Conditions Forestières
de la sfe 1k
Nouvelle-Ecosse
B. E. Fernow
immission de la Conservation
Canada
4
Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/conditionsforestOOfern
Commission de la Conservation, Canada
Constituée sous l'empire d'une "Loi pour établir une Commission pour la Conservation
des Ressources Naturelles," 8-9 Edouard VIL, chap 27.
Membres de la Commission de la Conservation
PRESIDENT :
L'Hon. Clifford Sifton.
MEMBRES :
L'Hon. Benjamin Rogers, Lieutenant Gouverneur deltfWdu Prince-Edouard,
Charlottetown.
Le Dr. Howard Murray, Université de Dalhousie, Halifax, N.E.
M. Frank Da vison, Bridgewater, N.E.
Le Dr. Cecil C. Jones, Chancelier, Université du Nouveau-Brunswick
Frédéricton, N.B.
M. William B. Snowball, Chatham, N.B.
L' Hon. Henri S. Béland, M.D.. St. Joseph de Beauce, Que.
Monseigneur Charles Philippe Choquette, St. Hyacinthe, Que., Supérieur
du Séminaire de St. Hyacinthe et Membre de la Faculté, Université Laval.
M. Edouard Gohier, St. Laurent, Que.
Le Dr. James W. Robertson. CM. G., Président de la Commission Royale de
l'Education Technique, Ottawa, Ont.
Sir Sanford Fleming, K.C.M.G., Ottawa, Ont., Chancelier de l'Université
Queen.
L'Hon. Sénateur William Cameron Edwards, Ottawa, Ont.
Sir Edmund B. Osler, M. P., Gouverneur de l'Université de Toronto, Toronto,
Ont,
M Charles A. McCool, Ottawa, Ont.
M. J. F. Mackay, Administrateur "The Globe," Toronto, Ont.
Le Dr. Bernard E. Fernow, Doyen de la Faculté des Forêts, Université de
Toronto, Ont,
Le Rvd. Dr. George Bryce, Université du Manitoba, Winnipeg, Man.
Le Dr. W. J. Rutherford, Membre de la Faculté, Université de la Saskat-
chewan, Saskatoon, Sask.
Le Dr. H. M. Tory, Président de l'Université de l'Alberta, Edmonton, Alta.
M. John Hendry, Vancouver, C.B.
MEMBRES, ex-officio :
L'Hon. Martin Burrell, Ministre de l'Agriculture, Ottawa.
L'Hon. Robert Rogers, Ministre de l'Intérieur, Ottawa.
L'Hon. Wilfrid B. Nantel, Ministre du Revenu de l'Intérieur et des Mines,
Ottawa.
L'Hon. John A. Mathieson, K.C., Président, Premier Ministre et Procureur
Général, Ile du Prince-Edouard.
L'Hon. Orlando T. Daniels, Procureur Général, Nouvelle Ecosse.
L'Hon. James K. Flemming, Premier Ministre et Arpenteur Général, Nouveau
Brunswick.
L'Hon. Jules Allard. Ministre des Terres et Forêts, Québec.
L'Hon. William H. Hearst, Ministre des Terres, Forêts et Mines,
Ontario.
L'Hon. James H. Howden, Secrétaire Provincial, Manitoba.
L'Hon. James Alexander Calder, Ministre de l'Education, Trésorier Pro-
vincial, et Ministre des Chemins de fer, Saskatchewan.
L'Hon. Arthur L Sifton, Premier Ministre de l'Education, et Trésorier
Provincial, Alberta.
L'Hon. William R. Ross, Ministre des Terres, Colombie Britannique.
Université d'Qtta
DOCUMENTS OF1
.GOVERNMENT PUBLICATIONS
Xfaiveraity. pt Utowq,
Commission de la Conservation
L* HON. CLIFFORD SIFTON - Président
JAMES WHITE - Secrétaire
Conditions Forestières de
la Nouvelle-Ecosse
Par
B. E. FERNOW, LL.D.
Doyen de la Faculté des Forêts, à L'Université de Toronto,
et Membre de la Commission de la Conservation
Avec le concours de
C D. HOWE, Dr. Ph. et J. H. WHITE
fo\\y«0
Publiées avec la Permission du Ministère des
Terres de la Couronne, Nouvelle-Ecosse
OTTAWA, CANADA
19 12
Au Field Marshal, Son Altesse Royale, le Prince
Arthur William Patrick Albert, Duc de
Connaught et Strathearn, K.G., K.T., K.P.,
&c, &c, Gouverneur Général du Canada.
Qu'il plaise À Votre Altesse Royale:
Le soussigné a l'honneur de présenter à Votre Altesse
Royale un rapport sur les Conditions Forestières en
Nouvelle-Ecosse, par le Dr. B. E. Fernow.
Respectueusement soumis,
CLIFFORD SIFTON,
Président
Ottawa, le 29 juin 1912.
(iii)
Ottawa, le 28 juin 19 12
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous transmettre ci-joint un rap-
port sur les Conditions Forestières en Nouvelle-Ecosse.
Le rapport est basé sur les renseignements recueillis à la
suite d'un recensement de reconnaissance des forêts de la
province, effectué sous la direction du Dr. B. E. Fernow,
Doyen de la Faculté des Forêts, à l'Université de Toronto.
Le gouvernement de la Nouvelle-Ecosse a fourni l'argent
nécessaire pour couvrir les dépenses de ce recensement.
Se rendant à une demande faite en faveur de la
Commission de la Conservation, l'honorable O. T. Daniels,
procureur général de la Nouvelle-Ecosse, a gracieusement
permis à la Commission de publier les renseignements
ainsi obtenus.
J'ai l'honneur d'être,
Monsieur,
Votre obéissant serviteur,
JAMES WHITE,
Secrétaire
L'Hon. Clifford Sifton,
Président de la Commission de la Conservation.
(iv)
TABLE DES MATIERES
PARTIE I. — État des Forêts de la Nouvelle-Ecosse
Page
Objet et But de la Reconnaissance des Forets i
Méthode de Reconnaissance 3
Genre de Renseignements Recueillis 6
Aspects Physiographiques 10
Espèces d'Arbres des Forêts de la Nouvelle-
Ecosse 12
Résultats Statistiques du Recensement. ... 15
Cap Breton 22
État Estimatif du Bois Debout 24
Consommation 28.
Calcul Estimatif de la Croissance 34
Effet de la Possession 40
Recommandations 42
PARTIE II. — Distribution et Reproduction des Forets par
Rapport aux Roches et aux Sols qu'elles Recouvrent
I — Le Versant de l'Atlantique 47
1 . Distribution et Topographie des Étendues
Granitiques 47
2. Forêts et Sols des Étendues Granitiques. . 50
3. Distribution et Topographie des Etendues
Renfermant du Quartz et de l'Ardoise. . 56
4. Forêts et sols des Étendues de Quartz et
D'Ardoise 59
5. Forêts et Sols des Dépôts Formés par la
Glace 65
(V)
TABLE DES MATIERES— Suite
Page
II — Bassin de Drainage de Northumberland et
de Minas 69
1. Distribution et Topographie des Roches
Ignées et Métamorphiques 71
2. Forêts et Sols des Masses Rocheuses
Ignées et Métamorphiques 71
3. Distribution et Topographie des Grès et
des Ardoises 74
4. Forêts et Sols des Grés et des Ardoises. . 75
5. Distribution et Topographie des Roches
Conglomérées 80
6. Forêts et Sols des Roches Conglomérées. 80
7. Distribution et Topographie des Calcaires 81
8. Forêts et Sols sur les Calcaires 82
9. Forêts et Sols des Dépôts Formés par les
Glaces 83
10. Résumé 83
III —Reproduction Forestière et Conditions du
Sol des Régions Brûlées 84
1 . Brûlés Récents 84
2. Brûlés Stériles 88
3. Seconde Croissance après l'Incendie 93
4. Résumé des Conditions du Sol 99
(vi)
ILLUSTRATIONS
Page
I. Forêts mixtes, érables à sucre, bouleaux jaunes,
ÉPINETTES, AVEC SAPINS SUR LES BORDS DES LACS. . I
II. Sapins et épinettes rouges sous les bouleaux à
PAPIER, REPRÉSENTANT UNE ESSENCE DOMINANTE
DANS LES RÉGIONS NON INCENDIÉES SUR LES FONDS
DE GRANIT OU LE BOIS A ÉTÉ FORTEMENT TRIÉ- ... IO
III. Reproduction sur des brûlés épargnés par
l'incendie depuis vingt ans 18
IV. Classification des terres de la Nouvelle-Ecosse
(Diagramme) 22
V. Forêts d'épinettes rouges modérément triées. . 27
Intérieur d'un pur massif de bois durs décrépits,
formés par l'enlèvement des épinettes rouges,
des hêtres, des érables durs et des bouleaux
JAUNES 27
VI. Lieux stériles sur granit, conditions dominantes
sur l'axe de la principale montagne du comté
de Guysborough, N.E 47
Tourbières d'épinettes noires. Cette essence
e3t très répandue sur la rangée des comtés
qui longent l'atlantique, dans la nouvelle-
ECOSSE 47
vii. vue de l'axe granitique à l'arrière plan. presque
toutes les rivières au cours lent arrosent de
grandes prairies naturelles 50
Un des innombrables lacs des étendues grani-
tiques AYANT SUBI l' ACTION DES GLACES 50
VIII. Traits caractéristiques des lieux stériles sur
DES SOLS SABLEUX OU GRAVELEUX. INCENDIE DE
1878 6l
Ces lieux représentent les conditions domi-
nantes SUR LES RÉGIONS COUVERTES DE ROCHES
ERRATIQUES GRANITIQUES 6l
IX. Pur massif de pins blancs qui auraient poussé
depuis l'incendie de 1830 72
X. Massif d'épinettes — sapins blancs, ayant poussé
APRÈS L'INCENDIE DE 1849 80
XI. Fourré de bouleaux gris, vingt ans après un
incendie 87
Fourré de bouleaux gris, dix ans après un incen-
die 87
XII. Forêt de sapins en croissance sous des bouleaux
À papier 93
XIII. Exemples db forêts fortement triées ioo
(vii)
PREFACE
C'est principalement la Lumbermen's Association of
Western Nova Scotia qui a incité le gouvernement de la
Nouvelle-Ecosse à entreprendre une reconnaissance des
forêts de cette province. L'origine des négociations à
cette fin remonte à la première partie de 1908; mais ce
n'est qu'en avril 1900 que le gouvernement s'est décidé à
se mettre à l'œuvre et qu'il est entré en correspondance
avec le soussigné.
A la suite d' une entrevue personnelle avec le procureur-
général et le commissaire des terres de la Couroune, l'hono-
rable Wm. T. Pipes, on convint de faire cette reconnaissance
pendant les deux étés de 1909 et de 1910. Ce travail
reçut le ferme appui de l'honorable A. K. Maclean, suc-
cesseur de M. Pipes, et fut continué sous son administra-
tion, pendant la seconde saison.
En choisissant la saison d'été, il nous fut possible de
recevoir l'aide éclairée de deux membres du personnel de
la Faculté des Forêts de l'Université de Toronto, le Dr.
C. D. Howe et M. J. H. White, à qui on doit la plus grande
part du résultat. Tous deux se sont dévoués à la tâche
durant les deux saisons; ils méritent les plus chaleureuses
félicitations pour le succès obtenu et l'économie sans
précédent avec laquelle ils y sont arrivés.
A ceux-là, pendant la première saison, M. H. B.
Ayres, connaisseur-expert en bois, prêta son concours;
et, pendant la deuxième saison, trois étudiants des cours
supérieurs de la Faculté des Forêts contribuèrent généreuse-
ment au succès de l'enterprise.
M. J. B. Whitman, garde forestier provincial, fut
adjoint aux précédents pour aider au recensement; il leur
rendit de précieux services, de temps à autre, au cours de
F r éj ac e
la première saison. M. F. C. Whitman contribua cons-
tamment à activer le progrès du travail tant par ses
couseils qu'en recourant aux renseignements d'exploitants
de bois et d'autres manières.
Somme toute, sans l'aide volontaire de propriétaires
de bois, d'arpenteurs, de gardes-incendies, et de la popu-
lation, en général, qui tous ont partout paru prendre un
vif intérêt à l'entreprise, il nous eût été impossible d'effec-
tuer le travail en si peu de temps et si économiquement.
Vouloir exprimer les remerciements de l'équipe des
recenseurs à ceux qui leur ont fourni des renseignements
demanderait l'énumération de centaines de noms. Il
convient, cependant, que je me fasse l'interprète de tous
pour offrir des remerciements tout particuliers à l'hono-
rable ministre des Chemins de fer et Canaux, qui a bien
voulu accorder des places gratuites à bord des convois de
l' Intercolonial, reconnaissant ainsi la valeur, qui revient
à la nation tout entière, du premier effort ayant pour but
de faire le relevé d'une des ressources naturelles d'une
province.
B. E. Fernow
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7 —
Etat des Forêts de la Nouvelle-Ecosse
Par B. E. Fernow, LL.D.
Objet et But de la Reconnaissance des Forêts
LA raison la plus plausible et la plus convaincante
pour s'assurer de l'étendue et de l'état des ressources
forestières de la province — politique éclairée que
devraient suivre toutes les autres provinces — est qu'il
semble folie d'administrer une propriété ou de prescrire
des règlements à cette fin quand on ne la connaît pas.
Cette réflexion s'applique au domaine public aussi bien
qu'à la propriété individuelle. Il arrive un moment que
l'on ne saurait plus excuser l'ignorance des ressources
d'un pays prises dans leur ensemble, ni celle de l'état des
propriétés qui appartiennent encore à la Couronne. Le
gouvernement est certainement justifié de s'assurer de
cet état; lui seul peut conduire l'entreprise avec succès,
lui seul est, ou devrait être, intéressé à chaque acre de la
province, qu'elle soit la propriété du cultivateur, de l'ex-
ploitant de bois ou de la province elle-même.
Cette reconnaissance a donc alors pour but d'éclairer
les esprits sur cette importante ressource de la province;
de substituer des connaissances définies aux notions
générales concernant l'état de la somme du bois de construc-
tion, et de mettre en évidence la nécessité d'un usage plus
modéré, et peut-être l'adoption de mesures de récupération.
C'est la première lessive à faire.
Un tel recensement est de nature à fournir des données
approximativement exactes quant à l'étendue, le caractère
et l'état des ressources forestières de la province, en vue
de présager l'avenir et de fournir une base sur laquelle le
gouvernement pourrait établir une politique non seule-
(i)
Commission de la C o n s e r ratio
n
ment à l'égard des terres de la Couronne qu'il possède
encore, mais à l'égard de celles de toute la province.
Quand on saura qu'au moins les deux tiers de la pro-
vince sont des terres non arables, couvertes de bois ou impropres
a tout autre usage qu'à la production de bois de service, et que
cette ressource forestière, qui ne fournit pas moins de quatre
à cinq millions de dollars en valeur de produits par année, est
menacée d'extinction au cours des deux prochaines décades,
l'importance et l'opportunité des recherches quant au
caractère et à la possibilité de la continuer ne sauraient
guère être mises en doute.
On eût peu gagné en cherchant à faire un relevé très
exact et détaillé, qui aurait entraîné des dépenses hors de
proportion avec la valeur des résultats et qui n'aurait pas
justifié l'usage auquel il est destiné. De même que
les chiffres de notre recensement décennal et même ceux
de la population, ne sont que des approximations — ou, si,
par hasard, ils étaient absolument précis, au temps de
leur énumeration, ils auraient certainement été inexacts,
lors de leur publication — ainsi, en fait de ressources fores-
tières, on ne peut obtenir et souhaiter que des chiffres
approximatifs et des moyennes générales. En effet, chaque
année voit passer la forêt vierge en forêt triée, celle-ci en
forêt dénudée, et cette dernière en forêt incendiée ou
remplacée par de nouveaux rejetons. Donc, il n'est pas
désirable d'atteindre une grande exactitude, pût on même
y arriver. Néanmoins,, il existe une grande différence
entre une approximation obtenue systématiquement et
une évaluation a priori de la personne la mieux renseignée.
Celle-ci n'en a, généralement, qu'une connaissance locale
ou partielle.
D'un autre côté, le recensement est le travail de
forestiers, qui peuvent décrire les conditions forestières
mieux que la plupart des inspecteurs d'arbres. Ceux-ci
étudient le problème à un point de vue différent de celui
du forestier qui se rappelle que les renseignements qu'il
fournit serviront de guide pour traitement futur de la forêt.
(2)
Objet et But du Recensement
On pourrait peut-être avancer qu'une telle reconnais-
sance ne saurait se proposer de fournir des renseignements
détaillés au commerce individuel, vu qu'elle n'a pas cherché
à atteindre ce but. Il serait dangereux, quant aux détails,
de se baser pour chaque cas sur les données se rapportant à
une portion quelconque, ou allant d'un lot à un autre;
n'ont de valeur et d'exactitude approximative que les
grands totaux ou la moyenne, les erreurs de détails se com-
pensent mutuellement.
Les hommes d'affaires sauront saisir ce point en
voyant qu'il ne s'agit pas d'un relevé des détails, mais d'un
travail de reconnaissance, et que les dépenses totales, y
compris la compilation des données, la carte et le rapport
ne devaient pas s'élever à plus de $6,000. Le travail sur
place, à lui seul, devait être effectué au prix, presque
incroyable, de 25 cents par mille carré d'étendue forestière,
au lieu que toute tentative d'évaluation détaillée du bois
debout aurait coûté de $10 à $20 par mille carré.
Méthode de Recensement
Le premier problème, dont il fallait chercher la solu-
tion, consistait à trouver une méthode qui, vu cette légère
dépense, pourrait cependant donner de bons résultats.
Après étude de l'état général du pays, la méthode fut basée
sur la théorie que, dans une contrée si bien établie et acces-
sible, et renfermant tant de petits propriétaires, il était
possible de trouver en chaque partie une ou plusieurs per-
sonnes qui connaissaient exactement la situation locale.
Trouver de celles-ci, pour en obtenir les renseignements
désirés, était donc chose facile; comparer leurs données
avec celles d'une autre personne et s'assurer de leur valeur,
en cas de divergence, par inspection personnelle, ne pré-
sentait guère de difficulté. Donc il ne nous resterait à
parcourir que les parties sur lesquelles nous ne pourrions
pas obtenir de renseignements, ou à étudier les différences
de type et nous assurer que la description donnée par la
personne interrogée correspondait à celle de l'interrogateur.
(3)
Commission de la Conservation
En ce faisant, il nous fut possible de réduire au mini-
mum le total des dépenses et la lenteur de la marche;
point d'ustensiles de campement ; quelques aides de
temps à autre, vu que nous pouvions trouver à nous accom-
moder le long du chemin et dans les chantiers. Incidentel-
lement, ce mode d'action réalisa la louable intention d'intéres-
ser le public à la proposition tout entière.
Donc, au lieu d'organiser une équipe de recenseurs
pour voyager en groupe, on donna carte blanche à chacun
d'agir plus ou moins indépendamment des autres. On
lui assigna un certain territoire, avec instructions de faire
usage de son propre jugement relativement aux moyens
à prendre pour progresser en son travail, — voyageant
soit à pied, en voiture, chemin de fer, ou canot, le cas
échéant.
En ce faisant, on réussit à rassembler les renseigne-
ments que possédaient les possesseurs de terres à bois
sur leurs propriétés et celles de leurs voisins. Ces ren-
seignements étaient ensuite vérifiés par des données obtenues
d'autres sources, telles que celles des arpenteurs, des évalua-
teurs de bois, des bûcherons, etc. Les exploitants de bois,
surtout, se sont montrés très empressés à fournir des ren-
seignements, quelquefois, d'un caractère tout confidentiel,
que l'on a, naturellement, incorporés dans le chiffrage des
moyennes seulement.
Il faut admettre, en passant, que nous avons rencontré
un nombre extaordinaire d'hommes intelligents et bien
renseignés dans tout le pays; une telle bonne fortune a,
naturellement, beaucoup contribué à faire de cette méthode
un succès.
On s'est servi, pour l'inscription de nos renseigne-
ments, des plans d'arpentage des terres concédées par le
départment des terres de la Couronne, et à cette fin spéciale-
ment dressés et imprimés en noir sur des feuilles. A l'aide
de ces plans, il nous fut possible de parcourir le terrain
lot par lot, avec les informateurs, et, au moyen de symboles,
de marquer sur le plan l'état du lot. Les renseignements,
(4)
Objet et But du Recensement
après vérification, étaient rapportés directement, et sur
place, au crayon de couleurs, les chiffres et les lettres
indiquant des états différents; ainsi, la carte du terrain
sert de base à la compilation des renseignements et à sa
transcription sur une carte dressée d'après une échelle de
moindres proportions, en vue de la publication. Ces
feuilles, contenant les plans des arpentages originaux des
terres concédées, à l'échelle de 2 pouces du mille, déposées
au département des Terres de la Couronne, renferment
probablement la description la plus complète qui existe, au
moins sur ce continent, de l'état d'un si vaste territoire
(21,000 milles carrés.)
Malheureusement, ces plans d'arpentage sont, comme
on le sait bien, souvent très inexacts; conséquemment,
les renseignements y contenus ne sont pas, en général,
plus précis que la carte. Ce fait contribue aussi à montrer
qu'il ne fallait pas chercher à obtenir une trop grande
exactitude. Les inexactitudes des arpentages sont dues
à deux causes : premièrement, à l'absence d'un système
de triangulation ou d'autres moyens de baser de nouveaux
arpentages sur des lignes fondamentales définitivement
localisées, ce qui a dû créer des difficultés, car on n'a pas
suivi de plan arrêté en délimitant les lots, comme on l'a
fait dans les autres provinces; et deuxièmement, aux
erreurs commises, malicieusement ou autrement, par les
arpenteurs sur le terrain même. C'est par suite de celles-ci
que des concessions de 100 acres de terres contenaient
quelquefois jusqu'à 800 acres ou plus, alors que sur la carte
elles étaient indiquées comme contenant l'étendue con-
cédée. Quand on saura que, dans un cas, un lac, y com-
pris les lots adjacents, fut trouvé situé à sept milles de
l'endroit où il est indiqué actuellement, on se rendra compte
de la difficulté de rapporter les renseignements et de l'inuti-
lité de chercher à atteindre une trop grande précision.
Un autre point important se rattache à cette condition
du travail du recensement. En théorie, toutes les terres
qui figurent sur les feuilles de la carte, qui ne sont pas mar-
is)
Commission de la Conservation
quées comme concédées, sont supposées appartenir à la
Couronne; mais puisque les arpentages exécutés sur les
lieux et ceux rapportés sur la carte présentent souvent des
divergences dans le nombre d'acres, les prétendues terres
libres, en plusieurs cas, n'existent pas, ou ne sont pas de
la grandeur mentionnée.
Il fallut donc abandonner le premier plan d'examen
des terres de la Couronne, car leur localisation était très
incertaine. Il semble donc nécessaire de tirer les lignes
d'arpentage de ces terres avant de pouvoir entreprendre
une étude de leur valeur. Elles sont apparemment dans les
stériles ou demi-stériles, toutes les bonnes étant déjà
concédées. Des terres stériles ont cependant une certaine
valeur ou sont susceptibles d'en acquérir une éventuellement.
Genre de Renseignements Recueillis
Le travail de reconnaissance a, la plupart du temps,
révélé en détail les points suivants : la composition ou le
genre de forêt ; le degré du déboisement ; l'étendue dévastée
par les incendies; l'état du reboisement; la nature des
terres stériles; les terres à prairies naturelles, et les terres
défrichées. Incidentellement, et pour obtenir des moyennes
acceptables, on a fait entrer en ligne de compte le bois
debout de différentes sections, et l'on a fait également des
études sur le taux de croissance dans les endroits en partie
déboisés. Le Dr. Howe a analysé aussi une série d'échan-
tillons de sols en vue de connaître leur adaptabilité à la
production du bois.*
On ne s'est pas appliqué à faire de séparation précise
des réserves à bois sur les grandes fermes. Le long des
pièces d'eau, les champs et les réserves à bois forment un
pêle-mêle indescriptible. On s'est contenté de faire ici
une estimation des pourcentages des parties boisées, et on
les a ajoutés aux étendues couvertes de bois.
Afin de réduire la grande variété des conditions
forestières, que l'on observe partout où l'homme a touché
* Voir p 84, et suiv
(6)
Objet et But du Recensement
au travail de la nature, et en faire un nombre acceptable
pour la statistique, on a divisé les forêts en trois classes,
savoir : très déboisées, quand plus de la moitié du bois
avait été enlevée, modérément déboisés lorsque le déboise-
ment va d'un tiers à la moitié, et vierges, lorsqu'elles
étaient intactes, ou quand le pin seulement ou les plus
fortes épinettes avaient été enlevées à des époques
antérieures. D'un autre côté, la reproduction des
conifères a été classifiée comme bonne, assez bonne ou
médiocre, et l'on a pris spécialement note des rejetons ou
seconde pousse.
Il convient d'observer que la distinction en très
déboisé, et modérément déboisé ne saurait être considérée
comme très définie, et qu'en certains cas particuliers la
classification est souvent douteuse. Cependant, dans les
moyennes générales, les erreurs seront largement com-
pensées, avec tendance, sans doute, à grossir l'étendue
des conditions favorables au-delà de ce qu'elles sont.
Nous avions ainsi, dans l'ensemble, atteint l'objet de la
classification, savoir : donner une idée de ce que promet
la puissance reproductrice de la forêt.
Sur les endroits brûlés, on a fait la part des incendies
récents et celle de ceux plus anciens, pour se rendre compte
de leur recouvrement probable. Nous avons fait mention
de la date de l'incendie, quand nous avons pu nous en
assurer.
En certains endroits, les feux ont souvent exercé leurs
ravages, créant ainsi de vérHables déserts. Ces endroits
ont été indiqués d'une manière spéciale. En d'autres
places, les incendies, tout en dévastant d'immenses étendues,
ont épargné quelques bosquets, qui, cependant n'étaient pas
suffisamment importants pour les faire entrer en ligne de
compte. Nous les avons caractérisés de lieux totalement
brûlés, tout en nous servant d'une marque spéciale, qui
indique les arbres respectés par l'incendie ; nous avons
fait une évaluation de ces survivants.
(7)
Commission de la Conservation
Les terrains stériles, expression que l'on emploie
libéralement pour caractériser une région plus ou moins
improductive, et dont il y a de grandes étendues, forment
un sujet d'étude écologique et économique des plus intéres-
sants. On trouve au moins six genres de lieux stériles,
quelques-uns le sont naturellement, d'autres sont l'œuvre
de l'homme ; quelques-uns sont condamnés à la stérilité
perpétuelle, d'autres peuvent être rendus propres à la
production de bois ou convertis en pâturages. La plupart
des prétendues terres de la Couronne sont de ce nombre,
et il serait utile de les soumettre à une étude plus minu-
tieuse et à des essais, afin de trouver le meilleur moyen
d'en tirer un bon parti.
On croit généralement que la stérilité est le résultat
d'incendies dévastateurs souvent répétés. L'étude du Dr.
Howe, particulièrement instructive, et qui forme partie
de ce rapport, pourra dissiper beaucoup de cette crédulité.
