  est  parsemé  sont 
la  conséquence  loiilc:  mé(ani(jiie  du  frouoment  de  l'air  eu  mouvement  eonlie  l'air  compa- 
rativement calme  qui  forme  sa  rive  gauche  ou  rive  extérieure.  » 


(  1257  ) 
masses  gazeuses  animées  de  vitesses  différentes.  Dans  l'état  actuel  de  l'Hy- 
drodynamique on  ne  saurait  donner  une  complète  explication  scicnti(ic|ue 
même  des  tourbillons  liquides,  mais  au  moins  on  les  voit,  on  les  touche 
et  personne  ne  met  en  doute  la  cause  à  laquelle  on  doit  les  attribuer, 
bien  cjue  le  mécanisme  intime  du  phénomène  nous  échappe.  Je  me  crois 
donc  autori.sé  à  penser  que  dans  les  gaz  la  même  cause  produit  les  mêmes 
effets,  et  voici  les  conséquences  que  je  tire  de  ces  prémisses. 

»  Concevons  une  certaine  étendue  de  la  masse  atmosphérique  en  état 
d'équihbre  :  une  pression  uniforme  de  760  s'exerce  stu- le  sol,  les  sinfaces 
d'égales  pressions,  ce  qu'on  appelle  les  couches  de  niveau,  s'échelonnent 
parallèlement  à  la  surface  du  sol,  les  pressions  elles  températures  décrois- 
sent avec  la  hauteur,  suivant  les  lois  généralement  admises.  Isolons  par  la 
pensée,  dans  cet  air  calme,  un  cylindre  vertical,  à  base  circulaire,  qui  va 
devenir  notre  disque  tournant,  suivant  la  très-jusle  expression  de  Pidding- 
ton.  Supposons-le  animé  d'un  mouvement  cle  rotation  autour  de  son  axe: 
la  force  centrifuge  amène  l'air  du  cylindre  de  l'axe  vers  la  circonférence, 
il  se  produit  une  diminution  de  pression  au  centre,  par  suite  un  appel  d'air 
des  régions  supérieures,  semblable  à  celui  qui,  dans  les  ventilateurs  à  force 
centrifuge,  entraîne  l'air  extérieur  vers  l'ouverture  pratiquée  au  centre  de 
la  paroi  latérale.  Une  quantité  déterminée  d'air,  situé  dans  les  régions 
supérieures,  étant  attirée  de  haut  en  bas  par  un  véritable  effet  de  succion, 
augmente  de  volume  et  diminue  de  pression  à  mesure  c(u'il  descend,  et  la 
théorie  mécanique  de  la  chaleur  nous  montre  que  la  température  de  cet  air, 
déjà  très-basse,  va  éprouver  un  nouvel  abaissement.  Parvenu  au  fond  de  la 
dépression,  cet  air  froid  est  porté  par  le  courant  centrifuge  vers  les  bords 
du  disque  tournant,  où,  se  mêlant  à  des  couches  d'air  tiédes  et  humides, 
il  y  produit  un  brusque  refroidissement,  par  suite  une  abondante  conden- 
sation de  vapeurs.  De  là  résulte  cet  anneau  de  nuages  noirs,  sillonnés 
d'éclairs,  d'où  s'échappent  des  torrents  de  pluie  et  de  grêle,  et  que  M.Fron, 
de  l'Observatoire  de  Paris,  a  désigné  sous  le  nom  heureusement  trouvé  et 
fort  expressif  de  lorc  orageux.  L'air  des  hautes  régions  n'est  donc  pas  re- 
foulé, mais  bien  aspiré  vers  le  sol,  ce  qui  amène  des  conséquences  diamé- 
tralement opposées  à  celles  que  prévoyait  M.  Cousté,  et  qu'il  considérait, 
ainsi  que  M.  Peslin,  comme  des  objections  victorieuses  à  la  théorie  du 
mouvement  descendant  de  l'air  dans  les  cyclones.  » 

M.  G.-J.  Marti.\  Saint- Axge adresse,  pour  le  concours  du  prix  Serres,  un 
Mémoire  intitulé  :  «  Recherches  anatomiques,  physiologiques  et  patholo- 

C.R.,1875,  \"  Semestre,  (T.  LXXX,  N»  10.)  1  63 


(   1258  ] 

giques  sur  l'œuf  humain  dans  ses  rapports  avec  les  maladies  du  fœtus  ». 
Le  passage  suivant  de  l'Introducliou  montre  l'ordre  d'idées  dans  lequel 
l'auteur  s'est  placé  : 

"  Ce  sont  ces  études  nouvelles  qui  ont  le  plus  contribué  à  élucider  les  questions  se  ratta- 
chant aux  fonctions  de  la  membrane  caduque,  en  démontrant  qu'elle  préside  à  toutes  les 
métamorphoses  que  l'œuf  sid)it  depuis  l'apparition  du  germe  jusqu'à  la  naissance  du  foetus. 
On  dirait,  en  effet,  qu'elle  est,  par  rapport  à  l'œuf,  ce  qr.'un  terrain  plus  ou  moins  fertile 
est  aux  plantes  qu'il  nourrit.  C'est  donc  bien  de  la  membrane  caduque,  de  cette  enveloppe 
la  ])lus  extérieure  de  l'œuf,  devenue  organe  intermédiaire  et  indispensable  entre  la  mère  et 
le  fœtus,  que  dépend  la  destinée  du  nouvel  être;  aussi  c'est  elle  plus  particulièrement  qu'il 
faut  interroger  avec  soin  quand  on  étudie  les  maladies  si  diverses  de  l'œuf  fécondé  et  celles 
du  fœtus.  On  verra  alors  que  toutes  ou  presque  toutes  les  altérations  des  organes  com- 
posant l'œuf,  de  même  que  celles  qui  attaquent  le  germe  en  voie  de  formation  ou  de  déve- 
loppement, proviennent  des  modifications  normales  ou  pathologiques  que  subit  la  membrane 
caduque.  Les  altérations  des  villosités  choriales  peuvent  bien  être  considérées  comme  la 
cause  des  maladies  de  l'œuf;  mais  ces  altérations  sont  elles-mêmes  l'effet  de  l'altération  pri- 
mitive de  la  membrane  caduque.  C'est  là  un  fait  capital  que  je  m'efforce  de  démontrer  dans 
ce  travail.  » 

Ce  Mémoire  et  l'Atlas  qui  l'accompagne  sont  renvoyés  à  l'examen  de  la 
Comtnission  du  prix  Serres. 

M.  P.  BouMCËAu  adresse,  à  propos  de  la  Communication  de  M.  de  Les- 
seps  sur  le  maintien  des  ports,  une  Note  dans  laquelle  il  rappelle  qu'il  a 
fait  exécuter,  en  i856,  une  drague  à  formes  marines,  destinée  à  draguer 
l'entrée  du  port  du  Havre  en  dehors  des  jetées,  c'est-à-dire  en  dehors  de 
tout  abri.  Il  fait  remarquer  qu'il  règne  à  l'entrée  du  port  du  Havre  un 
courant  triple  pour  le  moins  de  celui  de  l'enirée  de  Port-Saïd  ;  il  y  a,  de 
plus,  une  dénivellation  de  6  mètres  (la  dénivellation  à  Port-Saïd  n'atteint 
pas  6  décimètres). 

L'auteur  avait  établi  que  le  prix  des  draguages  pouvait,  dans  certains  cas, 
être  inférieur  au  prix  des  écluses  de  chasse,  surtout  quand  il  s'agit  de  des- 
cendre aux  profondeurs  qu'exige  le  tirant  d'eau  des  navires  d'aujourd'hui. 

(Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  M.  de  Lesseps) 

MM.  L.  Balme,  Creissac,  Kaktzhorff,  H.  Laillault,  L.  Paillard, 
M.  Perket,  a.  Saxceau,  de  Sal\t-Trivier,  Villedieu,  s.  Zl\no  adressent 
diverses  Communications  relatives  au  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 


(   '2J9  ) 

M.  E.  Jabi.o\ski  adresse  un  Mémoire  intitulé  :    «  Généralisation  de  la 
méthode  d'intégration  par  parties  ». 

(Commissaires  :  MM.  Chasies,  Bertrand,  Puiseux.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  «  La  Lumière  ;  six  Leçons  faites  en  Amérique  durant  l'hiver  de  1872- 
1873  »,  par  M.  J.  Tyndall.  Traduction  faite  par  M.  l'abbé  Moigno; 

12°  Une  brochure  de  M.  P.  Mouitlefert,  intitulée  :  «  le  Phylloxéra  vasta- 
trix  et  la  nouvelle  maladie  de  la  vigne  ». 

La  Confrérie  des   vignerons  de  Vevey  adresse  des  remercîments  pour 
l'envoi  que  l'Académie  lui  a  fait  de  ses  Mémoires  sur  le  Phylloxéra. 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  In  Lune  et  d'étoiles  de  même  ciilmination, 
faites  à  i Observatoire  de  Melbourne,  adressées  par  M.  Robert  Ëllert 
et  communiquées  par  M.  Le  Verrier. 

(Latitude:  37''49' 53",3  S.;   longitude  :  g"- 39™  54%  8  E.  de  Greenwich.) 


Dates. 

Nom 

m 

Dates. 

Nom 

av 

1874. 

de  l'astre. 

Poids,     r 

pp.  au  passage. 

1874. 

de  l'astre. 

Poids. 

app.au  passage. 

et.     I 

B.A.C.  1746. 

.    ^d 

h        m       8 
5.28.     3,76 

Oct.  21 

0  Acjuarii. .  . 

.   3c/ 

h        m       s 
22. 10. l3 ,80 

i36  Tau  ri. .  . 

.  5 

5 .45 .27 ,01 

56  Aquarii  . 

.    4r/ 

22.23.34,97 

3  î"'!  Liiiib 

.  5 

5.56.37,43 

d^-  I''  Limb. 

.    4c 

22. 3o.     2,48 

6 

3  2"''Limb. 

.   5        I 

0.36.36,87 

t'  Aquarii .  . 

.    ^cd 

22.42.08,07 

i3 

y.  Librœ 

.    2  ml 

4.43.55,32 

iji'  Aquarii.  . 

.    2  cf 

23.   9.20,44 

(£  i"  Limb. . 

.   3/      1 

5.   2. 11,71 

22 

ifi'  Aquarii.  . 

.    1  cf 

23.   9.20,35 

P'  Scorpii  .    . 

.    3  ud 

5.58.   7,65 

(£:  i"Limb. 

.  kd 

23.24  40580 

16 

6  Ophiuclii.  . 

.     irf 

7.14.17,68 

29  Piscium . 

.    ^cf 

23.55.25, 1 I 

^   i=«  Limb. 

.    5cf 

7.41.  6,54 

23 

29  Piscium . 

.  1d 

23.55.25,01 

a  Sagittarii .  . 

.  4« 

8.47.29,14 

^  l'^'Limb. 

.   3c 

0. 19. 12,80 

'7 

(£  !■"  Limb.. 

.   5 

8.39.18,86 

£  Piscium  .  . 

.   3c^/ 

0.56.27,43 

(7  Sagitt.irii .  . 

•  4^^ 

18.47.28,96 

Ç'  Piscium. . 

.    2r<^/ 

I     7.12,15 

/r  Sagittarii. . 

.  5 

[9.29.  4,48 

28 

B.A.C.  1648 

•    2  cf 

5.i3.   8,32 

M  Sagittarii.  . 

.  5 

19.48.  9,49 

p  Tauri 

.  4« 

5.18.23,04 

A  Sagittarii.  . 

.  5 

19.51.18,78 

3  2'"'  Limb 

..  5 

5.28.33,25 
i63.. 

{     1200    ) 


Dates.              Nom 

ffi 

Dates. 

1874.           de  l'astre. 

Poids. 

app.  aii  passage. 

1S74. 

Oct.  28  B.A.C.  2097.. 

3« 

h        m       s 
6.22.28,35 

Dec.  18 

49  Aurigse...  . 

4« 

6.27. 19,20 

'9 

3o  59Geminoriim 

Sud 

7.16.45,97 

3  2"'!  Limb .  , 

3„ 

7.38.5o,47 

3i    32""!  Limh.  . 

4« 

8.37.53,37 

Nov.    2  a  Leonis 

5 

10.  I .41 )45 

20 

7'  Leonis 

4« 

10 . i3.    3,3o 

3)  2°'' Limh.  . 

5 

10.21 . 3i ,53 

12   (£;  i^'  Liml).  . 

î/ 

17.23. 1 I ,96 

X  Sagitiarii .  .  . 

2d 

18.20. i3,o8 

14   C  i"Limb..  . 

ll-cf 

19.19.  6 , 54 

0)  Sagittarii.  .  . 

4/ 

19.48.   9,o5 

21 

ig  2/^Pisciiim.  .  . 

4 

23.46.30,06 

1^'  Limb 

5 

23.53.    1,62 

12  Ceti 

3</ 

0.23.39,57 

n.A.C.  321.  .  . 

■r/ 

0.4' .49)65 

23 

73  Piscium  .  .  . 

i'/ 

0.58.24, i5 

28  T-  Arielis 

4'' 

3. i5. 34,03 

(£  i^'Limb..  . 

5 

3.43.15,55 

24  B.A.C.  i5i8. . 

3r/ 

4.48.39,18 

/  Taiiri 

3(/ 

4 .50.30, 85 

24 

3  2°''  Limb.. 

4./ 

4.52.45,21 

p  Tauri 

4'' 

5. 18. 23, 83 

B.A.C.  1746.. 

3./ 

5.28.  5,3o 

i36  Ta  mi. .  . 

3r/ 

5.45.28,G8 

25  B.A.C.   1746. 

3^/ 

5.28.   5,3i 

i36  Taiiii.... 

3r/ 

5  45.28,71 

26 

3  2"''  Limb. 

4./ 

6.    1.32,74 

53  Geminunin 

1    3r/ 

7.  8.   8,79 

i  Geniinoriun 

3  cl 

7.17.57,92 

Dec.    4   3  2"''  Limb  . 

5 

18.46  38, 10 

a  Librse 

2.-// 

14.43  55,92 

5   3  2"''  Limb. 

■'■/ 

i4  32. 12,48 

27 

i3  (Ci''  Limb.. 

5 

20.56. 1 3, 06 

0  Capiicorni. 

5 

20.58.53,62 

14  £  Ca|H  icorni  . 

'/ 

21 .3o.  3,45 

i£  i^Liinb.. 

.   3iu/ 

21  50.42,25 

i5  (7  A(]uai'ii  .  .  . 

3/ 

22.24.  0,88 

C  I*'  Limb.. 

.  5 

22.43.   3,81 

1S75. 

ï6  (£  1^'  Limb.. 

5 

23.34.  6,61 

Janv.  1 

1  2  Ceti 

.  4- 

0.28.39,28 

12 

17    (£  i'-'  Limb. 

.  5 

0.25.   2,68 

i3 

18  (£  i^'Limb.. 

.    3/ 

1.17.17,47 

i4 

Nom 
de  l'astre.         Poids. 

B.A.C.  60g..  .  I  r/ 

i£  i^'Limb.. .  5 

(7  Arietis 3  d 

s  Arielis ^ 'l 

5  Arielis 5 

£  Arielis 3  iid 

'  Arielis 4  '"^ 

(£  1 5' Limb..  .  4" 

n  Tauri 3d 

33  Tauri 4  « 

y'  Tauri 3  iid 

33  Tauri 5 

(£;  i^'  Limb..  .  3c 

P  Tauri 3d 

B.A.C. 1746..  5 

B.A.C.  2097..  5 

49  Aurigae. ...  5 

3  2"''  Limb.  .  5 

u  Geminorum.  4  '' 

c  Geminorum.  5 

u  Geuiinorum.  2  c 

c  Geminorum  .  i  cf 
3  2""^  Limb  ..3c 

6  Cancri 2  c 

u'  Canci'i 4  '' 

82  Cancri.    .  .  1  c/ 

X  Leonis 3  d 

B.A.C.  8292..  3d 

3  2""^  Limb.  .  4'' 

y'  Leonis 3d 

42  Leonis.  ...  3  d 

B.A.C.  3579..  4^/ 

42  Leonis.  ...  6 
B.A.C.  3579..    5 

p  Leonis 5 

2)  2'"'  Limb.  .  6 

/  Leonis 5 

j(  Leonis 5 

(7  Leonis 5 

3  2"''  Limb..  3f/ 

([^  1"  Limb..  .  2'-/ 

^  l^Limb. .  .  3  ud 

s   Piscium  ....  ij 


app.  au  passage. 
Il        m      s 

1.52.44,58 

2  12.19 ,52 
2.44-36,01 

2.52.  4>4o 

3.  4-29.40 

2.52.  4>26 

3.  4-29,32 
3.  II  .24,76 
3.40-  3,80 
3.4g. 3g, 86 
4. 14. 2g, 25 

3  49-^9'77 
4.i5.  5,33 
5. 18.24,30 
5.28.  5,6g 
6.22.29,72 
6. 27 .20,60 
6.33.43,61 

7.28. I 4, "o 

7  36.3o,i8 

7 . 28. i4 ,08 

7 . 36.80,34 

7.40.15,74 

7 .55.5i ,27 

8.21.12,7g 

8. 25.87 ,58 

9.24.35,91 

g . 3 I . 54 , 36 

9.88.34,35 

10.18.   5,24 

10  I 5 .   7,34 

10.22.   7,86 

I o . 1 5 .   7 , 24 

10.22.   7,98 

10.26. i4,o6 

lo. 29.53,65 

10.42. 4' ,38 

10.58. 34 , 17 

> 1 •'4-4' >4' 

14.14  11,88 

28.18.36,98 

o.  9.15,89 

0.56.26,95 


(     I2G(     ) 


Dates. 
1S75. 


Nom 

de  l'astre 


M 


PoiJs 


j  II 

8 


Janv.  i4   €  i^I^iml^- 

i5  (£  i^'Limb. 

i6  (C  l'-'Linib. 

i']    17  Tau  ri .\  d 

n  Tauii i\d 

27  Tauri ^  ri 

(£  l'^'Umb. .  .  6 

T  Tauri ^  d 

X  Tauri 3^/ 

iS  T  Tauri 5 

/  Tauri 5 

(£  i^'Limb..  .  5 

P  Tauri 5 

i36  Tauri. ...  5 

X  Aurigae 5 

ig  p  Tauri 4  ■' 

i36  Tauri..  .  .  4'' 

(^  1^'  Liiub..  .  4« 

z  Auriyse 3(/ 

aSGemiiiorum  2/ 

t  Gtminorum  .  3  w^/ 

20  28  Geminoiuni  5 

£  i^'Limb...  8 

i  Geminorum .  5 


app.  nu  passage. 
Il        m       s 

I.  o.i4,83 
I .53.  I ,29 
2.48.54,93 
3.37.27,70 
3.40.   3,74 

3.4 I -44 '36 

3.48.52,3G 
4.34.45,34 
4.5o. 3i  ,35 
4.34.45,28 
4 .5o. 3i ,3i 
4.52.53,42 
5.18.24,53 
5.45. 29,37 
6.  7.26,05 
5.18.24,38 
5.45.29,23 
5.59.33,51 

6.  7.25,99 
G. 36. 51,57 
7. 17.59, II 
6.36.5i  ,4" 

7 .  6.12 ,55 
7.17.59,10 


Janv.  20  p  Geminorum.  G  7.37.41,40 

ij-'Cancri 5  8.   2.56,76 

m'  Cancri 5  8.24.   8,36 

21   -^^  Cancri 4  ./  8.    2. 56, 81 

(^  i^'Linib.. .  5  8. 10.    o,4g 

u'Cancri /'^  d  8.24.    8,32 

;  Cancri /\  d  9.    2.  il,  58 

),  Lconis    .  .    .  4'"'  9.24.36,68 

26  )i  Virgiiiis  .  . .  .  ^d  I2.i3.3i,25 
3  2"'' I.inib.  .  4"  1 2.  26.  Si,  5 1 
7Virginis(Mean)  Sd  12.35.20,07 

/î  Viryinis 4  r/  12. 53.  i3, 53 

0  Virgip.is 3d  i3.    3.28,95 

27  ;<  Virginis.  .  .  .  5  12.53.  i3, 54 

0  Virginis 5  i3.    3.29,05 

Sa'-J  Limb..  5  i3.  10.31,45 

«Virginis /{  d  i3.  18. 36, 66 

86  Virginis.  .  .  3/  13.39.16,76 

2g   3  2"-»  Limb..  ir/  i4.4ï.i3,5i 

a  Libr.Te 1  cd  14-43   57,65 

fl  Libra; 3d  i5.  10. 16, 53 

3o  3)  2"J  Limb    .  6  15.29.59,07 

a  Scorpii 3d  16.21.43,78 

Févr.  I    2)  2°'' Limb    .  5  17.17.27,11 

»  The  weights  are  estimated  at  the  tinie  of  observalion,  ihey  arc  rcckoned  from  o  to  10; 

tlie  ietters  attaclucl  to  the  wciglits  signify  as  follows  :  b,  boiiingj  c,  cloudy;  d,  diffused; 
f,  faint;  u,  unsteady.  » 


Dates. 

1875. 


Nom 
de  l'astre. 


Poids 


aiip.  au  passage. 
Il        m       s 


CAPILLARITÉ.  —  Nappes  meniirieltes;  par  M.  C.  Decharme. 

«  Lorsqu'on  fait  tomber,  d'une  hauteur  de  10  à  i5  centimètres,  un  large 
filet  continu  de  mercure  sur  une  siu-face  quelconque,  on  voit  se  former,  au- 
tour de  la  base  du  jet,  une  nappe  merciirielle,  adhérente,  plus  ou  moins 
étendue  et  de  formes  diverses  selon  les  cas. 

»  Ainsi,  en  versant  le  liquide  sur  une  surface  plane  un  peu  inclinée, 
une  lame  de  verre,  par  exemple,  on  a  un  véritable  miroir  plan  instantané 
de  6  à  8  centimètres  de  diamètre.  Si  la  surface  est  celle  d'un  verre  de 
monlre,  on  obtient  un  miroir  convexe  ou  concave,  suivant  que  le  filet  li- 
quide tombe  sur  l'une  ou  l'autre  face.  De  tels  miroirs  réfléchissent  les 
objets  comme  si  le  liquide  était  en  repos. 

»  La  nappe  mercurielle  est  si  mince  et,  malgré  sa  mobihté,  si  adhérente 


(  ia62  ) 
aux  surfaces,  qu'elle  en  reproduit  toufe§  les  formes.  Lorsque  le  jet  de  mer- 
cure tombe  sur  un  cristal  à  facettes,  sur  un  coquillage  à  côtes  ou  sur  une 
surface  gaufrée,  la  nappe  en  montre  les  reliefs  et  les  creux.  Des  divisions 
en  millimètres,  tracées  sur  métal,  apparaissent  grossies;  les  chiffres  qui 
les  représentent  peuvent  être  lus.  Enfin  des  traits  un  peu  forts,  tracés 
au  diamant  sur  une  lame  de  verre,  sont  encore  saisissables.  Enfin,  si  im 
objet  présentant  des  reliefs  vient  à  être  déplacé  sons  la  nappe  mercu- 
rielle,  on  pourra  suivre,  à  travers  cette  couche  opaque,  les  déplacements 
de  l'objet. 

»  L'étendue  de  la  nappe  dépend  de  la  hauteur  de  chute,  de  la  direction 
et  de  l'abondance  du  jet  mercuriel;  quanta  son  épaisseur,  elle  n'est  guère 
que  de  o™"",  i  à  o^^jS.  On  sait  que  la  plus  mince  couche  de  mercure  en 
repos  n'a  pas  moins  de  3  millimètres  d'épaisseur. 

»  Le  mercure  doit  être  pur;  la  surface  sur  laquelle  il  tombe  doit  être 
également  très-propre,  car  la  moindre  poussière  détermine,  sur  la  nappe 
développée,  des  slries  en  forme  de  V,  d'autant  plus  apparentes  que  la 
vitesse  du  liquide  est  plus  ralentie.  » 

AÉROSTATIQUE.  —  Sur  les  précautions  à  apporter  dans  les  ascensions  en  hauteur. 
Note  de  M.  de  Fonvielle.  (Extrait.) 

«  La  décroissance  de  la  température  est  assujettie  à  des  différences  très- 
grandes,  comme  on  peut  le  constater  par  les  observations  faites  par  les 
divers  aéronautes  à  des  hauteurs  comparables.  Or  le  froid  est  un  élément 
essentiel  qui  jieul  arrêter  l'ascension  prudente  à  une  altitude  bien  moindre 
que  7000  mètres  ou  que  celle  qui  correspond  à  la  limite  plus  fixe  de 
3o  centimètres  de  pression.  La  règle  à  suivre  peut  donc  être  formulée  de 
la  façon  suivante  :  Une  ascension  en  hauteur  doit  être  arrêtée  du  moment  que 
l'opérateur  ou  ses  aides  éprouvent  un  trouble  notable  dons  leurs  fonctions  orga- 
niques. Du  reste,  à  ce  moment,  les  observations  cessent  d'avoir  une  valeur 
quelconque. 

»  Il  y  a  lieu  de  remarquer  aussi  que  les  conditions  dans  le  milieu  aérien 
et  les  inlluences  morales  sont  telles,  que  l'on  ne  peut  déduire  ce  qui  arri- 
vera dans  l'atmosphère  d'expériences  faites  sous  la  cloche  pneumatique. 
A  l'elfct  du  froid  il  faut  ajouter  l'insolation,  l'extrême  sécheresse  de  l'air, 
peut-être  des  influences  électriques  encore  inconnues,  l'action  du  gaz  qui 
sort  du  ballon.  Par  compensation,  l'aéronaute  jouit  d'un  spectacle  admi- 
rable, il  peut  se  donner  un  monvement  modéré  poiu-  lutter  contre  le  som- 
meil;  avec   un   ballon   bien  manoeuvré,   l'ascension    sera   graduée   pour 


(  1263  ) 
reprendre  haleine  en  descendant  et  remonter  ensuite  à  un  niveau  supé- 
rieur. Toutes  ces  considérations  font  voir  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  tracer  de 
limite  fixe,  et  que  la  règle  posée  plus  haut  suffit  pour  écarter  tout  danger 
sérieux.   » 

M.  DE  QcATREFAGEs  préseutB  à  l'Académie,  au  nom  de  la  Commission 
executive  du  Congrès  international  de  Géographie,  une  brochure  où  sont 
réunis  les  divers  documents  relatifs  à  ce  Congres. 

«  Eu  1871,  la  vdle  d'Anvers  avait  pris  l'initiative  d'un  Congrès  inter- 
national de  Géographie  destiné  à  rendre  plus  solennelle  l'inauguration  des 
statues  d'Ortelius  et  de  Mercator.  Uu  succès  éclatant  couronna  cette  ten- 
tative. Les  actes  du  Congrès  d'Anvers  remplissent  deux  volumes  pleins  de 
faits  intéressants. 

))  Invitée  à  diverses  reprises  à  provoquer  la  réunion  d'un  second 
Congrès  consacré  aux  mêmes  sciences,  la  Société  de  Géographie  de  Paris 
n'a  pas  cru  devoir  s'y  refuser;  depuis  plusieurs  mois,  elle  a  pris  les  dispo- 
sitions nécessaires  sous  la  direction  de  son  président,  M.  l'amiral  de  La 
Roncière  le  Nourry.  Des  Cammissions  ont  été  nommées  et  ont  rédigé  les 
programmes  destinés  à  appeler  l'attention  sur  diverses  questions  se  ratta- 
chant aux  sciences  géographiques;  un  Commissariat  a  été  chargé  de  pré- 
parer une  exposition  à  la  fois  scientifique  et  commerciale;  le  Gouverne- 
ment s'est  montré  on  ne  peut  plus  favorable  à  ce  projet  et  a  autorisé  le 
Congrès  à  siéger  aux  Tuileries,  dans  le  pavillon  de  Flore,  qui  sera  appro- 
prié à  ce  but. 

»  Presque  toutes  les  puissances  étrangères  ont  déjà  nommé  des  commis- 
saires chargés  de  les  représenter  au  point  de  vue  scientifique  et  industriel. 
Les  demandes  de  local  pour  l'Exposition  venant  de  l'étranger  soid;  nom- 
breuses, et  les  vastes  locaux  attribués  à  quelques-unes  d'entre  elles  sont 
déjà  regardés  comme  devant  être  à  peine  suffisants. 

))  La  France  ne  reste  pas  en  arrière;  mais  la  Commission  executive  du 
Congrès  n'en  demande  pas  moins  à  toutes  les  personnes  pouvant  influer 
sur  nos  nationaux  de  vouloir  bien  stimuler  autant  que  possible  le  zèle 
des  fabricants,  des  artistes  qui,  par  la  nature  de  leurs  produits,  semblent 
être  appelés  à  prendre  part  à  cette  Exposition,  soit  au  point  do  vue  scien- 
tifique, soit  sous  le  rapport  commercial.   » 

A  3  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  D. 


{  I2G4  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

OOVRAGÏS    RF.ÇnS    PP.NDAKT    LA    SEANCE    DU    10    MAI    iSyS. 

Traité  d'obstétrique  vétérinaire  ;  par  F.  Saint-Cyr.  Paris,  P.  Asselin,  iSyS; 
I  vol.  in-S".  relié. 

Traité  des  injections  sous-cutanées  à  effet  local,  etc.;  par  le  D'  A.  LUTON. 
Paris,  J.-D.  Baillière  et  fils,  1875;  in-8".  (Adressé  par  l'auteur  au  Concours 
Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  iSyS.) 

Essai  sur  les  phénomènes  morbides  de  la  pression  intrn-ociilaire;  par  A.  PiÉ- 
CHAUD.  Paris,  H.  Lauwereyns,  1873-,  i  vol.  iu-S*".  (Adressé  par  l'auteur  au 
Concours  Chaussier,   1875.) 

Travaux  du  Conseil  d' hygiène  pubVupie  cl  de  salubrité  du  département  de 
la  Gironde  pendant  l'année  187/};  t.  XVI.  Bordeaux,  imp.  Ragot,  1875; 
in-S". 

Dégâts  causés  aux  végétaux  par  les  Acarus;  par  V.  Chatel.  Caen,  imp. 
E.  Valiu,  1876;  opuscule  iu-S". 

Toussaint  aîné.  Elucubr-ations  scientifiques.  Lanuion,  imp.  Manger  le 
Goffic,  1870;  opuscule  in-8°. 

Tables  des  matières  contenues  dans  les  quatorze  premiers  volumes  (1864  à 
1874)  de  la  Revue  scientifique  et  de  la  Revue  politique  et  littéraire;  direc- 
teurs MM.  E.  YuKGet  E.  Alglave.  Paris,  Germer-Baillière,  1876;  br.  iu-8°. 

/iperçu  d'un,  nouveau  procédé  d'extraction  du  jus  ])Our  la  Jabrication  du 
sucre.  Paris,  Alcan-Lévy,  1875  ;  br.  in -8°. 

Etude  sur  l'emploi  du  gaz  suljhjdrique  pour  la  destruction  du  Phylloxéra 
vastatrix  ou  Puceron  souterrain  qui  attaque  les  racines  de  la  vigne  et  sur  l'effi- 
cacité de  ce  gaz  contre  l'oïdium;  par  V.  MARCHAND.  Verdun,  imp.  Renvé- 
Lallemant,  1874;  br.  in-S". 

Discussion  sur  les  méthodes  de  r'épélilion  et  de  réitération  employées  en  Géo- 
désie pour  la  mesure  des  angles;  parL.  CrULS.   Gand,  imp.  Aniioot-Braeck- 

man,  1875;  br.  in-8°. 

(  A  suivre.  ) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES, 


SÉANCE  DU  LUNDI  Si  Mx\I  1873. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  Lune  faites  aux  instruments  méridiens 
de  l'Observatoire  de  Paris  pendant  l'année  1874,  communiquées 
par  M.  Le  Verrier. 


Correction 

Correction 

Temps 

Ascension 

de 

Distance 

de 

1874. 

moyen. 

droite.      l'éphéraérideC*).       polaire. 

l'éphéraéride. 

h       m       s 

il       m       s 

S 

Janvier  . 

3 

i3. 13.43,3 

8.  6.29,80 

-0,47 

0       f        tt 

5-7  (*) 

8.15.47,0 

4.44.38,56 

-o,38 

64.58.48,5 

+  o,Q 

SoD 

II.      3.12,2 

7-44-'9,7' 

-0,42 

63. 5i .27,0 

-    5,2 

3.r) 

I 1 .55. i5, 3 

8.4o.25,g3 

—  0,38 

66.29. I 3, 5 

-6,7 

Février . 

10 

19.11.48,9 

16. 35. 23, Il 

-0,69 

1 14.43. 10,9 

-  6,1 

23 

6. II. -S, 2 

4.26.26,51 

— 0 ,35 

65.38.29,1 

H-   0,3 

25 

8.   3.49,1 

6 . 26 . 59 , I 4 

—0,37 

62.22.  6,7 

+    0,1 

28 

10.40. 18,8 

9.15.39,01 

—  0,28 

68.48.29,, 

-.1,8 

Mars.  .  , 

2 

12.  8.39,3 

10.52.    3,48 

—0,39 

78.  8.53,8 

-  4,3 

25 

G. 54. 16,0 

7-    7-37,98 

-0,55 

62.33.16,1 

—    ',<J 

(*)  Observations  faites  aux  instriimenls  de  Gambey. 

(**)  L'éphéméride  de  comparaison  dont  on  donne  ici  la  correction  est  réphéméride  du 
Nautical  Almanac,  laquelle  est  déduite  des  Tables  de  Hansen. 

C.  R.,  1875,  1"  Semeilre.  (T.  LXXX,  N"  20.)  '"4 


(  1266  ) 


1874. 
Mars. 

Avril . 


Mai . 


Juin.. 


Juillet 


Correction 

Correction 

Temps 

Ascension 

de 

Distance 

de 

moyen. 

droite.         I 

l'éphéméride.          polaire. 

l'éphéméride, 

h       m       9 

h       m      s 

B 

0      ,        „ 

tt 

26 

7.48.     I,. 

8.  5.26,51 

-0,38 

64.23.21,8 

-  2,4 

27 

8.38.   7,8 

8.59.35,66 

—  0,61 

67.29.55,3 

-  3,3 

28 

9.24.33,7 

9.50.   3,53 

-0,37 

71.35.44,9 

-  4,4 

20 

3.45.   2,7 

5.40.26,51 

-0,45 

21 

4.44.24,7 

6.43.53,92 

—0,67 

62.    g. 12,4 

+  4,5 

22 

5.41-   0,3 

7.44.33,36 

—0,66 

63.27 .55,5 

+  0,9 

25 

8.  6.19,6 

10.21 .59, 10 

— o,3o 

74.41.25,8 

—  2,6 

27 

9.37.37,8 

I I . 5 I . 2 1 , 26 

—  0,39 

85.23.  3,8 

-  1,8 

3o 

I I .26. 19,9 

14.   2. 13,90 

—  0,46 

I02.     8.23,2 

-  3,4 

I 

12 . I I . i5,6 

14.49.10,47 

-0,39 

107. 10.34,8 

+  0,9 

2 

12.57. '0,9 

15.39.   7-78 

—  0,42 

111.32.44,4 

+  3,9 

1 1 

20.53 ,36,4 

0. 12. 19,19 

-0,79 

91 .5i .  3,5 

H-    8,2 

19 

3.27.58,6 

7.17.38,60 

-0,53 

20 

4-23.56,7 

8.17.40,07 

-0,68 

64.56.20,0 

—  0,4 

26  r) 

8.43.52,1 

i3.    1.48,61 

—0,43 

^7(*) 

9.23.49,2 

13.45.49,74 

— o,5o 

27 

9.23.49,4 

13.45.49798 

—0,26 

100. i3.5i ,5 

-  3,6 

28 

10.   5.47,6 

i4.3i .53, i5 

—0,40 

io5.25.53,7 

-  3,1 

28r) 

10.  5.47,6 

i4-3i .53,21 

-0,34 

io5. 25.48,6 

-  8,2 

29(*) 

io.5o.44i3 

i5. 20. 55, 84 

-o,5i 

lio.  4-28,6 

-  3,8 

29 

I 0. 5o . 44 , 4 

15.20.55,98 

—  0,37 

110.  4- 3o,6 

-   1,8 

M*) 

I I .39.20,0 

16. 13.38,33 

—0,60 

11 3. 53.  0,2 

—  4,0 

1 

18.48.22,1 

23.53. 12,21 

-0,86 

94.13.44,0 

-4-   9,5 

8 

19.36  32,8 

0  45.27,22 

—0,80 

87 .21 . 16,7 

+  9,1 

9 

20.25.54,2 

1.38.52,23 

— o,85 

8o,32.5o,4 

-*-  7.7 

20 

5.21.32,8 

11.17.31,12 

—  0,32 

81.20.  6,5 

-  4,1 

1 

19. I I .59,6 

.2.i5.  8,67 

-1,23 

76.   7.30,4 

+  8,5 

8 

ao .    4-35,4 

3.11.47,89 

-1,04 

70. 3 I .25,7 

+  B,4 

'7 

3.15.58,9 

10.58.  4,38 

-0,33 

79.12.44,3 

-  3,8 

27(*) 

I I .  0.52,7 

19.23.49,80 

—0,59 

27       II.   0.52,7  19.23.49,83  —0,56  117.   0.25,2  -f-  3,1 

29  12.57.49,0  21.26.38,90  — 0,61  110.  6.32,7  +  2,7 

30  i3.5i.i2,5  22.24.  9,29  — 0,62  104.33.44,4  ~"  5,5 
Août...     6       19.52.26,1  4.53.54,41  — i,o3      63.48.39,4-  -H  6,8 

19        5.16.11,4  i5.  8.45,02  —0,12  109.36.  9,0  —  0,6 

2l(*)      6.53.37,5  16.54.24,86  —0,29 

22(*)        7.48.     2,6  17.52.57,32  — 0,40 

22              7.48.     2,8  17.52.57,48  —0,25  117.51.39,1  +    4,3 

24(*)    9.43.28,5  19. 56. 36, 3i  —0,47  ii5.56.4o,8  +  2,9 
(*)  Observations  faites  aux  instrumenis  de  Ganibey. 


(  1267  ) 


Correction 

Correction 

Ascension 

de 

Distance 

de 

droite. 

l'éphéméride. 

polaire. 

l'éphéméride. 

Temps 
1874.  moyen. 

h       m       9                 h        m       8  s                       o        ,        „                      „ 

Août....   24         9.43.28,7  19.56.36,46  —0,33  ii5  56.39,7  -f-    1,8 

35{*)  10.40.54,5  20.58.   7,34  — o,4'-«  112.22.26,0  -+-  3,7 

25  10.40.54,7  20. 58.   7,55  — 0,21 

26(*)  11.36.16,2  21.57.33,34  — o,5o  107.16.54,8  +  3,7 

26  II. 36. 16, 2  21.57.33,37  —0,47  107.16.54,7  +  3,6 
28       i3.23.38,o  23.49-5i,oo  —0,62  g4.    2.49,5  4-  7,7 

Septemb.     3       18.46.17,6       5.37-58,00  —1,02 

4       19.45.   0,9      6.40.48,11  — i,o5  61. 58. 58, 5  —   1,7 

14         2.29.36,7  14.  4-'°'83  — o,3o 

i5        3. II. 5 1,0  I 4.50.30,19  — 0,29 

18  5.37.   7,3  17.28.  6,12  —0,25  117.35.38,1  —  0,8 
i9(*)     6.31.54,8  18.27.  0'58  —0,49 

19  6.3i.55,o  18.27.   0,82  — o,25  118.12.  6,4  +  5,9 
21         8 . 9.6 . 1 3  1 1 4 .  26 .  59 , 5  —   1 ,  o 

24  II.  6.   3,0  23.31.33,72  —0,42  97.42.4i>9  +  3,0 

25  11.59.35,7       0.16. 58, 12  —0,67  90.24-21,0  +  4'5 

26  13. 5i. 12,7       1.12.39,52  — 0,74  83.    1.32,6  +  7,2 
Octobre.     5       31.   8.3o,4  10.   6.52,54  —0,82       73.33.35,3  —  2,7 

i4         2.40.48,2  16.13.45,48  —0,29 

i5         3.3i.   0,3  17.   8.   4)29  —0,19 

20  8.   0.10,5  21.57.41,53  —0,44  107.23.39,3  +  0,1 

23  10.32.25,0      0.42.10,26  — 0,58 

23(*)  10.32.35,0       0.42.10,35  —0,49  87.   2.ig,i  +  5,5 

24  11.24.48,1  1.38.39,84  —0,69  79.44.52,4  +  4,3 
240   11.24.48,3       i.38.4o,o3  — o,5i       79.44.56,3  +  8,3 

25(*)     12.31.21  73.     3.24,5  -H    9,4 

36(*)  i3.2i.ii,3      3.40.54,99  —0,81       67.32.26,1  -1-6,6 

27  14.32.58,2     4-4'3-47-42  —0,60  63.42.33,9  H-  4i9 

Novemb.      1        19.   6.3i,3       9.50.59,17  —0,95       71.57.35,2  —  2,4 

3       20.31.45,7  11.24.24,61  —0,44       82.37.56,5  —6,0 

14         4.   7.50,7  19.43.18,68  —0,26  116. 38. 3i, g  -f-  4,3 

i7(*)    6.42.13,5  33.29.53,64  — 0,27 

19         8.19.11,5       o.i5.   0,61  —0,19       90.37.24,0  -I-  2,6 

2i(*)  10.    1.21,8      2.   5.23,78.  —0,73      76.33.40,3  -t-  5,4 

21  10.  1.22,3  3.  5.24,23  — 0,2g  76.33.37,0  -+-  2,2 
23(*)  12.  0.49,8  4- 10-42,86  —0,65  65.35.37,5  —  0,5 
23  12.  o.49)9  4-'°'43,c>i  — o,5o  65.35.32,4  4-  4,4 
240  i3.  4.44,3      5.18.43,31  -0,79 

25  i4-  9-'6,7      6.27.23,38  — 0,74      61.49.  4,6  +  1,5 


C)  Observations  faites  aux  instruments  de  Gambey. 


16/1.. 


(  1268  ) 

Correction  Correction 

Temps  Ascension  de  Distance  de 

1374,  moyen.  droite.  l'éphéméride.  polaire.         l'cplioméride. 

h        m       s  h       m       s  s 

Décenib.     2  19.48.57,8  12. 35. 5o, 54  — o,5o           o     ,      „ 

3  20.28.   7,8  iS.ig.  3,22  — o,58  97.53,25,7     —  3,6 

i5  5.26.37,6  23.  4-27178  —0,27 

3i  19.  4.5o,o  13.45.54,60  —0,35  101.26.25,5     —  3,0 


MÉTÉOROLOGIE.  ~  Quelques  remarques  sur  la  discussion  au  sujet  des  cyclones; 

par  M.  Faye. 

«  On  vient  de  me  montrer  à  Bordeaux,  dans  les  Comptes  rendus  du  mois 
dernier,  plusieurs  articles  de  MM.  Peslin  et  Cousté,  intitulés  Réponse  à 
M.  Faye.  Je  n'ai  nullement  critiqué  le  Mémoire  que  M.  Cousté  a  présenté 
à  l'Académie  il  y  a  trois  mois  :  cela  serait  contraire  aux  usages  académiques  ; 
car  ce  Mémoire  a  été  renvoyé  par  M.  le  Président  à  une  Commission  dont 
il  convient  d'attendre  le  Rapport,  à  supposer  toutefois  que  cette  Commis- 
sion juge  à  propos  de  se  prononcer  sur  ce  travail.  Il  m'importe  de  ne  pas 
laisser  croire  que  j'ai  manqué  à  ces  usages. 

»  Dans  le  même  numéro  (26  avril)  M.  Peslin  m'accuse  de  trier  les  faits  : 
«  Si  chacun  agissait  de  même,  dit-il,  la  discussion  deviendrait  impossible.  » 
Plus  loin,  il  donne  à  penser  que  je  pourrais  bien  considérer  le  gulf-stream 
comme  un  tourbillon  dont  la  pointe  affouillerait  le  lit  de  l'Atlantique. 

»  En  attendant  que  je  reprenne  la  discussion  interrompue,  démon  côté 
du  moins,  par  mon  absence,  je  tiens  à  ne  pas  laisser  l'Académie  sous  celte 
double  impression.  Présenter  le  gulf-stream  comme  un  tourbillon  et,  qui 
pis  est,  comiue  un  lourbUlon  à  pointe,  et  surtout  trier  les  faits  pour  ne 
retenir  que  ceux  qui  seraient  favorables  à  ma  thèse,  ce  serait  un  double 
tort  dont  je  ne  suis  nullement  coupable. 

»  Au  fond,  il  y  a  là  luie  question  de  logique  ou  plutôt  de  méthode  dont 
M.  Chevreul  a  plus  d'une  fois  entretenu  l'Académie,  je  veux  parler  de  la 
distinction  qu'il  faut  faire  entre  les  faits  et  leur  interprétation.  Avant  toutes 
ces  discussions  j'étais  loin  ,  je  l'avoue,  d'apprécier  comme  il  convient  l'im- 
portance de  cette  distinction,  tant  elle  me  semblait  natin-elle,  et  pourtant 
me  voilà  obligé  de  l'invoquer  contre  M.  Peslin,  comme  j'ai  dii  le  faire  au- 
paravant contre  le  P.  Secchi,  contre  M.  Reye,  etc.  C'est  donc  que,  dans 
l'enseignement  ou  dans  la  culture  moderne  des  sciences  expérimentales,  il 
y  a  réellement  une  lacune  à  ce  sujet. 

»  Procédons  par  des  exemples  :  un  paysan  voit  tomber  dans  son  champ 


(  laSg  ) 
une  pierre  enflammée.  La  pierre  a  semblé  partir  d'un  petit  nuage  noir  qui 
s'est  formé  subitement  avec  un  bruit  de  détonation  semblable  au  fracas 
du  tonnerre.  Ce  paysan  décrit  fort  bien  le  phénomène  dont  il  a  été  témoin, 
puis  il  ajoute  que  c'est  la  foudre  qui  est  tombée  en  pierre.  L'homme  de 
science  enregistre  avec  soin  ces  témoignages,  mais  il  en  écarte  l'apprécia- 
tion du  témoin,  à  savoir  que  la  météorite  est  une  pierre  de  tonnerre.  II  se 
rappelle  d'ailleurs  que  cette  appréciation  n'a  même  pas  été  spontanée;  c'est 
un  vieux  préjugé  qui  a  cours  dans  les  veillées  du  village  et  dont  le  specta- 
teur s'est  fait  l'écho.  Est-ce  là  trier  les  faits? 

»  Un  marin  voit  une  trombe  et  la  décrit  parfaitement.  C'est,  dit-il,  par 
im  temps  orageux  une  sorte  de  nue  eu  forme  d'entonnoir,  la  pointe  en  bas, 
qui  semble  unir  pendant  quelque  temps  les  lourds  nuages  supérieurs  avec 
la  surface  de  la  mer.  A  son  extrémité  inférieure,  là  où  cet  entonnoir  nébu- 
leux atteint  la  surface  de  l'eau,  celle-ci  est  violemment  agitée  en  tous  sens. 
De  plus,  cette  trombe  marche  avec  rapidité  comme  les  nuages  eux-mêmes, 
d'où  pend  cette  longue  colonne  nébuleuse,  et  cela  malgré  le  calme  géné- 
ral de  l'atmosphère  inférieure.  Tous  ces  faits  proprement  dits  sont  dignes 
de  confiance,  car,  pour  les  bien  noter,  il  suffit  d'avoir  de  bons  yeux,  l'ha- 
bitude d'observer  ce  qui  se  rapporte  au  temps  et  à  la  mer  et  de  savoir 
s'exprimer  avec  ordre  et  précision.  Mais,  lorsque  le  marin  ajoute  sans  hé- 
siter que  cette  trombe  aspire  l'eau  de  la  mer,  qu'elle  s'en  remplit  et  la  dé- 
verse dans  les  nuages,  que  finalement  cette  eau  ainsi  pompée  jusqu'à 
Goo  mètres  et  plus  d'élévation  retombe  en  cataracte  écrasante  quand  la 
trombe  vient  à  se  briser,  ce  marin  n'énonce  plus  de  faits,  il  interprète  à  sa 
façon  le  phénomène  dont  il  est  témoin. 

»  J'ai  fort  de  dire  à  sa  façon,  car  il  n'est  que  l'écho  d'un  préjugé  que  les 
marins  se  transmettent  d'âge  en  âge,  tout  comme  les  paysans  celui  de  la 
foudre  en  pierre.  Il  leur  est  en  effet  impossible  de  voir  ce  qui  se  passe 
dans  cet  entonnoir,  puisqu'il  est  formé  d'une  gaine  nébuleuse,  c'est-à-dire 
opaque;  jamais  ils  n'ont  pénétré  dans  l'intérieur  de  cette  gaîue  (i);  ils  ne 
peuvent  même  étudier  après  coup  l'action  qu'elle  a  exercée,  puisque  les 
traces  en  disparaissent  aussitôt  à  la  surface  des  eaux.  Pour  les  Irondjes  de 
terre,  au  contraire,  qui  ont  exactement  le  même  aspect  et  dont  on  peut 
étudier  les  effets  par  les  ravages  qu'elles  ont  produits  sur  le  sol,  nous  sa- 
vons bien,  par  expérience,  que  dans  ce  vaste  entonnoir  vertical  il  n'y  a 

(i)  Cependant  un  fait  lemarqualîle,  raiiporté  par  Dampier  (voir  Annuaire  du  Bureau  da 
Longitudes  pour  1875),  aurait  bien  dû  les  éclairer  à  ce  sujet. 


(  1270  ) 

qtie  de  l'air  qui  tourbillonne  avec  violence,  brisant  et  détruisant  tous  les 
obstacles  qui  lui  offrent  quelque  prise.  Mais  le  marin  a  entendu  cent  fois, 
dès  sa  jeunesse,  dire  que  les  trombes  pompent  l'eau  de  la  mer,  et  il  le  ré- 
pète avec  la  même  assurance  que  le  paysan  parlant  des  pierres  de  ton- 
nerre; celui-ci  du  moins  a  pu  voir  dans  son  village  des  fragments  de  ces 
pierres  singulières  conservés  soigneusement  sur  quelque  cheminée. 

»  Prendre  dans  ces  récits  souvent  très-remarquables  les  faits  eux- 
mêmes  accessibles  à  l'observation,  et  laisser  de  côté  les  impressions  du 
spectateur  ou  plutôt  les  idées  qu'on  lui  a  suggérées,  ce  n'est  pas  trier  les 
faits,  c'est  les  dégager  d'interprétations  qui  n'ont  même  pas  le  mérite 
d'être  spontanées  et  personnelles. 

»  M.  Peslin  prend  la  défense  de  ces  interprétations  :  je  le  conçois;  ce 
sont  précisément  ces  fables-là  qui  ont  donné  naissance  à  l'étrange  théorie 
des  météorologistes  qu'il  a  adoptée  et  qu'il  se  croit  obligé  de  défendre 
contre  moi;  mais  je  ne  puis  lui  accorder  que  ce  soient  là  des  faits  réelle- 
ment observés  et  dès  lors  acquis  à  la  science. 

»  Quelle  différence  entre  ces  récits,  où  les  idées  préconçues  tiennent 
une  si  grande  place,  et  le  compte  rendu  que  j'analysais  dernièrement  d'un 
petit  tornado  du  Vendômois,  où  la  science  n'a  pas  une  ligne,  pas  un  mot 
à  retrancher,  parce  que  le  savant  physicien  qui  en  est  l'auteur  s'est  fran- 
chement attaché  à  décrire  les  faits  sans  se  laisser  influencer  par  aucune 
idée  préconçue. 

»  M.  Peslin  veut-il  un  exetnple  de  plus?  Je  le  prendrai  dans  son  propre 
article.  Il  raconte,  et  c'est  jusqu'ici  le  seul  argument  de  fait  qu'il  m'ait  op- 
posé, que  M.  Liais,  au  Brésil,  s'étant  engagé  dans  un  tourbillon  de  pous- 
sière, son  parasol  à  la  main,  a  été  obligé  de  lutter  de  toutes  ses  forces 
pour  retenir  ce  parasol ,  qui  était  soulevé  par  le  tourbillon  et  en  même 
temps  attiré  vers  son  axe  II  n'a  pu  le  retirer  qu'en  lambeaux.  De  là  la  con- 
clusion que  les  tourbillons  aériens,  au  rebours  des  tourbillons  d'eau,  sont 
à  la  fois  ascendants  et  convergents.  Je  ne  rejetterai  rien  de  ce  récit,  si  ce 
n'est  peut-être  l'attraction  vers  l'axe  du  tourbillon  en  marche,  car  cela  de- 
vait être  assez  difficile  à  constater;  mais  je  ne  puis  m'empêcher  de  faire  re- 
marquer que  le  même  accident  arrive  tous  les  jours,  par  un  grand  vent, 
aux  porteurs  de  parapluie,  sans  qu'on  ait  imaginé  jusqu'ici  d'en  conclure 
que  les  vents  sont  ascendants  et  soufflent  de  terre  vers  le  zénith.  Un  para- 
pluie tenu  à  la  main  peut  être  ainsi  enlevé,  retourné,  déchiré  même  par  un 
vent  horizontal;  s'd  était  abandonné,  le  vent  l'emporterait  à  peu  près  pa. 
rallèlemcnt  au  sol,  comme  un  simple  ballon  bien  lesté. 


(     I27I     ) 

«  Je  reconnais  donc,  avec  M.  Peslin,  qu'il  n'est  pas  permis  de  trier  les 
faits,  mais  tout  le  monde  m'accordera  qu'il  faut  passer  au  crible  de  la 
critique  les  récits  des  témoins  lorsqu'il  s'y  mêle  des  impressions  étrangères 
au  phénomène. 

»  Loin  de  trier  les  faits^,  je  me  suis  attaché  à  réunir  et  à  classer  tous 
ceux  qui  ont  trait  aux  mouvements  tournants  (à  axe  vertical)  dans  les 
liquides  et  dans  les  gaz.  11  y  a  là,  en  effet,  un  vaste  ensemble  où  tout  est 
lié  et  où  l'on  passe,  par  des  gradations  presque  insensibles,  du  plus  petit 
tourbillon  formé  passagèrement  dans  le  courant  de  nos  fleuves,  aux  plus 
grandes  gyrations  de  nos  tempêtes  tournantes.  Et  ce  n'est  pas  moi  seul, 
comme  M.  Peslin  paraît  le  croire,  qui  rattache  ainsi  les  uns  aux  autres  ces 
myriades  de  faits;  car,  d'une  part,  les  météorologistes  ont  signalé  bien 
avant  moi  l'analogie,  l'identité  même  qui  existe  entre  les  plus  petits  et  les 
plus  grands  mouvements  tournants  (à  axe  vertical)  de  l'atmosphère,  et, 
d'autre  part,  les  hydrauliciens  ont  signalé,  depuis  plus  d'un  siècle,  l'ana- 
logie qui  existe  au  point  de  vue  mécanique  entre  les  tourbillons  de  nos 
cours  d'eau  et  ceux  des  gaz  ou  de  l'air.  L'Académie  voudra  bien  remarquer 
que  je  n'ai  pas  trié  les  faits  de  cette  immense  série;  je  les  ai  tous  pris, 
classés  et  étudiés  intégralement,  sans  exception,  cherchant  à  saisir  et 
réussissant,  je  crois,  à  mettre  en  évidence  un  nouveau  caractère  commun 
sur  lequel  l'attention  de  mes  prédécesseurs  ne  s'était  pas  portée. 

»  Passons  au  second  point,  c'est-à-dire  à  cette  idée  que  M.  Peslin  me  prête 
que  le  gulf-stream  pourrait  bien  être  un  tourbillon  dont  la  pointe  affouil- 
lerait  le  fond  de  l'Atlantique.  J'avoue  que  je  tiens  à  m'en  défendre  pres- 
qu'autant  que  de  la  première  accusation,  mais  j'y  vois  aussi  la  preuve  que 
mes  travaux  n'ont  pas  été  examinés  sérieusement  par  mon  savant  cri- 
tique. 

»  Les  grands  courants  de  la  mer,  tels  que  le  gulf-stream,  peuvent  et  même 
doivent  donner  naissance  à  des  mouvements  tourbillonnaires  tout  comme 
les  cours  d'eau  ou  les  grands  courants  atmosphériques;  mais  ces  courants 
sont  la  cause  et  les  tourbillons  sont  de  simples  effets  plus  ou  moins  pas- 
sagers dus  aux  inégalités  de  ces  courants.  Assimiler  le  gulf-stream  à  un 
tourbillon,  autant  vaudrait  transformer  le  Rhin  ou  le  Danube  en  mouve- 
ments gyratoires. 

»  Mais,  en  admettant  qu'entre  le  vieux  et  le  nouveau  monde  il  existât  un 
vaste  mouvement  tournant  de  quelques  centaines  de  lieues  de  diamètre,  il 
ne  saurait  être  question  de  la  pointe  de  ce  tourbillon  ni  de  l'affouillement 
produit  par  cette  pointe  sur  le  lit  de  l'Océan.  Qu'il  s'agisse  de  l'eau  ou  de 


(  1272  ) 

l'air,  la  formule  générale  de  mes  idées  c'est  que  les  mouvements  gyra- 
toires  à  axe  vertical  sont  1°  descendants  et  2°  limités,  dans  leur  développement 
vers  le  bas,  par  l'obstacle  du  sol.  De  là,  dans  ces  phénomènes,  deux  formes 
très-dissemblables,  selon  que  l'obstacle  du  sol  est  éloigné  ou  voisin  de  la 
couche  où  le  mouvement  gyratoire  prend  naissance  :  l'une  est  celle  d'un 
entonnoir  démesurément  allongé,  l'autre  est  celle  d'un  disque  tout  à  fait 
plat. 

»  Dans  le  premier  cas  l'orifice  inférieur  est  si  petit,  par  rapport  à  la 
hauteur,  qu'on  peut  le  désigner  par  le  nom  de  pointe.  C'est  par  leur  pointe 
que  les  trombes  aériennes  affouillent  la  surface  de  la  mer  ou  ravagent  le 
sol.  Elles  ont  une  hauteur  visible  de  5oo  à  600  mètres  et  plus,  tandis  que 
l'orifice  inférieur  est  de  3o,  5o,  100  mètres.  Les  proportions  sont  les 
mêmes,  grossièrement,  pour  les  tourbillons  ordinaires  de  nos  fleuves. 

»  Dans  le  second  cas,  les  proportions  sont  tout  autres.  Considérez,  par 
exemple,  ces  vastes  mouvements  tournants  du  Danube,  dans  lesquels  des 
équipages  de  pontons  on  des  radeaux  une  fois  engagés  se  voient  entraînés 
dans  un  mouvement  circulaire  dont  ils  ne  peuvent  sortir  sans  secours  ex- 
téricur(M.  le  général  Morin).  Pour  une  largeur  de  100  mètres,  par  exemple, 
vous  ne  trouverez  qu'une  profondeur  de  5  à  10  mètres  au  plus,  et  alors  la 
proportion  précédente  se  trouve  renversée.  Ces  grands  tournants  agissent 
encore  sur  le  fond,  mais  non  par  leur  pointe,  puisque  l'obstacle  du  sol  em- 
pêche celle-ci  de  se  former,  et  s'ils  enlèvent  cà  et  là  un  peu  de  vase  au  lit 
du  fleuve,  ils  peuvent,  en  d'autres  parties  de  leur  circuit,  produire  un  effet 
opposé  en  laissant  déposer  les  troubles  arrachés  dans  l'autre  (M.  Belgrand). 

»  De  même  pour  l'atmosphère;  considérez  ces  grands  cyclones  de  100 
à  200  lieues  de  diamètre,  auxquels  on  ne  saurait  guère  assigner  plus  de 
2  lieues  de  hauteur  ;  leur  forme  contraste  tellement  avec  celle  des  trombes 
que,  si  nous  assimilons  celles-ci  à  un  entonnoir,  nous  ne  trouverons,  pour 
les  premiers,  d'autre  terme  de  comparaison  qu'un  disque  plat  comme  une 
pièce  de  monnaie  découpée  dans  une  feuille  de  métal  d'une  extrême  min- 
ceur (i).  C'est  que  le  mouvement  gyratoire,  débutant  sur  une  aire  d'une 
immense  étendue,  ne  trouve  pas  au-dessous  de  lui  une  profondeur  d'atmo- 
sphère suffisante  pour  se  développer  en  entonnoir.  Et,  pour  le  dire  en 


(i)  J'emprunte  cette  corapaiaison  à  RI.  Rowell,  qui  vient  de  m'adresser  une  Note,  On  the 
nature  and  cause  qf  cyclones,  from  the  Gardcncrs  CItronicle,  1868  :  «  A  disk  of  the  tliick- 
ness  of  a  shilMng  and  ciglitcen  inchcs  in  diamètre  would  represent  the  proporlion  of  such  a 
storni  of  only  three  hundred  miles  in  width.  » 


(   '^73  ) 
passant,  la  persistance  d'un  tel  phénomène,  malgré  l'obstacle  du  sol,  serait 
incompréhensible  s'il  n'avait  sa  cause  première  dans  les  courants  supé- 
rieurs de  l'atmosphère,  dont  les  inégalités  de  vitesse  s'épuisent  ainsi  sur  le 
sol,  absolument  comme  dans  nos  cours  d'eau. 

»  Il  ne  faudrait  pas  conclure  de  ce  que  je  viens  de  dire  que  ces  deux 
formes  en  entonnoir  et  en  disque  plat  soient  essentiellement  distinctes  et 
décèlent  des  phénomènes  d'ordres  différents.  On  n'oserait  le  soutenir  pour 
les  cours  d'eau,  car  on  y  voit  des  tourbillons  à  axe  vertical  de  toute  gran- 
deur qui  servent  de  lien  entre  les  formes  extrêmes.  Il  en  est  de  même  des 
tourbillons  aériens,  où  la  forme  typique  varie  pour  ainsi  dire  continuelle- 
ment, depuis  l'entonnoir  si  prononcé  des  trombes  jusqu'aux  disques  tour- 
nants des  cyclones,  selon  le  rapport  qui  existe  entre  l'embouchure  du 
mouvement  tournant  dans  les  courants  supérieurs  et  la  distance  où  cette 
gyration  peut  se  propager  vers  le  bas  sans  rencontrer  l'obstacle  infran- 
chissable du  sol.  Le  Soleil  seul,  grâce  à  l'étendue  pour  ainsi  dire  illimitée 
de  sa  masse  gazeuse,  présente  toujours  ces  phénomènes  au  complet. 

»  Une  dernière  remarque  pour  terminer.  J'ai  déjà  dit  que,  loin  de  trier 
arbitrairement  les  faits,  je  les  ai  rassemblés  et  réunis  sous  une  conception 
générale  qui  comprend  les  nombreux  phénomènes  auxquels  je  viens  de 
faire  allusion  ;  j'ajoute  maintenant  que  cette  théorie  comprend  et  explique 
les  belles  lois  des  tempêtes,  dont  on  doit  la  découverte  aux  observateurs 
anglais  et  américains,  les  précieuses  règles  nautiques  qui  en  dérivent  et 
jusqu'aux  anomalies  qu'on  y  signale  parfois.  Qu'il  me  soit  permis,  en  at- 
tendant que  je  puisse  compléter  ma  Réponse  devant  l'AcadétDie,  d'appeler 
l'attention  des  météorologistes  et  surtout  des  navigateurs  sur  la  Notice  que 
j'ai  publiée  à  ce  sujet  dans  l'^nmwfVe  du  Bureau  des  Longitudes  pour  iS^S.  » 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Étude  des  taches  et  des  protubérances  solaires 
de  1871  à  1875.  Note  du  P.  Secchi. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  tableau  résumant  les  résul- 
tats des  observations  qui  ont  été  faites  à  l'Observatoire  du  Collège  romain, 
dans  ces  quatre  dernières  années,  sur  les  protubérances  et  les  taches  so- 
laires. Ces  observations,  commencées  le  aS  avril  1871,  s'arrêtent  au  10  avril 
1875,  et  comprennent  environ  cinquante-deux  rotations  solaires. 

»  La  colonne  1  du  tableau  donne  le  numéro  d'ordre  des  rotations;  la 
colonne  2,  la  date  approchée  du  commencement  des  rotations  synodiques. 
D'abord  elles  ont  été  plusieurs  fois  augmentées  de  quelques  jours  pour 

C.R.,  1875,  i"  Semestre.  {T.  LWX.,  IS»  20.)  l65 


(  '274  ) 


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(  1276  ) 

les  renfermer  dans  raiinée,  mais  ensuite  on  les  a  prises  alternativement 
de  vingt-sept  et  vingt-huit  jours.  Les  colonnes  3  et  4  font  connaître  le 
nombre  des  protubérances  pendant  chaque  rotation.  On  a  séparé  les 
nombres  relatifs  aux  deux  hémisphères  du  Soleil;  mais  le  résultat  total 
dépendant  des  jours  d'observations,  il  fallait  éliminer  cette  influence,  et, 
pour  cela,  dans  la  colonne  5,  on  a  inscrit  le  nombre  des  jours  d'observa- 
tions relatifs  à  chaque  rotation.  En  divisant  alors  par  ce  nombre  la  totalité 
des  protubérances  enregistrées,  on  a  une  moyenne  indépendante  de  la  fré- 
quence des  observations  ;  elle  est  transcrite  dans  la  colonne  6. 

»  Comme  on  peut  le  remarquer,  la  moyenne  diurne  du  nombre  des  protu- 
bérances, qui  était,  en  1871,  de  i4à  16,  est  actuellement  réduiteà  9  ou  10 
et  quelquefois  à  4  seulement.  Si  l'on  considère  la  surface  des  protubérances 
on  trouve  une  réduction  encore  plus  frappante  ;  mais,  les  calculs  n'étant 
pas  achevés,  je  ne  saurais,  dans  ce  moment,  préciser  les  chiffres  :  leur  rap- 
port serait  de  i5  à  5  à  peine. 

»  Il  était  intéressant  de  rapprocher  cette  diminution  des  protubérances 
de  la  diminution  des  taches.  Pour  cela,  on  pouvait  procéder  de  deux 
façons  :  comparer  les  nombres  ou  comparer  les  surfaces.  J'ai  employé  les 
deux  méthodes. 

»  La  colonne  7  présente  le  nombre  des  groupes  comptés  d'après  la  mé- 
thode exposée  dans  le  BuUellino  de  l'Observatoire;  chaque  groupe  contient 
souvent  plusieurs  taches,  mais  leur  nombre  importe  peu.  La  colonne  8 
donne  la  surface  des  taches.  Ici  encore,  pour  éliminer  l'influence  des  jours 
couverts  qui  ne  pcrnieltent  pas  d'observation,  les  surfaces  ont  été  divisées 
par  le  nombre  dos  jours  d'observations  que  renferme  la  colonne  9.  A  la  co- 
lonne 10  est  inscrit  le  résultat  de  cette  division. 

»  En  résumé,  au  milieu  de  grandes  variations,  on  voit  que,  en  1871,  la 
moyenne  des  surfaces  oscillait  entre  80  et  100,  et  qu'actuellement  elle  oscille 
entre  8  et  20.  La  moyenne  des  groupes  oscillait  entre  21  et  26  en  1871,  et 
entre  6  et  7  en  1870.  Ces  changements  sont  trop  sensibles  pour  être  illu- 
soires. J'ajouterai  que  la  détermination  des  aires  des  taches  ne  comporte 
pas  une  précision  absolue,  elle  est  toutefois  suffisante  pour  la  question 
actuelle.  On  s'est  borné  à  évaluer  sin-  les  dessins  la  surface  des  taches  en 
millimétrés  carrés  :  chaque  millimètre  linéaire  équivaut  à  8  secondes  d'arc. 
On  n'a  pas  tenu  compte  du  raccourcissement  provenant  de  la  courbure  de 
la  sphère  solaire  par  rapport  au  plan  de  projection  du  disque. Cela  change- 
rait, sans  doute,  les  nombres  absolus  des  surfaces;  mais,  eu  égard  au  nombre 
considérable  de  rotations,  le  rapport  serait  peu  modifié. 


(  1277  ) 

»  Je  ne  regarde  ces  résultats  que  comme  préliminaires  :  ils  nous  ap- 
prennent toutefois  que  l'activité  solaire,  accusée  par  la  quantité  des  taches, 
correspond  à  la  manifestation  que  présentent  les  protubérances.  Un  paral- 
lélisme absolu  ne  pourrait  être  attendu;  car  on  sait  que  certaines  protubé- 
rances purement  hydrogéniques  n'ont  aucune  relation  avec  les  taches. 

»  Actuellement,  les  manifestations  d'activité  solaire  pour  les  protubé- 
rances sont  très-affaibiies  aux  pôles,  où  il  est  rare  d'en  constater,  et  le  petit 
nombre  que  nous  avons  se  présente  dans  les  zones  habituelles  des  taches 
(zones  royales  de  Scheiner).  Les  détails  des  protubérances  qui  sont  en  rela- 
tion avec  les  taches  étant  donnés  mensuellement  dans  le  Bulletlino  de  l'Ob- 
servatoire, je  m'abstiendrai  de  les  reproduire  ici. 

»  Les  changements  considérables  qui  se  produisent  dans  l'activité  solaire, 
tant  pour  les  taches  que  pour  les  protubérances,  nous  font  penser  que  nous 
devons  nous  attendre  à  d'autres  variations.  Ainsi  je  ne  suis  pas  étonné  que 
M.  Langley  trouve  que  la  différence  de  température,  que  j'ai  signalée 
en  1862  entre  l'équateur  et  les  zones  de  3o  degrés,  n'est  plus  sensible 
comme  à  cette  époque.  Sans  doute  cette  différence  alors  était  frappante, 
et  les  résultats  obtenus  plusieurs  fois  et  de  plusieurs  manières  ne  furent 
pas  équivoques.  Les  instruments  n'avaient  probablement  pas  la  délica- 
tesse de  ceux  qu'a  employés  M.  Langley,  mais  il  n'en  résulte  que  mieux 
que  ces  différences  étaient  considérables  et  hors  de  doute.  Ces  résul- 
tats ne  furent  pas  la  conséquence  d'idées  théoriques,  comme  on  l'a  sup- 
posé, je  les  ai  acceptés  avec  défiance,  et  je  ne  les  ai  admis  qu'après  une 
année  d'expériences.  Si  des  idées  théoriques  s'ensuivirent,  elles  n'ont  pu 
toutefois  démentir  les  faits.  On  peut  se  demander  si  l'activité  accusée  à 
l'équateur  par  les  taches  et  les  protubérances  ne  doit  pas  être  accom- 
pagnée d'une  activité  calorifique  du  même  ordre.  La  période  actuelle  de 
calme  dans  le  Soleil  pourrait  expliquer  le  résultat  de  I\L  Langley.  Il  paraît 
lui-même  sensible  à  celte  exception,  car  il  ne  regarde  ces  résultats  que 
comme  provisoires. 

»  Il  y  aurait  lieu,  en  outre,  de  remarquer  que  son  procédé  d'observa- 
tion différant  du  mien,  le  résultat  en  pouvait  être  influencé.  La  manière 
d'observer  de  ^L  Langley  n'est  pas  expliquée  avec  assez  de  détails;  mais, 
si  l'idée  théoiique  exprimée  à  la  page  819  du  tome  XXX  des  Comptes  rendus 
représente  sa  manière  d'opérer,  il  y  a  lieu  d'y  faire  des  objections.  En 
promenant  une  pile  thermo-électrique  le  long  de  l'image  solaire  faite  dans 
une  huiette,  on  reçoit  sur  la  pile  des  pinceaux  qui  ont  traversé  les  lentilles 
sous  différentes  obliquités,  et  ont  peut-être  déjà  subi  des  absorptions  iné- 


(  '278  ) 
gales.  J'ai  eu  soin  de  fixer  la  pile  sur  l'axe  optique  de  la  lunette  et  de 
diriger  toujours  sur  cet  axe  les  points  à  examiner.  On  évite  ainsi  les  diffé- 
rences d'inclinaison  des  rayons  sur  l'axe  des  lentilles.  De  plus,  comme  le 
pôle  solaire  est  toujours  très-voisin  des  bords  du  disque,  cette  région  tombe 
dans  la  zone  sur  laquelle  l'absorption  de  l'atmosphère  solaire  exerce  une 
influence  considérable.  Par  l'action  de  cette  atmosphère,  la  petite  diffé- 
rence des  intensités  à  l'équateur  et  au  pôle  pourrait  bien  disparaître  : 
c'est  pour  cela  que  je  me  suis  tenu  à  des  distances  du  bord  plus  considé- 
rables. 

»  Je  regrette  de  ne  plus  avoir  à  ma  disposition  les  appareils  que  j'ai  em- 
ployés autrefois,  je  ne  puis  donc  reprendre  les  mêmes  expériences  dans  la 
période  actuelle  du  minimum  des  taches;  j'espère  toutefois  que  M.  Langley 
tiendra  compte  de  mes  remarques,  et  répétera  ses  observations  avec  une 
pile  fixée  sur  l'axe  de  l'instrument,  en  évitant  également  de  prendre  des 
mesures  tro|)  près  des  bords.  Si,  malgré  cela,  son  résultat  subsiste,  il  faudra 
attendre  que  le  Soleil  offre  une  activité  plus  considérable,  et  chercher  la 
cause  de  cette  différence  dans  les  résultats  qu'aurait  donnés  l'expérience.  » 

THERMODYNAMIQUE.  —  Conditions  dti  maximum  de  rendement  calorifique 
des  machines  à  Jeu.  Note  de  M.  A.  Ledieu  (i). 

«  Le  fonctionnement  de  toute  machine  à  feu  produit  un  mouvement 
continu  qui  correspond  à  un  cycle  fermé,  décrit  indéfiniment  tant  que 
marche  l'appareil. 

»  Mais,  pour  quily  ait  un  cycle  fermé  déterminé,  il  faiit  que  !e  corps  tra- 
vailleur revienne  successivement  à  l'état  et  à  la  température  qu'il  possède  au 
commencement  de  chaque  aller  du  piston,  soit  au  début  de  chaque  cycle.  Ce 
retour  à  l'état  primitif  oblige  à  abandonner  à  la  source  de  froid  une  certaine 
quantité  de  la  chaleur  empruntée  à  la  source  de  chaud.  On  conçoit  tout 
de  suite  que  cette  quantité  doit  posséder,  poin-  deux  températures  extrêmes 
données  de  fonctionnement,  un  minimum  correspondant  au  cas  de  la  produc- 

(i)  A  propos  de  la  qucsiion  des  refroidissements  internes  du  cylindre  dont  nous  avons 
parlé  dans  notre  Note  du  lo  mai  dernier,  on  nous  prie  de  rappeler  que,  dès  i845,  Combes 
a  mis  expérimentalement  en  relief  les  résultats  économiques  auxquels  conduit  l'enveloppe 
à  vapeur  de  Watt.  De  son  côté,  BI.  Hirn,  au  début  de  ses  travaux  sur  la  machine  à  vapeur, 
vers  i85'j,  a  établi  que,  sous  peine  de  commettre  des  erreui-s  énormes,  il  fallait  tenir 
compte  de  l'influence  des  parois  des  cylindres  comme  réservoirs  positifs  et  nég:itifs  de 
chaleur. 


(  '279  ) 
tion  la  plus  économique  de  travail.  Ce  minimum  constitue  une  perte  forcée 
qu'aucune  combinaison  ne  saurait  prévenir;  mais  si  ledit  abandon  de  cha- 
leur à  la  source  de  froid  est  plus  considérable  qu'il  n'est  nécessaire,  il  sur- 
vient alors  ce  qu'on  appelle  des  pertes  évilables  de  calorique,  lesquelles  repré- 
sentent la  différence  entre  la  quantité  de  chaleur  véritablement  abandonnée 
et  celle  qu'il  était  strictement  nécessaire  de  céder,  c'est-à-dire  la  perte 
forcée. 

»  A  la  suite  de  son  théorème,  S.  Carnot  a  indiqué  le  premier  la  condition 
du  maximum  de  travail  réalisable  pour  une  dépense  donnée  de  chaleur, 
avec  un  fonctionnement  entre  deux  températures  déterminées,  c'est-à-dire 
la  condition  du  maximum  de  rendement  calorificpie.  Toutefois,  la  proposition 
qu'il  a  formulée  à  ce  sujet  non-seulement  n'est  pas  prouvée,  mais  même  n'est 
pas  complète.  La  doctrine  actuelle  sur  la  chaleur  permet  de  combler  la  la- 
cune et  de  donner  à  la  proposition  dont  il  s'agit  l'énoncé  général  suivant  : 

»  La  condition  suffisante  et  nécessaire  du  aiAXiMUM  de  rendement  calorifupie 
est  qu'il  ne  se  produise  dans  le  corps  travailleur  aucun  chancjement  de  tempéra- 
ture qui  ne  soit  occasionné  par  une  variation  de  volume,  et,  conséquemment, 
par  un  travail  djnamomé  trique  ;  ou  sinon,  qui  ne  corresponde  à  du  calorique  mis 
momentanément  en  réserve  dans  un  sjstème  voisin,  ou  à  la  reprise  ultérieure 
de  ce  calorique  par  le  corps  travailleur  :  cette  i^eprise  devant  ciailleurs  s  ef- 
fectuer aux  mêmes  températures  que  celles  où  a  eu  lieu  la  mise  en  réserve. 

n  L'énoncé  précédent  renferme  toute  la  philosophie  de  l'application  de 
la  Thermodynamique  aux  machines  à  feu.  On  peut  le  regarder  comme  un 
corollaire  inmiédiat  du  principe  de  l'équivalence  mécanique  de  la  chaleur; 
et  dès  lors  il  y  a  moyen  de  le  démontrer  directement,  sans  avoir  recours  à 
aucune  proposition  subsidiaire  de  Thermodynamique. 

))  11  suffit  pour  cela  de  prouver  qu'aucune  modification  de  la  tempéra- 
ture du  corps  travailleur  ne  doit  s'effectuer  par  son  contact  avec  les  sources 
de  chaud  ou  de  froid. 

»  Et,  en  effet,  toute  portion  de  la  quantité  déterminée  de  calorique 
fournie  par  la  source  de  chaud,  qui  serait  employée  à  ramener  la  tempéra- 
ture du  corps  travailleur  à  sa  valeur  maximum,  serait  mal  utilisée.  Car 
sans  cela  ou  pourrait  la  transformer  en  un  travail  dynamométrique,  au 
lieu  de  la  laisser  se  convertir  en  un  travail  vibratoire  dont  il  n'y  a  plus 
moyen  de  tirer  parti  désormais;  tandis  que,  du  reste,  le  retour  à  la  tempé- 
rature en  question  peut  s'opérer  par  le  corps  travadieur  lui-même,  qui  au- 
trement devrait,  pour  la  fermeture  du  cycle,  abandonner  à  la  source  de 
froid  plus  de  calorique  qu'il  n'est  nécessaire. 


(     I28o    ) 

»  De  son  côté,  tout  refroidissement  du  corps  par  la  source  de  froid,  avant 
qu'il  ait  atteint  de  lui-même  sa  température  minimuin,constituerait  une  perte 
évilnble,  puisque  le  calorique  disparu  dans  ce  refroidissement  pourrait  être 
converti  en  travail  dynamométrique.  Il  n'y  a  évidemment  d'exception  aux 
deux  conclusions  précédentes  que  si  le  corps  met  en  réserve,  dans  un  sys- 
tème voisin,  du  calorique  destiné  à  être  repris  aux  températures  mêmes  où 
il  a  été  abandonné. 

«  Il  résulte  de  ces  considérations  que  le  corps  travailleur  ne  doit  prendre 
de  la  chaleur  à  la  source  de  chaud  et  n'en  céder  à  celle  de  froid  qu'à  des 
tempéralures  constantes  et  respectivement  égales  à  la  leur;  autrement  dit 
le  corps  doit  travailler  isothermiquemenl  pendant  toute  la  durée  de  son 
contact  avec  l'une  ou  l'autre  desdites  sources.  D'autre  part,  le  retour  du 
corps  travailleur  à  sa  température  de  début  doit  s'effectuer  sans  le  secours 
de  la  source  de  chaud,  soit  adiabntiquement,  et  sous  l'action  d'un  tra- 
vail dynamométrique  extérieur  emprunté  au  cycle  lui-même;  ou  encore 
sous  l'action  d'un  pareil  travail  combiné  avec  la  reprise,  suivant  la  manière 
voulue,  du  calorique  qu'il  est  loisible  de  mettre  en  réserve  dans  un  système 
voisin.  Enfin,  pour  tout  le  reste  du  cycle,  le  corps  doit  aussi  travailler  adia- 
batiquement,  avec  mise  en  réserve,  s'il  y  a  lieu,  du  calorique  en  question. 

»  La  condition  du  maximum  de  rendement  calorifique  exige  encore  que 
le  cycle  soit  réversible,  et  par  suite  que  la  température  et  la  pression  soient 
uniformes  dans  toute  la  masse  du  corps  travailleur.  En  effet,  quand  il  n'en 
est  pas  ainsi,  et  que  dès  lors  il  s'agit  d'un  cycle  non  réversible,  une  portion 
de  la  chaleur /of/nne  ou  enlevée,  ainsi  qu'une  partie  de  V énergie  potentielle 
de  ladite  masse,  sont  employées  à  produire  des  mouvements  des  molécides 
et  même  des  particules  de  celle-là.  Ces  mouvements  se  transforment  en 
mouvements  vibratoires  des  atomes;  et  finalement  ils  se  traduisent  en  géné- 
ral par  un  rétablissement  d'uniformité  dans  la  pression  et  la  température  du 
corps  travailleur.  On  conçoit  tout  de  suite  que,  suivant  le  même  ordre 
d'idées  que  ci-dessus,  il  y  a  alors  ou  de  la  chaleur  younne ,  employée  à 
produire  des  elfets  autres  que  du  travail  dynamométrique  extérieur  qu'elle 
serait  à  même  d'engendrer;  ou  de  la  chaleur  en/evee,  qui  l'est  indûment,  en 
ce  sens  qu'd  eût  été  plus  avantageux  de  l'absorber  par  une  conversion  en 
travail  dynamométrique.  » 


(     I28l    ) 

NOMINATIONS. 

L'xVcadémie  procède,  parla  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant pour  la  Section  d'Astronomie,  en  remplacement  de  M.  Jirj^, 
élu  Associé  étranger. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  42, 

M.  Bentham  obtient 4i  suffrages. 

M.  Parlatore i  » 

M.  Bentham,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

MÉMOIRES  LUS. 

M.  Fremy,  président  de  l'Académie,  s'exprime  en  ces  termes  : 

«  Il  y  a  peu  de  jours,  je  remerciais,  au  nom  de  l'Académie,  les  officiers 
de  marine  qui  viennent  de  rendre  de  si  grands  services  à  la  science. 

»  Aujourd'hui,  c'est  à  des  savants  et  à  des  savants  purs  que  nous  adres- 
sons nos  félicitations,  car  la  mission  de  Nouméa  a  été  confiée,  comme  l'Aca- 
démie le  sait,  à  M.  André,  astronome  de  l'Observatoire,  et  au  savant  physi- 
cien M.  Angot. 

»  Le  pays  n'oubliera  pas  que,  dans  cette  mémorable  expédition  scienti- 
fique, les  missionnaires  de  l'Académie  ont  rivalisé  entre  eux  de  dévouement 
et  de  patriotisme. 

»  Les  marins  ont  eu  les  qualités  du  savant,  et  les  hommes  de  science, 
nous  le  disons  avec  fierté,  se  sont  conduits  comme  de  braves  marins.  » 

M.  André  répond  : 

«  Nous  remercions  tous  deux  très-vivement  M.  le  Président  de  l'Aca- 
démie des  éloges  qu'il  vient  de  nous  adresser.  Cette  haute  approbation  est 
pour  nous  une  récompense  bien  supérieure  à  nos  efforts  et  à  nos  travaux.» 


C.  R.,  1875,  i"  Semeilre.  (T.  LXXX,   N»  20.) 


166 


(    1282    ) 

ASTRONOMIE.  —  Sur  les  documents  scientifiques  recueillis  à  Nouméa  par  la 
mission  envoyée  pour  observer  le  passage  de  Vénus.  Communication  de 
M.  André. 

«  Partis  de  Marseille,  le  ig  juillet  dernier,  nous  sommes  arrivés  à  Nou- 
méa le  samedi  2  octobre  à  y^So""  du  soir. 

»  Il  pleuvait  alors  à  torrents,  et  nous  hésitions  à  débarquer  le  soir  même, 
quand  un  de  nos  amis,  M.  le  capitaine  du  génie  Derbès,  que  j'avais  informé 
de  l'époque  probable  de  notre  arrivée,  vint  nous  prendre  à  bord  et  nous 
offrir  l'hospitalité.  Nous  acceptâmes  de  grand  cœur;  notre  traversée  de 
Sydney  à  Nouméa  avait  été  fort  pénible,  et  la  mer,  si  souvent  mauvaise  dans 
ces  contrées,  avait  ballotté  en  tous  sens  le  petit  steamer  qui  fait  le  courrier 
mensuel  entre  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  et  la  Nouvelle-Calédonie. 

»  Nous  apprîtnes  le  soir  même  que,  sur  la  proposition  de  M.  Gaultier 
de  la  Richerie,  alors  gouverneur  de  la  Nouvelle-Calédonie,  le  conseil  colo- 
nial avait  mis  une  somme  de  cincj  mille  francs  à  la  disposition  de  votre  Com- 
mission, et  qu'en  outre  des  études  avaient  été  faites  par  M.  Derbès  sur  les 
conditions  climatériques  des  différents  points  de  l'île  où  nous  pouvions 
nous  établir.  Ces  renseignements  abrégèrent  beaucoup  nos  recherches 
préliminaires  sur  le  choix  de  la  station,  et  dès  le  5  octobre  nous  étions  en 
mesure  d'indiquer  à  M.  le  gouverneur,  le  colonel  Alleyron,  le  point  où 
nous  voulions  nous  établir. 

))  Grâce  à  son  obligeante  intervention,  l'escouade  de  forçats  qui  devait 
nous  servir  de  travailleurs  fut  bientôt  formée  et  les  travaux  de  notre  instal- 
lation commencèrent  le  10  octobre  :  le  temps  pressait,  en  effet.  Organisée 
la  dernière,  la  mission  de  Nouméa  n'avait  emporté  aucune  des  cabanes 
destinées  à  abriter  ses  instruments;  quelques-unes  même  de  ses  lunettes 
d'observation  n'avaient  point  de  montures.  Les  ateliers  du  génie,  de  la 
direction  d'artillerie,  du  télégraphe  et  de  la  transporlation  furent  mis  à 
contribution,  et  dans  les  premiers  jours  de  novembre  notre  installation 
était  à  peu  prés  complète. 

»  En  même  temps  que  se  poursuivaient  ces  travaux  de  construction, 
nous  avions  poiu'vu  à  ini  autre  besoin,  celui  de  munir  d'observateurs  les 
différents  instruments  que  nous  avions  apportés  avec  nous.  Sur  les  conseils 
de  MM.  Dumas  et  Fizeau,  nous  avions  en  effet  emporté,  outre  ime  lunette 
de  6  pouces  qin  devait  nous  relier  aux  stations  françaises,  trois  lunettes 
de  /[  pouces  destinées  à  nous  mettre  en  relation  avec  les  nombreuses 
slalions  russes  échelonnées  sur  la  frontière  méridionale  de  la  Sibérie  et  une 


(   1283  ) 
lunette  de   3  pouces  non  argentée,  qui  devait  surtout  servir  à  l'observa- 
tion physique  du  pliénomène. 

»  Un  savant  anglais,  le  révérend  Richard  Abbay,  membre  de  la  Société 
Royale  Astronomique  de  Londres,  Fellow  de  Wadham-College  à  Oxtord, 
et  connu  par  ses  observations  des  échpses  de  1870  et  1871,  en  Espagne  et 
dans  le  sud  de  l'Inde,  vouhit  bien   se  charger  de  la  lunette  de  3  pouces. 

»  Lorsque  nous  l'avons  rencontré,  ce  savant  quittait  l'île  de  Ceylan  qu'il 
venait  d'explorer  pendant  plus  de  deux  ans  et  se  rendait  en  Australie 
continuer  ses  études;  il  fit  exprès  le  voyage  de  Nouméa  pour  observer  le 
beau  phénomène  qui  nous  y  appelait  nous-mêmes. 

))  Les  trois  lunettes  de  4  pouces  avaient  été  confiées  à  des  officiers 
du  génie  ou  de  l'artillerie  de  marine,  anciens  élèves  de  l'École  Polytech- 
nique, MM.  les  capitaines  Derbès,  Berlin  et  Robaut. 

»  Dès  la  fin  du  mois  d'octobre,  un  appareil  à  passages  artificiels,  analogue 
à  celui  que  M.  Wolf  avait  mis  à  notre  disposition,  à  Paris,  était  installé,  et 
nous  nous  exerçâmes  tous  assidûment  avec  lui  jusqu'au  jour  du  passage. 

»  En  même  temps,  mon  collègue  M.  Angot  formait  et  instruisait  le  per- 
sonnel qui  devait  l'aider  dans  ses  opérations  photographiques  :  ce  n'était 
point  une  tâche  facile  avec  les  éléments  dont  il  disposait;  il  s'en  est  néan- 
moins tiré  avec  autant  de  talent  que  de  bonheur. 

))  Cependant  nous  n'étions  pas  sans  inquiétude  sur  l'issue  finale  de  notre 
mission.  Depuis  notre  arrivée,  chaque  nouvelle  Lune  avait  été  marquée  par 
une  série  de  jours  pluvieux  ou  absolument  couverts,  et  depuis  neuf  à  dix 
mois  il  en  était,  paraît-il,  toujours  ainsi.  Or,  le  9  décembre  était  précisé- 
ment un  jour  de  nouvelle  Lune;  et,  quelle  que  fût  notre  conviction  qu'au 
point  de  vue  météorologique  les  lunaisons  peuvent  parfaitement  se  suivre 
sans  se  ressembler,  c'est  avec  une  véritable  terreur  que  nous  vîmes,  M.  An- 
got et  moi,  le  temps  se  mettre  à  la  pluie  dès  le  4  décembre.  Il  se  maintint 
ainsi,  jusque  dans  la  matinée  du  9,  sans  changement  sensible  dans  l'état 
dubaromètre  qui,  toujours  très-haut,  oscillait  entre  762  et  760  millimètres. 

»  Le  9  (lécenibre,  à  8  heures  du  matin,  on  terminait  la  sensibilisation  des 
deux  cents  plaques  daguerriennes  qui  avaient  été  polies  et  préparées  la 
veille;  à  9  heures,  le  baromètre  était  à  759,8,  le  ciel  absoliunent  couvert, 
et  pas  la  moindre  trace  de  brise  dans  l'air  ne  faisait  espérer  que  cet  état  dût 
changer.  Vers  lo'-So",  cependant,  les  nuages  diminuèrent  peu  à  peu  d'in- 
tensité, et  à  ii''i5™  nous  pûmes  apercevoir  à  travers  le  rideau  qu'ils  for- 
maient l'image  du  Soleil,  d'ailleurs  singulièrement  voilé.  L'espoir  nous  re- 
venait peu  à  peu.  Chacun  de  nous  se  rendit  alors  à  sou  poste  afin  de  profiler 

166.. 


(  1284  ) 
de  la  moindre  éclaircie  pour  vérifier  la  mise  au  point  de  sa  lunelte  et 
chercher  à  apercevoir  Vénus  que  jusqu'au  5  décembre  nous  avions  vue  en 
plein  joiu'  à  l'oeil  nu. 

))  Le  temps  continua  à  s'améliorer  légèrement  jusqu'à  l'époque  du  pre- 
mier contact  externe  que  nous  observâmes  à  travers  les  nuages.  Au  mo- 
ment du  deuxième  contact  (premier  contact  interne),  de  légers  nuages 
blancs  recouvraient  encore  le  Soleil  ;  néanmoins  l'observation  put  se  faire 
dans  de  bonnes  conditions,  et  l'écart  maximum  des  nombres  obtenus  avec 
les  trois  instruments  qui  donnèrent  un  contact  géométrique  ne  surpasse 
pas  4  secondes. 

»  Avec  les  deux  autres  instruments,  au  contraire,  le  contact  ne  se  présenta 
pas  avec  la  même  netteté;  la  planète  et  le  Soleil  se  montrèrent  séparés  l'un 
del'autre  parunesérie  d'anneaux  alternativement  obscurs  et  brillants,  pré- 
sentant toute  l'apparence  des  franges  de  diffraction.  Mais,  si  l'on  note  avec 
soin  le  moment  où  l'on  voit  commencer  ce  phénomène  et  celui  où  il  se  ter- 
mine, la  moyenne  des  deux  nombres  ainsi  obtenus  coïncide  presque  exacte- 
ment avec  celle'des  nombres  donnés  par  les  instruments  où  le  contact  était 
géométrique.  Cette  remarque,  qui  peut  avoir  son  importance,  n'est  d'ail- 
leurs point  isolée  :  l'étude  attentive  des  observations  faites  à  l'Observatoire 
de  Sydney  conduit  à  la  même  conclusion. 

»  Au  moment  du  troisième  contact  (deuxième  contact  interne),  le  Soleil 
fut  complètement  invisible,  et  nous  ne  pûmes  observer  le  dernier  contact 
qu'à  la  condition  d'enlever  les  verres  noirs  et  de  regarder  directement 
l'image  focale  à  travers  l'oculaire  seul. 

»  En  résumé,  au  point  de  vue  astronomique,  des  deux  contacts  internes 
qui  devaient  être  les  plus  utiles,  nous  avons  pu  en  observer  un  dans  de 
bonnes  conditions. 

»  Mais,  si  le  temps  ne  nous  avait  pas  entièrement  favorisé  pour  l'observa- 
tion directe,  nous  fûmes  beaucoup  plus  heureux  au  point  de  vue  photogra- 
phique. Le  ciel  ne  fut,  il  est  vrai,  complètement  découvert  que  pendant  de 
bien  courts  et  bien  rares  intervalles,  mais  les  nuages  ne  furent  presque  ja- 
mais assez  épais  pour  empêcher  la  formation  d'une  image  nette  ;  et  comme 
la  règle  suivie  par  M.  Angot  était  de  prendre  des  épreuves  dès  l'instant  où 
le  Soleil  donnait  des  ombres  appréciables,  nous  avons  pu  obtenir  deux 
cent  quarante  [)hotographies,  parmi  lesquelles,  d'après  l'opinion  de  M.  Fi- 
zeau,  cent  sont  certainement  boiuies  et  se  prêteront  facilement  aux  me- 
sures. 

»  Tel  est  le  résumé  succinct  de  nos  travaux.  Je  demande  à  l'Académie  la 


(  1285  ) 

permission  de  le  terminer  en  remerciant  tont  paiticulièrenient  M.  le  capi- 
taine de  vaisseau  Pierre,  commandant  la  station  navale  de  Nouméa,  dont 
le  concours  bienveillant  ne  nous  a  jamais  fait  défaut,  et  deux  jeunes  offi- 
ciers de  cette  station,  M.  Ravel,  enseigne  de  vaisseau,  et  M.  Legras,  aspi- 
rant, qui  nous  ont  aidés  tous  les  deux  avec  autant  de  zèle  que  de  dévoue- 
ment. » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

GliOMÉTRIE.  —  Sur  la  délerminalion  des  singularités  de  la  courbe  gauche, 
intersection  de  deux  surfaces  d'ordres  cjuelconques  qui  ont  en  commun  un 
certain  nombre  de  points  multiples.  Note  de  M.  L.  Saltel. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Lorsque  les  surfaces  données  n'ont  aucun  point  multiple  commun,  les 
singularités  de  la  courbe  commune  s'obtiennent  facilement,  comme  on  le 
sait,  à  l'aide  de  ce  théorème. 

»  Théorème.  —  Le  rang  r  de  la  courbe  d' intersection  de  deux  surfaces  M,  N 
de  degrés,  fx,  y  est  égal  au  nombre  des  points  communs  à  cette  courbe  et  à  ime 
surface  S  d'ordre  (p.  +  v  —  2). 

»  Ce  nombre  est  donc  égal  à  p.v  {[j.  +  v  —  2).  Toutefois,  si  les  deux  sur- 
faces se  touchent  en  t  points  de  contacts  ordinaires,  et  en  /3  points  de  con- 
tacts stationnaires,  ce  nombre  doit  être  diminué  de  (2^  -t-  3/3). 

»  Trois  singularités  de  la  courbe  étant  connues,  savoir  :  i"  le  degré, 
2°  le  nombre  de  points  stationnaires,  3"  le  rang,  on  en  déduit,  à  l'aide  des 
formules  de  M,  Cayley, 

h  —  ,"-'-'(t^-')(t^  — ')  -+-  2« 
,^^  Jr«  =  3p.v(/j.  +  V  —  3)  —  6^  —  2/3, 


f/.V  l  II. 


-f-  V  —  4  )  +  2  —  T  <  —  2  p 


»  Proposons-nous  d'obtenir  les  mêmes  singularités  lorsque  les  sur- 
faces M,  N  ont  en  commun  un  certain  nombre  de  points  multiples. 

»  Nous  énoncerons  d'abord  un  théorème  relatif  à  chacun  de  ces  points 
multiples,  théorème  dont  on  se  rendra  facilement  compte  en  pronani,  par 
exemple,  l'un  d'eux  pour  origine  des  coordonnées. 


(  1286  ) 
»  Lemme  PRÉLIMINAIKE.  —  Si  les  deux  surfaces  M,  N  ont  en  commun  un 
point  A  respectivement  multiple  d'ordre  a,,  Un,  la  surface  S  a  ce  même  point  pour 
point  multiple  d'ordre  [a,  -h  a 2  —  2). 

»  Cela  posé,  un  seul  exemple  suffira  pour  bien  fixer  la  méthode  que 
nous  proposons. 

»  Problème.  —  Deux  surfaces  M,  N  d'ordres  'op.,  3v  ont  en  commun  quatre 
points  A,  B,  Cj  D  multiples  d'ordres  2p. pour  la  première  surface,  et  d'ordres  2V 
pour  In  seconde  ;  elles  se  touchent  en  outre  en  t  points  de  contacts  ordinaires  et 
p  points  de  contacts  stationnaires  :  on  demande  les  singularités  de  leur  courbe 
d'intersection. 

))  Remarquons  d'abord  que  les  points  A,  B,  C,  D  étant  multiples 
d'ordres  2  p.  pour  la  première  surface,  il  s'ensuit,  d'après  un  théorème  connu 
(voir  les  Bulletins  de  l' Académie  rojale  de  Belgique,  année  1872,  p.  5i),  que 
les  six  arêtes  du  tétraèdre  ayant  pour  sommets  ces  points  sont  pour  cette 
surface  des  lignes  multiples  d'ordres  p..  Le  même  théorème  montre  que  ces 
arêtes  sont  multiples  d'ordres  v  pour  la  seconde  surface.  Si  donc  on  coupe 
ces  deux  surfaces  par  un  plan,  on  voit  que  la  courbe  commune  se  compose 
d'une  courbe  d'ordre  gp.v  —  6/j.v  =  3/jr.y  et  des  six  arêtes  du  tétraèdre 
comptées  chacune  pour  une  courbe  d'ordre  p.v.  C'est  évidemment  des  singu- 
larités de  la  courbe  d'ordre  3|j.v  dont  nous  avons  à  nous  occuper.  Avant 
d'aller  plus  loin,  remarquons  que  cette  courbe  a  les  points  A,  B,  C,  D  mul- 
tiples d'ordres  p.v  (on  le  voit  immédiatement  en  coupant  par  des  plans  pas- 
sant par  ces  points)  et  a  <  points  doubles,  et  /3  points  stationnaires. 

»  Cela  posé,  le  rang  de  la  courbe  en  question  est  évidemment  égal  au 
nombre  des  points  simples  que  cette  courbe  a  en  commun  avec  la  surface  S, 
sauf  les  points  simples  qu'elle  pourrait  avoir  en  commun  avec  le  reste  de 
l'intersection  des  deux  surfaces,  c'est-à-dire  ici  avec  les  six  arêtes.  Or,  d'a- 
près le  lemme  préliminaire,  les  points  A,  B,  C,   D  sont  pour  la  surface  S 

multiples  d'ordres 

np.  H-  2V  —  .2  ; 

donc  en  chacun  d'eux  il  y  a 

p.v[2[J.-\-  2V  —    2  ) 

points  confondus,  en  sorte  que,  la  surface  S  étant  d'ordre 

'5[j.  +  3v  —  2, 
le  nombre  des  points  simples  en  question  est 

/'  =  (3jj.  -f-  3v  —  2)3p.v  —  4-  p  (2/J.  4-  2v  —  2)  —  2«  —  2/3, 


(  1287  ) 

ou  bien 

/•  =  fJ.V  {u.  +  V  4-  2)  —  2<  —  3/3. 

Tel  est  le  rang  de  la  courbe  en  question. 

»   Cherchons,  d'après  les  formules  de  M.  Cayley 

2A  =  lit  {ni  —  i)  —  /■  —  3p, 
«  =  3  /7ï  (  //2  —  2  )  —  G  h  —  8  p, 

les  valeurs  actuelles  de  h,  «,  /;.  On  trouve 

7    pv  fg/iv  —  fi—  V  —  5)-)- 2/^ 

2 

n  =  3p.v  (p.  +  V  —  i)  —  6i!  —  Sj^, 

fi-j  f(x  +  y  +  4)  "•- 2  —  2f— 2p 

'  2 

))  Si  l'on  compare  la  valeur  de  p  que  nous  trouvons  ainsi  avec  la  for- 
mule (6),  on  est  conduit  à  ce  théorème  très-remarqnable  : 

»  Théorème.  — ie^e;jre  de  la  courbe  d'intersection  de  deux  surfaces  d'ordre 
3p.,  3v,  possédant  en  commun  quatre  points  multiples  d'ordres  2p.,  iv,  et  qui 
ont  t  points  de  contacts  ordinaires,  et  |3  points  de  contacts  slationnaires,  est  te 
même  que  celui  de  la  courbe  d'intersection  de  deux  surfaces  de  degrés  p.,  v,  ne 
posiédant  aucun  point  multiple  commun,  et  qui  ont  t  points  de  contacts  ordi- 
naires et  [i  points  de  contacts  slationnaires. 

»  Nota.  —  Nous  sommes  en  possession  d'une  infinité  de  théorèmes 
semblables. 

»  Remarque  I.  —  Si  l'on  projette  coniquement  la  courbe  d'intersection 
en  question,  le  nombre  A,  que  nous  venons  de  déterminer,  n'exprimera 
pas  ici  le  nombre  des  points  doubles  d'une  section  plane  de  ce  cône,  mais 
bien  à  la  fois  les  points  doubles  de  cette  section,  plus  la  somme  que  don- 
nent les  points  multiples  supérieurs  au  second,  réduits  en  points  doubles. 

Comme  un  point  multiple  d'ordre  A-  vaut      '  ~  ''  points  doubles,  il  s'ensuit 

qu'ici  le  nombre  véritable  des  points  doubles  de  la  section  est 

fiv(c)[iv  —  y.  —  V — 5)-f  2/  ,     p.v(fiu  —  il    _  fiLv(5pj — u.  —  V  —  l]-\-'>.t 

1  22 

»   Pœmarque  II.  —  Si  l'on  désirait  seulement  le  nombre  des  points  dou- 


(  1288  ) 

blés  apparents,  il  faudrait  retrancher  de  ce  dernier  nombre  le  nombre  <, 
ce  qui  donne 

fiV  (  5fiV fl  V  —  I  ) 


HISTOLOGIE.  —  Sur  la  dissociation  du  violet  de  mélhylaniline  et  sn  séparation 
en  deux  couleurs  sous  l'influence  de  certains  tissus  7iormaux  et  pathologiques, 
en  particulier  par  les  tissus  en  dégénérescence  amyidide.  Note  de  M.  V.  Cornu,, 
présentée  par  JM.  Wurtz. 

(Commissaires  :  MM.  Chevreul,  Cl.  Bernard,  Wurtz.) 

«  Lorsqu'on  colore  certains  tissus  organiques  soit  normaux,  soit  patho- 
logiques, avec  le  violet  de  méthylaniline  pur  ou  avec  le  violet  de  Paris 
qui  est  un  peu  plus  bleu  et  qui  a  été  découvert  par  M.  Laulh,  il  se  pro- 
duit une  dissociation  du  violet  en  deux  couleurs  :  l'une  violet  rouge, 
l'autre  bleu  violet.  Chacune  de  ces  couleurs  se  fixe  avec  une  constance 
remarquable  sur  certains  éléments.  La  couleur,  l'intensité  et  la  fixité  de 
la  coloration  varient  du  reste  suivant  les  tissus  examinés  et  suivant  la  force 
de  la  solution  employée. 

»  La  coideur  violet  rouge  se  rapproche  du  n°  3  du  premier  cercle  chro- 
matique de  M.  Chevreul;  le  bleu  correspond  au  bleu  violet  n°  1  du  même 
tableau. 

»  Une  solution  aqueuse  de  violet  de  méthylaniline,  en  contact  avec  une 
coupe  mince  de  végétaux,  colore  en  violet  les  fibres  et  la  cellulose,  mais  ne 
se  fixe  nullement  sur  les  grains  d'amidon.  La  graisse  n'est  pas  non  plus 
colorée. 

))  Les  fibres  du  tissu  conjonctif  de  l'homme  et  des  animaux  sont  co- 
lorées en  violet,  les  fibres  élastiques  sont  colorées  en  violet  plus  foncé; 
lorsque  la  matière  colorante  imprègne  un  tissu  qui  ne  la  décompose  pas 
en  deux  couleurs,  les  cellules  sont  colorées  en  violet  comme  les  fibres; 
mais,  si  le  violet  est  décomposé  en  deux  couleurs,  rouge  et  bleu,  les  cellules 
normales,  composées  de  leur  protoplasma  granuleux  et  d'un  noyau,  sont 
colorées  en  bleu  violet. 

»  Ainsi,  par  exemple,  lorsqu'on  colore  une  section  mince  de  cartilage 
réticulé,  les  fibres  élastiques  et  les  fibrilles,  si  nombreuses  et  si  ténues,  qui 
composent  la  trame  |de  cette  variété  de  cartilage,  sont  colorées  en  violet 
foncé  de  même  que  les  cellules.  Au  contraire,  dans  le  cartilage  foetal,  dans 
les  cartilages  diarthrodiaux,  dans  les  cartilages  costaux,  le  violet  se  décom- 


(  '-Bg) 
pose  en  deux  couleurs,  la  substance  fondamentale  hyaline  ou  grenue  du 
cartilage  prenant  la  couleur  rouge,  tandis  que  le  protoplasnia,  les  noyaux 
des  cellules  et  la  paroi  des  capsules  cartilagineuses  se  colorent  en  hicu 
violet.  Il  y  a  toutefois  des  capsules  cartilagineuses  dont  la  paroi  se  colore 
également  en  rouge,  ce  qui  paraît  dû  à  ce  que  la  substance  qui  les  compose 
n'est  pas  partout  identique. 

»  La  dissociation  du  violet  peut  donner  lieu  à  des  couleurs  moins  accen- 
tuées que  dans  le  cartilage.  Ainsi,  dans  le  corps  thyroïde,  le  contenu  col- 
loïde des  vésicules  est  d'une  couleur  qui  se  rapproche  du  violet  rouge,  et 
les  fibres  de  tissu  conjonctif  sont  de  couleur  violette  tirant  sur  le  bleu,  mais 
la  différence  de  ces  couleurs  n'est  pas  aussi  prononcée  que  dans  le  carti- 
lage. 

»  Les  préparations  ainsi  obtenues  restent  parfaitement  colorées  dans 
l'eau;  mais,  si  on  les  place  dans  la  glycérine,  une  partie  de  la  matière  colo- 
rante y  est  dissoute.  L'addition  d'une  quantité  très-minime  d'acide  acétique 
enlève  une  partie  de  la  matière  colorante  et  fait  paraître  plus  nettement 
les  noyaux  des  cellules.  Avec  une  quantité  plus  considérable  d'acide  acé- 
tique, tout  le  violet  abandonne  les  éléments  organiques,  et  il  est  dissous 
et  entraîné  par  le  réactif.  Les  bases,  l'ammoniaque  par  exemple,  l'essence 
de  térébenthine,  l'essence  de  girofle,  le  baume  du  Canada,  l'alcool,  etc., 
rendent  également  les  tissus  incolores. 

»  La  coloration  obtenue  est  beaucoup  plus  fixe  et  la  dissociation  du 
violet  est  remarquablement  nette  et  constante  lorsqu'il  s'agit  de  tissus  eu 
dégénérescence  amyloïde.  J'ai  étudié  sous  ce  rapport  cinq  pièces  de  rein 
amyloïde,  deux  foies  et  quatre  rates,  qui  étaient  conservés  depuis  deux  ans 
dans  l'alcool.  L'action  du  violet  de  niéthylaniline  a  été  comparée  avec 
celle  de  l'iode  et  de  l'acide  sulfurique.  Les  préparations  de  ces  pièces  faites 
au  rasoir  et  colorées  par  le  violet  montraient  constamment  les  parties  en 
dégénérescence  amyloïde  colorées  en  violet  rouge,  tandis  que  les  parties 
normales  étaient  de  couleur  bleu  violet.  La  couleur  rouge  fixée  sur  les 
parties  amyloïdes  n'était  pas  dissoute  par  la  glycérine  qui  enlevait  seule- 
ment une  partie  très-minime  du  bleu.  On  peut,  par  conséquent,  les  con- 
server indéfiniment  dans  la  glycérine.  Une  très-minime  quantité  d'acide 
acétique  additionné  dissout  en  partie  le  bleu  violet  ;  les  noyaux  des  cel- 
lules normales  deviennent  alors  très-apparents;  la  couleur  rouge  est  un 
peu  pâlie,  car  la  couleur  rouge  prise  par  la  substance  amyloïde  est  plus 
fixe  que  la  couleur  bleue  vis-à-vis  de  l'acide  acétique.  Il  s'agit  bien  là, 

C.  R,,  187J,  l't  Semestre.  {1.  LXXX,  N'  20.)  '^^7 


(    129"   ) 

comme  on  le  voit,  d'une  réaction  spéciale  de  la  matière  amyloïde  sur  le 
violet  de  méthylaniline. 

»  On  peut  employer  celte  substance  sur  des  préparations  obtenues  après 
le  durcissement  complet  des  pièces  par  l'alcool,  et  par  conséquent  la  faire 
agir  sur  des  coupes  assez  minces  pour  être  examinées  aux  plus  forts  gros- 
sissements ;  on  peut  déterminer  aussi  bien  que  possible  quels  sont  les  élé- 
ments altérés  et  quels  sont  ceux  qui  sont  restés  sains.  Je  ne  signalerai  ici  que 
les  faits  nouveaux  observés  ou  bien  démontrés  par  cette  méthode. 

')  Dans  la  dégénérescence  amyloïde  des  organes,  la  lésion  commence, 
dans  les  vaisseaux,  par  leur  membrane  interne.  Les  cellules  d'endothélium 
sont  presque  constamment  normales,  puisque  je  ne  les  ai  trouvées  altérées 
que  dans  un  fait  de  dégénérescence  des  capillaires  du  foie.  Dans  le  foie 
d'un  malade  mort  de  leucocythémie  à  la  clinique  de  M.  le  professeur  Sée, 
tous  les  capillaires  des  îlots  étaient  altérés,  bien  que  les  veinules  portes 
et  hépatiques  fussent  normales.  Les  membranes  des  capillaires  étaient 
épaissies,  colorées  en  rouge  violet. 

»  La  cavité  des  capillaires  était  agrandie;  leurs  cellules  endolhéliales 
normales  étaient  colorées  en  bleu  violet,  ainsi  que  les  globules  rouges,  les 
globules  blancs  et  la  fibrine  qu'ils  contenaient.  Les  cellules  hépatiques 
étaient  atrophiées,  mais  non  amyloïdes. 

»  La  lésion  des  artérioles  commence  par  leur  membrane  interne  et  par  la 
lésion  des  membranes  élastiques,  puis  des  faisceaux  de  muscles  lisses.  La 
membrane  externe  est  longtemps  conservée  intacte;  elle  peut  à  la  fin  mon- 
trer des  fibres  de  tissu  conjonclif  altérées,  tandis  que  les  cellules  de  ce 
tissu  sont  encore  normales. 

»  Dans  le  rein,  les  cellules  de  revêtement  des  vaisseaux  et  de  la  capsule 
des  glomérules  restent  normales,  tandis  que  la  paroi  de  ces  vaisseaux  est 
complètement  altérée. 

))  La  membrane  hyaline  des  tubes  sinueux,  mais  surtout  celle  des  tubes 
de  Henle,  des  tubes  droits  et  des  tubes  collecteurs  était  épaissie  et  amyloïde 
dans  deux  de  mes  observations.  Dans  ces  faits,  la  lésion  rénale  était  portée 
au  plus  haut  point.  Cependant  les  cellules  d'épithéliura  contenues  dans  les 
tubes  étaient  partout  en  place  et  aucune  d'elles  ne  présentait  de  dégéné- 
rescence amyloïde.  Les  cylindres  hyalins  renfermés  dans  ces  tubes  étaient 
colorés  également  en  bleu  violet,  ce  qui  démontre  bien  que  ces  cylindres 
ne  sont  pas  formés  de  matière  amyloïde,  ou  que  tout  au  moins  il  en  était 
ainsi  dans  mes  cinq  observations  de  dégénérescence  rénale. 

))  Sur  les  quatre  faits  de  rate  amyloïde  que  j'ai  étudiés,  deux  se  rappor- 


(    I39I     ) 

taient  à  la  forme  de  rate-sagou  dans  laquelle  les  corpuscules  sont  seuls 
altérés;  dans  les  deux  antres,  il  s'agissait  d'une  infiltration  totale.  Dans  les 
deux  premières,  les  artères  des  corpuscules  étaient  normales;  les  cellules 
lymphatiques,  le  tissu  réticulé  et  la  paroi  des  capillaires  étaient  dégénérés 
dans  les  corpuscules,  de  telle  sorte  que  là  tous  les  éléments  étaient  colorés 
en  rouge  violet,  sauf  les  fentes  représentant  la  lumière  des  capillaires;  les 
cellules  endothéliales  des  capillaires  étaient  seules  normales  et  colorées  en 
bleu.  Dans  les  deux  cas  d'infiltration  totale,  la  paroi  de  tous  les  vaisseaux, 
artères,  capillaires  et  veines,  était  dégénérée.  Les  petites  veines  de  la  pulpe 
splénique  étaient  particulièrement  toutes  atteintes  :  leur  paroi,  générale- 
ment épaisse  à  un  très-haut  point,  bien  que  leur  calibre  restât  le  même, 
présentait  à  leur  intérieur  un  endothélium  très-sain.  Le  tissu  réticulé  qui, 
dans  cette  partie  de  la  rate,  est  interposé  aux  veinules,  était  soit  normal 
soit  altéré  en  partie. 

»  Par  la  comparaison  des  préparations  obtenues  par  l'iode  avec  celles 
dues  à  mon  procédé  dans  la  dégénérescence  amyloide,  on  peut  dire  que  le 
violet  de  méthylaniline  est  destiné  à  remplacer  l'iode  dans  l'étude  des  or- 
ganes atteints  de  cette  dégénérescence,  lorsqu'on  voudra  en  faire  une  ana- 
lyse histologique  complète.   » 

PHYSIOLOGIE.  —  Jpjilication  de  la  méthode  graphique  à  l'étude  du  mécanisme 
de  la  déglutition.  Note  de  M.  S.  Arloing  (i),  présentée  par  M.  Bouley. 

(Commissaires  :  MM.  Robin,  Bouley.) 

«  Nous  résumerons  ici  les  nouveaux  résultats  que  nous  avons  obtenus 
en  les  étendant  jusqu'à  l'œsophage. 

«  I.  Appareil  respiratoire.  —  En  ce  qui  regarde  les  rapports  de  cet 
appareil  : 

»  1°  Avec  les  déglutitions  pharyngiennes  isolées.  —  L'intervention  du  dia- 
phragme a  été  mise  hors  de  doute  par  l'exploration  directe  de  la  face  pos- 
térieure de  cette  cloison,  à  l'aide  d'une  ampoule  que  l'on  engage  en  avant 
du  cœcum  d'un  cheval,  en  passant  derrière  la  dix-huitième  côte  droite. 
Quant  à  l'instant  où  commence  cette  dépression  thoracique,  nous  l'avons 
précisé  en  recueillant  les  pressions  qui  se  font  sentir  dans  le  vestibule  la- 
ryngien . 

"   Les  tracés  démontrent  :   i°  que  la  dépression  thoracique  commence 


(i)  Voir  Comptes  rendus,  t.  LXXIX,  p.  1009. 


(    1292    ) 

avant  que  la  glotte  soit  fermée  ;  i°  qu'elle  continue  et  cesse  pendant  que  le 
larynx  est  clos;  3°  que  le  vestibule  laryngien,  enlr'ouvert  lorsque  le  mou- 
vement de  déglutition  débute,  se  ferme  en  haut  et  en  bas  quand  le  bol  ar- 
rive au-dessus  de  lui,  et  reste  exactement  clos  jusqu'à  ce  que  le  bol  soit 
parvenu  à  l'entrée  de  l'œsophage. 

»  De  ces  faits  nous  concluons  que  la  dépression  thoracique  peut  : 
1°  au  début,  faire  sentir  ses  effets  sur  le  fond  du  pharynx  et  concourir  à  y 
appeler  le  bol;  2"  en  tendant  l'œsophage,  fixer  la  région  postéro-inférieure 
du  pharynx  pendant  que  le  larynx  se  porte  en  avant  et  en  haut,  et  concou- 
rir à  dilater  le  fond  de  l'arriére-bouche;  3°  maintenir  plus  exactement  ap- 
pliquées les  unes  contre  les  autres  soit  les  pièces  qui  constituent  l'entrée 
du  pharynx,  soit  les  cordes  vocales. 

»  2"  Avec  les  dé(/[uiitions  successives.  —  Les  accidents  qui  hérissent  les 
courbes  de  la  respiration  (tlanc  et  thorax)  pendant  la  déglutition  des  bois- 
sons ne  dénotent  pas  de  très-petits  mouvements  respiratoires  complets, 
mais  une  suite  de  simples  changements  de  la  pression  intra-thoracique  dus 
au  déplacement  du  diaphragme  et  semblables  à  ceux  qui  coïncident  avec 
les  déglutitions  isolées.  Par  conséquent  l'occlusion  de  la  glotte  correspond 
aux  soubresauts  discordants  du  flanc  et  du  thorax  et  à  la  dépression  intra- 
trachéale^  et  l'ouverture  de  la  glotte  permet  la  circulation  de  l'air  inspiré 
ou  expiré. 

»  II.  Pharynx.  —  L'ampliation  du  fond  du  pharynx  est  une  cause  qui 
aide  à  l'introduction  du  bol  dans  l'œsophage.  En  plaçant  une  ampoule 
entre  la  base  de  la  langue  et  la  face  inférieure  du  voile  du  palais  du  cheval, 
nous  avons  parfaitement  constaté  la  dépression  que  signale  M.  Carlct  ;  elle 
était  la  conséquence  toute  naturelle  du  refoulement  de  l'air  dans  les  ca- 
vités nasales;  mais  cette  dépression  très-f;ùble  se  confond  bientôt  avec  la 
dépression  pharyngienne  que  nous  avons  signalée. 

»  En  comparant  entre  eux  les  changements  qui  s'exercent  sur  l'air  du 
vestibule  laryngien,  nous  sommes  parvenu  à  déterminer  la  durée  de  trois 
phases  principales  de  la  déghuition  pharyngienne.  Le  pharynx  met  moins 
d'une  demi-seconde  (iy)  pour  se  raccourcir,  chasser  le  bol  dans  l'œso- 
phage et  se  relâcher.  Ce  temps  se  répartit  de  la  manière  suivante  :  -^  de- 
puis le  commencement  de  l'ascension  jusqu'à  l'occlusion  de  la  glotte, 
3^  pour  la  durée  de  l'occlusion  de  la  glotte  et  le  passage  du  bol  dans  l'œso- 
pliage,  yy  pour  le  retour  du  pharynx  à  sa  position  première. 

»  in.  OESOPHAGE.  —  La  secousse  et  le  tétanos  électrique  de  la  couche 


(  '^9^  ) 
charnue  de  l'œsophage  ressemblent  à  la  secousse  et  au  tétanos  d'un  autre 
muscle  strié.  Il  nous  a  semblé  que,  dans  un  œsophage  dont  les  nerfs  exté- 
rieurs sont  morts,  la  secousse  ne  se  propage  pas  au  delà  de  o™,25  à  o™,  3o, 
et  que,  dans  un  organe  dont  les  nerfs  sont  excitables,  la  contraction  téta- 
nique se  propage  avec  une  vitesse  (20  à  11  mètres  par  seconde)  semblable 
à  celle  de  la  secousse  et  fort  approchante  de  celle  des  excitations  nerveuses. 
Dans  la  partie  blanche  du  conduit,  les  secousses  s'éleignent  plus  vite; 
leur  propagation  ne  dépasse  guère  o"",  i5. 

»  Quanta  la  contraction  physiologique,  nous  avons  constaté  le  fait  signalé 
par  MM.  Chauveau  et  Wild,  que  la  contraction  de  l'œsophage  déterminée 
par  une  déglutition  pharyngienne  chemine  sur  toute  la  partie  rouge,  mal- 
gré la  sortie  du  bol.  Nous  avons  observé,  en  outre,  que  l'onde  péristaltique 
ne  tarde  pas  à  se  perdre  au  delà  du  cœur  si  le  bol  ne  descend  pas  jusqu'à 
l'estomac.  La  vitesse  de  l'onde  péristaltique,  qui  ne  doit  pas  être  confondue 
avec  la  vitesse  du  bol,  nous  a  paru  variable.  Nous  avons  établi  qu'en 
moyenne  l'onde  péristaltique  parcourt  o'",200  par  seconde  dans  la  partie 
rouge  et  o™,  5o  dans  la  partie  blanche.  Ce  résultat  fait  que  sur  le  cheval 
l'onde  périslaltique  mettra  dix  secondes  pour  parcourir  l'œsophage. 

»  Voici  le  rôle  de  l'œsophage  dans  les  deux  cas  que  nous  avons  dis- 
tingués. 

»  a.  —  Dans  les  ck'fjlutilions  isolées^  le  bol  s'introduit  dans  l'œsophage  et 
ne  peut  refluer  vers  le  pharynx,  grâce  à  la  disposition  des  muscles  de  cette 
région  qui  ferment  l'œsophage  au-dessus  du  bol  et  le  poussent  de  haut  en 
bas.  Sa  descente  est  facilitée  par  la  tension  qu'impriment  à  l'œsophage  le  dé- 
placement du  larynx  et  les  mouvements  du  diaphragme.  La  constriction  de 
l'œsophage  est  à  son  maximum  lorsque  le  bol  est  très-petit  ou  très-gros. 

»  b.  —  Dans  les  déghtlilions  associées,  nous  avons  observé  une  différence 
inattendue  : 

»  1°  Ainsi  la  tunique  charnue  de  la  partie  rouge  est  inerte  pendant  la 
déglutition  des  boissons  à  gorgées  précipitées.  Cette  partie  du  conduit  se 
borne  à  jouer  le  rôle  d'un  tube  élastique. 

»  2°  La  partie  blanche  de  l'œsophage  se  relâche  peu  à  peu  au  fur  et  à 
mesure  que  l'animal  boit,  puis  se  resserre  graduellement  quand  il  cesse  de 
boire.  Ce  resserrement  est  accompagné  de  contractions  péristaltiques  plus 
ou  moins  énergiques  qui  ont  pour  but  de  vider  l'œsophage  de  haut  en  bas. 
Par  conséquent  les  boissons  sont  comme  injectées  dans  l'œsophage  par  les 
organes  de  la  déglutition  pharyngienne. 

»  L'inertie  de  la  partie  rouge  et  la  dilatation  de  la  partie  blanche  (quand 


(  1^94  ) 
celle-ci  exisfe)  sont  indispensables  à  la  descente  des  boissons;  autrement, 
la  vitesse  de  l'onde  œsophagienne  étant  connue,  ainsi  que  l'étroitesse  du 
cardia,  la  préhension  des  boissons  deviendrait  bientôt  impossible  chez  un 
sujet  qui  fait  de  90  à  ii5  déglutitions  par  minute,  entraînant  chacune  de 
i5o  à  aoo  grammes  de  liquide.   » 

CHIRURGIE.  —  Sur  un  nouveau  procédé  opératoire  de  la  cataracte  [extraction 
à  lambeau  périphérique).  Note  de  M.  L,  de  W^ecker,  présentée  par 
M.  Cloquet. 

(Commissaires  :  MM.  Cloquet,  Gosselin,  Larrey.) 

«  Il  est  constaté  qu'avec  l'ancien  procédé  classique  de  Daviel  le  plus 
habile  opérateur  ne  peut  éviter  sur  dix  cas  un  insuccès  immédiat  et  com- 
plet, et  que  chez  un  second  malade  la  vision  ne  soit  obtenue  qu'au  prix 
d'une  deuxième  opération  encore  incertaine  dans  ses  suites. 

»  Pour  échapper  à  ces  échecs,  inhérents  en  grande  partie  au  procédé, 
on  a,  d'une  part,  déplacé  la  section  de  Daviel  pour  la  porter  de  la  cornée 
dans  le  point  de  jonction  de  cette  membrane  avecla  sclérotique,  ainsi  que 
l'a  fait  Jacobson  ;  d'autre  part,  on  a  fait  subir  à  cette  section  un  change- 
ment complet  dans  sa  forme,  en  lui  donnant  une  direction  presque  recti- 
ligne,  ainsi  que  l'a  indiqué  de  Graefe. 

»  Ces  modifications,  qui  ont  eu  pour  principal  but  d'assurer  à  la  section 
une  coaptation  et  une  cicatrisation  meilleures,  ont  eu  l'heureux  effet  de 
réduire  les  pertes  immédiates  à  5  et  même  à  2  pour  100,  et  le  nombre  des 
résultats  incomplets  à  la  moitié  de  celui  que  donnait  le  procédé  de  Daviel; 
aussi  l'extraction  linéaire  a-t-elle  pris  dans  ces  derniers  temps  le  pas  sur 
l'ancien  procédé  classique,  quoiqu'elle  nécessitât  un  agrandissement  défi- 
nitif de  la  pupille  par  l'excision  d'une  portion  de  l'iris. 

»  La  sécurité  de  l'opération  a  beaucoup  gagné,  mais  la  pureté  des  résul- 
tats, au  point  de  vue  optique,  a  quelque  peu  perdu.  On  a  tenté  d'échapper 
à  la  nécessité  de  joindre  à  l'extraction  linéaire  la  pupille  artificielle,  en 
plaçant  la  section  linéaire  dans  la  cornée;  mais  ces  tentatives  ont  été  peu 
heureuses,  car  on  replace  la  section  dans  les  mêmes  conditions  fâcheuses 
de  cicatrisation  que  présente  le  procédé  de  Daviel,  et  quoique  la  coapta- 
tion de  ces  plaies  soit,  grâce  à  la  linéarité  de  la  section,  plus  intime  que 
celle  de  la  section  à  lambeau,  on  ne  peut,  dans  un  certain  nombre  de  cas, 
éviter  les  prolapsus  et  enclavements  de  l'iris,  accidents  qui  constituent  un 
des  principaux  dangers  de  l'ancienne  opération. 

»  Un  procédé  opératoire  parfait  aura  donc  à  remplir  \e?, desiderata  suivants  : 


(    1293    ) 

»  i"  La  section  doit  être  placée  dans  les  meilleures  conditions  de  coap- 
tation  et  de  cicatrisation  :  elle  doit  par  conséquent  occuper  la  jonction  de 
la  cornée  avec  la  sclérotique. 

»  2"  Cette  section  doit  permettre  une  sortie  facile  et  complète  du  cris- 
tallin, sans  (ju  il  soit  besoin  de  recourir  à  r agrandissement  de  la  pupille, 

»  3°  Les  enclavements  et  prolapsus  de  l'iris  auxquels,  plus  que  toutes 
autres,  prédisposent  les  sections  périphériques,  doivent  autant  que  possible 
être  évités. 

»  4°  Il  "6  faudra  pas  obtenir,  comme  dans  le  procédé  de  Daviel,  certains 
avantages  au  prix  d'un  nombre  aussi  considérable  d'insuccès. 

»  A  ces  desiderata  me  paraît  répondre  le  procédé  opératoire  qui  suit  : 

»  Premier  temps.  —  L'aide  relève  avec  le  doigt  la  paupière  supérieure  ou 
fait  usage  d'un  petit  écarteur  avec  lequel  il  tient  les  paupières  suspendues 
au-dessus  du  globe  de  l'œil.  L'opérateur,  après  avoir  fixé  l'œil  avec  une 
pince,  près  du  milieu  du  bord  interne  de  la  cornée,  détache  très-exactement 
le  tiers  supérieur  de  cette  membrane  dans  sa  jonction  avec  la  sclérotique. 
Il  forme  ainsi  sur  une  cornée  de  12  millimètres  de  diamètre  un  lam- 
beau (i)  de  4  millimètres  de  hauteur  et  de  ii'"'^,32  de  base.  Dès  que  la 
contre-ponction  est  faite  et  que  l'iris  ne  peut  plus  se  porter  sur  le  tranchant 


Fig.  2. 

du  couteau  {Jig.  let  2)  (2),  l'opérateur  dépose  la  pince  à  fixation  et  achève 

(1)  Lesy%.  3,  4  et  5  représentent  l'ancienne  section  à  lambeau,  celle  de  Jacobson  et 
la  mienne.  Suivant  que  l'on  faisait  pour  l'ancien  lambeau  (sur  une  cornée  de  12  millimètres 
Fig.  3.  Fig.  4.  Fig.  5. 


de  diamètre)  la  ponction  à  i  ou  7  millimètre  du  bord  sclérotical,  le  lambeau  avait  pour 
base  10  ou  11  millimètres.  La  section  de  Jacobson,  située  dans  la  jonction  delà  cornée  avec 
la  sclérotique  et  placée  à  i  miilimètie  au-dessous  du  diamètre  horizontal  de  la  cornée, 
donnait,  dans  les  mêmes  conditions,  à  la  base  du  lambeau  une  étendue  de  1 1'°™,83,  à  peu  de 
chose  près  7  millimètre  de  plus  que  ma  section. 

(2)  Le  couteau  dont  je  me  sers  est  moitié  moins  large  que  l'ancien  couteau  à  cataracte  et  a 
le  double  de  la  largeur  du  couteau  que  l'on  emploie  pour  les  incisions  linéaires. 


(  1296  ) 

la   section  sans  former  de  lambeau  conjonctival.  La  section  terminée,  on 
laisse  tomber  la  paupière  supérieure,  ou  l'on  retire  l'écartenr. 

»  Deuxième  temps.  —  On  recouvre  l'œil  avec  une  éponge  froide,  et  on 
laisse  le  malade  se  reposer.  On  procède  ensuite  à  l'ouverture  de  la  capsule 
du  cristallin,  en  se  servant  d'un  cystitome  ordinaire,  pendant  que  l'on  tient 
soi-même  la  paupière  supérieure. 

»  Troisième  tejjjps.— L'aide  reprend  la  paupière  supérieure,  et  l'opérateur, 
en  même  temps  qu'il  refoule  avec  la  paupière  inférieure  le  cristallin  vers 
l'ouverture  pratiquée  à  l'œil,  déprime,  au  moyen  d'une  mince  spatule  en 
caoutchouc  [fig.  2),  la  lèvre  supérieure  de  la  section  et  l'inserlion  périphé- 
rique (le  l'iris,  de  façon  à  décoiffer  le  cristallin  de  l'iris  qui  tend  à  l'enve- 
lopper an  moment  de  sa  sortie. 

»  Quatrième  temps.  —  On  procède  au  nettoyage  de  la  pupille  que  l'on 
débarrasse  des  masses  corticales  qui  peuvent  avoir  été  retenues  dans  l'œil,  en 
les  faisant  glisser  au  dehors  par  des  frottements  exercés  de  bas  en  haut  sur 
la  cornée  à  travers  la  paupière  inférieure.  Pendant  ce  nettoyage  on  ne  se 
préoccupe  aucunement  du  prolapsus  de  l'iris,  pas  plus  qu'on  a  eu  à  en 
tenir  compte  pendant  le  deuxième  et  le  troisième  temps  de  l'opération.  L'œil 
paraissant  complètement  débarrassé  de  tout  débris  de  cataracte,  si  l'iris 
n'est  pas  rentré  de  lui-même  dans  l'œil,  on  réduit  le  prolapsus  au  moyen 
de  la  petite  spatule  que  l'on  fait  doucement  glisser  à  plat  dans  la  plaie  en 
repoussant  l'iris  devant  elle. 

»  Cinquième  temps.  —  La  partie  supérieure  de  l'iris  occupant  la  chambre 
antérieure,  on  instille  deux  à  trois  gouttes  d'une  solution  de  sulfate  neutre 
d'ésérine  (5  centigrammes  pour  10  grammes),  et  l'on  attend  cinq  minutes, 
jusqu'à  ce  que  l'action  du  myotique  se  produise  et  que,  la  pupille  se  res- 
serrant, l'iris  ne  présente  plus  la  moindre  tendance  à  remonter  vers  la  section, 
lorsqu'on  engage  le  malade  à  regarder  en  bas. 

»  Le  bandeau  compressif  est  alors  appliqué,  et  l'opéré  peut  se  lever  et 
gagner  son  lit.  Il  est  prudent  d'ôter  le  bandeau  une  ou  deux  heures  après 
l'opération,  et  de  réinstiller  de  l'ésérine  si  l'action  du  myotique  ne  se  montre 
pas  très-accusée  à  ce  second  examen.  Par  l'emploi  de  cette  forte  solution 
d'ésérine  (i),  on  obtient  un  myosis  considérable,  qui  dure  plus  de  vingt- 


(1)  Le  sulfate  d'ésérine  absolument  neutre  n'occasionne  pas  tle  douleur  au  moment  de 
son  contact  avec  la  conjonctive  et  n'irrite  nullement  l'œil  qui  vient  d'être  opéré,  même 
si  l'on  répète,  comme  nous  l'avons  fait,  trois  ou  quatre  fois  les  instillations.  Pour 
avoir  une  puissante  action  myotique,  il  faut  se  servir  d'une  solution  fraîche  de  sulfate 
d'ésérine. 


(  1297  ) 
quatre  heures,  temps  suffisant  pour  la  réunion  delà  plaie;  de  façon  qu'on 
peut  alors  au  besoin  recourir  aux  mydriatiques  sans  avoir  à  craindre  un 
enclavement  de  l'iris.   » 

GÉOLOGIE.  —  Sulfuration  du  cuivre  el  du  fer  par  un  séjour  prolongé  dans  la 
source  thermale  de  Bourbon-i' Archambaull;  observation  d'une  brèche  avec 
strontiane  sulfatée  et  plomb  sulfuré  dans  la  cheminée  ascensionnelle  de  cette 
source.  Note  de  M.  de  Gocvenaiv,  présentée  par  M.  Daubrée. 

(Commissaires  :  MM.  Becquerel,  Daubrée,  Des  Cloizeaux). 

«  L'Académie  a  reçu  de  M.  Daubrée,  dans  sa  séance  du  22  février,  une 
savante  Communication  relative  à  la  formation  contemporaine  de  diverses 
espèces  minérales  cristallisées,  par  une  action  prolongée  de  la  source  ther- 
male deBourbonne-les-Bains  (Haute-Marne),  siu- des  médailles  en  bronze, 
d'origine  romaine,  récemment  trouvées  dans  un  puisard  où  elles  parais- 
sent avoir  été  jetées  par  manière  d'ex-voto.  Lors  d'un  travail  de  curage 
exécuté  il  y  a  longtemps  déjà  sur  la  source  thermale  de  Bourbon-l'Archam- 
bault  (Allier),  la  mise  à  sec  du  réservoir  de  cette  source  et  le  creusement 
en  roche  d'un  puisard  latéral,  nécessaire  à  cette  opération,  nous  avaient 
conduit  à  certaines  observations  semblables  qu'il  nous  semble  intéressant 
de  publier  aujourd'hui. 

»  La  source  de  Bourbon  émerge  d'une  sorte  d'îlot  granitique  d'étendue 
fort  restreinte,  existant  comme  un  point  isolé  au  milieu  du  terrain  du 
grès  bigarré;  sa  température  est  de  Sa  degrés  C.  environ;  elle  donne 
aî5'^,94'2  de  résidu  fixe  par  litre,  et  elle  contient  principalement  en  dissolu- 
tion du  chlorure  de  sodium,  puis  des  sulfates,  des  bicarbonates  alcalins 
et  terreux,  un  peu  d'alumine,  d'oxyde  de  fer  et  de  silice.  En  recherchant 
les  substances  contenues  en  petite  quantité  dans  ses  eaux,  nous  y  avons 
rencontré  :iode,  traces  bien  nettes;  brome,  7  milligrammes  par  litre;  fluor, 
3  milligrammes  par  litre;  et  en  outre,  par  l'analyse  spectrale,  du  cœsium, 
du  rubidium  et  des  traces  bien  certaines  de  strontiane  dans  les  incrusta- 
tions calcaires  des  conduites.  Toutes  ces  recherches  ont  été  publiées  in 
e.xtemo  dans  les  Annales  des  Mines,  et  sous  forme  résumée  dans  les  Comptes 
rendus  de  l'Académie  (i). 

»  La  source  est  captée  sur  le  gneiss,  dans  un  réservoir  souterrain  de 
forme  rectangulaire  où  l'eau  minérale  s'élève  jusqu'à  un  niveau  voisin  de 

(1)  Séance  du  28  avril  iS^S. 

C.R.,  1875,  1"  Semestre.  (T.  LXXX,  N°  20.)  '^8 


(  >298  ) 
l'orifice,  et  où  elle  bouillonne  sans  cesse  par  le  fait  des  gaz  qui  s'en  déga- 
gent, dans  les  temps  d'orage  surtout.   Ce    travail    repose  sur  des  sub- 
structions  romaines,  dont  on  retrouve  constamment  les  traces  à  une  faible 
profondeur. 

»  A  l'époque  du  curage  dont  il  est  question  ci-dessus,  des  sondages  exé- 
cutés dans  ce  réservoir  y  avaient  constaté  la  présence  d'une  couche  de 
1™,  5o  d'épaisseur  de  détritus  de  nature  et  d'origine  inconnues  :  on  pensa 
que  ces  matières  retardaient  l'arrivée  de  l'eau  minérale,  et  l'on  résolut  de 
les  enlever.  Il  fallait  avant  tout  baisser  suffisamment  le  niveau  de  l'eau.  La 
source,  dont  le  volume, à  cette  émergence  inférieure,  estdegoo  à  looo  mè- 
tres cubes  par  vingt-quatre  heures,  fut  épuisée  d'une  façon  continue  à 
l'aide  de  pompes  mues  par  une  machine  à  vapeur  locomobile. 

»  La  couche  de  détritus  était  formée  de  grains  très-fins  de  quartz  hyalin 
blanc  avec  quelques  rares  débris  feldspathiques,  et  elle  contenait  en  mé- 
lange une  matière  organique  vaseuse,  provenant  sans  nul  doute  de  débris 
de  matières  confervoïdes,  qui  se  développent  spontanément  dans  l'eau 
thermale  sous  l'influence  de  la  lumière  et  de  la  chaleur.  Ce  sable  est  con- 
stamment amené  par  la  source;  on  ne  tarda  point  à  le  reconnaître  d'une 
façon  parfaitement  nette,  et  son  accumulation  au  fond  du  réservoir  en  une 
couche  de  i",  5o  environ  d'épaisseur  avait  évidemment  cette  même  origine. 

»  Soit  que  la  divinité  de  Bourbon-l'Archambault  fût  considérée  comme 
moins  exigeante  que  celle  de  Bourbonne-les- Bains,  soit  que  sa  clientèle  fût 
moins  riche,  le  produit  du  curage  présentait  des  monnaies  de  bronze 
d'origine  romaine,  mais  aucune  pièce  d'argent  n'y  a  été  rencontrée.  Cer- 
taines de  ces  pièces  étaient  sans  altération  sensible  du  fait  des  eaux,  mais 
très-friistes  et  à  peu  près  indéterminables;  on  en  a  cependant  reconnu  de 
Licinius,  qui  régnait  avec  Constantin,  et  de  Constance-Chlore.  Un  grand 
nombre  d'autres  sont  au  contraire  recouvertes  d'une  sorte  de  carapace  de 
sulfures,  due  à  l'action  des  eaux  et  empâtant  à  sa  surface  de  nombreux 
grains  de  sable  de  la  source.  Certaines  de  ces  pièces  sont  à  peu  près  com- 
plètement sulfurées,  on  n'en  voit  plus  que  la  trace  à  l'intérieur  de  l'échan- 
tillon, et  elles  ont  alors  presque  complètement  passé  à  l'état  de  cuivre  pyri- 
teux;  d'autres,  plus  intéressantes,  sont  en  pleine  voie  de  transformation  et 
présentent  la  succession  de  couches  suivantes  :  la  pièce  amincie  et  corrodée 
au  centre,  une  couche  noire  de  cuivre  sulfuré  au  contact  du  métal,  du 
cuivre  panaché  ou  phillipsite,  et,  à  l'extérieur,  du  cuivre  pyriteux  empâtant 
des  grains  de  sable.  Le  cuivre  s'est  donc  combiné  au  soufre  sous  l'influence 
des  sulfates  de  l'eau  minérale  et  des  matières  organiques,  puis  le  sulfure  de 


(  J299  ) 
cuivre  a  absorbé,  par  un  véritable  mécanisme  de  cémentation,  des  quan- 
tités successives  de  fer  formé  sous  la  même  influence  que  lui,  et  qui  l'ont 
fait  passer  de  l'état  intermédiaire  de  pbillipsite  à  l'état  extrême  de  cuivre 
pyriteux. 

»  En  brisant  un  de  ces  échantillons,  nous  avons  trouvé,  à  la  séparation 
du  cuivre  sulfuré  et  de  la  phillipsite,  une  petite  quantité  d'un  minéral 
blanc,  transparent,  divisible  en  lamelles  suivant  un  plan  de  clivage  très- 
facile  et  inattaquable  aux  acides.  C'était,  fait  remarquable,  de  la  stron- 
tiane  sulfatée,  avec  laquelle  on  a  répété  toutes  les  réactions  caractéristiques 
de  cette  substance  :  dégagement  d'hydrogène  sulfuré  dans  le  traitement  par 
l'acide  chlorhydrique  du  produit  de  la  calcination  du  minéral  avec  le 
charbon,  et  coloration  rouge  de  la  flamme  de  l'alcool  par  le  sel  ainsi 
formé. 

»  On  a  trouvé  en  outre  un  échantillon  de  pyrite  de  fer  offrant  à  l'inté- 
rieur le  moule  en  creux  et  certains  vestiges  encore  incomplètement  trans- 
formés d'un  morceau  de  fer  métallique  carré,  de  4  à  5  millimètres  de  côté, 
et  de  loo  à  120  millimètres  de  long,  d'où  il  provient.  Dans  ce  cas,  la  sul- 
furation  paraît  s'être  accomplie  par  un  appel  successif  des  molécules  de  fer 
de  l'intérieur  à  l'extérieur,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour  le  cuivre. 

»  Tels  sont  les  faits  relatifs  à  l'action  lente  de  l'eau  minérale  sur  les 
métaux,  mais  nous  avons  fait  aussi,  sur  le  gisement  même  de  la  source,  des 
observations  non  moins  utiles  à  relater  ici. 

))  La  source  thermale  de  Bourbon-l'Archambault  sort  d'une  fente  située 
dans  le  grand  axe  du  réservoir  et  dont  elle  occupe  toute  la  longueur;  dans 
les  parties  éloignées  de  cette  fente,  les  déblais  du  puisard  latéral  ont  pré- 
senté le  caractère  nettement  tranché  d'un  gneiss  formé  de  quartz,  de  feld- 
spath blanc  et  de  mica  bronzé,  mais  la  roche  change  de  nature  au  voisinage. 
Elle  passe  à  une  pegmatite  avec  nombreuses  veinules  de  .spath  fluor  violet, 
véritable  brèche,  sur  certains  points  formée  de  noyaux  de  quartz  et  de 
feldspath  empâtés  dans  le  spath  fluor,  et  contenant  des  géodes  de  fluorine 
de  couleur  verdâtre,  superposée  à  un  enduit  de  pyrite  de  fer.  Ces  caractères 
dénotent  une  action  où  le  rôle  du  fluor  semble  avoir  été  considérable;  mais 
le  phénomène  appartient  évidemment  à  une  époque  géologique  ancienne, 
où  la  thermalité  de  l'eau,  sans  doute  beaucoup  plus  forte  que  de  nos  jours, 
entretenait  les  roches  dans  un  état  favorable  à  leur  transformation. 

»  Les  parois  mêmes  de  la  fente  d'où  émerge  la  source  offrent  un  tout 
autre  caractère  :  c'est  une  brèche  peu  consistante,  formée  de  grains  de 
quartz  hyalin  blanc  cimentés  ensemble,   et  où  brillent    quelques  rares 

168., 


(  i3oo  ) 

paillettes  de  mica.  Cette  roche  contient,  probablement  à  l'état  de  débris, 
deux  minéraux  remarquables  :  des  fragments  de  galène  assez  rares,  et  de 
la  stronliane  sulfatée  blanche,  nettement  cristallisée,  bien  reconnue  pour 
telle  par  l'analyse  chimique,  si  abondante  d'ailleurs  dans  certaines  parties 
de  la  masse,  qu'elle  en  forme,  presque  au  même  titre  que  le  quartz,  un 
deuxième  clément  constituant. 

»  Son  origine  est  attribuable  au  remaniement  sur  place  d'un  filon  dé- 
posé  par  l'eau  thermale  à  une  époque  où  les  circonstances  de  pression  et 
de  température  étaient  plus  favorables  que  maintenant  à  de  tels  effets. 

»  Les  cristallisations  de  strontiane  sulfatée,  qui  se  forment  encore  de  nos 
jours  dans  les  conditions  ci-dessus,  restent  toutefois  comme  un  dernier 
témoin  de  ces  phénomènes. 

»  Nous  joignons  à  cette  Note,  comme  pièces  justificatives  : 
»  1°  Un  échantillon  du  sable  quarlzeux  charrié  par  la  source;  i°  une 
pièce  de  monnaie  de  cuivre  en  voie  de  transformation  avec  cuivre  sulfuré, 
cuivre  panaché  et  cuivre  pyriteux;  3°  un  deuxième  échantillon  semblable, 
mais  avec  ce  qui  reste  de  la  strontiane  sulfatée  trouvée  à  l'intérieur  après 
la  prise  d'essai;  4°  un  troisième  échantillon  dans  lequel  la  pièce  de  monnaie 
n'existe,  pour  ainsi  dire,  plus  qu'à  l'état  de  cuivre  pyriteux;  5°  le  barreau 
de  fer  transformé  en  pyrite  avec  son  moule  en  creux  à  l'iiitérieur  du  mi- 
néral ;  6"  un  morceau  de  gneiss  tel  qu'il  existe  à  une  certaine  distance  de 
la  cheminée  de  la  source  thermale;  7°  un  échantillon  très-voisin  de  cette 
cheminée,  avec  spath  fluor  violet,  etc.;  8°  un  morceau  de  la  brèche  quart- 
zeuse  avec  cristaux  de  stronliane  sulfatée  blanche  et  un  peu  de  galène  cu- 
bique disséminée  dans  la  masse.   » 

M.  Daubeée,  en  présentant  la  Note  de  M.  de  Goiiveimin,  ajoute  les  obser- 
vations suivantes,  particulièrement  relatives  à  la  formation  contemporaine  de 
la  sidérose  ou  fer  carbonate  spathique,  et  aux  conditions  de  gisement  de  ta  source 
thermale  de  Bourbon-l' ArchambauU  : 

«  La  tendance  du  cuivre  sulfuré,  du  cuivre  panaché  et  du  cuivre  pyri- 
teux à  se  former  sous  l'action  graduelle  d'eaux  minérales  s'était  déjà  ma- 
nifestée dans  d'autres  localités,  notamment  à  Bourbonne-les-Bains  et  à 
Bagnères-de-Bigorre  (i). 

»  Bien  que  la  stronliane  soit  fréquente  dans  les  sources  thermales  et  se 

(1)  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  1^  série,  t.  XIX,  p.  525;  1862. 


(  i3oi  ) 
rencontre  souvent  en  quantité  très-notable  dans  leurs  dépôts,  on  n'avait 
pas  encore  signalé,  au  moins  à  ma  connaissance,  la  strontiane  sulfatée  en 
cristaux  isolés,  nets  et  transparents,  dans  des  conditions  où  l'on  ne  peut 
douter  qu'ils  ne  soient  contemporains,  puisqu'ils  sont  implantés  sur  des 
médailles. 

»  La  pyrite  produite  aux  dépens  d'une  barre  de  fer  qui  a  disparu 
et  sur  laquelle  elle  s'est  moulée  est  accompagnée  d'un  autre  minéral  dont 
la  formation  ne  mérite  pas  moins  d'intérêt  :  c'est  le  fer  carbonate  spa- 
thique  ou  sidérose  qui  forme,  à  l'intérieur  du  tube  de  pyrite,  un  dépôt  de 
moins  d'un  millimètre  d'épaisseur.  La  sidérose  est  en  masses  cristallines, 
hérissées  de  cristaux  d'un  gris  jaunâtre,  transparents,  biréfringents,  ayant 
tout  à  fait  l'aspect  de  certaines  variétés  de  sidérose  des  anciennes  périodes. 
La  sidérose  est  accompagnée  de  pyrite  de  fer,  comme  il  arrive  si  souvent 
dans  la  nature. 

»  Le  carbonate  de  fer,  dont  Gustave  Bischof  a  observé  la  formation  dans 
les  bassins  des  sources  carbonatées  gazeuses  de  la  vallée  de  Brohl  (i), 
n'était  pas  cristallisé.  D'un  autre  côté,  on  sait  que  de  Senarmont,  dans  ses 
belles  expériences  sur  la  formation  artificielle,  par  voie  humide,  de  diverses 
espèces  minérales,  a  obtenu  la  sidérose  cristallisée  (2)  par  plusieurs  réac- 
tions, entre  autres  précipitant  du  sulfate  de  fer  par  du  carbonate  de 
soude,  mais  c'était  sous  pression  et  à  une  température  d'environ  i5o  de- 
grés. Or  à  Rourbon-l'Archambault  il  a  suffi  d'une  température  de  62  degrés 
pour  que  la  sidérose  cristallisée  prît  naissance. 

w  Le  gisement  de  la  source  de  Bourbon- l'Archambault,  sur  lequel 
M.  de  Gouvenain  fait  connaître  des  faits  précis,  reproduit  deux  circon- 
stances caractéristiques  déjà  observées  dans  un  certain  nombre  de  sources 
thermales,  dont  celle  de  Plombières  peut  représenter  le  type  :  d'abord 
un  pointement  granitique  peu  étendu,  poussé  comme  un  coin,  au  milieu 
du  grès  bigarré,  dont  les  couches  ont  été  fracturées;  puis  dans  la  masse 
granitique  elle-même,  formation  de  filons  métallifères,  de  nature  concré- 
tionnée,  incontestablement  produits,  dans  une  période  ancienne,  par  des 
sources  thermales,  dont  la  source  actuelle  forme  comme  la  continuation 
atténuée  (3). 


(i)  Lchrbuch  dcr  Chemisclien  Gcologic,  t.  I,  p.  548. 
(a)   Comptes  rendus,  t.  XXVIII,  p.  (Jy4;  ii>49- 

(3)   Relations  des  sources  thermales  cnr'c  des  filons  mctalUfères  [Comptes  remlus,  t.  XL\  I, 
p.  1201;  i858). 


(     l302    ) 

»  A  ces  deux  ressemblances  s'en  ajoute  une  troisième  plus  intime.  A 
Plombières,  les  filons  à  travers  lesquels  s'élèvent  les  sources  thermales  ont 
une  structure  fragmentaire;  le  quartz  et  la  fluorine  qui  les  constituaient  ont 
été  évidemment  concassés,  puis  ces  débris  ont  été  partiellement  resoudés 
par  de  la  fluorine  et  du  quartz;  mais  cette  fluorine  de  seconde  formation, 
qui  est  peut-être  très-récente,  diffère  tout  à  fait  par  ses  caractères  physi- 
ques de  celle  qui  avait  d'abord  incrusté  le  filon  :  au  lieu  d'être  massive  et 
rubannée,  la  fluorine  moderne  est  formée  de  cristaux  microscopiques  peu 
cohérents.  A  la  suite  du  mouvement  accusé  par  l'état  bréchiforme  de  l'in- 
térieur du  filon,  mouvement  qui  se  lie  probablement  à  celui  qui  a  ouvert 
la  vallée  elle-même,  les  canaux  d'ascension  ont  dû  être  modifiés,  peut-être 
rouverts,  ce  qui  suffit  à  expliquer  un  changement  dans  la  température  et 
le  régime  des  sources  thermales  qui  y  affluaient  d  abord.  De  même,  à 
Bourbon-l'ArchambaultjOn  trouve  la  masse  métallifère,  d'où  jaillit  la  source, 
à  l'état  bréchiforme,  et  renfermant  deux  espèces  minérales  formées  chacune 
à  deux  époques  bien  distinctes,  non-seulement  la  célestine  ou  stronliane 
sulfatée,  mais  aussi  la  fluorine.   » 

ENTOMOLOGIE.  —  Sur  les  migrations  du  Phylloxéra  du  chêne  ; 
Note  de  M.  Lichtenstein. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  L'année  passée,  vers  les  premiers  jours  de  septembre,  je  fis  part  à 
l'Académie  de  ma  découverte  des  migrations  des  Phylloxéras  sur  les  chênes 
kermès  [Comptes  rendus  du  7  septembre  1874),  toute  réserve  faite  pour 
l'espèce. 

n  On  m'opposa  alors  l'invraisemblance  de  ma  ihéorie ,  et  mon  opinion 
fut  considérée  comme  insoutenable.  [Comptes  rendus,  1 4  septembre  1874 
et  3  décembre  1874.)  Je  demandai  un  an  de  répit  pour  refaire  mes  observa- 
tions et  les  corriger  s'il  y  avait  lieu.  Or  je  n'ai  pas  besoin  de  ce  temps;  car, 
dès  aujourd'hui,  je  puis  affirmer  qu'une  espèce,  au  moins ,  est  actuellement 
en  train  d'essaimer  du  chêne  kermès  au  chêne  blanc  [quercus  pedunculata) . 
Voici  ce  qui  se  passe  : 

»  Les  œufs  d'hiver  pondus,  comme  je  l'ai  dit  Tannée  dernière,  sur  la 
garouille  par  les  femelles  sans  rostre,  ont  donné  naissance  à  de  grosses 
mères  fondatrices  des  colonies  qui  ont  déposé  des  œufs  blancs  sur  les  jeunes 
tiges  et  aux  aisselles  des  tendres  feuilles  du  chêne  kermès.  Ces  femelles 
avaient  de  très-forts  tubercules,  et  j'en  avais  à  tort  fait  une  espèce  particu- 


(  i3o3  ) 
lière.  De  petits  pucerons  blancs  sans  tubercules  sont  sortis  de  ces  œufs  et 
se  sont  fixés  sur  la  feuille  du  chêne  kermès.  Ils  ont  grossi  très-vite  et  repris 
des  tubercules  à  la  deuxième  et  à  la  troisième  mue,  qui  me  les  a  présentés 
sous  forme  de  nymphe,  et  le  i8  courant  je  voyais  éclore  les  premiers  in- 
sectes ailés. 

»  Ici  le  phénomène  inverse  de  celui  de  l'année  passée  s'est  présenté;  ces 
insectes  abandonnent  la  plante  où  ils  ont  vécu  jusqu'alors,  ils  partent,  et 
le  20  mai  (à  MontpeUier),  on  trouve  sous  toutes  les  feuilles  du  chêne  blanc 
cet  émigrant  de  mes  garrigues. 

»  On  me  dira  peut-être  que  je  me  trompe  et  que  ce  n'est  pas  la  même 
espèce.  Voici  comment  j'ai  procédé  pour  m'en  convaincre.  J'ai  entouré  les 
chênes  kermès  d'un  manchon  de  mousseline  vers  le  soir.  Aux  premières 
heures  du  jour,  j'ai  trouvé  tout  le  côté  du  manchon,  du  côté  du  soleil,  grouil- 
lant de  Phylloxéras  ailés.  J'ai  transporté  mon  manchon  sur  une  branche 
de  chêne  et  l'y  ai  fixé  du  soir  au  lendemain.  Là  le  contraire  a  eu  lieu,  les 
Phylloxéras  ont  quitté  la  mousseline  et  sont  venus  se  fixer  sous  les  feuilles 
du  chêne  blanc.  Ils  y  restent  depuis  ce  matin,  quoique  j'aie  enlevé  la 
mousseline  pour  les  laisser  libres  de  partir  s'ils  le  veulent;  mais  ils  n'ont 
pas  l'air  d'y  penser,  et  au  contraire  ils  pondent  des  masses  d'œufs  autour 
d'eux.  On  voit  qu'ils  sont  dans  leur  position  normale  et  régulière. 

»  Je  signale  donc  avec  confiance  ce  fait  unique,  je  crois,  en  entomologie, 
d'uu  insecte  commençant  sa  vie  sur  un  végétal  et  la  finissant  sur  un  autre. 
J'appelle  le  contrôle  de  tous  ceux  qui  sont  à  même  de  vérifier  mes  asser- 
tions, et  je  continue  mes  observations  en  plein  air  pour  tâcher  de  combler 
les  lacunes  qui  existent  encore  dans  l'histoire  du  Phylloxéra  de  la  vigne. 
Celle  du  Phylloxéra  du  chêne  me  paraît  complète  aujourd'hui 

»  Depuis  les  parents  sexués  qui  offrent  deux  formes,  ou  plutôt  même 
depuis  les  insectes  ailés  androphores  et  gynéphores,  porteuïs  des  pupes 
sexuées,  nous  aurions  donc  les  formes  suivantes  : 

»    1°  Insecte  ailé  de  septembre,  gynéphore  et  androphore,  deux  formes; 

»   1"  Pupes  de  deux  grandeur  ; 

>.    3°  Insecte  aptère  sexué  et  sans  roslrc,  deux  formes; 

»  4°  OEufs  uniques  ; 

»   5°  Jeune  de  cet  œuf  (non  dessiné  ni  conservé); 

»   6°  Adulte  dudit,  mère  fondatrice  à  très-gros  tubercules; 

»   'j°  OEufs  de  ladite  (i5o  à  200)  ; 

»  8"  Jeune  de  ces  œufs  lisse; 

»  g"  Adulte  desdits  à  tubercules; 

))    10°  Nymphes  de  deux  formes,  ovale  et  rétrécie,  différant  d'agilité; 


(  i3o4  ) 

1)    11°  Insecte  ailé  émigranl  sur  le  chêne  blanc; 
»   12°  OEufs  dudif,  5o  à  loo  épars  sur  les  feuilles. 

»  Donc  douze  formes,  dont  cinq  doubles  sur  le  chêne  kermès,  et  je  ne 
sais  pas  au  juste  combien  à  partir  de  ce  jour  jusqu'en  septembre.  » 

M.  J.-B.  Fecvrier  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Larrey,  une  «  Étude 
météorologique  sin-  le  plateau  de  Cottigné  (Monténégro).  Observations 
journalières  de  l'année  1874  «• 

(Commissaires  :  MM.  Cb.  Sainte-Claire  Deville,  d'Abbadie, 
Yvon  Villarceau). 

M.  Chardon  adresse,  à  l'occasion  de  la  Note  de  M,  Tresca  sur  la  loco- 
motive de  M.  Fortin,  une  réclamation  de  priorité  accompagnée  d'un 
dessin. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M™*  Albk,  mm.  Aïxiator,  A.  Chirio,  Creissac,  F.  Miciiacd  et 
L.  Sellier  adressent  des  Communications  relatives  au  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  Alpii.  Guérin  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  parmi 
les  Mémoires  adressés  au  Concours  des  prix  de  Médecine  et  Chirurgie 
les  deux  Notes  qu'il  a  lues  sur  sa  méthode  de  pansement. 

(Renvoi  au  Concours  de  Médecine  et  Chirurgie.) 

L'Académie  reçoit,  pour  les  Concours  dont  le  terme  est  fixé  au  i*'' juin, 
outre  les  ouvrages  mentionnés  au  Bulletin  bibliographique,  les  travaux 
dont  l'indication  suit  : 

GRAND  PRIX  DKS  SCIENCES  MATHÉM.\TIQUES.  (Étudier  l'élasticité  des  corps 
cristallisés  an  double  point  de  vue  expérimental  et  théorique.) 

Anony.we.  —  Mémoire  manuscrit  portant  pour  épigraphe  :  «  Les  lois  na- 
turelles qui  nous  sont  inconnues  sont  d'une  telle  simplicité,  etc.  ". 

CONCOURS   MONTYON    (MÉDECINE   ET    CHIRURGIE). 

MM.  Laskowski  et  Brissald.   —    «   Nouveau  procédé  d'injection   des 


(   i3o5  ) 
sujets  destinés  aux  dissections  et  de  conservation  des  pièces  anatoniiques 
et  anatoiiio-pathologiqnes  ».  Mémoire  manuscrit. 

M.  G.  HoMOLLE.  —  «  Des  scrofides  graves  de  la  muqueuse  bucco-pha- 
ryngienne  ».  Ouvrage  accompagné  d'une  Note  manuscrite. 

CONCOURS    MOISTYON    (ARTS    INSALURRES). 

M.  L.  Devayrouse.  —  Mémoire  manuscrit  avec  planches  :  «  Appareils 
destinés  à  faire  vivre  dans  une  atmosphère  irrespirable  ». 

CONCOURS    MONTYON    (STATISTIQUE). 

M.  R.  Ricoiix.  —  «  Sur  l'acclimatement  des  Français  en  Algérie  ». 
Ouvrage  accompagné  d'une  analyse  manuscrite. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instrcction  pitbuque  adresse  une  Lettre  dans  la- 
quelle il  fait  savoir  que  le  Président  de  la  République  vient  d'instituer  un 
Conseil  supérieur  des  Beaux-Arts,  où  doit  entrer  un  Membre  de  l'Académie 
des  Sciences.  Il  invite  l'Académie  à  lui  présenter  un  candidat  choisi  parmi 
les  Membres  qui  s'occupent  de  Chimie. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Une  traduction,  par  M.  Krafft,  de  l'ouvrage  de  M.  Selht,  intitulé  :  «  Con- 
ditions de   l'industrie  des  mines  dans  l'ile  de  Sardaigne  ». 

C'est  à  titre  de  député  que  M.  Sella,  alors  Ministre  des  Finances,  a  été 
appelé  à  faire  au  Parlement  italien  un  Rapport  sur  celte  contrée,  si  favo- 
risée par  la  richesse  de  ses  gîtes  métallifères.  Après  avoir  fait  l'historique 
de  l'industrie  minière  de  la  Sardaigne,  qui  remonte  à  une  antiquité  très- 
reculée,  l'auteur  examine  les  conditions  actuelles  de  cette  industrie,  y  com- 
pris tous  les  faits  géologiques  qui  s'y  rapportent.  Il  termine  en  examinant 
les  mesures  qu'il  y  a  lieu  de  prendre  pour  obvier  aux  grandes  iHîficidtés 
contre  lesquelles  doit  lutter  l'industrie  minière,  l'une  des  plus  puissantes 
causes  des  progrès  que  la  Sardaigne  est  appelée  à  f:iire.  L'auteur  a  réuni 
et  très-clairement  coordoiuié  tous  les  documents  que  l'on  possédait  sur  le 
sujet,  à  la  fois  scientifique  et  économique,  qu'il  avait  à  traiter.  En  lisant 
cet  exposé  plein  d'intérêt,  les  géologues  reconnaîtront  que  de  hautes  lonc- 

C.R.,  1875,  i"'  Semeitre.  (T.  LXXX,  N»20.)  1% 


(  i3o6  ) 
lions  politiques,  en  éloignant  M.  Sella  de  la  carrière  d'ingénieur  des  mines, 
dans  laquelle  il  a  débuté,  ne  lui  ont  pas  fait  oublier  les  recherches  scien- 
tifiques par  lesquelles  il  s'est  fait  connaître  tout  d'abord  comme  un  miné- 
ralogiste des  plus  distingués. 

M.  JoBERT,  sur  le  point  d'aller  au  Brésil,  informe  l'Académie  qu'il  se 
met  à  sa  disposition  pour  les  recherches  botaniques  ou  zoologiques  dont 
elle  jugera  à  propos  de  le  charger. 

(Renvoi  aux  Sections  d'Anatomie  et  Zoologie  et  de  Botanique.) 

M,  E.  Decroix  adresse  une  Lettre  dans  laquelle  il  annonce  que  la 
Commission  militaire  de  la  Rage  s'offre  pour  expérimenter  les  remèdes 
adressés  à  l'Académie. 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  Robin,  Bouley.) 

CHIMIE.  —  Sur  quelques  réactions  des  sels  de  chrome.  Note  de  M.  A.  Etard, 

présentée  par  M.  Cahours. 

«  On  ne  connaît  pas  jusqu'à  présent  de  réactions  qui  permette  de  trans- 
former instantanément  et  à  volonté  les  sels  de  sesquioxyde  de  chrome 
d'une  modification  dans  une  autre. 

»  Les  sels  verts  ne  deviennent  violets  sous  l'influence  de  l'acide  azotique 
qu'au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long.  Divers  réactifs  permettent  d'ob- 
tenir un  résultat  immédiat.  Les  sels  verts  passentau  violet  carmin  dès  qu'on 
les  additionne  à  froid  d'une  petite  quantité  d'azotite  de  potasse.  La  teinte 
carminée  qui  se  développe  au  moment  du  mélange  des  deux  dissolutions, 
et  qui  ressemble  à  celle  des  composés  amidochromiques,  disparaît  peu  à 
peu  pour  faire  place  au  bleu  violet  qui  a  l'alun  de  chrome  pour  type. 

»  Le  sulfocyanure  de  potassium  produit,  mais  plus  lentement,  les  mêmes 
phénomènes  Enfin  les  dissolutions  de  chrome  vertes  précipitées  par  la  po- 
tasse donnent  un  hydrate  vert  insoluble  dans  l'ammoniaque,  lequel  en  se 
dissolvant  dans  l'acide  acétique  un  peu  concentré  prend  une  couleur  carmin 
violet;  dans  ce  cas  la  teinte  carminée  ne  passe  pas  au  violet  bleu  avec  le 
temps. 

»  Les  sels  violets  deviennent  vert  clair  en  quelques  secondes  à  froid,  sous 
l'uifiiience  des  arséniates  ou  de  l'acide  arsénique  libre  ;  ils  ne  peuvent  jilus 
revenir  au  violet  par  les  azotites.  L'azotate  d'argent  ne  précipite  pns  l'acide 
arsénique  de  ces  sels. 


(  i3o7  ) 

»  Les  réactions  colorées  indiquées  ci-dessus  peuvent  se  répéter  d'une 
façon  très-nette  en  remplissant  aux  trois  quarts  un  tube  à  essai  un  peu 
large  d'une  dissolution  étendue  de  chlorure  de  chrome  vert;  on  ajoute  4 
ou  5  centimètres  cubes  d'azotite  de  potasse,  et  l'on  donne  une  secousse  :  la 
liqueur  devient  violet  carmin.  En  portant  au  fond  du  tube  un  peu  d'arsé- 
niate  avec  une  pipette,  et  en  soufflant  avec  précaution  pour  le  mélanger,  la 
partie  inférieure  du  tube  se  colore  en  vert  clair. 

»  Lœwel  admet  quatre  modifications  de  l'hydrate  de  chrome:  deux  vertes, 
une  violet  carmin  et  une  violet  bleu;  la  couleur  et  les  propriétés  des  sels 
transformés  par  lesazotites  et  les  arséniates  s'accordent  avec  cette  manière 
de  voir.  Le  sel  violet  carmin  obtenu  par  l'azotite  donne  avec  la  potasse  un 
précipité  gris  insoluble  dans  l'ammoniaque,  ce  qui  le  distingue  nettement 
du  sel  violet  bleu  ordinaire.  Le  sel  vert  clair  obtenu  par  les  arséniates  a  la 
propriété  non  moins  caractéristique  de  donner  par  la  potasse  un  précipité 
insoluble  dans  l'acide  acétique  et  solubleen  violet  bled  dans  l'ammoniaque; 
c'est  là  une  réaction  diamétralement  opposée  à  celle  des  sels  vert  foncé  ordi- 
naires. 

M  Ces  observations  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  Cahours,  à  l'Ecole 
Polytechnique.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  campliènes.  Note  de  M.  J.Riban, 
présentée  par  M.  Balard. 

«  Les  premiers  camphènes,  carbures  solides,  cristallisés,  C'^H'*,  ont 
été  découverts  par  M.  Berthelot. 

)!  A.  —  Du  CAMPHÈNE  ACTIF  LÉVOGYRE.  —  M.  Berthelot  le  prépare  en 
chauffant  le  chlorhydrate  de  térébenthèiie,  C'"H'°,  HCl,  avec  du  savon  ou 
un  stéarate  alcalin.  J'ai  dû  modifier  un  peu  ce  procédé  pour  le  rendre  plus 
pratique,  en  opérant  plus  en  grand.  Malgré  ces  modifications,  ce  mode 
d'opérer,  dont  j'ai  fait  souvent  usage,  est  fort  long,  pénible  et  sujet  à  quel- 
ques accidents,  qu'on  ne  saurait  énumérer  brièvement. 

»  f^'étude  générale  des  chlorhydrates  C'"H"',  HCl  m'a  montré  que  l'on 
pouvait  trouver  dans  l'action  des  alcalis  libres  un  moyen  de  préparer  ce 
camphène.  Le  chlorhydrate  de  térébenthène  n'est  pas,  suivant  M.  Ber- 
thelot, sensiblement  attaqué  parla  potasse  alcoolique.  Je  me  suis  assiné, 
au  contraire,  que  ce  réactif  élimine  la  totalité  de  l'acide  chlorhydrique. 

»  Pour  préparer  de  la  sorte  le  camphène  actif,  je  chauffe  le  chlorhydrate 
de  térébenthène,  en  vase  clos,  avec  son  poids  environ  de  potasse  caustique 

169.. 


(  i3û8  ) 

et  3  ou  4  fois  son  poids  d'alcool  à  94  degrés.  La  durée  de  la  chauffe  est  de 
soixante-quinze  heures.  L'opération  est  effectuée  dans  des  tubes  scellés  ou 
dans  un  autoclave  de  cuivre.  La  niasse  est  traitée  par  l'eau;  le  camphène 
surnage,  on  le  lave  et  on  le  distille  pour  le  débarrasser  de  traces  de  produits 
liquides  supérieurs  à  son  point  d'ébullition.  Il  est  alors  comprimé  et  frac- 
tionné. C'est  là  le  seul  procédé  pratique  pour  obtenir  rapidement,  dans 
les  laboratoires,  des  quantités  considérables  de  camphène  très-pur. 

»  Propriétés.  —  i"  Point  d'ébullition  et  defusion.  —  Le  camphène  pré- 
sente une  odeur  fade  toute  spéciale  qui  n'a  rien  de  camphré.  Celui  que  l'on 
prépare  avec  le  stéarate  sent  les  acides  gras  surchauffés.  Il  bout  d'une  fa- 
çon constante  à  i56-i  Sy  degrés  (corrigé);  il  fond  de  45  à  47  degrés. 

))  2°  Densité.  —  La  détermination  exacte  de  la  densité  à  l'état  solide  de 
ce  corps,  mou  et  plus  léger  que  l'eau,  est  à  peu  près  impraticable,  mais  elle 
peut  être  effectuée  sur  le  corps  liquéfié  entre  48  et  100  degrés.  Les  résul- 
tats de  l'expérience  sont,  sous  cet  état,  comparables  aux  déternunations 
que  nous  avons  déjà  effectuées  sur  trois  carbures  liquides  isomériques.  Ils 
sont,  pour  le  camphène,  représentés  par  une  ligne  droite  : 

Df  =  o,  8881  —  0,000839  ^' 

qui  fournit  de  20  en  20  degrés,  aux  températures  60,  80,  100  degrés,  les 
densités  respectives  0,83^8;  0,8210;  0,8042. 

»  3"  Pouvoir  rokuoire.  —  Le  pouvoir  rotatoire  du  camphène  actif,  lévo- 
gyre,  est  sensiblement  le  même  pour  le  corps  préparé  avec  le  stéarate  de 
soude  ou  avec  la  potasse  alcoolique;  il  varie,  en  dissolution  dans  l'alcool 
absolu,  avec  la  dilution;  je  l'ai  déterminé  en  fonction  de  cette  dernière.  En 
désignant  par  e  le  poids  du  dissolvant  contenu  dans  100  parties  de  la  solu- 
tion alcoolique,  ce  pouvoir  a  pour  expression 

[«]B  =  53°,8o-o,o3o8if(i). 

»  Cette  équation  montre  que  le  pouvoir  rotatoire  du  camphène  décroît 
à  mesure  que  le  poids  relatif  du  dissolvant  augmente,  comme  Biot  l'a  établi 
pour  le  camphre  des  Laurinées. 


(i)  J'ai  proposé  {JBuil.  de  la  Suc.  chim.,  t.  XXII,  p.  492))  pour  faire  cesser  des  confu- 
sions regrettables  qui  se  sont  déjà  produites,  de  désigner  les  pouvoirs  rotatoires,  déterminés 
avec  les  appaieils  Cornu  et  Wilde,  éclairés  par  la  flamme  monocliromalique  du  sodium  et 
exclusivement  cm])loyés  aujourd'hui,  j)ar  le  symbole  [a]u  rappelant  la  raie  D  du  sodium, 
et  de  réserver  le  symbole  [a]y  pour  les  déterminations  effectuées  avec  les  appareils  à  teinte 
sensible  dont  la  longueur  d'onde  est  complètement  différente. 


{  i3o9  ) 

»  Comment  désigner  le  pouvoir  rotatoire  du  campbène  et  des  corps 
nombreux  vaiiant  avec  la  dilution?  La  discussion  de  l'équation  ci-dessus 
n)ontre  que  si  l'on  fait  e  =  o,  c'est-à-dire  la  quantité  du  dit.solvant  deve- 
nant nulle,  il  vient  [«]j,=  53°, 80,  qui  représente  le  pouvoir  du  corps  sous 
l'état  physique  dans  lequel  il  se  trouve  dans  la  dissolution,  élimination  faite 
du  dissolvant. 

»  Je  proposei'ai  de  prendre  cette  valeur  comme  expression  du  pouvoir 
rotatoire;  on  la  désignerait  sous  le  nom  de  pouvoir  rolaloire  /(Hî/Ze^qui  a  un 
sens  précis  et  défini,  si  l'on  indique  la  naîine  du  dissolvant. 

»  En  résumant  ce  qui  a  trait  aux  propriétés  physiques  du  camphène 
actif,  on  voit  :  i°que  ce  carbure  solide  a  le  même  point  d'ébullilion  que 
ses  isomères  liquides,  le  térébenihène  et  le  térébène  ;  il  bout  à  19  de- 
grés plus  bas  que  le  /3- isotérébenthène;  2°  que  la  densité  du  camphène 
considéré  sous  l'état  liquide  est  plus  forte  que  celle  de  tous  les  autres  iso- 
mères liquides  déjà  décrits;  3°  que  son  pouvoir  rotatoire  est  de  même  sens 
et  plus  grand  que  celui  du  térébenthcnc  générateur. 

»  Monoclilorhydrale  de  camphène,  C"'H"'HCl.  —  H  n'a  été  que  signalé 
par  M.  Bertbelot,  qui  a  montré  que  son  pouvoir  rotatoire  est  en  sens  in- 
verse de  celui  du  camphène. 

»  Pour  préparer  ce  chlorhydrate,  on  dissout  100  parties  de  carbure  dans 
i5o  parties  environ  d'alcool  absolu  et  l'on  sature  par  le  gaz  chlorhydrique; 
le  corps  formé,  moins  soluble,  cristallise.  Son  pouvoir  rotatoire  est 
[«]d=  +  3o°,25.  Après  compression  et  dessiccation,  il  ne  présente  pas  la 
composition  théorique;  on  trouve  une  diminution  dans  le  chlore  et  un 
excès  correspondant  de  carbone.  C'est  que  ce  corps  éprouve,  comme  nous 
l'avons  établi  pour  le  chlorhydrate  de  térébène,  un  commencement  de  dis- 
sociation moins  intense  que  pour  ce  dernier.  On  n'obtient  le  composé  avec 
la  composition  théorique  qu'en  le  sublimant  eu  vase  clos  au  sein  du  gaz 
chlorhydrique. 

»  Ij'eau,  à  la  température  ordinaire,  décompose  lentement  le  chlorhy- 
drate de  camphène,  l'acide  chlorhydrique  passe  dans  les  eaux  de  lavage; 
mais  cette  décomposition  est  bien  moins  rapide  que  celle  du  chlorhydrate 
de  térébène.  Les  quantités  de  HCl  perdues  par  le  chlorhydrate  du  camphène 
et  celui  du  térébène  sont  comme  i  :  3  environ.  Chauffé  à  100  degrés  en 
vase  clos,  avec  5o  fois  son  poids  d'eau,  durant  quatre-vingt-dix  heures  en- 
viron, le  chlorhydrate  de  camphène  perd  la  totalité  de  son  acide  chlorhy- 
drique avec  régénération  de  camphène;  il  ne  se  forme  que  des  traces  de 
composés  oxygénés,  sans  l'hydrate  de  camphène.  Le  pouvoir  rotatoire  du 


(   i3io  ) 
carbure  régénéré  n'est  plus  que  [a]^  =  —  8°,5,  alors  que  celui  du  cam- 
phène  initial  était  [a]j,=  —  5i°,5.  Cette  perte  de  pouvoir  est  due  à  l'action 
modificatrice  de  l'acide  chlorhydrique  prenant  naissance  dans  la  réaction. 
La  potasse  alcoolique  régénère  également  du  camphène. 

»  Le  point  de  fusion  du  chlorhydrate  de  camphène  sublimé  dans  HCl, 
et  déterminé  dans  une  atmosphère  de  ce  gaz  s'opposant  à  la  dissociation 
du  produit,  est  constant  et  situé  à  147  degrés. 

»  B.  —  a-CAMPHÈNE  INACTIF.  —  Il  se  forme,  suivant  M.  Berthelot,  mé- 
langé de  camphène  actif  inséparable,  lorsqu'on  chauffe  le  monochlorhy- 
drite  de  térébenthène  avec  le  benzoate  de  soude. 

»  Je  suis  parvenu  à  obtenir  le  carbure  réellement  inactif,  en  faisant 
usage  d'un  sel  alcalin  à  acide  convenablement  énergique,  l'acide  acétique. 
Ces  acétates  engendrent  du  camphène  contrairement  à  l'opinion  reçue.  On 
chauffe  le  monochlorhydrate  de  térébenthène  avec  2  fois  son  poids  d'acétate, 
de  potasse  ou  de  soude  fondus  et  pulvérisés;  le  mélange  introduit  dans  des 
ballons  à  long  col,  surmontés  d'un  large  tube  droit,  est  chauffé  à  170  de- 
grés durant  quatre-vingts  heures  environ.  Au  bout  de  ce  temps,  la  masse 
est  distillée;  le  produit  recueilli  reste  liquide  :  1"  parce  qu'il  se  forme  une 
assez  grande  quantité  de  carbure  liquide,  térébène;  2°  parce  que  le  cam- 
phène corps  solide  est  soluble  à  la  fois  dans  ce  carbure  et  dans  l'acide  acé- 
tique engendré  dans  la  réaction.  On  lave  la  matière  à  chaud  avec  des  al- 
calis, puis  avec  de  l'eau;  le  produit  surnageant  cristallise  en  une  niasse 
imprégnée  de  liquide  que  l'on  exprime.  La  partie  liquide  soumise  à  des 
fractionnements  et  des  congélations  systématiques  de  ses  diverses  portions 
fournit  encore  du  camphène  inactif.  On  est  souvent  obligé  de  renouve- 
ler les  chauffes  avec  l'acétate  de  soude  pour  le  débarrasser  complètement 
de  chlorhydrate  et  de  pouvoir  rotatoire. 

»  Le  camphène  inactif  possède  toutes  les  propriétés  du  corps  actif;  il 
bout  à  167  degrés  (corrigé),  fond  à  47  degrés.  Son  monochlorhydrate 
présente  à  l'analyse  les  mêmes  pertes  de  chlore  déjà  constatées  pour  l'actif. 
Il  se  décompose  par  l'eau,  la  potasse  alcoolique,  etc.,  etc.  Il  est  im- 
possible de  trouver  la  plus  légère  différence  chimique  entrecescorps.il 
fond  dans  le  gaz  chlorhydrique  sous  légère  pression  à  i45  degrés  (cor- 
rigé). 

C.  —  j^-CAiMPHÈNE  INACTIF.  —  J'ai  donné  ce  nom  au  carbure  solide 
qui  prend  naissance  lor.squ'on  traite  le  chlorhydrate  de  térébène  par  l'eau 
froide;  mais  cette  réaction,  qui  présente  un  certain  intérêt,  ne  peut  servir 


(  i3ii  ) 
à  en  préparer  des  quantités  notables.  Je  l'obtiens  en  chauffant  le  chlorhy- 
drate de  térébèneà  i8o  degrés  pendant  trente  heures,  avec  5  fois  son  poids 
de  stéarate  de  soude.  Le  produit  dislillé  est  liquide,  jjarce  qu'il  se  régé- 
nère une  grande  quantité  de  térébène,  jouissant  d'un  pouvoir  dissolvant 
considérable  pour  le  carbure  solide.  On  isole  ce  dernier  par  des  distilla- 
tions et  des  congélations  systématiques. 

»  Ce  carbure  présente  tous  les  caractères  des  autres  camphènes  :  il  est 
inactif  comme  le  chlorhydrate  de  térébène  qui  lui  donne  naissance,  bout  à 
iSy  degrés  (corrigé),  fond  à  45  degrés.  Son  chlorhydrate  présente,  sous  l'in- 
fluence des  divers  agents,  les  mêmes  réactions  que  ceux  des  camphènes 
précédents  ;  il  fond  dans  le  gaz  chlorhydrique  à  147  degrés. 

»  Le  |3-camphène  inactif  est  très-probablement  isomérique  avec  Va- 
camphène  inactif  ;  car  il  dérive  du  chlorhydrate  de  térébène  qui  n'a  rien  de 
commun  avec  celui  de  térébenlhèue.  Il  paraît  moins  stable  que  l'a  inactif. 
En  effet,  par  l'action  du  stéarate  de  soude,  il  passe,  à  l'état  naissant,  pour 
une  bonne  partie,  au  type  liquide  térébène,  transformation  qui  n'est  effec- 
tuée pour  les  autres  que  sous  des  influences  plus  énergiques. 

»  D.  —  BORNÉO-CAMPHÈNE.  —  C'est  un  carbure  cristallisé  que  j'ai  dérivé 
du  camphre  des  laurinées.  Il  présente,  par  ses  propriétés  et  celles  de  ses 
combinaisons,  les  mêmes  caractères  que  les  corps  exaujinés  ci-dessus.  Nous 
aurons  occasion  de  revenir  sur  ce  sujet.  « 

ANALYSE  CHIMIQUE.  —  Sur  une  réaction  du  sulfure  de  carbone.  Passage  du 
sulfure  de  carbone  à  l'acide  sulfocyauhjdrique.  Note  de  MM.  C.  Saint- 
Pierre  et  G.  Jeaxxel. 

«  La  question  de  la  diffusion  du  sulfure  de  cai'bone  et  des  sulfocarbo- 
nates  au  sein  d'une  masse  de  terre  nous  paraît  être  un  problème  intéressant 
dans  l'étude  de  l'emploi  de  ces  composés  contre  le  Phylloxéra.  En  nous 
occupant  de  cette  question,  nous  avons  été  arrêtés  par  la  dilficulté  de  con- 
stater la  présence  du  sulfure  de  carbone  dans  un  point  quelconque  du  sol. 
I^'odeur  de  ce  composé  est  caractéristique,  mais  on  sait  combien  cette  réac- 
tion devient  incertaine  quand  on  manipule  cette  substance  et  que  l'on  s'est 
habitué  à  son  odeur.  Nous  avons  dû  rechercher  une  réaction  chimique  bien 
déterminée. 

»  Nous  avons  pensé  à  transformer  le  sulfure  de  carbone  en  un  com- 
posé sulfocyanhydrique  de  potassium,  par  exemple,  qui  donne  avec  les 
sels  ferriques  une  coloration  si  remarquable.  Nous  avons  mis  en  présence 
les  éléments  suivants  :  nitrates  d'ammoniaque  et  de  potasse,  nitrite  de  po- 


(    l3l2    ) 

fasse,  sulfures  alcalins,  seuls  ou  réunis.  Voici  les  résultats  de  ces  expé- 
riences : 

Première  série  (mars  1875),  en  tubes  scellés,  chauffés  à  l'étuve  à  -f-  So"  ou  55°  pen- 
dant trois  jours. 

A.  Nitrate  de  potasse  et  sulfure  de  carbone.  Pas  de  réaction. 

B.  Nitrate  de  potasse,  sulfure  de  potassium  et  sulfure  de  carbone.  Pas  de  sulfocyanure  ; 

précipité  gi>latineux  gris  verdâtre  par  l'action  des  sels  ferriques. 

C.  Nitrate  d'ammoniaque,  potasse  et  sulfure  de  carbone.  Production  considérable  de  sulfo- 

cyanure de  potassium. 

D.  Nitrate  d'ammoniaque,  sulfure  de  potassium  et  sulfure  de  carbone.   Produclion  assez 

notable  de  sulfocyanure. 

»  Pour  déceler  les  coiuposés  siilfocyanhydriques,  nous  évaporons  à  sic- 
cilé,  nous  saturons  l'alcali  par  un  acide.  Le  tout,  dissous  dans  l'eau,  est 
versé  dans  une  solution  étendue  de  perchlorure  de  fer.  S'il  se  forme  un  pré- 
cipité, nous  ajoutons  au  réactif  un  très-léger  excès  d'acide. 

Deuxième  série  (mai  iSyS),  en  tubes  ouverts,  chauffés  à  -(-  25°  pendant  un  quart  d'heure, 
puis  mis  au  bain-marie  à  100  degrés  jusqu'à  disparition  du  sulfure  de  carbone  : 

E.  Nitrate  d'ammoniaque,  potasse  et  sulfure  de  carbone  (même  essai  qu'en  C).  La  masse 

jaunit  bientôt;  production  de  sulfocyanure. 

F.  Nitrate  d'ammoniaque  et  sulfure  de  carbone.  Pas  de  réaction. 

G.  Ammoniaque  et  sulfure  de  carbone.  Formation  de  sulfocyanure. 

II.  Ammoniaque,  sulfure  de  carbone  et  potasse.  Production  de  sulfocyanure. 

I.  Nitrate  d'ammoniaque,  potasse  et  sulfure  de  carbone  (même  essai  qu'en  C  et  en  E).  A  la 
température  du  laboratoire,  au  bout  d'une  demi-heure,  production  de  sulfocyanure. 

J.  Nitrite  de  potasse  et  sulfure  de  carbone.  La  masse  jaunit,  mais  il  n'y  a  pas  de  sulfocya- 
nure produit. 

»  III.  Il  résulte  des  expériences  ci-dessus  que  le  sidfure  de  carbone,  en 
présence  :  i°de  l'ammoniaque  seule,  1°  du  nilrate  d'ammoniaque  et  delà 
potasse,  3°  du  nilrate  d'ammoniaque  et  dti  sulfure  de  potassitun,  donne 
lieu  soit  à  chaud,  soit  à  froid,  soit  en  tube  ouvert,  soit  en  tube  scellé,  à 
une  production  de  sulfocyanure  caractérislique.  » 

M.  DtJMAs  rappelle,  à  cette  occasion,  que  la  réaction  signalée  par 
MM.  Saint-Pierre  et  Jeannel  est  bien  connue  des  chimistes.  Non-seule- 
ment elle  a  élé  sotivent  mise  à  profit,  au  point  de  vue  analytique,  au  labo- 
ratoire de  M.  Diunas,  avec  les  modifications  nécessaires  pour  les  analyses 
qtianlilatives,  mais  elle  avait  servi,  depuis  longteiups,  à  M.  Gélis  à  fabriquer 
industrieileiiient  des  quantités  importantes  de  feri-ocyanures  au  moyen  des 
sulfocyaiuires  ainsi  produits. 


(  .3i3) 

M.  Cl.  Bernard,  en  présentant  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  le  D'  Jour- 
danet,  un  ouvrage  en  deux  volumes,  intitulé  :  «  Influence  de  la  pression  de 
l'air  sur  la  vie  de  l'homme  »,  s'exprime  ainsi  : 

o  Dans  ce  livre,  édité  avec  luxe,  M.  Jourdanet  résume  et  complète  les 
études  qu'il  avait  déjà  publiées  sur  le  Mexique,  relativement  à  l'influence 
de  la  pression  de  l'air  sur  la  vie  de  l'homme  sain  et  malade.  M.  Jourdanet, 
suivant  la  méthode  de  la  science  moderne,  a  voulu  demander  à  la  Physio- 
logie expérimentale  l'explication  des  faits  que  lui  avait  révélés  l'observation 
médicale.  C'est  ainsi  que  son  travail  se  lie  essentiellement  avec  les  impor- 
tantes recherches  de  M.  Paul  Bert  sur  le  même  snjet.  Une  des  principales 
conclusions  de  l'ouvrage  de  M.  Jourdanet  est  que,  sur  les  altitudes  dépas- 
sant 2000  mètres,  dans  les  pays  intertropicaux,  la  marche  des  maladies  et 
l'aspect  général  de  l'homme  sain  révèlent  la  constance  d'une  hématose, 
affaiblie  par  suite  d'une  oxygénation  incomplète  du  sang  artériel.  » 

M.  Cl.  Bernard  présente  un  ouvrage  sur  l'organogénie,  de  M.  Campana, 
contenant  une  étude  sur  la  respiration  des  Oiseaux,  et  une  monographie  de 
V appareil  respiratoire  du  Poulet. 

«  Ce  Livre,  dit  M.  Cl.  Bernard,  expose  les  découvertes  de  l'auteur  sur 
la  splanchnologie  des  Oiseaux.  Suivant  lui,  elles  prouveraient  qu'entre 
les  Mammifères  et  les  Reptiles  d'un  côté,  et  de  l'autre  côté  les  Oiseaux,  il 
n'existe  ni  unité  de  plan  de  composition,  ni  possibilité  d'une  commune  ori- 
gine dans  les  temps  géologiques.  Je  me  borne  à  présenter  le  travail  impor- 
tant de  M.  Campana,  à  le  signaler  à  l'attention  des  savants  dont  il  met  les 
doctrines  en  cause  par  de  nouveaux  moyens. 

»   L'ouvrage  est  destiné  à  concourir  pour  le  Prix  Serres.  » 

M.  le  général  Morin,  en  présentant  la  2*  livraison  du  tome  VI  de  la 
Revue  d'Artillerie,  publiée  par  ordre  du  Ministre  de  la  Guerre,  s'exprime 
comme  il  suit  : 

«  La  2''  livraison  du  tome  VI  de  la  Revue  d'Jrtillerie  contient  une  Note 
de  M.  le  capitaine  Castan,  adjoint  à  la  poudrerie  du  Bouchet,  dans  laquelle 
cet  habile  officier  compare  les  effets  des  poudres  ordinaires  en  grains  em- 
ployées dans  les  bouches  à  feu,  sous  la  forme  de  rondelles  comprimées,  à 
ceux  des  poudres  en  gros  grains  d'une  densité  supérieure. 

M  La  seule  remarque  qu'au  point  de  vue  scientifique  on  croie  utile  de 
faire,  au  sujet  de  cette  étude  plus  spécialement  importante  à  celui  du  ser- 

C.R.,  iS'jD,  t"^  Semestre.   (T.  LXXX,  N"  20.  I  70 


(  i3i4  ) 
vice,  c'est  qu'elle  montre,  une  fois  de  plus,  la  grande  influence  qu'exercent 
sur  les  effets  balistiques  les  procédés  de  fabrication,  indépendamment  des 
proportions  du  dosage  et  par  conséquent  des  quantités  de  chaleur  déve- 
loppées. 

»  M.  le  capitaine  Jouart,  qui  avait  donné,  pour  le  cinquième  volume  de 
la  Revue,  une  description  des  appareils  employés  à  Turin,  par  M.  le  colonel 
Rosset,  de  l'artillerie  italienne,  dans  ses  belles  recherches  intitulées  :  Espe- 
rienze  meccaniclie  siilla  resislenza  clei  principali  melalli  da  bocche  di  fuoco,  a  ré- 
sumé, par  une  analyse  faite  avec  beaucoup  de  soin,  les  principaux  résul- 
tats des  nombreuses  expériences  du  savant  officier  italien. 

»  M'étant  moi-même  occupé  de  l'examen  de  ces  expériences  dans  un  tra- 
vail que  je  ferai  insérer  aux  Annales  du  Conservatoire,  je  me  bornerai  au- 
jourd'hui à  indiquer  les  trois  résultats  importants  pour  l'étude  théorique 
et  expérimentale  des  questions  relatives  à  la  résistance  des  matériaux,  que 
signale  l'auteur,  et  qui  sont  d'ailleurs  d'accord  avec  les  faits  observés  quel- 
que temps  auparavant  au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers  par  M.  Tresca. 

»  1°  Quand  un  solide  a  été  soumis  à  des  efforts  de  tension  ou  de 
flexion  sous  l'action  desquels  son  élasticité  a  paru  s'altérer,  il  n'en  conserve 
pas  moins,  ou  à  très-peu  près,  dans  des  épreuves  ultérieures,  la  même  ré- 
sistance élastique. 

»  2°  Dans  les  expériences  faites  par  chargement  et  déchargement  suc- 
cessifs, pour  observer  les  lois  des  modifications  de  dimensions,  il  arrive  pour 
certains  corps,  et  en  particulier  pour  le  bronze,  que  la  matière  s'énerve  et 
n'offre  plus  à  la  rupture  la  même  résistance  que  si  les  efforts  exercés 
avaient  augmenté  avec  continuité  jusqu'à  la  dernière  limite.  Cela  montre 
combien  le  mode  d'expérimentation  peut  avoir  d'influence  sur  les  résultats 
et  explique  certaines  différences  qui  avaient  étonné  les  officiers  d'ar- 
tillerie. 

»  3"  Pour  les  alliages,  et  en  particulier  pour  le  bronze,  le  coulage  en  co- 
quille, en  déterminant  le  prompt  refroidissement  du  mêlai  et  en  s'opposant 
aux  effets  de  liquation,  assure,  beaucoup  mieux  que  le  coulage  en  terre, 
l'homogénéité  du  métal,  dont  il  augmente  en  même  temps  la  résistance  à  la 
rupture,  dans  la  proportion  d'environ  5o  pour  loo. 

»  M.  le  capitaine  Jouart  annonce  pour  un  autre  numéro  de  la  Revue 
la  suite  de  la  remarquable  analyse  qu'il  a  faite  du  travail  de  M.  le  colonel 
Rosset  et  l'on  ne  peut  que  le  féliciter  d'en  avoir  facilité  la  connaissance 
aux  officiers  de  son  arme  et  à  tous  ceux  qui  s'occupent  des  délicates  ques- 
tions relatives  à  la  résistance  des  matériaux.   » 


(  i3i5  ) 

M.  J.  Vixoï  adresse  un  Tableau  synoptique  qui  donne  à  simple  vue, 
pour  chaque  jour  de  l'année,  à  notre  époque,  la  différence  entre  le  midi 
des  cadrans  solaires  et  le  midi  des  horloges,  avec  une  approximation  d'un 
quart  de  minute. 

M.  Potier  adiesse  une  Note  sur  les  causes  de  la  démolition  si  fréquente 
des  jetées  maritimes,  et  indique  des  moyens  permettant  d'éviter  le  retour 
de  semblables  désastres. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  J.    B. 


BVI.LETI.V    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçbs  pendant  la  séance  dd  io  mai  iS^S. 

(suite.) 

Nouvelle  étude  du  cheval.  Cinésie  équestre  ou  équitalion  rationnelle  inédite 
basée  sur  le  piincipe  du  mouvement  de  locomotion  ;  par  E.  Debost  ;  2*  édition. 
Paris,  Dumaine,  1874»  in-8°. 

Dictionnaire  des  altérations  et  falsifications  des  substatices  alimentaires,  mé- 
dicamenteuses et  commerciales,  etc.;  par  M.  A.  Chevalier;  4*'  édition,  revue 
et  corrigée  en  collaboration  avec  M.  Er.  Baudrimont  .  Paris,  Béchet  et 
Labé,  1875  ;  i  vol.  in-S",  relié.  (Présenté  par  M.  Bouley,  pour  le  Concours 
aux  Arts  insalubres,  1875.) 

Annales  de  l'Observatoire  de  Moscou;  vol.  II,  i'''^  livraison.  Moscou, 
A.  Lang,  1875;  in-4°. 

The  principes  of  Chennslry  and  molecular  mechanics;  by  D'  G.  HlNRlCHS. 
Davenport,  lowa  (U.-S.),  Day,  Egbert,  Fidlar,  1874;  in-8°,  relié. 

Transactions  oj  the  national  Association  for  the  promotion  of  social  Science. 
Glascow  Meeting,  1874,  edited  by  Ch  Wager-Ryalls.  London,  Loiig- 
mans  Green,  1875;  in-8°,  relié. 

Primi  risultati  délie  osservazioni  fatte  in  Roma  ed  in  Rocca  di  Papa  salle 
oscillazioni  microscopiche  dei  pendoli.  Esperienze  e  ragioiuHiienli  del   cav. 


(  i3i6  ) 

prof.  M. -St.  DE  Rossi.  Roma,  tip.  délie  Scienze  tnatematiche  e  fisiche, 
iSyS;  111-4°.  (Eitratto  dagli  Jtti  deW  Accademia  pontificia  de  Nuovi  Lincei.) 
(Présenté  par  M.  d'Abbadie.) 

Atti  delta  Accadeinia  dei  Scienze,  Lettere  ed  Arli  di  Palermo;  niiova  série, 
vol.  IV.  Palermo,  1874  ;  in-4°.  (2  exemplaires.) 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  nn    17   mai   187$. 

Histoire  naturelle  des  Coléoptères  de  France;  par  MM.  E.  MuLSANT  et  Cl.  Rey  : 
Brévipennes {aléochariens)  [suite].  Paris,  Deyrolle,  1874;  in-S". 

Annales  de  la  Société  linnéenne  de  Lyon;  année  1874»  nouvelle  série, 
t.  XXI.  Lyon,  H.  Georg;  Paris,  J.-B.  Baillière  et  61s,    1875;  i  vol.  in-8°. 

(2  exemplaires.) 

Mémoires  de  In  Société  académique  de  Maine-et-Loire  ;  t.  XXIX  et  XXX. 
Angers,  P.  Lachèse,  1874;  i  vol.  in-8°. 

Précis  analytique  des  travaux  de  l' Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et 
Arts  de  Rouen  pendant  l'année  1873-1874.  Rouen,  imp.  H.  Boissel  ;  Paris, 
Derache,  i874;in-8° 

Annales  de  la  Société  d' Agriculture,  Histoire  naturelle  et  Arts  utiles  de  Lyon; 
4"  série,  t.  V,  1872;  t.  VI,  1873.  Lyon,  Pitrat;  Paris,  F.  Savy,  1873-1874; 
2  vol.  in-8°. 

Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  Douai.  Bulletin  agricole  de  l'arron- 
dissement de  Douai  ;  année  1874,  n°  2.  Douai,  L.  Crépin,  1874;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Beims,  1876,  t.  IX,  n°  43.  Reims,  Gé- 
rard et  Masson;  Paris,  Lacroix,  1875;  iiî-8°. 

Déparlement  de  Meurthe-et-Moselle .  Annales  de  la  Société  centrale  d' Agri- 
culture et  du  Comice  de  Nancy;  2*  série  du  Bon  Cultivateur,  t.  i",  1870-1873. 
Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault,  1874;  in-8''. 

Bulletin  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Toulouse;  8^  année,  1873- 
1874,  2"  et  3^  fascicule.  Paris,  Savy,  1874;  2  br.  in-8". 

Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux; 
1. 1,  2*^ série,  i"  cahier.  Paris,  Gauthier- Villars;  Bordeaux,  Chaumas-Gayet, 
1875;  in-S". 

(  A  suivre.  ) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  51  MAI  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  sulfines;  par  M.  A.  Cahoi'iis. 

«  Dans  deux  Notes  insérées  aux  Comptes  rendus  (  tome  LX,  p.  620 
et  II 47),  j'ai  fait  voir  que  le  sulfure  de  méthyle,  en  se  soudant  aux  iodines 
des  différents  radicaux  alcooliques,  molécule  à  molécule,  engendrait  une 
série  d'iodures  de  radicaux  dont  la  composition  entièrement  semblable 
variait  avec  la  nature  de  l'iodure  alcoolique  employé. 

»  Ces  composés,  qu'on  peut  représenter  par  la  formule  générale 

peuvent  échanger  facilement  leuriode,  pardouble  décomposition,  contre  du 
chlore,  du  brome  ou  de  l'oxygène,  en  donnant  naissance,  dans  ce  dernier 
cas,  à  des  composés  qui  possèdent  une  alcalinité  comparable  à  celle  de  la 
potasse  et  de  la  soude,  saturant  les  acides  les  plus  énergiques  et  formant 
par  leur  union  avec  eux  des  sels  bien  définis,  pour  la  plupart  cristallisables. 
»  La  réaction  en  vertu  de  laquelle  les  iodures  précédents  prennent  nais- 
sance est  des  plus  simples  et  peut  s'exprimer  au  moyen  de  l'équation 

S=(C=H5)-  -h  C="'H="'^'  I  ==  S-  (C^*  H')  C='"II-'"-'-')  I. 

C.R.,1875,  i"Sem?s(/-e.(T.  LXXX,  W'il.)  '7' 


(  i3i8  ) 
»  J'avais  en  outre  admis  qu'en  faisant  agir  sur  les  sulfures  de  méthyle 
ou  d'élhyle  le  dibromure  d'un  radical  diatomique,  il  se  formait  un  composé 
d'une  atomicité  supérieure,  résultant  de  l'accouplement  de  2  molé- 
cules de  sulfure  avec  i  molécule  du  bromure  diatomique.  C'est  ainsi 
qu'avec  le  sulfure  de  méthyle  et  le  dibromure  d'éthylène  on  devait 
obtenir 

2  [S^  (C^H')^]  +  eH^Br^=:  S^  j  J^^^^j*  j  Er^ 

»  L'analyse  du  chloroplatinate  m'ayant  fourni,  pour  le  platine  et  pour 
le  carbone,  des  nombres  concordant  parfaitement  avec  la  formule 


(C'H')" 


CPPt^Cl\ 


j'avais  cru  pouvoir  admettre  la  formation  du  bromure  précédent,  dont 
la  génération  s'expliquait  facilement,  selon  moi,  par  l'intervention  du 
ciment  diatomique  C^^H*.  M.  Dehn  ayant  combattu  mon  opinion,  dans  un 
travail  publié  dans  les  Deutsche  chemische  Gsselscliajt,  année  1870,  et  dé- 
montré que  dans  ces  circonstances  il  se  produit  du  bromure  de  triméthyl- 
sulfine  dont  la  formation  est  accompagnée  de  celle  d'un  second  bromure 
plus  complexe,  j'ai  cru  devoir  reprendre  mes  anciennes  expériences  en  les 
étendant.  J'ai  pleinement  confirmé  la  production  du  bromure  de  triméthyl- 
sulfine  annoncée  par  M.  Dehn,  et  je  me  suis  procuré  le  chloroplatinate 
correspondant  en  abondance,  ainsi  qu'une  très-faible  quantité  d'un  second 
chloroplatinate  à  peine  soluble  dans  l'eau  bouillante.  La  formule 


j(C'H')'M         ^^  •"'  ' 


attribuée  par  M.  Dehn  à  ce  composé,  me  paraît  peu  probable,  ce  dernier 
renfermant  un  nombre  impair  d'équivalents  de  soufre. 

»  IJentré  dans  cette  voie,  je  pensai  qu'il  y  aurait  quelque  intérêt  à  re- 
chercher la  nature  des  produits  qui  prendraient  naissance  dans  l'action 
réciproque  des  sulfures  alcooliques  et  des  iodures  ou  bromures  de  radicaux 
de  nature  diverse,  ainsi  que  par  le  contact  des  iodures  alcooliques  et  des 
sulfures  de  radicaux  variés.  C'est  le  résultat  de  ces  recherches  pénibles, 
tant  en  raison  de  l'odeur  repoussante  de  ces  substances  que  de  l'action 
qu'elles  exercent  sur  l'économie  (ce  qui  m'a  forcé  de  suspendre  mon  travail 
à  plusieurs  reprises),  que  j'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie. 

»  Je  ne  reviendrai  pas  sur  les  produits  qui  prennent  naissance  toutes  les 
fois  qu'on  fait  réagir,  sur  un  sulfure  de  la  forme 

S=(C^'"H'"'-^')-, 


(  i3i9) 
un  bromure  ou  un  iodure  de  la  forme 

^'"'H^^'-'-'Br  ou  I. 

»  Cette  action,  fort  nette  et  des  mieux  établies,  conduit  à  la  formation 
du  composé 

))  Mais  que  se  passera-t-il  lorsque  nous  ferons  réagir  sur  un  des  sulfures 
précédents  soit  un  bromure,  soit  un  iodure  de  la  forme 

»  Y  aura-t-il,  comme  précédemment,  soudure  des  deux  substances  mises 
en  présence  et  formation  du  bromure  ou  de  l'iodure  d'une  sulfîne,  repré- 
senté par  la  formule 

§2  ^cam  jj2/«4-1  ^2  (Q2/nU2m-1  ^  g^p 

»  Ou  se  produira-t-il  entre  les  deux  substances  réagissantes  une  double 
décomposition  qui  nous  ramènera  au  type  précédent  ?  Que  se  passera-t-il,  par 
exemple,  pour  bien  fixer  les'  idées,  dans  le  contact  du  bromure  de  benzyle 

C'H^Rr  =  C^  =  H^C-H=Br 

et  du  sulfure  de  méthyle  ? 
B  Le  composé 

S"-{C-W)-{C'-W,C-E-)Br 

prendra-t-il  naissance,  ainsi  qu'on  pourrait  le  supposer,  ou  bien  se  pro- 
duira-t-il une  double  décomposition  d'où  naîtra  le  composé 

S-  (C^"  H')»  Br, 

la  formation  de  ce  dernier  étant  accompagnée  de  celle  d'un  produit  benzy- 
lique  complémentaire? 

»  Que  se  produira-t-il  lorsque  nous  ferons  agir  inversement  un  iodure 
alcoolique  sur  le  sulfure  de  benzylePQuels  produits  naîtront  du  contact  du 
sulfure  de  méthyle  et  des  composés 

C=H%P,  C^H\Br%etc.? 

»  Que  se  formera-t-il  encore  dans  l'action  réciproque  des  iodures  alcoo- 
liques et  des  sulfures  des  radicaux  diatomiques? 

»  Ce  sont  les  résultats  de  ces  recherches  que  je  vais  exposer  successive- 
ment. 

»  Action  du  bromure  de  benzyle  sur  le  sulfure  de  méthyle.  —  Le  bromure  de 

171.. 


(  iSao  ) 
benzyle  et  le  sulfure  de  méthyle  se  nièleut  parfaitement  et  forment  un 
liquide  homogène  à  peine  coloré.  Introduit-on  ce  mélange  dans  des  tubes 
qu'on  scelle  ensuite  à  la  lampe  et  plonge-t-on  ces  derniers  dans  lui  bain 
d'eau  bouillante  pendant  quelques  secondes,  on  voit  immédiatement  se 
séparer  un  liquide  visqueux  pesant,  jaunâtre,  dont  la  proportion  augmente 
avec  la  durée  de  la  chauffe  jusqu'à  une  certaine  limite,  et  qui  finit  par  se 
prendre  en  une  masse  solide  de  couleur  brunâtre,  au  milieu  de  laquelle  on 
distingue  des  cristaux.  Au  bout  de  deux  à  trois  heures  de  chauffe,  la  propor- 
tion de  ce  produit  n'augmentant  plus,  j'ai  mis  fin  à  l'expérience.  Le  tube, 
après  refroidissement,  contenait  deux  substances  distinctes,  celle  dont  j'ai 
parlé  précédemment,  ainsi  qu'une  huile  mobile  jaunâtre  qui  la  surnageait 
et  qu'il  était  facile  de  séparer  par  décantation. 

»  Cette  dernière,  soumise  à  la  distillation,  fournit  une  petite  quantité 
d'un  liquide  bouillant  entre  4o  et  45  degrés,  qui  n'est  autre  que  l'excès  de 
sulfure  de  méthyle  employé;  puis  la  température  s'élève  très-rapidement, 
les  dernières  portions  passant  vers  200  à  2o5  degrés.  La  matière  solide, 
en  très-grande  partie  soluble  dans  l'eau,  fournissait  un  liquide  d'où  l'éva- 
poration  séparait  de  beaux  prismes  de  bromure  de  triméihylsulfine. 

»  Lorsque,  dans  l'expérience  précédente,  on  n'a  pas  le  soin  d'agiter 
fréquemment  le  mélange  au  début,  afin  de  rassembler  le  liquide  visqueux 
au  fur  et  à  mesure  de  sa  production,  il  se  forme  parfois  des  bourrelets  qui 
s'opposent  au  contact  intime  des  matières  mises  en  présence,  et  l'action  est 
incomplète. 

))  Pour  obvier  à  cet  inconvénient,  j'ai  ajouté  au  mélange  de  bromure,  de 
benzyle  et  de  sulfure  de  méthyle  une  certaine  quantité  d'alcool  méthy- 
lique  qui,  dissolvant  ces  deux  substances  et  les  diluant,  devait  rendre  l'ac- 
tion plus  lente  et  plus  complète;  mais,  dans  ce  cas,  l'alcool  méthylique  ne 
joue  pas  le  rôle  d'un  simple  dissolvant,  il  prend  part  à  la  réaction,  ainsi 
que  je  m'en  suis  assuré. 

M  Maintient-on,  en  effet,  pendant  quelques  heures  à  100  degrés  le  mé- 
lange précédent,  qu'on  a  disposé  dans  des  tubes  scellés,  l'action  se  produit 
d'une  manière  très-régulière,  et,  après  une  chauffe  de  quelques  heures, 
le  liquide  renfermé  dans  les  tubes  s'est  séparé  en  deux  couches  parfaite- 
ment distinctes:  l'inférieure  incolore,  qui  se  prend  par  le  refroidissement  en 
une  masse  de  prismes  entre-croisés,  la  supérieure  huileuse,  très-mobile  et 
de  couleur  brunâtre.  La  séparation  de  ces  deux  produits  s'effectue  de  la 
manière  la  plus  nette.  La  matière  cristallisée  se  dissout  facilement  dans 
l'eau,  d'où  elle  se  sépare  au  moyen  de  l'évaporation  spontanée,  sous  la 


(    l321    ) 

forme  de  gros  prismes  qui  présentent  les  caractères  et  la  composition  du 
bromure  de  triméthylsulfiue. 

»  La  matière  huileuse  brune  soumise  à  la  rectification  commence  à 
bouillir  bien  au-dessous  de  loo  degrés,  mais  la  température  s'élève  rapide- 
ment et  se  fixe  bientôt  entre  i6G  et  172  degrés  (la  majeure  partie  passe 
entre  cette  limite);  enfin  la  température  s'élève  de  nouveau  d'une  manière 
progressive,  et  les  dernières  portions  distillent  au-dessus  de  200  degrés.  La 
portion  recueillie  entre  i  iG  et  172  degrés  étant  lavée  avec  une  dissolution 
de  potasse,  puis  à  l'eau,  puisséchée  surdu  chlorure  de  calcium  et  rectifiée, 
formait  un  liquide  incolore  doué  d'une  odeur  aromatique  agréable,  qui  bout 
entre  168  et  170  degrés. 

»  L'analyse  de  cette  substance  démontre  qu'elle  n'est  antre  que  l'oxyde 
double  de  benzyle  et  de  méthyle.  J'ai,  du  reste,  établi  l'identité  de  ces  pro- 
duits en  préparant  ce  dernier  par  l'action  réciproque  du  chlorure  de  ben- 
zyle et  du  méthylate  de  potasse. 

»  On  obtient  de  la  sorte  un  liquide  mobile  très-limpide,  dont  l'odeur 
est  identique  à  celle  du  précédent,  et  qui  bout  régulièrement  à  la  tempé- 
rature de  168  degrés. 

»  Les  réactions  précédentes  s'expliquent  facilement  à  l'aide  des  équa- 
tions suivantes  : 

1°  C'''H'Br+2[S=(CH»)=J  =  S^^(M^2^  +  ^"J  j  S^ 

Bromure  Sulfure  Bromure  ~^K~î7~~7' 

do  benzvle.  de  méthyle.  de  triméthylsulfine.  ,    . 

^  de  benzyl- 

mctliyle. 

2°     C'*H'Br-l-S=(C=FP)'^+  2  (C=H^HO^)  =  S=(C=IP)-^Br -4- ^^'^J!' j  0= 

Bromure  Sulfure  Alcool  Bromure  ^^"oT^ïê"^ 

de  benzyle.  de  méthyle.  méthylique.  de  trimélhylsulfine.        j .  „^^;,i^.i. 

benzyle. 

»  Jclion  de  l'iodure  de  méthyle  sur  le  sulfure  de  benzyle.  —  Inversement, 
j'ai  chauffé  pendant  quelques  heures  dans  des  tubes  scellés  un  mélange  de 
sulfure  de  benzyle  et  d'iodure  de  méthyle.  L'action  nulle  à  froid  s'accom- 
plit rapidement  à  la  température  de  100  degrés;  elle  est  complète  au  bout 
de  sept  à  huit  heures.  Le  contenu  des  tubes  traité  par  l'eau  cède  à  ce 
liquide  une  proportion  notable  d'iodure  de  triméthylsulfine,  d'où  il  se  sé- 
pare sous  la  forme  de  grands  prismes  par  l'évaporation.  Je  l'ai  transformé 
en  chlorure,  puis  en  chloroplatinate  qui  présente  la  composition  et 
les  propriétés  du  chloroplatinate  de  triméthylsulfine.  La  portion  inso- 
luble dans  l'eau  renferme  une  grande  quantité  d'un  liquide  brun  doué 


(    l322    ) 

d'une  odenr  très-irritante.  Ce  dernier  n'est  autre  que  l'iodure  de  benzyle 
bouillant  entre  218  et  220  degrés,  lequel  possède  une  odeur  irritante  et 
donne  de  la  tribenzylamine  lorsqu'on  le  chauffe  avec  de  l'ammoniaque. 

»  La  réaction  fort  simple  qui  se  produit  entre  les  deux  substances  mises 
en  présence  peut  s'expliquer  facilement  au  moyen  de  l'équation 


C"H' 


S^+  3(C=H'I)  =  S='(CnP)I  +  2(C*"H'I) 


»  Action  du  diiodure  de  méthylène  sur  le  sulfure  de  mélliyle.  —  Le  diiodure 
de  méthylène  réagit  déjà  à  froid  sur  le  sulfure  de  méthyle;  porte-t-on  à 
100  le  mélange  de  ces  deux  substances  introduit  préalablement  dans  des 
tubes  scellés,  la  réaction  s'effectue  complètement  en  une  ou  deux  heures, 
et  l'on  obtient  finalement  une  matière  solide,  cohérente,  cristalline,  de 
couleur  brunâtre,  que  l'eau  sépare  en  deux  parties  :  l'une,  qui  s'y  dissout 
en  abondance,  n'est  autre  que  l'iodure  de  triméthylsulfine;  la  seconde,  hui- 
leuse, de  couleur  foncée,  se  dédouble  par  la  rectification  en  un  produit 
bouillant  vers  l'jo  degrés,  qui  renferme  une  certaine  quantité  de  diiodure, 
et  en  un  produit  qui  distille  à  une  température  supérieure  (d'environ 
aoo  degrés).  Ce  liquide,  abandonné  à  lui-même,  se  prend  peu  à  peu  en 
une  masse  cristalline  douée  d'une  odeur  d'oignon  très-prononcée.  Ces 
cristaux,  séparés  de  l'huile  qui  les  baigne  au  moyen  du  papier  buvard,  pré- 
sentent les  propriétés  du  sulfure  de  méthylène  obtenu  d'abord  par  M.  Aimé 
Girard,  en  faisant  agir  l'hydrogène  naissant  sur  le  sulfure  de  carbone  et 
postérieurement  par  M.  Hofmann,  en  faisant  passer  un  courant  d'acide 
sulfhydrique  dans  l'aldéhyde  méthylique. 

»  La  portion  dissoute  par  l'eau  soumise  à  l'évaporation  laisse  déposer 
de  grands  prismes  incolores  qui  présentent  l'aspect  de  l'iodure  de  triméthyl- 
sulfine. J'ai  transformé  ce  dernier,  comme  précédemment,  en  chloropla- 
tinate.  En  fractionnant  la  précipitation  de  ce  dernier  et  analysant  les  divers 
dépôts,  j'ai  toujours  obtenu  des  nombres  identiques  conduisant  à  la  formule 

S^(C^H')'ClPtCl-. 

»  La  réaction  qui  se  produit  entre  le  sulfure  de  méthyle  et  l'iodure  de 
méthylène,  d'où  naissent  les  produits  précédents,  peut  donc  s'expliquer  au 
moyen  de  l'équation 

3[S=(C='H')=J  -{-C^nn''  =  2[S={C-H')'l]  -f-C^'H'S^. 

»  y4ction  du  bromure  d'éthylène  sur  le  sulfure  de  méthyle.  —  Un  mélange 
de  sulfure  de  méthyle  et  de  bromure  d'éthylène  à  poids  égaux,  chauffé  à 


(  i323  ) 

loo  degrés  en  tubes  scellés,  laisse  bientôt  déposer  d'abondants  cristaux. 
Après  une  chauffe  de  quelques  heures  et  alors  que  la  proportion  de  ces 
derniers  ne  paraît  plus  augmenter,  on  laisse  refroidir  et  l'on  traite  par 
l'eau  le  contenu  des  tubes.  Les  cristaux  se  dissolvent,  tandis  qu'il  se  sépare 
une  huile  pesante  qui  fournit  à  la  distillation  une  certaine  quantité  de  bro- 
mure d'élhylène  inaltéré,  puis  un  liquide  qui  bout  à  une  température  plus 
élevée. 

»  Abandonné  dans  un  vase  ouvert,  ce  dernier  laisse  déposer  des  cristaux 
qui  présentent  les  caractères  de  sulfure  d'éthylène. 

»  Quant  à  la  solution  aqueuse,  elle  fournit  par  l'évaporation  de  grands 
prismes  qui  possèdent  la  composition  et  les  propriétés  de  l'iodure  de  tri- 
méthylsulfine  ;  je  me  suis  procuré  par  double  décomposition  le  chlorhy- 
drate correspondant,  puis  le  chloroplatinate,  qui  présente  la  composition 
et  les  propriétés  du  chloroplatinate  de  trimélhylsulfine. 

»  Dans  la  précipitation  de  ce  chloroplatinate,  on  observe  la  formation 
d'une  très-faible  proportion  d'une  poudre  de  couleur  plus  claire,  qui  se 
dissout  à  peine  dans  l'eau,  même  bouillante  ;  je  n'ai  pu  recueillir  cette  der- 
nière qu'en  quantités  trop  faibles  pour  pouvoir  en  faire  une  analyse  com- 
plète. 

»  L'action  du  dibroraure  d'éthylène  sur  le  sulfure  de  méthyle,  exacte- 
ment semblable  à  celle  du  diiodure  de  méthylène,  peut  également  s'expri- 
mer à  l'aide  de  l'équation 

3[S^(C='H^)=']  +C*H^Br2=.  2  [8=*  (G-H^)' BrJ  +  G*H*S^  » 

NO^^niVATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  de  ses 
Membres,  qui  sera  présenté  au  Ministre  de  l'Instruction  publique  comme 
candidat  au  Conseil  supérieur  des  Beaux- Arts. 

M.  Chevreul  obtient 18  suffrages. 

M.  Dumas 9         » 

.  M.  Fremy 3         » 

M.  Berthelot i  » 

M.  CiiEvuEL'L,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  sera  proposé  par 
l'Académie. 


(  i324  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

GÉOMÉTRIE.  —  Siii'  des  courbes  gauches  du  genre  zéro.  Note  de  M.  L.  Saltel 
(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée). 

«  Théorème  général.  —  Joules  les  courbes  gauches  pour  U'squelles  s'ap- 
plique le  principe  de  correspondance  entre  trois  et  quatre  séries  de  points  sont  du 
genre  zéro. 

»  La  démonstration  de  ce  théorème  repose  sur  la  détermination  préa- 
lable du  nombre  n  des  plans  osculateurs  que  l'on  peut  mener  à  l'une  de 
ces  courbes  par  un  point  donné,  et  sur  le  nombre  a  de  plans  stationnaires 
que  possède  celte  même  courbe. 

»  I  °  Détermination  du  nombre  des  plans  oscillateurs  menés  par  un  point  donné. 
—  Soient  P  le  point  donné  et  m  le  degré  de  la  courbe  gauche  2  en  question. 
Prenons  arbitrairement  sur  1  deux  points  A,  B,  et  considérons  le  plan  dé- 
terminé par  les  trois  points  A,  B,  P.  Ce  plan  coupe  cette  courbe  en  m  —  2 
autres  points  C.  Si  l'on  considère  les  trois  séries  de  points  formées  par  les 
points  A,  B,  C,  on  voit  qu'à  deux  points  considérés  comme  appartenant  à 
deux  de  ces  séries  il  correspond  m  —  2  points  pour  la  troisième;  donc, 
conformément  au  principe  de  correspondance,  entre  trois  séries  de  points, 
le  nombre  des  coïncidences,  c'est-à-dire  le  nombre  des  plans  oscula- 
teurs, est  3  [m  —  2 ) ;  ainsi  l'on  a 

(i)  n  =  3  (m  —  2). 

»  2°  Détermination  du  nombre  des  plans  stationnaires.  —  Prenons  arbitrai- 
rement sur  1  trois  points  A,  B,  C,  et  considérons  le  plan  déterminé  par 
ces  trois  points.  Ce  plan  coupe  cette  courbe  en  m  —  3  autres  points  D.  Si 
l'on  considère  les  quatre  séries  de  points  formées  par  les  points  A,  B,  C,  D, 
on  voit  qu'à  trois  points  considérés  comme  appartenant  à  trois  de  ces  sé- 
ries il  correspond  m —  3  points  pour  la  quatrième;  donc,  conformément 
au  principe  de  correspondance,  entre  quatre  séries  de  points,  le  nombre 
des  coïncidences,  c'est-à-dire  le  nombre  des  plans  stationnaires,  est  li{n  —  3); 
ainsi  l'on  a 

(2)  a  =  4  ('"  —  3). 

»   Cela  posé,  d'après  une  formule  de  M.  Cayley,  on  a 

?M  :=  3  n  (  7^  —  2  )  —  G  g  —  8  a  (  *  )  ; 


(  '  ]    Voir  le  Lullciiii  de  M.  Darboiix,  t.  P'',  p.  i47- 


(  i325  ) 
en  substituant  dans  cette  équation  les  valeurs  de  n,  a  que  nous  venons  de 
déterminer,  on  en  déduit 

(3)  g^9^J^I'L±^. 

»  D'autre  part,  le  genre  d'une  courbe  gauche  étant  déterminé  par  la 
formule 

(n  —  i)(n  —  2)  ,., 

p  =  — i ' -8-^-  (  )' 

on  vérifie  immédiatement  que,  si  l'on  remplace»,  g,  a  parleurs  valeurs  (i), 
(2),  (3),  on  trouve  quep  est  nul. 

»  Voici  les  autres  principales  singularités  calculées  en  fonctions  de  m  : 

p  =  o, 

/■  =  2  {m  —  r), 

,  m''  —  3to  +  2 

n  =  î 

a:  =r  am^  —  8/72  +  G, 
y  —  2  171^  —  10  m  +  12. 

»  Le  principe  de  correspondance  entre  A-  séries  de  points  subsistant  pour 
les  courbes  gauches  suivantes  (nous  le  démontrerons  dans  un  Mémoire 
spécial),  on  peut  donc  leur  appliquer  toutes  ces  formules  : 

»    1°  Cubique  (janche; 

»   2"  Courbe  cjauche  du  quatrième  ordre  à  points  doubles; 

»   3°  Courbe  gauche  du  cinquième  ordre  à  deux  points  doubles; 

»   4"  Courbe  gauche  du  sixième  ordre  à  un  point  triple  et  un  point  double; 

»   5"  Courbe  gauche  du  septième  ordre  à  deux  points  triples; 

»  6°  Courbe  gauche  du  huitième  ordre  à  un  point  quadruple  et  trois  doubles; 

»   7°  Courbe  gauche  du  neuvième  ordre  à  quatre  points  triples; 

»   8°  Courbe  gauche  du  dixième  ordre  à  un  point  quadruple  el  trois  triples; 

»  9°  Courbe  gauche  du  onzième  ordre  à  un  point  quintuple,  trois  triples  et 
deux  doubles; 

))  10°  Courbe  gauche  du  douzième  ordre  à  quatre  points  triples  et  un 
double.  » 


*)  Voir  \e  Bulletin  de  M.  Darboux,  t.  I",  p.  1/(9. 

C.R.,1875,  i"S<;m«(r<r.(T.LXXX,N<'21.')  '7^ 


(  i326  ) 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  altération  de  la  Seine  aux  abords  de  Paiis,  depuis 
novembre  \  S'] fi  jusqu'en  mai  1875.  Note  de  IM.  A.  Gérakdimt. 

(Commissaires  :  MM.  Balard,  Peligot. ) 

«  Après  de  nombreux  essais,  je  me  suis  trouvé  en  mesure  de  com- 
mencer l'examen  méthodique  de  l'altération  de  la  Seine  au  mois  de  juillet 
dernier.  J'ai  continué  ces  observations  pendant  les  autres  saisons  de  l'année, 
pour  juger  plus  lard  de  l'amélioration  qu'apporteront  les  grands  travaux 
dans  lesquels  la  ville  de  Paris  vient  de  s'engager. 

»  L'appréciation  du  degré  d'altération  de  l'eau  se  fait  par  le  dosage  de 
l'oxygène  dissous  dans  l'eau.  Le  titre  o.xjmëtricjue  dans  une  station  est  la 
moyenne  des  titres  trouvés  à  cette  station,  en  prenant  des  échantillons  à 
5o  centimètres  delà  surface  et  à  5o  centimètres  du  fond,  vers  la  rive  gauche, 
au  milieu  et  vers  la  rive  droite. 

M  Ou  doit  analyser  l'eau  de  la  surface  et  celle  du  fond,  car  on  trouve 
dans  les  deux  cas  des  titres  généralement  différents.  Si  l'altération  est  en 
progrès,  le  titre  à  la  surface  est  plus  élevé  que  celui  du  fond.  L'inverse  a 
lieu  quand  les  eaux  s'améliorent.  Tous  les  débris  organiques  déversés  par 
les  égouts,  les  algues  et  les  infusoires,  après  leur  mort,  semblent  se  com- 
porter comme  les  cadavres  des  animaux.  Leur  décomposition  commence  au 
fond  de  la  rivière,  et  un  peu  plus  tard  ils  remontent  à  la  surface  pour  s'éla- 
borer à  l'air.  Il  en  résidte  que  le  fond  des  rivières  et  des  étangs  ne  peut 
s'infecter;  au  contraire,  il  fournit  aux  poissons  un  milieu  dans  lequel 
l'oxygène  est  abondant. 

)»  On  doit  prendre  des  échantillons  vers  la  rive  gauche,  au  milieu,  et 
vers  la  rive  droite  ;  car,  dans  une  rivière,  l'eau  se  mêle  difficilement.  Les 
différents  courants  marchent  parallèlement  en  restant  distincts  pendant  de 
grandts  distances.  Pour  faire  voir  la  nécessité  des  coupes  transversales 
pour  l'analyse,  je  prends  au  hasard  dans  mon  carnet  quelques-unes  de  mes 
expériences  : 

Gaucîie.  IVlilioii.  Droite.      Moyenne. 

.         ,     -,      r  (Surface 9,0  8,5  7,6     1 

Argenlcuil,  2b  mars.  .  .    ■'           ,  "  .,  '  [     b,o 

°  j   Fond !-),o  0,0  7)3      ) 

,.  .        ^    „  .     (  Surface 2,6  3,4  3,7),., 

Maison-Laftitte,  20  mai.   l  „      ,  .,    ,.  „   ,,  „   ;,  J.o 

,  l  Fond.... 3,6  3,6  3,0     j 

«  C'est  ainsi  que  j'ai  obtenu  les  nombres  inscrits  dans  le  tableau  ci-joint, 
qui  donne  le  titre  oxymétrique  de  la  Seine  du  pont  d'Ivry  au  pont  de 


(  '327  ) 
Mantes,  pendant  les  mois  de  novembre  et  décembre  18745  et  les  mois  de 
janvier,  février,  mars,  avril  et  mai  1875. 


-5,5 
0 

s 

'7 


2e 
28 

32 

36 
40 
45 
48 

52 

58 
70 

7^ 
78 
85 
93 
109 


Mois  . 


Semainp 


Éliago 

Température. 


Ivry 

Pont  Je  la  TourncUe 

Aiiteuil 

Sèvres 

Suresnes 

Asiiières 

Cliehy 

Saîiil-Oueii 

Saint-Denis 

Épinay 

Argcnteuil 

Bezons 

Cliatou 

Marly 

Le  Pec(| 

Maisons 

Conilans 

Anilresy 

Poissy 

Tricl. 

Meul:in 

Mantes 


i,So 
10 


t,8o 
6 


DECEMBRE. 


2,5o 
3 


3,5o  4,5o 

4      s 


3,5o 

4 


2,5o 

4 


1,80 

7 


1        3 


,80 
10 


1,80 


TITRE   OXVJIETRIQliE. 


16 


1,70 
19 


9 

9,5 

10 

10,5 

1 1 

1 1 

1 1 

11 

10,5 

10 

9,5 

9 

8,5 

8,5 

9 

9,5 

10 

10,5 

1 1 

1 1 

1 1 

,0,5 

9,5 

9 

8,5 

8,5 

7 

8 

9 

Irt 

10,5 

1 1 

1 1 

1 1 

10 

9,5 

9 

8 

7 

6 

7.5 

9 

10 

10, 5 

1 1 

10,5 

10 

9.5 

9 

8 

-  '1 
1 .  ' 

6 

5 

6,5 

S 

10 

10 

1 1 

,0,5 

10 

9 

8,5 

8 

7 

6 

5 

6,5 

8 

9 

10 

10 

10 

10 

9 

8,5 

7 

6 

5,5 

4 

6 

S 

9 

9.5 

9,5 

9 

9 

9 

8 

7 

6 

.') 

4 

6 

s 

9 

9,5 

9,5 

9 

9 

9 

8 

7 

G 

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3 

5 

S 

9 

9.5 

9 , 5 

9 

9 

9 

8 

7 

G 

J 

2 

4 

8 

9 

9,5 

9.5 

9 

9 

9 

7,5 

6 

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4 

2 

5 

8 

!) 

9.5 

9,5 

9 

9 

8,5 

8 

6,5 

G 

4 

2 

5 

8,5 

9 

9.5 

9 

9 

8 

8 

7 

6 

:, 

3,5 

■1 

6 

8,5 

9 

9.5 

9 

8 

8 

7 

6,5 

5,5 

4 

3 

2,5 

G 

8,5 

9 

9 

S 

8 

7,5 

7 

6 

5,5 

4 

3 

3 

6 

9 

10 

9,5 

9 

8 

8 

7 

6,5 

5,5 

4,5 

3,5 

4 

6 

9,5 

10 

10 

10 

9>5 

8 

7.5 

7 

6 

5 

4 

6 

8 

10 

10 

10,5 

10,5 

10 

10 

9 

8 

7,5 

7 

6 

6 

8 

10 

10 

10,5 

10,5 

10 

10 

9,5 

9 

8 

7.5 

7 

G, 5 

8 

10 

10,5 

10,5 

10,5 

10,5 

10 

9,5 

'9 

8,5 

7.5 

7 

7 

8,5 

10 

10,5 

10,5 

10,5 

10,5 

10 

10 

9,5 

9 

8,5 

8 

8 

9 

lO 

10,5 

1 1 

10,5 

10,5 

10,5 

10 

lu 

9,-^ 

9 

8,5 

G, 5 

9 

10 

10.5 

1 1 

II 

1 1 

10.5 

10 

10 

10 

9 

9 

1 

7.5 

f) 

5,5 

5 

5 

4, 

'1.5 

\ 

2 

3 

3 

2 

3 
3 

5,5 
6,5 
G, 5 

7 
8,5 


«  Au  commencement  de  novembre,  le  litre  est  2  depuis  Épinay  jusqu'à 
Marly.  Une  crue  se  produit  et  amène  une  grande  amélioration.  Le  mi- 
nimum 4  est  à  Epinay. 

»  La  crue  aucçmente  en  décembre,  l'altération  disparaît.  Le  poisson  re- 
vient entre  Argeuteuil  et  Saint-Denis.  Il  y  est  même  très-abondant,  car  il  y 
est  appelé  par  la  fraîcheur  de  l'eau  et  par  l'abondance  de  la  nourriture. 

))  En  janvier,  la  crue  atteint  3™,  5o  et  4°>5o.  Toutes  les  vases  d'égout 
sont  remuées  et  entraînées  au  loin.  La  rivière  exhale  une  odeur  forte.  Dès 
le  commencement  de  la  crue,  on  arrête  les  roues  de  Marly  pour  ne  pas 
pomper  une  eau  aussi  chargée  de  matières  putrescibles, 

172.. 


(  i328  ) 

»  La  crue  cesse:  l'eau  baisse  en  février,  en  laissant  des  dépôts  qui  attei- 
gnent 5o  centimètres  d'épaisseur  en  certains  points,  tel  que  l'abreuvoir  de 
Poissy.  Le  minimmn  oxymétrique,  qui  était  8  à  Marly  en  janvier,  s'étend 
en  février  depuis  Bezons  jusqu'à  Maison-Lafitte.  En  mars,  pour  trouver  lui 
titre  supérieur  à  8,  il  faut  remonter  au-dessus  de  l'égout  d'Asnières  ou 
descendre  au-dessous  de  l'embouchure  de  l'Oise.  Le  minimum  6  est 
à  Marly. 

»  L'altération  continue  ses  progrès  lentement  pendant  le  mois  d'avril;  le 
minimum  4  est  encore  à  Marly. 

M  La  reprise  de  la  chaleur  à  la  fin  d'avril  hâte  les  progrès  de  l'altération 
en  mai.  Le  minimum  tombe  à  2  à  Marly  et  à  Epinay.  Les  poissons  émigrent, 
ceux  qui  sont  prisonniers  dans  des  boîtes  meurent  àÉpinay,le  12  mai. 
L'infection  est  au  même  degré  qu'au  commencement  de  novembre  dernier, 
et  nous  avons  en  perspective  un  été  pendant  lequel  les  rivières  se  tiendront 
certainement  très-basses.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Nouveau  mode  de  préparation  de  l'acide  formique 
très -concentré,  au  mojen  de  l'acide  oxalique  déshydraté  et  d'un  alcool 
poljatomique.  Note  de  M.  Lorin. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Berthelot.) 

((  J'ai  indiqué  que  la  préparation  de  l'acide  formique  à  56  pour  100  est  con- 
tinue et  régulière  avec  l'acide  oxalique  et  un  alcool  polyalomique,  et  j'ai  ob- 
tenu cet  acide  au  titre  moyen  de  75  par  distillation,  et  à  son  maximum  de 
concentration  par  l'action  de  l'acide  oxalique  déshydraté  sur  l'acide  formi- 
que déjà  concentré.  L'action  de  l'acide  oxalique  sur  les  alcools  polyatomi- 
ques  a  de  l'analogie  avec  celle  de  l'acide  sulfurique  sur  les  alcools  monoato- 
niiques;  mais  il  y  a  entre  les  deux  genres  de  phénomènes  cette  différence 
capitale,  que  l'acide  sulfurique  est  le  corps  passif  en  quelque  sorte  et  per- 
manent, et  l'alcool  monoatomique  le  corps  variable  qui  s'élimine;  tandis 
que  pour  l'acide  oxalique,  c'est  l'alcool  polyatomique  qui  devient  le  corps 
permanent,  et  c'est  l'acide  oxalique  qui  est  le  corps  variable  et  qui  s'éli- 
mine sous  la  forme  de  ses  composants  volatils.  Avec  l'acide  sulfurique,  on 
a  de  l'éther  hydrique  indéfiniment;  avec  l'alcool  polyatomique  propre- 
ment dit,  on  a  de  l'acide  formique  indéfiniment.  Enfin  une  autre  diffé- 
rence, également  caractéristique,  c'est  que,  si  tous  les  alcools  monoatomi- 
ques peuvent  donner  des  éthers  hydriques  ou  mixtes  avec  l'acide  sulfu- 
rique, etc.,  l'acide  oxalique  est  le  seul  qui  présente  l'éthérification  signalée 


(  i3^9  ) 
dans  cette  Note  (i).  J'espère  pouvoir  indiquer  les  limites  de  cette  analogie. 

»  La  distillation  n'ayant  pu  donner  d'acide  formique  à  un  titre  supérieur 
à  77,5,  j'ai  été  conduit  à  faire  agir  l'acide  oxalique  déshydraté  sur  un 
alcool  polyatomique,  l'expérience  devant  décider  si  l'acide  formique  à  un 
très-grand  degré  de  concentration  peut  être  obtenu  ou  non,  de  premier 
jet,  avec  cet  acide  oxalique. 

»  Dans  une  cornue  tubulée  un  peu  grande,  à  col  étiré,  on  introduit  la 
glycérine  blanche  qu'on  peut  concentrer  par  la  chaleur,  avant  l'addition 
de  l'acide  oxalique  déshydraté  en  poudre.  On  chauffe  au  bain-marie.  La 
décomposition,  comme  avec  l'acide  oxalique  ordinaire,  a  lieu  vers  80  de- 
grés; mais  elle  s'accélère  beaucoup  plus  par  une  légère  élévation  de  tem- 
pérature, et  à  87  degrés  le  liquide  est  couvert  d'une  couche  huileuse  de 
I  centimètre  d'épaisseur.  Lorsque  la  décomposition  s'est  ralentie,  on  ajoute 
de  l'acide  oxalique,  et  ainsi  de  suite,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'attendre 
que  l'acide  formique  produit  soit  éliminé  ;  au  contraire,  il  est  préférable 
de  faire  cette  élimination  en  continuant  de  chauffer  au  bain-marie,  ou 
du  moins  en  ne  dépassant  guère  100  degrés.  On  pourrait  éviter  l'épuise- 
ment par  l'addition,  de  temps  à  autre,  d'une  petite  portion  de  glycérine. 
La  distillation  de  l'acide  formique  limpide  permet  de  le  purifier  complète- 
ment et  d'élever  son  titre  de  4  à  5  pour  100  pour  le  premier  tiers  qui  passe. 
L'acide  a  été  absolument  pur  de  produits  allyliques  et  titrait  g4  en  acide 
formique  réel  dans  une  opération.  Ce  résultat  dispense  d'exagérer  la  déshy- 
dratation de  l'acide  oxalique,  que  j'ai  faite  avec  l'étuve  de  M.  Wiessnegg. 

M  On  obtient  de  suite  de  l'acide  formique  très-concentré  avec  l'acide 
oxalique  déshydraté  et  un  alcool  polyatomique,  tel  encore  que  la  mannite 
ou  sa  monoformine  brute,  lerythrite  et  le  glycol,  etc.  En  particulier,  la 
combinaison  du  glycol  avec  l'acide  oxalique  déshydraté  se  fait  avec  une 
production  de  chaleur  très-remarquable,  production  qui,  si  elle  avait  lieu 
avec  les  autres  glycols,  suffirait  à  elle  seule  de  caractère  pour  distinguer  de 
suite  les  alcools  diatomiques  de  tous  les  autres  alcools,  monoatomiques  ou 
poiyatomiques.  La  même  remarque  a  lieu  pour  l'acide  formique.  Le  glycol 
a  donné,  dans  un  seul  cas,  de  l'acide  formique  à  97,5.  Les  monoformines 
et  les  formines  saturées,  diformine  pour  le  glycol,  triformine  pour  la  glycé- 
rine, etc.,  et  aussi  les  oxalines,  s'obtiendront,  et  mieux,  avec  l'acide  oxalique 
désliydraté.  J'aurai  l'occasion  de  revenir  sur  ces  expériences.  » 

(  1  )  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4^  série,  t.  XXIX,  p.  371,  et  Bulletin  de  la  Société 
chimique,  t.  II,  p.  241  ;  iS^S. 


(   i33o  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Isomérie  des  chlorhydrates  C'H'^HCl. 
Note  de  M.  J.  Riban. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Cahours.) 

«  Il  résulte  de  l'ensemble  de  nos  expériences  antérieures  et  de  nos  nou- 
velles recherches  sur  le  même  sujet  :  i°  que  le  monochlorhydrate  de  téré- 
benthène  est  absolument  indécomposable  par  l'eau  froide,  qu'il  n'aban- 
donne que  de  très-faibles  quantités  d'acide  chlorhydrique  à  loo  degrés  et 
qu'il  perd  rapidement  la  totalité  de  son  acide  à  200  degrés,  en  se  transfor- 
mant en  térébène.  Le  stéarate  de  soude,  la  potasse  alcoolique  le  transforment 
en  camphène  actif,  l'acétate  de  soude  en  camphène  inactif.  2°  Que  le  chlor- 
hydrate de  térébène  est  rapidement  décomposable  par  l'eau  froide  avec 
production  de  |3-camphène,  par  l'eau  à  100  degrés  avec  régénération  de 
térébène,  corps  liquide;  de  même  sous  l'action  de  la  potasse  alcoolique.  Le 
stéarate  de  soude  le  change  en  un  mélange  de  térébène  régénéré  et  de  /3- 
camphène.  3°  Que  le  monochlorhydrate  des  divers  camphènes  est  lente- 
ment décomposable  par  l'eau  froide;  par  l'eau  à  100  degrés,  la  potasse 
alcoolique,  le  stéarate  de  soude,  il  régénère  du  camphène,  corps  solide. 
4°  Que  l'éther  chlorhydrique  des  bornéols  ayant  même  formule  se  comporte 
comme  cette  dernière  série  de  corps  et  appartient  en  conséquence  au  type 
chlorhydrale  de  camphène. 

»  La  partie  de  ces  faits  relative  à  faction  de  l'eau  seule  montre  que  les 
nombreux  chlorhydrates  que  nous  avons  étudiés  peuvent  être  rapportés  à 
trois  types  principaux  :  1°  corps  indécomposable  par  l'eau  froide  et  très-fai- 
blement par  l'eau  à  100  degrés,  type  chlorlijdrale  de  téréùenthène ;  2°  corps 
décomposable  par  l'eau  froide  et  donnant  par  l'eau,  à  100  degrés,  un  car- 
bure liquide,  type  chlorhydrate  de  térébène;  3°  corps  décomposable  par  l'eau 
froide  et  par  l'eau,  à  100  degrés,  avec  régénération  d'un  carbure  solide, 
type  chlorhydrate  de  camphène. 

»  Chacun  de  ces  types  a  un  point  de  fusion  spécial  (atmosphère  chlor- 
hydrique et  légère  pression  s'opposant  à  la  dissociation  du  corps)  ;  nous 
avons  trouvé  :  chlorhydrate  de  térébenthèue  fusible  à  i3i-i3a  degrés; 
chlorhydrate  de  térébène  à  I25  dtgrés  ;  chlorhydrates  de  camphène  actif, 
d'à  et  de  ^  inaclifs,  de  bornéo-camphène,  éther  chlorhydrique  du  bornéol 
fusibles  à  ll^6  degrés. 

»  L'analyse  de  ces  divers  chlorhydrates  non  sublimés  dans  l'HCI  montre 
que  celui  du  térébenthèue  possède  seul  la  composition  théorique  20.  oj 


(  i33i  ) 
pour  loo  de  chlore,  que  tous  les  autres  accusent  une  perte  de  chlore  d'au- 
tant phis  grande  qu'ils  sont  moins  stables.  Ils  peuvent  être  classés,  eu  égard 
à  leur  stabilité  décroissante,  dans  l'ordre  suivant  :  chlorhydrate  de  térében- 
thène,  éther  chlorhydrique  du  bornéol,  chlorhydrates  des  camphènes, 
chlorhydrate  de  térébéne. 

»  J'ai  fait,  en  me  plaçant  toujours  dans  les  mêmes  conditions,  l'élude  de 
la  décomposition  de  ces  corps  par  vingt-cinq  fois  leur  poids  d'eau  en  fonc- 
tion du  temps.  On  prenait  i  gramme  de  chaque  chlorhydrate,  25  grammes 
d'eau  et  l'on  dosait  à  des  heures  déterminées  l'HCl  éliminé.  On  a  tracé 
les  courbes  des  divers  résultats  réunies  dans  le  tableau  suivant  : 


13    14    15  heures. 

(i)  Chlorhydrate  de  camphène  inactif;     (2)  de  térébéne;     (3)  de  camphène  actif; 
(/|)  du  bornool  ;     (5)  de  térébenthène. 

»  La  décomposition  très-faible  du  chlorhydrate  de  térébenthène  est  re- 
présentée sensiblement  par  une  ligue  droite 

Q  =  o,ooo8if, 

Q  désignant  la  quantité  d'HCl  éliminée,  t  le  temps  de  la  chauffe.  Les  autres 
chlorhydrates  perdent  au  contraire  rapidement  leur  acide  chlorhydrique, 
tendant  ensuite  lentement  vers  une  limite  j"  ==  o*'''',  2116,  qui  représente  la 


(  i332  ) 

totalité  de  l'HCl  contenu  clans  le  corps  mis  en  expérience.  Parmi  ces  der- 
niers, les  chlorhydrates  de  térébène  et  de  camphène,  actif  et  inacfif,  ont 
un  mode  de  décomposition  très-voisin  sinon  identique.  L'éther  chlorhy- 
drique  du  bornéol  jouit  d'une  stabilité  intermédiaire  entre  celle  du  chlor- 
hydrate de  térébenthène  et  celle  des  autres,  ce  qui  rend  très-probable  son 
isomérie. 

»  Diacjnose  des  chlorhydrates^  C'W^f  HO.  —  On  peut  tirer  de  l'exa- 
men du  tableau  et  des  considérations  antérieures  un  moyen  pratique  et 
rapide  de  reconnaître,  étant  donné  un  chlorhydrate,  à  quel  type  il  appar- 
tient. 

»  Quelques  décigrammes  de  matière  sont  chauffés  à  loo  degrés  durant 
quatre  heures,  avec  a5  fois  leur  poids  d'eau,  dans  un  tube  scellé  couché 
horizontalement  et  rempli  à  moitié  par  l'eau.  Au  bout  de  ce  temps  :  (A),  la 
matière  indécomposée,  conserve  l'état  solide  à  chaud  :  chlorhjdrate  de  léré- 
benlhène.  L'eau  soutirée  louchit  à  peine  l'AgO,  AzO'  ou  donne  quelques 
rares  flocons  d'AgCl.  La  matière  primitive  broyée  à  froid  avec  de  l'eau 
bleuie  par  le  tournesol  ne  le  rougit  pas.  (B),  la  matière  décomposée,  est 
liquide  à  chaud  :  chlorhydrate  des  campfiènes,  des  bornéols,  du  térébène; 
i"  elle  se  fige  par  refroidissement  :  chlorhjdraie  des  camphènes,  des  bor- 
néols; 2°  elle  reste  liquide  à  toute  température  :  chlorhy^drate  de  térébène. 
De  plus,  pour  les  corps,  (B),  l'eau  soutirée,  donne  un  précipité  très-abon- 
dant cailleboté  d'AgCl,  et  la  matière  primitive  broyée  avec  de  l'eau  froide 
rougit  le  tournesol. 

»  Le  sens  du  pouvoir  rotatoire  des  chlorhydrates  indiquera  leur  pro- 
venance. L'énergie  comparative  de  la  décomposition  par  l'eau,  après  douze 
heures  de  chauffe  par  exemple,  permettra,  quoique  plus  difficilement,  de 
discerner  l'éther  chlorhydrique  des  bornéols  des  chlorhydrates  de  cam- 
phène, dont  il  possède  toutes  les  autres  propriétés.  » 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  Recherches  sur  les  fonctions  du  ganglion  frontal 
chez  le  Dytiscus  marginalis.  Mémoire  de  M.  E.  Faivre,  présenté  par 
M.  Cl.  Bernard.  (Extrait.) 

(Ce  Mémoire  est  renvoyé  au  Concours  du  Prix 
de  Physiologie  expérimentale.) 

«  Il  existe  chez  les  insectes,  à  la  région  pharyngienne,  un  petit  centre 
nervenx,  le  ganglion  frontal  de  forme  triangulaire.  Des  parties  latérales  de 
sa  base  dirigée  en  avant  naissent  deux  connectifs  qui  se  rattachent  à  l'en- 


(  i333  ) 
cpphale;  du  milieu  de  cotto  b;)so  piirt  un  nerf  destiné  aux  nuisclos  pliaryii- 
giens;  au  sommet  du  ganglion  est  l'origine  du  stomato-gaslrique. 

1)  Si  l'on  met  à  nu,  chez  un  insecte  vivant,  le  sphincter  pharyngien  et 
le  ganghon  frontal,  on  constate  aisément  le  mouvement  de  déglutition,  con- 
sistant en  une  alternative  de  dilatation  et  de  contraction  du  pharynx. 

»  Les  excitations  du  ganglion  frontal  activent  ces  mouvements,  son 
ablation  les  abolit;  ils  se  maintiennent  au  contraire  si  le  ganglion  frontal 
est  intact,  alors  même  qu'on  a  enlevé  la  totalité  de  l'encéphale;  on  peut 
même  les  activer  dans  ces  conditions,  en  agissant  sur  le  centre  nerveux 
ainsi  isolé. 

»  L'excitation  du  frontal  sur  le  pharynx  se  traduit  par  deux  effets  :  une 
contraction  marquée,  une  dilatation  active  et  énergique;  cette  action  dila- 
tatrices'observebien  chez  des  insectes  vigoureux, après  excitations  réitérées 
du  frontal,  consécutives  ou  non  à  la  section  des  connectifs;  quelques  pi- 
qûres légères  de  ce  centre  provoquent  alors  une  énergique  ampliation 
diastolique  du  pharynx,  avec  suspension  momentanée  des  mouvements  de 
déglutition;  on  peut,  dès  qu'ils  se  sont  rétablis,  en  réitérant  l'action  sti- 
mulante, reproduire  la  diastole.  Nous  avons  dans  ce  fait  un  exemple  de  la 
mise  eu  jeu,  par  l'action  d'un  centre  nerveux,  de  la  puissance  musculaire 
dilatatrice. 

»  Consécutivement  à  la  section  des  coiniectifs  frontaux  cérébraux,  les 
mouvements  du  sphincter  pharyngien  deviennent  souvent,  d'intermittents 
qu'ils  étaient,  rhythmés  et  continus;  ils  peuvent  ainsi  persister  plusieurs 
heures. 

»  Tel  est  le  mode  d'action,  sur  le  pharynx,  du  ganglion  frontal;  l'exci- 
tation du  même  centre  nerveux  transmise  par  le  récurrent  jusqu'aux  esto- 
macs, et  particulièrement  au  sphincter  cardiaque,  y  met  en  jeu  toute  une 
autre  série  de  mouvements  de  déglutition;  les  mouvements  spasmodiques 
du  sphincter  cardiaque  sont  d'abord  très-activés;  ils  diminuent  sensible- 
ment si  le  frontal  a  été  excité  avec  une  certaine  continuité,  et  cette  dimiiui- 
tion  est  liée  à  un  état  diastolique;  si  l'excitation  du  frontal  a  été  longtemps 
continuée,  il  suffira  de  quelques  actions  directes  portées  sur  le  sphincter 
cardiaque  pour  en  éteindre  rapidement  le  pouvoir  contractile.  Ainsi  le 
frontal  excité  réagit  vivement  sur  les  sphincters  pharyngien  et  cardiaque, 
lantlis  qu'il  manifeste  beaucoup  plus  difficilement  sur  les  pièces  buccales 
une  influence  appréciable. 

»   Après  l'étude  de  l'action  pro|)re  au  ganglion  froulal,  manifestée  con- 

('..  K.,  irtys,    i"  Si-m^s '.,,-.  (!■.(, XXX,   N""2^.^  I  yS 


(  i334  ) 

spcutivement  aux  excitations  directes,  nous  nous  sommes  proposé  de  dé- 
lerminer  son  rôle  comme  centre  d'actions  réflexes;  l'expérimentation  nous 
a  conduit  aux  résultats  suivants  : 

I)  Les  excitations  portées  sur  les  estomacs  déterminent,  par  l'intermé- 
diaire du  nerf  récurrent  et  l'action  du  frontal,  des  mouvements  de  déglu- 
tition accélérés. 

))  La  section  des  connectifs  fronto-cérébraux  n'empêche  pas,  dans  ces 
conditions,  l'accroissement  de  ces  mouvements,  de  même  qu'elle  n'empêche 
pas,  consécutivement  à  la  piqûre  du  frontal,  les  mouvements  du  sphincter 
cardiaque.  Ainsi  ce  pouvoir  réflexe  du  frontal  peut  être  mis  en  jeu  par  des 
excitations  ayant  leur  point  de  départ  en  arrière  de  ce  centre. 

»  Les  excitations  mécaniques  des  pièces  buccales,  l'ingestion  des  ma- 
tières alimentaires  peuvent  aussi  provoquer  des  mouvements  de  déglutition 
rapides  et  fréquents,  par  suite  de  l'intervention  du  ganglion;  des  mouve- 
ments ainsi  caractérisés  ne  se  produisent  plus  consécutivement  à  la  section 
des  connectifs,  ce  que  l'on  peut  concevoir,  les  connectifs  établissant  des 
rapports,  d'une  part,  entre  le  frontal  et  l'encéphale,  de  l'autre,  entre  le 
dernier  centre  et  les  pièces  buccales,  instruments  de  la  préhension  et  de  la 
mastication. 

»  Nous  avons  recherché  les  effets  produits  par  les  lésions  des  diverses 
parties  de  l'encéphale  sur  le  ganglion  frontal,  et  voici  ce  que  nous  a  appris 
l'expérience  :  les  piqûres  légères  du  sus-œsophagien  ont  sur  les  mouve- 
ments de  déglutition  une  influence  peu  appréciable;  elles  les  accélèrent, au 
contraire,  si  elles  portent  sur  la  région  des  pédoncules  cérébraux. 

»  La  piqûre  du  ganglion  sous-œsophagien  donne  lieu,  de  la  part  des 
muscles  pharyngiens  excités  par  le  frontal,  aux  manifestations  les  plus  éner- 
giques; les  mouvements  de  déglutition  sont  exagérés,  la  systole  et  la  dia- 
stole du  sphincter  pharyngien  sont  extrêmes;  si,  dans  ces  conditions,  on 
vient  à  exciter  directement  le  frontal,  les  mouvements  s'arrêtent  et  la  dia- 
stole est  manifeste;  on  peut  reproduire  les  mêmes  effets,  qui  rappellent 
ceux  des  nerfs  d'arrêts,  lorsque,  les  mouvements  s'étant  rétablis,  on  réitère 
l'excitation.  La  piqûre  du  sous-œsophagien  détermine  énergiquement,  en 
même  temps  que  les  mouvements  du  sphincter  pharyngien,  les  contrac- 
tions du  sphincter  cardiaque.  Si,  avant  d'exciter  le  sous-œsophagien,  on  a 
opéré  la  section  des  connectifs,  on  ne  donne  plus  lieu  aux  manifestations 
dont  il  vient  d'être  parlé. 

»  Il  résulte  de  nos  recherches  que  le  ganglion  frontal  préside  spéciale- 
ment aux  mouvements  de  déglutition,   qu'il  ilétermine  non-seulement   la 


(  '335  ) 
coiitraclioii,  mais  la  dilalatioii  du  sphinclcr  pliaryiigien,  qu'il  réagit  en 
même  temps  par  le  récurrent  sur  le  sphincter  cardiaque.  Le  pouvoir  propre 
do  ce  centre  peut  èlre  mis  en  jeu  par  des  impressions  transmises  soil  d'ar- 
rière en  avant,  soit  en  sens  inverse;  il  associe,  par  l'intermédiaire  de  l'en- 
céphale auquel  le  rattachent  les  connectifs,  les  actes  de  préhension  et  masli- 
cation  à  la  déglutition  pharyngienne  et  à  l'ingestion  des  aliments  jusqu'aux 
estomacs  et  à  l'intestin.  Ce  sous-œsophagien  est  le  centre  sous  l'influence 
duquel  il  réagit  avec  le  plus  d'énergie.  En  définitive,  le  ganglion  frontal, 
distinct  par  son  rôle  spécial  des  autres  centres  nerveux  de  la  chaîne  gan- 
glionnaire, s'en  rapproche  par  ses  propriétés  essentielles,  et,  comme  nous 
nous  en  sommes  assuré,  par  sa  structure  elle-même.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  l'organisation  et  ta  classification  naturelle  des  Acariens  de  la 
famille  des  Ganiasides  (P.  Gerv.).  Note  de  M.  Mégnin,  présentée  par 
M.  Ch.  Robin. 

(Commissaires  :  MM.  Blanchard,  Robin,  de  Lacaze-Duthiers.) 

«  Le  nom  de  Ganiase  a  été  donné  pour  la  première  fois  par  Latreille  (i) 
à  un  groupe  d'Acariens  parasites  distrait  du  genre  Acarus  de  Linné  et  dont 
il  fit  un  genre  particulier. 

»  Du  genre  Gamase  de  Latreille,  Dugès  (2)  fit  la  famille  des  Gamasés, 
ayant  pour  caractère  essentiel  d'avoir  les  palpes  libres,  filiformes,  et  il  la 
subdivisa  en  cinq  genres  :  Dermanyssus^  Gamasus,  Vropoda,  PleroplesetAnjas. 

»  Le  Mémoire  de  Dugès  sur  les  Gamases,  bien  que  déjà  ancien,  est  ce- 
pendant le  dernier  travail  original  fait  sur  ce  sujet:  aussi  en  retrouve-t-on 
la  substance  dans  tous  les  ouvrages  publiés  depuis  sur  l'Histoire  naturelle 
des  Acariens.  Cependant  il  laisse  beaucoup  à  désirer,  tant  sous  le  rapport 
de  l'Anatomie  et  de  la  Physiologie,  qui  sont  à  peine  effleurées,  que 
sous  celui  des  caractères  taxinomiques  des  animaux  microscopiques 
dont  il  traite.  A  part  son  espèce,  le  Dermanjssus  nvium,  qu'il  a  assez 
bien  étudié  au  point  de  vue  des  caractères  qui  distinguent  les  sexes  et 
de  ceux  qui  caractérisent  le  jeune  âge,  on  ne  trouve  plus  aucune  in- 
dication de  ce  genre  dans  l'étude  des  autres  espèces,  et  cependant  nous 
avons    démontré,    dans    notre   travail  sur   les    Hypopes   (3),  qu'il  n'est 

(1)  LvTRKiiXF.,  Gencrn  Criistaccorum.  Paris,  i8o(). 

(2J  Annales  des  Sciences  naturelles,  2'  si:rie,  Zoologie,  t.  II.  Paris,  i834. 
(3)  In  Journal  de  l'Anatomie...  de  M.  Cli.  llobin.  Paris,  1874,  p.  '-'■.'.5  et  suivantes. 

.7:1. 


(  i336  ) 
jiliis  possible  mainlenant  de  déterminer  exactement  une  espèce  acarienne 
si  l'on  ne  connaît  tons  ses  représentants  aux  différents  âges  et  dans  les 
deux  sexes,  car  ces  représentants  diffèrent  souvent  les  uns  des  autres 
au  point  que  rien  dans  leur  aspect  ne  fait  soupçonner  leur  étroite  pa- 
renté. C'est  pour  avoir  ignoré  ce  fait  que  Dugès,  Latreille,  Hermann  et 
même  Linné  ont  pris  pour  des  types  d'espèce,  et  même  de  genre,  soit  des 
mâles,  soit  des  femelles,  soit  même  de  simples  nymphes.  Ainsi  la  pins 
ancienne  espèce  connue  de  cette  famille,  celle  qui  lui  a  servi  de  fonde- 
ment, aussi  bien  qu'au  genre  Gamase,  le  Gamasiis  coleopteratonim  de  La- 
treille et  de  Dugès,  l'ancien  Àcarus  coleojjleralorum  de  Linné,  n'est  qu'une 
nymphe,  c'est-à-dire  un  individu  non  sexué  et  impubère,  et  la  division  en 
deux  parties  de  son  plastron  dorsal,  que  l'on  a  pris  pour  principal  carac- 
tère du  genre  Gamase,  disparaît  lorsque  l'individu  devient  adulte.  I-e  Ga- 
masus  crassipes  et  le  Gamasiis  lesliidiiiaiius  sont,  le  premier  le  mâle,  le  se- 
cond la  femelle  de  l'espèce  dont  le  Gamasus  coleopteralorum  est  la  nvmphe. 
Le  Gamasus  lélragonoïde  est  le  mâle  du  Gamasus  cellaris,  qui  est  une 
femelle.  Le  Gamase  bordé  doit  son  nom  à  un  caractère  qui  appartient  à 
toutes  les  femelles  du  genre.  Enfin  V Uwpode  véyétant  nest  qu'une  nymphe 
munie  d'un  appareil  d'adhérence  qui  lui  permet  de  s'attacher  solidement 
aux  insectes,  lequel  appareil  disparaît  à  l'âge  adulte. 

»  Ces  exemples  suflisent  pour  montrer  la  nécessité  d'irne  révision  com- 
plète de  la  famille  des  Gamasides.  C'est  l'objet  d'un  Mémoire  que  nous 
terminons  et  dont  la  présente  Note  est  un  extrait.  Mémoire  qui  comprend  : 
1°  l'anatomie  et  la  physiologie  des  Acariens  de  cette  fiunille;  2"  leur  classi- 
fication basée  exclusivement  sur  les  affinités  organiques;  3°  la  preuve  que 
les  Gamases  forment  une  transition  très-naturelle  entre  les  Arachnides  et 
les  insectes  hexapodes,  attendu  qu'ils  monirent  réunis  des  détails  anato- 
miques  appartenant  à  chacune  des  deux  classes;  4°  enfin  l'établissement 
du  fait  que  le  parasitisme  des  Gamases  et  des  Uropodes  est  l'apanage  ex- 
clusif des  nymphes,  et  que  ce  parasitisme  est  de  même  sorte  que  celui  des 
Ilypopes,  c'est-à-dire  que  l'Acarien  n'emprunte  à  son  hôte  que  le  véhicule 
et  que  cet  hôte  est  l'agent  inconscient  de  la  conservation  et  de  la  dissémi- 
nation de  son  parasite  inolfensif. 

»  Voici  une  classification  des  genres  et  des  espèces  que  nous  admet- 
tons jusqu'à  présent  dans  la  famille  des  Gamasides,  eu  un  tableau  qui  est 
en  même  temps  un  exposé  des  caractères  de  la  faiiullc  et  de  ses  subdi- 
visions, et  un  résumé  de  l'organisation  des  élres  qui  la  composent. 


(   '^Sy  ) 


Famille 

des 

Gamasides 

(P.  Gerv.). 


Acariens  aveugles,  àlé- 
guments  du  tronc ,  en 
tout  ou  en  partie  coria- 
ces :  1°  palpes  maxillai- 
res anlenniformes  à  cinq 
articles;  2° palpes  maxil- 
laires ou  galettes  à  deux 
articles,  dont  le  premier 
adhérent;  mandibules 
en  pinces  didaclyles  or- 
dinairement dissembla- 
bles dans  les  deux  sexes, 
invaginées  et  exertiles. 
Pattes  à  six  articles,  à 
torse  subarticulé  près  de 
sa  base,  terminé  par  une 
paire  de  crochets  à  une 
caronculelobée.  Système 
respiratoire  trachéen , 
aboutissant  à  une  paire 
de  stigmates,  situés  entre 
leshanches  des  dernières 
pattes  et  se  continuant 
par  un  tube  aérifère  di-  /  f'-"'"'^'  «'»"- 
rigé  en  avant.  Organe 
mâle,  émergeant  d'une 
ouverture  circulaire,tail- 
lée  dans  le  bord  anté- 
rieur du  sternum.  Or- 
gane femelle,  situé  entre 
les  dernières  pattes  ou 
plus  enavant,etfigurar]t 
une  ouverture  triangu- 
laire fermée  par  un  cla- 
pet il  charnières. 


Pattes  con- 
tigucset  for- 
mant un  seul 
groupe  sous- 
thoracique. 
La  première 
paire  à  han- 
ches libres  et 
palpiformes; 
tarse  de  cette 
paire  cylin- 
drique, des 
au  1res  paires 
conique. 

Tube  aéri- 


Téguments 
du  Ironc  co- 
riaces for- 
mant deux 
plastrons,  un 
dorsal  et  un 
ventral,  qui 
couvrent  to- 
talement le 
tronc.  (Les 

nymphes 

seules  sont 

l>arasites  et 

se   rencon- 

/  trent  sur  les 

insectes.) 


Plastrons  soudés  par  ' 
leurs  bords  chez  le  mâle, 
et  unis  par  une  membrane 
diaphane  chez  la  femelle. 
Pattes  et  rostre  non  ré- 
tractiles.  Stipe  des  mandi- 
bules articulé  dans  son 
milieu.  Stigmates  s'ou- 
vrant  entre  les  hanches 
des  troisième  et  quatrième 
paires  de  pattes. 


Genre  Cnmasus. 

3  sections.  —  g  espèces. 

[fuir  plus  bas  les  ca- 

i-actères  diflcrentiels  des 

sections  ou  sous-genres.  ) 


vrantàlabase 
du  rostre. 
Embryon 
hexapode. 


Plastrons  soudés  par 
leurs  bords  dans  les  deux 
se.\es,  dépassant  le  corps 
latéralement,  et  présen- 
tant inférieurement  des 
cavités  où  se  dissimulent 
les  pattes  lors  de  leur  ré- 
traction. Rostre  rétractile, 
pouvant  se  dissimuler 
complètement  entre  l'é- 
pistome  et  les  hanches  de 
la  première  paire  de  pattes. 
Mandibules  semblables 
dans  les  deux  sexes,  iislipe 
délié  et  aussi  long  que  le 
corps.  Stigmates  s'ouvrant 
entre  les  hanches  des 
deuxième  et  troisième 
\  pattes. 


Genre  Uropodn. 

2  espèces. 

U.  sciitujata  (Mégnin). 

V.  //-HHc-rtrrt  (iUégnin). 


Genre 
Gamasus. 

3  sections 

ou 
sous-genrcs. 
9  espèces. 


Téguments  du  tronc,  mous  et  striés, 
présentant  cependant  au  milieu  do 
chaque  face  de  petits  plastrons  minces, 
peu    visibles,   transparents   (parasites 

I  temporaires  des  oiseaux  dont  ils  habi- 

1  tent  les  nids). 

Pattes  réparties  en  deux  groupes  peu  distincts, 
très-volumineuses,  toutes  semblables.  Tube  aérifère, 
s'ouvrant  entre  les  deux  groupes  de  pattes.  Embryon 
octopode.  (Parasites  des  chauves-souris.) 

Deuxième  paire  de  pattes  volumineuse  et  présen- 
tant d'énormes  tubercules  à  ses  articles  moyens  chez 
le  mâle,  un  peu  plus  grosse,  mais  semblable  aux 
autres  chez  la  femelle.  Première  paire  grêle,  longue, 
palpiforme;  quatrième  paire,  presque  aussi  longue 
que  la  première.  IVymphes  ayant  le  plastron  dorsal 
divisé  en  deux  segments. 

Deuxième  paire  de  pattes  semblable  dans  les  deux 

sexes   et  semblable  aux  autres;   première  paire  de 

même  volume  que  les  autres  et  les  dépassant  peu  en 

longueur  aussi  bien  que  la  quatrième.  Nymphes  à 

\  plastron  dorsal  entier. 

Rostre  recouvert  par  l'épistome  que  les  grands  palpes  maxillaires  dépassent 
seuls    Nymphes  à  plastron  dorsal  toujours  entier.  Aussi  voisins  .les  I  ropodes 
\   que  des  Gamases  de  la  i)rcmière  section. 


;  Rostre  découvert,  sail- 
lant en  avant  de  l'épi- 
stome. 

Nymphes  à  plastron 
dorsal,  divisé  en  deux 
segments  ou  entier 


Genre  Deimaiiyssiis, 
3  espèces. 
D.  at'iitm  (Dugès). 
D.i^al/i/uv{i,\('ça.  c.v  Dugès) 
D.htrutulinis  (M.e-i-lïerm.) 

J         Genre  Pwropces, 

>  I  espèce. 

]  P.  vcspertillonis  (L.  Duf.) 

!•■«  section. 
'  G.  fimi^orum  (M.  ex  Latr.) 
I  G,  t'c//«/7V(Még:n.e.r  Latr.) 

IG.  hortorum  (Mégn.) 
G.  copromorgus  (Megn.) 

3^  section. 
G.  fenilis  (  Mégn.). 
G,  mrtrt/^y  (Mégn.). 

.i"   section. 
G.  muscî  (Mégn.). 
G.  nimnductts  (Dugès]). 
G.  laiicnarius  (Dugès). 


(  i338  ) 

»  Nota.—  Ce  sont  les  nymphes  des  Gamases  de  la  première  section  i]iie  l'on  trouve  géné- 
ralement sur  les  Gcotriipcs,  les  Bousiers,  etc.,  cl  cjui  ont  donné  lieu  à  la  jirétcndue  espèce 
le  G.  coleopteratoritm ;  mais  c'est  celle  du  G.  miisci,  que  l'on  rencontre  spécialement  sur  les 
Bourdons,  et  celle  du  G.  logcnarius  ou  du  G.  rotundatus,  que  l'on  trouve  sur  les  Xylo- 
copes,  parce  que  les  adultes  de  ces  dernières  vivent  sous  l'écorce  des  arbres  morts,  comme 
les  G.  musci  vivent  dans  l'humus  couvert  de  mousse,  et  ceux  de  la  première  section  dans 
les  bouses,  les  fumiers  ou  les  champignons  en  décomposition,  d'où  les  nymphes  s'échappent 
sur  le  dos  de  leurs  cohabitants. 

i>  On  remarquera  encore  dans  le  tableau  ci-dessus  que  le  genre  Argai,  de  Dugès,  n'y  ligure 
pas  :  c'est  que  nous  avons  reconnu  que,  malgré  ses  palpes  cylindriques,  il  se  rapproche 
beaucoup  plus,  par  l'ensemble  de  son  organisation,  des  Ixodes  que  des  Gamases,  et  qu'il 
appartient  par  conséquent  à  la  famille  des  Ixodidés.  » 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Etude  expérimentale  sur  le  principe  toxique 
du  sang  putréfié.  Note  de  M.  V.  Feltz,  présentée  par  M.  Cli.  Robin. 

(Commissaires:  MM.  Andral,  Bouillaiid,  Robin). 

«  Depuis  ma  précédente  Note  [Comptes  rendus,  i*'  mars  1875),  j'ai  con- 
tinué à  observer  ce  qui  s'est  produit  dans  le  liquide  ayant  servi  à  mes  pre- 
mières expériences,  laissé  depuis  d'une  manière  constante  an  contact  de 
l'air.  J'ai  constaté  que  les  infiniment  petits  ne  restent  en  pleine  activité 
qu'un  certain  temps  :  les  spirilles  et  les  vibrions  deviennent  de  plus  en 
plus  grêles  et  de  moins  en  moins  mobiles,  ils  finissent  par  s'inunobiliser 
complètement  et  même  par  disparaître;  les  bactéries,  les  points  mobiles 
et  les  membranes  zoogléiques  résistent  phis  longtemps;  mais,  à  leur  tour, 
on  les  voit  perdre  leurs  mouvements  d'oscillation  et  de  rotation  si  bien 
qu'à  un  moment  donné  on  ne  voit  plus  dans  le  liquide,  011  il  y  avait  tant 
de  vie,  que  des  débris  de  bâtonnets  et  des  grains  immobiles.  Les  restes  des 
globules  se  reconnaissent  toujours  dans  les  agrégats  moléculaires  plus  ou 
moins  colorés  en  jaune;  on  distingue  encore  quelques  fortues  cristallines 
et  par-ci  par-là  quelques  fins  linéaments  qui  rappellent  les  moisissures. 
L'odeur  du  sang  se  modifie  aussi  :  elle  est  moins  pénétrante;  le  dégagement 
des  produits  anuuoniacaux  diminue  également.  Le  temps  agirait  donc  sur 
le  sang  putréfié  à  la  fois  coinme  le  contact  prolongé  de  l'oxygène  et  comine 
le  séjour  longtemps  continué  dans  le  vide  (Note  dti  1"  mars). 

»  A.  Sançj  putréfié  vieux.  —  Le  sang  putréfié  ainsi  modifié  par  le  temps 
(3  mois)  a  été  expérimenté  sur  six  cbiens  dont  trois  âgés  de  moins  d'un  an 
et  trois  de  deux  à  trois  ans.  Ce  liquide  fut  injecté  dans  la  veine  crurale  à 
des  doses  variant  entre  i  et  a  centimètres  cubes,  suivant  la  taille  et  le  poids. 


(  i339  ) 
Les  six  chiens  n'ont  pas  tardé  à  présenter  des  signes  évidents  de  maladie  : 
augmentation  de  température,  perte  d'appétit,  vomissements  plus  ou  moins 
fréquents,  diarrhée  bilieuse,  parfois  sanguinolente,  diminution  de 
poids,  etc...  Quatre  de  nos  animaux  succombèrent,  mais  seulement  au 
bout  de  dix  ou  douze  jours,  et  présentèrent  à  l'aulopsie,  faite  immédiate- 
ment après  la  mort,  les  signes  habituels  de  l'infection;  les  deux  autres 
chiens  se  rétablirent  complètement.  En  dehors  du  retard  et  de  la  durée  plus 
longue  de  la  maladie,  les  animaux  de  cette  série  d'expériences  ne  différaient 
en  rien  de  ceux  qui  font  l'objet  de  la  Note  du  i"  mars. 

»  Le  sang  putréfié  vieux  où  toute  vie  a|)parente  a  cessé  aurait  donc  les 
mêmes  propriétés  toxiques  que  le  sang  en  pleine  fermentation  où  la  vie 
des  infiniment  petits  est  si  caractéristique,  et  l'on  devrait  accuser  comme 
cause  immédiate  de  la  septicité  les  principes  chimiques  développés  dans  le 
sang  par  la  fermentation  et  non  les  infiniment  petits  eux-mêmes.  Cette 
idée  ne  peut  cependant  se  soutenir,  car  l'examen  du  sang  des  animaux 
morts  pratiqué  immédiatement  ne  laisse  pas  de  doute  sur  la  présence  de 
bactéries  et  de  cocobactéries,  quoiqu'il  n'y  en  ait  pas  en  de  vivaces  dans 
le  sang  injecté;  on  doit  donc  admettre  que  les  germes  que  le  liquide  in- 
jecté contenait  encore  se  sont  développés  de  nouveau  dès  qu'ils  ont  re- 
trouvé dans  le  sang  sain  un  terrain  favorable  à  leur  évolution  et  ont  ainsi 
pu  reproduire,  après  une  véritable  incubation,  les  lésions  chimiques  et 
morphologiques  habituelles  de  la  septicémie. 

»  B.  Sang  putréfié  vieux  desséché.  —  Pour  confirmer  ou  infirmer  cette 
manière  de  voir,  j'ai  fait  les  essais  suivants  :  laissant  toujours  le  sang  pu- 
tréfié initial  exposé  à  l'air  et  au  soleil,  j'ai  attendu  que  ce  liquide  fût  réduit 
à  consistance  pâteuse  ;  je  l'ai  ensuite  desséché  complètement  dans  une  étuve 
et  réduit  en  poudre  très-fine  dans  un  mortier.  Cette  poussière  de  sang  pu- 
tréfié datant  de  cinq  mois,  tamisée  avec  soin  et  mélangée  à  la  dose  de  i  cen- 
timètre cube  à  2  ou  3  grammes  d'eau  distillée,  fut  injectée  dans  la  veine 
crurale  à  trois  chiens  très-bien  portants,  jeunes  et  vigoureux.  Ces  trois  ani- 
maux ne  furent,  dans  les  premiers  jours,  que  très-peu  impressionnés  :  ce 
n'est  qu'après  quatre  ou  cinq  jours  qu'ils  commencèrent  à  avoir  de  la  fièvre, 
de  l'inappétence,  de  la  diarrhée  séreuse,  bilieuse  ou  sanguinolente  et  des 
urines  plus  ou  moins  chargées  de  principes  biliaires.  Deux  de  ces  chiens 
succombèrent,  le  premier  dix  jours,  le  deuxième  seize  jours  après  l'inocula- 
tion. Le  troisième  chien  ne  tomba  malade  qu'après  six  jours  :  fièvre  et  diar- 
rhée durèrent  neuf  jours,  puis  l'animal  se  rétablit  complètement.  Les  deux 
sujets  morts  avaient  eu  l'un  et  l'autre  durant  plusieurs  jours  des  selles  san- 


(  ^Mo  ) 

glaiilcs.  L'antopsie  ne  nous  révéla  d'antre  lésion  cpie  celle  de  la  septicémie  ; 
le  sang  conlenail  des  cocobacléries  et  des  bactéries  et  présentait  la  délor- 
mation  et  la  diffltience  si  caracléristiqnes  des  globules  rouges. 

»  L'exauien  minutieux  du  sang  desséché  mêlé  à  de  l'eau  distillée  ne  nous 
a  rien  montré  qui  pût  être  pris  pour  des  bactéries  ou  des  vibrions  vivants  ; 
on  ne  distinguait  que  des  grains  plus  ou  moins  gros  à  reflet  jaunâtre.  D'un 
autre  côté  l'injection  des  poussières  de  sang  étant  pratiquéeimmédialement 
après  le  mélange  avec  l'eau,  on  ne  peut  supposer  que  dans  ce  court  instant 
il  aurait  pu  y  avoir  développement  d'infiniment  petits,  autrement  nous  les 
aurions  vu  se  produire  sous  le  microscope  même.  Les  animaux  inoculés 
ayant  présenté  tous  les  trois  les  symptômes  anatomiques  et  physiologiques 
de  rem|)oisonnement  septiqiie  avec  génération  dans  le  sang  de  points  mo- 
biles et  de  bactéries,  force  nous  est  donc  d'admettre  qu'il  y  avait  dans  les 
poussières  introduites  dans  le  sang  des  germes  susceptibles  de  se  développer 
et  d'éveiller  dans  l'organisme  les  phénomènes  de  la  fermentation  putride. 

»  Conclusion.  —  Le  sang  ayant  passé  par  toutes  les  périodes  de  la  putré- 
faction jusqu'à  sa  dessiccation  en  |)lein  air  déterminant  toujours  au  bout 
d'un  certain  temps  d'incubation  les  accidents  de  la  septicémie  ,  nous 
sommes  en  droit  d'admettre  qu'il  reste  toujoins  dans  nos  matières  inoculées 
des  germes  qui,  introduits  dans  le  sang  normal,  y  dévelo|)pent  le  travail 
septique  dont  les  infiniment  petits  sont  l'indice  le  plus  certain.   » 

PHYSIOLOGIE   PATHOLOGIQUE.    —   Sur  l'aortile  clironujue.  Mémoire 
de  M.  P.  JoussET.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie.) 

«  i"  L'aortite  chronique  est  une  affection  caractérisée  anatomique- 
ment  par  l'inflammation  chronique  des  tuniques  de  l'aorte.  Les  principales 
lésions  sont  :  les  athéromes,  les  plaques  laiteuses  et  crétacées,  l'épaissis- 
seînent  et  la  perte  d'élasticité  des  parois,  et,  enfin,  la  dilatation  de  l'ar- 
tère. La  nature  inflammatoire  de  ces  lésions  a  été  démontrée  par  l'examen 
niicrographique.  L'inflammation  de  l'endartère  peut  se  propager  à  l'endo- 
carde, et  réciproquement.  Cette  lésion  constitue  alors  la  canlo-aortile. 
Comme  lésions  concomitantes,  on  rencontre  habituellement  l'ossifica- 
tion prématurée  des  artères  périphériques  et  la  sclérose  des  reins. 

»  2°  Cette  affection  piésente  deux  formes  .  une  doidoin-euse,  connue 
sous  le  nom  d'angine  de  iioibiiie,  et  l'autre  peu  ou  pas  doulouieuse  :  c'est 
celle  qui  fait  l'objet  de  celle  Communication. 


(  i3/ii  ) 

))  3°  L'aortite  chronique  est  une  affection  fréquente  :  elle  est  habituel- 
lement méconnue  et  confondue  avec  une  affection  du  c&nr,  ou  bien  avec 
une  néphrite  intersiicieile. 

»  4°  L'aortite  chronique  succède  quelquefois  à  une  aortite  aignë.  Elle 
reconnaît  dans  ce  cas  toutes  les  causes  de  cette  dernière  affection  :  les 
alcools,  le  tabac,  le  café  et  le  thé  sont  les  circonstances  étiologiques  qui 
favorisent  le  développement  de  l'aortite  chronique.  Tous  les  malades  chez 
lesquels  je  l'ai  observée  étaient  goutteux  ou  hémorrhoïdaires,  et  avaient 
dépassé  trente-cinq  ans. 

»  5°  Les  symptômes  principaux  sont  une  dyspnée  habituelle,  et  de 
temps  à  antre  de  grands  accès  de  suffocation.  Ces  grands  accès  ont  les 
caractères  de  la  dyspnée  cardiaque.  Le  pouls  s'accélère  en  même  temps 
qu'il  devient  petit,  et  il  finit  par  disparaître.  État  hypothimique,  sueurs 
froides  et  quelquefois  syncope  complète.  Pendant  les  accès,  l'expiration 
est  convulsive  et  prolongée.  L'insomnie,  la  perte  des  forces,  l'anémie 
sont  les  autres  symptômes  de  l'aortite;  ils  conduisent  à  la  cachexie,  carac- 
térisée par  l'œdème,  les  urines  aibnmineiises,  le  subdelirinm.  La  mort  sur- 
vient par  asphyxie,  syncope  ou  accidents  urémiques. 

»  6°  Les  signes  physiques  sont  diverses  modifications  dans  les  brnifs 
aortiqiies,  la  formation  constante  d'un  plateau  dans  les  tracés  sphygmo- 
graphiques  et,  à  une  période  avancée,  l'augmentation  de  la  matité  aor- 
tiqiie.  )) 

PHYSIOLOGII'  PATHOLOGIQUE.  —  Nouvelle  méthode  de  traitement  du  rhumatisme 
cérébial  par  l'hydrate  de  chloral.  Mémoire  de  M.  E.  Bouchut. 

(Renvoi  à  la  Section  de  jMédecine  et  Chirurgie). 

«  Le  déplacement  du  rhumatisme  articulaire  aigu  et  son  transport  dans 
les  membranes  du  cerveau,  appelé  rhumatisme  cérébral  ou  méningite  rhu- 
matismale, est  généralement /or<  grave. 

»  L'anatomie  pathologique  et  l'ophthalmoscopie  prouvent  que  cette  com- 
plication du  rhumatisme  articulaire  aigu  n'est  qu'une  des  formes  de  la 
méningite.  L'examen  des  membranes  du  cerveau  révèle  luie  stase  veineuse 
considérable  avec  une  infiltration  opaline  de  la  pie-mère  causée  par.  de 
nombreux  leucocylhes. 

»  L'ophthalmoscope,  qui  permet  de  suivre  dans  le  fond  de  l'œil  les 
développements  des  altérations  de  la  substance  cérébrale   et   des  ménin- 

C.R.,1875,  l'f  5<?mcWf,  (T.  LXXX,  M"  21.)  '  7^ 


(  i342  ) 
gites,  fait  découvrir  une  infiltration  séreuse  de  la  papille  et  de  la  rétine 
avoisinante  avec  dilatation  des  veines  rétiniennes  qui  représentent  des  alté- 
rations semblables  de  la  pie-mère  et  du  cerveau. 

»  Le  rhumatisme  du  cerveau  s'annonce  par  un  délire  plus  ou  moins 
violent,  se  terminant  par  le  coma  et  par  une  asphyxie,  parfois  très-rapide, 
pouvant  entraîner  la  mort  en  quelques  heures. 

»  Dans  trois  cas  de  ce  genre,  la  guérison  a  été  obtenue  à  l'aide  de  l'hy- 
drate de  chloral  pris  par  la  bouche  à  la  dose  de  3  à  6  grammes  eii  une  ou 
deux  fois,  coup  sur  coup,  de  façon  à  obtenir  un  apaisement  immédiat  de 
l'agitation  offerte  par  les  malades.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.   —  //  Il  y  a  point  eu  de  mer  intérieure  au  Sahara.  Note 
de  M.  PoMEL,  présentée  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

Après  avoir  rappelé  divers  passages  de  son  ouvrage  intitulé  le  Sahara, 
où  il  pose,  dès  1872,  celte  question  et  la  résout  négativement,  l'auteur 
ajoute  : 

«  Tout  cela  était  écrit  et  publié  avant  l'agitation  soulevée  par  M.  le  ca- 
pitaine Roudaire,  auteur  de  la  question  de  la  mer  intérieure  ;  mais  depuis 
et  dans  la  session  de  décembre  1873  du  Conseil  supérieur  de  l'Algérie,  à 
propos  du  percement  de  ce  que  l'on  nomme  l'isthme  de  Gabès,  j'ai  pu 
être  plus  affirmatif  : 

«  La  différence  de  niveau  du  chott  Melghiyh  avec  la  mer  n'est  contestée  |)ar  aucun  sa- 
vant :  les  divergences  portent  seulement  sur  les  chiffres  ;  mais  l'isthme  de  Gabès  n'est  pas 
un  simple  amoncellement  de  sable;  il  est  probable,  au  contraire,  qu'il  constitue  une  ride  do 
collines  de  plusieurs  kilomètres  de  largeur,  et  dont  l'état  rocheux,  au  moins  en  partie,  com- 
pliquerait l'opération  de  percement.  »  {Procès-verbaux  des  séances.) 

»  Enfin,  dans  la  séance  de  la  Société  de  Cliuiatologie  et  Sciences  d'Al- 
ger du  25  septembre  1874,  j'ai  été  tout  aussi  explicite.  Le  procès-verbal 
porte  : 

«  M.  Pomel  ne  croit  pas  le  projet  réalisable,  à  cause  d'une  barre  rocheuse  entre  le  lac  et 
le  golfe.  Quanta  la  modification  possible  du  climat,  il  demande  ce  que  pourra  faire  une  vé- 
ritable goutte  d'eau  en  présence  de  l'immensité  du  Sahara.  Il  rappelle  que  les  îles  du  cap 
Vert,  noyées  au  milieu  d'une  vaste  étendue  d'eau,  ont  une  flore  saharienne.  »  [Bulletin, 
p.  722.) 

»  Sans  avoir  visité  Gabès,  je  n'hésitai  point  à  formuler  mon  opinion  sur 
la  structure  de  ce  coin  de  terre,  prédestiné  de  tout  temps  à  servir  de  thème 


(  i343  ) 
aux  écarts  de  l'imagination  ;  des  considérations  tirées  des  traits  généraux  de 
la  constitution  géologique  du  Sahara,  des  noms  caractéristiques  de  cer- 
tains types  orographiques  inscrits  sur  les  cartes,  des  stations  de  certaines 
plantes  rapportées  par  les  botanistes  voyageurs,  puis  une  étude  attentive 
des  textes  anciens,  m'avaient  conduit  à  cette  conviction,  que  je  formulais 
une  fois  encore  d'une  façon  fort  nette  dans  ma  dernière  Communication  à 
l'Académie.  A  ce  dernier  moment,  je  ne  savais  pas  encore  que  M.  l'ingé- 
nieur Fuchs  venait  de  constater  directement  l'existence,  le  relief  et  l'épais- 
seur de  la  prétendue  barre,  sa  nature  rocheuse  et  son  ancienneté  géolo- 
gique (j'ai,  toutefois,  toujours  des  raisons  pour  reculer  son  âge  vers  le 
milieu  de  la  période  crétacée);  qu'il  avait,  en  outre,  observé  sur  cette  ride 
un  manteau  d'atterrissemeut  quaternaire  à  caractère  diluvien,  tandis  que, 
à  un  niveau  plus  rapproché  de  celui  de  la  mer  et  du  côté  de  son  rivage,  il 
avait  reconnu  ce  cordon  de  plages  marines  quaternaires  émergées,  dont  j'ai 
parlé  plus  haut. 

C'est  donc  avec  une  légitime  satisfaction  que  je  signale  cette  confirma- 
tion de  mon  sentiment  sur  cette  question  litigieuse.  Je  me  vois  maintenant 
en  droit  de  réclamer  le  bénéfice  de  ce  contrôle  confirmatif  pour  toute  la 
thèse  soutenue  dans  mon  Sahara.  Il  y  a  plus:  la  mission  de  M.  Roudaire 
vient  de  constater  géométriquement  la  discontinuité  de  la  dépression  des 
chotts  au-dessous  du  niveau  de  la  mer,  et  ainsi  s'évanouit  définitivement  le 
mirage  de  la  mer  intérieure  de  Gabès  et  en  même  temps  celui,  plus  déce- 
vant encore,  de  la  grande  mer  saharienne.  i> 

BOTANIQUE.  —  Influence  de  la  sécheresse  sur  les  Crjptocjames; 
par  M.  E.  Robert. 

(Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Decaisne.) 

«  La  grande  sécheresse  qui  a  régné,  cette  année,  presque  sans  interrup- 
tion, depuis  le  commencement  de  janvier  jusque  vers  la  fin  d'avril,  me 
semble  avoir  été  très-funeste  aux  Cryptogames  et  en  particulier  à  la  classe 
des  Acotylédones.  Je  crois  avoir  acquis  la  certitude  que  cette  sécheresse 
extraordinaire  a  détruit  la  plupart  des  Mousses  qui  tendent  à  s'emparer  des 
terrains  secs  et  sablonneux,  des  versants  des  collines  calcaires  à  peine 
recouvertes  de  limon  diluvien,  des  revers  des  fossés  et  des  routes. 

»  La  destruction  de  ces  plantes  me  paraît  avoir  été  surtout  favorisée  par 
ce  fait,  que  les  Mousses  ont  été  privées  de  l'abri  qu'auraient  pu  leur  offrir 
les  Phanérogames  si  elles  n'avaient  été  elles-mêmes  retardées  dans  leur 

174.. 


(  i344  ) 

développement.  Pour  la  même  raison,  les  arbres,  les  bois,  n'avaient  guère 
mieux  protégé  les  Mousses. 

»  Au  point  de  vue  de  l'Agriculture  et  de  l'Arboriculture,  une  destruction 
aussi  générale  d'Acotylédones,  rendue  bien  manifeste  par  une  extrême  sic- 
cité  et  un  changement  de  couleur  de  la  plante,  qui  de  verte  est  devenue 
brun  noirâtre  ou  d'un  jaune  fauve,  suivant  les  espèces,  peut  avoir  une  cer- 
taine portée.  En  effet,  à  cette  heure,  dans  toutes  les  places  où  les  Mousses 
ont  été  détruites  par  la  sécheresse,  on  voit  les  Dicotylédonées  qu'elles 
étouffaient  prendre  plus  de  développement,  les  Graminées  taller  davantage, 
enfin  les  collines  se  tapisser  de  verdure. 

»  On  ne  peut  préciser  combien  de  temps  durera  cette  heureuse  transfor- 
mation; mais,  si  l'on  observe  que  les  grandes  espèces  de  Mousses  n'at- 
teignent que  très-lentement  leur  entier  développement,  ilfaut  espérer  que 
le  sol  en  sera  débarrassé  pour  quelques  années.  Si  la  grande  sécheresse  a 
retardé  la  végétation  générale,  elle  aura  eu  ce  bon  côté  de  détruire  des 
plantes  nuisibles  au  développement  des  plantes  fourragères.  » 

VITICULTURE.  -  Origine  du  Pli/Uoxera  à  Cognac  ;  par  M.  Mocillefert. 

(Kenvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Cognac,  22  mai  187 5. 

»  En  examinant  attentivement,  au  point  de  vue  de  la  maladie  de  la 
vigne,  une  carte  de  France  dans  la  région  de  l'Ouest,  un  fait  ressort  im- 
médiatement, c'est  qu'entre  les  dernières  taches  phylloxérées  de  la  région 
du  Bordelais  et  les  premières  des  Charcutes  il  y  a  un  espace  immense,  tel 
que  le  Phylloxéra  n'a  pu  le  traverser  d'un  seul  coup.  Si  l'on  remarque  sur- 
tout que  les  points  les  plus  anciennement  attaqués  sont  à  Cognac  et  à 
Pons,  et  que  depuis  les  bords  de  la  Girontle  jusqu'à  près  de  celte  dernière 
ville  les  vignobles  sont  très-rares,  le  sol  étant  en  grande  partie  couvert  de 
forêts  et  de  bruyères,  l'hypothèse  d'une  invasion  venant  du  sud  n'est  même 
plus  soutenable.  Une  invasion  venant  d'un  autre  côté  serait  encore  moins 
admissible. 

I)  Frappé  de  ce  fait,  depuis  longtemps  déjà  je  pensais  qu'il  devait  y 
avoir  un  centre  phylloxéré  aux  environs  de  Cognac  ou  de  Pons,  où  la  ma- 
ladie avait  tout  d'abord  paru  ;  mais,  n'ayant  pas  de  documents  à  l'appui  de 
mon  idée,  j'avais  cru  prudent  de  ne  rien  dire  et  d'attendre  des  preuves. 

»  A  force  de  recherches  et  de  renseignements,  j'ai  fini  par  trouver  ces 
jours-ci  (les  faits  précis  sur  la  question  qui  nous  occupe.  Par  l'intermé- 


(  i345  ) 
diaire  do  M.  ïhibaud,  adjoint  de  Cognac,  dont  le  zèle  pour  tout  ce  qui 
touche  au  Phylloxéra  est  inépuisable,  j'ai  su  qu'un  pépiniériste  de  Cognac, 
M.  Ferrand,  possédait  des  vignes  américaines.  Voici  ce  que  nous  avons  vu 
et  appris  : 

»  Ces  vignes  forment  un  ensemble  d'environ  une  trentaine  de  ceps; 
M.  Ferrand  les  a  reçues  directement,  avec  des  racines,  de  l'Amérique,  par 
l'intermédiaire  de  son  fils,  il  y  a  près  de  huit  ans. 

»  Elles  appartiennent  pour  plus  de  moitié  au  type  Fitis  lahrusca  et  com- 
prrnnent  les  variétés  suivantes  :  Union-Village,  Tokaloa,  Concord,  Anna, 
Diana  et  Catawba.  Il  y  a  aussi  quelques  variétés  des  groupes  œstivalis  et 
cordifolia,  dont  je  n'ai  pu  prendre  les  noms,  les  étiquettes  étant  perdues. 

»  Le  sol  du  jardin  de  M.  Ferrand  est  calcaire-siliceux,  il  y  a  aussi  un  peu 
d'argile;  sa  profondeur  est  assez  considérable  et  varie  entre  80  et  90  centi- 
mètres. Le  sous-sol  est  formé  de  bancs  de  pierres  calcaires  fissurés  de  ter- 
rain jurassique. 

»  Bien  que  le  sol  soit,  comme  on  le  voit,  d'assez  bonne  qualité,  la  végé- 
tation des  ceps  ne  présente  rieu  de  remarquable  ;  ils  ne  sont  pas  plus  dé- 
veloppés que  des  plants  indigènes  de  même  âge  ;  ils  sont  même  en  général 
plus  petits. 

M  Les  racines  de  ces  ceps  ont  été  examinées;  sur  toutes  j'ai  trouvé  des 
Phylloxéras.  Le  chevelu  étant  encore  très-peu  développé,  les  renflements 
sont  rares;  mais,  sur  celui  de  l'année  dernière  qui  est  mort,  on  en  distingue 
facilement.  Les  insectes  sont  relativement  rares  et  produisent  sur  les  radi- 
celles des  nodosités  semblables  à  celles  qui  se  développent  la  première 
année  sur  les  vignes  françaises. 

»  Ces  vignes  étant  plantées  sur  un  seul  rang  et  espacées  de  5o  centimètres 
à  I  mètre,  un  fait  assez  curieux  nous  a  frajjpés.  Au  milieu  de  la  ligne  on  voit 
deux  ceps  d'une  végétation  extraordinaire;  leurs  pousses  dépassent  en  ce 
moment  i^j/io,  tandis  que  celles  des  autres  atteignent  à  peme  5o  à  60  cen- 
timètres. Leurs  racines  ayant  été  examinées,  à  notre  grand  élonnement 
nous  n'y  avons  \m  découvrir  de  Phylloxéras;  ils  appartiennent  au  groupe 
vilis  œslivalis.  Ce  fait  très-singulier,  puisque  les  racines  de  ces  ceps  sont  |)lus 
ou  moins  en  communication  avec  celles  des  autres  ceps  qui  sont  phylloxérés, 
serait  lUie  preuve  de  plus  de  la  résistance  de  certains  cépages  américains 
au  Phylloxéra;  mais  il  combat,  au  contraire,  l'idée  de  ceux  qiu  nient  l'o- 
rigine américaine  du  Phylloxéra,  en  opposant  des  exemples  de  htiix  ou 
l'on  a  introduit  des  vignes  américaines,  sans  avoir  pour  cela  communiqué 


(   r346  ) 
la  maladie  aux  ceps  indigènes  voisins,  puisqu'il  paraît  acquis  que  toutes 
les  vignes  américaines  ne  sont  pas  forcément  phylloxérées. 

»  Quant  aux  autres  variétés,  quoique  d'une  végétation  assez  médiocre, 
elles  supportent  mieux,  à  n'en  pas  douter,  le  parasite  que  celles  du  pays, 
car,  dans  les  mêmes  conditions  celles-ci  seraient  mortes  depuis  longtemps; 
mais  on  voit  néanmoins  que  l'insecle  nuit  considérablement  au  développe- 
ment de  ces  vignes. 

»  M.  Ferrand  n'a  vendu  dans  la  localité  qu'un  seul  pied  de  ses  vignes 
exotiques,  il  y  a  de  cela  deux  ans,  à  un  de  ses  voisins,  M.  Maréchal. 

»  La  veille,  nous  avions  vu  le  cep  en  question  qui  est  une  variété  du 
vitis  œslivalis.  Il  avait  été  planté  le  long  d'un  mur  dans  le  but  d'en  faire  une 
treille;  sa  végétation  est  très-vigoureuse;  néanmoins  nous  avons  trouvé  des 
Phylloxéras  sur  ses  racines. 

»  A  2'",5o  de  là,  à  droite  et^à  gauche,  toujours  le  long  du  mur,  il  y  a 
deux  autres  jeunes  plants  indigènes;  leur  végétation  est  également  belle; 
mais  leurs  racines  ne  portent  pas  d'insectes.  Les  Phylloxéras  trouvés  sur  la 
vigne  américaine  lui  appartiennent  donc  bien. 

»  Si  nous  rapprochons  ce  fait,  que  M.  Ferrand  possédait  depuis  huit  ans 
des  vignes  américaines  phylloxérées,  de  la  date  d'apparition  de  la  maladie 
dans  les  environs  de  Cognac,  on  voit  que  le  vignoble  de  M.  Couanet,  le 
plus  rapproché  du  jardin  de  M.  Ferrand,  a  été  attaqué  le  premier;  que, 
de  là,  le  mal  observé,  il  y  a  quatre  ou  cinq  ans,  a  gagné  de  proche  en  proche 
les  vignes  situées  en  avant  et  latéralement  dans  la  direction  nord,  tout  en 
augmentant  d'intensité  d'année  en  année. 

»  Pour  quiconque  a  étudié  la  marche  du  Phylloxéra  dans  les  environs 
de  Cognac,  il  ne  peut  y  avoir  de  doute  :  le  point  de  départ  de  la  maladie 

est  là. 

»  D'après  ce  que  nous  avons  pu  observer  dans  les  Charentes,  les  taches 
extrêmes  d'une  année  à  l'autre  n'ont  pas  été  espacées  au  maximum  de  plus 
de  8  à  lo  kilomètres;  en  général,  elles  le  sont  beaucoup  moins,  c'est-à-dire 
que  les  distances  parcourues  par  les  essaims  de  Phylloxéras  ont  été  le  plus 
souvent  inférieures  à  lo  kilomètres. 

»  Or,  comme  les  environs  de  Pons  (Charente-Inférieure)  ont  été  aussi 
envahis  presque  en  même  temps  que  les  environs  de  Cognac,  il  doit  y  avoir, 
suivant  toute  probabilité,  un  autre  centre  d'invasion .  C'est  ce  dont  je  compte 
m'assurer.  » 


(  i347  ) 

vlTlCur.TURE.  —    Noie  sur  l'emploi  du  xanlhale  de  potasse  contre 
le  Phylloxéra;  par  MjM.  Pu.  Zoeller  et  A.  Grete. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Les  recherches  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
ont  été  entreprises  au  laboratoire  de  Chimie  de  l'Ecole  supérieure  d'Agri- 
cidture  de  Vienne.  Elles  confirment  le  rôle  assigné  par  M.  Dumas  au  suifo- 
carbonate  de  potasse  ;  mais  elles  nous  ont  amenés  en  même  temps  à  trouver 
luie  autre  combinaison  qui  développe  dans  le  sol  le  sulfure  de  carbone 
mortel  pour  le  Phylloxéra,  sans  produire  l'acide  sulfhydrique,  en  général 
nuisible  pour  les  plantes.  En  outre,  tandis  que  le  sulfocarbonate  est  difficile 
à  obtenir  et  par  suite  atteint  un  prix  très-élevé,  la  combinaison  que  nous 
avons  employée  est  peu  coûteuse  à  produire  et  se  prépare  aisément  complè- 
tement pure  (i). 

»  Cette  combinaison  est  le  xanlhale  de  potasse.  La  solution  aqueuse  de  ce 
sel  étant  mise  en  contact  avec  le  sol,  du  sulfure  de  carbone  pur  se  produit 
au  bout  de  quelque  temps.  Cette  production  est  plus  rapide  et  plus  active 
si  le  sel  est  mélangé  au  sol  avec  une  addition  de  superphosphate. 

»  Le  développement  de  sulfure  de  carbone,  qui  commence  dès  que  l'hu- 
midité intervient,  peut  durer  des  jours  entiers  selon  la  quantité  de  sel 
employée.  Le  plus  commode  est  donc  d'employer  en  même  temps  le 
xanthate  et  le  superphosphate.  Ces  deux  sels  peuvent  être  répandus  sur  le 
sol  à  l'état  sec,  ou  mieux  enfouis,  car  les  pluies  effectuent  alors  la  transfor- 
mation qui  procure  en  même  temps  aux  ceps  de  la  potasse  et  de  l'acide 
phosphorique  favorables  à  leur  accroissement.   » 

VITICULTURE.  —  Sur  la  présence  du  Phjlloxera  en  Auvergne. 
Note  de  M.  Julien. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  A  la  fin  d'une  conférence  que  je  faisais,  dimanche  23  mai,  à  Pont- 
du-Château,  sur  les  ravages  causés  dans  le  Midi  par  le  terrible  hémiptère, 


(i)  Le  .rantiuilc  de  potasse  m'avait  paru  inabordable,  du  rnoins  en  France,  à  cause  du 
prix  élevé  de  l'alcool  ipciilié  i]ui-  sa  préparation  comporte;  il  coûte  bien  plus  cher  que  les 
sulfocarbonales,  dont  la  iirodiiution  simplifiée  n'exige  ni  l'intervention  de  cet  agent  ni  rem- 
ploi de  la  potasse  causti(p\i;  fondue.  Le  prix  des  sulfocarbonates,  déjà  réduit,  se  réduira 
bien  plus  encore  si  la  consoaiitiation.se  généralise.  Le  principe  d'action  des  xanlliates  est 
le  même  d'ailleurs  que  celui  des  sulfocarbonales.  [Note  de  M.  Dumas.) 


(  i348  ) 
(les  vignes  présentant  les  symptômes  de  la  maladie  me  furent  signalées  dans 
la  commmie  de  Mezel.  Ces  vignobles,  au  centre  de  la  région  vinicole  de 
l'Auvergne,  sont  situés  sur  les  pentes  du  Puy-de-Mur,  à  l'aspect  du  Midi. 

»  [.es  insectes  y  sont  encore  clair-semés  et  proviennent  des  premières 
pontes  de  l'année,  car  la  plupart  sont  jeunes,  encore  mêlés  aux  œufs,  et 
forment  des  essaims  groupés  autour  d'une  mère  pondeuse. 

»  Ils  sont  plus  fréquents  sur  les  racines  à  demi  pourries  de  l'année  der- 
nière, et  commencent  seulement  à  envahir  les  racines  et  les  radicelles  de 
l'année.  D'autres  points  attaqués  m'ont  été  signalés  sur  les  coteaux  voisins, 
et  il  est  à  craindre  que  l'Auvergne  ne  soit  sérieusement  atteinte. 

»  Cette  maladie,  dont  les  vignerons  ignoraient  la  cause,  paraît,  d'après 
leurs  témoignages,  remonter  à  1868.  Cette  cause  serait  encore  ignorée  sans 
les  conférences  faites  par  la  Commission  du  Phylloxéra,  sur  l'initiative  de 
M.  le  Doyen  de-la  Faculté  des  Sciences.  Devançant  les  mestires  récentes 
réclamées  par  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce,  il  a  saisi 
le  Conseil  général  du  département  du  Puy-de-Dôme,  dans  sa  session  du 
mois  d'août  18741  ^^  ^  provoqué  la  formation  d'une  Commission  spé- 
ciale, en  partie  formée  de  professeurs  de  la  Faculté.   » 

VITICULTURE.    —  Influence  de  l'humidité  sur  le  Phylloxéra. 
Lettre  de  M.  Villedieu  à  M.  Dumas.  (Extrait.) 

«  Je  viens  de  découvrir  sur  les  mœurs  du  Phylloxéra  un  fait  très-impor- 
tant, qui  va  jeter  un  grand  jour  sur  les  moyens  de  le  détruire.  Le  voici  : 

»  En  temps  de  sécheresse,  le  Phylloxéra  descend;  en  temps  de  pluie,  ou  en 
arrosant,  //  monte. 

»  J'avais  déjà  remarqué  qu'à  la  chute  des  feuilles,  précisément  après  les 
pluies  d'automne,  je  le  rencontrais  aisément  en  déchaussant  tant  soit  peu 
le  cep.  Le  10  octobre  18741  j'assistais  à  l'arrachage  d'une  vigne,  et  je  ne 
trouvais  des  Phylloxéras  que  sur  le  corps  principal  du  cep,  entre  les  trois 
nœuds;  j'en  fus  frappé,  sans  toutefois  en  tirer  aucune  conclusion.  Aujour- 
d'hui, après  deux  jours  de  pluie,  je  fais  déchausser  un  cep  pour  examiner 
une  racine  phylloxérée  que  j'avais  étudiée  il  y  a  trois  jours:  plus  de  Phyl- 
loxéras; je  n'hésite  pas,  je  fais  arracher  le  cep  bien  délicatement,  et  je 
trouve  les  Phylloxéras,  mais  6  centimètres  plus  haut. 

»  Depuis  longtem|is  j'avais  remarqué  qu'en  juillet  et  août,  précisément 
au  moment  de  ses  plus  grands  ravages,  je  le  rencontrais  difficilement,  et 
toujours  sur  les  racines  les  plus  profondes.* 


(  i349  ) 
»  Les  résultais  immédiats  que  j'ai  obtenus  avec  mon  sable  engrais  des 
bords  du  Rliône  viennent  de  ce  que,  n'ayant  pas  de  pluie,  j'ai  arrosé,  afin 
de  dissoudre  les  sels  alcalins  et  le  sulfate  d'ammoniaque.  Mon  engrais 
maintient  le  sol  humide  à  l'endroit  où  on  le  dépose.  Le  Phylloxéra,  attiré 
par  l'eau,  monte,  et,  arrivé  à  l'endroit  humide,  il  y  est  brûlé  ou  asphyxié; 
alors  il  cherche  à  sortir  du  sol,  mais  là  le  sable  l'arrête  et  il  meurt.  La 
vigne,  excitée  par  l'engrais,  repousse  vigoureusement.  L'importance  de  mes 
derniers  succès  m'en  donne  la  preuve.    » 

M.  Reymonet  écrit  à  l'Académie  qu'il  est  parvenu  à  greffer  la  vigne  sur 
des  arbrisseaux  dont  les  racines  ne  peuvent  servir  de  nourriture  au  Phyl- 
loxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  F.  MoLL  fait  savoir  à  l'Académie  qu'il  a  employé  avec  succès  contre 
les  dévastations  des  larves  des  hannetons  et  des  limaces  une  solution  com- 
posée de  savon  mou  et  de  goudron  de  houille,  ou  mieux  d'huile  lourde 
[deado'd),  celle  qui  sert  à  imprégner  les  billes  pour  chemin  de  fer. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

MM.  B.  Alciator,  Apolie,  Boiscan,  Bowel,  H.  Bouschet,  Brcbîet, 
Causse,  Destrac,  Goxin,  P.  Gocilhom,  Jacqcixot,  Meri.o  Anselmo  ,  Ra- 
veau,  Rozies,  Sadot,  M'""'  Dantigxy  adressent  diverses  Communications 
relatives  au  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  E.  Marchand  adresse  un  Mémoire  en  partie  imprimé,  ayant  pour 
objet  une  étude  de  la  force  chimique  du  Soleil.  Ce  travail  est  accom- 
pagné de  tableaux. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  A.  LÉARD  adresse  deux  Mémoires  sur  la  Télégraphie  optique. 
(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Brégtiet.) 

M.  Sekowski  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Resal,  un  Mémoire  accom- 
pagné d'un  dessin  sur  un  mode  de  transmission  instantanée  du  mouvemeni 

au  tiroir. 

(Commissaires  :  MM.  Resal,  Tresca.) 

C.R,,  1875,  i"  Semettre.  (T.LXXX,  No2l.)  I?^ 


(   i35o  ) 

M.  Hé\a  adresse  une  Note  sur  les  gisements  métallifères  et  la  classifi- 
cation géologique  clans  le  département  des  Côtes-du-Nord. 

(Commissaires  :  MM.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée.) 

M.  TosELLi  adresse  une  Note  sur  un  perfectionnement  qu'il  a  apporté 
à  sa  nacelle  à  double  étage. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  BouNiCEAr  adresse  une  Note  dans  laquelle  il  rappelle  qu'une  drague 
pouvant  tenir  la  mer,  en  dehors  du  port  du  Havre,  a  fonctionné  avec  un 
succès  complet  avant  l'année  1860.  » 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  de  Lesseps.) 

M.  FoRDos  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  renvoyer  à  la  Commission 
des  prix  pour  les  Arts  insalubres  la  Note  qu'il  a  adressée  le  29  mars  sur 
l'essai  des  étamages  et  luie  nouvelle  Note  sur  l'actioi!  des  liquides  alimen- 
taires ou  médicamenteux  sur  les  vases  en  étain  contenant  du  plomb. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  H.  Toussaint  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre,  parmi 
les  Mémoires  adressés  au  Concours  de  Physiologie  expérimentale,  sa  Note 
intitulée  :  «  Application  de  la  méthode  graphique  à  la  détermination  du 
mécanisme  de  la  réjection  dans  la  rumination  (i)  ». 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

L'Académie  reçoit,  pour  les  différents  Concours  dont  le  terme  est  fixé 
au  i""^juin,  outre  les  ouvrages  imprimés,  mentionnés  au  Bulletin  biblio- 
graphique,  les  pièces  suivantes  : 

GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES.  (  Faire  Connaître  les  changements 
qui  s'opèrent  dans  les  organes  intérieurs  des  Insectes  pendant  la  méta- 
morphose complète.) 

M.  J.  KuNCKEL.  -  Mémoire,  avec  planches,  intitulé  :  «  Recherches  sur 
l'organisation  et  le  développement  des  Diptères  du  genre  Volucelle  ».  La 
première  Partie  est  imprimée,  et  la  seconde  manuscrite. 


Comptes  icnJus,  n"  8,  a4  août  i8t4- 


(  .35,  ) 

PRIX  BORDIN.   (Étudier   comparativement  la  structure  des  téguments  de 
la  graine  dans  les  végétaux  angiospermes  et  gymnospermes.) 

Anonyme.  —  Mémoire  portant  pour  épigraphe  :  «  Toutes  les  homologies 
doivent  s'appuyer  sur  des  observations  d'Organogénie  et  d'Anatomie  com- 
parée ». 

CONCOURS    LACAZE    (pHYSIQUE). 

M.  A.  Ernto  di  Giacomo.  —  Mémoire  manuscrit  en  italien  portant 
pour  titre  :  «  La  vera  misura  délie  température  ovvero  Rapporto  semplice 
e  générale  fra  le  température  e  le  proprietà  dei  corpi  ad  esse  inerenti  ». 

CONCOURS   MONTYON    (MÉDECINE   ET    CHIRURGIE). 

M.  Armaingacd.  —  De  l'irritation  spirale  dans  ses  rapports  avec  les  né- 
vralgies, les  névroses  vaso-motrices  et  la  névropathie  cérébro-cardiaque. 
Mémoire  manuscrit. 

M.  Chonnacx-Dubisson.  —  Recherches  expérimentales  sur  l'étioiogie 
du  rachitisme.  Mémoire  manuscrit. 

M.  G.  Le  Bon.  —  Recherches  expérimentales  sur  l'asphyxie  par  sub- 
mersion et  sur  son  traitement.  Mémoire  manuscrit. 

M.  V.  BcuQ.  —  De  la  gymnastique  pulmonaire  contre  la  phthisie. 
Brochure  accompagnée  d'une  Note  manuscrite. 

M.  M.  Krishaber.  —  Étude  sur  le  spasme  de  la  glotte.  Mémoire  ma- 
nuscrit. 

MM.  BcDiN  et  CoYNE.  —  Recherches  sur  l'état  de  la  pupille  pendant 
l'anesthésie  chloroformique  et  l'asphyxie.  Brochure  accompagnée  d'une 
Note  manuscrite. 

CONCOURS    MONTYON    (STATISTIQUE). 

Anonyme.  —  Mémoire  intitulé  :  «  Études  statistiques  sur  la  population  ». 
Ce  travail  est  accompagné  de  cartes  et  de  tableaux. 

M.  E.  Deseille.  —  Histoire  industrielle  de  la  pèche  à  Boulogne-sur- 
Mer.  Mémoire  manuscrit  accompagné  de  brochures  imprimées. 

CONCOURS   MONTYON    (MÉCANIQUE). 

M.  Raffard.  —  Nouveau  mécanisme  pour  produire  la  rotation  dans  le 
tour  à  pédale.  —  Description  du  système  de  machine  à  vapeur  dans  lequel 

175.. 


(  i352  ) 

le  frottement  dû  au  poids  du  volant  est  annulé  et  la  torsion  de  l'arbre  est 
évitée.  Mémoires  manuscrits. 

PRIX    SERRES. 

M.  PoccHET.  —  Mémoire  avec  planches  intitulé  :  «  Sur  le  développement 
du  squelette,  et  en  particulier  du  squelette  de  la  tête  des  Poissons  ». 

CONCOURS  CHAUSSIER. 

MM.  Bergeron  et  L'Hote.  —  Études  sur  les  empoisonnements  lents 
par  les  poisons  métalliques.  Mémoire  manuscrit. 

M.  B.  CoNSTANTiM.  —  Mémoire  manuscrit  en  italien  portant  pour 
titre  :  «  Sulla  cura  senza  laglio  dell'  anchilosi  angolare  del  ginocchio  ». 

CONCOURS   PLUMEY. 

M.  R.  Jacqdemier.  —  Dessins  et  descriptions  de  diverses  machines 
concernant  la  navigation  à  vapeur.  Mémoire  manuscrit  accompagné  de 
brochures  imprimées. 

M.  E.  TuRPiN.  —  Description  d'un  cylindre  moteur  surchauffé  pour 
machines  à  vapeur.  Mémoire  manuscrit  accompagné  de  planches. 

CONCOURS    LALANDE. 

M.  E.  TuRPiN.  —  Sur  la  cause  qui  a  pu  produire  l'absence  d'atmo- 
sphère autour  de  la  Lune.  —  Rotation  de  la  Terre.  Mémoires  manuscrits. 

CONCOURS    FOURNEYRON. 

M.  E.  TuKPiN.  —  Mémoire  manuscrit  sur  un  moteur  hydraulique 
artésien. 

CONCOURS   JECKER. 

M.  E.  TuRPiN.  —  Mémoire  manuscrit  sur  les  caoutchoucs. 

CORRESPONDANCE. 

M.  G.  Bentuam,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  de  Botanique, 

adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  «  la  Théorie  cai)illaire  de  Gauss  et  l'extension  d'un 
liquide  sur  un  autre,  par  M.  Fandcr  Mensbmgcjhe  ». 


(  i353  ) 

ÈLECTROMAGNÉTISME.  —  Reclierclie  sur  [a  vitesse  d'aimantation  et  de  désaiman- 
tation du  fer,  de  la  fonte  et  de  l'acier;  par  M.  M.  Deprez. 

«  En  poursuivant  mes  études  sur  les  électro-aimants  et  sur  leur  appli- 
cation à  l'enregistrement  de  phénomènes  très-rapides,  études  dont  les  pre- 
miers résultats  ont  été  déjà  communiqués  à  l'Académie,  j'ai  été  amené  à 
rechercher  quelle  était  l'influence  de  la  nature  du  fer  d'un  électro-aimant 
sur  la  durée  des  phases  d'aimantation  et  de  désaimantation.  A  cet  effet,  j'ai 
employé  un  enregistreur  qui  sera  décrit  dans  une  prochaine  Communica- 
tion et  dans  lequel  les  pièces  de  fer  constituant  l'électro-aimant  sont  amo- 
vibles, toutes  les  autres  pièces,  telles  que  bobines,  armature,  style,  etc., 
restant  les  mêmes,  de  façon  à  mettre  en  évidence  l'influence  du  métal  consti- 
tuant l'électro-aimant.  Pour  mesurer  la  durée  des  phases  d'aimantation  et 
de  désaimantation,  j'ai  mis  en  usage  la  méthode  indiquée  dans  ma  première 
Communication  sur  les  chronographes  électriques. 

»  La  partie  métallique  des  électro-aimants,  que  je  plaçais  successivement 
dans  les  hélices  magnétisantes,  était  constituée  par  deux  noyaux  de  i  milli- 
mètres de  diamètre  et  de  1 3  millimètres  de  longueur.  Les  bobines  dans 
lesquelles  passait  le  courant  contenaient  i4  mètres  de  fil  de -g-  de  milli- 
mètre de  diamètre.  La  pile  employée  consistait  en  un  élément  de  Bunsen, 
modifié  par  M.  Dulaurier.  Enfin  les  variétés  de  fer  essayées  ont  été  le  fer 
ordinaire  du  commerce,  le  fer  doux  spécial  pour  télégraphe,  la  fonte  mal- 
léable, la  fonte  grise,  enfin  l'acier  fondu  élire  et  trempé. 

»  Les  résultats  obtenus  ont  été  tout  à  fait  inattendus;  car  le  fer  doux,  le 
fer  ordinaire,  la  fonte  malléable  et  même  l'acier  trempé  ont  donné,  à  très- 
peu  de  chose  près,  les  mêmes  résultats  pour  la  durée  des  phases  d'aiman- 
lation  et  de  désaimantation,  savoir  : 

Durée  de  la  désaimantation .  .      0,oo025 

»      de  l'aimantation  (approximative) o,ooi5o 

»  La  fonte  grise  a  donné  de  meilleurs  résultats  encore,  car  la  durée  de 
l'aimantation  s'est  réduite  à  J^-^^  de  seconde  environ.  Ce  serait  donc  ce 
dernier  métal  qui  permettrait  d'atteindre  la  plus  grande  rapidité  possible 
dans  la  transmission  des  signaux. 

»  En  résumé,  avec  mes  enregistreurs  actuels,  tels  qu'ils  seront  décrits  bien- 
tôt, on  peut  obtenir  des  signaux  parfaitement  nets,  se  succédant  à  ~-v  ^^ 
seconde  d'intervalle,  en  employant  n'importe  quelle  nature  de  for  pour 
les  éleclro-aimants,  et  à  ■^~  de  seconde  lorsque  ces  derniers  sont  en  fonte 


(  i354  ) 
grise.  Il  est  essentiel  de  remarquer  que  je  ne  parle  pas  ici  de  signaux  se 
succédant  régulièrement  à  g^^  ou  à  -^  de  seconde  d'intervalle,  ce  qui  con- 
stituerait un  régime.  Dans  ce  dernier  cas,  en  effet,  le  nombre  des  signaux 
qui  peuvent  être  transmis  dépasse  de  beaucoup  35o  ou  5oo  par  seconde. 

»  Je  suis  porté  à  croire  que  la  supériorité  de  la  fonte  tient  à  sa  texture 
moléculaire  et  non  à  la  quantité  de  carbone  qu'elle  contient;  aussi  ai-je 
l'intention  d'essayer  \e  fer  doux  fondu  et  non  forgé,  qui,  je  le  crois,  dépas- 
sera en  rapidité  tout  ce  que  j'ai  obtenu  jusqu'ici.  Je  me  propose  d'ailleurs 
de  revenir  bientôt,  dans  une  autre  Communication,  sur  les  détails  de  mes 
expériences  et  sur  l'application  de  mes  enregistreurs  aux  chronograpbes 
électriques  destinés  spécialement  à  l'artillerie. 

>)  Il  est  essentiel  d'observer  que  les  durées  indiquées  plus  haut  ne  com- 
prennent pas  le  temps  employé  par  le  style  à  parcourir  sa  trajectoire;  c'est 
en  ajoutant  ce  temps  aux  durées  d'aimantation  et  de  désaimantation  que 
l'on  trouve  -^-rrr  ou  -rrrr:  de  seconde,  suivant  les  cas,  pour  la  durée  totale  d'un 
signal  comprenant  la  désaimantation,  le  temps  .de  chute  du  style,  l'aiman- 
tation et  enfin  le  retour  du  style  à  sa  position  primitive.  Ces  nombres  se 
rapportent  d'ailleurs  au  cas  où  l'on  n'emploie  qu'un  seul  élément  de  pile, 
le  nombre  des  signaux  transmis  par  seconde  croissant  avec  l'intensité  du 
courant.    » 

SACCHARIMÉTRIE  OPTIQUE.  —  Note  sur  le  pouvoir  rotatoire  du  sucre  cristallisable 
et  sur  la  prise  d'essai  des  sucres  soumis  à  l'analyse  polarimétrique ;  par 
MM.  V.  DE  LuYNES  et  A.  Girard. 

n  Les  procédés  de  saccharimétrie  optique,  basés  sur  les  travaux  de  Biot 
et  les  recherches  de  Soled  et  de  Clerget,  reposent  essentiellement  sur  les 
données  suivantes  :  i°  la  graduation  de  l'appareil  ;  2°  la  prise  d'essai. 

»  La  graduation  de  l'appareil  est  telle,  que  (oo  degrés  saccharimétriques 
correspondent  exactement  à  la  rotation  produite  par  une  lame  de  quartz 
perpendiculaire  à  l'axe,  et  mesurant  i  millimètre  d'épaisseur.  La  prise 
d'essai  est  représentée  par  le  poids  de  sucre  pur  qui,  étudié  dans  les  con- 
ditions ordinaires  de  l'analyse  saccharimélrique,  produit  la  même  rotation 
que  cette  lame  de  quartz. 

»  Lorsqu'on  fait  usage  de  ces  données,  telles  qu'elles  sont  admises  aujour- 
d'hui, on  observe  quelquefois  des  anomalies  singulières,  anomalies  sur 
lesquelles  M.  Dubrunfaut  a,  le  premier,  appelé  l'attention  (i).  C'est  chose 

(t)  Comptes  rendus,  t.  LVIII,  p.  820. 


(  i355  ) 
assez  fréquente,  en  effet,  que  de  rencontrer  alors  des  échantillons  qui 
marquent  au  saccharimètre  ioo'*,5  et  même  loi  degrés,  dont  la  richesse, 
en  un  mot,  dépasserait  la  pureté  absolue.  Frappés  de  ces  anomalies,  nous 
nous  sommes  demandé  si  les  bases  numéricpies  adoptées  actuellement  pour 
la  saccharimétrie  optique  devaient  être  considérées  comme  parfaitement 
exactes,  et  s'il  n'était  pas  nécessaire  de  leur  faire  subir  une  correction  im- 
posée par  les  progrès  mêmes  de  la  fabrication  et  du  raffinage  du  sucre. 

»  Pour  établir  ce  point,  nous  nous  sommes  proposé  de  vérifier  l'une  et 
l'autre  des  deux  données  de  la  question. 

M  Nous  avons  employé,  pour  ces  recherches,  d'une  part,  le  grand  appa- 
reil polarimétrique  de  M.  Duboscq,  appareil  auquel  nous  avons  fait  adapter 
un  prisme  de  Nicol  coupé,  d'autre  part  le  nouveau  saccharimètre  construit 
par  M.  Laurent  et  comprenant  les  modifications  apportées  à  l'appareil  pri- 
mitif de  MM.  Jellet  et  Cornu  ;  comme  source  de  lumière,  nous  avons  fait 
usage  de  la  flamme  du  gaz  salé. 

»  Dans  ces  conditions,  nous  nous  sommes  occupés  de  déterminer  d'abord 
la  rotation  produite  par  une  lame  de  quartz  perpendiculaire,  de  i  millimètre 
d'épaisseur.  Nous  en  avons  expérimenté  plusieurs  ;  mais  celle  à  laquelle 
nous  avons,  en  fin  de  compte,  donné  noire  confiance  est  une  lame  taillée 
par  M.  Laurent,  et  dont  M.  G.  Tresca  a  bien  voulu,  à  notre  demande, 
vérifier  l'épaisseur,  en  faisant  usage  des  appareils  les  plus  exacts  et  les  plus 
sensibles  que  possède  le  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers.  Cette  lame  mesure 
exactement  i  millimètre  d'épaisseur;  sur  un  de  ses  bords  seulement  on  a 
constaté  une  différence  de  ,  „  p  m,  de  millimètre  ;  elle  peut  donc  être  considérée 
comme  irréprochable. 

»  La  rotation  produite  par  cette  lame  pour  la  lumière  jaune  du  gaz  salé, 
déduite  d'un  grand  nombre  d'observations,  est  égale  à  2i''4^',  et  ce  résultat 
peut  être  considéré  comme  exact  à  4  minutes  près.  C'est  donc  l'arc  de  2J°48' 
que  le  constructeur  devra  diviser  en  loo  parties  égales  sur  le  cadran  du 
saccharimètre,  chacune  de  ces  divisions  représentant  alors  un  degré  saccha- 
rimétrique. 

))  La  détermination  du  poiivoir  rotatoire  du  quartz  pour  la  raie  D  a  été 
étudiée  par  M.  Broch,  de  Christiania,  qui,  en  appliquant  la  méthode  de 
MM.  Fizeau  et  Foucault,  a  obtenu  une  rotation  de  2i°,6']  =  '2.i°liO'  pour 
chaque  millimètre  d'épaisseur  de  quartz. 

»  Ce  nombre,  qui  résulte  de  l'emploi  d'une  lumière  plus  homogène  que 
celle  du  gaz  salé,  dans  laquelle  on  retrouve  toujours  lui  peu  de  vert  et  de 
violet,  est,  on  le  voit,  peu  diffèrent  de  celui  que  nous  proposons,  et  qui, 


(  i356  ) 
obtenu  dans  des  conditions  plus  faciles  à  réaliser,  nous  paraît  satisfaire 
pleinement  aux  besoins  de  l'analyse  saccharimétrique. 

M  Ce  premier  point  établi,  nous  nous  sommes  préoccupés  de  déterminer 
le  poids  de  sucre  qu'il  convient  d'adopter  comme  prise  d'essai.  Fixé,  dans 
le  principe,  à  i6i''',47i,  puis  à  lô^^SgS,  ce  poids  a  été  abaissé  par  M.  Cler- 
get  à  lôs"', 35:  tel  est  aujourd'hui  le  nombre  généralement  adopté.  Cepen- 
dant M.  Duhrunfaut,  il  y  a  quelques  années,  a,  le  premier,  émis  l'opinion 
que  ce  poids  lui-même  représentait  une  prise  d'essai  trop  forte,  et  c'est  à 
la  même  conclusion  que  nous  ont  conduits,  depuis,  de  nombreuses  expé- 
riences personnelles. 

»  Pour  le  démontrer,  nous  nous  sommes  placés  à  un  point  de  vue  diffé- 
rent de  celui  qu'avait  adopté  M.  Clerget,  et  nous  avons  déterminé  direc- 
tement le  pouvoir  rolatoire  du  sucre  en  faisant  usage  du  polarimètre  à  pé- 
nombres, variant  nos  observations  par  l'emploi  de  tubes  de  20,  de  3o  et  de 
5o  centimètres,  que  M.  G.  Tresca  avait  soigneusement  vérifiés,  et  opérant 
enfin  sur  des  matières  aussi  pures  que  possible. 

»  Les  sucres  que  nous  avons  ainsi  soumis  à  l'essai  polariraétrique  sont  de 
provenances  diverses  :  l'un  a  été  obtenu  par  recristallisation  d'un  pro- 
duit commercial  déjà  très-pur,  dans  l'alcool  neutre  et  convenablement 
concentré;  les  autres,  pris  dans  le  commerce  au  maximum  de  pureté,  ont 
été  tantôt  essayés  en  leur  état  primitif,  tantôt  purifiés  encore  par  un  lavage 
à  l'alcool  et  une  dessiccation  rapide. 

»  Aucun  de  ces  sucres,  au  moment  de  l'essai,  ne  contenait  de  sucre  ré- 
ducteur (glucose  ou  lévulose);  les  cendres  dosées  sur  10  grammes  n'y  ont 
jamais  dépassé  tsts-ôj  ^"^s  sont,  par  conséquent,  négligeables. 

»  Le  pouvoir  rotaloire  a  été   déterminé  en  faisant  usage,  tantôt  de  la 

formule  de  Biot  p  =  a  ^  "^ /"  >  tantôt  de  la  formule  plus  simple  ç  —  v.  —  don- 
née par  M.  Berthelot. 

M  Les  résultats  obtenus  sont  réunis  dans  le  tableau  suivant  : 

Pouvoir  rolatoire  à  la  luniièro 


I"  Sucre  cristallisé  dans  l'alcool  et  séché 

■2°  Sucre  raffiné  de  première  qualité  (C.  Say) 67  ,2 

3"  Poudre  blanche  de  betteraves  (Gonesse) 67,25 

l^"  »  lavée  el  séchée.  .... 

5"  Poudre  blanche  de  cannes  (Clugny,  Guadeloupe) 

lavée  à  l'alcool  et  séchée 


du  gaz 

salé. 

„ 

0 

0 

0 

0 

67,3 

» 

" 

67,2 

67,3 

67,4 

67,3 

67,25 

67,3 

67,3 

67.4 

67,35 

» 

67,4 

67,3 

« 

u 

67,4 

U 

Moyenne ■...,.  67",3i  =  67''i^' 


(  i357  ) 
»  On  peut  donc  considérer  que  le  pouvoir  rotatoire  du  sucre  cristal- 
lisable  observé  à  la  lumière  jaune  du  gaz  salé  égale  67°  18',  et,  par  suite,  si 
ion  introduit  cette  valeur,  ainsi  que  celle  de  21°  48',  pour  la  rotation  de  la 

lame  de  quartz,  dans  la  formule  p  =  a  — ?  et  si  de  cette  formule  on  déduit 

la  valeiu'  de  /j,  en  faisant  V=  100'^'^,  Z=;  20""',  ou  voit  que  la  quantité  de 
sucre  qu'il  convient  de  peser  comme  prise  d'essai,  lorsqu'on  se  propose 
d'en  faire  l'analyse  optique  au  polarimètre  à  pénombre  et  en  face  de  la 

flamme  du  gaz  salé,  égale  a\°A8'-. — ~, :=:  iGs"^,  10. 

°  '     o  ^     67°!»' X  0,20  '    -' 

»  Sans  pouvoir  affirmer  que  les  sucres  sia-  lesquels  nous  avons  opéré 

aient  atteint  la  limite  de  la   pureté  absolue,   nous  regardons  ce  nombre 

comme  suffisamment  exact  pour  qu'il  doive  être  adopté  actuellement  dans 

l'analyse  polarimétrique  des  sucres.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Recherches  sur  le  pouvoir  éinissif  des  feuilles. 
Note  de  M.  Maquexne,  présentée  par  M.  Desains. 

«  Qnand  on  compare  la  quantité  d'eau  évaporée  par  un  sol  cultivé,  pen- 
dant toute  la  durée  de  la  végétation,  à  celle  qui  lui  a  été  fournie  par  la 
pluie,  on  trouve  en  général  un  excès  en  faveur  de  l'évaporation.  Cet  excé- 
dant d'eau  ne  pourrait-il  pas  être  fourni,  en  partie,  par  la  rosée  qui  couvre 
les  plantes  toutes  les  fois  qu'une  nuit  claire  favorise  le  rayonnement  ter- 
restre? 

»  Dans  qnelques  observatoires  on  a  essayé  d'évaluer  les  rosées  en  me- 
surant l'eau  déposée  dans  un  pluviomètre  situé  loin  de  tout  obstacle;  ce 
moyen  ne  peut  donner  que  des  résultats  beaucoup  trop  faibles;  les  feuilles 
condensent,  en  effet,  infiniment  plus  de  rosée  que  les  corps  environnants; 
leur  abaissement  de  température  peut  aller  jusqu'à  6  ou  8  degrés  au-dessous 
de  l'air  ambiant  :  c'est  l'indice  d'un  pouvoir  émissif  plus  considérable  que 
celui  du  métal  dont  est  formé  le  pluviomèlre. 

»  Pour  déterminer  le  pouvoir  émissif  des  feuilles,  nous  avons  employé  le 
cube  de  Leslie;  l'une  de  ses  faces  était  noircie,  l'autre  était  recouverte  par 
les  feuilles  étudiées,  et  l'on  tovn-nait  successivement  ces  deux  surfaces  vers 
la  pile;  la  température  de  l'eau  du  cube  ne  dépassait  pas  4o  degrés,  de  façon 
à  ne  pas  altérer  les  feuilles.  Les  déviations  étaient  mesurées  par  un  galva- 
nomètre à  miroir  éclairé  par  une  lampe;  on  pouvait  apprécier  facilement 
un  écart  de  yô  ^^  degré. 

C.R.,1875,  i"  Semestre.  {T.  I.XXX,  N»  21.)  I76 


(   i358  ) 
»  Voici  les  nombres  obtenus  : 

Pouvoir  éniissif  des  feuilles, 
Désignation  des  l'euilles.  celui  du  noir  étant  loo.  Moyennes. 

Lierre  (endroit) 98,0         96,0         gS.o         91,0  .  98,7 

"      (envers) 97,7  93,2         91,3         97,6         88,6         93,7 

Campanula  rapunculus.     92,1  97,6  91,8  94,3  »  93,7 

(envers)...      95,4         97,8         97,8         95,2  ..  96,5 

Iris  (endroit) 86,3         93,0         90,6         95,0  ..  91,?. 

Iris  (envers) 88,8  92,4  95,2  96,1  95,1  93,5 

Marronnier  d'Inde  ...  .      95,2  94,0  95,7  96,2  97,6  95,7 

L'Ias 97,4  97,0  98,1  .  .,  97,5 

»  On  remarque  : 

))  Que,  le  pouvoir  émissif  du  noir  étant  100,  celui  des  feuilles  est  tou- 
jours supérieur  à  90;  que,  pour  les  espèces  que  nous  avons  étudiées,  le 
pouvoir  émissif  ne  change  pas  sensiblement  avec  la  nature  du  végétal  en 
expérience;  que  l'envers  et  l'endroit  des  feuilles  jouissent,  au  point  de  vue 
du  rayonnement,  des  mêmes  propriétés. 

»  Pour  déterminer  les  pouvoirs  absorbants,  nous  avons  employé  un 
couple  thermo-électrique  formé  par  une  lame  mince  de  cuivre  à  laquelle 
était  rivé  un  léger  ressort  d'acier;  les  deux  métaux  étaient  reliés  par  un  fil 
fin  à  un  galvanomètre  très-sensible;  les  deux  faces  étaient  recouvertes,  l'une 
par  du  noir  de  fumée,  l'autre  par  la  feuille  étudiée.  On  exposait  successi- 
vement ces  deux  faces  au  rayonnement  d'une  boîte  métallique  noircie  et 
chauffée  par  un  courant  de  vapeur  d'eau.  On  attendait  que  l'aiguille  du 
galvanomètre  devînt  stationnaire,  et  le  rapport  des  deux  déviations  repré- 
sentait le  pouvoir  absorbant  de  la  feuille. 

»  Voici  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  : 

Pouvoir  absorbant  des  feuilles, 
Désignation  des  feuilles.  celui  du  noir  étant  100. 

Lierre  (endroit) 94  > 5 

»      (envers) g4,8 

Campanula  rapunculus q5,o 

Iris 94,2 

Marronnier  d'Inde 96,5 

Lilas 97,4 

»  Ces  nombres  sont  sensiblement  égaux  aux  pouvoirs  émissifs  corres- 
pondants. 

»  En  résumé  :  1°  les  feuilles  ont  un  pouvoir  émissif  considérable,  presque 
égal  à  celui  du  noir  de  fumée;  il  est,  pour  la  chaleur  obscure,  égal  au  pou- 
voir absorbant. 


(  '359  ) 

»  2°  La  détermination  de  la  quantité  de  rosée  qui  se  dépose  sur  les 
plantes  devra  être  faite  au  moyen  de  pluviomètres  noircis,  ou  recouverts 
d'une  substance  ayant  un  pouvoir  émissif  très-considérable. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  à  l'école  de  Grignon,  au  laboratoire  de 
M.  Dehérain.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Remarques  concernant  une  Note  de  M.  Gayon  (i) 
sur  les  altérations  spontanées  des  œufs.  Note  de  M.  A.  Béchamp. 

«  M.  Gayon  avait  affirmé  que,  dans  tous  les  œufs  pourris,  il  existait 
toujours  des  bactéries  ou  des  vibrions.  Je  croyais  avoir  suffisamment  ré- 
pondu, dans  la  Note  du  19  avril  dernier,  en  montrant  qu'il  y  avait  des  cas 
où,  de  l'aveu  de  M.  Gayon,  rien  de  semblable  ne  se  pouvait  découvrir 
dans  certains  œufs  altérés.  Je  prie  l'Académie  de  me  permettre  d'insister 
davantage,  car  la  chose  en  vaut  la  peine. 

M  Bien  que,  dès  l'origine,  j'aie  distingué  la  fermentation  acide  alcoolique 
et  acétique  des  œufs  de  la  putréfaction  ordinaire,  ces  deux  phénomènes 
ne  laissent  pas  que  d'être  du  même  ordre.  Or,  dans  le  langage  consacré,  et 
suivant  moi  erroné,  il  n'y  a  de  fermentation  que  par  les  zymases  ou  par  les 
ferments  figurés  (2);  mais,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  il  n'y  a  pas 
d'exem|)le  qu'une  zymase  ait  pu  opérer  la  fermentation  alcoolique,  etc., 
avec  dégagement  de  gaz,  acide  carbonique,  hydrogène  ou  autre;  et,  quoi- 
que !e  blanc  et  le  jaune  de  l'œuf  contiennent  chacun  une  zymase,  je  ne 
leur  ai  pas  attribué  la  fonction  de  ferment  alcoolique,  parce  que  je  m'étais 
assuré  que  leur  action  sur  la  fécule,  par  exemple,  n'allait  pas  au  delà  de  la 
fécule  soluble  ou  de  la  dextrine.  II  faut  donc,  puisqu'il  est  constant  que 
des  œufs  non  ouverts,  agités  ou  non  agités,  peuvent  subir  la  fermentation 
alcoolique  avec  dégagement  de  gaz,  qu'il  existe  là  des  ferments  de  l'ordre 
des  figurés.  M.  Gayon  soutient  que  ces  ferments  viennent  nécessairement 
de  l'extérieur.  Sans  nier  la  possibilité  de  cette  pénétration,  j'ai  soutenu 
qu'elle  n'était  pas  nécessaire  dans  certains  cas,  et,  pour  trancher  la  diffi- 
culté, j'ai  invoqué  les  propres  expériences  de  M.  Gayon.  Je  reviens  sur 
l'une  d'entre  elles  :  c'est  celle  où  un  œuf  non  agité  a  subi  «  une  sorte  de 
»  fermentation  alcoolique  avec  disparition  du  sucre  et  dégagement  d'acide 


(i)   Comptes  rendtix,  t.  LXXX,  p.  iog6. 

(2)  II  y  a  longtemps  déjà,  j'ai  fait  voir,  en  suivant  les  idées  émises  ])ar  M.  Dumas,  que 
les  fermentations  par  ferments  figurés  ne  sont  pas  des  fermentations,  mais  des  phénomènes 
de  nutrition,  et  que  c'est  à  tort  qu'on  en  fait  quelque  chose  de  spécial. 

1  76.. 


(  i36o  ) 

B  carbonique,  sans  production  de  cellules  de  levure  ou  de  ferments  orga- 
»  nisés  ».  Il  est  vrai  que  M.  Gayon  ne  veut  pas  qu'il  y  ait  analogie  entre 
ce  phénomène  et  celui  que  j'ai  étudié;  mais  cette  analogie  résulte  précisé- 
ment de  la  destruction  du  sucre  et  de  la  formation  de  l'alcool.  Et,  s'il  y  a 
fermentation  alcoolique  sans  qu'on  puisse  constater  la  présence  de  fer- 
ments figurés  ordinaires,  il  faut  que  l'œuf  contienne  normalement  ce  qui 
en  possède  la  fonction.  M.  Gayon  voudrait-il  soutenir  que,  si  cet  œuf  eût 
clé  agité,  il  n'eût  point  fermenté?  Ne  voit-on  pas  d'ailleurs  que  l'iigitation 
ne  pourrait  être  invoquée  comme  cause  productrice  de  ferments  organisés? 
Voilà  donc  un  cas  où,  indirectement  il  est  vrai,  se  trouve  confirmée  ma 
démonstration  que  des  œufs  peuvent  fermenter  sans  que,  après  coup,  on 
aperçoive  des  ferments  figurés  ordinaires;  et,  puisque  M.  Gayon  affirme 
que  «  j'imagine  une  hypothèse  nouvelle  pour  rendre  compte  de  leur  ab- 
»  sence  »,  c'est-à-dire  puisiju'il  soutient  que  les  microzymas,  quelque 
chose  de  concret,  sont  des  êtres  imaginaires,  ce  m'est  une  preuve  qu'il  ne 
sait  pas  les  découvrir.  S'il  en  est  ainsi,  imitant  l'exemple  qu'd  m'a  donné, 
je  dirai  :  Si  M,  Gayon  le  désire,  je  suis  prêt  à  les  lui  montrer,  libres, 
isolés,  actifs.  Je  le  préviens  seulement  que  certains  microzymas  sont  si 
petits  qu'il  n'en  faut  pas  moins  de  8  milliards  pour  remphr  le  volume 
d'un  millimètre  cube.  Quant  à  savoir  découvrir  dans  les  œufs  ce  qui 
n'est  pas  les  microzymas  normaux,  je  rappellerai  seulement  que,  dés  avant 
1867,  j'avais  distingué  dans  les  œufs  des  vers  à  soie  malades  de  la  flacherie 
le  microzyma  morbide,  soit  simple,  soit  déjà  accouplé  à  deux  ou  plusieurs 
articles.  Si  ce  que  M.  Gayon  a  vu  dans  les  œufs  qu'il  a  examinés  eût  existé 
dans  les  œufs  d'autruche  de  mes  recherches,  cela  ne  m'eût  certainement 
pas  échappé,  puisque,  d'après  ses  mesures,  c'est  quelque  chose  de  très- 
gros,  comparativement.  Je  me  borne  à  ces  simples  réflexions,  voulant  ré- 
pondre plus  amplement  ailleurs  à  la  dernière  Note  de  M.  Gayon.  » 

PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Sur  ta  production  de  la  fibrine  du  sang. 
Note  de  M.  A.  Gautier. 

«  On  sait  depuis  longtemps  que,  sous  l'influence  de  certains  sels,  le  sang 
ne  se  coagule  qu'avec  lenteur.  Dès  1770,  un  médecin  anglais,  Hewson,  dé- 
montrait le  premier  par  cette  voie  la  vraie  constitution  physique  du  sang. 
Par  l'addition  de  sel  marin,  il  put  en  entraver  la  coagulation,  et  séparer 
les  globules  rouges  de  la  liqueur  plasmatique  co;igulable  qui  surnageait. 
Après  lui,  John  Davy,  Scudamore,  Magendie,  Denis,  Figuier,  Dumas  et 


(  i36i  ) 
d'autres  ont  aussi  étudié  rinfluence  que  les  sels  exercent  sur  le  sang.  J'ai 
repris  ces  expériences  dans  le  but  de  nie  rendre  compte  des  causes  de  la 
coagulation.  Je  ne  m'occuperai,  dans  cette  Note,  que  de  l'influence  du  sel 
marin. 

»  Lorsqu'à  du  sang  de  bœuf,  de  mouton,  de  chien,  de  lapin,  on  ajoute 
des  quantités  variables  de  ce  sel,  on  retarde  en  général  la  coagulation.  Du 
sang  de  lapin  qui  se  caillait  dès  sa  sortie  de  la  veine  fut  reçu  dans  son 
demi-volume  d'une  solution  à  zéro  saturée  de  sel  marin.  Au  bout  de  six 
heures  la  coagulation  était  encore  très-imparfaite.  Le  lendemain,  les  glo- 
bules gisaient  au  fond  de  l'éprouveltc  surmontés  d'un  caillot  résistant 
presque  incolore.  Du  sang  artériel  de  chien  fut  reçu  dans  des  flacons 
maintenus  à  8  degrés  contenant  des  solutions  de  sel  marin  à  20  pour  100. 
Il  était  encore  liquide  quatre-vingts  minutes  après  son  mélange  à  17,  5  et 
4  parties  de  sel  pour  100  de  sang.  Dix-sept  heures  après,  le  caillot  du  sang 
le  plus  salé  était  bien  formé,  tandis  qu'il  commençait  à  peine  à  se  faire 
dans  celui  qui  n'avait  reçu  que  4  pour  100  de  sel.  Pour  les  sangs  artériels 
ou  veineux  de  taureau,  de  mouton,  de  chien,  de  lapin,  le  maximum  de 
retard  s'observe  avec  des  doses  de  sel  marin  s'élevant  à  5  ou  6  pour  100  de 
sang.  Le  chlorure  de  potassium  agit  d'une  façon  analogue. 

»  Ayant  observé  la  difficile  coagulabilité  du  sang  salé  à  4  pour  100  et 
maintenu  à  8  ou  10  degrés,  et  m  étant  assuré  de  plus  que  les  globules,  sans 
perdre  de  matière  colorante,  conservent  bien  leur  forme  générale  et  se 
contractent  même  légèrement,  j'ai  pensé  que  je  pourrais  parvenir  par 
simple  fdtration  à  séparer  le  plasma  du  sang  salé.  C'est  ce  cjue  l'expérience 
confirme.  Si,  sur  un  filtre  mouillé  d'eau  salée,  on  jette  du  sang  additionné 
de  4  pour  100  de  sel  marin,  on  obtient  très-aisément,  à  6  ou  8  degrés,  un 
plasma  faiblement  rosé,  qui  peut  être  conservé  presque  indéfiniment  sans  se 
coaguler,  et  qui  se  prend  en  un  caillot  ferme  et  transparent  par  addition 
d'eau. 

»  Ce  plasma  salé,  devenu  incoagulable  spontanément,  peut  soit  immé- 
diatement, soit  au  bout  de  trois  semaines,  être  filtré,  puis  entièrement  des- 
séché dans  le  vide  sec,  et  transformé  par  por[)hyrisation  en  une  poudre 
grisâtre  qui,  lorsqu'on  la  redissout  dans  l'eau  et  qu'on  filtre,  donne,  lors- 
qu'on l'étend  d'eau,  une  liqueur  qui  se  prend  en  une  masse  ferme  opales- 
cente par  coagulation  spontanée.  La  fibrine  qui  en  provient  jouit  de  ses 
propriétés  ordinaires. 

»  D'après  ces  expériences,  il  me  semble  difficile  de  se  ranger  à  l'opi- 
nion de  ceux  ([ui  pensent  que  la  fibrine  est  due  à  la  réunion  dans  le  sang 


(  i362  ) 

extra  vase  d'un  grand  nombre  d'organites  vivant  dans  le  plasma,  et  qui  par 
leur  association  formeraient  les  filaments  fibrineux,  et  causeraient  la  coa- 
gulation spontanée  du  sang  (i).  La  fibrine  obtenue  dans  les  expériences 
précédemment  décrites  provenait  d'un  plasma  deux  fois  filtré,  desséché  et 
porphyrisé,  conditions  qui  rendent  improbable  l'existence,  dans  la  liqueur 
claire  coagulable  par  addition  d'eau,  de  corpuscules  organisés  quelcon- 
ques; mais,  pour  lever  à  cet  égard  tous  les  doutes,  j'ai  fait  encore  les  expé- 
riences suivantes. 

»  Du  plasma  de  sang  salé  à  4  degrés,  filtré,  séché  et  porphyrisé,  a  été 
chauffé  une  heiu'e  à  l'étuve  à  i  lo  degrés.  La  poudre  reprise  alors  par  l'eau 
s'est  presque  dissoute  en  entier,  et,  quoiqu'une  certaine  proportion  de  la 
fibrine  primitive  eût  disparu,  la  liqueur  filtrée  n'en  a  pas  moins  donné  des 
caillots.  La  matière  génératrice  de  la  fibrine  résiste  donc  non-seulement  à  la 
dessiccation  et  à  la  porphyrisation,  mais  encore  à  l'action  d'une  tempéra- 
ture de  iio  degrés,  sans  perdre  la  propriété  de  se  coaguler  spontanément. 

»  De  plus  j'ai  reçu  directement  du  sang  de  bœuf,  au  sortir  de  la  veine, 
dans  des  éprouvettes  contenant  de  l'acide  cyanhydrique,  du  cyanure  po- 
tassique, de  i'arsénite  de  soude,  de  la  strychnine,  du  curare,  de  l'hydro- 
gène sulfuré,  sans  que  dans  aucun  de  ces  cas  la  coagulation  du  sang  ait  été 
sensiblement  entravée.  Le  caillot  avait  seulement  perdu  sa  contractilité  et 
ne  donnait  presque  plus  de  sérum,  surtout  en  présence  de  I'arsénite  et  du 
cyanure  potassique. 

»  Je  pense  que  la  coagulation  du  sang  n'est  pas  un  phénomène  vital, 
comme  l'ont  dit  tant  d'expérimentateurs  depuis  Hunter.  Elle  ne  peut  être 
davantage  due  à  la  mort  du  sang,  comme  le  croyait  Denis  (2),  qui  disait 
que  la  matière  fibrineuse,  «  privée  des  effets  de  l'influence  vitale  qu'elle 
éprouvait  quand  le  sang  circulait,  tombe  tout  à  coup  sous  l'influence  de 
la  nature  morte  »  et  suit  après  l'extravasation  les  lois  des  transformations 
chimiques  ordinaires.  Les  expériences  précédentes  infirment  cette  asser- 
tion. 

»  Elles  me  semblent  aussi  n'être  point  lavorables  à  la  théorie  exposée 
par  MM.  Mathieu  et  Urbain,  d'après  laquelle  la  coagulation  de  la  fibrine 
résulterait  de  la  combinaison  à  une  des  matières  albuminoïdes  du  plasma 
de  l'acide  carbonique  qui  lui  serait  cédé  par  les  globules  rouges  après  l'ex- 
travasation. Le   plasma   légèrement  salé  dont  je  parlais  phis  haut,    traité 


(i)  BÉCHAMP  et  EsToa,  Comptas  rendus,  t.  LXIX,  p.  ^iS. 

(a)  Mémoire  sur  te  sang.  VnT\i,\i'i5c),\^.  l'i'j. 


(  i363  ) 

par  un  courant  d'acide  carbonique,  saturé  peu  à  peu  de  gaz,  agité,  laissé 
au  repos,  n'a  donné  lieu  à  aucun  mouvement  de  coagulum.  Au  contraire,  il 
suffisait  de  l'étendre  d'eau  pour  le  voir  se  prendre  en  masse. 

»  La  coagulation  du  sang  n'est  point  un  acte  vital  ;  elle  n'est  point  due 
à  l'union  d'une  matière  albuminoïde  aux  éléments  gazeux  du  sang,  puis- 
qu'on peut,  sans  détruire  sa  coagulabililé,  sécher  le  plasma  dans  le  vide 
et  même  à  i  lo  degrés.  Dans  une  prochaine  Note  je  me  propose  d'aborder 
le  vrai  mécanisme  de  ce  mystérieux  phénomène.   » 

M.  Grimaud  de  Caux  adresse  une  Note  sur  un  cas  de  psoïtis  contracté 
en  Amérique,  par  suite  des  températures  extrêmes  auxquelles  le  malade 
avait  été  exposé  pendant  plusieurs  années.  Celle  grave  affection  a  été  guérie 
par  les  eaux  d'Aix  en  Provence. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du    ly   mai   iSyS. 

(SCITE.) 

Journal  de  l'École  Polylechniijue,  publié  par  le  Conseil  d'instruclion  de  cet 
élablissement ;  44*  cahier,  t.  XXYIL  Paris,  Gauthier-Villars,  1874;  in-4'*. 

Trailé  théoricpie  et  piaticpie  de  l'avortement  considéré  au  point  de  vue  médi- 
cal, chiiurcjical  et  médico-léyal;  par  Em.  Garimokd.  filontpellier,  Coulet; 
Paris,  A.  Delahaye,  iSyS;  i  vol.  in-8°.  (Renvoyé  au  Concours  Chaussier, 
1875.) 

De  la  vue  distincte  considérée  dans  ses  rapports  avec  la  médecine  légale  ;  par 
le  D"'  F.Vincent.  Paris,  G.  Masson,  1874;  in-4°.  (Renvoi  au  Concours 
Chaussier,  1875.) 

Nouveau  s/slème  du  inonde  ou  les  premières  forces  de  la  nature  ;  par  E.  La- 
VAUX;  2*  édition.  Paris,  chez  tous  les  libraires,  1875  ;  br.  in-8''. 


(  i364  ) 

Essai  sur  les  Pyrénées;  par  A.  Trutat.  Toulouse,  typ.  de  Bonnal  et  Gi- 
brac,  iSyS;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  P.  Gervais.) 

Comment  on  aurait  pu  tenter  le  sauvetage  des  galions  de  Vigo;  parJ.-B.  To- 
SELLi.  Paris,  typ.  Ph.  Cordier,  1875;  br.  in-8°. 

De  la  vigne  et  du  Phjlloxcra  ;  par  M.  Ch.  Barreaud.  Bordeaux,  itnp.  Fo- 
rastié,  1874;  br.  in-8°.  (Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

ViONlAL.  Du  sol  et  de  la  vigne,  et  des  montagnes  et  des  oiseaux.  Bor- 
deaux, imp.  A.  Bellier,  iSyS;  br.  in-8°.  (Renvoi  à  la  Commission  du  Phyl- 
loxéra.) 

Deuxième  élude  sur  les  seiches  du  lac  Léman;  par  le  D''  F. -A.  FoREL.  Lau- 
sanne, Rouge  et  Dubois,  1875;  in-8°. 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents;  mai  1875. 
Paris,  Dunod,  1875-,  in-8°. 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents;  personnel.  Paris, 
Dunod,  1875;  in-8''. 

Jnnalcs  de  la  Société  entomologique  de  Belgique;  t.  XVII.  Bruxelles,  187/i; 
in -8". 

Bulletin  de  la  Société  de  Médecine  pratique  de  Paris,  fondée  en  1808  ;  année 

1874.  Paris,  imp.  du  Courrier  médical,  1874;  in-8°. 

Jnnalcs  télégi aphiques ;  3*  série,  t.  II,  mars-avril  1875.  Paris,  Dunod, 
1875;  in-8°. 

Description  topographique  et  archéologicfue  de  la  Troade ;  par  M .  ViRLET 
d'Aoust.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1875;  opuscule  in-S".  (Extrait  des 
Comptes  rendus  de  V Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres.) 

Bulletin  et  Mémoires  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux  de  Paris  ;  t.  XI, 
a"'  série,  année  1874.  Paris,  P.  Asselin,  1875;  in-8°,  relié. 

L'unité'  dj^namique  des  forces  et  des  phénomènes  de  la  nature  ou  l'atome 
tourbillon;  par  M.  F.  Marco.  Paris,  librairie  des  Mondes,  et  chez  Gautier- 
Villars,  1876;  iu-i  2. 

Deuxiènic  session  du  Congrès  international  des  Sciences  géographiques,  Paris, 

1875.  Paris,  Derenne,  1876;  in-8''. 

Traité  teclmique  d'histologie;  parJj.  Ranvier;  3^  fascicule.  Paris,  F.  Savy, 
1875;  in-8°.  (Présenté  par  M.  CI.  Bernard.) 

Annales  agronomiques  publiées  sous  les  auspices  du  Ministère  de  l'Agricul- 


(  i365  ) 

ture  et  du  Commerce;  par  P. -P.  Dehéuaiinj  t.  I,  i*'  fascicule,  avril  1875. 
Paris,  G.  Masson,  1875;  in-8°. 

Proposla  intorno  In  ciirn  délia  lissa  delta  comunemente  rabbia  canina  o 
idrofobia.  Roma,  tip.  Via,  1875;  in-S".  (2  exemplaires.) 

Ànuario  délia  Societa  dei  Natiiralisti  in  Modena;  série  IP,  anno  IX°,  fasc.  a. 
Modena,  tip.  P.  Toschi,  1875;  br.  in-8°. 

Alti  delV  Accademia  ponti/icin  dé  Nuovi  Lincei,  compilati  dal  Segrelario; 
anno  XXVIII,  sessione  IF  del  24  gennaio  1875.  Roma,  tip.  délie  Scienze 
matematiche  e  fisiche,  1875;  br.  in-4°. 

Erfaringer  om  syphilis;  red  prof.  D''  W.  BOECR.  Christiania,  Forlagt  af 
Alb.  Cammermeyer,  1870;  in-8°. 

Undersogelsen  angaaende  syphilis;  red  prof.  D'' W.  ROECK.  Fortsaettelse  af 
Recherches  sur  ta  syphilis,  appuyées  de  tableaux  de  slatislicpie  tirés  des  Archives 
des  hôpitaux  de  Christiania;  par  W.ROECK.  Christiania,  1876;  m-l\°. 

Norsk  meteorologisk  aarboq  for  1870,  1871,  1872,  1873  udgivet  af  det  me- 
teorologiske  Institut.  Chistiania,  B.-M.  Benizen,  187 1-1874',  4  vol.  in-4° 
oblong. 

Jaettegryder  og  garnie  strandlinier  ifastklippeafS.-A..  Sexe.  Christiania, 
trykt  hos  A.-W.  Brogger,  1874;  in-4°-  (3  exemplaires.) 

Ouvrages  reçds  dans   la  siance  du  24  mai   iH^S. 

Influence  de  la  pression  de  l'air  sur  la  vie  de  l'homme.  Climats  d'altitude  et 
climats  de  montagne  ;  par  D.  Jourdanet.  Paris,  G.  Masson,  1876;  2  vol. 
grand  in-8°,  avec  planches  et  figures.  (Présenté  par  M.  Cl.  Bernard.) 

Recherches  d'Ânatomie,  de  Physiologie  et  d'Organogénie  pour  la  détermina- 
tion des  lois  de  la  genèse  et  de  l'évolution  des  espèces  animales;  i"'^  Mémoire, 
par  le  D"^  Campana.  Paris,  G.  Masson,  1875;  i  vol.  in-4°,  avec  planches, 
adressé  par  l'auteur  au  concours  Serres,  1S75.  (Présenté  par  M.  Cl.  Ber- 
nard.) 

Commentaires  thérapeutiques  du  Codex  inedicamentarius  ;  par  A.GUBLEH; 
2*  édition.  Paris,  J.-B.  Baillière,  1874;  grand  in-8°,  relié.  (Adressé  par 
l'auteur  au  concours  Chaussier,  1875.) 

Contribution  à   r élude  de  l'acclimatement  des  Français  en  Algérie;  par  le 

C.R..  i«95,  1"  Semnire.  (T.  LXXX,  N'^  2{.)  «77 


(  i366  ) 

D'^R.  Ricoux.  Paris,   G.  Masson,    1874;  iii-8°.  (Adressé  au  Concours  de 
Statistique,  iS^S.) 

Nouveau  système  de  construction  de  M.  l'ingénieur  Tollet  pour  caseime- 
ments  et  hôpitaux  militaires;  par  M.  le  D"^  J.-B.  IIlLLAiRET.  Paris,  G.  Masson, 
18^5;  br.  in-S*^.  (Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey.) 

Des  scrojules  graves  de  la  muqueuse  bucco-pharpigienne;  par  G.  HoMOLLE. 
Paris,  J.-B.  Baillière,  iSyS;  br.  in-8°.  (Adressé  au  Concours  Montyon,  Mé- 
decine et  Cliirurgie,  iSyS.) 

Cataracte  pyramidale  [anatomie  pathologique);  jiarF.  PONCET.  Paris,  sans 
date;  opuscule  in-8°.  (Extrait  des  archives  de  Physiologie.) 

Rétinite  leucocylhémique ;  par  F.  PONCET.  Paris,  sans  date;  opuscule  in-8°. 
(Extrait  des  Archives  de  Phjsiologie.) 

Troubles  du  corps  vitré  consécutifs  à  une  artérite  généralisée.  Thrombose  du 
tronc  hasilaire;  par  le  D"^  F.  PoNCET.  Gand,  imp.  Van  Doosselaere,  sans 
date;  br.  in-8<'. 

Des  décollements  spontanés  et  complets  de  la  rétine;  par  M.  F.  PoiNCET. 
Paris,  A.  Delahaye,  1874;  br.  in-8°. 

Note  sur  un  cas  de  cysticerque  de  l'œil  logé  entre  la  choroïde  et  la  rétine.  Dé- 
collement au  deuxième  degré;  par  F.  PoNCET.  Paris,  A.  Delabaye,  1874; 
br.  in-8". 

(Ces  cinq  dernières  brochures  sont  présentées  par  M.  le  Baron  Larrey  au 
concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1875.) 

Beuchot.  Navigation  intérieure.  Economie  de  75  pour  100  sur  les  chemins 
de  fer,  etc.  Paris,  typ.  Morris,  1875  ;  br.  in-S". 

Traité  de  médecine  légale  et  de  jurisprudence  médicale;  par  Legrand  du 
Saulle.  Paris,  A.  Delahaye,  1874;  br.  in-8°.  (Adressé  au  concouis  Chaus- 
sier,  1875.) 

Essai  sur  V orgcmisntion  du  senice  médical  en  France;  par  A. -3.  Manuel. 
Gap,  Delaplace,  1861;  in-S". 

De  l'assistance  médicale  constituée  en  service  public.  Pétition  adressée  à  l'As- 
semblée nationale  par  k.-i.  MANUEL.  Gap,  typ.  Richaud,  1874;  br.  in-8°. 

Prochain  retour  des  déluges  universels,  établi  sur  des  preuves  certaines;  par 
M.  A.  Bouviek.  Lyon,  chez  les  principaux  libraires,  1864  ;  br.  iii-8°. 

Nouveau  système  des  mondes.  Périodicité  des  déluges  universels.  Date  du  der- 


(   '367  ) 

nier,  époque  du  nouveau  ;  par  M.  A.  BOUVIER.  Lyon,  chez  tous  les  libraires, 
1862;  br.  in-8°. 

Médecine  poétique  ou  l'art  de  conserver  sa  santé  et  de  vivre  vieux;  par 
M.  Barot  père.  Poitiers,  imp.  A.  Dupré,  1872;  in-B".  (Adressé  au  Con- 
cours Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1875.) 

De  iexstrophie  vésicale  dans  le  sexe  fcmbiin;  par  A.  Hergott.  Nancy, 
Berger-Levrault,  187/4;  br.  in-B**.  (Adressé  au  Concours  Godard,  1875.) 

Étude  géologique  sur  les  terrains  crétacés  et  tertiaires  du  Colentin;  par 
M.  E.  Vieillard  et  M.  G.  Dollfus.  Paris,  F.  Savy,  1876;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Fiers  (Orne);  i'^  année,  n"  i,  janvier 
à  mars  1875.  Fiers,  imp.  Follop|)e,  1876;  br.  in-8°. 

Commission  de  météorologie  de  Lyon,  1878.  Lyon,  imp.  Pitrat,  1875; 
br.  in-8°. 

Etudes  cliniques  et  expérimentales  sur  Caclion  de  la  bile  et  de  ses  principes 
introduits  dans  l'orgunisme;  pnr  MM.  V.  Feltz  et  E.  RiTTER.  Paris,  imp. 
Martinet,  1875;  in-8°.  (Extrait  du  Journal  de  i Anatomie  et  de  laPhjsio- 
logie.)  [Présenté  par  M.  Ch.  Robin  pour  le  Concours  Montyon,  Médecine 
et  Chirurgie,  1876.] 

Conditions  de  l'industrie  des  mines  dans  l'île  de  Sardaigne ;  par  M.  Sella, 
traduit  par  M.  Léon  Krafft.  Paris,  9,  rue  des  Saints- Pères;  in-8°.  (Extrait 
de  la  Revue  universelle  des  mines.) 

Caméra  dei  deputnli.  Relazione  del  depulaio  Sella  alla  Commissione  d'In- 
chiesta  sulle  condizione  deli  industria  mineraria  neli  isola  di  Sardegna.  Toi- 
nata  del  3  maggio  1871.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-4'',  avec  allas  in-foHo 
oblong. 

Locomozione  a  vapore  sulle  strade  ordinnrie  dalla  stazionc  di  Biella  al  san- 
tuario  d'Oropa.  Conf crenze  da  lyànz\l\o  ViCENZO.  Torino,  stamp.  dell'  Uiiione 
tipografico- éditrice,  1875;  br.  iii-8"^. 

Bibliografia  mineralogia,  geologica  e  paleontologicu  délia  Toscana  ;  per 
A.  d'Achiardi.  Roma,  tip.  Barbera,  1875  ;  br.  in-B". 

Memoir  of  tlie  fouiuling  and  progress  of  the  United-Slates  naval  Observa- 
loi  y.  Washington,  Government  printing  Office,  1873;  in -4")  relié. 

Reports  on  obseivnlions  of  tlte  total  solar  éclipse  of  december  22,  1870. 
Washiiigton,  Government  printing  Office,  1S71;  nvl^"^  relié. 


(   i368  ) 

Chemical  and  geological  essa/s  ;  6j  Thomas  Sterry-Hunt.  Boston, 
J.-R.  Osgood;  London,  Trùbner,  iSyS;  in-8'',  relié. 

Aërial  locomotion  Pettigreiu  versus  Marey;  by  prof.  COUGHTRIE.  London, 
1875-,  opuscule  in-8°. 

Records  of  il le  cjeological  Survey  oj  India;  vol.  VII,  part  i,  2,  3,  4,  jan- 
vier à  décembre  1874.  Calcutta,  1874;  4  'iv-  in-8''. 

Memoirs  oj  the  geological  Siirvey  of  India.  Palœonlologia  indica,  etc.,  Fauna 
oftlie  Indian  fhiuiatile  deposilits;  vol.  I,  ser.  X,  p.  i  :  Rhinocéros  deccanensis; 
b/R.-B.  FooTE.  Calcutta,  1874;  in-4°.  . 

Memoirs  of  ihe  geological  Survey  of  India;  vol.  X,  p.  2;  vol.  XI,  p.  i. 
Calcutta,  1873- [874;  2  liv.  in-8°. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES 


SÉANCK   DU   LUNDI   7  JUIN    1875. 

PRÉSIDENCE  DE  U.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORUESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIOLOGIE  VKGÉTALK.   —  Des  effets  différents  d'une  même  iempéinliiie 
sur  une  même  espèce  nu  nord  et  au  midi;  par  i\î.  A.  de  Candoi.i.k. 

«  D'après  des  observations  nombreuses  cl  variées,  il  est  permis  de  croire 
que  la  même  température  ne  produit  pas  un  effet  semblable  sur  une  même 
espèce  dans  des  pays  de  climat  différent.  Au  nord,  la  même  chaleur  parait 
accélérer  la  végétation  plus  que  dans  le  midi.  Malheureusement,  si  les 
faits  sur  lesquels  on  s'appuie  sont  certains,  les  déductions  peuvent  être 
souvent  contestées,  et  l'on  s'aperçoil  que  des  preuves  fondées  sur  des  ex- 
périences directes  seraient  tres-op[)ortiuies. 

»  Par  exemple,  ou  a  constaté  plusieuis  fois,  en  Russie  et  en  Suède,  que 
pour  avoir  des  céréales  précoces  il  faut  en  tirer  les  graines  de  provinces 
se|)tent!  ionales,  et,  poiu-  les  avoir  tardives,  de  provinces  méridionales; 
mais  il  s'agit,  dans  ce  cas,  de  vaiiélés  de  plantes  cultivées,  et  quelques  na- 
turalistes répugnent  beaucoup  à  conclure  des  espèces  cultivées  ou  domes- 
tiquées aux  espèces  spontanées.  Pour  répondre  à  l'objection,  j'avais  tait 
venir,  en  1868,  de  Moscou,  Saint-Pétersbourg,  Edimbourg,  Monipellier 
et  Païenne,  des  graines  de  trois  espèces  spontanées  fjue  j'avais  semées,  les 

C    R.,    1S75,  I"  Sernestra.  (I.  lAXX,  ^<' 22.;  H^ 


(  i370  ) 
unes  à  côté  des  autres,  à  Genève  (i).  Le  Senecio  vulgaris  du  nord  s'est  bien 
trouvé  plus  hâtif  que  celui  du  midi,  mais  les  deux  autres  espèces,  Trifolium 
repens  et  Erjsimum  officinale,  ont  offert  de  si  grandes  diversités  de  formes, 
qu'on  pouvait  les  regarder  comme  autant  de  variétés  dont  quelques  bota- 
nistes auraient  fait  des  espèces.  Dans  ce  cas,  il  n'était  pas  surprenant  que 
chaque  forme  eût  un  degré  distinct  de  précocité. 

»  L'observation  de  M.  Heer,  que  des  arbres  d'Europe  ou  des  États-Unis, 
comme  le  Hêtre  et  le  Tulipier,  plantés  à  Madère,  se  feuillent  sous  des 
moyennes  de  température  bien  plus  élevées  que  dans  leurs  pays  d'origine, 
est,  à  mon  avis,  un  fait  probant  ;  mais  encore  ici  on  peut  objecter  que  ce 
sont  des  arbres  mis  dans  ime  condition  forcée,  contraire  à  leur  nature. 

»  Enfin,  sur  les  époques  de  feuillaison,  floraison  et  maturation  d'espèces 
cultivées  ou  spontanées  en  Europe,  on  possède  une  immense  quantité 
d'observations  provoquées  surtout  par  M.  Quetelet.  Elles  ont  été  calculées, 
quant  aux  sommes  de  température,  avec  une  grande  exactitude,  par  un  aide- 
astronome  de  l'Observatoire  de  Puikowa,  Cari  Linsser,  dont  la  mort  pré- 
maturée est  bien  regrettable  (2).  Il  résulte  de  sou  travail  que  la  même 
espèce  se  feuille,  fleurit  et  mûrit  ses  graines,  eu  général,  après  une  somme 
de  chaleur  plus  faible  dans  le  nord  que  dans  le  midi.  Par  exemple,  le  Bou- 
leau se  feuille  à  Bruxelles  le  i3  avril  et  à  Saint-Pétersbourg  le  16  mai.  Or,  à 
ces  dates,  les  sommes  de  température  au-dessus  de  zéro  sont  à  Bruxelles 
de  38 1  degrés  et  à  Saint-Pétersbourg  de  167  degrés.  Lorsqu'on  élimine  des 
tableaux  de  Linsser  les  moyennes  qui  reposent  sur  un  trop  petit  nombre 
d'années  et  que  l'on  a  soin  de  comparer  des  localités  du  nord  et  du  midi  à 
peu  prés  à  égale  distance  de  l'Océan  (3),  on  est  frappé  de  l'uniformité  des 
différences  entre  les  sommes.  Celles  du  midi  sont,  pour  la  même  espèce  et 
la  même  fonction,  presque  toujours  plus  fortes.  Linsser  concluait  delà, 
d'une  manière  tout  à  fait  absolue,  dans  le  sens  d'une  modification  indé- 
finie des  espèces  en  avançant  du  midi  vers  le  nord.  I^a  (biographie  botanique 
s'oppose  à  une  semblable  conclusion;  néanmoins,  dans  une  certaine  limite, 
la  différence  des  sommes  me  paraît  probante,  peut-être  parce  que  cette 
méthode  des  sommes  m'est  familière.  Les  objections  viennent  de  ce  qu'elle 


(i)  Archives  des  Sciences  physiques  et  naturelles,  inin  1872. 

(2)  Mémoires  de  V Académie  de  Saint-Pétersbourg,  t.  XIII. 

(3)  Sous  la  nu-me  iatiliide,  en  niarctiant  de  l'ouest  à  l'est,  les  climats  sont  moins  brumeux, 
et  la  chaleur  solaire  directe,  dont  il  n'est  i)as  question  dans  les  sommes  ordinaires  de  tem- 
pérature, est  plus  grande,  ce  (pii  ne  permet  pas  de  bien  comparer. 


(  ï37i  ) 
n'est  pas  rigoureuse.  J'ai  donc  cherché  des  preuves  directes,  expérimen- 
tales. Voici  par  quel  procédé  : 

»  J'ai  demandé  à  mon  ami,  M.  Charles  Martins,  de  in'envoyer  de  Mont- 
pellier, pendant  l'hiver,  des  rameaux  de  deux  espèces  spontanées,  Pojiidus 
alba  et  Carpinus  Beluliis,  et  de  deux  espèces  introduites  depuis  un  temps 
connu,  mais  que  la  culture  n'a  pas  altérées  visiblement,  le  Tulipier  [Lirio- 
dendron)  et  le  Catalpa.  En  même  temps  j'ai  coupé  chez  moi,  à  Genève,  des 
rameaux  des  mêmes  espèces,  ayant  les  bourgeons  également  termes.  J'ai 
mis  toutes  ces  branches  pendant  huit  jours  dans  une  chambre  non  chaut- 
fée,  où  elles  ont  dû  se  pénétrer  uniformément  d'une  température  de  7  à 
10  degrés  C;  ensuite  j'ai  rempli  d'eau  jusqu'à  la  moitié  des  verres  ordi- 
naires, et,  après  avoir  jeté  au  fond  un  lit  de  sable,  j'y  ai  planté  les  bran- 
ches de  Montpellier  et  de  Genève,  deux  à  deux  dans  le  même  verre. 

»  La  feuillaison  de  ces  quatre  espèces,  dans  les  deux  localités,  a  été,  cette 
année,  plus  tardive  à  Genève,  de  trente  jours  pour  le  Tulipier,  de  trente- 
trois  pour  le  Peuplier  blanc,  de  vingt-quatre  pour  le  Charme  et  de  quatre 
ou  cinq  seulement  pour  le  Catalpa.  On  sait  que  dans  chaque  localité,  et 
pour  des  arbres  voisins  de  même  espèce,  il  y  a  quelquefois  huit  à  dix 
jours  de  différence  dans  la  date  de  la  feuillaison,  sans  parler  d'espèces 
comme  le  Marronnier,  où  la  différence  peut  être  encore  plus  grande.  Ainsi, 
pour  que  l'expérience  fût  concluante,  il  fallait  rencontrer  des  différences 
excédant  une  semaine,  et  surtout  des  différences  toujours  dans  le  même 
sens,  par  exemple  les  rameaux  de  Genève  plus  précoces  que  ceux  de  Mont- 
pellier :  c'est  effectivement  ce  que  les  expériences  ont  donné. 

»  Je  les  ai  commencées  le  4  février  sur  le  Peuplier,  le  Charme  et  le  Tu- 
lipier, réservant  le  Catalpa,  dont  l'évolution  est  extrêmement  tardive.  Les 
verres  ont  été  placés  sur  une  tablette  qui  recevait  de  temps  en  temps  un 
pâle  soleil  d'hiver,  mais  j'avais  soin  de  tourner  et  de  transposer  souvent  les 
rameaux  de  telle  sorte  qu'ils  fussent  réchauffés  également. 

»  Les  bourgeons  ayant  toujours  été  comptés,  décrits  et  mesurés,  je  me 
suis  aperçu  que  le  Peuplier  et  le  Charme  avaient  des  bourgeons  à  fleurs 
plus  gros  que  les  autres,  qui  étaient  plus  avancés  sur  les  branches  de  Mont- 
pellier que  sur  celles  de  Genève.  Ces  bourgeons  à  fleurs  ont  continué  de 
progresser  selon  leur  état,  c'est-à-dire  que  ceux  du  midi  se  sont  ouverts  les 
premiers,  évidemment  parce  qu'ils  avaient  profité  de  la  chaleur  de  l'au- 
tomne et  (le  l'hiver  dans  le  Languedoc.  On  savait  déjà,  par  les  observations 
sur  les  dates  de  floraison,  que,  dans  les  arbres  à  chatons,  les  températures 
des  saisons  précédentes  influent  notablement.  Je  me  suis  donc  attaché  à 

178.. 


(  -37^  ) 
voir  comment  se  comporleraient  les  bourgeons  foliacés,  qui  étaient  sem- 
blnhlcs  dans  les  r;nneanx  des  deux  localités. 

»  Dans  le  Populus  alba,  les  rameaux  de  Genève  ont  eu  une  feuille  diver- 
geant de  45  degrés  le  i5  mars;  ceux  de  Montpellier  ont  eu  le  6  avril 
seulement  des  feuilles  saillantes,  qui  ne  sont  pas  parvenues  à  diverger  : 
différence  de  plus  de  vingt-trois  jours  en  faveur  de  la  localité  la  plus 
froide.  Pour  les  bourgeons  foliacés  du  Caipinus,  la  différence  a  été  dans  le 
même  sens,  du  20  mars  au  6  avril,  soit  dix-huit  jours.  Le  Tulipier  Liiio- 
(tendron)  n'a  donné,  dans  cette  expérience,  aucun  résultat  probant.  Les 
branches  de  Montpellier  étaient  arrivées  avec  des  bourgeons  sensiblement 
plus  gros  et  plus  verts  que  ceux  de  Genève  :  il  n'est  pas  surprenant  qu'ils 
les  aient  devancés  de  onze  jours;  mais  le  contraire  est  arrivé  dans  une  autre 
série  d'expériences  où  j'avais  choisi  des  bourgeons  de  Montpellier  exacte- 
ment de  la  grosseur  de  ceux  de  Genève. 

))  J'ai  voulu,  en  effet,  contrôler  les  observations  faites  dans  une  [)ièce 
chauffée  avec  d'autres  dans  une  cave  froide  et  obscure,  où  le  thermomètre 
s'est  maintenu  entre  4°,  5  et  5°,  5  G.  Les  mêmes  espèces  y  ont  été  placées  le 
5  février,  et  j'ai  vu  les  mêmes  faits  en  ce  qui  concerne  le  Peuplier  et  le 
Charme.  Les  chatons  de  Montpellier,  qui  étaient  dès  leur  arrivée  plus 
avancés,  ont  fleuri  les  premiers,  et,  quant  aux  bourgeons  foliacés,  qui 
étaient  identiques,  ceux  de  Genève  ont  marché  plus  vite  que  ceux  de 
Montpellier.  Ni  les  luis  ni  les  autres  ne  se  sont  ouverts,  la  température 
étant  par  trop  défavorable;  mais  l'extrémité  verte  a  fait  saillie  plus  vite  sur 
les  bourgeons  de  Genève.  Le  Liiiodendron  avait  ici  des  bourgeons  sem- 
blables des  deux  localités,  et  dès  le  29  avril  les  rameaux  de  Genève  ont 
pris  les  devants.  Craignant  les  effets  du  froid  et  de  l'obscurité,  j'ai  trans- 
porté le  verre  qui  les  contenait  dans  ma  bibliothèque;  alors  les  bourgeons 
de  Genève  se  sont  de  plus  en  plus  développés  en  avance  de  ceux  du  midi. 
La  différence  ne  peut  guère  être  donnée  en  nombre  de  jours,  à  cause  de 
l'épanouissement  successif  des  bourgeons  du  haut  vers  le  bas  de  chaque 
branche. 

»  Le  Catalpa  a  été  mis  en  expérience,  dans  la  bibliothèque  et  dans  la 
cave,  le  7  mars.  Ceux  de  la  cave  ne  se  sont  pas  développés.  Le  mininuim 
de  végétation  de  l'espèce  est  évidemment  supérieur  à  6  degrés.  Quant  aux 
rameaux  soumis  dans  la  chambre  à  des  températiues  de  10  à  16  degrés  C, 
avec  du  soleil  de  temps  en  temps,  il  est  arrivé  que  l'un  de  ceux  de  Genève 
a  montré  deux  bourgeons  foliacés,  sortant  de  la  partie  inférieure,  le  5  avril, 
tandis  qu'un  premier  bouigeon  s'est  montré  au  bas  d'un  rameau  de  Mont- 


(  i'373  ) 
pellier,  le  24  avril  :  différence  de  20  jours  en  faveur  de  la  localité  la  plus 
septentrionale. 

»  La  réussite  de  ces  expériences  nie  fit  demander  alors  à  M.  le  profes- 
seur Radikofer,  de  Munich,  de  m'envoyer  des  branches  des  mêmes  espèces, 
pour  les  comparer  à  celles  de  Genève  et  Montpellier.  Il  s'est  empressé  de 
le  faire,  mais  les  Tulipiers  de  Munich  avaient  souffert  d'un  hiver  excessive- 
ment rigoureux  :  ils  n'ont  pas  poussé.  Les  branches  de  Montpellier  et  de 
Genève  des  deux  autres  espèces  se  sont  trouvées  hors  d'étal  de  végéter, 
pour  une  autre  cause,  la  dessiccation.  J'espère  pouvoir  continuer  ce  genre 
d'expériences  une  autre  année,  dans  la  seule  saison  favorable,  qui  est 
janvier  et  février.  En  attendant,  les  résultats  obtenus  ne  sont  pas  sans 
quelque  intérêt. 

»  Quatre  espèces  bien  différentes,  soumises  à  l'expérience,  ont  montré 
que,  pour  ce  qui  les  concerne,  une  même  chaleur  influe  plus  vile  sur  les 
bourgeons  foliacés  des  individus  de  la  localité  la  plus  froide.  Ainsi  se 
trouvent  confirmées,  par  une  méthode  directe,  les  déductions  tirées  des 
observations  faites  dans  le  nord  sur  les  céréales,  à  Madère  sur  quelques 
arbres  cultivés,  en  Europe  sur  des  Seiiecio  vuUjaiis  de  diverses  localités,  et 
enfin  celles  qui  résultent  des  sommes  de  température  aux  dates  de  feuillai- 
son, de  floraison  et  de  maturation  de  plusieurs  espèces,  entre  les  44  et  65  de- 
grés de  latitude  en  Europe.  La  concordance  des  résultats  est  satisfaisante  ; 
elle  fait  aussi  valoir  la  méthode  des  sonuiies  qui,  sans  être  rigoureuse,  a 
quelquefois  de  l'avanlnge.  Ce  (pii  me  parait  complètement  démontré,  c'est 
l'inégalité  d'effet  de  la  même  température.  Quant  à  la  question  de  savoir 
si  le  maximum  d'effet  a  lieu  dans  le  nord  ou  habituellement  ou  le  plus 
fréquemment,  c'est  lui  détail  qu'un  plus  grand  nombre  d'expériences  et 
d'observations  devra  élucider. 

I)  Poiu-  expliquer  I  inégalité  d'action  d'une  même  température,  il  est 
permis,  ce  me  semble,  d'invoquer  deux  causes,  dont  l'une  probablement 
plus  importante  que  l'autre. 

»  Les  bourgeons  d'un  arbre  sont  dans  un  état  de  lutte  continuelle.  Ceux 
qui  sont  mal  placés  ou  trop  tardifs  développent  des  branches  iniparfaites, 
qui  sont  souvent  étouffées.  Les  plus  précoces  l'emportent,  à  moins  que  la 
gelée  ne  leur  nuise.  11  doit  se  faire  ainsi  une  sélection  et  une  ada|)tation 
successive  de  l'arbre  au  climat. 

))  Ceci  est  d'autant  plus  prob^dde,  que  toute  particularité  d'un  bour- 
geon se  continue  ordinairement  d'année  en  année  dans  les  ramifications 
ultérieures.  La  greffe  en  doinie  tous  les  jours  la  preuve  et  il  est  plus  curieux 


(  i374  ) 
encore  de  voir  comment  une  branche  exceptionnelle  sous  quelque  rapport, 
lorsqu'elle  continue  de  tenir  à  l'arbre,  conserve  souvent  son  caractère  dis- 
tiiiclif.  J'en  citerai  un  exemple  dont  nous  avons  été  témoins,  mon  père  et 
moi,  depuis  un  demi-siècle.  Une  propriété  d'agrément  près  de  Genève,  à 
Frontenex,  contient  un  certain  nombre  de  vieux  marronniers,  tous,  dans 
l'état  ordinaire,  à  fleurs  simples.  En  iSaa  ou  iSa'i,  le  propriétaire,  M.  Sa- 
ladin,  remarqua  sur  un  de  ces  arbres  une  branche  qui  avait  des  fleurs 
doubles  (i).  Il  en  tira  des  greffes  et,  par  parenthèse,  c'est  probablement  de 
là  que  viennent  tous  les  marronniers  doubles  qui  existent  dans  le  monde, 
car  je  n'ai  trouvé  la  mention  de  cette  variété  dans  aucun  ouvrage  ou  cata- 
logue français,  anglais  ou  allemand  antérieur  à  i8a3(2).  La  branche  en 
question  ayant  été  laissée  sur  un  arbre  dont  les  autres  branches  ont  des 
fleurs  simples,  on  peut  se  demander  si  elle  n'est  point  revenue  à  l'état  ordi- 
naire de  l'espèce.  En  aucune  manière,  toutes  les  années  cette  branche 
donne  des  fleius  doubles,  et  uniquement  des  fleurs  doubles.  Les  proprié- 
taires actuels  l'affirment;  nous  l'avons  vérifié  de  temps  en  temps,  et  cette 
année  même  j'ai  constaté  une  très-belle  production  de  fleurs  doubles.  La 
branche  paraît  âgée  d'environ  soixante  ans;  l'arbre  lui-même  a  peut-être 
cent  quarante  ans.  D'après  cet  exemple  on  peut  croire  que,  lorsqu'une 
branche  a  une  autre  particularité,  celle  d'être  plus  précoce  ou  plus  tardive 
que  les  autres,  c'est  une  raison  pour  qu'elle  continue  de  l'être  dans  toutes 
ses  ramifications  subséquentes,  aussi  bien  que  si  elle  avait  été  transportée 
au  moyeu  de  la  greffe. 

»  Je  doute  cependant  que  la  sélection  des  branches  produise  des  effets 
habituels  d'une  certaine  importance.  Il  ne  faut  jamais  nier  les  sélections  qui 
sont  imposées  par  la  force  des  choses;  mais  elles  sont  quelquefois  de  peu  , 
de  valeur,  et  même  il  arrive  qu'elles  se  contrecarrent  les  unes  les  autres,  ce 
dont  l'espèce  humaine  présente  de  nombreux  exemples  (3).  Dans  le  cas  des 
rameaux  d'un  arbre,  la  précocité  est,  dans  le  nord,  tantôt  un  avantage  et 
tantôt  un  désavantage.  Au  midi,  la  précocité  semble  devoir  être  le  plus 
souvent  un  avantage,  et  cependant  c'est  dans  le  midi  que  les  espèces  de- 
mandent le  plus  de  chaleur  pour  végéter.  Une  comparaison  attentive  des 

(i)   De  Candolle,  Rap/tort  sur  les  plantes  tares,  lu  le  2  octobre  iSaS,  publié  en  1824. 

(2)  Le  premier  ouvrage  à  moi  connu  qui  en  parle  est  celui  de  Spach  :  Histoire  naturelle  des 
végétaux,  vol.  1,  publié  en  i834. 

(3)  Alph.  de  Candolle,  Histoire  des  sciences  et  des  samnts,  suivie  d'études  sur  la  sélection 
dans  l'espèce  humaine,  etc.  i  vol  in-8"  ;  Genève,  i8^3. 


(  i375  ) 
vieux  arbres  avec  les  jeunes  de  la  même  espèce  montrerait  si  les  années 
amènent  une  adaptation  de  l'individu  au  climat.  Jusqu'à  présent,  les  faits 
que  j'ai  pu  voir  et  ceux  qu'on  a  bien  voulu  me  communiquer  n'indiquent 
pas  une  modification  sensible  ;  mais  je  suspends  mon  jugement  jusqu'à  plus 
ample  information. 