En effet, ses conclusions sont le fruit de recherches, et non
pas seulement une simple opinion ou croyance. Bien
qu'en certain cas, le feu puisse être la véritable cause, et
qu'il ait été la cause première, de toutes les stérilités à un
moment donné, il y a cependant des exceptions que l'on
peut expliquer et démontrer comme étant le résultat de
causes naturelles. La stérilité, en pareils cas, comme on le
verra, provient ordinairement de la nature du sol, due à
trop ou trop peu de drainage, à des marais de plusieurs
sortes, et à de véritables bruyères. La région stérile,
composée en grande partie de terres non aliénées que l'on
trouve aux environs des coins communs aux quatre comtés
de Digby, Yarmouth, Shelbourne et Queens, et au coin
sud-ouest d'Annapolis, est très probablement, en grande
partie, le résultat d'incendies répétés. Elle présente,
néanmoins, la plus grande variété d'états, et renferme
comme quelques-unes des étendues brûlées mentionnées,
des pièces de terre ou des îles couvertes de bois vert, des
marais ou des collines de bois dur, ou des massifs de pins,
parfois d'une bonne grosseur. On ne s'est guère donné
(8)
Objet et But du Recensement
la peine de localiser ces îles, excepté quand elles étaient
propriétés particulières, l'absence de lignes définies formant
obstacle.
Quant à ce qui regarde la composition de la forêt, on
a ramené la grande variété des essences à trois types :
bois durs proprement dits, conifères purs, et essences
mixtes conifères et bois durs. Il est certain que la pureté
n'est que relative, car il est rare de trouver des endroits
couverts seulement d'une seule essence. Pour constituer
cette dernière classe, c'est à dire, les essences mixtes, nous
avons adopté une proportion de conifères et de bois durs
d'au moins 20 pour cent de plants (non de troncs de sciage).
On a noté entre parenthèses la prédominance relative des
différentes espèces de chacune de ces classes, dans l'ordre
de la supériorité de leur nombre, afin que, en cas de néces-
sité, il soit possible de les subdiviser encore par rapport
à leur type différentiel.
On a recueilli des données intéressantes sur la pré-
dominance de certaines espèces en quelques localités.
Trois familles de conifères surtout, le pin, l'épinette et
le sapin noir, bien que répandus partout, peuvent être
cependant plus ou moins localisés. Ainsi, par exemple,
on peut appeler le comté d'Annapolis la région du sapin
noir, cette essence compose de 60 à 70 pour cent du bois
debout. L'intérieur du comté de Digby est aussi peuplé
en grande parti de sapins noirs, les côtes, au contraire,
donnent naissance à l'épinette, cette dernière composant
jusqu'à 75 pour cent de la forêt. Le pin domine dans
Shelburne et en certaines parties de Queens; l'île du Cap
Breton, au contraire est le pays du sapin.
Outre les divisions du terrain en sections, qui montrent
pleinement la distribution de la classification forestière,
on a préparé une carte à l'échelle de 4 pouces du mille;
elle pourra servir à tracer d'autres cartes de dimensions
réduites; elle montre, par diverses hachures en noir, la
place des différents groupes de bois.
(9)
Commission de la Conservatio
n
Le Dr. Howe a composé un chapitre spécial qui traite
de la description générale du pays, et des genres de forêts,
avec indication de leur répartition sur différents sols. Il
s'applique tout particulièrement à discuter la question
des lieux stériles et du reboisement des endroits incendiés.
Ces études sont une importante addition à ce rapport.
Comme elles n'étaient qu'incidentelles, et que l'on n'y a
consacré que peu de temps, on les trouvera suffisamment
complètes pour donner un aperçu de la nature des sols,
et de leurs propriétés relativement à la production des
arbres.
t Aspects Physiographiqties
De la description plus détaillée fournie par le Dr.
Howe, nous pouvons résumer brièvement les aspects
physiologiques et géologiques, les formations des sols et
la description des forêts. La province peut se diviser en
trois régions, qui diffèrent sous ce rapport, savoir : le
versant du sud (Atlantique) le versant du nord — deux
étendues d'égale superficie et constituant la terre-ferme
— et l'île du Cap Breton.
Le versant de l'Atlantique repose sur des couches
de granit, de quartzite, d'ardoise, et sur des dépôts formés
par les glaces; il est entrecoupé topographiquement par
des collines et des vallons, des marais. Les1 trois huitièmes
de la partie ouest de la péninsule, ou 3,000 milles carrés,
et seulement 550 milles carrés dans l'est de la péninsule
sont granitiques, plus ou moins bouleversés par l'action
des glaces. Bien que cette région granitique ne soit pas
souvent favorable à la culture agricole, son sol convient
particulièrement à la production des forêts surtout lorsqu'il
doit sa formation à l'action des glaces. Les couches plus
minces, le long des crêtes, sont ordinairement couvertes de
conifères, parmi lesquels domine le sapin; sur les flancs
les essences sont mixtes; les pentes moins prononcées et
les bases donnent naissance à l'épinette et à la pruche ;
on y rencontre parfois des lieux stériles naturels, ou rendus
tels par les incendies, et des marais.
do)
Sapins et épinettes rouges sous bouleaux à papier représentant un
type dominant sur étendues granitiques tres déboisées .vais
non brûlées.
Objet et But du Recensement
Les étendues quartzeuses, qui entourent les endroits
granitiques situés au centre, sont formées de roches plus
compactes et plus dures, et l'on y rencontre plus souvent
des parties arides; au contraire, les formations schisteuses,
et les meilleurs dépôts formés par les glaces dans les vallées,
sont les pays agricoles, ou produisent des forêts de qualité
supérieure. Ces deux formations couvrent environ la même
étendue que le granit dans les comtés de l'ouest, mais,
dans les comtés de l'est, les étendues quartzeuses sont de
beaucoup plus considérables que les formations granitiques
et schisteuses, conséquemment, les conditions de croissance
sont, en général, moins favorables.
Les dépôts formés par les glaces sont ordinairement cou-
verts des meilleures forêts, mais si la composition de leurs sols
est trop grossière, ou le drainage excessif, on y trouve une
tendance à la stérilité.
Le versant du nord, ou le bassin de drainage du détroit
de Northumberland et du Bassin de Minas, bien que d'une
composition topographique plus simple, est géologique-
ment, quant au sol et à la production des forêts, beaucoup
plus diversifié, composé non seulement de roches ignées
(felsites, syénites, diorites) et de roches métamorphiques
(schisteuses), mais de grès, d'ardoise, de conglomérat, de
calcaire, et de drift dûs à l'action des glaces, à un degré
moindre. On trouve ici, outre le bois dur en plus grande
quantité et de meilleure qualité, une végétation plus
luxuriantes; toutes les essences qui poussent sur le versant
sud sont répétées sur celui-ci, et de plus quelques pins gris
qui n'existent pas sur l'autre versant.
On peut diviser l'île du Cap Breton en deux sections
distinctes, la péninsule du sud, qui est une plaine ondulée,
et la péninsule du nord, un plateau élevé, avec légère
variation topographique, excepté dans la partie nord où
il est entrecoupé de collines.
La composition de la forêt varie surtout avec les
différences du sol, les conditions climatériques ne diffèrent
pas suffisamment, excepté sur le plateau du Cap Breton,
(ii)
Commission de la Conservation
et sur les plus hautes montagnes, pour y exercer une grande
influence. En général, les essences sont mixtes — les types
à larges feuilles et les conifères forment des massifs
composés tantôt de plusieurs espèces, tantôt d'une seule;
ceux-là se séparent des conifères et composent des bosquets
d'arbres à larges feuilles de diverses espèces. Les bosquets
d'une seule essence sont rares, et ne convrent qu'une
faible étendue. Il faut excepter les endroits où le sol est
de pauvre qualité, par exemple dans les plantes du comté
de Colchester où pousse le pin gris, ou bien encore lorsque
le climat et le sol s'unissent, comme dans le Cap Breton,
pour produire des forêts de sapins.
Espèces d'Arbres des Forets de la Nouvelle -Ecosse
A. Conifères
Le pin blanc (Pinus strobus) est une essence univer-
sellement répandue et pousse en bosquets mixtes, la pre-
mière venue a été abattue presque partout, mais en cer-
taines parties (Shelburne, Queens) il est très commun dans
la seconde forêt.
Le pin rouge (Pinus resinosa) ne se trouve qu'en
certains endroits, sur des sols de gravier, surtout sur ceux
d'origine granitique, et sur presque toutes les plaines
sablonneuses. Si l'on veut le localiser plus dans une
place que dans une autre, on peut citer les comtés de
Lunenburg et de Queens.
Le pin gris (Pinus divaricata) ne pousse guère que
dans les plus pauvres sols du comté de Colchester. Il n'a
aucune valeur commerciale.
L'épinette rouge (Picea rubra) est le principal arbre de
bois de construction; on la trouve dans toute la province
mais elle aime surtout les sols humides.
L'épinette blanche (Picea canadensis) n'est pas, comme
on le croit et le dit, la principale espèce. Elle ne figure
que dans les forêts vierges, en très petit nombre, à peine
plus d'un pour cent. Mais, dans les pâturages et les
clairières, elle prend rapidement possession du sol et
(12)
Classification des Arbres de Foret
s'y développe très vite. Elle pousse surtout dans
les régions côtières; on la trouve en abondance dans les
comtés de Digby et de Yarmouth et sur le côté de Canso
du comté de Guysborough; son bois est inférieur à celui
de l'épinette rouge.
L'épinette noire (Picea mariana) est la principale
épinette des marais, où elle atteint rarement une grande
taille; on ne la trouve pas souvent sur les hauteurs et
parmi les hautes futaies. Elle ne pousse, sans doute, que
lentement dans les lieux marécageux et ne sert qu'à faire
des poteaux de mines et de la pâte à papier.
Le sapin baumier (Abies balsamea) est souvent con-
fondu avec l'épinette blanche, ou appelé de ce nom, sur-
tout au Cap Breton. C'est le plus omniprésent et numéri-
quement le plus répandu des conifères. On le trouve dans
toutes les parties de la province, surtout au Cap Breton,
où, sur le plateau, au nord de la pénisnule, il forme presque
seul une forêt continue, avec, çà et là, quelques épinettes
rouges et bouleaux blancs. C'est l'espèce qui se reproduit
le mieux; elle supporte bien l'ombre, se développe aussi
rapidement et même plus vite que l'épinette blanche, mais
son existence n'est pas de longue durée, et elle est main-
tenant très sujette à une maladie et à une carie prématurée.
Comme bois à pâte de papier, elle vaut l'épinette.
La pruche (Tsuga canadensis) est plus localisée en sa
distribution que les conifères précédents, à l'exception du
pin rouge et du pin gris. On la trouve dans les sols frais,
surtout dans les comtés de l'ouest. Elle prend de la
valeur comme bois de construction.
Le mélèze (Larix laricina) appelé en certains endroits
"genévrier," pousse parmi l'épinette noire dans les marais.
La mouche-à-scie a détruit les anciens plants, mais on
en rencontre souvent de jeunes boisements vifs.
B. Essences a Larges Feuilles
Le bouleau jaune (Betula lutea). Cet arbre précieux
occupe le troisième rang par le nombre parmi les bois durs
(13)
Commission de la Conservation
dominants, seuls le hêtre et l'érable sont plus répandus
que lui. Mais dans les comtés de l'est il surpasse en nombre
ces deux derniers.
Le bouleau à papier ou bouleau blanc {Betula papy-
rifera) est répandu dans toute la province, mais il est très
abondant dans la partie est, surtout dans le comté de
Guysborough.
Le bouleau gris {Betula populifolia). Cette espèce
n'entre pas dans la liste des bois marchands; on en fait
cependant des cercles pour usage local ; c'est un des arbres
les plus communs, puisqu'il pousse sur les endroits brûlés.
Le chêne rouge {Quercus rubra). On trouve cet arbre
dans les sols profonds, principalement le long des cours
d'eau, dans les parties ouest de la province. C'est une
venue inférieure qui occupe souvent les sommets rocheux
et abondants en gravier.
Le hêtre (Fagus americana). C'est le bois dur le
plus commun dans les forêts des comtés de l'est. Il cons-
titue souvent à lui seul des massifs sur les crêtes et les
sommets des collines.
L'érable à sucre {Acer saccharum) occupe le second
rang, quant au nombre, comme bois dur, dans la province.
L'érable rouge ou mou {Acer rubrum) se trouve com-
munément parmi le sapin dans les sols humides, le long des
ruisseaux. On le trouve aussi parmi le bouleau gris sur les
lieux à demi-stériles.
Le frêne américain {Fraxinus americana) est exces-
sivement rare.
Le frêne noir {Fraxinus nigra) est commun dans les
marais.
Au nombre des arbres non marchands, ou à ceux qui
ne sont pas répandus en quantitiés suffisantes pour être
livrés au commerce, on peut ajouter les suivants :
i. Le tremble {Populus tremuloides) .
2. Le tremble à feuilles très échancrées {Populus
grandidentata) .
3. Le peuplier baumier {Populus balsamifera) .
(14)
Classification des Arbres de Forêt
4. Le bois de fer d'Amérique (Ostrya virginiana).
5. Le hêtre bleu (Carpinus caroliniana) .
6. L'aulne (Alnus incana).
7. L'orme (Ulmus americana).
8. Le frêne de montagne (Pyrus americana).
9. L'amelanchier (Amelanchier canadensis).
10. L'épine (Cratœgus sp.)
11. Le merisier noir (Prunus serotina).
12. Le merisier à fruit amer (Prunus virginiana).
13. Le merisier à grappes (Prunus pennsylvanica).
14. Le sumac (Rhus typhina).
15. L'érable rayé (Acer pennsylvanicum) .
16. L'érable de montagne (Acer spicatum).
17. Le frêne rouge (Fraxinus pennsylvanica).
18. Le cormier (Cornus alternifolia) .
Résultats Statistiques du Recensement
On a trouvé qu'il existait une telle différence entre
l'état des forêts de la terre-ferme et de l'île du Cap Breton,
que l'on a cru bon de faire des comptes rendus séparés
pour les deux parties. Le nord de l'île, à l'exception des
côtes, est une suite ininterrompue de forêts, sur une terre
que n'a pas encore touchée la main de l'homme, le bois est
presque exclusivement du sapin. Cette essence est aussi
celle qui domine sur le reste de l'île.
Classification des Terres — Terre-Ferme
Les tableaux qui suivent donnent une classification
complète de la terre, comté par comté, et le pourcentage
proportionnel par lequel chaque type est représenté dans
le comté. J'ajoute, une fois de plus, que les chiffres ne
sont qu'approximatifs et qu'il ne faut par les prendre
comme mathématiquement exacts.
On a classifié sous terre défrichée ou terre arable non
seulement les champs et les pâturages, les vergers, etc.,
actuellement en usage, mais aussi les fermes abandonnées
en tout ou en partie, sur lesquelles il pousse plus ou moins
(15)
Commission de la Conservation
de bois. (Il est difficile de tracer une ligne de distinction
entre ces dernières et les terres à bois). Sur les fermes qui
bordent des pièces d'eau, les parties boisées et entre-
coupées de champs ont été calculées par approximation et
ajoutées à l'étendue forestière. Sur les lots à bois de ce
genre, en général très triés, on a évalué que le jeune bois
ou la seconde pousse couvrait envirion 256,000 acres.
Sur la partie ouest de la terre-ferme on a trouvé qu'il
existe une grande étendue de prairies naturelles, qu'un
drainage quelconque pourait améliorer grandement. Dans
les comtés de l'est, elles sont moins nombreuses et moins
grandes, et c'est pour cela qu'on ne les a pas classiflées
séparément.
Les sols de l'ouest de la Nouvelle-Ecosse sont des
terrains plus ou moins tourbeux, appelés savannes, et que
l'on pourra peut-être convertir plus tard en terres arables.
On a établi une distinction entre les jeunes rejetons
et la seconde croissance ; celle-ci désigne des forêts qui ont
été abattues, mais dont le bois est maintenant ou sera
bieutôt de taille à servir, tandis que ceux-là représentent
des arbres de quelques années seulement d'existence. Il
n'était pas toujours facile d'arriver à la précision en ce
genre de distinction; néanmoins, les chiffres donnent une
indication approximative de l'approvisionement futur.
On trouve des rejetons même dans les lieux déboisés, et
surtout très déboisés, où l'espace libre favorise leur crois-
sance; on a fait mention de cette reproduction sur les
plans, mais il n'a pas été possible d'en faire un calcul
numérique.
Les vieux brûlés et les stériles, bien que d'abord notés
à part, ont été compris dans un même total, quand on a
fait le compte final, car il est très difficile de savoir si ce
sont les incendies répétés qui ont produit ces résultats, ou
s'il faut les attribuer à d'autres causes, malgré l'opinion
générale. Un peu moins de la moitié de l'étendue ainsi
appelée semble être des endroits stériles naturels et des-
tinés à rester tels; l'autre moitié, soit envrion un million
(16)
Résultats Statistiques du Recensement
d'acres, pourra être rachetée ; même à l'heure présente, on y
trouve des bosquets de bois de construction et de pâte à
papier. On traite de la nature et de l'avenir des lieux
stériles dans un autre passage de ce rapport.
Les étendues dernièrement dévastées par les incendies,
par exemple, au cours des quinze dernières années, dont
l'avenir est encore incertain, ont été classées à part, et
quand la chose a été possible, l'année de l'incendie a été
mentionnée sur le plan. Les arbres laissés intacts par le
feu ont été mis en ligne de compte ajoutés au total de la
croissance forestière.
Dans le total des étendues sur lesquelles la statistique
fournit des données, il y a une différence de 2,077 milles
carrés pour les différents comtés d'avec le nombre donné
dans l'atlas du Canada. Cette différence provient de ce
que, dans l'atlas, les étendues couvertes d'eau sont com-
prises dans la superficie totale des terres, et aussi, en partie
de la divergence qui existe entre les plans d'arpentage et
l'arpentage géographique.
Il y a aussi quelques petites étendues sur lesquelles
on n'a pu obtenir de renseignements, car elles étaient
situées trop loin de la route des recenseurs, et il eût fallu
faire trop de dépenses pour aller les examiner. Cette
étendue non comprise dans la carte, indiquée sous le titre
de "non classifiée" dans la statistique comprend un peu
plus d'un pour cent.
On a compté libéralement les étendues défrichées ou
terres agricoles, afin de donner à celles-ci autant de pro-
portion que possible. Tel que susdit, il était difficile de
tracer une ligne de séparation entre les pâturages et les
terres à bois; néanmoins, vu la différence des méthodes,
les chiffres du recensement de 1901 et les nôtres ont entre
eux une coïncidence remarquable : fait qui est de nature
à inspirer confiance dans le résultat de ce relevé. Les
chiffres du recensement de 1901 — qui, il faut l'avouer, sont
aussi basés sur de pures estimations, avec tendance inverse
— sont environ 3 pour cent de moins que ceux de notre
(17)
Commission de la Conservation
recensement, c'est à dire, moins favorables à l'étendue
des terres arables. Nos chiffres sont inférieurs à ceux du
recensement de iqoi dans trois comtés seulement : Anna-
polis, Yarmouth et Antigonish, et on a trouvé qu'en ceux-ci,
surtout dans le dernier, beaucoup de pâturages sont con-
vertis en forêt, et cela peut-être depuis le recensement
décennal, et que l'on a compris dans la classification des
jeunes rejetons. On peut donc, sans crainte d'errer, et
d'une manière libérale, avancer que le total de la super-
ficie des terres arables serait au-dessous de 20 pour cent.
Bien qu'il y ait encore sous bois des étendues qui
seraient propres aux cultures des champs, une partie de
l'étendue actuelle sous exploitation agricole pourra être
rendue à la sylviculture, comme impropre aux fins agricoles;
c'est pourquoi, prise dans son ensemble, la superficie des
terres arables ne subira pas de grandes modifications.
Comme on l'a dit précédemment, les prairies naturelles
et les savannes doivent être comptées au nombre des terres
arables, mais elles représentent moins de 60,000 acres.
La forêt verte actuelle couvre environ cinq millions
d'acres. Elle occupe environ 52.5 pour cent de la super-
ficie de la province; mais d'un autre côté il faut lui ajouter
les 5.8 pour cent de l'étendue récemment brûlée et environ
12 pour cent des meilleures classes de terres stériles
qui pourront être reboisées. Donc, la superficie qui est
susceptible d'être appelée terre forestière représente 70
pour cent de la terre de cette province; la balance, 10 pour
cent, est prise par les lieux voués à la stérilité perpétuelle.
Cette différence est un faible pourcentage des terres per-
dues. On ne la maintiendra à ce point qu'en prenant des
mesures préventives contre les incendies et des moyens
de reboiser les anciens brûlés et les lieux stériles qui offrent
quelque chance de produire du bois.
Il reste moins de 100,000 acres de forêt vierge ou demi-
vierge; et, tout compris, on peut dire que seulement
1,400,000 acres, soit un quart de l'étendue forestière,
fournissent les billes de sciage aux scieries; à cet appro-
(18)
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Reproduction de 20 ans après un incendie. Le sol est de sable fin de trois
polces de profondeur, profondeur au-dessous de gros sable et
de gravier de huit pieds sur sous-sol de glaise. .
Résultats Statistiques du Recensement
visionnement on pourrait ajouter le bois qui reste sur les
2,800,000 acres de forêt fortement déboisées, et celui des
227,000 acres de la seconde pousse.
L'étendue de bois dur pur représente moins de 7 pour
cent, et celle des conifères purs 20 pour cent, la grosse part
de la forêt, soit 73 pour cent, est composée d'essences
mixtes. L'enlèvement du pin, de l'épinette et de la pruche
de cette dernière catégorie, tend à donner la prédominance,
au bois dur. Ainsi, les étendues très déboisées sont aptes
à produire des bois durs. Il est probable qu'une grande
partie des étendues couvertes aujourd'hui de bois dur
était jadis une forêt mixte, dont les conifères auront été
enlevés. On a mis ensemble les deux types de forêt vierge
et de forêt modérément triée, la différence n'étant pas
considérée sensible.
On pourra se faire une idée plus complète de la situa-
tion forestière par les chiffres donnés dans les tableaux et
le diagramme qui suivent; ils indiquent les superficies
de ces classifications de terre, sous forme de pourcentages,
de l'étendue de toute la province, dans l'ensemble et par
comtés.
(19)
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(21)
Commission de la Conservation
Cap Breton
Comme on l'a dit précédemment, la forêt de l'île du
Cap Breton est d'un type entièrement différent de celle
de la terre-ferme. Ici le sapin baumier est l'arbre dominant,
aussi le bois de sciage est rare. Beaucoup des terres à
bois sont de qualité inférieure. Le bois à pâte de papier
et pour poteaux de mines est le commerce principal.
Le nord de la péninsule surtout, qui comprend les
comtés d'Inverness et de Victoria, est couvert d'une forêt
presque ininterrompue de purs sapins baumiers, l'épinette
n'y compte que de 15 à 25 pour cent, excepté dans les ma-
rais d'épinettes noires et environ trois pour cent de bouleaux
à papier. Cette partie de l'île, qui n'est pas divisée en lots,
n'a pas été examinée, car l'auteur y a fait une visite par-
ticulière, il y a quelques années, pour fins commerciales, et
les renseignements qu'il a recueillis alors ont servi aux
investigations actuelles. Ici la distribution de l'étendue
ne peut réclamer une grande exactitude, puisque la super-
ficie totale est sujette à beaucoup de doute. La partie
supérieure du plateau est occupée par une chaine continue
de lieux stériles couverts de mousse ou marécages, où
plusieurs petits cours d'eau prennent leur source. La
superficie totale de ces lieux stériles est évaluée à 575 milles
carrés, et répartie dans les proportions de 5 à 7 dans les
deux comtés d'Inverness et de Victoria. En outre, le
reste de l'étendue forestière, moins une déduction d'environ
650 milles carrés pour marais d'épinettes noires, d'aulnes à
balai, etc., a été réparti de la même manière.
Une grande partie de la terre défrichée dans le comté
du Cap Breton sert de lieux de décharge pour déchets de
mines, de terrains miniers, de villes, etc.
On remarquera que l'étendue forestière totale de
l'île, 1,535,000 acres, est proportionnellement supérieure
à celle de la terre-ferme, et que la distribution en genres
varie aussi beaucoup.
(22)
CLASSIFICATION OF LAND, NOVA SCOTIA
Cleared Land
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(2.0
Commission de la Conservation
Etat Estimatif du Bois Debout
Après avoir pris connaissance des étendues couvertes
par les différentes sortes de bois de construction et de
l'état dans lequel se trouve ce bois, nous pourrions, en vue
d'arriver à un aperçu général du montant de bois destiné
a être abattu, spécifier un chiffre moyen à chacune de ces
espèces. A cette fin, les examens des propriétés actuelles
fourniront une bonne base. Nous avons eu la bonne
fortune d'inspecter des estimations qui embrassaient environ
un million d'acres, dans les différentes parties de la pro-
vince, et de lire diverses descriptions en plus de celles qui
reposent sur les observations personnelles de l'équipe des
recenseurs. Puisque ces chiffres estimatifs couvrent presque
15 pour cent de l'étendue totale des forêts, alors que dans
le travail de détail, par le système de sections, 2 à 5 pour
cent sont ordinairement considérés suffisants, on peut
dire que la base de ces calculs peut être considérée satis-
faisante.
On sait que les différentes parties de la province n'ont
pas le même développement; la vigueur de croissance du
bois, dans l'ouest de la province, est certainement supé-
rieure en qualité et en quantité par acre à celle de la partie
est. Cependant, nous n'avons pas cherché à établir des
calculs séparés des différentes sections, mais nous avons
choisi une moyenne pour chaque type dans toute la pro-
vince, faisant abstraction toutefois de l'île du Cap Breton,
qui forme une classe par elle-même, et dont la plus grande
partie ne renferme pas de bois de sciage.
Bois de Sciage
Les chiffres qui suivent ne se rapportent qu'aux
conifères.
Tout en admettant que les meilleures acres de bois
mixte, où dominent les conifères ne dépassent pas 15 mille
pieds de planche, et qu'un lot particulier de purs conifères
puisse fournir jusqu'à 30 mille pieds, la moyenne des
(24)
Résultats Statistiques du Recensement
forêts vierges de toute la superficie ne pourrait guère
excéder plus de 12 mille pieds de planche par acre.
Les autres types de boisement fourniront les mêmes
différences. Quelques-unes des plus petites étendues
légèrement triées peuvent contenir encore jusqu'à 6 mille
pieds, et les meilleures acres, même dans les grandes étendues
peuvent renfermer une moyenne de 4 mille pieds, mais
la moyenne générale ne pourrait excéder plus de 3 mille
pieds. A cette catégorie on peut ajouter la petite étendue
de la seconde croissance, suivant le même taux, bien que
ce chiffre soit un peu trop élevé.
La différence est encore plus prononcée sur les étendues
très triées et sur les étendues brûlées, dont beaucoup n'ont
plus de bois de sciage. Cependant, nous pouvons leur
accorder 1,000 pieds par acre, ce qui serait libéral.
Les lieux stériles et les vieux brûlés contiennent des
bosquets de bois vert, en plus du bois à pâte de papier, et,
à la suite d'examens de grandes superficies de ces deux
classes, il appert que les lieux stériles fourniraient une
moyenne de 400 pieds par acre ; cependant, la moynne
générale ne s'é èverait guère au-dessus de 300 pieds.
En laissant de côté les étendues couvertes de bois dur
seulement, nous obtenons les chiffres suivants :
État Estimatif des Conifères sur la Terre-Ferme
T94495 acres de forêt vierge ou serai-vierge à 12 M — 1,133.9s1 M. pds.
1,318,964 " " " modérément triée et de seconde
pousse à 3 M— 3,956,892 M. pds.
3,192,175 " " " très triée et brûlée ....à 1 M— 3,192,175 M. pds.