»  La  cause  principale  des  différences  de  végétation  au  nord  et  au  midi 
me  paraît  être  celle  que  j'ai  indiquée  il  y  a  déjà  longtemps  (i)  au  sujet  des 
observations  de  M.  Heer  dans  l'ile  de  Madère.  Les  plantes  vivaces  et  les  ar- 
bres ont  besoin  d'alternatives  dans  la  direction  de  leur  végétation  ;  il  y  a 
ce  que  les  horticulteurs  appellent,  assez  improprement,  un  repos  hibernal. 
Après  une  grande  activité  du  côté  extérieur,  la  plante  perd  ses  feuilles,  cesse 
de  grandir,  et  il  se  passe  alors  dans  son  intérieur  des  translations  et  modi- 
fications de  matériaux  qui  préparent  l'évolution  des  bourgeons  à  une  épo- 
que'subséquenle.  Dans  le  nord,  le  mouvement  végétatif  se  concentre  mieux 
à  l'intérieur.  C'est  un  motif  pour  qu'au  printemps  la  chaleur  produise  plus 
vite  ses  effets.  Au  contraire,  dans  les  stations  méridionales,  la  plante  ne 
cesse  pas  tout  à  fait  de  végéter  à  la  surface,  et  les  sucs,  étant  détournés  de 
leur  distribution  à  l'intérieur,  ne  sont  plus  aussi  appropriés  aux  bourgeons 
quand  un  certain  degré  de  température  se  manifeste.  Les  notions  actuelles 
sur  le  calorique  concordent  bien  avec  ce  genre  d'explication.  L'action  mé- 
canique d'un  degré  de  température  doit  être  partout  la  même;  seulement, 
lorsqu'elle  s'applique  à  des  matériaux  différents,  pour  les  transporter  ou 
les  modifier,  il  est  clair  que  l'effet  doit  être  différent.   » 

M.  DE  Lesseps  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  ouvrage  intitulé  :  «  Let- 
tres, Journal  et  Documents  pour  servir  à  l'histoire  du  canal  de  Suez  (i854, 
i855,  i856)  ... 

Après  la  lecture  de  la  dédicace  de  son  volume,  M.  de  Lesseps  ajoute  : 

«  A  cette  occasion,  je  rappellerai  que  l'honorable  Vice-Président  de 
l'Académie,  M.  l'amiral  Paris,  a  obtenu  de  M.  le  directeur  général  des 
musées  l'autorisation  de  consacrer  une  des  salles  du  Musée  de  marine  à 
l'œuvre  universelle  du  canal  de  Suez. 

).  Dans  cette  salle,  M.  l'amiral  Paris  a  construit  lui-même  un  plan  en 
relief  du  canal,  de  lo  mètres  de  long,  avec  une  légende  explicative.  Il  a 
placé   tout  autour  les  modèles  des  machines  employées  aux  travaux  de 


(l)  Géographie  botanique  raisonnéc,  p.  47- 


(  i376  ) 
creusement,  ainsi  que  des  tableaux  dans  lesquels  il  a  représenté,  avec  une 
grande  exactitude,  les  principaux  établissements  de  l'isthme. 

»  M.  l'amiral  Paris  voudra  bien  recevoir  ici  mes  remercîmenis,  et,  j'es- 
père, les  félicilalions  de  l'Académie,  pour  avoir  contribué  à  populariser 
ainsi  une  entreprise  vraiment  nationale.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  la  polarisation  rotatoire  magnétique; 
par  M.  Henri  Becquerel.  (Extrait.) 

(Commissaires:  MM.  Fizeau,  Jamin,  Desanis.) 

«  Depuis  la  découverte  de  Faraday,  le  phénomène  de  la  polarisation  ro- 
tatoire magnétique  a  été  l'objet  de  nombreuses  études.  On  a  remarqué  que 
les  substances  douées  d'une  forte  réhaction  possèdent  généralement  un 
grand  pouvoir  rotatoire  magnétique;  mais  les  exceptions  que  présente  cette 
règle  ont  empêché  jusqu'ici  de  lier  entre  elles  ces  deux  propriétés  phy- 
siques. Le  phénomène  est  en  effet  fort  complexe  et  souvent  modifié  par  la 
polarité  magnétique  que  les  molécules  des  cor|is  peuvent  acquérir. 

»  J'ai  pensé  que,  si  les  corps  étaient  peu  magnétiques  et  Irès-réfringents, 
l'influence  de  la  réfraction  pourrait  devenir  prépondérante,  et  qu'il  serait 
possible,  dans  ces  conditions,  de  manifester  une  relation  entre  la  réfraclion 
et  la  rotation  magnétique. 

»  Je  me  suis  servi  d'un  très-fort  électro-aimant  dont  les  armatures  sont 
percées  d'un  trou  cylindrique  suivant  la  ligne  îles  pôles  (i). 

»  La  mesure  des  rotations  se  faisait  au  moyen  d'un  polarimètre  à  pé- 
nombre de  Jellet.  I^es  sources  de  lumière  étaient  les  flammes  monochro- 
matiques du  sodium,  du  thallium  et  la  flamme  du  lithium  vue  au  travers 
d'un  verre  rouge  pour  éliminer  la  lumière  orangée.  La  disposition  précé- 
dente de  l'aimant  a  l'avantage  de  permettre  d'observer  des  corps  très-colo- 
rés sous  une  très-petite  épaisseur.  J^e  tableau  suivant  renferme  un  certain 
nombre  des  résultats  observés,  rapportés  à  lu  même  épaisseur  et  à  la  même 
intensité  magnétique.  Les  expériences  ont  été  faites  à  une  température 
moyenne  de  i^  degrés,  excepté  pour  le  soufre  et  le  phosphore. 


(i)  Les  clectro-aimanis  eniplovés  appartiennent  au  Mu.sciiiu   cl'Histdiie  naturelle  et   an 
Conservatoire  clos  Arts  cl  Métiers. 


(  '377  ) 


sniSTANCES. 


Liquides. 


Cristaux 
monorélViugents. 


Liquides. 


Crisiaux 
monoiéri'iiigenls. 


Verres. 


PREMIERE  PARTIE. 

Eau 

Protochlorure  do  phosphore 

liichlorure  de  soufre 

Protochlorure  de  soufre 

Sulfure  do  carbone 1 ..... . 

Id.  Id 

Brome 

Bisulfure  d'hydrogène 

Soufre  fondu  (à  i  iô°) 

Phosphore  fondu  (à  35°) 

Sel  gemme 

Blende 

Id 

Ziguéline  (cuivre  oxydulé) 

DEUXIÈME  PARTIE. 

Alcool  méthylique 

Chloroforme 

Bichloruro  d'étain 

Dissolution  aqueuse  de  chlorure  d'uranyle. 
Bichloruro  de  titane 

Spnlh  Huor  (incolore) 

Spinelle  (coloré  par  le  chrome) 

Grenat  almoudin 

Diamant  (échantillon  octaédrique)  (  i  )•  •  • 

Flint  pesant  :  n"  i  (Feil) 

»  nO  2       > 

n»  3      ..     

Verre  avec  ;'(  pour  loo  de  titane  (Feil). . . . 


KOTATIOS 
magnéllqDe. 


INDICE 

de  rcfraclion. 


o,3oS 

i,33G 

raie  D. 

o,G5[ 

i,5oS 

„ 

o,Çjri 

i.Cig 

>, 

o.cjS,^ 

i,G3i 

.. 

1,000 

i,C33 

.. 

1,000 

.,0.5 

i-aie  B. 

i,o8', 

i,Gr6 

„ 

.,7/|3 

.,888 

raie  D. 

i,8oi 

',929 

i> 

2,900 

2,074 

» 

0.77' 

.,5.^3 

,. 

S.oSS 

2,369 

» 

5,288 

2,341 

rouge  lithium 

3,9c/, 

2.8I9 

» 

0,220 

1 ,3G3 

raie  D. 

o,38o 

.,452 

» 

i,o35 

.  ,5o6 

» 

0,  .10 

.  ,,)00 

» 

0,125 

.,Go4 

» 

o,?07 

1,435 

„ 

o,l9'> 

1,7.5 

» 

0,080 

'.772 

rouge  lithium. 

o,38o 

2,430 

raie  D. 

1,263 

1,720 

i> 

1,577 

.,760 

» 

1 ,62', 

',770 

» 

0,436 

(  I  )  Je  dois  ces  différents  crisiaux  ii  l'obligeance  de  MM.  Fizeau  et  Jamin. 


»  Les  liquides  et  les  corps  ainorplies  se  prêtent  à  une  observation  précise 
lorsqu'ils  sont  assez  transparents.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  corps  cristal- 
lisés; je  n'ai  étudié  dans  ce  travail  que  des  corps  cristallisés  monoréfrin- 
gents. On  doit  remarquer  les  pouvoirs  rotatoires  magnétiques  considérables 
de  la  blende  et  de  la  ziguélinc  (oxvdule  de  cuivre),  qui  sont,  l'un  17  fois, 
l'autre  /jS  fois  celui  de  l'eau. 

Le  pouvoir  rotatoire  du  soufre  fondu  augmente  très-rapidement,  à  mesure 
qu'il  se  refroidit  et  s'approche  du  point  de  solidification.  Celte  variation 

C.  R.,  1875,  i"  Semestre.  (T.  LXSX,  N"  22.)  •  79 


(  '378  ) 
rapide  correspond  à  un  accroissement  aussi  rapide  de  l'indice  de  réfraction. 
Je  reviendrai,  du  reste,  avec  plus  de  détails  sur  les  effets  que  présente  ce 
corps,  dont  les  modifications  physiques  sont  si  remarquables,  en  m'occu- 
pant  de  l'action  de  la  chaleur  sur  le  pouvoir  magnétique  des  différents 
corps. 

»  Le  groupe  des  substances  citées  dans  la  première  partie  du  tableau 
précédent,  et  qui  comprend  principalement  des  composés  du  chlore,  du 
phosphore,  du  soufre  et  du  carbone,  présente  un  accroissement  régulier 
de  la  rotation  pour  la  même  longueur  d'onde,  à  mesure  que  l'indice  de  ré- 
fraction augmente.  On  ne  reconnaît  aucune  fonction  simple  de  1  indice  de 
réfraction  pouvant  représenter  exactement  les  observations;  cependant,  en 
désignant  par  «  l'indice  d'un  rayon  de  longueur  d'onde  déterminée,  par  j- 
la  rotation  et  par  A  une  constante,  une  expression  empirique  de  la  forme 
j-  =  A«^(n-— i)  permet  de  construire  une  courbe  qui  figure  assez  bien, 
entre  les  limites  des  observations,  l'accroissement  de  la  rotation  avec  l'ac- 
croissement de  l'indice. 

»  Quant  aux  substances  de  la  seconde  partie  du  tableau,  les  exceptions 
qu'elles  présentent  à  la  remarque  indiquée  plus  haut  peuvent  être  attri- 
buées soit  à  des  effets  de  polarisation  lamellaire,  comme  pour  le  diamant  et 
le  grenat,  soit  à  la  présence  de  corps  magnétiques,  soit  à  des  causes  encore 
inconnues.  Avec  un  échantillon  de  grenat  almandin,  qui  renferme  une  no- 
table proportion  de  fer,  il  y  a  eu  apparence  d'une  rotation  négative. 

»  L'expression  générale  du  phénomène  est  probablement  une  fonction 
des  diverses  propriétés  physiques  et  chimiques  des  corps;  lorsque  ceux-ci 
sont  formés  d'éléments  dont  quelques-uns  sont  très-magnétiques,  l'in- 
fluence de  l'état  particulier  dans  lequel  ils  se  trouvent,  sous  l'action  de  l'ai- 
mant, est  telle,  que  toute  trace  de  relation  entre  la  rotation  magnétique  et 
l'indice  de  réfraction  disparaît. 

1)  Peut  être  pourrail-on  se  rendre  compte  de  ces  effets,  en  admettant  que 
la  rotation  magnétique  du  plan  de  polarisation  est  due  à  une  action  du  ma- 
gnétisme sur  l'éther  intermoléculaire,  et  qu'en  même  temps  les  molécules  du 
corps  influencé  sont  polarisées  magnétiquement,  de  façon  à  présenter  des 
pôles  de  nom  contraire  en  regard  des  pôles  de  l'aimant.  Ces  molécules  se- 
raient alors  autant  de  petits  aimants  inverses  de  l'aimant  qui  les  influence,  et 
agissant  à  des  distances  très-petites  sur  le  milieu  qui  transmet  les  vibrations 
lumineuses.  L'intensité  de  cette  action  moléculaire  est  éminemment  variable 
avec  les  divers  corps;  elle  peut  dépendre  de  leur  magnétisme  spécifique  et  de 


(  ^379) 
la  distance  réciproque  des  molécules.  Il  est  possible  alors  de  concevoir  que 
l'action  inverse  de  ces  molécules  puisse  diminuer  considérablement  l'action 
directe  de  l'aimant;  et  niènie,  si  le  corps  est  très-magnétique  et  dans  des 
conditions  convenables,  cette  action  moléculaire  pourrait  devenir  prédo- 
minante et  manifester  une  rotation  négative,  ainsi  qu'on  l'observe  avec 
certains  sels  de  métaux  magnétiques. 

«  En  résumé,  l'expérience  montre  que  dans  les  corps  faiblement  magné- 
tiques et  très-réfringents,  qui  n'avaient  pas  été  étudiés  jusqu'ici,  l'accrois- 
sement du  pouvoir  rotatoire  magnétique  suit  en  général  l'accroissement 
de  l'indice  de  réfraction. 

»  Je  continue  l'étudedeces  phénomènessi  remarquables, qui  peuvent  nous 
donner  des  indications  précieuses  sur  le  mode  d'action  du  magnétisme.  » 

géodésie:.    —   Sur   une   nouvelle    méthode   et   sur   un    nouvel   instrument  de 
lélémélrie  [mesure  rapide  des  distances).  Note  de  M.  Gikaud-Teulon. 

(Commissaires:  MAI.  Faye,  Fizean,  d'Abbadie,  Jamin.) 

«  La  méthode  proposée  repose  sur  deux  principes  distincts  :  le  premier 
est  celui  sur  lequel  se  base  la  construction  du  micromètre  à  double  image 
de  Rochon  et  de  l'héliomètre,  le  doublement  de  l'image  offerte  à  l'observa- 
teur; seulement,  au  lieu  d'être  obtenue,  comme  dans  l'héliomètre,  par 
la  division  en  deux  moitiés  de  l'objectif  de  la  lunette,  cette  multiplication 
des  images  est  réalisée  ici  par  la  division  de  l'oculaire,  dont  l'une  des 
moitiés  demeure  fixe  pendant  que  l'autre,  liée  au  mouvement  d'une  vis 
micrométrique,  peut  se  déplacer  à  volonté  en  glissant  sur  le  diamètre 
commun. 

»  L'auteur  démontre,  par  un  calcul  très-simple,  que,  lors  de  la  mise  en 
contact  des  deux  images  virtuelles  présentées  à  l'observateur,  et  si  l'on  sup- 
pose la  lunette  adaptée  pour  les  rayons  parallèles,  à  la  sortie  comme  à 
l'entrée,  le  déplacement  du  demi-oculaire  mobile  est  exactement  égal 
à  l'étendue  de  l'image  réelle  fournie  par  l'objectif.  Pour  toute  autre  adap- 
tation donnée  de  l'instrument,  les  chemins  paicourus  par  l'oculaire  varient 
proportioiniellement  à  l'étendue  de  cette  image  réelle. 

»  Le  second  principe  consiste  à  relever  la  grandeur  d'un  même  objet 
en  deux  stations  données,  prises  sur  un  même  alignement  avec  cet  objet. 
Si  l'on  appelle  a  et  ê  les  grandeurs  de  ces  deux  images  aux  stations  A  et 
B,  et  A  la  distance  nuituelle,  préalablement  mesurée,  desdites  stations,  la 
distance  D  ou  j:'  de  la  plus  éloignée  (A)  des  stations  à  l'objet  sera  donnée 

•79  • 


(   i38o  ) 

par  l'équation  : 

g 

(i)  Doua:  =  A- 1 

^    '  6  —  a 

ê  étant  la  plus  grande  image  ou  celle  qui  correspond  à  la  station  la  plus 
rapprochée  de  l'objet. 

»  On  voit  que  dans  cette  formule  l'inconnue  D  s'obtient  par  le  seul 
rapport  des  grandeurs  des  images,  et  sans  la  connaissance,  même  approxi- 
mative, de  la  dimension  réelle  de  l'objet.  La  méthode  se  réduit,  en  défini- 
tive, à  comparer  les  parallaxes  d'un  même  objet,  visé  de  deux  stations,  dont 
on  connaît  seulement  la  distance  mutuelle. 

»  Inversement,  la  distance  et  la  longueur  focale  de  la  lunette  étant  con- 
nues, on  peut  déterminer  par  une  simple  proportion  la  grandeur  de  l'objet, 
et  d'une  manière  générale  l'une  quelconque  de  ces  quantités  en  fonction 
des  deux  autres  (i). 

»  La  méthode  par  division  de  l'oculaire  s'applique  à  toutes  les  limettes; 
elle  ne  comporte  donc  d'autres  limites  que  celles  qui  résultent  de  la  valeur 
amplifiante  des  instruments  auxquels  on  l'adapte  (2). 

M  A  l'appui  de  cette  présentation,  l'auteur  fait  connaître  quelques  résul- 
tais numériques  obtenus  par  lui.  Les  deux  plus  frappants  sont  les  suivants  : 

»  Au  moyen  d'une  lunette  de  Galilée  au  grossissement  de  1 1  diamètres, 
il  a  déterminé  la  distance  du  mont  Valérien  à  la  terrasse  de  Saint-Ger- 
main, 8897  mètres;  et  avec  la  lunette  terrestre  d'ordonnance  de  l'École 
d'état-major,  au  pouvoir  amplifiant  de  26  diamètres  environ,  la  distance 
dudit  mont  Valérien  au  château  d'IIennemont,  à  2600  mètres  au  delà  de 
Saint-Germain,  ii'''",oi7. 

(1)  Depuis  que  ces  expériences  sont  en  cours  d'exécution,  dit  l'auteur,  nous  avons  dé- 
couvert que  le  principe  de  la  double  visée  sur  un  même  alignement  et  la  détermination  de 
la  distance  par  la  différence  des  parallaxes  avaient  déjà  été  proposés  par  le  commandant 
Liigeol,  de  la  marine  française,  et  son  collaborateur,  M.  Regnard,  et  réalises  par  le  premier 
dans  l'application  de  riiéliomèlre  même  (réduit  de  pro|)onion)  à  la  télémélrie  (1860).  La 
grande  différence  qui  nous  paraît  exister  entre  les  deux  modes  d'applicaiion,  la  division  de 
l'objectif  ou  celle  de  l'oculaire,  soi\s  le  rapport  de  la  précision  et  de  la  simplicité  du  méca- 
nisme, nous  a  seule  engagé  à  continuer  nos  essais  et  à  aj)porler  noire  instrument  dans  la  lice 
des  compétitions  télcmétriques. 

(2)  Cette  même  méthode  jiourrait  tiouver  une  ap])lication  aussi  facile  qu'avantageuse 
dans  la  micrographie,  connric  moyen  de  mesure  des  images  objectives  offertes  à  la  dernière 
])ièce  de  l'oculaire,  et  serait  ainsi  des  plus  propres  à  la  détermination  du  pouvoic  amplifiant 
des  microscopes,  comme  elle  l'est  de  celui  des  télescopes. 


(  .38,  ) 

M  La  carte  de  l'état-major  donne  8""", 800  pour  la  première  de  ces  dis- 
tances; I  i'"",48o  pour  la  seconde.  L'erreur  est  donc  de  1,1  pour  100  dans 
le  premier  cas,  et  de  [\,o?>  pour  100  dans  le  second. 

))  Comme  dernière  et  très-concluante  application  de  la  méthode,  l'auteur 
met  sous  les  yeux  de  l'Académie  une  Iriangidation  extemporauée,  exécutée 
télémétriquement,  c'est-à-dire  sans  autre  instrument  que  la  lunette,  et  par 
la  détermination  des  longueurs  des  trois  côtés  des  triangles,  sans  nulle  con- 
sidération de  leurs  angles. 

»  Les  cinq  points  relevés  par  l'auteur,  en  prenant  pour  base  les  hauteurs 
dos  clochers  de  Saint-Germain  et  de  RIarly,  et  dont  la  distance  varie  entre 
2000  et  4000  mètres,  ne  diffèrent  des  chiffres  de  la  carte  d'étal-major  que 
de  moins  de  5  pour  100.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

CHIMIF;  organique.  —  Sur  la   transformation  du  camphre  des  laurinées  en 
cainpliène,  et  réciproquement  descampliènes  en  camphre;  par  M.  J.  Riban. 

(Commissaires  :  MM.  Balard,  Wurtz,  Berthelot.) 

«  A.  Transformation  du  camphre  des  laurinées  en  camphène.  —  Pour  effectuer 
cette  transformation,  j'ai  d'abord  changé  le  camphre  C" H'"  O  en  bornéol 
C"'H**0,  par  le  procédé  de  M.  Baubigny;  le  pouvoir  rotatoire  du  corps 
obtenu  n'était  que  [a]u=  +  2°, 6,  et  cependant  le  camphre  générateur 
avait  son  pouvoir  rotaloire  normal.  Par  une  chauffe  à  100  degrés,  avec  de 
l'acide  chlorhydrique  fumant,  ce  bornéol  fut  transformé  en  éther  chlorhy~ 
drique  C'^H'^HCl,  dont  le  pouvoir  rotatoire  était  absolument  nul.  L'ac- 
tion modificatrice  de  l'hydracide  avait  produit  cette  perte  de  pouvoir. 
L'élher  chlorhydrique  du  bornéol  rappelle,  par  son  aspect  et  ses  proprié- 
tés, les  chlorhydrates  de  camphène;  il  fond  dans  le  gaz  chlorhydrique  à 
145  degrés;  il  cède,  quoique  lentement,  une  partie  de  son  hydracide  à 
l'eau  froide;  l'eau  à  100  degrés  le  décompose  rapidement,  comme  nous 
l'avons  établi  dans  une  Note  précédente,  avec  régénération  d'un  camphène 
C'"!!",  que  je  désignerai  sous  le  nom  de  bornéocamphène,  rappelant  son 
origuie. 

»  Du  bornéocamphène.  —  La  décomposition  par  l'eau  de  l'éther  chlor- 
hydrique du  bornéol  ne  fournit  que  de  petites  quantités  du  carbure  cher- 
ché. Pour  réaliser  cette  transformation  sur  une  plus  grande  échelle,  il  suffit 
de  chauffer  cet  élher  chlorhydrique  dans  un  autoclave  de  cuivre,  ou  en 


(  i:^82  ) 

tubes  scellés  à  i8o  degrés,  durant  soixante-dix  heures,  avec  un  excès  de 
potasse  alcoolique.  L'affusion  de  l'eau  précipite  le  carbure  formé  ;  on  le 
lave,  on  le  fractionne  et  le  comprime,  pour  le  débarrasser  de  quelques 
traces  de  corps  huileux.  On  eu  obtient  ainsi  5o  pour  loo  du  poids  de 
réther  chlorhydiique  employé. 

u  Le  bornéocamphène,  carbure  solide  et  cristallisé,  bout  à  iSy  de- 
grés (corrigé),  fond  à  47  degrés;  il  correspond  à  la  formule  C'H"';  il  four- 
nitpar  l'HCl  un  monochlorhydrate  de  bornéocamphène  qui  possède  les  ca- 
ractères des  chlorhydrates  de  camphène  et  fond  dans  le  gaz  chlorhydrique 
à  145  degrés. 

»  L'ensemble  de  ces  expériences  réalise  la  transformation  du  camphre 
des  laurinées  en  un  carbure  C"  H'"  cristallisé  comme  lui.  En  résumé,  on 
voit  que,  pour  atteindre  ce  but,  nous  avons  dû  passer  par  la  série  des  trans- 
formations suivantes,  dont  je  pose  ici  les  équations  : 

C"'H"0  +  H=  =  C'"H"'0, 
C'»H"'0  -{-HC1  =  C"'H'%HCI  +  H=0, 
C'H'",  HCl  -f-  KOH  -   C'H'»  -h  KCl  -;-  H=0. 

»  B.  Transformation  réciproque  des  camphènes  tn  camphre.  —  En  i832, 
M.  Dumas  établissait  les  rapports  qui  doivent  unir  le  camphre  aux  car- 
bures C'^H'".  M.  Berthelot,  découvrant  les  premiers  camphènes,  a  constaté 
que,  oxydés  sous  l'influence  du  noir  de  platine,  ils  se  métamorphosent  en 
une  matière  volatile  et  cristalline  douée  de  l'odeur  du  camphre.  Plus  tard, 
il  signalait  ce  fait  que  le  camphène  peut  être  changé  en  camphre  par  l'acide 
chron)ique  cristallisé  humecté  d'eau ,  mais  sans  en  faire  une  étude  appro- 
fondie ni  en  déterminer  le  pouvoir  rotatoire,  etc.  Il  m'a  semblé  que  de 
nouvelles  preuves  seraient  nécessaires  pour  fixer  d'une  manière  définitive 
l'opinion  des  chimistes  sur  ce  point.  Si  je  donne  ces  détails,  c'est  pour  établir 
nettement  la  part  qui  revient  à  chacun  dans  cette  question  importante. 

))  La  transformation  du  camphre  des  laurinées  en  camphène,  que  nous 
venons  de  réaliser  par  voie  analytique,  apporte  un  appui  considérable  à 
l'opinion  qui  veut  que  les  camphènes  soient  les  générateurs  du  camphre. 
Nous  allons  prouver  qu'il  en  est  ainsi  en  effectuant  synthétiquement  la 
transformation  du  cani|ihène  en  camphre,  puis  en  acide  camphorique. 

»  Pour  cela,  j'ai  oxydé  le  camphène  actif  lévogyre,  dérivé  de  l'essence 
de  térébenthine  française,  par  le  mélange  classique  de  bichromate  de  po- 
tasse et  d'acide  sulfurique  étendu  d'eau,  mais  en  employant  ce  dej'uier  en 


(  i383  ) 
quantité  insuffisante  pour  saturer  les  oxydes  naissants  dans  la  réaction.  On 
chauffe  le  mélange  dans  une  fiole,  surmontée  d'un  tube  large  :  l'oxydation 
s'effectue  sans  violence,  le  carbure  reflue  sans  cesse  à  l'état  liquitle  à  la 
surface  du  bain  oxydant.  Au  bout  de  quelques  heures,  on  voit  apparaître, 
sur  les  parties  les  moins  chaudes  de  l'appareil,  xn^e  cristallisation  de  cam- 
phre, ce  corps  infusible  à  loo  degrés  ne  pouvant  plus  fondre  et  refluer.  Au 
bout  de  quinze  à  seize  heures,  l'opération  est  terminée;  on  fait  passer  dans 
la  fiole  un  courant  de  vapeur  d'eau;  le  camphre  distille  avec  elle  et  avec 
l'acide  acétique  formé  par  oxy(!ation.  On  le  lave  avec  une  solution  alcaline, 
on  le  comprime  et  on  le  soumet  à  une  série  de  distillations  fractionnées, 
en  recueillant  chaque  fois  les  parties  restant  dans  la  cornue  au-dessus  de 
ao4  degrés.  Le  camphène  inattaqué  se  concentre  dans  les  portions  les  plus 
volatiles.  Les  résidus  de  distillation  sublimés  à  loo  degrés  avec  de  la  chaux 
constituent  le  camphre  cherché.  S'il  contenait  encore  des  traces  de  cam- 
phène, on  le  soumettrait  à  des  sublimations  fractionnées  en  rejetant  les 
premières  parties.  S'il  contient  des  traces  de  corps  huileux,  ayant  des  points 
d'ébullition  supérieurs  au  point  d'ébullition  du  camphre  formé,  on  l'en 
débarrasse  en  le  dissolvant  dans  l'acide  nitrique,  précipitant  par  l'eau  et 
sublimant  avec  la  chaux. 

»   Le  corps  ainsi  obtenu  est  bien  le  camphre;  il  donne  à  l'analvse  : 

I 

II 

Calcul 


c 

78,58 

li 

10,64 

0 

.0,78 

c 

78,63 

II 

10,61 

0 

10,76 

G 

78,95 

H 

I Q ,  Sa 

0 

10,53 

»  Il  en  possède  l'odeur  pénétrante  et  l'aspect;  il  fond  à  172  degrés  (cor- 
rigé) (les  auteurs  donnent  175  degrés  pour  le  point  de  fusion  du  camphre 
ordinaire);  son  pouvoir  rotatoire  est  [a]i,=  —  '3°,  7.  Cette  rotation  est  en 
sens  inverse  de  celle  du  camphre  ordinaire  et  de  même  sens  que  celle  du 
camphre  de  matricaire,  mais  d'une  intensité  moindre.  Le  sens  de  cette  dé- 
viation du  camphre  de  synthèse  présente  un  certain  intérêt  en  effet  :  l'ad- 
dition de  HCl  à  la  molécule  du  camphène  lévogyre  produit  un  chlorhy- 
drate dextrogyre;  onauraitpu  penser  que  l'addition  de  O  à  cette  molécule 
produirait  un  changement  de  signe  :  il  n'en  est  rien.  Ceci  nous  indique  de 
plus  que,  pour  obtenir  un  camphre  déviant  dans  le  même  sens  que  celui 
des  laurinées,  on  devra  partir  du  camphène  dextrogyre  dérivé  de  l'essence 
de  térébenthine  anglaise  de  même  sens. 

»  Nous  avons  transformé  le  camphre  de  synthèse  en  acide  camphorique 
par  le  procédé  ordinaire.  Nous  l'avons  purifié  en  le  changeant  en  acide 


(  i384  ) 
anhydre,  puis  le  régénérant  par  l'action  d'un  alcali  bouillant.  Après  plu- 
sieurs cristallisations  dans  l'eau,  il  a  fourni  à  l'analyse  : 

Expérience.         C       5g, 98  II       8,10  0       3i,f)7 

Calcul C       60,00  II       8,00  O       Sa, 00 

1)  Son  pouvoir  rotatoire  est  [«]„=  —  6°, 5.  Le  point  de  fusion  de  cet 
acide  camphorique  de  synthèse  est  situé  à  197-  198  degrés  (corrigé),  qu'il 
m'a  été  impossible  d'abaisser;  celui  de  l'acide  camphorique  dérivé  du  cam- 
phre des  laurinéesest  situé,  d'après  mes  expériences,  à  187  degrés  (corrigé); 
le  point  1^5  degrés  donné  parles  auteurs  est  beaucoup  trop  bas. 

»  Ainsi  se  trouve  prouvée  expérimentalement,  en  passant  par  les  cam- 
phènes,  la  transformation  de  l'essence  de  térébenthine  en  camphre,  prévue 
il  y  a  plus  de  quarante  ans  par  M.  Dumas.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  llnamméiine,  nouveau  dérivé  du  persulfocfa- 
nogène.  Note  de  M.  J.  Poxomabeff,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire 
Deville. 

(Commissaires  :  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville,  Cahours.) 

«  Dans  une  première  Note  j'ai  montré  que,  par  l'action  de  l'ammoniaque 
à  i5o  degrés,  le  persulfocyanogène  se  transforme  en  sulfocyanure  de  mé- 
lamine.  On  peut  considérer  la  formation  de  ce  composé  comme  le  dernier 
terme  de  l'action  de  l'ammoniaque;  il  m'a  paru  intéressant  d'essayer  cette 
réaction  dans  d'autres  conditions,  dans  le  but  d'obtenir  des  corps  sulfurés, 
intermédiaires  entre  le  persulfocyanogène  et  la  mélamine,  et  de  les  comparer 
avec  les  composés  oxygénés  correspondants,  tels  que  l'amméline  et  l'acide 
mélanurique. 

»  J'ai  pu  constater  que  l'ammoniaque  et  le  persulfocyanogène  réagissent 
très-facilement  à  100  degrés,  quand  on  les  chauffe  dans  un  tube  scellé 
pendant  deux  ou  trois  heures.  Il  y  a  formation  de  deux  composés,  dont 
l'un  a  pour  formule  C'AzMl'S  :  je  le  nommerai  thiamméline,  et  dont 
l'autre  a  pour  formule  C^  Az'  II'  S''  et  n'est  autre  chose  que  l'acide  thiomé- 
lanurique  déjà  obtenu  en  1847  par  Jamieson. 

»  Thiamméline.  —  Produit  de  la  réaction  de  l'ammoniaque  sur  le  per- 
sulfocyanogène, on  étend  avec  beaucoup  d'eau,  on  fait  bouillir  la  solution 
jusqu'à  disparition  du  sulfhydrate  d'ammoniaque  et  l'on  sépare  par  fillra- 
tion  le  dépôt  de  soufre.  Par  refroidissement  de  la  solution,  il  se  dépose  une 
poudre  cristalline,  un  peu  grisâtre,  formée  exclusivement  de  thiamméline; 


(  i385  ) 
on  la  lave  avec  de  l'eau  froide  pour  la  débarrasser  du  sulfocyainire  d'am- 
monium. Les  eaux  mères  contiennent  le  même  produit  mélangé  avec  l'a- 
cide thiomélaïuirique. 

»  Pour  la  purification  de  la  thiamméline,  on  la  dissout  dans  la  potasse 
faible  à  froid,  on  filtre  et  l'on  précipite  par  l'acide  acétique. 

»  Le  précipité  ainsi  obtenu  se  présente  sous  forme  d'une  poudre  blanche, 
cristalline,  dure  comme  du  sable.  Il  est  presque  insoluble  dans  l'eau  froide 
et  se  dissout  dans  i45  parties  de  son  poids  d'eau  bouillante.  La  solubilité 
augmente  en  présence  du  sulfocyanure  d'ammonium.  Il  se  dépose  sous 
forme  de  petits  grains  de  sa  solution  aqueuse.  Il  est  insoluble  dans  l'alcool 
et  l'éther.  Purifié  par  cristallisation  ou  précipitation  par  l'acide  acétique 
de  la  solution  alcaline,  le  corps  m'a  donné  par  des  analyses  des  nombres 
conduisant  à  la  formule  C  Az'II''  S. 

»  Ce  composé  représente  donc  l'amméline  C'Az'^H'O,  dans  laquelle 
l'oxygène  est  remplacé  par  le  soufre.  Il  s'est  produit  aux  dépens  du  per- 
sulfocyanogène  (C  Az'  S' H),  par  le  remplacement  de  2  atomes  de  soufre 
par  deux  résidus  AzH". 

»  La  thiamméline  se  dissout  facilement  dans  les  acides  minéraux  et  dans 
les  alcalis,  mais  elle  ne  donne  de  sels  définis  ni  avec  les  acides,  ni  avec  les 
bases  alcalines  et  alcalino-terreuses.  Avec  les  sels  des  métaux  lourds,  la 
thiamméline  donne  des  précipités  amorphes,  insolubles.  Traitée  par  le  ni- 
trate d'argent  en  présence  de  l'ammoniaque,  elle  donne  deux  composés 
métalliques,  la  ihiamméline  inonoargentique  C^Az''H^AgS  et  la  ihiamnu-- 
line  diargenlique  C  Az^  H' Ag"  S.  Toutes  deux  sont  des  poudres  amorphes 
blanches  insolubles;  elles  ne  noircissent  pas  à  la  lumière  et  supportent  la 
température  de  100  degrés  sans  se  décomposer. 

»  Calcinée  dans  un  tube,  la  thiamméline  se  décompose;  il  se  dégage  de 
l'ammoniaque,  du  sulfliydrate  d'ammoniaque,  et  il  reste  une  poudre  jaune 
grisâtre,  insoluble  dans  l'eau  et  soluble  dans  la  potasse  avec  dégagement 
d'ammoniaque. 

))  Loi'squ'on  chauffe  la  thiamméline  avec  l'hydrate  de  potasse  fondu, 
la  masse  se  boursoufle  ;  il  se  dégage  de  l'ammoniaque,  et  l'on  obtient  un  li- 
quide rouge  qui  se  prend  par  refroidissement  en  cristaux  blancs;  solubles 
dans  l'alcool  bouillant,  ces  cristaux  se  résolvent  en  un  mélange  de  cyanale 
de  potasse  et  de  sulfocyanure  de  potassium. 

»  Chauffée  avec  l'acide  chlorhydrique  concentré  dans  un  tube  scellé,  la 
thiamméline  se  décompose  en  hydrogène  sulfuré,  en  chlorhydrate  d'am- 
moniaque et  en  acide  cyanurique. 

C.R.,  1875,  l"  S<rm.?J(re.  (T.  LXXX,  N»  'iSO  '  ^O 


(  i386  ) 

»  L'acide  azotique  réagit  sur  la  ihiamméline  à  la  température  ordinaire, 
la  masse  s'écliaiilfe,  se  boursoufle;  il  se  dégage  des  vapeiu's  nitreuses.  En 
évaporant  à  siccité,  on  obtient  une  poudre  blanche  cristalline,  qui,  dissoute 
dans  l'eau  chaude  acidulée  par  l'acide  azotique,  se  sépare  par  refroidisse- 
ment eu  une  masse  de  cristaux  prismatiques.  L'analyse  a  montré  que  ces 
cristaux  sont  de  l'azotate  d'aminéline  C  Az'H^O,  HAzO'. 

»  La  thiamméline  mainlenue  en  ébuUiliou  avec;  la  potasse  concentrée  se 
dédouble  au  bout  de  quelque  temps.  La  solution  saturée  par  des  acides 
dégage  de  l'hydrogène  sulfuré,  et  en  même  temps  il  se  précipite  une  poudre 
blanche,  voUnnineuse.  insoluble  dans  l'eau,  mais  soluble  dans  l'excès 
des  acides  minéraux.  Ce  précipité  dissous  dans  l'acide  azotique  faible 
se  dépose  sous  forme  de  prismes,  ayant  la  composition  de  l'azotate  d'am- 
méline. 

»  Lorsqu'on  chauffe  la  thiamméline  avec  l'ammoniaque  dans  un  tube 
scellé  à  200  degrés,  la  liqueur  se  charge  de  sulfhydrate  d'ammoniaque,  et 
si  l'on  fait  bouillir  la  solution  jusqu'à  disparition  du  sulfhydrate  d'ammo- 
niaque et  de  l'ammoniaque  libre,  il  se  produit  par  rofroidi.^sement  de  la 
liqueur  filtrée  un  dépôt  de  cristaux  brillants,  ayant  la  forme  d'octaèdres 
rhombiques,  peu  solubles  dans  l'eau  froide.  Ces  cristaux  ont  tous  les  carac- 
tères delà  mélamine  C  Az"  H''. 

»  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  M.  Schûtzenberger,  à  la  Sor- 
bonnc.   « 

VITICULTURE.  —  Siiv   la   itissociation   du   sulfocarbonate  de  potassium 
en  présence  des  sels  ammoniacaux.  Note  de  M.  Rommier. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Dans  les  essais  relatifs  à  l'emploi  du  sulfocarbonate  de  potassium,  que 
M.  Dumus  nous  a  chargé  de  faire  sur  les  vignes  phylloxérées  du  domaine 
de  Claire-Fontaine  en  Pujaut,  près  d'Avignon,  appartenant  à  M.  David 
de  Penanruu,  nous  avons  été  conduit  à  mélanger  du  sulfocarbonate  de 
potassium  avec  du  sulfate  d'ammoniaque.  Pendant  ce  traitement  nous 
avons  été  surpris  de  voir  nos  dissolutions  se  troubler  presque  immédiate- 
ment. 

»  De  retour  à  Paris,  ayant  étudié  ce  fait  avec  plus  de  soin,  nous  avons 
acquis  la  preuve  que,  sous  l'influence  des  sels  ammoniacaux,  le  sulfocar- 
bonate de  potassium  perd  une  partie  du  sulfure  de  carbone  qui  entre  dans 
sa  composition. 


(  i387  ) 

a   Nous  avons  fait  le  mélange  suivant  : 
Siilfocarbonate  de  potassium  pesant  4o  de£;rés  B., contenant  près  de  aS  pour  loo 

de  sulfure  de  carbone fiSo"^*^^ 

Chlorhydrate  d'ammoniaque  saturé  à  froid 63o 

Eau  distillée 49" 

En  moins  de  dotize  heures,  il  s'est  formé  un  précipité  composé  de  i8  cen- 
timètres cubes  de  sulfure  de  carbone  et  d'une  petite  quantité  de  ma- 
tière solide,  gélatineuse,  où  la  silice  dominait,  nullement  en  rapport, 
d'ailleurs,  avec  la  quantité  de  sulfure  de  carbone  éliminé,  et  provenant  du 
sulfure  de  potassium  qui  l'avait  dissoute. 

»  En  doublant  avec  de  l'eau  le  volume  de  la  liqueur  primitive,  nous 
avons  encore  obtenu  6  centimètres  cubes  de  sulfure  de  carbone,  exempt 
cette  fois  de  matière  solide.  Une  nouvelle  addilion  d'eau,  qui  a  porté  le  vo- 
lume de  notre  mélange  à  4  fois  ce  qu'il  occupait  primitivement,  ne  nous 
a  plus  donné  que  des  traces  de  sulfure  de  carbone. 

»  La  dissolution  de  sulfocarbonale  de  potassium  employée  dans  cette 
expérience  renferme  environ  i5o  grammes  de  sulfure  de  carbone,  celle  de 
chlorhydrate  d'ammoniaque  près  de  200  grammes  de  ce  sel;  elles  sont  di- 
luées dans  7  litres  d'eau.  La  précipitation  du  sulfure  de  carbone  est  de 
24  centimètres  cubes  qui  pèsent  près  de  3o  grammes.  La  dissociation  s'élève 
donc  à  20  pour  100  environ  du  sulfure  de  carbone  contenu  dans  le  sulfo- 
carbonale de  potassium. 

»  Après  l'élimination  du  sulfure  de  carbone,  nous  avons  examiné  la 
liqueur  en  la  traitant  par  im  sel  de  plomb  :  la  couleur  du  précipité  nous  a 
indiqué  d'une  manière  très-nette  la  présence  d'un  sulfure  alcalin  libre,  mé- 
langé au  sulfocarbonale  de  potassium  non  décomposé,  ce  précipité  étant 
d'un  rouge  brun,  noircissatît  rapidement  à  l'air,  tandis  que  le  sulfocarbo- 
nale saturé  de  sulfure  de  carbone  donne  un  précipité  rouge  kermès,  dont 
la  décomposition  ne  s'opère  qu'en  l'espace  de  plusieius  heures.  La  liqueur 
ne  renfermait  auctnie  trace  de  sulfocyanure. 

»  Le  sulfate  et  l'azotate  d'ammoniaque  mélangés  au  sulfocarbonate  de 
potassium  le  dissocient  de  la  même  manière;  le  sulfhydrate  d'ammoniaque 
n'v  produit  qu'iui  léger  précipité  solide  qui  doit  être  composé  de  silice; 
l'ammoniaque  caustique  est  sans  action  apparente,  ou  plutôt  son  action 
doit  être  d'iui  ordre  différent;  enfin  leavi  distillée  et  même  l'eau  commune 
n'agissent  pas  sur  ce  sel. 

»  Ces  faits,  purement  scientifiques,  prennent  dans  l'application  une  valeur 

180.. 


(    i388  ) 
pratique;  ils  démontrent  que,  pour  le  traitement  de  la  vigne,  il  faut  rejeter 
tout  mélange  de  sulfocarbonate  et  d'engrais  ammoniacal  ou  acide,  qui  se- 
rait décomposé  avant  d'avoir  été  introduit  dans  le  sol. 

»  On  doit  en  conclure,  en  outre,  qu'il  ne  faut  jamais  mélanger  le  sulfo- 
carbonate de  potassium  avec  des  matières  qui,  a  priori,  ne  sembleraient 
avoir  aucune  influence  sur  ce  sel,  sans  s'être  assuré  préalablement,  par  une 
expérience  directe,  du  résultat  que  produirait  un  semblable  mélange.   » 

GÉOMÉTRIE.  —  Théorie  des  surfaces  de  révolution  qui,  par  voie  de  déformation, 
sont  superposables  les  unes  aux  autres  et  chacune  à  elle-niénie  dans  toutes  ses 
parties;  par  M.  F.  Hekch. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie,  à  laquelle  M.  Bertrand  est  prié 

de  s'adjoindre.) 

«  Le  Mémoire  se  compose  de  trois  Parties  et  d'un  Appendice. 

»  Dans  la  première  Partie  il  est  démontré,  à  l'aide  du  principe  de  l'éga- 
lilé  par  superposition,  que  tous  les  triangles  d'une  égale  étendue  superficielle 
ont  une  égale  somme  d'angles. 

M  De  ce  théorème  ressort  comme  corollaire  que  : 

»  La  différence  entre  deux  angles  droits  et  la  somme  des  angles  d'im  triangle, 
si  elle  n'est  pas  nulle,  est  proportionnelle  à  rétendue  superficielle  du  triangle. 

»   Ainsi,  en  désignant  par 

E  la  superficie  d'un  triangle  limilé  par  des  droites  dans  un  plan  ; 

S  la  somme  des  angles  du  triangle; 

D  la  valeur  d'un  angle  droit  ; 

G  une  certaine  constante,  présentement  inconnue, 

on  a  nécessairement 

^   '  D  G 

))  D'après  cette  équation,  quand  E  diminue  jusqu'à  zéro,  la  somme  S  a 
pour  limite  S  =  2D,  ce  qui  est  directement  évident  à  la  simple  inspection 
d'une  figure. 

»  Eu  conséquence,  d'après  les  règles  ordinaires  de  l'Analyse  infinitési- 
male, ou  doit  admettre  la  proposition  majeure  que  voici  : 

M  Dans  tout  triangle  dont  les  côtés  ont  des  longueurs  infiniment  petites^  il  est 
permis  d'invoquer  et  d'appliquer  la  totalité  des  relations  qui,  à  l'aide  des  postu- 
lata  d'Euclide,  sont  démontrées  dans  un  plan,  c'est-à-dire  la  totalité  des  relations 
connues  de  la  Trigonométrie. 

»  L'équation  (1),  démontrée  avec  des  lignes  droites  dans  un  plan,   est 


(  '3cS9  ) 
démontrable  aussi  sur  une  sphère  au  moyen  d'arcs  de  grand  cercle,  pourvu 
qu'aucun  des  arcs  à  mener  n'atteigne  la  limite  d'une  demi-circonférence. 

»  En  supposant  qu'il  existe  des  surfaces  qui,  par  voie  de  flexion  et  de 
déformation, soient  superposables  chacune  à  elle-même  dans  toutes  ses  par- 
ties, on  pourra,  au  moyen  de  lignes  cjéodésiques,  sur  de  pareilles  surfaces, 
effectuer  les  mêmes  couslructions  et  invoquer  les  mêmes  raisonnements 
que  ceux  qui,  au  moyen  de  lignes  droites  dans  un  plan  et  au  moyen  d'arcs 
de  grand  cercle  sur  une  sphère,  ont  permis  de  démontrer  l'équation  (i). 

»  A  ce  haut  degré  de  généralité  la  constante  G  de  l'équation  (i)  pourra 
avoir  telles  valeurs  qu'on  voudra,  soit  positives,  soit  négatives,  selon  les 
espèces  de  surfaces  superposables  à  elles-mêmes  qu'on  voudra  considérer 
en  particulier. 

»  Telle  est  la  manière  de  voir  qui  forme  l'objet  principal  de  la  première 
Partie  du  Mémoire.  11  y  est  dit  accessoirement  que  : 

»  i°Dans  le  cas  d'une  surface  sphérique,  la  constante  G  de  l'équation  (i) 
se  trouve  être  égale  à  la  superficie  T  d'un  triangle  trirectangle,  sans 
qu'on  ait  besoin  de  savoir  quelle  est  l'expression  de  T  en  fonction  du  rayon 
de  la  sphère; 

»  2°  Quand  le  rayon  de  la  sphère  augmente  jusqu'à  l'infini,  on  a  T  =  co  , 
par  suite  S  =  2D,  pour  toute  valeur  fixe  de  E,  sans  qu'on  sache  si  la  sur- 
face conserve  encore  de  la  rondeur  ou  si  elle  coïncide  avec  un  plan  ; 

»  3"  Quand  tous  les  parallèles  d'une  surface  de  révolution  ont  des 
rayons  d'une  commune  longueur  p,  on  a  nécessairement  S  ==  2D,  quelle 
que  soit  la  valeur  de  p,  sans  qu'on  sache  si  les  lignes  méridiennes  sont 
des  droites  ou  bien  des  courbes  d'une  convexité  uniforme  au  dehors. 

»  Il  est  expliqué  et  démontré  que  toutes  les  surfaces  sur  lesquelles  on  a 
S  =  2D  sont,  par  voie  de  flexion  et  de  déformation,  superposables  les  unes 
aux  autres  et  chacune  à  elle-même  dans  toutes  ses  parties,  sans  qu'on  ait 
besoin  de  savoir  si  le  plan  fait  partie  de  cette  espèce  de  surfaces  ou  non. 

»  Pour  que  le  plan  fasse  partie  de  l'espèce  des  surfaces  sur  lesquelles 
on  a  S  =  aD,  il  faut  qu'd  soit  permis  d'invoquer  le  poslidalum  d'Euclide  ou 
bien  cet  autre  postulatum  : 

»  Avec  des  lignes  droites  dans  un  plan,  on  peut  former  des  triangles  dont  l'éten- 
due E  501/  aussi  grande  qu'on  voudra. 

»  La  deuxième  Partie  du  Mémoire  a  pour  objet  de  faire  voir  que,  sur 
tout  solide  de  révolution,  on  peut,  au  moyen  de  coordonnées  rectangles 
curvilignes  x,j,  résoudre  algébriquement  les  mêmes  problèmes  que  ceux 
qui,  en  géométrie  euclidienne,  sont  résolubles  dans  un  plan  au  moyen  de 
coordonnées  rectangles  et  rectiligncs. 


»  La  méthode  revient  à  considérer  sur  le  solide  un  parallèle  de  position 
fixe  d'une  longueur  L  et  un  autre  parallèle  de  position  mobile  d'une  lon- 
gueur P. 

«  La  lettre  y  est  employée  pour  désigner  la  commune  longueur  des 
lignes  méridiennes  entre  les  deux  p-iralléles. 

»  J7  et  I  désignent  les  longueurs  des  arcs  interceptés  sur  les  deux  paral- 
lèles L  et  P  par  deux  mêmes  plans  méridiens.  Celui  des  plans  méridiens  à 
partir  duquel  sont  comptées  les  longueurs  x  et  Ç  peut  être  supposé  fixe. 

»  Il  est  directement  évident  que,  en  désignant  par  n  une  constante  arbi- 
traire et  par  F  une  fonction  arbitraire,  on  a 

Ç  p  F  (  )-  +  77  ) 


(a) 


X        L  F(/7) 

»   En  convenant  de  poser 


F(77) 

on  a  à  la  fois     . 

{c)  l  =  xo{j) 

et 

{cl)  P  =  L9(r) 

»  En  remplaçant  x  par  x  +  dx  et  ;■  parj^  +  dj\  on  obtient  un  point 
infiniment  voisin,  tel  que,  en  désignant  par  ds  la  distance  des  deux  points, 
par  /3  l'angle  de  ds  avec  la  ligne  méridienne  du  point  x^  f,  on  a  à  la  fois 

[e)  ds-  =  dj^  +  dé-  ^  dy-  -h  f-  dx- 

»  Rien  n'empêche  de  se  donner  entre  x  et  y  une  relation  arbitraire. 
Celte  relation  représentera  sur  la  surface  ime  certaine  ligne  le  long  de 
laquelle  on  pourra  calculer  les  angles  |5  au  moyen  de  l'équation  [f]  et  les 
arcs  s  par  voie  d'intégration,  au  moyen  de  l'équation  (e). 

))  Il  y  a  à  faire  remarquer  que,  pour  des  valeurs  données  quelconques 
de  Y,  les  valeurs  de  ds  et  s  dépendent  de  (p(/)  seulement,  et  non  de  la  va- 
leur delà  constante  L  qui  figure  dans  l'équation  (rf).  Or  l'équation  (r/)  repré- 
sente autant  de  surfaces  de  révolution  distinctes  que  de  valeurs  différentes 
on  voudra  attribuer  à  L.  Les  valeurs  de  ds  et  s  étant  les  mêmes  pour  toutes 
(quand  x  et  dx  seront  les  mêmes),  il  s'ensuit  que  ces  surfaces  seront  toutes, 
par  voie  de  déformation,  superposables  à  l'une  d'entre  elles. 


(  1^91  ) 

»  La  constante  fj  pouvant  être  rendue  de  plus  en  plus  petite  jusqu'à 
zéro,  il  est  permis  d'affirmer  que  : 

»  Toute  surface  de  révolution,  fendue  suivant  une  ligne  méridienne^  est  sus- 
ceptible d'être  repliée  sur  elle-même  autour  de  son  axe,  iusquù  venir  se  con- 
fondre avec  cet  axe. 

»  Au  moyen  des  variables  jc,^  et  y,  on  n'éprouve  aucune  difficulté  à  éva- 
luer la  superficie  d'un  quadrilatère  compris  entre  deux  lignes  méridiennes, 
à  partir  d'une  base  circulaire  .r  jusqu'à  une  autre  ligne  quelconque. 

»   On  parvient  aussi  à  obtenir  les  équations  d'une  ligne  géodésiqiie. 

»  On  réussit  enfin  à  trouver  les  expressions  algébriques  de  l'étendue  E, 
ainsi  que  de  la  somme  S  des  angles  d'un  triangle  formé  par  des  lignes  géo- 
désiques.  » 

M.  E.  FouRNiER  adresse  un  Mémoire  intitulé  :  «  Méthode  générale  pour 
résoudre  les  équations  numériques  de  degré  quelconque  ». 

(Commissaires  :  MM.  Bonnet,  Puiseux.) 

M.  Lafitte  prie  l'Académie  de  soumettre  la  Note  qu'il  a  adressée  sur 
le  rôle  de  la  partie  de  la  corde  du  violon  comprise  entre  le  chevalet  et  le 
cordier  (i)  au  jugement  de  la  Commission  nommée  pour  examiner  la 
Communication  de  M.  Dit-n  {2). 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

MM.  KiszTLER,  Haunet  adressent  des  Communications  relatives  au  Phyl- 
loxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  Arm.  de  Flecry  adresse,  pour  le  Concours  des  prix  de  Médecine  et 
Chirurgie,  lui  ouvrage  intitulé  :  «  Du  dynamisme  comparé  des  hémisphères 
cérébraux  chez  l'homme  ».  Cet  ouvrage  est  accompagné  d'une  analyse 
manuscrite. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  Beruier-Fontaine  adresse,  |)our  le  Concours  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie (fondation  Montyon),  un  Mémoire  intitulé  :  «  Coup  d'œil  sur  l'his- 
toire de  la  circulation  du  sang  dans  les  vaisseaux  du  corps  humain,  depuis 
Bichat  jusqu'à  nos  jours  ». 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

(i)    Comptes  rendus,  lo  mai  iS^S. 
(2)  Comptes  rendus,   i5  février  iSyS. 


(  i392  ) 
M.  MÉr.xiN  prie  l'Académie  de  comprendre,  pnrmi  les  Mémoires  admis  à 
concourir  pour  le  prix  Thore,  le  travail  qu'il  a  communiqué  sur  les  Aca- 
riens de  la  famille  des  Gamasides. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  E.  Ketteler  adresse,  pour  le  Concours  du  prix  Lacaze  (Physique), 
plusieurs  Mémoires  imprimés  ayant  pour  objet  l'étude  de  l'aberration  de 
la  lumière  et  la  révision  de  la  théorie  de  Cauchy  sur  la  réflexion. 

(Renvoi  à  la  Commission.  ) 

M.  E.  ÏIaudy  adresse,  pour  le  Concours  du  prix  Barbier,  im  Mémoire 
manuscrit  intitulé  :  «  Recherches  sur  le  Jaborandi.  » 

(Renvoi  à  la  Commission.) 


CORRESPONDANCE . 

M.  le  Président  annonce  la  mort  de  M.  le  Conseiller  Joaquim-Henriques 
Fradesso  da  Silveira,  Directeur  de  l'Observatoire  météorologique  de  l'In- 
fant don  Louis,  à  Lisbonne. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Cor- 
respondance : 

i"  Un  ouvrage  de  M.  Francisco  GomesTeixeira,  de  l'Université  de  Coïmbre, 
intitulé  :  «  Integraçâo  das  equaçôes  as  derivadas  parciaes  de  segunda 
ordem.   » 

a"  Une  brochure  de  M.  Govi  intitulée  :  «  Rapport  sur  l'utilité  des  Tables 
de  logarithmes  à  plus  de  sept  décimales,  à  propos  d'un  projet  |)ublié  par 
M.  E.  Sang  ». 

M.  Edward  Sang,  membre  de  la  Société  royale  d'Edimbourg,  ayant  con- 
sulté plusieurs  Académies  et  quelques  savants  sur  l'opportunité  de  publier 
des  Tables  logarithmiques  à  neuf  décimales,  dont  il  avait  donné  un  spécimen 
en  L872,  l'Académie  de  Turin  chargea  M.  Govi  de  lui  faire  un  Rapport 
sur  cette  question. 


(   '393  ) 
»  Dans  ce  Rapport,  après  avoir  traité  des  avantages  que  les  Tables  de 
logarithmes  à  plus  de  sept  décimales  peuvent  avoir  pour  un  grand  nombre 
de  recherches  scientifiques,  M.  Govi  ajoute  : 

<i  S'il  fallait  émettre  un  vœu,  ce  serait  celui  que  les  gouvernements,  intéressés  à  la  dé- 
termination de  l'aie  du  méridien  et  à  l'unification  du  système  des  poids  et  des  mesures, 
se  missent  d'accord  pour  publier  enfin  les  Grandes  Tables,  calculées  sous  la  direction  de 
Prony,  etc.  >< 

ASTRONOMIlî.  —  Position  (jéoijvaj)lii(jue  de  iile  SaiiU-Paul. 
Note  de  M.  Movchez. 

«  La  position  géogr.iphique  de  l'île  Saint-Paul  ayant  acquis  un  intérêt 
particulier  pour  les  astronomes  par  suite  de  l'observation  du  passage  de 
Vénus,  il  paraît  utile  de  faire  connaître  avec  quel  degré  d'approximation 
les  circonstances  peti  favorables  ou  nous  nous  trouvions  nous  ont  permis 
de  la  déterminer. 

»  Lalilude.  —  En  profilant  de  toutes  les  éclaircies  de  jour  et  de  nuit 
j'ai  pu,  en  trois  mois,  observer  la  hauleur  méridienne  de  82  étoiles,  culmi-' 
nant  à  moins  de  3o  degrés  du  zénith.  J'ai  pointé  le  nadir  pour  chaque  étoile 
en  me  servant  du  nouveau  bain  de  mercure  à  bassin  de  cuivre  qui  donne 
une  si  remarquable  slabilité  à  la  surface  du  mercure,  tout  en  lui  conser- 
vant une  parfaite  horizontalité  quand  la  couche  de  mercure  est  suffisam- 
ment épaisse.  Cet  ingénieux  procédé,  qui  est  encore  si  peu  répandu,  est 
cependant  appelé  à  rendre  de  grands  services  aux  astronomes  voyageurs; 
avec  le  bain  de  mercure  ordinaire,  j'aurais  perdu  les  trois  qtiarts  de  mes 
observations,  à  cause  de  l'agitation  cotilituielle  produite  par  le  vent  et  la 
mer  déferlant  sur  la  plage  voisine. 

»  J^a  moyeiHie  de  mes  82  latittides  est  38"42'5o",796  avec  o",o3  d'erreur 
probable.  Quarante  résultats  diffèrent  de  moins  de  i  seconde  delà  moyenne; 
les  plus  grands  écarts  des  quarante  autres  est  de  2  à  3  secondes;  ils  peuvent 
bien  souvent  être  attribués  à  l'incertitude  qui  existe  encore  sur  beaucoup 
d'étoiles  australes. 

»  J'ai  vérifié  cette  latitude  par  la  méthode  Talcott,  qui  élimine  presque 
entièrement  les  erreurs  de  réfraction  et  d'instrument.  La  latitude  qui  eu 
est  résultée  s'accorde  avec  la  première  à  o",3  près. 

»   On  peut  donc  considérer  la  latitude  de  Saint-Paul  comme  très-exacte. 

»  Lonyilude.  —  Prévoyant  les  difficultés  qti'apporterait  le  mauvais  temps 
aux  observations  astronomiqties,  je  n'ai  pas  voulu  négliger  l'emploi  des 
chronomètres  qui  pouvaient  donner  une  longitude  assez  approchée. 

C.K.,  187O,  i"SemejUf.(T.  L\X.\,  ^<"1<1.  '  8l 


(  '394  ) 

))  Dès  le  commencement  de  iS^/J^  j'ai  choisi  au  dépôt  de  la  marine 
quatre  bons  chronomètres  que  j'ai  soumis  aux  variations  de  températures 
extrêmes  par  lesquelles  ils  devaient  passer  avant  d'arriver  à  Saint-Paul. 
Les  écarts  de  marche  ne  furent  pas  très-grands,  de  2  à  3  secondes  seule- 
ment; mais  ils  étaient  si  irréguliers  qu'il  était  impossible  d'en  tenir  compte 
à  l'aide  d'une  loi  quelconque.  Il  sera  indispensable  à  l'avenir,  dans  les 
campagnes  scientifiques,  d'ajouter  aux  chronomètres  compensés  un  chro- 
nomètre non  compensé,  pour  lequel  les  corrections  seront  toujours  bien 
plus  faciles  à  trouver.  Ce  chronomètre  pourra  aussi  tenir  lieu  du  plus 
parfait  des  thermomètres,  puisqu'il  emmagasinera  pour  ainsi  dire  les 
moindres  variations  de  température  pour  en  représenter  l'effet  total  par 
un  changement  d'état  absolu,  chaque  fois  qu'on  le  consultera. 

»  J'ai  fait  faire  quatre  fois  le  transport  des  temps  entre  la  Réunion  et 
Saint-Paul;  on  a  donc  obtenu,  avec  les  quatre  chronomètres,  seize  diffé- 
rences de  longitude  comprises  entre  i''28'"3^  et  i''28'"8'*:  la  moyenne  est 
i^'aS™  r6',  avec  4  secondes  d'erreur  probable.  La  longitude  de  la  Réunion 
étant  de  3''32"'27%  cela  donne,  pour  Saint-Paul,  5''o'"43*. 

»  Pendant  la  campagne  scientifique  de  la  Novara,  les  astronomes  autri- 
chiens avaient  trouvé,  en  venant  du  cap  de  Bonne-Espérance,  5''o™44'- 

»  Culminalions  lunaires.  —  J'ai  apporté  tous  mes  soins  à  ces  observa- 
tions astronomiques,  les  seules  sur  lesquelles  je  pouvais  fonder  quelque 
espoir  d'obtenir  une  bonne  longitude  absolue. 

»  La  lunette  méridienne  a  été  solidement  établie;  en  trois  mois,  malgré 
la  violence  des  vents,  l'azimut  de  la  mire  n'a  varié  que  de  o",  2  à  o",  3,  et 
la  dévintion  de  l'instrument  n'a  pas  dépassé  o",5.  J'ai  d'ailleurs  déterminé 
avec  soin,  chaque  jour  d'observation,  les  erreurs  instrumentales. 

»  L'heure  était  notée  smiultanément  sur  deux  chronomètres  par  deux 
compteurs  différents,  qui  estimaient  en  moyenne  le  dixième  de  seconde, 
comme  je  l'ai  déjà  établi  dans  une  précédente  communication;  j'ai  en 
outre  employé  aussi  le  cliroiiographe  pour  faire  des  études  comparatives. 

»  J'ai  pu  réussir  en  trois  lunaisons  à  obtenir  neuf  observations  de  culmi- 
nations  lunaires  dans  d'assez  bonnes  conditions.  Je  donne  dans  le  tableau 
ci-après  les  résultats  de  ces  observations,  de  manière  à  permettre  soit  la 
vérification  des  calculs,  soit  la  détermination  d'autres  stations  par  la  com- 
paraison des  ascensions  droites  de  la  Lune. 

»  La  dernière  colonne  contient  la  longitude  déduite  des  corrections  pu- 
bliées par  l'Observatoire  de  Paris  dans  le  dernier  numéro  des  Comptes 
rendus.  MalliLurcusement  il  manque  quelques  jours  correspondants,  et  les 


(  i395  ) 

correction's  indiquées  sont  si  peu  régulières  d'un  jour  à  l'autre,  que  les 
interpolations  deviennent  fort  douteuses.  En  outre,  pour  le  21  novembre, 
jour  le  plus  près  de  mon  observation  du  20,  on  trouve  une  différence  de 
près  de  o",5  entre  la  correction  fournie  par  deux  instruments  de  l'Obser- 
vatoire, ce  qui  introduirait  une  erreur  de  12  secondes  sur  la  longitude; 
si  nos  observations  présentaient  la  même  incertitude,  il  en  résulterait  un 
doute  de  plus  de  20  secondes  sur  la  longitude.  Il  est  probable  que  toute 
l'erreur  doit  être  attribuée  à  l'observateur  de  l'instrument  de  "ambey; 
dès  que  nous  aurons  pu  nous  procurer  les  observations  de  Greenwich 
pour  con)pléter  celles  qui  manquent  de  l'Observatoire  de  Paris,  nous  pour- 
rons donner  le  résultat  définitif. 

Résultais  des  obsenmtions  de  cidininations  luiiaiics  faites  à  file  Sai/it-Paid, 

en  octohte,  novembre  et  ikkemhie  1874-  Longitude 

Facteur  corrigée 

Longitude           de  la  d'après 

/TV  du  bord  de  la  Lune             H                    Temps  moyens           d'après  la      correction  l'Observ.it. 

au  méridien.                iScosD                    du  lieu.            Conn.desTemps.    (d'.H).  de  Paris. 

hms                                                                hms                    hms  h    m        s 

24  oct.       1.25.32,137       +1.   7,83       II. i3. 41, 44       5-'-    i»^       26,!       5.0.46,2 

28  X         5.41.   9,006       — i.i3,43         3.12.52,8         5.0.59,0       22,4  4^i3 

29  »         6. 47-23, 52         —1.12,34        4-'S'-oo,8        5.1.  3,8      23, i  ^5,0 

16  nov.  21.23.35,16  +1.  6,8i  5.41.56,8  5.0.53,1  27,0  46,0 
18  »  23.10.26,61  -4-1.  5,19  7.20.38,0  5.0.55,9  28,4  5o,3 
20     »  0.56.18,70  +1.  6,33  8'.58.2o,8  5. 0.57,5  27,5  5i,i 

17  déc.  o.34.4i)2o  +1.  4.74  6.50.37,5  5.0.59,1  28,8  49>5 
23     «  6.46.27,16  — i.i3,6i  13.35.14,9  5.0.58,2  22,2  5i,3 

25  ..  8.53.10,16  — i.  8,4o  2.36.17,8  5.1.  3,2  25,7  56,5 

Longitiule  moyenne  adoptée 5.0.49,0 

»  Aucune  autre  observation  astronomique  n'a  été  possible. 

»  Les  mauvais  temps  continuels  ne  m'ont  pas  permis  d'observer  une 
seule  des  trente-deux  occultations  visibles  à  Saint-Paul  et  calculées  avant 
notre  départ  ;  il  nous  a  été  également  impossible  d'observer  les  satellites  de 
Jupiter  :  cette  planète  était  trop  prés  du  Soleil. 

))  Je  pense  que  l'accord  très-satisfaisant,  donné  déjà  par  les  corrections 
déduites  des  observations  de  Paris,  permet  d'établir  que  la  longitude 
moyenne  de  cette  série,  5''o™49%  est  exacte  à  2  ou  3  secondes  près,  et 
s'accorde  à  très-peu  près  avec  la  longitude  cbronoméirique  5*'o"V|3',  sur 
laquelle  il  existe,  comme  nous  l'avons  dit,  un  doute  de  4  à  5  secoiules.  » 


i8r.. 


(   '396) 

CHIMIE   ORGANIQUE.    —    5»;'  le  fluorène  et   l'alcool   qui   en   dérive. 
Noie  de  M.  Ph.  Barbier,  présentée  par  M.  Berihelot, 

<i  Dans  une  Note  préci'clente  (i)  j'ai  établi  nettement,  par  la  transfor- 
mation du  fluorène,  C-^H',  C'H^,  en  diphénylène  carbonyle,  C-'H*C-0-, 
les  relations  de  ce  carbure  avec  le  phénanthrène  et  le  dipbényle. 

»  J'ai  montré,  en  outre,  que  la  tliphénylène  carbonyle  et  l'acide  diphé- 
nyl  forniique,  C-'H',  C'H-O',  pouvaient  être  considérés  comme  les  dérivés 
immédiats  du  fluorène,  qui  devient  ainsi  le  point  de  départ  de  toute  une 
série  de  corps  nouveaux,  parmi  lesquels  l'alcool  flnorénique,  que  j'ai  obtenu 
par  hydrogénation  de  la  diphénylène  carbonyle,  et  dont  l'étude  fait  l'objet 
de  cette  Note. 

»  Alcool  jliiorénique^  C^°H'(H-0^).  —  Ce  corps  s'obtient  en  faisant  réagir 
l'amalgame  de  sodium  sur  \,\  diphénylène  carbonyle  en  dissolution  alcoo- 
lique. Le  produit  de  la  réaction,  convenablement  lavé  et  séché,  est  dissous 
dans  la  benzine  bouillante,  qui  par  refroidissement  le  laisse  déposer  sous 
forme  de  lamelles  hexagonales,  dont  l'analyse  a  donné  les  chiffres  corres- 
pondant à  la  formule  C-°H'(H^O-),  qui  est  celle  de  l'alcool  fluorénique 

I.  II.  C-«H"(H=0'). 

C 85,4  85,5  85,7 

H 5,5  5,6  5,4 

O "  »  8,9 

»  C'  corps  se  jirésente  sous  forme  de  lamelles  hexagonales  dures  et 
blanches,  solubles  dans  la  benzine  qui  est  son  meilleur  dissolvant.  Il  fond 
à  I  53  degrés.  Traité  par  l'acide  chromique  en  dissolution  aqueuse,  il  ré- 
génère la  diphénylène  carbonyle.  Sa  formation  est  exprimée  par  l'équation 
suivante  : 

laquelle  équation  rc|irésente  la   formation   des  alcools  pnr  fixation  d'hy- 
drogène sur  les  aldéhydes  correspondants. 

»  Éther  fluorénique,  C=''H»(C-«H"'0=).  -  Lorsqu'on  chauffe  l'alcool 
fluorénique  pendant  quelque  temps  au-dessus  de  son  point  de  fusion,  il 
perd  de  l'eau  et  donne  une  substance  résineuse  fusible  vers  290  degrés,  qui 
n'est  autre  que  l'éther  fluorénique.  ('e  même  corps  s'obtient  également 
lorsqu'on  le  chauffe  entre  i5o  et  160  degrés  avec  l'acide  acétique  anhydre, 

(l)    Canipres  rrnt/iif,  t.  T.XXIX,  |).    Il5l. 


(  '^^97  ) 
à  cette  température  ce  dernier  agit  coinme  déshydratant  sans  donner  d'éther 
acétique. 

»   Voici  les  analyses  : 

I.  II.  m.  C"H'(C"-«H'"0'). 

C 87,04  87,1  86,8  87,2 

H 5,6  5,8  5,9  5,3. 

O >)  »  >>  7,6 

))  Cet  éther  est  formé  en  vertu  de  la  réaction  suivante  : 

»  Éllier  Jliiorénacétique,  C"'H*(C*  H*0^).  —  Cet  éther  s'obtient  en  chauf- 
fant l'alcool  fluoiénique  avec  l'acide  acétique  anhydre  à  100  degrés  pen- 
dant huit  heines 

C=»H''(H20=)  +  C*H'0*  =  Cr''H''(C*H*0')  +  H^O-. 

Ce  corps  cristallise  en  lamelles  rhomboidales  fusibles  à  yS  degrés.  Traité 
par  l'eau  de  baryte  à  i5o  degrés,  il  fournit  de  l'acétale  de  baryte.  Il  a  donné 
à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 

I.  II.  C'"H'(C'H'0*). 

C 80,4  80,6  80,3 

H 5,7  5,7  5,3 

O »  0  I  î  >  4 

Il  Comme  ou  a  pu  le  voir,  l'alcool  fluorénique  donne  un  éther  en  per- 
dant de  l'eau  sous  l'influence  de  la  chaleur,  il  est  le  premier  des  alcools 
connus  qui  possède  cette  réaction,  dont  la  théorie  rend  facilement  compte 
d'ailleurs. 

»  En  effet  l'alcool  fluorénique  dérivant  d'un  carbonyle  joue,  confor- 
mément à  la  théorie  donnée  par  M.  Rerthelot  (i),  le  rôle  d'un  pseudo-alcool 
incomplet;  comme  pseudo-alcool,  il  perd  de  l'eau  sous  l'influence  de  la 
chaleur;  comme  composé  incomplet,  il  possède  la  propriété  de  se  condenser 
sur  lui-même  pour  donner  un  éther. 

»  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  M.  Berthelot,  au  Collège  de 
France.  » 


II)   Conipirs  rrndiis,  t.  LXXIX,  p.  I0f)3 


(  iSgS  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sw  In  taurine.  Note  de  M.  R.  Engel, 

présentée  par  M.  Wuriz. 

«  La  taurine,  considérée  généralement  comme  de  l'iséthionamide, 
n'est  pas  en  réalité  une  amide,  mais  bien  un  véritable  glycocolle,  c'est- 
à-dire  une  aminé  acide. 

»  En  effet  :  i°  On  obtient  de  la  taurine  en  faisant  agir  l'ammoniaque 
sur  l'acide  chlorélhylsulfureux  (Kolbe). 

»  2°  L'iséthionamide  de  Strecker  diffère  de  la  taurine  par  son  point  de 
fusion  et  en  ce  que,  lorsqu'on  la  fait  bouillir  avec  une  dissolution  de  po- 
tasse, elle  dégage  de  l'ammoniaque  (Seyberk)* 

»  3°  On  ne  peut  se  rendre  compte  de  la  constitution  de  l'acide  tauro- 
cholique  et  de  son  dédoublement  en  acide  choialique  et  en  taurine  qu'en 
considérant  la  taurine  comme  un  glycocolle.  Dans  ce  cas,  l'acide  tauro- 
cholique  est  absolument  comparable  aux  acides  glycocholique  et  hip- 
purique. 

»  4"  I-'^s  glycocolles,  en  s'unissant  à  l'acide  cyanique,  donnent  nais- 
sance à  des  acides  uramiques  dont  l'acide  hydantoïque  est  le  type;  la  tau- 
rine, en  s'unissant  à  l'acide  cyanique  donne  naissance  à  l'acide  tauro- 
carbamique,   tout  à  fait  analogue  aux  acides  hydantoïques  (Salkowski). 

»  Si  la  taurine  jouit  en  effet  des  propriétés  des  glycocolles,  il  était  na- 
turel de  penser  qu'on  pourrait  arriver  à  obtenir  les  sels  correspondants  et 
aussi  à  unir  ce  corps  à  la  cyanamide  et  à  donner  ainsi  naissance  à  un  corps 
analogue  aux  créatines. 

»  1°  Rolbe  avait  vainement  cherché  à  préparer  les  sels  de  la  taurine; 
mais  il  avait  montré  que  ce  corps  n'était  pas  complètement  indifférent  à 
l'action  des  alcalis.  Ainsi  une  solution  aqueuse  saturée  de  taurine  n'est 
plus  précipitée  par  de  l'alcool  saturé  d'ammoniaque  ou  tenant  en  disso- 
lution de  la  potasse. 

»  Je  suis  arrivé  à  obtenir  un  sel  basique  de  la  taurine. 

»  Lorsqu'on  traite  une  dissolution  de  taurine  en  excès  par  de  l'oxyde 
de  mercure  récemment  précipité,  et  qu'on  chauffe  le  mélange  au  bain- 
niarie,  on  voit  la  coloration  jaune  de  l'oxyde  de  mercure  disparaître  très- 
rapidement,  en  même  temps  qu'il  se  précipite  un  corps  parfaitement  blanc. 
Ce  précipité  est  à  peu  près  complètement  insoluble  dans  l'eau.  Il  est  très- 
difficilement  soluble  dans  l'acide  acétique  étendu,  ce  qui  permettrait  de  le 
purifier  complètement  d'oxyde  de  mercure  dans  le  cas  où  l'on  en  aurait 
ajouté  lui  peu  trop.   Il  est  un  peu  plus  facilement  soluble  dans  l'acide 


(  '399  ) 
ohlorhydrique.  C'est  un  composé  très-stable.  Une  partie  du  précipité, 
après  avoir  été  chauffée  à  ioo-io3  degrés  et  tarée,  fut  portée  à  la  tempé- 
rature de  i4o  degiés  pendant  plusieurs  heures,  sans  qu'il  y  eût  perte 
de  poids.  Lorsqu'on  chauffe  plus  fortement  encore,  il  se  volatilise  du 
mercure,  et  il  reste  un  charbon  très-volumineux. 

»   L'analyse  de  ce  composé  m'a  donné  les  résultats  suivants  : 

Poids  Quantité 

de  la  subslance  de  mercure  j).  loo 

analysée.  trouvée. 

!  Précipitation  du  mercure  par  l'hydrogène  sulfuré;  la  | 
quantité  de    mercure  a  été  déduite  du   sulfure    de  >        5q,47 
mercure  obtenu ) 

„              _^„          l   Précipitation  du  mercure  à  l'état  de  calomel  par  le   ) 
2°      G, 568                       ■  r    I    u    u  59'23 

(        |)rocede  de  H.  Rose )  -^ 

_             _   „         \  Précipitation  du  mercure  à  l'état  de  calomel  par  le  |       r     o 
j       procédé  de  H.  Rose (  •'  ' 

4."       G, 7485       (  Précipitation   du  mercure  à  l'état  de  calomel  i)ar  le  J        _       „ 
(       procédé  de  H.  Rose , j  ^ 

CH^osoo)  ^»  exige  44)64  pour  loo  de  mercure. 

»  Le  composé  (  1  Hg  + HgO  exige  60,24  pour  loo  de  mercure. 

»  Le  précipité  obtenu  a  donc  cette  dernière  composition,  quoique  les 
quantités  de  mercure  trouvées  soient  un  peu  faibles. 

»  Lorsqu'on  traite  la  taurine  en  excès  par  du  sublimé  corrosif  et  un  peu 
de  potasse,  on  n'obtient  pas  de  précipité  d'oxyde  de  mercure,  ou,  s'il  se 
forme  un  instant  de  l'oxyde  de  mercure,  il  se  redissout  immédiatement. 
On  n'obtient  pas  non  plus  le  précipité  blanc  dont  je  viens  de  parler.  H  est 

,    ,  ,  ,  1        r  1  '  /  CH^AzH'  \^  „ 

probable  que  dans  ce  cas  il  se  tonne  le  compose  (  f,,.2/^c(^rv  )  "g,  qui  se- 
rait soluble.  Je  ne  suis  pas  encore  parvenu  à  le  séparer  par  cristallisation 
de  l'excès  de  taurine  et  du  chlorur(?de  potassium  ;  mais  j'espère  y  arriver. 
»  1°  De  la  taurine  en  solution  a  été  traitée  par  de  la  cyanainide  en  excès, 
et  le  tout  abandonné  pendant  environ  trois  mois.  Au  bout  de  ce  temps  la 
solution  a  été  soumise  à  l'évaporalion.  Il  s'est  déposé  d'abord  des  cristaux 
de  dicyanamide,  puis  un  corps  blanc  insoluble  dans  un  grand  excès  d'alcool 
à  85  degrés  bouillanl,  ce  qui  ne  permit  pas  de  le  confondre  avec  la  tau- 
rine. Ce  corps,  dissous  dans  l'eau  et  additionné  d'un  peu  d'azotate  d'ar- 
gent, puis  de  potasse,  donne  un  précipité  blanc,  comme  le  fait  la  créaline. 
Ce  précipité,  chauffé  légèrement,  a  été  immédiatement  réduit,  l^a  réduction 


(  i4oo  ) 
se  fait  également  à  froid  au  bout  d'un  certain  temps.  Ce  corps,  abso- 
lument différent  de  la  dicyanamide  et  de  la  taurine  par  son  insolubilité 
dans  l'alcool  étendu  et  bouillant  et  par  la  manière  dont  il  se  comporte 
lorsqu'on  le  traite  par  l'azotate  d'argent  et  la  potasse,  est  très-probablement 
le  produit  d'addition  de  la  cyanamide  et  de  la  taurine,  c'est-à-dire  la  créa- 
tine  correspondant  à  la  taurine.  La  petite  quantité  de  substance  obtenue 
dans  ce  premier  essai  m'a  empêché  de  poursuivre  plus  loin  l'étude  de  ce 
corps.  Je  ne  fais  qu'en  signaler  les  |)rincipaux  caractères  pour  prendre 
date,  uie  réservant  de  l'étudier  prochainement.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  bibromure  de  l'acide  aiigélique. 
Note  de  M.  E.  Demarçay,  présentée  par  M.  Cahours. 

«  L'acide  angélique  traité  par  le  brome  fournit,  comme  on  sait,  un  bibro- 
mure. La  dissolution  tle  ce  corps  dans  la  potasse  laisse  déposer,  lorsqu'on 
la  chauffe,  une  huile  qui  est  du  butylène  monobromé,  en  même  temps 
qu'il  se  dégage  de  l'acide  carbonique. 

»  Cette  réaction  peut  engendrer,  dans  des  conditions  que  je  n'ai  pu  par- 
venir à  préciser  suffisamment,  un  acide  que  l'on  prépare  plus  aisément  en 
distillant  l'acide  angélique  bibromure.  La  distillation  de  ce  produit  donne 
une  grande  quantité  de  gaz  et  une  huile  qui  parfois  se  concrète  en  cristaux. 
La  dissolution  de  cette  huile  dans  la  [)otasse  étant  soumise  à  l'ébullition, 
séparée  d'une  petite  quantité  d'un  liquide  brome,  puis  traitée  par  l'acide  sul- 
furique,  laisse  déposer  une  huile  qui  ne  tarde  pas  à  cristalliser.  Ces  cristaux 
purifiés  par  distillation  et  surtout  par  des  compressions  répétées  entre  des 
doubles  de  papier  buvard  présentent  les  caractères  suivants  :  ils  sont  in- 
colores, leur  odeur  faible  rappelle  celle  de  l'acide  angélique.  Très-peu  so- 
hibles  dans  l'eau  froide,  ils  se  dissolvent  eu  plus  forte  proportion  dans 
l'eau  bouillante;  cette  dernière  dissolution  se  remplit  par  refroidissement 
d'une  niasse  de  petites  aiguilles  brillantes.  Le  point  de  fusion  de  ces  cris- 
taux est  situé  entre  6i  et  62  degrés.  Us  paraissent  bouillir  vers  194-196  de- 
grés; mais  le  point  d'èbuUilion  s'élève  toujours  un  peu  vers  la  fin.  L'éther 
éihylique  de  cet  acide  bout  entre  i53  et  i55  degrés,  son  odeur  douce 
rappelle  complètement  celle  de  l'éther  angélique. 

»   Cet  acide  est  incomplet  et  peut  fixer  du  brome. 

»   I^a  composition  déterminée  par  plusieurs  analyses  très-concordantes 
et  par  le  dosage  du  brome  dans  l'acide  brome  lui  assigne  la  formule 

C'H'0% 


(  i4oi  ) 

celle  du  composé  brome  étant 

C'est  donc  un  isomère  de  l'acide  angéliqiie.  Les  caractères  |)récédeai- 
meut  indiqués  le  rHpproclient  de  l'acide  >nét!iylcrolonique  de  Frankland. 
Sa  découipositiou  par  la  potasse  fondue  qui  le  dédouble  en  acides  acétique 
et  propionique  me  semble  étahhr  complètement  son  identité.  Un  seul  ca- 
ractère les  sépare,  l'odeur  de  l'éllier  éthylique  ,  que  Frankland  décrit 
coanne  repoussante;  mais,  conune  son  étlier  a  été  obtenu  au  moyen  du  tri- 
chlorure  de  pliosphore,  il  est  possible  que  quelque  trace  d'un  corps  phos- 
phore lui  ait  communiqué  cette  odeur. 

»  L'acide  niéthylcrotonique  bromure  présente  avec  le  bibromure  de  l'a- 
cide angélique  une  identité  complète.  J'ai  trouvé  que  le  point  de  i'usion 
du  premier  était  situé  entre  82  et  79  degrés,  celui  du  second  étant  un  peu 
plus  bas  entre  80  et  77  degrés;  mais  cette  difterence  assez  faible  parait 
teuir  à  la  pureté  moins  complète  du  second.  Leur  dissolution  dans  la 
potasse  donne  lieu  à  la  même  décomposition  ainsi  que  leur  distillation 
sèche.  Ainsi  le  brome  en  agissant  sur  l'acide  angélique  donne  le  bibro- 
mure de  son  isomère,  ou  bien  réciproquement,  avec  l'acide  mélhylcroto- 
nique,  il  fournirait  de  l'acide  angélique  bibronuiré.  Cette  dernière  hypo- 
thèse paraît  peu  vraisemblable  si  l'on  se  reporte  à  la  formule  de  l'acitle 
niéthylcrotonique.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  l'acide  angélique.  Dans  ce 
cas,  cette  réaction  singulière,  mais  qui  n'est  pas  sans  analogue,  me  semble 
pouvoir  s'expliquer  par  la  supposition  que  le  brome  agit  sur  l'acide  angé- 
lique eu  se  substituant  à  l'hydrogène,  et  que  l'acide  bromhydrique  pro- 
duit se  fixe  sur  l'acide  monobronié;  car  si  l'on  admet  l'hypothèse  faite 
par  Frankland,  qui  considère  l'acide  angélique  comme  l'acide  propylène 

acétique 

CH'-CH-CH-CO-il 
\  / 
Cil- 
le brome,  en  se  substituant  comme  d'habitude  dans  le  voisinage  de  CO-H, 
devrait  donner  d'abord  le  composé 

CH-'-CH-GBr-CO-H 

CH* 

qui  par  addition  de  H  Br  fournirait 

CH'-CHBr-Clir-CO-H 
Cil' 

CK.,!»-;:.,    i"  .S<-mcii,e.  (T.  LXXX,    iS-'ili.)  '^^ 


(    l402    ) 

C'est  l'acide  méthylcrotonique  bibromuré,  l'acide  méthylcrotonique  étant 

CH»-CH  =  C-CO''H 
CH' 

»  Pour  que  ce  dernier  pvit  donner  de  l'acide  angéiique  bibromuré,  il  fau- 
drait que  le  brome  se  substituât  dans  le  groupe  CH%  au  lieu  de  se  substi- 
tuer dans  le  groupe  CH,  ou  plutôt  encore  qu'il  s'unît  par  addition  au  grou- 
pement CH  =  C,  ce  qui  serait  contraire  à  toutes  les  analogies. 

»  Je  ferai  remarquer  en  outre  que,  l'acide  brome  donnant  de  l'acide 
méthylcrotonique,  il  paraît  naturel  de  rapprocher  de  ce  dernier  le  corps 
qui  lui  donne  naissance. 

»  Les  faits  précédents  me  paraissent  apporter  une  preuve  nouvelle  de 
l'exactitude  de  l'hypothèse  de  Frankland.  Il  me  semblerait,  en  effet,  assez 
difficile  d'imaginer  pour  l'acide  angéiique  une  constitution  qui  convienne 
aussi  bien  aux  faits  et  qui  permette  de  les  expliquer  d'une  manière  aussi 
probable. 

»  Ce  travail  a  été  exécuté  à  l'École  Polytechnique,  dans  le  laboratoire 
de  M.  Cahours.  » 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —   Trois  observations  d'accidents  produits 
par  la  foudre.  Note  de  M.  Passot,  présentée  par  M.  Larrey. 

«  Le  i8  mai  dernier,  à  2''3o™  de  l'après-midi,  la  foudre  tombait  sur 
une  baraque  du  camp  de  Satory,  en  blessant  trois  soldats.  Voici  les  faits 
abrégés. 

»  Première  obsewalion. —  Mondon,  frappé  le  premier,  a  été  renversé,  au 
moment  où  il  levait  le  bras  gauche  :  perte  de  connaissance,  résolution 
musculaire,  bruits  du  cœur  ralentis,  pouls  filiforme,  pupilles  dilatées, 
mouvements  respiratoires  insensibles  ;  il  ne  revient  à  lui  qu'après  une  heure 
de  respiration  artificielle.  La  syncope  est  suivie  d'un  délire  qui  dure  qua- 
rante-huit heures.  Il  n'a  aucun  souvenir  de  l'accident,  sent  à  peine  ses 
brûlines;  il  n'a  ni  engourdissement  ni  anesthésie  des  membres,  ni  paralysie 
de  l'intestin  ou  de  la  vessie.  La  foudre  a  parcouru  toute  la  face  interne  de 
l'avant-bras  et  du  bras  gauches,  la  région  latérale  correspondante  du  thorax, 
et  s'est  bifurquée  au  niveau  de  la  région  fessière,  pour  envoyer  deux  pro- 
longements qui  suivent  la  face  postérieure  des  cuisses  et  la  région  interne 
des  jambes,  en  s'arrétant  aux  pieds;  elle  laisse  sur  son  trajet  des  brûlures, 
soit  au  premier,  soit  au  second  degré.  Les  vêtements  ne  sont  pas  brûlés. 


(   i4o'3  ) 
Les  parties  métalliques  des  vêtements  n'ont  pas  été  altérées.  Deux  jours 
après,  cet  homme  était  rétabli  et  ne  présentait  qu'un  point  de  suppuration  à 
la  jambe  droite. 

»  Deuxième  observation.  — Toisot,  frappé  le  deuxième,  était  debout  dans  la 
baraque  :  perte  de  connaissance  immédiate  et  résolution  muscidaire.  Ré- 
veil calme  après  quelques  minutes,  sans  souvenir  de  l'accident.  Pas  de  cé- 
phalalgie ni  anesthésie,  ni  paralysie,  ni  même  parésie,  pas  de  dilatation  des 
pupilles.  Atteint  à  la  région  malaire  par  la  foudre,  celle-ci  s'est  étalée  en 
arrière  siu-  presque  toute  la  partie  postérieure  du  thorax,  de  la  région  lom- 
baire, sur  la  fesse  et  la  cuisse  gauches,  en  laissant  sur  son  parcours  des 
brûlures  légères  qui  ont  partiellement  atteint  la  chemise  seule,  sans  endom- 
mager les  autres  vêtements.  Ce  blessé,  après  huit  jours  de  traitement,  était 
en  voie  de  guérison. 

M  Troisième  observation.  —  Baudonnière,  frappé  le  dernier,  se  trouvait 
au  milieu  d'une  porte  ouverte  lorsqu'il  a  été  atteint  à  l'avant-bras  gauche 
et  renversé.  Il  n'a  pas  perdu  connaissance.  Quelques  instants  après,  cet 
homme  se  rappelait  tous  les  détails  de  l'accident.  Relevé  aussitôt,  il  marche 
jusqu'à  son  lit  et  se  plaint  de  ne  pouvoir  ni  écarter,  ni  fléchir  les  doigts 
de  la  main  gauche.  La  foudre  a  traversé  la  manche  de  la  vareuse  et  de  la 
chemise,  en  y  laissant  un  trou  étroit  de  i  à  2  millimètres.  Il  s'est  produit 
sur  la  peau  de  la  région  correspondante  une  plaque  rouge  due  à  une  brû- 
lure superficielle;  mais  la  douleur  a  été  légère.  De  cette  plaque,  irréguliè- 
rement ovale,  partent  des  arborisations  qui  remontent  sur  le  bras  jusqu'au 
deltoïde,  et  s'étendent  sur  la  région  inférieure  et  dorsale  de  l'avant-bras  et 
de  la  main,  pour  s'arrêter  à  l'extrémité  des  doigts  indicateur,  médius  et  an- 
nulaire. Ces  arborisations  sont  dues  à  des  brûlures  au  premier  degré.  Elles 
avaient  presque  disparu  le  lendemain. 

»  En  résumé,  i"  les  deux  premiers  blessés  ont  été  véritablement  sidérés 
par  la  foudre  ; 

»  2°  Les  parties  du  corps  frappées,  chez  ces  trois  hommes,  ont  été  de 
peu  d'importance  au  point  de  vue  des  phénomènes  nerveux; 

»  3°  Ces  effets,  sur  tous  les  trois,  ont  été  en  décroissant  très-rapidement 
du  premier  au  dernier  blessé  ; 

»  4°  La  foudre  a  causé,  dans  les  deux  premiers  cas,  une  résolution  com- 
plète des  muscles  et  dans  le  troisième  une  contracture  musculaire.  » 

M.  Lakrey,  en  présentant  cette  Note,  s'exprime  ainsi  : 
«  Ces  nouveaux  faits  s'ajouteront   utilement  à  ceux  déjà  connus,   soit 

182.. 


(  >4o4  ) 

avant,  soil  ajirès  la  savante  Notice  d'Arago  (i)  sm-  V Histoire  de  la  foudre, 
engageant  les  observateurs  à  considérer  ce  redoutable  météore  comme  un 
riche  sujet  d'étude. 

»  Ij'Académie  me  permettra  de  citer  parmi  ces  observateurs  les  pins 
laborieux  le  nom  du  D'' Boudin,  mort  aujourd'hui  et  autrefois  médecin  en 
chef  des  hôpitaux  militaires.  Il  a  exposé  dans  deux  intéressants  Mémoires  (2) 
des  recherches  historiques  sur  les  mystérieux  effets  de  la  foudre. 

»  Je  joindrai  seulement  à  ce  souvenir  l'indication  d'une  Notice  relative 
à  des  accidents  de  la  foudre  (3)  observés  en  1869,  au  camp  de  Châlons, 
par  un  autre  médecin  militaire,  M.  le  D'  Sonrier,  sur  un  capitaine  qui  mou- 
rut foudroyé. 

»  Les  trois  faits  de  M.  Passot  contrastent  avec  celui-là  et  sont  accompa- 
gnés de  deux  planches  représentant  la  trace  des  brûlures  superficielles. 

»  Il  serait  à  désirer  que  tous  les  cas  nouveaux  de  blessures  par  la  foudre 
devinssent,  à  l'avenir,  le  sujet  de  recherches  suivies,  au  double  point  de 
vue  de  la  Physiologie  pathologique,  lorsque  les  blessés  survivent,  et  de 
l'Anatomie  pathologique,  lorsqu'ils  succombent.    » 

CHIMIE  INDUSTRIELLli.  —  Annljse  du  cluirhon  minérnl  de  nie  Sudëroë  ; 
par  MM.  Beghin  et  Cii.  Mèxe. 

«  Depuis  longtemps  on  a  signalé  dans  l'île  Sudéroë,  l'une  des  îles  Fé- 
roë,  des  couches  importantes  de  charbon.  Ce  charbon  est  enclavé  dans  des 
roches  de  dolérite;  nous  avons  cru  utile  d'en  faire  1  analyse,  afin  surtout 
de  le  classer  comme  combustible  industriel. 

»  L'analyse  chimique  par  distillation  et  incinération  nous  a  donné  les 
chiffres  suivants  : 

Sans  les  cendres. 

Matières  volatiles ^6,520  47 > 228 

Carbone  coki fié 5i,C)8o  52,'j^2 

Cendres i  ,5oo  <> 

100,000  100,000 


(l)   OEiwres  de  Francnis  Jragn,  t.  I,  l854. 

{2)  BoUDix,  I"  Histoire  pliYsiijue  et  médirnle  de  In  fondre,  etc.,  l854  ;  a"  De  la  foudre 
considérée  au  point  de  vue  de  V liistoire ,  etc.,  i8'i5.  (Extraits  des  Annales  d^ hygiène  et  île 
médicinc  légale.) 

(3)  SoNRiEB,  Dis  nrridents  de  la  foudre,  autopsie.  l'Atrait  des  Mémoires  de  médecine  mi- 
litaire, 1 86q. 


(  i4o5  ) 

))  La  densité  de  ce  charbon  est  de  i,353i.  Pour  le  pouvoir  calorifique 
nous  avons  obtenu  17^',!  10  de  plomb,  ce  qui,  divisé  par  34  et  multi[ilié  par 
7,81 5,  donne  le  chiffre  de  5,o3o. 

)>   L'analyse  élémentaire  nous  a  conduits  aux  chiffres  suivants: 

Pour  100. 

Carbone 70,672 

(A  l'élnve)  himiiclité,  eau  mécanique i  ,05?. 

Cendres i  ,5oo 

Hydrogène 5 , 1 48 

Azote,  oxygène ?.  i  ,628 

100,000 

»  D'après  cette  composition,  la  forme  spéciale  du  coke  et  ses  caractères 
physiques,  ce  charbon  nous  paraît  devoir  être  rangé  dans  la  clas'^e  des 
lignites  jajets,  et  appartenir,  comme  âge,  aux  charbons  de  l'époque  ter- 
tiaire. » 

M.  Tresca,  en  ai>pelant  l'attention  de  l'Académie  sur  un  projet  de 
poste  atmosphérique  de  Paris  à  Versailles,  par  M.  Crespin,  s'exprime 
comme  il  suit  : 

((  On  sait  que  ce  mode  de  transmission  des  dépêches  manuscrites, 
moins  encombrant  que  le  télégraphe  électrique,  est  installé  à  Paris  sur 
plus  de  3o  kilomètres,  avec  des  conduits  de  G"",  5  de  diamètre.  Le  service 
circulaire,  établi  de  l'Administration  centrale  à  la  Bourse  par  le  Grand- 
Hôtel,  avec  retour  de  la  Bourse  à  l'Administration  par  le  Théâtre-Fran- 
çais, a  une  étendue  de  6900  mètres;  il  dessert  tous  les  bureaux  intermé- 
diaires et  ramène,  en  moins  de  quinze  minutes,  les  boîtes  de  distribution 
au  point  de  départ,  laissant  à  chaque  station  les  dépêches  qui  lui  sont 
destinées  et  recevant  les  nouvelles  dépêches  qui  doivent  entrer  en  circu- 
lation. 

»  D'autres  lignes  de  ceinture,  branchées  sur  la  précédente,  étendent  les 
zones  desservies,  mais  il  y  a  en  outre  en  service  plusieurs  lignes  directes 
dans  lesquelles  le  transport  se  fait  successivement  dans  les  deux  sens. 

))  Les  premières  installations  fonctionnaient  par  la  scide  pression  de 
l'air  comprimé  derrière  le  train;  mais  on  associe  maintenant  cette  action  à 
celle  du  vide,  en  avant,  pour  accélérer  le  mouvement,  tout  en  n'exigeant 
pas  une  pression  motrice  supérieure  à  i  atmosphère,  au  delà  de  laquelle 
les  pertes  deviennent  beaucoup  plus  grandes. 

»  Une  organisation  analogue  existe  déjà  dans  plusieurs   capitales  de 


(  i4o6  ) 
l'Europe,  où  la  vitesse  de  parcours  des  dépêches  ne  dépasse  pas  cependant 
lo  mètres  par  seconde. 

»  Il  est  vrai  que  chaque  station  intermédiaire  arrête  le  train  pour  opérer 
le  triage  des  boîtes,  et  le  remet  ensuite  en  route  sous  l'action  de  l'air  com- 
primé dont  elle  dispose. 

»  Plusieurs  fois(i),  on  a  proposé  de  recourir  à  une  disposition  de  même 
nature  pour  la  correspondance  rapide  de  Paris  à  Versailles;  mais,  par  suite 
de  l'augmentation  des  résistances  avec  la  longueur,  il  aurait  été  impossible 
d'obtenir  la  vitesse  convenable  sans  station  intermédiaire.  Le  projet  de 
M.  Crespin  a  pour  but  de  pourvoir  à  celte  difficulté,  tout  en  assurant  aux 
trains  une  vitesse  supérieure  à  3o  mètres  par  seconde,  déjà  expérimentée  et 
correspondant  à  une  durée  maximum  de  quinze  minutes  pour  franchir  les 
i8  kilomètres  qui  séparent  le  palais  de  l'Assemblée  de  l'Administration  cen- 
trale à  Paris.  Les  trains  de  la  ligne  d'aller  et  ceux  de  la  hgne  de  retour 
pouvant  respectivement  se  succéder  à  quinze  minutes  d'intervalle,  les  ré- 
ponses ne  se  feraient  pas  attendre  et  faciliteraient,  dans  une  grande  me- 
sure, l'expédition  des  affaires  publiques. 

»  La  pression  ne  serait  pas  augmentée,  mais  on  utiliserait  l'action  du 
vide,  en  mettant  la  portion  d'aval  de  chaque  ligne  en  communication  avec 
des  réservoirs  dans  lesquels  on  maintiendrait  le  vide,  en  même  temps 
qu'on  comprimerait  l'air  dans  d'autres  réservoirs  communiquant  en  amont 
de  chaque  expédition. 

»  Le  diamètre  des  tuyaux  serait  porté  à  lo  centimètres,  et  l'on  estime 
que  chaque  train  transporterait  facilement  jusqu'à  5  kilogrammes  de  dé- 
pêches, dont  la  dimension  la  plus  grande  pourrait  s'élever  à  20  centimètres 
sur  25.  Les  résistances  dues  au  frottement  augmentant  dans  le  rapport  du 
périmètre  de  la  section,  pendant  que,  pour  une  même  pression,  l'action 
motrice  varie  dans  le  rapport  de  la  section  même,  il  y  a  tout  avantage  à 
recourir  à  des  tubes  de  plus  grand  diamètre. 

»  Mais  ce  qui  caractérise  surtout  le  nouveau  projet  de  M.  Crespin,  c'est 
l'établissement  de  relais  automatiques  à  chaque  intervalle  de  i  laS  mètres. 
Le  passage  même  du  train  déterminerait  la  fermeture  de  la  conduite  à  l'a- 
mont du  relai,  ainsi  que  l'ouverture  à  l'aval,  de  manière  à  établir  simulta- 
nément, à  très-courte  distance,  la  communication  avec  la  pression  motrice 


(1)  MM.  Mignon  et  Rouait  ont  publi/;,  sous  la  date  du  7  mai  1872,  un  projet  de  trans- 
port atniospliéiique  entre  Paris  et  Versailles,  inséré  dans  la  revue  industrielle  publiée 
par  MM.  Fontaine  et  Buquet. 


(  i4o7  ) 
d'une  part  et  avec  le  vide  de  l'autre.  Des  pistons  convenablement  disposés 

dans  des  corps  cylindriques,  voisins  du  tube  principal,  exécuteraient  seuls 
ces  manœuvres  aux  moments  voulus,  et  le  train,  en  continuant  à  marcher, 
profiterait  des  impuisions  successives  qui  lui  seraient  spontanément  trans- 
mises, dans  les  mêmes  conditions  que  celles  qui  lui  sont  ordinairement 
fournies  par  les  soins  du  personnel  des  stations  intermédiaires. 

»  Nous  n'avons  pas  à  entrer  dans  le  détail  des  appareils;  nous  dirons 
seulement  que  l'on  disposerait  luie  station  à  Bellevue,  à  peu  près  à  mi- 
chemin,  et  que  les  trois  usines  de  Paris,  de  Bellevue  et  de  Versailles  suffi- 
raient pour  comprimer  l'air,  pour  faire  le  vide  et  pour  entretenir  automa- 
tiquement au  régime  convenable  les  treize  relais  de  pression  et  les  trois 
relais  de  vide  distribués  sur  les  autres  points  de  la  ligne,  sans  qu'il  soit 
nécessaire  de  maintenir  un  personnel  spécial  sur  ces  points;  l'installation 
n'exigerait  pas  moins  de  i5o  chevaux-ivapeur,  à  en  juger  par  le  travail  dé- 
pensé dans  les  conditions  habituelles  de  ce  mode  de  télégraphie. 

On  voit  par  cette  indication  sommaire  le  progrès  queréali.serait  M.  Cres- 
pin  dans  les  communications  par  poste  pneumatique,  en  supprimant  la 
nécessité  des  stations  intermédiaires  et  eu  rendant  automatiques  les  fonc- 
tions des  relais,  sans  lesquelles  la  pression  motrice  serait  impuissante  à 
fournir  la  vitesse  convenable  dans  un  aussi  long  parcours.   » 

M.  Emm.  Liais  adresse  une  Note  sur  la  parallaxe  du  Soleil,  Il  a  obtenu 
par  l'opposition  de  ]\Iars  en  1860,  à  l'aide  d'observations  faites  à  Rio  de 
Janeiro,  la  valeur  8",  760.  Il  fait  remarquer  l'accord  de  ce  résultat  avec  le 
nombre  qu'on  déduit  des  expériences  de  M.  Cornu  sur  la  vitesse  de  la  lu- 
mière, en  adoptant  la  constante  de  l'aberration  trouvée  par  M.  Struve,  c'est- 
à-dire  20", 445.  Il  se  propose  de  profiter,  pour  de  nouvelles  déterminations, 
des  oppositions  de  Mars  qui  auront  lieu  cette  année  et  en  1877  dans  des 
circonstances  favorables. 

M.  DE  ViBRAYE  sigualc  à  l'Académie  l'apparition,  dans  les  vignobles  du 
Loir-et-Cher,  d'un  Hémiplère  qui  paraît  voisin  du  Phytocoris  gothicus.  La 
récolte  de  certains  clos  a  été  sérieusement  compromise  depuis  lui  mois. 
L'insecte  attaque  directement  la  grappe  et  en  provoque  rapidement  l'atro- 
phie en  se  portant  sur  les  pédicelles  et  les  boulons. 

M.  J.  DE  CossiGNY  adresse  quelques  observations  au  sujet  des  trombes  et 
tourbillons.  Il  rapporte  qu'd  a  été  témoin  de  plusieurs  phénomènes  sem- 


(  i4o8  ) 

blables  à  celui  que  M.  Peslin  a  mentionné  d'après  M.  Liais  dans  sa  Note 
du  ig  avril  dernier. 

M.  E.  Lehman  soumet  à  l'Académie  un  système  de  bateaux  à  vapeur 
dans  lequel  la  transmission  de  la  force  se  fait  à  l'aide  d'une  pompe  agissant 
directement  sur  l'eau. 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  J.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

OOVRACES    REÇUS    PENDANT    LA   SÉANCE    I)U    3l     MAI     1875. 

Elude  sur  la  force  chimique  contenue  dans  la  lumière  du  soleil^  etc.;  par 
M.  E.  Marchand.  Paris,  Gauthier- Villars,  sans  date;  i  vol.  in-8",  relié, 
avec  pièces  justificatives  manuscrites. 

Mémoires  de  la  Société  [jliilomalliique  de  Verdun;  t.  VIII,  n°  i.  Verdun, 
imp.  Ch.  Laurent,  1874;  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  nationale  d' Agriculture.,  Sciences  et  Arts  d'Angers; 
t.  XVII  (1874),  "'"  2,  3,  4-  Angers,  imp.  Lachèse,  1874;  iii-S". 

Société  des  Amis  des  Sciences  naturelles  de  Rouen;  1874,  1*'  semestre. 
Rouen,  imp.  L.  Deshays,  1S74;  in-S". 

Annales  de  la  Société  académique  de  Nantes;  1874,  2^  semestre.  Nantes, 
imp.  veuve  Mellinet,  1875;  in-8". 

Annales  de  In  Société  d'Emulation  du  département  des  Vosges;  t.  XIV, 
2'  cahier.  Épiiial,  imp.  E.  Gley;  Paris,  A.  Goin,  1872;  in-8'*. 

La  poste  atmosphérique.  Transport  des  correspondances  entre  Paris  et  Ver- 
sadles; par  A.  Crespin.  Paris,  Dunocl,  187$  ;  in-8''. (Présenté  par  M.Tresca.) 

Clinique  médicale  de  Montpelliet  ;  par  J.  FusTEK;  t.  I''"'.  Paris,  J.Roths- 
child, 1875;  in-8'',  relié. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Rouen;  3'  année,  n°  i,  janvier  à  mars 
1875.  Rouen,  L.  Deshays,  1875;  in-S". 

L'homme  de  Cumières  pendant  l'époque  néolithique  {dge  du  renne)',  par 
b'.  LiKNAKD.  Verdun,  imp.  Ch.  Laurent,  1874;  in-H". 


(  14^9  ) 

Société  de  Médecine  légale  de  Finance.  Bulletin;  t.  III,  3"  fascicule.  Paris, 
J.-B.  Baillière,  1873-1875;  in-S". 

Documents  inédits  sur  les  correspondances  de  dom  Calmet,  abbé  de  Senones, 
et  de  dont  Fange,  son  neveu  et  son  successeur  ;  i"  et  a""  partie;  par  M.  l'abbé 
Guillaume,  deTouI.  Nancy,  imp.  Crépin-Leblond,  1874;  in-8°. 

Recueil  des  travaux  du  Comité  consultatif  d'hygiène  de  France  et  des  actes 
officiels  de  l'administration  sanitaire,  publié  par  ordre  de  M.  le  Ministre  de 
r agriculture  et  du  Commerce;  t.  IV.  Paris,  J.-B.  Baillière,   1875;  iii-8°. 

Principes  de  Botanique  comprenant  l' Anatomie,  l'otgrinographie  et  la  phy- 
siologie végétale,  avec  une  planche  lithographiée  et  im  aths  naturel  com- 
posé de  seize  planches;  par  MM.  J.  GOURDON  et  Ch.  FouRCADE.  Toulouse, 
imp.  Hébrail,  1875,  in-4°ï  relié. 

Des  accouchements  multiples  en  France  et  dans  les  principales  contrées  de 
l'Europe;  par  le'D'' A.  PUECH.  Paris,  imp.  Martinet,  1874;  in  8°.  (Extrait 
des  Annales  d'hygiène  et  de  médecine  légale.) 

Société  industrielle  du  nord  de  la  France.  Rapport  sur  le  concours  de  1874, 
présenté  dans  la  séance  solennelle  du  20  décembre  1874*,  par  M.  F.  Mathl\s, 
vice-président.  Lille,  imp.  Danel,  1875;  in-8°. 

Régime  et  médication  thalassiques.  De  l'emploi  de  l'eau  de  mer  à  Fintéricur. 
Des  moyens  de  l'administrer  et  de  ses  indications  générales;  par  M.  le 
D^E.  LlSLE.  Bordeaux,  imp.  Duverdier,  1875;  in-i8°. 

OOVBAGES    ADRESSÉS    AUX    CONCOURS    DE    l' ACADÉMIE    PODR    LANNÉK     iS^S^ 

Concours  PonceleT.  —  Théorie  des  fonctions  de  variables  imaginaires  ; 
par  "SL  Max.  Marie;  t.  II  :  Applications  de  la  métho  le  à  la  théorie  générale 
des  fonctions.  Paris,  Gautliier-Villars,  1875;  i  vol.  in-8°. 

Concours  Fourneyron.  —  Elude  sur  un  moteur  hydraulique  inventé  par 
M.  de  Canson,  et  sur  son  application  aux  scieries;  par  L.  ROUSSEL.  Nancy, 
imp.  Sordoillet,  1869;  in-8°. 

Concours  Serres.  —  Phrényogénie  ou  données  scientifiques  modernes  pour 
doter  ab  initio  ses  enfants  de  l'organisation  phrénologique  du  génie  et  du  talent 
supérieur;  par  Jiernard  MouLlN.  Paris,  E.  Denlu,  1868;  i  vol.  in-12. 

(A  suivre.) 


C.R.,1875,  i"^  Semestre.  (T.  LXXX,  N"  22.')  '  ^^ 


i4io  ) 


Mai  1875. 


Obs 


ERVATIONS    METEOROLOGIQCE! 


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(1)  Minima  barométriques  :  le  i""'.  752"»'", 1;  le  7,  750°"", 0;  le  18,  747™'",.;  le  21,  748'"'", 7;  le  29,  747""°, 3. 

(6)  La  température  normale  est  déduite  de  la  courbe  rectifiée  des  températures  moyennes  de  soixante  années  d'observation.  —  jj 
(5)  (7)  (9)  (11)  ('2)  (.3)  (16)  Moyennes  des  observations  trihoraires.  —  (8)  Moyenne  des  cinq  observations.  Les  degrés  actinomé- 
triques  sont  ramenés  à  la  constante  solaire  .00. 


FAITES  A  l'Observatoire  de  Montsoiris. 


(  '4n  ) 


Mai  1875. 


MAGNÉTISME    TERRESTRE 

(  moyennes  diurnes). 


(■9) 


17.26,2(0) 
26,2 

22,3 

23,6 

26,3 

26, 1 

24,8 

26,2 

25,1 

*  2g, 6 

*  26, 1 

*  20,4 
25,8 
26,8 
26,4 
28, 6(*) 
28,2 
27,6 
26,8 
26,9 
27.' 

*  24,9 

*  27,2 
26,3 
25,8 
26,4 
26,2 
26,4 
27,0 
26,8 
25,8 


(19) 


65.3o,5 
39i5 

29)4 

29,9 
28,9 

29)3 
2Q,  2 

29,0 
28,6 
28,4 
29)2 

3o,2 
3i ,  I 

3l,2 
3o,2 

3o,2 
3o,7 
28,3 
3o,o 
3i,6 

32,2 

3i,3 
*  3i,o 
3i,6 
32,6 
32,8 
33,1 
32,9 
33,0 
32,7 
34,5 


{'«) 


',9299 
93 12 
93io 
9312 
9300 

9291 
9306 
9322 
9326 
9359 
9363 
9360 
9362 
9364 
9382 
9386 
9384 
9385 
9390 
9388 
9387 

*  9383 

*  9385 
9376 
9383 
9380 
9394 
9397 
9385 
9385 
9384 


Cîi) 


4,6552 
6554 
6547 
6566 
65o8 
6498 
653 1 
6564 
6563 
6634 
6669 
6692 
6724 
6730 

6744 
6753 
6764 
6694 
6757 
6800 
6816 
fi779 
6774 
6771 
68. 9 
6817 
6861 
686 1 
6835 
6827 
6877 


VESTS 

a  30  mètres. 


a 


WNW 

très-variable. 

SSEàW 

SW 

SE 

SW 

SW 

SW  à  SSE 

NW  à  NNE 

NNW 

très-variable. 

Ni  NE 

NWàNE 

NE 

ENE 

NE 

variable. 

SW  à  NW 

SW  à  NW 

SSW 

SE  à  WSW 

SW 

SW  à  N 

N|NW 

NiNW 

NNW 

N-|NW 

SW  à  NW 

très-variable 

ENE 

E4NE 


(33) 


km 

9)2 

10,7 
7,-i 
9)9 
4,9 

12,5 

•4,5 

'7)4 
9,6 

12,0 
7)1 
7,9 

11,8 

11,4 
9,ù 

l5,2 

9.7 

l5,2 

16,3 

11, s 
i5,5 
16,3 
12,4 

9,0 
10,9 
16,1 
iG,  1 

6,5 
11,3 
27.7 
19.4 


«    c   ^ 

=  s  " 
s  2  • 

te  i; 

0--Ï 


(  n  1 


kur 
0,80 

1 ,08 

o,5o 

0)92 

o,23 

1,47 
5,65 
•i,85 
0,87 
1,36 

0,47 
0)59 
i,3i 
1 ,22 
0,76 
2,18 
0,89 
2,18 
2,5o 
1 ,3i 
2,26 
2,5o 
1,45 
0,76 
1,12 

2,4Î 
2,4'l 

"  )  4  0 
1 ,20 

7 ,  23 

3,55 


< 

z 

0 

a 

K 

H 

-4 

ta 

('5) 

(  îC) 

7 

S 

SW  à  NW 

6 

W 

7 

SAV 

7 

S 

6 

SW 

8 

WSW 

9 

SSW 

9 

WSW 

9 

NW 

8 

N 

4 

NE 

2 

NE 

3 

ENE 

0 

ENE 

0 

NW  à  SW 

6 

SW 

8 

SW  à  NW 

7 

S\A'  à  W 

4 

SW  à  NW 

4 

SW 

5 

SW 

9 

A\SW 

3 

u 

0 

WNW  à  WSW 

4 

NW 

4 

N 

6 

WSW 

variable. 

NNE 

S  :  SE 


remarques. 


Cirrhus  du  SW;  orage  à  i*"  4o"'  s.;  pluie  et  éd.  les. 

Pluvieux  le  matin;  rosée  le  soir. 

Cirrhus  de  NW  ;  soirée  pluvieuse. 

Cirrhus  de  WNW;  rosée  le  soir;  pluie  le  m. 

Cirrhus  de  NW;  brouill.  le  matin  ;  rosée  le  s. 

Abondante  rosée  le  matin  ;  pluie  la  nuit. 

Pluvieux  le  soir  et  bourrasques  après-midi. 

Gouttes  de  pluie  par  intervalles. 

Pluie  le  matin;  éclairs  diffus  le  soir. 

Gouttes  de  pluie  le  matin. 

Rosée  assez  forte  le  matin. 

Cirrhus  du  NE. 

Cirrhus  du  NW. 

Rosée  peu  abondante. 

Cirrhus  du  NE;  rosée  le  malin. 

Cirrhus  épais  de  WNW  ;  halo  lunaire. 

Ondée  l'après-midi  et  tonnerres  loint.  ;  éclairs  la  nuit. 

Cirrhus  de  SW;  orage  vers  2l>25'"s.;  éd.  la  n. 

Grêle  à  2  h.  soir;  pluie  le  matin  ;  rosée  le  soir, 

Forte  rosée  le  matin. 

Pluie  faible  à  7  heures  du  soir. 

Halos. 

Faible  rosée  le  matin. 

Rosée  le  matin  ;  cirrho-stiatus  orientés  W  à  E, 

Cirrhus  de  W. 

Cirrhus  du  NW;  rosée  le  malin. 

Cirrhus  de  NNW. 

Quelques  gouttes  de  pluie  vers  minuit. 

Gouttes  de  pluie  le  matin, 

1)  » 

Éclairs  au  sud  le  soir  et  gouttes  de  pluie. 


(18)  (n)  ancien  lil ;  (é)  nouveau  fil   de  suspension.  Les  dernières  observations  ont  seules  servi  pour   déterminer  les  variations 
horaires.  (Nombres  rapportés  au  pilier  du  parc.)  *  Perturbations. 

(22)  (25)  Le  signe  W  indique  l'ouest,  conformément  à  la  décision  de  la  confé 

(23)  (24)  Vitesses  maxima  :  le  l'r,  bourrasque  de  4"''"', 6;  le  7,  4''~"',7;  'ë  19 
37^"", 5. 


rence  internationale  de  Vienne. 
39''"', 5;  le  20,  42'""9;  les  21  et  26,34""', 1  ;  le  3o, 


(     l4<2    ) 

Moyennes  horaires  et  moyennes  mensuelles  (Mai  1875). 
eh  M.     d^M.     Midi.     Z^S.      G^S.    gis. 


Hfnalt.     Moyennes. 


Déclinaison  magnétique  (du  18  au  3 

i)..    170-1-     22,9 

24,0 

3i 

6 

3o,5 

26,5 

26,2 

26,1 

17.26,8 

Inclinaison              » 

...   65" ^- 

3o,8 

3o,2 

3o,'| 

3o,7 

3o,9 

3o,8 

3o,9 

65.3o,8 

Force  magnétique  totale 

....  4,-t- 

6696 

6G60 

6687 

6709 

6721 

6712 

6713 

4,6705 

Composante  horizontale 

....     I,H-      9355 

9347 

9355 

9361 

9363 

9361 

9360 

1,9359 

Électricité  de  tension  (1) 

329 

i53 

3 18 

59 

438 

324 

218 

326 

mm 

mm 

mm 

mm 

mm 

mm 

mm 

m  Cl 

Baromètre  réduit  à  0" 

756,56 

756,76  756,29 

755,65 

755,65 

756,43 

756, 5i 

766.25 

Prp^^înn  de  l'air  sec.  >•...  .• 

748,45 
8,  II 

748,53 
8  23 

■48,08 
8,21 

747.72 
7>93 
47.4 
0 

747>77 
7,88 
5i  ,3 

748, 4 ■ 
8  02 

748,56 

7,95 

74,7 
0 

748,22 
8,04 

64,3 
0 

1     lC33H^lt      ^*  ^      lui»      .j\^u.>aa..      ........ 

Tension  de  la  vapeur  en  millimètres 
KfTt  liviTrnniptrinue    ... 

81 ,0 

60,9 

0 

5o,i 

65, 1 

Clitl  U  Y  Ij  ' '-' ""^*' *H        •• 

0 

0 

0 

0 

Thermomètre  du  jardin 

Il  ,26 

16,18 

19,52 

19,85 

18,28 

14,70 

12,21 

i5,32 

Thermomètre  électrique  h  20  mètres 

11,67 

15,67 

18,53 

19,04 

18,42 

i5,.4 

12,53 

■  5,29 

Degré  actinométrique 

34, 10 

62,72 

70,16 

54,47 

i3,i8 

)l 

» 

46,93 

Thermomètre  du  sol.  Surface 

12,75 

20,75 

25,83 

23,66 

16,90 

12,09 

9,72 

16, 3o 

D                    à  c'",02  de  profondeur.. . 

i3,oç) 

i5, 1 1 

17,45 

18,53 

"7,99 

16,59 

i5,36 

i5,97 

).                    à  o"',io 

»               . .  . 

i5,i8 

i5, 12 

15,87 

16,92 

'7,37 

'7, '4 

16,53 

16,24 

»                            à  O'",20 

« 

16,39 

16, i3 

16,09 

16,41 

16, 83 

17,11 

17,05 

'6,59 

i>                    à  o^jSo 

.. 

16,01 

15,87 

15,75 

'5,79 

15,98 

16,22 

16, 3i 

16,01 

»                   à  i™,oo 

.. 

•  3,59 

i3,6i 

i3,64 

i3,66 

13,72 

13,69 

i3,70 

i3,66 

mm 

mm 

mm 

mm 

1:1  m 

mm 

mm 

mm 

IIilnmètrA  Ji  1™.  Ro              

7,3 
1 ,22 

0,6 

1,3 

1 1  ,a 

2,5 

1 .5 

0.  2 

t.  24,6 

utluiuei.io  il  I      ,  uw. 

0,20 

0,43 

0,21 

3  i3 

0,83 

0  5o 

0,07 
0,  II 

rluie  inoyciiiic  [jai  iicuic 

Évaporation  moyenne  par  heure  (2) 

o,o5 

0,10 

0,26 

0,27 

0,18 

t.  ii5,o 

Vitesse  moy.  du  vent  en  kilom.  par  heure 

9>75 

11 ,08 

■4,74 

15,92 

■  5,5o 

1 3 ,  60 

11,98 

12,66 

Pression  moy.  du  vent  en  kilog.  par  h 

2ure 

0,90 

1,16 

2,o5 

2. -39 

2,26 

i,5o 

1,35 

i,5i 

Moyennes 

horaires. 

Heures.        Déclinais.    Pression. 

Température. 

Heu 

•es. 

nérlinaîc:       P«^c 

Terap 

érature. 

à  2". 

a  20". 

UK\jlltla 

a  2". 

a  20". 

0      t                  min 

0 

0 

u       , 

imi 

0 

0 

llimatin....    17.26,5       756,34 
2       >•       ...         26,7         56,22 

11,63 

12,07 
11 ,68 

1"  soir 

17.32, 
32 

5      750 
I         55 

.06 

19,83 
"9,93 

17,81 
'8,94 

i.,o5 

2    . 

,84 

3 

26,6         56, 16 

10,53 

II, 3i 

3    .. 

3o 

4         55 

,64 

19,85 

1 9  ,o3 

4 

,       .    ..         25,8         56,23 

10,26 

11,07 

4    . 

28,6        55 

,5. 

19,60 

'9,07 

5 

24,5         56,37 

10,45 

II, i3 

5 

27 

3        55 

,5o 

18,89 

18,91 

6 

22,9        56,56 

11 ,26 

11,63 

6      . 

26, 

5        55 

66 

18,28 

18,42 

7 

21,9        56,72 

12,65 

12,73 

7      . 

26, 

3         55 

,89 

17, '7 

'7>49 

S 

22,2         56,77 

14, 38 

■  4, .5 

8      .. 

26, 

2        56 

,17 

15,92 

16,39 

9 

...         24,0         56,76 

16,19 

15,67 

9      .. 

26, 

2        56 

45 

"4,7' 

i5,  i5 

10 

26,7        56,66 

'7,75 

16,90 

10      » 

26, 

I         56 

60 

13,67 

14,02 

11 

29,5        56, 5o 

18,87 

'7>77 

11      .. 

25, 

9        56 

62 

12,87 

i3,i5 

Midi. 

Si. 8        56   '0 

19,53 
'-mométres 

18,53 
de  l'abr 

Minuil 
'  (Moyei 

26, 

mois/ 

I        56 

,5i 

12,21 

12,53 

The 

mes  du 

r)p<i  mininiâ Q**. 

I            des 

maxini.n 

22».  '1 

Moyenne.. 

...     l50 

,7 

tj\^j    imniLtitA  .•■■•...••*         vj     ^ 

Thermomètres  de 

la  surface  du  sol. 

i 

Des  mininia 6*^, 

S           des 
pêratures 

maxiina 
moj-e/tne 

s  diurnes 

35°,  3           Moyenne.. 
par  pentades. 

. . , .     21" 

1 

Ten 

1875.  Mai   là     5 i3,3             Mai  11  à 

i5.... 

17°,  5 

Mai  Ji   à  2 

5 

•    '6"7 

■.     6àio....      i5,2 

»     16  à 

20 

|5,3 

» 

26  à  3o.  . ...  . 

•   '3,7 

(0  Unité  de  tension,  la  millième  partie  de  la  tension  totale  d'un  élément  Daniell  pris  égal  i  2S700. 
(2)  En  centièmes  de  millimètre  et  pour  le  jour  moyen. 


»«o«« 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANŒ  DU  LUNDI   li  JUIN  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Découvertes  des  petites  planètes  (^  et  @,  Jattes  à  Clinton, 
(^Neio-York)  par  M.  Peters,  communiquées  par  M.  Le  Verrier. 

«  L'Observatoire  de  Paris  a  reçu  successivement  par  le  télégraphe  trans- 
atlantique les  deux  dépèches  suivantes  du  secrétaire  de  la  Smillisonian 
Institution  : 

<i  1°  Wasliington,  4  juin  1875.  Planète  parPeters.  Ascension  droite,  i^''?,!'".  Déclinaison 
sud,  23"2i'.   I  !■=  grandeur.  » 

«  2°  Washington,  5  juin  1875.  Seconde  planète  par  Peters.  Ascension  droite,  17'' i4'". 
Déclinaison  sud,  .'>.3"8'.   Mouvement  vers  le  sud.  ii"  grandeur.  » 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  de  la  petite  planète  0,  faite  à  Marseille  par 
M.  Borrelly,  annoncée  à  l'Observatoire  de  Paris  par  dépêche  téléqraptiinue 
de  M.  Stéphan,  communiquée  par  M.  Le  Verrier. 

«  Marieille,  9  juin  1875. 
»   Planète  nouvelle,  par  M.  Bonelly,  8  juin,  10  heures. 
>>   Ascension  droite,  17'' 20"' 16'.  Distance  polaire,  iii°2o'i5". 
»  Mouvement  diurne,  —  i'"5''ct  +4'48"'  1 1°  grandeur.    » 
C.R.,  1875,  i"  S.-mcjtre.  (T.  LXXX,  N»  23.)  '84 


(  i4>4  ) 

»  Par  une  lettre  du  9  juin,  M.  Stéphan  confirme  son  annonce  et  donne 
les  positions  suivantes  de  la  planète  (^)  Peters  et  de  In  planète  Qt  de 
Borrelly  : 

«  Comme  suite  à  la  dépêche  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  adresser  ce 
»  malin,  pour  vous  annoncer  sommairement  la  découverte  de  la  planète  @, 
»  je  vous  transmets  les  résultats  exacts  fournis  par  l'observation  complète 
))  de  M.  Borrelly  : 

Temps  moyen  Ascension  Distance 

1875.  de  Marseille.  droite  de  (J«^.  1.  f.  p.  polaire  de  (Ti^.  1.  f.  p. 

Juin  8...      ni'a3"'34''  i7''20"i3%27  —  2,99^  1 1  i''2o'26",9         —0,9083 

Position  moyenne  de  V étoile  de  comparaison  pour  i8t5,o. 

Ascension  Dislance 

Grandeur.  droite.  polaire.  Autorité. 

588o  B.A.C 7=         i'j''i9™i3s82         iii°2i'i9",i         Cat.  B.A.C. 

»  Voici  également  la  première  observation  de  la  planète  @,  faite  ici 
»   (observateur  M.  Borrelly)  : 

Temps  moyen  Ascension  Distance 

1875.  de  Marseille.  droite  de  (7t?) .  1.  f.  p.  polaire  de  (7«).  1.  f.  p 

Jiiin7    ..      iii'59'"42=         i7''i7'"3oS34         —2,457         ii3"23'44",o         —0,9132 

Position  moyenne  de  l'étoile  de  comparaison  pour  1875,0. 

Ascension  Distance 

Grandeur.  droite.  polaire.  Autorité. 

5862  B.A.C 7°         I7i'i6'"27',i6         ii3<'43'i9",9         Cat.  B.A.C.   . 

Note  de  M.  Chevredi.  sur  iExplicalion   de  nombreux  phénomènes  qui  soiit 
une  conséquence  de  la  vieillesse  (3^  Mémoire).   (Extrait.) 

«   Ce  Mémoire  se  compose  de  deux  sections  : 

»  La  première  comprend,  dans  quatre  chapitres,  l'exposé  des  sources 
d'où  je  fais  découler  les  facultés  instinctives  et  intellectuelles  des  animaux 
et  de  rhonune,  examinées  à  l'état  normal. 

»  L'objet  de  la  seconde  section  est  d'appliquer  l'étude  de  ces  facultés, 
telles  que  je  les  envisage  dans  la  première  section,  à  l'explication  de 
plusieurs  phénomènes  de  la  décadence  de  l'entendement  humain  causée 
parla  vieillesse. 

»  Ces  études  émanent  de  Vannlpe  et  de  la  synthèse  mentales ,  {eWes  que 
j'ai  envisagé  ces  deux  opérations  de  l'entendement  dans  le  premier  et  le 


(  i4i5  ) 
deuxième  Mémoire.  Elles  montrent  comment  je  conçois  l'intervention  de 
Yexpérience  dans  des  questions  qui,  à  ma  connaissance,  n'ont  été  traitées 
jusqu'ici  que  par  le  raisonnement,  recourant  toujours  à  des  mots  plus  ou 
moins  complexes;  tandis  que  je  clierche  à  réduire  les  faits  complexes 
recueillis  par  l'observation  la  plus  générale  à  des  faits  moins  complexes, 
en  recourant  à  l'analyse  mentale,  afin  de  voir  s'il  n'y  a  pas  différentes 
causes  susceptibles  d'être  définies  d'une  manière  précise  dans  des  faits 
complexes  recueillis  par  l'observation,  telle  qu'on  l'envisage  généralement. 

PREMIÈIIE    SECTION. 

»  Le  premier  chapitre  traite  de  l'instinct,  non  d'une  manière  générale, 
mais  d'une  manière  relative  à  l'homme,  avec  l'intention  formelle  de  montrer 
que  toutes  les  connaissances  précises  que  nous  avons  de  l'instinct  des  ani- 
maux, nous  les  devons  à  l'observation  et  à  l'expérience,  et  qu'à  cet  égard 
les  études  de  Frédéric  Cuvier  sont  une  règle  à  observer  par  tous  ceux  qui 
veulent  se  livrer  à  ce  genre  de  recherches. 

»  J'attache  une  grande  importance  à  la  conclusion,  que  les  faits  de 
l'instinct  des  animaux  et  ceux  que  présentent  les  animaux  inférieurs,  les 
insectes  particulièrement,  sont  inexpliqués,  et  inconcevables,  selon  moi, 
sans  une  cause  providentielle. 

»  D'où  la  conséquence  : 

o  Ces  faits  existent;  mais  rien  dans  les  organes  visibles  n'éclaire  sur 
l'instinct  comme^aù  réel,  auquel  on  applique  la  science  pour  en  expliquer 
la  cause;  exemple  frappant  que  le  visible  ne  suffit  pas  pour  expliquer  tout 
ce  qui  existe! 

»  Le  deuxième  chapitre  traite  des  connaissances  acquises  par  des  mouve- 
ments répétés  dont  le  but  est  de  rendre  l'homme  adroit  à  des  actes  phy- 
siques du  ressort  d'une  gymnastique  qui,  à  mon  sens,  n'a  point  été  envi- 
sagée au  point  de  vue  de  la  grande  influence  qu'elle  exerce  pour  établir 
une  harmonie  entre  le  sens  de  la  vue,  le  système  musculaire  et  la  pensée.  Il 
s'agit  d'une  étude  dont  le  commencement  remonte  à  l'époque  où  l'enfant 
marche  seul;  elle  comprend  la  marche,  la  course,  le  saut  en  hauteur  et  en  lar- 
geur, \ejeu  de  palet,  le  jeu  de  boule,  \e  jeu  de  billard,  les  mouvements  néces- 
saires pour  éviter  une  chute,  le  choc  d'un  mobile  qui  vous  menace,  etc.,  etc. 

»  C'est  faute  d'avoir  étudié  ce  que  l'enfant,  l'adulte  et  le  jeune  homme 
acquièrent  par  ces  exercices  incessamment  répétés  dans  les  jeux  auxquels 
ils  se  livrent  pendant  la  récréation  de  l'école,  que  tant  de  choses  intéressant 
au  plus  haut  degré  la  conservation  de  notre  propre  existence  n'ont  |)oint 

184. • 


(  i4.6  ) 
encoreété  suffisamment  développées  pour  prendre  une  place  définitive  dans 
la  science  de  l'homme  et  se  rendre  lui  compte  exact  de  l'adresse  acquise,  en 
ayant  égard  à  trois  choses  :  à  la  vue  qui,  au  moyen  de  la  pensée,  estime  à  la 
fois  une  distance  et  la  quantité  d'ejforl  musculaire  nécessaire  à  l'exécution 
de  l'acte  voulu  par  cette  même  pensée. 

»  Pour  embrasser  la  variété  des  effets,  quant  à  ce  qui  concerne  la  dis- 
tance, il  faut  distinguer  deux  cas  généraux  : 

»  1°  Celui  où  la  personne  franchit  un  obstacle  en  hauteur  ou  en  lar- 
geur :  la  pensée,  après  avoir  mesuré  l'obstacle  au  moyen  de  la  vue,  com- 
mande au  système  musculaire  \' effort  nécessaire  à  l'accomplissement  de 
l'acte  de  la  volonté; 

»  2"  Le  cas  où  la  personne,  restant  en  place,  lance  avec  la  main  un  pa- 
let, une  boule,  un  mobile  quelconque,  avec  l'intention  d'atteindre  un  but 
déterminé;  la  pensée,  comme  dans  le  cas  précédent,  estime  la  dislance  au 
moyen  de  la  vue  et  commande  au  système  musculaire  Veffort  nécessaire 
pour  atteindre  le  but. 

))  Le  troisième  chapitre  est  analogue  au  précédent,  quant  à  l'exercice  du 
sens  de  la  vue  que  la  pensée  dirige;  mais  il  s'agit  maintenant  de  reproduire 
des  caractères  d'écriture  ou  d'impression  en  sons  articulés,  au  moyen  de 
Yorgane  vocal,  au  moment  même  où  l'observateur  semble  en  apercevoir 
l'image;  et  encore  d'un  résultat  analogue,  la  lecture  à  livre  ouvert  des  notes 
de  musique  :  l'organe  vocal  produit  alors  des  sons  musicaux,  et,  fait  remar- 
quable, l'organe  vocal  pourra  unir  aux  sons  musicaux  les  sons  articulés  du 
langage,  enfin  le  chanteur  pourra  s'accompagner  des  sons  musicaux  d'un 
piano,  d'un  violon,  etc. 

»  i.e  (pialrième  chapitre  de  la  première  section  a  trait  à  l'intelligence; 
deux  sous-chapitres  le  composent  :  le  premier  traite  de  l'analogie  et  des 
différences  des  animaux  et  de  l'homme,  et  le  second  de  l'activité  de  l'intel- 
ligence humaine. 

Premier  sous-cnAPiTUE.  —  Analogie  et  différence  des  animaux  et  de  l'homme. 

»  Quelque  développé  que  soit  l'instinct  d'une  espèce  animale,  quelle  que 
soit  la  supériorité  d'un  individu  sur  les  autres  individus  de  cette  même 
espèce,  supérioiité  que  l'on  peut  attribuer  à  l'intelligence,  celte  intelligence 
ne  sera  jamais  comparable  à  l'intelligence  par  laquelle  l'homme  se  distingue 
des  autres  espèces  animales;  car,  en  définitive,  l'espèce  humaine,  seule,  est 
perfectible  dans  ses  individus.  Si  l'on  peut  citer  des  races  d'animaux  qui, 
relativement  aux  autres  races  de  leur  espèce,  présentent  une  supériorité 


(  i4.7  ) 
réelle,  les  individus  de  ces  races  supérieures  la  doivent  en  définitive  le  plus 
souvent  à  l'homme  ;  en  disant  le  plus  souvent,  c'est  pour  prévenir  une 
objection  qui  serait  tirée  de  ce  que  des  animaux  d'une  même  espèce  vivant 
dans  des  conditions  naturelles  fort  différentes  peuvent  présenter  des  diffé- 
rences sous  le  rapport  dont  nous  parlons,  indépendamment  de  la  présence  de 
l'homme. 

»  Les  faits  du  ressort  de  l'instinct,  malgré  tout  ce  qu'en  ont  dit  des 
philosojjhes  qui,  à  l'instar  de  Condillac,  les  ont  attribués  à  une  sorte  d'en- 
seignement donné  par  les  ascendants  aux  descendants  de  leur  espèce,  en 
contradiction  évidente  avec  cette  explication,  d'après  des  faits  précis 
observés  et  expérimentés  par  Frédéric  Cuvier,  m'ont  conduit  à  penser, 
comme  je  l'ai  dit,  que  les  faits  relatifs  à  l'instinct  sont  inexplicables  sans  une 
cause  providentielle. 

»  L'homme  se  trouve  dans  des  circonstances  fort  différentes  de  l'animal  ; 
une  fois  sa  première  enfance  passée,  où  il  dépendait  absohnneut  de  ses 
parents,  il  commence  à  se  livrer  à  des  exercices  incessants  pour  acqué- 
rir des  facultés  fort  différentes  de  celles  dont  l'animal  est  redevable  à  l'in- 
stinct :  ici  commence  l'étude  des  connaissances  dont  ses  ascendants  sont 
les  auteurs,  et  ici  s'ouvre  notre  étude  de  l'intelligence. 

Deuxième  sous-chapitre.  —   De  l'intelligence. 

»  L'espèce  humaine  est  la  seule  qui  soit  douée  de  caractère  progressif, 
et  rien  de  plus  élevé  que  la  pensée  de  Pascal,  qui  le  met  en  relief,  en  com- 
parant les  connaissances  acquises  progressivement  par  l'espèce  humaine 
tout  entière  à  un  seul  homme  vivant  toujours,  apprenant  sans  cesse  à 
mesure  qu'il  avance  en  âge!  C'est  dans  la  préface  de  son  Traité  du  vide 
qu'on  lit  cette  pensée  sublime  que  lui  suscite  \a.  proposition  absolue  de  l'hor- 
reur du  vide.,  attribuée  par  les  anciens  à  la  nature;  mais  la  pensée  de  Pascal, 
si  juste  pour  caractériser  ïespèce  humaine,  a  besoin,  dans  l'application  que 
j'en  fais  à  l'intelligence  humaine  même,  de  considérer  les  ventés  scientifiques 
dont  tant  d'esprits  appartenant  à  la  culture  de  toutes  les  catégories  de 
connaissances  s'occupent  actuellement,  comme  ne  pouvant  être  admises 
définitivement  qu'après  un  examen  critique  de  l'esprit  humain  subordonné  à 
une  méthode  scientifique.  C'est  cette  considération  bien  réfléchie  qui  m'a 
conduit  à  mettre  la  pensée  de  Pascal  en  rapport  avec  les  faits  scientifi- 
ques actuels  au  moyen  d'un  tableau  de  l'activité  de  rintclliyence  humaine, 
représentée  par  Vesprit  progressif,  l'esprit  conservateur,  l'esprit  de  routine  et 
l'esprit  de  recul,  lesquels  esprits  se  rattachent  à  trois  distinctions  ; 


(  i4i8  ) 
»   1°  L'esprit  d'innovation  en  bien,  comprenant  les  deux  premiers, 
l'esprit  proijressifet  l'esprit  conservateur  ; 

»   2°  L'esprit  non  actif,  comprenant  Vesprit  de  routine; 

»   3°  L'esprit  d'innovation  en  mal,  comprenant  l'esprit  de  recul. 

»  Si  l'esprit  progressif  représente  le  progrès  de  la  société  humaine,  pour 
que  ce  progrès  ne  soit  pas  compromis,  le  progrès  de  la  veille  pas  plus  que 
ceux  du  mois,  de  l'année,  des  siècles  écoulés,  ne  doivent  être  oubliés;  car 
supposez  que  des  vérités  acquises  soient  méconnues  ou  par  le  simple  oubli 
ou  par  des  innovations  erronées,  et  l'esprit  de  recul  triomphera  sans  doute, 
soit  par  ignorance,  soit  sciemment. 

»  Quel  est  donc  Vesprit  capable  de  combattre  l'indifférence  à  l'égard  de 
la  vérité,  de  la  routine,  de  l'aveuglement,  de  la  prétention  à  bouleverser  des 
vérités  acquises,  caractère  de  l'esprit  de  recul?  C'est  l'esprit  conservateur 
tel  que  je  vais  le  définir;  et  s'il  convient  de  le  définir,  n'est-ce  pas  dans 
cette  Académie  consacrée  au  progrès  des  sciences  de  la  philosophie  natu- 
relle? En  le  faisant,  j'obéis  à  mon  extrême  amour  delà  vérité  et  de  la  liberté 
qui  éclaire  toujours  sans  tromper  jamais. 

»  C'est  donc  aux  amis  de  la  vérité  que  je  m'adresse  en  leur  disant  : 

»  Rien  ne  dure,  en  quoi  que  ce  soit,  sans  l'es/jn't  conservateur  ;  disùnct 
de  Vesprit  progressif,  parce  que  son  examen  critique  ne  porte  que  sur  le 
connu,  animé  du  véritable  esprit  éclectique  et  assez  éclairé  pour  admirer  l'es- 
pril  progressif  dont  le  caractère  est  de  découvrir  l'inconnu,  il  sait  démêler 
la  vérité,  ayant  la  conscience  de  la  méthode  scientifique  dirigée  par  Vanatjse 
et  la  synthèse  mentales. 

»  Ainsi  quel  est  le  caractère  de  Vesprit  conservateur  ?  C'est  que,  dirigé 
par  l'analyse  mentale,  il  cherche  à  analyser  un  fait  nouveau  complexe, 
avancé  par  un  savant  quelconque,  ou  s'il  a  été  admis  antérieurement 
comme  vérité,  en  réalité  il  ne  l'est  pas  absolument  :  alors  Vanal/se  mentale 
conduira  au  résultat  suivant  le  plus  complexe  de  tous.  Il  distinguera  : 

»  1°  Des  faits  moins  complexes  qu'il  faut  conserver,  parce  qu'ils  sont 
vrais; 

))  2°  Des  faits  moins  complexes  qu'il  faut  améliorer,  parce  qu'ils  ne  sont 
pas  complètement  vrais; 

»  3"  Des  faits  faux,  mauvais,  erronés  qu'il  faut  absolument  rejeter  de 
la  science. 

»  Ces  caractères  de  Vesprit  conservateur  sont  incontestables,  et  j'aime 
à  croire  qu'il  sera  appliqué  un  jour  à  des  sujets  qui  aujourd'hui  sont  en 


(  •4>9  ) 
dehors  des  sciences  du  domaine  de  la  philosophie  naturelle;  et  pour  preuve, 
est-ce   sortir  de  ce  domaine   de  faire  remarquer  que  l'âge  moderne  en 
France  a  institué  une  Cour  de  cassntion?  Or  qui  l'a  instituée? 

»  C'est  évidemment  Vesprit  conservateur,  et  je  ne  crois  pas  être  témé- 
raire en  disant  :  l'esprit  progressif  est  étranger  à  l'institution  ;  en  effet,  celle- 
ci  ne  s'occupe  pas  d'innovation  ;  loin  de  là,  elle  existe  pour  maintenir  les 
lois  en  cassant  tous  les  jugements  qui  à  son  sens  y  sont  contraires. 

»  Cet  exemple  montre  bien  que  le  tableau  suivant  que  je  présente  à 
l'Académie  s'étend  au  delà  du  domaine  des  sciences  de  la  Philosophie 
naturelle. 


TABLEAU    DE    L  INTELLIGENCE    HDMAINE 


conùdérée  d'après  l'esprit  progressif,  l'esprit  conservateur,  l'esprit  de  routine, 

et  l'esprit  de  recul. 


DE 

L'INTELLIGENCE 

au  point  de  vue 

DE   L'ACTrvlTÉ. 


Activité 

de  l'esprit 

d'innovation 

en  bien. 


Inactivité 
de  l'esprit. 

Activité 

de  l'esprit 

d'innovation 

en  mal. 


QUATRE 

SORTES    d'esprit. 


Esprit 
progressif. 


Esprit 
conservateur 
(éclectique). 


Esprit 
de  routine. 


Esprit 
(le  recul. 


LEURS  ATTRIBUTS 
ou 

CARACTÈRES. 


De  découverte. 
D'invention. 


Réduit  les  faits 

complexes 

du  connu 

par 

['analyse  mentale 


SCIENTIFIQDE. 

Maximum.    \   littéraire. 

GÉNIE  1      ARTISTIQUE. 

!      ETC.,     ETC. 

(a)  En  faits  moins  complexes 
qu'il  faut  conserver. 

{b)  En  faits  moins  complexes 
qu'il  faut  modifier. 

(c)  En  faits  moins  complexes 
qu'il  faut  rejeter. 


Conserve  indistinctement 
ce  qui  est 


BIEN 

et 

MAL. 


[(?)  Rejette  ce  qui  est  bien  dans  le  connu. 
{h)  Produit  ce  qui  est  mal  on  faux. 


(    l420    ) 

PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  les  radiations  solaires  (suite)  ;  par  M.  P.  Desains. 

«  L'Académie  m'a  permis  plusieurs  fois  de  l'entretenir  des  recherches 
que  je  poursuis  depuis  longtemps  touchant  les  variations  incessantes  que 
subit  la  radiation  solaire  au  point  de  vue  de  son  intensité  et  au  point  de 
vue  de  sa  transmissibilité  à  travers  l'eau, 

»  Je  me  propose  aujourd'hui  de  lui  soumettre  les  résultats  des  obser- 
vations que  j'ai  faites  sur  ce  sujet  depuis  le  3o  avril  1874  jusqu'au 
3o  avril  1875. 

1)  Dans  cet  intervalle  de  temps,  j'ai  déterminé  une  dizaine  de  fois,  à 
Paris,  la  quantité  de  chaleur  envoyée  directement  à  midi  par  le  Soleil  sur 
une  surface  égale  à  i  centimètre  carré  et  normale  à  la  direction  des 
rayons.  Le  tableau  suivant  renferme  les  résultats  de  ces  déterminations; 
j'y  ai  aussi  marqué  le  nondare  qui  représentait  au  moment  de  l'observa- 
tion la  proportion  dans  laquelle  le  rayonnement  se  transmettait  à  travers 
une  couche  d'eau  distillée  de  8  millimètres  d'épaisseur,  renfermée  dans 
une  auge  à  parois  de  glace. 


Quantité  de  chaleur 

Q 

uantité  de  chaleur 

reçue  en  une  minute, 

Transmission 

reçue  en  une  minute, 

Transmission 

Dates 

à  midi, 

à  travers 

Dates 

à  midi, 

à  travers 

sur  I  centim.  carré. 

o™,ooS  d'eau. 

sur  I  centim.  carré. 

o'",ooS  d'eau. 

(Incidence  normale.) 

(  Incidence  normale.) 

3o  avril  1 

874                  1,23 

D 

24 

août 

.874 

i,.5 

0,698 

5  juin 

»                         1,10 

0,66 

3o 

janv. 

1875 

1 ,00 

o,685 

22  juin 

1,29 

0,70 

18 

avril 

D 

1 ,  16 

0,66 

4  juillet 

»               1,16 

0,71 

20 

avril 

)) 

I  ,o3 

o,6i 

6  juillet 

1,09 

0,69 

25 

avril 

)} 

1  ,22 

0,63 

»  Les  nombres  inscrits  au  tableau  précédent  ont  été  obtenus  par  la  mé- 
thode et  avec  l'appareil  actinométrique  que  j'emploie  d'ordinaire.  (Voir 
Comptes  rendus,  29  novembre  1869  et  2^  mai  1874-) 

M  J'ajouterai  les  détails  suivants.  Le  réservoir  du  thermomètre  à  l'aide 
duquel  je  mesure  les  intensités  absolues  est  une  sphère  dont  le  diamètre 
extérieur  est  o"',oi97.  A  i  degré  d'élévation  dans  la  température  répond 
une  absorption  de  chaleur  égale  à  2,o3  unités,  c'est-à-dire  à  2,o3  la  quan- 
tité qui  élèverait  de  i  degré  i  gramme  d'eau.  Le  réservoir  est  soigneusement 
noirci.  L'orifice  d'admission  est  un  cercle  dont  le  diamètre  est  o'",oi88;  le 
centre  de  ce  cercle,  comme  celui  du  réservoir,  est  sui'  l'axe  du  tube  à 
double  enveloppe  qui  préserve  le  thermomètre.  Toute  la  chaleur  qui  entre 
par  l'orifice  d'admission  tombe  sur  le  thermomètre  et  est  absorbée.  Il  en 


(     l42I     ) 

résulte,  à  la  seconde,  une  certaine  élévation  de  température.  Cette  éléva- 
tion, corrigée  de  la  déperdition  due  au  rayonnement,  est  ce  que  nous  ap- 
pelons Vinlensilé  de  l'action  tliennométrique,  ou  simplement  Vcffet  tliermo- 
m  étriqué. 

»  Pour  connaître  sa  valeur  à  midi,  il  n'est  pas  indispensable  de  la  déter- 
miner à  cette  heure  même.  On  peut  la  déduire  de  l'effet  T'  déterminé 
directement  à  une  heure  quelconque  H,  pourvu  qu'à  midi  et  à  cette  heure 
quelconque  H  on  détermine  les  déviations  D  et  d  qu'éprouve  l'aiguille  du 
rhéomètre  par  l'effet  de  l'action  directe  des  rayons  solaires  sur  la  pile   de 

l'appareil.  On  a  toujoms  en  effet  T  =  T'---  En  un  mot,  les  effets  ther- 

raométriques  sont  toujours  proportionnels  aux  indications  de  l'appareil 
thermo-électrique.  J'ai  vérifié  un  grand  nombre  de  fois  l'exactitude  de 
celte  proportionnalité. 

»  Les  valeurs  que  le  tableau  n°  1  assigne  à  la  transmissibilité  de  la  cha- 
leur solaire  aux  dates  indiquées  à  travers  8  millimètres  d'eau  varient  entre 
o,63  et  0,71,  et  ces  variations,  quoique  nécessairement  fonctions  de 
l'épaisseur  atmosphérique,  semblent  dépendre  d'elle  moins  directement 
que  de  la  quantité  de  vapeur  dissoute  dans  l'air. 

»  Les  valeurs  les  plus  faibles,  o,  G3  et  0,64,  ont  été  obtenues  à  la  fin 
d'avril  1875,  pendant  une  période  de  quelques  jours  d'extrême  sécheresse, 
et  dans  laquelle  l'épaisseur  atmosphérique  était  i,23. 

»  Les  plus  fortes,  0,70  et  0,71,  sont  relatives  à  l'époque  de  l'année  où 
l'épaisseur  atmosphérique  traversée  est  la  moindre,  mais  où  une  tempéra- 
ture élevée  détermine  d'ordinaire  la  présence  dans  l'air  d'une  quantité  de 
vapeur  d'eau  considérable.  Enfin,  au  3i  janvier  iSyS,  la  transmissibilité  est 
sensiblement  la  même  qu'au  G  juillet  et  au  24  août  1874.  Au  3[  janvier, 
à  midi,  les  rayons  solaires,  pour  arriver  à  notre  appareil,  traversaient  une 
couche  d'air  bien  plus  épaisse  qu'au  24  août  1874;  mais  cet  air  était  froid 
et  contenait  peu  de  vapeur  en  dissolution. 

»  La  quantité  ï  de  chaleur  solaire  qui,  en  une  minute,  tombe  norma- 
lement sur  I  centimètre  carré  de  surface  dépend  de  l'énergie  calorifique 
du  Soleil  lui-même.  Elle  dépend  de  l'état  de  l'atmosphère  au  moment  de 
l'expérience,  état  qui  peut  varier  notablement,  quoique  le  ciel  soit  toujours 
ce  qu'on  appelle  un  ciel  pur.  Enfin  elle  change  avec  l'épaisseur  atiuosphé- 
rique,  c'est-à-dire  avec  la  date  et  l'heure  de  l'observation. 

»  Dans  un  grand  travail  publié  en  1837,  M.  Pouillet  a  cherché  à  éva- 
luer la  part  que  chacun  de  ces  divers  éléments  exerce  dans  le  phénomène 

C.K.,i8'35,  i"  Semestre.  (T.  I,\XX,  N»  25.)  l85 


(    ^422    ) 

total,  et  il  arrive  à  cette  conséquence,  que  T  est  égal  au  produit  d'une 
constante  a  par  une  exponentielle  p^  dans  laquelle  s  est  l'épaisseur  atmo- 
sphérique traversée  par  les  rayons.  £  est  exprimé  en  prenant  pour  unité 
l'épaisseur  de  l'atmosphère  comptée  sur  la  verticale;  p  est  une  fraction 
qui  varie  avec  le  jour  de  l'observation,  c'est-à-dire  avec  l'état  de  l'atmo- 
sphère. La  constante  a  représente  la  valeur  que  prendrait  T  pour  s  =  o, 
c'est-à-dire  si  //  était  égal  à  i. 

»  Pour  une  même  valeur  dep,  cette  formule  T  =  «//  assigne  à  l'inten- 
sité de  l'action  thermométrique  T  des  valeurs  égales  à  des  époques  égale- 
ment distantes  du  midi;  par  conséquent,  elle  suppose  que  la  journée  est 
parfaitement  symétrique  de  part  et  d'autre  de  ce  midi.  C'est,  en  particu- 
lier, ce  qui  aurait  lieu  dans  le  cas  où,  dans  le  lieu  et  au  jour  de  l'observa- 
tion, l'atmosphère  pourrait  être  divisée  en  une  série  de  couches  concen- 
triques suffisamment  minces,  et  dans  lesquelles  la  composition  resterait 
constante  pendant  toute  une  journée. 

»  Alors,  d'après  ce  que  l'on  sait  des  lois  de  la  transmission  calorifique, 
la  transmissibilitéde  la  chaleur  devrait  être  minimum  à  midi,  et  avoir  en  ce 
moment  une  valeur  d'autant  moindre  que  la  journée  serait  plus  sèche. 
Toutes  ces  conditions,  quoique  rarement  satisfaites,  le  sont  pourtant  quel- 
quefois. Elles  l'ont  été  en  particulier  dans  la  journée  du  aS  avril  1875. 

»  En  celte  journée,  deux  observations  thermométriques  directes  faites 
à  3''35'"et  à  4'' 30™  s'accordent  pour  assigner  à  l'effet  thermométrique  relatif 
à  l'heure  de  midi  la  valeur  0,0275.  De  ce  nombre  et  de  l'ensemble  des 
observations  galvanométriques,  on  déduit  facilement  les  effets  thermomé- 
triques que  l'on  eùl  observés  aux  différentes  heures  de  la  journée.  En 
les  comparant  aux  épaisseurs  atmosphériques  correspondantes,  il  est  facile 
de  voir  que,  pour  les  représenter  tous  par  la  formule  T  =  (tp"^,  il  suffit 
de  prendre  p  =  0,72$  et  rt  =  4I5O2.  Le  tableau  suivant  permet  de  juger 
du  degré  d'accord  entre  le  calcul  et  l'observation  : 

Déviation 

Intensités 


Déviation 

de  l'aii^fuille 

Heures. 

du  llicrnio- 

miiltiplicateur. 

observées. 

|]         m 

8.20.. 

.    25,72 

0,0733 

10.00. . 

29,00 

0,0262 

Midi...  . 

3o,oo 

0,0272 

3.43... 

.     25,8 

0,0234 

4.i5... 

22,5 

0,0206 

4.55.    . 

.         19,3 

0,0167 

Épaisseur 

Transmission. 

atmosphérique 

calculées. 

correspondante. 

0.0232 

0,66 

'.77 

0,0265 

u 

1,358 

0,0275 

o,63 

1,23 

0,0232 

0,67 

'»77 

0,0204 

0,68 

2,19 

0,017 

0,695 

2,70 

(  i423  ) 

»  Les  effets  thermométriques  qui  figurent  au  tableau  précédent  sont, 
comme  nous  l'avons  dit,  les  élévations  de  température  qu'en  une  seconde 
le  thermomètre  subirait  sous  l'action  des  rayons  solaires  s'il  n'était  sou- 
mis à  aucune  cause  de  refroidissement;  en  les  multijdiant  par  60,  on  a 
l'effet  produit  à  la  minute;  en  multipliant,  en  outre,  par  la  valeur  du 
thermomètre  en  eau,  et  divisant  ensuite  par  la  surface  d'admission, 
on  obtient  la  quantité  de  chaleur  tombant  à  la  minute  sur  t  centimètre 
carré  de  surface.  Cette  quantité  une  fois  connue,  en  la  divisant  par  la  va- 
leur de  p^,  relative  aux  conditions  de  l'expérience,  on  a,  suivant  les  idées 
de  Pouillet,  la  valeur  de  la  quantité  de  chaleur  envoyée  sur  i  centimètre 
carré  à  la  limite  de  l'atmosphère. 

»  Cette  valeur  est  ici  de  17,9;  elle  est  sensiblement  identique  à  celle  qui 
résulte  des  expériences  de  Pouillet.  • 

))  Quoique  un  peu  moins  régulières  que  la  journée  du  aS  avril  iSyS,  les 
journées  des  5  et  22  juin  1874  conduisent  sensiblement  à  la  même  valeur 
de  a;  on  peut  donc  citer  les  observations  de  ces  trois  journées  comme  bien 
d'accord  avec  la  formule  de  M.  Pouillet. 

))  Seulement,  il  ne  faut  pas  croire  que  les  vérifications  soient  toujours 
aussi  complètes,  même  en  des  jours  où  la  transmissibilité  n'éprouve  que 
ces  variations  normales  dont  la  journée  du  ^5  avril  nous  offre  un  exemple. 
Le  6  juillet  1874,  la  transmissibilité  était  0,69  a  midi  et  0,74  à  5  heures 
du  soir.  Les  observations  de  l'après-midi  se  représentent  bien  par  la  for- 
mule de  l^ouillet;  p  est  égal  à  0,723,  mais  a  est  notableuient  inférieur 
à  4i;   l'ensemble  des  expériences  assigne  34  pour  valeur  à  cette  constante. 

Journée  du  ii  juillet  1874-  («^  =  34  ,     /^  =  o,'j235.) 
Inlensités 
Heures. 

Midi.. 

Si-S"' . 

4'"  25" 

5''  3o"' 

»  Si  l'on  voulait  calculer  les  observations  de  celte  demi-journée  en  pre- 
nant a  =  4o,  il  faudrait,  pour  représenter  l'observation  de  midi,  prendre 
p  =z  o,G6,  et  alors  à  5''3o™  le  calcul  donnerait  T  :^  i3,5  au  lieu  de  iG,2, 
valeur  évidemment  inadmissible. 

1)  Cet  abaissement  rapide  de  a  se  présente  souvent,  et  m'a  paru  coïn- 
cider avec  l'existence,  dans   les   [)arties  supérieures  de  l'atmo.sphère,  de 

t85.. 


1  lllt^l 

llbllf  b 

Épaisseur 

observées. 

calculées. 

Transmission. 

atmosphérique 

0,4,6 

24,6 

0,69 

i,i5 

22,9 

22,7 

0,74 

i,4o 

'9'0 

'9'7 

u 

1,88 

16,2 

15,95 

0,74 

2,6. 

(  i424  ) 

ces  minces  couches  de  brouillard  diffusives,  qui,  malgré  leur  grande  trans- 
parence, altèrent  néanmoins  la  vivacité  du  bleu  du  ciel. 

»  D'autres  causes  peuvent  aussi  contribuer  à  l'altération  des  valeurs 
de  a. 

»  L'exponentielle  />'  varie  d'autant  plus  vile  que/?  est  plus  éloigné  de 

l'unité.  Ainsi,  à  l'époque  du  solstice  d'été,  le  rapport  —  pour  les  heures  de 

5  heures  du  soir  et  de  midi  est  égal  à  0,792  si  /;  =  0,80,  et  à  0,461 
si  p  =r  0,60. 

»  Cela  posé,  admettons  que  deux  journées  consécutives  soient  parfaite- 
ment identiques  entre  elles  à  midi,  et  que  la  première  soit  bien  conforme 
à  la  loi  de  Pouillet  et  conduise  à  la  valeur  de  la  constante  solaire  adoptée 
par  ce  savant  :  si,  le,second  jour,  l'air  va  en  se  séchant  rapidement  dans 
l'après-midi,  l'intensité  observée  à  5  heures  sera  plus  grande  que  le  pre- 
mier jour;  elle  sera  moindre,  au  contraire,  si  l'air  se  charge  abondamment 
de  vapeurs,  quoique  conservant  sa  transparence.  Tant  que  les  écarts  ne 
seront  pas  trop  grands,  la  formule  ï  =  ap"-  se  prêtera  encore  à  représenter 
les  observations  de  la  demi-journée;  seulement,  dans  le  premier  cas,  on 
sera  conduit  à  prendre  pour/;  une  valeur  plus  grande  que  le  premier  jour: 
ce  serait  l'inverse  dans  la  seconde  hypothèse,  et  ces  différences  dans  la 
valeur  de  p  en  amèneront  de  correspondantes  dans  la  valeur  de  a. 

»  Les  remarques  précédentes  montrent  combien  sont  nombreuses  les 
causes  d'erreur  contre  lesquelles  on  a  à  lutter  lorsque,  se  plaçant  au  point 
de  vue  de  Pouillet,  on  cherche  à  déduire  de  la  méthode  actinométrique 
qu'il  a  proposée  la  grandeur  de  l'action  thermométrique  que  le  rayonne- 
ment solaire  produirait  à  la  surface  de  la  Terre  si  l'atmosphère  ne  faisait 
éprouver  aucune  perte  à  ce  rayonnement. 

»  A  quoi  il  faut  ajouter  que  la  forunde  T=rt//n'a  jamais  été  vérifiée 
qu'entre  les  limites  e  =  i  et  e  =  5.  L'appliquer  au  cas  où  e  =  o,  c'est 
faire  une  extrapolation  qui  peut  être  dangereuse.  Aussi  il  y  aurait,  il 
me  semble,  un  très-grand  intérêt  à  répéter,  en  des  stations  aussi  élevées 
que  possible,  des  observations  analogues  à  celles  qui  ont  été  décrites  dans 
cette  Note,  et  à  voir  si  la  valeur  qu'on  se  trouverait  conduit  à  donner  au 
coefficient  a,  dans  la  formule  qui  représenterait  la  variation  diurne  des 
intensités  ihermométriques  en  ces  stations  élevées,  serait  ou  non  la  même 
qu'au  niveau  de  la  mer.  » 


(  1425  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  sjiithèse  des  camphres  par  l'oxjdalion 
des  camphènes.  Note  de  M.  Berthelot. 

«  Voici  bieu  des  années  que  j'ai  désigné  et  réalisé  la  suite  méthodique 
des  transformations  par  lesquelles  l'essence  de  térébenthine  est  changée  en 
un  camjîhre  isomérique  avec, le  camphre  des  Laurinées.  En  indiquant  ce 
sujet  d'études  à  M.  Riban,  il  y  a  quelque  temps,  je  n'avais  pas  cru  que 
l'opinion  des  chimistes  eût  besoin  d'être  fixée  sur  la  réalité  des  faits  que 
j'ai  énoncés. 

»  Rappelons  en  peu  de  mots  l'état  de  la  question.  La  relation  entre  la 
formule  de  l'essence  de  térébenthine,  C-"  H' %  et  celle  du  camphre,  C^"  H '"O", 
a  été  précisée  tout  d'abord  par, M.  Dumas,  le  jour  où  il  a  établi  la  compo- 
sition de  ces  deux  corps  dans  son  remarquable  Mémoire  sur  les  huiles  es- 
sentielles (i832).  Mais  ia  relation  des  formules  ne  résout  pas  le  problème 
des  métamorphoses  et  celui-ci  était  plus  compliqué  que  l'état  de  la  science 
ne  permettait  de  le  soupçonner  à  cette  époque.  En  effet,  le  camphogènene 
préexiste  pas  dans  l'essence  de  térébenthine,  ni  même  dans  le  monochlor- 
hydrate solide  de  térébenthène,  comme  je  l'ai  reconnu  depuis.  Il  s'agissait 
donc  de  changer  deux  fois  l'état  isomérique  propre  de  l'essence  de  téré- 
benthine, par  deux  opérations  successives,  pour  parvenir  enfin  à  cet  ar- 
rangement définitif,  caractérisé  par  la  permanence  de  l'état  moléculaire 
à  travers  les  combinaisons,  et  par  cette  constitution  spéciale,  qui  appartient 
aux  composés  camphéniques  proprement  dits  (i). 

»  Après  avoir  reconnu  les  difficultés  du  problème  dans  une  longue  série 
de  recherches  sur  les  essences,  recherches  poursuivies  depuis  i85o,  je  l'ai 
résolu  par  la  chaîne  méthodique  des  réactions  que  voici  [Comptes  rendus, 
t.  XEVII,  p.  265;  i858)  : 

»  1°  Synthèse  du  camphre  de  Roméo  au  moyen  du  camphre  ordinaire, 

»  2°  Découverte  de  la  fonction  alcoolique  du  camphre  de  Bornéo  et 
formation  de  ses  éthers  (2);  le  camphre  devient  dès  lors  l'aldéhyde  de 
cet  alcool  ; 

(i)  Voir  ma  Leçon  sur  l'isoméne,  professée  devant  la  Société  chimique  en  i863,  p.  :>.^i-i5Z. 

{1]  Pelouze,  qui  avait  formé  le  camplire  en  sens  inverse  (i84o)  par  l'oxydation  du  camphre 
de  Bornéo,  refusait  nettement  au  camphre  de  Bornéo  tout  caractère  d'a\coo\  {Comptes 
rendus,  t.  XI,  p.  367);  Gerhardt,  dans  son  grand  Traité  (t.  HT,  p.  G90;  i854)  assimile  le 
camphre  de  Bornéo  à  rakléiiydc  de  l'acide  campholiquc,  C-'H^O^ 


(  i426  ) 

))  3°  Formation  en  particulier  de  son  éther  chlorhydrique,  C-^H'^llCl, 
qui  offre  la  composition,  l'aspect  et  la  plupart  des  propriétés  du  mono- 
chlorhydrate cristallisé  du  térébenthène; 

»  4*^  Transformation  de  ce  monochlorhydrate  et  de  ses  isomères,  par  des 
actions  systématiquement  ménagées,  en  carbures  cristallisés,  auxquels  je 
réservai  le  nom  de  camphènes,  à  cause  de  leur  état  physique  et  de  leur  con- 
stitution chimique,  analogues  au  camjihre  ordinaire  (i).  Ces  carbures  peu- 
vent être  unis  à  l'acide  chlorhydrique,  puis  régénérés  de  leurs  chlorhy- 
drates avec  toutes  leurs  propriétés  primitives,  y  compris  le  pouvoir 
rotatoire,  qui  est  la  plus  délicate; 

»  5°  Synthèse  enfin  du  camphre  par  l'oxydation  du  camphène  : 

Telle  était  la  suite  de  mes  expériences;  telle  est  aussi  la  suite  de  celles 
que  M.  Ribau  vient  de  publier  (p.  iSSa),  et  qui  les  confirment  point  par 
point,  non  sans  y  ajouter  certains  faits  nouveaux. 

»  Arrêtons-nous  à  la  synthèse  du  camphre.  Cette  synthèse,  réalisée 
dès  i858  par  le  moyeu  du  noir  de  platine,  était  pénible  et  d'un  faible 
rendement;  aussi  l'annonçai-je  d'abord  avec  quelque  réserve,  et  elle  a  été 
citée  sous  cette  forme  dans  les  principaux  Traités,  Dictionnaires  et  ou- 
vrages de  Chimie  publiés  jusqu'en  1870. 

»  Mais,  en  1869,  je  trouvai  un  autre  procédé  d'oxydation,  fondé  sur 
l'emploi  de  l'acide  chromique  pur,  qui  me  permit  d'isoler,  en  plus  grande 
quantité  et  dans  nu  plus  grand  état  de  pureté,  le  camphre  fourni  par  l'oxy- 
dation des  camphènes.  Je  pus  en  vérifier  les  principales  propriétés  phy- 
siques (cristallisation,  odeur  et  aspect  tout  spéciaux,  sublimation  lente  dès 
la  température  ordinaire,  avec  formation  de  ces  petits  cristaux  nets  et  bril- 
lants que  chacun  connaît;  volatilisation  qui  s'opère  brusquement  et  avec 
ébnllition  un  peu  au-dessus  de  200  degrés;  point  de  fusion  voisin  de  180  de- 
grés, etc.)  et  chimiques  (présence  de  l'oxygène  et  absence  du  chlore  parmi 
les  éléments  du  corps;  résistance  complète  à  une  action  de  courte  durée 
exercée  par  les  agents  oxydants,  tels  que  l'acide  nitrique,  l'acide  chro- 
mique, et  même  par  la  plupart  des  réactifs  chimiques;  résistance  complète 
à  100  degrés  à  l'action  prolongée  de  la  potasse  et  à  celle  de  l'acide  chlor- 

(l)  Comptes  rendus,  t.  XLVIÎ,  p.  267,  i858;  t.  LV,  p.  496  et  544;  '862.  Leçon  sur 
l'isomérie,  etc.,  p.  241. —  Théorie  de  la  série  caiiipliénique  [Bulletin  de  la  Société  chi- 
mique, t.  XI,  p.  194,  198;  1869). 


(  ï427  ) 
hydrique  fumant,  etc.,  etc.),  propriétés  qui  sont  les  unes  et  les  autres  trop 
fortement  caractérisées  pour  permeUre  de  confondre  le  camphre  avec  au- 
cune autre  substance,  surtout  si  l'on  lient  compte  de  son  origine. 

»  Enfin  je  répétai  mes  expériences  de  synthèse  sur  les  trois  camphènes 
que  je  possédais  :  camphène  inactif,  térécamphène  et  austracamphène. 

»  Tout  doute  ayant  disparu  pour  moi,  j'annonçai  désormais,  dans  mes 
publications  ultérieures,  la  transformation  du  camphène  en  camphre  par 
le  nouvel  agent,  d'une  manière  absolue  et  sans  reproduire  les  réserves  ori- 
ginelles [Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  If  série,  t.  XIX,  p.  4^8,  1870  ; 
t.  XXIII,  p.  2i4»  1871;  Comptes  rendus,  t.  LXXIX,  p.  1094,  à  l'occasion 
des  carbonyles,  1874,  etc.). 

»  La  démonstration  était  d'autant  plus  nette,  que  la  nouvelle  méthode 
est  générale  (i)  et  s'applique  à  l'oxydation  directe  d'un  grand  nombre  de 
carbures  d'hydrogène,  tels  que  l'éthylène,  le  propylène,  l'aUyléne,  etc., 
tous  carbures  que  la  méthode  permet  de  changer  en  aldéhydes  et  en  corps 
congénères  : 

Éthylène C  H'  +  0==  C  H'  0=  alcléliyde, 

Propylùne O  H"  +  0==  C  H"  O'  acétone, 

Allylène C«  H»  +  0'=  C«  H'  O'  oxyde  d'allylène, 

Camphène C-"H"=-|- 0'=  C^'H^O^  caïuptire. 

»  Voilà  l'état  de  mes  publications  sur  la  question,  et  les  dernières,  en- 
core toutes  récentes,  me  donnaient  le  droit  de  me  réserver  la  suite  de  cette 
recherche,  lorsque,  détourné  par  d'autres  études,  je  signalai  moi-même  à 
M.  Riban  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  soumettre  à  un  nouvel  examen  les  cam- 
phres obtenus  par  l'oxydation  des  camphènes,  de  façon  à  en  fixer  plus 
nettement  la  préparation  et  les  propriétés  individuelles,  le  pouvoir  rota- 
toire  en  particulier. 

»  C'est  ce  travail  que  M.  Riban  vient  d'exécuter  avec  beaucoup  de  soin 
et  de  succès  sur  le  camphre  qui  dérive  du  térécamphène.  Après  l'avoir  pré- 
paré par  un  procédé  (bichromate  de  potasse  et  acide  siilfiuique)  plus  ré- 
gulier peut-être,  mais  qui  ne  diffère  pas  en  principe  de  celui  que  j'avais 
publié  (acide  chromique),  après  avoir  obtenu  le  camphre  même  que  j'avais 
annoncé,  avec  les  propriétés  générales  et  la  formule  que  je  lui  avais  attri- 
buées, il  en  a  développé  la  connaissance  par  des  observations  originales. 

»  Dans  le  cours  de  ses  laborieuses  recherches  sur  l'isolérébenthèue,  sur 

(i)  Bulletin  de  la  Société  chimique,  t.  XI,  p.  374,  avril  1869.  —  Annales  de  Chimie  et 
de  Physique,  locis  citatis. 


(  i428  ) 
le  camphre  de  Bornéo,  sur  les  ca<Sphènes,  bref  sur  toute  la  série  de  l'es- 
sence de  térébenthine  et  de  ses  dérivés,  M.  Riban  est  arrivé  à  bien  des  ré- 
sultats nouveaux  et  intéressants;  mais,  s'il  s'agissait  «  d'éta])lir  la  part  qui 
»  revient  à  chacun»,  ne  pourrait-on  pas  se  demander  commentées  études  dé- 
veloppées et  minutieuses  auraient  été  possibles,  sans  les  travaux  d'ensemble 
qui  ont  défini  les  relations  expérimentales  de  formation  et  de  métamor- 
phoses entre  tous  ces  composés,  alors  surtout  que  les  conseils  des  auteurs 
de  ces  travaux,  souvent  invoqués,  n'ont  jamais  fait  défaut?   » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  la  trombe  de  Caen;  par  M.  Faye. 

«  La  question  de  savoir  si  les  cyclones,  grands  et  petits,  sont  dus  à  une 
aspiration  ascendante,  ou  s'ils  sont  constitués  par  une  gyralion  descen- 
dante, comme  celle  des  tourbillons  de  nos  cours  d'eau,  n'est  pas  encore, 
quoi  qu'on  en  dise,  une  question  de  théorie,  car  la  Mécanique  se  tait  sur 
ce  point  ;  mais  elle  est  susceptible  d'être  résolue  très-nettement  par  l'ob- 
servation des  faits.  Elle  intéresse  la  dynamique  des  fluides,  à  qui  elle  peut 
fournir  une  base  expérimentale;  elle  touche  aux  plus  graves  intérêts  de 
la  navigation  qui  me  paraissent  sérieusement  compromis  aujourd'hui  par 
les  idées  des  météorologistes;  enfin,  elle  est,  pour  la  Météorologie  elle- 
même,  du  même  ordre  à  peu  près  qu'il  y  a  trois  siècles  la  question  du  mou- 
vement de  la  Terre  en  Astronomie.  Cette  science,  en  effet,  ne  se  constituera 
pas  d'une  manière  définitive  tant  qu'elle  ne  sera  pas  eu  état  de  décider  si 
les  grands  mouvements  de  l'atmosphère  sont  directement  subordonnés  aux 
courants  supérieurs,  on  s'ils  dépendent  au  contraire  de  l'état  d'équilibre 
plus  ou  moins  stable  des  couches  inférieures.  C'est  pourquoi  je  m'efforce 
de  ramener  ce  grand  et  long  débat  à  l'étude  des  faits.  Pour  répondre  à 
M.  Reye,  de  l'Université  de?Strasbourg,  j'ai  examiné  la  trombe  de  Kônigs- 
winter  et  les  grands  tornados  des  États-Unis.  Pour  M.  Peslin,  j'ai  présenté 
l'histoire  de  la  trombe  de  Vendôme  par  un  savant  professeur  de  Phy- 
sique, et  je  vais  exposer  celle  de  la  trombe  de  Caen  d'après  l'enquête 
officielle  de  la  Faculté  des  Sciences  de  cette  ville.  On  jugera  ainsi,  par  des 
faits  nombreux,  authentiques  et  impartialement  étudiés,  de  la  valeur  des 
théories  hypothétiques  que  mes  savants  adversaires  soutiennent  avec  tant 
d'ardeur. 

»  Le  dimanche  3o  septembre  1849,  vers  g'^iS"  du  matin,  une  trombe  a 
ravagé  les  communes  de  Douvres  et  de  Luc  près  de  Caen.  Le  Préfet  s'est 
aussitôt  rendu  sur  les  lieux  et  a  formé  une  Commission  d'enquête.  Elle 


(  14^9  ) 
était  composée  de  MM.  Eudes  Deslongchamps,  doyen,  Isidore  Pierre, 
Leboucher  et  Morière  de  la  Faculté  des  Sciences,  Le  Coeur  de  l'École  de 
Médecine.  M.  Leboucher,  professeur  de  Physique,  a  fait  le  Rapport  dont 
nous  allons  donner  une  rapide  analyse.  {Société  Unnécnne  de  Normandie, 
t.  VIIL) 

»  La  Commission  ne  s'est  pas  bornée  à  une  simple  constatation  des  ra- 
vages de  cette  trombe  :  elle  a  recueilli  sur  les  lieux  tous  les  documents 
capables  de  jeter  quelque  lumière  sur  la  nature,  l'intensité  et  la  direction 
des  forces  qui  ont  produit  de  si  terribles  effets.  Ces  documents  sont  de  deux 
sortes  :  les  témoignages  oraux  et  les  traces  que  le  météore  a  laissées  sur  le 
sol.  Elle  s'est  attachée  surtout  à  relever,  à  l'aide  de  la  boussole,  les  direc- 
tions suivant  lesquelles  les  arbres  sont  tombés.  Ces  directions  montrent, 
en  effet,  de  la  manière  la  plus  évidente,  le  sens  suivant  lequel  a  agi  la 
force,  quelle  qu'elle  soit,  qui  a  produit  ces  ravages. 

»  D'après  le  plan  dressé  par  M.  Bazir,  instituteur  à  Douvres,  la  marche 
de  la  trombe  a  été  rectiligne  ;  elle  a  débuté  au  clos  Bequet  entre  les  com- 
munes de  Douvres  et  de  Basly  et  marché  du  sud-ouest  vers  le  nord-est 
(angle  de  54  degrés  avec  la  méridienne,)  Après  avoir  ravagé  une  bande  de 
terrains  cultivés  de  5  à  6  kilomètres  de  longueur,  elle  a  poursuivi  sa  course 
sur  des  terrains  nus,  puis  sur  la  mer  où  on  l'a  perdue  de  vue.  Sa  largeur, 
très-petite  à  l'origine,  a  pris  bientôt  un  plus  grand  développement  et 
peut  être  estimée  moyennement  de  loo  à  i5o  mètres. 

»  Quant  à  la  vitesse  de  son  mouvement  de  translation,  elle  aurait  été, 
d'après  les  témoignages  recueillis,  d'environ  j  7  mètres  par  seconde  (c'est 
celle  d'un  train  express,  mais  un  peu  plus  que  la  vitesse  de  la  trombe  de 
Vendôme).  En  chaque  point  la  trombe  tout  entière  passait  en  quelques 
instants,  disent  les  uns;  en  quatre  ou  cinq  secondes,  dit  un  autre  témoin; 
en  une  demi-minute  au  plus,  dit  un  dernier  ;  et  de  fait,  à  raison  de 
17  mètres  par  seconde  et  avec  un  diamètre  de  100  à  i5o  mètres,  elle 
devait  passer  en  six  ou  neuf  secondes.  Le  phéiiomène  se  produisait  subi- 
tement et  cessait  subitement  pour  faire  place  au  calme,  ce  qui^  montre 
combien  il  était  limité  nettement  à  son  contour  extérieur. 

))  Nous  verrons  plus  loin  comment  la  Commission  a  déterminé  le  sens 
de  la  rotation.  D'après  elle,  la  trombe  tournait  de  droite  à  gauche  (connue 
celle  de  Vendôme).  La  vitesse  de  rotation  devait  être  bien  supérieure  à  celle 
de  la  translation,  à  en  juger  par  la  nature  des  désastres  produits.  On  n'a 
pu  la  déterminer,  mais  il  me  paraît  que  la  disproportion  de  ces  deux 
vitesses  n'a  pas  été  si  marquée  que  pour  la  trombe  du  Vendômois. 

C.R.,1875,  i"  Semestre.  (T.  LXXX,  K  - -25.)  '86 


(  i43o  ) 

»  Sur  4oo  arbres  cassés  ou  renversés  par  la  trombe,  1 1 2  ont  été  trouvés 
sur  le  sol  non  dérangés  ;  les  autres  avaient  été  ou  déplacés  ou  même  re- 
plantés (des  pommiers)  avant  l'arrivée  de  la  Commission  sur  les  lieux. 

))  Ces  cent  douze  directions  ont  été  mesurées,  puis  reportées  sur  un  plan 
de  manière  à  faire  voir  d'un  coup  d'œil  la  disposition  de  ces  arbres  par 
rapport  à  l'axe  de  la  bande  ravagée.  Pour  cela  ces  arbres  ont  été  trans- 
portés parallèlement  à  eux-mêmes,  de  manière  à  réunir  leurs  racines  au 
centre  de  la  carte  (i).  Sur  les  lignes  ainsi  tracées,  on  a  marqué  par  des 
points  le  nombre  des  arbres  tombés  dans  chaque  direction.  Quatre  arbres 
seulement  sont  tombés  dans  le  sens  de  la  marche  de  la  trombe,  un  dans  le 
sens  opposé  ;  les  autres  font,  à  droite  ou  à  gauche,  des  angles  allant  jusqu'à 
90  degrés  et  même  au  delà. 

»  Quant  aux  murs  de  clôture,  la  plupart  fort  solides,  qui  ont  été  ren- 
versés, les  uns  étaient  à  peu  près  dans  le  sens  de  la  marche  du  météore, 
les  autres  dans  le  sens  perpendiculaire,  et  ceux-là  sont  tombés  sur  la 
gauche.  Les  murs  des  maisons  ont  peu  souffert  en  général,  mais  les  cou- 
vertures en  chaume  ou  en  tuiles  ont  été  horriblement  ravagées.  Les  toits 
recouverts  d'ardoises  n'ont  eu  presque  aucun  mal  (2). 

))  Laissant  de  côté,  pour  abréger,  la  description  minutieuse  et  les  plans 
des  propriétés  ravagées,  nous  passerons  aux  dépositions  des  témoins. 
Presque  tous  étaient  persuadés  que  ces  ravages  étaient  dus  à  la  fondre;  il 
leur  semblait  que  de  si  terribles  effets  ne  pouvaient  être  produits  que  par 
le  plus  redoutable  des  agents  de  la  nature.  La  Commission  a  donc  dû 
diriger  toute  son  attention  vers  ce  côte  de  la  question  et  rechercher  avec 
le  plus  grand  soin  les  traces  du  passage  de  la  foudre.  Elle  déclare  à 
l'unanimité  qu'elle  ne  les  a  trouvées  nulle  part,  ni  dans  les  maisons,  ni  sisr 
les  arbres,  ni  sur  le  sol,  et  que  tous  les  phénomènes  étaient  simplement 
du  genre  des  effets  mécaniques  d'une  masse  d'air  animée  d'une  vitesse 
excessive. 

))  Cela  ne  veut  pas  dire  pourtant  que  le  temps  n'était  pas  à  l'orage.  Le 
ciel  était  couvert  de  nuages  sombres;  le  tonnerre  s'est  fait  entendre  à  deux 


(i)  Sur  les  autres  cartes  on  donne  la  situation  absolue  de  ces  arbres. 

{?.)  Ainsi  l'action  exercée  sur  les  toits  de  chaume  ou  de  tuiles  provient  principalement 
de  ce  que  ceux-ci  laissent  plus  aisément  que  les  toits  en  ardoises  pénétrer  le  vent  à  l'inté- 
rieur. Dès  lors  la  toiture  peut  se  trouver  soulevée  et  s'offrir  en  pleine  prise  à  l'action  de  la 
trombe.  Il  serait  puéril  de  cliercher  là  l'indice  d'une  aspiration  quelconque,  laquelle 
agirait  bien  mieux  sur  les  toits  en  ardoises. 


(  i43i  ) 
reprises,  quelque  temps  avant  la  trombe,  et,  bien  qu'il  n'y  ait  pas  eu  de 
pluie  aux  lieux  parcourus  par  ce  météore,  il  paraît  qu'il  en  est  tombé 
beaucoup,  entre  9  heures  et  9''3o'",  à  quelques  kilomètres  de  là  (à  Taille- 
ville  et  à  Langrume).  Je  suis  donc  disposé  à  croire  que  la  trombe  de  Caen, 
comme  celle  de  Vendôme,  se  reliait  à  un  mouvement  orageux  qui  traver- 
sait alors  la  France  dans  la  direction  du  sud-ouest  au  nord-est;  mais,  à  cette 
époque,  la  Commission  n'avait  pas  à  sa  disposition,  comme  M.  Nouel  en 
1872,  des  renseignements  météorologiques  s'étendant  à  tout  le  territoire. 

»  Le  garde  champêtre  de  Douvres  et  d'autres  témoins  ont  aperçu,  du 
côté  de  Douvres,  une  espèce  de  fumée  blanche  qui  tourbillonnait,  entraî- 
nant avec  elle  les  pailles,  les  feuilles  et  tous  les  corps  légers.  Elle  était 
accompagnée  d'un  bruit  très-fort,  comme  un  roulement  de  voitures.  Pas 
d'éclairs  ni  de  bruit  de  tonnerre. 

»  M.  Hébert,  missionnaire  en  résidence  à  la  Délivrande,  était  dans  son 
jardin;  l'air  était  parfaitement  calme.  Tout  à  coup  d  entendit  un  bruit 
extraordinaire  du  côté  de  Douvres.  Il  tourne  ses  regards  dans  cette  direc- 
tion et  aperçoit  dans  l'air  une  sorte  de  brouillard  dans  lequel  pirouettait 
une  grande  quantité  de  feuilles  et  de  pailles.  Il  rentra  aussitôt  chez  lui  et 
voulut  fermer  sa  porte,  mais  il  sentit  alors  un  vent  impétueux  qui  lui 
opposa  une  vive  résistance.  Il  parvint  pourtant  à  la  fermer  et  la  rouvrit 
quelques  instants  après.  Le  vent  avait  alors  cessé  et  l'air  était  redevenu 
parfaitement  calme.  Il  croit  avoir  remarqué  quelques  gouttes  de  pluie, 
mais  il  n'en  est  pas  certain. 

»  M.  Laurent,  percepteur  de  Douvres,  était  dans  son  appartement,  dont 
la  fenêtre  donne  sur  la  rue  principale  de  la  Délivrande,  lorsqu'il  entendit 
un  bruit  étrange  venant  du  côté  de  Douvres.  Il  veut  ouvrir  la  fenêtre,  mais 
à  peine  est-elle  entr'ouverte  que  les  deux  côtés  sont  poussés  en  dedans 
comme  par  un  vent  impétueux  venant  du  dehors.  Il  veut  alors  la  refermer, 
mais  il  ne  peut  y  parvenir,  malgré  tous  ses  efforts.  Cependant,  au  bout  de 
quelques  secondes,  la  fenêtre  se  ferme  librement;  le  vent  a  cessé  et  l'air 
est  redevenu  parfaitement  calme. 

»  A  Luc,  mêmes  détaUs  de  la  bouche  de  M.  Duhamel.  Vers  9^  i5™,  il 
entendit  du  côté  de  la  Délivrande  un  bruit  extraordinaire  et  aperçut 
une  sorte  de  nuage  très-bas,  qui  lui  parut  tourbillonner  en  h'avançant 
rapidement  vers  son  parc  et  son  habitation,  où  il  a  causé  d'assez  grands 
dégâts.  Il  estime  à  trois  ou  quatre  secondes  la  durée  du  passage  du 
météore. 

i>  Cette  série  de  dépositions  se  termine  par  le  récit  d'vui  homme  qui  se 

186.. 


(  143^  ) 
trouvait,  au  moment  du  sinistre,  dans  un  champ  voisin  du  Point-du-Jour, 
village  presque  à  l'extrémité  inférieure  de  la  bande  ravagée.  Cet  homme 
aperçut  du  côté  de  la  Délivrande  une  sorte  de  nuage  très-bas  qui,  du  lieu 
où  il  était,  lui  parut  fort  petit;  mais,  chose  importante  à  noter,  ce  nuage 
n'était  pas  isolé;  il  paraissait  lié  à  d'autres  nuages  placés  au-dessus,  à  une 
assez  grande  hauteur.  On  le  vit  s'avancer  rapidement,  traverser  un  champ 
de  pois,  qu'il  ravagea,  et  de  là,  en  suivant  toujours  la  même  direction,  se 
porter  sur  la  mer,  où  on  le  perdit  de  vue. 

»  Je  regrette  vivement  de  ne  pouvoir  donner  une  idée  plus  complète  de 
cette  belle  étude.  Je  n'y  vois,  pour  ma  part,  que  de  très-faibles  lacunes  : 
parexemple,  la  figure  du  météore  n'est  pas  suffisamment  définie.  La  Com- 
mission n'a  pas  cru  devoir  aider  les  témoins,  à  qui  les  mots  ont  manqué 
évidemment  pour  raconter  ce  qu'ils  avaient  vu.  Cependant,  en  dépit  des 
circonlocutions  et  des  termes  impropres  qu'ils  ont  employés,  il  est  aisé  de 
voir  qu'il  s'agissait  d'une  trombe  ordinaire  ayant  la  forme  d'une  colonne 
luiageuse,  pendant  verticalement  des  nuages  supérieurs  jusqu'au  sol  sur 
lequel  une  violente  gy ration  intérieure  et  nettement  circonscrite  a  exercé 
tant  de  ravages. 

»  D'ailleurs  une  circonstance  propre  aux  trombes  agissant  sur  la  terre 
a  compliqué  ici  la  forme  du  phénomène  :  c'est  l'enveloppe  souvent  opaque 
dépoussière,  de  pailles  et  de  feuilles  tournoyantes,  que  les  trombes  soulè- 
vent sur  le  sol  tout  autour  de  leur  pied,  jusqu'à  une  hauteur  variable,  mais 
toujours  très-faible  par  rapport  à  celle  delà  trombe  elle-même  dont  l'em- 
bouchure supérieiu'e  se  perd  à  nos  yeux  par-dessus  les  nues.  Les  spires  de 
la  trombe,  en  descendant  sur  le  sol  qu'elles  rasent  et  frappent  sous  un  angle 
plus  ou  moins  sensible,  soulèvent  cette  poussière.  L'air  qui  s'échappe  laté- 
ralement de  tous  côtés,  au  contact  violent  avec  le  sol,  se  relève  tumultueu- 
sement en  emjiortant  avec  lui  les  corps  légers  dans  tous  les  sens.  Au  fond, 
la  même  chose  se  produit  sur  l'eau,  qui,  battue  circulairement  par  la  trombe, 
se  réduit  en  poussière  et  forme  embnui  tout  autour;  mais  alors  on  recon- 
naît mieux  la  forme  du  phénomène. 

»  En  revanche,  l'Académie  verra  sans  doute  avec  intérêt  la  discussion 
des  faits  d'où  la  Commission  de  C;ien  a  conclu  le  sens  de  la  rotation  de  cette 
trombe.  Il  s'agissait  d'abord  d'examiner  si  les  cent  douze  mesures  effectuées 
s'accordent  a"vec  l'idée  d'une  gyration  violente  indiquée  par  tous  les 
témoins,  gyration  dont  l'axe  vertical  se  déplacerait  en  ligne  droite  avec 
une  notable  vitesse.  Supposons,  pour  fixer  les  idées,  que  la  rotation 
s'effectue  de  droite  à  gauche  :  alors,  sur  la  droite  de  la  bande  ravagée,  les 


(  i433  ) 
deux  vitesses  de  rotation  et  de  translation  s'ajoutent  ;  à  gauche,  au  con- 
traire, ces  deux  vitesses  sont  de  sens  contraire  et,  si  elles  étaient  égales, 
leurs  effets  seraient  nuls.  A  droite,  les  corps  seront  toujours  renversés 
dans  le  sens  du  mouvement  de  propagation  ;  à  gauche,  ils  pourront  être 
lancés  dans  le  sens  contraire  si  la  vitesse  de  rotation  l'emporte  de  beaucoup 
sur  l'autre.  En  avant  et  en  arrière,  les  deux  vitesses  étant  à  angle  droit, 
leur  résultante  fera  toujours  un  angle  aigu  avec  le  sens  de  la  translation, 
la  première  à  gauche  et  la  seconde  à  droite. 

«  Si  nous  remarquons  maintenant,  dit  la  Commission,  que  les  arbres 
»  les  moins  résistants  seront  abattus  à  gauche  par  la  partie  antérieure,  et 
»  que  celle-ci  ne  laissera  plus  que  fort  peu  de  chose  à  faire  à  la  partie  pos- 
»  térieure  qui  les  renverserait  à  droite,  nous  nous  ferons  aisément  une  idée 
»  de  l'état  où  doit  être  une  bande  ravagée  par  un  pareil  mouvement  gyra- 
»  toire.  Les  arbres  seront  renversés  en  très-grand  nombre  suivant  des  direc- 
»  tions  qui  feront  un  angle  aigu  ou  plus  ou  moins  voisin  de  90  degrés  avec 
»  le  sens  de  la  propagation  ;  il  y  en  aura  beaucoup  plus  sur  la  gauche  si  la 
»  trombe  tourne  de  droite  à  gauche,  et  beaucoup  plus  sur  la  droite  si  elle 
))  tourne  de  gauche  à  droite.  Dans  le  sens  contraire  au  mouvement  de  pro- 
))  pagation,  ou  dans  des  directions  faisant  un  angle  aigu  avec  lui,  il  ne 
»  pourra  y  en  avoir  qu'un  petit  nombre,  parce  que,  d'une  part,  la  vitesse  est 
»  bien  plus  petite  dans  ce  sens,  et  que,  d'une  autre  part,  au  moment  où 
»  ces  effets  devraient  se  produire,  les  obstacles  ont  déjà  en  grande  partie 
»  disparu. 

»  Or  la  seule  inspection  de  la  planche  où  les  directions  des  arbres 
»  abattus  ont  été  consignées  fait  reconnaître  que  trente-quatre  sont  dirigées 
))  vers  la  droite  et  soixante-quatorze  sur  la  gauche.  Il  est  probable  que  la 
»  même  proportion  se  soutiendrait  pour  les  arbres  dont  nous  n'avons  pu 
»  mesurer  la  direction  et  nous  croyons  pouvoir  en  conclure  (dit  toujoxu-s  la 
»  Commission)  que  la  rotation  avait  lieu  de  droite  à  gauche.  Si  nous  rappe- 
»  Ions  maintenant  que  partout,  sur  la  route  du  météore,  les  spectateurs  ont 
»  aperçu  une  masse  nuageuse  dans  un  grand  état  d'agitation,  entraînant  et 
»  faisant  tourbillonner  tous  les  corps  légers  qu'elle  rencontrait,  il  ne  pourra 
»  rester  auciui  doute  sur  sa  véritable  nature.  » 

»  Rien  de  plus  décisif  que  ce  raisonnement  basé  sur  l'ensemble  des 
faits  :  il  rappelle,  mot  pour  mot,  tout  ce  que  nous  savons  sur  la  nature 
des  cyclones,  sur  leur  gyration  rapide  combinée  avec  leur  mouvement  de 
translation,  sur  le  bord  maniable  et  sur  le  bord  dangereux  dont  les  navi- 
gateurs se  préoccupent  si  vivement,  sur  les  règles  de  manœuvre  qu'il  faut 


(  i434  ) 

suivre  pour  éviter  au  vaisseau  la  perte  de  ses  mâts  qui  sont  brisés  par  les 
typhons  tout  comme  les  arbres  de  nos  champs  par  les  trombes.  L'iden- 
tité mécanique  des  trombes  et  des  cyclones,  des  tornados  et  des  typhons 
saute  aux  yeux  et  ressort  de  toutes  ces  études.  Sur  quoi  donc  M.  Peslin  se 
fonde-t-il  pour  la  nier  ? 