1,138,730 " " " lieux stériles verts et vieux
brûlés à 300 pds.— 341,619 M. pds.
5,744,365 acres Total 8,624,638 M. pds.
On peut donc conclure que la terre-ferme de la pro-
vince renferme moins de dix billions de pieds de conifères
pour bois de construction ; le bois de sciage qui peut se
trouver dans l'île du Cap Breton n'élèverait pas les chiffres
au-delà de ce maximun.
Il ne faut pas oublier que ces chiffres sont basés sur
un type de diamètre de bois aussi bas que possible. On
(25)
Commission de la Conservation
abat tout ce qui peut fournir une planche de 2 x 4 pouces ;
les marchés, surtout ceux des comtés de l'ouest, sont
autorisés à expédier du bois de ce calibre aux Antilles et en
Amérique du Sud.
On peut, jusqu'à un certain point, juger de l'état des
arbres en se basant sur les tailles des scieries. A l'une des
plus grandes scieries, on a pris note, pendant trois ans,
d'une telle taille de sciage d'environ 5.5. millions de pieds
d'une bonne classe de bois. Ces chiffres montrent que
17.5 billes d'épinette fournissent M (1,000) pieds, que le
pin donne un peu plus, et que 11 billes de pruche égalent
M. pieds. Sur un total de 84,000 billes, qui représente
probablement la coupe de la région, en nombre, l'épinette
comptait 62 pour cent, la pruche 25 pour cent et le pin
13 pour cent. Cependant, par suite des dimensions plus
fortes de la pruche, les proportions en volume étaient de 53
pour cent, 36 pour cent et 11 pour cent, respectivement.
La bille d'épinette mesurait en moyenne 11 pouces de
diamètre, et la bille de pruche environ 14 pouces.
Si nous appliquons au bois bebout la proportion rela-
tive fournie par ces tailles de la scierie, nous trouverons
qu'il y aurait, en chiffres ronds, environ cinq billions de
pieds d'épinette, trois billions de pieds de pruche, et environ
un billion de pieds de pin blanc, mais la quantité est peut-
être inférieure à ces chiffres.
Bois a Pâte de Papier
La ressource forestière, d'un autre côté, augmente
beaucoup sa valeur, si l'on y ajoute le boisa pâte de papier.
Nous constatons encore ici de grandes différences. Le
Cap Breton occupe la première place par unité et dans
l'ensemble. La partie qui forme le plateau dans les comtés
de Victoria et d'Inverness est une forêt de bois à pâte de
papier ou de poteaux de mines, elle est composée presque
exclusivement de sapins, avec environ 15 pour cent d'épi-
nettes et 3 pour cent de bouleaux à papier ; dans le nord il y
a de l'épinette et du pin blanc. On ne trouve le bois dur, tel
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Résultats Statistiques du Recensement
que l'érable à sucre et le bouleau jaune, que sur les flancs
des collines qui descendent vers la mer.
Dans cette forêt de sapins, les arbres ont de 6 à 14
pouces de diamètre, quelquefois 18 pouces, et une longueur
de tronc de 36 à 40 pieds; 10 arbres font une corde. Les
sommets des collines sont couverts de mousse; dans les
vallons pousse le saule, et dans les marais l'épinette noire;
la partie productive des 1,200 milles carrés de plateau
doit être réduite d'au moins 35 pour cent, et l'on peut
dire qu'elle renferme au moins 500,000 acres. Dans un
relevé particulier, entrepris par l'auteur, pour fins com-
merciales, il y a quelques années, environ 180 échantillons
furent mesurés ; plusieurs donnèrent de 50 à 60 cordes par
acre. On peut, en toute sûreté dire que la moyenne serait
de 20 cordes par acre, soit en tout 12 millions de cordes.
Les autres parties de l'île peuvent fournir environ deux
millions de cordes.
Dans la partie ouest de la Nouvelle-Ecosse propre-
ment dite, si l'on suivait des méthodes d'exploitation
économiques, on pourrait recouvrir de 15 à 20 et même 30
cordes de bois à pâte de papier, en plus du bois de sciage,
mais, d'après les méthodes actuelles d'exploitation forestière,
la plupart de ces bois sont perdus. La'partie est renferme du
bois de dimensions beaucoup inférieures, et partant plus
de bois de pâte à papier. Nous n'avons pas de données
pour établir des chiffres précis, mais s'il nous était permis
un calcul à main levée, nous dirions que le bois à pâte de
papier sur la terre-ferme est inférieur à 2 cordes par acre,
ou à dix millions de cordes.
On ne s'est pas préoccupé d'établir une estimation du
bois dur. L'étendue de bois dur sans mélange, n'est que
de 330,866 acres. Les arbres, en général, ne sont que
médiocrement développés. Mettre la somme totale à
six millions de cordes serait être généreux. Cependant, au
Cap Breton, on pourrait encore trouver à ajouter deux
millions de cordes de bouleau à bobines. De plus, le bois
dur de la classe mixte, qui atteint souvent 50 pour cent, de la
(27)
Commission de la Conservation
composition, fournirait de grandes quantités — peut-être
vingt-cinq millions de cordes — s'il n'était pas détruit au
cours de l'exploitation forestière des billes de sciage.
Consommation
On n'a pas essayé d'obtenir des données nouvelles
sur l'abat âge, car ce sujet n'entrait pas dans le cadre de
nos recherches, mais dans celui de l'enquête statistique,
pour laquelle nous n'étions pas préparés. Cependant, en
prenant les données du recensement de 1900 et de 1906
pour les ajouter à celles de 19 10, mises gracieusement à
ma disposition par la Division Forestière du Dominion,
j'ai pu obtenir une base très complète pour faire un état
estimatif de la consommation du bois de la province.
D'après les statisques qui suivent, nous trouvons que
la coupe du bois de sciage est d'environ trois cent millions
de pieds de planche qui, en 1900 représentaient, en bois
de grume, moins de deux millions de dollars; mais en 1910,
elle était évaluée en bois débité, planches, lattes, bardeaux
(sur rapport de 240 scieries) à environ trois millions et
demi. Dans ce total, l'épinette représente 62 pour cent,
et la pruche 20 pour cent. Le pin y figure pour environ
10 pour cent.; les bois. durs n'y entrent que pour 4.5 pour
cent., avec une valeur de $158,706.
On a expédié en dehors du pays au moins 80 pour
cent, de la coupe, dont la moitié par eau.
Les produits de moindre importance, tels que traverses
de chemins de fer, poteaux de télégraphe, articles de
tonnellerie, etc., et le bois de chauffage, additionnés dans
l'année du recensement, grossissaient d'environ un demi-
million de dollars la valeur annuelle des produits de la forêt.
Industries se servant de bois :
(a) Ameublement et wagons, 17,306,000 pieds,
coûtant $323,497. Environ 20 pour cent.
de ce bois étaient le produit de la province ;
57 pour cent, de pin jaune; 13.7 pour cent.
de chêne (importé); 5.2 pour cent, de
sapin Douglas.
(28)
Résultats Statistiques du Recensement
(b) Instruments aratoires et voitures légères,
394,000 pieds seulement, évalués à $10,640;
bois presque entièrement de provenance
du pays.
Bois à pâte de papier. En 1910, 29,606 cordes,
coûtant $135,965, ont été converties en pâte de papier.
Tout compris, nous pouvons, étant donné ces chiffres,
porter le total des produits annuels directement sortis de
la forêt à $5,000,000 par année. La coupe annuelle, pour la
consommation domestique et l'exportation, est évaluée, à
400 millions de pieds. Si l'on accepte nos calculs estimatifs
de huit à dix billions de bois debout, il faudra admettre qu'il
sera possible d'épuiser tout le bois en 20 ou 25 ans, si l'on
laisse de côté les jeunes plants qui peuvent aider à prolonger
le temps de l'épuisement total. Cependant, si l'industrie du
sciage continue dans les proportions actuelles, elle sera li-
mitée à l'abatage du bois debout sur les étendues modérément
triées, vierges et de la seconde croissance. La somme
du bois qui couvre ces étendues serait d'environ cinq billions
de pieds, ce qui ne formerait que la moitié de l'existence
mentionnée plus haut. Ceci démontre donc la nécessité
d'adopter des mesures immédiates pour modérer l'exploita-
tion et activer le reboisement.
;2?)
Commission de la Conservation
Produit forestier de la Nouvelle -Ecosse, 1910*
Espèces
M PIEDS
Valeur
Conifères
Épinette
Pruche
Pin Blanc
Sapin
Pin Rouge
Pin Gris
Épinette Rouge
Total
Bois Dur
Bouleau
Hêtre
Érable
Chêne
Frêne
Peuplier
Orme
Total.
Grand Total
8,110
i,95o
598
490
252
192
3°
11,622
$2,133,311
540,025
385,669
58,101
38,586
10,944
1,692
$3,168,328
260,237
ÎIOI,2I2
25,258
7,456
H,I45
5.254
7,220
I,l6l
$148,706
$3,327.034
Total des Produits Forestiers de la Nouvelle-Ecosse, 1910*
Produit
Quantité
Valeur
260,237 M pds.
47,712 M
23,878 M
29,606 cordes
1 5,653 pieds linéaires
3,282 M pds. bois scié
38,173 M
4,600 cordes
$3,327.034
1 1 1,42 1
Bardeaux .
36,008
135,965
168,142
45,281
332,877
32,375
Bois à Pâte de Papier .......
Poteaux de Mines
Articles de Tonnellerie (191 1)
Écorce de Pruche (1909) ....
Total
$4,189,103
* Du Bulletin 25, Division des Forêts, Département de l'Intérieur.
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(3tf
Commission de la Conservation
Calcul Estimatif de la Croissance
Rien de plus difficile que de déterminer avec une
certaine exactitude la somme de produit que peut donner
une forêt qui grandit. Le taux de la croissance sur la
même acre, d'une même espèce d'arbres, varie d'une
période à l'autre, et la croissance moyenne diffère selon la
longueur de temps que le bois se développe. D'un autre
côté, étant donné une grande diversité de conditions
extérieures, l'effort que l'on fait pour arriver à établir une
moyenne quelconque n'a guère plus d'exactitude qu'une
supposition. Dans une forêt vierge, ou presque vierge,
la croissance, sous le rapport de la quantité par acre, est
pour ainsi dire arrêtée. Il est, néanmoins, vrai de dire,
naturellement, que les arbres développent toujours leur
diamètre, et, si la carie ne les endommage pas trop rapide-
ment, leur valeur peut même augmenter. Les vieux
arbres d'une forêt modérément triée acquièrent un plus
grand diamètre et une plus grande valeur que ceux d'une
forêt vierge. Si le déboisement est très prononcé, la
croissance passe de l'ancienne forêt à la nouvelle, si forêt
il y a; plus ce déboisement s'accentue, plus la pousse des
jeunes arbres en profite, pourvu que le reboisement soit
composé de plants venus de graines. On peut donc dire
que, dans certains cas, c'est à dire, lorsque le sol est couvert
d'une forêt nouvelle, il est préférable d'abattre autant que
possible du vieux bois, afin d'obtenir une meilleure crois-
sance.
Il existe des idées très différentes sur le taux de crois-
sance des arbres. On a fait des observations sur des arbres
poussant séparément dans des lieux à part, et l'on s'est
servi des résultats obtenus pour les appliquer à des acres
entières de forêt. Ou croit, généralement, que l'épinette
de la Nouvelle-Ecosse, favorisée par les conditions cli-
matériques de ce pays, pousse avec une grande rapidité.
De fait, bien que l'on puisse dire que le climat soit favorable
à la reproduction, c'est à dire, au repeuplement, le taux de
croissance, dans la forêt, ne diffère guère de celui des
(34)
Résultats Statistiques du Recensement
forêts placées dans des conditions analogues aux Etats-
Unis.
On ne s'est pas attardé à faire des études de détail;
cependant, on a, incidentellement, analysé 550 arbres pour
connaître le nombre d'années nécessaire à la formation de
leur diamètre et l'on a examiné un certain nombre de
plants échantillons, afin de connaître les conditions de
croissance. Il appert, d'après ces mesurages, qu'il faut à
une épinette, placée dans les meilleures conditions de crois-
sance, cinquante années pour atteindre un diamètre de 12
pouces sur la couche; qu'il lui faudrait cent soixante-dix
ans pour arriver aux mêmes proportions, si elle était, pen-
dant longtemps, mise dans la nécessité de lutter contre ses
voisines pour jouir de sa part de lumière. Les arbres dont
la croissance est extraordinairement rapides sont rares;
leur nombre est extrêmement limité; la plupart de ceux
dont la croissance est considérée rapide demandent quatre-
vingts à quatre-vingt-dix ans pour attenidre 12 pouces
de diamètre. En d'autres mots, il faut à un arbre, placé
dans les meilleures conditions de croissance, de six à sept
ans pour augmenter sa grosseur d'un pouce de diamètre,
quatorze à ceux qui sont moins favorisés. Il n'est pas rare
de trouver des arbres plus vieux et plus gros auxquels il a
fallu une moyenne de vingt années pour ajouter un pouce
à leur diamètre. On pourrait, comme en Suède, établir
une moyenne de douze années pour arriver à ce résultat
dans les bois ordinaires. C'est à dire le bois que l'on utilise
maintenant comme bois de sciage a de cent quarante à cent
cinquante ans d'existence.
On a effectué une série de mesurages sur les arbres
de la seconde pousse, qui se trouvent dans des conditions
de lumière plus favorables, et qui par conséquent, font une
meilleure croissance. On a fait l'examen de 250 arbres de
cette classe en divers endroits. La croissance ici comme
il faut s'y attendre, est rapide, grâce à et en proportion
de la lumière. Cinquante arbres sur un vieux pâturage,
au sud de Springhill, comté de Cumberland, entre trente-
Cas)
Commission de la Conservation
cinq^et cinquante-neuf ans d'âge, ont formé i pouce de
diamètre en cinq ans, c'est à dire qu'un arbre de 12 pouces
de diamètre sur la souche avait soixante ans d'existence.
On a trouvé le même taux de croissance sur d'anciens
pâturages en d'autres localités. Mais dans la forêt, vingt
arbres dans le comté de Colchester, âgés de trente-cinq à
quarantes-huit, ont ajouté à leur grosseur 1 pouce de
diamètre en sept ans, formant ainsi une dimension de 12
pouces de diamètre en quatre- vinqt-cinq ans. On peut
accepter ce taux comme une bonne moyenne pour les
arbres de la seconde croissance.
Ces données se rapportent à V êpinette rouge, que l'on
trouve le plus communément dans les forêts de la Nouvelle-
Ecosse. U êpinette blanche, qui atteint rarement 10 pour
cent et ordinairement pas plus de 1 pour cent du peuple-
ment naturel d'une forêt, est l'espèce qui pousse volontiers
sur les pâturages abandonnés près de la côte. Là, en
pleine lumière, elle croît aussi plus rapidement, mais
produit un arbre de peu de valeur — un arbre échelle, comme
l'appellent les exploitants de bois, à cause de ses branches.
Quelques arbres de cette espèce ont été mesurés, et l'on a
trouvé qu'ils avaient grossi leur diamètre de 1 pouce en
quatre ans. Le sapin baumier que l'on appelle à tort en
certains endroits êpinette blanche, pousse avec la même
vigueur. Les jeunes plants de la seconde croissance de
cette espèce augmentent leur diamètre d'un pouce en cinq
ou six ans, sur les pâturages.
C'est le pin blanc qui pousse le plus rapidement;
cependant, un groupe de 25 arbres de 63 à 84 ans, avec
moyenne de 68 ans, évidemment de la deuxième croissance,
n'avait en moyenne que 11.4 pouces de diamètre. Ces
arbres ont poussé au taux de 1 pouce en six ans et deux tiers.
Vingt-six pruches d'une vieille forêt, dans les meilleures
conditions, près d'un cours d'eau, entre cent soixante-dix
et deux cent soixante-neuf, avec moyenne de deux cent-
dix ans, avaient un diamètre moyen de 20 pouces; le taux
(36)
Résultats Statistiques du Recensement
de la croissance en diamètre était donc d'un pouce en dix
ans — ce qui est une bonne croissance pour cette espèce.
Les tableaux suivants donneront un aperçu tangible de
la variété du taux de croissance que l'on trouve sous dif-
férentes conditions et quelquefois peut-être sous les mêmes
conditions. On peut dire, à titre de renseignement, pour
ceux qui désirent se rendre compte par eux-mêmes du
rapport qui existe entre le temps et la dimension, qu'il faut
ajouter aux anneaux comptés sur la souche le temps néces-
saire à faire la hauteur du tronc. Ce temps, selon la
hauteur de celui-ci, varie de cinq à dix ans.
Si l'on veut donner une idée du volume de bois produit
par acre et par année que peut fournir la forêt de la Nouvelle
Ecosse, on ne trouve pas de données pour établir des calculs
même estimatifs. Ces conditions sont si variables que
l'on ne saurait trouver des chiffres basés sur l'expérience.
(37)
Commission de la Conservation
EPINETTE ROUGE
En Forêt
Nombre
Moyenne
Diamètre
Années pour
Remarques
d'Arbres
d'Age
Moyen
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24
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Près de la scierie
i
173
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10
Collines de Cobe-
quid
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Colchester
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Gros bouts des
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112
S- 3
13 S
billes à la scierie
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17-3
3-7
co. Victoria
4
82
18.2
4-5
co. Shelburne
Deuxième Croissance
50
47
10
4-7
Vieux Pâturage,
Cumberland
8
56
12.8
4-3
Vieux pâturage,
Cumberland
20
42
6
7
co. Colchester
4
52
9.8
5-3
Vieux pâturage,
Antigonish
10
47
10
4-7
Vieux pâturage,
co. Halifax
SAPIN BAUMIER
En Forêt
Nombre
d'Arbres
Moyenne
d'Age
Diamècre
Moyen
Années pour
faire 1 pouce
Remarques
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86
107
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Collines de Cobe-
quid
Marais près de
Halifax
Deuxième Croissance
12
42
9.2
4.6
5
60
12
5
Colchester après
l'incendie de '49
14
60
9-4
6-3
Colchester après
l'incendie de '49
7
4i
7
6
Sur un endroit sté-
rile près de Halifax
52
So
5-7
8.7
Pente douce, Sheet
harbour
6
45
6-3
7
Scierie, de Victoria
12
68
10.6
6
co.
47
30
5-5
5-4
Pâturage, North
River
(38)
Résultats Statistiques du Recensement
Tout ce que l'on peut faire, c'est de discuter les pos-
sibilités. Si nous devions supposer que l'âge des billes de
sciage d'une forêt vierge atteint une moyenne de cent
cinquante ans — ce qui ne serait pas loin de la vérité — et
divisions cet âge entre le bois tel que nous le trouvons,
nous obtiendrions 30 M pieds par acre dans les meilleures
coupes, soit une augmentation annuelle de 200 pieds, et,
si notre moyenne de 12 M pieds est approximativement
exacte, le taux moyen serait de 80 M pieds de planche par
acre. Ce calcul semblerait applicable à la force de repro-
duction des forêts vierges de grandes étendues.
Nous pouvous aussi gagner quelque éclaircissement
au moyen de comparaison avec les autres pays, où l'on
peut trouver des milliers de mesurages et des données sur les
forêts scientifiquement administrées. Parmi les plus
grandes administrations de l'Allemagne, les forêts de l'état
Prussien fournissent le moins de produit par acre; c'est
pourquoi, elles sont les plus propres à servir de point de
comparaison avec les conditions irrégulières des forêts de
notre pays. La raison pour laquelle nous avous pris ce
produit peu élevé, c'est l'étendue immense sous considéra-
tion, environ sept millions d'acres, dans lesquelles sont
comprises des terres de pauvre qualité, et le manque de
moyens de transport dans les provinces de l'est ; on peut
y ajouter le climat du nord qui rend le taux de croissance
très semblable à celui de la Nouvelle-Ecosse. Ici la coupe
annuelle d'arbres de dimension, comprenant les billes de
sciage, les poteaux de mines, les piquets, les poteaux et la
meilleure classe du bois de chauffage, est de moins de 30 pieds
cubes par acre. Pour changer ce bois rond de forêt en
pieds de planche, nous pouvons le multiplier par au plus 5,
c'est à dire que la meilleure moyenne de croissance annuelle
est de 150 pieds de planche par acre. Lors même que les
meilleures acres pussent produire quatre ou cinq fois ce
montant, cela ne changerait pas la plus haute moyenne.
Si, alors, toute la forêt verte de la Nouvelle-Ecosse,
environ six millions d'acres, était administrée comme les
(39)
Commission de la Conservation
forêts du gouvernement de Prusse, on pourrait obtenir
une coupe annuelle qui excéderait deux fois la coupe
actuelle. Vu les conditions présentes, nous pouvons
avancer que l'on n'obtient qu'un quart de croissance d'un
caractère utile, c'est à dire que nous pouvons douter que
la croissance, sur les étendues brûlées, très triées et modéré-
ment triées produise 40 pieds de planche par acre. Si l'on
empêche simplement les incendies d'entrer dans la forêt, et
qu'un déboisement trop radical ne nuit pas à la reproduc-
tion par semence des espèces les plus estimées, il sera
possible d'obtenir une telle production. Même alors, si ce
montant est produit, la nouvelle croissance fournira au
moins la moitié de la coupe. On devra faire des recherches
plus minutieuses à cette fin.
On peut dire, en passant, étant donné la superficie
forestière totale de l'Allemagne, trente-cinq millions et
demi d'acres, que la croissance annuelle, représentée
probablement dans la coupe de l'année par 1,337,000,000
pieds cubes de bois de 3 pouces et plus de diamètre, égalerait
ityi pour cent des bois debout — ceci ne ressemble en rien
aux idées erronnées qui semblent être répandues presque
partout en ce pays sur la croissance des forêts vierges.
Effet de la Possession
On peut montrer brièvement que l'état de possession
individuelle a pour effet de constituer une exploitation
modérée des ressources forestières.
A l'encontre des autres provinces, le gouvernement
de la Nouvelle-Ecosse a adopté de bonne heure la politique
de concéder le bois et les terres moyennant une certaine
redevance par acre. Ceci avait pour but d'encourager
la colonisation du pays. Cette ligne de conduite a été
suivie jusqu'en 1910; on établit alors le système d'affer-
mage des terres pour la coupe de bois; ces baux sont faits
pour une durée de vingt ans, avec faculté de renouvellement,
à raison d'au moins 40 cents par acre pendant le terme.
Plus tard, cette somme fut portée à 80 cents, l'affermataire
(40)
Conditions de la Propriété
jouissant du privilège d'abattre tout le bois qui n'a pas
moins de 10 pouces de diamètre. Le gouvernement a,
d'un autre côté, le pouvoir de passer bail moyennant
d'autres conditions, lorsque la terre est de qualité inférieure,
et qu'il est spécifié qu'il y sera établi des manufactures.
La loi de 1900 permet le rachat des terres, cédées
gratuitement, à raison d'au moins 25 cents par acre. Mal-
heureusement, le gouvernement n'a jamais usé de son
pouvoir ; la loi a même été abrogée en 191 o. En vertu
de cette autorité, on disposa de toutes les terres, sauf
d'environ 1.5 million d'acres de petites parcelles. Le
gouvernement concéda aux soldats un grand nombre de
terres, dont la majorité ne fut probablement jamais occupée
par eux. Après l'enlèvement du meilleur bois, les com-
pagnies de chemins de fer et les compagnies minières
reçurent de vastes concessions — surtout la Nova Scotia
Railway Company — ces terres n'avaient guère plus de
valeur que celles qui sont encore en la possession de la
Couronne.
Quelques grands exploitants et corporations ont acquis
et réuni un certain nombre de petites concessions. Il est
probable que maintenant la plus petite moitié de bois est
répartie en lots de 10,000 à 250,000 acres de superficie;
l'autre moitié et la plus grande, est entre les mains de
particuliers, les lots ayant une contenance qui excède
rarement 1,000 acres. On trouve en ce pays des scieries
portatives et des scieries établies sur des cours d'eau.
Il appert, ce qui n'est pas la pratique habituelle, que
le petit propriétaire est celui qui exploite le bois d'une
manière plus modérée. Les grands exploitants, obligés
d'abattre de grandes quantités perdent de vue les questions
de détail, le petit propriétaire, au contraire, peut donner
à sa coupe une attention personnelle. En tous cas, il vaut
la peine de noter que les petits propriétaires traitent leurs
lots à bois avec soin, n'abattent que le bois d'un diamètre
donné et se débarrassent des broussailles.
• (40
Commission delà Conservation
Les terres de la Couronne sont, par leur nature, placées,
en général, dans la classe des sols stériles ou semi-stériles.
Cependant, elles sont d'une valeur présente et future qui
demande un examen plus attentif et une administration
plus soignée; le gouvernement, sans nul doute, doit,
avant tout, veiller à une telle administration.
Recommandations
Puisque 80 pour cent de l'étendue de la province —
sauf les lieux stériles — sont sous bois et destinés à rester
pratiquement tels, il résulte que le gouvernement et le
peuple devraient employer tous leurs efforts pour leur
conserver leur productivité. Voici une ressource naturelle
qui peut, grâce à une bonne administration, produire à
perpétuité, sous forme d'addition annuelle,en guise d'intérêt,
au moins deux fois plus que l'on enlève de la réserve sur
pied; une ressource qui vaut peut-être, si l'on en juge la
valeur d'après un taux de croissance raisonnable, tant au
point de vue du bois actuel qu'à celui qui s'y ajoute annuelle-
ment, au moins, $300,000,000. Elle est actuellement dans
un état délabré; le gaspillage et l'exploitation à outrance la
ruineront de plus en plus chaque année, car la plupart de
ceux qui en ont la propriété ne s'occupent guère de son
avenir ni de sa force de production. Donc, ceux qui ont à
cœur d'arrêter le gaspillage futur et de commencer le
reboisement en vue de continuer la prospérité de la pro-
vince, doivent se mettre à l'œuvre sans délai.
Le premier pas, le plus urgent, dans la voie d'une
amélioration de la négligence du passé, c'est l'établisse-
ment d'une législation destinée à protéger les propriétés
forestières contre les incendies, et l'union du gouverne-
ment et des propriétaires forestiers pour la mise en
vigueur de ses dispositions. Cette organisation devrait
être étendue et perfectionnée jusqu'à ce que le
danger d'incendie soit aussi éloigné de la propriété
forestière qu'il l'est de la propriété urbaine. Ceci est
très possible en Nouvelle-Ecosse, où les conditions de la
(42)
Recommandations
colonisation sont des plus favorables, car le pays est par-
tout peuplé et accessible; les possessions de lots à bois ou
de petites étendues boisées sont réparties sur tout le pays.
Donc, il est possible de prévenir et de combattre les incen-
dies presque partout et sans délai. On peut dire, en
conséquence, qu'après quelques années d'efforts constants
et de service de protection efficace, la destruction des forêts
par l'incendie ne devrait être qu'un accident. Si l'on ne
peut arriver à ce résultat, il est inutile de songer aux mé-
thodes de reboisement.
Afin d'enlever aux feux destructeurs une amorce
alléchante, les branches et les houppes, que les exploitants
de forêt ont la faculté de laisser pêle-mêle sur le sol, devront
être brûlées ou utilisées de quelque manière.
Quant aux détails des mesures pratiques à prendre
en cette direction ou en d'autres, je puis vous signaler le
rapport publié dernièrement par le Comité de la Législation
contre les Feux de Forêt, de l'Association Forestière Cana-
dienne.