»  S'il  veut  bien  finir  par  l'accorder,  non  pas  à  moi,  mais  à  l'évidence, 
ce  en  quoi  il  ne  fera  qu'une  concession  ratifiée  d'avance  par  tous  les  météo- 
rologistes, je  l'inviterai  à  expHquer  comment  ces  trombes  ont  pu  suivre 
toutes  les  ondcilations  du  sol  et  descendre  des  hauteurs  dans  les  dépressions 
et  les  vallées  au  moyen  d'un  mouvement  ascetidanl,  comment  ces  petits 
cyclones  ont  pu  emprunter  leur  gyration  violente,  sur  un  diamètre  de 
loo  à  i5o  mètres,  à  la  lente  rotation  diurne  de  notre  globe,  et  comment 
enfin  ils  ont  pu  casser  des  arbres  de  i'",5o  de  circonférence  en  les  pom- 
pant, ou  renverser  des  murs  en  pierre  de  taille  en  les  aspirant.  » 

BOTANIQUK.    —    Remarques  complémentaires  sur  le  rôle  du  substratum  dans 
la  distribution  des  Lichens  saxicoles  ;  par  M.   Weddell. 

«  Dans  une  Note  lue  devant  l'Académie,  en  mai  iS'j'i,  j'ai  fait  con- 
naître le  résultat  de  quelques  recherches  sur  les  substratum  des  Li- 
chens (i).  En  me  livrant  à  cette  étude,  j'avais  surtout  en  vue  de  déterminer 
à  quelles  lois  ces  petits  végétaux  obéissent,  dans  le  choix  de  la  surface  à 
laquelle  ils  demandent  un  soutien;  mais,  comme  je  l'ai  dit  alors,  ce 
n'était  pas  mon  seul  but.  Je  ne  doutais  pas,  en  effet,  que  l'examen  spécial 
des  stations  des  Lichens  ne  lût  de  nature  à  éclairer  la  question  de  l'in- 
fluence du  sol  sur  la  distribution  des  plantes  en  général;  aussi  n'ai-je  pas 
été  surpris  de  voir  les  règles  que  j'avais  posées  appliquées,  dans  un  travail 
récent  (2),  et  avec  plein  succès,  aux  plantes  phanérogames.  Toutefois, 
l'auteur  ne  paraissant  pas  même  soupçonner  l'extrême  analogie,  pour 
ne  pas  dire  l'identité,  qui  existe  entre  les  idées  qu'il  y  expose  et  les 
ibiennes,  il  me  semble  utile  de  revenir  en  quelques  mots  sur  le  même 
sujet. 

(i)  Voir  également  un  article,  sur  le  même  sujet,  que  j'ai  communiqué  à  la  Société 
botanique  de  France  (séance  du  23  mai  iSyS),  intitulé  :  Les  lichens  du  massif  grani- 
tique de  Ligugé,  au  point  de  vue  de  la  théorie  nnnéralogique. 

(2)  Influence  du  terrain  iur  la  végétation,  par  Al.  Ch.  Coutejeau,  professeur  à  la  Faculté 
des  Sciences  de  Poitiers  {.Jnn.  Se.  nat,,  5"  série,  t.  XX,  p.  267,  avril  1875). 


(  i435  ) 
»  Je  divise  les  Lichens  saxicoles,  au  point  de  vue  de  leurs  substratum, 

en  cinq  catégories  : 

1°  Lichens  calcicoles 

2"  »       calcivores 

3"  >'        silicicoles  calcifuges. 

4°         11  »         semi-indifférents. 

5°  »       omnicoles. 

M  Ce  groupement  m'a  été  imposé,  en  quelque  sorte,  par  l'observation 
de  deux  faits. 

»  Le  premier  de  ces  faits,  c'est  le  rôle  capital  que  joue  l'élément  cal- 
caire dans  l'affectation  de  telle  ou  telle  station  à  tels  ou  tels  Lichens,  le 
calcaire  ayant  tantôt  sur  la  plante  une  influence  directe  et  attractive,  parce 
qu'il  lui  fournit  un  élément  indispensable  à  son  existence  [Lichens  calci- 
coles et  calcivores)  ,  et  exerçant  tantôt  sur  elle  une  influence  répulsive,  en 
ce  sens  qu'il  lui  oppose  vui  élément  nuisible  (Lichens  calcifuges). 

»  Le  second  fait  consiste  en  ce  que  certains  Lichens,  exigeant  pour 
leur  développement  un  laps  de  temps  fort  considérable,  ne  peuvent 
demander  le  soutien  qui  leur  est  nécessaire  qu'à  un  substratum  dont  la 
durée  sera  en  rapport  avec  la  leur,  quelle  qu'en  soit  d'ailleurs  la  con- 
stitulion  chimique.  Ce  substratum  étant  assez  généralement  siliceux,  je 
donne  à  cette  catégorie  de  Lichens  le  nom  de  Lichens  silicicoles  semi-indif- 
férents. 

»  Enfin  la  cinquième  et  dernière  de  mes  catégories  comprend  les  espèces 
qui  végètent  presque  indifféremment  sur  tous  les  genres  de  substratum 
(  Lichens  omnicoles  ou  indifférents.) 

»  Cela  posé,  il  suffit  d'un  examen  assez  superficiel  pour  voir  : 

»  1°  Que  les  différentes  espèces  de  substratum  peuvent  facilement  se 
grouper  sous  deux  chefs  (  i  )  : 

Substratum  calcaires;  " 

Substratum  neutres,  comprenant  tous  ceux,  tant  minéraux  qu'organiques,  dans  lesquels 

l'élément  calcaire  fait  absolument   défaut  ou  se  trouve  assez  dissimulé  pour  cesser  d'être 

nuisible. 

»   2°  Que  les  divers  tempéraments  lichéniques  correspondant,  directe- 


(i)  Je  laisse  provisoirement  de  côté  quelques  substratum  organitpics,  tels  que  les  écorces 
de  certains  arbres  qui  paraissent  avoir  le  monopole  de  la  production  d'es|)èces  déterminées 
de  Lichens  ,  n'ayant  pas  eu  jusqu'ici  l'occasion  de  vérifier  par  moi-même  les  faits  qui  les 
concernent.  Les  exemples  en  question  sont,  du  reste,  très-exccptioiuicls. 


(  i436  ) 
ment  ou  indirectement,  à  ces  substratum,  trouvent  leur  expression  dans  les 
dénominations  suivantes  : 

1  •     1  ,     T    (  calcicoles  (i), 

Lichens  calcicoles  exclusifs  {      ,  . 

(  calcivores. 

0        indifférents  ou  semi-indifférents. 

Il        calcifuges 

»  Telle  est,  en  insistant  sur  ses  traits  caractéristiques,  la  théorie  que  j'ai 
énoticée  en  1873,  et  que  M.  le  professeur  Coutejeau  vient  d'étendre  des 
Lichens  aux  Phanérogames.  Ce  faisant,  mon  savant  ami  a  combattu,  avec 
beaucoup  de  talent,  les  idées  de  Thurmann,  sur  l'influence  prédominante 
de  la  nature  physique  du  sol,  idées  dont  M.  Coutejeau  avait  cependant  été, 
lui-même,  autrefois,  chaud  partisan.  Je  ne  crois  pas  aller  trop  loin  en  disaut 
qu'il  leur  a  donné  le  coup  de  grâce.  Persuadé,  néanmoins,  que  l'influence 
physique,  pour  ne  pas  être  prépondérante  dans  la  détermination  des 
stations  végétales,  ne  s'en  exerce  pas  moins,  et  aussi  constamment  peut- 
être  que  l'influence  chimique,  il  a  pensé  qu'il  y  aurait  avantage  à  combiner 
les  deux  méthodes.  Dans  la  classification  qu'il  propose,  il  base  dés  lors  les 
divisions  primaires  sur  les  considérations  tirées  de  la  nature  chimique  du 
sol,  et  les  divisions  secondaires  sur  celles  qui  sont  offertes  par  son  état  phy- 
sique. L'idée  de  cette  classification  mixte,  dont  je  n'ai  pas  à  apprécier  ici 
les  avantages,  appartient  à  M.  Coutejeau,  et  il  a  plein  droit  de  l'appeler 
sienne;  mais,  pour  ce  qui  est  de  la  théorie  proprement  dite,  surtout  en  ce 
qu'elle  a  de  vraiment  essentiel  ou  en  ce  qu'elle  peut  présenter  de  nouveau, 
il  ne  me  paraît  pas  en  èlre  de  même,  ainsi  qu'il  sera,  je  crois,  facile  à  tout  le 
monde  de  s'en  convaincre  par  la  confrontation  du  travail  de  M.  Coute- 
jeau (2)  avec  le  mien. 

Il  n'est  pas  hors  de  propos  de  rappeler  ici  que  ce  n'est  pas  seulement  de 


(1)  Quelques  rares  espèces  de  ce  groupe  se  rencontrent  accidentellement  sur  le  bois  mort 
ou  sur  les  écorces,  mais  surtout  au  voisinage  des  lieux  habités,  où  le  transport  du  calcaire, 
sous  forme  de  poussière,  a  pu  modifier  plus  ou  moins  la  nature  de  la  surface  servant  de 
substratum. 

(2)  Les  divisions  proposées  par  M.  Coutejeau  pour  les  plantes  phanérogames,  d'après  la 
nature  chimitiue  du  sol,  sont  les  suivantes  : 

I.  Plantes  maritimes. 

II .  "  calcicoles. 
111  .  )■  calcifuges. 
IV.         »        indifférentes. 


(  '437  ) 
l'infliicnce  du  substratuin  qu'il  faut  tenir  compte,  dans  l'étude  des  stations 
des  Lichens,  comme  des  j)lantes  en  général,  mais  aussi  de  celle  des  milieux. 
Un  rocher  granitique,  par  exemple,  examiné  dans  luie  plaine  basse,  ou 
bien  à  une  élévation  de  quelques  mille  mètres,  ou  bien  encore  sur  luie  plage 
de  l'Océan,  offrira,  dans  ces  situations  diverses,  et  sous  une  même  latitude, 
des  différences  remarquables  au  point  de  vue  de  sa  flore  lichénique,  diffé- 
rences dans  lesquelles  le  substratum  n'est  pour  rien,  la  diversité  des  flores 
résultant  uniquement,  dans  les  trois  cas,  de  la  manière  d'être  différente  du 
milieu  atmosphérique.  Ce  qu'il  y  a  de  particulièrement  digne  de  noter  dans 
ce  fait,  c'est  le  contraste  que  présentent  les  Lichens  dits  «  maritimes  »  avec 
les  Phanérogames  qui  ont  mérité  cette  même  qualification  :  les  Phanéro- 
games la  tirant  surtout  de  la  composition  chimique  du  substratum  ;  les 
Lichens,  au  contraire,  la  dérivant  des  seules  propriétés  de  l'atmosphère. 

»  Par  contre,  entre  le  inodus  vivendi  des  Phanérogames  marins,  c'est-à- 
dire  submergés,  et  celui  des  Lichens  vivant  dans  les  mêmes  conditions, 
au  moins  pendant  la  durée  du  flux,  il  ne  me  paraît  guère  y  avoir  de  diffé- 
rence appréciable  ou  importante.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  c'est  dans  le  milieu 
liquide  que  les  éléments  nutritifs  doivent  surtout  être  puisés.  On  peut  en 
dire  autant  d'un  assez  grand  nombre  de  Phanérogames  d'eau  douce,  com- 
parés à  certains  Lichens  qui  vivent  plongés  également,  pendant  une  partie 
de  leur  vie,  sous  l'eau  des  ruisseaux  ou  des  torrents.  Je  citerai  ici  la  famille 
entière  des  Podostémacées,  comme  offrant  un  exemple  frappant,  parmi  les 
Phanérogames,  de  cette  manière  de  vivre,  les  plantes  qui  la  composent 
étant  dépourvues,  tout  comme  les  Lichens,  de  véritables  racines,  mais  étant 
obligés  néanmoins,  de  s'attacher  à  un  substratum  quelconque,  ordinai- 
rement siliceux ,  pour  ne  pas  être  entraînés  par  la  violence  des  cou- 
rants (i). 

»  Enfin  la  comparaison  que  l'on  peut  faire  journellement  entre  la  végé- 
tation lichénique  développée  sur  les  écorces  d'arbres  qui  croissent  au  sein 
d'une  ville  populeuse,  et  celle  d'arbres  de  même  essence  dans  une  campagne 
aérée,  est  non  moins  concluante  en  faveur  de  l'uifluence  des  milieux.  Dans 
les  grands  parcs  de  Londres,  où  l'air  ne  paraît  cependant  pas  manquer, 


(i)  Je  ne  sache  pas  que  l'on  ait  encore  dicrché  h  dctcrniiner  jusqu'à  quel  point  la  (iré- 
sence,  en  proportions  variables,  ou  l'absence  totale  du  calcaire  dans  l'eau  douce,  peut 
influer  sur  la  véi,'étation  des  plantes  aquali([ues,  en  ])ariiculier  de  certaines  d'enlie  elles. 
Nous  savons  seulement  (lu'un  excès  de  cet  élément  lenrest  généralement  nuisible.  Cette  étude, 
complémentaire  de  celle  des  substiattnn,  ne  serait  pas  sans  intérêt. 

C.R.,   i8;5,  i"  Semestre.  (T.  L\\\,K<"2ô.)  187 


(  i438  ) 
c'est  en  vain  que  l'on  cherche  des  traces  de  Lichens  sur  les  arbres  qui  les 
décorent  ;  tandis  que,  dans  la  plupart  de  nos  villes  de  province,  il  n'est  pas 
si  mince  Tilleul  dont  l'écorce  n'en  présente  huit  ou  dix  espèces,  la 
pureté  de  l'air  étant  un  des  principaux  desiderata  de  l'existence  de  ces 
végétaux.  » 

HYDROLOGIE.  —  abaissement  probable  du  débit  des  eaux  courantes  du  bassin  de 
la  Seine  dans  l'été  et  l'automne  de  1875.  Note  de  MM.  E.  Belgrand  et 
G.  Lemoine. 

«  Nous  avons,  en  1870  et  en  1874,  annoncé,  dès  le  mois  de  juin,  l'abais- 
sement de  débit  des  cours  d'eau  du  bassin  de  la  Seine,  qui  devait  avoir 
lieu  jusqu'au  milieu  du  mois  d'octobre  suivant  (i).  Ces  prévisions  se  sont 
complètement  réalisées:  les  années  1874  et  1870  ont  été,  avec  i865  et  i858, 
celles  de  tout  ce  siècle  où  l'on  a  le  plus  souffert  de  la  pénurie  des  eaux 
courantes.  Nous  voulons  aujourd'hui  appeler  l'attention  sur  le  caractère 
analogue  que  présente  déjà  l'année  1875.  On  peut,  dès  maintenant,  être  cer- 
tain que  d'ici  au  milieu  du  mois  d'octobre  prochain  les  cours  d'eau  et 
les  sources  du  bassin  de  la  Seine  tomberont  à  des  débits  presque  aussi  bas 
que  l'année  dernière. 

»  I.  La  raison  très-simple  de  cette  prévision  est  l'état  où  se  trouvent  dès 
à  présent  les  sources  et  les  petits  cours  d'eau  tranquilles  qui,  issus  de 
terrains  perméables,  sont  alimentés  principalement  par  les  sources.  La 
pénurie  d'eau  n'est  guère  moindre  qu'elle  n'était  au  mois  de  juin  1874. 
Or  il  est  bien  établi  que  les  pluies  des  mois  chauds  ne  font  presque  rien 
gagner  aux  sources;  quels  que  soient  les  caractères  météorologiques  de 
l'été  et  de  l'automne,  les  débits  ne  feront  donc  que  s'abaisser  de  plus  en 
plus  jusque  vers  le  milieu  d'octobre.  "Voici,  à  ce  point  de  vue,  quelques 
données  qui  permettent  de  comparer  les  années  1874  et  1876. 

»  Les  sources  de  la  Vanne,  destinées  à  l'alimentation  de  Paris,  avaient 
presque  repris  au  mois  de  février  dernier  leur  débit  normal  d'hiver;  mais 
depuis  ce  moment  elles  n'ont  fait  que  décroître.  En  considérant  une  source 
dont  le  régime  n'ait  point  été  changé  par  des  travaux  de  captation,  celle 
du  Bîme  de  Cérilly  par  exemple,  on  a,  pour  le  débit  en  litres  par  seconde  : 

Janv.       I'"év.       Mars.     Avril.       Mai.       Juin.     Juillet.   Août.       Sept.      Cet.     Novemb.     Dec. 

1873...  269'i'  3oo'"  3o3'i'  3ioii'  3oi'"  271'^'  aSg'''  245'"  174"'  155"'  iSa'"    125'^' 
1874...    i33      i33      126      ii5      n4        97      io5       90         76       72        72        75 
1875...   i55     208      173      143      127 

(i)  annales  (les  Ponts  et  Chaussées,   i  5  juin  1870.  —  Comptes  rendus,    i"juin  1874. 


'   14^9  ) 

'•  Dans  le  département  tle  la  Marne,  les  petites  rivières  de  la  Champagne, 
sèche,  qui  se  trouvent  dans  l'arrondissement  de  Vitry-le-Français ,  ont 
commencé  à  tarir  dès  la  fin  de  mai;  la  Soude  ne  coule  plus  qu'à  loo  mè- 
tres, et  la  Coole  qu'à  i35  mètres  de  leurs  sources  habituelles. 

»  Dans  le  département  de  la  Côte-d'Or,  les  rivières  des  terrains  ooli- 
thiques  sont  aujourd'hui  à  des  niveaux  aussi  bas  qu'en  1874,  ^  la  même 
époque.  L'Ource  tarit  dans  les  années  sèches  sur  4  kilomètres  de  longueur 
entre  Crépan  etBrion-sur-Ource,  où  une  grande  source  l'alimente  de  nou- 
veau; mais  cette  disparition  a  eu  lieu  cette  année  dès  le  mois  d'avril,  ce 
qui  est  sans  exemple. 

»  La  Seine,  qui  représente  par  ses  allures  l'ensemble  de  tous  les  phéno- 
mènes de  son  bassin,  est  en  ce  moment  extrêmement  basse.  A  Bray,  en 
amont  du  confluent  de  l'Yonne,  l'eau,  en  mai  1875,  ne  dépassait  guère 
que  de  o^jio  les  niveaux  de  mai  1874.  A  l'échelle  de  Mantes,  où  la  Seine 
a  reçu  tous  ses  affluents,  elle  était,  le  10  juin,  à  la  cote  o™,3o,  exactement 
la  même  qu'au  10  juin  1874.  l'étiage  officiel  adopté  pour  représenter  les 
plus  basses  eaux  correspond  à  o'",8o  de  l'échelle  de  Mantes. 

»  II.  D'où  vient  cet  abaissement  déjà  si  considérable  des  eaux  courantes, 
qui  ne  fera  que  s'accroître  jusqu'au  milieu  d'octobre  prochain? 

»  La  quantité  de  pluie  tombée  pendant  les  mois  froids  qui  viennent  de 
finir  ne  l'explique  que  très-imparfaitement  si  on  la  considère  dans  son 
ensemble,  car  elle  ne  diffère  pas  trop  de  la  moyenne.  Ainsi  on  a,  pour  les 
six  mois  compris  entre  le  i*""  novembre  et  le  3o  avril  : 

Moyenne 

1873-1874.       1874-1875.       1850-1868. 

moi  mm  mm 

Montbard igS  294  338 

Vitry-le-Français 122  210  289 

Paris  (La  Villette) i4i  212  238 

»  La  pénurie  des  eaux  courantes  dans  les  mois  chauds  de  1874  était  due 
à  l'absence  de  pluie  dans  les  mois  froids  qui  précédaient.  Eu  1875,  la  pluie, 
tout  en  étant  encore  insuffisante,  s'est  rapprochée  de  la  moyenne;  mais  il 
faur  bien  remarquer  qu'elle  n'est  tombée  que  depuis  novembre  jusqu'en 
janvier  :  à  partir  de  février,  nous  n'avons  presque  pas  eu  d'eau  : 

1874.  1875. 

Nov.  Dec.  Janv.         Février.       Mars.  ,Vvril.  Mai. 

iiHii  mm  mui  moi  tiini  mm  mm 

Montbard 29  g5  io4  26  19  21  ^2 

Vitry-le-Français...      47  5o  ■j^  i5  5  17  5i 

Paris  (La  Villette).  .      4?  7'  *''  ''  'O  '2  3o 

187.. 


(  i44o  ) 

))  La  sécheresse  antérieure  de  1874  contribuera  aussi  clans  une  large 
mesure  à  la  sécheresse  de  cette  année.  Si,  en  1874,  les  cours  d'eau  eus- 
sent été  bien  alimentés,  la  pluie  des  mois  froids  de  187/1-1875,  bien 
qu'ayant  cessé  presque  complètement  à  partir  de  février,  les  aurait  mainte- 
nus tant  bien  que  mal  à  des  niveaux  moyens;  mais  la  sécheresse  de  1874 
avait  complètement  épuisé  la  provision  d'humidité  du  sol.  Les  nappes  sou- 
terraines, qui  alimentent  les  grandes  sources  des  terrains  perméables, 
s'étaient  abaissées  d'une  manière  exceptionnelle.  Il  aurait  fallu,  pour  leur 
redonner  l'humidité  normale,  plus  encore  que  la  quantité  de  pluie  moyenne 
des  mois  froids,  qui  seuls  profitent  aux  cours  d'eau  et  aux  sources;  au  lieu 
de  cela,  nous  n'avons  eu  que  des  pluies  déjà  insuffisantes  et  qui  se  sont 
concentrées  de  novembre  à  janvier,  pour  disparaître  complètement  ensuite. 

»  En  résumé,  nous  trouvons  actuellement,  en  juin  1873,  les  eaux  cou- 
rantes du  bassin  de  la  Seine  presque  aussi  basses  qu'en  juin  1874-  De  même 
qu'à  cette  époque,  nous  pouvons  prévoir  que,  d'ici  au  milieu  d'oc- 
tobre 1875,  les  cours  d'eau  et  les  sources  s'approcheront  beaucoup  de 
leurs  plus  faibles  débits.  Ce  sera,  pour  l'agriculture  et  pour  l'indus- 
trie, une  véritable  souffrance,  quoique  probablement  un  peu  moindre 
qu'en  1874. 

»  Pour  que  cette  prévision  ne  se  réalisât  pas,  il  faudrait  des  pluies  d'été 
très-intenses  etpresques  continues,  analogues  à  celles  de  186G,  phénomène 
très-rare,  qui  serait  pour  l'agriculture  et  l'industrie  une  cause  de  désastres 
bien  autrement  graves  que  la  sécheresse.  « 

M.  le  Secrétaire  PERPÉTUEL  annonce  à  l'Académie  la  perte  que  la  Section 
de  Géométrie  vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  Le  Bescjue,  son  plus 
ancien  Correspondant,  décédé  à  Bordeaux  le  12  juin. 

RAPPORTS. 

PHYSIQUE,  —  /lois  de  1(1  Commission  des  paratonnerres  sur  une  disposition 
nouvelle  proposée  pour  la  magasins  à  poudre. 

(Commissaires:  MM.  Becquerel,  Edm.  Becquerel,  Jamin,  Berlhelot,  Desains, 
Regnault,  Morin,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Fizeau  rapporteur.) 

«  Dans  la  séance  du  3  mai  dernier,  l'Académie  a  reçu,  par  l'entremise 
de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  une  demande  d'avis,  adressée 


(  i44i  ) 

par  M.  le  Ministre  de  la  Guerre,  au  sujet  d'un  nouveau  plan  de  construction 
de  magasins  à  poudre  souterrains.  D'après  le  plan  proposé,  on  établirait 
plusieurs  cheminées  d'aérage  destinées  à  mettre  en  communication  la  salle 
des  poudres  avec  l'air  extérieur.  Ces  cheminées,  partant  des  voûtes,  iraient 
aboutir  au  sommet  du  monticule  formé  par  les  terres  qui  doivent  sur- 
monter l'édifice  en  le  protégeant  contre  les  atteintes  des  énormes  projectiles 
aujourd'hui  en  usage. 

»  La  question  qui  a  préoccupé  l'Administration  de  la  guerre,  et  sur  la- 
quelle elle  réclame  spécialement  l'avis  de  l'Académie,  est  celle  de  savoir  si 
l'existence  de  ces  cheminées  ne  constituerait  pas,  au  point  de  vue  des  effets 
de  la  foudre,  un  danger  sérieux,  malgré  la  protection  exercée  d'ailleurs  par 
les  paratonnerres  établis,  conformément  aux  instructions  spéciales  rédigées 
pour  les  magasins  à  poudre,  par  la  Commission  de  l'Académie,  en  1867. 

o  L'examen  de  cette  question  ayant  été  renvoyé  à  la  Commission  actuelle 
des  paratonnerres,  celle-ci  m'a  chargé  de  formuler  son  avis  de  la  manière 
suivante  : 

»  Si  l'Administration  de  la  guerre  adopte  pour  les  nouveaux  magasins  à 
poudre,  conformément  au  plan  annexé  au  projet,  l'établissement  de  che- 
minées de  ventilation  ayant  pour  but  de  maintenir  la  salle  des  poudres 
dans  un  état  de  siccité  convenable,  disposition  dont  la  Commission  n'a 
pas  à  discuter  l'efficacité;  sien  même  temps  on  établit  le  système  des  para- 
tonnerres dans  des  conditions  telles,  que  l'édifice  entier  avec  le  monticule 
de  terre  qui  le  surmonte,  ainsi  que  l'extrémité  supérieure  des  cheminées, 
reste  toujours  largement  compris  dans  la  zone  de  protection  généralement 
admise,  la  Commission  est  d'avis  que  Vexislence  de  ces  cheminées  ne  deviendra 
pas,  en  temps  d'orage,  une  cause  spéciale  de  danger  d'explosion  pour  les  poudres. 

»  Cependant  dans  certaines  circonstances  où,  par  suite  de  l'impossibililé 
d'atteindre  une  nappe  d'eau  sous-jacente  qui  ne  tarisse  jamais,  ou  d'aller 
chercher  cette  nappe  d'eau  à  une  certaine  distance  par  des  conducteurs 
trop  exposés  à  la  malveillance,  on  se  verrait  obligé  de  renoncer  à  munir 
un  magasin  à  pondre  de  paratonnerres,  alors  les  cheminées  dont  il  s'agit 
pourraient  présenter  quelque  danger,  surtout  lorsque,  par  suite  de  cer- 
taines conditions  atmosphériques,  leurs  parois  intérieures  se  trouveraient 
accidentellement  revêtues  d'une  couche  d'eau  condensée  offrant  à  l'électri- 
cité un  passage  facile.  Lors  donc  qu'un  magasin  à  poudre  n'aura  pas  de 
paratonnerres,  il  ne  devra  pas  non  plus  avoir  de  cheminées. 

»  Dans  tous  les  cas,  il  conviendra  toujours  d'éviter,  dans  la  construction 
des  cheminées,  l'emploi  de  toute  pièce  métallique  d'un  volume  un  peu 
considérable;  il  sera  même  utile  de  remplacer  par  des  grillages  en  bois  les 


(  i442  ) 

treillis  et  grilles  métalliques  qui,  dans  le  projet,  doivent  se  trouver  aux 
extrémités  inférieures  et  supérieures  des  cheminées.  On  pourrait  craindre, 
en  effet,  dans  le  cas  d'un  coup  de  foudre  essuyé  par  les  paratonnerres  voi- 
sins, que  ces  parties  métalliques  discontinues  ne  pussent,  par  influence, 
donner  lieu  à  des  étincelles  d'induction,  toujours  redoutables  dans  le  voi- 
sinage des  poudres. 

»  A  ce  même  point  de  vue  de  la  possibilité  de  manifestations  électriques 
à  une  certaine  distance  d'un  coup  de  foudre,  la  Commission  croit  devoir 
particulièrement  appeler  l'attention  sur  la  nature  des  caisses  en  partie  mé- 
talliques destinées  à  renfermer  les  poudres.  D'après  le  projet,  ces  caisses, 
d'une  contenance  de  5o  kilogrammes,  doivent  être  construites  en  bois  et 
zinc,  et  rangées,  dans  le  magasin,  jusqu'au  nombre  de  plus  de  mille,  sui- 
vant deux  piles  parallèles  pouvant  atteindi-e  une  étendue  de  i6  mètres  de 
longueur  sur  i™,  60  de  largeur  et  4  mètres  de  hauteur.  Un  développement 
aussi  considérable  de  surfaces  métalliques,  même  discontinues,  présente 
des  conditions  trop  favorables  aux  manifestations  électriques  par  influence 
pour  qu'il  n'y  ait  pas  à  concevoir  des  craintes  sérieuses  dans  de  telles  cir- 
constances, même  avec  un  système  complet  de  paratonnerres  supposés 
dans  le  meilleur  état  possible.  Il  conviendrait  donc  de  n'employer  aucune 
pièce  métallique  de  quelque  étendue  dans  la  construction  des  caisses  desti- 
nées à  l'emmagasinement  des  poudres.  » 


MEMOIRES  PRESENTES. 

GÉOMÉTRIE.  —  Théorie  des  surfaces  de  révolution  qui^  par  voie  de  déformation, 
sont  superposables  les  unes  aux  autres  et  chacune  à  elle-même  dans  toutes  ses 
parties;  par  M.  F.  Reech. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie,  à  laquelle  M.  Bertrand  est  prié 

de  s'adjoindre.) 

«  Je  me  suis  proposé  de  trouver  la  totalité  des  surfaces  de  révolution 
qui,  par  voie  de  flexion  et  de  déformation,  sont  superposables  les  unes  aux 
autres,  non  plus  seulement  par  leurs  lignes  méridiennes  et  par  leurs  paral- 
lèles comme  dans  la  deuxième  Partie  de  mon  Mémoire,  mais  de  toutes  ma- 
nières, en  sorte  que  chacune  de  ces  surfaces  sera  superposable  à  elle-même 
dans  toutes  ses  parties. 

»  Pour  résoudre  cet  important  et  curieux  problème,  il  fautque,  après 
avoir  obtenu  les  expressions  algébriques  de  E  et  S  dans  un  triangle  formé 


(  i443  ) 
par  des  lignes  géodésiques,  on  assujettisse  les  expressions  trouvées  pour  E 
et  S  à  satisfaire  à  la  condition  (i)  (*). 

»  On  est  ainsi  conduit  à  désigner  par  A"  un  nombre  tel,  qu'on  doive  avoir 

et  à  intégrer,  d'une  part,  dans  le  cas  des  valeurs  positives  de  G,  l'équation 

d'autre  part,  dans  le  cas  des  valeurs  négatives  de  G,  l'équation  analogue 

^.-jï  =  o     pour     S  =  7:-p, 

et,   en  dernier  lieu,  quand  on   voudra  avoir  G  =  it  co  ,   l'équation  plus 
simple 

=  o     pour     a  =  n. 


d 


Y' 


»  Les  intégrales  générales  de  ces  trois  équations  sont  connues;  les  con- 
stantes arbitraires  peuvent  aisément  être  déterminées  de  manière  que,  pour 
j- =  o,  on  ait  y(o)  =  i,  conformément  à  ce  qui  est  nécessaire  d'après 
l'équation  [d). 

»  L'entier  développement  de  ces  équations  conduit  à  un  nombre  illimité 
de  surfaces  de  révolution,  les  unes  du  genre  spliérique,  les  autres  du  genre 
pseitdo-spliérique. 

»  Dans  le  genre  sphérique,  il  y  a  autant  d'espèces  distinctes  que  de  va- 
leurs différentes  on  voudra  atli'ibuer  à  k,  et,  dans  chaque  espèce,  il  y  a  au- 
tant de  surfaces  distinctes  que  de  valeurs  différentes  on  voudra  attribuer  à 
la  constante  L  de  l'équation  [d). 

1)  Dans  le  genre  pseudo-sphériqne,  on  obtient  deux  classes  distinctes. 
Les  surfaces  de  la  première  classe  ressemblent  à  des  hyperboloïdes  gauches; 
celles  de  la  seconde  classe  ressemblent  à  des  cônes  de  formes  évasées  à 
partir  des  sommets  des  cônes. 

))  Dans  l'une  et  l'autre  classe,  il  y  a  (comme  dans  la  classe  unique  du 
genre  sphérique)  autant  d'espèces  distinctes  que  de  valeurs  différentes  on 
voudra  attribuer  à  A  et,  dans  chaque  espèce,  un  nombre  illimité  de  surfaces 
distinctes. 

»  Parmi  la  totalité  de  ces  surfaces,  il  s'agit  de  reconnaître  celle  qui  est 
ou  plane,  ou  superposable  à  un  plan. 

(*)  Page  i388  de  ce  volume. 


{  ihkk  ) 

»  Pour  obtenir  ce  cas  particulier,  unique,  il  est  nécessaire  que  dans  les 
équations  on  fasse  A  =  oo  ,  par  suite  S  =  2D,  ce  qui  justifie  et  légitime  la 
science  géométrique  d'Euclide. 

))  La  dernière  Partie  du  Mémoire,  intitulée  Appendice,  a  pour  objet  de 
faire  voir  que,  d'après  le  contenu  d'un  Mémoire  de  M.  Bour,  couronné  par 
l'Institut,  il  y  a  un  nombre  illimité  de  surfaces  hélicoïdales  qui  toutes,  par 
voie  de  déformation, sont  superposables  à  une  surface  de  révolution  donnée, 
et  qui,  par  conséquent,  peuvent  être  rendues  superposables  à  elles-mêmes, 
de  manière  que  dans  un  triangle  formé  par  des  bgnes  géodésiques  on  aura, 
à  volonté,  soit 

soit 

soit 

S  =  71.     " 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  un  système  de  distribution  dans  tes  ma- 
chines à  vapeur.  Mémoire  de  M.  Sekowski,  présenté  par  M.  Resal.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Resal,  Tresca.) 

a  J'ai  été  conduit  dernièrement  à  un  nouveau  mode  de  communication 
du  mouvement  du  tiroir  d'une  machine  à  l'aide  d'un  mécanisme  intérieur 
dont  je  donne  ci-après  la  description. 

))  Le  piston  moteur  fiiit  corps  avec  sa  tige,  qui  est  évidée  intérieurement 
et  fermée  à  l'autre  extrémité  au  moyen  d'une  vis.  Au-dessous  de  celle-ci  se 
trouve  pratiquée  une  ouverture  latérale  dans  la  tige,  pour  y  laisser  pénétrer 
la  partie  de  la  force  motrice  destinée  à  agir  sur  la  face  supérieure  du  petit 
piston  engagé  dans  l'intérieur  de  la  tige,  et,  par  suite,  à  faire  marcher  le 
piston  d'une  certaine  quantité,  quand  le  grand  piston  moteur  est  au  bas 
de  sa  course. 

»  Le  tiroir  est  relié  au  petit  piston  au  moyen  d'une  tige,  d'un  levier  et 
d'une  tringle;  cette  dernière  est  munie  d'une  entaille  qu'on  a  ménagée 
au-dessous  du  petit  piston,  laquelle  laisse  entrer  le  (ptantum  de  la  force  mo- 
trice destiné  à  agir  sur  la  face  inférieure  dudit  petit  piston,  quand  le  grand 
est  au  haut  de  sa  course.  Les  milieux  de  la  tige  évidée  et  du  cylindre  mo- 
teur sont  convenablement  séparés  au  moyen  d'une  presse  métallique. 

»   T.es  choses  étant  ainsi  disposées,  si  l'on  suppose  que  la  force  mo- 


(  i445  ) 
trice  arrive  à  l'inltTieur  et  au  bas  du  cylindre,  le  piston  moteur  mar- 
chera dans  un  sens.  Au  bout  de  sa  course,  par  suite  de  la  combinaison 
des  organes  que  nous  venons  de  décrire,  le  petit  piston  recevant  l'action 
de  la  vapeur  sera  poussé  de  la  quantité  nécessaire  pour  que  le  tiroir  soit 
entraîné  et  change  instantanément  la  distribution. 

»  A  ce  moment,  la  pression  du  moteur  sera  transportée  sur  l'autre  face 
du  grand  piston,  qui  marchera  en  sens  contraire.  Quand  il  arrivera  au  bout 
de  sa  course  rétrograde,  l'ouverture  pratiquée  latéralement  dans  la  partie 
supérieure  de  la  lige  évidée,  qui  venait  de  se  trouver  en  communication 
avec  l'atmosphère,  entrera  à  l'intérieur  du  cylindre.  Alors  le  petit  piston 
recevra  la  pression,  et  il  sera  poussé  de  la  quantité  nécessaire  pour  rejeter 
le  tiroir  instantanément  dans  sa  position  primitive. 

»  Les  différentes  phases  de  la  distribution  se  reproduisant  périodique- 
ment pendant  chaque  excursion  du  grand  piston  moteur  et  le  mouvement 
de  va-et-vient  est  réalisé. 

»  Pour  calculer  le  tiroir  instantané,  il  faut  considérer  les  moments  des 
forces  par  rapport  au  point  fixe  autour  duquel  oscille  le  levier  servant  de 
liaison  entre  la  tige  du  tiroir  et  la  tringle  du  petit  piston.  En  écrivant  les 
conditions  d'équilibre  des  forces  qui  agissent  sur  le  système,  on  en  déduit 
le  diamètre  du  petit  piston. 

»  Le  tiroir  instantané  est  applicable  :  i"  aux  machines  à  colonne  d'eau; 
2"  aux  machines  à  gaz;  3"  aux  perforateurs  et  aux  laveuses-  mécaniques; 
4°  aux  machines  à  vapeur  à  pleine  pression  ;  5"  aux  machines  à  vapeur  à 
détente  fixe,  par  l'emploi  de  deux  cylindres  accouplés. 

»  Au  point  de  vue  de  la  construction,  les  excentriques  étant  supprimés, 
le  système  de  tiroir  instantané  se  prête  particulièrement  aux  machines  à 
percussion  et  à  connexion  directe. 

»  En  outre,  mon  système  offre  cet  avantage,  que  le  mouvement  instan- 
tané transmis  au  tiroir  étant  proiluit  par  l'action  directe  de  la  force  motrice, 
sur  les  organes  de  distribution,  s'effectue  sans  choc,  comme  d'ailleurs 
l'expérience  l'a  prouvé  d'une  manière  concluante. 

»  Dans  le  cas  de  la  délente,  le  tiroir  instantané  est  conduit  aux  dépens  de 
la  vapeur,  qui  a  déjà  produit  son  action  dans  le  cylindre  à  vapeur;  il  y  a 
donc  économie  dans  le  travail  moteur. 

»  J'ai  appliqué  le  système  de  tiroir  instantané  à  une  machine  à  va|îPiu', 
que  j'ai  fait  construire  à  Paris.  Les  résultats  obtenus  ont  été  satisfaisants.   » 


C.  R.,  1875,  !"•  Semestre.  (T.  LXXX,  N"  25. 


i88 


(  i446  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  synthèse  d'un  terpitène  ou  carbure  camphénique. 
Note  de  M.  G.  Bouchardat,  présentée  par  M.  Berthelot. 

(Commissaires  :  MM.  Wurtz,  Cahours,  Berthelot.) 

«  On  a  cherché  à  interpréter  les  réactions  de  l'essence  de  térébenthine 
et  celles  de  ses  dérivés  en  admettant  dans  ces  composés  l'existence  de  grou- 
pements particuliers  du  carbone  et  de  l'hydrogène.  M.  Berthelot  (i),  guidé 
par  les  résultats  que  fournit  l'action  hydrogénante  de  l'acide  iocihydrique, 
et  spécialement  la  formation  de  l'hydrure  d'aniylène  C'"H'-,  avec  tous  les 
carbures  camphéniques,  a  regardé  ces  carbures  comme  des  polymères  d'un 
certain  carbure  générateur  C'H*;  d'autres  chimistes,  en  se  basant  sur 
l'étude  des  seuls  produits  d'oxydation  de  ces  composés  et  de  leurs  dérivés 
les  plus  prochains,  les  ont  au  contraire  rattachés  à  la  benzine.  Il  m'a  semblé 
que  des  expériences  de  synthèse  en  partant  en  particulier  du  carbure 
C'^H*  pouvaient  seules  trancher  la  question,  à  la  condition  d'obtenir  par 
les  métamorphoses  de  ce  carbure  des  composés  parfaitement  définis  et 
cristallisés,  déjà  connus  comme  susceptibles  d'être  préparés  avec  l'essence 
de  térébenthine  elle-même.  J'ai  étudié  le  carbure  C'"!!*,  isoprène  de 
M.  Greville  Williams  (2),  qui  se  rencontre  dans  les  produits  de  la  distilla- 
tion du  caoutchouc  ;  je  décris  dans  mon  Mémoire  l'étude  de  cette  distilla- 
tion et  celle  des  produits  principaux  qu'elle  fournit.  Je  m'attache  seule- 
ment ici  à  ce  carbure  G'"!!*  et  aux  produits  de  sa  condensation. 

»  En  effet,  j'ai  cherché  à  déterminer  la  polymérisation  de  l'isoprène, 
sans  faire  intervenir  d'agents  capables  de  détruire  les  carbures  camphé- 
niques qui  pourraient  provenir  de  la  réaction.  Dans  ce  but,  j'ai  soumis 
l'isoprène,  dans  des  tubes  scellés,  à  une  température  comprise  entre  280  et 
290  degrés,  pendant  dix  heures  et  à  l'abri  des  moindres  traces  d'air,  dans 
une  atmosphère  de  gaz  carbonique. 

»  Il  ne  se  forme  pas  de  gaz  dans  cette  action.  Le  produit  qui  a  subi  l'ac- 
tion de  la  chaleur  a  changé  complètement  d'aspect;  il  est  devenu  moins 
fluide,  visqueux  ;  sa  densité  a  augmenté  ;  enfin  il  ne  bout  plus  à  une  tem- 
pérature constante  de  38  degrés. 

)>  Far  la  distillation  on  recueille  trois  produits  principaux,  savoir:  i°une 
certaine  proportion  du  carbure  primitif  inaltéré  j   2"  un  carbure  volatil 


(i)    Berthelot,  Bullitin  de  lu  SnciéCc  chimique  de  Paris,  t.  XI,  p.  i8<);   i86g. 
(2)  Greville  Williams,  Pioceediii^s  nf  tlie  royal  Society,  t.  X,  p.  5iu;  18G0. 


(  '447  ) 
entre  170  et  i85  degrés  ;  3"  des  produits  de  condensation  à  point  d'ébuUi- 
tion  plus  élevés:  j'ai  principalement  étudié  le  produit  volatil  entre  r  70  et 
i85  degrés.  La  plus  grande  partie  distille  de  176  a  181  degrés.  Il  possède 
alors  une  odeur  agréable  ;  l'odeur  spéciale  alliacée  de  l'isoprène  a  disparu 
et  fait  place  à  une  odeur  citronnée  très-intense,  se  rapprochant  de  celle  que 
possède  l'isotérébenthène  ou  essence  de  térébenthine  modifiée  par  la  clia- 
leur  :  sa  densité  est  de  0,866  à  zéro,  de  o,854  à  +  21".  Sa  composition 
répond  exactement  à  la  formule  C^'H'";  o^',  218  de  matière  ont  fourni 
0,234  d'eau  et  oS'^,705  d'acide  carbonique,  ce  qui  donne  en  centièmes 

Calculé. 

C 88,2  88,2 

H II  ,<j  11,7 

»  Ce  composé  s'altère  rapidement  à  l'air  en  absorbant  l'oxygène  à  la  fa- 
çon des  térébenihènes.  Il  est  privé  de  pouvoir  rotatoire. 

»  La  réaction  la  plus  caractéristique  est  celle  du  gaz  chlorhydriqne.  Le 
gaz  chlorhydrique  se  combine  directement  au  nouveau  carbure  pur  ou 
mieux  dissous  dans  l'éther.  Après  l'évaporation  de  l'éther,  il  reste,  à  la  tem- 
pérature actuelle  de  20  à  22  degrés,  un  corps  huileux  renfermant  une  très- 
notable  proportion  de  chlore  combiné  et  qui  est  un  mélange  d'au  moins 
deux  matières  distinctes.  J'ai  soumis  ce  produit  à  la  distillation  dans  le  vide 
partiel,  sous  une  pression  de  10  centimètres  de  mercure.  On  sépare  ainsi 
d'abord  un  composé  qui  reste  liquide  même  dans  un  mélange  réfrigérant 
et  bouillant  dans  ces  conditions  de  pression  vers  i45  degrés;  sa  composi- 
tion se  rapproche  de  celle  d'un  monochlorhydrate  C^"  H'", II  Cl.  La  tempé- 
rature du  liquide  qui  distille  monte  rapidement  à  175-180  degrés,  point 
où  elle  reste  stationnaire;  il  se  fait  en  même  temps  une  faible  destruction 
du  composé  qui  se  traduit  par  un  dégagement  de  gaz  chlorhydrique.  En 
s'arrétant  à  ce  point,  il  reste  dans  la  cornue  une  substance  qui,  le  plus 
souvent  à  la  température  ambiante  de  20  degrés,  reste  liquide  et  n'aban- 
donne pas  de  cristaux;  mais  il  suffit  de  la  maintenir  dans  un  mélange  réfri- 
gérant à  —  10"  pour  en  déterminer  la  solidification  complète.  Quelquefois 
cette  solidification  ne  se  produit  pas  encore,  on  la  détermine  eu  y  ajoutant 
des  traces  du  corps  déjà  isolé,  ou  même  du  chlorhydrate  C^"  H'"  2HCI  pré- 
paré au  moyen  de  l'essence  de  térébenthine.  On  sépare  rapidement  les 
cristaux  du  liquide  en  les  comprimant  à  basse  température,  on  les  purifie 
ensuite  en  les  faisant  cristalliser  dans  l'éther,  comprimant  de  nouveau  les 
cristaux  et  les  faisant  recristalliser. 

»   Ils  possèdent  alors  toutes  les  propriétés  du  chlorhydrate  de  terpilènc, 

188.. 


(  i448  ) 
ces  cristaux  fondent  à  +49°)5;  le  liquide  fondu  se  prend  en  niasse  vers 
/l3  degrés.  11  renferment  33,75  de  chlore,  57,3  de  carbone,  8,9  d'hydro- 
gène, ce  qui  correspond  à  la  formule  C""  H"'  aHCl;  enfin  ils  sont  isomor- 
phes et  probablement  identiques  avec  le  dichlorhydrate  d'essence  de 
térébenthine  ou  chlorhydrate  de  terpilène.  Cette  identité  est  confirmée 
fortement  par  l'action  propre  du  dichlorhydrate  préparé  avec  l'essence  de 
Icrébcnlhinc  pour  déterminer  la  cristallisation  de  mon  nouveau  dichlorhy- 
drate, dans  (les  conditions  de  surfusion,  comiue  il  a  été  dit  plus  haut.  Ajou- 
tons enfin  que,  à  l'aide  de  ce  dichlorhydrate,  il  est  facile  de  régénérer  le 
terpilène  C^"H'°,  composé  isomériqiic,  avec  l'essence  de  térébenthine  et  que 
l'on  peut  en  dériver,  en  fixant  l'état  moléculaire  du  carbure  par  sa  combi- 
naison avec  l'acide  chlorhydriquc.  Eu  résumé,  l'isoprène,  carbure  qui  ne 
renferme  que  10  équivalents  de  carbone,  donne,  en  se  condensant  par  l'ac- 
tion de  la  chaleur  seule,  un  carbure  renfermant  le  double  de  carbone,  et 
dont  les  dérivés  sont  identiques  avec  ceux  du  terpilène.  Ces  faits  suffisent, 
à  mon  avis,  pour  établir  que  ce  terpilène  et  les  carbures  camphéniques 
dont  il  dérive,  tels  que  l'essence  de  térébenthine,  l'essence  de  citron,  modi- 
fiées dans  l'acte  de  la  combinaison  chlorhydriquc,  que  tous  ces  carbures, 
dis-je,  sont  des  polymères  (CH")"  =  C-'H'"  de  certains  carbures  de  la  for- 
mule C'^H';  ils  le  sont  au  même  litre  que  la  benzine  dérive  de  3  mo- 
lécules d'acétylène  condensées  en  une  seule.  Je  m'occupe  en  ce  moment  de 
reproduire  un  camphène  cristallisé  appartenant  au  type  du  monochlorhy- 
drale  d'essence  de  térébenthine  C""  II'"  H  Cl,  au  moyen  du  même  carbure 
générateur  C"  H". 

»  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  M.  Berihelot,  au  Collège  de 
France.    » 

M.  A.  lÎARTHÉucMY  adrcssc  une  Note  sur  un  procédé  permettant  de  me- 
surer le  coefficient  de  dilatation  absolue  du  mercure.  L'auteiu-  propose 
l'emploi  de  deux  baromètres  communiquant  par  la  chambre  baromé- 
trique; l'un  des  baromètres  est  entouré  d'huile  chaude  et  l'autre  de  glace 
fondante. 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Edm.  Becquerel,  Desains.) 

M.  A.  Rivière  adresse  une  Noie  sur  des  apparences  de  formation  sédi- 
mentaires  (pie  présentent  les  roches  granitiques  employées  au  dallage  des 
trottoirs  de  Paris. 

Le  vrai  granile  des  dalles  ne  montre  que  des  apparences   trompeuses 


•       (  i449  ) 

qui  ne  sauraient  infirmer  la  théorie  de  l'origine  ignée  de  cette  roche.  Pour 
remettre  en  question  l'origine  plutonienne  du  granité,  il  faut  constater  des 
faits  qui  permettent  de  soutenir  cette  discussion;  mais,  jusqu'à  ce  jour,  les 
observations  les  plus  minutieuses  n'en  ont  dévoilé  aucun  qui  pût  être  sé- 
rieusement invoqué. 

(Commissaires  :  MM.  Delafosse,  Daubrée.) 

M.  E.  JouRDY  adresse  une  Note  sur  la  forme  des  baies  du  littoral  algé- 
rien. Elles  sont  ouvertes  du  côté  du  nord-est;  leur  bord  méridional  s'en- 
fonce dans  l'intérieur  des  terres,  tandis  que  du  côté  de  l'ouest  elles  sont 
adossées  à  des  massifs  montagneux  qui  se  prolongent  dans  la  mer  en  pro- 
montoires élevés.  L'auteur  cherche  la  raison  de  cette  disposition  commune 
dans  le  régime  des  eaux  de  la  Méditerranée. 

(Commissaires  :  MM.  Ch. Sainte-Claire  Deville,  Belgrand,  de  Lesseps.) 

M.  L.-V.  TcRQUAN  adresse  un  Mémoire  sur  l'intégration  de  l'équation 
aux  dérivées  partielles  du  troisième  ordre,  à  deux  variables  indépen- 
dantes. 

(Commissaires  :  MM.  Bonnet,  Puiseux,  Bouquet.) 

M.  J.  JuDTCKi  adresse  un  Mémoire  sur  le  mode  de  gisement  des  com- 
bustibles minéraux. 

(Commissaires  :  MM.  Regnanlt,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée.) 

M.  GiRAUD  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  plan  de  direction  aé- 
rostatique. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

M.  F.  CoBET  adresse  une  Communication  relative  à  la  destruction  du 
Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 


(  i45o  ) 

CORRESPONDANCE . 

CHIMIE.  —  Sur  In  théorie  de  la  disioliition   et  de  la  cristnllisntion. 
Noie  de  M.  Lecoq  de  Boisbadduan. 

«  J'ai  démontré  (i)  que  les  différentes  faces  d'un  même  cristal  ne  pos- 
sèdent pas  des  solubilités  égales.  M.  Pfaundier  considère  ce  fait  (2)  comme 
découlant  de  la  théorie  qu'il  a  publiée  il  y  a  quelques  années. 

»  L'hypothèse  très-ingénieuse  de  M.  Pfaundier  me  paraît,  au  contraire, 
incompatible  avec  mes  expériences.  Cette  hypothèse  consiste  à  admettre 
entre  un  cristal  et  son  eau  mère  un  continuel  échange  de  molécules.  L'éga- 
lité entre  les  nombres  de  molécules  sortant  du  cristal  et  s'y  fixant  représente 
le  point  de  saturation. 

»  D'après  cela,  une  variation,  même  très-faible,  de  la  concentration  du 
liquide,  altérerait  le  rapport  de  l'échange  moléculaire  et  déterminerait  aus- 
sitôt luie  diminution  ou  une  augmentation  de  la  masse  du  cristal.  Or  l'expé- 
rience fait  voir  qu'une  face  cristalline  reste  intacte,  sans  gain  ni  perte,  en 
présence  d'un  liquide  dont  la  concentration  varie  dans  des  limites  sensi- 
bles. Je  me  crois  donc  autorisé  à  conclure  que  l'échange  supposé  n'existe 
pas. 

»  Voici  une  autre  preuve  :  D'après  mes  expériences,  un  isomorphe  A  peut 
rester  inerte  en  présence  d'une  solution  composée  d'un  isomorphe  B,  bien 
que  la  concentration  varie  assez  pour  qu'un  cristal  de  B  s'accroisse  ou  se 
dissolve.  Si  l'échange  avait  lieu,  la  surface  de  A  serait  bientôt  formée  de  mo- 
lécules B,  en  raison  de  la  masse  indéfinie  du  liquide;  dès  lors  le  cristal  A, 
ainsi  revêtu  de  molécules  B,  se  comporterait  comme  un  cristal  entièrement 
composé  de  B,  et  l'on  n'observerait  aucune  différence  d'action  entre  les 
deux  isomorphes. 

»  M.  Pfaundier  suppose  que  la  matière  d'une  face  peut  se  transporter  sur 
luie  antre  face  sans  changement  de  la  température  ambiante.  J'ai  eu  moi- 
même  autrefois  cette  opinion  qui  découle  naturellement  de  la  notion  d'une 
différente  solubilité  des  ftices,  mais  l'expérience  ne  l'a  pas  vérifiée  ;  je  l'ai  donc 
abandonnée,  faute  de  preuves  et  sans  prétendre  pour  cela  en  avoir  démontré 
l'inexactitude  absolue. 


(i)   Comptes  rendus,  5  avril  i8r5,  p.  888,  et  19  avril,  p.  1007. 
(-i)   Builetin  de  la  SocicHé  chimique,  5  juin  1876,  p.  49 1- 


(  i45i  ) 

»  Le  transport  à  température  constante  est,  de  fait,  empêché  précisément 
par  cette  inertie,  cette  résistance  au  changement  d'état  que  j'ai  signalée  et 
qui  est  cause  que,  lorsque  la  liqueur  est  encore  assez  étendue  pour  dissoudre 
la  face  la  plus  attaquable,  elle  n'est  pas  assez  concentrée  pour  vaincre 
l'inertie  d'assimilation  de  la  face  la  plus  stable. 

»  Je  pense  donc  que  les  cristaux  d'iode  cités  par  M.  Pfaundier  s'étaient 
l'éellement  formés  sous  l'influence  de  légères  variations  de  température  (i). 

»  La  théorie  des  échanges  moléculaires  de  M.  "Pfaundier  me  paraît  im- 
puissante à  expliquer  la  régénération  des  cristaux  mutilés;  car,  d'après  l'ex- 
périence, la  matière  employée  dans  cet  acte  est  prise  au  liquide  et  non  aux 
faces  intactes.  » 

COSMOLOGIE.  —  Rapport  sur  la  chute  de  deux  pierres  ynétéoiiques  dans 
les  Etats-Unis;  par  M.  J.  Lawrence  Smith,  de  Louisville  (Ky). 
(Extrait.) 

MÉTÉOnlTE     DU      COMTÉ     d'iOWA. 

«  Dans  la  soirée  du  12  février  1875,  vers  lo'^So'",  le  ciel  étant  légè- 
rement nuageux,  on  vit  de  divers  endroits  situés  dans  la  région  s'éten- 
dant  de  90°  4o'  de  longitude  à  94°  45',  et  de  38°  58'  de  latitude  à  42°  3o', 
dans  l'état  d'Iowa  (Etats-Unis)  et  les  contrées  contiguës,  un  très-grand 
météore. 

))  Le  poids  total  des  pierres  trouvées  jusqu'à  ce  jour  est  d'environ 
i5o  kilogrammes.  L'espace  de  terrain  sur  lequel  elles  ont  été  trouvées 
s'étend  de  4  à  5  railles  de  long  sur  un  demi-mille  de  large;  les  plus  petits 
fragments  ont  été  trouvés  sur  la  partie  la  plus  méridionale  de  cette  surface, 
les  plus  gros  l'ont  été  dans  la  partie  septentrionale.  Au  sujet  de  leur  vi- 
tesse, le  profebseur  Léonard  a  fait  quelques  estimations  et  il  l'évalue  de 
4  à  5  milles  par  seconde. 

»  Composition  de  la  météorite.  —  Elle  appartient  à  la  variété  la  plus  dure 
et  se  rapproche  beaucoup  de  celle  qui  tomba  à  Aumale  (Algérie)  en 
août  i865. 

u  La  croûte  extérieure  est  d'un  noir  foncé  et  plus  mince  que  la  moyenne. 
Intérieurement  elle  est  d'une  couleur  grise,  avec  de  nombreuses  particules 


(i)  Des  variations  de  quelques  centièmes  de  degré  centésimal,  survenues  en  vingt-quatre 
heures,  ayant  parfois  sufli  pour  dépasser  les  limites  de  la  force  d'inertie  des  faces  cristal- 
lines sur  lesquelles  j'opérais,  il  me  semble  tliflicile  ([u'on  puisse  aflirnur  que  tel  transport 
d'une  face  à  l'autre  n'a  pas  eu  pour  cause  des  fluctuations  tlierniometnques  très-faibles. 


{  i452  ) 
de  fer  et  de  troïlite  disséminées  dans  la  masse,  qui  est  d'un  aspect  abso- 
lument uniforme. 

Poids  spécifique 3  ,57   à    3  ,80 

Matière  pierreuse 81  ,64 

Troïlite 5,82 

Fer  nickelifère . .  1 2 ,54 

»  La  partie  pierreuse,  séparée  autant  que  possible  du  fer  et  de  la  troïlite, 
et  mise  en  digestion  avec  l'acide  chlorhydrique,  a  donné  : 

Décomposée  par  l'acide 54,i5 

Non  décomposée 4^  î^^ 

»  La  partie  décomposée  consistait  en  ; 

Silice 35,61 

Protoxyde  de  fer 27  ,  20 

Magnésie 33,45 

Alumine 0)7  ' 

Soude  avec  des  traces  de  fer  et  de  lithine. .  i  ,45 

»  Il  est  évident  que  cette  portion  de  la  météorite  est  essentiellement  du 
péridot,  approchant  par  sa  composition  de  la  variété  appelée  hjalosidérile. 
>)  La  partie  non  décomposée  consiste  en  : 

Silice 55,02 

Protoxyde  de  fer 27,41 

Magnésie 1 3  , 1 2 

Alumine 0,84 

Alcali 2,01 

»  Cette  composition  indique  que  la  plus  grande  partie  de  la  matière 
minérale  associée  au  péridot  est  un  pyroxène.  Quelques  taches  blanches 
peuvent  être  de  l'enstatite,  mais  la  quantité  en  était  excessivement  minime. 

»  La  partie  métallique  séparée  de  la  portion  pierreuse  était  composée  de  : 

Fer 8g ,  04 

Nickel 10,38 

Cobalt 0,58 

Cuivre,  soufre,  phosphore traces. 

))  Nous  pouvons  donc  représenter  cette  météorite  comme  composée  de  : 

Olivine 44)09 

Pyroxène 3^  ,55 

Troïlite 5, 82 

Fer  nickelifère 12, 54 

»  Un  trait  très-intéressant  de  ces  pierres  est  que  plusieurs  d'entre  elles 


(  i453  ) 
ont  une  surface  récemment  fracturée,  et  couverte  d'un  commencement 
de  fusion  sur   les   surfaces   fraîches,   de  manière  à   indiquer   clairement 
qu'il  ne  s'était  pas  écoulé  assez  de   temps  depuis  la  fracture  pour  per- 
mettre la  fusion  de  la  surface  entière. 


METEORITE    DU    COMTE    DE    NASH, 


»  Cetfe  météorite  est  tombée  le  1 4  mai  1 874,  à  2''  3o"'  après-midi,  près  de 
Castralia,  comté  de  Nash,  dans  la  Caroline  du  Nord  (États-Unis),  latitude 
36°  1 1',  longitude  y^^So', 

»  Sa  chute  fut  accompagnée  des  explosions  successives  communes  à  ces 
phénomènes  avec  des  bruits  roulants  qui  durèrent  environ  quatre  minutes. 

»  Il  doit  être  tombé  au  moins  une  douzaine  de  ces  pierres;  le  territoire 
sur  lequel  elles  sont  tombées  avait  au  moins  10  milles  de  long  snr  plus  de 
3  milles  de  large.  Deux  d'entre  elles  pesaient  respectivement  i''^,  800  et 
5''s,  5oo. 

»  Cette  météorite  appartient  à  la  variété  la  plus  commune  avec  une  croûte 
foncée,  qui,  par  places,  ne  couvre  pas  entièrement  les  pierres.  En  quelques 
places  moindres  de  i  centimètre  de  diamètre,  la  matière  composant  la 
croûte  forme  des  perles  de  la  forme  d'une  poire. 

»  Dans  une  ou  deux  fissures,  un  peu  de  la  matière  en  fusion  de  la  cou- 
verture avait  pénétré  jusqu'à  5  millimètres  au-dessous  de  la  surface  et  avait 
plus  d'éclat  qu'à  la  surface. 

»  L'intérieur,  dans  plusieiu's  parties,  est  d'un  gris  foncé,  et  dans  d'autres 
parties,  très-clair;  dans  la  partie  la  plus  claire,  il  y  a  quelques  traces 
blanches  d'un  minéral  qui  est  sans  doute  de  l'enstatile. 

«  Le  poids  spécifique  de  ces  pierres  est  de  3, 601  : 

Fer  nickelifère i5,2i  pour  100. 

Minéraux  pierreux 84'79         " 

«  Le  fer  nickelifère  est  composé  de  : 

Fer 92, 12 

Nickel '6,20 

Cobalt 0,41 

»  Le  cuivre  et  le  phosphore  ne  sont  pas  appréciables. 
i>  La  partie  pierreuse,  traitée  par  un  mélange  d'acide  chlorhydrique  et 
d'acide  nitrique,  a  donné  : 

Partie  insoluble 47  >02 

n      soluble 52, 98 

C.R.,l875,  i"Semejrre.(T.  LXXX,  No'Jô.)  I  89 


(  i454  ) 
la  première  contenant  : 

Silice. 52 , 6 1 

Alumine 4  '  80 

Proto.xyde  de  fer 1 3 , 2 1 

Magnésie 27,81 

Alcalis  (soude  avec  traces  de  lithine) i  ,38 

98^,'3Ï 
ce  qui  correspond  à  la  bronzite. 

»  La  portion  soluble  a  fourni  ; 

Silice 38 ,  o  1 

Protoxyde  de  fer i7)5i 

Magnésie 4^  '  27 

Alumine 0,46 

Soufre '. .  .  .        1,01 

98,26 

»  Celle-ci  est  évidemment  du  péridot  mélangé  d'un  peu  de  sulfure  de 
fer,  qui  est  tellement  disséminé  dans  la  pierre  qu'il  n'est  pas  facile  de  le 
séparer  complètement  par  des  moyens  mécaniques.   » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Influence  des  forêts  sur  le  climat,  et  variations  de  la 
température  avec  tes  phases  de  la  végétation.  Note  de  M.  L.  Fautrat,  pré- 
sentée par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

u  A  la  suite  d'une  longue  série  d'observations,  M.  Mathieu  a  reconnu 
que  dans  une  même  région,  sous  le  couvert  des  bois,  la  température  est 
plus  basse  qu'en  terrain  découvert.  Pour  fournir  une  donnée  de  plus  à  ce 
problème,  des  études  ont  été  faites  dans  la  forêt  d'Halatte,  à  l'Observatoire 
forestier  de  Fleurines,  sous  bois  et  hors  bois,  à  200  mètres  du  massif.  On  a 
fait,  en  outre,  des  déterminations  hygrométriques  et  thermomètriques  dans 
ces  deux  stations  :  1°  à  7  mètres  au-dessus  du  massif;  2°  hors  bois,  à  la 
même  altitude. 

-)  Nous  avons  déjà  rendu  compte  de  nos  observations  hygrométriques, 
qui  tendent  à  établir  que,  au-dessus  de  la  forêt,  il  y  a  plus  de  vapeur  d'eau 
qu'à  la  station  hors  bois, 

»  La  Note  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie  est 
le  résumé  des  observations  thermométriques;  elles  sont  consignées  dans  le 
tableau  ci-contre. 


(     ■ 

455    ^ 

MOIS 
D'OBSERVATION. 

TEMPÉR/VTURE  A    I 

4   MÈTRES 

DU   SOL. 

TEMPÉRATURE   A    l" 

,40  DU   SOL. 

MOYENNE 

des  minima 

u 
z 
u 

ce 

H 

MOYENNE 

dos  maiima 

u 
z 
M 

te 

b 

MOYENNE 
des  minima 

MOYENNE 

des  niaxima 

DEMI-SOMME 

des  maiima  et  des 
minima 

z 

b3 

ca 
■a 

b. 

au-dessus 
du  massif. 

en 
debiirs. 

au-dessus 
du  massif. 

t-n 
(iebors. 

0 

11,98 
17,80 

sous 
bois. 

hors 
bois. 

sous 
bois. 

bors 
bois. 

sous 
bois. 

bors 
bois. 

Mars 
Avril 

874.. 

u 
2,22 

5,60 

0 

2,24 

5,60 

— 0,02 
0,00 

0 
12,29 

17,70 

-i-o,3i 
— 0, 10 

0 

1,74 
4,5 

0 

1,67 

4,7 

0 

12,  16 
17,8 

0 
12,45 

18,5 

0 

6,95 

1 1  ,i5 

0 
7,06 

11,60 

—0, 11 

—0,45 

Mai 

i.     . . 

4,5o 

4,40 

-t-o,io 

17,50 

17,20 

-1-0, 3o 

3,1 

3,2 

i5,8 

18,, 

9,4i 

10, 6.) 

—  1 ,  20 

Juin 

1)     . . 

// 

10, 5o 

II 

23,70 

23,80 

— 0, 10 

9,6 

10,1 

21,3 

24,3 

i5,45 

17,20 

—  1,75 

Juin. 

»     .. 

// 

12,70 

n 

27.90 

28,00 

— 0, 10 

11,9 

12,2 

25,1 

28,7 

18, 5o 

20,45 

-..95 

Août 

..     . . 

// 

10, 19 

„ 

23,40 

23, 40 

0,00 

9.7 

9,8 

21, i8 

24,  i5 

i5,44 

■6,97 

- 1  ,53 

Sept. 

»     ,  . 

1 ,00 

10,00 

0,00 

21,00 

20, 5o 

-1-0, 00 

9,9 

9,6 

20,1 

21,1 

i5,oo 

i5,35 

-0,35 

Oct. 
Nov. 

1, 

7,3o 
2,10 

6,72 
2,10 

-t-o,58 
0,00 

17,00 

10, 3o 

16,40 
10, 10 

-f-0,60 
+0,20 

6,23 
1,16 

6,5 
i,i3 

i5,85 
9.6 

17, > 
10,1 

ii,o4 
5,38 

11,80 
5,61 

—0,76 

— 0,23 

Dec. 

» 

— 3,5o 

— 2,5o 

0,00 

6,22 

6,17 

-r0,0J 

-3,33 

—  3,22 

5,45 

5,88 

3, 12 

2,66 

— 0,54 

Janv. 

.875.. 

2,  10 

2,10 

0,00 

9,20 

9,3o 

— 0, 10 

■ ,  ■ 

1,8 

8,3 

8,9 

4,70 

4,95 

—  0,25 

Févr. 

—  1,70 

—1,80 

—0,10 

6,3o 

G,  10 

-t-0,20 

-3,0 

—2,6 

5,5 

5,6 

1,25 

i,5o 

—  0,2J 

Mars 

,,     .. 

0,64 

0,67 

— o,o3 

10,00 

10,00 

0,00 

-0,46 

—0,08 

10,  i 

10,2 

4,82 

5,06 

—  0,34 

Avril 
Mai 

Moy 

ennes. 

3,10 

8,04 

2,99 
8,19 

-V-0,11 

-i-o,o5 

i6,3o 
21 ,00 

16,00 
20,60 

-t-o,3o 
-HO,  40 

0,96 
6,8 

1,5 

6,5 

17,6 
20,2 

■7,7 
21,7 

9,28 

i3  ,5o 

9,20 

i4,io 

-i-0 ,  o3 
—  0,6 

" 

" 

17,12 

16,95 

0,  13 

4,25 

4,48 

16,14 

'7,44 

10.35 

11  ,o5 

— 0,70 

»  Les  déterminations  faites  sous  bois  et  hors  bois  établissent  clairement 
le  pouvoir  réfrigérant  de  la  forêt.  C'est  pendant  la  saison  chaude  que  ce 
résultat  est  le  mieux  accusé.  En  mai,  juin,  juillet,  août  (1874),  la  foret  a 
abaissé  de  i°,20,  i°,75,  i°,95,  1°, 53  la  température  moyenne  prise  à  i",4o 
du  sol. 

»  Des  observations  faites  au-dessus  du  massif  et  en  dehors,  à  une  même 
altitude  de  i4  mètres,  il  semble  résulter  que  l'effet  est  en  rapport  avec  les 
phases  de  la  végétation.  La  température  serait  un  peu  plus  élevée,  au-dessus 
de  la  cime  des  arbres,  pendant  les  mois  du  printemps  ou  de  l'épanouisse- 
ment des  bourgeons  et,  par  conséquent,  lors  du  maximum  d'élimination 
de  l'acide  carbonique.  » 


M.  E.  Maumené  adresse  une  Note  dans  laquelle  il  propose  d'adopter,  pour 
la  prise  d'essai  habituelle  des  sucres,  la  moyenne  entre  le  nombre  i6^',20, 
qui  résulte  du  travail  de  MM.  de  Luynes  et  Girard,  et  le  nombre  iG'^'jio 
qu'on  peut  déduire  de  la  détermination  faite  par  M.  Broch  sur  la  raie  D.  La 
moyenne  serait  alors  lô^^iS. 


(  i456  ) 
M.  Cl.  Berxard  offre  à  l'Académie,  au   nom  de  l'auteur,  M.  Vulpian, 
deux  volumes  de  ses   leçons  sur  Vappareil  vaso-moteur^  faites  à  l'Ecole  de 
Médecine  de  Paris. 

M.  FoRDos  demande  et  obtient  l'autorisation  de  retirer  du  Secrétariat 
les  trois  Notes  qu'il  avait  adressées  pour  le  Concours  des  Arts  insalubres. 

M.  Marinowitch  demande  et  obtient  l'autorisation  de  retirer  les  deux 
Mémoires  qu'il  a  présentés,  et  sur  lesquels  il  n'a  point  été  fait  de  Rapport. 

M.  Crespin  adresse  une  réclamation  relative  à  la  Note  insérée  au  Compte 
rendu  de  la  séance  du  7  juin  iS^S,  page  i4o6.  Le  projet  de  MM.  Mignon  et 
Ronart,  mentionné  dans  cette  Note,  a  été  imprimé  dans  la  Revue  indus- 
trielle au  mois  de  septembre  1873,  et  la  date  du  7  mai  1872  est  celle  d'une 
Note  autographiée,  signée  par  ces  deux  ingénieurs  et  envoyée  par  eux  à 
l'appui  de  leur  réclamation. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  J.  B. 


ERRATA. 


(Séance  du  24  mai  1875.) 

Page  i3og,  dernière  ligne,  au  lieu  de  sans  l'hydrate  de  camphène,  lisez  sans  doute  l'iiy- 
drate  de  camphène. 

Page  i3io,  ligne  26,  au  lieu  de  l'acétate  de  soude,  lisez  l'acétate  alcalin. 

(Séance  du  7  juin  1875.) 

Page  1394,  ligne  ï5,aulieude  i''28'"8%  lisez  i''28'^28". 


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COMPTES  RENDES 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 


SrUNCE  PUBLIQUE  ANNUELLE  DU   LUNDI   21  JUIN    1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


M.  Fremv,  Président  de  l'Académie,  prononce  l'allocution  suivante  : 

«  Messieurs, 

»  L'Académie  garde  longtemps,  vous  le  savez,  ses  impressions  doulou- 
reuses lorsqu'un  coup  crue!  vient  la  fra|)per. 

»  Vous  me  permettrez  donc  de  consacrer  mes  premières  paroles  au  sou- 
venir du  doyen  de  l'Académie  des  Sciences  que  nous  avons  perdu  cette 

année. 

»  M.  Malhieu  aimait  la  Science  comme  il  aimait  son  pays;  dans  sa 
quatre-vingt-douzième  année  il  donnait  encore  des  preuves  de  son  activité 
scientifique  en  nous  apportant  un  travail  qu'il  venait  de  terminer  :  chez  lui 
le  mérite  du  savant  était  rehaussé  par  les  qualités  de  l'homme  de  bien, 
et  cette  longue  existence  a  été  un  modèle  de  fermeté,  d'indépendance  et 
d'honneur. 

»  J'interpréterai  les  sentiments  de  l'Académie  entière  en  disant  ici  que 
la  mémoire  de  M.  Malhieu  sera  conservée  parmi  nous  avec  une  pieuse 
vénération. 

»   Les  nobles  exemples  portent  leurs  fruits,  el  une  vie  comme  celle  de 


(   i/iSH  ) 

M.  Mathieu,  qui  laisse  après  elle  tant  de  souvenirs  honorables,  était  bien 
faite  pour  exciter  des  dévouements  à  la  Science,  tels  que  ceux  que  je  vais 
rappeler. 

»  L'importance  des  Mémoires  que  nous  couronnons  cette  année  prouve 
une  fois  de  plus  avec  quelle  ardeur  les  travaux  scientifiques  sont  suivis  en 
France,  et  l'on  peut  dire  que  nos  n)alheurs  nous  ont  grandis  en  nous  exci- 
tant aux  études  sérieuses. 

»  La  génération  qui  s'élève  comprend  ses  devoirs;  elle  sait  que  c'est  par 
un  travail  assidu  et  avec  le  secours  de  la  Science  qu'elle  se  rendra  digne  de 
l'héritage  patriotique  que  nous  lui  léguons. 

»  L'étude  du  phénomène  astronomique  qui  s'est  manifesté  le  9  dé- 
cembre 1874  nous  donne  la  mesure  du  zèle  qui  anime  nos  savants  fran- 
çais. 

»  Notre  éminent  Secrétaire  perpétuel,  M.  Dumas,  a  déjà  fait  connaître 
les  travaux  accomplis  par  la  Commission  dont  il  était  le  Président  (i),  et 
qui  a  préparé  avec  tant  de  soin  l'expédition  du  passage  de  Vénus  :  il  a  re- 
mercié également,  au  nom  de  l'Académie,  tous  les  amis  de  la  Science  qui, 
par  leur  puissante  et  généreuse  intervention,  ont  assuré  le  succès  du  vovage. 
Mes  confrères  ne  me  permettraient  pas  de  parler  ici  de  leurs  travaux  per- 
sonnels :  ils  veulent  que  l'honneur  revienne  entièrement  aux  courageux 
voyageurs  qui  ont  établi  leurs  observatoires  dans  les  conditions  les  plus 
difficiles  et  qui  nous  rapportent  des  documents  si  précieux  :  tous,  sans 
exception,  ont  été  à  la  hauteur  de  la  mission  qui  leur  a  été  confiée  ;  ils  ont 
montré  une  intelligence  et  une  intrépidité  que  nous  ne  saurions  trop 
admirer;  les  marins  sont  devenus  de  véritables  savants  et  les  savants  ont 
acquis  les  qualités  du  marin.  Les  uns  sont  restés  pendant  trois  mois  exposés 
à  la  neige  et  à  la  pluie  dans  cet  ancien  cratère  de  volcan  qu'on  appelle 
l'île  Saint-Paul  ;  les  autres  ont  passé  près  de  cent  nuits  dans  l'île  Campbell, 
au  pied  de  leur  lunette,  pour  se  trouver  prêts  et  à  leur  poste,  au  moment 
décisif,  comme  de  véritables  soldats  de  la  Science. 

»  Ils  n'ignoraient  pas  cependant  que  les  stations  indiquées  par  les  savants 
calculs  d'un  de  nos  confrères  étaient  exposées  aux  vents  et  aux  tempêtes 
et  qu'un  nuage  pouvait  rendre  inutile  tant  de  peine  et  de  travail. 


(i)  Cette  Commission  était  composée  de  MM.  les  Membres  des  deux  Sectiuns  d'Astronomie, 
de  Géographie  et  de  Navigation,  de  MM.  Elie  de  Beaumont,  Fizeau  et  Dumas. 


(  i4%  ) 

»  Mais  une  pareille  considération  n'était  pas  de  nature  à  arrêter  des 
hommes  comme  ceux  que  l'Académie  avait  choisis  et  qui  ont  toujours  pour 
devise  :  «  Fais  ce  que  dois,  advienne  que  pourra  ». 

»  Vous  aurez  cette  conviction,  Messieurs,  si  vous  voulez  bien  vous  rap- 
peler quel  était  le  personnel  qui  composait  nos  missions  scientifiques  :  vous 
y  trouverez  des  officiers  de  marine,  des  ingénieurs  hydrographes,  des 
physiciens,  des  astronomes,  des  naturalistes  voyageurs  du  Muséiun,  et 
avec  eux  un  de  nos  confrères  qui  a  voulu  représenter  l'Académie  dans  ce 
grand  concours  scientifique  des  nations  civilisées. 

»  Cet  intrépide  voyageur,  tout  le  monde  le  connaît,  et  nous  savons  ce 
que  rapportent  à  la  Science  les  expéditions  qu'il  entrepreiul  :  c'est  celui 
qui  ne  redoute  ni  les  fatigues  ni  le  danger  et  qu'on  trouve  toujours  en 
première  ligne  lorsqu'il  s'agit  de  servir  la  Science  et  le  pays. 

»  Tout  à  l'heure  je  nommerai  les  savants  que  l'Académie  couronne  : 
laissez-moi  donc  aussi  vous  rappeler  les  noms  des  voyageurs  qui  ont  rempli 
si  dignement  la  mission  que  l'Académie  leur  avait  donnée. 

Mission  de  l'île  Campbell. 

Chef  de  mission  ;  M.  BonyUET  iie  la  Grye,  ingénieur  hydrographe  de  la  Marine. 
M.   Hatt,  sous-ingénieur  hydrograplie  de  la  Marine 
M.  Courrejolles,  lieutenant  de  vaisseau. 
ai.  FiLHOL,  naturaliste  voyageur  du  Muséum. 

Mission  de  l'île  Saint-Paul. 

Chef  de  mission  :  M.   Mouchez,  capitaine  de  vaisseau. 

M.   Cazin,  professeur  au  lycée  Condorcet. 

M.  TuRQUET  DE  Beaubegard,  Capitaine  de  frégate. 

M.   Vilain,  naturaliste,  répétiteur  à  l'École  des  Hautes  Études. 

M.  RocHi'PoRT,  médecin  de  première  classe  de  la  Marine. 

M.   Delisle,  naturaliste  voyageur  du  Muséum. 

Mission  de  Nouméa. 

Chef  de  mission  :  M.  André,  astronome  de  l'Observatoire  de  Paris. 
M.  Ancot,  physicien  attaché  au  Collège  de  France. 

Mission   de   Pékin. 

Chef  di:  mission  :   M.    Fleueiais,  lieutenant  de  vaisseau. 
M.   Blabkz,  lieutenant  de  vaisseau. 
M.   Lapi£d,  enseigne  de  vaisseau. 

igo 


(   i46o  ) 

Mission  df,  Yokohama. 

Chef  de  mission  :  M.   Janssen,  Membie  de  l'Instilut. 

M.   Tisserand,  directeur  de  l'Observatoire  de  Toulouse. 

M.   Picard,  lieutenant  de  vaisseau. 

M.  Delacroix,  enseigne  de  vaisseau. 

M.  Arents,  artiste  rliargé  de  la  |)hotographie. 

M.  Vacher,  artiste  mécanicien. 

M.  Chimizou,  attaché  japonais,  ancien  élève  de  l'itcole  Centrale. 

Mission  de  Saigon. 

M.  HÉRAUD,  ingénieur  hydrographe  de  la  Marine. 

»  Des  missions  scientifiques  confiées  à  de  pai-eils  honiines,  connus  déjà 
par  des  travaux  nombreux  et  qui,  en  outre,  étaient  animés  par  leur  patrio- 
tisme, devaient  produire  les  résultats  les  plus  heureux. 

»  Nous  pouvons  donc  attendre  avec  confiance  le  travail  qui  s'exécute 
en  ce  moment,  sous  la  direction  de  nos  savants  confrères,  sans  chercher  si 
les  documents  utiles  à  la  Science  viennent  des  missions  australes  ou  des 
missions  boréales. 

»  Dans  cette  grande  entreprise  scientifique  tout  doit  être  mis  en  com- 
mun :  les  missionnaires  de  l'Académie  ont  fait  preuve  du  même  courage  et 
du  même  zèle,  notre  reconnaissance  doit  être  la  même  pour  tous. 

»  Aussi  l'Académie,  qui  a  voulu  consacrer,  par  une  médaille  commé- 
morative,  le  souvenir  de  cette  noble  association  de  la  Marine  et  de  la 
Science  dans  l'observation  du  passage  de  Vénus,  a-t-elle  décidé  que  le 
même  hommage  serait  rendu  à  nos  voyageurs  :  ils  recevront  tous  la  mé- 
daille de  l'Académie;  tous  avaient  été  à  la  peine,  nous  avons  voulu  qu'ils 
fussent  tous  à  l'honneur. 

»  C'est  dans  une  autre  expédition  qui,  malheureusement,  s'est  terminée 
d'une  manière  bien  triste,  qu'on  trouve  encore,  cette  année,  de  grands 
exemples  d'ardeur  scientifique. 

»  L'Académie  a  toujours  encouragé  ces  ascensions  aéricrines  entreprises, 
comme  celles  de  Gay-Lussac  et  de  Biot,  dans  l'intérêt  de  la  Science,  et  qui 
peuvent  fournir  à  la  Météorologie  ou  à  la  Physique  du  globe  des  docu- 
ments qui  leur  manquent. 

»  De  pareils  voyages  sont  dangereux,  surtout  lorsqu'on  les  poursuit 
dans  des  régions  glacées  et  à  des  hauteurs  oit  la  respiration  devient  dilficile. 


(  i46i  ) 

»  C'est  donc  avec  une  anxiété  véritable  que  nous  avons  vu  partir  ces 
trois  savants,  qui  s'étaient  proposé  de  faire  en  quelque  sorte  la  conquête 
scientifique  de  l'atmosphère  et  de  suivre  la  voie  ouverte  par  Gay-Lussac  et 
Biot. 

»  Ils  voulaient,  eux  aussi,  déterminer  ,  dans  les  différentes  couches 
atmosphériques,  les  variations  de  la  température,  de  l'électricité,  du 
magnétisme,  de  la  vapeur  d'eau,  et  mesurer,  au  moyen  d'appareils  pré- 
cis, les  changements  que  l'air  peut  éprouver  dans  sa  composition  chi- 
mique. 

«  Ils  savaient  que  Gay-Lussac,  en  terminant  le  Mémoire  consacré  à  la 
narration  de  son  voyage,  demandait  à  l'Institut  les  moyens  d'entreprendre 
de  nouvelles  ascensions  :  les  intrépides  voyageurs  étaient  donc  fiers  de 
continuer  l'œuvre  du  grand  physicien  français. 

»  lis  sont  partis,  hélas  !  mais  le  voyage  n'a  pas  été  long  :  trois  heures 
après  le  départ  fatal,  M.  G.  Tissandier,  échappant  à  la  mort  d'une  manière 
miraculeuse,  rapportait  les  corps  inanimés  de  ces  deux  martyrs  de  la 
Science,  Crocé-Spineili  et  Sivel. 

»  Cet  événement  laissera  dans  le  monde  savant  l'impression  la  plus 
profonde  et  la  plus  pénible  :  on  n'oubliera  pas  que  c'est  la  Science  et  la 
Science  seule  qui  a  entraîné  ces  hommes  pleins  d'audace,  comme  c'était  le 
patriotisme  qui,  au  moment  de  nos  tristes  épreuves,  faisait  monter  en 
ballon  l'un  d'eux,  M.  G.  Tissandier;  il  affrontait  alors  les  balles  ennemies, 
pour  rassurer  nos  familles  et  leur  dire  que  la  grande  ville  tiendrait  jusqu'à 
son  dernier  morceau  de  pain;  vous  savez  s'il  disait  vrai. 

»   L'Académie  n'ignore  pas  que  la  conquête  des  vérités  scientifiques  est_ 
toujoiu's   laborieuse  et  qu'elle  exige  souvent  de  douloureux  sacrifices  : 
cependant  elle  fera  tous  ses  efforts,  croyez-le  bien,  |)our  éviter  dorénavant, 
par  ses  sages  avis,   de  pareils    malheurs   et  conserver  à  notre   pays   des 
hommes  d'un  si  grand  dévouement  à  la  Science. 

»  Une  circonstance  bien  touchante  vient  rattacher  la  catastrophe  du 
Zcnilh  à  la  proclamation  des  prix  que  vous  allez  entendre. 

»  La  question  du  vol  des  oiseaux  avait  été  mise  cette  année  au  Concours 
par  l'Académie  :  le  Mémoire  ii°  4  ^  paru  digne  d'une  récompense. 

»  Dans  ce  travail,  qui  est  dû  à  la  collaboration  de  deux  amis,  la  ques- 
tion proposée  par  l'Académie  est  traitée  avec  talent;  on  y  trouve,  en 
outre,  des  idées  nouvelles  sur  la  dirtction  des  ballons  dans  les  airs. 

»   Les  auteurs   n'ont  pas  voulu  faire  de  cette  découverte  l'objet  d'une 


(  i462  ) 
spéculation  et  ils  l'ont  communiquée  à  l'Académie.  Seulement,  à  la  der- 
nière page  du  Mémoire,  ils  supplient  nos  confrères  de  garder  leur  secret, 
qui  pourra,  disent-ils,  être  un  jour  utile  à  la  France. 

1)  L'un  des  auteurs  de  ce  travail  ne  verra  pas  ce  jour  que  son  patriotisme 
prévoyait,  car  il  est  mort  en  allant  à  la  recherche  des  vérités  scientifiques; 
il  est  mort  jeune  et  pauvre,  laissant  à  ses  amis  lui  vieux  père  dont  il  était  le 
seul  soutien  :  ce  lauréat  de  l'Académie  se  nomme  Crocé-Spinelli. 

»  Tels  sont  les  hommes  qui  se  vouent  aujourd'hui  au  culte  de  la  Science; 
ils  lui  sacrifient  tout,  leur  fortune  et  leur  vie,  et  ne  pensent  qu'à  léguer  au 
pays  leurs  découvertes  utiles. 

))  Un  jjareil  désintéressement  appellera,  je  n'en  doute  pas,  toute  votre 
sympathie  sur  les  hommes  de  science  dont  nous  allons  couronner  les  tra- 
vaux ;  je  voudrais  aussi  qu'il  pijt  provoquer  quelques-unes  des  mesures 
que  j'ai  déjà  demandées  plusieurs  fois  et  qui  permettraient  de  reconnaître 
les  services  rendus  par  les  savants. 

»  Si,  en  ce  moment,  le  haut  enseignement  donne  lieu  à  tant  de  discus- 
sions graves  et  importantes,  et  si  l'on  s'occupe  avec  raison  de  constituer 
dignement  la  situation  des  professeurs,  n'appartient-il  pas  à  l'Académie  de 
demander  justice  pour  ceux  qui,  en  dehors  de  l'enseignement,  consacrent 
levn-  vie  au  progrès  des  sciences,  qui  se  ruinent  quelquefois  en  enrichissant 
l'industrie  de  leurs  hrillantes  découvertes  et  qui,  en  mourant,  laissent  si 
souvent  leur  famille  dans  une  profonde  misère? 

M  Tant  que  notre  voix  ne  sera  pas  écoutée,  pour  encourager  ces  sa- 
vants si  méritants,  adressons-nous  sans  hésitation  à  l'initiative  privée  qui 
commence  à  intervenir  d'une  manière  efficace  dans  les  dotations  de  la 
Science. 

»  C'est  à  elle  que  nous  devons  les  prix  que  l'Académie  décerne;  c'est 
elle  qui  a  fondé  la  Société  de  secours  des  amis  des  sciences;  c'est  elle  aussi 
qui  inspirait  récemment,  à  un  de  nos  confrères  les  plus  aimés,  la  noble 
pensée  d'abandonner  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  considérable, 
poiu'  aider  et  soutenir  les  jeunes  savants  dans  leurs  débuis. 

n  Remercions  du  fond  du  cœur  ces  hommes  généreux  qui,  pour  ne  pas 
augmenter  les  charges  de  l'État,  constituent  ainsi,  avec  leur  propre  fortune, 
le  bud£ret  de  la  Science. 

»  De  tels  exemples  auront,  je  n'eu  doute  pas,  de  nombreux  imitateurs, 
car  dans  notre  cher  pays  les  grandes  idées  trouvent  toujours  de  l'écho  :  on 
peut  les  comparer  à  des  graines  fécondes  semées  dans  un  terrain  fertile; 
la  récolle  qu'elles  donnent  dépasse  toutes  les  espérances. 


(   <46^  ) 
»  Je  vais  avoir  l'honneur  de  proclamer  les  prix  que  l'Académie  décerne 
celte  année.  » 

PRIX    DÉCERNÉS. 
ANNÉE   1874. 


PRIX   EXTRAORDINAIRES. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

L'Académie  avait  proposé  pour  l'année  1871  et  remis  à  l'année  1874  la 
question  de  prix  dont  l'énoncé  suit  : 

((  Elude  des  équations  relatives  à  la  détermination  des  modules  singuliers, 
»  pour  lesquels  la  formule  de  la  transformation  dans  la  théorie  des  fonctions 
»   elliptiques  conduit  à  la  multiplication  complexe.  » 

Aucun  Mémoire  n'ayant  été  envoyé  au  Concours,  la  Commission  a  rem- 
placé cette  question  par  la  suivante  : 

"  Application  de  la  théorie  des  transcendantes  elliptiques  ou  abéliennes  à 
»    l'étude  (les  courbes  algébriques.  » 

Voir  aux  Prix  proposés,  page  i5o8. 

GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

THÉORIE    MATHEMATIQUE    DU     VOL    DES    OISEAUX. 

(Commissaires  :  MM.  Bertrand,  Cl.  Bernard,  Serret,  Hermite, 
Tresca  rapporteur.) 

La  question  proposée  poiu"  le  grand  prix  de  i8'74  était  la  théorie  ma- 
thématique du  vol  des  oiseaux. 

Six  Mémoires  ont  été  présentés  au  Concours  ;  cinq  d'entre  eux  attestent 
une  science  étendue  et  de  persévérants  efforts  ;  la  Commission  cependant 


(  >/»(^4  ) 

n'a  trouvé  dans  aucun  de  ces  travaux,  malgré  le  talent  incontestable  des 
auteurs,  un  ensemble  assez  complet  au  point  de  vue  mathématique,  et 
assez  sûr  quant  aux  hases  expérimentales  qui  devaient  être  interprétées, 
pour  lui  décerner  le  grand  prix  de  Mathématiques. 

L'auteur  du  Mémoire  n°  2,  dont  la  devise  est  :  «  La  théorie  doit  rendre 
compte  des  faits;  le  progrès  est  fds  delà  vérité  »,  a  traité  avec  une  grande 
précision  les  questions  les  plus  importantes,  tant  au  point  de  vue  de  l'ex- 
pression de  la  résistance  de  l'air  qu'à  celui  du  vol  sur  place.  Les  aiitres 
chapitres  du  Mémoire  apportent  aussi  d'intéressants  matériaux  relatifs  au 
vol  en  hauteur,  au  planement  et  au  vol  normal.  La  distinction  bien  établie 
entre  ces  différentes  circonstances  de  l'étude  qu'd  s'agissait  d'entreprendre 
montre  combien  l'autour  a  serré  de  près  les  difficultés  de  la  question  ; 
l'Académie  peut  fonder  sur  lui  de  grandes  espérances  au  point  de  vue  de 
la  solution  définitive,  et  la  Commission  propose  de  lui  accorder  une  récom- 
pense de  deux  mille  francs. 

Le  Mémoire  v\°  4,  qui  a  pour  épigraphe  :  «  Jamais  dans  le  vol  avançant 
les  ailes  ne  frappent  l'air  par  leur  face  supérieure  »,  est  extrêmement  re- 
cornmandable  par  les  nombreuses  recherches  historiques  et  bibliographi- 
ques auxquelles  l'auteur  s'est  consacré  et  qui  pourront  utilement  servir  de 
guide  dans  les  recherches  ultérieures.  La  Commission  propose  de  lui 
accorder  un  encouragement  de  mille  francs. 

Les  auteurs  des  deux  Mémoires  récompensés  sont  :  pour  le  Mémoire  n°  2, 
M.  A.  Penai'd,  et  pour  le  Mémoire  n"^  4,  MM.  Abki.  Hureau  de  Villeneuve 
et  Josepu  Ckocé-Spinelli. 

La  question  proposée  est  retirée  du  Concours. 

L'Académie  a  adopté  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

ÉTUDE    DF,    LA    FÉCONDATION    DANS    1,A    CLASSE    DES    CHAMPIGNONS. 

(Commissaires  :  MM.  Duchartre,  Decaisne,  Trécul,  Tulasue, 
Brongniart  rapporteur.) 

Ce  sujet  de  prix  avait  été  proposé  pour  le  Concours  de  1873.  A  cette 
époque  deux  Mémoires   furent  envoyés',  ils   annonçaient  des  éludes  cou- 


(  '465  ) 
sciencieuses,  tuais  encore  incomplètes;  on  pouvait  espérer  que,  prolongées 
pendant  une  année,  elles  conduiraient  à  des  résultats  intéressants:  le  sujet 
fut  maintenu  au  Concours  et  ajourné  à  l'année  iS'y/i- 

Les  mêmes  Mémoires  se  retrouvèrent  à  ce  terme,  i"^'  juin  1874  ;  mi  seul, 
le  n°  2,  avait  reçu  un  complément  résultant  des  nouvelles  observations  de 
l'auteur. 

C'est  dans  cet  état  que  les  pièces  du  Concours  ont  été  soumises  au  juge- 
ment de  la  Connnission,  et  nous  devons  présenler  à  l'Académie  le  résultat 
de  notre  examen  qui  a  été  l'objet  d'études  attentives  de  la  part  des  Membres 
de  la  Commission. 

Les  deux  pièces  adressées  à  l'Académie  ne  portent  pas  le  nom  des  auteurs 
qui  sont  inscrits  dans  des  plis  cachetés;  mais  la  Commission  a  dû  chercher 
à  lever  le  voile  de  ces  anonymes  pour  pouvoir  vérifier  avec  les  auteurs  plu- 
sieurs des  faits  annoncés  par  eux. 

Nous  conserverons  cependant  leur  état  anonyme  dans  ce  Rapport. 

Le  Mémoire  n°  1  embrasse  plusieurs  sujets  très-différents,  quoique  se 
rattachant  à  la  question  générale  de  la  fécondation  dans  les  Champignons  : 

1°  Étude  du  mycélium  des  Agarics  et  particulièrement  des  Coprins.  Ces 
recherches,  quoique  poursuivies  avec  beaucoup  de  soin,  n'ont  pas  con- 
duit l'auteur  à  constater  les  faits  signalés  précédemment  par  OErsted  et 
Rarsten,  mais  seulement  la  formation  dans  plusieurs  cas  de  conidies  dé- 
veloppées sans  acte  de  fécondation. 

L'auteur  ne  paraît  pas  douter  cependant  que  ces  études  plus  prolongées 
ne  puissent  conduire  à  reconnaître  que  c'est  dans  le  mycélium  que  s'opère 
l'acte  fécondateur. 

2.°  Constatation  de  phénomènes  de  copulation  analogues  à  ceux  déjà 
signalés  dans  les  Thécasporées  discomycètes  par  MM.  de  Bary,  Woronine 
et  Tulasne,  sur  deux  Thécasporées  appartenant  à  des  groupes  très-diffé- 
rents :  V Hyjiomjccs  aslcropliortis  et  le  Dotliidea  Robertiani,  petite  Sphéria- 
cée,  parasite  du  Geiaiiitim  Robeiliainini.  Ces  fails  intéressants  généralisent 
des  phénomènes  déjà  observés  sur  un  groupe  fort  différent,  et  viennent 
confirmer  l'opinion  que  la  fécondation  dans  les  Champignons  thécasporés 
s'opère  dans  le  mycélium,  et  précède  ainsi  la  formation  des  organes  qui 
produiront  les  spores. 

3"  Les  spermalies. 

On  sait  que  notre  éminent  collègue,  M.  Tulasne,  a  donné  ce  nom,  dans 
beaucoup  de  Thécasporées  et  d'Urédinées,  à  des  corps  d'une  trts-graiule 

C.  R.,  iS-jD,   i"  Stmcji/c.  (T.  LXXX     N^Sî.)  IQI 


(  i466  ) 
ténuité  se  développant  régulièrement  soit  à  leur  surface,  soit  dans  des  con- 
ceplacles  déterminés,  et  qu'il  avait  considérés  comme  pouvant  concourir 
à  la  fécondation  de  ces  Cryptogames. 

La  découverte  du  mode  de  fécondation  de  ces  Champignons  par  des  or- 
ganes nés  sur  le  mycélium ,  découverte  à  laquelle  M.  Tulasne  a  lui-uiéme 
concouru,  rendait  bien  problématique  le  rôle  d'organe  fécondateur  attri- 
bué d'abord  aux  spermaties. 

L'auteur  du  Mémoire  envoyé  au  Concours  prouve  que  ce  rôle  ne  peut 
pas  leur  appartenir,  car  ces  spermaties  germent  lorsqu'on  les  met  dans  des 
conditions  convenables;  ces  conditions,  pour  les  Hypoxylées, consistent  à  les 
mettre  dans  de  l'eau  contenant  du  tannin  et  du  sucre,  en  les  laissant  expo- 
sées au  contact  de  l'air,  c'est-à-dire  d;uis  les  mêmes  conditions  à  peu  près 
que  celles  où  elles  se  trouvent  lorsqu'elles  se  développent  sur  des  bois 
morts.  Pour  les  Urédinées,  les  spermaties,  fort  différentes  des  précédentes 
à  bien  des  égards,  germent  dans  l'eau  pure,  mais  leur  développement 
paraît  très-différent  de  celui  des  spermaties  des  Hypoxylées. 

Dans  tous  ces  cas,  ces  spermaties  seraient  une  forme  de  plus  à  ajouter 
à  celle  des  corps  reproducteurs  déjà  si  multiples  signalés  dans  les  belles 
études  de  M.  ïulasne;  ils  devraient,  dans  d'autres  conditions,  concourir 
à  la  multiplication  de  ces  Cryptogames  si  fréquents  sur  les  végétaux  vi- 
vants ou  morts.  Tels  sont  les  points,  très-intéressants  pour  la  connais- 
sance des  Champignons,  traités  par  les  auteurs  du  Rlémoire  n°  1. 

On  voit  qu'ils  ne  résolvent  pas  le  problème  posé  par  l'Académie,  mais 
qu'ils  éclairent  plusieurs  questions  relatives  à  la  reproduction  des  Cham- 
pignons. 

L'auteur  du  Mémoire  n°  2  a  pris  la  question  à  un  tout  autre  point  de 
vue,  mais  il  a  cru  devoir  faire  précéder  ses  observations  propres,  sur  le 
groupe  desBasidiosporées,  d'une  révision  générale  de  tous  les  Champignons 
considérés  au  point  de  vue  de  leur  organisation  et  de  leur  mode  de  repro- 
duction. Ce  travail,  dans  lequel  il  est  difficile  de  distinguer  ce  que  l'au- 
teur a  vu  par  lui-même  de  ce  qu'il  a  puisé  dans  les  travaux  des  autres, 
n'offrait  que  peu  d'importance  et  pourrait  donner  lieu  à  de  nombreuses 
critiques;  mais  l'auteur  a  profité  de  l'année  de  prolongation  du  terme  du 
Concours  pour  ajouter  à  son  premier  Mémoire  un  supplément  plus  spécial; 
c'est  ce  supplément  qui  constitue,  à  nos  yeux,  le  vrai  Mémoire  concernant 
la  question  mise  au  Concours,  le  premier  travail  de  1873  devant  être  écarté 
de  noli'c  apprécialion. 


(  i467  ) 

Dans  son  nouveau  Mémoire,  l'auteur  s'est  attaché  plus  spécialement  à 
l'étude  des  Agaricinées,  et  il  a  suivi  avec  soin  le  développement  de  leur 
membrane  fructifère  ou  hyménium.  Il  a  bien  vu  la  formation  des  cellules  dé- 
signées par  Léveillé  par  le  nom  âe  Cistides,  pour  lesquelles  rautour  adopte 
prématurément,  à  ce  que  nous  pensons,  le  nom  d' Jnlhériclie,  qui  établit 
d'une  manière  trop  positive  une  fonction  encore  douteuse,  comme  nous  le 
verrons.  Il  établit  que  le  développement  de  ces  organes  précède  celui  des 
basides  et  la  production  des  spores;  mais  il  a  donné  sur  leur  constitution 
intime  et  sur  la  formation  des  corpuscules,  qu'il  considère  comme  des 
Anthérozoïdes,  des  détails  qu'aucun  des  membres  de  la  Commission  n'a  pu 
constater,  malgré  des  observations  répétées  sur  de  nombreuses  espèces, 
avec  les  meilleurs  instruments  et  dans  les  conditions  les  plus  variées. 

L'émission  même  de  ces  corpiiscules  par  le  sommet  des  cistides,  anthéri- 
dics  de  l'auteur  n'a  été  observée  que  très-rarement  et  par  un  seid  des 
membres  de  la  Commission;  de  sorte  qu'il  nous  reste  les  doutes  les  plus 
fondés  sur  l'exactitude  des  observations  de  l'auteur  sur  ce  point  fonda- 
mental de  la  question,  c'est-à-dire  sur  l'émission  constante  et  spontanée  de 
ces  corpuscules,  sur  la  nature  de  ces  granules  qu'il  considère  comme  ren- 
fermant les  Anthérozoïdes,  et  enfin  sur  ces  Anthérozoïdes  eux-mêmes.  Ces 
points,  très-délicats,  mais  si  importants  pour  la  théorie  soiitonue  par  l'au- 
teur, mis  de  côté,  on  doit  cependant  reconnaître  que  son  travail  renferme 
des  observations  intéres.santes  sur  le  développement  successif  et  sur  l'orga- 
nisation des  cistides  et  des  basides,  en  un  mot,  sur  le  développement  et  la 
constitution  de  l'hyménium  ou  membrane  fructifère  dans  plusieurs  espèces 
d'Agarics  appartenant  à  des  tribus  très-diverses  de  ce  genre,  sur  des  Bolets, 
des  Hydnes  et  le  Phallus.  Mais  les  points  les  plus  importants  concernant  la 
question  posée  par  l'Académie  n'ayant  pu  être  constatés  par  la  Commission, 
elle  a  dû  penser  que  l'auteur,  entraîné  par  des  idées  préconçues,  et  qui 
semblaient  avoir  une  certaine  vraisemblance,  avait  été  conduit  à  admettre, 
comme  positifs,  des  faits  obscurs  que  l'observation  directe  ne  permettait 
pas  d'établir  d'une  manière  certaine.  Les  dessins,  qui  ne  représentent  pas 
toujours  fidèlement  la  nature  telle  qu'on  peut  l'observer,  semblent  en  être 
la  preuve. 

Ou  ne  saurait  do.c  admettre  les  conclusions  de  l'auteur  et  considérer 
la  question  comme  résolue  par  lui. 

Le  Mémoire  n°  1  ne  résout  pas  non  plus,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  le 
problème  de  la  fécondation  dans  les  Champignons  basidiosporés;  mais  il 

IÇ)I.. 


(  i468  ) 
ajoute  de  nouveaux  faits  au  petit  nombre  de  ceux  qu'on  connaissait  relati- 
vement aux  phénomènes  si  curieux  de  conjugaison  ou  copulation  dans  les 
Champignons  ihécasporés,  et  il  jette  un  jour  nouveau  sur  le  rôle  des  organes 
désigiK'S  sous  le  nom  de  Spermalies  dans  diverses  familles  de  Champignons. 

Les  recherches  consignées  dans  ce  Mémoire  indiquent  en  outre  beaucoup 
de  talent  d'observation  et  un  esprit  très-judicieux  dans  les  déductions  qui 
en  sont  tirées. 

Il  résulte  de  cet  examen  des  deux  pièces  envoyées  au  Concours  pour  le 
grand  prix  des  Sciences  physiques,  sur  la  fécondation  des  Champignons, 
que  ni  l'une  ni  l'autre  ne  présentent  la  solution  de  la  question  et  que  le  prix 
ne  peut  pas  être  décerné;  mais  la  Commission,  reconnaissant  que  ces 
Mémoires  sont  le  résultat  d'études  prolongées  et  qu'ils  renferment  des  obser- 
vations d'un  véritable  intérêt  sur  plusieurs  points  se  rattachant  à  cette  ques- 
tion, propose  à  l'Académie  de  partager  également  la  valeur  du  prix,  à  titre 
à' encouragement,  entre  les  Mémoires  n°  I  et  n°  2. 

L'Académie  a  adopté  ces  conclusions  dans  la  séance  du  7  juin  187S. 

Conformément  au  désir  exprimé  par  les  auteurs,  il  a  été  procédé  à  l'ou- 
verture des  plis  cachetés  renfermant  leurs  noms.  Le  Mémoire  n°  1  est  de 
MM.  Maxime  Counu  et  Ernest  Roze,  le  Mémoire  n°  2  est  de  M.  Sicard. 


3IECAN1QUE. 


PRIX  PONCELET. 

(Commissaires  ;  MM.  Phillips,  Rolland,  Bertrand,  Morin, 
Tresca  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  à  l'unanimité  le  prix  à  M.  Bresse,  Ingénieur  en 
chef  des  Ponts  et  Chaussées,  pour  son  ouvrage  intitulé  :  Cours  de  Méca- 
nique aj>pli(juée,  professé  à  l'Ecole  des  Pouls  et  Chaussées,  et  particulièrement 
pour  les  progrès  importants  qu'il  a  réalisés  dans  la  partie  consacrée  à  la 
résistance  des  matériaux. 

Une  disposition  récente  de  M""'  veuve  Poncelet  a  permis  à  l'Académie 
d'ajouler  au  j^rix  primitif  nn  exemplaiie  des  OEuvres  du  général  Poncelet. 


(  1469  ) 

PRIX  MONTYON,  MÉCANIQUE. 

(Commissaires:  MM.  lo  général  Morin,  Rolland,  Phillips,  Tresca,  de  Snint- 

Venant,  Resal  rai)porteur.  ) 

La  disposition  généralement  employée  pour  transformer  un  mouvement 
rectiligne  alternatif  en  un  mouvement  circulaire  alternatif  consiste  dans  le 
système  du  balancier  et  du  parallélogramme  de  Watt;  l'articulation  de  la 
tige  oscillante  ne  décrit  pas  rigoureusement  une  droite,  mais  un  arc  de 
courbe  qui  en  diffère  fort  peu,  surtout  lorsque  l'une  des  articulations  du 
parallélogramme  avec  le  balancier  se  trouve  à  égale  distance  de  l'autre 
articulation  et  de  l'axe  de  rotation.  La  tige,  éprouvant  par  suite  des  flexions, 
exerce,  tuntôt  dans  un  sens,  tantôt  dans  l'autre,  une  pression  sur  le  sliifftng- 
box,  qui  tend  à  s'ovaliser,  connue  la  section  de  la  tige  elle-même.  Néan- 
moins les  flexions  et,  par  suite,  la  pression  sont  assez  petites  pour  qu'il 
n'en  résulte  aucun  inconvénient  sérieux  dans  la  pratique. 

Malgré  cela,  plusieurs  géomètres  ont  cherché  à  substituer  au  système  de 
Watt  d'autres  systèmes  ayant  pour  objet  de  réduire  à  une  plus  faible  va- 
leur la  déviation  de  la  lige;  M.  Tchébichef,  notamment,  a  j)ublié  sur  ce 
sujet,  en  i854,  un  Mémoire  dans  le  recueil  des  Mémoires  des  Savants  étran- 
gers de  l'Académie  de  Saint-Pétersbourg,  et,  en  1862,  un  extrait  d'un  autre 
Mémoire  dans  le  Bulletin  de  la  même  Académie.  Il  est  arrivé  à  une  combi- 
naison dans  laquelle  le  nombre  des  pièces  articulées  est  le  même  que  dans 
le  système  de  Watt,  qui  lui  a  permis  de  réduire  la  déviation  à  une  très- 
faible  fraction  de  ce  qu'elle  serait  dans  ce  système  pour  un  même  balancier 
et  une  même  longueur  de  course  du  piston.  Notre  éminent  Associé  ne  pen- 
sait pas  que  l'on  pût  arriver  à  une  solution  rigoiueuse  du  problème,  c'est- 
à-dire  que  l'on  pût  faire  décrire  exactement  une  ligne  droite  à  la  tête  de  la 
tige  oscillante  en  employant  un  système  articulé  de  cinq  pièces. 

Néanmoins,  en  i86/i,  M.  Peaucellier,  actuellement  lieutenant-colonel 
du  Génie,  est  parvenu  à  plusieurs  combinaisons  de  pièces  arlictdées,  qui 
permettent  de  réaliser  mathématiquement  la  transformation  de  mouve- 
ment dont  il  est  question. 

Il  arriva  d'abord  à  ce  résultat  par  l'Analyse,  en  remarquant  que,  au  lieu 
de  la  courbe  à  longue  inflexion,  qui  est  du  sixième  degré,  on  peut  con- 
sidérer celle  qui  serait  décrite  par  un  point  relié  d'une  manière  parlicu- 
lière,  et.  par  articulations,  au  balancier,  de  manière  à  réduire  l'équation 
au  quatrième  degré  et  même  au  troisième,  lorsque  cette  dernière  courbe 
passe  par  le  centre  de  rotation.  Mais,  dans  ce  dernier  cas,  la  courbe  appar- 


(  ï470  ) 
tient  à  la  famille  des  cissoïdes  et  peut,  par  suite,  se  transformer  en  une  droite  : 
c'est  ce  qui  arrive  lorsque  le  point  décrivant  est  l'un  des  sommets  d'un  lo- 
sange articulé,  dont  les  sommets,  adjacents  au  précédent,  sont  reliés  par 
deux  tiges  égales  au  centre  de  rotation,  le  quatrième  sommet  étant  relié  lui- 
même  à  un  centre  fixe  par  une  tige  égale  à  la  distance  des  deux  centres; 
M.  Peaucellier  a  ensuite  démontré  ce  résultat  par  des  considérations  géo- 
métriques. Il  résulte  de  là  un  système  articulé  composé  de  six  pièces. 

M.  Peaucellier  arrive  ensuite  à  d'autres  combinaisons  qui  dérivent  de  la 
précédente  par  le  déplacement  parallèle  de  certaines  pièces;  puis  il  parvient 
à  montrer  comment  on  peut  effectuer  la  transformation  de  mouvement 
avec  un  système  articulé  composé  de  deux  pièces  de  moins  que  les  précé- 
dentes ou  formé  de  cinq  pièces,  comme  dans  les  systèmes  de  Watt  et  de 
M.  Tchébichef. 

En  apportant  quelques  modifications  à  son  premier  système  articulé, 
M.  Peaucellier  obtient  des  compas  pour  le  tracé  continu  de  la  conchoïde, 
de  la  cissoïde,  de  la  lemniscate  et  des  sections  coniques. 

Plusieurs  applications  de  ce  système  ont  été  faites  en  Angleterre,  notam- 
ment au  Parlement  de  Londres,  à  une  macbine  à  vapeur  qui  met  en  mou- 
vement un  puissant  ventilateur;  il  a  été  également  appliqué  aux  pompes 
à  main. 

En  résumé,  M.  Peaucellier  a  résolu,  d'une  manière  très-heureuse,  un  pro- 
blème de  Mécanique  géométrique,  considéré  avant  lui  comme  insoluble, 
problème  qui  est  très-intéressant  au  point  de  vue  des  applications,  et  votre 
Commission  lui  décerne  le  prix  de  Mécanique  de  la  fondation  Monlyon, 
pour  l'année  1874- 

PRIX  PLUMEY. 

(Commissaires  :  MM.  Dupuy  de  Lônie,  général  Morin,  Phillips, 
Resal,  Tresca  rapporteur.) 

Les  développements  de  l'industrie  moderne  exigent  chaque  jour  l'em- 
ploi de  machines  plus  puissantes  et  dont  le  fonctionnement  soit  réglé  d'une 
manière  plus  précise.  Nulle  part  cependant  cette  double  difliculté  ne  se 
montre  plus  impérieuse  que  dans  la  navigation  à  vapeur,  dont  les  énormes 
machines  dépassent  de  bien  loin  toutes  celles  qui  sont  employées  ailleurs. 

Le  navire  lui-même,  en  vertu  de  son  inertie,  ne  se  modère  pas  facile- 
ment, et  la  manoeuvre  de  son  gouvernail  est  par  cela  même  rendue  plus 
difficile,  de  sorte  qu'il  était  possible  d'affirmer  a  priori  que  l'un  des  plus 
grands  progrès  à  accomplir  dans  la  navigation  à  vapeur  consisterait  un 


(   i47'   ) 
jour  à  rendre  le  fonctionnement  du  gouvernail  plus  sûr  et  plus  facile,  et 
à  rendre  la  machine  plus  docile. 

Ce  double  problème  a  été  résolu  par  M.  Joseph  Farcot  avec  une  géné- 
ralité plus  grande  encore  que  ne  le  comporte  notre  énoncé,  pour  les  efforts 
les  plus  considérables  et  avec  une  sûreté  absolue. 

Il  a  désigné,  sous  le  nom  de  servo-moteur  on  de  moleur  asservi,  un  système 
qui  permet  de  faire  faire  à  un  organe,  aussi  lourd  et  aussi  puissant  qu'on 
puisse  le  supposer,  les  mêmes  évolutions  que  celles  imprimées,  à  la  main 
ou  autrement,  à  un  simple  bouton  dont  le  déplacement  n'exigerait  qu'une 
très-petite  résistance. 

A  la  demande  de  l'organe  qui  conduit  ce  bouton,  les  conditions  de  fonc- 
tionnement du  modérateur  seront  modifiées  de  manière  à  accélérer  ou  à 
retarder  la  vitesse  antérieure  de  la  machine,  le  gouvernail  sera  déplacé  de 
l'angle  convenable  pour  toute  évolution  ,  les  tours  cuirassées  et  tournantes, 
les  pièces  d'artillerie  du  plus  gros  calibre  seront  pointées  en  direction  et  en 
hauteur;  en  un  mot,  tous  les  ordres  seront  exécutés  rapidement,  franche- 
ment, avec  l'énergie  convenable,  puisée  toujours  dans  la  foT'ce  mécanique 
des  machines  motrices,  sans  autre  effort  accessoire  à  exercer  que  celui 
d'une  simple  indication  donnée  au  déplacement  d'un  organe  léger  qui  com- 
mande les  organes  de  distribution. 

Le  brevet  de  M.  Farcot  date  de  18G8,  et,  dès  l'année  suivante,  la  réalisa- 
tion pratique  de  son  programme  était  mise  au  service  de  la  marine. 

L'importance  de  la  question  nous  oblige  à  citer  quelques  dates  et  quel- 
ques applications. 

C'est  sur  le  Chàleau-Renaud  qu'a  été  faite  la  première  application  du 
servo-moteur,  en  1869,  pour  la  conduite  du  régulateur.  En  même  temps, 
le  Cerbère,  essayé  seulement  après  la  guerre,  était  muni  d'un  servo-moteur 
à  transmission  directe  pour  la  manoeuvre  du  gouvernail  et  poiu- celle  d'une 
tour  cuirassée. 

En  1870,  on  a  commencé  l'exécution  de  trois  garde-côtes,  le  Bélier,  le 
Boule-Dogue  et  le  Ticjrc,  sur  lesquels  le  nouvel  appareil  était  également  des- 
tiné à  la  translation  directe  du  gouvernail  et  au  service  des  tours.  Ces  trois 
navires,  essayés  de  1872  à  1874,  ont  donné  les  meilleurs  résultats. 

Le  Sané,  le  la  Clorheleric,  le  Fabcrt  et  V Infernal  ont,  depuis  1872,  leurs 
régulateurs  desservis  par  l'appareil  de  M.  Farcot. 

Le  Marengo,  le  Richelieu,  le  Friedland,  \eSuffren  sont  munis  d'appareils 
de  même  principe,  mais  à  rotation  continue,  pour  le  fonctionnement  de 
leurs  gouvernails.  Tlne  première  étude  d'affût  de  canon  de  marine  de 
27  centimètres  a  été  faite  par  ordre  du  ministère  de  la  marine,  en  1869,  et 


(  i472  ) 
M.  Farcot  en  a  exécuté  un  autre,  en  1874,  pour  pièce  de  32  centimèlres. 

D'un  autre  côté,  M.  Duclos,  de  Marseille,  dout  les  intérêts  sont  communs 
avec  ceux  de  M.  Farcot,  a  appliqué  des  variantes  du  même  principe,  entre 
autres  au  Niger  et  à  VOràioque,  et  M.  Farcot  a  lui-même  fait  plusieurs  pro- 
jets pour  le  changement  de  marche  du  Duquesne,  mais  seulement  en  1874. 

Récemment  encore,  notre  confrère  si  autorisé,  M.  Dupuy  de  Lôme,  nous 
apprenait  qu'il  avait  fait  appliquer,  avec  le  plus  grand  succès,  le  servo- 
moteur de  M.  Farcot  à  deux  bâtiments  do  la  marine  brésilienne.  Des  bâti- 
ments cuirassés,  du  même  type,  quoique  de  moindres  dunensions,  exécutés 
précédemment  par  les  constructeurs  anglais  pour  le  gouvernement  brési- 
lien, avaient  présenté  le  grave  inconvénient  d'être  très-difficiles  à  main- 
tenir en  route,  et  leurs  évolutions  ne  pourraient  être  modérées,  quant  aux 
effets  commencés,  que  grâce  aux  servo-moteurs  appliqués  au  Solimoès  et  au 
Juvarj;  ces  deux  derniei's  navires  gouvernent  avec  une  extrême  facilité. 

L'expérience  a  prouvé  que  les  garde-côtes  munis  des  dispositions  de 
M.  Farcot  évoluaient  avec  une  rapidité  et  une  précision  qui  n'avaient  pas 
encore  été  réalisées;  l'expérience  a  prouvé  également  que  le  pointage  des 
pièces  de  gros  calibre  et  des  tours  cuirassées  se  fait  sur  le  Cerbère,  par 
exemple,  avec  une  parfaite  exactitude. 

Il  faut  le  dire  toutefois,  ce  n'est  pas  du  premier  coup  que  ces  résultats 
favorables  ont  été  constatés.  Avec  les  premiers  appareils,  on  a  observé 
quelques  hésitations  et  quelques  ballottements  dans  les  ciiangements 
brusques;  mais  la  solution  est  aujourd'hui  complète  et  faille  plus  grand 
honneur  à  la  persévérance  et  à  l'habileté  de  son  auteur. 

Le  principe  de  l'asservissement  d'un  moteur  à  toutes  les  volontés  du  con- 
ducteur est  également  réalisable,  sous  la  forme  de  pressions  hydrauliques, 
déterminées  par  des  communications  ouvertes  avec  des  accumulateurs  : 
c'est  vuie  variante  dont  on  s'occupe  beaucoup  aujourd'hui,  mais  dans  la- 
quelle il  est  nécessaire  d'éviter  l'emprisonnement  d'un  liquide  incompres- 
sible dans  un  espace  qui  pourrait  se  resserrer.  La  plupart  des  dispositions 
mécaniques  de  M.  Farcot  seraient  également  applicables  à  cette  solution 
du  problème,  prévue  d'ailleurs  dès  les  premières  publications  relatives  à 
ce  système  d'un  grand  intérêt  d'avenir.  LaCommission  décerne  à  M.Joseph 
Farcot  le  prix  de  la  fondation  Plumey,  pour  l'année  1874- 

Parmi  les  autres  pièces  présentées  au  Concours,  la  Commission  a  distin- 
gué le  Mémoire  de  M.  Audenet,  Sur  les  condenseurs  à  surfaces,  et  elle  vous 
demande  la  permission  de  le  mentionner  comme  digne  de  grande  confiance 
et  comme  un  guide  sûr  dans  l'établissement  de  ce  genre  d'appareils. 

L'Académie  a  adopté  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


(   '47'^  ) 
ASTRONOMIE. 


PRIX  LALANDE.  • 
(Commissaires  :  MM.  Lœwy,  Mathieu,  Janssen,  Le  Verrier,  Faye  rapporteur.) 

Le  prix  Lalande  a  été  principalement  institué  pour  récompenser  l'obser- 
vation astronomique  la  plus  intéressante  de  l'année.  L'Académie  ne  sau- 
rait mieux  faire,  pour  remplir  les  vues  de  l'illustre  fondateur,  que  de  dé- 
cerner ce  prix  à  MM.  Mouchez,  Bocqiet  de  la  Grye,  Fleuriais,  André,  Hé- 
RACD  et,  M.  Janssen,  notre  confrère,  ne  pouvant  étro  admis  à  ce  concours, 
à  son  second,  M.  Tisserand,  chefs  des  expéditions  françaises  qui,  à  la 
fin  de  l'année  1874,  sont  allées  observer  le  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil. 

Nous  lui  proposons,  en  cette  occasion  exceptionnelle,  si  glorieuse  pour 
la  science  française,  de  sextupler  le  modeste  chiffre  de  cette  fondation. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


PHYSIQUE. 


PRIX  RORDIN. 

TEMPÉRATURE    r>F.    I.\    SURFACF.    Tlll    SOLF.TL. 

(Commissaires  :  MM.  Faye,  Edm.  Becquerel,  H.  Sainte  Claire  Deville, 
Desains,  Fizeau  rapporteur.) 

La  Commission  déclare  qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  décerner  le  prix.  Elle  est 
d'avis  de  proroger  le  concours  jusqu'à  l'année  1876,  en  maintenant  la  ques- 
tion déjà  proposée  dans  les  termes  suivants  : 

«  Rechercher,  par  de  nouvelles  expériences  calorimétriques  et  par  ta  discussion 
»  des  observations  antérieu7-es,  quelle  est  la  véritable  température  à  la  surface 
»   du  Soleil.  » 

L'Académie  a  adopté  les  conclusions  de  ce  Rapport. 
Voir  aux  Prix  proposés,  page  i5i8. 


C.K.,1875,  l'r  Semestre.  ÇV.  LXW,  ^°  <î/t.)  '92 


(   ï'l74  ) 
STATISTIQUE. 


PRIX  MONTYON,  STATISTIQUE. 

(Commissaires  :  MM.  Mathieu,  Piiiseiix,  Boussingault ,   de  la  Gournerie, 

Bieiiaymé  rapporteur.) 

L'Académie  n'ignore  aucune  des  difficultés  nombreuses  qui  entravent 
l'exécution  de  ce  qu'on  pourrait  appeler  une  bonne  Table  de  mortalité.  Il 
ne  saurait  donc  être  question  de  les  reproduire  ici,  et,  si  la  Commission  du 
Concours  de  Statistique  pour  187^  en  reproduit  une  seule,  c'est  unique- 
ment pour  moliver  le  choix  qu'elle  a  fait  du  Mémoire  auquel  elle  accorde 
le  prix.  L'obstacle  dirimant  dont  il  s'agit,  c'est  le  nombre  immense  d'ob- 
servations qui  serait  nécessaire  pour  obtenir  avec  quelque  approximation 
chacun  des  cent  rapports  d'âge  en  âge  que  comporte  la  vie  humaine.  Effec- 
tivement la  plupart  de  ces  rapports  paraissent  très-voisins  de  i  sur  100.  Or 
de  très-grands  nombres  sont  absolument  indispensables  ])Our  déterminer 
avec  précision  de  si  petits  rapports.  Il  est  facile  de  s'assurer  parles  formules 
de  Jacques  Bernoulli,  ramenées  à  des  formes  si  simples  par  Laplace,  qiie, 
pour  obtenir,  avec  une  probabilité  suffisante,  le  rapport  j~  seulement 
à  -j^  près,  plus  de  1 00000  observations  seraient  requises,  et  plus  de  2000000 
ne  le  donneraient  avec  la  même  probabilité  qu'à  -^  près.  Mais  il  y  a  cent 
rapports  à  déterminer  dans  une  Table  de  mortalité;  on  est  forcé  de  recon- 
naître que,  pour  atteindre  à  la  fois  les  mêmes  limites  de  chacune  de  ces 
grandeurs,  il  faudrait  des  centaines  de  millions  d'observations.  Ces  données, 
quoique  fondées  sur  des  principes  bien  connus  de  la  théorie  des  probabi- 
lités, sont  assez  peu  répandues  pour  que  bien  des  savants  soient  surpris 
des  différences  assez  grandes  qui  subsistent  entre  les  Tables  déduites 
d'observations  bien  faites,  et  surtout  des  irrégularités  qui  affectent  tou- 
jours les  séries  de  ces  observations.  Inutile  d'ajouter  qu'il  ne  faudrait 
comprendre,  sous  ce  titre  de  bonnes  Tables,  ni  celles  de  Duvillard,  ni 
celles  de  bien  d'autres  qui  sont  de  pures  fictions,  les  observations  sur 
lesquelles  elles  reposent  n'étant  nullement  propres  à  conduire  au  résultat 
cherché. 

On  est  donc  réduit  pour  longtemps  encore  à  se  contenter  de  réunir 
quelques  dizaines  de  milliers  d'observations,  à  en  former  des  Tables,  et  en 


(  '475  ) 
les  comparant  les  unes  aux  autres,  ou  même  en  les  mélangeant,  à  en  con- 
clure avec  une  approximation  peu  considérable  les  idées  les  plus  probables 
qu'il  soit  possible  de  se  faire  sur  la  durée  de  la  vie  humaine   et   sur  les 
risques  qu'elle  court  aux  divers  âges. 

Le  Mémoire  couronné  par  votre  Commission  présente  tous  les  détails  de 
la  construction  d'une  Table  de  ce  genre,  accompagnés  de  réflexions  judi- 
cieuses, et  empreintes  d'une  juste  réserve  sur  les  conclusions  à  tirer  des 
faits  remarquables  dont  elle  est  déduite.  L'auteur,  M.  de  Kertanguy,  a 
extrait  de  plus  de  28000  polices  d'assurances,  faites  par  la  Compticjuie  d'As- 
surances générales,  a/j^O  létes,  dont  3899  seulement  du  sexe  féminin.  Ces 
assurances  n'ont  pour  la  plupart  qu'une  durée  assez  restreinte,  car  c'est 
seulement  depuis  peu  d'années  que  l'assurance  se  répand  en  France.  Il  en 
résulte  que  ce  grand  travail  n'a  fourni  que  120000  années  de  vie,  c'est-à-dire 
120000  observations.  Ce  n'est  pas  autant,  à  beaucoup  près,  que  les  ton- 
tines d'après  lesquelles  Deparcieux,  Membre  de  l'Académie  dans  le  der- 
nier siècle,  a  dressé  pour  la  première  fois  une  Table  sur  des  faits  authen- 
tiques; mais  M.  de  Kertanguy  a  pu  connaître  avec  toute  exactitude  les  âges 
des  individus  observés,  tandis  qu'il  régne  quelque  incertitude  sur  les 
âges  des  tontiniers  de  Deparcieux,  qui  n'étaient  indiqués  que  par  classes. 
C'est  néanmoins  un  fait  bien  digne  de  remarque,  que  les  écarts  entre  la 
Table  de  Deparcieux  et  celle  de  M.  de  Kertanguy  ne  soient  pas  plus  grands. 
On  en  pourra  juger  ()ar  la  comparaison  que  voici  des  vies  moyennes  à  dif- 
férents âiies  :  T  ,,  „,  ,,  T  , , 

a  lable  Table  Table 

de  de  des 

Ages.  M.  de  Kerlaiiguy.    Deparcieux.   Actuaires  anglais. 

35 30,75  3o,88  3i,i5 

40 26,95  27,47  27,57 

45 23,18  23,88  23,98 

5o '9'75  20,38  20, 5r 

55 16,33  i7>24  '7)'4 

60 '2,95  1 4  >  ^5  '  -^  •  c)9 

65 ...  io,3i  11,25  11,17 

70 8,07  8,63  8,68 

75 6,55  6,5o  6,56 

80 5,60    4>7^'    4 193 

85 3,19      3,34      3,58 

La  dernière  colonne  de  ce  petit  tableau  est  extr.iile  île  la  Table  la 
l)lus   récente  formée  en   Angleterre  sur  les  polices  de  vingt  Compagnies 

192.. 


(  1476  ) 
d'assurances  anglaises.  L'accord  qui  règne  entre  toutes  ces  Tables  amène 
M.  de  Kerlanguy  à  présumer  que  la  mortalité  ne  diffère  pas  sensible- 
ment en  Angleterre  et  en  France.  Mais,  lorsqu'on  entre  dans  l'examen 
détaillé  des  éléments  de  ces  Tables,  on  est  plutôt  disposé  à  craindre  que, 
comme  le  dit  M.  de  Kertangiiy,  cette  conclusion  ne  soit  quelque  peu  pré- 
maturée. 

Malgré  les  grands  nombres  d'années  de  vie  qui  servent  de  base  à  la  Table 
anglaise,  on  aperçoit,  dans  le  mélange  seul  des  faits  de  vingt  Compagnies 
d  allures  plus  ou  moins  diverses,  une  cause  qui  peut  produire  des  varia- 
tions ou  des  compensations,  tendant  à  créer  des  incertitudes  difficiles  à 
détruire.  Telles  sont,  par  exemple,  les  nombreuses  polices  résiliées  avant 
l'échéance  du  contrat,  tant  en  Angleteire  qu'en  France,  et  cela  sous  des 
conditions  très-différentes  pour  chaque  Compagnie.  Quoi  qu'il  en  soit,  le 
petit  tableau  ci-dessus  apporte  une  nouvelle  preuve  de  la  valeur  de  la  Table 
de  Deparcieux  et  de  la  justesse  d'esprit  des  auteurs  de  la  loi  de  i85i  qui 
firent  adopter  sa  loi  de  inortalité  pour  la  Caisse  des  retraites  de  la  vieillesse  (i). 
En  l'absence  de  Tables  françaises  reposant  sur  des  observations  plus  éten- 
dues et  plus  récentes,  les  Tables  proposées  alors  auraient  conduit  à  de 
grandes  déceptions. 

Il  convient  de  signaler  ici  un  dernier  fait  mis  en  évidence  par  les  re- 
cherches de  M.  de  Kertanguy  :  il  s'agit  de  la  durée  de  l'effet  produit  par 
toutes  les  précautions  dont  s'entourent  les  Compagnies  d'assurances,  et 
notamment  par  l'exa^ien  médical  très-sévère  qu'elles  font  subir  à  la  santé 
des  assurés.  Il  ne  paraîtrait  pas,  au  premier  abord  du  moins,  que  ce  choix 
rigoureux  d'assurés  valides  au  moment  du  contrat  réduisît  beaucoup  la 
mortalité  au  delà  des  premières  années  de  l'assurance.  Un  exemple,  pris 
dans  l'expérience  anglaise  pour  les  âges  cumulés  de  4'  îi  45  ans,  montre 
luie  mortalité  de  1,02  sur  100  pour  les  individus  de  cet  âge  assurés  depuis 
5  ans  au  plus;  mais,  parmi  ceux  qui  étaient  assurés  depuis  6  jusqu  à 
10  années,  la  mortalité  s'élevait  à  i,i3sur  100.  Enfin,  pour  les  assurés 
datant  do  10  à  20  ans,  elle  atleignait  1,27  sur  100.  Il  semble  que  la  vita- 
lité de  ces  assurés  si  bien  choisis  se  détériore  d'année  en  année  et  soit 
ramenée  insensiblement  à  ce  qu'elle  eut  été  sans  les  précautions  des  Com- 
pagnies  Malheureusement  on  ignore  encore,  ainsi  qu'il  a  été  dit,  ce  qu'est 

(1)  Le  Minisire  qui  présenta  la  loi  était  M.  Dumas,  noire  illiistie  Secrétaire  perpélucl; 
le  rapporteur  de  la  Commission  à  l'Assemblée  était  M.  Benoîl-d'Azy. 


(  '477  ) 
précisément  la  morlalité  générale,  et  l'on  ignore  surtout  à  quelle  espèce  de 
mortalité  commune  on  doit  comparer  la  mortalité  des  assurés  ou  de  toute 
autre  classe  spéciale  de  la  nation.  11  faut  donc,  avec  l'auteur,  se  borner  à 
l'indication  de  ces  faits  qui  méritent  l'attenlion,  sans  prétendre  à  des  con- 
clusions définitives.  Au  surplus,  depuis  bien  longtemps,  la  publication  de 
Deparcieux  avait  fait  ressortir  cet  effet  au  moins  temporaire  du  choix.  Les 
toutiniers  dont  il  s'est  occupé  se  choisissaient  effectivement  eux-mêmes 
avec  beaucoup  de  soin;  car  enirer  dans  une  tontine,  c'est  parier  qu'on 
survivra  à  ses  associés,  et  l'on  serait  bien  fou  de  risquer  un  pari  de  ce 
genre  sans  s'être  examiné  strictement.  Il  avait  donc  été  remarqué  et  mis 
en  évidence  que  la  mortalité  des  4  ou  5  premières  années  des  tontines  de 
Deparcieux  était  notablement  inférieure  à  la  mortalité  des  années  suivantes. 
Cette  observation  avait  paru  naturelle,  car  les  titulaires  de  rente  viagère 
(rente  dont  la  tontine  est  l'exagération  fâcheuse)  paraissent  se  choisir  ainsi 
en  cjvielque  sorte  instinctivement.  Les  prévisions  qu'avaient  fait  naître  les 
données  conservées  par  Deparcieux  sont  donc  confirmées,  tant  par  les  nou- 
velles et  importantes  rechercbes  exécutées  en  Angleterre,  que  par  celles  de 
M.  de  Kertanguy. 

Mais  c'est  dans  le  Mémoire  si  intéressant  de  cet  auteur  qu'il  faut  lire  et 
apprécier  les  points  dont  il  vient  d'être  question,  ainsi  que  d'autres  détails 
nombreux,  et  qui  touchent  surtout  les  Compagnies  d'assurances.  Ce  Mé- 
moire a  paru  dans  les  numéros  de  janvier  et  juillet  1874  et  janvier  iS^S  d'une 
revue  trimestrielle,  portant  le  titre  de  Jouninl  des  A cluair es  français,  dont 
les  deux  premiers  volumes  ont  été  renvoyés  à  votre  Commission  par  l'Aca- 
démie. On  sait  que  le  mot  Actuaire  n'est  que  la  traduction  du  nom  anglais 
Achiarj^  consacré  depuis  longtemps  à  des  hommes  dont  les  connaissances 
mathématiques  étendues  et  appuyées  d'une  longue  pratique  les  rendent 
capables  de  diriger  la  marche  des  Compagnies  d'assurances  sans  être  les 
administrateurs  proprement  dits  de  ces  Sociétés.  Les  Actuaires  de  Londres 
publient,  depuis  plus  de  vingt-cinq  ans,  un  journal  sur  le  modèle  duquel 
a  été  conçue  la  revue  française,  qui  contient  le  travail  de  M.  de  Kertanguy. 
Ces  deux  publications  offrent  une  collection  d'applications  du  calcul  des 
probabilités  dont  la  responsabilité  est  laissée  à  chaque  auteur.  Votre  Com- 
mission n'avait  à  considérer  que  ce  qui  pouvait  se  rapporter  à  la  Statistique. 
C'est  ce  à  (p\oi  elle  s'est  bornée;  mais,  en  faisant  cet  examen,  elle  n'a  pu 
ne  pas  remarquer  l'utilité  que  peut  prendre  un  pareil  recueil  de  Mémoires, 
de  calculs  et  de  recherches,  portant  tous  sur  une  branche  de  la  théorie  des 
probabdités  trop  peu  cultivée  en  France  dans  ces  derniers  temps,  tandis 


(  >478) 
qu'à  l'étranger  on  a  multiplié  les  moyens  de  publication  de  ces  travaux 
arides  parfois,  m^iis  qui  exigent,  le  plus  souvent,  des  théories  très-fines  et 
des  vues  pratiques  étendues  et  très-éclairées. 

Voire  Commission,  ovitre  le  prix,  a  jugé  à  propos  d'accorder  deux  men- 
tions honorables  à  des  recueils  de  faits  puisés  dans  les  documents  officiels. 
Scientifiquement  parlant,  les  recueils  formés  d'après  ces  pièces  officielles 
manquent  du  mérite  principal  de  la  Statistique,  la  personnalité  des  recher- 
ches, s'il  est  permis  d'exprimer  ainsi  la  valeur  du  travail  de  chaque  auteur, 
de  sa  responsabilité  et  de  son  but  spécial.  Mais,  tant  qu'il  ne  s'agit  que  de 
Statistique  descriptive,  établissant  à  certaines  dates  l'état  des  choses  pour 
servir  de  points  de  repère  dans  l'avenir,  il  peut  y  avoir  quelque  intérêt 
futur  à  encourager  des  collections  de  ce  genre  bien  exécutées. 

L'une  de  celles  que  voire  Commission  a  remarquées  est  un  manuscrit 
in-folio  de  233  pages,  intitulé  :  Eludes  statisliques  sur  la  Savoie,  par 
M.  de  Saiut-Genis.  L'auteui' donne,  dans  des  tableaux  trcs-nudtipliés,  des 
renseignements  sur  les  résultats  de  tous  les  services  publics  de  18G0  à 
1870.  Ce  sont  surtout  les  renseignements  financiers,  très-exacls  en  France, 
qui  forment  la  majeure  partie  de  ses  quarante  Chapitres.  Il  estime  à  un 
milliard  ce  que  la  Savoie  a  coûté  à  la  France.  Cette  évaluation  paraît  exa- 
gérée; et,  en  effet,  il  y  fait  figurer  plus  de  5oo  millions  dépensés  dans  la 
guerre  d'Italie.  Inutile  de  discuter  la  valeur  des  autres  appréciations  de 
M.  de  Saint-Genis.  Il  suffit  que  les  chiffres  soient  bons  dans  une  telle  col- 
lection ,  que  les  citations  renvoient  aux  sources  avec  précision,  pour 
qu'elle  puisse  être  appréciée  par  le  lecteur,  et  qu'elle  évite  bien  des  peines 
aux  historiens  dans  la  suite  des  temps.  Malheureusement  l'état  civil  de  la 
po|)ulation  a  été  presque  complètement  omis.  C'est  une  grande  lacune  à 
combler. 

L'autre  publication  à  mentionner  ne  s'occupe,  au  contraire,  uniquement 
que  de  la  population  de  Paris,  Elle  porte  le  titre  A'JUas  statistique  de  la  po- 
pulation de  Paris;  i  volume  grand  in-8,  par  M.  Loua,  avec  cette  épigraphe: 
«  Paris  n'est  point  une  ville,  c'est  un  monde  '>.  Les  différentes  distribu- 
tions des  habitants,  dans  les  vingt  quartiers,  y  sont  reproduites  à  tous  les 
points  de  vue  qu'ont  pu  offrir  les  relevés  de  l'état  civil.  L'ordre  en  est  fa- 
cile à  saisir  : 

1°  Paris  ancien,  de  1801  à  i856; 

2°  Paris  nouveau,  de  1860  à  itS'ya. 

De  noudjreuses  cartes  montrent  clairement  ce  que  les  nombres  pour- 


(  '479  ) 
raient  laisser  de  vague,  à  moins  d'une  lecture  très-attentive.  Il  convient, 
toutefois,  de  dire  que  l'auteur,  comme  un  trop  grand  nombre  de  statisti- 
ciens, a  paru  parfois  hardi  dans  les  conjectures  suggérées  par  les  rappro- 
chements qui  surgissent  si  aisément  clans  de  pareils  rassemblements  de 
chiffres.  Avant  d'exprimer  une  opinion  sur  les  différences  entre  certains 
quartiers,  il  conviendrait  d'approfondir  la  nature  des  causes  qui  les  pro- 
duisent. C'est  là,  sans  nul  doute,  une  recherche  des  plus  difficiles  et  qui  ne 
s'exécuterait  pas  sans  de  grandes  dépenses.  L'avenir  y  pourvoira  peut-être. 
Quoi  qu'il  en  soit,  Villas  de  l'auteur  n'en  a  pas  moins  une  utilité  évidente. 

Votre  Commission  ne  saïuait  clore  ce  Rapport  sans  parler  à  l'Académie 
d'un  Mémoire  de  M.Baum,  Sur  le  prix  de  revient  des  transports  par  chemins  de 
fer.  Elle  n'a  pas  eu  à  s'en  préoccuper,  parce  qu'il  traite  uniquement  des 
chemins  de  fer  autrichiens,  et  que  la  fondation  de  M.  de  Montyon  exclut 
du  concours  toute  statistique  étrangère,  ce  qui  n'exige  aucune  explication  ; 
mais  le  Mémoire  a  paru  travaillé  avec  beaucoup  de  soin,  et  précisément 
parce  qu'il  vient  de  l'étranger,  ce  ne  peut  être  superflu  de  le  dire. 

En  résumé, 

Le  prix  de  1874  est  décerné  à  M.  de  Kertanouy  pour  son  excellent  tra- 
vail. Sur  la  Mortalité  parmi  les  assurés  de  la  Compagnie  générale,  inséré  dans 
le  Journal  des  actuaires  français. 

Une  mention  honorable  est  accordée  à  M.  de  Saint -Genis  pour  ses 
Etudes  statistiques  sur  la  Savoie,  de  1860  à  i8yo.  Manuscrit  inédit. 

Une  autre  mention  honorable  est  accordée  à  M.  Loua  pour  son  ^llas 
statistique  de  la  population  de  Paris,  de  1801  à  1872.   i  volume  grand  in-8. 


CHII»ÎIE. 


PRIX  JECKER. 

(Commissaires:  MM.  Chevreui,  Reguault,  Balard,  Fromy,  Wuriz, 

Cahours  rajjporteiu'.) 

La  Section  de  Chimie  a  décidé  que  le  prix  Jecker  serait  partagé  pour 
'année  i874enlreMM.  Reboci.  et  G.  Bouchaubat. 
Une  part  de  trois  mille  francs  a  et»  accordée  à  M.  Reboul,  professeur  de 


(  >48o  ) 
Chimie  à  la  Faculté  dos  Sciences  de  Besançon,  pour  son  important  travail 
sur  les  éthers  du  glycitle,  lesquels,  par  assimilation  directe  de  l'eau,  des 
acides  et  des  alcools,  reproduisent  les  éthers  de  la  glycérine,  ainsi  que  pour 
ses  intéressantes  recherches  sur  les  hydrocarbures  et  particulièrement  sur 
les  dérivés  cldorés,  bromes  et  chlorobromés  du  propylèiie  dont  l'étude 
l'a  conduit  à  la  découverte  du  propylglycol  normal. 

Une  part  de  deux  mille  francs  a  été  attribuée  à  M.  Bocciiaudat  fils,  agrégé 
aux  Écoles  de  Médecine  et  de  Pharmacie,  pour  ses  travaux  sur  les  éthers 
de  la  mannite  et  de  la  dulcite,  ainsi  que  pour  la  reproduction  artificielle 
de  cette  dernière  par  l'action  de  l'amalgame  de  sodium  sur  le  lactose  mo- 
difié par  les  acides.  En  outre,  M.  G.  Bouchardat,  en  faisant  agir  ce  même 
amalgame  sur  une  dissolution  de  glucose,  a  constaté  qu'indépendamment 
de  la  production  de  la  tnannite,  résultat  acquis  antérieurement  à  la  science, 
il  y  avait  formation  d'alcools  mono-atomiques  et  particulièrement  d'alcools 
vinique  et  isopropylique,  fait  dout  personne  ne  saïuait  méconnaître  l'im- 
portance. 

L'x\cadémic  a  adopté  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


BOTANIQUE. 


PRIX  BARBIER. 

(Commissaires:   MM.  Bouillaud,  Cl.  Bernard,  Gosselin,  Decaisne, 

Bnssy  rapporteur.) 

La  Commission,  après  avoir  pris  connaissance  des  Mémoires  qui  lui  ont 
été  renvoyés,  estime  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  décerner  le  prix  pour  l'an- 
née 1874- 

PRIX  DESMAZIÈRES. 

(Commissaires  :  MM.  Brongniart,   Decaisne,  Tulasne,   Duchartre, 

Trécul  rapporteur.) 

Un  seul  Mémoire  a  été  envoyé  pour  le  Concours  au  prix  Desmazières  ;  il 
concerne  les  Fistulines,  et  a  pour  auteur  M.  J.  de  Seynes,  qui  y  traite  des 
quatre  espèces  connues  ;  mais  c'est  surtout  la  plus  répandue,  le  Fistulina 
liepalicn,  trouvé  dans  la  Caroline,  ou  Europe  et  jusque  dans  l'Himalaya, 
qui  fait  l'objet  do  ce  travail. 


(   '48.  ) 

La  première  publication  de  M.  de  Seynes  sur  ce  sujet  remonte  à  1862. 
Cette  année-là  et  en  1864,  il  fit  connaître  l'existence  de  conidies  dans  le 
réceptacle  de  ce  Fistulina,  et  signala  ainsi  un  mode  de  polymorphisme  re- 
producteur tout  nouveau  chez  les  Polyporés.  On  ne  connaissait  de  ce  vé- 
gétal que  les  spores  contenues  dans  les  tubes  hyméniens,  placés  à  la  face 
inférieure  du  chapeau;  Fauteur  vit  qu'en  outre  il  se  développe  dans  le 
tissu  voisin  de  la  face  supérieure  du  réceptacle  et  même,  dans  le  jeune 
âge,  tout  à  fait  à  sa  surface,  des  conidies  qui  ont  la  plus  grande  ressem- 
blance avec  les  spores,  quoique  notablement  plus  grosses  que  celles-ci.  Il 
semble  même  à  l'auteur  que  les  conidies  superficielles  doivent  concourir 
plus  efficacement  que  les  spores  à  la  reproduction  de  l'espèce,  parce  que, 
apparaissant  sur  le  jeune  pédicule  qui  attache  au  bois  le  Champignon,  elles 
tombent  entre  le  corps  ligneux  et  l'écorce,  et  doivent  y  trouver  les  condi- 
tions les  plus  favorables  à  leur  germination. 

C'est  dans  ces  circonstances,  en  effet,  que  M.  de  Seynes  a  observé  les 
premières  phases  du  développement  du  réceptacle.  Déjà  pourtant,  après  de 
nombreux  essais  infructueux,  il  était  parvenu  à  faire  germer  ces  conidies; 
il  avait  vu  leur  membrane  externe  s'ouvrir  et  livrer  passage  à  la  membrane 
interne,  qui  s'allonge  en  un  tube  filamenteux,  quelquefois  en  deux  tubes 
opposés;  mais  l'auteur  n'a  point  obtenu  de  ces  jeunes  cellules  mycéliennes 
le  commencement  du  réceptacle.  Ce  qu'il  n'a  point  observé  sur  les  plan- 
tules  nées  de  semis  artificiels,  il  l'a  rencontré  en  écorçant  un  tronc  de  Châ- 
taignier, autour  de  l'endroit  où  apparaissait  à  l'extérieur  un  groupe  de 
jeunes  Fistulines. 

Le  réceptacle  ne  semble  pas  précédé  d'un  mycélium  prenant  un  grand 
développement  :  «  Tout  à  fait  transitoire,  le  mycélium  n'est  plus  visible  au 
moment  où  le  Champignon  se  montre  sous  la  forme  d'une  petite  sphère 
de  la  grosseur  d'une  tète  d'épingle.  »  Ce  petit  corps  arrondi,  blanc,  villcux, 
par  lequel  commence  le  réceptacle,  était  formé  d'un  tissu  fin  et  serré  des 
cellules  étroites  que  l'on  observe  à  la  base  du  pédicule,  qui  fixe  au  bois  le 
Champignon  adulte.  En  avançant  en  âge,  la  jeune  plante  s'allonge  en  une 
sorte  de  cylindre  atténué  en  fuseau  par  l'extrémité  qui  l'attache  à  l'arbre 
nourricier;  elle  est  au  contraire  arrondie  au  sommet  libre  qui  arrive  au 
dehors  comme  une  petite  tète  rouge,  déjà  couverte  de  papilles  villeuses 
avant  l'apparition  du  chapeau.  Les  premières  cellules  sont  étroites,  ai-je 
dit;  elles  s'allongent,  se  cloisonnent  et  produisent  des  filaments,  dont  le 
nombre  s'accroît  par  le  bourgeonnement  latéral  des  celhdes.  Cette  mul- 
tiplication des  filaments  présente  deux  aspects  :    tantôt  ils  sont  produits 

O.K..  187J,  i"  Semestre.     T.  LXXX,  M"  2'..  '  f  P 


(  i482  ) 
immédialement  au-dessous  d'une  cloison,  et  leur  cavité  s'isole  de  celle  de 
la  cellule  mère  par  une  paroi  transversale;  tantôt  ils  naissent  à  des  hau- 
teurs diverses  sur  les"  cellules  plus  ou  moins  allongées,  et  leur  cavité  reste 
continue  avec  celle  de  l'iitricule  formatrice.  Ce  dernier  mode  produit 
ordinairement  des  rameaux  à  peu  près  perpendiculaires  au  filament  géné- 
rateur et  souvent  plus  grêles  que  lui  ;  le  premier  mode,  au  contraire,  forme 
des  branches  qui  suivent  à  peu  près  la  direction  de  l'axe  des  cellules 
mères.  Quelquefois  il  naît  plus  d'une  cellule  au  même  niveau  ou  sur  des 
points  très-rapprochés;  on  a  alors  comme  une  ramification  verticillée, 
en  pinceau  ou  en  bouquet.  C'est  souvent  par  ce  dernier  mode  que  sont 
formées  les  cellules  qui  portent  les  spores  et  les  conidies;  et  de  cette  res- 
semblance l'auteur  tire  un  des  arguments  qu'il  oppose  à  M.  de  Bary, 
qui  a  exprimé  des  doutes  sur  la  parenté  de  ces  deux  sortes  d'organes 
reproducteurs.  Le  savant  allemand,  inclinant  à  penser  que  les  conidies 
décrites  par  M.  de  Seynes  appartiennent  à  un  parasite  de  la  Fistuline, 
nous  croyons  devoir  déclarer  tout  de  suite  que  nous  adoptons  l'avis  de 
M.  de  Seynes. 

Par  les  modes  de  luultiplication  des  filaments  qui  viennent  d'èlre  es- 
quissés, les  diverses  parties  du  réceptacle  sont  successivement  constituées. 
Le  tissu  qui  les  compose  est  formé  de  cellules  plus  ou  moins  allongées,  de 
calibres  très-divers,  que  l'on  peut,  pour  abréger,  rapporter  à  deux  caté- 
gories :  les  cellules  larges  et  les  cellules  étroites.  Ces  cellules  sont  réparties  de 
façon  à  ne  produire  que  des  zones  mal  délimitées  et  nullement  séparables 
en  systèmes  différents  (comme  la  moelle,  le  bois,  le  liber,  etc.).  Cependant 
une  coupe  médiane  verticale,  passant  par  l'axe  antéropostérieur  du  récep- 
tacle bien  développé,  montre  que,  dans  tme  région  moyenne  qui  occupe 
le  plus  d'étendue,  prédominent  les  cellules  à  grand  calibre,  et  que,  dans 
les  parties  plus  rapprochées  de  la  périphérie,  les  cellules  étroites  sont  les 
plus  nombreuses.  Les  filaments  formés  par  ces  cellules  de  diamètres  diffé- 
rents constituent  un  feutrage,  dans  lequel  on  distingue  une  direction  prin- 
cipale d'arrière  en  avant  dans  la  région  moyenne,  de  dedans  vers  les 
tubes  hyméniens  dans  la  région  inférieure,  et  de  dedans  vers  les  côtés  ou 
vers  le  haut  dans  les  parties  voisines  de  la  face  supérieure. 

Près  de  la  face  inférieure,  où  la  généralité  des  cellules  se  dirige  par  en 
bas  pour  produire  les  tubes  et  l'hyménium,  les  cellules  étroites  qui  for- 
ment ces  tubes  naissent  de  cellules  plus  larges,  courtes  et  ventrues,  qui 
s'atténuent  graduellement  en  approchant  de  la  base  de  ceux-ci.  L'auteur 
décrit  on  détail  la  structure  et  la  formation  de  ces  tubes,  ainsi  que  celle  de 


(  i483  ) 
l'hyméiiium  qui  en  tapisse  l'intérieur.  Nous  ferons  remarquer  seulement 
l'absence  de  ces  singulières  cellules,  appelées  cystidcs  par  M.  Lévcillé,  et 
que  Corda  regardait  comme  des  organes  mâles,  parce  qu'il  avait  vu  (ainsi 
que  A.  Richard  etBonorden  après  lui)  sortir  de  leur  sommet  souvent  atténué 
un  jet  de  matière  d'apparence  protoplasmatique,qui  ressemble  en  effet  en- 
tièrement au  contenu  de  ces  cellules. 

A  la  face  supérieure  du  réceptacle,  il  n'y  a  pas  d'épiderme  proprement 
dit.  Les  cellules  qui  en  tiennent  lieu,  venues  de  l'intérieur,  sont  le  plus 
souvent  perpendiculaires  à  la  surface;  quelques-unes  sont  couchées  hori- 
zontalement ou  obliquement.  Leur  ensemble  ne  forme  pas  une  couche  lisse 
et  continue;  toute  la  surface  du  réceptacle  (pédicule  et  chapeau)  est  garnie 
de  verrues  ou  papilles,  constituées  par  des  poils  unicellulés,  fusiformes  ou 
renflés  au  sommet,  agglutinés  en  houppes. 

Sous  cette  zone  superficielle  dominent  des  cellules  hygrométriques,  dont 
la  paroi  se  gonfle  et  devient  gélatineuse.  I^'auteur  les  appelle  cellules  tré- 
melldules.  C'est  leur  abondance  chez  quelques  individus  qui  a  fait  donner 
au  P.  Itepatica  le  nom  de  glu  de  chêne.  De  même  que  les  autres  cellules, 
elles  ne  forment  point  une  couche  particulière;  elles  naissent  des  cellules 
ordinaires  et  même  de  celles  à  grand  calibre. 

Tout  le  tissu  du  réceptacle  est  parcouru  par  des  filaments  de  cellules 
chromogènes  plus  ou  moins  allongées,  qui  se  ramifient  à  la  manière  des 
autres  cellules  dont  elles  proviennent,  et  avec  lesquelles  elles  sont  quel- 
quefois anastomosées  sans  cloison  de  séparation.  Leurs  branches  sont  en- 
trelacées dans  toutes  les  directions  avec  les  autres  filaments  cellulaires,  et 
quelques-unes  se  terminent  parfois  entre  les  cellules  pileuses  de  la  face 
supérieure.  Ces  cellules  chromogènes,  ou  à  suc  propre,  sont  abondantes 
jusqu'à  une  certaine  distance  de  la  face  inférieure,  qui  porte  les  tubes 
hyméniens;  il  n'en  existe  plus  dans  le  tissu  qui  produit  ces  tubes,  ce  qui 
explique  la  teinte  pâle  de  cette  région  et  celle  des  tubes  eux-mêmes,  qui 
n'en  renferment  pas. 

M.  de  Seynes  étudie  aussi  les  propriétés  du  proloplasma  des  cellules 
ordinaires  et  des  cellules  à  suc  propre,  ce  qui  le  conduit  à  dire  qu'il  est 
impossible  de  ne  pas  considérer  ces  dernières  comme  des  réservoirs  dans 
lesquels  le  protoplasma  est  à  un  grand  degré  de  richesse  et  associé  à  des 
matières  grasses,  résineuses,  colorantes,  suivant  les  espèces.  Et  plus  loin  : 
«  J'ai  tout  lieu  de  croire  que  le  suc  propre,  coloré  ou  non,  même  entière- 
ment condensé,  peut  être  repris  dans  une  émulsion  nouvelle  et  versé  dans 
les  cellules  du  tissu.   » 

193., 


(  i484  ) 

Pour  M.  de  Seynes,  et  l'on  fend  généralement  à  admettre  cette  opinion 
aujourd'hui,  les  sucs  propres  sont  donc  des  sucs  nutritifs. 

L'auteur  mentionnant,  par  une  citation  de  M.  Sachs,  la  disparition  du 
suc  laiteux  dans  les  paities  les  pins  âgées  des  plantes  et  sa  concentration 
dans  les  plus  jeunes,  votre  rapporteur  se  croit  dans  l'obligation  de  rappeler 
brièvement  ses  propres  observations.  En  1857,  quand  il  commença  la  pu- 
blication de  SCS  travaux  sur  ce  sujet,  les  physiologistes  (Amici,  Treviraiius, 
Meyen,  Mirbel,  Mohl,  Schleiden,  Unger,  de  Tristan,  Schacht,  etc.),  reje- 
tant la  théorie  de  M.  Schullz,  soutenaient  que  le  latex  ne  sert  pas  à  la 
nutrition,  non  plus  que  les  huiles  essentielles  et  les  résines,  qu'il  n'est  jias 
organisé  et  est  rejeté  de  la  circulation  dans  des  réservoirs  particuliers. 
Votre  rapporteur  combattit  cet  avis  de  iSSy  à  1871;  il  affirma  que  les 
laticifères  sont  des  organes  d'élaboration,  puisqu'ils  peuvent  produire  de 
l'amidon,  du  tannin,  etc.,  qu'un  travail  semblable  peut  s'effectuer  dans  les 
vaisseaux  ponctués,  rayés,  réticulés  et  spirales,  avec  lesquels  les  laticifères 
sont  souvent  en  relation,  et  qu'ensuite  les  matières  élaborées  sont  rendues 
aux  tissus  voisins.  En  i865  il  montra,  à  l'appui  de  son  opinion,  que  le 
latex  du  Macleya  et  celui  des  Convolvulacées  indiquées  [Comptes  rendus, 
t.  LX,  p.  524  et  828)  est  résorbé  et  disparaît  graduellement  de  bas  en  haut 
dans  les  parties  âgées  de  la  tige,  etc.  Les  stipes  du  BaLantium  antarcticum, 
de  VAUophila  aculeala,  J.  Sm.,  etc.,  sont  plus  curieux  encore  en  ce  que, 
dans  une  région  donnée,  pendant  que  d'anciennes  séries  de  cellules  à  suc 
propre  fortement  colorées  s'appauvrissent,  diminuent  de  volume  et  dis- 
paraissent, il  s'en  forme  de  nouvelles  au  milieu  du  tissu  voisin.  D'abord 
incolores,  elles  deviennent  blondes,  puis  rouges  et  brunes,  et  disparaissent 
à  leur  tour  [Comptes  rendus,  t.  LXXII,  p.  645  et  suiv.). 

Malgré  sa  constitution  élémentaire  à  peu  près  uniforme,  le  tissu  rouge 
du  réceptacle  du  Fistulina  hepatica  est  parcouru  par  des  bandes  blan- 
châtres, figurées  par  la  plupart  des  auteurs,  mais  non  expliquées  par  eux. 
Ces  bandes,  parallèles  au  milieu  de  l'organe,  divergent  de  plus  en  plus  au 
voisinage  de  la  surface  du  Champignon,  les  unes  vers  la  face  inférieure,  les 
autres  vers  la  face  supérieure  ou  les  côtés.  Leur  teinte  plus  pâle  est  due 
à  la  présence  de  bulles  gazeuses,  qui  sont  répandues  dans  les  espaces  inter- 
cellulaires OH  et  là  plus  ou  moins  dilatés,  qu'elles  suivent  dans  une  direc- 
tion déterminée,  de  la  base  du  pédicule  vers  la  périphérie  du  chapeau. 
Ces  bandes  plus  claires  ne  sont  pas  isolées  les  unes  des  autres,  car,  sur 
une  coupe  perpendiculaire  à  leur  direction,  on  les  voit  se  réunir  et  entourer 
des  espaces  de  tissu  rouge.  L'auteur  compare  cet  arrangement  à  la  disposi- 


(   '4«5  ) 

tion  des  faisceaux  musculaires  circonscrits  par  le  tissu  aponévrolique.  Il 
nous  reste  à  indiquer  la  répartition  des  coniclies. 

Nous  avons  vu  déjà  que  les  premières  apparaissent  avant  le  chapeau 
lui-même.  Dès  que  le  réceptacle  se  présente  comme  une  sphénde  de 
2  millimètres  de  diamètre,  il  porte  des  conidies.  Des  poils  allongés,  quel- 
ques-uns serrés  et  agglutinés  forment  le  revêtement  externe  de  ce  com- 
mencement du  réceptacle.  Au  niveau  de  la  terminaison  des  poils  se 
montrent  des  coniclies  :  «  c'est  le  scnl  moment  de  la  vie  du  Champignon  où 
elles  font  issue  au  dehors  ».  L'auteur  a  pu  suivre  leur  connexion  avec 
les  cellules  du  tissu  sous-jacent. 

Votre  Commission  n'a  point  eu  l'occasion  de  véiificr  ce  premier  état; 
mais  elle  a  vu  de  jeunes  réceptacles  présentant  des  conidies  sur  tout  le 
pourtour  du  renflement  terminal,  avant  que  le  chapeau  fût  formé.  Ici, 
comme  dans  l'état  adidte,  les  conidies  sont  renfermées  à  l'intérieur  du 
tissu  placé  sous  la  zone  des  poils.  Ces  conidies  se  forment  en  si  grande 
abondance  que  quelquefois  le  développement  du  chapeau  est  arrêté.  L'in- 
dividu est  alors  exclusivement  conidipare. 

On  rencontre  parfois  des  cellules  qui  ne  portent  qu'une  seule  conidie;  il 
y  en  a  quelquefois  deux  superposées,  résultant  de  la  division  d'une  même 
cellule;  mais  très-fréquemment  le  même  filament  produit  de  petits  rameaux 
conidipares  très-rapprochés;  on  a,  dans  ce  cas,  comme  de  courtes  grappes, 
des  bouquets  ou  même  de  petites  panicules  de  conidies. 

M.  de  Seynes  signale  comme  une  sorte  d'antagonisme  entre  la  portion 
conidipare  et  la  portion  tubidifère.  Il  trouve  que  sur  les  individus  dont 
les  tubes  hyméniens  occupent  peu  de  place,  la  région  conidipare  est  d'au- 
tant plus  étendue  à  la  face  supérieure,  et  qu'au  contraire,  sur  les  individus 
qui  ont  la  couche  des  tubes  hyméniens  sur  une  très-grande  surface,  la  ré- 
gion conidipare  est  plus  limitée,  et  comme  rejetée  en  arrière  vers  le  som- 
met du  pédicule. 

Là,  il  nous  semble,  pourrait  bien  être  la  cause  de  la  divergence  des  opi- 
nions de  MM.  de  Bary  et  de  Seynes.  Si  l'on  n'a  à  sa  disposition  que  des  spé- 
cimens privés  de  leur  pédicule,  et  ayant  un  chapeau  très-large,  chargé  de 
tubes  hyménophores,  il  peut  très-bien  ne  pas  exister  de  conidies  à  leur  face 
supérieure,  ou  elles  y  sont  si  rares  qu'elles  peuvent  n'être  pas  aperçues.  Il 
y  a  de  tels  exemplaires  parmi  ceux  que  M.  de  Seynes  a  mis  à  notre  dispo- 
sition. D'autres,  au  contraire,  aussi  de  grande  dimension,  mais  pourvus  de 
leur  pédicule,  sont  très-riches  en  conidies  vers  la  partie  supérieure  de  ce 


(  i486  ) 
pédicule.  Sur  douze  spécimens  examinés,  un   seul,   incomplet,  était  dé- 
pourvu de  conidies. 

Si  aux  faits  qui  précèdent  on  ajoute  la  même  couleur  un  peu  rougeâtre 
de  la  membrane  des  spores  et  des  conidies,  ainsi  que  la  similitude  de  leur 
contenu,  on  n'hésitera  pas  à  admettre  que  c'est  avec  raison  que  M.  de  Seynes 
a  pu  dire  que  le  Fislulina  hepatica  établit  entre  les  Thécasporés  et  les  Basi- 
diosporés  le  même  lien  que  M.  Tulasne  reconnaissait  être  formé  par  les 
TrémcUinées,  «  à  cause  des  formes  gemmifères  (conidifères)  que  revêtent 
souvent  quelques-unes  d'entre  elles,  soit  partiellement,  soit  exclusivement 
atout  vestige  d'hyménium  sporophore  ». 

Je  terminerai  en  disant  que,  sur  trois  espèces  propres  à  l'Amérique, 
M.  de  Seynes  a  pu  en  étudier  anatomiquement  deux,  adultes  et  de  petite 
dimension  (les  F.  pallida  et  spathuUila)\  elles  ne  lui  ont  pas  montré  de  coni- 
dies; mais,  ainsi  que  le  pense  l'auteur,  ce  fait  n'est  pas  de  nature  à  infirmer 
les  observations  que  lui  a  fournies  le  F.  hepalica. 

Votre  Commission,  appréciant  le  mérite  du  travail  de  M.  de  Seynes,  ac- 
corde à  ce  savant  cryptogamiste le  prix  Desmazières  pour  l'année  i'6']l\. 

PRIX  DE  LA  FONS  MÉLICOCQ. 

(Commissaires:  MM,  Brongniart,  Decaisne,  Duchartre,  Trécul, 

Chatin  rapporteur.) 

Deux  ouvrages  ont  été  adressés  à  l'Académie  en  vue  de  ce  prix,  savoir  : 

1°  V Essai  d'un  catalogue  raisonné  el  descriplij  des  plantes  vasculaires  du 
déparlement  des  Ardennes,  par  M.  Calley,  pharmacien  au  Chesne  (manuscrit 
de  xvii-'i24  pages). 

1°  Le  Catalogue  raisonné  des  plan  tes  vasculaires  de  la  Somme,  par  M  M .  Eloy 
deVicq  et  Blondin  de  Brctelette  (vi-S'yS  pages  in-8;  plus  un  supplément 
de  34  pages.  Abbeville,  1865-1873). 

Chacun  de  ces  travaux  consacre  un  progrès  notable  dans  la  connaissance 
de  la  flore  du  département  qu'il  concerne,  un  grand  nombre  d'espèces 
y  figurant  pour  la  première  fois,  en  même  temps  que  des  localités  nouvelles 
sont  indiquées  pour  bon  nombre  de  plantes  rares. 

La  plupart  des  espèces  signalées  pour  la  première  fois  et  des  localités 
jusqu'à  ce  jour  inconnues  sont  le  fruit  des  voyages  botaniques  des  auteurs, 
qui  ont  consacré  de  longues  années  à  l'exploration  de  leur  région  res- 
pective. 


(   >487  ) 

Si  le  nombre  des  espèces  jusqu'à  présent  inédites  est  beaucoup  plus  con- 
sidérable dans  le  catalogue  des  Ardennes  que  dans  celui  de  la  Somme,  cela 
tient  surtout  à  ce  que  l'auteur  du  premier  de  ces  catalogues,  M.  Calley,  a 
plus  de  tendance  que  MM.  de  Vicq  et  de  Brutelette  à  multiplier  les  espèces 
par  le  dédoublement  des  types  spécifiques  anciens  ;  mais  cette  tendance, 
qui  ne  provoque  la  critique  que  lorsqu'elle  est  exagérée,  est  ici  dans  tous 
les  cas  bien  compensée  par  les  soins  qu'a  donnés  l'auteur  à  la  description 
orographique  et  géologique  du  département,  ainsi  qu'aux  rapports  des 
espèces  avec  l'altitude  des  lieux  et  la  composition  chimique  du  sol. 

En  résumé,  votre  Commission,  appréciant  les  mérites  divers  des  deux 
travaux,  propose  de  partager  entre  leurs  auteurs,  à  titre  d'encouragement, 
la  valeur  du  prix  de  La  Fons  Mélicocq. 

L'Académie  a  adopté  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


ANATOMIE  ET  ZOOLOGIE 


PRIX  THORE. 

(Commissaires  :  MM.   Milne  Edwards,  Brongniart,  Decaisne,  Duchartre, 

Emile  Blanchard  rapporteur.) 

La  Commission  chargée  de  décerner  le  prix  Thore,  pour  l'année  1874, 
a  distingué  un  ouvrage  considérable  ayant  pour  titre  :  Les  Fourmis  de  la 
Suisse,  par  Auguste  Forel  (i). 

L'auteur  a  lu  l'oeuvre  de  sou  couipatriote,  Pierre  Huber,  et  il  l'a  con- 
tinuée. 

La  première  Partie  de  l'ouvrage  est  consacrée  à  l'exposition  des  carac- 
tères de  toutes  les  espèces  de  Fourmis  qui  habitent  la  Suisse;  l'auteur  a 
très-heureusement  considéré  les  relations  entre  les  particularités  de  con- 
formation et  les  aptitudes  au  travail  ou  à  la  guerre.  Après  la  détermination 
des  espèces  vient  l'étude  anatouiique  et  physiologique  de  divers  organes; 
ce  sont  ensuite  d'intéressantes  remarques  touchant  l'instinct  et  l'intelli- 
gence. Les  procédés  à  l'usage  des  Fourmis  quand  elles  se  rendent  des  ser- 
vices mutuels  ou  quand  elles  donnent  des  soins  soit  aux  larves,  soit  aux 
nymphes,  ont  été  le  sujet  d'observations   et  d'expériences  curieuses.  Ou 


(i)   I  vol.  in-4",  4-^^  pages,  2  planches;  Zurich,  1874- 


(  i488  ) 
demeure  frappé  de  voir  de  quelle  façon  méthodique  des  Fourmis  pro- 
cèdent à  la  toilette  d'une  compagne  qui  s'est  embourbée  pendant  ses  ex- 
cursions. M.  Forel  fait  partager  son  admiration  pour  ces  intelligentes  petites 
bêtes  lorsqu'il  rapporte  qu'ayant  sali,  souillé,  déformé  les  cocons  soyeux 
qui  contiennent  les  nymphes,  il  retrouva  toujours,  le  lendemain  matin,  les 
mêmes  cocons  parfaitement  nettoyés,  revenus  à  leur  blancheur  primitive. 
Depuis  le  jour  où  Pierre  Huber  fit  connaître  les  habitudes  des  fameuses 
Amazones  [Foljergus  rufescens),  on  a  souvent  parlé  de  la  précision  des 
mouvements  d'une  colonne  expéditionnaire  au  départ  et  de  l'ordre  parfait 
que  conserve  la  troupe  pendant  une  longue  marche  ;  l'auteur  des  nouvelles 
recherches  montre  cette  belle  attitude  devenant  impossible  dès  que  les  in- 
dividus sont  chargés.  La  Fourmi  qui  porte  un  lourd  cocon,  toute  préoc- 
cupée de  son  fardeau,  est  incapable  de  donner  ailleurs  la  moindre  atten- 
tion; toutes  alors  vont  à  la  débandade;  les  unes  s'égarent  et  les  autres, 
mieux  assurées  de  leur  direction,  n'en  prennent  nul  souci.  Après  mille 
hésitations,  les  égarées  retrouvent-elles  le  bon  chemin,  elles  témoignent 
par  l'assurance  de  la  démarche  qu'elles  se  reconnaissent.  C'est  un  signe 
d'excellente  mémon-e  que  note  l'observateur. 

On  a  beaucoup  vu  et  maintes  fois  raconté  les  combats  des  Fourmis.  A 
ce  sujet,  M.  Forel  nous  révèle  les  dispositions  des  ditférentes  espèces.  Il  y 
a  les  espèces  timides,  lâches,  ne  cherchant  jamais  le  salut  que  dans  la 
fuite,  et  les  espèces  braves,  paraissant  se  complaire  dans  les  luttes.  Néan- 
mohis  souvent  encore,  chez  ces  dernières,  le  courage  a  besoin  d'être  excité. 
On  voit  l'individu,  d'abord  craintif,  hésitant,  qui  peu  à  peu  s'anime  jus- 
qu'à déployer  une  audace  insensée;  dans  un  paroxysme  de  rage,  il  se  fait 
tuer  inutilement  :  c'est  l'ivresse  du  combat,  Lorsqu'une  Fourmi  est  atteinte 
d'une  pareille  folie  furieuse,  ses  compagnes,  s'il  est  |)ossible,  s'efforcent 
de  l'arrêter;  elles  la  saisissent  et  la  retiennent  par  les  pattes,  ne  l'abandon- 
nant qu'après  l'avoir  ramenée  au  calme. 

Dans  le  livre  sur  les  Fourmis  de  la  Suisse,  une  étude  des  ouvrières  aptes 
à  la  reproduction  offre  un  véritable  intérêt.  On  savait  que  parfois  des 
Fourmis  ordinaires  effectuent  des  pontes;  M.  Forel  montre  que  par  l'en- 
semble de  la  conformation  ces  individus  sont  intermédiaires  entre  les  fe- 
melles fécondes  et  les  neutres;  leurs  ovaires  ont  tantôt  un  développement 
complet,  tantôt  un  développement  imparfait. 

Le  Chapitre  concernant  l'architecture  des  nids  renferme  nombre  d'ob- 
servations neuves.  L'auteur  s'attache  à  faire  ressortir  combien  l'art  des 
constructions  varie  selon  les  espèces.  Au  contraire  des  nids  de  Guêpes  ou 
d'Abeilles,  des  habitations  de  Fourmis  de  même  espèce  peuvent  présenter. 


(  '4H9  ) 
dans  la  forme  et  dans  les  dispositions  intérieures,  de  remarquables  diffé- 
rences. L'emplacement,  la  saison,  l'étendue  de  la  population  déterminent 
des  aménagements  particuliers.  Selon  l'observateur,  les  Fourmis  se  que- 
rellent parfois  pour  l'exécution  d'un  travail  qui  ne  convient  pas  également 
à  toutes  les  ouvrières.  Des  Fourmis,  on  ne  l'ignorait  pas,  s'installent  assez 
volontiers  dans  le  nid  d'une  autre  espèce,  qu'elles  trouvent  abandonné 
ou  dont  elles  s'emparent  de  vive  force;  elles  se  contentent  de  faire  des 
réparations  ou  d'apporter  quelques  modifications  dans  la  demeure  étran- 
gère. Plusieurs  naturalistes  avaient  signalé  la  cohabitation  d'espèces  dont 
l'inimitié  est  ordinaire.  M.  Forel  s'est  assuré  que  la  cohabitation  n'existe 
pas;  les  deux  sortes  de  Fourmis  logées  dans  le  même  nid  occupent  des 
appartements  séparés;  des  murs  en  terre  interceptent  toute  communica- 
tion. Qu'on  s'avise  de  pratiquer  des  ouvertures  et  l'on  sera  témoin  de 
combats  furieux.  L'auteur  des  nouvelles  recherches  sur  les  Fourmis  delà 
Suisse  a  donné  une  extrême  attention  à  tous  les  détails  des  constructions; 
il  ajoute  notablement  à  ce  que  Pierre  Huber  a  enseigné.  Le  Chapitre  où  il 
expose  ses  observations  et  les  résultats  de  ses  expériences  sur  les  mœurs 
des  Fourmis  est  rempli  de  faits  d'un  intérêt  saisissant.  L'investigateur  a 
suivi  mieux  que  tout  autre  les  agissements  des  femelles  fécondes  isolées; 
il  a  étudié  et  provoqué  en  foule  des  alliances  entre  les  espèces  indus- 
trieuses et  les  espèces  inhabiles  à  l'éducation  des  larves;  il  a  observé  les 
guerres  et  reconnu  les  différentes  manières  de  combattre;  il  a  examiné 
l'influence  de  la  température  et  de  la  lumière  sur  les  actes  des  Fourmis,  et 
de  l'ensemble  de  ses  recherches  la  science  s'est  enrichie  d'une  foule  de 
notions  précises. 

Considérant  que  l'ouvrage  intitulé  :  Les  Fourmis  de  In  Suisse  jelte  de  nou- 
velles clartés  sur  l'histoire  des  insectes,  peut-être,  entre  tous,  les  plus 
remarquables  par  les  mœurs  comme  par  les  manifestations  de  l'instinct 
et  de  l'intelligence,   la    Commission    décerne   le   prix    Thore  à  l'auteiu-, 

M.  ACGCSTE  FoREL. 

PRIX  SAVIGNY. 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  Blanchard,  Ch.  Robin,   de  Lacaze- 
Duthiers,  de  Quatrefages  rapporteur.) 

La  Commission  déclare  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  décerner  ce  prix  pour 
l'année  1874- 


C.  R.,  1874,  3«  Si:ineilrc.  (T.  LXXIX,  N»  2^t.)  104 


(  i49o  ) 
MÉDECINE  ET  CHIRURGIE. 


PRIX  BRÉANT. 

(Commissaires  :  MM.  Andral,  Cl.  Bernard,  baron  J.  Cloquet,  Bouillaud, 
Gosselin,  Sédillot  rapporteur.) 

Le  prix  de  cent  mille  francs,  légué  par  Bréant  à  l'Académie  pour  être 
décerné  à  celui  qui  découvrira  la  cause  du  choléra  épidémique,  ou  un 
moyen  spécifique  de  guérison  de  cette  maladie,  a  été,  cette  année,  comme 
les  années  précédentes,  l'objet  de  nombreux  travaux,  et  si  la  Commission 
a  le  regret  de  ne  pouvoir  encore  jiroposer  de  donner  ce  magnifique  prix, 
elle  a  cependant  reconnu  l'importance  des  Mémoires  manuscrits  ou  im- 
primés qui  lui  ont  été  adressés,  et  a  particulièrement  distingué  ceux  de 
M.  le  D''  Charries  Pellarin  et  de  M.  le  D'  Jrmieux^  et  les  a  jugés  dignes  d'en- 
couragements. 

M.  le  D''  Cu..  Pellarin  a  fait  parvenir  à  l'Académie  : 

1°  Une  Note  remontant  au  mois  de  septembre  1849,  Sur  la  contacjion  et 
les  modes  de  transmission  du  choléra. 

2°  Une  seconde  Communication  sur  le  même  sujet,  en  i85o. 

3°  Une  brochure  intitulée  :  Le  choléra  ou  typhus  indien.  Epidémie  de  1 865. 
Prophjlaxie  et  traitement.  (Paris,  186G.) 

ll^  Une  seconde  brochure  :  Le  choléra,  comment  il  se  propage  et  comment 
l'éviter;  solution  trouvée  et  publiée  en  1849.  (P'"''S,  1873.) 

5"  Une  Note  manuscrite,  ayant  pour  litre  :  Les  déjections  cholériques, 
agents  de  transmission  du  choléra.  (Séance  de  l'Académie  du  i5  septembre 
1873.) 

6°  Une  deuxième  Note,  Sur  le  rôle  des  déjections  cholériques  dans  les  trans- 
missions du  choléra.  (Séance  du  17  novembre  1873.) 

1°  Note  supplémentaire  ci  titre  de  renseignements.  (Séance  du  23  février 
1874.) 

Le  fait  dominant  de  ces  recherches  est  la  constatation  du  caractère  et 
des  modes  de  la  contagion  cholérique. 

Parmi  les  médecins  envoyés  en  Pologne  en  i83i  pour  y  étudier  le  choléra, 
M.  Brière  de  Boismont  fut  un  des  premiers  à  en  signaler  la  propagation  par 
les  COI  |)s  d'armée  eu  campagne;  mais  la  transmission  d'homme  à  homme 


(  i49>  ) 
par  le  contact  ne  parut  pas  admissible,  et  les  courageuses  expériences  du 
D''Foy,  devenu  plus  tard  un  des  chefs  pharmaciens  des  hôpitaux  de  Paris, 
et  qui  s'était  ingéré,  sans  accidents,  du  sang  et  des  déjections  cholériques, 
l'immunité  de  la  plupart  des  médecins  et  de  leurs  aides,  l'insuffisance  des 
cordons  sanitaires,  la  crainte  d'alarmer  les  populations  et  l'autorité  des 
doctrines  anticontagionistes,  professées  alors  au  sujet  de  la  fièvre  jaune 
par  Chervin  et  d'autres  médecins  renommés,  firent  repousser  et  comme 
proscrire  toute  idée  de  contagion. 

I^'épidémie  qui  régna  en  France  et  sévit  à  Paris  en  i832  ne  modifia  pas 
cette  opinion  jusqu'en  1849,  et  l'on  doit  tenir  grand  compte  à  M.  Ch.  Pel- 
larin,  alors  médecin  attaché  à  la  garnison  de  Givet,  d'avoir  nettement  re- 
connu le  caractère  contagieux  de  l'épidémie,  d'en  avoir  signalé  la  trans- 
mission par  des  malades  dont  l'itinéraire  fut  suivi  et  constaté,  et  d'avoir, 
sans  hésitation,  appelé  l'attention  sur  le  danger  des  émanations  des  déjec- 
tions cholériques  et  sur  l'importance  d'y  remédier  par  des  mesures  pro- 
phylactiques dont  le  succès  fut  la  sanction  de  ses  conseils. 

M.  Ch.  Pellarin  recommanda  l'emploi  des  solutions  de  sulfate  de  fer 
pour  la  désinfection  des  objets  contaminés,  fit  combler  les  fosses  dont 
les  émanations  provoquaient  et  propageaient  la  maladie,  obtint  que  divers 
groupes  de  troupes  fussent  changés  de  casernement  et  adressa  plusieurs 
Communications  à  ce  sujet  à  l'Académie  (1849  et  i85o). 

M.  Ch.  Pellarin  n'a  pas  cessé  depuis  ce  moment,  comme  nous  l'avons 
montré  par  rémunération  de  ses  travaux,  de  défendre  et  de  propager  les 
mêmes  doctrines,  et  il  est  un  de  ceux  qui  ont  le  plus  contribué  à  prouver 
les  propriétés  contagieuses  des  déjections  cholériques. 

Delpech,  à  sou  retour  d'Angleterre  en  i832,  avait  déjà  soutenu  ces 
idées,  mais  il  n'avait  pas  été  écouté;  l'ouvrage  du  D"^  Snow,  en  août  1849, 
sur  la  propagation  du  choléra  par  les  eaux  de  Londres,  viciées  par  des 
matières  cholériques,  leva  tous  les  doutes. 

Les  faits  publiés  par  Snow,  un  mois  avant  la  Communication  de  M.  Ch. 
Pellarin  à  l'Académie  des  Sciences,  n'en  ont  pas  diminué  l'importance. 

La  conférence  sanitaire  internationale  de  Constantinople  et  celle,  plus 
récente,  de  Vienne  ont  maintenu  et  confirmé  les  mêmes  observations. 

C'est  par  une  suite  de  recherches  non  interrompues  qu'on  parviendra 
certainement  à  mieux  préciser  et  à  résoudre  la  question  des  causes  et  des 
moyens  de  traitement  du  choléra,  et  les  connaissances  déjà  acquises  au 
prix  de  longs  travaux  et  de  généreux  dévouements  mettent  dans  tout  leur 
jour  le  mérite  de  ceux  qui  y  ont  successivement  concouru. 

194.. 


(   i492  ) 
En  considération  de  vingt-cinq   années  de  labeurs  utilement  consa- 
crés à  la  poursuite  de  la  vérité,  la  Commission  a  cru  devoir  recommander 
M.  Cil.  Pellarin  aux  bienveillants  suffrages  de  rA.cadéinie. 

M.  le  D''  Armieux,  l'un  de  nos  médecins  militaires  les  plus  distingués, 
membre  résidant  de  la  Société  de  Médecine ,  Chirurgie  et  Pharmacie  de 
Toulouse,  a  envoyé  à  la  Commission  deux  Mémoires  imprimés  ayant  pour 
titres  :  Le  choléra  à  Toulouse.  La  rcparlilion  du  choléra  en  France. 

M.  Armieux  a  rappelé  en  quelques  pages,  dans  la  première  de  ces  pu- 
blications, les  faits  relatifs  à  l'origine,  aux  invasions,  à  la  propagation  et 
aux  modes  de  transmission  du  choléra  et  a  signalé,  avec  une  science  pro- 
fonde et  une  remarquable  sagacité,  toutes  les  influences  topographiques, 
géologiques,  orographiques,  hydrologiques,  anémologiques,  climatolo- 
giques  et  ethnographiques  qui  s'y  rapportent;  a  rappelé  les  diverses  sup- 
positions faites  au  sujet  des  organismes  microscopiques  :  germes,  spores, 
ovules,  microphytes,  microzoaires,  qui  sont  très-probablement  la  cause 
première  de  la  maladie. 

M.  Armieux  a  passé  en  revue  les  moyens  de  prophylaxie  et  de  traite- 
ment qui  ont  été  recommandés  et  employés,  et,  appliquant  ces  connais- 
sances à  l'épidémie  qui  a  régné  en  i854  à  Toulouse,  il  a  donné  le  tableau 
de  la  mortalité  proportionnelle  des  cholériques  dans  la  population  civile 
et  la  garnison,  et  a  exposé  tout  un  système  de  précautions  réglementaires 
pour  borner,  combattre  et  arrêter  les  envahissements  et  les  ravages  de  la 
maladie  dans  les  lieux  où  on  la  verrait  se  manifester. 

Ce  ne  sont  pas,  cependant,  ces  études  pleines  d'intérêt  qui  ont  le  plus 
fixé  l'attention  de  la  Commission. 

M.  Armieux  a  donné  un  tableau  complet  des  départements  de  la  France 
teintés  de  quatre  nuances  de  plus  en  plus  sombres  du  blanc  au  noir,  selon 
que  les  quatre  épidémies  de  i832,  1849,  i854  et  i865  avaient  épargné 
ou  envahi  une  ou  plusieurs  fois  ces  localités,  et  un  simple  coup  d'œil 
permet  de  reconnaître,  à  l'aide  de  chiffres,  quelles  ont  été  les  conditions 
de  chacun  de  nos  départements  dans  la  propagation  du  choléra  dont  la 
gravité,  la  durée,  les  retours  et  les  principaux  modes  de  transmission  sont 
faciles  à  suivre  et  à  étudier. 

C'est  l'application  au  choléra  du  tableau  départemental  que  notre  il- 
lustre et  regretté  confrère  le  baron  Ch.  Dupin  avait  établi  pour  les  diffé- 
rents degrés  de  l'instruction  en  France,  et,  sur  une  échelle  bornée,  la  re- 
production des  itinéraires  et  des  immenses   propagations  des  épidémies 


(  i493  ) 
cholériques,  des  embouchures  du  Gange  à  toutes  les  parties  du  globe  qui 
en  ont  été  victimes. 

L'influence  du  nombre  et  de  la  facilité  des  voies  de  communication  et 
de  transport  sur  la  marche  et  hi  propagation  du  choléra  semble  résulter 
de  l'immunité  des  départements  des  Landes,  des  Ilautes-Pyrénées,  du 
Gers,  du  Lot,  de  la  Dordogne,  de  la  Corrèze,  du  Cantal,  etc.,  comparée 
aux  quatre  épidémies  subies  par  les  départements  de  la  Seine,  des  Bouches- 
du-Rhône,  de  la  Manche,  du  Finistère,  de  la  Loire-Inférieure  et  de  la 
Moselle,  etc.,  sans  qu'on  puisse  néanmoins  négliger  l'étude  des  conditions 
qui  devront  expliquer  pourquoi  Lyon,  par  exemple,  n'a  encore  été  at- 
teint qu'une  seule  fois,  et  assez  légèrement,  quoique  centre  d'une  grande 
activité  commerciale  et  de  translations  très-multipliées. 

Toute  nouvelle  source  de  vérité  et  de  science  ne  saurait  être  trop  encou- 
ragée, et  c'est  à  ce  titre  que  la  Commission  propose  à  l'Académie  d'ac- 
corder une  récompense  de  trois  mille  cinq  cents  francs  h  M.  Ch.  Pellauin, 
et  de  quinze  cents  frmics  h  M.  Armieux,  à  prélever  sur  les  cinq  mille  francs 
des  intérêts  annuels  du  prix  Bréant. 

L'Académie  a  adopté  ces  conclusions. 

PRIX  MONTYON,  MÉDECINE  ET  CHIRURGIE. 

(Commissaires  :  MM.  Bouillaud,  Cl.  Bernard,  Robin,  J.  Cloquet,  Andral, 
Sédillot,  Larrey,  Bouley,  Gosselin  rapporteur.) 

La  Commission  des  prix  Montyon  de  Médecine  et  Chirurgie,  pour  l'an- 
née 1874,  a  reçu  et  examiné  trente-cinq  ouvrages  ou  Mémoires.  Dans  ce 
nombre,  elle  en  a  distingué  six,  qui,  par  les  découvertes  qu'ils  contiennent 
ou  les  progrès  qu'ils  font  faire  à  l'art  de  guérir,  lui  ont  paru  remplir  les 
conditions  indiquées  dans  le  testament  de  M.  de  Montyon. 

Conformément  à  la  tradition  des  dernières  années,  la  Commission 
accorde  à  trois  de  ces  travaux  un  prix,  et  aux  trois  autres  une  mention. 

PRIX. 

Les  trois  prix  sont  obtenus  par  MM.  les  D"  Dieulafoy,  Malassez  et  Méhu 
(par  ordre  alphabétique)  : 

1°  M.  Dieulafoy  est  auteur  d'un  ouvrage  Sttr  raspiralion  des  liquides 


(  i494  ) 

morbides  dans  le  traitement  des  maladies  chirurgicales.  (Paris,  iS^S,  chez 
G.  Masson,  éditeur.) 

L'idée  capitale  produite  dans  ce  livre  est  dévider  les  tumeurs  formées 
par  des  collections  liquides  ou  gazeuses  au  moyen  de  l'aspiration  avec  un 
corps  de  pompe  daus  lequel  le  vide  a  été  fait  préalablement  à  l'opération. 
Il  y  a  longtemps  assurément  que  les  chirurgiens  ont  eu  recours,  de  temps  à 
autre,  à  l'aspiration  ;  mais  ils  la  pratiquaient  en  adaptant  le  corps  de  pompe 
représenté  par  la  seringue  vulgaire  à  un  tube,  qvii  plongeait  dans  le  foyer, 
et  en  retirant  doucement  le  piston.  D'une  part,  ce  procédé  n'était  ni  com- 
mode ni  expéditif;  d'autre  part,  il  avait  l'inconvénient  de  ne  pas  faire  un 
vide  parfait  et,  conséquemment,  de  nécessiter  des  canules  lui  peu  volu- 
mineuses. En  outre,  les  mains  qui  amenaient  le  piston  transmettaient  iné- 
vitablement quelques  mouvements  à  la  canule  et  risquaient  de  déchirer 
l'intérieur  de  la  poche,  d'où  l'impossibilité  d'appliquer  la  méthode  à  des 
cavités  qu'il  importait  d'ouvrir  étroitement  et  de  ne  pas  déchirer.  Ces 
inconvénients  sont  évités  par  le  vide  préalable.  Le  corps  de  pompe  est  fa- 
briqué de  telle  sorte  que  ce  vide  y  est  complet  et  que  l'aspiration  se  fait 
exclusivement  sur  le  liquide  contenu  dans  la  poche. 

Des  canules  très-petites  peuvent  être  employées,  et  la  main  du  chirur- 
gien conserve,  pendant  que  l'aspiration  se  fait,  une  immobilité  telle  que  les 
déchirures  sont  impossibles.  L'appareil  instrumental  est  d'ailleurs  com- 
plété et  perfectionné  par  des  robinets  qui  fonctionnent  bien  et  par  l'emploi 
de  tubes  en  caoutchouc  vulcanisé,  dont  les  déplacements  ne  se  transmet- 
tent en  aucune  façon  au  tube  métallique  plongé  dans  le  foyer  morbide. 

L'idée  ingénieuse  et  simple  de  M.  Dieulafoy  lui  a  permis  l'emploi  de 
l'aspiration  pour  des  maladies  pour  lesquelles  ou  n'aurait  pu  songer  pru- 
demment à  se  servir  de  l'ancien  procédé,  et  notamment  pour  la  hernie 
étranglée,  la  ponction  de  la  vessie,  les  kystes  hydatiques  du  foie,  les  épan- 
chements  articulaires. 

Des  critiques  et  des  contestations  de  priorité  ont  été  adressées  à  M.  Dieu- 
lafoy, sous  ce  prétexte,  dont  nous  parlions  tout  à  l'heure,  que  d'autres  avant 
lui  avaient  songé  à  l'aspiration  avec  une  seringue  ;  mais  on  a  fait  à  cet  égard 
une  confusion  regrettable.  Ce  qui  caractérise  l'invention  de  M.  Dieulafoy, 
ce  n'est  pas  l'aspiration  seulement,  c'est  l'aspiration  faite  au  moyen  du  vide 
préalable,  et  faite  avec  des  modifications  instrumentales  nouvelles  aux- 
quelles personne  n'avait  songé  avant  lui.  L'innovation  a  été  si  universelle- 
ment recoiHuie  que  partout  elle  a  été  adoptée  comme  un  procédé  chirur- 
gical nouveau,  sous  le  nom  de  procédé  Dieidafoj.  La  Commission  ne  fait 


(  i495  ) 
donc  que  confirmer  un  hommage  rendu  par  les  étrangers  à  une  invention 
française  éminemment  utile,  en  décernant  un  des  prix  Montyon  à  M.  le 
D^Dieulafoy. 

2°  M.  le  D''  Malassez,  répétiteur  au  Collège  de  France,  s'est  attaché, 
depuis  quelque  temps,  à  étudier  certaines  modifications  dans  la  composi- 
tion du  sang  chez  l'homme  malade.  Poursuivant,  dans  cette  direction,  les 
recherches  de  MM.  Andral,  Gavarret  et  Piorry,  il  s'est  préoccupé  non 
plus  des  proportions  de  la  fibrine,  de  la  sérosité  et  des  globules,  mais  des 
changements  dans  le  nombre,  la  forme  et  le  volume  de  ces  derniers;  c'est 
dire  qu'au  lieu  de  recherches  chimiques  il  s'agit  ici  de  lecherches  exclusi- 
vement microscopiques. 

M.  JMalassez  a  envoyé  quatre  Mémoires  sur  ce  sujet.  Le  premier  est 
intitulé  :  De  la  numération  des  globules  rouges  du  sang.  L'auteur  y  fait  con- 
naître deux  découvertes  :  l'une  est  c^  lie  de  l'instrument  dont  il  se  sert  pour 
compter  les  globules  rouges  du  sang  et  chercher,  en  cas  de  maladie,  si  le 
chiffre  est  au-dessus  ou  au-dessous  de  la  moyenne,  cette  moyenne  étant  de 
4  millions,  chez  l'homme,  par  millimètre  cube.  Cet  instrument,  qui  s'ajoute 
à  un  microscope  ordinaire,  est  un  perfectionnement  de  ceux  qui  avaient 
été  imaginés  :  en  Allemagne,  par  MM.  Wierordt  et  Cramer;  en  Italie,  par 
Mantegazza;  en  France,  par  le  D'^  Potain.  Il  consiste  en  un  tube  capillaire 
très-fin,  dans  lequel  on  fait  arriver  un  mélange  de  sang  et  de  sérum  artifi- 
ciel, et  dans  lequel  l'auteur  a  calculé  le  rapport  entre  le  volume  du  liquide 
et  la  longueur  du  trajet  qu'il  occupe  dans  ce  tube.  Comme,  d'autre  part, 
l'auteur  a  déterminé  le  volume  de  chaque  longueur,  par  rapport  à  i  milli- 
mètre cube,  il  peut,  après  avoir  examiné  avec  un  oculaire  quadrillé  et 
compté  les  globules  qui  se  trouvent  dans  mie  longueur  de  400,  5oo  ou 
600  millièmes  de  millimètre,  arriver  au  chiffre  qui  doit  se  trouver  dans 
I  millimètre  cube. 

L'autre  découverte  est  relative  aux  variétés  que  présente  le  chiffre  des 
globules  dans  les  diverses  parties  du  corps.  Ce  chiffre  est  plus  grand  dans 
les  petites  artères  que  dans  les  grosses,  dans  les  veines  que  dans  les  artères, 
et  il  est  d'autant  plus  élevé  dans  les  veines  que  le  sang  contenu  dans  ces 
dernières  y  a  perdu  plus  ou  moins  de  son  sérum  par  les  exosmoses  qui  se 
sont  opérées. 

Le  deuxième  Mémoire  est  consacré  à  l'étude,  au  moyen  de  l'instruinenl 
qui  précède,  du  nombre  des  globules  blancs  dans  Térysipèle;  le  iroisiènic 
à  la  diminution  du  nombre  des  globules  rouges  chez  les  cancéreux  et  les 


(  "^.96  ) 
tuberculeux;  le  quatrième  à  la  diminution  de  ces  mêmes  globules  rouges 
dans  les  cas  d'intoxication  saturnine.  On  le  voit  donc,  M.  Malassez  a  attaché 
son  nom  à  un  mode  d'investigation  nouveau,  qui  lui  a  permis  de  décou- 
vrir un  fait  physiologique  inconnu  jusqu'à  lui,  les  variations  du  nombre 
des  globules  dans  les  diverses  parties  de  l'arbre  circulatoire,  et  de  faire 
connaître  des  variations  pathologiques  dont  la  pratique  médicale  pourra 
tirer  des  indications  utiles.  C'est  pour  ces  motifs  que  M.  Malassez  nous  a 
paru  mériter  l'un  des  prix  Montyon. 

3°  M.  le  D''  3IÉHU  a  fait  connaître  dans  sept  Mémoires,  les  uns  imprimés, 
les  autres  manuscrits,  certains  progrès  qu'il  a  fait  faire  à  l'art  de  guérir,  en 
recherchant  la  composition,  par  rapport  au  sang,  des  liquides  épanchés 
dans  les  cavités  naturelles  et  accidentelles,  et  tirant  de  cette  connaissance 
des  déductions  pour  le  pronostic  et  le  traitement. 

Il  a  soumis  à  l'analyse  chimique  divers  liquides  qui  venaient  d'être 
retirés  de  la  poitrine,  du  ventre,  de  la  tunique  vaginale,  des  articulations, 
des  kystes  ovariens,  par  la  ponction  faite  à  des  malades  de  l'hôpital  Necker 
où  l'auteur  est  pharmacien  en  chef. 

Ces  analyses  l'ont  conduit  à  établir  entre  les  liquides,  que  nous  englo- 
bons sous  le  nom  de  séreux,  une  distinction  qu'il  caractérise  par  les  mots 
de  séreux  et  séroides. 

Les  liquides  séreux  proprement  dits  sont  de  beaucoup  les  plus  nombreux. 
M.  Méhu  en  a  d'abord  examiné  cinquante-six  provenant  d'une^' pleurésie 
aiguë,  et  vingt-trois  qui,  provenant  d'un  hydrothorax,  s'étaient  produits  sans 
intervention  d'un  travail  inflammatoire.  Il  a  bien  trouvé  que  ces  deux  li- 
quides se  ressemblaient  par  l'existence  de  matériaux  analogues  à  ceux  qui 
se  trouvent  dans  la  sérosité  et  le  plasma  du  sang,  savoir  de  l'eau,  de  l'al- 
bumine, delà  fibrine  et  des  sels;  mais  il  a  constaté  aussi  entre  eux  cette 
différence  que  le  premier,celui  delà  pleurésie  aiguë, contientuneplus  grande 
proportion  (5o  à  60  grammes  pour  1000)  de  matières  solides,  fibrine,  albu- 
mine et  sels,  que  le  second,  celui  de  l'hydrothorax,  qui  n'en  contient  que  8 
à  10  grammes  pour  1000,  etc.;  et,  dans  la  pleurésie  aiguë  elle-même,  les  ma- 
tières solides,  constituant  le  résidu  sec  que  l'on  trouve  au  fond  du  vase 
après  l'évaporation,  sont  plus  ou  moins  abondantes.  En  comparant  le  résul- 
tat chimique  avec  celui  de  l'observation  clinique,  l'auteur  arrive  à  cette 
conclusion  importante  que,  quand  une  ponction,  faite  dans  le  cours  d'une 
pleurésie  aiguë,  a  donné  un  sérum  qui  contient  moins  de  5o  pour  100  de 
matières  solides,  la  guérisou  est  moins  probable,  et  le  retour  prompt  de 


(  i497  ) 
l'épanclicment  est  plus  à  crnindro  que  dans  les  cas  où  la  proportion  de  ces 
mêmes  matières  dépasse  5o  et  surtout  va  au  delà  de  60. 

L'aulcur  f.iit  remarquer  d'ailleurs  que  les  résultats  donnés  par  l'analyse 
chimique  concordent  avec  ceux  que  donne  l'appréciation  de  la  densité,  ce 
qu'il  exprime  en  disant  que  plus  le  liquide  est  dense,  plus  il  contient  de 
matières  solides  (fibrine,  albumine  et  sels),  et  moins  il  a  de  chances  de  se 
reproduire. 

Nous  ne  pouvons  suivre  l'auteur  dans  l'examen  qu'il  fait  des  autres 
liquides  séreux,  examen  qui  le  conduit  à  des  résultats  et  à  des  conclusions 
cliniques  analogues  à  ceux  dont  il  vient  d'être  question  pour  la  pleurésie 
aiguë. 

Quant  aux  liquides  séroides^  qui  sont  caractérisés  par  l'absence  ou  par 
une  proportion  beaucoup  moindre  de  fibrine  et  d'albumine,  et,  en  dehors 
de  l'analyse  chimique,  par  une  couleur  moins  jaune  et  plus  analogue  à  celle 
de  l'eau,  M.  Méhu  en  a  trouvé  dans  quelques  kystes  de  l'ovaire,  dans  les 
hydrocèles  spermatiques,  dans  le  spina  bificla,  dans  l'écoulement  aqueux 
du  liquide  céphalo-rachidien,  après  les  fractures  du  crâne.  L'analyse  dans 
ces  cas,  de  même  que  dans  certaines  variétés  d'hydarlhrose,  en  montrant 
qu'il  n'y  a  pas,  au  moins  eu  proportion  notable,  d'albumine  ni  de  fibrine, 
autorise  à  croire  que  l'épanchement  est  indépendant  d'un  travail  inflam- 
matoire et  a  peu  de  chances  d'être  suivi  d'une  suppuration  après  la  ponc- 
tion qui  lui  a  donné  issue. 

En  raison  du  travail  considérable  qu'a  fait  M.  Méhu  pour  ses  analyses, 
qui  ont  porté  sur  plus  de  cent  liquides  pathologiques,  en  raison  des  faits 
nouveaux  qu'il  a  mis  en  lumière  et  des  applications  qu'il  en  fait  à  la  cli- 
nique, la  Commission  a  cru  devoir  mettre  le  nom  de  M.  Méhu  à  côté  des 
précédents  et  lui  donner  aussi  un  des  prix  IMontyon. 

MENTIONS. 

Les  trois  mentions  sont  accordées  par  votre  Commission  à  MM.  Bérenger- 
Féraud,  Létiévant  et  Péter. 

M.  le  D'  Békenger-Fékaud,  médecin  en  chef  de  la  marine  aux  colonies, 
a  publié  récemment  deux  ouvrages  :  l'un  sur  la  fièvre  jaune  au  Sénégal, 
l'autre  sur  la  fièvre  bilieuse  niélanurique  des  pays  chauds.  Dans  le  second, 
qui  a  paru  à  votre  Commission  plus  imporlanl  que  le  premier,  l'auteur 
cherche  à  faire  admettre  une  maladie,  ou  du  moins  une  espèce  nosologique 
nouvelle,  sous  le  nom  de  fièvre  uiélamirii^ue.  Cette  maladie  consiste  en  une 
fièvre  intermittente  grave  avec  ictère  intense  et  présence  dans  l'urine,  par 

G,  R.,  1875,  I"  Semcitre.   (T.  IXXX,  N"  '2i.)  '  9"* 


{  149»  ) 
suite  de  cet  ictère,  d'une  grande  quantité  de  bile  avec  prédominance  de 
dt'ux  de  ses  principes  colorants  :  ta  bilirubine  et  la  bilifiiscbine. 

M.  Bérenger-Férand  donne  de  bonnes  raisons  pour  distinguer  cette 
pyrexie,  soit  de  la  fièvre  jaune,  soit  de  l'ictère  grave.  En  effet,  elle  diffère 
de  la  première  par  l'absence  d'hématémèse,  et  du  second  par  sa  forme  in- 
termittente, qui  est  plus  ou  moins  déguisée,  mais  qui  existe  toujours.  Votre 
Commission  a  plus  de  peine  à  trouver  une  différence  entre  la  fièvre  méla- 
nurique  de  M.  Bérenger-Féraud  et  la  fièvre  décrite  avant  lui  sous  le  nom  de 
réinilltiite  bilieuse;  car  ces  deux  maladies  se  resseudjlenl  par  leurs  intermit- 
tences et  par  la  présence  de  l'ictère.  Il  n'y  a  de  différence  que  celle  qui  est 
donnée  par  la  couleur  de  l'urine,  couleur  beaucoup  plus  foncée  dans  les 
cas  de  M.  Bérenger-Féraud  que  dans  ceux  observés  par  ses  prédécesseurs; 
mais  ce  caractère,  au  fond,  n'a  pas  une  grande  importance,  parce  que  ce 
sont  toujours  les  principes  colorants  de  la  bile  qui  le  produisent. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'auteur  n'a  pas  moins  eu  le  mérite  d'étudier  une  va- 
riété de  pyrexie  des  pays  chauds  qu'on  ne  connaissait  pas  suffisamment, 
d'avoir  bien  établi  que  la  couleur  noire  de  l'urine,  dans  celte  pyrexie, 
tenait  non  pas  au  satig,  comme  beaucoup  de  médecins  l'avaient  cru,  mais 
à  des  matières  colorantes  de  la  bile,  et  d'avoir  démontré  que  le  véritable 
traitement,  malgré  l'apparence  de  continuité  de  la  fièvre,  est  l'administra- 
tion du  stdfatede  quinine". 

Pour  ces  motifs,  la  Commission  a  jugé  que  M.  le  D''  Bérenger-Féraud 
méritait  la  mention  qu'elle  lui  décerne. 

M.  le  D'  Létiévant,  chirurgien  en  chef  de  l'Hôtel-Dieu  de  Lyon,  a  pré- 
senté au  concours  un  volume  intitulé:. Des  sections  nerveuses.  Il  y  a  accuamlé 
des  documents  importants  en  faveur  du  traitement  des  névralgies  rebelles 
par  l'incision  et  l'excision  des  nerfs  malades,  opération  conseillée  depuis 
longtemps,  mais  sur  la  valeur  de  laquelle  nous  étions  incertains,  et  qui, 
à  cause  de  cela,  n'a  pas  été  jusqu'ici  universellement  adoptée. 

Pour  rassurer  et  entraîner  les  opérateurs,  M.  Létiévant  commence  par 
étudier  les  effets  physiologiques  primitifs  et  consécutifs  des  sections  ner- 
veuses. Il  rassemble  et  publie  in  extenso  environ  trente  observations  de 
sections  accidentelles  chez  l'homme  et  quelques  cas  de  sections  expérimen- 
tales sur  les  animaux.  Il  constate  et  nous  apprend  que  tantôt,  mais  c'est 
le  cas  le  plus  rare,  le  nerf  coupé  se  régénère  et  ses  fonctions  se  rétablissent, 
tantôt  il  ne  se  régénère  pas,  ses  propriétés  conductrices  pour  le  mouve- 
ment et  la  sensibilité  restent  perdues;  mais  les  muscles  paralysés  peuvent 


(  i499  ) 
être  suppléés  dans  leur  action  par  les  muscles  environnants  dont  les  nerfs 
sont  restés  intacts,  et  la  sensibilité  peut  être  suppléée  par  des  anastomoses 
ou  par  la  transmission,  au  moyen  d'un  ébranlement  dont  le  blessé  n'a  pas 
conscience,  de  l'impression  aux  papilles  et  autreg  parties  sensibles  situées 
dans  le  voisinage. 

L'auteur  examine  ensuite  les  indications  de  la  névrotomie  dans  les  né- 
vralgies, dans  les  douleurs  du  cancer  et  dans  le  tétanos.  Pour  chacune  de 
ces  maladies  il  met  sons  les  yeux  du  lecteur  un  grand  nombre  de  faits  re- 
cueillis soit  dans  sa  propre  pratirpie,  soit  dans  les  auteurs,  et  il  montre  par 
des  chiffres  que  les  succès  sont  assez  nombreux  pour  justifier  l'intervention 
chirurgicale  dans  les  maladies  que  nous  venons  de  nommer. 

Il  termine  enfin  par  l'indication  des  procédés  opératoires  qui  con- 
viennent pour  la  section  de  chacun  des  nerfs  du  corps  humain. 

Par  cet  ensemble  de  documents  physiologiques,  pathologiques  el  théra- 
peutiques, le  travail  de  M.  Léticvant  constitue  une  monographie  d'un 
genre  nouveau,  qui  n'existait  pas  encore  en  France  et  qui  est  appelée  à 
rendre  de  grands  services  à  l'art  de  guérir;  c'est  pour  ces  motifs  que  la 
Commission  des  prix  Montyon   l'a  jugé  digne  de  l'une  des  mentions. 

3°  M.  le  D''  Péter  a  présenté  au  concours  un  gros  volume  intitulé  :  Le- 
çons de  clinique  médicale.  Sous  ce  titre,  qui  indique  un  ouvrage  classique 
et  destiné  à  l'enseignement,  l'autour  livre  cependant  à  la  publicité  un  bon 
nombre  d'idées  nouvelles  émanées  d'un  esprit  tout  à  la  fois  observateur 
et  novateur. 

Je  passe  sous  silence  tout  ce  qui  concerne  les  maladies  du  cœur  et  leurs 
symptômes,  que  M.  Péter  a  décrits  et  commentes  avec  le  plus  grand  soin, 
pour  m'arrêter  à  ce  que  cet  ouvrage  contient  de  fout  à  fait  neuf.  Ce  sont 
d'abord  des  documents,  confirmalifs  de  ceux  de  MM.  les  D"  Larcher  et 
r)lot,  sur  rhyperlrophie  physiologique  du  cœur  pend;int  la  grossesse,  sur 
les  conséquences  fâcheuses  de  cette  hypertrophie  pour  les  femmes  qui, 
avant  leur  grossesse,  se  trouvaient  atteintes  d'ur.e  lé.sion  sérieuse  de  cet 
organe,  et  en  particulier  sur  l'avortement  très-probable  qui  en  est  la 
suite  du  cinquième  au  seplièine  mois  de  la  grossesse.  C'est  ensuite  l'ex- 
plication de  la  douleur  dans  beaucoup  de  maladies  de  la  poitrine  par  une 
névralgie  du  diaphragme,  maladie  dont  }■].  Péter  a,  le  premier,  donné  la 
description.  Ces!  l'intervention,  dans  la  palhogénie  de  l'angine  de  poitrine, 
non-seulement  d'iuie  aortite,  liiais  aussi  d'une  névrite  concomitante,  por- 
tant sur  les  neris  délicats  et  multi[)liés,  dont  l'ensemble  forme  ce  qu'on  ap- 

195.. 


(   r5oo  ) 
pelle  les  plexus  cardiaques.  C'est   une  dissertation  séniéiologiqiie   sur  le 
point  de  côté  et  sa  signification  clinique  dans  les  cas  où  on  le  rencontre. 
C'est  enfin  une  discussion  vigoureuse  sur  la  pleurésie,  l'utilité  de  son  trai- 
tement par  les  émissions  sanguines  et  l'abus  de  la  thoracocentèse. 

Par  les  exposés  contenus  dans  ce  livre,  M.  Péter  s'est  fait,  en  France  et 
à  l'étranger,  la  réputation  d'un  clinicien  laborieux  et  sagace.  La  Commis- 
sion ne  fait  donc  que  sanctionner  le  jugement  rendu  par  l'opinion  publique 
en  lui  accordant  une  mention. 

En  résumé,  pour  l'année  1874,  la  Commission  a  été  d'avis  de  décerner  : 
1°  Un  prix  de  la  valeur  de  deux  mille  quatre  cents  fram  s  k  M.  Dieulafoy; 
2"  Un  prix  de  la  valeur  de  deux  mille  quatre  cents  francs  à  M.  Malassez  ; 
3°  Un  prix  de  la  valeur  de  deux  mille  quatre  cents  francs  à  M.  Méiiu. 

Elle  accorde,  en  outre,  une  mention  avec  un  encouragement  de  mille 
francs  à  chacun  de  MM.  Bérexcer-Féuaud,  Létiévant  et  Péter. 

CITATIONS. 

En  sus  des  récompenses  qui  viennent  d'être  désignées,  la  Commission 
croit  devoir  signaler  et  citer  neuf  autres  travaux  qu'elle  a  regretté  de  ne 
pouvoir  couronner  et  qui  n'en  sont  pas  moins  très-dignes  de  félicitations; 
ce  sont  : 

1°  Le  Traité  théorique  et  pratique  d'iijilrothérapie,  par  M.  le  D''  Bejvi- 
Barde; 

2°  Le  Tniilé  complet  de  la  racje  chez  le  chien  et  chez  le  chat,  par  M.  J. 
Bourrel; 

3°  Un  Mémoire  sur  les  gouttières  en  linge  plâtré j  par  M.  le  professeur  Herr- 
GOTT,  de  Nancy; 

4"  Un  volume  de  Mélanges  sur  VHjstérie,  tes  maladies  utérines,  la  chirurgie 
conservatrice,  la  saignée  dans  la  grossesse,  etc.,  par  I\L  le  D''  Dechaux  de 
Montluçon  ; 

5"  Un  volume  consacré  à  Y  Influence  des  grandes  commotions  politiques  et 
sociales  sur  le  développement  des  maladies  mentales,  par  RL  le  D'  Lumer; 

6°  Un  bon  travail  de  M.  le  D'  Aagel  Marvaud,  Sur  les  aliments  d'é- 
pargne; 

7°  Un  volume  Sur  la  transfusion  du  sang,  par  M.  le  D' 3Ioncoq; 


(   i5oi   ) 

8°  Un  travail  manuscrit  de  M.  le  D'  Toussaint  Maktin,   Sur  les  liydro- 

pisics; 

9"  Un  travail  manuscrit  Sur  les  altéralions  du  sang  dans  les  affections  ty- 
phoïdes du  cheval,  par  M.  Saixe,  vétérinaire  on  i"'  au  4''  cuirassiers. 

L'Académie  a  adopté  ces  conclusions. 

PRIX  GODARD. 

(Commissaires  :  MM.  Gossclin,  Ch.  Robin,  baron  Clcquet,  Bouillaud, 

Cl.  Bernard  rapporteur.) 

La  Commission  a   l'honneur  de  déclarer  à  l'jicadémie  qu'il   n'y  a   pas 
lieu,  pour  l'année  1874,  à  décerner  le  prix  Godard. 


PHYSIOLOGIE. 


PRIX  DE  PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE. 

(Commissaires  :  MM.  Robin,  Milne  Edwards,  Lacaze-Duthiers, 
Cl.  Bernard  et  Blanchard  rapporteurs.) 

Tout  le  monde  sait  que  l'Anatomie  et  la  Physiologie,  nées  d'un  même 
tronc  scientifique,  se  rattachent  l'une  à  l'autre  par  les  liens  les  plus  étroits. 
Cependant  la  Physiologie  ne  saurait  se  déduire  exclusivement  des  disposi- 
tions organiques  que  nous  fait  connaître  le  scalpel  de  l'anatomiste.  Il  faut, 
en  outre,  que  l'expérimentation,  aidée  de  tous  les  moyens  de  recherches 
nécessaires,  pénètre  dans  l'organisme  vivant,  et  nous  dévoile  des  fonctions 
et  des  propriétés  de  tissus  que  nous  ne  pourrions  découvrir  autrement. 
C'est  cette  dernière  méthode  d'investigation  qui  constitue  particulièrement 
la  Physiologie  expérimentale,  et  c'est  aux  recherches  qu'elle  provoque  que 
s'appliquerait  plus  spécialement  le  prix  de  Physiologie  expérimentale  de 
l'Académie.  Toutefois  la  majorité  de  votre  Commission  n'a  pas  été  d'avis 
d'interpréter  le  programme  du  Concours  d'une  manière  aussi  rigoureuse; 
c'est  pourquoi  elle  a  l'honneur  de  vous  présenter  cette  année  deux  travaux 
d'ordre  différent  :  l'un  d'expérimentation  pure,  dû  à  MM.  Arloing  et  Tri- 
pier, intitulé  :  Des  conditions  de  la  persistance  de  la  sensibilité  dans  le  bout 
périphérique  des  nerfs  sectionnés;   l'autre,  d'Anatomie  comparée,  accom- 


(    I 5o2    ) 
pagné  des  considérations  physiologiques  que  le  sujet  comporte,  intitulé  : 
Eludes  sur  le  cœur  et  In  circulation  centrale  dans  la  série  des  vertébrés,  par 
M.  Sabatier. 

1. 

Des  conditions  de  la  persistance  de  la  sensibilité  dans  le  boni  périphérique 

des  ncifs  sectionnés;  par  MM.  Arloing  et  Tripier. 

(Rapport  de  M.  Claude  Bernard.) 

Lorsqu'un  nerf  sensible  a  été  divisé  sur  nu  animal  vivant,  son  bout  pé- 
riphérique, séparé  du  centre  nerveux ,  devient  ordinairement  insensible; 
toutefois  il  n'en  est  pas  constamment  ainsi,  et  Magendie,  le  premier,  con- 
stata, il  y  a  vingt-cinq  ans,  qu'après  la  section  des  racines  rachidiennes  anté- 
rieures sensibles  chez  le  chien,  la  sensibilité  se  réfugie  dans  le  bout  périphé- 
rique et  disparaît  dans  le  bout  central.  C'est  à  cette  propriété  sensitive  du 
bout  périphérique  d'un  nerf  divisé  que  Magendie  a  donné  le  nom  de  sensi- 
bilité récurrente. 

Cette  étude  de  la  sensibilité  récurrente  des  nerfs  n'est  pas  seulement  un 
fait  intéressant  de  Physiologie  expérimentale,  mais  cette  propriété  nerveuse 
est  encore  appelée  à  intervenir  dans  l'interprétation  de  phénomènes  cli- 
niques en  apparence  énigmatiques.  Plusieurs  fois,  chez  l'homme,  le  nerf 
médian,  accidentellement  divisé,  fut  réuni  à  l'aide  d'un  point  de  suture,  et 
bientôt  après  l'opération  la  sensibilité  avait  en  partie  reparu  dans  les  par- 
ties auxquelles  ce  nerf  se  distribue.  Pour  se  rendre  compte  de  ces  faits  sin- 
guliers signalés  à  différentes  reprises,  plusieurs  auteurs  crurent  à  une  res- 
tauration de  sensibilité  qu'ils  expliquèrent  par  l'hypothèse  d'une  réunion 
immédiate.  MM.  ./Vrloing  et  Tripier  ont  montré  que  cette  sensibilité  est  due 
à  des  anastomoses  nerveuses  périphériques. 

C'est  par  des  exjiériences  sur  des  animaux  vivants  que  MM.  Arloing  et 
Tripier  ont  démontré  le  rôle,  on  ne  peut  plus  évident,  de  ces  anastomoses 
périphériques.  Ils  ont  divisé  les  trois  nerfs  collatéraux  sur  le  doigt  d'un 
chien,  et  ils  ont  constaté  que  la  sensibilité  à  la  douleur  avait  cependant 
persisté  siu-  tous  les  points  du  doigt.  Ils  sectionnèrent  alors  le  quatrième 
nerf  collatéral,  et  aussitôt  l'analgésie  devint  absolue.  Ils  ont  de  plus  con- 
staté que,  lorsqu'on  coupe  un  des  nerfs  cutanés  de  la  main,  les  deux  bouts 
restent  sensibles,  et  que  la  sensibilité  du  bout  périphérique  consiste  en 
une  sorte  de  sensibilité  d'emprunt  due  à  la  présence  de  fibres  récurrentes 
dont  ils  ont  pu  constater  l'existence  eu  observant  des  fibres  nerveuses  non 
dégénérées  dans  le  segment  périphériiiue  un  mois  après  la  section. 


(  i5o3  ) 

Mais  c'est  surtout  dans  les  expériences  sur  les  nerfs  de  ia  face  que  ces 
reclierches  preiuieut  un  caractère  d'évidence  tout  particulier,  et  c'est  là 
que  MM.  Arloiug  et  Tripier  ont  tait  preuve  d'un  grand  talent  d'analyse  ex- 
périmentale. 

La  sensibilité  récurrente,  mise  autrefois  en  évidence  sur  divers  nerfs  du 
chien  par  des  expériences  de  votre  rapporteur,  n'avait  pu  être  constatée 
nettement  sur  le  Lapin  ni  sur  le  Cheval;  pour  le  facial  chez  ce  dernier  ani- 
mal, et  chez  les  Solipèdes  en  général,  elle  avait  été  niée  par  M.  Chauveau. 
Ayant  reprisées  ex|)ériences,  MjVL  Arloing  et  Tripier  ont  démontré  que,  si, 
après  la  section  du  nerf  facial  au-dessous  de  la  parotide,  on  ne  trouve  pas 
habituellement  de  sensibilité  dans  le  bout  périphérique,  c'est  qu'à  ce  ni- 
veau il  n'y  a  pas  ordinairement  de  tubes  nerveux  récurrents;  mais,  quand 
la  section  est  faite  plus  bas,  plus  près  de  la  partie  périphérique  du  nerf, 
la  sensibilité  du  bout  périphérique  devient  très-évidente. 

Relativement  à  la  sensibilité  récurrente  de  la  cinquième  paire  qui  existe, 
mais  qui  est  cependant  plus  difficile  à  démontrer  que  pour  le  facial  , 
MM.  Arloing  et  Tripier  ont  trouvé  qu'elle  provient  non-seulement  des 
nerfs  de  sensibilité  de  la  région  du  même  côté,  mais  qu'elle  résulte  aussi 
d'un  entre-croisement  ou  d'une  récurrence  des  nerfs  sensitifs  du  côté  op- 
posé. C'est  pour  la  première  que  ce  fait  important  se  trouve  rigoureuse- 
ment établi.  Eu  effet,  MM.  Arloing  et  Tripier  n'ont  pas  seulement  prouvé 
les  phénomènes  de  sensibilité  récurrente  par  des  expériences  de  vivisec- 
tion habilement  faites,  mais  ils  les  ont  expliqués  et  démontrés  par  une 
étude  attentive  de  la  dégénérescence  des  deux  bouts  de  nerfs  divisés  chez 
leurs  animaux  en  expérience.  C'est  ainsi  cpie  leur  travail  présente  une  va- 
leur de  démonstration  tout  à  fait  exceptionnelle.  Ils  ont  reproduit  toutes 
ces  dégénérescences  dans  des  dessins  très-bien  exécutés  qu'ils  ont  mis  sous 
les  yeux  des  Membres  de  la  Commission. 

Les  résultats  du  grand  travail  de  MM.  Arloing  et  Tripier,  dont  nous  ne 
pouvons  donner  ici  qu'une  analyse  sommaire,  peut  se  résumer  dans  les 
faits  suivants  : 

1°  Le  facial  et  le  spinal  des  Solipèdes  et  des  Rongeurs  possèdent  la  sen- 
sibilité récurrente  aussi  bien  que  ceux  des  Carnassiers; 

i"  Pour  trouver  plus  facilement  la  sensibilité  récurrente,  il  faudra  se 
porter  à  la  périphérie; 

3°  Le  bout  jiériphériqne  des  branches  du  trijumeau  est  sensible;  cette 
sensibilité  est  assez  diificde  à  bien  mettre  (!n  évidence,  mais  elle  existe; 

4"  Le  bout  périphéric[ue  des  nerfs  des  membres  est  également  sensible; 


(   i5o/,  ) 
toutefois,  la  sensibilité  peut  disparaître,  lorsqu'oii  remonte  sur  les  troncs 
nerveux; 

5°  Dans  tous  les  cas,  la  sensibilité  du  bout  périphérique  est  due  à  la 
présence  de  tubes  nerveux  dont  les  relations  avec  les  centres  trophiques  et 
perceptifs  n'ont  pas  été  interrompues  par  la  section; 

6°  L'absence  de  ces  tubes  se  lie  à  l'insensibilité  du  bout  périphérique; 

7°  Ces  tubes  proviennent  de  la  cinquième  paire  pour  le  facial,  des  nerfs 
voisins  et  à  coup  sûr  des  nerfs  du  côté  opposé  pour  les  nerfs  seusitifs,  des 
nerfs  voisins  et  homologues  pour  les  nerfs  mixtes; 

8°  Ces  tubes  récurrents  remontent  plus  ou  moins  haut  dans  le  tronc  dti 
nerf  auquel  ils  sont  accolés;  leiu'  nombre  diminue  en  allant  de  la  péri- 
phérie vers  le  centre; 

9"  Le  retour  de  ces  fibres  peut  se  faire  avant  la  terminaison  des  nerfs; 
mais  la  terminaison  est  le  lieu  où  il  se  produit  de  préférence. 

Eu  résumé,  MM.  Arloing  et  Tripier  ont  généralisé  la  sensibilité  récur- 
rente à  tous  les  animaux  mammifères;  ils  ont  donné  de  ce  phénomène  une 
démonstration  décisive  et  une  explication  rigoureuse  à  l'aide  d'une  série 
d'expéiiences  de  vivisection  des  plus  délicates,  poursuivies  sur  un  très-grand 
nombre  d'animaux  pendant  six  années. 

La  Commission,  à  l'unanimité,  a  été  d'avis  d'accorder  un  prix  de  Physio- 
logie expérimentale  à  MM.  Arloing  etTuiPiEU. 

IL 

Études  sur  le  cœur  et  la  circulation  centrale  dans  la  série  des  Vertébrés; 
par  le  D"^  Aiîm.  Sabatier. 

(Rapport  (le  M.  Blancliard.) 

Le  résultat  important  des  recherches  de  M.  Sabatier  est  un  ensemble  de 
preuves  que,  chez  les  Reptiles  et  les  Batraciens,  le  sang  ai  tériel  et  le  sang 
veineux  ne  se  mélangent  pas,  comme  on  le  croyait  très-généraletucnt. 
Ces  preuves  sont  tirées  de  l'étude  des  dispositions  auatomiqties,  de  l'obser- 
vation du  sang  dans  les  principaux  vaisseaux,  de  diverses  ex|)ériences. 

Chez  les  Batraciens,  l'auteur  s'est  assuré  que,  par  le  fait  de  la  direction 
des  trabécules  musculaires  et  des  aréoles  des  parois  veiilriculaires,  les  deux 
sangs  lancés  par  les  oreillettes  dans  le  tissu  spongieux  du  cœur  demeurent 
séparés  pendant  la  diastole  et  qu'obéissant  pcudant  la  systole  à  l'impulsion 
imprimée  par  les  trabécules  musculaires  ils  suivent  un  cours  différent,  le 
sang  rouge  allant  vers  les  aortes,  !e  sang  noir  vers  l'artère  pulmonaire. 


(  i5o5  ) 

A  l'égard  des  Reptiles,  M.  Sabatier  croit  avoir  démontré  qu'au  début  de 
la  systole  le  vestibule  pulmonaire  vient  à  se  clore  et  emprisonne  delà  sorte 
le  sang  veinenx  pur  ;  que  l'orifice  de  l'aorte  gauche  s'aplatil  et  se  ferme 
presque  aussitôt  après  avoir  reçu  une  petite  quantilé  de  sang  mixte  et  que 
l'aorte  droite,  ad  mettant  aussi  un  peu  de  sang  mélangé,  ne  reçoit  plus  bientôt 
que  le  sang  rouge,  dont  elle  cède  une  partie  à  l'aorte  gauche  à  travers  la 
fente  interaortique. 

Chez  les  Émydosauriens  ou  Crocodiles,  dont  le  cœur  est  partagé  par  une 
cloison,  mais  où  l'existence  d'une  communication  donnait  à  penser  que  le 
mélange  des  deux  sangs  devait  s'opérer,  l'auteur  établit  que,  pendant  la 
systole  ventriculaire,  le  pertuis  aortiquese  ferme  et  ne  s'ouvre  que  pendant 
la  diastole  ;  que  l'orifice  de  l'aorte  gauche  s'aplatit  et  se  ferme  dès  le  début 
de  la  systole,  de  façon  à  n'admettre  que  très-peu  de  sang  veineux,  tandis 
que  l'aorte  droite  reçoit  seulement  du  sang  artériel, 

iVI.  Sabatier  a  suivi  avec  grand  soin  les  modifications  du  cœur  et  le  mode 
de  constitution  des  oreillettes  chez  les  principaux  types  de  Vertébrés;  mais 
nous  passerons  sur  les  faits  anatomiques  pour  signaler  des  expériences 
propres  à  démontrer  l'influence  de  la  respiration  sur  la  circulation. 

Chez  l'animal  à  sang  chaud,  les  phénomènes  mécaniques  delà  respiration 
ont  été  interrompus  soit  pendant  l'inspiration,  soit  pendant  l'expiration,  et, 
la  tension  veineuse  mesurée  à  l'aide  d'un  hémodynamomètre,  il  a  été  re- 
connu que  cette  tension  s'élève  pendant  l'interruption  des  mouvements  res- 
piratoires. Au  contraire,  la  tension  artérielle,  déterminée  par  des  procédés 
qu'il  est  inutile  de  décrire,  diminue  pendant  l'interruption  des  phénomènes 
respiratoires  et  s'élève  ensuite  graduellement.  De  l'ensemble  dos  résultats 
dérive  la  conclusion  que,  malgré  l'influence  des  mouvements  respiratoires 
sur  la  circulation  du  sang  dans  le  poumon,  les  troubles  de  la  circulation 
dans  l'asphyxie  doivent  surtout  être  attribués  au  défaut  de  réoxygénalion 
du  sang.  Chez  l'animal  à  saug  froid.  Reptile  ou  Batracien,  la  circulation 
pulmonaire,  d'après  les  expériences  très-probantes  de  M.  Sabatier,  devient 
très-embarrassée  dès  que  la  réoxygénation  du  sang  n'a  plus  lieu;  ce  qui  est 
en  opposition  avec  l'assertion  de  M.  Briicke,  que  la  circulation  pulmonaire 
n'est  pas  interrompue  pendant  l'arrêt  de  la  respiration.  Le  rôle  de  l'ana- 
stomose abdominale  des  deux  aortes,  chez  les  Reptiles,  a  été  constaté  dans 
des  expériences  nombreuses  à  l'aide  de  tubes  on  caoutchouc  permettant, 
par  des  pressions  variées,  d'apprécier  la  vitesse  d'écoulement  et  ainsi  de 
reconnaître  les  circonstances  où  les  mouvements  respiratoires  agissent  sur 
la  direction  du  sang. 

C.  K.,1875,  1"  5tmrifr<-.(T    I.XXX,  N"  S-î.)  ■*  9^^ 


(  i5oG  ) 
En  résumé,  la  Commission  estime  que  le  travail  considérable  de  M.  Sa- 
batier,  riche  d'observations  comparatives  appuyées  de  nombreuses  expé- 
riences, jette  une  nonvelie  lumière  sur  le  phénomène  de  la  circulation  du 
sang  chez  les  Reptiles  et  les  Batraciens.  En  conséquence,  elle  attribue  à 
l'auteur  un  prix  de  Physiologie  expérimentale. 

En  conséquence  du  Rapport  qui  précède,  la  Commission  décerne  deux 
prix  de  Physiologie  expérimentale  pour  l'année  1874  :  1°  un  prix  au  travail 
de  MM.  Arloixg  et  Tripier  sur  les  Conditions  de  la  persistance  de  la  sensibilité 
dans  le  bout  péiiphérique  des  nerfs  sectionnés;  z"  un  prix  aux  Etudes  sur  le 
cœur  et  la  circulation  centrale  dans  la  série  des  Vertébiés,  par  JM.  Sabatier. 

L'Académie  a  adopté  ces  conclusions. 


PRIX  GENERAUX. 


PRIX  MONTYON  (ARTS  INSALUBRES). 

(Commissaires  :  MM.  Dumas,  Peligot,  Boussingault,  Fremy, 
Chevreul  rapporteur.) 

La  Commission  déclare  qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  décerner  ce  prix  pour 
l'année  i874« 

PRIX  TRÉMONT. 

(Commissaires  :  MM.  Élie  de  Beaumont,  général  Morin,  Phillips, 
Milne  Edwards,  Dumas  rapporteur.) 

La  Commission  a  décerné  ce  prix  à  M.  Achille  Cazin,  professeur 
au  lycée  Coudorcet,  et  lui  en  a  réservé  la  jouissance  pendant  les  années 

1873, 1874, 1875. 

PRIX  GEGNER. 

(Commissaires  :  MxM.  Bertrand,  Milne  Edwards,  Chasles,  Chevreul, 

Dumas  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  Gegner  de  l'année  1874  à  J\I.  Gaugain, 
ancien  élève  de  l'École  l'ulytechniquc,  pour  l'aiticr  à  i)oursuivre  ses  Ira- 
vaux  sur  l'électricité  el  le  m;iguitisnie. 


(  i5o7  ) 
PRIX  FONDÉ  PAR  W"'  la  Marquise  DE  LAPLACE. 

Une  Ordonnance  royale  ayant  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter 
la  donation,  qui  lui  a  été  faite  par  M™*  la  Marquise  de  Laplace,  d'une  rente 
pour  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  collection  com- 
plète des  ouvrages  de  Laplace,  prix  qui  devra  être  décerné  chaque  année 
au  premier  élève  sortant  de  l'École  Polytechnique, 

M.  le  Président  remet  les  cinq  volumes  de  la  Mécanique  céleste,  VExposilion 
du  Sjstcine  du  Monde  et  le  Traité  des  Probabilités  à  M.  Badoureac  (Jean- 
Paul-Albert),  né  à  Paris  le  i8  mai  i85j,  sorti  le  premier,  en  iiSyl,  de 
l'École  Polytechnique,  et  entré,  en  qualité  d'élève  ingénieur,  à  l'École  des 
Mines. 


PROGRAMME  DES  PRIX  PROPOSÉS 

POliR  LES  ANNÉES  1875,  1876,  1877  ET  188r>. 


PRIX   EXTRAORDINAIRES. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

Concours  prorogé  de  1872  à  iS^S. 

a  Etude  de  i élasticité  des  corps  cristallisés,  au  double  point  de  vue  expéri- 
»   mental  et  théorique.  » 

La  Commission  chargée  de  l'examen  de  ce  Concours  ayant  déclaré  qu'il 
n'y  avait  pas  lieu  de  décerner  de  prix,  l'Académie  a  décidé,  sur  sa  propo- 
sition, qu'elle  en  prorogerait  le  terme  à  Tannée  iSyS. 

Les  Mémoires  ont  dû  être  déposés  au  Secrétariat  avant  le  i*"^  juin. 

GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

Concours  prorogé  à  l'année  i8'j6. 

La  question  remise  au  Concours,  pour  1869,  a  été  proiogée  à  i  873,  dans 
les  termes  suivants  : 

«    Discuter  complètement  les  anciennes  observations  d'éclipsés  qui  nous  ont 

19C).. 


(   i5o8  ) 

»  été  transmises  par  l'histoire,  en  vue  d'en  déduire  la  valeur  de  l'accélération 

»  séculaire  du  moyen  mouvement  de  la  Lune,  sans  se  préoccuper  d  aucune  valeur 

»  théorique  de  cette  accélération  séculaire;  montrer  clairement  à  quelles  con- 

»  séquences  ces  éclipses  peuvent  conduire  relativement  à  i accélération  dont  il 

M  s'agit,  soit  en  lui  assignant  forcément  une  valeur  précise,  soit  au  contraire  en 

»  la  laissant  indéterminée  entre  certaines  limites.  » 

Aucun  Mémoire  n'est  parvenu  pour  le  Concours. 

En  raison  de  l'importance  delà  question,  la  Commission  a  proposé  de 
proroger  le  Concours  jusqu'en  1876,  en  formulant  ainsi  le  travail  proposé  : 

«  Déduire  d'une  discussion  nouvelle,  nppr'ofondie,  des  anciennes  observations 
1)  d'éclipsés,  la  valeur  de  l' accélération  séculaire  apparente  du  moyen  mouve- 
))  ment  de  la  Lune.  Fixer  les  limites  de  l'exactitude  que  comporte  cette  détermi- 
»   nation.  » 

Les  Mémoires  seront  reçus  jusqu'au  i"  juin  1876.  Les  noms  des  auteurs 
seront  contenus  dans  un  pli  cacheté,  qui  ne  sera  ouvert  que  si  le  Mémoire 
qui  le  renferme  est  couronné. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

GRAND   PRIX  DES  SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

Question  proposée  pour  1876. 

«  Théorie  des  sohdions  singulières  des  équations  cnix  dérivées  partielles  du 
))  premier  ordre,  » 

Les  ouvrages  présentés  devront  être  écrits  en  français  ou  en  latin. 

Le  terme  fixé  pour  le  dépôt  des  pièces  de  Concours  est  le  1'' juin  1876. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  de  la  valeur  de  trois  mille Jrancs. 

GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

Question  proposée  pour  l'année  iSj'j. 

(Commissaires  :  MM.  Hermite,  Serrct,  Pasteur,  Bonnet, 
Bertrand  rapporteur.  ) 

La  question  proposée  était  Vétudc  des  équations  relatives  à  la  détermina- 
tion des  modules  singuliers,  pour  lesquels  la  Jormule  de  la  trartsformation  dans 
la  théorie  des  Jonctions  elliptiques  conduit  à  la  multiplication  complexe. 

Auciui  Mémoire  n'ayant  été  envoyé  au  Concours,  la  Commission  est  d'à- 


(  i5o9  ) 
vis  qu'il  Y  a  lieu  de  retirer  la  question  et  de  la  remplacer  par  la  suivante  : 
«  jépplicalion  de  la  théorie  des  transcendantes  eltiptiquesou  abéticnnes  à  /'e- 
<(    ttule  des  courbes  algébricjues.  » 

Le  prix,  à  décerner  en  1877,  consistera  en  une  médaille  de  la  valeur 
de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  seront  reçus  jusqu'au  i*'''juin  1877.  Les  noms  des  auteurs 
seront  contenus  dans  un  pli  cacheté  qui  ne  sera  ouvert  que  si  le  Mémoire 
qui  le  renferme  est  couronné. 

GRAND  PRIX  Î)ES  SCIENCES  PHYSIQUES. 
Question  proposée  ])oiir  l'année  1875. 

«  Faire  connaître  les  clianr/ements  qui  s^ opèrent  dans  les  orcjanes  intérieurs 
»   des  Insectes  pendant  la  métamorphose  complète.  » 

Les  changements  qui  s'opèrent  dans  la  conformation  extérieure  des  In- 
sectes lorsque  ces  animaux  passent  de  l'état  de  larves  à  l'état  parfait  ont 
été  l'objet  de  nombreuses  publications  ;  mais  les  entomologistes  ne  se 
sont  que  peu  occupés  des  transformations  subies  par  les  organes  intérieurs 
pendant  la  métamorphose,  si  ce  n'est  chez  deux  espèces  appartenant  l'une 
et  l'autre  à  l'ordre  des  Lépidoptères,  qui  ont  été  étudiées  par  Herold  et  par 
Newport.  L'Académie  croit  utile  d'appeler  l'attention  des  naturalistes  sur 
ce  sujet  ;  elle  ne  demande  pas  une  histoire  des  métamorphoses  intérieures 
dans  l'ensemble  de  cette  classe  d'animaux,  mais  des  recherches  approfon- 
dies sur  les  changements  subis  par  les  principaux  appareils  physiologiques 
chez  un  ou  plusieurs  Insectes  à  mélamorphoses  complètes,  autres  que  des 
Lépidoptères.  Ce  travail  devra  porter  sur  la  structure  intime  de  ces  parties 
aussi  bien  que  sur  leur  conformation  générale  ,  et  être  accompagné  de 
figures  représentant  toutes  les  dispositions  anatomiques  signalées  par  l'au- 
teur. 

Les  Ouvrages  présentes  devront  être  écrits  en  français  ou  en  latin  ;  ils 
pourront  être  imprimés  ou  manuscrits. 

Le  terme  fixé  pour  le  dépôt  de  ces  pièces  est  le  i*^'  juin  ^S'JC^■,  mais,  dans 
le  cas  où  l'Académie  ne  recevrait  pas  à  cette  époque  très-rapprochée  tme 
réponse  satisfaisante  à  la  question  proposée,  le  Concours  sera  prorogé  jn.s- 
qn'au  i'^''  juin  1876. 

Le  Prix  consistera  en  inie  médaille  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 


(    i5io  ) 
GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

Concours  prorogé  à    iS'jô. 

La  question  proposée  est  la  suivante  : 

«  Etude  fin  mode  de  distribution  des  animaux  marins  du  liitorni.  de  la 
»   France.    » 

Dans  cette  étude  il  faudra  tenir  compte  dos  profondeurs,  de  la  nature 
des  fonds,  de  la  direction  des  courants  et  des  autres  circonstances  qui 
paraissent  devoir  influer  sur  le  mode  de  répartition  des  espèces  marines.  Il 
serait  intéressant  de  comparer  sous  ce  rapport  la  faune  des  côtes  de  la 
Manche,  de  l'Océan  et  de  la  Méditerranée,  en  avançant  le  plus  loin  possible 
en  pleine  mer,  mais  l'Académie  n'exclurait  pas  du  Concours  un  travail 
approfondi  qui  n'aurait  pour  objet  que  l'une  de  ces  trois  régiot)s. 

Le  Prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires,  manuscrits  ou  imprimés,  devront  être  déposés  au  Secréta- 
riat de  l'Institut  avant  le  i"  juin  1876. 

GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

Question  proposée  pour  l'année  1877. 

«  Elude  comparative  de  l'organisnlion  intérieure  des  divers  Crustacés 
»   édriophtlialmes  qui  habitent  les  mers  d'Europe.  » 

L'anatomie  des  Crustacés  podophthalmaires  a  été  l'objet  de  recherches 
nombreuses;  mais  on  ne  connaît  que  très-incomplétement  la  structure 
intérieure  des  Edriophthalmes.  L'Académie  demande  une  étude  appro- 
fondie des  principaux  appareils  |)hysiologiquesdans  les  divers  genres  d'Am- 
phipodes,  de  Lamodipodes  et  d'Isopodes  qui  habitent  les  mers  d'Europe. 
Les  concurrents  devront  porter  principalement  leur  attention  sur  le  sys- 
tème nerveux,  le  système  circulatoire,  l'appareil  digestif  et  les  organes  de 
la  génération.  Les  descriptions  devront  être  accompagnées  de  figures. 

Les  ouvrages  présentés  au  Concours  pourront  être  manuscrits  ou  im- 
primés. 

Le  terme  fixé  pour  le  dépôt  des  pièces  est  le  i*^'  juin  1877. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 


(  I^"  ) 

PRIX  EXTRAORDINAIRE  DE  SIX  MILLE  FRANCS. 

sua  l'application  de  la  vapeur  a  la  marike  militaire. 

Concours  prorogé  à  18^6. 

La  Commission  chargée  d'examiner  les  pièces  envoyées  au  Concours  de 
l'année  1873  ayant  déclaré  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  de  décerner  de  prix, 
l'Académie  proroge  ce  Concours  à  l'année  1876. 

Les  Mémoires,  Plans  cl  Devis  devront  être  adressés  au  Secrétariat  de 
rinstjhit  avant  le  i*^'  juin  187G. 


MECANIQUE 


PRIX    PONCELET. 

Par  Décret  en  date  du  22  août  1868,  l'Académie  a  été  autorisée  à 
accepter  la  donation  qui  lui  a  été  faite,  au  nom  du  Général  Poncelet,  par 
M"*veuvePoncelet,  pour  la  fondation  d'unpiix  annuel  destiné  à  récompen- 
ser l'Ouvrage  le  plus  utile  aux  progrès  des  Sciences  mathématiques  pures 
ou  appliquées,  publié  dans  le  cours  des  dix  années  qui  auront  précédé  le 
jugement  de  l'Académie. 

Le  Général  Poncelet,  pleiu  d'affection  pour  ses  Conh'ères  et  de  dévoue- 
ment aux  progrès  de  la  science,  désirait  que  son  nom  fût  associé  d'une 
manière  durable  aux  travaux  de  l'Académie  et  aux  encouragements  par  les- 
quels elle  excite  l'émulation  des  savants.  M""*  veuve  Poncelet,  en  fondant  ce 
prix,  s'est  rendue  l'interprète  tidéle  des  sentiments  et  des  volontés  de  l'il- 
lustre Géomètre. 

Le  Prix  consistera  en  luie  médaille  d'or  de  la  valeur  de  deux  mille  francs. 

Une  disposition  récente  de  M""'  veuve  Poncelet  permettra  à  l'Académie 

d'ajouter  au  prix  primitif  un  exemplaire  des  OEuvres  du  général  Poncelet. 

PRIX  MONTYON,  MECANIQUE. 

M.  de  Montyon  a  offert  une  rente  snr  l'État,  pour  la  fondation  d'un 
prix  annuel  en  faveur  de  celui  qui,  au  jugement  de  l'Académie  des  Sciences, 


(     l5l2    ) 

s'en  sera  rendu  le  plus  digne,  en  inventant  ou  en  perfectionnant  des  instru- 
ments utiles  aux  progrès  de  l'Agriculture,  des  Arts  mécaniques  ou  des 
Sciences. 

Le  Prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quatre  cent  viiujt- 
septfrancs. 

PRIX  FOURNEYRON. 

Concours  proroge  h  1875. 

L'Académie  des  Sciences  a  été  autorisée,  par  Décret  du  6  novembre  1 867, 
à  accepter  le  legs  qui  lui  a  été  fait  par  M.  Benoît  Fourneyron  d'une  somme 
i\ç,  cinq  cents  francs  de  rente  sur  l'État  français,  pour  la  fondation  d'un  prix 
de  Mécanique  appliquée  à  décerner  tous  les  deux  aiu,  le  fondateur  laissant  à 
l'Académie  le  soin  d'en  rédiger  le  programme. 

L'Académie  avait  proposé,  pour  l'année  1873,  un  prix  de  la  valeur  de 
mille  francs  à  celui  qui  aurait  apporté  le  perfectionnement  le  plus  impor- 
tant à  la  construction  ou  à  la  théorie  d'une  ou  de  plusieurs  machines  hy- 
drauliques, motrices  ou  autres. 

Aucun  travail  n'ayant  été  déposé  au  Secrétariat  de  l'Institut,  la  Commis- 
sion a  proposé  à  l'Académie  de  proroger  ce  Concours  a  l'année  i  875. 

La  valeur  des  perfectionnements  et  la  justesse  des  vues  théoriques  devront 
être  confirmées  par  des  expériences. 

Les  Mémoires,  écrits  en  français  ou  en  latin,  ont  dû  être  déposés  au 
Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i*"^  jnin. 

PRIX  PLUMEY. 

Par  un  testament  en  date  du  10  juillet  1869,  feu  M.  J.-B.  Plumey  a  lé- 
gué à  l'Académie  des  Sciences  vingt-cinq  actions  de  la  Banque  de  France 
«  pour  les  dividendes  être  employés  chaque  année,  s'il  y  a  lieu,  en  un  prix 
»  à  l'auteur  du  perfectionnement  des  machines  à  vapeur  ou  de  toute  autre 
»  invention  qui  aura  le  plus  contribué  au  progrès  de  la  navigation  à  vapeiu'.» 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  qu'elle  décernera  chaque  année, 
dans  sa  séance  publique,  une  médaille  de  la  valeur  de  deux  mille  cinq  cents 
francs  au  travail  le  plus  important  qui  lui  sera  soumis  sur  ces  matières. 


(i5i3) 

PRIX  DALMONT. 

Par  son  testament  en  date  du  5  novembre  iSGS,  feu  M.  Dalmont  a  mis 
à  la  charge  de  ses  légataires  universels  de  payer,  tous  les  trois  ans,  à  l'Aca- 
déiuie  des  Sciences  une  somme  de  trois  initie  francs,  pour  être  remise  à  celui 
de  MM.  les  Ingénieurs  des  Ponts  et  Chaussées  en  activité  de  service  qui  lui 
aura  présenté,  à  son  choix,  le  meilleur  travail  ressortissant  à  l'une  des 
Sections  de  cette  Académie. 

Ce  prix  triennal  de  trois  mille  francs  sera  décerné  pendant  la  période  de 
trente  années,  afin  d'épuiser  les /ren^e  mille  francs  légués  à  l'Académie  et 
d'exciter  MM.  les  Ingénieurs  à  suivre  l'exemple  de  leurs  savants  devanciers, 
Fresnel,  Navier,  Coriolis,  Cauchy,  de  Prony  et  Girard,  et  comme  eux  ob- 
tenir le  fauteuil  académique. 

Un  Décret  impérial  en  date  du  6  mai  i865  a  autorisé  l'Académie  à  accep- 
ter ce  legs. 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  qu'elle  décernera  pour  la  qua- 
trième fois  le  prix  fondé  par  feu  M.  Dalmont,  dans  sa  séance  publique 
de  l'année  i8yG. 

PRIX  BORDIN. 

Question  proposée  pour  l'année  1876. 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Puiseux,  Hermite,  Becquerel  père, 
Dupuy  de  Lùme  rapporteur.) 

La  Commission  nommée  par  l'Académie  pour  lui  proposer  la  question 
dont  la  solution  donnerait  droit  à  l'obtention  du  prix  Bordiii,  de  l'an- 
née 1876,  l'a  formulée  ainsi  qu'il  suit  : 

«  Trouver  le  moyen  défaire  dispnrailre  on  au  moins  d'atténuer  sérieusement 
»  la  gène  cl  les  dangers  que  présentent  les  produits  de  la  combustion  sortant  des 
»  cheminées  sur  les  chemins  de  fer,  sur  les  bâtiments  à  vapeur,  ainsi  (pie  dans  les 
»   villes  à  proximité  des  usines  à  feu.   » 

L'importance  de  la  solution  plus  ou  moins  complète  du  problème  ainsi 
posé  n'a  pas  besoin  d'être  longuement  démontrée.  Aujourd'hui  que  le  trans- 
port des  voyageurs  ou  des  marchandises,  tant  sur  terre  c[ue  sur  mer,  se  fait 
presque  exclusivement  par  des  machines  à  feu,  et  que  le  nombre  des 
hommes  et  des  choses  qui  se  déplacent  est  déjà  si  considérable,  on  doit  re- 
connaître que  la  plus  grande  rapidité  des  voyages  et  l'abaissement  ilu  prix 

i:.R.,i8-j3,  l'f  Semestre.  [T.  LXXX,  N"  ii-i.)  '97 


(  i.'iiA  ) 
ont  déjà  fait  beaucoup  pour  produire  cet  immense  résultat;  mais  on  ne  sau- 
rait luéconnaître,  d'autre  part,  que  le  confortable  et  la  sécurité  des  voya- 
geurs laissent  encore  beaucoup  à  désirer.  Voulant  appeler  principalement 
l'attention  sur  un  des  progrès  importants  qui  restent  encore  à  faire  dans 
les  moyens  de  transport,  nous  dirons  qu'il  n'est  pas  un  voyageur  descen- 
dant d'un  paquebot  ou  d'un  wagon  de  chemin  de  fer,  après  un  voyage  de 
quelque  durée,  qui  n'ait  gémi  d'avoir  eu  à  vivre,  pendant  de  longues  jour- 
nées, au  milieu  d'une  atmosphère  de  fumée,  de  cendres  ou  de  flammèches 
brûlantes.  La  santé  des  personnes  faibles  a  eu  souvent  lieu  de  s'en  res- 
sentir; enfin  le  danger  que  présentent  les  flammèches  sortant  des  chau- 
dières, au  point  de  vue  de  l'incendie  des  trains  ou  des  navires,  ne  saurait 
malheureusement  être  contesté. 

Ce  sont,  sans  contredit,  les  flammèches  de  la  locomotive  qui,  pendant 
la  dernière  guerre,  ont  fait  sauter  sur  le  chemin  de  fer  de  la  Méditerranée, 
près  de  Saint-Nazaire,  entre  Marseille  et  Toulon,  tout  un  train  de  voyageurs 
auquel  on  avait  adjoint  un  wagon  portant  des  barils  de  poudre  de  guerre; 
souvent  le  feu  s'est  déclaré  dans  des  wagons  portant  des  matières  combus- 
tibles, sans  qu'elles  fussent  explosibles,  et  plus  d'un  paquebot  à  vapeur  a 
eu  le  feu  dans  ses  cales  ou  dans  ses  cabines,  sans  qu'on  ait  pu  en  trouver 
d'autre  cause  que  des  flammèches  tombées  des  cheminées.  Elles  en  sortent 
parfois  en  telle  abondance  qu'on  peut  dire  que  le  navire  voyage  sous  une 
pluie  de  feu. 

Jusqu'à  ce  jour,  il  semble  qu'on  ait  considéré  comme  un  mal  inévitable 
ces  inconvénients,  si  graves,  des  moteurs  à  feu,  ou  qu'on  s'y  soit  résigné 
comme  il  le  faut  bien  faire  devant  ce  qu'on  ne  peut  empêcher. 

Il  a  paru  à  votre  Commission  qu'il  appartenait  à  l'Académie  des  Sciences 
de  ne  pas  reconnaître  comme  irrémédiables  les  inconvénients  que  présen- 
tent aujourd'hui  les  produits  de  la  combustion  des  machines  à  feu. 

Déjà,  à  maintes  reprises  et  dans  divers  pays,  la  question  de  la  combustion 
de  la  fumée  a  été  posée  pour  les  usines  à  feu  situées  prés  des  villes;  des 
solutions  ont  été  proposées,  basées,  pour  la  plupart,  sur  l'emploi  de  sys- 
tèmes de  grilles  plus  ou  moins  fumivores;  mais  malheureusement  leursap- 
plications  restreintes,  et  les  règlements  de  police  qui  ont  voulu  les  imposer, 
tombés  pour  la  plupart  en  désuétude,  prouvent  ou  que  l'efficacité  de  ces 
procédés  est  contestable  ou  qu'ils  présentent  des  objections  sérieuses  au 
point  de  vue  économique. 

Votre  Commission  a  donc  cru  devoir  laisser  toute  sa  généralité  à  la  ques- 
tion posée,  qui  a  pour  but  la  recherche  des  moyens  de  faire  disparaître  ou 


(  t5i5  ) 
du  moins  d'atténuer  sérieusement  la  gêne  et  les  dangers  que  présentent  les 
produits  de  la  combustion  sortant  des  cheminées  des  machines  à  feu  : 

1°  Sur  les  chemins  de  fer; 

1°  Sur  les  bâtiments  à  vapeur; 

3°  Dans  les  villes. 

Votre  Commission  prévoit  que  les  moyens  proposés  à  cet  effet  pour- 
ront différer  pour  l'une  ou  l'autre  des  trois  grandes  divisions  précitées; 
mais  une  solution  satisfaisante,  même  applicable  à  un  seul  de  ces  trois  cas, 
donnerait,  s'il  y  a  lieu,  des  titres  à  l'oblention  du  prix. 

L'Académie  a  adopté  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés  au  secrétariat  de  l'Institut,  avant 
le  i*"' juin  1876. 


ASTRONOailE. 


PRIX    LALANDE. 

La  médaille  fondée  par  M.  de  Lalande,  pour  être  accordée  annuellement  à 
la  personne  qui,  en  France  ou  ailleurs,  aura  fait  l'observation  la  ])lus  inté- 
ressante, le  Mémoire  ou  le  travail  le  plus  utile  au  progrès  de  l'Astronomie, 
sera  décernée   dans  la  prochaine  séance  publique. 

Ce  Prix  consistera  en  une  médaille  d'or  delà  valeur  de  cinq  cent  quarante- 
deux  francs. 

PRIX  DAMOISEAU. 

Question  proposée  pour  1873  et  remise  au  Concoiiis  pour  1876. 

L'Académie  avait  proposé  pour  sujet  du  prix  Damoiseau  à  décerner 
en  1872  la  question  suivante  : 

«  Revoir  la  théorie  des  satellites  de  Jupiter;  discuter  les  ohservalioiis  et  en 
»  déduire  les  constantes  quelle  renferme,  et  particulièrement  celle  qui  fournil 
))  une  détermination  diieclc  de  la  vitesse  de  la  lumière;  enfin  cunslruirc  des 
»    Tables  particulières  pour  chaque  satellite.  » 

Aucun  Mémoire  n'ayant  été  déposé  au  Secrétariat,  elle  a  prorogé  le 
Concours  à  l'année  1876. 

'97-- 


(  i5i6  ) 
La  Coiimiission  invite  les  concurrents  à  donner  une  altention  particu- 
lière à  l'une  des  conditions  du  prix  de  M.  le  Baron  de  Damoiseau,  celle 
qui  est  relative  à  la  déterminalion  de  la  vitesse  de  la  lumière. 

Les  Mémoires  seront  reçus  jusqu'au  i"  juin. 


PRIX  VAILLANT. 

M.  le  Maréchal  Vaillant,  Membre  de  l'Institut,  a  légué  à  l'Académie  des 
Sciences,  par  son  testament  en  date  du  i"  février  1872,  une  somme  de 
quarante  mille  francs,  destinée  à  fonder  un  prix  qui  sera  décerné  soit  an- 
nuellement, soit  à  de  plus  longs  intervalles.  «  Je  n'indique  aucun  sujet 
»  pour  le  prix,  dit  M.  le  Maréchal  Vaillant,  ayant  toujours  pensé  laisser 
))  une  grande  société  comme  l'Académie  des  Sciences  appréciatrice  su- 
»  prême  de  ce  qu'il  y  avait  de  mieux  à  faire  avec  les  fonds  mis  à  sa  dis- 
»   position.  » 

L'Académie,  autorisée  par  Décret  du  7  avril  1 873  à  accepter  ce  legs,  a  dé- 
cidé que  le  prix  fondé  par  M.  le  Maréchal  Vaillant  serait  décerné  tous  les 
deux  ans. 

En  conséquence,  elle  propose,  pour  l'année  1877,  de  décerner  un  prix 
de  quatre  mille  francs  à  l'auteur  du  meilleur  travail  sur  Vélude  des  petites 
planètes,  soit  par  la  théorie  mathématique  de  leurs  perturbations,  soit  par 
la  comparaison  de  cette  théorie  avec  l'observation. 

Les  Mémoires  devront  être  adressés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i^juin  1877. 

PRIX  VALZ. 

M™^  Veuve  Valz,  par  acte  authentique,  en  date  du  17  juin  187/i)  a  fait 
don  à  l'Académie  d'une  somme  de  dix  mille  francs,  destinée  à  la  fondation 
d'un  prix  qui  sera  décerné  tous  les  ans,  sous  la  qualification  de  prix  Falz, 
à  des  travaux  sur  l'Astronomie,  conformément  au  prix  Lalande. 

L'Académie  a  été  autorisée  à  accepter  cette  donation  par  décret  en  date 
dua9  janvier  1875.  Prenanten  considération  lesétudes  favorites  du  célèbre 
directeur  de  l'Observatoire  de  Marseille  et  le  service  qu'il  a  rendu  à  l'Astro- 
nomie en  organisant  en  France  la  recherche  des  petites  planètes,  à  l'aide  de 
cartes  spéciales  du  ciel,  elle  a  décidé  qu'elle  décernerait  ce  prix,  dans  sa 


(  '5i7  ) 
séance  publique  de  l'année  1877,  à  l'auteur  des  meilleures  cartes  se  rap- 
portant à  la  région  du  plan  invariable  de  notre  système. 

Les  Mémoires  seront  reçus  au  Secrétariat  de  l'Institut  jusqu'au  1"  juin 

.877. 


PHYSIQUE. 


PRIX  L.  LACAZE. 

Par  son  testament  en  date  du  2^  juillet  i865  et  ses  codicilles  des  25  août 
et  22  décembre  1866,  feu  M.  Louis  Lacaze,  docteur-médecin  à  Paris,  a 
légué  à  l'Académie  des  Sciences  trois  sommes  de  cinq  mille  Jrancs  chacune, 
dont  il  a  réglé  l'emploi  de  la  manière  suivante  : 

a  Dans  l'intime  persuasion  où  je  suis  que  la  Médecine  n'avancera  réel- 
»  lement  qu'autant  qu'on  saura  la  Physiologie,  je  laisse  cinq  mille  francs 
n  de  rente  perpéluelle  à  V Académie  des  Sciences,  en  priant  ce  corps  savant 
»  de  vouloir  bien  distribuer  de  deux  ans  en  deux  ans,  à  dater  de  mon 
))  décès,  un  prix  de  dix  mille  francs  (10 000  fr.)  à  l'auteur  de  l'Ouvrage 
»  qui  aura  le  plus  contribué  aux  progrès  de  la  Phjsiolocjie.  Les  étrangers 
»   pourront  concourir 

»  Je  confirme  toutes  les  dispositions  qui  précèdent;  mais,  outre  la 
»  somme  de  cinq  mille  francs  de  rente  perpétuelle  que  j'ai  laissée  à  l'Aca- 
»  demie  des  Sciences  de  Paris  pour  fonder  un  prix  de  Physiologie,  que  je 
»  maintiens  ainsi  qu'il  est  dit  ci-dessus,  je  laisse  encore  à  la  même  Acadé- 
»  mie  des  Sciences  deux  sommes  de  cinq  mille  francs  de  rente  perpétuelle, 
»  libres  de  tous  frais  d'enregistrement  ou  autres,  destinées  à  fonder  deux 
»  autres  prix,  l'un  pour  le  meilleur  travail  sur  la  Phj-sique,  l'autre  pour 
»  le  meilleiM-  travail  sur  la  Cliimie.  Ces  deux  prix  seront,  comme  celui  de 
»  Physiologie,  distribués  tous  les  deux  ans,  à  perpétuité,  à  dater  de  mon 
»  décès,  et  seront  aussi  de  dix  mille  francs  chacun.  Les  étrangers  pourront 
»  concourir.  Ces  sommes  ne  seront  pas  partageables,  et  seront  données 
»  en  totalité  aux  auteurs  qui  en  auront  été  jugés  dignes.  Je  provoque  ainsi, 
>'  par  la  fondation  assez  importante  de  ces  trois  prix,  en  Europe  et  peut- 
»  être  ailleurs,  une  série  continue  de  recherches  sur  les  sciences  naturelles, 
»  qui  sont  la  base  la  moins  équivoque  de  tout  savoir  humain;  et,  en 
»  même  temps,  je  pense  que  le  jugement  et  la  distribution  de  ces  récom- 
»   lieuses  par  r Académie  des  Sciences  de  Paris  sera  un  titre  de  j)lus,  pour  ce 


(  i5i8  ) 
M  corps  illustre,  au  respect  et  à  l'estime  dont  il  jouit  dans  le  monde  entier. 
»  Si  ces  prix  ne  sont  pas  obtenus  par  des  Français,  au  moins  ils  seront 
»  distribués  par  des  Français,  et  par  le  premier  corps  savant  de  France.  )> 
Un  Décret  en  date  du  27  septembre  1869  a  autorisé  l'Académie  à  accep- 
ter cette  fondation;  elle  décernera  pour  la  seconde  fois,  dans  sa  séance 
publique  de  l'année  187?,  trois  prix  de  dix  mille  francs  chacun  aux  Ouvrages 
ou  Mémoires  qui  auront  le  plus  contribué  aux  progrès  de  la  Physiologie^ 
de  la  Physique  et  de  la  Chimie. 

Les  travaux  ont  dû  être  déposés,  manuscrits  ou  imprimés,  au  Secré- 
tariat de  l'Institut,  avant  le  i*^'  juin  1875. 

PRIX  BORDIN. 

TEMPÉRATURE    A    LA    SURFACE    DU    SDLEIL. 

La  Commission,  ayant  déclaré  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  à  décerner  ce  prix 
pour  l'année  1874,  a  prorogé  le  Concours  à  l'année  1876,  en  maintenant 
la  question  déjà  proposée  dans  les  termes  suivants  : 

«  Rechercher,  par  de  nouvelles  expériences  calorimétriques  et  par  la  discus- 
n  sion  des  observations  antérieures,  quelle  est  la  véritable  température  à  la  sur- 
»  face  du  Soleil.  » 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i^'juin  1876. 


STATISTIQUE, 


PRIX  MONTYON,  STATISTIQUE. 

Parmi  les  Ouvrages  qui  auront  pour  objet  une  ou  plusieurs  questions 
relatives  à  la  Statistique  de  la  France,  celui  qui,  au  jugement  de  l'Académie, 
contiendra  les  recherches  les  plus  utiles  sera  couronné  dans  la  |)rochaine 
séance  publique.  On  considère  comme  admis  à  ce  Concours  les  Mémoires 
envoyés  en  manuscrit,  et  ceux  qui,  ayant  été  imprimés  et  publiés,  arrivent 
à  la  connaissance  de  l'Académie;  sont  seuls  exceptés  les  Ouvrages  des 
Membres  résidents. 

Le  Prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeiu'  de  quatre  cent  cin- 
quante-trois francs. 


(  i5i9  ) 
CHIMIE. 


PRIX  JECKER. 

Par  un  testament,  en  date  du  i3  mars  i85r,  feu  M.  le  D"^  Jecker  a  fait  à 
l'Académie  un  legs  destiné  à  accélérer-  les  progrès  île  In  Chimie  organique. 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  qu'elle  décernera  chaque  année, 
dans  sa  séance  publique,  un  ou  plusieurs  prix  aux  travaux  qu'elle  jugera 
les  plus  propres  à  hâter  le  progrès  de  cette  branche  de  la  Chimie. 

PRIX  L.  LACAZE. 

Voir  page  1517. 

Les  travaux  ont  dû  être  déposés,  manuscrits  ou  imprimés,  au  Secré- 
tariat de  l'Institut,  avant  le  I*'  juin  1875. 


BOTANIQUE. 


PRIX    BARBIER. 

Feu  M.  Barbier,  ancien  Chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  du  Val-de-Grâce, 
a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  rente  de  deux  mille  francs,  destinée  à 
la  fondation  d'un  prix  annuel  «  pour  celui  qui  fera  une  découverte  pré- 
»  cieuse  dans  les  Sciences  chirurgicale,  médicale,  pharmaceutique,  et  dans 
»  la  Botanique  ayant  rapport  à  l'art  de  guérir  ». 

PRIX  ALHUMBERT. 

MOUE    DE    NUTRITION    DES    CHAMPIGNONS. 

La  grande  classe  des  Champignons  se  distingue  de  tous  les  autres  groupes 
du  règne  végétal  par  l'absence  constante  dans  tous  ses  tissus  de  la  matière 
verte  des  feuilles  ou  chlorophylle.  Celle  absence  de  la  chlorophylle  indique 
des  relations  très-différentes  entre  ces  plantes  et  l'atmosphère  ambiante. 


(     l520    ) 

et,  par  suite,  xm  mode  de  nutrition  aussi  très-différent  de  celui  des  autres 
végétaux. 

Quelles  sont  les  sources  où  les  Champignons  puisent  le  carbone  et  l'azote 
qui  entrent  dnns  leur  constitution?  quels  sont  les  autres  éléments  qui,  joints 
à  l'oxygène  et  à  l'hydrogène,  sont  nécessaires  à  leur  développement? 

Les  expériences  faites  sur  quelques  Mucédinées  peuvent  déjà  répandre  un 
certain  jour  sur  ce  sujet,  mais  ne  suffisent  pas  pour  expliquer  le  mode  de 
nutrition  et  d'accroissement  des  grands  Champignons  qui  prennent  nais- 
sance dans  le  sol  ou  sur  le  tronc  des  arbres,  dans  des  conditions  très-diffé- 
rentes des  moisissures,  et  dont  la  masse  des  tissus  s'accroît  souvent  avec  une 
grande  rapidité. 

Des  Champignons  déjà  soumis  à  la  culture,  l'Agaric  de  couches  [Agaricus 
campestris,  L.),  le  Polypore  de  la  pierre  à  Champignon,  ou  Pielra  fongnia 
des  Italiens  [Polyporus  tuberaster,  Fries),  et  quelques  autres  qui  se  prêteraient 
peut-être  à  une  culture  expérimentale,  conduiraient  sans  doute  à  des  résul- 
tats intéressants. 

En  proposant  pour  sujet  de  prix  l'étude  du  mode  de  nnlrition  des  Champi- 
gnons, l'Académie  demande  que,  par  des  expériences  précises,  on  détermine 
les  relations  du  mycélium  des  Champignons  avec  le  milieu  dans  lequel  il 
se  développe,  ainsi  que  les  rapports  de  ce  mycélium  et  du  Champignon 
complètement  développé  avec  l'air  ambiant,  et  qu'on  constate  ainsi  l'ori- 
gine'des  divers  éléments  qui  entrent  dans  la  composition  des  Champignons 
soumis  à  ces  expériences. 

Le  Prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  deux  mille  diiq 
cents  francs. 

Les  Ouvrages  et  Mémoires,  manuscrits  ou  imprimés,  en  français  ou  en 
latin,  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i*"^  juin  i  S'^G. 

PRIX  DESMAZIÈRES. 

Par  son  testament  olographe,  en  date  du  \l\  avril  i855,  M.  Baptiste- 
Henri-Joseph  Desmazières  a  légué  à  l'Académie  dos  Sciences  un  capital 
de  trente-cinq  mille  francs,  de.\a\)i  être  converti  en  rentes  trois  pour  cent,  et 
.servir  à  fonder  un  prix  annuel  pour  être  décerné  «  à  l'auleiu-,  fiançais  ou 
»  étranger,  du  meilleur  ou  du  plus  utile  écrit,  publié  dans  le  courant  de 
»   l'année  précédente,  sur  tout  ou  partie  de  la  Cryptogamie.  « 

Conformément  aux  sti[)ulaliotis  ci-dessus,  un  prix   de  seize  cents  francs 


(     l52I     ) 

sera  décerné,  dans  la  séance  publique  de  l'année  1875,  h  l'Ouvrage  ou  au 
Mémoire  jugé  le  meilleur  parmi  ceux  publiés  dans  l'intervalle  de  temps 
écoulé  depuis  le  précédent  Concours. 

PRIX  DE  LA  FONS  MÉLICOCQ. 

Feu  M.  de  La  Fons  Mélicocq  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences,  par  tes- 
tament en.  date  du  4  février  1866,  une  rente  de  trois  cents  francs,  trois  pour 
cent,  qui  devra  être  accumulée,  et  «  servira  à  la  fondation  d'un  prix  qui 
sera  décerné  tous  les  tiois  ans  au  meilleur  Ouvrage  de  Botanique  sur  le  nord 
de  la  France,  c'est-à-dire  sur  les  départements  du  Nord,  du  Pas-de-Calais,  des 
Ardennes,  de  la  Somme,  de  l'Oise  et  de  l'Aisne  ». 

L'Académie  décernera  ce  Prix,  qui  consiste  en  une  médaille  de  la  valeur 
de  neuf  cents  francs,  dans  sa  séance  publique  de  l'année  1877,  au  meilleur 
Ouvrage,  manuscrit  ou  imprimé,  remplissant  les  conditions  stipulées  par  le 
testateur. 

PRIX  THORE. 

Par  son  testament  olographe,  en  date  du  3  juui  i863,  M.  François-Fran- 
klin Thore  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  inscription  de  rente 
trois  pour  cent  de  deux  cents  francs,  pour  fonder  un  prix  annuel  à  décerner 
«  à  l'auteur  du  meilleur  Mémoire  sur  les  Cryptogames  cellulaires  d'Eu- 
rope (Algues  fluviatiles  ou  marines,  Mousses,  Lichens  ou  Champignons), 
ou  sur  les  mœurs   ou  l'anatomie  d'une  espèce  d'Insectes  d'Eiu-ope  ». 

Ce  prix  est  attribué  alternativement  aux  travaux  sur  les  Cryptogames  cel- 
lulaires d'Europe  et  aux  recherches  sur  les  moeurs  ou  l'anatomie  d'un 
Insecte  (i). 

PRIX  BORDIN. 

Question  proposée  pour  l'année  iS^S. 

«  Etudier  comparativement  la  structure  des  téguments  de  la  graine  dans  les 
u  végétaux  angiospermes  et  gymnospermes.  » 

Les  enveloppes  de  l'embryon,  qui  constituent  les  téguments  de  la  graine, 

(i)  Voir  [)age  1524. 

C.  K.,    1875,   1"  Scmcscre.  (1.  LXXX,  ^''  îi'S.}  '  y8 


(    l522    ) 

doivent  leur  origine  aux  diverses  parties  de  l'ovule;  mais  ces  parties  ont 
subi  de  très-profondes  modifications  pendant  le  développement  de  la  graine 
et  de  l'embryon  qu'elle  renferme. 

L'Académie  demande  aux  concurrents  d'étudier,  dans  les  graines  dont 
les  téguments  présentent  à  l'état  adulte  les  différences  les  plus  notables,  les 
changemenls  qui  s'opèrent  dans  les  diverses  parties  de  l'ovule,  primine, 
secondine  et  nucelle,  chalaze,  micropyle  et  mamelon  micropylaire  du 
nucelle,  depuis  le  moment  de  la  fécondation  jusqu'à  la  maturité  de  la 
graine. 

Ces  recherches  doivent  comprendre  non-seulement  les  graines  des  végé- 
taux angiospermes,  mais  celles  des  gymnospermes  (Conifères,  Cycadées  et 
Gnétacées)  qui  ont  été  moins  étudiées  à  ce  point  de  vue;  les  premières, 
quoique  ayant  été  déjà  l'objet  de  recherches  partielles  assez  nombreuses 
et  particulièrement  d'un  travail  intéressant  de  M,  Ad.  Targioni-Tozzetti 
{Memorie  délia  Accademia  délie  Scienze  di  Torino,  t.  XV,  i855),  méritent 
cependant  un  examen  plus  étendu  et  plus  complet. 

Les  Mémoires,  manuscrits  ou  imprimés,  relatifs  à  cette  question,  en  fran- 
çais ou  en  latin,  ont  dû  être  adressés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i"  juin  1875.  Dans  le  cas  où  le  sujet  ne  serait  pas  traité  d'une  manière 
satisfaisante,  la  question  serait  maintenue  au  concours  pour  le  1"' juin  1876. 

Le  Prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  liois  mille frami. 

PRIX  RORDIN. 
Question  proposée  pour  l'année  1877. 

«  Eludier  compamlivemenl  la  structure  et  le  développement  des  organes  de  la 
»    véijétaliun  dans  les  Lycopod lacées.  » 

Les  concurrents  devront  examiner  la  structure  des  tiges,  des  racines  et 
des  feuilles,  dans  les  divers  gcMires  de  celte  famille  et  dans  le  plus  grand 
nombre  possible  d'espèces  différentes. 

Ils  devront  bien  déterminer  la  nature  et  la  disposition  des  tissus  qui  con- 
stituent ces  organes  et  les  changemenls  qu'ils  éprouvent  depuis  le  bourgeon 
jusqu'aux  tiges  les  plus  âgées. 

Les  Mémoires  présentés  devront  être  accompagnés  de  dessins  et  de  pré- 
parations à  rap|)ui  des  faits  énoncés  par  leurs  auteurs. 


(   i523  ) 
Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires,  en  français  ou  en  latin,  devront  être  adressés  au  Secréta- 
riat de  l'Institut  avant  le  i"  juin  tS'j'j. 


AGRICULTURE. 


PRIX  MOROGUES. 

Fou  M.  de  Morogiies  a  légué,  par  son  testament  en  date  du  ^5  oc- 
tobre 1834,  une  somme  de  dix  mille  francs,  placée  en  rentes  sur  l'État,  pour 
faire  l'objet  d'un  prix  à  décerner  tous  les  cinq  ans,  alternativement  :  par 
l'Académie  des  Sciences  physiques  et  mathématiques,  à  l'Ouvrage  qui  aura 
fait  /aire  le  plus  qrand  progrès  et  l'agriculture  en  France,  et  par  l'Académie 
des  Sciences  morales  et  politiques,  au  meilleur  Ouvrage  sur  Célat  du  paupé- 
risme en  France  et  le  moyen  d'y  remédier. 

Une  Ordonnance  en  date  du  2G  mars  1842  a  autorisé  l'Académie  des 
Sciences  à  accepter  ce  legs. 

L'Académie  rappelle  qu'elle  décernera  ce  prix,  en  i883,  à  l'Ouvrage 
remplissant  les  conditions  prescrites  par  le  donateur. 

Les  Ouvrages,  imprimés  et  écrits  en  français,  devront  être  déposés  au 
Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i''''  juin  i883. 


ANATOMIE   ET   ZOOLOGIE. 


PRIX  SAVIGNY,  FONDÉ  PAR  M"«  LETELLIER. 

Un  Décret  impérial,  en  date  du  20  avril  1864,  a  autorisé  l'Académie 
des  Sciences  à  accepter  la  donation  qui  lui  a  été  faite  par  M""  Leiellier,  au 
nom  de  Savigny,  d'une  somme  de  vinqt  millefrancs  pour  la  fondation  d'un 
prix  annuel  en  faveur  des  jeunes  zoologistes  voyageurs. 

«  Voulant,  dit  la  testatrice,  perpétuer,  autant  qu'il  est  en  mon  pouvoir 
»   de  le  faire,  le  souvenir  d'un   martyr  de  la  science  et  dr  l'Iioiuiciir,  je 

198.. 


(  i524  ) 
»  lègue  à  l'Institut  de  France,  Académie  des  Sciences,  Section  de  Zoolo- 
»  gie,  vingt  mille  francs,  au  nom  de  Marie-Jules-César  Le  Lorgne  de  Savi- 
»  gny,  ancien  Membre  de  l'Institut  d'Egypte  et  de  l'Institut  de  France, 
»  pour  l'intérêt  de  cette  somme  de  vingt  mille  francs  être  employé  à  aider 
»  les  jeunes  zoologistes  voyageurs  qui  ne  recevront  pas  de  subvention  du 
»  Gouvernement  et  qui  s'occuperont  plus  spécialement  des  animaux  sans 
»  vertèbres  de  l'Egypte  et  de  la  Syrie.  « 

PRIX  TIIORE. 

i'  r  son  testament  olographe,  en  date  du  3  juin  i863,  M.  François-Fran- 
klin Thore  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  inscription  de  rente  trois 
pour  cent  de  deux  cents  francs,  pour  fonder  un  prix  annuel  à  décerner  «  à 
l'auteur  du  meilleur  Mémoire  sur  les  Cryptogames  cellulaires  d'Europe 
(Algues  fluviatiles  ou  marines,  Mousses,  Lichens  ou  Champignons),  ou  sur 
les  moeurs  ou  l'anatomie  d'une  espèce  d'Insecles  d'Europe.  » 

Ce  prix  est  attribué  alternativement  aux  travaux  sur  les  Cryptogames 
cellulaires  d'Europe  et  aux  recherches  sur  les  mœurs  ou  l'anatomie  d'un 
Insecte  ;  il  sera  décerné,  pour  l'année  1875,  au  meilleur  travail,  manuscrit 
ou  imprimé,  parmi  ceux  qui  auront  été  envoyés  à  l'Académie  sur  un  sujet 
concernant  les  mœurs  ou  l'anatomie  d'une  espèce  d'Insectes  d'Europe. 


MEDECINE  ET  CHIRURGIE. 


GRAND  PRIX  DE  MÉDECINE  ET  CHIRURGIE. 
Question  proposée  pour  1866,  remise  à  i86g,  à  1872  et  enfin  à  iS^S. 

L'Académie  avait  proposé,  comme  sujet  d'un  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie,  la  question  suivante  : 

«  De  l'application  de  l'électricité  à  la  Thérapeutique.   » 

Les  concurrents  devaient  : 

1°  Indiquer  les  appareils  électriques  employés,  décrire  leur  mode  d'ap- 
plication et  leurs  effets  physiologiques; 

2"  Rassembler  et  discuter  les  faits  publiés  sur  l'application  de  l'électri- 
cité au  traitement  des  maladies, et  en  particulier  au  traitement  des  affections 


(  i525  ) 
des  systèmes  nerveux,  musculaire,  vasculaire  et  lymphatique  ;  vérifier  et 
compléter  par  de  nouvelles  études  les  résultats  de  ces  observations,  et  dé- 
terminer les  cas  dans  lesquels  il  convient  de  recourir,  soit  à  l'action  des 
courants  intermittents,  soit  à  l'action  des  courants  continus. 

Dans  un  Rapport  où  elle  a  exposé  les  motifs  de  son  jugement  (i),  la 
Commission,  n'ayant  pas  pensé  qu'il  y  eût  lieu  à  décerner  ce  prix,  a  proposé 
de  proroger  le  Concours  à  l'année  1875.  Ces  conclusions  ont  été  adoptées 
par  l'Académie. 

Le  Prix  sera  de  la  somme  de  cinq  mille  francs. 

Les  Ouvrages,  écrits  en  français,  ont  dû  parvenir  au  Secrétariat  de 
l'Institut  avant  le  i*'  juin  1875. 

PRIX  BRÉANT. 

Par  son  testament  en  date  du  28  août  1849,  feu  M.  Bréant  a  légué 
à  l'Académie  des  Sciences  une  sonnne  de  cent  mille  francs  pour  la  fon- 
dation d'un  prix  à  décerner  «  à  celui  qui  aura  trouvé  le  moyen  de  gué- 
rir du  choléra  asiatique  ou  qui  aura  découvert  les  causes  de  ce  terrible 
fléau  (2).  » 

(i)  Voir  Comptes  rendus,  t.  LXXIX,  a'  semestre;  1874,  p.  i564. 

(2)  Il  paraît  convenatle  de  reproduire  ici  les  propres  termes  du  fondateur  :  «  Dans  l'état 
■  actuel  de  la  science,  je  pense  qu'il  y  a  encore  beaucoup  de  choses  à  trouver  dans  la  com- 
»  position  de  l'air  et  dans  les  fluides  qu'il  contient  :  en  effet,  rien  n'a  encore  été  découvert 
»  au  sujet  de  l'action  qu'exercent  sur  l'économie  animale  les  fluides  électriques,  magnétiques 
»  ou  autres;  rien  n'a  été  découvert  également  sur  les  animalcules  qui  sont  répandus  en 
u  nombre  infini  dans  l'atmosphère,  et  qui  sont  peut  être  la  cause  ou  une  des  causes  de  cette 
u   cruelle  maladie. 

i  Je  n'ai  pas  connaissance  d'appareils  aptes,  ainsi  que  cela  a  lieu  pour  les  liquides,  à  re- 
))  connaître  l'existence  dans  l'air  d'animalcules  aussi  petits  que  ceux  que  l'on  aperçoit  dans 
»  l'eau  en  se  servant  des  instruments  microscopiques  que  la  science  met  à  la  disposition  de 
»   ceux  qui  se  livrent  à  celle  étude. 

D  Comme  il  est  probable  que  le  prix  de  cent  mille //unes,  institué  tomme  je  l'ai  expliqué 
»  plus  haut,  ne  sera  pas  décerné  de  suite,  je  veux,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  soit  gagné,  que 
11  l'intérêt  dudit  capital  soit  donné  par  l'Institut  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la 
»  science  sur  la  question  du  choléra  ou  de  toute  autre  maladie  éjiidémique,  soit  en  don  - 
11  nant  de  meilleures  analyses  de  l'air,  en  y  démontrant  un  élément  morbide,  soit  en  trou- 
u  vant  un  procédé  propre  à  connaître  et  à  étudier  les  animalcules  qui  jusqu'à  présent  ont 
>'  échappé  à  l'œil  du  savant,  et  qui  pourraient  bien  être  la  caube  ou  une  des  causes  de  la 
»   maladie.  » 


(  i526  ) 

Prévoyant  que  ce  prix  de  cent  mille  francs  ne  sera  pas  décerné  tout  de 
suite,  le  fondateur  a  voulu,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  soit  gagné,  que  l'intérêt 
du  capital  fût  donné  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la  science  sur  la 
question  du  choléra  ou  de  toute  autre  maladie  épidémique,  ou  enfin  que  ce 
prix  pût  être  gagné  par  celui  qui  indiquera  le  moyen  de  guérir  radicale- 
ment les  dartres  ou  ce  qui  les  occasionne. 

Les  concurrents  devront  satisfaire  aux  conditions  suivantes  : 

1°  Pour  remporter  le  prix  de  cent  mille  francs,  il  faudra  : 

«  Trouver  une  médication  qui  guérisse  le  choléra  asiatique  clans  l'immense 
»   majorité  des  cas  ;  » 

Ou 

«  Indiquer  d'une  manière  incontestable  les  causes  du  choléra  asiatique , 
M  de  façon  qu'en  amenant  la  suppression  de  ces  causes  on  fasse  cesser  t'é- 
»  pidémie;  » 

Ou  enfin 

«  Découvrir  une  prophjlaxie  certaine,  et  aussi  évidente  que  l'est,  par  exemple, 
»   celle  de  la  vaccine  pour  la  variole.  » 

2°  Pour  obtenir  le  prix  annuel,  il  faudra,  par  des  procédés  rigou- 
reux, avoir  démontré  dans  l'atmosphère  l'existence  de  matières  pou- 
vant jouer  un  rôle  dans  la  production  ou  la  propagation  des  maladies 
épidéniiques. 

Dans  le  cas  où  les  conditions  précédentes  n'auraient  pas  été  remplies,  le 
prix  annuel  pourra,  aux  termes  du  testament,  être  accordé  à  celui  qui 
aura  trouvé  le  moyen  de  guérir  radicalement  les  dartres,  ou  qui  aura  éclairé 
leur  étiologie. 

PRIX  CHAUSSIER. 

Feu  M.  Franck- Bernard-Simon  Chaussior  a  légué  à  l'Académie  des 
Sciences,  par  testament  en  date  du  19  mai  i8G3,  «  une  inscription  de 
rente  de  deux  mille  cinq  cents  francs  par  an,  que  l'on  accumulera  pendant 
quatre  ans  pour  donner  un  prix  sur  le  meilleur  Livre  ou  Mémoire  qui  aura 
paru  pendant  ce  temps,  et  fait  avancer  la  Médecine,  soit  sur  la  Médecine 
légale,  soit  sur  la  Médecine  pratique.    » 

Un  décret,  en  date  du  7  juillet  1869,  a  autorisé  l'Académie  à  accepter 
ce  legs.  Elle  propose  de  décerner  ce  prix,  de  la  valeur  de  dix  mille  francs. 


(  i527  ) 
dans  sa  séance  publique  de  l'année  1875,  au  meilleur  Ouvrage  paru  dans 
les  quatre  années  qui  auront  précédé  sou  jugement. 

Les  Ouvrages  ou  Mémoires  ont  dii  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'In- 
stitut avant  le  1"  juin   1875. 

PRIX  MONTYON,  MÉDECINE  ET  CHIRURGIE. 

Conformément  au  testament  de  feu  M.  Auget  de  Montyon,  et  aux  Or- 
donnances du  29  juillet  1821,  du  2  juin  1825  et  du  23  août  1829,  il  sera 
décerné  un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  des  Ouvrages  ou  des  découvertes 
qui  seront  jugés  les  plus  utiles  à  Wiil  de  guérir,  et  à  ceux  qui  auront  trouvé 
les  moyens  de  rendre  un  art  ou  un  métier  moins  insalubre. 

L'Académie  a  jugé  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  propres  à 
perfectionner  la  Médecine  ou  la  Chirurgie,  ou  qui  diminueraient  les  dan- 
gers des  diverses  professions  ou  arts  mécaniques. 

Les  pièces  admises  au  Concours  n'auront  droit  au  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 

Si  la  pièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée  :  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  Concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 

Conformément  à  l'Ordonnance  du  23  août  1829,  outre  les  prix  annoncés 
ci-dessus,  il  sera  aussi  décerné  des  prix  aux  meilleurs  résultats  des  re- 
cherches entreprises  sur  les  questions  proposées  par  l'Académie,  confor- 
mément aux  vues  du  fondateur. 

Les  Ouvrages  ou  Mémoires  présentés  au  Concours  doivent  être  envoyés 
au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i*'  juin  de  chaque  année. 

PRIX  SERRES. 

Feu  M.  Serres,  Membre  de  l'Institut,  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences 
une  somme  de  soixante  mille  francs,  Irais  j'our  cent,  pour  l'institution  d'un 
prix  triennal  «  sur  i embrjoUxjie  ycnérale  appliquée  autant  (pie  possible  à  la 
I'lijsiolo(jie  et  à  la  Médecine. 

Un  Décret  en  date  du  kj  août  i8(jy  a  autorisé  l'Académie  à  accc|)ter  ce 


(  i528  ) 
legs;  en  conséquence,  elle  décernera  un  prix  de  la  valeur  de  sept  mille 
cinq  cents  francs,   dans  sa  séance  publique  de   l'année   iS^S,  au  meilleur 
Ouvrage  qu'elle  aura  reçu  sur  cette  importante  question. 

Les  Mémoires  ont  dû  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i"'juin  1875. 

PRIX  GODARD. 

Par  un  testament,  en  date  du  4  septembre  1862,  feu  M.  le  D"^  Godard  a 
légué  à  l'Académie  des  Sciences  «  le  capital  d'une  rente  de  mille  francs, 
»  trois  pour  cent,  pour  fonder  un  prix  qui,  chaque  année,  sera  donné  au 
«  meilleur  Mémoire  sur  l'anatomie,  la  physiologie  et  la  pathologie  des 
»  organes  gcnilo-urinaires.  Aucun  sujet  de  prix  ne  sera  proposé. 

»  Dans  le  cas  où,  une  année,  le  prix  ne  serait  pas  donné,  il  serait  ajouté 
»   au  prix  de  l'année  suivante.  » 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  que  ce  prix  sera  décerné,  chaque 
année,  dans  sa  séance  publique,  au  travail  qui  remplira  les  conditions 
prescrites  par  le  testateur. 


PHYSIOLOGIE. 


PRIX  MONTYON,  PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE. 

Feu  M.  de  Montyon  ayant  offert  une  somme  à  l'Académie  des  Sciences, 
avec  l'intention  que  le  revenu  en  fût  affecté  à  un  prix  de  Physiologie  expé- 
rimentale à  décerner  chaque  année,  et  le  Gouvernement  ayant  autorisé  cette 
fondation  par  une  Ordonnance  en  date  du  22  juillet  1818, 

L'Académie  annonce  qu'elle  adjugera  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de 
sept  cent  soixante-quatre  francs  a  l'Ouvrage,  imprimé  ou  manuscrit,  qui  lui 
paraîtra  avoir  le  plus  contribué  aux  progrès  de  la  Physiologie  expérimentale. 

PRIX  L.  LACAZE. 

Voir  page  1  Siy. 

Les  travaux  ont  dû  être  déposés,  manuscrits  ou  imprimés,  au  Secréta- 
riat de  l'Institut,  avant  le  1^' juin  1875. 


(  '529  ) 
PRIX  GÉNÉRAUX. 


PRIX  MONTYON,  ARTS  INSALUBRES. 

Conformément  au  testament  de  feu  M.  Anget  de  Monlyon,  et  aux  Or- 
donnances du  29  juillet  1821,  du  2  juin  1825  et  du  aS  août  1829,  il  sera 
décerné  un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  des  Ouvrages  ou  des  découvertes 
qui  seront  jugés  les  plus  utiles  à  Varl  de  rjiicrir,  et  à  ceux  qui  auront  trouvé 
les  moyens  de  rendre  un  arl  on  un  niélier  moins  insalubre. 

L'Académie  a  jugé  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  propres  à 
perfectionner  la  Médecine  ou  la  Chirurgie,  ou  qui  diminueraient  les  dan- 
gers (.les  diverses  professions  ou  arts  mécaniques. 

Les  pièces  admises  au  Concours  n'auront  droit  au  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte  paifaitemenl  déterminée. 

Si  la  pièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée  :  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  <^le  l'examen  du  Concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 

Les  Ouvrages  ou  Mémoires  présentés  au  Concours  doivent  être  envoyés 
au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i""juin  de  chaque  année. 

PRIX  TRÉMONT. 

Feu  M.  le  baron  de  Trémont,  par  son  testament  en  date  du  5  mai  1847, 
a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  annuelle  de  onze  cenls  fronts 
pour  aider  dans  ses  travaux  tout  savant,  ingénieur,  artiste  ou  mécanicien, 
auquel  une  assistance  sera  nécessaire  «  pour  atteindre  un  but  utile  et  glo- 
rieux pour  la  France  ». 

Un  Décret,  en  date  du  8  septembre  i856,  a  autorisé  l'Académie  à  accepter 
cette  fondation. 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  que,  dans  sa  séance  publique  de 
l'année  iS'jG,  elle  accordera  la  somme  provenant  du  legs  Trémont,  à  titre 
d'encouragement,  à  tout  «  savant,  ingénicui-,  artiste  ou  mécaïucicn  »  qui, 

C.  R.,  1873,  l'f  Scmcitre.  (1  .  LXXX,  «"  24.)  '99 


(  i53o  ) 

se  trouvant  clans  les  conditions  indiquées,  aura  |)iésenté,  dans  le  courant 
de  l'année,  une  découverte  ou  un  perfectionnement  paraissant  répondre  le 
mieux  aux  intentions  du  fondateur. 

PRIX  GEGNER. 

Feu  M.  Jean-Louis  Geguer,  par  testament  en  date  du  12  mai  1868,  a  légué 
à  l'Académie  des  Sciences  «  un  nombre  d'obligations  suffisant  potn-  former 
le  capital  d'un  revenu  annuel  de  quatre  mille  francs,  destiné  à  soutenir  un 
savant  pauvre  qui  se  sera  signalé  par  des  travaux  sérieux,  et  qui  dès  lors 
pourra  continuer  plus  fructueusement  ses  recherches  en  faveur  des  pro- 
grès des  sciences  positives  ». 

L'Académie  des  Sciences  a  été  autorisée,  par  Décret  en  date  du  2  oc- 
tobre 1869,  à  accepter  cette  fondation. 

PRIX  CUVIER. 

La  Commission  des  souscripteius  pour  la  statue  de  Georges  Cuvier  ayant 
offert  à  l'Académie  une  somme  résultant  des  fonds  de  la  souscription  restés 
libres,  avec  l'intention  que  le  produit  en  fijt  affecté  à  un  prix  qui  porterait 
le  nom  de  prix  Cuvier,  et  qui  serait  décerné  tous  les  trois  ans  à  l'Ouvrage  le 
plus  remarquable,  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  Géologie,  et  le  Gou- 
vernement ayant  autorisé  cette  fondation  par  une  Ordoiuiance  en  date  du 
g  août  i83g, 

L'Académie  annonce  qu'elle  décernera,  dans  la  séance  publique  de  ]  87G, 
le  prix  Cuvier  à  l'Ouvrage  qui  sera  jugé  le  plus  remarquable  entre  tous  ceux 
qui  auront  paru  depuis  le  i*"^  janvier  1878  jusqu'au  3i  décembre  1876,  soit 
sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  Géologie. 

Ce  Prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quinze  cents  francs. 

PRIX   DELALANDE-GUÉRINEAU. 

Par  un  testament  en  date  du  17  août  1872,  M""  V*  Delalande-Guérineau 
a  légué  à  l'Acadi'mie  des  Sciences  une  sonune  de  vinyt  mille  fiancs,  réduite 
à  dix  mille  cinq  francs,  pour  la  fondation  d'un  prix  à  décerner  tous  les  deux 


{   r53.   ) 
ans  '(  nn  voyageur  français  ou  nu  savnni  qui,  liu)  ou  Vautre,  aura  reurlu  le 
»  plus  de  services  à  la  Fiance  ou  ci  la  Science  » . 

Un  décret  en  date  du  25  octobre  18^3  a  autorisé  l'Académie  à  accepter 
ce  legs.  Elle  décernera,  en  conséquence,  le  prix  Delalande-Guérineau  dans 
la  séance  publique  de  l'année  1876. 

Les  pièces  de  Concoiu-s  devront  être  déposées  au  Secrétariat  de  l'Institut 
avant  le  i"  juin  1876. 

PRIX  FONDÉ  PAR  M"^  LA  MARQUISE  DE  LAPLACE. 

Une  Ordonnance  royale  a  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter  la 
donation,  qui  lui  a  été  faite  par  Madame  la  Marquise  de  Laplace,  d'une 
rente  pour  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  collection 
complète  dos  Ouvrages  de  La|îlace. 

Ce  prix  est  décerné,  chaque  année,  au  premier  élève  sortant  de  l'École 
Polytechnique. 


CONDITIONS  COMMUNES  A  TOUS  LES  CONCOURS. 

Les  Concurrents,  pour  tous  les  prix,  sont  prévenus  que  l'Académie  ne 
rendra  aucim  des  Ouvrages  envoyés  aux  Concours;  les  auteurs  auront  la 
liberté  d'en  faire  prendre  des  copies  au  Secrétariat  de  l'Institut. 

Par  une  mesure  générale  prise  en  i865,  l'Académie  a  décidé  que  la  clô- 
ture des  Concours  pour  tous  les  prix  qu'elle  propose  aurait  lieu  à  la  même 
époque  de  l'année,  et  le  terme  a  été  fixé  au  pke.^iier  .utin. 


L'Académie  juge  nécessaire  de  faire  remarquer  à  MM.  les  Concurrents, 
pour  les  prix  relatifs  à  la  Médecine  et  aux  Arts  insalubres  : 

1"  Qu'ils  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions 
propres  à  perfectionner  la  Médecine  ou  la  Chirurgie,  ou  à  rendre  lui  art 
moins  insalubre; 

2°  Que  les  pièces  adressées  pour  le  Concours  n'auront  droit  aux  prix 

'99- 


(  i532  ) 
qu'autant  qu'elles  contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée  et 
une  application  bien  constatée; 

3°  Que  l'auteur  doit  indiquer,  par  une  analyse  snccincte,  la  partie  de 
son  travail  où  celte  découverte  se  trouve  exprimée,  et  que,  faute  de  cette 
indication,  sa  pièce  ne  sera  point  admise.  Cette  analyse  doit  être  en  double 
copie. 


LECTURE. 


M.  Bertrand  lit   l'éloge  historique  de  Jean-Baptiste-Armand-Louis- 
LÉONCE  Eue  de  Beaumont,  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie. 

D.  et  J.  B. 


TABLEAUX 

DES  PRIX  DÉCERNÉS  ET  DES  PRIX  PROPOSES 

DANS  LA  SÉANCE  DU  LUNDI  21  JUIN  1875. 


TABLEAU  DES  PRIX  DECERNES. 

ANNÉE  1874. 


,464 


PRIX    EXTRAORDINAIRES. 

Grand  pbix  des  Sciences  M.VTnÉMATioi'ES.  — 
Étude  des  équations  relatives  à  la  déteimi- 
nation  des  modules  singuliers,  pour  les- 
quels la  formule  de  transl'ormation  dans  la 
théorie  des  fonctions  elliptiques  conduit  à 
la  multiplication  complexe.—  Le  pri.x  n'a 
pas  été  décerné.  Cette  question  a  été  retirée 
du  Concours  et  remplacée  par  une  autre.    i.'|G3 

Grand  pkix  des  Sciences  mathématiques.  — 
Théorie  mathématique  du  vol  des  oiseaux. 

—  Le  prix  n'a  pas  été  décerné.  M.  A.  Pe- 
naud, auteur  du  Mémoire  n°  1,  a  obtenu 
une  récompense  de  deux  mille  francs, 
MM.  A.  Hureau  de  J'illeneuve  et  /.  Crocé- 
Spi'nelli,  auteurs  du  Mémoire  n"  4,  un  en- 
couragement de  mille  francs 

Grand  prix  des  Sciences  puysioies.  —  Fécon- 
dation   dans  la   classe   des  Champignons. 

—  La  valeur  du  prix  a  été  partagée  égale- 
ment entre  les  auteurs  des  Mémoires  n"*  1 
et  2.  Le  Mémoire  n°  1  est  de  MM.  3Injcime 
Cornu  et  Ernest  Rozc  ;  le  Mémoire  n"  2  est 
de  M.  Sicard 

MÉCANIQUE. 

Prix  Poncelet.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Bresse 

Prix  Mont\on,  Mécanique.  —  Le  prix  est  dé- 
cerné à  M.  le  lieutenant-colonel  Peaucel- 
iier 

Prix  Plumey.  —  Le  prix  est  décerné  à  M.  Jo- 
seph Farcot i  .^  70 

ASTRONOMIE. 

Prix  Lalande.  — •  Un  prix  d'égale  valeur  est 
décerné  à  MM.  Mouchez,  IJouqitec  de  hi 
Gr}'e,  F/eurittis,  André,  lléraud  et  Tissertutd.   i  \']?, 


1.^65 

14G8 
1469 


PHYSIQUE. 

Prix  Bordin.  —  Température  de  la  surface  du 
Soleil.  —  Le  Concours  est  prorogé  à  l'année 


i'fi. 


'4:3 


STATISTIQUE. 

Prix  Montyon,  SrAiiSTiorE.  —  Le  prix  est  dé- 
cerné à  M.  de  Kertanguy,  des  mentions 
honorables  sont  accordées  à  M.  de  Salnl- 
Genîs  et  à  M.  Loua '474 

CHIMIE. 

Prix  Jecker.  —  Le  prix  est  partagé  entre 
MM.  Reboul  et  G.  Bouchardat 1479 

BOTANIQUE. 
Prix  Barbier.  — Le  prix  n'est  pas  décerné.    1480 
Prix  Desmaziéres.  —  Le  prix  est  décerné  h 

M.  J.  de  Seynes 1 480 

Prix  de  La  Fons  Mélicocq.  —  Le  prix  est  par- 
tagé à  titre  d'encouragement  entre  M.  Col- 
ley et  MM.  Éloy  de  T'icq  et  B/ondin  de 
Brutclecte 148G 

ANATOMIE    ET    ZOOLOGIE. 

Prix  Thore.  —  Le  prix  est  décerné  à  M.  Ang. 

Forel 1487 

Prix  Savigny.  —  Le  prix  n'est  pas  décerné..    14S9 

MÉDECINE    ET    CHIRURGIE. 

Prix  Bréant.  —  Une  récompense  de  trois  mille 
cinq  cents  francs  est  accordée  à  M.  Ch. 
Pellarin.  Une  récompense  de  quinze  cents 
francs  est  accordée  à  M.  Armieu.t 1490 

Prix  Montyon,  Médecine  et  Ciiirircie.  —  La 
Commission  décerne  trois  prix  de  deux 
mille  quatre  cents  francs  j>  MM.  Dieuhifoy, 


(  >534  ) 


Pages. 


lions  de  mille  frniics  à  MM.  Béren^er-Fc- 
raudf  Léliés'ant  et  Peter,  et  cite  honorable- 
ment dans  le  Rapport  les  Ouvra[;es  de 
MM.  Beni-Baràe,  7.  Boiirrel,  Herrgott^  De- 
chauXj  Limier,  Angel-Marvaucij  Moncoq, 
Toussaint  Martin  et  Salle 


>/,93 


Prix  Godard. —  Le  prix  n'est  pas  décerné..    i5oi 

PHYSIOLOGIE. 

Pnix  MosTYON,  Physiologie  f.xpf.iiimentale.  — 
La  Commission  décerne  deux  prix  de  même 
valeur  à  MM.  Arloing  et  Tripier  et  à  M.  A. 


Pafjes. 
Sabatier ,5oi 

PRIX    GÉNÉRAUX. 

Prix  Montyon,  Arts  insalubbes.  —  Il  n'y  a  pas 
lieu  à  décerner  de  prix i5oG 

Prix  Trémo^jt.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  A.  Cazin ,  fiofi 

Prix  Cecner.  —  Le  prix  est  décerné  à  M.  Gau- 
guin     ,5oS 

Prix  Laplace.  —  Ce  prix  est  obtenu  par 
M.  Badourenii,  sorti  le  premier  en  187^1  de 
l'Ecole  Polytechnique  et  enlré  à  l'École  des 
Mines iSoj 


TABLEAU  DES  PRIX  PROPOSÉS. 

fOur  tes  années  1875,    1876,    1877  et   i883. 


1875.  Graxd  prix  des  Scien'ces  MATIIÉVATIOI'ES. 

—  Étude  de  l'élasticité  des  corps  cristalli- 
sés, au  double  point  de  vue  expérimental 

et  théorique i5o7 

187G.  Grand  PRIX  des  Sciences  matiiésiatiql'es. — 
Déduire  d'une  discussion  nouvelle,  appro- 
fondie, des  anciennes  observations  d'édip- 
ses,  la  valeur  de  l'accéléialion  séculaire 
apparente  du  moyen  mouvement  de  la 
Lune.  Fixer  les  limites  de  l'exactilude  que 
comporte  cette  détermination i  Soy 

187G.  Grand  prix  des  Sciences  matiiématiques. 

—  Théorie  des  solutions  sinf^ulières  des 
équations  aux  dérivées  partielles  du  pre- 
mier ordre  1 5o8 

1877.  Grand  prix  des  Sciences  matiiématiqces. 

—  Application  de  la  théorie  des  transcen- 
dantes elliptiques  ou  abéliennes  h  l'étude 

des  courbes  algébriques lôoS 

1875.  Grand  prix  des  Sciences  piivsioces.  — 
Faire  connaître  les  changements  qui  s'opè- 
rent dans  les  organes  intérieurs  des  insectes 
pendant  la  métamorphose  complète '5o9 

1876.  Grand  prix  des  Sciences  piivsioi'es.  — 
Étude  du  mode  de  distribution  des  ani- 
maux marins  du  littoral  de  la  France i5io 

1877.  Grand  prix  des  Sciences  pnvsiccEs.— 
Étude  comparatives  de  l'organisation  inté- 
rieure des  divers  Crustacés  édriophthalmes 

qui  habitent  les  mers  d'Europe i.Sio 

1870.  Prix  extraordinaire  de  six  mille  francs. 

—  Application    de   la  vapeur  .i    la  IMarine 

m  i  1  i  taire 1 5 1 1 

MÉCANIQUE. 

1875.  Prix  Poscelct i  j  1 1 

1875.  Prix  Montvon,  Mécanique i5ii 


1875.  Prix  Focrneyron i5i5 

1875.  Prix  Pli'mey t5i'> 

1S7G.  Prix  Dalmont i5i3 

187C.  Prix  Bordin.  —  Trouver  le  moyen  de 
l'aire  disparaître  ou  au  moins  d'atténuer  sé- 
rieusement la  gène  et  les  dangers  que  pré- 
sentent les  produits  de  la  combustion  sor- 
tant des  clieminées  sur  les  chemins  de  fer, 
sur  les  bâtiments  à  vapeur,  ainsi  que  dans 
les  villes  à  proximité  des  usines  à  feu. . . .    i5i3 

ASTRONOMIE. 

1875.  Prix  Lalande i5i5 

1870.  Prix  Damoiseau i5i5 

1877.  Prix  Vaillant , i5i6 

1877.  Prix  Valz i5i6 

PHYSIQUE. 

1875.  Prix  L.   Lacaze 1617 

1S7G.  Prix  Bordin.  — Température  de  la  sur- 
face du  Soleil i5i8 


STATISTIQUE. 
1875.  Prix  Montyon,  Statistioie. 


i5i8 


CHIMIE. 

1875.  Prix  Jecker  iSig 

IS75.  Prix  L.  Lacaze iSig 

BOTANIQUE. 

1875.  Prix  Rarrier lâif) 

1876.  Prix  Alhomdert.  — Étude  du  mode  de 
nutrition  des  Champignons i5i9 

1875.  Prix  Desmazières iSso 

1S77.  Prix  de  La  Fons  Mélicoco i52i 

1875.  PrixTiiore iSai 

1875.  Prix   Rordin.  r—  Étudier  comparative- 
miiit  la  structure  des  téguments  de  la  graine 


(   i535  ) 


Pages, 
dans  les  végétaux  angiospermes  et  gymno- 
spermes     1  jji 

1877.  Prix  Bordin. — Étudier  comparativement 
la  structure  etle  développement  des  organes 
de  la  végétation  dans  les  Lycopodiacées. . .    1322 

AGRICULTURE. 
1883.  Prix  Morocues i523 

ANATOMIE  ET    ZOOLOGIE. 

1875.  PkixSaviony 1023 

1 875.  Prix  1  hore i524 

MÉDECINE    ET    CHIRURGIE. 

1875.  Graxd  Prix  de  Médecine  et  de  Cuiuvr- 
GIE. —  Application  de  l'électricité  à  la  Thé- 
rapeutique     1 524 

1875.  Prix  Bréant i525 


Pages . 

1875.  Pris  Cuai'ssier i5j6 

1875.  Prix  Montïon,  Médecine  et  CniRCKGiE. . .  i  J27 

1875.  Prix  Serres 1527 

1875.  Prix  Godard iSaS 

niYSIOLOGIE. 

1875.  Prix   Montyu.n,   Physiologie  expérimen- 
tale   i528 

1875.  Prix  L.  Lacaze 1028 

PRIX    GÉNÉRAUX. 

1875.  Prix  Montyon,  Arts  insalubres iSig 

1876.  Prix  Trémont 1529 

1875.  Prix  Gegner i53o 

1S7G.  Paix  Ccvier i53o 

1S7C.  Prix  Delalande-Guêrineau i53o 

1875.  Prix  Laplace i53i 


Conditions  communes  ii  tous  les  Concours i53i 

Conditions  spéciales  aux  Concours  Montyon  (Médecine  et  Chirurgie  et  Arts  insalubres) i53i 


TABLEAU  PAR  ANNÉE 


DES  PRIX  PROPOSÉS  POUR  1875,  1876,  1877  ET  1883. 


1875 


Grand  prix  des  StlENCES  mathématioces.  —  Etude 
de  l'élasticité  des  corps  cristallisés,  au  double  point 
de  vue  expérimental  et  théor'ique. 

Grand  prix  des  Sciences  pinsiQfES.  —  Faire  con- 
naître les  changements  qui  s'opèrent  dans  les  or- 
ganes intérieurs  des  Insectes  pendant  la  métamor- 
phose complète. 

Prix  Poncelet.  —  Décerné  à  l'auteur  de  l'ou- 
vjage  le  plus  utile  aux  progrès  des  Sciences  mathé- 
matiques pures  ou  appliquées. 

Prtx  Montyon.  —  Mécanique. 

Prix  Foi;rneyron.  —  Décerné  au  perfectionne- 
ment le  plus  important,  relatif  à  la  construction 
ou  à  la  théorie  d'une  ou  plusieurs  machines  hydrau- 
liques, motrices  ou  autres. 

Prix  Plumey.  —  Décerné  h  l'auteur  du  perfection- 
nement des  machines  à  vapeur,  ou  de  toute  autie 
invention  qui  aura  le  plus  contribué  au  progrès  de 
la  navigation  à  vapeur. 

Prix  Lalasde.  —  Astronomie. 

Prix  L.  Lacaze.  —  Décerné  à  l'auteur  du  meil- 
leur travail  sur  la  Physique. 

Prix  Montyon".  —  Statistique. 

Prix  Jecker.  —  Chimie  organique. 

Prix  L.  Lacaze.  —  Décerné  à  l'auteur  du  meilleur 
travail  sur  la  Chimie. 

Prix  Barbier.  —  Décerné  à  celui  qui  fera  une 
découverte  précieuse  dans  les  Sciences  chirurgicale, 
médicale,  pharmaceutique,  et  dans  la  Botanique 
ayant  rapport  à  l'art  de  guérir. 

Prix  Aurmbert.  —  Étude  du  modo  de  nutrition 
des  Champignons. 


Prix  Desmaziêres.  —  Décerné  à  l'auteur  de  l'ou- 
vrage le  plus  utile  sur  tout  ou  partie  de  la  Cryp- 
togamie. 

Prix  Thore.  —  Décerné  alternativement  aux  tra- 
vaux sur  les  Cryptogames  cellulaires  d'Europe,  et 
aux  recherches  sur  les  mœurs  ou  l'anatomieU'une 
espèce  d'Insectes  d'Europe. 

Prix  Bordix.  —  Étudier  comparativement  la  struc- 
ture des  téguments  de  la  graine  dans  les  végétaux 
angiospermes  et  gymnospermes. 

Prix  Savigny,  fondé  par  lU"'  Letellier.  —  Dé- 
cerné à  de  jeunes  zoologistes  voyageurs. 

Grand  prix  de  Médecine  et  de  CniRVRCiE.  —  De 
l'application  de  l'électricité  à  la  Thérapeutique. 

Prix  Bréast.  —  Décerné  h  celui  qui  aura  trouvé 
le  moyen  de  guérir  le  choléra  asiatique. 

Prix  Chacssier.  — Décerné  â  des  travaux  impor- 
tants de  Médecine  légale  ou  de  Médecine  pratique. 

Prix  Montyon.  —  Médecine  et  Chirurgie. 

Prix  Serres.  —  Sur  l'Embryogénie  générale  ap- 
pliquée à  la  Physiologie  et  h  la  Médecine. 

Prix  Godard.  —  Sur  l'Auatoniie,  la  Physiologie 
et  la  Pathologie  des  organes  génito-urinaires. 

Prix  Montyon. —  Physiologie  expérimentale. 

Prix  L.  Lacaze.  —  Décerné  a.  l'auteur  du  meil- 
leur travail  sur  la  Physiologie. 

Prix  Montyon.  —  Arts  insalubres. 

Prix  Gegner.  —  Destiné  il  soutenir  un  savant  qui 
se  sera  signalé  |wir  des  travaux  sérieux,  poursuivis 
en  faveur  du  progrès  des  sciences  positives. 

Prix  Laplace.  —  Décerné  au  premier  élève  sor- 
tant de  l'École  Polytechnique. 


1876 


OfWND  PRIX  DES  SCIENŒS  MATnÉM\TIOCES.  —  Déduirti 

d'une  discussion  nouvelle,  ;ii)prot'i)ndie ,  di's  an- 
ciennes observations  d'éclipsés,  la  valeur  de  Tac- 
célération  séculaire  apparente  du  moyen  monvc- 
menl  de  la  Lune.  Fixer  les  limites  de  l'exaelifuili' 
que  comporte  cette  détermination. 


Grand  prix  des  Sciences  mat;iématioces.  — Théorie 
des  solutions  singulières  des  équations  aux  déri- 
vées partielles  du  premier  ordre. 

Grand  prix  df.s  Sciences  physioves.  —  Étude  du 
mode  de  distrilnitioii  dos  iinimaiix  marins  dti  lit- 
toral de  la  France. 


(  15^7  ) 


Prix  extraoudisaike  de  six  mille  francs.  —  Ap- 
plication (le  la  vapeur  à  la  Marine  militaire. 

l'Rix  Dalmont.  —  Décerné  aux  ingénieurs  des 
Ponts  et  Chaussées  qui  auront  présenté  à  l'Acadé- 
mie le  meilleur  travail  ressortissant  :i  l'une  de  ses 
Sections. 

Prix  Bordin.  —  Trouver  le  moyen  de  faire  dis- 
]>araître  ou  au  moins  d'atténuer  sérieusement  la 
gène  et  les  dangers  que  présentent  les  produits  de 
la  combustion  sortant  des  cheminées  sur  les  che- 
mins de  fer,  sur  les  bâtiments  à  vapeur,  ainsi  que 
daus  les  villes  à  proximité  des  usines'  à  feu. 

Prix  Damoiseau.  —  Revoir  la  théorie  des  satel- 
lites de  Jupiter;  discuter  les  observations  et  en 
déduire  les  constantes  qu'elle  renferme,  et  paili- 
culièrement  celle  qui  fournit  une  détermination 
directe    de   la  vitesse  de    la   lumière;  enlin   con- 


struire des  Tables  particulières  pour  chaque  sa- 
tellite. 

Prix  Bordin.  —  Rechercher,  par  de  nouvelles 
expériences  calorimétriques  et  par  la  discussion 
des  observations  antérieures,  quelle  est  la  véritable 
température  à  la  surface  du  Soleil. 

Prix  Trêuont.  —  Destiné  ;i  tout  savant,  artiste 
ou  mécanicien,  auquel  une  assistance  sera  néces- 
saire pour  atteindre  un  but  utile  et  glorieux  pour 
la  France. 

Prix  Cuvier.  —  Destiné  à  l'ouvrage  le  plus  re- 
marquable, soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la 
Géologie. 

Prix  Delalande-Glêriseai'.  —  Décerné  au  voya- 
geur français  ou  au  savant  qui,  l'un  ou  l'autre, 
aura  rendu  le  plus  de  services  à  la  France  ou  à  la 
Science. 


1877 


Grasd  prix  des  Sciences  mathématioves.  —  Appli- 
cation de  la  théorie  des  transcendantes  elliptiques 
ou  abéliennes  à  l'étude  des  courbes  algébriques. 

Grand  prix  des  Sciences  physiques.  —  Étude  com- 
parative de  l'organisation  intérieure  des  divers 
Crustacés  édriophthalmes  qui  habitent  les  mers 
d'Europe. 

Prix  Vaillant.  —  Décerné  à  l'auteur  du  meilleur 
travail  sur  l'étude  des  petites  planètes,  soit  par  la 
théorie  mathématique  de  l&urs  perturbations,  soit 


par  la  comparaison  de  cette  théorie  avec  l'obser- 
vation. 

Prix  Valz.  —  Décerné  à  l'auteur  des  meilleures 
cartes  se  rapportant  à  la  région  du  plan  invariable 
de  notre  système. 

Prix  de  La  Fons  Mélicocq. —  Décerné  au  meilleur 
ouvrage  de  Botanique  sur  le  nord  de  la  France. 

Prix  Bordin.  —  Étudier  comparativement  la 
structure  et  le  développement  des  organes  de  la 
végétation  dans  les  Lycopodiacées. 


1883 

Prix  Morogues.  —  Décerné  à  l'ouvrage  qui  aura  fait  faire  le  plus  grand  progrès  à  l'Agriculture  en  France , 


C.R.,l8:5,  1"  S^mesin.fT.l.XW.  V'ii. 


200 


{  i538  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

OnVRAGES    ADRESSÉS    AUX    CONCOURS    DE    I,' ACADÉMIE    POUR    l'aNNÉE     iS^S. 

fsniTE.) 

Concours  Lacaze  (Chimie).  —  Cours  de  Chimie  générale  élémentaire  ;  par 
M.  F.  HÉTET.  Paris,  Lacroix,  1875;  2  vol.  in-12. 

Concours  Lacaze  (Physiologie).  —  Recherches  expérimentales  sur  V in- 
fluence que  les  modifications  dans  la  pression  barométrique  exercent  sur  les  phé- 
nomènes de  In  vie;  par  M.  P.  Bert,  Paris,  G.  Masson,  1874;  in-8°. 

De  la  quantité  d'oxygène  que  peut  absorber  le  sang  aux  diverses  pressions  ba- 
rométriques; par  M.  P.  Bert.  Paris,  Gaiithier-Villars,  1876;  in-4°. 

Recherches  expérimentales  sur  l'influence  que  les  changements  dai^s  la  pres- 
sion barométrique  exercent  sur  les  phénomènes  de  la  vie  ;  par  M.  P.  Bert  .  Paris , 
Gauthier-Viliars,  1874;  10-4°. 

Mémoiie  sur  la  téralogénie  expérimentale  ;  par  M.  C.  Dareste.  Paris,  typ. 
Hentuiyer,  sans  date;  br.  iu-8°. 

Mémoire  sur  l'origine  et  le  mode  de  formation  des  monstres  doubles;  par 
?,L  C.  Dareste.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8". 

Concours  ChausSIEK.  —  La  syphilis  et  la  prostitution  dans  leurs  rapports 
avec  i hygiène,  la  morale  et  la  loi;  par  le  D"'  H.  MiREUR.  Paris,  G.  Masson, 
1875;  in-8°. 

Nouvelle  doctrine  physiologique.  Sans  nom  d'auteur.  Toulouse,  typ.  Bon- 
nal  et  Gibrac,  sans  date;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Bouley.) 

Concours  RIontyon  (Médecine  et  Chirurgie).  —  Recherches  sur  l'état  de 
la  pupille  pendant  l'anesthésie  chlorojormique,  l'asphyxie  et  sur  certains  effets 
de  l'apomorphine;  par  MM.  BuDiN  et  Coyne.  Paris,  imp.  Cusset,  1875; 
br.  in-8". 

Recherches  cliniques  et  expérimentales  sur  l'état  de  la  pupille  pendant  l'anes- 
thésie chirurgicale  produite  par  le  chloroforme;  par  MM.  BuDiN  et  Coyne. 
Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8".  (Extrait  des  Archives  de  Physiologie.) 

Recheiches  cliniques  et  expérimentales  sur  l' hémanesthésie  de  cause  cérébrale; 
par  R.  Veyssière.  Paris,  A.  Delahaye,  1874;  in-8°. 

Éludes  physiologiques  et  thérapeutiques  sur  le  Jaborandi  (  Pilocarpus  pinna- 


(  i539  ) 
tus);  par  A.  RoBiN.   Paris,  G.  Masson,  sans  date;   in-8°.  (Présenté  par 
M.  Bouley.) 

Etudes  précises  sur  les  déformations  de  la  poitrine,  avec  application  à  la  pleu- 
résie et  à  ta  phlliisie.  Indice  ihoracique ;  parE.  FOURMENTIN.  Pari»,  G.  Mas- 
son, 1874;  in-8°. 

Recherches  sur  le  passage  de  rarsenic  et  de  l'antimoine  dans  les  tissus  et  les 
humeurs;  par  MM.  M A\E^çoN  et  Bergeret.  Paris,  A.  Delahaye,  1874; 
br.  in-8°.  (Extrait  de  la  France  médicale.) 

Moyen  clinique  de  reconnaître  le  mercure  dans  les  excrétions  et  spécialement 
dans  l'urine,  etc.;  par  MM  Mayençon  et  Bergeret.  Pnris,  iinp.  Martinet, 
sans  date;  br.  in-8°. 

Recherche  qualitative  des  métaux  dans  les  tissus;  par  MM.  Mayençon  et 
Bergeret.  Paris,  imp.  Martinet,  sans  date  ;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Cl. 
Bernard.) 

Recherche  de  l'argent  et  du  palladium  dans  les  humeurs  et  les  tissus  par  la 
méthode  électrolyticpie ;  par  MM.  Mayençon  et  Bergeret.  Paris,  Martinet, 
sans  date  ;  br.  in-8°. 

Recherche  du  plomb  dans  les  tissus;  par  MM.  Bergeret  et  Mayençon.  Paris, 
Martinet,  sans  date;  br.  10-8". 

Nouvelles  dispositions  des  expériences  dans  la  recherche  des  métaux  par  la 
méthode  électrolyticpie;  par  MM.  Mayençon  et  Bergeret.  Paris,  Martinet, 
sans  date;  br.  in-8°. 

(Ces  brochures  sont  extraites  du  Journal  de  l' Anatomie  et  de  In  Physio- 
logie de  M.  Ch.  Robin.) 

Des  plaies  pénétrantes  des  articulations  ;  par  \q  D'^DECtiAUX.  Paris,  J.-B.  Bail- 
lière,  1875;  in-8°. 

Concours  Montyon  (Statistique).  —  Ln  démographie  figurée  de  la 
France,  etc.;  parle  W  Bertillon.  Paris,  G.  Masson,  1874;  in-folio,  car- 
tonné. 

Etude  sur  les  origines  de  la  pèche  ci  Boulogne-sur-Mer  ;  par  E.  Deseille. 
Boulogne-sur-Mer,  imp.  Ch.  Aigre,   1874;  in-8". 

Tableaux  généraux  des  pèches  maritimes  à  Boulogne-sur-Mer  de  1869  à 
1874.  Boulogne,  imp.  Aigre  et  Simonnaire,  1870  à  1875;  six  tableaux 
in-fol.  et  in-4°. 

Histoire  de  la  pèche  à  Boulogne  depuis  ses  origines  ;  par  E.  Deseille.  Bou- 
logne-sur-Mer, imp.  Aigre,  1873;  in-S**. 


(  i54o  ) 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  nu  7  Juin   iS^ô. 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d'invention 
ont  été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  18445  publiée  par  les  ordres  de 
M.  le  Ministre  de  i agriculture  et  du  Commerce;  t.  LXXXIII,  t.  IV",  nouvelle 
série.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1874-1875;   2  vol.  in-4''- 

Ferdinand  de  Lesseps.  Lettres,  journal  et  documents  pour  servir  à  l'his- 
toire du  canal  de  Suez  (i854,  i855,  i856).  Paris,  Didier  et  C'*,  1875; 
in-S". 

Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Hautes  Etudes,  section  des  Sciences  naturelles; 
t.  XII,  cahier  4  (fm).  Paris,  G.  Masson,  1876;  in-8°. 

Société  scientifique  et  littéraire  d'J lais  ;  année  1874,  i"  Bulletin.  Alais, 
fyp.  J.  Martin,  i875;in-8°. 

annales  de  la  Société  d'Emulation  du  département  des  Vosges;  t.  IV,  3®  ca- 
hier. Épinal,  V.  Collot;  Paris,  Goin,  1874;  in-8''. 

La  cause  des  effets;  par  A.  Vinchon-Thiesset.  Saint-Quentin,  imp.  du 
Glaneur,  1876  ;  in-8'^. 

Annales  de  la  Société  des  Sciences^  de  l'Jgiiculture  et  des  Arts  de  Lille; 
y  série,  t.  XII  et  XIII.  Paris,  Didron;  Lille,  Quarré,  1874-,  2  vol.  in-8*'. 

Annales  de  la  Société  des  Sciences  industrielles  de  Lyon;  1875,  n°  i.  Lyon, 
inip.  H.  Storck,  1876. 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents;  juin  1875. 
Paris,  Dunod,  1 875  ;  in-8°. 

Du  dynamisme  comparé  des  hémisphères  cérébraux  chez  l'homme;  parle 
B^  A.  de  Fleury.  Paris,  A.  Delahaye,  1873;  iii-8°. 

Revue  d'Artillerie;  l.  VI,  2Mivraison,  mai  1875.  Paris  et  Nancy, 
Berger-Levrault,  1875;  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  général  Morin.) 

Physique  et  Physique  du  globe.  Divers  Mémoires  de  MM.  Tyndnll,  Car- 
penlfr,  fiamsay,  Raphaël  de  Rossi  et  Félix  Plateau,  traduits  par  M.  l'abbé 
MoiGNO.   Paris,   librairie    des  Mondes,    et   chez  Gauthier-Villars,    1875; 

in-i8. 

( A  suivre.) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

« 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  28  JUIN  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  FREMY. 


MÉMOIRES  ET  COMftlUNICATÏONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Janssen,  de  retour  à  Paris  depuis  I;i  veille,  assiste  à  la  séance. 

M.  Fremy,  Président  de  l'Académie,  prononce  les  paroles  suivantes  : 

(c  Un  sentiment  facile  ;i  comprendre  m'empêche  d'adresser  à  un  membre 
de  l'Académie  les  félicitations  que  méritent  tous  ceux  qui  ont  pris  part  à  la 
mémorable  expédition  du  passage  de  Vénus. 

M  Cependant  l'Académie  me  permettra  de  souhaiter,  en  son  nom,  la 
bienvenue  à  notre  cher  et  courageux  confrère,  M.  Janssen,  qui  a  représenté 
si  dignement  la  Science  française  dans  les  contrées  les  plus  reculées  de 
l'Orient,  et  de  lui  dire  que  nous  attendons  ses  Communications  avec  une 
impatience  aussi  vive  que  sympathique.   » 

M.  Jaxssen  répond  : 

«  Monsieur  le  Président, 
»  Je  vous  remercie  des  paroles  si  bienveillantes  que  vous  m'adressez; 
mais  permettez-moi  de  dire  que  j'ai  eu  bien  peu  de  méiile  en  cette  circon- 
stance, tant  mon  concours  me  paraissait  naturel,  obligé.  Et  j'ajouterai  de 

G.  R.,.,370,  i-r  Semcjlrc.  (T.  LXXX,  N"2;j.)  "" 


(  '542  ) 
suite  que  tous,  certainement,  nous  avons  été  bien  heureux  de  pouvoir  offrir 
notre  dévouement  au  pays  dans  celte  grande  circonstance  scientifique. 

»  J'ai  la  satisfaction  de  dire  à  l'Académie  que  notreexpédition,  et  parle 
mérite  distingué  de  mes  collaborateurs  et  par  le  beau  matériel  dont  nous 
disposions,  a  produit  un  excellent  effet  moral  au  Japon. L'opinion  publique, 
qui  chez  cette  jeune  et  intéressante  nation  nous  est  très-sympathique,  a  été 
en  quelque  sorte  rassurée  et  très-satisfaite  en  voyant  ces  témoignages  de 
notre  force  morale  et  matérielle.  Remercions  donc  ici  notre  Assemblée  na- 
tionale qui,  par  sa  libéralité  éclairée,  a  si  bien  servi,  en  cette  circonstance, 
non-seulement  les  grands  intérêts  scientifiques  du  pays,  mais  encore  sa 
grandeur  morale. 

»  Monsieur  le  Président,  vous  voulez  bien  adresser  à  chacun  de  nous, 
à  son  retour,  des  paroles  bienveillantes  de  remercîmeiil.  Pour  ma  part,  je 
ne  les  accepte  que  sous  les  réserves  si  naturelles  que  je  viens  d'indiquer. 
Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  dans  ce  succès,  on  peut  dire  général  et 
inespéré,  de  nos  expéditions,  une  bien  grande  part  revient  à  la  savante 
Commission  qui  a  tout  préparé  et  organisé  ;  une  bien  grande  i)art  surtout 
revient  à  l'homme  illustre  qui  a  bien  voulu  accepter  de  présider  à  ses  tra- 
vaux et  mettre  au  service  de  notre  entreprise  sa  haute  expérience,  sa  puis- 
sante activité,  l'autorité  de  son  grand  nom. 

»  J'aurai  l'honneur  de  présenter  très-prochainemenl  à  l'Académie  les 
résultats  de  nos  travaux.  » 

Noie  de  M.  Chevrecl  sur  V explication  de  nombreux  phénomènes  qui  sonlune 
conséquence  de  la  vieillesse  (3*  Mémoire;  2®  Extrait). 

DEUXIÈME   SECTION. 

a  Abstraction  faite  de  l'instinct,  j'ai  parlé,  dans  la  première  section,  de 
trois  sources  où  l'homme  puise  des  connaissances  qui  le  rendent  perfec- 
tible : 

))  1°  Dans  l'exercice  répété  de  certains  mouvements  relatifs  à  des  actes 
physiques; 

»  2°  Dans  l'exercice  répété  de  certains  mouvements  concernant  des 
actes  relatifs  à  des  actes  intellectuels; 

»   3°  Dans  des  études  du  ressort  de  l'intelligence. 

»  Il  s'agit  maintenant  d'expliquer  les  phénomènes  résultant  de  l'affai- 
blissement de  l'entendement  causé  par  l'âge. 

»  Ici  deux  opinions  contraires  se  présentent  :  l'opinion  poussée  à  l'ex- 


(  i543  ) 
tième  par  le  professeur  Lordat,  de  IMontpellier,  à  savoir,  que  le  sens  in- 
time, l'âme,  l'esprit,  conserve  ses  facultés;  ne  vieillissant  pas,  le  sens 
intime  jouit  donc  de  V insénescence .  Dans  l'autre  opinion,  les  facultés 
intellectuelles  s'affaiblissent  avec  l'âge,  en  même  temps  que  les  organes 
perdent  de  leur  activité  et  de  leur  sensibilité.  Tout  partisan  que  je  sois  en 
principe  de  cette  opinion,  je  ne  reconnais  pas  qu'il  soit  démontré  par 
l'observation  que  l'affaiblissement  de  l'intelligence  soit  proportionnel  à 
l'affaiblissement  visible  de  tels  organes  en  particulier,  et  je  pense  qu'il 
est  des  connaissances  acquises,  du  ressort  des  sciences  de  la  philosophie 
naturelle,  qui,  loin  de  s'affaiblir  avec  l'âge,  gagnent  en  généralité  et  en 
précision. 

»  La  question  ainsi  posée,  je  vais  examiner  l'effet  de  l'âge  sur  les  con- 
naissances acquises  par  l'exercice  de  mouvements  répétés,  relatifs  d'abord 
à  des  actes  physiques,  puis  à  des  actes  intellectuels. 

»  C'est  après  avoir  tiré  les  conséquences  de  l'affaiblissement  des  organes 
pour  les  deux  cas  précédents  que  je  passerai  à  l'affaiblissement  des  facultés 
intellectuelles  causé  par  l'âge,  et  qu'enfin  je  montrerai,  par  des  observa- 
tions personnelles,  comment  il  est  arrivé  que  certaines  connaissances 
peuvent  gagner  avec  l'âge  en  généralité  et  en  précision. 

«  Dans  la  première  section,  eu  prenant  pour  guide  l'analyse  et  la  syn- 
llicse  mentales,]  ai  montré  combien  l'enfant  qui  marche  seul  et  l'adolescenl 
acquièrent  dans  leurs  récréations,  leurs  jeux,  au  moyen  d'exercices  inces- 
samment répétés,  de  connaissances  relatives  à  des  actes  physiques  du  res- 
sort de  ce  qu'on  appelle  communément  la  gymnastique.  Ces  connaissances, 
je  les  ai  rapportées  à  la  pensée  estimant  des  distances  par  la  vue  et  comman- 
dant juste  au  système  musculaire  Ve/forl  nécessaire  pour  venir  à  bout  de 
cette  distance,  soit  qu'il  s'agisse  de  lancer  à  la  main  un  mobile  pour  at- 
teindre ce  but,  soit  qu'il  s'agisse  de  franchir  à  la  course  un  obstacle  élevé 
ou  la  largeur  d'un  fossé  qti'ou  voit  pour  la  première  fois. 

»  La  pensée  animée  de  la  volonté  d'accomplir  ces  actes  se  trouve  dans 
luie  dépendance  extrême  de  la  sensibilité  de  In  vue  et  de  la  souplesse  des  or- 
fjanes  musculitires,  de  sorte  qu'avoir  insisté  sur  ce  que  cette  dépendance 
exige  pour  le  succès  de  l'acte,  V accord  parfait  de  la  pensée,  de  la  vue  et  des 
onjanes  musculaires,  c'est  avoir  expliqué  comment  le  succès  sera  compromis 
dès  que  l'rtccorf/ cessera  d'être  maintenu  à  cause  de  l'affaiblissement  soit  de 
la  vue,  soit  des  oi-guies  musculaires  et,  a  fortiori,  par  l'affaiblissement  simul- 
tané des  deux  organes. 

»  On  trouvera  l'explication  de  l'affaiblissement  des  actes  physiques. 


20 1 , 


(  i544  ) 
dont  je  viens  d'exposer  les  causes,  dans  une  foule  de  cas  de  la  vie  usuelle 
énoncés  en  général  et  examinés  en  détail  dans  quelques-uns. 

M  Ainsi  la  vue,  la  soiiplase  musculaire  s'aff'aiblissent-elies,  vous  n'évitez 
plus  les  chutes  sur  un  terrain  glissant,  vous  n'échappez  plus  au  choc  d'un 
corps  en  mouvement  que  trop  tard  vous  apercevez  pour  l'éviter:  en  un  mot 
les  actes  les  plus  simples,  exécutés  sans  peine  dans  le  jeune  âge  pour  pré- 
venir des  accidents  qui  menacent  votre  personne  même,  cessent  de  l'être 
à  une  certaine  époque  de  la  vie. 

»  Je  donne  une  attention  particulière  au  danger  que  présente  la  descente 
d'un  escalier  en  spirale,  la  nuit  surtout,  quand  la  lumière  partant  de  l'axe 
projette  l'ombre  des  soutiens  de  la  rampe  sur  les  marches  et  que  la  der- 
nière marche  s'élevant  au-dessus  d'un  palier  ne  se  distingue  pas  facilement 
de  ce  palier;  toucher  la  rampe  seulement  du  doigt  prévient  des  acciiienls 
en  s'opposant  aux  vacillations  des  membres  que  l'âge  amène.  Quand  il 
s  agit  d'un  escalier  droit,  lors  même  que  les  marches  sont  d'une  largem- 
bien  plus  que  suffisante  pour  en  assurer  la  descente,  il  arrive  que,  s'il  se 
compose  de  beaucoup  de  marches,  la  vue  peut  causer  le  vertige  chez  beau- 
coup de  personnes,  vertige  comparable  à  celui  que  produit  la  vue  d'un 
abîme  profond. 

M  Je  cite,  à  l'appui  de  ma  manière  de  voir,  deux  lettres,  l'une  de  mon 
honorable  confrère  M.  Mohl,  qui  n'a  pu  descendre  l'escalier  de  la  (Vahalla, 
près  de  Ratisbonne  :  un  vertige  dont  il  fut  affecté  l'obligea  de  remonter  les 
marches  qu'il  avait  descendues.  La  lettre  de  noire  excellent  bibliothécaire, 
M.  Tardieu,  met  en  évidence  l'importance  de  la  vue  dans  les  jeux  d'adresse, 
lorsqu'elle  vient  à  s'affaiblir  avant  qu'on  ait  dépassé  l'âge  de  vingt-cinq  ans. 

M  J'assimile  aux  actes  physiques,  dont  je  viens  de  parler,  des  actes  relatifs 
à  l'intelligence,  qui,  comme  les  premiers,  résultent  d'un  accord  parfait  entre 
la  vue  qui  se  porte  sur  des  lettres  ou  des  notes  de  musique  et  la  pensée 
commandant  à  Vorgane  vocal  de  prononcer  les  sons  articulés  ou  les  sons 
musicaux  qu'elles  expriment,  avec  une  rapidité  telle  que  ces  actes,  comme 
les  premiers,  portent  ceux  qui  les  écoulent  à  Its  compaier  plulùt  à  des  actes 
instinctifs  qu'à  des  actes  provenant  de  mouvements  incessamment  répétés, 
et  répétés  longlemps  et  souvent. 

o  En  rétléchissaiit  à  ce  qu'il  a  fallu  d'exercice  pour  apprendre  à  lire  à 
livre  ouvert^  lettres  ou  notes  musicales,  je  m'explicpie  toutes  les  difficultés 
d'un  maître  chargé  de  captiver  l'attention  de  l'enfant  doué  de  quelque 
vivacité,  livré  au  besoin  de  porter  son  attention  sur  les  objets  qui  l'entourent 
et  dont  la  variété  le  disirait  incessamment  de  ce  qu'on  veut  lui  apprendre! 


(  i545  ) 

))  Eniin  nV'st-ce  pas  une  chose  meiveiUeuse  que  l'accord  entre  les  facultés 
diverses  d'un  grand  artiste,  déchiffrant  à  livre  ouvert  un  morceau  de  mu- 
sique, lorsque  su  bouche  pi^onoiice  siiniiUanéineiit  le  son  musical  et  le  son 
articulé  du  langage  en  même  temps  que  le  système  musculaire  fait  enlendre  les 
sons  musicaux  d'un  piano,  d'un  clavecin,  d'un  violon  ou  d'une  basse  ! 

»   Où  conduisent  ces  considérations  ?  Aux  conséquences  suivantes  : 

»  A  l'observation  du  principe  de  la  vision  distincte  pour  les  lettres  et  les 
notes  musicales. 

»  Dès  lors,  nécessité  d'une  opposition  de  couleur  quant  au  ton,  entre 
les  lettres  et  les  notes  et  le  fond  où  l'œil  les  voit. 

»  J'ai  montré,  il  y  a  longtemps,  que  ce  principe  n'est  observé  que  dans  le 
cas  du  contraste  de  ton,  et  que  dès  lors  rien  n'est  plus  favorable  à  la  vue 
que  des  caractères  noirs  sur  du  papier  blanc;  et  poiu*  que  le  but  soit  at- 
teint, que  la  lecture  ne  devienne  pas  difficile  au  vieillard,  c'est  de  conserver 
la  forme  des  caiaclères  qui  ont  fait  la  réputation  des  grands  typographes 
pour  l'impression  de  tous  les  livres  classiques. 

»  Il  faut  que  la  forme  des  lettres  et  l'étendue  des  mois  s'aperçoivent 
d'un  coup  d'œil  et  que  les  syllabes  qui  les  composent  semblent  être  pro- 
noncées dès  que  l'œil  les  voit. 

»  V.e  principe  de  la  vue  distincte,  une  fois  consacré,  est  la  condamnation  de 
certaines  innovations;  et  le  tableau  exposé  dans  la  dernière  séance  les  range 
très-bien  dans  la  catégorie  des  actes  émanés  de  l'esprit  de  recul. 

»  Énumérons  quelques  exemples  : 

»    1°  Des  lettres  inégales  composant  un  même  mot; 

»  2°  Les  lettres  différant  par  la  forme  des  caractères  des  grands  typo- 
graphes, soit  par  des  apj)eudices  sortant  de  la  ligne,  soit  en  haut,  soit  en 
bas,  soit  par  des  caractères  plus  larges  que  longs,  soit  que  la  même  lettre 
présente  des  pleins  très-gros  avec  des  déliés  très-fins,  etc. 

»  3"  Des  cadrans  d'horloges  pidjliques  qui,  au  lieu  d'un  cercle  blanc, 
plan  ou  pre.que  plan,  des  heures  se  détachant  du  fond  en  chiffres  noirs, 
et  des  aiguilles  pareillement  noires,  présentent  des  cadrans  noirs  ou  bos- 
selés avec  des  chiffres  et  des  aiguilles  dorés,  etc. 

»  L'affaiblissement  de  la  vue,  d'après  tout  ce  qui  piécède,  a  donc  in)e 
importance,  pour  expliquer  les  phénomènes  qui  se  manifestent  après  qu'on 
a  passé  l'âge  viril,  qu'on  ne  comprend  bien  qu'après  un  examen  attentif 
et  détaillé  des  actes  de  l'enfant,  de  l'adolescent  et  de  l'homme  parvenu  à 
son  développement  complet. 

»   Une  infirmité  de  la  vieillesse,  mais  qui  chez  quelques  personnes  se 


(  i546  ) 
produit  à  un  âge  peu  avancé,  est  l'oubli  des  noms  substantifs:  déjà  l'occa- 
sion s'est  présentée  d'énoncer  à  l'Académie  mon  opinion  sur  ce  fait,  à 
propos  d'une  discussion  élevée  par  une  lecture  de  notre  confrère  leD'Bouil- 
laud,  mais  l'occasion  ne  me  permettant  pas  de  développer  toutes  mes  idées 
relatives  à  ce  sujet,  j'en  expose  l'ensemble  dans  le  troisième  Mémoire. 

»  Depuis  que  j'ai  pu  comprendre  le  langage  de  mes  maîtres,  j'ai  toujours 
entendu  citer  \efail  comme  l'expression  de  ce  qui  est  vrai,  comme  l'expres- 
sion de  la  certitude;  ayant  cherché  en  quoi  il  réside,  j'ai  trouvé  les  attributs 
des  substantifs  propres  qu'on  appelle  propriétés  s'il  s'agit  des  corps  privés 
de  la  vie  principalement,  et  qualilés  et  défauts  s'il  s'agit  des  êtres  vivants 
considérés  au  double  point  de  vue  physique  et  moral  ;  d'où  la  consé- 
quence que  les  éléments  de  nos  connaissances  résident  essentiellement 
dans  des  attributs  et  non  dans  les  substantifs  propres  dont  chacun  se  com- 
pose d'un  ensemble  d'attributs  ;  dès  lors,  étudier  un  substantif  propre,  c'est 
étudier  ses  attributs,  et  comme  il  n'existe  aucun  substantif  propre  phy- 
sique, c'est-à-dire  sensible  à  nos  sens,  qui  ait  des  attributs  n'appartenant 
qu'à  lui  seul,  un  substantif  propre  n'est  distingué  des  autres  que  par  l'en- 
semble des  attributs  qui  lui  sont  essentiels. 

»  Puisque  connaître  un  substantif  propre  est  connaître  ses  attributs,  il 
s'ensuit  que  ceux  que  nous  connaissons  résultent  d'une  sorte  d'étude  que 
nous  en  avons  faite;  dès  lors  il  n'est  point  étonnant  que,  la  mémoire 
s'affaiblissant,  elle  oublie  le  nom  du  substantif  qui  n'a  été  l'objet  d'aucune 
étude  comparable  à  celle  de  ses  qualités  ;  il  est  évident  que  la  connaissance 
de  ses  propriétés  repose  en  définitive  sur  le  principe  de  l'association  des 
idées  qui  laisse  dans  la  mémoire  des  impressions  bien  pins  profondes  que  le 
simple  nom  qui  désigne  le  substantif. 

»  Après  l'oubli  du  nom  vient  celui  des  figures  que  nous  ne  voyons  pas 
habituellement,  et,  en  ce  cas,  l'affaiblissement  de  la  vue  donne  lieu  à  des 
incertitudes,  à  des  hésitations  toujours  pénibles  dans  la  crainte  de  méprises 
désagréables  lorsqu'on  voudrait  la  certitude  de  n'avoir  jamais  oublié  la 
figure  de  la  personne  à  laquelle  on  parle. 

»  Quand  il  arrive  de  confondre  une  personne  avec  une  autre,  je  ne  con- 
nais d'autre  moyen  efficace  de  prévenir  l'erreur  que  de  profiter  de  toute 
occasion  de  les  voir  ensemble,  pour  chercher,  comme  le  fait  un  naturaliste 
curieux  de  distinguer  une  espèce  d'avec  une  autre,  à  comparer  les  deux 
personnes  avec  l'intention  de  découvrir  un  caractère  différentiel;  alors  il 
est  probable  qu'on  trouvera  une  différence  bien  caractérisée  qui  prévien- 
dra toute  méprise,  à  l'avenir,  de  prendre  une  des  personnes  pour  l'autre.  » 


(  i547  ) 

ASTRONOMIE  ET  PHYSIQUE  DU  GLORE.  —  Sur  tes  tramiix  en  voie  d'exécution 
à  l'Observatoire.  Note  de  M.  Le  Verkier. 

«  Dans  la  séance  du  7  juin,  notre  confrère  M.  d'Abbadie  m'a  de- 
mandé, en  sa  qualité  de  Vice-Président  de  la  Société  de  Géographie,  si  les 
membres  du  Congrès  géographique  pourraient  visiter  les  nouvelles  instal- 
lations de  l'Observatoire  de  Paris. 

))  M.  d'Abbadie  n'a  jamais  pu  douter  des  intentions  du  Conseil  de 
l'Observatoire;  les  membres  du  Congrès  géographique  seront  accueillis 
avec  lui  cordial  empressement.  Dès  le  mois  de  juin  de  l'année  dernière, 
j'en  ai  donné  l'assurance  dans  le  banquet  de  la  Société  de  Géographie  de 
Londres. 

»  Le  Ministre  de  l'Instruction  publique  a,  conformément  aux  propo- 
sitions du  Conseil  de  l'Observatoire,  approuvé  la  convention  nouvelle 
concernant  l'achèvement  du  grand  télescope  de  i™,  20,  et,  le  miroir  de 
M.  Martin  étant  prêt,  toutes  les  grandes  pièces  étant  terminées,  M.  Eichens 
travaillant  avec  la  plus  grande  activité  au  montage,  je  suis  heureux  de 
dire  à  M,  d'Abbadie  que  l'instrument  sera  prêt  au  mois  d'août. 

»  Nos  confrères,  dans  la  visite  dont  ils  ont  bien  voulu  honorer  l'Obser- 
vatoire, le  26  mai  dernier,  ont  vu  avec  satisfaction  le  travail  qui  s'effectue 
pour  la  restauration  de  la  grande  lunette  et  de  la  coupole  d'Arago. 

»  La  lunette  parallatique  de  i/j  pouces  d'ouverture,  qui  avait  été  dé- 
montée pendant  la  guerre,  se  rétablit  et  constituera  un  puissant  appareil  de 
photographie  céleste.  L'objectif  sera  rendu  chimiquement  achromatique 
paT  le  procédé  de  M,  Cornu,  membre  du  Conseil,  qui  s'est  chargé  de 
toutes  les  installations. 

»  MM.  Brunner  frères  donnent  tous  leurs  soins  à  une  opération  qui  re- 
constituera l'œuvie  capitale  de  l'éminent  artiste,  leur  père. 

»  Notre  confrère  M.  de  Cardaillac,  directeur  des  bâtiments  civils,  qui 
porte  un  intérêt  éclairé  aux  questions  d'Astronomie,  a  chargé  M.  l'archi- 
tecte Bouchot  de  la  restauration  de  la  coupole,  et  en  particulier  d'en 
élargir  les  trappes.  Le  mécanicien  a  l'ordre  d'avoir  fini  le  10  juillet,  terme 
d'une  rigueur  indispensable. 

»  Le  nom  de  notre  illustre  prédécesseur,  Arago,  ramène  la  pensée  sur 
les  travaux  du  magnétisme  du  globe,  lesquels  intéressent  aussi  la  Géogra- 
phie, et  nous  continuerons  sans  doute  à  répondre  au  désir  de  M.  d'Ab- 
badie, en  disant  à  cet  égard  les  intentions  du  Conseil,  sanctionnées  par 
l'autorité  du  Ministre. 


(  i548  ) 

»  Si  l'Académie  veut  bien  le  permettre,  le  moyen  le  plus  précis  d'exposer 
la  situation  à  cet  égard  sera  de  donner  connaissance  de  quelques  points 
des  procès-verbaux  des  séances  du  Conseil.  On  verra  en  même  temps  com- 
ment lin  vœu,  émis  par  l'Académie  depuis  plusieurs  années,  se  trouve  au- 
jourd'hui satisfait.  La  Préfecture  de  la  Seine  a  en  effet  concédé  à  l'Obser- 
vatoire l'usage  des  terrains  qui  nous  bornent  au  sud,  et,  dans  une  récente 
visite  faite  à  l'Observatoire  par  quarante  membres  du  Conseil  municipal, 
ces  Messieurs  nous  ont  donné  l'assurance  qu'ils  accorderaient  tout  leur 
concours  aux  entreprises  ayant  pour  but  de  conserver  à  la  capitale  de  la 
France  un  établissement  scientifique  digne  d'elle. 

»  Aussitôt  après  la  reconstitution  des  services  de  l'Observatoire  en  1873, 
In  reprise  des  longues  séries  d'observations,  instituées  par  Arago,  est  décidée. 

))  Comme  une  grande  partie  des  boussoles  appartenant  à  l'Observatoire 
en   avait  été  distraite,  le   Ministre  en  ordonne   la  restitution   immédiate. 

»  En  même  temps,  comme  les  pavillons  magnétiques  avaient  étéenlevés, 
deux  cabanes  sont  provisoirement  installées  sur  la  terrasse  de  l'Observatoire 
pour  la  détermination  des  composantes  magnétiques,  et,  pour  plus  de  sé- 
curité, un  pilier  isolé  est  installé  dans  la  partie  sud  de  l'avenue. 

M  Le  système  des  observations  a  commencé  le  i''"'  juillet  1873,  trois  fois 
par  jour,  et  n'a  pas  été  interrompu  depuis  lors. 

»  Le  9  juillet  1874?  le  Conseil  entend  le  Rapport  suivant  : 

Construction  d'une  carte   magnétique  de   la  France. 

«  Les  agents  du  service  des  Mines  ou  des  Ponts  et  Chaussées  s'adressent  fréquemment  à 
l'Observatoire  pour  obtenir  les  valeurs  de  la  déclinaison  de  l'aiguille  aimantée  dans  la  région 
dont  ils  ont  à  lever  le  plan. 

»  Nous  avons  l'honneur  de  proposer  au  Conseil  de  donner  satisfaction  aux  hommes  de 
science  et  aux  ingénieurs,  en  entreprenant  la  construction  d'une  carie  magnétique  de  la 
France. 

»  La  construction  d'une  carte  magnétique  de  la  France  n'est  pas  une  entreprise  nouvelle. 
On  peut  en  faire  remonter  l'origine  jusqu'à  Delambre  et  Mcchain,  qui  prirent  soin  de  me- 
surer la  déclinaison  et  l'inclinaison  dans  plusieurs  des  stations  géodésiques  de  la  méridienne; 
plus  lard  (1806)  Humboldt  et  Gay-Lussac  obtinrent  aussi,  lors  de  leur  voyage  dans  les 
Alpes  et  en  Italie,  les  éléments  magnétiques  de  plusieurs  points  de  nos  départements  de  l'Est 
et  du  Sud-Est.  Ce  n'étaient  toutefois  que  des  observations  isolées,  non  coordonnées  suivant 
un  plan  général. 

»  Le  premier  travail  d'ensemble  sur  le  magnétisme  de  la  France  est  dû  à  M.  Laraont.  A 
l'aide  d'une  trentaine  d'observations  obtenues  en  iSS^  avec  son  théodolite  magnétique,  le 
savant  Directeur  de  l'Observatoire  de  ftlunich  construisit  pour  la  France  les  cartes  ile  décli- 
naison, d'inclinaison  et  d'intensité. 


(  i549) 

»  Ce  liavail  a  éié  repris  dans  rautoinno  de  1868  e(  en  1869  par  le  R.  P.  Porry,  directeur 
de  l'Observatoire  de  Stonyhnrst.  Il  a  mesuré  les  éléments  niagnéiiqiies  dans  tiente  stations 
environ;  comme  son  prédécesseur,  il  s'est  borné  à  une  seul^  détermination  dans  chaque 
])nint,  et  il  n'a  pu  tenir  compte  des  perturbations,  souvent  assez  considérables  à  la  fin  de 
septembre  et  dans  les  premiers  jours  d'octobre,  qu'en  se  servant  d'oiîservations  faites  en  un 
jioint  fort  éloigné  du  collège  de  Stonyhnrst. 

»  La  carte  magnétique  que  nous  proposons  de  construire  serait  faite  d'une  manière  moins 
rapide  et  avec  des  précautions  plus  grandes. 

»  Pour  pouvoir  tenir  compte  des  perturbations,  pour  rapporter  toutes  les  observations 
à  la  même  date,  il  faudra  installer  des  appareils  de  variations  à  Paris,  à  Marseille  et  à  Bor- 
deaux. Ceux  de  Marseille  sont  prêts  à  fonctionner  depuis  1869.  On  n'aurait  pas  de  peine 
à  trouver  à  Bordeaux  un  em|)lacement  convenable. 

»  L'Observatoire  de  Paris  et  ses  environs  renferment,  il  est  vrai,  des  masses  métalliques 
assez  considérables  dont  l'action  peut  altérer  en  quelque  chose  les  éléments  magnétiques.  Il 
suffit  toutefois,  ])our  notre  projet,  de  pouvoir  suivre  à  Paris  les  variations  annuelles,  diurnes 
on  accidentelles;  il  faut  donc  seulement  que  l'erreur  locale  (à  déterminer  par  une  opération 
préliminaire)  soit  constante. 

>.  Or,  rions  pensons  que,  en  établissant  les  pavillons  magnétiques  au  centre  des  terrains 
vaijues  compris  entre  le  boulevard  Arago  et  l'Observatoire,  on  pourra  léaliscr  cette  con- 
dition. 

»  Les  appareils  nécessaires  à  la  construction  de  la  carte  magnétique  de  la  France  existent; 
ils  n'ont  besoin  que  de  quelques  réparations  de  peu  d'im[)ortance.  » 

»  Les  conclusions  du  Rapport  sont  adoptées. 

»  Pour  mettre  à  exécution  ces  projets,  il  devient  nécessaire  d'obtenir  de  la 
ville  de  Paris  la  concession  des  terrains  sud  que  nous  appellerons  désorinais 
Tcnains  Jiwjo,  en  souvenir  des  grands  travaux  faits  par  l'ancien  Directeur 
de  l'Observatoire  de  Paris  sur  le  magnétisme  du  globe. 

»  LeConsed,  très-jaloux  de  conduire  à  bien  cette  négociation,  d'autant 
plus  importante  que  la  possession  des  terrains  sud  est  indispensable  pour 
i)rotéger  aussi  l'Observatoire  astronotiiique  contre  la  construction  de  bâti- 
ments privés  dont  l'Académie  des  Sciences  a  elle-même  signalé  depuis  long- 
temps les  inconvénients  majeurs,  cliarge  une  Commission  spéciale,  com- 
posée du  Directeur,  de  M.  Belgrand,  inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaus- 
sées, et  de  M.  Daubrée,  directeur  de  l'École  des  Mines,  de  faire  les  dé- 
marches nécessaires. 

»  La  Commission  trouve  l'accueil  le  plus  empressé  près  de  iM.  le  Préfet 
de  la  Seine,  prés  de  M.  Alphand,  directeur  des  travaux  de  la  ville  de  Paris; 
et,  en  conséquence,  à  la  date  du  9  septembre  1874,  intervient  l'arrêté  sui- 
vant de  M.  le  Préfet  du  département  de  la  Seine  : 

C.  R  ,  1S73,   i^r  Semestre.  (T.  LXXX,  IS"  2^.)  202 


(  i55o  ) 

«  Paris,  7  scptcmbri^  >874- 
»  Le  Préfet  du  département  de  la  Seine, 

->  Vu  la  demande  faite  par  ÎM.  Le  Verrier,  Directeur  de  l'Observatoire  de  Paris,  en  vue 
d'être  autorisé  à  occuper  d'urgence  et  temporairement  pour  les  besoins  d'expériences  ma- 
gnétiques ressortissant  aux  services  scientiûques  dont  il  a  la  direction,  un  terrain  communal 
sis  à  l'angle  de  la  rue  du  Faubourg-Saint-Jacques  et  du  boulevard  Arago  ; 

»  Vu  l'extrait  du  procès-verbal  des  délibérations  de  la  Commission  supérieure  de  voirie, 
en  date  du  i4  août  1874, 

»  Arrête  : 

o  Art.  ^'^  —  M.  Le  Verrier,  Directeur  de  l'Observatoire  de  Paris,  est  autorisé  à  occuper 
immédiatement  le  terrain  communal  situé  à  l'angle  de  la  rue  du  Faubourg-Saint-Jacques  et 
du  boulevard  Arago,  à  titre  provisoire,  jusque  ce  qu'il  ait  été  statué  sur  l'échange  projeté 
diidit  terrain  contre  des  terrains  appartenant  à  l'État;  et  ce  moyennant  une  redevance 
annuelle  de  100  francs  à  partir  du  i"''  août  i8j4- 

»  Art.  2.  —  Ampliation  du  présent  arrêté  sera  transmise  à  la  Direction  des  Finances  et 
n  J\i.  le  Directeur  de  l'Observatoire  de  Paris.   » 

»  Dès  le  II  août  1874,  les  pi-opositions  du  Conseil  avaient  été  sanction- 
nées par  l'Administration  supérieure  qui,  dans  l'organisation  du  service  mé- 
téorologique de  l'Observatoire,  mentionne  spécialement  les  diverses  ques- 
tions de  physique  générale  et,  en  partictxlier,  la  Carie  magnétique  de  In  France. 

»  Aussitôt  après  l'arrêté  du  Préfet  de  la  Seine,  les  terrains  Arago  soiii 
remis  régulièrement  à  l'Observatoire  qui  en  prend  possession  et,  confor- 
mément aux  instructions  données  par  le  Ministre  de  l'Instruction  publique, 
s'est  activement  occupé  de  l'appropriation  aux  usages  scientifiques. 

»  Le  r3  mai  1875,  le  Directeur  expose  que  les  pavillons  magnétiques 
sont  prêts  à  recevoir  le  nouveau  service,  et  qu'il  y  a  lU'gence,  ainsi  qu'on 
l'avait  prévu,  en  raison  de  l'apport  des  grandes  pièces  du  télescope  de  i'",2o. 

»  Le  Conseil  décide  que  les  observations  magnétiques  seront  immédia- 
tement transférées  dans  les  terrains  Arago. 

»  L'élude  du  climat  de  la  France  intéresse  aussi  la  Géographie,  ainsi  que 
voulait  bien  me  le  faire  remarquer  de  son  côté  l'un  de  nos  confrères, 
I\L  Levnsseiu",  également  membre  du  Conseil  de  la  Société  de  Géographie. 
J'ai  eu  l'honneur  de  lui  répondre,  et  je  répète  aujourd'hui  que  nous 
n'avions  pu  méconnaître  l'importance  d'un  service  qui,  dans  le  passé,  a 
été  constitué  par  l'Observatoire  avec  l'approbation  ministérielle,  lors- 
qu'ont  été  établies  les  Commissions  départementales  et  les  Iravatix  des 
lîcoles  normales.  Ce  n'est  pas  lorsque  le  décret  du  i3  février  nous  impose 
l'obligation   do  continuer  ces  entreprises,  lorsque   l'Assemblée  nationale 


i^  i55i  ) 
vient  de  nous  en  donner  les  moyens,  que  nous  [jourrioiis  nous  laisser  dé- 
tourner facilement  de  l'accomplissement  de  notre  tâche. 

»  Sans  doute  les  travaux  s'étaient  ralentis  dans  les  dernières  années, 
parce  que  rien  n'avait  été  publié  postérieurement  à  l'année  1869. 

»  Mais,  dès  l'année  dernière,  nous  avons  édité  et  nous  avons  eu 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  volume  de  l'Atlas  météorologique 
de  In  Fiance,  dans  lequel  nous  avons  compris  avec  développement  les 
années  1869,  1870,  1871,  annonçant  que  nous  ferions  dans  la  présente 
année  un  nonvel  effort  pour  nous  remettre  au  courant. 

M  J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  Bureau  de  l'Académie  une  Circulaire 
annonçant  à  tous  nos  correspondants,  et  en  particulier  à  MM.  les  Présidents 
des  Commissions  et  aux  Directeurs  des  écoles  que,  grâce  aux  nombreux 
envois  qu'ils  ont  faits,  VJilas  météorologique  sera  terminé  lors  de  la  réunion 
du  Congrès  géographique. 

»  Une  section  spéciale  sera  réservée  aux  travaux  de  nos  correspondanis. 
On  verra  avec  satisfaction  que,  plusieurs  départements  de  la  vallée  de  la 
Cironde  s'étant  concertés,  M.  le  professeur  Lespiault  a  pu  nous  adresser 
une  discussion  des  orages  concernant  l'ensemble  de  la  région. 

M  Notre  éminent  confrère  du  Conseil  de  l'Observatoire,  M.  Belgrand,  a 
bien  voulu  se  charger  de  l'ensemble  de  la  vallée  de  la  Seine  et  en  particu- 
lier des  pluies  et  du  régime  des  eaux  en  France. 

»  Enfin  les  mesures  nécessaires  ont  été  prises  pour  que  toutes  les  stations 
soient  munies  d'instruments  comparés. 

■»  Lorsque  Washington  a  établi  l'observation  synchrone  par  tous  pays 
à  12'' 53'",  temps  moyen  de  Paris,  j'ai  averli  mes  collègues  que  je  n'enver- 
rais que  des  observations  faites  avec  des  instruments  rigoureusement  com- 
parables. 

»  Après  avoir  pris  les  instructions  du  Conseil,  nous  avons  envoyé  l'iui 
de  nos  fonctionnaires,  M.  Moureaux,  dans  les  diverses  stations  de  la  France, 
portant  avec  lui  des  instruments  précis,  rapportés  aux  étalons  de  l'Obser- 
vatoire, et  auxquels  les  Directeurs  des  diverses  stations  ont,  conjointemeni 
avec  M.  Moureaux,  comparé  leurs  instruments. 

»  Quarante  stations  ont  été  déjà  ainsi  soigneusement  vérifiées  ;  et,  comme 
les  instruments  de  comparaison  sont  revenus  à  Paris  sans  avoir  éprouvé  de 
variations,  nous  pouvons  répondre  d'une  façon  absolue  de  la  précision  des 
observations  faites  dans  ces  stations. 

))  Les  stations  restantes  vont  être  immédiatement  visitées  et  vérifiées, 
conformément  à  l'autorisation  ministérielle  que  je  viens  de  recevoir  sur 
l'avis  du  Coubcil. 


209.. 


(  i552  ) 
»  L'Académie  jugera  certainement  qu'on  peut  accorder  toute  confiance 
à  un  service  ainsi  conduit  avec  activité  et  précision  par  un  Conseil  où  siè- 
gent six  de  ses  Membres.   >> 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Observations  magnétiques  exécutées  dans  la  presqu'île 
de  Malacca.  Lettre  de  M.  Janssen  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

«   Singapore,  le  i6  mai  1875. 

»  J'arrive  de  Siam  et  je  profile  du  départ  de  la  malle  -anglaise  poui- 
donner  de  nos  nouvelles  à  l'Académie. 

»  Immédiatement  après  l'observation  de  l'éclipsé,  j'ai  eu  l'honneur  d'en- 
voyer un  télégramme  à  l'Académie  et  au  Ministre;  en  même  temps  j'adres- 
tais  quelques  mots  à  notre  Secrétaire  perpétuel. 

»    Je  vais  profiter  de  la  traversée  pour  rédiger  monRap[)ort  sur  l'éclipsé. 

»  Le  temps  me  manquerait  pour  analyser  ici  une  étude,  mais  je  dois 
dire  que  je  viens  d'exécuter  un  travail  magnétique  pour  fixer  la  position  de 
l'équateur  (inclinaison)  sur  la  presqu'île  de  Malacca,  travail  destiné  à  se 
relier  à  celui  de  1868  et  187 1  aux  Indes,  et  qui,  je  l'espère,  permettra 
d'apprécier  pour  ces  régions  la  marche  du  réseau  magnétique  depuis  lluni- 
boldt  et  Duperrey. 

»  L'exécution  de  ce  travail  présentait  des  difficultés  particulières.  En 
effet,  il  n'y  a  point  de  navigation  régulière  sur  les  cotes  de  Siam.  En  de- 
hors des  jonques  qui  font  le  cabotage,  on  ne  trouve  que  des  vapeurs  allant 
irrégulièrement  de  Singapore  à  Bangkok,  villes  situées  aux  deux  extrémités 
de  la  presqu'île  de  Malacca.  Or  l'équateur  en  question  passe  au  milieu  de 
la  presqu'île  à  plus  de  3oo  milles  de  l'une  et  l'autre  ville. 

»  Cette  étude  ne  pouvait  donc  s'exécuter  qu'à  la  condition  de  disposer 
d'un  navire.  Le  roi  de  Siam  voulut  bien  mettre  à  ma  disposition  le  vapeur 
de  guerre  le  Régent^  qui  me  conduisit  à  Singapore  et  s'arrêta  aux  points  de 
la  côte  que  je  désignai. 

»  L'équateurpour  l'inclinaison  passe  actuellement  entre  Ligor  etSingora. 

»  La  déclinaison  a  également  varié  ;  elle  n'est  plus  celle  qui  est  indi- 
quée sur  les  cartes.  J'ai  eu  la  bonne  fortune  de  trouver  un  méridien  où 
elle  est  actuellement  nulle. 

»  Je  remercie  ici  le  Bureau  des  Longitudes  pom-  les  instruments  qu'il 
m'a  prêtes  pour  l'exécution  de  ce  travail  auquel  il  veut  bien  attacher  une 
certaine  importance. 

»  Depuis  notre  départ  de  France,  on  n'a  cessé,  toutes  les  fois  que  cela 
a  été  possible,  de  faire  des  observations  météorologiques  à  la  mer  et  à  terre. 


(  i553  ) 
Nous  avons  de  nombreuses  séries  qu'on  va  s'occuper  de  réduire  et  de  dis- 
poser pour  la  publication. 

»  Je  rapporte  aussi  un  travail  sur  le  mirage  en  mer,  qui  conduit  à  d'im- 
portantes conséquences  pour  les  déterminations  de  latitudes  par  l'iiorizon 
de  la  mer.    » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  distribution  du  magnétisme  dans  une  lame  mince 
de  grande  longueur;  par  M.  J.  Jamin. 

«  Je  me  propose  d'étudier  la  distribution  du  magnétisme  dans  un  fais- 
ceau, et  je  vais  commencer  par  le  cas  le  plus  simple,  celui  d'une  seule 
lame  large,  assez  longue  pour  être  considérée  comme  infinie,  et  d'une 
épaisseur  égale  k  i  millimètre.  J'ai  opéré  sur  divers  morceaux  extraits  d'un 
long  ruban  d'acier  très-homogène.  Ils  avaient  été  trempés  au  rouge  et  je 
les  ai  recuits  successivement  à  des  températures  croissantes. 

»   Je  les  ai  étudiés  en  mesurant  les  forces  d'arrachement  d'un  contact 
d'épreuve  à  diverses  distances  x  de  l'extrémité.  L'intensité  moyenne  j,, 
dans  chaque  section  transverse,  est  exprimée,  pour  ces  barres  très-longues, 
par  la  formule 
(r)  j,=A,k-. 

A,  représente  l'ordonnée  maximum  à  l'extrémité  de  la  lame  et  A-  le  lap- 
port  des  intensités  en  deux  sections  distantes  de  i  centimètre.  Les  nom- 
breux exemples  inscrits  dans  le  tableau  suivant  prouvent  que  k  est  con- 
stant dans  chaque  cas;  la  formule  est  donc  vérifiée  pour  toutes  les  lames. 

Tableau  n"   l.  —  Lames  d'un  même  acier  recuit  à  des  températures  différentes. 


NO 

1. 

NO 

0 

NO  3. 

NO 

4. 

N° 

5. 

N"  6. 

Recuit 

Recuit 

Rec 

uit 

Rec 

uit 

Recuit 

Distance 
h  rextrc- 

Trempé. 

au  ]LUinc 
naissant. 

au 
jaune. 

A, 

/! 

au 
i«'"  violet  bleu. 

au  1^^  bieu 
naissant. 

au 
bleu  pur. 

znité,  X, 

'aT" 

h 

"aT^ 

A 

A, 

k 

A, 

k 

0« 

4,IO 

» 

4,10 

» 

5,90 

» 

6,35 

» 

5,l8 

>' 

6...  5 

» 

I 

2,90 

1,4' 

2,90 

1,4' 

4,86     I 

M 

5,10 

1,24 

3,9. 

.,32 

5,io     1 

,20 

2 

2,06 

.,40 

2,06 

i,4o 

3,74     I 

4,65 

1)11 

2,98 

,,3. 

4,20     I 

,21 

3 

i,5o 

1,37 

i,5o 

1,37 

2,80     I 

,33 

3,7' 

I>29 

2,29 

i,3o 

3,46     I 

,21 

4 

i,o6 

>,4' 

1,10 

1,4. 

2,00     I 

,40 

2,92 

1,26 

1,76 

1 ,3o 

2,80     I 

,23 

5 

0,78 

1,36 

0,75 

.,35 

1,38     I 

,45 

2,27 

1,29 

1,36 

1,29 

2,23        I 

,25 

6 

0,52 

.,5. 

o,5o 

i,5o 

0,91     1 

,5. 

1,70 

1,33 

1,10 

1,20 

1,70        I 

,3i 

7 

o,38 

.,37 

0,39 

1,36 

0,62     I 

,46 

1,22 

1,39 

0,90 

1,22 

1,32        I 

,28 

8 

0,25 

1,5?. 

» 

., 

0,4'.)    > 

,26 

0,95 

1,28 

0,70 

1,29 

1,00        I 

,02 

<J 

,, 

a 

„ 

ù 

u 

» 

0,72 

.,3. 

)j 

II 

0,75        I 

,33 

lO 

» 
IllU'  .  . 

» 

» 

.. 

I 

,. 

o,5o 

1,33 

1,28 

" 

•• 

o,(")5      I 
1 

,i5 

Moye 

.,42 

1,40 

.37 

1,28 

.27 

(  i554  ) 

N»  7.  N"  8.  N"  9.  N<=  10.  W  11.  K»  12. 

!'■'' blanc        2'bleu  finissant,  3'' bleu  finissant,         Recuit  Recuit  Recuit 

Distance  virant  3^  rouge  com-       4^ ''""g^com-  au  rouge  au  au 

àl'extré-       au  rouge.  mençant.  mençant.  naissant.  rouge.  rouge  blanc. 

'''     '       A,  k  A,  k  A,  k  A,  k  A,  k  A,  k 

o"  6,70        »  6,70        >  6,80        "  7,35        »  7,40        3  3,90        » 

1  5,72  1,17  5,5o  1,20  5,65  i,ai  6,5o  i,i3  6,20  1,17  3,35  i,i6 

2  4>^4  '>i8  4'^3  1,18  5,00  1,12  5,72  i,i4  5,22  1,19  2,85  1,14 

3  4)09  '>'S  3,88  1,19  4'42  i)i3  4>35  i,i5  ^,5Ç)  1,14  2,4*  i,i8 

4  3,39  1,20  3,i5  1,16  3,60  1,23  4i20  1,18  3,92  1,16  2,00  1,20 

5  2,77  1,23  2,63  1,23  2,95  1,22  3,67  i,i5  3,42  i,i4  1,70  1,17 

6  2,28  1,21  2,12  1,33  2,38  1,23  3,17  i,i5  2,92  1,17  1,45  1,16 

7  1,85  1,24  1,65  1,25  1,86  1,28  2,70  1,17  2,55  1,14  i,35  1,07 

8  i,5o  1,23  1,35  1,22  1 ,5o  1,25  2,3o  1,17  2,18  1,16  i,i5  1,17 

9  1,20     1,24     i>i5     1,26     1,19     1,25     1,95     i,i5     1,84     1,18    0,95     1,10 

10  0,95     1,35    0,95     1,21     0,98    1,21        «I  »        1,60     i,i5    0,85     i,it 

11  0,82     i,i5    0,86       »       o,8i     1,20        »  »        1,35     i,i4       >>  » 

12  0,68     1,30    0,75        "       0,70     i,i5       »  »  »  »  »  » 

Moyenne..      1,21  1,21  1,19  1,16  i,i5  i,i4 

»  La  valeur  de  A-  diminue  continûment,  à  niesure  que  la  lame  a  été  re- 
cuite à  une  température  plus  élevée  ;  par  conséquent  la  courbe  magnétique 
s'allonge  de  plus  en  plus.  Cela  veut  dire  que  la  conductibilité  magnétique 

augmente  avec  le  recuit,  j  peut  être  pris  comme  mesure  de  celte  conducti- 
bilité. 

»  Quant  à  la  constante  A,  qui  représente  l'ordonnée  à  l'extrémité,  elle 
augmente  avec  la  température  du  recuit  depuis  la  valeur  4,  lo,  qui  répond  à 
l'acier  trempé,  jusqu'à  7,40  quand  il  a  été  recuit  au  rouge;  par  conséquent 
les  courbes  des  intensités  mesurées  s'élèvent  en  même  temps  qu'elles  s'al- 
longent. 

M  Une  dernière  lame  n°  12  qui  a  été  recuite  au  rouge  blanc  pendant  très- 
longtemps  offre  une  valeur  décroissante  de  A,  :  cela  peut  venir  ou  bien  de 
ce  qu'elle  a  été  décarburée  dans  le  fourneau,  ou  bien  de  ce  qu'elle  n'était 
pas  assez  longue.  Le  résumé  des  valeurs  de  A,  et  de  X  .se  trouve  dans  le 
tableau  suivant: 

Takleau  n°  2. 

A,.  k.  I\l.  M  log  A.      ^'A,. 

Acier  n"  1  trempé 4:io  ^  A"^  '^,5  2,5i       8,27 

»  2  recuit  au  jaune  naissant 4»"'  ijjo  17,0  2,48       8,o4 

»  3  au  jaune ^>90  i  »37  20,7  2,83  n  ,08 

»         4  violet  IjIcu 6,35  1,28  25,5  2,73  10, 4o 

»         5  au  bleu  i  petite  lame) 5, 18  1,28  '9)5  2,09       8,49 


(  i555  ) 

A,.  h.  M.  MIog/(.        ^••A,. 

Acier  n"  6  au  bleu  pur 6,i5  i  ,27  25,7  2,67  9j92 

»         7   1^'' blanc  virant  au  rose 6,70  1,21  27,5  2,28  9>55 

5  8  2'bleufinissant,3''rougecon)niençant.  6,70  i  ,2t  27,8  2,3o  9,81 

»  9  3^  bleufinissant,4'^rouge  commençant.  (3, 80  Iî'9  33, o  2,5o  9^62 

»       10  recuit  au  rouge  sombre 7î35  1,16  35,5  2,33  9,5g 

»       10  iw au  rougc-cerise 7>4°  i,i5  36,5  2,22  9j79 

»        11  au  rouge  franc 7)4°  i,i5  37,0  2,25  9)79 

11       12  au  blanc ..  3, go  iji4  18, 5  i,o5  5, 10 

»  En  observant  les  courbes  des  intensités,  on  reconnaît  immédiatement 
que,  prolongées  au  delà  de  la  lame  potu'  des  abscisses  négatives,  elles  se 
rencontrent  toutes  en  un  même  point  qui  correspond  k  x=  —  2,  pour 
lequel  la  valeur  de  j",  est  A,  k-.  Le  calcul  prouve  en  effet  que  le  produit 
A,  k-  est  le  même  pour  toutes  les  lames,  excepté  la  dernière.  Les  résultais 
se  trouvent  dans  la  dernière  colonne  du  tableau  précédent.  Posons 
A,A-^A,  et  toutes  les  courbes  d'intensité  sont  représentées  par  la 
relation 
(2)  J.  =  A,  k^k-^^--^'^  =  AA-(-^'+-', 

dans  laquelle  A  représente  la  puissance  magnétique  de  l'acier.  Ce  coeffi- 
cient change  avec  la  composition  chimique;  mais  il  ne  varie  pas  avec 
l'état  physique,   c'est-à-dire  avec  la  trempe  ou  le  recuit.   Au  contraire, 

-r  augmente  pour  tous  les  aciers  avec  la  température  du  recuit  :  c'est  le 

coefficient  de  la  conductibilité.  A  et  k  sont  deux  constantes  indépen- 
dantes :  l'une  caractérise  la  substance  même,  l'autre  son  état  physique. 
Telles  sont  les  lois  expérimentales  de  l'aimantation  d'une  lame  mince  et 
longue.  Cherchons-en  lîiaintenant  la  signification  théorique. 

»  Quand  on  inesure  par  le  contact  d'épreuve  la  force  d'arrachement  en 
un  point  qtielconque,  on  mesure  un  effet  complexe,  car  ce  contact  attire 
au-dessous  de  lui  non-seulement  le  magnétisme  qui  se  trouve  siu-  les 
points  qu'il  couvre,  mais  aussi  une  partie  de  celui  qui  était  répandu  sur  les 
points  voisins;  et  cette  action  s'étend  d'autant  plus  loin  que  la  conductibi- 
lité magnétique  de  l'acier  est  plus  grande  (i).  L'intensité  mesurée  j',  est 
donc  égale  à  l'intensité  ^  qu'on  trouverait  pour  une  conductibilité  égale 
à  l'unité  multipliée  par  une  fonction  de  k, 

laquelle  fonction  sera  déterminée'  tout  à  l'heure.  Or,  puisque  la  condiicti- 


(i)  J'ai  démontré  ce  résultat  dans  un  de  mes  précédents  Mémoires. 


(   i556  ) 
bilité  d'un  même  acier  croît  avec  le  recuit  qu'il  a  subi,  les  valeurs  de  y, 
doivent  augmenter  sans  qu'on  puisse  affirmer  que  les  intensités  vraies  j- 
auemenfent  ou  restent  constantes  ou  décroissent. 

»  Comme  la  quantité  k  exprime  le  rapport  de  deux  intensités  r,  obser- 
vées en  des  points  distants  de  l'unilé  sur  le  même  acier,  il  est  indépendant 
àe /{k)  et  mesure  le  rapport  des  intensités  vraies  _^.  Il  n'en  est  pas  de 
même  de  l'intensité  à  l'origine,  A,. 

»  Elle  est  égale  à  Aj{k),  en  désignant  par  A  l'ordonnée  vraie,  et  il  se 
peut  que  l'augmentation  éprouvée  par  A,  sous  l'action  du  recuit  provienne 
uniquement  de  l'auguientation  de  conductibilité.  Pour  résoudre  la  ques- 
tion, il  faut  employer  une  métbode  de  mesure  indépendante  de  cette  cause 
de  variation. 

»  J'ai  cboisi  celle  qui  a  été  proposée  en  1849  P^^'  ^^"  Rees.  Elle  consiste 
à  enfiler  l'aimant  dans  une  bobine  très-courte  de  fils  conducteurs  reliés  à 
un  galvanomètre,  à  déplacer  rapidement  celle  bobine  de  x  k  x'  et  à  me- 
surer l'arc  d'impulsion  du  courant  d'induction  qui  se  produit. 

»  Suivant  Faraday  et  Lenz,  cet  arc  ne  dépend  que  des  lignes  de  force 
magnétique  coupées  par  la  bobine,  et  qui  partent  des  points  situés  entre 
X  &\.  x' \  il  est  donc  proportionnel  à  la  quantité  de  magnétisme  comprise 
entre  x  et  x\  et  indépendant  de  la  forme  de  la  bobine,  pourvu  que  celle-ci 
soit  suffisamment  serrée  contre  l'acier.  Cette  métbode  a  été  adoptée  sans 
modification  par  M.  Gaugain,  qui  en  a  admis  le  principe  sans  le  démontrer 
plus  que  ne  l'avait  fait  Van  Rees. 

»  Récemment,  M.  Blondlot  a  rigoureusement  établi  que  la  méthode  de 
Van  Rees  n'est  exacte  que  pour  un  seul  cas,  celui  où  l'aimant  est  très-long 
et  où  la  bobine  est  transportée  rapidement  depuis  la  ligne  moyenne  jus- 
qu'à l'extrémité  d'abord,  et  de  là  à  l'infini  ensuite.  Dans  ce  cas,  l'arc  d'im- 
pulsion mesure  la  totalité  M  de  l'aimantation.  Les  valeurs  de  M  se  trouvent 
dans  la  troisième  colonne  du  tableau  n°  2. 

»  D'autre  part,  appelons  A  la  valein- vraie  de  l'ordonnée  à  l'origine; 
nous  obtiendrons  une  deuxième  évaluation  du  magnétisme  total  en  inté- 
grant l'expression  jy/x  de  zéro  à  l'infini,  et  comme  celte  évaluation  ne  sera 
pas  rapportée  à  la  même  unité  que  la  précédente,  nous  l'exprimerons  par 
le  produit  de  M  par  une  constante  a. 


Ma 
d'où 


rAA.-v.-=A, 


13)  i  =  M/.i, 


(  '557  ) 
les  valeurs  de  MlogA  ont  été  calculées  et  inscrites  dans  la  troisième  coloiine 
du  tableau  n°2,  et  l'on  voit  qu'elles  sont  très-sensiblement  constantes. 
D'où  il  suit  que  la  valeur  vraie  A  de  l'ordonnée  à  l'origine  est  constante 
pour  le  même  acier,  quel  que  soit  son  degré  de  trempe.  Le  coefficient  A,, 
qui  avait  été  trouvé  par  la  méthode  du  plan  d'épreuve  est  fonction  de  la 
conductibilité,  et  son  augmentation  par  le  recuit  ne  provenait  que  de  l'aug- 
mentation de  la  conductibilité. 

»  Il  faut  maintenant  trouver  le  rapport  de  A,  à  A  ou  f{k).  Or  je  dis 

que  A,  doit  être  égal  à  — •  En  effet,  -  exprime  le  coefBcient  de  conduc- 
tibilité dansnn  aimant  linéaire,  et  —  représentera  le  coefficient  superficiel 

dans  toutes  les  directions  autour  d'un  point  sur  le  plan  d'iui  aimant;  or 
l'intensité  observée  A,  devra  être  proportionnelle  à  ce  coefficient  et  par 

conséquent  égale  à  -r,-  On  devra  donc  avoir 

A  =  A,/.^ 

Or  nous  avons  trouvé  déjà  que  cette  quantité  est  constante,  nous  voyons 
maintenant  qu'elle  exprime  l'ordonnée  vraie  à  l'extrémité  de  la  barre.  D'où 
il  suit  que  l'expression  de  l'ordonnée  vraie  j'  eu  un  point  quelconque  sera 

(4)  j  =  A,kH~'=Ak-'', 

celle  de  l'ordonnée  observée  étant 

j,  =  A,/t-^=  A^-'^'+*'. 

»  Pour  classer  les  aciers  au  point  de  vue  magnétique,  il  faudra  donc 
les  réduire  en  lames  longues  dont  l'épaisseur  sera  égale  à  t  millimètre.  On 
mesurera  A,  et  A".  A,  A'  sera  l'ordonnée  vraie  A  à  l'origine;  elle  représentera 
la  puissance  magnétique  de  l'acier;  elle  ne  dépendra  que  de  la  composition 
chimique;  on  ne  pourra  la  faire  changer  ni  par  le  recuit,  ni  parla  trempe. 

»  La  deuxième  constante  A  est  à  la  disposition  du  constructeur,  elle 
augmente  par  la  trempe,  elle  diminue  par  le  recuit. 

»   La  force  attractive  exercée  à  l'extrémité  de  la  barre  sur  un  contact  de 

fer,  est  proportionnelle  à  y],  ou  a  (-n)  ;  elle  augmente  pour  un   même 


acier  quand  on  le  recuit,  elle  diminue  quand  on  le  trempe. 

I)   La  hauteur  de  la  courbe  magnélique  vraie  à  l'extrémité  de  la  barre  est 
invariable  et  égale  à  A;  mais  la  hauteur  mesurée  par  le  contact  d'épreuve 

est  pi  elle  augmente  avec  le  recuit. 

C.B.,  1875,  t"  Semestre.  {T.  LXXX,  N"  2S.)  ^^'^ 


(  i558  ) 

»  A  mesure  que  k  diminue  par  le  recuit,  la  courbe  magnétique  s'allonge; 

l'acier  qu'on  emploie  devra  donc  être  d  autant  plus  long  qu'il  sera  plus 

recuit  :  autreinent,  il  ne  pourrait  contenir  la  totalité  de  magnétisme  dont  il 

est  capable.  C'est  ce  qui  arrive  pour  l'acier  n°  12  du  tableau  précédent. 

A 
»  I^a  quantité  de  magnétisme  totale  est  t-t,  elle  augmente  avec  le  recuit; 

la  quantité  mesurée  par  le  contact  d'épreuve  augmente  plus  rapidement 

encore,  elle  est  -r-r-r' 

»  Si  l'on  veut  faire  des  aimants  exerçant  de  grandes  actions  au  contact,  il 
faut  prendre  des  aciers  recuits,  mais  il  les  faut  très-longs.  Si  l'on  a  besoin 
d'exercer  des  actions  à  distance,  on  peut  employer  des  aciers  courts  et  for- 
tement trempés.   » 

MÉTÉOROLOGIE.  ~   1°  Sur  (a  trombe  de  Cliâlons;  2°  examen  des  Jaits 
et  conclusion;  par  M.  Faye. 

«  J'ai  parlé  à  plusieurs  reprises  de  l'ensemble  des  documents  que  nous 
possédons  sur  les  trombes.  Cet  ensemble  est  vaste  et  riche  en  excellentes 
observations.  En  voici  un  nouvel  exemple  tout  récent  : 

H  Le  19  septembre  1874,  après  une  chaude  et  lourde  journée,  lorsque  le 
ciel  était  successivement  envahi  par  des  nuages  orageux,  une  trombe  d'une 
violence  inouïe  se  montra,  vers  5  heures,  à  7  kilomètres  sud-sud-est  de  Chà- 
lons,  s'abattit,  à  travers  la  vallée  de  la  Marne,  sur  la  commune  de  Moncelz, 
qu'elle  parcourut  dans  toute  son  étendue,  du  sud-ouest  au  nord-ouest,  dé- 
truisant tout  sur  sou  passage,  arbres,  murs  et  maisons  ;  une  femme  a  été 
écrasée  par  des  ruines;  beaucoup  d'animaux  ont  péri  ;  plus  de  2000  arbres 
forestiers  ont  été  déracinés  ou  brisés  à  quelques  mètres  du  sol.  M.  Duretesle, 
Ingénieur  en  chef  du  service  de  la  navigation,  a  visité  plusieurs  fois  le  théâtre 
de  ces  désastres  ;  il  en  a  fait  relever  le  plan  ci  -joint  à  l'échelle  de  yvoûô  ^'  ^^' 
terminer  la  direction  des  arbres  abattus  ;  enfin  il  a  recueilli  les  dires  des  té- 
moins, et  particulièrement  d'une  bande  de  scieurs  de  long  qui  se  trouvaient 
sur  les  lieux.  Je  lui  laisse  maintenant  la  parole  : 

o  Au  milieu  d'un  calme  parfait,  tout  à  coup  un  bruit  extraordinaire  s'est  fait  entendre 
versle  sud-ouest.  Ils  ont  vu  l'air  obscurci  par  de  la  poussière,  des  branches  d'arbres  tourbil- 
lonnant avec  violence  et  sillonné  par  des  éclairs.  En  un  instant,  tous  les  arbres  environ- 
nants ont  disparu,  brisés,  emportés  par  la  tempête.  Une  pluie  abondante  a  suivi  et  tout  est 
rentré  dans  le  calme.  Ces  hommes  comparaient  le  passage  et  les  effets  de  la  trombe  à  une 
décharge  d'artillerie  :  même  violence,  même  rapidité.  Toutes  les  autres  personnes  interro- 


(  "559  ) 

gées  ont  donné  des  renseignements  analogues.  Quant  aux  détails  recueillis  sur  place  par 
moi  et  par  d'autres  personnes  très-aptes  à  les  juger,  les  voici  :  Pour  atteindre  la  vallée  de  la 
Marne,  la  trombe  a  suivi  une  petite  dépression  du  sol  et  a  acquis  alors  toute  sa  violence, 
comme  le  ferait  une  niasse  d'eau  à  l'aval  d'un  barrage  de  retenue.  Un  voiturier  a  été  enlevé 
et  sa  voilure  renversée  sur  la  rive  gauche  de  la  Marne  en  A'  (plan).  En  A,  rive  droite, 
5  peupliers  de  i'",io  de  circonférence  ont  été  rompus  à  3'",5o  du  sol.  En  B,  3  peu- 
pliers plus  forts  ont  été  abattus  dans  une  direction  perpendiculaire  à  celle  des  aibres  A. 
Dans  cette  région,  jusqu'au  canal  latéral  de  la  Marne,  la  zone  atteinte  a  à  peine  200  mètres 
de  large.  L'herbe  est  couchée  sur  le  sol  dans  la  direction  des  arbres  A.  En  D,  4  peu- 
pliers rompus,  dont  un  de  1"',  70  de  circonférence.  En  E,  ligne  d'arbres  rompus;  la 
zone  atteinte  n'a  ici  que  100  mètres  de  large  et  va  plus  loin  en  s'élargissant.  Sur  les  deux 
rives  du  canal  et  sur  100  mètres  de  largeur,  il  n'est  pas  resté  un  arbre;  170  ont  été  déra- 
cinés ou  brisés;  leur  direction  a  été  sensiblement  la  même.  En  F',  un  bois  épais  a  été  épar- 
gné. En  G,  lit  d'une  petite  rivière  dont  les  bords  sont  très-boisés,  presque  tous  les  arbres 
sont  abattus  ou  rompus.  En  H,  bois  de  pins  sylvestres,  les  arbres  sont  abattus  et  forment 
des  amas  présentant  le  plus  grand  désordre;  des  troncs  de  o™,4o  de  diamètre  sont  tordus 
et  réduits  à  une  masse  de  fibres  disjointes.  En  I,  2  peupliers  énormes  ayant  une  culasse 
commune  cubant  avec  la  terre  environ  8  mètres  cubes  ont  été  renversés.  Les  maisons  du 
groupe  l'I"  ont  été  démolies  et  leurs  débris  lancés  au  loin;  une  femme  a  été  écrasée  sous 
leurs  débris.  Une  poutre  en  chêne  de  10  mètres  de  longueur  sur  o'^jSo  et  o'^jaS  d'équar- 
rissage  a  été  arrachée  et  portée  à  5o  mètres  de  distance.  Jusqu'à  la  ferme  de  Fougeras,  on 
ne  rencontre  plus  que  des  débris;  à  la  ferme,  un  mur  de  clôture  est  renversé,  les  toitures 
enlevées.  Au  nord,  un  bois  de  pins  sylvestres  de  600  mètres  sur  5o  à  60  mètres  de  largeur 
est  détruit;  il  ne  msle  pas  un  seul  arbre  debout.  Ils  toinbent  dans  toutes  les  directions  et, 
de  place  en  place,  sont  accumulés  en  pyramides.  Dans  la  même  direction,  à  12  kilomètres 
de  là,  la  trombe  a  encore  exercé  ses  ravages,  mais  moins  marqués;  je  n'ai  d'ailleurs  pas 
vérifié. 