Je recommande son étude surtout en ce qui concerne
les dispositions ayant trait à la sauvegarde des terres situées
le long des voies ferrées; à la responsabilité que doivent
endosser les chemins de fer des feux qu'ils allument,
l'idée de construire des tours de surveillance; à l'émission
de permis pour allumer du feu dans les bois; à l'abatage
des houppes, au brûlage des broussailles et à l'organisation
d'une bonne équipe de gardes-incendies.
Après les mesures protectrices contre les incendies, il
convient d'attirer l'attention sur les méthodes d'abatage,
au moins en ce qui regarde la protection des jeunes plants.
Le bûcheron ne devrait pas avoir pour but d'empêcher la
Nature de revêtir d'une autre parure les sols qui ont été
dépouillés de leur bois. Ce sujet est d'un caractère très
complexe ; on ne saurait en donner une description générale,
chaque cas demande un examen local spécial, et l'avis d'un
expert. Il s'agit aussi de faire l'éducation des intéressés
en ce sens, avant que l'on puisse obtenir la mise en vigueur
(43)
Commission delà Conservation
de l'avis. Il incombe au gouvernement, en sa qualité
d'éducateur, de nommer à cette nn un Garde-Forestier
provincial qui possède la technique requise, dont le rôle
consisterait à étudier la situation dans les diverses localités
et à agir comme conseiller ou instructeur public — comme
professeur ambulant.
La Suède a établi chez elle une institution qui pourrait
nous servir de modèle, celle des bureaux de conservation.
En ce pays, chaque province ou comté possède un Bureau
local composé de trois membres pour promouvoir la conserva-
tion des forêts. Le gouvernement nomme un des membres, le
Conseil du comté le deuxième et la Société agricole du
comté le troisième; la population elle-même peut nommer
les membres additionnels voulus. Ce Bureau se choisit
un couseiller technique parmi les membres du Service
Forestier de l'État. Le gouvernement fournit l'argent
nécessaire à ses appointements; il prélève les fonds néces-
saires au Bureau, en imposant une légère taxe sur l'exporta-
tion du bois.
Le Bureau a toute liberté de disposer des fonds comme
bon lui semble pour promouvoir les intérêts de la forêt,
attendu qu'ils seront appliqués à l'exploitation rationnelle
du bois, à la reproduction ou au reboisement. Néanmoins,
le Bureau, tout en suivant les avis du couseil de comté a
le pouvoir de mettre en vigueur ses décisions par des
jugements de cours, amendes pécuniaires, confiscation du
bois de sciage, etc.
Naturellement, à l'origine, les divers bureaux ont
appliqué la loi et dépensé les fonds différemment; ceci
était prévu, pour atteindre les fins créées par les conditions
locales dissemblables. Mais, il y a trois points sur lesquels
tous doivent agir de concert, savoir : l'éducation, l'aide et
les règlements de police.
Dans une des provinces, l'expert forestier enseigne
trois cours techniques aux propriétaires de terres à bois;
chaque cours dure environ deux semaines, c'est à dire deux
en automne, sur la sylviculture et le mesurage, et un autre
(44)
Recommandations
au printemps, sur le drainage — l'utilisation des nombreuses
tourbières étant un des problèmes importants ; ce problème
revêt aussi une grande importance en Nouvelle-Ecosse.
Deux enseignements théoriques par jour et de six à huit
heures de démonstration sur place est le temps consacré à
ces cours, auxquels assistent quatre ou cinq gardes-fores-
tiers, au moment des leçons de démonstration. Le Bureau
défraie les dépenses de bouche de ceux qui assistent aux
cours. Le nombre admis chaque année à y prendre part
est de 50 sur 80 à 90 demandes; en cinq années, environ
200 ont participé à ces leçons. On distribue, en outre, des
brochures et publications d'un caractère populaire mais
technique. Cette instruction fait quelquefois partie des
écoles secondaires ou des écoles de comté.
Ceux qui demandent des renseignements spéciaux sur
l'administration de leurs propriétés reçoivent la visite
d'un expert. Ceux qui désirent reboiser les terres vacantes
ou les emplacements d'anciennes forêts, reçoivent jusqu'à
50 livres de graines de semence à un dixième du prix coûtant,
et quelquefois même les autres articles relatifs aux plants
leur sont fournis gratuitement.
Le propriétaire a le droit d'abattre à bon plaisir, mais,
si le reboisement naturel ne se produit pas, il est obligé de
faire des plantations; c'est le Bureau qui juge, quand il y
a nécessité d'agir de la sorte. Si le propriétaire s'y refuse,
un examen spécial a lieu, à ses dépens, et il perd tout droit
à l'assistance. Bien que le Bureau jouisse de pouvoirs
étendus, il s'applique à obtenir la coopération plutôt qu'à
faire usage de coercition. Actuellement, les propriétaires
ont connu les avantages de cet arrangement, les spécula-
teurs sont les seuls à fomenter des difficultés. J'ai parlé
un peu longuement de cette institution, parce qu'elle est
toute démocratique, et, moyennant quelques légers change-
ments, elle serait applicable à la Nouvelle-Ecosse immédi-
atement.
Pour la Nouvelle-Ecosse, la nomination d'au moins
un expert suffirait pour aider à cette campagne éducation-
Us)
Commission de la Conservation
nelle en coopération avec les autorités existantes ou spéciale-
ment constituées à cette fin. La nomination d'un Garde-
Forestier provincial serait d'une très grande utilité comme
nous le prouvent les Etats de l'Union qui ont de tels fonc-
tionnaires— il créerait un intérêt immédiat en faveur de
nouvelles méthodes d'exploitation des forêts; et je puis
dire, m' appuyant sur ce que j'ai vu et entendu au cours de ce
recensement, que les propriétaires forestiers seront prêts à
suivre son avis.
Guidé par les avis d'un tel Forestier, le gouvernement
pourra aussi connaître la meilleure ligne de conduite à
suivre en ce qui se rapporte aux terres de la Couronne.
Il faudra commencer par connaître leur étendue et leur
situation exacte. Dans leur administration, c'est l'avenir
plutôt que le présent qu'il faudra considérer. Si le gouverne-
ment ne peut administrer sa propriété d'une manière
économique, qui pourra le faire ?
Enfin, aidé du Collège d'Agriculture et de la Station
d'Expérimentation de Truro. le Garde-Forestier provin-
cial pourrait étudier la question de l'usage et du reboise-
ment des lieux stériles, et faire des essais d'amélioration des
prairies naturelles, des savannes et des étendues forestières
favorables à la plantation des forêts.
Nous espérons avoir montré, par ce recensement, que
les ressources forestières de la Nouvelle-Ecosse sont un
facteur important de l'économie industrielle de la province,
qu'elles peuvent être épuisées sous peu ou conservées à
perpétuité, grâce à une exploitation plus modérée, et qu'il
est grand temps de prendre les moyens d'atteindre cette
fin.
En terminant, je puis dire qu'en nulle autre partie de
ce continent, et du Dominion en particulier, les circons-
tances offrent tant d'avantages à l'inauguration im-
médiate d'une ligne de conduite forestière pratique que la
Nouvelle-Ecosse, grâce à la présence d'une population
intelligente et répartie sur toute la surface de la province.
(46)
Aspect d'un plateau de granit formant l'axe de la principale montagne
dans le comté de guysborough, x.e. cette étendue na jamais été
incendiée.
Marais couverts de sapins noirs, rRÈs communs dans la rangée des comtés
de la Nouvelle-Ecosse bordant l'océan Atlantique; les petii-
arbres, sur la droite son! ai ss] âgés que les grands sur
la gauche.
Distribution et Reproduction des Forêts par
Rapport aux Roches et aux Sols
qu'elles Recouvrent
Par C. D. Howe, D.Ph.
LA province de la Nouvelle-Ecosse, moins l'île du Cap
Breton, a une superficie de 17,450 milles carrés.
C'est une péninsule de forme irrégulière, réunie à
la terre-ferme par une étroite langue de terre située entre
la baie de Chignécto et le détroit de Northumberland.
La baie de Fundy et son bras de l'est, le bassin de Minas,
y font une sorte de péninsule secondaire. Considérée au
point de vue du drainage, cette province se divise en deux
versants presque égaux d'étendue, le bassin de drainage de
l'Atlantique, y compris la partie inférieure de la baie de
Fundy, et celui du détroit de Northumberland et le bassin
de Minas. On décrira séparément la distribution de la
forêt par rapport aux roches et aux sols de chacune de ces
divisions de la terre-ferme.
I
Le Versant de l'Atlantique
(1) Distribution et Topographie des Étendues Grani-
tiques.*
La partie de la Nouvelle-Ecosse située entre la baie
de Fundy, le bassin de Minas et l'océan Atlantique présente
comme aspect principal une série de sommets granitiques et
des plateaux élevés entrecoupés de nombreux lacs. Cet
affleurement granitique se prolonge, en forme d'un arc
d'une faible altitude, sans interruption, à partir du port
*On a tiré des cartes géologiques de la province, publiées par la Commission de
Géologie du Canada, la distributions des divers affleurements de roches.
(47)
Commission delà Conservation
de Halifax; d'abord dans la direction du nord-ouest, a
travers des parties des comtés de Halifax, de Hants et de
Lunenburg; de là, vers l'ouest à travers les comtés de
Kings et d'Annapolis, jusqu'à l'extrémité ouest de ce
dernier; il se dirige ensuite vers le sud par l'ouest du comté
de Digby, et se termine en deux éperons, dont un s'étend
vers le sud-ouest dans le nord de Yarmouth, et l'autre vers
le sud dans le nord du comté de Shelburne.
Plus au sud, deux autres masses isolées de granit du
terrain devonien, s'étendent à la côte de l'Atlantique, après
avoir franchi les quartz aurifères et l'ardoise qui appartien-
nent probablement à la couche précambrienne.
Cette série de sommets granitiques a une largeur
moyenne de 20 milles; sa largeur, mesurée le long de la
crête est de 125 milles. Elle embrasse ainsi environ les
trois huitièmes de la superficie ouest de la péninsule. Ce
croissant granitique forme l'épine dorsale de la partie sud-
ouest de la province et son axe principal forme la ligne de
séparation entre les cours d'eau qui coulent dans l'Atlan-
tique et ceux qui se déversent dans la baie de Fundy; les
premiers ont un cours beaucoup plus long que les seconds.
Les sommets les plus élevés le long de la ligne de partage
des eaux n'ont guère au-delà de 600 pieds et ne dépassent
pas 800. La plupart des cours d'eau des versants du nord
se jettent dans la baie de Fundy, et ceux des versants du
sud dans l'océan Atlantique.
A l'est du port de Halifax, le granit se présente en masses
détachées et en collines rondes isolées, envahi et entouré
par le quartz et l'ardoise aurifères, dont on donnera plus
loin la distribution. L'étendue granitique continue; la plus
considérable se trouve dans le comté de Halifax. Com-
mençant à une ligne qui réunit le lac Soldier au lac Major,
elle se prolonge dans une direction nord-est jusqu-à une
ligne tirée entre le port Mushaboom et le grand lac Little
Ouest River, sur une distance de 50 milles. L' affleurement
a trois milles de largeur dans les endroits les plus étroits et
huit milles dans ceux qui sont les plus étendus. Cette
(48)
Distribution et Reproduction
superficie ressemble à un plateau qui s'élève de 200 pieds
au-dessus du niveau de la mer, sur lequel s'élèvent des
sommets et des dômes de 100 à 200 pieds au-dessus du
niveau général. Différant en ceci des masses granitiques
des comtés de l'ouest, cet affleurement de granit est traversé
du nord au sud par les principales rivières qui prennent leurs
sources plus au nord dans une autre sorte de roche, vers
le nord. Ainsi, par exemple, la rivière Musquodoboit,
s'est coupé une gorge étroite à travers le granit dans sa
plus large partie. Le lac Porter et le lac Ship Harbour
traversent aussi une ceinture de granit. On peut tracer
vers le nord les sommets séparés, qui partent de la partie
est de cette masse de granit et se rendent à une autre dans
la région où se rencontrent les comtés de Halifax, Col-
chester, Guysborough et Pictou. Cette masse est de 18
milles de longueur sur quatre milles de largeur; plusieurs
sommets irréguliers se dirigent vers le sud du principal
affleurement.
Bien que l'on trouve ailleurs plusieurs petits affleure-
ments la plus grande partie du granit de Guys-
borough est située dans la partie sud-est du comté. De
l'est de la rivière St. Mary au cap Canso, il y a trois groupes
d'affleurements granitiques. Le premier groupe, qui se
dirige vers l'est, se prolonge sur une distance de 22 milles
à partir de la tête de l'estuaire de la rivière St. Mary jusqu'à
Ogden, dans la vallée de la rivière Salmon. Il renferme
une grande masse et six autres masses plus petites. Le
second groupe existe entre la rivière Cole Harbour et la
rivière New Harbour, et compte trois grandes masses.
Le troisième groupe s'étend de Whitehaven au cap Canso,
et, sur la terre-ferme il renferme aussi trois masses dis-
tinctes entourées d'autres sortes de roches. Ces trois
groupes couvrent approximativement 200 milles carrés.
Si on leur ajoute la superficie des autres masses des comtés
de Guysborough et de Halifax, nous trouvons que toute
l'étendue granitique des deux comtés de l'est n'excède pas
550 milles carrés, en comparaison d'environ 3,000 milles
(49)
Commission de la Conservation
carrés d'affleurements de granit dans les comtés de l'ouest.
Environ un septième du versant de l'Atlantique à l'est de
Halifax est granitique.
(2) Forêts et Sols des Etendues Granitiques :
Bien que le granit se décompose très lentement, il
produit des sols qui peuvent donner naissance à une bonne
forêt, tout en étant impropre à la culture agricole. Les
sols primitifs, provenant de la décomposition du granit en
Nouvelle-Ecosse, ont été beaucomp transformés quant à
leur nature et distribution par l'action de la glace. Il
peut se faire qu'aucun des sols qui couvrent maintenant le
granit n'ait été formé en place par la décomposition des
roches qui leur servent d'assises; mais, pour les fins de
cette discussion, on les appellera sols granitiques, à moins
que l'action de la glace n'y soit très apparente. En pareils
cas, ils seront considérés dans un paragraphe subséquent
sous le titre de : Forets et Sols produits par la Glace.'* On
peut dire qu'en général tous les sols granitiques qui ont
été examinés étaient composés, quant à leur poids, d'un
quart ou d'un tiers de petites pierres et de graviers. La
terre même était principalement formée de sables de
divers degrés, la partie glaiseuse étant toujours très faible,
n'excédant guère cinq pour cent. Puisque des échantil-
lons de sols ont été pris pour connaître les conditions du
reboisement, le résultat de leur analyse sera discuté dans
un article qui paraîtra ci-après sur la Reproduction Forestière^
Quant à la distribution des espèces et des types de
forêts sur les étendues granitiques, en général, on peut dire
que c'est le sapin baumier, parmi lequel se mêlent cà et là
quelques pins blancs, qui occupe les sommets les plus élevés,
où le sol est très mince; qu'au contraire, les flancs de ces
collines sont couverts de forêts mixtes, où croissent le hêtre,
l'érable, le bouleau, l'épinette, la pruche et quelques pins
blancs. Les sommets de hauteur moyenne sont ordinaire-
ment couronnés d'une forêt de bois durs, y compris un grand
mélange d'épinettes rouges qui sont très abondantes au
*Yoir Page 82 fVoir Page 84
(50)
VUE Al' LOIN Dl SOMME1 DE L'AXE GRANITIQUE. PRESQUE TOUTES LES
RIVIÈRES A COI RS LENT ARROSEN1 DE VASTES PRAIRIES NATURELLES.
UN DES INNOMBRABLES LACS DANS LA RÉGION GRANITIQUE GLACÉE.
Distribution et Reproduction
bas de ces élévations. Les meilleures terres pour produc-
tion d'épinettes rouges sont celles situées sur les flancs des
collines de hauteur moyenne, quand ceux-ci sont larges et
en pente douce, ou encore celles qui sont sur les plateaux et
les plaines. Les autres bons endroits pour l'épinette sont
les vallons étroits encaissés entre des sommets peu élevés.
La pruche est le bois le plus commun sur les coteaux
près des petits lacs, et sur les plateaux des vallées arrosées
par de petits cours d'eau.
Ceux qui parcourent la province de l'ouest à l'est
peuvent remarquer les particularités suivantes, en fait de
sols et de distributions de la forêt sur les étendues graniti-
ques :
, Le granit couvre environ un huitième du
om e e COmté de Yarmouth, et cette étendue est,
Yarmotïth , , . . , , , 1 1 •
en réalité, presque dépourvue de bois mar-
chand. Il faut, sans doute, attribuer cette stérilité aux
incendies et à des causes naturelles ; le sol minéral est
naturellement mince et couvert d'un humus grossier, qui
forme une couche épaisse de tourbe composée de matières
végétales à moitié décomposées. De plus, le sol est
ordinairement mal drainé ; il est, en conséquence, acide, et
favorise ainsi le développement de la mousse de tourbe et
de diverses bruyères, mais nuit à la croissance du bois
marchand. On trouve maintenant sur les parties sèches une
seconde croissance de bouleaux gris, d'érables rouges et de
chênes épars, qui poussent parmi les épinettes et les sapins
dans les lieux humides.
i Dans le comté de Digby, le granit occupe
p. < une étendue d'environ 25 milles de longueur
sur 18 milles de largeur. C'est un plateau
ondulé, traversé par des sommets peu élevés, dont la
plupart n'ont pas plus de 50 pieds au-dessus du niveau
général. Dans les dépressions qui les séparent se trouvent
des tourbières, des marais où poussent l'épinette noire et
le sapin, ou encore des marais qui donnent naissance à
l'érable rouge et au sapin. Les deux tiers de cette portion
(51)
Commission de la Conservation
sont stériles. Cependant, le troisième tiers dans la direc-
tion de l'ouest, est couvert d'une forêt où dominent l'épinette
rouge et la pruche ; cette partie est sillonnée de plusieurs
crêtes couronnées de diverses essences, et de collines peu-
plées seulement de bois durs.
/ Les deux tiers des 1,330 milles carrés du
„. j. comté d'Annapolis reposent sur le granit.
Cette étendue commence dans la vallée d'An-
napolis, se dirige vers le sud et atteint presque la limite
sud du pays ; la partie nord forme une chaine bien définie,
appelée Montagne du Sud. Les flancs en regard de la
vallée d'Annapolis sont abrupts et donnent naissance à
de petits cours d'eau ; les pentes qui font face au sud sont
au contraire douces, et leurs cours d'eau se jettent dans
l'océan, à 60 milles de distance. Cette partie du pays
est un plateau élevé, dans lequel les cours d'eau ont creusé
de larges vallées séparées par des arêtes basses et arrondies.
La partie qui déverse ses eaux vers le nord renferme des
forêts où les essences sont mixtes ; l'épinette et la pruche
sont plus nombreuses que les bois durs ; on y trouve souvent
cependant des collines couvertes de massifs de bois durs
sur leur déclin, à moitié composés de hêtres, dont 40 pour
cent d'érables durs et le reste de bouleaux jaunes. En
allant vers l'ouest, on trouve, surtout entre les rivières
Lahave et Port Medway, la pruche plus communément
répandue que l'épinette rouge ; en certains endroits, elle
atteint jusqu'à quatre-vingts pour cent. Il y a dans le
comté des lieux stériles et demi-stériles, qui ont pour cause
des incendies répétés. On remarque, cependant, que
quelques-uns sont naturels ; ce sont des élévations rocheuses,
dominant les environs d'une cinquantaine de pieds, cou-
vertes de quelques chênes rabougris et d'érablers rouges.
Les plus étendus de ces endroits stériles sont au nord-est
et à l'est des lacs Milford et au sud des lacs Molly Upsum
et McGill. Les lacs et les étangs, très nomberux en cette
partie, ont à leur partie supérieure d'immenses tourbières
et des marais couverts d'épinettes et de sapins.
(52)
Distribution et Reproduction
Le granit couvre environ les trois huitièmes
Comte de du comté de Kings— l'extension de l'est est la
Kings Montagne du Sud. La topographie ressemble
à celle de la partie décrite précédemment. Les étangs
et les tourbières et les sols légers sont moins fréquents.
Le bois de sciage dans la partie ouest du comté se compose
approximativement de 50 pour cent de pruches, de 40
pour cent d'épinettes rouges et de 10 pour cent de pins
blancs, et ces essences forment de 75 à 80 pour cent de la
forêt. Dans la partie est du comté, les arêtes des collines
sont plus larges et plus élevées ; les bois durs y sont plus
fréquents et finalement y dominent.
Le granit du comté de Hants occupe la partie
Comte de sud_ouest> et se prolonge sur une distance
de trente milles de longueur sur dix milles de
largeur, formant ainsi un quart de la superficie du comté.
Le comté est bien boisé, sauf les lieux que les incendies ont
rendus stériles au sud-ouest du lac Five-mile et ceux à
l'est du lac Six-mile. Le long des lacs Ste. Croix, la plus
grande partie du bois est composée de pruche. A l'est de
la source de la rivière Ingram, l'épinette rouge domine la
pruche en nombre. Ces étendues sont situées dans le
voisinage de la masse granitique. Tant à l'est qu'à l'ouest
de celle-ci, la forêt est un mélange de bois durs et de
bois mous, parmi lesquels l'épinnette domine.
Le granit couvre quatre cent -cinquante des
Comte de ^^ mmes carrés du comté de Lunenburg.
2 Cette étendue granitique est située dans la
partie est, à l'est des lacs Nine-mile, East Chester et Whale.
En partant de la mer dans la direction du nord, on trouve
que les cinq ou six premiers milles des terrains granitiques
sont couverts d'épinettes et de sapins de la grosseur du
bois à pâte de papier. La plus grande partie du sert est
humide et acide. Les parties sèches ont été brûlées ;
elles sont maintenant couvertes de bouleaux gris et d'érables
rouges, et, çà et là percent quelques épinettes et sapins.
Sur une longueur de dix milles au nord de cette région, la
(53)
Commission de la Conservation
forêt, en grande partie de la seconde croissance, est com-
posée d'érables, de chênes rouges et de peupliers ; on y
trouve beaucoup de marais ou poussent l' épine t te noire et
le sapin, à la suite de quelque incendie qui a dû dévaster
cette partie, il y a vingt ou trente ans. La plus grande
superficie de forêt de bois marchand, reposant sur le granit, se
voit le long de la limite du comté, au nord de la route de
Windsor, où l'épinette rouge est plus répandue que les
bois durs. On trouve une autre partie boisée à l'est du lac
Nine-mile, composée de 74 pour cent d'épinettes, 20 pour
cent de pruches et six pour cent de bois durs. Sur le reste
de l'étendue granitique, entre la tête du lac Nine-mile et la
source de la rivière Gold, la forêt est composée de lots de
bois pour les fermes ; ceux-ci ont été triés et sont de la deu-
xième croissance, composés mi-partie de bois mous et de bois
durs. Plusieurs des taillis de cette partie ont été rendus
à moitié arides par l'incendie.
' Presque tout le comté de Halifax, à l'ouest
tt j^r du port de Halifax, est couvert de granit, et
cette région représente l'extrémité est de
l'affleurement granitique continu que nous avons traversé,
depuis le comté de Yarmouth. Au sud de la rivière Ingram
et à l'est du lac Island, la forêt est composée de bois de la
deuxième croissance, le bouleau à papier et l'épinette rouge
sont les espèces les plus communes ; le sapin et le bouleau
jaune viennent ensuite. Au nord-ouest de cette région,
jusqu'à la ligne du comté de Hants, les collines de bois
durs composent un cinquième de la forêt ; parmi ces es-
sences, c'est l'épinette rouge et la pruche qui dominent, la
première étant plus nombreuse que la deuxième. La pé-
ninsule située entre la baie St. Margaret et le port de Halifax
est aux trois quarts stérile. Un grand massif de sapins de
80 à 100 ans d'âge se trouve au nord de la tête du port de
Prospect.
Les sommets des collines granitiques à l'est du port de
Halifax ont été profondément érodés par l'action de la
glace, et naturellement le sol y est très mince. Les nom-
(54)
Distribution et Reproduction
breux incendies ont tellement dénudé la plupart de ces
dômes arrondis que de loin ils paraissent blancs. Aux
endroits où ils ne sont pas brûlés, ils sont couverts çà et là
d'une forêt sombre, c'est à dire, de conifères, dont la couleur
foncée forme un frappant contraste avec celle plus claire
des bois durs sur les flancs moins hauts. Les flancs plus
élevés, surtout ceux qui regardent le sud sont couverts
d'épinettes et couronnés de quelques pins rouges et blancs.
Les bois durs atteignent presque la cime des flancs tournés
vers le nord. Les sommets inférieurs portent habituelle-
ment des massifs de purs bois durs. L'épinette rouge
domine sur les plateaux qui séparent les sommets ; la
pruche, au contraire, est l'essence la plus répandue dans les
ravins et les gorges, et au pied des flancs abrupts, le long des
rivières et des petits lacs. Les versants de bois mixtes, le
long de la rivière Musquodoboit, renferment approximati-
vement 42 pour cent de hêtres, 29 pour cent de pruches,
21 pour cent de bouleaux jaunes et huit pour cent d'érables
durs. Sur les pentes plus douces, les bois durs ne comptent
pas plus de 25 pour cent, le reste est formé d'épinettes et
de pruches.
En allant vers l'est, sur l'affleurement granitique, on
trouve presque partout des lieux naturellement stériles,
et d'autres rendus tels par les incendies, jusqu'à ce qu'on at-
teigne la région des lacs Gibraltar et Pace, où il y^a des forêts
de bois mixtes triés. Sur le côte est de la rivière Musquodo-
boit, en allant vers le lac Ship Harbour, ce sont des arbres
de la seconde croissance qui sont le plus nomlreux ; les
massifs sont composés de conifères purs, de bois mixtes et
de bois durs seulement. Depuis le lac Ship Harbour
jusqu'à l'arête est de l'affleurement du lac Grand de la
Little West River, le pays renferme des 'endroits à demi-
stériles, des places naturellement stériles, des brûlés et des
tourbières. Le bois le plus commun est l'épinette noire
des marais. Le meilleur bois se trouve au sud du grand lac
Tangier dans lequel domine l'épinette.
(55)
Commission de la Conservation
• Un quart de l'étendue granitique, située
q < * au coin nord-ouest du comté de Guysborough,
est brûlé et stérile. Sur le reste, le sol est
profond, et les bois durs dominent ; on y trouve aussi
beaucoup de massifs d'épinettes rouges et de sapins. La
couche de granit au nord-est du port Country, qui s'étend
de la rivière Salmon, est principalement couverte de bois
durs de la deuxième croissance parmi lesquels dominent
le bouleau jaune et le bouleau à papier, d'environ 80 ans
d'âge. Le sommet nord de la masse de granit est bien
défini et s'élève d'environ 400 pieds au-dessus des autres
roches qui l'entourent ; il est couronné de bois durs. Sur
les flancs les massifs sont mixtes, l'épinette rouge et le sapin
sont plus nombreux sur les parties inférieures, et au bas ils
sont en majorité. Pris dans son ensemble, ce plateau est
aux cinq huitièmes couvert de conifères.
Le granit constitue un peu plus de la moitié de la
péninsule formée par l'océan, au sud, et la baie de Cheda-
bucto, au nord ; cette superficie d'environ 200 milles
carrés est stérile par nature. La roche est généralement
exposée à nu et renferme quelques blocs détachés. Dans
les parties plus sèches, le sol est formé d'environ deux
pouces d'humus brut. Les endroits ou la couche de terre
est plus épaisse sont recouverts de bruyères et de broussailles.
Les crevasses des rochers et les baissières sont remplies de
trembles et d'épinettes noires et de sapins rabougris.
(3) Distribution et Topographie des Etendues renfermant
du Quartz et de V Ardoise :
Dans les comtés de l'ouest, les côtés sud et ouest de
l'étendue granitique principale, ainsi que les autres parties
plus restreintes le long de la côte de l'Atlantique sont en-
châssés dans des gisements de quartz et d'ardoise probable-
ment de l'époque précambrienne. Ces gisements com-
mencent sur les côtes du bassin d'Annapolis, suivent la
ceinture irrégulière de granit, autour de la baie Mahone, et
passent sous approximativement la moitié des comtés
de Digby, les sept huitièmes de Yarmouth, les trois quarts
(56)
Distribution et Reproduction
de Shelburne et de Lunenburg et sous presque tout celui
de Queens.
Comme dans les régions granitiques, la direction
générale de la majeure partie des sommets est nord-est
sud-ouest. *I1 conviendrait peut-être d'expliquer ici que
ce principal aspect physiographique est attribué à la
structure géologique et à la distribution du quartz et de
l'ardoise, et à leur degré de résistance à l'érosion. Les
roches aurifères reposent, sur des assises rocheuses, dont
la partie inférieure est formée de quartz et d'ardoise dure
de trois milles d'épaisseur, et la partie supérieure se compose
entièrement d'ardoise tendre de deux milles de profondeur.
Cette énorme épaisseur de pierre a été, par une puissante
pression du sud, pliée en une série de grandes ondulations
pointues, dont l'axe décrit une courbe généralement paral-
lèle à la côte de l'Atlantique. Elles se dirigent du nord-est
au sud-ouest dans les comtés de l'ouest, et presque de l'est
à l'ouest à l'est de Halifax. Les parties supérieures de ces
plis ont été rongées par des agents extérieurs et réduites
à l'état dans lequel on les voit aujourd'hui. On aperçoit,
à la surface, des ceintures de quartz, le long des pointes
des plis, alternant avec des bandes d'ardoise tendre le long
des dépressions, ce qui donne au pays sa principale structure
physiographique. La forme de croissant des principales
arêtes granitiques, déjà mentionnées, se voit surtout dans
les comtés de l'ouest, résultat probable de ce même soulève-
ment appalachien. Les cours d'eau suivent généralement
la ligne de glaciation ; ils traversent ordinairement les
principales arêtes à angles droits, les versants ayant formé
des sommets peu élevés, perpendiculaires à ceux qui sont
plus hauts. Le tout donne au pays une topographie basse
mais variée. Dans le comté de Queens, où la masse ro-
cheuse composée de quartz et ardoise est le plus étendue,
commençant à la côte et se dirigeant vers le nord, on peut
tracer trois bandes parallèles détachées de sommets quartz-
* E. E. Faribault, Rapport Sommaire pour !a Commission de Géologie, en
1910, pp. 249-251.
(57)
Commission de la Conservation
eux, entre lesquels sont des vallées ou plateaux d'ardoise. La
chaîne des lacs, qui commence avec le lac Fiddler, dans le
comté de Shelburne, y compris ceux de Rossignol et Malaga
dans le comté de Queens, se prolonge jusqu'aux lacs des
environ de New Germany, dans le comté de Lunenburg,
et repose sur un fond d'ardoise entouré de chaque côté par
des rangées de quartz. Ces lacs ne se déchargent cepen-
dant pas par la même rivière. Plusieurs lacs sont sembla-
blement situés dans les autres comtés. Les couches de
quartz et d'ardoise se prolongent de l'océan vers l'intérieur
sur une distance de 40 à 60 milles, la pente est d'environ
treize pieds par mille.
Les masses granitiques des comtés de l'est, à l'est du
port de Halifax, sont séparées de celles des comtés de l'ouest
par le prolongement est du croissant granitique qui se rend
à la mer entre la baie Mahone et le port de Halifax. A
partir du bord de l'est de l'affleurement granitique des comtés
de Halifax et Hants, le quartz et l'ardoise se continuent en
une chaine, entrecoupée de plusieurs affleurements gra-
nitiques, jusqu'au cap de Canso. A son origine, cette
chaine est d'environ 30 milles de largeur ; elle se rétrécit
ensuite graduellement et n'a plus qu'un mille de largeur
quand elle touche la mer, à l'extrémité est du comté de
Guysborough. A partir de la partie finale ouest de la
chaine, dans le comté de Hants, jusqu'au coin sud-ouest du
comté de Pictou. les sommets nord de ces roches forment,
en général, la ligne de partage des eaux entre l'océan
Atlantique et la baie de Fundy. La transition aux roches
carbonifères inférieures plus molles, qui s'allongent ir-
régulièrement vers le nord, n'est pas bien définie. Cepen-
dant, à partir du coin est du comté de Pictou, la transition
est très brusque ; elle se signale par un escarpement qui
s'étend sans interruption, sauf une, jusqu'à la baie de
Chedabucto.
Le quartz et l'ardoise sont d'une étendue approxi-
mativement égale dans les comtés de l'ouest, mais dans les
comtés de l'est du versant de l'Atlantique, le quartz surpasse
(58)
Distribution et Reproduction
de beaucoup l'ardoise en étendue. La direction est et
ouest des sommets est très définie le long de la côte, mais
dans l'intérieur elle suit plutôt les sinuosités des cours
d'eau qui coulent du nord-ouest au sud-est, tantôt le long
de la glaciation et tantôt le long de la masse rocheuse. En
allant du port Sheet à l'ouest de la rivière St. Mary, une
distance d'environ 25 milles, dans une direction formant
angles droits avec les cours d'eau, on traverse douze som-
mets, dont le dernier — l'escarpement déjà mentionné, au
nord le la limite des masses d'ardoise et de quartz — s'élève
à une hauteur de 600 pieds.
(4) Forêts et Sols des Etendues de Quartz et d'Ardoise :
Le quartz est une pierre formée de grains de sable
cimentés à l'aide d'un agglutinant de sable fondu ou de
silex; il résiste donc fortement à la décomposition. Quel-
quefois l'agglutinant est une matière moins résistante,
et alors le quartz se désagrège plus facilement, Dans l'un
et l'autre cas, les sols qui en sont formés sont sableux ou
graveleux. A l'est du port de Halifax, le quartz est d'une
texture plus fine et cimenté beaucoup plus fortement que
celui des comtés de l'ouest. D'ailleurs, il s'y mêle plus
de mica. Une roche, entièrement composée de quartz et
de mica, fournit autaut d'aliment pour la plante que le
verre. De plus, les sols quartzeux, à moins d'être com-
posés de matières déposées par la glace ou l'eau, sont
naturellement minces, n'ayant souvent que deux pouces
d'épaisseur. Sur de tels sols poussent des bruyères, des
plants d'airelle et de laurier, dont les feuilles en se décom-
posant forment des sols acides. Ordinairement ces sols
quartzeux sont mal drainés, et cela ajoute a leur âcreté.
Lorsqu'il y a acidité, les matières végétales ne se décom-
posent pas normalement, mais s'accumulent en une sorte
de pâte tourbeuse que l'on appelle humus grossier. Un sol
acide n'est pas plus favorable à la croissance des arbres qu'à
celle des céréales. Bien que les sols quartzeux aient été
souvent dévastés par les incendies, et qu'ils sont main-
tenant à demi ou totalement stériles, il est probable qu'ils
(59)
Commission de la Conservation
ne sont pas loin de ce qu'ils étaient à l'origine. On peut,
quoiqu'il en soit, conclure qu'ils n'ont jamais produit
d'arbres plus gros que des perches, étant donné qu'ils n'ont
pas été couverts des dépôts formés par les glaces.
Les ardoises sont des glaises durcies, diversement
mêlées de grains de sable, de mica et d'autres substances.
En se décomposant, elles redeviennent de la glaise et
forment des sols fertiles. Toutes les terres agricoles
élevées des comtés de l'ouest reposent sur des affleurements
d'ardoise. La transition de l'ardoise au quartz peut
se déterminer facilement par la nature de la ferme
seulement. Néanmoins, quelquefois les ardoises sont très
dures, alors elles sont impropres à l'agriculture et se couvrent
de bois.
• , Dans le comté de Yarmouth l'affleurement de
Comte de . , , . -, • • , ,
Yarmouth quai"tz et a ardoise est divise presque egal-
ment en étendue et occupe ensemble environ
les sept huitièmes du comté. Si les sols quartzeux
n'ont pas été couverts par des dépôts produits par
les glaces, ils ne sauraient donner naissance à du
bois marchand. Les deux plus grandes étendues de
sols de ce genre sont situées le long de l'est du comté;
on en trouve encore dans une bande qui va du nord
au sud, dans le centre. Les premières ont environ trente
milles de long et de quatre à six milles de large. On y
trouve, excepté sur les parties dénudées, du bouleau gris,
de l'érable rouge et de l'airelle, des chênes rouges, des pins
blancs, et souvent des tourbières et des marais, des sapins,
des épinettes noires. La bande du centre a la même
longueur que les précédentes, mais elle les surpasse en
largeur, celle-ci est de huit mille, en moyenne; sa partie
nord est plus graveleuse et plus stérile que la bande de l'est.
Dans les parties basses, on trouve l'érable rouge et le frêne
noir des marais ; les hauteurs sont, au contraire, couvertes
de bois durs de seconde croissance. Cependant, la partie
ouest est bien couverte de terre et supporte une forêt
mixte où domine l'épinette. Les sols ardoiseux, du long
(60)
STÉRILITÉ CARACTÉRISTIQUE D'UN PLATEAU DONT LE SOL EST FORMÉ D'UN MÉLANGE
DE SABLE ET DE GRAVIER, INCENDIÉ EN 1878. AUCUNE REPRODUCTION DE
BOIS MARCHAND.
Gravure représentant l'état de terrains couverts de roches erratiques.
Le bois marchand ne repousse que dans les places basses et humides.
Distribution et Reproduction
de la côte, sont couverts d'épinettes de qualité inférieure,
tandis que, plus à l'intérieur, les terres agricoles forment la
majeure partie du pays; le bois que l'on trouve sur ces
terres est du bois mêlé et de la seconde croissance.
Le quartz et l'ardoise, dans le comté
D< < de Digby, partent du granit de la partie
est jusqu'à la mer, sur une bande de 20
milles de largeur sur la limite ouest, et de 8 milles de
largeur à la tête de la baie St. Mary. Dans les
environs de la source des divers tributaires de la
rivière Tusket, les bois mous sont mo ins abondants qu
sur les sols granitiques de la partie est, bien que l'on y
trouve des massifs de conifères purs, et la pruche est rela-
tivement plus abondante que l'épinette dans les bois mixtes.
A l'ouest, dans la région de la côte, c'est l'épinette qui
domine, et toute cette étendue côtière est couverte d'une
"noire" forêt. Elle est de taille commerciale sur les sols
formés d'ardoise, mais sur ceux dérivés de quartz, minces
et pierreux, elle est moins forte, et, en plusieurs endroits ce
ne sont que des arbustes. Dans la partie nord du comté,
le quartz devient plus abondant et le sol, en général est
moins fin, les parties élevées se composent de sable et de
gravier où poussent le bouleau gris et quelques pins soli-
taires. En d'autres endroits le drainage manque, et l'on
y trouve plusieurs marais et tourbières. Sur les parties
mieux drainées, entre les sommets et les tourbières il y a
une forte seconde croissance d'épinettes et d'érables. La
transition du quartz à l'ardoise donne naissance à de bonnes
terres agricoles, sur lesquelles poussent le hêtre, l'érable,
le bouleau jaune à l'aspect imposant.
1 A l'exception d'environ 20 milles carrés de
q sol granitique, la couche rocheuse du comté
de Queens est composée de quartz et d'ardoise.
Presque tout le comté est drainé par les rivières Liverpool
et Port Medway, qui prennent leurs sources dans la région
granitique du nord du comté d'Annapolis. La première,
dans le comté de Queens, s'est tracé un chemin presque
(61)
Commission de la Conservation
entièrement à travers une vallée d'ardoise, mais la deuxième,
dans la partie inférieure de son cours passe à travers deux
lits de quartz. On peut dire qu'en fait toute la région
côtière est formée de quartz; la forêt est composée d'épi-
nettes, de sapins et de bouleaux gris et d'érables de la deu-
xième croissance. Sur les plateaux, l'épinette et le sapin
poussent en nombre égal, sur les parties supérieures, le bois
dur domine. En suivant la rivière Port Medway, l'aspect
du pays est le même jusqu'à Greenfield; à partir de cet
endroit, les affleurements d'ardoise sont plus nombreux
vers le nord de la limite du comté. En cette région, la
forêt a été fortement déboisée et brûlée; il y pousse main-
tenant une deuxième récolte de bonne qualité. Au nord
du lac Cameron et au sud-ouest du lac Tupper, on trouve de
bons massifs de jeunes pins blancs et de sapins. Plus à
l'est, le bois dur domine dans la seconde croissance. Le
bois marchand est éparpillé en lots dont les plus grands
sont au nord du lac Tupper et à l'ouest des lacs McGowan
et Dean.
En remontant la rivière Liverpool, on trouve une
région que l'incendie a rendue à demi stérile; de place en
place il y a, dans les dépressions et au bas de collines de bois
durs, des massifs de bois commercial, jusqu'au groupe des
lacs Rossignol. Au sud du deuxième lac Ponhook et de la
baie Schreecher, on voit des collines couvertes de bois
durs, entre lesquelles il y a des massifs d'épinettes rouges
et de pruches, celles-là étant plus nombreuses d'abord et
ensuite les autres. A partir de la baie Schreecher en allant
vers le nord, le long du bord du lac Rossignol, et de là en
continuant dans le comté d'Annapolis, on trouve que la
forêt a été brûlée. On trouve aussi une grande étendue
brûlée sur le côté est du lac. Dans ces deux étendues on
n'aperçoit aucune trace de reproduction de bois mous,
excepté sur les bords des marais. En 1903, le feu a dévasté
le coin sud-ouest du comté, au nord de Port Joli et de Port
Hébert. Cependant, il reste des pièces de terre couvertes
de conifères, dans le voisinage des sources des cours d'eau.
(62)
Distribution et Reproduction
i Les deux tiers du comté de Lunenburg
, < reposent sur des masses alternées de quartz
et d'ardoise. Comme dans le comté de
Queens, la région de la côte est couverte d'une forêt com-
posée, en général, d'épinettes noires et de sapins; on trouve,
cependant, d'épais massifs d'épinettes et de bois durs sur
quelques affleurements d'ardoise. A l'intérieur, quand la
roche n'est pas couverte de dépôts formés par les glaces,
le quartz est presque toujours, totalement ou à demi,
dépourvu de bois marchand. La plus forte forêt se trouve
sur un affleurement d'ardoise, d'environ six milles de
largeur, à l'ouest de la moitié nord du lac Nine-mile.
L'épinette rouge et la pruche constituent la plus grande
partie du bois; on trouve aussi des massifs composés aux
trois quarts de pruches.
Comté de Cette partie du comté de Halifax, à l'est
Halifax du P°rt de Halifax et au sud des affleurements
granitiques jusqu'à l'océan, est occupée par
le quartz et l'ardoise. A l'exception des vallées de Gay
et de Musquodoboit, des formations semblables couvrent
les régions au nord des affleurements granitiques, jusqu'à la
ligne frontière du comté. Les nombreuses péninsules,
formées par les longues baies rentrantes et les havres, sont
couvertes d'une forêt de sapins noirs de qualité inférieure
et remplies de tourbières. Les parties tendres des masses
rocheuses sont creusées et forment des sortes de poches,
quelquefois très rapprochées. Celles-ci se remplissent d'eau
qui ne peut en sortir facilement, empêchée qu'elle est par
la masse quartzeuse sur laquelle elle repose. La pluie
remplace la partie que l'air peut évaporer, évaporation que
retarde aussi beaucoup l'humidité de l'atmosphère. Il
résulte de cela un sol acide, composé d'humus brut, et, en
fin de compte, une forêt de bois rabougris. Les arbres
atteignent une hauteur de dix à quinze pieds et quelquefois
trois ou quatre seulement, dans les endroits marécageux.
L'examen au double microscope d'une section d'un de ces
arbres, d'un diamètre de trois huitièmes de pouce, a dé-
(63)
Commission de la Conservation
montré qu'il y avait 47 anneaux annuels. Sur les endroits
plus secs, où l'on trouve un peu de terre, il pousse des
touffes de jeunes plants et des fourrés de perches de sapin.
Le long des rivières au cours normal, le bois est générale-
ment composé de bouleaux jaunes et d'érables rouges.
Plus à l'intérieur, ce sont des arbres de seconde croissance,
dont les trois quarts sont des conifères. Dans la partie
ouest, l'épinette domine, mais plus on avance vers l'est,
et plus le sapin baumier devient nombreux, atteignant
souvent 90 pour cent de la forêt.
Au nord du granit, le quartz est à moitié privé de bois
marchand, rendu tel par la nature et la main de l'homme.
Dans la partie ouest, le pays revêt la forme d'un plateau,
dans lequel les sommets bas et étroits ont des couches
presque verticales, dépourvues de sols et d'arbres, excepté
dans les crevasses des roches. Les dépressions entre les
sommets sont remplies de dépôts de sable, sur lesquels l'on
voit des massifs de pins alternant avec des marais ou
dominent le sapin baumier et l'épinette noire. Les som-
mets plus larges et plus élevés sont couronnés de bois
durs ; sur les flancs plus bas pousse du bois mixte. En ces
endroits, on ne trouve que des forêts fortement triées ou
de seconde croissance. Les rivières au cours lent sont
entourées de grands marais, dans lesquels le sapin et l'érable
rouge forment les deux tiers du bois, l'autre tiers est com-
posé d'épinettes noires, de bouleaux jaunes et de frênes
noirs, en proportion presque égale. La moitié est du
quartz, au nord du granit, est généralement de la même
nature que la moitié ouest, mais les bancs sont plus longs
et plus continus et suivent les plus longs cours d'eau.
Les sommets sont plus éloignés les uns des autres et sont
séparés par des dépôts de sable et des tourbières.
r La végétation côtière, qui prend naissance
G b u h sur ^e ÇLuartz et l'ardoise dans Guysborough,
est la même que celle déjà mentionnée dans
le comté de Halifax, mais elle est plus variée et couvre de
plus grandes étendues. L'aulne et le mélèze forment aussi
(64)
Distribution et Reproduction
la plus grande partie des arbres qui poussent sur les maré-
cages stériles. En certains endroits, le bois est si rare, que les
pêcheurs parcourent douze ou quinze milles de pays pour
se procurer du bois de chauffage, de l'épinette et du sapin
de la grosseur des perches. Les plus gros arbres sont ceux
que l'on trouve dans les environs des sources des rivières
Liscomb et Moser et le long de leurs remarquables chaines
de lacs. La plupart des épinettes poussent dans le voisi-
nage immédiat des cours d'eau; les terres élevées de l'in-
térieur ne sont qu'une succession de tourbières et de lieux
stériles et graveleux. On est surpris de la prédominance
du bouleau jaune et du bouleau à papier sur les collines
autour des lacs. En certains endroits, le premier cons-
titue les quatre cinquièmes du bois, de purs massifs du
dernier ne sont pas rares. Les formations quartzeuses se
terminent brusquement au nord, dans une chaine distincte,
le long du côté sud de la rivière St. Mary. La crête de
cette chaine est couvert de bois durs exclusivement, et sur
les flancs l'on trouve du bois mixte, parmi lequel domine
le bois dur, excepté le long de la base du côté où les trois
quarts du bois sont des sapins de la deuxième croissance.
La partie est de la chaine, c'est à dire, à partir du point où
la rivière St. Mary se dirige au sud-ouest jusqu'à la tête
du port Country, est couverte d'une seconde croissance
de bois durs, dont une partie est du même âge et très
vigoureuse, mais la plus grande moitié est rabougrie et de
qualité inférieure. Les places basses et le fond des ravins
sont couverts de sapins.
(5) Forêts et Sols des Dépôts formés par les Glaces:
L'entraînement du sol par les glaces a modifié la surface du
versant de l'Atlantique de diverses manières. La couche
primitive a été emportée et les roches sont restées nues.
Lorsque pareils bouleversements sont survenus, plusieurs
années sont nécessaires pour refaire un sol d'une profon-
deur pouvant donner naissance à une forêt normale.
Jusqu'à présent, plusieurs des collines granitiques de l'ouest
et de l'est de la province sont encore nues.
(65)
Commission de la Conservation
La glace a culbuté pêle-mêle les matériaux qu'elle a
entraînés dans son mouvement ; ceux-ci vont du sable aux
roches erratiques. Si la glaise et les composés plus fins
dominent les autres plus gros, ils forment de bonnes terres
arables; presque toutes les terres agricoles fertiles du
versant de l'Atlantique sont des sols de cette catégorie.
Les dépôts formés de matériaux plus grossiers sont ordi-
nairement couverts de forêts. Lorsque le bois est enlevé,
ces sols ne sont guère propices aux productions agricoles.
On peut en voir un échantillon sur l'ancienne route militaire
qui se dirige vers l'est d'i\nnapolis.
Beaucoup de matériaux déposés par la glace ont été
labourés et triés par les eaux; ils sont maintenant mis à nu
par le drainage de lacs disparus ou par le retrait des eaux
de ceux qui existent maintenant à des niveaux inférieurs.
Les glaises, qui sont plus légères, ont été emportées par les
cours d'eau et déposées le long de leurs lits ou roulées
jusqu'à la mer, les sables et les graviers plus lourds sont
restés en arrière. On peut voir en masses désordonnées
toutes les phases de ces dépôts, depuis les sables en couches
épaisses jusqu'aux matériaux grossiers, couverts seulement
d'une légère couche sableuse. De pareils sables sont très
communs dans les parties des comtés de Shelburne, de
Queens et de Lunenburg, sur lesquels croissent de grandes
forêts de pins blancs. Les matériaux grossiers sont entassés
en grande quantité le long du bord sud du granit, dont ils
out été entraînés. Vu leur pesanteur et leur volume, ils
ne sont jamais emportés au loin. On trouve de grands
dépôts de ces sols dans le nord des comtés de Shelburne
et de Yarmouth. Ils sont stériles ou demi-stériles, par
suite d'un trop grand drainage et de la pauvreté naturelle
des éléments nutritifs.
Les matériaux entraînés par les glaces se présentent
sous forme de bancs longs et continus, probablement
des lits de cours d'eau qui, à l'origine, coulaient
au-dessous, ou dans les crevasses des bancs de glace, et
des matériaux déposés. On peut suivre un affleurement
(66)
Distribution et Reproduction
de ce genre dans le nord du comté de Yarmouth de dix à
quarante pieds de hauteur sur une distance de 20 milles.
De pareils dépôts se trouvent dans d'autres pays. Ils sont
reliés à d'autres masses rocheuses basses de gravier et de
sable, qui ne sont pas bien boisés.
On trouve, sur les hauteurs de l'ouest et les environs
granitiques, de grandes quantités de roches erratiques
entraînées par les glaces. Celles-ci exercent une influence
notable sur la nature de la végétation, car ayant été déposés
à l'origine proche à proche sur la roche nue, les arbres ne
peuvent guère prendre racines avant que ces roches erra-
tiques n'aient été couvertes de matières végétales en
décomposition. Comme les dépôts de ces roches ont en
moyenne quatre pieds de profondeur, cette opération
durera longtemps. Il s'en suit, donc, que de tels dépôts
sont des lieux naturellement stériles. La plus grande
étendue stérile de cette sorte se trouve au point de rencontre
des comtés de Digby, Yarmouth, Shelburne et Queens, et
aussi dans l'est du comté de Guysborough.
Les barrages des cours de drainage par les dépôts
effectués par les glaces ont créé d'innombrables lacs,
d'étangs et de tourbières. La végétation s'en empare de
toute manière, depuis la bordure à la partie supérieure
jusqu'au peuplement complet qui se termine en marais de
sapins-épinettes noirs. Des marais de ce genre se trouvent
aussi dans les dépressions mal drainées situées entre les
sommets et qui, probablement n'ont jamais eu de nappe
d'eau libre. On en trouve également sur les flancs d'in-
filtration, surtout quand l'eau de la mer y ajoute son in-
fluence, et le long des bords des cours d'eau qui coulent
lentement. Ce qui empêche le boisement de certaines
tourbières, c'est probablement la hauteur de l'eau, au
temps de la germination. Les graines ne peuvent germer,
et celles qui éclosent, sont noyées par l'eau le printemps
suivant. On trouve souvent sur les lits des lacs desséchés
des herbes grossières et de la laiche.
(67)
Commission delà Conservation
i Bien que les sables, les graviers et semblables
ef f, formations, tels que décrits plus haut, soient
répandus dans tous les comtes, le comte de
Shelburne en renferme plus que tout autre. Ceux que l'on
y trouvera seront décrits pour servir de type à ceux qui
existeront partout ailleurs.
Les parties inférieures et les parties mitoyennes du
cours des rivières qui traversent le comté depuis Clyde
jusqu'à Sable, sont caractérisées par des dépôts de sable
bas et ondulés, entrecoupés par des pointes rocheuses et
graveleuses, des tourbières et des marais. Les tourbières
et les marrais occupent environ un tiers ou la moitié de
l'étendue des vallées de Clyde et de Sable. L'épinette et
le sapin à pâte de papier y figurent en nombre presque égal ;
cependant, l'épinette domine généralement. En ces régions
il y a des pièces de terre de plusieurs milliers d'acres, dont
cinq pour cent au plus sont boisées, le reste est occupé par
des lieux stériles, des tourbières, des marais et des brousses.
Des touffes de bouleaux gris, d'érables rouges et de chênes
rouges couvrent les élévations graveleuses et rocheuses.
Le long du bas de ces hauteurs, les jeunes plants de bois
durs se mêlent aux épinettes et aux sapins. Les plus
grands dépôts de sable continus sont situés le long des
rivières Jordan et Roseway, où il y a une étendue d'environ
vingt milles carrés couverte de pins blancs, d'épinettes
noires et de sapins dans les dépressions. Dans la partie
ouest surtout, le pin blanc atteint soixante-quinze pour
cent du nombre. On dit que cette belle forêt de pins blancs
a poussé à la suite d'un incendie, qui a dévasté cette partie
du pays, il y a environ 90 ans; elle sera décrite plus au long
sous le titre de reproduction après l'incendie, dans une
autre partie de ce rapport.* Dans les régions mentionnées
plus haut, on trouve des sols plus profonds, surtout dans la
partie est sur lesquels poussent des bois mixtes parmi
lesquels domine l'épinette. Ces forêts se continuent en
amont du lac Great East Jordan, et se prolongent jusqu'à
*Voir page 84
(68)
Bassins de Drainage de Northumberland et de Minas
la limite du comté. En allant vers le nord par ces forêts,
on s'aperçoit que la pruche devient sans cesse plus nom-
breuse et qu'elle finit par occuper le premier rang.
Le comté de Shelburne est le plus légèrement boisé de
la province, 67 pour cent de superficie peuvent être classés
parmi les sols naturellement stériles ou rendus tels par les
incendies. Les lieux naturellement stériles, comme on
l'a décrit plus haut, sont dus à l'action de la glace, et la
lenteur du reboisement après le passage du feu tient, en
partie, au peu de profondeur des sols formés par les dépôts
produits par la glace.
II
Bassins de Drainage de Northumberland et de Minas
LA région située au nord de la crête du versant de
l'Ait antique renferme approximativement la moitié
de l'étendue de la Nouvelle-Ecosse proprement dite.