»  Mon  impression  a  été  que  tous  ces  désastres  étaient  dus  à  une  colonne  d'air  en  mouve- 
ment vers  le  nord-est,  possédant  un  mouvement  gyratoire  extrêmement  rapide,  de  manière 
que  le  MV^  était  énorme.  La  colonne  s'appuyait  sur  le  sol  comme  l'indiquent  les  traces 
de  son  passage  sur  les  chaumes  et  les  herbes.  On  ne  peut  mieux  comparer  l'aspect  des 
lieux  après  l'orage  qu'à  une  trouée  faite  par  une  puissante  artillerie.  Un  examen  plus  attentif 
fait  voir  que  le  mouvement  gyratoire  a  joué  le  plus  grand  rôle.  Cette  trombe  s'est  formée 
avant  d'atteindre  la  vallée  de  la  Marne  ;  mais  il  est  probable  que  sa  puissance  s'est  développée 
quand,  pour  atteindre  cette  vallée,  elle  est  descendue  d'environ  4°  mètres,  comme  l'eût  fait 
une  chute  de  pareille  hauteur.  Il  résulterait  de  là  que  la  trombe  a  une  composante  de  haut  en 
bas,  et  que  son  origine  doit  être  dans  la  région  supérieure  de  l'atmosphère.    » 

»  Trombes.  —  De  l'ensemble  des  faits  relatifs  aux  trombes  de  Vendôme, 
de  Caen,  de  Chàlons  et  à  toutes  celles  dont  j'ai  pu  étudier  antérieurement 
les  relations  (à  terre  ou  en  mer),  il  résulte  que  les  trombes  sont  dues  à  un 
violent  mouvement  gyratoire  à  axe  vertical,  qui  descend  des  nuées  sous  la 
iigin-e  d'un  vaste  entonnoir,  ne  s'arrête  qu'au  moment  oii  il  atteint  robstacle 

2o!à.. 


(  i56o  ) 
du  sol,  et  exerce  alors  sur  lui  ses  ravages  circulaires.  Si  le  sol  présente  utie 
dépression,  la  trombe  s'allonge  verticalement  en  bas  et  le  rejoint  ;  ce  mou- 
vement descendant  est  lié  d'ailleurs  à  la  violence  de  la  gyration,  car,  lorsque 
celle-ci  s'affaiblit,  la  trombe  cesse  de  descendre  ou  même  semble  remonter, 
et  interrompt  momentanément  ou  cesse  tout  à  failles  ravages.  Enfin  ces  phé- 
nomènes se  rattachent  visiblement,  parleur  partie  supérieure,  aux  courants 
d'en  haut  qui  amènent  les  orages  sur  l'horizon  du  lieu  considéré,  et  non 
aux  couches  basses  de  l'atmosphère,  car  celles-ci  sont  souvent  caractérisées 
par  un  calme  parfait,  tandis  que  les  trombes  marchent  au  sein  de  ces 
couches  immobiles,  avec  la  direction  et  à  peu  près  la  vitesse  de_  l'orage 
(généralement  chez  nous  du  sud-ouest  au  noid-est).  Ils  suivent  donc  la 
marche  des  courants  supérieurs  et  se  propagent  avec  eux,  preuve  palpable 
qu'ils  ont  dans  ces  courants  leur  origine  et  leur  cause  première. 

»  Si  l'on  a  eu  quelque  peine  à  se  figurer  ainsi  les  choses,  c'est  qu'on  n'a 
jamais  considéré  l'analogie  qui  rattache,  au  point  de  vue  mécanique,  les 
trombes  aux  tourbillons  à  axe  vertical  de  nos  cours  d'eau.  Ceux-ci,  bien 
faciles  à  observer  et  bien  plus  coniuis,  naissent,  on  le  sait,  aux  dépens  des 
inégalités  de  vitesse  de  ces  courants,  se  propagent  et  vont  affouiller  le  lit  des 
fleuves  par  un  travail  circulaire.  Personne  n'ignore  que  ces  tourbillons  sont 
descendants  et  affectent  comme  les  trombes  la  forme  d'une  cône  renversé 
ou  même  d'un  entonnoir. 

»  Tornndos.  —  Il  en  est  absolument  de  même  des  tornados.  Étudiés  sur 
les  faits,  comme  les  trombes,  sans  parti  pris,  sans  idée  préconçue,  ils  ne 
différent  des  trombes  que  par  leur  diamètre  beaucoup  plus  grand,  leur 
plus  grande  durée  et  leur  plus  long  parcours  (  i  ).  Leur  rotation  qui,  sur 
notre  hémisj)hère,  s'opère  de  droite  à  gauche  comme  dans  les  deux  pre- 
mières trombes  que  je  viens  de  citer,  est  tout  aussi  violente;  seulement  les 
ravages  qu'elle  produit  sont  plus  étendus  et,  (juand  une  trombe  comme 
celle  (le  Caen  casse  ou  déracine  3oo  ou  4oo  arbres,  il  est  tel  tornade 
qui,  aux  États-Unis,  en  a  cassé  ou  déraciné  5oooo. 

»  Quant  à  leur  mouvement  de  translation,  il  est  exactement  de  même 

(i)  J'ai  cité  lis  faits  relatifs  aux  tornados  des  États-Unis  dans  les  Comptes  rendus. 
Je  ri'yivttfi  de  ne  pouvoir  jjrésenter  ici  la  doscriplion  des  tornados  marins  bien  plus  grands 
de  la  côte  d'Afrique.  On  trouve  sur  ce  point  un  excellent  résumé  dans  l'ouvrage  de  M.  le 
D"'  Reye,  au  chapitre  intitulé;  Gleichartighcit  <hr  Weltersàulcn,  Scc-Tornados  und  Cyclo- 
iicri,  c'est-à-dire  identitc  des  trombes,  tornndos  et  cyclones.  C'est  cette  même  identité  que 
j'établis  ici  (mais  à  un  autre  point  de  vue  que  celui  de  M.  Reye),  parce  que  M.  Peslin  l'a 
contestée  devant  l'Académie. 


(  i56i  ) 
nature,  et  il  est  dû  pareillement  à  celui  des  couches  supérieures  d'où  l'on 
voit  pendre  le  tornado  d'une  hauteur  évaluée  parfois  à  un  mille  anglais, 
c'est-à-dire  à  1600  mètres.  Ainsi  les  tornados  sont  des  trombes  démesu- 
rées; nous  allons  voir,  également  par  les  faits,  que  les  typhons  et  les  oura- 
gans, à  leur  tour,  sont  des  espèces  de  tornados  gigantesques. 

»  Typhons  et  ouragans.  —  Ici  je  n'ai  pas  eu  besoin  de  réunir  ni  d'exposer 
les  faits  :  ce  travail  énorme  a  été  exécuté  par  les  auteurs  des  lois  des  tem- 
pêtes qui  ont  eu  la  sagesse  de  mettre  décote  les  idées  personnelles,  les  théo- 
ries sur  la  cause  ou  l'origine  des  tempêtes.  Peu  soucieux  de  savoir  si  elles 
sont  d'aspiralion  ou  d'impulsion,  etc.,  ils  ont  uniquement  cherché  leur 
manière  d'être  et  de  se  propager,  absolument  comme  nous  venons  de  le 
faire  pour  les  trombes.  Leur  procédé  très-simple  consistait  à  reporter  sur 
des  cartes,  pour  une  heure  déterminée,  les  directions  du  vent  observées  en 
mer  par  tous  les  navires  engagés  dans  l'ouragan  à  cet  instant.  On  pose 
ensuite  sur  ces  cartes  >m  transparent  portant  des  circonférences  concen- 
triques, et  on  le  déplace  en  tâtonnant  jusqu'à  ce  que  les  flèches  du  vent  se 
trouvent  placées  sur  ces  circonférences.  Dans  les  cyclones  complets,  ces 
tâtonnements  réussissent,  non  pas  quelquefois,  mais  pour  toute  la  durée  de 
la  tempête  et  en  quelque  lieu  que  son  centre  soit  venu  se  placer  par  l'effet 
du  mouvement  de  translation  sur  une  courbe  d'ailleurs  très-régulière.  J'ai 
donné  quelques  exemples  de  ce  curieux  mode  de  discussion  des  faits  dans 
V Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes  pour  iS-jB. 

M  Sans  entrer  pour  le  moment  dans  l'examen  de  certaines  déviations 
constatées  dès  l'origine,  anomalies  que  l'on  voudrait  aujourd'hui  faire 
considérer  comme  le  cas  normal,  et  sans  s'arrêter  à  critiquer  sous  certains 
rapports  le  procédé  employé,  il  faut  reconnaître  que  celui-ci  est  parfaite- 
ment propre  à  mettre  en  évidence  lu  figure  des  ouragans,  s'ils  sont  réelle- 
ment constitués  par  des  gyrations  sensiblement  circulaires  autour  d'un 
axe  vertical  et  animées  d'un  mouvement  commun  de  translation.  Or,  en 
fait,  presque  tous  les  typhons  et  ouragans  ainsi  étudiés  par  Piddington, 
Keid  et  Redtield,  etc.,  ont  présenté  cette  figure-là  avec  un  sens  de  rotation 
identique  à  celui  des  tornados  (sur  le  même  hémisphère  bien  entendu). 
La  confiance  inspirée  par  des  résultats  d'une  simplicité  si  frappante,  indé- 
pendants de  toute  vaine  hypothèse,  a  été  telle,  qu'on  en  a  déduit  aussitôt 
les  règles  de  manœuvre  adoptées  jusqu'ici,  en  cas  de  danger,  par  tous  les 
navigateurs. 

»  Si  l'on  joint  à  ces  traits  communs  les  caractères  que  nous  avons 
reconnus  plus  haut  aux  trombes  et  tornados,  grâce   à  la  facilité  que  nous 


(  I 562  ) 

présente  la  moindre  amplitude  de  ces  phénomènes,  d'avoir  leur  origine 
dans  les  courants  supérieurs  et  d'être  constitués  par  des  gyralions  descen- 
dantes, on  fera  disparaître  la  seule  difficulté  que  le  célèbre  Maury  ait 
opposée  à  ces  résultats.  Maury,  qui,  du  reste,  n'a  proposé  aucune  théorie 
des  cyclones,  avait  peine  à  concevoir  que  ces  disques  aériens  fussent  ani- 
més à  la  fois  d'un  mouvement  gyratoire  et  d'un  mouvement  de  translation 
malgré  l'obstacle  du  sol  (i);  je  le  crois  bien!  mais  nous  savons  aujourd'hui 
que  ce  ne  sont  pas  les  cyclones  qui  possèdent  par  eux-mêmes  et  qui  régénèrent 
cette  doubleforce  de  gyration  et  de  translation,  mais  bien  les  énormes  fleuves 
aériens  où  ils  prennent  naissance  par  en  haut.  C'est  à  ces  vastes  courants 
supérieurs  qu'appartient  la  vitesse  moyenne  du  transport  ;  c'est  dans  les 
inégalités  de  vitesse  de  leurs  diverses  tranches  que  se  trouvent  la  cause  et 
l'aliment  de  ces  gyrations  redoutables  dont  la  force  vive  va  s'épuiser  inces- 
samment sur  le  sol  ou  sur  la  mer. 

»  Tel  est  l'ensemble  de  notions  que  nous  fournit  l'étude  impartiale  des 
faits,  en  dehors  de  toute  hypothèse.  Concluons -en  que  les  ouragans, 
typhons,  tornados  et  trombes  sont  des  mouvements  tournants,  c'est-à-dire 
des  cyclones  qui  ne  diffèrent  essentiellement  entre  eux,  au  point  de  vue 
mécanique,  que  par  leurs  dimensions.  Et  à  cette  vérité  depuis  longtemps 
démontrée  et  admise,  qu'on  n'a  contestée  récemment  que  dans  un  intérêt 
passager  de  discussion,  j'ajoute  que,  comme  le  mouvement  gyratoire  est 
manifestement  descendant  dans  les  petits  et  moyens  cyclones,  il  doit  en 
être  de  même  dans  les  cyclones  plus  grands.  Ceux-ci,  pas  plus  que 
les  cyclones  de  moindre  diamètre,  ne  sont  donc  pas  dus  à  une  aspiration 
quelconque,  à  un  mouvement  ascendant  et  centripète  des  couches  infé- 
rieures, ainsi  qu'on  l'a  gratuitement  supposé. 

»  Terminons  par  quelques  remarques.  La  théorie  a  priori  des  phéno- 
mènes tourbillonnaires  est  une  question  de  Mécanique  rationnelle  tout 
aussi  bien  que  la  théorie  a  priori  des  mouvements  célestes.  Cette  science 
n'étant  pas  aujourd'hui  en  état  d'aborder  les  mouvements  gyratoires  des 
fluides,  même  dans  le  cas  simple  où  l'axe  est  permanent  et  vertical,  l'étude 

(i)  After  much  study,  I  find  some  difficulties  about  the  cyclone  theory  that  I  cannot 
overcome.  They  are  of  this  sort.  I  cannot  conceive  it  possible  to  hâve  a  cyclone  with  a 
revolving  and  travelling  disk  looo  to  5oo  miles  in  diameter,  as  the  expounders  of  the 
theory  hâve  it.  Is  it  possible  for  a  disk  of  such  an  attenuated  fluid  as  conimon  air,  having 
looo  miles  in  diameter,  with  its  less  than  waferlike  thickness  in  comparison,  to  go  travelling 
over  the  earth's  surface,  and  whirling  about  a  centre  with  tornado  violence?  (  Maury,  Pliysi- 
ctil  Gcographr  of  the  se  a.) 


(  i563  ) 

n  posteriori  expérimentale,  comme  s'exprime  M.  Chevreul,  autrement  dit 
l'étude  directe  des  faits  en  dehors  de  toute  idée  préconçue  est  seule  possible 
et  légitime  actuellement.  Dans  ces  conditions,  toute  tentative  n  priori  est 
condamnée  d'avance  à  recourir  à  l'artifice  des  hypothèses.  En  fait,  celle  des 
tempêtes  d'aspiration,  avec  afflux  centripète  en  bas  remontant  violemment 
au  centre  en  colonne  ascendante,  a  été  suggérée,  qu'on  en  ait  eu  conscience 
ou  non,  par  le  vieux  préjugé  des  trombes  qui  pompent, dit-on,  jusqu'aux 
nues  l'eau  de  la  mer.  Nous  devons  donc  nous  attendre  à  ce  qu'elle  ne 
représente  guère  les  pliénomènes.  M.  Espy  et  le  D'  Reye  ont  soutenu, 
comme  le  faisait  dernièrement  M.  Peslin,  qu'elle  avait  le  privilège  exclusif 
de  rendre  compte  des  pluies  torrentielles  qui  accompagnent  si  souvent  les 
cyclones:  c'est  une  erreur;  mais  voici  qui  est  plus  grave  et,  si  je  ne  me 
trompe,  complètement  décisif. 

M  Nous  venons  de  voir  qu'en  étudiant  les  tempêtes  sans  idée  préconçue 
on  a  reconnu  qu'elles  consistent  toujours  en  un  vaste  mouvement  tournant 
autour  d'un  centre  qui  lui-même  se  déplace.  Cela  se  dit  encore  tous  les 
jours.  La  théorie,  au  contraire,  où  quelques-uns  admettent  une  certaine 
dose  de  mouvement  gyratoire,  affirme  a  priori  que,  de  tous  les  points  de 
l'horizon,  le  vent,  dans  les  régions  inférieures,  doit  souffler  vers  le  centre; 
elle  voit  partout  des  tempêtes  centripètes,  parce  qu'elle  a  pris  pour  point 
de  d«part  l'hypothèse  de  l'aspiration.  Il  y  a  donc  contradiction  radicide 
entre  la  théorie  et  ces  lois  expérimentales,  c'est-à-dire  avec  une  masse  im- 
mense de  faits.  Quel  parti  prendre?  renoncer  à  la  théorie?  Non,  on  rejet- 
tera tout  le  tort  sur  les  lois;  on  soutiendra  que  ce  sont  elles  qui  sont  fausses; 
on  est  même  parvenu  dernièrement  à  leur  trouver  deux  cas  d'exception 
dans  les  parages  de  l'ile  Maurice,  deux  cas  où,  dit-on,  en  dépit  des  cyclo- 
nomistes  de  l'ile  voisine  de  la  Réunion  qui,  témoins  du  phénomène,  sou- 
tiennent le  contraire,  la  tempête  n'était  pas  tournante,  mais  centripète. 

»  Ce  n'est  pas  tout  :  de  ces  lois  on  avait  déduit  de  précieuses  règles  de 
manœuvre  (i).  Ces  règles  sont  donc  fausses  aussi?  Alors  il  serait  indispen- 
sable de  les  remplacer.  Soit,  on  les  remplacera,  et  d'abord  on  enseignera 
aux  marins  qu'ensuivant  le  vent  ils  n'auront  pas  le  danger  par  le  travers, 
à  bâbord  ou  à  tribord  selon  l'hémisphère,  comme  tout  le  monde  le  croyait 
naguère  d'après  l'étude  directe  des  faits,  mais  à  l'avant.  Pour  le  reste,  il  est 
vrai,  après  avoir  bien  cherché,  force  a  été  d'avouer  que  la  théorie  n'indi- 

(i)  Cela  ne  s'adresse  pas  à  mes  adversaires  précédents  avec  qui  j  ai  ou  l'iiouneur  de  dis- 
cuter les  questions  théoriques,  mais  non  des  rùj^Ies  de  manœuvre. 


(  i564  ) 
quait  plus  rien  de  déterminé  ni  d'applicable  en  mer,  mais  cela  tient,  dit-on, 
à  la  nature  même  du  problème  et  non  à  la  théorie.  C'est  au  marin  à  se 
tirer  d'affaire  selon  l'inspiration  du  moment.  Je  me  trompe,  après  l'avoir  si 
bien  renseigné  sur  la  direction  où  se  trouve  le  danger  qui  le  menace,  on  lui 
donne  sérieusement  à  entendre  qu'il  ferait  bien  de  renforcer  et  d'élayer  le 
pont  de  son  navire  pour  que  celui-ci,  condamné  qu'il  est  à  avoir  ses  écou- 
tilles  closes  pendant  la  tempête,  n'éclate  pas  sous  l'aspiration  du  cyclone, 
comme  le  ferait  une  vessie  placée  sous  le  récipient  de  la  machine  pneuma- 
tique. Et  tout  cela  est  logique,  tout  cela  tient  à  ce  que  la  belle  et  grande 
science  météorologique  poursuit  ici  une  tâche  impossible,  celle  d'assigner 
a  priori  des  lois  aux  tempêtes  et  de  guider  les  navigateurs  en  danger  à  l'aide 
d'une  hypothèse  qui  prend  les  faits  juste  au  rebours  de  la  réalité.  Telles 
prémisses,  telles  conclusions.  » 

CHIMIE.  —  Sur  le  partage  d'un  acide  entre  plusieurs  bases  dans  les  dissolutions  (  i  )  ; 

par  M.  Berthelot. 

«  1.  C'est  une  question  souvent  agitée  que  celle  du  partage  des  acides  et 
des  bases  dans  les  dissolutions.  BerthoUet,  qui  posa  le  premier  la  question 
d'une  manière  générale,  admettait  que  chaque  acide  (et  chaque  base)  avait 
dans  l'action  «  une  part  déterminée  par  sa  capacité  de  satiu'ation  et  sa 
»  quantité  »,  c'est-à-dire  par  sa  masse  chimique.  A  poids  égaux,  nous  dirions 
aujourd'hui  que  chaque  corps  agit  en  raison  inverse  de  son  équivalent; 
tandis  que,  si  les  deux  bases  sont  employées  sous  des  poids  équivalents, 
elles  prendront  chacune  la  moitié  de  l'acide  antagoniste.  Telle  est,  je  crois, 
la  traduction  exacte  du  langage  de  BerthoUet,  lequel  exclut  formellement 
toute  idée  d'une  affinité  élective  ou  d'un  coefficient  spécifique. 

))  Mais  le  partage  ne  peut  subsister  que  si  les  deux  bases  et  les  deux  sels 
qu'elles  forment  demeurent  dissous  :  si  quelqu'un  de  ces  corps  est  éliminé, 
par  volatilité  ou  insolubilité,  un  nouveau  partage  se  reproduit  au  sein  des 
liqueurs;  par  suite,  une  nouvelle  élimination,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce 
que  la  totalité  du  composé  éliminable  soit  sorti  du  champ  de  l'action  chi- 
mique. Tels  sont  les  principes  de  la  Statique  chimique  de  BerthoUet. 

»  Gay-Lussac  invoquait  le  même  mécanisme,  en  se  plaçant  à  un  point 

(i)  Voir  mes  Recherches  sur  le  partage  d'une  base  entre  plusieurs  acides  dans  les  dissolu- 
tions [Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4"  série,  t.  XXX,  p.  4^6);  Recherches  sur  les  sels 
métal/irjues  (4'  série,  t.  XXX,  p.  i45  ),  et  Sur  la  rcdissolutiun  des  précipités  (même  Re- 
cueil, 5"  série,  t.  IV,  p.  2o5). 


(  i565  ) 
(le  vue  différent.   Il  admettait  dans  les  dissolutions  une  sorte  de  pêle-mêle, 
à" équipa llence  des  bases  et  des  acides  uniformément  répartis,  les  composés 
qui  se  manifestent  ne  prenant  naissance  qu'au  moment  où  ils  sont  séparés 
par  insolubilité,  cristallisation  ou  volatilité. 

»  2.  Ce  sont  ces  opinions  que  j'ai  entrepris  de  soumettre  au  contrôle 
des  méthodes  thermiques,  eu  ce  qui  touche  les  bases,  comme  je  l'ai  déjà 
fait  pour  les  acides  et  pour  les  oxydes  métalliques. 

»  J'ai  choisi  deux  bases  solubles,  qui  dégagent  des  quantités  de  chaleur 
inégales  eu  s'unissant  avec  un  même  acide,  telles  que  la  soude  et  l'ammo- 
niaque en  présence  de  l'acide  chlorhydrique;  la  différence  entre  ces  quan- 
tités de  chaleur,  mesurées  directement  à  23°, 5,  dans  des  conditions  don- 
nées de  concentration,  a  été  trouvée  égale  à  -H  i*^"',i2. 

»  Cela  posé,  mélangeons  à  équivalents  égaux  une  solution  de  chlor- 
hydrate d'ammoniaque  et  une  solution  de  soude,  prises  à  la  concentration 
et  à  la  température  définies, 

AzH%  HCl(i^'i=2"")4-NaO(i^i=  2"')  à  23°,5. 

»  J priori,  plusieurs  cas  peuvent  se  présenter,  correspondant  aux  diverses 
théories  : 

»   i"  S'il  y  a  partage  en  proportion  égale  (théorie  de  Berthollet),  on  devra 

observer  un  dégagement  de  chaleur  égal  à  H ~  =  +  o*^°',56; 

»  2°  Si  la  loi  du  partage  est  différente,  on  observera  une  quantité  diffé- 
rente, mais  toujours  moindre  que  +1,12; 

»  3°  S'il  y  a  équipollence,  on  ne  devra,  ce  semble,  observer  aucun 
phénomène  thermique,  ou  du  moins  aucnn  phénomène  qui  soit  en  relation 
avec  un  déplacement  pur  et  simple; 

»  4°  Enfin,  si  la  soude  s'empare  de  la  totalité  de  l'acide  chlorhydrique, 
en  mettant  en  liberté  la  totalité  de  l'ammoniaque,  on  devra  observer  un 
dégagement  de  -4-1*^°',  12. 

»  3.  Or  l'expérience  m'a  donné  pour  cette  réaction,  à  23", 5  :  +  i*^'',07. 
La  limite  d'erreur  des  essais  étant  =to,o4,  ce  chiffre  se  confond  avec 
4-1,12.  La  faible  différence  observée  — o,o5  pourrait  s'expliquer  d'ail- 
leurs par  l'influence  purement  physique  qu'exerce  l'ammoniaque  sur  une 
solution  de  chlorure  de  sodium.  En  fait,  à  23", 5,  j'ai  trouvé 

AzH''(i^''=  2'")+ NaCl(i'^i=  2''')     absorbe     -  o,o5. 
»  Sans  nous  arrêter  à  cette  faible  influence  secondaire,  nous  pouvons 

C.  R.,  .°^S,  I"  Semestre.  (T.  LXXX,    N»  2B.)  204 


(  i566  ) 
doiïc  conclure  que,  la  sonde  et  l'ammoniaque  étant  mises  à  équivalents 
égaux  en  présence  de  l'acide  chlorhydrique,  la  soude  prend  tout  l'acide 
(ou  sensiblement  tout). 

»  On  peut  aciiever  de  démontrer  l'exactitude  de  cette  interprétation  en 
faisant  varier  les  proportions  relatives  des  corps  réagissants  :  i ,  2,  3  équi- 
valents d'ammoniaque  en  excès  n'empêchent  pas  la  décomposition  totale 
(on  sensiblement)  du  chlorhydrate  d'ammoniaque  par  la  soude,  conune  le 
prouvent  les  mesures  thermiques.  Tandis  que,  d'après  la  théorie  de  Ber- 
thollet,  la  présence  de  4  équivalents  d'ammoniaque,  par  exemple,  aurait  dû 

réduire  le  déplacement  au  cinquième,  et  la  chaleur  dégagéeà  H ^r— =  0,22. 

»  Est-il  besoin  de  dire  que  la  présence  d'un  excès  de  soude  ne  change 
non  plus  rien  au  résultat?  Enfin  le  déplacement  total  peut  être  également 
vérifié  en  présenccrd'un  excès  de  chlorhydrate  d'ammoniaque,  comme  d'un 
excès  de  chlorure  de  sodium. 

»  4.  Cet  ensemble  d'observations  prouve  qu'il  s'agit  d'une  réaction  chi- 
mique, limitée  à  un  terme  défini  par  le  rapport  équivalent  de  la  soude  qui  pro- 
duit l'action,  c'est-à-dire  qu'il  s'agit  du  déplacement  pur  et  simple  d'une 
base  par  l'autre.  Les  sels  doubles  n'y  jouent  aucun  rôle,  non  plus  que  le 
changement  de  dissolvant,  comme  le  démontrent,  d'une  part,  l'absence 
d'influence  exercée  par  un  excès  quelconque  de  l'un  des  quatre  corps  réa- 
gissants, et  d'autre  part  la  mesure  des  quantités  de  chaleur  dégagées. 

»  5.  J'ai  reproduit  les  mêmes  expériences  avec  plusieurs  autres  sels  am- 
moniacaux (sulfate,  azotate);  j'ai  également  opéré  avec  une  base  alcaline 
différente,  la  potasse.  Les  résultats  s'accordant  exactement  avec  ceux  que 
fournil  la  soude,  je  crois  superflu  de  les  transcrire  ici. 

»  6.  Non-seulement  l'ammoniaque  est  déplacée  dans  ses  sels  dissous  par 
la  potasse  et  la  soude,  bases  solubles,  mais  on  peut  également  opposer 
l'ammoniaque  à  une  base  insoluble,  telle  que  l'hydrate  de  chaux,  déjà  com- 
biné avec  l'acide  chlorhydrique.  Que  doit-il  arriver  dans  cette  circonstance? 
D'après  la  théorie  de  Berthollet,  il  y  aura  partage  au  premier  moment;  puis 
la  chaux,  étant  insoluble,  devra  se  précipiter  et,  par  suite,  la  formation 
s'en  reproduira  jusqu'à  séparation  totale. 

)i  Or  ces  prévibions  sont  contredites  j)ar  l'expérience.  En  effet,  l'ammo- 
niaque ne  précipite  pas  le  chlorure  de  calcium,  tandis  que  la  chaux  se  dis- 
sout en  fait  dans  le  chlorhydrate  d'ammoniaque, 

))  S'agit-il  donc  ici  de«la  formation  d'un  sel  doublePoude  l'influence 
exercée  par  un  changement  de  dissolvant? 


(  '567  ) 

»  7.  l'our  établir  la  nalure  réelle  de  la  réaction,  j'ai  fait  les  expériences 
siiivanles  :  Je  précipite  la  chaux  dans  le  chlorure  de  calcium,  au  niciyen  de 
la  soude,  opération  qui  a  pour  but  d'obtenir  de  l'hydrate  de  chaux 
exempt  de  toute  impureté,  ce  qu'il  n'est  pas  facile  de  réaliser  autrement; 
j)uis  je  redissous  l'hydrate  de  chaux  au  moyen  du  chlorhydrate  d'ammo- 
niaque, employé  par  fractions  successives,  afin  de  trouver  la  limite  exacte 
du  phénomène.  J'opère  d'ailleurs  en  faisant  varier  les  proportions  relatives 
des  composants  du  système.  Enfin  je  mesure  chaque  fois  les  quantités  de 
chaleur  mises  enjeu. 

»  J'ai  reconnu  d'abord  que  la  redissolution  totale  de  i  équivalent  d'hy- 
drate de  chaux  s'opère  exactement  (i)au  moyen  de  i  équivalent  de  chlor- 
hydrate d'ammoniaque,  et  cela,  quels  que  soient  les  excès  relatifs  des  quatre 
composants.  En  outre, 


Cal 


1"  CaCl(i'^'ï=  a'") -t-NaO  (i"i=;  ?.'")absorbe— I  ,i8    i 

2°  L'addition  de  AzH%HCI  (l'^i  =  2'")  dégage  +2,24    \      """"'^   *"''" 

n    Analysons  ces  résultats. 

»  1°  IjI  première  opération  (précipitation  de  l'hydrate  de  chaux  parla 
souile)  est  conforme  à  la  théorie  de  Berlhollet.  Elle  absorberait  fort  peu  de 
chaleur  (  —  0,1  à  —  0,2  au  plus)  si  toute  la  chaux  demeurait  dissoute.  Mais 
la  précipitation  de  l'hydrate  de  chaux  donne  lieu  à  une  absorption  très- 
notable  ( —  Jji^);  ce  qui  s'explique,  parce  que  l'hydrate  de  chaux  est  un 
corps  qui  se  dissoudrait  dans  l'eau  en  dégageant  de  la  chaleur  (+  i*^"', 5  en- 
viron, d'après  mes  expériences,  pour  i  équivalent  dissous  dans  20  litres 
d'eau).  En  tenant  compte  de  la  proportion  de  chaux  demeurée  dissoute 
dans  l'eau  employée,  on  peut  vérifier  que  la  chaleur  absorbée  concorde 
sensiblement  avec  la  donnée  précédente  (2). 

»  2"  La  seconde  opération  (redissolution  de  l'hydrate  de  chaux  dans  le 
chlorhydrate  d'ammoniaque  équivalent)  dégage  exactement  la  quantité 
de  chaleur  calculée  dans  l'hypothèse  d'une  substitution  pure  et  simple  de 
l'hydrate  de  chaux,  base  presque  iusohdjle,  à  l'ammoniaque,  b:  se  soluble, 


(1)  En  tenant  coniple  de  la  solubilité  propre  de  la  cLaux  dans  IVau,  qui  est  trùs-ptiilr. 

(2)  Celte  absorption  de  chaleur  est  due  à  l'intervention  cIlui  changement  d  Ctat  et  aux 
actions  propies  du  dissolvant.  Au  contraire,  la  léaction  calculée  pour  les  coi  ps  solides, 
])ris  dans  des  états  physiques  et  chimiques  correspondants,  dégagerait  de  la  chaleur.  Le 
calcul  en  est  facile  pour  les  hydrates  alcalins  et  terreux;  mais  pour  ramiiniMia<pic  les 
données  manquent,  l'état  gazeux  et  anhydre  de  cette  bise  n'étant  pas  comparable  à  l'el.it 
solide  et  hydraté  des  alcalis  fixes. 

204-' 


(  i568  ) 
dans  le  chlorhydrate  d'ammoniaque,  avec  formation  équivalente  de  chlo- 
rure de  calcium  dissous.  En  effet,  cette  substitution,  opérée  entre  l'hydrate 
de  chaux  dissous  et  l'ammoniaque  à  23", 5,  dégagerait  environ  -)-  i*^',i^î 
chiffre  auquel  il  convient  d'ajouter  +  i,io  pour  la  redissolution  de  la  pro- 
portion d'hydrate  de  chaux  précipité  dans  les  conditions  de  l'expérience 
précédente;  ce  qui  fait  en  tout  -+-  a, 20,  d'après  ma  théorie.  L'observation 
a  donné  -+-  2,24,  ce  qui  concorde  aussi  exactement  que  possible. 

»  En  outre,  ces  chiffres  comportent  une  vérihcalion  :  la  sonuue  algébrique 
des  deux  nombres  —  1,18  +  2,a4  =  -I-  1,06  doit  concorder  et  concorde 
en  effet  avec  la  chaleur  dégagée  dans  la  réaction  directe  de  la  soude  sur 
le  chlorhydrate  d'ammoniaque,  soit  H-  i,o5.  Les  mêmes  chiffres,  ou  sensi- 
blement, ont  été  observés  en  présence  de  divers  excès  des  composants  du 
système. 

»  8.  Ces  faits  et  ces  mesures  thermiques  prouvent  que  les  sels  doubles 
et  les  changements  de  dissolvant  ne  sont  pas  la  cause  des  phénomènes 
observés;  tandis  que  tout  s'explique  parla  substitution  chimique  et  totale 
de  la  chaux,  base  presque  insoluble,  à  l'ammoniaque,  base  soluble,  dans  le 
chlorhydrate  d'ammoniaque. 

»  On  voit  par  là  qu'une  base  soluble  peut  être  déplacée  dans  ses  sels  so- 
lubles  par  une  base  insoluble,  qui  entre  ainsi  en  dissolution,  contraire- 
ment aux  lois  de  Berthollet.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  tes  hydrocarbures  qui  prennent  naissance  dans  la 
distillation  des  acides  gras  bruts  en  présence  de  la  vapeur  d'eau  surchaujjée  ; 
par  MM.  A.  Cahocrs  et  E.  Demarcay. 

«  M.  Laurent,  l'habile  directeur  de  la  fabrique  de  bougies  stéariques 
de  M.  Fournier,  à  Marseille,  eut  l'obligeance  de  m'envoyer,  il  y  a  dix- 
huit  mois  environ,  plusieurs  échantillons  d'une  huile  volatile  qui  prend 
naissance  lorsqu'on  opère  la  distillation  des  acides  gras  bruts  dans  un  cou- 
rant de  vapeur  d'eau  surchauffée,  huile  qu'il  considérait  comme  renfer- 
mant les  hydrocarbures  des  pétroles  et  qu'il  mit  gracieusement  à  ma  dispo- 
sition sur  le  désir  que  je  lui  exprimai  de  les  étudier. 

»  Les  envois  successifs  de  M.  Laurent  se  composaient  : 

»  1°  D'un  estagnon  renfermant  10  à  12  litres  d'une  huile  sensiblement 
incolore  et  très-limpide,  bouillant  au-dessous  de  100  degrés; 

»  a°  De  trois  estagnons  d'une  capacité  de  24  à  25  litres  chacun,  conte- 
nant un  liquide  beaucoup  moins  volatil  et  légèrement  coloré. 


(   '569  ) 

u  J'entrepris  l'étude  de  ces  huiles  avec  la  collaboration  de  M.  E.  De- 
marçay,  l'un  de  mes  répétiteurs  à  l'École  Polytechnique,  bien  connu  pnr 
d'intéressants  travaux  sur  le  chlorure  de  titane  et  l'essence  de  camo- 
mille :  c'est  l'analyse  sommaire  de  ce  travail  que  nous  avons  l'honneur 
de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie. 

u  Le  liquide  le  plus  volatil,  qui  était  sensiblement  incolore  et  d'une  lim- 
pidité parfiiite,  mélangé  avec  le  quart  environ  de  son  poids  d'acide  sulfu- 
rique  concentré,  fut  introduit  dans  des  vases  d'une  capacité  de  ~  litre 
environ  qu'on  agita  vivement  à  plusieurs  reprises  en  ayant  soin  de  les 
bien  refroidir.  Après  des  agitations  répétées  et  une  digestion  de  trois  à 
quatre  heures  avec  l'acide,  le  liquide  clair  et  mobile  qui  surnageait  une 
liqueur  brune  et  visqueuse  fut  soutiré,  lavé  avec  une  solution  de  carbonate 
de  soude,  puis  à  l'eau  pure,  séché  par  une  digestion  de  vingt-quatre  heures 
sur  du  chlorure  de  calcium  anhydre  et  rectifié  dans  un  alambic  muni  d'un 
condenseur  maintenu  à  zéro,  pendant  toute  la  durée  de  la  distillation,  au 
moyen  de  la  glace  pilée. 

»  A  l'aide  de  rectifications  ménagées,  nous  parvînmes  k  extraire  du 
produit  ainsi  traité  trois  hydrocarbures  bien  définis  que  nous  débarras- 
sâmes des  dernières  traces  d'eau  qu'ils  pouvaient  retenir  par  une  digestion 
prolongée  sur  du  sodium.  Ces  trois  hydrocarbures  considérés  par  ordre  de 
volatilité  sont  : 

»  1°  Un  liquide  incolore  mobile  et  très-limpide,  bouillant  entre  32  et 
35  degrés,  dont  la  densité  est  de  0,626  à  la  température  de  i4  degrés. 

»  La  combustion  de  ce  produit,  au  moyen  de  l'oxyde  de  cuivre,  nous 
a  fourni  pour  sa  teneur  en  carbone  et  en  hydrogène  les  nombres  sui- 
vants : 

Calcul. 

Carbone 83,  i5  83,19 

Hydrogène 16,80  »6,8i 

gc),g5  100,00 

«  La  densité  de  sa  vapeur  a  été  trouvée  de 2,563 

•)  Le  calcul  donne 2,001 

0  Ce  produit,  qui  n'est  attaqué  ni  par  le  brome,  ni  par  les  acides  azoti- 
que et  sulfurique  concentrés,  isolés  et  réunis,  n'est  autre,  ainsi  que  le  dé- 
montrent l'analyse  élémentaire  et  la  détermination  de  sa  densité  sous  forme 
gazeuse,  que  l'hydrure  d'amyle 

Cnr-  —  l\  vol.  vap. 


(  'V  ) 

»  Nous  avons  retiré  du  liquide  rectifié  60  grammes  environ  de  cet  hy- 
drocarbure. Il  absorbe  rapidement  le  chlore  à  la  lumière  diffuse,  et  four- 
nil un  liquide  d'où  l'on  retire  par  la  rectification,  si  l'action  n'a  pas  été 
trop  prolongée,  un  produit  bouillaiit  vers  100  degrés,  qui  nous  a  présenté 
les  caractères  du  chlorure  d'amyle. 

»  2°  Un  liquide  incolore  très-mobile,  beaucoup  plus  abondant  que  le 
précédent  (nous  en  avons  retiré  à  peu  près  45o  grammes),  bouillant  entre 
68  et  70  degrés  et  dont  la  densité  est  de  0,667  à  i3  degrés. 

»  L'analyse  de  ce  produit  nous  a  donné  les  nombres  suivants  : 

Calcul. 

Carbone 83,63  83,72 

Hydrogène .      16,39  16,98 

99,99  100,00 

»  La  densité  de  sa  vapeur  a  été  trouvée  de 3, 060 

»  Le  calcul  donne 3,o38 

»  Ce  produit  n'est  donc  autre  que  l'hydrure  d'hexyie 

QiajjM  _  /jYol.  vap. 

»  Par  l'action  ménagée  du  chlore  sur  ce  produit,  nous  nous  sommes 
procuré  une  certaine  quantité  d'un  liquide  bouillant  entre  laS  et  128  de- 
grés dont  la  densité  est  de  0,895  à  i3  degrés,  et  qui  présente  tous  les  carac- 
tères du  chlorure  d'hexyie.  Traité  par  la  potasse  alcoolique,  ce  produit 
nous  a  donné  de  l'hexylène. 

»  3°  Enfin  un  liquide  incolore  et  très-mobile,  bouillant  entre  96  et 
98  degrés,  dont  la  densité  est  de  0,693  à  j  2  degrés.  L'analyse  de  ce  produit 
contrôlée  par  la  détermination  de  la  densité  de  sa  vapeur  qui  a  été  trouvée 

de 3,5/40 

démontre  de  la  manière  la  plus  nette  que  c'est  l'hydrure  d'heptyle 

C'^H'"=  4  vol.  vap. 

))  Le  calcul  donne  en  effet  le  nombre 3,522 

»  Ainsi  le  liquide  bouillant  au-dessous  de  100  degrés,  qui  provient  de  la 
décomposition  pyrogénée  des  acides  gras  bruis,  renferme  trois  des  hydro- 
carbures que  l'un  de  nous  avait  extrait,  en  collaboration  avec  M.  Pelouze, 
des  pétroles  d'Amérique,  et  présente  avec  eux  l'identité  la  plus  parfaite, 
savoir  :  les  h/drures  d'amjie,  d'hexyie  et  d'heptyle. 

»  Des  trois  eslaguons  renfermant  environ  75  litres  d'huile  brute,  moin:; 
volatile  que  la  précédente,  nous  sommes  parvenus  à  extraire,  j)ar  des  rec- 


(  '5:.  ) 

tifications  ménagées,  des  liquides  à  points  d'ébullitioii  de-  plus  en  plus 
élevés.  Ces  derniers,  traités  successivement,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  pré- 
cédemment, par  l'acide  snifiu'ique  concentré,  puis  par  le  carbonate  de 
soude,  lavés  à  l'eau,  sécliés  sur  du  chlorure  de  calcium  et  soumis  à  des 
distillations  fractionnées,  nous  ont  fourni  cinq  hydrocarbures  parfaitement 
définis  que  nous  avons  débarrassés  des  traces  d'eau  qu'ils  pouvaient  ren- 
fermer par  une  digestion  sur  du  sodium  bien  décapé.  Ces  hydrocarbures 
sont  : 

»    i"  De  Vhydrure  d'Iiepljle  identique  au  précédent. 

»  2°  De  Vhydrure  d'oclyle  bouillant  entre  1 18  et  120 degrés:  sa  densité  à 
l'état  liquide  est  représenlée  par  le  nombre  0,72^  à  la  température  de 
i3  degrés. 

»  La  densité  de  sa  vapeur  a  été  trouvée  de 3, 994 

ce  qui  s'accorde  avec  la  formule 

»  Le  calcul  donne  en  effet [\,o\S 

»  Traité  par  le  chlore,  cet  hydrocarbure  nous  a  fourni  un  liquide  bouil- 
lant à  182  degrés,  dont  la  densité  est  de  o,85o,  qui  présente  la  composition 
du  chlorure  d'octyle.  Ce  dernier,  chauffé  en  vase  clos  avec  luie  solution 
alcoolique  d'acétate  de  potasse,  nous  a  donné  de  l'acétate  d'octyle  bouil- 
lant entre  2o5  et  207  degrés. 

»  3"  hliydrure  de  nonjle  bouillant  entre  1 38  et  iZjo  degrés  :  sa  densité  à 
l'état  liquide  est  de  0,744  à  i3  degrés. 

»  La  densité  de  sa  vapeur  a  été  trouvée  de.   .    .■,.,.,    .....     4,475 
»  Le  calcul  donne 4)5o8 

»  4°  L'Iiydnire  de  décyle  bouillant  entre  i58  et  160  degrés:  sa  densité 
sous  forme  liquide  est  de  0,768  à  i4  degrés. 

»  La  densité  de  sa  vapeur  a  été  trouvée  de 4»97i^ 

»  Le  calcul  donne 5, 001 

»  5°  h'Iiydrure  d\indécyle,  botiillant  entre  176  et  178  degrés:  sa  densité 
à  l'état  liquide  est  de  0,770  à  i4  degrés. 

»  La  densité  de  sa  vapeur  a  été  trouvée  de 5,488 

»  Le  calcul  donne 5,5 1 4 

»   6°  Enfin  une  petite  quantité  d'un  liquide  limpide  bouillant  vers  200  de 
grés,  dont  la  densité  à  l'état  liquide  est  de  0,784  à  i4  degrés. 


(  >572  ) 

»  Sa  composition  centésimale  et  le  nombre  représentant  la  densité  de 
sa  vapeur  conduisent  à  le  considérer  comme  Thydrure  de  duodécyle. 

»  De  200  à  3oo  degrés,  températiu'e  à  laquelle  ont  passé  les  dernières 
portions ,  nous  n'avons  pas  constaté  de  point  d'arrêt  sensible  dans  la 
température  d'ébullition,  si  ce  n'est  vers  280  degrés.  A  celte  température 
nous  avons  recueilli  20  centimètres  cubes  environ  d'un  liquide  dont  la 
densité  est  de  0,846  à  i3  degrés.  La  proportion  de  ce  produit,  qu'une 
purification  ultérieure  eût  encore  amoindrie,  ne  nous  a  pas  permis  d'en 
prendre  la  densité  de  vapeur  ni  de  déterminer,  par  suite,  son  véritable 
équivalent;  mais  tout  nous  porte  à  croire  qu'il  n'est  autre  que  l'hydrure 
de  célfle 

Ca2fJ34 

»  I>a  comparaison  que  nous  avons  faite  de  ces  produits  avec  les  hydro- 
carbures extraits  antérieurement  par  l'un  de  nous  des  pétroles  d'Amérique 
dont  il  avait  conservé  quelques  échantillons,  tout  en  démontrant  l'identité 
parfaite  de  ces  composés,  tend  à  corroborer  l'opinion  qu'il  avait  émise,  que 
ces  pétroles  pourraient  bien  avoir  pour  origine  des  substances  renfermant 
le  carbone  et  l'hydrogène  sensiblement  dans  le  rapport  de  i  à  i  en  équi- 
valents, tels  que  les  corps  gras  et  les  composés  analogues. 

»  Ces  faits  confirment  en  outre  pleinement  les  prévisions  de  M.  Laurent, 
auquel  nous  adressons  nos  bien  vifs  remercîments  pour  l'empressement 
qu'il  a  mis  à  nous  procurer  les  divers  échantillons  dont  l'étude  pouvait 
nous  intéresser.   » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  les  éleclro-nimants  tubntaires  à  nojaux  multiples; 

par  M.  Th.  du  Moncel. 

«  Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie  le  i"  mars  dernier,  j'avais  rap- 
pelé quelques  expériences  que  j'avais  faites  en  1862  sur  les  électro-aimants 
tubulaires,  et  j'avais  indiqué,  entre  autres  résultats  importants,  que  ces 
électro-aimants  peuvent  avoir  la  même  énergie  que  les  électro-aimants 
massifs  de  même  diamètre,  si  l'on  a  soin  de  munir  letu-  extrémité  polaire 
d'un  bouchon  ou  d'une  rondelle  de  fer.  Les  électro-aimants  de  M.  Cama- 
cho  étant  venus  dans  ces  derniers  temps  un  peu  compliquer  la  question, 
j'ai  entrepris,  à  l'égard  des  électro-aimants  tubulaires  à  noyaux  multiples, 
une  nouvelle  série  de  recherches,  dont  je  vais  donner  aujourd'hui  à  l'Aca- 
démie un  premier  aperçu. 

»  Je  ferai  d'abord  observer  que,  dans  mes  expériences,  j'ai  toujours  em- 


(  >573  ) 
ployé,  pour  mesurer  l'énergie  électro-magnétique,  les  effets  de  l'attraction 
à  distance.  C'est  le  seul  moyen,  suivant  moi,  d'obtenir  des  mesures  exactes 
et  concordantes,  et  ce  sont  aussi  les  effets  qu'on  a  le  plus  d'intérêt  à  étu- 
dier, puisque  ce  sont  eux  qui  déterminent  les  actions  mécaniques  dans  les 
appareils  où  ces  organes  sont  employés.  Je  serais  porté  à  croire  que  l'at- 
traction au  contact  pour  les  électro-aimants  tubulaires  ne  se  comporte  pas 
toujours  de  la  même  manière  que  l'attraction  à  distance;  mais  j'examinerai 
plus  tard  ce  côté  de  la  question. 

»  L'électro-aimant  sur  lequel  j'ai  fait  mes  expériences  est  un  de  ceux 
qu'a  construits  M.  Camaclio.  Chaque  branche  se  compose  de  trois  noyaux 
tubulaires  introduits  l'un  dans  l'autre  à  une  distance  respective  de  2  milli- 
mètres et  d'un  noyau  central  plein,  le  tout  rivé  par  une  extrémité  à  une  cu- 
lasse de  fer  doux  de  8  centimètres  de  longueur  sur  3*^,  5  de  largeur  et  i  cen- 
timètre d'épaisseur.  Les  noyaux  tubulaires  ont  6",  5  de  longueur,  2  mil- 
limètres d'épaisseur,  et  le  noyau  central  a  un  diamètre  de  G  millimètres,  ce 
qui  donne  au  dernier  tube  un  diamètre  de  3  centimètres.  Chacun  de  ces 
noyaux  est  entouré  d'tuie  hélice  magnétisante  en  (il  de  enivre  de  -^  de  mil- 
limètre de  diamètre,  mais  la  dernière  hélice  fournit  cinq  rangées  de  spires, 
alors  que  les  antres  n'en  présentent  que  deux.  Les  bouts  du  fd  de  ces 
hélices  ressortetit  d'ailleurs  de  la  cidasse  de  l'électro-aimant,  et  peuvent 
être  réunis  de  manière  que  le  courant  passe  successivement  d'une  hélice 
à  l'autre  par  les  bouts  opposés,  ou  les  traverse  toutes  en  même  temps, 
conune  cela  a  lieu  quand  on  groupe  les  éléments  d'une  pile  en  tension  ou 
en  quantité. 

»  La  construction  de  ces  électro-aimants  étant  très-délicate,  il  est  diffi- 
cile d'obtenir  de  la  part  de  leurs  branches,  agissant  isolément,  les  mêmes 
conditions  de  force,  et,  pour  faire  la  part  de  cette  différence  d'action  dans 
les  effets  observés,  j'ai  dii  étudier  séparément  la  force  attractive  de  cha- 
cune de  ces  branches  et  celle  de  leius  noyaux.  D'un  autre  côté,  les  forces 
mesurées  ne  |)ouvant  être  comparables  que  sur  des  circuits  de  même  résis- 
tance, j'ai  dû  avoir  recours  à  un  galvanomètre  différentiel  et  à  un  rhéostat 
pour  équildirer  ces  résistances,  et  voici  comment  j'ai  disposé  l'expérience. 
»  Dans  un  des  circuits  correspondant  au  galvanomètre  différentiel, 
j'introduisais  une  résistance  constante  de  600  mètres  de  fil  télégraphique, 
et  dans  l'autre  un  rhéostat  auquel  correspondait  le  fil  de  mon  électro- 
aimant, puis  je  développais  sur  le  rhéostat,  au  moment  de  chaque  expé- 
rience, la  résistance  nécessaire  pour  maintenir  le  galvanomètre  à  zéro.  Or 
voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  avec  un  élément  Bunsen  de  moyen  mo- 

C.  R.,  1873,  i"-  Semestre.  (T.  LXXX,  N»  25.)  2o5 


(  >574  ) 
dèle,  en  répétant  les  expériences  deux  fois  dans  un  sens  opposé,  et  en 
estimant  les  forces  en  grammes  à  une  distance  attractive  de  i  millimètre  : 
naturellement  l'élecfro-aimant  réagissait  sur  l'armature  à  la  manière  d'un 
éleclro-aimant  boiteux,  quand  j'essayais  séparément  chaque  branche. 

Résistance  Résistance 

développée  des  Force 

Bobine  de  droite.  sur  le  rhéostat.  hélices.  attractive. 


er 


1°  Avec  toutes  les  hélices  réunies  bout  à  bout..  27,75  3i5,29  104 

2°  Avec  l'hélice  extérieure  seule 86,62  2*4 »23  4^ 

3°  Avec  la  troisième  hélice  seule 54, 00  4^ '9^  ^ 

4°  Avec  la  deuxième  hélice  seule 55,75  28,01  3 

5"  Avec  la  première  hélice  seule ^1 '^1  11, 33  i 

6"  Avec  le  circuit  simple 58, 5o  0,0  » 

7°  Avec  les  deux,  bobines  réunies 8,75  5io,02  Sao 

))  Je  ne  donnerai  pas  les  chiffres  se  rapportant  à  la  bobine  de  gauche, 
car,  les  hélices  intérieures  étant  mal  isolées,  l'hélice  extérieure  seule  exer- 
çait son  effet;  ces  chiffres,  d'ailleius,  n'auraient  aucun  intérêt.  Je  dirai 
seidement  que  la  résistance  de  l'hélice  extérieure  était  représentée  par 
192™,  17,  en  donnant  lieu  à  une  force  attractive  de  42  grammes,  et  que 
toutes  les  hélices  réunies  ne  présentaient  qu'une  résistance  de  if)4'"i73  avec 
une  force  attractive  de  44  grammes. 

»  Les  chiffres  qui  précèdent  permettent  déjà  de  déduire  une  conséquence 
assez  importante  :  c'est  que  la  force  développée  pat^  toutes  les  hélices  réunies 
est  près  de  deux  fois  plus  grande  que  celle  qui  résulte  de  leurs  actions  individuelles 
additionnées^laqudle  n'est  que  de  55  grammes.  Comme  on  ne  peut  admettre 
que  ces  actions  inrlividueiles  soient  alors  dans  de  plus  mauvaises  conditions 
par  rapport  aux  noyaux  magnétiques  et  pour  une  intensité  électrique  don- 
née, que  dans  le  cas  oii  l'hélice  magnétisante  serait  constituée  par  un  seul 
et  même  fil  enroulé  autour  d'un  noyau  massif,  il  faut  donc  en  conclure 
que  la  disposition  tubiilaire  avec  répartition  de  l'hélice  sur  plusieurs  noyaux 
est  éminemment  favorable  au  développement  de  la  force  électromagné- 
tique. A  quelle  cause  doit-on  attribuer  cette  supériorité?...  C'est  ce  que 
nous  allons  tâcher  d'éclaircir. 

»  Au  |)remier  abord,  quand  on  considère  que  l'action  magnétisante  ne 
peut  pénétrer  profondément  la  matière  magnétique,  ainsi  que  l'a  démontré 
M.  Jamin,  on  pourrait  croire  que  cette  cause  devrait  être  attribuée  à  une 
meilleure  utilisation  de  l'action  magnétisante,  qui  réagit  de  cette  manière 
sur  toute  la  masse  magnétique  du  noyau  ;  mais  cette  cause  n'est  évidem- 
ment pas  celle  qui  est  prépondérante,  puisque  la  somme  des  forces  déler- 


(  '575  ) 
minées  isolément  sur  le  noyau  divisé  est  loin  de  correspondre  à  colle  pro- 
duite par  l'action  simultanée  des  hélices.  Il  est  donc  une  autre  action  qui 
agit  puissamment  et  qui  doit  évidemment  se  rapporter  aux  réactions  réci- 
proques des  noyaux  magnétisés  les  uns  sur  les  autres  :  or,  pour  reconnaître 
cette  cause,  il  devenait  nécessaire  d'étudier  isolément  ces  différentes  ac- 
tions, et,  pour  y  arriver,  j'ai  dû  entreprendre  luie  série  d'expériences  ayant 
pour  but  de  déterminer  :  i°  la  polarité  des  différents  noyaux,  suivant  que 
j'aimantais  tel  ou,  tel  d'entre  eux;  2"  la  force  individuelle  développée  sur 
chacun  d'eux.  Ces  expériences  sont  assez  délicates,  en  raison  des  réactions 
multiples  qui  s'exercent  alors;  mais  je  suis  arrivé  à  les  isoler,  d'abord  en 
prenant  les  polarités  par  l'intermédiaire  de  longues  tiges  de  fer  que  j'ap- 
puyais par  un  des  bouts  sur  ces  différents  noyaux  et  dont  je  faisais  dispa- 
raître le  magnétisme  rémanent  après  chaque  expérience,  et  en  mesurant  la 
force  attractive,  non  plus  à  l'aide  de  l'armature  de  ma  balance  magnétique, 
qui  recevait  toutes  les  influences  à  la  fois,  mais  bien  par  le  décollage  d'un 
petit  cylindre  de  fer  doux  de  2  millimètres  de  diamètre,  que  j'appliquais 
par  le  bout  sur  ces  différents  noyaux  et  que  j'enlevais  par  l'intermédiaire 
d'une  balance. 

M  La  constatation  des  polarités  développées  au  moment  de  chacune  des 
expériences  dont  il  a  été  question  précédemment  m'a  démontré  que  tous 
tes  noj'aiix  placés  à  l'intérieur  d  un  tube  directement  macjnélisé  par  i hélice  cpti 
l'entoure  présentent  la  même  polatité  que  le  tuhe  lui-même,  mais  que  ceux  qui 
l 'enveloppent  extérieurement  sont  faiblement  polarisés  en  sens  contraire,  com  me 
cela  a  lieu,  du  reste,  dans  les  électro-aimants  tubulaires  simples  nuinis 
d'une  culasse  de  fer  à  l'une  de  leurs  extrémités.  Ces  effets  n'ont  d'ailleurs 
rien  que  de  très-naturel,  puisque  le  tube  envelop[)ant  constitue,  dans  ce 
cas,  l'épanouissement  du  pôle  déterminé  sur  la  culasse,  et  que  le  lube  ou 
les  tubes  enveloppés  sont  soumis  à  l'action  directe  des  solénoïdes,  soil  vol- 
taïque,  soit  magnétique,  qui  résultent  de  la  circulation  du  courant  à  travers 
l'hélice  et  de  l'aimantation  du  noyau  que  cette  hélice  recouvre.  Ainsi, 
quand  on  aimante  le  noyau  central  seul  de  l'électro-aimant  dont  nous 
avons  parlé,  s'il  se  développe  une  polarité  nord  à  son  extrémité  libre,  il  se 
produira  des  polarités  sud  sur  les  autres  noyaux  ;  si  c'est  au  contraire  l'hé- 
lice du  second  noyau  qui  est  traversée  par  le  courant,  ce  second  noyau  et 
le  noyau  central  seront  polarisés  nord,  tandis  que  le  troisième  et  le  qua- 
trième seront  polarisés  sud,  etc. 

«  I^es  forces  individuelles  de  ces  différents  noyaux  sont  un  pou  diffé- 
rentes, suivant  la  position  du   noyau  directement  magnétisé  par  l'hélice; 

2o5.. 


(  157(3  ) 
mais  la  différence  est  peu  sensible^  et  la  force  la  plus  énergique  correspond 
au  noyau  dont  l'hélice  est  mise  en  action.  Je  ne  parle,  bien  entendu,  que 
des  noyaux  enveloppés,  car  les  no/aux  enveloppants  ne  déterminent  aucune  at- 
traction sensible.  Dans  les  expériences  que  j'ai  onlrejjrises  avec  l'éiéinent 
Bunsen  dont  j'ai  déjà  parlé,  et  un  circuit  extérieur  sans  résistance,  les 
forces  attractives  des  noyaux  ainsi  aimantés  ont  pu  atteindre  de  85o  à 
gSo  grammes;  mais  une  chose  importante  à  constater  c'est  que,  quand  le 
coiu-ant  passe  à  travers  toutes  les  hélices  à  la  fois,  la  partie  centrale,  contrai- 
rement à  ce  cpd  arrive  avec  un  noyau  massif,  devient  le  centre  d'action.  C'est 
ce  dont  on  peut  s'assurer  en  suspendant  le  petit  cylindre  de  fer  à  2  ou 
3  millimètres  au-dessus  de  la  branche  expérimentée  de  l'électro-aimant. 
Quand  le  courant  passe  à  travers  toutes  les  hélices,  ce  cylindre  est  atiiré 
vers  le  noyau  central;  au  contraire,  quand  il  passe  à  travers  une  seule 
de  ces  hélices,  le  cylindre  se  dirige  vers  le  tube  qni  correspond  à  cette 
hélice. 

»  On  peut,  ce  me  semble,  conclure  de  ces  expériences  que,  indépendam- 
ment de  l'action  propre  exercée  par  les  hélices  intérieures,  la  magnétisation 
d'un  seul  des  nojaux  suffit  pour  entraîner  celle  de  tous  les  no/aux  qu'il  enve- 
loppe, et  cette  action,  se  répétant  pour  chacun  d'eux  quand  le  courant  tra- 
verse simultanément  toutes  les  hélices,  il  en  résulte,  du  moins  pour  les 
noyaux  intérieurs,  une  superposition  d'actions  magnétiques  effectuées  dans 
le  même  sens,  qui  fournit  naturellement  son  effet  maximum  sur  le  noyau 
central,  puisqu'il  est  enveloppé  par  tous  les  autres.  Maintenant  l'action 
seule  d'un  noyau  magnétisé  sur  les  noyaux  qu'il  enveloppe  donne-t-elle 
lieu  à  une  force  magnétique  plus  grande  que  si  le  noyau  est  massif?...  C'est 
ce  que  l'expérience  ne  démontre  pas.  En  elfet,  en  prenant  le  tube  de  fer 
qui  m'avait  servi  pour  mes  expériences  de  1862  et  en  le  soumettant  à  ma 
balance  magnétique  d'abord  seul,  puis  avec  un  cylindre  de  fer  le  remplis- 
sant en  totalité,  |Hiis  avec  deux  petits  cylindres  de  o^jOoô  et  de  o"',oo8, 
laissant  entre  eux  et  les  parois  du  tube  un  intervalle  de  2  millimètres  et  de 
-|  millimètre,  j'ai  oljlenu  les  résultats  suivants  : 

Pile  do  Bunsen       PiledeDaniell 

Attractions  à  2  et  à  i  millimùtiu.  Je  i  élément.       de  12  clôiiienls. 

I"  Avec  le  tube  seul Sn^''  21^' 

2"  Avec  le  tube  rempli  par  le  cylindre  de  fer 4?  3o 

3°  Avec  le  tube  muni  du  noyau  de  ô"',oo6 ^5  2(3 

4°  Avec  le  tube  uuini  du  noyau  de  o'^jOoS    »  au 

5"  Avec  le  tube  muni  d'un  bouchon  de  fer >•  3o 

8"  Avec  le  noyau  massif 4^  3i 


(  i577  ) 

»  En  adaptant  une  masse  de  fer  au  pôle  inaclif  et  réunissant  par  consé- 
quent magnétiquement  le  noyau  central  avec  le  tube  comme  dans  l'électro- 
aimant  Camacho,  la  force  est  devenue,  dans  un  cas,  88  grammes,  et  dans 
l'autre  63  grammes;  mais  elle  a  atteint  exactement  les  mêmes  chiffres  avec 
le  noyau  massif.  Ce  n'est  donc  pas  à  la  division  du  noyau  magnétique 
en  plusieurs  noyaux  que  les  électro-aimatits  dont  nous  parlons  doivent 
leur  plus  grande  énergie,  mais  bien,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  à  la  superposi- 
tion des  effets  magnétiques  que  ces  différents  noyaux  développent  par 
suite  de  leur  réaction  mutuelle  quand  ils  sont  magnétisés  parleur  hélice,  et 
surtout  à  ce  que  ce  genre  de  réactions  augmente  les  effets  magnétiques 
dans  une  proportion  infiniment  plus  grande  que  ne  le  feraient  supposer  les 
polarités  magnétiques  provoquées  isolément.  J'étudierai,  du  reste,  dans 
une  prochaine  Communication,  ce  côté  de  la  question. 

»  Pour  me  rendre  compte  de  l'influence  que  peut  exercer  sur  les  effets 
des  électro-aimants  tubulaires  à  noyaux  midtiples  la  satiu-ation  plus  ou 
moins  grande  de  ces  noyaux,  j'ai  répété  les  expériences  dont  j'ai  parlé  au 
commencement  de  cette  Note,  avec  un  élément  Daniell  et  un  élément 
Bunsen,  n'introduisant  dans  le  circuit  aucune  résistance  artificielle;  j'ai 
obtenu  les  résultats  suivants  avec  une  dislance  attractive  de  3  millimètres 
quand  j'employais  l'élément  Bunsen,  et  une  distance  de  i  millimètre  avec 
l'élément  Daniell. 

Élément  Élément 

Daniell.  Bunsen. 

1°  Avec  les  deux  bobines  réunies , ^tE''  182 

2°  Avec  toutes  les  hélices  réunies  de  la  bobine  de  droite 27  167 

3"  Avec  l'hélice  extérieure  seule                   »                     ....  10  162 

4°  Avec  les  hélices  i,  2  et  3  réunies             «                      ...  4  '5o 

5°  Avec  l'hélice  n°  3  seule i  i^o 

6"  Avec  l'hélice  n°  2  seule o  5a 

7"  Avec  l'hélice  n"  i  seule o  5 

»  Ces  chifires  montrent  effectivement  que  les  effets  avantageux  des 
électro-aimants  dont  nous  parlons  sont  plus  manifestes  avec  une  sattuation 
magnétique  faible  qu'avec  une  forte;  mais  il  y  a  lieu  de  considérer  que,  la 
résistance  de  l'élément  Daniell  étant  beaucoup  plus  grande  que  celle  de 
l'élément  Bunsen,  les  variations  de  résistance  des  hélices  se  font  moins  sen- 
tir dans  un  cas  que  dans  l'autre.  Il  faut  aussi  tenir  compte  des  conditions 
de  maximum  de  force  des  électro-aimants  qui  ont  été  à  peu  près  remplies 
dans  les  premières  expériences  et  qui  ne  l'ont  pas  été  dans  les  secondts.  11 
en  résulte  que  la  force  des  deux  bobines  avec  l'élément  Bunsen  est  relati- 


(  i578  ) 
vement  trop  faible  et  que  la  force  en  rapport  avec  l'hélice  extérieure  est 
relativement  trop  forte.  On  reconnaît,  toutefois,  que,  malgré  l'accroisse- 
ment considérable  d'énergie  que  les  attractions  individuelles  des  différents 
noyaux  ont  acquis  par  suite  de  la  réduction  de  la  résistance  du  circuit, 
c'est  encore  la  disposition  avec  la  réunion  de  toutes  les  hélices  qui  donne 
le  plus  de  force.  » 

THERMODYNAMIQUE.  —  Note  accompagnant  la  présentation  du  tome  I  de 
«  l'Exposition  analjlique  et  e.rpérimentale  de  la  Théorie  mécani(jue  de  la 
chaleur  ^i;  par  M.  Hirn. 

«  Quoique  cet  ouvrage  paraisse  sous  le  nom  de  troisième  édition,  il 
constitue  pourtant  en  réalité  un  livre  nouveau,  presque  en  tous  points. 

»  L'un  des  buts  que  je  me  suis  proposés,  entre  autres,  a  été  de  dégae;er 
la  Thermodynamique  des  hypothèses  métaphysiques  qui  l'ont  accompagnée 
presque  dès  sa  naissance,  et  qui  ont  fini  par  faire  corps  avec  elle,  à  ce  point 
que  beaucoup  de  personnes,  faisant  sans  s'en  douter  un  cercle  vicieux,  se 
sont  persuadé  qu'elle  constitue  la  consécration  de  ces  hypothèses.  Entre 
les  principes  fondamentaux  de  cette  doctrine,  entre  les  propositions  nom- 
breuses et  rigoureuses  qu'on  tire  mathématiquement  de  ces  principes,  et 
une  hypothèse  quelconque  sur  la  nature  de  la  chaleur,  il  n'y  a  pas,  à  mon 
avis,  plus  de  rapport  qu'il  n'en  existe  entre  l'Astronomie  et  les  hypothèses 
par  lesquelles  on  a  essayé,  à  plusieurs  reprises,  d'expliquer  la  nature  de  la 
gravitation. 

»  Tout  en  recourant  largement  à  l'Analyse  mathématique,  lorsque  c'était 
nécessaire  ou  utile,  j'ai  pourtant  laissé  la  plus  grande  part  possible  aux 
données  de  l'expérience,  qui  sont  l'assise  fondamentale  de  nos  sciences  mo- 
dernes. J'ai  évité  surtout  de  faire  de  V Algèbre  quand  même,  et  de  bâtir  des 
équations  qui  s'accommodent  d'un  principe  de  Physique  aussi  bien  que  du 
principe  précisément  contraire,  de  telle  sorte  qu'à  l'occasion  on  peut  tou- 
jours en  tirer  les  résultats  auxquels  conduit  l'expérience,  à  la  seule  condi- 
tion qu'on  les  connaisse  à  l'avance. 

»  Je  me  suis  fait  une  règle  de  ne  fonder  aucune  équation  empirique 
nouvelle^  et  de  ne  recourir  qu'à  celles  qui  sont  généralement  connues,  mais 
à  titre  d'auxiliaires  seulement.  Tous  mes  efforts  ont  tendu  à  substituer  aux 
lois  empiriques  si  nombreuses  aujourd'hui,  et,  j'ajoute,  si  ficiles  à  bâtir, 
de  vraies  lois  naturelles  et  rationnelles,  fussent-elles  même,  pour  le  moment, 
moins  exactes  numériquement.  J'ai  eu  la  satisfaction  de  réussir  plusieurs 


(  '579  ) 
fois  en  ce  sens,  surtout  dans  la  division  que  j'ai  appelée  deuxième  branche 
de  la  Theimodynamique ,  e\.  qui  formera  la  dernière  moitié  du  tome  II  sous 
presse. 

»  Ce  tome  I  renferme  les  démonstrations  et  les  développements  des  deux 
propositions  fondamentales  de  la  Thermodynamique.il  renferme, en  outre, 
les  théories  des  gaz  (supposés  parfaits),  des  vapeurs  saturées  et  des  vapeurs 
surchauffées.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Influence  de  l'air  comprinié  sur  les  fermentations. 
Mémoire  de  M.  P.  Bert.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Chevreul ,  Cl.   Bernard,  Fremy,   Pasteur,  Trécui, 

Berthelot.) 

«  J'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie  (^Comptes 
rendus,  t.  LXXYI,  p.  443  et  149'^;  (•  LXXVII,  p.  53 1)  une  série  d'expé- 
rie!)ces  desquelles  il  résulte  que  l'air  comprimé  à  un  certain  degré  tue 
rapidement  tous  les  êtres  vivants.  J'ai  montré  que  cette  action  redou- 
table est  due  non  à  la  pression  de  l'air,  considéré  comme  agent  physico- 
mécanique, mais  à  la  tension  de  l'oxygène  comprimé.  Enfin  j'ai  fait  voir 
que,  sous  l'influence  de  l'oxygène  à  forte  tension,  les  combustions  corréla- 
tives au  mouvement  vital  sont  diminuées  ou  même  supprimées  ;  qu'en 
un  mot  une  oxygénation  trop  forte  des  tissus  en  empêche  l'oxydation. 

»  J'ai  été  ainsi  amené  à  étudier  les  effets  de  l'air  comprimé  sur  les  fer- 
mentations, et  ce  sont  ces  expériences  dont  je  viens  rendre  compte  au- 
jourd'hui. 

»  Fermentations  proprement  dites.  —  Parmi  ces  fermentations,  qui  sont 
liées  dans  l'état  régulier  des  choses  au  développement  d'êtres  vivants,  l'une 
des  plus  intéressantes  est  la  putréfaction,  due,  comme  l'a  montré  M.  Pas- 
teur, à  l'action  d'animalcules  du  groupe  des  vibrions.  Or  l'air  comprimé, 
suivant  la  pression  à  laquelle  on  l'emploie,  ralentit  ou  arrête  et  la  putréfac- 
tion et  les  oxydations  qui  l'accompagnent.  On  me  permettra  de  citer  deux 
exemples  : 

1.  Un  morceau  de  muscle  (gS  grammes)  est  soumis,  du  29  juillet  au  3  août,  à  une  ten- 
sion d'oxygène  correspondant  ii  >3  atmosphères  d'air;  au  bout  de  ce  temps,  il  ne  présente 
aucune  odeur,  et  il  n'a  consommé  que  38o  centimètres  cubes  d'o,\ygène.  Un  morceau 
semblable,   suspendu  au  sommet  d'une  cloche  pleine  d'air  à  la  pression  normale,  répand 


(  i58o  ) 

une  odeur  infecte  et  est  couvert  de  moisissures;  il  a  consommé  tout  l'oxygène  de  la  cloche, 
c'est-à-dire  1 185  centimètres  cubes. 

»  Portons  plus  haut  la  pression,  et  les  oxydations  s'arrêteront  coniplé- 
tenient  : 

»  Du  19  décembre  au  8  janvier,  un  morceau  de  muscle  (45  grammes)  est  soumis  à  une 
tension  d'oxygène  correspondant  à  44  atiaosplièns  d'air  (10  atmosphères  d'un  air  à  88 
pour  100  d'oxygène).  Au  bout  de  ce  temps,  il  n'exhale  aucune  odeur;  il  n'a  pas,  pendant 
ces  vingt  jours,  absorbé  trace  d'oxygène,  ni  formé  trace  d'acide  carbonique.  Un  semblable 
fragment,  maintenu  dans  l'air  ordinaire,  à  la  pression  normale,  est  en  putréfaction  com- 
plète, et  a  consommé  3''', 5  d'oxygène. 

»  La  viande  ainsi  soumise  à  l'air  comprimé  garde  son  aspect,  sa  fermeté, 
sa  structure  histologique  ;  la  couleur  seule  a  changé,  et  est  devenue  d'iui 
jaune  ambré.  J'ai  pu  manger  des  côtelettes  de  mouton  conservées  ainsi  de- 
puis un  mois  dans  l'oxygène  comprimé  correspondant  à  44  atmosphères 
d'air;  elles  avaient  simplement  un  goût  un  peu  fade. 

»  Lorsqu'on  a  retiré  de  l'air  comprimé  les  flacons  oij  est  contenue  la 
viande,  qui  se  trouve  ainsi  ramenée  à  la  pression  normale,  cette  viande  se 
conserve  encore  indéfiniment  sans  s'altérer;  mais  il  faut  se  hâter  de  bou- 
cher les  flacons,  avec  des  précautions  dont  je  ne  puis  ici  indiquer  le  dé- 
tail; car,  si  l'on  y  laisse  rentrer  des  poussières  de  l'air,  la  putréfaction  com- 
mence immédiatement  son  œuvre.  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux 
de  l'Académie  un  flacon  dans  lequel  se  trouve  une  lamelle  de  viande  ayant 
conservé,  sauf  la  couleur,  sou  apparence  normale,  qui  n'exhale  aucune 
odeur  et  qui  a  été  ramenée  à  la  pression  normale,  le  21  juillet  1874,  après 
im  séjour  d'un  mois  dans  l'air  suroxygéné  comprimé  à  i5  atmosphères. 

»  Je  crois  pouvoir  conclure  de  ces  Aiils  que  l'oxygène,  sous  une  tension 
suffisante,  tue  les  vibrions  capables  d'engendrer  la  putréfaction  (j'ajou- 
terai :  sous  la  condition  que  ces  vibrions  soient  mouillés),  sans  faire  perdre 
à  la  viande  sa  putrescibilité. 

»  Ce  que  je  viens  de  dire  de  la  viande  est  vrai  de  toutes  les  matières  or- 
ganisées. Je  présente  à  l'Académie  lui  oeuf  battu,  qui  a  été  soumis  du 
28  mai  au  26  juin  à  l'action  de  l'air  comprimé,  et  qui  a  gardé  son  aspect 
normal;  le  témoin  est  verdâtre,  noir  par  places,  couvert  de  moisissures 
avec  une  odeur  horrible. 

»  I^es  altérations  de  l'urine  sont  également  à  tout  jamais  arrêtées  par 
l'action  de  l'air  comprimé,  comme  le  montre  ce  flacon,  où  l'urée  est  restée 
dans  sa  proportion  ])remière. 

»   Poiu'levin,  mêmes  résultats,  alors  même   qu'on  a  semé  à  la  siu  face 


(   i58i   ) 
une  couche  de  mycodermes  vini  ou  accti.  La  richesse  en  alcool  et  en  acide 
acétique  ne  varie  pas,  et,  si  la  pression  n'a  pas  été  trop  forte  ou  trop  pro- 
longée, il  prend  un  goût  de  vieilhssement  agréable. 

»  Je  mets  enfin  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  flacons  contenant  de- 
puis plusieurs  mois  des  substances  très-altérables  (jjain  mouillé,  amidon 
cuit,  fraises,  cerises,  etc.),  qui  sont  restées  parfaitement  saines. 

»  L'air  comprimé  empêche  également  le  lait  de  se  putréfier,  mais  non  de 
se  coagider.  Cela  tient  probablement  à  la  rapidité  de  la  coagidation,  parce 
qu'd  faut  un  certain  temps  à  l'air  comprimé  pour  agir. 

»  La  \iande,  les  œufs  soumis  à  l'action  de  l'oxygène  à  forte  tension 
prennent  à  la  longue  une  réaction  nettement  acide,  qui  paraît  due  à  de 
l'acide  lactique;  pour  les  substances  amylacées,  il  semble  s'y  joindre  de 
l'acide  acétique  et  de  l'acide  formique;  mais  les  quantités  de  matière  dont 
je  disposais  étaient  trop  faibles  pour  me  permettre  d'élre  affirmatif  sur  ce 
point,  qui  appelle  de  nouvelles  recherches. 

»  Fcrmentalioiis  diastnsiques.  —  J'ai  étudié  la  salive,  le  suc  pancréa- 
tique, la  diastase  végétale,  la  pepsine,  la  myrosine,  l'émulsine,  le  ferment 
inversif  de  la  levure  de  bière. 

»  Ces  substances  continuent  à  agir  pendant  la  compression  (cela  ne  peut 
se  constater  que  pour  les  diastases  et  l'amidon  cru,  les  autres  réactions  étant 
instantanées).  Au  sortir  de  l'air  comprimé,  elles  ont  conservé  tout  leur  pou- 
voir. Bien  mieux,  si  l'on  ferme  alors  les  flacons  qui  les  contiennent,  elles  y 
restent  sans  s'altérer  pendant  un  temps  illimité  ;  voici  des  tubes  renfermant 
depuis  quatre  mois  de  la  myrosine  et  de  l'émulsine,  qui  possèdent  toute 
leur  vertu,  tandis  que  dans  les  tubes  sur  lesquels  la  compression  n'a  point 
agi  elles  ont  été  envahies  et  détruites  par  les  moisissures.  Évidemment 
l'air  comprimé,  ayant  tué  celles-ci,  a  ainsi  protégé  le  ferment  soluble, 

))  Voici  donc  un  moyen  simple  et  sûr  de  conserver  indéfiniment  à  l'élat 
naturel  des  matières  qui,  comme  le  suc  obtenu  par  l'écrasement  des  glandes 
salivaires  et  pancréatiques  ou  de  la  muqueuse  stomacale  des  animaux  de 
boucherie,  pourraient  rendre  de  grands  services  à  la  thérapeutique. 

»  Conclusions.  —  i°  L'oxygène  à  forte  tension  arrête  les  fermentations 
proprement  dites,  qui  ne  reparaissent  plus  quand  on  rétablit  la  pression 
normale  :  il  tue  les  êtres  ferments. 

»  2°  Il  est  sans  action  appréciable  sur  les  ferments  diastasiques,  qu'd 
permet  même  de  conserver  actifs  pendant  un  temps  illimité. 

»  On  comprend  que  cette  méthode  nouvelle  d'analyse  pourra  être  utile- 

C.R..  1875,  I"  Semestre.   (T.  LXXX,  N"  25.)  2o6 


(  i582  ) 
ment  appliquée  à  l'étude  de  problèmes  qui  divisent  encore  les  physiolo- 
gistes. Le  sang  charbonneux,  le  sang  des  maladies  infectieuses,  les  liquides 
pathologiques,  les  virus,  les  venins,  doivent-ils  leur  action  à  des  corpus- 
cules analogues  aux  vrais  ferments,  ou  à  une  altération  des  liquides  agis- 
sant à  la  manière  d'un  ferment  diastasique?  Les  résultats  constatés  après  le 
séjour  dans  l'air  comprimé  devront  apporter  sur  cette  question  des  lumières 
nouvelles,  n 

M.  Trécul,  à  la  suite  de  la  Communication  de  M.  Bert,  fait  les  re- 
marques suivantes  : 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  faire  observer  que  les 
faits  intéressants  que  M.  Bert  vient  de  décrire  ne  sont  point  en  conlradic- 
lion  avec  les  opinions  que  je  soutiens  depuis  longtemps.  En  effet,  les  phé- 
nomènes héîérogéniques,  que  j'ai  exposés  si  souvent,  ne  s'accomplissent  que 
dans  des  liquides  contenant  des  matières  organisées  vivantes  en  dissolution, 
ou  dans  le  protoplasma  contenu  à  l'intérieur  de  cellules  vivantes  mises  en 
macération. 

»  Dans  les  expériences  de  M.  Bert,  les  matières  organisées  étant  tuées, 
tout  phénomène  vital  cessant  sous  l'influence  d'une  très-forte  pression,  il  est 
clair  qu'aucun  phénomène  hétérogénique,  tel  que  ceux  que  j'ai  décrits,  ne 
peut  avoir  lieu.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ASTI\ONOMIE.   —   Mémoire  sur  le  mouvement  de  rotalion  de  la  Terre; 
par  M.  E.  Mathieu.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  laSection  d'Astronomie.) 

(c  L'étude  du  mouvement  de  rotation  de  la  Terre  peut  se  partager  en 
deux  parties.  On  peut,  en  effet,  examiner  le  mouvement  absolu  de  l'axe  de 
rotation  de  la  Terre  par  rapport  à  la  sphère  céleste,  et  l'on  obtient  ainsi  les 
phénomènes  de  la  précession  des  équinoxes  et  de  la  nutation  de  l'axe  ter- 
restre. Cette  question  a  été  traitée,  avec  toute  l'approximation  désirable, 
par  M.  Serret  [Annales  de  l'Observatoire,  t.  V,  iSSg),  et  je  ne  m'en  occupe 
pas  dans  ce  travail.  En  second  lieu,  on  peut  rechercher  le  mouvement  de 
cet  axe  de  rotation,  par  rapport  à  la  Terre,  ou  le  déplacement  des  pôles  à 


(  i583  ) 
sa  surface,  et  déterminer  la  vitesse  de  rotation  autour  de  cet  axe.  Cette 
question  m'a  semblé  susceptible  de  nouvelles  recherches,  et  c'est  à  sa  solu- 
tion que  se  rapporte  ce  Mémoire. 

»  Les  formules  de  perturbation  du  mouvement  de  rotation  d'un  corps 
solide,  qui  n'est  sollicité  que  par  des  forces  perturbatrices,  sont  exactement 
les  mêmes  qne  les  formules  de  perturbation  du  mouvement  d'une  planète. 
Dans  un  Mémoire,  dont  un  extrait  a  paru  dans  les  Comptes  rendus  (lo  mai 
dernier)  et  qui  paraîtra  bientôt  dans  le  Journal  de  Matliématiques,  j'ai  expli- 
qué d'où  provient  cette  coïncidence  et  j'y  ai  donné  le  théorème  général  sur 
lequel  elle  repose. 

»  Poisson  rappelle  cette  propriété  remarquable  dans  la  préface  de  son 
Mémoire  sur  la  rotation  de  la  Terre  autour  de  son  centre  de  (gravité  [Mémoires 
de  V Académie  des  Sciences,  t.  VII,  1827),  et  cependant  il  préfère,  pour  faire 
ses  calcnls,  substituer  aux  formules  précédentes  un  système  d'autres  for- 
mules assez  différent.  La  démonstration  que  je  donne  de  l'invariabilité  du 
jour  sidéral,  et  qui  est  fondée  sur  le  théorème  général  dont  j'ai  parlé,  dif- 
fère entièrement  de  celle  de  Poisson;  mais  les  deux  démonstrations  ne  se 
séparent  pas  seulement  par  la  forme,  car  Poisson,  pour  simplifier  ses  cal- 
culs, fait  une  supposition,  qu'il  regarde  comme  suffisamment  approchée  et 
qui  n'esî  pas  admissible  •  elle  consiste  à  regarder  les  orbites  du  Soleil  et  de 
la  Lune,  qui  troublent  le  mouvement  de  rotation  de  la  Terre,  comme  cir- 
culaires et  situées  dans  un  même  plan.  Or  je  montre  que  cette  recherche 
exige  trop  de  précision  pour  que  l'on  puisse  négliger  dans  la  fonction  per- 
turbatrice les  termes  qui  sont  multipliés  par  les  excentricités  des  deux 
orbites  et  par  leurs  inclinaisons  sur  un  écliptique  fixe. 

»  Mon  analyse  serait  beaucoup  simplifiée  par  chacune  des  hypothèses 
suivantes,  mais  surtout  par  la  première  et  la  troisième: 

»    i"  Si  l'on  supposait  que  la  Terre  est  exactement  de  révolution; 

»  2"  Si  Ion  regardait  la  différence  d'aplatissement  de  ces  deux  hémi- 
sphères comme  tout  à  fait  négligeable; 

»  3"  Si  l'on  pouvait  considérer  les  orbites  du  Soleil  et  de  la  Lune  comme 
circulaires  et  situées  dans  un  même  plan  fixe. 

»  La  troisième  supposition,  comme  je  l'ai  dit,  ne  peut  être  admise,  mais, 
pour  la  première  et  la  seconde  hypothèse,  elles  auraient  plus  de  raison 
d'être  faites;  car  on  ne  peut  douter  qu'elles  n'approchent  beaucouji  de  la 
réalité.  Il  y  a  cependant  un  intérêt  à  ne  pas  faire  non  plus  a  priori  la  pre- 
mière hypothèse,  afin  de  démontrer  par  la  comparaison  des  résultats  de 

206.. 


(   i5S/,  ) 
l'analyse  avec  l'observation  que  la  quantité  — - — ?  où  A  et  B  désignent  les 

deux  plus   petits  moments  principaux  d'inertie  par  rapport  au  centre  de 
gravi'.é,  est  une  très-petite  quantité. 

»   En  effet,  il  send)le  résulter  des  observations  du  pendule  en  différents 

points  de  la  Terre  que  la  quantité — ^—  est  notablement  plus  petite  que  le 

nombre  qui  exprime  l'aplatissement  des  pôles.  Cependant,    à  cause  des 
nombreuses  irrégularités  de  la  surface  du  globe,  la  démonstration  de  la 

B A  ,         . 

petitesse  de  — - — à  l'aide  du  pendule  exigerait  un  très-grand  nombre  d'ob- 
servations, faites  en   plusieurs  points  de  divers  méridiens,  qu'il  faudrait 

A 


B 


ensuite  soumettre  au  calcul.  Mais  la  véritable  méthode  pour  calculer 

réside  dans  la  lliéorle  actuelle,    et  je  démontre  que,  si  l'on   admet  que 
la  latitude  d'un  lieu   de  la  Terre   ne   peut  changer  de  2  secondes  dans 

un  espace  de  temps  moindre  que  l'année,  il  en  résuhe  que  le  rapport  — — — 
est  plus  petit  qu'un  millionième.  » 

PHYSIQUE.  —  Etude  (les  décharges  électriques  dam  les  fils  métalliques  fins. 

Note  de  M.  Melsens. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Paratonnerres.) 

«  Ces  études  se  rattachent  à  la  question  des  paratonnerres  à  conducteurs 
multiples.  J'ai  démontré  en  i865  (i)  que  l'étincelle  des  batteries  se  divise 
entre  tous  les  conducteurs  mélalliques  qu'on  hii  présente,  qu'il  en  est  de 
même  pour  l'étincelle  de  la  grande  bobine  de  Ruhmkorff.  Eu  vue  des  pa- 
ratonnerres à  conducteius  multiples,  j'ai  repris  quelques  expériences  avec 
une  excellente  machine  de  Hollz  construite  par  M.  Ruhmkorff;  j'ai  confirmé 
complètement  mes  anciennes  expériences.  Il  y  a  plus,  j'ai  pu  allonger  le 
conducteur  du  diamètre  le  plus  faible,  y  introduire  des  résistances  de  plu- 
sieurs milliers  d'unités  de  Siemens  et  constater  encore  avec  une  plus  grande 
facilité  qu'une  partie  du  courant  instantané  passe  i)ar  un  pareil  conduc- 
tein-.  J'ai  même  pu  y  intercaler  de  longues  colonnes  d'eau  ordinaire,  d'eau 


(l)  Bulletin  de  l'Acadcmic  Rojalc  de  Belgique,   t.  XX,  et   Comptes  rendus  des  séunces 
de  V Académie  des  Sciences,  I.  LXI,  y.  84. 


(  i585  ) 
distillée,  de  terre  humide,  de  sable  sec  et  de  gaz  divers,  secs  on  humides, 
sans  que  le  phénomène  essentiel  en  fût  modifié,  à  la  condition  expresse, 
cependant,  que  les  deux  extrémités  des  fils  conducteurs  fussent  mises  en 
contact  avec  les  deux  pôles  entre  lesquels  l'écoulement  de  l'électricité  se 
produit,  ou  en  fussent  très-rapprochées,  au  moins. 

))  L'appareil  dont  je  me  suis  servi  est  le  même  que  celui  que  j'ai  employé 
en  i865,  mais  le  nombre  de  fils  fins  a  été  considérablement  augmenté;  les 
fils  de  fer  les  plus  fins  n'ont  que  y2_  de  millimètre  de  diamètre.  C'est  dans 
un  fil  pareil  de  200  mètres  de  longueur,  fixé  sur  des  montants  de  verre,  que 
j'introduis  les  résistances  :  rhéostats,  colonnes  d'eau,  etc.,  précités.  Les 
tubes  de  verre,  etc.,  préparés  d'avance,  renferment  la  matière  sur  laquelle 
on  veut  expérimenter;  ils  sont  fermés,  à  leurs  extrémités,  par  des  bouchons 
traversés  par  un  fil  de  cuivre  portant  une  sphère  de  plomb  de  la  grosseur 
d'une  balle  de  pistolet  de  tir.  Celle-ci  se  trouve  au  centre  du  tube  et  ne 
touche  pas  les  parois.  On  se  contente  de  tortiller  les  extrémités  des  200  mè- 
tres de  fil  sur  le  cuivre  qui  dépasse  le  bouchon.  Dans  tous  les  cas,  je  con- 
state le  passage  des  courants  instantanés  ou  de  l'électricité  de  tension. 

»  J'ai  prouvé,  il  y  a  dix  ans,  que  l'étincelle  de  la  grande  bobine  de 
Ruhmkorff  passe  aussi  facilement  par  des  conducteurs  de  mêmes  dimen- 
sions, soit  en  cuivre,  soit  en  fer.  Je  n'avais  opéré  que  sur  des  conducteurs 
de  faible  longueur.  J'ai  voulu  répéter  l'expérience  avec  des  conducteurs  au 
moins  aussi  longs  que  ceux  de  nos  paratonnerres.  A  cet  effet,  je  soude, 
dans  une  sphère  en  laiton,  un  fil  de  cuivre  de  100  mètres  et  un  fil  de  fer  de 
200  mètres  environ,  ayant  tous  les  deux  très-exactement  le  même  diamètre, 
—  de  milliiiièlre.  De  cette  sphère  ils  se  rendent,  chacun  isolément,  sur  de 
lonss  montants  de  verre  sur  lesquels  on  les  fixe  en  maintenant  un  écarte- 
ment  convenable  entre  chaque  fil.  Les  extrémités  libres  sont,  à  leur  tour, 
soudées  chacune  dans  une  sphère  de  laiton.  Une  étincelle  qui  frap|)e  la 
sphère  renfermant  les  deux  fils  se  partage  entre  eux  de  telle  façon  que,  si 
l'on  place  les  deux  autres  sphères  à  égale  distance  d'un  conducteur  en 
contact  avec  le  pôle  opposé  de  la  machine  de  Holtz  ou  de  la  bobine  de 
Ruhmkorff,  l'étincelle  parcourra  les  deux  conducteurs  ou  l'un  d'eux,  s'il 
oflre  une  résistance  beaucoup  moindre.  J'ai  mesuré  cette  résistance  pour  le 
courant  produit  par  2  éléments  Leclanché;  le  fil  de  cuivre  correspondait 
à  540  unités  Siemens,  et  le  fil  de  fer  à  33oo  unités. 

»  Avec  la  machine  de  Holtz,  une  étincelle  unique,  frappant  la  sphère  qui 
renferme  les  deux  fils,  donne  une  étincelle  à  chacune  des  sphères  corres- 


(  i586  ) 
pondant  au  fil  de  fer  et  au  fil  de  cuivre.  Très-rarement,  les  distances  de 
ces  sphères  à  la  masse  mélallique  placée  au  pôle  contraire  étant  exacte- 
ment les  mêmes,  on  n'aperçoit  qu'une  étincelle  unique  à  l'une  ou  à  l'autre 
de  ces  sphères;  on  peut  même  écarter  la  splière  au  fil  de  fer,  bien  plus  ré- 
sistant cependant,  et  l'on  voit  encore  jaillir  deux  étincelles;  celle  qui  cor- 
respond au  fil  de  cuivre  est  toujours  plus  nourrie.  Vient-on  à  répéter  les 
mêmes  expériences  avec  la  bobine  de  Ruhmkorff,  on  constate,  au  contraire, 
que  rétincelle  passe,  alternativement,  tantôt  par  le  fer,  tantôt  par  le  cuivre. 
Les  alternatives  sont  irrégulières,  mais  je  n'ai  jamais  vu  une  étincelle 
unique  donner  simultanément  deux  étincelles  aux  deux  sphères  opposées. 

j)  On  peut  se  demander  si  les  coefficients  de  conductibilité  pour  le  cou- 
rant voltaïque  sont  applicables  aux  cas  des  étincelles  soit  de  tension,  soil 
de  quantité. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  j'admets  que,  pour  les  paratonnerres  à  conducteurs 
multiples  de  même  nature,  de  même  longueur  et  de  même  section,  il  est 
probable  qu'une  étincelle  foudroyante  se  diviserait  très-exaclement  entre 
ces  conducteurs. 

»  En  effet,  que  l'on  soude,  après  en  avoir  tortillé  les  bouts,  une  série 
de  fils  de  fer  ou  de  cuivre,  de  même  longueur  et  de  même  section,  sur  une 
lame  de  cuivre;  que,  de  la  même  façon,  les  autres  extrémités  soient  soudées 
sur  une  seconde  lame;  que  l'on  fasse  passer  quelques  décharges  d'une 
forte  batterie  dans  ces  fils  et  l'on  verra  tous  ces  fils  se  déformer,  s'onduler 
en  zigzags  parallèles.  En  d'autres  termes,  l'effet  mécanique  produit  par  la 
décharge  est  le  même  pour  tous  les  fils. 

»  On  sait  qu'une  forte  décharge  de  la  batterie  de  Leyde  fond  et  projette 
dans  tous  les  sens  les  particules  d'un  fil  de  fer,  tandis  qu'un  fil  de  cuivre 
de  même  dimension  résiste.  Des  faits  analogues  se  reproduisent  avec  le 
courant  de  la  pile;  mais,  si  l'on  tient  compte  de  la  surface  cylindrique  d'iui 
fil  et  de  son  rapport  avec  sa  section  circulaire  ;  si,  d'autre  part  (comme  mes 
anciennes  expériences  me  l'avaient  fait  supposer  et  comme  Guillemin  l'a 
si  bien  prouvé),  la  surface  a  une  action  prononcée  sur  la  transmission  des 
courants  instantanés,  il  est  permis  de  se  demander  si,  en  employant  des 
conducteurs  très-longs  et  de  faible  section,  le  fer  ne  résisterait  pas  mieux 
que  le  cuivre.  Les  expériences  que  j'ai  faites  récemment  me  paraissent 
trancher  la  question  en  faveur  du  fer.  En  effet,  j'ai  opéré  comparativement 
avec  des  fils  de  fer  .et  de  cuivre  de  i  à  6  mètres  et  plus  de  long  et  d'un  dia- 
mètre de  lo  à  i5  centièmes  de  millimètre,  environ,  et  j'ai  trouvé,  con- 


(  i587  ) 
trairement  à  ce  que  l'on  admet  généralement,  que  les  fils  de  fer  résistent 
mieux  à  la  rupture  et  à  la  fusion  que  les  fils  de  cuivre  de  même  dimen- 
sion. Je  continue  cette  étude  en  employant  également  des  rubans  métal- 
liques. 

»  P,-S.  —  J'ai  déjà  eu  l'occasion,  dans  mes  précédentes  Communica- 
tions, d'appeler  l'attention  des  météorologistes  .sur  l'emploi  d'un  appareil 
très-simple  et  qui  n'est  autre,  en  définitive,  que  le  ré^électromètre  de  Ma- 
rianini.  Cette  disposition  peut  servir  de  contrôle  permanent  de  l'état  des 
paratonnerres  des  édifices. 

»  Quant  aux  indications  intéressant  la  Météorologie,  l'Administration 
belge  vient  d'autoriser  l'installation  de  ces  appareils  dans  les  bureaux  télé- 
graphiques. 

»  Plusieurs  ré-électromètres,  annexés  aux  parafoudres,  fonctionnent  en 
Belgique  depuis  plusieurs  jours,  notamment  à  Louvain.  Toutes  les  indica- 
tions recueillies  seront  centralisées  et  me  seront  transmises.  Je  continue 
cette  étude....    » 

PHYSIQUE.  —  De  l'influence  du  magnétisme  sur  l'extra-courant ;  'ps.r  M.  TrIve. 
Note  présentée  par  M.  Ed.  Becquerel. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Soit  un  oeuf  électrique  muni  de  deux  tubulures.  A  la  première  est 
adapté  un  thermomètre  dont  la  boule  pénètre  jusqu'au  centre  de  l'œuf;  à 
la  seconde  est  soudé  un  manomètre  à  air  libre.  La  tige  supérieure  de  l'œuf 
glisse  dans  une  boîte  à  cuir  munie  d'un  ressort  en  spirale  qui  la  fait  re- 
venir très-rapidement  à  sa  position  première  quand  vient  à  cesser  la  pres- 
sion qui  la  met  en  contact  avec  la  tige  inférieure.  Les  deux  pôles  d'une 
pile,  dont  le  courant  passe  par  un  gros  électro-aimant  de  Ruhmkorff,  sont 
fixés  aux  deux  tiges  de  l'œuf. 

»  1°  Examinons  d'abord  ce  qui  se  passe  dans  l'œuf,  quand  on  y  produit 
l'extra-courant,  en  dehors  des  deux  pôles  de  l'électro-aimant. 

»  A  l'instant  de  la  rupture  du  courant,  le  thermomètre  accuse  réguliè- 
rement une  élévation  de  température  de  3  degrés  (i);  quant  à  l'effet  mé- 
canique déjà  signalé  par  Kinnersley,  en  employant  la  décharge  d'une  bou- 
teille de  Leyde,  il  se  mesure  par  une  élévation  de  la  colonne  de  mercure 
variant  entre  aS  et  3o  centimètres. 

»   2°  Plaçons  maintenant  l'œuf  entre  les  deux  pôles  de  l'électro-aimant, 


[i)  La  pile  est  de  i5  éléments  Bunsen. 


(  i588  ) 

et  rompons  !e  courant  clans  les  mêmes  conditions  de  température  am- 
biante, 21  degrés.  Voici  ce  cpic  l'on  constate. 

»  Jamais  l'élévation  de  température  accusée  par  le  thermomètre  ne 
dépasse  i  degré.  Dans  une  Note  du  i*''  février  de  cette  année,  j'avais  déjà 
annoncé  ce  phénomène  sous  tuie  autre  forme.  J'avais  constaté,  en  effet, 
que  les  modifications  éprouvées  par  le  spectre  de  l'étincelle  accusaient  une 
diminution  de  chaleur.  Cette  nouvelle  façon  d'opérer  le  prouve  plus  nette- 
ment encore.  Quant  à  l'effet  mécanique,  la  colonne  de  mercure  ne  dépasse 
jamais  12  ou  i5  centimètres.  I^'intervention  du  magnétisme  se  manifeste 
donc  clairement,  et  par  une  diminution  de  chaleur,  et  par  un  notable  af- 
faiblissement de  puissance  mécanique.  J'entrerai  plus  tard  dans  les  déve- 
loppements que  comporte  la  constatation  de  ce  phénomène. 

»  Le  3  janvier  1870,  j'annonçais  à  l'Académie  que  l'intervention  du 
magnétisme  avait  pour  effet  de  modifier  la  coloration  des  gaz  raréfiés,  tra- 
versés par  un  courant  d'induction,  et  d'en  transformer  les  spectres  (j'avais 
opéré  sur  sept  gaz  très-purs).  Il  semble  résulter  de  mes  expériences  ac- 
tuelles que  ces  effets  sont  dus  autant  à  un  changement  de  température  des 
gaz  qu'à  un  changement  de  leur  pression.   » 

CHIMIE.  —  Équivalence  chimique  des  alcalis  dans  les  cendres  de  divers  végétaux  ; 
par  MM.  P.  Champion  et  H.  Pellet- 

(Commissaires  :  MM.  Peligot,  Thenard,  Hervé  Mangon.) 

«  Dans  une  Note  précédente  (i)  nous  avons  établi  que  les  quantités  d'a- 
cide sulfurique  nécessaires  pour  saturer  séparément  tous  les  alcalis  conte- 
nus dans  les  cendres  de  betteraves  (racines  et  feuilles)  peuvent  varier  entre 
des  limites  assez  éloignées,  mais  que  leur  somme  est  sensiblement  con- 
stante; en  d'autres  termes,  que  la  substitution  partielle  des  alcalis  a  lieu 
suivant  leurs  équivalents  chimiques. 

»  Nos  recherches  ultérieures  nous  ont  conduits  à  penser  que  cette  loi  ne 
s'applique  pas  seulement  aux  betteraves,  mais  sans  doute  à  une  grande 
partie  du  règne  végétal,  si  ce  n'est  à  la  totalité. 

»  Avant  d'entreprendre  une  série  d'analyses  de  cendres  de  végétaux, 
dans  le  but  de  vérifier  cette  loi  de  substitution,  nous  avons  cru  devoir 
soumettre  au  calcid  un  certain  nombre  de  celles  qui  ont  été  publiées;  mais 
ce  nombre  est  très-restreint,  eu  égard  au  point  de  vue  spécial  qui  fait  l'ob- 


(1)  Comptes  rendus,  mars  iS^S. 


(   '589  ) 
jel  de  cette  Note.  De  plus,  ces  analyses  ne  se  rapportant  qu'à  des  parties 
déteriDinées  des  végétaux  ne  peuvent  être  comparées  qu'entre  certaines  li- 
mites. 

»  En  général,  il  est  nécessaire  d'incinérer  le  végétal  complet,  sauf  cer- 
tains cas  de  culture  normale  dans  lesquels  les  diverses  parties  qui  le  consti- 
tuent (racines,  tiges,  feuilles,  fruits  ou  graines)  correspondent  sensible- 
ment à  un  même  développement  et  à  une  production  égale.  On  sait,  en  ef- 
fet,  que  les  substances  minérales  sont  inégalement  réparties  dans  les 
végétaux  et  qu'un  certain  nombre  de  sels  peuvent  être  absorbés  mécani- 
quement par  les  plantes.  De  plus,  MM.  Peligot  et  Pagnoul  ont  montré  ré- 
cemment que  les  betteraves  cultivées,  en  présence  d'une  grande  quantité 
de  chlorures  alcalins,  fournissent  des  cendres  contenant  un  excès  de  chlore. 

»  Cela  posé,  et  en  tenant  compte  des  causes  d'erreurs  que  nous  venons  de 
signaler,  le  calcul  appliqué  aux  analyses  de  cendres  de  végétaux,  emprun- 
tées à  différents  auteurs,  a  donné  les  résultats  conteiuis  dans  le  tableau 
ci-contre,  page  iSgo. 

»  On  voit,  d'après  ce  tableau,  que  la  potasse  et  la  soude  paraissent  quel- 
quefois se  remplacer  partiellement  suivant  leurs  équivalents  et  qu'il  en  se- 
rait de  même  de  la  chaux  et  de  la  magnésie  ;  mais  que,  en  général,  cette 
substitution  comprend  tous  les  alcalis. 

»  En  se  reportant  aux  analyses  de  cendres  de  betteraves  citées  dans 
notre  première  Note,  on  trouve  une  confirmation  des  mêmes  faits  : 

Analyses  de  MM.  Moyenne 

. 1 ■ de  8  autres  analyses 

Biet-                               Karm-  de  MM.  Kohlrausch 

Schneider.        Wolf.           rodt.     Fiiblin[j.  et  Peterniann. 

Quantilc  d'acide  sulfurique  correspon-  \ 

dant  à  la  potasse  et  à  la  soude  con-  >  44)0  56,5  53  5^  5o,7 


tenues  dans  loo"''  de  cendres. 


Quantité  d'acide  sulfurique  correspon-  \ 

dant  à   la  chaux  et   à   la   magnésie  >3o,i  «7,5  23  17  24,3 

contenues  dans  loo^''  de  cendres..  .  ) 


Acide  sulfurique  total 74»'  74)°         7^         74  74>9 

»  La  loi  de  substitution  s'applique  aussi  au  tabac,  ainsi  que  nous  avons 
pu  le  vérifier  sur  des  feuilles  d'origine  différente  que  M.  Schlœsinga  bien 
voulu  mettre  à  notre  disposition.  Les  cendres  de  cette  plante  ne  contenant 
que  des  quantités  négligeables  de  soude,  la  potasse,  la  chaux,  la  magnésie, 
devaient  seules  prendre  part  à  la  substitution. 

C.K.,i8-;5,  i«f5em.s(;6.(T.LXXX,  N»2S.)  207 


(  'Sgo  ) 


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(  <59i  ) 

Feuilles  (le  tahae   dit   Brésil. 
(loo  grammes  de  matière  sèeho  renferment  :  cendres,   r>3,8.) 

«o  1.  pjû  0,  IS'o  1.  NO  2. 

Acide  carbonicpie.  .  .  .  i5,2  '4»^                                          "  " 

Chaux i5,o  20,8  SO^  correspondant  21  ,43  29)7 

Potasse 47''  38,t                 Id.               4°)""  32,35 

Magnésie 8,4  7,95               Id.                16,8  i5,go 

En  déduisant  l'acide  carbonique,  on  a 

Acide  sulfiirique  correspondant  à  100  grammes  de  matières 

minérales 92,26  90,95 

Acide  siilfuriqiie  saturant  la  potasse 47 'i  ^7,75 

Id.  Id.  la  chaux  et  la  magnésie 4^)'  53, 20 

Feuilles  de  tabac  du   Lot. 
(100  grammes  de  matière  sèche  renferment  :  cendres,  21,8.) 

N"  3.  N"  3. 

CO» 19,0 

CaO 28, 1   SO'  correspondant  4°,  i4 

KO 19,5  Id.  16, 56 

MgO 8,1  Id.  16,20 

Acide  sulfurique  correspondant  à  100  grammes  de  matières  minérales.  90,00 

»  saturant  la  potasse 20,4 

»  Id.      la  chaux  et  la  magnésie 6g, 6 

»  Dans  le  cas  précédent,  la  magnésie  ne  subissait  que  de  légères  varia- 
tions; il  en  résulte  que  la  potasse  et  la  chaux  se  sont  remplacées  partielle- 
ment suivant  leurs  équivalents  chimiques.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.   —  Sur  la  présence  du  bioxyde  d' hydrogène  dans  la 
sève  des  végétaux.  Note  de  M.  J.  Clermont. 

(Commissaires  :  MM.  Fremy,  Edm.  Becquerel,  Thenard,  Cahours.) 

«  Il  résulte  des  recherches  de  MM.  Schonbein  et  Meissner  (i)  que  la 
molécule  d'oxygène,  que  ces  savants  considèrent  comme  diatomique,  se 
transforme  sous  l'influencederélectricité  en  ozone  (— )  et  en  anlozone  (+), 
l'un  des  deux  atomes  composant  la  molécule  se  chargeant  d'électricité 
négative  et  l'autre  d'électricité  positive.  1.,'antozone,  ou  oxygène  électro- 
positif,  ne  peut  donc  pas  être  produit  isolément  et  ne  peut  être  obtenu  que 
parallèlement  à  l'ozone  électronégatif,  et  vice  versa. 

(i)  G.  Meissker,  Untersuchungen  itber  dcii  Suuerstoff;  Hanovre,  i863. 

207.. 


(     '392     ) 

)i  M.  Meissncr  a  établi,  enoiilre,  que  l'oxygène  «'lectroposilif,  ou  anto- 
zoue,  possédait  seul  la  propriété  de  faire  passer  le  protoxyde  d'hydrogène 
(HO)  à  un  degré  d'oxydation  supérieur  (H0-). 

»  D'un  autre  côté,  il  résulte  des  travaux  d'un  grand  nombre  de  savants, 
et  en  particulier  de  M.  Scoutetten,  qui  a  entretenu  l'Académie  des  Sciences 
de  ses  recherches  (i),  qu'une  grande  partie  de  l'oxygène  dégagé  par  les 
plantes  se  trouvait  à  l'état  d'ozone. 

«  Je  me  suis  demandé,  dès  lors,  ce  que  devenait,  dans  le  phénomène  de 
la  respiration  des  plantes,  l'autre  terme  de  l'oxygène,  c'est-à-dire  l'anto- 
zone,  et  si  ce  gaz  ne  servait  pas  à  faire  passer  à  l'état  de  bioxyde  d'hydro- 
gène une  partie  de  l'eau  constituant  la  sève  des  plantes. 

»  J'ai  dû  admettre  a  priori,  et  contrairement  à  l'opinion  de  M.  Meissner, 
que  la  polarisation  électrique  de  l'oxygène  s'effectuait  dans  le  corps  même 
du  végétal.  En  effet,  ce  savant  admet  que  l'ozone  rejeté  par  les  plantes  est 
le  résultat  de  la  polarisation  électrique  de  l'oxygène,  qui  précède  la  com- 
bustion des  matières  organiques  qui  se  trouvent  en  contact  avec  les  racines 
des  végétaux  et  que  c'est  avec  les  matériaux  provenant  de  cette  combustion 
que  l'ozone  pénètre  dans  ces  mêmes  racines,  pour  être  rejeté  plus  tard  par 
les  organes  foliacés. 

»  J'ai  donc  entrepris  une  série  d'expériences,  destinées  à  démontrer 
l'existence  du  bioxyde  d'hydrogène  dans  la  sève  des  végétaux.  Ces  expé- 
riences ont  été  répétées  sur  une  grande  variété  de  plantes,  telles  que  le 
tabac,  la  vigne,  la  salade,  un  grand  nombre  de  Labiées,  etc. 

»  Dans  le  début,  mes  expériences  ne  furent  pas  heureuses,  et  ce  ne  fut 
que  quand  j'eus  renouvelé  mes  réactifs,  qui  doivent  toujours  être  fraîche- 
ment préparés,  sous  peine  d'insuccès,  et  que  j'eus  opéré  sur  la  sève  fraîche 
également,  que  je  pus  constater  nettement  la  présence  du  bioxyde  dhy- 
drogène  dans  le  liquide  soumis  à  mes  investigations. 

»  Pour  obtenir  le  liquide  intra-cellulaire  aussi  limpide  que  possible,  les 
plantes  ont  été  écrasées  rapidement  dans  un  vase  renfermant  de  l'eau  dis- 
tillée, qui  servait  de  véhicule  à  la  sève.  Cette  eau,  ensuite,  était  examinée 
à  l'aide  du  réactif  dit  de  Sclwnbcin,  réactif  très-sensible  et  composé  d'io- 
dure  de  potassium,  d'amidon  et  d'un  sel  de  protoxyde  de  fer. 

»  Ce  serait  m'aventurer  sur  le  terrain  de  la  spéculation  que  de  me  de- 
mander, actuellement,  quel  est  le  rôle  réservé  au  bioxyde  d'hydrogène, 
dans  les  phénomènes  de  la  nutrition  et  de  l'assimilation.  Il  m'est  impos- 


(  i)  Comj>tcs  rendus,  t.  XLII,  p.  <:)4'  i  '866. 


(  i593  ) 
sible  également  de  fournir  des  notions  snr  la  richesse  relative,  on  bioxyde 
d'hydrogène,  des  différents  organes  de  la  plante,  ainsi  que  sur  la  quanlilé 
de  ce  bioxvde  contenue  dans  un  volume  ilonné  de  sève.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  travaux  de  la  mission  charijêe  d'éludier  le  projet  de  mer 
intérieure  en  Alcjérie.  Note  de  M.  Roudaire,  présentée  par  M.  de  Lesseps. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  l'Académie  des  travaux  qui  viennent 
d'être  exécutés  dans  la  région  des  chotts,  travaux  dont  les  résultats  con- 
firment entièrement  nos  prévisions  sur  l'existence  d'un  vaste  bassin  inon- 
dable. 

»  Sur  l'initiative  de  l'honorable  M.  P.  Bert,  l'Assemblée  nationale  avait 
voté  en  1874  ""  crédit  de  loooo  francs  destiné  aux  études  préliminaires. 
M.  le  Ministre  de  la  Guerre  et  M.  le  Gouverneur  général  de  l'Algérie  orga- 
nisèrent alors  une  mission  dont  ils  voulurent  bien  me  confier  le  comman- 
dement. Elle  se  composait  deMM.  Parisot  et  Martin,  capitaines  d'état-major, 
Baudot,  lieutenant  d'étal-major,  Comoy,  capitaine  d'infanterie,  Jacquemet, 
médecin-major,  Duveyrier,  délégué  de  la  Société  de  Géographie,  et  Le  Cha- 
tellier,  élève-ingénieur  des  Mines,  délégué  du  Ministre  des  Travaux  publics. 

»  Notre  but  principal  était  de  déterminer  par  un  nivellement  de  proche 
en  proche  le  périmètre  du  bassin  inondable.  Ee  2  décembre  1874  nous 
quittions  Biskra  et  quatre  jours  après  les  travaux  commençaient  au  signal 
de  Chegga,  dont  j'avais  déterminé  l'altitude  en  iSyS,  avec  le  concours  de 
MM.  les  capitaines  de  Villars  et  Noil.  Les  nivellements  géodésiques  et  géo- 
métriques exécutés  à  cette  époque  ont  fait  l'objet  d'un  Mémoire  qui  a  été 
présenté  à  l'Académie.  J'aurai  l'honneur  de  lui  soumettre  plus  tard  un  se- 
cond Mémoire  détaillé  sur  les  dernières  opérations;  mais  j'ai  tenu  à  lui 
communiquer  immédiatement  les  résultats  sommaires  de  nos  travaux. 

»  Le  nivellement  géométrique  exécuté  par  portées  de  120  à  i5o  mètres, 
mesurées  à  la  stadia,  ou  chaînées  lorsque  le  terrain  le  permettait,  était  confié 
à  deux  observateurs  qui  faisaient  successivement  deux  lectures  sur  chaque 
mire.  Le  cheminement  était  levé  à  la  boussole.  Les  coordonnées  géogra- 
phiques des  points  principaux  ont  été  déterminées,  soit  par  des  observations 
géodésiques,  soit  par  des  observations  astronomiques,  faites  avec  un  instru- 
ment portatifs  de  passages.  Commencées  le  5  décembre  1874,  'es  opérations 
ont  été  poursuivies  sans  relâche  jusqu'au  12  avril  187^,  jour  où  nous  rêve- 


(  '594  ) 
nions  k  notro  point  de  départ,  après  avoir  fait  le  tour  des  chotts  algériens 
et   relié   el   Oued  à  Négrine  par  un  profil  en  travers.  Le  nivellement  avait 
ainsi  parcouru  une  dislance  de  65o  kilomètres. 

»  Les  profils  sur  el  Oued  et  Négrine  n'entraient  pas  dans  notre  pro- 
gramme primitif.  Ce  travail  supplémentaire  a  occasionné  au  budget  de 
la  mission  des  dépenses  imprévues;  mais  elles  ont  été  couvertes,  grâce  au 
concours  spontané  de  la  Société  de  Géographie,  qui  a  mis  généreusement 
3ooo  francs  à  notre  disposition,  somme  bien  plus  que  suffisante,  car  nous 
avons  pu  lui  rendre  2000  francs  restés  sans  emploi. 

»  Le  bassin  inondable  occupe,  en  Algérie,  une  superficie  de  près  de 
6000  kilomètres  carrés.  Il  est  compris  entre  les  degrés  de  latitude  nord 
34° 36'  et  33<'5i',  et  les  degrés  de  longitude  est  3^40'  et  4°5i'.  Dans 
les  parties  centrales,  la  profondeur  au-dessous  du  niveau  de  la  mer  varie 
entre  20  et  27  mètres. 

»  Aucune  des  grandeset  belles  oasis  du  Souf  ne  serait  submergée.  Debila, 
la  moins  élevée  de  toutes,  est  à  58  mètres  d'altitude.  Dans  l'Oued  Rhir, 
les  oasis  peu  importantes  et  peu  prospères  de  Necira  et  Dendouga  seraient 
seules  inondées. 

M  On  a  craint  que  l'envahissement  par  la  mer  du  bassin  du  chott  Meirir 
n'ait  pour  résultat  de  donner  lieu  à  des  infiltrations,  et  de  détruire  ainsi 
une  partie  des  puits  qui  fertilisent  les  oasis.  Nous  avons  mesuré  la  profon- 
deur d'un  grand  nombre  de  puits  situés  non-seulement  dans  le  Souf,  mais 
encore  dans  les  terres  de  parcours  avoisinant  le  bassin  inondable,  et  nous 
avons  constaté  que  tous,  sans  exception,  s'alimentent  à  une  nappe  plus  éle- 
vée que  le  niveau  de  la  mer. 

»  La  mission  ne  devait  pas  franchir  la  frontière  tunisienne.  Aussi  n'a- 
t-elle  pu  étudier  que  la  pointe  occidentale  du  chott  Rharsa  ;  mais  elle  a 
constaté  que  ce  chott  est  au-dessous  de  la  Méditerranée  et  qu'il  s'incline 
de  2"",  20  par  kilomètre  vers  le  golfe  de  Gabès. 

»  Les  bassins  inondables  du  chott  Meirir  et  du  chott  Rharsa,  quoique 
reliés  par  le  chott  El  Asloudj,  ne  sont  plus  aujourd'hui  e  ncommunication 
directe.  Ce  dernier,  en  effet,  atteint  dans  sa  partie  centrale  3™,  20  d'alti- 
tude. Il  est  en  outre  borné  à  l'est  et  à  l'ouest  par  deux  chaînes  de  dunes 
dirigées  du  nord  au  sud.  Ce  sont  les  dunes  de  Bou-Douil  et  de  Zeninim  qui 
peuvent  être  franchies  par  des  passages  dont  les  points  les  plus  élevés 
n'ont  que  6  à  7  mètres  de  hauteur. 

»  En  considérant  la  disposition  de  la  nature  des  terrains,  composés  de 
sables  et  d'alluvions,  qui  séparent  actuellement  les  deux  zones  submersi- 


(  ••'">95  ) 
blés,  on  est  amené  à  en  déduire  qu'elles  ne  formaient  autrefois  qu'un 
vaste  bassin  resserré  vers  la  région  occupée  aujourd'hui  par  le  chott  el 
Asioudj.  La  partie  la  plus  étroite  de  ce  bassin  est  celle  qui  s'est  exhaussée 
plus  rapidement,  par  suite  de  l'accumulation  successive  des  alluvions  qui 
s'y  distribuaient  sur  une  surface  moins  étendue,  et  des  sables  versés  par  les 
vents.  Ces  apports  ont  alors  pris  la  forme  d'une  dune  très-aplatie,  dont  le 
talus  le  plus  roide  est  tourné  vers  l'est,  c'est-à-dire  du  côté  opposé  aux 
vents  dominants  d'ouest. 

M  Quoi  qu'il  en  soit,  la  distance  comprise  entre  les  deux  bassins  est  un 
peu  inférieure  à  20  kilomètres.  Le  relief  de  l'isthme  est  très-faible,  et  il 
serait  très-facile  d'établir  une  communication  à  travers  les  sables  et  les 
alluvions  dont  il  est  formé.  On  inonderait  d'abord  le  chott  Rharsa ,  puis  ou 
le  relierait  au  chott  Melsir  par  une  tranchée  à  laquelle  les  eaux,  en  s'y  préci- 
pitant, auraient  bientôt  donné  la  largeur  et  la  profondeur  nécessaires.  Le 
volume  dessables  entrauiés  serait  insignifiant  relativement  à  l'étendue  du 
bassin  ;  ils  y  disparaîtraient.  La  marée,  qui  atteint  plus  de  2  mètres  d'élé- 
vation à  l'extrémité  du  golfe  de  Gabès,  contribuerait  puissamment  à  ce 
résultat.  Je  dois  faire  remarquer,  à  ce  sujet,  cjue  toutes  nos  altitudes  sont 
rapportées  au  zéro  donné  par  le  niveau  le  plus  bas  du  maréométre  des 
Ponts  et  Chaussées  à  Alger.  Il  faudrait  donc  les  réduire  de  2  mètres  au 
moins,  si  l'on  voulait  les  rapporter  au  niveau  du  golfe  de  Gabès,  au  mo- 
ment de  la  marée  haute. 

»  Les  bassins  tunisien  et  algérien  pouvant  être  inondés  successivement, 
le  temps  nécessaire  au  remplissage  en  sera  notablement j abrégé,  puisque, 
pendant  la  première  partie  de  l'opération,  la  surface  soumise  à  l'évaporation 
sera  réduite  de  moitié.  D'ailleurs  un  chenal  intermédiaire  aurait  l'avantage 
de  marquer  la  limite  des  eaux  tunisiennes  et  algériennes  dans  la  mer  inté- 
rieure. Ajoutons  que  la  route  du  Souf  à  Négrine  et  Tebessa  ne  serait  jias 
interceptée,  puisqu'on  pourrait  jeter  un  pont  sur  le  détroit. 

»  Il  s'agit  maintenant  de  savoir  s'il  n'y  a  sur  le  territoire  tunisien  au- 
cune difficulté  sérieuse  à  la  création  d'une  mer  intérieure.  M.  l'ingénieur 
Fuchs  a  attribué  une  altitude  d'environ  5o  mètres  à  deux  points  de  l'isthme 
de  Gabès  qu'il  a  explorés.  Nous  avons  étudié  un  des  baromètres  anéroïdes 
qui  lui  ont  servi  dans  cette  déteruiinaliou  et  nous  avons  constaté  que  ses 
indications  présentaient,  entre  elles,  des  écarts  dépassant  4  millimètres  et 
correspondant,  par  conséquent,  à  des  erreurs  de  (\o  à  5o  mètres.  Dans  la 
question  qui  nous  occupe,  où  une  différence  de  niveau  de  quehiucs  mètres 
est  d'une  importance  capitale,  on  ne  peut  se  fonder  sur  des  données  aussi 


(   iSgG  ) 
incertaines.  Il  est  donc  indispensable  de  déterminer,  par  un  nivellement 
précis,  analogue  à  celui  qui  vient  d'être  fait  en  Algérie,  la  profondeur  du 
bassin  tunisien  et  le  relief  de  l'isthme  de  Gabès  dans  toute  son  étendue.    » 

M.  DE  Lesseps,  après  avoir  lu  la  Communication  de  M.  Roudaire,  ajoule  : 

«  Depuis  que  j'ai  reçu  le  Rapport  du  capitaine  Roudaire,  j'ai  eu  l'occa- 
sion d'entretenir  M.  Fuchs  sur  les  résultats  de  son  exploration  du  golfe  de 
Gabès.  Cet  ingénieur,  que  M.  Élie  de  Beautnont  considérait  comme  un  de 
nos  géologues  les  plus  éminents,  n'a  pas  pu  se  tromper  sur  la  nature  des 
lorrains  qu'il  a  visités  ;  mais  il  n'a  pas  pu,  dans  la  saison  chaude  où  il  voya- 
geait, parcourir  toute  la  côte  du  golfe,  et  il  est  fort  possible  que,  dans 
l'étendue  de  la  côte,  il  y  ait  des  points  plus  favorables  pour  l'introduction 
de  la  mer. 

))  En  ce  qui  concerne  leur  altitude,  il  est  évident  qu'il  faut  attendre  des 
études  sur  les  chotts  tunisiens,  semblables  à  celles  faites  par  M.  Roudaire 
sur  les  chotts  algériens. 

»  Dans  ce  moment  une  Commission  italienne  fait  cette  étude,  et  lorsque 
les  résultats  en  seront  connus,  la  Commission  nommée  par  l'Académie 
pourra  se  prononcer.  Il  serait  à  désirer  cependant  que  le  gouvernement 
français  s'occupât  de  terminer  les  études  relatives  à  une  question  qui  l'in- 
téresse si  directement,  et  dont  il  a  pris  l'initiative.  » 

M.  le  Seckétaire  perpétuel  analyse  diverses  pièces  relatives  au  Phyl- 
loxéra, parvenues  à  l'Académie  : 

i°Une  Note  de  M.  Guejraiid  qui,  après  avoir  constaté  l'effet  utile  de 
l'ammoniaque  pour  la  destruction  du  Phylloxéra,  a  construit  un  appareil 
propre  à  déterminer  rapidement  l'injection  de  ce  liquide  dans  le  sol  autour 
des  ceps  attaqués; 

a°  Une  Note  de  M.  Rousseau,  constatant  de  nouveau  les  bons  effets  des 
résidus  et  eau  d'enfer  des  moulins  à  huile,  contre  le  Phylloxéra. 

3°  Des  indications  de  divers  procédés,  par  MM.  Jjjolie,  G.  de  Baranyay, 
Coicjnet,  Didier,  B.  Diujas,  Joumier,  Labbé,  A.  Peret,  A.  Soulié,  H.  Stieren 
A.  Szerlecki,  Filledieu,  H.  JVittwer. 

(Ces  divers  documents  sont  renvoyés  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  A.  RiviàuE  adresse  une  Note  sur  l'origine  des  calcaires.  L'extrait  sui- 
vant fait  comprendre  l'idée  de  l'auteur  : 


(   '^97  ) 

«  Aux  premiers  âges  du  globe,  les  régions  atmosphériques  étant  chargées 
de  différentes  substances  volatilisées,  après  un  abaissement  suffisant  de 
température  dans  l'atmosphère  et  sur  la  terre,  la  condensation  et  la  préci- 
pitation des  éléments  du  calcaire  ont  eu  lieu  pendant  une  durée  indéter- 
minée. Dès  lors  ces  matières  se  sont  déposées  sur  la  terre  et  dans  les  eaux 
qui  recouvraient  notre  globe,  sinon  entièrement,  du  moins  en  majeure  par- 
tie, et  l'acide  carbonique  qui  était  en  excès  pouvait  dissoudre  et  maintenir 
la  chaux  à  l'état  de  carbonate. 

»  Telle  serait  la  provenance  des  principes  calcaires  qui  se  sont  trouvés 

dans  les  milieux  où  se  développaient  les  êtres  organisés  et  où  ceux-ci  ont 

pu  les  puiser,  dès  que  la  température  s'est  suffisamment  abaissée  pour  leur 

existence.   » 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Daubrée.) 

MM.  DE  Bexazé  et  RisBEc  adressent  à  l'Académie,  par  l'entremise  de 
M.  Resal,  un  Mémoire  «  Sur  le  mouvement  complet  du  navire  oscillant 
sur  l'eau  calme  ». 

Dans  ce  Mémoire,  les  auteurs  ont  relaté  et  discuté  les  résultats  des  expé- 
riences qui  ont  été  faites  au  port  de  Brest  sur  divers  bâtiments  de  la  flotte, 
notamment  sur  iElorn,  navire  à  hélice  du  poids  de  loo  tonneaux.  Un 
Atlas  comprenant  onze  planches  est  joint  au  Mémoire. 

(Commissaires  :  MM.  l'amiral  Paris,  l'amiral  Jurien  de  la  Gravière, 

Dupuy  de  Lôme.) 

M.  Mangi\  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté,  déposé  par  lui  le 
i4  juillet  1874  et  inscrit  sous  le  numéro  2834. 

Ce  ph,  ouvert  en  séance  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  contient  une 
Note  sur  un  mode  particulier  de  construclion  des  miroirs  sphériques  pro- 
posé pour  combattre  l'aberration  de  sphéricité  par  réflexion  au  moyen  de 
l'aberration  de  sphéricité  par  réfraction. 

(Commissaires:  MM.  Faye,  Fizeau,  Edm.  Becquerel,  d'Abbadie,  Janssen). 

MM.  Paqcelin  et  Jolly  adressent  pour  le  Concours  du  prix  Barbier  ime 
analyse  comparative  des  sangs  artériel  et  veineux  au  point  de  vue  de  leur 
constitution  minérale. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

C.  R.,  1875,   1"  Semetire.  {T.  LXXX,  «o  2B.)  2o8 


(  ïScjH  ) 
M.  DÉci.AT  adresse  une  Note  sur  le  charbon  de  l'homme  et  prie  l'Aca- 
démie de  la  comprendre  avec  une  Note  présentée  le  aS  janvier,  parmi  les 
pièces  admises  à  concourir  pour  le  prix  de  Médecine  et  Chirurgie. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  A.  Bazin  adresse  pour  le  Concours  du  prix  Lacaze  un  Mémoire  sur 
la  phthisic  pulmonaire. 

(Renvoi  à  la  Commission.  ) 

M.  A.  Vidait  adresse  un  Mémoire  ayant  pour  objet  l'utilisation  des  pro- 
duits ultimes  résultant  de  la  fabrication  du  vin. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Agriculture.) 

MM.  L.  Kessler  et  R.  Faure  adressent  une  Note  sur  un  nouvel  appareil 
pour  la  concentration  de  l'acide  sulfurique. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Arts  insalubres.) 

MM.  Bonhomme,  F.  Chany,  Gilbert  Corre  adressent  des  Communications 
relatives  à  la  navigation  aérienne. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

M.  F.  Glénard  adresse  une  réclamation  de  priorité  relative  aux  faits 
énoncés  dans  une  Note  de  M.  Gautier  intitulée  «  Sur  la  production  de  la 
fibrine  du  sang  (i  )  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée  pour  examiner 
la  Note  de  M.  Gautier.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères  adresse  a  l'Académie,  pour  les 
répartir  entre  les  Membres  ou  Correspondants  des  différentes  classes  de 
l'Institut  que  la  question  intéresse,  trois  cents  exemplaires  des  Procès-ver- 
baux de  la  Conférence  diplomatique  du  mètre. 


(i)  Comptes  rene/iis,  3i  mai  iSyS. 


(  i599  ) 
L'Académie  des  Lvscriptioxs  et  Belles-Lettres  prie  l'Académie  des 
Sciences  de  vouloir  bien  désigner  un  de  ses  Membres  pour  faire  partie  de 
la  Commission  mixte  chargée  d'examiner  les  ouvrages  envoyés  au  Concours 
du  prix  Fould  (Histoire  des  arts  du  dessin  chez  les  différents  peuples  do 
l'antiquité  jusqu'au  siècle  de  Périclès). 

La  Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou  fait  savoir  à  l'Académie 
qu'elle  se  propose  de  célébrer,  le  i5/3  octobre  1875,  le  cinquantième  anni- 
versaire du  doctorat  de  son  Président  actuel,  M.  Alexandre  Fischer  de 
Waldheim. 

MM.  Ch.  André,  Arloing  et  Tripier,  Armieux,  Bouquet  de  la  Grye, 
Bresse,  G.  Fleuriais,  A.  Forel,  G.  Héraud,  E.  de  Kertanguv,  E.  Létié- 
vant,  E.  Mouchez,  Pellarin,  Peter,  E.  Reboul,  A.  Sabatier,  de  Seynes 
adressent  leurs  remercîments  à  l'Académie  pour  les  récompenses  qui 
letn-  ont  été  décernées. 

ASTRONOMIE.  —    Parallaxe  solaire  déduite  de  la  combinaison  de  l'observalion 
de  Nouméa  avec  l'observation  de  Saint-Paul;  par  M.  Ch.  André. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  l'observation  faite  à  Nouméa  avec 
la  limette  de  6  pouces  donne,  par  sa  combinaison  avec  les  observations  de 
Saint-Paul,  les  valeurs  suivantes  de  la  parallaxe  solaire  : 

»   1°  8", 88  avec  l'observation  de  M,  Mouchez  (8  pouces); 

»  2"  8", 82  avec  l'observation  de  ]\L  Turqnet  (6  pouces). 

»  Les  nombres  trouvés  aux  trois  lunettes  de  4  pouces  donnent  une  va- 
leur très-différente  de  celles-là.  J'ai  écrit  à  M.  Struve,  direcleur  de  l'Obser- 
vatoire de  Pulkowa,  pour  le  prier  de  vouloir  bien  me  communiquer  les 
nombres  obtenus  dans  les  différentes  stations  russes,  afin  de  les  remettre  à 
M.  Puiseux  et  les  combiner  avec  celui  de  Nouméa,  u  ^ 

ACOUSTIQUE.  —  Sur  les  valeurs  numériques  des  intervalles  mélodiques  dans 
la  gamme  chromatique  chantée.  Note  de  M.  Bidault,  présentée  par 
M.  Desains. 

«  La  gamme  chromatique  chantée  se  compose  de  douze  notes.  Nous 
représenterons  ces  notes  par  des  nombres  placés  entre  parenthèses.  Chaque 
nombre  indique  le  rang  occupé,  par  la  Note  correspondante,  dans  la  gamme 
ascendante. 

208.. 


(  i6oo  ) 

Gamme  chromatique  chantée. 

(i)     (2)     (3)     (4)     (5)     (6)     (7)     (8)     (9)    (lo)     (I.)     (12). 

))  Dans  le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie,  je  me 
suis  proposé  de  déterminer  les  valeurs  numériques  des  onze  intervalles  qui 
existent  entre  la  note  tonique  (i)  et  les  autres  notes  de  la  gamme  chro- 
matique. 

»  On  sait  que  la  valeur  numérique  de  l'intervalle  de  deux  sons  est  le 
rapport  entre  les  nombres  des  vibrations  effectuées  pendant  un  temps 
donné  dans  les  mouvements  vibratoires  qui  correspondent  respectivement 
à  ces  deux  sons. 

»  Pour  déterminer  ces  rapports,  j'ai  employé  un  sonomètre  qui  ne 
porte  pas  de  règle  divisée  et  n'a  qu'une  seule  corde  tendue,  sur  deux  che- 
valets fixes,  par  deux  poids  égaux.  En  outre,  le  chevalet  mobile  est  limité, 
à  sa  partie  supérieure,  par  un  plan  un  peu  incliné.  Cette  disposition  facilite 
le  déplacement  de  ce  chevalet,  et  permet  de  l'introduire  sous  la  corde 
tendue  sans  faire  varier  la  tension.  On  le  glisse  doucement  sous  la  corde 
jusqu'à  ce  qu'il  la  touche  exactement  sans  la  soulever.  On  fixe  la  corde  sur 
ce  chevalet,  en  appuyant  légèrement  avec  uiie  pièce  en  bois  tondre  que 
l'on  tient  d'une  main. 

))  Les  expériences  dont  il  s'agit  ici  se  font  de  la  manière  suivante.  On 
prend  pour  note  (i)  le  son  donné  par  la  corde  entière.  On  cherche,  en 
tâtonnant,  à  l'aide  du  chevalet  mobile,  la  longueur  de  corde  qui  paraît 
donner  exactement  la  note  aiguë  de  l'intervalle  dont  on  s'occupe.  On  me- 
sure celle  longueur.  Le  rapport  entre  cette  longueur  et  celle  de  la  corde 
entière  est,  comme  on  sait,  l'inverse  du  rapport  cherché  entre  les  nombres 
de  vibrations. 

»  J'ai  fait  de  cette  manière  vingt  expériences  sur  chacun  des  onze  inter- 
valles lie  la  gamme  chromatique;  et,  en  outre,  vingt  expériences  sur  l'in- 
tervalle d'octave. 

»  Les  résultats  de  ces  expériences,  pour  les  onze  intervalles  de  la 
gamme  chromatique,  semblent  se  rapporter  aux  valeurs  numériques  con- 
tenues dans  le  tableau  suivant.  Chaque  valeur  numérique  est  placée  au- 
dessous  de  la  note  aiguë  de  l'intervalle  correspondant. 

Valeurs  numériques  des  intervalles  dans  la  gamme  chromatique  chantée. 

(i)     (2)     (3)     (4)     (5)     (6)     (7)     (8)    (9)     (lo)     (II)    (13), 

i6c)6542538  5  91^ 

'T5b5  43i8        2  5  3  5  8* 


(  i6o.  ) 
»  Les  tableaux  suivants  contiennent  les  résultats  des  expériences.  On 
trouve,  au-dessous  de  chaque  note  aiguë  :  i°  la  moyenne  des  longueurs  de 
corde  qui  ont  donné  cette  note  dans  les  vingt  expériences;  2°  la  longueur 
de  corde  qui  donne  cette  noie,  d'après  les  valeurs  numériques  adoptées 
dans  le  tableau  précédent. 

Longueur  de  corde  donnant  la  note  (i)  :  ^oo  millimètres, 

Notesaiguës (2)  (3)  (4)  (5) 

Moyennes 375,17  355,98  334, 02  319,86 

Longueurs  adoptées 375  355,56  333,33  32o 

Longueur  de  corde  donnant  la  note  (i)  :  5oo  millimètres. 

Notesaiguës (6)  {7)  (8)  (9) 

Moyennes 374,61  358,86  333,79  3i3,i3 

Longueurs  adoptées 375  36o  333,33  3i2,5o 

Longueur  de  corde  donnant  la  note  (i)  :  5oo  millimètres, 

Notesaiguës (10)  (11)  (12)  octave 

Moyennes 299,04  277,84  265,72  25o,22 

Longueurs  adoptées  ...  .      3oo  ^77'?^  266,67  25o 

»  Voici,  en  outre,  au-dessous  de  chacune  des  douze  notes  aiguës,  la  pe- 
tite différence  entre  l'intervalle  qui  résulte  de  la  moyenne  et  l'inlervalle 
donné  par  la  valeur  numérique  adoptée.  Ces  différences  sont  exprimées 
en  prenant  pour  unité  le  centième  du  comma. 

(2)     (3)     (4)     (5)     (6)     (7)     (8)     (9)     (10)     (II)     (,a)     octave 
4        10       17        4        s        "^       •'       '6        26         2  29  7 

»  On  retrouve,  dans  la  gamme  chromatique,  toutes  les  notes  des  gammes 

,...  .  ,.  T  .         q654385()i5 

diatoniques,  majeure  et  mineure.  Les  rapports  i,  g,  _,    ,  ^,  -,  d, 

étaient  généralement  adoptés  pour  caractériser  les  intervalles  des  gammes 
diatoniques,  avant  les  expériences  faites  sur  les  intervalles  mélodiques  par 
MM.  Cornu  et  Mercadier.  Les  notes  (2)  et  (■7),  caractérisées  par  les  rap- 
ports —p  et  -^5  sont  seules  étrangères  aux  gammes  diatoniques. 

)i  J'ai  étudié,  à  l'aide  du  sonomètre,  un  certain  nombre  de  mélodies 
appartenant  à  notre  musique  moderne.  En  assimilant  la  note  (i)  à  tine  note 
tonique,  on  retrouve  dans  ces  mélodies  toutes  les  notes  de  la  gamme  chro- 
matique, et  l'on  ne  trouve  aucune  autre  note. 

»  Il  semblerait  donc  que  les  douze  noies  de  la  gamme  chromatique  chantée 
sont  les  éléments  de  notre  musique  moderne. 


(    l602    ) 

»  D'autre  part,  il  n'est  pas  impossible  que  la  gamme  chromatique  chan- 
tée, qui  contient  toutes  les  notes  des  modes  majeur  et  mineur,  contienne 
aussi  toutes  les  notes  de  plusieurs  autres  modes  appartenant  à  des  systèmes 


musicaux  anciens  ou  étrangers. 


»  Je  ferai  observer,  en  terminant,  que  le  développement  de  mes  facul- 
tés musicales  n'a  pas  eu  d'autre  guide  que  l'étude  du  piano.  Si  l'on  veut 
bien  remarquer,  en  outre,  que  la  gamme  chromatique  déterminée  par  les 
expériences  précédentes  diffère  sensiblement  de  celle  du  piano,  on  est 
conduit  à  conclure  que  les  intervalles  musicaux  ne  doivent  pas  être  consi- 
dérés comme  les  résultats  d'une  habitude  acquise  sous  la  seule  injluence  de  l'édu- 
cation. » 

ACOUSTIQUE.  —  Nouvelles  flammes  sonores.  Note  de  M.  C.  Decharme. 

«  En  faisant  brûler  le  gaz  de  l'éclairage  par  un  tube  de  3  à  5  millimètres 
de  diamètre,  on  obtient  une  flamme  de  3o  à  5o  centimètres  de  hauteur.  Si, 
à  l'aide  d'un  autre  tube  analogue,  on  dirige  contre  cette  flamme  un  courant 
d'air  modéré  (au  moyen  d'une  boule  en  caoutchouc  que  l'on  comprime  à 
volonté),  on  produit  des  sons  persistants  et  très-variés,  selon  le  point  d'at- 
taque de  la  flamme  et  suivant  la  pression  de  l'air  insufflé  ou  le  rapport  des 
diamètres  des  tubes. 

»  Lorsque  le  jet  d'air,  prenant  la  flamme  à  sa  partie  supérieure,  descend 
successivement  jusqu'à  i  décimètre  envii'on  de  sa  base,  on  voit  cette  co- 
lonne de  feu  se  diviser  d'abord,  s'abaisser,  puis  se  tordre  sous  le  jet,  l'en- 
velopper, le  laisser  passer  en  l'entourant  d'un  mince  liséré  bleu  clair;  on 
entend  alors  un  déchirement  continu  de  ce  voile  lumineux.  Lorsqu'on  ar- 
rive à  2  ou  3  centimètres  de  l'orifice  du  bec  de  gaz  (le  tube  soufflant  étant 
tenu  horizontalement  et  débouchant  dans  la  flamme),  il  se  produit  un  sif- 
flement assez  fort.  Enfin,  quand  les  deux  tubes  s'affleurent,  se  touchent,  le 
sifflement  peut  devenir  strident,  ou  bien,  si  la  pression  est  faible,  se  changer 
en  un  son  musical  très-net  et  agréable  à  l'oreille. 

»  L'expérience  réussit  bien  encore  avec  un  bec  de  Bunsen  brûlant  à 
blanc  (les  ouvertures  latérales  fermées),  le  tube  soufflant  étant  placé  hori- 
zontalement, un  peu  au-dessous  de  l'orifice  du  bec  et  au  contact.  Il  est  à 
peine  nécessaire  d'ajouter  que,  dans  ces  conditions,  aucun  son  ne  se  pro- 
duirait s'd  n'y  avait  pas  de  flamme. 

»  En  faisant  varier  les  éléments  du  phénomène  :  nature  et  pression  des 
gaz  combustible  et  insufflé,  position,  diamètre,  forme  et  nature  des  tubes, 


(  i6o3  ) 
on  obtient  des  modifications  plus  ou  moins  grandes  relativement  aux  qua- 
lités des  sons  produits,  aux  formes  et  aux  couleurs  des  flammes. 

»  D'autre  part,  rien  n'est  plus  curieux  que  de  regarder  ces  flammes  so- 
nores au  miroir  tournant,  de  suivre  leurs  déformations  subites,  leurs  solu- 
tions de  continuité,  leurs  vibrations  rapides,  que  ce  moyen  permet  d'a- 
nalyser sans  peine. 

»  Quant  à  l'explication  de  ces  faits,  je  demande  à  l'Acadéniie  la  permis- 
sion delà  réserver  pour  une  autre  Communication,  car  j'ai  quelques  raisons 
de  penser,  sauf  plus  ample  contrôle  expérimental,  qu'ici  l'air  insulflé  ne 
joue  pas  un  rôle  purement  mécanique,  mais  encore  et  surtout  un  rôle  chi- 
mique. » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —   Action  du  chlore  sur  Célher  isolnitjlio(tli)-(lri(jue. 
Note  de  M.  Prcmer,  présentée  par  M.  Bertlielot. 

«  Quand  on  fait  passer  du  chlore  sec  dans  l'éther  refroidi,  il  se  forme 
d'abord  C'H'Cl,  et  l'iode  se  précipite.  En  ménageant  l'arrivée  du  gaz,  ou 
évite  réchauffement  et  la  distillation  de  l'éther  chlorhydrique,  puis  il  se 
forme  du  chlorure  d'iode,  et  la  substitution  commence. 

»  Elle  est  bientôt  rendue  manifeste  par  le  dégagement  de  fumées  d'hy- 
dracide,  qui  se  produit  à  l'extrémité  de  l'appareil.  La  réaction  se  passe  vers 
80  degrés.  A  la  fin  il  se  forme  du  trichlorure  d'iode  et  la  liqueur  se  décolore 
sensiblement. 

»  On  déc  inte,  on  lave,  on  dessèche  et  l'on  obtient  un  mélange  presque 
incolore  qui  contient  les  différents  corps  chloro-substitués. 

»  Une  première  distillation  fournit  un  premier  tiers  avant  160  degrés,  un 
second  tiers  entre  160  et  190  degrés  et  un  tiers  au-dessus  de  190  degrés; 
mais  dès  170  degrés  la  décomposition  commence,  et  l'on  constate  un  déga- 
gement gazeux. 

»  Pour  éviter  cette  décomposition,  on  a  eu  soin,  par  la  suite,  d'opérer  la 
distillation  dans  le  vide  à  partir  de  i4o  degrés.  Avec  une  pression  de  4  à 
5  centimètres  de  mercure  dans  l'appareil,  la  distillation  s'effectue  régulière- 
ment et  sans  décomposition. 

»  C'est  dans  ces  conditions  qu'ont  été  effectuées  trois  séries  de  fraction- 
nements qui  ont  permis  de  constater  plusieurs  points  fixes.  L'un  est  à 
-1-72''  (il  correspond  à  peu  près  à  «145  degrés,  sous  la  pression  nor- 
male), un  autre  vers  95  degrés,  un  troisième  vers  112-11 5  degrés,  un 
quatrième  vers  i3o  degrés,  un  cinquième  de  146  à  i48  degrés. 


(  i6o4  ) 

»  Il  y  en  a  encore  d'autres,  dont  on  s'est  moins  occupé  jusqu'à  présent,  et 
la  distillation  continue  ainsi  jusqu'à  200  degrés  et  niéine  240  degrés.  A  ce 
nionieut  il  se  produit  des  fumées  abondantes,  et  il  reste  dans  l'appareil  un 
résidu  charbonné,  qui  se  solidifie  par  le  refroidissement,  mais  où  l'on  a  pu 
constater  cependant  la  présence  d'un  corps  blanc,  d'apparence  cristalline, 
très-altérable  à  l'air,  surtout  en  solution  dans  l'alcool.  On  n'a  pu  encore 
l'isoler  d'une  façon  satisfaisante,  mais  c'est  un  terme  fort  avancé  de  la 
substitution  chlorée. 

»  Les  densités  varient  et  s'élèvent  en  même  temps  que  les  points  d'ébul- 
lition.  C'est  ainsi  que,  pour  le  corps  bouillant  à  72  degrés,  elle  est  environ 
de  1,26  à  +  18";  pour  celui  qui  passe  à  ii5  degrés,  elle  est  de  i,5; 
celui  qui  passe  à  146-148  degrés  a  fourni  1,67;  celui  qui  passe  à  160  degrés 
1,8,  et  les  composés  supérieurs  atteignent  et  dépassent  2. 

»  L'étude  de  ces  composés  nombreux  et  difficiles  à  séparer  est  loin  d'être 
terminée  :  elle  se  poursuit  actuellement,  ainsi  que  celle  des  dérivés  princi- 
paux. Je  dirai  seulement  aujourd'hui  que  par  l'action  de  l'eau  en  excès, 
dans  des  tubes  scellés,  à  une  température  voisine  de  170  degrés,  on  les 
voit  se  dissoudre,  au  moins  en  grande  partie.  Le  chlore  passe  à  l'état 
d'acide  chlorhydrique. 

»  Voici  quelques  chiffres  destinés  à  fixer  les  idées  sur  le  degré  de  substi- 
tution. 

»  o^\li2']  du  corps  bouillant  à  1 46-1 48  degrés  (dans  le  vide)  ont  fourni  : 
acide  carbonique,  0,268;  eau,  o,o56  ;  en  centièmes  :  C=  17,0  ;  H  ==  i,5. 

D'autre  part  les  dosages  de  chlore  concordant  entre  eux  fournissent 
comme  moyenne,  en  centièmes,  Cl  =  82,  28. 

»  Or  le  composé  G*  H*  Cl*'  doit  donner 

C=i8,i,     H=i,5,     Cl  -.81,4. 

u  Ces  nombres  s'accordent  avec  ceux  fournis  par  l'analyse  ci-dessus,  en 
admettant  dans  les  corps  en  question  une  trace  de  composé  chloré  supé- 
rieur. 

Ainsi,  dès  146  degrés,  on  a  6  équivalents  de  chlore  fixés  sur  la  molécule 
bulylique. 

Ces  recherches  ont  été  faites  et  se  continuent  en  ce  moment  au  labora- 
toire de  M.  Berthelot.  » 


(  i6o5  ) 

PHYSIQUE.  —  Sur  ta  force  portative  des  airnaiils  de  M.  Jamin. 
Note  de  M.  A.  Saxdoz. 

«  Sur  quatre  aimants  de  M.  Jamin  pris  au  hasard,  les  expériences  sui- 
vantes ont  été  faites  en  vue  de  reconnaître  si  un  aimant  perd  ou  gagne  en 
force,  avec  le  temps,  à  rester  en  contact  avec  son  armature  ou  à  en  être 
séparé.  On  a  cherché  aussi  à  se  rendre  compte  de  ce  qui  arrive  lorsque,  après 
l'arrachement,  on  charge  de  nouveau  l'aimant,  et  dans  quelle  proportion 
il  gagne  ou  perd  en  force  portative. 

»   Il  paraît  résulter  de  ces  expériences  que  les  aimants  de  M.  Jamin  : 

»    1°  Ne  perdent  pas  de  leur  force  avec  le  temps  etqu'ilsen  gagnent  plutôt; 

»  2°  Qu'on  ne  gagne  pas  sensihlement  à  les  laisser  armés,  et  qu'ils  se 
conservent  également  armés  ou  désarmés  ; 

»  3°  Qu'enfin  la  force  portative  pour  un  aimant  qui  subit  des  arrache- 
ments successifs  passe  durant  le  cours  d'une  expérience  par  quelques 
petites  variations;  mais,  en  somme,  l'aimant  gagne  plutôt  qu'U  ne  perd. 

M  Parmi  les  nombreuses  expériences  qui  ont  été  exécutées,  je  donnerai 
les  résultats  obtenus  avec  l'un  des  aimants  : 

(D'une  expérience  à  l'autre  l'aimant  est  laissé  armé  de  son  contact.) 

Poids  de  l'aimant 4"    ° 

Poids  de  l'armature 69 ,  7 


Dates. 

3o  avril  1875, 

3  mai 

7  mai 

10  mai 

18  mai 

a5  mai 

I  juin 

7  juin 


II  Juin. 


Poids  porté, 
compris  celui 
de  rarmalure. 

Rapport 

du  poids  porté 

à  celui  de  l'aimant. 

Température. 

7»429 

18 

0 

i5,5 

7»  9^0 

ï9>3 

i5 

8     » 

'9.4 

'7 

8,160 

i9>8 

16,5 

7,9«5 

i9'4 

"3 

7,i4o 

17,3 

'9 

7,880 

19,1 

24 

8,910 

21 ,6 

24 

/    7,38o 

'7.9 

8,760 

21,3 

9,100 

22, 1 

/    9,33o 

22,7    > 

'9     (>] 

7 '980 

'9.4 

8,i3o 

'9.7 

7' 930 

'9.'- 

(i)  L'aimant  est  chargé  à  nouveau  aussitôt  rarracliemcnt,  mais  en  ayant  soin   d'enlever 
I  kilogramme  de  la  charge  qui  a  produit  la  rupture. 

C,K.,i87i,  lor  .Semestre.  CT.  LXXX,  N»  25.)  ■^"Q 


(  i6o6  ) 

»  r,a  méthode  employée  pour  étudier  ces  aimants  est  des  plus  simples  : 
on  a  suspendu  au  crochet  de  l'armature  un  sceau  de  zinc  du  poids  de 
3  kilogrammes.  On  charge  ce  vase,  pour  l'aimant  que  l'on  étudie,  d'un 
poids  qui  ne  diffère  de  celui  qui  doit  produire  l'arrachement  que  de  i  à 
1  kilogrammes.  On  complète  ensuite  la  charge  au  moyen  d'un  filet  d'eau 
débité  par  un  réservoir.  Au  moment  même  où  la  rupture  a  lieu,  on  ferme 
le  robinet  et  l'on  pèse  le  tout  (vase,  eau,  armature). 

«  T;a  méthode  du  filet  d'eau  pour  charger  graduellement  un  aimant  me 
semble  excellente  et  montre  que  la  charge  graduelle  doit  être  prise  fort 
loin  de  la  limite  probable  et  non  pas  seulement  près  de  cette  limite,  comme 
on  le  croyaif.  » 

PFIYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Appareils  schématiques  nouveaux  relatifs  à  la  respi- 
•        ration.  Note  de  M.  G.  Carlet,  présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

«  1°  Le  premier  appareil  que  je  décrirai  a  rapport  à  la  respiration  des 
Mammifères.  Il  sépare  nettement  les  trois  ordres  de  phénomènes  qui  pré- 
sident à  cette  fonction,  savoir:  les  phénomènes  mécaniques  qui  amè- 
nent le  renouvellement  de  l'air  respirable,  les  phénomènes  physiques  qui 
produisent  les  échanges  gazeux  entre  l'atmosphère  et  le  sang,  enfin  les  phé- 
nomènes chimiques  qui  entraînent  la  formation  de  l'acide  carbonique. 

))  Un  soufflet  dont  la  tuyère  figure  la  trachée  est  chargé  d'effectuer  le 
mécanisme  de  la  respiration.  Il  représente,  à  la  fois,  la  cage  ihoracique  et 
le  poumon  qui  s'accompagnent  toujours  dans  leurs  mouvements.  Ce  souf- 
flet est  percé  d'un  trou  sur  le  milieu  de  chaque  face,  et  chacun  de  ces  trous 
est  muni  d'une  soupape.  L'une  de  ces  soupapes,  que  j'appellerai  A,  s'avance 
de  dedans  en  dehors,  tandis  que  l'autre,  que  je  nommerai  B,  se  meut  au 
contraire  de  dehors  en  dedans.  De  plus,  le  soufflet  poi  te  à  son  intérieur 
une  cloison  médiane  parallèle  aux  deux  faces  et  dont  on  verra  l'usage  dans 
un  instant.  Dans  les  deux  trous  des  faces  sont  enfoncés  des  tubes  de  verre 
qui,  parle  moyen  de  tuyaux  de  caoutchouc,  mettent  le  soufflet  en  commu- 
nication avec  les  deux  tubulures  d'un  flacon  fermé  contenant  à  son  inté- 
rieur un  charbon  qui  reste  longtemps  incandescent.  Ce  flacon  et  le  char- 
bon figurent  le  système  capillaire  elles  matières  carbonées  de  l'organisme, 

»  Cela  posé,  si  l'on  fait  manœuvrer  le  soufflet,  il  aspirera  de  l'air  et 
rendra  de  l'acide  carbonique,  comme  le  poumon,  ce  dernier  gaz  se  formant 
dans  le  flacon,  c'est-à-dire  dans  les  tissus.  On  voit,  de  plus,  que  toujours 
un  courant  d'oxygène  va  du  soufflet  au  flacon,  dans  le  tube  qui  correspond 


(  i6o7  ) 
à  la  soup;ipe  A,  tandis  que  contrairement  un  courant  d'acide  carbonique 
se  dirige  en  sens  inverse,  du  flacon  au  soufflet,  dans  le  luhe  qui  est  en 
rapport  avec  la  soupape  B.  C'est  la  réalisation  de  la  circulation  gazeuse 
dans  l'organisme,  où  le  demi-cercle  à  sang  rouge  du  cycle  circulatoire 
amène  l'oxygène  du  poumon  aux  tissus,  pendant  que  le  demi-cercle  à  sang 
noir  leur  enlève  l'acide  carbonique  pour  l'emporter  dans  le  poumon.  On 
voit  encore  que,  dans  cet  appareil  comme  dans  l'économie,  au  moment  de 
l'inspiration,  il  y  a  à  la  fois,  sous  l'influence  du  vide  produit,  entrée  de  l'air 
atmosphérique  dans  le  poumon  et  sortie  de  l'acide  carbonique  du  sang  à 
l'intérieur  de  cet  organe,  au  lieu  que,  pendant  l'expiration,  l'air  se  trouvant 
comprimé  dans  le  poumon,  il  y  a  pénétration  dans  le  sang  d'une  partie  de 
l'oxygène  inspiré,  en  même  temps  que  l'acide  carbonique  est  chassé  au 
dehors. 

»  Il  est  clair  que,  dans  un  schéma,  on  ne  peut  songer  à  réaliser  les  con- 
ditions naturelles  de  l'hématose;  mais  il  suffit  ici  que  les  soupapes  A  etBagis- 
sent  dans  le  même  sens  que  la  membrane  pulmonaire,  ce  qui  a  lieu.  11  fal- 
lait aussi  faire  en  sorte  que  l'acide  carbonique  exhalé  dans  le  soufflet  ne 
s'introduisît  pas  par  la  soupape  qui  livre  passage  à  l'oxygène.  La  cloison 
médiane  qui  divise  le  soufflet  en  deux  compartiments  a  été  mise  dans  ce 
but. 

»  2°  Un  autre  appareil  reprodiiit  d'une  manière  très-simple  le  fonction- 
nement complexe  de  l'appareil  respiratoire  de  la  Grenouille.  On  sait  que 
cet  animal  déglutit  l'air  pour  respirer,  mais  on  a  cru,  pendant  longtemjjs, 
que  l'oblitération  des  narines  était  nécessaire  pour  que  cette  déglutition 
pût  s'effectuer.  M.  le  professem-  Bert  a  fait  récemment  des  études  précises 
qui  montrent  que  les  narines  de  la  Grenouille  restent  ouvertes  pendant  tout 
le  temps  de  la  respiration,  se  rétrécissant  à  peine  un  peu  au  moment  de  la 
déglutition.  Le  schéma  suivant  reproduit  très-exactement  le  mccanisnie 
décrit  par  M.  Bert  dans  ses  Leçons  sur  la  respiration.  Une  cloche  représente 
la  cavité  buccale  de  la  Grenouille.  Celte  cloche  porte  deux  tubulures,  l'une 
supérieure  [canal  nasal).,  et  l'autre  latérale  {cjlotte),  qui  se  continue  avec  un 
tube  de  caoutchouc  terminé  par  une  ampoule  à  parois  minces  {poumon). 
La  base  de  la  cloche  est  fermée  par  une  membrane  de  caoutchouc  {plan- 
cher buccal)  qui,  par  le  moyen  de  la  traction  ou  du  relâchement  d'ini  fll 
fixé  en  son  milieu,  imite  les  mouvements  delà  gorge  de  l'animal.  Une  serre- 
fine,  disposée  sur  le  tube  de  caoutchouc,  permet  d'imiter  l'ouverture  el  la 
fermeture  de  la  glotte. 

»  Supposons  l'ampoule  remplie  d'air  et  maintenue  gonflée;  au  moyen  de 

209.. 


(   i6o8  ) 

la  serre-fine  (repos  pulmonaire);  je  tire  sur  le  fil  (abaissement  inspiratoire 
de  la  gorge)  et  l'air  extérieur  pénètre  dans  la  cloche  par  la  tubulure  nasale. 
Aussitôt  j'ouvre  la  serre-fine,  et  la  vessie  revient  sur  elle-même  (expiration), 
son  contenu  s'échappant  par  la  tubulure  supérieure.  Si  alors  je  lâche  le  fil 
et  qu'en  même  temps  j'obture  un  peu  la  tubulure  nasale  avec  le  doigt, 
l'ampoule  pulmonaire  se  gonflera  violemment  (déglutition  inspiratoire). 
Telles  sont  les  phases  du  mécanisme  respiratoire  de  la  Grenouille. 

»  3°  J'ai  pu  aussi  imiter  le  mécanisme  de  la  respiration  des  poissons 
osseux  au  moyen  d'une  boîte  [chambre  branchiale)  qui  porte  sur  deux  de 
ses  faces  parallèles  un  volet  (opercule)  mobile  autour  d'une  charnière  verti- 
cale fixée  à  son  bord  antérieur.  Chaque  volet  est  reçu  dans  un  chambranle 
et  peut  s'ouvrir  ou  se  fermer,  à  la  manière  d'une  porte,  par  le  moyen  d'un 
bouton  situé  sur  sa  face  extérieure.  La  boîte  est  ouverte  en  avant  [bouche) 
et  munie  d'une  soupape  [valvule)  mobile  d'avant  en  arrière.  Une  membrane 
de  caoutchouc  est  sanglée  tout  autour  de  la  boîte;  elle  est  percée  de  deux 
trous  pour  laisser  passer  les  boulons  des  volets,  et  s'étend  depuis  la  char- 
nière jusqu'à  l'extrémité  libre  des  volets  qu'elle  dépasse  légèrement  [bord 
membraneux  de  l'opercule).  La  boîte  étant  remplie  d'un  liquide  coloré,  si 
on  la  plonge  clans  l'eau  et  qu'on  fasse  mouvoir  les  volets,  on  voit  l'eau  exté- 
rieure pénétrer  dans  la  boîte  par  l'orifice  antérieur  chaque  fois  que  l'on 
ouvre  les  volets.  Chaque  fois  qu'on  les  ferme,  le  liquide  coloré  s'échappe 
en  arrière  par-dessous  la  membrane  de  caoutchouc. 

»  4°  Enfin  j'ai  reproduit  le  mécanisme  respiratoire  des  Crustacés  déca- 
podes, si  bien  étudié  et  décrit  par  M.  Mil  ne  Etiwards.  Un  tuyau  quadran- 
gulaire  présente  une  fente  inférieure  et  iui  orifice  antérieur  auprès  duquel 
j'ai  disposé  en  dedans  une  palette.  Celle-ci  est  mobile  autour  d'un  axe  ho- 
rizontiil  au  moyen  d'une  manivelle  extérieure.  Si  l'on  met  cet  appareil  dans 
l'eau,  après  l'avoir  rempli  de  sciure  de  bois,  et  qu'on  fasse  mouvoir  la  val- 
vule, on  la  voit,  à  chaque  fois,  rejeter  au  dehors  luic  pelletée  de  sciure. 

B  Ces  appareils  sont  très-simples  à  construire.  Les  services  qu'ds  m'ont 
rendus  dans  l'enseignement  m'engagent  surtout  à  les  faire  connaître.   « 

PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  De  l'influence  des  Solanées  vireuses  en  général^  et  de 
la  Belladone  en  particulier,  sur  les  Rongeurs  et  les  Marsupiaux.  Note  de 
M.  E.  IIeckel,  présentée  par  M.  Chatin. 

«  La  question  de  l'absorption  et  de  l'élimination  des  principes  actifs  des 
Solanées  vireuses  n'étant  pas  résolue,  j'ai  pensé  qu'il  pouvait  y  avoir  intérêt 


(  i6og  ) 
à  étudier  dans  ce  but  les  conditions  dans  lesquelles  se  réalise  l'immunité 
bien  connue  et  jusqu'ici  inexpliquée  dont  jouissent  certains  Vertébrés  à 
l'égard  de  ces  poisons.  Le  fait,  pourceqni  concerne  les  Rongeursen  général, 
et  surtout  les  Lapins  et  les  Cobayes,  est  connu  depuis  longtemps  relative- 
ment à  la  Belladone  :  j'ai  étendu  l'observation  à  divers  animaux  et  je  l'ai  fait 
porter  non-seulement  sur  VAlropa  Bellndonna,  mais  encore  sur  \aJusquinme 
Hanche  et?/ojVeetsurles  Dalura  Stramonium  et  Taliita.  Depuisdécembre  1873 
j'ai  fait  varier  les  deux  termes  de  l'expérimentation,  en  circonscrivant  le 
sujet  animal  dans  les  Bongeurs  et  le  sujet  végétal  dans  les  Solaiiées  virevses. 
Je  puis  aujourd'hui  affirmer  que  le  Lapin  et  le  Cobaye  peuvent  facilement 
être  alimentés  avec  les  feuilles  et  les  racines  mêmes  des  Solanées  sus-indi- 
quées,  sans  en  souffrir,  et  cela  pendant  un  temps  très-prolongé  ;  que,  de 
plus,  le  rat  supporte  l'introduction  des  mêmes  végétaux  dans  son  régime 
ordinaire  avec  la  même  facilité.  Pour  ce  qui  touche  aux  deux  piemiers 
animaux,  l'immunité  est  telle  que  j'ai  pu  en  élever  des  générations  et  les 
faire  reproduire  en  ne  les  nourrissant  pendant  la  belle  saison  que  de  Jus- 
quianie,  de  Belladone  ou  de  Datiira  frais,  et,  durant  l'hiver,  de  so/i  mêlé  par 
moitié  de  poudre  de  ces  feuilles  ou  de  racines. 

»  Voici  ce  qu'on  observe  quand  on  établit  le  régime  solanéen  sur  ces 
animaux.  Si  l'on  a  entre  les  mains  un  sujet  adulte  neuf,  il  ne  passe  pas  subi- 
tement à  un  régime  nouveau  sans  en  souffrir  :  aussi  le  voit-on  maigrir  tout 
d'abord  et  d'une  manière  assez  sensible.  Bientôt,  en  sept  ou  huit  jours, 
l'accoutumance  se  produit,  et  l'animal,  malgré  la  dose  assez  considérable 
de  feuilles  qu'il  absorbe,  ne  présente  aucun  des  phénomènes  bien  connus 
qui  caractérisent  ces  poisons.  C'est  ainsi  que  ni  la  Belladone,  ni  les  Jiis- 
quiames, ni  les  Datura  ne  déterminent  dans  ce  cas  la  dilatation  delà  pupille. 
Par  contre,  les  jeunes  Lapins  et  Cobayes  soumis  dès  leur  naissance  à  cette 
alimentation  exclusive,  non-seulement  n'en  souffrent  aucunement,  mais 
languissent  quand  on  les  met  fout  à  coup  au  régime  ordinaire  :  ils  ne  pré- 
sentent jamais  non  plus  le  phénomène  de  la  mydriase.  Antérieurement  à 
ces  observations,  en  18G8  et  18G9,  dans  le  cours  d'un  voyage  en  Australie, 
j'avais  essayé  de  contrôler,  sur  des  Mammifères  inférieurs,  l'assertion  de 
M.  Bouchardat,  touchant  l'influence  du  régimesolanéen .  Le  hasard  ayant  mis 
entre  mes  mains  un  Halmaturus  Billardieri  et  un  Cusciis  maculalus,  j'essayai 
l'action  de  la  Belladone  et  constatai  qu'après  trois  mois  non  interrompus 
d'une  alimentation  composée  exclusivement  de  fruits  [bananes,  mangues) 
saupoudrés  de  poudre  de  ces  feuilles,  aucune  action  du  poison  ne  se  tra- 
duisait au  dehors.  Pour  les  Cobayes  et  les  Lapins,  sur  lesquels  j'ai  plus  par- 


(  i6io  ) 
ticulièreineut  porlé  dt-puis  mon  attention,  j'ai  recherché  l'action  de  la 
Belladone  a  cause  de  la  plus  grande  facilité  qu'il  y  avait  à  se  procurer  l'al- 
caloïde pur  pour  l'exécution  des  expériences  dont  je  vais  donner  les  résul- 
tats. Quand  je  voulais  tenter  une  recherche,  jesoumettais,  huit  jours  avant, 
les  animaux  qui  y  étaient  destinés  à  une  alimentation  mieux  réglée  par  le 
choix  (les  feuilles  de  Belladone.  Cette  précaution  ne  paraîtra  pas  inutile  à 
ceux  qui  savent  combien  est  variable  la  quantité  d'atropine  renfermée  dans 
ces  feuilles  suivant  l'élat  de  la  végétation.  Lefort  a  prouvé  que  la  dose 
d'alcaloïde  diminue  considérablement  dans  ces  organes  dès  que  la  fleur 
est  tombée  et  que  le  fruit  apparaît.  J'échappais  à  ces  causes  d'erreur  en 
prenant  mes  feuilles  pendant  la  floraison  et  attendant  cette  époque  pour 
expérimenter.  J'ai  voulu  connaître  quelle  serait  l'action  de  l'atropine  sur 
l'œil  d'un  Lapin  au  plus  fort  du  régime  atropique  et  si  elle  serait  semblable 
à  celle  exercée  sur  un  même  animal  non  soumis  à  cette  alimentation.  Les 
deux  animaux  furent  mydiiasés;  mais,  tandis  que  le  premier  Lapin  ne  pré- 
sentait de  dilatation  sensible  qu'avec  une  solution  de  sulfate  d'atropine  de 
o^"",  1 5  pour  I  oo  grammes  d'eau,  le  second  était  mydriasé  à  une  dose,  5  fois 
moindre,  de  o8'^,o3  pour  loo. 

n  Quant  à  la  tolérance  vis-à-vis  du  sulfate  d'atropine,  de  la  daturine  et  de 
V hyosciamine  injectées  hypodermiquement,  elle  fut  aussi  plus  considérable 
chez  le  premier  que  chez  le  second.  Tandis  que  les  animaux  de  première 
provenance  pouvaient  supporter  jusqu'à  o^', 60  d'alcaloïde  sans  mourir, 
ceux  de  seconde  ne  dépassaient  pas  o,45  à  oS"",  5o  sans  succomber. 

»  Il  est  natiu'el  d'admettre  que  chez  ces  animaux  l'élimination  du  poison 
doit  être  très-rapide,  et  c'est  ce  qui  explique  en  partie  l'immunité  dont  ils 
jouissent.  Une  preuve  en  faveur  de  cette  appréciation  m'est  fournie  par  ce 
fait  que  les  animaux  soumis  au  régime  belladonné  ont  pn  être  mangés  im- 
punément dans  toutes  leurs  parties  (le  tube  digestif  excepté),  par  des  chiens 
et  des  chats  bien  observés.  Cependant  cette  rapidité  d'élimination  ne  sau- 
rait tout  expliquer  et  il  convenait  de  chercher  d'autres  causes  à  cette  immu- 
nité. M.  Bouchardat  a  pensé  avec  raison  que  cette  élimination  rapide  chez 
ces  animaux  se  fait  surtout  par  les  reins  et  M.  Rabuteau  appuie  cette  ma- 
nière de  voir,  en  faisant  remarquer  qu'on  trouve  rapidement  l'alcaloïde 
dans  l'excrétion  rénale,  après  injection  hyjiodermiqne.  J'ai  cherché  l'atro- 
pine dans  les  déjections  des  Lapins  soimiis  au  régime  belladonné  et  on 
employant  simultanément  les  réactifs  chimiques  et  la  réaction  physiolo- 
gique bien  connue  de  la  pupille.  Des  Lapins  témoins,  capables  d'ac- 
cuser l'introduction    de   uS'^,o3  de   sulfate   d'atropine   dans  100  grauunes 


(  16II  ) 

d'urine  normale  cmplojée  on  collyre,  étaient  utilisés  dans'  ce  but.  Avec 
ces  précautions,  dans  les  conditions  normales  du  régime  atropiqiie,  je 
n'ai  jamais  trouvé  de  trace  de  cet  alcaloïde  dans  ce  produit  d'excrétion. 
Il  en  fut  tout  autrement  quand  l'atropine  avait  été  injectée  dans  le  tissu 
cellulaire  :  dès  que  la  dose  employée  en  une  fois  dépassait  o"^', 45,  les 
premières  lu-ines  témoignaient,  par  leur  réaction  saiv  le  voile  irien,  du 
passage  de  l'alcaloïde  dans  l'urine,  et,  dès  lors,  l'animal  expérimenté 
était  pris  lui-même  de  mydriase  qui  persistait  un  certain  temps  et  ne 
cessait  que  lorsque  les  urines  ne  donnaient  plus  les  réactions  de  l'atro- 
pine. Cette  expérience  fort  simple  a  été  fréquemment  renouvelée  avec  le 
même  succès  (i),  et  j'ai  cru  pouvoir  en  conclure,  en  la  rapprochant  des  faits 
déjà  indiqués,  que  l'atropine,  jusqu'à  une  certaine  dose,  peut  être  détruite 
soit  dans  le  tube  intestinal,  soit  dans  le  torrent  circulatoire.  Pour  savoir  si 
l'estomac,  dans  le  cas  d'indigestion,  ne  détermine  pas  lui-même,  par  ses 
sécrétions  ou  par  les  matières  végétales  qui  accompagnent  l'alcaloïde,  la 
décomposition  du  principe  actif  contenu  dans  les  feuilles  des  Solanées,  j'ai 
porté,  chez  deux  animaux  ordinaires  à  jeun,  d'une  part  à  o^'^, 06  l'atropine 
dans  l'estomac  et  de  l'autre  autant  dans  le  tissu  cellulaire  :  la  dilatation 
pupillaire,  très-rapide  sur  le  second  Lapin,  ne  se  produisit  que  tardivement 
dans  le  premier,  mais  elle  fut  d'intensité  égale  sur  les  deux  sujets.  L'alca- 
loïde ajouté  n'avait  donc  pas  été  détruit.  Puis,  chez  un  Lapin  nourri  de 
Belladone,  après  ingestion  de  200  grammes  de  feuilles  environ,  j'ai  intro- 
duit dans  l'estomac  d'un  coup  o,o4  de  sulfate  d'atropine  :  une  demi-heure 
après  les  urines  contenaient  cet  alcaloïde  et  l'animal  était  mydriase. 

»  De  ces  faits  je  crois  pouvoir  conclure  : 

»  1°  Que  chez  les  animaux  réfractaires  aux  Solanées  vireuses  la  quantité 
d'alcaloïde  introduit,  toujotn-s  assez  faible,  est  détruite  dans  le  torrent 
circulatoire  à  mesiu-e  qu'elle  est  absorbée,  et  est  éliminée  sous  un  état 
que  l'on  ne  connaît  pas; 

»  2°  Que  l'élimination  de  l'alcaloïde  par  les  reins  ne  commence  qu'a- 
près que  la  quantité  introduite  d'un  coup  dans  la  circulation  dépasse 
0*^% 45;  à  cette  dose,  l'agent  destructeur  est  vraisemblablement  insuffisant, 
et  l'alcaloïde,  après  avoir  manifesté  sa  présence  par  la  mydriase,  est  éliminé 
lapidement  et  en  nature  par  les  organes  d'excrétion  ; 

»  3°  Que  les  animaux  vertébrés  sont  d'autant  plus  sensibles  aux  Sola- 
nées vireuses  que  leur  système  nerveux  est  plus  perfectionné.  » 


(i)  Les  excréments  examinés  avec  soin  n'ont  pn  donner  trace  d'alcaloïde. 


(   l6l2    ) 

M.  l'Abbé  Lamey  adresse  de  Dijon,  par  l'entremise  de  M.  d'Abbadie,  une 
observation  météorologique. 

«  J'ai  été  témoin,  le  i4  de  ce  mois,  d'un  phénomène  très-singulier.  Je 
vis  au  sud-est,  vers  ^''SS™,  se  détacher  sur  les  nuages  un  certain  nombre 
débandes  rectilignes,  d'un  gris  bleuâtre,  qui  rayonnaient  d'un  point  situé 
sensiblement  à  l'horizon,  par  i3o  degrés  d'azimut  comptés  du  nord  par 
l'est.  Le  Soleil  a  dû  se  coucher  vers  'j^Sli^,  son  azimut  étant  d'environ 
3o5  degrés.  La  plus  grande  hauteur  de  Cfs  radiations  était  de  9  degrés  et 
leur  amplitude  azimutale  de  26  degrés.  Le  phénomène  se  transforma  promp- 
tement,  et  vers  7''39",  tandis  que  la  plupart  de  ces  raies  convergeaient  en- 
core vers  le  même  centre  rationnel,  on  en  voyait  d'autres,  légèrement 
courbes  et  parallèles  entre  elles,  situées  presque  à  angles  droits  avec  les 
premières;  elles  se  projetaient  visiblement  les  unes  sur  les  autres.  A  terre, 
l'air  était  légèrement  agité  par  un  petit  vent  d'orage  qui  se  dissipa  bientôt; 
dans  la  région  des  nuages,  un  vent  assez  fort  soufflait  du  sud  à  l'est.  Exami- 
nées avec  une  lunette  d'un  champ  assez  étendu,  ces  bandes  ne  paraissaient 
pas  d'une  nature  différente  de  celle  des  nuages. 

M.  E.  Robert  adresse  une  note  sur  les  gouttelettes  d'eau  dont  le  fro- 
ment et  les  prèles  sont  recouverts  le  matin.  (Extrait.) 

«  Il  est  généralement  admis,  en  Physiologie  végétale,  que  la  sève  ascen- 
dante perd  une  grande  partie  de  son  eau  par  l'évaporation;  mais  cette 
perte  d'eau  peut  avoir  lieu  d'une  autre  façon. 

»  Si  l'on  observe,  en  effet,  le  froment  et  les  prêles,  notamment  les  Equi- 
setuin  atvenseetjluviatile,  le  matin,  par  le  temps  le  plus  sec  et  en  l'absence 
de  toute  rosée,  on  peut  voir  ces  plantes  couvertes  de  gouttelettes  qui  n'ont 
rien  de  commun  avec  l'eau  condensée  provenant  du  rayonnement  noc- 
turne. FiCs  premières  feuilles  ou  les  plus  inférieures  du  froment,  dont  le 
chaume  ne  s'est  pas  encore  sensiblement  allongé,  les  ont  suspendues 
comme  des  perles  à  leur  pointe  légèrement  réfléchie.  Dans  les  prêles,  elles 
sont  agglomérées  à  l'extrémité  redressée  des  ramuscules  verticillésetà  peine 
développés. 

»  Cette  exsudation  aqueuse  n'ayant  pas  lieu  lorsque  ces  plantes  ont 
atteint  leur  entier  développement,  il  est  nécessaire  d'admettre  que  le  fro- 
ment et  les  prêles,  dans  leur  jeune  âge,  absorbent  plus  d'eau  par  les  spon- 
gioles  qu'il  n'en  faut  pour  faciliter  la  croissance  de  tout  le  végétal  et  fixer 
les  sels  qu'elle  tient  en  dissolution.  » 


(  .6i3  ) 

M.  Chasles  fait  hommnge  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  G.  Govi,  d'un 
opuscnle  inédit,  relatif  à  Galilée,  qu'il  a  découvert  à  Rome,  dans  la  biblio- 
thèque Barberini. 

«  C'est  un  Discours  lu  au  Collège  romain,  en  mai  1611,  par  lui  Père  de 
la  Compagnie  de  Jésus,  sur  les  découvertes  que  Galilée  venait  de  faire  dans 
leciel,  publiées  à  Venise,  le  10.  mars  1610,  dans  l'opuscule  intilulé  :  Nuiuius 
sidereus.  Ce  Discours,  que  M.  Govi  a  fait  imprimer,  a  pour  titre  :  Nuncius 
sidereus  CoUegii  romani  :  il  est  assez  favorable  à  Galilée,  dont  il  confirme  la 
découverte  et  ne  laisse  guère  pressentir  l'opposition  que  les  Pères  de  la 
Compagnie  de  Jésus  firent  plus  tard  à  l'illustre  astronome.  M.  Govi  l'a  fait 
précéder  de  quelques  éclaircissements  qui  auront  beaucoup  d'intérêt  pour 
tous  ceux  qui  aiment  à  connaître  l'histoire  de  Galilée  et  les  origines  de  la 
philosophie  expérimentale.  » 

M.  Chasles  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Antonio  Favaro, 
professeur  à  l'université  de  Padoue,  deux  ouvrages,  le  premier,  intitulé 
Intonio  ai  mezzi  iisati  dagli  anticin  per  nttenuare  le  disaslrose  conseguenze  dei 
terremoti,  renferme  des  recherches  historiques  et  des  vues  scientifiques  sur 
les  tremblements  de  terre.  Le  second  est  la  réunion  des  articles  insérés  sous 
le  titre  de  :  Notizie  sloriche  siille  frazioni  conlinue  dal  secolo  deciniolerzo  al 
decimosettimo,  dans  plusieurs  livraisons  du  Bullettino  de  M.  le  prince  Bon- 
compagni. 

M.  Chasles  présente  à  l'Académie  les  numéros  de  janvier  et  février  1875 
du  Bulleltino  di  Bibliografui  e  di  Storia  délie  Scienze  matemaliche  e  fisiche. 

Le  premier  renferme  une  étude  de  M.  Louis  Posi,  deModène,  sur  la  vie 
et  les  travaux  du  professeur  Geminiano  Riccardi,  qui  s'étendent  sur  toutes 
les  parties  des  Mathématiques  pures  et  appliquées,  cultivées  depuis  un 
demi-siècle,  et  dont  plusieurs  sont  restés  inédits.  Cette  livraison  se  termine 
par  un  travail  de  M.  Boncompagni  sur  les  nombres  impairs.  Le  numéro  de 
février  contient,  sous  le  titre  de  :  «  Lettre  à  M.  le  prince  Boncompagni  », 
un  exposé  de  M.  Sédillot  :  Sur  les  emprunts  que  nous  avons  faits  à  la  Science 
arabe.  L'auteur  y  cite  naturellement  Aboul  "Wefâ  et  sa  découverte  de  la 
troisième  inégalité  de  la  Lune,  par  laquelle  se  complétait  la  théorie  dePto- 
lémée.  L'Académie  connaît  mon  opinion  siu-  cette  question,  et  je  m'abstien- 
drai, dans  ce  moment  où  la  séance  est  si  remplie,  de  l'en  entretenir  de 
nouveau.  Le  Bulletin  se  termine  par  une  indication  extrêmement  étendue 
de  toutes  les  publications  récentes  dans  tous  les  pays,  sur  les  différentes 
parties  des  sciences.  Avec  ces  deux  livraisons  du  Bullettino  se  trouvent  un 

C.R.,  1875,  i"«emcitrf.   (T.  LXXX,  N"  2!î.)  210 


(  >fi'4  ) 

ouvrage  sur  le  Problème  des  tmilnclnonc^.  Essai  lihlnrique,  par  le  D'  Charles 
Ohrlinnnn,  traduit  de  r.nlleniand  par  M.  Clément  Dusausoy,  et  un  secoud 
exemplaire  de  l'ouvrage  de  M.  Antonio  Favaro  sur  les  fractions  continues. 

Enfin,  M.  Chasles  dépose  sur  le  bureau  plusieurs  livraisons  du  Bulletin 
de  la  Société  mathématique  de  France. 

M.  le  général  Morin,  en  présentant  la  troisième  livraison  du  tome  VI 
de  la  «  Revue  d'Artillerie  »  publiée  par  ordre  du  Ministre  de  la  Guerre, 
s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Parmi  les  questions  examinées  dans  le  présent  numéro  de  la  «  Revue 
d'Artillerie  »,  je  ne  signalerai  à  l'attention  de  l'Académie  que  les  résultats 
des  expériences  comparatives  faites  par  l'artillerie  autrichienne  sur  un 
canon  d'acier  et  sur  un  canon  de  bronze  coulç  en  coquille,  et  dont  l'âme 
avait  été  durcie  par  l'introduction  de  mandrins  compresseurs. 

»  Ces  expériences,  répétées  pour  la  seconde  fois,  ont  conduit  à  cette 
conséquence  remarquable,  qu'un  canon  en  bronze  durci,  du  calibre  de 
8  centimètres,  tirant  des  projectiles  du  poids  de  6''^,35o,  avec  bague  en 
cuivre,  à  la  charge  de  i''^',5oo,  a  pu,  sans  dégradations  sensibles,  sup- 
porter un  tir  de  2147  coups,  en  conservant  une  justesse  égale  à  celle  d'un 
canon  d'acier  du  même  calibre. 

»  Ce  résultat  permettrait  à  l'artillerie  autrichienne,  qui  possède  un  ma- 
tériel considérable  en  bronze,  de  l'utiliser  et  de  le  perfectionner  rapide- 
ment, et  il  peut  être  aussi  mis  à  profit  par  d'autres  puissances.  Il  est  éga- 
lement susceptible  d'être  employé  par  l'industrie  privée,  par  le  durcissement 
des  parties  en  bronze  qui  doivent  présenter  de  la  résistance  soit  au  frotte- 
ment, soit  à  des  pressions. 

»  Les  expériences  remarquables  de  M.  le  général  Uchatius  ont  dû  être 
répétées  de  nouveau  sur  dix  autres  bouches  à  feu,  et  l'on  en  fera  connaître 
les  résultats.   » 

M.  le  général  Morin  présente  à  l'Académie  les  feuilles  IV  et  VII  de  la  carte 
de  France  dressée  au  Dépôt  des  fortifications,  au  bTôWô'  ^^  otferteS"par  le 
Président  du  Comité  des  fortifications  pour  la   bibliothèque  de  l'Institut. 

M.  Dupi'Y  DE  liOME,  en  présentant  la  4"  livraison  du  «  Mémorial  de 
l'Artillerie  de  la  Marine  (année  1875)  »,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«   La  4'  livraison  du  Mémorial  de  i Artillerie  de  la  Marine  commence  par 


(  i6i5  ) 
un  compte  rendu  sommaire  des  principales  expériences  effectuées  par  les 
soins  du  Département  de  la  Marine,  depuis  le  i"  avril  jusqu'au  i*"^  no- 
vembre 1874.  Parmi  ces  expériences  il  convient  de  signaler  à  l'attention 
de  l'Académie  les  essais  des  appareils  proposés  par  M,  Le  Roux,  examina- 
teur d'admission  à  l'École  Polytechnique,  pour  améliorer  les  conditions  de 
pointage  des  bouches  à  feu.  Au  nombre  de  ces  appareils  figure  un  oscillo- 
mètre,  que  l'auteur  considère  comme  propre  à  résoudre  le  problème  si 
longtemps  cherché  de  la  mesure  angulaire  des  mouvements  de  roulis  et  de 
tangage  des  navires  par  rapport  à  la  verticale. 

»  Un  long  article  est  consacré  à  la  continuation  de  l'historique  des  inté- 
ressantes recherches  effectuées  sur  la  perforation  des  plaques  de  blindage. 

»  Cet  article  rappelle  les  essais  entrepris  pour  obtenir  celte  perforation 
à  l'aide  des  canons  lisses,  essais  qui  ont  conduit  les  Américains  à  la  con- 
struction des  premiers  canons  de  calibres  énormes.  Il  décrit  les  expériences 
faites  en  France  pour  contrôler  les  résultats  obtenus  par  ces  canons  lisses, 
et  expose  les  notions  actuellement  acquises  sur  la  forme  et  les  conditions 
de  fabrication  qu'il  convient  d'adopter  pour  les  boulets  de  rupture,  tant 
pour  les  boulets  en  acier  que  pour  ceux  en  fonte  dure  (ou  fonte  trempée), 
avec  lesquels  on  a  obtenu  les  résultats  les  plus  remarquables.  Cet  article 
est  suivi  d'une  Notice  sur  les  appareils  Marcel  Deprez,  mesurant  les  pres- 
sions des  gaz  produits  par  la  déflagration  de  la  poudre.  L'Académie  a  déjà 
eu  communication  de  quelques-uns  des  résultats  contenus  dans  cette 
Notice;  mais  celle-ci  fait  connaître  pour  la  première  fois  les  tracés  de  ces 
ingénieux  appareils  qui  peuvent  être  commodément  placés  sur  les  bouches 
à  feu  mêmes  et  permettent  d'enregistrer  la  loi  du  développement  des  pres- 
sions des  gaz  en  un  point  quelconque  de  l'âme. 

»  Cette  livraison  du  Mémorial  contient  ensuite  une  description  sommaire 
des  bouches  à  feu  de  la  marine  allemande,  accompagnée  de  planches  éta- 
blies à  l'échelle,  puis  une  Notice  sur  le  chronographe  à  diapason  et  à  étin- 
celles d'induction  1^ système  Schultz),  écrite  par  M.  le  capitaine  Moisson,  de 
l'Artillerie  de  la  Marine. 

»  C'est  la  première  fois  que  ce  remarquable  chronographe  est  décrit 
d'une  façon  complète,  et  cette  description,  dont  l'intérêt  est  augmenté  |)ar 
le  nombre  et  l'exactitude  des  planches  et  des  figures  qui  l'accompagnent, 
emprunte  en  outre  une  grande  valeur  aux  considérations  théoriques  et  cri- 
tiques qu'elle  renferme. 

»  Cette  description  n'est  d'ailleurs  qu'une  introduction  à  celle  annoncée 
concernant  les  perfectionnements  apportés  par    M.   Marcel  Deprez    aux 

2ro,, 


(  i6i6  ) 
chronographes  de  ce  genre,  et  plus  spécialement  aux  enregistreurs  appli- 
cables à  tout  chronographe  à  cylindre  tournant  ou  à  tableau  mobile,  per- 
fectionnements dont  l'Académie  a  déjà  été  saisie  par  plusieurs  communica- 
tions de  M.  Deprez. 

»  Enfin  la  livraison  se  termine  par  la  seconde  partie  des  Recherches  théo- 
riques de  M.  Sarrau,  sur  les  effets  des  poudres  et  des  substances  explosives. 

»  Ce  Mémoire  a  été  communiqué  à  l'Académie  avant  l'impression;  il  a 
été  l'objet  d'un  Rapport  favorable  :  il  est  donc  inutile  d'en  signaler  autre- 
ment la  valeur,  o 

M.  Sacc  adresse  une  Note  sur  la  fermentation.  Cette  Communication  est 
accompagnée  d'une  brochure  sur  un  procédé  de  conservation  des  viandes 
et  des  légumes. 

MM.  V.  BuRQ  et  Ducoux  adressent  une  Note  relative  à  l'action  du 
cuivre  à  l'état  de  métal,  d'oxyde  et  de  sel  sur  les  chiens.  Des  expériences 
qu'ils  ont  faites  jusqu'ici,  il  semble  résulter  que  sur  les  chiens  le  cuivre  ne 
se  montre  pas  vénéneux. 

M.  Netter  adresse  une  Note  sur  la  cause  de  certains  insuccès  signalés 
avec  l'emploi  de  la  poudre  de  camphre  dans  la  pourriture  d'hôpital. 

M.  J.  Maumené  adresse  une  description  et  un  dessin  de  sa  burette  per- 
fectionnée. 

A  5  heines  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  6  heures.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   ■j  Juin    1876. 

f  SUITE.) 

L'unité  dynamique  des  forces  cl  des  phénomènes  de  la  nature  ou  l'atome 
tourbillon;  par  M.  F.  Marco.  Paris,  librairie  des  Mondes,  et  chez  Gauthier- 
Villars,  1875;  in- 12. 


(  i6.7  ) 

Les  Meiveiltes  de  r Industrie;  par  L.  Figuier;  20*  série.  Paris,  Fiirne, 
Jouvet  et  C'^,  iS'^S;  grand  in-S",  avec  illustrations. 

The  geological  record  for  1873,  being  volume  lenlh  oj  the  record  of  zoolo- 
fjical  literature;  edited  by  Edward  Caldwell  Rye.  London,  John  van  Woorst, 
1875;  in-S'',  relié. 

^tli  detr  Accademia  pontificia  de  Nuovi  Lincei,  pid)blicati  conforme  alla 
decisione  accadeinica  dcl  22  dicembre  i85o,  e  compUali  dal  Sccjrelario ;  t.  VIII 
e  IX,  anno  VIII  e  IX.  Roma,  coi  tipi  del  Salviucci,  1874;  in-Zj". 

Alti  deW  Accademia  pontificia  de  Nuovi  Lincei,  compdati  dal  Segretario; 
anno  XXVIII,  sessione  III*  del  24  febbraio  1875.  Roma,  tip.  délie  Scienze 
matematiche  e  Bsiche,  1875;  br.  in-4°. 

OrVRAGES    REÇOS    DANS     LA    SÉANCE    DU     1^    JUIN     iSyS. 

Leçons  sur  l'appareil  vaso-moteur  [physiologie  et  pathologie),  faites  à  la  Fa- 
culté de  Médecine  de  Paris;  par  A.  VuLPiAM,  rédigées  et  publiées  par  le 
D'  H.-C.  Carville.  Paris,  Germer-Baillière,  1875;  2  vol.  in-8°.  (Présenté 
par  M.  Cl.  Bernard.) 

Enumeratio  plantaruni  in  Japonica  sponte  crescentium  hucusque  rite  cogni- 
tarum,  adjectis  descriptionibus  specierum  pio  regione  novarium  quibus  accedit 
delerminatio  herbarum  in  libris  Japonicis  so  Moscou  zousselz  xylographice  de- 
lineatarum^  auctoribus  A.  Franchet  et  Lud.  Savatier;  t.  I,  pars  IL  Pari- 
siis,  apud  F.  Savy,  bibliopolam,  i875;in-i8°. 

La  grande  pyramide  pharaonique  de  nom,  humanitaire  défait;  ses  mer- 
veilles, ses  mystères  et  ses  enseignements;  par  M.  PlAZZl  Smyth,  traduit  de 
l'anglais  par  M.  l'abbé  Moigno.  Paris,  au  bureau  du  journal  les  Mondes,  et 
chez  Gauthier-Villars,  1875;  in-8°. 

La  théorie  capillaire  de  Gauss  et  l'extension  d'un  liquide  sur  un  autre  ;  par 
G.  Van  der  Mensbrugghe.  Bruxelles,  F.  Hayez,  1873;  in-8°. 

Présence  du  genre  Lépisostée  parmi  les  fossiles  du  bassin  de  Paris;  par 
M.  P.  Gehvais.  Sans  lieu  ni  date;  opuscule  in-8°. 

Dents  surnuméraires  observées  chez  un  gorille;  par  M.  P.  Gervais.  Sans 
lieu  ni  date,  opuscule  in-8°. 

Lestodon  trigonidens  et  Valpigcs  deformis;  par  M.  P.  Gervais.  Sans  lieu 
ni  date;  opuscule  in-8°. 


(  ,6.8  ) 

Remarques  nu  sujet  des  poissoiis  du  Sahara  algérien;  par  M.  P.  Gervais. 
Sans  lieu  ni  date;  opuscule  in-8°. 

Remarques  au  sujet  du  chien  domestique  ;  par  M.  P.  Gervais.  Sans  lieu  ni 
date;  opuscule  iri-8°. 