La plupart de ses rivières se déversent dans le détroit de
Northumberland et le bassin de Minas. La moitié nord
renferme des terres plus élevées, et une plus grande variété
de roches, mais la topographie, dans son ensemble, n'est
pas si diverse que celle de la moitié sud de la province ; on
y trouve plus de grandes plaines basses et ondulées et des
pentes plus douces ; les vallées des rivières sont plus larges,
et, sauf en certaines parties du comté de Guysborough, les
lacs et les tourbières sont beaucoup moins fréquents.
L'aspect topographique le plus remarquable de cette partie
de la province est l'axe central et le versant qui se prolongent
depuis le cap Chignecto, dans le comté de Cumberland,
jusqu'au cap George dans le comté d'Antigonish. La plus
grande partie continue commence aux collines de Cobequid
dans le conté de Cumberland et s'étend jusqu'au mont
Ephraim, dans la partie centrale, à l'est du comté de Pictou,
pendant une distance de soixante quinze milles, avec
largeur moyenne de huit milles.
Du mont Ephraim vers l'est, la continuité du versant
est interrompue par les vallées des affluents de l'ouest
du centre de l'est de la Pictou, sur une longueur d'environ
(69)
Commission de la Conservation
vingt milles. Ce versant se bifurque de nouveau, l'éperon
principal se prolonge en sommets bien définis, vers le nord,
et se termine au cap George, dans le comté d'Antigonish.
Le petit éperon s'étend en une quantité de petits sommets
bas jusqu'à un certain point au nord de l'est du détroit
de Canso. La plupart des flancs de cet éperon déversent
leurs eaux dans la baie de Chedabucto. Les eaux de
l'autre partie, cependant, coulent dans l'Atlantique par les
rivières St. Mary et Country Harbour. Celles de l'éperon
principal et des pentes du petit éperon se jettent dans le
détroit de Northumberland.
La région située entre l'axe central décrit plus haut et
la ligne de partage des eaux, au sud, s'étendant par la
rangée des comtés de l'Atlantique, a l'apparence d'une
vallée élevée, découpée en plusieurs sommets bas par ses
cours d'eau. Les cours d'eau plus à l'ouest se déversent
dans la baie de Cobequid et le bassin de Minas ; ceux qui
se trouvent plus à l'est, en général, se jettent dans la baie
de Chignecto. La nature du sol montre qu'autrefois la
mer couvrait cette vallée et séparait la province en deux
longues îles parallèles. Environ la moitié de la vallée est
encore occupée par le bassin de Minas et la baie de Cobe-
quid.
Une plaine basse et ondulée couvre le territoire -à
partir du nord de l'axe central jusqu'au détroit de North-
umberland. Elle a 20 milles de largeur, dans le comté de
Cumberland; elle se rétrécit à mesure qu'elle avance vers
l'est jusqu'à son extinction par le haut promontoire qui
termine le cap George dans le comté d'Antigonish.
Les roches de la région, et conséquemment le sol et la
végétation sont beaucoup plus variés que ceux du pays
qui se déverse ses eaux dans l'océan Atlantique. Au lieu de
trois espèces principales de roches comme dans le versant de
l'Atlantique, on trouve ici au moins dix, qui couvrent de
grandes étendues. Ce nombre ne décrit même pas leur
diversité, car chaque espèce de roche diffère beaucoup en
dureté et composition.
(70)
Bassins de Drainage de Northumberland et de Minas
(i) Distribution et Topographie des Roches Ignées et
Métamorphiques :
Les roches de l'axe central, que l'on vient de décrire,
varient grandement de nature, puisqu'elles sont composées
de feldspath de syénite, de diorite, de schiste, et de granit.
Dans la moitié ouest du comté de Cumberland, l'élévation
vers la ligne de partage des eaux, du côté nord, est graduée
et passe sur une série de chaines basses, mais, plus à l'est,
les pentes du côté nord sont plus prononcées; dans l'est
du comté de Cumberland et à travers le comté de Colchester
jusqu'au mont Ephraim elles montent à pic de la plaine du
nord. Le point le plus élevé de cette chaine atteint 1,000
de hauteur. Les pentes du sud de l'axe central sont plus
douces que celles du nord.
Dans la partie est de l'axe central, la plus grande
masse de roches ignées se trouve à l'est de la rivière St.
Mary, elle couvre une étendue presque carrée, avec côtés
de dix milles de longueur. A partir de cette région elle
s'étend, sous forme de collines détachées ou de crêtes de
collines formées d'autres roches, vers le nord du cap George,
dans le comté d'Antigonish, et vers l'est par le sud du
comté d'Antigonish et par le centre de celui de Guysborough
jusqu'à la baie de Chedabucto, où gise le granit décrit plus
haut comme partie du versant de l'Atlantique.
(2) Forêts et sols des Masses Rocheuses ignées et Méta-
morphiques :
Les feld spaths et les syénites sont des roches semblables
au granit, mais elles ne renferment pas généralement de
quartz, en autant du moins qu'on peut le constater à l'œil
nu. Les feldspaths varient en dureté, les plus tendres
forment des sols qui valent en fertilité les sols d'alluvion,
tandis que les plus durs engendrent des sols dont la fertilité
peut être comparée à celle des grès les plus durs. Ce sont
donc de pauvres sols. Les syénites peuvent être placés,
sous le rapport de la fertilité, sur le même rang que les
granits qui se désagrègent le plus facilement, c'est à dire
qu'ils donnent naissance à un sol vigoureux. Les diorites
produisent aussi un sol vigoureux. Les schistes sont ceux
(71)
Commission de la Conservation
qui forment les sols les plus pauvres. Cependant, pris
dans son ensemble, ce groupe de roches, comme l'attestent
les forêts qu'il supporte, compose des sols légers et fertiles.
Le sol est néammoins très pierreux, en général, et quand il
n'est pas ainsi, sa topographie rend toute culture agricole
impossible.
En partant de l'extrémité ouest des affleurements de ce
groupe, on trouve sur le granit au nord de la baie Advocate
une forêt luxuriante, qui renferme 75 pour cent d'épinettes
rouges. On trouve le même type sur la masse granitique
au nord de la baie Greville. A partir de cet endroit, les
affleurements de ce groupe de roches ne se montrent qu'en
petit monceaux, mais, aux collines de Cobequid, elles forment
de grandes masses. Les flancs nord des collines de Cobequid,
dans le voisinage de Wentworth, par exemple, supportent
à leur base une forêt mixte composée de bois durs et d'épi-
nettes rouges, de sapins et de pruches, parmi lesquels le bois
mou dominait autrefois. A mesure que l'on monte, le bois
dur l'emporte en nombre. En quelques endroits le bouleau
jaune en forme les deux tiers; ailleurs il y a mélange égal
de bouleaux jaunes, d'érables durs et de hêtres. Près du
sommets des pentes, on trouve souvent des arêtes étroites
couvertes de quartre-vingt-dix pour cent de hêtres de
qualité inférieure. Sur les points plus élevés il y a çà et là
de grands bassins, presque entourés par les arêtes. En ces
lieux, la forêt est mélangée en proportions égales de bau-
miers, de sapins, d'épinettes rouges et de bois durs. Dans
les vallées étroites des cours d'eau, d'un autre côté, la
pruche, l'épinette et le sapin dominent dans l'ordre nommé,
de sorte que si l'on regarde d'une certaine distance vers les
pentes de Cobequid, on voit le vert du bois dur qui domine,
entrecoupé de bandes noires formées par le feuillage des
conifères à bois mou.
Les forêts des versants de Cobequid ressemblent à
ceux du nord. Il y a, cependant, plus de sommets
extérieurs, et les vallées qui les séparent sont plus larges,
ce qui favorise d'avantage la croissance de l'épinette rouge
et de la pruche. Ceci s'applique surtout avec plus de
(72)
W^J*^
Bosquet composé de pins blancs seulement que l'on suppose avoir repoussé,
APRÈS l'\ INCENDIE EN I83O. On TROUVE COMMUNÉMENT DU PIN BLANC DE
DEUXIÈME POUSSE DANS LES COMTÉS DE SHELBURNE, X. E.
Bassins de Drainage de Northumberland et de Minas
vérité à la partie ouest des versants. Les crêtes arrondies
des plus bas sommets sont couvertes de bois durs; celles
des sommets plus élevés, au contraire, sont couronnées de
bois mixtes.
On a déterminé les diverses espèces des massifs du bas
au sommet d'un versant sud-est, près de la colonie Mc-
Callum, dans le conté de Colchester. Des carrés échan-
tillons furent tracés de 20 perches de longueur partant d'un
cours d'eau jusqu'au haut du versant; ces examens ont donné
le résultat suivant ; Sur les premières 20 perches d'une
pente douce, la forêt était également divisée entre le hêtre,
l'érable dur et le bouleau jaune. Sur les pentes abruptes,
à la même distance du cours d'eau, la forêt renfermait 52
pour cent de sapins, 35 pour cent d'épinettes rouges, et 13
pour cent de bouleaux jaunes. A quarante perches du
cours d'eau : 47 pour cent d'érables durs, 40 pour cent de
bouleaux, 11 pour cent de bouleaux jaunes. A soixante
perches de la base, la composition était de 52 pour cent de
bouleaux, 32 pour cent d'érables durs et 16 pour cent de
bouleaux jaunes. A quatre-vingts perches : 55 pour cent
de bouleaux, 42 pour cent d'érables durs et huit pour cent
de bouleaux jaunes. Les trois derniers carrés se trouvaient
sur des pentes modérément escarpées. A partir de ce
point, un bassin en forme de croissant s'avance pendant
un demi-mille vers la crête du versant, et la forêt était
composée aux deux tiers de bois durs. Le sommet du
versant était humide et le bois debout formait les pro-
portions suivantes : 52 pour cent de sapins, 35 pour cent
d'épinettes rouges, et 13 pour cent de bouleaux jaunes.
Le sol du versant était de sable et de glaise sableuse remplie
de petits cailloux prismatiques.
La grande masse de feldspath et de syénite au nord
de la rivière St. Mary de l'est supporte une forêt mixte
complètement triée. Les versants est de la rivière Ohio
supérieure sont très escarpés et couverts d'une forêt com-
posée de conifères et de bois durs, ceux-ci étant les plus
nombreux. Sur quelques-uns des versants ils forment des
(73)
Commission de la Conservation
massifs purs. Le large plateau situé entre les sources de
la rivière Ohio et le ruisseau Black est fait de bancs rocheux
peu élevés et de dépressions, les premiers sont couverts
principalement de bouleaux jaunes, et les dernières d'é-
pinettes rouges de qualité inférieure. Le sol est mince, et
de grandes étendues sont couvertes de fragments de roches.
Cependant, les lieux plats dans les environs des lacs donnent
naissance à des massifs d'épinettes de bonne taille. On
trouve fréquemment des marais de sapins noirs sur le
plateau. Le tiers ouest de l'étendue est composé aux trois
quarts de bois durs; les bouleaux jaunes occupent plus de
la moitié, et le reste est presque également partagé entre
l'épinette rouge et le sapin.
Une autre grande étendue de feldspath et de syénite
se trouve juste à l'ouest de celle décrite plus haut; elle est
drainée surtout par les sources de la rivière East de Pictou
et la rivière Sutherland. Les forêts sont mixtes, les bois
durs forment environ 60 pour cent. Peu de fermes sont
établies sur ces deux affleurements, elles ne sont guère
productives, excepté lorsqu'elles sont sur des sols formés
par des dépôts produits par les glaces.
(3) Distribution et Topographie des Grès et des Ardoises :
La rangée nord des comtés renferme trois régions
distinctes de grès et d'ardoise. La chaine centrale est la
plus grande; elle se prolonge du détroit de Canso et de la
baie de Chedabucto jusqu'à la tête de la baie de Cobequid, et
de là, sans interruption, le long de ses rivages et de ceux
du bassin de Minas. Elle s'étend, le long des bords de
ce dernier, jusqu'à la tête du bassin d'Annapolis; au sud,
jusqu'à la baie Advocate au nord. Cette chaine a vingt
milles de largeur dans l'est des comtés de Guysborough et
d'Antigonish. A mesure qu'elle avance vers l'ouest, elle
se rétrécit rapidement; sa largeur n'étant plus que de deux
milles près du lac Lochaber, dans le comté d'Antigonish.
A partir de ce point, la chaine s'élargit graduellement
jusqu'au coin du comté de Pictou, où elle s'étend encore
(74)
Bassins de Drainage de Northwnberland et de Minas
et atteint vingt milles, largeur qu'elle conserve jusqu'à la
tête de la baie de Cobequid.
La deuxième région se trouve au nord de l'axe central,
se prolonge de la baie Chignecto au havre Merigomish, sur
une distance de cent trente milles. Sa largeur moyenne
est de douze milles. Cette chaine du nord se relie à la
chaine centrale, décrite plus haut, dans la vallée de la
rivière West de Pictou. La troisième et la plus petite
région, composée de roches de ce genre, est formée par les
éperons est et nord-est de l'axe central. L'éperon du nord-
est s'embranche sur les côtés nord et sud de l'affleurement
feldspath-syénite dans les comtés d'Antigonish et de
Pictou, décrits dans le paragraphe précédent. Aux points
de contact, avec les autres roches, il a une largeur de vingt-
cinq milles, il se rétrécit en avançant vers le nord-est;
quand il atteint le cap George, sa largeur n'est plus que de
trois milles. La région ressemble à un plateau élevé qui
a été taillé en vallées profondes à bords escarpés et élevés
par les cours d'eau qui en sortent. L'éperon de l'est se
détache de l'axe principal au coin sud-est du comté de
Pictou et se prolonge vers le nord sur une distance de près
de quinze milles, le long de la ligne qui sépare le comté de
Guysborough de celui de Pictou, de là il se dirige un peu
au nord-est, et atteint le détroit de Canso près de Mul-
grave.
(4) Forêts et Sols des Grès et des Ardoises :
Les grès et les ardoises sont groupés, parce qu'ils se
trouvent ainsi combinés par la nature. Quelques-uns des
grès sont composés de petites molécules et forment des
sols sableux, d'autres sont plus grossiers et produisent
des sols graveleux et poreux. La plupart sont cependant
d'une texture plus grossière, et donnent naissance à des
glaises sableuses. Plusieurs petits affleurements de quartz
sont associés à ces roches et forment des sols minces et
graveleux.
Les forêts qui poussent sur les sols de grès et d'ardoise
seront décrites dans l'ordre donné plus haut, savoir, celles
(75)
C o m m i s s i o n de la Conservation
de la chaine du centre, de la chaîne du nord et de la chaine-
éperon du nord-est; en outre, pour commodité de descrip-
tion, la chaine centrale sera subdivisée en région de l'ouest,
région du centre et région de l'est.
La région de l'ouest de la chaine centrale est divisée
en deux sections par la baie de Cobequid et le bassin de
Minas. La section de la côte nord de ces eaux s'étend,
sauf quelques interruptions, en une bande étroite de la baie
Advocate à la tête de la baie de Cobequid. Plus de la
moitié de la région est sous culture, et la forêt est preque
toute de seconde croissance, partagée en lots à bois de
fermes; l'épinette et le sapin en forment les deux tiers, le
reste est composé de bouleaux blancs, d'érables rouges et
de mélèzes.
Les sols de grès et d'ardoise au sud de la baie de Cobe-
quid se partagent juste à l'ouest de la rivière Shubenacadie.
Une section s'étend vers l'ouest en une bande étroite d'en-
viron trois milles de largeur, le long des côtes sud de la
baie jusqu'à la rivière Avon. L'autre se prolonge vers le
sud-ouest jusque près de Upper Rawdon, dans le comté
de Hants. Le long de la côte, les sommets sont couronnés
de bois durs, et les dépressions supportent une forêt dans
laquelle domine soit l'épinette rouge, soit la pruche; souvent
même les conifères forment des massifs purs. Il y a aussi
des sommets sableux couverts de pins, ainsi que des affleure-
ments de quartz à demi-stériles. La large bande de grès
et d'ardoise, s'étendant vers l'ouest, est couverte d'une forêt
de seconde croissance et d'arbres rendus à maturité ; les
conifères dominent dans les deux. La forêt mixte est
très luxuriante sur les larges pentes douces, où le bois se
compose à moitié ou aux trois quarts d'épinettes rouges, et
ordinairement d'environ 15 pour cent de bouleaux jaunes
et de cinq pour cent de hêtres. Le sol est profond, com-
posé en grande partie de limon et de sable fin. Quand les
sommets des bancs sont étroits, ils sont couronnés de bois
durs, autrement ils sont couverts de bois mixtes. A
l'ouest de la rivière Avon, les grès et les ardoises se pro-
(76)
Bassms de Drainage de Northumberland et de Minas
longent entre les montagnes du Nord et du Sud jusqu'à la
tête du bassin d'Annapolis. Les sols élevés sont, en général,
de la glaise sableuse. La nature des sols, et les vallées
abritées font de cette partie un pays renommé pour ses
vergers. Les flancs de la montagne du Nord sont à moitié
sous culture. Les vieilles forêts renferment plus de bois
durs que d'autres espèces. Cependant, on trouve dans
cette région tant d'épinettes blanches, de sapins et d'épi-
nettes rouges de la seconde croissance, que les conifères sont
plus nombreux que les bois durs. Les forêts qui couvrent
les flancs nord de la montagne du Sud ont déjà été décrites
sous le titre d'étendues granitiques.*
La région centrale des grès et des ardoises est d'environ
30 milles de long sur 20 milles de large. Leurs lignes fron-
tières du sud touchent au calcaire des vallées de Shubena-
cadie et de Stewiacke, et au nord elles forment les collines
de la partie inférieure de l'axe central de la roche méta-
morphique. Elles s'étendent de la tête de la baie de Cobe-
quid à la ligne de séparation qui, d'un côté, détourne le
drainage vers la Stewiacke, la rivière Middle et la branche
West de la Pictou, et de l'autre vers la rivière East St.
Mary. La partie de cette région, qui est située dans le
comté de Pictou au nord du chemin de fer Intercolonial et
au sud d'une ligne, tirée à partir de Green Hill au mont
Ephraim, est en grande partie sous culture; on y trouve
des massifs de bois mixte de seconde croissance. Au sud du
chemin de fer à la ligne de partage des eaux mentionnée
ci-haut, le pays est couvert de masses rocheuses arrondies
et peu élevées, et de dépressions. Les plus hauts points
sont couverts de bois durs, le bas des versants et les dépres-
sions boisées supportent des massifs dans lesquels dominent
les conifères. Dans l'ensemble, la moitié de l'étendue
boisée est composée d'épinettes rouges de sapins et de
pruches. Dans le comté de Colchester, à partir de la ligne
frontière du comté, à l'ouest de la ligne du township de
Truro, les bois mous sont plus communs que les bois durs.
*Voir Page 52
(77)
Commission de la Conservation
Ils dominent surtout le long des terres élevées qui servent
de versants en cette région.
De la limite est du township de Truro à la tête de la
baie de Cobequid, et de ce point à la rivière Shubenacadie,
la forêt est pour ainsi dire également divisée entre l'épinette
rouge, la pruche, le sapin et les bois durs; elle occupe
soixante pour cent du terrain.
La région de l'est de la chaine centrale composée de
grès et d'ardoise commence aux sources de la rivière East
St. Mary et se prolonge en une bande d'environ huit
milles de largeur et de 35 milles de longueur jusqu'au lac
Lochaber; à cet endroit elle s'élargit brusquement, jusqu'à
25 milles, et se prolonge jusqu'au détroit de Canso et jusqu'à
la baie de Chedabucto. L'aspect caractéristique de la
forêt sur cette partie peut être ainsi divisé : sols stériles et
demi-stériles, entrecoupés de tourbières et de massifs de
bois durs sur les endroits bas. La forêt de la partie élargie
de la chaine, à l'est du lac Lochaber, est composée de bois
mixtes et de bois durs principalement de bouleaux jaunes,
formant la moitié des massifs, le reste étant des épinettes
rouges et des sapins en proportions presque égales. Les
crêtes des collines et des sommets sont couronnées de
massifs de bois durs seulement, dont 90 pour cent sont des
bouleaux jaunes, le reste, des hêtres, des érables durs et des
bouleaux à pâte de papier. De l'est du lac Cross à la
rivière Guysborough, c'est le bois dur qui domine. A
mesure que de l'intérieur l'on s'approche de la côte, le
sapin et l'épinette forment une grande partie du bois. Ces
essences comptent 80 pour cent sur les pentes abruptes de
Canso, le sapin étant le plus nombreux.
A partir du havre Pirate, au sud-ouest, jusqu'à la ligne
de séparation du comté, il y a une ceinture ininterrompue
de quartz siliceux presque entièrement privée d'arbres de
grosseur marchande. Cà et là les terres stériles se couvrent
de bouleaux et d'érables rabougris; en certains endroits,
on trouve des épinettes et des sapins grêles, en d'autres, le
sol est parsemé de rochers, dénudés de bois, excepté dans
(78)
Bassins de Drainage de Northumberland et de Minas
les dépressions où poussent l'épinette noire et le sapin.
Si l'on excepte la région à l'est du port de Guysborough, les
plateaux élevés ne se prêtent pas à la culture, par suite de
la présence de dalles près de la surface.
Comme précédemment mentionnés, lors de la descrip-
tion des grès et des ardoises, la seconde région sous le
rapport de l'étendue, composée de ces roches, se trouve au
nord de l'axe central, et s'étend de la baie de Chignecto au
havre de Merigomish. Cette partie qui déverse ses eaux
dans la baie de Chignecto, renferme de grandes forêts
ininterrompues, dans lesquelles domine le bois mou. La
région qui égoutte ses eaux dans le détroit de Northumber-
land, à l'est de la rivière Philip, contient de nombreuses
forêts de cette nature; mais à partir de ce point vers l'est
de Merigomish, la forêt, que supporte une couche de grès
et d'ardoise, est composée d'arbres de seconde croissance,
parmi lesquels figurent le bouleau blanc, l'épinette et le
sapin, état qui a pour cause les incendies et le déboisement
des taillis de fermes. Les trois quarts de cette étendue
sont sous culture.
La troisième et la plus petite région de grès et d'ardoise
est limitée à l'ouest, tout près de l'est de la rivière East de
Pictou; elle se prolonge dans le direction de l'est jusqu'au
cap George, dans le comté d'Antigonish. Ces roches
forment une chaine de montagne — l'éperon nord-est de
l'axe central. Elles ont subi de grandes transformations
dues à des agences géologiques, et elles participent à la
nature des schistes. Sur le côté est du cap George, elles
sont très grossières et dures, formant pour ainsi dire des
conglomérats. Dans la partie ouest, les bois durs sont
plus nombreux que les conifères, bien que l'on y trouve cà
et là des massifs d'épinettes et de sapins. Le haut de
plusieurs de ces masses rocheuses est couvert de bois durs
sur leur déclin. Au nord du chemin de fer Intercolonial, le
bois est presque tout de la deuxième croissance, résultat
d'une coupe antérieure presque radicale. La plus grande
région de bois parvenu à maturité se trouve le long de la
(79)
Commission de la Conservation
ligne de séparation des comtés d'Antigonish et de Pictou;
le bois dur est ici en majorité. Dans l'intérieur du pro-
montoire du cap George, l'épinette de la seconde croissance
domine, et sur la côte elle forme des massifs purs; les arbres
sont de la grosseur des poteaux.
(5) Distribution et Topographie des Roches Conglo-
mérées :
Les roches conglomérées sont de grandes masses de
graviers et de cailloux qui, sous une énorme pression, se
sont cimentés et ont constitué des masses rocheuses.
Ce sont des dépôts de rivage de la mer; et, chose digne de
remarque, on les trouve par bancs, le long du bas des collines
de Cobequid, direction du nord au sud, et leurs prolonge-
ments vont vers l'est. Ceci montre — en plus des grès et
des ardoises qui en forment ses flancs — que la mer a dû,
autrefois, entourer complètement l'axe central.
La bande des roches conglomérées, sur les versants
nord des collines de Cobequid a cinq milles de largeur à
l'embouchure de la rivière Apple, dans le comté de Cumber-
land. On peut la suivre, à partir de ce point sans inter-
ruption jusqu'à un endroit situé à quelques milles à l'est
du village de Wentworth, comté de Colchester. Près du
point de rencontre des comtés de Colchester, Guysborough,
Halifax et Pictou, une masse de conglomérat de quatre
milles de largeur, s'étend vers l'est jusqu'aux environs du
lac de la rivière Salmon, dans le comté de Guysborough, sur
une distance d'environ soixante milles. On trouve un
plus petit affleurement de la même espèce de roche, le long
du flanc sud-est du versant; il se prolonge jusqu'au pro-
montoire du cap George dans le comté d'Antigonish.
(6) Forêts et Sols des Roches Conglomérées :
Quand l'agglutinant des conglomérats se décompose,
le sable et le gravier se désagrègent et forment partie inté-
grante du sol. La nature du sol que forment les roches de
ce genre se comprend facilement. Les conglomérats sont
des régions naturellement stériles, excepté les endroits
couverts de dépôts formés par les glaces. Les trois quarts
(80)
Bassins de Drainage de Northumberland et de Minas
des conglomérats du comté de Guysborough sont privés
de bois marchand. On peut reconnaître le genre de forêt
qui pousse sur le conglomérat, au nord de Cobequid, de la
ligne du chemin de fer qui passe entre Westchester et
Oxford Junction. Plusieurs des masses basses sont couvertes
de pins gris; d'autres de bouleaux gris; d'autres sont nus.
Les dépressions donnent naissance à des marais de sapins
et à des tourbières. Le feu a dévasté le conglomérat de la
partie ouest. Après un incendie, le bois ne repousse pas
plus vite sur les conglomérats que sur les sols quartzeux.
Sur les conglomérats, près des sources de la rivière Apple,
il y a une bonne forêt où domine l'épinette; on y trouve
néanmoins des endroits stériles et des tourbières. Le
conglomérat du comté d'Antigonish est presque totale-
ment couvert de dépôts formés par les glaces, et produit
une forêt de bois durs. Comme on peut le voir par la
nature du sol, les terres propices à la culture sont les fonds
d'anciennes rivières.
(7) Distribution et Topographie des Calcaires :
Bien qu'il existe des masses calcaires éparses sur toute
la ligne des comtés qui bordent le détroit de Northumber-
land, on n'en trouve que trois régions d'une assez grande
étendue. La plus importante commence au haut de la
vallée de Shubenacadie et se prolonge jusqu'au lac de
Shubenacadie, une distance d'environ trente milles. La
masse principale se partage en deux branches, la première
va presqu'à la Stewiacke et son tributaire du nord, la
rivière Little. Cette branche a une largeur moyenne de
huit milles et sa longueur est de trente milles. L'autre se
dirige vers la rivière Gay, traverse la partie supérieure de
la vallée de Musquodoboit pendant une longueur de vingt-
cinq milles. La deuxième région calcaire se trouve dans
le comté de Hants et se prolonge dans les vallées de Ken-
netcook et les rivières Cogmagun. Elle a environ dix
milles de largeur et trente milles de longueur. La troi-
sième région calcaire occupe presque la moitié du comté
d'Antigonish. L'affleurement a une largeur de dix milles
(81)
Commission de la Conservation
à l'endroit où il atteint la roche ignée de la montagne de
Keppoch ; il se rétrécit à partir de cet endroit dans sa
direction vers l'est, et il n'a plus qu'un mille de longueur au
point de rencontre, au détroit de Canso.
(8) Forêts et Sols sur les Calcaires :
Les vallées des rivières renferment d'excellentes fermes,
mais la plus grande partie des terres élevés de la première
région est inculte. Le calcaire est une roche très dure et
très massive, elle ne forme de sol que difficilement. Les
forêts renferment des bois durs et des bois mous, ces
derniers sont les plus nombreux. En cette région, on
trouve souvent de larges plaines et des plateaux sableux,
sur lesquels il y a des traces d'une ancienne forêt de pins
blancs. Une grande section de la forêt, le long de a
partie supérieure de la rivière Stewiacke, est formée de
bois de seconde croissance, tels que l'épinette, le sapin,
le bouleau à pâte de papier et l'érable dur ; cet état de
choses est dû à un immense incendie qui a ravagé cette
contrée il y a six ans.
Les bonnes fermes établies sur la deuxième région
calcaire sont situées près de l'embouchure des rivières
Avon, Comagun, Kennetcook et Ste. Croix. La plus
grande partie ne produit même pas de forêt qui ait quelque
valeur. Le drainage est défectueux, par suite de la dureté
de la roche souterraine et de la couche de terre qui la couvre.
Il s'en suit que l'on trouve en cet endroit de grandes marais
à sapins noirs et des tourbières. Les plateaux à demi-
stériles et graveleux y sont nombreux. Les forêts des
versants sont composées de bois mixtes parmi lesquels
dominent l'épinette et le sapin.
La moitié est de la région calcaire d'Antigonish ren-
ferme de bonnes fermes ; le bois est mêlé et de seconde
croissance. Les parties supérieures de la moitié ouest
supportent une forêt formée d'épinettes, de pruches, de
sapins et de bois durs.
(82)
Bassins de Drainage de Northumberland et de Minas
(9) Forêts et Sols des Dépôts Formés par les Glaces :
Les traces de l'action des glaces sont très visibles sur
le versant de l'Atlantique. Les plus grands dépôts de
gravier et de sable formés par les glaces se voient dans les
comtés de Cumberland et de Colchester. On trouve en
cette partie du comté de Guysborough, comprise dans les
comtés du nord, des tourbières et des marais formés par
les barrages des cours d'eau avec les matières déposées
par les glaces. La végétation de ces régions ressemble à
celle déjà décrite et qui se trouve dans des conditions
analogues sur le versant de l'Atlantique.
Le climat, le sol et la topographie contribuent
Résume tous à rendre la partie de la province, située
entre le détroit de Northumberland et le bassin
de Minas, un pays plus favorable à la culture agricole que le
versant de l'Atlantique. C'est pour cette raison que la super-
ficie des terres défrichées y est deux fois supérieure à celle de
ce dernier. La population des campagnes étant plus nom-
breuse, a trié plus complètement les forêts de leur voisinage,
ce qui explique un plus fort percentage du bois de seconde
croissance. La plus grande étendue forestière de ce genre
se trouve dans le comté d'Antigonish, où le bois est composé
aux trois quarts déjeunes rejetons, tandis que dans le comté
de Colchester ; environ un cinquième est de seconde crois-
sance.
Si l'on compare les forêts de la rangée des comtés de
la partie nord du pays avec celles du versant de l'Atlantique,
on trouve plus de massifs de bois durs purs dans les pre-
mières ; l'étendue occupée par les essences de cette classe
est approximativement sept fois supérieure à celle des
forêts du deuxième versant. Les roches, qui forment les
sols en cette région, se décomposent plus facilement que
le granit et le quartz qui dominent dans le versant de
l'Atlantique. L'action des glaces a été moins violente en
cette contrée ; en conséquence, les sols sont plus profonds,
et les bois durs y poussent plus communément et sont
supérieurs en volume. On peut conclure que plusieurs des
(83)
Commission de la Conservation
massifs de bois durs purs sont tels, grâce à l'enlèvement
des bois mous marchands. Mais si l'on établit une pro-
portion entre ces deux sortes d'essences, on trouve que les
massifs de conifères purs sont plus nombreux que ceux des
bois durs ; ce résultat dépend du triage de ceux-ci sur les
lots de bois des fermes et du reboisement des pâturages
abandonnés.
III
Reproduction Forestière et Conditions du Sol des Régions Brûlées
QUAND on a tracé la carte des forêts sur place, on a
divisé les étendues brûlées en trois classes, savoir :
les brûlés récents, les brûlés stériles et les endroits
recouverts d'une seconde croissance après l'incendie. Ont
été mis dans la classe des brûlés récents les lieux dévastés
par le feu au cours de la dernière décade ; dans la catégorie
des brûlés stériles, les endroits sur lesquels il ne pousse pas
de bois marchand ; et l'on a appelé forêts de seconde
croissance après l'incendie, celles dans lesquelles on trouve
une bonne proportion de bois marchand. En allant des
plus jeunes aux plus âgés des bois, nous décrirons l'état
actuel des trois classes de brûlés dans les pages qui suivent :
(i) Brûlés Récents:
Les brûlés récents sont plus considérables dans les
comtés d'Annapolis, de Cumberland et de Shelburne ;
l'incendie a ravagé ces comtés en 1903. La plus grande
étendue brûlée dans le comté d'Annapolis est la partie
centrale de l'est : sa superficie est d'environ 80 milles
carrés. Le même incendie dévasta une région presque
aussi étendue dans le comté de Kings. Les lieux bas et
plusieurs collines couvertes de bois durs sont restés intacts,
de sorte que la moitié seulement, ou environ, a été brûlée.
Actuellement, les espèces marchandes ne repoussent pas
encore, les endroits brûlés se recouvrent de touffes d'érables
de merisiers épineux, de bouleaux gris, d'aulnes et de
sorbiers, dans les endroits marécageux. Plusieurs des
masses rocheuses couvertes de roches erratiques sont
dépourvues de jeunes arbres de toute espèce ; elles sont
(84)
Reproduction Forestière sur les Brûlés
recouvertes de fougères, de myricas, de touffes de fram-
boisiers et d'airelles.
Le brûlé le plus étendu, dans le comté de Cumber-
land, est situé entre les rivières Maccan et Black, principale-
ment au sud du chemin de fer Intercolonial. Il se pro-
longe pendant 25 milles dans la direction du sud-ouest ;
sa largeur est d'environ quatre milles. Les pièces de
terrain boisées et non brûlées forment un tiers de l'étendue.
En certains lieux, les roches sont à fleur de terre, en d'autres,
elles sont profondément enterrées sous le gravier et le sable.
La région est maintenant couverte de bouleaux gris et
d'épaisses touffes de fougères et de myricas. Cependant,
çà et là il n'y a d'autre végétation que les lichens et les
mousses.
Près de Springhill Junction, la plaine sableuse est
couverte de petits tertres de sable, d'un ou de deux pieds
au-dessus des dépressions, d'une à cinq verges de diamètre.
La couche rocheuse est formée d'un grès fin et dur, à deux
pieds à peine de la surface. La végétation se compose
de bouleaux gris et de pins gris qui ont échappé à l'incendie ;
au-dessous d'eux poussent des touffes d'airelles, de lauriers
sauvages et de mousses, Dans les bas-fonds croissent des
lauriers pourprés, le thé du Labrador et quelquefois des
semis d'épinettes. Sur les monticules, on trouve de
nombreux semis de pins gris. Un échantillon de terre
pris ici, à une profondeur de six pouces, renfermait les divers
degrés de sols dans les proportions suivantes :
Echantillon de Sol No. 3
Gravier fin 1.37 pour cent.
Gros Sable 1367
Sable moyen 10 . 66
Sable fin 24.35
Sable très fin 6 . 77
Limon 1790
Glaise 2 5 . 03
Perte par le feu 1.72
Le sol de cet échantillon a été passé à travers un tamis
dont les mailles n'avaient qu'un douzième de pouce de
diamètre. Quatre-vingt-dix-sept pour cent du poids de
(85)
C o m mission de la Conservation
l'échantillon furent ainsi tamisés, le reste ou trois pour
cent, était composé de gros graviers. La partie brûlée
représente principalement l'élément végétal du sol. L'a-
nalyse montre qu'il y a un grand pourcentage de glaise
pour un sol de forêt, mais, par suite de sa minceur et de
l'acidité de sa couche d'humus, ce sol ne peut produire que
peu de bois.
Au sud-ouest de la rivière Maccan, le sol de la partie
brûlée est beaucoup plus profond, car le pays repose sur
une série d'élévations graveleuses et sableuses. L'épinette,
dans les dépressions, n'est pas brûlée ; le pin blanc qui a
poussé sur les flancs a aussi été épargné par l'incendie. Ces
débris repeuplent lentement la forêt de bois marchands ;
on compte jusqu'à douze jeunes épinettes par- pied carré
et deux jeunes pins par pied carré. Un échantillon de
terre, pris a l'un de ces endroits, sous une touffe de bou-
leaux et de peupliers gris, contenait 53 pour cent de terre
fine, 47 pour cent de graviers et de cailloux. La terre fine
renfermait les proportions suivantes:
Échantillon de Sol No. i
Gravier fin 20.69 pour cent.
Gros sable 16.37 "
Sable moyen 3-83 "
Sable fin 4.87 "
Sable très fin 9 . 41 "
Limon 23 . 2 7 "
Glaise 19.10 "
Perte par le feu 2.14
Une bonne partie du pin blanc avait été enlevée de
a forêt avant l'incendie ; le sol analysé plus haut représente
donc la moyenne des sols de pins blancs. Cependant, le
repeuplement du pin blanc sera excessivement lent, car les
arbres à graine sont très rares et très clairsemés.
Les parties nord et est du comté de Shelburne ont été
dévastées par l'incendie pendant la sécheresse de 1903.
Ce même feu dévora les parties adjacentes des comtés de
Digby et de Yarmouth, le long de leurs limites de l'ouest,
et la portion est du comté de Queens. Les étendues
marécageuses et les gros arbres échappés à l'incendie for-
(86)
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C 3
Reproduction Forestière sur les Brûlés
ment d'un tiers à une demie de la superficie. Sur environ
la moitié de l'espace actuellement brûlé poussent maintenant
des touffes de fougères, de lauriers sauvages, de bleuets,
d'airelles et des framboisiers, nommés dans l'ordre de leur
nombre ; l'autre moitié est recouverte de touffes de bou-
leaux gris, d'érables rouges, de peupliers et de chênes
rouges, et l'on trouve en sous-bois les plants énumérés
plus haut. Dans une parcelle échantillon d'une des touffes
de bouleaux, sur un plateau granitique, on a trouvé qua-
rante-trois bouleaux gris, dix boursaines blanches et un
merisier épineux par perche carrée. Le sol était couvert
d'un pouce de terreau et mélangé avec un pouce d'humus
à une profondeur d'un pouce. Il renfermait 79.6 pour cent
de terre fine, 20.4 pour cent de gros graviers. La compo-
sition de la terre fine est donnée dans le tableau suivant :
Échantillon de Sol No. 24
Gravier fin ^ -64 Pour cent.
Gros sable x4-99
Sable moyen IO • 42
Sable fin x7-75
Sable très fin l6 ■ 43
Limon XI-94
Glaise 4- 70
Perte par le feu IO • 93
Le pourcentage des matières végétales est très élevé,
mais l'humus brut, impropre à la végétation, en forme une
grande partie. Il faut attribuer cet état à l'acidité du sol.
Les touffes de bouleaux sont même plus épaisses sur le
quartz, comme le montre la parcelle échantillon, laquelle
comptait 75 pieds de bouleaux gris par perche carrée. Le
sol ne contenait qu'une légère couche pâteuse, plus cinq
huitièmes d'un pouce d'humus; jusqu'à une profondeur de
six pouces, 24.5 pour cent étaient du gros gravier, et 75.5
pour cent de la terre fine, dont les diverses proportions
étaient les suivantes :
(87)
Commission de la Conservation
Échantillon de Sol No. 25
Gravier fin 8
Gros sable 10
Sable moyen 7
Sable fin 19
Sable très fin 20
Limon 18
Glaise 6
Perte par le feu 9
03 pour cent.
53
85
56
09
15
95
08
Le sol a fait preuve d'acidité en réaction, le premier
pouce et demi de profondeur avait une couleur gris cendre,
due à la lessive. Les monticules de quartz secs étaient
privés d'arbres de toute espèce, la moitié de la végétation
étant faite d'airelles, l'autre moitié également divisée
entre les fougères et les myricas. Les sous-bois étaient
du même genre, ordinairement l'airelle y dominait.
Bien que quelques pins blancs rendus à maturité,
et des groupes d'arbres de la grosseur des perches
poussent çà et là sur le brûlés, les arbustes qui crois-
sent à leur pied sont si vigoureux, qu'ils se rendent
maîtres du sol et l'ombragent, au point que, jusqu'à pré-
sentée reboisement est resté inactif, et les conditions sont les
mêmes, le long des bords des marais d'épinettes. En outre,
on trouve souvent des étendues de plusieurs milles carrés
dépourvues de tout arbre venu de graine et ayant une
valeur marchande.
Les brûlés plus petits et plus, récents, répandus dans
toute la province, ressemblent aux trois décrits plus haut.
On compte plus d'un demi-million d'acres de terre récem-
ment dévastées par l'incendie dans la Nouvelle-Ecosse
proprement dite, et sur lesquelles le reboisement est arrêté
et restera tel d'ici à plusieurs années, même si les incendies
en sont exclus.
(2) Brûlés Stériles:
Les endroits que le feu a rendus stériles ont été dévastés
antérieurement à ceux mentionnés ci-haut ; la plus grande
partie est encore privée de bois marchand en quantité
notable. Ces sortes de brûlés sont dans cet état depuis dix
à quarte- vingts ans, ce dernier chiffre ne reposant que sur la
(88)
Reproduction Forestière sur les Brûlés
tradition. Ces lieux ont sans doute été brûlés plus d'une
fois, mais plusieurs d'entre eux n'ont pas été détruits
depuis 30 ou 40 ans.
Les plus grands brûlés sont dans les comtés de Guys-
borough, de Halifax et de Shelburne. Une description
de ceux du comté de Shelburne serait une répétition de
celles déjà faites des brûlés récents, mais les bouleaux y
sont moins nombreux, ceux-ci sont supplantés jusqu'à un
certain point par les chênes, dont la plupart sont rabougris.
A la lisière des bois rendus à maturité, et des massifs
échappés à l'incendie, on trouve une bonne reproduction
de conifères. Ceci est surtout vrai quant à l'épinette, sur
les bords humides qui entourent les marais ; mais toutes
ces places réunies ne forment qu'une petite proportion de
l'étendue totale.
Le plus grand brûlé stérile, dans le comté de Halifax,
se trouve entre la baie St. Margaret et le port de Halifax ;
de ce dernier point, il se dirige vers l'est sur tout le long
des flancs des affleurements de granit. La partie ouest est
presque toute dépourvue de bois marchand, la forêt étant
composée, comme à l'ordinaire, de bouleaux gris, d'érables
rouges, d'aulnes et de peupliers ; on y trouve quelquefois
des pins blancs de la grosseur des perches et dépassant ces
dernières en hauteur. Le sol est sableux, rempli de cailloux
et de roches erratiques. En plusieurs places, la roche est
nue et la surface parsemée de roches erratiques. On trouve
souvent de jeunes chênes rouges sur le sommet des monti-
cules, lorsque le sol est profond, tandis que, çà et là, sur les
flancs humides, aux sols plus profonds, poussent de vigou-
reux massifs de vingt à quarante ans d'âge. Un de ces
massifs était composé de la manière suivante : sapins, 24
pour cent, épinettes noires, 16 pour cent, bouleaux jaunes,
21 pour cent, sorbiers, sept pour cent, érables rouges, 19
pour cent, frênes de montagne, deux pour cent, bouleaux à
pâte de papier, un pour cent.
Les jeunes plants, poussant en sous-bois, étaient au
nombre de 209 sapins et de 16 épinettes noires, par perche
(89)
Commission de la Conservation
carrée. Les arbres à larges feuilles couvraient les conifères,
de sorte que, vue de loin, la forêt semblait être composée
entièrement des premiers. Le sol couvrait à peine le
haut des roches erratiques, et les interstices étaient remplis
de sable gris de grosseur moyenne, recouvert d'une couche
d'humus de trois pouces d'épaisseur et d'un pouce de
terreau à la surface. Tout près du massif, dans un
abatis récent, évidemment du même âge, les arbres les plus
âgés avaient 45 ans, l'âge moyen des dix souches examinées
était de 37.2 ans.
Les brûlés stériles sont nombreux sur les collines graniti-
ques à l'est du port de Halifax ; il y en a de trois sortes.
Les plus communs sont ceux que l'on peut voir sur les flancs
couverts de roches erratiques et au bas des pentes hautes et
escarpées. Les blocs erratiques occupent généralement la
plus grande partie de la surface, entre eux il y a des groupes
d'érables rouges, de bouleaux à pâte de papier, de saules et
d'aulnes. Les grandes cavités entre les roches renferment
des épinettes noires des pins blancs en grand nombre, et quel-
quefois des pins rouges. Les dépressions plus étroites, en
forme d'auges, qui existent entre les roches, sont remplies de
débris déposés par les glaces, dans lesquels domine le sable ;
on y trouve des restes de massifs de pins blancs. On ne
put y remarquer cependant de reproduction, la surface
étant couverte de touffes épaisses de bleuets, de lauriers et
d'airelles.
La seconde classe de brûlés stériles, en cette section, se
trouve sur les plateaux granitiques et dans les grandes
dépressions qui séparent les sommets. Le sol, pris dans
son ensemble, est mince et très tourbeux ; pendant la
saison sèche la croûte supérieure se divise en galettes. Les
dépressions humides sont couvertes de massifs de bois durs
alternant avec des sapins, des épinettes noires, des érables
rouges et des bouleaux à pâte de papier. Cà et là sont des
monticules sableux sur lesquels poussaient autrefois des
pins blancs, avant leur destruction par des incendies
répétés. Quelquefois ces monticules occupent la moitié de
(90)
Reproduction Forestière sur les Brûlés
l'étendue, mais ordinairement ils sont moins étendus. La
troisième catégorie de ces brûlés stériles donne naissance à
des founés de bouleaux et d'érables tels que décrits plus
haut.
Les brûlés stériles reposant sur le quartz, à l'est et au
nord-est du port de Halifax, sont recouverts à raison de 80
pour cent de bouleaux gris ; les autres arbres sont des
érables rouges, parmi lesquels il y a quelques bouleaux
jaunes et quelques hêtres. Le sapin domine le long du
bord des nombreux lacs et étangs, et il couvre souvent les
sommets des bancs peu élevés. Ceux-ci sont dominés par
quelques pins blancs arrivés à maturité, et par quelques
pins rouges solitaires. Dans les ravins, on trouve de bons
massifs de jeunes pruches avec mélange de chênes, rouges.
La surfacs du sol est couverte, en général, de roches errati-
ques et de sable, mais la plus grande partie du volume est
composée de petits cailloux et de blocs erratiques de dif-
férentes dimensions. Une coupe pratiquée le long de la
route fit voir huit pouces de sol sableux et graveleux, qui
devait à l'humus sa couleur foncée ; au-dessous de cette
première couche était une autre, formée de 18 pouces de
graviers et de cailloux, et encore plus bas, 12 pouces de
cailloux, et de petites pierres. Le sol est généralement de
même nature, mais n'est pas aussi profond qu'en cette
partie. Il est évident que de tels sols ne sont guère favor-
ables à la production des arbres, sans même avoir
été dévastés par de fréquents incendies. Cependant, il y a
des endroits où l'on trouve une bonne profondeur de sable,
où l'on remarque une bonne reproduction de pins blancs.
Plus à l'est, ces brûlés stériles, et reposant sur le quartz,
sont de nature à produire du bois ; en général il y a moins
de pierre et plus de sable entre les monticules où la repro-
duction est bonne. La moyenne de la composition des
échantillons de bois a donné les résultats suivants : sapins,
35 pour cent, pins blancs, 1 1 pour cent, érables rouges 1 1
pour cent, épinettes rouges 8 pour cent.
(91)
Commission de la Conservation
Une analyse mécanique d'un échantillon de sol choisi à
cette fin, contenait la composition suivante de terre fine,
37.7 pour cent étant du gros gravier.
Échantillon de Sol No. 12
Gravier fin 1 . 18 pour cent.
Gros sable 3.87
Sable moyen 3-86
Sable fin 10.06
Sable très fin 23 . 08
Limon 47-73
Glaise 9.10
Perce par le feu 1.68
A l'extrémité nord-est du comté, les sommets des
bancs peu élevés, dévastés par le feu, portent souvent des
pins blancs rabougris à houppiers contrefaits. Seize arbres
par acre était le plus grand nombre que l'on ait compté.
Le sol est rempli de cailloux et de petites pierres que re-
couvre une légère couche de sable. Les matériaux plus
grossiers composent les deux tiers du volume. La végé-
tation est si forte sous les pins que l'on ne peut compter le
nombre des rejetons. Au pied des élévations, il y a eu
autrefois de bons massifs de pins blancs, mais les arbres
qui restent sont entourés d'épais fourrés de sapins. On a
trouvé, dans un certain nombre d'échantillons, une moyenne
de 800 brins de sapin contre un brin de pin. Dans les
massifs de bois durs, le bouleau à pâte de papier remplace,
jusqu'à un certain point, le bouleau gris, et il est générale-
ment surpassé par l'érable rouge.
Les brûlés stériles, dans l'intérieur du comté de Guys-
borough, sont semblables à ceux du comté de Halifax, mais
on en trouve un nouveau type le long de la côte, dans
lequel l'aulne et les conifères dominent. On voit fréquem-
ment sur les flancs des collines une forêt de troncs blanchis
et à leur pied des fourrés d'aulnes si épais que, de loin, ces
troncs morts semblent surgir d'un pâturage vert. Sur les
pentes plus douces, et les plateaux ondulés, le sol est
tourbeux et rempli de pierres plates frangées, il y pousse
maintenant l'aulne, le tamarac, l'épinette noire, le sapin,
l'érable et le bouleau, mentionnés par ordre de nombre.
(92)
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Une future forêt de sapin sous le bouleau à papier. Le bouleau a 67 ans,
il a évidemment repoussé après un incendie. dans toute la province,
le sapix est l'essence la plus répandue dans la seconde pousse,
il est appelé à être le plus commun a l 'avenir.
Reproduction Forestière sur les Brûlés
La végétation des brûlés stériles, dans le centre et le
sud-ouest du comté d'Annapolis est semblable à celle des
bois durs déjà décrite en d'autres endroits, mais le chêne
rouge et le peuplier y sont plus nombreux. Un échantillon
de ce genre, pris dans le voisinage du petit lac Dargie, était
composé de 33.4 pour cent de gros gravier et de 66.6 pour
cent de terre fine. La composition de la terre fine est la
suivante :
Échantillon de Sol No. 13]
Gravier fin 1 2 . 40 pour cent.
Gros sable 13.01 "
Sable moyen 5 . 83 "
Sable fin 11 . 75 "
Sable très fin 24.71 "
Limon 17.61 "
Glaise 9 . 65 "
Perte par le feu 4-89 "
L'humus compte déjà pour une bonne proportion mais
il est impropre à la nutrition, vu l'acidité du sol. Il y a,
dans cette région, des endroits couverts d'une couche
épaisse de sable, sur lesquels la reproduction du pin blanc
est excellente.
Vu qu'il est difficile de connaître l'histoire des lieux
naturellement stériles, on les a classés parmi ceux que
l'incendie a dévastés, lorsqu'il s'est agi de faire le calcul
de leur étendue. On a trouvé qu'environ un quart ou
L 986,354 acres (y compris les lieux naturellement stériles,
dont l'étendue totale est relativement petite) de la super-
ficie actuelle de la province a été si fortement brûlé, qu'il
est maintenant semi-stérile et privé de bois marchand.
L'avenir des brûlés de date récente, formant un totale
de 550,098 acres, sera probablement le même que celui des
brûlés stériles maintenant en discussion.
(3) Seconde Croissance après l'incendie :
On a placé sous ce titre les bois qui repoussent après
l'incendie ; ceux-ci ont une valeur potentielle, car ils sont
destinés à devenir bois marchands. Il est probable que
cette seconde croissance occupe des terrains dont la croûte
aura été brûlée trop légèrement pour détruire les graines
(93)
Commission de la Conservation
de semence enfoncées dans le sol. Quelques-uns des incen-
dies ont dû correspondre avec une année de forte sémi-
nation.
Les premiers reboisements d'une forêt commencent
naturellement sur les limites de l'étendue brûlée. Ainsi,
sur les plaines sablonneuses du centre du comté de Cum-
berland, qui ont été dévastées par un feu de surface, après
une coupe faite il y dix ans, on trouve des arbres à graine,
sous lesquels pousse une bonne reproduction. Quand sur
une acre il était resté deux pins blancs, six épinettes rouges et
deux sapins à graine, on a compté, sur une perche carrée,
27 sapins, 19 pins et cinq brins d'épinettes rouges. Les
fourrés de bouleaux et de peupliers adjacents renfermaient
une moyenne de deux brins de pins blancs par perche
carrée. Des massifs de 20 à 30 ans, qui ont poussé après
un incendie, ne sont pas rares. Quelques-uns ont été
étudiés en détail. Un endroit dévasté par un incendie,
il y a vingt ans, au sud de Joggins dans le comté de Cum-
berland, est maintenant couvert de 65 pour cent de peu-
pliers, les autres arbres sont des aulnes, des bouleaux de
pâte de papier et des érables rouges. Au-dessous de ceux-ci
croissent des brins d'épinettes et de sapins, au taux de six
par perche carrée. Le sol était formé d'une épaisse couche
de glaise. Dans la même région, un massif de 25 à 30 ans
d'existence contenait 38 pour cent de sapins, 31 pour
cent d'épinettes rouges, 23 pour cent de bouleaux jaunes
et huit pour cent d'érables rayés. Il poussait dans un sol
de forte glaise sableuse. Plus loin, un autre massif en
apparence de purs bouleaux à pâte de papier avait au-
dessous de lui 14 plants d'épinettes rouges par perche
carrée. Le sol, comme les autres, ne contenait pas de gros
graviers. Une analyse de la terre fine montra qu'elle
était composée de la manière suivante :
(94)
Reproduction Forestière sur les Brûlés
Échantillon de Sol No. 14
Gravier fin 0.24 pour cent.
Gros sable 0.80
Sable moyen 1.70
Sable fin 6.73
Sable très fin 3.58
Limon 58.18
Glaise 21.81
Perte par le feu 7.01
Cette partie du pays sera très propice à la production
des cultures agricoles ; elle est destinée à donner naissance
à une luxuriante forêt.
Plusieurs parcelles échantillons ont été examinées sur
un brûlés de 20 ans d'existence, dans le comté de Colchester,
entre Greenfield et Smithfield. Sur les endroits plans,
entre les élévations, les jeunes bois contenaient 59 pour
cent de sapins, 33 pour cent de bouleaux à pâte de papier,
et huit pour cent de merisiers épineux ; près du bas des
versants, 46 pour cent d'érables rouges, 27 pour cent de
sapins, 27 pour cent de bouleaux jaunes ; autour des
dépressions, 50 pour cent de sapins, 17 pour cent d'épinettes
rouges, 17 pour cent d'osiers et 8 pour cent d'érables de
montagne. Sur le sommet de ces élévations on a trouvé
des fourrés qui renfermaient 85 pour cent de sapins et 15
pour cent d'épinettes rouges.