Remarques  sur  les  formes  cérébrales  propres  aux  Thalassolhériens;  par 
M.  P.  Gervais. 

(Ces  six  brochures  sont  extraites  du  Journal  de  Zoologie  de  M.  Gervais). 

Florule  lichénique  des  laves  d'Jcjde;  par  H. -A.  Weddell.  Paris,  Martinet, 
1874;  br.  in-8".  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France.) 

Le  TFalhalla  des  sciences  pures  et  appliquées,  galerie  commémorative  et  suc- 
cursale du  Conservatoire  des  Arts  et  Mctiers  de  Paris,  à  créei  dans  le  palais 
neuf  de  Mansart,  au  château  de  Blois.  Paris,  chez  tous  les  libraires,   1875; 

in-8°. 

The  principes  of  Chemistry  and  molecular  mechanics  ;  b/D'^G.  Henrichs. 
Davenport  (lowa,  U.-S.),  Day,  Egbert  et  Fidlar,  1874;  in-8°,  relié. 

The pharmaceutical  Journal  and  transactions;  april  1875.  London,  Chur- 
chill, 1875;  in-S". 

Journal  oj  the  chemicat  Society  ;  deccmber  1874;  febrnary ,  niarch  , 
april  1875.  London,  Van  Voorst,  1874-1875;  4  hr.  in-8''. 

Proceedings  of  the  royal  geographical  Society;  vol.  XIX,  n"*  3  et  4,  mars, 
avril  1875.  London,  1876;  2  br.  in-8°. 

Monthly  Report  ofthe  departmenl  of  Agriculture  of  april  1875.  Washington, 
Government  printing  Office,  1875;  br.  in-S". 

Tafeln  complexer  Primzahlen,  xvelche  aus  Wurzeln  der  Einheit  gebildcl  sind 
auf  dem  Grunde  der  Kiimmerscben  Théorie  der  complexen  Zahlen  berechncl 
uonD'  C.-G.  Reuschle.  Berlin,  G.  Wogt,  1876;  in-4°. 

Verhandlungen  des  naturforschenden  Vereines  in  Brilnn;  XII  Band , 
II  Heft,  1873.  Briinn,  1874,  Verlag  des  Vereines;  in-8°. 

Dissertacâo  inaugural.  Integracào  das  equaçoes  as  derivadas  parciaes  de  sc- 
gunda  ordem;  por  F.  GOMES  Teixeira.  Coiinbra,  iinprensa  da  Universidade, 
1875;  in-8". 

Terza  série  délie  misure  micrometriche  délie  stelle  doppie  faite  aW  equaloiiale 
del  Collegio  Romano  dal  22  giugno  1872  a  lutta  il  1874;  dal  P.-G.-Stanislas 
Ferrari.  Roma  ,  tip.  délie  Scienze  mati  inaliche  e  fisiche,  1875;  in-4''. 
(Estratto  dagli  Alti  deli  Accademia  ponlificia  de'  Nuovi  Lincei.) 


(  i6i9  ) 

Sut  giacimento  di  carbon  fossile  anlracilico  di  Démonte  [pressa  cuneo)  sludi 
geologici,  tecniri,  industtiali,  delcRV.  G.  Jervis.  Milano,  iS^^;  in-S". 

Confronto  fia  le  macchine  eleltriclte.  Nota  del  prof.  Fr.  ROSSETTI.  Venezia, 
Grimaldo,  1875;  in-8°. 

Sulla  vera  origine  ed  essenza  délia  case  di  G.  Gallo.  Torino,  Paravia, 
1875; in-8^ 

Lettere  cosmologiclie  ossia  esposizione  ragionata  dei  fenomeni  pin  osciiri  im- 
portanti  délie  singole  scicnze  e  deW  andaniento  sociale  in  base  delP  oujanisnw 
délia  nature  di  Michèle  GlORDANO;  vol.  II.  Torino,  stamp.  dell'  Unione  tipo- 
graftco-editrice,  1875;  in-8'\ 

Il  ferra  rovente  ei  centri  neruosi.  Osservazioni  cliniche  interpretate  conprin 
cipii  di  analomia,  fisiologia  e  lerapia^  riflesse;  pel  D.  cav.  B.  COSTANTINI.  Bo 
logna,  tipi  Gainberini  e  Parmeggiani,  1874;  br.  in-8°. 

Sulla  cura  de'  tumori  cancerigni  al  palato  e  delta  frallura  al  collo  del  femore 
pel  dott.  cav.  B.  Costantini.  Bologna,  tipi  Gamberini  e  Parmeggiani 
1871;  br.  in-S". 

Sulla  cura  del  crup  e  dell'  ascite ;  pel  dott.  cav.  CoSTANTlNl.  Teramo 
G.  Marsilii,  1871;  br.  in-8°. 

Ouvrages  beçds  dans  la  séance  nu   28  juin    iS^S. 

Ministère  de  la  Marine  et  des  Colonies.  Compte  général  de  V  Administration 
de  Injustice  maritime  pendant  les  années  1868,  1869  et  1870.  Paris,  Impri- 
merie nationale,  1875  ;  in-4''.  (3  exemplaires.) 

Mémorial  de  i Artillerie  de  la  Marine;  t.  II,  4"  livr.  Paris,  typ.  G.  Gha- 
merot,  1874;  in-S",  texte  et  Atlas. 

Aide-mémoire  d' Artillerie  navale  [annexe  cm  Mémorial  de  l' Artillerie  de  la 
Marine;  3*  livr.,  1874.  Paris,  typogr.  G.  Chamerot,  1874;  in-8°,  texte  et 
Atlas. 

(Ces  deux  derniers  ouvrages  sont  présentés  par  M.  Dupuy  de  Lôme). 

Mémoire  sur  i  application  des  coût  bes  de  débits  à  l'élude  du  régime  des  rivières 
et  mi  calcul  des  effets  produits  par  un  système  multiple  de  réservoirs;  par 
M.  Graeff.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1875.  (Extrait  du  t.  XXI  des 
Mémoires  })résentés  par  diver^s  savants  à  i  Académie  des  Sciences  de  l'Institut  de 
France.) 


(    1620  ) 

Véleclricilé  statique  exerce-t-elle  une  influence  sur  la  tension  superficielle 
d'an  liquide?  par  G.  Van  der  Mensbruggiie.  Bruxelles,  F.  Hayez,  1875  ; 
in-4°-  (2  exemplaires.) 

Mémoire  sur  le  mouvement  complet  du  navire  oscillant  sur  eau  calme.  Rela- 
tion des  expéiiences  faites  sur  /'Élorn  ,  navire  à  hélice  de  100  tonneaux  de 
déplacement  ;  par  MM.  O.  DuHlL  DE  Benazé  et  P.  RiSBEC  Mémoire  auto- 
graphiéavec  planches.  Sans  lieu  ni  date  ;  in-4''.  (Présenté  par  M.  Resal.) 

La  Lumière  ;  par  John  TYtiUkhh.  Six  leçons  faites  en  Amérique  dans  l'hiver 
de  1872-1873.  Ouvrage  traduit  de  l'anglais,  par  M.  l'abbé  MoiGNO.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1875;  in-8°. 

Traité  théorique  et  pratique  de  r hémospasie ;  par  T.  JuNOD.  Paris,  Impri- 
merie nationale,  1875-,  in-S".  (Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey  pour  le 
Concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1875.) 

Le  tabac  et  l'absinthe,  leur  influence  sur  la  santé  publique,  sur  l'ordre  moral 
et  social;  parle  D"'  Paul  Jolly.  Paris,  J.-B.  Baillière,  1875;  in-12. 

Tiaité  clinique  des  maladies  des  Européens  au  Sénégal;  par  L.-J.-B.  BÉ- 
RENGER-FÉRAUD  ;  i"'  fascicule.  Paris,  A.  Delahaye,  1875;  in-8°.  (Présenté 
par  M.  le  Baron  Larrey.) 

Traité  des  maladies  et  épidémies  des  armées;  par  A.  Laveran.  Paris,  G. 
Masson,  1876  ;  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey.) 

Considérations  sur  le  decjré  d'aptitude  physique  du  recrutement  de  l'École 
spéciale  militaire  pour  Vannée  1874-1875;  par  M.  J.  Arnould.  Paris,  V. 
Rozier,  1876;  br.  in-8°. 

GÉDÉ.  Le  clavi-calcul,  etc.  Paris,  au  Dépôt  général,  1873;  br.  in-S". 
(2  exemplaires.) 

Recherches  pour  servir  à  l'histoire  des  Tétranyques;  par  A.-L.  DoNNADiEU. 
Lyon,  H.  Georg  ;  Paris,  J.-B.  Baillière,  1875;  in-8°.  (Présenté  par  M.  P. 
Gervais  pour  le  Concours  Thore  1876.) 

Traitement  de  l'angine  couenneuse  [Diphthérie  du  pharynx)  par  les  balsa- 
miques. Mémoire  présenté  au  Conseil  général  de  la  Mayenne  ;  par  M.  H.  Tri- 
DEAU.  Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils,  187/1;  '"-8°-  (Adressé  par  l'auteur  au 
Concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1876.) 

Annales  de  la  Société  de  Médecine  de  Saint-Etienne  et  de  la  Loire.  Comptes 
rendus  de  ses  travaux;  t.  V,  3*  Partie,  année  1874.  Saint-Étienne,  J.  Pichon, 
1875  ;  in-8°. 


(     l62I     ) 

Extraits  de  Géologie  pour  les  années  1874  cl  1875  ;  i>ar  MM.  Delessk  et  DE 
Lapparent.  (Partie  insérée  dans  les  Annales  des  Mines.)  Paris,  sans  date  ; 
in-S". 

De  la  diathèse  uriqiie.  Patltoc/énie  thérapeutique  ;  par  E.  Vial.  Paris,  A. 
Delahaye.  1875;  in-i8. 

Consommation  de  combustible  des  machines  à  vapeur  marines  ;  par  C-  Au- 
DB9ÎET.  Paris,  A.  Bertrand,  sans  date;  in-8°. 

Les  Traités  de  commerce,  le  régime  intérieur  des  boissons  et  la  viticulture  ; 
par  Henri  Mares.  Montpellier,  typographie  P.  Grollier,  1875  ;  br.  in-8°. 

La  poste  atmosphérique.  Transpoi^t  des  correspondances  entre  Paris  et  Ver- 
sailles; par  A.  Crespin.  Paris,  Dunod,  sans  date;  br.  in-8"^.  (Présenté  par 
M.  Tresca.) 

Liste  générale  des  articulés  cavernicoles  de  iEurope;  /)a/'MM.  L.  Bedel  et 
E.  Simon.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8°.  (Extrait  du  Journal  de  Zoologie.) 
[Présenté  par  M.  P.  Gervais]. 

Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France;  t.  Il,  avril,  mai,  septembre 
187/1  et  février  187?;  t.  III,  avril  et  juin  1875.  Paris,  au  siège  de  la  Société, 
1874-1875;  6  livr.  in-S".  (Présenté  par  M.  Chasles.) 

De  l'aphasie,  siège  des  lésions  erwéphaliques.  Considérations  médico-légales; 
parle  D"^  T.  Gallard.  Paris,  imp.  Malteste,  1875;  in-8''. 

Le  problème  des  tautochrones.  Essai  historique;  par  le  D'  Charles  Ohrt- 
MANN,  traduit  de  l'allemand  par  Clément  DuSAUSOY.  Rome,  imp.  des 
Sciences  mathématiques  et  physiques,  1875  ;  in-8°. 

Notizie  storiche  sulle  frazioni  continue  dal  secolo  decimoterzo  al  decimosetiimo; 
per  A.  Favaro.  Roma,  typogr.  délie  Scieiize  matematiche  e  tisiche,  1875; 
iii-4°. 

Lilorno  ai  mezzi  usati  dagli  antichi  per  attenuare  le  disastr'ose  conseguenze 
dei  tenemoti  ;  per  Ain.  Favaro.  Venezia,  Grimaldo,  1874;  in-S". 

Bullettino  di  Bibliografia  e  di  Storia  délie  Scitnze  matematiche  e  fisiche, 
pubblicato  da  B.  BONCOMPAGiNi  ;  t.  Vllt,  gennaio,  febbraio,  1875.  Roma, 
1875;  in-4°. 

Galileo  e  i  Matematici  del  Collegio  romano  ncl  iGi  1 .  Documeiiti  c  illustr'a- 
zioni;  del  prof.  G.  Govi.  Roma,  coi  tipi  del  Salvincci,  1876;  in-4''. 

(Ces  quatre  derniers  ouvrages  sont  présentés  par  M.  Chasles). 

C.R.,  1874,  3«  Semestre.  {T.  hWlX,  N»  2u.)  21  I 


(    1022    ) 

^tti  e  memorie  délia  R.  Accadeinin  Vitgiliana  di  Mantova.  Bienno,  1871- 
1872.  Mantova,  B.  Bnlbiani,  1870;  in-8°. 

Saggi  di  Medicina  e  Cliirurgia  pralica  ragionnta;  per  B.  COSTANTINI.  Na- 
poli,  Pellerano,  r864;in-8°. 

Sulla  vaccinazione  animale.  Discorso  pronunciato  innanzi  al  consiglio  comw 
nnle  di  Teramo  nella  tornata  det  25  maggio  1869  dal  Consigliere  B.  Costantini 
Teramo.  Scalpelli,  1869;  br.  in-8°. 

Suir  importnnzn  e  sulV  indirizzo  délia  Meteorologia  agraria.  Nota  del 
M.  E.  Prof.  G.  Cantoni.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8°. 

Sullri  elettrolisi  applicala  alla  cura  di  tumori  di  varia  indole.  Osservazioni 
mcfo/Ze  f/a/ D"  L.  GiNiSELLi.  Bologna,  1875;  in-8''.  (Présenté  par  M.  le 
Baron  Larrey.) 

Sulla  electrolisi  considéra  ta  negli  esseri  organizzati  e  nelle  applicazioni  lera- 
peutiche  délie  correnti  galvaniche.  Studi  dell  Dott.  L.  CiNiSELLi,  Bologna, 
1874;  br.  in-8".  (Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey.) 


ERRJTJ. 

(Séance  tlu  i4  juin  1875.) 

Page  i4ï7)    ligne  21,   an  lieu  de  qui  soit  douée  de  ...,    lisez  qui  soit  douée  du  .... 
»  ligne  22,   au  lieu  de  comparant,   lisez  attribuant. 

Pages  1434  et  i436,  au  lieu  de  M.  le  professeur  Coutejeau,  lisez  M.  le  professeur  Con- 
tejean. 

Page  i445)  'igné  11,  au  lieu  de  laveuses  mécaniques,  lisez  haveuses  mécaniques. 


FIN    DU   TOME   QUATRE-VIiSGTIÈME. 


COMPTES  RENDUS 


DES    SEANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


TABLES    ALPHABETIOUES. 


JANVIER- JUIN  187a. 


TABLE  DES  »IATIÈRES  DU  TOME  LXXX. 


A 


Pages. 

Acariens.  —  Sur  l'organisalionet  laclassifi- 
calion  naturelle  dos  Acariens  de  la  fa- 
mille des  Gamasides;  Notes  de  M.  Mé- 
gnin 1 335  et  iSga 

Acétique  (acide).  —  Sur  l'acide  acétique 

anhydre;  Note  de  1[.  Bcr-thcht 59g 

Acétylène  et  ses  dérivés.  —  Sur  le  per- 
bromuro  d'acétylène  broraé;  Note  do 
M .  E.  Boiir^iiin 3^5 

—  Identité  des  dérivés  bromes  de  l'hydrure 

d'éthylène  tétrabroraé  avec  ceux  du 
perbromure  d'acétylène  ;  Note  de  M.  Ji. 

Boiirgoiri CGd 

Acoustique.  —  Sur  les  notes  dcfi-ctueuses 
des  instruments  à  archet;  Note  deM.^. 
Dicn 42f) 

—  Sur  les  perceptions  binauriculaires;  Note 

de  M.  F.-P.  Le  Roux 1073 

—  Sur  les  valeurs  numériques  des  inler- 

\  ailes  mélodiques  dans  la  gamme  chro- 
matique chantée;  Note  de  M.  Bidault.,   ijijy 

—  Nouvelles    llammes    sonores;    Note    de 

M.  (  '.  Dccluiniic I G02 

—  M.  Dccharmc  adresse  une  Note  relative 

à  un  nouveau  moyen  do  produire  des 
vibrations  sonores  et  des  interférences 
sur  le  mercure 802 

—  M.    Granjon   adresse   une   Note   sur  un 

moyen  d'augmenter  le  son  rendu  par 
une  cloche,  en  la  composant  de    deux 

C.  K.,  1875,  ."  Sanestre.  ^T.  LXXX.) 


Pages. 
cloches  concentriques i023 

—  M.  Lafiitc  adresse  quelques  remarques 

sur  le  rôle  de  la  partie  do  la  corde  du 
violon  comprise  entre  le  chevalet  et  le 

cordicr i238  et  iSgi 

AÉROSTATS.  —  M.  ^o/?/?e// adresse  une  Note 
relative  à  un  projet  d'appareil  pour  la 
navigation  aérienne - 1G4 

—  W.  E.  ^««;/!o.ç  adresse  un  Mémoire  relatif 

à  la  direction  des  aérostats 242 

—  M.  Bonnet  adresse  une  Noie  relative  à  un 

système  de  locomotion  aérienne 3 1 3 

—  iMM.  Sii'cl,  Crncé-Spinclli ,G .t\, -'^ .  Tiisiin- 

flicr,  Jobert  annoncent  à  l'Académie  le 
succès  de  l'ascension  aérostatique  en- 
treprise par  eux  les  2Î  et  24  niai 8o3 

—  Ascension  scientifique  de  longue  durée; 

Note  do  .MM.  Shel,  Crocê-Spinelli,  J. 

et  G.  Tissnnilicr,  Jobert 8GG 

—  Dosage  de  l'acide  rarbriniiiue  do  l'air,  i'i 

bord  du  ballon  leZcnitli ;  Noie  de  .M.  6'. 
Tissniulicr 97G 

—  M.  le  Président  se  fait  l'interprète  des 

senliments  de  l'Académie,  à  l'occasion 
de  la  mort  des  aéronau  tes  Crocé-Spinelli 
et  Sivel gS5 

—  Sur   les   ascensions  à  grande   luuileur; 

Note  de  M.  Fine ' io3; 

—  L'ascension  à  grande  liauteur  du  ballon 

te  Zcnitli ;  Note  de  M.  G.  Tissaiulier. .    luGo 

212 


(  i624  ) 

Pages. 


1175 


—  MM.  B.  Alriator,  Cit.  Bnrdrnat,  Liirioii 

sin,  Tidicndrnu,  J .  Gi/iiiibelot  adressent 
des  Communications  relatives  à  la  ca- 
tastrophe du  Zé/!i//i 1086 

—  MM.   £.  Jlciatnr,  />.  Js/i,  Baiulin,  L. 

Bondniincnu,  Tnsrlli,  de  Znles/d  adres- 
sent diverses  Communications  relatives 
à  Taéroslation 1 1 5 } 

—  Note  sur  une  ascension  aércstatique  ;  par 

M.  ff^.  dr  FonvicUe 1 172 

—  M.  Baudrimoiit  adresse  des  observations 

relatives  aux  ascensions  aérostatiques 
très-élevées  el  indique  des  moyens  qui 
permettraient  d'éviter  une  partie  des 
dangers  qu'elles  présentent 

—  M.  A.-S.  Flcchcn  adresse  une  Note  sur 

la  direction  des  aérostats 1227 

—  M.   Virht  d'Jùust  adresse,  à  l'occasion 

de  la  catastrophe  du  Zénith,  une  Lettre 
dans  laquelle  il  compare  les  ascensions 
aéroslatiques  et  les  ascensions  sur  les 
montagnes i238 

—  Sur  les  précautions  à  apporter  dans  les 

ascensions  en  hauteur;  Note  de  M.  de 
Fnrn'irllr 1 9.6:>. 

—  M.  Tosclti  adresse  une  Note  sur  un  per- 

fectionnement qu'il  a  apporté  à  sa  na- 
celle à  double  étage i35o 

—  M.  Giraitd  soumet  au  jugement  de  l'Aca- 

démie un  plan  de  direction  aérosla- 
tiqtJe 1449 

• —  MM.  Boulionimc,  F.  Cluinr,  G.  Corre 
adressent  des  Communications  relatives 
à  la  navigation  aérienne iSgS 

Albuminoïdes  (matières).  —  Recherches 
sur  les  matières  albumino'ides;  par 
M.  P.  Scliiitzc/ibrrgrr 232 

Alcools.  —  Sur  la  reconnaissance  de  l'al- 
cool ordinaire  mélangé  avec  l'esprit-de- 
bois;  Note  de  M.  Bertlwlot 

—  Recherche  et  dosage  de  l'alcool  méthy- 

lique  en  présence  de  l'alcool  vinique  ; 
Note  de  MM.  Alf.  Riche  et  Ch.  Bardr. 

—  Rapport  sur  un  appareil  de  M.  Malligand, 

pour  titrer  l'alcool  des  vins;  par  M.  P. 
Thrnnrd 

—  Sur  le  fluorène  et  l'alcool  qui  on  dérive  ; 

Note  de  M.  Ph.  Barbier 

Algues.  —  Végétation  hivernale  des  .\lgucs 
à  Mosselbay  (Spitzberg),  d'après  les 
observations  faites  pendant  l'expédition 
polaire  suédoise  en  1872-1873;  Note 
de  M.  Fr.  Kjrlimnn 474 

Altmextatiox.  ^  Ktndcs  chimiques  sur  le 
petit-lait  de  Luchon;  Note  de  M.  F. 
Garrig'iti 480 

—  M.  Boiis.iingntdt  donne  lecture  d'un  Mé- 

moire portant  pour  titre  :  «    Analyses 


]o39 


1076 


II 14 


iSqG 


a[;es. 
786 

7  86 


comparées  du  biscuit  de  gluten  et  de 
quelques  aliments  féculents  y 

—  MM.  Thc/inrd,Boiii/lni/d,Chcrreid pren- 

nent la  parole  à  propos  de  cette  Com- 
munication   

Aluns.  —  Sur  réq\iilibre  moléculaire  des 
solutions  d'alun  de  chrome;  réponse  à 
une  Note  précédente  de  M.  Gerncz; 
Notes  de  M.  Lecoq  de  Boisbaudrnn.  . . 
321,  393  et    764 

Ammoniaoue.  —  Sur  l'ammoniaque  de  l'at- 
mosphère; Note  de  M.  A.  Sch/œsi/if;. .      lyH 

—  Dosage  de  l'ammoniaque  atmosphérique  ; 

Note  de  M.  A.  Schlœsing 265 

—  Recherches  chimiques  sur  l'absorption 

de  l'ammoniaque  de  l'air  par  la  terre 
volcanique  de  la  solfatare  de  Pouzzoles  ; 

par  M.  S.  de  Lticn 6/4 

Amylacées  (matiiîres).  —  De  l'amylogène 
ou  amidon  soluble;  Note  de  M.  L. 
Bondonneau "7  ' 

—  Sur  la  séparation  du  violet  de  méthylani- 

line  en  deux  couleurs,  sous  l'influence 
des  tissus  en  dégénérescence  amyloTde  ; 

Note  de  M.  ;".  CornU 1288 

Analyse  matiiématioue.  —  Mémoire  sur 
l'existence  de  l'intégrale  dans  les  équa- 
tions aux  dérivées  partielles  contenant 
mi  nombre  quelconque  de  fonctions  et 
de  variables  indépendantes;  par  M.  G. 
Darboiix '  <^  ■ 

—  Sur  l'existence   do   l'intégrale  dans  les 

équations  aux  dérivées  partielles  d'ordre 
quelconque;  Note  do  M.  G.  Dnrboiix 
Su 

partielles  du  premier  ordre;  Note  de 
M.  G.  Darbnux 

—  Observations  relatives  à  la  première  des 

Communications  précédentes  de  M.  Dar- 
boux  ;  par  M.  A.  Genucrhi 

—  Remarque  sur  un  passage  de  la  Lettre  de 

M.  Gennccld ;  par  M.  Ptaseux 

—  Sur  l'existence  des  intégrales  d'un  sys- 

tème quelconque  d'équations  différen- 
tielles, comprenant  comme  cas  très- 
restreintlcs  équations  d^\tesfiux  dérivées 
/OT/V/W/c.v,- Notes  de  M.  Ch.  Mérny... 
389  et    444 

—  Théorèmes  concernant  les  équations  qui 

ont  des  racines  communes;  par  M.  Le- 
nniiiiiier I  '  ' 

—  Sur  l'élimination.  Calcul  des  fonctions  de 

Sturm  par  des  déterminants;  Note  de 

M.  //.  Lenwnnirr 252 

—  Sur  la  partition  des  nombres;  Note  de 

M.  J.-IF.-L.  Glmsher 255 

—  Sur  une  formule  de  transformation  des 


iur  la  première  méthode  de  .lacobi  pour 
l'inlégration  des  équations  aux  dérivées 


160 


317 


341 


(  lôao 

Pages. 


) 


fonctions  elliptiques  (suite);    Note   de 

RI.  Briosc/ii -idi 

Note  accompagnant  la  présentation  d'une 
Notice  autographiée  sur  la  méthode  des 
moindres  carrés;  par  M.  Faye 302 

Mémoire  sur  des  formules  de  perturba- 
tion; par  M.  Emile  Mathieu. .  .  627  et  liiO 

Note  sur  les  équations  différentielles 
linéaires  du  second  ordre;  par  M.  3Iott- 
t/inl 729 

Sur  l'équation  du  cinquième  degré;  Notes 
de  M.  £r/usc/ii 753  et    Si5 

Sur  les  résidus  de  septième  puissance; 
Note  du  P.  Pepi/i 811 

Recherches  sur  les  covariants;  par  M.  C. 
Jordatt 875  et  1 160 

Sur  le  développement  de  la  fonction  per- 
turbatrice suivant  les  multiples  d'une 
intégrale  elliptique;  Note  de  M.//'.  Gyl- 
dén 1 070 

Sur  la  substitution,  par  approximation, 
entre  des  limites  déterminées,  du  rap- 
port des  variables  d'une  fonction  homo- 
gène de  deux  variables  à  une  autre  fonc- 
tion homogène  du  même  degré;  Note 
de  M.  H.  Restd 1 185 

Méthode  générale  pour  résoudre  les  équa- 
tions numériques  de  degré  quelconque  ; 
par  M.  Fournier 1 3gi 

Remarques  de  M.  le  Secrétaire  perpétuel 
sur  l'opportunité  de  publier  les  OEuvrcs 
de  Cauchy 017 

M.  £.  Laportc  adresse  une  Note  relative  à 
quelques  méthodes  probables  do  Fer- 
mat 110 

M.  JF ,  de  Mdxiinoivitch  adresse  un  Mé- 
moire portant  pour  titre  :  «  Réduction 
des  équations  aux  dérivées  partielles  à 
deséquations difl'érentielles  ordinaires».     110 

M.  ff^.  de  Maxiinoivitch  adresse  des 
exemples  à  l'appui  du  Mémoire  précé- 
dent      241 

M.  JF.  de  Majcinioivitch  adresse  imo 
théorie  de  l'intégration  des  équations 
aux  dérivées  partielles  du  second  ordre.     558 

M.  L.  Hiign  adresse  une  Note  relative  à 
la  «  base  scientifique  du  système  déci- 
mal et  métrique  » 742 

M.  Jacquet  adresse  un  Mémoire  sur 
l'usage  do  la  table  de  Pythagoro  [wur 
un  chiffre  quelconque yoa 

M.  L.-J'.  Turquan  adresse  un  Mémoire 
sur  l'intégration  des  équations  aux  déri- 
vées partielles  du  second  ordre  et  des 

ordres  supérieurs yGi 

■  M.  L.-F.  Turquan  adresse  un  Mémoire 
sur  l'intégration  de  l'équation  aux  déri- 
vées partielles   du  troisième  ordre,  à 


Pages. 


deux  variables  indépendantes i4-i9 

~  M.  F.  Jabhrishi  adresse  un  Mémoire 
intitulé  :  «  Généralisation  de  la  mé- 
thode d'intégration  par  parties  » i  aSg 

—  M.  le  Secrétaire  iicrpétuct  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, une  Table   de   logarithmes  de 

M.   A.  Lucchcsini 1086 

Anatcmie  animale.  —  Recherches  sur  les 
organes  tactiles  de  l'homme;  par  M.  Jo- 
hcrt 274 

—  Sur  le  système  nerveux  périphérique  des 

Némato'ides  marins;  N'ote  do  M.  A. 
Fdlot 400 

—  Sur  l'origine  des  vaisseaux  de  la  tunique 

chez    les   Ascidies   simples  ;    Note    de 

M.  de  Lacaze-Dutiders 600 

Anatcmie  végétale.  —  De  la  théorie  car- 
pellaire  d'après  des  Fiula,  principale- 
ment d'après  le  Fiola  tricolorliortensis; 
Note  de  M.  A.  Trêcul 221 

—  De    la   théorie    carpellaire   d'après    des 

Tiliacées ;  Note  de  M.  -•/.  'Frécul Sig 

Angélique  (acide).  —  Sur  le  bibromure  de 
l'acide  angélique  ;  Note  de  M.  Dcmar- 
çay 1 400 

Aniline  et  ses  dékivés.  —  Sur  la  dissocia- 
tion du  violet  de  méthylaniline  et  sa  sé- 
paration en  deux  couleurs,  sous  l'in- 
iluence  de  certains  tissus,  normaux  et 
pathologiques,  en  particulier  par  les 
tissus  en  dégénérescence  amylo'ide; 
Note  de  M.  F.  Cornd 1288 

An-nélides.  —  Sur  les  espèces  méditerra- 
néennes du  genre  Euxydis  ;  Note  de 
M.  A. -F.  Marion 498 

.4NTiinopoLOGiE.  —  Races  humaines  fossiles, 
mésaticéphales  et  brachycéphales  ;  Note 

de  M.  de  Quatrcfage:;. ., 73 

Voir  aussi  Paléontologie. 

.\rgent.  —  Sur  la  précipitation  de  l'argent 
par  le  proloxyde  d'uranium;  Note  de 
M.  Famhert 1087 

Art  militaire.  —  M.  le  général  Morin  pré- 
sente diverses  livraisons  de  la  «  Revue 
d'Artillerie  »,  publiée  par  ordre  du  Mi- 
nistre de  la  Guerre 

65,  4o3,  5o3,  922,  i3i3  et  1G14 

—  M.  Dupuy  de  Lame  présente  la  quatrième 

livraison  du   «  Mémorial  de  l'Artillerie 

de  la  Marine  » 1G14 

—  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  adresse  un 

projet  de  poudrières  souterraines  mu- 
nies de  cheminées 1 153 

—  Commission   nommée  pour  l'examen  do 

ce  projet  :  les  Membres  de  la  Section  de 
Phjsique,  auxifuels  est  adjoint  M.  le 
général  Morin 1 227 

212.. 


(  i(n6 


Pages. 

Ascidies.  —  Sur  roriginc  des  vaisseaux  de 
tunique  chez  les  Ascidies  simples;  Note 
de  M.  (le  Ldctizc-DiUlders Goo 

AsTRO.NoMiE.  —  Présenlalion  d'une  nouvelle 
livraison  de  «  l'Atlas  écliptiqiie  de 
l'Observatoire  de  Paris  r.  ;  par  M.  Le 
Verrier 28g 

—  M.  Le  Terrier  présente  un  exemplaire  du 

«  Nautical  Almanac  »  pour  l'année  1878, 
publié  par  M.  llind 290 

—  Présentalion  de  la  «  Connaissance  des 

Temps  pour  1876  »  et  de  «  l'Annuaire 
publié  par  le  Bureau  dés  Longitudes 
pour  1875  »  ;  par  M.  Faye 4"9 

—  Système  stellaire  de  la  6i''  du  Cygne   et 

étoiles  physiquement  associées  dont  le 
mouvement  relatif  n'est  pas  orbital . 
mais  rectiligne  ;  Note  de  M.  Flainina- 
rion 171 

—  Étoiles  doubles  doni  le  mouvement  rela- 

tif s'efléctue  en  ligne  droite  et  est  dû  à 
une  différence  de  mouvements  propres; 
Note  de  M.  Flanimnrion GG2 

—  Lumière  zodiacale  observée  à  Toulouse 

en  février  et  en   mars  1876;  Note  de 

M.  Griiey f)o3 

—  Lettre  touchant  la  détermination  de  la 

parallaxe  solaire,  par  les  observations 

de  la  planète  Flore  ;  par  M.  Gdllc 11 54 


) 

Pages. 

Observations  de  la  Lune  et  d'étoiles  de 
même  culmination,  faites  à  l'Observa- 
toire de  Melbourne;  Note  de  M. -fi. 
Ellcry 1259 

Observations  de  la  Lune  faites  aux  instru- 
ments méridiens  de  l'Observatoire  de 
Paris  pendant  l'année  1874;  Note  de 
M.  Le  Verrier 1 265 

Sur  les  travaux  en  voie  d'exécution  à  l'Ob- 
servatoire; Note  de  M.  Le  Verrier i547 

M.  J.-A.  Normand  adresse  une  Note 
«  sur  une  double  occultation  d'étoiles 
par  Jupiter,  pendant  l'opposition  de 
1875  » 3o 

M.  Crampcl  adresse  une  Note  sur  un 
moyen  de  rétablir  la  concordance  entre 
l'année  civile  et  l'année  solaire luo 

W.J.Vinot  adresse  un  Tableau  synop- 
tique qui  donne,  à  simple  vue  ,  pour 
chaque  jour  de  l'année,  à  notre  époque, 
la  diflérence  entre  le  midi  des  cadrans 
solaires  et  le  midi  des  horloges,  avec 
une  approximation  d'un  quart  de  mi- 
nute    i3i5 

M.  Em.  Liais  adresse  une  Note  sur  la 
parallaxe  du  Soleil 1407 

'oir  aussi  Comètes,  Planètes,  Soleil, 
Eclipses,  Vénus  (passage  de]  et  Mt- 
canifjiie  céleste. 


B 


Balances.   —   Sur  la  nouvelle  balance  de 

M.  Mendeleef;  Note  de  M.  Salleron...     878 

Balistique.  —  Sur  la  théorie  générale  des 
percussions  et  sur  la  manière  de  l'ap- 
pliquer au  calcul  des  effets  du  tir  sur 
les  différentes  parties  de  l'afl'ùt  ;  Note 

de  M.  H.  Piitz 295 

Voir  aussi  Explosifs  (corps). 

Benzine.  —  Sur  la  structure  atomique  des 
molécules  de  la  benzine  et  du  térébène; 
Note  de  M.  G.  Hinriehs 47 

Bois  (conservation  des).  —  Sur  la  décom- 
position et  la  conservation  des  bois; 
Note  de  M.  Max.  Pmtlci 23 

—  M.  E.  Pétion  adresse  une  Note  dans  la- 

quelle il  propose   un   nouveau  moyen 

pour  la  conservation  des  bois 961 

Bolides.  —  M.  Chapelas  adresse  une  Note 
relative  à  un  prétendu  bolide,  qui  aurait 
été  aperçu  dans  la  soirée  du  10  février.     444 

—  M.  /.  Vinot  adresse  une  Lettre  concer- 

nant le  bolide  dont  l'existence  a  été  con- 
testée par  M.  Chapelas 5o5 

—  M.  Chapelas  adresse  une  nouvelle  Note 

relative  au  météore  lumineux  observé 


par  lui  le  10  février 54 1 

—  Communications  diverses  sur  le   même 

sujet  ;  par  MM.  F.  Carré,  A.  Lemoine, 

de  Kerikiiff,  Vinot 575 

—  Communication  au  sujet  du  mè.me  bolide; 

par  M.  Lecoq  de  Boisbaudran 57G 

—  Observation  du  même  bolide  à  Segonzac 

(Charente)  ;  jiar  M.  Dainay 683 

—  Explication  de  la  trajectoire  de  ce  bolide  ; 

par  M .  Martin  de  Brettes 684 

Borique  (acide).  —  Dosage  de  l'acide  bo- 
rique ;  Note  do  M.  --/.  Ditte 4go 

—  Séparation  de  l'acide  borique  d'avec  la 

silice  et  le  fluor;  Note  de  M.  A.  Ditte.     56i 
Botanique.  —  Sur   la  place  cà  donner  aux 
tiymnospcrmesdans  la  classification  na- 
turelle ;  Note  de  M.  L.  Lerolle 384 

~  Sur  un  fait  de  dimorphisme  dans  la  fa- 
mille des  Graminées;  Note  de  M.  Eng. 
Fouriiicr 44" 

—  Observations    sur  les  Pandanécs  de  la 

Nouvelle-Calédonie;  par  M.  Ad.  Bron- 
gniart 1192 

—  Lettre  sur  la   faune  et   la  flore  de  l'ile 

Kerguelen  ;  par  M.  Lanen 1224 


—  Induence  de  la  séclicresse  sur  les  Crypto- 

games ;  par  M.  E.  Rubcrt 

—  Remar(iucs  compléinentaii'es  sur  le  rôle 

du  substratum  dans  la  distiilnUion  des 
Lichens  saxicolcs  ;  par  M.  H'cddcll.. . . 
Voir  aussi  Anatomic  X'cgcKilc. 
Botanique  fossile.  —  Recherches  sur  les 
végétaux  silicifiés  d'Autun  et  de  Saint- 
Etienne  :  étude  du  genre  Botryopteris  ; 
Note  de  M.  B.  Rcnnult 

—  Sur  la  découverte  de  deux  types  nou- 

veaux de  Conifères  dans  les  schistes 
permiens  de  Lodève  (Hérault)  ;  Note  de 
M.  G.  de  Siipntiti 

—  Observations  relatives  à  la  Communica- 

tion précédente  ;  par  M.  Brongniart. . . 

—  Sur  l'ornemenlation  des  fibres  ligneuses 

striées  et  leur  association  aux  fibres 
ponctuées  ordinaires,  dans  le  bois  de  cer- 
tains genres  de  Conifères;  Note  de  M.  G. 


(   «6 

i3i3 
1434 


1017 

lO-'.U 


de  Snpoitd *. 1  io5 

DoussoLEs.  —  M.  E.  Ditchriniii  adresse  une 
Note  rcialive  à  une  «  nouvelle  boussole 
pouvant  être  ulilisée  sur  la  surface  des 
liquides  et  donner  l'heure  par  le  So- 
leil » i6{ 

—  M.  E.  Diic/ic/id/i&dTesse  le  nouveau  mo- 
dèle qu'il  a  adopté  pour  sa  boussole 
circulaire 1226 

BnoNZËS.  —  Note  sur  les  bronzes  du  .lapon  ; 

par  M.  E.-/.  Maamenc 1009 

Bulletins  niBLioc.n\piiiQUES,  (i-,  i3o,  20S, 
282,  33G,  4o4,  445,  57O,  683,  771, 
838,  923,  980,  io36,  lin,  1177,  i238, 
1264,  i3i5,  i303,  1408,  r338,  1G16. 

Bureau  des  Longitudes.  —  Présentation  de 
la  «  Connaissance  des  Temps  pour 
1876  »  et  de  «  l'Annuaire  publié  par  le 
Bureau  des  Longitudes  pour  1875  »; 
par  M.  Fore 409 


Calenorieb.  —  Moyen  de  rétablir  la  concor- 
dance entre  l'année  civile  et  l'année  so- 
laire ;  par  M.  Cnimpcl i  r  10 

Camphres  et   leurs   dérivés.  —  Sur   les 

camphônes  ;  Note  de  i\L  /.  RUxui 1 307 

—  Isomcrie  des  chlorhydrates  B'"I1'°,  HCI; 

Note  de  M.  /.  Riban 1 33o 

—  Sur  la  transformation  du   camphre  des 

laurinées  en  camphène,  et  réciproque- 
ment des  camphônes  en  camphre  ;  Note 
de  M.  /.  Riban i38i 

—  Sur  la  synthèse  des  camphres  par  l'oxy- 

dation des  camphènes;  Note  de  M.  Ber- 
tlielot 1 425 

—  Sur  la  synthèse  d'un  terpilène  ou  car- 

bure camphénique;  Note  de  M.  G.  Bou- 
cluirdat i  i  46 

Candidatures.  —  M.  E.  Mathieu  prie  l'Aca- 
démie de  le  comprendre  parmi  les  can- 
didats à  la  place  devenue  vacante,  dans 
la  Section  de  Géométrie,  par  la  nomina- 
tion de  M.  J.  Bertrand  aux  fonctions 
de  Secrétaire  perpétuel.. 3i 

Capillaires  (piiéno.mè.nes).  —  M.  le  i'cc/e- 
taire  perpctuel  i\%\\ûo,  parmi  les  pièces 
imprimées  de  la  Correspondance,  la 
«  'Théorie  capillaire  de  Gauss  et  l'exten- 
sion d'un  liquide  sur  un  autre  »,  par 
M.  J'an  (lerMeiiibnigglie iJSa 

Carbone.  —  Recherches  sur  le  carbone  de  la 
fonte  blanche;  par  iMM.  /'.  Schùizen- 
bcrgcr  et  J.  Bourgeois 911 

CAKBONiyuE  (  acide).  —  Dosagc  de  l'acide 
carboiiiiiue    de   l'air  à  bord  du  ballon 


le  Zénith;  Note  de  M.  G.  Tissandicr .     97G 
Carbures.  —  Action  du  platine  et  du  palla- 
dium sur  les  hydrocarbures  de  la  série 
benzénique  ;  Note  de  JI.  /.-/.  Coquillioit.  1089 
Chaleur  rayonnante.  —  Recherches  sur  les 
radiations  solaires  (suite);  par  M.  P. 

Desains 1  420 

Champignons.  —  Recherches  sur  les  fonc- 
tions des  Champignons;  par  M.  Muntz.     178 

—  Sur  la  fécondation  des  Basidiomycètes  ; 

Note  de  M.  Ph.  van  Tiegheiii 373 

—  Sur   un  appareil  de   dissémination   des 

Gregoriiia  et  des  Strlorhynchus  ;  phase 
remarquable  de  la  sporulation  dans  ce 
dernier  genre  ;  Note  de  M.  J.  Schnei- 
der       432 

Charbons.  —  Analyse  du  charbon  minéral  de 
l'ile  Suderoë;  par  MM.  Beghin  et  ('/;. 
Mène 1 4o4 

Chemins  DE  fer.  —  Description  de  voilures 
roulant  sur  rails  mobiles  tournants  ;  par 
M .  E.  de  Bniiyn 3o 

—  Locomotive  à  patins  de  M.  Eortin-Herr- 

Diann  ;  Note  de  AI.  Trcsca i  ig8 

—  M.  Chardon  adresse,  à  l'occasion  do  cette 

Note,  une  réclamation  de  [uiorilé,  ac- 
compagnée d'un  dessin 1 3o4 

—  M.  Poupclle  adresse  une  Note  relative  à 

un  système  d'avertisseurs  électriques, 
destinés  à  prévenir  les  rencontres  de 
deux  trains  cheminant  sur  une  iiiéuie 
voie  ferrée 110 

—  iM.  /,?//■/«•«<  adresse  une  Noto  concernant 

ses  recherches  relatives  à  la  marche  à 


(  i6 

Pages. 

contre-vapeur,  et  prie  l'Académie  de 
comprendre  ces  recherches  parmi  les 
pièces  destinées  au  Concours  du  prix 

de  Méciinique 036 

Chimie.  —  Influence  de  la  pression  sur  la 

combustion;  Note  de  M.  L.  Cuilletet..     487 

—  Sur  la  dissolution  do   l'hydrogène   dans 

les  métaux,  et  la  décomposition  de  l'eau 
par  le  fer;  Noie  de  MM.  L.  Troost  et 
P.  Hautcfcuille 788 

—  Équilibre  chimique  entre  les  gaz  :  iode 

et  hydrogène;  Note  de  M.  G.  Lemoine.     792 

—  Sur  la  formation  de  l'acide  iodique  dans 

les  flammes  iodées;  Note  de  M.  G.  Sa- 

Itt 884 

—  Sur  la  précipitation  de  l'argent  par  le 

protoxyde  d'uranium  ;  Note  de  M.  Isam- 
bert 1087 

—  Sur  la  solubilité  du  nitrate  de  soude  et 

sa   combinaison   avec   l'eau ,   Note   de 

M.  -/.  Ditle 1164 

—  Sur  quelques  réactions  des  sels  de  chrome  ; 

Note  de  M.  A.  Étant , 1 3oG 

—  Sur  la  présence  du  bioxyde  d'hydrogène 

dans  la  sève  des    végétaux  ;   Note  de 

M.  Clermont iSgi 

Voir  aussi  Thermochimic . 
Chdiie  agricole.  —  Sur  la  germination  de 

l'orge  Chevallier;  Note  de  ^\.A.  Lcclerc.       a6 

—  Sur  les  matières  salines  que  la  betterave 

à  sucre  emprunte  au  sol  et  aux  engrais  ; 
Note  de  M.  Eui;.  PcUi^ot i33 

—  Remarques  sur  les  substances  minérales 

contenues  dans  le  jus  des  betteraves  et 
sur  la  potasse  qu'on  en  extrait;  Note  de 
M.  Eus;.  Pcligot 219 

—  Sur  l'amélioration  de  la  qualité  de  la  bet- 

terave; Note  de  M.  Ch.  Viollctte 327 

—  Sur  la  pulvérisation  des  engrais  et  sur 

les  meilleurs  moyens  d'accroître  la  fer- 
tilité des  terres  ;  Note  de  M.  Mcnier.  .     307 

—  Note  à  propos  de  la  Communication  pré- 

cédente de  M.  Menier;  par  M.  Chci'reid.     'Î62 

—  M.   Tréiiunuv  adresse  une  Note  relative 

aux  faits  signalés  dans  la  Communica- 
tion de  M.  Menier,  et  aux  observations 
de  M.  Chevreul 437 

—  Note  relative  à  l'action  de  l'hydrate  de 

baryte  sur  certains  composés  minéraux 
et  organiques,  contenus  dans  les  pro- 
duits de  la  betterave;  par  M.  P.  La- 

gi'""S<-' 397 

—  Sur  les  betteraves  dites  ratineuses ;'iioiQ 

de  M.  Ch .  Violletlc 399 

—  Note  concernant  les  engrais  chimiques  de 

la  betterave;  par  MM.  H.  Woussen  et 

B.  Con-mvinder 557 

—  Action  du  sulfate  d'ammoniaque  dans  la 


28   ) 

Pages. 

culture  de  la  betterave;  Note  de  M.  P. 
Lagruiif^c 63 1 

—  Recherches  sur  les  betteraves  à  sucre; 

par  MM.  E.  Fremr  et  P.  Deliérain. . . .     778 

—  Sur  le  rôle  exercé  par  les  sels  alcalins  sur 

la  végétation  de  la  betterave  et  de  la 
pomme  de  terre;  Note  de  M.  Pagiioul..   1010 

—  De  l'équivalence  des  alcalis  dans  la  bette- 

rave; Note  de  MM.  P.  Cluimpion  et  H. 
Pcllct 1014 

—  Équivalence  chimique  des  alcalis  dans  les 

cendres  de  divers  végétaux;  Note  de 
MM.  P.  Champiun  et  H.  Pellet 1 588 

—  Recherches  chimiques  sur  l'absorption  do 

l'ammoniaque  de  l'air  par  la  terre  vol- 
canique do  la  solfatare  de  Pouzzoles; 
par  M.  ,S'.  de  Liica 674 

—  Sur  les  matières  optiquement  actives,  au- 

tres que  le  glucose,  qui  existent  nor- 
malement dans  le  vin  et  le  caractéri- 
sent ;  Note  de  M.  J.  Béchamp 967 

—  Noie   sur    l'acide   dextrogyre    du    vin  ; 

par  M.  E.-J.  Mauniené 1026 

—  M.    A.    Bubierre    adresse    un  Mémoire 

ayant  pour  objet  des  recherches  sur  la 
volatilisation  de  l'azote  du  guano  péru- 
vien    1 153 

—  M.  A.  Bobicrrc  adresse  une  Note  sur  les 

inexactitudes  que  peut  présenter  le  do- 
sage do  l'azote  dans  l'analyse  des  ma- 
tières azotées  employées  comme  engrais.    960 
CiiLMiË  ANALYTIQUE.  — Sur  l'ammoniaque  dc 

l'atmosphère;  Note  de  M.-J.  &7//a-i(/;^.     173 

—  Dosage  de  l'ammoniaque  atmosphérique  ; 

par  M.  Tli.  Schlœsing 265 

—  De   la   décomposition  de  la   liqueur   de 

Fehiing;  dosage  du  glucose  en  présence 
du  sucre;  Note  de  MM.  P.  Champion  et 
H.Pclkt 181 

—  Sur  une  nouvelle  burette  pour  les  essais 

volumétriques;  Note  de  \\.  A.  Pinchnn.     bjT, 

—  Observations  de  M.  Dumas,  relatives  à 

la  (Communication  précédente 575 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  dosage  par 

les  liqueurs  titrées;  Note  de  M. F. /('««.     673 

—  Dosage  de  l'acide  borique  ;  Note  de  M. ./. 

Ditif 490 

—  Séparation  de  l'acide  borique  d'avec  la 

silice  et  le  fluor  ;  Note  de  M.  A.  Ditte  .     56i 

—  M.  Boasuingaidt  donne  lecture  d'un  Mé- 

moire portant  pour  titre  :  «  Analyses 
comparées  du  biscuit  de  gluten  et  de 
ipielques  aliments  féculents  » 786 

—  MM.   P.   Theiiard,   Boid/laiid ,  Chevreul 

prennent  la  parole  à  propos  de  la  Com- 
munication précédente 786 

—  Rapport  sur  un  appareil  à  titrer  l'alcool 

lies  vins,  présenté  par  M.  Malligand; 


(  1629  ) 


Pages. 
1114 


i4o4 


if)iG 


480 


81 


88; 


iSgS 


par  M.  P.  Tlwnnnl 

—  Analyse  rlu  charbon  minéral  de  l'île  Su- 

floroë;  par  MM.  Béghin  et  Cli.  Mène. 

—  M.  Maiimené  adresse  une  description  et 

un  dessin  do  sa  burette  perfectionnée.. 
Chimie  animale.  —  Sur  la  présence  du  cui- 
vre dans  l'organisme  ;  Note  de  WW.Bcr- 
f;eron  et  L.  L'Hôte 2G8 

—  Étude  chimique  sur  le  petit-lait  de  Lu- 

dion ;  par  M.  F.  Gnrrignii 

—  Sur  un  cas  d'épilepsie  traité  par  le  sul- 

fate de  cuivre,  et  sur  la  présence  d'imc 
quantité  considérable  de  cuivre  dans  le 
foie  ;  Note  de  JIM.  Bourncville  et  Ymn. 

—  Sur  la  substitution  du  mercure  à  l'hydro- 

gène dans  la  créatine  ;  Note  de  M.  R. 
Engcl 

—  Recherches  sur  la  taurine;  par  M.  R.  En- 

gcl 

Chimie  industrielle.  —  Sxir  la  décomposi- 
tion et  la  conservation  des  bois;  Note  de 
M.  Max.  Paulct 23 

—  Étude  micrographique  de  la  fabrication 

du  papier  ;  i)ar  M.  A.  Girard Gi^g 

—  Note    sur  les   bronzes  du  .lapon  ;    par 

M.  E.-J.  Maiimcfié 1 009 

—  Sur  un  nouvel  appareil  pour  la  fabrica- 

tion continue  des  superphosphates  de 
chau.\;  ;  Note  de  M.  P.  Tlnbault 1 144 

—  Sur  la  présence  de  l'acide  sulfurique  an- 

hydre dans  les  produits  gazeux  de  la 
combustion  de  la  pyrite  de  fer;  Note  de 
M.  Srhcurcr-Kcstncr 

—  M.  ^.  Gaffard adressa  une  Note  relative 

à  une  encre  indélébile 

—  M.  Diirniirnau  adresse  une  Note  concer- 

nant «  l'analyse  et  la  classification  des 
ciments,  dans  leur  emploi  » 3 1 2 

—  W.  Fua  adresse  une  Lettre  concernant 

ses  précédents  Mémoires  sur  les  moyens 
de  prévenir  les  explosions  dans  les  houil- 
lères   

—  M.  G.  Pt'tion  adresse  une  Note  relative 

a  un  moyen  pour  la  conservation  des 
bois 

—  i\L  A.  l'idaii  adresse  un  Mémoire  ayant 

pour  objet  l'utilisation  des  produits  ul- 
times résultant  de  la  fabrication  du  vin. 
Chimie  organique.  —  Sur  la  structure  ato- 
mique des  molécules  do  la  benzine  et 
du  térébène;  Note  de  M.  Hiririr/is.  ...        J; 

—  Sur  les  éthers  titaniques;  Note  do  M.  E. 

Dcnnirçar 5 1 

—  Sur  les  uréides  pyruviques.  Uréides  con- 

densées ;  Note  de  M.  E.  Gnimn/.r 53 

—  Reclierches  sur  le  groupe  uri(iue,-  par 

\\.  E.  Grimaii.r. 828 

—  Sur  le  pouvoir  rotatoire  spécifique  de  la 


I23o 


3o 


387 


9G1 


159S 


Pages, 
mannite;  Note  de  AL  G.  Boucliardat . .     19,0 

-  Sur  le  perbromure  d'acétylène  brome  ; 

Note  do  M.  E.  Bnurgoin 325 

-  Identité  des  dérivés  bromes  de  l'hydrure 

d'éthylène  tétrabromé,  avec  ceux  du 
perbromure  d'acétylène;  Note  de  M.  E. 
Boiirgoin GCG 

-  Sur  la  préparation  do   l'éthylène   per- 

chloré  ;  Note  de  M.  E.  Bourgnin 971 

■  Sur  une  matière  colorante  pourpre  déri- 

vée du  cyanogène  ;  Note  de  M.  G.  Bong.     Sjg 

■  Sur  le  déplacement  réciproque  des  acides 

gras  volatils;  Note  de  M.  H.Lescœiir 5G3 

Recherches  sur  les  acides  gras  et  leurs 
sels  alcalins;  par  M.  Bcrilaht 592 

Sur  l'acide  acétique  anhydre;  Note  do 
M.  Bi'rthcht '. . . .    599 

Stabilité  des  sels  des  acides  gras,  en  pré- 
sence de  l'eau,  et  déplacement  récipro- 
que de  ces  acides  ;  Note  de  M.  Bcrtlw- 
lot 700 

Sur  la  reconnaissance  de  l'alcool  ordi- 
naire mélangé  avec  l'esprit-de-bois  ; 
Note  de  M.  Bcrthrlot loSg 

Recherches  et  dosage  de  l'alcool  méthy- 
lique  en  présence  de  l'alcool  vinique; 
par  MM.  Jlf.  Riche  et  Cli.  Bardr 1076 

Sur  l'action  du  platine  et  du  palladium 
sur  les  hydrocarbures  de  la  série  benzé- 
nique;  Note  de  M.  J.-J.  CoquilUnn 1089 

Éludes  sur  le  sucre  inverti;  Note  de 
.\1.  E.-J .  Maumenè 1  1 39 

Sur  la  décomposition  des  corps  gras  neu- 
tres; Note  do  M.  J.-C.-A.  Bnch 1 142 

Sur  les  caractères  du  glycocolle  ;  Note 
de  M.  Engel 1 1G8 

Sur  les  camphènes;  Note  de  M.  ./.  Ri- 
ban j  1 307 

Isomérie  des  chlorhydrates  C'°H"',  HCI; 
Note  de  M.  /.  Riban 1 33o 

Sur  la  transformation  du  camphre  des 
laurinécs  en  camphène,  et  réciproque- 
ment des  camphènes  en  camphre  ;  par 
M.  /.  Riban i38i 

Sur  la  synthèse  des  camphres  par  l'oxy- 
dation des  camphènes  ;  Note  de  M.  Bcr- 

thctnt 1 425 

Sur  la  synthèse  d'un  terpilône  ou  car- 
bure camphénique  ;  Note  de  M.  G.  Boit- 
chardat M^R 

Reclierches  sur  lessulfines;  par  M.  Ca- 
lioiirs 1 3 1 7 

Nouveau  mode  de  préparation  de  l'aride 
formique  très-concentré,  au  moyen  de 
l'acide  oxalique  déshydraté  et  d'un  al- 
cool polyatomique  ;  par  M.  Lnrin 1 328 

Note  sur  la  thiamméline,  nouveau  dérivé 
du  persulfocyanogène  ;  par  M.  /.   Po- 


(  i63o  ) 


Pages. 
l384 

iSqG 

l4oo 


nnmareff 

—  Sur  le  (luorène  et  l'alcool  qui  en  dt^rive; 

Note  de  M.  rh.  Barbier 

—  Sur  le  bihromuro  de  l'acide  angélique; 

Note  de  M .  Dcmarrny 

—  Pur  les  hydrocarbures  qui  prennent  nais- 

sance dans  la  distillation  des  acides  gras 
bruis,  en  présence  de  la  vapeur  d'eau 
surchauffée;  Note  de  MM.  A.  Cnhours 
et  Demarray '  5<iS 

—  Action  du  chlore  sur  l'élher  isobulyliod- 

hydrique  ;  Note  de  M.  Prunier i6o3 

—  M.  C.-O.Cerch  adresse  une  Note  sur  l'a- 

cide viridique 3 1 2 

—  M.    Cnhours   présente   le    troisième    et. 

dernier  volume  de  la  nouvelle  édition 
de  son  «  Traité    de  Chimie   organique 

élémentaire» g48 

Chimie  végét.\le.  —  Étude  comparative  des 
gommes  et  des  mucilages  ;  Note  de 
M.  Giraud 477 

—  De  l'amylogène  ou  amidon  sokible  ;  Noie 

de  M.  L.  Bondimnenu 67 1 

—  Sur  la  présence  du  bioxyde  d'hydrogène 

dans  la  sève   des   végétaux  ;  Note  de 

M.  /.   Clcrniont i  Sg i 

CiiiRVRGiE.  —  Mémoire  sur  la  résistance  des 
protozoaires  aux  divers  agents  de  panse- 
ment généralement  employés  en  Chirur- 
gie ;  Note  de  M.  Demarquay aa 

—  Do  l'emploi  de  l'électricité  dans  l'iléus, 

dans  riiydrocèle  et  dans  la  paralysie  de 

la  vessie  ;  Note  de  M.  Macario 55G 

—  Du  traitement  de  l'obstruction  intestinale 

au  début,  par  l'aspiration  des  gaz  ;  Note 

de  M.  Demanjuay 635 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  J.  Uenne- 

quin,  intitulé  :  «  De  l'allongement  du 
lémurdansle  trailcmentdesesfracturcs  » 
par  M .  Sédiltot g5 1 

—  Sur  un  nouveau  procédé  opératoire  de  la 

calaracto  (extraction  à  lambeau  péri- 
phérique) ;  Note  de  M.  L.  de  fVechcr.    1294 

—  Pansements  à  la  ouate  et  occlusion  ina- 

movible ;  Note  de  JI.  OUier i54 

—  Remarques  de  M.   Ijirrey,  relative  à  la 

Communication  précédente ijg 

—  La  neutralisation  de  l'acidité  de  l'hydrate 

do  chloral  par  le  carbonate  de  soude  re- 
tarde la  coagulation,  en  conservant  les 
propriétés  physiologiques.  Trois  nou- 
vaux  faits  d'ancsthésie  chez  l'homme; 
Note  de  M.  Orc 19g 

—  M.  yJ/p/i.  G/«v7«  prie  l'Académie  de  com- 

prendre, parmi  les  Mémoires  adressés 
au  Concours  des  prix  de  .Médecine  et 
Chirurgie,  les  deux  Notes  qu'il  a  lues  sur 
sa  méthode  de  pansement 1 3o4 


P.-iges, 


802 


902 


—  M.  J.-J.  Marques  adresse  l'observation 

il'un  cas  de  guérison  d'un  anévrisme  de 
la  carotide  externe  droite,  par  la  com- 
pression digitale 3i2 

—  M.  Houzé  de  VAulnoii  adresse  une  Note 

sur  l'immobilisation  articulaire,  appli- 
quée au  pansement  des  amputés 388 

—  M.  /.-/.   Cazcnavc  adresse  une  «  His- 

toire abrégée  des  sondes  et  des  bougies 
urélhro-vésicales  employées  jusqu'à  ce 
jour  » 

—  l\r.  Petrequin  adresse  trois  brochures  et 

une  Note  sur  l'application  de  la  galvano- 
puncture  au  traitement  des  anévrismes. 

—  M.  Barot  adresse,  pour  le  Concours  des 

prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  (fonda- 
tion Montyon),  un  Mémoire  sur  un  ap- 
pareil à  extension  continue  et  graduée 
pour  les  fractures  de  la  jambe.     742  et  1086 

—  M.  E.  La/iiier  adresse  une  Note  sur  un 

appareil  destiné  à  opérer  le  lavage  des 

plaies  à  trajet  profond 1086 

Voir  aussi  Fermentndons. 
CiiLOBAL.  —  La  neutralisation  de  l'acidité  de 
l'hydrate  de  chloral  par  le  carbonate  de 
soude  retarde  la  coagulation,  en  conser- 
vant les  propriétés  physiologiques  ;  Note 
de  M.  Orc 199 

—  Sur  un  nouveau  corps  qu'on  trouve  dans 

l'urine,  apiès  l'ingestion  d'hydrate  de 
chloral  ;  Note  de  M.M.  Musculus  et  de 
Mcriné gSg 

—  Nouvelle  méthode  de  traitement  du  rhu- 

matisme cérébral  par  l'hydrate  de  chlo- 
ral ;  Note  de  M.  E.  Bouchut ,    1 34 1 

CuoLÉnA.  —  W.  J.  Quissac  adresse  une  nou- 
velle rédaction  de  son  Mémoire  sur  le 
choléra  asiatique,  sa  nature  et  son  trai- 
tement         3o 

—  M.  Lecarcux  adresse  une  Note  relative  ;\ 

un  traitement  du  choléra 242 

—  M.  MdUliird  adresse  un  .Mémoire  relatif 

à  un  traitement  du  choléra 3 1 3  et 

—  MM.  Bourj^ngne,    J.    Quissac,   Maillant 

adressent  di\erscs Communications  con- 
cernant le  choléra 

—  M.  f/i'/(/r///7/ adresse  divers  documents  re- 

latifs au  traitement  du  choléra 

Chrome  et  ses  comtosés.   —  Sur  quelques 

réactions  des  sels  de  chrome  ;  Note  de 

Cli.-A.  Etard 1 3oG 

Circulation.—  Sur  la  pulsation  du  canir; 

Note  de  M.  Marey 1 85 

—  De  l'action  vaso-dilatatrice  exercée  par 

le  neif  glosso-pharyngièn  sur  les  vais- 
seaux do  la  muqueuse  de  la  langue  ; 
Note  de  M.  A.  f'ulpian 33o 

—  Sur  les  bruits  du  cœur  ;  Note  de  M.  Bc- 


8o3 


482 


3 


f;cs. 

8'.)9 


( 
Pa 
zoutière 

—  De  l'action  du  fer  sur  la  nutrition  ;  Note 

de  W.  Rnhutenu 1 1 Gg 

CincuLATOiiiE  (appareil).  —  Sur  l'origine 
des  vaisseaux  de  la  tunique  chez  les 
Ascidies  simples  ;  Note  de  M.  de  Lacnze- 
Diilliiera Goo 

—  Sur  l'aortitechronique;  NotedeM./oHs-.trf.  i34ii 
Collège   de  France.   —  M.  /.  Silbennann 

prie  l'Académie  de  le  comprendre  parmi 
les  candidats  à  la  chaire  d'Histoire  natu- 
relle des  corps  inorganiques,  laissée  va- 
canle  au  Collège  de  France  par  la  mort 
de  M.  Élie  de  Beaumont 3 1 

—  M.  le  Ministre  île  r Inslrtietioii  publique 

invite  l'Académie  à  lui  présenter  une 
liste  de  candidats  pour  cette  chaire. . .     no 

—  Liste  de  deux  candidats,  présentés  par 

l'Académie  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique  :  i°M.  Cb.  Sninlc-Claire 
Deville ;  2°  M.  Fnuqué 291 

CoLLODiON.  —  Propriétés  physiques  des  lames 

de  rollodion  ;  Note  de  M.  E.  Gripnn. . .     882 

Combustion.  —  Influence  de  la  pression  sur 

la  combustion  ;  Note  de  M.  L.  Cuilletet.     487 

Comètes.  —  Éléments  provisoires  de  la  Co- 
mète VI,  1874,  Borrelly  ;  par  M.  Gnirr.     3i3 

—  Nouvelles  observations  de  la  comète 
d'Enrke  et  de  la  comète  de  Winnecke  ; 

par  M.  Stephan 3 1 4 

Commissions  spéciales.  —  MM.  Chaslcs  et 
Dernistw  sont  nommés  Membres  de  la 
Commission  centrale  administrative  pour 
l'année  1875 14 

—  Commission  chargée  déjuger  le  Concours 

pour  le  grand  prix  des  Sciences  mathé- 
matiques à  décerner  en  1875  :  MM.  Pui- 
seux,  Bertrand,  Bonnet,  Hermile,  Fizeau.     787 

—  Commission  chargée  déjuger  le  Concours 

du  prix  Poncelet  pour  1875  :  MM.  Chas- 

les,  Puiseux, Rolland,  Hermite,  Phillips.     787 

—  Commission  chargée  de  juger  le  Concours 

pour  le  prix  de  Mécanique  de  la  fonda- 
tion Montyon  (1875)  :  MM.  Phillips, 
Morin,  Rolland,  Tresca,  Resal 787 

—  Commission  chargée  déjuger  le  Concours 

du  prix  Plumey  pour  1875  :  MM.  Dupuy 
de  Lôme,  Paris ,  Jurien  de  la  Gravière, 
Rolland,  Tresca 787 

—  Commission  chargée  de  juger  le  Concours 

du  prix  Lalande(.\stronomie)  pour  1875  : 
MM.  Paye,  Le  Verrier,  Lœwy,  Liouville, 
Janssen 787 

—  Commission  chargée   do  juger  le  Con- 

cours du  |irix  Fourneyron  pour  1875  : 
MM.  Rolland,  Resal ,  Phillips,  Morin, 
Tresca 787 

—  Commission  chargée  déjuger  le  Concours 

C.  R.,   1S75,  i<"-  Semeslrc.  (T.  LXXX.) 


63i   ) 


Pages. 


pour  le  grand  prix  des  Sciences  phy- 
siques à  décerner  on  187.")  ;  MM.  Milms 
Edwards, Blanchard,  de  Lacaze-Duthiers, 
de  Quatrefages,  Ch.  Kobin 865 

Commission  chargée  de  juger  le  Concours 
du  prix  Barbier  pour  187'j  :  MM.  Gosse- 
lin,  Chatin,  Bussy,  Larrey,  Cl.  Bernard.     865 

Commission  chargée  de  juger  le  Concours 
du  prix  Desmazières pour  1875:  MM.Tré- 
cul,  Duchartre,  Brongniart,  Chatin,  Tu- 
lasne *>6  » 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du  prix  Thore  pour  1875:  MM.  Blan- 
chard, Brongniart,  Duchartre,  Trécul, 
Milne  Edwards 865 

Commission  chargée  de  juger  le  Concours 
pour  le  grand  prix  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie à  décerner  en  187J  (Application 
de  l'électricité  à  la  thérapeutique): 
MM.  Gosselin,  Cl.  Bernard,  BouiUaud, 
Andral,  Sédillot,  Larrey,  Becquerel  père, 
Cloquet,  Edm.  Becquerel 865 

Commission  chargée  de  décerner  le  prix 
Savigny  pour  l'année  1S75  :  MM.  de  La- 
caze-Duthiers, Milne  Edwards,  de  Qua- 
trefages, Blanchard,  Gervais 866 

Commission  chargée  déjuger  le  Concours 
pour  les  prix  de  Médecine  et  Chirurgie 
de  la  fondation  Montvon  (année  1875)  : 
MM.  Cl.  Bernard,  Cloquet,  Sédillot, 
Gosselin  ,   Andral ,   Bouillaud  ,   Larrey, 

Ch.  Robin,  Bouley gSo 

■  Commission  chargée  déjuger  le  Concours 
pour  le  prix  Godard  (année  1875)  : 
MM.  Gosselin,  Cl.  Bernard,  Robin, 
Andral,  Sédillot gSo 

-  ('.ommission  chargée  déjuger  le  Concours 

pour  le  prix  de  Physiologie  expérimen- 
tale de  la  fondation  Montyon  (année 
1875)  :  MM.  Cl.  Bernard,  Ch.  Robin, 
Milne  Edwards,  de  Lacaze-Duthiers, 
Bouley gîo 

-  Commission  chargée  de  juger  le  Concours 

pour  le  prix  Chaussicr  (année  1875); 
MM.  Andral,  Bouillaud, Cl.  Bernard,  Gos- 
selin, Cloquet 9J0 

-  Commission  chargée  déjuger  le  Concours 

pour  le  prix  des  Arts  insalubres  de 
la  fondation  Montyon  (année  1875): 
MM.  Peligot ,  Boussingault,  Chevreul, 
Dumas,  Bussy gSi 

-  Commission  chargée  de  juger  le  Concours 

du  prix  Lacaze  (Physique)  pour  1875  : 
les  Membres  de  la  Section  de  Physique  et 
MM.  IL  Sainte-Claire  Deville,  liegnault, 
Bertrand 996 

-  Commission  chargée  de  juger  le  Concours 

du  prix   Lacaze  (Chimie)  pour  187J: 

21!) 


(     l6^>2    ) 


Pages. 

les  Membres  de  la  Section  de  Chimie  et 
MM.  Peligot,  Berthelot,  Boussingault.. .     99G 

-  Commission  chargée  déjuger  le  Concours 

du  prix  Lacaze  (Physiologie)  pour  1875  : 
les  Membres  de  la  Section  et  MM.  Milne 
Edwards,  Robin,  de  Quatrefages 997 

-  Commission  chargée  de  juger  le  Concours 

du  prix  de  Statistique  de  la  fondation 
Montyon  pour  l'année  i8-5  :  MM.Bien- 
aymé,  Boussingault,  de  la  Gournerie, 
Puiseux,  Morin 997 

-  Commission  chargée  de  juger  le  Con- 

cours du  prix  Bordin,  année  1875  : 
MM.  Brongniart,  Duchartre,  Chatin, 
Decaisne,  Trécul 997 

-  Commission  chargé  de  juger  le  Concours 

du  prix  Serres,  année  1875  :  MM.  Cl. 
Bernard,  Ch.  Robin,  Andral,  de  Lacaze- 

Dutliiers,  Milne  Edwards 997 

■  Commission  chargée  de  juger  le  Concours 
du  jirix  Gegner,  année  187J  :  JIM.  Du- 
mas, Chastes,  Bertrand, Chevreul,  Morin.  997 
Commission  chargée  de  présenter  une 
question  pour  le  grand  prix  des  Sciences 
mathématiques  à  décerner  en  1876  :  MM. 
Cliasles,  Puiseux,  Morin,  Ilermite,  Paye.  loSg 
Commission  chargée  de  présenter  une 
question  pour  le  prix  Bordin  (Sciences 
mathématiques)  à  décerner  en  1876  : 
MM.  Fizeau,  Puiseux,  Hermite,  Dupuy 

de  Lôme,  Becquerel loSg 

Commission  chargée  de  présenter  une  ques- 
tion pour  le  grand  prix  des  Sciences  phy- 
siques à  décerner  en  1877  :  MM.  Milne 
Edwards,  Blanchard,  Cl.  Bernard,  Brou- 


Pages. 
gniart,  de  Quatrefages loSg 

—  Commission  chargée   de  présenter  une 

question  pour  le  i)rix  Bordin  (Sciences 
lihysiques  )  à  décerner  en  1877  : 
!\IM.  .Milne  Edwards,  Duchartre,  Fremy, 
Chevreul,  Brongniart 1060 

—  Commi.ssion  nommée  pour  l'examen  d'un 

projet  de  poudrières  souterraines,  mu- 
nies de  cheminées,  adressé  par  M.  le 
Ministre  de  la  Guerre  :  les  Membres  de 
la  Section  de  Physique,  auxquels  est  ad- 
joint M.  le  général  Morin 1227 

Congélation.  —  Nouvelle  Note  sur  la  rup- 
ture des  vases  par  la  congélation  de 
l'eau  ;  par  M.  A.  Barthélémy 208 

Créatime.  —  Sur  la  substitution  du  mercure 
à  l'hydrogène  dans  la  créatine  ;  Note  de 
M.  R.  En^rl 885 

Cristallisation.  —  Sur  la  théorie  de  la  dis- 
solution et  de  la  cristallisation  ;  Note  de 
M.  Lccofj  de  Boisbaudran l45o 

Cristallographie.  —  Sur  l'inégale  solubilité 
des  diverses  faces  d'un  même  cristal  ; 
Note  de  M.  Lecoq  de  Boisbaudran . .  . .    1007 

—  M.  Des  Cloizeaux  présente  à  l'Académie 

une  lunette,  construite  sur  les  indica- 
tions de  M.  Junnettaz,  pour  la  déter- 
mination des  axes  des  ellipses  dans  les 

cristaux 770 

Cyanogène  et  ses  dérivés. —Note  sur  une 
matière  colorante  pourpre,  dérivée  du 
cyanogène  ;  par  M.  G.  Bong SSg 

—  Note  sur  la  thiamméline,  nouveau  dérivé 

du  persulfocyanogène  ;  par  M.  /.  Ponu- 
iiiareff. i384 


D 


DÉci;s  DE  Membres  et  de  Correspondants 
DE  l'Académie.  —  M.  le  Sccrélaire  per- 
pétuel annonce  à  l'Académie  la  perte 
qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne 
de  M.  d'Oiiudius  d'Hnltoy,  Correspon- 
dant de  la  Section  de  Minéralogie 169 

—  M.  Cil.  Sainte-Claire  Dcfillc  rap|ielle  les 

principaux  titres  scientifiques  de  M.  (/'O- 
iiialius  d 'Halloy 1 59 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'A- 

cadémie la  perte  qu'elle  vient  de  faire 
dans  la  personne  de  M.  Seguin  aîné. 
Correspondant  de  la  Section  de  Méca- 
ni(|ue 538 

—  M.    le    Secrétaire  perpétuel   annonce   à 

l'Académie  la  perte  qu'elle  a  faite  de 
M.  Fr.-fV.-A.  Jrgelandery  Correspon- 
dant pour  la  Section  d'Astronomie 54o 

—  M.  le  Président  se  fait  l'interprète  des  sen- 


timents qu'inspire  à  l'Académie  la  mort 
de  M.  Mathieu,  qu'elle  vient  de  con- 
duire à  sa  dernière  demeure  :  il  propose 
de  lever  la  séance 58 1 

—  M.  Broch  prend  la  parole,  au  nom  des 

Membres  de  la  Commission  du  mètre, 
dont  M.  Mathieu  était  Président 582 

—  M.  le  Secrétaire  />rr/jétuel  annonce  à  l'A- 

cadémie la  perte  qu'elle  vient  de  faire 
dans  la  personne  de  M.  Tlniret,  Corres- 
pondant de  la  Section  de  Botanique 1241 

—  M.  Fremy  se  fait  l'interprète  des  regrets 

de  l'Académie 1241 

—  M.  Brongniart  rappelle  que  les  Membres 

de  la  Section  de  Botanique  avaient  pré- 
senté M.  Thuret  aux  sull'rages  de  l'Aca- 
démie pour  le  prix  biennal  à  décerner 
cette  année 1242 

—  M.  le  Secrétaire  perpétitel  annonce  à  l'A- 


(  iG33  ) 


Pa 


cadémie  la  perte  qu'elle  vient  de  faire 
dans  la  personne  de  M.  Le  Besgue,  Cor- 
respondant do  la  Section  de  Géométrie. 

—  M.  Di(in/is  fait  connaître  à  l'Académie  la 

perle  que  les  sciences  viennent  d'éprou- 
ver en  la  personne  de  M.  Sc/trœttcr. .. 
DÉCRETS. — M.  le  Ministre  de  V Instruction 
publique,  des  Cultes  et  des  Beaux-Arts 
adresse  l'ampliation  du  décret  par  lequel 
le  Président  de  la  République  approuve 
l'élection  de  M.  du  Moncet  à  la  place 
d'Académicien  libre,  en  remplacement 
de  feu  M.  Roulin 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 

adresse  l'ampliation  du  décret  par  le- 
quel le  Président  de  la  République  ap- 
prouve l'élection  de  M.  Bouquet,  en 


ges. 


1440 


1087 


'9 


Pages, 
remplacement  de  M.  Bertrand,  élu  Se- 
crétaire perpétuel loSy 

DÉTo.NANTS  (mélanges).—  Deuxième  Note 
sur  la  combustion  des  mélanges  dé- 
tonants ;  par  JM.  Neyrcnet/f. 335 

—  SI.  Ncyreneuf  adresse  une  nouvelle  Note 

sur  le  même  sujet 685 

Digestion.  —  Recherches  sur  le  suc  gastri- 
que ;  par  M.  Rabuteou 61 

—  Application  de  la  méthode  graphique  à 

l'étude  du  mécanisme  de  la  déglutition; 

par  iU.  S.  Arloing 1291 

—  M.  yli/'o/Zie  adresse  des  recherches  sur  la 

digestion,  l'assimilation,  etc 1226 

Dissolution.  —  Sur  la  théorie  de  la  dissolu- 
tion et  de  la  cristallisation;  Note  de 
M.  Lecoq  de  Boisbaudran 1 45o 


Eaux  naturelles.  —  M.  le  Ministre  des 
Travaux  publics  adresse  un  exemplaire 
du  Rapport  de  la  Commission  chargée 
de  proposer  les  mesures  à  prendre  pour 
remédier  à  l'infection  de  la  Seine  aux 
environs  de  Paris 638 

—  Altération  de  la  Seine  aux  abords  de  Paris 

depuis  novembre  1874  jusqu'en  mai 
1875  ;  Note  de  M.  A.  Gérardin i326 

—  M.  F.  Garrigou  adresse  les  résultats  de 

nouvelles  recherches  sur  les  eaux  miné- 
rales des  Pyrénées 802 

-•  M.  /.  François  adresse  une  Communica- 
tion sur  les  émanations  hydrother- 
males et  salines  des  stations  thermales 
du  Caucase 1 022 

—  M.  /.  François  adresse  un  Mémoire  sur 

la  genèse  des  eaux  minérales  et  des 
émanations  salines  des  groupes  du  Cau- 
case, sur  le  métamorphisme  des  ter- 
rains par  les  eaux  thermo-minérales  et 
sur  l'actualité  des  phénomènes  méta- 
morphiques au  groupe  de  Piatigorsk  (ga- 
lerie Tobieff ) 1 1 53 

Eau  oxygénée.  —  Sur  la  présence  du  bioxyde 
d'hydrogène  dans  la  sève  des  végétaux; 
Note  de  M.  G.  Clermont 1 5g  i 

Éclipses.  —  Lettre  de  M.  N.  Lockyer  à 
M.  Dumas,  concernant  les  préparatifs 
de  l'expédition  envoyée  par  la  Société 
royale  de  Londres,  pour  l'observation 
de  la  prochaine  éclipse  totale  du  Soleil.     25i 

—  Dépêche  de  M.  Janssen,   relative  à  l'ob- 

servation de  l'éclipsé  de  Soleil 986 

École  Polytechnique.  —  M.  le  Ministre  de 
la  Guerre  informe  l'Académie  que 
MM.   Chasles   et  Faye   sont    désignés 


pour  faire  partie  du  Conseil  de  perfec- 
tionnement de  l'École    Polytechnique, 

pendant  l'année  1875 i65 

Économie  rurale. —  Lettre  de  M.  le  Mi- 
nistre de  l'Agriculture  et  du  Commerce, 
appelant  l'attention  de  l'Académie  sur 
les  mesures  qu'il  pourrait  être  opportun 
de  prendre  pour  prévenir  linvasion  en 
France  de  la  vao\ic\\e  Doryphora,  qui  at- 
taque les  plantations  de  pommes  de 
terre  aux  États-Unis i65 

—  Rapport  de  M.  Milnc  Edwards  sur  les 

mesures  proposées  pour  prévenir  l'in- 
vasion de  cet  insecte 609 

—  Sur  un  nouveau  procédé  de  dessalement, 

appliqué  aux  terrains  salés  du  midi  de 

la  France  ;  Note  de  M.  A.  Joannon. . . .     891 

—  Tumeurs  produites  sur  les  bois  des  Pom- 

miers par  le  Puceron  lanigère;  Note  de 

M.  Prillieux 896 

—  M.  G.  Peyras adresse  une  Note  relative  à 

l'emploi  des  fumigations  pour  combattre 

les  épizooties 387 

—  M.  Cabieu  lit  un  Mémoire  sur  un  engrais 

formé  de  cendres  de  méduses  et  de  ma- 
tières fécales 54 1 

—  M.  de  Molon  rappelle  les  observations 

qu'il  avait  publiées  sur  la  nécessité  de 
la  division  des  nodules  de  phosphate  de 
chaux,  pour  rendre  leur  emploi  efficace 

en  Agriculture 802 

Voir  aussi  Cliinde  agricole. 
Électricité.  —  Sur  la   lumière   stratifiée; 

Note  de  M.  Nerreneuf 118 

—  Étude  des  décharges  électriques  dans  les 

fils  métalliques  fins;  par  M.  Mchcns.  .   i584 

—  M.  D.  Lontin  adresse  une  Note  concer- 

21  3,. 


(   '«34  ) 

Pages, 


io5 


23G 


nant  les  perfectionnements  apportés  par 

lui  aux  machines  dynamo-électriques. .     164 

—  M.  A.  Demnget  adresse  une  Note  relative 

à  divers  perfectionnements  apportés  à 
la  machine  de  Hollz,  pour  en  assurer  le 
fonctionnement 4^7 

—  Sur  un  nouveau  galvanoscope  électro-mé- 

dical ;  Note  de  M.  /.  Morin 74 1 

ÊLECTROcniMiE.  —  Action  de  l'oxygène  élec- 
troly tique  sur  l'alcool  vinique;  Note  de 
II.  -4.  Renard 

—  Action  de  l'oxygène   éleclroly  tique   sur 

l'alcool  méthyiique  ;  Note  de  M.  J.  Re- 
nard  

—  Nouvelles  recherches  sur  le  mode  d'in- 

tervention des  forces  électrooapillaires 
dans  les  phénomènes  de  nutrition  ;  par 
M.  Becquerel 4  •  l 

—  Quatrième  Mémoire  sur  les  actions  élec- 

trocapillairps  et  l'intensité  des  forces  qui 

les  produisent;  par  M.  Becquerel 585 

—  Note    sur   la   propriété    décolorante   de 

l'ozone  ;  par  M.  A.  Boiltot 1 167 

—  M.  E.  Diicrc/ct  adresse  une  Note  relative 

à  la  résistance  électrochimique  offerte 
par  l'aluminium  employé  comme  élec- 
trode positive  dans  un  voltamètre 280 

—  M.  C/i.  Guérin  adresse  une  Note  rela- 

tive à  une  pile  analogue  à  celle  de 
Bunsen,  dans  laquelle  le  zinc  serait  rem- 
placé par  le  fer 387 

Électrodv.namique.  —  Recherches  sur  les 
phénomènes  produits,  dans  les  liquides, 
par  des  courants  électriques  de  haute 
tension  ;  par  M.  G.  Planté 1 133 

—  Étude  des  décharges  électriques  dans  les 

fils  métalliques  fins;  par  M.  Mclsens...   i584 
Électromagnétisme.  —  Sur  un  nouvel  élec- 
tro-aimant, formé  de  tubes  de  fer  con- 
centriques, séparés  par  des  couches  de 
fd  conducteur  ;  Note  de  M.  J.  Camacho.     882 

—  M.  A.  Perrin  adresse  une  réclamation  de 

priorité  relativement  à  l'emploi  des 
électro-aimants  présentés  par  M.  Cama- 
cho    1226 

—  Action  des  aimants  sur  les  gaz  raréfiés 

renfermés  dans  des  tubes  capillaires  et 
illuminés  par  un  coifrant  induit;  Note 
de  M.  /.  Chautard 1161 


Pages.' 


—  Sur    les    électro'- aimants    tubulaires   a 

noyaux  multiples;  Note  de  M.  Th.  du 
Moncel 1  ^72 

—  De  l'inlluence  du  magnétisme  sur  l'extra- 

courant;  Note  de  M.  Trêve i587 

—  M.  D.  Liintin  adresse  une  nouvelle  Note 

relative  aux  modifications  apportées  par 
lui  aux  machines  dynamo-électriques,  et 
à  la  machine  de  M.  Gramme,  en  parti- 
culier      242 

—  M.  Denioget  demande  l'ouverture  d'un  pli 

cacheté,  déposé  par  luile  i2ianvier  1873 
et  relatif  à  un  nouvel  appareil  magnéto- 
électrique  922 

Électrotbér-VPie.  —  De  l'emploi  de  l'électri- 
cité dans  l'iléus,  dans  l'hydrocèle  et 
dans  la  paralysie  de  la  vessie  ;  par 
M.  Macario 556 

EMBRyoGÉ.NiE.  —  Sur   le  développement  des 

Ptéropodes;  Note  de  M.  H.  Fol 196 

—  Des  phénomènes  généraux  de  l'embryo- 

génie des  Némertiens;  Note  de  M.  /. 
Burriiis 270 

—  Observations  de  SI.  de  Quatrefages,  rela- 

tives à  la  Note  précédente 273 

—  Sur  l'embryogénie  du   Lnmcllaria  per- 

spicua;  Note  de  M.  A.  Giard. 736 

—  M.    G.-J.  Martin  Saint-Ange   adresse, 

pour  le  Concours  du  prix  Serres,  un 
âlémoire  intitulé  :  «  Recherches  anato- 
niiques,  physiologiques  et  pathologi- 
ques sur  l'œuf  humain,  dans  ses  rap- 
ports avec  les  maladies  du  fœtus  «..  . .  1257 
Err.4ta,  p.  i32,  284,  337,  692,  929,  984, 

III2,  I181,  1456,  1C22. 

Éthers.  —  Sur  les  éthers  titaniques  ;  Note 

de  M.  E . Dcmarçay 5i 

—  Action  du  chlore  sur  l'éther  isobutyliod- 

hydrique;  Note  de  M.  Prunier i6o3 

Étbylène  et  ses  dérivés.  —  Identité  des 
dérivés  bromes  de  l'hydrure  d'éthylène 
tétrabromé  avec  ceux  du  perbromure 
d'acétylène  ;  Note  de  M.  E.  Bourgoin. .     G6G 

—  Sur  la   préparation   de  l'éthylène  per- 

chloré;  Note  de  M.  E.  Bourgoin 971 

Étoiles  filantes.  —  Sur  les  étoiles  filantes 
du  i3  novembreetdu  10 décembre  1874; 
Note  de  M.  Gruey 56 


Fer.  —  Sur  le  fer  hydrogéné  ;  Note  de  M.  L. 

Cailletet 319 

—  Sur  la  dissolution  de  l'hydrogène  dans  les 

métaux,  et  la  décomposition  de  l'eau  par 
■  le  fer;  Note  de  MM.  L.  Troost  et  P. 


Hautcfruille 788 

—  Sur   les  alliages  de  platine  et  de  fer  ; 

Note  de  M.  //.  Sainte-Claire  Dci'ille.. .     58[} 
Voir  aussi  Fontes. 
Fermentations.  —  Rapport  sur  un  travail 


(  i635 

Pages 


de  M.  Alph.  Guérin,  intiliilé  :  «  Du  rôl 
pathogcMiique  des  ferments  dans  les  ma- 
ladies chirurgicales;  nouvelle  méthode 
de  traitement  des  amputés;  par  M.  Gos- 
selin 81 

—  M.  O/Z/Vt  présente  quelques  remarques  à 

propos  du  Rapport  de  M.  GosscUn 86 

—  M.  Larrey  présente   quelques  observa- 

tions sur  le  même  sujet 80 

—  Observations  relatives    au    Rapport  de 

M.  Gosselin  ;  par  M.  Bnuillaiid 8G 

—  Observations  verbales  présentées  à  l'oc- 

casion du  Rapport  de  M.  Gosselin;  par 

M.  Pasteur 87 

—  Observations  verbales  concernant  la  pro- 

duction des  bactéries,  des  vibrions  et 

des  amylobacters  ;  par  M.  J.  Trceul .  . .       qS 

—  Résultat  des  recherches  et  observations 

sur  les  micro-organismes  dans  les  sup- 
purations, leur  influence  sur  la  marche 
des  plaies  et  les  divers  moyens  à  oppo- 
ser à  leur  développement;  par  M.  P. 
Boulouniié 1 23 

—  Sur  une  fermentation  butyrique  spéciale  ; 

Note  de  M.  P.  Schûtzenberger 328 

—  Sur  la  fermentation  butyrique  provoquée 

par  les  végétaux  aquatiques  immergés 
dans  l'eau  sucrée  ;  Note  de  M.  Schût- 
zenberger      497 

—  Nouvelles  observations  sur  la  nature  de  la 

fermentation  alcoolique  ;  par  M,  X.  Pas- 
teur      452 

—  De  l'action  du  borax  dans  la  fermentation 

et  la  putréfaction  ;  Note  de  M.  J.-B. 
Sclwetzler 469 

—  Sur  la  présence  et  la  formation  des  vi- 

brions dans  le  pus  des  abcès  ;  Note  de 

M.  A.  Bergeron 43o 

—  Sur  les  microzymas  et  les  bactéries,   à 

propos  d'une  remarque  de  M.  Balard  ; 
Note  de  M.  J.  Béchamp 494 

—  Réponse  de  M.  U.  Gayo/i  à  deux  Com- 

munications de  M.  Béchamp,  relatives 
aux  altérations  spontanées  des  œufs. . .     G74 


1027 


Pages. 

—  Du  rôle  des  microzymas  dans  la  fermen- 

tation acide,  alcoolique  et  acétique  des 
œufs.  Réponse  à  M.  Gayon;  par  M.  Bé- 

champ 

Observations  sur  les  altérations  sponta- 
nées des  œufs.  Réponse  à  M.  liéchamp; 

par  M.  LJ .  Gnyon 1 096 

--  Remarques  concernant  la  Note  précédente 

de  M.  Gayon  ;  par  M.  J.  Bcchamp.. . .    iSSg 

—  Sur  les  ferments  chimiques  et  physiolo- 
giques ;  Note  de  M.  Muntz i25o 

—  Expériences  et  observations  relatives  à 

la  fermentation  visqueuse  ;  par  M.  A. 
Bauilriinoiit 1253 

—  Note  relative  à  l'influence  des  racines 

des  végétaux  vivants  sur   la  putréfac- 
tion ;  par  M.  Jeannel 79G 

—  Influence  de  l'air  comprimé  sur  les  fer- 

mentations; Note  de  M.  /'.  Bert 1379 

—  Observations  relatives  à  la  Communica- 

tion précédente;  par  M.  A.  Trécul. . . .    iSSa 

—  M.  Sacc  adresse  une  Note  sur  la  fermen- 

tation     lOiG 

Fluouène.  —  Sur  le  fluorène  et  l'alcool  qui 

en  dérive;  Note  de  M.  Ph.  Barbier. . .  iSgG 
FoiNTEs.  — Surla  limite  de  la  carburation  du 

fer  ;  Note  de  M.  Boussingault 85o 

—  Sur  les   fontes  manganésifères;  Note  de 

MM.  L.  Trnost  et  P.  Hautefeiiille 909 

—  Recherches  sur  le  carbone  de  la  fonte 

blanche  ;  Note  de  MM.  P.  Schiitzcnber- 

ger  et  A.  Bourgeois 911 

—  Étude  calorimétrique  sur  les  carbures  de 

fer  et  de  manganèse  ;  par  MM.  L.  Troost 

et  P.  Hautefeuille 9G4 

FoRMiouE  (acide).  —  Préparation  de  l'a- 
cide formique  très-concentré,  au  moyen 
de  l'acide  oxalique  déshydraté  et  d'un 
alcool  polyatomique  ;  par  M.  Lorin... 

Foudre.  —  Trois  observations  d'accidents 
produits  par  la  foudre  ;  Note  de  M.  Pas- 
sot 

—  Observations  de  M.  Larrey,  relatives  à  la 

Communication  précédente i4o3 


i328 


1402 


GÉODÉSIE.  —  Sur  le  calcul  des  coordon- 
nées géodésiques;  Note  de  M.  Ch.  Tré- 
pied        30 

—  M.  E.  Plaquer  adresse  une  Lettre  rela- 

tive à  des  cahiers  contenant  les  obser- 
vations et  les  calculs  ert'ectués  par  la 
Commission  française  pour  la  mesure  de 
l'arc  du  méridien  compris  entre  Barce- 
lone et  les  îles  Baléares 111 

—  Lunette  anallalique,  appliquée  à  une  bous- 


sole nivelante  et  à  un  tachéomètre  ; 
Note  de  M.  C.-M.  Goulier 292 

Moyen  facile  d'obtenir,  sans  instruments 
etavec  une  assez  grande  approximation, 
la  latitude  d'un  lieu  ;  Note  de  M.  d'A- 
mut 37a 

Sur  une  nouvelle  méthode  et  sur  un  nou- 
vel instrument  de  télémétrie  (mesure 
rapide  des  distances);  Note  de  M.  Gi- 
raud-Teulon 1  J79 


GÉocnAPHiE.  —  Sur  un  projet  de  communi- 
cation entre  la  France  et  l'Angleterre, 
au  moyen  d'un  tunnel  sous-marin  ;  Note 
de  M.  de  Les^eps i43 

—  Observation   de  M.  Diipuy  tic  Lônw,   à 

propos  de  la  Communication  de  M.  de 
Lesseps,  sur  le  projet  de  navires  porte- 
trains  dont  il  a  déjà  entretenu  l'Aca- 
démie      i4tj 

—  Note   de   M.   de  Quatrefages  accompa- 

gnant la  présentation,  au  nom  de  la 
Commission  executive  du  Congrès  inter- 
national de  Géographie,  d'une  brochure 
où  sont  réunis  les  divers  documents  re- 
latifs à  ce  Congrès ri63 

—  Il  n'y  a  point  eu  de  mer  intérieure  au 

Sahara  ;  Note  de  M.  Pomel 1 342 

—  Sur  les  travaux  de  la  mission  chargée 

d'étudier  le  projet  de  mer  intérieure  en 
Algérie;  Note  de  M.  Roudaire 1593 

—  Observations  de  M.  de  Lesscps,  relatives 

à  la  précédente  Communication 1596 

—  Position  géographique  de  l'île  Saint-Paul  ; 

Note  de  M.  Mouchez iSgS 

—  M.  le  généial/)/(j/7/;  présente  les  feuilles  IV 

et  VII  de  la  Csrie  de  France  au  ^ „ „'„ „  „ , 
dressée  au  Dépôt  des  fortifications 1614 

—  M.  de  Lcsseps  fait  hommage  à  l'Acadé- 

mie d'un  ouvrage  intitulé  :  «  Lettres, 
journal  et  documents  pour  servir  à 
î'iiistoire  du  canal  do  Suez  » 1 375 

—  M.  Josc  da  Silva  Mcndcs-Lcal,  Ministre 

du  Portugal,  adresse  à  l'Académie  une 
Lettre  originale  de  Maiwel  Godinho  de 
Heredia ,  indiquant  la  découverte  de 
l'Australie  par  les  Portugais 743 

—  M.  Boiissingciidi  donne  lecture  de  la  tra- 

duction qu'il  a  faite  de  la  Lettre  précé- 
dente       74  3 

—  Observations  de  M.  de  Lesseps,  relatives 

à  cette  Communication 744 

—  M.  Joiirdy  adresse  une  Note  sur  la  forme 

des  baies  du  littoral  algérien i449 

GÉOLOGIE.  —  Sur  le  dépôt  quaternaire,  su- 
périeur à  la  brèche  osseuse  de  Nice  pro- 
prement dite,  ou  brèche  supérieure  de 

Cuvier  ;  Note  de  M.  E.  Rivière 438 

--  Sur  les  puits  naturels  du  calcaire  gros- 
sier ;  Note  de  M.  Stnn.  Meunier 797 

—  Sur  les  dépôts  glaciaires  de  la  vallée  in- 

férieure du  Tech  ;  Note  de  M.  £.  Tnit.at.  i  io8 

—  Note  sur  les  lignites  quaternaires  de  .lar- 

ville,  près  de  Nancy  ;  par  M.  P.  Fliche.  i233 

—  Observations  de  M.  Lcymeric,  à  propos 

de  la  Note  de  M.  Trutat,  sur  un  dépôt 

de  pliocène  des  Pyrénées-Orientales. . . .    1246 

—  Observations  effectuées  à  l'ile  Saint-Paul  ; 

par  M.  Ch .  Féliiin 998 


(  i636  ) 

Pages. 


Pages. 


—  M.  P.  Gervais    présente  la  Carte  géo- 

logique de  l'arrondissement  d'Uzès 
(Gard)  ;  par  feu  Émilien  Dumas,  àe  Som- 
mières 28a 

—  M.  Téq/îldcinJ/'  présente  les  Cartes  géo- 

logiques de  la  ville  et  du  gouverne- 
ment de  Kief,  qu'il  vient  de  terminer. .     9G2 

—  M.  Hérifi  adresse  une  Note  sur  les  gise- 

ments métallifères  et  la  classification 
géologique  dans  le  département  des 
Côtes-du-Nord i35o 

—  M.  J.  Rivière  adresse  une  Note  sur  des 

apparences  de  [formation  sédimentaire, 
que  présentent  les  roches  granitiques 
employées  au  dallage  des  trottoirs  de 
Paris i448 

—  M.  A.  Rivière  adresse  une  Note  sur  l'ori- 

gine des  calcaires iSgG 

—  M.  J.  Judfc/^i  adresse  un  Mémoire  sur  le 

mode  de  gisement  des  combustibles  mi- 
néraux     1449 

GÉOMÉTRIE.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  Halphen,  concernant  les  points  sin- 
guliers des  courbes  algébriques  planes; 
par  M.  de  la  Gournerie 97 

—  Sur  la  rectification  des  ovales  de  Des- 

cartes ;  Note  de  M.  A.  Gcnocchi. .....     112 

—  Remarques  accompagnant  laprésenlation 

d'une  Note  de  M.  Genocchi,  à  propos 
d'une  Communication  récente  de  M.  Ro- 
bert, sur  l'expression  des  arcs  des  ovales 
de  Descartes  en  fonction  de  trois  arcs 
d'ellipse  ;  par  M.  Chasics 837 

—  Propriétés  relatives  à  la  courbure  de  la 

développée  d'une  surface  quelconque; 
Note  de  M.  Halphen 116 

—  Sur  un  point  de  la  théorie  des  surfaces  ; 

Note  de  M.  Halphen 258 

—  Sur  certaines   perspectives  gauches  des 

courbes   planes  algébriques  ;    Note  do 

M.  Halphen C38 

—  Sur  la  notion  dos  systèmes  généraux  de 

surfaces,  algébriques  ou  transcendantes, 
déduite  de  la  notion  des  implexes;  Note 
de  M.  G.  Fourct 167 

—  Sur  quelques  conséquences  d'un    théo- 

rème général  relatif  à  un  implexe  et  à 
un  système  de  surfaces  ;  Note  de  M.  G. 
Fiiuret 8o5 

—  M.  Haton  de  la   Goupillière   soumet  au 

jugement  de  l'.Académie  un  Mémoire  in- 
titulé «  Développoïdcs  directes  et  in- 
verses, d'ordres  successifs  » 241 

—  Théorèmes  généraux  sur  le  déplacement 

d'une  figure  plane  sur  son  plan  ;   par 

M.  Chasies 346 

—  Généralisation   de  la    théorie  des   nor- 

males des  courbes  géométriqws,  où  l'on 


(  '«7  ) 

Pages. 


substitue  à  chaque  normale  un  faisceau 

de  droites  ;  par  M.  Cluisles 5o5 

—  Solutions  géométriques  de  quelques  pro- 

blèmes relatifs  à  la  théorie  des  surfaces 
qui  dépondent  des  infiniment  petits  du 
troisième  ordre;  Notes  de  M.  Mann- 
lirim 541  et    C 1 9 

—  Propriétés  de  courbes  tracées  sur  les  sur- 

faces ;  Note  de  M.  Ribaiicoiir 64'?- 

—  Note  à  l'occasion  de  la  Communication 

de  M.  Ribaucour;  par  M.  Mnimluim. .     725 

—  Classification    des  intégrales   cubatrices 

des  volumes  terminés  par  des  suifaces 
algébriques.  Définition  géométrique  des 
surfaces  capables  de  cubature  algébri- 
(jue  ;  Note  de  M.  Max.  Marie yS; 

—  Relation  entre  les  m  périodes  cycliques 

de  la  quadratrice  d'une  courbe  algé- 
brique de  degré  m  ;  Note  de  M.  Max. 
Marie 872 

—  Sur  un  théorème  de  Géométrie  ;  Note  de 

M.  Laguerre 822 

—  Remarques  à  propos  de  la  Note  de  M.  La- 

guerre;  par  M.  O.  Bonnet 823 

—  Sur  l'erreur  de  la  formule   de  Poncelet, 

relative  à  l'évaluation  des  aires;  Note 

de  M.  Chei'illiet 823 

—  Sur  une  extension  analytique  du  prin- 

cipe de  correspondance  de  M.  Chastes; 
Note  de  M.  L.  Saltel 1064 

—  Sur  les  courbes  d'ordre  n  à  point  mul- 

tiple d'ordre  «  —  i;  Note  de  M.  B.  Nie- 
tvengloivski 10C7 

—  Sur  une  nouvelle  définition  géométriipie 

des  courbes  d'ordre  n  à  point  multiple 
d'ordre  «  —  i  ;  Note  de  M.  G.Fouret.. .   1 1 58 

—  Sur  quelques  propriétés  des  courbes  al- 

gébriques; Note  de  M.  Laguerre 1218 

—  Sur  la  détermination  des  singularités  de 

la  courbe  gauche,  intersection  de  deux 


Pages. 


surfaces  d'ordres  quelconques  qui  ont 
en  commun  un  certain  nombre  de  points 
multiples  ;  Note  de  M.  L.  Sallel 1285 

—  Sur  des  courbes  gauches  du  genre  zéro  ; 

Note  do  M.  L.  Sa/tel i324 

—  Théorie  des  surfaces  de  révolution  qui, 

par  voie  de  déformation,  sont  superpo- 
sables  les  unes  aux  autres  et  chacune  à 
elle-même  dans  toutes  ses  parties;  par 
M.  F.Recrh i388  et  i442 

—  M.  Casey  transmet  à  l'Acaflémie  un  Mé- 

moire sur  un  système  de  coordonnées 

langentielles 164 

Glycocolle.  —  Sur  les  caractères  du  glyco- 

colle  ;  Note  de  M.  Engel 1 1G8 

Gommes. — Étude  com|)aralivo  des  gommes 

et  des  mucilages  ;  par  M.  Giraud 477 

—  Sur  un  mode  particulier  d'excrétion  de  la 

gomme  arabique  produite  par  X Acacia 
'l'erck  du  Sénégal  ;  Note  de  M.  Ch.  Mar- 

tins 607 

Gras  (corps).  —  Sur  le  déplacement  réci- 
proque des  acides  gras  volatils;  Note  de 
M.  H.  Lescœur 5G3 

—  Étude  des  quantités  de  chaleur  dégagées 

dans  la  formation  des  sels  de  pelasse  de 
quelques  acides  de  la  série  grasse  ;  Note 

de  M.   IV .  Longuininc 568 

— •  Recherches  sur  les  acides  gras  et  leurs 

sels  alcalins  ;  par  M.  Berthelol 592 

—  Stabilité  des  acides  gras  en  présence  de 

l'eau,  et  déplacement  réciproque  de  ces 
acides  ;  Note  de  M.  Berthclot 700 

—  Sur  la  décomposition  des  corps  gras  neu- 

tres ;  Note  de  M.  /.  Bock 1 1 42 

—  Sur  les  hydrocarbures  qui  prennent  nais- 

sance dans  la  distillation  des  acides 
gras  bruts,  en  présence  de  la  vapeur 
d'eau  surchaulTée  ;  Note  de  MM.  A.  Ca- 
hours  et  E.  Demarcay l5C4 


H 


Helminthes.—  Sur  le  système  nerveux  péri- 
phérique des  Nématoïdes  marins  ;  Note 
de  M.  A.  T'iUot 400 

—  Révision  des  Némato'ides  du  golfe  de  Mar- 

seille; Note  de  M.  A.-F.  Marion 499 

—  Sur  la  faune  hclminthologique  des  côtes 

de  Bretagne;  Noies  do  M.  A.  Filht. . .. 
67961  1098 

—  Anatomie    d'un    type    remarquable    du 

groupe  des  Némertiens  (  Drepanophoriis 
spectabilis)  ;  Note  de  M.  A.-F.  Marion.      89S 

—  Sur  un  nouveau  typeintermédiairedu  sous- 

embranchement  des  Vers  [Pohgordius? 
Schneider);  Note  de  M.  Edm.  Perricr. .   1 101 


Histoire  des  Sciences.  —  Sur  un  nouveau 
document  historique,  relatif  à  Salomon 
de  Caus;  Note  de  M.  G.  Drpping 333 

—  M.  Damas  met  sous  les  yeux  de  l'Aca- 

démie la  copie  d'un  document  relatif  à 
Saloninn  de  C<nis 804 

—  La  Société  Linnéennc  de  Normandie  in- 

forme l'Académie  qu'elle  vient  d'ouvrir 
une  souscription  destinée  à  élever  une 
statue  à  feu  Élie  de  Beatimont,  l'un  de 
ses  fondateurs 483 

—  M.  fV .-A.  A'fMW  informe  l'Académie  qu'il 

va  publier  prochainement  un  ouvrage 
oii   seront  discuté»  les  titres   scienti- 


iG38 


Pages, 
fiques  de  Lavoisier 1 1 1  o 

—  M.  Chasics  fait  hommage  à  l'Académie, 

de  la  part  de  M.  G.  G(wi,  d'un  opuscule 
inédit  relatif  à  Galilée iGi3 

—  M.  Cliasles  présente  à  l'Académie  diverses 

livraisons  du  BuUettiiio  du  prince  Bon- 
compagni,  et  du  «  Bulletin  de  la  Société 
mathématique  de  France  ».28i,  iiio  et  i6i3 

—  M.  le  ,Çtr/-f7rt(/(,' /jf7/^e?Mc/ signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, une  Notice  biographique  sur  le 
D''  Dcsniellfs ,  professeur  au  Val -de - 

Grâce 1086 

Hïdhogkne.  —  Note  sur  le  fer  hydrogéné  ; 

par  M.  L.  CaiUctet Sig 

—  Sur  la  dissolution  de  l'hydrogène  dans 

les  métaux,  et  la  décomposition  de  l'eau 
par  le  fer;  Note  de  SIM.  L.  Troost  et 
P.  Hautefcuillc 788 

—  Équilibre  chimique  entre  les  gaz  :  iode 

et  hydrogène  ;  Note  de  M.  G.  Lemoine.     792 
HvDROLOGiE.  —  Sur  les  seiches  du  lac  Lé- 
man ;  Note  do  M.  F.-A.  Forci 107 

—  Coup  d'œil  d'ensemble  sur  le  régime  des 

principales  rivières  du  nord,  du  centre 
et  du  midi  de  la  France;  par  M.  Bel- 
oraïul 1 47 

—  Note  relative  aux  pertes  du  haut  Doubs 

et  au  moyen  de  les  réduire;  par  M.  H.     • 
Rcsal 20g 

—  M.    le    Ministre    des     Travaux    publics 

adresse  un  exemplaire  du  Rapport  de  la 
Commission  chargée  de  proposer  les 
mesures  à  prendre  pour  remédier  à 
l'infection  de  la  Seine  aux  environs  de 
Paris G38 

—  M.    le    Ministre   des    Travaux  publics 


Pages. 

adresse  un  exemplaire  du  Rapport  de 
M.  Belgraml^  contenant  le  lésumé  des 
observations  faites  pour  le  service  hy- 
drométrique du  bassin  de  la  Seine  en 
1873 8o3 

—  M.    le    Ministre   des    Travaux    pul/lics 

adresse  un  exemplaire  de  la  Carte  hy- 
drologique du  département  de  Seine-et- 
Marne,  |iar  M.  Dclessc gtia 

—  Abaissement  probable  du  débit  des  eaux 

courantes  du  bassin  de  la  Seine,  dans 
l'été  et  l'automne  de  1875;  Note  de 
MM.  E.  Belgrand  et  G.  Lemoine i438 

—  M.  Cit.  Chanipoiseau  adresse  le  tableau 

des  prises  et  des  débâcles  du  Danube 
à  Galatz,  pendant  les  quarante  der- 
nières années io34 

Hygiène  publique.  —  InQuence  des  racines 
des  végétaux  vivants  sur  la  putréfac- 
tion; par  M.  Jeanne! 796 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, un  Dictionnaire  des  altérations 
et  falsifications  des  substances  alimen- 
taires, médicamenteuses  et  commer- 
ciales; par  M.  A.  Chevalier  et  E.Bau- 
drimont 1227 

—  M.   Cl.  Bernard  présente ,  au   nom  de 

M.  le  D"^  Jourdanet,  un  o'uvrage  en 
deux  volumes,  intitulé  :  «  Influence 
de  la  pression  de  l'air  sur  la  vie  de 
l'homme  » i3i2 

—  Altération  de  la  Seine    aux  abords  de 

Paris  ;  par  M.  Gérardin 1 326 

Voir  aussi  Eaux  naturelles  et  Plomb. 
Hygrométrie.  —  Psychromètre  évitant  tout 

calcul, dit  hygrodeik;  Note  de  M.  Lowe.     572 


I 


Imprimerie.  —  M.  /.  Kordon  adresse  une 
Note  sur  un  procédé  destiné  à  la  com- 
position et  à  la  distribution  des  carac- 
tères d'imprimerie 335 

Inxendies.  —  M.  Cil.  Ti'llierSiâTe^seune  Note 
relative  à  l'emploi  qui  pourrait  être  fait 
de  l'acide  sulfureux,  pour  éteindio  les 
incendies  se  déclarant  dans  la  cale  des 
navires 3o 

—  MM.   Baudry  et  Roussel  adressent  une 


Note  relative  à  un  «  thermo-révéla- 
teur »,  ou  avertisseur  en  cas  d'in- 
.     cendie 482 , 

Iode  et  ses  composés.  —  Équilibre  chimique 
entre  les  gaz  :  iode  et  hydrogène;  Note 
de  M.  G.  Lemoine 792 

—  Sur  la  formation  de  l'acide  iodique  dans 
les  flammes  iodées;  Note  de  M.  G.  Sa- 
let 884 


Legs  faits  a  l'Académie.—  M.  le  Ministre 
de  r Instruction  publique,  des  Cultes  et 
des    Beaux-Arts    adres.se   l'amiilialion 


d'un  décret  qui  autorise  r.4cadémie  à 
recevoir  la  donation  qui  lui  a  été  faite 
par  M'""  ralz.     3i3 


(  '639  ) 


Pages. 

—  M.  \q  Ministre  (le  Vln^lnirtinn  publique 

iulressc  l'ampliation  d'un  décret  aulori- 
sanl  l'Académie  5  accepter  le  legs  qui 
lui  a  été  fait  par  ISF.  Cl.  Gnr,  pour  la 
fondation  d'un  prix  annuel  de  Géogra- 
phie physique •'(i- 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  analyse  une 

Lettre  par  laquelle  M'"°  Pomelct  fait 
connaître  à  l'Académie  son  désir  de 
joindre  au  prix  Poncelet  un  exemplaire 
complet  des  OEurrex  du  Général i  m4 

—  M.  le  Président  se  fait  l'interprète   des 

sentiments  de  reconnaissance  do  la 
Science  pour  cette   libéralité  nouvello 


Pages 
de  M.  Poncelet iii4 

Locomotives.  —  Locomotive    à    j)atins   de 

M.  Fortin-Uerniann  ;  NotedeM.  Trescn.   1 198 

—  M.  Clinrdnn  adresse,  à  propos  de  cette 

Note,  une  réclamation  de  priorité,  ac- 
compagnée d'un  dessin i3o4 

Lu.NK.— Observations  de  la  Lune  et  d'étoiles 
de  même  culminalion,  faites  à  l'Obser- 
vatoire de  Melbourne  ;  Note  de  M.  R. 
Ellery 1 239 

—  Observations  de  la  Lune,  faites  aux  in- 

struments méridiens  de  l'Observatoire  de 
Paris  pendant  l'année  187/i;  Note  de 
M.  Le  Verrier 1 265 


M 


!iL\ciiiNES  A  VAPEUR.  —  Siu'  Un  Système  do 
distribution  dans  les  machines  à  vapeur; 
Note  de  M.  Sehowshi i444 

—  M.  F.  Garrignu  adresse  une  «  Étude  sur 

les  causes  d'usure  et  d'explosion  des 
chaudières  des  machines  à  vapeur  »...  iCj 
Mag.nétisme.  —  Note  sur  le  magnétisme,  à 
propos  d'une  Communication  récente  do 
M.  Lallemand;  par  M.  Th.  du  Mim- 
cel 19 

—  Sur  l'effet  prodnit  par  l'application  des 

armatures  à  des  aimants  tout  formés  ; 
Note  de  M.  /.  Jnmin 212 

—  Note  sur  le  magnétisme;  par  M.  J.-M. 

G(Uii;nin 297 

—  Anomalie  magnétique  du  sesquioxyde  de 

fer  préparé  à  l'aide  du  fer  météorique; 
Note  de  1\L  L.  Smith 3o  i 

—  Note    sur  le    magnétisme  ;   (lar  M.    J . 

Trêve 3 1  o 

—  Sur  l'aimantation  des  aciers  garnis  d'ar- 

matures; Note  de  M.  /.  Jnmin 35y 

—  Sur  la  profondeur  et  la  superposition  dos 

couches  aimantées  dans  l'acier  ;  Note  de 

M .  /.  Jnmin (17 

—  Observations  de  W.Fnre,  à  propos  de  la 

Communication  précédente 4)1 

—  Expériences  sur  l'imitation  artificielle  du 

platine  natif  magnétipolaire  ;parJL  Bnu- 
bréc 52G 

—  Note  sur  le  magnétisme;  par  !\L  Th.  du 

Monccl .')32 

—  Sur  la  fonction  magnétisante  de  l'acier 

trempé;  Note  de  M.  Bnutr G5o 

—  Sur   la  détermination  de  la  quantité  de 

magnétisme  d'un  aimant;  Note  de  iNI.  /î. 
Blnndlnt C53 

—  Notes  sur  la  théorie  des  procédés  d'aiman- 

tation ;  par  M. /.-j^/.  Gm/n-n/w..  761  et  ioo3 

—  Note  sur  les  rapports  existant  entre  la 

C.  R.,  187.1,  i"  <ivnusire.  (T.  LXXX.) 


nature  des  aciers  et  leur  force  cocrci- 

tivc  ;  par  MM.  Trêve  et  Durassicr 799 

—  Sur  un  cas  singulier  d'aimantation;  Note 

de  1\L  /.  Jnmin 841 

—  Sur  les  quantités  de  magnétisme  et  sur 

la  situation  des  pôles  dans  les  aiguilles 
minces;  Note  de  M.  E.  Bnuty 879 

—  Sur  une  nouvelle  source  de  magnétisme; 

Note  de  M.  D.  Tnmmasi 1007 

—  Observations  sur  la  nouvelle  source  do 

magnétisme  signalée  par  M.  Tommasi  ; 

par  IL  Maumené 1 1 38 

—  Recherches  sur  la  vitesse  d'aimantation 

et  de  désaimantation  du  fer,  de  la  fonte 

et  de  l'acier;  par  M.  M.  Deprez i353 

—  Sur  la  distribution  du  magnétisme  dans 

une  lame  mince  de  grande  longueur; 
Note  de  M.  /.  Jamin : 1 553 

—  Sur  la  force  portative  des  aimants  de 

M.  Jamin;  Note  de  M.  J.  Snndoz i6o5 

—  Recherches  sur  la  polarisation  rotatoire 

magnétique:  par  M. //.  Becquerel 137G 

—  Observations  magnétiq\ieseNéc\itées  dans 

la  presqu'île  de  Malacca  ;  p;ir  M.  J .  J<in<- 

sen 1 552 

jrANGANÈSE.  —  Sur  les  fontes  manganésifères  ; 
Note  de  MM.  L.  Trmist  et  P.  Haute- 
feuille 909 

—  Étude  calorimétrique  sur  les  carbun-s 
de  fer  et  de  manganèse;  par  MM.  L. 
Troost  et  P.  Hnutefeuille 9G4 

Man.nite.  —  Sur  le  pouvoir  rotatoire  spéci- 
fique de  la  mannite  ;  Note  de  .^L  G.  Bon- 
cliiirddt 1 20 

MÉc\MQUE.  —  Sur  les  applications  des  théo- 
ries générales  de  la  Dynamique,  au 
mouvement  d'un  corps  de  forme  va- 
riable; Note  do  Jf.  H.   Diirrnnile S77 

-  M.  -•/.  Picard  adresse  un  Mémoire  sur  une 
«  Nouvelle  méthode  pour  établir  les  équa- 

214 


(  i64o  ) 


Pa^es. 
lions  de  l'élasticité  d'un  corps  solide  » .     430 

—  M.  J.-H.  Courtois  adresse,  pour  le  Con- 

cours du  prix  Fourneyron,  un  Mémoire 
sur  la  spirale  centrifuge  et  sur  quelques- 
unes  de  ses  applications  industrielles. .   loaS 

—  M.  P.   Tréinaux  adresse  une  Note  inti- 

tulée :  «  Expressions  ré(!lles  de  la  farce 
vive  et  conditions  spéciales  de  la  force 
de  pesanteur  et  de  la  force  calorifique  »  687 
MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Études  SUT  l'entraî- 
nement de  l'air  par  un  jet  d'air  ou  de 
vapeur;  par  M.  F.  de  Romilly.     189  et    g54 

—  Sur  les  modes  d'équilibre  limite  les  plus 

simples  que  peut  présenter  un  massif 
sans  cohésion,  fortement  comprimé; 
Note  de  M.  /.  Boussiiicsq 546 

—  Sur  les  modes  d'équilibre  limite  les  plus 

simples  que  peut  présenter  un  massif 
sans  cohésion,  fortement  comprimé.  Ap- 
plication au  cas  d'une  masse  sablonneuse 
qui  remplit  l'angle  dièdre  compris  entre 
deux  plans  rigides,  mobiles  autour  de 
leur  intersection  ;  Note  de  M .  /.  Bousii- 
nesi/ 623 

—  Construction  géométrique  des  moments 

fléchissants  sur  les  appuis  d'une  poutre  à 
plusieurs  travées  solidaires;  par  M.  G. 
Foiirct 55o 

—  Note  sur  la  théorie  des  poutres  droites 

continues  ;  par  M.  Mniirice  Lcvy 74g 

—  Note  accompagnant  la  présentation  d'une 

nouvelle  publication  de  la  Société  des 
Ingénieurs  civils  de  la  Grande-Bretagne  ; 
par  M.  H.  Resnl 83; 

—  M.  E.  de  Boii'jn  adresse  un  Mémoire  inti- 

tulé :  «  Description  de  voitures  roulant 
sur  rails  mobiles  tournants,  et  d'une 
nouvelle  machine  de  guerre  » 3o 

—  M.  Mangot  adresse  une  Note  relative  aux 

causes  de  rupture  des  essieux,  et  en 
général  des  pièces  de  fer  soumises  à  des 
vibrations  répétées 280 

—  M.  E.  Régnier  adresse  un  Mémoire  por- 

tant pour  titre  :  «  Nouveaux  procédés 
hydrostatiques  de  déplacements  com- 
pensateurs » G36 

—  M.  Peiiucellier  adresse,  pour  le  Concours 

du  prix  Poncelet,  un  Mémoire  sur  l'ap- 
plication des  systèmes  articulés,  dits 
«  à  liaison  complète  »,  aux  arts  et  aux 
sciences  d'observation 802 

—  M.  Sekowski  adresse  un  Mémoire  sur  un 

mode  de  transmission  instantanée   du 

mouvement  au  tiroir 1349 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  une  méthode  de 
calcul  des  perturbations  absolues  des 
comètes;  Notes  de  M.  Hugo  Gyldéii. 
809  et    907 


Pa(;ps. 

—  Mémoire  sur  le  mouvement  de  rotation  de 

la  Terre,  par  M.  E.  Maihieu 1582 

Voir  aussi  Astronomie. 
MÉoECiNE.  —  Sur  la  nature  des  affections 
syphilitiques  et  sur  le  traitement  mercu- 
riel  ;  Note  de  M.   /.  Hcnnann 63 

—  Documents  pour  servir  à  l'histoire  de  la 

glycosurie  ;  par  M.  Andnd 858 

—  Sur  les  effets  thérapeutiquesde  l'oxygène  ; 
Note  de  M.  Tannn-Despidle io3i 

—  Sur  l'aortite  chronique;  Note  de  M.  Jous- 

set i34o 

—  Nouvelle  méthode  de  traitement  du  rhu- 

matisme cérébral  par  l'hydrate  de  chlo- 

ral  ;  par  M.  E.  Bnurhut 1 34 1 

—  M.  Gc/z-wcr  adresse  une  Note  sur  l'emploi 

de  la  glycérine  dans  le  traitement  de  la 

glycosurie 12^5 

~  M.  E.  Gtiriniorid  adresse,  pour  le  Con- 
cours du  prix  Cliaussier,  un  «  Traité 
théorique  et  pratique  de  l'avortement 
considéré  au  point  de  vue  médical,  chi- 
rurgical et  médico-légal  » 1226 

—  M.  Déclat  adress'^  '-ne  nouvelle  Note  rela- 

tive au  traitement  du  charbon 242 

—  M.  A.  Netter  adresse  une  Note  relative 

à  l'injection  de  l'eau  dans  la  cavité  pé- 
ritonéale,  comme  traitement  de  la  péri- 
tonite      03; 

—  M.  L.-A.  Raimberi  adresse  un  Mémoire 

intitulé  :  «  Du  traitement  du  charbon 
chez  l'homme,  par  les  injections  sous- 
cutanées  de  liquides  antivirulents  »...     742 

—  M.  Larrey  présente,  de  la  part  de 
M.  Mtdier,  un  Mémoire  intitulé  :  «Con- 
tribution à  la  Statistique  médicale  de 
Rochefort  » 1237 

—  M.  E.  Decroix  adresse  une  Lettre  dans 

laquelle  il  annonce  que  la  Commission 
militaire  de  la  rage  s'offre  pour  expéri- 
m''nler  les  remèdes  adressés  à  l'Aca- 
démie     i3o6 

—  M.  Grinidud  de  Cnux  adresse  une  Note 

sur  un  cas  de  psoitis  contracté  en  Amé- 
rique et  guéri  par  les  eaux  d'Aix,  en 
Provence 1 3G3 

—  M.  Décliit  adresse  une  Note  sur  le  char- 

bon de  l'homme 1 598 

—  M.  A.  Bazin  adresse  un  Mémoire  sur  la 

phthisie  pulmonaire lâgS 

—  M.  Neiter  adresse  une  Note  sur  la  cause 

de  certains  insuccès  signalés  avec  l'em- 
ploi de  la  poudre  de  camphre  dans  la 

pourriture  d'hôpital 1G16 

MÉTALLURGIE.  —  M.  le  Secrétaire  perpétuel 
signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  Correspondance,  le  premier  volume  du 
«   Traité  de  Métallurgie  générale  »  de 


(  i64i  ) 


Pages. 
M.  L.  Griincr j  i 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, une  traduclion  par  M.  Krajj't  An 
l'ouvrage  de  M.  Sella,  inlilulé  :  «  Con- 
ditions de  l'industrie   des  mines  dans 

l'ile  de  Sardaigne  » i3o5 

MÉTÉORITES.  —  Sur  unecluite  de  météorites 
tombées  dans  l'Étal  d'Iowa  ;  Note  de 
M .  G.   Hinrichs 1 1  jS 

—  Remarques  de  M.  Baubrée  relatives  à  la 

Communication  précédente i  ijj 

—  Sur  la  chute  de  deux  pierres  météoriques 

dans  les  États -Unis  ;  Note  de  M.  L.  Law- 
rence Smith ijSi 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Corpuscules  aériens  et 
matières  salines  contenus  dans  la  neige; 
Note  de  M.  G.  Tissamlier 58 

—  Note  relative  à  la  possibilité  de  prédire, 

plusieurs  mois  d'avance  ,  l'arrivée  en 
Europe  des  cyclones  qui  traversent  l'A- 
tlantique, par  M.  H.Tarry 3ii 

—  M.   Le  J'errier  expose  à  l'Académie  la 

nouvelle  organisation  du  service  météo- 
rologique des  I  orts 538 

—  Théorie  des  tempêtes;  réponse  à  M.  Paye  ; 

par  M.  H.  Peslin C  JC 

—  Observations  sur  les  critiques  de  M.  Peslin; 

par  M.  Faye 

—  Sur  les  variations  ou  inégalités  périodiques 

de  la  température.  Neuvième  Note  :  Pé- 
riode du  vingtième  jour  dodécuple  ;  Note 
de  M.  Cit.  Sainte-Claire  Dri'ille 714 

—  Mémoire  sur  les  observations  de  tempé- 

rature faites  au  Jardin  des  Plantes,  pen- 
dant l'année  1874,  avec  les  thermo- 
mètres électriques,  sous  un  sol  gazonné 
et  dénudé;  par  MM.  Becquerel  et  Edni. 
Bicijucrcl 773 

—  Remarques  accompagnant  la  présentation 

des  observations  météorologiques  faites  à 
Baréges,  à  la  station  de  Plantade  et  au 
sommet  du  pic  du  Midi;  par  M.  Cli. 
Sainte-Claire  Deville 83G 

—  Sur  la  théorie  de  l'aspiration,  avec  des 

remarques    sur    la    nouvelle  Note   do 

M.  Peslin  ;  Note  de  M.  Fare 843 

—  Théorie  des  tempêtes.  Réponse  àM.  Faye  ; 

par  M.  H.  Peslin gi3 

—  Des  courants  supérieurs  de  l'atmosphère, 

dans  leurs  relations  avec  les  lignes  iso- 
barométriques  ;  Note  de  M.  H.  HiUlc- 
brand.^son 

—  Résultats  des  observations  faites  en  Suède 

sur  les  courants  supérieurs  de  l'atmo- 
sphère; Note  de  M.  Faye (36 

—  Réponse  à  M.  Faye  ;  par  M.  Cli.  Sainte- 

Claire  Vei'ille , 98G 


G5o 


'J'7 


—  Sur  les  variations  ou  inégalités  pério- 
diques de  la  température  (onzième  Note)  ; 
période  du  vingtième  jour  dodécuple. 
Novembre  ;  Note  de  M.  C/i.  Sainte- 
Claire  Deville 939 

—  AI.  R.  fie  fF'om-es ,  à  l'occasion  des  recher- 
ches de  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  rap- 
pelle qu'il  a  présenté  à  la  séance  du 
20  décembre  1870  un  Mémoire  intitulé 
«  De  la  périodicité  du  temps  » 961 

—  Sur  la  trombe  des  Ilayes  (Vendômois), 
5  octobre  1 87 1 ,  et  sur  les  ravages  qu'elle 
a  produits;  Note  de  M.  Faye 988 

—  Théorie  des  tempêtes.  Réponse  à  M.  Faye  ; 
par  M.  H.  Peslin loîB 

—  Sur  la  loi  des  variations  diurnes  et  an- 
nuelles de  la  température  dans  le  sol  ; 
Note  de  M.  Peslin 1090 

—  Note  sur  la  théorie  des  tempêtes.  Réponse 
à  M.  Faye  ;  par  M.  Coiixté logS 

—  Note  sur  des  courants  de  directions  dilTé- 
renles  dans  le  ciel  ;  par  M.  Chapelas. . .    11 76 

—  Théorie  des  tempêtes.  Réponse  à  M.  Faye  ; 
par  M.  Peslin 1228 

—  Note  sur  la  théorie  des  cyclones  ;  par 
M.  (le  Tastes 1234 

—  Quelques  remarques  sur  la  discussion  au 
sujet  des  cyclones  ;  |>ar  M.  Faye 1268 

—  M.  C/irï/^'te  adresse  le  résumé  des  obser- 
vations barométriques  faites  par  lui 
avant  et  pendant  la  tempête  ressentie  à 
Paris,  dans  la  nuit  du  21  janvier. . 280 

—  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  présente, 
au  nom  de  M.  le  général  Chanzy,  les 
trois  premières  livraisons  de  la  deuxième 
Partie  du  «  Bulletin  mensuel  du  service 
météorologique  algérien  ». 978 

—  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  \tTvi,m\.e,  ■AU 
nom  de  M.  Pujazon,  directeur  de  l'Ob- 
servatoire de  la  marine  deSan-Fcrnando, 
la  partie  météorologique  des  Annales  do 
•cet  établissement  pour  l'année  1873...     282 

—  M.  F.  Delahaye  adresse  une  Note  relative 
à  l'électricité  atmosphérique  et  à  la  pré- 
sence de  l'hydrogène  dans  l'atmosphère.     414 

—  M.  ] .  de  Cossigny  adresse  quelques  ob- 
servations au  sujet  des  trombes  et  tour- 
billons     1407 

—  Sur  la  trombe  de  Chen  ;  Note  de  M.  Faye.   1428 

—  Sur  la  trombe  de  Chàlons,  examen  des 
faits  et  conclusion  ;  Note  de  M.  Faye. .    i  558 

—  M.  /.-B.  Feuvrier  adresse  une  «  Étude 
météorologique  sur  le  plateau  de  Cotli- 
gné  (Monténégro)  » i3o4 

—  M.  l'abbé  Lamey  aAresse  une  observation 
météorologique itii2 

Voir  aussi  Foudre  et  Physique  du  Glnbe. 

MÉTÉOROLOGIQUES    (OBSERVATIONS)    dO   l'Ob- 

2 14< 


(  164 

Pages. 

servatoirc  de  Montsouris,  70,  338,  678, 
gSo,  1 182,  et  1410. 
Minéralogie.  —  M.  Dauhrée  fait  hommage 
à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  J.-D. 
Dana,  d'un  Mémoire  n  Sur  les  pseudo- 
morplics  de  serpentine  et  autres,  de  la 
mine  de  Tilly-Foster  » 23i 

—  Reproduction  artificielle  de  la  monazite 

et  de  la  xénotime  ;  Note  de  M.  F.  Rado- 
iiiiiishi 3o4 

—  Sur  les  propriétés  optiques  biréfringentes 

caractéristiques  des  quatre  principaux 
feldspaths  tricliniques,  et  sur  un  procédé 
pour  les  distinguer  immédiatement  les 
uns  des  autres;  Note  de  M.  Des  Cloi- 
zeaii.v 364 

—  Sur  la  formation  contemporaine,  dans  la 

source  thermale  de  Bourbonnc-les-Bains 
(Haute-Marne),  de  diverses  espèces  mi- 
nérales cristallisées,  notamment  du  cui- 
vre gris  antimonial  (  tétraédrite),  de  la 
pyrite  de  cuivre  (chalkopyrite)  ,  du 
cuivre  panaché  (philippsite)  et  du  cuivre 
sulfuré(chalkosino);  NoledeM.Z)rt«/;rpc.     461 

—  Expériences  sur  l'imitation  artificielle  du 

platine  natif  magnétipolaire;  parM.  Dau- 
bréc 526 

—  Formation  contemporaine,  dans  la  source 

thermale  deBourbonne-les-Bains  (Haute- 
Marne),  de  diverses  espèces  minérales, 
galène,  anglésite,  pyrite  et  silicates  do  la 
famille  des  zéolithes,  notamment  la  cha- 


2    ) 

Page». 

basie  ;  Note  de  M.  Dauhrce 604 

-■  M.  Dauhrce  présente  une  série  de  Mé- 
moires sur  l'étude  microscopique  des 
roches,  les  uns  de  M.  Môlû,  les  autres 
de  M.  Borichy G87 

—  Association,  dans  l'Oural,  du  platine  natif 
à  des  roches  à  base  de  péridot  ;  relation 
d'origine  qui  unit  ce  métal  avec  le  fer 
chromé  ;  Note  de  M.  Dauhrée 707 

—  Nodule  à  wollastonite,  pyroxène  fassa'ite, 
grenat  mélanite  des  laves  de  Santorin  ; 
Note  de  M.  Fouqué 63 1 

—  Note  sur  l'élément  pyroxénique  de  la 
roche  associée  au  platine  de  l'Oural,  par 
M.  Dca  Chizeaux 786 

—  Dépôts  salins  des  laves  de  la  dernière 
éruption  de  Santorin  ;  Note  de  M.  F. 
Finitjué 832 

—  Observations  relatives  à  la  Communication 
précédente  de  M.  Fouqué;  par  M.  Ch. 
Sainte-Claire   DciiUc 834 

—  Sulfuration  du  cuivre  et  du  fer  par  un 
séjour  prolongé  dans  la  source  thermale 
de  Bourbon-l'Archambault  ;  observation 
d'une  brèche  avec  stroiitiane  sulfatéejel 
plomb  sulfuré  dans  la  cheminée  ascen- 
sionnelle de  celte  source  ;  Note  de  M.  de 
Gouve/iaiit '^97 

—  Observations  de  M.  Dauhrée,  relatives  à 
la  précédente  Communication 1 3oo 

Mollusques.  —   Amphipodes   du    golfe   de 

Marseille;  Note  de  M.  J.-D.  Catta 83 1 


N 


Navigation.  —  Sur  des  courbes  de  roulis 
obtenues  par  la  photographie  ;  Note  de 
M.  Huct 3So 

—  Communication    relative    à   la  question 

de  l'unification  du  tonnage  des  navires; 

par  M.  de  Le.-^.tep.f 4^2 

—  Observations  de  M.  Dupuy  de  Lomé,  re- 

latives à  la  Communication  précédente.     423 

—  Réponse  de  M.  de  Les.scps  aux  observa- 

tions de  M.  Dupuy  de  Lomé 42^ 

—  Sur  les  méthodes  à  employer    pour  le 

maintien  des  ports;  Note  de  M.  Ferd. 

de  Les.scps i  o5 1 

—  M.  C.  Bcur/iotaàTC&se  de  nouvelles  Notes 

concernant  l'application  de  la  vapeur  à 
la  navigation  sur  les  canaux  et  rivières. 
3o  et    164 

^  M.  Lagarigue  adresse  une  Note  sur  l'em- 
ploi de  la  vapeur  adaptée  aux  remor- 
queurs servant  à  la  traction  sur  les  ca- 
naux     1086 

~  M.  r.  Bouiiiccdii  adresse  une  Note  dans 


laquelle  il  rappelle  qu'en  i856  il  a  fait 
draguer  le  port  du  Havre  en  dehors  des 
jetées 1258 

—  M.  Potier  adresse  une  Note  sur  les  cau- 

ses de  la  démolition  si  fréquente  des 
jetées  maritimes i3i5 

—  M.    Bouniceuu   rappelle   qu'une   drague 

]iouvant  tenir  à  la  mer,  en  dehors  du 
port  du  Havre,  a  fonctionné  avec  succès 
avant  1860 i35o 

—  M.  E .  Lehman  soumet  à  l'Académie  un 

système  de  bateaux  à  vapeur  dans  le- 
quel la  transmission  de  la  force  se  fait  à 
l'aide  d'une  pompe  agissant  directement 
sur  l'eau ï4o8 

—  MM.  de  Benazé  et  Kisbec  adressent  un 

iMéraoire  sur  le  mouvement  complet  du 
navire  oscillant  sur  l'eau  calme i5g7 

Neige.  —  Corpuscules  aériens  et  matières 
salines  contenus  dans  la  neige;  par 
M    Tissandier ^8 

Nerveux  (système).  —  Recherches  sur  les 


(   i6/|3 


organes  tactiles  de  l'homme;  Note  de 

M.  Jobcri 274 

—  De  l'action  vaso-dilatatrice  exercée  par  le 

nerf  glosso-pharyngien ,  sur  les  vaisseaux 
de  la  muqueuse  de  la  base  de  la  langue  ; 
Note  de  M.  A.  f^nlpian 33o 

—  Sur  le  système  nerveux  périphérique  des 

Némato'ides  marins;  Noie  de  M.  ^.  Villot.     ^oo 

—  De  l'inlliience  du  système  nerveux  sur  la 

respiration  chez  un  Insecte,  le  Dyiiscus 
marginalis ;  Note  de  M.  £.  Fau'ic 739 

—  Études   expérimentales  sur  les  mouve- 

ments rotatoires  de  manège  chez  le  Dy- 
tisciis  /niirgi/ialis,  et  le  rôle,  dans  leur 
production,  des  centres  nerveux  encé- 
phaliques ;  Note  de  M.  E.  Fawrc 1 149 

—  Recherches  sur  les  fonctions  du  ganglion 

frontal  chez  le  Drtiscits  niargi/in/is ;  par 

M.  F.  Faivre  . .'. i332 

—  M.  C/.  Bernard  offre  à    l'Académie,  au 

nom  de  M.  Fulpinn,  deux  volumes  de 
ses  Leçons  sur  l'appareil  vaso-moteur, 
faites  à  l'École  de  Médecine i45G 

NiTnvTES.  —  Sur  la 'solubilité  du  nitrate  de 
soude  et  sa  combinaison  avec  l'eau; 
Note  de  M.  A.  Ditle 1  iG4 

Nominations  de  Membres  et  de  Correspon- 
dants DE  l'Académie.  —  M.  Brorh  est 
élu  Correspondant,  pour  la  Section  de 
Mécanique,  en  remplacement  de  feu 
M.  Biirdii! 81 

—  S.  M.  don  Pedro,  empereur  du  Brésil, 


) 

Pages. 
est  nommé  Correspondant  pour  la  Sec- 
lion  de  Géographie  et  Navigation,  en 
remplacement  de  feu  l'amiral  de  If'ran- 
gelt 540 

Télégramme  de  S.  M.  don  Pedro,  expri- 
mant à  l'Académie  sa  reconnaissance  . .     54 1 

Lettre  de  S.  M.  ilon  Pedro  d' Aleantara ^ 
empereur  du  Brésil,  à  MM.  les  Secré- 
taires perpétuels 1  i£i 

M.  r>oHeaa  est  nommé  Correspondant, 
pour  la  Section  de  Mécanique,  en  rem- 
placement de  feu  M.  Fairbaim 721 

M.  Jolj  est  élu  Correspondant,  pour  la 
Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  en  rem- 
placement de  feu  M.  P.  Gcrvais,  élu 
membre  de  l'Académie 786 

iL  le  général  Sabine  est  élu  Correspon- 
dant, pour  la  Section  de  Géographie  et 
Navigation,  en  remplacement  de  feu 
M.  Clinzallon gSo 

M.  Bouquet  est  nommé  membre  de  la 
Section  de  Géométrie,  en  remplacement 
de  M.  Bertrand,  élu  Secrétaire  perpé- 
tuel       996 

M.  Bentham  est  élu  Correspondant  pour 
la  Section  d'Astronomie,  en  remplace- 
ment de  M.  Airy,  élu  Associé  étranger.   1281 

M.  L.  Hugo  signale  une  erreur  géogra- 
phique dans  le  tableau  des  Correspon- 
dants étrangers  de  l'Académie  des 
Sciences,  publié  par  V Alninnaeh  nntio- 
nid{\'i,-^\) II 10 


0 


Optique.  —  Sur  les  phénomènes  de  diffrac- 
tion produits  par  les  réseaux  circulaires; 
Note  de  M. /.-i.   Soret 483 

—  Sur  la  diffraction;  propriétés  focales  des 

réseaux  ;  Note  de  M.  A.  Cornu 645 

—  Double  rétlexion  intérieure  dans  les  cris- 

taux  biréfringents   uniaxes  ;    Note  de 

M.  Abria 826 

—  Recherches  sur  la  polarisation  rotatoire 

magnétique;  par  M.  H.  Beeijuerd  ....   1376 

—  Nouvelle  formule  destinée  à  calculer  la 

force  réfringente  ou  le  numéro  des  lu- 
nettes de  presbyte;  Note  de  M.  Mowyer.     919 

—  Sur  un  opthalmoscope  à   trois  observa- 

teurs; Note  de  M.  F.  Monoycr 9G2 

—  Échelle    typographique   décimale    pour 

mesurer  l'acuité  de  la   vue  ;    Note  de 

M.  Monoyer 1 187 

—  M.  le  Seei-étaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, «  La  Lumière  »,  par  M.  Tyndnlt 
(traduction  de  M.  l'abbé  A/o/g-«o) 1259 


^^  H.  de  Kerikuff  adresse  quelques  re- 
marques concernant  les  causes  d'erreur 
qui  peuvent  subsister  dans  les  expé- 
riences relatives  à  la  vitesse  de  la  lu- 
mière        3o  et     iio 

M.  /.  Tardre  adresse  une  Note  relative 
à  la  réflexion  de  la  lumière 802 

M.  Tridon  adresse  une  Note  sur  les 
moyens  de  faire  des  observalions  téles- 
copiques  et  d'obtenir  des  é|)reuves  pho- 
tographiques, à  l'intérieur  d'une  cloche 
à  plongeur  aérostatique 902 

^L  Strntizopoulo  adresse  un  Mémoire  sur 
des  perfectionnements  à  apporter  au  té- 
lescope     1 1 54 

M.  A.  Brncliet  adresse,  pour  le  Concours 
du  prix  Trémont  et  du  prix  Gegner, 
plusieurs  Mémoires  sur  l'Optique  géo- 

mélri(pie 122C 

■  M.  jE.AV«r/<:v  adresse,  pour  le  Concours 
du  prix  Lacaze  (Physique),  plusieurs 
Mémoires  ayant  pour  objet  l'étude  de 


l'aberration  delà  lumière  et  la  révision 
de  la  théorie  de Caucliy  sur  la  réflexion.   iSga 
—  M.  Mangin  demande  l'ouverture  d'un  pli 


(    1644   ) 
Pages 


Pages. 

cacheté  déposé  par  lui  le  14  juillet  1874.  1697 
Ozone.  —  Note  sur  la  propriété  décolorante 

de  l'ozone  ;  par  M.  Boillot 1 167 


Paléontologie.  —  M.  E.  Robert  adresse  une 
nouvelle  Note  relative  au  gisement  des 
silex  taillés  de  Précy-sur-Oise,  et  à  la 
présence  de  grands  Pachydermes  dans  le 
diluvium  de  la  même  localité 1C4 

—  Sur  la  découverte  de  Batraciens  propre- 

ment dits  dans  le  terrain  primaire; 
Note  de  M.  J.  Gaudry 44  i 

—  M.  P.  Getvai\  communique,  au  nom  de 

M.  Thomas,  quelques  détails  sur  une 
espèce  fossile  de  Bœuf,  découverte  en 
Algérie;  et,  au  nom  de  M  Bleicher^  des 
figures  de  pierres  taillées  trouvées  en 
Algérie 444 

—  Observations  critiques  sur  la  classifica- 

tion  des  Polypiers  paléozo'iques  ;    par 

M.  G.DolIfus CHi 

—  Le   Mammouth  à  Mont-Dol   (Ills-et- Vi- 

laine )  ;  Note  de  M.  Sirodot 87 1 

—  Noie  sur  un  abri-sépulture  des  anciens 

Aléoutes  d'Aknanh,  ile  d'Ounga,  archi- 
pel Sliumagin  (Alaska)  ;  par  M.  Alph.- 
L.  Pinarl 1  oSa 

—  Observations  sur  l'époque  de  la  dispari- 

tion de  la  faune  ancienne  de  l'île  Rodri- 
gues;  \\ZT  ^\.  Alph. -Milite  Edt\ unis..  .    1212 

—  M.  L.  Berthoia  adresse  une  Note  rela- 

tive à  la  découverte  d'un  gisement  de 
fossiles,  dans  la  plaine  d'Écouché,  ar- 
rondissement d'Argentan  (Orne) 687 

Voir  aussi  Anthropologie. 

Papiers.  —  Étude  micrographique  de  la  fa- 
brication du  papier  ;  par  M.  A.  Ginird.     G29 

Paratonnerres.  —  Projet  présenté  par  M.  le 

MinistredelaGuerre,pourunepoudrière.  i  rJ3 

—  Avis    de    la   Commission   des    paraton- 

nerres, sur  une  disposition  nouvelle 
proposée  pour  les  magasins  à  poudre  ; 
par  M.  Fizeaii 1 44o 

PUILOSOPIIIE    DE    LA    SCIENCE.    —    Étudo    (icS 

procédés  de  l'esprit  humain  dans  la  re- 
cherche de  l'inconnu,  à  l'aide  de  l'obser- 
vation et  de  l'expérience,  etc.  ;  par 
M.   Chevretd G(j3 

Phosphates.  —  Sur  un  nouvel  appareil  pour 
la  fabrication  continue  des  superphos- 
phates de  chaux  ;  Note  de  M.  P.  Thi- 
bault      1144 

Phosphorescence.  —  Phosphorescence  des 
Invertébrés  marins;  Note  de  M.  de 
Quatrcfagcs 22'J 


Photographie.  —  De  la  flamme  du  soufre  et 
des  diverses  lumières  utilisables  en 
photographie;  Note  de  MM.  A.  Riche 
et  Ch.  Bardy 238 

Physiologie  animale.  —  Recherches  sur  le 

suc  gastrique  ;  par  M.  Ralmtcau Ci 

—  Des  globules  blancs  dans  le  sang  des  vais- 

seaux de  la  rate  ;  Note  de  MM.  Tarcha- 
nnff  et  Sa'aen 1 25 

—  Sur   la   pulsation    du   cœur;    Note    de 

M.  Marcy i85 

—  Des  phénomènes  de  localisation  minérale 

et  organique  chez  les  animaux  et  de  leur 
importance  biologique;  Note  de  M.  E. 
Heckel 193 

—  De  l'action  vaso-dilatatrice  exercée  par 

le  nerf  glosso-pharyngien  sur  les  vais- 
seaux de  la  membrane  muqueuse  de  la 
base  de  la  langue  ;  Note  de  M.  A.  Vul- 
pian 33o 

—  Expériences  montrant  que  les  mamelons 

extirpés  sur  de  jeunes  Cochons  d'Inde 
ne  se  régénèrent  point;  par  M.  Phili- 
peau 402 

—  De  la  quantité  d'oxygène  que  peut  absor- 

ber le  sang  aux  diverses  pressions  baro- 
métriques ;  Note  de  M.  P.  Bert 733 

—  De  l'influence  du  système  nerveux  sur  la 

respiration  chez  un  Insecte,  le  Dytiscus 
iiiargi/ialis;  Note  de  M.  E.  Ftdi're ....     739 

—  Études  comparatives  sur  l'homme  et  sur 

les  animaux,  au  point  de  vue  des  signes 
ophthalmoscopiques  de  la  mort  ;  par 
M.  y.  Gayal 5oi 

—  Sur  les  bruits  du  cœur;  Note  de  M.  De- 

zautière 899 

—  Sur  un  nouveau  corps  qu'on  trouve  dans 

l'urine  après  l'ingestion  d'hydrate  de 
chloral  ;  Note  de  MM.  Musculus  et  de 
Mer  m  é 953 

—  Sur  le  spiroscope,  appareil  destiné  à  l'é- 

tude de  l'auscultation,  de  l'analomio  et 
de  la  physiologie  du  poumon  ;  Note  de 
M.  JVoillez 1079 

—  Sur  un  nouveau  procédé  pour  compter 

les  globules  du  sang  ;  par  MM.  G.  Haycm 

et  A.  Nachet io83 

—  Études  expérimentales  sur  les  mouve- 

ments rotatoires  de  manège  chez  un  In- 
secte {\o  Dytiscus  niarginalis)  et  le  rôle, 
dans  leur  production,  des  centres  ner- 


(  1645  ) 


Pages. 

veux  encéphaliques;  Note  de  M.  £.  Fai- 

'•'■e ii49 

—  De  l'action  du  fer  sur  la  nutrition  ;  Note 

de  M.  Rnbutcciii 1 1 Gij 

—  Sur  les  propriétés  toxiques  de  l'écorce 

de  Mancône  ;  Note  de  MM.  Gnlhis  et 
Hanlf 1221 

—  Sur  la  vessie  natatoire  du  Caranx  Ira- 

chiinis,  et  sur  la  fonction  hydrostatique 

de  cet  organe;  Note  de  M.  A.  iMarcau.  1247 

—  Application  de  la  méthode  graphique  à 

l'étude  du  mécanisme  de  la  déglutition  ; 

par  M.  S.  Arlning 1291 

—  Recherches  sur  les  fonctions  du  ganglion 

frontal  chez  le  Drlisriis  marginalis  ;  par 

M.  Fah'rc i332 

—  Note  relative  à  la  production  de  la  liljrine 

du  sang  ;  par  M.  A.  Gaiiiicr i36o 

—  M.  Glénnrd  adresse  une  réclamation  de 

priorité  relative  à  la  Note  précédente..  iSgS 

—  De  l'influence  des  Solances  vireuses  en 

général,  et  de  la  Belladone  en  particu- 
lier, sur  les  Rongeurs  et  les  Marsupiaux  ; 
Note  de  M.  E.  Heckel iGoS 

—  M.  A.  Micard  adresse  une  Note  sur  les 

images  accidentelles  et  sur  les  couleurs 
complémentaires 3o 

—  M.  Mialhe  adresse  un  Mémoire  intitulé  : 

«  Recherches  sur  la  digestion,  l'assimi- 
lation et  l'oxydation  organique  ou  vi- 
tale n 1226 

—  M.  Cl.  Brrnnrd  présente  un  ouvrage  sur 

l'organogénie,  de  M.  Campaim,  conte- 
nant une  étude  sur  la  respiration  des 
Oiseaux  et  une  monographie  de  l'appa- 
reil respiratoire  du  Poulet 1 3 1 3 

—  M.  Toussaint  demande  le  renvoi  au  Con- 

cours de  Physiologie  expérimentale 
d'une  Note  intitulée  :  «  Application  de  la 
méthode  graphique  à  la  détermination 
du  mécanisme  de  la  réjection -dans  la 
rumination  » 1 35o 

—  MM.  J'.  Biirij  et  Diicoux  adressent  une 

Note  relative  à  l'action  <]u  cuivre  sur  les 
chiens i  tj  1 G 

—  M.  JFoillez  demande  l'ouverture  d'un  pli 

cacheté  contenant  une  Note  sur  les  bruits 
pulmonaires,  perçus  par  l'auscultation.   io35 
Physiologie   patuologique.  —   Recherches 
expérimentales  sur  le  principe  toxique 
du  sang  putréfié  ;  par  M.  y.  Feltz.  553  et  1 338 

—  Recherches  sur  les  effets  de  la  ligature  du 

canal  cholédoque  sur  l'état  du  sang  dans 
les  ictères  malins  ;  par  MM.  F.  Fchz  et 
E.  Ritter 675 

—  Action  des  alcalins  sur  la  composition  du 

sang.  Recherches  expérimentales  sur  la 
prétendue  anémie  alcaline  ;  par  ^\.Z.  Pii- 


Pages. 
pier Il 46 

—  Sur  la  dissociation  du  violet  de  méthyla- 

niline  et  sa  séparation  en  deux  couleurs, 
sous  l'influence  de  certains  tissus  nor- 
maux et  pathologiques,  en  particulier 
par  les  tissus  en  dégénérescence  amy- 

lo'ùJe;  Note  de  M.  F.  Cornd 1288 

Physiologie  végétale.  —   Recherches  sur 

les  champignons;  par  M.  Muntz 178 

—  Sur    la   fécondation  des  Basidiomycètos; 

Note  de  M.  /'//.  van  Ticglicm 873 

—  Sur  un  appareil  de  dissémination  des  Grc- 

garina  et  Stylmliynclms ;  phase  remar- 
quable de  la  sporulation  dans  ce  dernier 
genre  ;  Note  de  M.  A.  Schneider 432 

—  Végétation  hivernale  des  Algues  à  Mos- 

selbay  (Spilzberg),  d'après  les  observa- 
tions faites  pendant  l'expédition  polaire 
suédoise  1872-1878;  Note  de  M.  Fr. 
Kjillman 474 

—  Expériences  sur  l'absorption,  par  les  ra- 

cines, du  suc  (lu  Pliytolacca  decandra; 
Note  de  M.  H.  Bâillon 42C 

—  Sur  un  mode  particulier  d'excrétion  de  la 

gomme  arabique  produite  par  Y  Acacia 
Verek  du  Sénégal  ;  Note  de  M.  Ch.  Mar- 
tins C07 

—  Note  relative  à  l'influence  des  racines  des 

végétaux  vivants  sur  la   putréfaction; 

par  M.  Jeannel .      796 

—  Tumeurs  produites  sur  les  bois  des  Pom- 

miers par  le  Puceron  lanigère;  Note  de 

iM.  Ed.  PnlliciLx: 896 

—  De  l'action  de  quelques  composés  sur  la 

germination  des  graines  (bromure  de 
camphre,  borate,  silicate  etarséniate  do 
soude)  ;  Note  de  M.  Heckel 1 170 

—  Influence  de  la  sécheresse  sur  les  Cryp- 

togames; Note  de  M.  E.  Robert i343 

—  Recherches  sur  le  pouvoir   émissif  des 

feuilles  ;  par  M.  Maqucnne i357 

—  Des  effets  différents  d'une  même  tempéra- 

ture sur  une  même  es[ièce,  au  nord  et 

au  midi  ;  Note  de  M.  A.  de  Candolte., .    13G9 

—  M.  E.  Robert  appelle  l'attention  sur  les 

gouttelettes  d'eau  dont  le  froment  et  les 

prèles  sont  recouverts  le  matin 1G12 

Physique  générale.  —  M.  Bec(iiicrel  pré- 
sente un  ouvrage  qu'il  vient  de  publier, 
qui  a  pour  titre  :  «  Des  forces  physico- 
chimiques  et  de  leur  intervention  dans 
la  production  des  phénomènes  natu- 
rels » 285 

—  Recherches    sur   les   radiations  solaires 

(suite)  ;  par  M.  P.  Desains 1420 

—  Nappes  mercurielles  ;  Noto  de  M.  C.  De- 

charme 1 26 1 

—  M.  A .  Barthélémy  adresse  une  Note  sur 


un  procédé  permettant  de  mesurer  le 
coefficient  de  la  dilatation  absolue  du 
mercure 1 448 

—  M.  Michal  adresse  un  Mémoire  sur  la 

«  Détermination  du  résultat  de  plu- 
sieurs observations;  mesure  de  la  pré- 
cision du  résultat» 63C 

—  M.  \c  Secrétaire  perpétuel '&\°ViA\c,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, un  ouvrage  de  M.  E.  Fernet, 
portant  pour  titre  :  «  Cours  de  Physique 
pour  la  classe  de  Mathématiques  spé- 
ciales » 903 

Physique  du  Globe.  —  Des  températures 
au-dessous  d'un  sol  gazonné  ou  dénudé, 
pendant  les  derniers  froids  ;  Noie  de 
MM.  Becquerel  et  Edni.  Becquerel.. . .      i4i 

—  Iniluence  des  forêts  sur  le  débit  des  cours 

d'eau  et  sur  l'état  hygrométrique  de 
l'air  ;  Note  de  M.  L.  Faulrat 206 

—  Iniluence  des  forêts  sur  le  climat;  Note 

de  M.  Z.  Fnutrnt 1 454 

—  De  l'influence  de  l'ablation  sur  la  débâcle 

des  glaces  des  mers  polaires;  Note  de 

M.  Ch.  Grnd 5o2 

—  Chute   de    poussière    observée   sur  une 

partiede  la  Suède  et  de  la  Norvège, dans 
la  nuit  du  29  au  3o  mars  1875,  d'après 
des  Communications  de  MM.  Nonlen- 
shiuld  et  Kjerulj ;  Note  de  M.  Dnubrée.     994 

—  M.  /)(7//i7-P6- confirme  l'origine  volcanique 

qu'il  avait  attribuée  à  cette  chute  de 
poussière ii)59 

—  Observations  magnétiques  exécutées  dans 

la  presqu'île  de  Malacca;  par  M.  Jans- 

scn i552 

Voir  aussi  Hydmloçi^ie  et  Mélénroln^ic. 
Physique  jiatiiém.vtique.  — M.  Mnrllin-Bec- 
Aer  adresse  une  Note  complémenlaire 
sur  l'éther  et  l'origine  de  la  matière. . .     109 

—  M.  H.  de  Ke  ri  lu ff  adresse,  une  Noie  inti- 

tulée :  «  Sur  la  constance  de  la  réfraction 
apparente,  quels  que  soient  les  mouve- 
ments de  la   source   lumineuse  et  du 

corps  réfringent  » 24 1 

Planètes.  —  Découverte  de  la  planète  (t4i) 
à  l'Observatoire  de  Paris  ;  par  M.  Paul 
Henry 1 75 

—  Observations  de  la  planète  (i4i)'  faites  à 

l'Observatoire  de  Paris;  par  MM.He/irf 

et  Baillaud 388 

—  Observalions  méridiennes  des  petites  pla- 

nètes, faites  à  l'Observatoire  do  Green- 
wich  (transmises  par  l'Astronome  royal, 
M.  G.-B.  Airy]  et  à  l'Observatoire  do 
Paris,  pendant  le  quatrième  trimestre 
de  l'année  1874;  Communication  de 
M.  Le  Verrier, ,,, 449 


(  iG46  ) 

Pa[;cs. 


P.n(;es. 


—  Éléments  et  éphémérides  de  la  planète 

(i4i);  par  M.  Rennn 558 

—  M.  /.  J'i?mt  adresse  les  principales  diffé- 

rences qui  existent,  pour  le  lever  et  le 
coucher  des  planètes  Mercure,  Vénus, 
Mars,  Jupiter  et  Saturne,  entre  les  ré- 
sultats qu'il  a  calculés  pour  son  Journal 
du  Ciel  et  ceux  qu'a  publiés  V  Annuaire 
du  Bureau  des  Longitudes 1 109 

—  Lettre  touchant  la  détermination  de  la  pa- 

rallaxe solaire,  par  les  observations  de 

la  planète  Flore;  par  M.  Galle 1 154 

—  Éléments  de  la  planète  (i43)  Jilria;  par 

M.  Palisa 1 156 

—  Note  comprenant  des  éléments  et  une 

éphéméride  de  la  planète  {i38)  Tohsa; 

par  M.  Perrotin 1 1 57 

—  Observations  méridiennes  des  petites  pla- 

nètes, faites  à  l'Observatoire  de  Green- 
vvich  (transmises  par  l'Astronome  royal, 
M.  G.-B.  Jir))  et  à  l'Observatoire  de 
Paris,  pendant  le  premier  trimestre  de 
l'année  1875;  Communication  de  M.ie 
Verrier 1242 

—  Découvertes  des  petites  planètes  (144)  et 

(145),  faites  à  Clinton  (New-York),  par 

M.  Peters;  Note  de  M.  Le  Terrier.  ...    i4t3 

—  Découverte  de  la    petite  planète    (146), 

faite  à  Marseille  par  M.  Borrelty;  Note 

de  M.  Le  Verrier 1 4 1 3 

Platixe.  —  Expériences  sur  l'imitation  ar- 
tificielle du  platine  natif  magnétipolaire  ; 
par  M.  Daubrce 526 

—  Sur  les  alliages  de  platine  et  de  fer  ;  Note 

de  M.  H.  Sainte-Claire  Derdle 58g 

Voir  aussi  Minéi-ahgie. 
Plomb.  —  De  l'essai  des  étamages  contenant 
du  plomb;  procédé  d'essai  rapide;  par 
M.  Fnrdos 794 

—  M.  Fordos  demande  le  renvoi  à  la  Com- 

mission des  Arts  insalubres  d'une  Note 
précédente  sur  l'essai  des  étamages  et 
d'une  nouvelle  Note  sur  l'action  des  li- 
quides alimentairec  ou  médicamenteux  sur 
les  vases  en  étain  contenant  du  plomb..    i35o 

—  M.   A.  Bohierre  adresse  une    Note   sur 

l'emploi  d'un  petit  appareil  appelé  cher- 
che-plomb,  permettant  de  reconnaître  la 
présence  du    plomb  dans   un   élamage 

suspect 9G I 

Postes.  —  M.  Tresca  appelle  l'attention  de 
l'Académie  sur  un  projet  de  poste  at- 
mosphérique, de  Paris  à  Versailles;  par 
M.  Crespiii 1 4o5 

—  M.  Crespin  adresse  une  réclamation  rela- 

tive à  la  Note  précédente i456 

Président  DE  l'Académie.  — M.  l'amiral  Pa- 
ris est  élu  Vice-Président  pour  l'année 


(  i647 


Pages. 

1875 '4 

—  M.  Frcniy  rend  compte  à  l'Académie  de 
l'étal  où  se  trouve  l'impression  des  Re- 
cueils qu'elle  publie,  et  des  change- 
ments survenus  parmi  les  Membres  et 
les    Correspondants     pendant    l'année 

1874 14 

Prix  décernés  l'.vu  l'AoadÉiMie.  —  Table  des 

prix  décornés  pour  l'année  1874 i533 

Pnix  PROPOSÉS.  —  Table,  par  ordre  de  ma- 
tières, des  prix  proposés  pour  les  années 


Pages. 
1.S75,  1876,  iS77et  i883 i534 

—  Table,  par  année,  des  prix  proposés  pour 

1875,  1876,  1877  et  i8S3 i536 

Psychologie.  —  Étude  des  procédés  de  l'es- 
prit humain  dans  la  recherche  de  l'in- 
connu, à  l'aide  de  l'observation  et  de 
l'expérience,  etc.  ;  par  M.  Clwvrcul. . . .     693 

—  Ex[)iication  de  nombreux  phénomènes  qui 

sont  une  conséquence  de  la  vieillesse 

(3"  Mémoire);  |)ar  M.  Chcfietil. .    1 4 1  1  et  i.')42 


R 


Reptiles.  —  Sur  les  habitudes  d'un  remar- 
quable serpent  do  la  Cochinchine,  VHer- 
/)c!o/i  teiitaculatuin  ;  Note  de  M.  A.  Mu- 
rirc 128 

—  Observationssur  les  mœurs  de  l'/Ze/cK/tT/wi'/ 

horridum;  Note  de  M.  Bocourt 676 

Respiration.  —  Do  la  quantité  d'oxygène 
que  peut  absorber  le  sang  aux  diverses 
pressions  ;  Note  de  M.  Paul  Bvrt 733 

—  De  l'influence  du  système  nerveux  sur  la 

respiration  chez  on  Insecte,  le  Dyliscus 
imirghidUs  ;  Noie  de  M.  E.  Fiihre 739 

—  Ouverture  d'un  pli  cacheté  déposé  en  i8â4, 

et  contenant  une  Note  sur  les  bruits 
pulmonaires,    par    l'auscultation  ;    par 


M.  fp'oillcz io35 

—  Sur    le   spiroscope,    a(ipareil   destiné    à 

l'étude  de  l'auscultation,  de  l'anatomic 
et  de  la  physiologie  du  poumon  ;  Note 
de  M.  IVoillcz 1079 

—  M.  Cl.  Bernard  présente  un  ouvrage  de 

M.  Cnmpana,  contenant  une  élude  sur 
la  respiration  des  Oiseaux  et  une  mono- 
graphie de  l'appareil  respiratoire  du 
Poulet i3i3 

—  .\ppareils  schématiques  nouveaux,  relatits 

à  la  respiration;  i)ar  M.  G.  Ciirlct.  . . .    iGoG 
RuTiiÉNiu.M.  —  Du  ruthénium  et  de  ses  com- 
posés oxygénés  ;  Note  de  MM.  H.Sui/ilc- 
Ctcdre  DevHle  et  H.  Dcbrny 4^7 


Sang.  —  Des  globules  blancs  dai)s  le  sang 
des  vaisseaux  de  la  rate;  Note  de 
MM.  Tarclianoff' Qi  A.  Sivaen laS 

—  Sur  un  nouveau  procédé  pour  compter  les 

globules  du  sang;  par  MM.  G.  Hnyciit 

et  A.  Niichct io83 

~  Note  relative  à  la  |jroductiûu  delà  fibrine 

du  sang  ;  par  M.  A.  Gautier i3Go 

—  Réclamation  de  priorité  au  sujet  de  la 

Note  précédente;  par  M.  F.  Glériard..   1598 

—  Recherches  expérimentales  sur  le  prin- 

cipe du  sang  purifié;  par  M.  F.  Feltz.. 
553  et  i338 

—  Recherches  sur  les  eiïets  de  la  ligature 

du  canal  cholédoque  sur  l'état  du  sang, 
dans  les  ictères  malins;  par  MM.  V. 
Feltz  et  E.  Rater 675 

—  Action  des  alcahns  sur  la  compusition 

du  sang.  Recherclies  ex])érimentalessur 
la  prétendue  anémie  alcaline;  |)ar  M.  Z. 
Ptipicr 1 1 40 

—  MM.  Pafiiietiii  et  Jolly  adressent  une  ana- 

lyse couqiarativc  des  sangs  artériel  et 
veineux,  au  point  de  vue  de  leur  consti- 

C.  R.,  1S75,  i"  Semastic.  (T.  LXXX.) 


tution  minérale 1597 

Sauterelles. — Sur  l'invasion  des  sauterelles 
en  Algérie  (avril-août  1874);  Note  do 
M.  H.  Brocard 27(1 

Sections  de  I'Acauémie.  —  La  Section  de 
Géométrie  présente  la  liste  suivante  de 
candidats  pour  la  place  laissée  vat'ante 
par  M.  Bertrand,  élu  Secrétaire  perpé- 
tuel :  1°  M.BoiirjKet;  1"  MM.  Darhnux, 
Jo.'dan,  Laguerrc  ;  3"  MM.  Ahirin- 
lieini ,  Moutard 979 

Sériciculture.  —  M.  /.  Clauiiecin  adresse 
une  Note  concernant  les  résultats  d'éle- 
vage des  vers  à  soie,  en  utilisant  les 
grainages  américains 482 

Sociétés  savantes.  —  M.  le  Secrétaire 
perpétuel  annonce  qu'il  a  appris,  par 
l'ambassade  des  Pays-Bas,  l'envoi  du  di- 
[ilome  de  Docteur  honoraire  de  l'Univer- 
sité de  Leyde  à  trois  Membres  de  l'Acadé- 
mie des  Sciences:  MM.Milne  Edwards, 
Uegnaull,  DcsCloiziaux 1 185 

Soleil.  —  Sur  la  temiiérature  ielati\e  des 
diverses   régions   du   Soleil.    Première 


i6/i8  ) 


Pages. 

partie  :  Les  noyaux  noirs  des  taches  ; 

par  M.  Langley 746 

—  Deuxième  partie  :  Région  équatoriale  et 

régions  polaires;  par  M.  Laiiglrr 819 

—  Lettre  de  M.  Faye  sur  la  distribution  de 

la  température  à  la  surface  du  Soleil  et 

les  récentes  mesures  de  M.  Langley... .   1189 

—  Études  des  taches  et  des  protubérances 

solaires,  de  1871  à  1875;  par  XqV.ScccIh.  1273 

—  Bechcrches  sur  les    radiations  solaires 

(  suite  )  ;  par  M.  P.  Dcsaiiis 1420 

~  M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au 
nom  de  M.  Marchand,  une  «  Étude 
sur  la  force  chimique  contenue  dans  la 
lumière  du  Soleil  » 3 1 

—  M.  E.   Marchand   adresse    un  ilémoire 

ayant  pour  objet  une  étude  de  la  force 
chimique  du  Soleil i3-i9 

Spectroscopie.  —  Sur  le  dernier  numéro  des 
«  Memorie  dciSpettroscopisti  italiani  »; 
Note  de  M.   Faye , 935 

Statistique.  •-  Lettre  de  M.  le  Ministre  de 
la  Marine  et  des  Colonies  à  M.  le  Pré- 
sident, au  sujet  du  prix  de  Statistique 
qui  a  été  accordé  à  la  «  Revue  maritime 
et  coloniale  » 3i 

—  M.  Mayet  prie  l'Académie  de  comprendre, 

parmi  les  ouvrages  présentés  pour  le 
prix  de  Statistique  (fondation  Montyon), 
sa  Statistique  des  services  de  médecine 

des  hôpitaux  do  Lyon 961 

Sucres.  —  Documents  pour  servir  à  l'his- 
toire de  la  glycosurie;  par  M.  Andral..     858 

—  Études  sur  le  sucre  inverti  ;  par  M.  E.- 

J.  Maunwné 11 39 

—  Note  sur  le  pouvoir  rotatoire  du  sucre 

cristallisable  et  sur  la  prise  d'essai  des 
sucres  soumis  à  l'analyse  polariraé- 
trique;  par  MM.  V.d<-  Luynes  et.-/.  Gi- 


PaROs. 
i354 


rard .  -. 

—  M.  E.  Maumcné  adresse  une  Note  rela^ 

tive  à   la  prise  d'essai  habituelle  des 

sucres j  455 

Voir  aussi  Chimie  agricole. 
SuLFixEs.  —  Recherches  sur  les  sulfmes  ; 

par  M.  A.  Cahours 1 3 1 7 

SuLFocAHiioN.VTES.  —  Sur  l'emploi  des  sulfo- 

carbonates  alcalins  contre  le  Phylloxéra  ; 

Note  de  M.  Dumas 104S 

—  Sur  la  dissociation  du  sulfocarbonate  de 

potassium,  en  présence  des  sels  ammo- 
niacaux ;  Note  de  M.  Roiumier i386 

Sulfure  de  carbone.  —  Sur  une  réaction 
du  sulfure  de  carbone.  Passage  du  sul- 
fure de  carbone  à  l'acide  sulfocyanhy- 
drique;  Note  de  MM.  C.  Saint-Pierre 
et  Jcanncl 1 3 1  i 

—  Observations  de  JL  D^/z/^m,  relatives  à  la 

Communication  précédente i3i2 

SuLFURiQUE  (.vcide).  —  Sur  l'ébuUition  de 
l'acide  sulfurique  ;  Note  de  M.  Ad.  Bo- 
bierrc 473 

—  Sur  la  présence  de  l'acide  sulfurique  an- 

hydre dans  les  produits  de  la  combus- 
tion de  la  pyrite  de  fer;  Note  de  M.  Schcu- 
rvr-Ke.'.t//cr i23() 

—  MM.  L.  Kessler  et  U.  Fiauc  adressent 

une  Note  sur  un  nouvel  appareil  pour  la 

concentration  de  l'acide  sulfurique 1598 

SuRSATURATio.v.  —  Analogios  que  présentent 
le  dégagement  des  gaz  de  leurs  solu- 
tions sursaturées  et  la  décomposition  de 
certains  corps  explosifs;  Note  de  M.  D. 
Cernez- 44 

—  De  l'inégalité  d'action  des  divers  isomor- 

phes sur  une  même  solution  sursaturée  ; 
Note  de  M.  Lecoq  de  Boishaudran 888 


Taurine.  —  Recherches  sur  la  taurine  ;  par 

M.  Engel iSgS 

TÉLÉGRAPHIE.  —  a\.  A.  Léard  adresse  deux 

Mémoires  sur  la  Télégraphie  optique.. .   i349 

TiiERMOCUiMiE.  —  Sur  la  structure  atomitiuc 
des  molécules  de  la  benzine  et  du  téré- 
bène  ;  Note  de  M.  G.  Hinrichs 47 

—  Sur  quelques   problèmes  de  mécanique 

moléculaire;  Noie  de  W.  Berthelot.. .  .     5ia 

—  Calcul  des  moments  d'inertie  maximum 

des  molécules  des  dérivés  chlorés  du 
luUiéne  ;  Note  de  M.  Hinrichs 5G5 

—  Étude  des  quantités  de  chaleur  dégagées 

dans  la  formation  des  sels  de  i)otasse  de 
ciui'hiues  acides  de  la  série  grasse;  par 


JL  ïf.  Liiugniniiic 568 

Sur  les  quantilésde  chaleur  dégagées  dans 
la  décomposition  des  chlorures  de  quel- 
ques acides  de  la  série  grasse;  Note  de 
M.  //  '.  Louguinine GG7 

Etude  des  quantités  de  chaleur  dégagées 
dans  la  décomposition  par  l'eau  des  bro- 
mures de  queUpies  acides  de  la  série 
grasse  ;  par  M.  ff^.  Louguinine 973 

Sur  la  détermination  mécanique  dos  points 
d'ébuUition  des  dérivés  chlorés  du  to- 
luène ;  Note  de  M.  Hinrichs 7(16 

Recherches  sur  les  acides  gras  et  leurs 
sels  alcalins  ;  par  M.  Berthclot 592 

Stabilité  des  acides  gras  en  |)résence  de 


(  «649 


Pages, 
l'eau,  et  fléplrtcement  rôriproque  de  ces 
acides  ;  Note  de  M.  Benhvlot -oo 

—  Sur  le  partage  d'un  acide  entre  plusieurs 

bases  dans  les  dissolutions;   Note   de 

M.  Brrthclot j5G4 

TiiERMODYNAMiQi'E.  —  Sur  l'exprcssion  du 
travail  relatif  à  une  transformation  élé- 
mentaire ;  Note  do  M.  /.  MoiuUr 4" 

—  Mémoire  sur  quelques  propriétés  méca- 

niques de  la  vapeur  d'eau  saturée;  par 

M.  Cil.  Antoine 435 

—  Du  cycle   fictif  correspondant  au   fonc- 

tionnement des  machines  thermiques  à 
cylindre  ouvert,  et  mise  en  évidence  do 
ce  cycle  et  du  poids  de  substance  mo- 
trice formant  le  corps  travailleur;  Note 
de  M.  J.  Lrdiru io4o 

—  Sur  la  loi  de  la  détente  pratique  dans  les 


machines  à  vapeur  ;  Note  de  M.  A.  T.c- 
dieu 1199 

—  Condition  du  maximum  de  rendement  ca- 

lorifique des  machines  à  fe\i  :  Note  de 

de  M.  A.  Lcdicu 1278 

—  Note  accompagnant  la   présentation  du 

tome  I"'  de  «  l'Exiiosition  analytique  et 
expérimentale  de  la  Théorie  mécanique 
de  la  chaleur  »  ;  par  M.  Hirn 1578 

—  M.  Hirsch  demande  l'ouverture  d'un  pli 

cacheté,  déposé  par  lui  le  3  octobre 
1873,  et  relatif  à  l'application  de  la  Théo- 
rie mécanique  de  la  chaleur  aux  ma- 
chines à  air  chaud 922 

ToLuiiNE  ET  SES  DÉnivÉs.  —  Calcul  des  mo- 
ments d'inertie  maximum  des  molécules 
des  dérivés  chlorés  du  toluène;  Note 
de  M.  G.  Hinrichs 5G5 


u 


Ukanium  et  ses  composés.  —  Sur  la  préci- 
pitation de  l'argent  par  le  protoxyde 
d'uranium  ;  Note  do  M.  Immbcrt 1087 

Urée  et  ses  dérivés.  —  Sur   les  uréides 


pyruviques  :  uréides  condensées  ;  Note 

de  M.  E.  Grimciux 

—  Recherches  sur   le   groupe   urique;   par 
M.  E.  Grinmux 


53 


Vapeurs.  — Mémoire  sur  quelques  propriétés 
mécaniques  de  la  vapeur  d'eau  saturée; 
par  M.  Cil.  Antoine 4^5 

'VÉNUS  (passages  de).  —  Télégramme  de 
M.  Fk'itriais,  relatif  à  l'obserNation  du 
passage  de  Vénus  à  Shangha'i Sa 

—  Lettre  do  M.M.  André  et  Angnt,  relative  à 

l'installation  de  l'expédition  pour  l'ob- 
servation du  passage  de  Vénus  à  Nou- 
méa, et  télégramme  relatif  au  résultat 
de  l'observation 32 

—  Lettre  do  M.  Janxie/i,  relative  à  son  in- 

stallation à  Nagasaki,  pour  l'observation 

du  passage  de  Vénus 34 

—  Lettre  de  M.  Hénnid,  relative  à  l'instal- 

lation à  Sa'igon  de  l'expédition  pour 
l'observation  du  passage  de  Vénus 35 

—  Lettre  de  M.  Taccliini,  relative  aux  résul- 

tats de  l'observation  dupassagedeVénus 

à  Muddapur  (Bengale) 3G 

—  M.  le  Ministre  des  AJ/hires  clnuigères 

transmet  à  l'Académie  quelques  docu- 
ments qui  lui  sont  adressés  par  AL  le 
Consul  de  France  à  l'ile  Maurice,  sur  les 
résultats  obtenus  par  lord  Lindsay  dans 
l'observation  du  passage  de  Vénus i(i5 

—  M.   le    Consul    de    France   à   Honnhila 

adresse  à  M.  le  Président  quelques  dé- 


tails concernant  les  résultats  obtenus 
dans  l'observation  du  passage  do  Vénus, 
par  les  expéditions  anglaises, àllonolulu, 
à  l'ile  d'Hawa'i  et  à  l'île  de  Kanai iG5 

—  L'Académie  reçoit  une  nouvelle  Lettre  de 

MM.  André  et  Angot,  annonçant  leur 
installation  à  Nouméa,  pour  l'obser- 
vation du  passage  de  Vénus 243 

—  M.  le  Ministre  des  Affaires    étrangères 

transmet  à  l'Académie  des  documents 
adressés  par  M.  le  Consul  de  France  à 
Jlanille,  sur  l'observation  du  passage  de 

Vénus 243 

--  Rapport  deM.  Hémml,  sur  l'observation 

du  passage  de  Vénus 243 

—  JL  Yixm  ni/tirccait  donne  lecture  d'une 

Note  relative  à  la  discussion  des  obser- 
vations du  passage  de  Vénus 289 

—  Observations  de  M.  Le  J'errier,  relatives 

à  la  discussion  des  observations  du  pas- 
sage de  Vénus ?.go 

—  Lettre  de  M.  Junssen  à  M.Dumas,  sur  les 

résultats  généraux  de  l'observation  du 
passage  de  Vénus,  au  .lapon 342 

—  M.  BotKjiiel  de  la  Gryc  adresse,  de  San 

Francisco,  un  télégramme  concernant 
l'observation  du  passage  de  Vénus.  . . .     4^8 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  conununiqiic 

2  1  5  .  . 


583 


583 


une  dépèclie  do  M.  Mouchez,  relative  a 
l'observation  du  passage  de  Vénus  à 
rile  Saint-Paul .\  .■ 483 

—  M.  Flciiriais  adresse  deux  plis  cachetés, 

contenant  les  observations  du  passage 
de  Vénus  effectuées  par  la  mission  de 
Pékin,  et  les  documents  recueillis  au  mo- 
ment du  passage 483 

—  M.    le  Ministre  des  Jffaires  étrangères 

transmet  à  l'Académie  une  Lettre 
adressée  par  M.  Jansscn  à  M.  le  Mi- 
nistre de  France  au  Japon,  pour  lui 
faire  part  du  résultat  de  ses  observa- 
tions sur  le  passage  de  Vénus 558 

—  M.  Fleuriais  adresse  le  détail  des  obser- 

vations du  passage  de  Vénus  sur  le  So- 
leil, effectuées  à  Pékin 583 

—  M.  Mouchez  adresse  le  résume  des  ob- 

servations effectuées  à  l'île  Saint-Paul. 

—  ^W.  Bouquet  de  la  Grje  et--///rf/-(' adrcs 

sent  des  nouvelles  de  leurs  expéditions 

—  M.  Freniy,  au  nom  de  l'Académie,   ex- 

prime à  M.  Mouchez  la  satisfaction 
qu'éprouve  l'Académie,  en  souliailant 
la  bienvenue  aux  membres  des  expédi- 
tions entreprises  pour  l'observation  du 
passage  de  Vénus Gi  i 

—  Réponse  de  M.  Mouchez  à  M.  le  Président.     G12 

—  Observation  du  passage  do  Vénus  à  l'ile 

Saint-Paul.  Phénomènes  optiques  ob- 
servés aux  environs  des  contacts;  Note 
de  W.  Mouchez G12 

—  M.  le  Ministre  de  /'I/istriu'tin/i  publique 

adresse  un  projet  de  médaille  commé- 
morative  du  passage  do  Vénus  sur  le 
Soleil G37 

—  M.  /vr«n- adresse,  au  nom  de  l'Académie, 

des  reniercîments  à  M.  Bouquet  de  la 
Gryc  et  aux  membres  de  la  mission 
qui  s'est  rendue  à  l'île  Campbell,  pour 
l'observation  du  passage  de  Vénus 721 

—  Ré])onse   de  M.    Bouquet  de  la  Grye   à 

M.  le  Président -as 

—  Sur  les  documents  scientifiques  recueillis 

à  l'île  Campbell,  par  la  mission  envoyée 
pour  observer  le  passage  de  Vénus  ; 
Note  de  M.  Bouquet  de  la  Grye yaS 

—  M.  le  Ministre  des  affaires   étrangères 

transmet  à  l'Académie  une  Lettre  an- 
nonçant l'arrivée  à  Table-Bay  des  mem- 
bres de  la  Commission  chargée,  par  le 
gouvernement  dos  États-Unis,  d'ob- 
server aux  îles  Kerguelen  le  passage  do 
Vénus  sur  le  Soleil 80 3 

—  Comparaison  dos  premières  observations 

du  passage  do  Vénus  ;  par  M.  Puiseu.r.     933 

—  !\L  /''/c/wradressOjau  nom  de  l'Académie, 

des    remercimenis   à    M.    Flruriuix    et  | 


(  iG5o  ) 


Pages. 


I203 


1204 


aux  membres  de  la  mission  de  Pékin 
pour  l'observation  du  passage  de  Vénus. 

—  Réponse  de  M.  Fleuriais  à  M.  le  Prési- 

dent  

—  Documents  recueillis  par  la  mission  en- 

voyée à  Pékin  pour  observer  le  passage 

de  Vénus  ;  Note  de  M.  Fleuriais 1204 

—  AL  -r/rmradresse,au  nom  de  l'Académie, 

des  remercîmcnts  aux  membres  de  la 
Mission  qui  s'est  rendue  à  Nouméa  pour 
l'observation  du  passage  de  Vénus 1281 

—  Réponse  de  M.  André  à  M.  le  Président. .    1281 

—  Sur  les  documents  scientifiques  recueillis 

à  Nouméa  par  la  Mission  envoyée  pour 
observer  le  passage  de  Vénus  ;  Note  de 
M .  André 128a 

—  M.  Freiny  souhaite,  au   nom   de  l'Aca- 

démie, la  bienvenue  à  AL  Janssen,  à  son 
retour  de  l'expédition  du  passage  de 
Vénus 1 54 1 

—  AL  Janssen  remercie  l'Académie i54i 

—  Parallaxe  solaire  déduite  de  lacombinaison 

de  l'observation  do  Nouméa  avec  l'ob- 
servation de  Saint-Paul  ;  Note  de  AL  Ch. 

André 1 599 

Vins.  —  Sur  les  matières  optiquement  acti- 
ves, autres  que  le  glucose,  qui  existent 
normalement  dans  le  vin  et  le  caracté- 
risent ;    Note  de  M.  A.  Béchamp 967 

—  Note  sur  l'acide  dextrogyre  du  vin;   par 

AL  F.  Maumené 1 026 

—  Rapport  sur  un  appareil  de  AL  Alalligand, 

pour  titrer  l'alcool  des  vins;  par.  AL  P. 
Thenartl 1 1 1 4 

—  RL  A.  Fidan  adresse  un  Alémoire  ayant 

pour  objet  l'ulilisation  des  produits  ul- 
times de  la  fabrication  du  vin 159S 

Viticulture.  —  Lettre  à  AL  Dumas,  concer- 
nant l'apparition  du  Phylloxéra  dans  la 
|)rovince  rhénane  de  la  Prusse,  sur  les 
vignes  américaines;  par  AL  Roesler  ...       2g 

—  MAL   G.   Bcaume,   Bertolini,    P.    Jolly, 

L.  Petit,  F.  Arrnult,  F.  Erb,  F.  Na'n- 
sot  adi-essent  diverses  Communications 
relatives  au  Phylloxéra 3o 

—  Af.    Lnliinan  transmet  à  l'Académie  des 

graines  des  trois  meilleures  qualités  de 
vignes  américaines 

—  MAL  Blandin,  Baruzzi,  Mosca,  Guillau- 

niont  adressent  diverses  Communica- 
tions relalives  au  Phylloxéra 1 05 

—  AIAL  HeniDiericli,  Bourquelot ,  Cluiperon, 

Heydurk,  Rohinson  adressent  diverses 
Communications  relatives  au  Phylloxéra. 

—  AI.   le    Ministre   de  l'Agriculture  et  du 

Ccininicrce  annonce  à  l'Académie  qu'il 
met  à  sa  disposition  une  nouvelle  somme 
pour  h's  expériences  relatives  au  Pliyl- 


3o 


2,(2 


(  i65i  ) 


Payes, 
loxpra 242 

M.  J.-B.  ScIini'lzliT  aiinoncG  que  le 
Phylloxéra  a  été  trouvé  dans  les  vi- 
gnobles du  nord  do  la  Suisse 3f2 

M.  F.  Rnluirl  adresse  un  procès-verbal 
des  opérations  pratiquées  par  lui,  à  l'au- 
tomne dernier,  dans  les  Charentes,  con- 
tre le  Phylloxéra 3 12 

M.  Le  Breton  adresse  une  Note  conte- 
nant l'indication  d'un  procédé  de  des- 
truction du  Piiylloxera 3i2 

Rectification  à  une  Note  précédente,  con- 
cernant l'espèce  de  Phylloxéra  observée 
à  Vienne  par  KoUar  ;  par  G.  Lichtcn- 
stcin 380 

M.  Boulin  adresse  un  Mémoire  compre- 
nant l'ensemble  des  analyses  compara- 
tives sur  la  vigno  saine  et  sur  la  vigne 
phylloxérée 387 

M.  Hemmcrich,  M'""  Brcmonl  adressent 
diverses  Communications  relatives  au 
Phylloxéra 3S7 

M.  Girard  adresse  une  Note  concernant 
l'inlluence  du  froid  sur  le  Phylloxéra 
hibernant 43G 

MM.  /.  Brun  faut,  A.  Créténicr,  D.-J. 
Hogan,  J'ignau.v,  G.  Pnra.t  adressent 
diverses  Communications  relatives  au 
Phylloxéra 482 

M.  P. -P.  Mcstre  adresse  une  Note  rela- 
tive à  un  procédé  de  destruction  du 
Phylloxéra,  par  l'ensablement 558 

M.  J.-B.  Sc/incl:lcr  adresse  une  Note 
concernant  l'importation  probable  du 
Phylloxéra,  depuis  plusieurs  années, 
dans  le  nord  do  la  Suisse,  par  les  cépa- 
ges américains  -,.,,.. G37 

M.  (le  .Sninl-Trii'icr  adresse  une  Note  re- 
lative à  des  expériences  pour  la  des- 
truction du  Phylloxéra,  par  le  dé- 
chaussement des  ceps  jusqu'aux  racines 
principales , C37 

MM.  //.  JdCfiuinot,  M.  .SilUr,  Hciiiiiic- 
ric/i,  Séjourna)',  Prunneaiul,  C.  Zcn/,er, 
J.  Andero,  D.  Gundegnini,  du  Ctosel, 
Rolunt,  Guédon  adressent  diversesCom- 
niunica lions  relatives  au  Phylloxéra. . . .     G37 

MM.  Crussiird,  i]îolinx  adressent  des 
Communications  relatives  au  Phylloxéra.     743 

MM.  B.  Dugas,  A.  Mornard,  Bartlwle- 
iiif,  A.  Bouleide,  Dupoux  adressent 
diverses  Communications  relatives   au 

.Phylloxéra 8o3 

MM.  Sehnetzler,  Pellelrati,  (hase,  Ao- 
dey,  Cluipryron ,  Delfiai  adressent  di- 
verses Communications  relatives  au 
Phylloxéra 902 

MM.  F.   Clialclain,  Chaperon,  Corrccli, 


Pages. 


Dcstrac,  A.  Fcvrct,  L,  Gans,  E.  Meu- 
rire,  Mourguès,  F.  Phuhner,  Potier, 
J.  lioss,  F.  llnurpiettr,  .S.  Zinno  adres- 
sent diverses  Comièiunications  relatives 
au  Phylloxéra 1022 

■  Sur  les  résultats  des  expériences  faites 

par  la  Commission  de  la  maladie  do  la 
vigne  du  département  de  l'Hérault,  en 
1874.  Traitement  des  vignes  malades; 
Note  de  M.  Mares 1 044 

■  Sur  l'emploi  des  sulfocarbonates  alcalins 

contre  le  Phylloxéra  ;  Note  de  M.  Z>«- 

'""••■• 1048 

Pays  vignobles  atteints  par  lo  Phylloxéra 
en  1874  ;  Note  de  M.  Duclaux io85 

M.  le  Ministre  de  V Instruction  publique 
transmet  une  Note  de  M.  O.  Fauvcrt 
relative  au  Phylloxéra loSfi 

MM.  Barreaud,  J.-B.  Capet,  Creissac 
tu'né,  F.  lii-b,  A.  Gautier,  Ed.  de  Gé- 
nères, R.  Hetlesotcr,  Ch.  Hue,  Mazadc, 
J.  Michel,  E.  Morel,  L.  Petit,  F. 
Rousse,  Tlgnial,  C.  Zenker  adressent 
diverses  Communications  relatives  au 
Phylloxéra 1 1 54 

Observations  sur  les  divers  Phylloxéras; 
par  M.  Lichtenstcin \'i'i.'\ 

M.  Pellet  fait  connaître  les  bons  effets 
obtenus  par  l'emploi  du  sulfure  de  po- 
tassium et  du  sulfate  d'ammoniaque, 
mêlés  à  la  cendre  de  bois  do  sar- 
ments    122G 

M.  J'dledieu  adresse  une  Note  sur  l'em- 
ploi, contre  le  Phylloxéra,  de  la  vase  du 
Rhône  avec  des  sels  alcalins  et  du  sul- 
fate d'ammoniaque 1226 

M.  Godet  adresse  la  composition  du  mé- 
lange qu'il  emploie  contre  le  Phylloxéra.  1227 

Le  Conseil  général  de  r  Hérault  adresse 
une  Note  de  M.  Moneslier,  sur  l'emjiloi 
qu'il  se  propose  de  faire  de  l'acide  sul- 
fureux contre  le  Phylloxéra 1227 

MM.  B.  Aleiator,  Biéniont,  J.  Cliaillon, 
J  .-C.  Crussaril,  B.  Dugat,  Dupoux,  Eg- 
gcr,  Estruc ,  J.  Gallois,  A.  Jaussand, 
Leeoij,  Marchand,  A.  Mm-nard,  Pcrris, 
E.  Risler,  lie  Rostidng,  Souchon,  J'ignal 
adressent  diverses  Communications  re- 
latives au  Phylloxéra 1227 

MM.  L.  Bnline ,  Creissac,  Kartzdord', 
H.  Laillault ,  L.  Paillard,  M.  Perret, 
A.  Sanceaii,  de  Saint-Trivicr,  Ville- 
dieu,  S.  Zinno  adressent  diverses  Com- 
munirations  relatives  au  Phylloxéra ....    laSS 

M.  lo  Secrétaire  perpétuel  signale,  [)armi 
les  pièces  imprimées  d(^  la  Correspon- 
dance, une  i)rochure  de  M.  P.  iMouille- 
fert,  intitulée  :  «  Le  Phylloxéra  vasta- 


(  i65a 

Pages. 


) 


trix  et  la  nouvelle  maladie  tle  la  vigne  ».  laSg 

La  Confrérie  des  vis^nernus  de  Vcvcr 
adresse  des  remercinicnls  pour  l'envoi 
que  rArndémie  lui  a  fait  de  ses  Mémoires 
sur  le  Pliylloxera lîSg 

Sur  les  migrations  du  Phylloxéra  du 
chêne;  Note  de  M.  Lichle/istein i3o2 

M™»  Jlbc,  MM.  Akintor,  A.  Chirio , 
Ci-eissac ,  F.  Mi  chaud  et  L.  Sellier 
adressent  des  Communications  relatives 
au  Phylloxéra 1 3o4 

Origine  du  Pliylloxera  à  Cognac  ;  Note  de 
M.  Moiiilleferl 1 344 

Sur  l'emploi  du  xanthate  de  potasse  contre 
le  Phylloxéra  ;  Note  de  MM.  Ph.  Zcclter 
et  A.  Grcte 1 347 

Sur  la  présence  du  Phylloxéra  en  Au- 
vergne ;  Note  de  M.  A.  Julien 1347 

Influence  de  l'Iuimidité  sur  le  Phylloxéra  ; 
Note  de  M.  Villediea " i348 

M.  Rernionet  écrit  à  l'Académie  qu'il  est 
parvenu  à  greffer  la  vigne  sur  des  arbris- 
seaux dont  les  racines  no  peuvent  servir 
de  nourriture  au  Phylloxéra i349 

M.  F.  Moll  indique  l'emploi  d'une  solu- 
tion, composée  de  savon  mou  et  de  gou- 
dron de  houille,  contre  les  dévastations 
des  larves  de  hannetons  et  de  limaces.   1349 

MM.  B.  Alcidlor,  Apolic,  Boiscan,  Bon- 
net, H.  Bduschet,  Briinet,  Causse,  Des- 
trac, Gitnin,  P.  Ganilliom,  Jacquiuot, 
Merto  Anselme,  Raceau,  Rozies,  Sadot, 
M"'"  Danti^ny  adressent  diverses  Com- 
munications relatives  au  Phylloxéra...   1349 

MM.  Kisttcz,  Haunet  adressent  des  Com- 
munications relatives  au  Phylloxéra. . .   iBgi 

M.  de  Vibrayc  signale  l'apparition,  dans 
les  vignobles  du  Loir-et-Cher,  d'un  Hé- 
miptère  qui  parait  voisin  du  Pliytocoris 
gotldcus , 1 407 

M. /^.  Co^rt  adresse  une  Communication 
relative  à  la  destruction  du  Phylloxéra.  i449 

M.  \ù  Secrélaire  perpétuel  analyse  diverses 
pièces    relatives    au    Phylloxéra ,    de 


Pages. 


MM.  Guerrnud,  Rousseau,  A  polie,  G.  de 
ranyay,  Coio;net ,  Didier,  B.  Dugas, 
Joumier,  Labbé,  A.  Peret,  A.  Soulié, 
H.    Stieren,    A.    SzerlecH,  T'illedieu, 

H.  Wilwer  i  SgG 

VoLCANiouRS  (  piiÉNO.MÈNEs).  —  M.  Daubrêc 
communique  une  Lettre  de  S.  M.  don 
Pedro,  empereur  du  Brésil,  au  sujet 
d'un  tremblement  de  terre,  ressenti  le 
3o  octobre  dans  la  province  de  Saint- 
Paul  a3o 

—  M.  d'Abbadie  présente  à  l'Académie  les 

«  Observations  microséismiques  »  faites 

à  Florence,  en  1873,  par  M.  Bertelli  . .     685 

—  Observations  de    M.   C/i.   Sainte-Claire 

Devdle,  relatives  à  la  présentation  pré- 
cédente       687 

—  Dépôts  salins  des  laves  de  la  dernière 

éruption  de  Santorin;  par  M.  Four/ué..     83a 

—  Observations  de   M.    Cfi.  Sainte-Claire 

Derilte  sur  ce  Mémoire 834 

—  Chute  de  poussière ,  observée  sur  une 

partie  de  la  Suède  et  de  la  Norvège , 
dans  la  nuit  du  29  au  3o  mars  1875, 
d'après  des  Communications  de  MM.  iVor- 
denshiôld  et  Kjerulf  ;  Note  de  M.  Dau- 

l>r<-'<- ••••     994 

—  M.   Dauhrcc  confirme  l'origine  volcani- 

que qu'il  avait  attribuée  à  cette  chute 

de  poussière ioSq 

—  Note  de  M.  d'Afjbadie,  accompagnant  la 

présentation  des  premiers  résultats  des 
observations  sur  les  mouvements  micro- 
scopiques des  pendules  librement  sus- 
pendus, faites  par  M.  de  Rossi i236 

Voyages  scientifiques.  —  Lettre  sur  la 
faune  et  la  flore  de  l'île  Kerguelen; 
par  M.  Lanen 1224 

—  M.  Jobert,  sur  le  point  d'aller  au  Brésil, 

informe  l'Académie  qu'il  semetà  sa  dis- 
position pour  les  recherches  botaniques 
ou  zoologiques  dont  elle  jugera  à  propos 
de  le  charger i3oG 


Zoologie.  —  Sur  les  habitudes  d'un  remar- 
quable serpent  do  la  Cochinchine, 
VHerpeton  terttaculatum  ;  Note  de  M.  A. 
Mariée 128 

—  Sur  un  appareil  de  dissémination   des 

Grc'^arina  et  Stylorliynclnis;  par  M.  A. 
Sciineider 432 

—  Sur    les    espèces    nièdiierranéennes    du 

genre  Eusyllis;  Noie  de  M.  A. -F.  Ma- 
rion 498 


Révision  des  Nématoïdes  du  golfe  do 
Marseille;  Note  de  M.  A. -F.  Marion..     499 

Observations  sur  les  mœurs  de  XHelo- 
derma  /lorriduni,  Wicgmann,  parM.iSH- 
mic/irast  ;  Note  do  M.  Bocourt G7G 

Sur  la  faune  helminthologique  des  côtes 
de  la  Bretagne  ;  Notes  de  M.  -4.  T'itlot. 
C79  et  1098 

Amphipodes  du  golfo  de  Marseille  ;  Note 
de  M.  J.-D.  Calta 83 1 


(   iG53  ) 


Anatomio  d'un  lypc  remarquable  du 
groupe  des  Némertiens  {Drejmnoplm- 
rus  spcclabilis]  ;  Note  de  M.  J.-F.  Mit- 
rinn SgS 

Note  de  iM.  tL-  Ldcnzf-DtithuTs,  ;iceoiu- 
pagnant  la  présentalion  du  troisième  vo- 
lume des  «  Archives  de  Zoologie  expé- 
rimentale » io5G 

Sur  un  nou\eau  tjpc  intermédiaire  du 
sous-embrancliement  des  Vers  [Pf>{r- 
gorilius?  Schneider);  Note  do  M.  Kdin. 
Perricr ■  lo  i 

Lettre  sur  la  l'aune  et  la  llore  du  l'ilc 
Kerguelen  ;  par  M.  Loncii 122  'i 

Sur  l'oreanisation  et  la  classifuation  na- 


l'ages. 
turelle  des  Acariens  de  la  l'anulle  dos 
Gamasidcs  ;  Notes  do  M.  Mrgniii.  1 335  et  1 39-2 

-  M.  Van  Bcricdcn  fait  hommage  à  l'Aca- 

démie d'un  ouvrage  ayant  pour  titre  : 
«  Les  Commensaux  et  les  Parasites  dans 

le  règne  animal  » 8O4 

~  W.  G.  Hoizncr  adresse  uuo  Note  sur  un 
Insecte  vivant  sur  les  racines  de  Y  Jbics 
bahninea  et  de  V.-thies  Frnscri 9G1 

-  M.  /.  Lichtciistcin  adresse  une  Note  sur 

cet  Insecte,  signalé  par  M.  Hoizncr. . . .    1022 
Voir   aussi  Analomif  aniiiiiilc,  Kinhno- 
géiiic,   Palcontolngir,    Cl,    poui'   CO  qui 
concerne  le  Phylloxéra ,  l'article  Fiii- 
cutlure. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

ABBADIE  (d').— M.  d'Abbndie  présente  à  l'A- 
cadémie ,  de  la  part  de  l'auteur,  les 
«  observations  microséisniiques  »  faites 
à  Florence,  en  1873,  par  le  P.  Bertelli.  685 
—  Note  accompagnant  la  présentation  des 
premiers  résultats  des  observations  sur 
les  mouvements  microscopiques  des  pen- 
dules librement  suspendus,  faites  par 
M.  de  Rossi 1 236 

ABRIA.—  Double  réflc,\ion  intérieure  dans 

les  cristaux  biréfringents  uniaxes 826 

ACADÉMIE  DES  INSCRIPTIONS  ET  BELLES- 
LETTRES  (l')  prie  l'Académie  de  dé- 
signer un  de  ses  membres  pour  faire 
partie  de  la  Commission  chargée  de  ju- 
ger le  Concours  du  prix  Fould iSgg 

ALBÉ  (  M"')  adresse  une  Communication  re- 
lative au  Phyllosera 1 3o  i 

ALCIATOR  (B.  )  adresse  une  Communication 
relative  à  la  catastrophe  du  ballon  /<■ 
Zénith 1 086 

—  Adresse  diverses  Communications  rela- 

tives à  l'aéroslation. . .     ii'J4,  1227  et  i3o.i 

—  Adresse  une  Communication  relative  au 

Phylloxéra 1 349 

ANDERO   (.1.)  adresse  une   Communication 

relative  au  Phylloxéra 637 

ANDRAL.  —  Documents  pour  servira  l'his- 
toire de  la  glycosurie 858 

—  M.  Jiidrnl  est  nommé  membre  do  la  Com- 

mission chargée  de  juger  le  Concours 
du  grand  prix  de  Médecine  et  Chirurgie 
pour  1875 "...     865 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  des  prix  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie de  la  fondation  Montyoïi  pour 
1875 gjo 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  lo 

Concours  du  prix  Godart  pour  1873. . .     gSo 

—  Et  do  la  Commission  chargée  de  juger  lo 

C.  P..,  \f,';h,  \^'  Semestre.  {^.\\\\.) 


MM.  Pages. 

Concours  du  prix  Chaussier  pour  1875.     g5o 

—  Et  de  la  Commission  chargée  déjuger  le 

Concours  du  prix  Serres  pour  1875 997 

ANDRÉ.  —  Lettre  relative  à  l'installation 
de  l'expédition  pour  l'observation  du 
passage  de  Vénus  à  Nouméa,  et  télé- 
gramme relatif  au  résultat  de  l'observa- 
tion. (  En  commun  avec  M.  Jngnt.). . . 
32,  243  et    583 

—  Réponse  à  M.  le  Président,  au  retour  de 

cette  expédition 1281 

—  Sur  les  documents  scientifiques  recueillis 

à  Nouméa  par  la  mission  envoyée  pour 
observer  le  passage  de  Vénus 1282 

—  Un  prix  d'Astronomie,  fondation  Lalande, 

est  décerné  à  lA.  André i473 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie..   1599 

—  Parallaxe  solaire,  déduite  de  la  combinai- 

son de  l'observation  de  Nouiïiéa  avec 
l'observation  de  Saint-Paul 1 5g9 

ANGEL-MARVAUD.  —  Une  citation  hono- 
rable est  accordée  à  M.  Jni^cl-Man-aud, 
Concours  de  Médecine  et  Chirurgie  de  la 
fondation  Monlyon 1 493 

ANGOT.  —  Lettre  relative  à  l'installation 
de  l'expédition  pour  l'observation  du 
passage  de  Vénus  à  Nouméa,  et  télé- 
gramme relatif  au  résultat  de  l'obser- 
vation. (En  commun  avec  M.  André.') 
32,  243  et    583 

ANNINOS  (E.)  adresse  un  Mémoire  relatif  à 

la  direction  des  aérostats 242 

ANTOINE  (Ch.).  —  Mémoire  sur  quelques 
propriétés  mécaniques  de  la  vapeur  d'eau 
saturée 135 

.\POLIE  adresse  une  Communication  relative 

au  Phylloxéra 1 349  et  lôgG 

ARLOING  (S.).  —  Application  de  la  mé- 
thode graphique  à  l'étude  du  mécanisme 
de  la  déglutition 1291 

216 


(  i656  ) 


MM.  Pages. 

—  Le  prix   de  Physiologie  expérimentale, 

fondation  Montyon,  est  décerné  à  M.  S. 
Arloing -. .    i5oi 

—  Adresse  ses  remercîments  ci  l'Académie..   1699 
ARMAINGAUD  adresse  un  Mémoire  sur  l'ir- 
ritation spirale,  dans  ses  rapports  avec 

les  névralgies i35i 

ARMIEUX.  —  Une  récompense   est  accor- 


MM.  Pages, 

dée  à  M.  Armieux;  Concours  du  prix 
Rréant Mo» 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie..  iSgg 

ARRAULT  (F.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 3o 

ASH  (R.)  adresse  une  Communication  rela- 
tive à  l'aérostalion ii45 


B 


BADOUREAU.  —  Le  prix  Laplace  est  dé- 
cerné à  M.  BadoureaiL,  sorti  le  pre- 
mier de  l'École  Polytechnique  en  1874.   iSoy 

BAILLAUD.  —  Observations  de  la  planète 

(141) ,  faites  à  l'Observatoire  de  Paris..     388 

BAILLON  (H.).  —  Expériences  sur  l'absorp- 
tion, par  les  racines,  du  suc  du  Pliyto- 
Incca  decandra 4^6 

BALBLWs'I  (G.)  adresse  ses  remercîments  à 
l'Académie,  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet  dans  la  dernière 
séance  publique iio 

B.4LME  (  L.)  adresse  une  Communication  re- 
lative au  Phylloxéra i258 

BARANYAY  (G.  de)  adresse  une  Communi- 
cation relative  au  Phylloxéra 1396 

BARBIER  (Pu.).  —  Sur  le  lluorène  et  l'al- 
cool qui  en  dérive 1 39G 

BARDENAT  (Ch.)  adresse  une  Communica- 
tion relative  à  ia  catastrophe  du  ballon 
le  Zénith lo86 

B.^RDY  (Cu.).  —  De  la  flamme  du  soufre  et 
des  diverses  lumières  utilisables  en  pho- 
tographie. (En  commun  avec  M.  J.  Ri- 
che.)      238 

—  Recherche  et  dosage  de  l'akool  méthy- 

lique  en  présence  de  l'alcool  vinique.  (En 
commun  avec  M.  A.  Ric/ie.) 1076 

BAROT  adresse  un  Mémoire  sur  un  appareil 
à  extension  continue  et  graduée,  pour  le 
traitement  des  fractures  de  la  jambe. 
742  et  1086 

BARREAUD  adresse  une  Communication  re- 
lative au  Phylloxéra ii54 

BÂRROIS  (J.).  —  Des  phénomènes  généraux 

de  l'embryogénie  des  Néraerliens 270 

B.mTHÉLEMY  (À.).  —  Nouvelle  Note  sur  la 
rupture  des  vases  par  la  congélation  de 
l'eau 208 

—  Adresse  une  Note  sur  un  procédé  per- 

mettant de  mesurer  le  coefficient  de 
dilatation  absolue  du  mercure i448 

B.\RTHKLEMY  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 8o3 

BARUZZI  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra i65 


BAUDIN  adresse  une  Communication  rela- 
tive à  l'aérostation 1 1 54 

BAUDRIMONT  adresse  des  observations  re- 
latives aux  ascensions  aérostatiques  très- 
élevées,  et  indique  des  moyens  qui 
permettraient  d'éviter  une  partie  des 
dangers  qu'elles  présentent i  lyS 

BAUDRIMONT  (A.).  —  Expériences  et  obser- 
vations relatives  à  la  fermentation  vis- 
queuse    1253 

BAUDRY.  —  Note  relative  à  un  «  thermo- 
révélateur  1),  ou  avertisseur  en  cas  d'in- 
cendie. (En  commun  avec  M.  Roussel.).     482 

BAZIN    (A.)    adresse    un  Mémoire   sur    ia 

phthisie  pulmonaire •    iSgS 

BEAUME  (G.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 3o 

BÉCUAMP  (A.).  —  Sur  les  microzymas  et 
les  bactéries,  à  propos  d'une  remanpie 
de  M.  Bnhird 494 

—  Sur   les  matières  optiquement  actives, 

autres  que  le  glucose,  qui  existent  nor- 
malement dans  le  vin  et  le  caracté- 
risent      967 

—  Du  rôle  des  microzymas  dans  la  fermen- 

tation acide,  alcoolique  et  acétique  des 
œufs.  Réponse  à  M.  Gayon 1027 

—  Remarques    concernant    une    Note    de 

M.  Gayon,  sur  les  altérations  spontanées 

des  œufs '35g 

BECQUEliEL.  —  Des  températures  au-des- 
sous d'un  sol  gazonné  ou  dénudé,  pen- 
dant les  derniers  froids.  (En  commun 
avec  M.  Edm.  Becquerel.) 1 4 1 

—  Mémoire  sur  les  observations  de  tempé- 

pérature  faites  au  Jardin  des  Plantes, 
pendant  l'année  1874,  avec  les  ther- 
momètres électriques,  sous  un  sol  ga- 
zonné et  dénudé.  (En  commun  avec 
M.  Edm.  Becquerel.) tA 

—  M.  Becquerel  présente  un  ouvrage  qu'il 

vient  de  publier,  qui  a  pour  titre  :  «  Des 
forces  physico-chimiques  et  de  leur  in- 
tervention dans  la  production  des  phé- 
nomènes naturels  » 285 

—  Nou\ elles  recherches  sur  le  mode  d'in- 


(   i657  ) 


MM.  Pages. 

tervention  des  forces  électrocapillaires 
dans  les  phénomènes  de  nutrition 4n 

—  Quatrième  Mémoire  sur  les  actions  élec- 

trocapillaires et  l'intensité   des  forces 

qui  les  produisent 585 

—  M.  Becquerel  est  nommé  membre  de  la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du  grand  prix  de  Médecine  et 
Chirurgie  pour  1875 8G5 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  pré- 

senter une  question  pour  le  prix  Bordin 
(Sciences  mathématiques)  à  décerner 

en  1876 loSg 

BECQUEREL  (Edm.).  —  Des  températures 
au-dessous  d'un  sol  gazonné  ou  dénudé, 
pendant  les  derniers  froids.  (En  com- 
mun avec  M.  Becquerel.) i4' 

—  Mémoire  sur  les  observations  de  tempé- 

rature faites  au  Jardin  des  Plantes,  pen- 
dant l'année  1874,  avec  les  thermomè- 
tres électriques,  sous  un  sol  gazonné  et 
dénudé.  (En  commun  avec  M.  Bec- 
querel.)      773 

~  M.  Edm.  Becquerel  eil  nommé  membre 
de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  grand  prix  de  Médecine 
et  Chirurgie  jiour  1 875 805 

BECQUEREL  (H.).  —  Recherches  sur  la  po- 
larisation rotatoire  magnétique 137G 

BEGHIN.  —  Analyse  du  charbon  minéral  do 
l'île  Sideroë.  (En  commun  avec  M.  Cli. 
Mène.) 1 4o4 

BELGRAND.  —  Coup  d'œil  d'ensemble  sur 
le  régime  des  principales  rivièresdu  nord, 
du  centre  et  du  midi  de  la  France 147 

—  Abaissement  probable  du  débit  des  eaux 

courantes  du  bassin  de  la  Seine,  dans 
l'été  et  l'automne  do  1875.  (En  com- 
mun avec  M.  G.  Lemnine.) i438 

BÉNAZÉ  (de).  —  Mémoire  sur  le  mouve- 
ment complet  du  navire  oscillant  sur 
l'eau  calme.  (En  commun  avec  M.  Ris- 
bec.  ) 1 5g7 

BENI-BARDE.  —  Une  citation  honorable  est 
accordée  à  M.  Beni-Bnrde ;  Concours 
des  prix  de  Médecine  et  Chirurgie  de 
la  fondation  Montyon 1 4o3 

BENTHAM  est  élu  Correspondant  pour  la 
Section  d'Astronomie,  en  remplacement 
de  M.  Jirr,  élu  Associé  étranger 1281 

—  Adresse  ses  remerciments  à  l'Académie. .   i35-.4 
BÉRENGER-FÉRAUD.  —  Une  mention  est 

accordée  à  M.  Béren^er-Féraud ;  Con- 
cours 'àiii  prix  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie de  la  fondation  Montyon 1493 

BERGEUET  adresse  ses  remercuiients  à 
l'Académie  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 110 


MM.  Pages. 

BERGERON.  —  Sur  la  présence  du  cuivre 
dans  l'organisme.  (En  commun  avec 
M.  L.  UHôle.) aC8 

—  Adresse  un  Mémoire  sur  les  empoisonne- 

ments lents  par  les  poisons  métalliques.  i352 

—  Sur  la  présence  et  la  formation  dos  vi- 

brions dans  le  pus  des  abcès 43o 

BERNARD  (Cl.).— M.  C/.j5(v«rt;r/ est  nommé 
membre  de  la  Commission  chargée  do 
juger  le  Concours  du  prix  Barbier  jiour 
1875 8G5 

—  Et  de  la  Commission  chargée  do  juger  lo 

Concours  du  grand  prix  de  Médecine  et 
Chirurgie  pour  1875 865 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  des  prix  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie de  la  fondation  Montyon  pour 
1875 gSo 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Godard  pour  1875...     gSo 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  de  Physiologie  expé- 
rimentale de  la  fondation  Montyon  pour 
1875 950 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Chaussier  pour  1875.     950 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Serres  pour  1875.. . .     997 

—  Et  de  la  Commission   chargée   de  pré- 

senter une  question  de  grand  prix  des 
Sciences  physiques,  à  décerner  en  1877.  io5G 

—  M.  Cl.  Bernard  présente,  au  nom  de  51.  le 

D''  Jourdanet,  un  ouvrage  intitulé  :  «  In- 
fluence de  la  pression  de  l'air  sur  la  vie 
de  l'homme  » 1 3 1 3 

—  Présente  un  ouvrage  sur  l'organogénie, 

de  M.  Cnmpana,  contenant  une  étude 
sur  la  respiration  des  oiseaux  et  une 
monographie  de  l'appareil  respiratoire 
du  Poulet i3i3 

—  Offre  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  J'ul- 

pian,  deux  volumes  do  ses  Leçons  sur 
l'appareil  vasomoteur,  faites  à  l'École 
de  Médecine 1 450 

BERRIER-FONTAINE  adresse,  pour  le  Con- 
cours de  Médecine  et  Chirurgie,  un  Mé- 
moire intitulé  :  a  Coup  d'œil  sur  l'his- 
toire de  la  circulation  du  sang  dans  les 
vaisseaux  du  corps  humain,  depuis  Bi- 
chat  jusipi'à  nos  jours  » iSgi 

BERT  (P.).  —  De  la  quantité  d'oxygène  que 
peut  absorber  le  sang  aux  diver.-^es  pres- 
sions barométriques 733 

—  Iniluence  de  l'air  comprimé  sur  les  fer- 

men  lai  ions i5 

BERTIIELOT.  —  Sur  quelques  problèmes  de 
mécanique  moléculaire 

—  Recherches  sur  les  acides  gras  et  leurs 

216.. 


79 


(  i6 

MM.  Pages. 

sels  alcalins 692 

—  Sur  l'acide  acétique  anhydre Sgg 

—  Stabilité  des  sels  des  acides  gras,  en  pré- 

sence de  l'eau,  et  déplacement  réciproque 

de  ces  acides 700 

—  Sur  la  reconnaissance  de  l'alcool  ordi- 

naire mélangé  avec  l'esprit-de-bois. . . .   loSg 

—  Sur  la  synthèse  du  camphre  par  l'oxyda- 

tion des  camphènos i425 

—  Sur  le  partage  d'un  acide  entre  plusieurs 

bases  dans  les  dissolutions 1564 

—  M.  Bertlictot  est  nommé  membre  de  la 

Commission  cliargée  de  juger  le  Con- 
cours du  prix  Lacaze  (Chimie)  pour 
1 875 99G 

BERTHOUT  (  L.)  adresse  une  Note  relative  à 
la  découverte  d'un  gisement  de  fossiles 
dans  !a  plaine  d'Écouché,  arrondisse- 
ment d'Argentan  (Orne) 03; 

BERTIN  (E.)  adresse  ses  remerciments  à 
l'Académie  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 243 

BERTOLINI  adresse  une  Communication  re- 

laiiveau  Phylloxéra 3o 

BERTRAND  (J.).  —  Sur  l'urgence  d'une  pu- 
blication des  OEiivres  de  Cauchy 3i7 

—  M.  J .  Beiirand  est  nommé  membre  de 

la  Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours pour  le  grand  prix  des  Sciences 
mathématiques  à  décerner  en  1875...     787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Lacaze  (Physique) 
pour  1 875 996 

—  Et  de  la  Commission  cliargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Gegner  pour  1873..  .     997 

—  M.   Bertrand   lit    l'éloge    historique   de 

J.-B.-A.-L.-L.  Élie  de  Beauniont.  . .  .  i532 
:—  M.  le  Serrétaiie  perpétuel  annonce  à 
l'Académie  les  pertes  qu'elle  a  faites 
dans  la  personne  de  M.  dOmalius 
d'Hallny,  Correspondant  de  la  Section 
de  Minéralogie,  169;  —  dans  la  per- 
sonne de  M.  Séguin  aîné,  Correspondant 
de  la  Section  do  Jlécanique,  538  ;  — 
dans  la  personne  de  M.  F. -IF. -A.  Arge- 
landcr ,  Correspondant  de  la  Section 
d'Astronomie,  540;  —  dans  la  per- 
sonne de  M.  Le  Besgue,  C.orrespondant 
pour  la  Section  do  Géométrie 1440 

—  M.  le  Sccrélnii-e  perpétuel  annonce  qu'il 

a  appris,  par  l'ambassade  des  Pays-Bas, 
l'envoi  du  diplôme  de  docteur  hono- 
raire de  l'Université  de  Leyde  à  trois 
membres  de  l'Académie  des  Sciences  : 
MM.    Milne  Edwards,    Regnault,    Des 

Cloizeaux 1 185 

■—  }>\.  \&  Secrétaire  perpétuel  signz\e,\id.Tm\ 
les  pièces  imprimées  çle  la  Correspond 


58  ) 

MM.  Pages. 

dance  :  un  volume  de  la  collection  des 
«  Ports  maritimes  de  France  »,  publié 
par  le  Ministère  des  Travaux  publics. 

—  Une  Notice  biographique  sur  les  tra- 
vaux de  feu  J.-B.-J.  d'Umalius  d'Hal- 
liiy.  —  La  collection  des  Rapports  offi- 
ciels du  D'  /.  Guyot,  sur  la  viticulture 
des  diÊTérentes  régions  de  la  France, 
242.  —  Une  Table  de  logarithmes  de 
M.  A.  Lucchini.  —  Une  Notice  biogra- 
phique sur  le  D''  Desruelles,  ancien  pro- 
fesseur au  'Vdl-de-Grâce,  1086.  —  Un 
Dictionnaire  des  altérations  et  falsifica- 
tions des  substances  alimentaires,  médi- 
camenteuses et  commerciales,  par  M.  A. 
Chevalier,  en  collaboration  avec  M.  E. 
Baiidrininnt,  1227.  —  Une  traduction 
par  M.  Krafft  de  l'ouvrage  de  M.  Srlla, 
intitulé  :  a  Conditions  de  l'industrie  des 
mines  dans  l'île  de  Sardaigne  »,  i3o5. 

—  Un  ouvrage  de  M.  Francisco  Goines 
Teixeini,  intitulé  :  "  Integraçâo  das 
equaçôps  as  derivadas  parciaes  de  se- 
gunda  ordem  ».  —  Une  brochure  de 
M.  Goi'i,  intitulée  :  «  Rapport  sur  l'uti- 
lité des  Tables  de  logarithmes  à  plus  de 
sept  décimales,  à  propos  d'un  projet 
publié  par  M.  E.  Sang  » 1 392 

BEUCllOT  (C.)  adresse  une  nouvelle  Note 
concernant  l'application  de  la  vapeur  à 
la  navigation  sur  les  canaux. . . .  3o  et     164 

BIDAULT.  —  Sur  les  valeurs  numériques 
des  intervalles  mélodiques  dans  la 
gamme  chromatique  chantée 1599 

BIÉMONT  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 1227 

BIENAYMÉ.  —  M.  Biennymé  est  nommé 
membre  de  la  Commission  chargée  de 
juger  le  Concours  du  prix  de  Statistique 
de  la  fondation  Montvon  pour  1875....     997 

BLANCHARD  [t.).  —  M."ii'.  Blanchard  est 
nommé  membre  delà  Commission  char- 
gée de  juger  le  Concours  du  grand  prix 
des  Sciences  physiques  pour  1875 805 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Tliore  pour  1875. . . .     805 

—  Et  de  la  Commission  chargée  déjuger  le 

Concours  du  prix  Savigny  pour  1875.  .     800 

—  El  de  la   Commission   chargée  de  pré- 

senter une  question  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  physiques  à  décerner  en 

1877 io59 

BL.\NDIN  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phvlloxera i6j 

BLONDIX  DE  BRUTELETTE.  —  Le  prix  La 
Fons Mélicocij  est  décerne  à  TA.  Blondin 

de  Bniteletlr 1 4SG 

BLONDLOT  (R.)  -  Sur  !a  détermination  de 


(  i659  ) 


'.73 


gGo 


9G1 


ii53 


,,•2 


29 


MM.  Pages, 

la  quantité  du  magnétisme  d'un  aimant.     053 

BOBIERRE  (Ad.)  —  Sur  l'ébullilion  do  l'a- 
cide sulfiirique 

—  Adresse  une  Note  sur  les  inexacliludes 

que  peut  présenier  le  dosage  de  l'azote, 
dans  l'analyse  des  malières  azotées  em- 
ployées comme  engrais 

—  Adresse  une  Note  sur  l'emploi  d'un  petit 

appareil  appelé  chcrche-plomh,  permet- 
tant de  reconnaître  la  présence  du 
plomb  dans  un  étamage  suspect 

—  Adresse  un  Mémoire  ayant   pour  objet 

des  recherches  sur  la  volatilisation  de 
l'azote  du  guano  péruvien 

BOCK  (.1.-C.-A.  ).  —  Sur  la  décomposition 
des  corps  gras  neutres 1 

BOCOURT.  —  Observations  sur  les  mœurs 
de  V Hclodcrmn  horridiim,  Wiegmann, 
par  M.  Stimiclirast G7G 

BOESLER.  —  Lettre  à  M.  Vunifix,  concer- 
nant l'apparition  du  Phylloxéra  dans  la 
province  rhénane  de  la  Prusse,  sur  des 
vignes  américaines 

BOILEAU.  —  Est  nommé  Correspondant 
pour  la  Section  de  Mécanique,  en  rem- 
placement de  feu  M.  Fnirbairn 721 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.     8o3 
BOILLOT  (A.).  —  Note  sur  la  propriété  dé- 
colorante de  l'ozone 1 1G7 

BOISCAN  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 1 349 

BONDONNEAU  (L.).  —  De  l'amylogène  ou 

amidon  soluble G7 1 

—  Adresse  une   Communication  relative  à 

l'aérostation 1  '  5  i 

BONG  (G.).  —  Note  sur  une  matière  colo- 
rante pourpre,  dérivée  du  cyanogène. .     559 
BONHOMME  adresse  une  Communication  re- 
lative à  la  navigation  aérienne l'igS 

BONNEIL  adresse  une  Note  relative  à  un 
projet  d'appareil  pour  la  navigation 
aérienne 

—  Adresse  une  Communication  relative  au 

Phylloxéra 

BONNET   adresse  une  Note  relative   à   un 

système  de  locomotion  aérienne 

BONNET  (Ossian).  —  Remarques   à  propos 

d'une  Comumnicalion  de  M.  Lagiicne, 

sur  un  théorème  de  Géométrie <S'23 

—  M.   Bonnet  est  nommé   membre  de   la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours pour  le  grand  prix  des  Sciences 
mathématiques  à  décerner  en  1875...     787 

BORNET  (E.)  adresse  ses  remercîments  à 
l'Académie,  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 

BOUCHARDAT  (G.).  —  Sur  le  pouvoir  ro 
talûire  spécifique  de  la  manuitc, . , . . , 


iG4 

1349 
3i3 


1437 


120 


MM.  Papes. 

—  Sur  la  synthèse  d'un  terpilène  ou  car- 

bure camphéniquo 1 14*J 

—  Le  prix  Jecker  est  décerné  à  M.  Boii- 

chrtrclnt •4/9 

BOUCHUT   (E.).   —  Nouvelle   méthode  de 

traitement  du  rhumatisme  cérébral,  par 

l'hydrale  de  chloral i34i 

BOUILLAUD.  —  Obser\ations  relatives  à  un 

Rapport  de  M.   Gnssclin 8G 

—  Remarques  à  propos  d'une  Communica- 

tion de  M.  Bnu.ssirigdull 78G 

—  M.  Bnuillaml  est  nommé  membre  de  la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du  grand  prix  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie pour  1875 SGj 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

(Concours  dos  prix  do  Médecine  et  (Chi- 
rurgie de  la  fondation  Montyon  pour 
1875 gSo 

—  Et  de  la  Commission  chargée  déjuger  le 

Concours  du  prix  Chaussier  pour  1875.     gjo 
BOULAND  adresse  ses  remercîments  à  l'A- 
cadémie pour  la  distinction   dont  ses 

travaux  ont  été  l'objet 1 G5 

BOULEY.  —  M.  Boulcy  est  nommé  membre 
de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  do  Médecine  et  Chi- 
rurgie de  la  fondation  Montyon  pour 
1875 950 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  des  prix  de  Physiologie  expé- 
rimentale pour  1875 g5o 

BOULOUMIÉ  (P.).  —  Résultats  des  re- 
cherches et  observations  sur  les  micro- 
organismes dans  les  suppurations,  leur 
iniluence  sur  la  marche  des  plaies  et  les 
divers  moyens  à  opposer  à  leur  déve- 
loppement       1)3 

BOUMCEAU  (P.)  adresse  une  Note  dans  la- 
quelle il  rappelle  qu'en  i856  il  a  fait 
draguer  le  port  du  Havre  en  dehors  des 
jetées 1258 

—  Rappelle  qu'une  drague  pouvant  tenir  à 

la  mer,  en  dehors  du  port  du  Havre,  a 
fonctionné  avec  succès  avant  18G0.  .  .  .  i35o 
BOUQUET.  —  M.  BiHKjucl  est  présenté,  [lar 
la  Section  de  Géométrie,  comme  Can- 
didat à  la  place  laissée  vacante  par 
M.  Bertrand,  élu  Secrétaire  perpé- 
tuel       979 

—  M.  Boufjuet  est  élu  membre  de  la  Sec- 

tion do  Géométrie,  en  remplacement  de 

iL  Bertrand ggG 

BOUQUET  DE  LA  GRVE  adresse  de  San- 
Krancisco  un  télégramme  concernant 
l'observation  du  passage  de  Vénus  .... 
438  et    583 

—  Réponse  à  M,  le  Président,  au  retour  do 


f  1660  ) 


MM. 

cette  expédition 

—  Sur    les    documents    scientifiques    re- 

cueillis à  l'ile  Campbell,  par  la  Mission 
envoyée  pour  observer  le  passage  de 
Vénus 

—  Un   prix  d'Astronomie    (  fondation    La- 

lande)  est  décerné  à  M.  Bouquet  de  la 
Grye 

—  M.  Bouquet  de  la  Grye  adresse  ses  re- 

mercîmenls  à  l'Académie 

BOURGEOIS  (A.).  —  Recherches  sur  le  car- 
bone de  la  fonte  blanche.  (En  commun 
avec  M.  Scldîtzenbergcr.) 

BOURGOGNE  adresse  une  Communication 
concernant  le  choléra 

BOURGOIN  (E.).  —  Sur  le  perbromure 
d'acétylène  brome 

—  Identité  des  dérivés  bromes  de  l'hydrure 

d'éthylène  tétrabromé  avec  ceux  du 
perbromure  d'acétylène 

—  Sur  la    préparation   de  l'éthylène  per- 

chloré 

BOURNEVILLE.  —  Sur  un  cas  d'épilepsie, 
traité  par  le  sulfate  de  cuivre,  et  sur  la 
présence  d'une  quantité  considérable  de 
cuivre  dans  le  foie.  (En  commun  avec 
M.  Ymn.) 

BOURQUELOT  adresse  une  Communication 
relative  au  Phylloxéra 

BOL'RREL  (.1.).  — Une  citation  honorable  est 
accordée  à  M.  /.  Bourrcl,  Concours  des 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  la 
fondation  Montyon 

BOUSCUET  (H.)  adresse  une  Communica- 
tion relative  au  Phylloxéra 

BOUSSINESQ  (J.).  —  Sur  les  modes  d'équi- 
libre limite  les  plus  simples  que  peut 
présenter  un  massif  sans  cohésion,  forte- 
ment comprimé 5i6  et 

BOUSSINGAULT.  —  M.  Boussingault  donne 
lecture  de  la  traduction  qu'il  a  faite  de 
la  Lettre  de  Manoel  Godinho  de  Here- 
dia,  indiquant  la  découverte  de  l'.^us- 
tralie  par  les  Portugais 

—  M.  Boussingault  donne  lecture  d'un  Mé- 

moire portant  pour  titre  :  «  Analyse 
comparée  du  biscuit  de  gluten  et  de 
quelques  aliments  féculents  » 

—  Sur  la  limite  de  la  carburation  du  fer. . . 

—  M.  Boussingault  est  nommé  membre  do 

la  Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours pour  le  prix  des  Arts  insalubres, 
de  la  fondation  du  prix  Montvon  (année 
■875) '. 

—  El  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Lacaze  (Chimie)  pour 
1875 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 


Pages. 

7->.2 


1473 


1599 


325 

6G6 
971 

481 
242 

1493 
1349 

C23 


7  80 
85o 


95 1 


99G 


MM.  Pages. 

Concours  du  prix  de  Statistique  de  la 
fondation  Montyon  pour  1 875 997 

BOUTEILLE  (A.)  adresse  une  Communica- 
tion relative  au  Phvlloxera 8o3 

BOUTIN  adresse  un  Mémoire  comprenant 
l'ensemble  de  ses  analyses  comparatives 
sur  la  vigne  saine  et  sur  la  vigne  Phyl- 
loxérée 387 

BOUTY.  —  Sur  la  fonction  magnétisante  de 

l'acier  trempé G5o 

—  Sur  les  quantités  de  magnétisme  et  sur 

la  situation  des  pôles  dans  les  aiguilles 
minces 879 

BOUYN  (E.  de)  adresse  un  Mémoire  intitulé  : 
«  Descriptions  de  voitures  roulant  sur 
rails  mobiles  tournants,  et  d'une  nou- 
velle machine  de  guerre  » 3o 

BRACHET  (A.)  adresse  des  -Notes  relatives 
aux  divers  titres  qu'il  pense  pouvoir 
faire  valoir  pour  les  récompenses  décer- 
nées annuellement  par  l'Académie 110 

—  Adresse,  pour  le  Concours  du  prix  Tré- 

mont  et  du  prix  Gegner,  plusieurs 
Mémoires  sur  l'Optique  géométrique  et 
sur  divers  sujets  de  Mécanique  appli- 
quée    1226 

BRÉMONT  (M"')  adresse  une  Communica- 
tion relative  au  Phylloxéra 387 

BRESSE.  —  Le  prix  Poncelel  est  décerné  à 

M.  Bresse 14G8 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.    lôgg 
BRIOSCHI.  —  Sur  une  formule  de  transforma- 
tion des  fonctions  elliptiques. ........     261 

—  Sur  l'équation  du  cinquième  degré.  753et    8i5 
BRISS.4UD.  —  Nouveau  procédé  d'injection. 

(En  commun  avec  M.  Laskow.ski .) . . . .    i3o4 
BROCARD  (H.).—  Sur  l'invasion  des  saute- 
relles en  Algérie  (avril-août  1874) 27G 

BROCH.  —  M.  Brock  est  élu  Correspondant, 
pour  la  Section  de  Mécanique,  en  rem- 
placement de  feu  M.  Burdi/i 81 

—  Adresse  ses  remercîments  à  r.\cadémie.     3i3 

—  Prend  la  parole,  au  nom  des  membres 

de  la  Commission  du  mètre,  à  l'occasion 

de  la  mort  de  M.  Mathieu 582 

BRONGNIART.  —  Observations  relatives  à 
une  Communication  de  M.  de  Saportn, 
sur  deux  types  nouveaux  de  Conifères 
dans  les  schistes  permiens  de  Lodève 
(  Hérault) 1020 

—  Observations   sur   les  Pandanées  de   la 

Nouvelle-Calédonie '  192 

—  M.  Brongninrt    est  nommé   membre   de 

la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  [>rix  Desmazipres  pour 
1875 8G5 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Tliore  pour  1873 8G5 


(  i66i  ) 

Pages 


MM. 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  i)rix   Bordin  pour  1875.     997 

—  Et  de   la  Commission  chargée  de  pré- 

senter une  question  pour  le  grand 
prix  des  Sciences  physiques  à  décerner 
en   1877 'o59 

—  El  de  la  Commission  chargée  de  présenter 

une  question  pour  le  prix  Bordin  (Scien- 
ces physiques)  à  décerner  en  1877 1060 

—  M.  Brongninrt  rappelle  que  les  membres 

de  la  Section  de  Botanique  avaient  pré- 
senté M.  Thurct  (dont  la  mort  est  annon- 
cée) aux  suffrages  de  l'Académie  pour  le 
prix  biennal  à  décerner  cette  année. . .   1242 

BRUiNET  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra i^4o 

BRUNFAUT  (J.)  adresse  une  Communication 


MM.  Pages. 

relative  au  Phylloxéra 482 

BUDIN  adresse  un  .Mémoire  sur  l'étal  de  la 

)iupille  pendant  l'anesthésie i35i 

BURQ  (V.)  adresse  un  Mémoire  sur  la  gym- 
nastique pulmonaire i35i 

—  Adresse  une  Note  relative  à  l'action  du 

cuivre  sur  les  chiens.  (En  commun  avec 

M.  Diwoux.) 1616 

BUSSY.  —  M.  Bussy  est  nommé  membre  do 
la  Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du  prix  Barbier  pour  1 875 805 

—  Et  de  la  Commission  chargée  déjuger  le 

Concours  du  prix  des  Arts  insalubres 
de  la  fondation  Montyon  pour  1875.. . .     gSi 
BYASSON  adresse  ses  remerciments  à  l'Aca- 
démie, pour  la  distinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet 243 


CABIEU.— Mémoire  sur  un  engrais  formé  de 
cendres  de  méduses  et  de  matières 
fécales 54i 

CAUOURS.  —  M.  Cuhours  présente  le 
troisième  et  dernier  volume  de  la  nou- 
velle édition  de  son  «  Traité  de  Chimie 
organique  élémentaire  » 948 

—  Recherches  sur  les  sulflnes 1 3 1 7 

—  Sur    les  hydrocarbures    qui    prennent 

naissance  dans  la  distillation  des  acides 
gras  bruts,  en  présence  de  la  vapeur 
d'eau  surchautlée.   (En  commun  avec 

M.  E.  Dcmarçiiy] i568 

CAILLETET  (L.).  —  Sur  le  fer  hydrogéné.     3 19 

—  Influence  de  la  pression  sur  la  combus- 

tion      487 

CALLEY.  —  Le  prix  La  Fons-Mclicocq  est 

décerné  à  M.  Calley i486 

CAMACHO  (J.).  —  Sur  un  nouvel  électro-ai- 
mant, formé  de  tubes  de  fer  concentri- 
ques, séparés  par  des  couches  de  fil  con- 
ducteur      382 

CANDOLLE  (de).  —  Des  effets  différents  d'une 
même  température  sur  une  même  es- 
pèce, au  nord  et  au  midi iSGg 

CAPEL  (J.-B.)  adressa  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 1 1 54 

CARLET  (G.).— Appareils  schématiques  nou- 
veaux, relatifs  à  la  respiration 1606 

CARRÉ  (F.)  adresse  une  Communication  au 

sujet  du  bolide  du  10  février 675 

CASEY  transmet  à  l'Académie  un  Mémoire 
sur  un  système  de  coordonnées  tangen- 
tielles 164 

CATTA  (J.-D.).  -  Amphipodes  du  golfe  de 

Marseille 83i 

CAUSSE  adresse  une  Communication  rela- 


tive au  Phylloxéra 1 349 

CAZENAVE  (J.-J.)  adresse  une  «  Histoire 
abrégée  des  sondes  et  des  bougies  uré- 
thro- vésicales  employées    jusqu'à    ce 

jour  1) 802 

CAZIN  (A.)  adresse  ses  remerciments  à  l'Aca- 
démie pour  la  distinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet 9^2 

—  Le  prix  Trémonl  est  décerné  à  M.  J.  Cci- 

zi/i 1 5oG 

CECH  (C.-O.)  adresse  une  Note  sur  l'acide 

viridique 3i2 

CHAILLON  (J.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 1227 

CHAMECIN  (J.)  adresse  une  Note  concernant 
les  résultats  d'élevage  de  vers  à  soie, 
en  utilisant  les  grainages  américains. . .     482 

CHAiMPION  (P.).  — Deladécompositionde  la 
liqueur  de  Fehling  ;  dosage  du  glucose 
en  présence  du  sucre.  (En  commun 
avec  M.  H.  Petlet.) 181 

—  De  l'équivalence  des  alcalis  dans  la  bel- 

rave.  (En  commun  avec  M.  H.  Pcllct.)  ioi4 

—  Équivalence   chimique  des  alcalis  dans 

les  cendres  de  divers  végétaux.  (En 
commun  avec  M.  H.  Pellct.) 1^88 

CHAMPOISEAU  (Cu.)  adresse  le  tableau  des 
prises  et  des  débâcles  du  Danube  à  Ga- 
latz,  pendant  les  quarante  dernières 
années io34 

CHiVNTRAN  (S.)  adresse  des  Notes  relatives 
aux  divers  titres  qu'il  pense  pouvoir 
faire  valoir  pour  les  récompenses  décer- 
nées annuellement  par  l'Académie iio 

CHANY    (F.)  adresse    une  Communication 

relative  à  la  navigation  aérienne iSgS 

CHAPELAS  adresse  le  résumé  des  observa- 


(  i662  ) 

MM.  Pages.    MM 

lions  baromàtriqvies  faites  par  lui  avant 
et  pendant  la  tempête  ressentie  à 
Paris,  dans  la  nuit  du  21  janvier 280 

—  Adresse  une  Note  relative  à  un  prétendu 

bolide  qui  aurait  été  aperçu  dans  la 
soirée  du  10  février 444  et    54 1 

—  Note  sur  des  courants  de  directions  diffé- 

rentes dans  le  ciel 1176 

CHAPERON  adresse  diverses  Communica- 
tions relatives  au  Phylloxéra .• 

24^1  902  et  1022 

CHARDON  adresse,  à  l'occasion  de  la  Note  de 
M.  Tresca  sur  la  locomotive  de  M.  For- 
tin, une  réclamation  de  priorité  accom- 
pagnée d'un  dessin i3o4 

CHASE  adresse  une  Communication  relative 

au  Phylloxéra 902 

C.HASLES.  —  Remarques  accompagnant  la 
présentation  d'une  Note  de  M.  Genoc- 
chi,  à  propos  d'une  Communication  ré- 
cente de  M.  Robert,  sur  l'expression 
des  arcs  des  ovales  de  Descartes  en 
fonction  de  trois  arcs  d'ellipse 837 

—  Théorèmes  généraux  sur  le  déplacement 

d'une  figure  plane  sur  un  plan 346 

—  Généralisation  de  la  théorie  des  normales 

des  courbes  géométriques,  où  l'on  sub- 
stitue à  chaque  normale  un  faisceau  de 
droites 5o5 

—  M.   Chaslcs  est  nommé  membre  de  la 

Commission  centrale  administrative 
pour  l'année  1 875 14 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Poncelet  pour  1875..     787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Gegner  pour  1875. . .     997 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  présenter 

une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  à  décerner  en 
1876 loSg 

—  M.    Chnslvs  présente   à   l'Académie  di- 

verses livraisons  du  Bidlcttino  du  prince 
Boncompagni  et  du  «  Bulletin  do  la  So- 
ciété mathématique  do  France  » 

281,  iiioct  i6i3 

—  M.    Chastes    présente,  de    la   part   de 

M.  S.  Rnbcit,  une  Note  extraite  du 
«  Bulletin  de  la  Société  mathématique 
de  Londres  » 687 

—  M.  Chastes   fait  hommage  à  l'Académie, 

de  la  part  de  M.  G.  Gnri,  d'un  opus- 
cule inédit  relatif  à  Galilée 161 3 

—  M.  Chastes  présente;!  l'Académie,  de  la 

part  de  M.  Antonio  Favnro,  deux  ou- 
vrages intitulés:  0  Intorno  ai  mezzi 
usitati  dagli  anlichi  per  attenuar  le 
disastrose  conseguenze  dei  terremoti  » 
et  «  Notizie  storichc  sullo  frazioni  con- 


Pages. 

tinue  del  secolo  deciraoterzo  al  decimo 
settimo  » 16 13 

CHATELAIN  (F.)  adresse  une  Communica- 
tion relative  au  Phylloxéra 1022 

CHATIN.  —  M.  Chatin  est  nommé  membre 
de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  Barbier  pour  1875...     865 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  Desmazières  pour 
1875 865 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  Bordin  pour  1875.. .     997 

CHATIN  (J.)  adresse  ses  remerciments  à 
l'Académie  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 1 10 

CHAUTARD  (  J.).  —  Action  des  aimants  sur 
les  gaz  raréfiés  dans  des  tubes  capil- 
laires et  illuminés  par  un  courant  in- 
duit     1  i6i 

CHEVILLIET.  —  Sur  l'erreur  de  la  formule 
de  Poncelet,  relative  à  l'évaluation  des 
aires 823 

CHEVREUL.  —  Note  à  propos  d'une  Com- 
munication récente  de  ^L  Menier. . . .     362 

—  Élude  des  procédés  de  l'esprit  humain, 
dans  la  recherche  de  l'inconnu,  à  l'aide 
de  l'observation  et  de  l'expérience,  etc.     693 

—  Explication  des  nombreux  phénomènes 
qui  sont  une  conséquence  de  la  vieil- 
lesse      14 14  et  1542 

—  Remarques  à  propos  d'une  Communica- 
tion de  M.  Boussingautt 786 

—  M.  Chevreut  est  nommé  membre  de  la 
Commission  chargée  déjuger  le  Concours 
pour  le  prix  des  Arts  insalubres  de  la 
fondation  Montyon  (année  1875) gSi 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  Gegner  pour  1875..     997 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  présenter 
une  question  du  prix  Bordin  (Sciences 
physiques)  à  décerner  en  1877 1060 

—  M.  Chevreut  est  désigné  comme  candidat 
au  Conseil  supérieur  des  Beaux-Arts. . .   i323 

CHIRIO  (A.)    adresse   une   Communication 

relative  au  Phylloxéra 1 3o4 

CHONNAUX-DURISSON  adresse  un  Mémoire 

sur  l'éliologie  du  rachitisme i35i 

CHURCHILL  adresse  divers  documents  rela- 
tifs au  traitement  du  choléra 743 

CLERMONT  (.1.).  —  Sur  la  présence  du 
bioxyde  d'hydrogène  dans  la  série  des 
végétaux 1 59 1 

CLOQUET.  —  M.  Jutes  Ctof/iiet  est  nommé 
membre  de  la  Commission  chargée  de 
juger  le  Concours  du  grand  prix  de  Mé- 
decine et  Chirurgie  à  décerner  en  1875.     865 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  Concours  pour  le  grand  prix  de  Mé- 


(  i663  ) 


MM. 

decine  et  Chirurgie  de  la  fondation  Mon 
tyon  à  décerner  en  1 875 

—  Et  de  la  Commission  ciiargée  de  juger  le 
Concours  pour  le  prix  Chaussicr  à  dé- 
cerner en  1 875 

COBET  (F.)  adresse  une  Communication 
relative  à  la  destruction  du  Phylloxéra. 

COGGIA  adresse  ses  remerciments  à  l'Aca- 
démie pour  la  distinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet 

COIGNE  adresse  un  Jtémoire  sur  l'état  de  la 
pupille  pendant  l'anosthésie 

COIGNET  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 

CONFRÉRIE  DES  VIGNERONS  DE  VEVEY 
(la)  adresse  des  remerciments  pour 
l'envoi  que  l'Académie  lui  a  fait  de  ses 
Mémoires  sur  le  Phvlloxera 

CONSEIL  GÉNÉRAL  DE  L'HÉRAULT  (le) 
adresse  une  Note  de  M.  Moncstier,  sur 
l'emploi  qu'il  se  propose  de  faire  de 
l'acide  sulfureux  contre  le  Phylloxéra. 

CONSTANTINI  adresse  un  Mémoire  intitulé  : 
«  Cura  dell  '  anchilosi  » 

CONSUL  DE  FRANCE  A  HONOLULU  (M.  le) 
adresse  à  M.  le  Président  quelques  dé- 
tails concernant  les  résultats  obtenus, 
dans  l'observation  du  passage  de  Vénus, 
par  les  expéditions  anglaises,  à  Ho- 
nolulu,  à  l'ile  d'Hawai  et  à  l'île  do 
Kanai 

COQUILLION  (J.-J.).  —  Sur  l'action  du  pla- 
tine et  du  palladium  sur  les  hydrocar- 
bures de  la  série  bcnzénique 

CORENWINDER  (B.)  —  Note  concernant  les 
engrais  chimiques  de  la  betterave.  (En 
commun  avec  M.  JFousscn.) 

CORNIL  (V.).  —  Sur  la  dissociation  du  violet 
de  méthylaniline  et  sa  séparation  en 
deux  couleurs  sous  l'iniluence  de  certains 
tissus  nouveaux  et  pathologiques ,  en 
particulier  par  les  tissus  en  dégénéres- 
cence amylo'ide 

CORNU.(A.).—  Sur  la  diffraction,  propriétés 


Pages. 
gSo 

950 

1449 


i35i 
1596 

1227 
i352 


i65 


1089 


557 


1288 


MM.  Pages. 

focales  des  réseaux 645 

CORNU  (Max.)  adresse  ses  remerciments  à 
l'Académie  pour  la  récompense  qui  lui 
a  été  accordée 388 

—  Le  grand  prix  des  Sciences  physiques  est 

décerné  à  M.  Mti.i\  Co/v/«(  Fécondation 
dans  la  classe  des  Champignons) 1468 

CORRE  (Gilbert)  adresse  une  Communica- 
tion relative  à  la  navigation  aérienne..   i.'igS 

CORRECII  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 1022 

COSSIGNY  (J.  de)  adresse  quelques  obser- 
vations au  sujet  des  trombes  et  tourbil- 
lons    1407 

COURTOIS  (A .  -H.)  adresse,  pour  le  Concours 
du  prix  Fourneyron,  un  Mémoire  sur  la 
spirale  centrifuge  et  sur  quelques-unes 
de  ses  applications  industrielles io23 

COUSTÉ.  —Note  sur  la  théorie  des  tempêtes. 

Réponse  à  M.  Fnre 1093 

CRAMPEL  adresse  une  Note  sur  un  moyen 
de  rétablir  la  concordance  entre  l'année 
civile  et  l'année  solaire 1 1 10 

CREISSAC  adresse  diverses  Comnmnica tiens 

relatives  au  Phylloxéra     ii54,  i258  et  i3o4 

CRESPIN  adresse  une  réclamation  relative  à 
une  Note  insérée  dans  les  Comj/tcs  ren- 
dus      1 456 

CRÉTÉNIER  (.4.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra • . . .    482 

CROCÉ-SPINELLI  annonce  à  l'Académie  le 
succès  de  l'ascension  aérostatique  entre- 
prise les  23  et  24  mai.  (En  commun 
avec  MM.  Sivcl,  G.  et  J.  Tissunilirr  et 
Jobeii.) 8o3 

—  Ascension  scicntirupie  de  longue  durée. 

(En    commun  avec  MM.  Sivel,   G.   et 

J.  Tissandier  et  Jobcrt.  ) 806 

~  Un  encouragement  lui  est  accordé.  Con- 
cours du  grand  prix  des  Sciences  mathé- 
matiques; théorie  mathématique  du  vol 
des  oiseaux i464 

CRUSS.ARD  adresse  diverses  Comnmnica lions 

relatives  au  Phylloxéra 743  et  1227 


D 


DANTIGNY  (M""')  adresse  une  Communica- 
tion relative  au  Phylloxéra i349 

DARBOUX  (G.).  —  ;Mémoire  sur  l'existence 
de  l'intégrale  dans  les  équations  aux  dé- 
rivées partielles  contenant  un  nombre 
quelconque  de  fondions  et  de  variables 
indépendantes loi  et    317 

—  Sur  la  première  méthode  de  Jacobi  pour 
l'intégration  des  équations  aux  dérivées 
partielles  du  premier  ordre 160 

C.  U.,  1875,  i<*  Semestre.  (T.  LWX.) 


—  M.  Darhoux  est  présenté  par  la  Section 

de  Géométrie  comme  candidat  à  la  place 
laissée  vacante  par  M.  Bertrand,  élu  Se- 
crétaire perpétuel 979 

D.AUBRÉE.  —  M.  Daubrce  communique  une 
Lettre  de  S.  M.  don  Pedro,  empereur  du 
Brésil,  au  sujet  d'un  tremblement  do 
terre,  ressenti  le  3o  octobre  dans  la  pro- 
vince de  Saint-Paul 23o 

—  M.  Dauhrcc  fait  honunage,  de  la  part  de 

21  7 


MM. 


(  i664  ) 


M.  J.-B.  Drma,  d'un  Mémoire  «  Sur  les 
pseudomorphes  de  serpentine  et  autres, 
de  la  mine  de  Tilly-Foster,  comté  de 
PiUman,  d;ms  l'état  de  New-York  ».. ..     23 1 

—  Sur  la  formation  contemporaine,  dans  la 

source  thermale  de  Bourbonne-lcs-Bains 
(Haute-Marne),  de  diverses  espèces  mi- 
nérales cristallisées,  notamment  du  cui- 
vre gris  antimonial  (  tétraédrite),  de  la 
pyrite  de  cuivre  (chalkopyrite),  du  cuivre 
panaché  (philipsite)  etdu  cuivre  sulfuré 
(chalkosine) 46'  et  604 

—  Expériences  sur  l'imitation  artificielle  du 

platine  natif  magnélipolairc SaC 

—  M.  Daitbrce  présente  une  série  de  Mé- 

moires sur  l'étude  microscopique  des 
roches,  les  uns  de  M.  Mohl ,  les  autres 

de  M.  Bnricky G87 

—  Association,  dans  l'Oural,  du  platine  natif 

à  des  roches  à  base  de  péridot  ;  relation 
d'origine  qui  unit  ce  métal  avec  le  fer 
chromé 707 

—  Chute   de    poussière  observée  sur   une 

partie  de  la  Suède  et  de  la  Norvège,  dans 
la  nuit  du  29  au  3o  mars  1875,  d'après 
des  Communications  de  MM.  Norden- 
skiôld  et  Kjcriilf. 994 

—  M.  Dauhrt'c  confirme  l'origine  volcanique 

qu'il  avait  attribuée  à  cette  chute  de  pous- 
sière    1059 

—  Remarques  relatives  à  une  Communica- 

tion de  M.  Hinriclis,  sur  une  chute  de  mé- 
téorite dans  l'état  d'iowa 1175 

—  Observations  relatives  à  une  Communica- 

tion de  M.  de  Gouvennin 1 3oo 

D'AVOUT.  —  Moyen  facile  d'obtenir,  sans 
instruments  et  avec  une  assez  grande 

approximation,  la  latitude  d'un  lieu 372 

DEBRAY  (H.).—  Du  ruthénium  et  de  ses  com- 
posés   oxygénés.    (En    commun    avec 

M.  //.  Sainte-Claire  Dcville.) 4^7 

DECAISNE.  —  M.  Dccaisne  est  nommé  mem- 
bre de  la  Commission  centrale  adminis- 
trative pour  l'année  1875 14 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Bordin  pour  1875. . .     997 
DECHARME  adresse  une  Note  relative  à  un 
nouveau  moyen  de  produire  des  vibra- 
tions sonores  et  des  interférences  sur  le 
mercure 802 

—  Nappes  mercurielles 1 2G i 

—  Nouvelles  llammes  sonores 1C02 

DECIIAUX.  —  Une  citation  honorable  est  ac- 
cordée à  M.  Drchaiix ;  Concours  de 
Médecine  et  Chirurgie  de  la  fondation 
Montyon MgS 

DÉCLAT  adresse  une  nouvelle  Note  relative 

au  traitement  du  charbon 242 


MM.  Pages. 

—  Adresse   une   Note  sur   le  charbon  de 

l'homme i  SgS 

DECROIX  (E.)  adresse  une  Lettre  dans  la- 
quelle il  annonce  que  la  Commission 
militaire  de  la  rage  s'offre  pour  expéri- 
menter les  remèdes  adressés  à  l'Aca- 
démie     1 3o6 

DEIIÉRAIN  (P.) —  Recherches  sur  les  bet- 
teraves à  sucre.  (En  commun  avec 
M.  Frcmy.) 778 

DELAHAYE  (E.)  adresse  une  Note  relative  à 
l'électricité  atmosphérique  et  à  la  pré- 
sence do  l'hydrogène  dans  l'atmosphère.     444 

DELFAU  adresse  une  Communication  relative 

au  Phylloxéra 90a 

DE  LUCA  (S.).  —  Recherches  chimiques  sur 
l'absorption  de  l'ammoniaque  de  l'air  par 
la  terre  volcanique  de  la  solfatare  de 
Pouzzoles 674 

DEMARÇAY  (E.).— Sur  les  éthers  tilaniques.       5i 

—  Sur  le  bibromure  de  l'acide  angélique. . .   1400 

—  Sur  les  hydrocarbures  qui  prennent  nais- 

sance dans  la  distillation  des  acides  gras 
bruts,  en  présence  de  la  vapeur  d'eau 
surchauflée.  (En  commun  avec  M.  Ca- 

hours.) i568 

DEMARQUAY.  —  Mémoire  sur  la  résistance 
des  protozoaires  aux  divers  agents  de 
pansement  généralement  employés  en 
Chirurgie 22 

—  Du  traitement  de  l'obstruction  intestinale 

au  début,  par  l'aspiration  des  gaz 635 

DEMOGET  (A)  adresse  une  Note  relative  à 
divers  perfectionnements  apportés  à  la 
machine  de  Hoitz,  pour  en  assurer  le 
fonctionnement 43? 

—  Demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté  dé- 

posé par  lui  le  12  janvier  1878 922 

DENAYROUSE.—  Appareils  destinés  ù  vivre 

dans  une  atmosphère  irrespirable i3o5 

DEPPING  (G.).  —  Sur  un  nouveau  document 

historique,  relatif  à  Salomon  de  Caus. . .     333 

DEPREZ.  —  Recherche  sur  la  vitesse  d'ai- 
mantation et  de  désaimantation  du  fer, 
de  la  fonte  et  de  l'acier i353 

DESAINS  (P.)  —  Recherches  sur  les  radia- 
tions solaires 1 420 

DES  CLOIZEAUX.  —  Sur  les  propriétés  op- 
tiques biréfringentes  caractéristiques  des 
quatre  principaux  feldispalhs  triclini- 
ques,  et  sur  un  procédé  pour  les  distin- 
guer immédiatement  les  uns  des  autres.     364 

—  M.  Des  Ckiizeaux  présente  à  l'Académie 

une  lunette,  construite  sur  lesindications 
de  M.  Jannettaz,  pour  la  détermination 
des  axes  des  ellipses  dans  les  cristaux.    770 

—  Note   sur   l'élément  pyroxénique   de  la 

roche  associée  au  platine  de  l'Oural. . . .     785 


MM.  Pages. 

DESEILLE  adresse  un  travail  sur  la  pôclie 

à  Boulogne-sur-Mer i35i 

DESTRAC  adresse  diverses  Communications 

relatives  au  Phylloxéra loxi.  et  rî46 

DEZ.\UT1ÉRE.  —  Sur  les  bruits  du  cœur. .     899 

DIDIER  adresse  une  Communicalion  rela- 
tive au  Phylloxéra 1596 

DIEN   (A.).  —  Sur  les  notes  défectueuses 

des  instruments  à  archet 429 

DIEULAFOY.  —  Un  prix  du  Concours  de 
Médecine  et  Chirurgie,  de  la  fonda- 
tion Montyon,  est  décerné  à  M.  Dicu- 

l"/h' 1493 

DIRECTEUR  GÉNÉRAL  DES  DOUANES 
(M.  le)  adresse  le  tableau  général  du 
commerce  de  la  France  avec  ses  colo- 
nies et  les  puissances  étrangères,  pen- 
dant l'année  1873 3i 

—  Adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut, 

le  tableau  général  des  mouvements  du 

cabotage  en  1873 038 

DITTE  (A.).  —  Dosage  de  l'acide  borique. .     490 

—  Dosage  de  l'acide  borique;  sa  séparation 

d'avec  la  silice  et  le  lluor 50 1 

—  Sur  la  solubilité  du  nitrate  de  soude  et 

sa  combinaison  avec  l'eau u64 

DOLLFUS  (G.).  —  Observations  critiques 
sur  la  classification  des  Polypiers  pa- 

léozoïques 08 1 

DUCIIARTRE.  —  M.  Duchartrr  est  nommé 
membre  do  la  Commission  chargée  de 
juger  le  Concours  du  prix  Desmazières 
pour  187Ô  

—  Et  do  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Thorc  pour  1875 

—  El  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Bordin  pour  1875. . . 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  pré- 

senter une  question  pour  le  prix  Bordin 
(Sciences  physiques)  à  décerner  en 
1877 

DUCHEMIN  (E.)  adresse  une  Note  relative 
à  une  «  nouvelle  boussole,  pouvant  être 
utilisée  sur  la  surface  des  liquides  cl 
donner  l'heure  par  le  Soleil  ».     1O4  et 

DUCLAUX.  —  Pays  vignobles  atteints  par  le 

Phylloxéra  en  1874 io85 

DU  CLOSEL   adresse    une    Communication 

relative  au  Phylloxéra G37 

DUCOURNAU  adresse  une  Noto  concernant 
«  l'analyse  et  la  classification  des  ci- 
ments, dans  leur  emploi  » :iia 

DUCROUX  adresse  une  Note  relative  à  l'ac- 
tion du  cuivre  sur  les  chiens.  (Eu 
commun  avec  M.  F.  JSiinj.) 1O16 

DUCRETET  (E.)  adresse  une  Noie  n'Ialnr 
à  la  résistance  éleclrucliimi(|uc  ollerle 
par  l'aluminium  employé  comme  élcc- 


(  i665  ) 

MM. 


T; 


ces. 
280 


8G5 


805 


997 


loGo 


1220 


trode  positive  dans  un  voltamètre 

DUGAS  (B.)  adresse  diverses  Communica- 
tions relatives  au  Phylloxéra 

8o3,  1227  et  iSgO 

DUMAS.  —  Observations  relatives  à  une 
Communication  de  M.  Pinclion  sur  une 
nouvelle  burette  pour  les  essais  volu- 
métriques 676 

—  Sur  l'emploi  des  sulfocarbonates  alcalins 

contre  le  Phylloxéra 1048 

—  Observations  relatives  à  une  Communi- 

cation de  MM.  Siihit-Picrrc  ei  Jcaiincl, 

sur  une  réaction  du  sulfure  de  carbone.  i3i2 

—  M.  Dumas  est  nommé  membre   de   la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours pour  le  prix  des  Arts  insalubres 
de  la  fondation  Montyon  (année  1875)..    gSi 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Gegner  pour  1S75...     997 

—  M.     le    Secrétaire  perpétuel   fait    con- 

naître à  l'Académie  la  perio  que  les 
Sciences  viennent  d'éprouver  en  la  per- 
sonne de  M.  Schrùtcr 10S7 

El  la  perle  que  l'Académie  vient  de  faire 
dans  la  personne  de  M.  TImrct,  Corres- 
pondant de  la  Section  de  Botanique. . .   124 1 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel    analyse  une 

Lettre  par  laquelle  M"'°  Poncelet  fait 
connaître  à  l'Académie  son  désir  de 
joindre  au  prix  Poncelet  un  exemplaire 
complet  des  CEm^rcs  du  Général u  14 

—  M.     le    Secrétaire    perpétuel    commu- 

nique une  dépêche  de  M.  Mouchez, 
relative  à  l'observation  du  passage  de 
Vénus  à  l'ile  Saint-Paul 437 

—  Communique  une  dépêche  de  M./ausic/i, 

relative  au  passage  de  Vénus 98G 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les 

yeux  de  l'Académie  la  copie  d'un  docu- 
ment relatif  à  Salonioit  de  Cau.i 804 

—  M.   le  Secrétaire  per/)étucl  présente,  au 

nom  de  M.  Marchand,  un  ouvrage  inti- 
tulé: «Étude  sur  la  force  chimique  con- 
tenue dans  lu  lumière  du  Soleil  » 33i 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  (lar- 

rai  les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, les  ouvrages  suivants  :  le  pre- 
mier volume  du  o  Traité  de  Métallurgie 
générale  de  M.  L.  Gru/icr  y,  3i.  —  L'an- 
née scientifique  et  industrielle  «  de 
i\I.  L.  Figuier»,  1874.  —  Divers  docu- 
menls  adressés  par  le  Comité  d'organi- 
sation du  Congrès  internaiional  des 
américains,  388.  —  Divers  ouvrages  de 
MM.  Dupont  et  Bouiptet  de  la  Grye, 
F.  Pisaid,  L.  Troo.st,  A.  liaudriinnnt, 
U.  Gtiyo't,  638.  —  Diverses  brocJuiresde 
MM.  birr,  Truchot  et  Frcdct,  8o3.—  Un 

2(7.. 


(  i666  ) 


MM.  Pages. 

ouvrage  do  M.  E.  Fcrnct,  portant  pour 
titre  :  «Cours  de  Physique  pour  la  classe 
doMathématiquesspéciales)).  — Unebro- 
riiure  de  M.  Pctcrmatm  o  Sur  la  pré- 
.^ence  du  cuivre  dans  le  genièvre,  les 
vinasses  et  les  fumiers  »,  go3.  — Un  ou- 
vrage de  M.  A.  Txahuteau,  ii54.  — «  La  , 
Lumière  »  par  M.  J .  Tyiidoll  (traduit 
par  M.  l'abbé  v>/o/i^«o).  —  Une  brochure 
de  M.  P.  Mouillefert,  intitulée  :  «  Le 
Phylloxéra  vastatrix  et  la  nouvelle  ma- 
ladie delà  vigne  »,  1259. —  La  «Théorie 
capillaire  de  Gauss  et  l'extension  d'un 
liquide  sur  un  autre  »,  par  M.  l'an  dcr 
Mrnsbrugglic 1 352 

—  Diverses  pièces  relatives  au  Phylloxéra..   iSgG 

—  AL  le  Secrétaire  perpét/ielannonce  à  l'Aca- 

démie que  le  tome  XXI  du  «  Recueil  des 
Mémoires  des  Savants  étrangers  »  est  en 
distribution  au  Secrétariat 585 

DUMAY.  —  Observation  du  bolide  du  10  fé- 
vrier, à  Segonzac  (Charente  ) G83 

DU  MONCEL.  —  Note  sur  le  magnétisme,  à 
propos  d'une  Communication  récente  de 
M.  Laltcinand 19  et     532 

—  Sur    les    électro-aimants    tubulaires    à 

noyaux  multiples 1572 


MM.  Pages 

DUPOUX  adresse  diverses  Communications 

relatives  au  Phylloxéra 8o3  et  1227 

DUPUY  DE  LOME.  —  Observations,  à  propos 
d'une  Communication  de  M. de  Lesseps, 
sur  le  projet  de  navires  porte-trains, 
dont  il  a  déjà  entretenu  l'Académie. . . .     146 

—  Observations  relatives  à  une  Communi- 

cation de  I\[.  de  Lesseps,  sur  la  ques- 
tion de  l'unification  du  tonnage  des  na- 
vires       4^3 

—  M.  DuptiY  de  Lôine  est  nommé  membre 

de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  Plumey  pour  1875..     787 

—  Et  delà  Commission  chargée  de  présenter 

unequpslion'pourleprixBordin  (Sciences 
mathématiques)  à  décerner  en  1876. . .   loSg 

—  M.  Diipity  de  Lôme  présente  la  quatrième 

livraison  du  «  Mémorial  de  l'artillerie 

de  la  Marine  » i6i4 

DURASSIER.  —  Note  sur  les  rapports  exis- 
tant entre  la  nature  des  aciers  et  leur 
force  coercitive.  (En  commun  avec 
M.  Trèt'c.) 779 

DURRANDE  (H.).  —  Sur  les  applications 
des  théories  générales  de  la  Dynamique 
au  mouvement  d'un  corps  de  forme  in- 
variable       877 


E 


EDWARDS  (Milne).  —  Rapports  sur  les 
mesures  proposées  pour  prévenir ,  en 
France,  l'invasion  des  Doryphores,  in- 
sectes américains  qui  attaquent  la  pomme 
de  terre Cog 

—  M.  Mdnc  Edwards  est  nommé  membre 

de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  Concours  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  physiques  à  décerner  en  1875.     865 

—  Et  de  la  Commission  chargée  déjuger  le 

Concours  du  prix  Thore  pour  1875.. . .     865 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Savigny  pour  1875...     866 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  de  Physiologie  expérimentale 

de  la  fondation  Montyon  (année  1875),    gSo 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Lacaze  (Physiologie 
expérimentale  )  pour  1875 997 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Serres  pour  1875.. . .     997 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  jirésen- 

ter  une  question  pour  le  grand  prix  des 


Sciences  physiques  à  décerner  en  1877.  loSg 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  présen- 

ter une  question  pour  le  prix  Bordin 
(Sciences  physiques)  à  décerner  en  1877.  1060 

EDWARDS  (Alph.-Milne).—  Observations 
sur  l'époque  do  la  disparition  de  la  faune 
ancienne  de  l'île  Rodrigues 1212 

EGGER  (R.)    adresse   une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 1227 

ÉLOY  DE  VICQ.  —  Le  prix  Z«  Fons-Méli- 

cocq  est  décerné  à  M.  Eloy  de  Vicq.. . .   1846 

ENGEL  (R.).  —  Sur  la  substitution  du  mer- 
cure à  l'hydrogène  dans  la  créatine. . . .     885 

—  Sur  les  caractères  du  glycocolle 1 168 

—  Recherches  sur  la  taurique iSgS 

ERB  (P.)  adresse  diverses  Communications 

relatives  au  Phylloxéra 3o  et  1 154 

ERNTO  DI  GLVCOMO  adresse  un  Mémoire 

intitulé  :  «  La  vcra  niisura  » i35t 

ESTRUC  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra ". .    1227 

ÉTARD  (E.).  —  Sur  quelques  réactions  des 

sels  de  chrome 1 3o6 


(  >667  ) 


MM.  Pngcs. 

FAIVRE  (E.).  —  Do  l'innuenco  du  systcmo 
nerveux  sur  la  respiration  chez  un  in- 
secle,  le  Dyiiscus  nifirginntis ySg 

—  Études  expérimentales  sur  les  mouve- 

ments rotatoires  de  manège  chez  un  In- 
secte (le  Dytiscus  margiiinlis)  ,  et  le 
rôle,  dans  leur  production,  des  centres 
nerveux  encéphaliques 1 1 4;) 

—  Recherches  sur  les  fonctions  du  ganglion 

frontal  chez  le  Dytiscus  inargiimlis 1 332 

FARCOT  (J.)-—  Le  prix  Plumey  est  décerné 

à  M.  Farcot i  ij' 

FAURE  (R.)  adresse  une  Note  sur  un  nou- 
vel 'appareil  pour  la  concentration  de 
l'acide  sulfurique.    (En  commun   avec 

M.  L.  Kcssler.) i5t)8 

FAUTRAT  (L.).  —  Influence  des  forêts  sur 
le  débit  des  cours  d'eau  et  sur  l'état  hy- 
grométrique de  l'air 206 

—  Influence  des  forêts  sur  le  climat Ki5.j 

FAYE.  —  Note  accompagnant  la  présenta- 
tion d'une  Notice  autograiihiée,  sur  la 
méthode  des  moindres  carrés 352 

—  Présentation  de  la   «  Connaissance  des 

Temps  pour  187G  »  et  do  «  l'Annuaire 

du  Bureau  des  Longitudes  pour  1875  ».     409 

—  Observations,  à  propos  d'une  Communi- 

cation de  M.  Jamin,  sur  la  profondeur 
et  la  superposition  des  couches  aiman- 
tées dans  l'acier 421 

—  Observations  sur  les  critiques  de  M.  Pes- 

Un 659 

—  Sur  la  théorie  de  l'aspiration,  avec  des 

remarques  sur  la  nouvelle  Note  de 
^X.PesUn 843 

—  Sur  le  dernier  numéro  des  «  Memorie  dei 

Spettroscopisti  italiani  » 935 

—  Résultats    des    observations    faites    en 

Suède  sur  les  courants  supérieursde  l'at- 
mosphère      936 

—  Sur  la  trombe  des  liaycs  (Vendômois), 

3  octobre  1871  ,  et  sur  les  ravages 
qu'elle  a  produits 988 

—  Sur  les  ascensions  à  grande  hauteur 1037 

—  Lettre  sur  la  distribution  de  la  tempéra- 

ture à  la  surface  du  Soleil  cl  les  ré- 
centes mesures  de  M.  Langtcy 1 1 89 

—  Quelques  remarques  sur  la  discussion  au 

sujet  des  cyclones i2(J8 

—  Sur  la  trombe  de  Cacn 1 128 

—  Sur  la  trombe  de  Châlons  ;  examen  des 

faits  et  conclusion 1 558 

—  M.  Paye  est  nommé  membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  juger  le  Concours 


MM.  P-ige.!. 

du  prix  Lalande  (Astronomie)  pour 
1875 787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  présenter 

une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  à  décerner  en 
1876 1059 

FELIZET  adresse  ses  remercîments  à  l'A- 
cadémie pour  la  distinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet 3i 

FELTZ  (V.).  —  Recherches  expérimentales 

sur  le  principe  toxique  du  sang  putréfié.     553 

—  Recherches  sur  les  ellets  de  la   ligature 

du  canal  cholédoque  et  sur  l'état  du 
sang  dans  les  ictères  malins.  (En  com- 
mun avec  M.  E.  Hitler.) 676 

—  Étude  expérimentale  sur  le  principe  toxi- 

que du  sang  putréfié 1 338 

FEUVRIER  (J.-H.)  adresse  une  «  Étude  mé- 
téorologique sur  le  plateau  de  Cottigné 

(  Monténégro  )  » 1 3o4 

FÉVRET(A.)  adresse  une  Communication  re- 
lative au  Phylloxéra 1022 

FIZEAU.  —  M.  Fizcau  est  nommé  membre 
de  la  Commission  chargée  de  juger  lo 
Concours  pour  le  grand  prix  des  Sciences 
mathématiques  à  décerner  en  1875.. . .     787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  présen- 

ter une  question  du  prix  Bordin  (Sciences 
mathématiques)  à  décerner  en  1876. . .   io5g 

—  Avis  de  la  Commission  des  paratonnerres, 

sur  une  disposition  nouvelle  proposée 

pour  les  magasins  à  poudre i44o 

FLAMMARION.  —  Système  stellairo  de  la 
61'  du  Cygne  et  étoiles  physiquement 
associées  dont  le  mouvement  relatif 
n'est  pas  orbital,  mais  rectiligne 171 

—  Étoiles  doubles  dont  le  mouvement  rela- 

tif s'effectue  en  ligne  droite,  et  est  dû  à 
une  dilïérence  de  mouvements  propres.    66a 

PLAQUER  (E.)  adresse  une  Lettre  rela- 
tive à  des  cahiers  contenant  les  obser- 
vations et  ,les  calculs  effectués  par  la 
Commission  française  pour  la  mesure 
de  l'arc  du  méridien  compris  entre  Bar- 
celone et  les  îles  Baléares m 

FLECKEN  (A.-S.)  adresse  une  Note  en  al- 
lemand, accompagnée  de  figures,  sur  la 
direction  des  aérostats 1227 

FLEURIAIS.  —  Télégramme  relatif  à  l'obser- 
vation du  passage  de  Vénus  à  Shanghaï.      3a 

—  Adresse  deux  plis  cachetés,  contenant  les 
observations  du  passage  de  Vénus  effec- 
tuées par  la  mission  de  Pékin,  et  les  do- 
cuments recueillis  au  moment  du  pas- 


(  j668  ) 


MM. 


sage. 


Pages. 
.     483 


—  Adresse  le  détail  des  observations  du  pas- 

sade de  Vénus  sur  le  Soleil,  effectuées  à 
Pékin 583 

—  Réponse  à  M.  le  Président,  au  retour  do 

cette  expédition 1204 

—  Documents  recueillis  par  la  mission  en- 

voyée à  Pékin  pour  observer  le  passage 

de  Vénus 1204 

—  Un  prix  d'Astronomie,  fondation  Lalande, 

est  décerné  à  M.  Flcuriais 1 473 

—  Adresse  ses  romercîmcnts à  l'Académie..  1699 
FLEURY  (Arm.  de)  adresse,  pour  le  Con- 
cours do  Médecine  et  Chirurgie,  un  ou- 
vrage intitulé  :  «  Du  dynamisme  com- 
paré des  hémisphères  cérébraux  chez 
l'homme  » 1391 

FLICHE  (P.).  —  Note  sur  les  lignites  qua- 
ternaires de  Javille,  près  de  Nancy  ....   i233 

FOL  (H.).  —  Sur  le  développement  des  Pté- 

ropodes 1 96 

FONVIELLE  (  W.  de).  —  Note  sur  une  as- 
cension aérostatique 1 172 

—  Sur  les  précautions  à  apporter  dans  les 

ascensions  en  hauteur 1262 

FORDOS.  —  De  l'essai  des  étamages  conte- 
nant du  plomb  ;  procédé  d'essai  rapide.     794 

—  Demande  le  renvoi  à  la  Commission  des 

Arts  insalubres  d'une  Note  sur  l'essai 
des  étamages,  et  d'une  nouvelle  Note 
sur  l'action  des  liquides  alimentaires  ou 
médicamenteux,  sur  les  vases  en  étain 
contenant  du  plomb i35o 

—  Demande  l'autorisation  de  retirer  du  Se- 

crétariat les  trois  Notes  qu'il  avait  adres- 
sées pour  le  Concours  des  Arts  insalubres.  1456 
FOREL  (  AuG.).  —  Le  prix  Thore  est  décerné 

à  M.  A.  Forci 1 487 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. .  1599 
FOREL  (F. -A.).  —  Sur   les  seiches  du   lac 

Léman 1 07 

FOUQUÉ  (F.).  -  Nodules  à  Wollaslonite, 
pyroxène  fassaïte,  grenat,  mélanite  des 
laves  de  Santorin 63i 

—  Dépôts  salins  des  laves  de   la   dernière 

éruption  do  Santorin 832 

—  M.  Foiujué  est  présenté  par  l'Académie 

pour  la  chaire  d'Histoire  naturelle  des 
corps  inorganiques,  laissée  vacante  au 
Collège  de  France  parle  décès  de  i\L  Elic 

de  Bemiinont 291 

FOURET  (G.).  —  Sur  la  notion  des  systè- 
mes généraux  do  surfaces  algébriques 
ou  transcendantes,  déduite  de  la  notion 
des  implexes 167 

—  Construction   géométrique  des  mumenis 

fléchissants  sur  les  appuis  d'une  poutro 

à  plusieurs  travées  solidaires 55o  I 


MM.  Payes. 

—  Sur  quelques  conséquences   d'un   théo- 

rème général,  relatif  à  un  implcxc  et  à 

un  système  de  surfaces 8o5 

--  Sur  une  nouvelle  définition  géométrique 
des  courbes  d'ordre  n  à  point  multi- 
ple d'ordre  n  —  i u58 

FOURNIER.  —  Méthode  générale  pour  ré- 
soudre les  équations  numériques  de  de- 
gré quelconque 1391 

FOURNIER  (Eue).  -  Sur  un  fait  de  di- 
morphisme,  dans  la  famille  des  Grami- 
nées     44t> 

FRANÇOIS  (J.)  adresse  une  Communication 
sur  les  émanations  hydrothermales  et 
salines  des  stations  thermales  du  Cau- 
case     1022 

—  Adresse  un  Mémoire  sur  la  genèse  des 

eaux  minérales  et  des  émanations  sa- 
lines des  groupes  du  Caucase,  surle  mé- 
tamorphisme des  terrains  par  les  eaux 
thermo-minérales,  et  sur  l'actualité  des 
phénomènes  métamorphiques  du  groupe 

de   Piatigorsk  (  galerie  Tobielf  ) 1 1 53 

FREMY.  —  Recherches  sur  les  betteraves  à 

sucre.  (En commun  avecM.Z'tV/f'/Y//«.).    778 

—  M.  Frcmy  rend  compte  à  l'Académie  de 

l'état  où  se  trouve  l'impression  des  Re- 
cueils qu'elle  publie,  et  des  change- 
ments survenus  parmi  les  Membres  et 
lesCorrespondantspendant  l'année  1874.       i4 

—  M.  le  Président  se  fait  l'interprète  des 

sentiments  qu'inspire  à  l'Académie  la 
mort  de  M.  Mathieu,  qu'elle  vient  de 
conduire;!  sa  dernière  demeure  :  il  pro- 
pose de  lever  la  séance 58 1 

—  M.    le    Président   exprime   à  M.   Mim- 

rhez  la  satisfaction  qu'éprouve  l'Aca- 
démie, en  souhaitant  la  bienvenue  aux 
membres  des  expéditions  entreprises 
pour  l'observation  du  passage  de  Vénus.    61 1 

—  .^dresse,  au  nom  do  l'Académie,  des  re- 

mercîments à  M.  Bouquet  de  In  Grye 
et  aux  membres  de  la  Mission  qui  s'est 
rendue  à  l'ile  Campbell  pour  l'observa- 
tion du  passage  de  Vénus 721 

—  M.  le  Président  se  fait  l'interprète  des 

sentiments  de  l'Académie  à  l'occasion 
de  la  mort  des  aéronautes  Crocé-Spi- 
nelli  et  Sivel 985 

—  M.  le  Président  se  fait  l'interprète  des 

sentiments  de  reconnaissance  de  la 
Science  vis-à-vis  de  M.  Poncelet 1114 

—  M.    le    Président   adresse,    au   nom    de 

l'Académie,  des  romercîmcnts  à  M.  Fleu- 
riais  et  aux  membres  de  la  Mission  de 
Pékin,  pour  l'observation  du  passage  de 
Vénus 1 2o3 

—  M.  le  Président  se  fait  l'interprète  des 


MM.  Pages. 

regrets  de  l'Académie,  à  l'occasion  do 

la  mort  de  M.  Thurct 1241 

—  M.  le  Président  adresse,  au  nom  de  l'Aca- 

démie, des  remercimenis  aux  membres 
de  la  Mission  qui  s'est  rendue  à  Nouméa 
pour  l'observation  du  passage  de  Vénus..  1281 

—  M.  le  Président  annonce  la  mort  de  M.  le 

conseiller  J.-H.  Frndcsso  dn  Sili'rirn, 
directeur  de  l'Observatoire  météorolo- 
gique de  rinfant  don  Luis,  à  Lisbonne.  iSga 

—  Allocution  prononcée  par  M.  le  Président, 

à    la    séance    publique   du  21  juin...   1457 

—  M.    le  Président  souhaite,    nu    nom    de 

l'Académie,  la  bienvenue  à  M.  Junsscn, 


1669) 
MM. 


Pages. 

à  son  retour  de  l'expédition  du  passage 

de  Vénus 1 54 1 

—  M.  Fremy  est  nommé  membre  de  la 
Commission  chargée  de  présenter  une 
question  de  prix  lîordin  (Sciences  phy- 
siques) à  décerner  en  1877 loCo 

FRIEDEL  (C.)  adresse  ses  remercîments  à 
l'Académie  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 3i 

FUA  adresse  une  nouvelle  Lettre  concernant 
ses  précédents  Mémoires  sur  les  moyens 
do  prévenir  les  explosions  dans  les 
houillères 387 


GAFFARD  (A.)  adresse  une  Note  relative  à 

une  encre  indélébile 3o 

GALLE.  —  Lettre  touchant  la  détermination 
de  la  parallaxe  solaire  par  les  observa- 
tions de  la  planète  Flore 1 154 

GALLOIS.  —  Sur  les  propriétés  toxiques  de 
l'écorce  de  Mancône.  (En  commun  avec 
M.  Hnrdy.) 122: 

GALLOIS  (J.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 1227 

GANS  (L.  )  adresse  une  Communication  re- 
lative au  Phylloxéra 1 022 

GARIMOND  (E.)  adresse,  pour  le  Concours 
du  prix  Chaussier,  un  «  Traité  théori- 
que et  pratique  de  l'avortement,  consi- 
déré au  point  de  vue  médical,  chirur- 
gical et  médico-légal.  » 1220 

GARNIER  adresse  une  Note  sur  l'euiplui  do 
la  glycérine  dans  le  traitement  de  la 
glycosurie 1225 

GARRIGOU  (F.)  adresse  une  «  Étude  sur 
les  causes  d'usure  et  d'explosion  des 
chaudières  des  machines  à  vapeur.  »..     t64 

—  Étude  chimique  sur  le  petit  lait  de  Lu- 

chon 4  So 

—  Adresse  les  résultats  de  nouvelles  recher- 

ches sur  les  eaux  minérales  des  Pyré- 
nées       802 

GAUDIN  (A.)  adresse  ses  remercimonts  à 
l'Académie  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 1 10 

GAUDRV  (A.).  —  Sur  la  découverte  ù^.  Ba- 
traciens proprement  dits,  dans  le  terrain 
primaire i4 1 

GAUG.\IN  (J.-M.)  adresse  ses  remercimenis 

à  l'Académie 1 05 

—  Le  prixGegner  est  décerné  à  M.  Cniif^tiin.   1  MoG 

—  Note  sur  le  magnétisme 297 

—  Notes  sur  la  théorie  des  procédés  d'ai- 

mantation   7G1  et  ioo3 


GAUTIER  (A.  )  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 1 154 

—  Note  relative  à  la  production  de  la  fibrine 

du  sang i3Go 

GAYAT  (J.).  —  Études  comparatives  sur 
l'homme  et  sur  les  animaux,  au  point 
de  vue  des  signes  o.phthalraoscopiques  de 

la  mort 5oi 

GAYON  (U.).—  Ré|ionses  à  deux  Communi- 
cations de  M.  Jléc/i/iin/>,  relatives  aux 
altérations  spontanées  des  œufs C74 

—  Observations  sur  les  altérations  sponta- 

nées des  œufs.  Réponse  à  M.  ^.  £c- 
cliamp 1 096 

GÉNÉRÉS  (Ed.  de)  adresse  une  Communi- 
cation relative  au  Phylloxéra 1 154 

(iENOCCllI  (A.).  —  Sur  la  rectification  dos 

ovales  de  Descartes. 112 

—  Observations  relatives  à  une  Communica- 

tion do  M.  Darhimx,  sur  l'existence  de 
l'intégrale  dans  les  équations  aux  déri- 
vées partielles  contenant  un  nombre 
quelconque  de  fonctions  et  de  variables 
indépendantes 3i5 

GÉRARDIN  (A.).  —  Altérations  de  la  Seine 
aux  abords  de  Paris,  depuis  novembre 
1874  jusqu'en  mai  1 875 1 32C 

GERBE  adresse  ses  remercimenis  à  l'Aca- 
démie pour  la  distinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet uo 

GERNEZ  (D.).  —Analogies  que  présenlont 
le  dégagement  des  gaz  de  leurs  solu- 
tions sursaturées  et  la  décomposition 
de  certains  corps  explosifs 44 

GERVAIS  (P.).  -  M.  Geri'ais  présente  la 
carte  géoiogiipie  de  l'arrondissement 
d'Uzès  (Gard  I,  par  fou  Eniilicn  Dumas, 
de  Sommières 282 

—  M.  P.  Gf"nY«.v  communique,  au  nom  lW 

M.   T\onuis ,  quelques  détails  sur  une 


(  1670  ) 


MM. 


Pages. 


espèce  fossile  de  Bœuf  [Buhnlus  a/iti 
quKs],  découverte  en  Algérie  ;  et,  au  nom 
de  M.  Bleichcr,  des  figures  de  pierres 
taillées, également  trouvées  en  Algérie.     444 

—  M.  P.  Gc/voix  est  nommé  membre  de  la 

Commission  chargée  de  juger  le  Concours 

du  prix  Savigny  pour  1875 86(5 

GlARD  (A.).  —  Sur  l'embryogénie  du  L/i- 

inellaria  pcr.spicua ySG 

GIRARD  (A.)  adresse  ses  remercîments  à 
l'Académie  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 110 

—  Étude  micrographique  de  la  fabrication 

du  papier 629 

—  Note  sur  le  pouvoir  rotatoire  du  sucre 

cristallisable  et  sur  la  prise  d'essai  des 
sucres  soumis  à  l'analyse  polarimé- 
trique.  (En  commun  avec  M.  f^.  de 
Luyiies.  ) 1 354 

GIRARD  (Maurice)  adresse  une  Note  concer- 
nant l'influence  du  froid  sur  le  Phylloxéra 
hibernant 436 

GIRAUD.  —  Étude  comparative  des  gom- 
mes et  des  mucilages 477 

—  Soumet  au  jugement  de  l'Académie  un 

plan  de  direction  aérostatique i449 

GIRAUD-TEULON.  —  Sur  une  nouvelle  mé- 
thode et  sur  un  nouvel  instrument  de 
télémétrie  (mesure  rapide  des  dis- 
tances ) 1 379 

GLAISHER  (  J.-'W.-L.)  .  —  Sur  la  partition  des 

nombres 255 

GLÉNARD  (F.)  adresse  une  réclamation  de 
priorité,  relative  à  une  Note  de  M.  Gau- 
tier sur  la  production  de  la  fibrine  du 
sang 1 598 

GODET  adresse  la  composition  qu'il  emploie 

pour  combattre  le  Phylloxéra.    1227 

GONIN  adresse  une  Communication  relative 

au  Phylloxéra 1 349 

GOSSELIN.  —  Rapport  sur  un  travail  de 
M.  Jlpli.  Giicri/i,  intitulé:  «Du  rôle 
pathogénique  des  ferments  dans  les  ma- 
ladies chirurgicales,  nouvelle  méthode 
de  traitement  des  amputés  » 81 

—  M.   Gosselin  est  nommé  membre  de  la 

Commission  chargée  do  juger  leConcours 

du  prix  Barbier  pour  1875 8G5 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  pour  le  grand  prix  do  Médecine 

et  Chirurgie,  à  décerner  en  1875 8C5 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  grand  prix  de  Médecine  et 
Chirurgie  de  la  fondation  Montyon,  à  dé- 
cerner en  1875 gSo 

—  Et  de  la  Commission  chargée  déjuger  le 

Concours  pour  le  prix  Godard,  à  décer- 
ner en  1875 900 


MM.  Pages. 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  pour  le  prix  Chaussier,  à  dé- 
cerner en  1 875 gSo 

GOUILHOM  (P.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra i349 

GOULIER  (C.-M.).'—  Lunette  anallatique, 
appliquée  à  une  boussole  nivelante  et  à 
un  tachéomètre 292 

GOUVENAIN  (de).  —  Sulfuration  du  cuivre 
et  du  fer,  par  un  séjour  prolongé  dans  la 
source  thermale  de  Bourbon -l'Archam- 
bault;  observation  d'une  brèche  avec 
strontiane  sulfatée  et  plomb  sulfuré, 
dans  la  cheminée  ascensionnelle  de  cette 
source 1297 

GRAD  (Ch.).  —  De  l'influence  de  l'ablation 
sur  la  débâcle  des  glaces  des  mers  po- 
laires        502 

GRAEFF  adresse  ses  remercîments  à  l'Aca- 
démie pour  la  distinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet no 

GRANJON  adresse  une  Note  sur  un  moyen 
d'augmenter  le  son  rendu  par  une 
cloche,  en  la  composant  de  deux  clo- 
ches concentriques loïi 

GRETE  (A.).—  Sur  l'emploi  du  xanthalc  do 
potasse  contre  le  Phylloxéra.  (En  com- 
mun avec  M.  Ph.  Zœllcr.) i347 

GRIMAUD  DE  CAUX  adresse  une  Note  sur  un 
cas  de  pso'itis,  contracté  en  Amérique  et 
guéri  par  les  eaux  d'Aix,  en  Provence.   i3G3 

GRIMAUX  (E.).  —  Recherches  sur  le  groupe 

u  rique 828 

—  Sur  les  uréides  pyruviques.  Uréides  con- 

densées        53 

GRIPON  (E.).  —  Propriétés  physiques  des 

lames  de  collodion 882 

GRUEY.  —  Sur  les  étoiles  filantes  du  i3  no- 
vembre et  du  10  décembre  1874 5G 

—  Éléments  provisoires  de  la  comète  ^  l, 

i874,Borrelly 3i3 

—  Lumière  zodiacale,  observée  à  Toulouse 

en  février  et  en  m.irs  1875 goS 

GUADAGNINI  (D.)  adresse  une  Communi- 
cation relative  au  Phylloxéra C37 

GUÉDON  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 637 

GUÉRIN  (Alpii.).  —  Du  rôle  pathogénique 
des  ferments  dans  les  maladies  chirur- 
gicales; nouvelle  méthode  de  trailement 
des  amputés.  (Rapport  sur  ce  Mémoire, 
rapporteur  M.  GosscUn.) 81 

—  Prie  l'Académie  de  vouloir  bien  compren- 

dre, parmi  les  Mémoires  adressés  au 
Concours  des  prix  de  Médecine  et 
Chirurgie,  les  deux  Notes  qu'il  a  lues 

sur  sa  méthode  de  pansement i3o4 

GUÉRIN  (  Ch.)  adresse  une  Note  relative  à 


MM.  Pngps. 

une  pilo  analogue  à  celle  do  Bunsen, 
dans  laquelle  le  zinc  serait  remplacé  par 
le  fer 387 

GUEYRAUD  adresse  une  Commiinicalion  re- 
lative au  Phylloxéra i  SgG 

GUILLAUMONT  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra i05 

GUIMBELUT  (J.)  adresse  une  Coramunica- 


MM 


Pages. 

lion  relative  à  la  catastro[)he  du  ballon 
/('  Zc/iii/i 108G 

GVLDÉN  (Hugo).  —Sur  une  méthode  de  cal- 
cul des  perturbations  absolues  des  co- 
mètes      809  et    907 

—  Sur  le  développement  de  la  fonction  per- 
turbatrice suivant  les  multiples  d'une 
intégrale  elliptique 1070 


H 


HALPHEN.  —  Mémoire  concernant  les  points 
singuliers  des  courbes  algébriques  pla- 
nes. (Rapport  sur  ce  Mémoire,  rappor- 
teur W.  de  La  Gou!-nei-ie.) 97 

—  Propriétés  relatives  à  la  courbure  de  la 

développée  d'une  surface  quelconque. .     iiG 

—  Sur  un  point  de  la  théorie  des  surfaces.     258 

—  Sur  certaines  perspectives  gauches  des 

courbes  planes  algébriques 638 

HARDY  (E.)  adresse,  pour  le  Concours  du  prix 
Barbier,  des  «  Recherches  sur  le  Ja- 
bnrandi  » I  Zyi 

HARDY.  —  Sur  les  propriétés  toxiques  de  l'é- 
corce  de  Mancônc.  (En  commun  avec 
M.  Gallois  ) 1221 

HARTING  (P)  adresse  ses  remercîments  à 
l'Académie  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 3 1 

HATON  DE  LA  GOUPILLIÈRE  soumet  au 
jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  in- 
titulé :  «  Développoi'des  directes  et  in- 
verses d'ordres  successifs  » 241 

HAUNET  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 1391 

HAUTEFEUILLE  (P.).— Surla  dissolution  de 
l'hydrogène  dans  les  métaux,  et  la  dé- 
composition de  l'eau  par  le  fer.  (En  com- 
mun avec  M.  Tmost.  ) 788 

—  Surlesfont.es  manganésiferes.  (En commun 

avec  M.  Troost.) 909 

—  Étude  calorimétrique  sur  les  carbures  de 

fer  et  de  manganèse.  (En  commun  avec 

M.  Troost.) 964 

HAYEM  (G.) .  —  Sur  un  nouveau  procédé  pour 
compter  les  globules  du  sang.  (En  com- 
mun avec  M.  A.  Nachet.  ] io83 

HECKEL  (E.) .  —  Des  phénomènes  de  localisa- 
tion minérale  et  organique  chez  les  ani- 
maux et  de  leur  importance  biologique.     ig3 

—  Do  l'action  de  quekiues  composés  sur  la 

germination  des  graines  (isromure  do 
camphre',  borate,  silicate  et  arséniale 
de  soude) , 11 70 

—  De  l'influence  des  Solanées  vireuses  en 

général,  et  de  la  Belladone  en  particulier, 

sur  les  Rongeurs  et  les  Marsupiaux.. . .    1C08  ' 

C.  R.,  1873,  i^f  Sumcslre.  (T.  LX\X.) 


HELZNEM  (G.).  -  Voir  Holzner. 

HEMMEUICH  adresse  diverses  Communica- 
tions relatives  au  Phylloxéra.  242.  387  et    C37 

HÈNA  adresse  une  Note  sur  les  gisements 
métalliques  et  la  classification  géologique 
dans  le  département  des  Cùtes-du-Nord.  i35o 

HENNEQUIN  (J.).  —  Do  l'allongement  du 
fémur  dans  le  traitement  do  ses  frac- 
tures. (Rapport  sur  ce  iMémoire,  rappor- 
teur l\.  Sédillot.  ) 95 1 

HENRY  (Paul)  adresse  ses  remerciraents  à 
l'Académie  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet i65 

—  Découverte  de  la  planèto  (141)  à  l'Obser- 
vatoire de  Paris 175 

—  Observations  de  la  planète  (i4>)i  faites  à 
l'Observatoire  do  Paris.  (En  commun 
avec  M.  Prosper  Henry) 388 

HENRY  (Prosper)  adresse  ses  remercîments 
à  l'Académie  pour  la  distinction  dont 
ses  travaux  ont  été  l'objet i65 

—  Observations  de  la  planète  (i4i)i  faites  à 
l'Observatoire  de  Paris.  (En  commun 
avec  M.  Paul  Henry.  ) 388 

HÉR.\UD.  —  Lettre  relative  à  l'installation 
à  Saïgon  de  l'expédition  pour  l'observa- 
tion du  passage  de  Vénus 35 

—  Rapport  sur  l'observation  du  passage  de 
Vénus 243 

—  Un  prix  d'Astronomie  (fondation  Lalaude) 
est  décerné  à  M.  Héraud \'\'}T> 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.  1399 
HERGOTT.  —  Une  citation  honorable  est  ac- 
cordée à  M.  Hen^ott  ;  Concours  des  prix 
de  Médecine   et  Chirurgie  de   la   fon- 
dation Montyon i493 

HERMANN  (J.).  —  Sur  la  nature  des  affec- 
tions syphilitiques  et  sur  le  traitement 
mercuriel ^3 

HERMITE.  —  M.  Hermilc  est  nommé  mem- 
bre de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  Concours  du  grand  prix  des  Sciences 
mathématiques  pour  l'année  1875 787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  Ponceletpour  1875. .     787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  présenter 

2  18 


i6']'î  ) 


MM.  Pages, 

une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  matliémaliques  à  décerner  en 
1876 loSg 

—  El  de  la  Commission  chargée  de  présenter 
une  question  pourle  prix  Bordin  (Sciences 
mathématiques)  à  décerner  en  1876....   io5r) 

HETLESOTER  (R.)  adresse  une  Communica- 
tion relative  au  Phylloxéra 1 1 54 

HEYDUCK  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 242 

HILDEBRANDSSON  (H.).  —  Descourants  su- 
périeurs de  l'atmosphère,  dans  leurs  re- 
lations,avec  les  lignes  isobarométriques.     917 

IlINRICHS  (G.).  —Sur  la  structure  atomique 
des  molécules  de  la  benzine  et  du  téré- 
bène 47 

—  Calcul  des  moments  d'inertie  maximum 

des  molécules  des  dérivés  chlorés   du 
toluène 565 

—  Sur  la  détermination  mécanique  des  points 

d'ébuUition  des  dérivés  chlorés  du  to- 
luène      766 

—  Sur  une  chute  de  météorites,  tombées 

dans  l'état  d'Iowa 1 175 

HIRN.  —  Note  accompagnant  la  présentation 
du  tome  1"  de  «  l'Exposition  analytique 
et  expérimentale  de  la  Théorie  mécanique 
de  la  chaleur  » 1 578 


MM.  Pages. 

HIRSCII  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté, 

déposé  par  lui  le  3  octobre  1873 922 

HOGAN  (D.-J.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Pliylloxera 482 

HOLZNER[G.  (Uelznem)]  adresse  une  Note 
sur  un  Insecte  vivant  sur  les  racines  de 
YAbies  balsamcd  eiÙB  YAhies  Frascri.     9G1 

IIOMOLLE  (G.)  adresse  un  Mémoire  sur  les 
scrofules  graves  de  la  muqueuse  bucco- 
pharyngienne i3o5 

HOUZÉ  DE  L'AULNOIT  adresse  une  Note  sur 
l'immobilisation  articulaire,  appliquée 
au  pansement  des  amputés 388 

HUE  (Ch.)  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 1 154 

HUET.  —  Sur  descourbes  de  roulis,  obtenues 

par  la  photographie 38o 

HUGO  (L.)  adresse  une  Note  relative  à  la 
«  base  scientifique  du  système  décimal 
et  métrique  » 742 

—  Signale  une  erreur  géographique  dans  le 
tableau  des  Correspondants  étrangers  de 
l'Académie  des  Sciences,  publié  par  YJt- 
maiiacli  niitionnl  de  1 874 1 1 10 

HUREAU  DE  VILLENEUVE. -Un  encourage- 
ment lui  est  accordé.  (Concours  du  grand 
prix  des  Sciences  mathématiques;  théorie 
mathématique  du  vol  des  oiseaux.).  .   1464 


I 


INSPECTEUR  GÉNÉRAL  DE  LA  N.4VIGA- 
TION  (M.  l')  adresse  les  états  des  crues 
et  diminutions  de  la  Seine  pendant  l'an- 


I        née  1874 iio 

ISAMBERT.  —  Sur  la  précipitation  de  l'ar- 
I         gent  par  le  protoxyde  d'uranium 1087 


.TABLONSKI(E.)  adresse  un  Mémoire  intitulé: 
«  Généralisation  de  la  méthode  d'inté- 
gration par  parties  « i25g 

JACQUEMIER.  —  Navif^ation  à  vapeur i352 

JACQUET  adresse  un  Mémoire  sur  l'usage 
de  la  Table  de  Pylhagore  pour  un  chiffre 
quelconque 902 

JACQUINOT  (H.)  adresse  diverses  Commu- 
nications relatives  au  Phylloxéra.  637  et  i349 

J.4.MIN  (  J.).  —  Sur  l'effet  produit  par  l'appli- 
cation des  armatures  à  des  aimants  tout, 
formés 212 

—  Sur  l'aimantation  des  aciers  garnis  d'ar- 

matures       357 

—  Sur  la  profondeur  et  la  superposition  des 

couches  aimantées  dans  l'acier 417 

—  Sur  un  cas  singulier  d'aimantation....     841 

—  Sur  la  distribution  du  magnétisme,  dans 

une  lame  mince  de  grande  longueur. . .   i553 


I JANSSEN.  —  Lettre  relative  à  son  installation 
I         à  Nagasaki,  pour  l'observation  du  pas- 
sage de  Vénus 34 

—  Lettre  à  M.  Dumas,  sur  les  résultats  géné- 

raux de  l'observation  du  passage  de 
Vénus,  au  Japon 342 

—  M.  Jansxcn  est  nommé  membre  de  la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du  prix  Lalande  (Astronomie)  pour 
1875 787 

—  Adresse  une  dépêche  relative  à  l'observa- 

tion de  l'éclipsé  du  Soleil 986 

—  Adresse  ses  remorcîmonts  à  l'Académie.  i54i 

—  Observations  magnétiques  exécutées  dans 

la  presqu'île  de  Malacca i552 

JAUSSAND  (A.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 1227 

JEAN  (F.).  —  Sur  une  nouvelle  méthode 

do  dosage  par  les  liqueurs  titrées 673 


( 

MM.  Pa 

•lEANNEL.  —  Note  relative  à  rintluencc  des 
racines  des  végétaux  vivants  sur  la  pu- 
tréfaction   

—  Sur  une  réaction  du  sulfure  do  carbone. 

Passage  du  sulfure  de  carbone  à  l'acide 
sulfocyanhydrique.  (  En  commun   avec 

M.  C.  Saiiit-Picrre.  ) i 

JO.\NNON  (  A.  ).  —  Sur  un  nouveau  procédé 
de  dessalement,  appliqué  aux  terrains 
salés  du  midi  de  la  France 

—  Recherches  sur  les  organes   tactiles  de 

l'homme 

—  Annonce  à  l'Académie  le  succès  de  l'as- 

cension aérostaliquo  entreprise   les  23 

et  24  mai.  (En  commun  avec  MM.  .SVVc/, 

Crncé-SpiiicUi,  G.  cl  A.  Tissinidic}-.).  . 

—  Ascension  scientifique  de  longue  durée. 

(En  commun  avec  MM.  Sivel,  Croré-Spi- 
isrlli,  G.  et  -•/.  Tissandier.)  

JOBERT.  —  M.  Jùbcrt,  sur  le  point  d'aller 
au  Brésil,  informe  l'Académie  qu'il  se 
met  à  sa  disposition  pour  les  recherches 
botaniques  ou  zoologiques  dont  elle  ju- 
gera à  propos  de  le  charger i 

.TOLLY  adresse  une  analyse  comparative  des 
sangs  artériel  et  veineux,  au  point  de 
vue  de  leur  constitution  minérale.  (En 
commun  avec  M.  Paquelin.  ) i 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.,   i 
JOLLY  (P.).  —  Communication  relative  au 


07J 
iGo 


979 


1673) 

MM.  Pa^es. 

Phylloxéra 3o 

JOLY  est  élu  Correspondant,  pour  la  Section 
d'Anatomie  et  di;  Zoologie,  en  rempla- 
cement do  W.  P.  Geirai.i,  élu  Membre 
de  l'Académie 786 

.JORDAN  (C).  —  Recherches  sur  les  cova- 
riants 

—  Théorème  sur  les  covariants 

—  M.  Jordan  est  présenté,  par  la  Section 
de  Géométrie,  comme  candidatàla  place 
laissée  vacante  par  M.  Bertrand,  !i\\\  Se- 
crétaire perpétuel 

JOUMIER  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra i  J9G 

JOURDY  (E.)  adresse  une  Note  sur  la  forme 

des  baies  du  littoral  algérien i449 

.lÛUSSET.  —  Sur  l'aortite  chronique i34o 

JUDYCKl  (J.)  adresse  un  Mémoire  sur  le 
modo  de  gisement  des  combustibles 
minéraux i449 

JULIEN  (A.).  —  Sur  la  présence  du  Phyl- 
loxéra en  Auvergne i347 

JUNGFLEISCII  (E.)  adresse  ses  remercîments 
à  l'Académie  pour  la  distinction  dont 
ses  travaux  ont  été  l'objet 1 10 

JURIEN  DE  LA  GRAVIÈRE.  -  M.  l'amiral 
Jurkn  de  la  Gravicrc  est  nommé  mem- 
bre de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  Concours  du  prix  Plumey  pour  1875.    787 


796 


3i 


89 


8o3 


8G6 


3o6 


597 

023 


K 


KARTZDORFF  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra i258 

KÉRIKUFF  (de)  adresse  quelques  remarques 
concernant  les  causes  d'erreur  qui  peu- 
vent subsister  dans  les  expériences  re- 
latives à  la  vitesse  de  la  lumière.  .3o  et     iio 

—  Sur  la  constance  de  la  réfraction  appa- 

rente, quels  que  soient  les  mouvements 
de  la  source  lumineuse  et  du  corps  ré- 
fringent  ■ 241 

—  Communication  au  sujet  du  bolide   du 

10  février 576 

KERTANGUY  (de).  -  Le  prix  de  Statisti- 
que, fondation  Montyon,  est  décerné 
à  M.  de  Kertanouy '479 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie.  iSgg 
KESSLER  (L.)  adresse  une  Note  sur  un  nou- 
vel appareil  pour  la  concentration  de 
l'acide  sulfurique.   (En  commun   avec 

M.  Faure.  ) 1 598 


KETTELER  (E.)  adresse,  pour  le  Concours 
du  prix  Lacaze  (Physique),  plusieurs 
Mémoires  ayant  pour  objet  l'étude  de 
l'aberration  de  la  lumière,  et  la  révision 
do  la  théorie  de  Cauchy  sur  la  réilexion.  1892 

KISZTLER   adresse  deux    Communications 

relatives  au  Phylloxéra 1391 

KJELLMAN  (Fr.).  —  Végétation  hivernale 
des  Algues  à  i\Iosselbay  (Spitzberg), 
d'après  les  observations  faites  pendant 
l'expédition  polaire  suédoise,  en  J872- 
1873 474 

KORDON  (J.)  adresse  une  Note  sur  un  [iro- 
cédé  destiné  à  la  composition  et  à  la  diî- 
tribution  des  caractères  d'imprimerie. . .     335 

KRISH.\BER    adresse    un   Mémoire  sur   le 

spasme  de  la  glotte i35i 

^NCKEL  adresse  un  Mémoire  sur  le  déve- 
loppement des  Diptères 1 33o 


•ii8.. 


(   >674  ) 


MM.  Pages. 

LABBÉ  adresse  une  Communicalion  relative 

au  Phylloxéra i  SgG 

L.4CÂZE-DUTI11ERS (de). -Sur l'origine  des 
vaisseaux  de  la  tunique  chez  les  Asci- 
dies simples 600 

—  Noie  accompagnant  la  présentation   du 

troisième  volume  des  «  Archives  de 
Zoologie  expérimentale  » io5G 

—  M .  de  Lacazc-Diiihicrs  est  nom  mé  membre 

de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  pour  le  grand  prix  des  Scien- 
ces physiques  à  décerner  en  1875 8G5 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger 

le  Concours  du  prix  Savigny  pour 
1875 86G 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  lo 

Concours  du  prix  de  Physiologie  expé- 
rimentale pour  1 875 gSo 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Serres  pour  1875. . . .     997 
LAFITTE  adresse  quelques  remarques   sur 
le  rôle  de  la  partie  de  la  corde  du  vio- 
lon comprise  entre   le  chevalet  et  le 

cordier 1287  et  iSgi 

LAGARIGUE  adresse  une  Note  sur  l'emploi 
de  la  vapeur  adaptée  aux  remorqueurs 
servant  à  la  traction  sur  les  canaux. . .  1086 
LA  GOURNERIE  (de).  —  Rapport  sur  un 
Mémoire  de  M.  Halphen,  concernant 
les  points  singuliers  des  courbes  algé- 
briques planes 97 

—  M.  de  La  Goiirnerie  est  nommé  membre 

de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  de  Statistique  de  la 

fondation  Montyon  pour  1875 997 

LAGRANGE  (P.).  —  Note  relative  à  l'ac- 
tion de  l'hydrate  de  baryte  sur  certains 
composés  minéraux  [organiques,  conte- 
nus dans  les  produits  de  la  betterave. . .     397 

—  Action  du  sulfate  d'ammoniaque  dans  la 

culture  de  la  betterave G3i 

LAGUERRE.  —  Sur  un  théorème  de  Géo- 
métrie       822 

—  M.  Lagiterre  est  présenté,  par  la  Section 

de  Géométrie,  comme  candidat  ii  la  place 
laissée  vacante  par  M.  Berliaiid ,  élu 
Secrétaire  perpétuel 979 

—  Sur  quelques  propriétés  des  courbes  algé- 

briques    1218 

LAILLAÙLT  (H.)  adresse  une  Comnmnication 

relative  au  Phylloxéra i258 

LALIMAN  transmet  à  l'Académie  des  graines 

des  trois  meilleures  qualités  de  vignes 

américaines 3o 


MM.  Pages. 

LAMEY  (l'abbé)  adresse  une  observation 

météorologique 1G12 

LANEN.  —  Lettre  sur  la  faune  et  la  flore  de 

File  Kerguelen 1224 

LANGLEY.  —  Sur  la  temi)r''rature  des  di- 
verses régions  du  Soleil.  Les  noyaux 
noirs  des  taches yjG  et    819 

LANTIER  (E.)  adresse  une  Note  sur  un  ap- 
pareil destiné  à  opérer  le  lavage  des 
plaies  à  trajet  profond 1086 

LAPORTE  (F.)  adresse  une  Note  relative  à 
quelques  méthodes  probables  de  Fer- 
mat 110 

L.\RPENT  adresse  une  Note  concernant  ses 
recherches  relatives  à  la  marche  à  contre- 
vapeur G36 

LARREY.  —  M.  Larrey  présente  quelques 
observations  à  propos  d'un  Rapport  de 
W.Gosselin,  sur  le  traitement  des  varices.      86 

—  Remart|ue  relative  à  une  Communication 

de  M.  Ollier,  sur  les  pansements  à  la 
ouate 159 

—  M.  /.«/ver  présente,  de  la  part  de  M.  Ma- 

Iwr,  un  Mémoire  intitulé  :  «  Contribu- 
tion à  la  Statistique  médicale  de  Roche- 
fort  » 1 237 

—  Observations  sur  une  Communication  de 

M.  Passât,  relative  à  trois  observations 
d'accidents  produits  par  la  foudre i4o3 

—  M.    Lnrrey  est  nommé    membre  de  la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du  prix  Barbier  pour  1875 8C5 

—  El  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  pour  le  grand  prix  de  Méde- 
cine et  Chirurgie  à  décerner  en  1875..     865 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  pour  les  prix  de  Médecine  et 
Chirurgie  de  la  fondation  Montyon  à 
décerner  en  1 875 gSo 

LÂSKOWSKI  adresse  un  Mémoire  sur  un 
nouveau  procédé  d'injection.  (En  com- 
mun avec  M.  Brissaiul.) 1 3o4 

LÉARD  (A.)  adresse  deux  Mémoires  sur  la 

télégraphie  optique ■ i346 

LE  BON  adresse  un  Mémoire  sur  l'asphyxio.   i35i 

LE  BRETON  adresse  une  Note  contenant 
l'indication  d'un  procédé  de  destruction 
du  Phylloxéra 3 1 2 

LECAREUX  adresse  une  Note  relative  à  un 

traitement  du  choléra 242 

LECLERC  (A.).  —  Sur  la  germination  de 

l'orge  Chevalier 26 

LECOQ  adresse  ime  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 1227 


1675  ) 


MM.  Pa(;e3. 

LECOQ  DE  BOISBAUDUAN  adresse  ses 
remercîmenis  à  l'Académie  pour  la 
dislinction  dont  ses  travaux  ont  été 
l'objet ji 

—  Sur  l'é(iuilibro  moléculaire  des  solutions 

d'alun  de  chromo  ;  réponse  à  une  Noie 

de  iM .  Cernez 32 1 ,  3g3  et  7G4 

—  Do  l'inégalité   d'action  des  divers    iso- 

morphes sur  une  même  solution  sursa- 
turée      888 

—  Sur  l'inégale  solubilité  des  diverses  faces 

d'un  même  cristal 1007 

—  Sur  la  théorie  de  la  dissolution  et  do  la 

cristallisation i45o 

—  Communication  au  sujet   du   bolide   du 

I  o  février 57G 

LEDIEU  (A.).  —  Du  cycle  fictif  correspon- 
dant au  fonclionnement  des  machines 
thermiques  à  cylindre'  ouvert,  et  mise 
en  évidence  de  ce  cycle  et  du  poids  de 
substance  motrice  formant  le  cor|)S 
travailleur 1040 

—  Sur  la  loi  de  la  détente  pratique, dans  les 

machines  à  vapeur ngg 

—  Conditions  du  maximumde  rendement  ca- 

lorifique des  machines  à  feu 1278 

LEFORT  (J.)  adresse  ses  remercîments  à 
l'Académie  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 3i 

LEHMAN  (E.)  soumet  à  l'Académie  un  sys- 
tème de  bateaux  à  vapeur,  dans  lequel 
la  transmission  de  la  force  se  fait  à  l'aide 
d'une  pompe  agissant  directement  sur 
l'eau 1408 

LEMOINE  (A.)  adresse  une  Communication 

au  sujet  du  bolide  du  10  février 575 

LEMOINE  (G.).  —  Équilibre  chimique  entre 

les  gaz  :  iodo  et  hydrogène 792 

—  Abaissement  probable  du  débit  des  eaux 

courantes  du  bassin  de  la  Seine,  dans 
l'été  et  l'automne  de  1875.  (En  com- 
mun avec  M.  Ed^mml.) 1438 

LEMONNIER.  —  Théorèmes  concernant  les 
équations  qui  ont  des  racines  com- 
munes      ni 

—  Sur  l'élimination.  Calcul  des  fonctions  de 

Sturm  par  des  déterminants a52 

LEROLLE  (L.).  —  Sur  la  place  à  donner  aux 
Gymnospermes  dans  la  classification  na- 
turelle      384 

LE  ROUX  (F. -P.).  -  Sur  les  perceptions 

binauriculaires 1073 

LESCOEUR  (H.).  -  Sur  le  déplacement  ré- 
ciproque des  acides  gras  volatils 5G3 

LESSEPS  (de).  —  Sur  un  projet  de  commu- 
nication entre  la  France  et  l'Angleterre, 
au  moyen  d'un  tunnel  sous-marin i43 

—  Communication  relative  à  la  question  de 


MM. 


l'unification  du  tonnage  des  navires. . . 

Réponse  à  RL  Dapuy  de  Lôme 

Observations  relatives  à  la  Communica- 
tion d'une  Lettre  de  Mmioel  GtxUnho 
lie  Jieredia,  indiquant  la  découverte  de 


Pages. 
422 
42J 


employer  pour   le 


—  Sur  les  méthodes  à 

maintien  dos  ports. 

—  M.  de  Lesseps  fait  hommage  à  l'Acadé- 

mie d'un  ouvrage  intitulé  :  «  Lettres, 
journal  et  documents,  pour  serviràl'his- 
toire  du  canal  de  Suez  » 

—  Observations  relatives  à  une  Communica- 

tion de  M.  Roudaire,  sur  le  projet  d'une 

mer  intérieure  en  Algérie 

LÉTIÉVANT.  —  Une  mention  est  accordée  à 
M.  LétiémrH  ;  Concours  des  prix  de 
Médecine  et  Chirurgie  de  la  fondation 
Montyon 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

LE  VERRIER.  —  Présentation  d'une  nou- 
velle livraison  de  «  l'Atlas  écliptiquc  de 
l'Observatoire  de  Paris  « 

—  Présente  un  exemplaire  du   «  Nautical 

Almanac  »  pour  l'année  1878,  publié 
par  M .  Hind 

—  Observations  relatives  à  la  discussion  des 

observations  du  passage  de  Vénus 

—  Observations  méridiennes  des  petites  jila- 

nètcs,  faites  à  l'Observatoire  de  Green- 
wich  (  transmises  par  l'astronome  royal, 
M.  G.-B.  Airy)  et  à  l'Observatoire  de 
Paris,  pendant  le  quatrième  trimestre 
de  l'année  1874 

—  Expose  à  l'Académie  la  nouvelle  organi- 

sation du  service  météorologique  des 
ports. .    

—  Observations  méridiennes  des  jietites  pla- 

nètes, faites  à  l'Observatoire  de  Green- 
wicli  (transmises  par  l'astronome  royal, 
M.  G.-B.  Airy)  et  à  l'Observatoire  de 
Paris,  pendant  le  premier  trimestre  de 
l'année  1 875 

—  Observations  de  la  Lune,  faites  aux  in- 

struments méridiens  île  l'Observatoire 
de  Paris  pendant  l'année  1874 

—  Découverte  des  petites  planètes  (14  i)  et 

(145),  faites  à  Clinton  (Nevv-Vork),  par 
M.  Peters 

—  Découverte   de  la  petite  planète  (14^), 

faite  à  Marseille  par  M.  Borrclly 

—  Sur  les  travaux  en  voie  d'exécution  à 

l'Observatoire 

—  M.  Le  l'enter  est  nommé  membriî  de  la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du   prix  Lalande    (Astronomie) 

pour  1875 

LEVY  (M.\URiciî).  —  Note  sur  la  théorie 


744 
io5i 

1375 
iSgG 


■493 
■Sgg 


28g 

2go 
2go 


449 
538 


1242 
I2G5 

i4i3 
i4i3 
i547 

787 


(  '676  ) 


MM. 

des  poutres  droites  continues.  ; . . . 

LEYJIERIE.  —  Observations  sur  une  Note 
de  M.  Trutat,  relative  à  un  dé(iôt  plio- 
cène des  Pyrénées-Orientales 

L'HOTE  (L.).  —  Sur  la  présence  du  cuivre 
dans  l'organisme.  (En  commun  avec 
M.  JScrgero/i .) 

—  Adresse  un  Mémoire  sur  les  empoisonne- 

ments lents  par  les  poisons  métalliques. 

LIAIS  (Emm.)  adresse  une  Note  sur  la  paral- 
laxe du  Soleil 

LICIITENSTEIX  (.1.).  —  Rectification  à  une 
Note  précédente,  concernant  l'espèce  de 
Phyllo.xera  observée  à  Vienne  par  Kol- 
lar 

—  Adresse   une   Note     sur   l'Insecte    que 

M.  Holzner  a  signalé  sur  les  racines  de 
VAbies  balsamca  et  de  \ Abiex  Frascri. 

—  Observations  sur  les  divers  Phylloxéras. 
^  Sur  les    migrations  du    Phylloxéra   du 

chêne 

LIMOUSIN  adresse  une  Communication  re- 
lative à  la  catastrophe  du  ballon  lc7.é- 
nith 

LIOUVILLE. — M.  Lioiwille  est  nommé  mem- 
bre de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  Concours  du  prix  Lalande  (Astrono- 
mie), pour  1875 

LISSAJOUS  (J.)  adresse  ses  remercîments  à 
l'Académie  pour  !a  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 

LOCIvYER  (N.).  —  Lettre  à  M.  Dumas  con- 
cernant les  préparatifs  de  l'expédition 
envoyée  par  la  Société  royale  de  Lon- 
dres, pour  l'observation  de  la  prochaine 
éclipse  totale  du  Soleil 

LŒWy.  —  M.  i(r«'_r est  nommé  membre  de 
la  Commission  chargée  de  juger  le  Con- 


Pages 
749 


124G 

a68 
i352 
1407 

386 


1022 
1220 

l302 


1086 

78; 

3i3 

25l 


MM.  Pages. 

cours  du  prix  Lalande  (Astronomie) 
pour  1 875 787 

LONTIN  (D.)  adresse  une  Note  concernant 
les  perfectionnements  apportés  par  lui 

aux  machines  dynamo-électriques 

164  et    242 

LORIN.  —  Nouveau  mode  de  préparation  de 
l'acide  formique  très-concentré,  et  d'un 
alcool  polyatomique , 1328 

LOUA.  —  Une  mention  honorable  est  accor- 
dée à  M.  Loua;  Concours  du  prix  de 
statistique  (fondation  Montyon) 7474 

LOUGUININE  (  W.).  -  Études  des  quantités 
de  chaleur  dégagées  dans  la  formation 
des  sels  de  potasse  de  quelques  acides 
de  la  série  grasse 568 

—  Sur  les  quantités  de   chaleur  dégagées 

dans  la  décomposition  des  chlorures  de 
quelques  acides  de  la  série  grasse 667 

—  Étude  des  quantités  de  chaleur  dégagées 

dans  la  décomposition  par  l'eau  des 
bromures  de  quelques  acides  de  la  série 
grasse 973 

LOWE.  —  Psychromètre  évitant  tout  calcul, 

dit  hrgrodeik 572 

LUCAS  (  F.)  adresse  ses  remercîments  à  l'A- 
cadémie, pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 3i 

LUNIER.  —  Une  citation  honorable  est 
accordée  à  M.  LunU-r;  Concours  de 
Médecine  et  Chirurgie  de  la  fondation 
Montyon 1493 

LUYNES  (V.  de).  —  Note  sur  le  pouvoir 
rotatoire  du  sucre  cristallisable,  et  sur 
la  prise  d'essai  des  sucres  soumis  à 
l'analyse  polarimétrique.  (En  commun 
avec  M.  J.  Girard.) i354 


M 


MACARIO.  —  De  l'emploi  de  l'électricité 
dans  l'iléus,  [dans  l'hydrocèle  et  dans  la 
paralysie  de  la  vessie 556 

MAILLARD  adresse  un  Mémoire  relatif  à  un 

traitement  du  choléra. .. .     3i3,  4i^2  et    8o3 

MALASSEZ.  —  Un  prix  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie, de  la  fondation  Montyon,  est  dé- 
cerné à  M.  Malassez 1 493 

MALLIGAND.  —  Appareil  ;\  titrer  l'alcool  des 
vins.  (Rapport  sur  cet  appareil,  M.  P. 
Theimrd  rapporteur.) 1 1 14 

MANGIN  demande  l'ouverture  d'un  pli  ca- 
cheté déposé  par  lui  le  i4  juillet  1874.  1597 

MANGOT  adresse  une  Note  relative  aux  cau- 
ses de  rupture  des  essieux,  et  en  géné- 
ral des  pièces  de  fer  soumises   à  des 


vibrations  répétées 280 

MANNIIEIM  adresse  ses  remercîments  à 
l'Académie,  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet 1 10 

—  Solutions  géométriques  de  quelques  pro- 

blèmes relatifs  à  la  théorie  des  surfaces, 
qui  dépendent  des  infiniment  petits  du 
troisième  ordre 54 1  et    619 

—  Note  à  l'occasion  d'une  Conunuuication 

faite  par  M.  Ribaucour 725 

—  M.  viyrt//w/(c7/«  est  présenté  parla  Section 

de  Géométrie,  comme  candidat  à  la  place 
laissée  vacante    par  M.  Bertrand,  élu 

Secrétaire  perpétuel 979 

MAQUENNE.  —  Recherches  sur  le  pouvoir 

émissif  des  feuilles i357 


MM.  » 

MARCHAND  adresse  une  Communication  re- 
lative au  Pliylloxera 1227 

MARCHAND  (  E.)  adresse  un  Mémoire  ayant 
pour  objet  une  étude  de  la  force  chi- 
mique du  Soleil i3î9 

JÏARÈS.  —  Sur  les  résultats  des  expériences 
faites  par  la  Commission  de  la  maladie 
de  la  vigne  du  département  do  l'Hé- 
rault, en  1874.  Traitement  des  vignes 
malades 1044 

MAREY  adresse  ses  remerciments  à  l'Acadé- 
mie, pour  la  distinction  dont  ses  travaux 
ont  été  l'objet 3i 

—  Sur  la  pulsation  du  cœur i85 

MARIE  (Max.).  —  Classilication  des  inté- 
grales cubatrices  des  volumes  terminés 

par  des  surfaces  algébriques.  Définition 
géométrique  des  surfaces  capables  de 
cubature  algébrique 767 

—  Relation  entre  les  m  périodes  cycliques 

de  la  quadratrice  d'une  courbe  algébri- 
que de  degré  m 872 

ftL\.RINOWITCH  demande  l'autorisation  do 
retirer  deux  Mémoires  sur  lesquels  il 
n'a  point  été  fait  de  Rapport i45C 

MARRJN  (A. -F.).  —  Sur  les  espèces  médi- 
terranéennes du  genre  Eusyllis 498 

—  Révision  des  Nématoïdes    du   golfe   de 

Marseille 499 

—  Anatomie   d'un    type    remarquable    du 

groupe  des  Némertiens  (  Dr-epanophorus 
spectdbil/s) 893 

MARQUES  (J.-A.)  adresse  l'observation  d'un 
cas  de  guérison  d'un  anévrisme  de  la 
carotide  externe  droite,  parla  compres- 
sion digitale 3 12 

MARTHÂ-BECKER  adresse  une  Note  com- 
plémentaire sur  l'éther  et  l'origine  de 
la  matière 109 

MARTIN  SAINT- ANGE  (G.-J.)  adresse,  pour 
le  Concours  du  prix  Serres,  un  Mémoire 
intitulé  :  «  Recherches  anatomiques, 
physiologiques  et  pathologiques  sur  l'œuf 
humain,  dans  ses  rapports  avec  les  ma- 
ladies du  fœtus  « 1257 

MARTLN  DE  BRETTES.  —Explication  delà 
trajectoire  du  bolide  observé  le  10  fé- 
vrier 1 875 C84 

MARTINS  (Ch.).  —  Sur  un  mode  particulier 
d'excrétion  de  la  gomme  arabique  pro- 
duite par  y  Acacia  Verck  du  Sénégal. . .     607 

MASCART  adresse  ses  remerciments  à  l'Aca- 
démie pour  la  distinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet 3i 

MATHIEU.  —  Sa  mort  arrivée  le  5  mars  est 

annoncée  à  l'Académie 58r 

M.\TI1IEU  (E.).  —  Prie  l'Académie  de  le 
comprendre  parmi  les  candidats  à  la 


(   >^>77  ) 

âges 


MM.  Pages, 
place  laissée  vacante,  dans  la  Section 
de  Géométrie,   par  la    nomination    de 
M.  Bertrand  aux  fondions  de  Secré- 
taire perpétuel 3i 

—  Mémoire  sur  des  formules  de  perturba- 

tion      G27  et  1216 

—  Mémoire  sur  le  mouvement  de  rotation 

de  la  Terre 1 582 

MAUMENÉ  (E.-J.).  -  Sur  les  bronzes  du 

.lapon I  oog 

—  Note  sur  l'acide  dextrogyre  du  vin 1026 

—  Études  sur  le  sucre  inverti nSg 

-  Adresse    une  Note  relative   à   la  prise 

d'essai  habituelle  des  sucres 1 455 

—  Adresse  une  description  et  un  dessin  de' 

sa  burette  perfectionnée iGiG 

—  Observations  sur  la  nouvelle  source  de 

magnétisme  signalée  par  M.  Tummasi .  ii38 
MAXIMÔWITCH  (  \V.  de)  adresse  un  Mé- 
moire portant  pour  titre:  «  Réduction 
des  équations  aux  dérivées  partielles  à 
des  équations  différentielles  ordinaires  î). 
I 10  et  241 

—  Adresse  une  théorie  de  l'intégration  des 

équations  aux  dérivées  partielles  du  se- 
cond ordre 558 

MAYENÇON  adresse  ses  remerciments  à  l'A- 
cadémie pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'objet iio 

MAYET  prie  l'Académie  de  comprendre, 
parmi  les  ouvrages  présentés  pour  le 
prix  de  Statistique  (fondation  Mon- 
tyon),  sa  «  Statistique  des  services  de 
Médecine  des  hôpitaux  de  Lyon  n 9G1 

MAZADE  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 1 154 

MÉGNIN.  —  Sur  l'organisation  et  la  classifi- 
cation naturelle  des  Acariens  de  la  fa- 
mille des  Gamasides 1 335 

—  Prie  l'Académie  de  comprendre  ce  travail 

parmi  les  Mémoires  admis  à  concourir 
pour  le  prix  Thore 1392 

MÉHU.—  Un  prix  de  Médecine  et  Chirurgie, 
de  la  fondation  Montyon,  est  décerné  à 
M.  Mélm 1493 

MELSENS.  —  Étude  des  décharges  élec- 
triques dans  les  fils  métalliques  uns. . . . 

MENDES-LEAL  (M.  J.  da  Silva  ) ,  Mi- 
nistre du  Portugal,  adresse  à  l'.Vcadé- 
mie  une  Lettre  originale  de  Mnnod  Go- 
dinho  de  Heredici,  indiquant  la  décou- 
verte de  l'Australie  par  les  Portugais. 

MÈNE  (Ch.).  —  Analyse  du  charbon  minéral 
de  l'ile  Suderoë.  (En  commun  avec 
M.   Beg/ii/i.) 1 4o4 

MENIER.  —  Sur  la  pulvérisation  des  engrais 
et  sur  les  meilleurs  moyens  d'accroître 
la  fertilité  des  terres 807 


i584 


7-(3 


mi.  Pagtfs. 

MÉHAY  (Cn.).  —  Sur  l'existence  des  inté- 
grales d'un  système  quelconque  d'équa- 
tions dillerentielles,  comprenant  comme 
cas  très-restreint  les  équations  dites  nii.v 
dérivées  partielles 38g  et     444 

MERLO  adresse  une  Communication  relative 

au  Phylloxéra 1 349 

MERMÉ  (de).  —  Sur  un  nouveau  corps 
qu'on  trouve  dans  l'urine  après  l'injec- 
tion d'hydrate  de  cliloral.  (En  commun 
avec  M.  MksciiIus.) oSg 

MESTRE  (P.-P.)  adresse  une  Note  relative 
à  un  procédé  de  destruction  du  Phyl- 
loxéra, par  l'ensablement 558 

MEUNIER  (Stan.).  —  Sur  les  puits  naturels 

du  calcaire  grossier 797 

MEURICE  (E.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 1022 

MIALHE  adresse  un  Mémoire  intitulé:  «  Re- 
cherches sur  la  digestion,  l'assimilation 
et.l'oxydation  organique  ou  vitale  «...   1226 

MICÂRD  (A.)  adresse  une  Note  sur  les 
images  accidentelles  et  les  couleurs 
complémentaires 3i 

MICHAL.  —  IMéraoire  sur  la  «  détermi- 
nation du  résultat  de  plusieurs  obser- 
vations; mesure  de  la  précision  du 
résultat  » 63G 

MICHAUD  (F.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 1 3o4 

MICHEL   (J.)  adresse  une    Communication 

relative  au  Phylloxéra 11 54 

MLNISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES 
(M.  le)  transmet  à  l'Académie  quel- 
ques documents  qui  lui  sont  adressés 
par  M.  le  Consul  de  France  à  l'ile 
Maurice,  sur  les  résultats  obtenus  par 
lord  Lindsay  dans  l'observation  du  pas- 
sage de  Vénus i65 

—  Transmet  à  l'Académie  des  documents 

qui  lui  sont  adressés  par  M.  le  Consul 
de  France  à  Marseille,  sur  l'observation 
du  passage  de  Vénus 243 

—  Transmet  à   l'Académie  la  copie  d'une 

Lettre  adressée  par  M.  Jansscn  à  M.  le 
Ministre  de  France  au  Japon,  pour  lui 
faire  part  du  résultat  de  ses  observa- 
tions sur  le  passage  de  Vénus 558 

—  Transmet  à  l'Académie  une  Lettre  annon- 

çant l'arrivée,  à  Table-Bay,  des  membres 
de  la  Commission  chargée,  parle  gouver- 
nement des  États-Unis,  d'observer,  aux 
îles  Kerguelen,  le  passage  do  Vénus  sur 
le  Soleil 8o3 

—  Adresse  trois  cents  exemplaires  des  pro- 

cès-verbaux de  la  Conférence  diploma- 
tique du  mètre 1 598 

MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE  ET  DU  COM- 


MM.  Payes. 

MERCE  (M.  le).  —  Lettre  appelant 
l'attention  de  l'Académie  sur  les  mesures 
qu'il  pourrait  être  opportun  de  prendre 
pour  prévenir  l'invasion  en  France  de 
la  mouche  Dorypiiora,  qui  attaque  les 
jilati  ta  tiens  de  pommes  de  terre  aux 
États-Unis i65 

—  Annonce  à  l'Académie  qu'il  met  à  sa  dis- 

position une  nouvelle  somme  pour  les 
expériences  relatives  au  Phylloxéra. . . .  242 
MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (M.  le)  informe 
l'Académie  que  MM.  C/uisles  et  Ftiye 
sont  désignés  pour  faire  partie  du  Con- 
seil de  perfectionnement  de  l'École 
Polytechnique  pendant  l'année  1875. ..     iG5 

—  Adresse  le  tome  XXX  (3°  série)  du  «  Re- 

cueil des  Mémoires  do  Médecine  de 
Chirurgie  et  de  Pharmacie  militaires  » .     9C2 

—  Adresse  un  projet  de  poudrières  souter- 

raines munies  de  cheminées 11 53 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
(M.  le)  adresse  l'ampliation  du  décret 
par  lequel  le  Président  de  la  République 
approuve  l'élection  de  M.  du  Moncel  à 
la  place  d'Académicien  libre,  en  rempla- 
cement de  feu  M.  Rouliii ig 

—  Invite   l'Académie   à  lui  présenter   une 

liste  de  candidats  pour  la  chaire  d'His- 
toire naturelle  des  corps  inorganiques, 
laissée  vacante  au  Collège  de  France  par 
la  mort  de  M.  Èiie  de  Bemanont 1 10 

—  Adresse    l'ampliation    d'un   décret    qui 

autorise  l'Académie  à  recevoir  la  dona- 
tion qui  lui  a  été  faite  par  M"""  Fah. . .     3i3 

—  Adresse  l'ampliation  d'un  décret  auto- 

risant l'Académie  à  accepter  le  legs  de 
25oo  francs  de  rente,  qui  lui  a  été  fait 
par  M.  CI.  Ce/),  pour  la  fondation  d'un 
prix  annuel  de  Géographie  physii|ue. . .     43/ 

—  Autorise  l'Académie  à  prélever  diverses 

sommes  sur  les  reliquats  disponibles  de 

la  fondation  Montyon 437 

—  Adresse  un  projet  de  médaille  commémo- 

rative  du  passage  de  Vénus  sur  le 
Soleil 637 

—  Adresse  l'ampliation  du  décret  par  lequel 

le  Président  de  la  République  approuve 
l'élection  de  M.  Bouquet  à  la  place 
laissée  vacante,  dans  la  Section  de  Géo- 
métrie, par  la  nomination  de  M.  Ber- 
trand aux  fonctions  de  Secrétaire  per- 
pétuel      1037 

—  Transmet   une   Noie  de  M.   O.  t'anvert 

relative  au  Phylloxéra :o8G 

—  Transmet  une  Lettre  de  M.  Lanen  sur  la 

faune  do  l'île  Kerguelen 1224 

—  Invite  l'Académie  à  lui  présenter,  pour  le 

Conseil  supérieur  des  Beaux-Arts,  un  can- 


(  1679  ) 


MAI.  Panes, 

didal  choisi  parmi  ceux  de  ses  Membres 
qui  s'occuiient  do  Cliimit' 1 3o5 

MIMSTRIi  DE  LA  MARINE  ET  DES  COLO- 
NIES (M.  le).  —  Lettre  à  M.  le  Pré- 
sident au  sujet  du  prix  de  Statistique 
qui  a  été  accordé  à  la  «  Revue  maritime 
et  coloniale  » 3 1 

MLNISTRE  DES  TRAVAUX  PUBLICS  {M.  le) 
adresse  un  exemplaire  du  Rapport  de  la 
Commission  chargée  de  proposer  les 
mesures  à  prendre  pour  remédier  à 
l'infection  do  la  Seine  aux  environs  de 
Paris G38 

—  Adresse   un  exemplaire  du  Rapport  de 

M.  Il(-l:^rr//ii/,  contenant  le  résumé  des 
observations  faites  pour  le  service  hy(ho- 
métrique  du  bassin  de  la  Seine  en  1S73.     8o3 

—  Adresse  un  exemplaire  de  la  carte  hydro- 

logique du  département  de  Seine-et- 
Marne,  par  M.  Dclesse ijGi 

MOLINS  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 743 

MOLL(F.)  indique  l'emploi  d'une  solu- 
tion composée  de  savon  mou  et  de 
goudron  de  houille,  contre  les  dévas- 
tations des  larves  des  hannetons  et  des 
limaces 1349 

MOLON  (de)  rappelle  les  observations  qu'il 
avait  publiées  sur  la  nécessite  de  la  divi- 
sion des  nodules  de  phosphate  de  chaux, 
pour  rendre  leur  emploi  elTicace  on 
Agriculture 802 

MONCOQ.  —  Une  citation  honorable  est  ac- 
cordée à  M.  Mnncoq  ;  Concours  de  Mé- 
decine et  Chirurgie  do  la  fondation 
Jlonlyon 1493 

MONOYER.  —  Nouvelle  formule  destinée  à 
calculer  la  force  réfringente  ou  le  numéro 
des  lunettes  de  presbyte 919 

—  Sur  un  ophtlialmoscope  à  trois  observa- 

teurs       g6'2 

—  Échelle  typographique  décimale,  pour  me- 

surer l'acuité  de  la  vue 1 1 3; 

MOREAU  (A.).—  Sur  la  vessie  natatoire  du 
Caranx  Iraclninis,  et  sur  la  fonction  hy- 
drostatique de  cet  organe r247 

MOREL  (E.)  adresse  une  Communication  re- 
lative au  Phylloxéra 1 1 J4 

MORICE(A.).  —  Surleshabiludesd'un  remar- 
quable serpent  delaCoc!iini_liine  :  \' Hci- 
jiclon  icnlacidatwn vi^ 

MORIN  (le  général).  —  M.  le  général  Movin 
présente  diverses  livraisons  de  la  «  Re- 
vue d'Artillerie  » 

G5,  4o3,  5o3,  922,  i3i3  et  iCi4 

—  Présente  les  feuilles  IV  et  VII  de  la  carte 

de  France  au  j-j^ôôtti  dressée  au  Dépôt 

des  fortifications iGi4 

C.  li.,  1875,  \"  &ci:ie.>i,e.  (T.  L\.S.X.) 


MM.  Puges. 

—  M.  Morin  est  nommé  membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  juger  le  Concours 
pour  le  prix  de  Mécanique  (fondation 
Montvon)  pour  187.5 787 

—  Et  de  la  Commis.'-ion   chargée  de  juger 

le  Concours  du  prix  Fourneyron  pour 
1875 7!^7 

—  El  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  de  Statistique  de  la  fon- 
dation Monlyon  pour  1 870 997 

—  El  de  la  Commission  chargée  déjuger  le 

Concours  du  prix  Gegner  pour  1875...     999 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  présenter 

une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  à  décerner  en 
187G io")9 

—  M.  le  général  Murin  est  adjoint  à  la  Com- 

mission nommée  pour  l'examen  du  pro- 
jet de  poudrières  souterraines  munies  de 
cheminées 1 227 

JIÛRIN  (J.)  —  Sur  un  nouveau  galvanoscoyc 

éleclro-médical 74  i 

MORNAUD  (A.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 8o3  et  1227 

MOSC.\  adresse  une  Communication  relative 

au  Phylloxéra iG5 

MOUCHEZ  adresse  le  résumé  des  obseï  va- 
lions effectuées  à  l'île  Saint-Paul J83 

—  Réponse  à  M.  le  Président,  au  retour  de 

cette  expédition G12 

—  Objervalion  du  passage  de  Vénus  à  l'ile 

Saint-Paul.  Phénomènes  opticiucs  obser- 
vés aux  environs  des  contacts G12 

—  Position  géographique  de  l'ile  Saint  Paul.   iZcji 

—  Un  prix  d'.\slroriOuiie  (fondation  Lalande) 

est  décerné  à  SI.  Mouchez 1 473 

—  M.  Mouchez  adresse  ses  remerciments  à 

l'Académie i  J99 

MÛUILLEFERT.  -  Origine  du  Phylloxéra  à 

Cognac 1 344 

MOURCOU  adresse  ses  remerciments  à  l'Aca- 
démie, pour  là  distinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet 3i 

MOURGUÈS  adresse  une  Communication  re- 
lative au  Phylloxéra 1022 

MOUTARD.  —  Note  sur  les  équations  dilTé- 

rentielles  linéaiies  du  second  ordre 72g 

—  M.  Moulard  est  présenté,  par  la  Section 

de  Géométrie,  comme  candidat  à  la  place 
lais.-ée  vacante  \yàï}A.Bcrtn:nd,  élu  Se- 
crétaire perpétuel 979 

MOUTIER  (J.).- Sur  l'expression  du  tra- 
vail relatif  à  une  Iransfunuation  élémen- 
taire        4" 

MUNTZ.  —  Recherches  sur  les  fonctions  des 

Champignons i;'' 

—  Sur  les  ferments  chimiques  et  physiolo- 

giques     '  iJ" 

219 


MM. 

MUSCULUS.  —  Sur  un  nouveau  corps  qu'on 
lrou\  e  dans  l'urine  après  l'injection  d'iiy- 


(    1680 

Pages. 


MM.  l>ages 

drale    de   cliloral.   (En  commun   avec 
M .  de  Mcniié.  ) 


9^'J 


N 


NACIIET  (.\.).  —  Sur  un  nouveau  jirocédé 
pour  cora[iler  les  globules  du  sang.  (En 
commun  avec  M.  6'.  Hrncin.) io83 

NANSOT  (E.)  adresse  une  Communication 

relati\e  au  Pliyllo.'iera 3o 

>\ETTER  (.4.)  adresse  ses  remerciments  à 
l'Académie,  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  été  l'olijet • . . . .     110 

—  Adresse  une  Note  relative  à  l'injection  de 

l'eau  dans  la  cavité  péritonéale,  comme 
traitement  de  la  ])éritonite CSj 

—  Adresse  une  Note  sur  la  cause  de  certains 

insuccès  signalés   avec   l'emploi   de  la 


jioudrc  do  camphre  dans  la  pourriture 
d'hôpital itiiG 

NEYIŒNEUF.  —  Sur  la  lumière  stratiûée. .     1  iS 
—  Sur  la  combustion  des  mélanges  déto- 
nants      335  et     G85 

NIEWENGLOWSKI  (B.).  —  Sur  les  courbes 
d'ordre  «  à  un  point  multiple  d'ordre 
n  —  i 1 0G7 

NODEY  adresse  une  Communication  relative 

au  rhyllo,\era 902 

NOIi.M.iND  (J.-A)  adresse  une  Note  «  Sur  une 
double  occultation  d'étoiles  par  Jupiter, 
p.?ndant  l'opposition  de  1875  » 00 


o 


OLLIEII  présente  cpielques  remarques  à  pro- 
pos d'un  Rapport  de  M.  Gosscli/i 80 

—  Pansements  à  la  ouate  et  occlusion  ina- 
movible      i54 

OLLIVIER  (A.)  adresse  ses  remerciments  à 
l'Académie,  pour  la  distinction  dont  ses 
travaux  ont  et j  l'objet '.>43 

OMALIUS  D'HALLOY  (o'j.-Samort, arrivée 


le  1 5  janvier,  est  annoncée  à  l'Académie,  lâg 
ORÉ.  —  La  neutralisation  de  l'acidité  do 
l'hydrate  de  chlorul  jiar  le  carbonate  de 
soude  relaide  la  coai;ulation,  en  con- 
servant les  propriétés  physiologiques. 
Trois  nou\eaux  faits  d'auesthésie  chez 
riiouuue i(j9 


PAGN'OUL.  —  Sur  le  rôle  exercé  par  les  sels 
alcalins,  sur  la  végétation  de  la  betterave 
et  de  la  po.iime  de  terre 1010 

PAILLARD  (L.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 1238 

PALIS.\.  —   Éléments  de  la  planète  (i43) 

ylilriii Ii56 

PAyUELLN  adresse  une  analyse  comparative 
des  sangs  artériel  et  veineux,  au  point 
de  vue  de  leur  constitution  ndnérale. 
(  En  commun  avec  iM.  Jolly.  ) 1597 

PARIS.  —  SI.  l'amiral  Paris  est  élu  Vice- 
Président  pour  l'année  1875 14 

—  M.  Paris  est  nommé  membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  juger  le  Concours 

du  prix  Plumey  pour  1876 787 

PASSOT.  —  Trois  observations  d'accidents 

produits  par  la  foudre 1402 

PASTEUR.—  Observations  verbales,  présen- 
tées à  l'occasion  d'un  Rapport  de  M.  Gos- 
selin 87 

—  Nouvelles  observations  sur  la  nature  de 

la  fernienlaliou  alcoolique 45^ 


PAULET  (Max.).—  Sur  la  décomposition  et 

la  conservation  des  bois 2,3 

PÉ.4N  adresse  ses  remerciments  à  l'Académie, 
]iour  la  distinction  dont  ses  travaux  ont 
été  l'objet 110 

PEAUCELLIER  adresse,  iiour  le  Concours  du 
prix  Poncelet,  un  Mémoire  sur  l'appli- 
cation des  sysicmes  articulés,  dits  u  à 
liaison  complète  »,  aux  Arts  et  aux 
Sciences  d'observation 802 

—  Le  prix   do  Mécanique,  fondation  Mon- 

tyon,  est  décerné  à  M.  Pciiiucliicr.  ...    1470 
PEDRO  (S.  M.  don),  empereur  du  Brésil,  est 
nommé  Correspondant  pour  la  Section 
de  Géographie  et  Navigation,  en  rem- 
placement de  feu  l'amiral  JVran^^dl. . .     540 

—  Télégramme  exprimant  à  l'Académie  sa 

reconnaissance 54 1 

—  Lettre  à  M.\l.  les  Secrétaires  perpétuels.    iii3 
PELIGOT  (E.).  —  Sur  les  matières  salines 

que  la  betterave  à  sucre  emprunte  au 

sol  et  aux  engrais i33 

—  Remarques  sur  les  substances  minérales 


(  i68i  ) 


gji 


99G 


1014 


i588 


MM.  Pa(»es. 

cnntpnups  dans  le  jus  de  betteraves,  et 

sur  In  potasse  qu'on  en  extrait 219 

—  M.    Peligot  est  nommé  membre   do  la 

Commission  ciiargéo  do  juger  le  Con- 
cours peur  le  prix  des  Arts  insalubres 
de  la  fondation  Afontyon  (année  1875). 

—  Et  de  la  Commission  chari;éc  de  juger  le 

Concours  du  [)rixLacaze  (Chimie)  pour 

1S75 

PELLAUIN  (Cii.).  —  Une  récompense  est 
accordée  à  M.  Pcllarin,  Concours  du 
l^rix  Bréant i  .ïgt) 

—  Adresse  ses  remerciments  à  l'Académie.  1490 
PELLET  (II.).  —  De  la  décomposition  de  la 

liqueur  do  Fehling;  dosage  du  glucose 
en  présence  du  sucre.  (En  commun  avec 
JI.  P.  Champion .  ) i  S 1 

—  De  l'équivalence  des  alcalis  dans  la  bet- 

terave. (En  commun  avec  M.  P.  Clmm- 
pion .  ) 

—  Équivalence  chimique  des  alcalis  dans  les 

cendres  de  divers  végétaux.  (En  com- 
mun avec  M.  P.  Champion.) 

—  Fait  connaître  les  bons  effets  qu'il  a  ob- 

tenus, dans  le  traitement  de  la  vigne, 
do  l'emploi  du  sulfure  de  potassium  et 
du  sulfure  d'ammoniaque,  mêlés  à  la 
cendre  de  bois  de  sarments 122C 

PELLETRAU.  —  Communication  relative  au 

Phylloxéra 902 

PENAUD  (A.).  —  Une  récompense  est  ac- 
cordée à  ^\.A.  Pcnaiit/.  {Grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  ;  théorie  ma- 
Ihématique  du  vol  des  oiseaux.) 

PEPIN.  —  Sur  les  résidus  de  septième  puis 

sauce 811 

PERET  (A.)  adresse  une  Communication  re- 
lative au  Phylloxéra 159G 

PERRET  (M.)  adresse   une  Communication 

relative  au  Phylloxéra i258 

PERIUER  (En.M.).  —  Sur  un  nouveau  type 
inlermédiaire  du  sous-embranchement 
des  Vers  [Potrgnrcliiis?  Schneider)  ...    i  loi 

PERIUN  (A.)  adresse  une  réclamation  de 
priorité,  relative  à  l'emploi  des  électro- 
aimants par  M.   Cnmacho 1226 

PERRiS  adresse  une  Communication  relative 

au  Phylloxéra 1227 

PERROTIN.  —  Note  com])renant  des  élé- 
ments et  une  éphéméride  de  la  planète 
(  1 38  ) .  Tolnsii 1 1 5- 

PESI.IN  (H.).  -  Théorie  dos  tempêtes;  ré- 
ponses à  M. /^njr.  .   65G,  giS,   1023  et  1228 

—  Sur  la  loi  des  variations  diurnes  et  an- 

nuelles de  la  température  dans  le  sol . 
PETER .  —  Une  mention  est  accordée  à  XI.  Pc 
ter;  Concours  des  prix  de  Médecine  et 
Chirurgie  do  la  fondation  Montyou 1493 


1464 


logo 


MM.  Papes. 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académio.   iSgg 
PETION  (E.)  adres.se  uno  Noie  dans  laquelle 

il  propose  un  nouveau  moyen  pour  la 
conservation  des  bois 9(1 1 

PETIT  (  L.)  adres.-c  diverses  Communications 

relatives  au  Phylloxéra 3()  et  1  i.li 

PETREQUIX  adresse  trois  brochures  et  uno 
Note  sur  l'application  de  la  galvano- 
punctureau  trailemcnt  des  anévrismes.     902 

PEVRAS  adresse  une  Note  relative  à  l'emploi 
des  fumigations  pour  combattre  les 
épizooties 387 

—  Adresse    imc  Commimicaliun  relative  au 

Phylloxéra 4"* 

PIIILIPE.VU.  —  Expériences  montrant  que 
les  mamelons  extirpés  sur  de  jeunes 
Cochons  d'Inde  ne  se  régénèrent  point.  402 
PHILLIPS.  —  M.  Phillipt  est  nommé  mem- 
bre de  la  Commission  chargée  do  juger 
le  Concours  du  prix  Poncelet  pour  1873.     787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  do  Mécanique  (fon- 
dation Monlyon  )  pour  1875 787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  déjuger  le 

Concours  du  prix  Fourneyron  pour  1875.     778 

PICARD  (A.)  adresse  un  Mémoire  sur  une 
«  Nouvelle  méthode  pour  établir  les  équa- 
tions de  l'élasticité  d'un  corps  solide  »  .     43<> 

PINART  (Ai,pii.-L.).  —  Note  sur  un  abri- 
sépulture  des  anciens  Aléoutes  d'.\k- 
nanh,  île  d'Ounga,  archipel  Shumagin 
(Alaska) io32 

PINCHON  (A.).  —  Sur  une  nouvelle  burette 

pour  les  essais  volumétriques 573 

PL.\C1INER  (F.)  adresse  une  Communica- 
tion relative  au  PhvUoxera 1022 

PLANTÉ  (G.).  —  Recherches  sur  les  phé- 
nomènes produits,  dans  les  liquides,  par 
des  courants  électric[ues  de  haute  ten- 
sion      II 33 

PO.MEL.  —  Il  n'y  a  point  eu  de  mer  inté- 
rieure au  Sahara 1 342 

PONCELET  (M™  V).  —  Lettre  par  laquelle 
M""  Poncelet  fait  connaître  à  l'Acadé- 
mie son  désir  de  joindre  au  prix  Pon- 
celet un  exemplaire  des  OEiivrcs  du  Gé- 
néral      1 1 1 4 

PONOMAREFF  (J.).  --  Noie  sur  la  thiam- 
méline,  nouveau  dérivé  du  persulfocya- 
nogeue 1 384 

POTIER  adresse  une  Communicalion  relalive 

au  Phylloxéra ,  1022 

—  .\dresse  uno  Note  sur  les  causes  de  la 

démolition  si  fréip-iente  des  jetées  ma- 
ritimes     1 3 1  .-> 

POUCIIET  adresse  nu  .Mémoire  sur  le  déve- 

lop[)ement  du  squelette 1 3;)2 

POUPELLE  adresse  une  Noie  relalive  à  un 

219.. 


i682  ) 


MM.  r 

système  d'avertisseurs  électriques,  des- 
tinés à  prévenir  les  rencontres  de  deux 
trains  cheminant  sur  une  même  voie 
ferrée 

TRÉSIDENT  (M.  le).  Voir  Frcmv. 

PRÉSIDENT  DE  L  INSTITUT  (M."  le)  invite 
l'Académie  à  désigner  l'un  de  ses  Mem- 
bres pour  la  représenter  comme  lecteur 
dans  la  prochaine  séance  trimestrielle. 

PRILLIEUX  (  Eu.).  —  Tumeurs  produites  sur 
des  pommiers  par  le  Puceron  lanigère. . 

PRUNIER.  —  Action  du  chlore  sur  l'élher 
isobutyliodliydrique 

PUUNNEAUD  adresse  une  Communication 
relative  au  Phylloxéra 

PUISEUX.  — Remarque  sur  un  passage  d'une 
Lettre  do  M.  Cc/iorc/ii 

—  Comparaison  des  premières  observations 

du  passage  de  Vénus 

—  M.  Piii.setix  est  nommé  membre  de   la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours pour  le  grand  pri.K  des  Sciences 


igcs. 


585 
896 
iCo3 
63; 
341 
933 


MM. 


Pages. 

787 


mathématiques  à  décerner  en  1875 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Poncelet  pour  iS-S..     7S7 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  de  Statistique  de  la 
fondation  Monlyon  pour  1875 997 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  présen- 

ter une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  à  décerner  en 
1876 loSo 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  présen- 

ter une  question  pour  le  prix  Bordin 
(Sciences  mathématiques)  à  décerner 
en  187G loSo 

PUPIER  (Z.).  —  Action  des  alcalins  sur  la 
composition  du  sang.  Recherches  expé- 
rimentales sur  la  prétendue  anémie  al- 
caline  , I  MO 

PUTZ  (II.).  —  Sur  la  tliéorie  générale  des 
percussions,  et  sur  la  manière  de  l'appli- 
quer au  calcul  des  effets  du  tir  sur  les 
différentes  parties  de  l'affût '.igS 


Q 


QUATREFAGES  (de).  —  Races  humaines 
fossiles ,  mésaticéphales  et  brachycé- 
phales 

—  Phosphorescence  des  Invertébrés  marins. 

—  Observations    relatives  à   une  Note   de 

JM./>.(/vw/.v,  intitulée  :  «  Des  phénomènes 
généraux  de  l'embryogénie  des  Némer- 
tiens  )' 

—  Noie  accompagnant  la  présentation,  au 

nom  de  la  Commission  executive  du 
Congrès  international  de  Géographie, 
d'une  brochure  où  sont  réunis  les  divers 
documents  relatifs  à  ce  Congrès i263 

—  JI.  <lc  Qiiatrcfagis  est  nommé  membre 


7? 
11Q 


273 


805 


8C6 


de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  physiques  à  décerner  en  1875. 

—  Et  de  la  Conuiiission  chargée  de  juger 

le  Concours  du  prix  Savigny  pour  1875. 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Lacaze  (Physiologie) 
pour  1875 997 

—  Et  de  la  Commission   chargée  de  pré- 

senter une  question  de  grand  prix  des 
Sciences  physiques  à  décerner  en  1877. 
QUISSAC  (J.)  adresse  une  nouvelle  rédac- 
tion de  son  Mémoire  sur  le  choléra  asia- 
tique      3o  et 


10G9 


82 


R 


RABUTEAU.  —  Recherches  sur  le  suc  gas- 
trique        61 

—  De  l'action  du  fer  sur  la  nutrition 11G9 

RADOMINSKI  (F.).  —  Reproduction  artifi- 
cielte  de  la  monazile  et  de  la  xéno- 
time 3o4 

R.\FFARD  adresse  un  Jlémoire  sur  la  rota- 
tion dans  le  tour  à  pédale i35i 

IIAIMRERT  (L.-A.)  adresse  un  Mémoire  m- 
titulé  :  «  Du  traitement  du  charbon 
chez  l'homme,  j.ar  les  injections  sous- 
culanée»  de  liquides  nntivirulonts  »....     74'.! 

RÂVEAU  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 1 3  (9 


REBOUL.  —  Le  prix  Jecker  est  décerné  à 

M.  Ik'boul 1479 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.   1599 

REECH  (F.).  —  Théorie  des  surfaces  de  ré- 
volution qui,  ]iar  voie  de  déformation, 
sont  superposables  les  unes  aux  autres, 
et  chacune  à  elle-même,  dans  toutes  ses 
parties 1 388  et  144^. 

REGNAULT.  —  M.  nrgiiniilt  est  nommé 
membre  de  la  Commission  chargée  do 
juger  le  Concours  du  [)rix  Lacaze  (Phy- 
si(pie)  pour  1875 99'' 

RÉGNIER  (E.)  adi'csse  un  Mémoire  portant 
pour  titre:  «Nouveaux  jirocéiiés  hydro- 


MM. 


(   .G83 


slatiqiies  de  déplacements    compcn?a 

tours  » 63G 

RENAN.  —  Éléments  et  6[)liéméridcs  de  hi 

planète  (i4i) ^^^ 

RENARD  (A.).  —  Aclinii  de  Toxysène  élec- 

trolylique  sur  l'akool  vini<iue io5 

—  Action    de  l'oxygène  électrolylique  sur 

l'alcool  méthylique ^30 

RENAULT  (B.)  adre    ^  ses  rcmoirinients  à 
diblinclion  dont  ses 

't 110 


égétaux    siliciPics 
^nne.  Étude  du 

ux  pertes  du 

les  réduire. 

tion  d'une 

'ciété  des 

•de-Bre- 

ition, 
'port 
'.ne 
m 


209 


ii85 


l'Académie,  po 
travaux  ont  éti 

—  Rechercbes   sur 

d'Autun  et  de  £ 
genre  Botryopt 
RESAL  (H.).-  N( 
haut  Doubs  et . 

—  Note  accompagna 

nouvelle  publie;. 
Ingénieurs  civils 
tagne 

—  Sur  la  subslilulion, 

entre  des  limitcsdétei . 
des  variables  d'une  foi. 
de  deux  variables,  à  une 
homogène  du  même  degré. 

—  M.  Rcfat  est  nommé  membre 

mission  chargée  de  juger  le 

pour  le  prix  de  Mécanique  (ft. 

Moiityon)  pour  iSyS ''7 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  jugi. 

Concours  du  prix  Fourneyron  pour  187, 
REY.MONET  écrit  à  l'Académiequ'il  est  par- 
venu à  greffer  la  vigne  sur  des  arbris- 
seaux dont  les  racines  ne  peuvent  ser- 
vir de  nourriture  au  Phylloxéra 1 349 

RIBAN  (J.). —  Sur  les  camphènes 1307 

—  Isoméric  des  chlorhydrates  C'°I1'^  HCl . .   i33o 

—  Sur  la   transformation  du  camphre  des 

lauiinées  en  camphene,  et  réciproque- 
ment des  camiihénes  en  cani|ihie i3Si 

R1BAU.C0UR.  —  Propriété  de  courbes  tra- 
cées sur  les  surfaces G4'2 

RICHE  (A.).  —  De  la  flamme  du  soufre  et 
des  diverses  lumières  utilisables  en  pho- 
tographie. (En  commun  avec  M.  Cli. 
Banlj.) 238 

—  Recherche  et  dosage  de  l'alcool  méthy- 

lique en  présence  de  l'alcool  vinique. 

(  En  commun  avec  M.  Cli.  Brii-tly.) 107G 

RICOUX  adresse  un  Mémoire  sur  l'acclima- 
tation des  Français  en  Algérie i3o5 

RICQ  adresse  ses  remercimenls  à  l'Académie, 
[lour  la  distinction  dont  ses  travaux  ont 
été  l'objet 110 

RILEY  (C.-V.)  remercie  l'Académie  de  l'en- 
voi qui  lui  a  été  fait  des  travaux  ré- 
cemment effectués  sur  le  Phylloxéra. . .     482 

RISBEC.  —  Mémoire  sur  le  mouvement  com- 


MM.  Pages. 

plet  du  navire  oscillant  sur  l'eau  calme. 

(  En  commun  avec  M.  île  Bcrinzé.) 1597 

RISLER   (E.)  adresse   une   Communication 

relative  au  Phvlloxera 1227 

RITTER  (E.).  —  Recherches  sur  les  effets 
de  la  ligature  du  canal  cholédoque  et 
sur  l'élat  du  sang  dans  les  ictères  ma- 
lins. (  En  commun  avec  M.  ^.  Fcltz.) . .     C75 

RIVIÈRE  (E.).  —  Sur  le  dépôt  quaternaire 
supérieur  à  la  brèche  osseuse  do  Nice 
proprement  dite,  ou  brèche  supérieure 
de  Cuvier 438 

—  Adresse  une  Note  sur  des  apparences  de 

formation  sédimenlairc  que  présentent 
les  roches  granitiques  employées  au 
dallage  des  trottoirs  de  Paris 1448 

—  Adresse  une  Note  sur  l'origine  des  cal- 

caires    159G 

ROBERT  (E.)  adresse  une  nouvelle  Note  re- 
lative au  gisement  des  silex  taillés  do 
Précy-sur-Oise,  et  à  la  présence  de 
grands  Pacliydermcs  dans  le  diiuvium 
de  la  même  localité 1C4 

—  Influence  de  la  sécheresse  sur  les  Çry[i- 

togaraes i343 

—  Appelle  l'attention   sur  les  gouttelettes 

d'eau  dont  le  froment  et  les  prêles  sont 
recouverts  le  malin i<'ii2 

ROBERT-ELLEHY.  —  Observations  de  la 
Lune  et  d'étoiles  de  même  culminalion, 
faites  à  l'Observatoire  de  Melbourne.. .   1259 

HOBIN  (Cii.).  —  i\L  RoOin  est  nommé  mem- 
bre de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  Concours  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  physiques  à  décerner  en  1875.     805 

—  El  de   la  Commission  chargée  de  juger 

le  Concours  des  prix  de  Médecine  et 
Chirurgie  de  la  fondation  Monlyon  pour 

1875 gSo 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concouis  du  prix  Godard  pour  18-5. .  .     g")!) 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  des  prix  de  Physiologie  expé- 
rimentale de  la  fondation  Monlyon  pour 
1873 950 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Lacaze  (Physiologie) 
pour  1875 997 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Serres  pour  1870 99:^ 

ROBINSON  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 242 

ROESLER.  —  Sur  le  Phylloxéra.  Lettre   à 

M.  Dumas 29 

ROIIAUT  (F.)  adresse  le  procès-verbal  des 
opérations  pratiquées  par  lui,  à  l'au- 
tomne dernier,  dans  les  Charcutes,  con- 
tre le  Phvlloxera 3 12 


(  i684  ) 


MM.  Pages. 

—  Adresse  une  Communication  relative  au 

Phylloxéra GSy 

ROLLAND.  —  M.  Rolland  est  nommé  mem- 
bre (le  la  Commission  chargée  déjuger 
le  Concours  du  \mx  Poncelet  pour  1 875.     787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  do  juger  le 

Concours  pour  le   prix  de  Mécanique 
(fondation  !\lontyon)  pour  187.5 787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  do  juger  le 

Concours  du  prix  Plumey  pour  1875..     787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Fourneyron  pour  1875.     787 
R()MILLY{F.  de).  —  Études  sur  l'entraine- 
ment  de  l'air  par  un  jet  d'air  ou  de  va- 
peur   1 89  et    954 

ROMMIER.  —  Sur  la  dissociation  du  sulfo- 
carbonatc  de  potassium  en  présence  des 

sels  amm'miacaux 1 386 

ROSS  (W.-A.)  informe  l'Académie  qu'il  va 
publier  prochainement  un  ouvrage  où 
seront  discutés  les  titres  scientifiques 
de  Lavoisier 1  uo 


MM.  Pajes. 

ROSS  (  J.)  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phvlloxera 1022 

ROSTAING  (de)  adresse  une  Communica- 
tion relative  au  Phylloxéra 1227 

ROUDAIRE  (E.).  —  Su'r  les  travaux  de  la 
Mission  chargéed'ctudier  leprojet  d'une 
mer  intérieure  en  Algérie iSqS 

RODQUETTE  (F.)  adresse  une  Communi- 
cation relative  au  Phylloxéra 1022 

ROUSSE  (V.)  adresse   une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 1 154 

ROUSSEAU  adresse  une  Communication  rrla- 

tive  au  Phylloxéra iSgC 

ROUSSEL.  —  Note  relative  à  un  «  thermo- 
révélateur  »,  ou  avertisseur  en  cas  d'in- 
cendie. (En  commun  avec  M.  Baïuby.)     4S2 

ROZE  (EnN.).  —  Le  grand  prix  des  Sciences 
physiques  est  décerné  à  M.  E.  Rnzc 
(Fécondation  dans  la  classe  des  Cham- 
pignons)     1 4O8 

ROZIES  adresse  une  Communication  relative 

au  Phylloxéra 1 349 


SAPATIER  (A.).  —  Le  prix  de  Physiologie 
expérimentale  (fondation  Montyon)  est 
décerné  à  M.  J.  Srihatirr i5or 

—  Adresse  ses  remerciments  à  l'Académie,  ifigg 
SARINE  (le  G"')  est  élu  Correspondant  pour 

la  Section  de  Géographie  et  Navigation, 

en  remplacement  de  feu  M.  Chnznllnn  .     gSo 

—  Adresse  ses  remerciments  à  l'Académie.  1023 
SACC  adresse  une  Note  sur  la  fermentation.  161G 
SADOT  adresse  une  Communication  relative 

au  Phylloxéra 1 349 

SAINTGENIS  (de).  —  Une  mention  hono- 
rable est  accordée  à  M.  de  Snint-Grnix; 
Concours  du  prix  de  Statistique  (fonda- 
tion Montyon) i474 

SAINT-PIERRÉ  (C.).— Sur  une  réaction  du 
sulfure  de  carbone.  Passage  du  sulfure 
de  carbone  à  l'acide  sulfocyanhydrique. 

(En  commun  avec  M.  Jcdnmi.) i3m 

SAINTE-CLAIRE  DEVILLE  (Ch.).-M.  Sainte- 
Claire  Dcvillf  rappelle  les  principaux 
titres  scientifiques  do  feu  M.  d'Onialiiis 
rl'Hcdlrty iSg 

—  Présente,  au  nom  de  M.  Pujaznn,  direc- 

teur de  l'Observatoire  de  la  Marine  de 
San  Fernando,  la  pari  le  météorologique 
des  Annales  de  col  établissement  pour 
l'année  1873 282 

—  ;\I.    Ch.   Sainte-Claire   Devillc  est   pré- 

gonté  par  l'Académie  pour  la  chaire 
d'Histoire  naturelle  des  corps  inorga- 
niques, laissée  vacante   au  Collège  de 


France  par  le  décès  de  M.  Elle  de  Beau- 
mont  29 1 

—  Observations  relatives  à  la  présentation 

d'un  travail  du  P.  Berlelli,  intitulé  : 
«Observations  microséismiques  »  faites 
à  Florence  en  1873 C87 

—  Sur  les  variations  ou  inégalités  périodi- 

ques de  la  température.  Dixième  Note: 
période  du  vingtième  jour  dodécuple  . .     714 

—  Observations  relatives  aune  Communica- 

tiondeM.  Fouqné,  sur  les  dépùts  salins 

de  la  dernière  éruption  de  Santorin..     834 

—  Remarques  accompagnant  la  présentation 

des  observations  météorologiques  faites 
à  Raréges,  à  la  station  du  Plantade  et 
au  sommet  du  pic  du  Midi 83G 

—  Sur  les  variations  ou  inégalités  périodi- 

ques de  la  température.  Onzième  Note  : 
Période  du  vingtième  jour  dodécuple. 
Novembre gjg 

—  Présente,   au    nom   de   M.    le    général 

Clianzy,  les  trois  premières  livraisons 
de  la  deuxième  partie  du  «  Bulletin 
mensuel  du  service  météorologique  al- 
gérien » 978 

—  Réponse  à  des  remarques  présentées  par 

M .  Farc 98G 

SAINTR-CL.MRE  DEVILLE  (IL).  —  Du  ru- 
thénium et  de  ses  composés  oxygénés. 
(En  commun  avec  M.  H.Debrar.) \^>- 

—  Sur  les  alliages  de  platine  et  de  fer ....     JSg 

—  M.  //.  Sainte-Claire  DeviUe  est  nommé 


MM. 


(   i685 


membre  do  la  Commission  cliargée  ilo 
juger  le  Concours  du  prix  Lacaze  (l'iiy- 

sique  )  pour  iSyS OO'J 

SALNT-TlUVlEll  (  de  )  adresse  une  Note  rela- 
tive à  des  expériences  effectuées  pour 
la  destruction  du  Phylloxéra,  [lar  le 
déchaussement  des  ceps (JSy 

—  Adresse  une  Communication  relative  au 

Phylloxéra l'^âS 

SALET  (G.).  —  Sur  la  formation  de  l'acide 

iodique  dans  les  flammes  iodées 884 

SALLE.  —  Une  cilalion  honorable  est  ac- 
cordée à  M.  Salle;  Concours  de  Mé- 
decine et  Chirurgie  de  la  fondation 
Montyon i493 

SALLERON.  —  Sur  la  nouvelle  balance  de 

JI.  Mcndclccf 378 

SALTEL  (L.).  —  Sur  une  extension  analy- 
tique du  principe  de  correspondance  de 
M.  Chasles 1 0G4 

—  Sur  la  détermination  des  singularités  de 

la  courbe  gauche,  intersection  de  deux 
surfaces  d'ordre  quelconque,  qui  ont 
en  commun  un  certain  nombre  de  points 
mulliples ia85 

—  Sur  les  courbes  gauches  du  genre  zéro  .   i3'24 
SANCEAU  (A.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra i258 

SANDOZ  (A.).    —  Sur   la   force  portative 

des  aimants  de  M.  Jamin iGo5 

SANSÛN  (A.)  adresse  ses  remercîmcnts  à 
l'Académie  pour  la  distinction  dont  ses 

travaux  ont  été  l'objet 3i 

SAPÛHTA  (G.  de).  —  Sur  la  découverte  de 
deux  types  nouveaux  de  Conifères,  dans 
les  schistes  permiens  de  Lodève  (Hé- 
rault)    1017 

—  Sur  rornementation  des  fibres  ligneuses 

striées  et  leur  association  aux  fibres 
ponctuées  ordinaires,  dans  le  bois  de 
certains  genres  de  Conifères 1  io5 

SCllEURER-KESTNER.  —  Sur  la  présence 
de  l'acide  sulfurique  anhydre  dans  les 
produits  gazeux  de  la  combustion  de  la 
pyrite  de  fer 12J0 

SCllLUESIXG  (A.).  —  Dosage  de  l'ammo- 
niaque atmosphérique 'iCf) 

—  Sur  l'ammoniaque  de  l'atmosphère 175 

SCHNEIDER   (A.).  —  Sur  un  appareil  de 

tlissémination  des  Grcgaiina  et  Stjlo- 
iliynchus;  phase  remarquable  de  la  spo- 
rulation dans  ce  dernier  genre Çyi 

SCHNETZLER  (J.-B.j  annonce  que  le  Phyl- 
loxéra a  été  trouvé  dans  des  vignobles 
du  nord  de  la  Suisse 3 1  a 

—  De  l'action  du  borax  dans  la  fermenta- 

tion et  la  putréfaction 4(i9 

—  Adresse  une  JSute  concernant  l'iniporta- 


3-28 


497 


1273 


865 


750 


MM.  Paijes. 

lion  probable  du  Phylloxéra,  depuis 
plusieurs  années,  dans  le  nord  de  la 
Suisse,  par  les  cépages  américains O37 

—  Adresse  une  Communication  relative  au 

PhvUoxera 902 

SCUUTZENBERGER  (P.).  —  Recherchessur 

les  matières  albumino'ides aSa 

—  Sur  une  fermentation  butyrique  spéciale. 

—  Sur    la  fermentation   butyritiue   provo- 

quée par  les  végétaux  aquatiques  im- 
mergés dans  l'eau  sucrée 

—  Recherches  sur  le  carbone  do   la  fonte 

blanche.  (En  commun  avec  M.  Bour- 
gi'ois.) 9" 

SECCHI  (le  P.).  —Études  des  taches  et  des 
protubérances  solaires,  de  1871  à  1875. 

SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS.  —  Voir 
MM.  DuM.is  et  J.  Bertuand. 

SÉDILLOT.  —  M.  &W///(>;  est  nommé  membre 
de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  grand  prix  de  Médecine  et 
Chirurgie  à  décerner  en  1875 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  grand  prix  de  Médecine  et 
Chirurgie  de  la  fondation  Montyon 
pour  1875 950 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Godard  pour  1875... 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  J .  Hen- 

iic<jiiiii,  intitulé:  «  De  l'allongement  du 
fémur  dans  le  traitement  de  ses  frac- 
tures » 9^' 

SÉJOURNAY  adresse  une  Communication  re- 
lative au  Phylloxéra O37 

SEKOWSKI  adresse  un  Mémoire  sur  un 
mode  de  transmission  instantanée  du 
mouvement  au  tiroir 1 349 

—  Sur  un  système  de  distribution  dans  les 

machines  à  vapeur i4-i4 

SELLIER  (L.)  adresse  une   Coninumicalion 

relative  au  Phylloxéra 

SEYN'ES  (de).  —  Le  prix  Dcsmazières  est 

décerné  à  M.  de  Sej/ia 

—  Adresse  ses  remerciments  à  l'Académie.. 
SICARD.  —  Le    grand   prix    des    Sciences 

physiques  est  décerné  à  M.  Sh/ird. 
(Fécondation  dans  la  classe. des  Chani- 
jiignons.) 

SILBERMANN  (J.)  prie  l'Académie  de  le 
comprendre  parmi  les  candidats  à  la 
chaire  d'Histoire  naturelle  des  corps 
inorganiques,  laissée  vacante  au  Collège 
de  France  par  la  mort  de  M.  L'iie  de 
Bcaiintoiit 

SIRODOT  adresse  ses  rcnierciuients  à  l'Aca- 
démie pour  la  distinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet 

—  Le  Mammouth  à    Monl-Dol  (lUe-et-Vi- 


i3o4 

i48i) 
j599 


14CJ 


3i 


3i 


( 

MM.  P:i 

laine) ' 

SITLER  adresse  une  Commiinicalion  relative 
au  Phylloxéra 

SIVEL  annonce  à  l'Académie  le  succès  de 
l'ascension  aérostatique  entreprise  les 
23  et  24  mars.  (  En  commun  avec 
Mil.  Crocé-SpincUi,  G.  ol  J.  Tissaii- 
(lier  et  Jobert.) 

—  Ascension  scientifique  de  longue  durée. 

(En  commun  avec  MM.  Cmoé-SiAndU, 

G.  et  ^y .  Ti.s.-iiuuUcr  c l  Johcrt . ) 

S.MlTll  (L.).  —  Anomalie  magnétique  du 
sesquioxyde  de  l'er,  préparé  à  l'aide  du 
fer  météorique 

—  Sur  la  clnite  de  deux  pierres  météori- 

(|ues  dans  les  États-Unis i 

SOCIÉTÉ  I.MPÉin.^LE  DES  N.\TURALISTES 
DE  MOSCOU  (la)  fait  savoir  à  l'Acadé- 
mie qu'elle  célébrera  le  i5/i3  octobre 
1875  le  cinquantième  anniversaire  du 

doctorat  de  son  ])résident  actuel 1 

SOCIÉTÉ  LINNÉENNE  DE  N0KM.4NDIE 
(la)  informe  l'Académie  qu'elle   vient 


1686   ) 


ces. 
871 

637 


8o3 


8GG 


3oi 


45i 


599 


1\I.M.  Pages, 

d'ouvrir  uno  souscription  destinée  à 
élever  une  statue  à  feu  lilie  de  Bcaii- 
nioiit,  l'un  de  ses  fondateurs 483 

SORET  (J.-L.).  —  Sur  les  phénomènes  de 
dillYaclion  produits  par  les  réseaux  cir- 
culaires      48-5 

SOUCIION  adresse  une  Communication  rela- 
tive au  Phylloxéra 1 227 

SOULIÉ   (A.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra iSgG 

STEPIIAN.  —  Nouvelles  observations  de  la 
comète  d'Encko  et  do  la  comète  de 
Winnecke 3i4 

STIEREN  (H.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra i5ij(j 

STRATIZOPOULO  adresse  un  Mémoire  sur 
des  perfectionnements  à  apporter  au 
télescope 1 1 54 

SWAEN  (A.).  —  Des  globules  blancs  dans 
le  sang  des  vaisseaux  de  la  rate.  (En 
commun  avec  M.   Tcircluincff.) i25 

SZERLECKI  (A.)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra i5<jG 


TACCHINI.  —  Lettre  relative  aux  résultats 
du  passage  de  Vénus  à  Muddapur  (Ben- 
gale)       36 

TALLENDEAU  adresse  une  Communication 
relative  à  la  catastrophe  du  ballon  le 
Zénith 1 086 

TAMIN-DESPALLE.  —  Sur  les  etfets  théra- 
peutiques de  l'oxvgène io3i 

TARCHANOFF.  —  Des  globules  blancs,  dans 
le  sang  des  vaisseaux  de  la  rate.  (En 
commun  avec  M.  .1.  Sivacn.) i25 

T.\RDRE  (J.)  adresse  une  Note  relative  à  la 

réilexion  do  la  lumière 802 

TARRY  (H.).  —  Note  relative  à  la  possibilité 
de  prédire,  plusieurs  mois  d'avance, 
l'arrivée  en  Europe  des  cyclones  qui 
traversent  l'Atlantique 3i  1 

TASTES  (de).  —  Note  sur  la  théorie  des 

cyclones 1254 

TELLIER  (Cu.)  adresse  une  Note  relative  à 
l'emploi  qui  pourrait  être  fait  de  l'aciile 
sulfureux,  pour  éteindre  les  incendies  se 
déchirant  dans  la  cale  des  navires 3o 

TÉOFIL.VCTOFF  présente  les  cartes  géolo- 
giques de  la  ville  et  du  gouvernement 
fie  Kii'f,  qu'il  vient  de  terminer 962 

TIIENARD  (  P.) .—  Reniar(|ues  à  propos  d'une 

Communication  de  M.  Biius.siiigiiult . . .     786 
—  Rapport  sur  un  a|ipareil  à  titrer  l'alcool 

des  vins,  présenté  par  M.  MciUigaiid.  .    1114 

THIBAULT  (P.).  -  Sur  un  nouvel  appareil 


pour  la  fabrication  continue  des  super- 
])hosphatos  de  chaux 1 144 

THOMSON  (W.)  adresse  ses  remercîmenis  à 
l'Académie,  pour  le  prix  Poncckt  qui  lui 
a  été  décerné  en  1873 483 

TISS.4NDIER  (A.).  -  Annonce  à  l'Académie 
le  succès  de  l'ascension  aréostatiquo  en- 
treprise les  23  et  24  mai.  (En  commun 
avec  MJI.  SWel,  Crocé-Spinctli,  G.  7/.y- 
sandicf  et  Johcrt.'] 8o3 

—  Ascension  scienlilique  de  longue  durée. 

(En  commun  avec   MM.  Siod ,  Cmcé- 

Spiiiflli,  G.  Tisstindici-  et  Jobert 866 

TISSANDIER  (G,).  —  Corpuscules  aériens  et 

matières  salines  contenus  dans  la  neige.      58 

—  Annonce  à  l'Académie  le  succès  de  l'ob- 

servation aérostatique  entreprise  les  23 
et  24  mai.  (En  commun  avecMM.  Sivcl, 
Crocc-Spliiclli,  J.  Tis.saiidicr  ei  Jobert.)     8o3 

—  Ascension  scientifique  de  longue  durée. 

(En  commun  avec  MM.  .SVir/,  Crocé-Sj>i- 
iielli,  A .  Tissandicr  et  Joliert.) 86G 

—  Dosage  de  rav.'ide  carbonique  de  l'air,  à 

bord  du  ballon  /<■  Zciiilli 976 

—  L'ascension  à  grande  hauteur  du  ballon 

le  Zériilh 1 060 

TISSERAND.—  Un  jirix  d'Astronomie  (fonda- 
tion Lalande)est  décernéàM.  Tisserand.   1473 
TOMMASI  (D.).— Sur  une  nouvelle  source  de 

magnétisme 1007 

TOSELLI  adresse  une  Communication  relative 


MM.  Pages, 

à  l'aérostation 1 154 

—  Adresse  une  Note  sur  un  perfectionne- 

ment qu'il  a   apporté    à  sa  nacelle  à 

double  élatre i35o 

TOUSSAINT  demande  le  renvoi  au  Concours 
de  Physiologie  expérimentale  d'une  Note 
intitulée  :  «  Application  de  la  méthode 
graphique  à  la  détermination  du  méca- 
nisme de  laréjection  dans  la  rumination  »   i35o 

—  Une  citation  honorable   est  accordée  à 

M.  Toiis.mi/it  ;  Concours  ùo  Médecine  et 

Chirurgie  de  la  fondation  Montyon 1494 

TRÉCUL  (A.).  —  Observations  verbales  con- 
cernant la  production  des  bactéries,  des 
vibrions  et  des  amylobacters gS 

—  De  la  théorie  carpellaire,  d'après  des /^7o/(7, 

principalement  d'après  le  riola  iriœlor 
hortensis 22 1 

—  De  la  théorie  carpellaire,  d'après  des  Tilia- 

cées 5 19 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  J.  de 

Seynes,  concernant  la  structure  du 
Fistiilina  liejiatica 1 480 

—  Observations  relatives  à  une  Communica- 

tion de  M.  P.  Bert  :  «  Influence  de  l'air 
comprimé  sur  les  fermentations  > iSSa 

—  M.  Trécul  est  nommé  membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  juger  le  Concours 

du  prix  Desmazières  pour  1875 SG5 

—  Et  do  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Thore  pour  1875....     8G5 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Bordin  pour  1875. . .  997 
TRÉMAUX  (P.)  adresse  une  Note  relative 
aux  faits  signalés  dans  une  Communica- 
tion de  M.  Menicr,  et  aux  observa- 
tions présentées  par  M.  Cltcvreulk^TO- 
pos  de  cette  Communication 437 

—  Adresse  une  Note  intitulée  :  «  Expériences 

réelles  de  la  force  vive  et  conditions 
spéciales  de  la  force  de  pesanteur  et  de 
la  force  calorifique  » C37 

TRÉPIED  (Cu.).  —  Sur  le  calcul  des  coordon- 
nées géodisiques 3C 

TRESCA.  —  M.  Traça  est  nommé  membre 
de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  do  Mécanique  (fonda- 
tion Montyon)  pour  1875 787 

—  Et  de  la  Commission  chargée  do  juger  le 


(    1687   ) 


Pagos. 
787 


Concours  du  prix  Phimey  pour  1873. . 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prixFourneyron  pour  1875.     787 

—  Locomotive  à  patins  de  M.  Fortiri-Hcr- 

inann 1198 

—  M.  Tresca  appelle  l'attention  de  l'.^cadé- 

miesurun  projetde  poste  atmosphérique 
de  Paris  à  Versailles,  par  M.  Crespi/i. . .   i4o5 
TRÈ"VE  (A.).  —  Note  sur  le  magnétisme 3io 

—  De  l'influence  du  magnétisme  sur  l'extra- 

couraut 1687 

—  Note  sur  les  rapports  existant  entre  la 

nature  des  aciers  et  leur  force  coercitive. 

(En  commun  avec  M.  Dumsiier.  ) 799 

TRIDON  adresse  une  Note  sur  les  moyens  de 
faire  des  observations  télesçopiques  et 
d'obtenir  des  épreuves  photographiques 
à  l'intérieur  d'ime  cloche  à  plongeur 
aérostatique 902 

TRIPIER.  —  Le  prix  de  Physiologie  expéri- 
mentale (fondation  iMontyon)  est  dé- 
cerné à  M.  Tripier 1 5o  1 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie..   1699 
TROOST  (L.).  -  Sur  la  dissolution  de  l'hy- 
drogène dans  les  métaux,  et  la  décompo- 
sition de  l'eau  par  le  fer.  (En  commun 
avec  M.  Hiiutffciiillc.  ] 788 

—  Sur  les  fontes  nianganésifères.  (En  com- 

mun avec  M.  Haute  feuille) 909 

—  Étude  calorimétrique  sur  les  carbures  de 

fer  et  de  manganèse.  (En  commun  avec 

M.  Hautefeuiltc.) 964 

TRUT.\T  (E.).  -  Sur  les  dépôts  glaciaires  de 

la  vallée  inférieure  du  Tech 1 108 

TULASNE.  —  M.  Tulnsnc  est  nommé  mem- 
bre de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  Concours  du  prix  Desmazières  pour 
1873 865 

TURPl.X  (E.)  adresse,  pour  les  Concours  de 
prix  proposés  par  l'Académie,  quatre 
Mémoires  sur  divers  sujets 1 352 

TUROU.\N  (L.-V.)  adresse  un  Mémoire  sur 
l'intégration  des  équations  aux  dérivées 
partielles  du  second  ordre  et  des  ordres 
supérieurs g6i 

—  Adresse  un  Mémoire  sur  l'intégration  do 

l'équation  aux  dérivées  partielles  du  troi- 
sième ordre,  à  deux  variables  indépen- 
dantes      1449 


VAN  BENEDEN  fait  hommage  à  l'Académie 
d'un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Les 
Commensaux  et  les  Parasites  dans  le 
règne  animal  » 

VAN  TIEGllEM  (Pu.).  -  Sur  la  fécondation 

C.  R.,  iS7,'>,   1"  Semeslre.  (T.  LXXX.) 


8G4 


des  Basidiomycètes 373 

VAUVERT  (0.)  adresse  une  Note  relative  au 

Phylloxéra 108O 

VÉLAIN  (Cii.).  —  Observations  effectuées  à 

l'ile  Saint-Paul 998 

220 


MM. 

VESQUE  (.1.)  adresse  ses  remercîments  à  l'A' 
cadémie,  pourla  dislinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet 243 

VIBRAYE  (de)  signale  l'apparition,  dans  les 
vignobles  du  Loir-et-Cher,  d'un  Hémi- 
ptère  qui  paraît  voisin  du  Pliytocaris go- 
thiciis 1407 

VIDAU  (A.)  adresse  un  Mémoire  ayant  pour 
objet  l'utilisation  des  produits  ultimes 
résultant  de  la  fabrication  du  vin i5g8 

VIGNAUX  adresse  une  Communication  re- 
lative au  Phylloxéra 482 

VIGNIAL  adresse  diverses  Communications 

relatives  au  Phylloxéra ii54  et  1227 

VILLARCEAU  (Yvo.n).  —  M.  Ymn  Fillar- 
ceau  donne  lecture  d'une  Note  relative 
à  la  discussion  des  observations  du  pas- 
sage de  Vénus aSg 

VILLEDIEU  adresse  une  Noie  dans  laquelle 
il  signale  l'emploi  avantageux  contre  le 
Phylloxéra  de  la  vase  du  Rhône,  à  la- 
quelle il  ajoute  des  sels  alcalins  et  du 
sulfate  d'ammoniaque 1226 

—  Adresse  diverses  Communications  rela- 

tives au  Phylloxéra i258  et  1696 

—  Influence   de    l'iiumidité    sur    le   Phyl- 

loxéra     T  348 

VILLOT  (  A.).  —  Sur  le  système  nerveux  pé- 
riphérique des  Nématûïdes  marins 400 

—  Sur  la  faune  helminthologiquc  des  côtes 

de  la  Bretagne 679  et  1098 

—  Sur  la  faune  helminthologique  des  côtes 


(    1688   ) 
Pages. 


MM.  P.if;es. 

de  la  Bretagne 1098 

\1N0T  (J.)  adresse  une  Lettre  concernant  le 
bolide  dont  l'existence  a  été  contestée 
par  M.  Cluipelds 5o3 

—  Communication   au  sujet   du  bolide  du 

10  février 575 

—  Adresse  les  principales   différences   qui 

existent  pour  le  lever  et  le  coucher  des 
planètes  Mercure,  Vénus.  Mars,  Jupiter 
et  Saturne,  entre  les  résultats  qu'il  a 
calculés  pour  son  Journal  du  Ciel  et 
ceux  qu'a  publiés  \  Annuaire  du  Bureau 
des  Longitudes 1 109 

—  Adresse  un  tableau  synoptique  qui  donne, 

à  simple  vue,  pour  chaque  jour  de  l'an- 
née, à  notre  époque,  la  diflérence  entre 
le  midi  des  cadrans  solaires  et  le  midi 
des  horloges,   avec  une  approximation 

d'un  quart  de  minute i3i5 

VIOLLETTE  (Cii.).  —  Sur  l'amélioration  de 

la  qualité  de  la  betterave 827 

—  Sur  les  betteraves  dites  raciiieuses 399 

VIRLET  D'AÛUST  adresse,  à  l'occasion  de  la 

catastrophe  du  'Zénith,  une  Lettre  dans 
laquelle  il  compare  les  ascensions  aéro- 
statiques et  les  ascensions  sur  les  mon- 
tagnes     1238 

VULPIAN  (A.).  —  De  l'action  vaso-dilata- 
trice exercée  par  le  nerf  glosso-pharyn- 
gien  sur  les  vaisseaux  de  la  membrane 
muqueuse  de  la  base  do  la  langue 33o 


w 


WECKER  (L.  de).  —  Sur  un  nouveau  pro- 
cédé opératoire  de  la  cataracte  (extrac- 
tion à  lambeau  péripliérique) 1294 

■VVEDDELL.  —  Remarques  complémentaires 
sur  le  rôle  du  substratum  dans  la  distri- 
bution des  Lichens  saxicoles i434 

WITWER  (IL)  adresse  une  Communication 

relative  au  Phylloxéra 1596 

WOILLEZ  adresse  ses  remercîments  à  l'Aca- 
démie, pour  la  distinction  dont  ses  tra- 
vaux ont  été  l'objet 243 

—  Demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté  dé- 


posé par  lui  le  18  décembre  i854 io35 

—  Sur  le  spiroscope,  appareil  destiné  à  l'é- 
tude de  l'auscultation,  de  l'anatomie  et 

de  la  physiologie  du  poumon 1079 

WOUSSEN  (IL).  —  Note  concernant  les  en- 
grais chimiques  de  la  betterave.   (  En 

commun  avec  M.  Corcnwinâer .) 567 

WOUVES  (R.  de),  à  l'occasion  des  recher- 
ches de  IL  Ch.  Sainle-Claire  Bc^-ille, 
rappelle  ([u'il  a  présenté,  à  la  séance  du 
20  décembre  1870,  un  Mémoire  inti- 
tulé :  «  De  la  périodicité  du  temps  »...     961 


YVON.—  Sur  un  cas  d'épilepsie  traité  parle 
sulfate  do  cuivre ,  et  sur  la  présence 
d'une  quantité  considérable  de  cuivre 


dans  le  foie.  (En  commun  avec  M.  Bonr- 

iicvillc.  ) 

YVON  VILLARCEAU.  Voyez  T'illarccau. 


{  1689 


z 


MM.  Pages. 

ZALESKI(de)  adresse  une  Communication 

relative  à  l'aérostation 1 154 

ZENKER  (C.)  adresse  diverses  Communica- 
tions relatives  au  Phylloxéra..     GSy  et  ii54 

ZINNO  (S.)  adresse  diverses  Communications 


MM.  Pages. 

relatives  au  Phylloxéra 10-22  et  laSS 

ZOELLER  (Ph.).  —  Sur  l'emploi  du  xan- 
thate  de  potasse  contre  le  Phylloxéra. 
(En  commun  avec  M.  J .  C.reie.) i347 


GAUTlIIER-VlLLAnS,  IMPlUMEUri-LlUKAUlE  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES  DE  L  ACADEMIE  DES  SCIENCES 

Paris.  —  Quai  des  .4uguslins,  55. 


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