Dans les plaines sablonneuses de South ampton, comté
de Cumberland, sur une étendue incendiée depuis 25 ou
30 ans, la forêt est composée maintenant de 50 pour cent
d'épinettes rouges, 30 pour cent de peupliers, 17 pour cent
de pins blancs et 3 pour cent de sapins. Les pins et les
épinettes sont de 5 à 18 ans d'âge. Le sol est noir d'humus
sur une épaisseur de deux pouces et demi ; au-dessous
de cette première couche il y en a une autre de six pouces de
sable de moyenne grosseur, et plus bas une profondeur de
glaise d'au moins trois pieds.
Ou trouve, dans le comté de Shelburne, une forêt de
seconde croissance après incendie, qui compte environ 33
pour cent de beaux jeunes chênes rouges. Le reste du
massif est composé de 57 pour cent de bouleaux blancs et de
(95)
Commission de la Conservation
dix pour cent d'érables rouges. En certains endroits il y a
des pins blancs clairsemés. Le sol est composé de 93.2
pour cent de terre fine et de 6.8 pour cent de gros graviers
Le tableau qui suit donne la composition de la terre fine :
Échantillon de Sol No. 26
Gravier fin 5.27 pour cent.
Gros sable 13 . 00
Sable moyen 9 . 98
Sable fin 1 7 . 56
Sable très fin 2 2 . 83
Limon 21.16
Glaise 8.95
Perte par le feu 1.20
Le sable fin avait une profondeur d'au moins trois
pieds et peut-être plus, de sorte que la profondeur, ainsi que
le pourcentage élevé de sable fin et de limon sont très
favorables à une forêt de bois marchand. Les plaines
sablonneuses, au nord des collines de Cobequid, dans le
nord du comté de Colchester, sont couvertes d'une seconde
croissance de bois mixte à la suite d'un incendie qui aurait
dévasté ce pays il y a 50 ans.
Le peuplier, le bouleau gris et l'érable rouge, nommés
par ordre de nombre, forment les trois quarts des massifs,
et le reste est également divisé entre le sapin et l'épinette.
L'âge moyen des épinettes est de 57 ans, et celui des sapins
de 44 ans. On trouve de nombreux brûlés dans la vallée de
la rivière Wallace. Dans un d'eux, d'environ 50 ans
d'existence, la forêt contient maintenant 53 pour cent
d'épinettes rouges, 18 pour cent de sapins, 11 pour cent
de bouleaux et 6 pour cent chacun d'érables rouges, de
bouleaux gris et de peupliers. Le sol était composé de
14.3 pour cent de gros gravier, et de 85 pour cent de terre
fine. La terre fine renfermait les éléments suivants :
Échantillon de Sol No. 6
Gravier fin 2.86 pour cent.
Gros sable 1.99
Sable moyen 4-35
Sable fin 16.19
Sable très fin 24 . 42
Limon 37-42
Glaise 10 . 80
Perte par le feu 1 . 85
(96)
Reproduction Forestière sur les Brûlés
Sur un sol plus léger, un massif de même origine con-
tenait 55 pour cent d'épinettes rouges, 15 pour cent de
peupliers et 10 pour cent de sapins, d'épinettes rouges et
d'érables rouges. Ce sol était composé de 37.15 pour cent
de gravier et de 62.85 pour cent de terre fine dont les degrés
étaient répartis de la manière suivante :
Échantillon de Sol No. 7
Gravier fin 2 . 49 pour cent.
Gros sable 7.02
Sable moyen 9-34
Sable fin 22.36
Sable très fin 15 . 47
Limon 3526
Glaisa 905
Perte par le feu 1.11
La végétation de ces deux parcelles était plus clairsemée
que celles des autres susmentionnées, comme c'est le cas
lorsque le pourcentage de gros sable est plus élevé.
En 1849, un incendie dévasta la vallée de la rivière
Stewiacke. Les meilleurs massifs que l'on trouve main-
tenant sur cette partie reposent sur le sable fin et épais des
versants à pente douce des cours d'eau, où le sapin compte
90 pour cent de la forêt et l'épinette rouge 10 pour cent.
L'âge du sapin était, en moyenne, de 56 ans, et le diamètre
14 pouces. En quelques endroits l'épinette forme 25 pour
cent du bois, mais le sapin semble toujours prendre le
dessus. Vient ensuite la partie supérieure des versants
où le sol est aussi composé de sable fin, mais les cailloux
occupent environ un quart du volume. La moyenne des
parcelles échantillons accuse une composition de 31 pour
cent d'érables rouges, 26 pour cent de sapins, 19 pour cent
d'épinettes rouges et 14 pour cent de bouleaux à pâte de
papier. Les brins des sous-bois étaient très nombreux,
mais presque tous des plants de sapin. Telle est la com-
position de la plupart des vieux brûlés. La moyenne
d'âge des sapins est de 55 ans, et le diamètre moyen 9
pouces. Cette deuxième classe de situation, se partage en
deux autres compositions de boisement, la première, oc-
cupant les sols plus minces et plus secs, contient, en moyenne,
(97)
Commission de la Conservation
61 pour cent de sapins, 15 pour cent d'érables rouges, 13
pour cent de bouleaux à pâte de papier, 8 pour cent d'épi-
nettes rouges, 2 pour cent de peupliers et 1 pour cent de
pruche ; la deuxième se trouve sur la partie inférieure des
versants, où le sol est formé d'une couche glaiso-argileuse ;
le bois se compose de 40 pour cent de bouleaux jaunes, le
sapin 28 pour cent, l'érable rouge 22 pour cent, le bouleau
à pâte de papier 6 pour cent, la pruche deux pour cent et
le hêtre 1 pour cent.
On trouve çà et là, sur le brûlé de 1849, des sols grave-
leux sur lesquels les arbres n'ont pas plus de quatre pouces
de diamètre. Le bouleau gris remplace le bouleau à
pâte de papier et il domine avec son compagnon l'érable
rouge ; le sapin se montre ordinairement dans les dépres-
sions. Ce troisième genre de sol est le plus pauvre des trois
que l'on trouve sur le vieux brûlé, en fait de vigueur de
croissance d'arbres. En certains endroits il est à demi-
stérile ; les arbres qui y poussent sont, le tamarac, 53
pour cent, le pin gris, 23 pour cent, le pin blanc 14 pour
cent, et l'épinette blanche 10 pour cent. Le massif ren-
ferme en moyenne la moitié de la quantité de bois que
l'on trouve sur le sol de deuxième classe. Le sol de cette
classe est formé de 38.5 pour cent de graviers et de cailloux
et de 61.5 pour cent de terre fine. La composition de celle-
ci est la suivante :
Échantillon de Sol No. 10
Gravier fin 9.35 pour cent.
Gros sable 11. 12
Sable moyen 9 • 1 5
Sable fin 19-78
Sable très fin 21.10
Limon 16.60
Glaise 7 • 1 o
Perte par le feu 5-44
Outre sa grossière composition, cette classe de sol
contient un humus acide et brut, c'est ce qui explique la
pénurité de végétation.
Les beaux massifs de pins blancs, entre les rivières
Jordan et Roseway, dans le comté de Shelburne, occupent
(98)
Reproduction Forestière sur les Brûlés
une étendue qui, dit-on, a été incendiée il y a environ 90
ans. Ce sont de grands arbres à troncs lisses, et, dans les
endroits les plus avantageux, on compte jusqu'à 300 arbres
par acre. Un échantillon de sol d'un de ces massifs indique
83.5 pour cent de terre fine et 15.5 pour cent de gros gravier.
Les différents degrés de terre fine sont distribués comme
il suit :
Echantillon de Sol No. 27
Gravier fin 305 pour cent.
Gros sable 6.21
Sable moyen 6.07
Sable fin 14 . 09
Sable très fin 30.89
Limon 3I-I5
Glaise 4.55
Perte par le feu 3.68
Quoique le sol contienne un grand pourcentage de
gravier, il s'y trouve plus de 80 pour cent de sable fin et
de limon; c'est ce bon mélange qui favorise la croissance
d'une luxuriante forêt de pins.
Dans l'intérieur du comté de Guysborough, on peut
voir des massifs du même âge, 80 ans, renfermant des sapins
et des bouleaux à pâte de papier, qui, évidemment, y ont
pris naissance à la suite d'un incendie. Sur les plaines
s 'élevant de deux ou trois pieds au-dessus du niveau des
tourbières, c'est le sapin qui domine : il y forme une pro-
portion de 75 pour cent. Vers le milieu des versants, les
deux essences se partagent en nombre presque égal, tandis
que sur le haut des bancs in^érieur^fes bouleaux à pâte de
papier forment des massifs pi$E& I*e sapin se reproduit en
grande quantité dans lesVrois situations ; il exclut toutes
les autres espèces sous les Bouleaux à pâte de papier où il
forme d'épais fourrés.
(4) Résumé des Conditions du Sol :
Quand on compare les sols des brûlés privés d'une
bonne reproduction, avec ceux qui sont couverts d'un bon
reboisement de bois marchand, on est frappé de la nature
de ce dernier. Cette qualité supérieure est due à la com-
position moyenne des divers grades de sols dans les deux
(99)
Commission de la Conservation
situations, cette différence provient, en grande partie, de la
proportion des éléments plus grossiers. Par exemple, le sol
de faible reproduction contient 32.62 pour cent de gros
gravier et 67.38 pour cent de terre fine ; au contraire celui
sur lequel le reboisenent est bon est composé, en moyenne,
de 14.95 pour cent de gros graviers et de 85.05 pour cent
de terre fine ; autrement dit, les sols à faible reproduction
contiennent deux fois plus de gros graviers que ceux à forte
reproduction. Les moyennes des divers grades de terre
fine contenue dans les deux classes de sols examinés (une
trentaine d'échantillons ont été analysés) sont les suivantes :
1 Pour
Pour
Pour | Pour j
|Cent de
Cent de
Pour Cent
Cent de
Cent de; Pour
Pour
Pour Cent
Gravier
Gros
de Sable
Sable
Sable ICent de
Cent de
de perte
Fin
Sable
Moyen
Fin
très Fin Limon
Glaise
par le feu
Brûlés sans bonne re-
production
10.71
II.65
6 82
13 96
19 .13
22.55
9-43
5 69
Brûlés avec bonne re-
production
2.90
6.05
8.64
20.90
17.84
3Î-3I
10.48
2.I4
Il y a presque quatre fois plus de gravier fin et environ
deux fois plus de gros sable dans les sols de faible repro-
duction que dans ceux de bonne reproduction. Bien que
la différence dans les grades plus fins ne soit pas si frappante,
cependant, à part une exception, celle du sable très fin, les
éléments plus fins se trouvent en plus grande proportion
dans les sols sur lesquels pousse du bois marchand. Repré-
sentées sous forme de pourcentages les proportions de ces
éléments dans les sols couverts d'une bonne reproduction
sont les suivantes : sable moyen, 26 pour cent, sable fin
49 pour cent, limon 38 pour cent, glaise 11 pour cent. La
quantité de matière végétale est plus de deux fois plus
grande dans les sols à faible reproduction, mais la plus
grande partie n'est pas assimilable par les plantes, à cause
de son acidité. Cette comparaison n'est pas absolument
complète, car on a choisi, parmi les sols dévastés par
l'incendie, ceux qui étaient dans les meilleures situations,
c'est à dire ceux sur lesquels il y avait quelque reproduc-
tion ; les sols de la seconde croissance, au contraire, ont été
pris parmi les situations moyennes. En outre, le sol des
(100)
Reproduction Forestière sur les Brûlés
brûlis stériles est, en général, très mince, ou formé d'éléments
plus grossiers que le gros gravier. Ordinairement aussi ils
sont acides, même lorsqu'ils sont secs, mais ce défaut peut
être corrigé à la longue par la nature.
En comparant les analyses détaillées des trente échan-
tillons des sols forestiers de toutes les parties de la province,
avec celles des sols agricoles, on a trouvé, sauf une fois, que
tous sont composés de façon à les rendre impropres aux
cultures agricoles. Le résultat d'examens sommaires de
plusieurs centaines de champs porte l'auteur à formuler la
même conclusion. Il se croit donc dans la vérité en dé-
clarant que, sauf quelques parties isolées d'un certain
nombre d'acres de superficie, les sols maintenant occupés
par la forêt ne pourront pas servir avantageusement aux fins
de l'agriculture. Il faut, néanmoins faire la part de vastes
tourbières et marais qui, une fois convenablement drainés
et leur acidité détruite, pourront former des sols agricoles
très riches. D'un autre côté, les forêts ont été largement
déboisées en presque tous les comtés, sur des sols si minces
ou de composition si grossière, qu'ils sont impropres à la
culture agricole. Les conditions économiques et sociales
de plusieurs de ces fermes isolées et stériles ne sont pas très
encourageantes. La province aurait beaucoup à gagner,
au point de vue de la valeur économique de sa population,
si ses cultivateurs étaient établis dans les vallées fertiles,
ou dans les grandes villes, afin que leurs fermes soient ren-
dues à la forêt.
Comme précédemment dit, approximativement un quart
de V étendue forestière actuelle de la province est à demi dépour-
vu de bois marchand. Cet état de choses est naturellement
le résultat d'incendies répétés des endroits où le sol était
plus pauvre en éléments nutritifs, comme le montre
la comparaison du tableau qui précède. Si l'on
pouvait protéger ces sols contre les incendies et les en-
semencer avec des essences de bois marchand, il faudrait
au moins cent ans à la nature pour produire une forêt
marchande sur ces brûlés stériles. Vu que les arbres à
(IOI)
Commission de la Conservation
graine sont maintenant très clairsemés et ne se trouvent
guère que sur la lisière des vieux brûlés (la plus grande
partie de l'étendue étant sans arbres marchands), et vu
que les sols sont plus grossièrement composés et plus
stériles que ceux des autres endroits, la reproduction
naturelle d'essences de valeur nécessitera un très long
espace de temps. Que faire de ces immenses brûlés stériles,
actuellement sans valeur, voilà le plus important problème
qu'ont à résoudre ceux qui dirigent l'administration
forestière de la province.
(102;
Index
A Page
Advocate, baie 72, 74, 76
Agriculture, collège u", à Truro,
allusion au 46
Allemagne, état des forêts en ... . 39
Analyses des sols 85, 86, 87, 88, 92
93, 95, 96, 97, 98, 99
Annapolis, bassin d' 56, 74, 77
Annapolis, comté d'
Brûlés dans 62, 84
Croissance sur les brûlés stériles 93
Étendues granitiques du 52, 61
Routes militaires près d' 66
Annapolis, vallée d': 52
Antigonnish, comté :
Bassin, du 69
Conglomérat dans le 81
Grès et ardoises dans le 74, 78
Roches ignées et métamor-
phiques dans le 71, 72
Seconde croissance 80
Apple, rivière 80, 81
Arbres :
Conifères, espèces, en N.E 11
Croissance des 33
Essences à larges feuilles, N.E. . 13
Arbres forestiers, espèces d' .... 12, 13
Ardoise :
Distribution de 1' 56, 74
Forêts et sols sur 1' 75
Aspects physiographiques, résumé
des 10
Atlantique, versant de 1' . .65. 70, 82, 83
Aspects géologiques 47 .
Topographie du, résumé de la. . 10
Avon, rivière 76, 82
Ayers, H. B Préface
B
Baumier, taux de croissance du . . . 38
Bois à pâte de papier 26, 29
Bois, consommation de 28
Bois de construction :
Conifères sur la terre-ferme .... 25
Consommation de 28
Des forêts vierges qui restent. . . 18
(D
B — Suite Page
De pâte à papier 26
De sciage 24
Sur pied, calcul estimatif du. . . . 24
Bois, de sciage, étendue des 24
Brûlés :
Étendue des 88
Conditions du sol 100
Reproduction forestière 84
Brûlés récents, étendue des 84,89
Brûlés, stériles, âge des 88
Calcaires :
Distribution des 81
Forêts et sols sur les 82
Cameron, lac 62
Canso 49, 58
Canso, détroit de 68, 74, 75, 78, 82
Cap Breton, île du :
Allusion à 47
Classification des terres. .. .21, 22
Topographie de 1', résumé de. . . . 10
Carbonifères, roches, de la Nouvelle-
Ecosse 58
Chedabucto, baie. .. .56, 71, 74, 78
Chignecto, baie 75, 79
Chignecto, cap 69
Classification des terres :
Cap Breton, île du 22, 23
Terre-ferme 15 . ,20
Clyde, rivière 68
Cobequid, baie de. .70, 74, 75, 76, 77
Cobequid, collines de, 69, 72, 80, 81, 96
Cogmagun, rivière 81, 82
Cole Harbour, rivière 49
Colchester, comté de :
Bois mous dans le 77
Conglomérat 80
Forêts, espèces de, dans le 73
Graviers déposés par les glaces . . 83
Parcelles échantillons, examinées
dans le 95
Plaines sablonneuses 96
Seconde croissance dans le 77
Topographie du 71
INDEX
C— Suite* Page
Commissions de la Conservation
enSuède' 44
Composition des forêts 9
Conditions du sol, résumé des 99
Conifères, bois de construction, sur
la terre-ferme 25
Conifères de la Nouvelle-Ecosse,
espèces de 12
Consommation de bois 28
Country Harbour, rivière de 70
Country, port 56, 65
Couronne, terres de la, ministère
des, renseignements du 4
Cross, lac 78
Cumberland, comté de :
Axe central du 64
Brûlés dans le 77, 86
Collines du 65
Conglomérat du 73
Graviers déposés par les glaces
dans le 75
Plaines sablonneuses du 87
Versant du 63
D
Dargie, petit lac 93
Dean, lac 62
Degrés des forêts choisies 6
Dépôts formés par les glaces, forêts
et sols sur les 65, 83
Digby, comté de :
Étendues granitiques dans le. . . . 51
Etendues quartzeuses dans le . . 56, 61
Étendues, stériles dans le 67
Incendies dans le 86
Distribution :
Des calcaires 81
Des conglomérats 80
Des forêts, relativement aux
roches 47
Des grès et des ardoises 74
Des roches ignées 71
Des roches métamorphiques. ... 71
East Chester, lac 53
East river of Five Islands 80
East rivière de Pictou 69, 74, 79
East St. Mary, rivière 71, 73, 77, 78
Ephraim, mont 69, 71, 77
Épinette :
Blanche, taux de croissance. . . .36
Rouge, taux de croissance . 25, 38
E— Sttite. Page
Espèces d'arbres forestiers 12
Etat estimatif des conifères en tant
que bois de construction 25
Étendues forestières, superficie des
demi-stériles 102
Étendues granitiques :
Distribution des 47
Forêts et sols des 50
Exploitants de bois, association
des, Préface
Exploitation forestière, améliora-
tions nécessaires 43
Faribault, E. R., cité 57
Fernow, Dr. B. E Préface 1
Fiddler, lac 58
Five-mile, lac 53
Forestier, provincial, recommanda-
tion relative au 44, 46
Forêts :
Composition des 9
Conditions de la possession 40
Croissance de l'épinette et des
baumiers 36
Recommandations relatives aux 42
Relativement aux roches et aux
sols 47
Forêts et sols :
Des calcaires 82
Des conglomérats 80
Des dépôts effectués par les
glaces 66, 83
Des étendues granitiques 50
Des grès et des ardoises 75
Des quartz et des ardoises 59
Des roches ignées 71
Forêts, résumé des ressources des. . 18
Fundy, baie de 48, 58
Gay, rivière 81
Gay, vallée 63
George, cap. . . .69, 70, 71, 75, 79, 80
Gibraltar, lac 55
Gold, rivière 54
Great East Jordan, lac 68
Greenfield, brûlés près de 95
Green Hill 77
Grès :
Distribution des 74
Forêts et sols sur les 75
(2)
INDEX
G — Suite Page
Greville, baie 72
Guysborough, comté de :
Bois de construction du 99
Conglomérat du 80, 81
Étendues granitiques du 50, 56
Étendues stériles 67, 89, 90
Grès et ardoises du 74, 75
Quartz et ardoises du 58, 64
Roches ignées 71
Sols formés par les glaces 83
Topographie du 69
Guysborough, port de 79
Guysborough, rivière 78
H
Halifax, comté :
Brûlés Btériles dans le 89, 92
Conglomérés près du 80
Étendues granitiques 54
Quartz et ardoises du. .57, 5S, 63, 64
Halifax, port de. .48, 54, 55, 58, 59, 63,
89, 90, 91
liants, comté de :
Calcaires du 81
Étendues granitiques du. .48, 53, 58
Grès et ardoises du 76
Quartz du 58
Howe, Dr. C. D.. . Préface, 6, 10, 47
I
Incendie de 1S49, allusion à. . . .96, 97
Incendies, seconde croissance après
les 93
Incendies, législation pour les pré-
venir 42
Industries des instruments aratoires
29, 32, 33
Industries des meubles et des
wagons 28, 31, 33
Industries des wagons 28, 31, 32
Industries faisant usage de bois. .28,
31, 32, 33
Ingram, rivière 53, 54
Intercolonial, chemin de fer de 1', 79, 85
J
Joggins, brûlés près de 94
Jordan, rivière 68, 98
K
Kennetcook, rivière 81, 82
Keppoch, montagne 82
Kings, conté de :
Brûlés récents du 53
Etendues granitiques du 84
(3)
L Page
Lahave, rivière 52
Législation forestière nécessaire. . . 42
Législation relativement aux incen-
dies, nécessité d'une 42
Lieux dépourvus d'arbres :
Causes 8
Types d'arbres 8
Liscombe, rivière 65
Little, rivière 81
Little West River, grand lac de la, 48,55
Liverpool, rivière 61, 62
Lochaber, lac 74, 78
Lunenburg, comté de :
Étendues granitiques du 48, 53
Étendues quartzeuses du . . .57, 62
Lacs du 58
Sables déposés par les glaces au,
57, 62
M
Maccan, rivière 85, 86
Maclean, l'Hon. A. K Préface
Mahone, baie 56, 58
Major, lac 48
Malaga, lac 58
McCallum, colonie 73
McGill, lac 52
McGowan, lac 62
M'dvenzie, colonie 80
Merigomish, havre de 75, 79
Méthode de recensement 3
Middle, rivière de Pictou 69
Milford. lacs 52
Minas, bassin de 70, 74. 75, 83
Minas, bassin de drainage de. . . . 69
Molly Upsum, lac 52
Moser, rivière 63
Mulgrave 75
Musquodoboit, rivière 49, 55
Musquodoboit, vallée de 63, 81
N
New Germany 58
New Harbour, rivière 49
Nine-mile, lac 54, 63
Nord, montagne du 77
Northumberland, détroit de. .69, 70,
79, 81, 83
Nouvelle-Ecosse :
Chemin de fer de la Nouvelle-
Ecosse, terres concédées au. . . 79
Conditions forestières de la. . . . 1
Étendue de la 47
Forêts et sols de la 47
INDEX
O Page
Oxford Junction 81
Ohio, rivière 73
Pace, lac 55
Philip, rivière 79
Pictou, comté de :
Conglomérats près de 80
Grès et ardoises du 75, 76, 77
Massifs forestiers du 80
Pictou, rivière 69
Pin, blanc, croissance du 36
Pipes, l'Hon. W. T Préfacb
Pirate, havre 78
Porter, lac 49
Port Hébert 62
Port Joli 62
Port Medway, rivière 52, 62
Possession, effet de la 40
Précambiennes, formations. .48, 56
Produits forestiers de la Nouvelle-
Ecosse, 1910 30
Prospect, port 54
Quartz et ardoises :
Distribution des 56
Forêts et sols des 59
Queens, comté de :
Etendues quartzeuses du. .57, 61, 62
Incendies de 1903 dans le, allu-
sion aux 86
Lieux stériles dans le 67
Sables des dépôts formés par les
glaces 66
Recommandations relatives aux
forêts 42
Recensement :
Causes des inexactitudes du . . 5
Méthode de reconnaissance. ... 3
Objet du 1, 6
Résultats statistiques 15
Recensement de Reconnaissance :
Méthode du 3
Objet du 1
Reconnaisance forestière, objet de la 1
Renseignements obtenus, comment
gardés 4
Reproduction forestières sur les
brûlés 84
R— Suite, Page
Reproduction par rapport aux
roches et aux sols 47
Résultats statistiques du recense-
ment 15
Roches conglomérées :
Distribution des 80
Forêts des 80
Roches, distribution des, — voir sous
Distribution.
Roches ignées :
Distribution des 71
Forêts et sols sur les 71
Roches métamorphiques :
Distribution des 71
Forêts et sols sur les 71
Roseway, rivière 68, 98
Rossignol, lacs 58, 62
S
Sable, rivière 68
Salmon, lac de la rivière 80
Salmon, rivière 56
Salmon, vallée de la rivière 49
Schreecher, baie 62
Seconde croissance après l'incendie . 93
Second lac Ponhook 62
Semi-stériles, lieux étendue des. . . . 101
Shelbume, comté de :
Brûlés récents dans le 84
Étendues sablonneuses dans le. . 66
Étendues quartzeuses dans le . . . 56
Forêts du 69
Incendie de 1905 dans le 86
Lieux stériles dans le 67, 89
Pin blanc du 98
Sables déposés par les glaces. . . 68
Seconde croissance dans le 95
Sheet, port 59
Ship Harbour, lac 49, 55
Shubenacadie, lac 81
Shubenacadie, rivière 76, 78
Shubenacadie, vallée 77, 81
Six-mile, lac 53
Soldier. lac 48
Sol, conditions du :
Résumé des 99
Sur les brûlés 84
Sols :
Sur les dépôts formés par les
glaces 82
Sur les calcaires 83
Sur les grès et les ardoises 75
Sur les roches conglomérées 80
(4)
INDEX
S— Suite Page
Sur les roches conglomérées et
métamorphiques 71
Smithfield, brûlé près de 95
Springhill Junction 85
Ste. Croix, lac 53
Ste. Croix, rivière 82
Stewiacke, rivière 81, 82, 97
Stewiacke, vallée 77
St. Margaret, baie 54, 89
St. Mary, baie 61
St. Mary, rivière 49, 71
Southampton, plaines de sable de. . 95
Sud, montagne du 77
Sutherland, rivière 74
Suède, commission de conserva-
tion en 44
Tangier, grand lac 55
Terres, classification des :
M 'I!.- du Cap Breton 21, 22
8S Terre-ferme 15, 20
Tonnellerie, douves, montées, non
montées, 1911 33
Topographie :
Des étendues conglomérées 80
Des étendues de roches ignées. . . 71
Des étendues de calcaires 81
Des étendues do roches méta-
morphiques 71
Des étendues de grès et d'ardoises 74
Truro, station expérimentale de. . . 46
T— Suite Page
Truro, township de 77
Tupper, lac 62
Tusket, rivière 61
u
Upper Rawdon 76
Véhicules, industrie des 28, 32
Versant du nord, résumé de la
topographie du 11
w
Wallace, rivière de la vallée 96
Wentworth 72, 80
Westchester 81
V. « -1 , rivière de Pictou 69, 75
West, rivière St. Mary 59, 65
Whale, lac 53
White, J. II Préface
Whitehaven 49
Whitman, F. C Préface
Windsor, chemin de 54
Yarmouth, comté de :
Étendues d'ardoise du 56, 60
Étendues granitiques du 51
Étendues quartzeuses du 56, 60
Incendie de 1903 dans le 86
Lieux stériles dans le 67
15
Réseau de bibliothèques
Université d'Ottawa
Échéance
Library Network
University of Ottawa
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FOREST DISTRIBUTION
NOVA SCOTIA
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Seule . liSifeô : 3- 99 Miles to 1 Inch
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FOREST DISTRIBUTION
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Inverness.Vicforia, Cape Breton and Richmond and portions oF Anhgonish and Guysbôrough Counhes
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LEGEND
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